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Régies gouvernementales
Politique salariale
(Quinze heures trente-six minutes)
M. BERGERON (président du comité): A l'ordre,
messieurs!
M. BERTRAND: M. le Président, j'ai échangé quelques
propos avec M. Pepin, le représentant de la RAQ à la table de
négociations Fer-nand Pepin! L'autre, Marcel est là
et M. Raymond Parent. Si j'ai bien compris, les négociations se sont
poursuivies. Les deux parties seraient désireuses de continuer à
négocier, elles nous demanderaient d'ajourner le comité à
demain dans la matinée ou à demain après-midi. Dans les
circonstances, M. le Président, je propose l'ajournement du
comité à demain. Si l'heure convient le mieux... On m'a
suggéré 3 h 30 demain après-midi. A la condition, bien
entendu, que nous ayons le concours de tous les députés parce que
le mercredi, c'est toujours le jour des députés. Alors, à
ce moment-là, je soumets la proposition aux membres... A moins que l'on
ait d'autres détails à nous fournir....
M. LESAGE: M. le Président, je comprends que le premier ministre
a eu des informations des deux parties. Est-ce qu'il y aurait moyen de savoir
si des progrès ont été faits et dans quelle direction?
Est-ce qu'il ne reste réellement que la question des salaires à
régler?
M. MASSE: A la suite de la réunion du comité
vendredi dernier je crois les parties se sont retrouvées au
ministère du Travail et ont poursuivi les négociations. Ils ont
consacré la fin de semaine à étudier comment dire
ça dans un terme français le parallélisme des
fonctions et l'identité des traitements, c'est-à-dire en termes
de négociations, le « matching». Le comité a fait
rapport, à la table des négociations. Je crois bien qu'il
s'agissait d'un rapport unanime des deux parties sur le résultat de
cette confrontation.
Autour de la table des négociations, on a poursuivi hier,
en fin de journée la négociation et l'on a ajourné
à ce matin, à 10 heures. Depuis ce matin, le groupe de
négociations s'est reformé en comité; on discute
présentement les propositions concernant les traitements,
c'est-à-dire la politique monétaire générale de la
RAQ.
Les deux parties échangent des idées et des propositions.
Selon les informations que nous avons eues de part et d'autre, le travail se
poursuit bien.
Il serait dans l'intérêt des deux parties de les laisser
discuter de ces choses en ajournant le comité à demain. Nous
aurions alors un rapport et, s'il y a lieu, une discussion.
M. LESAGE: Je pense que M. Parent...
M. MASSE: Je pense que cela résume bien la situation.
LE PRESIDENT: M. Parent.
M. MASSE: Est-ce que cela résume le tableau? Non?
M. PARENT: Après la réunion du comité, vendredi
dernier, nous sommes retournés en négociation. Nous avons convenu
de former un comité de travail. Ce comité de travail n'avait pas
pour fonction de négocier. Il avait pour fonction de faire
l'échange de procédés statistiques, de recherches qui
avaient été faites jusqu'à présent par l'une ou
l'autre des deux parties. Il a siégé en fin de semaine; il est
arrivé à un certain nombre de constatations mais n'est
arrivé à aucune conclusion, au sens de la négociation
collective.
Nous avons repris les négociations hier. Nous pouvons dire
maintenant que toutes les questions, sauf les questions monétaires et
des questions très accidentelles de concordance, sont
réglées. Pour les questions monétaires, la position
patronale est demeurée essentiellement la même jusqu'à ce
matin vers dix heures trente, onze heures alors que nous avons
formé un nouveau comité de travail, pour examiner maintenant au
mérite un certain nombre de questions concernant la
rémunération. Nous ne sommes pas plus optimistes qu'il ne le
faut. Mais comme ce comité n'a pas encore terminé son travail,
nous arrivons à la conclusion qu'il faudra peut-être continuer
à explorer certaines nouvelles avenues dans le règlement du
problème. C'est pour cela que, tout à l'heure, j'ai appuyé
l'idée d'ajourner le comité, si cela était possible, pour
que nous continuions à négocier, pour que nous retournions
à la table des négociations. Mais ce n'est pas en fonction de
progrès sensibles qui ont été accomplis] c'est dans
l'espoir qu'il y en ait dans les prochaines 24 heures.
M. LE PRESIDENT: Alors...
M. LESAGE: Sur la question d'ajournement, M. le Président,
certaines choses m'inquiètent. Je suis croyablement informé
je pèse bien ma responsabilité à ce moment-ci
que des spiritueux sont livrés ou, du moins, sont sortis
des entrepôts de la Régie des alcools. Nous avons ici le
président ou le gérant général de la régie;
il me semble qu'il serait normal que nous puissions lui poser des questions en
vue de clarifier cette situation.
M. BERTRAND: M. le Président, avec votre permission, je vais
répondre au chef de l'Opposition que le comité, ici, est un
comité qui a été chargé d'une mission très
spéciale. Elle est bien définie, c'est premièrement celle
de la politique salariale du gouvernement et de ses incidences sur la
grève de la RAQ.
Deuxièmement, le forum où, pour le moment, ces questions
de débit clandestin ou de livraison clandestine ont été
abordées, que cette livraison vienne de l'endroit où le chef de
l'Opposition, sous toute réserve et tenant compte de ses
responsabilités, a voulu dire que cela peut venir, je dois dire que nous
avons une enquête, à l'heure actuelle, sur un problème bien
précis qui ne relève pas du comité ici.
Deuxièmement, quant à l'autre aspect du problème,
ce n'est pas le moment alors que l'on étudie les incidences de la
politique salariale sur la grève de la RAQ, et où les
négociations doivent se poursuivre. Je soumets que ce n'est pas du
ressort du comité, à l'heure actuelle.
M. LESAGE: Je suis certain que le premier ministre a constaté que
je ne cherchais en aucune façon à poursuivre la discussion fort
paisible que nous avons eue ce matin en Chambre concernant la saisie de
spiritueux qui a été faite à Vanier, dans la nuit de
vendredi à samedi, où il semble bien, d'après la
déclaration du premier ministre, qu'il s'agissait d'une livraison de
spiritueux à partir d'une distillerie. Il semble bien.
Je réitère ce que j'ai dit. C'est que je suis croyablement
informé - que le premier ministre veuille bien penser que je ne dirais
pas cela si je n'étais pas croyablement informé par une personne
dont je n'ai aucune raison de douter de la parole que des livraisons se
font à partir des entrepôts de la régie, ou encore, que des
spiritueux sont livrés à des clients aux entrepôts
mêmes de la régie et que cela a certainement une influence sur la
grève elle-même.
Après tout, les employés de la régie ont fait une
grève. Cette grève est efficace pour autant que le commerce des
grands hôtels, etc. je ne veux pas entrer dans les détails
- ne peut se continuer.
S'il se fait des livraisons à partir des entrepôts, cela
change évidemment l'équilibre des forces et il me semble que
c'est tellement rattaché de près à la grève que,
pendant que nous avons ici le président ou le gérant
général, je ne le connais pas, il y aurait lieu, il me semble, de
lui poser des questions bien paisiblement, bien amicalement pour savoir ce
qu'il y a de vrai là-dedans.
M. BERTRAND: M. le Président, je viens de répondre au chef
de l'Opposition qui a utilisé un ton très paisible, il est vrai,
et il parle d'influencer sur la grève. A l'heure actuelle, il y a,
autour de la table, des personnes qui négocient au sujet d'un
problème où il y a des questions monétaires. Quelle que
soit la situation, saisie d'alcool comme nous en avons eue l'autre soir, sous
sa responsabilité, il vient de dire certaines choses.
Moi aussi, je suis croyablement informé de plusieurs choses
il en conviendra au poste que j'occupe. Alors, dans les
circonstances, je soumets tout simplement que ce problème-là,
quelle que soit l'influence que le chef de l'Opposition a voulu donner à
ces événements qui se sont produits ou qui ont pu se produire,
suivant ses propos, ne peut en rien déranger les négociations
à la table, entre les parties. Cela deviendrait un problème tout
à fait différent et c'est un problème tout à fait
différent de celui qui a été référé
au comité pour étude. Alors, dans les circonstances, M. le
Président, je soumets que la proposition d'ajournement du comité
pour permettre aux parties de continuer les négociations, devrait
être agréée.
Quant aux autres problèmes, le chef de l'Opposition dit: Je suis
croyablement bien informé qu'il y aurait de telles choses qui se
seraient produites, que de la boisson aurait pu être livrée en
provenance d'entrepôts de la régie. Sur ces
problèmes-là j'ai déjà, quant à moi,
posé des questions à des personnes en autorité et j'ai
obtenu des réponses absolument négatives. Alors, pour le moment,
pour ne pas d'abord déranger la bonne marche des travaux du
comité et du forum qui a été circonscrit dès le
départ et, ensuite, permettre que les travaux de la table de
négociation se poursuivent, je soumets que la proposition d'ajournement
devrait être acceptée.
M. CHOQUETTE: M. le Président, est-ce que Je peux avoir la
parole. Il ne faut pas oublier que nous sommes devant le comité
parlementaire des régies gouvernementales à caractère
commercial et industriel qui a autorité ou du moins qui a pour fonction
d'examiner le fonctionnement et l'administration des régies
gouvernementales dont la Régie des alcools du Québec. Nous ne
sommes pas devant le comité des relations industrielles. Par
conséquent, je
pense que le chef de l'Opposition a tout à fait raison quand il
déclare que ce comité a entière autorité pour
entendre l'un des officiers de la régie, sur cette question qu'il a
soulevée, la question de la livraison de boissons alcooliques à
partir d'entrepôts de la régie.
Maintenant, je pourrais poser une question au premier ministre. Est-ce
que le premier ministre est en mesure de dire qu'il a donné des
instructions aux autorités de la régie de ne pas livrer d'alcool
à partir des entrepôts de la régie et est-il en mesure
d'affirmer que ses instructions ont été suivies? S'il est
incapable de répondre à ces questions-là dans
l'affirmative, eh bien, je pense qu'il a tout intérêt
lui-même à se faire éclairer pour qu'on mette la question
au clair.
Je crois que l'opinion publique, à l'heure actuelle, a le droit
de le savoir, M. le Président, parce que si ces choses-là ont
été faites, c'est sûr que cela a été fait
clandestinement. Je pense que ce serait priver l'opinion publique de son droit
de savoir comment on a administré les choses à la Régie
des alcools du Québec.
