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Commission permanente des Richesses naturelles
Hydro-Québec
Séance du lundi 15 décembre 1969
(Dix heures trente minutes)
M. CROISETIERE (président de la commission des Richesses
naturelles): A l'ordre, messieurs!
La commission parlementaire des Richesses naturelles se réunit
ici ce matin afin d'entendre les membres de la commission
hydroélectrique. Je demanderai à ceux qui voudraient se faire
entendre de bien vouloir parler dans le micro et également de
s'identifier. J'aimerais savoir qui aimerait se faire entendre.
M. BERTRAND: M. le Président, si vous me permettez...
M. LE PRESIDENT: J'inviterais le premier ministre à...
M. BERTRAND: Je veux d'abord souhaiter la plus cordiale bienvenue aux
membres de la commission hydroélectrique, de même qu'aux
représentants des syndicats et à tous ceux qui sont
intéressés par les problèmes qui peuvent être
discutés aujourd'hui.
Cette commission siège et le président, les commissaires
et les officiers de l'Hydro ont été convoqués pour
répondre aux questions des parlementaires concernant la construction de
Manic-3. Il est bien entendu, M. le Président, dès le
départ, qu'il y a d'autres problèmes qui intéressent les
members de la commission. Je crois que je n'ai pas besoin de les
énumérer. Tout le monde est au courant. Il y a le
député du comité de Charlevoix qui voudrait obtenir des
éclaircissements sur les dommages qui ont été subis par
les pylônes. Il y a également d'autres problèmes qui
pourrait être soulevés.
Puis-je vous suggérer, M. le Président, que, pour la bonne
marche des travaux de cette commission, sur le problème particulier de
la construction de Manic-3, je sais que le président aura sans doute une
position à établir. D'autres officiers de l'hydro? ...
Pourrions-nous savoir également quels sont les représentants du
syndicat? Je pense qu'il y a M. Rodrigue. Est-ce qu'il y en a d'autres? Nous
aimerions avoir les noms des personnes qui veulent être entendues pour
faire une déclaration ou des commentaires. Voulez-vous donner vos noms?
M. Rodrique d'abord.
M. RODRIGUE : Président de la Fédération des
ingénieurs et cadres.
M. BERTRAND: Président de l'Association des
ingénieurs...
M. RODRIGUE: Et cadres.
M. BERTRAND: ... et cadres. Deuxièmement, M. Parent...
M. PARENT: Secrétaire général de la CSN.
M. BERTRAND: De la CSN. Est-ce qu'il y en a d'autres?
M. CHARTRAND: Michel Chartrand, président du conseil central et
conseiller du syndicat de la construction.
M. BERTRAND: Montréal, n'est-ce pas?
Est-ce qu'il y en a d'autres?
Maintenant, je comprends qu'il y a le président de l'Hydro.
Est-ce qu'il y en aura d'autres au début, j'entends, sur ce...?
M. GIROUX: Au début, non. Simplement, nous répondrons aux
questions par les spécialistes de l'hydro.
M. BERTRAND: Bon. Alors, avez-vous pris les noms de ceux qui veulent
être entendus? Très bien.
M. LESAGE: M. le Président, je voudrais moi-même souhaiter
la bienvenue au président de l'Hydro, à ses collègues et
aux fonctionnaires supérieurs de cette institution gouvernementale.
Je voudrais également dire que nous sommes très heureux de
la présence de MM. Rodrigue et Parent, ainsi que de M. Chartrand. Nous
allons discuter affaires ça matin et non pas...
M. BERTRAND: Oui.
M. LESAGE: ... conditions de travail. Je voudrais qu'il soit bien
compris que nous discutons affaires, et que les affaires, ça se discute
calmement.
M. le Président, les questions que nous aurons à
étudier sont extrêmement sérieuses. Les rumeurs de plus en
plus persistantes veulent que l'Hydro-Québec confie à
l'entreprise privée la construction de Manic-3. Cela voudrait dire un
changement complet de politique, un demi-tour complet, parce que depuis
plusieurs années ce sont les forces de l'Hydro qui ont fait les
principaux oeuvres de construction des barrages.
Il y a, deuxièmement, la question des surplus d'équipement
de construction qui, jusqu'à un certain point, touche à la
première question. Parce que, même si le ministre des richesses
naturelles a donné l'autre jour une définition des surplus en
disant que l'Hydro ne faisait que disposer des surplus, la définition
des surplus dépend justement des décisions de l'Hydro sur le
premier point. C'est clair. Si l'on confie le travail à l'entreprise
privée, il est clair qu'il y aura plus de surplus que si l'Hydro
continue sa
même politique de construire avec ses propres forces.
M. ALLARD: Les explications là-dessus viendront tout à
l'heure.
M. LESAGE: Oui, disons que la définition du ministre était
fort élastique.
M. ALLARD: Disons que l'explication du chef de l'Opposition peut varier
suivant les explications qui vont être fournies aussi.
M. LESAGE: Cela peut varier suivant les décisions qui vont
être prises. Enfin il y aune question qui nous inquiète et nous
espérons que les spécialistes de l'Hydro seront en mesure de nous
donner des explications détaillées: la chute des pylônes.
Il y a toute une question de spécification, de changement de
sécification pour les pylônes. Disons que c'est très
technique et nous avons l'intention, je le sais, le député de
Charlevoix et plusieurs d'entre nous avons l'intention d'aller au fond des
choses dans cette affaire. Il y a le choix aussi de la route de ligne.
Enfin, quant à moi, je ne sais si mes collègues en auront,
mais nous voudrions avoir des détails sur les progrès de Manic-5,
etc...
M. ALLARD: II y a évidemment, M. le Président, une
série de questions qui, même si elles ne sont pas à la
convocation, pourront être le sujet de discussion.
M. BERTRAND: C'est cela.
M. ALLARD: Mais, pour relever immédiatement la question du chef
de l'Opposition concernant les pylônes, j'avais prévenu M.
Mailloux qu'un rapport serait soumis ce matin.
Ce rapport peut être déposé ici, du consentement
unanime ou en Chambre cet après-midi. Ce rapport est uniquement sur la
chute des pylônes. Quant aux questions que pose le chef de l'Opposition,
à savoir quelle va être l'attitude de l'Hydro à l'avenir,
je crois qu'il est prématuré pour l'Hydro de venir dire ici ce
matin quelle attitude elle entend prendre, à savoir si elle va
construire différemment ou à un endroit autre que celui qui est
connu actuellement.
La situation de l'Hydro, c'est donc de déposer le résultat
de l'enquête qui a été faite et elle continuera, j'imagine,
ses études pour arriver à des décisions de la nature de
celle dont vient de parler le chef de l'Opposition.
M. LESAGE: Je ne crois pas avoir parlé de l'avenir. J'ai
parlé de savoir quelles avaient été les
spécifications. Avaient-elles été changées?
M. ALLARD: Oui, mais vous avez parlé... M. LESAGE: J'ai
parlé du choix de la route à suivre. Comment ce choix-là
a-t-il été fait? A-t-il été fait?
M. ALLARD: Alors si vous voulez parler du passé, d'accord. Je
m'excuse.
M. BERTRAND: Est-ce que le rapport pourrait être produit
immédiatement et est-ce que nous pourrions tenir pour acquis qu'il
aurait été déposé en Chambre?
M. LESAGE: Nous ferons le geste...
M. BERTRAND: Nous ferons le geste symbolique en Chambre. Je
demanderais...
M. LESAGE : Disons donc qu 'il pourrait être distribué
officieusement ici et officiellement en Chambre.
M. BERTRAND: Si on a un rapport à présenter au sujet de la
chute des pylônes, qu'on le produise immédiatement. Très
bien. Quant à la question qui a été soulevée par le
chef de l'Opposition sur la construction de Manic-3 par l'entreprise
privée, en ce qui nous concerne, nous le gouvernement, aucune
décision n'a été prise; et dans la mesure où nous
aurons une décision à prendre, si nous en avons une dans ce
domaine-là, on a besoin d'apporter des arguments joliment
convaincants.
M. LESAGE: Je n'ai pas saisi.
M. BERTRAND: Au sujet de la construction.
M. LESAGE: Pour que nous permettions à l'Hydro de faire un "about
turn". Excusez l'expression, mais c'est ça!
M. BERTRAND: M. le Président, avez-vous une déclaration
à faire?
M. GIROUX: Merci, M. le Président. Messieurs, la Commission
hydroélectrique de Québec est devant vous aujourd'hui pour
transmettre toutes les informations sur les sujets relatifs à
l'Hydro-Québec qui vous intéressent plus particulièrement
ces jours-ci.
Avant de répondre à vos questions, j'aimerais, si vous me
le permettez, M. le Président, transmettre à messieurs les
membres de la commission des Richesses naturelles les renseignements que nous
avons compilés sur les sujets suivants, c'est-à-dire que
plusieurs sujets ont été traités, et nous pouvons vous
donner les explications par petits résumés, avant d'arriver
à la construction de Manic-3.
Ces sujets-là, par exemple, sont l'Hydro-Qué-bec et le
rapport de la commission Gendron, l'effondrement des trente pylônes, la
fissure de la cheminée de Gentilly, la panne d'électricité
du 8 novembre.
Si vous le permettez, on pourrait donner un exposé sur ces
choses-là et puis je crois que cela pourrait se faire avant d'ouvrir la
question sur les pylônes proprement dits.
Afin de clarifier certaines déclarations rapportées par la
presse, il me semble qu'il est opportun de vous dire un mot de la constitution
de la Commission hydro-électrique de Québec.
Conformément à la loi de 1'Hydro, section 2, paragraphe 4,
la commission est formée d'un président et d'au plus quatre
autres membres qui sont présentement MM. Georges Gauvreau, Yvon DeGuise,
Robert Boyd, Paul Dozois et celui qui vous parle et qui sont tous ici
présentement.
Au paragraphe 8 de la loi de 1'Hydro, il est dit que la majorité
des membres de la commission forme quorum aux séances, et toute
décision requiert l'assentiment de la majorité absolue des
membres. Les décisions importantes sont prises par la commission
à la suite de recommandations des directions concernées.
Cette explication vise à établir clairement que tout
projet de rapport, que toute étude ou recommandation ne constitue pas
une décision tant et aussi longtemps que celle-ci n'est pas l'objet
d'une résolution de la commission.
Si vous permettez, je lirais un petit communiqué qu'on a sur
l'Hydro-Québec et la commission Gendron:
Un quotidien montréalais faisait état, récemment,
du projet de mémoire que l'Hydro-Québec doit présenter
à la commission d'enquête sur la situation de la langue
française et sur les droits linguistiques au Québec, la
commission Gendron. A la demande de la Commission hydro-électrique de
Québec ce projet a été préparé par une
équipe de travail et un comité consultatif composé de
cadres supérieurs de l'entreprise. Ce projet est présentement
devant notre commission pour étude. Le rôle de notre commission
est d'étudier tous les projets qui lui sont présentés par
les nombreux comités d'étude et de travail de l'entreprise. Elle
doit ensuite décider des meilleures options à prendre. H lui
arrive de refuser, de modifier ou d'accepter, après consultation, les
suggestions ou les recommandations contenues dans les mémoires ou les
projets qui lui soumettent ses cadres. C'est son droit le plus strict.
L'Hydro-Québec présentera, en temps utile, un
mémoire à la commission Gendron.
M. LESAGE: M. le Président, est-ce que vous me permettez de
souligner que la question qui devrait avoir priorité ce matin, c'est la
question de savoir si Manic-3 doit être construit par les forces de
l'Hydro ou par l'entreprise privée. N'oublions pas que nous avons
à nous rendre en Chambre à 4 heures, cette après-midi,
pour l'étude du projet de loi de la Communauté urbaine de
Montréal. Je crois que nous devrions nous attaquer immédiatement
à la question la plus importante. Il me semble que ce serait normal!
M. ALLARD: La seule raison, je l'ai dit, c'est que le
député de Laurier m'avait demandé s'il y avait quelque
possibilité que ça vienne en deuxième, étant
donné qu'il avait un voyage aux Iles-de-la-Madeleine, et qu'il ne
comptait pas être de retour avant midi.
M. LESAGE: J'ai toute ma vie facilité les choses pour le
député de Laurier, toute ma vie! Surtout depuis 1960, je l'ai
attendu et réattendu toute ma vie. Pour une fois, je pense qu'il n'aura
pas d'objection à m'accommoder, parce que je devrai être en
Chambre à 4 heures.
M. GIROUX: M. le Président, cela dépend de votre
décision. Je suis prêt à expliquer les autres points ou
à donner la base du problème de Manic-3. Quelle est votre
décision?
M. BERTRAND: En fait, M. le Président, nous avions
été convoqués ici surtout pour Manic-3. Cela ne nous
empêche pas, comme on l'a dit tantôt, d'examiner certains autres
problèmes. La convocation était pour que les parlementaires
puissent s'enquérir de la position de l'Hydro relativement à la
construction ou par l'entreprise privée ou suivant la formule
déjà utilisée au sujet du barrage de Manic-3.
M. GIROUX: Alors, vous voulez qu'on procède immédiatement
sur Manic-3?
M. BERTRAND: Oui.
M. GIROUX: Les pylônes sont un cas secondaire. En avril 1969, la
direction générale "génie" remettait à la
Commission hydroélectrique de Québec un projet
préparé par la direction des travaux d'aménagement donnant
l'estimation des coûts de construction de Manic-3, qui était
ajustée en fonction du taux d'intérêt courant et
s'élevait à environ $400 millions.
Vu le coût élevé de ce projet, la commission
demandait alors à la direction générale "génie" de
réétudier avec le bureau d'ingénieurs-conseils Asselin,
Benoit, Boucher, Ducharme et Lapoin-te le projet de Manic-3. Les nouvelles
estimations ont été établies à environ $280
millions. Là encore, il faut dire que c'est avant la récente
hausse du taux d'intérêt.
Le 4 novembre dernier, la décision de construire Manic-3
était annoncée simultanément par le ministre des Richesses
naturelles à l'Assemblée nationale et par
l'HydroQuébec.
Depuis ce temps, nous avons dû emprunter $50 millions aux
Etats-Unis à un taux d'intérêt qui est tout près de
10 p.c; le taux d'intérêt continuera à croître en
1970, selon les informations que nous avons recueillies dans tous les milieux
financiers.
J'aimerais ici donner les coûts moyens d'emprunts à long
terme pour les années de 1950 à 1969. Je vais essayer de les
résumer. En 1950, c'était autour de 3 p.c; 1952, 4.17; 1953,
3.63; 1954, 3.43; 1955, 3.58; 1956, 4.05; 1957, 4.83; 1958, 3.96; 1959, 5.46;
1960, 5.69; 1961.5.57; 1962, 5.46, 1963, 5.15; 1964, 5.33; 1965, 5.31; 1966,
5.88; 1967, 6.66; 1968, 7.44 et 1969, 8.94.
A cause de l'état présent des marchés d'argent,
nous devons reviser notre futur programme de construction et nous envisageons
la possibilité de différer la réalisation de Manic-3 et de
construire à la place une centrale thermique. Alors, il faudra tout
réétudier.
C'est un fait reconnu qu'en général les centrales
électriques fournissent avec le temps, de l'électricité
à meilleur compte en raison de leur coût d'exploitation moindre;
il reste qu'une centrale thermique de puissance comparable coûterait
beaucoup moins cher à construire et, par conséquent,
réduirait temporairement la somme des capitaux à emprunter.
En terminant le genre de centrales à construire, l'ordre dans
lequel nous construisons, les méthodes de construction que nous
employons, nous avons toujours eu le souci de trouver la solution la plus
économique. Nous ne ferons pas exception pour Manic-3.
L'Hydro-Québec n'a pas encore pris de décision, elle le
fera sans doute vers la fin de janvier 1970 seulement.
Toutefois, dans le cas où nous déciderions de construire
Manic-3, nous avons convenu de nous en tenir aux principes
généraux suivants: La direction générale
"Construction" de l'hydro-Québec serait responsable de l'administration
globale du projet et la direction générale "Génie"
assurerait la liaison avec les ingénieurs-conseils Asselin, Benoit,
Boucher, Ducharme et Lapointe, assignés à la préparation
des plans et devis. L'Hydro-Québec serait donc l'entrepreneur
général, et je puis affirmer qu'il n'a jamais été
discuté à 1'Hydro-Québec d'engager un entrepreneur
général pour ce projet.
L'Hydro-Québec achèterait elle-même tous les
matériaux tels que ciment, bois, acier, enfin tout ce qui va dans une
centrale pour qu'il y ait un barrage, l'équipement électrique et
mécanique tels que turbines, transformateurs, disjoncteurs, et, en ce
faisant, assurerait l'efficacité de sa politique générale
d'encouragement à l'industrie et au commerce québécois
comme ce fut la pratique bien établie depuis plusieurs années. De
plus, je puis vous assurer qu'il n'a jamais été question de faire
acheter ces matériaux par quelqu'un d'autre que
1'Hydro-Québec.
A ce jour, aucun contrat n'a été accordé pour la
construction, pour la fourniture de matériaux ou d'équipement,
aucune décison de partage des travaux de construction entre les services
et l'entreprise privée n'a été prise. A la suite de
l'annonce du 4 novembre, la commission avait demandé à ses
directions générales Génie et Construction, à la
direction Contrats ainsi qu'à ses ingénieurs-conseils de se
préparer à toute éventualité en dressant sans
tarder les plans et devis de Manic-3. Ce sont là d'ailleurs des
préparatifs indispensables, quelles que soient les méthodes de
construction employées, que l'on construise soi-même ou que l'on
donne des contrats à l'entreprise privée.
Il est vrai que, depuis quelques années, nous avons
utilisé notre propre personnel au cours des différentes phases de
notre programme de construction. Cependant, notre politique a toujours
visé également à recourir à l'entreprise
privée, en particulier aux sociétés
québécoises à qui furent accordés des contrats par
voie de soumission publique.
Dans le cas de Manic-5 pour la construction du barrage et de la
centrale, par exemple, l'Hydro-Québec est l'entrepreneur
général; elle a accordé 64 contrats se totalisant à
$65 millions des $305 millions affectés à la construction et
autres travaux sur le chantier. Le coût total de ces ouvrages
s'élèvera à environ $464 millions. Maintenant, vu la
longueur de la construction, $159 millions auront été
payés en intérêts, terrains et administration.
Nous étudions la possibilité de confier des contrats
à l'entreprise privée dans une proportion différente de
celle utilisée dans le passé afin de déterminer si nous
pouvons réaliser des économies en construisant Manic-3 selon une
nouvelle formule.
Il faut savoir qu'en construisant plusieurs de nos projets, nous avons
eu des dépassements.
Par exemple, pour six d'entre eux, les dépassements des six
derniers étaient de l'ordre de $265 millions, ce qui portera le
coût total de ces réalisation à $855 millions. Ces
dépassements peuvent s'expliquer, en benne partie, par la hausse
pratiquement imprévisible qu'ont en-trafnée, entre 1959 et 1969,
l'augmentation des taux d'intérêt, du coût des
matériaux, des salaires, des bénéfices sociaux, ainsi que
des grèves dans les divers chantiers. Inutile d'insister, nous devons
à tout prix trouver les moyens de réduire nos coûts de
construction.
L'Hydro-Québec a retenu les services du bureau
d'ingénieurs-conseils, Asselin, Benoit, Ducharme et Lapointe, depuis mai
1963, pour le projet Manic-3. Ce bureau travaille en étroite
collaboration avec nos ingénieurs depuis cette date. Dans son dernier
rapport, le bureau d'ingénieurs-conseils nous a laissé entrevoir,
dans ses recommandations, des économies, si nous procédions selon
une nouvelle formule de partage des contrats entre l'Hydro-Québec et
l'entreprise privée. L'Hydro-Québec ne pouvait donc ignorer cet
avis. Le bureau d'ingénieurs nous a dit que ces estimations sont
basées sur certaines hypothèses, dont les suivantes, qu'il cite
dans le rapport: "Que les travaux de construction soient accordés
à l'entreprise privée sur une base de compétition, en
morcelant l'ensemble des ouvrages de façon à obtenir des
contrats d'un ordre de grandeur compatible avec la capacité des
entreprises importantes de construction québécoises".
Il est bon de rappeler que l'Hydro-Québec a déjà
retenu les services de firmes, d'ingénieurs-conseils. Les bureaux
suivants ont travaillé pour nous au cours des dernières
années: Surveyer, Nenniger & Chênevert pour Rapide-des-Iles,
Première Chute et le barrage Daniel-Johnson; Âsselin, Benoit,
Boucher, Ducharme et Lapoin-te pour la centrale de Manic-5 ; Georges Deniers
pour Outardes-3 et Outardes-4.
Quelques personnes, s'intéressant de près à
l'Hydro-Québec, ont soulevé la question de l'équipement de
construction que nous possédons et qui pourrait être
utilisé pour la construction du barrage de Manic-3. Habituellement,
lorsque l'équipement est déclaré surplus, par le directeur
général Génie ou Construction, il est vendu par la
direction générale Approvisionnement, au moyen d'appels
d'offres.
L'équipement susceptible de servir à la construction de
Manic-3 est conservé. Il n'y a eu aucune instruction de donnée,
aucune recommandation de faite ni aucune décision de prise pour disposer
de cet équipement, dont la valeur au livre est d'environ $12
millions.
Il est vrai que, depuis quelques années, nous avons vendu de
l'équipement aussi rapidement que possible pour éviter qu'il soit
trop déprécié.
A la fin des gros travaux de Manic-5, Outardes-3 et Outardes-4, nous
avions une grande quantité d'équipement lourd de construction en
surplus dont nous devions disposer. Pour vendre ce surplus d'équipement
lourd, nous avons signé un contrat de six mois en date du 22 juillet
1968 avec la compagnie "Les Entreprises Excelsior Inc.", qui se
spécialise dans l'écoulement de ce genre de matériel sur
les marchés mondiaux. Etant donné les résultats
satisfaisants que nous obtenions, le contrat des "Entreprises Excelsior Inc."
fut renouvelé le 10 février 1969 pour six autres mois. Le 28
juillet 1969, l'Hydro-Québec avisait la compagnie que son contrat
n'avait été renouvelé que pour trois mois et qu'il allait
se terminer le 31 octobre 1969. Il n'a donc pas été question
comme on l'a rapporté dans certains journaux, que cet équipement,
qui était pour Manic-3, soit disposé de cette façon. Le
contrat était fini bien avant qu'on prenne les décisions.
J'insiste pour répéter qu'aucune décision n'a
été prise au sujet de Manic-3, ou du thermique, et que si nous
construisons Manic-3, rien n'est décidé non plus pour ce qui est
du partage des contrats entre l'Hydro-Québec et l'entreprise
privée.
Dans l'avenir un des cas où nous aurons de fortes
recommandations, quels que soient ceux qui sont chargés de l'analyse des
travaux à faire, qu'il appartienne à l'Hydro ou à des
ingénieurs-conseils, on va exiger que les dépôts de cahiers
de charge complets soient faits avant de commencer les travaux.
Avant, de donner la parole à d'autres, M. le Président, je
tiens à ajouter ceci: qu'il soit bien compris que toutes les remarques
que j'ai pu faire ne constituent pas dans mon esprit une critique des
administrateurs qui m'ont précédé à
l'Hydro-Québec. Je peux vous affirmer que si j'avais été
moi-même commissaire de l'Hydro-Québec au moment où les
décisions ont été prises concernant les projets dont il a
été question tout à l'heure, j'aurais fait, messieurs,
comme eux en me basant sur les renseignements qu'ils avaient alors en main et
j'aurais certainement agi de la même façon qu'eux. Sur ce je vous
remercie, M. le Président, ainsi que les membres de la commission, et
j'apprécie l'occasion qui nous a été donnée. Nous
sommes à votre disposition pour toute question que vous voudrez
poser.
M. LESAGE: M. Giroux, pour aller directement au but, je vais commercer
par relever des choses que vous avez dites il y a un instant. Vous avez dit
qu'à la suite de certains avis reçus de la Société
d'ingénieurs Asselin je ne me rappelle pas tous les noms
...
M. GIROUX: ABBD.
M. LESAGE: Asselin et autres, que vous vous êtes demandés
s'il n'y aurait pas lieu de faire un nouveau partage de la
responsabilité de l'exécution des travaux entre l'Hydro d'une
part et l'entreprise privée de l'autre. Je crois que j'utilise les
mêmes mots que vous avez utilisés il y a un instant. Vous vous
êtes demandés s'il n'y aurait pas lieu d'en accorder une plus
grande partie à l'entreprise privée et là je cite, je
crois que c'est textuel: "Afin de déterminer si nous pouvons faire des
économies". M. Giroux, vous seriez beaucoup plus convaincant si, au lieu
de nous annoncer que vous avez l'intention de faire une expérience, au
lieu de nous annoncer qu'il est possible que vous accordiez une plus grande
partie des contrats à l'entreprise privée pour déterminer
après si cela comporterait des économies, vous seriez plus
convaincant, dis-je, si vous pouviez faire une comparaison dès
maintenant entre le coût estimé de l'exécution des travaux
suivant les normes suivies jusqu'à maintenant par l'Hydro-Québec.
La plus grande partie de l'oeuvre étant accomplie par
l'Hydro-Québec et avec ses forces et la solution envisagée par
Asselin et autres. Il me semble que si nous avions des chiffres, vous seriez
plus convaincant.
Maintenant il arrive qu'il y a eu des dépassements lorsque les
travaux ont été faits par les forces de l'Hydro, mais la
même chose s'est produite également lorsque les travaux ont
été confiés à l'entreprise privée. Je suis
informé, par exemple, que dans le cas de Janin pour la construction de
la centrale à Manic-5 déjà il y a eu dépassement de
30 p.c, surplus de 30 p.c. sur le prix convenu. Evidemment je le dis sous toute
réserve, M. Giroux. On m'informe que
dans d'autres cas cela a été la même chose. Ainsi
par exemple à Carillon, non à Carillon c'était
terminé par les forces de l'Hydro et cela avait été
donné à "cost plus".
M. LESAGE: ... Je pense plutôt à la construction faite par
Komo-Saint-Laurent, à Notre-Dame-du-Nord ou près de
Notre-Dame-du-Nord; il y en a eu deux de faites là, à ce
moment-là; un par les forces de l'Hydro et le deuxième par
l'entreprise privée.
M. GIROUX: Nous avons ces coûts, si vous les voulez. Et c'est
à la lumière de ces coûts...
M. LESAGE: II y a eu une augmentation encore assez considérable
dans le cas où les travaux ont été exécutés
par l'entreprise privée.
M. GIROUX: Oui, mais pas autant que l'ensemble de nos coûts. Mais
ce sont des choses qui sont très difficiles à expliquer. Voici:
vous aviez, si vous voulez...
M. LESAGE: Difficiles pour vous à expliquer ou difficiles pour
nous à comprendre?
M. GIROUX: Non, non. C'est difficile pour nous à expliquer, ce
que vous nous demandez, parce que vous me demandez de prédire le
coût réel d'une construction.
M. LESAGE: Bien, un bon administrateur doit faire des estimations aussi
réalistes que possible.
M. GIROUX: Alors, suivant ce jugement-là, M. Lesage, je me suis
dit: II faudrait regarder cette situation, parce que lorsque nous avons fait le
Rapide-des-Iles, nous avions une estimation originale de $24.5 millions et cela
va coûter $40.765 millions. Lorsque nous avons fait Première
Chute, $26 millions, cela a coûté $35.4 millions.
Manic-5: $237 millions égal $374 millions.
M. LESAGE: Oui, mais vous tenez compte, n'est-ce pas, de l'augmentation
des taux de l'intérêt.
M. GIROUX: Oui, je...
M. LESAGE: C'est la première chose que vous avez dite!
M. GIROUX: Je tiens compte de tout cela. Et puis, dans Manic-5, la
centrale, de $69 millions à $90 millions; maintenant, ces
travaux-là ne sont pas terminés.
Dans Outardes, de $150 millions à $187 millions et dans
Outardes-3,de $83 millions à $128 millions.
M. LESAGE: Est-ce qu'il n'est pas exact de dire, qu'au fur et à
mesure, il y a des changements de spécifications dans le but
d'améliorer des changements dans les plans et devis,
j'entends?
M. GIROUX: Des changements dans? M. LESAGE: Dans les plans et devis.
M. GIROUX: Bien, c'est justement ce qui a toujours coûté
excessivement cher; c'est que...
M. LESAGE: Cela s'applique aux forces de l'Hydro et à
l'entreprise privée.
M. GIROUX: Cela s'applique aux deux, sauf que, actuellement, n'est-ce
pas, on a toujours un avantage certain, dans certain cas, pas dans tous les
cas... Le cas qui est très dommageable, à mon sens, dans une
entreprise comme l'Hydro, c'est d'engager un entrepreneur "cost plus" pour
faire l'ouvrage. L'Hydro va rester entrepreneur par sa direction. Elle a
toujours donné des contrats... pardon?
M. LESAGE: J'ai compris. Ce à quoi vous songez, c'est à un
nouveau partage qui donnerait beaucoup plus à l'entreprise
privée...
M. GIROUX: Dans certains petits contrats et dans des choses comme cela.
Mais dans les normes principales, c'est ce que nous avons étudié.
Maintenant, qu'est-ce que vous voulez, tous les gens font des hypothèses
suivant lesquelles on a fait telle chose... Il y a une différence! Nous
avons étudié et il n'y aucune décision de prise. Je suis
heureux, aujourd'hui, de rencontrer des gens, pour voir quelles sont les
réactions ce que les gens du gouvernement aimeraient voir, et la
façon dont ils aimeraient que ce soit fait.
Maintenant, je tiens à vous dire que ces dépassements
et puis, remarquez bien, ce n'est pas la question de dire que c'est du
vol ces choses-là maintenant, les dépassements ne sont pas
si élevés dans le cas des extras, parce que les extras, on ne les
accepte pas toujours, tandis que dans nos travaux à l'Hydro, on ne peut
pas faire autrement. C'est nous qui les faisons; alors on ne peut pas se
refuser les extras.
M. LESAGE: M. Giroux, pourriez-vous nous expliquer dans l'espoir
que nous comprenions quels sont les facteurs les plus importants qui
pourraient nous faire conclure aux avantages qu'il y aurait de confier une plus
grande partie des travaux à l'entreprise privée? Donnez-nous les
facteurs.
M. GIROUX: Bien, des facteurs, il y a plusieurs facteurs dans la
construction. Quand vous demandez des soumissions, les gens vont
naturellement au plus bas, et puis souvent ils vont pour aller chercher
un contrat pour maintenir leur équipement, leur main-d'oeuvre en
ouvrage, ce que nous, à l'Hydro, nous maintenons continuellement.
M. LESAGE: Alors?
M. GIROUX: Alors, oui, mais qu'on maintienne continuellement, c'est au
coût, tandis qu'eux ils procèdent sur une base de commission
moindre.
M. LESAGE : Oui, mais c'est au coût dans votre cas.
M. GIROUX: Oui?
M. LESAGE : II n'y a pas de commission dans votre cas.
M. GIROUX: Non, non il n'y a pas de commission dans notre cas, et
j'admets que les entrepreneurs prennent un profit...
M. LESAGE: Mais alors?
M. GIROUX: ... mais seulement, si le principe était si mauvais de
regarder cette chose-là pourquoi le gouvernement ne construit-il pas
toutes ses routes comme ça?
M. LESAGE: C'est totalement différent.
M. GIROUX: Ce n'est pas différent, M. Lesage.
M. LESAGE: Oh, absolument différent!
M. GIROUX: Absolument, ce n'est pas différent du tout...
M. ALLARD: Les routes en régie...
M. GIROUX: ... l'ampleur des constructions est aussi grande dans 1'Hydro
que dans le gouvernement!
M. LESAGE: Oui, c'est excellent, mais dans le cas de construction de
routes en régie, l'on sait fort bien tout le monde pas besoin
d'avoir siégé longtemps au conseil des ministres, au conseil de
la Trésorerie pour savoir qu'un des facteurs qui est
considéré, quand on donne des travaux en régie, c'est le
facteur chômage, et que ces travaux en régie, le plus souvent,
sont accordés dans des régions éloignées comme la
Gaspésie, comme l'Abitibi, parce qu'on sait d'avance que ça va
coûter plus cher, étant donné la situation du
chômage, et qu'un des buts, c'est de donner du travail à ceux qui
n'en ont pas. Cela, c'est toujours l'argument. Il n'y a pas un ministre ici ou
un ancien ministre, autour de la table, qui ne sait pas que les travaux sont
accordés en régie, sachant d'avance que ça va coûter
plus cher mais que ça va coûter moins cher d'assistance
sociale.
M. GIROUX: C'est justement la base de notre raisonnement, M. Lesage. On
sait que les travaux...
M. LESAGE: Il n'y aura pas d'assistance sociale dans votre cas!
M. GIROUX: ... en régie coûtent plus cher.
M.LESAGE: Non, pardon! Us coûtent plus cher parce que c'est voulu
de remédier au chômage...
M. GIROUX: II y en a...
M. LESAGE: ... il y a une différence essentielle.
M. GIROUX: Je ne crois pas.
M. LESAGE: Ceux qui s'occupent des travaux de construction de routes ou
de réparation de routes en régie savent d'avance qu'un des buts
du processus, c'est de donner du travail aux gens. Ce n'est pas le cas de
l'Hydro.
M. GIROUX: C'est un facteur qu'on prend énormément en
considération, parce qu'autrement, on irait totalement, par exemple,
dans un cas, actuellement, qui nous faisait analyser la question de Manic,
malgré le montant plus gros à emprunter pour le réaliser,
c'est le nombre d'emplois que ça crée, de beaucoup
supérieur à celui de la construction de l'usine thermique. C'est
un peu la question d'une chose en régie, c'est pour aider à
remédier au chômage!
M.LESAGE: Non, parce que, que vous le confiiez à l'entreprise
privée ou que ce soit fait par les forces de l'Hydro...
M. GIROUX: Bien, il peut y avoir...
M. LESAGE: ... ce gros oeuvre...
M. GIROUX: ... plus ou moins d'employés.
M. LESAGE: ... vous aurez besoin d'une qualité de main-d'oeuvre
qui n'est pas du tout celle que l'on emploie pour la construction et la
réfection des routes lorsque les travaux sont faits en régie, pas
du tout. La question ne se pose pas du tout de la même façon.
M. ALLARD : Quel est le pourcentage de journaliers employés sur
les travaux de barrage?
M. LESAGE: Oui, mais...
M. ALLARD: Oui, mais il y a des journaliers qui sont de la
main-d'oeuvre, et il n'y a aucune complication.
M. LESAGE: II ne faudra pas... la dernière des choses qu'il faut
faire dans un cas comme celui-ci, c'est de comparer avec les journaliers que
l'on emploie pour la voirie pour éviter d'être obligé de
leur payer de l'assistance sociale. Ce qui n'est pas du tout le cas de
l'Hydro.
M. GIROUX: Non.
M. LESAGE: Ce sont les mêmes gens qui travailleraient pour l'Hydro
ou pour l'entreprise privée, comme les journaliers ou autres.
M. GIROUX: Oui, mais il n'y a pas que les routes, vous avez toutes les
bâtisses gouvernementales.
M. LESAGE : Pas en régie, Monsieur Giroux.
M. GIROUX: Hein?
M. LESAGE: Si le gouvernement actuel le fait, il est clair qu'il se
départit de la politique que nous avons suivie.
M. GIROUX: Non, non, il ne le font pas en régie, mais ils le font
par travaux.
M. LESAGE: Pardon?
M. GIROUX: Ils le font par soumissions publiques.
M. LESAGE: Ils le font après demande de soumissions, la loi
l'exige.
M. GIROUX: C'est justement ce que je dis. M. LESAGE: La loi l'exige. M.
ROY: M. le Président, ...
M. LESAGE: Mais le gouvernement ne peut pas avoir un ministère
des Travaux publics et un ministère de la Voirie qui puissent faire tous
les travaux. Tandis que l'Hydro est une corporation publique qui a entrepris
des travaux de construction il y a plusieurs années, qui a prouvé
qu'elle était en mesure de faire de l'excellent travail grâce
à la qualité de ses ingénieurs, de ses fonctionnaires, de
ses employés. Ce n'est pas du tout le cas d'un ministère. C'est
le cas d'une corporation qui est chargée d'établir et de
maintenir dans le Québec un réseau hydroélectrique pour
subvenir à la demande croissante dans le domaine de
l'électricité. C'est une corporation à caractère
commercial. Ce n'est pas un ministère. C'est totalement
différent.
M. GIROUX: C'est la même chose pour les fonds publics.
M. LESAGE: J'ai commencé à vous demander les facteurs,
vous en avez mentionné un. Il y a peut-être des choses que je ne
comprends pas, disons qu'il ne m'a pas impressionné. Est-ce qu'il y en a
d'autres?
M. GIROUX: Non, il n'y en a pas d'autres.
M. LESAGE: II n'y en a pas d'autres. Alors, ce serait le seul facteur
ça?
UNE VOIX: Ce serait le seul facteur.
M. LE PRESIDENT: Le député de Joliette.
M. ROY: M. le Président, après avoir entendu
l'exposé que vous venez de faire et pour utiliser le conseil que nous a
donné le chef de l'Opposition au début: les affaires se discutent
calmement, puis-je vous demander, M. le Président...
M. LESAGE: Cela surprend venant du député de Joliette! Il
veut se montrer à lui-même qu'il doit rester calme.
M. ROY: Je sais que les surprises, vous, vous êtes habitué
à ça! Quand on vit ce que vous avez vécu, vous savez, il
n'y a plus rien qui nous surprend, n'est-ce pas?
M. LESAGE: Vous en êtes encore à l'âge des
surprises!
M. ROY: Celles que vous voulez avoir ou celles que vous avez? M. le
Président, vous avez mentionné tantôt que $265 millions de
dépassement étaient survenus sur six contrats. Je pense que
l'hydro-Québec a plus d'années que 1963 si j'ai bien noté;
vous avez nommé à l'hydroQuébec, des
ingénieurs-conseils, des firmes nouvelles. Antérieurementà
1963, l'Hydro-Québec a certes confié des travaux, a certes fait
réliser des projets. Etant donné qu'à
l'Hydro-Québec comme au gouvernement provincial vous avez une
secrétaire fort efficace et qu'il y a du coulage vous devez avoir
une demoiselle Xerox chez vous alors j'ai obtenu de l'information de
l'intérieur, un renseignement disant qu'au cours de la construction de
Manic-2, la compagnie Engineering Acres avait fait des prévisions
budgétaires et que le projet devait coûter $165 millions. A la
fin, le coût réel a été de $141 millions. Il me
semble que cela se soit fait également dans la province de Québec
par l'Hydro-Québec et par des sociétés
d'ingénieurs.
Egalement le contrat de Carillon qui a été confié
à Shawinigan Engineering, compagnie dissoute depuis ce temps-là
et qui est aujourd'hui Montreal Engineering, les prévisions
é-
taient de $157 millions. Le coût réel a été
de $145 millions.
Vous avez également une partie du contrat de Manic qui a
été confiée à Reynard et Simpsons. Les
prévisions étaient de $26 millions. Le coût réel a
été de $25 millions. Et je ne sais pas si c'est une politique
d'incitation, mais vous vous amenez autour de 1963, je ne sais pas qui
était le gouvernement là-bas. Vous avez des bureaux
d'ingénieurs-conseils qui ont été crées de toutes
pièces. Vous retrouvez Surveyer, Nenninger, Chenevert qui se nomment
SNC: Rapides-des-Iles, prévisions $25 millions, résultat,
coût réel $41 millions. Manic-5, le barrage, vous avez
mentionné tantôt qu'il avait été confié
à ABBDL, Asselin, Benoit, Boucher, Ducharme et Lapointe, le bureau du
député de Laurier je ne sais pas si on doit l'appeler le
député de Laurier parce que, apparemment, il ne se
représentera pas là et il n'a pas de mandat pour être PQ
mais je pense que ABBDL a fait en 1963 des estimations et que les
coûts réels sont largement dépassés.
Vous avez également un bureau qui n'avait jamais fait de barrage,
qui n'avait jamais fait de travaux hydroélectriques, qui s'appelle
Georges Demers, les mêmes gens qu'on retrouve sur le pont de
Québec, Outardes-4 et Outardes-3, prévisions: $150 millions;
coût réel: $187 millions. Outardes-3: $83 millions, coût
réel: $128 millions.
Vous avez également un tas de questions, étant
donné qu'on doit parler sérieusement et calmement d'affaires,
vous avez des points qui inquiètent le grand public. Vous avez des gens
qui s'occupent de relations, des effectifs valables de la nation. Quand on
regarde aux Etats-Unis et ça, disons que c'est peut-être
par déformation au ministère de la Voirie, avec les gens de la
planification quand vous pensez qu'aux Etats-Unis, un ingénieur
professionnel, qui, par formation, est un créateur d'emplois, c'est un
type à la fine pointe du développement: un ingénieur, aux
Etats-Unis, contrôle, dirige ou trouve de l'ouvrage pour onze
techniciens. Je n'ai pas la preuve, mais je m'interroge fortement. On me dit
qu'à 1'Hydro-Québec, sur certains contrats, il y a huit
ingénieurs pour un technicien! J'aimerais qu'on m'explique pourquoi.
J'aimerais, quand on parle de coût, en tenir compte. Si j'étais
directeur de l'HydroQuébec, ou président de
l'Hydro-Québec, je m'interrogerais énormément et
peut-être que, moi aussi, je regarderais du côté de
l'entreprise privée.
Sans vouloir faire de politique partisane et mesquine, je pense que le
gouvernement libéral, en 1963, en aidant la firme ABBDL Asselin,
Benoît, Boucher, Ducharme et Lapointe, je me rappelle, M. Lesage, les
noms de tous ceux-là a posé un geste concret et positif
envers la société québécoise; mais, aujourd'hui,
c'est la survie de cette entreprise, de ce bureau d'ingénieurs-conseils,
qui est en jeu. Doit-on conti- nuer à faire vivre un enfant qu'on a mis
au monde en 1963, ou doit-on lui mettre un pouce sur la gorge?
Je sais que ces bureaux d'ingénieurs-conseils, depuis qu'ils ont
eu des mandats en 1963, ont pu se prolonger en Amérique du Sud, dans les
cadres du plan Colombo, dans les cadres de grandes réalisations
mondiales par la "World's Bank" et par une foule d'associations. Et l'on sait
que des ingénieurs-conseils, avec éducation et formation
canadienne-française et québécoise, ont pu aller
là-bas suggérer, et c'est un actif pour l'industrie
québécoise. Quand on est Canadien, quand on est
Québécois, lorsqu'on est ingénieur-conseil sur une grande
réalisation, sur un travail phénoménal, on est
porté à suggérer et à recommander de la marchandise
qui vient du Québec. C'est la réalité
québécoise qui se prolonge dans le monde entier. Est-ce qu'on
abat des bureaux d'ingénieurs-conseils et que l'on continue à
insérer dans le fonctionnarisme, que ce soit à l'Hydro, que ce
soit dans toutes les régies gouvernementales, des ingénieurs qui
seront là, des techniciens? Je pense que l'on ne leur donne pas,
à ce moment-là, la possibilité...
M. LESAGE: M. le Président, est-ce que vous me permettez une
question? Je voudrais que ce soit clair dans mon esprit. Est-ce que le
député de Joliette croit que les députés, les
autorités de l'Hydro-Québec devraient tenir compte des
intérêts d'un bureau d'ingénieurs privés dans la
décision à prendre? Est-ce que c'est cela que je dois comprendre?
Après tout, ce bureau d'Asselin, Benoit, etc., a continué
à vivre et à bien vivre. On lui a confié la
préparation des plans et devis pour Manic-3. Que fait la survie de ce
bureau dans l'argumentation du député de Joliette?
M. ROY: M. le Président, quand on veut tenter de faire biaiser,
on pose exactement ce genre de question. Si vous parlez de survie, en 1960, il
y a des bureaux d'ingénieurs-conseils, à la Voirie et à
l'Hydro-Québec, qui ont vu leur mandat abandonné.
L'Hydro-Québec a été forcée, ils se sont fait
tordre les bras par le gouvernement libéral pour annuler des
mandats.
M. LESAGE: II n'est pas question de cela du tout, M. le
Président.
M. ROY: Le bureau Asselin, Benoit, Boucher, a reçu un mandat en
1963...
M. LESAGE: Je ne m'y connais pas. M. ROY: Mais moi, je m'y connais.
M. LESAGE : Bon, très bien. Mais, pourquoi la survie de ce bureau
doit-elle être un des facteurs dont nous devons tenir compte dans la
décision à prendre?
M. ROY: On les a créés et cela leur a permis d'aller
chercher des contrats à l'extérieur et de faire vivre...
M. LESAGE: Oui, très bien encore. Qu'est-ce qu'il y a? Comment
est-ce que ce peut-être un facteur?
M. ROY: Parce que ces bureaux-là engagent des professionnels qui
sortent à pleine porte des universités.
M. BOURASSA: M. le Président, je pense que la question qui est
importante, c'est de voir les deux études qui ont été
faites, une qui suggérait un prix d'environ $400 millions et l'autre de
$280 millions. Je pense que c'est le point principal à discuter: Quelles
sont les raisons qui justifient cet écart de $400 millions à $280
millions?
M. GIROUX: Messieurs, pour répondre à certaines choses au
point de vue des bureaux d'ingénieurs-conseils, naturellement, je ne
suis pas qualifié. Il y a des gens très qualifiés, ici,
qui peuvent vous répondre sur ce problème.
Il y a un point que vous mentionnez qui est très bien, en ce qui
concerne des ingénieurs. Si on peut développer des bureaux
d'ingénieurs-conseils qui vont aller vendre en dehors du pays pour faire
de l'exportation, j'en suis. Parce que 1'Hydro a fait un effort pour aider
Marines, pour aider ces compagnies là à se développer et,
aujourd'hui, s'ils peuvent vendre des turbines faites par Marines en dehors, eh
bien, c'est tant mieux pour l'industrie québécoise.
Maintenant, pour ce qui est de vos questions au sujet des
dépassements et des bureaux qui sont arrivés en plus, je crois
que M. Boyd peut répondre à toutes ces questions beaucoup mieux
que moi, parce qu'il était là depuis le début.
Sur la question des techniciens, c'est une chose sur laquelle je ne peux
pas vous répondre. Si nous avons huit ingénieurs pour un
technicien, cela se peut. Mais il doit y avoir une raison.
M. Boyd.
M. BOYD: M. le député Roy a posé plusieurs
questions à la fois. Je vais essayer de répondre. Si je n'ai pas
complètement répondu à chacune des questions, cela me
ferait plaisir de les reprendre.
Il est vrai que nous avons eu des bureaux qui, apparemment,
d'après les chiffres que vous avez cités, ont donné des
estimations qui étaient, peut-être, plus réalistes que
d'autres. Mais avant de commencer, je voudrais faire une correction. Votre
secrétaire Xérox était assez bonne, mais le barrage de
Manic-5, vous avez mentionné ABBDL et c'est Serveyer, Nenniger,
Chênevert.
