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Commission permanente de la Santé
Bill 8 Loi de l'assurance-maladie
Séance du mardi 7 juillet 1970
(Douze heures une minute)
M. FORTIER (président de la commission permanente de la
Santé): A l'ordre messieurs!
La commission permanente de la Santé. Je dois avertir les
visiteurs que seuls ont droit de parole les membres de la commission. Les
députés et les officiers de ministère de la Santé,
quand ces derniers sont demandés. Je regrette pour le moment. Les autres
invités n'ont pas droit de parole»
Témoignage des chefs syndicaux
M. LABERGE: M. le Président, est-ce que vous me permetteriez de
dire deux mots. Je vais les dire quand même. Je trouve, M. le
Président, que c'est un procédé qui tue les injustices.
Nous avons des choses à dire. Nous croyons que c'est extrêmement
important Nous sommes ici pour les dire. Je pense que vous devriez nous donner
l'occasion de les dire. Ce Parlement n'appartient pas aux
députés, il appartient à la population. Nous
représentons un secteur important de la population. Nous avons vu des
déclarations, encore ce matin, dans les journaux, du Collège des
médecins et du Syndicat des omnipraticiens. On voit quels soucis ils ont
de l'intérêt public. Tout ce qu'ils demandent, ce sont des
amendements au bill pour renforcer les corporations professionnelles. Vous
dites que les salariés, chez les professionnels de la médecine,
c'est quelque chose d'inacceptable et pourtant, vous, le gouvernement, vous
avez accepté qu'il y ait des salariés. Mais, dans ce
cas-là, c'était différent parce qu'ils travaillaient pour
les patrons des hôpitaux, c'est-à-dire les médecins qui ont
en charge des hôpitaux, qui contrôlent les hôpitaux, qui ont
le monopole. Vous avez les internes, les médecins
résidents...
M. LE PRESIDENT (Fortier): Si vous permettez, le ministre de la
Santé va adresser la parole. Il va répondre à votre
demande.
M. LABERGE: Je n'ai pas fait de demande.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Vous avez demandé de parler; le
ministre va vous répondre.
M. CASTONGUAY: Depuis 1966, une commission d'enquête a
étudié la question de l'assuran- ce-maladie au Québec. Il
y a eu de nombreux mémoires qui ont été soumis. La
question a fait l'objet de plusieurs discussions publiques. Un projet de loi a
été déposé par le gouvernement
précédent. Ce projet de loi a fait l'objet de nombreuses
analyses. Depuis le dépôt du projet de loi par le présent
gouvernement, la question a été discutée de façon
fort compétente par les partis de l'Opposition en Chambre et les
exposés de la politique gouvernementale ont été faits
aussi bien à l'Assemblée nationale que dans cette salle en
commission. Dans un désir de discuter la question aussi objectivement
que possible, j'ai invité les dirigeants des quatre grandes centrales
syndicales et, si vous remarquez, je n'ai rencontré ni publiquement ni
privément aucun autre groupe.
Cette rencontre, à la télévision, avait pour objet
de permettre une discussion aussi franche que possible et permettre
l'information des membres des syndicats et la population. De plus, depuis, nous
avons reçu le mémoire, ou le document, préparé par
les quatre centrales. Nous avons aussi reçu un certain nombre
comma M. Laberge vient de le souligner de documents proposant des
amendements au projet de loi. Ces documents, je les ai étudiés
attentivement et je suis assuré que les membres de la commission
parlementaire ici, les ont également étudiés
attentivement.
Je dois dire toutefois que le désir du gouvernement est que nous
ayons l'assurance-maladie, le désir du gouvernement n'est pas de brimer
qui que ce soit dans son droit de parole. Simplement, à cette
commission, nous avons le choix entre, accepter des représentations du
public, ou faire notre travail en ne demandant que l'opinion d'experts. Le
gouvernement a choisi de ne pas accepter, étant donné les
multiples phases qui ont précédé l'étude de ce
projet, de recevoir de représentations des organismes publics. La
demande, la semaine dernière, dans cette commission, d'un
député du Parti québécois, à savoir ce que
nous ferions en ce qui a trait à un article où les
médecins semblaient être en désaccord, j'ai répondu
très clairement que c'était aux députés, aux
membres de cette commission de faire leur travail. Et c'est de cette
façon, je crois, que nous devons continuer de le faire.
Maintenant, étant donné que les membres des centrales
syndicales sont venus assister à ce débat, ce matin, et
connaissant leur désir que ce projet soit le meilleur possible pour la
population, je suggérerais, M. le Président, avec l'assentiment
toutefois des membres de la commission, que nous donnions quelques minutes
à chacun des présidents, peut-être cinq minutes,
on m'en a accordé trois à la
télévision, l'autre soir ou six minutes, à chacun
des présidents, pour qu'ils exposent leur point de vue afin de
témoigner, encore une fois, de cette façon, notre désir,
non pas par la procédure que nous avons établie ici d'imposer une
mesure à la population, mais plutôt notre désir de
l'établir aussi rapidement que possible, compte tenu du fait que nous
croyons que toutes les représentations ont pu être faites et
étudiées adéquatement.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, avant que les chefs
syndicaux ne prennent la parole, je veux d'abord faire les remarques suivantes,
comme porte-parole de l'Opposition officielle à cette commission. Je
veux d'abord féliciter sincèrement, en mon nom personnel, et le
ministre de la Santé et les chefs syndicaux, de la modération
dont ils ont fait preuve dans le débat télévisé,
dimanche soir. Je ne doute pas que cette même modération va se
poursuivre, même s'il s'agit d'un projet de loi extrêmement
important, qui ne crée certainement pas l'unanimité.
Quant à la suggestion du ministre de la Santé, je la
partage entièrement. Quant aux chefs syndicaux et leurs groupes nombreux
qui sont venus ici ce matin, et dans les heures qui vont suivre, entendre les
débats au sujet du bill 8, nous avions même demandé la
semaine dernière de pouvoir procéder dans cette salle, justement,
afin que le public puisse être témoin de nos
délibérations. Pour ma part, au nom du groupe que je
représente, nous souscrivons à cette proposition et il me fera
plaisir, même si nous connaissons la position des centrales syndicales,
de les réentendre, ce matin, dans le cadre des discussions du bill 8.
Leurs propos s'ajouteront à ceux des membres de cette commission et
seront notés dans le journal des Débats.
M. LAURENT: M. le Président, j'avais demandé lors de mon
intervention en Chambre, que la commission parlementaire de la Santé
puisse entendre les représentants des grands organismes publics autant
médicaux que syndicaux lors de l'étude du projet de loi article
par article, soutenant qu'il valait mieux, peut-être, retarder un peu la
mise en place du régime plutôt que de partir sur un mauvais pied.
J'avais aussi suggéré que cette commission puisse limiter
à deux semaines la période d'audition des mémoires des
grands organismes publics en disant que ceci ne retarderait pas la mise en
place de l'assurance-maladie.
De toute façon, les négociations sont en cours et risquent
de durer encore quelque temps. C'est donc la raison pour laquelle je souscris
très volontiers à la déclaration d'intention du ministre
de la Santé, de laisser la parole aux représentants des
organismes qui ont pris la peine de se déranger pour venir ici, ce
matin, tout en regrettant, cependant, que la période qui leur est
allouée ne dépasse pas cinq minutes. Je serais plutôt en
faveur d'une période un peu plus longue. D'ailleurs, j'aimerais demander
au ministre s'il ne permettrait pas d'étendre cette permission, non
seulement aux chefs syndicaux, qui sont ici, mais également aux
représentants de la Fédération des omnipraticiens ou du
collège, puisqu'il est vrai que le projet de loi de l'assurance-maladie
est dans l'air depuis longtemps. Mais il reste quand même que le projet
de loi spécifique n'a été déposé que depuis
une semaine et que c'est sur un projet de loi spécifique que les
différents corps publics intéressés, que ce soient les
syndicats ou les fédérations, ont saisi l'occasion pour statuer,
d'une façon définitive, leur position.
Je dois avouer qu'à titre de membre de la commission
parlementaire de la Santé, j'ai été littéralement
submergé par cette avalanche de documents qui nous sont tombés
sur la tête depuis une semaine. Il est très difficile d'incorporer
les points essentiels de ces diverses déclarations à
l'étude de tel ou tel article. C'est la raison pour laquelle je
demanderais deux choses au ministre: d'étendre peut-être un peu
plus la période de temps allouée aux corps intermédiaires,
au public important, et d'étendre cette permission aux
représentants des deux fédérations impliquées et du
collège.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Ce sont des spécialistes
omnipraticiens.
M. CASTONGUAY: Je vais prendre avis de cette suggestion, étant
donné que les médecins spécialistes, les omnipraticiens,
les dentistes, les optométristes ont eu toute la latitude voulue pour
exposer leur point de vue à la table des négociations. Je prends
avis de votre suggestion et on pourra en rediscuter à une prochaine
séance pour ne pas retarder inutilement la discussion.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Selon le voeu exprimé par le ministre
de la Santé, je suis prêt à entendre les
représentants des syndicats. M. le député de
Saint-Sauveur...
M. BOIS: M. le Président, j'endosse les avis du ministre de la
Santé. Quant à nous, nous approuvons cette façon de
procéder et je
crois qu'il est logique d'accorder le droit d'expression. Je vous
remercie, M. le Président, de la latitude accordée.
M. LE PRESIDENT (Fortier); Très bien. Nous allons entendre les
représentants des quatre principaux syndicats, je ne sais pas dans quel
ordre commencer. M. Laberge.
M. LABERGE: Je vais me sacrifier.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Est-ce que cela vous convient? La montre du
président marche lentement, on peut prendre dix minutes.
M. LABERGE: M. le Président, permettez-moi de remercier les
membres de la commission de nous avoir permis de faire une courte intervention.
Vu que vous avez déjà reçu nos mémoires, je ne
discuterai pas du mémoire point par point, mais plutôt je ferai
des observations d'ordre général en voulant porter à votre
attention trois ou quatre points qui, à mon sens, sont extrêmement
importants.
Tout d'abord, quant à la suggestion faite par le
député Camille Laurin, au sujet d'entendre les
spécialistes et les omnipraticiens, nous n'avons aucune objection
à cela. Malgré qu'il y ait des mois qu'ils se font entendre et
apparemment d'une façon assez probante, parce que les résultats
sont évidents. Maintenant, s'ils veulent se faire entendre à
nouveau, je n'ai aucune objection; d'ailleurs, plus on les entendra, plus on se
rendra compte qu'ils ont à coeur l'intérêt public. A la
conférence de presse, organisée hier par le syndicat des
spécialistes et celui des omnipraticiens, on disait réclamer
certains amendements au bill. Tous les amendements, sans exception, sont pour
raffermir l'autorité du Collège des médecins, clarifier
des clauses qui pourraient mettre en doute cette autorité,
l'intérêt public, en deux mots, c'est cela qu'ils ont à
coeur. Et ils terminent la conférence de presse par une menace;
L'assurance-maladie ne marchera pas si les médecins ne marchent pas.
Nous, justement, on voudrait que vous, les députés,
preniez cela en très sérieuse considération. Vous avez
comme devoir de donner à la population la meilleure loi possible, pas
aux médecins, mais à la population. Si les médecins
veulent la saboter, ils la saboteront, et ils en subiront l'odieux.
La population, aujourd'hui, ne sait plus comment s'y prendre avec ceux,
justement, qui rejettent ses désirs et ses aspirations légitimes.
Je pense que c'est comme cela qu'on devrait procéder. Non pas faire une
loi qui donne, en grande partie, aux médecins, et très peu
à la population. Nous avions des aspirations légitimes qui
allaient bien au-delà de cela. On a jamais discuté du coût.
Nous sommes prêts à payer ce qu'il faudra, mais on voudrait, une
fois pour toutes, que si on paye une assurance-maladie, on ne soit pas
obligé, en plus, de subir les comptes des médecins. On n'a pas
besoin d'une commission d'enquête qui dure six ans pour étudier
cela. Cela fait vingt-cinq ou trente ans que, chez-nous, on a cette
expérience. Il y a des députés, autour de la table, qui
ont négocié des conventions collectives, et dans ces conventions,
on avait des cas d'assurance-maladie. Chaque fois qu'on augmentait les
bénéfices dans nos assurances, les médecins augmentaient
leurs comptes. Cela, personne ne le contredit. Tout le monde sait cela, pas
besoin d'une commission d'enquête là-dessus.
Il faut que l'assurance englobe tous les bénéfices et il
ne faut pas que les médecins soient capables de charger en dehors de
cela. Si les médecins veulent saborder l'assurance-maladie, que le
public sache qu'ils ne veulent pas qu'elle marche, l'assurance-maladie. Il
n'est pas question d'aller s'ingérer, à savoir si le chirurgien
devrait employer deux bistouris au lieu d'un. Ce ne sont pas nos affaires. Mais
ce sont nos affaires en maudit, par exemple, de savoir si, quand quelqu'un a
besoin d'avoir un médecin, qu'il en ait un, pour le soigner. Vous savez
fort bien que le Collège des médecins n'a toujours rien fait pour
mettre de l'ordre là-dedans. Tout le monde travaille individuellement.
Il faut mettre de l'ordre là-dedans.
Vous avez le problème des hôpitaux fermés, c'est le
Collège des médecins qui a permis que les hôpitaux soient
fermés, qui a permis à des groupes de médecins d'avoir des
monopoles dans les hôpitaux. Les autres médecins, ceux qui ne sont
pas attachés aux hôpitaux, ne peuvent pas aller pratiquer
là, ils ne peuvent pas aller visiter leurs patients. Vous savez tout
cela, ces choses-là. Cela a été exposé
publiquement, dans les journaux, à la radio et à la
télévision. Les journalistes ont fait des enquêtes, ils ont
trouvé des choses épouvantables. La population est au courant de
tout cela. Il faut mettre fin à cela.
Encore une fois, la négociation entre les médecins, on le
sait que c'est compliqué. Apparemment, c'est compliqué en maudit,
parce qu'il y a des mois que cela dure. C'est compliqué, d'accord! Quels
que soient les montants auxquels le gouvernement consentira, le public a le
droit de savoir ce que sont ces montants-là. Le public a le droit de
porter un jugement s'il pense, lui, que cela a du bon
sens ou non. Voilà quand même une promesse qui a
été faite par plus d'un parti politique, de rendre non seulement
les résultats, mais les négociations publiques. On veut savoir
à quoi s'en tenir. On veut savoir si l'assurance-maladie, on peut n'en
avoir qu'un petit bout, parce que les médecins sont trop exigeants, ou
si on peut tout avoir.
L'autre jour, le ministre de la Santé, à la
télévision, semblait trouver un peu farfelue notre suggestion
voulant que les médecins soient tous salariés. Pourtant, cela
existe déjà. Le député Cloutler a eu à
régler ce problème, justement, il y a quelques mois, alors que
les médecins résidents et les internes sont des salariés,
mais pas des salariés au service de la population ou au service de
l'Etat, des salariés au service des grands patrons des hôpitaux,
qui ont une grosse influence sur le Collège des médecins, qui
permettent de garder le monopole des hôpitaux. Vous savez que c'est comme
cela que ça marche. Les grands patrons, parce qu'ils sont censés
enseigner, je suppose qu'ils enseignent, font faire l'ouvrage par les internes
et les médecins résidents et ce sont les spécialistes qui
chargent. Evidemment, ils peuvent charger un peu plus cher qu'un interne ou un
médecin résidents. Cela va à lui, et les gars, eux,
travaillent à salaire. Vous êtes au courant de cela, M. le
député Cloutier. Vous avez eu à régler ce
problème-là. Il y a même eu des grèves rotatives
dans le cas des médecins résidents et des internes, et
finalement, cela s'est réglé.
On croit que les médecins, cornue nous, comme n'importe qui, ont
le droit de faire valoir leurs points de vue, ont le droit de faire valoir
leurs revendications. Mais là où nous ne sommes pas d'accord,
c'est quand tous les autres, les députés, les ministres, les
juges, tout le monde, lorsqu'ils veulent obtenir des augmentations de
traitement, c'est public. Et la population juge si c'est exagéré
ou non. Quand on a voté une augmentation pour les députés
de l'Assemblée nationale, il y a des gens qui ont critiqué, dans
le public; mais cela s'est fait ouvertement. Et tout le monde pouvait se
permettre de faire des revendications. Dans ce cas-ci, tout est caché.
C'est secret, cela se fait en coulisse. Tout ce qu'on lit dans les journaux; ce
sont les menaces, de moins en moins voilées, des spécialistes
qui, quant à eux, cela ne marchera pas, l'assurance-maladie, à
moins qu'il y ait entente entre le gouvernement et eux. Pas, entre eux et le
gouvernement; entre le gouvernement et eux. Si les médecins sont pour
prendre le gouvernement sous le bras, qu'on le sache. La population a le droit
de savoir.
Quant à nous, il arrive parfois où nous sommes
tentés de prendre le gouvernement sous le bras. On n'a pas encore
réussi trop bien, mais cela nous tente parfois. Quand cela nous tente,
on le dit publiquement et on se fait juger par la population. Et quand on va
à la radio, à des émissions où les citoyens peuvent
nous appeler, des gens nous appellent et nous traitent de toutes sortes de
choses. C'est cela le jeu de la démocratie et le jeu de la participation
des citoyens.
Il faut mettre un terme à la situation épouvantable qui
existe dans les hôpitaux. Vous savez que les hôpitaux, on les a
bâtis avec notre argent à nous, celui des citoyens, le
vôtre, le nôtre. Ce sont les citoyens qui ont payé pour les
hôpitaux. On achète des équipements à prix d'or et
ces équipements travaillent cinq jours par semaine. Pas de
médecins en fin de semaine, bien non, ça ne marche pas. Je suis
d'accord que les médecins ont droit à des fins de semaine, comme
les autres, mais on en a des gars qui travaillent, nous, et qui couvrent des
périodes de 24 heures par jour, sept jours par semaine. On a des
équipes rotatives, pourquoi n'en ferait-on pas autant
là-dedans?
On a des équipements qui coûtent encore une fois
des prix épouvantables, et parce qu'on ne s'en sert que cinq
jours par semaine, on est toujours à court et on est obligé d'en
acheter d'autres. C'est quelque chose, je pense, qui est de la
responsabilité du gouvernement de mettre de l'ordre
là-dedans.
Il y a des endroits, vous le savez, où on manque de
médecins. S'il faut encourager les médecins à aller dans
des endroits reculés où c'est moins intéressant
qu'ailleurs, qu'on le fasse. La première responsabilité du
gouvernement, en adoptant cette loi sur l'assurance-maladie, c'est de
s'assurer, non pas que les médecins vont recevoir leur juste
rémunération, mais que la population va recevoir des services
adéquats. Voilà la première responsabilité. Je me
fous que les spécialistes soient contre ou pour. Ils ont le droit
d'être contre, s'ils le veulent A ce moment-là, ils seront
jugés par la population, pourvu que cela soit public. Et j'insiste
là-dessus, ce sont des points extrêmement importants. Il se fait
des enquêtes. La ville de Montréal a publié des rapports
publics dernièrement sur la situation dans la plupart des hôpitaux
de la ville de Montréal. C'est quelque chose d'épouvantable. Il
faut mettre de l'ordre là-dedans.
Vous savez fort bien, messieurs les membres de la commission la
plupart d'entre vous pataugez dans cette question depuis déjà
un
bon nombre d'années que le Collège des
médecins, si vous lui laissez cela, il ne fera absolument rien
là-dedans, parce que vous avez les grands patrons médecins
spécialistes qui ont le monopole des hôpitaux et qui ont une
influence telle au niveau du Collège des médecins, qu'il ne peut
faire que des « réformettes ». Bien sûr, le ministre
nous a dit: On va déposer un rapport suggérant des amendements
aux corporations professionnelles. Il est trop tôt pour discuter de ce
rapport, parce qu'on n'a pas eu le temps de le lire encore, on a seulement, par
hasard, lu une couple d'articles qui nous ont fait sursauter.
Non seulement les corporations professionnelles vont être plus
fortes qu'elles ne l'étaient, mais apparemment le rapport recommande
même qu'elles soient subventionnées par l'Etat. Là, il va y
avoir du maudit là-dedans.
J'ai remarqué à 71 - 11 et 71 - 12, par exemple, que les
poursuites parce que c'est à cela que les corporations
professionnelles sont surtout intéressées à la
Corporation des dentistes, qu'il n'y ait pas un mécanicien-dentiste qui
aille faire de meilleures dents à moitié prix, cela n'a pas de
sens, à ce moment-là on poursuit le gars. A l'avenir, les frais
de la poursuite seront défrayés par l'Etat. Bien plus que cela,
la poursuite va être assumée par le procureur de la couronne.
Est-ce assez fort?
M. CASTONGUAY: Hors du sujet, complètement, il n'a pas lu le
rapport. Il sort du sujet.
M. LABERGE: A 71-12. Toutes des choses semblables ne sont pas pour nous
rassurer. Loin de là. Et lorsque l'on voit la déclaration, encore
une fois, du Collège des médecins, et lorsque l'on voit les
déclarations du syndicat des spécialistes, c'est loin
d'être fait pour nous rassurer.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Un instant, M. Laberge, s'il vous
plaît.
M. CASTONGUAY: Je crois d'abord, que le temps est écoulé.
Je suggérerais à M. Laberge qu'il lise donc le rapport avant de
prendre un article hors contexte. J'ai suggéré que chacun puisse
faire des commentaires, mais là, je crois que si on tombe dans un
plaidoyer où l'on prend un article dans un rapport sorti du contexte, je
ne vois pas ce que l'on fait ici, exactement. Est-ce que l'on avance la
discussion? Je ne le crois pas.
M. LABERGE: M. le ministre a raison. J'ai admis que je n'avais pas lu le
rapport, c'était par hasard que j'étais tombé sur cet
article. Alors, je lui donne raison. Vous ne direz pas que nous sommes toujours
contre.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Etes-vous d'accord qu'on accorde 10 minutes a
chaque chef syndical?
M. LABERGE: Les dix minutes sont passées.
M. LE PRESIDENT (Fortier): II reste deux minutes.
M. LABERGE: II reste deux minutes. Vous êtes bien gentil. Je vais
essayer d'en prendre seulement une, parce que je suis sorti de mon sujet,
à un moment donné.
M. le Président, vous allez reconnaître, je pense, et tous
les membres du comité vont reconnaître que, lorsque les centrales
syndicales ont insisté pour obtenir l'assurance-maladie, ce
n'était pas surtout pour nos membres, parce que, dans la vaste
majorité des cas, nos membres étaient déjà
protégés par des assurances-maladie que nous avions
négociées nous-mêmes et que nous payions. On l'a fait pour
protéger toute la population parce que cela n'a pas de sens. En 1970,
dans un pays comme le Québec, on à encore des citoyens qui
meurent faute de soins ou de médicaments parce qu'ils n'ont pas les
moyens d'acheter des médicaments. Voilà une autre affaire qu'on
n'a pas touchée beaucoup: le trust pharmaceutique et les grandes
compagnies qui vendent des médicaments à des prix fous. Tout le
monde est au courant de cela aussi. Il y à eu l'enquête Hall et 11
y a eu toutes sortes d'enquêtes. On a tous ces rapports-là. Il
reste que ce n'est pas pour nos gars qu'on a surtout insisté pour
l'assurance.
Nos gars ont tout à y perdre dans les circonstances. On a des
gars qui sont protégés de A à Z par des plans d'assurance
qui, au cours des années, par rapport aux expériences
vécues, leur coûtent un prix assez raisonnable. Du jour au
lendemain, ils perdent cela. Pourquoi? Pour avoir une assurance-maladie qui
n'en est pas une. Une assurance qui ne va comprendre que les frais des
médecins, plus l'assurance-hospitalisation, bien sûr. Cela ne
comprendra pas les médicaments, ni les prothèses, ni les
dentistes, ni un tas de choses. J'ai fini déjà. Maudit! ça
passe vite deux minutes. Je vous remercie, M. le Président. J'insiste,
en terminant, encore une fois. Votre responsabilité, messieurs, est de
donner à la population une loi qui va lui assurer des services
adéquats.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Pour l'infor-
mation des membres du comité, nous allons écouter les
chefs des syndicats et nous ajournerons les travaux à 3 heures. Je crois
qu'on doit écouter les chefs des syndicats. Vous êtes d'accord? M.
Laliberté, le chef de la Corporation des enseignants du Québec.
On convient sur le temps M. Laliberté?
M. LALIBERTE: Oui, je ne suis pas un bonhomme qui parle longtemps.
M. le Président, disons d'abord que si nous acceptons de prendre
la parole, à tour de rôle, pour faire un exposé
général, on note, bien sûr, avec plaisir, que notre
exposé sera inscrit dans le journal des Débats, mais ce n'est pas
cela qui nous importe. Cette procédure qui est suggérée,
tout en étant meilleure que rien du tout, ne vaut quand même pas
la possibilité que nous aurions souhaiter de pouvoir intervenir sur des
articles de la loi même, au moment où vous les étudiez
vous-mêmes, comme membres de cette commission parlementaire et d'y
apporter, non pas, un éclairage général, comme on peut le
faire à ce moment-ci, mais d'y apporter des opinions très
précises, à un moment très précis du projet de
loi.
Nous comprenons l'intention du ministre de la Santé, et des
membres de cette commission, de vouloir procéder rapidement à
l'instauration de ce projet de loi qui, nous le reconnaissons,
améliorera la situation pour un certain nombre de citoyens de la
province de Québec. Nous ne disons pas, lorsque nous réclamons
des modifications à ce projet de loi, qu'il n'y a absolument rien de
valide dans ce projet de loi. Ce n'est pas ce que nous avons dit jusqu'ici. Je
ne crois pas que ce soit ce que nous dirions non plus dans l'avenir.
Cependant, nous aurions de beaucoup préféré que la
commission parlementaire puisse travailler dans l'ordre, avec des
représentations adéquates des quatre centrales syndicales, bien
sûr, mais aussi des autres organismes. Entre autres, si on avait pu
entendre des organismes publics, on aurait pu, nous aussi, intervenir au moment
où les médecins seraient venus vous dire, ici, un certain nombre
de choses. Parce que nos interventions ne portent pas qu'auprès des
députés. Nos interventions portent également sur certaines
prétentions des professionnels de la santé comme tels.
Prétentions qui, d'après nous, ne correspondent pas aux
désirs de la population.
M. le Président, les membres de cette commission et les
députés, dans l'ensemble, trouvent déjà que le
projet de loi va relativement loin par rapport à ce que l'on aurait pu
voir déposer il y a quelques années.
J'aimerais et je pense que nous ne nous trompons pas
souligner aux membres de cette commission que le désir de la population,
dans le domaine de la santé publique, dans le domaine de la santé
assumée publiquement en entier, va bien plus vite qu'on aurait pu le
croire il y a quelques années. Si nous nous permettons de faire des
interventions du type de celles que nous faisons présentement, c'est
évidemment parce que nous savons comment nos membres pensent à
cet égard, et nos membres ne sont pas tous, il s'en faut, des gens qui
ont un revenu élevé dans la province de Québec.
Ils poussent sur nous présentement pour que nous poussions
davantage sur vous. Ce qui indique, d'après nous, que le gouvernement
peut aller plus rapidement encore que ce qu'il croit devoir présenter
dans ce projet de loi actuellement. Il ne faut pas craindre, autrement dit, la
volonté de la population dans ce domaine-là. Au contraire, elle
est prête à en absorber pas mal plus que ce qui est
présenté dans le projet de loi présentement.
Dans les interventions que le ministre de la Santé a faites
antérieurement, y compris à la télévision l'autre
jour, il nous disait, dans le fond: « Nous n'avons eu que deux mois
devant nous, nous n'avons pas pu préparer l'ensemble des projets de loi
que nous aurions voulu préparer et qui règlent l'ensemble de la
sitation de la santé, l'ensemble de la situation de la rationalisation
des services de santé, l'ensemble de la situation de la programmation,
de la planification, dans le domaine de la santé.
Je conviens que le gouvernement actuel n'est en place que depuis deux
mois. Mais il m'est impossible de convenir, et je crois que les
présidents des autres groupes sont comme moi, qu'il n'y ait eu
pratiquement rien de préparé dans ce domaine, alors que cela fait
tout de même au-delà de six ans que le travail se fait par
l'intermédiaire de la commission et depuis le rapport de la commission
royale d'enquête également.
Ce n'est pas possible, nous ne pouvons pas admettre que le
ministère de la Santé ait été si mal
organisé qu'il n'y ait eu rien de fait dans ces domaines-là. S'il
n'y a eu rien de fait dans ces domaines, comme le ministre nous l'Indique,
alors nous sommes dans une société qui est encore bien plus
malade qu'on le croyait sous cet aspect, parce que, tout de même, il y a
pas mal de choses qui ont été préparées par la
commission royale d'enquête, il y a pas mal de secteurs qui ont
été examinés par cette commission et sur lesquels il y a
des recommandations très précises qui ont été
présentées depuis déjà au-delà de trois
années. Alors, nous ne croyons pas que ce soit une réponse.
C'est
une réponse sûrement honnête, qui nous est faite,
mais ce n'est sûrement pas une réponse qui tienne compte de
l'ensemble de la situation. Je donne un exemple. On dit que, dans le domaine
des médicaments, il faut qu'on se prépare, qu'on ait des
dossiers, qu'on négocie de façon adéquate, etc, etc. Je ne
peux pas le vérifier moi-même, mais on me dit qu'il y a une
commission qui a travaillé à établir la liste des produits
pharmaceutiques, des ordonnances essentielles, minimales, dans le domaine de la
santé et que cette commission a déjà terminé son
travail il y a pratiquement trois ans. Si cette commission a déjà
terminé son travail il y a pratiquement trois ans, comment cela se
fait-il que l'on n'ait pas donné suite aux travaux de cette commission
sur les produits pharmaceutiques encore aujourd'hui? Ce rapport est
peut-être inexact, je parle par ouï-dire, bien sûr, je n'ai
pas pu vérifier moi-même, mais la personne qui m'a
renseigné dans ce domaine est tout de même relativement au courant
des faits.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Est-ce que...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ne veux pas interrompre M. Laliberté,
mais pour clarifier ce point-là tout de suite, les travaux sur le
formulaire qui étalent la deuxième étape des travaux en
vue de l'instauration d'un régime d'assistance-médicaments, ont
été terminés en 1969, si ma mémoire est
fidèle, au début de l'année 1969.
M. LALIBERTE : Où en est-on dans ces travaux?
M. CLOUTIER (Montmagny): Les travaux sont à la disposition du
nouveau comité qui travaille à la mise en place du régime
d'assistance-médicaments, comité formé, le ministre pourra
le dire, de gens du ministère de la Santé, de la régie et
d'autres experts qui vont faire la troisième étape, qui est la
négociation.
M. LALIBERTE: M. Cloutier, vous étiez bien placé pour
savoir la date précise où le rapport a été
présenté et je ne mets pas en doute votre parole. Il est
possible, en effet, que l'on m'ait mal informé à ce sujet, mais
vous dites tout de même que le rapport a été
présenté depuis maintenant plus de douze mois.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je pourrais vérifier la date, mais dans
la mesure ou je me souvienne, c'est en 1969.
M. LALIBERTE: Je ne me chicanerai pas sur les mois, ni sur les
journées d'un mois donné, mais il y a tout de même
au-delà d'un an que ce rapport a été
présenté et, normalement, il me semble qu'il aurait dû y
avoir des suites qui puissent être données à ce rapport. Et
ceci, je le donne en exemple, seulement pour démontrer que nous ne
sommes pas prêts à gober facilement les réponses qui nous
sont fournies voulant qu'il y ait encore grand nombre de dossiers qui ne sont
pas prêts et c'est pour cette raison qu'on n'avance pas plus vite dans ce
domaine.
Un autre point, M. le Président. On affirme également
qu'un grand nombre de médecins spécialistes sont fort mal
utilisés dans leur spécialité, qu'un bon nombre d'entre
eux donnent des soins qui pourraient fort bien être donnés par des
médecins de médecine générale ou qui pourraient
être donnés par d'autres. Et même, dans certains domaines,
ces soins pourraient être assumés par des techniciens,
techniciens professionnels dans ces domaines.
Ceci est tout le domaine de la planification, encore une fois, c'est
tout le domaine de la rationalisation. Un interne est très souvent, me
dit-on encore une fois, appelé à donner des soins qui pourraient
fort bien être donnés par les médecins de médecine
générale.
Et on m'affirme que cela pourrait même aller jusqu'aux trois
quarts de son temps qui seraient ainsi consacrés. On ne dira pas que
vous venez de découvrir ces choses, ces jours-ci. Vous venez de les
découvrir ces mois-ci. Ce n'est pas possible, encore une fois, que le
ministère de la Santé, qui tout de même comprenait des gens
du métier, des gens de ces professions n'aient pas pu voir des
situations comme celles-là et n'aient pas proposé à leur
ministre respectif, à leur gouvernement respectif, des moyens pour
obvier à ces situations.
On parle d'une série de situations qui existent dans les faits,
présentement, dans les hôpitaux, où l'on retrouverait une
pagaille assez extraordinaire. Au point, par exemple, où un psychiatre,
dans un hôpital spécialisé, comme Saint-Michel, aurait une
rémunération qui serait de beaucoup inférieure à
celle d'un médecin de médecine générale.
Si la situation était aussi abracadabrante que celle-là
dans le domaine de l'éducation, il y a belle lurette qu'on aurait
sabré dans le domaine de l'éducation. Dans le fond, nos
interventions ont pour effet, en outre d'améliorer le projet de loi, de
vous inciter à agir vite dans tous les autres domaines de la
santé, de telle sorte qu'en-
fin cette question ne soit pas laissée seulement aux
professionnels de la santé, mais que l'Etat assume pleinement ses
responsabilités.
M. le Président, je dois terminer, parce que, malheureusement, le
temps va trop vite, mais non sans vous rappeler qu'il y a au moins un article
sur lequel vous ne vous êtes pas encore prononcés parce que
malheureusement il y en a déjà plusieurs qui sont
réglés, dont toute la protection l'article 56b) du projet
de loi qui donne au conseil des ministres la possibilité de retrancher
dans le champ de protection de l'assurance-maladie telle que définie
à l'article 3. Je veux bien faire confiance au conseil des ministres
là-dessus aussi. Mais, grand Dieu, qu'on a de la difficulté, dans
le domaine de la santé, à faire confiance lorsqu'on voit tout ce
qui s'est passé depuis des temps immémoriaux dans ce domainel Au
moins, l'article 56b), de grâce restreignez-le de telle sorte que le
strict petit minimum qui est inclus à l'article 3 de la loi, que le
conseil des ministres ne puisse, de sa propre autorité, y sabrer
à volonté.
Un tout dernier point. Il y a des milieux dans la province, et là
je fais référence au désengagement, où, en
réalité, le droit au désengagement veut dire
pénaliser automatiquement la population. Exemple: à Sept-Iles, il
y a un seul chirurgien, me dit-on, encore une fois, un seul. Est-ce que
vraiment la population de Sept-Iles est libre d'aller à un chirurgien,
engagé ou non? Il y en a un seul. Il a une population captive devant
lui, absolument captive. Autre exemple: des médecins de grande
renommée, des cardiologues renommés, ceux qui ont soigné
nos premiers ministres, les derniers premiers ministres, à tour de
rôle, ici à Québec, à Sainte-Foy, est-ce que ces
médecins ne peuvent pas continuer à se désengager à
volonté? Je ne dis pas qu'ils vont le faire, mais est-ce qu'ils ne
peuvent pas continuer à se désengager à volonté, et
avoir encore une population captive? Evidemment, il n'y a pas que les premiers
ministres qui vont les consulter, mais il y a tout de même un bon nombre
de gens qui peuvent se permettre d'aller consulter ces médecins. Et
ceci, encore une fois, pour démontrer que tout le système que
vous avez conçu du désengagement est un système qui,
finalement, perpétuera des classes. Les gagne-petit, eux, allant au
médecin engagé et les autres allant se payer les meilleurs soins
possibles auprès des grands noms de la médecine du Québec,
Dieu qu'on en aurait à dire, M. le Président!
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors, le prochain, monsieur, voulez-vous
vous identifier, s'il vous plaît, pour les membres de la commission?
M. PROULX: Henri-Paul Proulx, secrétaire général de
l'UCC; je remplace M. Allain. M. le Président, je voudrais
brièvement attirer l'attention des membres de la commission sur trois
points du projet de loi qui nous paraissent toucher particulièrement les
gens du milieu agricole.
Le premier est celui que vient d'aborder M. Laliberté, celui du
désengagement. Il est certain que dans dés régions
périphériques, les régions moins
développées, les régions où la densité de la
population est moins forte, la clause du désengagement peut
empêcher à peu près complètement le fonctionnement
du régime de l'assurance-maladie. Il ne s'agit pas qu'il y ait beaucoup
de médecins qui se désengagent pour que la population des
régions périphériques et des régions rurales
où il y a peu de population, où il y a un grand territoire
désigné pour chaque médecin, ne reçoive pas les
soins en vertu du régime de l'assurance-maladie. Par ailleurs, on sait
que la force de pression de ces régions n'est pas aussi grande que la
force de pression d'autres régions pour faire corriger les situations
qui pourraient être à leur désavantage.
Un second point sur lequel je voudrais attirer brièvement
l'attention des membres de la commission, est celui du financement, du mode de
financement du régime de l'assurance-maladie. Tout le monde le sait, il
est certain que la population agricole est une des populations au plus bas
niveau de revenus. En conséquence, au niveau des mesures de
sécurité sociale, c'est une des couches de la population qui a
à bénéficier d'une certaine répartition des
richesses, une certaine répartition des revenus par les
mécanismes des mesures sociales. Mais, encore-là, faut-il que ces
mesures de sécurité sociale soient financées dans la
proportion des revenus de chacun des citoyens. Le régime de financement
qui est proposé ici n'assure pas que ceux qui ont de plus forts revenus
paient une plus forte partie proportionnelle des services.
La population moins favorisée sur le plan des revenus, dont la
population agricole, ne bénéficie pas autant qu'elle le devrait
bien sûr, elle va bénéficier de soins
médicaux auxquels elle n'est pas habituée, pour lesquels elle
doit payer depuis nombre d'années d'une plus grande partie du
financement qui viendrait d'une autre couche de population plus fortunée
qu'elle.
Le troisième point sur lequel, aussi, je voudrais ajouter
quelques mots, est celui de l'ensemble des services qui sont compris en vertu
de la loi telle qu'elle est présentée ici, et, notamment, la
question des médicaments. Encore-là, il est sûr que la
classe des travailleurs agricoles a été habituée à
payer tous ses
frais médicaux sans avoir, comme dans d'autres milieux, la
participation des employeurs dans des régimes d'assurance-maladie
privés, étant donné qu'ils travaillent à leur
compte, malgré que leur niveau de revenu soit très bas. Alors, il
est sûr que d'avoir un régime d'assurance-maladie est
déjà avantageux, mais, qu'il y ait des services essentiels qui ne
soient pas inclus, est tout à fait désavantageux.
Je veux attirer particulièrement l'attention des membres de la
commission sur les médicaments, qui constituent une partie importante
des coûts des soins médicaux et qui ne sont pas contenus dans le
régime d'assurance tel que prévu dans le présent projet de
loi. C'est un autre des points sur lesquels il faudrait, me semble-t-il,
apporter des modifications très rapidement. Je vous remercie, M. le
président.
M. LE PRESIDENT (Fortier): M. Pepin.
M. PEPIN: M. le Président, MM les membres de la commission. Je
voudrais d'abord remercier M. le ministre, les membres de la commission et
vous, M. le Président, d'avoir permis que nous puissions, pendant
quelques minutes, nous exprimer. Je ne pense pas d'avoir à utiliser tout
le temps qui m'est imparti, mais je vais faire le mieux possible.
Je dois dire que, depuis l'émission de télévision,
dimanche soir, j'ai eu à participer à deux autres
émissions radiophoniques, une, d'une heure et demie, hier
après-midi, à Montréal, et une autre, ce matin, d'une
durée de trois heures, de 6 heures à 9 heures, à
Montréal, aussi. D'abord, je me suis levé très tôt,
ce qui n'est pas dans mes habitudes et, ensuite, cela me permet d'avoir entendu
les réactions d'un certain nombre de publics. Je ne vous dis pas qu'ils
sont typiques, je ne vous dis pas qu'ils représentent la majorité
ou l'ensemble, mais nous pouvons dire à cette commission, à la
suite des observations obtenues après l'émission de
télévision, et après ces deux émissions auxquelles
j'ai référé, que les gens, d'abord, veulent avoir une
assurance-maladie, ils veulent l'avoir complète, ils ne veulent pas que
les médecins soient les rois et maîtres de la situation et qu'ils
viennent abuser du public.
M. le Président, je ne parlerai que de quelques points. J'ai une
marotte dans cette affaire, je pense que le ministre a pu la comprendre
à l'émission de télévision, c'est la question du
désengagement. Je ne la traiterai pas de la même façon que
mes deux collègues viennent de le faire, mais je la prendrai d'une autre
façon. Je dis à l'Assemblée nationale et à cette
commission qu'il est inadmissible, pour vous, d'adopter un projet de loi de
cette façon. Si vous le faites, à mon avis, c'est là un
ferment de révolution, parce que vous traitez les médecins sur
une base privilégiée, une base de faveur et que vous leur
permettez de devenir les maîtres chanteurs constants du gouvernement.
Maintenant, je vais m'expliquer. Vous avez les articles 11 et 12 qui, en
particulier, sont très importants. L'article 11, me dit-on, a
peut-être été adopté en commission, en tout cas vous
pourrez le reprendre si cela vous le dit. Ce que je souhaite, M. le
Président, MM. les membres de la commission, c'est que vous puissiez,
même s'il y a des lignes de parti qui peuvent jouer, c'est que vous
puissiez quand même, adopter des choses qui représentent ce que la
population vraiment considère être la vérité. Je ne
doute pas que vous ferez de votre mieux à cet égard, mais il
m'apparaît que si les membres qui sont chez nous, qui sont à la
FTQ, à la CEQ, à l'Union catholique des cultivateurs ou à
d'autres organismes, ont un plan d'assurance-maladie et qu'en plus, ils doivent
payer une rémunération supplémentaire à leurs
médecins, c'est là que le danger existe et il est
extrêmement sérieux.
Je ne crois pas que les gens puissent accepter, normalement, de payer
deux fois pour un service pour lequel ils ne devraient payer qu'une seule fois,
à mon avis. Qu'ils ne paient qu'à un endroit, cela va être
suffisant.
Avec l'article 11, les membres, ceux qui sont assujettis au plan,
pourront payer plus, parce qu'ils paieront d'abord leurs 8/10 de 1% puis ils
pourront aussi payer davantage aux médecins. Je ne doute pas que vous
ayez déjà entre les mains la répartition des
médecins du Québec par spécialités. Je pense que
cela est assez éloquent. Vous verrez, dans des régions, que si
des médecins s'arrangent ensemble pour éviter les tarifs
négociés par leurs médecins, à ce moment-là,
le plan dans ces régions, ne pourra pas s'appliquer. Et pourtant, la
cotisation va rester la même pour les patients, mais les médecins
pourront retirer des bénéfices extraordinaires de ce plan.
Dans les usines, dans les entreprises, on dira: Ce n'est pas la
même chose. Ondira: Vous êtes des salariés, vous êtes
des gens différents des autres, ou: Les médecins sont
différents de vous. Je peux comprendre qu'il y a des différences
et des distinctions mais je ne peux pas admettre que les médecins qui
veulent jouer le rôle collectif, qui veulent se grouper en syndicat comme
ils en ont le droit, puissent dire sur un tableau: Nous voulons négocier
avec vous, le gouvernement, négocier les tarifs qui nous plaisent,
privément ou publiquement, cela a, pour mon argumentation,
très peu d'importance mais nous
voulons négocier avec vous sur la base collective ; une fols que
nous aurons accepté l'entente, nous voulons être libres
individuellement, de nous désengager de l'entente que nous avons
accepté, je présume démocratiquement, au cours de notre
assemblée régulière ou spéciale. Pourquoi, dans le
cas des médecins, peuvent -ils, premièrement, négocier
collectivement, sortir de l'entente, charger des tarifs qu'ils veulent sur la
base individuelle d'abord, et par les deux paragraphes de l'article 12, en
sortir même sur une base collective.
Dans ce sens, chaque fois que le gouvernement adoptera une attitude, un
règlement qui ne plaira pas à ces messieurs les docteurs, ils
diront, au gouvernement: Si vous adoptez telle formule, nous ne marcherons pas
et nous allons nous désengager. Attention, c'est beaucoup plus grave,
à mon avis, qu'on peut l'imaginer. Peut-être a-ton écrit la
loi ou le projet de loi, uniquement avec le concept qu'il s'agit là de
la bonne foi des médecins et qu'il n'y a pas de risques qu'ils se
désengagent, puisque, dans les autres provinces, dans les autres pays,
ils se sont désengagés à une proportion très
faible. Peut-être que cela est arrivé ailleurs. Cependant, ici,
donner aux médecins le pouvoir qui est inscrit aux articles 11 et 12, et
les médecins pourront constamment être auprès du
gouvernement et dire: Attention, ne fais pas tel geste, ne pose pas telle autre
action, parce que nous allons réagir et nous allons nous
désengager.
M. le président, MM. les membres de cette commission, c'est
là à mon avis, le noeud, le cadre, de cette loi, en dépit
des autres choses qui peuvent être très importantes; il y a aussi
des conceptions qui peuvent s'affronter.
Vous ne pouvez pas, comme membres de l'Assemblée nationale,
accepter que les médecins, par ce pouvoir, deviennent plus forts que le
gouvernement et le Parlement. Voilà pourquoi, personnellement, j'y
mettrai toujours une insistance très considérable pour que ces
articles soient modifiés. Que les médecins soient traités
comme les autres dans la société, que les médecins
négocient s'ils le veulent, mais une fois qu'ils auront
négocié, qu'ils acceptent, comme nous, les résultats de la
négociation. S'ils ne sont pas contents, les médecins, lorsqu'ils
négocient, qu'ils fassent la grève. Au grand jour, publiquement,
pas de grève larvées, perlées, mais qu'ils fassent la
grève véritablement. C'est là qu'Ottawa a eu l'exigence de
base: ne vous laissez surmonter, ou surpasser par les
médecins-chirurgiens, par les médecins-omnipraticiens ou
spécialistes, parce que si vous acceptez cela, vous allez accepter un
chantage perpétuel.
M. LE PRESIDENT (Fortier); Alors, les membres de la commission ont
écouté les chefs des quatre principaux syndicats. Est-ce que M.
le ministre a des suggestions, des réponses, ou quelque discussion?
M. CASTONGUAY: Je n'ai rien à ajouter pour le moment. Je vous
remercie, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Nous allons peut-être ajourner les travaux de
cette commission à 3 heures. Nous allons laisser aux membres de la
commission le temps de réfléchir sur les discussions entendues,
ce matin, et nous reviendrons ici à 3 heures.
Reprise de la séance à 15 h 4
M. FORTIER (président de la commission permanente de la
Santé): A l'ordre, messieurs!
Témoignage des professionnels de la
santé
M. LE PRESIDENT (Fortier): Je demande aux membres de la commission s'ils
m'autorisent à faire entendre les représentants des
médecins spécialisés, des omnipraticiens et des
optométristes. S'il y à un représentant des dentistes,
nous sommes prêts à l'entendre. Le même temps leur sera
alloué qu'aux autres chefs de syndicats, soit de huit à dix
minutes.
Ensuite, évidemment, nous procéderons avec les membres de
la commission.
M. LEGER: En ce qui me concerne, nous sommes d'accord.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Est-ce que tout le monde est d'accord?
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors, est-ce que le représentant des
médecins spécialistes, le Dr Robillard, veut bien s'approcher du
micro?
M. ROBILLARD: Je demanderais, M. le Président, le
privilège pour le représentant du collège des
médecins de s'adresser avant les syndicats médicaux.
M. LE PRESIDENT (Fortier); Très bien. Veuillez vous identifier,
s'il vous plaît.
M. ROY: Je suis le Dr Augustin Roy, re-gistraire du Collège des
médecins et chirurgiens de la province de Québec. M. le
Président, messieurs les membres de la commission, mesdames et
messieurs! Je remercie la commission de nous donner l'occasion d'adresser la
parole ici, cet après-midi, pour exposer notre point de vue sur le bill
8.
D'abord, le rôle du collège mérite d'être
explicité. Le collège est un organisme créé par la
Législature et qui est responsable devant l'Etat. C'est un organisme
semi-public, chargé d'administrer la loi médicale de
Québec pour la protection et l'intérêt du public. Le
collège est un organisme différent des syndicats médicaux.
Alors que les syndicats médicaux, que les syndicats professionnels de
médecins, comme tout syndicat, par leur charte, ont comme mission de
défendre les intérêts économiques de leurs membres,
nous, notre devoir, notre mission, c'est de protéger et de
défendre les intérêts du public. C'est dans ce but que nous
nous sommes complètement dissociés et que nous avons
complètement éliminé de nos responsabilités la
question de négocier les tarifs d'honoraires pour les
médecins.
Le collège a pour rôle essentiel de s'assurer de la
compétence de ses membres et de la surveiller, de contrôler la
qualité de la médecine qu'ils exercent, d'établir et de
veiller au maintien des normes d'un bon exercice de la médecine et
également au maintien des principes de probité professionnelle.
Nous entendons remplir ce rôle tant que nous existerons. Nous
dépendons de l'Etat, nous en sommes conscients.
L'Etat peut faire ce qu'il veut de nous, mais nous croyons que si jamais
l'Etat éliminait le collège ou le remplaçait, il faudrait
qu'il crée une autre structure pour que ce rôle soit rempli par
une autre organisation, tel un service d'un ministère quelconque. Nous
croyons que nous sommes un appui précieux pour l'Etat et que nous
l'aidons dans un domaine où on ne s'invente pas une compétence et
que nous aidons ainsi l'Etat à assumer ses responsabilités devant
la société et que nous assurons une qualité optimale des
soins médicaux. C'est pour remplir ce rôle, remplir ces devoirs,
que nous nous sommes restructurés durant ces dernières
années, que nous avons maintenant neuf médecins à temps
complet qui ne s'occupent que du contrôle de la qualité de la
pratique médicale, qui visitent les médecins dans leur cabinet
privé, qui visitent les hôpitaux dans un but de prévention,
d'éducation et de discipline, si jugé approprié.
En ce qui concerne un régime d'assurance-maladie, nous affirmons,
encore une fois, publiquement, que nous y sommes favorables, que nous voulons
un régime universel et complet. Nous sommes conscients que la couverture
du régime actuel ne l'est pas. Mais, par ailleurs, tel que le ministre
de la Santé l'a affirmé, nous sommes également conscients
qu'il s'agit d'une première étape dans l'élaboration d'une
politique globale de la santé et nous avons confiance que l'honorable
ministre de la Santé continuera à élaborer dans
l'organisation d'un régime complet.
Nous avons déjà recommandé que le régime
soit universel, c'est-à-dire accessible à tous; qu'il assume le
remboursement des frais médicaux, le remboursement des frais
pharmaceutiques; qu'il respecte le libre choix du médecin par le malade
et la libre acceptation du malade par le médecin; qu'il assure la
négociation des tarifs d'honoraires aux syndicats professionnels; qu'il
respecte les principes de déontologie et qu'il laisse au collège
l'entière responsabilité du contrôle de la pratique
professionnelle des médecins.
En ce qui concerne le désengagement, nous avons dit que nous
regrettons que, contrairement aux autres provinces, le législateur mette
des limites au désengagement. Dans les autres provinces, il n'y a pas de
limites au désengagement et, dans très peu de cas, les
médecins se désengagent. Le pourcentage est extrêmement
faible.
Nous exprimons le voeu que le gouvernement et la population fassent
confiance aux médecins du Québec, à leur sens de la
responsabilité, à leur civisme et à leur conscience
professionnelle. Nous sommes assurés que nos membres, que les
médecins, sont capables d'être dignes de la confiance que le
public peut mettre en eux.
Nous croyons que le nouveau bill 8 est supérieur à
l'ancien bill 8, et nous reconnaissons que le gouvernement a fait un effort
considérable pour présenter un projet de loi acceptable à
la population et aux professionnels de la santé.
Nous avons quelques recommandations à faire en ce qui touche
notre rôle primordial. Ces recommandations touchent principalement
l'article 36, qui est un article à l'intérieur de la section
touchant la commission des différends, qui réfère au
bureau provincial de médecine, dont la commission doit demander l'avis,
lorsqu'il s'agit d'une question de discipline ou plutôt de
déontologie, et de normes de pratiques professionnelles. Nous croyons,
comme nous voulons nous dissocier complètement de la question des
honoraires professionnels, que cet avis devrait
plutôt être demandé à un comité
spécial, un comité ad hoc du bureau provincial de
médecine, comité auquel nous aurions l'intention de nommer les
médecins les plus compétents, les plus intègres et les
plus dignes de notre profession, comité qui pourrait examiner les
litiges qui lui seraient soumis et recommander une solution ou donner un avis
à la commission des différends.
Il est bien dit, dans cet article, que cet avis ne lie pas la
commission. Nous ne voulons donc pas que nous, le bureau provincial de
médecine, nous donnions, en ce qui concerne la déontologie ou la
pratique professionnelle, un avis qui ne soit pas liant. C'est pour cette
raison que nous demandons que cet avis soit donné par un comité
ad hoc. Nous demandons également qu'il y ait, pour rendre cet avis, un
délai de 90 jours qui n'est pas inscrit dans la loi. Tout ce que nous
demandons, c'est afin de rendre la loi la plus efficace, la plus
complète et la meilleure possible. Nous voulons que la régie ait
en main tous les instruments pour exécuter son mandat. Nous voulons que
les gens du Québec aient les meilleures soins possibles, que les
médecins soient rapidement remboursés et que les litiges soient
le moins nombreux possible. Nous demandons également, pour remplir
équitablement et convenablement notre rôle, à être
informés des recommandations faites par les commissions des
différends ou les décisions des conseils d'arbitrage, de
façon à les scruter et à faire enquête, si nous
trouvons qu'il y a des questions de déontologie ou de qualité de
la pratique médicale impliquées dans ces cas-là.
Si le législateur le juge à propos et s'il désire
amender la Loi de la régie, tel qu'il est prévu à
l'article 82 de cette loi-ci, nous demandons également la
possibilité de siéger au conseil d'administration de la
Régie de l'assurance-maladie, puisque nous représentons justement
la majorité des professionnels de la santé et que c'est à
cette régie que vont se prendre les décisions importantes en ce
qui concerne la santé. Nous sommes d'accord que les syndicats
médicaux y soient majoritaires et continuent à y demeurer
majoritaires, à y être représentés. Nous croyons
qu'il est aussi important que nous puissions avoir droit au chapitre ou, du
moins, être au courant de ce qui se passe dans le domaine de la
santé, alors que nous représentons la très grande
majorité des professionnels de la santé et que nous continuerons
à représenter ces professionnels pendant un très grand
nombre d'années.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors, docteur, je crois que nous avons
alloué dix minutes à chaque...
M. ROY: Nous sommes donc convaincus que le succès de
l'assurance-maladie dépend de la collaboration des médecins et
que les médecins sont prêts à collaborer avec le
gouvernement dans l'installation et le fonctionne ment de ce régime,
nous sommes assurés que la collaboration entre le ministre de la
Santé, la régie et la profession médicale devrait
être excellente dans l'élaboration et le fonctionnement du
régime,
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors, très bien, docteur.
M. ROY: Je puis vous assurer que le collège des médecins
va collaborer entièrement...
M. LE PRESIDENT: (Fortier): A l'ordre! Docteur, je regrette, mais comme
je dois être impartial, il faut que je donne dix minutes à
chacun.
Alors, Dr Robillard.
M. ROBILLARD: Raymond Robillard, président de la
Fédération des médecins et spécialistes du
Québec.
M. le Président, M. le ministre de la Santé, MM. les
ministres, je voudrais, en premier lieu, vous remercier d'avoir donné
aux médecins, comme vous l'avez donné aux syndicats ouvriers et
autres, ce matin, la possibilité de formuler leur opinion en ce qui
concerne le bill 8, en particulier dans ses applications à l'exercice de
la médecine.
En somme, ce débat est un débat public, et c'était
le désir de bien des gens. Pour nous, nous l'avons accepté
volontiers. Nous y sommes entrés de plain-pied il y a déjà
quelques jours.
Il est bon, je crois, que nous nous soyons entendus, parce qu'en fin de
compte, c'est nous qui donnerons les soins aux malades, c'est nous qui ferons
fonctionner le régime, c'est nous, en dernier ressort, qui maintiendrons
la qualité de ce régime et sa viabilité.
Le régistraire a dit tantôt que nous sommes
différents du collège. Nous le sommes vraiment. Nous
défendons les intérêts sociaux, moraux et
économiques de nos membres, comme tout syndicat. Le collège
protège la qualité des soins et dicte un code d'éthique,
un code de déontologie, et il sévit contre ceux qui y
dérogent. Mais nous sommas un syndicat d'un type particulier. Nous
tractons avec un tiers payant, mais ce tiers payant n'est pas notre employeur,
c'est le malade qui nous choisi. Nous sommes l'employeur, nous sommes
l'employé et nous sommes au service du malade. Nous avons envers lui une
forme de contrat. Le tiers payant n'est cependant pas un tiers
payant ordinaire, ce n'est pas une compagnie d'assurance, comme nous
l'avons vécu autrefois, ce tiers payant est l'Etat, qui est responsable
envers la collectivité, non seulement du paiement des services
médicaux, mais aussi de l'élaboration d'une politique
complète de la santé.
Nous sommes donc un groupe unique dans la société, du
moins pour le moment. Tous nos revenus proviendront d'une seule source. Nous ne
pourrons pas, en régime collectif, dans celui que nous avons choisi pour
nos membres, trouver un autre tiers répondant. Nous sommes donc
complètement dépendants comme seule source de revenus, de l'Etat.
Nous ne pouvons pas non plus changer d'état civil, nous ne pouvons pas
non plus, si nous ne sommes pas satisfaits d'une convention collective, changer
d'emploi, de mode de travail, d'occupation.
Notre situation n'est donc pas celle d'un syndicat ordinaire; notre
situation est donc différente de celle qui a été
évoquée pour nous ce matin. Nous ne signons pas une convention
collective ordinaire et le gouvernement doit en tenir compte.
Notre droit à la négociation est limité au
départ. Ce bill que vous avez devant vous en témoigne
éloquemment. C'est une question qui n'est pas encore
réglée. La loi règle une grande partie de ce que nous
considérons être nos conditions de travail. Il doit en être
ainsi, a l'état où nous en sommes de l'évolution sociale.
Nous l'acceptons, mais, par contre, le gouvernement doit tenir compte que nous
ne sommes pas dans une convention collective ordinaire, que nous sommes en face
d'une certaine amputation à notre droit de négociation et que
nous avons donc le droit de faire des représentations qui, en toute
équité, devraient être entendues. Ce qui nous distingue en
dernier lieu, et c'est important, de la convention collective ordinaire, c'est
que nous ne voulons pas avoir accès au droit de grève. Nous ne
croyons pas que la grève soit pour les médecins un mode de
contestation normal. Nous ne croyons pas que la grève sera
acceptée par le public. Nous ne croyons pas qu'elle est acceptée
en ce moment par le public dans les corps publics, comme pour les policiers ou
les pompiers et encore moins pour les médecins. Nous devrons trouver
à l'avenir d'autres modes de règlement des différends ou
d'équité pour ces groupes au service du public.
Ces considérations générales, je les ai faites pour
souligner jusqu'à quel point le désengagement du régime
est pour nous une chose capitale, essentielle, nécessaire. Nous avons
plusieurs représentations à faire, nous les avons faites
publiquement, nous les avons faites au ministre, je n'y reviendrai pas. Le Dr
Gérard Hamel a fait essentiellement les mêmes au nom des
omnipraticiens hier. Je lui laisse donc le soin de discuter et de faire valoir
des points de vue que nous partageons sur le contrôle de
l'activité professionnelle par le Collège des médecins,
sur la lourdeur des mécanismes de contrôle que prévoit la
loi et sur la possibilité de négociations à l'expiration
de la convention collective.
Pour ce qui est du désengagement, nous maintenons qu'il existe
à ce niveau une nécessité de préserver la
liberté du médecin. Nous voulons que le médecin
adhère au régime et nous nous sommes structurés
nous sommes les seuls au Canada en syndicat pour négocier avec le
gouvernement, ce que les médecins d'autres provinces ont refusé
de faire, en vue d'adhérer à un régime. Nous voulons
adhérer à un régime volontairement.
Nous ne voulons pas être conscrits ou, moins fortement, pour
employer les termes du ministre, être embrigadés.
Nous voulons aussi, à l'intérieur du système, et
parce que nous n'avons pas toutes les garanties que j'ai
énumérées tantôt, à l'intérieur d'une
convention collective ordinaire, que l'on reconnaisse à l'occasion, dans
des cas exceptionnels, la notoriété spéciale d'un
médecin, les conditions particulières où il exerce sa
profession et, pour certains d'entre nous qui ne sont pas nombreux, le pouvoir
pour eux d'exprimer leur indépendance totale à l'égard du
régime, leur non serviam et leur désir de traiter directement
avec le malade.
Nous avons demandé le droit ouvert pour le médecin de
« déconventionner », nous l'avons demandé dans le
même esprit que les autres provinces, sachant et démontrant
à la table des négociations que ce droit que les médecins
auraient de se désengager ne serait pas utilisé, sauf dans des
cas exceptionnels. C'est ce qui s'est passé au Manitoba, en
Colombie-Britannique et partout ailleurs. Nous reconnaissons cependant que la
situation du Québec est particulière, nous en avons eu la
démonstration ce matin et tout au cours du débat qui s'engage
depuis plusieurs jours. Nous sommes conscients de la situation politique au
Québec, nous sommes donc prêts à reconnaître que le
principe d'universalité du régime, que l'accessibilité aux
soins doivent être préservés et nous sommes prêts
à concéder qu'il faut plus que des garanties morales au
Québec, qu'il faut des garanties écrites et des garanties
inscrites dans la législation. Ceci, nous l'acceptons.
Par ailleurs, nous trouvons que la loi, telle qu'elle est
formulée, est gauche et maladroite. La liberté des
médecins est reconnue, mais elle est limitée à
quelques-uns. La loi prévoit, ne serait-ce que de façon
limitée, deux classes de médecins: l'une serait au service de la
masse et l'autre, présumément, au service d'une clientèle
riche. La loi prévoit un effet de guillotine imprévisible
là où un médecin, se « déconven-tionnant
», fait tomber automatiquement le couperet parce que, du geste qu'il pose
sans aucune conception de ce qui se passe ailleurs, il met en branle un
mouvement qui, au cabinet des ministres, va faire atténuer le «
conventionnement » dans la province de Québec.
