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Commission permanente
des richesses naturelles
et des terres et forêts
Etude des crédits du ministère des
Terres et Forêts
Le mardi 27 avril 1976
(Vingt heures vingt-cinq minutes)
M. Houde, Limoilou (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre,
messieurs!
La commission des richesses naturelles et des terres et forêts
étudie les crédits du ministère des Terres et
Forêts.
Les membres de la commission sont les suivants: M. Assad (Papineau); M.
Bédard (Chicoutimi); M. Bellemare (Johnson); M. Bérard
(Saint-Maurice); M. Carpentier (Laviolette); M. Massicotte (Lotbinière)
remplace M. Ciaccia (Mont-Royal); M. Cournoyer (Robert Baldwin); M. Faucher
(Nicolet-Yamaska); M. Lessard (Saguenay); M. Malouin (Drummond); M. Pelletier
(Kamouraska-Témiscouata); M. Perreault (L'Assomption); M. Picotte
(Maskinongé); M. Samson (Rouyn-Noranda). Le nom de M. Bérard
(Saint-Maurice) est suggéré comme rapporteur de la commission.
Est-ce adopté?
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté.
M. Picotte: Ce n'est pas sûr.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Je demanderais au
député de Maskinongé de se taire, s'il vous
plaît!
Le ministre des Terres et Forêts.
Remarques préliminaires du ministre
M. Toupin: M. le Président, c'est la première fois,
comme ministre des Terres et Forêts, que j'ai l'occasion de discuter des
crédits de ce ministère. Je voudrais, pendant quelques minutes,
tenter d'expliquer à la commission comment se présente le budget
pour l'année 1977. Auparavant, j'aimerais seulement faire une petite
rétrospective sur l'année qui vient de se terminer.
L'année 1976, dans le secteur forestier, a été
marquée par un certain nombre de difficultés qui, d'ailleurs, ont
fait l'objet de manchettes et également d'un certain nombre de
manifestations populaires qui ont démontré à la population
les principaux problèmes rencontrés au cours de cette
année 1976.
Je pense que la grève des pâtes et papiers a
été celle qui a le plus marqué l'économie
forestière de l'année 1976. Cette grève a
été accompagnée d'un marché difficile, tant au
niveau des pâtes et papiers comme tel, qu'au niveau du bois de
construction, ou du bois d'oeuvre, ce qui eut pour effet, au bout de la ligne,
d'accumuler un certain nombre de surplus de matière ligneuse. Ceci a
surtout créé des problèmes aux entreprises de sciage qui,
d'une part, étaient aux prises avec un marché difficile et,
d'autre part, avec un surplus de matière ligneuse accumulé. Ce
problème de surplus de matière ligneuse a fait l'objet, de la
part du ministère des Terres et Forêts, d'un certain nombre
d'efforts en vue de trouver des solutions qui soient acceptables.
Nous avons tenté, soit au niveau d'une aide possible aux
industries du sciage en vue de financer les surplus de matière ligneuse
qu'elles avaient entreposés, d'amener les entreprises de pâtes et
papiers à acheter une plus grande quantité de matière
ligneuse provenant des scieries. Ces ensembles de programmes ou d'efforts ont
contribué, jusqu'à maintenant, à régler le
problème dans une proportion de 80% ou 85%, je dirais. Je pense qu'on
peut soutenir, en toute honnêteté, qu'il reste encore à
régler environ 15% du problème d'un surplus de matière
ligneuse, pour l'année 1976.
L'année 1977 nous apparaît s'annoncer plus optimiste. Le
marché du papier semble avoir un peu repris sa performance des
années 1973, 1974 et 1975. Le marché du bois de construction
semble aussi vouloir reprendre un peu sa performance des années
antérieures. Si ces performances présumées se
concrétisaient, il nous apparaît évident que l'année
1977 sera un peu plus facile, ou un peu moins difficile que l'année
1976. C'est évidemment l'objectif que le ministère poursuit en
général et c'est sans doute là l'objectif aussi que
poursuivent tous ceux qui sont engagés, sous une forme ou sous une
autre, dans le secteur de l'exploitation de la forêt.
Le budget dont nous allons discuter au cours des prochaines heures de
travail, au cours des sessions de la commission qui suivront celle-ci, touche
huit éléments principaux.
Evidemment, pour l'année 1976/77, ce ministère aura
à administrer un budget d'environ $76 millions, d'à peu
près 1,7% inférieur à celui de l'an passé.
Evidemment, il faut apporter des explications à cette diminution. On
pourrait, bien sûr, s'asseoir purement et simplement sur l'idée
que nous vivons une année difficile sur le plan budgétaire, au
niveau du gouvernement, et que chaque ministère est appelé
à se serrer la ceinture, pour employer un terme populaire.
Pour tenter de bien nous faire comprendre, nous allons prendre les
programmes les uns après les autres et donner sommairement un certain
nombre d'explications.
Si nous prenons le programme 1, c'est-à-dire celui qui traite de
la connaissance de la forêt, vous avez un surplus; il n'est pas tellement
substantiel, mais il est quand même important, puisqu'il touche un
secteur extrêmement important, soit celui de l'épidémie de
la tordeuse du bourgeon d'épi-nette. Vous savez que cette
épidémie fait des ravages un peu partout, dans la province de
Québec. Vous savez aussi qu'au cours des années passées le
ministère a fait des efforts substantiels en ce sens. Nous nous rendons
compte, de plus en plus, que nous devons attacher de l'importance non
seulement aux arrosages que nous avons faits dans le passé, et
non seulement à ceux que nous allons faire au cours de l'année
1977, mais que nous devons surtout attacher de l'importance à la
recherche.
Donc, les surplus que nous trouvons à ce programme touchent
surtout la recherche, c'est-à-dire que nous chercherons, par
différentes interventions au niveau des peuplements forestiers, à
trouver des méthodes qui permettront de rendre un peu moins
vulnérables les forêts aux attaques des insectes.
Evidemment, c'est un programme à long terme. Je pense qu'on ne
peut pas, du jour au lendemain, trouver des moyens autres que ceux que nous
avons mis de l'avant jusqu'à maintenant, pour trouver une solution plus
acceptable et plus efficace que celle que nous avons préconisée
jusqu'à maintenant.
Si nous prenons maintenant l'élément 2 de ce même
programme, nous retrouvons également une augmentation d'environ $156
000. Cette augmentation est attribuable au fait que le ministère veut
intensifier surtout ses travaux reliés à la gestion de la
forêt ou encore à la confection des plans de gestion. Le
ministère a mis en place 44 unités de gestion, et pour que ces
unités puissent travailler de façon rationnelle et efficace,
elles doivent avoir à leur disposition des programmes de gestion. Pour
que ces programmes puissent prendre forme dans le sens que nous voulons bien
qu'ils prennent forme, nous avons ajouté un minimum au budget de l'an
dernier pour assurer cette efficacité recherchée.
Au programme 2, l'amélioration de la forêt, nous retrouvons
une diminution par rapport à l'année dernière. Evidemment,
cette diminution s'explique, parce qu'il fallait accorder la priorité
à un certain nombre d'autres programmes, mais nous avons quand
même, à l'intérieur de ce programme 2, mis de l'avant ce
qu'on pourra appeler une priorité sur le reboisement des terres
privées.
Nous devrons, bien sûr, mettre de côté
peut-être un certain nombre de programmes que nous avions mis de l'avant
au niveau des terres publiques, en ce qui concerne le reboisement.
Mais nous croyons, dans le cadre d'une restriction, qu'il est
préférable que nous mettions de côté un certain
nombre de programmes reliés à la forêt publique
plutôt qu'à la forêt privée.
Au Québec, ceux qui connaissent un peu l'ensemble du secteur
forestier savent que la forêt privée joue un rôle
extrêmement important. Le Québec de base, c'est-à-dire tout
le Québec qui se situe sur les rives nord et sud du Saint-Laurent, et
qui comprend la Mauricie, bien sûr, en opposition avec le Québec
ressource qui comprend les grandes régions de l'Abitibi, du
Saguenay-Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord, a un besoin très
urgent de refaire sa forêt privée, si nous voulons arriver
à satisfaire les besoins en matière ligneuse des entreprises qui
s'y trouvent installées. Je dis souvent que des dizaines de villes, et
plus particulièrement dans le Québec de base, sont reliées
essentiellement au développement de la forêt et plus
particulièrement au développement de la forêt
privée.
