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Commission de la santé
Crédits du ministère
Séance du 22 mai 1969
(Seize heures quarante-deux minutes)
M. GAUTHIER (Berthier) (président de la commission de la
Santé): Al'ordre, messieurs!
M. CLOUTER: Nous commencerons nos travaux si c'est l'assentiment unanime
des membres de la commission. Etant donné que le député de
Richelieu qui devait présider nos débats est absent pour cause de
maladie, me dit-on, je suggère que le député de Berthier,
qui est médecin, préside nos débats.
M. GAUTHIER (Berthier): M.Goldbloom.
M. GOLDBLOOM: II nous fait plaisir d'agréer le
député de Berthier et nous vous prions de transmettre nos voeux
de prompt rétablissement à notre collègue du comté
de Richelieu.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de la Santé devrait se charger de la
santé de ses députés.
M. CLOUTIER: Et lui conseiller de ne pas abuser des médicaments.
M. le Président, la commission est à vous. Nous sommes à
votre disposition pour commencer l'étude des crédits du
ministère de la Santé.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, seriez-vous d'accord pour que M. le ministre
fasse un exposé général des intentions du ministère
ou si vous voulez passer tout simplement aux questions en discussion
générale.
M. GOLDBLOOM: A tout seigneur, tout honneur! Je pense que si le ministre
aune déclaration à faire, nous aimerions l'entendre.
M. CLOUTIER. Il est dans la coutume, au début de l'étude
des crédits, de présenter les officiers qui m'accompagnent: J'ai
à ma droite le sous-ministre en titre, le Dr Gélinas; et je vais
à l'autre extrémité, le Dr Claveau, directeur des
unités sanitaires; M. Gaumont du bureau du personnel du
ministère; M. Corbeil, chef de cabinet; M. Gagnon, comptable; M.
Mar-coux, directeur de l'assurance-hospitalisation; M. Morin, des relations de
travail; Dr Dufour, un homme de science, des laboratoires; M. Jean Roy,
ingénieur, directeur des services de génie sanitaire et
d'hygiène industrielle; M. Fournier, directeur financier au service
psychiatrique; M. Langlois, ingénieur, directeur des services
d'études techniques; M. Lord, administrateur aux unités
sanitaires; M. Bernier, aux ententes fédérales-provinciales; M.
Cantin, des ententes fédérales-provinciales; M. Lavoie, de
l'assurance-hospitalisation.
M. LAFRANCE: Vous êtes bien encadré.
M. CLOUTIER: Je leur ai demandé d'être à la
disposition non seulement du ministre et du ministre d'Etat mais aussi des
députés de l'Opposition afin que, tous ensemble, nous puissions
répondre à toutes les questions qui nous seront
posées.
Messieurs, je n'ai pas de déclaration d'ouverture à faire.
J'imagine que le député de D'Arcy-McGee, qui, depuis trois ans
maintenant, étudie avec nous les prévisions budgétaires du
ministère de la Santé, voudrait peut-être procéder
comme les années précédentes et traiter d'abord des
questions générales, quitte à entrer ensuite dans les
détails de chacun des articles. Je lui laisse le choix de sa
manoeuvre.
M. GOLDBLOOM: Merci, M. le Président, clairement, nous avons
intérêt à discuter de certaines des politiques
générales du ministère.
Nous connaissons les talents professionnels du ministre qui est
très fort en chiffres. Alors ce n'est pas surtout sur les chiffres que
nous le prendrons en défaut.
Il me semble qu'il y a une question d'actualité qui nous
préoccupe tous. C'est l'avènement de l'assurance-maladie. Sur
cette belle promesse faite par le gouvernement, nous avons quand même
certaines inquiétudes. Le gouvernement par la voix du ministre des
Finances, en l'occurrence, a déposé, en annexe au discours du
budget, un tableau qui a exposé l'acheminement critique de ce
régime qui serait instauré le 1er juillet 1970.
Je crois que, de tous les facteurs, de tous les éléments
préparatoires à l'instauration d'un régime
d'assurance-maladie, celui qui est le plus important, c'est la collaboration
des professionnels qui seront appelés à travailler sous ce
régime et à prodiguer les soins. Parce que, comme je l'ai dit
maintes fois, ce n'est pas l'argent qui prodigue les soins, c'est le personnel
compétent et dévoué.
Or, nous nous inquiétons surtout et avant tout de constater
qu'à peine treize mois avant l'instauration du régime, il n'y a
pas eu de consultation avec les professions importantes qui
seront appelées à travailler en collaboration avec le
gouvernement, avec l'administration du régime et avec le public, bien
sûr.
Je me permets de rappeler l'historique du premier régime
d'assurance-maladie du Canada, celui de la Saskatchewan, qui a
été instauré en deux étapes, le 1er juillet 1962 et
le 23 juillet 1962. Ce n'est pas le même régime qui a pris effet
le 23 juillet 1962, même si la loi a pris effet le 1er juillet. Le
gouvernement a dû modifier très profondément les
dispositions de sa loi, de ses règlements, de son régime, parce
qu'il n'y avait pas eu entente entre le gouvernement et la profession
médicale surtout.
Bien avant cela, je remonte à l'automne 1958, le gouvernement de
la Saskatchewan avait pris un engagement à l'endroit des
médecins, avait donné une promesse que la profession
médicale et évidemment les autres professions de la santé
seraient consultées avant que le gouvernement ne procède
àl'instaurationd'unrégime, même avant le dépôt
d'une loi-cadre qui permettrait d'envisager l'établissement du
régime à une date ultérieure. Les médecins et les
autres professionnels de la santé ont été très
déçus d'entendre à la radio, à peine six semaines
plus tard, la voix du premier ministre de cette province qui annonçait
l'instauration d'un régime d'assurance-santé.
Je me suis informé, j'ai pris soin de m'informer
aujourd'hui-même, M. le Président, pour ne pas donner des
renseignements qui étaient faux: il n'y a pas eu de consultation avec
les fédérations de syndicats professionnels qui sont les
porte-parole principaux de la profession médicale.A ma connaissance, il
n'y a pas eu de consultation avec d'autres professions non plus.
Je souligne, M. le Président, que, dans d'autres circonstances,
des négociations dont je ne parle pas pour l'instant mais auxquelles je
voudrais revenir un peu plus tard, ont traîné assez longtemps. On
me dit que les négociations prévues pour le mois d'avril 1968
avec les radiologistes ne sont pas encore terminées. Et voilà une
période justement de treize mois, bientôt quatorze mois, qu'il y a
des difficultés et il ne nous reste que treize mois pour conclure des
ententes beaucoup plus vastes, beaucoup plus délicates que celles des
seuls radiologistes, pour pouvoir assurer à la population la
collaboration des professionnels de la santé.
Or, j'exprime au nom des députés de l'Opposition notre
vive inquiétude devant cet état de fait et je demande au ministre
s'il est en mesure de nous dire, dans son tableau d'acheminement critique,
où se trouvera le début de ces négociations, parce qu'il y
aura effectivement des négociations.
M. CLOUTIER: Sans refaire l'historique de nos relations entre le
ministère de la Santé et les groupes de médecins,
particulièrement les deux fédérations, la
Fédération des médecins spécialistes et la
Fédération des médecins omnipraticiens, on peut dire que
les négociations qui recommenceront à l'occasion de
l'instauration d'un régime d'assurance-maladie, évidemment, ne
sont pas un précédent, parce que depuis mars 1966 il y a eu
presque constamment des négociations entre la profession médicale
et le gouvernement.
Que les médecins n'aient pas été consultés
avant l'annonce d'un régime d'assurance-maladie, je pense que ce n'est
pas exact, parce qu'il y a eu tellement de discussions sur la place publique
à propos du régime d'assurance-maladie, de la législation
fédérale, de la possibilité des provinces d'y entrer, que
cela a été un débat public. Lors de négociations
partielles je dis partielles, concernant le secteur de la santé
avec les spécialistes, notamment les radiologistes et les
spécialistes pour les fins de l'assurance-médicale, et durant les
négociations avec les omnipraticiens, il a été souvent
question moi-même j'ai participé à ces discussions
en compagnie du ministre d'Etat d'un régime d'assurance maladie.
Si bien que cette annonce, évidemment, n'était que la suite
logique du scénario ou du déroulement des
événements.
Le ministre des Finances a déclaré dans son discours du
budget qu'il y aurait des négociations avec la profession
médicale. Il a déclaré quelles seraient, en
général, les caractéristiques du régime. Il a dit
que le régime serait administré par une régie
d'assurance-maladie.
Le député de D'Arcy-McGee demande si la profession
médicale est en négociation. Je pense bien qu'il a aussi voulu
laisser sous-enten-dre dans l'administration du régime et savoir si la
profession médicale aurait voix au chapitre, parce qu'il s'agit
d'assurer des soins médicaux.
La profession médicale que la commission d'assurance
médicale qui existe actuellement au ministère, au secteur de la
santé, a deux représentants. Le président de la
Fédération des médecins spécialistes et le
président de la Fédération des médecins
omnipraticiens siègent à cette commission.
Donc, jusqu'à présent, les médecins sont
représentés dans un régime partiel qui couvre environ 7%
à 8% de la population. Nous présenterons incessamment cela
veut dire d'ici quelques jours une législation créant la
Régie de l'assurance-maladie. Sans dévoiler le détail de
cette législation suivant les
coutumes de la Chambre évidemment les détails de la
législation ne sont révélés qu'au moment du
dépôt du projet de loi, je peux dire que les médecins
seront représentés sur cette régie.
Donc, ils auront le droit de regard et ils pourront exercer une
surveillance sur l'administration du régime d'assurance-maladie. Quant
aux autres questions pertinentes au sujet de cette régie, je ne crois
pas, M. le Président, pour le moment devoir en ajouter davantage.
En ce qui concerne le cheminement critique des négociations avec
la profession médicale, au moment du dépôt de cette loi, je
pense que je pourrai donner à ce moment-là les détails et
donner suffisamment de renseignements pour bien démontrer que les
négociations qui vont s'entreprendre avec la profession médicale
tiendront compte d'un désir, d'une collaboration complète, loyale
et entière de la part du gouvernement.
En ce qui concerne le secteur des négociations proprement dit, au
cours de l'étude des prévisions budgétaires, je pense bien
que le député de D'Arcy-McGee voudra y revenir, il l'a
indiqué d'ailleurs dans son exposé préliminaire. Mon
ministre d'Etat, le député de Dubuc à qui j'ai
confié particulièrement le secteur des relations de travail au
ministère de la Santé et du Bien-Etre social et aussi cette
partie importante des négociations avec la profession médicale,
pourra donner des précisions additionnelles au député de
D'Arcy-McGee au fur et à mesure qu'il en exprimera le désir. Mais
pour ce qui concerne les négociations, en terminant je dis que nous
allons offrir à la professions médicale et nous allons demander
à la profession médicale une collaboration très
étroite pour l'instauration du régime d'assurance-maladie.
M. GOLDBLOOM: Je comprends bien, M. le Président, que si le
ministre a l'intention, et j'en suis heureux, de déposer un projet de
loi très prochainement, il ne voudrait pas entrer dans les
détails de ce que contiendra ce projet de loi. Il y a quand même
une question cruciale que je me dois de poser en ce moment-ci. La forte
majorité des médecins et de certains autres professionnels de la
santé sont des personnes qui travaillent à leur propre compte et
sont parfaitement indépendantes de tout employeur. La profession
médicale et d'autres professions voudraient savoir si c'est l'intention
du gouvernement de leur imposer une participation obligatoire à ce
régime et, si ce n'est pas le cas, quelles seraient les conditions de la
non-participation d'un médecin en particulier je souligne
ce n'est pas pour rien que j'ai fait allusion à l'historique du
problème de la Saskatchewan que cette question de la
liberté d'action du médecin est très cruciale et serait
une pierre d'achoppement possible pour des négociations entre le
gouvernement, ou la régie qui administrera le régime
d'assurance-maladie, et les professions concernées.
M. CLOUTIER: M. le Président, le député de
D'Arcy-McGee entre à ce moment-ci dans les modalités du
régime et il a d'ailleurs dit que je ne donnerais pas à ce
moment-ci le détail de la législation, mais je peux lui dire que,
continuant la même politique que pour la législation de
l'assistance médicale, législation qui ne force pas le
médecin à participer au régime, continuant dans le
même optique, la même orientation le médecin ne serait pas
obligé de s'inscrire obligatoirement au régime
d'assurance-maladie. Cela veut dire qu'il pourrait se désengager. Et, en
fait, dans le régime d'assistance médicale, il n'y a, à ce
jour, qu'un seul médecin qui s'est désengagé du
régime partiel d'assurance-maladie, qui est l'assurance
médicale.
M. GOLDBLOOM: Je prends tout particulièrement note du fait que
vient de révéler le ministre, et je me permettrai d'y revenir en
temps et lieu quand nous arriverons au poste budgétaire qui traite de ce
régime d'assistance médicale.
Je crois que le ministre peut comprendre davantage mon
inquiétude, notre inquiétude, si je souligne le fait que, pour
les professions de la santé, le régime d'assistance
médicale est en quelque sorte un cas d'exception; et parce qu'il s'agit,
en ce qui concerne ce régime, d'assistés sociaux auxquels la
plupart des professions de la santé ont consenti des
considérations particulières à travers les siècles
et je sais que cela n'a pas toujours été parfait, cela, je
le sais mais il y a quand même nombre de médecins, nombre
de professionnels de toutes sortes qui ont consenti une diminution et
même une abolition de leurs honoraires devant les difficultés
éprouvées par les citoyens à faible revenu à payer
les tels honoraires.
Les professionnels ont sûrement accepté de bon gré
certaines conditions du régime d'assistance médicale qu'ils ne
seraient peut-être pas prêts à accepter, ou qu'ils
examineraient avec beaucoup plus de soin et discuteraient avec beaucoup plus
d'attention exigeante que celles du régime d'assistance médicale,
quand il s'agira de l'ensemble de la population.
Or, nous nous inquiétons d'autant plus de voir que les
négociations qui entourent le régime
d'assistance médicale traînent, et cela pour un seul
secteur de la profession ou plutôt deux secteurs en ce moment, et que les
négociations beaucoup plus compliquées, avec des implications
beaucoup plus sérieuses pour les professionnels, ne sont pas encore
commencées.
Alors, je souligne ce fait. Sans demander une réponse du ministre
à ce deuxième point puisque nous attendrons le projet de loi
qu'il nous apportera prochainement, je tiens à lui souligner que le
fait, pour un médecin, de jouir de la liberté de se
désengager individuellement d'un régime est conditionné
très sérieusement par la question cruciale: Est-ce que le malade
qui consulte un médecin non participant bénéficiera selon
l'échelle d'honoraires prévue par le régime ou est-ce que
le malade et, évidemment, le médecin ou l'autre professionnel
qu'il consulte, se trouveront entièrement en dehors du régime et
se trouveront à perdre tout bénéfice? C'est la question
cruciale qui a causé le conflit en Saskatchewan en 1962.
Je répète que je ne demande pas, en ce moment-ci, une
réponse du ministre, mais je le prie de bien noter la nature de cette
inquiétude et, s'il est en mesure, ultérieurement, à
l'occasion de la présentation du projet de loi, de faire quelques
commentaires là-dessus et de faire, même, des déclarations,
je crois que de telles déclarations seraient de nature à
faciliter énormément les négociations qui devront se
dérouler au cours des treize prochains mois.
M. CLOUTIER: De toute façon, M. le Président, le
député de D'Arcy-McGee ne demandant pas de réponse, je
serais bien malvenu de lui répondre à ce moment-ci.
D'ailleurs, j'ai mentionné tout à l'heure que les
modalités du régime seraient annoncées au moment où
nous présenterons la législation à l'Assemblée
nationale. Mais de toute façon, les médecins seront
invités dès le début par la création de cette
régie de l'assurance-maladie à travailler en collaboration avec
le gouvernement.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que je peux poser au sujet de la régie une
seule autre question? Est-ce que les autres professions de la santé
seront représentées au niveau du conseil d'administration de
cette régie?
M. CLOUTIER: M. le Président, le député de
D'Arcy-McGee comprendra que je ne puis donner maintenant la modalité de
la composition de la régie, sauf pour l'assurer que les professionnels
de la santé qui sont concernés par le régime seront
représentés à la régie.
M. SAINT-GERMAIN: Vous avez parlé tout à l'heure de la
négociation avec la profession médicale en vue de
l'assurance-santé. Vous considérez, je suppose, les
négociations qui ont eu lieu au sujet du contrat avec les omnipraticiens
et les spécialistes en vue de l'assistance médicale que nous
avons partiellement aujourd'hui, vous considérez ces négociations
comme étant un début, une base sur laquelle vous construirez les
négociations futures, je suppose?
M. CLOUTIER: Certainement, c'est une expérience dont nous
tiendrons compte pour en retenir le meilleur.
M. SAINT-GERMAIN: Maintenant, au point de vue de la commission de
l'assistance médicale, est-ce que vous considérez que cette
commission a un rôle important à jouer? Est-ce que les discussions
sur l'assistance médicale font aussi partie selon vous de ces
éléments de base des discussions futures?
M. CLOUTIER: En relation avec un futur régime
d'assurance-maladie?
M. SAINT-GERMAIN: Oui.
M. CLOUTIER: Le problème ne se posera pas d'ici le 1er juillet
1970 parce que le régime concernant les assistés sociaux devra se
continuer jusqu'au 1er juillet 1970, c'est-à-dire à
l'avènement d'un régime général
d'assurance-maladie, alors qu'à ce moment-là les soins
médicaux actuellement donnés aux assistés sociaux seront
désormais couverts par le régime général
d'assurance-maladie. D'ailleurs, c'est ce que la loi d'assistance
médicale dit dans sa rédaction.
M. SAINT-GERMAIN: Mais vous n'avez fait aucune démarche ou aucuns
pourparlers jusqu'ici, en vue d'un régime futur d'assurance-santé
avec la profession médicale?
M. CLOUTIER: La première étape est la création de
la régie.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce que vous êtes entré en pourparlers
avec la profession médicale en vue de la création de la
régie?
M. CLOUTIER: La création de la régie sera annoncée
incessamment par législation et, au moment de la formation de cette
régie, les communications nécessaires seront faites avec...
M. SAINT-GERMAIN: Elles n'ont pas été
faites antérieurement à la formation de la
régie?
M. CLOUTER: M. le Président, je ne veux pas entrer maintenant
dans les détails de négociations qui pourraient se faire avec la
profession médicale, mais je répète que l'étape
importante de discussion avec la profession médicale se fera à
partir du moment où les professionnels de la santé faisant partie
de la régie collaboreront avec le gouvernement à
l'établissement d'un régime d'assurance-maladie.
M. SAINT-GERMAIN: En d'autres mots, vous n'avez pas fait de
négociation ou d'approche avec la profession médicale en vue d'un
régime futur d'assurance-santé.
M. CLOUTIER: II faut que le député comprenne que la
première étape est la formation de la régie...
M, SAINT-GERMAIN: Bon.
M. CLOUTIER: ... où les professionnels de la santé seront
invités, et dont ils feront partie: c'est à ce moment que le
groupe des professionnels de la santé, en collaboration avec le
gouvernement, travailleront à l'établissement d'un régime
d'assurance-maladie.
M. SAINT-GERMAIN: Alors, antérieurement à la formation de
cette régie, les pourparlers n'ont pas débuté encore.
M. CLOUTIER: La législation est en préparation.
M. GOLDBLOOM: Devons-nous comprendre que c'est l'intention du
gouvernement que ce soit la régie elle-même qui entreprenne les
négociations avec toutes les professions de la Santé?
M. CLOUTIER: Non. Le ministre des Finances a déclaré que
le secteur des négociations demeurait la responsabilité du
gouvernement. Je n'ai pas i élaborer, je pense quelle
député de D'Arcy-McGee comprend pourquoi cette
responsabilité doit rester gouvernementale.
M. GOLDBLOOM: Je comprends parfaitement, M. le Président, mais si
le ministre m'avait répondu que c'était la régie qui
était pour entreprendre les négociations, j'aurais pu comprendre
plus facilement pourquoi les négociations ne sont pas encore
commencées.
M. SAINT-GERMAIN: Relativement aux professions paramédicales, je
suppose qu'aucuns pourparlers avec eux n'a débuté
actuellement?
M. CLOUTIER: Non.
M. SAINT-GERMAIN: Ni en vu de l'intégration des professions
paramédicales qui nous viennent de l'assistance-santé
actuelle.
M. CLOUTIER: Actuellement, le seul travail préliminaire et
essentiel, c'est la préparation de la législation sur une
régie. Les autres étapes je les annoncerai à ce
moment-là suivront.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce que les professions paramédicales seront
incluses ou comprises dans le système? Est-ce qu'on acceptera les
services de ces professions-là à l'intérieur du futur
système d'assurance?
M. CLOUTIER: L'orientation que nous voulons donner au régime
d'assurance-maladie je reviens sur une affirmation que j'ai faite tout
à l'heure c'est que les professionnels de la Santé qui
sont concernés par le régime d'assurance-maladie sont; soit
représentés ou ont des représentants ou une voix sur cette
cette régie afin d'exprimer des opinions.
M. SAINT-GERMAIN: Parce que ces professions sont un peu inquiètes
à cause de la façon dont ils ont été traités
lors de l'établissement du système d'assistance médicale
actuelle. Quant à eux, je pense bien, ils n'ont pas l'air trop
optimistes.
M. CLOUTIER: Je peux rassurer le député que le dialogue
est établi avec chacun des secteurs de la Santé et à
l'occasion des négociations, ou en d'autres circonstances, nous allons
demander la collaboration des professionnels de la Santé, qu'ils soient
des médecins, qu'ils soient des optométristes, qu'ils soient des
dentistes ou des pharmaciens. Je pense pouvoir dire, au nom de mes
collègues, que dans l'instauration d'une législation importante
qui les concerne particulièrement, nous mettrons tout en oeuvre afin
qu'ils aient l'occasion d'exprimer leurs points de vue sur une
législation possible ou sur un régime administratif possible.
M. GOLDBLOOM: II y a présentement une commission qui siège
pour étudier les responsabilités, les champs d'action
professionnels, la formation, je pense surtout, des professions
paramédicales. C'est une commission de cinq ou six membres. C'est
un nombre plutôt restreint. Ce que je veux souligner, c'est que ce ne
sont pas toutes les professions qui y sont représentées. Je
souligne une suggestion qui a été formulée il y a trois
ans par celui qui est présentement chef de l'Opposition à l'effet
de créer une sorte de table ronde, une commission beaucoup plus vaste
où ces professions pourraient se rencontrer non simplement pour plaider
leur cause devant un organisme quelconque, gouvernemental ou autre, mais pour
se réunir.
Vous n'êtes pas sans savoir, M. le Président, que ces
professions ont chacune une loi constitutive, que dans cette loi constitutive
il y a un article qui expose les droits, la fonction professionnelle, le champ
d'action de la profession concernée.
Vous n'êtes pas sans savoir que ces définitions sont
nécessairement d'ordre assez général; il y a alors un
chevauchement non seulement entre le champ d'action de la profession
paramédicale et celui de la profession médicale, mais
également entre professions paramédicales. Il y a une certaine
confusion qui en résulte et cette confusion devra être
résolue avant que la participation de ces professions ne soit
acceptée dans un régime d'assurance-maladie.
Or, je voudrais demander où l'on est rendu dans le travail de
cette commission; je voudrais demander, en deuxième lieu, si l'on
prévoit une sorte de table ronde à laquelle toutes les
professions, y compris la profession médicale, pourront s'asseoir,
discuter ensemble et arriver à des ententes qui éviteront des
conflits et des demandes peut-être justifiées et peut-être
injustifiées de la part de certaines professions. Ce sont des demandes
auxquelles le ministère de la Santé ou la régie seront
appelés à répondre. Il faudra trancher certaines questions
à un moment donné. Il faudra prendre une décision qui sera
beaucoup plus facilement acceptée si elle a déjà
été discutée par les professions
intéressées.
Alors, j'aimerais avoir des précisions sur ces deux aspects du
problème des professions paramédicales.
M. CLOUTIER: Le ministre d'Etat à la Santé...
M. BOIVIN: J'ignore si le député de D'Arcy-McGee
connaît l'arrêté ministériel 2624 par lequel nous
formions une commission pour l'étude des professions auxiliaires de la
santé. « II est ordonné qu'un comité d'étude
des pro- fessions auxiliaires de la santé soit formé.. Son mandat
sera de faire des recommandations au lieutenant-gouverneur en conseil sur les
matières suivantes, à savoir: il y a deux parties
A) Identifier et inventorier les différentes professions
auxiliaires de la santé et déterminer les besoins du
Québec dans ce domaine ;
B) Déterminer comment seront désignés les
représentants des différentes professions auxiliaires de la
santé qui pourront être invités au comité pour aider
celui-ci à accomplir la deuxième partie de son mandat. «
Dans la deuxième partie du mandat, il s'agira de:
A) Définir les fonctions de travail et déterminer les
responsabilités, les champs d'action et les privilèges des
professions auxiliaires de la santé;
B) Indiquer le niveau de formation requis pour les différentes
fonctions de travail définies à A et pour l'exercice de chaque
profession et prévoir l'intégration des membres de ces
différentes professions;
C) Prévoir les programmes-cadres de l'enseignement au niveau
universitaire, au niveau des CEGEP et au niveau secondaire pour chacune
desdites professions, le cas échéant;
D) Définir les qualifications du personnel enseignant;
E) Etablir un programme d'enseignement dans les différentes
régions de la province suivant les besoins de chacune;
F) Déterminer comment l'intégration des écoles
existantes pourrait être faite;
G) Indiquer les différents modes d'assistance financière
qui pourront être mis à la disposition des étudiants.
« Que pour la première partie de son mandat le comité soit
composé de représentants désignés respectivement
par les organismes suivants: Le ministère de la Santé, le
ministère de l'Education, les universités du Québec, le
Collège des médecins et chirurgiens de la province de
Québec et l'Association des hôpitaux. » Cette commission a
présenté, tout dernièrement, un premier rapport sur les
inventaires des professions de la santé. Alors, elle se dirige
actuellement vers la deuxième partie du travail important, qu'on
considère essentiel dans le désordre qui existe actuellement dans
les professions auxiliaires de la santé.
On constate qu'il y a plusieurs écoles qui s'ouvrent, chacune
fait son enseignement, chacune décerne ses diplômes. Nous avons
constaté, par exemple pour une même école qui devait donner
un même diplôme, qu'il y a une différence de 300 heures de
cours à 25 heures.
Nous avons vu la nécessité de mettre de l'or-
dre dans ces professions auxiliaires. Nous avons constaté cette
chose à la table des négociations. C'est une chose qui nous a
été demandée, évidemment, parce que ces auxiliaires
de la santé réclament des salaires selon leurs connaissances,
selon leur scolarité et selon les services qu'ils peuvent rendre.
M. SAINT-GERMAIN: Quels ont été les premières
nominations? Quels sont les gens qui ont fait partie de ce premier
comité de travail?
M. BOIVIN: Pour le ministère de la Santé, le Dr Roger
Dufresne, de Sherbrooke; pour le ministère de l'Education, le
frère Hormidas Gélinas, directeur général du CEGEP
de Sainte-Foy; pour les universités du Québec, le Dr Georges
Bergeron, de l'université Laval de Québec; pour le Collège
des médecins et chirurgiens de la province, le Dr Yves Leboeuf, de
Montréal, et, pour l'Association des hôpitaux, le Dr André
Pothier de Trois-Rivières.
M. SAINT-GERMAIN: Où était le représentant des
professions para ou périmédicales là-dessus?
M. BOIVIN: Je vous ai dit tout à l'heure que ce
comité-là est d'abord un comité pour inventorier toutes
les professions de la santé.
M. SAINT-GERMAIN: Pourquoi est-ce toujours les médecins qui
inventorient les autres professions?
M. BOIVIN: Le ministère de la Santé, évidemment, a
nommé un médecin; le ministère de l'Education, ce n'est
pas un médecin; les universités auraient pu nous envoyer
peut-être d'autres personnes qu'un médecin, elles nous ont
envoyé un médecin, et nous n'y sommes pour rien. Le
Collège des médecins, c'était normal que ce soit un
médecin, et l'Association des hôpitaux nous a envoyé un
médecin aussi. Ceux-là n'ont pas été nommés
par le ministère.
M. GOLDBLOOM: Sauf qu'aucun autre collège n'a été
invité à envoyer un représentant.
M. BOIVIN: C'est-à-dire en sous-comité, pour toutes les
professions, la deuxième partie ne peut pas se faire par ces cinq
représentants. Pour cette deuxième partie, qui va définir
les positions de travail, le champ d'action, les privilèges des
professions auxiliaires, chacune des professions sera là pour faire
l'étude et prendre des décisions.
M. SAINT-GERMAIN: On croirait à entendre lire cela que
l'assurance-hospitalisation a été établie non pas pour la
population mais pour les médecins. Il n'y a aucun porte-parole des
autres professions ni de porte-parole d'aucun corps intermédiaire.
M. BOIVIN: Je vous le dis et je vous le répète, dans la
deuxième partie. Il faut tout de même reconnaître aux
universités, à ceux qui font l'enseignement, une certaine
autorité dans la classification de ces professions auxiliaires...
M. SAINT-GERMAIN: Ce n'est pas une autorité exclusive. Le
gouvernement aurait bien pu mettre des représentants de certains corps
ou de certaines professions.
UNE VOIX: Des optométristes.
M. SAINT-GERMAIN: Ils étaient très
intéressés dans l'établissement de
l'assurance-santé. Cela aurait été extrêmement
facile.
M. BOIVIN: Chacune des professions sera appelée dans la
deuxième partie du mandat à discuter...
M. SAINT-GERM AIN. Il n'y a aucune garantie là-dessus, absolument
aucune garantie.
M. GOLDBLOOM: Là, M. le Président, vous savez, il y a une
différence de philosophie des deux côtés de la table...
M. SAINT-GERMAIN: C'est la même politique qui se continue.
M. GOLDBLOOM: Je me permets de faire la comparaison avec le conseil des
universités que le gouvernement a créé il y a quelques
mois. Nous avons critiqué la création de ce conseil, plutôt
la constitution de ce conseil, parce que certaines universités s'y
trouveront représentées, d'autres non. Quand même toutes
les universités seront appelées à plaider leur cause et en
l'occurrence la cause de leur budget annuel, de la répartition de
l'assiette fiscale telle que le gouvernement peut la mettre à la
disposition des universités, devant une commission ou quelques-unes
seront représentées et d'autres pas. Et voici une situation
superposable. On demande à chaque profession de la santé de se
présenter sur convocation devant une commission qui comprend des
représentants de certaines professions et en l'occurrence une seule, la
mienne, la nôtre, nous sommes trois médecins autour de la table
ici.
Je suis bien fier de ma profession et je suis très heureux de
trouver que des médecins sont représentés.
Mais en toute justice, il me semble que l'on devrait permettre à
des professions paramédicales de plaider leur cause devant leurs pairs,
c'est-à-dire devant des membres de leur profession.
C'est pour cela que f ai parlé tout à l'heure d'une table
ronde à laquelle se trouveraient représentées toutes les
professions. Je crois, M. le Président, que nous insistons beaucoup
depuis quelque temps, et avec raison, sur le travail en équipe. Ce
travail en équipe est absolument nécessaire dans
l'intérêt du malade. Il me semble que lorsqu'on a une
équipe, on doit désigner un capitaine pour cette équipe.
Le médecin se croit toujours celui qui doit être nommé
capitaine. Peut-être a-t-il raison. Je crois que, compte tenu de la
formation qui est donnée au médecin, compte tenu de la
responsabilité globale qu'il a pour la santé du malade, il est
généralement normal que le médecin soit
considéré comme capitaine de l'équipe. Dans la grande
majorité des cas, l'action professionnelle, l'activité
professionnelle des autres membres de l'équipe découle des
recommandations et, dans beaucoup de cas, des ordonnances spécifiques du
médecin. Cela, c'est normal.
Mais quand même, il n'y a pas moyen de demander à toutes
les professions, à tous les professionnels de la santé d'occuper
toujours des rôles secondaires et de leur prêcher en même
temps le travail d'équipe. Ce n'est pas logique, ce n'est pas juste.
Alors, c'est pour cela que nous critiquons l'attitude du gouvernement,
dans ce sens-là. Deux ou trois des professions paramédicales
je sais qu'il y en a plusieurs, il y en a au moins une vingtaine; je ne
les ai pas comptées récemment, peut-être une trentaine
ça ferait une commission peut-être lourde. Mais quand
même, il me semble qu'il faudra arriver au point où tout le monde
parle ensemble plutôt que de demander à chaque profession de
parler avec la profession médicale, avec d'autres personnes
intéressées peut-être dans l'éducation, dans
d'autres secteurs, comme l'administration hospitalière. Mais là
aussi, c'est un médecin qui est appelé à
représenter les administrations hospitalières.
M. BOIVIN: Mais je ne voudrais pas que le gouvernement prenne toute la
responsabilité d'avoir nommé ces gens-là qui n'ont pas
été nommés par le gouvernement. Nous avons demandé
aux universités du Québec de nommer un représentant. Ils
ont nommé un médecin, le Dr Georges Bergeron. Nous avons
demandé à l'association des hôpitaux... Ce sont
peut-être ces associations qui auraient pu nommer d'autres personnes
qu'un médecin.
M. CLOUTIER: Ils ont nommé le président, il s'agit du Dr
Pothier.
M. BOIVIN: C'est ça, André Pothier.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, que mon bon ami et
collègue, le ministre d'Etat comprenne que ce n'est pas parce que ces
organismes ont envoyé des médecins que nous pouvons critiquer le
gouvernement. Mais, je reviens à ce que je disais tout à l'heure.
La seule corporation professionnelle qui a été invitée
comme telle à désigner un représentant à cette
commission, c'est le Collège des médecins. Il y a après
tout le Collège des chirurgiens-dentistes, il y a le Collège des
optométristes; il y a beaucoup d'autres intéressés, qui
sont constitués en corporation professionnelle ou en association ou
syndicat professionnel qui auraient pu être invités.
Si l'on avait posé le moindre geste d'en inviter quelques-uns, on
aurait créé une bien meilleure impression chez les professionnels
de la santé.
M. CLOUTIER: Si le député de D'Arcy-McGee me permet une
suggestion, il arrivera encore certainement plusieurs circonstances où
les différentes professions de la santé seront
intéressées aux gestes que posera le gouvernement, soit dans le
domaine de la législation ou dans le domaine de l'administration.
On a mentionné tout à l'heure qu'il y aurait une vingtaine
et peut-être le ministre d'Etat a voulu souligner qu'il y aurait
peut-être plus qu'une vingtaine de groupements, de professionnels de la
santé des paramédicaux.
Vous avez parlé du regroupement pour ces professions de la
santé qui, disons-le, peut-être, n'ont pas été
invitées assez souvent à faire partie de ces commissions.
Est-ce que l'initiative ne pourrait pas venir de ces groupes, de ces
corporations professionnelles qui se réuniraient et qui s'entendraient
sur les porte-parole que nous pourrions inviter à différents
moments à siéger à des réunions d'organismes? Et
l'on comprendra qu'une commission qui voudrait avoir un représentant de
toutes les corporations professionnelles, de tous les paramédicaux et de
tous les périmédicaux, cette corporation serait certainement trop
lourde et son fonctionnement serait certainement gêné par le
nombre de participants. Mais je crois que l'initiative pourrait venir de ces
groupes, qui déjà, par des rencontres et des discussions
préalables, pourraient s'entendre soit en prévision
d'études comme celles qui se poursuivent actuellement dans le domaine de
la formation des sciences de la santé soit en prévision d'une
législation comme l'assurance-maladie ou soit
en prévision d'autres développements dans le secteur de la
santé. Je n'appellerais pas cela un front commun parce qu'à ce
moment-là il ne s'agit pas de lutte interprofessionnelle ou contre le
gouvernement ou contre des législations, mais ce serait une initiative
susceptible d'aplanir des difficultés auxquelles on peut faire face dans
ces mécanismes, dans ces communications.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, vous avez mentionné
l'exemple de la formation d'une commission, il y a quelques minutes, en vue de
l'établissement d'une assurance-santé. Vous vous en êtes
tenu, et probablement à bon droit, au secret du cabinet et vous n'avez
pas pu nous dire si vous aviez approché les autres professions en vue de
la formation de ce comité. Il me semble tout à fait
évident que si vous l'avez fait secrètement comme la majeure
partie des législations qui sont étudiées et si vous avez
approché secrètement, le Collège des médecins, pour
qu'ils envoient des représentants, il me semble tout à fait
évident que les autres professions ne pouvaient pas s'organiser entre
elles. Premièrement, si on leur a pas demandé, et
deuxièmement, si elles ne connaissaient même pas la formation de
cette commission.
Dans cet arrêté ministériel où vous formez
une commission, il est clair que, si vous demandez au Collège des
médecins d'envoyer un représentant, ce ne sera pas une autre
personne que les représentera. Et si vous demandez aux hôpitaux
d'envoyer un représentant, il me semble absolument évident que
l'influence du corps médical est prédominante dans les
hôpitaux. Il ne faut certainement pas être surpris si on vous
envoie un représentant médecin. Si vous demandez à
l'Université de Montréal d'envoyer un représentant, il est
tout à fait normal qu'on remette à la faculté de
médecine la responsabilité d'envoyer un représentant.
Alors, c'est normal que la faculté de médecine envoie un
représentant qui est médecin et ainsi de suite.
Alors, faire comme le ministre, c'est essayer de rejeter la balle et
dire que c'est un pur hasard si on a une commission formée exclusivement
de médecins. Je crois que c'est un peu osé. On aurait pu
prévoir, et d'ailleurs c'est la raison pour laquelle je l'ai
demandé, qu'en citant les corps, les différents organismes qui
avaient des représentants à cette commission, j'en ai
déduit que la dernière partie serait des médecins.
La population sait bien que l'assurance-hospitalisation coûte
absolument cher. On se pose de sérieuses questions. On s'inquiète
et l'on se demande si l'assurance-hospitalisation aujourd'hui est sous
l'autorité du gouvernement, si le ministère peut la conduire,
s'il peut l'ordonner, s'il peut la dominer; et la population se demande si le
tout n'est pas exclusivement en fait sous la juridiction exclusive du corps
médical et si le public n'est pas simplement habilité à en
payer les frais qui sont de plus en plus exagérés d'année
en année.
Je crois qu'il est temps d'envisager que l'assurance-hospitalisation a
été lêgiférée en ce sens pour le
bien-être de la population et qu'il en soit ainsi. C'est de très
mauvais augure puisqu'au point de vue de l'efficacité d'administration,
vu que c'est terriblement exagéré, ça rend les gens
extrêmement prudents en ce qui concerne l'assurance-santé.
S'il faut que ce soient toujours les mêmes qui dominent et
l'assurance-hospitalisation et l'assurance-santé, cela coûtera une
fortune. Parce qu'on sent et il me semble que c'est absolument
évident que l'administration est absolument inefficace. Tout ce
qui se fait dans la province de Québec, au point de vue
d'assurance-santé, coûte plus cher que nulle part ailleurs!
M. CLOUTIER: L'assurance-santé: il faudrait dire
l'assurance-hospitalisation.
M. SAINT-GERMAIN: L'assurance-hospitalisation! Les coûts
d'hospitalisation semblent absolument hors de contrôle.
M. CLOUTIER: Je ne sais pas si le député veut en faire un
débat à ce moment-ci, mais j'imagine que c'est seulement une
amorce. Il y aura un débat un peu plus tard. A ce moment-là, nous
donnerons toutes les statistiques. Je pense que cela répondra
parfaitement aux questions qu'a droit de poser le député.
M. SAINT-GERMAIN: Je dis cela, M. le Président, pour expliquer
simplement ma façon de voir relativement à la
représentation du corps médical. Comme tous les citoyens et comme
toutes les autorités, je ne veux absolument pas démolir le corps
médical et l'accuser de tous les vices, mais les médecins ne sont
certainement pas formés en vue de l'administration et ce n'est pas leur
formation.
Si j'ai soulevé ce point, c'est simplement pour appuyer
l'argumentation que j'apportais tout à l'heure relativement aux
différentes personnes qui représentent certains niveaux...
M. CLOUTIER: De toute façon, le député de
D'Arcy-McGee a noté soigneusement les paro-
les de son collègue au sujet du corps médical.
M. GOLDBLOOM: Depuis quelque temps, je note ses paroles, M. le
Président, et nous nous entendons très bien, je vous assure.
Il y a un premier ministre de cette province, vous devinerez facilement
lequel, qui a dit un jour que les meilleures lois sont celles qui sont
préparées par les intéressés eux-mêmes. Dans
ce sens, j'ai une suggestion pratique à faire. Je sais que le ministre
et le ministre d'Etat laissent à la commission en question une parfaite
indépendance et liberté quant au déroulement de ses
travaux. Je pense quand même qu'une suggestion qui pourrait être
transmise par le ministre d'Etat au président de cette commission
pourrait être bien reçue comme suggestion, et je la formule.
Outre les rencontres individuelles qui ont eu lieu et qui continueront
d'avoir lieu avec les professions paramédicales, ne serait-il pas de
bonne guerre de convoquer, à un moment donné, une
assemblée générale de ces professions? Je suis d'accord
avec le ministre et je l'ai dit moi-même, une commission qui grouperait
un représentant de chacune des professions serait trop lourde pour
fonctionner. Mais, à un moment donné, ne serait-il pas possible
de convoquer, dans la même salle, autour de la même table, au moins
une fois et peut-être l'expérience s'avérera suffisamment
heureuse pour être renouvelée, pour être continuée
à deux ou trois reprises afin de vider le sujet des conflits, des
chevauchements, des frictions qui existent entre les professions. Ne serait-il
pas une bonne chose de leur permettre, au moins une fois, pas simplement de
plaider chacun sa cause, mais de se rencontrer et de passer une journée
entière si nécessaire, à discuter tous les points de
conflit, toutes les difficultés qui surgissent, afin de pouvoir
s'entendre mieux. Je pense que ce serait une idée qui pourrait
être avantageuse à tous les intéressés.
Il se peut que l'on soit mieux inspiré de diviser cette
assemblée en deux et de tenir une assemblée séparée
pour les professions qui prodiguent des soins infirmiers. Peut-être.
Peut-être que ce serait plus facile, quoique les infirmières
devraient rencontrer toutes les autres professions de la santé; mais les
infirmières ont certains problèmes avec les auxiliaires et les
infirmiers. Nous connaissons ces problèmes et nous avons
déjà eu l'occasion de discuter l'an dernier.
Je pense que si le ministre et le ministre d'Etat voyaient d'un bon oeil
la suggestion que je viens de formuler et acceptaient de la transmettre
respectueusement à la commission qui entend les causes des professions
paramédicales, nous pourrions tirer avantage d'une telle rencontre et
nous pourrions apprendre bien des choses qui ne sortiront peut-être pas
des audiences plutôt privées qu'aura chacune des professions
devant la commission.
M. CLOUTIER: Je crois que le mandat de la commission tel qu'il a
été élaboré n'exclut pas cette
possibilité.
M. BOIVIN : C'est la deuxième partie.
M. CLOUTIER: J'ai moi-même fait tantôt la suggestion que
cette initiative pourrait venir des groupes de professionnels
paramédicaux et périmédicaux. Le député de
D'Arcy-McGee suggère que cette initiative soit prise par le
gouvernement. Un moyen terme pourrait être que cette commission des
sciences de la santé prenne l'initiative et qu'elle convoque au moment
opportun, tous les intéressés ou tous ceux dont nous avons
parlé à une réunion selon les modalités
exprimées par le député.
M. GOLDBLOOM: Je crois que la commission aimerait mieux être
saisie de cette suggestion par la voix du ministre que par la voix des
journaux.
M. CLOUTIER: M. le Président, je n'ai aucune objection à
le mentionner. Le ministre d'Etat, qui s'occupe particulièrement des
travaux de cette commission, verra après discussion, quelle est la
formule à utiliser dans les circonstances.
M. SAINT-GERMAIN: II reste tout de même que, d'après cette
formule, les travaux préliminaires auront été faits sans
les professions paramédicales ou périmédicales. Il est
tout probable qu'on travaillera un peu, si vous voulez; ceux qui viendront
adhérer à cette commission travailleront jusqu'à un
certain point sous la direction des premiers nommés, qui, enfin, en
garderont toujours la direction. Alors, c'est la façon classique dont on
a toujours procédé.
M. BOIVIN: Ce n'est pas une chose très facile de réunir
les professionnels de la santé.
M. SAINT-GERMAIN: II n'y a rien de facile.
M. BOIVIN: Cela viendra d'ailleurs dans la discussion de certaines
choses et l'on a tenté de former des comités pour préciser
davanta-
ge la situation entre les médecins et les
optométristes.
M. SAINT-GERMAIN: Ils admettront, M. le Président...
M. BOIVIN: Les optométristes, nous n'avons jamais
été capables, après une dizaine d'arrêtés en
conseil, de les réunir.
M. SAINT-GERMAIN: On y reviendra, monsieur, à ce point,
croyez-moi. Mais il reste qu'il est beaucoup plus facile, lors de discussions,
de discuter entre hommes de formation plus homogène. Je ne doute pas
qu'entre hommes de formation différente les discussions soeint de
beaucoup plus laborieuses et beaucoup plus lourdes. Mais les résultats
de ces discussions peuvent, à mon avis, être beaucoup plus
efficaces et beaucoup plus près de la réalité des choses
et des problèmes qu'en partant avec un genre de commission comme celle
que vous avez là.
M. BOIVIN: Quand nous les réunissons, et qu'ils ne veulent pas
travailler cela n'avance pas. Ce n'est pas cela qui nous donne le travail
d'inventaire des professions auxiliaires.
M. SAINT-GERMAIN: Je ne doute pas qu'au ministère de la
Santé, c'est bien plus facile de discuter entre médecins que de
discuter avec d'autres professions. C'est absolument assuré.
M. BOIVIN: Ce n'est pas au ministère.
M. SAINT-GERMAIN: II ne devrait pas y avoir de réactions,
à un moment donné, qui sont des plus déplorables. Cela ne
veut pas dire que les résultats obtenus sont des plus efficaces et sont
les moins coûteux surtout.
M. GOLDBLOOM: Cela m'amène à un dernier aspect de cette
partie de notre discussion. Voici que le gouvernement, par
l'intermédiaire, par le truchement de cette commission, prend
connaissance de certains points de vue, de certaines revendications, sans
doute, des professions paramédicales. Le but n'est pas simplement de
faciliter la participation de ces professions à tout régime
d'assurance-maladie ou autre qui sera conçu. Ce n'est pas seulement de
faciliter les ententes par lesquelles des conventions collectives pourront
être conclues, mais également, pour le gouvernement, comme
représentant de la population, de connaître le point de vue de
certaines personnes qui jouissent d'une formation professionnelle et qui
mettent cette formation et les talents qui en découlent au service de la
population. Il me semble que c'est une heureuse initiative, il n'y pas de
doute. Il me semble que ce n'est pas simplement à l'occasion d'une telle
étude, mais à l'occasion de l'instauration prochaine d'un
régime d'assurance-santé que les professions devraient être
consultées.
Je reviens donc à une demande que j'ai formulée l'an
dernier et, je pense, l'année précédente. Est-ce que le
gouvernement a en fait, dans ses projets, la création d'un Conseil
supérieur de la santé? Nous avons un Conseil supérieur de
l'éducation, le ministre jouit et je choisis ce mot avec soin
des conseils d'un tel organisme au ministère de la Famille et du
Bien-être social. Il y a d'autres conseils de cette nature qui existent
auprès d'autres ministères. Je pense que, dans ce domaine et avec
toutes les décisions et discussions difficiles qui sont à
l'horizon, le ministre tirerait profit de la présence à ses
côtés d'un Conseil supérieur de la santé,
constitué de façon similaire à celle dont les autres
conseils sont constitués. Nous attendons depuis assez longtemps un
geste, une déclaration du gouvernement dans ce sens. Je demande au
ministre si, enfin cette année, il est en mesure de nous dire qu'il
procédera à la création d'un tel conseil?
M. CLOUTER: M. le Président, je crois avoir donné, l'an
dernier si le député m'a posé cette question, si ma
mémoire est fidèle la réponse à l'effet que
c'était l'intention du ministère de la Santé de
suggérer au conseil des ministres la création d'un Conseil
supérieur de la santé. Je me demande si, à ce moment-ci,
il ne serait pas préférable d'attendre que la commission
Castonguay dépose son rapport. Elle aura certainement dans le contenu de
son rapport des suggestions très pertinentes en ce qui concerne le
Conseil supérieur de la santé même si la commission,
à certains moments, a exprimé une opinion sur ce sujet. Il y a
des rapports qui ont été présentés à la
commission Castonguay et qui ont traité spécialement de cet
organisme à créer.
Alors je crois qu'il serait logique, à ce moment-ci, d'attendre
la production du rapport de la commission Castonguay à l'automne
prochain et de procéder ensuite, à la lumière de ces
recommandations et des modalités qu'elles nous suggéreront et
tenant compte des législations qui existeront, à ce
moment-là après l'assurance-maladie, tenant compte de tout cela,
il sera, je pense, logique que le gouvernement apporte à
l'Assemblée nationale un projet de loi suggérant la
création d'un Conseil supérieur de la santé.
M. GOLDBLOOM: Je serai très méchant et je demanderai si le
gouvernement attendra aussi longtemps pour mettre en vigueur ce rapport attendu
cet automne qu'il a attendu pour mettre en vigueur le premier rapport, celui
sur l'assurance-maladie.
M. CLOUTIER: En effet, le député de D'Arcy-McGee est
méchant. Ce qui rachète sa remarque, c'est le ton conciliant avec
lequel il l'a faite. Après avoir échangé avec celui qui
vous parle, en Chambre, des remarques au sujet du régime
d'assurance-maladie, le député connaît toutes les raisons
très sérieuses pour lesquelles nous avons dû retarder
jusqu'à aujourd'hui l'instauration d'un régime
d'assurance-maladie. Ces raisons n'existent pas en ce qui concerne le Conseil
supérieur de la santé parce qu'il n'y a pas d'implications
financières comme celles qu'on doit envisager dans le régime
d'assurance-maladie. Alors la raison logique que je donne, et je pense qu'elle
est très acceptable et très raisonnable, c'est que nous
attendions que la commission Castonguay nous livre son rapport final avant de
procéder à un geste aussi important.
M. GOLDBLOOM: A moins que mes collègues n'aient d'autres
questions ou commentaires à ajouter, je pense que, pour notre part, nous
avons franchi la première étape de notre discussion et, si le
ministre et le ministre d'Etat sont d'accord, peut-être pourrions-nous
attendre à ce soirpour en commencer la deuxième.
M. LE PRESIDENT: Huit heures ou 8 h 15.
M. SAINT-GERMAIN: Bien, M. le Président, peut-être
qu'à 8 heures j'aimerais donner le point de vue de la situation
relativement aux optométristes. Peut-être qu'à 8 heures
nous pourrions reprendre le débat là-dessus et vider la
question.
M. LE PRESIDENT: A 8 heures.
Reprise de la séance à 20 h 6
M. GAUTHIER (Berthier) (président de la commission de la
santé): A l'ordre, messieurs!
M. SAINT-GERMAIN: Si vous permettez, M. le Président, monsieur le
ministre avait conseillé aux professions auxiliaires de la santé
de se réunir pour pouvoir défendre leurs intérêts
plus efficacement. J'ai été, je l'avoue, un peu surpris de
constater que ces professions-là ne s'étaient pas encore
réunies et je crois qu'il y a eu une mauvaise interprétation
quelque part parce que le ministre est sans doute au courant du Conseil
interprofessionnel du Québec qui a été fondé en
1965. Ce conseil s'est formé en comité de la santé et ce
comité comprend les pharmaciens, les dentistes, les médecins, les
optométristes, les chimistes, les diététistes, les
psychologues, les travailleurs sociaux et les conseillers en orientation.
Le conseil est formé de toutes les professions qui sont
gérées par une corporation et le conseil n'a jamais
été approché en vue des études pour la future
assurance-santé, si je ne m'abuse. D'ailleurs, les professions
corollaires à la santé ont protesté. J'ai ici devant moi
une lettre de la Corporation des chimistes professionnels du Québec qui
dit: « Etant donné que notre corporation est mandatée en
date du 3 mars 1969, étant donné que notre corporation est membre
du comité des membres de la santé au sein du conseil
interprovincial du Québec, étant donné qu'une forte
proportion de nos membres travaillent dans les hôpitaux, l'industrie
pharmaceutique et autres laboratoires ayant trait à la santé des
gens, nous avons donc été surpris de n'avoir été
informés qu'indirectement et ce en janvier 1969 de la formation du
comité d'étude des professions auxiliaires de la santé.
« Nous déplorons le fait que le comité formé de cinq
membres comprend quatre médecins qui auront comme fonction de: a)
Définir les fonctions de travail et déterminer les
responsabilités, les champs d'action et les privilèges des
professions auxiliaires de la santé; b) Indiquer le niveau de formation
requis pour les différentes fonctions de travail définies en a)
et pour l'exercice de ces professions et prévoir l'intégration
des membres de ces différentes professions; c) Prévoir les
programmes-cadres de l'enseignement au niveau universitaire, au niveau des
CEGEP et au niveau secondaire pour chacune desdites professions le cas
échéant;
d) Définir la qualification du personnel enseignant; e) Etablir
un programme d'enseignement dans les différentes régions de
laprovince, suivant les besoins de chacune; f) Déterminer comment
l'intégration des écoles existantes doit être faite; g)
Indiquer les différents modes d'assistance financière qui
pourront être mis à la disposition des étudiants. «
La Corporation des chimistes professionnels du Québec s'explique mal que
seul le Collège des médecins fasse partie de ce comité.
Notre corporation est désireuse d'y être représentée
étant donné qu'une forte proportion de ses membres oeuvrent dans
le domaine de la santé. Nous croyons, de plus, que chacune des
professions membres du comité des professions de la santé du CIQ,
devraient être représentées sur ledit comité.
« Nous recommandons donc que le comité s'adjoigne d'autres membres
qui seraient désignés pour chacune de ces professions membres du
Conseil interprovincial québécois. C'est signé: Guy
Letellier, président, chimiste. »
Si je dis ça, M. le Président, c'est pour appuyer ce que
j'ai dit avant le dîner, au sujet de la formation du comité,
composé, pratiquement et exclusviement de médecins. Je vois que
ces objections sont bien partagées par les professions auxiliaires.
J'ai encore une lettre ici. Je ne sais pas si vous êtes
intéressés. C'est un extrait du procès-verbal de
l'assemblée du conseil des gouverneurs du Collège des pharmaciens
de la province de Québec, tenue le mercredi 18 décembre 1968:
« II est proposé par M. Yves Courchesne et secondé par M.
Paul-A. Lavigne que le conseil des gouverneurs fasse parvenir la
résolution suivante aux autorités gouvernementales
concernées et à la commission formée en vertu de
l'arrêté ministériel numéro 2624 concernant la
formation du comité d'étude des professions auxiliaires de la
santé.
A/, Nous sommes surpris que le Collège des pharmaciens de la
province de Québec a été informé seulement en date
du 25 novembre 1968 de la formation dudit comité.