Nous n'aimons pas non plus un mécanisme qui laisse le «
déconventionnement » et son abolition de 3 à 0% à la
discrétion totale des ministres. Il faut une autre formule, il faut une
formule qui reconnaîtra à tous les médecins une
liberté, même une liberté relative, parce que nous sommes
prêts à faire des concessions sur ce point. Il faut que les
malades aient accès à tous les médecins, sans égard
à la notoriété du praticien, à son
expérience particulière ou à son lieu de pratique. Il faut
que la restriction du droit au désengagement soit la
responsabilité individuelle de chaque médecin, qu'il en porte sa
responsabilité, s'il dépasse une certaine marge, et non pas que
sa responsabilité soit portée par un autre qui l'ignore et qui
lui-même ne sait pas ce qu'il fait. Il faut, enfin, que les restrictions
au désengagement soient prévisibles, connues, exprimées
dans une convention ou dans la loi et non pas discrétionnaires.
Nous disons donc que cette loi, spécialement aux articles 11 et
12, doit être modifiée pour répondre au désir de
liberté des médecins, désir qui est une aspiration
légitime et qui est d'ailleurs reconnu dans l'actuel bill 8. Nous
voulons et nous demandons que soient modifiés ces articles 11 et 12, non
pas d'aucune façon pour violer les principes qui sous-tendent cette loi,
qui sont l'accessibilité complète aux soins médicaux et la
protection du malade en région éloignée, et aussi la
protection du malade contre le médecin qui pourrait, comme on l'a dit
dans la Chambre ontarienne, tenir un scalpel sous la gorge du malade. Ce n'est
pas notre intention, nous ne voulons pas maintenir un système de
désengagement collectif, l'utiliser comme un chantage, comme une menace;
nous sommes prêts, nous l'avons dit, à ce que vous introduisiez
toutes les dispositions nécessaires à cet effet.
Ce n'est donc pas que l'on vous demande de modifier la loi dans son
esprit, mais dans sa forme.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Je remercie le Dr Robillard. Est-ce que le Dr
Hamel, représentant les omnipatriciens, est ici? Le Dr Hamel.
M. HAMEL: M. le Président, M. le ministre, M. le ministre
adjoint, mesdames messieurs: (Je suis Gérard Hamel, président de
la Fédération des médecins omnipraticiens, si vous ne
l'avez pas noté.)
M. LE PRESIDENT (Fortier): Vous êtes au courant que vous avez dix
minutes.
M. HAMEL: Oui. Je vais être bref et, autant que possible,
précis, d'autant plus que les positions de la Fédération
des médecins omnipraticiens du Québec sont connues par tous.
Depuis bientôt dix ans que nous préconisons
l'établissement, au Québec, d'un régime universel et
complet d'assurance-maladie et, en aucun temps, nos positions n'ont
été modifiées. Nous sommes d'accord avec le principe du
projet de loi actuel, comme nous étions d'accord avec le principe du
projet de loi précédent. Que la loi soit bonne ou moins bonne, la
Fédération des médecins omnipraticiens du Québec
continuera toujours d'être prête à négocier, parce
que nous sommes prêts à collaborer à l'installation d'un
régime qui fera disparaître la barrière financière
qui sépare actuellement les malades des médecins, dans un trop
grand nombre de cas, et parce que nous considérons qu'un régime
universel d'assurance-maladie n'est que la première, mais essentielle,
étape vers une planification des régimes de soins et de
santé dans le Québec, ainsi qu'une régionalisation.
Avant de déposer son projet de loi, le ministre nous a fait la
faveur de nous recevoir et, à ce moment-là, nous lui avons fait
les représentations suivantes: nous lui avons dit que l'essentiel, pour
nous, est que toutes les dispositions de la loi qui peuvent affecter l'exercice
ou les conditions d'exercice de notre profession puissent être
négociées.
Nous avons créé le syndicalisme des professionnels de la
santé au Québec depuis bientôt dix ans. Nous sommes les
premiers groupes de médecins en Amérique du Nord à avoir
accepté d'utiliser un instrument qui a été trop
méprisé mais qui est utilisé presque exclusivement par les
ouvriers. Nous n'avons pas eu honte d'utiliser cet instrument,
extrêmement utile, qu'est la négociation. Nous espérons,
dans l'avenir, que nous aurons les mêmes privilèges que les autres
catégories de travailleurs dans la société et, non pas,
celui de négocier nos conditions de travail. Lors de notre rencontre
avec le ministre, ce fut la seule et importante représenta-
tion que nous avons faite. Si nous présentons maintenant, une
fois le projet de loi déposé, une série de
recommandations, ce n'est pas en vue de dicter au gouvernement nos
volontés. Nous faisons ces recommandations dans deux buts:
Premièrement, celui d'améliorer et de maintenir de bonnes
relations entre les professionnels de la santé et le gouvernement.
Deuxièmement, celui d'améliorer le fonctionnement du
régime.
Parmi les sept recommandations que nous avons faites, trois visent
à améliorer le fonctionnement du régime et quatre autres
à améliorer les relations entre la profession médicale et
les professions de santé, d'une part, et le gouvernement, d'autre part.
Je n'irai pas, ici, dans les détails. Je pense que tous ceux qui seront
intéressés à les connaître pourront lire nos
recommandations. Celles qui concernent plus particulièrement les
relations des professionnels de la santé avec l'Etat sont
reliées, premièrement, au contenu des ententes ou des
conventions.
Dans le bill 30, il était bien précisé que les
syndicats médicaux pouvaient négocier non pas seulement les modes
de rémunération, mais aussi les modalités de participation
des médecins au régime, ainsi que les conditions d'exercice de
notre profession. Et nous espérons que, dans ce projet de loi, on voudra
bien, une fois de plus, être précis et bien déterminer ce
que doivent contenir les ententes.
D'autant plus qu'il n'existe pas de loi d'activités
professionnelles actuellement pour régir les ententes entre travailleurs
non salariés et le gouvernement. Alors, nous demandons une petite
précision dans le but de dissiper toute confusion dans l'avenir en ce
qui fera, ou ne fera pas, l'objet d'une entente ou d'une convention. Les
syndicats médicaux ne sont pas là seulement pour négocier
de l'argent nous n'existerions pas, autrement mais, pour
participer à un régime, ou déterminer les conditions de
travail. Comme nous l'avons dit auparavant, nous acceptons d'être des
partenaires dans l'établissement de ce régime parce que, comme
l'a dit le Dr Robillard, finalement, le succès du régime
dépendra des médecins et des autres professionnels de la
santé.
Nous pensons aussi qu'en l'absence d'un cadre juridique, l'article 19,
qui stipule que les dispositions d'une entente continuent d'être en
vigueur après son expiration, peuvent conduire le gouvernement, lors du
renouvellement d'une entente, à conscrire indûment les
professionnels et à geler leurs conditions de travail. Nous n'avons pas
la compétence des négociateurs réputés que je vois
à cette table, qui négocient depuis 25 ans. C'est la fin
de...
UNE VOIX: Ne nous vieillissez pas! M. HAMEL: Excusez-moi!
UNE VOIX; Nous négocions, nous ne signons pas.
M. HAMEL: Vous avez au moins l'expérience équivalente.
Nous acceptons de négocier, mais nous recommandons d'ajouter à
cet article, qu'après une période convenable consacrée aux
négociations, les professionnels de la santé, qui relèvent
de l'entente, ne soient plus soumis à son application, qu'après
cinq mois de négociations et surtout d'absence de négociations,
que les professionnels de la santé ne soient plus soumis à une
entente désuète. Ceci nous paraît d'autant plus important
qu'on s'aperçoit, à certains moments, que la partie patronale
peut avoir intérêt à ne pas négocier. Nous avons une
expérience actuelle avec le gouvernement où, depuis plus d'un an,
nous tentons de terminer une convention, notre première, en fait, avec
les omnipraticiens des hôpitaux psychiatriques et nous n'avons eu aucune
séance de négociations depuis sept mois alors que nous sommes
prêts à négocier à 24 heures d'avis.
Finalement, Je ne passerai pas tous les amendements un par un. Mils nous
sommes d'accord qu'on doive bien permettre auCollège des
médecins, à la corporation, d'exercer sa juridiction
conformément à sa loi et à ses règlements. Ceci va
nous permettre de préciser davantage le rôle des prétendues
commissions d'appréciation des différends, qui est un titre un
peu ronflant, parce que la fonction essentielle de ces comités est
d'apprécier les relevés d'honoraires litigieux. Nous croyons,
à partir de cet objet des commissions que celles-ci devraient être
paritaires parce que, foncièrement, elles ne font que vérifier
l'application de la convention, qu'apprécier les relevés en
fonction des termes mêmes de la convention et il est juste que ceux qui
ont signé cette convention, que les parties patronale et syndicale
soient représentées à parts égales. Une
cinquième personne, qui serait un juge, un avocat ou un comptable,
serait un gaspillage à notre point de vue. Nous manquons trop de
ressources intellectuelles pour les employer à un travail semblable.
M. le Président, M. le ministre, nous avons fait parvenir ces
recommandations dans le but d'améliorer le système et de
prévoir, dans l'avenir, de meilleures relations entre les professionnels
de la santé et le gouvernement. Qu'elles soient bien ou mal
reçues, nous serons toujours prêts à négocier;
qu'elles soient reçues à notre satisfaction ou non, nous serons
quand même toujours prêts à négocier et le plus
rapide-
ment possible, pour que ce régime-là, qui est exigé
par la population, soit mis en branle très bientôt. Merci.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Est-ce que le représentant du
collège des optométristes veut bien s'Identifier?
M. DESROSIERS: Jean-Louis Desrosiers, président du Collège
des optométristes. Je vous remercie, M. le Président, de nous
donner l'occasion de m'adresser à vous et aux collègues, tout le
monde est convaincu, je pense, que l'importance relative de ma profession par
rapport à la médecine me forcera à employer un peu moins
de votre temps afin de vous permettre de légiférer.
Je ne voudrais pas reprendre les paroles du Dr Roy, mais je pense
qu'elles s'appliquent drôlement bien à la corporation des
optométristes. Etant président du collège, je dis que nous
sommes très conscients que notre devoir est de protéger la
santé publique, non pas de protéger nos membres, mais
plutôt de bien protéger le public. Pour nous, puisque nous parlons
de l'assurance-maladie, ce n'est pas une surprise. Je vais vous dire, M. le
Président, qu'il y a dix ans, a un congrès tenu à
Chicoutimi, une résolution avait été passée
à l'intérieur de ma corporation pour réclamer que les
services visuels soient socialisés.
Il y a une réserve que j'aimerais faire avant de terminer, M. le
Président, c'est une réserve qui s'adresse au niveau de la
protection du public. Si, vraiment et je pense que vous le voulez, M. le
Président vous voulez donner la meilleure qualité de
soins, il faudrait qu'à l'article 56 b), il y ait un paragraphe qui soit
vraiment amendé. Je pense que, lorsque l'on parle de la fréquence
d'utilisation, à l'article 56 b), l'on va à l'encontre d'une
meilleure qualité du service possible et je ne pense pas que ce soit ce
que le législateur souhaite.
En terminant, M. le Président, je vous remercie et je pense que
j'en ai assez dit.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Est-ce qu'il y a ici un représentant
des chirurgiens dentistes? Nous l'inviterons et s'il n'y en a pas, nous allons
procéder a l'étude de... M. Laliberté.
M. LALIBERTE: M. le Président, je demande un privilège
particulier, compte tenu des règles du jeu qui ont été
établies ce matin. Je vous explique, avant de prendre la parole, le
privilège que je vous demande.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Je dois demander l'avis des autres membres de
la commission.
M. LALIBERTE: Mais me permettriez-vous de dire d'abord le
privilège que je demande?
M. LE PRESIDENT (Fortier): Oui, je vais ensuite déférer la
question aux membres de la commission.
M. LALIBERTE: J'entends bien suivre la décision que vous
prendrez.
M. LE PRESIDENT: Faites votre demande.
M. LALIBERTE: M. le Président, nous avons entendu tout à
l'heure des représentations faites en particulier par la
fédération des médecins spécialistes du
Québec. Je n'entends pas les commenter comme telles... Mais, je n'ai
rien dit encore de mon privilège.
Cependant, M. le Président, j'ai entre les mains une lettre de la
Fédération des médecins spécialistes du
Québec, datée du 18 mars 1970, qui contredit formellement les
propos tenus tout à l'heure. Je crois que les membres de la commission
devraient être officiellement informés de ladite lettre.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Est-ce que les membres veulent
procéder à la suite du bill, article par article, ou...
M. CASTONGUAY: M. le Président, si vous me le permettez, je crois
que nous devrions procéder à l'étude du projet de loi. Si
des documents sont demandés par les membres de la commission, qu'il
s'agisse de documents qui auraient été produits par l'une ou
l'autre des parties qui négocient avec le gouvernement.
Nous allons donc procéder, M. le Président, si les membres
de la commission acceptent ma suggestion, à l'étude du bill. En
ce qui a trait aux documents que les membres de la commission pourraient
désirer avoir pour l'étude de ce bill, qu'ils viennent de la
Fédération des médecins spécialistes ou qu'ils
viennent d'un autre groupement, les membres peuvent en faire la demande et nous
produirons les documents appropriés si, évidemment, il y a
intérêt de le faire.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Est-ce que ceci est un peu l'avis des autres
membres de la commission? Nous allons donc procéder à
l'étude des articles.
Dissidence
M. LAURIN: M. le Président, j'aurais une question de
privilège à poser. Nous en sommes rendus à l'article 11,
comme vous le savez. Dans l'étude des onze premiers articles, aucun vote
n'a été pris. J'ai personnellement présenté
quelques amendements mais, étant peu rompu aux traditions
parlementaires, je n'ai pas pensé qu'il fallait exiger un vote.
Je voulais simplement signifier que le titre de la loi, l'article 1 et
l'article 3, en ce qui concerne mon groupe, ne faisait pas l'objet d'une
adoption. Nous voulions simplement enregistrer notre dissidence sur ces deux
articles, de façon que ce soit bien clair. Je ne sais pas si c'est un
vote qu'il faut donner ou simplement une expression d'opinion, peut-être
pourriez-vous me renseigner là-dessus.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Si l'on doit procéder pour
étudier les différents articles, on peut adopter un article sur
division ou encore procéder par vote. M. le ministre peut
peut-être nous donner son avis.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, sur cette question,
chacun des groupes de l'Opposition à cette table indiquera s'il veut
simplement enregistrer une dissidence ou s'il désire demander un vote
sur chacun des points en discussion. Il est possible que, durant l'étude
de certains articles, nous demandions des votes et les privilèges des
membres de la commission s'exerceront.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Bourget.
M. LAURIN: Pour les articles que nous avons déjà
examinés, je vous demanderais simplement d'enregistrer ma dissidence sur
l'article 1 et l'article 3.
M. QUENNEVILLE: Est-ce que cela doit changer quand même ce qui
s'est passé? Ce sont des articles qui ont été
adoptés avec réserve, sauf erreur. Vous enregistrez tout
simplement une dissidence.
M. LAURIN: Non, la réserve ne portait que sur l'annexe,
d'ailleurs on pourra y retourner.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors, le titre de la loi sera Loi de
l'assurance-maladie. Adopté, mais avec dissidence du
député de Bourget.
M. LAURIN: Sur le titre et les articles 1 et 3.
M. LE PRESIDENT (Fortier); Sur le titre et sur les articles 1 et 3.
Choix du professionnel
M. CASTONGUAY: M. le Président, on avait, lors de la discussion
des premiers articles, réservé l'article 2. Le but était
de ne pas élargir en cas d'urgence ou en cas de pénurie, ou de
circonstances spéciales, la possibilité que pourrait avoir un
patient d'avoir accès à des services, ou à des soins.
Diverses suggestions ont été examinées, après
discussion avec le conseiller juridique du gouvernement. La suggestion suivante
est faite et je demanderais qu'on distribue aux membres de la commission le
projet d'une nouvelle rédaction.
Si au lieu du mot « rien » nous disions « sous
réserve de toute autre disposition législative applicable, rien
dans la présente loi ne limite la liberté qu'a une personne...
»
De cette façon, il est indiqué clairement que cette loi ne
vient pas limiter, par exemple, les dispositions qui pourraient être
comprises dans la Loi du Collège des médecins, le code
d'éthique, qui peut être de déontologie, qui peut
être adopté en vertu de cette loi. Donc, si dans la loi du
collège, il est fait une obligation, dans le code d'éthique,
à un médecin de traiter un patient dans un cas d'urgence, cette
loi-là ne vient pas limiter ce droit. Cela précise le fait que
ces autres dispositions priment.
M. LAURIN: C'était là précisément l'esprit
dans lequel j'avais proposé un amendement ou une suggestion et je me
déclare satisfait de la formule qui a été
trouvée.
M. CLOUTIER (Montmagny): Nous acceptons cette proposition.
M. LE PRESIDENT (Fortier): L'article 2 est adopté, avec la
modification.
Chirurgie buccale
M. CASTONGUAY: A l'article 3, on avait mentionné bien que
le contenu de l'article, que sa portée ait été
discutée et adoptée en enregistrant la dissidence d'un des
groupes de l'Opposition qu'il serait peut-être plus prudent, en ce
qui a trait à l'article 3, de garder une possibilité de modifier
l'annexe, compte tenu du fait que la chirurgie buccale peut évoluer
quant au genre de services qui peuvent être rendus.
Pour donner cette souplesse nécessaire, voici ce qui est
suggéré au paragraphe b) de l'article. Il se lirait ainsi:
« Les services de chirurgie buccale mentionnés à l'annexe
ou déterminés par règlements. » Et à
l'article 56: « Le pouvoir de déterminer par règlement
d'autres services de chirurgie buccale » pourra être prévu,
de telle sorte qu'il sera possible d'ajouter à l'annexe en ce qui
concerne la chirurgie buccale.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je serais d'accord avec
cette suggestion. Nous nous trouvions dans l'obligation d'apporter une
modification au projet de loi, parce qu'un acte aurait été
oublié dans la nomenclature ou par suite de l'évolution des actes
de la profession. Evidemment, cela aurait été
disproportionné. Je crois que le ministre, par son amendement, introduit
un élément de souplesse et nous acceptons cette modification.
M. LAURIN: M. le Président, étant donné que nous
avions fait les mêmes représentations, nous acceptons
également cette modification. Malgré tout, j'attire cependant
votre attention sur le libelle' de cette annexe. Je me demande, si,
étant donné l'addition qu'on vient de faire, il y a encore
utilité à garder cette annexe. D'autant plus que la
classification me semble sujette à caution en ce qui concerne certains
articles.
Je remarque, aussi, au sujet de la chirurgie
préprothétique, un article qui n'est pas très
réjouissant pour le chirurgien en question, lorsqu'on dit: « Une
exérèse de fragments dentaires, après insuccès par
un autre praticien. » Il me semble que ce n'est pas le but d'une annexe
de mentionner les...
M. CASTONGUAY: M. le Président, si vous me le permettez, lors de
la dernière séance, je crois, il avait été convenu
que la liste, l'annexe serait revisée...
M. LAURIN: Ah bon!
M. CASTONGUAY: ... pour qu'il y ait un meilleur regroupement et
peut-être que la discussion possible sur des interprétations de
termes hautement techniques soit réduite au strict minimum.
Présentement, le conseiller juridique, M. Normand, a un nouveau texte
qu'il est en voie de réviser et qui vous sera soumis, pour dissiper
ces...
M. LAURIN: D'autant plus, M. le Président, que cette liste
devrait être établie après consultation de toutes les
associations intéressées. A la lire, j'ai eu l'impression que
quelques spécialistes en chirurgie buccale avaient été
consultés plutôt que l'ensemble de la profession des
chirurgiens-dentistes. Il est possible qu'après une consultation plus
large, on en arrive à la détermination d'une annexe qui
corresponde davantage à l'exercice général de cette
profession.
M. CASTONGUAY: Je pourrais simplement ajouter que j'ai reçu un
mémoire de la Fédération des chirurgiens dentistes qui
contient une liste beaucoup plus longue.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, M. le Président, avant que nous
ne terminions cette discussion au sujet des articles 1, 2 et 3, je voudrais
dire qu'au moment de la discussion de ces articles, nous avions, nous aussi,
exprimer notre dissidence mais pas au même point de vue que les membres
du Parti québécois. Alors que eux voulaient faire inscrire dans
la législation les différentes étapes, nous, nous
préférions la première version du projet de loi, qui nous
paraissait plus souple, en ce sens que l'on pouvait prolonger la protection du
régime par arrêté en conseil et qu'il y avait aussi, dans
ce projet de loi-cadre, la notion de biens. Nous maintenons donc cette
position. Etant donnée que l'on a enregistré la dissidence d'un
groupe de l'Opposition, j'aimerais que vous enregistriez, M. le
Président, notre dissidence quant à ces aspects particuliers,
parce que nous préférions l'élément de souplesse du
premier projet de loi, à cette précision de cette nouvelle
version.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Dissidence aux articles 1 et 3. Pardon, M.
Bois de...
M. BOIS: ... à l'article 3 b) ou quoi?
M. LE PRESIDENT (Fortier): Un instant. Alors, à l'article 3 b),
M. le ministre peut donner son opinion, si vous le voulez, s'il a quelque chose
à ajouter à ce sujet?
M. BOIS: Non, ce serait pour ajouter un autre alinéa à la
suite de 3 c).
M. CASTONGUAY: La semaine dernière, lorsque nous sommes
passés à ces articles, nous avons adopté les articles de 1
à 10 inclusivement.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Oui.
M. CASTONGUAY: Je ne crois pas qu'il soit possible de revenir, comme
ça, à volonté sur les articles.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Les articles 1 à 10 étant
adoptés, les dissidences ont été enregistrées et
nous allons procéder à l'étude de l'article 11.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, est-ce que le ministre
voudrait faire certains commentaires sur les articles 11 et 12 avant que
j'entreprenne mon exposé?
M. CASTONGUAY: J'ai exposé de façon assez complète,
je crois, lors de la dernière séance de la commission, la
position du gouvernement qui a conduit à la rédaction de ces
articles 11 et 12. Si ma mémoire est fidèle, la discussion
n'était pas terminée au moment où nous avons suspendu la
séance et je suis prêt à poursuivre la discussion de cet
article. Toutefois, je crois que j'avais, lors de la dernière
séance, exposé pourquoi nous avions rédigé les
articles 11 et 12 de cette façon.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, M. le Président, sur ces articles
11 et 12, nous avions...
M. BOIS: Je voulais simplement continuer à enregistrer ma
dissidence sur l'article 3, s'il vous plaît.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Saint-Sauveur.
Article 11.
M. CLOUTIER (Montmagny): Nous avions, comme le ministre l'a dit il y a
un instant, entamé l'étude de ces articles extrêmement
importants du projet de loi. A mon sens, ils vont au coeur de tout le
problème et constituent l'un des points essentiels de la
législation.
Je n'ai pas l'intention de référer directement à
certaines opinions émises ce matin, ou d'engager un débat, car ce
n'était pas l'objectif visé en permettant à chacun de
s'exprimer devant cette commission. Notre position sur les articles 11 et 12
est bien connue; on n'a qu'à se référer à la
version originale du projet de loi.
Depuis ce temps-là, nous avons eu l'occasion, ici en commission,
de commencer aussi à exprimer nos vues sur le problème du
désengagement.
Je voudrais préciser certains points que j'ai déjà
mentionnés et en ajouter d'autres, M. le Président, pour bien
montrer que nous ne pouvons pas, à ces articles 11 et 12, accepter le
point de vue du gouvernement. A notre avis, ces dispositions mettent en danger
l'universalité du régime. Ces dispositions qui permettent le
désengagement même restreint selon certains
critères, selon certaines précisions, quelques-unes
déterminées dans la loi et d'autres qui le seront par
réglementation on peut se demander réellement si elles ne
viennent pas compromettre l'universalité du régime.
A l'article 2, nous avons affirmé un principe qui est la
liberté du patient de choisir son médecin. Si on permet le
désengagement dans certaines localités, certaines régions,
même si le gouvernement, par arrêté en conseil, s'est
réservé un contrôle et une surveillance d'application,
est-ce que cela ne vient pas à l'encontre du principe que le patient a
la liberté de choix de son médecin? Comme ce sont des
règlements qui seront adoptés par le lieutenant-gouverneur en
conseil, qui ne le sont pas dans le moment et qui seront probablement, selon
l'affirmation du ministre, discutés à la table de
négociations, nous sommes, à ce moment-ci, dans l'inconnu. Je
vous demande s'il n'y a pas une certaine contradiction entre ce principe et la
liberté qu'aura en pratique le patient dans une région où
il y aura un certain désengagement et où il lui sera plus
difficle de requérir les services du médecin de son choix.
Nous avons mentionné, au cours de l'étude de ces articles,
vendredi dernier, qu'il se posait des problèmes pratiques aussi, dans
des régions limitrophes, comme, disons, Ottawa par rapport à
Hull, le Nouveau-Brunswick par rapport aux frontières du Québec,
où le médecin de l'extérieur, qui ne fera pas parti du
régime, pourra se faire rembourser des honoraires par la régie,
alors que le médecin, qui est domicilié dans le Québec et
qui sera « déconventionné » , se verra rembourser 75%
de sa note d'honoraires et que le solde, évidemment, sera à la
charge du patient. Nous avons là deux groupes de médecins
oeuvrant sur le même territoire, dont l'un nous semble
désavantagé par rapport à l'autre.
M. le président, un autre point important a été
souligné aujourd'hui; je voudrais y revenir. Ne serait-il pas
inacceptable que le contribuable paie 100% de sa prime d'assurance-maladie et
que, en cas de « déconventionnement » du médecin, il
soit obligé d'ajouter sa partie des notes
d'honoraires, une partie que l'on peut qualifier de supplément
d'honoraires? Alors, il y a là, en pratique, une pénalisation
pour le citoyen qui n'a pas d'autre alternative que de recourir à un
médecin « déconventionné » . Il faudrait
ajouter à cela aussi je l'ai dit dans mon discours de
deuxième lecture que les citoyens du Québec ont consenti
des efforts extrêmement généreux, extrêmement
onéreux pour la décentralisation de l'équipement et du
personnel hospitaliers. On se demande, à ce moment-là, s'il y a
pas une perte d'énergie, une perte d'efforts, une perte d'argent qui
aurait été consentie pour faire une meilleure répartition
des soins médicaux, alors que, par le « déconventionnement
» , peut-être l'on viendrait compromettre ce qui est
déjà acquis.
Le ministre nous a expliqué, au sujet des articles 11 et 12, les
mécanismes pratiques d'application. Nous relevons, dans la lecture de
ces articles, des points qui nous laissent dans l'imprécision. On dit
qu'il y aura une publication dans la Gazette officielle du Québec et
qu'après le septième jour de la publication de l'avis tout le
monde devra savoir que les médecins sont désengagés. Je me
demande si c'est bien là le meilleur système d'information
à l'endroit du patient. On a fait disparaître ici l'article 17 de
l'ancien projet de loi qui stipulait que le médecin devait
lui-même avertir son patient qu'il n'était pas un médecin
« conventionné » dans le régime. Là, c'est le
citoyen, à toutes fins pratiques, qui devra faire l'effort de savoir
s'il a affaire à un médecin qui est engagé ou qui n'est
pas engagé dans le régime.
Il y aura, ensuite, un autre avis dans la Gazette officielle pour
avertir que, maintenant, tout est rentré dans l'ordre, que les
restrictions qui avaient été imposées par règlement
du lieutenant-gouverneur en conseil, ne sont plus justifiées par la
situation, que les choses sont rétablies et que, maintenant,
vis-à-vis de la régie, le remboursement des frais
médicauxest assuré.
Ce sont là, M. le Président, autant de points des articles
11 et 12 qui retiennent notre attention, à ce moment-ci. On mentionne
aussi, à l'article 12, qu'il y aura un jugement porté par le
lieutenant-gouverneur en conseil. Le lieutenant-gouverneur en conseil se basera
sur les conditions uniformes de pratique de la profession médicale et de
services à rendre au public, afin de savoir s'il doit restreindre
davantage le désengagement ou l'empêcher dans une
région.
Je crois bien, M. le Président, que ces mots « conditions
uniformes » , à ce moment-ci, dans un texte de loi, sans autres
précisions que celles qui nous ont été données, ne
donnent pas satisfaction aux membres de la commission. On peut se demander:
Qu'est-ce que l'on entend par « conditions uniformes » ? Cela peut
être précisé en pratique dans une réglementation,
d'accord, mais, tout de même, il s'agit d'un texte de loi sur lequel nous
avons à nous prononcer. Je ne crois pas que les termes employés,
à ce moment-ci, satisfassent et le législateur, et le public.
Je voudrais demander au ministre cela n'a pas été
précisé aussi; on a prévu un remboursement de la note
d'honoraires jusqu'à concurrence de 75% dans le cas du
désengagement et un frais modérateur de 25% sur quelle
base on s'est appuyé pour faire une telle répartition, 75% et 25%
et pour laisser aux médecins désengagés la
possibilité d'exiger un supplément d'honoraires au tarif
déjà convenu entre les professionnels de la santé et le
gouvernement.
Je voudrais également dire que, par cette clause on l'a
mentionné abondamment depuis plusieurs jours il y a danger de
toujours remettre en question l'entente qui aura été
signée entre les professionnels de la santé et le gouvernement. A
tous les moments de l'application de l'entente, je crois que ce sera
constamment une menace qui pèsera sur l'administration du régime.
Je ne crois pas que l'on doive commencer un régime d'assurance-maladie
avec des questions imprécises et avec aussi des points de l'entente qui
peuvent être constamment remis en question.
M. le Président, pour toutes ces raisons il y en aura bien
d'autres, mais je ne veux pas revenir sur tout ce qui a été dit
depuis plusieurs jours je crois bien que la première version
où nous nous étions prononcés sur cette question du
désengagement elle tenait compte davantage d'un équilibre entre
les exigences des médecins qui ont évidemment, et on le
reconnaît, un statut professionnel, celles des professionnels de la
santé, qui ont également ce statut professionnel et aussi celles
du public dont la voix s'exprime de différentes façons, notamment
par l'entremise des grandes centrales syndicales. Nous croyions avoir
trouvé un équilibre. On a vu, depuis ce matin, qu'il n'est pas
facile, dans une législation aussi importante, surtout quand on entre
dans le domaine social, de trouver cet équilibre entre les
différentes suggestions, les différentes demandes qui nous ont
été faites. C'est un point de vue que j'exprime au nom de
l'Opposition officielle. Nous avons cru, et nous croyons encore, que la
première version du projet de loi, sur cette question, était
supérieure au projet de loi actuel, pour les raisons que j'ai
mentionnées; C'est pour ça que j'aimerais qu'à un moment
donné de nos travaux, avant que nous adoptions cet article, nous ayons
l'occasion de nous prononcer sur ces articles concernant le
désengagement.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: II y a un point que je voulais mentionner ici. Je
réalise qu'à l'heure actuelle les articles 11 et 12 sont en train
de remettre en question le bill lui-même qui retourne pour ou contre la
classe médicale ou encore pour ou contre l'ouvrier. Ce que je vols
là-dedans, c'est que, lorsqu'on assure une automobile, on ne l'assure
pas pour payer le mécanicien qui la répare au garage; on l'assure
pour payer les réclamants. Lorsqu'on achète de l'assurance
incendie, c'est encore la même chose; on ne la prend pas pour payer
l'entrepreneur qui va réparer la maison, mais pour indemniser celui qui
subit une perte. C'est le même principe dans le bill que nous
étudions présentement. A l'heure actuelle, ce qui arrive, c'est
que, dans l'article 11, on commence déjà à punir ceux qui
vont payer des taxes et acquitter les frais de l'assurance-maladie. On leur
enlève déjà 25% s'ils ont affaire à un
médecin qui est désengagé. En plus, par l'article 12, on
ne leur donne pas de services du tout et ils ont quand même à
payer les taxes ou ce que les lois réclameront de revenu
spécifique pour maintenir le plan en vigueur ou encore
l'améliorer, suivant la demande du public.
A ce stade-ci,je fais une suggestion, même je désire
qu'elle soit soumise aux voix des membres de la commission. Je désire
proposer qu'à l'article 11 une modification soit faite. Je la propose
dans le but qui suit: pendant des années, sans s'occuper
spécifiquement ou directement de la classe médicale, et sans la
déprécier non plus, des plans comme la Croix Bleue et les
Services de santé du Québec ont fonctionné. Or, on peut
dire que, dans plus de 85 à 90%, des cas, il n'y a jamais eu de
différence d'honoraires à payer, même si les
médecins ont été libres.
Ici, c'est le peuple lui-même qu'on enchaîne. Il n'est pas
libre de ne pas payer ses cotisations si on ne lui rembourse pas ces honoraires
pour les services qu'il reçoit. C'est justement ce qui m'amène
ici à vous demander de remplacer, à l'article 11, le chiffre 75%
à la huitième ligne, par 100% et, à l'article 12,
d'enlever la négation « ne », à la deuxième
ligne, et de terminer tout l'article au mot « entente », à
la sixième ligne.
M. CASTONGUAY: C'est de la concordance.
M. QUENNEVILLE: Répétez donc la deuxième partie,
« entente ».
M. BOIS: « Une personne qui réside au Québec
en enlevant la négation peut toutefois exiger de la régie
le paiement du coût de ser- vices assurés fournis au Québec
par un professionnel de la santé qui s'est désengagé de
l'application d'une entente ».
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, aux articles 11 et 12, il y a quatre
problèmes qui méritent une attention particulière. Il y a,
d'abord, la question du principe même du désengagement; celle du
3% des médecins qui pourraient se désengager; celle des 75% des
frais du coût qui pourraient être remboursés aux malades et
cet article qui traite des conditions uniformes, qui pourraient être
brisé par le désengagement d'une trop grande proportion de
professionnels. Mes remarques voudraient porter sur ces quatre points.
Je reprends à mon compte une bonne partie des critiques faites
par le député de Montmagny sur les difficultés
d'application du 3% et sur les injustices que cela pourrait causer à la
population. Notre position va beaucoup plus loin. Elle va jusqu'au principe
même du désengagement, assorti des clauses pécuniaires,
bien entendu, qui en excipent de l'exécution. J'ai écouté
avec beaucoup d'attention la réplique du ministre de la Santé aux
diverses interventions qui ont eu lieu en Chambre, lors du débat de
deuxième lecture. J'ai entendu, également, ce qu'il a dit
à la télévision, samedi. Je dois avouer que le nombre et
la force de ses arguments ne m'ont pas encore convaincu de la validité
de son point de vue.
Par exemple, dans sa réplique à l'Assemblée
nationale, 11 disait qu'un médecin ou un professionnel pouvait avoir de
bonnes raisons de se désengager, par exemple, son âge, son
état de santé, le partage de ses activités et le
désir de garder un certain degré de liberté. C'est
là confondre, à mon avis, le but de l'assurance-maladie et le
principe même du désengagement. Jusqu'à nouvel ordre, je
suis convaincu que le but de l'assurance-malade est surtout de mettre en place
une organisation financière pour l'application d'un régime de
soins.
Le but d'un régime d'assurance-maladie n'est pas de régir
l'exercice de l'activité professionnelle. Cela regarde, au premier chef,
les corporations qui, bien sûr, représentent le gouvernement dans
le devoir qu'il a de protéger la santé du public. Mais c'est
là un tout autre domaine que celui du financement d'un régime. Ce
principe du désengagement regarde beaucoup plus, je crois, le domaine
des relations de travail.
Il est vrai que la plupart des employés sont
actuellement régis par le code du travail. Il est vrai qu'une
certaine proportion des citoyens ne le sont pas en particulier, les professions
libérales. Même si ces professions libérales ne sont pas
encore régies par une législation du travail, en attendant que
celle-ci soit élaborée, il faudrait, je crois, respecter l'esprit
démocratique et l'évolution des mentalités qui
président habituellement à l'élaboration de pareilles
lois.
Je ne crois pas, par exemple, qu'aucune catégorie de citoyens,
dont l'exercice est payé en quelque façon par l'argent des
contribuables, puisse se dérober aux principes généraux
qui sous-tendent ou les conventions collectives, ou les ententes que le
législateur croit utile d'établir pour régler leurs
conditions de travail. En l'absence d'une législation pour les
professionnels non salariés, je crois qu'il faudrait étudier ce
principe du désengagement à la lumière des principes de
justice sociale et à la lumière des principes qui
président, habituellement, à l'élaboration du code du
travail.
Juste un exemple. Quand bien même un médecin serait trop
âgé pour s'engager à fond dans son activité et qu'il
devrait partager ses activités, comme, par exemple, l'activité
parlementaire et l'exercice professionnel, il demeure que, si l'entente
prévoit une rémunération très équitable,
très raisonnable, pour la partie de son travail qui intéresse son
activité professionnelle, je ne vois pas, pour ma part, en quoi cela va
contre la nécessité de s'engager. En somme, il sera payé
pour l'activité professionnelle qu'il exerce en tant qu'engagé
dans la profession médicale et il sera payé pour son
activité parlementaire, enseignante ou quoi que ce soit d'autre.
Je crois qu'il ne faut pas confondre ces deux domaines. Et ceci
s'applique aussi bien à celui que sa santé empêche de
consacrer tout son temps à son activité professionnelle. Il sera
payé pour son activité professionnelle. Pour le reste, il pourra
tirer du revenu, soit des placements qu'il aura faits ou de toute autre
activité qu'il pourra faire. Ici, c'est plutôt le principe
général qui régit les relations de travail, dans une
société moderne qui se veut juste, qui doit prévaloir. Si
l'entente prévoit des modes de rémunérations
équitables, raisonnables, pour les professionnels, je ne crois pas que
l'on puisse exempter ceux-ci de rendre, à la nation, les services qu'en
vertu de leur instruction, acquise de plus en plus aux frais de l'Etat et dans
des hôpitaux financés par l'Etat, la population attend d'eux. Ceci
est pour le principe. Nous aurons probablement l'occasion de re- venir sur
l'explicitation de ce principe, un peu plus tard.
En ce qui concerne maintenant les 3%. Après avoir entendu toutes
les discussions de vendredi dernier et d'aujourd'hui sur les
conséquences possibles de ce désengagement de 3% des
professionnels, je demeure de plus en plus convaincu que l'application de ce
critère mettra le gouvernement, le public et même la profession
médicale dans des conditions très difficiles. En effet, comment
pourra-t-on toujours savoir exactement le nombre des professionnels qui se sont
désengagés? Comme le disait le Dr Robillard, ce matin, un
professionnel, sans savoir si le taux de désengagement atteint 2.99%,
par exemple, mettra en danger l'entente qui a déjà
été négociée s'il décide soudainement de se
désengager.
D'ailleurs, ces 3% sont déjà tellement insuffisants,
tellement imparfaits, que le gouvernement a senti le besoin d'adopter deux
autres critères: le critère de la région ainsi que le
critère de la spécialité. Il a été
obligé de prévoir que, dans une région, un certain nombre
de médecins pouvaient se désengager sans que la limite pour
l'ensemble du Québec atteigne 3%. Il reste que ceci serait quand
même suffisant pour désorganiser complètement l'exercice du
régime d'assurance et la couverture des soins dans une région. A
cette occasion-là, il présume qu'il sera obligé de faire
un arrêté en conseil qui sera probablement très difficile
à élaborer, d'autant plus qu'il sera fluctuant, qu'il faudra
suivre de très près les tables des engagements et des
désengagements dans chacune des régions.
Ceci nécessitera non seulement une surveillance continue, mais
prendra beaucoup de temps au conseil des ministres. Il faudra rédiger
des arrêtés en conseil, les rescinder, avec toutes les
complications que ceci peut amener, pour les assurer que, sept Jours
après que l'avis aura paru dans la Gazette officielle, ils ne pourront
pas se faire rembourser. Ceci forcera les citoyens assurés à
être constamment au courant de l'état des engagements et des
désengagements afin de se faire rembourser les frais encourus
auprès des médecins. On peut prévoir d'énormes
complications qui aboutiront, à toutes fins pratiques, sinon à
nullifier, du moins, à diminuer considérablement les avantages
que la population pourrait retirer du régime. Et même, ceci n'est
pas suffisant puisque le gouvernement a dû prévoir qu'une
situation aussi catastrophique pourrait exister à la suite du
désengagement de quelques spécialistes seulement, surtout lorsque
ces spécialistes se concentrent dans une région.
Le président de la CEQ disait, ce matin:
Qu'est-ce que l'on fera, par exemple, quand le seul chirurgien de
Sept-Iles aura décidé de se désengager? Est-ce qu'il
faudra adopter un arrêté en conseil expressément pour ce
chirurgien qui a décidé de se désengager? Qu'est-ce que
l'on fera c'est le représentant de l'UCC qui nous le disait ce
matin si, dans une localité desservie par un seul omnipraticien,
cet omnlpraticien décide soudain de se désengager? Est-ce que
nous prévoyons ici toutes les pertes de temps que cela peut occasionner
avant que la situation soit corrigée toutes les urgences auxquelles 11
sera difficile de faire face, puisqu'à ce moment-là l'habitant de
ce village se trouvera un médecin dans le village voisin ou ira à
un autre hôpital? Est-ce que l'on prévoit toutes les complications
administratives auxquelles ce désengagement extrêmement
limité pourrait donner lieu? Si une loi est obligée de
prévoir un appareil aussi lourd, aussi difficile à mettre en
application, aussi compliqué, n'est-ce pas la preuve qu'elle est
complètement inadaptée à la situation?
En ce qui concerne maintenant le remboursement à 75% des
honoraires, il me semble que c'est là un encouragement aux
professionnels à se désengager. L'encouragement serait encore
bien plus fort si la loi avait prévu, comme dans certaines provinces
canadiennes ou comme le député de Saint-Sauveur veut le faire
actuellement en amendant la loi un remboursement à 100%. Il ma semble
qu'il y aurait aussi un autre inconvénient puisque ce serait taxer deux
fois le citoyen pour le même service. La première taxation
étant la contribution de 0.8% qu'il donne à l'assurance-maladie
en tant que contribuable, en tant que salarié et la deuxième
contribution étant celle de 25% au minimum, c'est-à-dire la
différence entre 100% du tarif et les 75% remboursés par le
gouvernement. Probablement, ce serait une contribution beaucoup plus forte, car
11 est bien évident que, si un professionnel veut se désengager,
c'est parce qu'il veut exiger un peu ou beaucoup plus que les 25% qui
séparent la norme, c'est-à-dlre 100%, de 75%.
Ceci me parafî une injustice qui est loin d'être
compensée par cette fameuse liberté qu'aurait le patient de
choisir son médecin. Car on sait très bien que le patient n'est
pas si libre que cela de choisir son médecin, pour bien des raisons.
D'abord, comme je l'ai déjà dit, dans certaines régions,
il n'y a qu'un nombre de médecins très limité, quand il
n'y a pas qu'un seul médecin. Ensuite, dans certains hôpitaux les
malades sont obligés, à toutes fins pratiques, de consulter le
médecin qui est prévu selon les ordonnances du bureau
médical. Enfin, une autre raison, c'est que, bien souvent, le patient
ac- cepte en toute confiance d'aller voir le médecin que son
omnipraticien lui conseille, que celui-ci soit engagé ou
désengagé.
Il fait tellement confiance au médecin de premier relais,
l'omnipraticien, qu'il acceptera, les yeux fermés, le consultant qui
choisi par son omnipraticien, justement parce qu'il a accordé à
celui-ci toute sa confiance. Ceci vaut également pour les
médecins spécialistes qui soignent depuis longtemps tel ou tel
malade. Il est bien évident que, si ce médecin veut se
désengager soudainement, même si le patient, qui a une relation
parfois, de plusieurs années, avec ce médecin, veut continuer de
se faire traiter par lui, il acceptera, parce qu'il n'a pas le choix, de payer
les frais supplémentaires que le spécialiste va demander. En
somme, c'est la confiance même que le malade éprouve à
l'endroit de son médecin, qui limitera son droit de consulter un autre
médecin que celui qu'il connaît habituellement.
Enfin, le dernier point; les conditions uniformes. Je rejoins ici les
remarques du député de Montmagny, pour affirmer que c'est
très difficile, pour un cabinet des ministres, de décréter
d'avance quelles seront les conditions uniformes de dispensation des soins. Les
bureaux médicaux ne s'entendent même pas sur cette
définition. Aucun corps académique ou professionnel n'est
actuellement capable de s'entendre sur la définition de soins uniformes,
pour une population, pour la très bonne raison que la science
médicale progresse constamment et que les formules d'assistance
médicale se renouvellent, également, constamment. Il y a cinq ou
six ans, on ne connaissait pas la formule d'assistance médicale, qui est
connue maintenant sous le nom de service de soins à domicile. On ne
connaissait pas, ou on ne faisait pas un tel usage, des méthodes
communautaires, cliniques et diagnostiques. On ne faisait pas un usage des
cliniques externes comme on le fait actuellement.
Il paraît donc très difficile, pour un corps non
professionnel, comme le conseil des ministres, même entouré de
tous les spécialistes qu'il veut, de définir aussi rapidement
qu'il le faudrait, pour que les citoyens aient pleine justice, ces conditions
uniformes de dispensation des soins.
C'est la raison pour laquelle, M. le Président, le groupe que je
représente, non seulement veut amender l'article 11, mais s'y oppose
complètement et en demande la suppression, quitte, ensuite, à ce
qu'on essaie, en commission, d'élaborer un autre article qui atteindrait
beaucoup mieux les buts du projet d'assurance-maladie, c'est-à-dire,
premièrement, l'élimi-
nation des barrières financières à l'accession aux
soins; deuxièmement, l'universalité de la dispensation du
régime de soins, afin que l'on puisse tenir compte de toutes les
conditions réelles, concrètes, auxquelles a à faire face
le médecin dans l'exercice de sa profession.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, si on regarde les articles 11 et 12,
on constate assez facilement qu'ils sont un peu injustes envers la population
du Québec, en particulier les travailleurs. Si, on ne veut pas que les
droits des citoyens soient brimés, il y a, évidemment, deux
possibilités: celle que nous avons proposée ou celle qui est
proposée par le Parti québécois. Le Parti
québécois propose d'embrigader tout le monde, et la suggestion
que nous faisons, c'est de rendre la liberté à tout le monde.
Nous croyons que les médecins ont droit à leur
liberté, comme tous les autres représentants de la population.
Nous croyons, également, que le patient devrait avoir droit à sa
liberté, lui aussi, en ce sens qu'il devrait pouvoir choisir librement
le médecin de son choix, et vice versa.
Egalement, nous croyons que le désengagement des médecins
est extrêmement injuste pour les régions éloignées.
Je fais mention, à ce moment-ci, de la région du Nord-Ouest
québécois, du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de la Gaspésie,
etc. Parfois, dans une même région, il n'y a pas plus qu'une
vingtaine ou une trentaine de médecins. On dit: Un désengagement
possible de 3%. S'il y a cent médecins dans une région, cela veut
dire que, si trois médecins se désengagent, il y a
possibilité, à ce moment-là, que les paiements ne soient
pas effectués aux patients qui ont vu les médecins de cette
région.
Or, lorsqu'il y a 25 médecins dans une région, cela veut
dire qu'ils ne sont même pas assez nombreux. Si l'un se désengage,
tout le monde est désengagé. Je pense que cela serait assez
dangereux. Cela brimerait les droits du citoyen d'avoir accès aux soins
médicaux. Je pense que tous les citoyens, qu'ils soient de la
région de Québec ou de Montréal ou des autres
régions éloignées, doivent avoir droit aux mêmes
privilèges.
S'il y en a 3% qui se désengagent dans une région
donnée et que, par le fait même, les remboursements de paiement ne
se font pas, on n'a pas dit qu'on éviterait à la population de
continuer à payer les primes. Les gens de ces régions
données devront quand même payer des primes pour ne pas recevoir
de soins ou pour recevoir des soins, mais à leurs frais.
Evidemment, si on laisse l'article tel qu'il est là, je pense
qu'il y a danger que le citoyen ne soit pas remboursé dans plusieurs
régions de la province pour les services reçus. Je pense
également qu'il ne serait pas juste d'exiger l'embrigadement des
professionnels de la santé. Ces gens ont prouvé, dans le
passé, qu'ils ont une conscience professionnelle et nous devrions, pour
cela, respecter leur liberté. Si les médecins devaient devenir,
suivant les interventions qu'on a entendues, des salariés de l'Etat et
ce, obligatoirement, lors d'une prochaine présentation sur les lois
ouvrières, est-ce qu'on exigerait que les chefs syndicaux deviennent
aussi des salariés dont les cotisations seraient perçues par le
gouvernement?
Je pense que là est toute la question. On veut embrigader une
classe de la société. Par contre, ces gens ne veulent pas se
laisser embrigader. Si on veut conserver sa liberté pour soi-même,
nous devrions permettre aux autres de la conserver également. Merci, M.
le Président.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député d'Argenteuil.
M. SAINDON: Pour faire suite aux remarques du député de
Bourget, il y a plusieurs années que les plans de l'assurance-maladie
existent. Le député de Bourget sait fort bien que cela a toujours
existé et que certains médecins demandaient des honoraires un peu
plus élevés que ceux qui étaient prévus par les
assurances. Dans certains cas, le surplus était payé par le
patient et, dans d'autres cas, le patient n'en ayant pas les moyens, ne payait
pas. Cela a toujours existé et je ne vois pas la différence qu'il
pourrait y avoir entre ce qui existait et ce qui peut arriver avec le
médecin qui est désengagé.
D'autre part, le patient est libre de se faire traiter par qui il veut,
quoi qu'en dise le député de Bourget. Il n'y a jamais eu, autant
que je sache, de patients qui ont été forcés de prendre un
médecin plutôt qu'un autre. Que le médecin en question soit
désengagé ou non, si le patient accepte de se faire traiter par
lui, il sait, au départ, qu'il aura 25% à débourser de sa
poche.
En ce qui a trait au désengagement des médecins dans les
régions éloignées, il s'agit, en général, de
régions défavorisées. A ce moment-là, très
probablement, le médecin qui se désengagera sera le perdant. Ces
gens ayant très peu d'assurance-maladie privée et étant
financièrement très souvent dépourvus, le médecin,
à toutes fins pratiques, avant le système d'assu-rance-maladie,
était très rarement payé. La seule chose qui pourrait
arriver, c'est que le médecin perde ses 25%.
Je me demande pourquoi on s'inquiète du fait que le
médecin va se désengager dans certaines régions. Ce n'est
pas le patient qui va perdre; c'est le médecin lui-même. Je me
demande pour quelle raison on refuserait à un médecin la
liberté de se désengager, s'il le désire, pour des raisons
qu'il connaîtra certainement au moment où il demandera son
désengagement.
On sait que les syndicats réclament, de plus en plus, la
liberté de parole, de presse, enfin, une liberté absolue dans
à peu près tous les domaines, excepté lorsqu'il s'agit
d'essayer d'enrégimenter, par exemple, une classe quelconque de nos
concitoyens.
S'il y a, par exemple, dans une municipalité, une usine où
les ouvriers ne sont pas syndiqués, ne vous en faites pas, ils vont
savoir comment s'y prendre pour les syndiquer. Par contre, les syndicats
réclament la liberté à grands cris. S'ils réclament
la liberté à grands cris pour eux-mêmes, les chefs, ou bien
pour leurs syndiqués que, bien souvent, ils ont forcés ou
obligés à se syndiquer, pourquoi voudraient-ils...
DES VOIX: Ah! Ah!
UNE VOIX: C'est vrai ça; ne criez pas en même temps.
M. SAINDON: ... restreindre la liberté des médecins? C'est
ce que je me demande. Si nous sommes dans un pays démocratique, si nous
avons une forme de gouvernement démocratique, cette attitude n'a pas
lieu d'être. Si, par contre certains veulent une forme de gouvernement
socialiste, purement et simplement, c'est une autre paire de manches. En
attendant, nous avons un gouvernement démocratique; nous servons une
population qui se veut démocratique et qui veut être servie de la
même façon. Alors, à ce moment-là, je ne vois pas
comment on peut brimer les droits des gens.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Monsieur le ministre.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je crois sincèrement,
comme je l'ai dit à plusieurs reprises, qu'avec ces articles 11 et 12
qui traitent du désengagement, nous touchons au problème le plus
délicat. Il s'agit, en effet, d'obtenir un équilibre entre la
nécessité que les Québécois reçoivent des
soins à des conditions uniformes au plan financier et la
nécessité de garder du côté de ceux qui dispensent
ces soins une motivation, compte tenu de leur forme d'acti- vité, qui
assure à la population du Québec une qualité de soins
acceptable. La question de la qualité des soins ne peut être
réglée par des dispositions législatives, telles que
celles comprises dans le présent bill. Le présent bill, s'il
dépasse une certaine limite, peut, cependant, toucher à la
motivation, au comportement, à l'attitude des professionnels de la
santé. La quantité des soins peut en souffrir. Je crois que c'est
là le problème qui nous est posé et qu' il nous faut
résoudre.
Si vous me le permettez, j'aimerais reprendre certains des commentaires
qui ont été faits et les analyser brièvement. Je commence
par ceux du député de Montmagny. Je ne commenterai pas tout ce
qui a été dit, mais je vais tenter de commenter dans l'ensemble
les divers points qui ont été soulevés. Le
député de Montmagny a soulevé le problème des
régions limitrophes. Il nous a dit que, si un médecin
était désengagé dans une de ces régions, le patient
qui faisait appel à ses services ne recevait que 75% alors que, de
l'autre côté de la frontière, peu importe la nature de
cette frontière, il pourrait recevoir les soins et être
remboursé à 100%.
Je ferai remarquer ici que l'ancien bill 8 soulevait exactement le
même type de difficulté.
Dès qu'un médecin était désengagé
dans l'ancien bill 8, le patient qui faisait appel à ses services, au
lieu de recevoir 75%, ne recevait rien. Le même problème se serait
donc posé, même de façon un peu plus aiguë dans les
régions limitrophes.
Le député de Montmagny a également souligné
que dans ces cas, le patient qui fait appel à un professionnel
désengagé serait appelé à payer la prime et un
supplément d'honoraires pour autant que ce désengagement soit
dans les limites des 3% ou encore dans les limites acceptables au plan des
spécialités des régions. Ce supplément d'honoraires
servirait à combler l'écart entre 100% et 75%. Il y voit une
certaine forme de discrimination. L'ancien bill 8 aurait fait exactement la
même chose. Le patient s'a-dressant à un professionnel
désengagé aurait payé la même prime et, en
même temps, dans ce cas-là, la pleine note d'honoraires du
professionnel désengagé. Je ne veux pas utiliser ce genre
d'arguments pour réfuter ce que le député de Montmagny a
dit; tout ce que je veux indiquer ici, c'est que c'est un problème qui
n'est pas facile à résoudre.
Le député de Montmagny a également mentionné
que le problème du désengagement, surtout au plan des
régions, des spécialités, pourrait poser des
difficultés quant à l'information
de la population. Le mécanisme de la publication d'avis par la
Gazette officielle peut être lours, j'en conviens. Toutefois, il ne faut
pas oublier que la plupart des gens, dans une petite région, se
connaissent et que le fait qu'un professionnel se désengage peut
être assez rapidement connu. Deuxièmement, la Régie de
l'assurance-maladie, qui n'a pas simplement une fonction mécanique, mais
qui doit voir à ce que le régime fonctionne bien, peut faire une
certaine publicité. De toute façon, je reconnais qu'il y a
là un problème d'information. La loi mentionne la Gazette
officielle, mais cela ne nous empêche pas de recourir à divers
autres moyens.
Il y a aussi le fait je crois qu'on ne l'a signalé
à aucun moment que le professionnel, pour se désengager,
devra donner un avis et que son désengagement ne prendra effet
qu'après la fin de cet avis. Encore là, il est possible de
prendre les moyens pour avertir la population qu'un désengagement doit
prendre effet. Le député de Montmagny a également mis le
doigt sur un autre problème, celui des conditions uniformes. Comment en
arriver à déterminer des critères objectifs qui
permettraient de juger si, dans une région ou pour des
spécialités, la population peut recevoir des soins à des
conditions uniformes? Encore ici, je voudrais préciser qu'il s'agit
toujours de conditions uniformes au plan financier et non pas des conditions de
soins uniformes, comme le député de Bourget l'a mentionné.
11 y a peut-être une précision à apporter ici dans le texte
de la loi, mais il n'est pas question d'essayer de juger tous les actes qui se
poseraient pour savoir s'ils sont posés de façon exactement
uniforme d'un praticien à l'autre ou par un mécanisme de
traitement ou l'autre. Je crois que ce serait impossible, de toute
façon. C'est une précision que je voudrais rappeler. Le
problème de déterminer des critères objectifs est
réel, j'en conviens. Un jugement de valeur devrait être fait, je
l'ai mentionné l'autre jour. Je ne crois pas qu'il soit possible
d'établir des critères qui permettraient de prévoir toutes
les conditions, toutes les situations.
Enfin, le député de Montmagny mentionne que les articles
11 et 12 seraient susceptibles de faire peser sur le régime une menace
constante quant à son bon fonctionnement. Je ne vois pas exactement de
quelle façon, sur ce plan, le bill que nous étudions
diffère de l'ancien bill. Dans l'ancien bill, advenant le
désengagement d'un médecin, il ne faisait plus affaires avec le
régime.
Le patient qui s'adressait à lui ou, si c'était le cas,
qui s'adressait à un optométriste, ne recevait aucun
remboursement. Mais, il n'y avait aucune limitation quant au nombre de
médecins qui pouvaient se désengager.
La seule contrainte, c'est qu'il n'y avait pas de remboursement. Cela
pouvait rendre le désengagement un peu plus difficile, j'en conviens
également. Encore là, c'est une question de degré. Si l'on
dit qu'une menace pourrait peser sur le fonctionnement du régime par
suite des articles 11 et 12, elle aurait pu peser, peut-être à un
degré un peu moindre, dans l'ancien bill.
Tout ceci pour dire que le député de Montmagny a mis le
doigt sur des difficultés réelles, j'en conviens. Par contre,
dans les interventions, le député de Montmagny n'a pas
suffisamment mis l'accent sur le fait que, par spécialité ou dans
les grands centres, le patient aura, dans la très grande majorité
des cas, si on en juge par l'expérience d'autres régimes, comme
l'assistance médicale, la faculté de s'adresser à d'autres
médecins engagés.
En ce qui a trait aux interventions des membres du Ralliement
créditiste du Québec c'est ça? ...
M. SAMSON: C'est en plein ça.
M. CASTONGUAY: ... je crois qu'ici il y a une question fondamentale
qu'il s'agit de souligner dès le départ. A partir du moment
où ce parti n'accepte pas la philosophie qui sous-en-tend ce
régime, c'est évident que tous les autres articles qui sont
reliés à cette philosophie lui deviennent inacceptables.
Les députés du Ralliement créditiste ont dit que,
dans l'assurance-automobile, celui qui subit des pertes est indemnisé
pour ces pertes. Ils ne voient donc pas pourquoi, dans un régime comme
celui-ci, on ne fonctionnerait pas de la même façon. Selon eux un
tarif pourrait être établi et payé au patient qui fait
appel à un professionnel de la santé et le professionnel de la
santé serait libre d'exiger, au besoin, un supplément
d'honoraires. Ils mentionnent que le Service de santé du Québec
et la Croix Bleue sont des régimes d'indemnisation et que les
médecins ou autres professionnels couverts n'exigent pas de
supplément d'honoraires.
Outre le fait qu'ici on fait mention de régime d'indemnisation
ce qui est différent du principe qui sous-entend le bill que nous
discutons je crois que, justement, du fait que ce sont des
régimes d'indemnisation, ils n'accordent pas toute la protection que la
population doit avoir particulièrement en ce qui a trait à des
services santé.
Nous savons qu'une partie de la population n'est pas couverte; nous
savons qu'une partie de la population couverte par des régimes
privés n'a pas un accès complet aux soins ou encore fait face
à des difficultés financières parce qu'elle doit payer des
suppléments. C'est à cette situation que nous voulons apporter un
remède.
Donc, il n'y a pas entente sur le principe, lorsque l'on dit: Pourquoi
ce régime n'en serait-il pas un d'indemnisation? C'est pourquoi
l'amendement proposé par les membres du Ralliement créditiste
m'apparaît inacceptable.
En ce qui a trait, maintenant, au Parti québécois, on a
repris, dans une certaine mesure, les critiques formulées par le
député de Montmagny. On a rappelé que le but de
l'assurance-maladie n'est pas de régir l'activité
professionnelle. On a dit que le principe du désengagement touche
plutôt aux relations de travail et que les conditions auxquelles les
professionnels de la santé devraient être soumis dans ces ententes
devraient s'apparenter à celles du code du travail.
Sur ce point, j'ai déjà mentionné je le
répète qu'à mon avis également les relations
entre les professionnels de la santé, leurs patients et l'Etat qui va
agir comme tiers payant comportent des aspects qui les différencient des
relations qui existent entre un employeur et ses employés. Le même
équilibre n'existe pas. Que l'on s'inspire de dispositions qui puissent
s'apparenter à celles du code du travail, en principe, je n'ai pas
d'objection à cela. Par contre, je ne crois pas qu'on puisse transposer
intégralement ces dispositions à une situation comme celle-ci qui
comporte des aspects différents sur un point fondamental,
c'est-à-dire l'équilibre dans les relations entre les parties en
cause.
Le député de Bourget, maintenant, reprend certains des
arguments du député de Montmagny et mentionne que les
critères d'application des dispositions comprises dans le projet de loi
relativement aux 3%, particulièrement en ce qui a trait aux
régions et aux spécialités, poseraient des
difficultés. Je pense que cette difficulté des 3%, avec le
mécanisme d'avis à la régie, de délai et
d'information qui peut être mis en place, prend des dimensions beaucoup
moins grandes que celles mentionnées. De toute façon, il s'agit
là d'un critère objectif, d'un critère qui peut être
mesuré et dont l'application ne peut donner lieu à des situations
subites comme celles qui ont été mentionnées. Le
médecin qui se désengage ne fera pas sauter la balance entre
2.99% et 3.01%, disons, étant donné toujours le délai qui
s'établit entre le moment où il donne l'avis et le moment
où son avis prend effet. Donc, sur ce plan-là, je crois que les
difficultés soulignées peuvent être
réglées.
