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Régies gouvernementales
Politique salariale
(Dix heures et une minute)
M. GRENIER (président du comité): A l'ordre, messieurs! A
la demande de MM. Lesage, Laporte, Séguin, Wagner et Lefebvre et
conformément aux dispositions de l'article 409 du règlement
annoté de l'Assemblée législative, avis est donné
que le comité des régies gouvernementales à
caractère industriel ou commercial se réunira le mercredi 20
novembre 1968 à 10 heures de la matinée en la salle 81A des
comités de l'Assemblée législative.
M. Bonin, est-ce que nous pourrions savoir de la part des convoquants de
l'assemblée du comité les raisons pour lesquelles nous devons
siéger ce matin?
M. HARVEY: Il y a une grève à la régie.
M. LESAGE: Nous croyons utile de siéger pour les raisons que j'ai
exposées en Chambre hier matin, lors de l'étude en Chambre du
rapport du comité présenté par celui qui vous a
remplacé en votre absence forcée, M. le Président. Je
voudrais tout d'abord, au nom de mes collègues et en mon nom, vous
réitérer l'expression de notre sympathie pour le deuil qui a
frappé votre famille.
Maintenant, les raisons? C'est que la grève dure toujours: je
pense que cela est une raison assez fondamentale!
A la dernière séance, mercredi, le ministre d'Etat
à la Fonction publique avait déclaré qu'il y avait des
points précis je résume, n'est-ce pas, je n'ai pas
l'intention de répéter tout ce que j'ai dit en Chambre hier; je
donne le noeud, l'essence sur lesquels les négociateurs de la
régie avaient mandat de faire preuve de flexibilité et de
souplesse. Il parlait j'en suis sûr de l'application de la
politique salariale du gouvernement dans le conflit actuel. Je veux rappeler
que toutes les clauses de la convention collective sont réglées,
du moins en principe. Il reste les clauses salariales. C'est donc clairement
là-dessus que le ministre nous a déclaré que les
négociateurs de la régie avaient mandat de faire preuve de
flexibilité et de souplesse.
Or, les négociateurs se sont réunis autour de la table de
négociations, jeudi et vendredi derniers. Des témoins oculaires
m'ont déclaré que les négociateurs de la régie
n'avaient fait preuve d'aucune souplesse sur quelque point que ce soit.
On m'a rapporté que les négociateurs du gouvernement
avaient purement et simplement réitéré une offre ou une
suggestion qui avait été faite longtemps auparavant, celle de
prolonger les heures de travail dans certains cas, de 37 heures ou de 37 heures
et demie à 40 heures, et d'augmenter ainsi, de ce fait, le « take
home pay ».
Pour ce qui est du salaire horaire, il demeurait le même et les
deuxheures et demie ou trois heures supplémentaires devaient être
payées à, ce que nous sommes convenus d'appeler temps simple.
Je ne sais pas si aux séances subséquentes de
négociations, celles qui ont eu lieu lundi et hier, les
négociateurs du gouvernement ont fait preuve, sur des points
précis, de cette souplesse et de cette flexibilité que nous avait
annoncées le ministre. Là, évidemment, c'est le ministre
qui peut nous le dire; ce sont les négociateurs de la régie et ce
sont les négociateurs des syndicats ou leurs représentants qui
peuvent nous le dire.
Je pense qu'il est important que le comité des régies
gouvernementales soit tenu au courant. Ce comité des régies
gouvernementales, quoi qu'on en dise, exerce, à notre sens, une pression
favorisant le règlement de la grève. Je l'ai dit et je le
répète: Il ne s'agit pas pour nous, de l'Opposition, de prendre
fait et cause pour une partie ou une autre. Ce n'est pas notre devoir. Au fond,
je pense que les membres du comité, des deux côtés,
représentent l'opinion publique et l'opinion publique n'essaie pas
tellement de départager les responsabilités entre la régie
d'un côté et les syndicats de l'autre. La population ne comprend
pas qu'on ne règle pas la grève, alors qu'il semble que si peu
sépare les parties en cause. Mais, comme membres de l'Opposition, notre
devoir, c'est certainement de rechercher, dans l'attitude gouvernementale,
quelles peuvent être les faiblesses, quelles peuvent être les
erreurs de même que les fautes préméditées ou
non.
Il est de notre devoir de constater, c'est-à-dire de rechercher
la vérité pour savoir si le gouvernement et sa régie
ça, c'est une responsabilité gouvernementale, une
responsabilité administrative négocient de bonne foi. Or,
après avoir entendu le ministre, après avoir obtenu des rapports
que je n'ai aucune raison de ne pas croire absolument véridiques,
ils ont été confirmés quant à moi par les journaux
j'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond parce
qu'il y a une différence entre ce que nous a annoncé le ministre
et ce qui s'est passé. Pourtant lorsque le ministre nous avait
annoncé que le mandat donné aux négociateurs
était de faire preuve de souplesse, et sur des points
précis, les négociateurs de la régie étaient
présents. Ils étaient présents!
En conséquence, je ne comprends pas leur attitude; ou il y a
faute dans la transmission ou bien il y a quelqu'un qui ne fait pas ce qu'il
devrait faire. Je pense que le ministre devrait nous expliquer ce qui se passe,
que nous devrions savoir des autres parties à la négociation
M. Pepin est ici ce qui s'est passé depuis que les
séances sont tenues à huis clos. J'aimerais bien, par exemple,
que ceux qui, parmi nous les députés, ont assisté à
des séances de négociations ou à des parties de
séances de négociations, nous disent ce dont ils ont
été témoins. De plus, je crois que le député
d'Ahuntsic, au moment où la motion d'ajournement sine die a
été faite, avait exprimé le désir de se faire
entendre; je crois qu'il a une contribution positive, une contribution valable
à apporter dans le règlement possible du conflit.
Alors, je crois que M. Laporte était présent aux
négociations. J'aimerais bien qu'il nous dise ce qui s'est passé;
j'aimerais bien aussi, M. le Président, que M. Lefebvre fasse entendre
sa voix; il a une grande expérience dans le domaine des relations de
travail et je suis sûr qu'il pourrait apporter une contribution valable
au règlement de cette grève, règlement que tout le monde
désire.
Je le répète, la population ne comprend pas qu'on ne la
règle pas et la population en a plein le dos. Notre devoir est de
contribuer, par tous les moyens possibles, à tenter de dénouer ce
que le premier ministre a appelé, à plusieurs reprises, le noeud
gordien.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Lesage! M. Bertrand!
M. BERTRAND: M. le Président, le 24 octobre je proposais que le
comité des régies gouvernementales à caractère
industriel ou commercial, soit convoqué pour le mercredi matin 30
octobre et siège de 10 heures à 13 heures, pour étudier la
politique salariale globale du gouvernement et ses incidences sur la
grève de la Régie des alcools. A ce moment-là, un
amendement a été proposé par M. Laporte et appuyé
par M. Pinard. Cette motion d'amendement se lisait comme suit: « Que la
motion soit amendée en lui ajoutant les mots suivants: le comité
est autorisé à requérir la comparution de personnes et la
communication de pièces ». L'amendement fut rejeté, les
voix se divisant, comme on l'indique au procès-verbal de
l'Assemblée législative, no 76, en date du jeudi 22 octobre. Par
la suite, la motion prin- cipale étant appelée, tous ont
été favorables à ce que le comité siège sur
la motion principale que j'avais présentée. Mais le vote a
été, à ce moment-là, de 85 contre zéro
voix.
Deuxièmement, le comité a tenu quelques séances. Il
y a eu, à la plupart de ces séances, des expressions d'opinions,
le ministre d'Etat délégué à la Fonction publique,
après une déclaration préliminaire que j'ai moi-même
faite comme chef du gouvernement au début le ministre
d'Etat a exposé la politique salariale globale du gouvernement: d'abord
les principes. A ce moment-là si mon souvenir est bon M.
Marcel Pepin, M. Laliberté et M. Laberge ont répondu, les uns
d'une manière plus longue M. Pepin et M. Laliberté, durant
une trentaine de minutes et M. Laberge durant quelques minutes sur les
fondements de cette politique. Par la suite, nous nous sommes engagés
dans des détails surtout relatifs à l'application de cette
politique salariale et de ses incidences sur la grève de la RAQ. Nous
avons entendu M. Parent; M. Pepin également a fait des remarques; M.
Masse a apporté des détails; M. Pepin, négociateur pour la
Régie des alcools; M. Parizeau a lui-même complété
les informations, a répondu aux questions qui étaient
posées par nos collègues de l'Opposition.
Disons que, d'une manière générale et
également dans les détails, cette politique a été
l'objet d'un examen des membres du comité.
A un moment donné, vu que nous avions, de part et d'autre, admis
le principe que ce comité ne devait pas être un comité
chargé de négocier, ni être un conseil d'arbitrage, ni
jouer le rôle de médiateur, nous avons convenu étant
donné que les négociations se poursuivaient, comme cela est
normal en pareil cas surtout après une année de
négociations, après au-delà de quatre mois de
grève, même si les négociateurs, parfois, avaient, comme on
l'a noté, des sautes d'humeur, tout cela était normal. Si mon
souvenir est bon, c'est M. Parent ou M. Pepin qui l'avait noté, il ya
des moments où il y a un peu de fatigue. Tout celai
Lorsque nous sommes revenus devant le comité, à la
séance où j'ai proposé que ce comité soit
ajourné « sine die » à la fin et c'est
l'élément principal qui m'a amené à poser ce geste
c'est qu'ayant fait le tour du problème de la politique salariale
et de ses incidences sur la grève de la RAQ, nous avons très bien
compris qu'on réglerait ce problème d'abord et avant tout
à la table des négociations.
Or, une motion d'ajournement « sine die » a d'abord
été présentée ici. Ensuite, un amendement a
été soumis si mon souvenir est bon par mon
collègue le député de Chambly, appuyé
par le député d'Outremont, à l'effet que ce
comité soit ajourné à 9 h 30 le lendemain de cette
séance.
M. LESAGE: C'était la suggestion du premier ministre.
M. BERTRAND: Au départ, au départ... UNE VOIX: Deux
minutes avant.
M. BERTRAND: ... mais avant la déclaration de M. Pepin. Le vote a
été pris. La motion principale d'ajournement « sine die
» a été acceptée par la majorité des membres
de ce comité.
Vendredi matin, en l'absence de notre président actuel, qui
était retenu chez lui à cause d'une mortalité dans sa
famille, M. Marc Bergeron, député de Mégantic lui a
succédé. Le président pro tempore, M. Bergeron,
député de Mégantic, a présenté vendredi
matin un rapport à la Chambre. Ce rapport, suivant les
règlements, pouvait être immédiatement
entériné, accepté; il ne l'a pas été parce
que, suivant les règlements, mon collègue le député
de Chambly a dit: Nous ne sommes pas prêts à l'accepter.
Et respectueux des règlements, nous avons attendu que ce rapport
paraisse, que cette motion soit inscrite au feuilleton. C'est hier que ce
rapport, apparaissant à l'article 14 du feuilleton, a été
appelé; il indiquait que le comité des régies
gouvernementales à caractère industriel ou commercial, suivant la
motion que j'avais faite et à cause du mandat qui lui avait
été confié, était ajourné sine die,
C'était hier. A ce moment-là une discussion s'est engagée,
elle n'a pas été trop longue. De part et d'autre, nous avons
exprimé notre point de vue et il y a eu un vote qui a été
pris en Chambre et qui s'est terminé par le résultat suivant: il
entérinait le rapport à l'effet que le comité des
régies intergouvernementales à caractère commercial ou
industriel ayant siégé sur la politique salariale du gouvernement
et ses incidences sur la grève de la RAQ, ayant entendu les personnes
et nous nommons en particulier, le ministre d'Etat
délégué à la Fonction publique et d'autres
que ce comité était ajourné «sine die».
A ce moment-là, un vote a été pris en Chambre et le
vote s'est terminé par le résultat suivant: 68 contre 0. Ce qui
veut dire que, d'un côté, 50 unionistes ont voté en faveur
de ce rapport; et que 18 représentants de l'Opposition ont
accepté le rapport du président qui est député de
Mégantic. Ce rapport a été présenté à
la Chambre, vendredi dernier.