B/, Nous déplorons le fait que le comité, formé de
cinq membres, comprenne quatre médecins qui auront comme fonction de: a)
Définir les fonctions de travail et déterminer les
responsabilités, les champs d'action et les privilèges des
professions auxiliaires de la santé; b) Indiquer le niveau de formation
requis pour les différentes fonctions de travail défi- nies en a)
et pour l'exercice de ces professions et prévoir l'intégration
des membres de ces différentes professions; c) Prévoir les
programmes-cadres de l'enseignement au niveau universitaire, au niveau des
CEGEP et au niveau secondaire pour chacune desdites professions, le cas
échéant; d) Définir les qualifications du personnel
enseignant; e) Etablir un programme d'enseignement dans les différentes
régions de la province suivant les besoins de chacune; f)
Déterminer comment l'intégration des écoles existantes
pourrait être faite; g) Indiquer les différents modes d'assistance
financière qui pourront être mis à la disposition des
étudiants. »
Si la médecine n'est pas la seule profession auxiliaire de la
santé, le collège des pharmaciens explique mal que seul le
collège des médecins ait pu nommer un représentant
à cette commission. En ce qui concerne les profess ions auxiliaires de
la santé, nous n'acceptons pas que seuls des médecins aient
à se prononcer et nous insistons sur le fait que chacune de ces
professions devrait avoir un représentant à cette commission pour
ce qui concerne sa propre profession et parler en connaissance de cause.
Nous recommandons que la commission s'adjoigne d'autres membres faisant
partie des autres professions auxiliaires de la santé et qu'ils soient
désignés par les différentes corporations auxiliaires de
la santé.
Cela corrobore ce que j'essayais de prouver antérieurement. Je
pourrais lire, si vous voulez, d'autres lettres. J'ai ici un extrait du
procès-verbal de la réunion du conseil d'administration de la
Corporation des conseillers d'orientation professionnelle du Québec
tenue à Montréal le 27 mars 1969, comité d'études
des professions auxiliaires de la santé. Elle a à peu près
la même teneur que les lettres précédentes.
M. BOIVIN: On parle de toutes les professions parce qu'on leur a
envoyé l'arrêté en conseil 2624. Je dois toujours noter que
si le ministère de la Santé a nommé un médecin
le ministère de l'Education n'a pas nommé de
médecin si les universités du Québec, si cela a
été envoyé aux universités du Québec, ont
nommé un médecin, nous n'en sommes pas responsables. Le
collège des médecins, c'était normal qu'il nous envoie un
médecin, l'Association des hôpitaux a nommé un
médecin, ce n'est pas encore le gouvernement qui l'a nommé.
Mais, comme nous disait le député de D'Arcy-McGee, c'est
bien sûr que le médecin, c'est
le capitaine de la santé. Cela ne veut pas dire que les autres
professions qui viennent de la santé ne doivent pas être
considérées. Et je crois que si nous avons passé cet ordre
en conseil 2624 justement, nous n'avons pas besoin d'être positifs pour
venir à cataloguer, à organiser et à déterminer les
fonctions de chacune de ces professions. Il me semble que c'est un premier pas,
nous verrons s'il y a trop de médecins à la commission et s'ils
ne travaillent pas de façon objective.
Il y a d'autres actes qui ont été posés aussi pour
essayer de regrouper les professions auxiliaires de la santé. Mais, je
vous l'ai dit avant le dîner que c'était une chose très
difficile, que le dialogue n'était pas toujours facile.
Alors, nous avons pensé qu'au sein de cette commission on
pourrait établir certains jalons et que les rencontres, ensuite,
seraient plus faciles avec chacune des professions. Dans la deuxième
partie, vous le voyez, on y va de façon délicate. On dit qu'on
définira les fonctions de travail et qu'on déterminera les
responsabilités, les champs d'action et les privilèges des
professions auxiliaires de la santé.
C'est entendu que cela ne se fera pas tout seul. J'ai rencontré
le président de la commission. Il m'a dit qu'il inviterait chacune des
professions à analyser de quelle façon on devrait procéder
pour chacune de ces professions.
M. SAINT-GERMAIN: Cela confirme exactement ce que je voulais prouver. Je
voulais prouver que, premièrement, les professions auxiliaires n'avaient
absolument pas été consultées. Je voulais aussi prouver
qu'il n'est pas si difficile de faire travailler les différentes
professions ensemble parce qu'elles travaillent déjà au niveau du
Conseil interprofessionnel du Québec. Elles sont déjà
réunies pour étudier leurs problèmes communs et trouver
des solutions communes à leurs différents problèmes.
M. BOIVIN: Qui? En quelle année?
M. SAINT-GERMAIN: Cela a été fondé en 1965.
M. BOIVIN: Et qu'est-ce que cela a produit?
M. SAINT-GERMAIN: Eh bien, c'est entendu que si le gouvernement les
laisse tomber, si le gouvernement ne fait absolument pas appel à leurs
services...
M. BOIVIN: Mais tout de même...
M. SAINT-GERMAIN: Et comme le gouver- nement se met de plus en plus le
nez dans la santé, il est entendu, puisque le gouvernement ne se donne
pas la peine de les consulter, que le but qu'ils avaient en fondant ce conseil
interprofessionnel ne peut pas être atteint.
Il est entendu que si le gouvernement n'avait pas autant d'influence au
niveau de la santé le conseil professionnel pourrait résoudre ses
propres problèmes. Mais si le gouvernement ne s'occupe pas de consulter
ces gens-là, il est entendu que le conseil interprofessionnel perd
beaucoup de son importance.
M. BOIVIN: II me semble que vous devriez attendre les résultats
de cette commission qui donneront peut-être quelque chose à votre
grande satisfaction.
M. SAINT-GERMAIN: Les professions auxiliaires de la santé sont
habituées d'attendre. Elles attendent depuis toujours, depuis
l'existence de l'assistance médicale. Et malgré toutes les
promesses qu'on leur a faites, jamais un pas n'a été fait, on n'a
jamais même posé le moindre geste en vue de résoudre leurs
problèmes.
M. BOIVIN: Mais, il y a tout de même...
M. SAINT-GERMAIN: On a tellement fondé de comités de
toutes les sortes qui n'ont jamais fonctionné, qui ne se sont jamais
réunis, qui n'ont jamais fait rapport. J'avoue que pour sauver... Comme
écran de fumée, c'est parfait. Cela fait trois ans qu'on forme
des comités.
M. BOIVIN. Il y a tout de même deux choses là-dedans. Il
n'y a pas seulement une question d'argent, une question d'assistance
médicale dans cette affaire de réorganisation de toutes les
professions auxilières de la santé. Il y a tout de même une
certaine intégration qu'on doit faire de chacune des professions,
déterminer les fonctions, déterminer la scolarité...
M. SAINT-GERMAIN: Les fonctions et les professions, si je ne m'abuse,
les professions n'ont pas existé avec l'existence...
M. BOIVIN: Mais...
M. SAINT-GERMAIN: ... de l'assistance médicale.
M. BOIVIN: Il n'y a peut-être pas...
M. SAINT-GERMAIN: Leurs buts, leurs qualifications, leurs obligations et
leurs privilèges
sont depuis longtemps définis par la loi de leur corporation.
M. BOIVIN: Mais, il n'y a tout de même pas seulement quelques
professions de la santé. J'ai été surpris de voir, dans
l'inventaire qu'on a fait de toutes ces professions, qu'il y en a
peut-être une centaine.
A la table des négociations, nous trouvons 150 tâches
différentes dans nos hôpitaux. Ce n'est pas facile de mettre de
l'ordre dans tout cela sans avoir une commission qui ne serait pas trop
élaborée pour être capable d'y mettre de l'ordre.
M. SAINT-GERMAIN: Elle n'est pas trop élaborée cela c'est
clair...
M. BOIVIN: Oui, mais nous verrons de quelle façon les
consultations se feront et nous verrons ce qu'elle produira. Cela ne fait tout
de même pas longtemps: 14 août 1968. Nous avons déjà
un premier rapport sur la première partie. Attendons la deuxième
partie, s'ils ne font pas les consultations nécessaires, nous
blâmerons cette commission ou nous nous blâmerons de n'avoir rien
réussi, en pensant que, de cette façon nous pourrions aboutir
à quelque chose.
Maintenant, mettre de l'ordre, de la coordination dans les professions
auxiliaires de la santé et, ensuite, peut-être, arriver à
les entrer dans l'assistance médicale...
M. SAINT-GERMAIN: Justement, M. le Président, ce n'est pas une
façon de mettre de l'ordre. Il y a actuellement, au niveau des
professions médicales, du désordre, et ce désordre est
accentué et est dû au fait que ces professions ne sont jamais
consultées. Et on forme une autre commission, soi-disant pour ordonner
les énergies, ordonner les connaissances. On les forme continuellement
de la même façon, sans jamais les consulter.
M. BOIVIN. Il y a des comités qui ont été
nommés et qui se présenteront à cette commission, comme le
comité supérieur du nursing, des comités qui ont fait un
excellent travail en tout ce qui regarde le nursing.
M. SAINT-GERMAIN: Tout le monde fait du bon travail...
M. BOIVIN: Ils doivent rencontrer cette commission...
M. SAINT-GERMAIN: En fait, on n'aboutit jamais à rien.
M. BOIVIN: ... et nous verrons ce qui sortira de ce travail.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, lorsque le ministre dit que
les professeurs auxiliaires de la santé sont extrêmement
nombreuses, je dois tout de même lui dire qu'il y en a neuf qui sont
réunis en corporation et qui sont déjà unies au niveau
d'un comité du Conseil interprofessionnel du Québec. Neuf, ce
n'est pas un nombre aussi considérable que le ministre veut le laisser
entendre, et ces professions, même si elles ont une
délégation de pouvoirs et une délégation de
responsabilités de la Législature, elles ne sont même pas
consultées, elles n'ont pas de représentants à ce
comité. Ce que je trouve drôle c'est que le ministre veut nous
faire croire que, le fait que quatre membres sur cinq soient des
médecins, c'est par le hasard des choses. Ce qui est insoutenable,
parfaitement Insoutenable...
M. BOIVIN: Je ne veux pas vous le faire croire, je veux bien vous
dire...
M. SAINT-GERMAIN: Si on avait voulu des représentants des
professions auxiliaires, il en aurait nommés.
M. BOIVIN: Ce n'est pas le gouvernement qui les a nommés.
M. SAINT-GERMAIN: C'est le gouvernement qui a déterminé
qui serait représenté.
M. BOIVIN: Le gouvernement a nommé le représentant du
ministère de la Santé, les autres ont été
nommés...
M. SAINT-GERMAIN: Et vous n'avez jamais pensé que cela pouvait
être un médecin.
M. BOIVIN: Pardon?
M. SAINT-GERMAIN: Vous n'avez jamais pensé que cela pouvait
être un médecin?
M. BOIVIN: Celui du ministère de la Santé est un
médecin.
M. SAINT-GERMAIN: Mais vous n'avez tout de même jamais
pensé que cela pouvait en être un?
M. BOIVIN: Les autres, que les universités nomment un
médecin...
M. SAINT-GERMAIN: Vous n'avez jamais pensé que cela pouvait
être un médecin?
M. BOIVIN: Non, non.
M. SAINT-GERMAIN: Non.
M. BOIVIN: Cela aurait pu être un ingénieur, le
vice-président...
M. SAINT-GERMAIN: C'est de la grande naïveté.
M. BOIVIN: Le vice-président...
M. SAINT-GERMAIN: Cela fait longtemps que les professions auxiliaires de
la santé...
M. BOIVIN: Le vice-recteur de l'université aurait pu être
présent dans cette chose.
M. CLOUTIER: M. le Président, sans vouloir priver qui que ce soit
de son droit de parole, je pense que je dois faire une remarque à ce
moment.
Le député de Jacques-Cartier nous a dit qu'il y avait eu
la formation, en 1965, d'un conseil qui groupe les neuf professions auxiliaires
de la Santé. C'est une telle chose que la création d'un
comité, mais c'est une autre chose aussi de savoir comment ce
comité s'est comporté, comment il a agi et quelle a
été son action et quelles ont été ses
recommandations.
Je n'ai pas l'impression, à ce moment-ci, même s'il y a eu
un comité groupant neuf professions auxiliaires, si j'en juge par
certains faits ou certains manques de faits, qu'il y a eu cohésion
parfaite et que la machine de ce comité soit parfaitement
rodée.
Le député nous a lu des lettres individuelles de
corporations qui demandaient à être représentées
à un tel comité de la Santé. Mais, je n'ai vu ni entendu
dans ce qu'il nous a lu aucune déclaration commune de ces professions
auxiliaires de la Santé énonçant le voeu qu'une
représentation soit faite par une corporation ou un groupe, ou une
profession au nom de tout le groupe. Je l'avais constaté en 1965, lors
des audiences tenues devant le comité mixte, justement dans cette salle
au sujet de l'assurance-maladie.
Tous les groupements, toutes les professions de la Santé sont
venues à tour de rôle donner des mémoires devant la
commission c'était M. Castonguay qui présidait aussi cette
commission qui étudiait l'instauration d'un régime
d'assurance-maladie. J'avais fait la remarque à un groupe en
particulier. Il s'agissait des pharmaciens, ils étaient quatre ou cinq
groupes de pharmaciens qui sont venus, indépendamment l'un de l'autre,
faire des repré- sentations. A ce moment-là, j'étais
surpris et je leur ai demandé pourquoi ils n'avaient pas
été possible de présenter devant cette commission un
mémoire conjoint représentant la profession des pharmaciens.
Je pense que la remarque a été comprise et qu'à la
suite il y a eu un certain effort pour regrouper les forces à
l'intérieur de cette profession. Cela est une étape qui
était nécessaire. On a mentionné, avant l'ajournement de
six heures, qu'il serait possible probablement pour ces professions,
auxiliaires de la santé, de se réunir et de discuter de
problèmes communs. Le député fait état de ce
sonseil. C'est une bonne chose que ce conseil existe, qu'il regroupe les
professions, mais tout dépend de ce que sont leurs préoccupations
et tout dépend de l'orientation qu'ils veulent donner aux travaux de
cette commission.
De toute façon, pour ma part, j'accepte l'argumentation du
député de Jacques-Cartier, quand il nous dit que les professions
auxiliaires de la Santé doivent être entendues et doivent
être écoutées pour avoir accès aux
délibérations et à l'élaboration des politiques qui
les concernent. Je sais que nous avons encore du chemin à faire dans ce
domaine, mais je pense que déjà il s'est établi avec des
professions de la santé, en particulier la profession médicale,
des dialogues qui, à certains moments, ont eu des hauts et des bas.
Surtout quand on sait qu'il nous faut, à certains moments,
négocier à l'intérieur d'un cadre. Ce n'est pas toujours
facile d'avoir une entente parfaite avec les groupes, quels qu'ils soient.
De toute façon je pense que nous avons compris le sens de
l'argumentation du député de Jacques-Cartier.
Je crois que le gouvernement est très bien disposé envers
les professions auxiliaires de la santé. Même si jusqu'à
maintenant la consultation n'a pas toujours peut-être été
celle que ces groupes auraient désirée, je pense qu'il y a lieu
de tenter de corriger cette lacune, si elle a existé. Mais il devra y
avoir un effort des professions de la santé, et des professions
auxiliaires de la santé aussi, pour se regrouper, faire une
cohésion à l'intérieur de leur propre corporation
professionnelle et aussi entre elles, faire une certaine cohésion non
pas pour faire, comme je l'ai dit avant l'ajournement, un front commun contre
des politiques gouvernementales, mais pour apporter à
l'élaboration de ces politiques une contribution positive.
M. SAINT-GERMAIN: Je suis un peu surpris de l'argumentation du ministre
parce que je sais qu'il est un bon démocrate. Il sait aussi qu'il
est absolument impossible lorsqu'un groupe d'hommes travaillent ensemble
d'être tous de la même opinion. C'est un problème tellement
humain que cela a été à la base de la démocratie.
Dans toute société, si l'on attendait que la province de
Québec soit unanime pour se nommer un gouvernement, n'y en aurait jamais
de gouvernement. C'est tellement vrai que, dans nos institutions, on a
accepté qu'il y ait aussi un gouvernement et une opposition. Il en est,
à mon avis, exactement de même au niveau des corporations. Il y
aura toujours des groupes dans les corporations qui n'accepteront pas les vues
et les philosophies de la majorité. Si on attend qu'elles soient
unanimes pour les consulter ou pour travailler en coopération avec eux,
c'est entendu qu'on les laissera éternellement de côté.
Il en reste que les corporations, par la majorité des membres, se
nomment des conseils, se nomment des directeurs, se nomment un
président. Comme au gouvernement, c'est la majorité qui a la
responsabilité de l'administration de ces différentes
corporations. Si l'on voulait les consulter, on serait à même de
le faire au niveau des différents conseils de ces corporations.
Je crois, par la loi, que ces conseils ont le droit de parler au nom de
tous, même au nom des groupes minoritaires. C'est à ce point de
vue que je trouve que l'argumentation du ministre est faible.
Pour revenir au CIQ, le gouvernement a déjà, d'ailleurs,
au sujet de l'inauguration et de la citoyenneté canadienne et au sujet
de l'incorporation des groupes professionnels, il a demandé sur ces deux
sujets l'avis du Conseil interprofessionnel du Québec qui a soumis,
à la demande du gouvernement, des mémoires relativement à
ces problèmes.
Si on avait demandé, au ministère, l'avis du conseil
interprofessionnel relativement à l'assurance-santé, il est
absolument évident, à mon avis, qu'on se serait empressé
de faire de même.
Je crois que j'ai prouvé mon point. Je voulais simplement prouver
à la population que l'assurance-hospitalisation comme la future
assurance-santé, si le gouvernement n'y met pas du sien, sera
dominée par une profession et ceci au détriment des
intérêts de la population.
En ce qui regarde les optométristes, en particulier, voilà
aussi un vieux problème et voilà aussi un problème pour
lequel on a formé maintes commissions d'étude.
Ce qui ressort et ce qui est caractéristique des
optométristes, c'est qu'ils offrent à la population des services
professionnels qui sont aussi offerts par une autre profession, les
ophtalmologistes.
M. BOIVIN: Est-ce que ce sont les mêmes services? Il faudrait que
ce soit noté en passant.
M. SAINT-GERMAIN: Alors, puisque le ministre le demande, je veux bien
lui expliquer que les optométristes, par une loi de la
Législature ont été formés en corporation et ils
ont été formés en vue de donner à la population les
services optométriques. Si le ministre veut bien lire la loi des
optométristes de la province de Québec, il aura là tout ce
qui regarde les optométristes.
Alors, les optométristes sont habilités à passer
des examens visuels et à prescrire des verres, ils sont habilités
à essayer d'aider la population à surmonter tout défaut
visuel ou toute anomalie visuelle et à se servir de tous les moyens
excepté les médicaments pour essayer d'aider la population qui
souffre de ces troubles visuels. Et, pour ce faire, ils ont une école
où on étudie, après la 11e ou la 12e année
anciennement ou après le cours classique; les futurs
optométristes sont affiliés à la faculté des
sciences de l'Université de Montréal pour deux ans. Ils ont ainsi
un cours de deux ans en optométrie exclusivement. Et d'ailleurs, le
ministre n'est pas sans savoir que les relations entre l'Ecole
d'optométrie et l'Université de Montréal ont
été profondément modifiées et qu'aujourd'hui
l'Ecole d'optométrie est directement rattachée à
l'Université de Montréal. Un comité d'étude
formé à ce sujet, pour résoudre ce problème, a
déterminé en blanc et en noir que l'optométrie
était une science universitaire et qu'elle devait se donner au niveau de
l'université et non pas au niveau des CEGEP.
Les ophtalmologistes, par contre, ce sont des gens qui ont fait le cours
de médecine au complet et qui, après, se sont
spécialisés au point de vue pathologique dans les défauts
visuels. Si le champ d'activité des optométristes est restreint
à l'optométrie, le champ des activités des
ophtalmologistes est étendu. Mais il faut dire par contre que
malgré leur grande formation au point de vue médical, les
ophtalmologistes étudient très peu la question d'optique
relativement à la vision.
Par contre, les optométristes étudient cette
matière exclusivement, et, s'ils étudient le côté
pathologique de la question, c'est simplement pour être fapables de
détecter quand un patient a besoin de soins pathologiques pour pouvoir
le référer à son médecin de famille.
Je crois avoir donné, en somme, les grandes lignes. Mais, pour
faire un examen de la vue, un examen visuel, au sens optométrique du
mot, je n'hésite pas à dire que les optométristes sont
plus qualifiés par leur cours et leurs études que les
ophtalmologistes pour ce qui regarde cette science particulière.
Il va sans dire, M. le Président, que les ophtalmologistes, avec
le champ de la pathologie de l'oeil, ont un champ d'activité
extrêmement vaste. Après leur cours général en
médecine, ils se spécialisent, comme je le disais, au point de
vue patholigique et aussi au point de vue chirurgical.
C'est là le gros de leurs activités, c'est là le
pourquoi de leur longue scolarité et c'est là, dans ce champ
d'activité, que le plus clair de leur temps, si vous voulez, est mis. Il
est absolument évident que lorsqu'on peut charger au patient $300 ou
$400 pour faire une extraction de cataracte, qui bien souvent ne dure pas plus
qu'un examen visuel un peu compliqué, si on fait deux interventions du
genre le matin, j'imagine bien que, durant l'après-midi, on aime mieux
aller jouer au golf que d'aller faire un examen visuel pour $12 ou $15.
Aujourd'hui, si on fait des études au niveau de l'ophtalmologie,
on remarque aisément surtout dans le champ d'activité de
l'optométrie, que les études des ophtalmologistes et les
recherches, si vous voulez, sont bien plus dirigées vers la question
pathologique que la question optométrique. Et il me semble que les
raisons pour lesquelles c'est ainsi sont tout à fait
évidentes.
Alors, qu'est-ce qui arrive en fait? C'est que la formation d'un
ophtalmologiste, est très longue et d'un coût très
élevé. Je ne sais pas au juste, peut-être que le ministre
pourra m'informer, combien de milliers de dollars coûte la formation d'un
ophtalmologiste. Il va sans dire que celui qui ne peut que se
spécialiser dans le champ de l'optométrie exclusivement a une
formation moins longue, car pour être compétent dans cette
spécialisation donnée, cela lui demande des études
beaucoup moins considérables.
M. BOIVIN: Je ne nie pas la compétence des optométristes.
Il y a un champ bien délimité, comme le député
s'applique à le dire. Même je ne nie pas qu'il ne pose pas d'actes
professionnels. Il pose des actes professionnels. Maintenant, dire qu'il pose
des actes médicaux, il vient de le dire encore dans son
élaboration, c'est que l'ophtalmologiste pose des actes médicaux;
l'optométriste pose des actes professionnels, je l'admets aussi. Je
pense bien que c'est accepté; d'ailleurs, la pratique de
l'optométrie est légale. C'est accepté, ça aussi,
de part et d'autre. Mais lorsque l'on veut venir à faire travailler ces
ouvriers de la santé, c'est-à-dire, les médecins, les
ophtalmologistes et les optométristes, c'est là qu'on y trouve
des difficultés. C'est que l'assistance médicale ne s'est pas
étendue en dehors du champ de l'acte médical. Encore une fois, je
ne nie même pas qu'il y ait des gens qui soient traités
peut-être avec injustice. Prenez les chirurgiens de chirurgie buccale qui
font cinq années d'art dentaire, qui font quatre années de
spécialisation, ils ne sont pas reconnus non plus par l'assistance
médicale. Je sais qu'il y a des anomalies, que ces anomalies-là
peuvent être corrigées. Avant que l'on puisse même passer
à l'universalisation, il sera peut-être bon que l'on étudie
tout ce que l'on pourra faire pour tous ces ouvriers de la santé.
C'est pour ça que l'ordre en conseil a été
envoyé à chacune de ces spécialités afin qu'elles
prennent connaissance du classement que nous voulons faire, pour venir à
faire reconnaître autre chose, peut-être, que l'acte
médical. Vous avez, aujourd'hui, dans les hôpitaux, des
chirurgiens de chirurgie buccale qui n'ont pas accès à
l'assistance médicale. Vous avez l'art dentaire, vous avez les
biochimistes qui ne font pas de cours médicaux mais qui posent
réellement des actes professionnels.
Vous avez les bactériologistes aujourd'hui qui ne sont pas tous
des médecins. Dans l'ordre en conseil 2624, c'est cela que nous voulons
faire étudier par les universités, par les hôpitaux, par
les collèges. Toutes ces professions seront invitées à
aller discuter tous leurs problèmes. Il y a une intégration de
chacune de ces professions à faire dans le travail de la santé.
Quand elles seront intégrées, il faudra voir de quelle
façon nous pouvons les rémunérer, surtout si nous songeons
à organiser l'assurance-santé. C'est bien évident qu'il
faudra étudier le mérite de chacune de ces professions et fixer
des honoraires pour le bien de tous les malades.
M. SAINT-GERMAIN: Cela, ce n'est absolument pas évident, parce
que je me demande bien ce qui va arriver si on continue de la sorte avec les
professions auxiliaires de la santé dans un plan
d'assurance-santé général. Mais de toute façon, M.
le Président, je n'argumenterai pas si les optométristes posent
un acte médical ou non, la seule chose que je veux bien dire...
M. BOIVIN: ... des actes professionnels. M. SAINT-GERMAIN: ... c'est que
si le mi-
nistre veut bien prendre le journal des Débats de
l'Assemblée législative du Québec, à la
sixième session de la 27e Législature, le mardi 22 mars 1966, il
y trouvera tout un débat relativement à l'optométrie et on
disait exactement ce que je viens de dire. Et c'était dit entre autres
par ceux qui se sont faits dans le temps les grands défenseurs de
l'optométrie, le regretté M. Johnson, M. Bellemare, aujourd'hui
ministre du Travail, il y a eu.., ils sont tous ici, il y en a un plein volume,
M. le Président. Si on me permettait de tout lire ce qu'il y a ici dans
le journal des Débats,...
M. BOIVIN: Faisant suite à ce débat-là...
M. SAINT-GERMAIN: ... j'aurais la plus belle argumentation; franchement,
je pense que je ne peux pas faire aussi bien que cela. Et ceux qui
défendaient l'optométrie dans le temps, comme je vous le disais,
étaient des gens qui sont du gouvernement aujourd'hui...
M. HOUDE: Avant les élections.
M. SAINT-GERMAIN: ...oui.c'était avant les élections. Je
vois que M. Johnson avait été extrêmement brillant; M.
Bellemare, comme nous le connaissons, nous avait fait un discours absolument
merveilleux; M. Gabias, je crois, s'était mêlé du
problème, il y avait aussi le député de
Gaspé-Nord...
M. HOUDE: Le ministre de la Santé.
M. SAINT-GERMAIN: Et les gens étaient bien... en tout cas, c'est
là en blanc et en noir. Mais je voudrais dire, M. le Président,
avant d'être interrompu par le ministre, que la société a
investi beaucoup moins dans la formation des optométristes, parce que
les optométristes ont des activités bien spécifiques et
bien spécialisées. Et ce que je veux faire ressortir surtout, ce
qui distingue l'optométrie des professions auxiliaires de la
santé, c'est que le service professionnel rendu par les
optométristes est aussi rendu par les ophtalmologistes. Ce qui arrive en
pratique, c'est que le patient qui veut passer un examen visuel a le choix
entre deux professions. Et dans ce contexte de la libre entreprise, les
optométristes ont toujours bien fait. Il y a encore une couple
d'années, 70% des examens dans la province de Québec
étaient faits par optométristes. Les optométristes, dans
un contexte de libre entreprise, ont gagné la faveur du public par leurs
services. Il y a déjà belle lurette que la population a reconnu
les services des optométristes.
M. BOIVIN: Nous ne le nions pas.
M. SAINT-GERMAIN: Seulement, le gouvernement ne les reconnaît pas.
Et ce que je veux faire ressortir le plus, c'est le patient qui a le droit
aujourd'hui d'avoir un examen visuel a le choix entre un optométriste
à qui il doit débourser pour un examen de la vue et
l'ophtalmologiste dont l'examen est absolument gratuit. Et c'est là
qu'est la catastrophe.
On a amélioré de beaucoup le cours qui nous est
donné, on vient de résoudre notre problème d'école
d'optométrie, l'école est même subventionnée par le
gouvernement et on dépense, pour la formation de jeunes
optométristes, pour les mettre dans une profession qui est actuellement
un cul-de-sac. Comment voulez-vous subir une compétition de la
sorte?
Si nous étions comme les pharmaciens ou les dentistes, nous
serions bien aises d'attendre parce que le temps de l'attente n'est pas
dommageable nécessairement à la profession. Si vous avez besoin
de médicaments, il faut bien aller chez le pharmacien et si vous avez
besoin de soins dentaires, il faut bien aller chez le dentiste. Mais si vous
avez besoin de soins optométriques, vous avez le choix entre une
profession qui travaille aux dépens du gouvernement et une profession
qui appartient encore à l'entreprise privée où vous
êtes obligés de payer pour les services. C'est là la
catastrophe!
M. CLOUTIER: Disons que le député devrait ajouter, par
exemple, pour l'objectivité de son argumentation, que c'est vrai pour 7%
de la population, les assistés sociaux.
M. SAINT-GERMAIN: Je m'excuse, M. le Président, depuis quelques
mois, il y a les cliniques externes...
M. CLOUTIER: Là, c'est un autre problème...
M. SAINT-GERMAIN: Alors c'est le même problème. Lorsque
vous parlez de 7% ou 8% de la population, avec les cliniques d'aujourd'hui, ce
n'est plus juste.
M. CLOUTIER: Est-ce que le député parle des cliniques
ambulantes dont il avait été question?
M. SAINT-GERMAIN: Non. Ce sont des cliniques qui ne sont pas ambulantes
mais enfin, cela ne donne pas de meilleur service, néces-
sairement, d'après les rapports que j'en ai. Ce sont des
cliniques attachées aux hôpitaux.
Alors là, maintenant à Maisonneuve, par exemple, on fait
au-delà de 20,000 examens visuels aux frais du gouvernement. On fait des
examens visuels à l'hôpital Notre-Dame, au St. Mary's Hospital,
toujours aux frais du gouvernement. Alors l'optométriste, lui, qui s'est
fait une clientèle de peine et de misère, il la voit se diriger
vers les hôpitaux et à quels frais? Parce que si le gouvernement
se servait des optométristes, cela coûterait
énormément moins cher. Premièrement, il y a en eux moins
de capital d'investi et, deuxièmement, ils se serviraient de leur
bureau, ils paieraient eux-mê mes leur loyer, ils paieraient
eux-mêmes leur téléphone, ils paieraient eux-mêmes
l'administration de leur bureau.
Tandis que là, qu'est-ce qui arrive lorsque les gens se
présentent aux hôpitaux? C'est le gouvernement, c'est
l'hôpital qui fournit le local, qui fournit bien souvent les instruments,
et qui fournit tous les services de bureau. Comment cela coûte-t-il en
administration et quel est le coût pour le gouvernement de tels services?
Cela, par exemple, nous ne le savons pas. Mais je serais bien curieux de le
savoir.
M. BOIVIN: La clientèle privée a le choix entre
l'ophtalmologiste et l'optométriste. Cela ne dérange rien
à la clientèle de l'un ou de l'autre. Pour l'assistance, il ne
faudrait pas, par exemple, que vous niiez ce qui est fait par le
bien-être social qui paie les services des assistés sociaux, aussi
en optométrie, sur demande.
M. SAINT-GERMAIN: Comment sur demande?
M. BOIVIN: Pour les 6% à 7% des assistés sociaux...
M. SAINT-GERMAIN: Oui.
M. BOIVIN: ... si le patient se présente chez
l'optométriste, si l'assisté social demande au bien-être
social, le bien-être social paie l'optométriste.
M. SAINT-GERMAIN: Bien non, voyons, bien non!
M. BOIVIN: Eh bien oui!
M. SAINT-GERMAIN: J'en ai des comptes au bureau, je peux bien vous les
envoyer, si vous voulez, mais je ne les envoie même pas.
M. BOIVIN: Eh bien, je vous parle des assistés sociaux.
M. SAINT-GERMAIN: Cela peut arriver...
M. BOIVIN: Non, non, je parle des assistés sociaux.
M. SAINT-GERMAIN: Cela arrivera dans les endroits extrêmement
éloignés où il n'y a pas d'ophtalmologiste...
M. BOIVIN: Non, j'en ai vus dans la ville de Québec.
Moi-même j'en ai envoyés qui sont allés au bien-être
et qui ont été dirigés vers un optométriste, et le
gouvernement a payé...
M. SAINT-GERMAIN: Moi, je pratique à Montréal. Il n'y a
pas un optométriste de Montréal qui se fait payer ses comptes de
la façon dont vous le dites.
M. BOIVIN: Etes-vous bien sur de cela? M. SAINT-GERMAIN: Je suis bien
sûr.
M. BOIVIN: Quand il y a des demandes au bien-être social, il s'en
paie souvent.
M. SAINT-GERMAIN: Je suis bien sûr parce que j'ai un bureau et
moi, je ne reçois rien du gouvernement. Je pratique
privément.
M. CLOUTIER: M. le Président, si vous me le permettez, pour faire
un peu de lumière sur la discussion, étant donné que je
suis le ministre de la Famille et du Bien-Etre social, je voudrais apporter la
remarque suivante: C'est que les comptes des optométristes sont
acceptés pour les assistés sociaux qui ne peuvent défrayer
ce coût.
Ce sont des cas spéciaux et cela se produit, là je n'ai
pas de statistique ici. Au moment où nous ferons l'étude des
prévisions budgétaires du ministère de la Famille,
peut-être me sera-t-il possible à ce moment-là de fournir
des chiffres, mais cela se produit dans le cas des assistés sociaux qui
nous prouvent qu'ils ont un besoin spécial et qu'autrement avec
l'allocation qu'on leur verse, ils ne peuvent pas défrayer le coût
des soins dispensés par les optométristes.
M. SAINT-GERMAIN: Mais soyez assuré, M. le Président, que
c'est une infime minorité. Ce n'est pas ça qui est la pratique
générale.
M. CLOUTIER: Ce n'est pas la règle générale mais
ça s'explique...
M. SAINT-GERMAIN: Régie générale, on se dirige vers
une clinique, d'ailleurs ceux qui font de la clinique ne sont pas
nécessairement des nécessiteux, c'est clair.
M. BOIVIN: Oui, mais on paye les comptes.
M. SAINT-GERMAIN: Les cliniques ne s'intéressent pas...
M. BOIVIN: On ne paie pas les ophtalmologistes non plus, il faut qu'ils
remplissent les conditions de l'assistance médicale pour qu'on les
paie.
M. SAINT-GERMAIN: Très bien, je vais vous donner un exemple
pratique. Tenez, ça, c'est le 10 janvier 1969. C'est une enquête
qui a été faite au niveau des optométristes. Le 10 janvier
1969, on a envoyé une personne pour un examen de la vue au St. Mary's
Hospital. Alors, voilà le rapport de l'enquête. C'est signé
Francine Nantel et ç'a été fait par l'Alliance
Sécurité et Investigation Limitée. Je pense bien que le
ministre connaît ça. Je crois qu'elle a fait des enquêtes
pour le gouvernement lors de la grève des alcools. Alors, cette lettre a
été adressée au collège des optométristes.
« Monsieur, suivant les directives de monsieur Roch Dandeneault je,
Francine Nantel, accompagnée de M. Marcel Derome, me suis rendue
à l'hôpital St. Mary's afin d'y subir un examen visuel. Au bureau
des patients de l'extérieur, je m'informai où aller. Le
préposé me demande d'aller au bureau de vérification.
Là on me remplit un dossier, nom, âge, travail, salaire,
références, etc. Ensuite, je devais revenir au bureau des
patients de l'extérieur pour payer l'examen, soit $1 ici, on peut
conclure que c'étaient les frais d'enregistrement on me donna une
carte rose et à ma prochaine visite je devais présenter cette
carte. Ensuite, je passai dans un bureau adjacent. Une infirmière me
donna un flacon pour un test d'urine.
Enfin, je ne sais pas pourquoi; moi, je n'ai jamais passé de test
d'urine de ma vie pour un examen visuel. Je tiens à dire que c'est une
déclaration assermentée... « Ensuite, je passai dans un
bureau adjacent et une infirmière me donna un flacon pour un test
d'urine. Je devais maintenant aller voir le médecin. Là, ce fut
assez long, c'est-à-dire un examen complet à l'oeil, yeux, nez,
dents, coeur, réflexes. Mon état était assez satisfaisant,
a dit le docteur Landry, à l'exception de mes yeux. Je montai au
deuxième étage pour une prise de sang. Je dois y retourner le 27
janvier 1969 pour l'examen complet de la vue.
Espérant le tout à votre entière satisfaction.
»
M. BOIVIN: C'est un examen de routine fait à la clinique externe
parce qu'il peut y avoir des cas de diabète.
M. SAINT-GERMAIN: Je vous ai lu une lettre en date du 10 janvier. Je
vais vous lire la visite précédente. C'était la
deuxième visite, ça. « Suivant les directives de M.
Dandeneault, je, Francine Nantel, accompagnée de M. Henri Hétu,
me suis rendue à l'hôpital fin d'y subir un examen visuel auquel
j'avais pris rendez-vous un mois à l'avance... »
Alors ça, c'est le 12 décembre. Vous voyez tout de suite,
à quelle sorte de service on peut s'attendre. Un mois. Alors, vous dire
que c'était vers le début de novembre. « Un examen auquel
j'avais pris rendez-vous un mois à l'avance. J'avais pris rendez-vous
pour un examen visuel. J'arrivai au service des patients de l'extérieur.
On avait mon nom, mais je devais y retourner plus tard afin d'y subir un examen
complet avant de passer un examen de la vue. Le médecin me passerait un
examen général et, si mes yeux avaient besoin de soins, on me
référerait à un ophtalmologiste et je devais passer une
entrevue où l'on me demanderait un tas de questions, entre autres: mon
salaire d'une semaine, qui ne doit pas dépasser $75, l'endroit où
je travaille et j'en passe. Garde Leblanc me donna ces
références.
Espérant que le tout... »
Alors, voilà l'enquête pour voir si c'est un assisté
social ou si ce ne l'est pas. C'est une enquête assez courte.
Alors, le 10 janvier, elle décrit la deuxième visite. Ici,
nous sommes au 27 janvier, parce que là elle a pris rendez-vous vers le
début de novembre. Le 12 décembre, elle s'est rendue à
l'hôpital. Elle y est retournée le 10 janvier, comme je vous l'ai
dit, et elle y retourne le 27 janvier. J'imagine que c'était pour
l'examen de la vue. « Sous la directive de M. Dandeneault je, Francine
Nantel, accompagnée de M. J.-L. Cottier, me suis rendue à
l'hôpital St-Mary's afin d'y subir l'examen visuel pour lequel j'avais
déjà pris rendez-vous lors d'un examen complet passé le 6
janvier. Je me rendis à la clinique des patients de l'extérieur.
Je montrai le papier certifiant le rendez-vous. Elle me fit asseoir quelques
instants et ensuite elle m'Informa que l'un des médecins était
absent et que ce matin il y avait eu plusieurs urgences. Je lui demandai si
c'était possible de m'intercaler entre deux rendez-vous. A ce
moment-là elle
appella l'infirmière en chef: Très désolée,
dit-elle. C'était impossible et elle me donna donc un autre rendez-vous
pour le 6 février. Espérant que le tout sera à votre
entière satisfaction. »
Nous partons du 1er novembre et là nous sommes rendus le 6
février. Alors, le 27 février: « Monsieur, suivant les
directives de M. Dandeneault je, Francine Nantel, me suis rendue à
l'hôpital à midi afin d'y subir un examen visuel pour lequel
j'avais déjà pris rendez-vous. J'arrivai à l'hôpital
et je passai directement à la caisse où je payai $1 c'est
le deuxième dollar qui s'est donné, je pense bien pour
l'examen de la vue. Ensuite, on me fit passer à la chambre 7 et
j'attendis jusqu'à 2 h 45. La garde me fit entrer dans un bureau
adjacent et un ophtamologiste me fit un examen très complet. Il
était petit, mince... elle le décrit je n'ai pu
savoir son nom ni avoir ma prescription elle n'a pas pu avoir sa
prescription Ensuite je devais attendre un taxi qui me conduirait chez
Butler's situé au 1393 rue Sainte-Catherine. J'arrivai là
à 3 h 50. Le Dr Gilbert me fit essayer des montures ». Elle se
trompe là, elle fait probablement erreur avec l'opticien
d'ordonnance.
M. BOIVIN: Ce n'est pas une personne qui a de l'initiative.
M. SAINT-GERMAIN: Non, non, mais tout de même.
M. BOIVIN: Elle aurait pu aller chez un op-tométriste.
M. SAINT-GERMAIN: Seulement, qu'est-ce que vous voulez!
M. HOULE: Elle avait mal aux yeux!
M. SAINT-GERMAIN: Peut-être que le médecin avait de
l'initiative. Je ne sais pas comment vous pouvez appeler cela. « Le Dr
Gilbert me fit essayer des montures et j'en ai acheté une au prix de
$24.80. Il me demanda un dépôt. Je lui remis $5.11 me donna un
reçu et une copie de la prescription. » Ci-joint, je trouve la
carte d'admission à l'hôpital, sa prescription pour les
prescriptions j'en ai un dossier plein, c'est de même partout elle
a passé des examens, je ne sais combien. Il n'y a pas une prescription
pareille, premièrement, mais enfin. « II me donna un reçu
et une copie de prescription. Ci-joint ma carte d'admission pour
l'hôpital, ma prescription et une copie du reçu. »
M. HOUDE: Est-ce qu'elle porte des verres, maintenant?
M. SAINT-GERMAIN: C'est ce que je me demande. Cela était le 27
février. Comment pensez-vous que ça a coûté au
gouvernement? Elle a commencé à vouloir avoir un rendez-vous au
commencement de novembre. Elle a résolu son problème le 27
février. Elle a passé des examens de sang, d'urine, un examen
complet pour en arriver là. Quelle somme cela a-t-il coûté?
Le taxi, qui l'a payé?
M. HOUDE: Son mari.
M. SAINT-GERMAIN: Non, non, ce n'est pas elle qui a payé le taxi.
Le taxi est gratuit. Il y a une loi des médecins qui dit qu'on n'a pas
le droit, article 37, d'utiliser des blancs, carnets ou blocs-notes le
nom est ici, « Butler's », on ne s'en gêne pas
à prescriptions portant une autre écriture ou imprimerie que le
nom du médecin, son adresse et son numéro de
téléphone. On fait tout ça et ensuite on l'envoie en taxi
gratuitement chez l'opticien d'ordonnance. Qui est-ce qui paie pour ça?
Qui a payé le taxi? Qu'est-ce que cela a coûté au
gouvernement?
M. SAUVEGEAU: II faudrait lui écrire et le lui demander.
M. SAINT-GERMAIN: Le ministre peut-il me dire combien ce patient a
coûté au gouvernement?
UNE VOIX: Une couple de mille.
UNE VOIX: Ce ne sont pas les seuls cas.
M. SAINT-GERMAIN: Je peux continuer si vous voulez, je peux vous
entretenir pendant une bonne soirée. Tenez, il y a Emile Saint-Jean ici,
la même jeune femme. « Suivant les directives de M. Dandeneault,
je, Francine Nantel, accompagnée de Jeannette Hamel, me suis rendue
à l'hôpital Notre-Dame dans le but d'y subir un examen visuel, le
30 septembre 1968. J'allai au service d'ophtalmologie et la garde me demanda si
j'avais un dossier. Je lui ai répondu que non. Ensuite, on me fit passer
dans une pièce éloignée. Mon pseudonyme était
Francine Beauchamp. Un peu plus tard, le docteur J.-L. Jacob me fit passer
l'exament, sans résultat. Il me pria de sortir et une garde-malade est
venue me mettre des gouttes dans les yeux pourquoi? pour dilater
la pupille de mes yeux.
Soit dit en passant, c'est une méthode dont
je ne me suis jamais servi. C'est vieux comme la terre. Cela fait
longtemps qu'on ne se sert plus de ces méthodes-là. « ...
Ensuite je passai un autre examen plus complet que le premier et plus long. Il
me donna ma prescription et me conseilla d'aller voir Célien Gauthier,
opticien d'ordonnance, pour ma prothèse, ou M. Emile Saint-Jean,
opticien d'ordonnance aussi. Il ajouta que je recevrais le compte par la poste,
environ $10. Ci-joints, prescriptions, cartes d'affaires et fichiers...
»
M. BOIVIN: Mais elle est allée voir un optométriste?
M. SAINT-GERMAIN: C'est l'ophtalmologiste. Elle s'est rendue à
l'hôpital Notre-Dame. C'est l'ophtalmologiste qui l'a
examinée...
M. BOIVIN : Elle est allée voir un opticien d'ordonnance?
M, SAINT-GERMAIN: Après avoir eu sa prescription. Et on l'a
dirigée. « Samedi, le 12 octobre 1968, j'ai reçu du
courrier, un compte de l'hôpital Notre-Dame, c'est le même montant,
$10. Espérant le tout... »
Ces $10, la même jeune fille va à St. Mary's Hospital. Le
gouvernement a payé pour elle. Ici, est-ce que le gouvernement a
payé pour elle, à l'hôpital Notre-Dame?
M. CADIEUX: Probablement...
M. SAINT-GERMAIN: Elle a reçu un compte de $10. « Montreal
General Hospital... Sous les directives de M. R. Dandeneault, je, Francine
Nantel, me suis rendue à l'hôpital de Montréal...
Elle peut passer, il n'y a pas de contrôle. Alors, n'importe qui
peut aller là et il y a un examen. Pour n'importe quel caprice. Vous
avez remarqué qu'à l'hôpital Notre-Dame, on ne lui a pas
fait passer un examen général. Mais, à St. Mary's, la
même jeune fille en passe un. « ... le 3 février, où
j'avais déjà pris rendez-vous presque deux mois à
l'avance. Je me dirigeai vers le bureau des patients externes. Là, une
jeune fille me demanda mon nom, vérifia si j'avais un rendez-vous et,
ensuite, elle me fit asseoir dans un couloir. J'attendis deux heures et quart.
Un rendez-vous de deux mois. Une dame âgée m'appela et me demanda
mon âge, adresse, no de téléphone, religion, profession, si
j'avais un dossier à l'hôpital et me demanda de passer à la
caisse pour payer l'examen visuel, soit $4... »
Est-ce que ce sont les frais de l'examen visuel ou l'enregistrement, je
ne sais pas. « ... Je demandai un reçu, mais on refusa... »
On lui refuse un reçu. C'est une déclaration assermentée.
Si le ministre veut avoir les noms, l'adresse...
M. SAUVAGEAU: On lui a refusé son reçu...
M. SAINT-GERMAIN: ... je vais lui donner tout cela. C'est une
déclaration assermentée d'une honnête personne. Je lui
donnerai les noms et adresses, tout le dossier au complet. On pourra faire une
enquête, les interroger, si on est sérieux. Ce sont des
déclarations assermentées...
M. SAUVAGEAU: Bien moi, quand je donne de l'argent, je voudrais bien
voir une personne qui ne me donnerait pas de reçu...
M. SAINT-GERMAIN: C'est ce qu'on lui dit. On lui refusa. « ...
J'ai dû ensuite me présenter au deuxième étage pour
l'examen. Je donnai mon dossier à Mme Jackson. Elle me fit asseoir et
j'attendis trois heures et dix minutes. Le docteur Simpson me fait passer
l'examen. Il est jeune, petit, mince, cheveux châtains. Tous les
ophtalmologistes sont habillés en blanc, mais ils ne portent aucune
insigne. Il regarda mes yeux avec une lumière et me demanda si j'avais
porté des verres. Je lui dis que oui. Mais il ajouta que j'avais attendu
trop tard et que maintenant les verres ne pourraient améliorer ma vue.
Je lui demandai ma prescription et il me donna une copie. Ci-jointes, la copie
et ma carte d'admission. Ils étaient environ cinq ou
sixophtalmologistes... »
A un endroit, on lui passe un examen médical. Le deuxième
endroit, on lui prescrit des verres. Le troisième endroit, on lui dit
qu'elle n'en a pas besoin, elle a manqué le bateau, il est trop
tard.
A l'hôpital Victoria, ici... « ... Sous les directives de M.
R. Dandeneault, je, France Nantel, accompagnée de M. Henri Hétu,
me suis rendue à l'hôpital Royal Victoria afin de subir un examen
visuel auquel j'avais déjà pris rendez-vous un mois à
l'avance. J'arrivai à l'hôpital à 8 heures 15 minutes, au
service de l'enregistrement. Je demandai au garçon à quel service
je devais aller pour subir l'examen. Il vérifia s'il avait mon nom, mais
il ne l'avait pas. Il me pria de me rendre au 4e étage pour voir Mme
Prise. Je me rendis. Mme Prise m'informa qu'on n'avait pas noté mon nom
lors de l'appel téléphonique.
Elle me donna un autre rendez-vous le 20 décembre à 12 h
30 sans aucune autre information. Espérant le tout... »
M. SAUVAGEAU: Qui est ce M. Dandeneault?
M. SAINT-GERMAIN: C'est Alliance Sécurité et Investigation
limitée. C'est une agence privée.
M. SAUVAGEAU: Elle fait enquête pour qui?
M. SAINT-GERMAIN: Elle fait enquête sur demande.
M. SAUVAGEAU: Elle fait enquête pour qui?
M. SAINT-GERMAIN: Au nom du collège des optométristes.
M. BOIVIN: Est-ce que ces malades-là ont demandé pour voir
un optométriste? Est-ce que cela leur a été
refusé?
M. SAINT-GERMAIN: Ils vont à l'hôpital comme n'importe quel
patient. Ecoutez.
M. BOIVIN: Je vous l'ai dit tout à l'heure. J'ai vu des malades
qui voulaient voir des optométristes et j'ai enquêté un peu
là-dessus, des patients qui étaient sur le bien-être ils
ont demandé à voir un optométriste et ils ont eu leurs
lunettes; ils sont passés au bien-être, le bien-être a
jugé qu'il n'était pas capable de payer.
M. SAINT-GERMAIN: Ecoutez là, il faut toujours voir les choses
comme elles sont. Le type arrive à la clinique...
M. BOIVIN: Je vous le dis comme je les ai vus.
M. SAINT-GERMAIN: ... Il a sa prescription et c'est gratuit. Allons-nous
passer par le bien-être et faire de longues enquêtes. Ceux qui
passent par le bien-être sont habituellement des gens pauvres et ce sont
les gens qui ne sont pas capables d'avoir leurs lunettes. Probablement que vous
payez alors aux opticiens d'ordonnance sur prescription des ophtalmologistes,
comme vous les payez aux optométristes; mais n'allez pas
généraliser la situation. Vous avez là tous les
assistés sociaux et en plus les gens qui ne sont pas des assistés
sociaux qui vont à la clinique et qui ont un examen gratuit et qui se
font conduire en taxi et tout cela. C'est cela la compéti- tion que
l'optométriste est obligé de subir, et c'est la
société qui en paie le coût.
M. BOIVIN: Et si c'était un malade du bien-être...
M. SAINT-GERMAIN: J'aimerais bien savoir combien cela peut
coûter.
M. BOIVIN: Si c'était un malade du bien-être,
l'ophtalmologiste n'est pas plus payé que l'optométriste.
M. SAINT-GERMAIN: Par la clinique de l'hôpital, il est
payé.
M. BOIVIN: Non. Si le malade n'a pas sa carte d'assistance,
l'ophtalmologiste n'est pas payé, il le fait gratuitement.
M. SAINT-GERMAIN: On a fait comme premier examen un test du sang et un
test d'urine, cela n'a pas été payé par
l'assurance-hospitalisation?
M. BOIVIN: Cela, monsieur, vous ne ferez jamais de reproche... Toute la
médecine nord-américaine nécessite des examens de routine
et vous ne savez jamais le malaise qu'une personne peut avoir dans un oeil,
cela peut dépendre d'une formule sanguine trop basse, cela peut
dépendre du sucre qu'il y a dans ses urines, cela peut dépendre
de toutes sortes de choses. Faites attention, vous n'argumenterez pas en faveur
des optométristes quand vous dites des choses comme cela.
M. SAINT-GERMAIN: Ecoutez, il ne faut pas exagérer...
M. BOIVIN: Ecoutez.
M. SAINT-GERMAIN: On peut passer des rayons X, mais on peut trouver la
même chose avec des examens.
M. BOIVIN. Il faut tout de même prendre la meilleure
médecine.
M. SAINT-GERMAIN: II ne faut pas exagérer. Mais ces
examens-là sont-ils payés? Je demanderai au ministre si les
examens qui se font aux cliniques des hôpitaux sont payés parle
gouvernement.
M. BOIVIN: L'ophtalmologiste n'est pas plus payé que...
M. CLOUTIER: Les services à un patient qui n'est pas un indigent,
un assisté social doit payer son médecin.
M. BOIVIN: S'il ne paie pas, le médecin le perd.
M. CLOUTIER: Tant que nous n'aurons pas le régime
d'assurance-maladie, le patient qui n'est pas sous l'autorité des lois
du ministère de la Famille et du Bien-Etre social doit payer son
médecin.
M. SAINT-GERMAIN: Mais en vertu de la loi de l'extension de
l'assurance-hospitalisation, les services de diagnostic en clinique externe ne
sont pas payés?
M. BOIVIN: Pas le médecin. Le médecin n'est pas
payé, même à la clinique exterme.
M. CLOUTIER: Sur prescription.
M. BOIVIN: Sauf pour celui qui a la carte d'assistance médicale,
qui est sur le bien-être social, les services de l'hôpital sont
payés, si vous voulez, parce que les cliniques externes sont gratuites,
mais le médecin n'est pas payé.
M. SAINT-GERMAIN: Qui paie le médecin?
M. BOIVIN: On ne paie pas le médecin. Le médecin n'est pas
payé. Il est payé par le malade, mais si le malade n'est pas
capable de le payer, il le perd.
Quand il y aura l'assurance-maladie...
M. SAINT-GERMAIN: Comment se fait-il qu'il n'y a pas de compte dans les
cas où on est capable de payer?
M. BOIVIN: C'est parce qu'il juge qu'il l'enverrait pour rien
probablement, c'est pour cela qu'il demandait...
M. SAINT-GERMAIN: Ah! Ah! Ah!
M. BOIVIN: C'est pour cela qu'on lui demandait combien il gagnait par
semaine. Probablement qu'en principe il n'envoie pas de compte à ceux
qui...
Il y en a à qui il en envoie pour voir s'ils sont capables, mais
il y en a d'autres pour qui ils ne prennent même pas de chance. Ils n'en
envoient pas.
M. SAINT-GERMAIN: Il n'en est pas question. Ils ne reçoivent pas
de compte même dans les cas où ils peuvent payer.
M. BOIVIN: Bien, non, comme je vous le dis, il y a des
économiquement faibles qui n'ont pas leur carte d'assistance
médicale. Alors, le médecin, dans ce temps-là, il le perd.
Il n'est pas plus capable de le payer. Même s'il envoie un compte, il
n'est pas payé.