Quant à la forêt publique, il est toujours possible,
notamment dans le Québec ressource... Même si, pour une ou deux
années, nous ne faisons pas d'efforts plus grands pour le reboisement,
les conséquences sont moins grandes et moins néfastes, mais sur
les terres privées, les conséquences sont plus néfastes,
parce que cela touche davantage un certain nombre d'entreprises qui sont
reliées, pour la plupart d'entre elles, à la forêt
privée. Bien sûr, ces entreprises pourraient quand même
survivre, mais les coûts de transport de la matière ligneuse
étant tellement élevés, il y aurait danger que ces
entreprises se trouvent dans des conditions impossibles sur le plan de la
concurrence.
Au programme 3, au niveau de la conservation de la forêt, nous
allons constater une diminution de près de $4 900 000. Ce programme
touche essentiellement l'arrosage. Au début, nous avons dit que nous
avions fait un effort sur la recherche, c'est-à-dire que nous avions
augmenté le budget de la recherche. Nous avons cru plus important de
mettre l'accent sur la recherche plutôt que de le mettre sur l'arrosage,
mais nous n'avons pas, pour autant, diminué notre programme d'arrosage.
Cette année, nous allons arroser à peu près le même
nombre d'acres que celui que nous avons arrosé au cours des
années dernières, et plus particulièrement au cours de
l'année 1976, c'est-à-dire environ 9 millions.
Nous avions des inventaires d'insecticides qui nous ont permis d'en
diminuer l'achat et, par conséquent, de diminuer le budget. Cela aura un
effet sur le programme de l'an prochain, parce que les inventaires seront
probablement moins élevés que ceux de cette année. Par
conséquent, on devra les augmenter, mais nous avons suffisamment
d'inventaires pour permettre de réaliser le programme à peu
près au même niveau que l'an dernier.
Il y a un autre élément dans ce programme qui concerne
l'éducation à la conservation, qui verra son budget quelque peu
diminué. Mais, avec l'aide des autres ministères, nous sommes
parvenus quand même, je pense, à réaliser à peu
près le même programme que nous avions l'an dernier, notamment en
ce qui concerne l'aide à un certain nombre d'organismes privés.
Je pense, par exemple, au Mont Saint-Hilaire, au Collège Macdonald, etc.
Il sera possible d'aider ces groupes par l'entremise d'autres
ministères.
Au programme 4, l'amélioration de la forêt, on voit le
budget augmenter, je ne dirais pas substantiellement, mais tout au moins
augmenter par rapport à celui de l'an dernier. C'est important que nous
ayons mis l'accent ou une certaine priorité sur ce programme puisqu'il
touche, lui aussi, la confection de plans de gestion.
Il touche plus particulièrement le programme de révocation
des concessions forestières. Je sais que ce que nous avons fait l'an
dernier a fait l'objet d'une discussion sur la place publique, mais nous sommes
conscients que le programme de révocation qui a été mis de
l'avant et qui, d'ailleurs, ne fait que s'amorcer, va amener au niveau du
ministère, un certain nombre de contestations
que je dirais légitimes, si nous nous plaçons au niveau de
l'Opposition.
Je sais que nous ne parviendrons pas à réaliser ce
programme de révocation des concessions forestières sans
rencontrer nous-mêmes un certain nombre de difficultés
reliées à des données historiques, reliées par
exemples au fait qu'un certain nombre de compagnies forestières ont des
concessions depuis plusieurs dizaines d'années, reliées au fait
qu'au moment où nous faisons une révocation, nous profitons
très souvent de l'occasion pour nous porter acquéreurs d'un
certain nombre de propriétés privées appartenant aux
compagnies. Nous savons jusqu'où, au Québec, on est soucieux du
respect de la propriété privée. Nous savons
jusqu'où, dans le passé, il a été difficile d'agir,
au niveau de certains éléments de la propriété
privée. Au moment où nous ramenons ces propriétés
privées au niveau de la propriété publique, il est
possible que nous soyons je ne dirai pas victimes, mais soumis à un
certain nombre de critiques.
Evidemment, je ne crois pas que la critique soit un
élément qui empêche le ministère ou le gouvernement,
mais en particulier le ministère des Terres et Forêts, de
continuer son programme de révocation. Pour l'année 1976/77, nous
prévoyons un programme de 10 000 milles carrés de
révocation.
M. Lessard: Combien?
M. Toupin: De 10 000 milles carrés. L'idéal aurait
été entre 13 000 milles ou 14 000 milles carrés, mais ce
programme s'est aussi ressenti quelque peu des restrictions budgétaires.
Je pense qu'il va nous être possible, au cours de cette année,
d'entrer dans le programme à long terme que nous nous étions
fixé, c'est-à-dire d'essayer de régler le problème
des révocations d'ici 1981, 1982. Je pense qu'une année de plus
ou de moins n'empêchera pas le Québec de poursuivre sa
réforme, de poursuivre sa réorganisation, notamment au niveau de
la gestion des forêts. Si nous parvenions à 10 000 milles ou 12
000 milles carrés de révocation annuellement, je pense qu'il
serait possible d'en arriver à atteindre nos objectifs et à
remettre entre les mains des Québécois, du ministère des
Terres et Forêts, et par conséquent du gouvernement et de
l'ensemble de la population du Québec, la gestion des forêts, ce
qui est extrêmement important, puisque cette richesse naturelle de base
procure plusieurs dizaines de milliers d'emplois au Québec, et contribue
également à stimuler l'économie du Québec, à
cause de ses retombées économiques.
Le programme no 4 comprend aussi l'élément no 3, où
on retrouve une augmentation budgétaire, mais celle-ci s'explique bien,
parce qu'elle est reliée à la voirie forestière, et la
voirie forestière est l'accès à la richesse naturelle. Ce
sont un peu les autoroutes que nous construisons pour nous rendre soit à
l'aéroport de Mirabel, soit aux Jeux olympiques, mais les routes ont
déjà été construites pour ce secteur, cette
activité. Si nous voulons avoir accès aux éléments
de développement de l'économie, dans le secteur de la
forêt, il faut y mettre les infrastructures. La principales
infrastructure consiste au secteur forestiers à développer la
voirie forestière. Ce budget est un peu amélioré par
rapport à celui de l'an dernier, mais il fait aussi l'objet d'une
entente particulière avec le gouvernement fédéral.
Le programme no 4, ou plutôt l'élément 4 du
programme 4 touche à la production forestière privée. Nous
allons, de ce côté, constater au niveau du budget une diminution.
Mais, effectivement, il y aura une légère augmentation par
rapport à l'an dernier, parce qu'une disposition spéciale
permettra au ministère des Terres et Forêts de prendre à
même le fonds spécial de l'OPDQ l'équivalent d'environ $1,7
million, ce qui portera le budget de la forêt privée à
quelque $190 000 ou $200 000 supérieur à celui de l'an dernier.
Là, je ne touche pas aux ententes spéciales qui peuvent
intervenir dans le cadre, encore une fois, de l'OPDQ en ce qui concerne le
programme de la mission de Charlevoix et en ce qui concerne également un
programme qui est en préparation et qui, j'espère, verra le jour
au niveau, je pense, de la Gaspésie. Ce programme sera majoré de
quelques centaines de milliers de dollars par rapport à l'année
dernière.