La motion de convocation du comité ou l'avis de convocation du
comité présenté conformément aux règlements
à l'article 409 par les cinq membres, MM. Lesage, Laporte, Wagner,
Séguin et Lefebvre, avait été transmis à M. Armand
Bonin vendredi dernier. Donc, avant que le rapport qui avait été
présenté mais non accepté... dont l'acceptation a
été faite hier par le vote que je viens d'indiquer de 68 contre 0
cet avis et la convocation de ce comité avaient été
faits auparavant.
C'est hier, M. le Président, qu'en Chambre les deux partis ont
réglé le problème de l'ajournement sine die. Donc, sur le
fond du problème, sur la procédure, je crois qu'il n'y a pas de
doute.
Le chef de l'Opposition dit: La grève dure toujours. Mon
collègue pourra, durant quelques instants indiquer aux
députés, aux membres du comité, que les
négociations se poursuivent. Le chef de l'Opposition a parlé de
points précis, de flexibilité.
M. LESAGE: Non pas moi. C'est lui!
M. BERTRAND: Non, non, mais, disons, que nous en avons tous
parlé!
M. LESAGE: C'est M. Masse. C'est lui qui en a parlé le
premier.
M. BERTRAND: M. Masse en a parlé et moi aussi.
Mais, les points précis, cela relève de la table des
négociations. La flexibilité, cela relève de la table des
négociations. La souplesse, cela relève de la table des
négociations. Les clauses salariales, cela relève
également de la table des négociations. Donc, tout cela comporte
essentiellement des matières qui relèvent des négociations
et c'est là que nous devons chercher les zones de souplesse. Quant
à moi, comme chef du gouvernement, mon collègue pourra y ajouter
comme ministre délégué. Les instructions qu'il a
reçues, c'est d'inviter nos négociateurs à mettre un terme
au conflit. J'ai déclaré publiquement que, nous avions pleine et
entière confiance en eux et qu'ils accompliraient leur devoir comme des
négociateurs de bonne foi. J'avais également confiance que
l'autre partie agirait de la même façon de manière à
mettre un terme à un conflit que je considère comme tous mes
collègues, et comma le chef de l'Opposition l'a indiqué
tantôt, comme un conflit où nous souhaitons tous qu'il y ait un
terme le plus rapidement possible, en donnant justice à ceux qui y ont
droit, tout en respectant, toutefois, certains critères, certains
fondements
d'une politique que nous avons établie devant ce comité et
que les membres du comité, par le vote qu'ils ont donné à
l'unanimité, hier, en cette Chambre, ont reconnu comme ayant
été l'objet d'un examen complet et exhaustif.
Cela ne veut pas dire je tiens à faire cette nuance
que nos collègues de l'Opposition peuvent l'accepter. Nous l'avons
noté, par des propos qui ont été tenus par nos
collègues d'en face, qu'ils n'acceptent pas nécessairement cette
politique.
C'est normal. C'est ce que l'on appelle, de nos jours, de la
contestation. Il y en a qui ont dit: Votre politique a été
établie d'une manière unilatérale. Il l'a dit, nous
l'avons repris et nous en avons discuté ensemble. On oublie trop souvent
que les chefs de gouvernement, quels qu'ils soient, quand ils énoncent
des politiques, n'énoncent pas seulement leurs vues personnelles; les
vues d'un gouvernement sont énoncées par un homme, à un
moment donné, mais elles représentent le travail d'un groupe, un
conseil des ministres. Il y a là comme ailleurs une certaine
collégialité. Et c'est justement en vue de corriger cette action
unilatérale qui, d'après nous, ne pouvait pas être autre,
que l'Etat pose là des jalons dans un domaine qui n'avait pas
été totalement exploré. C'est pourquoi, l'autre jour,
à la séance, j'ai suggéré que, même si cela
avait été pratiqué de cette façon - on avait
suggéré une chose qui pourrait être réalisée
même si on n'a pas voulu l'accepter ici et si on n'a pas voulu poser le
problème de manière à proposer une motion il y ait
un comité de formé le plus rapidement possible en vue des
prochaines négociations.
Donc, M. le Président, sur la procédure elle-même,
sur les décisions qui ont été prises, sur les votes qui
ont accompagné ces décisions et ces prises de position, je
soumets que ce problème que le chef de l'Opposition voudrait porter ce
matin à l'attention du comité, ne relève pas de nous, mais
de la table de négociations.
Et l'on a noté que des députés s'y étaient
rendus. J'ai lu des remarques dans des journaux à l'effet que certaines
personnes avaient déclaré que des négociations
étaient raides: qu'il n'y avait pas de souplesse! Des
députés de notre côté y sont allés, et le
député de Chambly y est allé. Ce ne sont pas nos propos
à nous qui vont changer ce climat.
M. LAPORTE: Je suis membre d'un comité et j'ai donné mon
opinion.
M. BERTRAND: Alors, dans les circonstances, M. le Président, je
n'ai personnellement aucune objection à ce que le ministre d'Etat donne,
en quelques minutes, la réponse au point...
M. LESAGE: Je voudrais bien d'abord répondre au premier ministre,
sur la question de procédure. Je n'admets pas la question de
procédure.
M. BELLEMARE : Une minute, il y en a d'autres qui ont demandé la
parole.
M. LESAGE: J'ai tout de même le droit de demander la parole. Je
l'ai demandée à M. Grenier qui me l'a accordée.
M. BELLEMARE: Vous l'avez eue tout à l'heure.
M. LESAGE: J'ai demandé de parler après le premier
ministre et M. Grenier m'a dit que j'aurais la parole.
M. LE PRESIDENT: Un instant. M. Pepin m'a demandé la parole, mais
je crois bien que tant que nous n'aurons pas réglé cette question
de procédure...
M. LESAGE: ... sur la procédure.
M. LE PRESIDENT: Sur la procédure! Je pense qu'il faudra
procéder autour de la table ici. Alors M. Lesage.
M. LESAGE s Le premier ministre s'est appuyé sur des arguments de
procédure en invoquant particulièrement le vote d'hier matin en
Chambre, sur le rapport du comité.
Je voudrais attirer l'attention du premier ministre et des membres du
comité sur la section 7 de notre règlement intitulée: Des
rapports des comités spéciaux. Evidemment ces règles, en
vertu d'un article de notre règlement, s'appliquent également aux
comités permanents.
UNE VOIX: On est en comité permanent.
M. LESAGE: Bien oui, ces règles-là s'appliquent aux
comités permanents.
M. BELLEMARE: C'est 468.
M. LESAGE: Oui. Alors il appert clairement que les rapports des
comités doivent être rédigés de façon
à rapporter ce qui s'est passé au comité comme on
dit en anglais, c'est « factual ». Mais un comité peut faire
des recommandations à la Chambre en vertu de l'article 458. Ces
recommandations peuvent être ac-
ceptêes ou entérinées, pour me servir du mot que le
premier ministre a employé, ou peuvent être rejetées par la
Chambre.
Mais lorsque le rapport est purement et simplement une relation des
faits, de ce qui s'est passé au comité, et c'est le cas qui nous
occupe, tout ce que le rapport dit, c'est que le comité a
siégé, a entendu des personnes et a ajourné « sine
die ». Je pense bien que c'est difficile de traduire le mot exactement,
c'est un rapport « factual ».
M. PAUL: Un récit. M. LESAGE: Pardon? M. PAUL: Un
récit.
M. LESAGE; C'est un récit des faits. Il n'y a aucune
recommandation à entériner. Le comité n'a pas
recommandé à la Chambre d'approuver que le comité ne
siège plus. Autrement dit, il n'y a pas eu de recommandation. C'est une
relation de faits. Les députés libéraux, à moins de
vouloir nier la vérité, ne pouvaient faire autrement que de voter
« oui ». Nous avons voté pour que le rapport soit
reçu. Or, ce rapport relatait des faits qui sont véridiques.
Voter contre, ça aurait été nier l'évidence, la
vérité. Dieu sait que nous nous le serions fait reprocher. Nous
n'avons rien entériné, absolument rien, contrairement à ce
que dit le premier ministre. Nous avons purement et simplement constaté
que c'était vrai que le comité avait entendu des témoins
et avait ajourné « sine die». Cela ne veut rien dire de
plus.
Il est certain que nous n'avons pas approuvé la recommandation du
comité à l'effet que le comité ne siège plus: c'est
un peu l'interprétation que le premier ministre vient de donner au
rapport du comité. Ce n'était pas ça du tout.
C'était une relation de faits, et nous ne pouvions nier ni la
vérité ni l'évidence.
Je crois que l'argument de procédure tombe et ne vaut rien. Pour
ce qui est de l'argument de fond, deux mots seulement. D'abord je n'ai pas
l'intention d'invoquer l'article 465 qui permet au comité
d'étudier toute question qui est de son ressort en dehors du mandat
précis qui lui est donné par la Chambre; mais je dis que,
même si l'on s'en tient au mandat précis qui nous avait
été donné par la Chambre, eh bien, la question qui a
été soulevée, celle de savoir si le comité doit
prendre connaissance des points précis sur lesquels le gouvernement est
prêt à faire preuve de souplesse et de flexibilité,
constitue définitivement une question qui tombe dans le mandat qui a
été donné au comité.
En effet le mandat du comité, c'est d'étudier la politique
salariale et ses implications dans la grève en cours. Or, comment
s'applique la politique salariale dans la grève en cours? Quelles sont
les possibilités de souplesse dans l'application de la politique
salariale? Il est clair que ça fait partie du mandat du
comité.
Donc, sur la procédure, je crois que le premier ministre a, par
erreur sans doute, cru qu'il s'agissait de l'application de l'article 458 alors
qu'il s'agissait purement et simplement d'un rapport qui constituait une
récitation de faits. Sur le fond, je ne sais pas si nous pourrons nous
entendre, contrairement à ce que vient de dire le premier ministre,
contrairement à ce qu'a dit, lors de notre dernière
séance, mercredi de la semaine dernière, le ministre d'Etat
à la Fonction publique, nous soutenons que l'étude des points sur
lesquels de la souplesse ou de la flexibilité peuvent être
apportées dans l'application de la politique salariale, relève
directement du mandat du comité.
Le comité vous le savez, j'en suis convaincu est un
des facteurs principaux, facteurs de pression, qui ont rendu possible
jusqu'à présent le règlement de toutes les questions, sauf
la questions salariale. Je pense que plus ici au comité
les parties dévoilent leurs batteries, plus nous sommes près d'un
règlement. Et je ne comprends pas les cachotteries et je ne comprends
pas la raison des cachotteries du ministre de la Fonction publique.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BERTRAND: M. le Président, le chef de l'Opposition n'a pas le
droit du tout de parler de cachotteries.
M. LESAGE: C'est lui qui dit qu'il ne veut rien dévoiler!
M. BERTRAND: Non, non, il n'a pas le droit de parler de cachotteries!
Nous avons dit à plusieurs reprises et ç'a été
accepté par tous les membres du comité le chef de
l'Opposition, le premier que cette table ici n'en était pas une
de négociations ou d'arbitrage, ou de médiation.
M. LESAGE: Je ne veux pas faire de cette table...M. le premier ministre
m'a interrompu, n'est-ce pas...
M. BERTRAND: Vous aviez fini.
M. LESAGE: Non! Je ne veux pas faire de cette table, une table de
négociations, une table
de médiation ou d'arbitrage. Mais ça doit être
nécessairement une table où nous avons le droit de savoir
exactement comment s'applique la politique salariale, quelle est la souplesse
que nous pouvons lui apporter dans le présent conflit.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESAGE: Cela, c'est dans le mandat du comité, ce n'est pas
pour la table de négociations.
M. BERTRAND: Le problème qui se pose d'abord et avant tout ce
matin nous l'avons vu par l'action des cinq signataires c'est un
problème de procédure.
M. LESAGE: Non, non, pas d'accord!
M. BERTRAND: Mon collègue, le leader parlementaire, a quelque
chose à dire là-dessus.
M. BELLEMARE: Les membres de l'Opposition ont voulu eux-mêmes se
servir de notre règlement pour convoquer le comité ce matin.
M. LESAGE: Encore de laprocédure! M. BERTRAND: Bien, c'est
vous... M. CHOQUETTE: Des avocasseries! M. LE PRESIDENT: Al'ordre!
Al'ordre!
UNE VOIX: Vous nous avez amenés ici pour cela.
M. LESAGE: ...De la procédure. M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESAGE: Nous sommes ici pour savoir la vérité.