M. SAINT-GERMAIN: Une fille qui gagne $75 par semaine, elle ne
reçoit pas de compte. Le médecin a jugé qu'elle
n'était pas capable de payer son compte?
M. BOIVIN: Probablement qu'il a jugé qu'elle n'était pas
capable de payer.
M. SAINT-GERMAIN: Voyons donc!
M. BOIVIN: Bien, jusqu'à preuve du contraire, c'est ce que je
pense. C'est ce que j'ai vu dans l'hôpital où j'ai
pratiqué.
M. SAINT-GERMAIN: Mais, ces services-là, M. le Ministre, en vertu
de l'extension de la Loi de l'assurance-hospitalisation, de demi-diagnostics,
est-ce que c'est payé par le gouvernement?
UNE VOIX: En clinique externe.
M. SAUVAGEAU: M. le Ministre, est-ce qu'il n'y aurait pas
possibilité que le ministère fasse enquête sur les cas
qu'il a cités pour voir si ça va collaborer?
M. CLOUTIER: Je ne sais pas si le député avait l'intention
de citer des enquêtes sur plusieurs dossiers. Naturellement, je pense
que, quelle que soit la méthode de compiler ces dossiers, s'il a
constaté des abus, il n'a seulement qu'à les soumettre au
ministre de la Santé qui verra à prendre des recours
nécessaires.
M. SAINT-GERMAIN: Je suis bien prêt à vous remettre tous
les dossiers.
M. CLOUTIER: Je ne crois pas, M. le Président...
M. SAINT-GERMAIN: Je suis prêt.
M. CLOUTIER: ... si le député a voulu faire une
démonstration à l'effet que les optométristes n'avaient
pas égalité de chance avec d'autres professions...
M. SAINT-GERMAIN: C'est ce que j'ai voulu dire.
M. CLOUTIER: ... alors, sans vouloir, M. le
Président, en aucune façon, limiter la durée du
débat, je pense que, si c'est cette démonstration-là qu'il
a voulu faire, elle l'a été faite avec les dossiers, avec le
temps qui a été consacré à cette question. Sans
vouloir donner de directives nous faisons preuve d'extrêmement de
patience, M. le Président, comme vous d'ailleurs vous nous donnez
l'exemple je pense que le député a consacré
beaucoup de temps à la profession et aux professions auxilliaires de la
santé et le gouvernement est certainement sensibilisé aux
problèmes qu'il a mentionnés.
M. LAFRANCE: M. le Président, à titre de comptable ne
trouvez-vous pas qu'il y a quelque chose de discriminatoire à l'endroit
de cette profession? Il me semble qu'il y a quelque chose qui me semble injuste
à l'endroit d'une profession. Est-ce qu'il n'y aurait pas
possibilité de confier l'étude de ce problème-là
à une commission?
M. CLOUTIER: Oui, M. le député de Richmond, il y a
actuellement un comité des sciences de la santé dont nous avons
parlé abondamment depuis cet après-midi. Le député
de Jacques-Cartier a fait des représentations à l'effet qu'il n'y
avait pas de professions auxiliaires de la santé de
représentées sur ce comité.
Le ministre d'Etat à la Santé a répondu que les
sous-comités verraient à rencontrer chacune des professions
auxiliaires de la santé. Il y a aussi un conseil de ces professions
auxiliaires de la santé, formé depuis 1965 et dont a parlé
tout à l'heure le député de Jacques-Cartier. Il y a
également une commission qui a été formée par le
gouvernement, par le ministère de la Santé, par
arrêté en conseil. Il y a eu à ce sujet même plus
d'un arrêté en conseil. Cette commission devait réunir
à la même table et les ophtalmologistes et les
optométristes. Pour différentes raisons, le travail de cette
commission est à peine entamé ou même peut-être
je ne sais pas si le député de Jacques-Cartier dirait que
le travail n'est pas entamé à tout
événement, il y a certainement des problèmes à
résoudre entre les deux professions, les ophtalmologistes et les
optométristes qui s'occupent de la même clientèle, celle
qui a besoin de soins visuels.
Il y a des problèmes là, nous en sommes conscients. Ce
n'est pas par le débat que nous allons résoudre ces
problèmes. Je ne reproche pas au député de
Jacques-Cartier, lui qui est bien sensibilisé à ce secteur
professionnel puisqu'il appartient à cette corporation professionnelle,
d'avoir exposé devant la commission, comme il l'a fait d'ailleurs l'an
dernier, les problèmes de cette profession. Mais de toute façon,
les problèmes ne sont pas résolus. C'est par la bonne
volonté et la bonne collaboration des deux groupes qui ont
été invités à la même table pour discuter de
leurs problèmes, c'est par le dialogue qu'ils finiront par trouver une
solution.
M. LAFRANCE: Je considère, M. le Président, simplement
comme client qu'au moment où la province songe à doter le peuple
du Québec d'un système d'assurance-santé, on ne laisse pas
tout ce domaine-là aune espèce de « trust »
médical. Il faudrait que d'autres professions aussi puissent avoir leur
part et jouer le rôle qu'elles sont appelées à jouer dans
notre société. Alors, je trouve que l'intervention du
député de Jacques-Cartier, même si cela a semblé un
peu ennuyeux pour certains d'entre nous, est extrêmement importante.
M. CLOUTIER: D'ailleurs, c'est pour cela que M. le Président lui
a laissé toute latitude de prendre le temps voulu, et tous ses
collègues aussi, pour exposer en détail tous les
problèmes. Il a cité des dossiers qu'il aura l'obligeance de me
référer, s'il le veut bien, afin que nous ayons la
possibilité de connaître s'il se produit des abus et, s'il y a des
abus, que nous puissions y remédier.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, j'aimerais dire, avant de
terminer sur ce sujet-là, que j'aurais voulu deux choses.
Premièrement, prouver que les optométristes étaient dans
une situation extrêmement intenable et, deuxièmement, que dans
l'intérêt général de la population soit au
point de vue économique, soit au point de vue de la qualité de
service le gouvernement avait tout avantage, dans l'intérêt
commun, à faire appel aux services des optométristes. Et si le
gouvernement est réellement décidé à ne pas se
servir des optométristes, je crois qu'il devrait avoir
l'honnêteté de le dire, et de le dire publiquement, de
façon qu'on n'entraîne pas des jeunes à étudier et
à s'aventurer dans une profession sans avenir. Je voulais aussi faire
ressortir, vu qu'on avait moins investi, au point de vue des études,
dans la formation des optométristes, parce que leur
responsabilité, au point de vue du citoyen, est dans un champ
d'activité beaucoup plus spécifique, que juste le fait de faire
faire le même travail par un opthalmologiste qui pourrait faire autre
chose et dans lequel on a investi beaucoup
plus, rien que par ce fait, c'est un coût exagéré
pour la population et pour le public.
M. BOIVIN: Je voudrais faire remarquer au député qu'il y a
eu un effort extraordinaire de fait au gouvernement. Dès décembre
1967, on a formé un comité au ministère de la
Santé; il y avait deux opthalmologistes et deux optométristes qui
devaient faire une étude, faire rapport et des recommandations au
ministère de la Santé. Ce comité-là a
été dissous, il n'y a pas eu d'entente, malgré que les
optométristes eussent envoyé des lettres, acceptassent de venir
à cette chose-là; ils se sont réunis une fois à
peine et cela a été dissous. Le 20 décembre 1968, nous
avons passé un arrêté en conseil pour créer une
commission d'étude relative aux optométristes. Vous avez
mentionné tout à l'heure que l'honorable Johnson était
très favorable aux optométristes, c'est vrai, cet
arrêté en conseil a été passé. Cela n'a pas
eu de succès, on ne s'est pas réuni. Le 19 mars 1969, nous avons
passé un autre arrêté en conseil je vais vous donner
les numéros: 4105, le 20 décembre 1968; 740, le 19 mars 1969
concernant la création d'une commission d'étude relative
aux optométristes. Alors, les optométristes n'acceptaient pas cet
arrêté en conseil, cela n'allait pas encore selon leurs
désirs. Vous avez dit que le dialogue était nécessaire,
bien sûr, mais nous ne sommes pas capables de les réunir pour les
faire dialoguer. Le 28 mars 1969, corrigeant l'autre arrêté en
conseil à la demande des optométristes, nous avons passé
encore un arrêté en conseil, 976; les optométristes ont
encore refusé de fonctionner. Nous avons préparé un autre
arrêté en conseil. Maintenant, le Juge que nous avions
demandé, je ne vous lis pas tous les arrêtés en conseil,
vous pourrez les sortir, 976, 740, 4105. Alors, c'est tout ce que le
gouvernement a fait pour essayer de rapprocher...
Tout à l'heure vous m'avez fait des reproches sur la
séance de cet après-midi, et je vous dis que nous avons des
efforts extraordinaires. Je ne nie pas que les optométristes n'aient
leur place, comme ouvriers de la santé, de la même façon
que les médecins, peut-être pas de la même façon que
les ophtalmologistes, mais je ne nie pas leur utilité. Nous ne sommes
pas capables de former assez d'op-tométristes, d'ici 25 ans, pour
répondre à la demande. Il y a une place. Mais est-ce que nous
allons défendre aux ophtalmologistes de faire des examens de la vue?
Vous niez leur compétence, vous nous avez dit tout à
l'heure que vous faites plus d'études que les ophtalmologistes. Les
ophtalmologis- tes font tout de même cinq ans d'études
universitaires et quatre ans de spécialisation. Maintenant, je ne peux
pas vérifier s'ils ne sont pas aussi compétents qu'un
optométris-te et, même s'ils ne le sont pas, nous ne pouvons pas
les empêcher d'en faire, il me semble.
Vous avez raison quand vous dites que cela prend moins de temps à
faire un optométriste qu'un ophtalmologiste et que cela peut être
plus utile à la société. Je vous l'ai dit, c'est pour cela
l'arrêté en conseil 2624. Nous voulons essayer de mettre de la
coordination dans les ouvriers auxiliaires de la santé. Mais vous
étiez capables de vous rencontrer, les optométristes et les
ophtalmologistes, et de vous parler les yeux dans les yeux. Le gouvernement a
passé trois arrêtés en conseil spécialement pour les
ophtalmologistes et les optométristes. Il a passé l'autre
arrêté en conseil, 2624, pour essayer de vous rapprocher encore.
Alors, nous allons continuer de faire des efforts au gouvernement, mais
tâchez de faire des efforts, les optométristes, pour être
capables de parler aux ophtalmologistes.
Encore une fois, je ne nie pas que les optométristes ne posent
pas des actes professionnels. Mais les ophtalmologistes posent des actes
médicaux. Il y a moyen de vous entendre, les deux professions, et il y a
de la place pour les deux professions. Vous n'avez pas dit seulement des
faussetés, vous avez dit des choses que j'approuve. Si les
ophtalmologistes sont versés en chirurgie, c'est peut-être 100
fois vrai que les actes professionnels que vous posez pourront leur rendre des
services énormes, des services à l'ophtalmologie et surtout aux
malades.
M. HOUDE: C'est important!
M. BOIVXN: Je n'ai pas de préjugés et le gouvernement
actuel n'a pas de préjugés et, il me semble qu'on a fait l'effort
pour essayer de vous rapprocher l'un de l'autre. C'est tout cela qui nous donne
raison dans l'arrêté en conseil 2624. Nous sommes allés
chercher le problème plus haut, en allant le chercher aux
universités, au ministère de l'Education, le ministère de
la Santé, les hôpitaux et les médecins, le collège
des médecins.
Nous irons essayer encore de repêcher toutes ces professions et de
les entendre.
C'est ce que j'avais à dire. Je n'ai rien à dire contre
les optométristes. Et j'en ai reçus, des optométristes,
à part cela. J'ai reçu le Collège des optométristes
et quand je le recevais, je recevais un télégramme du syn-
dicat qui ne s'entendait pas avec le collège. Et pas seulement
une fois, j'ai de la correspondance qui pourrait le prouver.
Alors, il faudrait que le Collège des optométristes
s'entende et qu'il s'entende aussi avec son syndicat. Et ensuite, qu'il tente
un rapprochement entre le Collège des médecins et le
Collège des optométristes et que les syndicats aussi se
rapprochent et qu'ils coordonnent leur travail.
Si nous n'avions pas confiance en la profession d'optométrie,
nous ne ferions pas tant d'efforts dans le gouvernement actuel. Je dois vous
dire et je dois vous souligner que, même si je suis médecin,
l'honorable Johnson nous a sensibilisés à cette profession. C'est
pour cela que nous avons travaillé pour essayer de vous rapprocher l'un
de l'autre. Sans succès.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, premièrement, je ne
voudrais pas revenir sur le débat précédent mais, pour
clore cette première partie du débat, j'aimerais dire au ministre
que je lui transmettrai tous mes dossiers et j'en ai même d'autres au
bureau que je pourrai lui transmettre. Il pourra faire les enquêtes qu'il
jugera à propos.
Pour parler à M. le ministre d'Etat attaché à la
Santé, pour lui répondre, je lui dirai premièrement qu'il
ne m'est jamais venu à l'esprit que les ophtalmologistes doivent perdre
le droit de faire des examens visuels.
Nous l'avons toujours fait en libre concurrence comme je le disais
auparavant, nous avons toujours, dans un contexte de libre entreprise, pu vivre
et vivre honorablement et je n'ai jamais assez dit ou laissé entendre
que les médecins optalmologistes n'avaient pas plus de scolarité
et d'études que les optométristes. Je l'ai même fait
ressortir pour prouver que cela coûterait moins cher pour la population
et le gouvernement de faire appel aux optométristes relativement aux
examens visuels que de faire appel aux ophtalmologistes toujours dans un
système de libre choix et de libre concurrence. Mais, j'ai assez dit que
si nous n'avions pas autant de scolarité, c'est que nous étions
beaucoup plus spécialisés dans un champ d'activité
donnée et qu'il était inutile de faire des études plus
vastes du moins dans les connaissances scientifiques actuelles, pour atteindre
toujours le même but.
Puisqu'on a bien voulu parler, M. le Président, et longuement sur
la collaboration que le gouvernement veut bien apporter à la solution de
ce problème, je dirai premièrement et le ministre
attaché à la Santé le sait bien que feu l'honorable
Johnson avait promis qu'il formerait un comité dont le mandat
consisterait à étudier les modalités permettant aux
assistés sociaux de se prévaloir des services des
optométristes...
M. BOIVIN: Arrêté 4105...
M. SAINT-GERMAIN: ... et je dis bien que ce comité n'avait pas
pour but de discuter ou d'étudier le principe, mais que le principe
était accepté, que le but du comité était
d'étudier le moyen d'intégrer les optométristes au plan
d'assistance médicale.
M. BOIVIN: Arrêté...
M. SAINT-GERMAIN: Et cet engagement-là a été pris
le 14 juin 1968. J'ai ici des extraits du journal des Débats qui
confirment ce que j'avance. Je vois ici entre autres par exemple que le
ministre de la Santé déclarait à cette époque:
« Hier, par le ministre d'Etat, le député de Dubuc, lors
d'une rencontre avec les optométristes, à l'effet que le
gouvernement mettait sur pied un comité pour étudier les
modalités selon lesquelles les professionnels de la vue qui sont les
optométristes pourraient dispenser leurs soins aux assistés
sociaux... »
M. BOIVIN: Bien oui, ce sont les arrêtés qui ont suivi
ensuite et on n'a pas été capable...
M. SAINT-GERMAIN: Je lis encore ici une déclaration de
l'honorable ministre qui dit : « En ce qui concerne les soins, je viens
de mentionner une étape particulière que le gouvernement a
l'intention de franchir. En effet, il a posé un geste concret en
demandant à un comité ad hoc d'étudier les
modalités d'extension du régime de ces soins qui sont
dispensés par une autre catégorie de professionnels dans le
domaine de la vue, les optométristes. »
Et on parle toujours d'extension, de modalités d'extension. Il
est évident qu'on en accepte dès lors le principe. Je cite
toujours le ministre de la Santé: « En ce qui concerne le paiement
des soins une autre mesure dont j'ai dit un mot cet après-midi,
faisant allusion à la déclaration du ministre d'Etat hier devant
les optométristes nous avons l'intention, à la suite du
rapport de ce comité spécial ad hoc formé, (ce rapport
sera présenté dans trois mois), de permettre aux
optométristes de bénéficier des mêmes avantages que
les médecins spécialistes et les médecins omnipraticiens
en ce qui concerne les soins de la vue ».
Mais ce qui arrive, c'est que ce comité n'a jamais fait rapport
et n'a jamais siégé.
M. BOIVIN: Mais non! On n'a jamais été capable de les
faire siéger. Trois arrêtés en conseil et on n'a jamais
été capable de les faire siéger. Je vous l'ai dit.
M. SAINT-GERMAIN. Il n'a jamais été convoqué.
M. BOIVIN: Arrêté 4105.
M. SAINT-GERMAIN: Les optométristes n'ont jamais
été convoqués.
M. BOIVIN: II a été convoqué et les
optométristes...
M. SAINT-GERMAIN: Ils n'ont jamais été
convoqués.
M. BOIVIN: Ils ont refusé tout simplement.
M. SAINT-GERMAIN: Je parle de ce comité ad hoc Est-ce qu'on peut
me trouver un document où les optométristes vous disent qu'ils
refusent de faire partie ou d'envoyer un représentant à ce
comité?
M. BOIVIN: Je vous l'ai dit tout à l'heure...
M. SAINT-GERMAIN: Ils n'ont jamais été
convoqués...
M. BOIVIN: En décembre 1967, ils ont été
convoqués au ministère de la Santé. Ils ont refusé
de venir. Ce comité a siégé, une fois, deux fois...
M. SAINT-GERMAIN: Ecoutez, ne mêlons pas les cartes. Je vous parle
de la question des modalités d'intégrer les services
optométriques dans l'assistance-santé. C'est de ça qu'on
parle. Ce comité promis n'a jamais été convoqué,
n'a jamais siégé et n'a jamais fait rapport.
M. BOUSQUET: Est-ce qu'au préalable ça n'aurait pas
été préférable que les ophtalmologistes et les
optométristes s'entendent? Comme préalable à la
réunion de ce comité ad hoc.
M. SAINT-GERMAIN: Qui est-ce qui mène, est-ce les
ophtalmologistes ou le ministère de la Santé? Qui est le patron?
Est-ce que les optométristes vont être obligés de demander
aux ophtalmologistes quelles sont les modalités d'application, comment,
dans quelles conditions nous voulez-vous? C'est ça?
M. BOUSQUET: Verriez-vous la possibilité de trouver un terrain
d'entente entre les deux ou si le gouvernement doit nécessairement
légiférer?
M. SAINT-GERMAIN. Il ne faut pas déplacer la question. Qui est le
patron?
M. BOUSQUET: En définitive, le gouvernement...
M. SAINT-GERMAIN: A qui doit-on faire appel pour que les
optométristes fassent partie de l'assistance-médicale? Aux
ophtalmologistes ou au gouvernement?
M. BOIVIN: Le juge André Fabien, président du
comité, écrit le 21 novembre 1968...
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, là, Je m'oppose.
M. BOIVIN: Le collège des optométristes
représenté par son président se désintéresse
de ce comité auquel il ne désire pas participer.
M. SAINT-GERMAIN: Ah, oui! mais là vous... M. BOIVIN: Il ne songe
pas à participer.
M. SAINT-GERMAIN: Là vous changez de comité. Je vous parle
de ce comité du 14 juin 1968. C'est celui-là, ne mêlons pas
les cartes. Il y en a eu cinq comités de formés.
M. CLOUTIER: M. le Président, je me vois obligé de lire
une lettre du président du comité: le juge André Fabien,
adressée au sous-ministre Jacques Gélinas, le 21 novembre 1968.
« M. le sous-ministre, à la suite du mandat reçu par
l'honorable ministre de la Santé, j'ai fait le nécessaire pour
que le comité d'étude entreprenne les travaux qui lui avaient
été assignés. Malheureusement je me butte à des
difficultés. En effet, le Collège des optométristes,
représenté par son président, M. Pierre Cre-vier, se
désintéresse de ce comité auquel il ne désire pas
participer. Quant à moi je suis toujours désireux de commencer
les travaux de ce comité d'étude mais, dans les circonstances
actuelles, il est à peu près impossible d'y donner suite.
Veuillez agréer, M. le sous-ministre, l'expression de mes meilleurs
sentiments. »
Alors pour ne pas éterniser la discussion, je pense que,
jusqu'à présent, les deux groupes, M. le Président
Je pèse bien mes mots n'ont peut-être pas fait tous les
efforts voulus, n'ont peut-être pas montré toute la bonne
volonté désirable en pareille circonstance pour trouver des
terrains d'entente. Nous avons passé des arrêtés en
conseil, plusieurs arrêtés en conseil, je ne dis pas que tous les
arrêtés en conseil ont répondu aux désirs des
groupes professionnels. Nous avons tenté de les modifier pour
tâcher de trouver un terrain acceptable, du moins pour créer un
climat favorable à des discussions. Je pense que le gouvernement a
démontré, jusqu'à présent, par la passation des
arrêtés en conseil à plusieurs reprises, par les
invitations qu'il a faites, qu'il était désireux que ces deux
groupes professionnels trouvent un terrain d'entente. Je crois qu'il ne
servirait à rien, à ce moment-ci, de renvoyer la balle au
ministère de la Santé en disant que: Nous n'avons pas
essayé de favoriser la rencontre entre ces groupes. Ce n'est pas exact.
Nous avons pris les moyens pour que ces rencontres aient lieu, et elles n'ont
pas donné les fruits que nous aurions espérés. Nous allons
continuer de tenter de rapprocher ces deux groupes et je crois que le dernier
arrêté en conseil que nous avons adopté, créant un
comité qui doit étudier les modalités de l'instauration
d'un régime d'assistance médicale pour les optométristes,
est satisfaisant et que maintenant la parole est aux groupes qui devront
démontrer qu'ils désirent s'entendre.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, je crois qu'on mêle un
peu les questions. J'ai bien mentionné que le premier comité ad
hoc, formé le 14 juin 1968, à la suite des promesses faites par
le ministre de la Santé et par le minisfre d'Etat à la
Santé, son mandat était d'étudier les modalités
telles quelles.
M. LAFRANCE: Telles quelles.
M. SAINT-GERMAIN: Cela, c'était le 14 juin 1968. Il n'y avait pas
d'arrêté en conseil. C'était un comité ad hoc du
ministère...
M. BOIVIN: Avec tous les comités que nous avons formés,
nous n'avons jamais réussi mieux qu'avec les arrêtés en
conseil.
M. SAINT-GERMAIN: Comment cela se fait-il que ce premier comité
n'ait pas siégé? Et, qu'il n'ait jamais été
convoqué?
M. BOUSQUET: Est-ce que vous admettriez l'utilité d'une entente
préalable entre les opthtal-mologistes et les optométristes?
Avant?
M. SAINT-GERMAIN: Ici, il n'y a pas d'entente préalable, comme
vous le dites si bien, cela veut dire que les optométristes ne seront
jamais acceptés à l'assurance-santé. C'est cela qu'il faut
déduire. Alors je dis, pour revenir au premier comité, que le
comité avait un mandat bien spécifique qui consistait à
étudier les modalités permettant aux assistés sociaux de
se prévaloir des services optométriques. C'était cela le
mandat du comité. Ce comité n'a jamais siégé et n'a
jamais été convoqué. Les optométristes n'en ont
jamais su le pourquoi.
M. GOLDBLOOM: Peut-être que je pourrai, en quelques mots, chercher
à résumer le problème.
Je pense qu'il y a le passé, le présent et l'avenir.
M. BOUSQUET: C'est de la haute philosophie?
M. GOLDBLOOM: Oui, monsieur. Mais je reviens sur terre
immédiatement.
M. DEMERS: Ah bon! Très bien.
M. GOLDBLOOM: Quant au passé, si toutes les commissions ou
quelque organisme que ce soit, n'ont pas réussi à résoudre
le problème, je pense que nous n'avançons pas beaucoup vers une
solution, à en discuter davantage. Quant au présent, je pense que
le député de Jacques-Cartier a démontré avec
clarté un problème sérieux, celui de l'inefficacité
de certains dispensaires, certaines cliniques externes de nos hôpitaux.
Sur la foi des dossiers qu'il fournira au ministre, je crois qu'il y aura lieu
de faire une enquête pour savoir exactement ce qui se passe, ce qui s'est
passé dans ces cas d'espèce et ce qui se passe en
général en ce qui concerne les soins offerts à ceux qui se
présentent pour des problèmes visuels.
Je pense que, dans une grande ville, il y a un problème
particulier contre lequel nous ne pouvons presque rien, c'est-à-dire le
problème du malade qui se promène d'un hôpital à
l'autre. Chaque hôpital recevant un malade accepte une
responsabilité et est obligé donc de commencer du début,
de prendre l'histoire du cas, de faire une certaine enquête personnelle
pour savoir à quelle sorte de personne il a affaire ou à quel
niveau de notre société appartient cette personne, avant de
procéder.
Il est vrai que, dans certains cas, ces enquêtes sont
exagérées ou au moins, prennent trop de temps et donnent
l'impression au malade d'être plus importantes que l'examen
médical ou autre pour lequel il s'est présenté. Cela,
c'est vrai. Et, il y a lieu de raccourcir ces procédés dans
certains hôpitaux. Mais, il me semble aussi, en toute objectivité,
que dans une grande ville, il n'y a aucune protection contre le malade qui se
promène du cabinet de
consultation d'un médecin à celui d'un autre et, dans le
cas où les soins offerts par les optométristes seraient couverts,
il n'y aurait pas de protection contre le malade qui se promènerait du
bureau d'un optométriste à celui d'un autre.
Donc, cela est un problème des grandes villes et il en est un
assez épineux. Je suis obligé de différer
légèrement d'opinion avec mon collègue; je ne suis pas
scandalisé par le fait qu'un examen d'urine ou de sang ait
été fait; beaucoup de maladies se présentent sous forme de
troubles visuels, et l'hôpital ne se protège pas normalement et
suffisamment contre ces possibilités, si un examen
général, accompagné de certaines épreuves de
laboratoire, n'est pas fait.
Je crois que les ophtalmologistes prétendent qu'une forte
proportion des maladies visuelles, des cas de pathologie visuelle se
présentent au moyen d'une requête pour un examen de la vue; c'est
à ce moment-là que l'on trouve une pathologie. Donc, à
plus forte raison, on est obligé de faire un examen
général pour un inconnu qui se présente en se plaignant de
sa vue.
Mais, ayant dit tout cela, M. le Président, il reste l'avenir. Et
l'avenir doit réserver une place pour les optométristes qui
existent, qui jouent un rôle dans la société, qui jouent un
rôle important, si l'on tient compte du nombre d'examens visuels faits
chaque année par les optométristes. Si l'on tient compte en outre
de la proportion de ces examens faits par les optométristes, on trouve
que cette proportion est plus forte que pour les médecins. Je crois que
les optométristes ont parfaitement le droit de demander au gouvernement
de préciser le rôle que le gouvernement prévoit pour les
membres de leur profession à l'intérieur du régime
d'assurance-maladie qui entrera en vigueur, selon la promesse du gouvernement,
le 1er juillet 1970.
Donc, je crois qu'il y a des éléments très
importants qui sortent de toute cette discussion. Des enquêtes sont
nécessaires, des modifications devraient être apportées
à la conduite de certains de nos dispensaires et, enfin, des assurances
devraient être données et précisées aux
optométristes quant à leur rôle futur dans la
société et dans le cadre des soins de la santé.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, peut-être ai-je
été mal interprété; je n'ai pas voulu blâmer
en soi le médecin, parce qu'il avait fait un examen assez
élaboré. Là n'est pas ma question, tout le monde veut bien
que les gens aient les soins médicaux les plus appropriés. Ce qui
m'a plutôt scandalisé, c'est le fait qu'un médecin
ophtalmologiste, contre les lois de son collège, contre l'éthique
professionnelle, dirige ses patients vers un opticien d'ordonnance, il ne faut
pas s'en scandaliser. On sait qu'on a découvert dans certaines provinces
des relations très étroites: en Colombie anglaise, il y a eu un
scandale. Que le médecin voie à ce que son patient soit
dirigé vers un opticien d'ordonnance, en taxi payé je ne sais pas
par qui, mais non pas par le patient, un médecin qui agit de la sorte,
on peut prévoir des abus possibles dans un système
d'hospitalisation comme nous avons ou dans un système
d'assurance-santé.
Si le gouvernement n'a pas les moyens de se protéger contre de
tels abus, contre un médecin qui ne professe pas selon l'éthique
professionnelle reconnue c'est un manquement grave à
l'éthique professionnelle de faire ce qui a été
déclaré dans cette lettre-là c'est ça qui
m'a réellement scandalisé.
Un médecin, un ophtalmologiste qui est capable d'envoyer un
patient en taxi chez un opticien d'ordonnance, est capable de faire un examen
d'urine de plus.
UNE VOIX: C'est vrai.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Jacques-Cartier, la
commission a montré beaucoup de patience, mais surtout le
député de Notre-Dame-de-Grâce qui a demandé la
parole il y a déjà un bon moment.
M. SAINT-GERMAIN: Mais tout de même, M. le Président, je ne
veux pas insister, mais j'avais posé une question bien précise
sur le premier comité. J'avais demandé la raison pour laquelle ce
comité-là n'avait pas siégé. On ne m'a pas
répondu.
M. BOIVIN: On vous a répondu, on vous a dit qu'il y avait eu un
comité. Il y a eu une multitude de comités de
formés...
M. SAINT-GERMAIN: Ce comité-là a été promis
et il n'a jamais siégé et il n'a jamais fait rapport. Je demande
simplement pourquoi. Il devrait être facile de me répondre.
M. CLOUTIER: Le premier comité, M. le Président, n'a pas
siégé parce que les optométristes ont refusé la
première table sous prétexte que le mandat était trop
réduit.
M. SAINT-GERMAIN: Je m'excuse, mais je crois que le ministre est mal
informé.
M. DEMERS: Informez-le.
M. SAINT-GERMAIN: J'aimerais avoir le document.
M. CLOUTIER: J'ai lu la lettre de M. le juge Fabien, président du
comité...
M. SAINT-GERMAIN: Je m'excuse, je crois qu'on ne parle pas du même
comité, M. le Président. Ce n'est pas le juge Fabien qui
était président du comité que je viens de mentionner. Il
ne faut pas mêler les deux.
M. CLOUTIER: De quel comité veut parler le
député?
M. BOUSQUET: Est-ce que le comité dont vous parlez...
M. SAINT-GERMAIN: De toute façon, vous avez promis que ce
comité-là existerait. Cela a été le premier
comité avec le mandat que je vous décris qui a été
formé en bonne et due forme.
M. BOIVIN: Oui, avec...
M. SAINT-GERMAIN: Ce comité-là n'a jamais...
M. BOIVIN: ... le juge Fabien comme président?
M. SAINT-GERMAIN: Oui, oui, qui était président de ce
comité?
M. BOIVIN: Le juge Fabien. Le président du Collège des
médecins et le président du Collège des
optométristes ont refusé au juge Fabien de se réunir.
M. SAINT-GERMAIN: II n'y a pas de président qui a
été nommé. Ce n'est pas le juge Fabien. Le juge Fabien a
été nommé par...
M. BOIVIN: Vous voulez parler du comité...
M. SAINT-GERMAIN: ... dans un deuxième comité, c'est au
mois de septembre 1968.
M. BOIVIN: Oui, alors vous voulez parler...
M. SAINT-GERMAIN: Le comité qui a été formé
avec le juge Fabien comme président n'avait plus le même mandat.
C'est ça qui est la différence et là différence de
base.
M. BOUSQUET: Est-ce que le député de Jacques-Cartier
pourrait admettre que M. Johnson n'a pas dit, dans sa lettre, que comme
préalable, il ne demanderait pas une entente entre les
ophtalmologistes...
M. SAINT-GERMAIN: Jamais, il n'a jamais été question de
ça.
M. BOUSQUET: ... et les optométristes. Alors, M. Johnson ne l'a
pas promis, mais le fait de parler de modalités dont vous avez
parlé tout à l'heure, est-ce que ça exclut comme
préalable une rencontre ou une entente entre les ophtalmologistes et les
optométristes? Je crois que l'intervention du député de
D'Arcy-McGee et celle du député de Jacques-Cartier
démontrent l'utilité d'une entente entre les membres de ces deux
professions, je le crois.
M. BOIVIN: En décembre 1967,... M. BOUSQUET: Oui, il se peut
M. BOIVIN: ... il y a eu encore un comité au ministère de
la Santé qui demandait au Collège des optométristes et au
Collège des médecins de désigner deux représentants
deux représentants du Collège des médecins et deux
représentants du ministère afin de former un comité
pour étudier le niveau de compétence et des
responsabilités et faire des recommandations au ministère de la
Santé.
M. SAINT-GERMAIN: Cela n'avait rien à voir avec l'assistance
sociale.
M. BOIVIN: Elle a siégé encore deux fois, M. le
Président, il n'y a pas eu aucune recommandation.
M. SAINT-GERMAIN: Cela n'avait rien à voir. Ce premier
comité était supposé être formé du
représentant du président du Collège des médecins,
du représentant du Collège des optométristes et le
gouvernement était supposé nommer le président.
M. BOIVIN: Oui, le juge Fabien.
M. SAINT-GERMAIN: C'est ce que vous aviez promis aux
optométristes. Et c'est ce que feu le premier ministre avait promis et
c'est ce que le ministère de la Santé nous a promis...
M. BOIVIN: Les optométristes ont refusé.
M. SAINT-GERMAIN: Vous n'avez qu'à lire le journal des
Débats, je peux vous le lire si vous voulez. Il n'a pas
été formé. Le comité du juge Fabien a
été formé le 9 septembre.
M. CLOUTIER: De toute façon, M. le Pré-
sident, il y a eu plusieurs arrêtés en cnseil à la
demande même des optométristes, nous nous sommes pliés de
bonne grâce à des modifications de l'arrêté en
conseil, mais quel que soit le nombre de comités, quel que soit le
nombre d'arrêtés en conseil, il demeure un fait, c'est que nous
avons fait différentes tentatives pour rapprocher les
optométristes des ophtalmologistes, les amener à la même
table et c'est là que nous avons éprouvé de la
difficulté. Je n'essaie pas de départager les torts, de rejeter
le blâme sur une profession plutôt que sur l'autre. Je pense que
chacune des deux professions peut en prendre une partie, et ce serait
raisonnable.
Si je veux prendre l'argumentation du député de
D'Arcy-McGee, je crois que, pour l'avenir, laissons le passé; au
présent, il y a un comité, il y a un arrêté en
conseil, il y a un comité qui existe et, pour l'avenir, je souhaite que
ce comité-là puisse ramener à la table des
négociations ou ramener autour de la même table et les
optométristes et les ophtalmologistes; parce que, même si nous
prenons les dispositions pour rentrer la profession des optométristes
dans un régime d'assurance-maladie, s'il n'y pas au préalable des
choses réglées entre les deux professions, je ne crois pas qu'il
soit sage à ce moment-là de les entrer dans un régime
d'assurance-maladie sans que certaines choses n'aient été
éclaircies et sans que les deux professions n'aient fait preuve, l'une
à l'endroit de l'autre, d'une bonne volonté.
Nous sommes prêts à favoriser un mouvement comme cela et je
pense que nous ne pouvons pas demander plus au ministre de la Santé
à ce moment-ci, et il n'a pas de préjugé, n'étant
pas un professionnel de la santé, en faveur de l'une ou de l'autre
profession.
Je voudrais en toute objectivité favoriser ce rapprochement, je
n'ai pas l'impression que, même s'ils s'assoyaient autour de la
même table, ils règleraient tous les problèmes; mais
J'espère qu'en posant ce geste, ils démontreront, l'une et
l'autre professions, qu'ils veulent vivre en harmonie, qu'il y a de la place
dans le Québec pour les deux professions. Il y a des besoins que les
optométristes peuvent combler plus facilement que les ophtalmologistes
parce qu'ils sont mieux répartis sur le territoire du Québec; ils
sont plus près des populations qui sont éloignées des
grands centres, et c'est dans cet esprit-là que nous allons continuer,
M. le Président. Nous allons tâcher de les rapprocher et je serais
pour ma part très satisfait si, à brève
échéance, nous pouvions résoudre ce problème qui
dure depuis trop longtemps déjà.
Pour ma part, je considère l'intervention du député
de Jacques-Cartier comme une interven- tion par laquelle il a voulu
démontrer qu'il existe véritablement des problèmes. Je
retiens l'essentiel de son intervention et je lui demande de me transmettre les
dossiers auxquels il a fait allusion et qui démontrent certainement
qu'il y a de la place pour de l'amélioration non seulement à
l'intérieur de la profession, mais aussi à l'intérieur de
nos institutions hospitalières et cela, ce n'est pas une surprise pour
personne.
M. LE PRESIDENT: M. le député, quitte à revenir sur
le sujet avec l'assentiment des membres de la commission, je donnerais la
parole au député de Notre-Dame-de-Grâce qui l'a
demandée il y a fort longtemps.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, j'aimerais bien terminer,
c'est important. Je crois que nous n'avons pas eu, jusqu'ici, le portrait
réel de la situation.
Il est vrai que la commission qui a été formée et
présidée par le juge Fabien où devaient siéger un
représentant du Collège des médecins et des
optométristes n'a pas siégé, et c'est parce que le
collège a refusé. Mais, je tiens à faire remarquer au
ministre que si les optométristes ont refusé, c'est que le mandat
de la commission était tout autre que celui qui avait été
donné et qui avait été promis pour le premier
comité. Parce que le mandat du deuxième comité disait:
Comité d'étude sur les relations entre ophtalmologistes et
optométristes. Il n'était absolument plus question
d'intégrer les optométristes dans le système d'assistance
médicale, il s'agissait d'un comité d'étude sur les
relations entre ophtalmologistes et optométristes.
Dans ces conditions et j'aimerais bien oublier le passé,
mais dans le passé, cela a toujours été la même
chose les optométristes ont cru, et je crois qu'ils ont cru avec
droit, que si on avait changé le mandat du premier comité, c'est
que le ministère avait subi les pressions pas de la
majorité, même, des ophtalmologistes, parce que je crois que la
majorité des ophtalmologistes, comme la grande majorité des
optométristes, sont prêts à s'entendre mais il avait
subi des pressions de quelques ophtalmologistes qui avaient fait changer le
mandat du comité. A ce point de vue, ils se sont sentis traités
avec injustice et ils ont simplement pensé que c'était encore un
comité dilatoire pour faire retarder des décisions.
C'est la raison pour laquelle et je crois qu'ils ont bien fait
ils ont cru qu'on leur tendait un panneau et ils ont refusé de
siéger. Mais, on a aussi formé un troisième comité
où les opto-
métristes, eux, ont accepté et cela n'a pas plus
marché, par exemple. Cela n'a pas plus marché. Alors, les
optométristes n'ont pas refusé le premier comité qui avait
été promis comme le dit si bien le journal des Débats,
mais ils ont refusé de siéger au deuxième comité,
mais ils ont accepté de siéger au troisième
comité.
Mais ça n'a rien donné non plus. Ce troisième
comité Il 'a jamais siégé.
M. BOUSQUET: Peut-être que le député de
Jacques-Cartier admetrrait que le premier comité dont il parle n'a pas
été refusé, mais il était peut-être sage
qu'au préalable siège le deuxième comité.
M. SAINT-GERMAIN: Ah! Ce sont de belles paroles mielleuses. Cela fait
longtemps que l'on a appris à faire la grimace. Un chat
échaudé craint l'eau froide...
M. GAGNON; Le député de Jacques-Cartier admet qu'il ne
s'agit pas du problème du comité...
M. BOUSQUET: Je crois que le député de D'Arcy-McGee a
accepté en quelque sorte l'utilité d'un comité de cette
nature.
M. GOLDBLOOM: Le député de D'Arcy-McGee a
siégé...
M. TETLEY: Un instant, M. le Président, j'aimerais ajouter un
dernier mot, tout en étant le premier.
M. LE PRESIDENT: Je vous donne la parole.
M. TETLEY: J'en ai pour 30 secondes, si c'est possible pour le
député de D'Arcy-McGee parce qu'il m'a demandé 30
secondes.
M. GOLDBLOOM: J'ai siégé à plusieurs reprises
à une table où se trouvaient les ophtalmologistes et les
optométristes et j'ai cherché à contribuer à cette
entente que désire tout le monde autour de cette table.
M. GAGNON: C'est un problème qui existe depuis l'adoption de la
Loi de l'assistance médicale en 1964 et 1965.
M. TETLEY: Merci, M. le Président. Je crois que les parties se
sont répétées plusieurs fois. J'avais des questions, pas
d'ordre personnel du tout, mais au nom des contribuables. Et c'est au sujet de
l'administration et surtout du montant total de votre budget qui, je crois,
tombe au poste budgétaire numéro 1. Et, avec votre permission je
vais poser ces questions demain.
M. CLOUTIER: Demain. Alors, M. le Président, il est dix heures.
Nous sommes obligés d'ajourner ce soir, mais demain nous revenons
à dix heures trente, après la période des questions.
L'étude des crédits se continue et, à moins que tout ne se
termine demain midi, je ne sais pas si je fais preuve de trop
d'optimisme...
M. LAFRANCE: A une heure.
M. CLOUTIER: Nous siégeons jusqu'à une heure et, si
l'étude n'est pas terminée, lundi nous reviendrons: L'ordre des
travaux de la Chambre nous sera donné demain matin, mais je pense que
nous reviendrons à l'étude des crédits lundi
après-midi.
UNE VOIX; J'espère que nous y verrons plus clair!
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, j'aimerais bien prendre
quelques minutes demain pour finir, au sujet de ces comités. Je crois
qu'il y a en dessous de ça quelque chose que j'aimerais bien
définir et je crois que...
M. GAGNON: Votre collègue de gauche vient de dire qu'on se
répète.
M. SAINT-GERMAIN: On ne se répétera pas. On passera
à l'étude du 2e, du 3e, du 4e et du 5e comité.
Peut-être que le ministre pourra nous apporter demain les raisons...
M. GAGNON: II a failli me faire mourir!
M. SAINT-GERMAIN: ... comité par comité. Pour quelles
raisons ces comités n'ont-ils jamais fonctionné? Peut-être
serait-il bon de prendre 20 minutes et d'essayer d'être le plus court
possible. Je peuxpromettre ça au président, pour résoudre
une fois pour toutes ce problème et savoir ce qu'il y a dans le fond de
ces comités-là, de façon qu'on puisse travailler d'une
façon plus...
M. LE PRESIDENT: La séance est terminée. (Fin de la
séance: 21 h 59)
Séance du 23 mai 1969
(Onze heures quarante trois minutes)
M. GAUTHIER (Berthier) (président de la commission de la
Santé): A l'ordre, messieurs!
M. SAINT-GERMAIN: Alors, M. le Président, si on me le permet, je
ne voudrais pas abuser davantage du temps, mais je pourrais en parler
longuement. Pour expliquer la façon dont les professions auxiliaires de
la santé sont traitées actuellement, je pourrais en parler
pendant encore bien longtemps.
De toute façon, j'aimerais tout de même, en quelques
minutes, revenir sur la question des divers comités qui ont
été formés en vue de résoudre le problème,
dit-on. Comme je le disais hier, le premier comité n'a jamais
siégé et si le deuxième a été rejeté
par les optométristes. C'est que le mandat de ce comité avait
été profondément modifié car ce mandat était
celui d'une étude sur les relations entre ophtalmologistes et
optométristes. On a fait disparaître, tout à fait, de ce
mandat toutes relations directes avec l'assistance médicale. Le
troisième comité avait été accepté.
Malheureusement, il n'a jamais siégé. Les raisons sont
certainement connues du ministère et les quatrième et
cinquième comités ont été rejetés pour la
même raison que le deuxième. En plus, dans le cinquième
comité, qui est un comité en vue de résoudre les
problèmes optométriques, voilà que les
optométristes ont un seul représentant sur ce comité, un
seul porte-parole. Alors, je ne voudrais pas continuer là-dessus.
J'aimerais simplement dire, pour apporter un élément
positif, que la seule façon à mon avis de résoudre le
problème est de former un comité où seront
représentés la commission de l'assistance médicale et les
optométristes et de donner comme but du comité, le même
mandat que le premier. Vous allez trouver là la solution du
problème.
Les services des optométristes en Ontario, en Saskatchewan, en
Alberta et en Colombie-Britannique, sont acceptés au plan de
l'assurance-santé et c'est donc dire que déjà 67% des
Canadiens peuvent faire appel aux optométristes canadiens pour les
services optométriques.
Et dans ces provinces, le gouvernement, par une décision
d'autorité, a simplement décidé d'inclure des services
optométriques dans l'assurance-santé, et c'est déjà
chose faite. Je crois que l'acceptation des optométristes dans
l'assurance-santé ne doit absolument pas être basée sur les
relations, bonnes ou mauvaises, qui existent entre les deux professions. Si
l'assu- rance-santé au Québec allait être en vigueur dans
une semaine ou dans un mois et si les optométristes ne pouvaient pas
s'entendre avec les ophtalmologistes, est-ce que cela veut dire que les
optométristes seraient définitivement exclus de
l'assurance-santé? Je crois que c'estlares-ponsabilité du
gouvernement de dire si les optométristes doivent être inclus dans
l'assistance médicale et la future assurance-santé ou s'ils ne le
doivent pas.
Si le gouvernement décide de ne pas les accepter, je crois qu'il
devrait, en toute jutice pour la société, en toute justice pour
les jeunes étudiants, simplement faire disparaître la profession
et recycler dans un autre champ d'activité les optométristes. Le
problème, au niveau universitaire, a été résolu;
l'optométrie est maintenant un département universitaire. On
projette de l'inclure dans la future faculté des sciences de la
santé, on projette d'augmenter les études d'une autre
année. Pour ce faire, le gouvernement, comme il l'a fait dans le
passé, subventionnera l'université. Nous n'avons pas le droit
d'attirer les jeunes dans une profession et dépenser l'argent du public
pour former des jeunes et les intégrer dans une profession qui, en loi,
a le droit de vivre mais qu'en fait on ne laisse pas vivre.
Pour résumer, M. le Président, je dois dire que,
premièrement, dans un système de libre entreprise, les
optométristes ont prouvé qu'ils avaient la confiance de la
population et que leurs services étaient valables ; deuxièmement,
avec la politique gouvernementale actuelle, on place les optométristes
dans un contexte de concurrence où il leur est absolument impossible de
vivre; troisièmement, si le gouvernement veut inclure les
optométristes et leur donner un avenir, il n'a, comme je le disais bien,
qu'à prendre une décision d'autorité, qu'à former
un comité avec les représentants de la commission de l'assistance
médicale et les optométristes et qu'à donner comme mandat
à cette commission d'établir les modalités
d'intégration à l'assistance médicale.
Je crois qu'en ce faisant on diminuera énormément les
coûts des services visuels et que, dans ce contexte, les
optométristes pourront rendre des services à la population,
services que la population s'attend de recevoir de la profession.
Je veux terminer là-dessus et je veux tout de même attirer
l'attention du ministre sur les raisons qui ont fait que le premier
comité n'a pas siégé, et je veux rejoindre le
comité qui vient d'être formé où il y a quatre
médecins et un représentant de l'éducation. Je veux dire
que ce comité est dans la même tradition et
c'est de très mauvais augure au point de vue des professions
paramédicales, au point de vue des coûts et de l'efficacité
administrative de la future assurance-santé,
M. LE PRESIDENT: J'ai espéré tout autant que le
député de Jacques-Cartier que son long travail aura changé
l'optique du ministre.
M. CLOUTIER: M. le Président, une remarque seulement. Je ne veux
pas prolonger le débat. Cela fait déjà plusieurs minutes
que nous consacrons particulièrement à l'optométrle. Si le
député avait comme objectif d'attirer l'attention du ministre et
de la commission sur ces problèmes, il a réussi. Notre attention
a été retenue pendant un bon moment, mais je ne voudrais pas
reprendre les remarques que j'ai faites hier, sauf pour dire au
député que nous apporterons, comme nous l'avons fait dans le
passé, beaucoup d'attention à toutes les professions de la
santé, même si, pour cela, les difficultés ne sont pas
toutes aplanies. Je répète, en terminant sur cette question,
l'appel que j'ai fait hier aux deux groupes particulièrement
concernés, les ophtalmologistes et les optométristes, pour
faciliter la tâche du ministère de la santé à
trouver une solution dans ce champ pour ceux qui ont besoin de soins
visuels.
M. SAINT-GERMAIN: Une autre question, M. le Président. Si les
ophtalmologistes et les optométristes ne peuvent s'entendre, est-ce que
le ministère est prêt à prendre une décision
d'autorité?
M. CLOUTIER: Bien, ce qui arrive en pareille circonstance, M. le
Président, ce ne sera pas un précédent chez les
professions de la santé de ne pouvoir trouver seules une solution. Entre
autres, qu'on se rappelle la question des règlements des hôpitaux,
le ministère de la à an-té est intervenu, et je crois
qu'il y aura possibilité de trouver une solution.
Mais je pense que les deux professions sont encore capables de trouver
elles-mêmes une solution aux problèmes qui les divisent.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Président, je voudrais faire une
très courte intervention. Je connais un peu les problèmes, en
fait, qu'on retrouve actuellement entre l'optométrle, si vous voulez, et
différents secteurs de la santé, en particulier les
ministères de la Santé et du Bien-Etre social.
Je vous avouerai que la situation actuelle, en ce qui concerne cette
profession paramédicale de l'optométrie, n'est pas rose pour les
optométristes en tant que tels. Ces optométristes, je pense
qu'ils jouent un rôle dans la santé publique, dans les
régions éloignées et dans les centres urbains, et je ne
pense pas qu'actuellement on leur accorde cette participation qu'ils devraient
avoir en fait au niveau de la santé et au ministère en
particulier.
On a l'impression que ces professionnels, face à la santé,
à eux aussi on ferme les portes dans beaucoup de commissions et lors des
discussions, même pour des problèmes qui les concernent
personnellement. Et à titre de médecin, j'appuie un peu la
suggestion qu'a faite mon collègue de l'assemblée, M. le
député de Jacques-Cartier, en faveur d'un comité de
négociations qui comprendrait en fait des représentants de
l'assistance médicale ainsi que des représentants de
l'optométrie, parce qu'en fait il faut dire que c'est un problème
qui concerne l'optométrie. Mais sans faire régler des
problèmes de l'optométrie par des médecins, même si
la médecine est une science connexe, je ne pense pas que ce serait le
meilleur moyen d'arriver i des solutions pratiques qui aboutissent à
quelque chose. Actuellement, l'atmosphère est un peu viciée en ce
qui concerne les ophtalmologistes et les optométristes. D'un
côté, je pense qu'il y a du parti-pris aussi.
M. CLOUTIER: Est-ce que le député me permet une remarque?
Voici comment était formé le dernier comité proposé
le 28 mars 1969: « Que ce comité soit formé des personnes
suivantes: M. le juge André Fabien, président de la commission,
le docteur Gingras, président du Collège des médecins, M.
Pierre Crevier, président du Collège des optométristes, M.
Gilles-D. Bergeron sous ministre, membre de la commission de l'assistance
médicale, M. Godfrey Gourdeau, comptable, membre de la commission de
l'assistance médicale, le docteur Bergeron, vice-doyen de la
faculté de médecine de l'université Laval. »
Alors, je pense qu'il y a là des représentants du
Collège des optométristes, il y a des représentants de la
commission de l'assistance médicale et ils ne sont pas des
médecins. Il y a un administrateur, il y a un comptable, il y a le
Collège des médecins, il y a un juge et le vice-doyen de la
faculté de médecine. Je pense qu'il y a là un
comité représentatif, et assez bien équilibré quant
aux disciplines et aux professions qui y sont représentées. Je
crois qu'avec un instrument de travail comme celui-là, nous sommes
capables de trouver une solution aux problèmes soulevés.
M. TREMBLAY (Montmorency): Je con-
viens que la composition de cette commission est excellente, mais en
fait l'expérience parlementaire que nous avons de toutes ces commissions
qui sont crées dans différents domaines, nous avons parfois
l'impression que c'est pour retarder les solutions aux problèmes
existants plutôt que pour activer des solutions possibles. Est-ce que
cette commission va siéger suffisamment souvent et est-ce que des
délais raisonnables ont été donnés à cette
commission pour produire des solutions à ce problème qui existe
entre l'optométriste et l'ophtalmologiste en particulier? Est-ce que le
mandat de cette commission s'étend? Est-ce que c'est une commission
permanente? Et est-ce que le mandat de cette commission s'étend sur une
période indéfinie de temps?
M. CLOUTIER: Il est ordonné en conséquence sous la
proposition du ministre de la Santé qu'une commission soit formée
dont le mandat sera d'étudier tous les aspects et tous les
problèmes que soulève la dispensation des services visuels au
Québec.
M. SAINT-GERMAIN: Bien voilà, M. le Président, les
modalités.
M. CLOUTIER: Que la commission fasse rapport d'ici trois mois, cela est
le 28 mars 1969. Trois mois cela nous conduit, juin. Je pense que trois mois
c'est un délai raisonnable, pour des hommes qui veulent trouver des
solutions aux problèmes. En juin 1969, nous aurions été en
possession d'un rapport produit par cette commission et je crois que cela
aurait été la solution des problèmes.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Ministre, est-ce que vous pourriez me
faire parvenir la documentation...
M. CLOUTIER: Certainement.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, je vous dis que je ne tiens
absolument pas à continuer le débat Mais justement M. le ministre
a surtout attaché de l'importance aux membres de la commission, mais le
mandat de la commission... Que dit le mandat de la commission? C'est
pratiquement une commission d'enquête comme on a fait pour les
chiropraticiens, par exemple. Pour quelle raison l'optométrie
laisserait-elle une commission étudier son comportement lorsqu'elle a sa
corporation et sa loi bien définies et bien ordonnées. C'est une
enquête générale sur les problèmes de
l'optomé- trie. Mais pourquoi faire une enquête
générale?
M. CLOUTIER: Je ne voudrais pas interrompre le député,
mais est-ce que les soins que dispensent les ophtalmologistes et les
optomé-tristes ne s'appliquent pas, en grande partie, à la
même clientèle? Est-ce qu'ils s'occupent pas chacun un champ bien
précis dans le domaine de la santé et où ces deux groupes
de professionnels se rencontrent chez les mêmes patients?
M. SAINT-GERMAIN: Certainement. M. CLOUTIER: Ne serait-il pas
utile...
M. SAINT-GERMAIN: Pas chez les mêmes patients
nécessairement, absolument pas.
M. CLOUTIER: Je ne suis pas médecin, mais il m'apparaît
évident que cette étape d'une table ronde avant l'entrée
des optométristes dans les régimes d'assistance médicale
ou d'assurance-maladie, cela me paraît une étape normale, une
discussion de trois mois, un mandat de trois mois a été
confié à la commission. Cela me paraît une demande logique
et raisonnable pour résoudre certains problèmes qui divisent ou
qui empêchent ces deux professions de s'entendre sur les principes de
base.
Je reviens encore une fois à l'affirmation que j'ai faite.
J'espère que les deux professions concernées voudront collaborer
pour résoudre les problèmes, et, ensuite, cela nous permettra de
faire des pas de plus en répondant favorablement aux demandes des
optométristes.