En ce qui a trait à l'application des modalités ou des
règlements qui pourraient intervenir advenant le désengagement
dans une région ou par spécialité, ce qui aurait pour
effet de ne pas permettre à la population d'obtenir des soins à
des conditions financières uniformes, je con- viens, encore une fois,
comme je l'ai dit au député de Montmagny, qu'il s'agirait de
poser un certain jugement de valeur.
Le député de Bourget, le député de Montmagny
et les membres du Ralliement créditiste ont souligné le
problème qui pourrait se poser dans une localité
particulière où, par exemple, il n'y aurait qu'un type de
médecin. Advenant son désengagement, la population pourrait
être placée dans une situation où il lui deviendrait
impossible, dans les faits, d'obtenir des soins à des conditions
uniformes, toujours financièrement. C'est une difficulté; je vais
y revenir.
Le député de Bourget a également parlé du
remboursement à 75%. Il a mentionné que ce remboursement à
75% pouvait constituer un encouragement aux professionnels à se
désengager. Je crois, moi, qu'il s'agit plutôt de la
reconnaissance d'une liberté qu'un nombre de professionnels
désengagés peuvent vouloir exercer; il s'agit d'une
minorité. Il mentionne, tout comme le député de Montmagny
l'a fait, que les 25% qu'il resterait à payer, plus le 0.8%, pourraient
constituer une injustice. Je crois que, dans la très grande
majorité des cas, le patient aura la faculté de faire appel
à un professionnel engagé et qu'il évitera cette
possibilité de payer à la fois des contributions et un
supplément.
On revient, encore une fois, au problème qui se pose au plan des
régions et des spécialités, problème que l'ancien
bill ne réglait pas et qui mérite d'être
discuté.
Le député de Bourget suggère donc que l'article 11
soit supprimé et que l'on poursuive la recherche d'une solution qui
serait plus souple. Je ne veux pas lui donner d'autre qualificatif, mais ce
serait une solution plus efficace et plus équitable, à
défaut de meilleur qualificatif que le député de Bourget
possède sans doute.
Des positions assez divergentes ont été exprimées
par les partis d'Opposition. Ces divergences se réflètent
également dans les prises de position qui nous ont été
communiquées aussi bien par les professionnels de la santé que
par les intéressés au régime ou par leurs
représentants, c'est-à-dire les centrales syndicales qui, en
passant, toutefois, ne représentent pas l'ensemble de la population. Je
crois qu'ici nous représentons l'ensemble de la population à
titre de députés. On a pu voir que, dans un secteur de la
population, il y avait des craintes. Les avis sont partagés entre les
partis d'Opposition sur cette même question. Donc, il s'agit d'une
question extrêmement difficile et je voudrais répéter ici
la position du gouvernement, brièvement.
Nous voulons assurer des soins à des con-
ditlons financières uniformes. Nous voulons également
assurer à l'ensemble de la population l'accessibilité aux
services de santé. Nous réalisons que ce bill n'est pas suffisant
pour corriger toutes les déficiences. Il ne pourra avoir un effet
bénéfique que sur certaines des déficiences, en ce qui a
trait à l'organisation des services de santé, par exemple. Il
facilitera une meilleure répartition des effectifs sur le territoire et
le recrutement dans certains types de spécialités qui,
présentement, n'ont pas des effectifs suffisants par rapport aux besoins
de la population.
Personnellement, à titre de ministre de la Santé, je crois
que j'ai une responsabilité extrêmement lourde quant à la
qualité des soins qui doivent être offerts à la population.
En 1970, compte tenu de l'évolution et des conditions dans lesquelles
les professionnels de la santé ont travaillé dans le
passé, il nous faut assurer, dans la recherche d'une formule, un
équilibre qui permette de maintenir leur motivation, leur
intérêt à un travail hautement professionnel. C'est
pourquoi la disposition des 3%, qui est un critère objectif pour
l'ensemble de la province et qui donne une possibilité réelle et
concrète de désengagement, accompagnée de la disposition
du 75%, doit être maintenue dans le projet de loi.
En ce qui à trait aux spécialités et aux
régions, toutefois, nous convenons que les dispositions du projet de loi
peuvent donner lieu à des difficultés d'application. Nous croyons
également, comme cela a été souligné, qu'il peut en
résulter, en plus de difficultés d'application, une certaine
forme de discrimination entre les milieux ruraux et les milieux urbains. En
effet, dans une région rurale, si un professionnel se désengage
et qu'il était jugé que cela prive les citoyens de cette
localité ou de cette région, ou ceux qui font appel à
cette catégorie de spécialistes de soins à des conditions
financières uniformes, le recours que prévoit le projet
présentement est d'arrêter le paiement.
Dans les milieux ruraux, l'arrêt du paiement pourrait venir plus
rapidement que dans les milieux urbains.
C'est dans ce sens que je dis qu'il peut y avoir certaines
possibilités d'un traitement inégal par rapport aux milieux
urbains.
Pour cette raison, je suis disposé à analyser d'autres
mécanismes pour l'application de ces dispositions relatives au
désengagement dans les régions ou par spécialité.
J'ai une proposition à faire; je vais en distribuer le texte. Nous
croyons, comme je l'ai mentionné, que l'application des 3% est un
critère objectif. C'est un critère qui se mesure, qui ne peut
prendre effet de façon subite à cause des avis et qui devrait
jouer dans toute la province. Si, par contre je crois que le danger peut
exister dans les milieux ruraux ou encore, en ce qui a trait à certaines
spécialités, dans quelques cas précis, dans les milieux
urbains de petite taille la population ne peut obtenir à des
conditions financières uniformes ces soins, c'est la
responsabilité du gouvernement et plus' particulièrement du
ministre de la Santé de faire en sorte qu'elle y ait accès. J'ai
déjà mentionné que le gouvernement pouvait faire appel
à un certain nombre de mesures pour corriger cette situation. Alors,
c'est le but de l'amendement qui est proposé à l'article 12. Je
demanderais qu'on le distribue aux membres de la commission. Je crois
qu'à ce moment-là, nous réglons aussi bien les
difficultés au plan administratif, que les disparités qui
pourraient exister quant aux individus des milieux ruraux, des petits centres
urbains et des plus grands centres et que nous remettons la
responsabilité de prendre les moyens qui s'imposent à celui qui
doit l'assumer, c'est-à-dire, au ministre de la Santé.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Lafontaine a
demandé la parole.
M. LEGER: M. le Président, lorsqu'on regarde les articles 11 et
12, on s'aperçoit que l'on a voulu, de façon très habile,
donner une sorte de soupape de sûreté à une profession que
nos contacts avec les médecins nous présentent comme remplie de
dévouement.
Dans certains cas, plusieurs médecins semblent avoir choisi cette
profession comme une vocation, un peu comme dans le clergé, où il
y en a dont c'est la vocation. Pourtant, c'est dans cette profession que l'on
voit des gens qui ont un sens de l'individualisme très prononcé.
Le seul fait de permettre un désengagement donne justement la chance
à des personnes très individualistes de ne pas accepter ce que la
majorité des autres médecins aurait accepté par la
négociation et de se désengager. A ce moment-là, on leur
permet d'être remboursé à raison de 75%. En même
temps, on veut sauver la chèvre et le chou et on interdit que plus de 3%
se désengagent dans une région. Je pense que ces 75% vont
permettre à des professionnels de la santé qui se
désengageraient d'exiger des honoraires plus élevés comme
on le disait tantôt, souvent à cause de leur compétence
presque exclusive. Ace moment-là, seules les personnes plus riches
pourraient recourir aux services d'un médecin
désengagé.
Aussi, cela permet àcertalnes personnes, qui ne peuvent pas
suivre la liste d'attente chez des médecins engagés, de passer
avant d'autres parce que des médecins pourraient les accepter moyennant
un tarif supérieur. Ce qui veut dire qu'à ce moment-là on
paierait deux fois.
Il ne faut pas se baser sur le passé; il faut aller du
côté de l'avenir. Il faut donner, je pense, à l'occasion
d'une loi comme celle-ci, une notion de service, une notion de contribution
personnelle à la société, par des personnes dont la
société a besoin. Si les médecins comprenaient à
fond qu'ils doivent être au service de la population, autant pour les
pauvres que pour les riches, la notion d'honoraires qu'ils recevraient en
supplément parce qu'il se seraient désengagés ne devrait
pas exister.
De plus, on connaît l'expérience du Manitoba où l'on
a permis un désengagement et où à un moment donné,
on a vu une spécialité complète de désengager. Le
gouvernement se trouve devant une mesure de chantage et, à ce
moment-là, les spécialistes peuvent exiger les honoraires qu'ils
veulent. Encore la, le patient devra payer deux fois, soit au
spécialiste lui-même, en plus de sa contribution de 0.8%.
Concernant les régions, on dit, dans la loi, qu'il ne faudrait
pas dépasser 3%, mais on ne met pas de pénalités
précises pour le cas où il y en aurait plus de 3%. On dit qu'il
faudrait, à ce moment-là, que le lieutenant-gouverneur en conseil
étudie la situation et légifère. Est-ce qu'il faudrait
attendre de réunir l'Assemblée nationale? A ce moment-là,
les professionnels de la santé pourraient transgresser la loi sans
connaître les conséquences de ce geste.
Si l'on regarde l'avenir et non pas le passé, il y aurait
possibilité de préparer les futurs médecins à
entrer dans ces services avec, justement, la notion de service. Dans le
programme du Parti québécois je suis convaincu que vous en
avez entendu parler; nous en avons parlé aussi à l'occasion de
nos interventions en Chambre il est question d'un service civique
obligatoire pour les jeunes médecins qui auront eu contrairement aux
médecins actuels, l'éducation médicale et
paramédicale gratuitement. Une notion de service pourrait leur
être inculquée au cours de leurs études, mais nous voulons
établir un service civique obligatoire qui permettrait d'envoyer les
premiers médecins prêts à pratiquer dans les régions
sous-développées. Cela empêcherait des régions
où il n'y a qu'un médecin ou deux de se désengager et de
créer du chantage, à ce moment-là. Ce service civique
obligatoire d'une année, payé par le gouvernement, permettrait
à ces jeunes médecins de prendre l'expérience pratique
voulue et, ainsi, toutes les régions de la province ce Québec
seraient dotées de soins médicaux réellement
professionnels.
Tout à l'heure, vous parliez de la liberté qu'il faut
laisser aux médecins. Les médecins ont actuellement la
liberté de négocier et d'amener à la table des
négociations toutes leurs revendications. Est-ce que cette
liberté-là doit aller au-delà du jeu de la
démocratie et leur permettre de se désengager? A ce
moment-là, comme il n'y a pas de pénalité précise,
jusqu'où devrons-nous aller? Devrons-nous uniquement ne pas payer les
personnes qui se désengagent et font dépasser la barrière
de 3% ou est-ce que l'on devrait aller jusqu'à les empêcher de
pratiquer? Je pense que c'est une chose à repenser. Si le médecin
peut être assuré d'un revenu supérieur en étant
désengagé, je ne pense pas que ceci lui permette de remplir son
rôle de serviteur du public.
Vous avez souvent mentionné aussi comme danger la qualité
des services et des soins que le médecin peut donner si on est trop
rigide. Si l'on va au fond de la question, je crois qu'un médecin
engagé qui ne donnerait pas la qualité de services requise selon
sa profession, se pénaliserait lui-même parce qu'il perdrait sa
clientèle. Ce n'est pas long que cela se sait qu'un médecin n'est
pas aussi compétent qu'un autre.
Je termine, M. le Président, en demandant au ministre de me dire
si le délai pour accepter le désengagement des médecins
qui vont dépasser la barrière est suffisamment long pour
permettre au gouvernement de refuser le désengagement d'un
médecin en particulier ou si cela met tout le groupe ou toute la
région en dehors du projet de paiement de l'assurance-maladie.
Ma dernière question se réfère aux régions.
Jusqu'à maintenant, on n'a pas défini quelle était la
grandeur de la région, ce qui veut dire qu'une région peut avoir
deux ou trois milles dans la ville de Montréal où l'on a
plusieurs médecins. Pour une quantité analogue de
médecins, dans une région comme le Saguenay, s'il fallait que le
médecin de Port-Cartier ou de Sept-Iles se désengage, le prochain
médecin du même calibre serait peut-être seulement à
Hauterive. A ce moment-là, c'est peut-être dans la même
région et cela ne ferait pas dépasser les 3%, mais la population
de la région de Port-Cartier et de Sept-Iles se verrait dans
l'obligation d'aller jusqu'à Hauterive pour avoir un médecin qui
n'est pas désengagé.
Alors, je ne sais pas si le ministre pourrait répondre à
ces deux dernières questions.
M. CASTONGUAY: Certainement. En ce qui a trait au désengagement
d'un professionnel, le délai n'est pas fixé dans la loi ; il va
être discuté. Il s'agit d'arriver à un délai
raisonnable, de part et d'autre. Supposons que c'est un délai d'un mois
c'est un exemple je crois qu'il est possible, à ce
moment-là, d'en aviser la population. Deuxièmement, ce
désengagement ne touche que le médecin. Il n'entraîne pas
d'effet sur les autres professionnels de la région, sauf si, pour
l'ensemble de la province, la limite de 3% était
dépassée.
En ce qui a trait aux régions, maintenant, elle ne sont pas
définies, justement pour éviter de prendre des régions
très grandes, comme les régions administratives ou les
régions économiques. Je conviens avec vous que le choix de
régions aussi grandes que cela noierait l'effet du désengagement
d'un individu pour la région, alors qu'au plan plus local, disons, ou
pour un groupe de personnes plus limité, il pourrait en résulter
des effets comme ceux que vous mentionnez.
M. LEGER: Vous n'avez pas répondu à mon autre
question.
M. CASTONGUAY: Je m'excuse.
M. LEGER: C'est la question du délai. Est-ce que le gouvernement
peut empêcher le ou les médecins qui font passer la
barrière des 3% de se désengager ou si cela désengage tous
les médecins?
M. CASTONGUAY: Au moment où la limite de 3% serait
dépassée, ce serait,encore une fois, uniquement les
médecins désengagés qui seraient soumis au changement. Au
lieu de recevoir 75% des honoraires, à partir du moment où la
limite des 3% serait dépassée, leurs patients ne recevraient plus
rien. Alors, les autres 96% continueraient de voir leurs patients, ou
d'être payés intégralement pour les services qu'ils donnent
à la population. On voit que c'est une disposition qui ne touche qu'un
nombre limité de médecins et qui, à mon avis, ne peut pas
priver, de façon subite, la population de soins.
Maintenant, je l'ai mentionné, c'est l'objet de l'amendement
proposé à l'article 12. « Pour une région ou pour
une spécialité, si le fait du désengagement avait pour
effet de rendre les soins non accessibles à des conditions uniformes sur
le plan financier », cela deviendrait la responsabilité du
ministre de la Santé de prendre des mesures pour faire que la population
puisse obtenir les soins, à des conditions financières
uniformes.
M. LEGER: Est-ce que cela pourrait aller jusqu'à empêcher
le dernier médecin de se désengager?
M. CASTONGUAY: Bien, je crois que la façon positive serait plus
conforme à l'esprit de la loi, c'est-à-dire, faire du
recrutement, par exemple. H y a un certain nombre de moyens qui peuvent
être envisagés. Le ministère donne des bourses
d'études. Il y a un grand nombre de jeunes médecins dont les
attaches dans un milieu sont beaucoup moins fortes, étant donné
leur âge et la durée très limitée de leur pratique,
qui pourraient accepter de collaborer et d'aller s'établir dans un
endroit où une telle situation existe. Il y a aussi les médecins
des unités sanitaires qui pourraient être appelés à
combler les vides. Ces médecins, présentement, ne font pas de
médecine curative, mais il n'y a rien qui nous empêche de modifier
la loi, de telle sorte qu'au besoin ces médecins puissent être
appelés ils sont payés par des fonds publics
à aider le ministre à dispenser des soins dans une région.
Il y a également les internes et les résidents qui
reçoivent des allocations généreuses pour leur formation
et qui, bien souvent, font des demandes pour des bourses, au terme de leurs
études. Ils seraient, j'en suis assuré, disposés à
accepter de faire des stages dans certaines régions, de telle sorte que
leurs concitoyens puissent recevoir leurs soins. Il y a aussi des moyens, sur
le plan négatif, qui pourraient être utilisés, mais je ne
crois pas qu'il soit nécessaire d'en arriver à cette
étape-là.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député d'Argenteuil.
M. SAINDON: M. le Président, pour répondre au
député de Lafontaine, il arrive très rarement qu'un
médecin, spécialiste ou non, refuse de traiter un patient. C'est
arrivé je ne le nie pas mais c'est l'exception et
ça arrive très rarement. Par contre, il y a un nombre
incalculable de médecins qui sont consultés gratuitement. Il faut
admettre aussi qu'il y a certains spécialistes ou certains
médecins qui ne sont pas spécialistes qui exigent,
peut-être, des honoraires beaucoup plus élevés que la
moyenne.
En général, ces mêmes spécialistes ou ces
médecins-là, dans certains cas, exigent des frais beaucoup plus
élevés, mais ce qu'ils perçoivent en trop compense pour
celui qui ne paie pas. C'est un fait, c'est arrivé, ça arrivera
encore et ça arrive couramment. Mais, chose certaine, les
médecins qui refusent de traiter un patient parce qu'il n'a pas d'argent
pour payer, c'est rare.
D'autre part, pour répondre au député de
Lafontaine, de quel droit peut-on obliger un médecin à pratiquer
sa profession? Comment peut-on obliger un médecin nous sommes
encore dans un pays libre à pratiquer sa profession? Pourquoi
devons-nous lui refuser le droit de se désengager? Un médecin qui
se désengage n'est pas une menace à la qualité des soins
qu'un patient pourrait recevoir, puisqu'il devra fournir un effort
supplémentaire s'il veut garder ou aller chercher une clientèle
suffisante.
Si la profession médicale était étatisée,
à ce moment-là, par contre, je craindrais
énormément pour la qualité des soins donnés aux
patients. Je le regrette, ça ne devrait peut-être pas exister,
mais il reste que les médecins, comme tout le monde, sont des
êtres humains. Il y aura certainement une forte tentation pour bien des
médecins de donner une qualité de soins inférieure.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: M. le Président, après mon bref exposé de
tout à l'heure, j'ai proposé deux amendements, un à
l'article 11, huitième ligne, que je laisse encore tel quel, s'il vous
plaît, et un autre à l'article 12. Mais, comme le ministre a
proposé un amendement qui me satisfait, j'oublie le mien à
l'article 12. Je réitère, cependant, ma demande et ma motion, M.
le Président, pour qu'à l'article 11, huitième ligne, le
chiffre 75% soit remplacé par 100%.
M. LEGER: M. le Président, le député d'Argenteuil
disait tantôt qu'il ne croyait pas que des médecins
négligeaient de soigner des personnes qui n'avaient pas d'argent pour
payer. Je pense que le député d'Argenteuil ne voit pas le
problème de la même façon. Ce n'est pas la charité
que des gens d'une région réclament. Ils paient 0.8% pour une
prime et ils ont droit aux services. Ce n'est pas parce qu'ils n'ont pas
d'argent que le médecin devra les soigner. Ils ont droit aux services et
ce n'est pas la charité qu'on demande pour eux.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Bourget.
M. LAURIN: Devant les insuffisances, M. le Président, de
l'article 12, nous avions nous-mêmes préparé un amendement.
Je vois que le ministre nous a précédés. Si je compare ces
deux amendements, je remarque que c'est, quand même, une
amélioration sur l'article 12 original. Dans un premier cas, on retient,
cependant, cette pénalité pour l'assuré lorsque le
médecin se désengage. L'article commence en effet, par les
mêmes termes: « Une personne qui réside au Québec ne
peut toutefois exiger de la régie le paiement du coût de services
assurés. » On le retient pour cette première
catégorie lorsqu'il s'agit du 3%, et nous sommes contre. Je vois,
cependant, qu'on l'a laissé tomber lorsqu'il s'agit du
désengagement de spécialistes qui exercent le même genre
d'activité ou de médecins qui pratiquent dans une région
du Québec et qui mettraient en danger les conditions uniformes de
dispensation des soins. Cela est une grosse amélioration.
Par ailleurs, ce qu'il suggère de nouveau dans les deux cas,
c'est que le ministre de la Santé prenne des mesures spéciales,
mais il ne les définit pas. Cela peut avoir un certain caractère
inquiétant, puisque nous ne les connaissons pas et que ceci est
laissé à la loi et aux règlements qui pourront
s'ensuivre.
J'aimerais maintenant soumettre à l'attention du ministre
l'amendement que nous avions préparé et qui, lui, avait un autre
but, celui d'enlever à l'assuré toute pénalité qui
pouvait résulter du désengagement d'un médecin. Je le lis
pendant que le député de Lafontaine le distribue: « Lorsque
le lieutenant-gouverneur en conseil estime que plus de 3% des professionnels de
la santé soumis à l'application d'une entente s'en sont
dégagés ou que, conformément aux règlements
adoptés à cette fin, le nombre des professionnels de la
santé qui exercent un même genre d'activité et qui se sont
désengagés de l'application d'une entente dans l'ensemble du
Québec ou dans une région du Québec qu'il indique est trop
considérable pour que les services assurés pouvant être
fournis par les professionnels et exerçant... ça continue
avec le texte original, mais voici l'essentiel delaréso-lution
à compter du septième jour suivant la publication de cet avis,
tous les professionnels de la santé qui y sont visés deviennent
assujettis à l'application de l'entente, comme s'ils s'étaient
réengagés à partir de cette date en vertu de l'article 24.
Aucun de ces professionnels ne peut, par la suite, se désengager avant
la publication d'un nouvel avis en vertu de l'article 13. »
L'esprit de cet amendement, c'est que les médecins qui se sont
désengagés supporteraient les conséquences de leur propre
désengagement ou d'un désengagement trop massif de leur groupe en
chiffres absolus ou en chiffres relatifs. Il me semble que l'esprit de cet
amendement est quand même plus juste, d'une part, et moins vague, d'autre
part, que l'amendement que vient de nous soumettre le ministre. Je le soumets
respec-
tueusement à son attention, M. le Président, tout en
réservant mon opposition à l'article 11 en ce qui a trait aux
75%. Je profite du moment où le ministre lit le texte de l'amendement
pour ajouter une remarque à ce que je disais tout à l'heure,
précisément à l'adresse du député
d'Argenteuil.
Ce n'est pas que nous nous opposons au principe même du
désengagement, malgré que nous le trouvions difficilement
compréhensible dans l'évolution de la mentalité de notre
population, mais c'est que nous voulons surtout que, si un professionnel se
désengage, il supporte lui-même les conséquences de ce
désengagement, au lieu d'en faire supporter les frais aux assurés
et d'amener peut-être un double paiement absolu ou partiel du coût
des services assurés par la population.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Joliette a
demandé la parole.
M. CLOUTIER (Montmagny): Juste une observation pour répondre au
député de Bourget. En somme, il dit qu'il comprend difficilement
qu'aujourd'hui, dans le contexte de l'évolution de la profession
médicale, l'on doive conserver le principe du désengagement. Si
on le conserve, évidemment, il apporte une nouvelle restriction à
l'amendement déjà proposé par le ministre de la
Santé. Je crois que ça rejoint l'essence même des articles
14, 15, 16 et 17 du premier projet de loi, qui permettaient en principe le
désengagement, mais qui, en pratique, faisaient supporter à
chacun des professionnels de la santé les conséquences de sa
décision de ne pas participer au régime. Cela évitait les
dangers que l'on craint, justement, par les articles du projet de loi actuel,
surtout pour les régions rurales. Le ministre a fait une distinction
importante tantôt: le problème ne se pose pas de la même
façon dans la ville de Montréal où il y a un choix
considérable de spécialistes. Le ministre a fait la distinction
et c'est important.
C'est pour cela que nous avions permis le désengagement, en
principe, respectant en cela le statut professionnel du médecin et sa
liberté. Par contre, dans la pratique, le médecin ne se voyant
pas rembourser ses honoraires par la régie assumait entièrement
ses responsabilités. Nous savons, par l'expérience de
l'assistance médicale, que les omnipraticiens ne se sont à peu
près pas désengagés du régime.
Donc, même si, dans les ententes signées en vertu de la Loi
de l'assistance médicale, le principe du désengagement
était reconnu, en pratique, il n'y a pas eu de difficulté avec
les médecins de pratique générale. C'est dans les milieux
ruraux et semi-ruraux, à cause de la pénurie de médecins
spécialistes et de professionnels de la santé plus
spécialisés, qu'en pratique les conditions uniformes, comme l'a
mentionné le ministre, ne seront pas assurées.
Je comprends que l'amendement qu'il nous apporte impose maintenant des
obligations au ministre. Il y a un aspect positif. Il ne se contente pas,
disons, de regarder la situation et de porter un jugement qui se traduit par un
paiement de 75% ou par un paiement de 100% des honoraires. Là, ça
lui impose des responsabilités. Le ministre nous a donné
tantôt et je l'ai écouté avec beaucoup d'attention
la nomenclature des possibilités qu'il entrevoit, à ce
moment-ci, pour obvier aux inconvénients. Il a mentionné
certaines mesures qui pourraient être adoptées, par exemple, faire
appel aux médecins d'unités sanitaires. On sait que la convention
collective actuelle ne permet pas à des médecins qui sont
fonctionnaires de l'Etat de faire de la pratique médicale, sauf en cas
d'urgence. Il y a donc là des dispositions inconciliables avec une telle
mesure que le ministre pourrait apporter. Cela peut se modifier.
Du côté des internes et résidents, du
côté du recrutement des médecins en général,
on sait que c'est difficile pour l'Etat, sans avoir de mesures qu'on pourrait
qualifier de dirigistes, d'embrigader les médecins. Le Collège
des médecins en sait quelque chose, parce qu'il reçoit des
demandes de localités éloignées qui veulent avoir un
médecin. Les mesures incita-trices prises par le Collège des
médecins ou par les fédérations j'en ai
déjà discuté à plusieurs reprises avec les
fédérations sont extrêmement difficiles. Comme le
dit le ministre, s'il y a des attaches, s'il y a des étudiants qui
viennent de ces régions éloignées, bien, on peut essayer
de les y retourner après leurs études. Mais, si ces
médecins ne sont pas nés dans ces régions, il est
extrêmement difficile le même problème se posait pour
les infirmières de les ramener pratiquer dans leur région.
Alors, on voit qu'en pratique ces mesures que le ministre a mentionnées
comportent elles aussi, des difficultés. Je comprends qu'il est
préférable d'avoir des aspects positifs dans une
législation et dans l'amendement qui est proposé.
Les bourses d'études sont une autre incitation. Cela a
été appliqué de façon générale dans
le domaine de la psychiatrie, si bien que plusieurs régions de la
province qui n'avaient pas autrefois de services de professionnels en
psychiatrie en ont aujourd'hui. Alors, il y a déjà eu une
amélioration. Mais, ce sont des mesures qui, pour quelques-unes, peuvent
porter à court
terme, malgré qu'elles soient difficiles d'application. Il y en a
d'autres qui sont à long terme. Je comprends qu'à partir du
moment où le régime d'assurance-maladie est instauré, les
mesures à long terme pour des régions qui souffriraient du
désengagement des médecins ne peuvent pas corriger la situation.
La question des bourses d'études peut produire des effets après
trois ou quatre ans. C'est pour ça qu'en pratique toutes ces mesures,
même celles concernant les internes et résidents... On pourrait
changé la Loi de la citoyenneté pour leur permettre de pratiquer
après deux ans d'attente au pays au lieu d'attendre cinq ans. Une
condition comme celle-là pourrait être assortie d'une obligation
pour l'interne et le résident d'aller pratiquer dans les régions
éloignées à l'intérieur du régime
d'assurance-maladie, pour corriger le désengagement des
médecins.
C'est pour démontrer qu'en pratique, même des mesures
positives permises par la loi peuvent comporter certaines difficultés
d'application et non seulement à long terme, mais à court terme.
Or, il s'agit de trouver des solutions rapides.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Joliette.
M. QUENNEVILLE: M. le Président, ce que je voulais dire, le
député de Montmagny en a dit une bonne partie; c'est au sujet de
la demande du député de Bourget, tantôt, à l'effet
que le ministre devait définir davantage des mesures spéciales.
Il faut sûrement comprendre que ces mesures spéciales, tant
positives que négatives, vont s'adapter naturellement aux cas
particuliers. Je ne vois pas pourquoi le ministre définirait d'avance
ces mesures spéciales. Ces mesures changeront sûrement selon les
cas particuliers.
M. LEGER: M. le Président, il faut quand même admettre
qu'une personne qui peut transgresser la loi doit savoir quelle
pénalité il y aura au bout de l'acte qu'elle veut poser.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Bourget.
M. LAURIN: Voilà, M. le Président, les difficultés
auxquelles on s'expose lorsque, dans un projet de loi, on fait un tel
état d'exception que l'on veut qualifier avec des nombres: 3% et 75%.
Cela fait plusieurs heures que nous passons à discuter, justement de ces
cas qui découlent d'exceptions chiffrées. Une bonne partie de nos
discussions, non seulement ici, à la commission parlementaire, mais dans
le public également, proviennent, précisément, de ces
chiffres qu'on a inclus dans le projet de loi. C'est la raison pour laquelle
nous préférions l'ancien projet de loi à cet égard
celui du député de Montmagny et que nous
préconisons une mesure plus générale, qui s'assoie
davantage sur des principes que, au fond, une bonne partie de la population
reconnaît maintenant comme devant inspirer l'action politique d'un
gouvernement. Je reste encore convaincu que l'application des exceptions
prévues au projet de loi donnera lieu à plusieurs
difficultés qui, peut-être, ne seront pas résolu,
même avec les amendements présentés aujourd'hui à
cette commission.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je voudrais simplement faire
remarquer que les difficultés auxquelles on fait allusion en ce qui a
trait au problème du désengagement, se seraient produites dans
l'ancien bill 8, de la même façon qu'elles se produisent
même en l'absence d'une législation. Dans l'ancien bill 8, si un
professionnel se désengageait, immédiatement, on arrêtait
les paiements. Immédiatement, se posait le problème de donner les
services. Dans la proposition du Parti québécois ou dans les
amendements qui sont ici, on dit que l'article 11 devrait être
modifié pour rejoindre l'ancien bill 8. Alors, le désengagement
de 0% à 3% créerait exactement le même genre de
difficultés. Sauf que là, on dit, passé une telle limite,
le 3%, là on oblige tous les médecins à
réintégrer le bercail et à être soumis à
l'entente.
A des degrés divers, je ferai remarquer qu'on touche là
c'est pourquoi, lors de mon discours en deuxième lecture j'ai
bien voulu le préciser à des problèmes
d'organisation des services de santé. Les mesures spéciales
auxquelles on fait allusion dans l'amendement que j'ai proposé, j'en
conviens, ne font pas le tour de tous l'évan-tail des
possibilités. Ce sont des mesures qui, adaptées aux conditions,
devraient être prises pour une période limitée. C'est
pourquoi il ne m'apparaît pas possible de les définir dans le
projet.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si le ministre me le permet, il a
référé, à deux reprises, aux difficultés qui
pourraient résulter de l'application du premier projet de loi. En fait,
il y avait aussi des difficultés, mais je crois qu'elles étaient
moins considérables que celles qui peuvent survenir avec le projet de
loi actuel. En effet, le désengagement pour les médecins,
même s'il était permis, en principe, était plus difficile,
parce que, à ce moment-là, 11 n'y avait pas de
rémunération. Alors, il était beaucoup
plus difficile au médecin de se désengager du
régime, alors qu'il n'y avait pas de compensation et qu'il était
obligé de recouvrer complètement des honoraires de son
patient.
C'est dans cette optique-là que nous avions pensé qu'il y
avait peut-être un meilleur équilibre entre les demandes de la
profession médicale quant au respect du principe du désengagement
et aussi la concilliation avec les problèmes pratiques. Le
désengagement étant rendu plus difficile, comme je l'ai
expliqué tantôt, en pratique, cela créait moins de
difficultés qu'il pourrait en survenir. Je ne nie pas, comme le ministre
l'a mentionné tantôt, que, dans la première version du
projet de loi, aussi, le gouvernement aurait été obligé
d'intervenir si, en pratique, les médecins avaient voulu se
désengager, même s'il n'y avait pas de compensation d'honoraires
de la part de la régie.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Nous allons suspendre jusqu'à ce soir
les articles 11, 12, 13 et 14 pour que le ministre puisse...
M. CASTONGUAY: C'est une question extrêmement délicate, je
crois que tous les membres en conviennent. Nous avons un projet d'amendement de
la part du Ralliement créditiste, nous en avons un de la part du Parti
québécois...
M. LEGER: Deux.
M. LAURIN: Articles 11 et 12.
M. CASTONGUAY: Articles 11 et 12, et j'en ai soumis un.
M. CLOUTIER (Montmagny): Nos amendements ne sont pas difficiles à
rédiger si on retourne au premier projet.
M. CASTONGUAY: Vous retournez toujours aux sources!
M. CLOUTIER (Montmagny): Sur le désengagement.
M. CASTONGUAY: Et s'il y avait ce soir, d'autres projets, nous pourrions
les étudier, s'il n'y en a pas d'autres, on prendra le vote. Ce qui nous
donne un certain temps de réflexion. Je pense que chacun est conscient
que nous touchons ici au coeur du problème, un problème
extrêmement délicat et je crois que les dispositions de l'ancien
bill, plus le nombre des amendements proposés, indique que nous devons
trouver la formule qui apparaît la plus adéquate.
M. LAURIN: Ceci permettrait au ministre de prendre des
éléments de tous les amendements qui ont été
présentés et d'en faire une nouvelle formulation
peut-être.
M. CASTONGUAY: Pour autant qu'ils sont conciliables.
Je proposerais entre-temps, si vous êtes d'accord, que nous
poursuivions avec l'article 15, étant donné que les articles 13
et 14 sont liés aux articles 11 et 12, et même s'il ne touche pas
autant au fond, que nous poursuivions avec l'article 15.
M. CLOUTIER (Montmagny): Avant de laisser les articles 11 et 12, est-ce
que le ministre pourrait penser à l'observation que j'ai
déjà faite, à l'effet que le médecin puisse, en
plus des avertissements qui sont donnés, des publications et des
informations, avertir aussi son patient qu'il est désengagé du
régime. H me semble qu'il n'y a pas contradiction entre le statut
professionnel du médecin et l'intérêt du public qui est
protégé en même temps, qu'il y ait aussi cet
avertissement.
M. CASTONGUAY: Dans le pouvoir réglementaire, nous pourrions
ajouter pour ne pas figer dans un article de loi, il y a tellement de formules
qui peuvent être utilisées. On pourrait garder un pouvoir
réglementaire pour indiquer diverses possibilités, qui peuvent
être retenues pour que les professionnels désengagés
avisent leurs patients.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre pourra vérifier avec la loi
d'assistance médicale, si mon souvenir est exact, le médecin
devait faire part à son patient de son désengagement du
régime,
M. CASTONGUAY: Mais, pourrait-on, à titre de suggestion pour le
moment, penser au pouvoir réglementaire et à certaines
possibilités qui pourraient être énumérées
quant à la façon d'aviser le patient?
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre ne pourrait pas aussi
dans l'article de la loi, mentionner que cela pourrait se faire par
réglementation. Je pense que ce serait plus étanche d'indiquer
aussi une stipulation dans le projet de loi, quitte à le faire par
règlement.
M. CASTONGUAY: Je note cette suggestion et on pourra y revenir.
M. LAURIN: II me semble avoir compris ce matin que le leader
parlementaire avait dit que ce soir, il y aurait discussion du projet de loi no
1 à l'Assemblée nationale. Comme je dois intervenir sur ce projet
de loi et qu'en même temps, j'aimerais bien être ici, je ne sais
pas comment...
M. CASTONGUAY: Voulez-vous que nous poursuivions sur l'article 15 et
nous allons nous informer si votre renseignement est exact?
M. LE PRESIDENT (Fortier): Article 15.
M. CLOUTIER (Montmagny): A l'article 15, est-ce qu'il n'y a pas une
correction à faire au mot « contrairement », on a beau
scruter l'essence du...
Contrats d'assurance
M. CASTONGUAY: En ce qui a trait à l'article 15, si vous me
permettez, afin qu'il n'y ait pas de malentendu, l'article vise les contrats
d'assurance et la façon dont il est rédigé dans le texte
de loi, il y a des mots qui nous échappent, à cause d'une
mauvaise impression, ou de coquilles de rédaction par inadvertance. Je
vous fais distribuer un nouveau texte, deux alinéas qui remplacent le
premier alinéa pour clarifier cette ambiguïté.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'avais deux autres observations, M. le
Président, sur cet article, même si on n'a pas pris connaissance
de l'article corrigé. Actuellement, les contrats d'assurance couvrent
des soins médicaux et des biens. Ne serait-il pas prudent, dans ce
transfert des contrats actuels, de conserver le mot « bien »? Il
s'agit d'un ajustement. Les soins médicaux déjà couverts
par des contrats privés d'assurance seront maintenant remplacés
par l'assurance-maladie. Actuellement, il y a des contrats d'assurance qui
couvrent et des services et des biens. Il faudra nécessairement
prévoir l'ajustement ou la correspondance. Je crois qu'il serait
opportun de conserver le mot « bien », même si on l'a
enlevé aux articles 3... Je demanderais aux légistes de regarder
cette...
M. CASTONGUAY: En principe, je n'ai pas d'objection. Je crois que c'est
superflu, mais pour rassurer...
M. CLOUTIER (Montmagny): II y aurait une meilleure concordance avec les
plans privés d'assurance qui, actuellement, couvre à la fois, et
des services et des biens.
M. CASTONGUAY: Je n'ai pas d'objection quant au fond, parce que je ne
crois pas que cela change la portée de l'article, mais si cela peut
rassurer les intéressés. Je vous ferais remarquer
également, que dans le dernier alinéa où il est question
des primes non utilisées par les assureurs, lors de l'entrée en
vigueur de l'assurance-maladie, pour un type bien particulier de contrats,
c'est-à-dire les contrats d'assurance scolaire, il avait
été suggéré que ces primes ne soient pas
laissées aux assureurs. Le problème se serait posé de
façon plus accentuée si l'assurance-maladie avait pris effet le
1er juillet. Si l'assurance-maladie prend effet le 1er août, le montant
non gagné des primes par les assureurs peut être relativement
faible. De toute façon, étant donné que ce sont des fonds
qui ont été payés pour des fins d'assurance, il serait
trop dispendieux de les rembourser. Cependant, au lieu de les laisser aux
sociétés d'assurance, l'amendement proposé à la
suite de la suggestion qui a été faite dans un des
mémoires, serait d'ajouter, à la fin du dernier alinéa,
après le mot « exigible », « mais il doit être
remis au ministre de la Santé pour être versé au conseil de
la recherche médicale. «Alors, ces sommes-là ne seront pas
utilisées d'une façon discrétionnaire par le ministre de
la Santé, s'il y en a, je ne crois pas que ce soient des montants
tellement élevés, mais s'il y en a, elles seraient remises au
conseil de la recherche médicale pour des fins de recherche.
M. CLOUTIER (Montmagny): Y a-t-il une évaluation possible de ces
sommes, à l'heure actuelle?
M. LE PRESIDENT (Fortier): Article 15 modifié et
adopté.
M. CASTONGUAY: Nous devons ajouter la suggestion suivante; « si un
tel contrat a aussi pour objet d'autres services et biens. » Ce serait
une nouvelle modification, en plus de celle proposée dans le texte que
je vous ai remis. Il demeure en vigueur quant à ses autres services et
biens.
M. BOIS: M. le Président, quels sont les mots qui se trouvent
modifiés ici?
M. CASTONGUAY: Au deuxième alinéa, seconde ligne, «
si tel contrat a aussi pour objet d'autres services et biens, il demeure en
vigueur quant à ses autres services et biens, et la considération
prévue à l'égard de ce contrat doit être
ajustée en conséquence à moins que le
bénéficiaire de ces services et biens n'accepte de recevoir...
» Vous voyez la souplesse!
M. LE PRESIDENT (Fortier): Article 15.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est présenté d'une façon
positive.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Article 15, tel que modifié,
adopté. Article 16.
M. CASTONGUAY: Ici à l'article 16 également, on dit
à la fin de l'article, à la fin du premier alinéa, c'
est-à-dire du premier paragraphe de la page 7, « lorsque les
employés sont représentés par une association
accréditée au sens du code du travail, l'employeur peut
valablement donner ses indications en les donnant à cette association.
»
On nous a demandé de mettre une obligation plus forte sur
l'employeur, de donner ses indications. Nous proposons donc pour la protection
des travailleurs ou des employés, l'amendement qui vous est
distribué. La fin de l'article se lirait comme suit: « l'employeur
doit donner ses indications à cette association. »
M. LE PRESIDENT (Fortier): Article 16.
Contribution de l'employeur
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, certains
mémoires ont souligné que, dans le cas où il y
avait...
M. LE PRESIDENT (Fortier): Je m'excuse, à quel article
sommes-nous?
M. CLOUTIER (Montmagny): A l'article 16, cela peut s'appliquer à
15 ou à 16. Certains mémoires ont mentionné que là
où il existe des syndicats, il y a une surveillance qui peut
s'effectuer. Dans les entreprises où il n'y a pas des syndicats, il n'y
a pas de surveillance et à ce moment-là, il n'y a aucun
mécanisme de prévu pour exercer et effectuer cette surveillance.
Est-ce que le ministre a pensé à une modification ou une addition
au projet de loi afin de prévoir ces cas-là?
M. CASTONGUAY: Une des propositions qui a été faite, dans
les cas où il y a une association, serait d'introduire dans la
convention collective, les dispositions relatives à une assurance
collective pour quelle devienne partie intégrante de la convention
collective. Dans les cas où il n'y a pas d'association, on nous a
demandé de les assimiler à des conventions collectives.
Je ne crois pas que ce soit l'objet actuel de la loi, d'intervenir de
cette façon dans les relations entre les employés et les
employeurs.
Dans le cas où les employés n'auraient pas eu la
prévoyance d'introduire les contrats d'assurance collective, dans leur
convention collective, je crois qu'il s'agirait pour eux de le faire lors de la
prochaine négociation. Dans les cas où il n'y a pas des syndicats
ou d'associations, cela peut indiquer aux employés
lanéces-sité de se syndiquer. C'est leur droit, ils ont les
moyens de le faire s'ils le désirent.
Un problème de protection des employés se pose donc. Ils
ont des recours s'ils jugent qu'ils ne sont pas traités
équitablement, soit dans les cours de justice ordinaires et
également on m'avait mentionné...
Il y a également la surveillance qu'effectue le surintendant des
assurances et le ministère des Institutions financières sur les
opérations des compagnies d'assurance. Je crois que les lois existantes
et les recours pour les employés qui se sentent lésés,
donnent suffisamment de protection. Si les employés veulent avoir une
protection additionnelle, qui pourrait leur venir par le mécanisme de
convention collective négociée, qu'ils le fassent.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si j'ai bien compris les représentations
qui ont été faites et particulièrement, par les grandes
centrales syndicales, c'était d'assurer une certaine protection,
même là où, dans le moment, il n'y a pas d'association,
où il n'y a pas de syndicalisation.
S'ils veulent les protéger avant de les syndiquer, c'est une
étape préliminaire, mais en fait, le ministre a mentionné
des mécanismes qui peuvent être utilisés dans le moment,
pour protéger ce transfert.
M. CASTONGUAY: II y a un mécanisme des institutions
financières, il y a un surintendant des assurances pour s'assurer que
les transactions d'assurances sont faites équitablement, justement. Par
ailleurs, les employés qui dans le cas, où ils ne seraient pas
syndiqués et qui croiraient être lésés, pourraient
intenter une poursuite.
M. CLOUTIER (Montmagny): La régie a-t-elle prévu une
surveillance spéciale de ce secteur?
M. DESPRES: Pas particulièrement, parce que cela se trouve en
dehors du domaine spécifique de la régie. C'est un droit acquis
qui résulte d'une entente verbale ou écrite, intervenue entre
l'employeur et les syndicats. Nous ne faisons pas partie de cette entente, du
moins pas d'après le texte de la loi.
M. LAURIN: J'essaie de comprendre la portée de cet
article-là, et comme je ne suis pas un spécialiste de la
question, je vais me servir d'un exemple. Prenons un cas qui m'a
été soumis ces jours derniers, le cas de la Coopérative de
santé des pompiers de Montréal. C'est une coopérative de
santé, ce sont des salariés, bien sûr, mais qui font partie
d'un organisme spécifique. Actuellement, ils paient à la ville de
Montréal ils font une contribution, mais la ville de
Montréal paie aussi $2.81 par mois pour un salarié
marié et $1.08 par mois pour un célibataire, c'est-à-dire
que l'employé paie cela, et la ville paie $5.50 par mois, pour un
employé marié et $1.65 par mois, pour un employé
célibataire. Ce plan-là couvrait la majeure partie des services
médicaux, chirurgicaux, obstétricaux, psychiatriques, qui sont
maintenant couverts par le projet de loi, et cela couvrait également un
certain nombre d'autres services, comme le service d'ambulance, et un certain
nombre de biens les prothèses, les lunettes, les soins dentaires
qui sont aussi au nombre des services mais, avec un plafond, justement
à cause des limites de la caisse.
La question est la suivante: Est-ce que la ville sera habilitée,
ou invitée, ou obligée d'affecter à de nouveaux services,
ou à de nouveaux biens, avec ou sans plafond, la partie des sommes qui
sera soustraite actuellement de sa contribution, étant donné
qu'elle ne peut plus assurer les mêmes services que ceux couverts par
l'assurance-maladie?
M. CASTONGUAY: Je crois qu'on touche là là à
l'article 15.
M. LAURIN: C'est parce que l'article 15 touchait aux assurances, alors
que l'article 16 touche aux employeurs. Mais, de toute façon, j'aurais
quand même adopté l'article.
M. CASTONGUAY: Est-ce que ces dispositions, en vertu desquelles, les
pompiers, tel que vous le dites, sont couvertes, sont assimilées pour
les fins de la loi, à des dispositions comme celles qui sont
mentionnées à l'article 15. Quant à la façon
exacte, je peux demander, si vous voulez, à M. Després. Je
pourrais aussi, au besoin, commenter.
M. DESPRES: D'abord, l'employeur, si j'ai bien compris, s'est
engagé, mensuellement, à verser une contribution pour des biens
et services et, naturellement, il sera appelé, en vertu de la loi,
à verser une contribution qui sera l'équivalent de 8/10 de 1% du
salaire de la rémunération versée à chaque
employé. Or, dans un premier temps, sur une base actuarielle, il devra
établir la partie de sa contribution, qui est affectée aux
services assurés qui seront couverts par le régime universel, et
une fois ce montant-là établi, il devra le comparer avec la
contribution qu'il serait appelé à verser au régime
universel. Si le montant de contribution au régime universel est moindre
que celui auquel il s'était engagé de verser, il devra remettre
la différence, soit en argent à l'employé, soit en lui
procurant des bénéfices additionnels.
M. CASTONGUAY: Et l'objet de l'article 17 est d'assurer que ces
ajustements soient faits en connaissance de cause.
M. LAURIN: Ce qui veut dire, que si les pompiers de la
Coopérative de santé veulent avoir droit aux mêmes biens
auxquels ils avaient droit avec ou sans plafond, ils seront obligés ou
de se les procurer privément, bien sûr, ou de négocier une
nouvelle entente avec la ville de Montréal.
M. CASTONGUAY: Dans de tels cas d'ajustement, comme dans le cas du
régime des rentes, cela nécessite de nouvelles discussions, des
propositions sont faites, il s'agit de s'assurer que les employés ne
perdent pas, et cela nécessite des ajustements, étant
donné qu'il ne peut pas y avoir double couverture.
M. DESPRES: Mais, le contrat pour les biens ou les services qui ne sont
pas des services assurés, demeure en vigueur jusqu'à l'expiration
de l'entente intervenue entre l'employeur, l'association, ou le syndicat.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Article 16, adopté. Article 17.
M. CASTONGUAY: Vous avez, quant à l'article 17, si mes
renseignements sont exacts, c'est exactement la même chose que dans la
loi de l'assurance-hospitalisation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Article 17, adopté. Alors la
commission ajourne ses travaux...
M. LABERGE: M. le Président, si vous me permettez avant que la
commission ajourne ses travaux, pourrais-je vous poser une question?
M. LE PRESIDENT (Fortier): J'ai terminé la séance.
M. CASTONGUAY: Je suis d'accord.
M. LABERGE: C'est pour savoir quand la commission doit-elle
siéger de nouveau? Est-ce qu'on pourrait connaître la
cédule des rencontres?
M. LE PRESIDENT (Fortier): Ce soir ce sera à huit heures.
M. CASTONGUAY: Le programme annoncé à la Chambre ce matin
dit que la commission siégerait ce soir à huit heures.
Maintenant, on me dit qu'il est possible que la Chambre aborde à huit
heures, l'étude du projet de loi no 1. Je ne suis pas au courant des
ententes prises entre les leaders des partis, on me dit que cela serait
conforme à l'entente qui avait été prise. Pour autant que
la commission de la Santé est concernée, normalement nous
siégeons à huit heures ce soir.
M. LABERGE: Et après cela, est-ce qu'on pourrait connaître
un peu le programme?
M. LE PRESIDENT (Fortier): Demain après-midi, à trois
heures et demie, trois heures.
M. LABERGE: Demain?
M. LE PRESIDENT (Fortier): Demain après-midi, à trois
heures. Ce soir à huit heures.
M. LABERGE: Et ensuite?
M. CASTONGUAY: Ensuite, à dix heures trente, s'il n'y a pas
épuisement des combattants ou encore épuisement des articles;
jeudi matin à dix heures trente jusqu'à midi trente. Jeudi
après-midi, de deux heures trente à six heures, jeudi soir de
huit heures à dix heures, et au besoin, vendredi matin, de dix heures
trente à midi trente et vendredi après-midi de deux heures trente
à trois heures trente.
UNE VOIX: C'est cela.
M. LABERGE: Alors, M. le Président, est-ce que vous me
permettriez au nom des quatre centrales syndicales de vous remercier d'abord de
nous avoir reçus, de nous avoir permis de faire un bref
énoncé de nos oppositions au projet de loi et d'ajouter ceci.
Nous sommes convaincus que vous allez de bonne foi adopter le meilleur projet
de loi possible. Nous sommes convaincus que vous allez prendre vos
responsabilités de députés à l'Assemblée
nationale, mais vous allez aussi comprendre que, comme représentants de
centrales syndicales, nous devons nous aussi prendre nos
responsabilités. Le projet de loi tel quel va coûter une fortune
à nos membres. Je serai très bref, je ne ferai pas de discours.
Il y a des gars qui vont y perdre et en services et en argent. Le projet de loi
tel quel, malgré les amendements mineurs que nous avons vus cet
après-midi et qu'apparemment vous êtes prêts à
adopter et qui améliorent le projet de loi sans aucun doute,
malgré cela, s'il n'y a pas changement de fond , vous allez comprendre
que nous devrons prendre nos responsabilités. Et moi, comme
président de la FTQ, si le projet n'est pas changé
foncièrement, je me verrai dans l'obligation de recommander à mes
membres de ne point y participer.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors messieurs les présidents et
représentants, messieurs les membres de la commission, nous ajournons
nos travaux à huit heures ce soir.
Reprise de la séance à 20 h 8
Désengagement
M. FORTIER (président de la commission permanente de la
Santé ): A l'ordre, messieurs! Je crois que les membres de la commission
ont exprimé leurs opinions relatives aux articles 11 et 12 et je crois
que nous devons adopter une conclusion. On va procéder article par
article.
Est-ce que l'article 11 est adopté?
M. PEPIN: Est-ce que vous me permettriez, je ne ferai pas de
théâtre...
M. LE PRESIDENT (Fortier): Monsieur, je regrette infiniment. Je vais
m'informer. Je ne crois pas qu'actuellement, à la commission, nous ayons
le droit, nous ayons le pouvoir de donner aux gens de l'autre côté
de la barre la permission de s'exprimer. Nous avons, tout de même,
consenti à vous laisser exprimer un résumé de vos opinions
que nous avons écouté, de façon religieuse. Mais, si nous
sommes d'accord, je suis prêt à m'informer qu'il n'est pas dans
l'état actuel des choses.
Je n'ai pas de pouvoir, je regrette infiniment. Alors, le ministre va
dire un mot, si vous voulez.
M. CASTONGUAY: A la fin de la séance cet après-midi, M. le
Président, je crois que nous avions fait preuve d'un sens de souplesse
assez prononcé. Tous les membres de la commission ce matin, ont
accepté d'entendre les centrales. Cet après-midi, nous avions
accepté d'entendre les syndicats, associations et représentants
des professionnels de la santé. A la fin de l'après-midi, alors
que seuls les membres de la commission avaient droit de parole, le
président de la FTQ a pris la parole de nouveau pour nous donner une
leçon de morale. Je crois et je pense parler pour les autres
membres de cette commission que nous sommes tout aussi conscients que
lui de nos devoirs. Je n'ai pas de leçon à prendre du
président de la FTQ, quant à mes responsabilités de
ministre de la Santé et comme membre de cette commission. Je voudrais
que ce soit clair. Cet après-midi, à la fin de la séance,
j'ai trouvé cela extrêmement disgracieux. Ce soir, si les autres
membres de la commission étaient disposés, étant
donné que nous n'avons pas encore commencé mais avant de
commencer, et que ce ne soit pas à l'intérieur de la
séance de la commission, s'il y a quelques commentaires brefs, je serais
prêt à les écouter et après on commencera notre
travail mais que ce ne soit pas au sein du travail de la commission.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Parmi les membres de la commission.
M. CASTONGUAY: Si vous êtes d'accord.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Est-ce qu'il y en a, avant d'adopter... Tout
de même, il va falloir à un moment donné, en arriver
à une décision aux articles 11 et 12. Alors, le
député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, je pense que c'est assez important,
avant que l'on commence les délibérations de ce soir; j'en fais
une question de principe également. Je veux en quelque sorte endosser ce
que le ministre vient de dire, c'est que nous avons été le
ministre également assez larges, nous avons donné la
parole aux représentants des syndicats. Ce soir, j'ai eu aussi à
déplorer un fait, que j'ai trouvé extrêmement disgracieux,
même je pense que cela a pu être interprété un peu
comme du chantage à un certain moment, c'est quand on a dit: Je prendrai
mes responsabilités et je recommanderai à mes membres... Eh bien,
écoutez, qui sont les députés dans cette Chambre? Je pense
que ce sont nous les députés, c'est nous qui représentons
la population, c'est nous qui avons été élus avec des
mandats bien précis pour ça. Même si je reconnais que ces
gens-là doivent être entendus, ils doivent aussi reconnaître
que c'est nous qui devons légiférer et non eux, parce que nous
représentons l'entité de la population et eux en
représentent un secteur seulement.
C'est une question de principe, M. le Président, et je vous
remercie de m'avoir laissé m'ex-primer.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député d'Argenteuil a
demandé la parole.
M. SAINDON: M. le président, ce n'est pas prévu par les
règlements; alors, c'est créer un précédent, ce qui
n'est pas bon.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le président, j'ai
écouté les remarques qui ont été exprimées
autour de cette table et la demande conjointe j'ai cru le comprendre
du Dr Robillard et de M. Pepin. Je pense que la suggestion du ministre
vaut la peine d'être retenue et nous l'acceptons, qu'en dehors des cadres
de la discussion, avant que nous entamions nos procédures pour ce soir,
nous leur permettions de s'exprimer, mais brièvement.
M. LAURIN: Pas d'objection de mon côté. M. PEPIN: M. le
Président, si vous l'accep-
tez, parce que je ne suis pas ici pour vous imposer ma procédure
ou la démocratie que, moi, je crois être la bonne. La seule chose
que je voudrais vous demander, c'est de ne pas adopter, pour l'instant, les
articles 11 et 12, de les laisser en suspens pour nous permettre,
peut-être, de voir le ministre.
M. Robillard et moi, nous nous sommes dit uniquement quelques mots avant
l'ouverture de la séance. Vous avez, je pense, une quantité de
travail pour les autres articles. Si nous ne réussissons pas à
vous soumettre quelque chose de convenable, vous le rejetterez tout simplement.
Ce n'est pas pour violenter les membres de l'Assemblée nationale, c'est
uniquement pour essayer de voir s'il y a une formule convenable qui pourrait
être trouvée.
Moi, en tout cas, si je ne représente pas toute la population,
une partie uniquement, j'en suis bien conscient, comme chacun des
députés ne représente qu'une partie de la population
d'ailleurs. Alors, si ce n'est pas convenable, votez ce que vous voudrez, mais
je vous demande tout simplement, avec M. Robillard et je pense que
là-dessus nous sommes tous les deux unanimes de nous laisser le
temps pour, au cours de la soirée après l'ajournement, au cours
de la nuit peut-être, de voir M. le ministre. Si ce n'est pas convenable
demain, vous ferez ce que vous voudrez. Ce n'est pas une demande
déraisonnable, ce n'est pas un discours de chantage que je fais.
M. LE PRESIDENT (Fortier): D'ailleurs, je suis convaincu que les
représentants des différents syndicats comprennent bien que j'ai
une autorité limitée à la commission. Je ne puis pas
outrepasser les droits de la commission et faire un débat avec les gens
présents à cette commission.
Alors, disons que, pour le moment, nous sommes prêts à
accepter les recommandations des membres de la commission. M. le ministre va
maintenant exprimer son opinion à ce sujet-là.
M. CASTONGUAY: Quant à moi, je voudrais dire que je suis tout
à fait prêt à ce que nous procédions, si c'est le
sentiment des membres de la commission, à l'étude des articles 11
et 12. J'ai dit que le processus d'étude devait se faire à la
commission et que nous devions faire rapport à l'Assemblée
nationale.
Toutefois, si c'est le sentiment des membres de la commission que nous
devions reporter, comme nous l'avons fait cet après-midi, les quatre
articles, 11 et 12 et les deux qui les complètent, les articles 13 et
14, Jusqu'à demain, je suis prêt à le faire. Mais, si c'est
le sentiment des membres de la commission que nous procédions ce soir,
je suis également prêt à ce que nous nous prononcions sur
les articles 11 et 12.
M. CLOUTIER (Montmagny); M. le Président, si nous étions
au terme de nos travaux parlementaires, en commission, je ne serais pas
d'accord; mais, étant donné qu'il nous reste passablement de
travail à faire pour d'autres articles, je n'ai pas d'objection,
personnellement et au nom du groupe que je représente, à remettre
à demain après-midi une décision finale quant aux articles
11, 12, 13 et 14.
M. LAURIN: Au nom de mon groupe, j'ai également la même
opinion, d'autant plus que j'ai depuis longtemps désiré que tous
les groupes intéressés dans le public aient le temps et
l'occasion de se prononcer amplement sur la question.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Disons que l'adoption des articles 11, 12, 13
et 14 est remise à demain après-midi, quand la commission se
réunira pour discuter de ces articles. Maintenant, nous sommes en
commission.
Article 18.
Professionnels de la santé
M. LAURIN: M. le Président, est-ce qu'on pourrait demander au
ministre de la Santé, si c'est le moment de le lui demander, quel serait
le contenu probable de cette entente, sur quels points cela porterait?
Qu'est-ce qui est à départager ici entre ce qui fait l'occasion
d'une loi et d'une négociation? Qu'est-ce qui est cadre et qu'est-ce qui
est condition d'exercice?
M. CASTONGUAY: Les conditions d'exercice qui touchent réellement
au caractère professionnel de l'activité ne sont pas sujettes
à négociation, ne sont modifiées ni par la loi ni par
l'entente. Je crois que je l'ai dit clairement, en ce qui a trait au
caractère professionnel de l'activité. Donc, il s'agit
plutôt de conditions s'appârentant aux conditions de travail. La
rémunération, évidemment, est un élément et
tout ce qui l'entoure. Les modalités relativement au
désengagement ou au réengagement, les modalités touchant
aux tarifs, mais allant plus loin que le simple établissement de tarifs
ou d'équivalents, soit sur base de vacation ou de salaire, les
conditions touchant au comité ou au conseil d'arbitrage, si un syndicat
décide de se prévaloir des dispositions de
là loi, feront l'objet de l'entente. Il y a certains aspects
touchant aux formules. Pourriez-vous expliquer ce qui concerne les griefs, en
plus de la commission d'arbitrage?
M. LE PRESIDENT (Fortier): M. Després.
M. DESPRESi C'est le mécanisme de grief conventionnel que l'on
retrouve dans une entente et qui devra y apparaître pour régler
les différends autres que la rémunération.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Article 18.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le ministre, étant donné que,
dans le projet de loi, on a précisé exactement les professionnels
inclus dans le régime et la couverture des soins, cet article
m'apparaît être un article-cadre qui couvre tous les professionnels
de la santé. Est-ce que le ministre n'a pas été
tenté de rétrécir aussi cet article et de se
référer aux ententes seulement, dans les négociations en
cours?
M. CASTONGUAY: Non, c'est simplement un article qui donne au ministre de
la Santé le pouvoir de conclure une entente avec l'approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil.
Il ne peut évidemment en conclure avec des catégories de
professionnels qui ne seraient pas prévus dans les articles apparaissant
plus tôt dans la loi. Le but de cet article est évidemment de
faire en sorte que toute entente signée en vertu de l'article 18 lie la
régie. La régie doit appliquer intégralement l'entente ni
plus ni moins.
Négociations
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors de toute façon, même si la
loi était modifiée, cet article-là n'aurait pas besoin
d'être modifié. Est-ce que le ministre pourrait nous montrer
très brièvement, parce qu'on a eu l'occasion d'en parler, est-ce
que ce serait le moment, à cet article, de parler des
négociations en cours étant donné qu'on touche
précisément à la question des ententes, le ministre
pourrait-il nous donner brièvement un aperçu des
différentes tables de négociations, nous donner le degré
d'avancement des travaux et nous parler de ses espoirs, s'il a espoir que des
ententes soient conclues prochainement?
M. CASTONGUAY: Ce matin, il y a eu séance de négociations
avec la Fédération des médecins spécialistes. Ce
soir, il y a également séance de négociations avec les
médecins spécialistes. J'ai eu un bref rapport quant à la
séance de ce matin. Ce matin, on discutait si ma mémoire
est exacte du préambule au tarif d'honoraires. Vous savez comme
moi qu'il y a un certain nombre de dispositions qu'il faut bien
préciser, par exemple, s'il y a deux opérations qui sont
effectuées en même temps, est-ce qu'on demande un tarif pour
chacune ou pour le tarif le plus élevé ou la moitié du
tarif pour la deuxième, ce genre de questions-là. Alors les
offres salariales n'ont pas été remises de part et d'autre de
façon complète à la table, c'est pourquoi, je l'ai
mentionné ce matin, elles ne sont pas encore rendues publiques.