M. BELLEMARE: M. le Président, je n'ai pas dérangé
le chef de l'Opposition... j'espère que je vais être capable aussi
de donner mon opinion.
M. LESAGE: Votre petit coeur!
M. BELLEMARE: Votre petit génie, vous!
M. LEFEBVRE: J'espère que vous allez nous laisser parler
après...
M. LE PRESIDENT: M.Bellemare a la parole.
M. BELLEMARE: M. le Président, l'Opposition a voulu ce matin se
servir de l'article 409 pour convoquer le comité. En vertu de cet
article de notre règlement, l'Opposition avait parfaitement le droit de
le convoquer à la demande de cinq membres. C'est dans notre
règlement, nous nous y sommes rendus. Je remarque en passant que la
convocation qui a été rédigée, l'a
été parfaitement selon les règles de notre
règlement. On n'a pas mis le sujet, on n'a pas dit pourquoi. On a dit;
Le comité des règlements des régies gouvernementales
à caractère industriel est convoqué pour telle date.
Exactement tel que le veut notre règlement.
M. le Président, ceci étant établi, il faut aussi
regarder tout notre règlement, non seulement quatre ou cinq lettres qui
donnent aux membres de l'Opposition l'avantage de convoquer le comité.
Il y a aussi d'autres articles qui à ce moment doivent prévaloir
sur la discussion de fond qui a eu lieu ici durant neuf séances. Il y a
eu neuf séances qui ont duré trente heures; la politique
salariale y a été débattue, entendue et critiquée.
Nous n'avons pas d'objections à cela; c'était le mandat bien
explicite du 24 octobre donné par la Chambre en vertu de l'article 473.
L'article 473, M. le Président, contient des instructions bien
spécifiques données à un comité pour faire telle
chose.
Quand la Chambre a donné un mandat, des instructions bien
précises à un comité,,.. Ce comité a fait rapport.
Il est dit, à l'article 474, troisièmement, que des instructions
qui remettent en question une affaire dont la Chambre cela a
été fait hier - a déjà décidé
définitivement, dans la session en cours, il n'est pas permis... Et la
Chambre a accepté unanimement parce qu'en vertu de l'article 151 de
notre règlement: « Nulle motion ne doit soulever une question qui
soit au fond c'est de ça que nous voulons parler identique
à une question dont la Chambre a décidé pendant la session
en cours.
Je n'ai pas besoin de vous rappeler aussi que la Chambre pourrait donner
de nouveaux mandats. A l'article 476, il est sûr et certain que les
pouvoirs, qui sont conférés à un comité par
instruction, continuent ou revivent si l'affaire est de nouveau renvoyée
à la Chambre. C'est une instruction qui est bien
spécifiée.
Maintenant, M. le Président, je n'ai pas besoin de vous dire non
plus qu'en vertu de l'article 481, deuxièmement: « Un
comité spécial n'y est tenu que si les instructions de la Chambre
sont impératives...»
Je dis, M. le Président, que le rapport, qui a été
reçu, a été critiqué hier ce matin encore,
par le chef de l'Opposition qui a dit que ce que contenait le rapport,
c'était simplement que le
comité avait siégé, qu'il avait entendu M. Masse et
d'autres et que c'était tout je dis, M. le Président, que
ça allait plus loin que ça. Le rapport disait, en vertu de
l'article 458, qu'un ajournement avait été voté par le
comité. Un ajournement qui avait été, à la
majorité des voix, sanctionné par le comité; l'ajournement
« sine die » faisait partie hier du vote qui a été
donné en Chambre. A l'article 458 M. le Président, si vous
vous y référez vous verrez que, lorsqu'il y a eu une
opposition d'un député pour qu'un rapport ne soit pas reçu
ou lu, à ce moment-là, le député a le droit de
faire une motion.
Il est apparu sur le feuilleton, le lendemain, une motion pour discuter
du rapport. Cette motion, M. le Président, dit bien: « Que quand
un rapport contient des réglementations de peu d'importance, il est
généralement adopté après avoir été
lu, mais si quelques députés l'exigent comme ça
été fait en vertu de la motion on doit donner un avis
qui a été donné portant sur l'adoption du
rapport ». M. le Président, l'adoption du rapport a
été faite hier matin; ça été lu,
discuté; les gens ont donné leur avis, quelques-uns
étaient pour, d'autres étaient contre mais ils ont voté
unanimement. Le vote a été appelé et, à ce
moment-là, unanimement, 68 députés de la Chambre ont
voté pour que le rapport du comité soit adopté et pour
toutes les conditions du rapport, c'est-à-dire l'ajournement «
sine die ». A partir de ce moment-là, je dois dire que nous nous
sommes rendus ce matin, ici, parce que nous avons été
convoqués en vertu de l'article 409. Mais, M. le Président, cela
aurait pu être un autre sujet, cela aurait pu être pour des sujets
d'intérêt public: Sidbec ou autre chose. Quelqu'un avait le droit
de le convoquer. Et, à ce moment-là, M. le Président, nous
ne le savions pas! Mais, la minute...
M. CHOQUETTE: Vous en aviez une petite idée, par exemple!
M. BELLEMARE: Un instant, un instant, M. le Président, nous ne
pouvons pas, avec un vote unanime comme celui d'hier, penser que c'était
pour la question du mandat que nous avions reçu en Chambre le 24
octobre d'étudier la politique salariale du gouvernement et
toutes ses implications et ses incidences sur la grève de la
Régie des alcools.
M. CHOQUETTE: Est-ce quenous vous avons pris par surprise?
M. BELLEMARE : Ah, c'est épouvantable! M. le Président, je
n'ai pas besoin de vous dire qu'en vertu du règlement puisqu'on
s'est servi du règlement pour demander la convocation...
M. PINARD: La politique, ce n'est pas toujours en français.
M. BELLEMARE; Comment?
M. PINARD: La politique, ce n'est pas toujours en français.
M. BELLEMARE: Non, mais une chose certaine c'est que notre
règlement, lui, il l'est. Il est formel et sur ça je pense que
nous ne pouvons pas...
UNE VOIX: J'aime trop ça ici, je vais aller travailler
après!
M. BELLEMARE: ... nous ne pouvons pas, je pense... Si nous sommes ici
pour faire de la procédure comme disent certaines gens, des
avocasseries eh bien, nous sommes obligés d'en faire parce qu'on
en a fait. C'est en vertu de l'avocasserie, M. le Président, qu'à
cause d'un mot, dans les règlements, qui dit: Fixe, une date fixe, si le
comité avait mis comme l'a fait un jour, au comité des comptes
publics, un ancien premier ministre qui avait convoqué le comité
des comptes publics pour le 27 août, un dimanche, cela aurait
été fixer la date! Et pour l'avoir ajourné « sine
die », les membres de l'Opposition ont fait une avocasserie. Ils ont pris
la procédure normale du règlement qui dit qu'en vertu de cet
article 409, on a le droit de convoquer le comité. Ils l'ont
convoqué sans donner les raisons, sans donner les motifs, sans donner
les raisons spécifiques pour lesquelles il était convoqué.
D'ailleurs, c'était bien dit dans nos règlements qu'ils ne
pouvaient pas le convoquer de nouveau pour la régie, parce qu'il y a eu
un vote en Chambre, il y a eu un vote au comité. Comme la
procédure parlementaire le veut, nous ne pouvons pas continuer de
siéger sur une motion de fond, sur une question qui a été
décidée par le comité, ici, et par la Chambre, quand nos
règlement disent aux articles 451 et 474, troisièmement, que nous
ne pouvons pas revenir au cours de la même session sur le même
sujet.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Bellemare. Je voudrais, M. Lefebvre, que les
membres du comité soient indulgents à l'égard de celui qui
préside car il n'a pas cette habitude des avocasseries, et, si je donne
la parole, il faut bien s'entendre, c'est sur une question de procédure
actuellement. M. Lefebvre.
M. LEFEBVRE: M. le Président, justement je voudrais sortir des
avocasseries parce que je ne crois pas que le peuple soit très
édifié du temps que nous sommes en train de perdre plutôt
que de l'utiliser à bon escient. Le problème que je voudrais vous
poser, M. le Président, concerne toutefois la procédure.
Lors de l'ajournement, le premier ministre s'en souviendra, je crois, M.
le Président, que vous n'étiez pas au fauteuil à ce
moment, c'est un de vos collègues qui y était. Mais avant que le
gouvernement n'impose le bâillon à ce comité, par un
vote...
M. BELLEMARE: Je vous demande de retirer ce mot-là.
M. BERTRAND: II y a un bout!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. LESAGE: Refusez de le retirer, c'est juste!
DES VOIX: A l'ordre! A l'ordre!
M. BERTRAND: Le député d'Ahuntsic est injuste.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! M. Bertrand.
M. BERTRAND: La meilleure preuve qu'il n'y a pas de bâillon c'est
que le député d'Ahuntsic est debout...
M. LESAGE: C'est certainement le bâillon!
M. MASSE: Ce n'est pas le bâillon, c'est la majorité.
M. BERTRAND: II peut exprimer son point de vue. Je pense que nous
essayons, de part et d'autre, de permettre à nos collègues
d'exprimer leur opinion, en particulier ce matin, sur le problème de
procédure. Mais que le mot bâillon soit utilisé ici, je
pense que c'est totalement déplacé, M. le Président, et
c'est hors d'ordre.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je retirerai le mot bâillon
si le premier ministre me laisse faire ce que je voulais faire l'autre jour.
J'avais demandé trois minutes avant l'ajournement. On a pris un vote
pour m'empêcher d'utiliser trois minutes.
M. BERTRAND: Non, M. le Président, si mon souvenir est bon
et on peut regarder le journal des Débats il pouvait, à ce
moment-là, et tout le monde était d'accord pour qu'il utilise ses
trois ou quatre minutes. C'est lui-même qui a refusé.
M. LEFEBVRE: Non, la vérité, M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. Lefebvre, un instant.
Etant donné que je n'ai pas été témoin
oculaire de cette réunion-là...
M. LEFEBVRE: C'est justement pour cela qu'on vous racontera ce qui s'est
passé.
M. LE PRESIDENT: Il serait peut-être sage qu'on reprenne à
neuf ce matin et qu'on s'en tienne au problème, qui est un
problème de procédure actuellement, sans relater ces faits de la
semaine dernière qui sont pour moi méconnus.
M. LEFEBVRE: M. le Président, il y a seulement quelques
années que je siège en cette Chambre. Connaissant
l'habileté des spécialistes de la procédure, je ne doute
aucunement que le ministre du Travail, en particulier, peut nous faire passer
une journée et même quelques jours dans des débats aussi
futiles que celui que nous faisons présentement.
M. le Président, quant à moi, je ne participerai pas au
débat sur la procédure. Je dis ceci, et c'est un fait que
n'importe qui peut vérifier, avant que le premier ministre n'appelle le
vote pour l'ajournement « sine die » de ce comité, j'avais
demandé la parole. J'ai renoncé à mon droit de parole
parce qu'il y avait à la barre des gens qui avaient des choses à
dire et c'est pourquoi j'ai passé mon tour.
Par la suite, le premier ministre est arrivé avec sa motion
d'ajournement « sine die », mais il a dit: Si vous voulez parler
tout de suite, vous pouvez le faire. Mais évidemment, ceci était
une sorte de marchandage comme quoi, à ce moment-là, je
considérais que je n'avais plus rien à dire.
DES VOIX: Ah! Ah!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. LEFEBVRE: M. le Président, ce que j'ai à dire concerne
les heures et les heures que le ministre d'Etat à la Fonction publique a
utilisées pour exposer la politique salariale du gou-
vernement. Je réclame un droit de participer à ce
débat. Je n'en ai pas eu l'occasion, parce que le gouvernement a
imposé, par un vote majoritaire, un ajournement « sine die
», je demande les cinq minutes qu'on m'avait accordées l'autre
jour parce que je sais fort bien ce qui va arriver. Après une heure de
débat de procédure, le gouvernement demandera à nouveau un
vote. Quant à moi, je ne suis pas intéressé à cette
comédie.
M. BERTRAND: Qui l'a provoquée cette comédie en demandant
la tenue de ce comité?
M. LEFEBVRE: C'est vous, en faisant ce débat de
procédure!
M. BERTRAND: Bien non, ce n'est pas nous qui faisons ce débat de
procédure. Vous avez voté hier, avec nous, pour adopter le
rapport!