M. SAINT-GERMAIN: II faut tout de même admettre que les
optométristes n'ont pas passé par toutes ces commissions, et
toutes ces études n'ont pas été faites dans les autres
provinces où les autorités en sont arrivées au but
direct.
C'est une profession, les optométristes, ils ont une corporation
et ils ont une loi, ils ont des responsabilités et des droits bien
définis. Pourquoi recommencer pas une commission en vue de
l'intégration des optométristes dans l'assistance
médicale? Pourquoi reprendre le problème à sa base?
M. CLOUTIER: Je dirai au député de Jacques-Cartier:
Pourquoi ne pas faire un essai loyal de cette formule? Il y a une limite de
trois mois; cela ne me paraît pas exagéré. Et s'il n'y a
absolument pas possibilité d'entente, là le gouvernement
interviendra à ce moment-là pour
prendre ses responsabilités et offrir une solution.
Mais je veux dire au député que pour résoudre, pour
régler la difficulté qui s'était présentée
aux unités sanitaires, nous avions fait, à ce moment-là,
des tables rondes.
Et je veux souligner de façon particulière le travail du
ministre d'Etat, le député de Dubuc, qui a reçu, à
de nombreuses nombreuses reprises, tous les groupes d'optométristes; il
a consacré de nombreuses heures à ce problèmes. Avec nos
fonctionnaires, il a apporté beaucoup de temps à la
rédaction et à la préparation de ces arrêtés
en conseil; il a eu des rencontres, des discussions avec des groupes
d'optométristes, des discussions avec des ophtalmologistes, et il a
essayé depuis de nombreux mois de faciliter le règlement de ces
problèmes.
Mais dès la première table ronde qui a eu lieu entre les
ophtalmologistes et les optométrlstes d'ailleurs, il n'y a pas eu
d'autres réunions, c'est la seule fois où ils se soient assis
à la même table on n'a pas poursuivi les pourparlers. On
peut nous dire que le mandat est large, mais qu'on nous en fasse la preuve par
une discussion ou un début de discussion, qu'on nous en fasse la preuve
à une table de négociations ou à une table de discussions.
Si nous constatons que ce mandat est trop large et qu'il n'y a pas
possibilité pour ces groupes de s'entendre, eh bien, le gouvernement
imposera une solution à ce moment. Mais il répugne au ministre de
la Santé et à ses collaborateurs d'Imposer des solutions à
des groupes qui s'intitulent des professionnels. Je pense qu'ils devraient
être assez bien formés et assez conscients de leurs
responsabilités pour trouver eux-mêmes des solutions, même
si les problèmes sont difficiles.
M. SAINT-GERMAIN: De toute façon, les optométristes
pourront prendre connaissance du journal des Débats. Nous avons pris
connaissance du journal des Débats de l'an dernier et les choses ne se
sont pas déroulées telles que dites, parce que le comité
qu'on nous avait promis n'a jamais siégé. Lorsqu'on l'a
modifié, on a changé les buts du comité. Enfin, puisque
nous en sommes rendus là, comme je le disais, les optométristes
pourront prendre connaissance des faits et juger s'il y a lieu de poursuivre
les discussions.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Notre-Dame-de-Grâce a montré beaucoup de patience en attendant son
privilège de prendre la parole.
M. TETLEY: Merci, M. le Président. J'espère que les
débats sur la question des voeux sont terminés, parce que je
voudrais soulever, comme Je l'ai dit hier soir, des questions d'ordre
général et surtout au sujet de votre budget, M. le Ministre, qui
est de presque $700 millions, soit $696,096,900, somme énorme. Ma
première question: Avez-vous des prévisions pour l'an prochain?
Par exemple, l'an dernier le budget était de l'ordre de $643 millions;
cette année, $696 millions. Avez-vous des prévisions pour l'an
prochain?
M. CLOUTER: Le député veut dire pour l'exercice 70/71?
M. TETLEY: Oui.
M. CLOUTIER: Nous faisons, au ministère, des projections pour les
années qui suivent immédiatement celle que nous étudions.
Il est normal que, dans ces projections, nous examinions surtout les postes
importants des dépenses du ministère de la Santé. Les
postes qui retiennent davantage notre attention sont:
l'assurance-hospitalisation, qui prend cette année $506 millions sur
$696 millions, le poste des maladies mentales qui demande $93 millions sur le
total. Nous avons là $600 millions environ qui sont consacrés
à ces deux postes sur un total de $696 millions.
Et nous savons que dans l'assurance-hospitalisation, en particulier, et
dans le traitement des maladies mentales, la majorité de ces
dépenses, pour ne pas dire la totalité est consacrée aux
institutions hospitalières, soit dans le domaine général
soit dans le domaine psychiatrique.
A même ces sommes consacrées aux hôpitaux, la
majorité des dépenses, je vous avancerai qu'un chiffre de 75% est
constitué par des salaires. Nous savons que les conventions collectives
sont négociées pour... La dernière convention
négociée prenait effet le 1er juillet 1966 et s'est
terminée le 1er juillet 1968; donc elle couvrait une période de
deux ans. La convention qui est présentement en négociation
couvre une période de trois ans. Donc, nous pouvons dire que nous avons
une bonne projection au ministère de la Santé par les salaires
qui sont négociés dans la convention collective, nous avons une
bonne projection sur les coûts des trois années à venir y
compris l'année en cours. Ceci représente 75% du budget de
l'assurance-hospitalisation et du poste des maladies mentales. Quant aux autres
coûts, la différence de 25%, ils suivent l'augmentation normale
des
coûts tenant compte de l'augmentation du coût des services
dans les institutions.
M. TETLEY: M. le Ministre, avez-vous un chiffre pour l'année
1970-71, approximativement pour le budget global de votre ministère?
M. CLOUT1ER: Nous n'avons qu'à prendre l'augmentation des
traitements, l'augmentation statutaire comprise dans la convention collective,
et ceci représente 75% du coût global de la dépense, et
l'augmentation du coût des services.
M. TETLEY: Je comprends.
M. CLOUTIER: Ce que Je voudrais expliquer au député c'est
qu'une partie de cette augmentation est presque automatique et qu'on la
connaît à ce moment-ci parce qu'elle est négociée
à l'intérieur d'une convention collective. A partir du moment
où la convention collective est signée, nous ne sommes plus
maîtres de cette augmentation. Nous la connaissons, elle est automatique
pour l'année suivante.
M. TETLEY: Oui. Si je comprends bien la réponse de l'honorable
ministre, il est facile de calculer à peu près au moins 75% du
budget pour l'année prochaine, etc.
La raison pour laquelle je soulève la question, c'est parce que
le budget total de notre province a subi une augmentation de 13% à 14%,
et votre ministère, je l'ai calculé, cela ferait 8.2%. C'est
très important, depuis deux ou trois ans d'inflation, que les
dépenses n'augmentent pas. Je crois que le seul moyen est le
système qu'emploie la province d'Ontario pour éviter des
augmentations. Cette province prépare des plans non pas à
l'année ou pour deux ou trois ans, mais des plans quinquennaux. Le
gouvernement fédéral l'a fait et a subi tout simplement une
augmentation de son budget global de 9.5%; l'Ontario l'a fait pour la
première fois cette année, et elle a subi tout simplement une
augmentation de 7.5%. Je voudrais signaler que le trésorier de la
province d'Ontario, dans son discours du budget il n'y a pas de ministre
des Finances en Ontario, c'est un trésorier, un M. McNaughton,
merci au député de Baldwin du renseignement M. MacNaughton
a expliqué comment l'Ontario avait coupé ses dépenses.
Je voudrais lire deux phrases de son discours du budget, à la
page 1804, en date du 4 mars 1969: « To achieve our prime objective of
containing expenditures growth, we have undertaken the most extensive and
intensive examinations of expenditures program, in the history of this
Province.
As a first stage, all departments and agencies were instructed to
prepare detailed expenditure forecasts for the Five-Year period 68/69 to 72/73.
» Et le résultat, à la page 1805: « I would like to
point out that our achievement in holding expenditures to a 7.5% increase for
69/70 is considerably better than the Federal Government's record of 9.5%
».
Je crois que c'est le seul moyen. Autrement, s'il n'y a pas de plan
quinquennal, vous aurez peut-être un hôpital et pas d'argent pour
les soins des opticiens, ou ceux des médecins ou ceux des
optométristes même.
Par exemple, je note qu'au poste budgétaire 13, vous avez
coupé cette année: subventions pour construction d'hôpitaux
et pour autres fins, de $29,600,000 elles ont été réduites
à $28 millions. Une telle réduction aux subventions pour
construction d'hôpitaux peut être très grave s'il n'y a pas
de prévisions exactes pour les années à venir en vertu de
la population et du budget. C'est un commentaire que je voudrais faire, M. le
Ministre, même si je ne suis pas un spécialiste, c'est une
suggestion. Peut-être que l'Ontario et le gouvernement
fédéral dans ce domaine des plans quinquennaux ont un programme
ou une pratique que le Québec doit au moins étudier.
M. CLOUTIER: Je crois bien que le plan quinquennal auquel
réfère le député, plan quinquennal en Ontario et au
gouvernement fédéral, est établi pour tout le
gouvernement. Je crois que c'est ce qu'a voulu dire le
député.
M. TETLEY: Imposé par le ministre des Finances.
M. CLOUTIER: Non pas seulement pour le ministère de la
Santé, mais pour tout le gouvernement.
M. TETLEY: Pour tout le gouvernement.
M. CLOUTIER: Bon! Disons que du côté de Québec,
je ne voudrais pas interpréter ici la politique du
ministère des Finances, je ne voudrais pas non plus m'ingérer
dans la programmation budgétaire du ministère des Finances,
j'ai constaté au cours de mon travail avec eux que de plus en
plus ici aussi au Québec, ceux qui ont la responsabilité de
préparer le budget de la province doivent faire des projections dans
l'avenir. Il est normal que l'on prenne des périodes de cinq ans.
En ce qui concerne le ministère de la Santé
j'y reviendrai quand ce sera le ministère de la Famille
nous aussi, avec la partie importante du budget qui est consacrée
aux salaires, J'ai dit tout à l'heure que ça représentait
une grosse partie des $600 millions, soit 75%. Donc $450 millions sur $600
millions consacrés aux hôpitaux sont des salaires.
Alors déjà nous avons là une projection de trois
ans. Il nous est possible, je pense bien, de faire aussi une projection
additionnelle, pas nous seuls au ministère de la Santé, mais en
collaboration avec le ministère de la Fonction publique et en
collaboration avec le ministère des Finances qui établissent la
politique salariale et la politique de rémunération du
gouvernement, et d'aller même au-delà des périodes des
conventions collectives.
Alors déjà, au ministère de la Santé et au
ministère de la Famille, nous avons déjà résolu une
partie importante de l'établissement et de la programmation d'un plan
quinquennal.
Quant aux autres dépenses, les $150 millions qui s'appliquent aux
hôpitaux, elles correspondent à d'autres services. Nous pouvons,
là également, par des projections dans d'autres secteurs, en les
rapprochant du secteur de la santé et du secteur de la famille et du
bien-être, du secteur Institutionnel, prévoir quelles peuvent
être sur une période, disons de la convention collective aussi, de
trois ans, les augmentations en pourcentage de coût pour ces services en
se basant sur l'augmentation du coût de la vie, l'augmentation normale du
coût des services, etc.
A même ces services, il y a là aussi, surtout quand ils
sont donnés à des traitants ou à des sous-traitants, des
augmentations de salaire incluses dans ces augmentations de coût.
Alors, je crois que, pour ce qui nous concerne au ministère de la
Santé et au ministère de la Famille, nous avons en main assez
d'éléments qui nous permettent d'établir le plus Juste
possible, de façon la plus raisonnable possible, tenant compte qu'il y a
des facteurs externes et la modification de l'économie qui peuvent
exiger que nous corrigions ces calculs. Je pense que nous pouvons les
établir avec une marge appréciable d'exactitude. De toute
façon, c'est la tendance de tous les ministères maintenant a
faire des projections pour une période de temps. J'ai parlé d'une
période de trois ans en ce qui nous concerne pour les conventions
collectives, mais il n'y a aucune objection à ce que nous fassions de la
planification sur une période de cinq ans.
Le député a mentionné qu'il pouvait y avoir une
diminution à certains postes. Voilà, au poste des subventions
spéciales et des subventions à long terme, il y a une partie
importante qui est pour des remboursements d'obligations,
d'échéances obligataires et des intérêts. On sait
qu'à certaines années il y a plus d'échéances que
d'autres années. C'est ce qui explique que ce poste de $27 millions ou
de $28 millions peut varier en plus ou en moins selon les années, selon
les échéances qui arrivent à terme ces
années-là.
M. TETLEY: Merci. Le député de Robert-Baldwin voulait
soulever que parfois ces dépenses sont déterminées par des
élections. Je vais laisser passer cela.
M. SEGUIN: Non, je ne fais aucune insinuation sur une élection
possible.
M. CLOUTIER: Je dirai au député de Baldwin que ce
poste-là n'est certainement pas influencé par les
élections parce qu'il est influencé par l'émission
d'obligations qui est faite, à ce moment-là, pour une
période de dix ou vingt ans, sans présumer de ce qui peut se
passer.
M. SEGUIN: Et ces mêmes projets, vous l'admettrez, sont parfois
influencés par des raisons politiques et c'est pour cela qu'à
tous les trois ou quatre ans, on peut voir dans un budget, à ce
poste-là, des changements qui se font à la baisse à
certains moments et à la hausse à d'autres moments. C'est un
cycle qui se continue. Je ne fais pas de reproche pour le moment ni pour ce
budget-ci, mais normalement, au Parlement ou dans un gouvernement, on trouve
cette situation.
M. DEMERS: Nous ne voyons pas cela.
M. CLOUTIER: M. le Président, si ces chiffres-là
étaient...
M. SEGUIN: Si vous faisiez une historique, vous verriez probablement que
ces montées-là se font à tous les quatre ans, mais sur une
période de vingt ans.
M. CLOUTIER: Disons que nous en ferons un étude spéciale,
mais je ne suis pas convaincu qu'il y ait une affinité aussi
étroite entre des périodes électorales et
l'établissement de ce poste du budget.
M. TETLEY: M. le Président, dans le même ordre
d'idée, je voudrais savoir si possible, combien de fonctionnaires vous
avez à votre ministère, disons au 31 mars 1969 ou à une
date quelconque, et combien de fonctionnaires vous aviez l'année
précédente à la même date.
M. CLOUTIER: Au 1er avril 1968, M. le Président, nous avions
2,154 postes autorisés.
M. TETLEY: Pardon?
M. CLOUTIER: Ces 2,154. Au premier avril 1969, nous en avions 2,231,
donc une augmentation de 77.
M. GOLDBLOOM: Ce sont des postes autorisés?
M. CLOUTIER: Des postes autorisés. Je vais vous donner les postes
vacants. Au premier avril 1969, nous avions 378 postes vacants dont 224
étaient en voie d'être comblés, parce que les
procédures étaient en cours; il en reste 154 à
combler.
M. TETLEY: Merci. Une troisième question dans le même ordre
d'idée, M. le Ministre. Le ministre des Finances, durant le débat
budgétaire, le 29 mars, a déposé une charte sommaire
indiquant le cheminement des étapes à franchir, etc., pour la
mise en place d'un régime universel d'assurance-maladie. On trouve cette
charte sommaire à la page 1,138. Une des tâches qui devait
être terminée à la fin du mois de mai, dans sept jours,
c'est le numéro deux, mode de financement du régime.
Je vous demande d'abord si c'est de votre domaine; si oui, est-ce que le
gouvernement a finalement trouvé le mode de financement de ce
régime? Parce que, vous savez, le marché d'obligations est
tellement élevé. J'aimerais connaître ce mode de
financement.
M. CLOUTIER: II y a deux parties au mode de financement. D'ailleurs,
cela a été annoncé par le ministre des Finances, au soir
du discours du budget. Il a annoncé qu'une partie sera financée
par les employeurs, l'autre partie par les employés. Cela
représentait une somme de $150 millions, si ma mémoire m'est
fidèle. Les autres $135 millions seraient à négocier avec
le gouvernement fédéral, c'est-à-dire selon les principes
et les critères énoncés à ce moment-là dans
le discours du budget.
Le taux de contribution a été donné, sauf erreur,
par le ministre des Finances, le taux qui sera exigé des employeurs et
des employés. C'est ça, le mode de financement, M. le
Président, et je crois qu'il est bien établi. Quant au
mécanisme de perception, ce sont là des modalités du
régime qui feront l'objet d'articles dans la législation; elles
feront aussi l'objet de l'instauration d'un mécanisme administratif dont
la responsabilité, je crois bien, relèvera du ministère du
Revenu, étant donné que, pour la perception des primes, c'est le
ministère du Revenu qui, actuellement, est équipé pour ce
faire. Il les perçoit pour le régime des Rentes du
Québec.
Il ne faudrait pas monter deux régimes parallèles de
perception de primes. Je crois que le ministère du Revenu pourra
s'acquitter de cette tâche.
M. TETLEY: Donc, si je comprends bien votre réponse, M. le
Ministre, la somme totale va être payée soit par les contribuables
de la province ou par le fédéral. Aucun emprunt de
financement...
M. CLOUTIER: Aucun emprunt... C'est un régime qui, comme
l'assurance-hospitalisation, doit se payer chaque année. Il n'est pas
question, pour des dépenses de consommation, de faire des emprunts comme
on le fait pour des dépenses d'investissement pour la construction
d'hôpitaux. Le coût annuel du régime devra être
financé en entier l'année même, non pas au moyen
d'emprunts, mais au moyen de contributions.
M. TETLEY: Donc, la deuxième étape pour laquelle le
fédéral paie la moitié ou presque la moitié est-ce
que le fédéral a accepté cet arrangement?
M. CLOUTIER: M. le Président, je ne peux pas dire qu'il a
accepté ou qu'il a refusé, nous sommes en négociations. Le
ministre des Finances a déclaré que nous allions exiger du
gouvernement fédéral le retrait de ce domaine de
l'assurance-maladie, du domaine de la santé, pour que nous ayons en
compensation, la somme qui revient au Québec, et cette somme est
estimée, pour l'année, à $110 millions. D'ailleurs, c'est
aussi cette somme que nous prétendons que le fédéral vient
prélever dans le Québec au moyen de la taxe de 2%, taxe dite de
progrès social.
M. TETLEY: Je ne veux pas prolonger le débat, M. le
Président, mais c'est exactement ma question. Je crois que M. Benson, le
ministre des Finances du Canada, a déclaré récemment que
le système de financement proposé par notre ministre des
Finances, l'honorable Dozois, est inacceptable pour le Canada, et vous n'avez
aucune intention d'accepter une modification à la loi
fédérale. Suivant votre chartre sommaire de cheminement, vous
n'avez plus que sept ou huit jours pour trouver une solution devant une
telle déclaration du ministre des Finances et moi, je pense que
cela va mal.
M. CLOUTIER: M. le Président, je n'ai pas ici le texte de la
déclaration de M. Benson. Autant que je me souvienne je ne
voudrais pas déformer ses paroles, je ne voudrais pas mal
interpréter sa pensée mais ce que M. Benson a dit qu'il
avait l'intention de rembourser aux provinces des fonds mais pour autant
qu'elles auraient sur pied un régime d'assuranca-maladie conforme
à la législation fédérale. Mais nous disons au
gouvernement fédéral et à M. Benson en particulier: Nous
avons l'intention d'Instaurer un régime d'assurance-maladie conforme aux
critères de la législation fédérale. Nous disons
également que déjà le fédéral cette
année, en venant chercher dans le Québec une somme de $110
millions, devrait, sans condition, rembourser au Québec, sous une forme
ou sous une autre, cette somme qu'il est venu percevoir chez nos contribuables
pour fins d'assurance-maladie.
M. Benson n'a pas dit, à ma connaissance, que le système
de financement proposé par le Québec n'était pas
acceptable. En ce qui concerne le financement par système de
prîmes, chez les employeurs et chez les employés, je ne sache pas
que ce système-là ne soit pas compatible avec la
législation fédérale.
En ce qui concerne les $135 millions, il est clair qu'il y a là
une négociation Importante i poursuivre entre le gouvernement
fédéral et le gouvernement du Québec, et c'est cette
mission délicate et difficile que l'on ma confiée et que je
tenterai, M. le Président, de mener à bien.
M. TETLEY: J'ai ici un compte-rendu de la déclaration de M.
Benson, dans la Gazette de Montréal, le 1er mai 1969, c'est
intitulé: « No medicare deal to be made Quebec. There will be no
special deals for the Province of Quebec when it enters the national Medicare
plan. Finance Minister E. J. Benson made it clear yesterday that Quebec must
meet the government's medicare requirements or forfeit federal contributions to
the province's medical scheme. « Speaking to newsmen, the finance
minister turned down in advance any Quebec proposal that would involve the
immediate transfer of tax points to the province as compensation for federal
payments. » Etc.
Cela, c'était le 1er mai, le premier jour de votre charte
d'acheminement. C'est pourquoi je crois que tout le monde est inquiet. Nous
voulons savoir d'où vient l'argent surtout parce que le contribuable en
paie déjà une grande par- tie. Si le fédéral ne
paie pas le reste, comme je viens de le dire, cela va mal.
M. CLOUTIER: Les négociations que nous ferons avec le
gouvernement fédéral ont précisément pour but de
statuer sur cette somme de $165 millions que le gouvernement
fédéral vient chercher dans le Québec actuellement sous le
couvert d'une taxe de progrès social et que nous nous disons appartenir
aux Québécois. C'est cette somme de $165 millions que nous
voulons rapatrier; nous voulons que le gouvernement nous rembourse. C'est une
somme comptabilisée d'ici le 1er juillet 1970.
Il n'y a pas de difficultés avec le gouvernement
fédéral après le 1er juillet 1970 quant au rapatriement
des fonds pour autant que notre régime d'assurance-maladie est en
vigueur, pour autant qu'il est compatible avec la législation
fédérale, les quatre critères, il n'y a pas de
difficultés, à ce moment-là, de financement du
régime. Mais là où il y a difficulté, c'est que
nous disons que, dès maintenant, ces sommes, que le gouvernement
fédéral a imposées aux contribuables du Québec sous
le titre « Impôt de progrès social » et qui
représentent $165 millions, nous disons qu'elles devraient être
remises aux Québécois, au gouvernement du Québec qui
l'utilisera inconditionnellement étant donné que le champ de la
santé est un champ de responsabilité provinciale, pour
répondre aux besoins des citoyens et des contribuables du
Québec.
Donc, il n'y a pas de difficultés après le 1er juillet
1970. Le problème, il se situe d'ici le 1er juillet 1970 parce que nous
voulons récupérer une somme qui nous appartient et que M. Benson
dit ne pas vouloir rembourser au Québec parce qu'il n'y a pas,
actuellement, en place, un régime d'assurance-maladie.
M. GOLDBLOOM: II y a une question très importante qui se pose
à ce moment-ci. Est-ce que l'instauration du régime
d'assurance-maladie est certaine, définitive, pour le 1er juillet 1970
ou est-ce qu'elle est conditionnelle, conditionnée par le
résultat de ces négociations délicates que le ministre
entreprend présentement avec le ministre fédéral des
Finances?
M. CLOUTIER: Non. L'établissement du régime
d'assurance-maladie n'est pas conditionné au succès des
négociations parce que, comme je l'ai dit tantôt, à partir
du 1er juillet 1970, pour autant que le régime du Québec est
compatible avec la législation fédérale, il n'y a pas plus
de problèmes pour le Québec qu'il y en a pour les autres
provinces.
II y a d'autres questions en jeu dans la négociation comme
« 1'opting out », le retrait des programmes conjoints à
frais partagés. C'est une autre question. Il y a une autre question en
discussion et en négociation, c'est le rapatriement de ces $165 millions
qui sont les sommes correspondant à l'assurance-maladie dans le
Québec pour une période se terminant le 1er juillet 1970.
M. TREMBLAY (Montmorency): La régie de la santé, M. le
Ministre, qui doit être formée, est-ce que c'est pour
bientôt? Cette régie de santé que vous voulez créer
en vue de l'application de l'assurance?
M. CLOUTIER: J'ai dit hier, au début de la séance, que
c'était pour très bientôt et, ce matin, en appendice au
feuilleton de la Chambre, il y a un avis qu'un projet de loi créant une
Régie de l'assurance-maladie serait déposé.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, f aimerais revenir au sujet que
nous discutions tout à l'heure, celui du financement du régime
d'assurance-maladie. Je me permets de citer les paragraphes pertinents du
discours du budget pour que nous discutions précisément de ce
dont il s'agit.
Je cite la page 1122 du journal des Débats du mardi 29 avril:
« Quant à nous c'est M. Dozois qui parle nous avons
opté pour une formule de contribution à laquelle participeront
les individus et les employeurs. Ces contributions qui seront versées
à la future régie seront perçues de la façon
suivante: A) Chaque contribuable dont le revenu est supérieur à
$4,000, dans le cas de personnes mariées, et à $2,000, pour un
célibataire, verserait une contribution de 8/10 de 1% de son revenu net
avec maximum de $125; B) Les employeurs contribueraient également 8/10
de 1% de leur bordereau de paie. Le total de ces contributions
s'élèverait à $150 millions dont et j'insiste sur
ces mots la moitié proviendrait des employeurs et l'autre
moitié, des particuliers. »
Ma question est celle-ci: Si le ministre des Finances a
déclaré avec précision que la moitié viendrait de
l'employeur et l'autre moitié, de l'employé, qu'est-ce qui arrive
à celui qui n'a pas d'employeur? Est-ce que comme dans le cas d'autres
régimes que nous connaissons, celui-là sera appelé
à payer le double de celui qui a le bonheur de se trouver
l'employé d'une entreprise qui a un bordereau de paie bien
constitué et qui verse 8/10 de 1% pour contribuer à
l'assurance-maladie de tous ses employés?
M. CLOUTIER: Ce seront des modalités qui seront annoncées
probablement dans la discussion qui entourera la création de la
Régie de l'assurance- maladie.
M. GOLDBLOOM: Peut-être le ministre s'en rappelle-t-il, j'ai
déjà souligné le cas d'un monsieur qui était
assuré... et le sera toujours s'il peut reprendre son travail à
l'usine où il était employé... Mais, pendant la
période où il n'était pas au travail parce qu'on
avait laissé un certain nombre d'employés en chômage
temporaire pendant cette période de temps, il se trouvait
à ne pas être assuré, parce qu'il aurait dû payer,
non seulement sa propre contribution à même la paie qu'il ne
recevait pas, mais aussi la contribution de l'employeur.
Il faut absolument, puisque nous procédons à un
système de contributions de cette nature, que personne ne perde son
assurance-maladie à cause d'une telle situation. Je crois que les
modalités que le ministre se propose de nous expliquer très
prochainement à l'occasion du débat sur la loi qui créera
la régie, ces modalités sont d'un importance capitale pour la
population. Ce mécanisme me devrait pas exposer qui que ce soit à
la possibilité de perdre son assurance-maladie, qui, dans l'optique du
gouvernement, est une assurance universelle...
M. CLOUTIER: C'est cela.
M. GOLDBLOOM: ... qui devra demeurer universelle,qui devra être
conservée par chaque citoyen, même en période de
chômage et qui, à mon avis, devrait également tenir compte
de la situation économique, de la situation de chaque personne quant
à ses relations avec un employeur possible. Donc, celui qui n'a pas
d'employeur ne devrait pas se trouver pénalisé par ce fait.
M. CLOUTIER: M. le Président, il est entendu que c'est un
régime universel. Le député vient de le dire. Universel
veut dire que toute la population est couverte. Pour être logique, il
faudra que le gouvernement, dans ses modalités, s'assure que, quel que
soit l'emploi, quel que soit l'endroit et quel que soit le temps, tous soient
couverts par le régime d'assurance-maladie. Il faudra que les
modalités que nous allons élaborer tiennent compte de ces
changements d'emploi et de cas similaires à celui que vient de
mentionner le député.
M. GOLBLOOM: Donc, M. le Président, le financement basé
sur les contributions que je viens de mentionner, devra comporter un
élément qu'on pourrait appeler « assurance-chômage
», c'est-à-dire que les contributions faites pendant la
période où la personne travaille,
devraient comporter un léger surplus qui servirait à
maintenir la protection en cas de chômage.
M. DEMERS: C'est comme l'assurance-maladie que nous avons lorsque nous
sommes malades.
M. CLOUTIER: Le député pourra faire un rapprochement,
peut-être, avec le régime de rentes. Le contribuable, dans le
régime de rentes, qu'il soit un salarié ou qu'il soit un
travailleur autonome, est couvert par ce régime de rentes. C'est le
même principe dans l'assurance-maladie, qu'il soit un travailleur
salarié ou qu'il soit un travailleur autonome, il contribuera au
régime d'assurance-maladie, par sa prime, et sera couvert par le
régime d'assurance-maladie. Il y a cette partie que l'on appelle les
assistés sociaux, les économiquement faibles dont le coût
du régime actuellement est assumé par le gouvernement et dont le
coût, à l'avenir, également, aussi, sera assumé par
le gouvernement.
M. GOLDBLOOM: Je souligne, M. le Président, qu'il y a beaucoup de
polices d'assurance-vie qui comportent, moyennant un très léger
supplément, une protection qui maintient le paiement des primes dans le
cas du décès du père de famille. C'est dans ce
sens-là que je suggère que les contributions devraient comporter
des éléments de protection contre ces situations-là. Le
ministre me répondra que peut-être dans certains cas, les
personnes affectées soit par le chômage, soit par le
décès du gagne-pain, tomberaient dans le régime
d'assistance sociale. Ce n'est vraiment pas un moyen très
satisfaisant.
M. CLOUTIER: En dernier recours.
M. GOLDBLOOM: En dernier recours. Il faut avoir à
l'intérieur du système des recours automatiques bien avant
cela.
M. CLOUTIER: De toute façon ce sont des modalités du
régime sur lesquelles la régie, elle-même, aura à se
pencher, méthodes de perception, méthodes de couverture. Dans ce
travail d'élaboration, qui est complexe, la régie verra, avec le
gouvernement et avec les experts qui travailleront à
l'établissement du régime, à couvrir tous les citoyens,
tous les contribuables.
M. SEGUIN: Un point assez important, dont on n'a pas fait mention, mais
qui entre certai- nement dans les cadres, tel que mentionné par le
député de D'Arcy-McGee, ce sont tous nos gens qui sont à
leur retraite, qui n'ont aucune possibilité d'augmentation de revenus
durant cette période-là et qui sont retraités à un
montant fixe. Encore là il n'y a pas d'employeur, à vrai dire,
à moins qu'ils aient eu un plan de participation au point de vue
hospitalisation ou de « medicare » qui aurait été
porté en partie par leur ancien employeur. A certains moments ça
se continue naturellement, mais en d'autres cas ça n'a pas
existé. Aussitôt qu'on se trouve plongé dans un plan qu'on
énonce et qu'on prévoit, il peut y avoir dans un cas semblable un
coût assez exorbitant justement dans un cas où ces personnes ne
peuvent plus retourner au travail et augmenter leur revenu.
Ils sont fixés. Certainement, dans ces cas-là aussi, il
faudrait qu'il y ait des cas d'exception et des modalités qui ne
tendraient pas surtout à augmenter ces coûts, justement à
un moment où peut-être ces gens-là auront plus besoin de
soins que d'autres. Ce ne sont pas des assistés sociaux, ils ne
reçoivent absolument rien, mais ils doivent pouvoir
bénéficier d'un service à bon marché justement
parce qu'ils sont dans une camisole de force au point de vue du revenu.
M. CLOUTIER: La philosophie de la contribution est basée sur le
revenu, soit le revenu du travail ou d'autres revenus si c'est un travailleur
autonome ou si c'est une personne considérée comme retirée
du marché du travail, qu'elle soit rentière ou autrement. Alors
à ce moment-là, la contribution étant alignée sur
le revenu, nous tenons compte de la capacité de payer du contribuable.
Il y a un maximum de $125 justement parce que c'est là la contribution
d'assurance. Alors si c'est une assurance, eh bien, il y a forcément une
limite à la prime, prime de contribution.
M. SEGUIN: Si je comprends bien, le plan exigerait de l'employeur qui
paie la pension ou une pension à un ancien employé qu'il continue
de contribuer dans la mesure de 8/10 de 1% du revenu qu'il paie à
l'individu. Alors ce serait l'employeur qui paierait. On déduirait
ça sur leur pension ou est-ce qu'il faudrait que ces
compagnies-là paient un montant supplémentaire?
M. CLOUTIER: L'employeur contribue pour sa liste de paie.
L'employé contribue sur son salaire si c'est un salarié et sur
son revenu s'il n'est pas un salarié. C'est la formule de contribution
et la formule de participation. C'est
en cela, je ne dis pas en tout point semblable, mais disons que
ça s'inspire du même mécanisme que pour le Régime de
rentes. Alors, à ce moment-là, on tient compte de la
capacité de payer de l'individu. On en tient compte à plusieurs
paliers parce que les assistés sociaux et les économiquement
faibles ont certains avantages ou certains dégrèvements que n'ont
pas les autres, et la contribution est alignée sur le revenu du
contribuable.
M. SEGUIN: Mais si c'est basé strictement au point de vue du
revenu, je suis d'accord. Mais, dans certains cas, vous savez, et c'est
justement où on fait face à des problèmes au point de vue
d'assistance sociale, lorsqu'on fait enquête on découvre que
l'individu a une propriété peut-être de $25,000 ou $30,00,
il a quelques actions dans certaines compagnies qui lui fournissent un revenu
très modique, très minime, et on amasse tout ça avec le
montant qu'il reçoit pour sa pension et c'est là qu'on dit: Bien
toi, tu ne dois pas avoir d'assistance sociale. Tu ne dois pas avoir d'aide
parce que tu n'es pas dans le « bracket » tu n'es pas dans le
secteur qu'on doit favoriser. C'est pour éviter ça, parce qu'au
point de vue d'assistance médicale, je pense que ce n'est pas de
l'assistance sociale, ce n'est pas de la charité, c'est quelque chose
auquel on contribue.
Alors, je reviens sur ce que le Dr Goldbloom mentionnait tout à
l'heure. La pénalité qui pourra exister justement dans le cas
où il n'y a pas de liste de paie, que la personne cesse d'être
salariée et à perpétuité, peut-être, pour 25
ou 30 ans, elle sera prise dans cette situation-là.
M. COUTIER: Si elle a des revenus, si cette personne a des revenus, elle
contribue selon ses revenus, sur la base du taux de contribution.
Si elle n'a pas de revenus, il y a d'autres mécanismes dont on a
parlé tantôt. Si elle n'a pas la possibilité
financière de payer sa prime, c'est là où l'Etat
intervient par ses lois d'assistance sociale.
M. SEGUIN: Le tout est très complexe. Je pense qu'on ne
résoudra pas...
M. CLOUTIER: Quand les modalités du régime seront
établies, à ce moment-là, je pense que...
M. TREMBLAY (Montmorency): Est-ce que les cotisations vont être
prélevées sur le salaire que recevra un individu? Par exemple,
pour le Régime des rentes, nous payons une cotisation sur chaque salaire
que nous retirons. Le député, le maire ou le médecin.
M. CLOUTIER: On entre là dans les modalités du
régime. Alors, je ne voudrais pas ce matin, à titre personnel,
énoncer des modalités auxquelles la régie et les experts
gouvernementaux seront appelés à travailler. Alors, je ne
voudrais pas, à titre personnel, statuer sur des modalités qui ne
sont pas réglées et qui feront l'objet d'études
additionnelles.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que l'on doit comprendre que c'est la régie
qui prendra les décisions quant aux autres éléments du
financement du régime, comme la possibilité d'Imposer une somme
déductible, des frais payés directement par le malade à
l'occasion de la visite, etc?
M. CLOUTIER: Non, la régie est un organisme administratif. Je
crois, en pratique, qu'il serait logique que la régie soit
appelée à donner son opinion sur des mécanismes
administratifs ou des mécanismes qui n'impliquent pas
nécessairement des discussions de principe, parce que les principes
devront être établis parle gouvernement, principes de financement,
principes de contribution, principes quant aux modalités principales. Je
pense qu'elles devront être établies par le gouvernement.
M. GOLDBLOOM: Alors, si c'est le gouvernement qui prend ces
décisions, est-ce que c'est à ce moment-ci ou à un autre
moment que nous pourrons discuter avec le ministre ces
considérations?
M. CLOUTIER: Non, je suis d'avis qu'il doit y avoir deux
législations. Une pour la création de la régie et une pour
les modalités du régime d'assurance-maladie.
M. GOLDBLOOM: Avant de quitter ce terrain, M. le Président,
J'attire l'attention du ministre sur cette charte sommaire indiquant le
cheminement des étapes à franchir pour la mise en place d'un
régime universel d'assurance-maladie. Je note qu'il y a deux
étapes, les étapes 2 et 8m, qui doivent se terminer dans
le cas de 8m, pour reprendre un peu plus tard, à la fin du mois
de mai.
L'étape 2 est le mode de financement du régime et
l'étape 8m est la détermination par région des
facilités physiques requises pour l'administration du régime en
espace de bureau, ameublement et équipement.
Nous sommes aujourd'hui au 23 mai. Est-ce que dans les huit jours qui
restent les deux étapes auront été franchies?
M. CLOUTIER: A l'étape 8m, M. le Prési-
dent, il s'agit de mise en place des structures et des mécanismes
référant à l'administration du régime. Je crois
qu'il y a là une responsabilité de la régie.
La législation est en appendice au feuilleton. Elle sera
très semblablement déposée au début de la semaine,
tout dépend des travauxde la Chambre. Elle sera probablement
étudiée aussi au cours de la semaine prochaine. De toute
façon, il faudra procéder assez rapidement.
M. GOLDBLOOM: Je l'espère. La régie devra faire
diligence.
M. CLOUTIER: Je suppose que le député de D'Arcy-McGee fera
le message de l'urgence au leader de l'Opposition afin que nos travaux de la
Chambre puissent permettre l'accélération et la mise en place du
mécanisme d'assurance-maladie.
M. GOLDBLOOM: Le ministre qui le dit avec le sourire n'est certainement
pas méchant en le disant.
M. DEMERS: Il a un beau sourire.
M. GOLDBLOOM: D'autres questions sur...
M. CLOUTIER: Alors, M. le Président,...
M. GOLDBLOOM: Je pourrai dire, M. le Président, parce que je sais
que le ministre a hâte de procéder aux débats sur les
articles spécifiques, qu'il nous reste un seul domaine qui se rattache
à l'implantation du régime d'assurance-maladie, celui de la
formation et de la distribution du personnel, que nous voudrons traiter au
début de la reprise de la séance. Après cela, ce sera
poste budgétaire par poste budgétaire.
M. CLOUTIER: Très bien.
M. LE PRESIDENT: C'est ajourné à lundi, après la
période des questions.
M. DEMERS: Lundi.
M. GOLDBLOOM: En principe, oui.
M. LE PRESIDENT: Après la période des questions.
M. GOLDBLOOM: Je souligne, M. le Président, que lundi il y a la
commission de la présidence du conseil exécutif qui
siégera sur le problème des enseignants. Celui qui vous parle en
est membre et je crois que la plupart des députés sont
intéressés.
Je me demande si c'est l'intention du gouvernement en
général et du ministre en particulier de faire siéger
cette commission en même temps que l'autre?
M. CLOUTIER: Je crois que le leader adjoint, le député de
Maskinongé, a dit ce matin que dans l'ordre des travaux de la Chambre,
que nous devions siéger lundi après-midi, ici en commission. Il y
aura lieu de vérifier lundi si le même ordre du jour tient.
M. TREMBLAY (Montmorency): De la commission lundi après-midi.
M. DEMERS: C'est ça.
M. CLOUTIER: Alors, nous déterminerons lundi. Mais dans l'ordre
des travaux annoncés, il y aurait séance de la commission.
M. GOLDBLOOM: Nous serons prêts de toute façon, mais nous
aimerions quand même participer aux discussions sur l'autre
problème.
(Fin de la séance: 12 h 55)
Séance du 26 mai 1969
(Seize heures cinquante-cinq minutes)
M. MARTEL (président de la commission de la santé): A
l'ordre, messieurs. Nous commençons la 4e séance des
crédits de la commission de la santé. Au tout début,
j'aimerais remercier le député de Berthier qui a eu la
gentillesse de me remplacer si brillamment durant les trois séances
précédentes. Nous continuons, cet après-midi, les
questions d'ordre général, c'est-à-dire les discussions
générales sur la santé. En même temps, M. le
Ministre, je désire souhaiter la bienvenue à votre équipe.
J'ose espérer que ces débats seront très fructueux!
M. CLOUTIER: M. le Président, je me fais l'Interprète de
tous les membres de la commission. Nous sommes heureux de vous voir assumer vos
fonctions de président de la commission de la santé.
M. GOLDBLOOM: J'espère, M. le Président, que vous avez
pris connaissance du journal des Débats, où il est marqué
très clairement que le député de D'Arcy-McGee, au nom de
l'Opposition, vous a souhaité un prompt rétablissement.
M. LE PRESIDENT: C'est sans doute pour cela que je me suis remis si
rapidement!
M. GOLDBLOOM: Je disais, à la fin de la dernière
séance, M. le Président, qu'il nous restait un sujet d'ordre
général à toucher avant de procéder à la
discussion des articles spécifiques du budget. J'ai dit qu'il s'agissait
de la formation et de la distribution du personnel qui prodiguera les soins
présentement offerts et qui seront offerts et payés par le
régime d'assurance-maladie qui entrera en vigueur le 1er juillet. J'ai
déjà eu l'occasion d'attirer l'attention du ministre, du
gouvernement, sur le problème de la pénurie d'effectifs dans
plusieurs domaines, non seulement dans certains secteurs de la médecine,
mais dans d'autres domaines aussi. D'autres professions connaissent des
pénuries assez sérieuses. Je prends le cas des dentistes. Nous
n'en avons sûrement pas assez pour satisfaire les besoins de la
population.
Il y a beaucoup d'autres domaines où nous devrions produire plus
de personnel compétent, et nous ne l'avons pas fait. Il est à
prévoir que la consommation des soins médicaux et autres
connaîtra une certaine augmentation avec l'instauration du régime
d'assurance-maladie. Il est bien connu que l'instauration d'un tel
régime amène une certaine augmentation, surtout la
première année. Il est normal que ce soit ainsi. Nous croyons que
ce régime est nécessaire, parce qu'il y a des citoyens qui se
privent, jusqu'à un certain point, des soins professionnels de la
santé; ils ne veulent pas accepter la charité absolue et ils ne
sont pas en mesure, financièrement, de se permettre les soins
privés qu'ils voudraient obtenir, qu'ils désirent, et dont ils
ont besoin.
Donc, si nous libérons une certaine proportion de la population
de ce fardeau financier, nous permettons une augmentation normale de la
consommation des soins médicaux et des soins de la santé en
général.
Nous savons, en outre, qu'il y a une augmentation qui est moins
justifiée. L'on peut se prévaloir de ce qui est
déjà payé, croyant que, ayant versé un certain
montant, une certaine somme en prime ou en taxe, on a maintenant le droit de
s'en servir à cur joie. C'est un phénomène de la
nature humaine dont on doit tenir compte aussi. Les deux raisons, l'une
très valable, l'autre peut-être moins valable, contribueront
à une augmentation de la consommation, donc une augmentation du besoin
de personnel compétent.
Déjà nous connaissons une pénurie, nous connaissons
des difficultés que frappent certaines personnes quand elles cherchent
à se faire soigner.
Je suis obligé de dire que je ne suis pas impressionné,
jusqu'à ce moment, par les efforts qui se font pour augmenter le
production des effectifs de la santé.
Je ne prétends pas que c'est uniquement le ministère de la
Santé qui devrait prendre l'initiative, mais je prétends que, si
les professions elles-mêmes, si les institutions d'enseignement qui
forment les effectifs elles-mêmes ne prennent pas l'initiative, c'est
certainement la responsabilité du ministre de la Santé de voir
à ce que les responsables ceux qui sont directement responsables
prennent leurs responsabilités et agissent de façon
à produire le personnel dont nous avons besoin.
M. CLOUTIER: M. le Président, le député de
D'Arcy-McGee touche là un point extrême--ment important dans le
domaine de la santé. Le député a dit, à la fin de
son intervention, que la seule responsabilité de la formation des
effectifs médicaux n'appartenait évidemment pas au
ministère de la Santé. Le ministère de l'Education est
certainement impliqué au même titre et peut-être même
plus que le ministère de la Santé. Il y a aussi les institutions,
qu'elles soient de degré universitaire ou de degré
collé-
gial qui, elles aussi, ont à répondre à ce besoin
de formation dans le domaine de la santé.
Le ministre d'Etat, le député de Dubuc, pourra
enchaîner à la suite de ces quelques remarques que je voudrais
faire puisqu'il a des contacts fréquents avec le ministre de l'Education
à ce sujet. Et nos deux sous-ministres, le sous-ministre à la
Santé et le sous-ministre à l'Education ont souvent l'occasion,
au cours de réunions et de comités spéciaux
comités auxquels siègent le ministère de l'Education et le
ministère de la Santé et les universités, (faculté
de médecine) de se pencher régulièrement sur ce
problème de formation des effectifs.
Il y a également ce comité dont on a parlé depuis
le début de l'étude de nos prévisions budgétaires,
ce comité des sciences de la santé qui, lui aussi, vient ajouter
ses efforts à ceux des autres groupes ou des autres organismes qui
s'occupent de ce problème.
Il y a aussi, du côté de la formation des médecins,
cette nouvelle faculté de médecine de l'Université de
Sherbrooke qui s'occupe de formation et qui compte cette année 32
étudiants en médecine. Il y a également
l'Université du Québec qui, dans ce domaine-là, je
l'espère, prendra des initiatives.
Alors, je crois que le ministre d'Etat, le député de
Dubuc, pourrait élaborer quelque peu sur ce sujet de la formation des
effectifs dans le domaine de la santé.
M. BOIVIN: En ce qui regarde la formation des médecins, ça
relève évidemment, de nos universités. L'université
Laval, l'Université de Montréal, l'université McGill,
l'Université du Québec, et l'Université de Sherbrooke, qui
font un effort considérable pour augmenter leurs effectifs.
Il y a aussi une autre source. C'est que la Loi de l'immigration verra
à diminuer les années nécessaires pour donner la
citoyenneté. Cela pourra nous apporter des effectifs
considérables, effectifs formés, évidemment, par d'autres
universités. Ceci peut nous fournir un certain nombre de médecins
qui coûteraient très peu cher à la province.
En ce qui concerne la formation des infirmières et de tout le
personnel, nous avons actuellement les infirmières qui nous viennent des
CEGEP, où les inscriptions sont beaucoup plus nombreuses
qu'ailleurs.
J'ai certaines craintes au sujet de cette formation donnée par
les CEGEP, et toute la profession médicale est bien consciente d'un
certain danger que représentent ces gens qui seront formés
complètement en dehors du milieu hospitalier. Je comprends que nous
recevrons ces élèves dans nos hôpitaux, mais nous avons un
peu la crainte, actuellement, qu'ils ne soient pas versés
complètement dans le milieu médical.
Nous avons demandé aussi, au cours de l'année, de ne pas
fermer, autant que possible, nos écoles d'infirmières, que nous
avons actuellement pour plusieurs années encore, de les maintenir, afin
qu'elles puissent nous fournir le plus d'effectif possible. Après, on
verra si réellement ces écoles pilotes des CEGEP,
répondent à la formation que l'on attend de ces
élèves.
En ce qui regarde le recyclage dont vous avez parlé tout à
l'heure, dans nos hôpitaux, actuellement, nous sommes à
négocier une formule. A la table de négociations, nous nous
sommes préoccupés beaucoup du recyclage. Cette formule de
recyclage chez le personnel infirmier devra sortir de cette négociation,
il me semble, tout ce que l'on pourra fournir à ce personnel qui a
besoin de recyclage à la suite de nouvelles formules qui sont
appliquées dans nos hôpitaux. Il est bien sûr que la petite
commission dont on a tant parlé en fin de semaine, c'est-à-dire
jeudi ou vendredi, que ces nouvelles écoles qui seront formées,
ce reclassement nécessiteront un recyclage important. Alors, c'est ce
qui, je crois, pourra maintenir tout le personnel dont nous aurons besoin dans
l'application de la loi de l'assurance-maladie.
M. LACROIX: M. le Président, à ce moment-ci des
discussions, je voudrais soulever les problèmes particuliers que nous
connaissons aux Iles-de-la-Madeleine en ce qui concerne les problèmes de
la santé. Tout à l'heure, j'ai noté que la formation des
médecins relevait plutôt du ministère de l'Education que du
ministère de la Santé. Mais, étant donné que c'est
la responsabilité du ministère de la Santé d'assurer les
meilleurs services à l'ensemble du territoire de la province de
Québec, je crois qu'il y aurait lieu, particulièrement pour les
régions éloignées ou isolées comme le sont les
Iles-de-la-Madeleine, la basse Côte-Nord et d'autres régions
éloignées des centres, que le ministère de la Santé
prenne les dispositions nécessaires pour qu'un certain nombre de places
dans les facultés de médecine soient réservées
à des étudiants intéressés à suivre leur
cours de médecine. Ils pourraient poursuivre gratuitement leur cours, si
nécessaire, et même recevoir un présalaire. Ces
médecins seraient dans l'obligation, par la suite, d'être à
la disposition du ministère pendant un certain nombre d'années,
alors que le ministère pourrait les diriger vers des régions
comme cel-
les des Iles-de-la-Madeleine, de la basse Côte-Nord, de l'Abitibi,
et certaines autres régions.
Mais, je ne veux pas, ici, me faire le porte-parole des autres
régions de la province. Je veux mentionner particulièrement le
cas des Iles-de-la-Madeleine. Assez récemment, des personnes des
Iles-de-la-Madeleine sont venues rencontrer ici les autorités du
ministère de la Santé, afin de demander des médecins pour
les Iles-de-la-Madeleine. Nous n'avions que deux médecins et il y en a
un qui a quitté depuis pour aller se spécialiser. Il ne reste
plus qu'un médecin en permanence, le Dr La-brie, parce que le nouveau
médecin quittera au mois de septembre pour entrer dans les ordres.
Vous comprendrez que, pour une population de près de 14,000
habitants, alors qu'il n'y a qu'un seul médecin, c'est une situation
tout à fait anormale et inacceptable. Il me semble que, si le
ministère procédait de cette façon, il pourrait garder des
places disponibles dans les facultés de médecine pour les jeunes
qui seraient attirés vers cette profession et qui n'auraient pas les
moyens financiers même s'ils les avaient et par la suite
les obliger, pendant une certaine période d'années, à
être à la disposition du ministère. Je pense que cela
pourrait régler notre problème.
Il reste que, dès que l'étude des crédits sera
finie, f espère que M. le ministre aura l'occasion d'accompagner son
sous-ministre, et qu'ensemble nous pourrons aller rencontrer les
autorités afin de discuter du cas particulier de la santé aux
Iles-de-la-Madeleine. C'est le cas des médecins, et c'est un
problème très important.
A l'heure actuelle, je suis en communication avec deux autres
médecins, mais je devrai retourner visiter le sous-ministre pour lui
soumettre le même problème que je le lui avais soumis il y a deux
ans, alors que deux jeunes médecins avaient accepté de venir aux
Iles-de-la Madeleine avec l'assistance du gouvernement; mais à cause de
difficultés qu'on leur a faites aux Iles je ne voudrais pas
blâmer ici qui que ce soit ces deux jeunes médecins sont
allés s'établir ailleurs, un à Saint-Georges-de-Beau-ce et
l'autre à Caraquet au Nouveau-Brunswick.
Les personnes qui sont venues se plaindre du manque de médecins
aux Iles-de-la-Madeleine n'étaient pas au courant du travail qui avait
été fait par le ministère et par le député,
et s'ils veulent consulter le bottin de téléphone des îles,
ils constateront et ils y verront les noms des docteurs Michaud et Tremblay.
Ils y seraient encore établis si ce n'étaient des
difficultés qu'on leur a faites aux Iles-de-la-Madeleine. Et je crois
que le ministère et le sous-ministre ne sont pas à blâmer
dans ce cas.
Quant aux médecins, nous pourrons discuter sur les lieux avec les
intéressés, et j'espère que le ministre aura la même
générosité que son sous-ministre et que les
médecins que nous pourrons attirer aux îles pourront obtenir une
certaine allocation qui compensera pour l'éloi-gnement et l'isolement,
et nous pourrons les obliger à s'occuper de la santé
publique.
Il y a un autre problème que je voudrais soumettre aux
autorités du ministère, c'est celui des malades qui, ne pouvant
recevoir aux îles mêmes les soins médicaux et chirurgicaux
que requiert leur état, doivent être envoyés à
l'extérieur. Autrefois^ les médecins les dirigeaient vers les
hôpitaux de Montréal ou de Québec, là où ils
avaient des médecins correspondants qu'ils connaissaient et qu'ils
savaient des spécialistes dans leur domaine.
Aujourd'hui, on force la main un peu, parce que le médecin n'a
plus la liberté d'envoyer son patient là où il croit qu'il
pourrait recevoir les meilleurs soins possibles. On le dirige vers
l'hôpital de Gaspé et, s'il n'accepte pas de s'y rendre, on pose
certains problèmes en ce qui concerne, par exemple le remboursement des
frais de transport des malades, et d'autres choses semblables. Vous comprendrez
qu'il y a là non seulement un problème social, il y a un
problème humain. Nous n'avons aucune communication possible avec la
Gaspésie. L'HÔtel-Dieu de Gaspé est certainement un
excellent hôpital, il y a là d'excellents médecins dont mon
collègue qui siège ici à ma droite; mais chez nous, il n'y
a absolument personne qui a de la parenté à l'hôpital, et
vous comprendrez que, quand un malade est transporté à
Gaspé, qu'il doit y faire un séjour de quelques semaines, c'est
passablement difficile pour lui à cause du fait qu'il ne peut recevoir
la visite d'aucun parent, ni d'aucun ami. Et si, après la période
d'hospitalisation, il doit demeurer à Gaspé pour une certaine
période afin de visiter son médecin tous les jours, les deux
jours ou les trois jours, selon les besoins, il n'a pas d'autre
possibilité à ce moment que de se rendre à l'hôtel
ou au motel, et les moyens financiers des malades ne leur permettent pas de le
faire.
Tandis qu'à Montréal ou à Québec, il y a
plus de Madelinots qui demeurent à Verdun, Ville-Emard et
Côte-Saint-Paul qu'il n'en réside aux îles même. Il
n'y a pas de famille qui ne compte pas des amis ou des parents à
Montréal. Quant ils sont hospitalisés, soit à
l'hôpital général de Verdun, soit à l'hôpital
Notre-Dame ou à l'Hôtel-Dieu de Montréal, il est tou-
jours possible pour eux de recevoir des visiteurs, parents ou amis, et
ainsi de pouvoir rester en contact avec leur famille, chose impossible à
Gaspé.
Les gens des îles sont prêts à aller à
Gaspé lorsqu'il s'agit d'interventions chirurgicales mineures qui ne
nécessitent pas une période prolongée d'hospitalisation.