Cependant, cela ne correspond pas exactement aux demandes qui nous
furent faites par l'ensemble de ceux qui s'occupent de la forêt
privée. Si je prends le comté de Maskinongé où on
retrouve un groupement forestier ou une société sylvicole selon
les régions, ces derniers, avec le concours de la
Fédération des producteurs de bois du Québec, ont
demandé une majoration de budget plus substantielle que celle que le
budget actuel accorde. Je les ai rencontrés récemment et je leur
ai dis que je ferais mon possible pour chercher à l'intérieur du
budget actuel des moyens pour améliorer davantage le budget au chapitre
du secteur privé, en ce qui concerne notamment l'aménagement de
la forêt. Les mêmes arguments que j'ai apportés tantôt
au niveau de la sylviculture valent pour l'aménagement,
c'est-à-dire que la forêt privée constitue toujours au
ministère un élément fondamental de développement
et constitue pour cette année une priorité au même titre
que la recherche ou au même titre que la voirie forestière.
Le programme no 5 touche la gestion interne et le soutien. C'est donc
dire que cela touche de façon plus particulière à
l'administration. Cela touche les salaires, les programmes d'exploitation de
flottes de véhicules du ministère, les frais de location,
d'équipement, etc. Donc, au fond, ce sont des ajustements
mécaniques reliés plus particulièrement à
l'inflation. Le programme no 6, lui, touchera au financement forestier. Le
financement forestier est un nouveau programme. C'est la nouvelle loi sur le
crédit forestier. Nous y avons prévu $582 000. Cette loi est
administrée par l'Office du crédit agricole. Nous espérons
que l'office arrivera à dépenser ces sommes en vue d'atteindre
des objectifs fixés par la Loi du crédit forestier. Le programme
7 touche la gestion des terres publiques. Evidemment, dans le domaine de la
gestion des terres publiques, entrent plus particulièrement
ceux qui suivent l'information sur les terres et forêts, touchent
un peu plus particulièrement tout le problème relié aux
trois chaînes et tout le problème également relié
aux terres publiques. Qu'est-ce que le gouvernement fera au cours des prochains
mois et des prochaines années relativement à ce problème
de gestion des terres publiques? Quand je suis arrivé au
ministère, j'ai demandé aux fonctionnaires de me préparer
un document de travail sur la gestion des terres publiques incluant le
problème des trois chaînes, incluant également le
problème de ceux qui, présentement, sont installés sur des
terres publiques sans qu'il y ait eu autorisation de la part du
ministère des Terres et Forêts incluant également ceux qui
se sont construit des chalets sur le bord des rivières sans tenir compte
d'aucune réglementation du ministère.
Jusqu'à maintenant, le ministère a procédé
de façon différente, avec une certaine logique, bien sûr,
mais de façon différente de telle sorte qu'on voit, par exemple,
à des endroits, que la réserve des trois chaînes a
été vendue. Dans certains autres endroits, elle a
été tolérée. Dans certains autres endroits, on a un
bail de location et c'est ainsi pour ceux qui occupent des terres publiques
sans l'autorisation du ministère, etc.
Alors, le document de travail m'a été remis, pour une
première partie, lequel sera analysé par un comité
interministériel qui regroupera les principaux ministères
impliqués parce que, lorsque nous parlons de terres publiques, on ne
touche pas seulement aux terres qui appartiennent aux Terres et Forêts,
mais on touche aussi à toutes les parcelles de terre qui appartiennent
aux autres ministères. Le ministère des Transports est un
ministère qui administre une partie des terres publiques, si minime
soit-elle. Le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche a
également cette responsabilité.
Donc, cette nouvelle politique concernant la gestion des terres
publiques touchera ces différents problèmes et j'espère
qu'à l'automne nous parviendrons à rendre public un document de
travail qui proposera des choix sur chacun des éléments dont je
viens de parler, lequel pourra être discuté en commission
parlementaire où chacune des personnes intéressées, chacun
des groupes intéressés, pourra venir donner son point de vue.
Alors, ce budget est relié effectivement, bien sûr,
à l'ensemble de la gestion des terres publiques et la programmation que
nous sommes en train de préparer, je l'espère, apportera des
solutions à court et à long termes à ces différents
problèmes reliés aux terres publiques.
Le programme 8: Levés et cartographie intégrés.
C'est un programme presque essentiellement technique qui touche la
cartographie, la photographie aérienne, qui touche également tout
le problème du cadastre et qui touche aussi, indirectement,
l'intégrité du territoire.
Alors, c'est à compter de ce programme, par exemple, que nous
parvenons à dépister si les frontières entre le
Québec et l'Ontario sont exactement là où elles doivent
être, si les frontières entre le Québec et les Etats
américains sont égale- ment là où elles doivent
être et tout le problème du Labrador. Je laisse le Labrador
à mon collègue, M. Cournoyer. Il m'a dit, récemment, qu'il
négocierait cela avec les rivières qui sont impliquées au
niveau des ressources hydrauliques, mais si toutefois, une solution n'est pas
trouvée de ce côté, peut-être que le ministère
des Terres et Forêts regardera de son côté ce qu'il est
possible de faire.
Alors, M. le Président, ce dernier programme est surtout un
programme d'ordre technique et nous avons là une majoration, pas
tellement élevée, d'environ $241 000, mais c'est pour mettre
à la disposition de ceux qui travaillent dans ce secteur, les
éléments techniques dont ils ont besoin pour réaliser le
travail qui leur est confié dans le cadre de ce programme.
C'étaient les quelques propos que je voulais tenir avant de
commencer l'étude, programme par programme, élément de
programme par élément de programme du budget du ministère
des Terres et Forêts.
Je sais que je n'ai pas touché à tous les
problèmes. Connaissant mon collègue de Saguenay, je sais qu'il ne
ratera pas l'occasion de me ramener ou de me rappeler un certain nombre de
problèmes que lui-même a dû noter ou, comme d'habitude,
qu'il a dû arracher dans les journaux pour, par la suite, me les faire
repenser, et tenter d'y trouver des solutions.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Saguenay.
Commentaires de l'Opposition M. Lucien Lessard
M. Lessard: M. le Président, il faut bien se baser sur
quelque chose, sur des études, sur des coupures de journaux, sur
différentes informations qui, des fois, parviennent de part et d'autre,
pour essayer d'expliciter un certain nombre de problèmes, qui nous
apparaissent dans un ministère ou dans l'autre. Comme je n'ai pas encore
le plaisir d'être ministre des Terres et Forêts et donc je ne peux
avoir accès comme tel aux nombreuses ressources qu'il possède,
particulièrement aux nombreux documents que lui préparent les
excellents fonctionnaires de son ministère, il faut bien, M. le
Président, que je me base sur un certain nombre de sources que je peux
posséder.
M. Toupin: Le député me permettrait-il pendant
qu'il me parle des fonctionnaires du ministère de vous les
présenter.
M. Lessard: D'accord.
M. Toupin: Est-ce que vous les connaissez?
M. Lessard: C'est justement ce que je voulais vous demander.
M. Toupin: Le sous-ministre, M. Jean-Noël Poulin; M. Gagnon,
sous-ministre adjoint à l'administration, M. Pierre-Paul
Légaré, le sous-ministre adjoint responsable des
forêts.
M. Picotte: Bravo!
M. Lessard: Je pense, M. le Président, que le ministre ne
pourra pas m'accuser, en fait, d'utiliser différentes sources
d'information que je peux posséder. Assez brièvement, je voudrais
faire un court résumé de ce qui m'apparaît, en tout cas,
être un certain nombre de problèmes qui se sont soulevés au
cours de la dernière année concernant l'administration comme
telle du ministère des Terres et Forêts.
Je n'ai pas l'intention de discuter, tel que l'a fait le ministre, des
programmes comme tels ou de le faire programme par programme, parce que nous
aurons l'occasion, justement, de faire cette discussion élément
par élément et d'obtenir les grands objectifs que s'est
fixé le ministère concernant ces différents programmes.