M. LESAGE: Ce n'est pas cela!
M. LEFEBVRE: Le chef de l'Opposition a discuté, à mon avis
de façon absolument logique, le sens du vote qui a été
pris hier. On ne peut pas voter contre les faits...
UNE VOIX: Etiez-vous là? M.LEFEBVRE: Non, je n'étais pas
là.
M. BELLEMARE: Vous auriez pu intervenir hier matin. En Chambre, vous
auriez pu intervenir hier matin. Nous avons le droit d'intervenir.
M. LAPORTE: Qu'on s'en tienne au moins à l'objet de la
discussion!
M. MASSE: Le comité a siégé trente heures.
M. LE PRESIDENT: Nous avons ici une question de procédure
à régler. Je pense bien qu'on ne devra pas s'étendre trop
longtemps sur le sujet, autrement nous allons faire appel au vote
immédiatement pour régler la question une fois pour toutes.
M. LEFEBVRE: La question que je vous pose...
M. LESAGE: Le bâillon encore!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je demanderais à M. le chef de
l'Opposition de bien vouloir retirer sa parole.
UNE VOIX: La population...
M. LESAGE: Non, il a été jugé par vous ou celui qui
vous remplaçait, que le mot bafllon, je l'avais prononcé avec
raison et je n'ai pas été obligé de le retirer.
M. MASSE: Le bâillon a été posé...
M. LESAGE: Ce n'est pas parce qu'on change de président que les
mots deviennent antiparlementaires.
M. MASSE: ... le 5 juin 1966...
M. BERGERON: M. le Président, je soulève un point
d'ordre!
M. LESAGE: D'accord, vous l'avez apposé le bafllon, le 5 juin
1966...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. LESAGE: La dictature... M. LE PRESIDENT:
A l'ordre!
M. BERTRAND: C'est une dictature, et le député d'Outremont
ne peut pas s'empêcher de rire quand le chef de l'Opposition parle de
dictature.
M. CHOQUETTE: C'est quand vous faites des scènes comme
ça...
M. LE PRESIDENT: Le député de Mégantic a la
parole.
M. BERGERON: M. le Président, le chef de l'Opposition vient de
mentionner que j'avais accepté le mot bafllon alors que j'occupais le
siège de la présidence. Je dois rappeler au chef de l'Opposition
qu'en aucun moment, lorsque j'ai occupé le siège de la
présidence, je n'ai décidé que le mot bafllon devait
être accepté. D'autre part, sur la question que soulève le
député d'Ahuntsic, nous sommes actuellement devant une motion
qu'ont présentée cinq députés de l'Opposition. Nous
devons décider d'un point de règlement avant de nous attaquer au
fond. Je me demande de quel droit le député d'Ahuntsic peut
refuser de discuter du point de règlement.
Il est des procédures établies pour le bon ordre à
suivre pour que nos travaux parlementaires avancent le plus rapidement
possible. M. le Président, je soumets respectueusement que le
député d'Ahuntsic, comme les autres députés de
cette Chambre, n'a aucun privilège de passer
outre et que vous devriez le rappeler à l'ordre et lui demander
de discuter sur la procédure, tel que le veut notre
règlement.
M. LE PRESIDENT: J'ai déjà demandé au
député d'Ahuntsic de s'y conformer et j'aimerais bien qu'il
continue dans cette veine-là.
M. LEFEBVRE: D'accord, M. le Président, mais je pense bien qu'il
n'y a aucun règlement dans aucun livre de règles parlementaires
qui m'interdit de vous poser une question. Je vous pose la question suivante:
Est-ce que vous-même, prenant évidemment vos instructions de la
majorité...
M. BERTRAND: M. le Président, je regrette, c'est une
insulte...
DES VOIX: A l'ordre!
M. BERTRAND: ... que l'on fait à la présidence.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BERTRAND: M. le Président, de l'aveu de tous, et je crois
même que dernièrement nous avons fait mention que le
président, celui qui préside aujourd'hui, comme celui qui l'a
remplacé l'autre jour, a exercé son rôle d'une
manière absolument impartiale. C'est lui qui doit voir à ce que
les séances se déroulent dans l'ordre. Il a soumis que nous
devions d'abord discuter du problème de la procédure. Je crois
que les propos du député d'Ahuntsic ont certainement
dépassé sa pensée à l'endroit du
président.
M. LEFEBVRE: M. le Président, disons que ce que je voulais dire
en fait, c'est que, quelle que soit votre décision, finalement, c'est la
majorité qui décidera.
M. BERTRAND: Cela, c'est vrai.
M. LEFEBVFE: Alors, ma question je la pose de nouveau parce qu'encore
une fois, j'ai écouté pendant des heures et des heures le
ministre d'Etat à la Fonction publique. Je voudrais prendre quelques
minutes pour faire des remarques. Je demande au gouvernement s'il veut
bien...
M. ALLARD: Pourquoi est-ce que vous ne les avez pas faites dans ce
temps-là?
M. LEFEBVRE: Parce que je n'ai pas eu la parole. Alors, M. le
Président, avant que ce débat de procédure ne soit
réglé, juste une question de bon sens. Une fois de temps à
autre nous avons le droit d'agir comme des hommes ordinaires, vous savez.
M. ALLARD: Agissez à temps.
M. LEFEBVRE: Alors, si le gouvernement est d'accord...
M. BERTRAND: Le député d'Ahuntsic, tantôt, a
exposé le point de vue. Le leader parlementaire lui a dit qu'il aurait
très bien pu parler hier. C'est là ce que l'on appelle des
éléments d'ordre. Lorsque le rapport fut présenté
vendredi dernier, il n'a pas été accepté parce que
l'Opposition a voulu faire une motion. Cela a été discuté
hier, le député d'Ahuntsic aurait pu faire hier ce que ses autres
collègues ont fait en Chambre. Le député ne l'a pas fait.
Il n'y était pas, cela le regarde. Mais, c'est en Chambre qu'il devait
le faire, à l'occasion de l'étude de ce rapport. Comme il ne l'a
pas fait, il ne doit pas, à cause de son absence, paralyser le travail
de ce comité où le problème de procédure se pose ce
matin.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je regrette, mais le ministre
d'Etat à la Fonction publique est un maître d'école. Je ne
croyais pas que le premier ministre en était un. Quant à moi, je
n'ai pas de leçon à me faire donner sur le temps où je
devrais parler ou ne pas parler. Le gouvernement, une fois de plus, fera preuve
de sa mesquinerie.
M. LE PRESIDENT: M. Laporte avait demandé la parole, M.
Laporte.
M. LAPORTE: M. le Président, dans cinq minutes, nous aurons perdu
une heure à discuter de procédure, alors que nous avons ici des
gens qui pourraient renseigner ce comité sur le problème que nous
devons régler. Procédure ou pas procédure il y a toujours
2,800 fonctionnaires du gouvernement qui sont en grève.
M. MASSE: Ce n'est pas là la question, M. le Président,
les négociations continuent ce matin.
M. LAPORTE: Comme cette table, on l'a dit fréquemment, n'est pas
une table de négociations...
M. MASSE: A l'ordre!
M. LAPORTE: J'ai bien l'intention.... M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A
l'ordre!
M. LAPORTE: ... d'exprimer mon point de vue et vous remarquerez que je
n'ai interrompu personne, malgré le goût que j'en aie eu à
plusieurs occasions.
Vous savez que je crois en la procédure et je trouve que c'est
important. J'espère que les journaux vont donner une large
publicité à ce que l'on fait ce matin, afin que l'on soit
flétri partout comme on le mérite.
M. le Président, qu'est-ce que le comité a fait jeudi
dernier? iL s'est ajourné. Est-ce que je dois comprendre que si le
rapport qui a été fait à la Chambre n'avait pas
été reçu, le comité n'aurait pas été
ajourné?
M. BERTRAND: Vous avez voté pour cela, hier.
M. LAPORTE: Ce n'est pas ce que je vous demande. Je vous dis que c'est
le comité qui s'est ajourné jeudi. Si vendredi, on avait
refusé le rapport, est-ce que le comité n'aurait pas
été ajourné?
M. BERTRAND: « Sine die ».
M. LAPORTE; M. le Président, vous allez éviter à M.
le premier ministre de tourner autour des questions. Je vais lui poser des
questions fort précises.
M. BERTRAND: Je ne répondrai pas, puisque vous ne voulez pas
être interrompu.
M. MASSE: Vous ne voulez pas qu'on vous interrompe.
M. LAPORTE: Bon, quand il ne peut pas tourner autour, il ne
répond pas.
Vous m'interromprez seulement après mes questions.
M. BERTRAND: Non, je vais vous laisser exposer votre point de vue.
M. LAPORTE: Alors, M. le Président, jeudi, puisque nous devons
parler de procédures, le comité s'est ajourné. Il y a eu
un vote majoritaire de 11 contre 10, et le comité s'est ajourné
« sine die ». Qu'est-ce que cela veut dire « sine die
»? Cela veut dire que la date de la prochaine séance n'est pas
déterminée. Qu'est-ce que les libéraux ont fait le
lendemain? Les membres de l'Opposition ont fixé la date de la
séance suivante. Vous serez bien aimable, M. le Président, de me
dire, jusque là, ce qu'il y a d'illégal. Quand un comité
s'est ajourné « sine die », cela voudrait dire qu'il ne peut
plus siéger jamais, si j'accepte l'explication du ministre du
Travail.
M. BELLEMARE: Non, non, ce n'est pas cela que j'ai dit.
M. LAPORTE : Cela veut dire que la date de la réunion suivante
n'est pas déterminée. Or, il y a trois façons de
déterminer la date de la prochaine séance d'un comité
ajourné « sine die ».
D'abord on peut demander au président de convoquer une
séance, c'est la Chambre qui peut le faire. Deuxièmement, il y a
le gouvernement qui peut, avec sa majorité, décider que le
comité va siéger. Troisièmement, il y a l'article 409.
Les trois façons sont également légales, tout le
monde étant sur le même pied. Nous avons décidé
d'utiliser l'article 409 pour fixer la date de la réunion suivante.
C'est ce matin. Jusque là, M. le Président, qu'est-ce que nous
avons fait d'illégal? Il y a eu un rapport présenté en
Chambre. Que sont ces rapports-là? Comme tous les autres rapports de
tous les comités, c'est le comité qui fait rapport à la
Chambre de ses travaux, et le rapport est reçu pour fins d'archives.
Qu'est-ce qui serait arrivé, M. le Président, si on avait
voté contre le rapport et que nous aurions réussi à le
faire renvoyer? Est-ce que, rétroactivement, le jeudi
précédent, le comité n'aurait pas été
ajourné et qu'il aurait fallu inscrire dans les livres que le
comité, en dépit de son ajournement, avait continué
à siéger parce que le Parlement avait refusé le rapport?
Vous voyez l'illogisme complet d'une telle proposition.
La Chambre reçoit les rapports des comités. C'est un
document qui est déposé. C'est tellement vrai que le
règlement qu'on a cité à droite et à gauche dit que
le rapport, s'il ne contient pas de propositions majeures, est tout simplement
reçu par la Chambre. Le rapport a été reçu et la
Chambre est informée que le comité s'est ajourné «
sine die ». Pas plus que cela. Qu'est-ce qui serait arrivé si le
rapport avait été rejeté? Je pose la question au premier
ministre et il pourra y répondre tantôt. Est-ce que cela aurait
changé quelque chose à la décision? Est-ce que c'est la
Chambre qui ajourne les comités ou si ce sont les comités
eux-mêmes qui s'ajournent ou ne s'ajournent pas? Qu'est-ce que nous
allons faire ce matin? J'imagine que, dans quelques minutes, le premier
ministre propose de nouveau que nous ajour-
nions « sine die ». Nous monterons en Chambre cet
après-midi, et le rapport sera proposé. On le fera inscrire au
feuilleton et on le discutera dans deux jours. On le rejettera. La Chambre
change d'idée et rejette le rapport. Conclu-ra-t-on que le comité
ne sera pas ajourné le matin?
M. le Président, je vous prierais d'examiner cette
procédure. Les comités sont maîtres de leurs
décisions. Ils siègent, s'ajournent, font rapport. La Chambre
reçoit ces rapports et nous avons, nous, membres du comité, tenu
une procédure prévue pour fixer la date de réunion, c'est
ce matin.