Mais lorsque cela nécessite une hospitalisation prolongée, les
gens des Iles-de-la-Madeleine se rendront à Montréal à
pied plutôt que d'aller à Gaspé.
Et je pense que si le patient a le choix de son médecin, on ne
peut pas lui imposer un hôpital. Il est inhumain, dans certains cas,
d'obliger les Madelinots à se rendre à l'hôpital de
Gaspé plutôt qu'à un hôpital de Montréal ou de
Québec. Malgré que l'hôpital de Gaspé ait de bons
spécialistes, il arrive assez fréquemment que l'on doive
transporter les patients de l'hôpital de Gaspé vers les
hôpitaux de Québec et de Montréal, où il y a de
meilleurs spécialistes et de plus grandes facilités
d'hospitalisation.
Je pense qu'il serait normal de laisser aux médecins des
îles le choix de l'hôpital vers lequel ils doivent diriger leurs
patients.
C'est un problème extraordinairement sérieux pour les
Iles-de-la-Madeleine. Je dois fréquemment aller embêter le
sous-ministre je ne me rends jamais jusqu'au ministre, ordinairement, je
réussis à régler mes problèmes à ce niveau
pour obtenir le remboursement de frais de transport et pour
régler d'autres problèmes, à cause du fait que des
Madelinots doivent se rendre à l'extérieur des fies pour y
recevoir les soins médicaux ou chirurgicaux que requiert leur
état.
II est impensable qu'aux Iles-de-la-Madeleine on puisse avoir les
services de spécialistes dans tous les domaines. Et je ne crois pas que
cela soit bien raisonnable de penser que des spécialistes de
Gaspé puissent venir aux îles, selon les besoins,
régulièrement; la maladie n'attend pas toujours la journée
que les médecins se rendront aux îles. De toute façon, cela
ne coûte pas moins cher d'envoyer un spécialiste de Gaspé
aux îles, que d'envoyer un patient des îles à
Montréal. Le tarif horaire du médecin revient plus cher.
Mais, je pense qu'en dehors du coût il faut considérer la
question sociale et humaine. Je demande la bienveillante et
généreuse compréhension du ministre et du sous-ministre
afin que l'on puisse régler ce cas une fois pour toutes et que les
malades des Iles-de-la-Madeleine ne se sentent plus dans une camisole de force
lorsqu'ils doivent recevoir des soins médicaux.
M. CLOUTIER: M. le Président, je retiens d'abord l'invitation du
député d'aller visiter les Iles-de-la-Madeleine et de...
M. LACROIX: Je vous accompagnerai, pour que vous ne fassiez pas de
dégâts.
M. CLOUTIER: ... de s'enquérir des conditions de santé
dans cette partie importante du Québec, partie la plus
éloignée aussi. Le député a mentionné
plusieurs problèmes, entre autres celui de la répartition des
effectifs sur le territoire du Québec. C'est un problème pour
toutes les régions plus éloignées particulièrement
en ce qui concerne les médecins de pratique générale. Il y
a des efforts qui se font actuellement, efforts que je connais personnellement
et qui ont été portés à mon attention, efforts qui
sont faits par la Fédération des médecins et des
omnipraticiens auprès des étudiants en médecine qui sont
à terminer leurs études pour les intéresser davantage
à la pratique de la médecine générale. Et j'ai eu
même l'occasion, la semaine dernière, de recommander
personnellement une subvention spéciale pour un programme conjoint
fédéral-provincial. Ce programme permettrait à la
fédération des omnipraticiens de tenter un effort tout
spécial de ce côté-là par une expérience
pilote d'entraînement des étudiants en médecine qui sont au
terme de leurs études chez des confrères omnipraticiens qui sont
déjà installés et qui pratiquent.
J'espère que cette expérience, ce contact des
étudiants avec les médecins qui sont en pratique
générale, donnera des fruits, et que quelque-uns d'entre eux
verront qu'il y a un champ d'activité dans ce secteur de la
médecine générale qui peut encore répondre aux
aspirations qu'ils avaient quand ils ont opté pour la profession
médicale.
Quant à la répartition des effectifs sur le territoire,
c'est un problème qui est loin d'être résolu. Il existe
dans le secteur de la santé, il existe aussi dans d'autres professions.
Il est évident qu'il y a un problème de répartition des
dentistes sur le territoire et des spécialistes qui sont
concentrés dans les milieux urbains ou semi-urbains. Ce problème
existe pour d'autres secteurs que la santé. On retrouve ce
problème-là aussi pour les ingénieurs, pour les
éducateurs, pour d'autres secteurs où l'on a besoin de structurer
les régions.
Mais, il y a des efforts qui se font au ministère de la
Santé, il y en a aussi dans la profession médicale et je crois
qu'en toute honnêteté on doit le mentionner, j'ai mentionné
tout à l'heure, un programme particulier. Je sais que le Collège
des médecins, dans l'étude des modifications à la loi de
médecine veut permettre aux
médecins étrangers, aux immigrants ou à ceux qui
n'ont pas la citoyenneté canadienne de pratiquer. Dans cet effort pour
mieux organiser nos régions et leur fournir des effectifs
médicaux, je crois qu'ils songent à donner plus tôt le
droit de pratique pour ces citoyens et, par contre, leur demander de pratiquer
justement dans des régions plus éloignées, plus
défavorisées au point de vue du recrutement des professionnels de
la santé. Je crois que ce serait là une excellente chose si cela
se réalisait. Quant aux médecins étrangers qui sollicitent
la citoyenneté canadienne, je pense qu'ils pourraient apprendre en
pratiquant pendant 1, 2 ou 3 ans dans différents endroits du
Québec et ils pourraient plus facilement prendre conscience non
seulement des besoins du Québec au point de vue de la santé, mais
aussi prendre conscience des autres besoins du Québec et connaître
mieux la population de sorte que l'intégration chez nous en sera
peut-être facilitée. C'est un aspect.
Quant à la distribution des spécialistes, l'implantation,
la modernisation des hôpitaux, d'abord, les facilités, des
cliniques externes mieux aménagées, des services plus modernes
dans les hôpitaux sont la façon d'intéresser les
médecins spécialistes et aussi les médecins de pratique
générale à aller s'installer dans des régions plus
éloignées. En cela, nous poursuivons une politique
d'équipement sur tout le territoire du Québec, dans les
régions les plus éloignées. On a parlé tout
à l'heure de Gaspé; le député de Gaspé-Sud,
en particulier, sait qu'il sera possible au ministère de la Santé
d'autoriser très prochainement la construction d'un hôpital
moderne de 150 lits avec toutes les facilités et tout
l'équipemenl. Nous espérons que ce sera là un outil
important qui permettra à la région de s'équiper plus
complètement au point de vue médical.
Tous les hôpitaux, quelle que soit la région de la
province, font l'objet, actuellement, d'une étude au ministère de
la Santé afin de voir s'il n'est pas opportun de rénover
l'équipement et de donner des facilités de pratique aux
médecins qui y travaillent, non seulement aux médecins, mais
à toute l'équipe de la santé.
Le député a mentionné le problème des
malades des Iles-de-la-Madeleine qui doivent être hospitalisés
ailleurs. Il y a là certainement un problème important et il l'a
mentionné, je crois, de façon très logique et très
complète.
Il a touché un peu tous les aspects. Au point de vue
médical, il est certain que l'hôpital de Gaspé, même
une fois rénové ou une fois qu'il y aura un hôpital neuf de
construit, même après avoir recruté des spécialistes
à Gaspé, devra faire appel aux hôpitaux majeurs de
Montréal et de Québec pour certaines maladies plus complexes ou
qui demandent davantage d'équipement spécialisé ou pour
toutes sortes de raisons que les médecins connaissent mieux que moi.
Le député a mentionné l'aspect social, les
considérations humaines. Evidemment, au ministère de la
Santé, même si les préoccupations de coût, les
préoccupations d'aménagement rationnel du territoire ne peuvent
pas nous laisser indifférents, nous ne pouvons pas non plus rester
indifférents aux considérations humaines et sociales qu'il a
traitées tout à l'heure.
Il a mentionné que les patients, que les citoyens des
Iles-de-la-Madeleine ont, pour la plupart, leur famille à
Montréal ou à Québec c'est un fait et que,
pour des maladies complexes ou des maladies qui demandent des interventions
assez difficiles, il est préférable que ces patients soient
dirigés vers des hôpitaux de Montréal ou de
Québec.
De toute façon, il y a là, je pense, un équilibre
à garder. Le député a mentionné aussi que, pour des
maladies moins graves ou des interventions mineures, le patient peut être
dirigé vers les hôpitaux avoisinants et particulièrement
l'hôpital de Gaspé. Mais, dans tout cela, il faut garder un
équilibre. Si nous ne devons pas être indifférents aux
aspects humains du traitement du malade, par contre, il nous faut nous assurer
aussi que, dans le recrutement des effectifs pour le territoire de
Gaspé, ils aient aussi la possibilité de desservir la population
de cette région.
Au cours d'une visite aux Iles-de-la-Madeleine, une visite que nous
ferons certainement dans le courant de l'été 1969, à
l'invitation du député, je crois que nous aurons l'occasion de
voir, sur place, l'équipement, de voir dans quelles conditions les
médecins travaillent là-bas, quels sont les désirs de la
population. Nous tenterons, dans la mesure du possible, de concilier et les
demandes et les désirs de la population avec la pratique d'une
médecine rationnelle aussi, d'une médecine de la meilleure
qualité, au meilleur coût possible.
M. LACROIX: Je remercie le ministre de ces bonnes paroles qui sont un
encouragement, qui nous permettent d'espérer. Mais je lui ferai
remarquer que, dans le domaine de la santé, comme dans tous les autres
domaines, les Iles-de-la-Madeleine sont toujours un cas d'exception. On ne peut
jamais discuter des problèmes des Iles-de-la-Madeleine comme on pourrait
discuter un problème analogue dans une autre région de la
province de Québec. On fonde beaucoup d'espoir sur les médecins
étrangers. Un élargissement à la Loi de l'immigration
permettrait
probablement l'établissement dans nos régions de ces
médecins étrangers. Nous sommes loin d'avoir des objections
à ça pour autant que les médecins étrangers soient
capables de se faire comprendre de la population et que la population soit
également capable de les comprendre.
Nous avons eu un Pied-Noir qui avait assez de difficulté. Pour
ceux qui ne parlaieni pas du tout l'anglais, ils avaient un certain
problème à communiquer avec le médecin. Ceci cause un
problème naturellement. Je pense que les mesures coercitives
n'amèneront pas chez nous de médecins. Ce sont surtout des
mesures incitatives qui peuvent amener de jeunes ou de moins jeunes
médecins à venir travailler chez nous aux Iles-de-la-Madeleine.
Je pense que si le ministère demeure dans les mêmes dispositions
il s'était montré prêt à collaborer, il y a
deux ans nous pourrions plus facilement amener chez nous... Je pense
plus particulièrement à deux médecins avec qui je suis
actuellement en communication. Dès que je pourrai communiquer avec le Dr
Gélinas, je lui demanderai si on peut dire à ces médecins
de le rencontrer pour pouvoir discuter des avantages que le gouvernement
pourrait leur procurer et, en retour, obtenir d'eux des services concernant
l'Unité sanitaire qui, actuellement, aux Iles-de-la-Madeleine n'est pas
sous l'autorité d'un médecin résidant aux Iles.
Un médecin qui recevrait une assistance du ministère
pourrait également fournir au ministère des services qui seraient
une compensation. Vous savez, quand j'ai dit des mesures coercitives, nous
avions le Dr Jean-Marc Hariy, qui vient de quitter les îles et qui y a
été pendant plusieurs mois, même un peu plus de deux ans je
crois, mais son épouse ne voulait pas venir aux Iles-de-la-Madeleine,
elle voulait demeurer près de la grande ville. Le problème des
médecins ou des professionnels qu'on veut diriger dans des
régions éloignées ou isolées, c'est d'amener
l'épouse et les enfants à suivre la personne qui veut
s'établir.
C'est pourquoi, quand on peut amener le médecin au moment
où il sort de l'université, s'il n'est pas marié, le
problème ne sera pas trop grave mais s'il est marié vous verrez
le problème que cela cause. Je peux mentionner peut-être le cas du
Dr Langford, qui est natif des îles et qui devait venir s'établir
aux îles mêmes, mais il s'est marié avec une fille de
Montmagny. Le lendemain il devait donner sa réponse et un médecin
de l'hôpital de Rivière-du-Loup s'est tué et on lui offert
le poste vacant à l'hôpital de Rivière-du-Loup que sa femme
a accepté avec empressement. Nous avons manqué le Dr Langford
qui, aujourd'hui, pratique à Lévis.
C'est pourquoi je demande au ministre d'autoriser bien gentiment son
sous-ministre à être libéral en ce qui concerne les besoins
monétaires des médecins qui pourraient venir s'établir
chez nous.
M. CLOUTIER: De toute façon je la comprends d'avoir de la
difficulté à quitter le pays de Montmagny.
M. LACROIX: De toute façon elle a quitté quand même,
elle est rendue à Lévis.
M. GOLDBLOOM: Les seuls atouts des Iles-de-la-Madeleine sont leurs bons
homards et leur excellent député!
M. LACROIX: Les deux ne peuvent pas rester au même endroit en
même temps, c'est ce qui est regrettable! Merci...
M. FORTIER: Puis-je ajouter un mot, parce qu'on a parlé un peu de
Gaspé? D'abord je veux remercier le ministre de nous faire savoir
qu'après plusieurs années on aura enfin, dans mon comté,
un hôpital que je pourrais dire spécialisé.
M. LACROIX: C'est-à-dire que le ministre le promet et le
député sera obligé de le réaliser après les
élections.
M. FORTIER: L'important est qu'on fasse des plans. C'est que nous sommes
prêts chez nous si on parle de la question de spécialistes
ou de médecins à recevoir des gens des îlies. Nous
avons plusieurs spécialités, nous avons des spécialistes
qui sont très compétents.
Comme l'a mentionné le député des
Iles-de-la-Madeleine, il arrive également à Gaspé, au
point de vue humain, au point de vue social, qu'on ne peut pas aider les gens
à se déplacer vers un hôpital. Mais de là, à
leur dire: Vous êtes obligés d'aller là, on ne peut pas
faire cela.
Mais si les gens des Iles-de-la-Madeleine connaissent l'hôpital,
ce sera peut-être plus facile, d'autant plus que nous avons un projet
d'améliorer le transport, je crois. C'est un problème très
difficile à régler, le transport qui doit se faire entre les
Iles-de-la-Madeleine et Gaspé. C'est un problème qu'on doit
essayer de discuter, de régler le plus tôt possible.
Quand ce problème sera réglé, avec le temps et
graduellement, il est possible qu'il se fasse, entre les deux comtés qui
sontdes comtés amis, une connaissance entre les habitants et il sera
plus facile de se faire soigner.
Maintenant, le député des Iles-de-la-Made-
leine a parlé, et J'en conviens, qu'il y a certains
spécialistes qui pourraient aller de temps en temps aux
Iles-de-la-Madeleine, mais ce ne sont pas des cas urgents. Le
député des Iles-de-la-Madeleine a raison et je crois que tous les
médecins sont de mon avis. Quand il y a un cas d'urgence, autant que
possible, il doit y avoir sur place, un médecin qui doit être
capable de rendre les services nécessaires. Quand il s'agit de cas de
haute spécialité, évidemment, là il y a la question
du transport, comme vous l'avez mentionné, dans un hôpital plus
spécialisé.
Quant à nous, nous sommes je parle, évidemment
comme député, connaissant un peu la chose prêts
à donner des soins aux gens du territoire, une fois que l'hôpital
sera aménagé surtout en vue de donner des soins
spécialisés.
Il y a la question des médecins praticiens généraux
où nous nous réservons de parler. C'est un gros problème.
Seulement je vois que, dans la loi médicale, les médecins
praticiens généraux ont maintenant plus qu'avant accès aux
hôpitaux. Il est arrivé que des médecins m'ont dit, je m'en
rappelle: Nous, nous soignons les malades et le malade veut aller à
l'hôpital. Ce que nous faisons, nous le conduisons à
l'hôpital avec notre automobile. Maintenant, les médecins, surtout
dans les grands centres, dans les grandes villes, ont accès aux
hôpitaux et peuvent soigner leurs malades. Je crois que, dans les centres
éloignés comme par exemple la Gaspésie, ou l'Abitibi et
même les Iles-de-la-Madeleine, si les médecins praticiens
généraux peuvent faire partie de l'équipe de tous les
médecins et même des spécialistes, qu'ils soient reconnus
comme des spécialistes en pratique générale. Cela
améliorera énormément la chose.
Un autre programme serait extrêmement intéressant, c'est
que ceux qui font leur cours de spécialité ou post universitaire
passent un an, à tour de rôle, dans différents
hôpitaux éloignés, afin de donner une chance aux
médecins qui pratiquent dans ces hôpitaux et de les aider à
soigner les malades.
Je vais vous donner un exemple concret. Prenez à Gaspé,
nous sommes de garde à toutes les deux fins de semaine. Les
médecins sont de garde. Cela veut dire que le médecin garde du
samedi matin jusqu'au lundi et même des jours de semaine, quand des
médecins sont là, ils doivent également faire la
garde.
S'il était permis aux médecins qui étudient, qui
prennent des cours de passer un an dans un hôpital régional et que
cela puisse compter pour son année postuniversitaire. Je crois qu'il
serait tris facile de recruter des médecins spécialisés
pour venir dans les centres éloignés. Evidemment, ils feraient
partie du Collège des médecins, en regard du Collège des
médecins et en regard aussi de l'enseignement universitaire.
M. CLOUTIER: Ce sont là d'excellentes suggestions et je crois
qu'actuellement le Collège des médecins et les deux
fédérations, la fédération des spécialistes
et des omnipraticiens, sont sensibilisés au problème. On tente
actuellement d'intéresser davantage les jeunes médecins à
prendre contact avec les régions éloignées.
J'espère que ces initiatives que nous avons prises j'en ai
mentionné une tout a l'heure vont nous conduire à des
résultats concrets, parce que si nous équipons les régions
de facilités et d'hôpitaux modernes, bien aménagés
et fonctionnels, il est aussi important, également, qu'il y ait
là des spécialistes, des professionnels de la santé qui
aillent utiliser ces outils modernes pour le plus grand bien de la
population.
S'il est important d'équiper les régions
éloignées au point de vue de l'éducation, au point de vue
du bien-être, je crois qu'il est important aussi de compléter le
circuit des outils pour les ressources humaines; je pense qu'il est important
que du côté médical la région soit aussi bien
outillée qu'au point de vue de l'éducation, qu'au point de vue du
bien-être, et c'est ce qui justifiera aussi de faire des dépenses,
des investissements assez considérables dans l'économie de ces
régions.
Il se produira alors un équilibre économique,
équilibre entre les investissements, d'une part, qui sont
économiques et, d'autre part, les investissements du côté
des ressources humaines.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, la profession médicale
comme toute autre profession a ses qualités et ses défauts. Un
des défauts de la profession médicale, aujourd'hui surtout, est
de ne pas tenir compte du marché pour son produit qui est le
médecin. C'est une critique que je formule depuis assez longtemps
à l'endroit de nos universités, de nos facultés de
médecine surtout.
Si l'on est chef d'entreprise et que le produit soit mis sur le
marché pour être vendu dans des magasins, on fait
généralement des recherches, des sondages, on fait un certain
relevé du marché possible pour savoir s'il y a besoin pour un tel
article sur le marché. Nos facultés de médecine ont un peu
trop tendance à dire: Notre produit est un produit qui peut être
transformé par la suite en n'importe quoi, c'est-à-dire en
n'importe quelle sorte de médecin dont la population aura besoin.
Je défends, avec acharnement même, la liberté de
chaque étudiant, de chaque diplômé de
nos facultés de médecine et de toutes nos institutions
d'enseignement qui forment les effectifs de la santé de choisir sa
carrière, mais il me semble que nous laissons un peu au hasard
l'orientation de nos jeunes vers les carrières possibles. Il y a
beaucoup d'étudiants qui n'ont pas, même en terminant leurs
études à l'université il est vrai que les
médecins font par la suite des études postuniversitaires, mais je
parle de ce niveau-là pour le moment il y a beaucoup de jeunes
qui n'ont pas encore pris une décision définitive et finale quant
à leur choix de carrière.
Il y a quelque temps c'était pendant la période de
1963 à 1966 le Collège des médecins a
préparé des cartes géographiques de la province sur
lesquelles on a tracé les concentrations de population et la
répartition des médecins, en nombre total et par
spécialités, en relation avec ces concentrations de
population.
Nous y avons affecté un médecin qui était
l'employé à temps complet du Collège àl
'époque, dont le nom est venu dans la discussion, avant-hier, lorsque
nous parlions d'une des commissions qui étudient les professions
paramédicales, il s'agit en l'occurrence du Dr Roger Dufresne. Le Dr
Dufresne a pris ces cartes et a visité toutes les facultés de
médecine pour montrer aux étudiants où se trouvent les
médecins et où les médecins ne se trouvent pas et quelles
sont les spécialités. Et, lorsque je dis «
spécialité », j'inclus la médecine
générale, malgré que l'on définisse le
médecin de médecine générale comme étant
celui qui n'est pas détenteur d'un certificat de spécialiste, ce
qui est une définition assez malheureuse. Disons pour l'instant que, si
j'emploie le mot « spécialité », j'englobe la
médecine générale là-dedans. La médecine
générale est appelée de nos jours à devenir de plus
en plus une spécialité en son propre droit.
Il y a certaines spécialités qui ont peut-être assez
d'effectifs. Il y en a d'autres qui en manquent considérablement. Il y a
des étudiants qui, n'ayant pas arrêté leur décision,
seraient peut-être facilement influencés «
orientés » est un meilleur mot vers un autre domaine que
celui auquel ils ont pensé au départ. Disons qu'un jeune pense
devenir chirurgien, et on lui dit: Ecoutez, surtout dans la région
où vous pensez exercer votre profession, il y a déjà assez
de chirurgiens, mais il manque d'anesthésistes. Je ne dis pas que tous
ceux qui avaient pensé à la chirurgie accepteraient à la
suggestion du Collège ou du ministère de la Santé ou de
n'importe qui de devenir anesthésistes, mais quelques-uns accepteraient
de modifier leur orientation.
Si nous voulons conserver aux étudiants cette liberté de
choix, choix de carrière, choix de lieu de pratique, il me semble que
nous devons leur fournir des renseignements qui permettraient au
ministère de la Santé, aux professions de la santé, aux
institutions qui forment les effectifs de la santé d'orienter ces jeunes
vers les besoins de la population. Si nous ne faisons pas cela, nous
connaîtrons un jour assez malheureux, à mon avis, où l'Etat
sera obligé, pour tenir compte des besoins de la population, de diriger
nos finissants vers certaines carrières et vers certaines régions
de la province.
Maintenant, vous me direz que cela est la responsabilité de la
profession et, en l'occurrence, de la corporation professionnelle qui, en ce
qui concerne la profession médicale, est le Collège des
médecins. Je dirai que je suis d'accord que cela est la
responsabilité du Collège des médecins et de chaque
corporation professionnelle, selon le cas. Mais, je dirai aussi que, si le
ministre de la Santé est pour exercer le « leadership » que
l'on attend de lui, il devrait maintenir des communications très
étroites et très fréquentes avec les professions et se
permettre de leur faire des suggestions, mais des suggestions qui auront une
portée assez particulière, parce qu'il a une vue d'ensemble des
besoins de la population en matière de services de santé. Je
crois qu'il doit, et je me permets de dire plus qu'il ne l'a fait, se charger
de voir à ce que ces besoins soient satisfaits, quant aux effectifs que
nous allons produire.
M. CLOUTIER: Est-ce que le député parle de communications
surtout avec le Collège des médecins?
M. GOLDBLOOM: Oui, et en parallèle avec les facultés de
médecine et en parallèle avec les corporations et institutions
d'enseignement des autres professions.
M. CLOUTIER: En ce qui concerne la faculté de médecine et
le ministère de l'Education, j'ai parlé tout à l'heure
d'un comité qui siège cinq fois par année, c'est le
comité supérieur de la formation médicale, de
l'éducation médicale.
Il y a aussi cet autre comité éducation-santé et
toutes les facultés de médecine qui siège
régulièrement. Je pense bien qu'un des aspects importants, c'est
justement la formation des effectifs, les budgets qui s'ensuivent ou les
implications financières, c'est là que cela se discute.
Nos contacts avec le Collège des médecins, leur
corporation professionnelle, sont très fréquents. Je cite en
particulier le Collège des médecins. Je pourrais dire
également que le ministre d'Etat en particulier maintient un contact
constant avec les autres corporations professionnelles aussi. Nous avons
parlé des optométristes qui ont eu l'occasion de le rencontrer
régulièrement et souvent, depuis un an en particulier. Le
ministre d'Etat a rencontré également les membres du
Collège des dentistes. Personnellement, j'ai rencontré les
membres du Collège des pharmaciens, ou disons des membres de
l'exécutif du collège.
Peut-être qu'il serait désirable que l'on fasse, dans ce
secteur, des communications avec les corporations professionnelles, que l'on
fasse, pour le ministère de la Santé ce que j'ai amené au
ministère de la Famille et du Bien-Etre social, c'est-à-dire des
mécanismes de consultation automatique, des rencontres
systématiques entre les représentants de la
fédération des services sociaux ou des conseils d'oeuvres avec
nos officiers supérieurs du ministère de la Famille et du
Bien-Etre social. Cela s'est avéré une formule excellente, une
formule de dialogue, une formule d'étude des problèmes, de
solution même des problèmes, et même une formule de
prévention avant que les problèmes n'apparaissent.
Je dois dire que, dans cette optique de consultation, il existe
actuellement, entre l'Association des hôpitaux du Québec et nos
services de l'assurance-hospitalisation, ce dialogue constant et ces rencontres
automatiques à intervalles réguliers, ces rencontres mensuelles.
Alors, je retiens l'argumentation et la remarque du député de
D'Arcy-McGee et je crois qu'il y a là une excellente initiative à
prendre de la part du ministre de la Santé, d'institutionnaliser ces
rencontres avec les corporations professionnelles dans le domaine de la
santé. Peut-être que cela devrait se faire à
l'intérieur du Conseil supérieur de la santé, comme on l'a
mentionné, ou de toute autre façon qui pourrait être
logique.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je me permets de poser une
question directe au ministre. Est-ce que, comme résultat de ces
contacts, de ces rencontres auxquelles le ministre vient de faire allusion, le
ministre est maintenant en mesure de dire: Notre production de médecins
est cette année de tant, elle sera, d'ici trois ans ou cinq ans, un
chiffre qu'il choisira, lui, de tant de plus? Est-ce qu'il y a un chiffre qu'il
peut y mettre?
M. BOIVIN: M. le Président, pour ma part, je sais que c'est une
situation qui peut se corriger à long terme, nous prenons des
initiatives au ministère de la Santé. Vous savez ce qui est
arrivé, par exemple, du côté des omnipraticiens, les
assurances, les médecins ne feront pas à part des autres. C'est
bien clair qu'un médecin qui vit dans une région donnée,
il s'y rend avec plaisir. Ce qui est arrivé c'est que les compagnies
d'assurance ont tourné des malades vers les hôpitaux. Les
omnipraticiens avaient de la difficulté à entrer dans les
hôpitaux pour prodiguer les soins qu'ils étaient capables de
donner aux malades.
Alors nous avons fait un effort au ministère de la Santé
pour ouvrir les hôpitaux à tous les médecins. Vous avez
dans les règlements nouveaux un appel à tous les médecins
de la région. Tous les médecins se présentent au bureau
médical. On sait que, si les omnipraticiens peuvent entrer, encore une
fois, pour prodiguer des soins dont ils sont capables, la même chose peut
être plus avantageuse pour des régions éloignées,
quand les spécialistes pourront vivre mieux. On a institué
l'assistance médicale, on peut direque les médecins vivent
beaucoup mieux dans les régions plus éloignées. Et, pour
aider certaines spécialités à se développer, on
donne davantage des bourses dans les spécialités où il y a
pénurie. On donne davantage des bourses, par exemple, aux
anesthésistes qui sont en grande demande, aux psychiatres qui sont en
grande demande.
Ce sont des efforts que nous avons faits pour obvier à tous ces
manques dans différentes régions. Encore une fois, quand le
médecin pourra vivre mieux dans les régions
éloignées, il y ira. Alors pour ça, comme le disait tout
à l'heure le ministre de la Santé, on équipe davantage ces
petits hôpitaux éloignés. Nous organiserons des
hôpitaux d'avant-garde, de première ligne, qui serviront à
ces médecins, qui leur feront faire une médecine beaucoup plus
intéressante. Je pense même que l'assistance médicale qui
s'étendra à l'assurance-maladie va amener encore des
améliorations pour les hôpitaux éloignés afin que le
médecin, qui est un être comme les autres, puisse y trouver un
attrait. Il est évident qu'un médecin qui s'exile et qui ne
trouve pas un bon revenu, eh bien, il s'en va dans les grandes villes où
il a la possibilité d'avoir un meilleur revenu, des honoraires en plus
grande quantité.
Je crois que, par les soins à domicile aussi, on a
revalorisé les omnipraticiens puisqu'ils peuvent encore garder leurs
malades qui leur sont transférés par les spécialistes
à leur domicile, toujours sous les soins de leur médecin.
Alors ce sont des mesures que nous avons prises pour tâcher
d'améliorer la situation. Il restera aussi que peut-être le
ministre de la Santé devra s'occuper des mariages pour que les dames
acceptent les régions où les médecins devront aller. C'est
sûr que c'est une chose très
importante qu'une femme qui a été élevée
à Montréal et qui doit s'en aller aux Iles-de-la-Madeleine, c'est
très difficile. Il y a pourtant assez de Madelinots à
Montréal qui pourraient travailler davantage pour la région des
Iles-de-la-Madeleine.
M. GOLDBLOOM: Je voudrais simplement dire au ministre d'Etat qu'il vient
de parler, au début de ses remarques, d'une solution à long
terme, et nous savons tous que des solutions à long terme doivent
être envisagées; mais j'ai commencé la discussion de ce
sujet en soulignant qu'un problème aigu arrivera d'ici l3 mois avec
l'instauration de l'assurance-maladie et avec l'augmentation, de la demande, au
moins, même si la consommation des soins médicaux n'est pas en
mesure d'augmenter considérablement faute d'effectifs. La demande et
donc la frustation seront augmentées si nous n'avons pas les
effectifs.
Je comprends bien que d'ici 13 mois, produire des médecins, c'est
impossible. Si cela n'a pas été prévu dans le
passé, il est trop tard maintenant pour fournir des médecins sauf
en libéralisant les lois en ce qui concerne les médecins
immigrants. Et dans le cas des médecins immigrants, vous n'êtes
pas sans savoir qu'à n'importe quel moment donné, depuis
plusieurs années, nous pouvons compter peut-être 1,000
médecins étrangers qui sont en formation ici dans la province de
Québec, et quand même, il n'y en a, par année, que 40 ou 50
qui reçoivent leur droit de pratique.
Les raisons sont assez claires. Il y a le fait que la citoyenneté
étant exigée, ces médecins demeurent à
l'hôpital. Ils font des études qui conduisent fatalement à
une spécialisation. Et avec le certificat de spécialiste et celui
de la citoyenneté canadienne, ils partent pour les Etats-Unis.
Donc, si nous pouvons faciliter l'établissement de ces
médecins chez nous avant l'écoulement de toute cette
période, il me semble que nous en conserverons une plus forte proportion
et ce sera dans notre intérêt de le faire.
Je regrette et parce que ce n'est pas le ministre qui en est
responsable, je ne le blâme point que la refonte de la loi
médicale n'arrive pas d'ici le 13 juin et que nous soyons obligés
d'attendre encore jusqu'à la prochaine session pour la voir.
Il y a peut-être un autre espoir. Nous avons eu vent d'un projet
de loi en préparation au Secrétariat de la province qui, d'un
seul coup, modifierait les lois constitutives de toutes les corporations
professionnelles de façon à abolir l'exigence de la
citoyenneté. Est-ce que, par ce moyen, nous pouvons espérer une
amélioration de cette situation avant le 13 juin, avant l'ajournement de
la Chambre?
M. CLOUTIER: M. le Président, il est 6 heures, mais je voudrais
répondre avant l'ajournement si on me permet une minute
additionnelle.
M. GOLDBLOOM: Certainement.
M. CLOUTIER: Le député a posé la question: Combien
de médecins sortiront ou s'inscriront à l'université?
Alors j'ai des chiffres, ici, qui sont assez intéressants. Cette
année, en 1968-69, il y a 404 étudiants qui sont entrés en
médecine: 126 à Montréal, 106 à McGill, 140
à Québec et 32 à Sherbrooke. Et en 1970-71 - donc pas le
prochain exercice financier, le suivant Montréal prévoit
pouvoir en inscrire 200, McGill 110, Québec 200 et Sherbrooke 64, donc
un total de 574, donc une augmentation de 170 médecins. Ce qui voudrait
dire qu'en Amérique du Nord, si nous prenons la norme de formation de 50
à 55 médecins par million de population, cela veut dire que nous
dépasserions de beaucoup la norme de formation des médecins par
rapport à la population.
M. GOLDBLOOM: Je suis très heureux des chiffres que le ministre
vient de nous donner.
M. LE PRESIDENT: Nous suspendons la séance de la commission pour
reprendre vers huit heures et quinze.
Reprise de la séance à 20 h 17
M. MARTEL (président de la commission de la Santé): A
l'ordre, messieurs!
M. GAUTHIER (Berthier): Avec votre permission, M. le Président,
je veux tout simplement passer certains commentaires sur ce qui a
été dit cet après-midi, d'une façon toute
particulière sur la pratique de la médecine
générale et d'une façon plus particulière encore
sur la pratique de médecine générale dans un milieu qu'on
dit éloigné. Quoique géographiquement, on ne puisse pas
qualifier de milieu éloigné comparativement, par exemple, aux
Iles-de-la-Madeleine, le milieu oft je pratique à
Saint-Michel-des-Saints. Mais il reste tout de même que je pratique
à Saint-Michel-des-Saints depuis 1948 alors que, pendant les
premières années, en hiver, nous nous trouvions
complètement encerclés. Ceux qui ont pratiqué un peu en
campagne savent ce que c'est pour un médecin de porter sur ses
épaules la responsabilité lorsqu'on est éloigné de
tout confrère.
Il reste aussi que, même à l'heure actuelle, le premier
hôpital se trouve à 60 milles, ce qui veut dire que le
médecin qui pratique dans un tel milieu est complètement, sinon
désintéressé par la pensée, il l'est certainement
de fait puisque, à toutes fins pratiques, aller faire des visites
à 60 milles en milieu hospitalier, ça ne se fait pratiquement
pas. Ce qui amène ceci, c'est que nos patients sont dirigés vers
les hôpitaux. Surtout dans un cas particulier vous me direz
peut-être, mais tout de même, c'est un fait vécu, c'est que
depuis l'avènement de l'assurance-hospitalisation, le médecin de
campagne qui pratique dans des circonstances que je viens de décrire,
agit là un peu comme à un poste de premiers soins. Il est
apprécié à sa juste valeur, il n'y a pas d'erreur, mais il
en reste que les gens veulent voir leur médecin là, mais un peu
comme un pompier en cas de feu: pour les urgences.
Un médecin, dans de telles circonstances, ne peut vivre
financièrement et ni surtout psychologiquement si on peut dire. Ce n'est
pas une vie.
Cela explique un peu, entre autres choses, pourquoi les médecins
de campagne désertent de plus en plus ces endroits. Surtout, si on
ajoute à ce qu'on a décrit cet après-midi, il reste aussi
que le médecin, au point de vue financier, c'est évident, va
faire un aussi bon revenu s'il est installé au coin d'Ontario et
Saint-Denis ou n'importe quel coin de rue de la ville de Montréal que
s'il est en campagne. Et on peut ajouter à cela que, pour sa famille, le
médecin qui vit en mi- lieu éloigné, bien, il se sent pas
mal en dehors je ne dirai pas de la civilisation parce que les
gens qui y vivent sont des gens civilisés comme ailleurs, mais tout de
même, au point de vue de l'environnement, c'est un peu
démoralisant.
En plus du manque d'accessibilité au service hospitalier,
à cause des distances et aussi du milieu familial que Je viens de
décrire, il reste aussi que le médecin qui vit dans un village
comme le mien est en service, non pas trois ou quatre jours par semaine, mais
sept jours par semaine et 24 heures par jour. Vous me demanderez comment il se
fait qu'à l'heure actuelle je sois plutôt en politique qu'en
médecine. Comment nos gens font-ils pour vivre? La Providence doit y
pourvoir, parce qu'en général les gens sont assez bien portants.
Il en meurt un peu moins. Même si, de toujours, les médecins ont
enterré leurs erreurs dans les cimetières et il reste que les
gens sont heureux de nous voir arriver en fin de semaine. Mais, comme je vous
le disais tout à l'heure, vous seriez surpris de voir combien les
touristes, qui nous fréquentent en plus grand nombre
l'été, s'informent si le médecin est disponible, si le
médecin est sur les lieux.
Il reste aussi que le médecin qui a vécu dans de telles
circonstances a dû montrer beaucoup d'abnégation. Je vous disais
tout à l'heure qu'au point de vue des revenus, ce n'est pas une place
pour devenir riche. Si j'avais voulu devenir riche, il y a longtemps que
j'aurais mis la raison à la place du coeur, il y a longtemps que je
serais parti de là.
Il y a plus que cela aussi; si je relie ce que je viens de vous dire
avec l'avènement de l'assurance-hospitalisation qui draine un peu nos
patients dans le sens que nous disait le député de
Jacques-Cartier, la semaine dernière, qui se plaignait de voir arriver
les patients d'optométrie au service externe des hôpitaux, c'est
un peu le cas du médecin de campagne; ses patients sont drainés
vers les hôpitaux. Auparavant, le médecin était
surchargé d'ouvrage à un tel point qu'il lui était
impossible d'abandonner son poste pour aller suivre des cours de
perfectionnement. Sans aller jusqu'à me dire du moins, je ne me
prétends pas comme tel encore un arriéré mental, il
faut tout de même admettre, si nous voulons être objectif, que le
moins qu'on puisse dire... je suis peut-être un arriéré au
point de vue médical. Malheureusement, par la force des circonstances,
je n'ai pas pu aller me perfectionner.
On a suggéré différentes mesures palliatives pour
attirer les médecins en campagne. Il va falloir certainement faire
quelque chose, parce
que les gens ne sont plus intéressés à aller faire
un travail de nègre avec des rémunérations qui ne sont pas
meilleures qu'en ville. Je peux encore ajouter que les premières
années où j'ai pratiqué en campagne, j'ai profité,
pendant quelques années, jusqu'à 1960 vous allez me dire
que j'ai relié toute mon affaire à 1960 d'une prime
d'éloignement sans que je l'aie demandée. Ce n'est pas cela qui
m'a mis riche une prime d'éloignement de $90 par mois. Malgré
tout cela, presque la majorité des gens avaient l'impression que
j'étais payé là pour les traiter gratuitement. $90 par
mois, je pense que ce n'est pas cela qui peut attirer un médecin en
campagne.
A mon humble opinion, ce n'est pas par des primes d'éloignement
que vous allez attirer des médecins à la campagne. On l'a
suggéré cet après-midi, il y aurait peut-être lieu
d'essayer d'intéresser les médecins étrangers qui n'ont
pas pu faire reconnaître leur droit de pratique, à l'heure
actuelle, dans la province, temporairement peut-être leur faciliter la
tâche du côté de la campagne. Deuxièmement,
peut-être intéresser les étudiants en médecine en
leur payant une partie de leurs études moyennant l'engagement d'aller
servir à la campagne pour quelques années. Il y aurait
peut-être là une politique d'incitation pour les attirer en
campagne, mais il y aurait peut-être lieu surtout, comme le ministre l'a
mentionné cet après-midi, d'essayer de faciliter les choses par
la construction de petits hôpitaux. C'est beaucoup plus important que les
gens qui sont loin de ces milieux peuvent le croire. C'est que,
premièrement, le médecin ne verra plus ses patients s'en aller
complètement en dehors, deuxièmement, le médecin se
retrempera dans le milieu médical, et cela pourra lui permettre de se
recycler et de pratiquer une médecine qui est beaucoup plus
intéressante.
M. LE PRESIDENT: La décentralisation, à ce
moment-là, des hôpitaux de la province?
M. GAUTHIER (Berthier): La décentralisation relative, si vous
voulez; tout de même il ne faut pas s'imaginer qu'on construira de grands
hôpitaux généraux où il n'y a pas de
médecins, où il n'y a pas le bassin de patients possibles.
On a mentionné aussi que ce manque à trouver des jeunes
médecins pour aller pratiquer à la campagne n'affectait pas que
la profession médicale. On trouve ceci dans d'autres professions. Et
encore là, le médecin de campagne qui pratique un peu loin des
contres est obligé de cumuler d'autres fonctions.
Pour ma part, allant m'installer avec tout l'enthousiasme d'un
néophyte à la campagne, je m'étais juré, entre
autres choses, que je ferais de la médecine, un point c'est tout. La
force des circonstances m'a obligé à en arracher, parce que j'ai
arraché beaucoup de dents, j'en arrache encore aujourd'hui, avec un
succès X; mais tout de même, la réputation est surfaite,
mais elle est bonne.
Mettez-vous dans la peau du pauvre patient ou du touriste qui est rendu
à 50 ou 60 milles dans le bois, il est fort heureux de trouver un
médecin qui se pliera à ses caprices pour lui enlever, sans
douleur, je vous prie de me croire, la dent qu'il a contre son prochain.
Il reste aussi que le médecin de campagne est obligé,
entre autres choses, de dispenser ses médicaments. Pour celui lui a
à juger de ce problème derrière un bureau, en ville,
l'affaire est bien simple et, d'un coup de plume, on peut dire au
médecin; Débarrasez-vous de vos médicaments.
Personnellement, j'en ai des médicaments. Je ne demanderais pas mieux
demain matin, que de m'en débarrasser. Mais, premièrement, c'est
que je no suis pas un pharmacien, n'en déplaise à M. le
Président; deuxièmement je pense bien que j'aurais d'autres
choses plus importantes à faire que de compter des pilules.
Troisièmement..,
M. LE PRESIDENT: Pardon, pardon... Le rôle du pharmacien ne
consiste pas seulement à compter des pilules!
M. GAUTHIER (Berthier): Troisièmement, c'est qu'en plus de tout
cela, assez souvent et malheureusement plus souvent qu'autrement, nous sommes
obligés de donner des soins, des consultations et en plus de payer les
médicaments que nous fournissons à crédit.
A l'heure actuelle, vous allez me poser la question justement au moment
où je suis, à toutes fins pratiques, absent une grosse partie de
l'année du lieu où je pratique, les médicaments sont
fournis par des pharmaciens qui viennent en faire la livraison. Sans vouloir
porter plaine, je ne suis pas un porteur de plaintes, mais on surveille les
pauvres médecins, qui, une fois de temps à autre, vont vendre des
médicaments plus ou moins sans prescription surtout à des
étrangers de passage, il y aurait peut-être lieu, si on veut
fendre les cheveux en quatre, de faire une petite enquête pour se rendre
compte du genre de médicaments qui sont livrés par ces
pharmaciens-là et, souvent, sans prescription.
M. LE PRESIDENT: Oui, mais il existe une loi, je pense, du
Collège des pharmaciens qui
permet justement aux médecins comme vous, le député
de Berthier, de vendre, de tenir une pharmacie dans les endroits
éloignés où il n'y a justement pas de pharmaciens. A ce
moment-là, il n'y a pas de problème, il n'y a pas de plainte du
Collège des pharmaciens contre le médecin qui fournit des
médicaments dans ces endroits-là.
M. GAUTHIER (Berthier): Le problème que je veux mentionner, c'est
justement au moment où je ne suis pas là, à l'heure
actuelle, c'est qu'il y a des pharmaciens de Joliette ou autres qui vont faire
la livraison de médicaments pour lesquels ils n'ont pas de prescription.
Je veux parler par exemple des Librium ou des Valium ou de tranquillisants
semblables, ça reste quand même...
M. LE PRESIDENT: A ce moment-là, il s'agit de porter plainte au
Collège des pharmaciens.
M. GAUTHIER (Berthier): Loin de moi cette idée, mais c'est tout
de même pour vous retremper, pour vous faire le portrait du contexte. Il
reste que la profession médicale en général s'est
montrée assez rébarbative il faut l'admettre bien
sincèrement, je pense - à l'idée de l'assurance-maladie.
Il reste que pour nous les médecins de campagne, les médecins qui
pratiquent surtout en milieu éloigné des centres hospitaliers,
nous sommes fortement favorables. Au moins les patients que nous traiterons
seront bien traités et surtout nous serons payés pour les soins
que nous leur aurons donnés. Il reste qu'à l'heure actuelle nous
retirons paiement du ministère de la Santé pour les
assistés sociaux que nous pouvons traiter. Je pense bien que ce n'est un
secret pour personne au ministère de savoir qu'avec la mentalité
que nous connaissons de nos gens de campagne, souvent nous sommes
incités je ne dis pas que nous le faisons souvent, mais
malheureusement il faut le faire de temps à autre c'est que nos
gens nous demandent de charger une visite qui n'a pas eu lieu pour leur
permettre de payer les médicaments qu'ils n'auraient pas les moyens de
se procurer autrement.
Il reste de tout ceci qu'il y a certainement un coup de barre à
donner, soit de la part du ministère de la Santé, du
Collège des médecins et d'autres intéressés pour
trouver la solution pour attirer nos médecins en campagne. Que nous le
voulions ou non, les gens sourient quand nous leur disons ceci: La
médecine de campagne est faite encore de dévouement et c'est dans
cet esprit qu'à l'heure actuelle je ne suis pas le seul de ma
profession à le faire nous le faisons plus avec dévouement
qu'avec autre souci parce que si c'était dans la recherche d'un revenu,
il serait assez facile de trouver ailleurs avec beaucoup moins de travail et
beaucoup moins de responsabilité.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, le député de
Berthier qui parle en connaissance de cause, a souligné, à mon
avis, un aspect très important de ce problème.
Sans améliorer le milieu de façon à le rendre plus
attrayant au médecin, il n'y a pas de prime d'éloignement qui
suffira pour l'y attirer. Peut-être temporairement, mais certainement pas
pour faire implanter un personnel médical dans ces régions
éloignées. C'est un problème extrêmement complexe et
extrêmement difficile.
Je voudrais poser une question au ministre à ce sujet
précis. Il y a un cercle vicieux dans lequel se trouvent les
médecins de famille dans plusieurs régions de la province.
Quelques-uns quittent la médecine générale pour se lancer
en spécialité; ou prennent leur retraite et ne sont pas
remplacés. Le fardeau de celui qui reste est augmenté d'autant et
la pression sur lui s'augmente pour qu'il trouve un autre moyen de vivre, un
autre secteur de l'exercice de sa profession pour avoir une vie un peu plus
intéressante, un peu moins exigeante.
Il me semble qu'il y a présentement des bourses qui sont offertes
aux médecins de famille qui veulent se spécialiser dans certains
domaines, dans la psychiatrie par exemple. Il me semble que si un
médecin de famille voulait se spécialiser en anesthésie
peut-être que là je suis moins certain le
ministère de la Santé lui trouverait un montant qui lui
permettrait de se perfectionner. La question que je pose est celle-ci: Est-ce
que le ministère de la Santé offre des avantages, offre des
bourses, offre des compensations monétaires ou autres à ceux qui
veulent s'établir comme médecins de famille?
M. CLOUTIER: Le député a mentionné plus
particulièrement la psychiatrie. Il est exact que le ministère de
la Santé a fait un effort très considérable du
côté de la formation des psychiatres, et on a surtout fait le
recrutement chez les médecins de pratique générale
à qui nous avons offert des bourses. Ils sont allés se
spécialiser et ces bourses sont conditionnelles. La condition,
évidemment, était qu'ils retournent pratiquer à un endroit
prédéterminé, et cette condition était, pour
quelques années, l'équivalent d'années de la bourse
d'étude. Voilà l'effort qui a été fait quant
à la psychiatrie . Il n'existe pas, sauf erreur, au ministère de
la Santé de
programme identique en ce qui concerne les médecins de pratique
générale. Ce que !e député veut dire, je crois, ce
serait pour permettre aux médecins de pratique générale de
retourner faire un stage de formation dans le domaine de la pratique
générale de la médecine.
M. GOLDBLOOM: Ce que je veux dire, c'est que l'encouragement offert par
le ministère de la Santé est en sens unique. C'est un
encouragement au médecin de famille à quitter la médecine
générale. Il n'y a pas d'encouragement en sens inverse, pour
encourager le médecin qui est indécis peut-être, qui
pourrait choisir de s'établir à un endroit où l'on a
besoin d'un médecin de famille, ou qui pourrait choisir de se
perfectionner et de se spécialiser. Il n'y a pas d'encouragement qui
incite ce médecin à opter pour la médecine
générale, la médecine de famille, mais il y a des
encouragements qui l'attirent vers des spécialités.
M. CLOUTIER: Les encouragements qui existent sont des encouragements de
nature législative. Ils ont l'assistance médicale, le
député l'a mentionné tantôt, en milieu
défavorisé, parce que toutes les régions
éloignées comportent une partie importante de la population qui
sont des économiquement faibles ou des assistés sociaux. C'est un
aspect importait, la législation d'assistance médicale. Il y a
aussi la politique à laquelle a fait allusion le député de
Berthier tout à l'heure, l'implantation de petits hôpitaux qui
sont des outils de nature à intéresser davantage, à
faciliter l'exercice de sa profession pour le médecin de pratique
générale qui est éloigné, à la condition que
ce petit hôpital n'aille pas au-delà de sa vocation, à la
condition que ceux qui exercent la profession n'entreprennent pas non plus de
poser des actes médicaux pour lesquels ils ne seraient peut-être
pas je n'emploierai pas le mot « habileté »
mais disons des actes médicaux qui sont ordinairement posés par
des spécialistes à l'intérieur d'une
spécialité bien déterminée.
Il y a aussi cette législation d'assurance-maladie qui,
évidemment, complétera, si l'on veut, l'assistance
médicale et permettra, comme le député de Berthier l'a
mentionné tanôt, aux médecins d'être
rémunérés pour les soins médicaux qu'ils doivent
dispenser à la population.
Le ministre d'Etat me fait penser aussi à la politique
d'implantation de réseaux de soins à domicile qui voni aussi
compléter le réseau hospitalier et qui vont permettre aux
médecins, à l'intérieur de ces réseaux, de
dispenser des soins pour lesquels ils seront rémunérés.
Mais il n'existe pas de politique de bourses comme on en a mise sur pied pour
la psychiatrie ou d'autres spécialités.
Evidemment, je ne sais pas si le ministre d'Etat à la
Santé veut ajouter quelques remarques au sujet de cet aspect
particulier, mais je crois que, jusqu'à maintenant, les médecins
de pratique générale, tels que ceux qui ont pris la parole l'ont
mentionné, ont dû pratiquer, surtout il y a plusieurs
années, dans des conditions un peu plus difficiles, et ce ne sont pas
les primes d'éloignement qui peuvent vaincre toutes les
difficultés auxquelles font face les médecins de pratique
générale qui veulent pratiquer dans des régions
éloignées.
M. GAUTHIER (Berthier): Je terminerai sur une note gaie, une petite
anecdote gaie, aujourd'hui, avec le recul du temps, au sujet du premier
accouchement que j'ai fait à Saint-Michel-des-Saints. J'avais
remplacé une garde-malade qui était payée par le
gouvernement; pour le premier accouchement que le jeune médecin a fait,
il avait chargé $25. Pour être bien franc, j'en ai eu pour deux ou
trois mois à sauver ma réputation, car j'ai passé pour un
voleur. Je pense bien que ce n'était pas si cher que cela, parce qu'il y
a vingt et un ans de cela et je n'ai pas encore touché cinq cents.
M. LAFRANCE: J'ai été fort intéressé par les
réflexions que vient de faire le député de Berthier parce
qu'il faut dire que, dans la région de l'Estrie, plusieurs des
comtés de notre région souffrent précisément de ce
manque de médecins, de médecins qui, de plus en plus,
désertent nos campagnes. Je crois qu'avant 1966, une commission
d'étude avait décidé ou avait recommandé de
construire de petits hôpitaux un peu partout à travers la
province.
Je voudrais savoir de la part du ministre et du ministre d'Etat à
la Santé s'il y a une nouvelle orientation ou si c'est toujours la
même philosophie qui prévaut au sujet de ces petits
hôpitaux.
M. CLOUTIER: Evidemment, le député de Richmond est
intéressé à parler du problème de façon
générale, mais il a mentionné...
M. LAFRANCE: Générale...
M. CLOUTIER: D'une façon générale. A. ce
moment-là, je ne donnerai pas de cas particuliers. Nous y reviendrons
à l'article prévu pour ce genre de discussion. Mais j'ai eu
l'occasion, à mon arrivée au ministère, de me pencher plus
particulièrement sur ce problème d'implanta-
tion de petits hôpitaux. Etant donné que, dans ma
région, le problème existe, comme l'ont mentionné le
député de Berthier et le député des
Iles-de-la-Madeleine cet après-midi, et comme semble l'indiquer le
député de Richmond, cette politique du ministère de la
Santé est maintenant bien établis. Nous sommes en train de
dresser la carte d'implantation de ces petits hôpitaux, maternités
et cliniques, qui devront répondre à certaines normes bien
précises auxquelles j'ai fait allusion il y a un instant. Il y a,
actuellement, plusieurs acceptations de principe par le conseil des ministres,
acceptation de principe que je pourrai détailler plus tard, lorsque nous
serons rendus à l'article des constructions d'hôpitaux.
Cette carte d'implantation sera discutée, et nous aurons
l'occasion d'échanger des renseignements sur ces projets avec le
Collège des médecins. Parce que nous voulons la collaboration du
Collège des médecins afin que dans ces régions nous
puissions recruter des médecins qui iront pratiquer dans ces petits
hôpitaux.
Là où il y a un seul médecin actuellement, dans ces
régions, nous demandons et nous posons comme condition qu'il y en ait un
autre qui aille se joindre à ce médecin qui y est
déjà, afin qu'ils pratiquent au moins en équipe de deux.
Cela est une condition.
Une deuxième condition, c'est que la vocation de ce petit
hôpital ne soit pas transgressée de sorte que la qualité
des soins qui se donnent à l'intérieur de cette petite
institution ne soit jamais mise en doute. Nous voulons que ce petit
hôpital travaille en étroite collaboration avec l'hôpital
régional qu'on pourra qualifier d'un niveau supérieur surtout par
le personnel et les effectifs médicaux qui y travaillent. Donc, il y
aura une relation très étroite entre ce petit hôpital et
l'hôpital régional.
Du point de vue médical, nous avons aussi exprimé le
désir qu'il y ait une relation du point de vue administratif afin que
les administrateurs de l'hôpital régional puissent apporter leurs
connaissances et leur expérience à l'équipe administrative
d'un petit hôpital local, qui est peut-être moins bien
préparée à assumer ses fonctions de responsabilité.