J'aimerais plutôt, M. le Président, essayer de voir comment se
sont concrétisé ou comment ne se sont pas
concrétisé les grands objectifs du ministère des Terres et
Forêts. D'abord, il est certain que, tant dans le ministère des
Terres et Forêts que dans d'autres ministères que j'ai à
m'occuper, nous constatons une diminution des crédits. En effet, le
ministre l'a souligné, nous vivons une période de compression des
dépenses publiques et je n'ai pas à discuter ce soir, comme
telles, des différentes priorités qu'a déterminées
le gouvernement ou qu'ont choisies les responsables gouvernementaux, mais il
reste ceci, c'est que, malgré les tours de passe-passe que pourrait nous
faire le ministre ou que tentera de nous faire le ministre, nous assisterons
à une diminution de programmes qui nous apparaissaient quand même
être des programmes importants, parce que, comme dans toute
administration de deniers publics, il nous faut faire des choix et, si nous
décidons de choisir telle chose, plutôt que de choisir telle
autre, il faut en arriver à une réduction dans certaines
dépenses. Il y en a un autre problème aussi, quand on est pris,
quand on est aux prises avec des problèmes financiers
considérables ou avec une situation économique extrêmement
difficile, plutôt que de maintenir des programmes et, en même
temps, être dans l'obligation d'augmenter les taxes lorsque nous avons
choisi telle priorité, nous devons, à ce moment-là,
réduire ces programmes qui nous apparaissaient assez essentiels.
De toute façon, M. le Président, le ministre a
répondu à un certain nombre de mes questions concernant les
crédits comme tels, mais nous aurons l'occasion d'en discuter plus en
profondeur au cours des différents programmes que nous aurons à
étudier. Tout cela pour dire qu'il m'est difficile, ce soir, d'affirmer
que le ministre ne semble pas avoir plus de succès au ministère
des Terres et Forêts qu'il en avait à l'Agriculture pour
négocier ses budgets...
M. Picotte: Je ne suis pas sûre.
M. Lessard: Parce que je constate qu'au ministère du
Tourisme, c'est la même chose, au ministère des Richesses
naturelles, c'est la même chose. Nous vivons donc dans une période
de compression des budgets. Nous constatons qu'en fait, au ministère des
Terres et Forêts, il y aurait une diminution des crédits de 2%,
donc, une baisse réelle, si on tient compte de l'augmentation des prix
ou de l'inflation, d'environ 10% à 12%.
M. Picotte: II y a une amélioration de la
qualité.
M. Lessard: Peut-être y a-t-il amélioration de la
qualité parce que c'est...
M. Picotte: ... Le Président est... Il vient de taper sur
l'épaule...
M. Lessard: C'est probablement une condition aussi qu'il faut
ajouter lorsque nous discutons des crédits. Il est possible qu'il y ait
amélioration de la productivité du personnel du ministère
des Terres et Forêts, mais comme j'estime que les fonctionnaires du
ministère des Terres et Forêts font déjà un travail
assez productif, je pense que ce seront les programmes qui en subiront les
conséquences. Le ministre nous dit qu'il a des solutions à ce
sujet, en particulier concernant l'aide à la production
forestière privée. Si on se fie aux crédits comme tels qui
nous sont soumis, le ministre parle de la possibilité de faire appel
à l'OPDQ ou de faire appel à des ententes Canada-Québec,
etc., mais si on se fie aux crédits du ministère, on constate une
baisse de 27%.
En ce qui concerne les travaux sylvicoles, on constate aussi une baisse
assez considérable. Concernant la lutte contre les insectes, on constate
aussi une baisse assez importante' mais le ministre nous a expliqué
qu'il y avait quand même des inventaires concernant les insecticides qui
pourraient compenser cette baisse, quitte, l'année prochaine, à
probablement devoir augmenter de façon considérable les budgets,
puisque nous n'aurons pas le même inventaire l'an prochain.
Le ministre nous a souligné aussi que, concernant
l'amélioration de la forêt, il y aurait rachat des concessions
forestières pour environ 10 000 milles carrés. Je n'avais pas
trouvé, quant à moi, de crédits concernant ce programme
comme tel. Je pense qu'il est inscrit au programme: Amélioration de la
forêt. De toute façon, ces crédits, M. le Président,
me laissaient un certain nombre de doutes concernant la réforme globale
qui avait été engagée en 1971, réforme qui
m'apparaissait fondamentale tant dans le secteur privé que sur les
terres publiques, puisque nous sommes actuellement à six ans de ce livre
blanc et je pense que ce programme traîne quand même en longueur et
on commence à parler de l'année 1981/82. A moins qu'on ne
décide de réduire considérablement l'ampleur de ce
programme, probablement que nous irons beaucoup plus loin que 1981/82, puisque
les étapes de réalisation ne sont pas tellement
concrétisées. Nous en sommes encore aux études, mais
espérons, M. le Président, qu'entre-temps, on pourra changer de
gouvernement, aller chercher les crédits qui sont actuellement au
gou-
vernement fédéral pour continuer la réforme
entreprise par le ministère des Terres et Forêts.
Tout ceci me porte particulièrement à m'interroger sur le
rôle du ministère des Terres et Forêts dans
l'économie forestière. En effet, M. le Président, la loi
qui a été adoptée et sanctionnée le 31 juillet 1974
et qui modifiait l'ancienne loi du ministère des Terres et Forêts
expose un certain nombre de fonctions qui sont allouées au
ministère des Terres et Forêts. Je voudrais tout
particulièrement m'en tenir à l'article 3, paragraphe j). On y
dit que le ministre est chargé d'élaborer des programmes pour la
mise en valeur, l'exploitation et la transformation dans le Québec des
forêts et des bois qui s'y trouvent et, avec l'autorisation du
lieutenant-gouverneur en conseil et en collaboration avec d'autres
ministères, de voir à l'exécution de ces programmes. Le
problème que je veux soulever et qui m'apparaît être un
problème assez important, c'est le problème de la coordination
entre le ministère de l'Industrie et du Commerce dans ce secteur et le
ministère des Terres et Forêts. Nous aurons, au cours de
l'étude des crédits, l'occasion de discuter ou, en tout cas, je
tenterai, au cours de l'étude des crédits, surtout à
l'élément 1, de discuter des grands projets forestiers, soit le
projet de Saint-Félicien, soit le projet de Price Brothers
vis-à-vis d'Abitibi Paper ou Abitibi Paper vis-à-vis de Price
Brothers.
Si on continue ta politique qui avait été
élaborée au cours du budget de l'an dernier, probablement que le
ministre me répondra: II s'agit de dossiers dont les maîtres
d'oeuvre relèvent du ministère de l'Industrie et du Commerce, de
telle façon que l'une des fonctions du ministère des Terres et
Forêts, à savoir élaborer des programmes pour la mise en
valeur, l'exploitation et la transformation dans le Québec des
forêts et des bois qui s'y trouvent et le reste. Il m'apparaît que
l'une des fonctions est divisée entre le ministère des Terres et
Forêts et le ministère de l'Industrie et du Commerce qui, selon
certaines études que possède le ministre des Terres et
Forêts actuellement, causent un certain nombre de problèmes.
En effet, le ministre acceptera que je cite un certain nombre
d'études ou une étude qui a été
préparée par l'un des anciens conseillers de l'ex-ministre des
Terres et Forêts, M. Kevin Drummond, étude qui a été
présentée au ministre vers la mi-décembre. Se basant sur
cette étude, Marc Lestage faisait un certain nombre d'articles dans le
journal Le Soleil où il essayait de faire le point de la réforme
forestière depuis 1971. Je cite ce document ou cet article de Marc
Lestage en date de mercredi 17 décembre 1975 où on dit: "Partant
de ses responsabilités de gestionnaire de la forêt, le
ministère des Terres et Forêts considère qu'il est
difficile, sinon impossible de promouvoir efficacement le développement
forestier au Québec en éparpillant les fonctions
forestières sous la responsabilité de plusieurs
ministères."
En fait, cette affirmation, je la fais sous forme de question puisque
nous aurons l'occasion de discuter justement de grands projets forestiers et
j'espère justement que nous pourrons en discuter à ce
ministère, puisque je suis convaincu, un peu comme ce fut le cas l'an
dernier, que lorsque nous arriverons pour discuter de ces dossiers au
ministère de l'Industrie et du Commerce ou lorsque le responsable de
l'Opposition voudra en discuter au ministère de l'Industrie et du
Commerce, on lui répondra: II s'agit d'un dossier qui relève du
ministère des Terres et Forêts. De telle façon que nous, de
l'Opposition, il nous est difficile d'obtenir certaines informations de ces
grands dossiers parce qu'on se renvoie la balle d'un ministère à
l'autre.