Nous sommes en séance, à moins que le premier ministre
n'utilise sa majorité pour nous dires Vous êtes en séance
et vous ne travaillerez pas! Cela, c'est son droit. Il prendra ses
responsabilités tout à l'heure, pas en « temps et lieu
», dans quelques minutes. Il prendra la responsabilité de dire au
comité; Vous avez utilisé l'article 409. Vous vous êtes
réunis, mais vous ne travaillerez pas. Nous allons vous faire ajourner
avant même que vous ayez dit ce que vous avez à dire.
Il va le faire sur quelle base? En disant que le travail du
comité était fini? M. le Président, au moment où
nous nous ajournions, il y avait un membre du comité, M. Lefebvre, qui
demandait la parole. Est-ce que nous pouvons présumer, à ce
moment-là, que le travail était fini? Il l'a tellement
demandée qu'il l'a redemandée ce matin, en prétendant que
nous lui avions imposé le bâillon. C'est son expression à
lui et je ne veux pas m'engager dans des débats de procédure.
Disons que nous l'avons empêché de parler. Et nous allons
prétendre ce matin que le travail était fini? Peut-être
fini pour le gouvernement, mais quand est-ce que le travail d'un comité
est fini? Quand le gouvernement décide que c'est fini ou quand tout le
monde, à son gré, à l'intérieur des limites qui
sont prévues par notre règlement, c'est-à-dire une heure
par député, a exprimé son opinion? Donc, le travail
n'était pas terminé. L'argument du premier ministre ne tient
pas.
Troisièmement, le mandat du comité tel que décrit
par la Chambre, je veux bien que nous le lisions, que nous le relisions, que
nous l'expliquions, que nous le disséquions. Il y a un article du
règlement qui est très clair. Personne encore du
côté du gouvernement... Je vois que M. le député de
Maskinongé me regarde, il va probablement le citer. Je pense que c'est
l'article 405, de mémoire, M. le Président...
M. PAUL: C'est cela.
M. LAPORTE: ... qui dit qu'un comité permanent n'est pas
lié par le mandat qui est donné par la Chambre. Il peut discuter
de tout ce qui relève de lui. Alors...
M. PAUL: C'est l'article 465.
M. LAPORTE: L'article 465? Vous voyez, M. le Président, si tout
le monde le connaît, je n'aurai pas de misère à le faire
accepter tout à l'heure.
M. le Président, le travail n'était pas terminé.
Ensuite, nous avons le droit de discuter devant ce comité de toute
question qui relève de notre juridiction. Enfin, ce n'est pas la Chambre
qui autorise un comité à s'ajourner. C'est le comité
lui-même. Autrement, je vais faire un amendement à la proposition
que fera le premier ministre, et je vais dire: Reportons cela à la
Chambre, c'est elle qui va décider si nous ajournons ou si nous
n'ajournons pas. Mais quand on aura voté en haut...
M. BELLEMARE: Cela ne se rendra pas.
M. LAPORTE: Cela ne se rendra pas. Voyez-vous, M. le Président,
où cela se rend-il?
M. BELLEMARE: Parce que le règlement est fait pour vous, pour
nous, pour tout le monde.
M. LAPORTE: Oui, c'est le guide.
M. BELLEMARE: C'est le guide des travaux parlementaires.
M. LAPORTE: C'est cela.
M. BELLEMARE: Si nous ne voulons pas nous en occuper, laissons-le de
côté et allons à un « free for all ». Cela va
être joli par bout.
M. LAPORTE: C'est cela. Alors je pose la question au ministre du Travail
si ce matin on décide...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAPORTE: Je veux poser une question à...
M. BELLEMARE: Si le système n'est pas bon,
démolissons-le.
M. LAPORTE: M. le Président, le ministre du Travail dit: «
Si le système n'est pas bon,
démolissons-le. » On est en train de le démolir, le
système. Cela fait une heure et quatre minutes.
M. BELLEMARE: Il ya des moyens pour démolir le
système.
M. LAPORTE: M. le Président, je propose, devant ce comité,
que M. Jean-Paul Lefebvre exprime son point de vue sur la politique salariale
du gouvernement et ses conséquences actuelles. Deuxièmement, je
propose que moi et peut-être que le député de
Maisonneuve voudra faire la même chose, je ne sais pas si le
député de Saint-Hyacinthe est ici, il voudrait faire la
même chose je propose que les deux moi, je vais le faire,
j'ai pris des notes, M. le Président, je suis allé à la
négociation, je voudrais, à ce comité, faire rapport de ce
qui s'est dit. Pour le plaisir de le faire? Non, M. le Président. On a
dit un jour devant ce comité... Je suis étonné et
déçu qu'il n'y ait pas un gars, ce matin, des
négociateurs.
M. MASSE: Ils négocient ce matin.
M. LAPORTE: Ils négocient? D'accord. J'accepte cette
explication.
M. MASSE: Bon.
M. LAPORTE: M. le Président, des choses se sont passé
devant ce comité et elles ont fait progresser le travail. Le ministre a
dit: On a offert $300 qui ont été refusés par les
syndicats. Je veux expliquer le rôle du comité, dire comment il
peut être utile. On a dit: Non, ce n'est pas cela, c'est autre chose. Les
deux parties ont donné l'explication et on a eu la vérité.
En fait il avait été question vaguement d'offrir $300, mais cela
n'avait pas été offert officiellement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAPORTE: Non, M. le Président, je prétends que je suis
dans l'ordre. Je dis quel peut être le rôle de ce comité et
pourquoi nous voudrions continuer. Je veux parler ce matin, moi, à ce
comité, d'une chose qui a été dite à nous: la
souplesse du gouvernement. La souplesse des négociateurs, est-ce vrai ou
pas vrai?
Le comité a le droit de savoir cela.
Je veux réciter ce qui s'est dit à la négociation.
Où est la souplesse du gouvernement? Peut-être que le ministre va
nous donner des explications.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous voulez vous engager sur le fond ou si
vous préférez vous en tenir à la procédure?
M. LAPORTE: Si vous me le permettez, je vais m'engager tout de suite sur
le fond.
M. LE PRESIDENT: Alors, si vous voulez vous engager sur le fond, il
faudra attendre...
M. LAPORTE; Alors, M. le Président, pour ces raisons, je juge que
ce débat de procédure, ce matin, est malheureux, qu'il est
inutile et qu'il n'a qu'un but. Là, je vais prêter de mes
intentions au gouvernement, il n'a qu'un seul but, c'est de nous
empêcher, ce matin, de continuer l'étude...
M. MASSE: Ah, M. le Président! DES VOIX: Ah, ah!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
Je remarque, que M. Laporte voudrait qu'on donne beaucoup de
publicité dans les journaux à cette heure que nous venons de
perdre. Mais j'ai été témoin...
M. LAPORTE: J'ai fait deux propositions: que M. Lefebvre soit
autorisé à parler ainsi que moi-même. J'ai un rapport
à faire à ce comité. Tous les autres membres qui voudront
se faire entendre...
M. BERTRAND: C'est une question de procédure.
M. LE PRESIDENT: Alors, Je le regrette avec vous, moi aussi, mais ce
n'est pas la première fois que je suis témoin que nous perdons
des heures sur la procédure; je suis le premier à regretter qu'on
s'arrête sur des choses enfantines.
M. LAPORTE: Je prends note...
M. LE PRESIDENT: M. le député de Maskinongé.
M. LESAGE: Est-ce que je pourrais demander au député de
Maskinongé s'il va nous faire un acrostiche avec la lettre P pour
procédure?
M. PAUL: Je constate qu'il y a trop de yo-yo satiriques.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. PAUL: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: M. Paul.
M. PAUL: J'ai écouté avec beaucoup d'intérêt
les remarques de l'honorable député de Chambly sur notre
système de procédure parlementaire, sur notre règlement.
Vous me permettrez de différer quelque peu d'opinion avec lui sur le
point précis dont nous sommes saisis ce matin.
L'honorable député de Chambly a rappelé que, jeudi
dernier, le comité s'est ajourné « sine die ». A ce
moment-là, celui qui présidait les délibérations du
comité se trouvait lié par les dispositions de l'article 438 de
notre règlement où il est dit que dès qu'un comité
spécial a terminé l'examen de l'affaire qui lui a
été renvoyée, il doit faire un rapport à la
Chambre.
Dès ce moment-là, M. le Président, il incombait
à votre prédécesseur de soumettre pour approbation par
l'Assemblée législative, par la Chambre, le rapport adopté
par le comité. C'est ce qui fut fait! Ensuite, les honorables
députés de l'Opposition ont jugé bon de se
prévaloir de l'article 409 pour convoquer le comité.
C'était leur droit et, comme le disait tout à l'heure l'honorable
député de Chambly, trois moyens étaient possibles pour
convoquer la séance de ce matin.
Mais là où nous sommes un peu emprisonnés par nos
délibérations ou par celles que l'on voudrait peut-être
tenir, c'est qu'hier la Chambre s'est prononcée sur un rapport. Si je me
réfère au procès-verbal de mardi, je vois que
l'étude proposée à la Chambre à ce moment-là
était: l'adoption d'un rapport du comité à
caractère industriel ou commercial.
C'était un rapport que nous devions adopter en Chambre. J'abonde
dans le sens des remarques du député de Chambly quand il nous
réfère à l'article 465 à l'effet que le
comité est maître de sa procédure et qu'il peut même,
de consentement, élargir les cadres de son mandat.
Mais nous ne pouvons ce matin, M. le Président, adopter ou nous
prévaloir des dispositions de cet article parce que la Chambre, hier, a
disposé définitivement du travail du comité que nous
tenons ce matin.
M. LAPORTE: Est-ce que je pourrais vous poser une question?
M. PAUL: Certainement.
M. LAPORTE: Est-ce que le député veut dire que d'aucune
espèce de façon le comité ne pourra siéger de
nouveau pendant la session actuelle?
M. PAUL: Non, absolument pas.
M. LAPORTE: Ce n'est pas ça qu'il veut dire?
M. PAUL: Sur ce point donné...
M. LAPORTE: Ah! Il peut siéger? De quelle façon?
M. PAUL: Oui, au sujet de quoi?
M. LAPORTE: Du comité de ce matin.
M. PAUL: Nous soumettons respectueusement, M. le Président
et malheureusement c'est la procédure qui le veut...
M. LAPORTE: Oui, oui, mais je veux...
M. PAUL: ... que nous ne pouvons pas nous attaquer de nouveau à
un problème ou discuter d'une situation dont la Chambre a
disposé, et alors que la Chambre a adopté un rapport final sur le
sujet.
M. LEFEBVRE: De consentement des deux côtés...
M. MASSE : Un rapport final. M. PAUL: Final.
M. LAPORTE: Est-ce que je dois comprendre que le premier jour où
le comité a siégé j'imagine là
j'enlève la bonne foi pour fin de discussion qu'à la
première minute où le comité serait réuni, le
premier ministre ou un autre se serait levé pour dire: M. le
Président, je propose que le comité ajourne « sine die
» la majorité vote et c'est adopté par la Chambre et nous
ne pouvons plus parler de la question qui n'a jamais été
discutée?
M. PAUL: Nous avons eu trente heures de délibérations,
nous avons eu neuf séances et je crois que la question telle que
posée par mon honorable ami ne mérite même pas de
réponse parce que c'est ridicule vouloir...
M. LAPORTE: Expliquez-moi comment M. Lefebvre peut être convaincu
que le travail est terminé?
M. PAUL: Je n'ai pas à convaincre mon honorable ami d'en face, le
député d'Ahuntsic. Une chose est certaine, c'est qu'hier il
aurait eu l'avantage et l'occasion, avant l'adoption du rapport, de nous
présenter les arguments qu'il avait l'intention de nous offrir ce matin.
C'était son droit et il ne l'a pas fait.
M. LEFEBVRE: Cela ne trompe personne.
M. LAPORTE: En vertu de quoi le travail du comité était-il
terminé lorsque M. Lefebvre lui-même demandait la parole à
l'ajournement? Son droit de parole lui a été enlevé par
une proposition d'ajournement du premier ministre.
M. PAUL: M. le Président, jeudi dernier, le comité, par
vote majoritaire, a décidé de suspendre ses
délibérations et d'ajourner « sine die ». C'est par
vote majoritaire que le comité a ajourné ses
délibérations « sine die ». Mais à ce
moment-là, M. le Président, la Chambre n'avait pas disposé
définitivement du rapport du comité. Si l'honorable
député de Chambly, ce matin, nous disait: Bien voici M. le
Président, nous pourrions revenir sur le sujet, nous pourrions en vertu
de 465, revenir sur la question, la débattre de nouveau au fond, je
dirais peut-être que nous pourrions en disposer et accepter sa
proposition.