Ce sont là des critères qui, évidemment, devront
être respectés.
Le point important sur lequel je reviens c'est que les actes
médicaux posés dans ces petits hôpitaux devront être
sous la responsabilité d'un directeur médical d'un hôpital
régional afin que j'y reviens encore il soit sûr, il
soit certain que la qualité de l'acte médical qui sera
posé dans cet hôpital soit indiscutable.
En règle générale, on peut dire que, dans ces
petits hôpitaux, ces petites institutions, il n'y aura pas de chirurgie
sauf petite chirurgie mineure quand il sera indiqué qu'il doit y en
avoir. Mais c'est une clinique d'urgence, de premiers soins, de
maternité. Il y aura aussi, dans ces petites cliniques, des lits de
malades chroniques et de convalescents afin de décongestionner nos
hôpitaux généraux et de permettre à ces malades de
pouvoir continuer de recevoir des soins plus près de leur milieu et pour
faciliter, comme on l'a mentionné cet après-midi,
l'accessibilité de la famille à la chambre d'hôpital. Je
pense qu'aux considérations techniques et médicales, nous
ajoutons là des considérations humaines et sociales.
Nous pourrons, du côté de la santé, équiper
toutes les régions de la province, comme nous le faisons en
éducation quand on sait que dans ce domaine il y a des institutions plus
considérables, il y a des institutions de niveau universitaire,
collégial ou CEGEP, secondaire et primaire. Alors, il sera
réalisable, je crois, dans le domaine de la santé que nous ayons
un peu la même structure du point de vue institutionnel à partir
des hôpitaux de qualité très supérieure comme les
hôpitaux de qualité universitaire où il y a enseignement et
recherches. Vous aurez, en plus de cela, des bons hôpitaux
régionaux qui ont des équipes médicales assez
complètes avec des spécialistes et vous aurez de ces petits
hôpitaux à vocation locale reliés médicalement et
administrativement à un hôpital régional.
Je crois que nous avons là la gamme d'institutions qui peuvent
desservir de façon satisfaisante le territoire du Québec.
M. LAFRANCE: M. le Président, une simple observation. Je remercie
le ministre d'avoir apporté des précisions à cette
politique et d'avoir pris une position aussi claire et aussi
catégorique. Je dois dire que c'est une politique qui, certainement,
répondra aux besoins des campagnes et cela nous rassure au sujet de
certaines rumeurs qui ont circulé, il y a peu de temps dans la province,
disant que c'était l'intention du ministère de la Santé de
faire disparaître tous ces petits centres hospitaliers pour avoir
uniquement de grands centres régionaux, ce qui, à mon humble
avis, aurait été très néfaste à tous points
de vue.
Donc, le ministre, si je comprends bien, continue, ni plus ni moins, la
politique qui a été préconisée par l'honorable
Couturier, il y a déjà quelques années. Je suis heureux de
l'entendre et je crois que c'est logique.
M. LE PRESIDENT: Maintenant que le député de Richmond a
été rassuré sur les politiques
du ministère concernant un problème qui a
été soulevé cet après-midi par des omnipraticiens,
par des spécialistes, par les membres de la commission on quelque sorte,
c'est-à-dire le problème du médecin, de l'omnipraticien
pratiquant dans des endroits éloignés de même que les
hôpitaux à caractère local, et nous avons entendu tout
à l'heure les réponses du ministre concernant ces politiques. Je
crois qu'il serait peut-être préférable de passer à
un autre poste, à une autre observation ou de passer tout de suite au
poste budgétaire 1 du présent budget.
M. PEARSON: J'aurais justement une question sur le même sujet.
Etant donné que le ministre lui-même, disons depuis au moins un an
ou un an et demi, a déjà un plan organisé pour les
institutions pour personnes âgées, par exemple, n'y aurait-il pas
possibilité, quand il parle de ces fameux petits hôpitaux
puisqu'il a étudié, si vous voulez, certains milieux
« d'accrocher » ces hôpitaux, puisqu'ils ont
déjà une clientèle. Il y a des personnes
âgées qui sont refusées par les hôpitaux, qui ne
savent pas où aller et qui, à un certain moment, ont besoin de
soins assidus. Il faudrait dispenser, à ce petit hôpital, les
soins indispensables comme ce que vous avez mentionné tantôt, les
cas d'urgence, et les fournir à vos institutions pour personnes
âgées, dans certains milieux.
M. CLOUTIER: Nous avons, dans nos institutions pour personnes
âgées, une section réservée qu'on appelle
l'Infirmerie qui est un peu un centre de transition vers une autre institution
si la personne a davantage besoin de soins. Je ne crois pas que nous puissions
avoir dans la même institution pour personnes âgées une
autre institution pour malades chroniques. D'abord, il y a une raison bien
simple je ne discute pas de la progression de la maladie, ou des soins
médicaux nécessités par ces deux types de patients
mais les institutions pour personnes âgées relèvent d'une
politique bien spéciale, politique bien définie du
ministère de la Famille et du Bien-Etre social: financement par la
Société d'habitation du Québec et opération
partagée en vertu d'un programme conjoint, le régime canadien
d'assistance publique fédérale-provinciale. Tandis que nos
hôpitaux pour malades chroniques relèvent de l'autorité du
ministère de la Santé, le coût en est partagé entre
le fédéral et le provincial en vertu de la Loi de
l'assurance-hospitalisation. Il ya donc des différences
essentielles.
Dya une institution mitoyenne et je crois que c'est
celle-là dont veut parler précisément le
député c'est l'institution pour soins de garde, où
c'est un type de patient qui est situé à mi-chemin entre le
malade chronique ou le convalescent qui vient de deux endroits, qui vient de
l'hôpital ou qui viendrait justement de l'Institution de soins de garde.
Et, d'un autre côté, vous avez le malade chronique et
convalescent. Vous avez, d'autre part, la personne âgée qui vient
du foyer pour personnes âgées et qui a besoin d'une institution
pour soins de garde à mesure que son état, son âge ou sa
condition demandent davantage de soins.
Alors, il y a là une zone grise qu'il n'est pas facile de
délimiter. Nous avons actuellement des officiers des deux
ministères qui travaillent à ce problème pour
déterminer quelle serait l'intégration possible et harmonieuse de
ce type d'Institutions: foyer pour personnes âgées, institution de
soins de garde, institution pour malades chroniques et convalescents et
l'hôpital. Alors, il y a là une progression qui se fait dans les
deux sens et qui rejoint, au centre, ce genre de patient auquel songe
particulièrement le député.
M. PEARSON: M. le ministre, en somme, je n'avais aucune espèce de
modalités. Egalement, je pense que ce n'est pas facile d'établir
des règles strictes. Je pense que chaque cas devrait être
étudié en particulier. Je pense à certains endroits
où il se fait beaucoup de sport comme à Sainte-Adèle,
à Saint-Adolphe ou ailleurs. La majorité des cas urgents sont des
jambes fracturées. Les gens sont obligés de descendre à
Saint-Jérôme ou à Saint-Laurent, disons. Si vous aviez un
hôpital du genre dans ces endroits, en plus de desservir les personnes
âgées, il pourrait servir en même temps, pour des cas
urgents, C'est un cas particulier. Ailleurs, cela peut être des cas
différents. Je ne voudrais pas généraliser. Je vous
présente un cas spécial.
M. CLOUTIER: Toutes ces petites cliniques dont on a parlé et qui
seront implantées dans le territoire du Québec, surtout dans les
régions un peu plus éloignées, tiendront compte aussi des
besoins spéciaux de cette région. Dans une région qui
longe la frontière des états américains, où il se
fait beaucoup d'opération forestières, où il y a des
milliers et des milliers de travailleurs de la Forêt, il est normal que,
dans un tel endroit où il y aura implantation d'une petite clinique, il
y ait des soins et un aménagement spécial pour ce genre de
patients qui sont sujets à des accidents de travail, des fractures ou
tout genre d'accidents reliés au métier.
Alors nous étudions de façon spéciale le programme
de chacune de ces institutions, de ces petits hôpitaux afin qu' ils
répondent bien aux besoins de la région.
Le député mentionne des endroits où il y a des
accidents attribués aux sports, surtout dans des endroits de
villégiature, l'été ou l'hiver. Il nous faudra
prévoir, dans des petites cliniques, entre autres celle de Berthier,
celle de Saint-Gabriel-de-Brandon, les services appropriés et suffisants
pour répondre aux besoins de la population.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'aimerais terminer nos
considérations générales par quelques petites questions.
Nous avons discuté la production d'effectifs de la santé et nous
avons reçu...
M. CLOUTIER: A ce sujet, est-ce que le député de
D'Arcy-McGee me permettra une correction à propos du nombre
d'étudiants que j'ai donné juste avant l'ajournement de six
heures? Il s'agit des étudiants de nos facultés de
médecine du Québec en 1969. Il y aura des corrections à
apporter aux chiffres que j'ai donnés: à l'université
Laval, 123; à l'Université de Montréal, c'est 105
étudiants; à McGill, c'est 120, et à Sherbrooke,
évidemment il n'y en a pas, ce sont les premiers finissants, ceux qui
vont finir cette année. Alors, cela fait 418 étudiants qui
termineront leurs études en 1969. Et il est prévu qu'en septembre
1970, ceux qui vont commencer leurs études, les chiffres sont plus
considérables que ceux que j'ai donnés à six heures:
à l'université Laval, il y en a 200; à l'Université
de Montréal, 200; à Sherbrooke, 96, je crois avoir donné
72; à McGill, 135 au lieu de 120; ce qui donne donc 631 étudiants
qui s'inscriront en septembre 1970, d'après les doyens des
facultés de médecine, chiffres que nous avons
vérifiés pendant l'ajournement de six heures. Et la proportion
estdonc de 100 médecins par million de population, cela sera
supérieur en 1970 aux chiffres de l'Ontario.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je suis très heureux de ces
corrections. J'ai été sur le point justement de faire allusion
à ces chiffres. Le ministre n'est pas sans savoir néanmoins
qu'une très forte proportion de ces finissants en médecine se
dirigent depuis plusieurs années vers les secteurs de la médecine
qui ne sont pas réellement la pratique ordinaire de la médecine
mais plutôt la pratique spécialisée et limitée.
Nous connaissons, dans certaines de nos facultés de
médecine, une proportion très éle- vée de
finissants qui se spécialisent, au point où, dans tout le
continent nord-américain et encore plus dans d'autres pays moins
développés que les nôtres, on se penche sur la question des
techniciens de la santé, des infirmières qui, avec une formation
plus poussée, seraient des infirmières praticiennes. Il y a
déjà de petites études qui se font ici au Québec.
Je ne sais pas si le ministre est déjà au courant ou non; j'ai
devant moi la revue Pediatrics du mois de mai 1967, qui contient un rapport
publié conjointement par le département de pédiatrie et
l'école des infirmières de University of Colorado Medical Center,
intitulé « A program to increase health care for children: the
pediatric nurse practitioner program ». Est-ce que c'est un genre de
solution auquel pense le ministère de la Santé en ce moment?
Est-ce que le ministère s'intéresse à des
expériences de cette nature? Est-ce que le ministère les
appuie?
M. BOIVIN: C'est une chose évidemment qui relève un peu
des associations professionnelles, je sais que, dans certains domaines, par
exemple comme en anesthésie, la pénurie des anes-thésistes
nous porte à penser qu'il pourrait y avoir une formation entre celles du
médecin et de l'infirmière. Il y a certaines
spécialités qui y songent.
Maintenant c'est le problème du Collège des
médecins, de voir s'ils peuvent permettre de poser des actes
médicaux par des paramédicaux qui seront sous la surveillance du
médecin. Je crois que ce problème relève surtout des
associations professionnelles qui discuteront entre elles, avec les
universités et les écoles.
M. GOLDBLOOM: Eventuellement, cependant, le ministère de la
Santé sera obligé de s'y intéresser et de prendre ses
responsabilités dans ce domaine.
M. BOIVIN: Lorsque le Collège des médecins nous
présentera peut-être son bill ainsi que les associations
professionnelles telles que les infirmières, probablement que nous
aurons d'excellentes suggestions dans ce domaine.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. CLOUTIER: Je voudrais ajouter aux remarques du ministre d'Etat
qu'actuellement, le comité fédéral-provincial sur
l'étude des coûts de santé qui étudie cet aspect
particulier et qui s'interroge sur la distribution des responsabilités
attribuées à chacune des fonctions dans le domaine de la
santé, M. le sous-ministre et le
directeur de l'assurance-hospitalisation, M. Pleau de l'hôpital
Saint-Sacrement et le Dr Roger Dufresne siègent à ce
comité dont c'est l'une des responsabilités d'étudier cet
aspect.
M. GOLDBLOOM: Une de ses préoccupations Deuxième question
sur les infirmières: L'Association des infirmières de la province
me fournit le chiffre 2,300 étudiantes qui sont admises chaque
année à l'étude de cette profession, et les dirigeantes de
l'association me disent qu'en termes généraux ce nombre semble
suffire aux besoins de la province.
Tout de même, nous constatons chaque été le
problème que connaissent la plupart de nos hôpitaux, la
pénurie de personnel qui oblige de fermer certains services; un certain
nombre de lits n'est pas disponible l'été. Le ministère de
la Santé, évidemment, est obligé de fournir les services
et les soins nécessaires ou plutôt de voir à ce que ces
services et soins soient fournis. Est-ce que le ministre a des commentaires sur
ce problème qui, dans certains hôpitaux, est assez aigu?
M. CLOUTIER: Oui, il y a un problème d'utilisation et de rotation
de personnel. On sait que la convention qui existe à l'intérieur
des hôpitaux actuellement permet aux infirmières de prendre leurs
vacances entre le 15 juin et le 15 septembre. Alors, à cette
période de l'année, il se produit une difficulté majeure
pour nos hôpitaux, à savoir comment vont-ils recruter du personnel
de remplacement pour permettre aux hôpitaux de fonctionner
normalement?
C'est un problème assez aigu et qui fait l'objet d'une attention
très spéciale dans la discussion de la convention actuelle. Le
problème de la rotation est abordé peut-être
différemment pour permettre un fonctionnement il est entendu que
le fonctionnement de nos hôpitaux, à certaines périodes de
l'année, ne peut pas toujours garder la même courbe, ne peut pas
toujours avoir le même rendement mais de toute façon, pour
s'assurer que le rendement des hôpitaux soit, même en
période d'été, tout de même, suffisant et permette
une utilisation rationnelle et raisonnable des locaux.
Je ne sais pas si le ministre d'Etat...
M. BOIVIN. Il est évident que la pénurie s'est fait sentir
davantage lors de la dernière convention quand on a diminué les
heures de travail. Maintenant, vous savez que la vie professionnelle d'une
infirmière n'est pas très longue parce que, dans la moyenne, je
crois qu'elle est de trois ans et demi. Alors, il faut un recrutement
très intense pour obvier aux méfaits du mariage de ce
côté.
Une autre difficulté, si le député de d'Arcy-McGee
me le permet. Le sous-ministre vient de me rappeler une difficulté que
nous connaissons bien, c'est que la convention collective actuelle ne permet
pas le transfert d'une infirmière d'une unité de nursing à
une autre unité.
Il n'y a pas de mobilité de personnel, et c'est un des aspects
importants de la négociation actuelle, de permettre plus de
mobilité à l'intérieur des hôpitaux, surtout au
chapitre du personnel infirmier.
M. GOLDBLOOM: Avant-dernière question, M. le Président,
elle est assez spécifique. Je crois que le ministre a
présentement en main un projet de modifications de la Loi des
infirmières qui permettrait des changements qui sont attendus depuis
très longtemps: l'admission des hommes à l'exercice officiel de
cette profession et, deuxièmement, la baisse de l'âge minimal
auquel la licence peut être décernée, de 21 à 19
ans, ce qui devient extrêmement important à cause du transfert de
cette formation des écoles hospitalières aux CEGEP. Puisque ce
changement se fait présentement et que les
étudiantes-infirmières seront admises aux CEGEP cet automne,
est-ce que le ministre peut nous assurer que ces modifications seront
faites?
M. CLOUTIER: Nous avons donné notre accord.
M. GOLDBLOOM: Cela, c'est un pas dans la bonne direction et le dernier
pas...
M. CLOUTIER: Nous prenons les dispositions pour que cela se fasse.
M. GOLDBLOOM: Bon, très bien. Dernière question, M. le
Président. La commission Hall, en présentant son rapport, a
insisté beaucoup sur la valeur de la médecine de groupe comme
solution globale au problème de la distribution des soins
médicaux. Le juge Hall lui-même est partisan de cette thèse
qui veut que, si les médecins s'organisent en groupe, la plupart des
problèmes disparaîtront. Aux Etats-Unis j'ai
déjà attiré l'attention du ministre là-dessus
on va déjà plus loin que cela; on organise un certain
nombre de centres de médecine communautaire, où des
équipes de médecins et autres professionnels de la santé
prodiguent des soins d'ensemble et avec un certain succès. Je ne propose
pas cette formule comme étant la seule ou nécessairement la
bonne, mais je voudrais savoir à quel point le ministère
s'intéresse à cet aspect de l'évolution de nos soins
médicaux, de nos soins de santé en ce moment.
M. BOIVIN. Il y a des groupements évidemment... Cela a
été peut-être laissé à l'initiative des
spécialités, mais actuellement il y a une tentative de
regroupement de médecins de la même spécialité et de
différentes spécialités. Nous n'avons pris aucune position
pour nuire à l'organisation de ces groupes, et je crois que c'est une
chose recommandable.
M. GOLDBLOOM. Il y a deux projets pilotes si vous voulez quoique
ces deux projets relèvent d'une initiative tout à fait
privée, je pense à Pointe-Saint-Charles à
Montréal et également dans un secteur près de la rue
Papineau, je crois que la clinique s'appelle la clinique Saint-Jacques. Est-ce
que le ministère accorde un appui financier quelconque à ces
projets ou est-ce que le ministère pourrait être convaincu d'y
accorder un intérêt particulier?
M. CLOUTIER: Je connais personnellement plusieurs projets de la nature
de celui mentionné par le député de D'Arcy-McGee. Il y
aurait la polyclinique médicale poulaire, il y aurait la clinique
Saint-Jacques et, à Québec, il y aurait aussi la clinique
je crois que c'est dans l'aire numéro 10 où une clinique
fonctionne. Nous ne donnons pas de subvention directe pour ces cliniques. Il y
aurait apparemment une étude qui serait faite par les autorités
fédérales sur ce genre de cliniques pour aussi savoir quel est
leur lien avec l'assurance-hospitalisation.
De notre côté, au Québec, j'ai demandé que
l'on en fasse une étude pour le ministère de la Famille et du
Bien-Etre social, parce qu'il y a là aussi des implications sociales,
parce que ces cliniques sont implantées en milieu
défavorisé ou dans un milieu économiquement faible.
Actuellement, nous ne donnons pas de subvention directe à l'installation
de telles cliniques.
M. BOIVIN: Après l'organisation de l'assurance-maladie, ce sera
peut-être une chose qui se fera plus rapidement et qui sera plus facile.
Actuellement les regroupements offrent des honoraires souvent accrus et les
patients sont obligés de payer.
M. GOLDBLOOM: Le ministre d'Etat a raison. Ces cliniques sont
organisées dans des secteurs défavorisés
précisément parce que la pratique normale de la médecine
n'est pas très attrayante, beaucoup des malades ne sont pas en mesure de
défrayer le coût des soins. Mais, avec l'assurance-maladie,
justement, dans ces secteurs la médecine sera aussi intéressante
que dans tout autre secteur.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Laurent.
M. PEARSON: M. le Ministre, j'aurais une dernière question
d'ordre général. Peut-être la question a-t-elle
été posée, je ne le sais pas. On sait la difficulté
qu'ont les policiers lorsqu'arrivent certains accidents pour faire admettre
certains malades dans certains hôpitaux. Quelquefois on a vu dans les
journaux qu'ils ont été obligés de faire deux ou trois
hôpitaux. Je soulignerai également la difficulté qu'ont
certains médecins qui ne sont pas attachés spécifiquement
à tel hôpital à faire admettre des malades pour des cas
assez urgents. Est-ce que ces problèmes ont été
étudiés? Le ministère a-t-il des solutions à
proposer pour régler ces problèmes?
M. CLOUTIER: Le sous-ministre a eu l'occasion, à plusieurs
reprises, de discuter avec la direction des hôpitaux de Montréal
de la répartition en zones de la ville de Montréal pour les cas
d'urgence. Il y a là véritablement un problème. Des
études actuellement n'ont pas débouché sur un
système parfaitement bien rodé qui fonctionnerait sans anicroche.
Personnellement j'ai eu connaissance par les journaux et
probablement que plusieurs députés également ont eu
connaissance de certaines situations, de certains faits, de certains
événements, de certains endroits où des patients auraient
été refusés à cause du manque de locaux, à
cause d'un service d'urgence insuffisamment équipé ou à
cause d'un manque d'espace.
De toute façon tous ces services de nos hôpitaux,
particulièremeni les hôpitaux de Montréal, en ce qui
concerne les services d'urgence, les laboratoires, les cliniques externes font
l'objet de priorités. Nous espérons que le plus tôt
possible tous les hôpitaux de Montréal et spécialement ceux
qui sont au carrefour de certaines grandes avenues, de certaines rues qui
constituent un débouché plus normal pour l'hôpital, nous
espérons que tous ces hôpitaux se-roni bien équipés
afin qu'il n'y ait pas de refus de malades ou d'accidentés qui arrivent
à l'urgence.
M. PEARSON: Voyez-vous, moi, j'ai l'Impression je ne suis pas
médecin que si on n'a pas de lit pour un malade en particulier,
on le refuse. Il me semble qu'une directive pourrait peut-être être
donnée au moins pour qu'on examine le patient, et si on n'a pas de lit,
une fois examiné, qu'on l'oriente ailleurs.
M. CLOUTIER: Dans les règlements d'hô-
pitaux, le ministre d'Etat pourrait vous dire mieux que je ne saurais le
faire les articles qui concernent cat aspect particulier parce que le ministre
d'Etat a fait...
M. BOIVIN: Il y a un certain nombre de lits qu'on est censé
garder pour les urgences. Evidemment on ne peut pas endosser toutes les erreurs
qui sont faites par certaines personnes. Dans l'ensemble on peut dire que ces
cas-là, ces erreurs sont soulignées à grand renfort de
publicité.
M. PEARSON: Exactement.
M. BOIVIN: De façon générale, les directeurs des
hôpitaux sont censés garder un certain pourcentage de lits pour
recevoir les urgences.
M. GOLDBLOOM: C'est ça.
M. PEARSON: C'est ce que je voulais mentionner. Même s'ils n'ont
pas de lit, qu'au moins, à ce moment-là, si on arrive avec
quelqu'un et qu'on soupçonne une crise cardiaque ou en cas de blessure
grave, il y ait un interne ou un médecin pour l'examiner, si c'est un
cas très grave, quitte, après coup, à l'envoyer dans un
autre hôpital et avoir un lit.
M. BOIVIN: C'est ce qu'on fait en général, mais, comme je
vous le dis, il y a certaines erreurs humaines qui sont faites et qui sont
soulignées de grand renfort de publicité.
M. PEARSON: Oui, oui. Ce sont justement celles qui font le plus mal.
M. BOIVIN: Maintenant ce n'est pas aussi facile qu'on le croit. Il
arrive assez souvent, par exemple, que certains malades sont examinés
dans ces hôpitaux et devraient être dirigés vers certains
hôpitaux spécialisés où réellement, ce
soir-là, il manque de place.
Prenez un malade qui subit une fracture du crâne, bien, on peut
dire que tous les hôpitaux ne peuvent pas s'équiper pour recevoir
et pour donner réellement les traitements à ces malades. Alors
certains soirs, certaines fins de semaine, il peut arriver que ces
hôpitaux soient comblés. Alors en donnant davantage des
ressources, en ajoutant des lits dans des régions où
réellement c'est nécessaire, on pense pouvoir en venir à
corriger ces situations.
M. LE PRESIDENT: D'autres questions?On passe au poste budgétaire
1: Administration.
M. GOLDBLOOM: Je pense que, par principe et par tradition, nous
aimerions réserver notre droit de parler davantage sur ce poste, mais
nous aimerions quand même passer en revue les articles, un par un.
M. LE PRESIDENT: Article 1: Traitements et indemnités?
Adopté?
M. GOLDBLOOM: Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Article 2: Frais de voyage?
M. GOLDBLOOM: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 3: Frais de bureau et autres dépenses?
Adopté?
M. GOLDBLOOM: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 4: Matériel, articles de bureau,
impressions et abonnement? Adopté?
M. GOLDBLOOM: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 5: Traitement électronique des
données?
M. GOLDBLOOM: La, il me semble que des explications s'imposent, la
différence étant assez impressionnante.
M. CLOUTIER: II s'agit d'imputations à partir du ministère
de la Famille et du Bien-Etre social. On sait qu'il y a un centre des
données pour les deux ministères. Le budget principal est au
ministère de la Famille et du Bien-Etre social. Il y a imputations
à certains articles. Si les députés n'ont pas d'objection,
quand les crédits du ministère de la Famille et du Bien-Etre
social viendront, je donnerai tous les détails à ce moment, parce
que c'est là où est la responsabilité précise pour
cet article.
M. LE PRESIDENT: Adopté, article 5. Article 6: Publicité
et information? Adopté?
M. GOLDBLOOM: A l'article 6, je pense que le ministre connaît mes
opinions sur les montants qui sont affectés à ce qui est, dans le
domaine de la santé, une responsabilité très importante.
Je suis encore une fois, cette année, déçu de voir que le
montant affecté à la publicité et à l'information
ne connaisse aucune augmentation.
Je sais que le ministre me répondra qu'il y
a l'Office d'information et de publicité, mais nous en avons
susffisamment discuté dans d'autres circonstances, je pense, pour que je
ne reprenne pas toutes les attaques contre cet office... Le ministère de
la Santé est responsable de la santé publique conjointement avec
d'autres organismes, je le sais; mais, la responsabilité principale est
certainement celle que détient le ministre lui-même. Il y a des
problèmes réels et des problèmes qui mettent en jeu la
santé des citoyens. Je voudrais prendre un seul exemple. Le prenant, je
m'excuse auprès de mes collègues de la table qui ont la cigarette
à la main, mais j'ai l'intention d'en parler...
M. LAFRANCE: Très bien... et la boisson aussi!!!
UNE VOIX: II y a longtemps que vous l'attendiez celle-là...
M. GOLDBLOOM: Je vous céderai la parole sur ce
sujet-là...
Nous savons tous que tout récemment, Radio-Canada a pris une
décision en ce qui concerne les annonces publicitaires sur la
cigarette.
J'ai devant moi une directive émise par le directeur
général de mon hôpital qui déclare et c'est
en date du 30 avril de cette année qu'à partir de cette
date aucune cigarette ne sera vendue dans l'hôpital. On encourage les
médecins à donner l'exemple 1 leurs malades qui, en l'occurrence,
sont des enfants, et à ne pas fumer dans l'hôpital et surtout pas
devant les enfants.
Il y a eu, il y a déjà six ou sept ans, une étude
faite par un pédiatre canadien très distingué, le Dr Harry
Medovy de Winnipeg, sur les habitudes des écoliers de la ville de
Winnipeg. Nous avons tous été bouleversés d'apprendre
qu'à partir de la 1re année, à l'école,
déjà quelques enfants avaient l'habitude de fumer. Il y a toute
l'évidence scientifique sur laquelle je n'insiste pas, sauf pour citer
des études faites sur les bébés qui naissent d'une
mère qui fume; le bébé est en moyenne plus petit. J'ai ici
la livraison du Journal de l'Association médicale canadienne du 3
août 1968, à la page 200. Je cite à partir du
résumé de l'article sur la cigarette: « La saturation
moyenne d'hémoglobine en oxyde de carbonne dans le sang veineux
était de 8.3% chez les fumeuses et de 1.2% chez les non-fumeuses.
» Evidemment, plus d'oxyde de car-gonne, moins d'oxygène en
général.
Pour rattacher tout cela au sous-article que nous discutons, celui de la
publicité et de l'information, je donne l'exemple du New York
Times Magazine du 4 mai de cette année, qui, en première
page, donne six exemples d'affiches publiées par la American Heart
Association pour encourager tout le monde à cesser de fumer.
Or, M. le Président, il me semble que la preuve contre la
cigarette est suffisamment abondante pour que l'autorité publique prenne
une certaine responsabilité à ce sujet. Radio-Canada vient de le
faire. J'espère que le ministère de la Santé le fera et si
l'on me dit puisque j'ai fait allusion à mes collègues qui
fument autour de moi, moi je ne fume pas que c'est assez difficile pour
l'adulte d'abandonner ses habitudes, c'est au moins possible de donner une
éducation sanitaire, si vous voulez, aux enfants du Québec pour
les empêcher d'adopter cette habitude qui mène au cancer, aux
troubles cardiaques, à des difficulté s, quand on donne naissance
à un bébé. Alors, je demande très
sérieusement au ministre de la Santé de songer à lancer,
non seulement cette campagne de publicité, mais d'autres campagnes
auxquelles il pourra facilement penser avec la collaboration de tous ses
officiers.
M. CLOUTIER: Le député de D'Arcy-McGee prêche par
l'exemple. Je suis bien à l'aise pour en parler, parce que j'ai
cessé de fumer il y a déjà plusieurs années. Le
ministère de la Santé travaille de plus en plus en étroite
collaboration avec le ministère de l'Education dans tout ce domaine des
drogues et aussi dans le domaine de la cigarette, de la lutte contre les
dangers du tabac. Nous faisons, dans les unités sanitaires, la
distribution d'une littérature contre l'usage du tabac, et nous sommes
très satisfaits de cette décision de Radio-Canada de
défendre, de ne pas accepter de publicité au sujet de la
cigarette.
Je crois que le fédéral était beaucoup mieux
placé que la province à ce chapitre-là. La
Société Radio-Canada a posé un geste que nous approuvons
sans réserve. Quant au Québec, nos moyens de publicité
sont peut-être plus limités que ceux du fédéral
étant donné que l'usage de la télévision
était déjà un instrument de publicité, un
instrument très fort. Alors l'absence de publicité sur les ondes
de Radio-Canada est certainement de nature à aider ce travail contre les
dangers de l'usage du tabac En ce qui concerne notre ministère, nous
avons conscience que c'est en travaillant de très près avec le
ministère de l'Education, nous, par nos unités sanitaires, et le
ministère de l'Education, par les campagnes d'éducation qu'il
peut faire auprès des étudiants, que nous lutterons de la
façon la plus logique et de la plus directe et
efficace contre le tabac et son usage.
M. LE PRESIDENT: D'ailleurs, M. le Ministre, une association
professionnelle, l'Association des pharmaciens, en collaboration avec l'OPTAT,
fait une campagne présentement dans le Québec contre les drogues
en général et je pense que ça comprend la nicotine qui est
dans le tabac. On met les étudiants en garde contre le danger de ces
substances.
Est-ce que l'article 6: Publicité et information est
adopté?
Adopté. Article 7.
M. GOLDBLOOM: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 8.
M. GOLDBLOOM: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Donc le poste budgétaire 1 adopté dans
son entier.
M. GOLDBLOOM: Avec la réserve que j'ai exprimée au
début, M. le Président, simplement pour la forme.
M. LE PRESIDENT: C'est à l'article 5?
M. GOLDBLOOM: Non, non, nous réservons le droit de revenir sur ce
poste en Chambre quand le rapport sera fait. Pour la forme.
M. CLOUTIER: Oui, on garde toujours un article.
M. LE PRESIDENT: Très bien! Poste budgétaire 2:
Assurance-hospitalisation. Article 1 : Administration. Sous-article 1 :
Traitements.
Sous-article 1, adopté?
M. GOLDBLOOM: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 2.
M. GOLDBLOOM: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 3.
M. GOLDBLOOM: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 4.
M. GOLDBLOOM: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 5.
M. GOLDBLOOM: Adopté.
M. CLOUTIER: Le député constatera au poste
budgétaire 1, article 5 qu'il y a des programmes qui ont
été transférés au poste budgétaire 2,
sous-article 5 au traitement électronique des données. Il y a une
diminution. C'est une question d'imputation sur laquelle je reviendrai dans les
crédits de l'autre ministère.
M. GOLDBLOOM: Oui, d'accord.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 6, adopté.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je pense qu'au sous-article 6,
surtout avec l'augmentation intéressante du montant qui lui est
attribué, nous aimerions avoir des explications de la part du ministre.
Quelles sont les études, recherches et enquêtes qui sont
entreprises?
M. CLOUTIER: II y a d'abord tous les comités consultatifs du
ministère et particulièrement celui de
l'assurance-hospitalisation. J'en donnerai une liste pour le renseignement, la
satisfaction des membres de la commission.
Il y a le comité de radiologie, le comité de diagnostic et
thérapeutique, le comité de planification des lits chroniques et
généraux, le comité de relation du personnel
professionnel, le comité de recherche de laboratoire, le comité
de contrôle d'arbitrage. Il y a le comité du nursing, le
comité des cadres supérieurs, le comité d'étude des
tâches dans les hôpitaux et c'est le plus considérable. Il y
a une somme de $100,000 prévue au travail de ce comité qui sert
aussi pour la négociation.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que, parmi ces études, recherches et
enquêtes surtout enquêtes le ministère
entreprend une étude de la qualité des soins fournis dans les
hôpitaux? Je sais que certaines statistiques sont fournies au
ministère qui permettent d'évaluer la qualité de ce qui
est fait dans certains hôpitaux et nécessairement par les
médecins. Est-ce que c'est une activité importante à
l'intérieur de...
M. CLOUTIER: Est-ce que le député veut dire la
qualité de l'acte médical?
M. GOLDBLOOM: Pas la qualité du point de vue professionnel, mais
certaines statistiques qui permettent de juger que, dans un hôpital
donné, les habitudes ne sont pas les meilleures...
M. CLOUTIER: De consommation?
M. GOLDBLOOM: La consommation ou la durée de séjour?
M. CLOUTIER: II y a une indication, la durée de séjour,
nous l'avons pour tous les hôpitaux. Nous avons des statisques qui
peuvent nous renseigner...
M. BOIVIN: Nous avons un département, évidemment, qui a
des normes médicales pour voir à ce que tout se fasse selon des
critères de qualité.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que les réponses vous sont
satisfaisantes?
M. CLOUTIER: L'analyse que nous faisons au ministère de la
Santé, l'analyse du rapport, en termes techniques genre P.A.S.
(Professional Activity Study), admission, sortie des patients, cela
complète l'information que f ai donnée tout à l'heure au
sujet de la durée de séjour des patients. C'est une étude
systématique sur laquelle nous allons mettre l'accent davantage parce
que c'est là une indication précise du degré
d'efficacité des hôpitaux.
M. GOLDBLOOM: Je me rappelle que quand je portais un autre chapeau,
celui de gouverneur du Collège des médecins, le ministère
de la Santé a fourni certains renseignements à même les
statistiques traitées par les ordinateurs, qui permettaient au
Collège des médecins d'agir contre certaines pratiques qui
n'étaient pas acceptables. On avait décelé une mauvaise
médecine par moyen de ces statistiques et par leur analyse.
M. CLOUTIER: Dans les cas particuliers, quand il y a indication des
problèmes que vient de mentionner le député, nous les
référons au Collège des médecins. Mais je dois dire
à ce sujet que non seulement nous sommes en position de les
détecter pour les hôpitaux, mais également, pour
l'assistance médicale. Les renseignements que nous avons nous permettent
de porter un jugement d'ensemble sur la pratique médicale des
médecins par comparaison, ou, en prenant la pratique même du
médecin en cause.
M. GOLDBLOOM: II existe au Canada au moins un service privé
d'analyse des statistiques hospitalières qui est offert, qui peut
être acheté par les hôpitaux. Est-ce que c'est une
dépense admissible au budget ou est-ce que le ministère de la
Santé insiste pour faire cette analyse lui-même?
M. CLOUTIER: Nous développons le service au ministère
actuellement.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que le Québec détient toujours le
championnat de la durée du séjour?
M. CLOUTIER: M. le Président, nous avons des statistiques
intéressantes à donner sur le coût par patient et aussi sur
la durée de séjour en 1968. J'ai ici la moyenne de séjour
dans nos hôpitaux généraux, la moyenne de séjour est
de 10.74, et, dans nos hôpitaux pour malades chroniques,
évidemment, on comprendra qu'elle est plus longue. La durée
moyenne de séjour dans les hôpitaux pour malades chroniques, c'est
de 182.95 jours. La durée moyenne de séjour dans les
hôpitaux en 1968, dans les hôpitaux publics généraux
et chroniques était de 12.99 jours. Nous allons vous donner la
comparaison avec l'Ontario dans un instant.
M. GOLDBLOOM: Et avec l'an dernier?
M. CLOUTIER: En 1969, j'ai donné tantôt au
député pour les hôpitaux généraux 10.74 alors
disons 10.8 et, en 1967, on me fournit le chiffre à l'instant, 10.97. Si
le député veut poser d'autres questions, nous y reviendrons.
M. GOLDBLOOM: Oui, certainement.
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 6 est adopté?
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. LE PRESIDENT: Enquêtes et recherches.
M. LAFRANCE: Un instant. Si je comprends bien nous sommes au
sous-article 6: Est-ce que ce serait le moment de parler de certaines
enquêtes qui ont été faites dans certains hôpitaux de
la province, en particulier l'enquête Trahan à l'hôpital de
Windsor?
M. LE PRESIDENT: En parler ici ou bien à l'article 2;
Hospitalisation et services externes.
M. GOLDBLOOM: Hospitalisation et services externes.
M. LAFRANCE: Alors, je peux en parler tout de suite, M. le
Président?
M. LE PRESIDENT: Oui, à condition qu'on accepte le sous-article
6.
M. GOLDBLOOM: Oui, certainement.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 6, adopté. Hospitalisation et
services, article 2 du poste budgétaire 2.
M. LAFRANCE: M. le Président, je voudrais, en ce moment, comme
représentant du comté de Richmond, soumettre à l'attention
des membres de la commission une situation qui a été faite
à la population de Windsor, situation que je considère
très injuste et très discriminatoire à l'endroit d'une
population de 20,000 à 30,000 habitants. Je crois que le gouvernement
devrait, dans ce cas, reviser la décision qu'il a prise à ce
sujet.
Les faits, M. le Président, les voici. A Windsor, un
hôpital existait depuis déjà 15 ans environ. Cet
hôpital était devenu, comme petit hôpital local, l'un des
plus modernes de la province avec deux salles d'opération,
obstétrique, salle d'urgence, salle de radiologie, laboratoire, cuisine
moderne, enfin tout. A la suite de certains conflits, conflits de personnel,
conflits entre médecins, et aussi, à la suite de conflits entre
le personnel syndiqué, le gouvernement, le ministère de la
Santé a jugé à propos de décréter en janvier
1965 une enquête qui était présidée par le juge
Trahan.
Cette commission d'enquête a remis son rapport, je crois, en
décembre 1968. Et dans ses recommandations, la commission
suggérait de changer la vocation de l'hôpital, que l'institution
devienne un hôpital pour malades chroniques seulement. Je n'ai pas besoin
de vous dire que ce fut un tollé général, non seulement
dans la ville de Windsor, mais également dans toute la région, un
tollé général qui n'est pas encore dissipé et qui
aura certainement des répercussions.
Les motifs qui ont été invoqués par la commission
d'enquête, sont, d'abord l'incompétence de l'administration,
ensuite les abus dans la pratique de la médecine, en particulier de la
chirurgie, et, enfin, la proximité d'hôpitaux dans la ville de
Sherbrooke et du nouveau centre universitaire de l'université de
Sherbrooke. Incompétence et négligence de l'administration, quand
on se donne la peine de consulter un peu le rapport de la commission Trahan, je
crois que c'est bien évident. Mais, je ne crois pas que ce soit
là une raison qui justifie la disparition de l'hôpital. Et c'est
un des principaux motifs qu'on a apportés.
Deuxièmement, l'abus de la pratique de la médecine, en
particulier de la chirurgie; là encore, je ne crois pas qu'on doive en
imputer la responsabilité à la population. Si je suis bien
informé, je crois qu'il existe un Collège des médecins. Il
lui appartient, évidemment, c'est lui qui a les seuls pouvoirs de
surveiller l'acte médical et en même temps de freiner, en certains
cas, les appétits peut-être un peu trop voraces de certains
chirurgiens.
Le troisième point, c'est la proximité des hôpitaux
de Sherbrooke. On dit que c'était à peine à cinq ou dix
minutes de Sherbrooke. M. le Président, l'expérience nous
démontre que cela nécessite au minimum vingt à trente
minutes pour pouvoir avoir accès aux hôpitaux de Sherbrooke.
A l'heure actuelle, il y a une pénurie de lits dans les
hôpitaux de Sherbrooke et le centre universitaire n'est certainement pas
en mesure de recevoir des malades, je crois que c'est surtout un centre de
recherche qui se limitera à prendre certains cas bien spéciaux.
Alors je crois que le ministère de la Santé devrait, en toute
justice pour la population de Windsor et de la région, une population
importante qui réunit de 20,000 i 30,000 habitants, devrait
rétablir au moins un service d'urgence et aussi une salle
d'obstétrique ou de maternité, quel est le terme qu'on
emploie?
M. LE PRESIDENT: Obstétrique. M. BOIVIN: Les deux.
M. LAFRANCE: Alors, j'aimerais, M. le Président, que le ministre
puisse dire aux membres du comité qu'il se propose de reviser la
décision que je considère injuste et discriminatoire pour la
population de Windsor, qu'il se propose de reviser sa décision et de
rétablir, petit à petit, ces services que la population est bien
justifiée d'avoir.
M. BOrVTN: Je pense bien que, quand on dit que nous avons
été injustes pour la population, ce que nous devions fournir
à la population, c'était une certaine protection. Ce qui nous a
été révélé par l'enquête publique qui
a été tenue, c'est qu'il se faisait une mauvaise médecine.
L'enquête a été faite par le Collège des
médecins et par un juge et ses commissaires. Ils nous ont donné
des conclusions que nous devions suivre il me semble, pour la protection
publique.
M. LAFRANCE: M. le Président, si j'ai une voiture dont le moteur
fait défaut, est-ce que je vais mettre ma voiture au rebut au lieu de la
soumettre à un mécanicien. Il n'appartient pas à la
population de corriger s'il y a certains abus qui sont pratiqués ou s'il
y a certaines négligences soit de la part de l'administration ou de la
part des médecins, la population n'a
aucun pouvoir. Il appartient soit au Collège des médecins
ou soit au ministère de la Santé de corriger ces abus. Je ne
crois pas que cela justifie la disparition de l'hôpital et je ne crois
pas non plus que le rapport Trahan soit un article aussi important que la
bible, c'est une simple recommandation et il appartient au ministère de
la Santé de prendre ses responsabilités.
M. BOIVIN: Au stade où nous en sommes actuellement, il fallait
tirer des conclusions d'après le rapport qui nous a été
fait par la commission d'enquête. Je ne dis pas que ces décisions
seront prises pour l'éternité, mais actuellement, au stade
où nous en sommes, nous devions prendre l'attitude que nous avons prise
pour la protection du public.
M. LAFRANCE: Mais, je crois, M. le Président, que c'est une
attitude, que c'est une décision extrémiste et discriminatoire.
On punit la population de choses dont elle n'est pas responsable, dont elle
n'est pas coupable. On aurait très bien pu...
M. BOIVIN: Nous ne punissons pas la population, nous la protégons
en prenant l'attitude que nous avons prise.
M. LAFRANCE: M. le Président, je ne partage pas l'opinion du
ministre. Je ne crois pas qu'on la protège en lui enlevant des services
qu'elle avait acquis et qu'elle méritait, qu'elle...
M. BOIVENT: Mais par qui doivent se donner ces services?
M. LAFRANCE: Par des médecins.
M. BOIVIN: Où sont-ils vos médecins qui pratiquaient
là?
M. LAFRANCE: Ils sont partis depuis que l'hôpital est
fermé. Cela rejoint justement le problème qui a été
soulevé par le député de Berthier. Avec la disparition de
l'hôpital, eh bien, il y a plusieurs médecins qui se sont
envolés. M. le Président, je trouve vraiment et je comprends
qu'ils se soient...
M. BOIVIN: Ils s'étaient envolés avant la conclusion du
rapport d'enquête et avant que la conclusion sorte publiquement.
M. LAFRANCE: Disons qu'à ce moment-là il y avait une
menace qui planait et d'ailleurs les médecins ont senti qu'on allait
prendre des mesures assez arbitraires et assez radicales...
M. BOIVIN: C'est ce que je vous dis...
M. LFRANCE: C'est pour cette raison que...
M. BOIVIN: C'est ce que je vous dis. Au stade où nous en sommes,
nous étions justifiés de prendre l'attitude que nous avons
prise.
M. LAFRANCE: M. le Président, est-ce que le ministère de
la Santé, à chaque fois qu'il trouve qu'il y a des abus ou qu'il
y a des erreurs qui se commettent tant au point de vue administratif qu'au
point de vue médical dans certains hôpitaux, fait
disparaître les hôpitaux.
Même le juge Trahan qui fait partie d'un hôpital de
Montréal, où on a connu, du moins il y a quelques jours, des
conflits graves, est-ce qu'on a fait disparaître l'hôpital?
M. BOIVIN: On vous adittout à l'heure qu'on voulait installer un
réseau de petits hôpitaux...
M. LAFRANCE: Oui, mais vous en faites disparaître...
M. BOIVIN: ... qui pouvaient dépendre d'un hôpital plus
important, l'hôpital régional, où se dispense les services
de toutes les spécialités. Vous avez un exemple avec
l'hôpital de Windsor, un petit hôpital qui a dépassé
les limites de ses capacités médicales, où il s'est fait
de la chirurgie sans anatomo-pathologiste.
M. LAFRANCE: A qui la faute?
M. BOIVIN: On a mis un terme à ça, parce que
l'enquête qui a été faite adémontré que cette
médecine-là ne devait pas se pratiquer dans ces petits
hôpitaux, tel que ça s'est pratiqué.
Je vous ai dit qu'au stade où nous étions, nous avions un
conflit d'ouvriers, un conflit du personnel syndiqué, et nous devions
prendre des décisions très rapides, parce que nous étions
devant un hôpital qui était vide, et le personnel syndiqué
était en grève. Il fallait régler le conflit ouvrier. Il
fallait ensuite suivre les recommandations de la commission. Encore une fois,
je vous le répète au stade où nous sommes actuellement
devant le résultat de l'enquête, devant l'attitude que les
médecins ont prise, devant l'attitude du Collège des
médecins, il fallait conclure comme nous avons conclu. Comme je vous le
dis évidemment que ce n'est peut-être pas une
décision prise « ad vitam aeternam » nous
étions justifiés de prendre cette décision dans le temps.
On vous l'a écrit et on l'a écrit au conseil d'administration
dans ce temps-là, c'est évident que la situation a changé
avec le développement qui s'est fait à Sherbrooke, à
peine à 15 milles de Windsor, cela nous incitait à prendre
la décision que nous devions prendre avec le développement
universitaire qui s'établissait à Sherbrooke, à 15 milles
de Windsor.
M. LAFRANCE: Si je comprends bien, le ministre vient de le dire, de
façon assez vague, est-ce l'intention du ministère de la
Santé de rétablir, au fur et à mesure, certains services,
par exemple une salle d'urgence et ensuite une salle d'obstétrique?
Est-ce l'intention du ministère de le faire à brève
échéance?
Je dois vous dire, comme je l'ai dit au début de mes remarques,
que c'est un véritable tollé général, chez nous,
dans notre région. Voici un centre industriel qui est à
proximité de Richmond. Ce fut une levée de boucliers de la part
de toutes les municipalités environnantes, de toutes les associations
qui ont protesté contre cette façon absolument arbitraire de
régler un problème. Si quelqu'un souffre à une jambe, on
n'ampute pas la jambe. On essaie de traiter le point qui est malade. Alors si
je n'ai pas l'assurance que le ministère se propose, prochainement, de
rétablir ces services, j'ai bien l'intention de me servir de tous les
moyens influents pour demander que justice soit faite à cette
région.
M. LE PRESIDENT: Le ministre d'Etat vous a dit que c'était une
mesure temporaire.
M. LAFRANCE: Oui, il a parlé en termes assez nébuleux.
M. BOIVIN: II y a un chose sûre, c'est qu'évidemment, nous
tenons compte, au ministère de la Santé, de l'initiative du
milieu. Les hôpitaux sont des corporations publiques qui fonctionnent de
façon autonome. Nous ménagerons l'autorité de chacun des
hôpitaux qui s'administrent réellement d'eux-mêmes.
Vous ne pouvez pas dire que pour ce qui est arrivé à
Windsor, que les positions du ministère de la Santé sont
peut-être des positions extrémistes. Nous ne pouvons faire
intervenir le ministre de façon arbitraire. La loi ne nous le permet
pas, d'ailleurs. Nous devons attendre que les commissions d'enquête nous
expliquent réellement, en toute justice, ce qui se passe dans les
milieux hospitaliers. Alors d'après le rapport de l'enquête, on a
blâmé les administrateurs et la profession médicale qui
étaient en chicane tous les deux puisqu'ils étaient sous le coup
d'un arbitrage ou d'une conciliation. Alors le conflit ouvrier a
éclaté devant ce manque d'autorité et nous ne pouvions
pas, au ministère de la Santé, prendre d'autre décision
quand nous savions très bien qu'il n'y avait aucune autorité dans
l'hôpital.
La preuve est que nous avons dû envoyer une mission qui devait
reprendre, si vous voulez, l'autorité pour régler la situation
telle que nous l'avons réglée. Il était beaucoup plus
facile, évidemment, de rétablir les services d'un hôpital
chronique tel que nous le recommandaient la commission d'enquête et le
rapport que nous a fait la mission.
M. LAFRANCE: L'admission?
M. BOIVIN: La mission que nous avons envoyée, après le
rapport d'enquête, s'enquérir du conflit ouvrier, constata que le
conseil d'administration n'avait pas d'autorité et que personne
n'était capable de régler le problème du personnel
syndiqué. Alors nous avons dû prendre les décisions que
nous avons prises à mesure que les événements se
déroulaient.
M. LAFRANCE: M. le Président, dans des occasions comme
celles-là, n'est-ce pas pratique courante au ministère, de
prendre une institution en tutelle par exemple?
M. BOIVIN: Oui, mais avec le résultat de l'enquête comment
pouvions-nous réinstaller les mêmes administrateurs, les
mêmes médecins dans cet hôpital? C'est une question de fait,
nous avions là une situation qui ne pouvait tenir.
M. LAFRANCE: Bien, il y a une chose qui aurait pu se faire. Je crois que
si le ministère de la Santé avait suivi lui-même de plus
près, un peu, ce qui se passait à l'hôpital de Windsor, il
aurait pu corriger, je crois, les abus qu'on déplore à l'heure
actuelle.
Mais, je le répète et je voudrais bien me rendre aux
arguments du ministre... D'ailleurs, je tiens à le remercier. Il a
reçu très aimablement des délégations de mon
comté. C'étaient des délégations venues vainement
le rencontrer, mais tout de même, il les a reçues avec beaucoup de
gentilhommerie et je le remercie. Mais je dois dire que je n'accepte pas et que
la population n'accepte pas qu'on ferme une institution comme celle-là
uniquement parce qu'il y a certaines irrégularités. C'est
inconcevable.
M. BOIVIN: Mais est-ce que la population accepte qu'on la
protège?
M. LAFRANCE: Sûrement. C'est évident, mais ce n'est pas une
façon de la protéger que de l'amputer. Je ne crois pas que ce
soit une
façon de la protéger en faisant disparaître
quelqu'un. Est-ce qu'on va tuer quelqu'un pour le protéger? Excusez la
comparaison que je viens de faire, mais...
M. BOIVIN: On peut être obligé de couper un membre pour
protéger la vie d'une personne.
M. LAFRANCE : Là, vous auriez pu éviter, je crois, je
parle en simple profane, de faire cette amputation en corrigeant tout
simplement le « bobo » qui pouvait exister. J'attire l'attention du
ministre titulaire de la Santé. Je sais qu'il vit lui aussi dans un
petit centre rural, je sais qu'il comprend l'importance de ces petits centres
hospitaliers pour la population. C'est non seulement important au point de vue
de la santé, mais c'est aussi important au point de vue industriel. Nous
avons un petit centre industriel, Richmond, qui est à huit ou dix milles
seulement de Windsor, et cet hôpital de Windsor desservait
également la ville de Richmond. Le maire est venu d'ailleurs ici faire
des représentations, et l'une des questions posées
précisément par ces industriels qui veulent s'installer dans une
ville, c'est: Est-ce qu'il y a des services hospitaliers? C'est aussi
très important à ce point de vue là.
Alors, j'espère que, prochainement, le ministère
décidera de rétablir certains services à l'hôpital
de Windsor.
M. HOUDE: M. le Président.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Saint-Laurent.
M. PEARSON: M. le ministre a mentionné tantôt qu'il avait
blâmé les administrateurs et les médecins également.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire si ces mêmes médecins
ont été rayés de la profession médicale ou s'ils
sont allés continuer l'exercice de leur profession ailleurs?
M. LAFRANCE: Bonne question.
M. PEARSON: Parce que, s'ils sont allés ailleurs, à ce
moment-là, ce ne sont que les victimes qui ont été punies,
c'est-à-dire les malades.
M. BOIVIN: Je sais que plusieurs de ces médecins-là sont
passés devant le comité de discipline du Collège des
médecins.
M. LAFRANCE : Je ne le connais pas beaucoup le comité de
discipline, mais j'ai l'inpres- sion qu'il n'est pas très
sévère, M. le Président. Je m'embarque sur un terrain
assez glissant...
M. BOIVIN: Le député de D'Arcy-McGee pourrait vous en dire
quelque chose parce qu'il a déjà fait partie du Collège
des médecins.
M. LAFRANCE: Mais une chose comme cela, M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Nous ne sommes pas au Collège des
médecins, mais bien à l'Assemblée nationale à
discuter du budget de la santé.
M. HOUDE: Le ministre d'Etat a insisté énormément
sur la protection donnée aux gens de Windsor, alors personnellement je
suis très heureux pour les gens de Windsor d'avoir reçu cette
protection.
M. BOIVIN: C'est cela.
M. HOUDE: Etant donné qu'il est grandement question d'un
hôpital à Laval, je me demande si Laval va hériter de tous
ces mauvais médecins. Alors, si on ne veut pas tuer les gens dans
Windsor...
M. BOIVIN: Ce serait peut-être la meilleure façon de
protéger la population de ne pas bâtir d'hôpital
là.
M. HOUDE: Voici ce que je voulais dire: Est-ce que le ministère
peut savoir, justement lorsqu'un médecin, après enquête,
est devenu presque une menace, s'il est suivi ou si on dit tout simplement:
Monsieur, quittez Windsor et si le gars va s'ouvrir...
M. BOIVIN: Ordinairement, quand il passe au comité de discipline,
il y a des punitions. Maintenant, j'ignore...
M. PEARSON: Autrement dit, vous n'êtes pas sûr.
M. BOIVIN: Je ne sais pas tout ce qui s'est passé sur le plan
administratif depuis le rapport. Je ne connais pas non plus les condamnations
du Collège des médecins, mais tout ce que je peux dire c'est que
ces médecins ont passés au comité de discipline.