M. ROY: Alors j'écrirai à mademoiselle Xérox.
M. BOYD: Cela a une importance assez grande, parce que ABBDL, c'est la
centrale de Manic-5 qu'ils ont eue. Ils avaient estimé à $69
millions; c'est $90 millions. Tout de suite, on peut expliquer une partie du
dépassement par les intérêts intercalaires ou
l'intérêt durant la construction, qui représente $8
millions d'augmentation tout de suite. Alors, vous êtes rendus à
$77 millions, par rapport à $90 millions. Il y a d'autres explications
qui peuvent être données, mais c'est quand même
déjà assez près de la réalité.
Au cours des travaux, des modifications ont été faites,
des améliorations ont été apportées. Il y a eu des
quantités supplémentaires qui étaient
imprévisibles. Mais le dépassement n'est pas tellement grave dans
ce cas-là.
Vous soulevez un point que nous n'osions pas soulever. Vous mentionnez
que les ingénieurs-conseils, qui ne sont pas du Québec, auraient
été en mesure de nous donner des estimations meilleures que
celles du Québec. Ce n'est pas tout à fait le portrait complet.
Nous n'aurions pas voulu aborder ce problème de cette façon.
Dans le cas des dépassements dont parlait le président
tout à l'heure, qui sont de l'ordre de $265 millions, je crois qu'il a
mentionné, dans son texte, qu'une bonne partie peut être
expliquée par les intérêts durant la construction, les
augmentations de salaires, les augmentations des matériaux et les
augmentations de bénéfices sociaux, les grèves. Si vous me
donnez une seconde, je vais retrouver mes chiffres.
M. BERTRAND: Page 5 de votre texte.
M. BOYD: Oui. Alors, sur les $265 millions, il y a près de $100
millions qui sont dus à l'augmentation imprévisible de
l'intérêt. Un autre fait, c'est que lorsqu'on a fait les
estimations, il avait été supposé, par les estimateurs,
que dès qu'il aurait mise en eau du barrage Manic-5, une partie du
barrage serait transférée à l'exploitation, et, dès
ce moment-là, une partie de l'intérêt serait chargée
de l'exploitation et non pas capitalisée. Pour de bonnes raisons, notre
direction générale des finances et de la comptabilité a
décidé qu'il n'en serait pas ainsi, que ce serait seulement
à compter où on tirerait de l'eau du barrage Manic-5 pour
l'exploitation de la centrale Manic-2, que l'on commencerait à charger
de l'exploitation une partie du barrage. Ce qui explique une assez grande
différence dans les taux d'intérêt.
Mais au point de vue de l'ensemble de l'Hydro, cela ne change pas
beaucoup le portrait.
M. LESAGE: Mais ce qui veut dire, M. Boyd, que même aujourd'hui,
les intérêts sur le coût
de construction de Manic-5 continuent d'être imputés au
projet et non pas à l'exploitation.
M. BOYD: D'accord,...
M. LESAGE: ... puisque les turbines ne tournent pas.
M. BOYD: En grande partie, c'est vrai, M. Lesage.
M. LESAGE: Cela fait une jolie différence dans les estimations,
surtout au taux d'intérêt qu'il faut payer actuellement.
M. BOYD: Comme je vous disais, en résumé sur les $265
millions, il y a près de $100 millions qui sont explicables par les taux
d'intérêt, soit l'augmentation soit ce que je viens de dire au
sujet de Manic-5. Il y a également le salaire moyen; en 1965, le salaire
moyen était de $1.70, en 1968, il était de $3.60 sur nos
chantiers. Je ne dis pas ces chiffres-là pour critiquer ces
augmentations, c'est simplement pour les citer. Les charges sociales sur nos
chantiers étaient en 1960 de 6 p.c, en 1968, il elles étaient de
17.5 p.c.Lorsque les estimations ont été faites en 58/59, il
n'était pas possible à ceux qui estimaient de prévoir des
augmentations aussi grandes. La même chose s'applique pour les
coûts des matériaux ainsi que les bénéfices sociaux.
Je pense que cela explique en grande partie les dépassements de $265
millions.
Au sujet de la question de M. le député Roy, concernant le
rapport des ingénieurs et techniciens, cela fait longtemps que les
dirigeants de l'Hydro s'inquiètent de ce problème; et nous
voudrions avoir beaucoup plus de techniciens. En fait, j'ai fait des
conférences à des associations de techniciens, et je pense que
c'est l'opinion de M. De Guise, qui est ingénieur à l'Hydro
également depuis longtemps, et maintenant comme commissaire. Nous
voudrions avoir cinq techniciens pour un ingénieur. Mais, dans la
province de Québec, actuellement, nous ne pouvons pas trouver tous les
techniciens qualifiés que nous voudrions avoir pour nos
ingénieurs. Ce n'est pas notre problème, mais je réponds
tout simplement à votre question.
M. ROY: Excusez-moi, M. Houde, quelle est la relation actuellement?
M. BOYD: C'est plutôt près de 1 à 1. M. ROY: C'est
de 1 à 1.
M. BOYD: Je ne sais pas, M. Roy, si j'ai pu répondre à
votre question.
M. ROY: Oui, très bien.
M. BOYD: Pendant que j'ai la parole, j'aime- rais reprendre à la
page 4 de la déclaration de M. le président Giroux, ce que M.
Lesage citait tout à l'heure. Je pense que les mots sont importants.
"Nous étudions la possibilité de confier des contrats à
l'entreprise privée dans une proportion différente de celle
utilisée dans le passé afin de déterminer si nous pouvons
réaliser des économies en construisant Manic-3 selon une nouvelle
formule." Il faut préciser qu'il n'y a pas de décision de prise,
nous étudions la possibilité non pas de faire une
expérience et de voir ensuite ce que cela va donner; nous
étudions dans le moment s'il y a avantage à décider d'une
façon ou de l'autre. Donc, il n'y a aucun engagement de pris d'une
façon ou de l'autre. Je pense que la nuance est assez importante.
M. BINETTE: M. Boyd, si l'Hydro-Québec décidait
d'accorder...
M. LESAGE: Disons que cela aurait pu être plus clair, M.
Boyd...
M. BOYD: Peut-être, mais j'ai pensé à la suite de
votre question, d'expliquer...
M. LESAGE: Parce qu'il me semble bien, à écouter M.
Giroux, que c'est une expérience que l'on voulait faire.
M. BOYD : Ce que nous faisons dans le moment, nous nous
préparons. Cette fois-ci, notre décision est
arrêtée, M. Giroux l'a indiqué, nous voulons, pour
éviter les dépassements qu'il y a eu ici, qui sont aussi en
grande partie dus au fait qu'étant pressés de faire de si
nombreux projets à la fois, souvent, les travaux ont été
commencés alors que les plans et les devis n'étaient pas
prêts. C'est un fait connu, tout le monde qui est allé sur les
chantiers a dû entendre les ingénieurs des chantiers dire cela.
Alors, cette fois-ci, nous ne voulons pas être pris dans cette
situation.
Nous avons demandé à nos ingénieurs, nos
ingénieurs-conseils de préparer plans et devis et de les
préparer de façon qu'on puisse donner n'importe quelle partie de
cela, soit à l'Hydro, soit à l'entreprise privée. C'est
également notre intention de faire que, si c'est l'Hydro-Québec,
le gérant d'un chantier soit considéré comme un
gérant d'entreprise.
Donc, pour cela, il faut être prêt. C'est ce qu'on a fait;
c'est ce que beaucoup de monde assure, avec le Xérox qui circule,
être des décisions sans en être du tout.
M. LESAGE: Vos analyses et vos estimations comparatives ne sont pas
terminées?
M. BOYD: Non, monsieur.
M. LESAGE: Alors, c'est pour cela qu'il ne vous est pas possible de nous
dire en piastres et
en cents, ce matin, quels pourraient être les avantages ou
désavantages financiers d'une nouvelle formule...
M. BOYD: Exactement.
M. LESAGE: ... qui n'est pas précisée et dont l'estimation
en coût n'est pas faite?
M. BOYD: D'accord.
M. BOURASSA: Dans le communiqué que vous avez émis le 6
novembre, vous dites: "L'Hydro-Québec entreprendra la construction de la
centrale hydroélectrique Manic-3, sur la rivière Manicouagan, au
printemps prochain. On estime que la réalisation du projet coûtera
$300 millions, et que celui-ci sera achevé dans sept ans."
M. BOYD: C'est cela.
M. BOURASSA: Là, la décision est prise. Sur quoi vous
basez-vous pour prendre la décision sur le coût sur $300
millions ? Vous avez parlé tantôt d'une étude
à $400 millions et d'une autre étude à $280 millions.
M. BOYD: Cela me fait plaisir de l'expliquer.
C'est au début de la citation de M. Giroux le rapport qui
nous avait été soumis par la direction générale du
génie, venant de la direction des travaux d'aménagement, on
l'avait ajusté pour le taux d'intérêt courant il
avait été préparé précédemment,
utilisant des taux d'intérêt plus bas on l'avait ajusté
pour le taux d'intérêt courant qui, à ce moment-là,
était de 8 1/2 p.c; c'est ce qui a amené $400 millions. Ce projet
qui nous était soumis, aux environs de $400 millions, était sur
la base des travaux au chantier Manic-3, qui allaient se dérouler sur
une période de dix ans.
Lorsque nous avons demandé à nos directions
générales du génie, à nos
ingénieurs-conseils, d'étudier la chose, nous leur avons
demandé s'il y avait possibilité de changer la séquence du
travail ou la programmation pour le faire plus rapidement. Après ces
études, et aussi après consultation de nos gens avec les
spécialistes mondiaux en barrage, comme celui de notre barrage
principal, c'est-à-dire, le docteur Casagrande, il a été
décidé par nos ingénieurs et par nos
ingénieurs-conseils, qu'on pouvait faire le chantier de Manic-3 en sept
ans.
Alors, c'est la principale explication de cette différence. Vous
comprenez?
M. BOURASSA: Dans les $120 millions? M. BOYD: Dans les $120
millions.
M. BOURASSA: Pas moyen d'avoir des détails?
M. BOYD: Oui, je vais vous en donner. L'intérêt
intercalaire est diminué de $45 millions. L'inflation est
diminuée de $12 millions. On a fait également certaines
modifications des structures, qui représentent $20 millions. Notre
projet étant plus à point, comme je vous l'ai dit tout à
l'heure, on a poussé plus loin que jamais nos préparatifs. Il y a
possibilité de diminuer les imprévus de $12 millions par rapport
à ce que nous avions et il y a également $7.5 millions qu'on peut
réduire. Explication: C'est que dans le programme qui avait
été soumis précédemment, on prévoyait faire
le remplissage du barrage Manic-3 à l'automne et dans le programme qu'on
fait maintenant, on peut le remplir au printemps, ce qui veut dire
l'équivalent d'une retenue d'eau venant de Manic-5 qui vaut $7.5
millions; cela vous fait $96 millions, si vous voulez bien additionner, sur les
$120 millions que je viens de vous expliquer.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques.
M. COURNOYER: J'ai deux observations: la première qui est
à la page 2 du texte lu par le président de
l'Hydro-Québec. En somme, il semble que la réalisation du projet
Manic-3, lui-même, soit questionné présentement et qu'on se
demande s'il y a lieu de le construire ou de construire une centrale
thermique.
Donc, il n'y a rien de définitif quant à la construction
du barrage Manic-3. Il n'y a rien de définitif.
M. LESAGE: M. Cournoyer, est-ce que cela veut dire qu'il est possible
que Manic-3 ne soit pas construit du tout?
M. GIROUX: Bien, il est possible que Manic-3 ne soit pas construit...
pas du tout; mais il est possible que Manic-3 soit remis.
UNE VOIX: Oui, mais votre bill...
M. LESAGE: Mais vous n'en avez pas besoin en 1976?
M. GIROUX: On peut aller avec un "thermique".
M. LESAGE: Bien oui, mais...
M. GIROUX: Parce que dans toute la province...
M. LESAGE: Qu'est-ce que ça donne? Qu'est-ce que ça va
vous donner au point de vue économique de retarder Manic-3 devant
l'augmentation constante des coûts de la vie? Il me semble qu'il y a
avantage à construire le plus tôt possible les ouvrages permanents
où la proportion du coût est beaucoup plus importante à
l'article "construction", le plus
tôt possible, parce que la différence entre
l'hydroélectrique et le thermique, c'est la différence dans la
proportion des coûts de construction et des coûts
d'exploitation!
M. GIROUX: Bien, voici...
M. LESAGE: II me semble que...
M. GIROUX: ... tout dépend. Naturellement, là on a une
base d'intérêt qui était de 8 1/2 p.c...
M. LESAGE: Oui.
M. GIROUX: ... on doit admettre qu'il faut y regarder. Dans des cas
d'augmentation d'intérêt, naturellement si on prend Manic-5 comme
coût, l'électricité aujourd'hui nous revient beaucoup plus
cher qu'on ne l'avait prévu.
M. LESAGE: C'est clair!
M. GIROUX: A ce moment-là dans toute une programmation, il faut
regarder par exemple, s'il faut d'ici dix ans faire soit du thermique et
Manic-3 et il faut regarder s'il n'est pas plus avantageux de faire Manic-3
tout de suite, si le taux d'intérêt nous le permet, ou d'aller en
thermique si le coût nous le permet. En plus de cela il y a toujours
aussi les choses, les questions de la totalité des emprunts qu'on a
à faire sur ce marché.
M. LESAGE: Oui, je comprends. Il faudrait que vous misiez sur une
diminution possible des taux d'intérêt et sur une stabilité
de l'augmentation de la main-d'oeuvre, du coût de la main-d'oeuvre, du
coût de la vie et du coût des matériaux.
M. GIROUX: Je suis bien prêt à miser... M. LESAGE: Bien
misez!
M. GIROUX: ... mais on a fait ça il y a deux ans aussi, on a
misé et on a un peu...
M. LESAGE: Oui, c'est ça. Pourquoi prendre le risque de miser sur
des diminutions possibles?
M. GIROUX: Des diminutions possibles de taux d'intérêt.
M. LESAGE: Oui, et une stabilisation des prix!
M. GIROUX: II faut toujours miser sur quelque chose.
M. LESAGE: Oui, mais enfin...
M. GIROUX: Là actuellement, on...
M. LESAGE: Ceux qui ont fait ça il y a deux ou trois ans se sont
cassé la pipe !
M. GIROUX: On mise actuellement, M. Lesage, sur la question du taux
d'intérêt, parce qu'il faut les construire toutes les deux, ces
choses-là; il faut les construire toutes les deux!
UNE VOIX: On n'a pas terminé...
M. LESAGE: M. Giroux,... ça m'a tellement frappé, parce
que je ne crois pas que dans le contexte actuel on puisse
préférer aller au thermique quand on est aussi avancé dans
la préparation des plans et devis de Manic-3.
M. GIROUX: Maintenant il y a un point qui est très important,
c'est...
M. BOURASSA: Combien sont les dépenses de Manic-3 depuis le
début? Combien avez-vous dépensé pour Manic-3?
M. GIROUX: Pour Manic-3? Une vingtaine de millions de dollars.
M. BINETTE: Question incidente, M. Giroux. Est-ce qu'une étude a
été faite entre le coût de production d'un millier de
kilowatts-heures produit par énergie thermique et un millier de
kilowatts-heures produit par les forces hydrauliques?
M. DEGUISE: Les études ont été faites, mais
malheureusement avec les variations des coûts
d'intérêt, il faut les réviser et l'augmentation du prix de
la machinerie de ce temps-ci, ça change...
M. BINETTE: Alors actuellement vous n'avez aucune
comparaison valable entre la production thermique et la production
hydraulique?
M. DEGUISE: Nous avons des comparaisons. Il faudrait peut-être les
remettre à jour mais je pense que...
M. BINETTE: Mais en comparant, par exemple, le coût de la
production thermique en 1964 avec le coût de production hydraulique en
1964, vous pouvez avoir des points de comparaison qui sont équivalents.
Est-ce que vous avez une comparaison que vous pourriez nous fournir?
M. DEGUISE: Je pense que le point de départ serait probablement
le coût de construction. Pour vous donner une meilleure idée, le
problème auquel fait face l'Hydro-Québec actuellement, c'est que
si on fait Manic-3 même avec les estimations faites avec des
intérêts de 8 1/2 p.c, on parle de $282 millions ou $300 millions.
Eh bien, la même puissance, la même énergie, vous pourriez
la
rendre disponible pour une dépense capitale de $160 millions
à $175 millions en thermique. Maintenant remarquez que le coût du
kilowatt-heure va augmenter en conséquence, à mesure qu'on
utilise du combustible, mais s'il y a une contrainte financière due
à des difficultés d'emprunt, on peut sortir de l'impasse
temporairement en dépensant $160 millions ou $175 millions au lieu de
$300 millions.
M. BINETTE: Mais cette différence de coûts ne pourrait pas
être comblée par les distances des lignes à construire?
L'investissement que vous faites pour la construction de lignes très
longues, c'est déjà un investissement considérable, tandis
qu'avee la thermique vous pouvez la bâtir beaucoup plus près des
centres.
M. DEGUISE: Bien, disons qu'on en tient compte indirectement lorsque je
dis que l'on peut faire du thermique à $160 ou $175 du kilowatt, alors
que l'hydraulique, Manic-3, c'est $300 et même nous n'avons pas les
lignes, les lignes sont déjà faites.
M. LESAGE: Oui, mais le coût d'exploitation est beaucoup plus
élevé, malgré la longue distance, pour le thermique.
M. DE GUISE: Mais, là, ça devient...
M. LESAGE: Vous payez l'huile. Vous payez constamment le "bunker oil" et
puis vous le payez de plus en plus cher.
M. DE GUISE: Seulement, cela devient un peu plus marginal.
M. LESAGE: C'est difficile de prévoir que ça va
diminuer.
M. DEGUISE: S'il y a $125 millions de différence dans le
coût capital et qu'on a des charges fixes d'intérêt et
d'amortissement de 11 p.c. à 12 p.c, ça devient plus marginal, la
différence entre le thermique et...
M. LESAGE: Je l'admets. Mais, d'un autre côté, nous avons
certainement intérêt à construire de
l'hydroélectrique, même lorsque les prix sont comparables
vous dites marginal . Même lorsque les prix sont comparables, il y
a avantage à construire de l'hydroélectrique, parce que
l'existence de l'hydroélectrique est beaucoup plus longue que la
période d'amortissement prévue. Cela, je pense bien que vous
allez l'admettre, monsieur. Il y a des gens qui ont une fausse impression, et
je voudrais que vous rétablissiez les faits. Il y a des gens qui
s'imaginent que s'il est question de ne pas construire Manic-3, c'est parce que
nous aurons tout ce qu'il nous faut de Churchill. Je voudrais bien que vous
expliquiez, M. Giroux et M. De Guise, que Manic-3 a été
retardé parce que nous étions pour recevoir
l'électricité de Churchill, mais qu'en 1976 et c'est ce
que vous dites ce matin soit Manic-3, soit du thermique additionnel est
nécessaire.
M. DE GUISE: D'accord!
M. LESAGE: De toute façon, il faut de
l'électricité, il faut un volume nouveau
d'électricité en dehors de Churchill, additionnel à
Churchill, en 1976; la discussion que nous avons présentement c'est:
Est-ce que ça doit être Manic-3 ou le thermique? Je vous avoue que
moi, dans les circonstances actuelles, je ne vois pas qu'il y aurait avantage
à aller au thermique et qu'il vaudrait mieux construire Manic-3 pour des
raisons que je viens de mentionner.
M. BINETTE: Mais est-ce que l'atomique ne pourrait pas... vous n'avez
aucun prix pour la production atomique?
M. DE GUISE: Les chiffres les plus récents sur l'atomique
indiquent que, comme dépenses capitales, c'est très voisin de
l'hydroélectrique.
M. LESAGE: Oui.
M. DE GUISE: Comme dépenses capitales.
M. LESAGE: De l'hydroélectrique...
M. DE GUISE: Dépenses d'investissement.
M. LESAGE: Et ça coûte plus cher d'exploitation.
M. DE GUISE: Cela coûte plus cher d'exploitation.
M. LESAGE: Malgré la transmission. M. DE GUISE: Malgré la
transmission. M. LESAGE: Malgré la transmission.
M. DE GUISE: Quand on a de la transmission.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jacques.
M. COURNOYER: M. le Président, ma deuxième question, en
fait, est incidente à la première. La première c'est cette
question que l'on se pose, pas question de coût, s'il y aurait lieu de
modifier la décision déjà prise de construire Manic-3 ou
de procéder par centrale thermique. A la deuxième, on retrouve,
à la page 5 de votre exposé, que, "Dans son dernier rapport, le
bureau d'ingénieurs-conseils nous a laissé entrevoir dans ses
recommandations des économies si nous procédions selon une
nouvel-
le formule de partage des contrats entre l'Hydro-Québec et
l'entreprise privée".
J'ai écouté tantôt M. Boyd parler de ce qui avait
causé cette augmentation de $265 millions ou ce dépassement de
$265 millions, et il a été attribué $100 millions au
coût accru de l'intérêt pendant la période de
construction, et aussi une question de livres, une question comptable, à
savoir si c'était affecté à l'exploitation ou à la
construction. Cela a été affecté à la construction
plutôt qu'à l'exploitation.
Il y a aussi eu comme raison, l'augmentation des salaires,
l'augmentation des bénéfices sociaux de même que
l'augmentation naturelle, je pense, du prix des matériaux.
Dans la formule qui est suggérée par des
ingénieurs-conseils, est-ce que les épargnes si on peut
appeler ça les épargnes ou la différence des
coûts pourraient être d'un ordre aussi important que l'importance
donnée, par exemple, à $265 millions sur $855 millions, alors que
le coût d'intérêt, s'il était maintenu ou s'il
augmentait, serait la même chose, semble-t-il, pour l'entreprise
privée que pour l'Hydro-Québec, et que les salaires
à moins que la CSN n'ait décidé de traiter
différemment les entreprises privées qu'elle ne traite
l'Hydro-Québec, ce qui n'a pas été le cas à
Manicoua-gan et que le coût des bénéfices sociaux ne
soit absolument pas augmenté?
A quel endroit, toujours selon les ingénieurs-conseils, et non
pas selon 1'Hydro, puisque la décision n'est pas prise, à quel
endroit trouverons-nous une épargne suffisante en morcelant, comme on le
dit ici, l'ensemble des ouvrages de façon à obtenir des contrats
d'un ordre de grandeur compatible avec la capacité des entreprises
importantes de construction québécoises? Est-ce qu'il y a un
endroit précis?
M. BOYD: Evidemment là ou se porte l'étude que l'on fait,
c'est sur les travaux préliminaires tels que routes, ponts,
installations de chantiers. Il y a surtout les structures permanentes comme le
barrage principal, le barrage déversoir, l'excavation de la centrale,
les canaux de dérivation, les batardeaux. C'est sur ces articles qui
sont plutôt des articles de génie civil, parce que la partie
électrique et mécanique a toujours été
confiée à l'entreprise privée. M. Giroux a
mentionné tout à l'heure l'encouragement que l'on donnait aux
entreprises électriques du Québec, alors cette partie-là
n'est donc pas affectée par l'étude. Il reste aussi qu'on
élimine les frais d'administration, les frais d'intérêt les
frais de génie-conseil et toutes ces choses; il reste, comme je viens de
vous le dire, les travaux de génie civil qui peuvent être
affectés, où l'on peut effectuer des économies, et c'est
là qu'on regarde pour voir si c'est intéressant ou non. Je vous
dis que nous n'avons pas les chiffres et que nous les faisons préparer;
si la réponse est intéressante, cela sera dans un sens ou dans
l'autre.
M. BOURASSA: Est-ce qu'on doit comprendre que l'Hydro-Québec a
modifié son attitude depuis le 6 novembre?
M. ALLARD: Cela a été marqué dans le rapport.
M. BOURASSA: Non d'accord. Mais je veux dire ici là. Dans le
rapport du 6 novembre on a dit...
M. ALLARD: Oui, mais il le dit dans son rapport.
M. BOURASSA: Alors pour le moment c'est différé quand?
C'est à la fin de janvier que vous voulez prendre votre
décision?
M. BOYD: M. De Guise a répondu tout à l'heure. Je voudrais
ajouter pour préciser que le thermique coûte environ $150 du
kilowatt installé. Manic-3 coûtera, on l'espère, $260 et le
nucléaire monte de jour en jour; on estimerait l'installation à
$325 du kilowatt. Quand la décision a été prise pour
construire Manic-3 avant l'annonce du 4 novembre, nous avions cette
étude qui démontrait que Manic-3 produisait de l'énergie
à meilleur compte qu'une centrale thermique. C'est pour ça que la
décision a été prise à ce moment-là. Et
depuis que l'intérêt est à 10 p.c. et peut-être qu'il
augmentera jusqu'à 11 p.c. comme on nous le laisse entendre, je pense
qu'en administrateur, on ne peut tout simplement pas ignorer ce fait et ce que
nous avons demandé à nos ingénieurs, c'est de reprendre le
programme, de mettre dans l'ordinateur les nouvelles données et de nous
sortir une nouvelle réponse. Est-ce que Manic-3 est encore plus
économique au point de vue de l'énergie d'abord, et est-ce qu'au
point de vue de la capacité d'obtenir de l'argent, on doit faire Manic-3
maintenant et le thermique après? Ou le thermique avant et Manic-3
après? Mais il nous faut construire quelque chose pour 1976.
M. BOURASSA: Pour 1976. Est-ce que des études ont
été faites pour les besoins d'énergie en 1976-1977? Et
d'après les études qui ont été faites, vous avez
absolument besoin de Manic-3 pour 1976?
M. BOYD: Oui monsieur, et nous avons des études qui vont jusqu'en
1985, je crois, et nous prévoyons que l'augmentation de la demande va
continuer à être autour de 7 1/2 p.c. par année, ces
années-ci.
M. BOURASSA: Mais vous prévoyez sept ans pour Manic-3, pour sa
construction. Vous dites que votre décision n'est pas encore prise pour
la construction.
M. BOYD : Les ingénieurs sont à étudier ce
que je viens de vous dire. La réponse, ils doivent nous la
donner, on l'espère, vers le milieu ou du moins à la fin de
janvier. C'est à ce moment-là qu'il faut prendre la
décision, on ne peut pas attendre beaucoup plus tard que cela.
M. BOURASSA: A cause du sept ans. M. BOYD: A cause de cela.
M. BOURASSA: Cela veut dire qu'il faut que cela soit prêt pour
1977.
M. BOYD: D'accord, la fin de 1976, début de 1977.
M. BOURASSA : Pour répondre aux besoins d'énergie selon
les études qui ont été faites par vos
spécialistes?
M. BOYD: Oui.
M. BOURASSA: Alors, cela vous donnera seulement quelques jours pour
prendre la décision?
M. BOYD: On l'espère. On m'a dit que la réponse de notre
planification nous serait donnée vers le milieu de janvier, cela nous
donne deux ou trois semaines pour prendre notre décision. Je pense que
c'est suffisant.
M. GIROUX: II s'agit de mettre des chiffres sur la table.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Deux-Montagnes.
M. BINETTE: Si Manic-3 est construit, à ce moment-là,
nécessairement, si on en donne plus à l'entreprise privée,
il est prévisible que vous aurez besoin de moins d'ingénieurs
à l'Hydro-Québec. Vous avez 650 ingénieurs actuellement.
Que ferez-vous de ces ingénieurs?
M. BOYD: Eh bien, 650 ingénieurs... Cela affecte très peu
les ingénieurs de l'Hydro, des chantiers de l'Hydro.
M. BINETTE: Les techniciens?
M. BOYD : Non plus. Le gros de nos ingénieurs est à la
direction des projets électrotechniques. Cette direction n'est pas
affectée du tout. La direction qui s'occupe des lignes de transport
n'est pas affectée. Il y a la direction des projets d'aménagement
qui le serait légèrement et la direction...
M. BINETTE: En construction.
M. BOYD: ... de la construction. Par rapport aux 660 ingénieurs?
Très peu.
M. BINETTE: Cela veut dire 5 p.c, 10 p.c?
M. BOYD: Eh bien, je ne pense pas que ce soit 10 p.c, parce qu'il est
certain que si nous donnons plus de contrats à l'entreprise
privée, il faudrait quand même se souvenir que nous demeurons
l'entrepreneur général.
Pour vous donner une idée, dans le cas des chantiers de
Manic-Outardes, nous avons donné environ 23 p.c. du montant global
à l'entreprise privée. Que nous en donnions plus ou moins, c'est
la question, mais nous demeurons responsables du génie et de la
construction et le nombre d'ingénieurs ne sera pas de beaucoup
diminué. Si nous donnions un peu plus de travaux à l'entreprise
privée, il est certain que, pour avoir de bons résultats, nous
voudrions mettre plus d'ingénieurs et de techniciens à la
surveillance.
M. BINETTE: Quelle proportion est-il envisagé, dans
l'étude, de donner à l'entreprise privée? Vous n'en avez
aucune idée dans le moment?
M. BOYD: Non.
M. BINETTE: Est-ce que cela irait jusqu'à, 50 p.c, 60 p.c. ou 80
p.c?
M. BOYD: Je ne suis pas en mesure de répondre à cela dans
le moment.
M. BERTRAND: M. Boyd, à la page 4, vous dites que, pour Manic-5,
vous avez accordé 64 contrats se totalisant à $65 millions.
Est-ce que, dans l'ordre du projet de Manic-3, vous avez une idée de ce
que pourrait être une nouvelle répartition que vous
suggèrent vos ingénieurs, que vous n'avez pas acceptée
encore?
M. BOYD: Nos ingénieurs-conseils, dans leur déclaration,
suggéraient, comme une de leurs hypothèses de travail, que les
travaux de construction soient accordés à l'entreprise
privée sur une base de compétition, en morcelant l'ensemble des
ouvrages de façon à obtenir des contrats d'un ordre de grandeur
compatible avec la capacité des entreprises importantes de construction
québécoises. Ils ne mentionnaient là aucune
proportion.
M. BERTRAND: Aucune.
M. BOYD: En nous suggérant cela, on peut se demander s'ils
suggéraient 100 p.c, ou 20 p.c, ou 50 p.c; il n'y avait pas de
proportion de suggérée. Je pense que c'est à
l'Hydro-Qué-bec de prendre cette décision, et non pas à
l'ingénieur-conseil qui nous faisait une suggestion.
M. BOURASSA: C'était dans leur mandat, je suppose. Vous leur avez
confié un mandat de réduire les coûts et, dans le
mandat...
M. BOYD: Oui. Nous leur avons...
M. BOURASSA: ... il pouvait être recommandé que...
M. BOYD: Dans le mandat, nous leur avons posé plusieurs
questions. Cela en était une. Est-ce qu'il y a avantage ou non à
confier davantage à l'entreprise privée? C'est la question
posée.
M. BOURASSA: Oui. Sans préciser de proportions.
M. BOYD: C'est cela.
M. BOURASSA: Dans les $20 millions qui ont été
dépensés pour Manic-3, est-ce que vous pourriez donner des
détails? Vous avez dit tantôt qu'il y avait déjà $20
millions de dépensés pour Manic-3.
M. BOYD: Ce sont les études préliminaires de sondage, de
recherche de matériaux, de graviers etc.... Ce sont des études de
génie, ce sont...
M. BOURASSA: Vous n'avez pas la proportion entre les études et
les travaux matériels?
M. BOYD: Les travaux productifs ou des travaux conduisant... Il n'y a
pas une partie du barrage de commencée dans nos travaux. C'est la
recherche de matériaux, la recherche de méthodes, le
problème était très compliqué, comme vous le savez,
avec le sillon extraordinaire qu'il y a dans le lit de la rivière. Il a
fallu consulter à l'extérieur. Il a aussi fallu enfouir des pieux
pour voir si la méthode "voile" pour soutenir le barrage serait bonne,
donc des piliers ou des...
M. BOURASSA: Vous n'avez pas de détails quant aux chiffres? Vous
donnez toute une série de choses qui ont été faites.
M. BOYD: Je pourrais le retrouver, je ne l'ai pas à la
mémoire, mais je pourrais le retrouver plus tard.
M. BOURASSA: Pour cet après-midi? M. BOYD: D'accord.
M. BOURASSA: Vous mentionniez tantôt $96 millions, quand on a
parlé des $400 millions ou des $280 millions. On est arrivé
à un total de $96 millions, mais il y a eu une autre question, et il
manquait $25 millions, si j'ai bien compris. Je m'excuse, si j'ai mal compris,
mais vous avez donné quelques exemples ou quelques faits qui expliquent
l'écart de $400 millions à $280 millions mais mon total à
moi était $96 millions.
M. BOYD: Oui, si vous voulez, je peux aussi vous aligner ces chiffres.
Je pourrai vous donner ces chiffres cet après-midi, si vous
permettez...
M. BOURASSA: D'accord.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Mégantic.
M. BERGERON: M. le Président, si l'on prend connaissance du texte
que M. Giroux nous a donné tout à l'heure, je pense qu'il est
exact de souligner que la seule raison fondamentale qui amènera
peut-être un changement de décisions, c'est le domaine
économique. C'est exact? Maintenant, est-ce que, dans la décision
à prendre, on pourra considérer le problème du
chômage au Québec? Est-ce que l'on va envisager, par exemple, la
possibilité de savoir si la décision de confier à
l'entreprise privée les travaux de Manic-3 va améliorer la
situation du chômage au Québec ou, si c'est l'Hydro, si cela va
améliorer la situation du chômage...?
M. GIROUX: Voici, il y a plusieurs questions, mais prenons-en une, par
exemple: au point de vue du nombre de personnes qui peuvent travailler
là, on présume que c'est à peu près la même
chose que ce soit l'Hydro, l'entreprise privée ou enfin, il peut y avoir
des variantes, mais pas tellement. Au sujet des coûts directs de
l'électricité sur une période donnée, la commission
ne s'est pas assise là-dessus. Je favoriserais l'essor économique
que donne Manic-3, comparé à une usine thermique. Je prendrais en
considération, même si le pourcentage est plus haut, d'aller
à Manic-3 plutôt qu'à l'usine thermique, parce que je n'ai
aucune proportion; mais, dans l'usine thermique, je le pense bien M.
Boyd, combien y a-t-il d'outillage et tout cela qui doit venir de
l'extérieur presque toute la machinerie vient d'en dehors du
pays. Tandis que, dans un plan comme Manic-3, on peut dire qu'une grosse partie
peut être comme ouvrée ici.
M. BERGERON: Comme question supplémentaire, est-ce que la crainte
que vous envisagez, ou ce que vous souhaitez, c'est de dépenser,
à une date donnée, le plus possible selon vos moyens? Est-ce
à peu près cela le dilemme dans lequel vous vous trouvez?
M. GIROUX: Bien, peut-être pas le plus possible, je dirais
plutôt le moins possible, pour arriver à un coût qui est le
moindre en tenant compte de nos coûts.
M. BERGERON: Merci.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y en a d'autres qui...
M. BOURASSA: Est-ce que je pourrais vous
demander d'apporter aussi cet après-midi les prévisions de
besoins qui ont été faites pour les années de 1971?
M. GIROUX: Vous aimeriez avoir, si je comprends bien, une projection des
besoins.
M. BOURASSA: C'est cela.
M. GIROUX: Une projection de...
M. BOURASSA: ... de l'offre...
M. GIROUX: ... de l'offre, pour cela, quels seront les genres de
projection que l'on peut planifier, combien de Manic, combien de l'usine
thermique, combien de...
M. BOURASSA: D'accord. M. GIROUX: C'est cela que...
M. BOURASSA: Oui, ces chiffres-là, plus les autres que j'ai
demandés sur les $20 millions...
M. GIROUX: ... les $20 millions, le différentiel, à
l'oeil, je vais vous le dire, l'erreur, c'est le coût
d'intérêt.
M. BOURASSA: Non, je veux dire les $25 millions, tantôt, il y a
$120 millions d'écart...
M. GIROUX: Oui.
M. BOURASSA: ... de $96 millions à $120 millions et ensuite les
$20 millions, le coût de Manic, le détail des chiffres.
Voulez-vous nous donner ces trois séries de chiffres cet
après-midi?
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition.
M. LESAGE: M. Giroux, M. Boyd ou M. De Guise, quel est le personnel en
ingénieurs? Deuxièmement, en cadres, c'est-à-dire les
techniciens, quel est le nombre qui, à la division, de la
construction?
Vous avez une division du génie et une division de la
construction.
M. GIROUX: Oui, c'est cela.
M. LESAGE: Alors, combien à la division du génie et
combien à la division de la construction? En détaillant les
ingénieurs, les cadres, dans chaque cas.
M. BOYD: On peut vous donner en gros: Au génie, c'est 700
environ...
M. LESAGE: Pardon, au génie?
UNE VOIX: Ce ne sont pas des ingénieurs, là.
M. GIROUX: Vous parlez du personnel complet?
M. LESAGE: Je dis ingénieurs et cadres au génie.
M. BOYD: Les cadres et le personnel. Tout le personnel du
génie.
M. LESAGE: D'accord, ingénieurs, cadres et personnel.
M. BOYD: C'est 700, environ.
M. LESAGE: Bon. Vous ne pouvez pas me dire le nombre des
ingénieurs et le nombre des techniciens?
M. BOYD: On pourrait vous le donner cet après-midi, M.
Lesage.
M. LESAGE: Oui, c'est très bien. On va faire une comparaison
rapide, si vous voulez.
M. BOYD: Dans la construction, je pense: 300.
M. LESAGE: Dans la construction, c'est 300. Personnel et cadres, au plus
fort des travaux de Manic-5, personnel et cadres directement pour l'Hydro,
à la division, premièrement du génie, deuxièmement
de la construction, est-ce que leur nombre était plus
élevé qu'il ne l'est maintenant? Je comprends que la division
entre les deux n'était pas faite. Ce n'était pas deux division,
dans le temps, c'était la même.
M. BOYD: Si je comprends bien votre question, la direction
générale génie était, disons, de 1,000; on a
divisé, sans augmenter les nombres.
M. LESAGE: Sans augmenter, puis sans diminuer.
M. BOYD: Sans diminuer, sans augmenter les nombres.
M. LESAGE: Sans diminuer, et sans augmenter et c'est avec ce personnel
d'ingénieurs et cadres que vous avez pu faire une grande partie des
travaux de Manic-5 avec les forces de l'Hydro? C'est cela, ma question.
M. BOYD: D'accord. Ce nombre de 1,000, évidemment, ne comprend
pas ceux qui étaient sur les chantiers, sauf le personnel
dirigeant...
M. LESAGE: Sauf les ingénieurs?
M. BOYD: Sauf les ingénieurs et les cadres.
M. LESAGE: Mais oui, c'est pour cela que j'essayais d'avoir les chiffres
d'ingénieurs et cadres, parce que je sais bien que, lorsque vous avez
vos quartiers généraux un peu partout dans
la province, surtout à Montréal, lorsque vous avez des
chantiers de construction, les ingénieurs et cadres font partie des
forces régulières de l'Hydro. Et ces forces
régulières n'ont pas diminué en nombre?
M. BOYD: Non, monsieur.
M. LESAGE: Elles sont encore disponibles?
M. BOYD: Elles sont encore disponibles.
M. LESAGE: Et ce sont ceux qui étaient à Manic-5? Ils se
divisent en deux: génie 700; construction 300, maintenant.
M. BOYD: Mais les 300 n'étaient pas à Manic-5. La
majorité d'entre eux étaient à Montréal.
M. LESAGE: Mais il y en avait quand même à Manic-5.
M. BOYD: II y en avait, oui.
M. LESAGE: Mais les ingénieurs, les patrons que je rencontrais
quand j'y allais; ils devaient faire partie des mille...
M. BOYD: Un certain nombre des gérants, que vous avez
rencontrés sur les chantiers de Manic-Outardes, sont
intégrés au siège social dans la nouvelle direction
générale de construction.
M. LESAGE: Ils seraient disponibles pour aller sur d'autres
constructions?
M. BOYD: D'accord.
M. LESAGE: Si les travaux ou des travaux étaient
effectués directement par les forces de l'Hydro?
M. TOURNOYER: Question incidente! M. BOYD: Ils peuvent être
disponibles.
M. LESAGE: Je vous rendrai la politesse, si vous me le permettez.
M. COURNOYER: D'accord.
M. BOYD: Oui, ces ingénieurs peuvent être disponibles pour
n'importe quel genre de construction, ou pour n'importe quels travaux de
planification.
M. LESAGE: Alors, je rends la politesse, à M. Cournoyer.
M. COURNOYER: Merci, M. Lesage. Mais aujourd'hui, ces
ingénieurs-là, que font-ils à l'Hydro?
M. BOYD: Ils travaillent. Justement, je vous ai dit, en répondant
à M. Lesage, qu'un certain nombre d'entre eux étaient maintenant
devenus, soit directeurs dans la direction générale de
construction, soit chefs de service, et ils sont affectés à la
préparation des projets de construction soit de lignes, soit de
postes, soit de centrales.
M. COURNOYER: Est-ce que vous devriez augmenter le personnel
d'ingénieurs si vous aviez à construire vous-mêmes le
barrage Ma-nic-3?
M. BOYD: Non.
M. COURNOYER: Seulement les effectifs constants?
M. ALLARD: Si une partie était confiée à
l'entreprise privée, est-ce que vous auriez, à ce
moment-là, un surplus d'ingénieurs ou pas?
M. BOYD: II se peut que tous les ingénieurs ne soient pas
affectés à Manie-3; mais il y aurait un avantage à ceci:
c'est que nous devons également nous préparer pour l'avenir,
à faire des centrales thermiques et nucléaires.
Pour le nucléaire, dans le moment, les perspectives ne sont pas
tellement roses, mais tout le monde espère qu'elles vont devenir plus
roses; beaucoup d'espoirs sont fondés là-dessus; personnellement,
je crois que s'il y avait un surplus d'ingénieurs, s'il y avait plus de
travaux donnés à l'entreprise, il faudrait les affecter à
la préparation, en d'autres mots, il faudrait qu'il y ait un certain
recyclage de fait, parce que vous constatez qu'en thermique et en
nucléaire, nos ingénieurs dans la province de Québec, ce
n'est pas très fort.
M. LESAGE: II est évident que pour...
M. BOYD: ... ni chez nous, ni chez les ingénieurs-co nseils.
M. LESAGE: Pour le nucléaire, actuellement, avec la construction
de Gentilly, vous entraînez...
M. BOYD: Nous entraînons...
M. LESAGE: ... des ingénieurs, vous en recyclez actuellement.
M. BOYD: Nous en entraînons, mais ce n'est pas, à mon avis,
suffisant.
M. LESAGE: Non, je comprends. Mais vous le faites!
M. BOYD: Oui.
M. LESAGE: C'est une des raisons qui
avaient été données par M. Lessard, le
président. L'importance de cette entreprise conjointe, avec Atomic
Energy of Canada, pour que nos ingénieurs des forces de l'Hydro puissent
se recycler vers le nucléaire.
M. BOYD: C'est que...
M. LESAGE: Pour ce qui est du thermique, je sais pertinemment que les
ingénieurs de l'Hydro n'ont pas, à ma connaissance j'ai pu
me tromper, M. Rodrigue pourra me corriger à mon sens,
été entraînés dans le thermique, parce que le
thermique qui a été construit au Québec l'a
été par l'entreprise privée. Je ne me trompe pas, n'est-ce
pas M. Boyd?
M. BOYD: Oui, nous avons quand même des ingénieurs qui se
sont familiarisés avec le thermique...
M. LESAGE: Oui, il a bien fallu, avec Tracy!
M. BOYD: Mais, pour la conception des centrales thermiques et pour la
conception de centrales nucléaires, il y a beaucoup de travail à
faire.
M. LESAGE: Oui. Mais, quand même, vos forces, dans la division de
la construction, à l'heure actuelle, seraient disponibles pour la
construction de Manic-3?
M. BOYD: Oui.
M. LESAGE: ... par les forces de l'Hydro.
Mais, quand nous parlons de la construction par les forces de l'Hydro ou
par l'entreprise privée, si je comprends bien, c'est toujours
relatif.
M. BOYD: Question de pourcentage.
M. LESAGE: Parce, lorsque l'on dit que ça va être fait par
les forces de l'Hydro, il y en a toujours une partie qui va être faite
par l'entreprise privée, mais le gros oeuvre serait fait par les forces
de l'Hydro, alors que, si on change la formule, on pourrait en arriver à
ce que le gros oeuvre soit confié par parties, si j'ai bien compris,
à l'entreprise privée, l'Hydro se contentant de la surveillance
et de la gérance des travaux avec l'aide de ses ingénieurs? C'est
bien ça, l'image?
M. BOYD: Oui, c'est la proportion qu'il faut établir, qui peut
être la même, être moindre ou davantage.
M. ALLARD: Mais pas comme dans l'autre; est-ce qu'il y avait des
possibilités de mise à pied?
M. BOYD: Des ingénieurs?
M. ALLARD : Des ingénieurs? M. BOYD: Pas à mon avis.
M. LESAGE: Non, mais il est sûr qu'il y a économie?
M. ALLARD: Non, ce n'est pas parce que...
M. LESAGE: II y a certainement économie, si vous vous servez des
forces régulières de l'Hydro à la division de la
construction, ingénieurs et cadres, pour la construction du gros oeuvre;
de plus, il y a la question d'expérience et d'entraînement des
nôtres, nos ingénieurs, et des nôtres, nos techniciens,
parce qu'il n'y a pas de cachette à se faire, depuis quelques
annés, l'Hydro a été pour nos ingénieurs et cadres,
à nous les Québécois, une école
d'entraînement extraordinaire où, enfin, nous avons pu, même
s'il y en a qui disent que nous ne l'étions pas complètement,
réaliser jusqu'à un certain point "le maître chez
nous".
M. ALLARD: Votre annonce commerciale est passée, M. Lesage!
M. LE PRESIDENT: J'inviterais, maintenant, M. Rodrigue, s'il voulait
exprimer le désir...
M. LESAGE: Oui, c'est un peu ce que je préparais.
M. LE PRESIDENT: D'accord.
UNE VOIX: Maintenant que votre annonce commerciale est
passée...
UNE VOIX: Une communication très...
M. BOURASSA: Vous parlez, dans votre déclaration, de l'entreprise
Excelsior, avez-vous le nom des actionnaires de cette entreprise-là?
M. BOYD: Je n'ai pas officiellement le nom des actionnaires...
M. BOURASSA: Non. On dit qu'on ne connaît pas les actionnaires; je
trouve que, pour une entreprise de cette importance, c'est un contrat qui est
important! Dans la réponse qui a été donnée
à M. Pinard, c'est écrit: Dans les conventions ci-haut
déposées, les entreprises Excelsior sont
représentées par M. Saint-Gelais.
L'Hydro-Québec ne connaît pas les noms, prénoms et
adresses des officiers administrateurs de ladite compagnie. Or, c'est un
contrat qui est quand même important. Je me demande si...