M. BERTRAND: M. le Président...
M. CHOQUETTE: En troisième lieu, M. le Président le
premier ministre pourra me répondre tout à l'heure je
pense qu'il ne faut pas confondre ce dont nous avons entendu parler dans les
journaux et ce dont il a été question en Chambre, ce matin, avec
le problème qui a été soulevé par le chef de
l'Opposition. Ce sont deux problèmes complètement distincts.
Ici, nous voulons avoir une réponse précise par
l'administration actuelle de la Régie des alcools du Québec.
M. BERTRAND: ... lorsque j'ai proposé la motion que j'ai devant
moi, à savoir que le comité des régies gouvernementales
à caractère industriel ou commercial soit convoqué pour
mercredi matin, le 30 octobre et siège de 10 heures à 13 heures
pour étudier la politique salariale globale du gouvernement et ses
incidences sur la grève à la Régie des alcools du
Québec, il y a eu une motion d'amendement qui a été
présentée par M. Laporte à l'effet que la motion que je
proposais soit amendée en lui ajoutant les mots suivants: « Le
comité est autorisé à requérir la comparution de
personnes et la communication de pièces ». La motion d'amendement
de M. Laporte a été battue. La motion principale est
demeurée.
Dans les circonstances, je suis de ceux qui croient que, pour le bon
ordre des travaux parlementaires, nous devons soumettre un problè- me et
nous en tenir à celui-là. Autrement ça peut
dégénérer en des propos absolument
désordonnés et hors de la question qui nous est soumise à
l'heure actuelle.
Dans ce domaine-là, M. le Président, lorsqu'il s'agit de
la régie comme telle, le comité peut siéger s'il y a lieu.
Mais, pour le moment, c'est ce comité sur le problème de la
politique salariale globale du gouvernement et des incidences sur la
grève. Voilà, quant à moi, où je veux laisser le
débat. Le député d'Outremont, me pose des questions. Il
dit: Avez-vous donné des ordres dans ce domaine-là? D'abord la
régie relève du ministre des Finances, la partie commerciale;
ensuite, quant aux autres questions, je n'ai pas à y répondre du
tout aujourd'hui.
M. LESAGE: M. le Président, je voudrais soulever un point de
règlement. Je voudrais rappeler au premier ministre l'article 465 du
règlement de la Chambre qui se lit comme suit: « A l'exception du
comité des privilèges et des élections, du comité
des bills privés en général et du comité des bills
publics en général, les comités permanents peuvent prendre
en considération toutes les matières qui sont de leur
compétence bien que ces matières ne leur aient pas
été spécialement renvoyées par la Chambre.
»
Je voudrais que l'on s'en souvienne et je voudrais bien que le premier
ministre comprenne qu'il ne s'agit pas d'essayer de mettre des bâtons
dans les roues, d'essayer de faire bifurquer la discussion, mais enfin, bien
respectueusement, je crois qu'il se trompe lorsqu'il dit que la livraison de
spiritueux à partir des entrepôts de la régie n'aurait pas
d'influence sur les négociations. Je réitère ce que J'ai
dit tantôt, que de telles livraisons sont, si elles se font, de nature
à déranger l'équilibre des forces en présence et
que l'équilibre des forces en présence dans une
négociation est un élément de base absolument essentiel.
Maintenant le premier ministre a dit qu'il niait qu'il se fut fait des
livraisons, je dois prendre sa parole, pour autant qu'il en est informé,
mais ne croit-il pas qu'il serait plus satisfaisant, pour les membres du
comité et pour ceux qui ont à négocier, de poser la
question à ceux qui sont chargés de l'administration de la partie
commerciale de la Régie des alcools, qui sont ici présents? J'en
vois, je crois, qui sont ici.
M. BERTRAND: Ils ne craignent pas de venir devant le comité. A
l'heure actuelle, ils représentent, M. le Président des parties
qui sont en train de négocier. Voilà le problème capital
à l'heure actuelle. L'opinion publique du Qué-
bec, et le bien commun commandent que nous tentions par tous les moyens
possibles, à la suite des négociations, de régler ce
conflit qui dure depuis le 26 juin et qui fait l'objet de négociations
depuis près d'un an. Voilà le problème auquel les parties,
aujourd'hui, sont prêtes à s'attaquer. Quant à l'autre
problème, je soumets bien humblement que les incidents sur
l'équilibre des forces dans ce conflit, nous l'avons vu depuis le 26
juin: Un syndicat a pris vis-à-vis de ses membres ses
responsabilités et, d'autre part, les négociateurs de la RAQ ont
pris les leurs en tenant compte de la politique qui a été
prônée dans le domaine salarial. C'est à la suite de cela
et des demandes de remises que nous avons eues, que le comité a consenti
chaque fois à s'ajourner, parce que tous les membres ont
réalisé, comme celui qui parle, l'importance de mettre fin
à ce conflit et de favoriser les rencontres entre les parties et les
négociations. La demande d'ajournement que j'ai faite est basée
sur des demandes qui me sont venues des représentants des deux parties.
Dans les circonstances, M. le Président, je soumets que le bien public
commande que nous respections la demande d'ajourner pour que les parties
continuent à négocier et que nous ajournions à demain
après-midi à 3 h 30.
M. LESAGE: M. le Président, étant donné que le
premier ministre insiste aussi fortement pour que ne soient pas entendus ceux
qui pourraient nous renseigner de première main, dès aujourd'hui,
est-ce qu'il ne serait pas raisonnable de notre part et c'est ce que je
fais de demander l'assurance que des hauts fonctionnaires en charge de
la partie commerciale des opérations à la Régie des
alcools seront présents à la séance du comité de
demain?
Ils devraient être à la disposition des membres du
comité pour être interrogés particulièrement sur le
point que je viens de mentionner dans l'éventualité où la
chose s'avérerait utile.
M. BERTRAND: M. le Président, le mandat du comité a
été bien précisé. Je suis de ceux qui croient que,
si nous voulons avoir de l'ordre, il faut procéder avec ordre.
Ce comité a une tâche bien précise à
accomplir, son devoir est de l'accomplir et de respecter la demande qui nous a
été formulée d'ajourner pour que les négociations
se continuent.
M. LAPORTE: M. le Président, je pense que ni le règlement
ni les circonstances ne permettent de juger que le point de vue très
catégorique, exprimé par le premier ministre, soit dé-
fendable. Nous sommes d'accord pour ajourner puisqu'il y a espoir encore que le
problème puisse se régler. Il est évident, dans notre
esprit, que si depuis une semaine, deux semaines, un mois, deux mois ou trois
mois il se fait des livraisons en partance des entrepôts de la
régie, ceci a pu coûter aux grévistes des semaines
additionnelles de grève ainsi qu'au gouvernement, parce que ceux qui
auraient été les premiers à s'adresser à l'opinion
publique s'ils avaient été privés d'approvisionnement, ne
l'ont pas été. C'est donc un des éléments cruciaux
du problème que nous étudions. Nous n'avons aucune objection
à ajourner puisque nous avons l'impression que le bien commun le
commande. Je ne crois pas que le premier ministre, qui est un homme
raisonnable, refuse de croire que ce problème intéresse ce
comité ainsi que la négociation en cours. Nous voulons savoir si
les représentants du syndicat, en négociant avec la partie
patronale, ne se faisaient pas tromper tous les jours, toutes les semaines ou
tous les mois, M. le Président, si nous pouvions avoir l'assurance, en
ajournant tout de suite, que les personnes qui peuvent nous donner des
réponses que nous espérons négatives aux
questions que nous allons poser, pourront être entendues, cela serait
très bien! Mais nous voulons avoir l'assurance que nous pourrons les
interroger!
M. MASSE: M. le Président, même pas une minute, trente
secondes, pour rassurer le député de Chambly et le chef de
l'Opposition. Le syndicat, conscient de ces choses, aussi conscient que le chef
de l'Opposition puisse l'être, a assuré une ligne de piquetage,
depuis le début jusqu'à maintenant, devant les entrepôts de
la Régie des alcools. Or, cette garantie que vous demandez, le syndicat
se l'est assurée en ayant sur place, continuellement depuis le
début, des lignes de piquetage. Ils auraient été les
premiers à réaliser si oui ou non la régie avait sorti des
caisses? Ils l'auraient dit ayant le chef de l'opposition puisque, à la
vue de tout le monde, ils ont installé des lignes de piquetage avec des
tentes devant les entrepôts de la Régie des alcools I
M. LESAGE: Est-ce que nous pourrions demander à M. Pepin...
M. MASSE: Vous pourriez le demander aux gens qui sont dans les lignes de
piquetage, ils sont là depuis le début?
M. LESAGE: Un instant, je veux demander à MM. Pepin et Parent
s'ils sont d'avis que ce
piquetage est absolument efficace et s'ils peuvent garantir qu'il n'y a
aucune livraison possible?
M. PEPIN: Avec lapermission du Président, je dois vous dire que
je ne peux vous donner aucune de ces garanties auxquelles réfère
l'honorable député, ministre délégué
à la Fonction publique. Je sais qu'il y a des lignes de piquetage, mais
je pense qu'il peut y avoir d'autres choses aussi. En ce qui me concerne, je ne
peux donner aucune garantie comme celle qui m'est demandée par le chef
de l'Opposition.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Hyacinthe.
M. BOUSQUET: Je ne crois pas que l'équilibre des forces en
présence soit mis en danger ou soit dérangé au cours des
prochains jours, étant donné que peut-être une situation
comme celle-là a pu exister depuis des semaines selon le
député de Chambly. Je pense que l'important, c'est que les
négociations continuent et nous avons de bonnes chances d'en arriver
à un règlement cette semaine, quitte ensuite à
procéder à une enquête si on le juge à propos. Etant
donné que les deux parties en présence sont disposées
à négocier, pourquoi ne pas leur donner la chance de poursuivre
les négociations?
M. CHOQUETTE: M. le Président, cette grève dure depuis
bientôt cinq mois. Cela prendra dix minutes pour vérifier, devant
le comité, si les faits mentionnés par le chef de l'Opposition
sont exacts.
En deuxième lieu, si le gouvernement n'a rien à cacher,
pourquoi ne pas le vérifier immédiatement et on aura le coeur
net.
M. BERTRAND: M. le Président, j'ai fait la déclaration
tantôt à l'effet que le bien commun exigeait que les
négociations se poursuivent. Je suis de ceux qui espèrent et
souhaitent un règlement rapide d'un conflit qui fait l'objet de
négociations depuis un an et qui est en particulier l'objet d'une
grève depuis au-delà de quatre mois. C'est pourquoi je demande
l'ajournement du comité pour que se poursuivent les négociations
d'une manière immédiate et que nous revenions devant le
comité demain à 3 h 30 de l'après-midi.