M. PEARSON: Une chose dont nous sommes certains, par exemple, c'est que
les malades doivent faire quinze milles de plus et que vous ne savez pas
où sont rendus les médecins.
M. BOIVIN: C'était nécessaire pour leur protection, dans
le temps, je vous le dis, à ce stade où nous étions, nous
devions afficher cette attitude.
M. PEARSON: Une deuxième question, M. le Ministre, vous aviez
mentionné, pour autant que je me souvienne, que vous avez établi
un hôpital chronique. A ce moment-là, vous êtes allés
chercher d'autres médecins. Est-ce que cela aurait été
plus difficile de laisser le même hôpital là et d'aller
chercher d'autres médecins pour que le même hôpital puisse
continuer d'exister?
M. BOIVIN: Ce ne sont pas les mêmes soins qui se donnent à
un hôpital chronique...
M. PEARSON: Tout de même, disons, c'est...
M. BOIVIN: II n'y a pas de chirurgie dans un hôpital
chronique.
M. PEARSON: Oui, mais quand vous allez faire du recrutement.
M. HOUDE: Ce sont les anciens patients qui sont devenus chroniques.
M. BOIVIN: Et un hôpital chronique ne nécessite pas non
plus la quantité de médecins que nécessitait un
hôpital de soins intensifs.
M. PEARSON: Non, mais écoutez, quand on fait du recrutement
disons que vous allez chercher un médecin peut-être de
médecine générale ou un spécialiste cela
doit se trouver. C'est peut-être un peu plus difficile, cela peut
peut-être prendre trois jours de plus.
M. BOIVIN: Nous n'avons pas la responsabilité de recruter pour
les hôpitaux, nous, au ministère de la Santé. C'est
l'initiative du milieu, je vous l'ai dit tout à l'heure. Même si
vous voulez aller ouvrir cet hôpital-là, quel médecin ira y
pratiquer? Quelle certitude avons-nous, nous, actuellement, qu'une
équipe de médecins va se rendre dans cet hôpital pour
donner tous les soins qui se donnaient avant?
M. PEARSON: Mais si, comme vous dites, vous avez blâmé
l'administration, à ce moment-là, vous preniez votre
responsabilité. Vous dites l'administration: Dehors!
M. BOIVIN: C'est-à-dire que c'est l'enquête qui a
révélé ce qui se passait dans l'hôpital.
M. PEARSON: Comme solution, vous avez fermé l'hôpital. Vous
avez ouvert un hôpital pour malades chroniques. Les patients voyagent
quinze milles. Au lieu de mettre sur pied une autre corporation ou de susciter
une autre corporation à se faire une réputation, mais quand
même...
M, BOIVIN; Je pense bien que l'initiative... Je me fie à
l'initiative du milieu. Comme je vous l'ai dit, nous avons pris les
recommandations de la commission, mais que l'Initiative du milieu suscite
d'autres initiatives, qu'elles se prennent dans le milieu. On verra.
M. LAFRANCE: M. le Président, c'est bien beau de dire: Que la
population prenne des initiatives! La population a pris une initiative à
Windsor; de peine et de misère elle a réussi à
ériger cet hôpital et voici qu'on le supprime tout simplement.
Je voudrais bien, moi, M. le Président, après...
M. BOIVIN: A la suite des faits qui se sont passés...
M. LAFRANCE: Bien oui! Mais, je ne crois pas que ça justifie la
disparition d'une institution uniquement parce qu'il y a un certain
désordre qui existe, certaines irrégularités.
Je voudrais bien, M. le President, avoir du ministre titulaire une
certaine assurance aujourd'hui. Parce que vous pouvez être sûr
qu'à la suite des pressions qui sont exercées sur moi, je vais
être obligé, comme député de Richmond, de recourir
à d'autres moyens qui ne sont pas agréables pas du
chantage des moyens légaux. Je suis en faveur de la contestation,
mais dans l'ordre. Alors, j'aimerais que le ministre puisse apporter quelques
commentaires sur certaines représentations que j'ai faites au sujet de
cet hôpital, et ça peut se répéter dans d'autres
centres de la province.
M. CLOUTIER: Est-ce que le ministre d'Etat, avant que je ne prenne la
parole, voudrait il reste quelques minutes...
M. BOIVIN: L'une des recommandations transmises au ministre de la
Santé disait que l'hôpital Saint-Louis devait cesser d'exister
comme hôpital général.
M. LAFRANCE: Bien oui, ce n'est pas la bible, ça!
M. BOIVIN: Bien, ce n'est pas la bible...!
M. LAFRANCE: C'est une simple recommandation...
M. BOIVIN: Mais sur quoi est-ce qu'on s'est basé pour recommander
ça?
M. LAFRANCE: On s'est basé sur le témoignage de
médecins de Sherbrooke. Les hôpitaux ne doivent pas exister pour
les médecins. Evidemment, c'est plus accommodant pour des
médecins de Sherbrooke de visiter tous leurs patients dans un grand
hôpital régional que d'aller dans deux ou trois hôpitaux
différents.
M. BOIVIN: Je vais continuer, si vous voulez. Si les membres du la
commission en sont venus à cette conclusion qui peut paraître
radicale, ce n'est pas sans en avoir examiné tous les aspects. La pauvre
qualité dos soins constatée à l'hôpital de Windsor
depuis 1963 a été le facteur déterminant sous-jacent
à cette recommandation.
La commission es à convaincue que la proximité de la ville
de Sherbrooke a empêché et empêchera l'hôpital de
Saint-Louis d'améliorer cette qualité de soins.
M. LAFRANCE: Oui, justement, M. le Président, la commission s'est
appuyée pour faire cette recommandation sur le témoignage
j'ai lu attentivement le mémoire des médecins
résidents de Sherbrooke. Alors, je crois qu'il est bien humain pour un
médecin de songer à son petit intérêt personnel
plutôt qu'à celui...
M. BOIVIN. Il y avait tout de même deux médecins à
la commission, des médecins de Montréal qui n'avaient pas affaire
dans ce secteur.
M. LAFRANCE: On dit bien dans le rapport que c'est à la suite des
consultations qu'ils ont faites chez chertains médecins de la ville de
Sherbrooke.
M. CLOUTIER: Est-ce que le député de Richmond
préfère attendre à demain pour que je lui donne la
réponse, étant donné qu'il est dix heures ou...
M. LAFRANCE: Le ministre m'obligera à recommencer avec d'autres
arguments plus frappants. Peut-être que nous serions mieux de finir cela
ce soir.
M. CLOUTIER: Je n'ai pas d'objection, M. le Président, si les
membres de la commission...
M. PEARSON: Quand le ministre va répondre demain, je lui poserai
une question en même temps à laquelle il devra penser. Le ministre
d'Etat a donné une réponse tantôt, si vous voulez, un
compte rendu de l'enquête. Je pensais que, si la même enquête
avait été faite par une grande corporation qui aurait eu un
garage, la conclusion n'aurait pas été de fermer le garage mais
de changer les mécaniciens. Cela aurait fini là. Mais, dans les
circonstances, la conclusion est de fermer l'hôpital. Autrement dit, ceux
qui viennent nécessairement à l'hôpital, ce sont eux qui
sont punis...
M. BOIVIN: II ne faudrait tout de même pas comparer un garage
à un hôpital.
M. PEARSON: Par comparaison, mais tout de même, en somme, ce sont
les clients qui sont punis.
M. LE PRESIDENT: Nous allons clore la séance de la commission et
les réponses viendront demain. Demain, à trois heures trente,
c'est-à-dire après la période des questions en Chambre.
Nous sommes rendus à l'article 2 a) du poste budgétaire 2.
(Fin de la séance: 21 h 58)
Séance du 27 mai 1969
(Dix-sept heures dix-neuf minutes)
M. MARTEL (président de la commission de la Santé): A
l'ordre, messieurs! Nous continuons au poste budgétaire 2, article
2.
M. LAFRANCE: Nous pourrions attendre le Dr Goldbloom, qui descend
immédiatement.
M. LE PRESIDENT: D'accord. Maintenant, nous pouvons procéder. Je
crois que la parole était au ministre de la Santé.
M. CLOUTIER: M. le Président, avant que nous commencions
l'étude des prévisions budgétaires, je voudrais faire
parvenir au député de D'Arcy-McGee...
M. LE PRESIDENT: Ce sont des prix de présence?
M. CLOUTIER: ... des spécimens de la littérature que nous
distribuons, littérature sur le tabac, littérature publiée
par le ministère de la Santé nationale et du Bien-Etre
social.
M. GOLDBLOOM: Merci, M. le Président. Je remercie le
ministre.
M. LAFRANCE: Cette distribution est faite à qui? Cette
distribution est faite par le ministère de la Santé du
Québec, également?
M. CLOUTIER: Faite par le ministère de la Santé du
Québec, oui.
M. LAFRANCE: A qui?
M. CLOUTIER: Dans les milieux des étudiants, dans les milieux des
unités sanitaires, par les unités sanitaires.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on en laisse dans des tabagies, non?
M. CLOUTIER: La perfection de notre distribution ne se rend pas jusque
là.
M. GOLDBLOOM: Je note avec plaisir que c'est ici au moins un domaine
où il n'y a pas de chicane avec le gouvernement
fédéral.
M. CLOUTIE R: C est exact. Une parfaite entente.
M. LE PRESIDENT: La parole est au minis- tre, en réponse aux
arguments du député de Richmond concernant l'hôpital de
Windsor.
M. CLOUTIER: Le député de Richmond m'avait demandé
hier, à la suite de la discussion au sujet de l'hôpital
Saint-Louis de Windsor, de lui donner mon opinion comme titulaire du
ministère de la Santé sur cette décision que nous avons
prise de changer la vocation de l'hôpital Saint-Louis de Windsor.
Evidemment, c'est une décision collégiale. J'ai
personnellement signé la lettre conjointement avec le ministre d'Etat,
député de Dubuc. En ce faisant, nous nous sommes appuyés
d'abord sur le rapport de la commission d'enquête ensuite sur la mission
constituée sous la responsabilité du ministère de la
Santé, rapport qui corroborait la décision ou la recommandation
de la commission d'enquête.
Je dois dire, pour attirer l'attention du député il
le sait d'ailleurs, il a pris connaissance du rapport que sur la
commission d'enquête siégeaient trois médecins
nommés par le Collège des médecins. En l'occurrence, il
s'agissait du docteur Paul Bourgeoys, du docteur Edouard Gagnon et du docteur
Yves Leboeuf qui, avec le président de la commission le juge Jacques
Trahan, ont fourni au gouvernement un rapport très élaboré
sur la situation qui régnait à l'hôpital Saint-Louis de
Windsor.
Je ne pense pas qu'il soit utile, M. le Président, de reprendre
en détail les conclusions de la commission d'enquête; elles ont
été publiées, de même que le rapport a
été publié in extenso dans un quotidien de la
région du député de Richmond, et je crois que maintenant
le rapport est assez connu pour que je ne m'arrête qu'aux recommandations
fermes de la commission, recommandations qui disaient que l'hôpital
Saint-Louis « doit » cesser d'exister comme hôpital
général. On n'a pas dit, l'hôpital « peut »
cesser d'exister. Ce sont trois médecins et un juge qui font cette
recommandation; ils ont entendu une foule de témoins, ce sont des
médecins qui ont travaillé à l'hôpital, des
administrateurs de l'hôpital, des membres du conseil d'administration et
du public. C'est la conclusion formelle de la commission d'enquête.
A partir de cette recommandation, M. le Président, je crois que
le ministère de la Santé n'avait pas le choix, il n'y a pas
d'alternative: on nous demande d'adopter une recommandation ferme.
D'autre part, il y avait certainement dans cette ville un besoin
à combler: celui des malades chroniques. Il n'y avait pas de ressources
pour malades chroniques. Nous faisons as-
sez souvent des conversions de ce genre, M. le Président. Le cas
de Saint-Louis de Windsor n'est pas un cas isolé. Je pourrais donner
d'autres cas où cette conversion a été demandée par
le ministère de la Santé. Pas toujours pour les mêmes
raisons, mais le but ou le résultat, les conséquences
étaient les mêmes. Donc, il y a eu conversion de cette institution
en une institution pour malades chroniques, et cela répond à un
besoin.
Quant aux autres besoins des personnes âgées, le
député sait que nous voyons à les combler d'autres
façons par l'autre ministère.
Mais il reste qu'il y a proximité entre la ville de Windsor et la
ville de Sherbrooke. Le député dit que cela prend plus de temps
à parcourir la distance entre ces deux villes que ne l'indiquent les
cartes routières. De toute façon, il reste que personne ne peut
mettre en doute que la ville de Sherbrooke, du point de vue des hôpitaux
régionaux, à tous points de vue, est très bien pourvue et
s'équipe à l'heure actuelle.
Le député a mentionné que l'hôpital
universitaire ne serait pas en mesure de recevoir des patients d'une
façon générale.
Je dois lui dire que l'hôpital universitaire de Sherbrooke est un
hôpital qui, même si une de ses vocations importantes est
l'enseignement et la recherche, a aussi une autre vocation importante, comme
tous les hôpitaux universitaires, celle du soin au malade.
M. LAFRANCE: Pas seulement des cas spéciaux?
M. CLOUTIER: Non, pas seulement des cas spéciaux. Il y a aussi
quelques centaines de lits, environ 400 lits, qui seront mis à la
disposition de la population du Sherbrooke métropolitain et de la
région. Tous ces lits seront à la disposition de la
faculté de médecine et de l'enseignement aux étudiants qui
y font leur entraînement ou leurs études.
Je crois que cette décision du ministère de la
Santé, tenant compte de la proximité de la ville de Sherbrooke,
tenant compte des hôpitaux bien équipés de la ville de
Sherbrooke, tenant compte d'un aménagement très moderne construit
et implanté là à coups de millions on sait ce que
ça représente en millions les investissements universitaires
tenant compte également de ce rapport qui nous indique sans
équivoque qu'il y avait des lacunes graves à tout point de vue
à l'hôpital Saint-Louis de Windsor, je crois qu'il était
préférable d'adopter cette solution recommandée fermement
par la commission d'enquête.
Quant à la distance, le député a mentionné,
je crois, 25 ou 30 minutes...
M. LAFRANCE: J'ai dit que ça pouvait, à certains moments,
nécessiter de 20 à 30 minutes à cause de la circulation
assez intense à l'entrée de Sherbrooke. C'est à 15 milles
de toute façon.
M. CLOUTIER: Je ne connais pas particulièrement le système
routier entre Windsor et Sherbrooke, mais j'imagine que là aussi, avec
les années, il y aura peut-être des améliorations qui sont
prévues et qui faciliteront davantage le rapprochement entre ces deux
villes. Si l'hôpital de Saint-Louis de Winsor n'avait pas existé
à ce moment-ci comme hôpital général, il ne se
serait pas posé de problème au ministère de la
Santé parce qu'à mon point de vue, tenant compte des
critères que j'ai énoncés hier, il n'y avait pas lieu de
consentir à l'implantation d'un hospital général aussi
près des hôpitaux de Sherbrooke, hôpitaux bien
aménagés avec des effectifs médicaux complets.
Donc, le problème vient du fait qu'il y avait là une
institution hospitalière qui a été implantée au
moment où les hôpitaux de Sherbrooke, peut-être, ne
suffisaient pas à répondre aux besoins locaux et
régionaux. Mais maintenant, ce n'est plus le même problème,
le même cas. Devant une institution qui est déficiente et qu'on
nous recommande de transformer, dont on nous recommande de changer la vocation,
le ministère de la Santé, Je crois, n'avait pas le choix; nous
avons accepté cette recommandation ferme de la commission et nous avons
changé la vocation de la maison.
Ce n'est pas le même cas pour Asbestos. Nous en parlerons, si le
député est intéressé à en parler un peu plus
tard au cours de l'étude des crédits. Mais, dans le cas
spécifique de Windsor je crois que la solution qui a été
acceptée et prise par le ministère de la Santé est la
meilleure dans les circonstances.
M. LAFRANCE: Je n'ai pas l'intention et je n'ai pas l'habitude de
prolonger indûment les débats, vous le savez. Cependant, on devra
me permettre encore quelques brèves observations. On sait que le seul
recours que le député peut avoir à l'heure actuelle,
puisque tous les autres moyens ont été épuisés...
Nous avons tenté par des entrevues de faire reviser cette
décision du ministère de la Santé que nous
considérons malheureuse. Mais, comme on n'a pas voulu se rendre à
ces pressions, je dois, comme député et représentant du
comté de Richmond, me servir de cet avant-dernier moyen qu'il me reste,
la tribune parlementaire.
Je dois d'abord apporter certaines précisions à certaines
déclarations que vient de faire le ministre de la Santé. Quand il
dit que maintenant les hôpitaux de Sherbrooke suffisent à la
demande de la région, c'est absolument contraire aux faits. Car, dans
toute la région de l'Estrie, à l'heure actuelle, il y a de
longues listes d'attente qui persisteront encore durant une assez longue
période. Quant à l'hôpital universitaire de Sherbrooke,
d'après les informations que j'ai pu recueillir de la part de
médecins spécialisés, on m'a assuré qu'à
l'heure actuelle, on n'était pas en mesure d'accepter des malades et que
les malades qui seraient acceptés ne seraient que des cas
spéciaux.
Il est évident qu'il n'y aura pas beaucoup de cas de Windsor qui
pourront être traités à l'hôpital universitaire de
Sherbrooke. Quant à la route, nous avons une route qui est tortueuse et
très dangereuse. Il est possible qu'un Jour elle soit corrigée.
Mais, de toute façon, je ne crois pas qu'on puisse facilement faire la
distance en moins de vingt minutes.
Je pense que la population de la région de Windsor s'est
montrée raisonnable. Ce qu'elle veut, la population de Windsor...
d'abord, la population de Windsor et de la région est bien d'accord;
elle déplore, la première, certains abus administratifs et
certains abus au point de vue de la pratique de la médecine. D'accord,
et nous voulons que cela cesse. Nous voulons que la population soit
protégée de ce côté-là. Mais, ce que nous
n'approuvons pas, c'est l'attitude du ministère de la Santé qui
endosse entièrement les recommandations de la commission Trahan.
Les membres ont parlé ex cathedra, ils sont des étrangers,
des gens qui sont sûrement des plus compétents, je n'en doute pas,
mais ce sont des gens qui connaissent mieux les problèmes urbains que
ceux des régions rurales et qui disent tout simplement: Les abus et les
conflits persistent, alors le seul moyen est de suprimer, de faire
disparaître l'hôpital.
Je trouve que c'est un principe faux à sa face même.
Plutôt que de supprimer les abus ou de tenter de supprimer les abus, on
supprime tout simplement l'hôpital. Moi, Je voudrais savoir quelles sont
les mesures qui ont été prises par le ministère de la
Santé pour corriger cette situation qui existait depuis
déjà trois ou quatre ans. Quelles sont les directives qui ont
été prises?
M. CLOUTIER: M. le Président, j'ai dit tout à l'heure au
député qu'il n'y avait pas beaucoup de solutions. Il n'y avait
pas d'alternative.
M. LAFRANCE: II y en a une, M. le Président.
M. CLOUTIER: La commission nous recommande le changement de vocation de
l'institution.
M. LAFRANCE: La commission n'est pas une institution papale. Le
ministère est bien libre de juger. Je crois que le ministère
avait raison de supprimer ce qui était d'abord une des causes d'abus, la
pratique un peu trop libérale de l'exercice de la chirurgie. Mais, ce
que la population de Windsor demande, ce n'est pas de rétablir les
services qui existaient depuis longtemps, des services qui étaient
peut-être des mieux équipées pour lesquels le
ministère de la Santé a dépensé plusieurs millions.
La population n'a aucune objection à ce que la majorité des lits,
peut-être une cinquantaine, servent à des malades chroniques. On
veut que la population de Windsor et de la région puisse elle aussi
bénéficier de certains services hospitaliers: salle d'urgence,
salle de maternité. C'est tout ce que l'on demande, M. le
Président. La décision du ministère de la Santé est
absolument contraire à la prise de position qu'a bien établie le
ministre hier en disant qu'il se proposait, de plus en plus, de multiplier de
petits hôpitaux dans la province. Est-ce qu'il y a quelque chose
d'exagéré ou d'irraisonnable dans la demande de la population de
Windsor?
M. CLOUTIER: Je dois apporter une précision à ce que vient
de dire le député de Richmond. Il est exact que c'est la
politique du ministère de la Santé de bâtir des petits
hôpitaux, mais en respectant certains critères. Peut-être
qu'hier je n'ai pas assez insisté sur l'éloignement et la
distance des hôpitaux régionaux. Il n'est pas dans la politique du
ministère de la Santé de construire des petits hôpitaux
à quinze milles des hôpitaux régionaux.
Je crois qu'il y a là une raison logique de ne pas équiper
une région située à quinze milles d'une ville qui est
parfaitement bien équipée du point de vue hospitalier. Ce n'est
pas le même cas pour Asbestos si on veut rester dans le
comté du député de Richmond qui sera plus
éloignée des centres hospitaliers, que ce soit Thetford,
Sherbrooke ou Arthabaska. Il y a une distance qui, logiquement, permet un
investissement du point de vue de la santé à Asbestos. Mais il y
a là le député me corrigera si je me trompe
30, 35 ou 40 milles. Le ministère de la Santé, dans ses
critères, même s'il n'y a pas rigidité ce n'est pas
mathématique au point de dire s'il y a un mille ou deux milles de moins
ou de plus, qu'il n'y aura pas d'implantation nous devons tenir compte
de tout l'ensemble. Je crois qu'il serait indéfendable que nous
construisions, à quinze milles d'un bon hôpital régional,
bien équipé avec des
effectifs médicaux, qui répond à la vocation dont
vient de parler le député de Richmond.
Que nous construisions un hôpital pour malades chroniques, bien,
je crois qu'à la rigueur, ça pourrait se défendre. Et cet
hôpital pour malades chroniques situé à quinze milles de
Sherbrooke, étant donné que nous avons là un
investissement, nous l'utiliserons de la meilleure façon possible,
étant donné que la vocation de cette institution était une
vocation hospitalière, je crois qu'il est raisonnable à ce
moment-ci de l'utiliser pour les malades chroniques.
Je crois que si le député veut laisser de
côté toute autre considération telle qu'il y a
déjà eu une institution, que la population a déjà
reçu à Windsor tels soins, je crois que la population sera mieux
desservie. J'ai dit tout à l'heure que le développement routier
était aussi un élément d'amélioration qui est
certainement non négligeable dans une politique globale
d'aménagement du territoire. Pour ma part, je comprends qu'une
amélioration du réseau routier peut se traduire par une
élimination de temps entre les deux villes. On sait comment le facteur
temps est important pour les malades. Alors je crois que l'amélioration
devra venir plutôt de ce côté et que les gens, la population
de Saint-Louis de Windsor sera parfaitement desservie du point de vue
hospitalier par les complexes que nous sommes en train d'ériger dans la
ville de Sherbrooke.
Je voudrais revenir à une autre remarque du député
de Richmond. Il a parlé des listes d'attente. J'ai ici des chiffres pour
l'hôpital Hôtel-Dieu de Sherbrooke. En 1967 ils avaient une liste
d'attente de 916 personnes. En 1968, cette liste a été
réduite à 411 personnes. En 1969 elle a été
réduite à 142 personnes. Donc on voit que les investissements que
nous faisons actuellement dans les hôpitaux de Sherbrooke et d'autres
mesures telles que l'ouverture des cliniques externes, la création d'un
réseau de soins à domicile sont de nature à faire diminuer
les listes d'attente et à enlever la pression sur la demande de lits
hospitaliers.
Par l'étude de ces statistiques, je crois que nous avons
là l'évidence même que c'est par une politique
d'aménagement d'hôpitaux pour malades chroniques, d'organisation
de réseaux de soins à domicile, politique d'expansion des
cliniques et de meilleure utilisation des cliniques externes, que nous allons
finir par résoudre ce problème des listes d'attente.
M. LAFRANCE: J'aurais une simple observation. Il ne s'agit pas, dans le
cas de l'hôpital Saint-Louis de Windsor, d'une mesure d'exception. Le
ministre vient de dire que les petits centres hospitaliers, qui seront à
proximité de 15 à 20 milles des grands centres, n'ont pas raison
d'exister. Ce qu'on a fait à Windsor, est-ce qu'on se propose de le
faire dans toute la province?
M. CLOUTER: M. le Président, nous le faisons quand il y a des
raisons spéciales de le faire.
M. LAFRANCE: On s'est servi de cela comme prétexte.
M. CLOUTER: Non, un instant. Je voudrais dire au député de
Richmond qu'il y a des hôpitaux qui demandent eux-mêmes de changer
de vocation. Et cela s'est produit durant le dernier exercice financier. Parce
que ces petits hôpitaux quand je dis de petits hôpitaux, il
peut s'agir d'une institution de 50 lits étant situés
à proximité des hôpitaux régionaux bien
aménagés ont de la difficulté à recruter du
personnel. Us ont de la difficulté à recruter des effectifs
médicaux et cela est une raison qui amène ces institutions
à demander au ministère de la Santé de changer leur
vocation pour qu'ils deviennent institution de malades chroniques. Cela demande
à ce moment-là un personnel technique et médical qui
n'exige pas une formation aussi poussée que pour un hôpital
général. Alors, il y a là une raison très
évidente pour que certains petits hôpitaux demandent au
ministère de la Santé de changer leur vocation. Et nous avons
actuellement au ministère de la Santé d'autres demandes de
transformation de ces institutions.
M. LAFRANCE: M. le Président, je voudrais me rendre aux arguments
que vient d'apporter le ministre, mais malheureusement je ne suis pas
convaincu. Je ne vois pas du tout comment un hôpital pour malades
chroniques ne pourrait pas s'assortir d'une salle d'urgence il y a des
industries dans ce coin-là une salle d'urgence et de
maternité ou de médecine générale, quelques lits
seulement.
M. CLOUTER: Sans vouloir prolonger la discussion, je dirai au
député de Richmond que nous regarderons fonctionner
l'hôpital Saint-Louis de Windsor, nous regarderons aussi fonctionner les
hôpitaux de Sherbrooke, nous porterons un jugement de valeur sur le
fonctionnement et, s'il est prouvé que la population de Windsor souffre
de ces décisions que nous avons prises, si la population souffre, si
elle manque de soins, je crois que ce sera la responsabilité du ministre
de la Santé de demander à ce moment-là qu'on ajoute une
clinique de soins d'urgence.
M. LAFRANCE: Voilà un langage que je trouve raisonnable et juste.
C'est ce que je voulais entendre de la bouche du ministre parce qu'il est
possible, du moins d'après nos prévisions, que cela soit une
erreur vraiment malheureuse pour la population. Alors, si à la
lumière des faits, le ministère se rend compte qu'il vaut mieux
rétablir ces services, le ministre dit que la porte est encore ouverte,
elle n'est pas fermée.
M. CLOUTER: C'est évident que nous...
M. LAFRANCE: Ce n'est pas tout à fait ce que laissaient entendre
des propos de tout à l'heure...
M. LE PRESIDENT: Je tiens à faire remarquer au
député de Richmond que cela fait au-delà d'une heure que
l'on passe sur l'hôpital de Windsor...
M. LAFRANCE: Vous n'avez pas besoin de m'expulser, M. le
Président!
M. LE PRESIDENT: Je n'ai pas l'intention mais, tout de même, je
voudrais savoir si on adopte le poste budgétaire 2, article 2?
DES VOIX: Un instant.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions? Le
député de Montmorency?
M. BOURASSA: Est-ce que je pourrais demander la parole avant, s'il vous
plaît?
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmorency l'a
demandé depuis hier. Cela fait exactement près de 10 heures.
M. BOURASSA: J'avais prévenu le ministre. Je m'excuse, je suis
pris; on doit débattre les crédits du Conseil exécutif et
je dois participer au débat sur l'Office de planification; c'est un
autre secteur où...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député de Montmorency
consent à céder sa place pour ces raisons?
M. CLOUTIER: Il faudrait que le député... M. LE PRESIDENT:
Le député de Mercier?
M. CLOUTIER: Il faudrait que le député de Mercier vienne
nous voir plus souvent.
M. BOURASSA: M. le Président, je suis pris à plusieurs
commissions...
M. LE PRESIDENT: II faudrait surtout qu'il s'habitue aux
règlements de la Chambre!
M. BOURASSA: ... à plusieurs débats. J'aimerais discuter
avec...
M. TREMBLAY (Montmorency): Je lui laisserai de bonne grâce la
parole. Je parlerai un peu plus tard, si vous voulez. Peut-être me
devancera-t-il dans ce qu'il a à dire?
M. BOURASSA: Non, cela me surprendrait. C'est simplement une question
sur des chiffres qui nous sont soumis. Je vais reprendre cela plus tard, mais
je voudrais avoir une réponse immédiate, si c'est possible.
M. TREMBLAY (Montmorency): Alors, c'est très bien.
M. LE PRESIDENT: Le député de Mercier.
M. BOURASSA: M. le Président, dans les chiffres qui nous sont
soumis pour l'assurance-hospitalisation, cela ne comprend pas un budget
supplémentaire, je pense? Les $463 millions, est-ce le chiffre
définitif?
M. CLOUTIER: Quand le député dit: Cela ne comprend pas un
budget...
M. BOURASSA: Le dernier. Je pense qu'il y a eu un dernier budget
supplémentaire.
M. CLOUTIER: Ah, l'an dernier?
M. BOURASSA: Oui.
M. CLOUTIER: Pour l'an dernier.
M. BOURASSA: II y a eu un dernier budget supplémentaire
qui...
M. CLOUTIER: Les $463 millions ne comprennent pas le budget
supplémentaire. C'est $477,440,000...
M. BOURASSA: Bon d'accord, c'est ce que je voulais savoir.
M. CLOUTIER: C'est $477,820,000.
M. BOURASSA: M. le Président, je vais réserver mes
questions pour plus tard sur l'effi-
cacité de l'administration de l'assurance-hospitalisation, mais
cela veut dire que cela fait une augmentation de $28 millions qui est
prévue? D'accord, par rapport...?
M. CLOUTIER: Si on compte $506 millions moins $477 millions...
M. BOURASSA: C'est $28 ou $29 millions. Quelles sont les offres de
salaire qui ont été faites?
M. CLOUTIER: Un instant, je vais vous les donner. Je vais prendre mon
tableau, mais, de mémoire, c'est $138 millions. Je vais vous les donner
exactement avec le tableau. C'est $138,108,000. Applicables à
l'assurance-hospitalisation: $117,824,000.
M. BOURASSA: Bon. Alors...
M. CLOUTIER: Je vais donner au député la
répartition si...
M. BOURASSA: D'accord. Cela est sur une masse salariale de $347 millions
partant du 1er juillet 1968?
M. CLOUTIER: Ce sont toutes des questions que le député me
posera. Alors, je vais lui donner mon tableau et, à partir de là,
je pense que cela lui évitera...
M. BOURASSA: Si le ministre pouvait m'en envoyer une copie, cela serait
encore plus facile pour moi.
M. CLOUTIER: Avec plaisir.
M. BOURASSA: Cela peut aller plus vite.
M. CLOUTIER: Si je comprends bien, je n'ai pas besoin de le lui
lire?
M. BOURASSA: Je vais poser des questions rapidement. La
rétroactivité; est-ce que le ministre pourrait me donner le
coût de la rétroactivité pour la présente
année fiscale?
M. CLOUTIER: Vous avez le premier chiffre, l'année 1968, du 1er
juillet 1968 au 31 décembre 1968: $14,636,000.
M. BOURASSA: Cela devrait être donné à même le
présent budget?
M. CLOUTIER: Le budget 69/70.
M. BOURASSA: Le budget 69/70: $14 millions.
M. CLOUTIER: Je dirai au député, parce qu'il me posera la
question tout à l'heure: E st-ce que c'est compris dans les estimations
budgétaires?
M. BOURASSA: Cela ne l'est pas?
M. CLOUTIER: Non, cela n'est pas compris dans les estimations
budgétaires.
M. BOURASSA: Cela sera financé comment?
M. CLOUTIER: M. le Président, le député a eu
l'occasion de poser la question au ministre des Finances. Ce n'est pas au
ministre de la Santé à dire comment.
M. BOURASSA: M. le Président, on me répond à tous
les ministères. Je pose les mêmes questions, parce que je veux
évaluer le trou fiscal dont j'ai parlé...
M. CLOUTIER: Oui.
M. BOURASSA: ... et je dois constater que j'ai été
très conservateur avec $175 millions d'après les réponses
qui me sont données.
M. CLOUTIER: Le ministre de la Santé dit au ministre des Finances
combien il a besoin d'argent pour telle chose, tel poste de son bud-get.
M. BOURASSA: Et il accepte le chiffre...
M. CLOUTIER: Le ministre de la Santé n'a pas la
responsabilité immédiate de trouver les fonds.
M. BOURASSA: Pour arriver à une seule question, quel est le
montant qui n'est pas prévu dans les estimations budgétaires?
Là, c'est $477 millions par rapport à $506 millions. Le ministre
nous dit que la rétroactivité n'est pas comprise.
M. CLOUTIER: Le député n'a qu'à enlèver
à l'année 1970, neuf mois de l'année 1970. Toutes les
autres sommes sont comprises dans la convention à être
défrayée. Si le député veut prendre la
dernière ligne au bas, le coût global à être
assumé durant la présente année financière 69/70:
$54,562,500.
M. BOURASSA: Et combien se trouve inclus dans les prévisions
budgétaires actuelles? Cela comprend la rétroactivité?
M. CLOUTIER: Non, le député sait que la préparation
du budget est faite à l'automne, aux mois de septembre ou octobre 1968;
à ce moment, les offres salariales n'avaient certainement pas
été faites à la table des négociations, alors elles
ne sont pas comprises dans les estimations budgétaires
d'assurance-hospitalisation.
M. BOURASSA: Alors, cela ne comprend pas les $54 millions?
M. CLOUTIER: Cela ne comprend pas les $54 millions.
M. BOURASSA: Cela ne sera pas intéressant d'être ministre
des Finances à l'automne. Après les élections!
M. LE PRESIDENT: Ce n'est jamais intéressant d'être
ministre des Finances.
M. GOLDBLOOM: M. le ministre de la Santé est peut-être
obligé d'essuyer les refus du ministre des Finances.
M. CLOUTIER: M. le Président, je n'ai pas à porter
jugement sur le côté intéressant de celui qui assume le
portefeuille du ministère des Finances; il y a des problèmes au
ministère des Finances comme il y en a dans les autres
ministères.
M. BOURASSA: Si je comprends bien, les $28 millions prévus
prévoient, je suppose, le développement des services et le
coût des médicaments.
M. CLOUTIER: II y a aussi les augmentations statutaires qui sont
prévues en vertu de l'ancienne convention.
M. BOURASSA: Oui, d'accord.
M. CLOUTIER: II y a l'augmentation des services, l'augmentation de la
clientèle, de la population, des lits, l'augmentation du
coût...
M. BOURASSA: C'est cela.
M. CLOUTIER: II y a deux parties dans le coût de
l'assurance-hospitalisation: la partie des salaires qui est fixée par la
convention, il y a aussi l'augmentation normale du coût des services,
l'augmentation du coût de la vie.
M. BOURASSA: Alors, M. le Président, cela fait $28 millions sur
$506 millions. Cela fait à peu près 7% d'augmentation. Le taux
d'augmentation est à peu près de 6% ou 7% en calculant
rapidement. $28 millions pour $506 millions, cela fait à peu près
7%.
M. CLOUTIER: Oui, f accepte les calculs du député.
M. BOURASSA: On prévoit d'après ces chiffres 7%
d'augmentation. Quel a été le taux de croissance des
années précédentes?
M. CLOUTIER: Je vous le donne, M. le Président, mais de
mémoire, je peux dire qu'il était à 18% environ.
M. BOURASSA; Et là vous prévoyez 7%?
M. CLOUTIER: Je prévois 7%, sans compter la négociation et
la convention collective.
M. BOURASSA: D'accord. Disons que cela fait $55 millions à cet
article...
M. CLOUTIER. Il y a de la rétroactivité par exemple. Il ne
faudra attribuer à une période de seulement 12 mois une
augmentation, à la convention collective, de 18 mois.
M. BOURASSA: D'accord. Il reste à trouver quand même, je
comprends que c'est au niveau des revenus, $55 millions.
M. CLOUTIER: J'ai dit 18 mois, mais il s'agirait plutôt de 21
mois, jusqu'au 31 mars 1970.
M. BOURASSA: C'est ça, la rétroactivité qui devra
être payée durant l'année qui s'en vient.
M. CLOUTIER: Qui devrait être payée durant l'exercice en
cours sauf si évidemment, il n'y avait pas de solution durant
l'année en cours, solution non pas au conflit mais à la
négociation en cours.
M. BOURASSA: Cela a été offert. Alors comme cela a
été offert, cela veut dire que le gouvernement accepte de payer
la rétroactivité jusqu'au 1er juillet 1968?
M. CLOUTIER: C'est exact.
M. BOURASSA: Pour ce qui a trait au salaire, disons que c'est
très clair. Il y a un écart de $55 millions par rapport aux
prévisions budgétaires. Pour les médicaments,
qu'arrive-t-il de la centralisation des achats pour les médica-
ments? Il y a eu un comité formé par M. Bussières,
je crois.
M. CLOUTIER: Par M. Bussières?
M. BOURASSA: Dirigé par M. Bussières.
M. CLOUTIER: II y a un comité formé par
arrêté en conseil sous la présidence du sous-ministre
adjoint au ministère de la Santé, comité qui a
siégé, qui a accompli les deux premières étapes de
son travail. Nous avons dû momentanément suspendre le travail et
ne pas entreprendre la troisième étape avant que nous soyons
fixés sur l'assurance-maladie, à savoir quelle sorte de
régime nous aurions, administré par qui. Maintenant que nous
connaîtrons sous peu ce qui concerne le régime
d'assurance-maladie, alors le comité sera en mesure de continuer son
travail en ce qui concerne les médicaments. Déjà
quelques-uns de nos hôpitaux ont commencé à se grouper pour
fins d'achats de médicaments ou de fourniture médicale et pour
certains services tels que la buanderie et...
M. BOURASSA: C'est déjà en marche.
M. CLOUTIER: C'est déjà en marche. Le député
de Mercier sait que nous devons aussi tenir compte, évidemment, de
l'autonomie des hôpitaux. Nous en sommes encore au stade des suggestions
très fortes, de l'incitation. Nous incitons les hôpitaux à
adopter des mesures semblables qui vont certainement se traduire en pratique
par des économies. Nos officiers au ministère, je parle
particulièrement du sous-ministre et du directeur du régime de
l'assurance-hospitalisation, entres autres lors d'une intervention que ce
dernier a faite récemment au congrès de l'association des
hôpitaux, il a insisté sur cet aspect du regroupement des achats.
Moi-même, à certaines occasions, je l'ai fait parce que je crois
qu'il y a là un outil important pour réduire le coût de
l'assurance-hospitalisation.
M. BOURASSA : Etant donné qu'il est six heures, je voudrais poser
une question qui sera peut-être difficile à répondre. Y
a-t-il moyen d'avoir des données? Est-ce que le ministre pourrait me
donner une idée des emprunts bancaires des hôpitaux, actuellement?
On les a pour les commissions scolaires. Je les ai demandés et je les ai
obtenus. Les emprunts temporaires des hôpitaux pour les deux ou trois
dernières années? Je me demande si ce serait possible de les
obtenir.
M. CLOUTIER: Mes officiers m'informent que nous n'avons pas ici, cet
après-midi, les chiffres. Mais je crois que nous pourrions faire une
compilation à partir des états financiers des hôpitaux.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Ministre, est-ce qu'il y aurait
possibilité aussi d'avoir les engagements financiers des
corporations?
M. CLOUTIER: Les engagements financiers...
M. TREMBLAY (Montmorency): Je veux dire avoir plutôt un ensemble
des engagements financiers de toutes les corporations
hospitalières...
M. CLOUTIER: Pour fins de construction ou de...
M. TREMBLAY (Montmorency): Pour fins de construction et pour fins
d'administration.
M. CLOUTIER: Bien, pour fins de construction, on sait que presque tous,
pour ne pas dire la totalité des investissements des hôpitaux sont
défrayés maintenant par le gouvernement. Sauf les hôpitaux
qui ont des fonds de construction et des fonds de dotation ou qui font des
souscriptions, le solde des investissements est financé en entier par le
ministère de la Santé. Quant aux dépenses courantes, il
nous faudrait compiler, à partir des états financiers des
hôpitaux, toutes les dettes à court terme et je crois qu'il y
aurait là un travail assez considérable.
M. TREMBLAY (Montmorency): Etant donné que ce sont des deniers
publics qui y sont engagés, cela...
M. CLOUTIER: De toute façon, mes officiers vont regarder, d'ici
demain, ce que nous pouvons fournir à court terme. Je voudrais dire au
député de Mercier, et je crois que c'est un chiffre qui va
l'intéresser...
M. BOURASSA: Je vais revenir.
M. CLOUTIER: Est-ce que vous revenez ce soir?
M. BOURASSA: Ce soir ou demain.
M. CLOUTIER: Je peux peut-être vous le donner tout de suite ce
chiffre-là, afin que vous ayez le loisir d'y songer. C'est que les
prévisions du coût de l'assurance-hospitalisation pour 1969 nous
indiquent que cela coûterait
moins cher dans le Québec qu'en Ontario. Et cela coûterait
moins cher dans le Québec que la moyenne du Canada, parce que, le
député comprendra...
M. BOURASSA: Cela a coûté tellement cher depuis ce temps
que c'est notre tour...
M. CLOUTIER: Non, ce n'est pas la remarque que je voulais faire, mais
c'est que nous avons eu la syndicalisation plus à bonne heure. Nous
avons négocié une convention collective à l'échelon
provincial alors qu'en Ontario on semble maintenant s'orienter vers la
négociation à l'échelon provincial. Et même cette
négociation qu'ils feront, je crois qu'ils ne réussiront pas
à négocier encore sur un plan provincial, cette fois-ci.
M. BOURASSA: J'ai lu la dernière conférence de M. Marcoux.
Je vais avoir des questions à poser à cet effet. Mais ce que le
ministre m'a dit c'est que, dans les prévisions qui étaient
soumises ici, il y a $55 millions seulement au titre des salaires qui
n'étaient pas inclus.
M. CLOUTIER: Mais, même en tenant compte de cela...
M. BOURASSA: Oui, oui, d'accord.
M. CLOUTIER: ... si on fait la part de la
rétroactivité...
M. BOURASSA: Même en ajoutant les $55 millions, nous aurons une
croissance de coût au Québec en 1969/70...
M. CLOUTIER: Une croissance moins rapide que celle de l'Ontario et que
celle de la moyenne du Canada.
M. BOURASSA: Alors que nous avions eu le championnat depuis sept ans,
peut-être que l'année prochaine nous serons « second best
».
M. CLOUTIER: Tout le monde sera heureux que nous n'ayons pas le
championnat de l'augmentation des coûts. Mais, si nous avons le
championnat de l'augmentation des coûts de l'assurance-hospitalisation,
il faudrait dire que nous avons un réseau hospitalier de qualité.
Il faut également montrer que si nous avons...
M. BOURASSA: J'ai des chiffres là-dessus, le taux de personnes
admises; je pense qu'il est le plus bas au Québec. Je pourrai en
discuter, je n'ai pas les chiffres ici. Je voulais simplement clarifier cette
question-là. Cela pourrait être un débat
intéressant.
M. CLOUTIER: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Nous suspendons la séance jusqu'à 8 h
15.
M. CLOUTIER: Le député de D'Arcy-McGee avait
demandé qu'à la séance de ce soir nous puissions parler de
la construction des hôpitaux.
M. GOLDBLOOM: Certains députés de l'Opposition voudraient
venir parler des problèmes hospitaliers et sanitaires de leur
comté. Alors, selon l'entente que j'ai prise avec le ministre hier, ils
viendront ce soir.
M. CLOUTIER: A ce moment-là, nous pourrions couvrir les postes
budgétaires concernant la construction des hôpitaux,
c'est-à-dire les subventions aux hôpitaux, aux postes 13 et
19.
M. TREMBLAY (Montmorency): Y aurait-il possibilité, si ce n'est
pas à la séance de ce soir, à une autre séance, de
parler aussi des services externes, des différents coûts? Y
aurait-il possibilité d'avoir des chiffres comparatifs des services
externes des différentes...
M. CLOUTIER: Nous sommes précisément à l'article
où nous pouvons vous en parler. L'article n'est pas adopté.
M. TREMBLAY (Montmorency): Non, je sais, mais tout de même, pour
vous permettre d'avoir les chiffres voulus...
M. CLOUTIER: Nous pourrions revenir demain.
M. LE PRESIDENT: Nous sommes toujours au poste budgétaire 2. A 8
h 15.
Reprise de la séance à 20 h 19
M. MARTEL (président de la commission de la Santé): A
l'ordre, messieurs! Tel que convenu à la fin de la séance de cet
après-midi, nous discuterons tout de suite des postes budgétaires
8, 13 et 19 qui concernent les hôpitaux du ministère et les
services techniques de plans d'hôpitaux de même que les subventions
pour construction d'hôpitaux et pour autres fins, de même que le
poste budgétaire 19, en ce qui concerne les dépenses en
immobilisation.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, tout en remerciant le ministre
d'avoir si gentiment accepté cette entente, je dois excuser certains de
mes collègues qui sont un peu en retard et je me demande si ce ne serait
pas plus utile de continuer notre étude du poste budgétaire 2
où nous étions et d'arriver à la discussion des postes
budgétaires 8, 13 et 19 au moment où nos collègues
viendront pour en discuter.
M. LE PRESIDENT: Nous tenons à faire remarquer que, depuis
quelques jours l'Opposition se fait attendre. Je ne sais pas si tout le monde
est d'accord à ce que nous passions au poste 2, même après
avoir convenu de discuter des postes budgétaires 8, 13 et 19. Est-ce que
le ministre est d'accord pour revenir au poste budgétaire 2, article
2?
M. CLOUTIER: Est-ce que je peux demander s'il a l'intention de discuter
longuement encore de l'article 2 du poste budgétaire 2?
M. GOLDBLOOM: Pour ma part, non.
M. CLOUTIER: Non. Parce qu'il y a le député de Mercier qui
avait commencé à discuter de cet article. Je ne sais pas si le
député de Mercier avait encore beaucoup de choses à
discuter à l'article 2 du poste budgétaire 2.
M. GOLDBLOOM: Je ne le pense pas non plus. Il m'a dit qu'il lui restait
quelques questions à peine.
M. LAFRANCE: Quant au député de Montmorency, il m'a fait
part à la fin de la séance que les questions qu'il se proposait
de poser l'ont été par le député de Mercier.
M. CLOUTIER: Ah, bon!
M. LAFRANCE: Alors, je me demande si on doit suspendre l'article.
M. LE PRESIDENT: Le député de Mercier semblait avoir
d'autres choses à ajouter concernant l'article 2 du poste
budgétaire 2. Nous pourrons demander au député de
Montmorency s'il a des questions à poser à l'article 2 du poste
budgétaire 2. Sinon nous passerons aux postes budgétaires 8, 13
et 19.
M. TREMBLAY (Montmorency): Cela va être ici. Oui.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous avez des questions à poser?
M. TREMBLAY (Montmorency): Tout à l'heure, nécessairement,
on a constaté une hausse assez considérable du budget, soit 7%,
en ce qui concerne l'hospitalisation et les services externes. J'aimerais
savoir, en définitive, si le facteur salaire est le principal facteur
où s'il y a d'autres facteurs qui ont amené cette hausse assez
considérable dans le budget de l'hospitalisation et des services
externes.
M. CLOUTIER: II faut dire que l'augmentation est beaucoup moins
considérable que les années antérieures. Je voudrais
donner quelques statistiques seulement; je pense que le député de
Mercier pourra les noter au journal des Débats de façon que je
n'aie pas à les reprendre demain. Le pourcentage d'augmentation en 1967
dans le Québec était de 14.9; en 1968, cette augmentation
était de 11.5 et en 1969, elle est de 3.3% avant, bien entendu, le
renouvellement de la convention collective. Et cela se compare à
l'Ontario comme ceci: En Ontario, en 1967, il y avait eu une augmentation de
14.4%, donc un peu inférieure à celle du Québec; en 1968,
toujours en Ontario, l'augmentation avait été de 17.8%, soit un
chiffre sensiblement supérieur à celui du Québec. Et, en
1969, il est prévu qu'en Ontario, l'augmentation sera de 14.8%. Donc,
encore là une augmentation sensiblement supérieure à celle
du Québec. Et si l'on ajoute les chiffres de la convention collective
que fai donnés cet après-midi, en ce qui concerne le
Québec nous pourrons apporter les corrections suivantes: Au lieu de
11.5%, nous arriverions à une augmentation de 15.2% en 1968 et, en 1969,
nous arriverions à une augmentation de 6.0%. Donc, nous voyons que
l'augmentation dans le Québec, au chapitre de
l'assurance-hospitalisation pour 68/69, est beaucoup moins considérable
que celle de l'Ontario avant la convention collective et même
après la convention collective, si elle était appliquées
telle qu'offerte à la table des négociations.
M. TREMBLAY (Montmorency): Quel est le pourcentage, M. le Ministre, des
services externes en ce qui concerne cet article des dépenses?
M. CLOUTIER: Je vais vous donner le chiffre dans le budget en 69/70, le
chiffre du coût des cliniques externes par rapport au budget total de
l'assurance-hospitalisation.
Nous avons $27,700,000 et, en 1968, budget revisé, $26 millions
et, avant revision, avant budget supplémentaire, $18 millions. On sait
pourquoi.
M. TREMBLAY (Montmorency): Oui.
M. CLOUTIER: En 1968, ce sont les cliniques externes, les soins
diagnostiques assurés en cliniques externes.
M. TREMBLAY (Montmorency): Est-ce que vous prévoyez une hausse
considérable pour 1969 de ces services externes?
M. CLOUTIER: Pardon, je n'ai pas compris.
M. TREMBLAY (Montmorency): Est-ce que vous prévoyez, pour 1969,
une augmentation considérable des frais pour les services externes?
M. CLOUTIER: Nous avons prévu $1,800,000 de plus qu'en 1968.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Ministre, je voudrais attirer votre
attention sur le service qui peut être donné dans les
différents hôpitaux, et ces services varient, en fait, d'un
hôpital à l'autre. Je sais que le ministère a tout de
même un droit de regard dans les différents services de ces
hôpitaux et j'ai pu constater, personnellement et en pratique, que le
service est tout à fait inégal d'un hôpital à
l'autre. Je ne veux pas nommer nécessairement les hôpitaux
où j'exerce une certaine pratique.
Par exemple, certains cas en particulier, j'envoie, comme médecin
de famille, comme omnipraticien, un patient pour un transit gastro
duodénal, quelqu'un que je soupçonne de faire un ulcère,
et je veux localiser cet ulcère gastrique qui est sujet à
hémorragie. Alors je réfère mon patient à
l'hôpital aux services externes pour une radiographie qui s'impose, qui
est assez urgente. Et voilà que les services externes de cet
hôpital donnent un rendez-vous à ce patient dans trois semaines ou
dans un mois. Le cas est arrivé. Dans certains autres hôpitaux,
les délais sont beaucoup moins longs; mais, en définitive, pour
éviter l'hospitalisa- tion inutile ou, tout simplement, l'entrée
d'urgence de ces malades à l'hôpital, je pense que nos services
externes, dans beaucoup d'hôpitaux, manquent réellement
d'efficacité et ne fournissent pas à la population le service
désiré puisque les patients qui ont besoin d'un diagnostic
précis, qui ont besoin d'un traitement immédiat, doivent parfois
attendre quelques semaines avant d'avoir un examen qui s'impose et qui est
absolument nécessaire.
Et voilà qu'on a pu constater que, dans la majorité de ces
hôpitaux, on a fait des transformations physiques, un aménagement
des locaux qui est tout à fait considérable, allant même
jusqu'à la disparition de chambres privées qui servaient
autrefois à des malades qui étaient hospitalisés avec
l'engagement d'un personnel très
nombreux:sténo-réceptionnistes, téléphonistes,
sténo-dactylos, infirmières, internes, résidents, un
personnel tout à fait nombreux qui devrait signifier beaucoup
d'efficacité dans le service.
Nous nous rendons compte que, malgré ce personnel nombreux, le
service, au lieu de s'accélérer et de montrer beaucoup plus
d'efficacité, dénote une diminution d'efficacité. Le
patient qui se rend dans ces hôpitaux attend de nombreuses heures,
quelquefois des journées complètes avant de pouvoir avoir un
examen qui s'impose, un examen qui est parfois urgent, dans les services
externes.
Je me demande, M. le Ministre je sais que vous prévoyez
des sommes considérables, des sommes importantes s'il n'y aurait
pas lieu pour le ministère d'établir des états comparatifs
des différents services des gros hôpitaux, entre autres les
hôpitaux urbains auxquels vont de nombreux malades qui doivent attendre
des heures, des journées complètes, qui ont des examens à
des dates tellement éloignées que cela devient pratiquement
inutile de les envoyer à la clinique externe. Et même, j'ai vu des
cas qu'on a été obligé de référer à
des cliniques privées pour obtenir plus d'efficacité et un
résultat plus rapide, afin de permettre un traitement rapide de ces
malades.
M. le Ministre, je pense bien que l'efficacité de ces services
externes peut signifier une diminution considérable d'hospitalisation.
Ces gens qui se disent parfois: Nous devons nous rendre à
l'hôpital, nous déplacer, et il nous faut attendre quinze jours,
trois semaines ou un mois avant d'avoir certains examens que vous, ou les
médecins, jugez nécessaires; ils préfèrent en fait
que leur admission soit faite à l'hôpital et ils
préfèrent être hospitalisés pour avoir ces
séries d'examens qui finissent par s'appeler « check-up » en
définitive, parce
que beaucoup d'examens sont demandés et ne sont pas toujours
nécessaires dans ces cas. Le malade admis à l'hôpital veut
avoir un contrôle complet de son état de santé, et je pense
que cela concourt énormément à augmenter les frais
d'hospitalisation, cela concourt aussi à augmenter la durée de
l'hospitalisation. En définitive, cela diminue l'efficacité des
services et des soins médicaux dans les hôpitaux.
Enfin, il y a un autre problème que nous avions
déjà considéré les années passées, je
me souviens, lors des discussions du présent budget. Nous avions
parlé des pertes considérables de l'utilisation des locaux et de
l'équipement qui se trouve dans nos hôpitaux. Par exemple, les
fins de semaine (vendredi, samedi et dimanche et parfois le lundi) sont des
jours où on ne fait pratiquement pas d'examens, où j'admets qu'il
y ait une rareté de personnel, de techniciens, en particulier dans
certains domaines, mais je me demande s'il n'y aurait pas lieu d'en arriver
à une plus grande efficacité à la fois pour les malades et
pour les médecins qui les traitent.
M. le Ministre, je voudrais savoir si, en ce qui concerne les services
externes, il y aura un effort particulier qui sera porté sur
l'efficacité de ces services externes et qui ne comportera pas seulement
l'engagement d'un personnel supplémentaire pour suppléer à
une lenteur qui me semble être d'ordre administratif et qui, en
définitive, devient de la bureaucratie.