Quant aux négociations, à savoir jusqu'à quel point
elles progressent, je crois que, sauf en ce qui a trait aux dentistes et aux
optométristes, et là disons parce que ma mémoire fait un
peu défaut, je crois qu'avec les optométristes et les
spécialistes, le tour de toutes les questions a été
raisonnablement fait sans qu'on s'attache à un processus aussi rigide
que celui de parapher des articles. Mais une fois le tour de la question fait,
une fois les clauses monétaires abordées, lorsqu'il s'agira de
revenir sur un texte et de parapher les articles, je crois qu'on sait assez
précisément où il y a entente et où il peut y avoir
encore désaccord. Alors le processus peut demeurer assez rapide, j'ai
bonne confiance.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si je me souviens bien, c'est en mars ou en
février dernier, que la Fédération des médecins
spécialistes, au cours des négociations, avait
déposé le tarif et le préambule qui l'accompagnait
évidemment. Alors si je comprends bien le ministre, depuis ce
temps-là, il n'y a pas eu d'autres offres ni du côté de la
partie patronale ni du côté de la partie syndicale quant aux
clauses salariales.
M. CASTONGUAY: Le 10 mars, le bill 8 de l'ancien gouvernement a
été déposé ce qui a eu pour effet de suspendre, de
mettre un terme aux négociations. Les négociations ont
été suspendues jusqu'à ce que je puisse réinviter
tel que cela a été mentionné cet après-midi, les
quatre groupements à la fin du mois de mai, et les négociations
ont repris à ce moment-là.
Depuis ce moment-la, il y a eu un progrès de
réalisé parce que même si un des groupements avait
déposé un tarif avec peut-être des dispositions touchant au
préambule, mais dispositions qui n'étaient pas
nécessairement complètes et qui étaient loin de faire
l'entente, les négociations n'étaient pas terminées. Alors
depuis la fin de mai et jusqu'au dépôt du projet de loi, les
négociations se sont poursuivies,
elles ont été amorcées avec les dentistes, avec les
optométristes, et dans les derniers jours précédant le
dépôt de la loi, il y a eu comme je l'ai mentionné, un
certain ralentissement, étant donné le désir des
associations de connaître le projet de loi avant d'aller plus loin
puisque ce projet, dans une mesure, comme l'ancien projet quant à cela,
établissait un cadre aux négociations et on voulait
connaître ce cadre avant de terminer la négociation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre pense qu'après
l'adoption imminente du du projet de loi, les négociations vont
résolument s'engager dans la phase finale? Prévoit-il pouvoir
respecter l'échéancier qu'il a souhaité mettre en
application, le 1er août 1970?
M. CASTONGUAY: J'ai mentionné, l'autre jour, à
l'Assemblée ou je crois que c'est à l'Assemblée, au moment
de la présentation du projet de loi, qu'il ne m'apparaissait plus
possible que ce soit le 1er juillet, heureusement que je l'ai dit à ce
moment-là. J'ai mentionné, soit le 1er août ou soit le 1er
septembre, à défaut du 1er août. Vous voyez, nous sommes
aujourd'hui au 7 juillet, vous voyez que nous avons eu des discussions assez
longues sur certains articles de la loi, alors vous pouvez comprendre qu'au
plan des négociations, sans qu'il y ait mauvaise volonté ni d'une
part ni de l'autre, il y a des questions assez épineuses. Je ne voudrais
pas m'engager vis-à-vis du 1er août, au contraire, j'espère
toujours qu'on puisse terminer l'adoption du projet de loi assez rapidement, et
que les négociations se terminent assez rapidement. Mais, je crois, on
le voit, simplement sur les articles 11 et 12, comment nous avons dû
discuter longuement. Aunl-veau des négociations, lorsqu'on discute des
points qui s'avèrent épineux, je crois qu'il serait mauvais de
trop mettre de pression sur les négociateurs.
Maintenant, je peux vous dire que, je suis la question de très
près, le comité consultatif se rencontre
régulièrement. Encore ce matin, cet après-midi, j'ai
communiqué avec le chef-négociateur pour savoir où en
étalent les négociations, quel était le climat, J'ai
insisté pour qu'il travaille avec autant d'archarnement que possible,
et, je ne peux pas, donner quelque assurance quant au 1er août.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'aurais pu poser la question à un autre
endroit, au cours de l'étude du projet de loi, mais ce sera fait.
Même si une entente n'est pas conclue avec chacun des groupes, des quatre
groupes professionnels en cause, il est évident que les trois autres en-
tentes, advenant le cas où trois groupes sur quatre signerait une
entente, le régime d'assurance-maladie pourra être
appliqué, à ce moment-là.
M. CASTONGUAY: Contrairement à l'ancien bill 8, où
l'ensemble de la loi entré en vigueur, à une date donnée,
ce projet-ci permet qu'il entre en vigueur et que les ententes prennent effet
dès qu'elles sont signées. Donc, il n'est pas nécessaire
d'attendre d'avoir quatre ententes pouf que le projet prenne effet.
M. LAURIN: M. le Président, un sujet fréquent
d'inquiétudes, pour ne pas dire de tension, chez les professionnels et
même chez les négociateurs, c'est qu'ils ne savent Jamais d'une
façon précise, ce qui doit faire l'objet de la négociation
d'une part, de la loi, de l'autre, et des règlements, enfin. J'ai
posé la question, tout à l'heure, en ce qui a trait aux
différences qui pouvaient exister entre les articles de loi et les
articles sujets à la négociation. Je la pose maintenant, en ce
qui concerne la différence entre ce qui est sujet à la
négociation, et ce qui est sujet à arrêté en
conseil, à élaboration de règlements, par les organismes
exécutifs du gouvernement.
M. CASTONGUAY: Le pouvoir réglementaire est clairement
défini à l'article 56. Le lieutenant-gouverneur en conseil ne
peut pas dépasser la portée de la loi dans ces règlements.
Il doit s'en tenir strictement aux pouvoirs qui lui sont donnés à
l'article 56, et je crois qu'il y a est-ce qu'il y a un pouvoir
réglementaire dans la section sur les contributions, pour le ministre du
revenu?Vous avez l'article 73 qui, encore, définit quelques pouvoirs
dérèglements. Donc...
M. LAURIN: Est-ce que les règlements, par exemple, pourraient
faire état de points qui ont été l'objet de
négociations, mais sur lesquels il n'y a pas eu d'entente possible?
M. CASTONGUAY: Non. On ne peut pas forcer une entente par
règlements, et les règlements ne peuvent pas dépasser la
portée de la Loi.
M. LAURIN: Ni de l'entente?
M. CASTONGUAY: Bien là, l'entente ne peut pas limiter le pouvoir
du lieutenant-gouverneur en conseil de faire des règlements en vertu de
l'article 56. Une entente qui limiterait la portée de la loi ne serait
pas valide. La loi dépasse la portée de l'entente, alors, le
pouvoir réglementaire est clairement précisé a l'article
56.
Une entente qui limiterait la portée de la loi ne serait pas
valide. La loi dépasse la portée de l'entente. Alors, le pouvoir
réglementaire est clairement précisé à l'article
56. En ce qui a trait à la négociation, moi je ne comprends pas
quelles sont les craintes. On négocie toute question qui apparaît
devoir faire l'objet de négociations, pour autant qu'elle ne
dépasse pas le cadre fixé par la loi. Et ça, c'est clair
lorsqu'on étudie la loi. Je sais qu'il y a eu des représentations
de faites et je les ai examinées attentivement. A mon avis, elles
n'apportent rien de neuf.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Article 18, adopté.
M. BOSSE: M. le Président, en ce qui concerne l'article 18, je
voudrais savoir, lorsqu'on se réfère à « toute
catégorie de professionnels de la santé », si on y donne le
même sens que dans le bill 30, par exemple, où on parle
d'omnipraticiens et de spécialistes. Est-ce que le sens est plus
large?
M. CASTONGUAY: Ici, on doit s'en tenir uniquement au contenu de la Loi
de l'assurance-maladie. Le ministre de la Santé conclut des ententes
pour les fins de l'assurance-maladie, en vertu de ce projet-ci, avec les
catégories de professionnels, de la santé. Pour voir exactement
la portée de cet article, il faut aller à l'article 1b? où
il est dit que « professionnel de la santé » ou «
professionnel », c'est restreint à médecin,
chirurgien-dentiste ou optométriste.
M. BOSSE: Merci,
M. LE PRESIDENT (Fortier): Article 18, adopté? Adopté,
Article 19.
Durée de l'entente
M. CASTONGUAY: Au sujet de l'article 19, il y a eu des
représentations de faites, M. le président. Si vous me le
permettiez, j'aimerais dire un bref mot ici. Dans l'ancien projet de loi, il
était dit à l'article équivalent ou correspondant...
M. CLOUTIER (Montmagny): L'article 13.
M. CASTONGUAY: ... article 13. Vous yoyez, on a enrichi la loi, on est
rendu déjà à 19. Il était dit que les dispositions
d'une entente demeuraient applicables jusqu'à la conclusion d'une
nouvelle entente. Ici, il est dit: « Les dispositions d'une entente
continuent d'avoir effet après son expiration; elles subsistent
jusqu'à la conclusion d'une nouvelle entente qui peut toutefois
comporter des dispositions ayant effet à compter de l'expiration de
celle qu'elle remplace. » Nous avons voulu éviter la situation qui
a été mentionnée; avec les dispositions de l'article 13 de
l'ancien projet, on pouvait laisser, à l'expiration d'une entente, son
effet se continuer. Cela pouvait même devenir une espèce d'entente
à perpétuité, ce qui ne nous apparaissait pas tout
à fait exact ou juste, si on désire maintenir un équilibre
dans les relations. C'est pourquoi, ici, on a dit que l'entente continue
d'avoir effet après son expiration.
Quant aux dispositions touchant à la rétroactivité
possible, on ne dit pas qu'elles vont s'appliquer nécessairement, mais
on dit qu'elles peuvent s'appliquer. On ouvre la porte à la
possibilité d'une rétroactivité. Je voudrais simplement
mentionner que cela ne veut pas dire nécessairement la
rétroactivité.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre pense qu'à
chacune des négociations, durant la période qui s'écoulera
entre l'expiration de l'entente et la signature d'un nouvel accord, la clause
de rétroactivité, quant aux conditions salariales, ne sera pas
exigée de la part de la partie syndicale?
M. CASTONGUAY: C'est généralement l'objet de demandes des
syndicats, la rétroactivité on va le voir lorsque l'on
étudiera les crédits du ministère de la Santé
même on essaie d'en étendre la portée en dehors des
syndicats. Cela sera négocié comme les autres
éléments de l'entente, les autres points sur lesquels pourra
porter une entente. Moi, je crois que ce genre de demande va être
normalement fait et il s'agira de négocier pour savoir si c'est
accordé oui ou non.
M. LAURIN: J'ai été étonné ce matin par ce
que disait le président de la Fédération des
omnipraticiens, lorsqu'il disait qu'une entente avec les
médecins-psychiatres d'un certain hôpital était
échue depuis sept mois et qu'il n'y avait aucun signe à l'horizon
qu'elle soit renouvelée.
Est-ce que cet article permettrait d'éliminer ce retard, ce
délai et, si oui, de quelle façon?
M. CASTONGUAY: Dans le cas des médecins-psychiatres auxquels vous
faites allusion, ils ne sont pas privés de leur revenu, ils continuent
de le recevoir et d'être soumis à l'entente qui
s'appliquait avant la date prévue de son expiration. Ici, vous
avez cette continuité. Par contre, sachant que la
rétroactivité devient une possibilité, je crois qu'il y
aura une certaine pression qui s'exercera à ce moment-là sur le
gouvernement pour entamer de nouvelles négociations assez rapidement.
C'est une question de meilleur équilibre que nous avons voulu
atteindre.
M. LAURIN: Par ailleurs, ceci ne justifie pas des délais trop
prolongés. On connaît, par exemple par la situation qui a
prévalu dans le domaine de l'enseignement, qu'il a fallu prolonger d'un
an l'effet d'une loi, justement parce que le gouvernement n'avait pas pu, pour
une raison ou pour une autre, négocier une nouvelle entente. Même
si l'on dit à des professionnels: Quand nous renégocierons une
nouvelle entente, si nous adoptons des taux supérieurs après un
an, vous serez payés rétroactivement, c'est quand même une
sorte de déni de justice, jusqu'à un certain point, de les priver
de cette possibilité.
M. CASTONGUAY: Je pourrais reporter la question des psychiatres à
l'étude des crédits...
M. LAURIN: Je mentionne ça seulement comme exemple.
M. CASTONGUAY: Je voudrais simplement commenter. Ce n'est pas le seul
cas où il y a eu un assez long délai. Je crois que c'est une
période un peu particulière. Je ne suis pas porté à
dire, ce qui pourrait être une chose assez simple: Lorsque le
gouvernement a été formé, on a hérité de
cette situation avec d'autres situations. Je crois qu'il y a eu pas mal
d'hésitation, non seulement de la part du gouvernement, mais de la part
de l'autre partie quant aux négociations, sachant la venue de
l'assurance-maladie. D'ailleurs, avec d'autres groupes, il y a eu, selon que la
fédération représentant ces groupes ou leur association
particulière était concernée, des prises de position un
peu divergentes, à savoir si on reprenait les négociations
car nous aurions été peut-être prêts à les
reprendre pour un groupe et à savoir si on attendait après
l'assurance-maladie ou si on le faisait concurrement avec l'assurance-maladie.
Je crois que dans le cas auquel vous faites allusion, comme dans certains
autres cas, cela a été la venue imminente de l'assurance-maladie
qui a pu, dans une certaine mesure, provoquer les délais auxquels vous
faites allusion.
M. LAURIN: Mais, n'y aurait-il pas quand même moyen de
prévoir quelque chose qui éliminerait d'une façon plus
sûre les délais possibles, étant donné que nous
savons que les gouvernements, dans notre Etat moderne, ont des tâches
nombreuses et que c'est très difficile pour eux de suivre la situation
dans tous les domaines en même temps, par exemple l'inclusion d'un
délai de quelques mois?
M. CASTONGUAY: Pourquoi?
M. LAURIN: Pour que ces ententes soient renouvelées.
M. CASTONGUAY: Est-ce que vous pouvez mettre un terme à la
négociation par un délai? A ce moment-là, qu'arrive-t-il
si vous ne vous êtes pas entendus?
M. LAURIN: En l'occurence, la pression est à la fois sur l'une ou
l'autre des fédérations et sur le gouvernement.
M. CASTONGUAY: Mais, malgré tout, qu'est-ce qui arrive si vous ne
vous êtes pas entendus à l'expiration du délai?
M. LAURIN: On sait que, lorsque la pression est plus forte à
cause de l'opinion publique, ceci constitue un aiguillon pour les deux parties
en cause.
M. CASTONGUAY: Je suis bien d'accord, mais ma question demeure
malgré tout.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Dorion.
M. BOSSE: M. le Président, je crois que ce que le
député de Bourget demande, ce sont des conditions absolument
particulières. Ce que l'on retrouve ici, à l'article 19, c'est
une garantie que les syndicats ouvriers, eux, ne retrouvent pas. A l'occasion
de la dernière convention collective dans les hôpitaux, alors que
les syndicats ont dû négocier durant 18 mois, il n'y avait pas
cette garantie qu'on retrouve ici, à l'effet que la convention
collective précédente continuait de s'appliquer. J'ai
l'impression très nette que le député de Bourget
désire avoir un statut très particulier additionnel pour les
médecins.
M. CASTONGUAY: II y a aussi un point que me souligne M. Després,
je crois qu'il est très bon. C'est que, pour les prochaines
négociations,
la loi va fournir un cadre. On ne recommencera pas à zéro
avec la loi et les ententes, et la négociation s'avèrera
normalement plus facile. Il s'agira de modifier certains articles des
conventions déjà signées. On s'entendra sans doute pour
garder les mêmes niveaux de rémunération; peut-être
aussi voudra-t-on les changer. Il y aura donc certainement beaucoup moins de
travail à faire qu'il y en a à ce stade-ci.
M. LAURIN: Mais, à tout le moins, M. le Président, n'y
aurait-il pas moyen d'assurer par voie législative l'octroi de la
rétroactivité dont parlait tout à l'heure le ministre? Ce
serait au moins une garantie qui conviendrait assez.
M. BOSSE: A ce moment-là, M. le Président, il faudrait
aussi l'assurer à tous ceux qui sont dans la Fonction publique. Je
pense...
M. LAURIN: Bien sûr.
M. BOSSE: ... qu'au niveau des lois du travail...
M. LAURIN: Evidemment.
M. BOSSE: ... il faudra apporter des améliorations.
M. LAURIN: Justement. Je suis bien d'accord.
M. CASTONGUAY: Je crois que c'est évident que nous touchons
là un principe qui dépasse largement la question de
l'assurance-maladie.
M. LAURIN: Ce serait un bon moment de l'introduire.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors, article 19, adopté?
M. BOSSE: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Adopté?
M. LAURIN: Quant à moi, j'enregistre ma dissidence
là-dessus, surtout sur la rétroactivité qui, }e pense,
devrait être incluse dans le projet de loi, en attendant qu'elle soit
incluse pour toutes les autres catégories de travailleurs.
M. LE PRESIDENT (Fortier): L'article 19 est donc adopté sur
dissidence du député de Bourget.
Article 20? Adopté? Adopté.
Article 21?
M. CLOUTIER (Montmagny): A l'article 21, je ne sais pas si le ministre a
des commentaires à faire avant que je prenne la parole.
M. CASTONGUAY: Merci. J'ai un petit amendement à proposer au
deuxième alinéa: II ne peut exiger ni recevoir pour de tels
services aucune autre rémunération que celle qui est payable par
la régie et qui est prévue à l'entente.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous faites disparaître le « lui
».
M. CASTONGUAY: On fait disparaître le « lui ». On peut
vous passer le texte, si vous voulez. C'est la troisième ligne. Les
légistes ont dit que ce serait plus élégant et plus
précis.
Pour le moment, je n'ai aucun commentaire.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, dans cette nouvelle
rédaction, on a fait disparaître le premier contrôle sur le
paiement, contrôle exercé par la régie. De la sorte, la
régie, sur réception d'un compte d'honoraires, n'a d'autre
alternative que de le payer. Par la suite, disons que je simplifie un peu, mais
après avoir franchi une étape, elle n'a pas d'autre choix, par
rapport à l'article 18, tel qu'il était ridigé au
début. On stipulait à ce moment-là: « Qu'il ait
fourni à la régie les renseignements prescrits et que sa demande
de rémunération ne soit pas abusive ou injustifiée, compte
tenu de la fréquence des services fournis aux personnes qui
résident au Québec, de leur nécessité et des normes
reconnues de pratique professionnelle. »
On fait donc disparaître toute cette section qui donnait un
contrôle à la régie sur le paiement. Est-ce que le ministre
a l'intention de négocier plutôt dans l'entente une partie de ces
contrôles ou est-ce que le ministre pourrait m'expliquer le motif de ce
changement?
M. CASTONGUAY: Si on regarde bien l'a-cien article 18, on liait le droit
à la rémunération, à toute une série de
dispositions. On disait: Un professionnel de la santé a droit
d'être rémunéré par la régie pour des
services assurés pourvu qu'il ait fourni à la régie les
renseignements prescrits, que sa demande de rémunération ne soit
pas abusive ou injustifiée, compte tenu de la fréquence des
services fournis aux personnes qui résident au Québec, de leur
nécessité et des normes reconnues de pratique professionnelle.
»
Alors, on niait un droit, même au fait qu'il ait rempli les
conditions, qu'il se soit conformé aux dispositions de l'entente, qu'il
ait fourni les renseignements. Le nouvel article 21 expri-
me uniquement le droit du professionnel au paiement, si les services ont
été rendus. Cela ne veut pas dire que le directeur de la
régie ou que la régie est obligé d'effectuer le paiement
immédiatement. Mais, la seule condition requise pour le paiement, ce
sont les services rendus. Après cela, on évaluera si les services
ont été réellement rendus. Le directeur de la régie
peut attendre, pour effectuer les paiements, que les formules aient
été remplies. Mais là, nous avons voulu distinguer deux
choses: Ce qui fait naître le droit et, après cela, les
contrôles, dans d'autres articles, et les dispositions qui peuvent
être imposées pour que les paiements soient effectués.
Alors, l'article n'a pour but que de bien préciser à quel
moment naît le droit. C'est la même chose dans bien d'autres
domaines; lorsqu'un service est rendu, le droit de rémunération
surgit ou se matérialise à partir du moment où le service
a été rendu. Cela ne veut pas dire que le paiement est
effectué immédiatement, cela ne veut pas dire que des
contrôles ne peuvent pas être effectués. Nous avons
distingué les deux choses ici.
M. CLOUTER (Montmagny): M. le Président, sur le même sujet
encore, je voudrais faire une comparaison avec le fonctionnement de la Loi de
l'assistance médicale. Est-ce que, à la Commission d'assistance
médicale, la commission par ses comités, n'exerçait pas
déjà ces pouvoirs, même si ce n'était pas reconnu
dans la loi. Je dis cela sauf erreur, je n'ai pas vérifié. Est-ce
que la commission elle-même n'exerçait pas déjà
cette première surveillance et ce premier contrôle sur le paiement
des réclamations des médecins?
M. CASTONGUAY: Oui. D'ailleurs le président ou le directeur
général de la régie, cet article-là ne
l'empêche pas de dire en tout temps: Je refuse qu'on paie, jusqu'à
ce qu'on m'ait produit tous les renseignements, qu'on m'ait prouvé que
c'étaient des soins nécessaires, qu'il n'y a pas eu d'abus,
etc.
M. CLOUTIER (Montmagny): II est arrivé à la Commission
d'assistance médicale de re-fuyer de payer des comptes d'honoraires
à leur face même, soit que le montant d'honoraires
réclamé ne cadrait pas avec la pratique générale
dans une région ou dans une telle spécialité en
particulier ou dans un tel secteur particulier. C'est pour cela que je faisais
une analogie avec le fonctionnement de la Commission d'assistance
médicale, qui, déjà, faisait une première
sélection, afin d'empêcher la mise en marche de certains autres
mécanismes qu'il serait inutile de déclencher à ce
moment-là.
M. CASTONGUAY: Le conseiller juridique du gouvernement nous mentionne
que lorsque l'article dit: « A droit d'être
rémunéré par la régie » cela ne signifie pas
que la régie est obligée de payer, tant qu'elle ne s'est pas
assurée que le paiement est justifié. Autrement, on aurait dit:
La régie paie pour des services assurés aussitôt qu'ils ont
été rendus.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: La radiation du mot « lui », M. le ministre, est-ce
que cela ne signifierait pas que, si deux médecins ont à soigner
consécutivement le même patient, qui a peut-être une
résultante ou une conséquence de la même maladie, ça
donnerait le privilège d'astreindre le paiement entier, si vous voulez,
à un seul barème fixe? En radiant le mot « lui », de
toute façon cela veut dire ici, à ce que je vois, que, même
s'il y avait deux professionnels de la santé ou trois peut-être,
sur un cas au moins, ils seraient compris tous dans un même cas au lieu
de recevoir chacun des honoraires pour le travail exact qui a été
exécuté.
M. CASTONGUAY: La régie va effectuer des paiements à des
individus, en vertu du tarif d'honoraires ou en vertu d'un système de
vacation. Lorsque, dans une procédure quelconque, plus d'un individu,
plus d'un professionnel est appelé, soit le tarif ou soit le
préambule va expliquer ce qui est dû à chacun.
Alors il n'y aura pas de paiement global fait à deux ou trois
individus pour une intervention et pour la division du montant entre eux. Cela
va être prévu dans la loi.
M. BOIS: C'est pour ça que vous demandez la radiation du
nombre.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Bourget.
M. LAURIN: En deuxième lecture, M. le Président, je
m'étais étonné que le projet de loi ne fasse pas mention
des modes possibles de rémunération pour les professionnels de la
santé et en particulier pour les médecins. Dans sa
réplique, le député de Louis-Hébert et ministre de
la Santé avait tenté de me mettre en contradiction avec le
programme du Parti québécois que je représente en disant
que j'avais bien peu parlé des tarifs.
M. CASTONGUAY: Beaucoup parlé de tarifs.
M. LAURIN: J'ai beaucoup parlé des tarifs pour le
représentant d'un groupe, qui, selon lui, dans le programme de son
parti, préconise le salariat pour les médecins. Je crois le
moment venu, je pense bien, d'apporter une clarification tout en renouvelant ma
demande que la loi soit peut-être plus explicite en ce qui concerne les
modes de rémunération des médecins.
Le programme du Parti québécois précise donc que
les médecins devraient être rémunérés sur une
base salariale. C'est un mot extrêmement important et que je vais tenter
d'expliquer par la suite. Cela n'implique pas que tous les médecins
soient à salaire, mais que tous les modes de rémunération
seront établis à partir d'échelles de salaires. On peut
donc suggérer trois modes distincts de rémunération. Le
salaire d'abord. Le gouvernement a déjà négocié une
convention collective avec les médecins qui sont à son emploi.
Cette convention prévoit des taux de salaire couvrant une semaine
normale de travail qui est de 32 1/2 heures, comme celle des autres
fonctionnaires d'ailleurs.
Aux échelles de salaires s'ajoutent ensuite des
bénéfices marginaux ou avantages sociaux. Je rappelle, pour
mémoire, que la convention est échue depuis septembre 1969 et
qu'elle n'a pas encore été renouvelée, ce qui explique un
peu mon insistance sur l'article 19 tout à l'heure. Les conditions du
renouvellement sont d'une importance capitale pour apprécier les autres
modes de rémunération qui seront négociés dans le
cas de l'assurance-maladie.
Deuxième mode, la vacation. Il s'agit d'un paiement en
règlement de tout compte fait au médecin pour une
demi-journée de travail ou, si l'on veut, pour une période de
trois heures quinze. Beaucoup de médecins travaillent dans plusieurs
hôpitaux ou bien encore combinent du travail en hôpital ou en
clinique avec une clientèle personnelle. La vacation présente
alors à ces médecins un mode de rémunération
commode. Le prix de la vacation est établi comme étant l/520e de
l'échelle de salaires négociée avec les médecins
salariés, plus la valeur monétaire de tous les
bénéfices marginaux ou avantages sociaux. Il va de soi que le
médecin qui fera plus de dix vacations par semaine, et donc plus de 32
1/2 heures de travail, peut gagner beaucoup plus que le médecin
salarié.
Le principe de la vacation et son mode d'établissement ont
été reconnus dans la convention collective signée il y a
plus d'un an par le gouvernement et les pneumologues. Il ne s'agit donc pas
d'un mode révolutionnaire ou inédit. La Fédération
des spécialistes, par le truchement du Dr Robillard, a assisté au
déroulement des né- gociations avec les pneumologues. De
même, les pathologistes se sont vu offrir la vacation, encore que, sauf
erreur, les négociations ont été suspendues au moment
où il est apparu que le gouvernement s'engageait dans la voie de
l'assurance-maladie. Enfin, il faudra vérifier si la vacation a
été établie à l'Institut médico-légal
de Montréal, ainsi qu'on l'avait proposé à son directeur,
le Dr Roussel.
Troisième mode, rémunération à l'acte
médical. C'est le seul auquel semble intéressé le
présent projet d'assurance-maladie. Un bon nombre de médecins
vont, dans le cas de l'assurance-maladie, travailler en cabinet, sans
surveillance administrative, au jour le jour. Il serait contraire à une
saine efficacité administrative que ces médecins reçoivent
un salaire. Ils doivent normalement être rémunérés
selon le nombre des actes médicaux qu'ils posent. Il s'agit cependant
d'établir une structure de prix des actes médicaux telle que le
médecin qui travaille normalement l'équivalent de 32 1/2 heures
par semaine, ou dix vacations, gagne à peu près ce que le
salarié ou le médecin à vacation gagnerait.
Pour ce faire, il faut, dans un premier temps, déterminer la
fréquence moyenne des actes posés dans chacune des
spécialités. Je sais que plusieurs associations aux Etats-Unis
ont déjà commencé à calculer cette fréquence
moyenne des actes posés dans chacune des spécialités. Cela
est essentiellement un travail de statistiques basé sur la Loi des
grands nombres.
Dans un deuxième temps, on établit, par exemple, en terme
d'unité, la pondération de chaque acte médical par rapport
à un acte de base. A ce sujet, la pondération déjà
établie par les médecins eux-mêmes, à l'occasion de
l'élaboration de leur tarif, semblerait être assez largement
utilisable, quitte à revenir sur certains de ces éléments
d'ordre administratif, comme, par exemple, l'évaluation des temps et des
modes de rémunération pour le déplacement entre le cabinet
du médecin et le domicile du patient, ce qui est inclus dans le tarif
mais qui ne doit pas intervenir dans les présentes discussions.
Dans un troisième temps, on détermine un montant d'argent
payé pour l'acte médical de base dans chacune des
spécialités. A partir des pondérations établies, la
valeur de tous les autres actes médicaux se trouve automatiquement
fixée. Compte tenu de la fréquence moyenne de chaque acte, la
rémunération totale, pour une semaine de 32 heures et demie, doit
alors être analogue à celle de dix vacations. Il va de soi que de
telles équivalences sont approximatives. On doit noter, en outre, que
tous les médecins n'ont pas à recevoir le même montant,
quelle que soit leur spécialité.
La convention collective du gouvernement, avec ces médecins,
prévoit déjà plusieurs échelles et la convention
avec les pneumologues prévoit plus qu'un seul taux de vacation. Il y a,
enfin, d'autres modes de rémunération selon certaines situations.
Par exemple, la rémunération de plusieurs catégories de
médecins, travaillant dans les hôpitaux, comporte, en plus des
honoraires professionnels, ce qu'il est convenu d'appeler des unités
techniques qui doivent en principe, servir à compenser les
activités de surveillance de médecins à l'égard,
par exemple, du personnel des laboratoires ou de l'outillage.
Les changements intervenus depuis quelques années dans la
qualité et l'efficacité de l'outillage, nécessitent la
remise en question de tout le système des unités techniques. Il
semblerait plus logique d'accorder à chaque médecin qui a des
responsabilités de surveillance ou d'enseignement dans les
hôpitaux, un salaire annuel correspondant à de telles tâches
et il s'ajouterait aux vacations. Toute rémunération aux membres
du personnel médical devrait être versée à celui qui
a effectivement fait le travail. Aucun versement des « pools » ne
devrait être toléré. La seule exception a trait aux
honoraires versés pour un traitement qui exige le travail conjoint de
plusieurs médecins.
Il peut arriver alors que la répartition des honoraires entre eux
présente des difficultés d'imputation. C'est un problème
d'ordre administratif que la régie devrait examiner avec un certain
soin.
Je laisse, pour un peu plus tard, le dernier paragraphe. Tout ceci,
simplement pour indiquer la nécessité, en ce domaine, d'un projet
global. Il paraît très difficile de concilier la Loi de
l'assurance-hospitalisation avec la Loi de l'assurance-maladie, puisque les
deux ont trait quand même aux services de professionnels de la
santé qui travaillent selon des modes différents, des modes
variables; il nous semble qu'en ce domaine une souplesse est nécessaire,
de même qu'une concertation est nécessaire.
Je me demande s'il serait possible d'établir ici des articles de
concordance entre la Loi de l'assurance-hospitalisation et la Loi de
l'assurance-maladie pour prévoir justement cette variabilité dans
le mode de rémunération.
M. CASTONGUAY: M. le Président, sur cette question, je crois que
l'on touche justement, d'une part, des aspects qui doivent faire l'objet de
négociations. Il est dit, d'ailleurs si l'on regarde le texte, que dans
certains cas, le salariat peut s'appliquer; dans certains autres cas, la
vacation est plus adaptée, dans d'autres cas des honoraires à
l'acte professionnel, dans certains cas aussi, cela peut être une
combinaison des deux et des trois, même. C'est un aspect de la
question.
L'autre aspect touche à une politique de
rémunération du gouvernement, c'est-à-dire faire la
concordance, comme le député de Bourget l'a dit, entre les
rémunérations payables en vertu d'une, deux ou trois lois; il y a
même plus que l'assurance-hospitalisation. Il faudrait probablement
toucher aux unités sanitaires, toucher aussi à certains autres
secteurs, comme les médecins fonctionnaires, au service des
ministères mêmes.
Je ne crois pas que cette politique doive faire l'objet de mesures
législatives, tout comme la politique salariale qui avait
été élaborée par l'ancien gouvernement, sous les
conseils d'un économiste, dont on peut même retrouver le style
ici, ne faisait pas l'objet de dispositions législatives.
Ce que je voudrais ajouter, c'est que nous avons voulu retenir ces
aspects dans la préparation des dossiers pour la négociation.
C'est pourquoi le texte de loi parle de rémunération, de telle
sorte qu'on n'est pas lié uniquement au système d'honoraires
à l'acte, mais que, lorsque approprié, il soit possible
d'envisager le salariat ou la vacation.
Dans la préparation du dossier, je puis vous assurer que nous
avons été très conscients du fait qu'il faut garder un
équilibre, même si c'est une situation nouvelle dont nous
héritons. Ce n'est pas une question d'ancien ou de nouveau gouvernement.
C'est une situation où les niveaux de rémunération se sont
développés selon des forces de marché plus ou moins
régulières; en tout cas, un système de pratique libre.
Nous sommes très conscients de cette nécessité
d'équilibrer les rémunérations entre les catégories
diverses et aussi de développer des équivalences, de tenir compte
des divers facteurs dont on doit tenir compte.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais simplement
ajouter, après l'exposé du député de Bourget et la
réponse du ministre de la Santé, que déjà tous ces
modes de rémunération ont fait l'objet de discussions au
ministère de la Santé, particulièrement par mon
collègue, le député de Dubuc, qui, à ma demande,
s'occupait de très près du secteur des négociations. Nous
avions des rencontres fréquentes avec les négociateurs, avec le
bureau des relations de travail des ministères de la Santé et du
Bien-Etre. Ce sont des principes de base, justement, dont nous avons eu le
plaisir et l'avantage de discuter avec cet économiste dont parlait le
ministre de la Santé, il y a un instant, de sorte que nous retrouvons
ici des choses qui ne nous surprennent pas et qui ont fait l'objet,
déjà,
d'un travail préliminaire. Je crois bien que ce travail a
été poursuivi par la table des négociations.
Sans être témoin des négociations, je crois bien que
c'est dans ce cadre-là, avec toutes ces possibilités, que les
discussions se font à la table des négociations.
M. LE PRESIDENT (Fortier): L'honorable député de
Dubuc.
M. BOIVIN: Dois-je comprendre, M. le ministre, que le deuxième
paragraphe élimine tout supplément d'honoraires ou
complément d'honoraires?
M. CASTONGUAY: Oui. Pour que ce soit encore plus clair, à
l'article 22 j'ai un amendement à proposer, lequel va vous être
distribué, pour que les suppléments ou compléments
d'honoraires soient défendus ou prohibés, aussi bien au plan du
professionnel qu'au plan de l'entente.
M. BOIVIN: Les médecins qui seront désengagés et
qui retireront 75%, cela n'éliminera-t-il pas pour eux aussi le
supplément d'honoraires?
M. CASTONGUAY: Non, parce qu'ils seront désengagés, donc,
ils ne recevront rien de la régie. Les 75% seront versés au
patient. Le médecin pourra aller chercher plus, s'il le peut.
M. LE PRESIDENT (Fortier): L'honorable député de
Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, c'est en rapport avec l'intervention
de l'honorable député de Bourget. Nous ne comprenons pas trop
bien ce que ce programme de rémunération, sur une base de
salaire, a à voir avec l'article 21. Néanmoins, étant
donné que vous avez permis que nous en discutions à ce moment-ci,
permettez-nous d'expliquer que nous ne sommes pas tout à fait d'accord
avec ce genre de rémunération.
En fait, cela vise, si nous comprenons bien, à faire des
médecins des fonctionnaires, tout simplement. Evidemment, cela
contribuera à détruire l'initiative privée. Pour ce qui
est de la rémunération, nous croyons que cela devrait se discuter
à l'article de la rémunération, où on parlait de
négociations, tantôt. De toute façon, à notre avis,
étant donné qu'on en a parlé un peu, les médecins,
actuellement, sont rémunérés suivant le travail qu'ils
font, à la pièce.
Ils gagnent, en fait, pour ce qu'ils ont travaillé. Evidemment,
par cette intervention on parle de changer le statut. Je ne vois pas quelle
différence il y a entre un médecin qui devait donner des services
avant l'assurance-maladie et un médecin qui donnerait des services
après l'assurance-maladie. Ce sera le même travail.
Ce n'est pas parce qu'il sera payé par là Régie de
l'assurânce-maladie qu'on devra changer sa façon d'être
payé. Quand il était payé par le patient lui-même ou
par les assurances privées, il était payé de la
façon conventionnelle connue aujourd'hui. Alors je ne vois pas pourquoi
on profiterait d'une loi sur l'assurance-maladie pour remettre en question sa
façon de se faire rémunérer.
M. CASTONGUAY; M. le Président, si vous me permettez quelques
commentaires. Avec l'évolution, l'organisation des services de
santé, les modes de rémunération ont évolué.
Nous retrouvons aujourd'hui un certain nombre de médecins qui sont
rémunérés à l'acte. Ce sont, de façon
générale, les médecins de famille, les omnipraticiens en
pratique individuelle, ce sont également les spécialistes qui
pratiquent soit en cabinet privé ou à l'hôpital. Vous avez
également des médecins qui sont rémunérés
sur une base d'unité: par exemple, les radiologistes, les pathologistes.
Vous avez également d'autres catégories qui sont
rémunérées sur une base de vacation, c'est-à-dire
tant pour trois heures et demie, trois heures et quart. Ce sont des
catégories de professionnels dont le travail ne prend pas
nécessairement la forme d'un acte précis, tel que le psychiatre.
Vous avez également des médecins qui sont
rémunérés à salaire: les médecins qui
travaillent dans les unités sanitaires, par exemple.
Alors ces modes de rémunération se sont adaptés ou
ont été adaptés aux conditions de pratique, aux conditions
d'exercice. Ce n'est pas l'intention du gouvernement, dans les
négociations, de modifier les modes de rémunération, sauf
qu'au cours des années, à mesure que l'évolution dans
l'organisation des services de santé va se faire, il se pourrait que le
nombre de médecins rémunérés à l'acte, ou
les médecins rémunérés à la vacation ou ceux
encore dans l'enseignement parce qu'aujourd'hui, un grand nombre de
médecins, dans l'enseignement, acceptent d'être
rémunérés à salaire, bien que les actes qu'ils
posent soient payés à la corporation qui les engage à
l'acte alors ce n'est pas l'intention du gouvernement, dis-je, de
modifier, de forcer quelqu'un à adopter un nouveau mode de salaire, mais
plutôt de prévoir un ensemble de possibilités, de telle
sorte
que le médecin, selon les conditions dans lesquelles il pratique,
choississe le mode qui est le plus approprié.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: En fait, c'est ce que nous avions compris, M. le
Président. Evidemment, dans mon intervention, il ne s'agissait pas de
changer les modes de rémunération de ceux qui sont
déjà des salariés parce qu'on comprend qu'il y a plusieurs
catégories. Alors nous ne voudrions pas que les modes de
rémunération à l'acte, qui existent actuellement, changent
non plus.
M. CASTONGUAY: Sauf, s'ils choississent eux-mêmes.
M. SAMSON: Evidemment.
M. LAURIN: M. le Président, si le député de
Rouyn-Noranda avait écouté mon intervention, il aurait compris
que c'était exactement l'esprit de mes propos. Je ne proposais pas du
tout un changement aux modes de rémunération actuels, je
demandais simplement que la loi fasse allusion à ces différents
modes de rémunération en vue de préparer une coordination
éventuelle des diverses lois qui traitent du problème de la
rémunération.
M. SAMSON: M. le Président, je voudrais souligner que je
comprends mieux le député de Bourget quand il parle moins
longtemps.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors article 21 adopté?
Adopté.
UNE VOIX: C'est un intellectuel.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors article 22?
M. BOSSE: ... un intellectuel.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors le ministre a un amendement: remplacer
l'article...
M. CASTONGUAY: Voici la raison pour laquelle, à l'article 22, il
y a une proposition d'amendement. Les fonctionnaires de la régie,
à l'examen des dispositions du projet de loi et je crois qu'on
retrouvait cette disposition dans l'ancien bill également...
M. CLOUTIER (Montmagny): Exactement.
M. CASTONGUAY: ... ont vu le danger suivant; c'est qu'un professionnel
qui pourrait travailler à honoraires, disons, une partie de son temps,
soit empêché par l'article 22, dans sa formulation originale, de
passer une entente pour une autre partie de son activité, le soir par
exemple, alors qu'il peut fort bien partager son activité entre deux
types de services et des rémunérations différentes. La
portée du nouvel article 22 est exactemet la même, sauf qu'on a
voulu éviter cette complication qui nous avait été
soulignée par les fonctionnaires de la Régie de
l'assurance-maladie.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors, est-ce que l'article 22...
M. BOIVIN: Est-ce qu'un député, par exemple, pourrait
pratiquer, signer son contrat avec l'assurance-maladie, et retirer, par
ailleurs, un salaire.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors, l'article 22 modifié, tel que
modifié est adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): II ne sera pas question de négocier les
suppléments d'honoraires à la table des négociations, avec
un article aussi précis que celui que l'on vient d'adopter.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Article 22 modifié, adopté.
Article 23. Adopté. Article 24. Adopté. Article 25.
Nécessité d'informer le patient
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, nous nous sommas
entendus, à la séance de cet après-midi. L'ancien article
du projet de loi, l'article 17, obligeait le médecin à fournir
les services à son patient et à l'avertir de son
désengagement. Nous nous sommes entendus, le ministre de la Santé
et moi, pour qu'il y ait une disposition à l'effet que la
réglementation pourvoie à un mode d'information. Mais est-ce que
nous n'avions pas dit, à ce moment-là, qu'on pourrait inclure une
disposition à cet effet dans la loi en se référant aux
règlements? Est-ce que l'on ne pourrait pas laisser en suspens cet
article, quitte à penser à un à rédaction
possible?
M. CASTONGUAY: Est-ce que vous seriez d'accord, quant à cet
article qu'on dise qu'il y a une certaine obligation, pour le professionnel, de
rendre public le fait qu'il est désengagé, mais pas par un mode
fixé dans la loi, étant donné que plusieurs modes peuvent
être prévus; et
les divers modes qui pourraient être utilisés pour informer
la population pourraient être prévus dans les règlements.
Est-ce que cela irait?
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord. M. LE PRESIDENT (Fortier):
Adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, la formulation finale pourrait
être réservée jusqu'à demain.
M. CASTONGUAY: On va demander aux conseillers juridiques.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors, l'article 25 est réservé
pour formulation nouvelle.
M. CASTONGUAY: Accepté sous réserve.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Sous réserve d'une nouvelle
formulation. Article 26. Adopté.
Droit au paiement
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est un nouvel article qui n'était pas
dans l'ancien projet; il n'y avait pas de dispositions semblables.
M. CASTONGUAY: C'est pour éviter ici que certaines
catégories de professionnels, qui pourraient se réclamer de leur
pouvoir de poser des actes couverts par la loi, réclament, de la
régie, des paiements. C'est pour que ce soit clair, que seuls ceux qui
ont signé des ententes, qui sont définis comme étant des
professionnels de la santé au sens de la loi, peuvent demander une
rémunération.
M. CLOUTIER (Montmagny): Nous avions entamé la discussion sur ce
sujet, à l'article 1, au moment où nous avons demandé au
ministre si des actes posés par d'autres professionnels de la
santé, tels que les infirmières, sous la surveillance d'un
médecin, ou par des internes et des résidents à
l'intérieur des hôpitaux, sous la surveillance d'un patron, si ces
actes-là étaient couverts par le régime de
l'assurance-maladie. Et le ministre nous a donné une réponse
négative. Il faut que l'acte lui-même soit posé par le
professionnel de la santé couvert par le régime.
De toute façon, le ministre a souligné, avec raison,
à ce moment-là, que cela a créé des
inconvénients parce que cela pouvait amener un mauvais partage des
tâches. Je ne sais pas si je vais plus loin que lui, il me corrigera de
toute façon, mais il existe certainement ce dan- ger que des
professionnels de la santé accomplissent certaines tâches qui
pourraient être confiées à d'autres collaborateurs et que
ces actes aient la même qualité. Est-ce que le ministre aurait un
commentaire à faire?
M. CASTONGUAY: Je souris parce que vous dites que j'avais dit «
avec raison » et vous revenez sur un point. Je sens qua vous le faites
parce que cela peut, dans votre esprit, faire un peu mal.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je n'avais pas
d'arrière-pensée.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Est-ce que l'article 26 est adopté?
Adopté. Article 27.
Prescription des comptes
M. CLOUTIER (Montmagny): Quelle est l'expérience de l'assistance
médicale au sujet de la prescription des comptes? On dit ici: « Le
recours contre la régie en paiement ou en remboursement du coût
des services assurés se prescrit par deux ans à compter du moment
où chaque service assuré est fourni. » Est-ce qu'il y a des
réclamations à la commission de l'assistance médicale qui,
après une période de deux ans, n'avalent pas trouvé de
solution? Dans le cas où il y a eu des différends, où la
convnission d'appréciation des relevés d'honoraires est
entrée en fonction avec demande d'avis au Collège des
médecins, est-ce qu'il est resté des dossiers qui
n'étalent pas réglés?
M. DESPRES: A ma connaissance, il n'y en a pas qui ont
dépassé deux ans. Pour ce qui est de la prescription, il faut
bien noter que ça donne deux ans aux professionnels de la santé
pour produire un relevé d'honoraires. Toutefois, s'il y a un
différend, il y a une autre disposition à la section des
commissions d'appréciation des différends, qui fait que la
prescription cesse tant et aussi longtemps qu'une recommandation, qu'une
décision n'est pas intervenue à l'égard du relevé
d'honoraires qui est considéré comme litigieux.
M. LE PRESIDENT (Fortier): L'article 27 est-il adopté?
M. BOSSE: M. le Président, je voudrais faire remarquer que
l'article 27 est très large, si on le compare, par exemple, au secteur
du travail, où les griefs sont prescrits lorsqu'il y a des
réclamations par six mois. Je voulais tout simplement faire la remarque
qu'ici, c'est
très large. Il serait peut-être souhaitable qu'on retrouve
ça au niveau du travail.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Adopté? UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Fortier): L'article 27 est adopté. L'article
28?
Appréciation des différends
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a plusieurs articles qui sortent sur le
même sujet. Il nous arrivera probablement, comme nous l'avons fait aux
articles 11, 12, 13 et 14 de faire référence à l'un ou
l'autre article au cours de cette discussion. De toute façon, j'aimerais
poser une question au ministre de la Santé avant que nous entamions ce
sujet des commissions d'appréciation des différends qui comporte
tout de même des différences avec l'ancien projet de loi.
D'ailleurs, le ministre l'a expliqué dans son discours de
deuxième lecture, il a eu l'occasion d'y revenir lors de certaines
déclarations et de rencontres télévisées. Est-ce
que le ministre aurait une explication ou un exposé de la situation, de
la proposition, globalement?
J'avoue que tous ces articles qui réfèrent à
différents comités sont assez complexes. Pour le
bénéfice de tous les membres de la commission, comme nous l'avons
fait dans une section précédente, avant d'engager la discussion
afin de faire véritablement des observations exactes, le m'-nistre
peut-il nous donner une description de ces différentes commissions et de
leur fonctionnement.
M. CASTONGUAY: Je vais essayer d'être bref. Comme vous l'avez dit,
Je vais m'en tenir aux grandes lignes des aspects les plus importants de la
question. Nous aurons d'ailleurs l'occasion de passer sur les modalités
au fur et à mesure que nous étudierons les articles. Je l'ai
mentionné plus tôt, ce soir ou cet après-midi, la
régie, ou son directeur général, a le droit de refuser le
paiement pour un service assuré, lorsqu'elle Juge qu'elle n'a pas les
renseignements nécessaires ou encore que les services n'ont pas
été rendus conformément à l'entente. Pour toutes
raisons où elle a lieu de juger qu'elle ne doit pas payer, la
régie ou son directeur général peut refuser le
paiment.
A partir de ce moment-là, le professionnel de la santé
peut fort bien se plier à cette décision. On ferme le dossier,
l'affaire est finie. Ou le professionnel de la santé peut dire: Je
n'accepte pas cette décision de la régie, je soumets mon cas
à la commission d'appréciation des différends. La
com-nission d'appréciation des différends va étudier le
dossier. Si, dans son étude, elle juge que le dossier n'est pas complet,
elle peut demander des renseignements additionnels à la
régie.
On n'a pas voulu; on a cru que cela serait alourdir le système,
étant donné qu'il s'agit uniquement de déterminer si un
paiement devait être fait ou pas fait, et que la régie va
être équipée poux" faire les enquêtes
nécessaires. On a cru que cela serait alourdir le système que
d'ajouter à ces commissions d'appréciation des différends
du personnel qui ferait des enquêtes lui-même. Si elles demandent
à la régie d'autres renseignements, la régie les obtient
et elle les communique à la commission d'appréciation des
différends. Si la commission dit: La régie était
justifiée de ne pas payer, le président de la régie ou le
directeur général va nécessairement maintenir sa
décision. Si la commission dit: Le paiement à notre avis,
après étude du dossier était justifié, le
directeur général a deux choix, payer ou encore
réévaluer sa décision et payer ou encore maintenir sa
décision originale. C'est une commission qui apprécie les
différends qui pourraient se produire entre la régie et les
professionnels quant aux paiements. Si, après ces recours, le
professionnel croit toujours qu'il a droit aux paiements et que l'entente qui a
été signée prévoit un conseil d'arbitrage, il peut
porter son cas à ce conseil d'arbitrage, et ce conseil d'arbitrage
prendra une décision qui sera définitive. La régie peut
faire de même. Si elle a payé, par exemple, à un
professionnel et qu'à un moment donné elle recueille des
renseignements qui lui montrent qu'elle n'aurait pas dû payer, ou encore,
lorsqu'en appréciant le profil pratique d'un professionnel, elle croit
que, dans certains cas, elle n'aurait pas dû payer, elle peut soumettre
son cas à la commission d'appréciation des différends.
Encore là, on suit le même processus.
Il y a aussi deux autres questions qu'il faut toucher ici, je crois.
Tout d'abord, on nous dit: Comment se fait-il qua ces commissions sont
composées de représentants de la régie et de
professionnels et qu'elles ne sont pas des commissions purement paritaires?
Comme ce sont des commissions qui apprécient et qu'il s'agit de faire un
travail objectif, mais aussi un travail qui aille de l'avant, je crois, pour ma
part et ç'a été la position que nous avons
adoptée, qu'il est bon qu'il y ait un président, une
partie indépendante, que les deux parties soient
représentées, que les cas soient étudiés et qu'il y
ait possibilité d'en arriver à une majorité, surtout
avec la présence d'une partie indépendante, plutôt
que de toujours avoir deux partis qui s'affrontent.
Un autre aspect de cette question est de savoir pourquoi les
bénéficiaires du régime ne peuvent pas faire appel
à ces com missions d'appréciation des différends. Elle ne
sont pas formées pour cette raison-là. Si un
bénéficiaire du régime n'est pas satisfait des services
qu'il reçoit, il peut y avoir deux ou trois raisons, et il y a deux ou
trois recours. Il peut d'abord communiquer avec la régie. Si la
régie dit : Cela me regarde je ne sais pas dans quelles
circonstances, parce que la régie voit à payer les professionnels
la régie peut de toute façon intervenir au besoin. Il y a
le cas des professionnels désengagés, où le patient aura
été remboursé de 75% peut-être pour un mauvais acte
ou un retard, mais où le patient a la faculté d'en appeler
auprès de la régie pour que sa décision soit
reconsidérée. Je crois que c'est un mécanisme normal. Nous
recevons assez de lettres au ministère pour le voir. Le patient peut
également s'il croit que le professionnel n'a pas agi
conformément à des normes de pratique acceptable saisir la
corporation qui régit ce professionnel, comme cela se fait
présentement. Il peut se plaindre des services qu'il a reçus et
il n'y a rien qui l'empêchera de le faire. Enfin, il peut communiquer
avec le ministère de la Santé, comme il le fait aussi
présentement dans certains cas.
Il y a aussi un autre aspect. Lorsque la com-m is s ion
d'appréciation des différends, dans l'étude d'un cas,
s'aperçoit qu'il y a des aspects qui pourraient toucher à la
déontologie ou à un cas d'activité professionnelle
à la discipline d'un membre, il peut saisir le collège du cas et
attendre; il est obligé d'attendre, étant donné qu'il y a
une partie du dossier qui est soumise à un autre organisme, avant de
rendre sa décision. De toute façon, pendant ce temps, le patient
n'en souffre pas, il a reçu les soins. Le collège va porter son
jugement et fera part de sa conclusion à la com-mission
d'appréciation des différends et la commission pourra, à
l'aide de cet avis du collège, donner son propre avis. De la même
façon la régie pourra saisir le collège d'un cas tout
comme n'importe quel individu peut le faire, le recours au collège reste
libre, on ne l'empêche pas.
La seule différence, la grosse différence que nous avons
voulu apporter ici, par rapport aux commissions de surveillance de l'ancien
projet de loi, est que les commissions de surveillance, d'abord, étaient
composées majoritairement de représentants des
fédérations ou des associations et on croit que les gens
étaient alors juges et parties dans une certaine mesure. Même si
ces commissions de surveillance pouvaient suspendre l'application du
régime professionnel, c'est le genre de sanction qui nous apparaît
devoir appartenir au collège et être lié plutôt au
caractère de l'activité professionnelle.
J'ai essayé de faire un tour aussi complet sans entrer dans les
modalités et j'espère que c'était assez précis.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, M. le Président; je remercie le
ministre de cet exposé clair au sujet de la section 4 et des
différents paliers de contrôle et de surveillance. Nous nous
étions entendus au début de la séance à savoir que
la discussion serait réservée aux membres de la commission. Mais,
je serais tenté, si c'était là votre consentement, M. le
Président, et le consentement des membres de la commission, de poser, au
représentant du Collège des médecins, le Dr Roy, deux
questions, non pas pour faire une intervention dans le cours de la discussion,
mais pour obtenir des renseignements.
Le ministre de la Santé a fait allusion aux possibilités
qu'a le public de faire des représentations quant à certains
aspects des réclamations, quant à la déontologie, quant
aux services rendus par certains médecins. Je voudrais demander au Dr
Roy s'il y a fréquence d'interventions, auprès du Collège
des médecins, de la part des citoyens et quels sont, à
l'intérieur du collège, les mécanismes spéciaux qui
peuvent répondre à telle demande. Cela est un aspect
extrêmement important de la discussion, parce que on a mis en doute et on
discute beaucoup du pouvoir des corporations professionnelles quant à la
discipline qu'elles exercent sur leurs membres, aussi je pense qu'il est
important de savoir ce que le public peut avoir comme recours auprès du
Collège des médecins. M. le Président, est-ce que ma
question...
M. LE PRESIDENT (Fortier): Dans la mesure ou nous n'aurons, du
représentant du Collège des médecins et chirurgiens, que
des réponses. Posez des questions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pas de plaidoyer. C'est une information que je
demande.
M. ROY: M. le Président, nous tenons des statistiques et nous
avons environ 800 plaintes écrites par année. Ce chiffre ne tient
pas compte des plaintes téléphoniques ou verbales. Des plaintes
écrites, qui font chacune l'objet d'une enquête, un pourcentage
d'environ 75% représente des plaintes concernant des honoraires. Quant
au reste, ce sont des plaintes concernant la déontologie et la pratique
professionnelle. Certaines
de ces plaintes sont réglées à l'amiable, d'autres
sont référées au conseil de discipline qui, lui, est un
tribunal qui juge sur la qualité de la pratique du médecin et sur
les actes qu'il a posés.
M. CLOUTIER (Montmagny): Un conseil de discipline qui, à
l'intérieur du Collège des médecins, se prononce sur les
cas spéciaux que vous avez mentionnés, dans le cas où la
qualité de l'acte professionnel ou l'activité
professionnelle...
M. ROYi C'est le seul qui ait autorité pour prendre une
décision exécutoire, donc, qui puisse faire appel devant les
tribunaux, une décision exécutoire, en ce qui concerne le conseil
de discipline. Le comité de conciliation, qui examine les plaintes en
premier ressort ne fait que des recommandations et laisse les deux parties
essayer de s'entendre. Evidemment, c'est surtout, à ce moment-là,
une espèce de poids moral que le collège a, sur ses membres, les
inciter à diminuer leurs honoraires compte tenu de l'individu, de sa
famille, de ses possibilités de payer.
Quand paraît une question de déontologie ou de pratique
médicale, de comportement du médecin, c'est le conseil de
discipline qui en est saisi.
M. CLOUTIER (Montmagny): Une dernière question, Dr Roy, est-ce
qu'il y a augmentation dans la fréquence des cas soumis au
Collège des médecins, au cours des dernières
années?
M. ROY: Le nombre total est environ le même: 750 et 800. Mais la
distribution des plaintes est différente. Depuis les deux ou trois
dernières années, on note plus de plaintes concernant la pratique
professionnelle comme telle, et moins de plaintes concernant les honoraires.
Beaucoup de plaintes concernant les honoraires sont réglées
verbalement, au téléphone, par des informations que des
employés du collège donnent aux malades en leur disant quoi faire
pour résoudre le problème. On insiste davantage sur les plaintes
concernant la pratique médicale du médecin, pensant que c'est
là notre rôle propre, qui est de vérifier la qualité
de la pratique médicale.
M. CLOUTIER (Montmagny): Merci, docteur.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Je remercie le Dr Roy des renseignements
qu'il a fournis. Le député de Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, pour éclaircir
davantage la déclaration du médecin, est-ce que je pourrais
demander, au sujet surtout de la déontologie, combien de plaintes sont
trouvées valables, et combien de médecins perdent leur droit de
pratique, en moyenne, annuellement? Comme résultat de ces plaintes,
combien de médecins perdent leur droit de pratique temporairement ou
d'une façon définitive?
UNE VOIX: On n'a pas compris votre question. Est-ce que vous pourriez la
répéter?
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, si vous voulez bien me
permettre de répéter. J'aimerais savoir combien, en moyenne,
annuellement, de ces plaintes sont fondées, et comme résultat,
combien de médecins perdent, en moyenne, annuellement, leur droit de
pratique de façon temporaire, ou définitive.
M. ROY: Environ de 20 a 25 médecins sont traduits devant le
conseil de discipline, sous plusieurs chefs d'accusation. Dans un cas, cela
peut aller jusqu'à dix ou quinze chefs d'accusation. Donc, de vingt
à vingt-cinq médecins sont traduits devant le conseil de
discipline annuellement. Beaucoup de plaintes sont, comme vous dites, toutes
fondées; mais beaucoup de plaintes, concernant des honoraires, qui sont
des honoraires raisonnables mais que le malade ne peut pas payer, sont
réglées soit par une diminution du montant, ou soit par
règlement total de la part du médecin.
M. SAINT-GERMAIN: Mais combien de médecins perdent leur droit de
pratique temporairement ou annuellement, ou définitivement, en moyenne,
par année?
M. ROY: A peu près une dizaine.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Dorion.
M. BOSSE: Ma question ajoutait un peu plus...
M. SAINT-GERMAIN: De toute façon, si on voulait, M. le
Président, poser les mêmes questions au représentant du
Collège des optométristes, je pense bien qu'on ferait la
même chose, on répondrait honnêtement.
M. LAURIN: Ma question s'adressait aussi au président du
collège et ajoutait peut-être à la question du
député précédent. Sur le plan déontologique,
combien y a-t-il eu de cas où le collège a pris des mesures
disciplinaires? Cela
dépasse... je fais une distinction. Perdre le droit de pratique
et être discipliné, je fais une distinction. C'est plus large.
M. LE PRESIDENT (Fortier): C'est la dernière question
relativement au Collège des médecins, touchant l'article 28.
M. ROY: On va nous tenir sur le qui-vive toute la soirée,
autrement. Perdre le droit de pratique, c'est dix; mais cela peut être
pour des périodes différentes. Cela peut être pour des
périodes d'un mois à deux ans, ou à cinq ans. Il faut dire
évidemment que le médecin peut aller en appel devant les
tribunaux. On a actuellement trois médecins qui sont en appel depuis
à peu près deux ans, et qui ont toujours le droit de pratique
parce que la sentence est en appel. Mais, en plus de cela, il y a
évidemment, des avis, des réprimandes, des recommandations qui
sont faites par l'exécutif du collège ou moi-même, lorsque
je suis mandaté, pour des cas de déontologie mineurs, des cas de
comportement mineurs.
M. BOSSE: Je m'excuse, on n'a pas répondu à ma question.
J'ai posé la question: Dans combien de cas y a-t-il des mesures
disciplinaires prises par le collège annuellement?
M. ROY: Environ 20 ou 25 médecins sont cités devant le
conseil de discipline, une dizaine perdant leur droit de pratique; il y en a
qui sont acquittés, il faut dire cela aussi.
M. BOSSE: Les cas de recyclage, par exemple?
M. ROY: ... et les réprimandes verbales: une cinquantaine.
M. BOSSE: Merci.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de
Louis-Hébert.
M. CASTONGUAY: J'aurais simplement un point à ajouter pour la
bonne compréhension des articles, étant donné, comme le
soulignait le député de Montmagny, que ces articles de 28
à 40 forment un ensemble. J'ai des amendements à proposer aux
articles 36, 37 et 39, de telle sorte que ces amendements ont tous pour effet
d'améliorer, d'accélérer le fonctionnement, simplement au
plan des modalités. Ces amendements vous seront distribués.
M. CLOUTIER (Montmagny): Après avoir fait une discussion
générale de cette section, nous pourrions maintenant
procéder article par article et le ministre pourrait nous
présenter les amendements en temps opportun. Avant de prendre l'article
28, je voudrais également demander au ministre de la Santé si,
outre tous les recours qu'on a mentionnés de la part des citoyens, il y
a aussi si c'est exact le recours au protecteur du citoyen en
dernier ressort.
M. CASTONGUAY: Pas à ma connaissance. Présentement, la Loi
du protecteur du citoyen n'a pas cette portée. Pour le recours au
protecteur du citoyen, en ce qui a trait à l'assurance-maladie, il
faudrait modifier la Loi du protecteur du citoyen.