J'aimerais bien, au cours de ces crédits, qu'on puisse
préciser de qui relèvent ces grands dossiers et pourquoi ils
relèvent du ministère de l'Industrie et du Commerce, si c'est le
cas, ou, pourquoi ils devraient relever du ministère des Terres et
Forêts, si c'est encore le cas.
On a quand même l'impression, de l'extérieur, que le
ministère des Terres et Forêts éteint plutôt les
feux, ce fut le cas je n'en contreviens pas et je pense bien que j'y ai
participé et j'ai demandé l'appui et l'intervention du ministre
dans ce cas en particulier pour Sacré-Coeur concernant SAMOCO. Ce
fut le cas aussi pour la Coopérative du Nord-Ouest et pourTEMBEC.
Il ne s'agit pas de blâmer le ministère des Terres et
Forêts d'intervenir dans ces dossiers, au contraire, je pense que depuis
quelques années REXFOR commence véritablement à
s'intégrer dans le développement économique, dans le
développement forestier du Québec. Je pense que c'est à
l'avantage de REXFOR et c'est là un élément que nous
reconnaissons comme positif, de plus en plus, de constater qu'on a au moins un
instrument. On a un instrument par l'intermédiaire de REXFOR qui nous
permet d'intervenir dans un secteur qui est absolument important et qui permet,
justement, dans le cas de Cabano, de Sacré-Coeur, de TEMBEC, non
seulement une participation populaire, non seulement de créer des
emplois, non seulement de réorganiser certaines paroisses dont
l'économie est basée sur la forêt, mais qui permet de se
rendre présent ou d'agir dans ces secteurs.
Le problème qui se soulève, on aura l'occasion d'en
discuter plus loin, c'est que toutes ces interventions du ministère des
Terres et Forêts, que je qualifie d'interventions pompiers,
c'est-à-dire un peu à la remorque des demandes qui viennent de
partout dans le Québec, ne permettent pas comme telles de régler
des problèmes considérables dans le secteur forestier, ce que
nous avons constaté au cours de la dernière année et que
nous avons surtout constaté depuis 1971.
Je comprends que le ministre nous dise ce soir que cela va probablement
s'améliorer dans le secteur forestier, que la situation
économique va s'améliorer. On sait qu'en 1971, lorsque est apparu
le livre blanc du ministère des Terres et Forêts, nous vivions
véritablement une situation très difficile dans le secteur
forestier.
On se rappelle que les grandes compagnies de pâtes et papiers
étaient venues demander au gouvernement même lorsqu'elles
étaient venues déposer un mémoire devant la commission
parlementaire des subventions, de l'aide gouvernementale, parce que,
disaient-elles et elles le sou-
lignaient à la commission parlementaire l'industrie des
pâtes et papiers n'était pas modernisée, la structure
était vieille, ainsi de suite.
C'est là un problème fondamental qu'il ne faut pas oublier
malgré le fait que la situation se soit améliorée.
Tôt ou tard, nous aurons à le revivre. Si, lorsque la situation
s'améliore, on oublie ces problèmes, lorsqu'on renouvellera une
situation difficile dans le secteur forestier, que les compagnies reviendront
de nouveau et diront: Voici, nous n'avons pas été capables
d'améliorer nos problèmes, nous avons encore des problèmes
de structure et il nous faut absolument obtenir les subventions du
ministère...
Donc, l'un des objectifs du ministère des Terres et Forêts,
en collaboration avec les compagnies privées parce que le secteur
des pâtes et papiers est quand même le secteur le plus important
dans le secteur forestier au Québec en ce qui concerne non seulement la
création d'emplois, mais en ce qui concerne la valeur des produits qui
sont fabriqués c'est de trouver des solutions, d'autant plus que ce
secteur est en concurrence très forte, comme je vais le démontrer
tout à l'heure, avec d'autres régions, non seulement du Canada,
mais du Québec également.
Ce sont là, je pense, des questions fondamentales qui sont
posées dans l'étude de M. Yvon Val-cin, qui a été
déposée à la mi-décembre au ministère des
Terres et Forêts. En effet, selon l'économiste Valcin, les
activités de nature à s'attaquer, de façon
systématique, aux problèmes de structure de l'industrie
forestière, ont été marginales, au ministère des
Terres et Forêts, sinon inexistantes, constate-t-il.
Peut-être le ministre me répondra-t-il: Mais, en vertu de
la SDI, ceci relève du ministère de l'Industrie et du Commerce.
Je pense qu'il ne faut pas laisser exclusivement parce qu'il y a une
coordination qui est nécessaire entre le ministère des Terres et
Forêts et la SDI ce secteur, parce que c'est d'abord la
responsabilité du ministère des Terres et Forêts, il ne
faut pas le laisser exclusivement au ministère de l'Industrie et du
Commerce.
Mais le danger dans tout cela, lorsque les pouvoirs sont
éparpillés entre un ministère, d'une part, et, d'autre
part, un autre ministère, c'est qu'on ne s'attaque pas aux
problèmes fondamentaux, c'est-à-dire qu'un ministère se
fie sur l'autre pour s'attaquer aux problèmes fondamentaux.
C'est ce qu'affirme M. Valcin dans son étude si le
ministre me le permet lorsqu'il dit que les problèmes structurels
de l'industrie forestière n'ont fait l'objet d'aucune
considération systématique, ni du ministère de l'Industrie
et du Commerce, ni du ministère des Terres et Forêts,
jusqu'à maintenant, sauf en ce qui concerne une récente
étude sur la situation technologique des usines oeuvrant au
Québec.
Je pense que c'est là un problème fondamental concernant
les grands objectifs du ministère des Terres et Forêts. Je
comprends que, si on regarde cela élément par
élément, on va avoir des politiques partielles; mais il y a des
grands objectifs qui sont fondamentaux et que nous avions poursuivis,
d'ailleurs, lorsque nous avions discuté du livre blanc en 1971.
L'un des problèmes fondamentaux que nous soumettaient non
seulement l'Union des producteurs agricoles, non seulement certains producteurs
de bois de sciage, mais particulièrement les grands producteurs de
pâtes et papiers, était justement d'en arriver à
réduire les coûts de production. Réduire les coûts de
production, cela veut dire augmenter la productivité, mais cela veut
également dire réduire les coûts de transport.
Cela veut dire aussi s'attaquer à un certain nombre de
problèmes qui sont reconnus dans le livre blanc et que nous y avions
soulignés. Les conséquences qui relèvent d'une
imprécision des pouvoirs entre le ministère de l'Industrie et du
Commerce et le ministère des Terres et Forêts sont d'ailleurs
démontrées par une autre étude, celle de l'Association
canadienne des producteurs de pâtes et papiers. On y souligne, par
exemple, une chose quand même assez importante, malgré que nous
puissions y trouver un certain nombre de raisons, que le taux annuel de
croissance de la capacité installée a été, au
Québec, le plus faible de toutes les provinces, de 1954 à
1974.
Il faut quand même se dire une chose: Nous étions la
province des pâtes et papiers pendant un bon bout de temps. De 1954
à 1974, nous avons obtenu le taux annuel de croissance de la
capacité installée le plus faible au Canada, soit 2,5% pour les
pâtes, 3% pour les papiers et cartons, avec le résultat que la
part du Québec dans la production canadienne stagne à 42% pour
les papiers et tombe de 45% à 32% dans le cas des pâtes.
Si on compare cela à la Colombie-Britannique, qui est notre
principale concurrente, ce qu'on souligne dans cette étude, c'est qu'on
constate, par exemple, que la part de la Colombie-Britannique, qui était
de 13% en 1954, est passée à 26,9% en 1974. Ceci veut dire un
taux de croissance annuel de 8%. Il y a des raisons à cela: le climat
est meilleur, le bois est beaucoup plus gros, mais il y a aussi un certain
nombre de problèmes soulevés au Québec et sur lesquels il
faut se pencher.