M. LAPORTE: M. le Président...
M. LESAGE: Un mot seulement. Je voulais simplement demander si le
gérant général de la Régie était ici, cet
après-midi; non pas pour l'interroger cet après-midi, mais je
voulais savoir s'il était ici.
M. BERTRAND: Oui, il est ici.
M. LAPORTE: M. le Président, au nom de mes collègues, je
fais motion pour que M. Laverdure soit à la disposition du comité
demain, pour être interrogé sur les problèmes qui ont
été soulevés par le chef de l'Opposition et le
député d'Outremont.
M. BERTRAND: M. le Président, étant donné
qu'à ce moment-ci, nous ne savons pas si les négociations se
poursuivront encore demain et que ce n'est pas mon désir, quant à
moi, de déranger les parties qui sont en train de négocier, je
soumets que la demande du député de Chambly doit être
rejetée.
DES VOIX: Vote, vote!
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le comité est prêt?
M. BERTRAND: Oui.
M. LE PRESIDENT: M. Allard.
M. BERTRAND: Le député de Chambly a besoin d'aide.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. ALLARD: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Bellemare.
M. BELLEMARE: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Bertrand.
M. BERTRAND: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Bourassa.
M.BOURASSA: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Bousquet.
M. BOUSQUET: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Choquette.
M. CHOQUETTE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Cloutier.
M. CLOUTIER: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Gabias.
DES VOIX: Absent.
M. LE PRESIDENT: M. Gosselin.
M. GOSSELIN: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Kennedy.
M. LE PRESIDENT: M. Kennedy? Absent. M. Laporte?
M. LAPORTE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Lefebvre? Absent. M. Lesage?
M. LESAGE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Léveillée?
M. LEVEILLEE: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Lévesque, Laurier?
M. LEVESQUE (Laurier): Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Loubier?
M. LOUBIER: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Masse? M. MASSE: Contre. M. LE PRESIDENT: M.
Michaud? DEUX VOIX: II est dans Bagot. M. LE PRESIDENT: M. Paul?
M. PAUL: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Pinard?
DEUX VOIX: II est dans Bagot.
M. LE PRESIDENT: M. Vaillancourt?
DES VOIX: Bagot.
UNE VOIX: A cause du maire.
M. BERTRAND: Maire de Coaticook.
M. LE PRESIDENT: Alors, le résultat du vote est le suivant: dix
contre, cinq pour. La motion de M. Laporte est donc rejetée.
Le comité est ajourné à trois heures trente, demain
après-midi.
(16 h 7)
Séance du 13 novembre 1968 (Seize heures trente-sept
minutes)
M. BERGERON (président du comité): A l'ordre!
L'honorable premier ministre.
M. BERTRAND: M. le Président, messieurs les membres du
comité, j'ai exposé en Chambre et au comité, il y a une
dizaine de jours, les raisons qui ont motivé le gouvernement à
proposer que le comité des régies siège. Le comité
a siégé. Vous n'avez qu'à lire au feuilleton, quel
était le mandat du comité. « Avis est donné que le
comité des régies gouvernementales, à caractère
commercial ou industriel, se réunit pour étudier la politique
salariale du gouvernement et ses incidences sur la grève de la
Régie des alcools du Québec et qu'il entendra à la
même occasion, les personnes et les organismes intéressés
».
Le comité a siégé, comme on le sait, à
plusieurs reprises. Il a ajourné ses travaux pour permettre lapoursuite
des négociations. Je crois que tous les intéressés, sur
les principes et les modalités, ont pu exposer leurs points de vue.
En même temps que nous prenions les dispositions pour que la
lumière soit faite sur la politique salariale du gouvernement et ses
incidences sur la grève de la RAQ, le public a été
informé des progrès qui ont été accomplis à
la table des négociations.
Il s'est posé, surtout, deux problèmes. Le premier: celui
de la sécurité de l'emploi. De l'aveu, je crois, de M. Raymond
Parent qui représente la CSN, ce problème de
sécurité de l'emploi semblait réglé. Il restait le
problème des salaires. C'est là que le différend n'est pas
réglé. Deux questions me viennent immédiatement à
l'esprit: Pourquoi et comment se dénouera ce que l'on a appelé,
l'autre jour, le noeud gordien ou le problème fondamental?
Les salaires... Samedi, M. le Président, messieurs les membres du
comité, j'ai été informé qu'un comité
technique conjoint c'est-à-dire: représentants du syndicat
et du gouvernement a siégé toute la journée et que
la comparaison des taux de salaires, pour chaque emploi spécifique, a
été analysée à fond.
On me dit que les représentants du syndicat de la RAQ, qui
étaient seuls présents à cette réunion, ont pu
constater « de visu » que l'offre patronale était
techniquement fondée et appuyée sur des données
statistiques bien détaillées.
Mais lundi, M. le Président, le secrétaire
général de la CSN, à la table des négociations, a
continué de réclamer davantage comme condition d'un
règlement.
Certes, il a réclamé moins. Je vous rappelle que la
demande syndicale initiale était de 40%, qu'elle est baissée
à 30%, puis à 27%. D'un côté, nous avons
l'impression que les premiers intéressés ont pu constater la
justesse de notre position, mais on constate également qu'à la
suite de cela la CSN continue de dire non.
Est-ce raisonnable, M. le Président? Qu'est-ce que l'on vise au
juste? Eprouver la force du gouvernement. Je comprends que le code du travail
donne le droit de grève aux syndiqués du secteur public comme aux
autres et qu'ils ont la possibilité légale de l'exercer. La
Chambre, à l'unanimité des législateurs, en 1964, a
donné le droit de grève aux syndiqués du secteur public.
Il me semble qu'il serait démocratiquement sain que ceux qui veulent,
globalement, contester cette autorité, le fassent dans les formes et
selon les règles du jeu démocratique.
La période des fêtes s'en vient et tout le monde sait que
le gouvernement pourrait se voir privé de rentrées substantielles
de fonds, mais de fonds publics. C'est-à-dire que le gouvernement ne
sera ni plus riche, ni plus pauvre, mais que, d'une part, les dépenses
légitimes dont le public aurait pu bénéficier ne seront
pas faites et que, d'autre part, les services légitimes auxquels le
peuple a droit ne seront pas donnés. Je pourrais citer bien des choses
dans le domaine de l'activité gouvernementale, des écoles, des
routes, etc.
Si la vente des boissons n'est pas un service essentiel, par contre, une
absence prolongée de rentrées substantielles de fonds publics
destinés à assurer la mise en application d'avantages sociaux au
bénéfice de la population, comme allocations, aides à
l'habitation, etc., cela est très grave.
C'est le peuple qui, en dernière analyse, non le gouvernement,
est pénalisé. C'est lui qui va faire les frais de cette
contestation acharnée contre l'application d'une politique soigneusement
élaborée, acceptée avec le plus grand sérieux parce
que nécessaire dans la conjoncture économique actuelle, comme je
l'ai rappelé l'autre jour à Ottawa et à Québec et
comme le chef de l'Opposition d'aujourd'hui l'avait indiqué en 1966
alors qu'il était le chef du gouvernement.
Deuxième question. Comment se dénouera ce noeud gordien ou
ce problème ou cette impasse? Bien sûr, M. le Président,
qu'avec une majorité parlementaire, nous pourrions soumettre une loi
à la Chambre. On pourrait demander au Parlement de se prononcer. Mais,
comme
gouvernement, nous avons une initiative incontestée, celle de
déclarer le montant maximum des dépenses publiques pour une
année fiscale et leur affectation à diverses fins.
En ce qui concerne les salaires, nous avons fait notre option puisque
c'est essentiellement ce type d'arbitrage, en définitive, que le peuple
nous a confié en nous donnant un mandat.
Dans les circonstances actuelles, M. le Président, le droit de
grève sera maintenu et le Parlement n'interviendra pas. J'espère
que les employés concernés jugeront ce qu'ils ont à faire
et prendront leurs responsabilités de syndiqués et de
citoyens.
J'invite de nouveau les parties à continuer les
négociations. M. le Président, si des groupes
intermédiaires ont pour rôle de défendre avec
énergie l'intérêt de leurs membres, le gouvernement, lui,
doit voir au bien-être de tous les citoyens et ainsi sauvegarder le bien
commun et l'intérêt public.
Depuis quelques années, le partage équitable du budget a
monopolisé et monopolise encore les efforts de beaucoup de groupes dans
notre société; assistés sociaux, agriculteurs,
étudiants, fonctionnaires, employés d'hôpitaux,
instituteurs. Le partage d'un budget est une chose; la croissance du budget en
est une autre. Il y a des montants, M. le Président, qui peuvent
être affectés aux salaires. Il y a eu des exemples de
donnés; ils ont été donnés publiquement. Nous ne
pouvons pas, dans certains domaines, et je le dis avec les
responsabilités qui s'attachent à la charge que j'exerce
dépasser une certaine limite. On l'oublie parfois en certains
milieux. Le gouvernement ne peut pas se permettre de l'oublier.
La justice sociale, d'accord! Mais le développement
économique, d'accord aussi je l'espère! M. le
Président, quant à moi, à la suite de la
déclaration que j'ai faite et qui exprime le point de vue du
gouvernement pour les raisons qui ont été
énoncées, à cause de la situation qui a été
faite, et où l'on découvre que les principes qui sont
appliqués dans le cas de la grève de la RAQ, quant aux salaires,
sont exactement ceux qui ont été appliqués à
l'occasion de l'élaboration et de la conclusion des conventions
collectives nombreuses. Mon collègue, le ministre de l'Etat
délégué à la Fonction publique en a d'ailleurs
déjà fait part au public, au comité, comme aux
représentants des syndicats.
Dans les circonstances, M. le Président, je crois qu'il n'y a pas
d'autre conclusion que de continuer à négocier à
l'intérieur des principes qui ont été établis et
énoncés. Ces principes représentent d'ailleurs la
politique salariale du gouvernement. Toutefois, compte tenu d'une
déclaration qui avait été faite avec l'assentiment de tous
mes collègues du conseil des ministres sur le fait que cette politique
salariale du gouvernement s'est élaborée par étapes dans
un domaine où tout était à défricher et où
nos collègues d'en face le chef de l'Opposition le premier avait
déjà posé des jalons dans un discours en 1966, qui est
inscrit au journal des Débats indiquaient que c'était
là souvent la faiblesse que des éditorialistes ont trouvée
à cette politique, faiblesse également que les chefs
syndicalistes avait indiquée et que le premier ministre, mon
prédécessuer, avait admise, en particulier lors de sa
dernière conférence de presse à la
télévision, cette politique avait été
établie d'une manière unilatérale.