M. GIROUX: Nous n'avons jamais demandé la liste des
actionnaires.
M. BOURASSA: Mais, est-ce que vous pourriez nous donner...
M. GIROUX: Maintenant, je dirais que je crois que ça appartient
à M. Saint-Gelais.
M. BOURASSA: Est-ce qu'il y aurait possibilité, cet
après-midi, que vous me donniez le nom des actionnaires ou des
administrateurs ou officiers, comme il a été demandé
à la Chambre, ou...
M. GIROUX: II faudra qu'on le demande à la compagnie.
M. BERTRAND: On peut obtenir les noms...
M. BOURASSA: Non, c'est parce que c'est un contrat, qui est quand
même...
M. BINETTE: C'est parce que quand l'Hydro accorde un contrat, elle doit
savoir qui sont les membres de cette compagnie pour connaître la valeur
de la compagnie.
M. GIROUX: Alors, si on accorde des contrats, si vous voulez vous en
tenir sur ce plan-là, si on accorde des contrats à General
Electric, je ne lui demande pas la listes des actionnaires.
M. BINETTE: Non, non, je ne parle pas d'une compagnie
considérable comme celle-là, c'est connu.
M. ALLARD: Les actionnaires et le directeur de General Electric?
M. PINARD: Les rapports sont publics.
M. GIROUX: Non, mais la liste des actionnaires n'y est pas
attachée, M. Pinard. Seulement, moi, je n'ai jamais demandé
à la compagnie... C'est facile, on peut demander à la compagnie
qu'elle nous donne la liste de leurs actionnaires et on vous la retransmettra,
je n'ai aucune objection à ça.
M. LE PRESIDENT: M. Rodrigue.
M. GIROUX: Seulement, ça peut nous tromper
énormément. Parce que je viens de ce métier-là et
quand il faut avoir une liste d'actionnaires, on n'a que des faux noms. C'est
arrivé souvent dans le passé.
M. BOURASSA: Non, mais c'est parce que, dans la réponse que vous
avez donnée à M. Pinard, vous dites, que l'Hydro-Québec ne
connaît pas les noms, prénoms, et adresses des officiers
administrateurs de ladite compagnie. Alors, là si...
M. GIROUX: Pour les officiers administrateurs, on peut les leur
demander; maintenant, je ne sais pas, on peut bien le leur faire demander par
télégramme ou demander là-bas...
M. ROY: En même temps que les actionnaires de Marine
Industrie.
M. LESAGE: La SGF. M. ROY: En partie.
M. LE PRESIDENT: Je donne la parole à M. Rodrigue.
M. RODRIGUE: Ecoutez, je ne veux pas ajouter énormément de
choses à ce qui a été dit jusqu'à maintenant.
M. LE PRESIDENT: M. Rodrigue.
M. RODRIGUE: J'ai relevé la raison qui a été
invoquée en fait par les ingénieurs-conseils Asselin
Benoît, Boucher, Ducharme et Lapoin-te, pour accorder des contrats et il
semble que ça tourne à peu près autour de ceci :
recommander de morceler les travaux en volume compatible avec la
capacité des entrepreneurs québécois. Et, semble-t-il,
parce qu'on croirait que, selon cette formule-là, les travaux
coûteraient moins cher, les contrats étant donnés aux
soumissionnaires qui sont les plus bas.
En fait, sur cette question-là, d'abord, il faut réaliser
que le barrage, si on prend un exemple, le barrage de Manic-3 est quand
même un ouvrage de 11 millions de verges cubes; alors si on se met
à morceler ça en deux ou trois contrats, on va avoir une jolie
pagaille de camions et de toutes sortes d'équipements sur le
chantier.
Maintenant, je pense que la preuve n'a pas été faite, du
moins quant à moi, la preuve n'a pas été faite, que les
travaux en régie coûtaient plus cher que les travaux
exécutés par l'entreprise privée. Et si la décision
d'ailleurs on nous dit que la décision n'est pas prise, alors, ne
parlons pas de décision mais enfin, disons que ce qu'on
connaît maintenant et ce qui a été exposé ici ce
matin, ne nous permet pas de conclure que les travaux exécutés
par l'entreprise privée sont moins coûteux que ceux
exécutés par la régie gouvernementale. A ce
moment-là, ça rejoint un peu un des points que nous avons
soulevés dans un mémoire que nous avons soumis au ministre
Allard, et en fait, où nous donnions des exemples de dépassements
de coûts pour l'entreprise privée également.
Tout à l'heure, on a mentionné le cas de Manic-2, on a
dit: l'ingénieur-conseil l'a réalisé à
l'intérieur des coûts prévus. Je vous signale que ce n'est
pas l'ingénieur-conseil qui a réalisé Manic-2, c'est
l'Hydro-Québec qui a bâti Manic-2. C'était M. Kazanovitch
qui était le gérant avec une vingtaine d'ingénieurs, des
ingénieurs jeunes et moins jeunes et qui, ensemble, ont
réalisé l'ouvrage de Manic-2 avec tous les travailleurs qu'il y
avait là.
Disons que, cet exemple-là, prouve justement que des travaux
exécutés à la régie peuvent aussi se faire à
l'intérieur des limites prévues. Je souscris entièrement
aux explications qui ont été données quant aux
dépassements des coûts pour Manic-5 entre autres. Il est
évident que quand on a $80 millions de surplus d'intérêt,
à ce moment-là, ça change un peu les estimations et que,
entreprise privée ou entreprise publique, on n'y pourrait rien.
Nous, dans notre mémoire, nous avons également
souligné d'autres points. Etant donné que l'Hydro-Québec
sait longtemps à l'avance qu'elle devra construire des centrales et
qu'elle sait de quelle quantité d'énergie elle a besoin - disons,
un bon nombre d'années à l'avance et qu'elle sait que
d'année en année elle devra avoir des chantiers en
opération où seront bâties soit des centrales thermiques,
nucléaires ou hydro-électriques.
A ce moment-là, l'Hydro-Québec peut planifier ses besoins
en main-d'oeuvre et en équipement, ce qui lui permet de monter un
personnel compétent qui accumule l'expérience au cours des
années, ce qui ne serait pas possible, en fait, si l'on donnait des
contrats.
Parce que si l'on donne des contrats, évidemment la règle
c'est qu'on les donne au plus bas soumissionnaire avec les risques que cela
comporte et à ce moment-là, on pourrait avoir un entrepreneur qui
vient exécuter des travaux, disons un barrage en terre pour
l'Hydro-Québec à un endroit, et deux ans après, on a un
autre entrepreneur qui arrive avec une équipe complètement
nouvelle, sans expérience, qui va aller construire soit sur une autre
rivière ou à un autre emplacement de la même
rivière. Alors à ce moment-là, il y a un avantage pour
l'Hydro-Québec à conserver son personnel technique qui accumule
l'expérience au cours des années, une expérience
diversifiée, et à ce moment-là, elle est en mesure de
répondre beaucoup plus rapidement et plus facilement aux
problèmes qui peuvent se poser au cours de la construction.
Dans notre mémoire nous avons également soulevé la
question du pouvoir de l'achat de l'Hydro-Québec. Tout à l'heure,
M. Giroux a dit que l'Hydro-Québec continuerait à acheter et
continuerait, disons dans une certaine mesure, à avoir un souci sur le
plan économique. Alors là-dessus on est d'accord, on souscrit
à cela. Disons que M. Giroux a également mentionné qu'il
donnerait même la préférence à Manic-3 même
s'il y avait un léger surplus de coûts parce que ça emploie
plus de gens. Alors nous sommes d'accord également. C'est une
préoccupation sociale, et je pense que nous la partageons.
Sur la question de la formation des cadres canadiens-français
enfin, il faut bien réaliser que l'Hydro-Québec, le gouvernement,
la ville de Montréal sont les gros employeurs d'ingénieurs
canadiens-français au Québec. Et là-dessus, j'ai
relevé des chiffres qui ont été publiés dans une
étude de la compagnie "Edsall Research" en 1964. C'était pour le
compte de la Corporation des Ingénieurs du Québec. Et l'on
constate à l'examen de ces chiffres-là que, si au gouvernement 92
p.c. des ingénieurs sont des Canadiens français, à la
ville de Montréal, 88.6 p.c, par contre quand on tombe dans le domaine
des transports et communications qui inclut pourtant l'Hydro-Québec avec
ses 650 ingénieurs, la proportion d'ingénieurs
canadiens-français tombe à 40.2 p.c. Et quand on va dans
l'industrie qui est le secteur privé par excellence, la proportion de
Canadiens français n'est que de 27.5 p.c.
A mon sens, ce n'est peut-être pas un facteur qui étant
seul considéré permettrait de conclure qu'il faille
nécessairement faire construire les barrages par l'Hydro-Québec.
Mais celui-là, ajouté aux autres qui sont déjà
assez éloquents selon nous, devrait amener l'Hydro-Québec
à poursuivre les travaux comme elle les a exécutés
à date et a exécuter elle-même les ouvrages principaux du
complexe de Manic-3.
M. ALLARD: Me permettez-vous une question concernant le rapport que vous
m'avez fait parvenir, où dans un des derniers paragraphes, vous dites
que l'expérience a démontré que les changements de
gouvernement au Québec en-trafnent automatiquement les changements de
bureaux d'étude qui sont invités à préparer les
plans et devis des grands ouvrages de l'Hydro-Québec?
Dans ces conditions, les ingénieurs de l'Hydro sont
obligés presque chaque fois, d'agir comme instructeurs pour les nouveaux
bureaux et parfois de reprendre presque en entier la construction des ouvrages
préparés pour ces bureaux extérieurs.
Est-ce que vous soutenez que c'est exact que, avec les changements de
gouvernement, il y a eu des changements de bureaux d'ingénieurs?
M. RODRIGUE: Oui, je le soutiens en fait. En 1960, nous avons eu Georges
Demers et en 1966, on a eu Lalonde et Valois. Lalonde et Valois, qui n'a aucune
expérience dans le domaine, qui a fait du municipal, qui était
très expériementé dans le domaine municipal, qui est
arrivé à l'Hydro-Québec sans aucune expérience
concernant les centrales et les barrages.
M. ALLARD: Dans le cas des autres, des grandes constructions. Surveyer
et Asselin, Benoit et Benoit, ce sont des ingénieurs qui ont
continué les travaux qu'ils avaient entrepris à ce
moment-là. Il n'y a pas eu de changements quant à leurs travaux
à eux.
M. RODRIGUE: ... Asselin, Benoit est un bureau qui a été
fondé en 1961 ou 1962, si ma mémoire est exacte, et je pense que
M. Benoit
était un ancien de la Shawinigan Engineering. Shawinigan
Engineering a continué à exécuter des travaux pour
l'Hydro. SNC-Acres avait fait les travaux, avait surtout, commencé, je
pense, avec le complexe Manic-Outardes, c'est-à-dire, les études
préliminaires. Acres avait fait du travail en Ontario, mais, au
Québec, SNC a surtout commencé, je pense, à cet
endroit-là et a poursuivi avec les ouvrages de la rivière des
Quinze.
Maintenant, il est certain que vous avez à l'Hydro-Québec
si je prends le service de la géologie entre autres deux
docteurs et quatre ou cinq personnes qui ont des maîtrises en
mécanique des sols, en mécanique des roches; ces gens-là
sont extrêmement compétents. Lorsque arrivent de nouveaux bureaux,
qui ne sont pas équipés en personnel de cette compétence,
et lorsque arrivent des bureaux qui, souvent, n'ont pas de département
de géologie, qui veulent réaliser des ouvrages comme les
complexes hydroélectriques, ces gens-là sont complètement
démunis, ils prennent des contrats, un peu par bravade, j'imagine, et
veulent se lancer, mais ce n'est pas tout de se lancer, il faut avoir les
hommes pour faire les travaux. Or, l'Hydro-Québec les a, ces
hommes-là. De plus en plus, d'ailleurs, il y a eu une forte
évolution, depuis 1958, 1959, jusqu'à nos jours; je pense que
l'Hydro-Québec exécute un certain nombre de travaux qu'elle
n'exécutait pas auparavant. Quant à nous, nous aimerions que la
tendance se poursuive, car nous croyons que c'est ce qu'il y a de mieux pour
l'entreprise.
M. LESAGE: M. Rodrigue, justement en parlant de compétence et de
ceux qui sont chargés de faire le travail, j'ai lu quelque part que,
pour Manic-3, il y avait lieu de renforcir une épaisseur de 300 pieds
d'alluvions. Est-ce que c'est pour bloquer l'eau?
M. RODRIGUE: En fait, il ne s'agissait pas tant de renforcer que de
fermer le sillon de façon à éviter que l'eau ne
s'écoule pas en-dessous et mine la fondation du barrage.
M. LESAGE: Je me suis mal exprimé. M. RODRIGUE: C'est
ça.
M. LESAGE: ... il ne s'agissait pas de le renforcer, mais de
l'obturer.
M. RODRIGUE: D'accord, c'est ça.
M. LESAGE: ... pour conserver ces 300 pieds-là, pour ne pas
être obligé de faire l'excavation.
M. RODRIGUE: C'est exact.
M. LESAGE: Cela a été fait en collaboration avec les
bureaux d'ingénieurs-conseils et les ingénieurs de l'Hydro?
M. RODRIGUE: En fait, pour un travail extrêmement
spécialisé comme celui-là, on a invité deux
compagnies, qui sont justement des compagnies spécialisées; une
compagnie française et une compagnie italienne, qui ont fait des essais,
parce que jamais des pieux n'avaient été foncés à
de si grandes profondeurs et on n'était pas certain qu'on pourrait y
arriver. Il y a eu des essais de faits sous la surveillance et avec la
collaboration des ingénieurs de l'Hydro, d'une certaine partie du
personnel de l'ingénieur-conseil et également de quelques experts
américains. Quant à nous, nous sommes bien conscients que,
lorsque nous avons à faire face à certains problèmes, il
faut parfois aller chercher les experts à l'extérieur nous
n'en avons pas contre ça, d'ailleurs, c'est Coyne et Bélier qui
ont fait la conception du barrage de Manic-5 et je suis convaincu qu'ici
au Québec, il n'y avait personne qui aurait pu le faire à ce
moment-là. Disons que, dans ce contexte-là, on est d'accord pour
qu'on profite des compétences qui existent à travers le
monde.
M. LESAGE: Vous comprenez bien que ce n'était pas un blâme,
c'est parce que je voulais avoir une idée de la façon dont les
choses fonctionnaient lorsqu'il se présentait un problème tout
à fait particulier, comme celui que j'ai mentionné. Cela m'avait
frappé.
M. RODRIGUE: Enfin, l'Hydro a eu recours aux experts de
l'extérieur à ce moment-là.
M. LESAGE: D'en dehors du Canada. M. RODRIGUE: Oui.
M. ROY: M. Rodrigue, vous avez mentionné, tout à l'heure,
que Manic-2 avait été réalisée par l'équipe
de l'Hydro-Québec. Vous comprendrez que mon intervention n'en a pas
contre les professionnels à l'intérieur de l'Hydro.
Au contraire, je défends la politique que vous soutenez d'en
engager plus, mais je pense que nous devons, également, en
parallèle, garder bien en vie, fort compétents et bien
documentés, les bureaux d'ingénieurs-conseils que l'on a
créés, qui sont le prolongement du Québec à
l'extérieur. C'est dans cette conception, c'est dans cette idée
que j'ai fait tantôt une intervention. Si mon information est bonne,
c'est Acres qui surveillait, qui avait fait l'engineering sur Manic-2,
réalisé par les gens de l'Hydro.
M. RODRIGUE: Acres et SNC ont travaillé tous les deux, je crois,
là-dessus. En fait, là, il y aurait peut-être lieu de
préciser. Non, pas SNC. Acres seulement.
M. ROY: Acres seulement.
M. RODRIGUE: Acres. Aujourd'hui, c'est Rynard, Simpson and Associates
Québec. C'est
la branche de Acres au Québec. C'est la même chose.
M. ROY: Rynard Simpson. C'est la même chose?
M. RODRIGUE: Oui. M. ROY: Merci.
M. LESAGE: M. Rodrigue, est-ce que l'on peut conclure, de ce que vous
avez dit tantôt, avec votre expérience à l'Hydro, dans le
cas de Manic-3, qu'il serait mauvais de morceler entre plusieurs entrepreneurs
les travaux du gros oeuvre?
M. RODRIGUE: Oui...
M. LESAGE: Parce qu'à ce moment-là, il n'y aurait plus
l'unité de direction nécessaire à une ordonnance logique
des travaux?
M. RODRIGUE: En fait, je crois qu'il serait néfaste de diviser le
gros oeuvre comme cela parce que, d'ailleurs, l'Hydro-Québec, il y a
environ neuf ou dix mois, je crois, a établi un modèle
mathématique sur ordinatrice qui lui a permis d'essayer toutes les
combinaisons possibles d'équipement et de bancs d'emprunt pour arriver
à la solution optimun pour la réalisation du barrage de Manic-3.
Ce sont les ingénieurs de l'Hydro-Québec qui ont fait cela, et
ils sont en mesure, aujourd'hui, d'arriver et de dire que la façon la
plus économique de réaliser cet ouvrage, c'est d'utiliser telle
sorte d'équipement, de telle façon. A ce moment-là,
l'Hydro-Québec est tout équipé pour le faire. Si on se met
à morceler cela, cela pourrait disons que d'abord il faudrait
diviser la planification d'une certaine façon, organiser la
planification de l'exécution des travaux autrement cela pourrait
augmenter les coûts.
M. ALLARD: Tout en parlant de morcellement, est-ce qu'un consortium ne
pourrait pas, à ce moment-là, remplir les fonctions?
M.RODRIGUE: Quel serait l'avantage d'avoir un consortium? Les
ingénieurs de l'Hydro-Québec sont tout préparés
à le faire. Ils ont fait les études, ils savent exactement ce
qu'il faut faire pour le réaliser au coût le plus
économique. Quel serait l'avantage d'amener des personnes en plus?
Tout à l'heure, M. Boyd l'a dit, il faudra garder des
ingénieurs de l'Hydro-Québec pour faire la surveillance. Alors,
au lieu de les garder pour faire la surveillance, pourquoi ne pas leur faire
exécuter eux-mêmes les travaux? On sauvera cela.
M. LESAGE: Et l'Hydro a l'équipement?
M. RODRIGUE: L'Hydro a l'équipement en partie. D'après mes
renseignements, il faudrait en acheter d'autre, entre autres pour les bancs
d'emprunt. Mais l'Hydro a actuellement une certaine partie de
l'équipement.
M. LESAGE: Nécessaire pour faire ce genre de remplissage.
M. RODRIGUE: Disons que, pour les bancs d'emprunt et la mise en place
des matériaux, il faudra acheter des je n'ai pas le terme
français là...
M. LESAGE: Vous pouvez le dire en anglais. Probablement que je ne
connais pas le terme français.
M. RODRIGUE: C'est un équipement qui se charge par le dessous,
qui est poussé vous voyez cela souvent sur les routes qui
se charge par le dessous, tout en filant dans le banc d'emprunt, et qui,
après cela, va décharger. Vous pouvez décharger avec des
épaisseurs différentes.
M. ROY: Des "carry all". M. SEGUIN: Des "carry all".
M. RODRIGUE: C'est cela. Des "carry all". Alors, il semble que cela, on
devra se le procurer.
M. LESAGE: Maintenant...
M. RODRIGUE: Et que c'est plus économique de prendre les pelles
pour faire l'excavation.
M. LESAGE: De toute façon, même si je ne voudrais pas
aller au deuxième article dès maintenant, mais je vais poser
seulement une question est-ce qu'on doit en conclure que, de toute
façon, même si l'Hydro construisait la plus grande partie ou tout
le gros oeuvre avec ses propres forces, l'Hydro devrait, d'un
côté, acheter du nouvel équipement et, d'un autre
côté, déclarer certains équipements surplus?
M. RODRIGUE: Oui, je le crois.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Rodrigue. J'inviterais M. Chartrand.
M. BERTRAND: M. Parent. M. PARENT: Raymond Parent.
M. BERTRAND: Nous devons ajourner à 12 h 30, si vous devez
prendre plus de cinq minutes, vous pouvez peut-être attendre à cet
après-midi.
M. PARENT: Je suis prêt à attendre à cet
après-midi.
M. BERTRAND: Alors nous pourrons revenir à 2 h 30.
M. LESAGE A 2 h 30. C'est court cinq minutes.
M. BERTRAND: Oui, c'est trop court.
Reprise de la séance à 14 h 30
M. CROISETIERE (président de la commission des Richesses
naturelles): A l'ordre, messieurs! J'inviterais M. Parent à venir se
faire entendre.
M. BERTRAND: M. Parent.
M. PARENT: Raymond Parent, secrétaire général de la
CSN. M. Rodrigue qui est le Président de la Fédération des
Ingénieurs et Cadres a, ce matin, fait valoir les aspects techniques et
plus particuliers concernant la question.
Je voudrais ajouter, au nom de la Confédération des
syndicats nationaux, que nous considérons que la question de
l'appartenance, qui jusqu'à un certain point déterminait au moins
les lignes directrices de politique, ont été
plébiscitées en 1962 et qu'à ce moment-là, la
population a eu à se prononcer pour savoir si l'orientation de
l'entreprise électrique, se devait d'être du secteur privé
ou du secteur public. Or nous croyons que, là-dessus, la réponse
a été très claire et nous considérons, par
conséquent, que l'orientation de l'Hydro-Québec doit être
de continuer de faire elle-même ce qu'elle a à entreprendre.
Nous le considérons parce que d'abord elle a les moyens de le
faire. On a indiqué généralement, ce matin, qu'au point de
vue technique, elle avait, à peu de chose près, les
équipements voulus, elle avait les hommes et elle avait
l'expérience voulue pour le faire.
Nous considérons qu'elle doit continuer de le faire, parce qu'il
est extrêmement important, au-delà de la question très
particulière de rentabilité parce que dans le secteur
public, il est difficile d'en parler qu'une entreprise comme
l'Hydro-Québec constitue un levier économique très
considérable et doit non seulement maintenir cette
capacité-là mais aussi garder son autonomie, c'est-à-dire
être le foyer de formation des meilleurs cadres dans le domaine
technique, non seulement pour le présent mais pour l'avenir. Par
conséquent, elle doit viser à avoir une politique
d'intégration qui fasse que c'est à l'Hydro même que l'on
trouve les meilleurs ingénieurs, que l'on trouve les meilleures chances
de perfectionnement, qu'on développe le plus possible nos gens pour
éviter que l'Etat, qui est intervenu dans ce domaine, soit un jour ou
l'autre, à la merci de techniciens ou d'ingénieurs privés
ou étrangers.
Quant à la question du transfert plus ou moins
considérable de contrats à l'entreprise privée, je pense
qu'au départ et ce matin, M. le premier ministre, vous avez
donné le fardeau de la preuve à l'Hydro-Québec, en disant
qu'ils auraient besoin d'avoir de bons arguments, ou de bonnes preuves
j'ai l'impression qu'ils s'en sont tenus à des arguments et pas
nécessairement bons et que nous n'avons devant nous
aucune preuve de la nécessité de confier à
l'entreprise privée une partie plus ou moins considérable des
travaux.
Nous soutenons d'ailleurs que ce serait aller à l'encontre de
toutes les politiques économiques et toutes les tendances actuelles que
d'aller vers un saupoudrage et une disparité de petits contrats sur
lesquels il serait nécessaire d'avoir une très grande
surveillance, quand à l'intérieur il y a déjà les
cadres qui sont capables d'exécuter et de surveiller. Il est bien clair
que, quand c'est l'Hydro-Québec qui construit elle-même, elle n'a
pas le problème, à ce moment-là, du contrôle de la
qualité des matériaux, des échéances de livraison
ou d'un tas de questions comme celles-là. Elle a sa propre
planification. Tandis que si c'est confié à l'entreprise
privée, un des premiers facteurs, il est sûr, ce sera celui
d'avoir plus de gens pour surveiller les contrôles techniques, la
qualité des matériaux fournis et ainsi de suite.
Il est bien clair que ce n'est pas le saupoudrage à une
variété de petites entreprises qui pourrait permettre de faire
mieux que ce que fait la grande. D'ailleurs, ça nous apparaîtrait
anormal que la direction de l'Hydro dise: Je suis moins bonne que le secteur
privé pour faire de la production en partie ou en tout, quand elle
garderait elle-même la surveillance. Ceux qui ont la qualité de
surveiller, je pense, doivent être capables aussi d'exécuter et je
pense que la preuve en est faite jusqu'à un certain point.
Alors à l'heure actuelle, nous n'avons pas de preuve devant nous,
nous sommes dans l'expectative, mais je crois qu'il y a déjà des
positions, des décisions politiques qui ont été prises, il
y a une expérience qui est là, il est nécessaire pour le
développement économique et le progrès du Québec
que l'Hydro continue. Ce n'est pas parce que les contrats seraient
distribués à un plus grand nombre d'entreprises, parce que des
trois arguments qui pourraient amener à aller à l'entreprise
privée, le premier est que l'entreprise privée est capable de
produire mieux que l'Hydro. Alors il n'y a pas eu de preuve à cet
effet-là démontrant que l'entreprise privée, en faisant
une disparité de contrats, est capable de donner de meilleurs
résultats que l'Hydro elle-même.
Le deuxième, ce serait de dire qu'en faisant une disparité
comme celle-là, on arriverait à avoir un coût moindre sur
le plan de la compétition. Mais si la direction est aussi bonne, il est
sûr que les petits entrepreneurs n'auront pas la capacité d'achat
à meilleur prix que l'Hydro peut l'avoir; il resterait de tenter de
faire une économie sur la main-d'oeuvre ou sur les
bénéfices afférents à la main-d'oeuvre. Alors il
est bien clair il y a eu une question ce matin que nous ne
changerons pas de politique de négociation collective que ce soit dans
le secteur privé ou dans le secteur public et nous ne croyons pas que
cela donnerait une plus grande stabilité et une plus grande assurance si
c'était 10, 20 ou 30 entrepreneurs qui auraient chacun leur convention
collective à négocier avec les risques que ça comporte,
que de négocier directement avec l'Hydro.
Alors, nous ne voyons, à l'heure actuelle, devant nous, aucune
justification qui ferait qu'on pourrait même songer à le confier
à l'entreprise privée, entendu que déjà, la
population du Québec, quant à nous, s'est prononcée sur le
fondement et qu'il faudrait avoir une preuve très éloquente et
très forte, au point de vue financier et au point de vue technique, pour
démontrer qu'on doit renverser la vapeur.
Nous ne pouvons donc pas faire autrement que de dire qu'il faut que
l'Hydro-Québec conserve l'initiative et vise, pour satisfaire à
ce qui a déjà été prononcé par la
population, non pas à donner plus de contrats à l'entreprise
privée, mais à en donner moins, parce qu'il y va même de
l'intérêt de l'ensemble de la collectivité que nous le
prenions sur un plan ou sur un autre.
M. BERTRAND: Merci.
M. LE PRESIDENT: Très bien. J'inviterais maintenant M.
Chartrand...
M. CHARTRAND: M. le Président, messieurs, M. le premier ministre,
nous sommes d'accord en gros avec les arguments de M. Giroux de même
qu'avec ceux de notre camarade, le président de la
Fédération des ingénieurs et cadres. Ce qui nous frappe,
de façon générale, c'est que l'Hydro a bâti des
ouvrages considérables. Nous ne croyons pas qu'il y ait
d'ingénieurs ou d'entrepreneurs plus qualifiés pour bâtir
le même genre de travaux dans le Québec, ni à meilleur
compte. Cela ne nous rentre pas dans la tête que l'administration de
l'Hydro et ses ingénieurs expérimentés ne soient pas en
mesure d'arriver à aussi bon compte que l'entreprise privée, sans
la petite marge de bénéfice raisonnable.
C'est sûr que l'entreprise privée va risquer des erreurs,
parce qu'elle a moins d'expérience que l'Hydro. Alors, on va se croire
justifié de lui payer les erreurs qu'elle va faire et, après
cela, on va ajouter la petite marge de profits.
Or, en tant qu'usagers, nous serions contre cela, de négliger
d'utiliser les sources intellectuelles qu'il y déjà à
l'Hydro et toute l'expérience qui est là. Nous comprendrions
peut-être le raisonnement, si on nous disait: Nous n'avons jamais
bâti cela, il faut prendre l'entreprise privée, parce qu'elle est
expérimentée, et nous ne pouvons pas risquer des erreurs. Mais
là, c'est le contraire, le raisonnement qu'on nous fait. On nous dit:
Nous allons essayer; peut-être que cela coûterait meilleur
marché; or, on se rend compte que, dans des cas de construction de
travaux de ce genre-là, cela a coûté plus cher avec
l'entreprise privée; on a dépassé les coûts
prévus; plus cher qu'avec l'Hydro.
Les pylônes qui sont tombés, c'était une "joint
venture"; en français, c'est une aventure industrielle et commerciale.
Or nous ne voulons pas d'autre aventure de cette sorte parce qu'alors cela va
nous coûter cher.
M. ALLARD: Faudrait pas mêler les cartes.
M. BERTRAND: II y a un rapport qui a été
déposé ce matin et qui va être discuté
tantôt...
M. CHARTRAND: On va y voir tantôt. Je dis tout simplement que
c'était ça. Alors ça a donné ça! Cela adonne
comme ça!
M. ALLARD: Ce n'est pas exact.
M. CHARTRAND: Les barrages de l'Hydro ne sont pas tombés. Le
ministre a prétendu, dans une lettre, que l'entreprise privée,
même avec des profits, ou à cause des profits, ça revenait
meilleur marché, sous prétexte, peut-être, qu'on dit: Bien,
il y a des coûts fixes. C'est réglé pour la durée du
contrat. Il n'y a personne qui croit à ça, on ne peut pas se
faire cette illusion-là.
Il y a un autre problème qui est fondamental pour nous, c'est que
l'Hydro a acquis de l'expérience dans les négociations avec les
travailleurs sur ces chantiers-là. Ce sont des chantiers
extrêmement considérables, qui durent longtemps, qui ont
soulevé toute sortes de problèmes parce que,
précisément, on n'était pas habitué à avoir
des équipes d'hommes aussi considérables pour les loger, et ainsi
de suite, les nourrir et voir à tout ce qui leur était
nécessaire, loin de chez eux.
L'Hydro a acquis de l'expérience dans ces
négociations-là. Ce serait une illusion très
coûteuse que de penser que l'entreprise privée va arriver à
faire travailler des hommes à meilleur marché que l'Hydro. S'ils
essayent de faire ça, le barrage ne se fera pas. Je ne dirai pas qu'il
va péter, parce que ce serait séditieux, mais il ne sera pas
solide, le barrage. Ce n'est pas sérieux ça, on en a vu
travailler, des entreprises privées et si je ne voulais pas prendre le
temps des honorables messieurs qui sont ici, on pourrait vous citer des
séries de contrats, avec les noms des compagnies les plus
considérables de la province de Québec, et vous dire toutes
sortes de problèmes qui sont survenus lors de la construction de ces
contrats-là. On en a discuté avec le ministre du Travail, quand
nous avons discuté du bill 290. Les ouvriers ne sont pas
ingénieux comme des ingénieurs, seulement, ils sont sur le
chantier et ils voient ça, quand il y a assez de ciment, pas assez de
ciment, combien il devait y en avoir de livré, combien il y en a eu de
livré et ainsi de suite, combien de fois ils ont recommencé le
même travail. Cela, nous avons vu ça.
Après ça, on regarde un peu dans les comptes publics, et
on aperçoit des factures qui ne correspondent pas exactement aux
coûts qui avaient été décidés au moment
où on avait accordé la soumission. Quand on accorde la soumission
au plus bas entrepreneur, le sous-sous-entrepreneur, cela n'est pas un gars qui
a de l'efficacité à cause de son administration ou à cause
de son outillage, c'est un gars qui essaie de pressurer des salariés. Il
y en a 4,000 par année à Montréal qui font faillite de ce
genre de gars-là. Alors on ne jouera pas avec ça sur des
chantiers de notre pays, pour les travaux pour lesquels nous payons. Nous
sommes fatigués de ça. Nous n'endurerons pas ces petits
entrepreneurs à seaux-là, qui viennent et qui laissent des
salaires en plan. Cela se fait régulièrement. Quand je vous dis
qu'il y en a 4,000 qui font faillite à Montréal, je n'invente
rien et on pourrait aller voir dans le reste de la province. Finalement, les
travaux coûtent plus cher que ce qu'ils auraient dû
coûter.
En résumé, M. le Président, au point de vue des
travailleurs syndiqués à la Manic, il y a eu un excellent
syndicat, c'était peut-être un des meilleurs syndicats dans tout
le bâtiment de la province de Québec. Il y a eu des accrochages,
parce que les gens de l'Hydro surveillaient les coûts et que les
travailleurs essayaient de se tenir au niveau. Lorsque des travailleurs de la
province de Québec essaient de se tenir à un bon niveau, je pense
que c'est à l'avantage de toute la population du Québec, parce
que l'ensemble des industries, ce sont des industries étrangères
dont les profits vont à l'étranger. Alors, lorsque les
travailleurs du Québec se battent et vont chercher des millions
d'augmentation de salaire, cela fait autant d'argent dans le Québec.
A un moment donné, cela attrape une régie d'Etat, eh bien,
cela attrape une régie d'Etat, comme lorsque ce sont les fonctionnaires
ou les employés d'hôpitaux qui négocient. Si on
créée les tendances aux hauts salaires dans la fonction publique
ou la fonction semi-publique ou para publique, cela veut dire que l'entreprise
privée va être obligée de s'en aller à ce
niveau-là. De toute façon, que l'on aime ça ou que l'on
n'aime pas cas, les travailleurs vont continuer à aller essayer de
chercher ce qu'ils peuvent aller chercher. Surtout dans le bâtiment, ils
chôment trop longtemps pour ne pas essayer de se rattraper, parce que les
salaires de $4 ou $5 de l'heure, cela reste illusoire, lorsqu'ils font cinq ou
six mois par année dans la construction domiciliaire ou commerciale.
A l'Hydro, il y avait un syndicat qui était structuré,
cela marchait rondement, cela donnait un bon rendement; les ouvriers avaient de
l'expérience, ils ont fini par s'entendre avec les ingénieurs,
ils ont fini par s'entendre avec le secteur des relations industrielles de
l'Hydro. Je ne vois pas pourquoi cela ne continuerait pas comme cela.
L'expérience est faite, on sait ce que cela peut donner. Maintenant, que
l'on surveille les coûts autrement, que l'on surveille
les taux d'intérêt, c'est un autre problème. Je
comprends que l'Hydro doit s'en préoccuper et le gouvernement aussi,
mais qu'on ne vienne pas essayer de nous faire croire que cela va être
dans l'intérêt des contribuables, dans l'intérêt des
usagers de l'Hydro ou dans l'intérêt des salariés qui vont
bâtir cela, d'aller donner cela à l'entreprise privée;
cela, nous avons vécu cela et nous savons comme c'est, cette
affaire-là, à tous les points de vue. Ce que nous avons
vécu aussi, c'est de travailler pour des entreprises gouvernementales
lorsqu'elles étaient bien menées par des gars qui connaissaient
cela. Nous connaissons cela aussi, et nous préférons ce
genre-là. Je vous remercie, messieurs.
M. BERTRAND: Très bien.
M. CHARTRAND: II y a un M. Forest, du syndicat Canadien de la fonction
publique.
M. LE PRESIDENT: M. Forest.
M. FOREST: Yvon Forest, du Syndicat canadien de la fonction publique. M.
le Président, même si les 8,500 membres du Syndicat canadien de la
fonction publique n'étaient pas directement affectés, si Manic-3
était construit par l'entreprise privée, nous souscrivons
entièrement aux positions prises par nos confrères
ingénieurs. Nos membres, que l'on retrouve dans les bureaux, au sein des
corps de métiers, et aux services techniques de l'Hydro-Québec,
ont vu la compagnie d'Etat se constituer peu à peu en une entreprise
dynamique, où des relations humaines normales ont remplacé
l'archaïque et l'arbitraire.
Us ne souhaitent pas que, par le mouvement qui semble s'amorcer à
Manic-3, on détruise la seule grande entreprise typiquement
québécoise. L'inquiétude, M. le Président, est
très grande chez nos membres; ils ont combattu fermement lors des
dernières négociations la pratique trop courante à
l'Hydro, des contrats à forfait ou sous-contrats.
A Manic-3, il ne s'agira plus d'une pratique passagère, mais
d'une option de base, qui, si elle s'applique plus largement, modifiera la
nature même de l'entreprise. Nous nous élevons donc, d'autant plus
contre cette menace que les arguments soulevés ce matin par les
représentants de l'Hydro sont très faibles et reposent sur des
hypothèses pour le moins chancelantes et peu convaincantes.
Nous nous joignons donc à nos confrères ingénieurs
pour demander au gouvernement de préserver du suicide cet instrument de
l'essor économique du Québec. La population l'a voulu ainsi et
nous croyons que ce désir profond exprimé en 1962 ne s'est pas
atténué. Merci.
M. LE PRESIDENT: Très bien, merci beaucoup, M. Forest.
M. GIROUX: M. le Président, je voudrais poser une question au
sujet des directeurs de 1'Excelsior; d'après les dossiers qu'on a pu
obtenir, M. Jean-Eudes Saint-Gelais en est le président, Henriette
Saint-Gelais la vice-présidente et M. Louis Gladu
secrétaire-trésorier. Et, apparemment les directeurs et les
officiers seraient également les actionnaires. Maintenant, si le
gouvernement insiste, on peut demander plus officiellement ces...
M. BOURASSA: Quand vous dites apparemment, M. Giroux...
M. GIROUX: Bien, c'est peut-être ce qui a été
répondu au téléphone...
M. BOURASSA: C'est-à-dire que... M. GIROUX: On n'a rien par
écrit.
M. BOURASSA: La totalité des actions serait entre les mains de la
famille de M. Saint-Gelais.
M. GIROUX: La totalité des actions peut être là ou
elle peut être. Comme je vous dis, la liste des actionnaires qui nous est
fournie par des compagnies privées ou publiques, ne m'inspire jamais une
grande confiance...
M. BOURASSA: D'accord.
M. GIROUX: ... parce que c'est tellement facile d'enregistrer des
actions au nom de...
M. BOURASSA: Là, je vous pose des questions. Quand la compagnie
a-t-elle été formée?
M. GIROUX: Je n'en ai aucune idée.
M. BOURASSA: C'est-à-dire que vous ne pouvez pas dire quelles
étaient les activités de M. Saint-Gelais, il y a deux ou trois
ans.
M. GIROUX: Je crois qu'il s'est toujours spécialisé dans
les ventes de surplus. Parce que il y a une dizaine d'années, il y a dix
ou douze ans, il vendait beaucoup de surplus de toutes sortes de choses.
M. BOURASSA: Dans le contrat avec l'Hydro-Québec, il est agent
exclusif je voyais les questions qui ont été posées
là . Est-ce qu'il est possible pour lui d'acheter de
l'équipement?
M. GIROUX: Non, il faut qu'il approvisionne le vendeur. Si vous voulez,
on peut vous donner toute la procédure. Je pense que ça
simplifierait beaucoup toutes les questions qui peuvent être
posées, en vous donnant exactement la procédure, les
résultats obtenus et les ventes faites.
On me signale ici qu'il y a juste un paragraphe: II y a lieu de signaler
que la compagnie Excelsior a été formée par le groupement
de trois compagnies fonctionnant autrefois sous les noms de Universal
Equipment, Canadian Salvage et National Salvage.
M. BOURASSA: C'est un regroupement qui a été fait en 1961?
Vous ne le savez pas?
M. GIROUX: Je ne sais pas. Il serait peut-être intéressant
de... Voulez-vous avoir les explications sur...
M. BOURASSA: Oui.
M. GIROUX: ... la façon dont cela a été
organisé?
M. BOURASSA: Oui.
M. BOYD: M. le Président, le 11 décembre, la commission,
réalisant qu'elle aurait beaucoup de surplus d'actifs à cause de
la fermeture prochaine de plusieurs de nos chantiers de construction, a
élaboré une procédure pour disposer du surplus. Devant
cette grande quantité d'équipement qui se trouvait en
entreposage, qui perdait de la valeur, nous avons, en juillet 1968,
réalisé que l'Hydro ne pourrait pas elle-même disposer
avantageusement de tout ce matériel; elle a donc retenu les services de
cet agent Excelsior.
M. BOURASSA: Si vous me permettez, M. Boyd, quand vous dites que vous
avez réalisé que l'Hydro ne pourrait pas disposer avantageusement
de ces actifs...
M. BOYD : A moins d'engager du personnel elle-même, dans son
service de surplus d'actifs. Pendant cette période, l'Hydro a
continué à vendre elle-même des surplus d'actifs et l'agent
en a vendu également. J'ai quelque part ici le montant. Dans cette
période du 1er août 1968 au 31 octobre 1969, l'Hydro a vendu pour
$7,600,000 de surplus d'actifs dont $4 millions par Excelsior et $3.5 millions
environ par ses propres services.
Alors nous étions équipés pour en vendre une
partie, mais nous n'étions pas équipés en personnel, parce
que ceux qui ont déjà été mêlés
à cela savent que vendre du surplus d'actifs, c'est une
spécialité.
Alors c'est ce qui s'est passé: $3.5 millions par l'Hydro pendant
cette période et $4 millions par Excelsior.
Le premier engagement avec Excelsior était pour six mois. Au bout
de six mois je vous donnerai tout à l'heure les résultats
en pourcentage les résultats étant bons, l'Hydro a
décidé de prolonger le mandat d'Excelsior et, finalement, le 28
juillet 1969, la commission a avisé la compagnie Excelsior que nous
allions termi- ner son contrat le 31 octobre 1969. Le contrat avec Excelsior
est terminé depuis le 31 octobre 1969.
M. COITEUX: M. Boyd, lors de l'exécution de ce contrat, est-ce
que l'Hydro-Québec avait droit de vendre quelque article que ce
soit?
M. BOYD: Certainement. Nous avons vendu pour $3.5 millions pendant cette
période.
M. COITEUX: J'ai remarqué lors de ma dernière visite et
dans mes visites précédentes qu'il existait un pont Bailey
à Manic-5; ce pont Bailey, est-ce qu'on pourrait me dire quand Excelsior
en a disposé et à quel prix?
M. BOYD: Un pont Bailey dont le coût d'achat était de
$24,000 en 1966 a été vendu $18,000 en 1969.
M. COITEUX: C'était $18,000. La raison pour laquelle je pose
cette question-là, c'est que les chiffres que j'ai ne concordent pas du
tout. Je vérifierai si c'est le pont en question. On me dit que ce
pont-là, par l'entremise d'Excelsior, est revenu au gouvernement, qu'il
est actuellement sur une rivière qui a été achetée
par le ministère des Terres et Forêts et que ce pont-là,
à cause de cette transaction n'est pas couvert au point de vue de la
responsabilité. Excelsior ne veut pas assumer la responsabilité
et, naturellement, Bailey Bridge ne veut pas assumer la responsabilité.
Je me demande pourquoi. C'est la raison de ma première question.
M. ALLARD : Quelle responsabilité?
M. COITEUX: La responsabilité publique.
M. BOYD: Premièrement, je pense que je peux répondre en
partie. Celui dont je viens de parler a été vendu à la
Canadian International Paper.
M. COITEUX: Celui dont je parle est un pont plus dispendieux que cela,
qui a été vendu à Excelsior Enterprise et dont Excelsior
Enterprise a disposé en faveur du ministère des Terres et
Forêts. Ce pont-là se trouve actuellement sur la rivière
Ashuapmuchuan dans le comté de Roberval.
M. BOYD: Suivant les procédures, Excelsior n'achetait absolument
rien. Nous avions une liste de matériaux disponibles. Excelsior
était au courant, enfin, on la lui remettait; si elle avait un acheteur,
elle soumettait l'offre de l'acheteur et cette offre pouvait être
refusée par l'Hydro. Ceci est arrivé dans certains cas. Excelsior
n'avait donc aucun droit d'acheter. Nous en avons trouvé un autre
justement qui a été vendu au ministère des Terres et
Forêts et dont le coût d'achat en 1961 était de
$161,965;
il a été vendu $95,000. Cela a été
approuvé le 28 novembre 1968; l'année d'après, la valeur
résiduelle était de $95,000. Cela a été vendu
à la mise à prix fixée par nos services.
M. COITEUX: Alors Excelsior Enterprise, pour trouver un marché
dans le gouvernement, a retiré 4 p.c. Est-ce exact?
M. BOYD: Ce n'est pas cela. Ce n'est pas nous qui trouvions
l'acheteur.
M. BINETTE: Maintenant, M. le Président, pour revenir à la
première question qui a été discutée, nous avons lu
dans La Presse du samedi 6 décembre, je crois, qu'un des
ingénieurs de l'Hydro-Québec, parmi les hauts fonctionnaires, M.
Kazanovitch exactement, a fait une déclaration à l'effet "que
l'exécution des travaux et même l'inspection de Manic-3 seront
entièrement confiés à l'entreprise privée".
Comment se fait-il qu'un haut fonctionnaire de l'Hydro-Québec
puisse faire une déclaration comme celle-là sans être
certain de son coup?
M. BOYD: Réellement...
M. BINETTE: Je comprends que c'est une déclaration très
importante et c'est peut-être ce qui a mis le feu aux poudres!
M. BOYD: Je pense qu'il y a bien autre chose qui a mis le feu aux
poudres, M. Binette. C'est ce que les journaux font dire à M.
Kazanovitch. M. Kazanovitch est directeur général adjoint de la
construction. C'est un homme qui a eu beaucoup d'expérience avec nous et
avec d'autres dans la construction. C'est lui qui était le gérant
à Manic-1 et à Manic-2, qui ont été bien
réussis. Je suis convaincu qu'il n'a pas fait une telle
déclaration et je n'ai jamais vu cette déclaration. M.
Kazanovitch avait été chargé, de même que M. Monty,
le directeur général, de préparer les plans et devis
complets, aussi rapidement que possible, pour être prêt à
faire face à l'une ou l'autre des solutions envisagées: soit
maintenir le statu quo quant au partage des contrats, soit en donner plus ou en
donner moins. C'est tout ce qu'il avait mandat de faire. Connaissant M.
Kazanovitch, je ne puis pas accepter qu'il ait fait cette déclaration,
ou dit quelque chose de semblable; il a certainement été mal
interprété.
M. BINETTE: Est-il exact qu'il y a actuellement 47 contrats qui ont
été revisés par les officiers de l'Hydro, dans le
morcellement des contrats? Il y en a en tout environ 70, d'après ce que
nous rapportent les journaux; est-il vrai qu'actuellement, il y en a 47 qui ont
été revisés pour être accordés à
l'entreprise privée? Est-ce exact?