Par ailleurs, comme je le soulignais tout à l'heure, la part de
la production de l'ensemble du Canada dans les pâtes était de
44,5% en 1954 et elle est tombée à 32,1% en 1974 au
Québec, ce qui ne veut pas dire que notre production n'a pas
augmenté. Notre taux annuel de croissance a augmenté de 2,5%,
mais notre part, par rapport à l'ensemble du Canada, a baissé.
Dans les papiers et cartons, on constate la même chose. Pour la
Colombie-Britannique, par exemple, en 1954, sa part était de 9%; en
1974, sa part est montée à 15,5%, soit un taux de croissance de
7%. Pour le Québec, notre part était de 48% et elle est
tombée à 42,8%, donc une perte du taux de croissance de 5%.
En citant ces chiffres, qui sont des chiffres qui parviennent de
l'Association canadienne des producteurs de pâtes et papiers, je veux
souligner qu'il y a des problèmes importants dans cette industrie. Je
pense que c'est la responsabilité en
priorité du ministère des Terres et Forêts d'essayer
de trouver des solutions. Comme je le soulignais tout à l'heure, c'est
certain qu'il y a un certain nombre de cause à cela, par exemple, comme
le souligne toujours le rapport Valcin, la dépendance traditionnelle de
l'industrie du papier journal du Québec vis-à-vis des Etats-Unis
et du marché américain. Encore là, cette année, je
pense que nous vendions 75% de notre papier; il s'agit de découvrir de
nouveaux marchés, je suis d'accord, mais ce sera assez difficile quand
même, à courte période, de trouver des solutions à
ce problème. Notre dépendance sera toujours importante, parce que
les compagnies sont d'abord des compagnies américaines. Elles utilisent
leur production de papier journal pour satisfaire leur propre consommation.
Un des problèmes importants aussi, c'est également le
coût de fabrication du papier journal, qui est plus élevé
au Québec qu'en Colombie-Britannique. Il y a des causes à cela.
On l'avait d'ailleurs souligné en commission parlementaire, lors de
l'étude des crédits en 1971. Les conditions climatiques ne sont
pas les mêmes, même aux Etats-Unis et en Colombie-Britannique, vu
la faible densité des boisés et à cause, justement, de ces
conditions climatiques, à un moment donné, on a un territoire
particulièrement vaste et il faut donc aller chercher notre bois de plus
en plus loin.
Ceci apporte des coûts de transport assez considérables et,
au sujet de la faible densité des boisés, on sait que sur la
Côte-Nord, par exemple, Rayonier-Québec subit ou vit un certain
nombre de problèmes à cause de cet éparpillement des
arbres sur l'immense territoire.
Mais, un autre point qu'on souligne aussi cela va m'amener
à parler d'un certain nombre de solutions qu'on avait et qui avaient
été proposées dans le livre blanc c'est la
méthode de location de la matière ligneuse qui rend, en tout cas,
qui rendait et qui continue de rendre toute exploitation rationnelle à
peu près impossible. Cela touche les concessions forestières,
à un moment donné, qui sont il y a eu des échanges
des concessions encore passablement mal redistribuées au
Québec. Cela touche véritablement la réforme
forestière.
J'ai souligné aussi le vieillissement des entreprises. On sait
que, lorsque les compagnies étaient venues nous voir, étaient
venues devant la commission parlementaire, nous avions, en tout cas,
demandé à ces compagnies: Que faisiez-vous au temps des vaches
grasses? C'est-à-dire au moment où, contrairement à ce
qu'on avait dit, la valeur du dollar canadien était inférieure
à celle des Américains, que faisiez-vous, à ce moment,
puisque cela vous permettait de concurrencer, de façon beaucoup plus
efficace, le marché américain? Parce que, justement,
contrairement à ce qu'on avait dit, c'est que, lorsque la valeur du
dollar est inférieure à celle d'un autre pays, cela ne
désavantage pas, mais cela avantage au moins l'exportation des
produits.
Mais, à ce moment, les compagnies qui faisaient des profits assez
considérables n'avaient pas cru bon de se moderniser. Est-ce que, depuis
que la situation économique s'est améliorée dans les
pâtes et papiers, ces compagnies en ont profité pour se
moderniser? Je pense que l'objectif tant du ministère de l'Industrie et
du Commerce et particulièrement celui du ministère des Terres et
Forêts aurait dû voir à ce que ces compagnies n'attendent
pas encore les sept années de vaches maigres, afin de remoderniser leur
entreprise.
A la suite de l'énumération de ces causes, je voudrais
parler de trois problèmes sur lesquels nous devrons nous pencher au
cours de ces crédits et dont la solution aurait pu présenter,
sinon à courte période, du moins à longue période,
des remèdes aux causes et aux raisons dont parle M. Valcin.
Premièrement, aménagement de la forêt privée.
Deuxièmement, la participation de la population québécoise
à l'économie forestière; troisièmement, le rachat
des concessions forestières.
D'abord, l'aménagement des forêts privées où,
en tout cas, d'après ce que nous laissent entendre les crédits du
ministère, il y a une diminution assez importante en ce qui concerne les
montants. Je voudrais revenir un peu au rapport Lussier, rapport qui avait fait
l'objet d'une présentation en commission parlementaire en 1971,
présentation qui avait été faite plus
particulièrement par la Fédération des producteurs de bois
du Québec et par l'Union catholique des cultivateurs qui avaient
demandé justement à M. Lussier de préparer un rapport
concernant l'aménagement des forêts privées.
On sait que l'un des objectifs que poursuivait le rapport Lussier,
c'était justement de rendre plus proches les forêts ou la
ressource forestière, parce que l'une des causes fondamentales dont on
nous parlait continuellement ou dont nous parlaient continuellement les
compagnies lors de la discussion du livre blanc, c'était qu'elles
étaient obligées d'aller chercher, de plus en plus loin, leurs
ressources forestières, parce qu'on avait probablement ce fut le
cas chez nous en particulier et je pourrais le citer encore
oublié de replanter des arbres, de faire de la sylviculture. On est
obligé d'aller de plus en plus loin quand on n'est pas dans l'obligation
de laisser tout simplement la concession forestière et d'aller en
chercher une qui est plus profitable, qui est meilleure, dont les essences
n'ont pas été entièrement consommées. Ce fut le
cas, par exemple, pour Baie-Trinité, ce fut le cas pour Clarke City, ce
sera probablement le cas pour Rivière-Portneuf ou pour Escoumains
où les compagnies, ayant tout simplement épuisé
entièrement ou presque l'essence ligneuse, seront dans l'obligation
d'aller chercher un autre endroit pour obtenir leur bois.
L'un des objectifs était donc d'en arriver à une meilleure
production de la région habitée, comme le disait le ministre tout
à l'heure, la région qui est située le long du fleuve
Saint-Laurent. C'était aussi la réorganisation de
l'activité forestière rurale. Il ne faut quand même pas
oublier le ministre le soulignait que, dans beaucoup de
régions du Québec, l'activité forestière, ou la
forêt comme
telle est le facteur essentiel de développement
économique. C'est en particulier le cas pour une bonne partie de la
Côte-Nord. C'est aussi le cas pour la Gaspésie. C'est le cas pour
l'Abitibi. C'est aussi le cas en partie pour le Lac-Saint-Jean. Donc, il
fallait réorganiser l'activité forestière rurale en se
basant sur cette activité, mais sur d'autres activités, soit le
tourisme, l'agriculture, ou un aménagement polyvalent. On trouve cette
citation dans le rapport Lussier. On dit: "Cette étude se propose de
suggérer un mode de réorganisation de l'activité
forestière des régions rurales du Québec, en vue de
s'assurer que la population de ces régions retire le maximum de
bien-être des ressources qui s'y trouvent. Le problème de la mise
en valeur de la région habitée a été abordé
en termes économiques, voulant ainsi éviter recueil de
l'assistance sociale déguisée."