Mais je soumets respectueusement qu'à ce moment-ci nous ne
pouvons plus parce que la Chambre a disposé de la question du rapport
qui lui a été soumis et que nous ne pouvons plus continuer
à étudier cette question parce que nous n'avons plus de mandat
pour le faire. Il nous faudrait qu'en vertu de 476 et 477 la Chambre donne de
nouveau un mandat ou un champ de travail au comité. La Chambre pourrait
en aucun temps nous retourner le même sujet pour discussion ou une
étude et nous le ferions avec plaisir. Mais si nous n'observons pas
certaines règles de procédure qui sont désuètes
nous l'admettons, M. le Président qui devraient être
modernisées, qui devraient être plus effectives, tant que ces
règles ne seront pas adoptées, nous sommes liés par la
procédure. En voulant d'un seul coup de main remettre ou mettre de
côté les règles qui, en certaines circonstances, ne font
pas notre affaire ou adopter en certaines autres circonstances les
règles qui font notre affaire, le travail de notre assemblée et
de nos comités ne pourra se tenir avec logique et efficacité.
Par conséquent, je soumets bien respectueusement que, vu que la
Chambre s'est prononcée hier sur le rapport du comité, nous ne
pouvons pas ce matin nous prévaloir des dispositions de l'article 465.
Au contraire, nous sommes obligés de nous référer aux
articles 476 et 477 et 482, deuxièmement.
M. LE PRESIDENT: M. Choquette.
M. CHOQUETTE: M. le Président, sur la question de
procédure, je pense qu'on perd de vue du côté
gouvernemental l'exposé qui a été fait par le chef de
l'Opposition quand il a inauguré la séance, ce matin, à la
suite de la convocation du comité par cinq députés
libéraux. Et je crois que le chef de l'Opposition, quand il s'est
exprimé dès le début de la séance, a
été parfaitement clair en disant qu'il s'agissait pour le
comité d'examiner la question de la grève de la Régie des
alcools et il a été bien spécifique sur ce sujet-là
depuis l'ajournement du comité, mercredi dernier. Par conséquent,
si on fait abstraction du débat de fond sur l'ensemble de la politique
salariale du gouvernement, si on fait abstraction de cette question-là,
je pense que M. Laporte, député de Chambly, a répondu de
façon satisfaisante au premier ministre sur cette question-là. Il
n'en reste pas moins que la situation aujourd'hui n'est pas la même que
mercredi dernier. Il y a eu des développements depuis mercredi dernier.
Il y a eu des séances à la table des négociations. Des
députés se sont rendus et ont observé ce qui se passait.
Par conséquent, le mandat que le chef de l'Opposition voudrait ni plus
ni moins voir assumer par le comité à l'heure actuelle est
complètement différent de celui qui existait lors des
séances antérieures du comité et qui ont été
ajournées « sine die », mercredi dernier.
Par conséquent, M. le Président, je dis donc que, sur le
plan juridique, sur le plan du mandat que l'on cherche à faire confier
à ce comité, les arguments qui ont été
soulevés par le ministre du Travail et par le député de
Maskinongé, tombent automatiquement. Plus particulièrement le
ministre du Travail a soulevé l'article 474, alinéa 3), qui
défend à un comité d'examiner des instructions ou de
donner à un comité des instructions qui remettent en question une
affaire dont la Chambre a déjà décidé,
définitivement, dans la session en cours.
Or, la Chambre n'a rien décidé sur la question. Elle n'a
au moins pas décidé ce qui s'est passé depuis mercredi.
Par conséquent, la demande du chef de l'Opposition à l'effet que
le comité se saisisse aujourd'hui de ce qui s'est passé depuis
mercredi, me paraît tout à fait légitime.
De plus, l'honorable ministre du Travail a invoqué l'article 458.
Or, l'article 458 dit qu'un
comité ne peut examiner des recommandations qui ont
été faites par un comité spécial. Or le
comité des régies gouvernementales à caractère
commercial et industriel, qui s'est ajourné mercredi, n'a pas
apporté de recommandations. Il a simplement fait rapport de ses
activités jusqu'à mercredi dernier alors qu'il était
ajourné.
Par conséquent, on ne peut pas priver, à l'heure actuelle,
la réunion du comité d'aujourd'hui du droit d'examiner ce qui
s'est passé mercredi. Je pense qu'à ce point de vue-là
même le député de Maskinongé n'a pas réussi,
avec la subtilité légale qu'on lui reconnaît en Chambre et
en comité, à passer à côté de cette question
de fait. Je pense qu'il y a tout intérêt à ce que les
membres du comité et les députés de la Chambre, qui sont
ici, prennent connaissance de ce qui s'est fait dans les séances de
négociations depuis mercredi dernier. On ne peut quand même pas
dire que, mercredi dernier, le comité avait déjà
décidé ou jeudi dernier, ou mercredi dernier, disons
le comité des régies gouvernementales à
caractère industriel et commercial avait déjà
décidé ou enfin avait déjà fait des recommandations
ou avait déjà étudié ce qui était pour se
passer dans les jours suivants.
Or, il s'est passé des choses dans les jours suivants. La
situation aujourd'hui ne se présente pas du tout comme elle se
présentait mercredi ou jeudi dernier. Par conséquent, sur le plan
de la procédure, le comité actuel n'est pas du tout
empêché ou privé du droit d'examiner ce qui s'est
passé dans les derniers jours.
C'était la demande, du chef de l'Opposition, ce matin, quand il
s'est exprimé au début de la séance. Alors, je ne vois pas
comment, au point de vue de la procédure, on peut invoquer des articles
qui feraient obstacle à cet examen, par le comité, des
événements qui ont eu lieu depuis que le comité s'est
ajourné, la semaine dernière.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Choquette. M. Gabias.
M. GABIAS: Je voudrais ajouter quelques mots aux nombreux qui ont
été prononcés, autant par les ministériels que par
les membres de l'Opposition.
Je crois, qu'il est très important que nous remontions à
la source de la convocation des comités qui siègent. C'est le
chef de l'Opposition qui a soulevé, en Chambre, cette question des
difficultés éprouvées dans les négociations entre
la Régie des alcools et ses employés. Dès que le chef de
l'Opposition eut soulevé, en Chambre, cette question, qui était
connue de tout le monde, le chef du gouvernement n'a pas hésité
à convoquer le comité à caractère industriel et
commercial. C'est un comité permanent. La question posée par le
chef de l'Opposition a été soumise au comité permanent qui
siège présentement. Les séances se sont
déroulées pour que le gouvernement fasse connaître sa
politique salariale. La semaine dernière, le comité, par voix
majoritaire, a fait en sorte qu'il soit ajourné « sine die »
après avoir tenu neuf séances. Un rapport a été
fait.
Dès que le rapport eut été déposé,
cinq membres du comité, comme ils en avaient le droit, ont
demandé que de nouveau, le comité se réunisse ce matin,
sans mentionner les fins de la réunion. Et cela se comprend, M. le
Président. Pourquoi l'Opposition n'a-t-elle pas indiqué les fins
pour lesquelles et cela, c'est vendredi dernier pourquoi
n'a-t-elle pas indiqué, dans l'avis de convocation, la raison de la
réunion?
M. CHOQUETTE: Vous contredisez le ministre du Travail?
M. GABIAS: On n'a pas indiqué dans l'avis pourquoi on voulait
réunir le comité. Et cela, c'est vendredi dernier.
M. LAPORTE: Vous êtes rendu à la culture des fraises!
M. GABIAS: Vous avez cultivé des pommes de terre tantôt et
je ne vous ai pas empêché de le faire.
Hier, après que les cinq membres du comité eurent
donné leur avis, le rapport a été adopté à
l'unanimité.
A ce moment, les membres de l'Opposition savaient que nous votions sur
l'adoption du rapport. A ce moment, les membres de l'Opposition savaient que le
député d'Ahuntsic n'avait pas parlé. Est-ce que je dois
conclure que les membres de l'Opposition ne voulaient pas entendre M. le
député d'Ahuntsic?
UNE VOIX: Ecoutez!
M. LAPORTE: C'est fort! M. GABIAS: A l'unanimité...
M. CHOQUETTE: Allez raconter cela dans Bagot!
M. GABIAS: A l'unanimité! est-ce qu'on a profité du
fait...
M. LAPORTE: Oui, oui, on a surveillé cela.
M. GABIAS: Est-ce qu'on a profité de l'absence du
député d'Ahuntsic pour adopter à l'unanimité le
rapport sachant...
M. LAPORTE: Inutile d'insister: c'était pour cela.
M. GABIAS: C'était pour ça? C'est un aveu...
M. LEFEBVRE: La nuit, est-ce que vous avez parfois des visions?
M. GABIAS: Non, mais ce matin, par exemple...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. GABIAS: Ce matin, le député d'Ahuntsic, nous a
donné la preuve que lui avait des visions, par exemple, parce qu'il
s'est réveillé en retard! Il s'est réveillé une
journée trop tard, M. le Président. C'est hier qu'il aurait
dû faire valoir ses privilèges de député alors que
la Chambre adoptait à l'unanimité le rapport.
Le député de Chambly savait également, en votant
pour l'adoption du rapport, que cela lui enlevait le droit ou le
privilège de se faire entendre sur ce qu'il a vu et entendu au cours des
négociations. Et il a voté pour cela, M. le Président!
M. LAPORTE: Dites-moi donc ce que cela aurait fait si nous avions
voté contre? Le rapport aurait été voté quand
même par la Chambre. Qu'est-ce que cela aurait changé?
M. GABIAS: Cela n'aurait rien changé.
M. LAPORTE: Dites-nous ça!... Alors, assoyez-vous donc.
M. GABIAS: M. le Président, cela n'aurait rien changé,
c'est vrai. Mais c'est le règlement qui veut cela! C'est le
règlement qui veut que la majorité...
M. LAPORTE: Dites-moi où? Quel règlement?
M. GABIAS: Le règlement en général. Lorsqu'un vote
est pris en Chambre, le député de Chambly doit savoir cela
il y a sept ou huit ans qu'il est en Chambre il doit savoir ce qui
conduit, ce qui régente...
M. LAPORTE: Je voudrais que vous me di- siez si vous le savez, vous?
Expliquez-moi en vertu de quel règlement?
DES VOIX: A l'ordre!
M. GABIAS: C'est le règlement qui veut que la majorité, en
Chambre, décide d'une question. Or, le rapport a été
présenté et la majorité aurait pu l'adopter. Mais non
seulement cela a été avec une majorité numérique
mais cela a été à l'unanimité, M. le
député de Chambly.
Et ces gens, hier, qui ont adopté en Chambre le rapport, ces gens
qui savaient, qui devaient savoir les conséquences d'une telle adoption,
viennent se plaindre ce matin. Et ils savaient, à ce moment-là,
que le comité avait été convoqué par cinq de leurs
membres. Je dis, M. le Président: Ou les règlements
prévalent et doivent être connus par les membres de l'Opposition
ou les règlements ne veulent plus rien dire.
Je crois que le comité, ce matin, est devant un de ces cas qui
nous permet de déceler une faiblesse dans nos règlements. Nous
parlons depuis des années d'amender les règlements, de les
modifier. Cette faiblesse, il faut l'accepter comme nous l'avons
acceptée dans le passé, comme le parlementarisme l'a
acceptée. De bonne grâce, ce matin, les députés de
l'Opposition reconnaissent que les règlements sont encore en vigueur et
qu'ils doivent se soumettre aux conséquences de l'application de ces
règlements.
M. LAPORTE: M. le Président, laissez-moi vous dire... Pour fin de
discussion, j'admets qu'il y ait une faiblesse dans notre règlement.
Il est toujours loisible à ce comité de décider
unanimement de siéger, et c'est une proposition que nous pouvons faire.
Siégeons, travaillons, plutôt que de nous appuyer sur la faiblesse
du règlement.
M. GABIAS: Nous pouvons le décider unanimement. Nous
l'avons...
M. BERTRAND: M. le Président...
M. LAPORTE: Moi, je n'ai pas de décision sur cela, M. le
Président?