M. BOYD: Non, l'on "tortille" dans tout cela. Il y a 47 devis qui sont
en voie de préparation, dont certains pour être mis en
exploitation en 1970. Mais il n'y en a aucun pour telle et telle option. Comme
je viens de vous le dire, on travaille sur ces devis. Nos gens de la
construction, notre génie, nos ingénieurs-conseils et notre
direction des contrats préparent ces devis; quand la décision
sera prise, ces devis-là serviront aux gens de la construction de
l'Hydro-Québec ou aux entrepreneurs.
On a dit déjà qu'il y avait eu des dépassements. On
a dit que, dans certains cas, c'est parce que les devis et les plans
n'étaient pas suffisamment prêts avant de commencer. Cette
fois-ci, nous sommes prêts et puis on semble nous le reprocher dans
certains milieux.
Le gérant du chantier de Manic-3, si c'est 80 p.c. à
l'Hydro-Québec, comme cela l'a été sur le reste du
chantier ou si c'est 100 p.c. à l'Hydro-Québec ou si c'est autre
chose, nous le considérerons chez nous moi, je suis en charge de
la construction auprès de la commission comme un gérant de
chantier et nous lui demanderons d'administrer son affaire comme un
gérant d'entreprise le ferait.
Pour 1970, un jour, il va donc recevoir un paquet de devis et de plans,
et nous allons lui demander d'administrer d'une façon efficace. Il aura
les renseignements qu'il lui faut; s'il en a un peu plus qu'il lui faut, tant
mieux, ce sera la première fois depuis longtemps que cela arrive.
Alors je ne vois pas en quoi l'on peut faire des histoires dans les
journaux avec cela.
M. BINETTE: En fait, pour préparer les futurs contrats, c'est 70
plans et devis qui ont été faits par les employés de
l'Hydro. Maintenant dans ces 70 contrats ou morcellements du contrat
général, de l'ensemble, il y en a 47 qui sont actuellement
prêts mais qui peuvent servir aussi bien pour l'entreprise privée,
si vous décidez de l'accorder à l'entreprise privée,
qu'à l'Hydro même; c'est ce que vous avez dit.
M. BOYD: D'ailleurs je dois préciser qu'il n'y en a pas 47 de
prêts, on en a de prêts...
M. BINETTE: Combien y en a-t-il de prêts?
M. BOYD: M. Monty, qui est derrière moi, me dit qu'il y en a
quatre qui sont terminés.
M. BINETTE: II y en a quatre qui sont terminés?
M. BOYD: On a fait une liste de 47, mais il y en a quatre qui sont
terminés.
M. BINETTE: Alors s'il y en a seulement quatre de terminés,
actuellement de toute façon, l'Hydro-Québec a-t-elle plutôt
une tendance? Il semblerait que l'Hydro-Québec a plutôt tendance
à aller vers l'entreprise privée qu'à conserver sa
façon d'agir d'autrefois.
M. BOYD: M. Binette, on ne peut pas donner...
M. BINETTE: Dans ce qui ressort du débat...
M. BOYD: On ne peut pas dans le moment, je pense bien, dire qu'il y a
une tendance, parce que, personnellement, je n'aurai pas de tendance tant que
la décision ne sera pas prise et elle n'est pas prise.
Les gens peuvent avoir des opinions, les gens à
l'extérieur de l'Hydro peuvent prendre des documents, comme celui auquel
vous venez de référer là, tirer des conclusions et faire
des déclarations qui ne tiennent pas debout.
M. BINETTE: Est-ce que, d'ici la fin de janvier, vous avez assez de
temps pour vous décider à savoir si ce sera l'entreprise
privée ou l'Hydro, en majeure partie, qui exécuteront les
contrats?
M. BOYD: Oui.
M. BINETTE: A ce moment-là, cela veut dire que la majorité
des contrats sera prête? Non?
M. BOYD: Non. En 1970, le programme de construction prévoit dans
notre budget, $14 millions pour le programme Manic-3. Donc il n'est pas besoin
d'avoir 47 devis de prêts, on en a besoin peut-être d'une
demi-douzaine, et il y en a déjà 4 qui sont prêts. Les
autres vont se continuer, les 47 qui sont en voie vont se continuer, on va
continuer la préparation au cours de l'année 1970.
M. BINETTE: Pour prendre votre décision, vous n'avez pas besoin
de compléter ces plans et devis?
M. BOYD: Non, on a besoin de mûrir davantage, de voir si c'est
avantageux d'aller d'un côté plus que de l'autre; c'est tout,
c'est ça qu'on a à voir.
M. BOURASSA: Je reviens à la question d'Excelsior parce que vous
avez dit tantôt que, dans le contrat, la compagnie Excelsior ne pouvait
pas acheter le matériel et servait simplement d'agent. Mais dans la
liste des acheteurs qui a été remise à M. Pinard en
réponse à une question, c'est écrit à un endroit
que, les entreprises Excelsior sont considérées comme acheteurs.
Je ne sais pas si c'est vous qui avez préparé ou du moins si vous
êtes au courant de la réponse qui a été
donnée à M. Pinard.
M. BOYD: Est-ce que Excelsior a acheté quelque chose? M.
Bourassa, on va chercher, on a la liste complète de toutes les ventes
ici...
M. BOURASSA: Oui, c'est parce que vous avez donné la liste des
acheteurs et parmi les acheteurs, vous avez l'agent; ça fait curieux
étant que dans le contrat, la compagnie ne peut pas être
considérée comme acheteur, d'après ce qui nous a
été dit tantôt.
M. BOYD: Je vais vérifier, si vous le permettez.
M. BOURASSA: Vérifiez donc s'il y a d'autre équipement qui
a été acheté par le gouvernement, par
l'Hydro-Québec, par différents ministères, en même
temps. A part la question des Terres et Forêts qui a été
soulevée tantôt.
M. BOYD: D'accord.
M. BOURASSA: Auriez-vous les chiffres dont je vous parlais ce matin?
M. BOYD: Oui, je les ai, M. Bourassa, mais est-ce que le
président voudrait que je termine sur la question de
l'équipement?
M. PINARD: M. Boyd, je pense que les membres de la commission seraient
peut-être intéressés à savoir à quelle date
fut signé le premier contrat d'exclusivité en faveur de M.
Saint-Gelais, pour la vente de l'équipement, des métaux ferreux
et non ferreux ayant déjà appartenu à l'Hydro.
M. BOURASSA: II y avait aussi le montant des commissions payées
par l'Hydro à la compagnie.
M. BOYD: M. Bourassa... M. BOURASSA: Oui.
M. BOYD: La résolution de la commission pour les engager,
c'était le 22 juillet; la convention, c'est le 8 août 1968.
M. BOURASSA: Le montant des commissions qui ont été
payées, M. Boyd?
M. BOYD: Oui. Alors, j'ai dit tout à l'heure qu'il y avait eu $4
millions de vendus par l'entremise d'Excelsior. Sur ce montant, il y a $3.5
millions pour lesquels les commissions ont été payées,
soit $211,000...
M. BOURASSA: Depuis 1968, cela? M. BOYD: Oui, oui.
M. BOURASSA: Quel mois, vous dites? Juillet 1968?
M. BOYD: Depuis le 1er août 1968 jusqu'au 31 octobre 1969.
M. BOURASSA: C'est $211,000?
M. BOYD: Oui. Pour une vente de $3.5 millions. Pour l'autre
demi-million, nous n'avons pas été facturés, mais ce sera
dans la même proportion.
M. BOURASSA: D'après vous, c'est plus économique d'avoir
agi comme cela que si l'Hydro, au lieu d'avoir vendu $3 millions, avait vendu
$7 millions elle-même?
M. BOYD: Bien, je vais essayer de vous donner des chiffres...
M. BOURASSA: D'accord.
M. BOYD: ... qui, peut-être, vont vous donner une indication. La
transaction effectuée, pourcentage de récupération
le prix brut : $3.5 millions; le coût d'achat: $10,400,000;
récupération: 33.8 p.c. Prix net de vente, pas rapport à
la valeur aux livres: $3,338,000 sur une valeur aux livres de $2,312,000
ce qui donne un rendement de 144 p.c.
Prix de vente par rapport à la mise à prix: $3,338,000 sur
$2,560,000, un rendement de 130 p.c. Alors, en d'autres mots, Excelsior a
obtenu un rendement de 144 p.c. par rapport à notre valeur aux livres,
et 133 p.c. par rapport à notre mise à prix. Donc, je pense que,
par ces deux chiffres, on ne peut nécessairement pas conclure, mais
c'est tout de même une indication que les commissions payées ont
amplement été compensées par...
M. BOURASSA: Qu'est-ce qui vous fait dire que l'Hydro n'aurait pas pu
obtenir le même rendement?
M. BOYD: J'ai pris mes précautions, M. Bourassa. Je n'ai pas dit
que nécessairement on pouvait conclure, mais c'est quand même une
indication que si on avait un marché avec une mise à prix de
l'Hydro, avec un personnel restreint, soit qu'on aurait vendu moins ou qu'il
aurait pu se faire qu'on obtienne moins également. Mais, je pense que
les résultats obtenus étaient satisfaisants. C'est pourquoi, pour
le gros de cette entreprise, on a eu recours à eux. Lorsqu'on en a eu
suffisamment de vendu et aussi parce qu'on voulait garder tout ce qui
était dans nos stocks, magasins ou entrepôts, qui pouvait
être requis pour Manic-3, on a annulé ce contrat.
Actuellement nous avons dans nos chantiers réservés tout
ce qui était utilisable à Manic-3. Cela a une valeur d'achat de
$45 millions, une valeur aux livres de $12 millions. Ceci, nous le gardons pour
Manic-3.
M. BOURASSA: Je respecte votre opinion, mais je ne suis pas tellement
convaincu par le fait que l'Hydro-Québec a fait un avantage
pécuniaire, en confiant ça à un courtier, étant
donné l'ampleur des commission impliquées.
M. ROY: M. Boyd, sur le même sujet, on a mentionné un
montant de $211,000 versé en commissions à la compagnie
Excelsior. Pouvez-vous me dire, premièrement si c'est la première
fois que l'Hydro-Québec procédait avec l'intermédiaire
d'un agent? Deuxièmement, est-ce que le catalogue qui a
été publié par la compagnie Excelsior a été
chargé en plus des honoraires à l'Hydro-Québec?
Troisièmement, est-ce qu'il y avait des frais de déplacement, des
frais de publicité d'accordés à la compagnie Excelsior ou
si le montant de $211,000 est brut?
M. BOYD: La compagnie Excelsior a évidemment eu des
dépenses à faire. Le catalogue dont vous parlez, c'était
son affaire, ainsi que les frais de publicité, les frais de voyage et
tous les frais normaux d'un agent. Elle a eu des frais. Est-ce que
c'était ses frais? Je ne le sais pas.
M. LESAGE: Je voudrais faire remarquer au député de
Joliette que ce n'est pas le catalogue de chez Eaton, c'est simplement une
liste polycopiée décrivant très brièvement la
machinerie; alors c'est normal que les frais de catalogue, que les frais de
voyage soient payés à même la commission reçue.
D'ailleurs, nous avons ici une copie du contrat et nous avons les conditions,
et les dépenses sont normalement aux frais des entreprises Excelsior,
les taux des commissions sont mentionnés.
M. ROY: Mais étant donné que je ne peux pas poser la
question au chef de l'Opposition, je...
M. LESAGE: Non, mais comme j'ai le document devant moi, vous feriez
peut-être aussi bien de lire le document, vous épargneriez le
temps de la commission.
M. ROY: Je ne me fie pas toujours à vos réponses
objectives!
M. LESAGE: Eh bien, ce sont des réponses du ministre en
Chambre.
M. ROY: Mais j'ai déjà vu de l'interprétation, vous
êtes savant dans l'interprétation.
M. LESAGE: Non, mais je vous offre le document.
M. ROY: Alors étant donné que M. Boyd est ici, je remercie
le ministre et la commission des Richesses naturelles de nous permettre de
questionner les gens. Je ne pense pas que vos collègues de 1960 à
1966, auraient pu questionner des commissaires comme nous avons le droit de le
faire, nous les collègues, qui ne sommes quand même pas des
membres du cabinet des ministres, M. le chef de l'Opposition.
Alors, M. Boyd, si vous voulez répondre à mes
questions?
M. BOYD: Oui, d'accord.
M. ROY: M. Boyd, j'aimerais que vous répondiez à ma
première question: est-ce qu'il y a déjà eu des
précédents? Est-ce qu'il y a déjà eu des mandats de
donnés à des personnes de l'extérieur?
M. BOYD: Non, à ma connaissance, M. Roy, je ne crois pas qu'il y
ait eu d'agence, mais nous n'avons jamais été dans une situation
semblable. Habituellement c'était du cuivre qui était en surplus,
qu'on enlevait des lignes en reconstruction, du métal de
différentes sortes, des automobiles usagées, des vieux camions de
distribution, etc, de temps à autre des automobiles de l'administration
mais c'étaient de petits montants et des choses qui sont facilement
disponibles et qui étaient en cours; tandis que cette fois-ci
c'était un surplus de matériel et du matériel très
lourd qui devait être vendu et qu'on ne devait pas laisser moisir ou se
détériorer dans nos cours. Alors il y avait une action assez
rapide. Il s'agissait de faire entrer de l'argent également et
d'éviter des dépréciations inutiles; il aurait fallu, soit
engager du personnel de surplus, prendre le temps de les habituer à ce
métier, soit recourir à des gens qui étaient
habitués. Mais on n'a pas quand même cessé d'en vendre
puisqu'on en a vendu presque autant qu'eux pendant la même
période.
M. LE PRESIDENT: Le député de Drummond.
M. PINARD: M. Boyd, vous avez parlé tantôt d'une fusion de
trois entreprises de vente de surplus d'équipement de l'Hydro. Vous les
avez nommées tantôt, j'ai oublié le nom. Voulez-vous les
répéter, s'il vous plaît? Avant que l'Hydro n'accorde un
contrat d'exclusivité à Excelsior.
M. BOYD: Oui, c'est M. Giroux qui l'a dit. Mais quand même, je les
ai ici. C'est Universal Equipment, Canadian Salvage et National Salvage.
M. PINARD: Oui, qu'est-il advenu de ces trois compagnies-là
après que le contrat d'exclusivité en faveur d'Excelsior fut
signé par l'Hydro?
M. BOYD: Je ne sais pas.
M. PINARD: Bon. Alors comment avez-vous procédé pour
accorder ce contrat d'exclusivité à Excelsior? Est-ce qu'il fut
le seul à offrir ses services ou avez-vous demandé les services
d'autres agences de vente du même genre?
M. BOYD: II y avait d'autres possibilités d'agences. En fait, il
y a eu d'autres offres, mais parmi les agences qui pouvaient vendre en
quantité, il y aurait eu des noms à consonance
étrangère qui auraient pu le faire. La seule entreprise
canadienne-française d'envergure que nous trouvions était
celle-là.
M. PINARD: Oui, mais qu'est-il advenu des trois autres entreprises?
Est-ce qu'elles ont été fusionnées à Excelsior ou
si elles sont disparues purement et simplement pour faire la place uniquement
à Excelsior?
M. BOYD: Je ne sais pas, M. Pinard. Si vous voulez on peut
s'enquérir de cela, mais moi je ne le sais pas.
M. DE GUISE: Si vous le permettez, dans les notes que nous avons ici, il
est dit qu'il y a lieu de signaler que la compagnies des entreprises Excelsior
a été formée par le regroupement des trois compagnies
fonctionnant sous le nom...
M. PINARD: Nous venons de l'apprendre ce matin. Les documents
déposés par le ministre des Richesses naturelles sur une motion
de production de documents faite et dûment inscrite au feuilleton par
celui qui vous parle n'ont pas donné ce résultat-là. C'est
la première fois que nous en entendons parler ce matin.
M. ALLARD: Qu'est-ce que donnait la réponse?
M. PINARD: La réponse donnait tout simplement la liste des
contrats signés en exclusivité en faveur d'Excelsior par
l'Hydro.
M. ALLARD: Est-ce qu'il y avait une question de posée quant
à Universal Equipment ou l'autre?
M. PINARD: Non, absolument pas. M. ALLARD: Alors...
M. PINARD: Alors M. Bourassa, avec votre permission, je vais lire la
question qui apparaissait au feuilleton le 18 mars 1969.
Question de M. Pinard: De quelle façon la Commission
Hydro-électrique de Québec pro-cède-t-elle lorsqu'elle
désire disposer de matériaux dont elle n'a plus besoin?
Deuxièmement, s'il y a eu vente de ces matériaux depuis le 16
juin 1966 jusqu'au 28 février 1969, quels sont: a) Les noms,
prénoms et adresses des acheteurs? b) Le montant total des ventes?
Réponse de M. Allard: Premièrement. Les méthodes et
les procédures de la mise en marché des biens
excédentaires de l'Hydro varient selon la valeur marchande et la
localisation. L'HydroQuébec procède à la mise en
marché selon les méthodes d'usage, soit: appels d'offres au
public, appels d'offres privés, avis de vente locale, circulaires,
ventes de gré à gré et
ventes par l'entremise d'un courtier pour machinerie, véhicules
moteurs (capacité de 5 tonnes et plus), matériel d'usines et
carrières et matériel d'ateliers mécaniques. Chaque vente
est adjugée au plus haut soumissionnaire.
Deuxièmement, "A" voir liste annexée à la
présente. Alors c'est la liste des ventes faites de juin 1966 à
mars 1969, comprenant dans le groupe "A" tous les équipements,
accessoires et autres pièces de machinerie, et dans le groupe "B", les
métaux ferreux et non ferreux. Dans le groupe "A", c'est-à-dire
liste qui concerne l'équipement vendu de juin 1966 à mars 1969,
nous retrouvons le nom des entreprises Excelsior qui ont acheté de
l'équipement et, dans la liste du groupe "b", nous retrouvons encore le
nom des entreprises d'Excelsior qui ont acheté des métaux non
ferreux.
M. ALLARD: C'est avant 1968?
M. PINARD: C'est dans la période juin 1966 à mars 1969,
c'est-à-dire alors que le contrat d'exclusivité donné par
1'Hydro à Excelsior était en vigueur.
M. ALLARD: En 1968, le contrat.
M. PINARD: Et alors que le contrat disait qu'Excelsior ne pouvait pas se
porter acquéreur des biens excédentaires de 1'Hydro.
M. ALLARD: Le contrat d'Excelsior, c'est en 1968?
M. PINARD: Et on a posé une question tantôt...
M. LESAGE: II y en a...
M. ALLARD: Le contrat d'Excelsior a commencé à quel
moment?
M. BOURASSA: Le 1er août 1968.
M. ALLARD: Est-ce qu'il y aurait lieu de clarifier pour savoir si les
achats d'Excelsior ont eu lieu avant 1968 ou après 1968? C'est ce qui
semble être la question que le député pose en voulant dire
qu'Excelsior, alors qu'il était le vendeur, était aussi
l'acheteur.
M. BOURASSA: Ah oui!
M. ALLARD: Alors c'est cela qu'il faudrait clarifier avec des documents
précis.
M. PINARD: Vos documents déposés en Chambre ne sont pas
clairs.
M. BOURASSA: C'est ça.
M. ALLARD: II ne faut pas laisser dans l'esprit ce que vous venez de
dire là actuellement.
M. PINARD: C'est précisément la question que je pose
à M. Boyd.
M. BOURASSA: On a posé la question tantôt, il devait
vérifier.
M. BOYD: M. Pinard j'ai demandé, j'aurai une réponse dans
quelques minutes, si vous voulez.
M. ALLARD: Je ne sais pas s'ils ont ce qu'il faut ici.
M. PINARD: Je vais procéder à une autre question, M. le
Président, pendant que...
M. ROY: Sur le même sujet...
M. PINARD: II faudrait avoir de l'ordre dans...
M. ROY: J'ai l'impression qu'on n'a pas encore répondu à
ma première question. J'ai quand même autant le droit que
vous...
M. PINARD: Un instant, c'est M. le président qui va
décider, ce n'est pas vous. M. le Président, alors rendez votre
décision.
M. ROY: Je me demande en vertu de quel principe vous avez plus de droit
que nous.
M. LESAGE: Mais il y a une série de questions à poser.
M. ROY: Laissez-moi finir la mienne, je vais vous laisser finir la
vôtre. Je ne suis pas intervenu quand vous avez parlé.
M. LESAGE: Moi non plus.
M. BOURASSA: Alors, on mène à défaut.
M. ROY: Le grand comptable.
M. LESAGE: Voyons, voyons.
M. ROY: M. Boyd, étant donné que vous m'avez dit que vous
n'aviez jamais procédé en vertu d'entente ou de contrat des
compagnies, pouvez-vous me dire si vous avez déjà accordé
à des individus ou si vous avez déjà versé à
des individus des commissions provenant de la vente d'équipement de
l'Hydro-Québec?
M. BOYD: A ma connaissance, non, mais...
M. ROY: Parce que quelqu'un m'a informé qu'il avait acheté
de l'équipement en 1964 de l'Hydro-Québec et qu'il l'avait
revendu à l'intérieur.
M. BOURASSA: Le passé.
M. ROY: Bien, le passé, qu'est-ce que vous
faites? Vous ne travaillez pas dans l'avenir, vous cherchez des
bibites.
M. LESAGE: Ah oui! le député de Mercier travaille dans
l'avenir.
M. ALLARD: C'est encore loin.
M. ROY: C'est tellement lointain. Il voulait nous montrer un nouveau
Robert Bourassa, ce matin, et puis il est venu lui-même.
M. BOURASSA: Cela s'en vient.
M. BOYD: M. Roy, à ma connaissance ainsi qu'à celle de mes
confrères de la commission, dont M. Gauvreau, qui était là
avant moi, nous n'avons accordé de commission à aucun individu
pour vendre de l'équipement.
M. ROY: En quelle année M. Gauvreau a-t-il été
nommé?
UNE VOIX: En 1961.
M. ROY: C'est bien, c'est parce que le Devoir mentionnait deux
nominations, avec les années en regard; je voulais savoir s'il y en
avait eu d'autres antérieurement à ça.
M. LE PRESIDENT: Le député de Drummond.
M. PINARD : Alors, pour enchaîner avec les questions que je vous
ai posées tantôt, M. Boyd, je vous ai fait état
tantôt de la liste des documents qui ont été produits par
le ministre des Richesses naturelles en réponse à une question
posée, par moi, au feuilleton. Le montant des ventes pour la
période du 16 juin 1966 jusqu'au 28 février 1969 totalise la
somme de $13,261,692. Il semblerait donc que 1'Hydro a vendu ou a fait vendre
des biens excédentaires dont le prix de vente a rapporté
$13,261,692.
Alors, ça, c'était sans l'entremise d'un courtier.
M. BOYD : Quelles étaient les dates, encore une fois?
M. PINARD: Du 16 juin 1966 jusqu'au 28 février 1969.
M. BOYD: II y a une partie du 1er août 1968 au 28 février
1969, où il y avait l'agence.
M. PINARD: Quel montant faudrait-il extraire de ce montant global de
$13,261,692 pour se référer aux ventes faites par votre agent
exclusif, Excelsior?
M. BOYD: M. Pinard, il faudrait ici faire un calcul; on va demander
à nos aides, ici, de le faire. Nous avons le chiffre de $4 millions du
1er août 1968 au 31 octobre 1969. Je crois que nous pouvons extraire des
documents que nous avons, ici, pour la période qui vous
intéresse, qui serait du 1er août 1968 au 28 février 1969
laquelle partie a été vendue par Excelsior, c'est ça?
M. PINARD: Oui, parce que je vois ici un décalage assez
considérable dans les chiffres qui nous sont fournis, d'une part, par
vous, M. Boyd et, d'autre part, par le premier ministre qui a répondu
à une autre question que j'ai inscrite au feuilleton, le 21 octobre
1969, relativement au total des ventes faites par les Entreprises Excelsior. La
réponse de M. Bertrand, le 3 décembre 1969, donnait, comme
montant global des ventes faites par l'entremise d'Excelsior, $2,967,067.83, au
15 septembre 1969. Alors, nous ne rejoignons pas les $4 millions dont vous
parliez tantôt.
M. BOYD: Pour l'année 1966, il n'y avait pas d'agent et l'Hydro a
vendu pour $3.3 millions. En 1967, $4.8 millions et, en 1968, $4.6 millions.
Alors, c'est après le 1er août 1968 qu'Excelsior a commencé
à vendre. Les ventes ont effectivement rentré après un
certain nombre de mois. Donc, ils n'ont pas tellement vendu en 1968, avant
qu'ils aient fait leur publicité, leur catalogue et tout. Je pense que
cela répond, dans une certaine mesure, à ce que vous
demandez.
M. PINARD: Pourriez-vous nous donner une idée du tableau des
commissions payables et payées à Excelsior par l'Hydro sur la
vente des biens excédentaires?
M. BOYD: Vous voulez...
M. PINARD: Oui. Est-ce qu'il y a un tableau de commissions, à
taux décroissant?
UNE VOIX: Vous l'avez dans le contrat.
M. BOYD: C'est dans le contrat, M. Pinard. Vous l'avez. Pour un prix de
vente de $10,000 et moins, c'est 10 p.c.; entre $10,000 et $25,000, c'est 7.5
p.c; entre $25,000 à $50,000, c'est 6 p.c; entre $50,000 à
$100,000, c'est 5 p.c; pour $100,000 et plus, c'est 4 p.c.
M. PINARD: Oui. Le contrat n'explique pas bien de quelle façon
fonctionne ce mécanisme des commissions à taux
décroissant. Dans les ventes de $100,000 et plus, est-ce qu'il
était loisible à Excelsior de grouper des unités pour
former le montant total de $100,000 et plus?
M. GIROUX: II n'y avait pas d'avantage à le faire.
M. PINARD: Oui, enfin, c'est cela. Je veux savoir le
mécanisme.
M. BOYD: Elles n'avaient pas d'avantage à se grouper. D'ailleurs,
ici, on a une première liste qui a été soumise à la
commission. Le tableau donne la réponse. L'acheteur, Industrial Minerals
Limited, a acheté un compresseur. Alors, c'est toujours en fonction de
l'acheteur. Si un acheteur a acheté deux compresseurs, eh bien, cela ira
ensemble, évidemment. Vous avez les différents acheteurs et,
vis-à-vis, l'équipement qu'ils se proposaient d'acheter; le
coût d'achat, la mise à prix, la valeur obtenue. C'est ce que j'ai
donné tout à l'heure en pourcentage de rendement.
M. PINARD: Ici, il y a une liste qui a été
préparée par les Entreprises Excelsior Inc., et qui groupe un
très grand nombre d'unités d'équipement divers.
Malheureusement, le document n'est pas daté. Est-ce que vous avez une
contrepartie de ce document pour établir quelle doit être la mise
à prix de chaque unité d'équipement?
M. BOYD: C'est nous qui fixons la mise à prix.
M. PINARD: Bon. Vous fixez la mise à prix. Alors, je ne sais pas
si vous reconnaissez le document que je peux avoir entre les mains, même
s'il n'est pas daté. Il semblerait que c'est à la suite du
contrat d'exclusivité accordé à Excelsior, qu'Excelsior a
fait connaître à des acheteurs intéressés la liste
des équipements qu'elle pourrait avoir en vente chez elle.
Alors, est-ce que M. Boyd pourrait nous dire quelle est la valeur de la
mise à prix globale des équipements dont il est fait état
dans cette liste?
M. COURNOYER: Et en même temps, M. le Président, j'aimerais
bien avoir la mise à prix pour 1966, 1967, 1968, des $3.3 millions, $4.8
millions et $4.6 millions qui ont été vendus par
l'Hydro-Québec. Il y a eu des mises à prix, là aussi, en
1966, 1967, 1968. Il serait intéressant de savoir la progression.
M. BOYD: M. Pinard, je ne sais pas si nous avons le même document.
Mais en ce qui concerne la procédure c'est la direction
générale "génie", telle qu'elle était autrefois, et
maintenant la direction générale construction qui, suivant ses
besoins, recommande que telle pièce d'équipement soit vendue. La
direction générale de la construction, en coopération avec
la direction générale de la finance-comptabilité,
établit... Nous avons plusieurs critères en fait pour
l'établir. Peut-être que je devrais vous indiquer les
différents critères qui sont employés pour établir
la mise à prix, si je peux les retrouver. La mise à prix est
d'abord établie par...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous pourriez répondre en même
temps à la question du député de Saint-Jacques? Vous avez
posé une question.
M. COURNOYER: Ma question est une résultante de votre
procédure de mise à prix. J'aimerais savoir la mise à prix
de 1966 pour l'équipement vendu à $3.3 millions, que vous venez
de dire. Il a dû y avoir une mise à prix globale et le
résultat est de $3.3 millions, $4.8 millions et $4.6 millions dans les
trois années.
M. GIROUX: Je crois que là-dessus, il y a une petite question de
procédure qui a été changée. C'est qu'à ce
moment-là l'article était déclaré surplus, on se
servait de la valeur aux livres et on demandait des soumissions. Le prix
obtenu, on le vendait. Alors, on le vendait, qu'on en ait un bon prix ou un
mauvais prix.
M. COURNOYER: II n'y avait pas de mise à prix à
l'époque.
M. GIROUX: II n'y avait pas de mise à prix scientifique de faite,
tandis que maintenant il y a une mise à prix qui est faite.
M. COURNOYER: Quelle était donc comme résultante la valeur
aux livres de 1966? Parce qu'on part quand même de quelque chose. $3.3
millions ont été le résultat de la vente. Quelle
était la valeur aux livres de ce qui a été vendu pour $3.3
millions?
M. GIROUX: Je ne crois pas que l'on ait cela ici. On a les chiffres qui
concernaient les questions d'Excelsior et non pas le reste.
M. BOYD: Je pense que nous pouvons l'obtenir, M. Cournoyer. Nous
l'obtiendrons aussitôt que possible.
M. COURNOYER: C'est juste pour expliquer. Pour ma part, je m'explique,
M. le Président, une décision, à un moment donné,
de changer de procédure. Je la mets dans son contexte donné et je
me dis qu'il y a eu sans doute une évolution de faite par
l'administration de l'Hydro-Québec pour en arriver à une
conclusion. Comme je veux m'expliquer cette décision de confier une
partie à l'entreprise privée dans le cas d'Excelsior et une
partie à l'HydroQuébec dans le cas d'une partie de ses biens
à disposer, je dis: Est-ce qu'il y a eu une "rationale" qui a
précédé cela? Je recherche à partir de
l'évolution de 1966, 1967, 1968, soit l'établissement d'une
procédure qui a été la résultante de
peut-être des pertes d'argent de la part de l'Hydro-Québec
comparativement à ce qu'elle aurait pu vendre ses biens de surplus.
C'est ce que je recherche.
M. GIROUX: Dans la question principale, on pourrait expliquer à
ce moment-là, si l'on tient
compte des recommandations de M. Prud'homme, qu'au moment où il
faisait un appel de soumission, il vendait la marchandise. Alors, les gens
pouvaient les acheter et les garder en inventaire, donc prendre une marge
beaucoup plus forte. Ce qui est absolument normal. M. Prud'homme a alors
recommandé pour certaines sortes de marchandises, qui étaient
difficiles à obtenir, des soumissions pour faire une vente par des gens
qui iraient solliciter. C'est de cette recommandation-là et c'est
à ce moment-là qu'il a établi une mise à prix pour
qu'ils puissent vendre en bas de la mise à prix, qui pouvait être
simplement une suggestion de catalogue et qui se basait en dessus de sa valeur
aux livres. A ce moment-là, il revenait toujours et il demandait
l'autorisation avant de permettre de vendre.
M. BOURASSA: Mais est-ce que dans les ventes au gouvernement vous
recourez à...
M. GIROUX: Nous reconnaissons l'acheteur qu'après.
M. BOURASSA: Tantôt, j'ai posé une question, il y a eu le
cas du ministère des Terres et Forêts où il y a eu une
commission de donnée.
M. GIROUX: Même s'il y en avait d'autres, M. Bourassa, au moment
où on a fait la vente, pour autant que les conditions donnaient
satisfaction au service des approvisionnements, il vendait, si lui, il
fournissait son acheteur après.
M. BOURASSA: Oui, mais le personnel qui est déjà en
fonction, à l'Hydro-Québec, il me semble qu'il pourrait
s'informer auprès des différents ministères
gouvernementaux des besoins d'équipement sans qu'on ait à passer
par Excelsior.
M. BOYD: A ce sujet-là, quand notre service de surplus d'actif a
des pièces difficiles à vendre, il écrit à tous les
intéressés, c'est aussi bien au gouvernement qu'aux
municipalités, et aux entrepreneurs. Dans certains cas, des centaines de
lettres sont adressées pour offrir cette pièce
d'équipement. Or, je considère qu'un pont Bailey, ce n'est pas
une pièce d'équipement facile à vendre.
M. ALLARD: Est-ce que l'on peut faire une difficulté du fait
qu'une pièce d'équipement aurait été vendue par un
vendeur de l'Hydro à un organisme du gouvernement? C'est ça le
fond de la question?
M. BOURASSA: Oui. Ce que l'on dit, c'est qu'il y a déjà
des fonctionnaires en place. Tantôt, un exemple a été
fourni à l'effet qu'une commission de 4 p.c. a été
donnée à Excelsior pour une vente de l'Hydro-Québec au
ministère des Terres et Forêts.
Je demande si, dans le cas des ventes aux différents
ministères et services, on passe par Excelsior ou s'il n'y aurait pas
moyen, étant donné que c'est un peu les mêmes actionnaires,
d'éviter...
UNE VOIX: Oui, mais je viens de vous le dire.
M. BOURASSA: Oui, je répète la question.
M. GIROUX: M. Bourassa, au point de vue de l'efficacité, vous
pourriez peut-être demander aux gens du gouvernement, avant d'acheter,
d'aller s'informer...
M. BOURASSA: Pardon?
M. GIROUX: Au point de vue de l'efficacité, peut-être que
les gens du gouvernement pourraient s'informer où il y a de la
marchandise à vendre.
M. BOURASSA: Non, mais je vous dis qu'avec le personnel...
M. GIROUX: Là si on veut jouer sur les mots là, c'est
simplement...
M. BOURASSA: D'accord. Mais ce que j'ai demandé, c'est qu'avec le
personnel en place, si ce personnel-là, étant donné que ce
sont les mêmes sociétés, que les relations doivent
être quand même assez étroites...
M. GIROUX: Au moment où on a demandé des soumissions, l'an
passé, le gouvernement n'était pas intéressé, le
gouvernement n'avait pas besoin de ces choses-là et n'envoyait pas de
soumission.
M. BOURASSA: Je m'excuse si vous l'avez dit, mais est-ce que vous avez
fait des appels d'offres pour donner le contrat à Excelsior? Je sais que
M. Pinard a posé...
M. GIROUX: Non, non. Non, non.
M. BOURASSA: Vous n'avez pas fait d'appels d'offres.
M. GIROUX: Nous avons simplement exigé de la qualité des
gens qui pouvaient distribuer le surplus.
M. BOURASSA: Et vous avez donné le contrat à Excelsior
comme ça?
M. GIROUX: Les appels d'offres, dans ces choses-là, c'est
simplement une questions de jugement. C'est comme faire un appel d'offres
à un bureau d'avocats ou à un bureau de comptables.
M. ROY: Comme la nomination de A.B.B.D.L.
M. BOURASSA: Quant à la question que je vous ai posée
tantôt sur le fait que Excelsior était acheteur, on a dit qu'on
vérifierait dans le document.
M. GIROUX: Naturellement, c'est dans la période de 1967-68.
M. BOURASSA: Oui, c'est cela qu'on voulait savoir.
M. ALLARD: Oui, c'est ça qu'on va faire éclaircir pour
savoir s'il y a eu un mélange ou non. S'ils ont acheté avant de
partir, il n'y a pas de problème. S'ils ont acheté après
1968, c'est une autre paire de manches. Cela, on va le faire éclaircir,
et on aura la situation. Deuxième question.
M. PINARD: J'attends M. Boyd. M. Boyd, une question, c'est ma
dernière, elle servira d'exemple. Je voudrais savoir ce que pourrait
valoir un "caterpillar", un tracteur "caterpillar", modèle D-9G,
série 66A-53, de l'année 1967 avec de l'équipement, des
accessoires, comme on dit "blade winch and ripper" et le commentaire:
"condition excellente"? Combien cela pouvait-il valoir aux yeux de l'Hydro,
comme mise à prix? Alors il y en avait cinq à vendre de la
même catégorie, de la même qualité. Je
répète: tracteur caterpillar, modèle D-9G, série
66A-53, année 1967, accessoire "blade winch and ripper", commentaires:
"excellente condition".
M. GIROUX: Dans la liste que vous avez, il y a la mise à
prix?
M. PINARD: Non. Il n'y a pas de prix de fixé sur la liste.
M. GIROUX: Alors, sur la liste qu'il y avait, il y avait un prix.
Cela, c'était sur la liste qui a été
envoyée, fort probablement par la compagnie Excelsior aux acheteurs
éventuellement intéressés.
M. LESAGE: C'est un catalogue. Il n'y a pas de prix.
UNE VOIX: II n'y a pas d'image.
M. LESAGE: C'est un catalogue sans prix, ni image. Il n'y a pas de
dessin, il n'y a pas d'image, il n'y a pas de prix.
M. BOYD: Celui-là, M. Pinard...
M. LESAGE: Les conditions sont à la fin: "excellente
condition".
M. ALLARD: La condition de la machine. M. BOYD: Je ne veux pas...
UNE VOIX: Pas les conditions de la vente. M. LESAGE: Mais c'est en
anglais.
M. PINARD: Le commentaire indiquait l'état de la machine,
l'état de marche de la machine.
M. BOYD: II est évident, M. Pinard, que je ne suis pas capable,
à brule-pourpoint, de vous donner ce renseignement.
M. PINARD: Non, mais, est-ce que votre directeur de l'équipement
est ici, par hasard?
M. BOYD: Non. J'aimerais, je ne sais pas si quelqu'un a pris note de
votre description, vous l'avez lue tellement rapidement. Est-ce que vous
pourriez, s'il vous plaît, la relire?
M. PINARD: C'est un exemple qui vaudrait pour tout le reste.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y aurait d'autres questions?
M. LESAGE: La discussion a glissé sur l'équipement.
M. BOYD: M. le Président, si vous voulez passer les
réponses aux questions qui m'ont été posées ce
matin, je suis prêt. Est-ce que vous voulez ces réponses-là
maintenant?
M. BOURASSA: Vous n'avez pas de copies?
M. GAUVREAU: Je ne sais pas si on va avoir le temps de faire tout
ça. M. le Président, on m'a demandé tout à l'heure
depuis combien de temps j'étais à la commission. Je suis le plus
ancien des commissaires, donc les belles fleurs qu'on nous a lancées
tout à l'heure, vous savez, la parfaite exécution de
l'Hydro-Québec, ça me touche personnellement parce qu'apparemment
c'est tout pour moi, ça, j'étais le seul dans ce temps-là
quand on a débuté...
Je voudrais relever quelques-unes des affirmations qui ont
été faites ici, surtout par M. Parent et par M. Chartrand, au
sujet de Manic-3, parce que je trouve excusez-moi si je prends le style
un peu différent de mes collègues ingénieurs, je ne suis
ni ingénieur, ni comptable, ce sont des idées
générales que je voudrais donner qu'il y a des idées
générales qui préoccupent la population, c'est ça
aussi. On a parlé de suicide de l'Hydro, de
désintégration, on a parlé de retour en arrière, de
grande noirceur, de tout ce que vous voudrez. Et je pense qu'en quelques
étapes, je peux vous démontrer, non avec les chiffres, parce
qu'on a essayé de le faire ce matin avec les chiffres et on le fera
encore s'il le faut. Mais la tendance est dans le sens contraire.
Je réponds permièrement à M. Parent ou à M.
Chartrand, je ne le sais pas. Il me semble que
tous les deux, en peu de mots, ont fait surtout le procès de
l'entreprise privée en disant: L'Hydro, c'est parfait; l'entreprise
privée, ça ne peut jamais être bon. Je trouve cela un peu
malhonnête, parce que, lorsque nous donnons des contrats, nous faisons
des études extrêmement longues pendant des années et nous
faisons des examens de préqualification, nous analysons les soumissions,
nous qualifions les entrepreneurs, nous examinons leur passé, nous
tabulons leur solvabilité et aussi nous examinons cette fameuse question
des écarts entre les estimations et le coût final que M. Roy a
mentionné. Je crois que ça aussi, c'est quelque peu complexe,
parce qu'il y a le rôle de l'ingénieur et le rôle de
l'entrepreneur qui sont absolument deux choses différentes.
Prenez par exemple dans le cas de Acres, on pourrait citer des cas
où Acres a donné une estimation autrefois de $10 millions et cela
a coûté. $35 millions. Mais pour dire la vérité, il
faudrait dire qu'on lui avait demandé une estimation rapide. Alors je
pense que cette question des écarts ne doit pas faire l'objet, ne doit
pas éclairer le débat; elle ne peut pas éclairer le
débat parce qu'il y en a des deux côtés. Si on fait
l'historique de tous les contrats à travers le Canada, nous l'avons, des
grands barrages qui ont été donnés, nous voyons que
certaines fois, l'entreprise privée est arrivée en
deçà de l'écart et d'autres fois, elle l'a
dépassé; c'est la même chose pour l'Hydro-Québec: on
peut vous fournir ces chiffres-là. Mais ce qui me préoccupe le
plus quand on parle de désintégration et de suicide...
Quand je suis arrivé à l'Hydro-Québec, il y avait
une période de changements en 1960; il y a toujours des périodes
de changements, tous les cinq ans. Une entreprise de la grandeur de l'Hydro,
c'est comme le gouvernement du Québec, ça évolue,
ça s'adapte aux circonstances.
Il y avait la période d'avant 1960; nous étions un peu
prisonniers d'un fait, à savoir que nous n'avions pas la
compétence technique. Nous avions recours aux services des
ingénieurs de Toronto et nous ne songions même pas à
trouver des entrepreneurs québécois, capables d'entreprendre ces
grands travaux. Avec 1960, arrive le grand défi de Manic-5; un climat un
peu plus intéressant; le personnel québécois se
développe. Nous disons: Nous allons faire Ma-nic-5 nous-mêmes en
grand et nous allons donner des contrats, nous allons morceler des contrats
secondaires.
En faisant cela, nous avons, en même temps,
développé des bureaux d'ingénieurs-conseils; M. Roy, je
crois que vous avez bien compris cela. Les ingénieurs-conseils qui ont
reçu des contrats de l'Hydro-Québec ont pu, grâce à
ces contrats, se bâtir une infrastructure, acquérir une
compétence, grouper un personnel et aussi exporter du génie
à l'étranger, de manière internationale des
Canadiens-français.
M. Roy a bien souligné cela et on se demande, à l'Hydro,
si ce qu'on a fait pour les ingénieurs-conseils, on ne pourrait pas le
faire aussi pour les entrepreneurs. C'est peut-être un peu plus
difficile, mais c'est un fait qu'il y a déjà des entrepreneurs
québécois qui, depuis cinq ou six ans, soumissionnent. On
exécute des contrats à Twin Falls, à Churchill Falls, au
Nouveau-Brunswick et en Colombie-Britannique. Nous pensons que, parmi ces
entrepreneurs, il y en a un certain nombre, une proportion même, qui sont
des Canadiens-français avec des cadres canadiens-français.
Nous croyons qu'en aidant certains entrepreneurs, il est possible que
nous aidions aussi cette entreprise, cette fonction économique, qui est
la construction, à se développer avec des cadres et des moyens
canadiens-français.
Maintenant, Manic-5. Vous le savez; On a fait un si beau tableau de
Manic-5, parce que vraiment c'était un barrage spectaculaire dans sa
grandeur et qu'il posait des difficultés. Mais, je me demande pourquoi
on s'arrêterait à enfermer l'Hydro-Québec dans la formule
de Manic-5?
A mon avis, c'était une étape; il y aura d'autres
étapes; il y aura des centrales thermiques, des centrales
nucléaires. A ce moment-là, notre devoir, c'est
d'améliorer notre capacité interne d'utiliser et d'acheter des
services, soit de génie, soit d'entrepreneurs. Je crois que nous avons
exactement le même problème que tout le secteur public :
ministère des Travaux publics, ministère de la Voirie,
hôpitaux, universités, acheter des services d'architectes,
d'entrepreneurs, d'ingénieurs-conseils. Cela demande de la
compétence; cela demande de l'expérience; cela demande des
données énormes, des données acquises qui nous permettent
de faire des comparaisons, d'établir des appels d'offres rigoureux et
sérieux.
Je pense que nous avons, tous ensemble, les gens du gouvernement et les
gens de l'Hydro-Québec. Nous avons fait beaucoup de chemin depuis cinq
ou six ans. Moi, je serais prêt à proposer ici au gouvernement et
à la population une vision de l'Hydro-Québec, continuant à
se développer dans ce sens-là; une meilleure équipe
interne, capable d'utiliser des services externes tels que entrepreneurs et
ingénieurs. Je crois que ceci est un facteur de développement de
la capacité, de la compétence des cadres
canadiens-français. Je dois ajouter aussi que l'équipe de M.
Giroux a eu la gentillesse de dire que, s'il avait été là
en 1962-1963, il aurait fait la même chose que nous.
Moi, je peux dire exactement la même chose, que je suis solidaire
de l'équipe actuelle...
UNE VOIX: On le voit!
M. GAUVREAU: Oui. On le voit. Je veux assurer que l'idée d'avoir
recours peut-être, lorsque nous aurons toutes les données, tous
les chiffres précis et que nous serons en mesure,
par notre connaissance du terrain, de l'entrepreneur, du devis, de
prendre une décision je suis certain qu'à ce moment-là, il
n'est pas venu, je l'affirme, dans l'idée d'aucun des dirigeants de
l'Hydro, de faire du patronage. Nous avons voulu nous orienter vers une
meilleure utilisation de l'argent. Nous avons voulu faire une meilleure
administration; il me semble que c'est la prochaine étape qui nous est
proposée.
M. LESAGE: Notaire, qui a parlé de patronage, ici depuis le
matin? Vous êtes le premier à en parler.
M. BERGERON: Les journalistes en ont parlé.
M. GAUVREAU: Très bien. Alors, on va dire qu'il n'en a jamais
été question, monsieur.
M. LESAGE: II n'en a pas été question autour de la table,
depuis le matin. Je pense que nous avons essayé de discuter la question
de savoir s'il y avait lieu de changer la politique de l'Hydro, politique
suivie depuis 1960-1961. L'étude a été faite à son
mérite.
J'aimerais bien qu'on s'en tienne au mérite, comme vous l'avez
fait jusqu'au moment où vous commenciez à parler de
patronage.
M. GAUVREAU: Je retire le mot, si vous trouvez qu'il ne s'applique pas.
Maintenant, vous savez, on a même dit...
M. LESAGE: Ah, il s'applique bien de l'autre côté de la
table.
M. GAUVREAU: Voyez-vous, M. Lesage, on dit: L'Hydro-Québec ne se
trompe jamais, elle ne fait jamais d'erreur et les entrepreneurs en font. Cela
non plus n'est pas tout à fait exact.