C'est pourquoi, M. le Président, pour qu'il y ait, à ces
travaux du comité parlementaire, un jalon positif de posé, en vue
de l'avenir, j'invite les grandes centrales syndicales à participer,
avec d'autres groupes intermédiaires importants, au travail d'un
comité. Au nom de mes collègues, je demande au ministre
délégué à la Fonction publique, le ministre d'Etat,
le député de Montcalm, de mettre sur pied, pour examiner le
mandat, les structures et les mécanismes d'un organisme dont le
rôle serait de préparer la ronde des négociations, dans le
secteur public, de 1971. Voilà, M. le Président, la
déclaration que j'avais à faire devant le comité, devant
l'impasse où nous nous trouvons!
M. LESAGE: M. le Président, si je la comprends bien, la
proposition du premier ministre serait à l'effet que, à
l'instigation du ministre d'Etat à la Fonction publique, le
député de Montcalm, soit mis sur pied un organisme auquel il
invite les centrales syndicales; organisme qui serait chargé
d'élaborer pour 1971.
M. BERTRAND: La prochaine ronde de négociations.
M. LESAGE: Qui serait l'année de la prochaine ronde des
négociations, la politique salariale qui s'appliquera à cette
ronde.
Disons, M. le Président, que la suggestion est bienvenue. Le
gouvernement n'est pas le premier à la faire. Je pense que des
suggestions ont été faites, par beaucoup d'autres que le
gouvernement, à l'effet qu'il y aurait avantage à créer un
organisme de consultation qui permettrait au gouvernement d'élaborer sa
politique salariale à l'aide des avis lui provenant du monde du travail,
du monde de l'industrie, des économistes également. Cette
proposition, cette
suggestion a été faite à plusieurs reprises,
à ma connaissance, par bien des gens, entre autres, je m'en souviens
parfaitement, par le député d'Ahuntsic La suggestion a
été reprise par celui qui vous parle. Elle a fait l'objet de
résolutions au congrès du parti libéral du Québec.
Par conséquent, ce n'est rien de nouveau, ce n'est pas inventé
par le gouvernement, ça donne suite à des suggestions du
congrès du parti libéral.
M. LOUBIER: Un petit commercial en passant.
M. LESAGE: Non, mais je veux bien. Remarquez que le gouvernement, quand
même... que ce sont là des suggestions à long terme, qui ne
sont pas de nature à régler le problème pour lequel nous
sommes réunis en comité des régies gouvernementales.
Il ne faudrait tout de même pas que l'on invite les
autorités de la Régie des alcools, de même que les
syndicats des employés de la régie à attendre
jusqu'à 1971, parce qu'il est clair qu'à ce moment-là je
serais obligé de donner raison au premier ministre d'avoir
dramatisé certains effets de la grève sur le budget de la
province.
Le premier ministre a dit de bonnes choses, mais il en a dit de moins
bonnes. Par exemple, il a laissé entendre que les grévistes
seraient responsables du fait que les assistés sociaux pourraient voir
diminuer leurs prestations et que les écoliers pourraient voir diminuer
les subventions aux écoles, si la grève persistait.
M. BERTRAND: Non.
M. LESAGE: Il faut quand même garder le sens des proportions!
M. le Président, nous sommes en face d'un problème. Un
problème, cela se règle avec de la bonne volonté et la
bonne foi de toutes les parties. Le premier ministre parlant au nom du
gouvernement, dit textuellement j'ai pris la note, si ce n'est pas exact
qu'il me corrige « En ce qui concerne les salaires, nous avons
fait notre option ».
M. BERTRAND: C'est ça.
M. LESAGE: Si je traduis bien - et là je ne mets pas les mots que
je vais prononcer dans la bouche du premier ministre cela veut dire que
le gouvernement ne permettra pas aux négociateurs de la régie de
bouger de leurs offres. Par conséquent, la négociation n'est pas
possible, puisqu'une des parties a des ins- tructions précises de ne pas
bouger! Comment la négociation est-elle possible si une des parties ne
peut pas bouger, parce que le gouvernement lui dit de ne pas bouger? On ne peut
pas avoir l'espoir qu'une négociation puisse arriver à bonne fin
si une des parties s'entre les deux pieds dans le sol et dit: Moi, je ne bouge
plus, je vous attends!
UNE VOIX: Des deux côtés!
M. LESAGE: J'entends derrière moi comme je n'ai pas d'yeux
dans le dos, je ne sais pas qui a prononcé ces paroles qu'on a
dit: Des deux côtés.
Disons que les deux côtés ont bougé depuis le
début. Le premier ministre lui-même a dit que la partie syndicale
avait diminué ses demandes de 40% à 27%. Où en est-on
aujourd'hui exactement? Je l'ignore. Il semble même que c'est
bloqué.
M. BERTRAND: C'est ça.
M. LESAGE: Autrement, je ne crois pas que le premier ministre aurait
fait la déclaration qu'il a faite.
M. BERTRAND: C'est ça.
M. LESAGE: Il me semble bien que c'est bloqué. Mais je pense que
les membres du comité, non seulement auraient intérêt, mais
devraient savoir quelles sont les offres quant aux salaires parce que
c'est seulement cela qui bloque, me dit-on les offres ultimes de chaque
côté? Qu'est-ce qui sépare les parties, à l'heure
actuelle?
Est-ce que la politique salariale du gouvernement, telle que nous
l'avons entendu exposer là-dessus, je pense que les
députés des deux côtés de la table ont le droit de
se former un jugement est-ce que cette politique salariale ne devrait
pas dans les circonstances comporter assez de souplesse pour qu'un
rapprochement entre les deux offres ultimes soit possible? Je pense que c'est
là la question que le comité doit se poser.
Pour être en mesure d'y répondre, il faut que le
comité sache quelle est l'offre finale du gouvernement et quelle est la
demande ultime des syndicats. Nous pourrons alors prendre connaissance de la
marge qui sépare les deux parties. Pour ma part, je voudrais savoir
aussi, évidemment, en ce qui concerne les salaires minima s'il y a des
salaires qui ne sont pas raisonnables pour un père de famille, avec le
coût de la vie actuelle. Je voudrais savoir aussi si
par l'application de la loi du gouvernement en ce qui concerne les
exclusions d'impôt pour les pères de famille gagnant moins de
$4,000, un grand nombre des employés de la régie ne verront pas
les augmentations qui leur seraient offertes réduites à presque
rien, ou considérablement, parce qu'ils seraient obligés,
à cause de l'opération des exclusions dans la loi de
l'impôt, de verser la plus grande partie de leur augmentation ou une
bonne partie de leur augmentation en impôt. Ce sont des choses, je pense,
sur lesquelles le comité devrait être éclairé.
Je pense que le comité pourrait également et
là-dessus, je pense que mon collègue, le député
d'Outremont a des suggestions à faire, des propositions qui pourraient
être faites maintenant ou un peu plus tard envisager
l'intervention possible d'un expert pour essayer de rapprocher les parties. La
partie syndicale avait déjà proposé la nomination d'un
médiateur; le gouvernement ne veut pas de médiateur, il l'a
déclaré. L'on sait qu'un gouvernement qui dit non, eh bien, cela
revient difficilement pour dire oui ensuite, à moins qu'on
réussise à changer au moins le nom de la chose, son enveloppe.
Alors, au lieu d'être un médiateur, cela pourrait être un
expert qui serait consulté. M. le Président, je comprends que
cela est très sérieux. C'est très, très
sérieux. Sérieux dans ses conséquences, sérieux
dans l'illégalité à laquelle cela invite actuellement,
à laquelle cela a invité depuis le début de la
grève. Nous en avons des preuves. Il y a d'autres preuves que nous
pourrions offrir, si nous pouvions entendre les hauts fonctionnaires de la
régie...
M. BERTRAND: Comme il y en a eu à l'occasion d'une autre
grève?
M. LESAGE: Certainement, certainement. Mais simplement, le passé
est le passé, et actuellement, je Pai dit hier et je le
répète, il est certain que l'illégalité actuelle,
étant donné la base sur laquelle elle se pratique a clairement
pour effet de déséquilibrer les forces en présence, et
nous reviendrons là-dessus.
Pour le moment, je pense que ce que nous devons savoir, c'est où
nous en sommes actuellement. Quelle est la dernière offre
gouvernementale?
Quelle est la dernière position des syndicats? Qu'est-ce que cela
comporte comme injustice possible? Qu'est-ce que cela comporte comme
illégalité? Jusqu'à quel point la politique salariale,
dans son application, peut-elle être assez souple pour tenir compte de la
situation actuelle?
M. BERTRAND: M. le Président, le chef de l'Opposition m'a
posé quelques questions. Je ne répondrai pas aux allusions qu'il
a faites aux partis politiques, aux résolutions qui ont
été adoptées...
M. LESAGE: Cela, c'est...
M. BERTRAND: ... quant à nous, nous sommes ici pour
gouverner...
M. MASSE: C'était le commanditaire, c'était le «
commercial ».
M. BERTRAND: ... et nous le faisons de la meilleure manière
possible.
M. MASSE: Ce sont les résultats qui comptent.
M. LESAGE: Eh bien, nous, nous sommes ici pour...
M. BERTRAND: Il a fait allusion à l'illégalité.
Nous répondrons comme nous l'avons fait en Chambre, hier et aujourd'hui.
Et, nous appliquerons la loi à l'illégalité, et les
responsables en subiront les conséquences.
M. LESAGE: Cela fait quatre fois que vous le dites. Mais il y en a
d'autres responsables que nous voudrions bien questionner aussi.
M. WAGNER: Oui, il y a les gros.
M. BERTRAND: Quant aux offres, il a fait allusion... Je pense qu'il y en
a certains gros. On a indiqué, cet après-midi, le chef de
l'Oppo-tion a mémo fait allusion à certain gros qui,
d'après lui, était relié à un certain parti
politique nouveau...
M. LESAGE: Non, non, non... J'ai dit qu'il souscrivait...
M. BERTRAND: Quant aux offres, la déclaration que j'ai
faite...
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que je pourrai faire ma réponse
sans que je sois interrompu...