M. CLOUTIER (Montmagny): La loi ne dit-elle pas que tout l'appareil
gouvernemental et les régies gouvernementales... Dans ce sens-là,
cela ne serait pas déjà compris? Si ce n'était pas le cas,
M. le Président, je pense qu'il faudrait prévoir ce
mécanisme. Je crois que ce point serait un des seuls où le
protecteur du citoyen ne serait pas habilité à agir.
M. CASTONGUAY: Je m'excuse, je croyais que vous parliez au plan de la
distribution des services.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non.
M. CASTONGUAY: ... parce que les patients vont plutôt avoir
affaire aux professionnels. En ce qui a trait à la régie, on me
dit que la Loi du protecteur du citoyen comprend cette régie.
M. CLOUTIER (Montmagny): En ce qui concerne la réclamation du
patient, quand il n'est pas satisfait des décisions rendues.
M. LAURIN: Je voudrais faire deux dernières remarques
générales. Il est bien sûr que les différends au
sujet des honoraires ne sont pas tellement nombreux, la réponse que nous
avons entendue vient de l'attester. Mais il y a aussi le rapport de la
commission de l'assistance médicale de 1970 qui montre que la proportion
n'est pas tellement forte, puisque, sur 510,158 relevés d'honoraires, il
n'y a eu que 502 cas étudiés par la commission. Même en
1969, où il y a eu 1,251,867 honoraires, il n'y a presque pas eu
davantage de relevés d'honoraires étudiés.
Une deuxième remarque générale porterait sur la
complexité et la lourdeur du mécanisme d'appréciation des
différends. J'ai personnellement reçu plusieurs
représentations à cet égard dont je n'ai vu aucune mention
dans les journaux.
Le président de la Fédération des omnipraticiens
m'en parlait ce matin, le président de la Fédération des
spécialistes m'en parlait également. Je me demande, étant
donné qu'il est 21 h 40 et que nous n'aurons peut-être pas le
temps d'épuiser tout le sujet ce soir, s'il ne serait pas dans
l'intérêt des membres de la commission d'avoir une copie des
remarques faites à ce sujet par le président d'une des deux
fédérations, le Dr Robillard. Non pas que ce soient des
amendements mais tout simplement pour nous permettre de mieux nous rendre
compte de la situation, si par, hasard, la discussion dépassait 22
heures.
M. CASTONGUAY: J'ai étudié de façon assez
précise, aussi attentive que possible, les mémoires qui ont
été déposés. Malgré tout ce qui a
été dit en ce qui a trait à la lourdeur de ce
mécanisme, je ne crois pas que l'on ajoute tellement un mécanisme
lourd, si on tient uniquement compte du fait que, de la part du collège
ou des corporations professionnelles, le rôle n'est pas changé par
rapport à la situation présente.
Deuxièmement, en ce qui a trait à la régie, elle
prend ses décisions. C'est simplement dans les cas où il peut y
avoir objection de la part d'un professionnel qu'il s'engage dans le
mécanisme de la commission d'appréciation des différends
et qu'il peut aller en appel auprès du conseil d'arbitrage.
Je sais que ç'a été mentionné dans les
journaux, mais je ne crois pas que ce soit un mécanisme si lourd, dans
les cas où ç'a été mentionné à ma
connaissance, par certains éditorialistes par exemple. On n'avait pas
bien compris, à mon avis, dans la plupart des cas, le fonctionnement de
ces mécanismes.
Etant donné que le temps passe et que nous avons permis une
discussion très large sur des articles de fond, je proposerais qu'on
poursuive l'étude des articles. Si, à un moment donné, sur
un aspect particulier, on veut des renseignements additionnels ou poursuivre la
discussion, nous pourrions alors prendre le temps qu'il faut.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Une question du député de
Saint-Sauveur.
M. BOIS: M. le Président, elle est extrêmement
brève. Après des millions d'actes médicaux
exécutés dans cette province, vu le petit nombre de plaintes qui
sont rapportées contre les professionnels eux-mêmes, je constate
que nous avions encore raison dans notre point de vue, ce matin, à
savoir que les professionnels ne deviennent pas des salariés. Merci, M.
le Président.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Article 28, adopté? Adopté.
Article 29.
Composition des commissions
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, à l'article 29,
est-ce que le ministre pourrait nous dire quelle sera la compétence du
cinquième membre de cette commission? Etant donné qu'on
décrit" ce qu'il ne doit pas être, est-ce que le ministre nous
dirait ce que pourrait être cette compétence?
M. CASTONGUAY: Ici, si vous remarquez, nous avons un mécanisme
qui s'apparente passablement à celui de la commission de l'assistance
médicale. Dans le cas de la commission de l'assistance médicale,
les qualifications ou les critères guidant dans le choix du
cinquième membre ou du président n'étaient pas
indiqués, ceci a permis, à un moment donné, à un
médecin d'occuper le poste; ceci a permis aussi, à un autre
moment, à un comptable agréé, d'occuper le poste, si mes
renseignements sont bons. Ici, tout ce qui est dit, pour respecter le
caractère d'objectivité que doit avoir ce cinquième membre
ou ce président, c'est qu'il ne doit pas être un fonctionnaire ou
un employé du gouvernement ni un professionnel de la santé,
c'est-à-dire, pour éviter qu'il soit une partie liée dans
une certaine mesure ou que ses jugements soient affectés.
Je ne crois pas, étant donné que c'est une commission qui
va simplement donner des avis, qui n'a pas de pouvoirs de décision, que
ce doive être nécessairement un juriste ou un avocat. Je crois que
ça doit être, en tout premier lieu, une personne qui a un bon
jugement, qui est en mesure d'apprécier un dossier et qui a
peut-être une certaine connaissance technique au plan des assurances, de
telle sorte qu'il soit en masure d'apprécier les questions techniques
qui pourraient surgir au besoin. Mais, même là, ce n'est pas,
à mon avis, une exigence, parce que cette commission peut toujours faire
appel au personnel de la régie, si elle désire obtenir des
opinions de nature technique.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il pourrait arriver que les deux
fonctionnaires nommés sur la recommandation de la régie soient
des médecins?
M. CASTONGUAY: Oui, je le crois, il n'y a rien qui empêche cela.
Cela pourrait être des optométristes dans le cas des
optométristes,
des dentistes dans l'autre cas. n n'y a rien qui l'empêche.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais, dans le cas où il y a
déjà deux médecins nommés par les
fédérations des professionnels de la santé, s'il arrivait
que la régie nomme également deux médecins à cette
commission, nous aurions, à mon sens, une proportion peut-être
trop considérable de gens de la même discipline.
Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu d'apporter une certaine réserve
à ces cas? C'est une question que je pose, ce n'est pas pour soulever un
débat.
M. CASTONGUAY: Non, peut-être que, pour faire face à deux
médecins, la meilleure chose c'est d'en mettre deux autres. Le Dr Boivin
dit que c'est clair.
M. LAURIN: Est-ce que ce pourrait être un représentant des
centrales syndicales, ce cinquième membre, seulement par
hypothèse?
M. CASTONGUAY: Non. M. LAURIN: Non.
M. CASTONGUAY: Je crois que cela doit être une partie
indépendante. De telle sorte que... non, mais une partie
indépendante, vous venez de dire les centrales syndicales...
M. LAURIN: Bien, c'est-à-dire quelqu'un qui serait
nommé...
M. CASTONGUAY: Ah! excusez-moi, les centrales syndicales
ouvrières?
M. LAURIN: Oui, oui.
M. CASTONGUAY: Ah, excusez-moi. Rien n'empêche cela.
M. LAURIN: En somme...
M. CASTONGUAY: II agirait comme individu, à ce moment-là,
et non pas comme représentant d'une centrale syndicale.
M. LAURIN: Est-ce que, en somme, le choix est soumis au bon plaisir du
ministère?
M. CASTONGUAY: Du lieutenant-gouverneur en conseil.
M. LAURIN: Du lieutenant-gouverneur en conseil.
M. CASTONGUAY: Oui.
M. LE PRESIDENT (Fortier): L'article 29 est-il adopté?
M. LAURIN: M. le Président, il y a une autre question qui me
vient aussi à l'esprit, en même temps qu'une question
d'information. Est-ce qu'il n'y a pas danger d'un conflit
d'intérêt, si les deux représentants médicaux sont,
à la fois, en même temps, des représentations des
fédérations des professionnels de la santé? Est-ce qu'ils
ne peuvent pas être tentés d'intervenir en tant que
représentants de leur fédération, au lieu d'être
tentés d'intervenir en tant que membres de la profession
médicale?
M. CASTONGUAY: II s'agit là de questions touchant uniquement
à des honoraires. Il me semble donc que ce devraient être des
représentants des fédérations. Leur rôle est
d'apprécier les différends de telle sorte qu'on en arrive
à une application aussi équitable que possible de la loi. Si un
de ces représentants était appelé à juger un cas
où si c'est lui-même qui est en différend avec la
régie, j'en conviens, je pense bien qu'il faudrait qu'il se retire pour
cette occasion-là. Autrement, je crois qu'il est dans le
mécanisme que ce soient des représentants des
fédérations, tout comme cela devrait être, pour l'autre
partie, des représentants de la régie. Quant à
l'impartialité du président, si, à un moment donné,
le lieutenant-gouverneur en conseil nommait un cinquième membre
j'ai mentionné que, d'après moi, les critères les plus
importants, étaient la valeur de son jugement et son objectivité
et s'il ne s'avérait pas suffisamment objectif ou faisait preuve
d'un jugement un peu déficient, je crois que, immédiatement, les
parties en cause, s'il penchait trop souvent d'un côté ou de
l'autre, le feraient savoir. Si vous remarquez, les nominations ne sont pas,
à moins d'erreur de ma part, pour des périodes
indéterminées. Des nominations de ce genre peuvent donc
être révoquées au besoin.
Je pense que ce mécanisme offre les garanties pour que les
différends soient appréciés d'une façon aussi juste
que possible.
M. LAURIN: Je ne suis pas par ailleurs sans reconnaître
l'utilité, pour des représentants de la fédération,
d'être placés à ce point stratégique pour
étudier précisément l'évolution de la couverture du
système, les problèmes rencontrés; cela peut
sûrement leur permettre de faire à leur fédération
des suggestions très utiles, lors de la renégociation des
ententes. Mais je me posais quand même une question sur ce conflit
possible d'intérêt, de la même façon d'ail-
leurs que je pose encore une question, à savoir s'il est
préférable de prévoir, dans la composition de cette
commission d'appréciation des différends, des
représentants nommés par la régie plutôt que par le
ministère de la Santé.
M. CASTONGUAY: La régie est chargée de l'application de la
loi et, dans l'appréciation des différends, je crois qu'elle doit
avoir, tout comme les fédérations, sa voix au chapitre, de telle
sorte qu'on puisse débattre autour d'une table, de part et d'autre, ces
différends en présence d'un arbitre, le président.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Article 29, adopté? Adopté.
Article 30? Adopté. Article 31? Adopté. Article 32?
Adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): A l'article 32, c'est le personnel fourni par
la régie?
M. LE PRESIDENT (Fortier): Article 33?
UNE VOIX: D'accord.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Adopté. Article 34?
M. CLOUTIER (Montmagny): Un instant, M. le Président. H n'y a pas
d'amendement à l'article 34?
M. CASTONGUAY: Non.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Article 34, adopté? Adopté.
Article 35?
M. CASTONGUAY: Je ne voudrais pas prolonger la discussion sur l'article
34, mais on nous a demandé je ne sais pas si c'est ici ou aux
conseils... Non, c'est dans les conseils d'arbitrage; excusez-moi.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Article 34, adopté.
Article 35? Adopté?
M. BOSSE: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Adopté. Article 36?
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a un amendement à l'article 36.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Oui, à l'article 36...
M. CASTONGUAY: Voici un autre petit amendement qui a été
aussi suggéré par le collège. On dit: « Une
commission doit, si elle a des raisons de croire, en appréciant un
différend visé à l'article 34, qu'un professionnel de la
santé a agi contrairement aux normes de discipline... » On a
suggéré « déontologie » au lieu de «
discipline » . Alors, est-ce que l'on pourrait mettre: Les normes de
discipline, de déontologie ou de pratique professionnelle? Je ne sais
pas si discipline est différent de déontologie, mais on aurait
les deux et tout le monde serait content.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Article 36, adopté?
M. CASTONGUAY: Quant au premier amendement qui est proposé, on a
dit que saisir le bureau provincial de médecine, c'était un
mécanisme trop lourd, parce que le bureau provincial de médecine,
en vertu de sa loi corporative, ne peut déléguer. C'est la raison
pour laquelle on dit: Ou d'un comité qu'un tel bureau ou que ce
collège sont, par les présentes, autorisés à
constituer pour donner un tel avis. A la fin, on dit: « Un tel avis doit
être émis par un tel organisme dans les 90 jours de la demande qui
lui en est faite. » Il y a eu assez souvent des représentations
à l'effet que les collèges ou les corporations prenaient trop de
temps. Le Collège des médecins a lui-même proposé ce
délai de 90 jours et nous l'avons repris dans le texte,
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors, l'article 36, tel que modifié,
adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ne sais trop à quel article, mais
est-ce que le Collège des médecins n'avait pas demandé,
à un certain moment, d'avoir copie d'une décision ou d'un
jugement? Je ne sais pas s'il faut retoucher...
M. CASTONGUAY: C'est à l'article 39. M. CLOUTIER (Montmagny): A
l'article 39.
M. CASTONGUAY: On a été d'une souplesse fantastique!
M. LE PRESIDENT (Fortier): Article 37, adopté?
M. CASTONGUAY: A l'article 37, il faudrait ajouter une virgule à
la cinquième ligne, après le mot « obtenir ».
M. LAURIN: J'aimerais revenir un instant à l'article 36 pour une
question. Dans l'avis que le bureau de médecine doit donner, soit par
son comité ou autrement, il est bien entendu que le comité peut
convoquer le médecin, mais aussi le patient, au besoin?
M. CASTONGUAY: Les procédures, selon les diverses lois
corporatives, pour l'audition de ces cas, sont celles qui s'appliquent. Est-ce
que ces collèges peuvent faire venir le patient?
M. LAURIN! Oui, je le crois.
M. LE PRESIDENT (Fortier)ï Alors, l'article...
M. CLOUTIER (Montmagny): A l'article 36, M. le Président, je
m'excuse...
M. LE PRESIDENT (Fortier): Oui, c'est bien.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... on a passé un peu vite, est-ce qu'il
n'a pas été question d'un délai quelconque pour obtenir
l'opinion du collège des médecins?
M. CASTONGUAY: C'est l'objet de la deuxième partie de
l'amendement proposé à l'article 36, c'est 90 jours.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est 90 jours, d'accord.
M. CASTONGUAY: D'accord?
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors, l'article 36, adopté. Article
37, avec la modification de la virgule, adopté?
M. CASTONGUAY: Il paraît que c'est bien important.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Adopté. Article 38? Adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord. M. LE PRESIDENT (Fortier): Article
39?
M. CASTONGUAY: A l'article 39, on nous a fait des représentations
à l'effet que, si une commission demandait l'opinion du collège
ou d'une corporation, il pourrait être intéressant de voir quels
sont les décisions ou les avis exprimés par ces commissions
après réception de l'avis du collège ou de la corporation.
Il nous a semblé que c'était un mécanisme de communication
qui pouvait améliorer à la fois le fonctionnement des commissions
d'appréciation des différends et des collèges et
corporations. C'est pourquoi vous trouvez l'amendement proposé quant
à l'article 39.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors, l'article 39, tel qu'amendé,
adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Adopté. Article 40. Adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté. M. LE PRESIDENT (Fortier):
Adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Nous ne commencerons pas d'autres articles a
cette séance.
M. LE PRESIDENT (Fortier); La commission ajourne donc ses travaux
à demain après-midi, à trois heures.
(Fin de la séance; 22 h 56)
Séance du mercredi 8 juillet 1970 (Seize heures dix
minutes)
M. PORTIER (président de la commission permanente de la
Santé): A l'ordre, messieurs! Nous sommas rendus à l'article 41.
Je crois que le ministre de la Santé a un commentaire à
faire.
Désengagement
M. CASTONGUAY: M. le Président, hier soir, nous avons convenu,
à la commission, de suspendre l'étude des articles 11 et 12. Vous
avez vu également par les journaux, ou pour ceux qui étaient ici
hier soir, que M. Pepin et le docteur Robillard voulaient discuter entre
eux ce qu'ils ont fait . Aujourd'hui, ils poursuivent une
discussion, soit la CSN, M. Pepin, la FTQ, M. La-berge, la CEQ, M.
Laliberté, le docteur Robillard, président de la
Fédération des médecins spécialistes, le docteur
Gérard Hamel, président de la Fédération des
médecins omniprati-ciens. Ils m'ont demandé de proposer aux
membres de la commission, si c'était possible, de suspendre encore une
fois l'étude de ces articles. Hier soir, nous avons vu qu'il a
été possible, sans difficulté, d'étudier les
articles de la section IV de la loi. Je crois, pour ma part, que nous pourrions
poursuivre l'étude des articles de la section V et des autres sections
sans difficulté. Si ces messieurs, dans les discussions qu'ils ont,
peuvent faire des propositions cons-tructives, ce serait utile de les
étudier.
Lorsque nous avons étudié les articles 11 et 12, hier
après-midi, il y a eu un projet d'amendement de chacun des partis,
que.ce soit le parti ministériel ou les trois partis d'Opposition en ce
qui a trait à l'article 12. Je crois qu'en ce qui a trait à
l'article 11, les positions sont divergeantes également, en ce qui a
trait à chacun des partis. Je me demande si les écarts sont aussi
grands que dans le cas de l'article 12 où le nombre des amendements
proposés est aussi grand.
De toute façon, comme il a été mentionné
hier, ce sont des articles qu'il convient de discuter le plus à fond
possible, et pour ma part, je serais prêt à ce que nous acceptions
cette proposition de suspendre encore la discussion des articles 11 et 12, si
c'est l'avis des membres de la commission.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, nous acceptons la
demande qui a été faite au ministre de la Santé de
suspendre, jusqu'à demain, probablement, les articles en question qui
por- tent sur le désengagement, étant donné que c'est
là l'un des points les plus importants de la loi que nous sommes en
train d'étudier. J'espère que de cette rencontre et de ces
discussions qui se poursuivent actuellement, selon les termes du ministre,
résulteront des suggestions très positives qui
amélioreront peut-être la loi qui nous est proposée. De
toute façon, étant donné que ce problème est
tellement complexe, et que ces quelques heures de discussions additionnelles
nous permettront de porter un jugement sur les différentes propositions
qui ont été faites autour de cette table, pour notre part nous
acceptons cette suggestion et nous acceptons de poursuivre l'étude des
autres articles et de remettre à plus tard les décisions
définitives quant aux articles 11 et 12.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, je voudrais poser une question au
ministre, étant donné que nous avions donné notre accord
hier, à savoir que les articles 11 et 12 étaient reportés
à aujourd'hui. Je voudrais savoir si le ministre avait eu l'occasion ou
le temps de préparer quelques modifications depuis hier concernant les
articles 11 et 12.
M. CASTONGUAY: En ce qui a trait à l'article 11, j'ai
établi clairement quelle était sur ce point la position du
gouvernement. En ce qui a trait à l'article 12, j'ai proposé hier
un amendement à cet article. Pour le moment, cette proposition
relativement à l'article 12 demeure toujours sur la table.
M. SAMSON: Voici pourquoi je posais la question. Si le gouvernement n'a
pas l'intention de modifier quoi que ce soit à l'article 11, je ne
comprends pas tellement pourquoi on nous demande de le retarder. Si, par
contre, il y a possibilité de le regarder encore une fois de plus
près, à ce moment-là, nous serions entièrement
d'accord.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je crois qu'étant
donné que ces articles 11 et 12 sont liés dans une assez large
mesure, comme on l'a vu depuis le début de la discussion hier, ce que
j'ai proposé était lié, c'est-à-dire que la
modification de l'article 12 ne demandait pas une modification de l'article 11.
Si, toutefois, il était possible d'améliorer encore l'article 12
et qu'à ce moment-là, cela pourrait signifier une modification
à l'article 11, il est toujours temps d'y voir.
M. SAMSON: Nous serions évidemment d'accord à la condition
qu'on nous mette une date limite, qu'on ne retarde pas cela
indéfiniment.
M. CASTONGUAY: Sur cette question, M. le Président, j'ai dit que
pour autant que j'étais concerné, je croyais qu'avec la
séance de cet après-midi et la séance de demain matin,
après l'ordre du jour à l'Assemblée nationale, et la
séance de demain après-midi, il nous serait possible de terminer
l'étude de tous les autres articles du projet de loi. J'ai ajouté
que lorsque nous arriverions aux articles 11 et 12, soit à la fin de la
séance de l'après-midi ou au cours de la séance de la
soirée, ce serait la date limite, à moins, évidemment,
que, dans l'étude des articles, les questions soient tellement
nombreuses, ou encore à moins que nous ayons des difficultés
faisant en sorte que l'étude soit plus longue que prévu. J'ai
toutefois donné une évaluation de ce que je croyais devoir
être le temps nécessaire pour terminer de façon
sérieuse l'étude de ce projet de loi, c'est-à-dire demain
soir au maximum.
M. SAMSON: Autrement dit, on peut facilement estimer que les articles 11
et 12 devraient normalement revenir demain.
M. CASTONGUAY: C'est ça, M. le Président.
M. SAMSON: Dans ce cas-là, nous sommes d'accord.
M. LEGER: En ce qui nous concerne, le Parti québécois
nous sommes encore à la même table nous sommes aussi
d'accord pour reporter à la fin l'étude des articles 11 et
12.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Tous les membres de la commission sont donc
d'accord pour que nous reportions l'étude des articles 11 et 12 à
une autre séance et que nous procédions à l'étude
de l'article 41.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, avant de continuer
notre étude par l'article 41, je voudrais demander au ministre, sur
l'amendement qu'il a proposé à l'article 12, le renseignement
suivant: Si je compare l'article 12 prévu dans la version
déposée par le ministre de la Santé et cette nouvelle
version, est-ce qu'il est exact de comprendre qu'il y a une disposition
à l'effet que le paiement pourrait être fait par la régie,
si les conditions uniformes ne sont pas remplies sur le territoire, mais si on
reste à l'intérieur des 3%? Est-ce qu'il y a là une
modification fondamentale par rapport à l'article du projet de loi tel
que proposé déjà? Il n'y avait en effet qu'un seul
article, 12, qui prévoyait que le coût des services ne pouvait
être remboursé par la régie, si 3% des professionnels de la
santé soumis à l'application de l'entente s'étaient
dégagés de son application.
Par ailleurs si, par région, par localité, on ne pouvait
plus obtenir des conditions uniformes, le paiement n'était pas
assuré par la régie. Est-ce exact?
M. CASTONGUAY: Je vais essayer d'être aussi clair que possible. Je
vais tenter de répondre à votre question. Dans le projet de loi,
tel qu'il a été soumis à l'Assemblée, le premier
des critères était l'application des 3%. Dès que, pour
l'ensemble de la province, ces 3% étaient atteints, le paiement des
honoraires cessait. Au plan des régions, des spécialités,
dès que le dé. sengagement était en nombre trop
considérable pour que les services soient rendus à des conditions
uniformes, à partir de ce moment-là, et ceci en vertu des
règlements adoptés par le lieutenant-gouverneur en conseil, le
paiement des honoraires cessait également, ou le remboursement aux
patients, au taux de 75%.
M. ÇLOUTIER (Montmagny): C'était le premier article
12.
M. CASTONGUAY: Ceci pouvait donc signifier que, dans l'ensemble de la
province, le pourcentage de 3% n'était pas atteint, mais que, dans une
région, le désengagement d'un, de deux, de trois professionnels,
pouvait avoir pour effet que même si dans l'ensemble de la province les
3% n'étaient pas atteints, dans le cas de ces professionnels, le
paiement des honoraires cessait.
D'après la nouvelle rédaction, si on reprend les 3%, son
application est exactement comme celle qui existait avant. En ce qui a trait
aux régions, aux spécialités, dès que le ministre
de la Santé estime que le nombre de professionnels qui se sont
désengagés atteint un nombre tel que les services ne sont plus
rendus à des conditions uniformes, à partir du moment où
l'avis est publié dans la Gazette officielle faisant état de
cette situation, cela devient la responsabilité du ministre de prendre
les mesures spéciales qu'il estime nécessaires, qu'il est
autorisé à prendre, etc., en vertu de la loi, pour que les
services continuent d'être rendus à des conditions uniformes.
Et en ce qui a trait à ces deux, trois, quatre professionnels, le
paiement de 75% continuera d'être fait, selon la teneur de l'amendement
proposé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors qu'en vertu du premier article, le
paiement cessait.
M. CASTONGUAY: C'est cela. Et la raison de ceci, je l'ai bien dit hier,
c'est qu'à la suite des représentations faites autour de cette
table, le paiement aurait pu cesser plus rapidement dans le cas de
régions rurales, régions urbaines, disons, de petite taille, que
dans le cas de plus grandes villes, et il aurait peut-être pu y avoir une
certaine discrimination. C'est la raison pour laquelle ce changement a
été fait.
M. LEGER: Sur la même question, M. le Président,
l'amendement, quand même, ne couvre que les endroits où on ne
dépasse pas les 3%; c'est pour assurer les services médicaux
à la population de cette région, afin qu'elle ne soit pas
pénalisée parce qu'il y a, justement, manque de médecins.
Même si cela ne dépasse pas 3%, dans là région
précise, il manquait des médecins pour donner les services.
M. CASTONGUAY: C'est cela.
M. LEGER: Ce qui veut dire par là que les médecins que
vous pourriez envoyer, ou les remplaçants que le gouvernement enverrait
pour continuer les services, rendraient les services mais est-ce qu'ils
recevraient le même tarif d'honoraires que les médecins qu'ils
remplacent? Est-ce que cela s'ajoute aux 100%?
M. CASTONGUAY: Comme je l'ai mentionné, diverses mesures
pourraient être prises à ce moment-là; vous faites allusion
à une: l'envoi de médecins dans ces régions le
ministère des services d'urgence. Il y a aussi la possibilité
qu'on fasse appel ceci demanderait des modifications à la Loi
aux conventions collectives, aux médecins des unités
sanitaires. Dans ce cas-là, présentement ce sont des
médecins salariés. Il y a aussi la possibilité que ce
soient des résidents ou des médecins au terme, disons, d'un
certain stage de probation, des médecins étrangers, alors,
peut-être que leur mode de rémunération serait celui du
salariât pour cette période. Il y a diverses
possibilités.
M. LEGER: Les patients auraient, à ce moment-là,
l'avantage d'aller voir ces médecins-là, alors que ça ne
leur coûterait absolument rien, plutôt que d'aller chez le
médecin désengagé qui, lui, n'est remboursé
qu'à 75%.
M. CASTONGUAY: Ce serait le but évidemment, afin de
rétablir la situation.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Dubuc.
M. BOIVIN: Cela veut dire que le ministre, dans une région
donnée, aurait la liberté soit de supprimer ces 3%, soit de
continuer le paiement à 75%.
M. CASTONGUAY: Non, dans ce cas-là, tant et aussi longtemps que
les 3% ne sont pas atteints dans l'ensemble de la province, avec l'amendement
proposé, le ministre n'aurait aucune latitude, ni la régie, ni le
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. BOIVIN: Oui, dans toute la province, mais régionalement et
dans le cas des spécialités, si les 3% sont
dépassés, le ministre aura la liberté de payer ou de ne
pas payer.
M. CASTONGUAY: Non, non, c'est pour l'ensemble de la province, les 3%.
Si, dans une région, la proportion du désengagement est assez
élevée, au lieu d'arrêter le paiement, on utiliserait des
mesures spéciales pour rétablir l'équilibre,
M. BOIVIN: Alors le ministre pourrait donner un avis officiel dans la
Gazette de Québec disant qu'il ne paiera plus.
M. CASTONGUAY: Non, le paiement continuerait d'être fait. La
publication de cet avis serait une indication que le ministre doit prendre les
mesures spéciales pour rétablir la situation, c'est-à-dire
employer d'autres médecins, ou toutes autres mesures dont on vient de
traiter. Mais sur le plan du paiement, tant et aussi longtemps que, dans
l'ensemble de la province, la limite de 3% n'est pas dépassée,
les paiements aux médecins désengagés continueraient
à être faits au taux de 75%.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Dorion.
M. BOSSE: M. le Président, dans l'amendement à l'article
12, il est fait mention de l'exercice des droits du ministre en vertu de la
loi. Ici le terme « de la loi » a-t-il un sens restrictif,
c'est-à-dire s'applique-t-il seulement à la loi en question, ou
a-t-il un sens plus étendu?
M. CASTONGUAY: Non, M. le Président, les juristes ou
légistes nous disent que si le sens avait été restreint
à cette loi-ci, on aurait écrit « la présente loi
». Lorsqu'il est dit « la loi », cela veut dire la loi en
général, c'est-à-dire toutes les lois dont l'application
relève du ministre de la Santé.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, nous avions donné notre accord
tantôt pour reporter les articles 11 et 12 à demain, et il semble
qu'on soit en train de discuter ces articles-là. Je vous pose une
question, M. le Président, est-ce qu'on doit continuer à les
discuter ou si on les reporte?
M. LE PRESIDENT (Fortier): Non, nous allons continuer à
étudier l'article 41.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, les questions avaient pour objet de
demander des éclaircissements afin de préparer, d'ici à
demain, un débat éclairé.
M. CASTONGUAY: D'ailleurs, c'est dans cet esprit que j'ai
répondu, M. le député.
M. SAMSON: M. le Président, s'il est permis d'en poser, nous
pouvons en poser aussi, des questions.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Non, suivant le programme, c'est l'article
41.
Conseils d'arbitrage
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, j'aurais des remarques
à faire à propos de cet article. Il s'agit ici, dans toute cette
section, des conseils d'artitrage qui pourront être
déterminés par l'entente, et si l'entente ne le pourvoit pas, ce
seront d'autres dispositions. Le différend sera réglé
selon la loi.
M. le Président, dans cet article, étant donné
qu'on a laissé une partie à la loi et qu'on laisse une partie
à l'entente, cela devient ambivalent dans ce sens que l'entente
déterminera certaines questions au sujet des conseils d'arbitrage, et la
loi stipule qu'il y aura des conseils d'arbitrage. Est-ce qu'on n'aurait pas pu
déterminer tout de suite dans la loi certaines autres conditions des
conseils d'arbitrage, telles que leur composition, ou si, pour des raisons
particulières, qui sont peut-être évidentes mais que je
voudrais faire énoncer par le ministre, il est préférable
que ce soit discuté dans l'entente, tel que la formation des conseils
d'arbitrage, la rémunération des membres du conseil d'arbitrage
ou autres questions analogues?
M. CASTONGUAY: M. le Président, sur cette quastion, je pense
qu'il y a des éclaircissements à donner au début. En
premier lieu, si l'entente pourvoit à la formation d'un conseil
d'arbitrage, les appels des décisions de la régie, après
que la régie a reçu l'avis d'une commission d'appréciation
des différends, peuvent être portés à ce conseil
d'arbitrage, et là, la décision du conseil d'arbitrage est
finale. Donc, il n'y a pas là ambivalence. C'est un choix entre le
recours à un conseil d'arbitrage ou aux tribunaux ordinaires si
l'entente pourvoit à la formation d'un conseil d'arbitrage. Si l'entente
n'y pourvoit pas et qu'une association avec laquelle le gouvernement
négocie ne désire pas la formation d'un tel conseil, et qu'elle
préfère s'en remettre aux tribunaux ordinaires, c'est son choix.
Donc, il y a un choix qui peut être fait par l'association au moment des
négociations. Mais une fois que ce choix a été fait, il
n'y a plus de possibilité de choisir entre ce conseil ou les tribunaux
ordinaires, quant à l'appel qui pourrait faire suite à une
décision rendue par la régie.
En ce qui a trait, maintenant, aux conseils d'arbitrage eux-mêmes,
nous nous sommes inspirés, dans les articles qui apparaissent au projet
de loi, de 41 à 49, des dispositions analogues du code du travail. Nous
avons retenu tous les articles qui apparaissent essentiels au bon
fonctionnement de ces conseils d'arbitrage, mais pas plus, de telle sorte que
tout ce qui, selon nous, devrait faire l'objet de négociations puisse
être laissé à la négociation, dans un désir
d'apporter autant de souplesse que possible dans cette question des conseils
d'arbitrage.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre prévoit
étant donné que ces questions laissées à l'entente
sont sujettes à la négociation, telles que la composition des
conseils d'arbitrage des difficultés particulières dans le
domaine des négociations au sujet de la composition des conseils
d'arbitrage?
M. CASTONGUAY: Si les docteurs Robillard et Hamel continuent de
rencontrer les chefs de grandes centrales, j'en prévois moins, parce que
je pense que, de part et d'autre, ils font leurs armes... C'est pour badiner.
De fait, jusqu'à présent, la question ne semble pas avoir
suscité de difficultés.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'autre part, le ministre souligne
peut-être les effets bénéfiques de ces rencontres, mais il
faut mentionner aussi qu'ils siègent tous ensemble à la
Régie de l'assurance-maladie. Alors, probablement que le dialogue qu'ils
sont en train de poursuivre était déjà commencé et
pourra se continuer durant l'application du régime.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors, l'article 41, adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Adopté. Article 42, adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Article 43, adopté? Adopté.
Article 44, adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce sont les dispositions analogues,...
M. LE PRESIDENT (Fortier): Adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce sont des dispositions, le ministre l'a dit
tantôt, analogues à celles que l'on retrouve à l'article
80.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Article 80, adopté? Adopté.
Article 46, adopté? Adopté. Article 47, adopté?
Adopté. Article 48, adopté?
M. CASTONGUAY: M. le Président, ence qui a trait à
l'article 48, hier, au moment où nous avons discuté des
commissions d'appréciation des différends, j'ai proposé un
amendement dont l'objet était de permettre aux commissions
d'appréciation des différends de communiquer, une fois qu'elles
avaient reçu l'avis d'une corporation professionnelle, l'avis que la
commission envoie elle-même à la régie. Alors, ici, je
propose qu'on amende l'article 48 de telle sorte qu'une fois qu'un conseil
d'arbitrage a rendu une sentence, son jugement ou sa sentence soit
communiqué à la régie, aux professionnels en cause, de
même qu'a la corporation professionnelle, si un avis a été
demandé par la corporation professionnelle.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Article 48, tel qu'amendé,
adopté? Adopté. Article 49? Adopté. Article 50.
Renseignements
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a eu une restriction, à l'article
50, par rapport à l'ancien article 44 ou la première version du
projet de loi. J'imagine que le ministre a voulu respecter davantage le secret
professionnel.
M. CASTONGUAY: Dans l'ancien article 50, ou l'article 50 du premier
projet de loi, il était dit: « L'article 308 du code de
procédure civile... ou dans la mesure requise en vertu d'un accord
conclu par la régie. » Un des buts de ce membre de phrase
était de permettre à la régie de transmettre, au ministre
du Revenu, les informations nécessaires à l'application des
dispositions de la Loi de l'impôt sur le revenu.
Cette disposition, on l'a donnée de façon plus explicite
dans un autre article du projet de loi, c'est-à-dire à l'article
51; si vous regardez cet article, cette fois-ci on rajoute, par rapport
à l'article 45, mais de façon explicite.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, disons qu'à ce
moment-ci il n'y a aucune ambiguïté. C'est clair que le ministre du
Revenu verra à l'application particulière de l'article 51.
J'aurais des questions à poser au sujet de l'article 51. Etant
donné que le ministre a parlé de cette disposition...
M. CASTONGUAY: Voici, en ce qui a trait à l'article 51, si vous
voulez que nous entreprenions la discussion...
M. LE PRESIDENT (Fortier): Est-ce que l'article 50 est
adopté?
M. CASTONGUAY: Là...
M. LE PRESIDENT (Fortier): Article 50, adopté.
M. CASTONGUAY: J'aurais donc un amendement à proposer à
l'article 51. Je pense que cela pourrait faciliter la discussion.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y a un autre ministre qui
intervient dans l'autre amendement?
M. CASTONGUAY: Oui. En plus du ministre du Revenu du Québec, du
ministre du Revenu national, l'autre ministre qui intervient dans l'amendement
est le ministre de la Santé nationale et du Bien-Etre social, de telle
sorte que ce dernier puisse avoir les renseignements qui lui sont
nécessaires pour verser les subventions ou les contributions en vertu de
la Loi fédérale sur les soins médicaux.
M. CLOUTIER (Montmagny): Renseigner le ministre fédéral
seulement quant au partage des coûts.
M. CASTONGUAY: C'est cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): A aucun autre point de vue, parce que la loi
fédérale sur les soins médicaux n'est qu'une loi qui
définit les critères. Ce n'est qu'une loi de partage des
coûts. Quant à la surveillance et à l'application du
régime, c'est de compétence provinciale.
M. CASTONGUAY: Si l'article 51, à ce sujet-là ne donne pas
suffisamment de garantie, à votre avis, je serais prêt à
envisager tout amendement que vous pourriez proposer.
M. CLOUTIER (Montmagny): L'amendement stipule que la régie est
aussi tenue de divulguer ces renseignements au ministre du Revenu du
Québec, au ministre du Revenu national du Canada et au ministre de la
Santé nationale et du Bien-Etre social. Je serais d'avis que le ministre
de la Santé étudie la possibilité, après « le
ministre de la Santé et du Bien-Etre social », d'indiquer, dans
quelques mots « selon les limites de la compétence respective
» ou quelque chose d'analogue.
M. LAURIN: M. le Président, on pourrait peut-être ajouter
« pour les fins de l'application de l'entente ».
M. CASTONGUAY: Regardez ici 5 a). Je crois que l'article 51 limite la
portée des renseignements ou les renseignements qui peuvent être
fournis.
On dit: « Une personne visée à l'article 50 peut
cependant divulguer la date à laquelle un service assuré a
été fourni, le nom et l'adresse de la personne qui l'a fourni,
les sommes payées par la régie pour ce service et le nom des
personnes à qui elles ont été payées, mais ces
renseignements peuvent être divulgués uniquement à la
personne qui a fourni ou reçu le service, leur avocat ou leurs
représentants dûment autorisés par eux ou agissant pour eux
en vertu de la loi; elle est aussi tenue de divulguer ces renseignements au
ministre du Revenu du Québec ou du Canada chaque fois qu'ils lui en font
la demande. ».
Est-ce qu'on pourrait réserver cet article?
M. LE PRESIDENT (Fortier): Cet article, oui.
M. CASTONGUAY: Et, en ce qui a trait au ministre de la Santé
nationale et du Bien-Etre social, s'assurer que seuls les renseignements
nécessaires pour l'application de la Loi fédérale sur les
soins médicaux soient communiqués. Est-ce que ça vous
irait?
M. LE PRESIDENT (Fortier): Oui. Alors, l'article 51 est suspendu.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai une autre question, M. le
Président. Est-ce que, d'après l'article tel que
rédigé, le ministre du Revenu devra nécessairement
requérir les renseignements ou s'il pourrait y avoir, de la part de la
régie, émission de formules T-4 ou TP-4?
M. CASTONGUAY: Est-ce que l'on pourrait demander la réponse
à M. Després, qui est en même temps président de la
régie et ancien sous-ministre du Revenu?
M. DESPRES: L'interprétation que l'on doit donner à
l'article 51 tel qu'amendé nécessitera que le ministère du
Revenu, tant provincial que fédéral, fasse annuellement la
demande de ces renseignements.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il est possible que le ministre du
Revenu demande globalement des copies de déclaration T-4 ou TP-4 et non
pas seulement un renseignement pour un professionnel de la santé en
particulier?
M. DESPRES: II pourrait le demander globalement et au nom de chaque
individu.
M. CLOUTIER (Montmagny): Au nom de chaque individu.
M. DESPRES: Oui.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: J'aurais seulement une petite question. Les renseignements dont
M. le ministre parle ici sont surtout ceux qui concernent la question comptable
ou financière du projet lui-même?
M. CASTONGUAY: En ce qui a trait aux deux ministres du Revenu, c'est
pour les fins de l'application de la Loi de l'impôt sur le revenu. En ce
qui a trait au ministre de la Santé nationale et du Bien-Etre social, ce
sont des renseignements d'un ordre un peu différent, plus globaux; c'est
pour le versement des contributions en vertu de la Loi sur les soins
médicaux. C'est pourquoi il me semble que la proposition qui a
été faite de limiter les renseignements qui peuvent être
transmis au ministre de la Santé nationale et du Bien-Etre social
m'apparaît justifiée.
M. LAURIN: M. le Président, est-ce que je
peux demander au ministre pourquoi, dans l'article, il est dit «
chaque fois qu'ils lui en font la demande » au lieu que ce soit
envoyé automatiquement?
M. CASTONGUAY: M. Després va répondre.
M. DESPRES: L'un et l'autre pourraient être prévus, mais je
sais qu'au ministère du Revenu ils sont habitués à faire
des demandes de ce genre, annuellement. Cela rentre dans leur pratique et dans
leur procédure habituelle.
M. LAURIN: L'effet sera le même J'imagine; cela sera automatique
quand même.
M. DESPRES: C'est ça.
M. CASTONGUAY: Ils semblent avoir la mémoire de plus en plus
longue, ils font leur demande de plus en plus régulièrement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais, quant à cette disposition,
étant donné que la majorité des médecins vont
fonctionner à l'Intérieur du régime d'assurance-maladie,
maintenant que les sources d'information sont toutes concentrées au
même endroit, Je crois bien que cette disposition n'a plus le
caractère péjoratif qu'elle aurait eu dans un autre contexte,
sans l'assurance-maladie, étant donné que déjà la
majorité des professionnels de la santé vont recevoir des
paiements de la régie par un mécanisme d'administration
maintenant public. Alors, II ne faut pas voir dans cette disposition, je crois
bien, un élément péjoratif de la part du ministère
du Revenu, mais une contribution à l'effort financier du
Québec.
M. CASTONGUAY: Avant l'assurance-maladie, une disposition comme celle-ci
aurait pris un sens péjoratif, pour autant que l'on puisse penser que
certains professionnels de la santé n'auraient pas payé
intégralement tous leurs impôts.
M. CLOUTIER (Montmagny): A certains moments, quelques-uns ont
affirmé ça.
M. LAURIN: M. le Président, je vois toutes sortes de sourires
malins sur plusieurs lèvres et ça me reporte à ce que
disait, tout à l'heure, le député de Montmagny.
Probablement qu'il peut y avoir une différence entre le rapport que la
régie pourrait transmettre au ministre du Revenu et la formule TP-4.
J'imagine que dans la formule TP-4 les médecins
désengagés mettront scrupuleusement les suppléments
d'honoraires qu'ils auront demandés aux patients, alors que, dans le
rapport transmis automatiquement à la régie, ces
suppléments d'honoraires ne paraîtront évidemment pas.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Article 51, suspendu. Article 52.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, les articles 52 et 53
renvoient au débat en deuxième lecture, alors que le
contrôle est davantage dirigé vers les corporations
professionnelles. La discussion a été amplement faite en
deuxième lecture. Pour notre part, nous adoptons l'article tel que
stipulé.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Les articles 52 et 53 sont
adoptés?
M. CASTONGUAY: Je m'excuse, M. le Président; en ce qui a trait
à l'article 53, premier alinéa, il y a un amendement à
proposer.
M. LE PRESIDENT (Fortier): L'article 52 est adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Nous retenons l'affirmation que le ministre de
la Santé a faite en deuxième lecture, à l'effet
qu'après le dépôt du rapport d'une tranche de la commission
Castonguay la Chambre aura a se prononcer lors de la prochaine session sur un
projet de loi global s'inspirant des recommandations du rapport
déposé cette semaine.
M. CASTONGUAY: A savoir si ça vaêtre un projet de loi
global, je pense que c'est une question sur laquelle 11 n'y a pas de
décision de prise. J'ai dit qu'à la prochaine session 11 y aurait
des mesures d'introduites.
M. LE PRESIDENT (Fortier): A l'article 53, il y a une modification.
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a un amendement à l'article 53.
M. CASTONGUAY: Le texte a été distribué. Si vous
vous souvenez, hier, lorsque nous avons discuté des commissions
d'appréciation des différends, nous avons apporté un
amendement permettant au bureau provincial de médecine, par exemple, de
former un comité pour étudier les demandes qui pourraient
être transmises par une commission d'appréciation des
différends. Cet amendement qui est proposé a uniquement pour but
de permettre que les renseignements
soient transmis à ces comités qui pourraient être
formés.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Article 53 tel qu'amendé,
adopté? Le député de Bourget.
M. LAURIN: Quant on dit, ici, « les renseignements qu'ils
possèdent et qu'ils ont obtenus pour l'exécution de la
présente loi » , est-ce que ça se réfère
seulement à ce qui est inclus à l'article 50, nom, adresse,
sommes ou si ça peut comprendre d'autres renseignements?
M. CASTONGUAY: Cela peut en comprendre d'autres, étant
donné que ce sont des renseignements que la régie a obtenus pour
déterminer si elle doit payer ou non des honoraires. Cela peut toucher
au diagnostic qui a été posé, etc.
M. LAURIN: Est-ce que ça peut toucher à la façon
dont le médecin s'est acquitté de son acte médical?
M. CASTONGUAY: Si la régie décide de ne pas payer, c'est
qu'elle a diverses raisons de croire qu'elle ne doit pas le faire. IL y en a
deux sortes; la première, c'est que les paiements demandés ne
correspondraient pas aux tarifs d'honoraires ou encore elle a des doutes quant
au fait que l'acte a été posé ou non. Un autre genre
comme vous le dites pourrait provenir du fait que l'acte
posé n'a pas été posé correctement. La régie
suspend son paiement et la question, par le truchement du comité
d'appréciation des différends, peut aller Jusqu'au
collège. Les renseignements qu'elle transmettrait, à ce
moment-là, pourraient toucher comme vous le dites à
la façon dont l'acte a été posé, mais le jugement
porté le serait, à ce moment-là, uniquement par le
collège.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors, l'article 53 tel qu'amendé? Le
député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, pas sur l'amendement
mais, à l'article 49, nous avons dit que la sentence d'un conseil
d'arbitrage lie les parties et elle est homologuée soit par la cour
Provinciale ou soit par la cour Supérieure.
A l'article 53, on dit que les renseignements doivent être
transmis par les conseils d'arbitrage aux organismes corporatifs ou
corporations professionnelles mentionnés à l'article 52. Si je
comprends bien, il ne s'agit que d'une information à transmettre, car la
sentence étant exécutoire, les renseignements transmis aux
organismes professionnels n'ont pas pour ob- jet de faire modifier quoi que ce
soit. C'est seulement pour fins d'information.
M. CASTONGUAY: Ils ne seront pas nécessairement transmis
après la sentence d'un conseil d'arbitrage, ils peuvent aussi
l'être avant, c'est-à-dire au niveau d'une commission
d'appréciation des différends lorsqu'elle est saisie d'un
différend.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que la décision des conseils
d'arbitrage n'est pas subordonnée, maintenant aux corporations
professionnelles, étant donné que, dans les articles
antérieurs, on leur a laissé toute la possibilité de
donner un avis?
M. CAGTONGUAY: Non, en fait, c'est partager ce qui relève de la
juridiction des conseils de ce qui relève de la juridiction de la
régie. La régie prend des décisions sur le plan financier.
Est-ce qu'elle doit ou non payer? Le collège prend des décisions
au plan de la déontologie. Si la commission d'appréciation des
différends croit qu'il y a une question touchant la déontologie,
elle l'envoie au collège. Le collège prend sa décision. Si
le collège dit que c'est un acte qu'il n'aurait pas dû poser, qui
n'aurait pas dû être posé, ou qui a été
posé incorrectement, à ce moment la régie peut
décider, après avoir reçu l'avis de la commission
d'appréciation des différends, soit de payer si cela a
été fait de bonne foi, même si cela a été mal
fait.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je crois que le ministre n'a pas compris
exactement ma question. Ce n'est pas à ce moment. Le ministre nous
explique le mécanisme au premier palier. Avant que la commission
d'appréciation des différends rende son jugement, elle a
consulté la corporation professionnelle; elle a obtenu son avis avant de
rendre son jugement. Mais là, nous en sommes rendus à une
étape subséquente. Cela a été soumis au conseil
d'arbitrage.
M. CASTONGUAY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Et ici, on dit, dans l'article 53, que
même les corporations mentionnées à l'article 52 doivent
recevoir les renseignements des conseils d'arbitrage dont la sentence est
exécutoire. Je me demande quelle sera l'utilité des
renseignements reçus par les corporations professionnelles au moment
où le conseil d'arbitrage est habilité à se prononcer par
une sentence exécutoire.
M. CASTONGUAY: II est exact que le conseil d'arbitrage est
habilité à se prononcer et que sa sentence est exécutoire.
Le Collège des médecins nous a toutefois demandé
d'apporter ce genre d'amendement, parce qu'ils ont dit qu'ils voulaient
être au courant des décisions qui sont prises. Alors, il y a deux
organismes qui peuvent prendre des décisions, soit le président
directeur général de la régie, ou la régie et son
directeur général, et les conseils d'arbitrage.
Si on envoyait uniquement les avis pris par les commissions
d'appréciation des différends, il se pourrait que cette
décision soit changée après au niveau des conseils
d'arbitrage. Alors, si nous le faisons à un niveau, je pense qu'il est
bon de le faire à l'autre.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est justement pourquoi j'ai demandé au
ministre si c'était seulement pour fins d'information.
M. CASTONGUAY: Oui, oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je pense que c'est seulement pour fins
d'information.
M. CASTONGUAY: Oui, oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): A ce moment, le processus est rendu trop loin;
quand la corporation professionnelle a déjà eu l'occasion de se
prononcer, elle ne peut pas, au moment où la sentence est prête,
faire changer la sentence. D'accord.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors l'article 53 amendé,
adopté? Article 54.
M. LAURIN: M. le Président, ici j'ai l'impression que l'article
est, soit vague, soit incomplet parce qu'on dit: « L'article 50
n'interdit pas de révéler, pour fins de statistiques, des
renseignements... » On ne dit pas à qui. Quels sont les organismes
possibles?
M. CASTONGUAY: Par exemple, le dépôt du rapport annuel
à l'Assemblée nationale ; transmission de statistiques pour fins
d'études ou de recherche aux universités; à des organismes
comme le Bureau de la statistique du Québec; pour fins d'analyse
à des chercheurs individuels. C'est pourquoi l'article est laissé
très large quant aux destinataires de ces données
statistiques.
Et c'est aussi pourquoi on a fait la réserve que ces
données ne puissent être reliées à une personne,
étant donné qu'elles peuvent être diffusées à
toute personne qui en fait la demande.
M. LE PRESIDENT: Article 54, adopté? Article 55.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le deuxième paragraphe de l'article 55,
M. le Président, est-ce...
M. LAURIN: M. le député de Montmagny, ma remarque porte
sur le premier paragraphe. En ce qui concerne le premier paragraphe, je crains
qu'il puisse s'élever des difficultés d'interprétation, en
ce qui concerne les renseignements dont la régie a besoin pour
apprécier un relevé d'honoraires. Parce que ces renseignements
peuvent être comme on dit habituellement, d'ordre « factuel
», des circonstances de lieu, de présence, etc. Mais aussi ces
renseignements peuvent être d'ordre qualitatif. On sait même que
les questions d'honoraires sont intimement reliées à des
questions parfois, ou de déontologie, ou d'ordre scientifique, et il me
semble que l'on s'expose à des difficultés dans l'avenir si on
laisse le texte aussi imprécis ou incomplet. Je n'ai pas de suggestions
à offrir, mais c'est simplement une intuition qui me fait poser cette
question, connaissant le caractère sourcilleux de mes confrères,
connaissant la méfiance qu'ils peuvent avoir lorsqu'ils voient arriver
à leur bureau des enquêteurs ou des inspecteurs. Je les vois tout
de suite se gendarmer contre une enquête qui pourrait justement avoir un
caractère, sinon inquisitorial, du moins un peu méfiant, ou
soupçonneux.
Je sais que le projet de loi prend beaucoup de peine à distinguer
ce qui est de l'ordre des soins compris par la régie, d'une part, du
coût de ces soins, et, d'autre part, des questions professionnelles, de
déontologie. Je me demande si on ne pourrait pas accorder le même
souci à cet article 55.
M. CASTONGUAY: Si vous remarquez bien, le texte est quelque peu
différent de l'article 48 original. Il a été
discuté très longuement, et un des problèmes ou un des
aspects de cet article est qu'il faut aussi faire attention, ou prendre soin
que des renseignements autres que ceux qui sont nécessaires à
l'application de la loi, ou à l'appréciation des relevés,
puissent être obtenus. Je pense que, là aussi, cela pourrait
être mauvais. M. Després me fait remarquer que, si la
régie, vis-à-vis d'un de vos confrères trop sourcilleux,
n'avait pas tous les renseignements dont elle a besoin, pour déterminer
si elle doit payer un relevé d'honoraires, peut en refuser le paiement,
en suspendre le paiement, tant qu'elle n'a pas obtenu tous ces renseignements.
Il y a un certain équilibre qui s'établit à ce
moment-là.
M. LAURIN: Mais qui va interpréter la nature des renseignements
nécessaires? On peut assister, par exemple, à une situation
où l'enquêteur de la régie s'amène, par lettre ou
autrement, et dit: J'ai besoin de tel renseignement pour pouvoir payer cette
réclamation. Le professionnel dit: Non, vous dépassez les limites
de vos attributions, c'est un abus d'autorité. Vous m'en demandez trop.
On assistera alors à un sorte de duel minime entre le professionnel et
le représentant de la régie. C'est simplement pour
empêcher, s'il y avait moyen, cette éventualité, que je
pose ma question.
M. CASTONGUAY: A ce moment-là, la question pourrait être
justement portée à la commission d'appréciation des
différends. C'est une des raisons pour lesquelles il me paraissait
nécessaire qu'il y ait une partie neutre, également, dans cette
commission, et que ce ne soit pas seulement une commission paritaire. Et ce
sera à la commission de donner son avis. Cela ira au directeur
général, et si, après ce premier avis, il y a encore
litige, cela pourra aller au comité d'arbitrage.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de D'Arcy-McGee.
M. GOLDBLOOM: Justement, M. le Président, il me semble que le
texte du premier alinéa est rédigé de façon
à permettre aux professionnels de dire, en se prévalant de ce
texte précis, à la régie: Je ne suis tenu qu'à
fournir les seuls renseignements dont la régie a besoin pour
apprécier un relevé d'honoraires. Donc, je ne vous fournis pas
les renseignements que vous me demandez. Et, ce serait matière,
éventuellement, à l'appréciation du différend qui
en résulterait.
M. LAURIN: Mais, il peut cependant être pénalisé de
ce fait. Du fait que c'est lui qui se verrait refuser le paiement de ses
honoraires, tant que la commission d'appréciation des différends
n'en aurait pas décidé. Je ne sais pas l'intervalle des
réunions de la commission d'appréciation des différends,
mais le paiement peut retarder, peut-être, de quelques mois.
M. CASTONGUAY: Non, je crois qu'elle va se réunir plus souvent
que cela. Il ne faut pas oublier non plus que les professionnels de la
santé sont représentés à la régie, et que,
si à un moment donné, dans son fonctionnement
général, la régie n'était pas suffisamment
efficace, ou encore qu'il y avait des embêtements créés au
niveau de la régie même les profession- nels de la
santé ont voix au chapitre, il y a d'autres parties qui sont
également représentées je crois que là aussi
il y a une autre possibilité de recours.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Deuxième paragraphe.
M. CLOUTIER (Montmagny): Au deuxième paragraphe, est-ce qu'il
s'agit des « pools »?
M. CASTONGUAY; Vous nous permettez de le lire?
M. CLOUTIER (Montmagny); Oui, oui.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que le député de Montmagny parle de
la mise en commun des honoraires?
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est cela, c'est la description du mot.
M. CASTONGUAY: En ce qui a trait au deuxième paragraphe de
l'article 55, il touche aux professionnels de la santé qui, dans
certaines institutions, sont rémunérés à salaires
ou encore à la vacation. Les psychiatres, par exemple,
rémunérés à salaire dans des hôpitaux
psychiatriques ou encore des omnipraticiens qui sont
rémunérés à la vacation dans certaines
institutions. C'est le but de cet article de permettre à la régie
d'obtenir de l'institution les renseignements dont elle a besoin.
M. CLOUTIER (Montmagny): Qu'est-ce qui arrive dans le cas des «
pools », alors que les médecins mettent en commun, dans un fonds
commun, les honoraires qu'ils perçoivent et qu'ils redistribuent selon
une convention qu'ils ont acceptée? Qu'est-ce qui arrive, dans ce cas,
si la régie veut obtenir des renseignements sur celui qui a posé
l'acte, ou enfin, tous les renseignements que la régie est
autorisée à obtenir?
M. DESPRES; Chaque professionnel de la santé, qui est
rémunéré à l'acte, doit compléter un
relevé d'honoraires. Ce relevé, il peut, soit le signer
lui-même, soit en déléguer la responsabilité
à un mandataire, suivant une formule juridique qui est acceptable. A ce
moment-là, chaque chèque émis à la régie
peut l'être, soit au nom du professionnel ou au nom de la personne
à qui il nous indiqué de faire le chèque payable. Il n'en
reste pas moins qu'au point de vue de la comptabilité, tous les actes
posés par un praticien lui sont imputés, quelle que soit la
personne à qui l'on fasse le paiement, parce que,
évidemment, cette personne n'agit que comme mandataire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je pose cette question parce que, lors des
négociations précédentes avec les
fédérations, et notamment la Fédération des
médecins spécialistes, il y a eu des discussions assez longues
sur les renseignements que la commission d'assistance médicale pourrait
obtenir quant à la description des personnes, à
l'intérieur de cette équipe, des personnes qui posaient ces
actes.
Les discussions ont été assez difficiles et assez longues,
parce qu'à certains moments on a signifié au gouvernement que
c'était une responsabilité plutôt globale et que certains
renseignements ne devaient appartenir qu'à l'équipe. C'est pour
cela que j'ai posé la question, afin de savoir véritablement
quels étaient les contrôles, quelle était la surveillance
dont disposait la régie sur cette équipe de professionnels qui
travaillent en commun, qui mettent en commun leurs honoraires et qui font un
partage suivant une formule qu'ils ont adoptée.
M. DESPRES: La régie n'est pas concernée par les modes de
répartition qui peuvent être décidés entre groupes
de praticiens. Nous imputons, à chaque professionnel , chaque
relevé d'honoraires qu'il nous produit. Cependant, afin d'avoir une
administration souple, s'il nous indique, soit de verser le paiement à
sa banque, soit de le verser à une société dont il fait
partie, nous n'avons aucune objection, parce que la comptabilité, dans
nos livres, est individuelle quand même.
M. CLOUTIER (Montmagny): Bon. Si la régie accepte les
renseignements tels que fournis, il peut arriver, dans certains cas, que, dans
le fonctionnement de cette équipe médicale, la fréquence
des actes attire l'attention de la régie parce que les actes ne seront
peut-être pas départagés comme ils devraient l'être
entre les membres de l'équipe.
A ce moment-là, il peut arriver que la régie se pose des
questions sur la fréquence des actes que l'on prête à
certains membres à l'intérieur... A ce moment-là, est-ce
que la régie obtiendra des renseignements supplémentaires? La
fréquence des actes peut en effet indiquer à la régie,
dans certains cas, qu'il y a matière à non-paiement, à
première vue.
M. DESPRES: Toute demande de renseignements dont nous pourrions avoir
besoin à ce moment-là sera dirigée vers le mandataire qu'a
désigné le médecin parce qu'en tout temps, il demeure
responsable des relevés d'honoraires qui ont été produits
à la régie par un mandataire. Cela ne pose donc pas de
problème, à notre avis, au plan de la demande de renseignements
que l'on pourrait leur faire tenir.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de d'Arcy-McGee.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je voudrais faire remarquer au
député de Montmagny que le code de déontologie de la
profession médicale je ne suis pas au courant du cas des
optométristes ou de celui des chirurgiens-dentistes exige que le
groupe qui met en commun les honoraires et envoie des comptes au nom du groupe
indique quand même sur sa papeterie le nom de chaque membre et indique
celui qui a fourni les services en question.
Cela demeure donc une responsabilité individuelle, les
renseignements demeurent disponibles.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je comprends la remarque du
député de D'Arcy-McGee, mais il se souvient que, lors des
négociations précédentes, ce sont justement les arguments
que nous avions invoqués pour que ces stipulations du code de
déontologie soient respectées aussi dans les négociations
et que les renseignements que vient de décrire le député
soient véritablement fournis. C'est là qu'il y a eu certaines
difficultés entre la profession médicale et les
négociateurs.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors...
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai la mémoire des
difficultés.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Est-ce que l'article 55 est adopté?
Adopté. Article 56?
Règlements
M. CASTONGUAY: M. le Président, me permettez-vous une
brève intervention pour mentionner qu'à la suite des discussions
que nous avons eues sur l'annexe touchant aux services de chirurgie buccale,
j'ai une proposition d'amendement en ce qui a trait à l'article 56.
Cette proposition a pour objet d'ajouter un paragraphe bb) au paragraphe b) qui
permettrait, par règlement, d'ajouter à la liste des services de
chirurgie buccale qui doivent être considérés comme des
services assurés.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce le seul amendement à l'article
56?
M. CASTONGUAY: Pour le moment, oui. S'il y en a qui sont
proposés...
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord, mais nous avions discuté de
l'information à fournir.
M. CASTONGUAY: Je m'excuse. On a communiqué à M. Normand
la demande faite par la commission hier et il est en voie de rédiger un
paragraphe à cet effet-là.
M. CLOUTIER (Montmagny): II va y avoir un autre amendement...
M. CASTONGUAY: Je m'excuse, oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... quant à l'information du
médecin désengagé envers son patient. M. le
Président, il s'agit d'un article extrêmement important. J'imagine
que plusieurs membres de la commission voudront faire des remarques sur chacun
ou sur quelques-uns des points en particulier. Je voudrais noter tout de suite
que la première version du projet de loi était stipulée
autrement. C'était la régie qui pouvait proposer des
règlements au lieutenant-gouverneur en conseil.
A la suite du dépôt du premier projet de loi, il y avait eu
des représentations à l'effet que ce devait être l'inverse.
J'en avais fait part, à ce moment-là, au conseil des ministres et
aux légistes et nous n'avions pas d'objection à le modifier.
D'ailleurs, ce n'était pas non plus l'esprit de la loi de confier
à la régie les responsabilités qui appartenaient au
ministre de la Santé. Evidemment, cette version est
préférable et nous étions disposés à
apporter aussi cet amendement.