M. LESAGE: Je ne sais pas qui a dit ça. Je ne l'ai pas entendu
depuis le matin.
M. GAUVREAU: Non, non. Oui, oui, vous étiez absent, je pense, que
c'a été dit ici.
M. LESAGE: Ah oui...
M. GAUVREAU: La panne, je crois que c'est malhonnête, parce que la
panne, d'ailleurs, ce ne sont pas les entrepreneurs qui en sont responsables.
Nous allons vous fournir le dossier complet. Je cite en passant, de
mémoire c'est seulement de mémoire, parce que je
n'étais pas préparé pour dire ça qu'on a eu
une erreur de bouchon, qu'on a eu un pont qui a été
emporté. L'Hydro-Québec a eu ses petites erreurs, comme les
entrepreneurs peuvent les avoir. Je pense que c'est une interprétation
qui ne correspond pas tout à fait à la réalité.
Maintenant, il y a aussi le problème du personnel de l'Hydro
impliqué. On vous a donné des chiffres. Il se peut que nous ayons
certaines difficultés, certains problèmes de
réaffectation, si nous allions à l'entreprise privée, mais
cela aussi est nécessaire, parce que nous faisons des choses que nous ne
faisions pas avant. Nous faisons du nucléaire, nous faisons du
thermique, nous avons un centre de recherche. Nous avons besoin de nouveau
personnel et nous ne pouvons cesser d'embaucher. Je pense que si l'entreprise
privée était engagée pour une partie des travaux, elle
pourrait embaucher une partie de ceux qui, autrement, seraient venus chez nous.
Moi, je ne vois pas la différence.
En tout cas, si la décision que nous prendrons, lorsque nous
aurons toutes les données, devait aboutir à une décision
avec un fort pourcentage de l'entreprise privée, je pense que si nous la
prenons et que si nous avons l'appui du gouvernement pour la prendre, c'est
simplement parce que c'est notre devoir de la prendre, c'est notre devoir
d'administrateur d'administrer au meilleur marché possible. Il n'y a pas
d'autres raisons que ça.
M. BERTRAND: M. Gauvreau, si vous n'avez pas d'autres arguments que ceux
que vous nous avez apportés depuis le matin, je dois dire que les
arguments ne sont pas très convaincants. Qu'il y ait une proportion de
contrats, comme vous l'avez déjà fait, qui soit accordée
à l'entreprise privée, parfait, mais que vous accordiez un fort
pourcentage des contrats à l'entreprise privée, je ne crois pas
que vous ayiez depuis le matin établi à l'aide de chiffres
probants que ce serait une meilleure politique. Je pense bien qu'il vous
faudra, à vous-mêmes et aux commissaires de l'Hydro, d'autres
arguments beaucoup plus frappants que ceux que nous avons entendu
énoncer depuis ce matin.
M. LESAGE: M. le premier ministre, une chose...
M. GAUVREAU: Nous ne l'avons pas dit... Nous avons dit que nous
étudions la possibilité et que nous sommes en mesure, nous
croyons être en mesure de scruter davantage le projet en question et que,
lorsque nous aurons toutes les données, nous serons en mesure de prendre
une décision.
M. BERTRAND: Très bien.
M. LESAGE: M. le Président, le premier ministre a dit que nous
n'avions pas eu de preuve, jusqu'à maintenant. C'est certain que nous
n'avons aucune preuve qu'il y ait lieu de renverser la proportion donnée
à l'entreprise privée, parce qu'il s'agit... tout est relatif.
Depuis sa nouvelle politique de construire le gros des oeuvres avec ses propres
forces, l'Hydro a quand même continué à donner certains
contrats spécialisés...
M. BERTRAND: C'est ce que j'ai dit.
M. LESAGE: Oui, oui, certains contrats spécialisés
à l'entreprise privée mais il s'agit de savoir si ce serait une
bonne chose que l'Hydro-Québec, en général, et plus
spécifiquement dans le cas de Manic-3, donne le gros de l'oeuvre
à l'entreprise privée.
M. ALLARD: Dans le cas du gros des oeuvres, je ne crois pas...
M. LESAGE: Du gros de l'oeuvre, de diviser, par exemple, le contrat du
barrage et de l'accorder à l'entreprise privée. C'est cela qui a
été discuté. Alors, jusqu'à présent, nous
n'avons aucune preuve que ce serait avantageux de le confier à
l'entreprise privée, surtout si l'on tient compte de la
possibilité de division du "gros oeuvre" en plusieurs contrats. A ce
moment-là, je pense qu'on manquerait d'unité de direction.
M. BERTRAND: A ce moment-là, d'ailleurs, vous allez vous exposer
à ce que l'idée qui a été exprimée ce matin
d'avoir un consortium... Quand vous avez un consortium, vous pouvez être
sûrs que vous avez quatre, cinq, six entrepreneurs qui s'unissent. Il n'y
a plus de possibilité, à ce moment-là, d'avoir des
soumissions publiques équilibrées. Je crois que nous pouvons
établir cela comme règle.
Lorsque vous aurez fait le tour de toutes les entreprises
québécoises, ici, capables de bâtir de tels barrages, vous
allez en avoir peut-être sur les cinq doigts de la main. La main droite.
Alors, à ce moment-là vous n'en avez plus sur la main gauche.
Où est la concurrence? Où est la compétition? A
première vue, cela me frappe.
M. CHAUVREAU: C'est pour cela que je vous ai dit que nous faisons une
étude très précise, non seulement des projets mais de la
compétence, de la capacité des entrepreneurs. Et quant au nombre
des entrepreneurs, ce n'est pas le lieu ici de donner leurs noms, leur
compétence; ce serait fortement déplacé.
M. BERTRAND: Non, mais je parlais de l'idée de consortium. A ce
moment-là, lorsque vous avez un consortium, vous avez plusieurs
entrepreneurs qui se groupent.
M. GAUVREAU: Nous avons des contrats avec consortium qui marchent
très bien.
M. LESAGE: Ce que M. le premier ministre veut dire, c'est que si un
contrat considérable comme celui du gros oeuvre de Manic-3 est
accordé à un seul entrepreneur, il semble bien qu'il devrait
être accordé à un consortium. S'il est accordé
à un consortium, vous éloignez la concurrence. Parce que la
concurrence de consortium est beaucoup moins fréquente que la
concurrence entre des entrepreneurs.
M. GAUVREAU: II y aurait moins de soumissionnaires.
M. BERTRAND: C'est ça.
M. LESAGE: II est toujours possible qu'il n'y en ait qu'un.
M. GAUVREAU: Nous allons en tenir compte, en temps et lieu.
M. BINETTE: Est-ce que l'idée d'étudier cette
possibilité vient de la planification, de votre service de
planification? D'où vient l'idée d'étudier cette
possibilité?
M. GAUVREAU: Les recommandations très fermes des
ingénieurs-conseils basées sur les coûts unitaires
recueillis un peu partout dans le pays.
M. BERTRAND: M. le Président, je crois que nous devons aller en
Chambre et revenir à 4 h 30.
M. LE PRESIDENT: Nous ajournons la commission pour jusqu'à 4 h 30
ou 4 h 45.
Reprise de la séance à 16 h 32
M. CROISETIERE (président de la commission des Richesses
naturelles): A l'ordre, messieurs!
M. BERTRAND: M. Boyd, pouvez-vous répondre aux questions de M.
Pinard, questions qu'il vous a posées tantôt? On pourrait
peut-être commencer avec cela pour ne pas nous retarder.
M. BOYD: J'ai eu une réponse, M. le premier ministre. J'ai des
renseignements au sujet des trois tracteurs Caterpillar DG-9. Le coût
d'achat a été de $338,000.
M. PINARD: Combien?
M. BOYD: $338,000.
M. PINARD: Par unité, ou pour les trois?
M. BOYD: Pour les trois. Je peux vous le donner à l'unité,
si vous le voulez. C'est $112,800. La valeur aux livres était de $49,000
Ils ont été mis à prix à $49,000 et vendus à
$49,000 à Miron limitée.
M. BERTRAND: Miron limitée? M. BOYD: A $49,000?
M. PINARD: C'est ça. Est-ce qu'il y avait cinq unités ou
trois, M. Boyd? La liste indiquait cinq.
M. BOYD: En tout on en avait 19. M. PINARD: Oui.
M. BOYD: Vous m'avez parlé de trois, je crois, alors c'est pour
ça que j'ai obtenu des renseignements sur trois.
M. PINARD: Enfin, j'ai pu faire erreur, mais la liste indiquait
cinq.
M. BOYD: A un moment donné, nous en avions 19 et nous voyons ici
qu'il y avait douze DC-7-e, je crois, quatre DH-8 et trois DG-9. Alors, tous
ont été achetés par Miron limitée qui avait un
très gros contrat à Churchill Falls.
M. PINARD: Je vous avais dit tantôt que c'était pour avoir
un exemple, je ne suis pas pour vous poser des questions sur chaque
unité qui apparaît sur le document, ça va être trop
long, vous allez prendre la journée et encore demain.
M. LE PRESIDENT: Avez-vous d'autres questions?
M. BERTRAND: Moi, j'aurais une autre question sur
l'équipement...
M. LE PRESIDENT: Sur l'équipement?
M. BERTRAND: M. le Président, les questions sur la vente de
l'équipement soit par 1'Hydro soit par les courtiers, cette
partie-là est terminée.
M. BOURASSA: On a donné la réponse de l'achat... c'est
dans l'année 1966.
M. BERTRAND: Non, voudriez-vous fournir également une
réponse que vous pourrez peut-être nous faire parvenir et nous la
donnerons en Chambre, sur l'achat par Excelsior de certaines pièces
d'équipement, si cela a été fait avant qu'Excelsior
Compagnie limitée ne signe un contrat avec l'Hydro pour agir comme
courtier.
Alors vous avez très bien compris, je pense, la question
tantôt. Est-ce que vous pouvez nous répondre immédiatement
ou si...
M. BOYD: Il y aurait un point sur lequel... M. BERTRAND: ... vous
préférez attendre?
M. BOYD: ... je peux répondre immédiatement, c'est qu'en
juin 1968 nous avons fait un appel d'offres par soumissions publiques pour
l'achat de matériel de rebut.
M. BERTRAND: Oui.
M. BOYD: Excelsior a été le meilleur soumissionnaire.
Jusqu'à maintenant, ils ont acheté, par cette soumission
publique, pour $9,000 de fer.
M. BERTRAND: C'est cela.
M. BOYD: C'est à peu près cela. C'est cela, en fait.
Pour l'autre question, M. Pinard, cela prend une compilation et je ne
l'ai pas encore. Nous vous la ferons parvenir. Et puis, on a posé une
question, tout à l'heure. On a réussi à remonter dans les
temps antiques, à notre point de vue. En 1948, à Beauharnois-2,
il y avait eu une agence pour certaines pièces d'équipement. Il
n'y en a pas eu d'autres.
M. BERTRAND: Si je comprends bien, il y a eu un achat par Excelsior et
cela a été fait par soumissions publiques et avant la date du
contrat où Excelsior est devenu courtier pour l'Hydro-Québec.
M. BOYD: La demande de soumissions et son offre, en soumissions
publiques, est entrée avant qu'il obtienne le contrat, oui.
M. BERTRAND: Très bien.
M. BOYD: Mais c'était pour une période s'étendant
du mois de juin, je crois, jusqu'à la fin de décembre.
UNE VOIX: Et renouvelable pour un an.
M. BOYD: Jusqu'à la fin de décembre 1969. Donc, c'est une
soumission entrée avant qu'il obtienne un contrat pour simplement du
rebut, sur une période.
M. BERTRAND: D'accord.
M. PINARD: La liste qui a été déposée en
Chambre indique qu'Excelsior a acheté des métaux non ferreux et
la liste indique également qu'Excelsior a acheté de
l'équipement. Alors là, vous avez répondu pour ce qui
concerne les métaux ferreux. Pour l'équipement, vous n'avez pas
encore donné de réponse. Si vous n'êtes pas en mesure de la
donner immédiatement, il faudra la donner plus tard.
M. BOYD: Oui, d'accord.
M. BERTRAND: Alors, voudriez-vous fournir la réponse à la
deuxième question: D'autres achats faits par Excelsior pour de
l'équipement, cette fois. Savoir si cela a été fait avant
la signature du contrat, avant le moment où Excelsior devienne courtier
pour l'hydro-Québec.
M. PINARD: II y aurait peut-être possibilité pour M. Boyd,
aussi, de préciser ce qui est advenu des trois compagnies dont vous avez
fait mention tantôt dans vos remarques et qui seraient disparues ou
auraient été fusionnées, je ne sais trop, depuis
l'arrivée d'Excelsior Inc. comme agent exclusif de l'Hydro pour la vente
des biens excédentaires.
M. GIROUX: II faudrait clarifier votre question. Est-ce que vous voulez
savoir si l'Hydro a transigé avec ces gens-là?
M. PINARD: Oui.
M. GIROUX: Sur cela, je peux vous répondre.
M. PINARD: Oui.
M. GIROUX: Seulement, ce qui est advenu et ce que les gens ont fait avec
leur charte et leurs affaires...
M. PINARD: Non, ce n'est pas ce que je veux savoir.
M. GIROUX: ... ce sont des affaires personnelles.
M. PINARD: J'imagine que l'Hydro a transigé avec les trois
compagnies mentionnées tantôt à titre de vendeur et
d'acheteur...
M. GIROUX: D'acheteur.
M. PINARD: ... et non pas à titre d'agent.
M. GIROUX: Non. Et le reste, ce qui est advenu des compagnies...
M. PINARD: Non, mais ce n'est pas moi qui ai mentionné ces trois
compagnies-là tantôt, c'est M. Boyd. Et j'ai compris des remarques
de M. Boyd que les trois compagnies s'étaient fusionnées avec
Excelsior pour permettre à Excelsior d'avoir un contrat
d'exclusivité comme courtier.
M. GIROUX: Oui, ce que vous me demandez...
M. PINARD: Cela n'apparaît pas dans les documents qui ont
été déposés en Chambre soit par le premier
ministre, soit par le ministre des Richesses naturelles.
M. GIROUX: Je voudrais être clair. Il s'agit de savoir si on a eu
des transactions avec ces compagnies-là, ou si Excelsior leur a vendu.
C'est cela, parce que le reste, quand vous me demandez ce qui est advenu des
compagnies...
M. PINARD: Oui, mais on se demande encore comment Excelsior est
arrivée à obtenir un contrat d'exclusivité de
l'Hydro-Québec. Comment cela s'est-il fait? Sous quelle forme?
M. ROY: On l'a mentionné tantôt. Faites-lui un
graphique...
M. PINARD: Non, je comprends. Je prends les réponses telles
qu'elles me sont faites. C'est tout.
M. ROY: Oui, j'ai appris cela de vous. M. ALLARD: Y a-t-il d'autres
questions?
M. BERTRAND: Voudrez-vous fournir tous les renseignements que vous
pourrez au sujet d'Excelsior? D'accord? Je pense d'ailleurs que le
député de Drummond les a pas mal tous.
M. PINARD: Je voulais savoir si les documents qui ont été
déposés en Chambre sont des documents qui donnent toutes les
informations, parce que jusqu'à maintenant, ils sont pour le moins
contradictoires. C'est déjà établi.
M. BERTRAND: Les documents qui ont été
déposés en Chambre ne sont pas inventés. Les faits qui y
sont cités ne sont pas inventés, ni par le ministre des Richesses
naturelles, ni par moi,
compte tenu des renseignements que j'ai pu fournir.
M. PINARD: Ils étaient complets.
M. BERTRAND: Ces renseignements-là venaient de
l'Hydro-Québec et je ne crois pas que l'Hydro-Québec, depuis ce
matin, ait voulu cacher quoi que ce soit dans ce domaine-là.
M. PINARD: Je n'ai pas dit cela, M. le Président, c'est le
premier ministre qui en reparle. Je dis que les renseignements étaient
incomplets puisqu'on a fait des corrections.
M. BERTRAND: Nous avons demandé à l'Hydro-Québec de
conpléter pour répondre aux questions qui ont été
posées par le député de Drummond.
M. PINARD: C'est cela. M. BERTRAND: Très bien.
M. PINARD: Et si l'on veut clarifier la situation, nous attendons des
réponses.
M. BERTRAND: Le deuxième problème qui intéressait
beaucoup les membres de la commission à moins qu'on en ait un
autre c'était le problème des pylônes. Le
député de Charlevoix a posé plusieurs questions en Chambre
et nous nous sommes entendus pour qu'il puisse aujourd'hui interroger...
UNE VOIX: Est-ce qu'on finit Manic-3?
M. LESAGE: J'aurai encore des questions ce soir sur Manic-3, mais cela
va nous emmener dans Manic-5. Cela va être assez long. Je ferai cela ce
soir. Le premier ministre n'y sera pas, mais cela a trait au coût de
production actuel de l'électricité. Le coût de production
actuel d'électricité à Tracy, comparé avec les
centrales hydro-électriques, etc.
M. BERTRAND: Si on n'a pas d'objection, M. le Président, on
pourrait peut-être entendre lecture du résumé d'un rapport
sur l'effondrement de 30 pylônes de la troisième ligne de 735,000
volts. Effondrement qui est survenu le 12 novembre.
M. BOURASSA: Je n'ai pas d'objection à ce que nous discutions de
cela tout de suite. Mais j'ai posé une série de questions ce
matin. On devait me fournir les chiffres. Je pourrais les regarder pendant
qu'on va discuter de la question des pylônes.
M. GIROUX: Justement, M. Boyd, est-ce que vous êtes prêt
pour les chiffres de M. Bourassa?
M. BOURASSA: Je ne veux pas retarder la discussion sur les
pylônes, mais si on pouvait me soumettre les réponses aux
questions que j'ai posées ce matin, on pourrait discuter de cela,
après, sur les $20 millions qui ont été
dépensés déjà pour Manic-3.
M. BERTRAND: Tu peux peut-être aller le voir ou bien...
UNE VOIX: Je pourrai poser des questions après.
M. BERTRAND: M. Boyd, vous pouvez peut-être fournir à M.
Bourassa vos chiffres et, pendant ce temps-là, nous allons continuer,
c'est-à-dire que nous allons entreprendre l'examen du problème de
l'effondrement.
M. BOYD: M. Bourassa, je vous donne une copie du chiffre correspondant
aux montants déjà dépensés à Manic-3. J'ai
dit $20 millions de mémoire ce matin, c'est $17.8 millions.
M. BOURASSA: C'est la question après la question des
pylônes.
M. BOYD: Les autres questions étaient au sujet de notre demande
future. Je n'ai pas de copie à vous remettre mais plus tard je pourrai
vous donner ces renseignements.
M. BOURASSA: La troisième question se rapportait à
l'écart entre là première estimation à $400
millions et la deuxième à $280 millions.
M. BOYD : Alors je pourrai également répondre à
cela plus tard...
M. BOURASSA: D'accord.
M. GIROUX: Est-ce qu'on peut prendre les résumés des
pylônes?
M. BERTRAND: Oui.
M. GIROUX: On va demander au président du comité, M. Boyd,
de répondre.
M. BERTRAND: Très bien.
M. BOYD: Ceci est un résumé, M. le Président, et il
y a également des commentaires additionnels à l'annexe. Un
résumé de notre rapport.
Dans la soirée du 12 novembre 1969, M. Olier Lafond,
président des Développements du Nord-Est, compagnie membre de
l'entreprise conjointe: Développements du Nord-Est, Entreprises
Chéco, Désourdy Construction et Simard-Beaudry, rapportait
à l'Hydro-Québec l'effondrement d'un certain nombre de
pylônes de la troisième ligne à 735 kw en construction
entre la rivière Saguenay et le poste Laurentides non loin de
Québec.
UNE VOIX: Laurentides.
M. BOYD: M. le Président, j'aimerais ajouter, puisque l'on parle
de consortium, que dans ce cas-ci, les Développements du Nord-Est
étaient responsables de l'érection des pylônes. Les
Entreprises Chéco étaient responsables de la pose des fils,
Désourdy Construction et Simard-Beaudry étaient responsables de
la construction des fondations et du transport du matériel au chantier.
"Dépêchés sur les lieux, des spécialistes de
l'Hydro-Québec constataient l'affaissement de trente pylônes
pouvant être attribuable à l'accumulation de huit à neuf
pouces de verglas sur les conducteurs.
Par la suite, aux fins d'établir avec précision la ou les
causes responsables de cet effondrement, la commission hydro-électrique
de Québec instituait un comité d'étude formé de
moi-même, M. Guy Monty, directeur général de la
construction, M. Lionel Cahill, directeur général du
Génie, M. Lionel Boulet, directeur de l'Institut de recherche.
Dès la première réunion, le 18 novembre 1969, le
comité d'étude a retenu les services d'experts hors des cadres de
l'Hydro-Québec, en l'occurrence, M. Arthur Dubé,
ingénieur, professeur titulaire des mines et de la métallurgie de
l'université Laval, M. H.B. White, ingénieur-conseil, aux lignes
de transport de Montréal, M. Eccleston, gérant adjoint, aux
projets spéciaux, à la Montreal Engineering Company, et
également de la firme Weather Engineering Corporation.
Le comité d'étude présente aujourd'hui son rapport
au ministre des Richesses naturelles.
Dans ce rapport, il est possible de tirer les conclusions suivantes:
Les normes de chargement régissant la conception des structures
étaient consistantes et conformes aux pratiques courantes à
travers le monde.
Les rapports de nos experts, basés sur la façon dont la
ligne s'est écrasée, démontrent que la conception des
structures, des câbles et des accessoires satisfaisait aux normes de
chargement et tenait compte de facteurs de sécurité bien
équilibrés.
L'essai des échantillons prélevés sur place a
démontré que les matériaux étaient de
qualité supérieure aux exigences.
La construction de la ligne était réalisée selon
les exigences du contrat que l'entrepreneur avait.
L'écrasement de la ligne est dû à une accumulation
excessive de verglas.
Les grandes lignes du rapport :
Les manchons de glace qui se sont formés sur les conducteurs le
long de trois courtes sections de la ligne dans le comté de Charlevoix,
à 25 milles environ au nord-est de La Malbaie, avaient un
diamètre de 8 pouces, ce qui, même sans vent, infligeait à
la ligne des charges de beaucoup supérieures aux limites de sa
capacité.
Les normes de chargement utilisées par l'Hydro-Québec, dit
le rapport, sont pourtant fondées sur les charges les plus lourdes
prévues par le Code national de sécurité des installations
électriques.
La ligne avariée est la troisième liaison à 735,000
volts à se construire entre le complexe Manic-aux-Outardes et la
région de Montréal. Les deux premières lignes,
déjà en service, longent la rive gauche du fleuve Saint-Laurent
depuis le poste Manicouagan jusqu'à l'île d'Orléans. La
troisième ligne suit un parcours situé à une vingtaine de
milles plus au nord, ce qui l'éloigne à la fois des deux
premières et aussi des lignes à 315,000 volts venant de la
Bersimis.
Le rapport explique qu'on a choisi ce tracé afin de diversifier
les risques (verglas, tornades, tremblements de terre, sabotage et avions) et
d'éviter la perte simultanée de plusieurs lignes importantes.
Pour tenir compte des possibilités de catastrophes, la solution
n'est pas de concevoir l'appareillage des centrales, des lignes et des postes
à toute épreuve, mais plutôt de concevoir un réseau
à toute épreuve. En effet, le réseau de
l'Hydro-Québec est conçu de telle façon qu'il peut subir
des pannes de générateurs, de lignes de transport et de
transformateurs sans affecter la continuité de service aux clients. En
plus, l'utilisation de plusieurs corridors pour le transport de
l'énergie est un autre moyen qui est utilisé pour assurer la
continuité du service. Ces pratiques sont utilisées couramment
dans les grands réseaux du monde.
Le seul incident comparable sur le réseau de
l'Hydro-Québec qu'on puisse citer s'est produit en janvier 1956 le long
de la ligne de 161,000 volts, longue de 142 milles, qui va des Boules à
Copper Mountain en Gaspésie. Cinq pylônes de cette ligne
s'écrasèrent sous une épaisseur excessive de glace, aussi
bien aux endroits de faible élévation qu'aux endroits
élevés, et il fallut réinstaller les conducteurs sur
quelque 25 milles de longueur.
Le rapport ajoute: "Le réseau de l'Hydro-Québec comprend
actuellement, à travers la province, près de 7,000 milles de
lignes à des tensions variant de 120,000 à 735,000 volts. La
plupart de ces lignes traversent des régions montagneuses où se
rencontrent des conditions qui sont semblables à celles qui existent
dans le comté de Charlevoix". "Le poids du verglas qui peut se former
sur un conducteur augmente rapidement avec l'épaisseur radiale du
verglas. Un demi-pouce radial de verglas pèse à peine 2/3 de
livre par pied linéaire, mais 4 pouces de verglas radial pèsent
plus de 25 livres au pied linéaire." "Il est impensable, dit le rapport,
de concevoir les lignes de telle façon qu'elles résistent
à ces situations catastrophiques tout en tenant compte de la
rentabilité de l'entreprise. En effet, le coût
qu'entraînerait une telle construction se traduirait par un coût
prohibitif pour les abonnés. Par contre, si l'expérience
démontre
que la probabilité de ces incidents est élevée
à certains endroits, on est alors justifié de prendre des mesures
pour pallier ces problèmes localement".
En plus des 28 pylônes perdus, deux autres pylônes ont
été avariés et les conducteurs ont été
entièrement détruits sur une distance totale de 10 milles. Les
pertes s'établissement $1,800,000.
L'Hydro-Québec n'est pas la seule entreprise à subir des
avaries.
Sans les nommer, pour ne pas les embarrasser, nous savons que d'autres
entreprises ont eu à faire face aux mêmes problèmes. a)
Dans un pays d'Europe, 180 pylônes sont tombés les uns
après les autres jusqu'à ce qu'il n'en reste plus hors de
l'enceinte du poste de manoeuvre où ils aboutissaient. b)Aux Etats-Unis,
on relate le cas de la chute de 80 pylônes entraînés par la
formation de glace sur une chaîne d'isolateurs. c) Les tornades
détruisent chaque année des douzaines de pylônes de
transport à haute tension dans le centre-ouest des Etats-Unis. d)Une
grande entreprise de service public de la côte ouest des Etats-Unis,
renommée pour son expérience en transport à haute tension,
construisait récemment quelque milles de ligne à 500 kv. A 30
milles de Los Angeles, des tempêtes de vent et de verglas
brisèrent les pylônes le premier hiver avant même que les
conducteurs eussent été installés. e) En Angleterre, le
Central Electricity Generating Board a perdu deux traversées de
rivière à 400 KV emportées par des vents excessifs. f)
Dans l'Australie orientale, l'un des plus grands réseaux à haute
tension, celui de Snowy Mountains, a subi à cause du verglas des avaries
considérables trois ou quatre ans après sa construction. g)
Electricité de France subit chaque année, jusqu'à une
vingtaine d'avaries à cause du vent et du verglas. Le record a
été constaté en 1964.
Bonneville Power Authority exploite plusieurs milliers de milles de
ligne de transport et tout le long du parcours, les conditions n'atteignent pas
le degré de gravité qu'on remarque dans le col Stevens, mais ce
service public subit tous les ans ou tous les deux ans des tempêtes de
verglas et de vent désastreuses. La fameuse tempête du Columbus
Day en 1964 détruisit même des traversées de rivière
sur la Columbia.
C'est donc dire que les réseaux de l'Hydro-Québec
construits dans les régions au climat très rigoureux ne peuvent
être protégés entièrement contre les
intempéries. Le coût d'un supplément de protection pour
diminuer les risques de dommages deviendrait prohibitif sans pour cela garantir
que le réseau serait complètement à l'abri de toute
avarie.
M. BERTRAND: Merci, M. Boyd.
M. MAILLOUX: M. le Président, vous comprendrez que, pour un
profane, il n'est pas facile de passer à travers un rapport tel que
celui que l'Hydro-Québec nous a remis ce matin, un rapport
extrêmement technique. Cependant, pour éclairer les questions que
les membres du comité ou moi-même aurons à poser par la
suite, si vous le permettez, je reviendrai sur le document qui a
été déposé ce matin par l'Hydro-Québec et je
traiterai de passages à une vingtaine d'endroit. Je pense qu'en relevant
ces passages, il sera peut-être permis d'éclairer davantage le
débat. Je demanderais cependant aux responsables de
l'Hydro-Québec, s'il était possible, à mesure de certaines
lectures que je ferai du document et des points d'interrogation qui s'en
dégageront, de prendre des notes, afin de répondre globalement
par la suite.
Je commence immédiatement, à la page 2, où l'on
parle de la localisation des lignes déjà existantes, soit les
deux lignes Manicouagan-Boucherville, qui passe à prés de 4
milles de la mer et celle de Bersimis qui passe, je crois, à 9 milles
à l'intérieur des terres. On mentionne que, pour éviter
certains dangers, la ligne actuellement en construction a été
placée à 30 milles à l'intérieur des terres. J'ai
des réserves immédiates à formuler, quand je cite le
rapport qui dit ceci: Afin de diversifier les risques, verglas, tornades,
tremblements de terre, sabotages et avions... Au sujet du verglas, des tornades
et des avions, je me demande si, en plaçant une ligne sur les plus hauts
pics de Charlevoix, qui sont de 3,000 à 3,600 pieds de hauteur, les
avions ne sont pas plus en danger d'accrocher ces lignes-là, quant au
verglas que l'on connaît à des hauteurs qui vont de 2,500 à
3,000 pieds, on connaît forcément ce que cela donne.
Quant aux tornades, j'ai mentionné en Chambre que des vents
violents se produisaient à plusieurs périodes de l'année,
tels celui des derniers jours, où il y avait un vent de 50 milles
à l'heure alors que dans les fonds de la baie Saint-Paul et de La
Malbaie, ça ne se situait qu'à environ dix milles à
l'heure.
A la page 3, il est fait mention de constatations que les équipes
d'arpentage, avant que ne soit effectué le déboisement de ce
parcours, ont faites sur place. Les équipes d'arpentage, travaillant
dans ce secteur à différentes périodes de l'année,
remarquèrent alors qu'ils perdaient beaucoup de temps à cause de
vents violents ou de plafonds bas empêchant ainsi leur transport par
hélicoptère; et l'on ajoute, par contre, que ces conditions
n'étaient pas plus graves qu'à d'autres endroits où des
lignes avaient été construites depuis plusieurs années
sans qu'il
n'y ait eu d'avaries de quelque nature que ce soit.
A la page 5: en plus de ce qui est de la conception du tracé,
afin de réduire les coûts de la ligne qui sont normalement
très élevés, il est recommandable de construire en ligne
droite, ceci réduit grandement le nombre de pylônes d'angles qui
coûtent cher et qui sont quand même susceptibles de flancher sous
des charges excessives. Les pylônes d'enlignement qui ont
été utilisés pour la troisième ligne à
735,000 kilovolts sont plus légers que ceux de la deuxième ligne
pour deux raisons: les critères d'isolement électrique ont
été réduits, ce qui a permis entre autres, de
réduire l'envergure de la traverse de 140 à 130 pieds. Et, ici,
je pose une deuxième question, non pas tant pour les pylônes
d'angles que pour les pylônes d'enlignement. Dans un article que faisait
paraître en date du 3 mars dernier, M. Guy Monty, directeur des projets
de transmissions dans l'Electrical World, il est fait mention que
l'Hydro-Québec capitalise sur son expérience des lignes
construites pour le transport de l'énergie de Manicouagan, pour
réduire de 23 p.c...
M. LESAGE: Le poids.
M. MAILLOUX: Le poids de l'acier. Alors, c'est une des constatations
brutales que je faisais en Chambre, qui est explicitée par M. Monty,
mais sur laquelle je voudrais que l'Hydro nous donne davantage, à nous,
qui sommes des profanes, des explications. Il est quand même
constaté, par tous ceux qui ont eu à oeuvrer sur la construction
de cette ligne, que d'une tour à l'autre où il y a quand
même des différences d'importance dans ces tours il semble y avoir
réduction de volume de quatre mille à huit mille livres à
chaque tour comparativement aux deux lignes Manic-Boucherville.
A la page 6, l'on parle du coût de la section en question, soit la
section Saguenay-Laurenti-des, qui coûterait $20,370,000. Et je me
permets, ici, de demander à l'Hydro comme c'est pour la section
globale des 348 tours, je pense qu'ils vont de la rivière Saguenay au
poste de Charlesbourg de me faire un coût moyen au mille dans la
section avariée, étant donné qu'une partie du
matériel doit être dirigée vers le pylônes par
hélicoptère et que dans d'autres endroits très difficiles
d'accès, à 3,600 pieds de hauteur, des machines très
lourdes prennent des heures et des heures à faire un mille de parcours.
Sous toutes réserves, je pense que le contrat de l'approche des
matériaux à un sous-traitant serait donné à $18 les
cents livres. Ce que je voudrais savoir c'est, advenant des réparations
sur cette section, si c'est bien les $166,000 dont parle M. Monty dans son
article du 3 mars qui seraient à considérer au mille ou si ce
n'est pas un coût moyen des $150,000 dont on parle dans ces $166,000.
Je veux dire par là que le coût est un peu plus haut qu'en
terrain normal.
A la page 7, il est question d'une chose que j'ai affirmée en
Chambre, qu'à chaque phase des travaux, excavation, fondation,
érection ou autres, il y a acceptation de l'Hydro-Québec.
A la page 8, on parle de l'estimation sommaire qui a été
faite des dégâts, que l'on réduit à $1,800,000
contrairement à l'avancé que j'ai fait en Chambre et que je
disais conservateur, à $5 millions.
A la page 10, il est surtout question des dégâts à
forte altitude causés par le givre, de l'accumulation de sept à
huit pouces de glace qui a été constatée et qu'on
prétend être un phénomène extraordinaire et peu
fréquent.
Causes et commentaires.
Je cite le début de la page 11: "Selon les rapports de MM. White,
Eccleston et Dubé, il appert que la ligne de transport du Saguenay
Laurentides a été conçue et construite selon les
normes adéquates et que les facteurs de sécurité ont
été respectés, que les matériaux utilisés
satisfont largement aux exigences des spécifications et que, par
conséquent, l'effondrement des pylônes dans cette ligne ne peut
être attribué en aucune façon à une déviation
des règles de l'art. "Par contre, les rapports démontrent qu'une
épaisseur anormale de verglas s'est accumulée sur les conducteurs
quand on parle de conducteurs, je pense bien que ce sont sur les fils
qui conduiront éventuellement l'électricité
dépassant de beaucoup les charges prévues, ce qui eut pour
conséquence inévitable l'écrasement des
pylônes."
Et des questions techniques, des épaisseurs radiales du verglas
en pouces, l'Hydro-Québec pourra faire les commentaires qu'elle
désirera à ce moment-là.
A la page 13, Conclusions: "A la suite de cette étude, il est
possible de tirer les conclusions suivantes: 1. "Les normes de chargement
régissant la conception des structures étaient adéquates
et consistantes avec la pratique courante à travers le monde. 2. "Les
rapports de nos experts basés sur la façon dont la ligne s'est
écrasée démontrent que la conception des structures, des
câbles et des accessoires, satisfaisait aux normes de chargement et
tenait compte des facteurs de sécurité bien
équilibrés. 3. "L'essai des échantillons
prélevés sur place a démontré que les
matériaux étaient de qualité supérieure aux
exigences. 4. " La construction de la ligne était réalisée
selon les exigences du contrat de l'entrepreneur. 5. "L'écrasement de la
ligne est dû à une accumulation excessive du verglas".
A la page 20 du rapport de MM. Saint-Pierre et Lecomte, au
troisième alinéa: "La visibilité très mauvaise
c'est durant l'enquête dans les jours suivants, à
l'arrivée du groupe à Clermont en hélicoptère,
c'est le rapport qui était fait par MM. Lecomte et Saint-Pierre
au-dessus de l'élévation, 2,400 pieds, a empêché le
groupe de voir la plupart des pylônes endommagés. Cette ligne de
démarcation à 2,400 pieds d'altitude est apparue assez
significative et semblerait indiquer la limite qu'il ne faudrait pas
franchir".
Je me suis demandé à ce moment-là si c'était
la limite qu'il ne faudrait pas franchir en hélicoptère pendant
la construction de pylônes. Pour cela, je voudrais avoir des explications
plus tard quant à la hauteur, 2,400 pieds.
M. LESAGE: L'altitude?
M. MAILLOUX: L'altitude. Je continue: "Au-dessus de laquelle il y aurait
lieu de prendre des précautions spéciales. Presque tous les
pylônes intacts, d'après la liste préliminaire des
dégâts, purent être aperçus et il a pu être
confirmé que cette liste était bien exacte".
Page 21, au début, premier alinéa, il est dit: "Dans la
section comprise entre les pylônes 74 et 83, les conducteurs se seraient
sectionnés en premier".
M. le Président, je voudrais faire une observation à ce
moment-ci, non pas tant pour contredire le rapport des experts qui
étaient sur les lieux, mais le matériel sur lequel ces experts
ont dû travailler était écrasé.
Ils ne pouvaient pas vérifier à ce moment-là la
cause avant que les pylônes ne s'effondrent. L'on dit que les conducteurs
se seraient sectionnés en premier. Je pose ici la question suivante: il
y a un exemple qui vient d'être donné qui pourrait
éventuellement contredire que ce ne sont pas les conducteurs qui se
sectionnent en premier et je demande à l'Hydro-Québec de me dire
tantôt si jeudi dernier ou vendredi dernier, quelle que soit l'heure
à la tour 157 à la section sur laquelle travaillent maintenant
les traitants et les sous-traitants. Il n'y a pas eu d'abord un bris des fils
de garde. J'espère ne pas induire la commission en erreur, des fils de
garde qui se sont sectionnés à la tour 157 entraînant le
bris de toutes les croisées de fils posés jusqu'à la tour
186. Et ceci n'indiquerait-il pas, plutôt que le sectionnement vienne des
fils conducteurs, qu'il vient d'abord des fils de garde qui ne sont pas
conducteurs d'électricité?
M. LESAGE: M. Mailloux, excusez-moi, je voudrais bien comprendre. Ce que
vous appelez les fils de garde, est-ce que ce sont des fils transversaux qui
relient...?
M. MAILLOUX: L'Hydro-Québec pourrait donner l'explication
technique elle-même. A mon sens, ce sont les fils qui
parallèlement aux fils d'électricité vont de tour en tour
à l'extérieur complètement des fils
électriques.
M. LESAGE: A l'extérieur des fils électriques qui ne
portent pas d'électricité.
M. MAILLOUX: Non. Je voudrais bien avoir l'explication exacte
immédiatement. Est-ce que l'explication technique est exacte des fils de
garde...
M. BERTRAND: Des fils de garde...
M. MAILLOUX: Ce sont les deux fils qui parallèlement aux fils
d'électricité...?
M. BOYD: Ceux qui, autrefois, étaient appelés les "ground
wires", ce sont les fils au-dessus des conducteurs. Vous savez, vous avez les
pylônes avec leur membrure transversale où s'accrochent les
conducteurs et, au-dessus, vous avez les chapeaux sur lesquels sont les fils de
garde.
M. LESAGE: Les fils de garde qui sont dans la même direction que
les conducteurs?
M. BOYD: Oui et au-dessus. M. LESAGE: Et au-dessus.
M. MAILLOUX: J'ai fait cette affirmation-là étant
donné qu'il semble y avoir eu un bris à la tour 157 en fin de
semaine et, comme il ne semblerait pas y avoir de fil conducteur de
brisé, l'on peut constater que les pylônes étaient en place
et les fils étant en place, les fils de garde semblent
sectionnés. Cela a entraîné, semble-t-il, le bris de toutes
les croix dans lesquelles sont posés les fils qui sont placés sur
les pylônes. A tout événement, l'Hydro pourra tantôt
infirmer mes renseignements s'ils ne sont pas exacts ou le confirmer.
A la page 26, l'on parle des entretoises dont je viens de parler qui
sont entre les fils. Les entretoises des conducteurs ont été
cassées sur toute la longueur des sections de lignes endommagées.
Ce sont effectivement ces entretoises-là qui forcément, dans le
dernier bris de la fin de semaine, sembleraient être disparues en
même temps que les fils de garde. Disons que ce sont des mots qui
n'apparaissent pas dans mon dictionnaire.
Page 31, à l'article 7, c'est le rapport de M. Bryan White, ses
conclusions, en tout cas. Ingénierie du projet. Les sections de la ligne
en cause n'ont pas été conçues pour supporter les charges
qu'elles ont eue à subir et il était inévitable qu'elles
finissent par tomber. On peut se rendre compte en étudiant les dommages
et en effectuant des vérifications de l'ingénierie comme il est
fait ci-haut qu'il existe un très bon équilibre entre presque
tous les éléments du projet.
La pince de l'assemblage de suspension fait seule exception. L'examen
des coupures de conducteur au pylône 81 a mis en évidence ce qui
semble être une très forte concentration de pression au bout de la
pince de suspension. Les torons en aluminium du conducteur étaient
aplatis contre le bord de la pince et les torons d'acier de l'âme
semblent s'être enfoncés à travers l'aluminium.
Compte tenu que la résistance du câble "Carillon" en cause
provient pour une bonne part de ses brins d'aluminium, une telle condition est
particulièrement mauvaise. Il est suggéré, quels que
soient les changements généraux qui puissent être
apportés ou non à la conception de la ligne dans cette section,
que la pince de suspension sur les pylônes soumis à de grandes
charges verticales soit repensée et qu'on rallonge la partie portante
pour toutes les positions de très grande portée-poids. La
courbure de la pince devrait être au moins égale à l'angle
vertical au pylône de telle sorte que le conducteur puisse être
soutenu en tous points et qu'il ne soit pas plié sensiblement sur le
bord de la pince.
Il serait à conseiller de vérifier d'autres pylônes
particulièrement chargés en d'autres parties du réseau,
parce que même des charges inférieures de l'ordre de 1/2 pouce
d'épaisseur ne sont pas moins périlleuses en raison des fortes
pressions qui sont exercées sur le bord de la pince."
Ici, M. le Président, je fait un aparté pour dire que ce
serait probablement le temps de vérifier. Parce que j'ai parlé
tantôt d'un bris mineur, en fin de semaine. Et l'on disait, il y a quatre
semaines, que c'était un amoncellement de verglas qui ne se rencontrait
qu'en de très rares années. Mais l'amoncellement de verglas de la
fin de semaine, si mes renseignements sont fidèles, avait encore un
diamètre de six ou sept pouces.
Alors je pense qu'on est en mesure, à ce moment-là, de
constater que le verglas, dans la section où est construite la ligne,
est fréquent en période d'automne et fréquent en
période de printemps. J'apporterai tantôt des réponses
supplémentaires, pour prouver que les gens qui s'occupent de conditions
météorologiques là-bas, n'ont vu, lors du premier bris que
des conditions normales dans le parc 56, par rapport à d'autres secteurs
du parc.
A la page 33, ils parlent de la charge, c'est très important.
UNE VOIX: Ce n'est pas dans les débats.
M. MAILLOUX: "La ligne semble pouvoir supporter de 1.6 à 1.8 de
glace (épaisseur radiale). La défaillance se produira alors,
comme ce fut le cas, soit dans les conducteurs sous l'effet de la tension, sur
les pylônes d'alignement par effondrement vertical ou sur les
pylônes d'angle par charge transversale, et c'est alors que les
défaillances initiales vont déclencher en chaîne d'autres
défaillances longitudinales des pylônes."
Je ne voudrais pas prolonger sur cette section-là. Je viens de
parler évidemment de la glace qu'il y a sur une autre section. Alors on
pourra peut-être, tantôt, poser des questions à cet
effet.
A la page 38, dans les "Commentaires" de M. Eccleston. 1.
"D'après l'accumulation de 6 pouces de glace que nous avons
observée au pylône no 36, 8 pouces au pylône 81, il est
évident que les pylônes, les conducteurs, les isolateurs et toute
la quincaillerie affectés furent surchargés au-delà de
leur capacité limite de rupture.
Le tableau annexé démontre les constatations que nous
avons faites au pylône d'alignement et la tension des conducteurs et des
câbles de garde, dans des conditions de charge avec une couche radiale de
glace de 4 pouces et 3 pouces à 30 degrés Fareinheit,
combinée avec la poussée du vent d'une vélocité de
30 m. p. h., dans des portées de vent de 1,500 pieds et
portées-poids de 3,000 pieds. D est à noter que le vent a
très peu d'influence sur les données se rapportant aux valeurs de
la tension dans les conducteurs et les câbles de garde.
Avec une couche radiale de glace de 3 pouces, le conducteur atteint
presque sa limite de rupture."
C'est donc dire que c'est la deuxième fois qu'il atteint sa
limite de rupture dans les trois dernières semaines. "La force de
résistance des isolateurs a toutefois été
dépassée, de même que la résistance à la
rupture des câbles de garde."
Et à la page 45...
UNE VOIX: D'accord.
M. MAILLOUX: Je ne veux pas mettre en doute les qualités de
matériaux. Jamais dans mon esprit il n'a été question des
"matériaux". Je donne tout simplement, en résumé, une
constatation de M. Dubé. "En résumé, aucun des
résultats obtenus jusqu'à maintenant ne laisse soupçonner
que les aciers utilisés dans la majeure partie des pylônes de la
ligne Micoua-Laurentides aient été de qualité
inférieure. Les propriétés observées sont en effet
conformes aux normes utilisées par les ingénieurs en charge de la
construction.
Il reste encore des points à vérifier: les analyses
chimiques complètes, la résistance à l'attraction des
conducteurs et la limite au cisaillement des boulons. Cependant des essais
métallographiques préliminaires nous laissent croire, même
si ceci doit être confirmé, qu'à ces autres égards
les matérieux devraient s'avérer satisfaisants.
A la page 47, il est fait mention d'une expérience analogue de
construction de ligne dans un pays semblable à Charlevoix et qui
s'appelle la Norvège, je cite: malgré que mon anglais soit
plus que relatif La Norvège a eu aussi des problèmes dus
à des formations importantes de givre sur les conducteurs dans un
article paru dans la revue "Electric Light and Power", le 1er juillet 1958, M.
Haakon Raastad, météorologiste à l'Institut
météorologique norvégien note en particulier: "In the
planning of overhead lines in mountain areas it is often possible to select
more than one route".
Et dans le cas d'une ligne qui fut construite sur une petite colline
(1280 mètres) c'est une maudite petite colline, ça
4199 pieds, dans un endroit assez élevé, il rapporte: "In this
case the wrong course was chosen originally by building the line in the
foreground, this line is exposed to serious icing and has been damaged many
times".
Et, à la page 51, il est fait mention de problèmes,
plutôt techniques, dans lesquels je ne voudrais pas m'empêtrer
quant à la réduction du volume de l'acier et les officiers de
PHydro-Québec pourront, s'ils le désirent, nous donner les
constatations que fait la Société Anomima Elettrificazione.