M. LAPORTE: Vous pourrez vous référer au journal des
Débats.
M. BERTRAND: La déclaration que j'ai faite repose sur les
principes fondamentaux d'une politique salariale globale, principes qui ont
été énoncés devant ce comité. La
déclaration a fait également allusion à un budget et
à des dépenses
budgétaires. C'est normal. C'est notre devoir. Car on sait que
pour toute augmentation de taxes, dans n'importe quel domaine, le fardeau
repose sur le peuple que nous représentons.
Quant aux détails de cette politique et aux questions
précises des montants de salaires, des comparaisons, j'ai
référé tantôt à ce comité technique
qui avait examiné les salaires, les comparaisons entre les salaires
offerts à la RAQ et ceux qui ont été offerts et
acceptés dans d'autres secteurs de la fonction publique. Je prierais mon
collègue, avec la permission du président et des membres du
comité, de fournir ces détails, en réponse à la
question du chef de l'Opposition.
M. PEPIN: M. le Président, est-ce que nous pourrions, avant
d'aller dans les détails du ministre délégué
à la Fonction publique, répondre à certaines choses, parce
que, le premier ministre a d'abord porté certaines accusations qui
m'apparaissaient assez claires?
Au point de départ, je crois, nous devrions devant le
comité avoir le pouvoir d'y répondre avant que le débat
aille dans une autre direction. Alors, je vous demande...
M. LESAGE: Bien, l'autre jour, j'ai demandé la parole. Le
président l'a donnée, de préférence, à M.
Parent.
M. LE PRESIDENT: Très bien, M. Pepin.
M. PEPIN: Merci M. le Président. Alors, M. le Président et
messieurs les membres du comité, je voudrais que nous tentions de
clarifier une première affirmation de l'honorable premier ministre.
Je pense que nous n'avons pas les mêmes informations. Je ne dis
pas que ce n'est pas la vérité. Je dis que nous n'avons pas les
mêmes informations, c'est tout.
M. BERTRAND: II y aurait deux vérités. La vôtre et
la nôtre...
M. PEPIN: Eh bien, nous allons essayer de les clarifier, pour qu'il y en
ait seulement une, parce que la semaine passée, il y avait aussi deux
vérités. Quand le négociateur patronal est venu à
la table, il n'y en avait plus qu'une, et c'était la nôtre. Il ne
faut pas oublier cela.
Alors ce que je voudrais dire, M. le Président, c'est qu'il y a
eu des accusations d'une manière assez formelle, dans le fond, comme
quoi ce ne sont plus les employés qui font ce débat, ça
devient la CSN uniquement et c'est nous qui pour eux, faisons le débat
de la grève, à l'heure actuelle. C'est ce que j'ai compris de ce
que l'honorable premier ministre a dit devant le comité, au début
de sa déclaration liminaire.
Ce que je voudrais demander au comité, c'est que nous essayions
de clarifier ce point du comité technique pour voir d'abord si cela
concorde avec les faits réels.
Nous avons ici des membres de ce comité technique, des membres du
côté syndical, des membres du côté patronal. Quant
à nous, nous sommes prêts à demander à nos membres
de témoigner devant le comité pour dire ce qui s'est
passé. La partie patronale est ici, ses membres sont tous
présents, ils pourront en faire autant. Et là, le premier
ministre pourra voir s'il y a deux vérités ou s'il y en a
seulement une. Il y en a peut-être deux, vous savez. Mais, je voudrais
bien que vous compreniez aussi la position des représentants du
syndicat.
Par la suite, lorsque ceci sera terminé, je vous demanderai s'il
y a moyen que nous intervenions sur les autres propos tenus par l'honorable
premier ministre.
Il m'apparaît essentiel que ce débat soit clarifié
au point de départ si on ne veut pas s'en aller chacun chez soi avec
beaucoup de rancoeur et beaucoup de rancune, parce qu'on ne pourrait plus
jamais se parler, si c'est ainsi que cela se déroule. Alors Me
Lalancette qui était présent à ce comité technique
peut intervenir. Jean-Louis Soucy peut intervenir. Ronald Asselin, je pense
qu'il était sur le comité, peut aussi intervenir et Jean-Paul
Lalancette peut commencer. Après cela, les membres patronaux pourront le
faire avec beaucoup de plaisir. Vous verrez jusqu'à quel point ces
choses se sont produites.
M. BERTRAND: M. le Président, M. Pepin a dit qu'il voulait
clarifier certaines choses. Il a dit qu'il ne voulait pas que nous nous
quittions dans une atmosphère sure, mauvaise, de rancoeur. C'est loin de
nous cet esprit.
Toutefois, nous avons déclaré dès le début
que cette table-ci ne devait pas être une table de négociations,
ni un conseil d'arbitrage. Le chef de l'Opposition a posé une question
précise sur la comparaison des salaires. Mais que nous devenions ici une
table de négociations pour connaître exactement le point de vue,
tout le monde réalise qu'il y a une impasse et que c'est sur les
salaires. Je crois que personne ne peut le nier et c'est sur ce
problème-là que j'aicentré, comme chef du gouvernement, la
déclaration que j'ai faite et c'était le point capital des
travaux de ce comité parlementaire; politique salariale et ses
incidences sur la grève de la RAQ.
Quand je dis que vous pouvez, autour de la table des
négociations, discuter vivement et violemment, c'est votre droit. C'est
parfois votre devoir, de part et d'autre, mais les renseignements que j'ai, sur
lesquels j'ai basé cette déclaration que j'ai faite tantôt,
sont à l'effet que l'impasse est totale sur le problème des
salaires, sur les augmentations de salaires.
C'est dans ce cas-là et c'est dans ce but-là que J'ai fait
ma déclaration pour démontrer non pas une attitude, le
chef de l'Opposition disait de dire non pour exposer honnêtement
à tous ceux qui sont ici que, dans ce domaine des salaires, le
gouvernement ne peut pas, compte tenu des raisons que j'ai formulées et
de ses responsabilités devant l'opinion publique, aller
au-delà.
Voilà, M. le Président, le fondement de ma
déclaration, et voilà les raisons pour lesquelles elle a
été faite, non pas comme chef d'Etat employeur puisqu'on
fait des distinctions -mais comme chef du gouvernement.
M. PEPIN: Est-ce que je peux intervenir encore, parce que je crois que
nous sommes directement impliqués. Je regrette, je ne veux pas brimer
les droits des parlementaires, mais nous avons été mis
directement en cause par l'honorable premier ministre.
Je répète que nous n'avons pas l'intention de proposer
à ce comité de négocier, de faire des propositions et des
échanges de propositions. M. le Premier ministre et M. le
Président, depuis le début des travaux de ce comité, il
n'y a pas beaucoup de monde qui peut nous dire que nous avons essayé de
négocier avec le comité. Chaque fois que vous êtes
intervenu pour nous dire: Expliquez donc ce qui s'est passé, nous
l'avons fait suivant nos yeux, notre optique à nous.
Aujourd'hui, il y a un point capital dans votre déclaration, mais
il y a d'autres points qui sont aussi capitaux, pour moi, quand vous dites: Ce
ne sont pas les grévistes qui sont en cause reprenez, je pense
que vous aviez un texte- quand le secrétaire général est
arrivé à la table de négociations, ç'a
changé complètement. Lundi matin, ç'a été
autre chose.
Pour nous, M. le Premier ministre et M. le Président, si nous ne
pouvons pas, à ce comité, clarifier cette situation, je pense que
c'est injuste pour nous. Voilà pourquoi je demande de nouveau au
président, au comité et au premier ministre, que nous puissions,
non pas négocier ici, ce n'est pas l'affaire du comité, je le
sais, mais au moins donner notre version des faits, appuyée sur des
témoins occulalres, des témoins qui étaient là. Par
la suite, nous sommes disposés à intervenir sur d'autres choses
qui constituent le point capital, comme l'a mentionné l'honorable
premier ministre.
Mais de grâce, n'acceptons pas qu'une partie puisse faire une
déclaration, uniquement une déclaration et que nous, nous ne
puissions pas, devant ce comité, dire ce qui s'est passé
exactement. Voilà l'objet de ma requête.
M. BERTRAND: M. le Président, je voudrais tout simplement dire,
pour répondre à ce moment-ci à M. Pepin, que, lorsque j'ai
fait allusion à M. Parent, c'était justement sur le
problème des salaires. Les salaires, je m'en suis tenu à
cela.
M. PEPIN: Moi aussi.
M. BERTRAND: De réclamer davantage comme condition d'un
règlement. Certes, ai-je ajouté, il a réclamé
moins. Mais je vous rappelle que la demande syndicale initiale était de
40%, qu'elle est baissée à 30%, pulsà27%,et
qu'étant donné - c'est là qu'est toute l'impasse sur les
salaires - l'attitude du gouvernement que nous croyons devoir maintenir, c'est
là qu'est tout le noeud du problème. C'est à cause de ce
noeud que, suivant les informations que j'ai obtenues, j'ai fait la
déclaration de tout à l'heure.
M. CHOQUETTE: M. le Président, j'aimerais avoir la parole.
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. CHOQUETTE: Si vous me permettez, M. Pepin, ça fait plusieurs
fois que je demande la parole...
M. PEPIN: Moi, je n'ai pas le droit de vous empêcher de parler,
vous comprendrez. J'essaie de parler le plus possible pour faire valoir mon
point de vue, c'est tout.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je pense que le gouvernement est
actuellement dans une position contradictoire. La déclaration du premier
ministre en est un très bon exemple. On nous a cassé les oreilles
depuis des semaines sinon des mois, et spécialement à ce
comité-ci, avec la sacro-sàinte politique salariale du
gouvernement.
Le premier ministre a continué dans cette veine-là
aujourd'hui, encore une fois, en nous répétant et
répétant à de multiples reprises que les positions
gouvernementales étalent établies.
Par contre, le premier ministre n'hésite pas, à la fin de
son exposé, à suggérer la continuation des
négociations. M. le Président,
ou je le comprends de travers, ou je le comprends d'aplomb. Mais je ne
suis pas capable de comprendre le langage du premier ministre. Moi, je dis que
quelqu'un qui va à la table des négociations est prêt
à lâcher sur quelque chose, sinon, c'est aussi bien
d'arrêter de négocier.