Nous ne nous opposons pas, au contraire, à cette nouvelle
disposition qui permet au lieutenant-gouverneur, après consultation de
la régie et sur la recommandation de celle-ci, d'adopter des
règlements. C'était une observation générale sur
l'article 56.
Au paragraphe a), M. le Président, je n'ai pas tellement de
commentaires àfaire; je les réserve plutôt pour le
paragraphe b) Y en a-t-il d'autres qui veulent faire des commentaires?
M. LE PRESIDENT (Fortier): Sur le paragraphe a), non; sur le paragraphe
b)?
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, étant
donné que l'on a précisé dans la loi les soins qui
étaient couverts, évidemment cela a des implications aussi au
paragraphe b). Je voudrais mentionner particulièrement la question des
optométristes. On fait référence notamment...
M. CASTONGUAY: Vos amis.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les optométristes sont les amis de tout
le public du Québec, parce qu'ils sont répartis dans les
régions du Québec et notamment dans les régions
défavorisées, éloignées.
Alors, on dit ici: « La fréquence à laquelle
certains de ceux qui sont visés au paragraphe c) de l'article 3 peuvent
être rendus pour demeurer des services assurés ». C'est le
seul groupe de professionnels, ici évidemment je fais abstraction des
dentistes, pour qui on a proposé une annexe décrivant les soins
qui peuvent être couverts, mais on l'a assouplie en disant que, par
règlement, on pourrait ajouter et non pas enlever.
Je me demande, M. le Président, si on ne pourrait réviser
cette restriction à l'égard des optométristes,
étant donné qu'il y a d'autres mécanismes de
contrôle de la surutilisation des services. Aux médecins qui vont
poser des actes dont on peut douter de la fréquence, la régie va
poser des questions et va demander des renseignements additionnels. Ensuite, il
y aura les autres mécanismes tels que les corporations professionnelles
et ainsi de suite.
Dans le cas des optométristes, les mêmes mécanismes
vont jouer aussi. Je suis d'avis, M. le Président, que les autres
mécanismes sont assez étanches. H y aura une entente qui sera
négociée, il y a des mécanismes prévus par la loi
tels que le contrôle de la régie. Alors, je me demande s'il n'y a
pas un élément de discrimination envers les optométristes
en ne mentionnant que ce groupe de professionnels, quant à la
fréquence des soins qui seront couverts par le régime.
M. CASTONGUAY: M. le Président, si l'on se reporte à
l'article 3 a), on voit qu'en ce qui a trait aux services des médecins
le critère est que ces services soient requis au point de vue
médical. S'ils ne sont pas requis au point de vue médical, ils ne
sont pas couverts. Lorsque l'on se transpose au plan des services que rendent
les optométristes, il n'y a pas nécessité médicale.
Dans la majorité des cas, il s'agit plutôt d'examens qui sont
effectués pour déterminer l'acuité de la vision.
Alors, quel pourrait être le critère de
détermination, étant donné qu'une personne, s'il n'y a pas
de critère, pourrait très bien, en vertu de la loi, subir un
examen de la vue par semaine. Ce serait tout à fait conforme aux
dispositions de la loi. Alors, vis-à-vis de ce genre de
difficultés, les régimes des autres provinces qui couvrent les
services des optométristes je ne sais pas si c'est dans tous les
cas, mais à
tout le moins dans certains cas en ont limité la
fréquence.
Une autre chose qu'il ne faut pas oublier, c'est que, en
définitive, la régie achète. Par cette loi, on peut
considérer aussi que le gouvernement achète des services. Dans ce
cas, elle achète les services des optométristes, mais à
une fréquence qui semble raisonnable, d'après le règlement
qui sera adopté, pour qu'une personne ne soit pas laissée pendant
des périodes trop longues sans un nouvel examen de la vue.
Maintenant, il ne faut pas oublier, également, que dans un tel
article les règlements qui pourront être adoptés pourront
faire preuve de suffisamment de souplesse.
Rien n'empêche, dans la rédaction du paragraphe b), que le
règlement dise: Que, sur approbation de la régie ou d'un
comité aviseur, je ne sais pas quel mécanisme le directeur
général de la régie voit ou sur les
recommandations, en tout cas sur approbation de la régie, un examen
puisse être permis, ou des examens, à des fréquences plus
grandes lorsqu'une demande en est faite, et qu'il semble y avoir des conditions
justifiant des examens plus fréquents,
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, il y avait trois
possibilités de préciser les services rendus par les
optométristes qui vont être couverts par loi; soit de les
mentionner nommément dans la loi, soit, comme ici, de les stipuler par
règlements, soit de les discuter à la table des
négociations. Qu'est-ce que le ministre pense d'une discussion sur la
fréquence des actes posés par les optométristes à
la table des négociations? Quelles sont les possibilités?
M. CASTONGUAY: Je suis certain que, même si le gouvernement
n'aborde pas la question à la table des négociations, les
optométristes vont l'aborder. Il va falloir la discuter.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si la solution est donnée par des
règlements du lieutenant-gouverneur en conseil, ils ne sont pas
négociables, à ce moment-là, dans l'entente...
M. CASTONGUAY: Avant que les règlements soient adoptés,
j'en suis assuré, les optométristes vont demander que ce soit
discuté à la table des négociations.
Maintenant, je ferai remarquer aussi qu'à la fin de cet article,
au haut de la page 18, il est indiqué que le ministre de la Santé
doit faire publier les projets de règlements visés au paragraphe
b), avec avis qu'ils seront considérés par le
lieutenant-gouverneur en conseil à l'expiration des 30 jours suivant
cette publication, de telle sorte qu'il n'y ait pas de modifications
d'apportées subitement dans ces règlements...
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord, ils seront publiés dans la
Gazette officielle avec avis qu'ils seront considérés par le
lieutenant-gouverneur en conseil à l'expiration. Mais il n'y a pas
précisément non plus d'invitation à soumettre des
objections, ou il n'y a pas de mécanisme facile de prévu de
représentations à faire sur les règlements. C'est toujours
le problème de la communication. On voit, dans les textes de loi, qu'il
y a publication dans la Gazette officielle, mais de là à
être certains que la communication va se faire! Etant donné que la
Gazette officielle n'est pas le livre de chevet de tout le monde, il y a
toujours ce problème de communication, d'information, de faciliter au
public les représentations qu'ils voudraient faire, comme d'autres
régies le font: on peut aller devant la Régie des transports, on
peut aller devant la Régie des alcools, faire des objections à
l'émission de certains permis. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu,
même dans cette stipulation, étant donné que le sens de la
publication, c'est de faciliter la transmission d'objections ou de
représentations, d'aller un peu plus loin et de prévoir...?
M. CASTONGUAY: Comme ces règlements seront soumis par le ministre
de la Santé au lieutenant-gouverneur en conseil, toute
représentation, normalement, devrait être envoyée au
ministre de la Santé. Je pense qu'on nous trouve assez rapidement. J'en
ai eu un exemple quand on a déposé le projet de loi. Très
rapidement, cela veut dire quelques heures après, je recevais des
télégrammes disant qu'on aimerait faire des
représentations.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de
Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, je me demande, dans le
paragraphe b) de l'article 56, si on ne pourrait pas, tout simplement,... Je
comprends bien qu'il appartient au gouvernement de mettre un frein aux abus,
que ce soit dans une profession ou une autre, mais, je me demande si on
n'atteindrait pas le même but en se servant de la même
phraséologie en ce qui regarde les optométristes qu'en ce qui
regarde les médecins.
M. CASTONGUAY: Quel serait le critère que vous proposeriez dans
le cas des médecins? On dit: Médicalement nécessaires?
M. SAINT-GERM AIN: Si vous disiez, par ex-
emple; « Pour le confort optométrique des patients »
, ou « autant de fois qu'il sera nécessaire pour le confort
optométrique » ou « pour la nécessité des
services d'optométristes aux patients » .
M. CASTONGUAY: Ici, comme il s'agit de services qui prennent un aspect
préventif la plupart du temps ou dans une grande majorité des cas
et qu'une personne peut, sans en souffrir d'aucune façon, passer des
examens en série, la seule façon d'établir un certain
contrôle je n'ai pas parlé d'abus lorsque j'ai fait mes
commentaires c'est d'établir une fréquence et de
considérer la possibilité, pour les cas où cette
fréquence générale qui est établie ne rendrait pas
justice ou ne permettrait pas à une personne de subir des examens aussi
fréquemment que son état le nécessite, que le
règlement permette à la régie de modifier la
fréquence sur demande.
Je pense donc que c'est suffisamment souple et ce n'est pas dans
l'esprit d'éviter les abus, mais plutôt dans l'esprit
d'établir un critère, étant donné qu'il s'agit de
fonds publics et qu'il faut s'assurer que ces fonds vont être
dépensés à bon escient.
M. SAINT-GERMAIN: Je ne discute pas, M. le Président, du fond du
problème. Je comprends très bien que, pour ce qui regarde le fond
du problème, le ministre a entièrement raison. Je me demandais
tout simplement si, la phraséologie étant la même que pour
ce qui regarde par exemple les médecins, il n'y aurait pas moyen,
après cela, de déterminer cette fréquence par des
négociations ou par un autre moyen.
M. CASTONGUAY: Nous avons fait le tour de la question et examiné
les régimes des autres provinces. S'il y avait eu un autre moyen
équivalent ou ayant la même portée, j'en ferais mention ici
ou nous l'aurions certainement considéré. Je serais
disposé à en discuter. Mais, à ma connaissance, c'est le
seul moyen qui apparaît objectif et qui permet en même temps
suffisamment de souplesse pour les cas d'exception où la régie
générale pourrait être trop rigide.
M. LAURIN: M. le Président, est-ce que les précautions du
ministre de la Santé en ce qui concerne le paragraphe c) pourraient
venir du fait que les soins optométriques ne sont pas couverts par la
loi fédérale et qu'en prenant la chance d'étendre un peu
trop ou d'une façon plus grande en tout cas, les limites d'application
de l'article 3 c), on pourrait courir le risque d'obérer un peu trop le
budget provincial? Si tel est le cas, est-ce que des démarches vont
être faites auprès du gouvernement fédéral pour
qu'il amende sa propre loi afin que les services optométriques puissent
être couverts par la loi fédérale, ce qui permettrait d'en
partager le coût avec le Québec?
M. CASTONGUAY: M. Després me dit que la disposition à
laquelle je fais allusion quant aux règlements est plus
généreuse ou semble être plus souple que celle existant
dans les autres provinces. Dans les autres provinces, en effet, il ne semble
pas qu'on prévoie la possibilité de demander d'augmenter la
fréquence dans certains cas particuliers. Déjà, cela
démontre, je crois, qu'on a fait un effort pour trouver une disposition
aussi souple que possible.
En ce qui a trait à la loi fédérale sur les soins
médicaux le député de Montmagny pourra confirmer
l'exactitude du commentaire que je vais faire, s'il est exact, y ajouter ou le
corriger le dossier que j'ai lu indique que dès que toutes les
provinces qui ont un régime auront convenu de couvrir les services
dispensés par les optométristes, un arrêté en
conseil sera adopté en vertu de la Loi fédérale sur les
soins médicaux, de telle sorte que le partage s'applique
également aux services optométriques.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ah oui! C'est exact, M. le Président. Je
remercie le ministre de m'inviter à donner mon opinion sur cette
question. Lors d'une conférence des ministres provinciaux de la
Santé tenue à Halifax l'automne dernier, il avait
été convenu que toutes les provinces ou la majorité des
provinces étaient disposées à couvrir les soins
optométriques.
Il ne restait que les provinces de l'Atlantique, si ma mémoire
est fidèle, qui exprimaient certaines réserves, non pas qu'elles
ne désiraient pas les couvrir, mais, financièrement, elles
hésitaient à couvrir les soins dispensés par les
optométristes. Nous avions fait des représentations au
gouvernement fédéral à l'effet que nous avions
l'intention, nous aussi, de couvrir les soins des optométristes dans le
régime d'assurance-maladie.
Là où nous nous étions opposés,
c'était à ce que le gouvernement central agisse lui-même,
sans consultation des provinces ou sans la participation d'un nombre suffisant
de provinces, c'est-à-dire de provinces qui représentent une
majorité de la population. Il aurait pu y avoir cinq provinces qui
auraient appuyé l'extension de la couverture du régime, mais
ç'auraient pu être des petites provinces. Nous avons
demandé
que ce soient de préférence l'Ontario et le Québec
au moins qui acceptent l'extension de la couverture. Cela s'était
produit après que le fédéral eut étendu les soins
à la chirurgie buccale sans qu'il y ait eu de consultation
suffisante.
A partir de ce moment-là, les provinces étaient presque
unanimes à couvrir telle catégorie de soins. Le
fédéral était disposé lui aussi à adopter
l'arrêté en conseil et à partager les coûts. Au point
de vue de l'optométrie, devant les représentations des provinces
et à la suite du contenu de notre législation, je suis donc
persuadé que le gouvernement central, comme l'a dit le ministre de la
Santé, va accepter de partager les coûts en ce qui concerne
l'optométrie.
M. LAURIN: Lors de cette conférence, est-ce qu'il avait
été question d'envisager une rétroactivité possible
à une certaine date ou si ça prendrait effet le Jour où le
gouvernement libéral accepterait cet arrêté en conseil?
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, en ce qui concerne le Québec, il
n'a pas été question de rétroactivité; il a
été question, à partir de l'instauration du régime,
à partir du moment où les soins sont couverts, de faire le
partage des coûts.
M. LAURIN: M. le Président, je voudrais revenir sur la
première partie de l'alinéa b)« Déterminer, parmi
les services visés à l'article 3 ou mentionnés à
l'annexe, ceux qui ne doivent pas être considérés comme des
services assurés ». Cet article, évidemment, donne une
très grande latitude au ministère de la Santé pour la
détermination des actes couverts. Et à toutes les fois qu'on
accorde ainsi au gouvernement une très grande latitude, pour
éviter l'arbitrage il est important de connaître l'esprit dans
lequel le ministre de la Santé, qui est là pour quelques
années, va aborder la rédaction de ces règlements. Par
exemple, est-ce qu'on va exclure des actes qui seraient plutôt
axés sur la prévention que sur la cure? Etant donné que
parfois la limite à tracer entre ces deux actes n'est pas toujours
facile, est-ce que c'est un des critères qui ont été
retenus?
Par exemple, je pense aux examens pour fins d'emploi, je pense aux
examens médicaux qui sont souvent demandés à des
spécialistes pour fins d'expertise devant les tribunaux. Je pense
à toute une catégorie d'actes qui pourraient peut-être
faire l'objet de cette exclusion, mais, comme l'article n'en mentionne aucune
et que tout est laissé à la latitude du gouvernement, j'aimerais
bien que le ministre nous éclaire là-dessus.
M. CASTONGUAY: Le but visé par cet article n'est pas de modifier
la portée de la loi. Cela est un premier point. Deuxièmement, les
services qui pourraient être exclus sont justement ceux qui ne sont pas
reliés au processus de guérison, à la prévention,
à la réadaptation, mais qui touchent à des questions comme
des examens pour fins d'assurances, expertise reliée à une cause
devant les tribunaux, des choses de cette nature-là.
Justement pour éviter qu'on se serve de cet article pour vider la
loi de son contenu, d'une certaine façon, qu'on en dépasse la
portée, il a été prévu à la fin, au haut de
la page 18, la nécessité que le ministre fasse publier les
projets de règlements et qu'avant qu'ils soient soumis au
lieutenant-gouverneur en conseil pour approbation une période de trente
jours s'écoule, de telle sorte que le ministre ne se serve pas de ce
moyen pour vider la loi de son sens.
M. LAURIN: Mais je ne me trompais pas en pensant que c'est à peu
près le genre d'actes éliminés.
M. CASTONGUAY: C'est cela.
M. LAURIN: Dans les actes qui peuvent être requis au point de vue
médical, aux termes du paragraphe à) de l'article 3, il y a
certains actes je pense en particulier à ma
spécialité où une certaine fréquence peut
être telle qu'elle puisse provoquer des froncements de sourcils de la
part de l'organisme payeur. Je pense, par exemple, à certains actes de
physiothérapie, qui se répètent d'une façon souvent
indéfinie, aux maladies chroniques, aux maladies à longue
durée. Je pense aussi à certains actes psychiatriques. On sait
que, dans la science moderne psychiatrique, la psychothérapie constitue
un moyen thérapeutique majeur. Mais justement, la psychothérapie
est souvent jugée nécessaire par le médecin un certain
nombre de fois par semaine, et comme cet acte prend un certain temps, une
demi-heure, trois quarts d'heure, et que ces actes peuvent être
répétés un certain nombre de fois par semaine, il peut
s'avérer que la régie trouve la fréquence de ces actes
assez grande et qu'elle puisse hésiter à payer.
A ce moment, cela tombe franchement sous l'article 3: « requis au
point de vue médical ». On peut penser que, par règlement,
on pourrait peut-être entamer un peu l'esprit...
M. CASTONGUAY: Je ne crois pas. Je crois que le règlement irait
à l'encontre du sens de la loi. Si, comme vous le dites, la régie
croit que ces services ne sont pas requis au point de vue
médical, elle devra soumettre la question à la commission
d'appréciation des différends.
M. LAURINî M. le Président, je me réfère
à quelque chose qui s'est passé en Angleterre, en France
où les actes psychiatriques, les actes psychothérapiques
étaient couverts par là loi de la sécurité sociale.
Et l'usage qui a été fait de cette loi a fait qu'à un
certain moment la régie envoyait ses enquêteurs, ses inspecteurs,
d'une façon régulière, dans les bureaux des
médecins psychiatres, et ces enquêteurs posaient toutes sortes de
questions harcelantes, harcelaient les professionnels de la santé pour
leur demander si vraiment il était nécessaire de voir un patient
deux, trois fois par semaine pour trois quarts d'heure, pour le guérir
d'une petite peur qu'il aurait, parce qu'il ne peut pas aller dans un endroit
public, ou qu'il ne peut pas monter dans un ascenseur. Est-ce qu'il est
vraiment nécessaire d'appliquer un remède qui coûte aussi
cher à l'Etat pour une claustrophobie ou une agoraphobie? Et les
professionnels de la santé ont été tellement
excusez le terme écoeurés, que plusieurs, pour ne pas dire
la plupart, se sont désengagés pour éviter ces
enquêtes harcelantes de la part de l'organisme payeur.
Et ici, je voulais m'assurer que l'esprit de la loi sera
respecté, que les professionnels de la santé non seulement les
psychiatres, mais les physiothérapeutes, également les
physiatres, ne soient pas sans cesse l'objet d'enquêtes de la part de la
régie, et que les actes qu'ils posent en toute légitimité
scientifique et professionnelle puissent faire l'objet d'un doute de la part de
la régie.
M. CASTONGUAYj C'est pourquoi on a bien pris soin, et je pense que la
discussion de la loi l'a bien démontré jusqu'ici, de ne pas
mêler les rôles et de donner aux corporations professionnelles le
pouvoir de juger s'il y a réellement nécessité au point de
vue médical. Je ferais aussi remarquer que vous venez de me donner un
nouvel argument qui, à mon sens, justifie la nécessité
d'une certaine souplesse au plan du désengagement.
M. LAURIN: Non...
M. CASTONGUAY: On s'inspirerait de la France encore une fois, même
si ce n'est pas le désir de la loi; les psychiatres auraient une
certaine possibilité de recours, à ce moment.
M. LAURIN: En fait, ces professionnels qui se sont
désengagés, en France et en Angleterre, ne sont pas
remboursés du tout par la régie.
M. CASTONGUAY: Ici, on les rembourserait à 75% tant qu'ils n'ont
pas atteints 3%.
M. LAURIN; De toute façon, je prends note avec plaisir de
l'assurance que nous donne le ministre de la Santé en ce qui concerne la
façon dont ces cas seront jugés; ce qui revient à dire que
lorsqu'un doute s'élèvera dans l'esprit des membres de la
commission, ils soumettront le problème à la corporation
professionnelle...
M. CASTONGUAYi C'est cela.
M. LAURIN: ... qui étudiera la question et qui pourra soumettre
en retour...
M. CASTONGUAY: C'est cela.
M. LAURIN: ... son avis à la commission de la régie.
M. CASTONGUAY: C'est cela.
M. LAURIN: J'ai une autre question à poser. Parmi les actes qui
peuvent être éliminés, il y en a que nous pratiquons
souvent en médecine, et qui sont moins requis que d'autres.
C'est-à-dire, on a à choisir entre ce qui est bon et ce qui est
meilleur. Et parfois, ce qui est meilleur coûte plus cher. Mais, cela
coûte plus cher et c'est moins requis, c'est-à-dire, cela peut ne
pas s'avérer aussi nécessaire.
Je pense en particulier, par exemple, au statut ambigu qu'occupe la
psychanalyse, comme discipline professionnelle dans le champ de la psychiatrie.
La psychanalyse est une technique qui peut être considérée
thérapeutique, à certains égards, et qui peut être
considérée pédagogique ou réadaptatrice, à
d'autres égards. Et parfois, on a le choix, lorsqu'on se trouve devant
un malade, de lui dire: II est possible que nous puissions venir à bout
du symptôme que vous présentez par une psychothérapie, mais
il serait mieux, il serait préférable, d'aller plus au fond des
choses et de vous recommander une psychanalyse. C est un cas que nous avons en
médecine.
Mais la psychanalyse ne s'applique pas qu'à ceux qui ont besoin
d'une cure plus ou moins profonde. Elle peut s'appliquer aussi à des
professionnels de la santé qui désirent connaître d'une
façon particulière cette technique de réadaptation, de
rééducation ou de traitement, pour augmenter, améliorer
leur formation professionnelle. Et il se trouve, par exemple, que plusieurs
assistants sociaux, psychologues, médecins, pédagogues
désirent se soumettre à une psychanalyse. Actuellement, on peut
dire qu'il y a autant de gens qui veulent se soumettre à une psycha-
nalyse pour des fins de formation personnelle que pour des fins
scientifiquement utiles.
Je me demande où va entrer la psychanalyse dans cet
article-là. Est-ce que cela va entrer à l'article 3 a), ou est-ce
que cela va être tenu en dehors du régime parce que son statut
scientifique est trop ambigu, que ce n'est pas assez certain qu'elle touche des
aspects proprement médicaux, en ce qui concerne les services
assurés, ou les services de formation professionnelle. J'aimerais savoir
du ministre si cette question a été discutée et si une
décision a été prise à cet égard.
M. CASTONGUAY: La question a été discutée. En ce
qui a trait au...
M. LAURIN: M. le ministre, j'aimerais ajouter quelque chose. Une autre
source de complications, aussi, vient du fait que les psychanalystes ne sont
pas tous médecins. Il y a des médecins et des psychanalystes qui
sont psychologues...
M. CASTONGUAY: Cela me surprenait que vous oubliiez cette
catégorie. M. le Président, en ce qui a trait au choix du mode de
traitement d'un patient, la loi n'impose absolument rien au praticien. C'est
à lui de déterminer le traitement qui lui apparaît le plus
approprié, que ce soit dans le domaine de la psychiatrie, que ce soit
dans le domaine de la médecine physique ou de la réadaptation,
etc. Toutefois, lorsque la psychanalyse est pratiquée pour des fins
d'enseignement, en fait, on sort de la portée du régime et je
pense qu'on peut assimiler cela à tout autre cours qu'un professionnel
peut vouloir prendre: l'omnipraticien qui veut se spécialiser ou qui
veut prendre un cours de recyclage en anesthésie, ou, je ne sais trop.
Mais là, si la psychanalyse est faite aux fins de démonstration
à d'autres professionnels, c'est pour des fins d'enseignement, et ce
n'est pas le but de la loi ici.
Enfin, en ce qui a trait aux psychologues, je sais qu'ils s'adonnent
également à cette technique de la psychanalyse, mais la
nécessité nous oblige, pour le moment, à notre avis,
à procéder par étapes dans l'extension des services
assurés, et à exclure ceux qui dispensent les services qui ne
sont pas compris présentement dans les catégories de
professionnels habilités à signer des ententes avec le
ministre.
M. LAURIN: II y a un autre facteur. La psychanalyse, en raison
même de sa complexité, en raison du fait qu'elle est
pratiquée par très peu de spécialistes puisqu'elle exige
une forma- tion très longue, en raison aussi du coût très
élevé qui est imparti au client dans l'ancien système,
c'est lui qui payait, et à l'assurance-maladie, dans le nouveau
système, plusieurs se sont demandé s'il n'était pas plus
opportun, à l'heure actuelle, d'éliminer la psychanalyse comme
service assuré, étant donné qu'une très faible
proportion de la population en profite, et étant donné que
l'exercice de cette spécialité rend parfois difficile
l'intervention d'un tiers entre le malade et le praticien qui pratique cette
technique.
Je vous transmets, si vous ne la connaissez déjà,
l'opinion du corps professionnel, qui réunit les psychanalystes
actuellement, selon laquelle, dans une première étape du
régime, non seulement ne s'opposeraient-ils pas mais ils favoriseraient
l'élimination de ce service de la gamme des coûts couverts par la
loi d'assurance-maladie. Je ne sais pas si des représentations vous ont
été faites en ce sens...
M. CASTONGUAY: Moi, c'est la première fois que j'en entends
parler. M. Després confirme que l'association des psychiatres n'a jamais
officiellement fait de telles propositions. C'est réellement la
première fois que j'en entends parler.
M. LAURINî Ce n'est pas l'association des psychiatres, c'est la
Société psychanalytique de Montréal...
M. CASTONGUAY: Bien, cette société et le
député de Montmagny ainsi que le député de Dubuc
confirment qu'à leur connaissance jamais de telles
représentations n'ont été faites.
M. LAURIN: Je suis un peu étonné parce qu'étant
psychanalyste moi-même, sans avoir participé à ces
réunions, j'ai été tenu informé de ces
réunions. Je sais que les psychanalystes se sont réunis à
plusieurs reprises, durant de longues heures, qu'ils ont tenté
d'étudier tous les aspects de la question. La conclusion que je vous
rapportais représente l'opinion unanime de tous les psychanalystes que
groupent les corps reconnus de psychanalyse, c'est-à-dire la
Société canadienne de psychanalyse et la Société
psychanalytique de Montréal. Je croyais qu'un télégramme
vous avait été envoyé à cet effet et que...
M. BOIVIN: Est-ce que ce sont des actes payés à salaire,
par des gens qui sont payés à salaire...
M. LAURIN: Non, non, non.
M. BOIVIN: ... ou si ce sont des actes médicaux?
M. LAURIN: Ce sont des actes payés à l'acte.
M. BOIVIN: Payés à l'acte. M. LAURIN: Oui.
M. GOLDBLOOM: Je m'excuse de mon ignorance, est-ce que la
société comprend les psychanalystes non médecins?
M. LAURIN: Oui, aussi.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le député de Bourget
pose cette question-là en raison des excès possibles de la
population vis-à-vis de ce service?
M. LAURIN: Même si le nombre des psychanalystes est peu
élevé, étant donné que la psychanalyse comporte
quatre ou cinq séances par semaine de trois quarts d'heure ou d'une
heure, et connaissant la rémunération demandée parle
tarif, Je suis assuré que la somme de ces actes, même si elle
concerne un petit nombre de spécialistes, va faire, à la fin de
l'année, que nous atteindrons une somme assez considérable.
Par ailleurs, les professionnels qui pratiquent cette technique ne sont
pas intéressés, pour le moment, à ce que ce service soit
couvert pour la raison que je mentionnais tout à l'heure, que, dans un
premier stade, l'intervention d'un tiers payant entre le client et eux peut
leur poser certaines difficultés.
M. CASTONGUAY: Il y a un certain problème qui se pose, deux
problèmes, en fait. Si on veut éliminer la psychanalyse du projet
de loi, comme je l'ai mentionné, l'article 56 b) ne nous permet pas de
le faire parce qu'on ne peut pas exclure, par cet article, des services qui
pourraient être requis au plan médical. C'est simplement l'autre
catégorie. Cela, c'est une première difficulté.
Une seconde, c'est que la Société psychanalytique...
M. LAURIN: La Société canadienne de psychanalyse, et sa
section française qui s'appelle la Société psychanalytique
de Montréal.
M. CASTONGUAY: ... de Montréal, même si elle a
exprimé cette opinion, qui ne nous a pas été
communiquée, il n'en demeure pas moins que, si nous nous basions sur
cette opinion, est- ce qu'il ne pourrait pas y avoir une réaction
contraire de la part, par exemple, de l'Association des psychiatres?
M. LAURIN: Non, je ne crois pas.
M. CASTONGUAY: Si nous étions assurés de ceci, en temps
utile et assez rapidement, pour ma part, je me demande si on ne devrait pas
considérer la possibilité d'exclure la psychanalyse.
M. LAURIN: Ce qui serait une grande économie pour le
régime, d'une part, et qui pourrait satisfaire même les
intéressés.
M. CASTONGUAY: Les psychologues seraient contents.
M. LAURIN: De toute façon, c'était pour fins
d'information, puisque le lieutenant-gouverneur en conseil pourra adopter un
règlement. C'était pour informer...
M. AUDET: Ce service-là, qui en paierait les frais?
M. LAURIN: Ce serait à la charge de ceux à qui une
recommandation d'une telle mesure serait faite. En fait, c'est ce qui se
produit dans la plupart des pays aussi. C'est ce qui se produit en France, en
Angleterre, justement à cause du coût très
élevé de cette mesure de réadaptation.
M. AUDET: Est-ce que le coût de l'assurance-santé, de ce
fait, ne serait pas modifié?
M. LAURIN: C'est difficile à dire parce que la négociation
des tarifs n'est pas encore commencée, d'après ce que le ministre
nous a dit.
M. CASTONGUAY: Malgré tout, même si ce sont des services
assez dispendieux, étant donné le nombre restreint, l'effet sur
le coût global ne serait pas tellement significatif.
Avec la permission de la commission, est-ce que nous pourrions demander
au député de Bourget de communiquer, ou de faire communiquer,
avec l'association? Lui-même est psychiatre, psychanalyste. Je crois que
l'on devrait communiquer à la fois avec l'association des psychiatres et
la Société psychanalytique de Montréal. Et si les deux
sont d'avis que nous devrions exclure la psychanalyse des services
assurés, à ce stade-ci, on pourrait en examiner le pour et le
contre. A ce moment-là, je crois que la façon la meilleure, ce
serait d'exclure dans
l'article 3 a) spécifiquement la psychanalyse, parce que, comme
je l'ai mentionné, l'article 56 b) n'a pas comme intention de permettre
d'exclure des soins de cette façon.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors, le paragraphe b) va être
laissé en suspens...
M. LAURIN: Si c'est le désir de la commission, il me fait plaisir
de me charger...
M. BOIVIN: Si le député de Bourget veut se charger de
cette mission.
M. CASTONGUAY: Il est payé à salaire. Il le fait, n n'y a
pas de changement. Ce serait pour celui qui pratique à l'acte, qui se
fait payer par les malades. Il continuerait de le faire.
M. BOIVIN: II continuerait même dans un hôpital?
M. CASTONGUAY: S'il pratique à l'acte. Mais s'il est à
salaire, cela ne change rien.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Paragraphe c).
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est le paragraphe b ).
M. LE PRESIDENT (Fortier): On continue. M. le député de
Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Juste une autre remarque. M. le
Président, au paragraphe b ), si le député de
Jacques-Cartier, qui est un op-tométriste, n'ajoute pas d'autre chose
que ce qu'il a dit, s'il est satisfait de la rédaction, je ne vois pas
comment, décemment, je pourrais aller plus loin qu'il ne l'a fait.
M. CASTONGUAY: C'est une drôle de façon de poser la
question.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Paragraphe c ).
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, j'ai dit que je m'entendais
sur le fond du problème. C'est un détail technique tout
simplement.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Paragraphe c).
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, au paragraphe c), il
s'agit des chirurgiens-dentistes qui vont pratiquer la chirurgie buccale. Il
s'agit de définir le milieu hospita- lier en dehors du Québec. Je
voudrais faire ici une simple observation au ministre, nous avons
mentionné, au cours de ce débat, le fait que l'exclusion des
services rendus par les dentistes en cabinet privé, en ce qui concerne
la chirurgie buccale, pourrait entraîner des demandes de la part des
hôpitaux d'installer de l'équipement assez dispendieux.
Apparemment non seulement apparemment, cela peut se vérifier
très facilement plusieurs hôpitaux ne sont pas
équipés actuellement pour permettre de dispenser ces soins en
milieu hospitalier. Le ministre a-t-il l'intention d'étudier en
priorité cette question des soins dispensés par les dentistes en
cabinet privé afin d'éviter justement, à court terme, une
demande d'équipement assez dispendteux?
Le simple fait d'étudier en priorité la possibilité
d'étendre la couverture pourrait exempter l'installation
d'équipement dispendieux.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je ne veux pas être
désagréable, mais je crois qu'on a discuté de toute cette
question lors de l'analyse de l'article 3, paragraphe b). Ce serait
répéter, prolonger inutilement la discussion, il me semble, que
de la reprendre ici, où on discute d'un article qui n'a que pour fins la
définition de ce qu'est un milieu hospitalier en dehors du
Québec. Dans l'article 3 b), on dit un hôpital au sens de la Loi
des hôpitaux, mais il fallait avoir ce paragraphe c). Alors, je ne
voudrais pas prolonger les travaux et répéter ce que j'ai
dit.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, ce n'est pas pour faire une discussion
là-dessus. C'est juste pour demander au ministre s'il est prêt
à faire étudier cela en priorité, au cas où il y
aurait une extension du régime et que ce soit compris dans les
priorités.
M. CASTONGUAY: Je l'ai déjà dit à l'article 3
b).
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors, paragraphe d). Paragraphe e).
Paragraphe f). Paragraphe g). Paragraphe h).
M. LAURIN: M. le Président, à mon humble avis, il peut
s'avérer très difficile d'établir des normes qui vont
permettre de déterminer les cas d'urgence dans lesquels la régie
s'engage à payer la rémunération à un professionnel
désengagé. Je me demande si cela a fait l'objet d'une
étude préliminaire. Dans quel esprit, encore une fois, la
détermination des règlements pourra-t-elle être faite?
M. CASTONGUAY: Evidemment, c'est une question difficile, j'en conviens.
Aussi, au lieu de parler de conditions ou de critères, ce qui est
beaucoup plus précis, on a simplement parlé de normes pour donner
un peu plus de souplesse. Maintenant, en ce qui a trait à l'étude
qui aurait pu être faite de telle norme, je suis obligé de
demander à M. Després s'il a des commentaires à faire.
M. DESPRES: A ce jour, comme vous le savez, les normes n'ont pas toutes
été établies. Je pense qu'il faut plutôt
établir sous un titre générique les cas d'urgence qui
peuvent être couverts. A l'expérience, il serait certainement plus
facile d'établir des normes précises. Au point de départ,
je pense que les normes seront générales, en ce sens qu'elles
devront couvrir des cas généraux. Par exemple, à titre
générique, pourrait être accidenté celui qui n'est
pas couvert par une autre loi que la Loi de l'assurance-maladie.
M. LAURIN: Je vais vous soumettre un exemple. Mettons qu'un
professionnel désengagé fait partie du corps médical d'un
hôpital. Il appartient, par exemple, au service de neuro-chirurgie et le
service de neuro-chirurgie ne compte que deux spécialistes. Ce
spécialiste, à cause de l'ampleur de l'hôpital, du
caractère universitaire de l'hôpital, se trouve de garde tous les
deux jours. On lui amène, pendant qu'il est de garde, deux, trois cas
par nuit, des traumatis-mes à la suite d'accidents de la route et il se
voit obligé d'intervenir. Est-ce que ce serait une norme qui serait
acceptable, lorsqu'un professionnel non engagé se trouve souvent de
garde, dans un hôpital?
M. DESPRES: Je pense que cela pourrait certainement être une
norme, surtout dans les cas d'urgence. Je pense que c'est un des cas qui
devraient nécessairement être couverts, parce que le patient a
besoin de soins, que le médecin soit engagé ou pas.
M. LAURIN: A ce moment-là, est-ce que ça ne peut pas
devenir une incitation au désengagement?
M. DESPRES: A moins que la proportion des cas d'urgence soit
supérieure aux cas conventionnels, je ne le pense pas.
M. LAURIN: J'ai pris l'exemple du neurochirurgien, mais j'aurais pu
aussi prendre l'exemple d'un traumatologue qui est de garde très
souvent, et là les accidents peuvent être nombreux. Je pense
à certains hôpitaux métropolitains, par exemple.
M. CASTONGUAY: De là la nécessité d'une limite de
3% au désengagement pour garder un équilibre. Si on les encourage
trop...
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Dubuc a une
question supplémentaire.
M. BOIVIN: Au paragraphs d), on détermine le domicile du
médecin. Alors, dans les viles limitrophes, comme on parlait...
M. CASTONGUAY: Ce n'est pas le domicile du médecin.
UNE VOIX: A quel article?
M. BOIVIN: Au paragraphe d)... de préciser sous réserve
des dispositions de la présente loi, des cas où une personne
demeure au Québec et y est ordinairement présente.
M. CASTONGUAY: Ce n'est pas pour les fins du professionnel. C'est
seulement pour les fins d'une personne qui réside au Québec,
c'est sur le critère de résidence.
M. LAURIN: M. le Président, j'ai pris le cas d'un hôpital,
mais j'aurais pu prendre aussi le cas d'un médecin qui pratique à
son cabinet privé. On sait que, pour un malade, l'affection qu'il
présente est toujours urgente; il a toujours tendance à prendre
sa maladie pour ce qu'il y a de plus important au monde et là on ne sait
pas à qui incombera le fardeau de la preuve. Au
bénéficiaire, à la régie ou au professionnel?
C'est simplement un problème que je soulève parce que, en
pratique, la définition de ces normes peut causer certaines
difficultés. Je vois donc que ce ne sera pas facile d'établir ces
normes.
M. CASTONGUAY: Je suis d'accord avec vous qu'au début il va y
avoir certaines difficultés qui, je crois bien, vont s'aplanir avec
l'expérience.
M. CLOUTIER (Montmagny): Un autre commentaire sur l'article 56, M. le
Président. On a fait disparaître le paragraphe h), qui existait
dans la première version et qui parlait des frais modérateurs.
Evidemment on a précisé dans la loi quels seraient les services
inclus, tandis que la première loi était une loi-cadre.
Peut-être que cette disposition s'insérait, devait
s'insérer davantage dans le premier projet de loi. Est-ce que le
ministre ne croit pas que, même s'il ne trouve pas son application dans
cette loi ce serait préférable de laisser cette
disposition comme mesure de prudence ou d'avertissement? Il y a des
provinces, au début, qui n'avaient pas prévu de frais
modérateurs. Je crois que c'est la Saskatchewan qui a imposé les
frais modérateurs pour certains actes médicaux. Est-ce que le
ministre ne croit pas que ce serait plus prudent, même si on ne s'en sert
pas dans cette loi précise, au moment où on ouvrira la loi pour
d'autres soins, comme les médicaments, de décider de mettre des
frais modérateurs. C'est une opinion que je demande.
M. CASTONGUAY: C'est une autre des questions qui a été
discutée lors de la préparation du projet de loi. H y a deux
possibilités à mon avis, soit lors de l'inclusion, par exemple,
des médicaments ou de certains types de prothèses, comme les
lunettes. Il peut devenir nécessaire, à ce moment-là, lors
du prolongement de la protection de prévoir l'imposition de frais
modérateurs.
Alors, au lieu de le faire par règlement, je crois que l'on
devrait le faire par amendement à la loi, en même temps que l'on
prévoit des services additionnels.
Dans les autres cas, soit en ce qui a trait aux soins médicaux,
aux services optométriques, à la chirurgie buccale, on n'a pas
cru, étant donné les dispositions prévues dans la loi
à ce stade-ci, que les frais modérateurs étaient
nécessaires. On a voulu permettre le plus grand accès possible
aux soins.
Le seule chose qui pourrait nous faire changer d'idée, c'est
l'expérience. S'il s'avérait qu'il y ait des abus par exemple;
mais comma on l'a mentionné précédemment, avant
d'être en mesure de porter un jugement, il faudrait attendre d'avoir
l'expérience. L'expérience nous permettra, en temps utile,
d'apporter des amendements nécessaires si, à un moment
donné, on jugeait que des frais modérateurs devraient être
imposés.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors, l'article 56.
M. LAURENT: Un autre commentaire, le dernier. Pour éviter,
peut-être les difficultés que je mentionnais tout à l'heure
ou pour en favoriser la solution, est-ce qu'il n'y aurait pas moyen, pour la
régie, de requérir, même par le texte de la loi, l'aide de
la corporation professionnelle ici, pour définir les normes d'urgence
?
M. CASTONGUAY: C'est justement une des choses que M. Després me
disait tantôt. Pre- mièrement, ces questions seront
discutées, soit à la table des négociations, soit avec la
corporation professionnelle impliquée. Alors, je ne crois pas que ce
soit nécessaire, encore une fois, de les mentionner dans la loi.
Il ne faut pas oublier que les professionnels sont
représentés à la régie et que le
lieutenant-gouverneur en conseil consultera la régie avant d'adopter des
règlements.
M. LAURIN: En l'occurence, j'aurais beaucoup plus confiance à la
corporation qu'aux associations parce que c'est véritablement le corps
chargé de protéger les intérêts du public et qui a
à son service toute une gamme de services, de personnes...
M. CASTONGUAY: Je ne sais pas si c'est présumer, mais est-ce que
c'était l'intention de M. Després de demander l'opinion des
corporations professionnelles sur une question comme celle-là?
M. DESPRES: Habituellement, nous avons essayé, lorsque
différents organismes étaient intéressés à
une question précise, de leur demander leur opinion sur la question, de
façon à arriver à une solution qui soit acceptable pour
toutes les parties en cause qui seront nécessairement affectées
par la recommandation qui pourrait être faite au
lieutenant-gouverneur.
M. LAURIN: Mais si c'est votre intention de consulter la corporation des
médecins, je serais tenté de dire, comme Vauvenargues: « Si
cela va sans dire, cela va encore mieux en le disant. »
M. CASTONGUAY: Je pense que cela alourdirait le texte de la loi si on le
spécifiait à chaque fois que la nécessité de
consultation pouvait se faire sentir. Je pense qu'il faut s'en reporter
à une question de confiance dans la direction de la régie et de
son directeur général.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Est-ce que l'article 56, tel qu'amendé
à b) est adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, l'autre amendement qui doit venir.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Au sujet de l'information que nous aurons du
député de Bourget. D'accord? Article 57.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais poser une
seule question au président de la régie. Est-ce que les formules
sont prêtes à ce moment-ci?
M. DESPRES: Oui, tout le formulaire est prêt, le formulaire qui
devra être complété par les professionnels de la
santé pour l'application de la présente loi. Il va de soi que,
s'il y avait des dispositions de la loi, des règlements qui
l'affectaient, il faudrait le modifier. Toutefois, chacune de ces formules a
été discutée à la régie où sont
représentées les associations de professionnels concernés
et d'autres secteurs. De plus, nous avons, avec l'assentiment des membres de la
régie, consulté les techniciens des fédérations
afin de nous assurer qu'il n'y a pas d'imcompatibilité avec la
façon dont nous exigerions que les professionnels procèdent pour
compléter ce formulaire, et ils ont paru satisfaits. Il nous reste
seulement deux associations à consulter, au plan du relevé
d'honoraires, c'est celle des optométristes et celle des dentistes,
chose qui devrait être faite d'ici la fin de la semaine. Nous avons
terminé ce formulaire qui n'a reçu l'approbation de la
régie que la semaine dernière.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je suis satisfait
d'entendre le président de la régie dire que cette
opération est terminée et que, si ce n'est que de deux ou trois
consultations, les formules sont prêtes pour l'entrée en vigueur
du régime d'assurance-maladie. Je pense que le député de
Bourget l'a noté, même si la consultation n'est pas toujours
indiquée, en pratique la régie et le ministère de la
Santé doivent se faire un devoir de faire cette consultation.
M. LAURIN: Pas d'objection pour moi. Juste avant que la commission
termine ses travaux, j'aurais une information à demander au ministre de
la Santé. Je ne sais pas s'il consentira à me la donner. Est-ce
qu'il y aurait possibilité de savoir le montant de la contribution du
gouvernement fédéral, en tant qu'employeur pour les fins de
l'assurance-maladie des fonctionnaires fédéraux du
Québec.
M. CASTONGUAY: M. Després me dit qu'ils n'ont pas fait
d'estimation spécifique à cette fin; les évaluations qui
ont été faites, quant au rendement des contributions
employé-employeur, travailleur autonome, n'ont pas été
faites par catégorie d'employés, elles ont été
faites pour l'ensemble des salariés.
M. LAURIN: Je me demandais si cela serait défalqué du
montant total de la contribution du fédéral au projet
d'assurance-maladie.
M. CASTONGUAY: Non, en vertu de chacune des lois, les fonds sont
payés, même si, à un moment donné, il y a des
recoupements qui peuvent se faire.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors, article 57, adopté. Article 58,
adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors, la commission ajourne ses travaux
à demain matin à dix heures.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que c'est ici, M. le Président,
parce que la commission...
M. LE PRESIDENT (Fortier): Ici. Il n'y a qu'un projet de loi à
étudier et ça va prendre cinq minutes. Alors, à dix heures
demain matin.
(Fin de la séance : 18 h 5)
Séance du jeudi 9 juillet 1970 (dix heures sept
minutes)
M. LE PRESIDENT (Fortier): A l'ordre! M. le ministre de la
Santé.
Désengagement
M. CASTONGUAY: M. le Président, hier, au début de la
séance de l'après-midi, avec l'assentiment des membres de la
commission, nous avions suspendu les articles 11, 12, 13 et 14 enfin 11
et 12, mais 13 et 14 sont des compléments afin de permettre une
discussion entre les chefs des quatre centrales syndicales, de même
qu'avec les présidents des deux fédérations de
médecins. Et il était clair, évidemment, même si
cela n'a peut-être pas été dit de façon explicite,
que ce n'était pas un processus de négociations parallèle
qui s'engageait, ni un processus de législation parallèle. Je
pense que c'était bien compris de la part de tous les membres de la
commission que c'est ici que les décisions doivent se prendre et nous
ferons ensuite rapport à l'Assemblée nationale. Mais étant
donné l'importance de ces articles, et malgré toute la discussion
qu'ils ont pu faire surgir au cours des semaines et même des
années, une dernière discussion pouvait être utile.
Alors, il y a eu des discussions hier après-midi et hier soir
entre les représentants des centrales syndicales, de même qu'avec
les présidents des fédérations de médecins. Je suis
allé les rencontrer à la fin de la soirée, à leur
invitation. Parce que je crois qu'ici on doit poursuivre notre travail, on a
donné droit de parole à tout le monde et on doit poursuivre notre
travail, tel qu'il a été convenu, sans représentation
d'organismes publics. Je suis donc allé les rencontrer et la rencontre a
donné lieu à certains résultats positifs; d'une part, les
présidents des centrales syndicales, de même que les
présidents des associations de médecins, ont avoué qu'ils
avaient une bien meilleure compréhension, de part et d'autre, de leurs
positions réciproques. D'autre part, ils ont également
constaté de façon beaucoup plus concrète la
difficulté du problème, par cette meilleure compréhension
du point de vue de l'autre.
Dans ce sens, cette discussion, qui a été rendue possible
par la décision de la commission de suspendre l'analyse de ces articles,
a donné deux résultats positifs. Quant à une entente qui
aurait pu ressortir de ces discussions, je dois vous dire toutefois qu'il n'y
en a pas eu. H n'y a pas de proposition concrète qui est ressortie de
cette discussion.
Alors, je vous demanderais, de nouveau, que nous suspendions on
avait dit qu'on reprendrait les articles 11, 12, 13 et 14 ce soir, si le
travail de la commission se rend jusqu'à ce soir ou cet
après-midi l'analyse de ces articles, jusqu'au moins le
début de la séance de cet après-midi, avec votre
permission.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Tous les membres de la commission sont
d'accord?
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je suis heureux
d'entendre de la part du ministre de la Santé que cette rencontre, qui
n'était certainement pas une négociation parallèle, parce
qu'il n'est pas question pour la commission comme le ministre l'a dit
de déléguer sa responsabilité, qui est de prendre
des décisions au sujet des articles qui nous sont soumis, mais qui a eu
un effet bénéfique: de faire comprendre mutuellement les points
de vue diamétralement opposés des centrales syndicales et des
professionnels de la santé.
Je suis heureux de voir que ce dialogue, que cet échange de vues,
a pu aider chacun à comprendre davantage la position respective de
chaque groupement.
Quant à l'absence de suggestions ou d'ententes de la part de ces
groupes, nous ne sommes pas surpris que tout le chemin n'ait pas
été parcouru dans une étape. Nous espérons que
cette rencontre pourra se produire lors de l'ouverture du projet de loi de
l'assurance-maladie, dans les années à venir. Nous sommes
d'accord pour retarder à cet après-midi ou à ce soir, la
décision finale du comité sur les articles 11, 12, 13, 14 et de
poursuivre notre travail en attendant.
M. LAURIN: La commission parlementaire a agi comme catalyseur
auprès des centrales syndicales et des centrales professionnelles. A ma
grande surprise, j'ai appris hier que les dirigeants de ces centrales ne
s'étalent jamais rencontrés. Il se contentaient de se mitrailler
d'un côté et de l'autre d'un fossé, et ceci augmentait
l'épaisseur des préjugés et des différends qui les
séparaient et, grâce à la suggestion que nous avons faite
de les entendre, on dirait qu'ils ont vu soudainement la
nécessité de se rencontrer plus souvent, de discuter exactement,
nettement de la nature de leurs différends, ce en quoi ils croyaient, ce
à quoi ils s'opposaient.
Il semble que cette rencontre n'a peut-être pas permis des
accommodements en ce qui concerne le présent projet de loi, mais elle a
favorisé une attitude tout à fait différente en ce qui
concerne les problèmes ultérieurs, relatifs à
l'organisation des services de santé. Je pense
que nous aurons peut-être fait d'une pierre deux coups, d'abord en
adoptant une loi qui, sûrement, améliorera la condition de
santé des Québécois, mais qui en même temps
permettra aux centrales syndicales professionnelles et non professionnelles,
d'unir leurs efforts dans l'avenir, pour aider le gouvernement à adopter
de meilleures lois et, en ce sens-là, je m'en félicite.
Quant à moi, j'accepte volontiers, de surseoir à l'examen
de ces articles 11, 12, 13 et 14, pour quelques heures encore. J'aurais aussi
une autre information à vous donner. A la fin de la dernière
séance, hier après-midi, à la demande du ministre, j'ai
tenté d'entrer en contact avec les représentants des
psychanalystes. Malheureusement, je n'ai pas pu parce que j'avais qu'un seul
numéro ici et la personne que j'ai essayé de rejoindre
n'était pas là.
Je profite quand même de l'occasion qui m'est donnée
je leur transmettrai, en fin de semaine, ce qui a été dit
à cette commission pour attirer à nouveau l'attention de
la commission sur la nature exacte de mes propos; du fait que je suis
psychiatre et psychanalyste, j'ai cru bon d'apporter à l'attention de la
commission la considération d'un problème qui m'a toujours
semblé très complexe, la psychanalyse étant une discipline
qui chevauche plusieurs champs d'activité, dont le champ médical,
le champ psychologique, le champ pédagogique. C'est en même temps
une discipline dont la couverture a donné lieu à plusieurs
difficultés dans d'autres pays. Et je voulais en informer la
commission.
En même temps, je voulais insister sur un autre point, c'est qu'il
pouvait s'avérer plusieurs modes de rémunération de cette
activité, soit à vacation, soit à l'acte professionnel,
pensant éclairer ainsi les travaux de la commission. Cependant, je n'ai
jamais pensé qu'il fallait, comme il est dit dans le titre d'un journal
de ce matin, exclure, surtout à l'article 3, le service de la
psychanalyse, justement parce que c'est un domaine de juridiction mixte qui
touche les médecins, les psychologues et d'autres professions. J'ai
toujours cru, au contraire, que c'est par règlement qu'il fallait
déterminer les conditions d'exercice d'une telle discipline, pensant que
c'est ainsi qu'on peut séparer les incidences médicales, les
incidences psychologiques, les incidences pédagogiques. En ce
sens-là, cela me paraissait très propre à la nature d'un
règlement que d'examiner en détail ces propositions. Et, enfin,
je pensais que cela ne pouvait se faire qu'avec la collaboration des
professionnels intéressés. C'est pour cela que je demandais si
cette société de psychanalystes avait communiqué avec
vous. Etant donné la complexité de cette discipline, je croyais
qu'il était ab- solument essentiel qu'elle puisse rencontrer les
autorités du ministère pour étudier en détail les
modalités d'application de couvertures de rémunération de
cette technique. C'était le sens de mon intervention.
M. CASTONGUAY: Est-ce que vous seriez d'accord que nous utilisions
l'article 56 b) à cet effet? Je comprends je l'ai expliqué
hier que ce n'est pas l'intention du gouvernement de vider l'article 3
de son sens ou de son contenu par l'article 56 b), mais dans ce cas
particulier, par règlement, on pourrait exclure initialement la
psychanalyse.
Lorsque la question aura pu être étudiée, le
départage peut s'effectuer, de telle sorte que la psychanalyse
pratiquée dans certaines conditions, pourrait s'avérer possible.
Et, par l'article, on pourrait amender ce règlement et permettre cette
couverture.
M. LAURIN: Cela me paraît pouvoir coller davantage à la
réalité.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors tout le monde est d'accord! Article 59.
Adopté?
Pénalités
M. CASTONGUAY: Voici, M. le Président, j'aurais un petit
amendement à proposer à l'article 59. C'est tout simplement un
amendement portant sur la forme du texte ou la bonne rédaction. Au
deuxième alinéa, à la quatrième ligne, il est dit:
« des services assurés » l'amendement propose que nous
disions a la place de «des» «le bénéfice»
«de services assurés», de telle sorte que l'article se lise
maintenant: « Personne ne doit sciemment aider ou encourager une autre
personne à obtenir ou recevoir de la régie, directement ou
indirectement, le béfice de services assurés. » Cest la
terminologie qui a été utilisée dans d'autres articles,
à cet effet-là, et les officiers légistes ont
suggéré que, pour fin de clarté, on apporte cette
modification qui est purement « formelle ».
M. CLOUTIER (Montmagny): D'ailleurs, la même terminologie est
employée un peu plus loin dans le même alinéa.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors, l'article 59, tel que modifié,
adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Article 60.
M. LAURIN: M. le Président, est-ce que je peux demander au
ministre et peut-être aussi, au président de la régie, si,
dans l'exécution de la Loi de l'assistance médicale, il y a eu
des infractions qui ont nécessité des
pénalités?
M. CASTONGUAY: Pas à notre connaissance.
M. LAURIN: Pourquoi des pénalités ont-elles
été prévues à ce projet de loi et qu'est-ce qui a
aidé à fixer ces montants-là, aussi bien pour 59 que pour
60?
M. CASTONGUAY: Tout comme dans l'ancien projet de loi, il y a certaines
dispositions dans tout projet de loi, s'il n'y a pas certaines
pénalités de prévues quant à sa mise en application
par exemple, ou quant à la contravention à certaines des
dispositions, s'il n'y a pas de sanction, je pense qu'il y a un
élément qui manque. Je pense qu'on retrouve cela dans toutes lois
de cette nature.
En ce qui a trait aux dispositions, le deuxième alinéa de
l'article où les montants ont été haussés, si ma
mémoire est fidèle, par rapport à l'ancien projet de loi,
c'est qu'ici, si on remarque bien la distinction, on dit: « Quiconque
contrevient sciemment ». Là, il n'y a pas simplement
négligence. Et, étant donné qu'il s'agit ici d'une loi en
vertu de laquelle des renseignements d'une grande importance peuvent être
transmis, utilisés, il nous est apparu important de hausser le montant
des pénalités. J'ai vu, d'ailleurs que, sur ce point et je
comprends que le député de Montmagny, lorsqu'il était
ministre, n'avait pas cette information dans le rapport qui a
été rendu public, le rapport de la commission, c'est une question
à laquelle on a attaché beaucoup d'importance.
Contrairement au passé, où, bien souvent, le praticien
était seul et gardait ses propres dossiers, aujourd'hui, dans les
équipes de distribution de soins, le praticien transige avec des tiers
payants; il doit avoir un personnel administratif, bien souvent du personnel de
soutien, des techniciens, des infirmières, et d'autres.
Les possibilités de tort qui pourraient être
créées à des individus, par la mauvaise utilisation de
renseignements, peuvent être assez grandes et c'est la raison pour
laquelle nous avons mis ces pénalités. Je comprends, lorsque le
premier bill a été rédigé, que l'ancien ministre
n'avait par les recommandations de la commission à ce sujet. Ici, le
désir et l'intention sont de respecter, dans toute la mesure du
possible, la vie privée des gens et le secret professionnel.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, dans l'ancien projet de
loi, la pénalité qui pouvait être imposée aux
médecins pour l'infraction, pouvait être exclue de l'application
de l'entente pour un maximum de cinq ans. Evidemment, cette disposition n'a pas
été retenue. Quelle est maintenant la pénalité
maximum que pourrait encourir un professionnel de la santé en vertu de
tous ces articles pour des infractions commises contre l'entente?
M. CASTONGUAY: La distinction entre le nouveau projet et l'ancien est la
suivante; quant aux paiements des honoraires, si un médecin, ou un autre
professionnel, a réclamé des montants auxquels il n'avait pas
droit, on a vu que la régie peut refuser le paiement. Cela peut aller
soit devant un conseil d'arbitrage, si un tel conseil n'a pas été
prévu dans une entente, devant les tribunaux ordinaires. Ce sont les
mêmes mécanismes qui s'appliquent sur le plan financier. Ce sont
des mécanismes réguliers.
Quant aux dispositions de la loi touchant la transmission de
renseignements, etc., les sanctions, les pénalités ordinaires,
s'appliqueront aux médecins comme à tout autre professionnel de
la santé, s'ils enfreignent une disposition de la loi.
Enfin, comme nous avons remis aux corporations professionnelles, par ce
projet de loi, les sanctions disciplinaires qui peuvent être prises, le
pouvoir d'exclure de l'entente, un médecin ce qui correspond
pratiquement à sa mort au plan économique, étant
donné que c'est en définitive l'équivalent de le bannir de
l'ordre nous avons donc jugé puisqu'on a remis ce pouvoir
aux corporations professionnelles qu'il devait être enlevé
des mains, soit de la régie, soit de la commission de surveillance, pour
le remettre à l'endroit où, dans toute la philosophie du projet
de loi il doit aller, c'est-à-dire dans les mains des corporations
professionnelles.
M. LE PRESIDENT (Fortier): M. le député de
Saint-Sauveur.
M. BOIS: M. le Président, j'aurais une question à poser
à M. le ministre. Est-ce qu'en même temps l'article a pour but de
prévenir les fraudes, ou strictement les cas de fausses
déclarations médicales? Est-ce que les fraudes, au sens
péjoratif du mot, soit par quantités, comme cela a
été le cas dans certaines enquêtes récentes...?
M. CASTONGUAY: L'un n'empêche pas l'autre. S'il y a fraude, la
régie devra récupérer les sommes qui auraient
été payées et pourra même, au besoin, intenter des
poursuites.
M. BOIS: Conformément à l'article que nous avons ici.
M. CASTONGUAY: Et pas simplement conformément à l'article,
mais en vertu du code criminel et des lois applicables.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il est exact de dire que le
professionnel de la santé n'est touché que par les
pénalités prévues aux articles 59 et 61? L'article 60 ne
couvre pas les professionnels de la santé. Ils ne seraient couverts que
par les articles 59 et 61, et la pénalité maximale serait de
l'ordre de $1,000, s'il y a récidive. C'est une question que je pose. Je
ne voudrais pas faire un débat sur l'insuffisance de la
pénalité, mais je veux bien savoir à quoi m'en tenir; je
veux comparer les pénalités prévues pour le professionnel
de la santé et les pénalités prévues pour les
bénéficiaires du régime qui ne respectent pas les termes
de l'entente, ou pour les membres des régies et des commissions qui
donnent des renseignements.
M. CASTONGUAY: D'accord, l'article 60 ne s'applique pas aux
professionnels de la santé, mais aux fonctionnaires, aux membres de la
régie, etc. Mais, en plus des articles 59 et 61, il y a tous les recours
ordinaires, aux tribunaux ou encore aux corporations professionnelles. Il y a
les pénalités prévues dans les lois corporatives. Cest
pour ça que, si on remet ce pouvoir aux corporations professionnelles,
on ne peut pas retrouver des additions ici. Je pense que si les corporations
professionnelles jouent leur rôle normalement, les
pénalités adaptées aux situations, aux effractions ou aux
cas de déontologie se retrouveront là et il devient inutile d'en
ajouter ici.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors, article 60, adopté. Article 61,
adopté. Article 62, adopté. Article 63?
Contributions
M. CLOUTIER (Montmagny): On a introduit une section de
définitions qui précise davantage les termes de la section qui
touche le financement. En fait, c'est une section qui concerne le
ministère du Revenu.
M. CASTONGUAY: C'est ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est une loi du ministère du Revenu qui
est comprise dans l'assurance-maladie.
M. CASTONGUAY: Avec votre permission, je vais demander à M.
Gauvin, étant donné qu'il y a un certain nombre d'aspects assez
techniques dans ces dispositions, de vous donner les réponses pour ces
aspects techniques. M. Gauvin est le sous-ministre du Revenu, pour ceux qui ne
le connaîtraient pas.
M. LE PRESIDENT (Fortier): L'article 63 est-il adopté?
Adopté. Article 64.
Particuliers
M. CLOUTIER (Montmagny): Nous abordons ici une autre section importante
du projet de loi, en ce qui concerne le financement. La seule modification qui
ait été apportée, et le ministre l'a expliquée dans
son discours de deuxième lecture, c'est de hausser la contribution de
ceux dont une partie du revenu n'est pas constituée par le salaire. A
l'article b), j'aimerais que le ministre précise, parce que la
rédaction du paragraphe b) est technique et difficile. Evidemment,
à la lecture, on a un peu de difficulté à se retrouver.
Est-ce que le ministre pourrait comme il l'a fait dans son discours de
deuxième lecture vulgariser la rédaction de cet article et
nous donner des exemples, en prenant des chiffres probablement? Ou le
sous-ministre du Revenu veut-il le faire, pour jeter un éclairage sur
les conséquences pratiques de cette imposition?
M. CASTONGUAY: Comme je l'ai mentionné, lorsque le salaire
constitue au moins les trois quarts du revenu net d'un particulier, la
contribution est de 0.8 de 1% de ce revenu net.