Alors, je laisse aux officiers de 1'Hydro le soin de traiter de cet
article-là.
M. le Président, avant.
M.PINARD: II parle italien!
M. MAILLOUX: ... de vous poser une première question ou demander
aux officiers de l'Hydro s'ils désirent donner des réponses dans
l'immédiat, je voudrais, préalablement, poser aux officiers de
l'Hydro qui sont ici, une question sur la ligne Manicouagan-Boucherville et les
deux lignes actuellement en usage, la première et la deuxième...
Comme il y a 348 tours de la rivière Saguenay au poste Laurentides,
est-ce qu'on pourrait me dire quel est le nombre de tours que les deux lignes
précédentes ont sur le même parcours, ou un parcours
semblable qui va de la rivière Saguenay au poste de Lévis? Le
nombre de pylônes? Je voudrais d'abord connaître la réponse
à cette question-là.
M. BOYD: M. le Président, avant de répondre à
certaines questions moi-même, je vais demander à M. Guy Monty, qui
est directeur général de la construction, de répondre
à des questions plus techniques. Je dois dire que M. Monty, avant
d'être directeur général de la construction, était
directeur des projets de transport depuis de nombreuses années et je
dois également dire que l'Hydro-Québec, par ses lignes de
transport, a été l'objet de plusieurs présentations
à travers le monde et de plusieurs reconnaissances dans les grandes
assemblées importantes d'ingénieurs, où tous les
spécialistes, qu'ils soient américains ou européens, ont
reconnu le travail exceptionnel que l'Hydro-Québec avait fait, au point
de vue du transport d'énergie. On cite souvent Manic-5 comme
étant un fait d'armes pour les Canadiens français et je pense
qu'on est moins porté à dire que nos lignes de transport à
735 kV sont également un fait d'armes pour tous les Canadiens
français.
Moi, messieurs, j'en suis fier et je pense que tout le personnel de la
commission et de l'Hydro l'est également.
Je voudrais également faire remarquer que, dans ce rapport, notre
comité a essayé d'être objectif. Vous avez lu
vous-même, M. Mailloux, tous les commentaires qui étaient faits;
donc dans certains milieux, on avait dit qu'il y avait peut-être manque
d'objectivité. Je ne dis pas que c'est vous, mais j'ai lu cela dans les
journaux, qu'il y aurait probablement manque d'objectivité si le
comité de l'Hydro-Québec faisait cela.
Je pense que vous voyez là que tout y est. L'Hydro-Québec,
comme je vous l'ai dit, est quand même fière de ses lignes de
transport qui sont les plus importantes au monde; elles le sont encore.
Cependant, nous avons eu un problème: sur 7,000 milles de lignes,
nous avons eu un problème avec 10 milles de lignes; nous reconnaissons
ce problème; vous nous avez demandé de vous expliquer les causes,
vous avez les causes dans ce rapport. Nous continuons, notre comité,
à travailler à y remédier. Nous étudions dans le
moment les différentes alternatives à prendre pour remettre la
chose en service, parce que cette ligne, nous en avons besoin, tel que
prévu.
Je ne sais pas si je vais pouvoir vous répondre j'ai
essayé de noter tous les points soulevés par M. Mailloux. Le
premier point traitait de la diversification. Cette décision a
été prise il y a plusieurs années, parce qu'il y avait
plusieurs lignes à construire; il y avait déjà les lignes
de Bersimis qui étaient dans cette direction; il y avait trois lignes et
plus tard deux autres lignes; en fait, il y aura cinq lignes qui passeront par
là à 735 KV.
Le principe était de ne pas les avoir à la même
place. C'est évident qu'il aurait été beaucoup plus facile
de les passer 1, 2, 3, 4, 5, à la même place.
M. MAILLOUX: Pour mon information, M. Boyd, quand vous dites 5 lignes
qui passeront, est-ce que vous mentionnez les lignes qui passeront à 200
milles à l'intérieur des terres, dans le total de 5?
M. BOYD: Oui, c'est cela. Ce que je voudrais exprimer, c'est que, pour
transporter l'énergie de Manic-Outardes et l'énergie de
Churchill, il y a lieu d'avoir 5 lignes à 735 KV. La solution la plus
facile aurait été sans doute de les passer 1,
2, 3, 4 et 5. C'est ce qu'on a voulu éviter. H y en a donc 2, qui
sont les premières une à 20 milles et les deux autres qui
passent en partie au lac Saint-Jean. Et le principe était de diversifier
les risques; dans le cas du mont Elie, le choix n'a pas été
heureux; on l'admet, on le voit bien, mais, c'est quand même le principe
qui était bon de ne pas avoir tout au même endroit.
Je crois qu'à la page 3, vous avez signalé qu'on a
mentionné qu'il était là question de vents violents
auxquels nos gens ont fait face. C'est vrai nous l'avons
mentionné et nous avons également de nos gens qui sont
allés dans cette région précise en février
et mai 1968; ils y sont allés en octobre et novembre 1968
décembre 1968; ils y sont allés en somme à tous les mois
de l'année en 1968.
Ils ont remarqué des vents violents mais on en remarquait
à différents endroits dans la province. Us n'ont absolument pas
remarqué, même en novembre ou décembre, des conditions
spéciales de verglas. Peut-être que 1968 n'était pas la
bonne année pour avoir du verglas, mais ils n'en ont pas remarqué
et personne ne leur a indiqué qu'il y en avait.
Ni les gens de la place, ni les arpenteurs, ni les gens qui ont
déboisé le terrain pour nous. Sans doute beaucoup d'entre eux
étaient du comté, personne ne nous en a parlé. Nous
aurions été très heureux d'apprendre cela. Nous avons
consulté le bureau météorologique qui ne nous a pas
donné de renseignements de cette nature. Je vous avoue que si nous les
avions eus, nous en aurions tenu compte.
M. BINETTE: Est-ce qu'il y a eu, M. Boyd, des consultations
auprès des gens qui demeurent dans ces régions-là?
Concernant le climat?
M. BOYD: Des consultations particulières, je ne crois pas qu'il y
en ait eues; mais nos gens y sont allés en différents mois de
l'année 1968 pour faire des travaux; tout ce qu'ils ont remarqué,
dans leur rapport, c'est qu'il y avait des vents violents. Plus que cela, nous
avons des photographies prises pendant la période de verglas. Nous y
voyons des conifères qui atteignent des hauteurs de 40 pieds,
semble-t-il. Si c'était à notre avis, en tout cas
une condition où on a du verglas d'une façon continue, ces arbres
n'auraient pas atteint 40 pieds, c'est du moins ce que nos experts nous ont
dit. Et je ne parle pas de nos experts de l'Hydro; je parle de M. White, qui
est un expert mondialement reconnu dans les lignes de transport; il a vu des
lignes de transport à travers le monde, il a été
consultant, il a consulté, il est au courant de tout ce qui se passe en
fait de lignes de transport à haute tension.
M. PINARD: Vous parlez d'arbres d'une hauteur de 40 pieds à cet
endroit-là. Quelle est la hauteur des fils par rapport à la
hauteur que peuvent atteindre les conifères dont vous parliez tout
à l'heure?
M. BOYD: C'est un minimum de 45 pieds; évidemment nous avons un
déboisement de combien de pieds, M. Monty? 290 pieds de
déboisement, pour la ligne. Je parle d'arbres qui sont en dehors de
notre déboisement, de notre emprise. Et à la page 5, on dit qu'il
est recommandable de construire en ligne droite, je ne sais pas quelle
était la nature de la question...
M. MAILLOUX: M. Boyd, à la suite de ce que vous venez de dire,
est-ce que cela vous mêlerait dans la discussion si je posais des
sous-questions immédiatement? Ou si vous préférez
terminer?
M. BOYD: Cela m'est égal, nous allons essayer de répondre,
M. Mailloux.
M. MAILLOUX: Parce que tantôt vous avez mentionné le
tracé des lignes dont l'Hydro-Québec a besoin. Le tracé de
la ligne actuelle où il y a des dégâts, passe je
pense que l'HydroQuébec est d'accord avec ce que je dis là
sur les plus hauts pics de Charlevoix, entre 3,000 et 3,400 pieds
d'élévation. Je comprends que l'Hydro-Québec désire
construire la ligne la plus directe possible pour des raisons techniques. Mais
la question que les gens du milieu se posent quant à moi je n'ai
pas circulé, disons du premier au dernier pied, peut-être que M.
Monty et l'équipe d'arpentage pourraient nous dire ça
c'est: Pourquoi l'Hydro-Québec est montée sur le plus haut pic
là où il y a le plus de danger de verglas ou de vents? Pourquoi
n'a-t-on pas choisi, à quelques milles de là, sur les terrains et
du séminaire et de la couronne, le terrain qui est au pied de ces
montagnes-là, bien à l'abri et quand même très loin
des lignes? Très loin, là je ne voudrais pas induire en erreur,
le comité mais cela peut être 5 ou 6 milles entre les lignes de
Bersimis, et à plusieurs milles de Manic-Boucherville. Il y a un terrain
à environ 2,000 pieds d'élévation qui appartient
également à la couronne et au Séminaire de Québec,
où l'expropriation n'aurait pas été tellement
onéreuse. Est-ce que ce terrain-là a été
envisagé par l'Hydro-Québec et si oui pourquoi l'a-t-on mis de
côté? Est-ce que la ligne était moins directe?
M. BOYD: M. Monty va répondre.
M. MONTY: Premièrement, pour pouvoir tirer profit d'une ligne en
ligne droite, il faut aussi tirer profit des hautes montagnes, afin de pouvoir
augmenter les portées. La question d'expropriation dont vous parliez
tout à l'heure, il n'en a pas été question du tout.
Qu'on ait passé dans le bas de la vallée ou sur le haut de
la montagne, les coûts d'expropriation auraient été les
mêmes.
Simplement, le pylône peut supporter jusqu'à 2,500 ou 3,000
pieds de portée verticale. Alors, nous essayons autant que possible de
profiter des montagnes pour pouvoir placer des
pylônes dans ces portées-là. Si vous allez dans le
bas de la montagne, le terrain est plutôt planche, vous devez mettre des
extensions, augmenter le poids du pylône pour obtenir les mêmes
portées, ce qui augmente le coût de la ligne.
M. MAILLOUX: M. Monty, c'est peut-être extrêmement
technique. Tantôt, j'ai posé une question, je ne sais pas si vous
avez le réponse devant vous au sujet du nombre de tours que vous avez
construites sur la section Saguenay-Lévis, est-ce que c'est
supérieur à 348 ou inférieur?
M. MONTY: Voici, pour la deuxième ligne, entre Manicouagan et
Lévis...
M. MAILLOUX: Non, il faudrait que ça soit entre
Saguenay-Lévis...
M. MONTY: Non, non, écoutez une minute, entre Manicouagan et
Lévis, la section entre Saguenay et Lévis, pour la
deuxième ligne qui est construite et qui est en usage, nous avions une
moyenne de 3.25 pylônes au mille.
M. MAILLOUX: D'accord.
M. MONTY: Alors que nous avons 3 pylônes au mille sur la ligne qui
est en construction.
M. MAILLOUX: Mais, pour les profanes, étant donné la
longueur plus grande des portées où l'accumulation de glace
amène vos fils presqu'à terre actuellement, est-ce que 1'Hydro a
réellement fait une erreur de calcul en donnant des portées aussi
grandes? Cela expose quand même vos tours à un...
M. MONTY: N'oubliez pas que la ligne a été calculée
pour supporter 1/2 pouce de glace radial et, avec le coefficient de
sécurité, vous pouvez aller jusqu'à 1 1/2 de glace, ce qui
vous donne trois pouces de diamètre. Maintenant, vous avez aussi un
critère de vent; quand on parle de huit livres de vent, ça
correspond à 55 milles à l'heure. Alors, ces vents-là,
évidemment, on en tient compte dans la conception. Les portées,
actuellement, des pylônes installés dans la région, dans le
comté de Charlevoix, respectent rigoureusement la capacité des
pylônes.
M. MAILLOUX: Mais, M. Monty, vous dites que les pylônes et les
portées respectent...
M. MONTY: Les devis.
M. MAILLOUX: ... et que ça peut porter un diamètre de 3
pouces de glace. Vous avez eu si ma mémoire est fidèle
un diamètre de 8 pouces, qu'on a prétendu un
diamètre, évidemment, qui ne se produit jamais. Vous avez eu un
autre diamètre dans les derniers jours, si mes renseignements sont bons,
qui a atteint entre 4 et 6 pouces également autour de la section
156.
M. MONTY: Entre 155 et 159 nous avons détecté, jeudi
matin, une accumulation de glace...
M. MAILLOUX: De quel diamètre?
M. MONTY: de 3 1/2 pouces à 4 pouces en tout. Remarquez bien, M.
Mailloux, que cette formation-là n'est pas uniforme sur toute la ligne
de la portée. Quand on dit qu'on peut supporter 3 pouces de glace, c'est
3 pouces uniformément reportés sur le conducteur. Alors, vous
avez actuellement dans les pylônes 155 et 156, des sections où
vous n'avez pas de glace.
M. MAILLOUX: M. Monty, ça m'amène à une
réflexion. Cela répond d'abord, tantôt, à M. Boyd;
disons que je respecte, surtout comme profane, les travaux que vous avez faits
dans le passé, chez nous comme ailleurs, sur la construction des lignes
à 735,000 volts; je suis loin de nier ces ouvrages de cette
importance-là, qui nous rendent service, mais il demeure, de ce que vous
venez de dire là, qu'à la section 156, vous constatez un
phénomène d'un diamètre de 3 pouces sur vos conducteurs,
qui n'est pas apparent sur une longueur tellement étendue, c'est vrai,
et ça rejoint des informations météorologiques que j'ai du
milieu depuis bien des mois à l'effet que, et au premier bris et
actuellement, sur un circuit où l'altitude va de 1,500 pieds à
3,500 pieds, des couches de buée dans des températures
changeantes viennent apporter un givre excessif sur un flanc de montagne
à une altitude donnée et que, deux milles plus loin, les vents
font que la buée n'est pas dirigée sur une autre montagne. Mais
il demeure quand même que, dans les conclusions de vos experts, il va
falloir penser que, dans Charlevoix, tout ce qui se lève à
au-dessus de 2,000 pieds peut amener des conditions que vous avez
déjà connues il y a un mois et en fin de semaine dernière;
ça peut prévaloir sur différentes sections de la ligne
à plusieurs moments, quand elle sera en usage dans huit ou dix mois.
Est-ce qu'à ce moment-là, l'Hydro-Québec, devant
ces deux exemples, ne doit pas penser à une déviation de la ligne
pour éviter ces pics très élevés?
M. MONTY: Premièrement, M. Mailloux, pour vous satisfaire et pour
rassurer les gens du comté de Charlevoix, entre les pylônes 156 et
159, à partir de ce matin, nous faisons des travaux pour isoler cette
section, de façon que s'il y avait un autre effondrement de
pylônes, ce ne soit pas une réaction en chaîne comme celle
que nous avons eue il y a un mois.
Maintenant, question de déviation. On a dit tantôt que la
commission, comme premier mandat, avait d'examiner la situation, les causes qui
ont créé cela. Comme deuxième partie du mandat, c'est
d'arriver à montrer quels sont les choix auxquels nous avons à
faire face et quelle décision nous devons prendre.
Maintenant, il est presque évident que, dans certaines sections,
il va falloir changer d'endroit.
M. MAILLOUX: Vous avez mentionné tantôt, M. Monty ou
c'est M. Boyd qui a mentionné cela que les gens du milieu avaient
été consultés ainsi que ceux qui s'occupent des conditions
météorologiques. Je me suis demandé, à ce
moment-là, pourquoi vous n'aviez pas consulté vos officiers de la
section Hydro qui ne sont pas sur la construction de ces lignes, mais qui sont
à l'entretien, dans Charlevoix, où la compagnie Bell Telephone a
également des fils, exposés à différentes
altitudes.
M. MONTY: M. Mailloux; nous avons construit des lignes à 300 KV
et à 735 KV, dans votre région, à une altitude
dépassant 2,200 pieds. On a eu du givre, mais pas dans ces conditions.
Les lignes sont encore utilisées.
M. MAILLOUX: Je l'admets, M. Monty, mais ce que je voulais dire par
là, c'est que la journée où vous avez eu un gros bris,
à 1,600 pieds d'altitude je reviens à dire que cela ne
frappe pas partout dans les quatre, aucune des compagnies que je viens
précédemment de mentionner n'a eu le moindre bris ou de fils, ou
de poteaux comme on en voit souvent tomber le long des routes, tandis qu'au
mont Elie et à la plaine du lac Basile, à ce moment-là,
vous avez eu des bris considérables.
M. MONTY: Nous avons l'intention...
M. MAILLOUX: Les caps, c'est 1,600 pieds.
M. LESAGE: C'est 1,600 pieds. Est-ce qu'il y a beaucoup de givre
à cette altitude?
M. MONTY: L'altitude est un facteur, mais il y a d'autres facteurs qui
occasionnent cette formation de glace. Si vous êtes dans un corridor
complètement à découvert, si vous n'avez pas d'obstacle
entre la ligne et les vents prédominants, vous êtes susceptible
d'avoir une formation de givre, premièrement par une
précipitation de pluie verglassante ou par une condensation qui se
promène sur les nuages. Alors, vous pouvez avoir la même
condition, M. Mailloux, à une altitude de 1,500 ou 2,000 pieds.
M. LESAGE: Mais est-ce que les compagnies d'aviation n'ont pas une
expérience qui pourrait être fort profitable, à ce
sujet-là?
M. MONTY: Eh bien, nous avons vérifié avec le
ministère des Transports, qui nous a indiqué que c'était
un corridor où les vents étaient assez forts. Mais c'est tout ce
que nous avons eu comme information.
M. LESAGE: Voyez-vous, ici, dans le rapport de MM. Saint-Pierre et Denis
Lecomte, le troisième paragraphe de l'annexe E, qu'a d'ailleurs lu
tantôt M. Mailloux, cela m'a frappé. On dit que la
visibilité était très mauvaise au-dessus de
l'élévation à 2,400 pieds et que cela a
empêché le groupe de voir la plupart des pylônes
endommagés. Cette ligne de démarcation à 2,400 pieds
d'altitude est apparue assez significative et semblerait indiquer la limite
qu'il ne faudrait pas franchir ou au-dessus de laquelle il y aurait lieu de
prendre des précautions spéciales. Alors, il y a
évidemment des pylônes qui sont à une altitude
supérieure à 2,400 sur cette ligne, n'est-ce pas, et ce sont ceux
qui ont été le plus durement frappés.
M. MONTY: Actuellement, les résultats semblent l'indiquer.
M. LESAGE: Puisque le rapport ajoute: "Presque tous les pylônes
intacts, d'après la liste préliminaire des dégâts,
purent être aperçus et il a pu être confirmé que
cette liste était bien exacte."
Il est certain que les conditions de glace sur la rive nord du
Saint-Laurent sont un peu extraordinaires. Evidemment, si on va
complètement au grand nord, il y a moins de conditions favorisant la
formation de givre, parce que c'est beaucoup plus froid; mais, dans Charlevoix,
à cause de la proximité du fleuve et de la pluie verglassante ou
encore de la condensation des nuages, les conditions sont telles que je crois
que nous avons des occasions je ne parle pas du péché
mais des occasions beaucoup plus fréquentes d'avoir des
conditions comme celles-là.
Est-ce que ces conditions n'étaient pas suffisamment connues pour
éviter d'installer des pylônes à de telles hauteurs?
M. MONTY: Malheureusement non, M. Lesa-ge. Nous avons envisagé
les mêmes conditions, les mêmes difficultés de vol, entre
Micoua et le Saguenay, que nous en avons rencontrées entre Saguenau et
Laurentides. Nous avons été maintenus à terre des
journées complètes à cause des vents prédominants.
Nous avons patrouillé la ligne à partir des "Laurentides"
jusqu'au Saguenay. Nous l'avons patrouillée du Saguenay jusqu'à
Micoua, et entre le Saguenay et Micoua la formation de givre n'est pas 1/10 de
ce qu'elle est. Mais par contre la condition des vents prédominants est
la même entre le Saguenay et Manicouagan qu'elle l'est entre Saguenay et
Laurentides.
M. LESAGE: Quand il est question des vents dominants, je le crois bien.
La question des vents dominants...
M. MONTY: Mais vous aviez insinué peut-être parce
que nous avions de la difficulté à nous rendre que nous
aurions pu peut-être douter que nous aurions des problèmes de
givre.
M. LESAGE: Mais vous savez qu'entre le Saguenay et Micoua c'est
comme cela que vous l'appelez la température moyenne est quelques
degrés plus basse qu'entre Micoua et Charlesbourg, en moyenne. Lorsque
vous allez du Saguenay à Micoua, votre ligne est quelques degrés,
fraction de degrés plus au nord que ne l'est la section de la ligne
allant du Saguenay à Charlesbourg en moyenne. Le fleuve va en direction
nord-est, c'est clair que vous êtes plus au nord.
M. MONTY: Pas tellement.
M. LESAGE: C'est dans la même direction, mais c'est la direction
nord-est, constamment, le fleuve a une direction nord-est.
M. MONTY: Si vous voulez. D'accord.
M. LESAGE: Ou je ne connais plus ma géographie! C'est l'un ou
l'autre. Alors, c'est nécessairement plus au nord. Et c'est plus froid.
C'est plus froid à l'est du Saguenay que ce ne l'est à l'ouest,
en général.
M. MONTY: Mais la condition de froid n'est pas un facteur
prédominant pour la formation du givre par condensation.
M. LESAGE: Pardon?
M. MONTY: La condition du froid n'est pas une condition essentielle pour
l'augmentation de la formation de givre, par condensation.
M. LESAGE: Tout est relatif. S'il n'y avait pas de condensation de givre
considérable, si vous avez 50o sous zéro ou 60o sous
zéro...
M. MAILLOUX: M. Monty, vous avez mentionné tantôt, au sujet
des conditions de givre, que ce n'était pas l'altitude qui était
le facteur...
M. MONTY: Pas nécessairement l'altitude.
M. MAILLOUX: Pas nécessairement. Sur les deux lignes en usage,
Manicouagan à Boucher-ville, l'altitude moyenne est de 700 pieds
à 800 pieds. Ce que je voudrais savoir d'abord, je pense qu'il n'y a pas
de pics à part ceux à l'est de la rivière Malbaie qui
dépassent 2,000 pieds, peut-être celui-là qui
dépasse 2,000 pieds? Les caps, c'est 1,400, 1,500, 1,600?
M. MONTY: Nous avons tout de même des lignes à 300,000
volts qui sont derrière les lignes de 735 KV qui sont plus hautes.
M. MAILLOUX: Plus hautes? A quoi? M. MONTY: A 2,200 pieds.
M. MAILLOUX: Mais quand il y a de l'électricité, à
ce moment-là, le givre ne se ferait pas sauf sur les...
M. MONTY: II se forme quand même, la chaleur n'est pas suffisante
pour empêcher sa formation.
M. MAILLOUX: Mais, est-ce que vous avez déjà
constaté, sur les fils de garde, de très fortes densités
de givre sur les lignes qui sont en bas de 2,000 pieds?
M. MONTY: Nous avons constaté de très fortes formations de
glace, mais elles étaient simplement en dedans des limites, des
capacités des conducteurs et des pylônes.
M. LESAGE: Alors, à l'heure actuelle, si je comprends bien, vous
êtes à étudier la possibilité de changer la route de
la ligne.
M. MONTY: En certains endroits, oui.
M. LESAGE: C'est-à-dire aux endroits où la ligne est le
plus élevée à cause des pics.
M. MONTY: Où elle est plus vulnérable, oui. M. BINETTE:
Dans un autre domaine...
M. LESAGE: Est-ce qu'une partie de ces tours n'a pas été
fabriquée, ce qu'on appelait autrefois les industries Cobra à
Québec?
M. MONTY: Non. Elles ont été fabriquées par la
compagnie Lockwell & Ford de Montréal.
M. MAILLOUX: La même compagnie que pour l'autre ligne.
M. MONTY: La même. Sur l'autre ligne, il y avait aussi la
compagnie Dynamic de Québec qui avait...
M. LESAGE: C'est ça. C'est sur l'autre ligne. La compagnie
Dynamic, c'est l'ancienne compagnie Cobra, je crois.
M. MONTY: C'est ça.
M. LESAGE : Elle n'a rien eu à voir avec la construction de ces
tours-ci?
M. MONTY: Non pas celles-ci, non.
M. LESAGE: Vous savez, j'ai lu votre rapport. Je ne suis pas un
ingénieur, c'est évident, mais il me semble qu'en diminuant le
poids de vos tours, vous vous êtes constamment éloignés de
la marge de la sécurité très grande, qui a
été trouvée trop grande.
M. MONTY: D'abord, il y a plusieurs facteurs qui ont...
M. LESAGE: Je le sais.
M. MONTY: ... qui ont aidé à réduire le poids des
pylônes. Si l'on compare la deuxième ligne avec la
troisième ligne, l'espacement entre les phases est passé de 50
à 45 pieds.
M. LESAGE: Oui.
M. MONTY: Les conducteurs ont passé de 1.4 à 1.1, beaucoup
plus légers. La distance à la masse entre les conducteurs est
passée de 220 pouces à 200 pouces.
Tous ces critères-là ont entraîné normalement
et raisonnablement une réduction du poids.
Deuxièmement, nous avons fait une optimalisation du pylône
de façon que chaque membrure soit calculée pour supporter avec
son coefficient de sécurité, les charges calculées. Le
pylône a été vérifié à grandeur
naturelle; sur un banc d'essai, on a simulé les conditions de charges
verticales, transversales et longitudinales, avec les coefficients de
sécurité, et tout s'est comporté parfaitement.
M. LESAGE: Oui, mais, M. Monty, M. Guy Monty, c'est bien ça?
M. MONTY: C'est ça, oui.
M. LESAGE: Est-ce que vous n'avez pas écrit, dans la revue que
citait tout à l'heure M. Mailloux, ce qui suit, vous parliez de la marge
de 23 p.c. dans le poids de l'acier dans votre article, et vous ajoutiez: "In
the new..."
M. MONTY: Voici M. Lesage.
M. LESAGE: "... consequently, the third generation...". Vous appelez
cela la première génération, la deuxième
génération et la troisième génération, et
là, nous parlons de la troisième génération. C'est
elle qui est malade. Alors, vous dites: "The third generation will still be a
little overweighted. This additional weight, however, will be applied in
supporting longer spans. An average span on the third line will be 1,700 feet
compared to 1,370 on the first line and 1,440 on the second."
Ce qui veut dire que vous avez tenu compte du poids additionnel des
tours qui étaient devenues non nécessaires à cause des
trois facteurs que vous venez de mentionner. Vous vous êtes
rattrapé en éloignant les tours les unes des autres.
M. MONTY: Un autre facteur, M. Lesage, c'est que nous avons
changé la qualité de l'acier. Un acier beaucoup plus
résistant et beaucoup plus...
M. LESAGE: Là, vous me perdez. Je sais qu'il a des aciers plus
résistants que d'autres, mais...
M. MONTY: Plus résistants et plus légers.
M. LESAGE: Je me fie à votre parole, mais je ne suis pas en
mesure d'analyser de l'acier.
M. MONTY: Il est plus résistant et plus léger.
M. LESAGE: Je me fie à ce que vous avez dit ici. C'est que les
facteurs qui faisaient que ça demandait moins de pesanteur, vous les
avez compensés par un espacement des tours.
M. MONTY: C'est-à-dire qu'on a... M. LESAGE: C'est vous qui
l'écrivez.
M. MONTY: ... on a profité d'un changement de critère, on
a profité d'une qualité d'acier supérieure pour augmenter
les portées entre les pylônes.
M. LESAGE: Ce n'est pas comme ça que je l'ai lu ici.
M. MAILLOUX: M. Monty, je voudrais intercaler une question. N'est-il pas
exact que, dans la construction d'une ligne qui vient d'être
terminée à Chicago, principalement en raison de certaines
tornades, plutôt que de réduire considérablement le volume
d'acier, on a, par contre, augmenté ce volume-là? Est-ce que
c'est faux ce que j'avance là?
M. MONTY: Je regrette, je ne peux pas vous répondre.
M. MAILLOUX: Disons que c'est un commentaire que j'apporte de gens qui,
ayant travaillé sur les lignes en usage en 1965, à Chicago et
à Vancouver par la suite, et sur celles-là actuellement disent
qu'ils ont constaté, aux Etats-Unis, que, pour parer aux dangers de
certaines tornades, on augmentait le volume d'acier de manière
considérable et qu'ils étaient un peu estomaqués de voir,
sur ces pics de montagnes, des tours ou, del'une à l'autre, ça
semblait varier de 4,000 à 8,000 livres de moins en volume.
M. MONTY: Je ne peux pas vous répondre, M. Mailloux. Mais,
seulement, si on se fie au
contexte actuel, dans toutes les utilités publiques, à
cause du niveau de tension, les lignes représentent des prix assez
considérables, on essaie de couper les pylônes de façon
à les avoir les plus légers possibles. Alors, la réponse
qu 'on vous donne me semble plutôt contradictoire avec la tendance.
M. MAILLOUX: Cela ne s'adresse peut-être pas à vous, M.
Monty, parce que je ne pense pas que ce soit votre domaine, qu'il tombe un
pylône ou non, il demeure qu'à part ceux qui travaillent sur place
qui sont probablement protégés, il n'y a pas de danger de pertes
de vie. La question que je voudrais poser est la suivante j'en ai
parlé en Chambre, c'est pas mal technique pour la population, les lignes
à haute tension mais il demeure qu'aux approches de la
rivière Noire à Saint-Siméon, aux approches de la.
rivière Malbaie, moins qu'ailleurs, aux approches de
Rivière-du-Loup et de Baie-Saint-Paul et aux approches de la
rivière Sainte-Anne dans le comté de Montmorency, vous avez des
tours forcément qui approchent les rivières sur des terrains
où on constate qu'il y a eu des glissements de terrain depuis qu'elles
sont en usage en 1965, la première et la deuxième. Vous avez
dépensé, je pense, quelques cents milliers de dollars en
consolidation. J'espère bien, sans que vous me donniez une
réponse, que l'Hydro, évidemment, qui est consciente du danger
que ça apporte, fait les travaux nécessaires, sauf que, comme
profane, je me demande continuellement pourquoi il n'y a pas des tours comme la
deuxième, telle la suivante de la grosse qu'il y a à
côté de l'île d'Orléans, celle que nous voyons
au-dessus du chemin. Ce que je voudrais savoir de vous ou d'un autre officier,
advenant qu'un bris se produise, la chute d'un pylône ou le sectionnement
d'un conducteur qui pass au-dessus des routes, la route 15, par exemple, qui
est parfois assez achalandée, est-ce que l'électricité,
dans un court moment, retournerait vers les transformateurs ou quelque chose
comme ça, ou est-ce qu'il y aurait un très grand danger pour ceux
qui seraient à proximité d'un fil qui pourrait tomber? Disons
que, depuis que les pylônes ont pu tomber en forêt, c'est une des
questions que les gens de Charlevoix se posent actuellement, est-ce que
ça pourrait entraîner un danger pour des pertes de vie?
M. BOYD: Le système de protection qui fait déclencher les
deux bouts de la ligne instantanément ou presque met la ligne hors de
tension. Donc, du point de vue de l'électricité, il n'y a pas le
danger que vous mentionnez.
M. MAILLOUX: Mais, instantanément, ça veut dire combien de
secondes à peu près?
M. BOYD: M. Cahill, qui est notre directeur général du
Génie, me dit un dixième de seconde.
M. MAILLOUX: Alors, cela veut dire que le fil n'a pas le temps de
descendre à terre.
M. BOYD: Bien, il faut qu'il touche mais à peine.
M. MAILLOUX: Alors, cela fait que s'il y a quelqu'un là,
automatiquement, définitivement, il est disparu.
UNE VOIX: A cause de la pesanteur du fil.
M. MAILLOUX: Je ne voudrais pas être en dessous.
M. BOYD: D'accord! Il y a un commentaire que je voudrais faire aussi;
c'est que vous avez questionné M. Monty sur l'optimalisation des
pylônes. Tout cela est fait en vue de l'économie et je pense qu'on
doit mentionner l'ordre de grandeur de l'économie qui a
été faite ou qui sera faite. C'est pour les trois lignes qui
restent à faire: $45 millions.
Alors les ingénieurs qui conçoivent ces choses prennent
les précautions nécessaires. Mais aussi bien aux tours 154 et
155, au mont Elie, que dans tout ce secteur-là, on reconnaît
maintenant, pour les avoir vécues, les conditions extraordinaires de
givre. Avant, personne ne nous en avait parlé. Malgré les
renseignements que nous avons demandés, nous n'avons pas pu être
renseignés là-dessus. Il est mentionné dans le rapport
peut-être qu'on doit l'expliquer qu'il y a
possibilité de construire des lignes pour qu'elles ne tombent jamais.
Mais, si on avait fait ça, l'énergie serait restée
à Manic-Outardes. Maintenant que nous connaissons le problème
malheureusement on l'a connu en retard il y a, l'alternative soit
de passer ailleurs soit de bâtir des pylônes qui ne tomberont
jamais. Ils vont coûter cher. Mais nous avons cette alternative. Ou bien
on passe à la même place, avec des pylônes tels que cela ne
bronchera pas, mais on ne peut pas nous demander de construire du Saguenay au
poste Laurentides avec de tels pylônes. Malheureusement le
problème que nous avons, nous ne le connaissions pas et rien ne nous
indiquait que nous l'aurions. Maintenant les gens nous disent... on a
consulté dans le temps le ministère des Transports qui aurait
peut-être dû le savoir, mais il ne le savait pas. Nos experts
avaient consulté... j'ai mentionné Weather Engineering
et c'est eux qui nous disent comment se fait cette formation de givre,
par les courants d'air froid, qui viennent du fleuve, qui rencontrent des
masses d'air chaud etc. à une certaine altitude. C'est ce que vous avez
entendu également. On reconnaît ce fait. Ce que nous devons faire,
maintenant, c'est de savoir quelle méthode prendre pour éviter
des bris à ces endroits-là.
M. MAILLOUX: M. Boyd, j'ai une question supplémentaire.
Après le premier bris, entre la
rivière Saguenay, aux deux endroits de la rivière Saguenay
et la route 56, qui va de St-Urbain vers Chicoutimi, je pense que
c'était la tour 236, vous avez décidé de recommencer
à la tour 150 et quelques...
M. BOYD: 154.
M. MAILLOUX: Une question que je me pose, étant donné que
vous êtes dans une région également très
élevée, et qu'il y a eu quand même un bris mineur qui
laisse supposer un danger. Pourquoi l'Hydro-Québec, durant cette
enquête-là je comprends qu'elle a une
échéance à respecter pour une livraison
d'électricité n'a-t-elle pas suspendu ses travaux? Est-ce
qu'il n'aurait pas été sage dans ce secteur-là, parce que
votre fil est étendu jusqu'à 186, d'attendre de voir ce que cela
donnerait comme conclusion de vos enquêtes avant de continuer des travaux
dans une région à une altitude aussi élevée?
M. MONTY: Bien premièrement, nous devons mentionner que nous
avons un programme à respecter. L'entrepreneur qui a eu le contrat par
voie de soumissions publiques a quand même un programme à
exécuter. Alors, si nous allions déménager l'entrepreneur,
comme vous dites, un peu plus loin, nous aurions peut-être pu le faire,
mais seulement les pylônes n'étaient pas complètement
inspectés et terminés pour recevoir les conducteurs. Alors, nous
aurions peut-être pu dire à l'entrepreneur: Retirez-vous pour un
mois, un mois et demi", mais nous ne pouvons absolument pas arriver pour la fin
de l'année 1970.
Alors, nous avons décidé de déménager
à un endroit que nous pensions un peu moins vulnérable.
Malheureusement, nous sommes arrivés peut-être à un
pylône ou trois pylônes près de là où nous
aurions dû commencer.
M. BINETTE: En dehors de la question technique, M. Boyd ou M. Monty,
est-ce que la responsabilité, le coût des dommages sera
assumé par l'Hydro-Québec en entier? Est-ce que
l'Hydro-Québec a de l'assurance pour couvrir ces dommages?
M. BOYD: Oui, les coûts assumés par l'Hydro-Québec
entièrement. Dans un contrat comme celui-là, le matériel
est fourni par l'Hydro-Québec. L'entrepreneur soumet des prix pour
l'érection, l'assemblage, etc. D'ailleurs on le dit dans le
rapport à chacune des différentes phases importantes, nous
faisons une inspection; par exemple, les fondations sont finies, nous faisons
l'inspection, l'Hydro-Québec accepte. L'acceptation est faite aux
différentes phases des travaux; à ce moment-là c'est la
responsabilité de 1'Hydro. Nous n'avons pas d'assurance...
M. BINETTE: Est-ce que mettre de l'assurance sur ces lignes serait
rentable?
M. BOYD: Ce serait beaucoup trop dispendieux; je pense qu'il est
préférable, dans ce cas-là, de s'autoassurer.
M. MAILLOUX: Alors, M. Boyd, je voulais vous poser une dernière
question. J'avais mentionné en Chambre un montant de dommages de $5
millions. Ce n'est pas que je veuille avoir raison et vous donner tort, mais,
devant les résultats de l'enquête que vous avez à ce jour,
de la partie de l'enquête devant les détournements possibles que
vous serez obligés d'apporter, et les conditions qui prévalent
dans cette section-là, est-ce que vous croyez que les dommages se
situeront à un montant beaucoup plus élevé que le chiffre
que vous mentionnez, quand le détournement sera fait, et tout?
M. BOYD: II faut s'entendre sur les termes de la question et de la
réponse. Dans le rapport, nous ne changeons pas d'idée. On dit
que le coût de la ligne qui est tombée...
M. MAILLOUX: ... brisée.
M. BOYD: ... est de $1,800,000. Ce que cela va coûter pour
rétablir la ligne, on ne l'a pas dit parce que c'est la deuxième
partie de notre étude. Est-ce que ce sera 1,000 pieds plus bas, est-ce
que ce sera 5 milles plus loin? Est-ce que ce sera au même endroit, avec
des structures tellement solides que rien ne va tomber? Tout cela sera
analysé et nous choisirons la méthode qui, tout en n'étant
pas nécessairement la plus économique, à ce
moment-là, sera celle que nous pensons être la meilleure, et quant
au montant, je ne peux pas vous répondre.
M. MAILLOUX: Et cela ne peut pas commencer, s'il y a changement, avant
le printemps?
M. BOYD: II faut commencer avant cela.
M. MAILLOUX: Même pour les fondations, à chauffer le
ciment?
M. MONTY: Ah, oui! Cela se fait continuellement pour le ciment.
M. LE PRESIDENT: Alors, nous allons ajourner et nous reviendrons
à 20 h 15.
M. ALLARD: Je voudrais savoir, M. le Président, si ceci
clôt la discussion sur la question des pylônes?
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. ALLARD: Alors, nous reviendrons à 20 h 15?
M. BOURASSA: La question de la hausse
des tarifs. Avez-vous une hausse des tarifs à annoncer?
M. GIROUX: II ne faut pas être à court d'argent.
M. ALLARD: Nous reprendrons cela à 20 h 15.
Reprise de la séance à 20 h 16
M. CROISETIERE (président de la commission des Richesses
naturelles): A l'ordre, messieurs! Nous allons continuer, ce soir, à
l'article où nous étions rendus, soit à Manic-3.
Après cela, nous continuerons avec les autres sujets.
J'inviterais M. Bourassa...
M. BOURASSA: Merci. M.Boyd, c'est au sujet des chiffres qui nous ont
été soumis sur le déboisement, l'intérêt.
Pourquoi y a-t-il $3,446,000 d'intérêt dans les $17,800,000 qui
ont déjà été dépensés pour
Manic-3?
M. BOYD: C'est l'intérêt cumulatif depuis 1963 sur les
sommes qui sont dépensées, tel qu'indiqué sur la feuille
que je vous ai remise.
M. BOURASSA: C'est presque 25 p.c. du montant.
M. BOYD: Oui, mais c'est pour neuf ans, M. Bourassa.
M. BOURASSA: Pardon?
M. BOYD: C'est de 1963 jusqu'à 1969.
M. BOURASSA: Oui.
M.BOYD: C'est six ans d'intérêt sur les autres sommes.
C'est six ans, pas nécessairement sur le total, mais c'est quand
même six ans d'intérêt cumulatif et cette somme, au cours de
cette période de six ans.
M. BOURASSA: Les ingénieurs-conseils, tous d'une firme ou... la
même firme?
M. BOYD: Oui.
M. BOURASSA: Depuis combien d'années?
M. BOYD: Depuis 1963. Ils ont été engagés en mai
1963.
M. BOURASSA: Est-ce que ce sont eux qui ont été
ingénieurs-conseils pour la première étude, pour les $400
millions?
M. BOYD: Non.
M. BOURASSA : Vous avez parlé ce matin de la direction du
Génie. Et dans le deuxième cas, vous avez mentionné qu'il
y avait une firme d'ingénieurs-conseils. Est-ce qu'ils étaient
également pour la première étude?
M. BOYD: II faut faire une distinction. Dans la première
étude, ils avaient préparé des plans préliminaires
qui faisaient suite à leur étude. C'est la direction des Travaux
qui avait préparé le programme de dix ans et les estimations
qui
conduisaient à ce montant. C'est la direction des Travaux qui
avait préparé l'estimation.
M. BOURASSA: Mais est-ce qu'ils ont été impliqués
dans la première étude?
M. BOYD : Ils ont été impliqués dans la
préparation des plans préliminaires et non pas dans l'estimation
de la somme de $400 millions.
M. BOURASSA: On discutait, ce matin, sur la question de la centrale
thermique. On prend un peu tous les problèmes, parce que tout est
lié ensemble. On parlait des besoins d'énergie. Est-ce qu'il est
possible qu'on ait besoin à la fois de la centrale thermique et de
Manic-3? Est-ce que, d'après vous, on pourrait avoir besoin des deux
pour faire face aux besoins d'énergie de 1977 ou 1978?
M. BOYD: Pas simultanément. Je peux, peut-être, en
même temps, répondre à votre autre question. Cela
éclairera peut-être ce point-là.
La demande, en 1969, sur le réseau provincial, est de 8,500,000
kilowatts; en 1975 et 1976, on prévoit 13,450,000 kilowatts; et en 1984,
on prévoit une demande de 24,700,000 kilowatts.
M. BOURASSA: Vous n'avez pas de copies de cela?
M. BOYD: Je n'en ai pas dans le moment. Je pourrais vous les faire
parvenir.
M. BOURASSA: C'est parce que l'on va parler de ce qui va être
possible avec les installations. Vous parlez de 1975 et 1976, c'est...
M. BOYD: J'ai d'autres chiffres ici. J'ai des déficits de
puissance que nous avons à combler. Alors, en 1976, le déficit
sera de 275,000 kilowatts. C'est pourquoi dès 1976, il nous faut une
autre source d'énergie. 275,000 kilowatts de déficit. Et ce
déficit en 1984...
M. BOURASSA: Cela est sans Manic-3?
M. BOYD: Sans Manic-3, je veux dire déficit qu'il faut combler
d'une façon ou d'une autre.
M. BOURASSA: En 1976? M. BOYD: Oui.
M. BOURASSA: En 1975, il n'y a pas de déficit?
M. BOYD: Non, parce que c'est l'énergie de Churchill qui nous
rend jusqu'en 1976.
M. BOURASSA: Oui, d'accord. 1977?
M. BOYD: En 1977, c'est 1,050,000; en 1978, 2,500,000; en 1979,
3,900,000; en 1980, 5,700,000; en 1981, 5,400,000; en 1982, 9,400,000.
M. BOURASSA: Quelle sorte de progression avez-vous fait pour cela, par
exemple, passer de 275,000 à 1,050,000?
M. BOYD: C'est notre demande qui augmente de 7 1/2 p.c. par
année.
M. BOURASSA: Ah! D'accord. Vous avez fixé un taux uniforme.
M. BOYD: C'est une moyenne. Nos projets Manic-Outardes-Churchill nous
suffisent jusqu'en 1976. En 1976, il nous faut 275,000 kilowatts que nous
allons obtenir soit de Manic-3, soit de la centrale thermique.
M. BOURASSA: Vous pouvez l'acheter aussi.
M. BOYD: Oui.
M. BOURASSA: Parce qu'à Manic-3, c'est sept ans. Si vous
commencez l'an prochain, cela serait pas avant 1977.
M. BOYD: II faut commencer en 1970 et cela fait sept saisons. Cela va
être prêt en décembre 1976. C'est le programme que nous
avions. En 1977, c'est 1,044,000 de déficit. Manic-3
complété nous donnerait suffisamment pour nous rendre jusqu'en
1977.
M. BOURASSA: Qu'est-ce que la baie James peut faire
là-dedans?
M. BOYD: En 1978, c'est 2.5 millions de kilowatts. Donc, Manic-3 nous
conduit jusqu'en 1977. Après cela, il nous faut autre chose. Alors je ne
sais pas si ça répond à votre question.
M. BOURASSA: Oui. Mais la baie James...
M. BOYD: Premièrement, il faut dire qu'on doit mettre dix ans
pour la baie James, à partir de la décision.
M. BOURASSA: Oui. Alors cela veut dire que cela ne pourra pas jouer pour
les déficits de 1978, 1979, 1980.
M. BOYD: C'est ça.
M. BOURASSA: Qu'est-ce que vous prévoyez pour ces trois
années-là, si Manic-3 est insuffisant?
M. BOYD: Bien, une des choses, c'est l'énergie thermique. Alors
quand on parle de thermique et de Manic-3, il s'agit de voir si c'e'st l'un
avant l'autre ou l'autre avant l'un.
M. BOURASSA: C'est pour cela que je vous disais que vous allez
peut-être être forcés de commencer les deux en même
temps.
M. BOYD: Je ne crois pas. Pas en même temps.
M. BOURASSA: Ou à peu près.
M. BOYD: Non. Le thermique prend...
M. BOURASSA: Combien d'années?
M. BOYD: ... cinq ans, cinq ans et demi. On en a besoin en 1978.
M. BOURASSA: En 1972. Non, mais j'enlève le cinq ans.
M. BOYD: Alors, il faudrait...
M. BOURASSA: 1977; 1977, cela va avec Manic-3, alors c'est en 1978 que
vous en avez besoin. D'accord. Alors, cela veut dire 1973.
M. BOYD: Alors ça veut dire que, oui, en 1973,... il faudrait
commencer une thermique en 1972.
M. BOURASSA: Le début des travaux. Vous commenceriez Manic-3 en
1970 et le thermique en 1972.
M. BOYD: En 1972-73.
M. BOURASSA: Et puis la baie James après, si le thermique ne
suffit pas.
M. BOYD: II ne suffira certainement pas parce que je vous dis qu'en
1983, le déficit sera de 11 millions de kilowatts.
M. BOURASSA: Cela veut dire que le plus tard où cela pourrait
commencer à la baie James, c'est en 1973?