Maintenant, autre contradiction dans la politique gouvernementale et
dans l'expression d'opinion du premier ministre, c'est que le premier ministre
nous parle évidemment de sa politique salariale, un relent du
passé, qui, même suivant l'ancien premier ministre Johnson, avait
été établie sur une base défectueuse
unilatérale. Mais on continue à s'accrocher à cette
idée de politique salariale et, en même temps, on nous promet pour
1971, des choses qui n'intéressent nullement le débat actuel.
M. le Président, je dis que si ce comité est pour faire du
travail utile, il faut aller à l'aspect pratique et l'aspect pratique,
c'est, comme l'a suggéré tout à l'heure le chef de
l'Opposition, d'entendre, sans que ça constitue de la
négociation, quels sont les points sur lesquels il y a divergence
à l'heure actuelle entre l'employeur et le syndicat. Nous avons alors
circonscrit le débat. Les parlementaires seront éclairés,
l'opinion publique sera éclairée.
Deuxièmement, je pense que le premier ministre et le ministre
d'Etat doivent donner instruction à leurs représentants d'aller
à la table des négociations et de continuer les
négociations de bonne foi avec le syndicat. Je pense également
qu'il faut dire ici à M. Pepin et aux représentants du syndicat
qu'ils doivent eux aussi aller a la table des négociations et tenter
d'en arriver à une entente avec le gouvernement.
En troisième lieu, si ça ne donne pas de résultats,
disons dans une période de deux ou trois jours, je suggère, M. le
Président, que les parties s'adjoignent les services d'un expert comme,
par exemple, le professeur Sprengler de l'université McGill. Il est un
grand expert en matière de relations de travail dans les services
publics, il est l'expert reconnu au Canada dans ce domaine-là. Si ce
professeur est disponible, il pourrait tenter le rapprochement, M. le
Président, que nous souhaitons tous voir s'opérer dans ce conflit
de travail.
M. MASSE: M. le Président,
M. LEVESQUE (Laurier): II y a trois personnes actuellement. M. Pepin
évidemment est impliqué. Tout le monde lui répond, et,
à un moment donné, il se fait écrabouiller. Dans mon cas,
je pense qu'il y a un bon bout de temps que j'ai demandé la parole, je
suis prêt à la céder, mais je voudrais bien au moins avoir
le droit. Il y a tellement de choses, et la déclaration du premier
ministre laisse entendre très clairement que le gouvernement est
définitivement en train de faire son lit sur ce conflit-là. Je
crois qu'il le fait mal, mais c'est le gouvernement qui payera, s'il le fait
mal. Seulement, il y a une chose qui me frappe et qui rejoint directement le
sujet précis que M. Pepin a é-voqué. Il y a tellement de
sujets à traiter, il est déjà 5 heures vingt, j'ai
déjà vu des grèves, quand j'étais dans le
gouvernement. Je pense que le chef de l'Opposition en a vues aussi. Le premier
ministre n'est pas dans son emploi depuis très longtemps, il en est
conscient et je sais très bien que, humainement, il sait qu'il y a
toujours des choses fragiles dans ces trucs-là. Cela rejoint, je pense,
tout le problème précis, prenons seulement le comité
d'évaluation, le comité technique, quand le premier ministre dit
au début, dans sa déclaration:Le comité conjoint a
siégé toute la journée, samedi, lundi surtout samedi, pour
faire des comparaisons, pour établir finalement, sur le dernier des
noeuds gordiens, celui des salaires, qui devrait arriver.
Si j'ai bien pris les notes, le premier ministre ajoute ceci: Les gens
de la régie, enfin ceux qui présumément ont
renseigné le gouvernement, ont constaté que les offres telles que
formulées é-taient très bien, étalent
fondées techniquement. Par conséquent, non seulement elles se
reliaient convenablement à une politique salariale, mais paraissent
suffisantes et satisfaisantes pour les gouvernements. C'est ça que j'ai
compris.
M. Pepin, de son côté, dit: II y a peut-être deux
vérités là-dedans. Le premier ministre, qui n'est pas
là depuis longtemps, doit savoir, parce qu'il est déjà
dans le gouvernement depuis assez longtemps, qu'on est parfois renseigné
d'une façon qui peut être très honnête, mais qui peut
être très partielle. J'ai vu ça souvent, moi. Nous en avons
vu, nous aussi, des conflits. Cela ne correspond pas à ce que l'autre
partie a dit. Quand on entre dans ces domaines-là, il peut très
bien arriver que les gens de la régie, les négociateurs de la
régie, ceux du gouvernement - ce n'est pas le moment de commencer
à se flatter les sensibilités et puis à se ménager
aient aussi, face à leurs mandats, face aux attitudes qu'ils ont
prises, des amours propres à protéger, des attitudes à
maintenir, découvrent parfois trop tard, que, très
honnêtement, on s'est trompé. Est-ce que la clé des
derniers jours n'est pas ce comité technique, ou comité conjoint,
qu'on a fait travailler pour voir justement s'il n'y avait pas moyen de
dénouer le dernier noeud gordien?
A la suite de ce qu'a dit le premier ministre, le président de la
CSN dit: Il y a des gens qui sont là, qui l'ont vécu
peut-être autrement et qui voient l'impasse, telle qu'elle se
présente, tout à fait différemment ou, en tout cas, il y a
des éléments que, peut-être, le gouvernement ne
connaît pas. Est-ce que, comme membre du comité, on ne peut pas
demander je voudrais bien comprendre, moi; on conclura après
d'abord, que l'on admette la demande de M.
Pepin? Il ne s'agit pas de négocier; il s'agit de savoir pourquoi
on a débouché sur cette impasse totale dont parle le premier
ministre, comme seul résultat, apparemment, de ces travaux de
comité technique.
M. BERTRAND: Si le député de Laurier me permet de
répondre à sa question.
M. LEVESQUE (Laurier): Ecoutez, je demande tout simplement quelque
chose.
M. BERTRAND: Premièrement, je dirai ceci: Jeune ou vieux, dans le
gouvernement, cela importe peu à ce moment-ci. Excepté que le
chef du gouvernement actuel ne réglera certainement pas des conflits
dans son bureau. Ce n'est pas la place et ce n'est pas le rôle d'un chef
de gouvernement, quel qu'il soit, de régler des conflits dans son bureau
ou ailleurs.
Deuxièmement, sur les détails techniques dont parle le
député de Laurier, les renseignements que nous obtenons de
première main nous viennent d'un collègue qui siège avec
nous au conseil des ministres et qui expose, à tous ses
collègues, non seulement le, mais les points de vue. C'est donc dire que
nous sommes renseignés de première main par le
député de Montcalm.
Troisièmement, étant donné que ces renseignements
nous viennent du député de Montcalm, si l'on veut bien qu'il
puisse compléter la déclaration que f ai faite tantôt comme
il a demandé la parole, qu'on laisse la parole au député
de Montcalm pour le moment, quitte à la laisser à M. Pepin
après.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montcalm...? M. Parent.
M. PARENT: C'est que j'ai été personnellement mis en cause
et j'aimerais bien que l'on m'entende pour cette raison.
M. LE PRESIDENT: Voici, je pense que, pour la bonne marche du
comité, il serait, à ce stade-ci, avantageux pour tous les
membres du comité que l'on entende le député de Montcalm,
qui va expliquer certains points concernant la politique salariale. Par la
suite, nous pourrons accorder la parole à M. Parent et à M.
Pepin.
M. LESAGE: M. le Président, ne croyez-vous pas, étant
donné ce que vient de dire M. Parent, à l'effet qu'il a
été mis personnellement en cause, que, lorsqu'il demande la
parole, c'est beaucoup plus de la nature de ce qu'on appelle une question de
privilège? Il pourrait, certainement, très brièvement et
sans empiéter sur le temps du député de Montcalm, exposer
ce qu'il a à dire en réponse à une affirmation du premier
ministre, parce que je comprends que c'est cela qu'il veut faire. Cela peut
être très bref. Ensuite, nous entendrons le ministre et les
membres du comité conjoint.
M. MASSE: Si vous me le permettez, M. le Président, c'est avec
plaisir que j'ai laissé la parole au député de Laurier et
il n'est pas dans mon habitude d'empêcher quelqu'un de parler. Si M.
Parent veut la parole, je vais la lui laisser avec plaisir.
M. LE PRESIDENT: Alors, M. Parent, de consentement unanime.
M. PARENT: J'indiquerai d'abord que c'est la première fois que je
suis l'objet d'une accusation d'un premier ministre. Cela m'a surpris un peu et
j'aurais préféré que, comme à l'occasion d'autres
séances du comité, le premier ministre mais c'était
son droit de le faire autrement me demande ma version avant le
comité. Cela m'aurait peut-être évité de faire cette
intervention.
Je voudrais dire que jamais moi, Raymond Parent, secrétaire de la
CSN, je n'ai fait des propositions personnelles à la table des
négociations. Quand j'ai fait des propositions, je les ai faites d'un
commun accordavec tout le comité de négociations, qui est
composé des personnes mandatées directement par les deux
syndicats impliqués.
Dans les déroulements de l'affaire, ce qu'il faut reprendre,
cependant, c'est ceci: Vendredi dernier, nous sommes venus devant le
comité. Le comité nous a demandé de retourner
négocier. Nous sommes retournés à la table des
négociations. Pour la première fois, le ministre
délégué à la Fonction publique avait
mentionné un certain nombre de chiffres au comité et fait un
certain nombre de comparaisons de salaires concernant certains «
matchings », certains emplois. Quand nous sommes retournés
à la table des négociations, nous avons mentionné que nous
avions, nous aussi, des chiffres qui n'étaient
pas tout à fait concordants avec ceux qui nous avaient
été mentionnés ici.
D'un commun accord entre les deux parties, il a été
convenu de former un comité technique de travail, que ce comité
siégerait, qu'il était entendu qu'il siégerait simplement
pour faire l'analyse des statistiques et des chiffres que nous avions, en
comparaison avec ceux que les représentants du gouvernement avaient. H.
a été convenu, à ce moment-là, parce que M. Renaud
était encore à la table des négociations, que M. Renaud ne
ferait pas partie du comité et que je ne ferais pas partie du
comité, afin que ce soit vraiment un comité technique. Et du
côté du gouvernement, on a adjoint à ce comité M.
Marc Carrier qui n'a jamais été à la table des
négociations mais qui est un technicien du gouvernement et on a
adjoint, du côté du syndicat, l'économiste de la CSN, M.
Yvon Valcin, afin qu'ils puissent bien examiner les statistiques.