Mais, revenu net ne signifie pas revenu après exemptions
personnelles. Cela signifie revenu après la première série
d'abattements qui apparaît à la formule de déclaration
d'impôt, c'est-à-dire après abattement des cotisations
syndicales, contributions à une caisse de retraite. Donc, 0.8% de ce
revenu est sujet à un maximum de $125. Si toutefois, le particulier
reçoit plus de 1/4 de son revenu net de source autre que du salaire,
c'est-à-dire des revenus du travail mais à titre de travailleur
autonome, honoraires ou encore revenu de placements ou provenant de placements,
à ce moment-là, le maximum est haussé à $200. Le
raisonnement est
que le particulier devient, dans le cas où il y à revenu
à titre de travailleur autonome, dans une certaine mesure, à la
fois son employeur et son employé ou l'employé. La même
analogie a été faite dans le cas du régime des rentes. En
ce qui a trait au revenu de placements, vu qu'il s'agit d'un revenu qui se
poursuit en permanence, normalement, et qu'une indication étant
donnée pour que cette disposition s'applique à ceux qui gagnent
plus de $15,000. Cela s'applique donc à des gens qui ont des revenus
passablement élevés, revenus ne provenant pas de travail
régulier. Et, nous avons cru qu'il serait plus équitable, dans
une répartition du fardeau, de hausser la contribution à
$200.
Les dispositions plus techniques du paragraphe b) sont des dispositions
de transition de telle sorte que l'on atteint par palier, que l'on passe, par
palier, de $125 à $200, selon les répartitions du revenu
provenant du travail et sous forme d'honoraires de revenu de placements ou
revenu à titre de travailleur autonome. Le choix de ces montants $125 et
$200 et le choix du pourcentage et leur effet; on sait que les coûts, per
capita, des soins couverts ou des services par le régime,
représentent, si on en juge par l'expérience en Ontario et, dans
les autres provinces, l'expérience de l'assurance médicale,
environ $40, $45, $50 per capita. La famille est d'environ quatre personnes
donc, dans le cas des travailleurs autonomes, dans le cas de ceux qui ont des
revenus de placements, on a mis la contribution au plein montant de $200, en
supposant que tous ces gens auraient un statut ou paierait l'équivalence
d'une contribution de personne mariée avec deux personnes à
charge.
Dans le cas des autres, étant donné que leur contribution
provient uniquement de salaire, on a voulu viser un équilibre beaucoup
plus juste, on a maintenu là limite de l'ancien projet de loi, soit $125
et, reconnaissant que tous les gens ne sont pas mariés avec deux
personnes à charge, il y a un certain équilibre. Si on essaie de
trop distinguer dans les maximums, ici, on peut compliquer
énormément la perception et la recherche d'une plus grande
équité peut compliquer tellement l'administration que cela
devient trop lourd. C'est la raison du maintien du$125.
Il faut également remarquer qu'en bas de $2000 et $4,000, $2,000,
pour les célibataires, $4,000, pour les personnes mariées,
ceux-ci ne seront pas appelés à contribuer. Entre les $2,000 et
les $4,000 et le plafond, les contributions seront adaptées à la
possibilité de payer, c'est-à-dire .08 du revenu net. On a choisi
des niveaux maximums qui nous apparaissaient raisonnables et, pour ceux qui
gagnent moins que les .08 appliqués au salaire, au revenu d'environ
$15,000 pour les salariés et environ $25,000 pour les autres, c'est
ajusté avec la capacité de payer. Le maintien du pourcentage de
0,8 a été revisé. Nous avons analysé cette question
aussi adéquatement que possible. Comme je l'ai mentionné
déjà, le coût réel du régime sera en
définitive fonction de deux choses: du niveau de consommation des
services et également des ententes qui seront conclues entre le
gouvernement et les associations. Avec les données disponibles, les
projections que nous avons pu faire, nous croyons que ces 0.8 de 1% vont
permettre de maintenir un équilibre entre les contributions et les
prestations. Si la consommation de soins est inférieure à celle
estimée, ou encore, si les négociations donnent lieu à des
échelles de rémunération inférieures à
celles utilisées dans les projections, 11 peut en résulter un
certain surplus; si c'est l'Inverse qui se produit, il peut en résulter
un certain déficit. Pour le moment, j'espère que ceci
répond à votre question.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, M. le Président, le sous-ministre
du Revenu pourra nous donner tantôt des exemples pratiques et des
chiffres en ce qui concerne particulièrement ceux qui sont
appelés à payer une contribution supérieure à $125.
Je ne sais pas si des exemples ont été préparés. On
pourrait prendre l'exemple de quelqu'un qui a un salaire de $8,000 et un revenu
de placement de $3,000. On pourrait aussi prendre l'exemple de celui qui a un
salaire de $16,000. Il est donc au maximun de $125, c'est-à-dire $15,625
et il a un revenu de placement de $5,000. On pourrait prendre ces deux exemples
pour nous indiquer quelle serait sa contribution.
Je voudrais demander également au ministre, s'il le peut, sinon
aux hauts fonctionnaires, quel serait le nombre de contribuables qui se
situeraient entre la classe de $15,625 et celle de $25,000, et le nombre de
contribuables dont le revenu est au-delà de la classe de $25,000. Ceci
pour nous donner une idée du nombre de contribuables dont il s'agit,
quand on fait un tableau avec une limite.
M. CASTONGUAY: En provenance de salaire...
M. CLOUTIER (Montmagny): Disons en provenance de salaire jusqu'à
$15,625, parce que c'est évidemment là que le salarié
atteint son maximum, puis ensuite au-delà, de $15,625, alors que le
salarié continue de payer le même montant, mais où
s'ajoutent les autres revenus: les revenus de placements, les revenus à
honoraires pour les professionnels...
M. CASTONGUAY: Lorsque vous demandez le nombre approximatif de personnes
dont les revenus globaux se situent entre $15,000 et $25,000...
M. CLOUTER (Montmagny): Pour ce qui est des revenus globaux, je ne pense
pas que le ministère puisse séparer à ce moment-là
ceux dont le revenu de $17,000 n'est constitué que par du salaire et les
contribuables qui se situent entre le niveau de $15,625 et $25,000 et
au-delà de $25,000, sur le nombre total de contribuables du
Québec. Cela va nous donner une bonne idée de l'application de la
loi en pratique, et montrer ceux qui sont atteints et ceux qui ne sont pas
atteints par les limites fixées.
M. LE PRESIDENT (Fortier): En attendant que le sous-ministre...
M. GAUVIN: II y en a environ 40,000 qui ont un revenu de $15,000 sur un
total de contribuables de 2,6000.000.
M. CLOUTIER (Montmagny): 2,600,000.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Un instant, le député de Gouin
a demandé la parole.
M. JORON; J'ai plusieurs remarques à formuler au chapitre du
financement de ce projet d'assurance-maladie, trois principalement. La
première, si vous permettez, a trait à cette distinction que l'on
fait entre le maximum de $125, quand il s'agit d'un revenu de salaire, et de
$200 quand plus du quart du revenu provient de placements. C'est une
distinction que je ne comprends pas. En vertu de quel principe
d'équité a-t-on introduit cette distinction? On peut aboutir
ainsi, dans ce système, à ce qui m'apparaît être des
aberrations. Prenons l'exemple du président de compagnie qui aurait un
salaire de $25,000 ou de $30,000 et qui paierait un maximum de $125. Si ce
bonhomme venait à décéder et laissait à sa veuve,
par des assurances, un certain capital et que la veuve aurait un revenu de
placement inférieur, -disons, de $16,000 ou $17,000, elle payerait $200,
alors que le mari avait autrefois un salaire deux fois plus élevé
et ne payait seulement $125. Je ne comprends pas en vertu de quel principe.
Tout à l'heure, le ministre nous disait à ce sujet qu'il voyait
là la possibilité d'introduire une certaine forme
d'équité, de rendre le système plus équitable parce
que, disait-il, les gens dont la majeure partie du revenu vient de placements
sont généralement des gens à fort revenu.
Or, ce qui me paraît étrange là-dedans, c'est que,
parfois, au chapitre du financement, le projet tente d'amener une espèce
de progressivité ou une forme d'équité fiscale, et,
à d'autres niveaux, il fait marche arrière. Alors, cela me semble
considérablement mêlé. On peut considérer aussi, que
le fait de taxer à $200 cette forme de revenus équivaut, dans un
sens, à une taxe sur le capital. Je ne sais pas si le gouvernement a
l'intention d'introduire de nouvelles taxes que l'on pourrait considérer
de confiscation sur le capital. Mais c'est bien à ce résultat
auquel ce projet, tel que formulé, en arrive. C'est une
pénalisation du capital.
La deuxième remarque: le système de financement
prévu nous semble mêler deux notions. Jusqu'à $15,000 il
s'agit d'un impôt, non pas progressif, mais fixe: 0.8%. Et après
$15,000 ce n'est plus un impôt il devient évidemment
régressif en pourcentage du revenu net, il commence à diminuer
cela semble une assurance, c'est une prime d'assurance. Alors qu'avant
$15,000 c'est un impôt. On est quelque part à mi-chemin entre
l'impôt d'une part, et l'assurance, d'autre part, selon le revenu. Ce qui
nous apparaît étrange également. Il nous semble qu'au moins
il faudrait, dans un premier temps, abolir ce plafond de $125, si on adopte la
formule de rester à 0.8%, à taux fixe.
Finalement, la proposition que nous aimerions faire, M. le
Président, c'est tout simplement d'ajouter cette taxe, cette
contribution, à l'impôt sur le revenu, dans le sens suivant: dans
ce projet de financement, par ce biais, on modifie une des
caractéristiques fondamentales du régime d'imposition qui est la
progressivité. Alors, je ne comprends pas pourquoi, à l'occasion
de l'établissement d'un nouveau programme, celui de l'assurance-maladie,
on fait une entorse à un principe de progressivité, dans
l'imposition, depuis longtemps admis et pratiqué au Québec. H
nous semble que non seulement le plafond devrait être aboli mais que la
progressivité devrait demeurer. Pour obtenir le même montant, nous
avons évalué à environ 7% de l'impôt à payer
la taxe qui serait nécessaire pour récolter une soixantaine de
millions de dollars, ce que doit donner les 0.8% avec le plafond de $125, plus
ou moins entre $50 et $60 millions de dollars. En pourcentage net, le
résultat d'une telle formule de finance ment donnerait des chiffres
assez étonnants, les chiffres suivants: si on les traduit en pourcentage
net du revenu imposable, on arriverait véritablement à une
formule de financement progressive où je ne peux pas la lire au
complet selon les différents niveaux de revenus... Je prends deux
exemples. A deux points de l'échelle des revenus. A $6,000 par exemple,
dans le système actuel, tel que proposé, la taxe est de 0.8%
alors que, dans le système que nous proposons,
la taxe équivaut, pour une personne mariée, à
0.34%, la moitié moins. Et si nous allons à l'autre extrême
de l'échelle des revenus, montons à l'échelle de $100,000
dans le système actuel, pour un salarié marié, le
financement va lui coûter 0.13% de son revenu net imposable, alors que
dans le système que nous proposons, la taxe est équivalente
à 1.76% du revenu, soit environ douze fois plus
élevée.
Il nous semble que, pour démêler les ambiguïtés
de ce système qui nous est proposé, et qui, à notre avis
fait une entorse au principe fondamental de progressivité, comme je vous
le disais tout à l'heure, dans l'imposition, dans le système
d'impôt, il faudrait revenir à un système progressif, tout
au long accroché à l'impôt de base sur le revenu.
Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le ministre de la Santé.
M. CASTONGUAY: M. le Président, il y a ici une différence
fondamentale qui explique d'une certaine façon pourquoi le
député de Gouin se pose des questions et formule des propositions
différentes. Je l'ai déjà mentionné lors de ma
réplique, lors du débat en deuxième lecture, nous
considérons ce régime comme étant un régime
d'assurance sociale. C'est la raison pour laquelle, comme Je viens de
l'expliquer, nous avons fixé certains niveaux de contribution et nous
l'avons ensuite adapté à la capacité de payer.
Donc, au-dessus de ce niveau, étant donné que nous ne
considérons pas que ce sont des impôts au plein sens du mot, je ne
crois pas qu'il soit exact de dire que cela soit régressif.
Deuxièmement, dans le cas de plusieurs autres régimes
d'assurance sociale se retrouve ce mode de financement qui est un compromis,
dans une certaine mesure, entre le systême de financement des
régimes d'assurance privée et une adaptation à la
capacité de payer des particuliers, des contribuables, des citoyens.
Vous avez l'assurânce-chômage, vous avez le régime des
rentes du Québec, vous avez plusieurs exemples, soit au Québec,
soit au Canada et dans d'autres pays. C'est donc la raison pour laquelle on ne
peut pas assimiler ce système de financement au système
général de la fiscalité.
En ce qui a trait à un autre aspect qui mérite
d'être mentionné, je crois qu'on ne peut pas interpréter un
impôt ou une contribution sur les revenus de placement comme étant
une taxe sur le capital. Le capital doit rester là intégralement.
On ne touche qu'au revenu et étant donné ici que ce sont des
services que toute per- sonne est appelée à utiliser, qu'elle
reçoive un salaire ou non, une personne peut donc fort bien n'avoir que
des revenus de placement, ne pas travailler, et son revenu peut se situer
à un niveau de $15,000 à $20,000. Nous croyons donc qu'elle
devrait être appelée à contribuer, que cela ne soit pas
uniquement les salariés.
C'est la raison pour laquelle nous avons prévu cette disposition.
Je ne crois pas que cela puisse en aucune façon être
interprété comme un impôt sur le capital.
Enfin, nous avons maintenu le système d'une régie publique
qui doit être relativement autonome dans son administration et
également dans son financement. C'est pourquoi nous retrouvons
également ce système de contribution qui est dissocié des
impôts généraux.
Le système de régie publique a été
discuté lors de l'adoption du bill 30, on peut au besoin y revenir,
mais, pour le moment, je crois que cette loi a été
adoptée. Ce n'est pas le moment d'en rediscuter tout le principe et le
bien fondé.
Enfin, ce système permet, dans un secteur où, depuis
quelques années, on devient de plus en plus conscient de la hausse assez
rapide des coûts, d'identifier les coûts globaux aux services.
C'est une autre raison pour laquelle nous avons choisi de maintenir dans ses
grandes lignes le système de financement proposé par l'ancien
gouvernement. Présentement, dans certains programmes, comme
l'assurance-hospitalisation, il devient assez difficile d'en connaître le
coût, d'en suivre l'évolution, et surtout que la population
réalise le coût de ces services et leur évolution,
étant donné que c'est financé à même les
revenus généraux de la fiscalité. Je réalise que
ces réponses peuvent ne pas paraître satisfaisantes au
député de Gouin, étant donné la différence
de philosophie ou d'approche fondamentale au départ, mais j'ai tenu
à les donner pour bien indiquer pourquoi nous avions choisi de maintenir
ce mode de financement et d'y apporter certaines modifications comparativement
à l'ancien projet de loi.
M. JORON: M. le Président, si vous le permettez...
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Montmagny avait
demandé la parole... Continuez.
M. JORON: Je voudrais seulement...brièvement, si vous le
permettez.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, si le député veut continuer
la discussion, je reviendrai après.
M. JORON: Je voulais remercier le ministre de ses explications. Je
comprends très bien son raisonnement. S'il y a une différence
philosophique qui nous sépare, c'est-à-dire que s'il
considère le programme comme une assurance, à ce
moment-là, le système de financement que vous proposez est
logique et cohérent avec la philosophie d'un système d'assurance.
Nous, évidemment, nous considérions davantage cette loi non pas
comme une assurance, mais un service public équivalant à tous les
autres services qu'offre le gouvernement. C'est pourquoi nous rattachions son
financement au système d'impôt. Mais ce qui m'étonne quand
même, et je voudrais poser une question au ministre c'est
que si c'est un système d'assurance, il est très bien d'avoir
alors une prime fixe égale pour tout le monde. Mais, en vertu de quel
principe dérogez-vous quand même, dans une certaine mesure, au
principe pur d'assurance en introduisant des notions d'équité, de
justice fiscale, par exemple en permettant l'abattement de $2,000 et
$4,000?
M. CASTONGUAY: J'ai bien pris soin de dire que le projet était un
projet d'assurance sociale et que, dans le domaine des assurances sociales, les
modes de financement représentent généralement un
compromis entre les systèmes de financement dans le domaine des
assurances privées, où chacun paie normalement exactement pour le
risque pour lequel il est couvert et donc un compromis entre ce système
et le système général de la fiscalité. Pour cette
raison, nous sommes donc dans un régime d'assurance sociale. Or, la
raison pour laquelle un régime d'assurance sociale diffère d'un
régime privé, c'est que justement la couverture des risques est
considérée, ou plutôt les risques couverts sont des risques
sociaux, des risques considérés comme devant être
essentiellement couverts. Nous sommes donc d'accord sur le fait que ce sont des
services essentiels, les services de santé, mais quant à couvrir
leur aspect financier, étant donné qu'ils sont essentiels, on
doit donc envisager la question sur le plan d'une assurance sociale et non pas
sur un plan d'assurance privée.
Si vous me permettez, le député de Bourget a
distribué un tableau, je vais demander à M. Gauvin, le
sous-ministre du Revenu, de faire part d'une couple d'observations relativement
à ce tableau, car, me dit-il, il contient deux erreurs ou deux points
sur lesquels il semble y avoir erreur d'interprétation.
M. GAUVIN: Je vous réfère à la page 3, à
l'article 4 au deuxième paragraphe: lorsque vous mentionnez que le
revenu imposable des particuliers au Québec en 1970 va se situer entre
$7 milliards et $7 milliards et un quart. On parle de revenu net. Si vous basez
vos estimations sur le revenu imposable et appliquez les mêmes
pourcentages sur les revenus nets, vous pouvez avoir une grosse
différence d'impôt, une vingtaine de points d'impôt
additionnels, peut-être.
M. CASTONGUAY: Est-ce à dire que le revenu net, la masse, serait
beaucoup inférieur? Le revenu imposable est de beaucoup inférieur
à $7 milliards.
M. JORON: A combien évaluez-vous la masse du revenu net
imposable?
M. GAUVIN: Je n'ai pas les chiffres ici. D'un côté, vous
nous dites que c'est le revenu imposable et, d'un autre côté, la
théorie du calcul est basée sur le revenu net. Le revenu net est
beaucoup plus élevé que le revenu imposable parce que le revenu
imposable est le revenu net moins les exemptions personnelles, les dons aux
oeuvres de charité et les frais médicaux. Si vous prenez les 0.8%
du revenu imposable, c'est évident que le potentiel de revenu va
être beaucoup moindre que si vous le prenez sur le revenu net. Si vous
appliquez votre théorie sur le revenu net, ça va faire une
augmentation d'impôt fantastique.
M. CASTONGUAY: M. Després dit que le revenu net, par rapport au
revenu imposable qui serait de l'ordre de $7 milliards selon les données
fournies ici dans le document, le revend net tel que défini serait de
l'ordre de $21 milliards, $22 milliards. On voit qu'il y a un écart de
l'ordre de trois à un.
M. JORON: Au Québec?
M. CASTONGUAY: Revenu net avant toute exemption sauf la première
série mentionnée sur la formule d'impôt.
M. JORON: Qui serait le $22 milliards au Québec?
M. CASTONGUAY: $21 milliards que M. Després me dit.
M. JORON: C'est impossible, le produit national brut est de $20
milliards au Québec.
M. DESPRES: II faut penser que la définition du revenu net en
impôt signifie le revenu avant
la déduction des exemptions personnelles. Le revenu imposable que
vous avez estimé entre $7 milliards et $7.5 milliards est après
déduction de toutes exemptions personnelles accordées aux
contribuables. Si vous établissez l'équilibre et que vous y
rajoutez les exemptions personnelles, vous arrivez à environ $21
milliards.
M. JORON: Le produit national brut, au Québec, est de l'ordre de
$18 milliards, $19 milliards. Comment voulez-vous que les revenus nets des
particuliers soient supérieurs?
M. DESPRES: Le revenu net est composé des revenus provenant de
salaires. Vous dites que ça constitue une masse d'environ $18 milliards.
Si vous ajoutez tous les autres revenus de cette masse-là, vous
n'êtes pas loin du chiffre de $21 milliards.
M. JORON: De toute façon, le système ne devient pas plus
onéreux nécessairement. Si vous le prenez sur le revenu net votre
calcul, c'est pour ça qu'on l'a pris sur le revenu imposable
vous réduirez d'autant. Les calculs que nous avons faits
étaient pour arriver à la même somme.
M. CASTONGUAY: Je pense qu'il est très important dans une
comparaison, dans un tableau comme celui-ci de prendre la même base de
comparaison. Je demande à M. Després ou M. Gauvin s'il serait
possible d'avoir un des derniers volumes des statistiques fiscales ou encore de
l'annuaire du Québec pour que nous puissions avoir un ordre de grandeur
du revenu.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai écouté les
représentations du député de Gouin et la réponse du
ministre de la Santé quant aux critères utilisés pour
fixer les taux et pour pondérer la contribution des citoyens. Le
gouvernement actuel a retenu substantiellement la formule proposée dans
la version originale du projet de loi et les arguments qu'a avancés le
ministre sont précisément les arguments que nous avions retenus
aussi pour fixer dans le premier projet de loi les taux qui ont
été retenus. Je voudrais faire re-marquer aussi que la taxe dite
de progrès social de 2% imposée par le gouvernement canadien fixe
un maximum de $120qui,à toutes fins pratiques, se compare au maximum de
la contribution de $125.
Il s'agit là, évidemment, d'une mesure à
caractère social, mais aussi à caractère d'assurance. Je
ne crois pas que l'on puisse régler ici, dans le cadre de l'assurance
maladie, le partage fiscal ou la redistribution du partage fiscal. Je suis
d'avis que cette initiative, cette réforme doit se faire dans le cadre
plus large de la fiscalité.
C'est pour cela que j'ai suggéré, dans une intervention
précédente, que le gouvernement étudie la
possibilité, à l'intérieur de cette réforme
fiscale, de hausser les exemptions de base, si on peut les appeler comme cela,
permises par le projet de loi, de $2,000 et de $4,000, et de les hausser
à $2,500 et $5,000, de même que dans d'autres législations
analogues, et ce sera une partie seulement de la réforme de la
fiscalité.
Je comprends, d'après les déclarations du ministre de la
Santé et celles du premier ministre, que les études se
poursuivent sur cette réforme fiscale et que, si cette réforme
fiscale permet et je l'espère de retoucher la Loi de
l'assurance-maladie pour pouvoir hausser les niveaux de contribution, le
caractère social de cette mesure dépassera alors le
caractère d'assurance. Il y aura encore un meilleur équilibre
entre les deux critères qui ont été retenus.
C'était pour ces raisons que nous avions retenu cette formule qui
a été inscrite aussi dans le projet de loi actuel. Je crois
qu'actuellement étant donné l'état de la loi, des autres
lois et de leur financement, notamment le régime des rentes, la
sécurité de la vieillesse et toutes les autres mesures à
caractère social qui tiennent compte, aussi de ces deux critères,
critère d'assurance et critère social, je crois, dis-je, que,
dans les circonstances, le gouvernement a retenu le meilleur choix, quitte
à corriger par d'autres façons, par d'autres mécanismes,
les injustices, la mauvaise distribution ou le manque de répartition des
ressources que l'on pourrait reprocher à ce mode de financement.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je suis d'accord avec le
député de Montmagny que l'on touche ici de très
près la question de la réforme ou du réaménagement
de notre système fiscal. Le premier ministre et ministre des Finances,
je crois, est aussi bien placé que quiconque par ses travaux
antérieurs pour parler en connaissance de cause. Comme le
député de Montmagny a touché à un aspect du
système actuel de fiscalité, je crois qu'il est important de
mentionner que ce système des exemptions personnelles qui, en
définitive, favorise les personnes à plus haut revenu, n'a pas
été touché fondamentalement pour les salariés
célibataires et les célibataires gagnant moins de $2,000 et les
personnes mariées gagnant moins de $4,000, lorsque l'ancien gouvernement
prit sa décision sur la recommandation du même économiste
dont nous
parlions hier. Nous croyons qu'une réforme plus profonde doit
être apportée. Ceci montre que l'ancien gouvernement, sous le
conseil d'économistes avertis, n'avait apporté qu'une
réforme de surface et qu'aujourd'hui, le Parti québécois,
qui nous propose ici des modifications, certainement sur le conseil de ce
même économiste, ne toucherait aussi qu'en surface le
système.
M. LAURIN: Non, ce n'est pas le même économiste cette
fois.
M. CASTONGUAY: n avait trop mal conseillé l'ancien gouvernement,
vous avez choisi d'en prendre un autre.
M. LAURIN: II reste cependant que la formule retenue par le gouvernement
tend à réduire la progressivité de l'impôt sur le
revenu du particulier. C'est pourquoi nous estimons qu'il n'est pas normal que,
par le biais de cette taxe spéciale qui est affectée à une
dépense, vous modifiiez ainsi une des caractéristiques du
régime d'imposition. En somme, si vous deviez Juger que la
progressivité est actuellement trop forte, c'est tout l'impôt de
base sur le revenu des particuliers que vous devriez changer, car
l'introduction de ce plafond, il faut bien l'avouer, limite la
progressivité de l'impôt.
Même si les erreurs qu'on nous signalait et qu'il reste à
prouver, demeurent, il reste que l'impôt est malgré tout
régressif pour une certaine partie de la population. La remarque qu'on
nous a faite n'entache pas la valeur de base de l'échelle que nous avons
quand même proposée et qui montre que proportionnellement les
classes pauvres sont plus taxées que les classes riches. C'est ce
à quoi nous nous opposons. Même à l'intérieur d'un
régime d'assurance le mode que vous proposez affecte malgré
tout...
M. CASTONGUAY: Je m'excuse, M. le Président, mais là, je
pense qu'avant de dire que le système que nous proposons affecte plus
les classes pauvres que le système que propose le Parti
québécois, il faudrait tirer la conclusion à partir de
chiffres exacts. Et déjà, d'après le tableau, on pourrait
juger, à partir de $10,000. Quelle est la proportion de personnes dont
le revenu est de $10,000 et moins au Québec par rapport au nombre total?
Est-ce que vous avez une idée?
M. LAURIN: Au moins 75%.
M. CASTONGUAY: Cela voudrait donc dire qu'il y a 75% déjà
en vertu de votre tableau, des Québécois, que vous classez dans
la classe pau- vre. Parce qu'on est arrivé à peu près au
même niveau. Alors je pense qu'il serait bon, avant de faire cette
affirmation, à mon avis, que nous attendions d'avoir le nouveau tableau
ou avoir la réponse exacte. On est prêt à admettre qu'il y
a beaucoup de pauvres au Québec, mais je ne suis pas convaincu...
M. LAURIN: Quand je dis pauvre, c'est par rapport... Quand Je compare
les revenus très élevés et les revenus moyens, cela a un
sens relatif évidemment.
M. CASTONGUAY; II serait plus prudent d'attendre d'avoir la certitude
que ces chiffres sont comparables.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, le ministre a
parlé tantôt du coût du régime. Il en avait
été question durant le débat en deuxième lecture.
Le ministre dit que les prévisions, les taux fixés, même
s'il y a des inconnues dans l'application du régime... Notamment quelle
sera l'utilisation des soins, quelle sera la consommation, surtout dans les
premiers mois du régime? Il est normal de prévoir qu'il y aura
une consommation accrue, cela s'est produit ailleurs et ça se produira
ici dans le Québec. Je voudrais demander au ministre, s'il y avait une
consommation plus considérable que celle qu'il entrevoit, pour toutes
sortes de raisons, même s'il y a une autre inconnue importante ce
sont les demandes des professionnels de la santé et l'entente, les
clauses salariales qui seront acceptées de part et d'autre est-ce
que les calculs actuels, les taux fixés par la loi permettront au
régime de s'autofinancer? Ou prend-on le risque qu'à la fin de la
première année il y ait un déficit que l'on devra couvrir
par une augmentation du taux?
M. CASTONGUAY: Bien, M. le Président, déjà dans les
projections que nous avons faites, nous avons gardé une petite marge de
sécurité. Je crois que c'est prudent de le faire avec la
couverture prévue; avec la suggestion du député de
Bourget, si nous entrons moins rapidement dans la psychanalyse, cette marge est
susceptible de s'accroître un peu comme je l'ai mentionné. Alors,
pour le moment, je crois que le taux de 0.8% est un taux basé
d'après les projections. Il n'est pas excessif et permet d'entrevoir
l'accumulation ou le développement d'une petite réserve de
contingence.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que cette marge de
sécurité ou cette petite réserve permettrait
d'élargir déjà la couverture des soins à certains
domaines qui ont été discutés ici, notamment, je pense aux
chirurgiens-dentistes en cabinet privé ou...
M. CASTONGUAY: Elle est prévue à titre de marge de
sécurité. Je ne crois pas qu'on puisse l'utiliser à deux
fins en même temps; pour la couverture, une couverture additionnelle, et
à titre de marge de sécurité, parce que là il
faudrait, si on ajoute à la couverture additionnelle, ajouter à
la marge de sécurité et non pas retrancher.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que dans le financement proposé,
dans la marge de sécurité dont parle le ministre, il est
prévu d'autres coûts tel que celui du remboursement à
l'assurance-hospitalisation pour les honoraires des médecins qui sont
actuellement couverts par l'assurance-hospitalisation? En un mot, est-ce que le
ministre pourrait nous expliquer le transfert de fonds entre les deux
régimes?
M. CASTONGUAY: Dans les crédits budgétaires « bleus
», c'est comme ça que vous les appelez?
M. CLOUTIER (Montmagny): A couverture bleue.
M. CASTONGUAY: ... à couverture bleue, il était
prévu que le ministère de la Santé recevrait un
remboursement de $30 millions. Il était indiqué $33.6 millions,
je crois, dont $30 millions seraient provenus de la régie de
l'assurance-maladie à titre de remboursement à
l'assurance-hospitalisation, à titre de paiement pour des salaires de
professionnels qui, présentement, sont payés en vertu de
l'assurance-hospitalisation.
Alors, étant donné que nous recevons encore, en vertu de
la loi de l'assurance-hospitalisation, a la fois une équivalence
fiscale, un ajustement fiscal et des points d'impôt, cet apport a
été atteint; donc il y a approximativement 50% de ces salaires
qui sont financés en vertu de la loi de l'assurance-hospitalisation,
dans une large mesure; parce que le retrait n'est pas encore définitif,
complet, nous avons cru bon de réduire le montant des remboursements
dans les crédits du ministère de la Santé à $15
millions pour tenir compte de ce fait.
Donc, ceci a soulagé le budget du régime
d'assurance-maladie, ou les projections, d'un montant de $15 millions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Etant donné qu'il s'agit là d'un
premier rapprochement entre deux régimes, le régime
d'assurance-hospitalisation et le régime d'assurance-maladie,
rapprochement qui sera sans doute accentué dans la réforme
annoncée par le ministre dans l'organisation des soins de santé,
est-ce que cela peut aller aussi loin que le changement du mode de financement
de l'assurance-hospitalisation qui est actuellement financé à
même les fonds généraux de la province? Est-ce qu'il y a
des possibilités pour que les deux systèmes de financement,
à un moment donné, comportent certaines analogies, comme la prime
pour l'assurance-hospitalisation?
M. CASTONGUAY: Vous me posez une question un peu embêtante;
contrairement à certains députés, j'ai prêté
plus de serments que seulement à titre de député, j'en ai
également prêté un à titre de président de la
commission d'enquête et cela m'embête toujours un peu lorsque l'on
me questionne sur des points spécifiques touchant des recommandations
qui seront comprises dans le rapport de la commission. Je me sens encore dans
une certaine mesure lié par ce serment que j'ai prêté, tant
que le rapport ne sera pas rendu public, sur des points aussi
spécifiques.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai hâte que le rapport de la commission
soit déposé dans son entier pour que le ministre soit
libéré de ces responsabilités.
M. CASTONGUAY: Le président de la commission m'a dit au cours de
la semaine dernière, que normalement la partie du rapport touchant la
santé serait imprimée et pas seulement photocopiée et
devrait être disponible vers le 15 août.
M. LAURIN: M. le Président, dans le rapport de la commission
Castonguay, on préconisait précisément un pourcentage de
1.0% plutôt que 0.8%. J'imagine que vous en étiez arrivé
à ce chiffre de 1.0% sur une étude assez détaillée
des coûts. Est-ce que je pourrais demander à M. le Ministre ce qui
a amené une réduction de ce taux de 1.0% à 0.8%?
M. CASTONGUAY: Je dois dire que la commission avait été
formée le 11 novembre 1966, ce rapport a été remis au
gouvernement au cours du mois d'août 1967, donc à l'expiration
d'une période d'à peu près huit mois. Nous n'avions pas eu
le temps de faire des projections aussi précises, et je ne crois pas
qu'à ce moment les
données qui pouvaient être disponibles au ministère
du Revenu étaient aussi détaillées, aussi précises
que celles qui ont été utilisées pour fixer le pourcentage
à 0.8 de 1.0%. Nous avions aussi bien pris garde dans le rapport de la
commission de donner ces pourcentages à titre d'exemple, pour cette
raison.
M. LAURIN: Maintenant, il ne fait pas de doute qu'une des façon
de réduire sensiblement le coût du régime
d'assurance-maladie serait de récupérer d'Ottawa la somme de $212
millions qu'en toute logique le gouvernement du Québec devrait pouvoir
récupérer.
Je voudrais demander au ministre si les démarches continuent de
se faire comme elles avaient été commencées sous l'ancien
gouvernement, pour qu'on mette tout en oeuvre pour récupérer ces
sommes qui nous sont dues et qui nous permettraient d'alléger
considérablement pour les contribuables québécois la
charge qu'implique ce régime d'assurance-maladie.
M CASTONGUAY: J'ai été assez souple, je crois, j'ai
discuté certains aspects du système de financement qui
débordait le cadre étroit du système proposé, par
exemple, lorsque le député de Montmagny a parlé des
exemptions personnelles. En ce qui a trait à cette question posée
par le député de Bourget, je crois qu'elle a déjà
été posée en Chambre depuis le début de la session.
Le premier ministre et ministre des Finances y a apporté une
réponse satisfaisante et, pour le moment, dans le cadre de la
présente discussion, je ne crois pas que cela soit le moment d'ajouter
ou de commenter, de dire quoi que ce soit, compte tenu du fait que le premier
ministre a apporté une réponse à l'Assemblée
nationale à cette question.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors, l'article 64...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je vais mentionner, au début de mes
remarques, que pour peut-être une meilleure compréhension du
paragraphe b) si on avait deux exemples concrets...
M. GAUVIN: Assumons que le salaire d'un individu se chiffre par $15,000
et il a d'autres revenus de $5,010, pour un total de $20,010. 0.8% sur $20,010
équivalent à $160.08, mais vu que les $5,010 d'autres revenus
excèdent 25% de $20,000 par un montant de $7.50, parce que le 25% c'est
$5,002.50 dans cet exemple-là, le contribuable sera appelé
à verser premièrement les $125 plus ce qui excède les 25%
de son revenu total qui est formé de revenus d'autre nature, d'autres
sources. Alors, la différence entre les 25% de son revenu total, qui est
$5,010, moins $5,002.50 qui représentent 25% de son revenu total de
$20,010, se chiffre par $7.50 qui s'ajouteront à $125 pour former un
total de contribution de $132.50, dans ce cas-là. Est-ce qu'on m'a
suivi? Cest ce qu'on appelle le « notch provision » autrement dit
le contribuable ne sera pas appelé à payer plus que le montant
qui excédera 25% de son revenu total provenant d'autres sources que du
revenu d'emploi, à savoir jusqu'à concurrence de $200.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est une disposition analogue à celle
de l'impôt sur le revenu où on a une provision au cas où
l'impôt additionnel de plus de $4,000 ait pour effet de réduire en
bas de $4,000 le revenu de la personne.
M. GAUVIN: Autrement dit, c'est le même « notch provision
» qui s'applique dans les $2,000 et les $4,000.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le sous-ministre aurait un autre
exemple, là où la clause de provision ne s'appliquerait pas?
M. GAUVIN: Vous avez un revenu net de $4,010 pour une personne
mariée. A 0.8%, cela se chiffrerait par $32.08. Vu que son revenu
n'excède $4,000 que de $10, sa contribution ne sera que de $10 au lieu
de $32.08.
Vous avez un cas où le revenu de salaire sera $25,000, le maximum
sera seulement de $125. Un revenu net de $25,000 qui provient d'autres sources
que du salaire, ce sera $200. Voulez-vous un autre exemple?
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, ça va.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Après les explications...
M. CASTONGUAY: M. le Président, permettriez-vous à M.
Després de fournir certaines données relativement au revenu
imposable, revenu net, etc, à partir de l'Annuaire statistique du
Québec?
M. DESPRES: C'est que, d'abord, le prélèvement des
contributions provient de deux sources: les particuliers et les employeurs.
Chez les particuliers, l'assiette est le revenu net; donc, les revenus
provenant de salaires et d'autres sources. D'un autre côté, la
contribution prélevée de l'employeur est sur la masse salariale
uniquement. Si on se base sur les données de l'Annuaire statistique,
où on obtient le revenu personnel disponible des
Québécois, par exemple, en 1967, sur lequel, évidemment,
pour
établir le revenu net, 11 faut faire certaines déductions,
on s'aperçoit que, durant l'année 1967, il s'est établi
à $12 milliards, 141 millions. Sur la projection établie, pour le
revenu net de 1970, il a été établi à $11.5
milliards. Par contre, la masse salariale des employeurs a été
établie à environ $11 milliards. La masse salariale imposable
durant l'année 1967 était de près de $9 milliards. C'est
donc dire que la masse nette imposable, pour le financement du régime,
se situe à environ $22.5 milliards pour l'année 1970.
M. JORON: Le tableau parle seulement de la section des particuliers.
M. DESPRES: Des particuliers, d'accord. Je vous ai donné, tout
à l'heure, la masse nette imposable. Ce qui veut donc dire que, sur la
base du revenu imposable, pour prélever le même montant d'argent,
le pourcentage devrait être entre 10.5% et 11%...
M. JORON: Sur le revenu?
M. DESPRES: Oui, sur le revenu net...
M. JORON: Imposable.
M. DESPRES: Imposable. Le pourcentage devrait s'établir à
environ 10.5% ou 11% au lieu de 7%.
M. JORON: Parce que vous situez le revenu net imposable, globalement,
à quel montant?
M. DESPRES: Le revenu net imposable, c'est-à-dire le revenu
imposable se situe entre $7 et $7.5 milliards, tel qu'il appert dans votre
mémoire, mais le revenu net imposable est de $11.5 milliards.
M. JORON: Alors, il ne faut pas le situer à 10%, 11 faut le
réduire à 5%.
M. DESPRES: A ce moment-là, vous avez une insuffisance de
contributions parce qu'il est prévu, au taux de 0.8% que, sur $11.5
milliards, cela rapportera environ $92 millions. Or, pour obtenir $92 millions
sur la base du revenu imposable, cela vous prend donc un taux d'environ 10.5
à 11%.
M. JORON: Oui, sur cette base.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors, après les explications que nous
avons reçues, est-ce que l'article 64 est adopté?
M. LAURIN: Cependant, M. le Président, mê- me si nous
voguons entre $7 milliards et $10 milliards, le principe que nous
défendons dans notre mémoire reste vrai. C'est que, il chargerait
davantage une certaine catégorie de revenus qu'une certaine autre.
L'autre principe que nous défendons est vrai aussi, c'est que la
progressivité s'arrête à un certain niveau, et à
partir d'un certain niveau, à cause des conséquences,
l'impôt devient régressif pour une certaine catégorie de
revenus. Je ne pense pas que les chiffres qu'on nous a apportés changent
quoi que ce soit aux principes qui sous-tendent la proposition que nous
faisons.
M. CASTONGUAY: M. le Président, Je crois que toutes les
réponses que j'ai apportées tout à l'heure, explicitant
les raisons pour lesquelles nous avons adopté ce système de
financement, demeurent. Les chiffres apportés indiquent toutefois que si
une philosophie différente était adoptée, philosophie que
nous ne croyons pas devoir retenir pour le financement de ce régime
d'assurance sociale, malgré tout, les données apportées
réduisent considérablement les écarts que le tableau
indiquait. Pour cette raison, Je proposerais que l'article 64 soit
adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai seulement une autre question à
poser, M. le Président. Le public nous demande souvent, dans le cas des
emplois intermittents ou saisonniers, là où il y aura une
contribution déduite à la source, 0.8%, et qu'à la fin de
l'année, évidemment, la rémunération totale obtenue
par le contribuable n'atteint pas $2,000 ou $4,000, s'il y aura remboursement.
J'aimerais que le ministre précise que, comme pour le régime de
rentes, il y aura...
M. CASTONGUAY: Exactement, les déductions vont être faites
et les remboursements seront effectués, lors des remises des
déclarations d'impôt.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le contribuable pourra avoir trois
remboursements: son impôt sur le revenu, le régime des rentes,
c'est-à-dire pas le régime de rentes parce que l'exemption n'est
pas la même, et les contributions au régime de
l'assurance-maladie.
M. CASTONGUAY: Exactement.
M. LE PRESIDENT (Fortier): L'article 64 adopté? L'article 65?
M. CASTONGUAY: Ici, c'est la disposition qui prévoit la
résidence, au Québec, pendant une partie de l'année
seulement.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Adopté. L'article 66?
Adopté.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je ne voudrais pas scinder ces
trois articles avant qu'ils ne soient adoptés tous les trois. On me dit,
qu'à l'article 61, lorsque nous avons traité des
pénalités, 11 y aurait peut-être lieu, pour éviter
toute ambiguïté, d'indiquer que ces pénalités ne
s'appliquent pas à la section 9. La section 9, en fait, est une section
qui relève, dans son application, du ministère du Revenu et les
dispositions qu'on y retrouve s'insèrent dans les lois du revenu et les
pénalités relatives à ces lois sont contenues dans ces
lois. Pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté, on suggère
qu'à l'article 61, il soit dit, lorsqu'on parle de la disposition de la
présente loi, qu'il faut exclure celle de la section 9. Un texte exact
sera proposé. Il s'agit d'éviter qu'il y ait des confusions entre
l'application des lois du revenu et cet article 61.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Article 66, adopté. L'article 67?
M. CLOUTIER (Montmagny): Qu'arrive-t-il d'une compagnie dont le
siège social est à Montréal ou dans le Québec et
qui paie des salaires à des employés qui sont domiciliés
dans une autre province avec les stipulations de l'article 67? Il est dit
« qu'il verse à tout employé qui se présente au
travail à son établissement au Québec. »
M. CASTONGUAY: Si les employés qui se présentent ont un
endroit fixe de travail, un endroit identifié de travail, dans une autre
province ou dans un autre état, à ce moment-là,
l'employeur n'a pas à payer pour ces employés, en vertu de la
disposition de la loi. S'il s'agit d'employés qui n'ont pas un lieu
fixe, identifié de travail, l'employeur est obligé de payer pour
eux, même si leur travail s'effectue à l'extérieur de la
province de Québec. C'est le même genre de disposition que dans le
cas du Régime des rentes du Québec et cela ne semble pas avoir
donné lieu à des difficultés. Peut-être que M.
Gauvin voudrait ajouter quelques mots.
M. GAUVIN: II y a un nombre considérable d'employeurs qui ont
leur centre de paie dans la province de Québec mais qui opèrent
sur une base nationale. C'est ce que vous voulez dire?
M. CASTONGUAY: C'est cela.
M. GAUVIN: Dans ces cas-là, il est présumé qu'ils
ont des établissements à l'extérieur de la province. En
dépit du fait que les registres de paie, au niveau national soient
gardés dans la province de Québec, il est entendu qu'ils ne
contribueront que pour les employés qui doivent se rapporter aux
établissements dans la province de Québec. Les autres cas
d'employeurs de Québec qui ont des employés à
l'extérieur de Québec, dans la province de l'Ontario ou dans les
provinces voisines, mais qui ne possèdent aucun établissement
dans ces provinces-là, ce sont des itinérants qui ne sont pas
obligés de se rapporter à l'établissement de leur
employeur dans la province de Québec d'une façon aussi
régulière que les sédentaires.
Les salaires payés par l'employeur, à ces
personnes-là, vont être assujettis aux 0.8%.
M. CLOUTIER (Montmagny): Et les personnes qui ont une entreprise dans
l'Ontario et qui ont un siège social ici, dans le Québec, dont
les employés travaillent en Ontario, sont couverts par le régime
ontarien.
Et ils n'auront pas de contribution à payer dans le
Québec, alors que l'inverse est vrai.
M. GAUVIN: C'est cela.
M. LAURIN: M. le Président, est-ce qu'il est possible en ce
moment de savoir quelle sera la contribution du gouvernement du Québec,
en tant qu'employeur, à la caisse du régime, soit par le biais
des hôpitaux, soit par le biais des commissions scolaires et de toutes
les entreprises que le gouvernement subventionne directement ou
indirectement?
M. GAUVIN: Je ne suis pas à même de vous donner
l'information à pied levé mais on peut déterminer cela
assez facilement.
M. LAURIN: Est-ce que dans l'estimation du coût total du
régime, cette contribution a été calculée? Est-ce
que cela amènerait une diminution du coût total prévu?
Lorsque vous dites que le régime va coûter $280 millions, est-ce
que vous défalquez ces sommes versées par le gouvernement en tant
qu'employeur, ou si elles sont contenues?
M. GAUVIN: II y a un article qui dit bien que l'employeur... La
définition d'employeur comprend les gouvernements, y compris un
gouvernement. Cela implique tous les gouvernements qui ont des employés
dans la province de Québec.
M. CASTONGUAY: Ici, faire le calcul serait assez long, en fait, si on
lui donne la portée aussi générale que vous mentionnez.
Parce que
en vertu des conventions collectives, par exemple, dans le secteur
hospitalier, il y a des primes qui sont payées pour des assurances
collectives, alors le coût de ce régime n'est pas
nécessairement un coût additionnel en ce qui a trait au
gouvernement pour tous les employés qui travaillent au service du
gouvernement, ou d'institutions financées par le gouvernement. Cela
ferait des calculs assez considérables.
M. LAURIN: En somme, le sens de ma question, c'est pour savoir le
coût réel du régime de l'assurance-maladie pour le
gouvernement?
M. CASTONGUAY: Le calcul, à ma connaissance, n'a pas
été fait. Le gouvernement est tellement intéressé
à introduire l'assurance-maladie, qu'il n'a pas jugé que cela
pourrait être un empêchement...
M. LAURIN: Non, ce n'est pas un empêchement, et ce n'est pas le
sens de ma question non plus.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, nous recevons encore
actuellement des mémoires dans lesquels on affirme que les employeurs
qui font affaires avec la Commission des accidents de travail seront
privilégiés. Je voudrais que le ministre rétablisse
véritablement la situation parce que les employeurs... Le transfert ne
se faisant pas de la Loi des accidents du travail à la Loi de
l'assurance-maladie, il n'y a aucun changement de statut pour les employeurs
vis-à-vis de la Commission des accidents du travail.
M. CASTONGUAY: Lorsque nous avons étudié l'article 3, j'ai
mentionné à ce sujet que le dernier alinéa de l'article 3
indiquait clairement que, lorsque des services sont inclus en vertu d'une autre
loi du Québec, ils ne sont pas compris par cette loi-ci. Dans le cas de
la Loi des accidents du travail, il y a des services médicaux inclus
dans la mesure où ils deviennent nécessaires à la suite
d'un accident de travail ou d'une maladie professionnelle. Il peut y avoir
aussi des soins dentaires et qui concernent aussi l'optométrique. De
toute façon, cette protection prévue par la Loi des accidents du
travail, en vertu du projet de loi, tel qu'il est présenté n'est
modifié en aucune façon. Les employeurs ne sont pas
privilégiés et les employés ne sont pas
lésés.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai une autre question, M. le
Président. Dans les estimations totales du régime les
contributions de la part des employés et de la part des employeurs
que j'ai eu l'occasion de consulter antérieurement, on situait à
peu près au même montant la contribution fournie au régime
pour les employés, le montant total, et le montant fourni par les
employeurs. Est-ce que les nouveaux calculs permettent encore de
vérifier cette affirmation?
M. CASTONGUAY: On dit oui... D'autre part je ne voudrais pas qu'on entre
trop loin dans cette discussion.
Lorsque le moment de donner tous les renseignements qui sont
reliés plus directement aux offres que le gouvernement entend faire au
sujet de l'assurance-maladie ou fait au sujet de l'assurance-maladie, sera
venu, on pourra donner plus de renseignements. La réponse
générale est oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais ce que je voulais dire, c'est que la
contribution à 0.8% pour les employés actuellement je ne
sais pas là, il y a une modification qui a été introduite,
évidemment, cela change les calculs et la contribution de 0.8%
pour l'employeur sur la masse salariale s'équivalaient en gros. Cela
continue de s'équivaloir.
M. CASTONGUAY: Cela continue de s'équivaloir en gros.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Article 67. Employeurs
M. LAURIN: M. le Président, à l'article 67, est-ce qu'on a
pensé aussi à l'effet que pourrait avoir cette nouvelle taxe
spéciale sur certaines entreprises marginales qui ont beaucoup de
difficultés actuellement à se tenir la tête hors de l'eau?
Est-ce que cette considération a été prise? Quand on a
pensé au pourcentage de cette taxe, est-ce que des calculs ont
été faits?
M. CASTONGUAY: Il faut préciser une chose ici. Pour l'employeur
la contribution qui va être versée est déductible de ses
revenus à titre de dépenses ou frais d'opération. Donc on
ne doit pas prendre la pleine contribution comme étant une charge brute
mais il faut plutôt la considérer comme dépense
déductible.
Maintenant, lorsque le régime des rentes du Québec a
été établi, où les montants de contributions
étaient plus élevés en fait que ceux-ci, à une
époque où les revenus des entreprises étalent plus
faibles, le revenu des contributions se situait à un montant absolu plus
élevé,
le même genre de question a été posé.
L'analyse de l'impact avait été effectuée et 11 n'est pas
possible de chiffrer définitivement à l'avance. C'est
plutôt une étude de nature économique et la conclusion
était à l'effet qu'il s'agissait de montants tellements
réduits que ça ne pouvait pas avoir un effet sérieux
à ce niveau-là, au contraire. L'expérience a
démontré que cette prévision était
justifiée.
En ce qui a trait à l'assurance-maladie, la question a
été reprise de la même façon et compte tenu du fait
que les années ont passé, que les revenus sont plus
élevés et que malgré tout la masse prélevée
va être plus faible, qu'il y a beaucoup plus d'employeurs qui ont des
régimes d'assurance collective qu'il n'y en avait qui avaient des
régimes de retraite, donc pour qui la dépense n'est pas
nécessairement nouvelle, l'effet va être encore moins grand qu'en
ce qui a trait au régime de rentes. Alors, on peut conclure que cette
possibilité d'un effet négatif sur des entreprises marginales est
à toutes fins utiles minime.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, est-ce que le ministre a
quand même l'intention de donner suite à la suggestion que nous
avions faite, de former ce comité des ministères directement
intéressés par les effets que peut avoir l'Implantation du
régime sur justement ces secteurs un peu marginaux d'industrie?
M. CASTONGUAY: Etant donné qu'il est de notre intention de mettre
la loi en vigueur aussitôt que possible et pour la raison que je viens de
mentionner, et même si cette suggestion avait été faite
dans un esprit objectif, il n'est pas de l'intention du gouvernement d'y donner
suite.
M. CLOUTIER (Montmagny): Qu'est-ce qui arrive, maintenant, du secteur
des opérations forestières qui se font dans les Etats
américains? Le cas s'est posé lors de l'établissement de
la loi du régime de rentes. A ce moment-là, nous avons introduit
une disposition spéciale, surtout pour les employés pour leur
permettre de bénéficier du régime de rentes. Ils sont
devenus des travailleurs autonomes, au sens de la loi, même s'ils
étaient des employés salariés. Il y a des employeurs qui,
actuellement, sauf erreur, contribuent à d'autres régimes de
sécurité sociale aux Etats-Unis, comme l'assurance-chômage,
le régime de rente, le régime de retraite américains.
Alors, qu'est-ce qui arrive des disposistions de la loi étant
donné qu'on n'a pas couvert ce secteur particulier? Qu'est-ce qui
arriverait des ces milliers d'employés, de ces centaines d'employeurs
qui font affaires du côté américain?
M. CASTONGUAY: Si vous me le permettez, je demanderai à M. Gauvin
ou à M. Després de répondre à cette question qui
est particulièrement technique.
M. GAUVIN: M. le Président, si les employeurs opèrent aux
Etats-Unis, il est évident qu'ils ne sont pas résidants au
Québec, comme employeurs.
M. CLOUTIER (Montmagny): Là, je parle des employeurs... Toutes
les forêts du Maine, du Vermont sont en majorité exploitées
par des entrepreneurs qui sont domiciliés dans le Québec.
M. GAUVIN: Oui, mais depuis quelques années, je crois qu'il y
à eu un changement de l'autre côté de la frontière.
C'est que ces employeurs sont pratiquement obligés de s'incorporer aux
Etats-Unis et ils sont assujettis à toutes les lois américaines
et ils ne sont plus imposables dans le Québec, s'ils ne sont pas
résidants dans le Québec, s'ils ne font pas affaires dans le
Québec.
Leur famille peut demeurer ici, mais comme individus, ils peuvent
être imposables. D'un autre côté, comme employeurs, je ne
crois pas qu'on puisse les traiter comme cela ici, parce qu'en fait, ils
opèrent à l'extérieur du Québec.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais on a parlé d'incorporation aux
Etats-Unis, je pense que cela n'a pas eu de suite dans tous les cas, parce que
je connais plusieurs entrepreneurs qui, évidemment, n'ont pas
l'incorporation du côté américain et qui y font des
affaires. La seule obligation qu'on leur impose est du côté des
employés à amener du côté américain sous la
forme de visas, et les salaires sont payés en fonds américains,
mais l'entrepreneur est bien un Québécois, il est
domicilié au Québec, il fournit sa liste de paye aux Etats-Unis,
et les employés font une déclaration d'impôt ici au
Québec et on fait les ajustements nécessaires.
M. GAUVIN: Aux Etats-Unis.
M. CLOUTIER (Montmagny); Mais vis-à-vis de la loi de
L'âssurânce-maladie, pour ce genre d'entrepreneurs?
M. GAUVIN: Ils n'opèrent pas dans le Québec comme tels.
Ils ne tombent pas sous la définition d'un « employeur
».
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, ils n'ont pas de contribution...
M. GAUVIN: Ils n'ont pas de contribution parce qu'ils opèrent
à l'extérieur du Québec.
M. CLOUTIER (Montmagny): Maintenant, pour les employés.
M. GAUVIN: Les employés sont résidants du Québec
parce que leur famille demeure ici. Mais, d'un autre côté, ils
n'auront pas le revenu. Ils auront le revenu de Québec, parce qu'ils
auront les revenus de toute provenance dans le Québec. Ils seront
assujettis également aux 0.8% parce qu'ils sont résidants.
M. CASTONGUAY: Ils ne paient pas de contribution au régime de
sécurité sociale américain.
M. GAUVIN: Ils peuvent aussi également. M. CASTONGUAY: Oui.
UNE VOIX: Ils paient au régime américain,
actuellement.
M. CASTONGUAY: Vous n'avez pas le droit de parole, je m'excuse.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je le prends à mon compte.
M. CASTONGUAY: Ah bon!
M. CLOUTIER (Montmagny): Disons que le député de
Témiscouata...
M. CASTONGUAY: Ah! je m'excuse.
M. CLOUTIER (Montmagny): n est un entrepreneur forestier...
M. CASTONGUAY: Non, je m'excuse.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... qui fait des opérations dans
les...
M. CASTONGUAY: Hier, sur la question du droit de parole, et je ne
voulais pas que... Je m'excuse.
M. CLOUTIER (Montmagny): Actuellement, l'entrepreneur verse des
contributions pour ses employés au régime qui existe aux
Etats-Unis, le régime de sécurité sociale, tel que
l'assu-rance-chômage, la sécurité de la vieillesse. En ce
qui concerne l'assurance-maladie, je ne voudrais pas trop m'avancer. A ce
moment je ne sais pas quel serait le genre de contribution, étant
donné qu'ils n'ont que le plan d'assistance-médicale. Alors, ces
employés sont couverts de toute façon par les
bénéfices du régime, parce qu'ils sont des
résidants du Québec. Mais, en ce qui concerne les contributions,
étant donné que leur revenu est considéré comme un
revenu fait aux Etats-Unis, et n'est pas rapporté sur leur
déclaration le sous-ministre me corrigera...
M. GAUVIN: II y a une différence entre l'employeur et le
particulier, l'individu. Comme employeur, c'est évident que ce n'est pas
un employeur résidant dans le Québec. Par le fait même, il
n'a pas à contribuer sa quote-part de l'employeur. Mais, comme individu,
si parfois il n'est pas incorporé ou encore, s'il est incorporé
mais qu'il reçoit un salaire de sa compagnie américaine, il est
résidant de Québec, parce qu'il peut demeurer dans le
Québec, ainsi que sa famille, et lorsque son contrât est
terminé, il revient résider chez lui. Alors, il va faire sa
déclaration d'impôt dans le Québec et il est supposé
déclarer ses revenus de toute provenance si c'est un résidant du
Québec. Naturellement, il déclarera les revenus provenant des
Etats-Unis, de sa compagnie, ou encore de son entreprise opérant aux
Etats-Unis, ou soit encore un salaire ou des profits. Là, il sera
assujetti, à même sa déclaration, à la contribution
d'impôt TP-1.
M. CLOUTIER (Montmagny): Comme particulier.
M. GAUVIN: Comme particulier.
M. CLOUTIER (Montmagny): Même chose pour un employé?
M. GAUVIN: C'est cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): Comme particulier?
M. GAUVIN: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): II rapportera son gain au ministère du
Revenu.
M. GAUVIN: C'est cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il paiera sa cotisation,
M. GAUVIN: C'est cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, il aura les bénéfices et
il paiera sa contribution au régime d'assurance-maladie du
Québec.
M. GAUVIN: Parce qu'il est résidant. M. CLOUTIER (Montmagny):
Oui.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je voudrais simplement dire un
mot. Depuis le début des délibérations, je crois que la
discussion a été aussi libre qu'il était possible qu'elle
le soit. Le député de Témiscouata n'étant pas assis
à table, par inadvertance, et parce nous avions eu certaines
difficultés hier, j'ai fait une remarque que je voudrais retirer, je
m'en excuse.
M. LE PRESIDENT (Fortier): L'article 67 est adopté. Article
68.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est un article important pour le ministre du
Revenu.
M. LE PRESIDENT (Fortier): L'article 68 est adopté. Article
69.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Adopté. Article 70.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, il n'y a aucun
remboursement à l'employeur, comme dans le régime de rentes.
M. GAUVIN: D'accord.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Adopté. Article 71, adopté.
Article 72, adopté. Article 73.
Dispositions communes
M. CLOUTIER (Montmagny): Au paragraphe c), on détermine encore,
aux fins des articles 64 et 65, cependant, les cas où une personne
réside au Québec. De toute façon, est-ce qu'il peut y
avoir, à certains moments, une contradiction entre les deux dispositions
des lois?
M. CASTONGUAY: Encore une fois, je vais demander à M. Gauvin.
M. GAUVIN: II y a plusieurs cas. Vous prenez les étudiants qui
s'en vont en Europe pour étudier pendant une couple d'années ou
pour un an. Il est possible qu'ils ne soient pas résidants, mais de
fait, par la Loi de l'impôt, ils peuvent être résidants. Je
prends les étudiants, mais je pourrais prendre un autre exemple. Il y a
des gens qui laissent la province temporairement, mais ils retiennent leur
statut de résidant. On a prévu cela ici, au cas où nous
aurions à définir certains cas de contribuables qui, de fait,
peuvent penser qu'ils ne sont pas résidants du Québec, parce
qu'ils ont été absents du Qué- bec pour une
période. Il s'agira de bien déterminer par règlement que,
dans tel ou tel cas, vous êtes résidant du Québec pour les
fins de cette loi-là. Ils le seraient quand même pour les fins de
la Loi de l'impôt, mais, d'un autre côté, pour les fins de
cette loi-ci, la section IX je crois qu'il serait peut-être
préférable d'avoir ce pouvoir de réglementation de
façon à assimiler ces gens et à les mettre sur le
même pied que pour la Loi de l'impôt.
M. CLOUTIER (Montmagny): De la façon dont ce sera
appliqué, en pratique, il ne peut donc pas y avoir de contradiction avec
les définitions antérieures. C'est pour compléter, aux
fins de la Loi du revenu, les définitions déjà
énoncées dans le projet de loi.
M. GAUVIN: Cest ça, parce qu'il y a tellement de cas de
disparité, une gamme de cas qui se produisent au cours des
années, qu'il est très difficile de tout prévoir. Il est
plus sage d'avoir ce pouvoir, s'il y avait possibilité de le faire.
M. CASTONGUAY: Si vous me permettez une petite remarque, il est
peut-être bon de rappeler ici que tout résidant du Québec,
tel que défini au début de la loi, est visé par le
régime et que cette couverture est dissociée du paiement des
contributions. Une personne qui réside au Québec, aux fins de la
section IX est tenue de payer des contributions. Si elle ne les paie pas,
à ce moment-là, elle paie les pénalités et
intérêts prévus dans les lois du revenu; il y a une
distinction, une coupure entre les deux.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Article 73, adopté. Article 74,
adopté. Article 75, adopté. Article 76, adopté. Article
77.
Dispositions diverses
M. CASTONGUAY: Je pense que l'article est explicite pour les membres de
la Législature qui seraient en même temps des professionnels de la
santé.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Article 77, adopté. Article 78.
Assistance médicale
M. CLOUTIER (Montmagny): Au sujet de l'article 78, M. le
Président, le ministre a affirmé et c'est exact que
même avec l'abrogation de la Loi de l'assistance médicale, aucune
personne ne souffrira préjudice, même en attendant l'application
de la Loi de l'assurance-maladie.
M. CASTONGUAY: C'est exact.
M. CLOUTIER (Montmagny): On nous pose une autre question au sujet des
médicaments. Ceux qui actuellement retirent une prestation, il peut
arriver qu'une partie de la prestation serve à couvrir les
médicaments. Etant donné que le régime ne couvrira pas les
médicaments dès le début, ces dispositions de la Loi de
l'aide sociale demeurent et la pension d'ici à ce que le régime
couvre les médicaments continuera si c'est justifié de couvrir,
d'allouer une partie du montant de l'allocation pour des médicaments.