M. BOYD: Si on veut l'avoir pour 1983, c'est ça.
M. BOURASSA: Parce que le thermique et Manic-3 ne suffisent pas pour
1983. Il faut donc commencer à la baie James au plus tard en 1973.
M. BOYD: Si c'est rentable, c'est ce qu'il faudrait faire.
M. BINETTE: Dans l'étude de ces projections, M. Boyd, est-ce que
l'on tient compte de l'augmentation de la source d'énergie qu'est le gaz
naturel? Parce que, dans le rapport du ministère des Richesses
naturelles de 1967-68, à la page 17, section de l'énergie: la
planification prévoit et établit qu'en 1966 la consommation
d'énergie était proportionnelle aux chiffres suivants: Pour le
pétrole, on disait qu'il y avait eu 65.8 p.c. de consommation de
pétrole, d'énergie en pétrole. L'électricité
représente 21.5 p.c; le charbon 6.1 p.c. et le gaz naturel, 3.6 p.c. Et
ici, le responsable de la planification à la direction
générale de la planification au ministère des Richesses
naturelles pose quelques questions.
Je vais lire un paragraphe de ce rapport; On dit: "Or, à mesure
que l'utilisation de l'énergie s'étend au Québec,
l'expansion de l'industrie énergétique pose des problèmes,
notamment ceux des relations entre diverses formes d'énergie et
l'affectation de l'une ou l'autre d'elles, à des usages
spécifiques. Par exemple, est-ce que la rentabilité des
énormes investissements faits par l'Hydro-Québec, dans le domaine
de l'électricité, en prévision de l'avenir ne risque pas
d'être compromise par l'expansion des autres formes d'énergie?
Faudrait-il réserver des blocs de gaz ou d'électricité
pour des besoins industriels spécifiques? Et, à cette fin,
serait-il approprié de permettre l'extension du réseau de gaz
naturel aux villes du triangle de Montréal, Sherbrooke et Québec?
Que signifierait, dans ce contexte, la vente du réseau de gaz
manufacturé que l'Hydro-Québec possède à
Québec? Faut-il faciliter, et à quelles conditions, la formation
d'un monopole pour la distribution du gaz au Québec", etc.
Alors, d'après les études qui sont faites à la
direction générale de la Planification du ministère des
Richesses naturelles, on prévoit que l'utilisation de l'énergie
électrique sera peut-être amoindrie un jour par la consommation du
gaz naturel. Est-ce que, dans vos projections, on tient compte de cette
possibilité?
M. BOYD: Le gaz naturel est au Québec depuis un certain nombre
d'années. Nous avons la concurrence du gaz naturel, surtout dans la
région métropolitaine. C'est une concurrence qui augmente, mais
nos gens eux aussi, font des progrès dans, par exemple, la promotion de
la vente de l'électricité. Actuellement, selon nos
prévisions, je ne crois pas que le gaz naturel va diminuer tellement nos
ventes. De toute façon, si ça arrivait...
M. BOURASSA: Oui.
M. BOYD: ... il y a toujours moyen de changer notre programme, de
retarder à 1974 ce qui devait être commencé en 1973. Mais,
le gaz naturel, si mes renseignements sont bons, dans le moment, connaît
certaines difficultés. On en manque.
M. BOURASSA: Etes-vous d'accord pour participer à une politique
de l'énergie avec le ministère des Richesses naturelles?
M. BOYD: Je ne saisis pas le sens de votre question?
M. BOURASSA: La direction n'est pas créée encore?
M. ALLARD : J'ai dit que la direction en question serait
créée au début de la prochaine session ou dans le courant
de la prochaine session...
Il en a déjà été question suffisamment pour
que l'Hydro soit au courant d'une direction générale de
l'Energie, à créer éventuellement. Vous seriez le premier
à nous en blâmer; vous nous avez déjà
blâmés d'avoir retardé aussi longtemps. Alors dites donc
pourquoi l'Hydro devrait prendre les devants et nous forcer...
M.BOURASSA: Non, le ministre est nerveux pour rien.
M. ALLARD: Non.
M. BOURASSA: Je pose une question comme ça. On a parlé, on
a discuté de la politique de l'énergie à plusieurs
reprises...
M. ALLARD: Oui.
M. BOURASSA: ... C'est clair que l'Hydro-Québec a un rôle
à jouer dans la détermination, dans la formulation d'une
politique de l'énergie. Je me demande si l'Hydro-Québec est
d'accord pour collaborer avec le ministère des Richesses naturelles
pour...
M. ALLARD : Ils ont déjà été
consultés.
M. BOURASSA: ... Je profite de l'occasion. Est-ce que
l'Hydro-Québec a objection à collaborer avec le gouvernement au
ministère des Richesses naturelles pour une politique de
l'énergie?
M. BOYD: Vous savez bien que l'Hydro est toujours prête à
collaborer.
M. BOURASSA: Alors, vous voyez, j'obtiens une collaboration comme
ça.
M. ALLARD: Je n'ai pas besoin de votre aide!
UNE VOIX: Gratuite, à part cela.
M. ALLARD: Ne perdez pas vos énergies, vous en avez besoin
ailleurs, et beaucoup.
M. BOURASSA: Pas tant que cela, si vous saviez comme je peux être
en vacances présentement. M. Boyd, d'après les informations que
vous avez données tantôt, il faut commencer la centrale thermique
en 1972, de toute manière?
M. BOYD: Oui, du moins c'est le programme que nos gens sont en train
d'étudier et au sujet duquel nous aurons une réponse vers le
milieu de janvier, réponse qui nous permettra de prendre une
décision.
M.BOURASSA: Mais il ne semble pas y avoir tellement d'alternatives?
M. BOYD: II n'y en a pas tellement, dans le moment; il y a Manic-3; il y
a possibilité d'une centrale pompée à Saint-Joachim; il y
a une possibilité à Outardes-2; il y a possibilité de
certains aménagements sur la rivière Saint-Maurice; il y a la
centrale thermique...
M. BOURASSA: Est-ce que des études ont été faites
pour cela...?
M. BOYD: Les centrales nucléaires, ce n'est pas
intéressant du tout dans le moment.
M. BOURASSA: Non.
M. BOYD: Alors, ce sont tous ces différents programmes qu'on a
demandé à nos gens du génie de remettre dans leur
programme d'ordinateur avec différents taux d'intérêt, avec
instruction de nous sortir des chiffres pour étude de la commission,
vers le milieu de janvier.
M. BOURASSA: Vous avez parlé de plusieurs autres
possibilités sur le Saint-Maurice et à Saint-Joachim, est-ce que
des études ont été faites là-dessus?
M. BOYD: Des études ont été faites
là-dessus.
M. BOURASSA: Est-ce que le rendement ou la puissance
dégagée par ces investissements-là équivaudrait
à la centrale thermique?
M. BOYD: Non. Une table de deux, c'est moins considérable; la
centrale, réserve comprise, c'est tout simplement pour répondre
aux besoins aux heures de pointe; ce n'est pas une production d'énergie
de base.
M. BOURASSA: Cela revient donc encore à peu près à
une absence de choix; vous allez être forcés de commencer la
centrale thermique en 1972?
M. BOYD: Ou en 1970.
M. BOURASSA: Ou en 1970. Mais, encore là, est-ce que la centrale
thermique va être suffisante... est-ce que le rendement ou la
puissance...
M. BOYD: La centrale thermique devrait être d'un million ou de
deux millions de kilowatts.
M. BOURASSA: Mais cela vous mènerait jusqu'en quelle année
sans Manic-3? D'après les déficits que vous avez donnés
là?
M. BOYD: Si c'était un million de kilowatts, cela voudrait dire
qu'en 1978 il nous faudrait autre chose; et même si c'était deux
millions de kilowatts, en 1978, il nous manquerait encore 500,000
kilowatts.
M. BOURASSA: Si c'est en 1978, Manic-3 prend donc sept ans; cela veut
dire que Manic-3 pourrait être retardé d'un an avec la centrale
thermique.
M. BOYD: En 1978... oui, un an ou deux.
M. BOURASSA: Alors, cela ne donne pas grand-chose, si c'est 1970 ou 1972
dans le cas de la centrale thermique, et 1970 ou 1971 dans le cas de
Manic-3.
M. BOYD: C'est le choix...
M. BOURASSA: Le choix n'existe presque pas, sauf en termes de mois.
M. BOYD: J'espère qu'avec un décalage de deux ans, on va
pouvoir se rendre...
M. BOURASSA: On pourra parler tantôt des besoins d'investissements
que cela peut comporter pour l'Hydro-Québec.
M. PINARD: M. Boyd, me permettriez-vous de revenir sur certaines
explications que vous avez données au cours de la journée,
relativement à certaine nouvelle parue dans les journaux, et notamment
dans La Presse du 6 décembre 1969, nouvelle dont le titre était
ceci: "L'entreprise privée construira Manic-3"? Après une lecture
attentive de cette nouvelle, il semblerait qu'il y ait quand même des
renseignements assez précis qui ont été donnés par
le journaliste qui a écrit cette nouvelle.
Est-il exact, par exemple, que le directeur général
adjoint à la direction générale de la Construction, M.
Michel Kazanovitch, aurait réuni un groupe d'ingénieurs de la
direction de la Construction et qu'il aurait annoncé à cette
occasion que Manic-3 serait confié à l'entreprise privée?
Sur le plan de la construction. Cela n'a pas été
précisé tellement là.
M. ALLARD: II a dit que...
M. BOYD: Il a été précisé très
clairement que...
M. ALLARD: II a été dit très clairement que M.
Kazanovitch n'avait pas fait une telle déclaration.
M. GIROUX: Cela a été précisé , M. Boyd l'a
souligné.
M. BINETTE: M. Kazanovitch aurait annoncé ça.
M. ALLARD: M. Boyd a justement dit que cette déclaration, s'il
elle avait été faite par M. Kazanovitch, le surprenait
énormément et qu'il ne croyait pas, en d'autres mots, qu'elle
eût été faite par M. Kazanovitch. Elle a pu être
rapportée par les journaux mais une telle déclaration ne
semblerait pas avoir été faite.
M. BOURASSA: Est-ce que le cheminement critique des contrats à
octroyer était prêt, M. Boyd?
M. BOYD: J'ai répondu ce matin qu'il y avait quatre projets de
devis qui étaient prêts, soit d'une façon ou d'une autre,
pour procéder en 1970.
M. BOURASSA: En quoi consistent ces qua-tres projets?
M. BOYD: II y a le projet d'installation de camps, des projets de
routes, des projets de ponts il y a un pont et le
quatrième les dépots de matériaux. Ce sont les quatre
projets qui sont prêts dans le moment.
M. BOURASSA: Oui.
M. BOYD: Ce sont des contrats relativement petits ou des...
M. PINARD: La Presse du 6 décembre 1969 ajoutait que le cahier
des charges avait été préparé et mis au point pour
permettre la demande par l'Hydro-Québec, par voie de soumissions
publiques, de 47 contrats.
M. BOYD: Oui, mais ceci, je me le rappelle fort bien, M. Pinard. J'ai
expliqué ce matin qu'on avait demandé à la direction
générale de la Construction de préparer des plans et devis
de telle façon qu'on puisse demander à notre direction
générale de la Construction soit de construire elle-même,
soit de demander des soumissions, et j'expliquais que, de cette façon,
peu importe la solution choisie, nous serions prêts à
procéder.
M. BOURASSA: Donc le cheminement critique a été
préparé.
M. BOYD: Oui, oui, le cheminement critique est préparé non
seulement pour demander des contrats mais pour faire commencer des travaux par
quelqu'un, soit l'Hydro, soit quelqu'un d'autre. Si on veut être
prêt en 1976, comme on le doit, il faut que quelqu'un commence des
travaux en 1970.
M. BOURASSA: Oui.
M. BOYD: ... que ce soit l'Hydro, que ce soit d'autres. Pour ça,
il faut avoir des devis et des plans. J'ai insisté à plusieurs
reprises ce matin
pour dire qu'on voulait cette fois-ci que tout soit bien
préparé d'avance. Il ne faut pas conclure de là, parce que
nos plans et devis sont préparés, qu'on veut demander
nécessairement des contrats. Ce que disent les journaux, ce n'est pas ce
que décide la commission.
M. BOURASSA: Oui, d'accord, mais je veux dire qu'il y avait le
communiqué de ce matin, vous avez dit...
M. BOYD: M. Kazanovitch, je vous ai dit ce matin que je ne croyais pas
qu'il avait dit ça dans ce sens-là, et même s'il l'a dit,
le patron de M. Kazanovitch est M. Monty, qui est juste derrière moi. On
peut le questionner de plus près; d'autre part, auprès de la
commission, c'est moi qui suis le responsable de la construction. Je vous
explique, vous avez le journal, vous avez la commission, vous avez le directeur
général de la Construction.
M. PINARD: M. Boyd, j'imagine qu'à des réunions
importantes comme celles-là, il doit y avoir des procès-verbaux
des réunions qui sont tenues et qui indiquent les objets ou les sujets
qui ont été discutés, parce qu'il doit y avoir des
rapports qui sont faits à différents niveaux d'autorité;
j'imagine que c'est surtout là-dessus que vous devez vous baser pour
nous répondre de cette façon aussi précise?
M. BOYD: Je n'ai pas vu ces procès-verbaux...
M. PINARD: Ce sont peut-être les procès-verbaux...
M. BOYD: Moi, je vous parle des instructions qui ont été
données à la direction générale de la Construction;
je vous parle des discussions que j'ai eues avec M. Kazanovitch et avec M.
Monty.
Je ne peux pas vous parler de ce que le journaliste a écrit parce
que je ne sais pas où il a pris ses renseignements, je ne sais pas
comment il les a interprétés.
Vous me posez une question, je pense que je vous réponds
très franchement. De là à interpréter comment les
choses ont été transmises...
M. BOURASSA: M. Boyd, le 6 novembre, quand vous avez émis le
communiqué, quand 1'Hydro-Québec a émis le
communiqué, on dit que, ça commence ainsi, il est bien dit:
"entreprendra la construction de Manic-3 au printemps prochain". On parle du
coût de $300 millions; or on sait fort bien que quand vous parlez du
coût de $300 millions, d'après les données que vous nous
avez fournies ce matin, c'est en fonction d'un recours à l'entreprise
privée.
M. BOYD: Pas du tout.
M. BOURASSA: Mais oui, c'est parce que vous avez dit qu'une
première étude indiquait que ce serait de $400 millions.
M. BOYD: Mais, ce n'est pas l'entreprise privée qui a
changé ça, M. Bourassa.
M. BOURASSA: Non, mais il y a des questions. Vous avez donné des
coûts d'intérêt, on va revenir sur les chiffres
tantôt, il y a sept ans au lieu de dix ans, mais il y a bien d'autres
facteurs.
M. BOYD: Je les ai donnés.
M. BOURASSA: Mais, on va revenir à ça tantôt, les
$120 millions de différence.
M. BOYD: On peut passer à ça tout de suite, si vous
voulez. Mais je vous ai donné... bien je les ai, ici. Vous me demandiez
d'expliquer les $120 millions au complet, j'ai ce qu'il faut.
M. BOURASSA: Oui, oui.
M. BOYD: Les installations provisoires: la nouvelle estimation nous a
amené une réduction de $1.6 million. Les frais
généraux ont été diminués de $10,500,000,
ça s'explique assez facilement. C'est un chantier qui va durer sept ans
au lieu de dix.
M. BOURASSA: D'accord.
M. BOYD: Les intérêts intercalaires, c'est la même
explication, c'est $45 millions.
M. BOURASSA: Cela, c'est seulement à cause du fait que ça
va durer sept ans au lieu de dix.
M. BOYD: D'accord là dessus. L'exploitation des installations
générales, c'est $1 million. L'exploitation des installations
spéciales, c'est $800,000. Sur les structures permanentes, il y a
$20,500,000. Structures permanentes, c'est qu'on a apporté des
améliorations à la construction, on a réduit les
coûts de construction. Par exemple, il y a un déversoir sur lequel
il y a une passe à billes; la passe à billes a été
déplacée d'un côté de la rivière au centre et
de ce fait elle est moins longue, donc elle coûte moins cher. Des choses
semblables, qui sont des améliorations au "design", si vous voulez,
à la conception, et elles donnent $20,500,000; il y a $11,500,000 de
réduction sur l'inflation.
Parce que le projet étant de plus en plus connu et précis
et surtout, excusez...
M. BOURASSA: $11,500,000 sur l'inflation!
M. BOYD: Oui, parce que ça se fait dans trois ans de moins.
M. BOURASSA: Vous avez prévu le taux d'inflation dans sept
ans?
M. BOYD: Oh! dans nos calculs, on doit prévoir une
inflation...
M. BOURASSA: Quel taux avez-vous pris pour 1977, il y en a qui vont
être intéressés à savoir ça.
M. BOYD: On n'a pas pris un taux pour 1977, on a pris un taux
annuel.
M. BOURASSA: Oui, mais je veux dire, vous avez prévu une
inflation pour...
M. BOYD: On a prévu 4 p.c. par année pendant la
durée du contrat.
M. BOURASSA: Vous prévoyez qu'en 1977-78-79, ce sera 4 p.c...
M. BOYD: Non, non, ce n'est pas ce que je dis, M. Bourassa.
M. BOURASSA: Non, mais une moyenne de 4 p.c.
M. BOYD: Non, je dis que c'est à partir de 1970.
M. BOURASSA: Oui.
M. BOYD: On prévoit annuellement 4 p.c. d'inflation, jusqu'en
1976.
M. BOURASSA: Et le fait de le faire en sept ans au lieu de dix ans, vous
épargnez $11,500,000?
M. BOYD: Oui, parce que nous laissons tomber l'inflation des trois
dernières années. Egalement dans les imprévus, nous avons
réduit de $12 millions, parce que le projet étant devenu de plus
en plus précis, nous croyons qu'il y a de moins en moins
d'imprévus.
H y a, dans les dépenses antérieures au début des
travaux, une réduction de $9 millions. Celle-ci, c'est les $17.8
millions dont vous avez le détail...
M. BOURASSA: Oui.
M. BOYD: ... qui portent intérêt, durant la construction,
sur une période de dix ans ou sur une période de sept ans. Donc,
c'est encore là une économie d'intérêt.
Et il y a la compensation en énergie qui est de $7.5 millions
parce qu'avec notre nouveau programme, nous ferons la mise en eau avec la crue
du printemps, ce qui n'affectera pas l'eau à emmagasiner à
Manic-5. Vous additionnez tout cela et vous arrivez à $120 millions.
M. BOURASSA: Oui, mais c'est parce que la firme Asselin qui a fait
l'étude concluait, vous l'avez dit ce matin, que cela devait être
remis à l'entreprise privée.
M. BOYD: Oui.
M. BOURASSA: J'ai demandé à M. Giroux si ceux qui ont fait
l'étude pouvaient être ici présents, il m'a dit que M.
Benoit était en Argentine; alors, disons que je vais vous questionner.
Quelles sont les raisons qui ont pu motiver cette recommandation que cela soit
remis à l'entreprise privée? Est-ce qu'il y a un lien, en
d'autres termes, entre la recommandation que ce soit soumis ou remis à
l'entreprise privée et la réduction du coût?
M. BOYD: Eh bien il y en a un, comme je l'expliquais ce matin.
M. BOURASSA: Est-ce qu'il est chiffré?
M. BOYD: Le point, c'est que sur les travaux de génie civil et
sur les installations provisoires, eux nous recommandaient d'aller à
l'entreprise privée, parce que sur ces montants, ils prévoyaient
une économie. C'est la question que nous examinons de plus
près.
M. BOURASSA: Mais cela rentrait...
M. BOYD: Oui. Cela rentre dans certains montants ici. Vous me demandez
d'expliquer les $120 millions, je vous les explique.
M. BOURASSA: Oui. D'accord.
M. BOYD: Mais je vous explique également où
s'appliqueraient les contrats si nous en donnions à l'entreprise
privée. Cela ne s'appliquerait pas pour les turbines, ni les
génératrices, ni les transformateurs, ni le poste de
sectionnement, ni sur les frais de financement, ni sur l'administration. Cela
s'appliquerait sur ce qui est travaux de génie civil,
c'est-à-dire le barrage principal en gravier, le barrage
déversoir, les batardeaux amont et aval et, en somme, tous les travaux
de génie civil.
M. BOURASSA: Oui, mais, M. Boyd, là vous dites: Ils ont fait une
étude. Ils ont dit $280 millions, sept ans au lieu de dix ans,
entreprise privée, je ne sais pas s'il y a d'autres recommandations.
Alors, est-ce que vous pouvez dire s'ils ont donné des chiffres? Par
exemple peut-être que vous l'avez dit aujourd'hui et je m'excuse
si je vous demande de répéter $280 millions, qu'est-ce que
cela serait si c'était l'Hydro-Québec, par rapport à $280
millions? Eux, ils ont fixé $280 millions en tenant compte de la
recommandation que cela soit remis à l'entreprise privée. Est-ce
qu'ils ont donné un chiffre, si leur deuxième recomman-
dation n'était pas appliquée? Ils ont donné
certains exemples mais ils n'ont pas donné de chiffres.
M. BOYD: Ils n'ont pas donné de chiffres. C'est à nous de
décider cette chose. Ils nous donnent un avis. C'est à nous de
faire notre propre étude et de savoir dans quelle mesure leur avis est
valable ou non.
M. BOURASSA: Vous devez compléter leur étude pour voir la
différence entre l'entreprise privée et la construction par
l'Hydro-Québec, entre $280 millions et un chiffre que vous auriez
à établir?
M. BOYD: C'Est ce que nous étudions justement.
M. PINARD: Avez-vous dit M. Boyd, ce matin ou cet après-midi
qu'il y avait un arrêté ministériel adopté par le
gouvernement pour prévoir une modification des délais entre la
date de la publication des appels d'offres et la date de la réception
des soumissions préparées par les entrepreneurs?
M. BOYD: Un arrêté ministériel? M. PINARD: Oui.
M. BOYD: Pourriez-vous répéter, je ne vous ai pas...
M. PINARD: Oui, enfin, c'est que le journal La presse du 6
décembre dit qu'il y a un arrêté ministériel qui
aurait été adopté par le gouvernement, arrêté
ministériel qui modifie les délais entre la date de la
publication des appels d'offres et la date de la réception des
soumissions de la part des entrepreneurs.
M. ALLARD: Un arrêté en conseil de quelle date?
M. PINARD: Bien enfin, c'est...
M. GIROUX: Dans ce cas-là...
M. ALLARD: C'est de l'invention.
M. GIROUX: C'est la Xérox du gouvernement qui a fait un rapport,
ce n'est pas la nôtre.
M. PINARD: Je me demande si c'est exact, ce qui est écrit dans le
journal La Presse le 6 décembre 1969.
M. GIROUX: Oui, mais un arrêté en conseil.
M. PINARD: Je ne prends l'article du journal à mon compte.
M. GIROUX: Mais cela me donne une idée, un arrêté en
conseil, il y a des numéros. L'Hydro les reçoit. Nous n'avons
jamais reçu d'arrêté en conseil qui changeait quoi que ce
soit.
M. ALLARD: II n'y a jamais eu non plus de demandes. M. Chevalot, comme
dans bien des cas, fausse la vérité, je ne sais pas si c'est
intentionnellement ou non. En tout cas, il y a certainement des inventions dans
ses articles.
M. BOYD: M. Pinard, j'aimerais ajouter...
M. BINETTE: ... on dit que ce délai était prévu
pour deux semaines, à partir de zéro dollar à $300,000,
trois semaines pour $300,000 à $1 million et quatre semaines pour plus
d'un millions. Je ne comprends pas qu'un journaliste puisse inventer
complètement de toutes pièces des délais comme cela avec
des montants précis.
M. BOYD: Cela ne s'applique certainement pas à l'Hydro...
M. ALLARD: Qu'il vienne nous donner la source de ses informations...
M. BINETTE: Je pose la question au ministre, à ce moment-ci,
parce qu'il s'agit d'un arrêté ministériel...
M. ALLARD: C'est justement, nous disons qu'il n'y en a pas
d'adopté. Qu'il vienne nous donner la source de ses informations.
UNE VOIX: Il est en avant.
M. BINETTE: Est-ce qu'il fait des prédictions?
M. ALLARD: Je ne sais pas. Je ne sais pas s'il parle aux astres...
M. BINETTE: Est-ce que cela va se réaliser?
M. ALLARD: Quoi?
M. BINETTE: Ces acceptations...
M. ALLARD: Comment voulez-vous que je dise que cela va se
réaliser? Je n'en n'ai jamais entendu parler.
M. BOYD: J'aimerais même ajouter, M. Pinard, qu'il n'y a eu aucune
communication entre le ministre et l'Hydro-Québec au sujet des
entreprises privées, à savoir si nous devions en donner ou n'en
pas donner ou en donner plus. Il n'y a pas eu de communication de ce genre.
M. BINETTE: Est-ce qu'à ce moment-là, si
l'Hydro-Québec décidait d'en donner plus à l'entreprise
privée, cela prend un ordre en
conseil pour autoriser l'Hydro-Québec ou si l'Hydro-Québec
peut agir seul sans ordre en conseil?
M. BOYD: Le seul arrêté en conseil que
l'Hydro-Québec doit avoir, c'est sur son budget d'immobilisations,
qu'elle fait approuver annuellement par le gouvernement. Pour donner des
contrats ou n'en pas donner, je ne crois pas que cela prenne un
arrêté en conseil.
M. ALLARD: Je ne verrais pas comment un arrêté en conseil
pourrait établir une réglementation comme celle qui est
mentionnée à l'article de Chevalot.
M. BINETTE: Alors, est-ce que ce serait une décision de la
commission hydroélectrique elle-même?
M. BOYD: Oui, monsieur.
M. BINETTE: Quant à ces délais?
M. BOYD: Ces délais-là? Ce n'est pas une chose qui existe
chez nous.
M. GIROUX: C'est de la pure invention.
M. BINETTE: C'est de l'invention avec des précisions, quand on
parle de zéro dollar à $300,000, puis de $200,000 à $1
million, et de $1 million à...
M. ALLARD: II fait de l'invention, lorsqu'il parle d'un
arrêté en conseil. C'est là qu'est son invention.
M. BINETTE: Alors, c'est pour cela que je demande si c'était une
décision de la commission.
M. ALLARD: Ce n'est pas une décision de la commission.
M. PINARD : Le même article de la Presse du 6 décembre 1969
nous informe que: "Toutefois, dans le cas des soumissions, il est
précisé que, dans les appels d'offres, des coûts unitaires
ne doivent pas être spécifiés, car la Commission
hydroélectrique préfère des montants forfaitaires." Est-ce
une information exacte ou si c'est une information qui est fausse?
M. BOYD: Excusez-moi.
M. PINARD: M. Boyd, je reprends ma question. Le même article, paru
dans la Presse le 6 décembre 1969, nous informe qu'au total la
construction de Manic-3 coûtera, une fois terminée en 1976, la
somme de $301 millions. Toutefois, dans le cas des soumissions, il est
précisé que, dans les appels d'offres, les coûts unitaires
ne doivent pas être spécifiés car la commission
hydro-électrique préfère des montants forfaitaires.
S'agit-il d'une information exacte?
M. BOYD: Notre politique insiste toujours pour avoir des prix unitaires,
parce qu'il en faut. Vous prévoyez un million de verges cubes et puis,
si vous en avez 1,100,000, il faut savoir combien les cent milles de plus vont
coûter à l'unité, à la pièce.
M. BINETTE: On précise même que, dans ses appels d'offres,
il valait mieux ne pas insérer de clause de fluctuation pour les
contrats en bas de 24 mois. On précise et c'est cité entre
guillemets que, dans ces appels d'offres, il vaut mieux "ne pas
insérer de clause de fluctuation pour une durée du contrat de
moins de 24 mois. Par contre, certains contrats seront en vigueur trois et
même quatre années. Dans ce cas, la clause de fluctuation devra
couvrir la troisième et la quatrième année."
Ce sont des choses tellement précises que là, on se
demande, si c'est la fin de la situation.
M. GIROUX: Voici. Si ce sont des comités qui ont travaillé
à ces choses, qui avaient l'intention de faire des recommandations
à la commission, je ne le sais pas. Mais seulement quand vous assurez
que c'est un ordre en conseil ou qu'il y a eu quelque chose qui est venu
à la commission, je vous assure que ce n'est jamais venu à la
commission et que je n'ai jamais reçu d'ordre en conseil,
M. BINETTE: Je parle tout simplement...
M. GIROUX: Tout découle de cette même chose-là.
Alors, qu'il y ait eu un comité qui voulait organiser, par exemple, je
ne le sais pas, mais disons une demande de soumission parfaite et qui a
établi certains critères, cela se peut, mais nous n'avons jamais
rien reçu à la commission. On m'en a jamais reçu, d'aucune
façon, et je n'ai jamais entendu parler d'un ordre en conseil.
Ordinairement, une semaine après un ordre en conseil, on le
reçoit.
M. BINETTE: Ceci, d'après l'article, semblerait découler
de la réunion du 27 octobre avec M. Kazanovitch.
M. GIROUX: II peut y avoir eu une réunion...
M. BINETTE: D'après l'article, on parle de... M. GIROUX: Ecoutez,
oui, mais c'est tou-
jours le même article. Il peut y avoir eu une réunion
où M. Kazanovitch a expliqué aux gens ce qu'il aimerait avoir,
comme une demande de soumission parfaite, comme des critères qui
seraient extrêmement sévères. Je suis complètement
d'accord que cela a pu exister. Mais entre cela et dire qu'il y a eu un ordre
en conseil, que c'est venu à la commission et puis qu'on était au
courant, non.
M. BINETTE: Ce rapport, apparemment, d'où cette source semble
venir, n'aurait pas été soumis à la comission?
M. GIROUX: D'aucune façon. Ni de près ni de loin.
M. PINARD: M. Giroux, on nous a expliqué cet après-midi,
je crois que c'est M. Boyd qui l'a dit, que l'Hydro devrait en venir à
une décision, dans un sens ou dans l'autre, à la mi-janvier ou,
au plus tard, à la fin de janvier, à savoir si elle va confier la
construction de Manic-3 à l'entreprise privée ou garder le statu
quo, c'est-à-dire le faire construire par l'Hydro.
Alors, vu ces délais très courts et l'urgence de commencer
la construction de -Manic-3, est-ce que cela n'a pas de bon sens que l'Hydro
ait recommandé un raccourcissement des délais...
M. GIROUX: L'Hydro n'a pas recommandé. C'est le
comité.
M. PINARD: ... les hauts-fonctionnaires de l'Hydro aient
recommandé le raccourcissement de la période des délais...
la date de la publication des soumissions publiques et la date de leur
réception à l'Hydro?
M. GIROUX: Non, non. Qu'ils en aient discuté entre eux pour avoir
des critères ou des choses sévères, cela je ne le sais
pas. Mais seulement, cela n'est jamais venu à la commission. Mais il y a
une chose, c'est que la commission a toujours en main les critères de
demandes de soumissions ordinaires de l'Hydro. Dans Manic-5, ils en ont
demandé des soumissions. Alors, il n'y a pas besoin de changer toutes
ces choses-là. Et même si ça existait, même si un
gars a voulu rendre une demande de soumissions plus sévère...
Naturellement, depuis deux ans, il y a un comité, par exemple, qui a
travaillé au cahier des charges de l'Hydro, pour rendre le cahier des
charges... plus rigide et conforme à toutes les normes. Cela fait deux
ans que les gens y travaillent. Il vient d'être approuvé par la
commission.
Vous voyez qu'au sujet de ces choses-là, il ne faut pas sauter
à des conclusions. Je veux bien être bon garçon. Que les
journaux publient ce qu'ils veulent, cela ne me dérange pas. Mais qu'ils
donnent des vérités. Enfin, qu'ils disent qu'il y a des
commissions qui suggéreraient cela.
J'en suis, si cela existe, mais qu'ils ne disent pas que c'est un ordre
en conseil. Qu'ils ne disent pas que l'Hydro a accepté, que l'Hydro veut
faire ceci, que l'Hydro veut faire cela.
M. BINETTE: Est-ce que j'ai bien compris que ce cahier vient
d'être approuvé par l'Hydro?
M. GIROUX: Ce cahier...
M. BINETTE: Qu'est-ce que comprend ce cahier des charges?
M. GIROUX: Le cahier des charges, c'est tout ce qui doit entrer dans un
contrat entre un entrepreneur et l'Hydro, au sujet...
M. BINETTE: Je voulais dire, est-ce que ça comprend les 47
contrats?
M. GIROUX: Non, non.
M. BOYD: C'est un cahier de clauses...
M. BINETTE: Qu'est-ce que ça veut dire un cahier des charges?
M. BOYD: C'est un cahier de clauses générales qui
s'appliquent à n'importe quelle sorte de contrat qu'on pourrait donner;
on en a donné, on en donnera encore un certain pourcentage. Alors, on a
eu, depuis un certain nombre d'annés, un cahier de clauses
générales. On a voulu le rendre plus imperméable, boucher
les trous, qu'il y avait dans celui qu'on avait. Alors, on a formé un
comité de différentes disciplines, chez nous, qui a
travaillé sur une période de deux années; ce cahier des
clauses générales a été approuvé, ça
n'a aucune relation avec Manic-3 ou une centrale thermique ou quoi que ce soit
de précis. C'est un cahier de clauses générales qui
s'appliqueraient à n'importe quelle sorte de contrat.
Pour revenir à votre assemblée, dont vous parlez et qui
serait la base de cet article, cette réunion peut avoir eu lieu, il peut
avoir été question de ces choses, à cette
réunion-là. Mais, je viens de le demander à M. Monty, qui
est le directeur général de la Construction, qui est le patron de
M. Kazanovitch; il dit qu'il n'a pas vu ce procès verbal-là; il
ne l'a jamais approuvé donc, il ne me l'a jamais présenté
pour que moi je le présente à la commission. Alors, qu'il y ait
des comités qui se réunissent, qui préparent des choses,
ça se peut fort bien et c'est normal, mais quand ce n'est pas
approuvé par les supérieurs, ce n'est pas la même
chose.
M. PINARD: M. Boyd, enfin j'imagine que ce n'est pas de l'invention pure
et simple, ce que le journaliste a écrit dans La Presse: il peut y avoir
des informations qui sont exactes, d'autres moins exactes, c'est possible,
ça.
M. BOYD: Je ne nie pas. Ce qui m'a surpris dans votre
énoncé, c'est l'arrêté ministériel...
M. PINARD: Oui.
M. BOYD: ... Je ne nie pas que l'Hydro-Québec, par l'entremise de
ses gens, fasse des réunions je vous l'ai dit, d'ailleurs, ce
matin, qu'on leur avait dit de préparer des devis et des plans pour
qu'ils soient prêts à n'importe quelle décision qu'on
prendrait alors, ils se sont réunis pour discuter de ces
choses-là. Que j'aie discuté des choses que vous mentionnez, qui
sont dans l'article, c'est fort possible; mais je vous demande de ne pas
conclure, comme le journaliste, que c'est une décision de la commission
et tirer de là la conclusion que c'est déjà fait, qu'on va
à l'entreprise privée, c'est ce que je vous suggère.
M. PINARD: Oui, mais enfin, est-ce que c'est possible que la commission
ait envisagé de confier la construction de Manic-3 à l'entreprise
privée, disons au début d'octobre? Et que, par la suite, les
commissaires aient revisé leur décision et aient
décidé de suspendre l'application de cette décision ou
même de revenir au statu quo, c'est-à-dire, confier la
construction aux forces mêmes de l'Hydro-Québec?
M. BOYD: C'est une chose qui a été discutée; c'est
évident qu'il faut en discuter, mais il n'y a aucune décision de
prise, on l'a dit solennellement toute la journée, il n'y a pas de
décision de prise...
M. PINARD: Oui, mais, M. Boyd, ce que je m'imagine mal, ce que j'ai de
la difficulté à comprendre, c'est que les hauts fonctionnaires de
l'Hydro, les directeurs de service, aient décidé de parler de
cela, supposément, à des fonctionnaires subalternes ou même
à des adjoints; c'est quand même pas eux qui avaient cette
décision à prendre. Alors, comment se fait-il qu'ils aient pu en
parler et en discuter entre eux, sans qu'il y ait fondement de
vérité? C'est ça qui me rend un peu...
M. BOYD: Je vous ai dit...
M. PINARD: ... hésitant à dire que c'est absolument
faux.
M. BOYD: Je vous ai dit...
M. ALLARD: II me semble, messieurs, qu'il y a moyen de régler la
question. L'Hydro a répondu à plusieurs reprises, j'ai
répondu à plusieurs reprises en Chambre, qu'aucune
décision n'avait été prise. Alors, même si les
journaux disaient qu'elle a été prise, on vous
répète à nouveau que la décision n'a pas
été prise.
M. LESAGE: Est-ce que vous me permette-riez, M. le Président, de
poser une question? Si je comprends bien, d'après ce que vient de me
dire le député de Mercier, on avait préparé
à l'Hydro le cheminement critique des plans et devis de la demande de
soumissions publiques, de l'octroi des contrats, c'est ça?
Un instant, je le demande à M. Boyd. Pardon?
M. BOYD: On a demandé à notre direction
générale de la Construction de préparer des plans et
devis, afin qu'ils soient prêts à intervenir dans un sens ou dans
l'autre, entreprise privée ou non...
M. LESAGE: N'est-il pas exact, M. Boyd, que des dates avaient
été fixées... déterminées, lors de
réunions des hauts fonctionnaires de l'Hydro, des dates pour la demande
de soumissions publiques, des dates pour l'octroi des contrats et des dates
pour l'exécution des contrats par l'entreprise privée?
M. BOYD: II y a des dates qui peuvent avoir été
fixées pour certaines choses, les concessionnaires, la
cafétéria...
M. LESAGE: Non, je le sais, cela. C'est facile de me répondre
comme cela. Mais est-ce que telle date n'avait pas été
fixée pour l'article C-14, c'est-à-dire le gros oeuvre de la
construction du barrage?
M. BOYD: Pas avec l'approbation de la commission, monsieur.
M. LESAGE: Non. Mais est-ce que cela n'avait pas été
fixé au niveau des hauts fonctionnaires? Monsieur... comment
s'appelle-t-il le monsieur qui a un nom là...? Kazanovitch, oui.
M. ALLARD: Kazanovitch.
M. LESAGE: Est-ce qu'il est ici, M. Kazanovitch?
M. BOYD: Non.
M. LESAGE: J'aurais bien aimé lui demander s'il n'avait pas
fixé, pour la construction du barrage, c'est-à-dire le gros
oeuvre, la date du 15 septembre 1971, comme étant la date de demande de
soumissions dans les journaux, s'il n'avait pas fixé au 1er
décembre la réception des soumissions, s'il n'avait pas
fixé au 15 janvier 1972 la recommandation à faire, au 15
février 1972, l'adjudication des travaux, au 1er avril 1972, le
début des travaux, et, au 1er octobre 1975, la fin des travaux.
M. BOYD: Oui, c'est l'article C13 et non pas C14.
M. LESAGE: C'est C13? Alors...
M. BOYD: Les dates que vous mentionnez sont les bonnes, seulement
j'explique depuis ce matin...
M. LESAGE: Est-ce que ce n'est pas... Je ne crois pas m'être
trompé; je crois que c'est C-14.
M. BOYD: Pas d'après le document que j'ai.
M. LESAGE: Les dates que je viens de vous donner sont pour
C14.
M. BOYD: Construction du barrage principal...
M. LESAGE: Oui, C14.
M. BOYD: En tout cas, je vous montrerai celui-ci.
M. LESAGE: Cela commence avec la construction de la route C14
le pont et le dépôt numéro 13
préparation de la falaise de la centrale et décapage du
dépôt numéro 13.
M. ROY: Vous devriez appeler madame Xérox, vous avez un
numéro en retard.
M. LESAGE: Non, je n'ai pas de numéro en retard.
M. ROY: Moi, non plus.
M. LESAGE: Je n'ai pas l'habitude d'être ni en retard ni en
avance.
Je pense que j'ai frappé le "bull's-eye"!
M. BOYD: Non, non pas du tout. Au sujet du document que vous avez, je
vous ai dit depuis ce matin que le barrage principal, évidemment, il
faut le construire, si on veut avoir fini à temps. II faut le construire
nous-mêmes où il faut le faire construire par l'entreprise
privée. S'il faut le construire nous-mêmes, nous avons des dates
où il faut commencer. S'il faut le construire par l'entreprise
privée, il y a des dates où il faut demander des soumissions.
Donc, les deux choses sont prêtes; nous travaillons dans ce
sens-là. Que ce document-là soit vrai, ce n'est pas cela que je
mets en question; c'est qu'il ne faut pas conclure, du fait que vous avez ce
document-là, que la décision est prise. Vous vous tracez un plan
pour aller quelque part, vous avez la route A et la route B. Tant que vous
n'êtes pas parti, vous n'avez pas fait votre voyage.
M. LESAGE: Non, non!
M. BOYD: Alors c'est ça, ici.
M. LESAGE: Mais si l'agence de voyage a préparé le plan
seulement pour la route A, qu'est-ce que vous voulez? Si elle ne l'a pas
préparé pour la route B, cela donne une indication assez forte
qu'on va procéder suivant la route A, c'est-à-dire des contrats
à l'entreprise privée.
M. BOYD: Je peux vous dire, M. Lesage, et également M. Monty, et
les membres de la commission, que nous sommes encore au stade du choix entre A
et B. Moi, je ne peux pas reprocher à M. Kazanovitch de s'être
préparé pour être prêt à temps, parce que
c'est ce que nous lui avons demandé, de se préparer afin
d'être prêt à temps, que ce soit une solution ou
l'autre.
M. GAGNON: Est-ce que vous vous servez à peu près des
mêmes méthodes de travail pour 3 que celles dont vous vous
êtes servis pour le 5?
M. LESAGE: Non. UNE VOIX: Non.
M. LESAGE: II n'était pas question d'accorder le contrat à
l'entreprise privée au 5.
M. GAGNON: Mais ils pouvaient en faire l'étude, tout de
même. Il n'y a rien qui y répugne.
M. LESAGE: Elle n'a pas été faite.
M. BOYD: Pour répondre à votre question, dans le cas de
Manic-3, nos études préliminaires sont beaucoup plus
avancées qu'elles ne l'étaient pour Manic-5. A Manic-3 nous
savons exactement où nous allons et notre projet est beaucoup plus
avancé, c'est la différence.
M. GAGNON: C'est mieux structuré que Manic-5.
M. LESAGE: M. Boyd, je ne dis pas qu'une décision
définitive avait été prise, mais étant
donné, comme vous venez de le dire en réponse à une
question de M. Gagnon, que cette double procédure n'avait pas
été préparée dans le cas de Manic-5, il faut bien
comprendre que bien des gens sont restés surpris, bien des gens ont cru
qu'il y avait anguille sous roche et le fait que la publicité ait
été donnée à cette possibilité, je crois,
est au point de vue démocratique bien important parce qu'elle peut
empêcher que quelque chose se fasse, que des gens du Québec
n'auraient certainement pas aimé.
M. BOYD: M. Lesage, j'aimerais ajouter, si vous me permettez, juste une
précision: c'est que dans le cas de Manic-5, il y a deux choses à
considérer. Premièrement, la décision était prise
que l'Hydro le ferait elle-même mais l'autre...
M. LESAGE: C'est ça.
M. BOYD: ... que j'ai précisée à la question du
député, c'est qu'au moment du départ, c'est-à-dire
au même stade, de Manic-5 on n'était pas aussi avancé dans
nos études.
M. LESAGE: C'est ça.
M. BOYD: On aurait pas été en mesure de préparer
les devis et les plans pour Manic-5 comme on le fait actuellement avant de
commencer.
M. LESAGE : De toute façon la question ne s'est pas posée,
comme vous le dites.
M. BOYD: Non.
M. ROY: Une question de mentalité différente, c'est qu'au
temps du député de Laurier on disait: Vite, vite, on ne sait pas
où l'on va mais on y va vite, vite, vite. Puis là vous avez le
temps d'en parler.
M. LESAGE: Manic-5, les plans et devis de Manic-5 ont...
M. ROY: D est vite, vite, vite, mais il n'est pas arrivé
encore!
M. LESAGE: Les plans et devis de Manic-5 ont commencé avant que
M. Lévesque devienne ministre des Richesses naturelles.
M. ROY: S'il avait fallu l'attendre, il est si souvent en retard ou il
n'y est pas du tout.
M. ALLARD: Est-ce qu'il y aurait d'autres questions?
M. BOURASSA: Juste pour résumer la situation, M. Boyd, c'est que
vous avez établi le cheminement critique, soit pour le recours à
l'entreprise privée ou à l'Hydro-Québec mais vous avez
établi tout ce cheminement-là sans avoir des idées
précises sur les économies à réaliser si
c'était donné à l'entreprise privé.
M. BOYD: Sur les économies précises qu'on étudie
dans le moment, puis c'est ça qu'il va nous falloir pour les routes, a,
b, c ou d, qui sont, en somme, des pourcentages différents.
M. BOURASSA: Mais vous avez établi le cheminement critique quand
même pour tous les contrats mais sans avoir ces
études-là?
M. BOYD : II le faut puisque le programme de 7 ans est très
serré et c'est la seule façon d'économiser beaucoup
d'argent comme on vous l'a démontré, les $120 millions.
M. BOURASSA: Sept ans, oui.
M. BOYD: La façon de faire ça, c'est de faire un programme
de sept ans où tout est critique. Donc, pour être
réellement prêt et ne pas manquer notre coup on a demandé
à nos gens d'être prêts. Je ne vois pas qu'on puisse nous
blâmer pour cela...
M. BOURASSA: Non, non.
M. BOYD: ... et je ne vois pas non plus que cela puisse porter à
des conclusions.
M.BOURASSA: Ce n'est pas ce qu'on dit, M. Boyd, mais on trouve curieux
que vous ayez fait faire le cheminement critique pour le recours à
l'entreprise privée sans avoir plus de données précises
sur les épargnes qui pourraient être faites avec le recours
à l'entreprise privée.
M. GIROUX: M. Bourassa, ce matin on a précisé que ces
choses-là nous sont venues quand on a vu les dépassements et il
faut s'asseoir à une table et considérer qu'à un moment
donné on est frappé avec un dépassement de $265
millions.
M. PINARD: Vous parlez de dépassement dans le coût de
construction, là?
M. GIROUX: Dans le coût des intérêts, enfin que
ça vienne de n'importe où, tous les dépassements peuvent
être justifiés. Ce n'est pas une question de dire: II y a eu ceci,
il y a eu cela. Seulement au point de vue financier, il y a $265 millions de
dépassement. Alors, je crois que c'est assez critique pour dire
qu'à l'avenir, bien que ce soit fait n'importe comment, on va essayer
d'avoir des plans et devis faits à l'avance, on va essayer de voir ce
que ça donne. C'est la base de tout cet argument.