Je pense justement que tous les efforts n'ont pas été
faits, en tout cas depuis cinq ans, dans ce secteur ou dans cette
activité. En arrivant au ministère, le ministre actuel n'a
cessé d'affirmer qu'il allait faire du développement des
forêts privées une priorité. Je m'interroge. On ne peut que
se rendre compte que le ministre en est encore à des affirmations, il en
est encore au niveau des slogans, que les réalisations sont minces. Je
comprends que le ministre vient d'arriver au ministère, mais quand on
analyse l'ensemble du ministère, il faut analyser ce qui s'est fait
avant. Les nombreux problèmes freinant le développement forestier
en milieu rural demeurent entiers.
D'abord, et c'est un problème qui est fondamental, la
commercialisation des bois en provenance des forêts privées se
fait au bon gré des désirs des grandes compagnies
papetières: contrats non respectés, reculs successifs des
ministres quant à la mise en place urgente d'une régie des
produits forestiers. Il y a là un problème qui me paraît
fondamental. On sait que l'un des objectifs, justement, du rapport Lussier
était de produire presque d'ici vingt ans, je pense, pratiquement la
même quantité de bois que celle produite actuellement par les
grandes compagnies forestières. Il est certain, et c'est un danger,
qu'il ne faut pas se lancer dans la production privée tête
baissée sans considérer la commercialisation possible de ces
produits, parce que cela pourrait faire exactement comme on fait en 1930 ou
1935, le retour à la terre, où, à un moment donné,
on retournait les gens à la terre, mais sur des terres de roche! Si on
commence à développer le secteur privé et à
développer la production privée et qu'on ne trouve pas pour
autant de marché pour les produits, et que le marché est
entièrement contrôlé par les grandes compagnies, on s'en va
vers un cul-de-sac. Les premiers qui en subiront les conséquences seront
les petits producteurs privés, les coopératives
forestières, les associations de producteurs. C'est extrêmement
important d'en arriver et l'ex-ministre des Terres et Forêts nous
l'affirmait un peu lors de l'étude des crédits, l'an dernier
à une régie des produits forestiers qui aura la
responsabilité de redistribuer la production entre les différents
marchés. Actuellement, ce sont les grandes compagnies forestières
qui ont le gros "bargaining power", il ne faut pas exclusivement laisser
malgré je dis malgré les offices de commercialisation et
malgré les offices de mise en marché de l'Union des producteurs
agricoles, malgré les plans conjoints, je pense que le gros bâton,
ce sont encore les compagnies forestières qui... On l'a vu l'an dernier,
je l'ai vu dans ma région, on l'a vu dans la Beauce, dans la
Gaspésie, quand les grandes compagnies décident de ne pas acheter
les produits forestiers qui sont produits par des producteurs privés,
cela reste tout simplement sur les terres et ces produits ne se vendent pas, ce
qui veut dire que les producteurs privés, par la suite, ne peuvent
recevoir les revenus nécessaires auxquels ils s'attendaient, en tout
cas, pour survivre.
Comme je le disais tout à l'heure, je constate que, dans la
production privée, il semble y avoir des crédits qui sont
réduits. Je peux même souligner un article qui a paru dans le
journal Le Soleil du 27 avril 1976, concernant la région de l'Est du
Québec, où on parle de $5 millions du Québec pour ranimer
l'agriculture de l'Est et où on dit ceci: "Cependant, il n'y a que le
ministère de l'Agriculture qui soit véritablement prêt
à procéder. Le ministère des Terres et Forêts se
heurte à un manque de fonds . On comptait sur la signature d'une
nouvelle entente Canada-Québec. Du côté tourisme! on en est
à l'élaboration d'un plan."
Le ministre responsable de l'OPDQ m'a parlé de la signature d'une
nouvelle entente, et peut-être d'une renégociation qui devrait se
faire d'ici six mois, mais, entre-temps, justement, les producteurs
privés de cette région de l'Est du Québec voient
considérablement leurs crédits diminuer.
Nous aurons l'occasion d'en discuter de façon plus
concrète, mais nous vivons actuellement de la part du ministère
une attitude technocratique sur l'accès et l'utilisation du domaine
public par les coopératives et les associations de producteurs. Dans le
cas de Sainte-Marguerite on en parlera de façon plus
particulière on a fait certaines concessions quant aux lots sous
billet de location. Mais le gouvernement refuse toujours de modifier sa
position quant au domaine public, c'est-à-dire que le gouvernement
refuse de garantir un accès aux forêts publiques sur la base d'un
droit de propriété, préférant laisser les droits de
coupe et droits de concessionnaires aux compagnies.
Faute de pouvoir s'appuyer sur une véritable politique
d'accès à la forêt publique et sur une aide
financière minimale de la part du gouvernement, l'arrière-pays
gaspésien ne progresse pas, et, comme je le soulignais lors du discours
inaugural, c'est le cas de plusieurs autres régions du
Québec.
Je pense que mon collègue de Beauce-Sud n'est pas ici, mais il
pourra revenir en commission parlementaire, où il aura certainement
l'occasion de rediscuter un programme qu'il a fortement à coeur, soit
l'application de la Loi des trois chaînes, qui demeure le ministre
nous dit que cela va venir à l'automne toujours aléatoire
et arbitraire.
On n'a encore aucune politique définie à ce sujet,
malgré le fait qu'à plusieurs reprises l'ex-ministre des Terres
et Forêts nous dit, l'an dernier, que nous pourrions discuter d'une
nouvelle politique lors de l'étude des prochains crédits. Nous
n'avons pas cette politique, et, encore là, il s'agit d'un sujet pour
lequel on n'a pas trouvé de solution.
Il est impensable, dans ces conditions, qu'on puisse espérer que
l'exploitation forestière se fasse sur une base vraiment moderne ou
efficace, par des associations de producteurs québécois. Pour ce
faire, il faudrait des garanties d'accès et de mise en marché,
à moyen et à long termes, de façon que ces groupements
puissent s'organiser et s'équiper de façon moderne et efficace.
On parle du crédit forestier, où un montant de plus de $500 000
est prévu, mais comment voulez-vous que ces gens-là puissent
décider d'investir? Quand les compagnies décident d'investir,
elles le font, en fait, sur un engagement qu'elles ont, une alimentation de dix
ou quinze ans, voire vingt ans pour Rayonier Quebec. Comment voulez-vous que
ces producteurs privés décident d'investir, de moderniser leur
entreprise et d'essayer de s'agrandir, s'ils n'ont pas l'assurance d'obtenir
une alimentation, mais en même temps l'assurance d'obtenir un
marché pour leurs produits? Cela me paraît vital. C'est sur ces
bases que sont devenues efficaces les opérations forestières des
grandes sociétés. En effet elles nous l'ont affirmé
en commission parlementaire, lors de la discussion du livre blanc
lorsque nous parlions, justement, de la rétrocession des concessions
forestières, une des grandes peurs des compagnies était de dire:
Oui, mais comment voulez-vous que nous soyons assurées de notre
alimentation si nous n'avons pas une concession forestière, si nous
n'avons pas un territoire où nous sommes presque propriétaires
exclusivement de la matière ligneuse? Elles nous disaient en même
temps: Comment voulez-vous, dans cette insécurité, que nous
puissions planifier nos opérations? Je pense que c'est la même
chose pour les petits producteurs privés. Il est difficile pour eux de
planifier leurs opérations, s'ils n'ont pas une sécurité
d'alimentation.
Je voudrais aborder le deuxième point, soit la participation de
la population québécoise à l'économie
forestière. J'avais déjà souligné, l'an dernier,
que l'industrie de transformation demeure à plus de 90% entre les mains
d'intérêts autres que québécois francophones.
J'essaierai, en compagnie de mon collègue de Chicoutimi, de
revenir sur le dossier Price, vis-à-vis d'Abitibi Paper, où nous
étions intervenus auprès du gouvernement parce qu'on sait que
c'était un investissement de $50 millions, pour qu'il puisse, justement,
par l'intermédiaire de REXFOR, acheter la compagnie Price. On sait que
c'est un investissement de base de $50 millions. Quand on compare ces
investissements, qui sont des investissements productifs, avec des
investissements comme les Jeux olympiques et qu'on nous affirme, à
l'Assemblée nationale, que nous n'avons pas l'argent nécessaire,
soit $50 millions, pour prendre le contrôle de Price, alors que nous
avons des milliards et des milliards ou des centaines de millions pour faire
des investissements dans les Jeux olympiques, on se pose des questions sur les
priorités gouvernementales.