Nos patients se plaignent assez souvent avant d'entrer à
l'hôpital. Disons que c'est un contrôle considérable de
leurs antécédents, ce n'est pas ce que nous pouvons appeler un
contrôle médical en tant que tel, mais il faut que ces patients
passent à Pierre, Jean et Jacques pour finalement se voir remettre au
lendemain, au surlendemain ou un peu plus tard pour leurs examens.
Bien souvent ces malades sont des assistés sociaux qui doivent
payer des voitures comme le taxi pour se rendre à ces hôpitaux, et
parfois ils sont dans un état physique assez délabré, ils
ne peuvent pas attendre des heures complètes, ils ne peuvent pas voyager
indéfiniment à l'hôpital. Lorsque le médecin demande
ces examens, c'est dans le but d'obtenir un résultat rapide, un rapport
rapide de façon à pouvoir apporter une thérapeutique
appropriée à ces patients.
M. le Ministre, prévoyez-vous enfin, avec le budget actuel, dans
le domaine des services externes, apporter une amélioration et une plus
grande efficacité, tout au moins dans les hôpitaux? Par rapport au
nombre de malades qui visitent ces hôpitaux, est-ce que vous avez des
chiffres comparatifs qui peuvent vous permettre d'établir
l'efficacité d'un hôpital par rapport à un autre?
M. CLOUTIER: Le député a souligné les faiblesses
des cliniques externes. On sait que les cliniques externes se sont
développées très rapidement ces dernières
années. J'ai ici devant moi le coût des services externes
assurés. En 1962, ils étaient de $8,721; en 1963, de $2,567,000
et, cinq ans après, en 1968, ils ont été de $25,967,000.
C'est donc dire qu'il y a eu une augmentation très considérable.
En cinq ans, le montant du coût des services externes s'est
multiplié par 10. Les hôpitaux, quant à
l'aménagement physique, n'ont pas été conçus en vue
de desservir des patients externes. Nous savons que les hôpitaux
autrefois étaient conçus comme endroit simplement pour
l'hospitalisation, pour donner des services aux malades quand ils
étaient hospitalisés. La conception des institutions
hospitalières a évolué et, aujourd'hui, on conçoit
l'hôpital autant comme un endroit où les patients vont chercher
des services de diagnostics. Nous essayons, autant que possible,
d'éviter des hospitalisations inutiles et de raccourcir, autant que
faire se peut, la période d'hospitalisation. Il reste que les
hôpitaux n'ayant pas été conçus physiquement pour
les cliniques externes, évidemment il y a des problèmes. Il y a
des problèmes parce qu'aujourd'hui ça prend de
l'équipement, ça prend beaucoup de personnel et les locaux
forcément, étant donné l'affluence des gens qui vont se
faire traiter en externes, certains hôpitaux sont nettement
déficients.
De toute façon, le ministère de la Santé, nos
services techniques en particulier font un effort très
considérable dans l'étude des projets d'hôpitaux, dans les
projets de rénovation d'abord et ensuite dans les projets d'implantation
d'hôpitaux neufs pour faire de ces services des endroits bien
aménagés, fonctionnels où il y aura de la place pour
entrer de l'équipement moderne et nécessaire et aussi pour que
les effectifs médicaux puissent y travailler à l'aise. Il y a un
vote.
UNE VOIX: On peut prendre les votes ici et . les envoyer en haut.
M. CLOUTIER: Le vote serait plus considérable ici qu'en
Chambre.
M. LE PRESIDENT: J'ai l'impression que la motion présentée
par l'Opposition n'intéresse pas tellement les membres de l'Opposition
parce qu'ils sont tous en bas.
M. GOLDBLOOM: Cela n'est pas gentil de la part du
président...
M. LE PRESIDENT: II faut se rappeler que c'est une motion de
non-confiance à l'adresse du gouvernement. Je vois que ce n'est pas
partagé.
UNE VOIX: Vous n'êtes pas gentil quand même, c'est parce
qu'on s'occupe des choses publiques.
M. LE PRESIDENT: Donc, nous suspendons temporairement,
c'est-à-dire jusqu'après le vote, ces délibérations
que nous reprendrons immédiatement après le vote.
Reprise de la séance à 21 h 6
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Nous continuons. Est-ce que nous
adoptons le poste budgétaire 2, article 2: Hospitalisation et services
externes?
M. GOLDBLOOM: Non, il y a des députés qui voudraient en
parler. Je pense que nous avions accepté de laisser en suspens le poste
budgétaire 2, article 2 et de passer aux postes budgétaires 8, 13
et 19 que nous discuterons ensemble.
M. LE PRESIDENT: Bon, d'accord. Alors, passons aux postes
budgétaires 8, 13 et 19, les trois ensemble, cela n'a pas
d'importance.
M. GOLDBLOOM: Je me permettrai de commencer, en soulevant un
problème que j'ai déjà discuté avec le ministre
à plusieurs reprises, un problème qui est à l'étude
au ministère. Dans le comté de D'Arcy-McGee, il y a
l'hôpital qui s'appelle Maimonides et qui s'agrandira prochainement mais
l'on attend certaines décisions du ministère de la Santé.
Est-ce que le ministre est en mesure de nous dire, en ce moment, s'il a des
nouvelles à ce sujet?
M. CLOUTIER: Le sous-ministre a eu l'occasion, à quelques
reprises au cours de l'année, de discuter de ce
problème-là qui tombera sous la responsabilité du
sous-ministre, M. Levasseur, au ministère de la Famille et du Bien-Etre
social, étant donné que c'est la partie du foyer qui,
apparemment, serait modifiée.
Il y aurait une expansion de l'institution, expansion de l'ordre de 200
lits, au soin de gardes, qui serait financée par la
Société d'habitation du Québec On sait que les lits
d'institutions pour soins de garde peuvent être financés par la
Société d'habitation du Québec. M. Levasseur,
sous-ministre-adjoint au ministère de la Famille et du Bien-Etre social,
est celui de qui relèvent, dans nos deux ministères, ces
problèmes, ces institutions qui peuvent être financées par
la Société d'habitation, parce que M. Levasseur est commissaire
à la Société d'habitation du Québec. Alors,
incessamment. Je sais que M. Levasseur a entrepris des discussions avec la
Société d'habitation du Québec et ce programme de
Maimonides s'inscrit dans la politique de mise en place des ressources avec
l'aide de la Société de l'habitation du Québec, du
côté du ministère de la Famille et du Bien-Etre social.
M. GOLDBLOOM: Oui, il y avait trois pro-
jets possibles pour l'agrandissement de l'hôpital: Un
agrandissement de l'hôpital comme tel, qui a été construit
de façon à permettre d'y ajouter trois étages, mais pour
la fonction hospitalière proprement dite, les soins de garde dont le
ministre vient de parler et un foyer résidentiel pour des
vieillards.
Je ne connaissais pas la décision qui avait été
prise parmi ces trois possibilités. Maintenant le ministre me dit qu'il
a choisi le secteur des soins infirmiers très simples qui seront
fournis. Je remercie le ministre.
M. CLOUTIER: Dans ce secteur-là.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 8, articles 1 et 2
adoptés? Adoptés. Article 3, adopté.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je pense que nous allons adopter
les trois articles dans leur ensemble après avoir demandé aux
députés de poser les questions qu'ils auront sur...
M. LE PRESIDENT: Vous allez adopter le poste budgétaire 8 dans
l'ensemble.
M. CLOUTIER: Les postes budgétaires 8, 13 et 19.
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. TREMBLAY (Bourassa): M. le Ministre, j'ai une question à vous
poser parce que moi-même, cet hiver, j'ai été touché
par cette question-là, les hôpitaux pour les malades chroniques
à Montréal. Je ne voudrais pas parler de l'ensemble de la
province parce que je ne m'y connais pas. Moi-même, j'ai eu un membre de
ma famille qui a été hospitalisé à l'hôpital
Maisonneuve et, après avoir été opéré,
l'hôpital ne pouvait pas le garder. Je peux vous dire que j'ai fait au
moins 25 appels à Montréal pour venir à bout de placer ce
malade chronique. Dieu merci, j'étais député. Autrement je
n'aurais pas été capable de le placer. Alors, les personnes qui
ne sont pas députés il n'y a que 108 députés
dans la province de quelle façon peuvent-elles avoir la chance de
placer ces malades? Je me pose la question. Est-ce que vous prévoyez,
dans un avenir rapproché, construire un hôpital qui serait plus
grand que les hôpitaux que nous avons à l'heure actuelle? Nous
avons Villa Medica, je crois qu'ils en prennent beaucoup et il y a des petits
hôpitaux mais ils ne peuvent pas donner des soins à ces grands
malades-là, même plus malades que les opérés du
matin. Alors, prévoyez-vous dans un avenir assez rapproché,
construire des hôpitaux pour les malades chroniques?
M. CLOUTIER: Oui, M. le Président, je suis heureux de la question
du député de Bourassa. Il y a plusieurs projets actuellement qui
ont été autorisés pour Montréal et le
Montréal métropolitain. Il y a des agrandissements, il y a, en
outre 400 lits, qui ont été autorisés par un
arrêté en conseil pour l'hôpital
Saint-Charles-Borromée. Il y a l'hôpital Champlain à Verdun
qui sera une institution nouvelle, qui est en construction et qui comportera
100 lits. Il y a l'hôpital Saint-Joseph-de-la-Providence où il y a
150 lits autorisés. Grace Dart où il y a 350 lits mes
officiers me corrigent Graced Heart Hospital. Ce sont des
agrandissements pour les malades chroniques.
M. TREMBLAY (Bourassa): Pour les malades chroniques.
M. CLOUTIER: Pour les malades chroniques.
M. TREMBLAY (Bourassa): Remarquez bien, M. le Ministre, je ne veux pas
faire de grief auprès des hôpitaux qui font des opérations.
Je crois qu'il faut que ce malade sorte si l'on veut en admettre d'autres, mais
par contre, nous avons des malades vous le savez comme moi qui ne
peuvent pas retourner à la maison, bien souvent, parce que nous ne
pouvons pas leur donner les soins qu'il leur faut. Alors, c'est pour cette
raison...
M. CLOUTIER: Je crois que pour Montréal et Montréal
métropolitain, avec aussi d'autres projets, quand nous faisons des
rénovations d'hôpitaux, il y a toujours possibilité de
récupérer des lits pour malades chroniques et convalescents, cela
nous donne des facilités additionnelles et, à ce
moment-là, je pense que les projets que je vous ai donnés et les
autres que nous envisageons à l'occasion, les projets de
rénovation d'autres hôpitaux qui sont sur notre table de travail
actuellement, nous donneront suffisamment de lits, de sorte que nous pourrons,
à brève échéance quand je dis à
brève échance, évidemment, il faudra que ces
projets-là soient menés à terme, soit dans quelque 12, 18
ou 24 mois résoudre le problèmes des malades chroniques
dans Montréal et Montréal métropolitain.
M. TREMBLAY (Bourassa): Cela veut dire que dans 12 mois tout au plus
vous aurez 500 lits de plus pour les malades chroniques.
M. CLOUTIER: Ce que j'ai donné...
M. TREMBLAY (Bourassa): Vous en avez 1,000, là.
M. CLOUTIER: Plus que cela, ce que j'ai donné représente
1,000 lits.
M. TREMBLAY (Bourassa): Est-ce que la population de Montréal peut
se fier sur 500 lits au moins d'ici 12 mois?
M. CLOUTIER: Pour 12 mois, je crois que cela serait peut-être
difficile pour 500 lits.
M. TREMBLAY (Bourassa): Je ne sais pas si c'est votre ministère,
mais vous devez sûrement être au courant que c'est un grave
problème.
M. CLOUTIER: Oui, c'est un grave problème.
M. TREMBLAY (Bourassa): Je crois que c'est sûrement un des
problèmes qui devraient passer en premier.
M. CLOUTIER: Oui, c'est une priorité. Evidemment, il y avait
à Montréal et à Québec aussi.
A Québec, nous avons résolu le problème. Il y a eu
150 lits d'autorisés à Saint-Augustin de Courville. La
construction achève. Il y a l'hôpital
Saint-François-d'Assise qui est en construction et qui permettra, dans
le vieil hôpital, de récupérer des lits pour malades
chroniques. Il y a 125 lits d'autorisés à Saint-Ambroise de
Loretteville dans le Québec métropolitain. Je crois que pour
Québec aussi, avec tous ces projets, ça nous permettra de
résoudre ces problèmes en grande partie.
Dans les autres régions de la province, le même
problème se posait. La solution qui nous est apparue la meilleure fut de
construire là où l'hôpital existant est nettement
insuffisant ou trop âgé. La solution la plus logique a
été de construire à côté un hôpital
neuf et de récupérer le vieil hôpital pour les malades
chroniques et les convalescents. C'est ce que nous faisons actuellement
à Shawlnlgan, à Thetford, à Saint-Jean, à Granby;
Saint-Fran-çois-d'Assise, je l'ai déjà donné et
peut-être d'autres que j'oublie.
M. LE PRESIDENT: Le député de Deux-Montagnes avait une
question sur le même sujet. Un moment là. Le député
de Bourassa n'a pas fini encore.
M. TREMBLAY (Bourassa): J'ai trois questions. Est-ce que pour le nord de
Montréal qui comprend, disons, Rivière-des-Prairies,
Montréal-Nord et Ahuntsic... nous avons l'hôpital Fleury qui nous
donne un très bon service. Seulement, le service pédiatrique que
nous avions là est déménagé, je crois, à
l'hôpital Sacré-Coeur. Maintenant, lorsque nous avons des
accidents, etc.. Est-ce que votre ministère croit que le nord de la
ville est assez pourvu au point de vue des hôpitaux et surtout d'un
hôpital pour les enfants? Nous avions cet endroit-là, nous avions
une aile et c'est disparu à l'heure actuelle. On l'a
déménagée. On nous disait qu'il n'y avait peut-être
pas assez de patients. Mais elle est partie depuis deux ans, si ma
mémoire est fidèle.
M. CLOUTIER: Nous avons actuellement en construction dans
Montréal une section de l'hôpital Marie-Enfant, ce qui ajoute 45
lits.
M. TREMBLAY (Bourassa): Est-ce que c'est dans le nord,
l'hôpital...?
M. CLOUTIER: Rue Bélanger. Ce n'est pas ce que le
député appelle la partie extrême nord, mais disons que
ça pourrait desservir ce territoire. Mais on sait que dans cette partie
de la ville il y a l'hôpital du Sacré-Coeur de Cartier-ville qui
étudie actuellement un projet d'expansion.
M. TREMBLAY (Bourassa): Est-ce que c'est loin?
M. CLOUTIER: Non, le projet pourrait se matérialiser... je ne
voudrais pas, à ce moment-ci, avancer de dates trop précises,
mais actuellement les professionnels travaillent à un projet
précis à l'hôpital Sacré-Coeur de Cartierville et
aussi à l'hôpital Jean-Talon.
M. TREMBLAY (Bourassa): Pour le nord de la ville, vous ne
prévoyez pas construire un nouvel hôpital. Ce qui comprend le
nord.
M. CLOUTIER: Est-ce que le député mentionne un
hôpital pour...
M. TREMBLAY (Bourassa): Un nouvel hôpital général
dans le nord de la ville.
M, CLOUTIER: Non, s'il ne comprend pas Laval dans le nord de la
ville,...
M. TREMBLAY (Bourassa): Non, je ne comprends pas Laval. Disons que c'est
Montréal-
Nord, une partie d'Ahuntsic et Rivière-des-Prairies.
M. CLOUTIER: Non. Il n'y a pas d'hôpital... les hôpitaux qui
sont actuellement à l'étude sont Jean-Talon, Fleury,
Sacré-Coeur de Cartier-ville, Maisonneuve.
M. TREMBLAY (Bourassa): Disons que c'est tout assez loin, mais de toute
façon si ce n'est pas prévu dans...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vos questions sont terminées?
M. TREMBLAY (Bourassa): Non, J'en ai une autre. Je n'en pose pas assez
souvent. Je ne suis pas importun. J'ai trois questions.
Qu'est-ce qui est arrivé de tous les plans qui ont
été soumis pour l'agrandissement de l'hôpital Maisonneuve?
Je crois que des plans vous ont été présentés l'an
dernier pour un agrandissement de l'hôpital. Est-ce que ça va
être en construction avant longtemps pour donner un meilleur service pour
la partie est-nord de la ville ou si c'est à l'étude?
M. CLOUTIER: L'hôpital Maisonneuve, l'hôpital
Hôtel-Dieu de Montréal, l'hôpital Notre-Dame sont des
hôpitaux majeurs du côté français à
Montréal. Ce sont des hôpitaux qui font de l'enseignement, des
hôpitaux qui font de la recherche, ils sont affiliés à
l'Université de Montréal et ils travaillent actuellement à
des projets très complexes et très dispendieux. Nous n'avons pu
accepter les propositions premières qui nous ont été
faites dans leurs formes premières. Nous avons demandé d'abord
que ces hôpitaux élaborent des programmes, non pas
séparément, mais qu'ils se consultent pour obtenir une certaine
coordination, une certaine planification à ce niveau-là. Et
aussi, en ce qui concerne Maisonneuve, en particulier.
Il y a le cas de l'hôpital de Saint-Joseph de Rosemont, parce que
nous savons que, dans tout ce secteur-là il y a plusieurs hôpitaux
tout près. Non, ce que je veux dire au député, c'est que
l'hôpital de Saint-Joseph de Rosemont et Maisonneuve étudient
ensemble un projet de développement. Parce qu'il est évident que
la proximité de ces ressources-là commande que des projets
d'expansion, de rénovation et d'amélioration à l'un ou
l'autre hôpital soient faits en coordination très étroite.
Si Maisonneuve a des projets d'expansion, Maisonneuve doit tenir compte
évidemment qu'à proximité il y a l'hôpital de
Saint-Joseph de Rosemont qui peut, lui aussi, agencer son programme d'expansion
ou de rénovation en tenant compte de la proximité de
l'hôpital Maisonneuve. Parce que les deux hôpitaux Saint-Joseph de
Rosemont et l'hôpital Maisonneuve ne peuvent certainement pas chacun
revendiquer un développement hospitalier de même nature. Il faudra
que les hôpitaux voisins se complètent. Nous n'avons pas le moyen
d'aller dépenser dans chacune de ces institutions des sommes
extrêmement dispendieuses et extrêmement importantes si nous
pouvons assurer à Maisonneuve un développement hospitalier tenant
compte du caractère universitaire de l'institution et nous pouvons
également tenir compte de la proximité de Rosemont. Et je dois
dire à ce sujet-là que les deux hôpitaux, les deux conseils
d'administration, les deux équipes travaillent ensemble afin de
produire, de présenter au ministère de la Santé un
programme qui s'harmonise.
M. TREMBLAY (Bourassa): Cela veut dire des taux qui sont à
l'étude encore. Il n'y a rien d'accepté au budget de la
santé.
M. CLOUTIER: Non, les deux sont...
M. LE PRESIDENT: Le député des Deux-Montagnes.
M. BINETTE: M. le Président, pour enchaîner avec ce que
disait le député de Bourassa, il existe évidemment de ces
cas chroniques qui sont très lamentables. Je pense aux cancéreux,
par exemple, lorsqu'ils sont déclarés incurables, on pense
immédiatement à les sortir de l'hôpital et les envoyer soit
dans leur famille, soit dans des institutions soit privées ou
semi-publiques. Alors, le député de Maisonneuve a posé la
question quant à la région de Montréal pour les cas de
malades chroniques. Je comprends qu'il incluait les cancéreux. Je ne
doute pas que le ministère a sans doute fait une étude des
besoins actuels de la population du Québec soit par région ou
pour l'ensemble du Québec. Quels sont les besoins actuels dans ce
domaine? Et actuellement, est-ce qu'il a donné, pour la région de
Montréal, 1,000 lits qu'il doit construire d'ici quelques années?
Est-ce que ces 1,000 lits répondent à 50% des besoins, ou
à 40% ou à 30% des besoins? Il est certain que le besoin de 1,000
lits dans Montréal, c'est un minimun, sans avoir fait d'étude
approfondie dans le cas. Je suis certain qu'avec 1,000 lits dans
Montréal, cela ne répond pas aux besoins dans le moment.
M. CLOUTIER: J'ai parlé de la ville de Montréal, mais il y
a Montréal...
M. BINETTE: ... et les régions.
M. CLOUTIER: ... Montréal métropolitain, il y a les
ressources privées. Il y a aussi du côté des malades
chroniques, des convalescents, il y a beaucoup de ressources
privées.
M. BINETTE: Est-ce qu'une étude a été faite
actuellement pour l'ensemble de la province?
M. CLOUTIER: Oui, nous avons...
M. BINETTE: Quels sont les besoins actuels pour l'ensemble de la
province?
M. CLOUTIER: Voici ce que nous projetons actuellement. En ce qui
concerne les nouveaux lits d'hôpitaux pour la période 1969-1974,
nous avons un accroissement moyen de 1,000 lits par année.
M. BINETTE: Pour l'ensemble de la province.
M. CLOUTIER: Pour l'ensemble de la province, puisque nous mettons les
hôpitaux...
M. BINETTE: Combien en manque-t-il pour répondre aux besoins
actuels?
M. CLOUTIER: Voici ce que nous avons. Je vais donner au
député ce que nous projetons, probablement que cela
l'intéressera. Nous avons l'hôpital, je peux les donner
rapidement...
M. BINETTE: Le total.
M. CLOUTIER: Disons que je donnerai les projets les plus importants. Il
y a l'hôpital Honoré-Mercier à Saint-Hyacinthe, qui
ajoutera 150 lits pour malades chroniques après la construction de
l'hôpital neuf de 350 lits. Il y a l'hôpital du Haut-Richelieu
à Saint-Jean, qui ajoutera 150 lits pour malades chroniques après
la construction du nouvel hôpital. L'hôpital Saint-Maurice de
Shawinigan, qui ajoutera 100 lits pour malades chroniques après la
construction de l'hôpital neuf. L'hôpital de Thetford-Mines, qui
ajoutera 100 lits pour malades chroniques après la construction de
l'hôpital de 250 lits actuellement. L'hôpital de
Sainte-Anne-des-Monts, qui ajoutera 50 lits pour malades chroniques; on sait
que la construction d'un nouvel hôpital est commencée.
L'hôpital de Rouyn-Noranda, qui ajoutera 150 lits pour malades
chroniques. L'hôpital Chandler, qui ajoutera 60 lits pour malades
chroniques. L'hôpital Notre-Dame de l'Espérance à
Montréal, 100 lits. L'hôpital de Mont-Laurier, 80 lits pour
malades chroniques après la construction d'un nouvel hôpital.
L'hôpital Shefford de Granby ajoutera 150 lits. L'Hôtel-Dieu
de Gaspé ajoutera 100 lits après la construction du nouvel
hôpital; Saint-Augustin de Courville, 150 lits pour malades chroniques;
Montreal General Hospital, 70 lits; l'hôpital Saint-Joseph de la
Providence j'en ai parlé tantôt 150 lits;
l'hôpital Saint-Am-broise de Loretteville j'en ai parlé
aussi 125 lits; l'hôpital Baie-des-Ha! Ha!, 100 lits;
l'hôpital Champlain de Verdun j'en ai parlé - 100 lits;
l'hôpital Sainte-Julienne de Montcalm, 50 lits; Grace Dart, 222 lits, et
je dois ajouter à cette liste Saint-Charles Borromée dont j'ai
parlé tantôt; ce qui nous donnera un chiffre de 2,500 ou 2,600
lits pour malades chroniques.
M. BINETTE: C'est d'ici 1974?
M. CLOUTIER: Je l'ai par année, je peux le donner au
député. J'ai mis en 1970, mais il y en aura en 1969 parce
qu'à Shawinigan, l'hôpital est avancé. Mais disons que je
prends une marge de sécurité. Alors je prends 1970. Je crois que
cela ajoutera 400 lits en 1970, 250 lits en 1971, 1,012 lits en 1972, 530 lits
en 1973...
M. BINETTE: Cela veut dire qu'à chaque année vous avez un
déficit si vous prévoyez une augmentation de 1,000 lits par
année?
M. CLOUTIER: Non. Il faut que le député comprenne qu'on ne
peut pas classer tous les malades comme des malades chroniques et des
convalescents. Il y a aussi des institutions pour soins de garde...
M. BINETTE: Oui.
M. CLOUTIER: ... qui sont nécessaires. J'en ai parlé
tantôt avec le député de d'Arcy-McGee. C'est financé
par la Société d'habitation du Québec.
Il y a aussi la construction de foyers pour personnes
âgées. Ce n'est pas la même clientèle et tout le
monde le sait.
M. BINETTE: Je croyais, à ce moment-ci, qu'on me parlait des
malades chroniques seulement...
M. CLOUTIER: Non, je n'inclus pas les soins de garde. Je parle des
malades chroniques et des convalescents. Mais pour tous les malades, il y a
actuellement des malades, ou
des patients si vous voulez même si le terme n'est pas
recommandé par l'Office de la langue française il y a des
patients qui sont hospitalisés dans des institutions pour malades
chroniques et convalescents et qui devraient être dans des institutions
pour soins de garde.
Il y a des malades qui sont dans les hôpitaux
généraux et qui devraient être hospitalisés dans des
institutions pour malades chroniques et convalescents. De sorte qu'il nous faut
déplacer une partie de cette clientèle au fur et à mesure
que nous aurons des institutions de façon à les localiser
véritablement dans des endroits où ils doivent être
localisés, d'abord pour les soins qu'ils doivent recevoir et
deuxièmement pour le coût. Parce qu'on comprend facilement qu'un
malade qui sera logé dans une institution pour soins de garde recevra
moins de soins parce qu'il en demande moins, mais il pourra être
logé et gardé à un coût beaucoup moindre pour la
province.
Et il y a un quatrième groupe d'institutions, ce sont des centres
d'accueil pour personnes âgées où, évidemment, cela
coûte encore moins cher per diem à la province.
M. BINETTE : Mais, dans votre planification au ministère, quand
prévoyez-vous que vous se-serez à peu près à point
dans ce transfert des malades chroniques qui sont...
M. CLOUTIER. Il y a une mauvaise répartition des ressources sur
le territoire. Avec ce que j'ai donné, actuellement, je crois que nous
avons id, avec les institutions qui sont prévues, celles qui le seront
sous peu, un programme de cinq ans, j'ai dit 1969, 1970, 1971, 1972, 1973; nous
croyons que, dans cette période de cinq ans, nous pourrons mettre en
place toutes les ressources: personnes âgées, soins de garde,
malades chroniques et hôpitaux généraux de façon que
nous ayons les ressources appropriées pour chaque type de besoins.
M. BINETTE: Parce qu'actuellement, évidemment, c'est un grand
problème dans la région je connais au moins la
région de Montréal que ces malades chroniques et ces
cancéreux qui sont mis hors de l'hôpital parce que ce n'est pas
leur place. En fait, on n'a pas d'endroit pour les recevoir. Je connais des
cas, personnellement, des familles qui m'ont appelé, qui étaient
aux abois, car elles ne pouvaient pas recevoir les malades dans leur famille,
à la maison parce que ce sont de grands malades qui ont besoin de soins
et elles n'étaient pas équipées, ces familles, pour les
recevoir.
Ce qui arrive, on se renvoie le malade d'un côté et de
l'autre et ce n'est pas intéressant.
M. CLOUTIER: C'est exact. Nous avons d'autres ressources possibles. Dans
certains endroits où il y avait des écoles d'infirmières
qui seront désaffectées par suite du transfert des
infirmières aux CEGEP, nous pourrons récupérer à
très peu de frais des écoles d'infirmières pour loger des
malades chroniques et des convalescents.
Nous avons aussi d'autres ressources qui nous sont fournies par l'achat
de maisons, qui appartenaient à des communautés, qui sont
désaffectées. En plus des ressources, j'ai i l'idée des
projets, entre autres, ce temps-ci, nous sommes à négocier
l'achat d'une maison, dans le comté de Montmorency, une maison qui
appartenait à des frères et qui servira probale-ment au logement
des malades chroniques et qui pourra contenir au-delà de 100 lits.
Pour la région et le Québec métropolitain, c'est
une façon aussi de régler le problème à court
terme. Ces maisons sont achetées par le ministère de la
Santé. Quand il s'agit de soins de garde, nous faisons également
l'acquisition de maisons, mais elles sont financées par la
Société d'habitation du Québec. Et nous acquérons
ces maisons...
M. HARVEY: Pour les soins de garde.
M. CLOUTIER: Et comme je l'ai dit tout à l'heure, cela permet de
récupérer des lits d'institution pour malades chroniques et de
démanager ces patients qui doivent être dans des institutions de
soins de garde.
M. BINETTE: J'ai remarqué tout à l'heure, lorsque le
ministre énumérait la liste, que c'étaient des
agrandissements de certains hôpitaux. Est-ce qu'il est dans la ligne de
conduite du ministère de construire des ailes ou des départements
séparés pour ces malades chroniques aux hôpitaux existant
actuellement?
M. CLOUTIER: Oui, cela peut être une annexe. Il y a plusieurs
projets qui sont des annexes.
M. BINETTE: A l'hôpital?
M. CLOUTIER: Pas nécessairement, mais une institution
complètement séparée.
M. BINETTE: Complètement séparée. M. LE PRESIDENT:
Le député de Fabre.
M. HARVEY: Est-ce que c'est en rapport aux malades chroniques?
M. HOUDE: Non.
M. HARVEY: Relativement aux malades chroniques, pour terminer la
discussion, est-ce que le ministre pourrait me donner le nombre de lits
actuellement disponibles aux malades chroniques dans le Québec
métropolitain?
M. CLOUTIER: Nous avons 150 lits actuellement disponibles à
Saint-Augustin de Courville.
M. HARVEY: Dans le Québec métropolitain.
M. CLOUTIER: A Saint-Augustin de Courville, 150 lits disponibles.
M. HARVEY: 150.
M. CLOUTIER: Nous avons l'Hôpital Général où
ce sont des dames.
M. HARVEY: Mais quel est le nombre total?
M. CLOUTIER: II y en a 600.
M. HARVEY: 600.
M. CLOUTIER: Au Québec métropolitain.
M. HARVEY: Quelles sont vos prévisions d'ici les prochaines
années pour le nombre de lits à ajouter aux 600 actuellement
disponibles?
M. CLOUTIER: Pour le Québec métropolitain?
M. HARVEY: Toujours pour le Québec métropolitain.
M. CLOUTIER: Environ 400 lits.
M. HARVEY: Ma question est celle-ci: Le ministre a annoncé tout
à l'heure, dans ses prévisions pour les années à
venir, une addition de cent lits pour malades chroniques au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui comprend les cinq comtés de Dubuc,
Chicoutimi, Jonquière, Lac-Saint-Jean et Roberval. Actuellement, dans le
territoire couvrant la même population que le Québec
métropolitain, une enquête a été instituée
par le ministère de la Santé relativement aux services du
bien-être et de la santé, et nous avons présentement 150
lits disponibles pour malades chroniques.
Le problème est tellement urgent qu'actuellement les malades
chroniques sont dans les hôpitaux généraux et coûtent
à l'Etat entre $40 et $50 par jour faute de place dans les
hôpitaux pour malades chroniques qui sont limités à 125
à Saint-Jérôme du Lac-Saint-Jean, une institu- tion qui
date de quelques années, et une aile désaffectée de
tuberculeux qui a été convertie en section pour malades
chroniques à Roberval. Et cela depuis le feu de l'Hôtel-Dieu
Saint-Vallier de Chicoutimi, l'aile des malades chroniques qui avait cent lits
supplémentaires.
Vous nous annoncez cent lits pour les années à venir, ce
qui nous fera un total de 250 comparativement à mille pour la même
population au Québec métropolitain. Je voudrais savoir du
ministre si ce sont bien les recommandations qui lui ont été
faites par la commission qui a enquêté dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, il y a quelques années, sur les besoins de
services de bien-être et de santé dans notre territoire?
M. CLOUTIER. Il y a actuellement un hôpital en construction
à Baie-des-Ha! Ha!...
M. HARVEY: Un instant, on l'a annoncé comme un hôpital
général. Le ministre m'apprend ce soir que c'est un hôpital
pour malades chroniques. J'en suis heureux.
M. CLOUTIER: 80 lits pour malades chroniques.
M. HARVEY: Vous aviez annoncé 100 lits tout à l'heure,
alors je note 80 lits pour malades chroniques.
M. CLOUTIER: 80 lits pour malades chroniques.
M. HARVEY: Alors c'est 80 au Ueu de 100 lits pour les prochaines
années. Cela fera 230 lits comparativement à 1,000 lits pour
Québec pour la même population.
M. BOIVIN: Est-ce que j'ai dit 100 lits tout à l'heure?
M. HARVEY: Un instant, il y a un projet d'agrandissement qui a
été accepté pour Dolbeau, pour malades chroniques 0; un
projet d'agrandissement pour Alma dont je parlerai à l'article
approprié demain, malades chroniques, 0; une autre acceptation de
principe d'agrandissement pour l'hôpital de Jonquière, malades
chroniques 0; une nouvelle corporation pour un hôpital
général à Chicoutimi, combien de lits pour malades
chroniques? On ne le sait pas parce que la corporation vient tout juste de
recevoir sa charte.
M. BOIVIN: C'est là surtout que l'on songe...
M. HARVEY: Bagotville, Baie-des-Ha! Ha! 80 lits pour malades chroniques
sur 100. Alors ça veut dire, addition de lits pour malades chroniques
disponibles dans notre territoire, 80, disponibles actuellement 150; donc 230
pour la même population que le Québec métropolitain qui en
a déjà 500 et verra additionner dans le territoire 400 lits pour
malades chroniques. J'en suis très heureux pour le Québec
métropolitain. J'aimerais entendre le ministre me donner des
explications là-dessus.
M. BOIVIN: Actuellement, nous sommes à élaborer un projet
pour l'hôpital de Chicoutimi. On suivra la même politique qui a
été suivie par exemple pour la construction de l'hôpital de
Saint-François-d'Assise. L'hôpital actuel sera transformé
pour malades chroniques en pensant de construire un hôpital qui
dispensera l'enseignement universitaire à Chicoutimi.
M. HARVEY: Alors, si je comprends le ministre, l'Hôtel-Dieu
Saint-Vallier de Chicoutimi, dans les plans du ministère...
M. BOIVIN: C'est dans les projets actuellement...
M. HARVEY: Les plans ou les projets, c'est la même chose.
M. BOIVIN: Au moins 400 lits pour malades chroniques.
M. HARVEY: Dans les plans du ministère l'acceptation d'un
hôpital universitaire à Chicoutimi décongestionnerait
l'Hôpital Général actuel ou Hôtel-Dieu Saint-Vallier.
L'Hôtel-Dieu Saint-Vallier deviendrait un centre régional pour
malades chroniques où l'on donnerait 400 lits additionnels.
M. BOIVIN: Pour 400 lits à Chicoutimi.
M. CLOUTIER: Je voudrais d'abord qu'on s'entende sur les populations.
Peut-on accepter au point de départ que les populations sont
équivalentes à celles du Québec métropolitain et de
toute la grande région?
M. HARVEY: Saguenay et Lac-Saint-Jean, oui, Monsieur.
M. CLOUTIER: Peut-on tenir pour acquis qu'il y a 450,000 de
population?
M. HARVEY: Oui, parce que dans l'enquête quand on parle du
Saguenay, Lac-Saint-Jean et
Côte-Nord, vous additionnez Chibougamau, les comtés de
Charlevoix, Duplessis et Saguenay. Oui, monsieur.
M. CLOUTIER: Alors disons qu'on le tient pour acquis; deuxième
critère sur lequel il faudrait bien s'entendre, c'est que l'âge de
la population compte aussi parce qu'on sait que...
M. HARVEY: L'âge et l'usure.
M. CLOUTIER: ... l'âge et l'usure. Evidemment pour une population
plus jeune comme à Laval, le besoin est moins considérable en
lits pour malades chroniques que pour une population plus
âgée.
UNE VOIX: Vous avez 600 lits pour les vieillards, il va falloir en
fabriquer.
M. CLOUTIER: II peut y avoir des vieillards, mais pas
nécessairement des malades chroniques. Le député de Dubuc
vient de mentionner que, dans le projet important à l'étude au
ministère, c'est évidemment la récupération ou la
transformation, si vous voulez, de la vocation de l'hôpital Saint-Vallier
de Chicoutimi qui comprend 675 lits actuellement.
M. BOIVIN: Ils ont perdu 400 lits dans un incendie...
M. CLOUTIER. Il y avait au-delà de 1,000 lits. Ces lits seraient
récupérés en majeure partie pour nos malades chroniques
tenant compte d'autres modifications qui pourraient être faites à
l'intérieur de l'hôpital, tenant compte des possibilités
des installations de psychiatrie ou de services administratifs et ainsi de
suite. Il y a là une ressource importante qui pourrait être
convertie pour les malades chroniques. Evidemment, il serait important qu'il y
ait une répartition, sur tout le territoire que vous avez
mentionné tantôt, juste des effectifs. Si nous convertissons
l'hôpital de Chicoutimi actuellement pour les malades chroniques, ce qui
nous fournira environ 500 lits, je ne sais pas si, à ce
moment-là, on répond à une juste répartition des
ressources sur le territoire du Saguenay-Lac-Saint-Jean, parce qu'il y aura
là une concentration de lits assez importante à Chicoutimi.
De toute façon, je crois que ce que le député veut
souligner, c'est qu'il serait important que sa région soit suffisamment
desservie par des institutions et des lits pour malades chroniques.
M. BOIVIN: C'est surtout à cause de l'Incendie que nous nous
sommes trouvés déséquilibrés. Ces lits n'ont pas
été remplacés depuis 1963.
M. HARVEY: Non seulement cela.
M. BOrVTN: Nous avons perdu 400 lits pour malades chroniques à
Chicoutimi.
M. HARVEY: Non, non, nous n'avons pas perdu 400 lits pour malades
chroniques.
M. BOIVIN: Oui.
M. HARVEY: Nous avons perdu 100 lits pour malades chroniques ou vous
allez être obligés de porter une accusation contre les
soeurs...
M. BOIVIN: Pourquoi?
M. HARVEY: Bien, c'est parce qu'on avait en dossier 100 lits pour
malades chroniques détruits. Lisez au ministère le rapport
lorsqu'on a réclamé la reconstruction, on a toujours
parlé...
M. BOIVIN: Dans ce temps-là, il y avait...
M. HARVEY: Un instant, s'il vous plaît. Je voudrais signaler au
député de Dubuc qui était parmi les membres du personnel
de l'Hôtel-Dieu, lorsqu'on a demandé au ministère de la
Santé, 3. plusieurs reprises, la reconstruction de la partie
incendiée de l'Hôtel-Dieu Saint-Vallier de Chicoutimi, qui
était une partie comprenant 400 lits, on a toujours demandé au
ministère de reconstruire la section détruite par le feu, soit
400 lits dont 300, hôpital général, et 100 pour malades
chroniques.
M. BOIVIN: La division, dans ce temps-là, des malades...
M. HARVEY: Et si je me trompe, je voudrais bien que le ministre...
M. LE PRESIDENT: Si le député désire que le
ministre d'Etat lui réponde à sa question...
M. HARVEY: Je vais terminer ma question. Si je me trompe dans mon
affirmation, j'aimerais bien que le ministre, par la voix de ses officiers
supérieurs, me dise si je fais erreur. Parce que ce sont les documents
que je possède...
M. BOIVIN: Dans ce temps-là, il n'y avait pas une division aussi
catégorique que celle que nous avons aujourd'hui...
M. HARVEY: D'accord.
M. BOIVIN: ... division pour malades chroniques, soins de garde. Il y
avait de l'orphelinat dans l'hôpital. Il y avait un foyer dans
l'hôpital. Il y avait des lits pour malades chroniques dans
l'hôpital aussi. Mais on s'accorde à dire qu'on a perdu environ
400 lits. De ressources, foyer, orphelinat...
M. HARVEY: Sur 400 lits, combien pour malades chroniques, tel que vous
le concevez au ministère présentement?
M. BOIVIN: Pardon?
M. HARVEY: Sur les 400 lits, combien de lits pour malades chroniques,
tel que vous le concevez actuellement?
M. BOIVIN: Dans l'hôpital qui n'est pas fonctionnel, actuellement,
pour un hôpital de soins intensifs avec toute la grande chirurgie qui se
fait là, je croirais que nous pourrions prendre 400 lits pour malades
chroniques pour cette partie de la région du moins et ensuite...
M. HARVEY: Vous ne répondez pas à ma question. Dans les
400 lits détruits, les autorités ont prétendu que 300
lits, hôpital général, ont été
détruits par le feu de même que 100 lits pour malades chroniques.
Dans votre conception actuelle d'un lit d'hôpital pour malades
chroniques, combien de lits ont été détruits par le feu
parmi les 400?
M. BOIVIN: Comme je vous ai dit, tout à l'heure, dans ce
temps-là, il n'y avait pas de division tranchée comme nous avons
aujourd'hui...
M. HARVEY: D'accord.
M. BOIVIN: Alors, je crois qu'on pourrait récupérer dans
l'hôpital 400 lits pour malades chroniques, ce qui pourrait
répondre aux besoins de cette section et ensuite, il y a des ressources
aussi pour les malades psychiatriques qui s'imposent dans la région, en
plus des malades chroniques.
M. HARVEY: J'accepte la réponse que me donne le
député de Dubuc, mais vous me la donnez sur les lits qui restent.
Moi, je pose la question sur les lits détruits par le feu.
M. LE PRESIDENT: II vous a répondu que les normes
n'étaient pas les mêmes... lors du feu...
M. HARVEY: Je comprends, mais j'ai posé ma question selon les
normes actuelles.
Les 400 détruits, si on ne les remplace pas, combien de lits pour
malades chroniques ont été détruits? Les autorités
de l'hôpital prétendent 100 lits pour malades chroniques et 300
lits pour maladie générale. Le député de Dubuc me
donne une réponse sur les lits qui n'ont pas été
détruits. C'est pour cela que...
M. BOIVIN. Il y avait, dans ce temps-là, au-dessus de 1,000
lits.
M. HARVEY: Il y en a 400 qui ont été détruits.
M. BOIVIN: Bon alors 675 actuellement, en faisant disparaître tous
les salons, c'est surchargé, c'est suroccupé actuellement.
Alors, comme je vous dis, nous n'avions pas les mêmes normes, il y
avait un orphelinat dans l'hôpital, du foyer et des malades chroniques et
des soins de garde. Alors ce n'était pas tranché comme cela l'est
aujourd'hui. Actuellement, je crois que dans les projets du ministère,
ce serait de prendre les 400 lits qu'on a actuellement pour en faire des lits
pour malades chroniques et peut-être 100 lits pour la psychiatrie, parce
que, dans la région, il y a aussi des besoins en psychiatrie, en plus
des ressources pour les malades chroniques.
M. HARVEY: Je suis d'accord avec le ministre d'Etat à la
Santé lorsqu'il me dit que, sur les 675 lits restant à
Chicoutimi, il est possible, pour les années à venir, de
récupérer 400 lits pour les malades chroniques. Ceci veut dire
que, dans notre région, nous aurons, à très brève
échéance, dans les années qui viendront, 650 lits pour
malades chroniques améliorant de beaucoup la situation présente.
Présentement, dans les hôpitaux de Jonquière, de
Chicoutimi, d'Arvida, d'Alma ou de Dolbeau, près de 30% des malades sont
des malades chroniques obligeant le ministère de la Santé
à payer un per diem trois, quatre et cinq fois supérieur au per
diem accordé dans des hôpitaux pour malades chroniques tels que
Roberval et Saint-Jérôme.
Je m'en réjouis, mais je voudrais également savoir du
ministère de la Santé comment il se fait qu'étant
donné que cela est le territoire du Saguenay, parce que le type de
Dolbeau qui est malade chronique et devra être hospitalisé
à Chicoutimi, est aussi loin de Québec que de Chicoutimi.
M. BOIVIN. Il y a aussi 12 lits pour malades chroniques i Dolbeau qui
sont réservés.
M. HARVEY: Parmi les projets nouveaux, la réponse écrite
des officiers du ministère a été: Dolbeau, lits pour
malades chroniques 0; Alma 0; Jonquière 0; Baie-des-Ha-Ha, le ministre
vient de dire 80 sur 100, une autre addition de 80: 480. Je voudrais savoir du
ministre avec les agrandissements de Dolbeau, Alma, Jonquière
le nombre de lits pour malades chroniques en plus de ceux qui existent.
Il n'y en a pas.
M. BOIVIN: A Dolbeau, il y a 12 lits pour malades chroniques qui seront
ajoutés. Ensuite, à Roberval, l'hôpital Sainte-Elisabeth,
il y a aussi des malades chroniques.
M. HARVEY: A Sainte-Elisabeth, ce ne sont pas des malades chroniques, ce
sont...
M. BOIVIN. Il y a des lits pour malades chroniques, il y a de la
psychiatrie là et c'est assez difficile...
M. HARVEY: A Sainte-Elisabeth, il n'y a pas trop de malades chroniques.
Il y en a mais... Il y a des gars de 300 livres qui font du yoga à
Sainte-Elisabeth.
M. PEARSON: M. le Président... M. CLOUTIER: Le
député a noté...
M. HARVEY: Alma. Est-ce qu'il y a un agrandissement
d'autorisé?
M. CLOUTIER: II n'y a rien de prévu pour Alma.
M. HARVEY: Jonquière.
M. BOIVIN: A Jonquière, il n'y a rien de prévu.
M. HARVEY: Arvida.
M. BOIVIN: II n'y en a pas non plus.
M. HARVEY: Chicoutimi. Vous m'avez dit une possibilité de 400
pour l'avenir. Bagotville? la Baie-des-Ha! Ha!, 80.
Est-ce que le ministre ne pourrait pas, étant donné que
dans les projets d'agrandissement autorisés, surtout pour le secteur du
Lac Saint-Jean et le secteur de Jonquière-Kénogami-Ar-vida,
étant donné que les plans et devis sont en cours mais pas
tellement avancés...
M. CLOUTIER: Le député parle de Jonquière?
M. HARVEY: Jonquière et le secteur du lac Saint-Jean, Dolbeau et
Alma.
M. CLOUTIER: Oui.
M. HARVEY: A Alma, les plans et devis sont très loin, parce que
les soumissions publiques ont été demandées. Mais pour
Dolbeau et Jonquière, les deux extrémités, n'y aurait-il
pas moyen de revoir la demande des autorités des corporations
concernées relativement à leurs besoins pour malades chroniques
pour ajouter un nombre de lits, disons supérieur à celui
accordé pour Dolbeau, et un nombre de lits pour malades chroniques pour
le secteur de Jonquière-Kénogami-Arvida? Je m'explique. On a dit
tout à l'heure qu'un malade chronique n'est pas nécessairement un
vieillard, mais, dans un comté industriel comme
Jonquière-Kénogami qui comprend 20,000 travailleurs d'usines,
souvent nous avons le malade chronique à l'âge de 50 ans, au lieu
de 65 ou 70 ans, comme c'est le cas généralement en province ou
dans des comtés ruraux. Le travailleur qui, dès l'âge de 20
ans ou antérieurement, a commencé à travailler à
l'Alcan ou dans le domaine des pâte et papiers, il prend sa retraite
à 65 ans, lorsqu'il est chanceux, et il vit jusqu'à l'âge
de 68 ans, souvent dans des hôpitaux ou dans des institutions à la
charge de l'Etat, loin de son foyer et même se propres enfants ne peuvent
pas aller le visiter.
Relativement au besoin lits pour malades chroniques dans notre
région, bien que vous ayez une prévision de 400 lits à
Chicoutimi, ce qui est magnifique pour notre région, je pense qu'il y
aurait avantage pour le ministère à ajouter aux plans non
complétés d'agrandissement de l'hôpital de Jonquière
un nombre de lits pour malades chroniques et augmenter le nombre prévu
pour Dolbeau.
M. CLOUTIER: Nous allons revoir le... M. HARVEY: Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Laurent.
M. PEARSON: M. le Président, le ministre a mentionné
tantôt qu'il envisageait la possibilité d'acheter certaines
maisons hospitalières privées. Alors, j'aimerais m'informer pour
savoir ce qu'il en est au sujet de l'hôpital Saint-Joseph de
Saint-Laurent, un hôpital de 325 lits qui est actuellement la
propriété des
Soeurs de Sainte-Croix. Je pense que le ministre a déjà
été pressenti à ce sujet-là pour peut-être en
faire un centre de recherche pour maladies chroniques. Je pense que le
coût serait probablement très minime.
M. CLOUTIER: Le député parle de la communauté qui
détient aussi le collège Basile-Moreau?
M. PEARSON: Exactement. Les deux sont reliés.
M. CLOUTIER: En face de l'hôpital actuel.
M. PEARSON: C'est ça. Le CEGEP Saint-Laurent et l'hôpital
Saint-Joseph sont reliés.
M. CLOUTIER: Je sais que le ministère de l'Education a
été saisi de l'achat possible du collège...
M. PEARSON: Oui.
M. CLOUTIER: ... et des bâtisses qui pourraient être
consacrées ou réservées pour l'enseignement.
Personnellement, j'ai été saisi par les officiers du
ministère de l'Education de la possibilité d'utiliser cette
ressource d'hôpital construit par la communauté des soeurs de
Sainte-Croix. J'ai demandé à mes officiers d'étudier la
possibilité d'acquisition de cette partie qui pourrait être
réservée à la santé. Mais, actuellement, je dois
dire que les rapports que nous avons ne sont pas favorables à l'achat de
cette partie, de cette partie de santé, c'est très
dispendieux.
M. PEARSON: Est-ce à cause...? très dispendieux.
M. CLOUTIER: La façon dont cela a été construit,
que cela a été aménagé, les études actuelles
ne nous permettent pas de nous prononcer pour l'achat de cet
édifice.
M. PEARSON: Dans ces conditions-là, M.. le Ministre,...
M. CLOUTIER: Tout dépendra...
M. PEARSON: Je vais vous donner mon impression du...
M. CLOUTIER: ... tout dépendra du prix qu'on pourra nous demander
pour une institution comme celle-là.
M. PEARSON: C'est juste. C'est pour cela que je voudrais m'avancer un
peu. Vous avez peut-être des études plus complètes que
l'impression que je peux avoir personnellement, mais j'ai l'impression qu'il y
aurait une occasion à peu près unique à cause des
subventions fédérales qui pourraient aider ou des compagnies
à caractère scientifique que Saint-Laurent possède, qui
ont été approchées déjà, qui étaient
prêtes à être subventionnées en partie pour
développer soit des laboratoires de recherche ou quelque chose du genre
dans le même campus, si vous voulez, à ce moment-là,
c'était pour une espèce de cité universitaire. Est-ce que
les conditions sont changées?
M. CLOUTIER: II y a deux aspects dans l'acquisition de ce genre
d'institutions dont parle le député. Il y a le coût
d'achat. Evidemment il ne faut pas que la coût d'achat soit prohibitif
et, deuxièmement, une fois que nous sommes en possession de
l'institution, il y a le coût d'opération. Si l'institution est
bâtie de telle façon que nous puissions l'utiliser de façon
pas trop coûteuse, de façon que nous puissions faire un
aménagement qui nous permette une utilisation raisonnable de la
bâtisse avec des coûts d'opération normaux tenant compte
d'autres institutions similaires qui coûtent moins cher, alors, c'est un
aspect important aussi. Présentement quant à l'acquisition, je
n'ose pas m'avancer sur son coût parce que nous n'avons pas d'offres
fermes de la communauté pour l'achat de cette propriété.
Quant à l'opération, il faudrait voir de quelle façon,
tout dépendra de la vocation. Le député a mentionné
une vocation particulière de recherche dans le domaine médical
d'utilisation même pour l'enseignement...
M. PEARSON: Pour maladies chroniques.
M. CLOUTIER: Maladies chroniques, alors il nous faudra voir, à ce
moment-là, tenant compte du coût d'achat de la
propriété, de l'amortissement du service de la dette et du
réaménagement de l'institution, si cela peut entrer dans des
normes raisonnables, acceptables pour le ministère de la
Santé.
De toute façon, avant de classer le dossier, nous allons nous
assurer qu'il n'y a pas là une ressource intéressante pour le
ministère de la Santé.
M. LE PRESIDENT: Le député de Châteauguay.
M. KENNEDY: J'ai écouté le ministre, tout à
l'heure, faire la projection des développe- ments à venir. Est-ce
qu'on peut en conclure que les petits hôpitaux seront appelés
à disparaître et que ce sera une concentration dans les grands
centres je parle des centres urbains de gros hôpitaux
généraux, si on veut, des hôpitaux chirurgicaux?
M. CLOUTIER: Non. Sans reprendre, évidemment, toute
l'argumentation que j'ai échangée personnellement avec le
député de Richmond, cet après-midi, je dirai au
député que ce n'est pas dans la politique du ministère de
la Santé de faire disparaître des petits hôpitaux sauf pour
raisons très graves. Et l'une de ces raisons, c'est dans le cas dont
nous avons parlé longuement, l'hôpital Saint-Louis de Windsor,
c'est un cas où une commission d'enquête nous a recommandé
de changer la vocation de l'institution.
D'autres cas qui se produisent de temps en temps et qui se produiront
peut-être de plus en plus fréquemment, c'est que l'institution
elle-même, le petit hôpital, nous demande de changer sa vocation
à cause du problème de recrutement de personnel, recrutement
d'effectifs médicaux, manque d'équipement ou, aussi, diminution
du bassin de population à desservir.
Ce sont des raisons qui conduisent des institutions à demander ce
changement de vocation. Mais ce n'est pas dans la politique du ministère
de la Santé de faire disparaître de petits hôpitaux de
qualité, qui donnent une qualité de soins acceptable et qui
répondent à un besoin d'une population qui est
éloignée. Au contraire, c'est la politique du ministère de
rapprocher les services de la population et, dans des régions
éloignées, de construire ces petits hôpitaux, cliniques
d'urgence, centres de diagnostics, institutions pour malades chroniques aussi
qui répondent aux besoins de la région éloignée et
qui permettront de donner surtout à l'occasion de l'instauration
d'un régime d'assurance-maladie à la population les
services du point de vue de la santé, mais à condition que la
qualité des soins y soit.
Pour cela, nous allons nous assurer que ce petit hôpital soit
relié médicalement et administrativement à un
hôpital de plus grande taille, un hôpital régional, de sorte
que nous aurons dans le domaine de la santé, la régionalisation
que nous connaissons dans d'autres secteurs comme en éducation, en
bien-être et dans d'autres secteurs gouvernementaux.
M. KENNEDY: Cela répond à ma question, parce qu'il y avait
un problème qui se posait à mon esprit: si l'on changeait la
vocation des petits hôpitaux, qu'arriverait-il de certains cen-
très qui sont assez près des grandes agglomérations
urbaines qui n'ont pas de facilités actuellement?
M. LE PRESIDENT: II est dix heures et nous ajournons la séance.
Demain est la jour- née des députés, mais si les deux
côtés de la Chambre sont d'accord, il y aura une séance
à trois heures trente environ.
(Fin de la séance: 21 h 59)