M. BINETTE: La structuration qui a été faite
d'après la direction du génie était faite en vue de cette
idée de donner à l'entreprise privée ou c'était
tout simplement...
M. GIROUX: Absolument pas, à la conception du génie, on
peut avoir des idées sur un côté ou sur l'autre. Seulement,
le génie tel que constitué à l'Hydro, malgré tous
les bons hommes qu'on avait, planifiait, faisait les plans et devis,
construisait, se critiquait, et approuvait les extras. Alors, on a pensé
de mettre un peu de compétition dans notre propre "boite". Je veux dire,
on va avoir une direction de génie puis une direction de construction
qui n'acceptera pas les plans du génie tels quels, sans les discuter,
sans évaluer les prix: c'est ça qui est la base de la division,
ce sont les mêmes personnes qui font les choses.
On n'a pas pris une personne en dehors de l'Hydro dans toute cette
chose-là.
M. BINETTE: Est-ce que d'autres restructurations sont
prévues?
M. GIROUX: Dans ce sens-là?
M. BINETTE: L'attitude générale de l'Hydro, dans les
directions générales? Là, vous avez ajouté une
direction générale.
M. GIROUX: Non, non, on pourrait, je parle, un jour prendre des choses
pour en faire des directions générales, mais des
changements...
M. BINETTE: C'est une question pour mon information.
M. GIROUX: Non, non...
M. BINETTE: La seule modification aux structures, c'est la division de
la direction en deux.
M. GIROUX: Exactement. Et considérez-les, au point de vue des
affaires strictement...
M. BINETTE: Je pense que c'est simple.
M. GIROUX: C'est une chose qui est très saine, qui a amené
énormément de travail à la direction de la Construction,
dont M. Boyd est le responsable depuis le mois de juin.
M. BINETTE: Cette explication me satisfait.
M. COITEUX: M. le Président, je ne sais pas si la question est
pertinente aujourd'hui, mais c'est un peu dans un autre domaine. Advenant le
cas de l'avènement de l'entreprise privée dans les constructions
futures, dans un pourcentage beaucoup plus grand... Tout le monde sait
actuellement qu'environ 6,000 ouvriers ont passé par différentes
disciplines à l'Hydro-Québec. Ces gens-là ont
établi un système de priorité; et automatiquement, lorsque
leur numéro d'immatriculation arrive, dans leur discipline, et qu'il y a
de l'ouvrage de disponible, on les fait venir au travail.
Alors, est-ce qu'on pourrait nous dire, si l'entreprise privée
s'accapare de cela, quel sera le résultat pour ces employés, qui
actuellement se créent un certain avenir, une certaine
sécurité de l'avenir, parce qu'ils savent s'ils donnent
satisfaction à l'Hydro dans leur discipline propre. Ils sont
rappelés, éventuellement, pour n'importe quels travaux. Alors,
éventuellement, si c'est l'entreprise privée, vous pouvez
concevoir qu'un grand nombre d'ouvriers de nos régions qui travaillent
à l'Hydro-Québec, sont inquiets, et avec raison.
M. GIROUX: II ne peuvent pas être rappelés pour n'importe
quels travaux; si ce sont des travaux hydrauliques, c'est une chose, si ce sont
des travaux thermiques, c'est une autre chose.
Deuxièmement, il est extrêmement simple de demander des
soumissions si on allait en compétition de demander des
soumissions disant qu'on devra donner la priorité aux anciens
employés de l'Hydro, c'est aussi simple que ça.
M. COITEUX: Est-ce que, publiquement, le président de l'Hydro dit
aux ouvriers que ça sera fait?
M. GIROUX: Eh bien là...
M. COITEUX: Cela serait inclus dans le contrat?
M. GIROUX: Cela serait inclus. Comme l'intentation de l'Hydro serait, on
l'a déjà discuté, que les entrepreneurs devront être
des actionnaires de la province de Québec.
M. BOURASSA: Est-ce qu'on peut aborder la question du financement?
UNE VOIX: Oui. UNE VOIX: Je l'espère.
M. BOURASSA: M. Giroux, là, d'après les informations qui
ont été données tantôt, il faut commencer, je pense,
la centrale thermique en 1972, même avec la construction de Manic 3 en
1970. M. Lemieux m'avait dit, au mois de mai dernier, à la
dernière rencontre, que les besoins d'emprunts pour
l'Hydro-Québec, pour les cinq prochaines années, étaient
d'environ $1,430,000,000. Quand M. Lemieux m'a donné cette
réponse, qu'est-ce que ça comprenait? Est-ce que le projet de
Manic-3 était inclus dans ce chiffre ou est-ce que ce n'était pas
inclus et qu'il y a eu des changements de taux d'intérêt depuis
mai 1969?
M. GIROUX: Vous n'avez pas d'objection à ce que M. Lemieux vous
réponde?
M. BOURASSA: Ah, pas du tout!
M. GIROUX: J'espère qu'il a encore les mêmes chiffres.
M. BOURASSA: Pas du tout. Je suis prêt à lui envoyer des
boites d'aspirine au besoin.
M. LEMIEUX: Ce n'est pas grave!
M. BOURASSA: Ce n'est pas grave trouver $1.5 milliard ces
années-ci?
M. GIROUX: C'est le taux.
M. LEMIEUX: Dans le moment, d'après les prévisions les
plus récentes, les besoins d'emprunt, à moins d'avoir des
révisions de tarifs...
M. BOURASSA: Ah ça, c'est une... oui.
M. LEMIEUX: ... seront de l'ordre de $1,470,000,000.
M. BOURASSA: Cela, de quelle année à quelle année,
M. Lemieux?
M. LEMIEUX: De 1969 à 1973 inclusivement.
M. BOURASSA: Et pour les cinq dernières années,
c'était combien?
M. LEMIEUX: De 1964 à 1968 c'était $1,115,000,000.
M. BOURASSA: D'accord. Mais ça, c'est en tenant compte de la
hausse récente des taux d'intérêt, parce que vous m'aviez
donné $1,430,000,000 au mois de mai. Il y a seulement $40 millions de
différence malgré la hausse des taux d'intérêt de
peut-être 15 p.c?
M. GIROUX: Mais cela, c'est le besoin d'emprunt en investissements. Cela
ne tient pas compte du changement du taux d'intérêt.
M. BOURASSA: D'accord. Mais c'est le coût de remboursement quand
même.
M. GIROUX: Le coût, oui.
M. BOURASSA: Oui. Est-ce que vous tenez compte de la construction de la
centrale thermique?
M. LEMIEUX: Nous tenons compte de Manic...
M. BOURASSA: Manic-3? M. LEMIEUX: ... Manic-3.
M. BOURASSA: A $300 millions ou à $400 millions?
M. LEMIEUX: A peu près $310 millions.
M. BOURASSA: Est-ce que vous tenez compte de la centrale thermique qui
doit commencera...
M. LEMIEUX: Excusez-moi. C'est $350 millions.
M. BOURASSA: Vous fixez le coût à $350 millions pour
Manic-3?
M. LEMIEUX: A ce moment-ci. M. BOURASSA: D'accord.
M. LEMIEUX: Ces prévisions ont été
préparées l'an dernier.
M. BOURASSA: Oui.
Et la centrale thermique, est-ce qu'elle est incluse?
M. LEMIEUX: Dans ces chiffres, il y a une centrale nucléaire qui
commence en 1974. Etant donné que les chiffres que je vous donne se
terminent en 1973, il n'y a pas d'autres centrales.
M. BOURASSA: Parce que M. Boyd nous a dit tantôt qu'avec le
déficit de puissance prévu pour 1978 et 1979, il faudrait,
même en commençant Manic-3 en 1970, établir une centrale
thermique en 1972.
M. LEMIEUX: Dans les prévisions que j'ai, on prévoit
à Saint-Joachim une station de pompage.
M. BOURASSA: Dans l'investissement, cela veut dire combien?
M. LEMIEUX: En 1973, $7 millions. En 1974, $26 millions.
M. BOURASSA: Oui, mais là, vous m'avez donné 1969 et
1973?
M. LEMIEUX: Oui.
M. BOURASSA: Alors, les besoins pour 1969 et 1973, c'est
$1,470,000,000?
M. LEMIEUX: Oui.
M. BOURASSA: Alors, ce qui est en 1974...
M. LEMIEUX: Non. Il y a Saint-Joachim dans cette prévision. Il y
a $7 millions en 1973 pour Saint-Joachim.
M. BOURASSA: Oui. Ce n'est pas une somme tellement significative.
M. LEMIEUX: Non, non.
M.BOURASSA: Mais la centrale thermique n'est pas incluse?
M. LEMIEUX: Non.
M. BOURASSA: Si vous devez commencer, comme tout vous paraît
probable ou presque certain, la centrale thermique en 1972, est-ce que vous
avez une idée des investissements?
M. LEMIEUX: Environ $23 millions. M. BOURASSA: Dans ces cinq
années? M. LEMIEUX: Oui.
M. BOURASSA: Cela monterait à $1,500,000,000.
M. LEMIEUX: Oui.
M. BOURASSA: Pour les cinq prochaines années?
M. LEMIEUX: Ce serait $23 millions additionnels.
M. BOURASSA: On a dit tantôt que la baie James devrait
probablement commercer, toujours en tenant compte du déficit de
puissance je pense, en réponse à ma question, on m'a dit
en 1973 qu'elle serait nécessaire pour 1983. Je ne sais pas si je
suis exact, M. Boyd.
M. BOYD: J'ai dit que si la baie James s'avérait rentable, c'est
un programme de dix ans. Et si c'était rentable pour 1983, il faudrait
commencer en 1973.
M. BOURASSA: Vous n'avez pas d'alternative.
M. BOYD: L'alternative, je vous l'ai mentionnée. Ce serait de
l'énergie thermique, ou ce seraient des choses...
M. BOURASSA: Nucléaires.
M. BOYD: ... nucléaires si cela devenait rentable, ce qui n'est
pas le cas actuellement.
M. BOURASSA: D'accord.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que je pourrais poser une question? M.
Boyd, puisque vous vous étirez le cou là-dessus, de la
façon dont je me souviens, c'est-à-dire que, sur ce
sujet-là, on avait l'habitude de s'étirer le cou avec beaucoup
d'hésitation. La baie James, est-ce que cela parait plus
réalisable que cela le paraissait il y a quelques années, dans
des délais assez brefs?
M. BOYD: Pas actuellement mais je répondais à une question
de M. Bourassa...
M. LEVESQUE (Laurier): C'est pour cela.
M. BOYD: ... qui me questionnait sur l'alternative et les programmes. Il
me questionnait pour savoir nos besoins jusqu'en 1983.
M. LEVESQUE (Laurier): Oui. Mais ce que je veux dire, M. Boyd, c'est que
votre réponse semble encore mettre en doute la réalisation
prochaine de...
M. BOYD: La rentabilité de la baie James, c'est encore
douteux.
M. LEVESQUE (Laurier): Encore douteux.
M. BOURASSA: A la lumière des études que vous avez faites
jusqu'à maintenant.
M. BOYD: Oui.
M. BOURASSA: Est-ce que vous prévoyez, prochainement, être
en mesure de dire parce que 1973, c'est quand même dans trois ans
et cela suppose pas mal d'études est-ce que vous prévoyez
compléter des études, quoi, pour savoir si on doit commencer?
Parce qu'il y a toute une région du Nord-Ouest qui peut en profiter, sur
le plan économique. C'est pour cela que je relie ma question à
cela.
M. BOYD: Oui. C'est cette année et surtout en 1970...
M. BOURASSA: Je m'en vais à Val-d'Or demain, alors si j'ai de
bonnes nouvelles à leur dire.
M. ALLARD: Des études ont déjà été
faites depuis plusieurs années.
M. ROY: De toute façon, vous ne changerez pas ses promesses; il
en a déjà faites!
M. BOYD: En 1970, des ingénieurs vont continuer à
travailler sur les données que nous avons accumulées et avancer
davantage dans nos bureaux l'étude du projet de la baie James. Si vous
voulez en parler davantage, j'ai déjà exprimé des opinions
personnelles sur cela.
M. BOURASSA: Vous pouvez y aller, cela peut nous aider.
M. BOYD: J'en ai mentionné même quand j'étais en
Abitibi. Le projet de la baie James ne devrait pas peser sur le seul dos de
l'Hydro-Québec. Il y a des centaines de milles de route à faire
pour se rendre aux différents barrages. Il y a des forêts à
inonder, il y a des mines à protéger, tout cela ne devrait pas
tomber sur le dos de l'Hydro-Québec et influencer nos tarifs. C'est un
programme d'ensemble qui devrait être entrepris. Alors, dans quelle
mesure ce programme sera-t-il fait avec l'Hydro? Le gouvernement, cette
année, a budgeté de l'argent pour cela.
M. ALLARD: Nous avons actuellement un bureau d'ingénieurs qui est
en train d'étudier l'ensemble du problème, justement pour faire
cette coordination entre d'une part, l'Hydro, le ministère des Richesses
naturelles, pour les mines, le ministère des Terres et Forêts,
pour les forêts récupérables. Alors, il y a une
étude qui est à se faire.
M. BOURASSA: Parce qu'il y a un impact économique tellement
important pour cette région-là qui est négligée,
que je pense que la décision doit être conjointe entre le
gouvernement et l'Hydro?
M. ALLARD: Absolument. D'autre part, la
ville de Senneterre, je crois a publié une étude
extrêmement intéressante de toute la région à tous
les points de vue. Nous avons eu remise de ce rapport il y a déjà
une dizaine de jours. A cette occasion, le député de
l'Abitibi-Est assistait à la cérémonie.
M. LEVESQUE (Laurier): Matagami.
M. ALLARD: ... Matagami, l'ingénieur De-mers, qui a
étudié exactement le même secteur il était
ingénieur de la ville de Matagami à tout événement
a tellement bien travaillé et son rapport est tellement bien fait
qu'il se retire, il s'en va dans le sud pour le reste de ses jours.
M. BINETTE: Vous mentionnez un montant pour des études. Quel est
le montant qui a été affecté aux études de la baie
James par le ministère des Richesses naturelles?
M. ALLARD: Sur le présent budget, nous avons affecté
$10,000.
M. BINETTE: $10,000.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que je pourrais poser une couple de
questions? M. Boyd, si vous permettez, parce que ce que vous venez de dire est
assez frappant. Je sais que très souvent, dans la région du
Nord-Ouest et cela a rebondi dans les journaux quotidiens aussi
parce que la question n'est pas détaillée très souvent, on
parle d'un plan de développement de l'Hydro et en même temps que
l'on parle d'un plan de développement d'ensemble du Nord-Ouest
québécois, c'est-à-dire du Nord-Ouest, au-delà des
régions, comme une sorte de nouvelle frontière, si vous voulez.
Je crois qu'il serait assez important que l'on tienne compte de ceci
vous avez parlé vous-même des mines, des forêts que
l'on tienne compte du fait que l'Hydro, dans ces cas-là, a ouvert
jusqu'ici des routes, et il ne serait peut-être pas mauvais qu'on sache
combien coûtent ces routes à l'Hydro. Pourriez-vous donner une
estimation, si approximative soit-elle, une estimation comparative de ce que
cela pourrait coûter juste au point de vue routier pour aménager
en milles, en tout cas, vous avez dit des centaines de milles? Pourriez-vous
préciser un peu mieux? Et en même temps, pouvez-vous dire à
peu près combien ont coûté les routes d'ouverture de
l'Hydro dans le cas de Manicouagan?
M. BOYD: Je me rappelle bien du coût de l'exploitation pour la
route de Baie-Comeau à Manic-5, c'est environ $400,000 par année
que cela nous coûte pour l'entretien de la route; la route
même...
M. LEVESQUE (Laurier): La construction?
M. BOYD: On me dit que pour la route de Baie-Comeau à Manic-5,
cela nous a coûté environ $10 millions.
M. LEVESQUE (Laurier): Et $400,000 par année depuis qu'elle
existe?
M. BOYD: L'exploitation...
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que vous pourriez comparer à peu
près, ou si ce n'est pas possible, tant pis, enfin, cela donne un ordre
de grandeur. C'est parce que, vu qu'il s'agit, comme on l'a dit tantôt,
d'un plan où il y aurait une intégration du projet de l'Hydro
à un développement plus général, à supposer
que cela vienne, combien de milles de routes cela pourrait-il demander, de
routes carrossables comparables, pour faire faire le bassin de la baie James?
Vous devez sûrement avoir des approximations?
M. BOYD: Nous avons eu tellement de chiffres, surtout aujourd'hui.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est parce que c'est l'un des problèmes
les plus obsédants du Nord-Ouest.
M. BOYD: M. De Guise a le rapport qu'il a fait. Il a les chiffres.
M. DE GUISE: II y a évidemment plusieurs projets à ce
stade préliminaire, j'en ai quatre ici présentement, même
cinq. Les routes varient de 75 milles à 411 milles pour le projet, selon
que l'on fait l'aménagement partiel ou que l'on fait
l'aménagement total.
L'aménagement total du bassin peut demander entre 350 milles et
400 milles de routes principales. Il y a des routes secondaires...
M. LEVESQUE (Laurier): On peut dire en gros que, si le bassin
était aménagé au complet, l'Hydro, si on continuait selon
la tradition de laisser l'Hydro faire toutes les routes seule, construirait
autour de 400 milles de routes.
M. ALLARD: II ne faudrait pas s'étendre trop large. On va revenir
de baie James, si vous voulez, pour essayer de terminer les questions.
M. BOURASSA: M. Lemieux. Disons qu'en commençant la centrale
thermique, pour résumer, en 1972, vous allez avoir besoin d'emprunter
$1,500,000,000, c'est-à-dire $1,470,000,000 plus $23,000,000, soit $1
milliard et demi d'ici la fin de 1973. C'est ça?
M. LEMIEUX: Oui.
M. BOURASSA: Et puis la revision des tarifs dont vous parliez
tantôt avec euphémisme,
comment prévoyez-vous que cela peut vous dispenser
d'emprunter?
M. LEMIEUX: Bien, le plein montant que l'on ira chercher.
M. BOURASSA: Dix pour cent d'augmentation, cela donne quoi de revenus
additionnels?
M. GIROUX: Je ne crois pas qu'on puisse le dire comme cela parce que,
d'abord, sur nos contrats de grande puissance, ce sont des contrats avec des
termes, donc on ne peut pas les changer...
M. BOURASSA: Oui. Ce que vous pouvez changer...
M. GIROUX: Ce que l'on peut changer tout en gardant, en essayant de
conserver nos normes de financement pour ne pas avoir, n'est-ce pas, un index
plus bas, il faudrait aller chercher $26 millions.
M. BOURASSA: Vous voulez aller chercher...
M. GIROUX: $26 millions.
M. BOURASSA: En quelle année, vous voulez avoir...
M. GIROUX: En 1970.
M. BOURASSA: Alors, vous allez augmenter les tarifs en 1970 pour $26
millions.
M. GIROUX: Bien...
M. BOURASSA: Bien, je veux dire, c'est ce que j'ai compris. Alors c'est
une annonce pour les contribuables.
M. COURNOYER: Ce n'est pas tout à fait cela que j'ai
entendu...
M. GIROUX: II ne faut pas se surprendre de cela.
M.BOURASSA: Non, non. On n'est pas surpris. M. Lessard l'a dit...
M. COURNOYER: Cela, c'est vrai.
M. BOURASSA: M. Lessard avait dit au mois de mai qu'il y avait une
revision, une hausse de tarifs qui était prévue pour les mois
à venir.
M. GIROUX: Quand M. Lessard a donné cette prévision de
hausse de tarifs, on a dit: En 1969, on est bien. Seulement il a
spécifié bien clairement que, si les taux d'intérêt
continuaient à monter, l'Hydro-Québec devrait hausser ses
tarifs.
Alors, je ne pense pas que c'est une annonce pour personne. On ne peut
pas dire que les taux ont baissé.
M. BOURASSA: Non.
M. GIROUX: Au moment où M. Lessard a fait cette
déclaration-là, tout de suite après les emprunts de
Churchill, on administrait avec des taux de 7 1/2 p.c. et de 7 3/4 p.c. Mais
aujourd'hui, les taux sont d'environ 9 1/2 p.c. et on nous prédit 10 1/2
p.c. et du 11 p.c.
M. LEVESQUE (Laurier): Soit dit en passant, est-ce que ce n'est pas
assez curieusement la même situation dans laquelle se trouve... Parce
qu'ici on regarde l'Hydro, c'est bien normal, mais je lisais, entre autres, des
journaux américains récemment. On disait que même
"Consolidated Edison" et d'autres aux Etats-Unis commençaient à
être aux abois. A tel point qu'ils hurlaient littéralement, y
compris les plus grosses "utilities", comme on dit aux Etats-Unis, dans le
genre hausse de tarifs ou aides au financement ou quoi que ce soit.
M. GIROUX: Parce que voici qu'on lisait en décembre j'ai
seulement un petit communiqué ici qu'il importe de mentionner les
tarifs de l'électricité sont généralement à
la hausse tant aux Etats-Unis qu'au Canada en raison de la situation
inflationniste qui se traduit par une augmentation constante du taux
d'intérêt ainsi que des coûts de main-d'oeuvre et de
matériaux.
A ce jour, en 1969, la compagnie Ebasco, spécialiste en
administration, rapporte que des hausses de tarifs de
l'électricité dépassant $100 millions ont
été accordées aux Etats-Unis, cependant qu'une vingtaine
de compagnies d'électricité sollicitent l'autorisation de
procéder à des augmentations de $400 millions. Cette tendance
n'est pas exclusive aux Etats-Unis parce que l'Hydro-Ontario et la Canadian
Utilities ont aussi haussé leurs tarifs tout dernièrement.
Maintenant, il y a trois facteurs d'importance capitale qui obligent
l'Hydro à accroître d'au moins $26 millions ses revenus
anticipés en 1970.
C'est la stabilité de son crédit. Et ça, tout le
monde comprend que, si on laisse le moindre doute au sujet de la
stabilité du crédit, des revenus, et de ce que l'on appelle en
anglais le "ratio", aux Etats-Unis on ne peut plus entrer en
compétition.
Alors, il y a l'insuffisance des revenus d'exploitation et les
perspectives de contrainte sur les marchés de capitaux. C'est ce qui
nous attendrait, donc les projets, il faudrait les arrêter par le fait
même.
L'un des critères les plus importants pour évaluer le
crédit d'un emprunteur, consiste à établir le nombre de
fois que cet emprunteur gagne ses intérêts. Or,
l'Hydro-Québec se trou-
ve dans l'impossibilité de maintenir son revenu net
d'exploitation au niveau d'une fois et quart les intérêts sur sa
dette, norme minimale pour une entreprise de sa nature. Les frais fixes que
devra couvrir l'Hydro-Québec en 1970 s'élèvent à
$175.8 millions et, pour maintenir la couverture d'une fois et quart, il est
nécessaire d'augmenter les revenus d'exploitation d'au moins $26
millions.
Il importe de remédier à cette conjoncture
financière sinon l'Hydro-Québec éprouvera des
difficultés grandissantes à obtenir des fonds sur le
marché américain ou, tout au moins, ceux-ci lui seront consentis
à des conditions plus onéreuses qu'aujourd'hui. Il est opportun
de se rappeler qu'au cours des dernières années, certaines
compagnies d'électricité américaines très
importantes ont connu des difficultés en raison du fléchissement
de leur cote financière. Ceci s'explique, si vous voulez; à la
minute qu'aux Etats-Unis Moody's change votre cote, on s'en ressent dans le
taux d'intérêt et on s'en ressent dans le montant de
l'émission qu'on peut faire.
L'insuffisance des revenus d'exploitation. En vertu de l'article 24 de
la Loi de la Commission hydro-électrique de Québec, l'entreprise
doit maintenir ses taux d'énergie à un niveau suffisant pour
défrayer: tous les frais d'exploitation, l'intérêt du
capital engagé, l'amortissement de ce capital sur une période
maximale de 50 ans, une réserve suffisante pour le renouvellement du
réseau, une réserve pour les éventualités, une
réserve pour la stabilisation des taux. D'autre part, les
prévisions les plus réalistes permettent d'anticiper que, sans
hausse de tarifs, l'Hydro-Québec sera incapable de satisfaire aux
exigences légales minimales décrites ci-dessus.
L'augmentation des tarifs qui produira des revenus additionnels d'au
moins $26 millions est donc recommandée pour permettre à
l'Hydro-Québec d'observer les impératifs de sa loi et de
conserver un équilibre financier acceptable par les bâilleurs de
fonds américains.
M. BOURASSA: D'accord.
M. GIROUX: Pour continuer de dispenser un service
d'électricité de premier ordre à ses abonnés
actuels et futurs, l'Hydro-Québec devra investir un minimum de $275
millions en 1970. De plus, elle devra procéder au rachat de $76 millions
d'obligations arrivant à échéance et acheter pour $31
millions d'obligations destinées à ses fonds d'amortissement,
soit un total de $382 millions. A même les revenus provenant de ses
ventes d'électricité, l'Hydro-Québec prévoit une
possibilité d'autofinancement d'au moins $116 millions.
Nous anticipons qu'au cours de 1970 la demande pour les capitaux
à long terme continuera de s'accroître et que, d'autre part, les
autorités monétaires tant canadiennes qu'américaines
continueront à exercer des pressions pour réduire l'offre en vue
de combattre l'inflation. En 1969, l'Hydro-Québec a contourné
partiellement ce problème en empruntant sur les marchés
européens de l'Allemagne, en particulier et sur le
marché, que l'on appelle communément l'eurodollar.
Seulement, vous comprendrez qu'actuellement, avec l'augmentation
très rapide de ces taux-là, avec les accumulations qu'on a eues
dans les dépassements, que rien que la charge des dépassements
aux taux actuels représente le taux qu'on est obligé d'augmenter.
Dans ces choses-là, il n'a été aucunement question de
dire: C'est telle chose qui est plus augmentée ou non; seulement on a
fait des petits résumés de certaines des augmentations, par
exemple. On avait, il y a quelques années, une charge de $93 millions en
taux d'intérêts, cela est rendu à $155 millions au cours de
l'an dernier. On payait combien en taxe? Très peu...
M. BOURASSA: Combien cette année?
M. GIROUX: En 1966, on payait des contributions, pour fins scolaires et
municipales, de $11,236,000.
M. BOURASSA: En 1966, vous dites?
M. GIROUX: En 1966 et en 1969 on va payer $20 millions, on met juste $1
million de plus dans nos prévisions pour 1970. Alors, toutes ces
charges-là, si on prend juste l'augmentation des taxes scolaires et des
taxes municipales, c'est la moitié de l'augmentation qu'on va
demander.
M. BOURASSA: Mais, dans la répartition, dans les $26 millions,
quelle sera la part assumée par la consommation résidentielle et
la consommation industrielle?
M. GIROUX: C'est une chose assez embêtante. On a un projet
à remettre au premier ministre, au conseil des ministres.
M. BOURASSA: Est-ce que vous savez que c'est déductible, la
consommation industrielle?
M. GIROUX: La consommation industrielle est déductible; seulement
il faut faire bien attention: c'est que si, en faisant ce fameux programme, on
chasse de plus l'industrie du Québec...
M. BOURASSA: Eh bien là, à $26 millions pour toute
l'augmentation...
M. GIROUX: Attendez un peu, vous n'avez pas travaillé
dernièrement pour obtenir de l'industrie pour Québec!
M. BOURASSA: Non, mais je me prépare à travailler à
ça.
M. GIROUX: Vous vous préparez, bien alors, je vais vous donner un
conseil.
M. BOURASSA: Oui, mais avec $300 millions à emprunter, je vais
peut-être commencer à reconsidérer mes options. Ce ne doit
pas être facile en 1970 d'emprunter $300 millions à 10 p.c..
M. GIROUX: Non, monsieur, ce n'est pas facile; c'est pourquoi il nous
faut cette augmentation-là. Maintenant, nous n'avons pas de
détail sur cette chose-là. Nous allons présenter une
argumentation au conseil des ministres.
M. BOURASSA: Vous ne pouvez pas nous le faire, évidemment, si
vous êtes...
M. LEVESQUE (Laurier): Evidemment, nous sommes toujours
obsédés par l'Ontario, ce ne sont pas les Maritimes qui nous
obsèdent; c'est l'Ontario.
M. ROY: Même s'il faut s'en défaire, d'après
vous.
M. LEVESQUE (Laurier): Se défaire de quoi?
M. ROY: De l'Ontario.
M. LEVESQUE (Laurier): Bah! cela la "gnochonnerie" que vous dites se
passe de commentaires! Mais au point de vue économique, il n'est pas
question de s'en défaire II est question de...
M. ROY: Vous changez de discours, ici? C'est plus rentable.
M. LEVESQUE (Laurier): Apparemment, ils sont nerveux politiquement; dans
leur coin, cela commence à aller à la panique.
M. ROY: Si c'est vous qui nous excitiez, vous ne nous excitez plus; vous
n'êtes jamais ici.
M. LEVESQUE (Laurier): M. le Président, M. le Président de
l'Hydro, est-ce qu'il y aurait moyen, par rapport à l'Ontario,
d'établir, juste de façon générale, une distinction
au point de vue des taux industriels? Je sais que c'est assez complexe, mais
enfin, en moyenne, comment le Québec se compare-t-il avec l'Ontario?
Parce que, encore une fois, jusqu'à ce que je sois interrompu par
l'honorable préopinant, là, ce que je voulais dire,
c'était que, vu qu'on est obsédé par l'Ontario, chaque
fois qu'on parle d'industries, il s'agit de savoir si elles vont aller en
Ontario ou bien si elles vont venir dans le Québec... Il y a certaines
personnes qui en font même une sorte d'obsession politique, qui leur
parait rentable, malgré qu'à mon humble avis, ce soit purement
malhonnête; alors, est-ce qu'il y aurait moyen d'avoir une idée?
Cela permet de voir la position compétitive du Québec dans le
secteur spécifique de l'électricité.
M. ROY: C'est une autre facture de votre "Maître chez nous",
cela.
M. LEVESQUE (Laurier): Oui, oui. Si j'étais aussi imbécile
que le député dans ses paroles, les taux ont été
augmentés pour la première fois par le gouvernement du premier
ministre Daniel Johnson.
M. ROY: Pour payer les factures de qui?
M. LEVESQUE (Laurier): C'est cela que je dis; ce serait malhonnête
de dire cela. Alors, taisez-vous donc!
M. ROY: Etant donné que vous êtes toujours honnête,
vous.
M. LEVESQUE (Laurier): On essaie. M. ROY: Dans vos déclarations
surtout...
M. GIROUX: M. Boyd est plus familier que moi avec la comparaison des
taux, mais je dois dire qu'actuellement, dans la majeure partie des centres,
les taux du Québec ne se comparent pas tellement favorablement.
M. LEVESQUE (Laurier): Au point de vue industriel?
M. GIROUX: Au point de vue de la petite industrie.
M. BOURASSA: Non, mais votre opinion, M. Giroux, en raison de votre
expérience, si on tient compte de ce que cela coûte, les frais
d'énergie dans les frais totaux de la plupart des industries, pour vous,
cela peut être un facteur qui peut nuire à la venue
d'industries... parce que $26 millions, sans vous demander de détails,
puisque vous devez soumettre cela au conseil des ministres, est-ce que vous
pouvez nous donner la partie qui va être, disons, acceptée ou
attribuée à la consommation résidentielle, celle qui va
être attribuable à la consommation industrielle, dans vos
suggestions, ou est-ce trop vous demander?
M. GIROUX: C'est un peu trop demander; c'est un peu
prématuré.
M. ALLARD: Qu'on soumette une réglementation qui soit
reportée à l'attention du conseil, qui, à ce
moment-là, après étude, prendra ses
responsabilités.
M. LEVESQUE (Laurier): M. le Président, j'aimerais bien avoir un
peu plus de précision. Vous dites que c'est plus ou moins favorable, par
rapport à l'Ontario.
M. GIROUX: C'est parce que j'attends des choses, M. Boyd va vous les
donner...
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord! Je parle du secteur industriel, est-ce
qu'il y aurait moyen d'avoir quelque chose d'un peu plus...
M. BOYD: Dans le secteur industriel, dans la grande entreprise, nous
sommes en état de légère infériorité.
M. LEVESQUE (Laurier): Comment définissez-vous la grande
entreprise? Cela part à quelle consommation pour vous?
M. BOYD: C'est 5,000 kilowatts et plus. M. BOURASSA:
Légèrement, c'est 5 p.c?
M. BOYD: Ah! Je ne crois pas que ce soit autant que ça.
M. BOURASSA: Ah!
M. BOYD: C'est 3,000 et plus, mais la différence... est-ce qu'on
peut donner un pourcentage exact?
M. LEVESQUE (Laurier): Trois mille kilowatts en plus.
M. BOYD: II n'y a pas de pourcentage, c'est assez difficile. Il y a un
très grand nombre de contrats avec toutes sortes de clauses
différentes.
M. BOURASSA: C'est ça, oui.
M. BOYD: Mais, dans le service général, qui est pour le
commerce et la petite industrie, c'est-à-dire moins de 3,000 kilowatts,
pour les institutions ces choses-là, nous sommes à un niveau plus
haut que l'Ontario. Dans le domiciliaire, il y a des endroits où
l'Ontario est à un niveau un peu plus haut et il y en a d'autres
où nous sommes un peu plus bas, parce que l'Ontario a un système
différent du nôtre. H y a quelque trois cent municipalités
qui ont leur hydro ou des réseaux municipaux, si vous voulez, alors
c'est assez difficile de comparer cela. Il faut également dire qu'en
Ontario on a augmenté les tarifs de livraison aux municipalités
quatre années de suite. On y propose actuellement une augmentation de
taux de 6 p.c.
Ils ont augmenté l'an dernier et ça fait quatre
années de suite qu'ils augmentent. Pendant la période 1966
à 1970, ils ont augmenté plus que ce qu'on propose d'augmenter,
incluant la hausse de 1967 et celle de 1970. Je m'exprime autrement: en 1967
nous avons eu une augmentation et on en propose une autre pour 1970; les deux
ensemble sont moins, en pourcentage, que les quatre augmentations que
l'Hydro-Ontario a imposées dans la même période.
M. PINARD: Cela va être une augmentation
généralisée, M. Boyd, c'est-à-dire que toutes les
régions du Québec seront affectées.
M. BOYD: On peut dire ça.
M. GIROUX: II y a un point, disons, si on regarde par exemple juste la
question des taxes que l'Hydro-Québec a absorbées, et puis ici je
ne veux pas entrer dans le détail des taxes, seulement on a eu une
progression d'augmentation de 10 p.c. par année, qui se maintient. En
1966 on avait $33 millions de taxes qui ont monté à $36.5
millions, $40 millions, $44 millions et puis $48 millions pour 1970.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que vous incluez là-dedans ce que
vous payez au gouvernement?
M. GIROUX: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Bon, parce que tout à l'heure sur le
scolaire on était rendu...
M. GIROUX: Scolaire...
M. LEVESQUE (Laurier): ... municipal et scolaire?
M. GIROUX: ... on était à 20... C'est peut-être
cette partie-là qui a monté le plus.
M. LEVESQUE (Laurier): Parce que du côté du gouvernement,
c'est combien maintenant, les redevances?
M. GIROUX: Les redevances, c'est $24 millions pour 1969 et puis $26.8
millions pour 1970.
M.BOURASSA: Alors, là, évidemment à cause du fait
que vous avez dit tantôt on ne peut avoir le pourcentage d'augmentation?
Alors ça veut dire que vos besoins d'emprunt pour les cinq prochaines
années vont être réduits de $25 millions?
M. GIROUX: Par année.
M. BOURASSA: Par année, oui. Cela veut dire $100 millions, c'est
à peu près 7 p.c. ou 8 p.c. de moins. Quel est le taux
payé par l'Hydro-Ontario sur le marché de New York le
dernier emprunt de l'Hydro-Ontario sur le marché de New York pour
comparer avec celui qu'on a? Est-ce qu'il y a un emprunt comparable, M.
Giroux?
M. GIROUX: II faudrait avoir le marché
d'aujourd'hui parce que vous savez, avec le marché qu'on a
actuellement, le lendemain c'est une autre chose. Seulement, la dernière
fois, ils ont emprunté à peu près à $0.25 de
moins.
M. BOURASSA: 25 points.
M. GIROUX: $0.25,1/4 de moins, 25 "basis points" de moins.
M. BOURASSA: Oui.
M. GIROUX: Maintenant, aujourd'hui avec le marché tel qu'il est
là, avec les marchés restreints, c'est difficile à
dire.
M.BOURASSA: Ils ont emprunté à combien? Neuf?
M. GIROUX: Ils n'ont pas emprunté depuis.
M. BOURASSA: Quel est le dernier emprunt?
M. GIROUX: Le dernier emprunt, en juin ou juillet. En juillet,
l'Hydro-Québec a emprunté à 8.8 p.c. et l'Ontario a
emprunté, je crois, à 8 1/2 p.c, un peu avant...
M. BOURASSA: Sur le même marché?
M. GIROUX: L'Hydro de l'Ontario, c'est la province, c'est
l'Ontario...
M. BOURASSA: D'accord.
M. GIROUX: ... qui fait les emprunts toujours à New York.
M.BOURASSA: Avec ces $26 millions d'augmentation-là, il vous
reste à emprunter à peu près $275 millions.
M. LEMIEUX: Non, pour l'an prochain, environ $240 millions.
M. BOURASSA: Est-ce que le marché allemand vous paraît
aussi favorable? Parce que vous savez qu'ils doivent avoir un déficit
dans leur balance des paiements d'après ce qui est prévu.
M. LEMIEUX: D'après les banquiers allemands, ils ne
prévoient pas un déficit mais ils s'attendent à
balancer.
M. BOURASSA: Alors qu'il y aurait un surplus considérable depuis
cinq ans qui les incitait à prêter à
l'extérieur?
UNE VOIX: D'accord.
M. GIROUX: Seulement, vous avez une idée des compagnies
américaines qui ont emprunté dernièrement. H y a en
quelques-unes qui ont emprunté. Ici vous avez Niagara-Mohawk qui a
emprunté à 9.18 p.c. et puis vous avez Louisiana Power qui a
emprunté a 9.38 p.c. Alors, toutes ces choses-là, vous devez
comprendre que cela a pour effet seulement de remonter nos propres taux...
M. GAGNON: Cela influence, cela influence.
M. GIROUX: Cela influence énormément parce qu'eux, c'est
local, ce n'est pas étranger...
M. LEVESQUE (Laurier): Niagara-Mohawk c'est dans l'Etat de New York
ça?
UNE VOIX: C'est dans l'Etat de New York.
M. LEVESQUE (Laurier): II n'est pas question qu'ils se séparent
des Etats-Unis et ils sont à 9 1/8 p.c, c'est grave, ça!
M. GIROUX: A 9 1/8 p.c., c'est grave! Seulement le marché...
M. BOURASSA: Quoi, il y a un milliard de déficit dans la balance
des paiements du Québec, là...
M. LEVESQUE (Laurier): Alors ça tient de la situation
politique...
M. BOURASSA: Oui, oui, je vous souhaite de prendre le pouvoir à
la prochaine élection, vous irez régler ces
problèmes-là, vous allez voir ce que c'est.
M. GIROUX: Non, je pense que le problème principal qu'il va y
avoir à régler, naturellement je ne voudrais pas avoir
l'influence de M. Lévesque là-dessus mais peut-être
serait-il utile d'avoir celle de M. Bourassa. Je ne sais pas.
Mais, actuellement, je crois qu'une étude sérieuse doit
être faite au point de vue du livre blanc pour le marché
secondaire des obligations. Parce que si, dans notre marché
québécois, à nous, sur la question du livre blanc, Ottawa
persiste à imposer la taxe sur les gains de capitaux, on n'aura plus de
marché secondaire.
Et ceci s'explique très facilement. Nos gens qui ont
acheté de ces obligations avec un escompte, en n'étant pas
imposables, se voient avec une taxe rétroactive d'imposition, alors
qu'actuellement, qu'est-ce qui arrive sur tous les titres à escompte,
non pas seulement dans le Québec mais à travers le Canada? C'est
que personne ne veut y toucher.
Alors, ces marchés-là entraînent automatiquement un
taux plus haut par le fait que le prix des acquéreurs baisse. Et moins
il va y avoir de marché secondaire, plus votre taux principal va
monter.
M. BINETTE: Je ne veux pas vous contredire, M. Giroux, mais je sais,
j'ai su pertinemment qu'il n'est pas question que ce soit
rétroactif.
M. GIROUX: Non, ce n'est pas la question, ce n'est pas une taxe
rétroactive, M. Binette, elle devient rétroactive. Prenez
l'individu qui a acheté des 4 1/2 p.c. à $83 du Dominion, il les
a achetés, il aurait pu acheter d'autres titres qui avaient un coupon
plus haut et qui n'avaient pas d'escompte. Il a acheté ça parce
qu'il y avait une partie qu'il payait plus cher parce qu'elle n'était
pas taxable.
Alors, si on la rend taxable sur son gain de capital, par le fait qu'il
a fait cet achat-là, c'est rétroactif.
M. GAGNON: Capital antérieur.
M. BOURASSA: Est-ce que le ministre des Finances va discuter de cela
avec M. Benson, vendredi?
M. GIROUX: J'espère, je vais essayer de le voir. Si vous pouvez
me libérer, je vais le voir.
M. BOURASSA: Ce ne sera pas long.
M. GIROUX: Maintenant, pour les $26 millions, il faut bien penser
à une chose, que c'est pour maintenir ce qu'on appelle notre "rating"
devant les gens qui nous regardent. Et aux Etats-Unis, il ne faut pas changer
les modes, il ne faut rien changer dans la procédure, parce
qu'autrement, votre cote pour ces gens sera basse.
M. LEVESQUE (Laurier): M. Giroux, je ne vous demande pas une opinion
là, mais vous venez d'ajouter un facteur l'impôt sur le
gain de capital de toute façon, qui existe aux Etats-Unis sous une forme
mitigée qu'il est question d'ailleurs d'augmenter et que le livre blanc
parle sérieusement d'introduire enfin. Moi, je dis enfin, parce que
chacun a son opinion là-dessus, ici.
D'un autre côté, les taux d'intérêt sont
rendus au niveau qu'on connaît, et on ne voit pas très bien
comment ils baisseraient rapidement ou de façon importante.
M. GIROUX: Ils ne peuvent pas baisser rapidement.
M. LEVESQUE (Laurier): Et d'un autre côté, tout ça,
est à la fois le résultat et jusqu'à un certain point, la
cause d'une contrainte, je veux dire d'une contrainte grandissante sur les
marchés de capitaux disponibles.
Cela me rappelle une chose, ça a l'air d'être un
cul-de-sac. C'est vrai aux Etats-Unis, c'est vrai au Canada, c'est vrai ici.
Est-ce qu'il pourrait arriver, je pense à un certain rapport sur les
institutions financières, qui a été fait par des gens
d'une compétence indiscutable et qui proposaient vis-à-vis de
perspectives comme celles-là, qu'on trouve le moyen de canaliser
davantage des capitaux disponibles dans le secteur public? Parce que c'est bien
beau de dire: On va courir sur les marchés, il faudra toujours courir
sur les marchés, mais la façon dont les marchés sont en
train d'évoluer, les marchés traditionnels de capitaux on
ne discute pas des formes, des méthodes des modalités mais
est-ce qu'il ne peut pas devenir nécessaire de canaliser davantage de
liquidité disponible chaque année dans le secteur public?
Autrement dit, qu'on cesse d'être obligé, au moins en
partie, d'emprunter autant, et qu'on dispose d'une somme plus grande à
même la production dans le secteur public. Autrement, où
allons-nous? Parce qu'on dirait que la spirale...
M. GIROUX: Vous voulez dire dans le secteur public, par exemple, en
prenant comme les fonds de pension.
M. BOURASSA: Les fonds de pension. C'est cela, mais nous n'avons pas les
montants.
M. LEVESQUE (Laurier): Exactement.
M. BOURASSA: Est-ce qu'il y a des chiffres qui ont été
préparés...?
M. LEVESQUE (Laurier): Ou encore de récupérer,
peut-être, dans certains cas, la fiscalité qui va ailleurs pour
des choses non prioritaires. Mais là, ce n'est pas à M. Giroux
que je le dis.
M. GIROUX: Dans la question, vous avez deux questions. Aux Etats-Unis,
naturellement, c'est très difficile de comparer les titres à
escompte avec notre escompte à nous parce qu'eux sont exempts de taxe.
Tous les titres de municipalités sont exempts de taxe. Alors, la
comparaison n'est pas faisable.
M. LEVESQUE (Laurier): Non, mais le problème
général de la contrainte financière...
M. GIROUX: Le problème général de la contrainte
financière, c'est que pour un an ou deux, il va falloir qu'il y ait des
solutions qui ressemblent à cela, que cela soit comme cela ou...
M. LEVESQUE (Laurier): Quand vous dites pour un an ou deux, est-ce que
c'est simplement parce que vous pensez à un répit normal ou
si...
M. GIROUX: Je pense à un répit qui devrait être
normal parce que, aux Etats-Unis, ils n'attendent pas, n'est-ce pas,
après les gens...
M. BOURASSA: Quand vous parlez de solution, parlez-vous d'exemption des
obligations de l'impôt?
M. GIROUX: Non. C'est-à-dire des solutions non pas comme aux
Etats-Unis, sur cette partie, mais seulement qu'on ait un genre de stimulant,
si vous voulez, pour les gens qui achètent des obligations...
M. BOURASSA: Des réductions de taxes. M. GIROUX: Des
réductions de taxes.
M. BOURASSA: Oui.
M. GIROUX: Qu'on le fasse de ce côté-là. Je crois
que l'impôt sur les gains de capitaux, sur les actions de compagnies est
très justifié, mais sur les obligations, dans notre contexte de
la province de Québec, moi, qui ai vendu des obligations, toute ma vie,
je me poserais des questions actuellement si j'avais à en vendre au
détail comme je les vendais avant. J'ai fait le tour de tous les
courtiers, et les gens sont fort embêtés de cette situation.
M. LE PRESIDENT: Je demanderais au ministre de tirer les
conclusions.
M. ALLARD: Est-ce qu'il y avait d'autres questions?
M. BOURASSA: II y avait d'autres articles. Quant à moi, j'ai
terminé pour la question financière.
M. LE PRESIDENT: Je demanderais au ministre s'il veut...
M. ALLARD: Quant à moi, je crois...
M. BOURASSA: S'il y a des questions sur les autres points.
M. ALLARD: Les questions ont été passablement
vidées au cours de la journée. Les membres de la commission ont
répondu à toutes les questions qui ont été
posées. Je crois que tous les sujets ont été couverts et,
au nom de la commission parlementaire, je remercie les membres de la
commission. Comptez-vous chanceux. Vous êtes sauvés par la cloche,
parce qu'il nous faut aller voter!
M. GIROUX: Alors nous vous remercions, messieurs, de nous avoir
entendus.
M. LE PRESIDENT: Bienvenue. La commission ajourne ses travaux.
(Fin de la séance: 21 h 52)