M. BERTRAND: Un instant.
M. LAPORTE: Je suggère que ce comité passe outre à
toutes les questions de procédure...
M. LE PRESIDENT: M. Bertrand a la parole.
M. LAPORTE: Ah, pardon!
M. BERTRAND: M. le Président, Je propose que le comité des
régies gouvernementales à caractère industriel et
commercial soit convoqué pour le vendredi matin 6 décembre 1968,
à dix heures de l'avant-midi, pour le mandat qui lui avait
été confié au début: la politique salariale globale
du gouvernement et ses incidences sur la grève de la Régie des
alcools du Québec, espérant que, d'ici ce temps-là, les
négociations vont se poursuivre et que la grève sera
réglée.
M. LESAGE: M. le Président, je continue de croire que le
comité devrait siéger ce matin.
Il est clair que le gouvernement, par la bouche de son chef, vient de
faire une proposition qui est de nature à tuer le comité. Je me
sers d'une expression reconnue : « A tuer le comité ». En
effet, il est fort possible que le vendredi 6 décembre la session soit
prorogée. Je crois, je continue de croire que ce comité peut
discuter d'une façon très utile de l'application de la politique
salariale à la grève en cours à la Régie des
alcools du Québec. Je continue de croire que nous devrions obtenir
dès ce matin l'opinion de M. Lefebvre, un rapport de M. Laporte et des
autres députés qui ont assisté aux séances de
négociations, vendredi dernier. Je continue de croire, M. le
Président, qu'il serait extrêmement important que M. Masse
réponde aux questions que j'avais posées mercredi dernier quant
à l'identification des zones ou des points précis sur lesquels
les négociateurs ont mandat d'exercer souplesse et flexibilité.
Je crois que le ministre devrait nous donner ce matin les explications que je
lui ai demandées mercredi dernier. Je les ai revouvelées en
Chambre hier matin. Il est clair que le gouvernement refuse de répondre.
Je continue de croire que, lorsque ce comité a siégé
auparavant, il a contribué, par ses travaux, à l'entente
intervenue en particulier sur la clause de sécurité d'emploi et
sur les clauses normatives. Je continue de croire que si le comité
discutait ce matin, continuait de discuter, il apporterait une contribution
valable à une entente qui pourrait être plus rapide sur les
clauses salariales.
Je répète qu'il est clair que le gouvernement, par la voix
de son chef, vient de nous laisser entendre, nous laisser voir d'une
façon fulgurante, je crois, qu'on a décidé de nous faire
taire.
Eh bien, M. le Président, je suggère je ne veux pas
faire de proposition à ce moment-ci, je reprendrai les propositions
je crois que nous ne devons pas dès maintenant nous geler dans
une décision qui porterait inévitablement, sans retour, la
prochaine réunion de ce comité au 6 décembre. Même
si le gouvernement veut continuer d'utiliser sa majorité pour nous
empêcher de parler, il pourra certainement le faire, mercredi prochain,
le 27 novembre...
M. BERTRAND: Le 27.
M. LESAGE: ... mais, supposons, par exemple, que tout le monde soit
d'accord qu'il serait extrêmement utile que mercredi prochain... je suis
bien obligé de partir du fait que le gouvernement a décidé
de ne laisser parler personne ce matin. Alors, si nous convenions, la semaine
prochaine, à la lumière des événements qui se
seront déroulés d'ici là, qu'il serait bon que nous ayons
une discussion au comité, je ne voudrais pas que nous soyons tous dans
la position où nous regretterions d'avoir pris à l'avance la
décision de ne pas pouvoir apporter cette contribution.
De toute façon, si le gouvernement ne veut pas que nous
siégions même mercredi prochain je pense que,
là-dessus, le premier ministre devrait réfléchir
subsidiairement, si le gouvernement tient absolument à une proposition
de siéger le 5 décembre...
UNE VOIX: Le 6 décembre.
M. LESAGE: Le 6 décembre, eh bien alors, que le comité
demande à son président, dans son rapport, de demander à
la Chambre le pouvoir de siéger après la prorogation.
M. BERTRAND: M. le Président, je constate que le chef de
l'Opposition a dit que nous avions voulu les empêcher de parler. Vous
aurez tous constaté qu'au moment même où il disait cela,
d'abord il parlait...
M. LESAGE: Oui, sur la procédure.
UNE VOIX: Depuis une heure trente-cinq.
M. BERTRAND: Il a parlé comme tous ses collègues. Ils se
sont exprimés.
M. LESAGE: Oui, sur la procédure.
M. BERTRAND: J'ai formulé une proposition voulant que le
comité soit de nouveau convoqué pour le vendredi 6
décembre 1968 à 10 heures du matin.
M. LAPORTE: M. le Président, je voudrais dire un mot sur cette
proposition d'ajourné-
ment. Est-ce que je dois comprendre que c'est le premier ministre ou que
ce sont les membres de la majorité qui vont maintenant décider
quand nous aurons assez parlé?
M. BERTRAND: Non, non. Je répondais à une remarque qui
avait été faite.
M. LAPORTE: C'est ça, vous avez répondu à cette
remarque en disant: Vous avez parlé tant que vous avez pu! Nous avons
siégé neuf fois.
M. le Président, je ne crois pas que le premier ministre veuille
donner à cette province l'impression que c'est lui ou sa majorité
qui vont à l'avenir mesurer le temps au cours duquel les
députés de l'Opposition vont s'exprimer.
M. BERTRAND: J'ai constaté que vous aviez quand même
parlé. Pourquoi aller dire que vous n'avez pas parlé?
M. LESAGE: Sur la procédure.
M. LAPORTE: Non! Nous n'avons pas parlé, nous n'avons pas fini de
dire ce que nous avons à dire; ça, c'est un droit de
l'Opposition...
M. ALLARD: Vous l'avez répété quinze fois...
M. LAPORTE: Je réclame ici le droit qu'a l'Opposition de parler.
Je voudrais faire remarquer à l'opinion publique que, par la proposition
du premier ministre, l'on nous ferme toutes les avenues possibles.
M. MASSE: A l'ordre! M. le Président?
M. LAPORTE: Comment, à l'ordre! M. le Président? Parce que
le ministre...
UNE VOIX: A l'ordre, à l'ordre!
M. LEFEBVRE: Nous vous avons écoutés et nous sommes
saturés.
M. MASSE: Contrairement à ce que vient de dire le
député de Chambly, nous sommes parfaitement conscients que nous
faisons une réunion supplémentaire, nous la proposons...
M. LAPORTE: M. le Président!... Vous parlerez après. J'ai
la parole. J'ai dit que je voudrais que l'opinion publique soit consciente du
fait que l'on nous ferme absolument toutes les avenues réglementaires
pour discuter de cette question-là.
M. MASSE: Non, non, non.
M. LAPORTE: La semaine dernière, le gouvernement a pris un
premier moyen pour à notre avis je vais différer d'opinion
avec le gouvernement nous priver de notre droit de continuer à
discuter de cette question-là. Il a eu recours à l'ajournement
« sine die ». Partant de l'ajournement « sine die »
nous avons, nous, utilisé le règlement pour que cinq
députés convoquent le comité.
Or, sans même que nous ayons eu une minute pour exprimer les
idées que nous avions encore à exprimer, le gouvernement propose
maintenant un ajournement au 6 décembre, ce qui veut dire que nous
n'avons plus de motions de censure en Chambre; le budget est voté.
Les motions d'urgence nous ont été refusées sur
cette question, et nous ne pouvons pas y revenir deux fois. L'ajournement
« sine die » nous permettait d'utiliser l'article 409. On nous
prive de l'article 409. Il n'y a plus aucun moyen de discuter de cela. C'est
fini. Je veux dire à ce comité encore et vous en tirerez
la conclusion que vous voudrez que le 6 décembre, c'est deux
jours apris le 4, le surlendemain des élections dans Bagot et dans
Notre-Dame-de-Grâce. Je dis que le gouvernement veut nous priver, nous,
parce qu'il ne veut pas que nous discutions du droit de discuter publiquement
de ces questions-là, pendant qu'il y a deux élections importantes
en cours.
M. BERTRAND: Voyons, que faites-vous dans Bagot?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAPORTE: M. le Président, voici ce que je veux proposer en
amendement: il y a eu une question de procédure qui a été
longuement discutée ce matin à savoir si ce comité a le
droit de siéger en dépit de la motion qui a été
adoptée à ce comité et qui a été ensuite
entérinée par la Chambre. Plusieurs députés se sont
exprimés. Vous n'avez pas vous-même, jusqu'ici, M. le
Président, exprimé votre opinion ni demandé que nous nous
prononcions. Alors, je demande, en amendement à la proposition de
premier ministre, qu'en vertu de l'article 426 de notre règlement, vous
référiez au président de l'Assemblée
législative, dès cet après-midi, le problème de
savoir si ce comité est autorisé à siéger ou s'il
ne l'est pas et que votre rapport contienne une mention à l'effet que
vous demandez au président de l'Assemblée législative des
instructions sur la validité de la réunion que nous avions
convoquée ce matin.
Si vous voulez, M. le Président mais vous le savez
déjà sans doute vérifier à l'article 67,
paragraphe 3, vous verrez que le président, dans ces cas-là, est
autorisé à faire des recommandations, à nous donner son
avis. M. le Président, c'est la suggestion que je fais, que le
président soit invité à se prononcer sur la question
d'ordre qui nous a été longuement expliquée ce matin.
M. BERTRAND: Alors, M. le Président, nous votons sur
l'amendement?
M. LESAGE: C'est le premier amendement. M. LE PRESIDENT: A savoir?
M. BERTRAND: Que la question soit référée au
président de l'Assemblée pour instruction à savoir si nous
pouvons siéger?
M. LE PRESIDENT; Quels sont ceux qui sont en faveur de l'amendement de
M. Laporte? M. Allard?
M. ALLARD: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Bellemare?
M. BELLEMARE: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Bertrand.
M. BERTRAND: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Bourassa?
M. BOURASSA: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Choquette? Pardon? Pour ou contre?
M. CHOQUETTE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Cloutier?
M. CLOUTIER: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Gabias?
M. GABIAS: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Gosselin?
M. GOSSELIN: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Bergeron?
M. BERGERON: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Lafrance?
M. LAFRANCE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Laporte?
M.LAPORTE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Lefebvre?
M.LEFEBVRE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Lesage?
M. LESAGE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Léveillé?
M. LEVEILLE: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Lévesque?
M. LEVESQUE: ...
M. LE PRESIDENT: M. Loubier?
M. LOUBIER: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Masse?
M. MASSE: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Paul?
M. PAUL: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Pinard?
M. PINARD: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Séguin?
M. SEGUIN: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Vaillancourt?
M. VAILLANCOURT: Pour.
M. LE PRESIDENT: Alors, 10 contre 9; l'amendement de M. Laporte est
rejeté.
UNE VOIX: Quel est le vote?
M. BERTRAND: Alors, la proposition principale.
M. LE PRESIDENT: 10 contre 9.
M. LESAGE: Un instant! Avant la proposition principale, je voudrais
proposer l'amendement, qui suit; « Que l'on ajoute à la motion les
mots suivants à la motion d'ajournement «
Après que ce comité aura entendu le député
d'Ahuntsic de même que le député de Chambly ce
dernier devant faire rapport au comité de la marche des
négociations à la Régie des alcools... »
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on a bien entendu l'amendement de M.
Laporte.
M. LAPORTE: M. le Président, pour être bien clair,
l'amendement du chef de l'Opposition est à l'effet que la proposition du
premier ministre d'ajourner le comité au 6 décembre soit
amendée pour y ajouter que l'ajournement aura lieu seulement
après que le député d'Ahuntsic, M. Lefebvre, aura
exprimé son avis et, deuxièmement, lorsque moi-même aurai
fait rapport de la marche des négociations.
M. BERTRAND: C'est ça. DES VOIX: Le vote.
M. LE PRESIDENT: Alors, quels sont ceux qui sont pour l'amendement de M.
Lesage? M. Allard?