Samedi, ils ont fait cela. Ils ont fait un rapport écrit,
conjoint, rapport écrit qui nous est arrivé à la table des
négociations. C'est le suivant, je l'ai textuellement. Il y a trois
points. Le premier point a trait aux moyennes de salaires de part et d'autre:
il avait pour but d'établir que les moyennes de salaires qui existaient
à la Régie des alcools le 30 octobre étaient à peu
près égales. Aucune discussion fondamentale là-dessus!
Cela dépend de la méthode de calcul. Cela a été le
premier point.
Le deuxième point: Le « matching » des occupations
comparables a été expliqué par les deux parties: les
comparaisons ont été expliquées et les deux parties sont
satisfaites par les explications qui ont été fournies.
Le troisième point: Le comité, en tant que tel, laisse le
choix de l'optique à chacune des parties. C'est-à-dire
qu'après avoir délibéré... C 'est le rapport que
nous avons reçu à la table des négociations.
Quand nous l'avons reçu à la table des
négociations, nous avons repris les négociations au mérite
sur ces questions. Nous avons reçu des explications
supplémentaires, mais d'un comité qui s'était
refusé lui-même, et les représentants du gouvernement
eux-mêmes ou ceux de la régie, indiquant qu'au niveau de ce
comité, il ne pouvait pas y avoir de négociations. C'est
tellement vrai et tellement clair qu'on a convenu hier de reformer un nouveau
comité, mais qui, cette fois-ci, serait composé du
négociateur principal de la régie, M. Fernand Pépin, et
moi-même, du côté syndical, pour que maintenant, nous
n'ayons pas simplement à vérifier si les statistiques, les
« matching » ont été bien faits, mais pour entrer
dans le mérite du débat. Ceci signifie que le comité n'est
arrivé à aucune autre conclusion que des conclusions de fait,
qu'il n'était pas du tout entré dans le mérite du
débat, à savoir si les comparaisons étaient bonnes ou
mauvaises, par rapport à la politique salariale. Ce qu'ils ont
examiné, c'est comment le « matching » du gouvernement
était fait, comment celui du syndicat était fait, quelles en
étaient les résultantes, mais de façon conforme aux faits,
sans entrer dans le mérite du débat. C'est tellement ainsi que
nous l'avons repris, hier, à la table des négociations.
Donc, insinuer qu'il y a eu compromission d'une façon ou d'une
autre, ou conclusion d'une façon ou d'une autre sur le mérite de
la négociation, par rapport à l'attitude que le comité de
négociations générales a prise alors que j'étais
présent, c'est strictement à ce moment-là prendre une voie
d'évité ment pour éviter que le comité ait toute la
vérité.
Je regrette que cette situation se soit présentée, mais
les faits que je viens de vous donner sont très réels. On m'a
appris même qu'à un moment donné, un des
représentants patronaux à la table du comité technique a
voulu ignorer le plan de la négociation c'était M. Drolet
mais, M. Grandbois lui a dit: Si tu veux négocier, va chercher un
mandat.
M. BERTRAND: M. le Président, si M. Parent considère cela
comme étant une accusation: c'est son droit de la prendre comme telle.
M. Masse, qui a fourni tous les renseignements, va expliquer exactement la
portée des propos que je pourrais donner, mais les renseignements venant
de la source qu'il connaît, il va vous expliquer exactement, l'allusion
qui était faite.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montcalm.
M. MASSE: M. le Président, tout en tenant compte que la table de
négociations n'est pas le présent comité des
régies, je tiens à dire, en relisant le texte du premier
ministre; « On me dit que les représentants du syndicat de la RAQ
qui étaient seuls présents à cette réunion, ont pu
constater « de visu » que l'offre patronale était
techniquement fondée et appuyée sur des données
statistiques bien étayées. Mais lundi, le secrétaire
général de la CSN a continué, à la table des
négociations lui, à réclamer davantage comme conditions
d'un règlement. Certes il a réclamé moins, je vous
rappelle que la demande syndicale initiale était de 40%, qu'elle est
baissée à 30%, puis à 27% ».
M. Parent s'est appuyé sur le même texte que celui que
j'allais donner au comité, qui est celui-ci je le relis puisqu'il
l'a lu: Conclusions du comité technique sur les critères
ayant
servi à établir les échelles de salaires pour la
RAQ. « Premièrement, les moyennes de salaires de part et d'autre
sont à peu près égales. » Pas de discussion
fondamentale, tout dépend de la méthode de calcul. «
Deuxièmement, le « matching », de part et d'autre a
été expliqué, les comparaisons ont été
faites et expliquées, les deux parties ont été satisfaites
des explications fournies. « Troisièmement, après ce
jugement, le comité technique, en tant que tel, laisse à chacune
des parties le choix de son optique. »
Fin de ce communiqué, de ces conclusions, ce qui recouvre bien le
premier paragraphe. Le lendemain M. Parent, indépendamment, et dans son
droit, des conclusions du comité, a continué à demander
plus.
M. le Président, je crois que les accusations de manque de
souplesse, de la part de la politique salariale du gouvernement, me semblent,
à mes yeux, non fondées, parce que la preuve de cette souplesse,
la preuve des aménagements possibles à l'intérieur des
situations différentes, cette preuve a été avancée
à de nombreuses tables de négociations. Cette preuve de souplesse
a été acceptée par de nombreux syndicats, lesquels ont
signé, sans y être forcés, des conventions collectives. Et
il est possible, M. le Président, à l'intérieur même
du mandat des négociateurs de la RAQ, mandat qui découle du
mandat général que le gouvernement nous a donné, lequel
était basé sur les principes que nous avons exposés
à ce comité, il est encore possible de satisfaire les
difficultés qui ont été relevées par les
syndiqués. Il est possible de les satisfaire de façon juste pour
l'ensemble des autres fonctionnaires du secteur public et parapublic. Il est
possible de les satisfaire de façon juste pour les syndiqués de
la RAQ. Il est possible de les satisfaire de façon juste pour les
contribuables québécois.
Depuis des semaines, la régie cherche à explorer avec le
synidcat des assouplissements ou des aménagements de divers ordres. Un
exemple en a été la sécurité d'emploi, un autre
exemple en est le montant forfaitaire qui a bougé la semaine
dernière. Je tiens à le redire: La régie est toujours
prête à de telles explorations et à certains
assouplissements sur des points précis, et ce, sans injustice pour
personne, ni pour les syndiqués, ni pour les autres syndiqués de
la fonction publique, ni pour les contribuables québécois. Encore
faut-il que le syndicat soit prêt à de telles explorations
plutôt que de se braquer sur certains taux. Il y a donc dans notre
position des éléments de souplesse dont l'exploration a
été partiellement faite â la table des négociations.
Les deux parties doivent être intéressées à de
telles explorations et l'endroit idéal pour les réaliser, comme
l'endroit idéal pour conclure l'entente, c'est à la table de
négociations. C'est là, je crois, que l'avenir doit se porter,
parce que c'est encore là qu'il peut être facile pour les deux
parties d'explorer ces possibilités et de conclure la convention
collective.
M. LAPORTE: Je me demande personnellement quelle serait l'utilité
de retourner à la table des négociations si le gouvernement est
décidé à ne pas bouger despositions qui, jusqu'ici, ont
empêché le règlement.
M. MASSE: Je m'excuse. Le député préparait
peut-être son intervention. Mais, je crois que s'il avait
écouté avec ses deux oreilles, celle que je viens de faire, il
concluerait de la même façon, que c'est à la table des
négociations que le règlement peut se retrouver.
M. LAPORTE: Ah, bien! Si c'est ça, je suis capable de changer de
ton, moi aussi, M. le Président. Je trouve que le chantage du ministre a
assez duré vis-à-vis du syndicat.
M. MASSE: Et, je pourrais répondre sur le même ton que la
démagogie du. député de Chambly ne nous rend à
rien.
M. LAPORTE: J'ai la parole, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. MASSE: Prenez-la; mais sans démagogie.
M. LE PRESIDENT: Je ferai remarquer à tous les membres de ce
comité et aussi à l'assistance qu'il est formellement
défendu de manifester durant le comité. J'inviterais chacun des
membres de ce comité à demeurer sur le même ton que nous
avons connu depuis le début de ce comité. Je pense que la
santé de la province, en général, s'en sentira comme
ailleurs.
M. LAPORTE: Merci de votre rappel, M. le Président.
Personnellement, je n'ai aucune objection à revenir au ton très
calme de la conversation. Le point de départ demon intervention, c'est
ce que le premier ministre a dit. Premièrement, que le gouvernement
et il parlait à ce moment-là comme premier ministre
avait fait son option et il a même mis le syndicat en garde contre les
conséquences fâcheuses
que pourrait avoir pour la province de Québec, son désir
de continuer la grève.
Je tiens donc pour acquis, à moins que le premier ministre comme
chef du gouvernement, nous dise à ce comité et aux
syndiqués, qu'il est disposé à négocier même
la partie salariale. Je tiens pour acquis qu'il est décidé
à ne pas bouger...
M. BERTRAND: Il vient de répondre.
M. LAPORTE: J'ai parlé tout à l'heure de
l'inutilité de faire durer encore et les séances de ce
comité et la négociation, si le gouvernement ne donne pas
véritablement la preuve qu'il est décidé à faire
quelque chose sur le plan salarial.
Si le chef du gouvernement nous avait dit: Nous avons
décidé, après mûre réflexion de
préparer nous-mêmes, seuls, la politique salariale du gouvernement
et de la défendre, je trouverais sa position, je l'ai déjà
dit, inacceptable quant à moi mais logique. Je passerai sur le plaisir
admissible de croire qu'il nous donne raison pour insister sur un point. Le
premier ministre lui-même, vient de dire qu'il lui apparaît normal
que, pour la prochaine ronde de négociations, les syndicats et les
syndiqués soient partie à la chose.
Ce que nous lui demandons, puisque lui-même admet que cela est
normal, que cette négociation commence tout de suite pour que les
grévistes cessent de se dire que si, par hasard, ils font la
grève jusqu'en 1971, ils seront présents à la table de
négociations à ce moment-là!
M. le Président, la négociation que le premier ministre
offre pour 1971, s'il ne la permet pas immédiatement, ce sera lui qui
sera partiellement responsable des pertes fantastiques qu'il a annoncées
tout à l'heure dans son intervention.
Si le ministre a une question à poser, je n'ai pas
d'objection.
M. MASSE: Je n'ai aucune question. J'ai des réponses, par
exemple.