J'aurai l'occasion d'en discuter un peu, ce fut le même
problème concernant Asbestos Corporation, qui va probablement
déclarer des profits de $20 millions et dont la valeur marchande
était de $36 millions, l'an dernier.
Il y a eu une action positive, je le souligne, soit celle de la Donohue,
à Saint-Félicien, où on vient d'annoncer un projet assez
important. Je pense que c'est une action vraiment positive dans le dossier du
développement forestier, mais nous pourrons en parler. Les
conséquences d'avoir laissé Abitibi Paper contrôler Price
apportent dans la région du Lac-Saint-Jean des changements
considérables à la politique qui avait été
annoncée par la compagnie Price, particulièrement des politiques
d'investissement.
Quant à l'industrie du sciage, qui demeure encore en partie
autochtone, elle a de plus en plus tendance à être
accaparée par la grande industrie ou à péricliter. Nous
aurons certainement l'occasion de parler du programme qui avait
été lancé par le ministère des Terres et
Forêts, en collaboration avec REXFOR, concernant l'achat de copeaux,
où on lui avait avancé la somme de $16 millions, je pense.
J'aurai l'occasion de poser la question au ministre, afin de savoir combien de
ces $16 millions ont été utilisés par l'industrie du
sciage.
Dans ces conditions, le gouvernement continue d'être à la
remorque des événements et des sursauts d'humeur des populations
locales. Le ministre peut bien faire de beaux discours sur la participation
populaire à l'exploitation du domaine forestier, il n'en demeure pas
moins que les forêts publiques continuent d'être, même en
régions habitées, sous le contrôle quasi exclusif et quasi
monopolistique des grandes sociétés papetières
étrangères ou multinationales. Et même si mon
collègue de Duplessis continue à croire aux bienfaits des
compagnies multinationales, je dis qu'il n'y a pas exclusivement des bienfaits,
il y a aussi des conséquences négatives qui sont importantes et
qu'il faut souligner.
Il ne s'agit pas d'empêcher tout investissement des compagnies
multinationales, mais il s'agit d'essayer, en tout cas, non seulement comme
gouvernement québécois, mais comme Québécois, de
prendre une certaine place dans un secteur qui est assez important. La raison
est simple. L'industrie du bois et des pâtes et papiers échappe au
contrôle des résidents, à quelques exceptions près,
soit Cabano, Sacré-Coeur. On ne veut rien changer à ce "pattern"
qui veut que seule la grande entreprise, particulièrement l'entreprise
américaine, l'entreprise anglaise, soit sérieuse, soit efficace,
tant au niveau de la production usinée que de l'exploitation
forestière. On ne veut rien changer à ce "pattern" qui veut que
seules les grandes entreprises puissent avoir le contrôle et
l'accès aux forêts publiques du Québec.
Enfin, le rachat des concessions forestières.
J'ai souligné tout à l'heure la lenteur de la
récupération. Il s'est quand même passé cinq ans
depuis le livre blanc, depuis que le livre blanc a été
déposé et dont l'un des objectifs fondamentaux était le
rachat des concessions forestières. La carte forestière des
concessions demeure à peu près intacte, à quelques petites
exceptions près, dont principalement et j'y reviendrai, M. le
Président, j'en avertis le ministre deux concessions
abandonnées par la CIP, soit celle de Témiscamingue et celle de
Rivière-Pentecôte. On n'a toujours pas de calendrier pour
l'ensemble de l'opération. Autrement dit, les seules choses qu'on a
faites, en ce qui concerne les concessions forestières, ont
été de racheter par obligations deux concessions
abandonnées.
Je le dis, M. le Président, en ce qui concerne ces deux
concessions forestières, on a fait aux compagnies des cadeaux qui me
paraissent considérables.
Dans sa conférence de presse du 21 octobre 1975, le ministre
parlait de révoquer 14 000 milles carrés en deux ans, d'octobre
1975 à octobre 1977, dont 7000 milles carrés de Quebec North
Shore. Le ministre semble avoir répondu tout à l'heure à
la question que je voulais poser: Où sont les crédits? Le
ministre me dit que ces crédits vont être inscrits à
l'amélioration de la forêt. Nous allons les retrouver à
l'amélioration de la forêt. Je ne sais pas où en sont
rendues les négociations avec Quebec North Shore.
M. Toupin: M. le Président, je m'excuse. Je ne me rappelle
pas avoir dit que Quebec North Shore serait prioritaire.
M. Lessard: D'accord. Vous n'avez pas dit que Quebec North Shore
était prioritaire, mais je me fie quand même aux affirmations de
l'ex-ministre des Terres et Forêts qui, lui, a affirmé à
plusieurs reprises qu'il était en négociation avec Quebec North
Shore et que cela devait être la prochaine négociation. En ce qui
concerne Quebec North Shore, c'est l'ancien ministre des Terres et Forêts
qui nous l'a affirmé à plusieurs reprises.
C'est maintenant établi par arrêté en conseil, nous
espérons avoir la possibilité de discuter du mode d'indemnisation
qui me paraît encore très vague, même dans
l'arrêté en conseil du 16 juillet 1975. En effet, à cause
de cet arrêté en conseil, on a quand même versé $2
millions à CIP pour deux concessions non seulement abandonnées,
mais pour deux concessions dont l'une avait été très
largement écrémée et l'autre où des dommages de
plusieurs millions avaint été faits à la rivière.
J'ai l'intention de revenir sur ce dossier lorsque nous aurons à
discuter de ce programme, parce qu'il me paraît que c'est un dossier
très important puisque c'était l'une des premières
concessions avec la CIP, soit la plus grosse compagnie fores- tière
québécoise, qui a la plus grande partie des territoires
concédés au Québec. Je suis convaincu que ce fut là
un test pour la CIP, mais ce fut surtout un test pour l'ensemble des compagnies
forestières. il s'agissait donc d'une convention type surveillée
par l'ensemble de l'industrie. Je suis même convaincu que toutes les
autres compagnies forestières ont envoyé leur avocat-conseil
à la CIP pour mieux l'aider dans ses négociations.
Le gouvernement doit modifier complètement sa politique
d'indemnisation, puissance de lobbying de l'industrie, et j'aurai plus
particulièrement à parler de la présence, encore une fois,
et malheureusement, de Jean Lesage dans ce dossier qui a probablement permis de
régler le problème, non pas à l'avantage des
Québécois, mais d'abord à l'avantage de la compagnie
forestière de la CIP.
M. le Président, j'ai tenté de souligner un certain nombre
d'objectifs qui devraient être ceux du ministère des Terres et
Forêts. J'ai essayé, en tout cas, de soulever un certain nombre de
problèmes généraux; je dis bien généraux
parce que je n'ai pas voulu discuter comme tels des éléments dont
nous aurons à discuter. Je pense qu'il est important, au début de
l'étude de ces crédits, que le ministre nous précise un
certain nombre d'objectifs généraux concernant son
ministère. Je l'ai fait un peu sous forme de questions. Je souhaite tout
simplement que le ministre puisse répondre à ces questions,
quitte, lorsque nous aurons à discuter des détails, à
attendre les différents éléments que nous aurons à
discuter et qui toucheront ces problèmes. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le ministre des Terres et
Forêts.
M. Toupin: M. le Président, étant donné que
le député de Beauce-Sud n'est pas présent et qu'il
participera probablement à la commission demain, si le
député de Saguenay est d'accord, nous pourrions ajourner nos
travaux à demain, 10 heures, pour donner l'occasion au
député de Beauce-Sud de faire aussi son intervention.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Les membres de la commission
sont-ils d'accord?
M. Lessard: Je suis d'accord. Je pense que c'est d'ailleurs une
entente que nous avions eue avec le ministre des Terres et Forêts, ce qui
va lui permettre de revoir peut-être ce que j'ai souligné et de me
donner des réponses demain.
Le Président (M. Houde, Limoilou): La commission ajourne ses
travaux à demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 21 h 45)