C'est une question qui nous est posée fréquemment dans le public,
et j'aimerais qua le ministre confirme ce que je dis.
M. CASTONGUAY: L'article a pour effet d'abroger la loi de l'assistance
médicale. Les prestations auxquelles fait allusion de
député de Montmagny sont versées en vertu de la Loi de
l'assistance publique, donc elles vont continuer d'être versées
aussi longtemps que cette loi demeure en vigueur.
L'article 78 n'a pas pour effet de toucher aux dispositions de la loi en
vertu de laquelle les prestations pour fins de médicaments sont
versées.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Est-ce que l'article 78 est
adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il est possible, dans l'avenir,
lorsque le ministre de la Santé proposera à la Chambre
l'extension du régime, qu'il y ait une nouvelle Loi de l'assistance
médicale qui soit introduite pour couvrir d'autres sections ou si les
médicaments pourraient être couverts par la Loi de l'assistance
publique et les autres soins médicaux? Supposons que le ministre propose
à la Chambre de couvrir les soins dentaires pour les enfants, pour les
femmes enceintes ou d'autres propositions du même genre, est-ce que ce
sera en vertu d'une loi de l'assistance médicale ou si ce sera en vertu
de la Loi de l'assurance-maladie?
M. CASTONGUAY: Je donne une réponse à titre d'exemple, je
pense que la forme de la législation sera celle qui paraîtra la
plus appropriée. Disons qu'à titre d'exemple, si on parle de la
couverture des soins dentaires pour les enfants, les femmes enceintes, à
ce moment-là ce serait pour tous les enfants si j'ai bien compris
et toutes les femmes enceintes, non pas seulement pour les personnes qui
reçoivent des allocations d'assistance sociale; ce serait beaucoup plus
simple aussi bien aux fins de la légis- lations qu'aux fins de son
administration d'inclure ces dispositions dans la Loi de l'assurance-maladie et
de changer la Régie de l'assurance-maladie, de l'application de ces
dispositions. En ce qui a trait à la couverture d'un autre type de
services ou de ces services pour les assistés sociaux, les
bénéficiaires de l'assistance sociale, c'est une opinion que
j'exprime, je crois également qu'il serait plus simple d'introduire ces
dispositions dans la Loi de l'assurance-maladie, de définir le champ
d'application particulier pour ces types de services qui seraient couverts,
d'en confier, également l'administration à la Régie de
l'assurance-maladie, de telle sorte que toutes les dispositions
législatives touchant l'assurance-maladie soient retrouvées dans
le même texte, que ce soit le même organisme qui l'administre.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, ça
n'empêchera pas le gouvernement de pouvoir aussi faire
bénéficier les assistés sociaux d'une extension de
couverture sans réouvrir la Loi de l'assurance-maladie en
procédant par l'assistance et la Loi de l'assistance publique.
M. CASTONGUAY: Vous avez raison.
M. LAURIN: Est-ce que la Loi de l'assurance publique prévoit
actuellement une possibilité?
M. CASTONGUAY: C'est en vertu de cette loi que présentement des
prestations de médicaments, par exemple, sont versées.
M. LE PRESIDENT (Fortier): L'article 78 est adopté. L'article
79.
M. CLOUTIER (Montmagny): En vertu de l'assitance médicale, les
médecins auront trois mois pour faire parvenir leurs honoraires à
la commission de l'assistance médicale.
M. CASTONGUAY: Si ma mémoire est fidèle, dans l'ancien
bill, c'était deux mois mais comme on a jeté du lest à
l'endroit des médecins, on a donné trois mois.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre prévoit qu'il y a
des médecins qui vont oublier de faire parvenir leurs comptes
d'honoraires?
M. CASTONGUAY: L'expérience seule le dira.
M. LE PRESIDENT (Fortier): L'article 79 est adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que tous les fonctionnaires du service
de l'assistance médicale seront transférés à la
Régie d'assurance-maladie?
M. CASTONGUAY: Je peux parler pour un, en particulier. Je demanderais
à M. Després pour les autres. M. Crépln que vous
connaissez agissait comme directeur du service d'assistance médicale au
ministère. Je crois qu'avant le changement de gouvernement, il a
été nommé secrétaire du ministère de la
Santé, il demeure à ce poste présentement, et c'est mon
intention de lui demander de demeurer à ce poste et de ne pas changer
cette décision que vous aviez prise.
M. DESPRES: Les employés permanents qui étaient
affectés au service de l'assistance médicale tels qu'ils ont
été identifiés entre la régie et le
ministère de la Santé vont être transférés
à la régie, au fur et à mesure que les conditions le
permettront. Des postes ont été spécifiquement
réservés pour ce personnel-là, à la
régie.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'ailleurs, je voudrais faire une remarque. On
a souvent reproché au service d'assistance médicale le retard
apporté à payer les médecins mais c'est avant tout une
question d'organisation mécanographique et on devait avoir recours aux
services centraux qui étalent souvent surchargés et à
certains moments, on devait sacrifier les propres programmes du
ministère pour permettre à d'autres programmes d'avoir la
priorité. Le président de la régie a déclaré
qu'il serait capable, à l'intérieur du régime, de
rémunérer les médecins, les professionnels de la
santé, dans une période de 30 jours, si ma mémoire est
fidèle. Est-ce que c'est exact?
M. DESPRES: Oui, les relevés d'honoraires qui seront bien
complétés conformément à ce qu'il sera
exigé, pourront être remboursés dans un délai
maximum de 30 jours.
M. CLOUTER (Montmagny): C'est une nette amélioration, M. le
Président, et les professionnels de la santé ont droit,
après avoir dispensé les soins, d'être
rémunérés le plus tôt possible.
M. CASTONGUAY: Espérons que l'ordinateur va fonctionner!
M. LE PRESIDENT (Fortier): Article 81 adopté?
M. CLOUTER (Montmagny): II y a eu une seule modification. On a
remplacé le coût des rémunérations de l'ancien
projet de loi, si l'on compare les deux projets de loi.
M. CASTONGUAY: M. Després dit que c'est à la demande des
officiers légistes.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Article 81, adopté. Article 82.
Conseil d'administration
M. LAURIN: Il me semble qu'il y a un absent dans l'article 82 sur le
conseil d'administration de la régie. Je ne vois aucune allusion au
monde rural. Il est possible que les représentants, je sais que l'UCC
est un syndicat et qu'on peut dire que c'est un syndicat de travail mais,
étant donné qu'il y a deux grandes centrales syndicales et qu'un
grand organisme représente les cultivateurs, je me demande s'il n'y
aurait pas été opportun d'augmenter la représentation pour
que cette classe de la population soit représentée.
M.CASTONGUAY: Si vous remarquez, les critères de
représentation n'ont pas été définis sur le plan
géographique mais plutôt par secteur d'activité.
Présentement, le vice-président de l'UCC est un des deux
représentants du monde syndical, donc dans ce sens, il représente
une partie du monde rural, tout comme les autres membres de la régie
peuvent représenter à la fois, des milieux urbains et ruraux. Le
représentant des consommateurs qu'on a proposé d'ajouter ici,
à la composition de la régie, pourrait également
représenter le monde rural. Les représentants des professionnels
de la santé, comme tout autre représentant, sauf les
fonctionnaires, pourraient être également, dans certains cas, des
représentants du monde rural. La représentation n'est pas sur le
plan géographique, mais je crois qu'il est important de se souvenir dans
la désignation de ses membres de cette dimension de la question.
M. LAURIN: Par ailleurs, les membres des secteurs à revenu moyen
me semblent proportionnellement moins représentés que les classes
qui jouissent de revenus plus considérables.
Je me demande s'il n'y a pas une pondération plus opportune qu'on
pourrait envisager ici en accordant une représentation plus large
à ces secteurs de la société. Je vois, par exemple, qu'il
n'y a que deux représentants du monde du travail et un des
consommateurs, alors que presque tous les autres appartiennent à une
certaine classe de la société. Il me semble que ce serait
équilibrer davantage la représentativité de la
régie que de prévoir une plus
large représentation de cette classe de la société
dont je parle.
M. CASTONGUAY: II n'est pas possible, si l'on veut garder les dimensions
de cette régie de façon aussi compacte que possible pour qu'elle
soit efficace, de choisir trois ou quatre types de critères. Je voudrais
faire remarquer que le représentant de l'Association des hôpitaux
peut fort bien être une personne qui n'a pas un revenu tellement
élevé. Les fonctionnaires, il est vrai que ce sont de hauts
fonctionnaires et qu'ils ont des revenus assez élevés, je
comprends que dans ce câs-là peut-être que cela donne une
pondération.
Maintenant, si on en croit les dires des médecins, avant
longtemps ils vont passer dans l'autre catégorie! Alors je ne crois pas,
qu'un an après l'adoption du régime, on change la composition. Je
crois que c'est le genre de disposition qui, avec l'expérience et selon
les besoins, l'évolution de la couverture, peut être
modifié.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les médecins et les
députés sont déjà changés de
catégorie!
M. LAURIN: Par ailleurs, M. le Président,...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je remarque qu'il y a maintenant deux
fonctionnaires au lieu de trois. Quel est le ministère qui va se
sacrifier? Il y avait le Revenu, les Finances, la Santé et le
Bien-Etre.
M. CASTONGUAY: Oui, les Finances et la Santé. Alors, comme vous
le savez, le docteur Gélinas a été nommé
vice-président et membre de la régie comme...
M. CLOUTIER (Montmagny): Comme médecin?
M. CASTONGUAY: ... représentant du ministère de la
Santé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Comme représentant du ministère
de la Santé.
M. CASTONGUAY: II reste le représentant du ministère des
Finances et celui du Revenu.
M. CLOUTIER (Montmagny): On retrouve quatre fonctionnaires, si le
docteur Gélinas est le représentant du ministère de la
Santé parce qu'il y avait déjà Me Blier, sous-ministre
adjoint qui représentait le secteur Santé-Bien-Etre. Je pense
qu'il a pris la place du docteur Auger, le médecin qui a
démissionné, le troisième médecin...
UNE VOIX: Non.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le président de la
régie voudrait nous donner des détails?
M. CASTONGUAY: Le troisième médecin n'a pas encore
été nommé et M. Blier a quitté et a
été remplacé par le docteur Gélinas.
M. CLOUTIER (Montmagny): Bien.
M. CASTONGUAY: Lors des nouveaux changements, le docteur Auger n'a pas
été remplacé, étant donné qu'il n'y a pas eu
de représentation de faite de la part des fédérations,
à ma connaissance. À l'étape suivante, j'avais l'intention
de demander aux fonctionnaires, soit du ministère des Finances ou du
ministère du Revenu...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je suggère le ministère des
Finances étant donné que c'est le ministère du premier
ministre, il a d'autres compensations!
M. CASTONGUAY: Par contre, vous voyez que la fonction de perception ne
touche pas à l'administration du régime réellement et
qu'elle est complètement intégrée aux fonctions du
ministère du Revenu alors que le financement du régime a des
incidences sur la fiscalité. J'avais une opinion différente.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est une question délicate. J'en laisse
la réponse au ministre de la Santé.
M. LAURIN: M. le Président, à la dernière ligne on
dit: « Un des médecins sera nommé sur la recommandation
conjointe de ces deux associations. » On a beaucoup parlé des
corporations professionnelles depuis le début de la discussion de ce
projet de loi. Il y a aussi un rapport qui a été
déposé par la commission Castonguay sur une réforme
éventuelle des corporations. On peut prévoir que le rôle
des corporations sera ajusté aux nouvelles conditions qui
prévalent dans la société, leurs rôles seront
modifiés, seront plus élaborés en certains domaines, moins
en d'autres. Et, étant donné que cette Loi de l'assurance-maladie
mettra en jeu un certain système nouveau de relations entre les
organismes gouvernementaux et les corporations professionnelles, je me demande
s'il n'y aurait pas intérêt à ce qu'il y ait un
représentant des corporations professionnelles à cet organisme de
la régie.
Je me demande si le ministre serait prêt à
considérer une suggestion sur la recommandation conjointe des
corporations professionnelles intéressées. Les trois corporations
qui ont affaire avec l'exécution du projet de loi pourraient se
consulter et déléguer un de leurs représentants ce qui
permettrait peut-être une meilleure relation entre la commission de
l'assurance-maladie et ces corporations professionnelles.
M. CASTONGUAY: M. le Président, cette proposition a
été formulée sous différentes formes, dans certains
mémoires que nous avons reçus. Nous avons voulu dissocier
totalement les corporations professionnelles des mécanismes
d'application directe de l'assurance-maladie et je ne crois pas qu'il serait
bon de les réintroduire, n s'agit d'une loi dont le but principal est
d'assurer des services à la population sur le plan financier et la
rémunération des professionnels. Réintroduire les membres
des corporations professionnelles ne serait qu'introduire une dimension qui ne
concorde pas avec le rôle qu'elles doivent remplir, qui est un rôle
touchant à l'admission, à la pratique et à la
déontologie, la discipline, l'activité professionnelle proprement
dite. Il y a eu tellement de confusion sur ce point dans les rôles
attribués aux corporations dans le passé, si on veut clarifier
cette situation, si on veut que les corporations jouent efficacement leur
rôle dans l'avenir, je crois qu'elles devront assumer pleinement les
responsabilités qui leur sont confiées, ni plus ni moins. Je ne
veux pas faire preuve d'esprit négatif, ce n'est pas dans cet esprit que
je reçois la suggestion du député de Bourget, mais j'y
attache énormément d'importance.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Fortier): M. le député de Saint-Sauveur a
demandé la parole.
M. BOIS: M. le Président, j'aurais une observation à
faire. En calculant le nombre des directeurs, j'en additionne quinze, en
prenant le président et le vice-président tels que nommés
par le lieutenant-gouverneur. Est-ce que le vice-président sera
nommé par le lieutenant-gouverneur en conseil, parmi les autres
directeurs? Parce que si on fait le compte, vous avez un président, ce
qui fait un, vous en avez deux autres, à la première page vous en
avez sept en tout, parce qu'on ne fait pas de mention additionnelle pour le
vice-président et, à l'autre page, vous en avez sept, ce qui fait
14.
M. DESPRES: Voici l'interprétation qu'on m'en a donnée
parce que plusieurs calculs sont possibles. C'est qu'au premier alinéa
de l'article 7, il est bien dit que la régie est formée de 14
membres dont un vice-président et un président tous nommés
par le lieutenant-gouverneur en conseil. Donc, les 14 membres doivent
être nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil. Toutefois, au
troisième alinéa, on énumère la provenance d'un
certain nombre de membres et, lorsque l'on additionne ce nombre de membres,
cela signifie qu'il y en a treize dont la provenance est indiquée dans
la loi, ce qui veut donc dire qu'il y en aura un qui sera nommé par le
lieutenant-gouverneur en conseil d'une source autre que celle-là, cela
pourrait être le président ou cela pourrait être le
vice-président. S'il y en a 13, cela veut donc dire qu'un est
nommé suivant l'expression utilisée: « at large
».
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de
Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, dans cet article, on mentionne
qu'il y aura deux membres qui seront nommés, après consultation
des organismes les plus représentatifs des professions de la
santé, autres que la profession médicale.
Est-ce que cette phrase laisse sous-entendre que les professions dont
les services seront inclus dans l'assurance auront priorité sur les
autres professions?
M. CASTONGUAY: Je m'excuse, je demande à ce qu'on n'oublie pas,
dès la proclamation de la loi, de me rappeler de prendre les
dispositions nécessaires pour la nomination des membres. Je n'ai
malheureusement pas pu entendre votre question.
M. SAINT-GERMAIN: Je disais que, d'après cet article, il y aurait
deux membres de la régie qui seraient nommés, après
consultation des organismes les plus représentatifs des professions de
la santé, autres que la profession médicale. Est-ce que cette
phrase laisse sous-entendre que les professions dont les services sont
assurés par la régie auront priorité?
M. CASTONGUAY: Le docteur Auguste Mockel, qui est un pharmacien,
représentait au sein de la régie, les professionnels autres que
les médecins. Le docteur Mockel vient de démissionner pour
assumer un poste au sein de la régie, à temps complet, à
titre de fonctionnaire. Les deux postes deviennent vacants et c'est mon
intention de consulter les organismes représentant les dentistes, les
optométristes,
et peut-être d'autres organismes, pour nommer deux professionnels.
Je ferais remarquer qu'une fois qu'une personne devient membre de la
régie, lorsqu'elle siège à la régie, dans sa
fonction de régisseur, elle ne représente plus l'organisme qui
l'a désignée. Elle devient un individu et c'est à ce
titre-là qu'elle doit assumer ce rôle de régisseur qui lui
est confié. La provenance d'un professionnel ou d'une personne est
évidemment un des aspects à considérer. C'est pourquoi les
associations intéressées par le régime vont être
consultées. Je ne crois pas que l'on doive nécessairement s'en
tenir strictement aux professionnels qui seront appelés à
dispenser des services assurés, étant donné cette
distinction qu'on doit faire à partir du moment où une personne
est nommée régisseur.
M. LAURIN: Parce que la représentation du monde du travail et des
classes les moins favorisées m'apparaît insuffisante,
j'enregistrerai ma dissidence à cet article.
M. CASTONGUAY: Est-ce que je pourrais simplement, à titre de
dernière remarque, faire remarquer que le représentant des
consommateurs, le représentant du milieu des hôpitaux vont
être en même temps, à toutes fins pratiques,
également des représentants du monde du travail?
D'autant plus, comme je l'ai fait remarquer au moment où ils
deviennent régisseurs, ils ne garde plus leur statut de régisseur
de membres d'une association, celle qui avait souligné leur nom. Dans ce
sens-là, si on retient bien ce statut de régisseur, je crois que
les remarques qu'on a pu faire dans certains mémoires, à
l'égard de la représentation du monde du travail,
n'étaient pas tout à fait adéquates. Peut-être que
le député de Bourget pourrait reconsidérer et enregistrer
une dissidence mitigée à la place d'une dissidence
complète.
M. LAURIN: L'article qui traite du représentant du milieu des
hôpitaux ne nous dit pas, par exemple, s'il sera un représentant
des conseils d'administration ou de la haute direction de l'hôpital. On
ne sait pas si ce sera un membre des employés. Il n'y a rien de
spécifique, à ce sujet dans le projet de loi. De même, dans
les associations de consommateurs, on ne sait pas, également, quel
représentant sera choisi. Malgré que je sois prêt à
admettre avec le ministre qu'il est plus probable qu'un consommateur
appartienne au monde du travail. Mais, même dans ce cas, la
représentation ne serait que du tiers et cela m'apparaît
très bas.
M. CASTONGUAY: II y a dans le régime l'Etat, qui doit être
présent. Les fonctionnaires de la régie, doivent être
présents, cela fait deux parties; le président, directeur
général, il doit y avoir les professionnels de la santé
qui doivent être représentés et le monde du travail. Alors,
si vous en arrivez, comme conclusion, à un tiers sur quatre parties, en
fait, je crois qu'ils sont raisonnablement représentés à
moins qu'on veuille élargir le nombre des membres de la Régie, et
là, nous tombons dans une autre difficulté. Je pense que vous
l'admettrez avec moi.
M. LAURIN: Oui. la dissidence deviendrait beaucoup plus mitigée
si, par exemple, on prévoyait quand même trois
représentants des organismes du travail.
M. CASTONGUAY: Je ferai simplement remarquer qu'à ce
moment-là, on en arrive à...
M. LAURIN: ... quinze.
M. CASTONGUAY: ... à réouvrir cette question de
composition, et immédiatement, si on le fait, un autre proposera un
autre membre. Je comprends qu'il y a toute sortes de critères dont on
pourrait discuter. C'est pourquoi j'hésite énormément, je
ne voudrais pas réouvrir toute la question.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, j'aurais mieux compris
la dissidence du député de Bourget s'il avait mentionné
qu'il n'y avait, à la Régie, qu'une femme sur quatorze
commissaires. Nous avions bien pris soin, dans le premier bill 30,
c'est-à-dire dans les nominations consécutives au bill 30,
d'introduire cet élément d'équilibre au sein d'une aussi
noble commission, et nous avions accepté, le lieutenant-gouverneur en
conseil avait accepté, la nomination d'une représentante du sexe
féminin. Je souligne ce fait au ministre de la Santé et du
Bien-Etre. Toutes les commissions que nous avons eu l'occasion de nommer durant
quatre ans, nous avons toujours pris soin, autant que la chose était
possible, de nommer une femme au sein de ces commissions, parce que
c'était le ministère de la Famille.
M. CASTONGUAY: J'ai eu l'occasion de rencontrer, hier soir, cette
représentante qui est d'ailleurs ici ce matin, et je dois dire que le
choix qui a été fait m'apparait extrêmement judicieux!
M. LAURIN: Je prévois, M. le Président, qu'il y aura de
plus en plus de femmes parmi les délégués prévus
dans la composition de la Régie, avec le mouvement qui progresse
d'année en année.
Je me serais opposé à ce qu'une femme soit
spécifiquement incluse dans la composition, parce qu'à bon droit,
les associations féministes nous auraient taxé de discrimination
en nous accusant de vouloir limiter leur représentation à une
personne.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Adopté avec la dissidence du
député de Bourget. Adopté. Article 83.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il s'agit d'un article de concordance.
M. LE PRESIDENT (Fortier); L'article 83 est adopté. L'article 84,
paragraphe 18 à), adopté; 18 b), adopté.
M. LAURIN: II est bien entendu, lorsqu'on dit enquêteur sur toute
matière de sa compétence, c'est sur les articles que nous avons
étudiés hier et qui touchent exclusivement aux relevés
d'honoraires.
M. LE PRESIDENT (Fortier)i Le paragraphe 18 c), adopté; le
paragraphe 18 d), adopté; le paragraphe 18 e), adopté. Article
85, adopté; article 86, adopté. Paragraphe 24.
M. CLOUTIER (Montmagny): IL s'agit de dispositions analogues à
celles qui étaient contenues dans la première version du projet
de loi.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Paragraphe 24, adopté; paragraphe 24
a), adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est le volume des sommes en cause, est-ce
qu'on a une idée?
M. CASTONGUAY: Des sommes dont seul l'ordre de grandeur en gros a
été évalué. J'aimerais mieux attendre que
l'expérience nous indique ce qu'elles seront.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le paragraphe 24 a), adopté. L'article
87.
M. CASTONGUAY: L'article 87, j'ai une modification, à la fin du
paragraphe 25. Vous allez voir le texte qui vous est remis. La Loi de la
Fonction publique a été modifiée et la proclamation a
dû être faite le 13 juin 1969. Il faut ajouter « sous
réserve de l'application de l'article 62 de ladite loi » afin de
ne pas changer la portée de l'article 25.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'on pourrait demander au
président de la régie, si le ministre est d'accord, quel est le
nombre de fonctionnaires actuellement engagés par la régie et
à quel moment les cadres pourront-ils être
complétés?
Fonctionnaires de la régie
M. DESPRES: Actuellement, nous devons avoir près de 900
fonctionnaires permanents et environ 200 employés occasionnels dont les
occupations sont surtout centrées sur l'inscription des
bénéficiaires.
Il est évident que nous avons fait une estimation globale
indiquant que la régie exigerait environ 1,200 employés, compte
tenu des estimations que nous avons faites quant au nombre d'actes
médicaux qui pourraient être posés à
l'intérieur du régime ainsi qu'au nombre de relevés
d'honoraires qui pourraient nous être produits. En partant de cela aussi,
nous avons établi certaines normes de production pour les
employés et nous espérons qu'elles s'avéreront justes.
Mais c'est uniquement à l'expérience que nous saurons si, d'une
part, le nombre de relevés d'honoraires que nous avons estimé
entre 100,000 et 120,000 par jour, s'avérerait exact et si, d'autre
part, la productivité ou le rendement, estimé pour chacun des
membres du personnel pourra être aussi réalisé. Nous avons
bon espoir que notre estimation s'avérera le plus juste possible, mais
naturellement, tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas vécu une
certaine expérience, il sera difficile de le dire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le nombre total d'employés prévus
pour le fonctionnement du régime, au début, serait de 1,200
environ.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Article 87, adopté. Article 88,
adopté. Article 89, adopté. Article 90...
M. LAURIN: Est-ce que ce sera le 1er septembre ou le 1er août?
M. CASTONGUAY: La rapidité avec laquelle les négociations
vont se terminer, ou se poursuivre, va faire foi de tout à partir de
maintenant.
M. LE PRESIDENT (Fortier):., Article 90, adopté. Article 91,
adopté. Article 92...
M. CLOUTIER (Montmagny): Mêmes remarques qu'à l'article
90.
M. CASTONGUAY: Quelles remarques à l'article 90?
M. CLOUTIER (Montmagny): Sous réserve des articles 90 et 91, la
présente loi entre en vigueur le jour de sa sanction, mais après
la sanction il y aura évidemment l'application de la loi, une fois que
les négociations seront terminées.
M. CASTONGUAY: D'accord, l'application concrète. Je demanderais
maintenant, si c'était possible que nous...
M. LE PRESIDENT (Fortier): Nous ajournons les travaux de cette
commission à cet après-midi après l'ordre du jour en
Chambre; vers 4 heures nous reviendrons ici pour terminer l'annexe...
M. CASTONGUAY: II y a l'annexe, une couple de textes, le paragraphe de
l'article 56 et les articles 11, 12, 13, 14. De mémoire, je crois qu'il
n'y a pas d'autres articles.
M. LE PRESIDENT (Fortier): La commission ajourne ses travaux a 4 heures
cet après-midi, après l'ordre du jour.
Reprise de la séance à 16 h 31
M. FORTIER (président de la commission permanente de la
santé): A l'ordre, messieurs! Loi de l'assurance-maladie. Je crois que
le ministre de la Santé a certains propos à vous communiquer.
Désengagement
M. CASTONGUAY: M. le Président, nous avons suspendu, au cours des
dernières séances, l'étude des articles 11, 12, 13 et 14.
Nous avons aussi quelques propositions de texte ou quelques articles auxquels
il fallait apporter de petites retouches, par exemple l'article 56 touchant la
nécessité d'informer la population quant au désengagement
de certains professionnels, l'article précédent concernant les
pénalités je ne me souviens pas du numéro exact
mais c'était pour préciser que ces pénalités
ne s'appliquaient pas à la section sur les contributions. J'ai ici des
textes qui sont proposés.
Si vous me permettez, je vais plutôt commencer par les articles
11, 12, 13 et 14, étant donné qu'ils font partie d'un ensemble.
Lorsque j'aurai analysé la question, que j'aurai fait part du point de
vue du gouvernement sur cette question-là, je ferai distribuer les
textes.
M. le Président, lorsque la suspension de l'étude de ces
articles a été consentie, je voudrais rappeler,
brièvement, que cela l'a été unanimement par tous les
membres de cette commission. Comme je l'ai précisé ce matin, il
ne s'agissait aucunement d'un processus de négociations parallèle
qui s'engageait entre les médecins et les syndicats ouvriers ou encore
des législations parallèles. Au contraire. Je l'ai bien
précisé ce matin, mais, à cause de l'importance de la
question, je voudrais y revenir très brièvement. Il s'agissait
plutôt, pour les membres de la commission, vis-à-vis de cette
question délicate, de pouvoir y réfléchir de façon
aussi complète, approfondie que possible et, en même temps, de ne
pas se priver de toute suggestion qui aurait pu être faite.
En ce qui a trait à ces quatre articles, le but visé,
comme je l'ai mentionné, ou le noeud du problème résidait
dans la recherche de l'équilibre entre, d'une part, l'objectif premier
de la loi, c'est-à-dire permettre à la population d'avoir
accès aux services assurés à des conditions
financières uniformes; pour atteindre cette fin, la solution la plus
simple aurait été celle d'un encadrement extrêmement rigide
au terme d'une convention ou par une modification du statut des professionnels
concernés. D'autre part, à l'autre extrême, la
possibilité pouvait s'offrir de
laisser libre tout professionnel de s'engager ou de se désengager
du régime, de payer le patient complètement si le professionnel
se désengage. Lorsqu'on allait d'un extrême à l'autre, il y
avait des implications assez différentes.
Dans le premier cas, celui du cadre trop rigide et je crois, par
les interventions des membres de la commission qui représentent les
partis de l'Opposition, qu'ils partagent également ce souci cela
aurait été de modifier trop brusquement le statut de ces
professionnels, de ne pas reconnaître le caractère très
hautement professionnel de leur activité et de leur enlever la
motivation nécessaire à un travail de bonne qualité, de
haute qualité.
A l'autre extrême, c'est-à-dire le régime de la
liberté complète, on tombe, à toutes fins pratiques et on
le voit facilement, dans un système, d'indemnisation des patients pour
les compenser, soit totalement ou partiellement, selon le hasard des
circonstances, de la distribution des effectifs, des ressources, des revenus
que ces personnes peuvent avoir, par rapport aux honoraires ou aux coûts
qui découlent de leurs services assurés ou des services
médicaux.
Alors, le premier projet de loi, qui avait été
déposé par le gouvernement précédent
prévoyait que, dès le désengagement d'un professionnel,
aucun remboursement d'honoraires ne serait fait au professionnel, de même
qu'à son patient. C'était la règle très claire. Il
n'y avait aucune disposition prévue pour empêcher que, si les
professionnels se désengageaient, soit par spécialité soit
par région ou encore soit en nombre, ils puissent en venir à
placer des populations dans des situations où les conditions dans
lesquelles elles peuvent obtenir les services assurés ne soient plus
uniformes. Rien n'était prévu dans le projet de loi.
Egalement, vis-à-vis des critiques qui avaient été
formulées, lors du dépôt de ce projet de loi, le nouveau
gouvernement a tenté de rechercher ou a voulu rechercher un meilleur
équilibre. H n'a pas changé, comme je l'ai indiqué
à plusieurs reprises, le fond, les principes fondamentaux du projet;
cette recherche a plutôt porté au niveau des modalités. Et
c'est là que, dans le nouveau projet de loi, aux articles 11 et 12, on a
vu apparaître, en premier lieu, la possibilité d'un remboursement
de 75% du montant des honoraires aux professionnels désengagés,
tant et aussi longtemps que leur nombre n'excède pas 3%.
Egalement, étant donné qu'au plan des régions, au
plan des spécialités, ce critère aurait pu ne pas
être suffisamment souple, on avait prévu, dans la première
version, dans la version imprimée du texte, la possibilité que le
mécanisme applicable après qu'on atteint le niveau de 3%, pour
l'ensemble de la province c'est-à-dire l'arrêt des
paiements, le retour à l'ancien bill 8 on avait prévu que
ce mécanisme s'appliquerait plus rapidement si, dans une région
ou par spécialité, par suite de désengagements, les
conditions uniformes d'obtention de soins n'existaient plus. On a fait valoir,
à cette commission, qu'il pouvait en résulter un équilibre
peut-être inégal, au plan financier, entre les populations
rurales, les populations des petits centres urbains et les populations des plus
grands centres.
C'est pourquoi, lors de la discussion de cet article, nous avons
proposé un amendement, et et c'est également à ce moment
que d'autres amendements ont été proposés. Et,
vis-à-vis du nombre de ces amendements, nous avions aussi il faut
tenir compte des demandes qui ont été formulées
suspendu la discussion. Donc, nous en étions à ce point.
Vous savez, je vous l'ai mentionné ce matin, que les discussions
qui se sont déroulées entre les dirigeants des centrales
syndicales et les médecins n'ont pas donné lieu, au plan de la
loi ou du projet de loi, à des propositions concrètes.
Il y a eu d'autres effets bénéfiques. Je les ai
mentionnés. Ces rencontres ont permis une meilleure compréhension
réciproque des problèmes de chacun, c'est-à-dire des
problèmes des travailleurs de la part des médecins, des
problèmes des médecins de la part des travailleurs, de la
préoccupation des médecins vis-à-vis l'instauration de
l'assurance-maladie. Il ya eu certainement des résultats
bénéfiques qui ont résulté de ces rencontres.
Ces rencontres ont également permis aux deux parties et je pense
que, par ricochet, elles ont permis à l'ensemble de la population, ou du
moins, je l'espère, à une grande partie de la population, de voir
jusqu'à quel point cette question est complexe; il ne s'agit pas d'une
question qui se règle d'une façon doctrinaire, ou à partir
de principes rigides, mais il s'agit réellement, comme je l'avais
indiqué comme d'ailleurs les membres de la commission en ont fait
état lors du dépôt d'un nombre assez élevé
d'articles, de propositions, ou d'amendements d'une question assez
difficile qu'il faut apprécier dans un contexte qui évolue assez
rapidement.
Vis-à-vis de toute cette situation, et surtout vis-à-vis
du fait que cette possibilité de désengagement, avec un
remboursement à 75% des honoraires, et même avec la limitation de
3%, n'a reçu à ma connaissance l'appui d'aucun des
partis de l'Opposition; vis-à-vis éga-
lement du fait que non seulement les centrales syndicales qui
représentent j'en conviens une partie seulement de la
population, mais une partie qu'on ne peut ignorer; vis-à-vis aussi du
fait qu'un des présidents d'une association de médecins me
disait, lors des discussions avec les chefs des centrales syndicales et
je pense qu'il est plus en mesure que quiconque de juger de la réaction
de ses membres à l'égard d'une telle disposition que cette
disposition était susceptible de maintenir pour les professionnels qui
s'en serviraient deux niveaux de médecine, c'est-à-dire un
où l'accès serait plus facile pour les gens à fort revenu,
et un autre où l'accès serait plus difficile pour les gens
à plus faible revenu, et que ce n'était pas l'intention de viser
ce but lorsque cette disposition a été introduite dans la loi,
bien au contraire, c'était plutôt pour assouplir les conditions de
désengagement, donner un sens peut-être plus concret, plus
réel, donc, si c'est la façon qu'elle peut être
utilisée, et compte tenu du fait qu'aucun groupe, parmi les partis de
l'Opposition ne l'a acceptée, le gouvernement a décidé
et c'est ce qui fait ici l'objet des propositions d'amendements
d'éliminer complètement les articles 11, 12, et 13, et de
maintenir ce qui a pour effet en premier lieu, de retourner en
définitive aux mêmes dispositions que l'ancien bill 8,
c'est-à-dire que lors du désengagement d'un professionnel, aucun
paiement ne sera fait ni à lui, ni à son patient, donc les
dispositions relatives aux 3% n'ont plus leur raison d'être.
En ce qui concerne la proposition d'amendement, relatif à
l'article 12, que je vous avals déjà soumis, c'est-à-dire
lorsque le ministre de la Santé estime que, dans une région ou
encore pour l'ensemble de la province ou encore maintenant que l'on
enlève les 3% par spécialités, le nombre de
désengagements est suffisamment élevé pour que la
population ne puisse avoir accès aux services assurés à
des conditions uniformes; étant donné que cette proposition
apparaît assez importante pour que l'on puisse reconnaître un
certain caractère spécial ou d'urgence, selon le cas, et que le
ministre de la Santé puisse, malgré que ce soit à
l'intérieur des lois existantes peut-être les utiliser à
des fins un peu différentes de la façon dont elles sont
utilisées régulièrement, nous proposons donc de
réserver cette deuxième partie de l'article 12 que je vous avais
proposé. C'est le sens des amendements que je propose.
Je voudrais, M. le Président, si vous me le permettez, ajouter
quelques commentaires. Je crois que ce serait extrêmement malheureux si
un groupe, peu importe le groupe, interprétait cette proposition comme
étant un recul du gouvernement vis-à-vis des demandes d'un autre
groupe. Ce serait absolument faux. L'objectif, que nous avons poursuivi, aussi
bien au moment où nous avons modifié ces dispositions,
était de viser à l'accessibilité aux services
assurés à des conditions uniformes. Et l'objet des
modalités quelque peu différentes était de viser à
atteindre un équilibre qui nous semblait, à ce moment, meilleur
ou susceptible d'être meilleur qu'avec les dispositions de l'ancien bill
8.
Les propositions d'amendements qui sont apportées n'ont qu'une
fin, dans l'esprit du gouvernement et dans mon esprit, celle de garantir
l'accessibilité aux services assurés à des conditions
uniformes. Et je n'ai cédé, je puis vous l'assurer, dans toute
cette analyse, à aucune pression; le seul motif qui m'a guidé
était celui que je viens de mentionner. Je le fais sans aucune
hésitation. Je vous propose ces amendements sans aucune
arrière-pensée.
Je voudrais également, à ce stade-ci, M. le
Président, faire deux autres commentaires. Le premier, c'est qu'avant
que nous passions à l'analyse de ces amendements, je voudrais souligner
que c'est le premier projet de loi qu'il m'a été donné de
présenter à l'Assemblée nationale, et de discuter avec les
membres de la commission parlementaire de la Santé. Je crois que tous
sont d'accord sur le fait que c'est un projet de loi relativement
délicat, relativement difficile. J'ai énormément
apprécié d'abord l'esprit d'objectivité avec lequel il a
été discuté autour de cette table. Je suis assuré
que la discussion sur les quatre articles suspendus sera effectuée dans
le même sens. Je n'ai jamais fait, je crois, tout au long de la
discussion, allusion à aucun argument, disons, de nature partisane. Et
étant donné l'importance de toute cette question du
désengagement, la nécessité que nous ayons un
régime d'assurance-maladie, également la nécessité
que ce régime fonctionne, et pas seulement à court terme mais
à long terme, je demande, bien que je sois assuré que ce sera'
fait, que l'on poursuive la discussion sur le même plan. C'est une
question extrêmement difficile et c'est pourquoi je le mentionne. J'ai
énormément apprécié l'esprit d'objectivité
qui a animé toutes les interventions des membres de la commission depuis
le début du débat sur cette loi.
Enfin, je crois qu'il y a aussi lieu de souligner, ici, le rôle
important même si je déborde un peu le sujet, vous me le
pardonnerez, M. le Président, vous me rappellerez à l'ordre
que les députés peuvent jouer dans de telles
commissions.
Pour moi, cela a été une des constatations,
une première expérience sur ce plan également, que
ces commissions permettent aux députés de jouer un rôle
extrêmement important. Je puis dire que, dans toute cette recherche qui a
conduit à la proposition des amendements que je viens de déposer
au gouvernement, les interventions qui ont été faites ici ont
pesé énormément dans leur composition.
Enfin, je voudrais, avant que la discussion ne s'engage, rappeler qu'au
terme de mon discours, en deuxième lecture, sur le projet de loi de
l'assurance-maladie, également au terme de ma réplique,
après que chacun des membres des partis de l'Opposition eut parlé
à ce débat, j'ai fait appel au sens social des professionnels de
la santé, je leur ai dit d'autres se sont associés
à moi, d'autres qui ont participé au débat, pour leur
lancer le même message que le succès de l'assurance-maladie
sera assuré par les professionnels de la santé, qu'il ne s'agit
pas uniquement d'une question de législation. La législation est
là pour donner les orientations de la politique, donner un certain
cadre, mais en définitive, ce sont eux qui vont assurer le succès
de ce régime.
Quant aux articles que nous adopterons, 11, 12, 13 et 14, dans leur
forme finale, je suis prêt à considérer et à
discuter les propositions d'amendements qui nous seront distribuées.
J'espère également qu'ils feront l'objet, étant
donné leur importance, d'un vote aussi unanime que possible autour de
cette table, afin que nous indiquions aux professionnels de la santé que
l'Assemblée nationale s'est prononcée, ou au moins cette
commission et nous verrons, lorsque la question sera reportée
à l'Assemblée nationale, je m'excuse s'est
prononcée de façon claire sur le sujet. Dorénavant les
professionnels de la santé devront indiquer également leur
désir de servir leurs concitoyens et de faire preuve, encore une fois,
du sens social qu'ils ont déjà démontré à
maintes reprises dans le passé. Merci.
M. CLOUTER (Montmagny): M. le Président, je crois qu'il serait
indiqué, avant de faire mes commentaires, de prendre connaissance des
amendements puis je demanderai la parole.
M. LAURIN: M. le Président, je pense que je devine le sens des
amendements même avant de les avoir lus. Pendant qu'on les distribue, je
veux profiter de ce court répit pour dire l'immense satisfaction que
j'ai éprouvée à l'audition des remarques du ministre. Je
crois qu'il a prouvé, que son gouvernement a prouvé qu'il savait
se mettre à l'écoute de la population, en écouter les
voeux, les aspirations et y donner suite lorsqu'il le fallait. 3e veux
également réitérer le fait que le groupe que je
représente a voulu s'exprimer ici, non pas d'une façon partisane
mais le plus objectivement possible en se plaçant uniquement du point de
vue de l'intérêt public. C'est cet intérêt public qui
a dicté chacune des prises de position de notre part, pendant la
discussion de ce projet de loi. Même si, sur certains points,
l'unanimité n'a pu être faite, je veux assurer le gouvernement que
tout le long nous avons puisé l'inspiration de nos remarques dans la
considération profonde que nous avons pour l'intérêt des
citoyens québécois.
Une autre remarque aussi que je me faisais pendant que le ministre
parlait: c'est très consolant pour l'Opposition, qui est réduite
à un rôle aussi ingrat dans ce Parlement, de sentir, à
certains moments féconds comme celui-ci, que notre rôle peut
être utile. Nous avons l'impression, au terme des travaux de cette
commission, que notre contribution a été à ce point
valable qu'elle a pu faire l'objet de l'attention du gouvernement et qu'il a pu
y donner suite en même temps qu'à l'expression d'opinions qui se
manifestaient également en dehors de la Chambre.
Pour moi, dont c'est la première expérience ici et qui
m'attendais qu'elle soit très dure, justement du fait du statut
d'opposition, c'est vraiment une constatation bien agréable à
faire en ce tout début de session.
Je joins ma voix à celle du ministre de la Santé pour
inviter tous les professionnels de la santé, auxquels j'appartiens
d'ailleurs, à donner maintenant à cette loi toute la suite qu'il
convient de lui donner. Je suis conscient d'appartenir à une des
professions dont la vocation est éminemment noble, celle de servir
d'abord la population pour laquelle nous avons acquis toute cette formation
longue et parfois difficile, de plus en plus aux frais de l'Etat. Comme j'en ai
fait mention lors de mon intervention, je suis absolument sûr que la
profession médicale, en se plaçant d'abord du point de vue du
service aux malades, saura accepter cet article amendé du projet de loi
et se consacrera, avec encore plus de ferveur que par le passé, à
la poursuite du but très noble qu'elle s'est toujours fixé,
c'est-à-dire le service aux malades.
M. LE PRESIDENT (Fortier): D'autres membres de la commission
auraient-ils certaines observations à faire avant de passer à la
lecture des modifications? L'honorable député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Evidemment,
ma position est un peu plus délicate. Je ne ferai pas
l'historique le ministre l'a très bien fait tantôt
du débat autour des articles 11, 12, 13 et 14. Le ministre fait des
propositions qui ramènent sur la table la première version du
projet de loi. Il a expliqué dans quel contexte cela a été
fait; il a expliqué que le débat s'était poursuivi en
toute objectivité et que ce qu'il désire avant tout c'est le
succès du régime, la meilleure loi possible et que les
contribuables puissent enfin avoir l'accessibilité aux soins
médicaux.
Mes premières paroles sont pour féliciter le ministre de
son attitude durant toute la discussion. Nous ne doutions certainement pas de
son objectivité, de son souci d'apporter à la Chambre la
meilleure législation possible. Il le prouve, en ce moment, en acceptant
de modifier substantiellement le premier projet de loi. C'est dans cette
intention, dans cet esprit que nos remarques avaient été faites.
Je crois que les trois groupes d'opposition, ici à cette table, ont fait
des propositions, des remarques, au sujet des articles du projet de loi, en
toute objectivité, sans aucune arrière-pensée, sans aucun
esprit de partisanerie politique.
Je suis très heureux de pouvoir dire au ministre de la
Santé qu'il s'est révélé véritablement,
à l'occasion de l'étude de ce projet de loi, l'homme
extrêmement compétent et objectif qu'il nous avait laissé
entrevoir antérieurement. Je souscris sans réserve aux
propositions d'amendement qui ont été faites. J'ajouterai
même, toujours dans un souci d'objectivité, que les amendements
qu'il nous propose et surtout celui qui fait état de
l'intervention du ministre, afin qu'à l'échelle de la
région il n'y ait pas d'effets négatifs dus au
désengagement que c'est une amélioration très
importante et positive à la première version du projet de loi qui
avait été déposé par le gouvernement
précédent.
Pour toutes ces raisons, nous souscrivons entièrement aux
propositions qui nous sont faites et nous croyons que ce comité a fait
un excellent travail. Je voudrais aussi particulièrement mentionner,
même s'il n'y a pas eu le ministre l'a clairement
spécifié, mais je tiens à y revenir, afin qu'il n'y ait
pas de fausse interprétation de négociations
parallèles, mais le fait que les centrales syndicales et les
professionnels de la santé aient eu l'occasion de venir s'exprimer
devant la commission.
En outre des nombreuses représentations qu'ils ont pu faire
antérieurement dans les années passées, dans les mois
passés, je crois que c'était là aussi, de la part du
ministre de la Santé et de la commission, un geste extrêmement
positif que de leur permettre de s'exprimer ici devant la commission.
Je pense qu'à la suite du concours de tous les
fonctionnaires ont suivi aussi nos débats très attentivement et,
je n'en doute pas, ont, à tout moment, conseillé le ministre de
la Santé, et en conseillant le ministre de la Santé, ils ont
conseillé cette commission nous pouvons retourner à
l'Assemblée nationale et présenter notre rapport, sans vouloir
préjuger de l'attitude des autres groupes d'opposition, avec
unanimité, ce qui va permettra à la population de participer elle
aussi entièrement et complètement à la mise en marche du
régime.
Il y a un point important sur lequel je veux insister, comme ceux qui
m'ont précédé, le ministre de la Santé et le
député de Bourget. Après l'adoption du projet de loi,
après la troisième lecture, le sort de ce projet de loi repose
entre les mains des professionnels de la santé. Je ne doute pas que les
appels fréquents qui ont été faits à leur sens des
responsabilités, tout au cours de ce débat, ont été
entendus et que, de leur part, sans évidemment sacrifier l'essentiel de
leurs revendications, ils doivent être convaincus que le régime
d'assurance-maladie qui est proposé à la population, même
s'il n'a pas atteint tous les objectifs qu'ils auraient souhaités,
même s'il n'a pas atteint non plus, de la part des centrales syndicales,
tous les objectifs qu'elles auraient souhaités, est certainement un bon
projet de loi qui permettra au régime un bon départ. Nul doute
que si, à l'usage, et si, à l'expérience, il
s'avère qu'il y a encore des améliorations à apporter, le
ministre de la Santé se fera un devoir et un plaisir, lors des
prochaines sessions, de les apporter devant l'Assemblée nationale.
M. AUDET: M. le Président,...
M. LE PRESIDENT (Fortier): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Je voudrais ajouter quelques mots au nom de notre groupe. Je
crois que, comme mon prédécesseur, je dois féliciter le
ministre de la Santé du beau travail qu'il a accompli en
présentant ce projet de loi. Je n'irai pas jusqu'à
prétendre qu'on aurait dû accepter l'idée de notre groupe
qui était, je crois, le plus à l'écart du bill 8 quant
à la façon de paiement pour les patients. Notre groupe conserve
toujours son idée sur la façon de garder le caractère
privé de ce bill. Je demanderais cependant s'il n'y aurait pas
possibilité, maintenant que tout est pratiquement accepté, que
tout retombera sous la responsabilité du patient, lorsqu'il y aura
désengagement, de faire en sorte que 80% du coût soient
remboursés au patient lorsque celui-ci gagnera plus de $5,000, et
que
100% lui soient remboursés lorsqu'il gagnera moins de $5,000 tel
que notre groupe l'entend. Ceci nous permettrait de savoir si l'opinion
publique est réellement en accord avec un plan tel que défini
dans le projet de loi, un plan à caractère public, ou si
réellement la population voudrait avoir un plan à
caractère privé.
Je me demande si cet amendement pourrait prendre forme. De toute
façon, je crois que notre écart de pensée à
l'égard de ce bill est pratiquement infranchissable.
La majorité des citoyens de la province de Québec, s'ils
connaissaient les différences entre le secteur public et le secteur
privé, je me demande quel verdict ils auraient rendu vis-à-vis de
ce sujet. Je propose qu'on continue les délibérations.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors, les articles 11, 12 et 13 sont
retranchés. Maintenant, l'article 14.
M. CASTONGUAY: Me permettriez-vous, M. le Président, de souligner
que la rédaction de ces articles par M. Normand, 1'officer
légiste du gouvernement, a été faite nécessairement
dans certains cas, avec un peu de hâte et de pression? Il nous a
souligné, à la fin de son texte, qu'il aimerait bien pouvoir le
revoir à tête reposée, afin de s'assurer que les
changements qui pourraient s'avérer nécessaires pour des fins de
concordance, étant donné l'élimination d'un certain nombre
d'articles et leur remplacement, puissent être apportés.
Je crois que, si cette révision devait signifier quelques
modifications, on peut compter sur la compétence de M. Normand et
être assuré que cela ne changera en aucune façon le sens du
projet. De toute façon, avant qu'il soit adopté
définitivement, il sera retourné à la Chambre. Si cela
dépassait réellement les modifications qu'il pourrait apporter,
il y aurait encore un recours en troisième lecture, à la
Chambre.
M. LAURIN: Je suis d'accord, M. le Président.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors, l'article 14?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Adopté. Article 24, tel que
modifié, article 24 a)?
Renseignements
M. CASTONGUAY: Alors, l'article 24
a)...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est l'information...
M. CASTONGUAY: ... a trait aux renseignements, à l'information,
je m'excuse. Et l'article 24 b), c'est l'ancien second alinéa de
l'article 12 tel que je vous l'avais proposé, avec quelques petites
modifications étant donné l'élimination du premier
alinéa.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors, les articles 24 a) et 24 b),
adopté. Article 26?
M. CLOUTIER (Montmagny): Concordance.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Concordance, alors adopté. Article
51?
M. CASTONGUAY: Ici, on avait souligné le fait que la transmission
des renseignements, sur une base individuelle, au ministre du Revenu du
Québec ou au ministre du Revenu national était une
nécessité. La façon dont le texte avait été
rédigé pour permettre la transmission de renseignements au
ministre de la Santé nationale en vue de l'application de la loi sur les
soins médicaux ne donnait pas suffisamment de garanties. Alors, une
nouvelle rédaction estproposée, de telle sorte que la
possibilité de transmettre des renseignements autres que ceux requis
pour l'application de la loi fédérale sur les soins
médicaux est maintenant, je crois, clairement
éliminée.
M. LAURIN: Je félicite encore une fois le ministre de la
Santé. Je me dis complètement d'accord avec l'amendement
suggéré.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Fortier): D'accord. Alors, l'article 51 modifié,
adopté. L'article 61?
Pénalités
M. CASTONGUAY: Cela, c'est l'addition d'une disposition qui clarifie
clairement que les dispositions de la section qui est une loi au sens des lois
du Revenu, si on les enfreint, il n'y aura pas de confusion quant aux
pénalités. Ce sont celles en vertu des lois sur le Revenu et non
celles comprises dans cette loi sur l'assurance- maladie.
Je voulais souligner la nécessité d'apporter cet
éclaircissement lors de l'étude de l'article 61.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Adopté. D'accord?
M. LAURIN: M. le Président, étant donné que la
loi.,.
M. CASTONGUAY: Il nous reste l'annexe malheureusement. Est-ce que vous
aimeriez faire votre commentaire? Il y a la question de la psychanalyse
aussi.
M. LAURIN: Non, ce n'est pas pour cela. C était tout simplement
pour revenir sur un article mais sous la façon d'un commentaire
général.
M. CASTONGUAY: En ce qui a trait à la psychanalyse, nous avons
convenu ce matin que, normalement, l'article 56, paragraphe b) ne devrait pas
être utilisé à cette fin. Nous en avions convenu,
étant donné la nature un peu particulière de la question
soulevée. J'ai reçu aujourd'hui, de la section française
québécoise de la Société canadienne de
psychanalyse, un télégramme assez long qui confirme
d'ailleurs, nous n'avions pas raison d'en douter clairement les propos
du député de Bourget relativement à cette question.
J'attends, et j'imagine que je recevrai d'ici peu, des communications de
l'Association des psychiatres, et peut-être de la Corporation des
psychologues. Nous reprendrons l'étude de cette question dès
qu'ils auront communiqué avec nous et ils adopteront en temps et lieu
les règlements appropriés après analyse plus
poussée de cette question.
Chirurgie buccale
M. CASTONGUAY: Quant à la question de l'annexe sur la chirurgie
buccale, j'ai fait préparer un document dans lequel vous allez trouver
un meilleur regroupement, je crois, des divers actes, et je vais demander que
l'on distribue ce document. Maintenant, avant que nous en discutions,
malgré que ce soit un document hautement technique, il demeure une
question qui mériterait d'être discutée. On a dit, lors de
l'étude de l'article 3, que la couverture de certains de ces services ou
de ces soins uniquement en milieu hospitalier pouvait nécessiter l'achat
d'équipements dans les hôpitaux et déplacer vers les
hôpitaux des services qui, normalement, pourraient être
dispensés en cabinet privé. Je conviens d'ailleurs, je
l'ai dit lorsque nous en avons discuté que c'est une
possibilité. Nous avions alors demandé d'obtenir, si possible,
des statistiques nous permettant de juger certains actes, la fréquence
avec laquelle ils sont posés, soit dans les hôpitaux, ou soit dans
les cabinets privés. Il n'a pas été possible d'obtenir des
données bien précises ou des données valables.
En second lieu, on peut imaginer que, dans un certain nombre de cas, ces
services sont rendus en cabinet privé, et qu'il y aurait peut-être
lieu qu'ils le soient dans les hôpitaux. Mais on sait que, par tradition
et pour diverses raisons, les dentistes continuent de donner ces services dans
leur cabinet privé, même si, pour diverses raisons, il serait
préférable de les donner dans les hôpitaux. Alors, ces
statistiques ne seraient pas tellement révélatrices. Pour cette
raison, j'ai fait dresser une liste de ces actes qui semblent pouvoir
être posés aussi bien en cabinet privé qu'à
l'hôpital. Si l'on doit modifier cette annexe, au lieu d'étendre
la couverture de certains de ces actes dans les cabinets privés, ce qui
forcément, nous obligerait à rétablir une nouvelle
frontière à un moment donné, je suggérerais
plutôt qu'on retranche de l'annexe certains des actes qui y sont compris.
J'ai cet ordre de préséance. Je peux vous en faire la
lecture.
On dit, par exemple, l'apectomie, ne me demandez pas ce que c'est, mais,
de toute façon, l'apectomie est le type d'actes qui seraient le plus
fréquemment faits dans les cabients privés. Après cela,
les dents incluses, la réduction de fractures alvéolaires, la
réduction simple de luxation du maxillaire, l'alvéolectomie, la
phrénectomie on se dirait presque en psychiatrie
l'ouverture d'abcès, la réparation de tissus mous et, enfin, la
gingivectomie.
Alors, est-ce qu'on retranche tous ces actes pour ne pas les couvrir?
Vous savez, je vous l'ai mentionné à quelques reprises, c'est
l'intention, dans les priorités du gouvernement ou du ministère,
d'élargir la couverture du régime aux soins dentaires pour une
catégorie quelconque de la population, soit pour les enfants, les femmes
enceintes 'ou encore pour les assistés sociaux. A ce moment-là,
un certain équilibre serait rétabli.
M. LAURIN: M. le Président, étant donné que nous
avions déjà apporté une modification à un des
articles qui permettaient au lieutenant-gouverneur en conseil de
déterminer, par règlement, les actes à inclure ou à
exclure, je crois que l'évolution de la situation montrera au
gouvernement s'il y a lieu d'exclure ou d'ajouter à cette liste, selon
la situation et les renseignements qui lui seront transmis. Je crois que la
modification que nous avions adoptée don-
ne maintenant au gouvernement beaucoup de latitude en ce qui concerne Ja
couverture de ces actes et que ceci lui permettra d'adapter les
règlements à l'évolution de la situation.
M. BOIVIN: II y a de ces actes qui peuvent être posés
à la clinique externe, à l'hôpital; alors, il ne sera pas
nécessaire de faire hospitaliser le malade.
M. CASTONGUAY: Exactement.
M. BOIVIN: Ce serait très facile de les ajouter plutôt que
de les exclure. Sûrement, le bureau médical verra à ce que
ces actes soient posés en clinique externe.
M. CLOUTIER (Montmagny): Après les explications que vient de
fournir le ministre, je pense que la solution est très acceptable. H est
préférable, à ce moment-ci, de retrancher certains actes.
Les inconvénients seront moins pires que de supporter la pression ou
d'être obligé, à la suite de pressions, de faire des
investissements considérables, étant donné que, dans les
priorités d'extension de la couverture, le ministre indique que les
soins dentaires feront l'objet de l'une de ces priorités. Alors, je
crois qu'il est préférable d'enlever certains actes. Je suis
d'accord,
M. CASTONGUAY: Je remercie le député de Bourget de la
confiance qu'il aurait eue envers le pouvoir exécutif, mais je crois
qu'il y a peut-être confusion ici. Lorsqu'on a modifié l'article
56 ou l'article 3 à cet effet-là, c'était simplement pour
en ajouter et non pas en retrancher. En ce qui a trait à l'annexe, nous
sommes pratiquement obligés soit de décider qu'ils demeurent tels
quels ou qu'on retranche une partie des actes ou tous les actes qui sont
nommés ici, comme le suggère le député de
Montmagny.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de D'Arcy-McGee
demande la parole.
M. GOLDBLOOM; Je voulais ajouter un seul commentaire, M. le
président. Le gouvernement, en étudiant cette question, tient et
tiendra compte particulièrement du fait que si, d'un côté,
il a un encouragement à l'hospitalisation, parce que certains actes sont
rémunérés si le malade est amendé à
l'hôpital, il y a aussi, dans l'exclusion de certains actes, un
encouragement à la pratique de certains actes aux cabinets de
consultation, sous des conditions qui n'offrent pas les mêmes garanties
de sécurité. Et nous connaissons des difficul- tés qui
sont survenues dans des cabinets de consultation de dentistes et de
médecins, parce qu'une anesthésie a été
pratiquée sous des conditions de sécurité qui
n'étaient pas normales. Donc, c'est une question bien délicate
dont le gouvernement tiendra compte en étudiant des modifications
possibles à cette échelle d'actes énumérés
dans l'annexe.
M. CASTONGUAY: Si je comprends bien, vous seriez d'accord que nous
éliminions les neuf actes énumérés et, s'il y a
lieu de rajouter, on pourra le faire par le pouvoir de
réglementation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Par arrêté en conseil, oui.
M. CASTONGUAY: D'accord.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Alors, est-ce que le député de
Bourget...
Entrée en vigueur de la loi
M. LAURIN: Oui, « finis coronat opus » comme on disait.
J'aurais une question à poser au ministre en ce qui concerne l'article
90 dont on parlait ce matin. Il est évident que la loi entrera en
vigueur par proclamation du lieutenant-gouverneur en conseil, lorsque l'entente
sera conclue. A supposer, M. le Ministre, que l'intervalle soit assez long, un
mois, deux mois, peut-être même trois mois, est-ce que le
gouvernement aurait des mesures à l'esprit qui permettraient
d'abréger ce délai?
M. CASTONGUAY: Pour le moment, j'aime mieux considérer
plutôt la possibilité que nous en arrivions à une entente
dans des délais assez brefs. Si tel n'était pas le cas, il y aura
toujours amplement de temps vous parlez en terme de deux ou trois mois
de réévaluer la situation. Mais je crois et je demeure
confiant qu'il est possible d'en arriver à une entente dans un
délai raisonnable. Pour le moment, j'aimerais autant demeurer sur cette
note positive quant à la fin de l'étude de ce projet de loi, ici,
à la commission sur la Santé.
M. LAURIN: Mais le ministre...
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député d'Abitibi-Ouest a
demandé la parole.
M. AUDET: Est-ce que le ministre pourrait nous dire, si, avant
l'adoption de cette loi, un corps professionnel, comme les psychanalys-
tes, demandaient de ne pas être reconnus dans cette loi, est-ce
que l'on obtiendrait gain de cause comme semblent si bien l'avoir, les
psychanalystes et les psychiatres?
M. CASTONGUAY: Personne n'est contraint, parmi les professionnels de la
santé, parce que le système de mise en vigueur concrète ou
d'application de cette loi, se fait par la signature d'une entente. Alors si un
groupe ne veut pas signer une entente, il n'a qu'à ne pas la signer. Il
n'y a aucun groupe de professionnels qui va être forcé, à
moins que la loi, évidemment, ne soit modifiée. Mais le projet de
loi que nous avons ici ne force aucun groupement de professionnels à
s'engager. Et, sur le plan individuel, il y a une possibilité de
désengagement.
M. LAURIN: M. le Président, je voudrais faire aussi un dernier
commentaire. Malgré les critiques que mon groupe continue de faire
à certains articles du projet de loi, je pense que cette loi est la plus
progressive de toutes les lois d'assurance-maladie du Canada, à l'heure
actuelle. Et je m'en félicite au nom du Québec.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, si je comprends, les
travaux de cette commission parlementaire sont, à toutes fins pratiques,
terminés. Nous allons retourner en Chambre pour la dernière
étape, la troisième lecture. Je répète ce que j'ai
dit tantôt, la commission a fait un excellent travail et nous
espérons que les professionnels de la santé, maintenant,
donneront suite au projet de loi et concluront une entente. J'écoutais
tantôt la réponse du ministre, il a appris bien vite à
faire des réponses savantes à des questions embêtantes.
Mais de toute façon, nous espérons que cette entente sera conclue
et qu'il ne sera pas nécessaire pour le gouvernement de poser d'autres
gestes pour permettre à cette loi d'entrer en vigueur. Encore une fois,
en terminant, je tiens à souligner la collaboration et le souci
d'objectivité du ministre de la Santé.
M. CASTONGUAY: Merci.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Messieurs les membres de la commission, je
vous remercie, ainsi que tous les députés qui ont pris part
à cette commission, d'avoir été assidus et d'avoir
aidé le président à diriger vos travaux. Franchement, vous
m'avez étonné parce que vous avez été tellement
objectifs. Cela a été pour moi une étude qui m'a permis de
connaître les opinions de tous les membres et je crois que chacun sort
d'ici très heureux d'avoir participé à l'étude de
ces différents articles du projet de loi. Je vous remercie.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, vous avez un
président habile, parce que, comme médecin, vous n'avez jamais
mis le doigt entre l'arbre et l'écorce.
(Fin de la séance: 17 h 25)