M. ALLARD: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Bellemare?
M. BELLEMARE: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Bertrand?
M. BERTRAND: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Bourassa?
M. BOURASSA: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Choquette?
M. CHOQUETTE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Cloutier?
M. CLOUTIER: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Gabias?
M. GABIAS: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Gosselin?
M. GOSSELIN: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Bergeron?
M. BERGERON: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Lafrance?
M. LAFRANCE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Laporte?
M. LAPORTE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Lefebvre?
M. LEFEBVRE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Lesage?
M. LESAGE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Léveillé?
M. LEVEILLE: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Loubier?
M. LOUBIER: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Masse?
M. MASSE: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Paul?
M. PAUL: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Pinard?
M. PINARD: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Séguin?
M. SEGUIN: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Vaillancourt?
M. VAILLANCOURT: Pour.
M. LE PRESIDENT: Alors, l'amendement de M. Lesage est rejeté par
11 contre 9. Je voudrais aussi rectifier...
M. LESAGE: Vous ne vous trompez pas en additionnant?
M. LE PRESIDENT: ... le premier vote, tout à l'heure...
M. LESAGE: L'amendement n'est-il pas approuvé 11 contre 9?
M. BERTRAND: Non.
M. LE PRESIDENT: Le premier amendement de M. Laporte avait aussi
été rejeté par 11 contre 9 et non pas par 10 contre
11.
M. BERTRAND: Alors, la motion principale, M. le Président?
M. LE PRESIDENT: Quels sont ceux qui sont pour la motion principale?
M. LAPORTE: Un instant, M. le Président. M. BERTRAND: On n'a pas
d'objection. M. LE PRESIDENT: M. Laporte.
M. LESAGE: Vous voulez faire de la procédure? Nous allons en
faire!
M. BERTRAND: Jusqu'à maintenant, c'est vous qui avez voulu en
faire.
M. LESAGE: Bien voyons!
M. LAPORTE: M. le Président, le premier ministre propose que ce
comité soit ajourné au 6 décembre 1968...
M. LESAGE: II n'a pas dit 1968, et j'ai pu penser que c'était
1969!
M. LAPORTE: C'est peut-être 1969!
M. le Président, les négociations continuent. Il est
possible que ce comité veuille être informé de ce qui se
passe. Je propose que la motion du premier ministre soit amendée en
changeant le chiffre et le mot 6 décembre par le mot et chiffre 27
novembre, c'est-à-dire mercredi prochain.
DES VOIX: Nous prenons le vote.
M. LE PRESIDENT: Alors, vote sur l'amendement de M. Laporte à
l'effet que la date soit changée, du 6 décembre au 27 novembre.
Quels sont ceux qui sont pour l'amendement de M. Laporte? M. Allard?
M. ALLARD: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Bellemare?
M. BELLEMARE: Contre.
M. LESAGE: Nous sommes prêts à admettre que c'est le
même vote.
UNE VOIX: Même vote.
M. LE PRESIDENT: Alors, 9 contre 11.
M. LESAGE: M. le Président,...
M. BERTRAND: Passons à la motion principale.
M. LESAGE: Excusez-moi. UNE VOIX: Un vote.
M. LE PRESIDENT: Alors, la motion principale...
M. LESAGE: Un instant.
UNE VOIX: M. Lévesque, voulez-vous voter?
M. LESAGE: II y a un député qui n'y était pas et
qui vient d'arriver.
M. LE PRESIDENT: M. Lévesque...
UNE VOIX: Viens nous prêter main-forte!
M. LAPORTE; L'amendement c'est au...
UNE VOIX: Viens prêter main-forte au parti libéral.
M. LE PRESIDENT: Alors, c'est le dernier vote: celui de M. Laporte,
à savoir si l'amendement du 6 décembre de M. Bertrand...
M. BERTRAND: Au lieu d'ajourner au 6 décembre,...
M. LE PRESIDENT: ... au lieu de reporter...
M. BERTRAND: ... ajourner au 27 novembre.
M. LE PRESIDENT: ... au 27 novembre. Pour ou contre.
M. LEVESQUE (Laurier): Autrement dit, se réunir de nouveau pour
faire autant de travail utile que ce matin.
M. BERTRAND: C'est ça.
M. LEVESQUE (Laurier): Le plus vite... DES VOIX: C'est ça.
M. BERTRAND: Qu'on a voulu nous faire fairel
M. LESAGE: Et que vous avez refusé de faire!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je demande le vote de M.
Lévesque.
M. LESAGE: Vous êtes dans la procédure. UNE VOIX: II est
contre.
M. LEVESQUE (Laurier): Qu'est-ce que veut dire la date la plus
rapprochée? Pour ou contre? Là, je m'excuse parce que...
M. LE PRESIDENT: Alors,... Je vais faire cette
déduction-là...
M.BERTRAND: La proposition de M. Laporte, c'est pour le 27 novembre.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, pour. M. LESAGE: Pour.
M. LE PRESIDENT: Alors, c'était un vote de 10 contre 11.
M. BERTRAND: De 10 contre 11! Maintenant la motion pricipale.
M. LESAGE: Un instant, j'ai un autre amendement. Je voudrais ajouter,
à la fin de la motion principale, les mots suivants: «
A-près que ce comité aura entendu le ministre d'Etat à la
Fonction publique et M. Marcel Pepin, président de la CSN, faire rapport
au comité sur l'état des négociations. »
DES VOIX: Vote.
M. LESAGE: Bien, il me semble que ce serait raisonnable que nous
puissions au moins faire ça ce matin.
M. LE PRESIDENT: Oui, mais alors la motion...
M. LESAGE: C'est ça, le bâillon.
M. LE PRESIDENT: Alors, nous avons entendu l'amendement de M. Lesage
pour savoir si
M. Masse et Pepin... Alors quels sont ceux qui sont en faveur de
l'amendement de M. Lesage?
M. LE PRESIDENT: M. Allard.
M. ALLARD: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Bellemare.
M. BELLEMARE: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Bertrand.
M. BERTRAND: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Lesage.
M. LESAGE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Choquette.
M. CHOQUETTE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Cloutier.
M. CLOUTIER: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Gabias.
M. GABIAS: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Gosselin.
M. GOSSELIN: Contre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! M. Bergeron.
M. BERGERON: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Lairance.
M. LAFRANCE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Laporte.
M. LAPORTE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Lefebvre.
M. LEFEBVRE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Lesage.
M. LESAGE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Leveillé.
M. LE VEILLE: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Lévesque.
M. LEVESQUE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Loubier.
M. LOUBIER: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Masse.
M. MA.SSE: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Paul.
M. PAUL: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Pinard.
M. PINARD: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Séguin.
M. SEGUIN: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Vaillancourt.
M. VAILLANCOURT: Pour.
M. LE PRESIDENT: Par un vote de 10 contre 11, l'amendement est
rejeté.
M. BERTRAND: La motion principale.
M. LESAGE: Un instant.
M. BERTRAND: En avez-vous un autre?
M. LE PRESIDENT: Il y a des machines à voter!
M. BERTRAND: M. le Président, la motion principale...
M. LESAGE: Comme il est possible que la Chambre soit prorogée le
6 décembre, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu que le comité, par
la bouche de son président, demande à la Chambre le pouvoir de
siéger après la prorogation? Nous n'aurons pas de séances
d'ici le 6 décembre au comité, c'est impossible. Il n'y aura
aucun moyen d'avoir une séance. Alors, est-ce que ce n'est pas une
décision que nous devons prendre ce matin?
M. LAPORTE: On devrait recommander cela dans le rapport.
M. LESAGE: Oui, est-ce que le comité, par la bouche de son
président, ne doitpas demander à la Chambre de lui accorder le
pouvoir de siéger après la prorogation? Si nous sommes
sérieux, je pense que nous devons agir ainsi,,
M. BERTRAND: Les derniers propos du chef de l'Opposition... Si nous
sommes sérieux, M. le Président, j'ai fait une motion pour le 6
décembre 1968.
M. LAPORTE: M. le Président, évidemment que cette autre
suggestion va être rejetée. Vous allez faire rapport à la
Chambre. Est-ce que je puis vous demander, au nom de ce comité, -
à moins qu'on vous l'interdise, ça aussi que votre
comité récite toutes les propositions, tous les amendements qui
ont été suggérés ce matin ainsi que le
résultat qui s'en est suivi afin que la Chambre puisse avoir un rapport
complet de la proposition principale ainsi que des divers amendements qui ont
été proposés et rejetés?
M. LE PRESIDENT: Est-ce que c'est unanime sur le...
M. BERTRAND: M. le Président, j'ai fait une proposition pour que
le comité se réunisse de nouveau le vendredi 6 décembre
1968. C'est une proposition qui est devant la Chambre.
M. LAPORTE: M. le Président, je demande au premier ministre s'il
est d'accord pour que le rapport qui sera fait par le président de ce
comité à la Chambre nous fasse mention de toutes les propositions
qui ont été faites devant ce comité.
M. CHOQUETTE: M. le Président, la demande de vote du ministre
d'Etat montre jusqu'à quel point il ne comprend pas le
règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CHOQUETTE: La demande du député de Chambly est dans le
règlement. Je pense que le premier ministre... Ce serait une
décence élémentaire que ce soit admis du côté
ministériel.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Alors la motion principale se lit comme
suit...
M. GOSSELIN: Il va le dire, le président est...
M. LESAGE: J'ai fait une motion d'amendement, une motion
préalable...
M. LE PRESIDENT: Préalable.
M. LESAGE: ... que le comité demande à la Chambre par la
bouche de son président le pouvoir de siéger après la
prorogation.
M. MASSE: On vote.
M. BERTRAND: On vote.
M. LE PRESIDENT: Alors, sur la proposition de M. Lesage, est-ce qu'elle
est assez claire? Quels sont ceux qui sont en faveur de la motion de M.
Lesage?
M. LE PRESIDENT: M. Allard. M. ALLARD: Quelle motion?
UNE VOIX: Ce n'est pas nécessaire de comprendre.
UNE VOIX: Non.
M. LESAGE: On ne l'avait pas passée, celle-là.
M. ALLARD: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Bellemare.
M. BELLEMARE: Contre.
M. LE PRESIDENT: Contre. M. Bertrand?
M. BERTRAND: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Bourassa?
M. BOURASSA: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Choquette?
M. CHOQUETTE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Cloutier?
M. CLOUTIER: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Gabias?
M. GABIAS: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Gosselin?
M. GOSSELIN: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Bergeron?
M. BERGERON: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Lafrance?
M. LAFRANCE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Laporte?
M. LAPORTE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Lefebvre?
M. LEFEBVRE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Lesage?
M. LESAGE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Léveillé?
M. LEVEILLE: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Lévesque?
M. LEVESQUE (Laurier): Pour ce que ça donne!
M. LESAGE: Bien, c'est ce que je pense, moi aussi,
M. LE PRESIDENT: Je vous considère pour ou contre, M.
Lévesque?
M. LEVESQUE (Laurier): Pour. M. LE PRESIDENT: M. Loubier? M. LOUBIER:
Contre. M. LE PRESIDENT: M. Masse? M. MASSE: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Paul?
M. PAUL: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Pinard?
M. PINARD: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Séguin?
M. SEGUIN: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Vaillancourt? M. VAILLANCOURT: Pour.
M. LE PRESIDENT: Par un vote de 10 contre 11 la motion est
rejettée.
M. BERTRAND: La motion principale, M. le Président?
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on en vient à la motion principale qui
veut que le comité soit ajourné au 6 décembre 1968.
à 10 heures de la matinée? Est-ce que c'est unanime ou s'il y a
vote?
M. LESAGE: II y a vote!
M. LE PRESIDENT: Alors, quels sont ceux qui sont en faveur? M.
Allard?
M. ALLARD: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Bellemare?
M. BELLEMARE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Bertrand?
M. BERTRAND: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Bourassa?
M. BOURASSA: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Choquette?
M. CHOQUETTE: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Cloutier?
M. CLOUTIER: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Gablas?
M. GABIAS: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Gosselin?
M. GOSSELIN: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Bergeron?
M. BERGERON: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Lafrance?
M. LAFRANCE: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Laporte?
M. LAPORTE: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Lefebvre?
M. LEFEBVRE: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Lesage?
M. LESAGE: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Léveillé?
M. LEVEILLE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Lévesque.
M. LEVESQUE (Laurier): Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Loubier?
M. LOUBIER: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Masse?
M. MASSE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Paul?
M. PAUL: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Pinard?
M. PINARD: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Séguin?
M. SEGUIN: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Vaillancourt?
M. VAILLANCOURT: Contre.
M. LE PRESIDENT: Par un vote de 10 contre 11, le comité ajourne
ses travaux au 6 décembre prochain.
(11 h 52)