M. LAPORTE: Alors, premier point, quant à la négociation,
le premier ministre a fait son lit, là aussi. Il admet, comme chef du
gouvernement, que la présence du syndicat à la négociation
de l'échelle salariale, de la politique salariale du gouvernement, est
raisonnable, qu'il soit conséquent avec lui-même, qu'il permette
cette présence immédiatement.
Deuxièmement, si le gouvernement ne veut pas bouger, je
prétends qu'à ce moment-là, il est inutile de continuer
à négocier. Le gouvernement devra prendre ses
responsabilités. Prendre ses responsabilités s'il a
décidé de ne pas offrir davantage que ce qu'il offre
actuellement, c'est de faire adopter une loi pour que la grève
cesse.
A ce moment-là, il prendra ses responsabilités et il
évitera les pertes. Il évitera de donner l'impression à
des syndiqués qu'il est en train de les avoir à l'usure et que
cette usure va devenir de plus en plus odieuse pour eux, vis-à-vis
l'opinion publique, à mesure qu'on va se rapprocher de l'époque
des fêtes. Il serait regrettable qu'on donne à l'opinion publique
l'impression que le gouvernement compte maintenant sur la période des
fêtes pour l'aider à régler sa grève. Je ne pense
pas que le premier ministre veuille donner cette impression-là.
M. BERTRAND: Est-ce que le député de Chambly me permet une
question? Il pose le problème d'une grève de la RAQ à
l'époque des fêtes?
M. LAPORTE: Je ne le pose pas. Il se pose depuis le 22 juin.
M. BERTRAND: Non. Il s'est déjà posé et le peuple
n'est pas mort.
M. LAPORTE: Le peuple n'est pas mort, mais n'y a-t-il pas un premier
ministre qui s'est levé pour dire que les finances de la province en
seraient désorganisées pour longtemps?
M. BERTRAND: Non?
M. LAPORTE: C'est le premier ministre qui l'a dit. Il a parlé des
pauvres affligés qui n'avaient pas de salaires et des pauvres petits.
Alors, c'est lui, le gouvernement.
M. BERTRAND: Le même problème s'est posé, à
ce moment-là. Le même problème économique,
exactement le même problème.
M. LESAGE: M. le Président, si je suis mis en cause...
M. LAPORTE: Non, mais un instant, est-ce que le premier ministre est
d'accord avec sa propre déclaration à l'effet que, du point de
vue économique, cela va créer de graves problèmes?
M. BERTRAND: Il n'y a aucun doute.
M. LAPORTE: Bon. Est-ce que le premier ministre va laisser pourrir la
grève ou s'il va prendre ses responsabilités?
M. BERTRAND: Le premier ministre a indiqué dans sa
déclaration quelle était la responsabilité du gouvernement
et quelle était la responsabilité des syndiqués comme
syndiqués et comme citoyens.
M. LAPORTE: Alors, sur trois plans, je vais dire au premier ministre
qu'à mon avis il manque à sa responsabilité. Le premier
plan sur lequel il manque à sa responsabilité, c'est quand il
déclare à ce comité qu'à son avis les syndicats
devraient être présents à la négociation et qu'il
leur propose cela pour dans trois ou quatre ans.
Deuxièmement, je prétends qu'il manque à sa
responsabilité, lorsqu'il laisse...
M. BERTRAND: Pas dans trois ans. J'espère que le
député de Chambly me permettra ceci?
M. LAPORTE: Oui.
M. BERTRAND: Si, au départ, lorsqu'une politique salariale a
commencé à s'élaborer, un tel comité avait
été formé et cela a commencé en 1966
...
M. MASSE: Vous étiez au gouvernement, à ce
moment-là.
M. BERTRAND: Bon. Il n'y en a pas eu, tout le monde l'a reconnu. Nous
voulons préparer, non pas en 1971, mais immédiatement pour 1971,
ce comité, définir son rôle et son mandat.
M. LAPORTE: C'est vrai qu'on était là quand cela a
commencé, mais, apparemment, il y a si peu de gens qui ont voté
pour vous que vous avez oublié que vous avez pris le pouvoir au mois de
juin 1966, à un moment donné.
M. BERTRAND: Et nous gouvernons.
M. MASSE: Mais, je voudrais faire remarquer au député que
les négociations étaient commencées.
M. LAPORTE: Ah oui!
M. MASSE: Et il y avait eu une grève à SPEQ.
Souvenez-vous-en aussi.
M. LAPORTE: Vous me permettrez de penser et ça, c'est une
chose qui ne se vérifiera pas que, si on avait été
là, on aurait peut-être pu les régler, ces
affaires-là sans laisser pourrir les problèmes comme vous les
avez laissé pourrir depuis le 26 juin.
M. MASSE: Exemple, les professeurs de SPEQ contre lesquels vous avez
pris des injonctions.
M. LAPORTE: On a fait respecter la loi. On l'a fait respecter jusqu'au
bout. Dites le contraire, si vous êtes capables.
M. MASSE: C'estcequ'onacontinuéde faire. M. LESAGE: A
l'ordre!
M. LAPORTE: M. le Président, ce que vous continuez à
faire, c'est de prendre 2,400 grévistes et c'est une autre
accusation que je porte contre le gouvernement et de vous en servir
actuellement, comme otages, pour faire la leçon aux autres.
M. BERTRAND: M. le Président, je soulève un point d'ordre.
Les propos du député de Chambly sont joliment injustes.
M. LAPORTE: Cela ne vous donne pas le droit de m'interrompre.
M. BERTRAND: C'est la durée de la grève qui crée
des répercussions économiques...
M. LAPORTE: Cela ne vous donne pas le droit de m'interrompre.
M. BERTRAND: ... et non pas le fait qu'elle dure durant les fêtes.
Vous déplacez totalement le problème.
M. LAPORTE: M. le Président, je vous remercie de votre
intervention.
M. BOUSQUET: M. le Président, sur le point d'ordre, c'est un
procès d'intention que le député de Chambly fait au
gouvernement, actuellement. Oui. Oui.
M. LAPORTE: Sans l'ombre d'un doute!
M. BOUSQUET: C'est un procès d'intention. Alors, je veux que cela
soit retenu comme tel. Nous aurons le droit, nous aussi, de faire des
insinuations.
M. LESAGE: En temps et lieu, comme dit le premier ministre.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chambly a la parole.
M. LAPORTE: M. le Président, j'étais en
train de dire que, sur trois plans, le premier ministre ne donne pas,
à mon avis, suite à son désir d'assumer ses
responsabilités.
C'est d'abord quand il ne veut pas négocier tout de suite une
chose qu'il est prêt à négocier plus tard.
Deuxièmement, lorsqu'au lieu de dire: Nous allons prendre les
moyens puisque notre décision est prise, nous allons faire face
àl'opinion publique, nous allons la régler cette grève, il
aime mieux continuer à la laisser aller de dégradation en
dégradation, aux frais des citoyens de la province de Québec. Je
prétends qu'il ne prend pas ses responsabilités.
Troisièmement, je n'accepte absolument pas l'assertion du premier
ministre quand il dit: Je ne négocierai pas à mon bureau. Je
trouve que là aussi, il manque à ses responsabilités parce
qu'il est probablement, au niveau de l'administration, le seul arbitre possible
pour tenter de la régler. Si, parce qu'il est chef du gouvernement,
parce qu'il a une autorité sur tout le conseil des ministres, sur tout
ce que comporte l'administration du gouvernement, et qu'il peut, je pense,
encore auprès des syndicats et je ne vais même pas essayer de
faire d'allusions à ce sujet-là, je crois qu'il a encore une
autorité morale considérable, s'il renonce à cette
possibilité de la régler lui-même, la grève,en
faisant se rencontrer, à son bureau, les deux parties, je trouve qu'il
manque à ses responsabilités.
M. le Président, pour toutes ces raisons, je pense que le premier
ministre devrait, plutôt que de porter contre le syndicat, je ne dirai
pas des accusations, ce qui ne serait pas exact, plutôt que de laisser
entendre contre les syndiqués, sous forme d'insinuations, qu'ils sont
les seuls responsables de la situation actuelle et qu'ils porteront devant
l'opinion publique l'odieux des pertes de plus en plus considérables que
cela représente...
S'il n'y avait que des pertes matérielles, ce serait
déjà sérieux. S'il n'y avait en cause que 2.400 ouvriers
qui ont des familles, ce serait encore plus sérieux. Mais il y a une
troisième dimension qu'on a écartée tout à l'heure
de façon assez leste, c'est le climat d'illégalité que
c'est en train de créer dans la province de Québec.
Non, non, je vous dis que ça fait partie de vos
responsabilités.
M. BERTRAND: Le chef de l'Opposition en a parlé tantôt.
M. LAPORTE: Comment se fait-il? Il en a parlé et je vais vous
dire aussi que sur ce plan-là, également, vous laissez se
créer... c'est une façon de vous dire aussi qu'à mon avis,
c'est un manque d'assumer vos responsabilités. Tous les grands
établissements, tous les hôtels, tous ceux qui vendent de la
boisson en ont autant qu'ils n'ent ont jamais eu. Qu'est-ce que ça veut
dire, ça?
Est-ce que ces gens là... De deux choses l'une. Ou ces
gens-là se procurent légalement de l'alcool à la
Régie des alcools et, à ce moment-là, nous aimerions qu'on
nous le dise, ou ces gens-là s'en procurent illégalement et
ça devient un scandale qui s'étend dans toute la province de
Québec.
M. BERTRAND: Le député de Chambly sait où il s'en
procurel
M. LAPORTE : Oui, oui. Je sais où je m'en procure. Est-ce que le
premier ministre qui veut, jusqu'à nouvel ordre, passer pour un homme
sérieux, peut me dire ce que ça ajoute à ça?
UNE VOIX: Non, ce n'est pas ça.
M. BERTRAND: Oui, un homme sérieux!
M. LESAGE: Je suis certain que si nous pouvions entendre M. Laverdure,
nous pourrions le savoir dans peu de temps.
M. BERTRAND: Le député de Chambly sait fort bien qu'autant
à l'occasion de la grève de 1965 que de celle-ci, les
citoyens...
M. LAPORTE: Oui, je regrette...
M. BERTRAND: ... qui demeurent le long de la frontière de
l'Ontario comme du Nouveau-Brunswick et d'ailleurs sont en mesure...
M. LAPORTE : M. le Président, je regrette...
M. BERTRAND: C'est élémentaire... Ce serait enfantin de
prétendre le contraire.
M. LAPORTE: ... le premier ministre n'avait pas la responsabilité
de régler la grève de 1965 mais celle de 1968. Il l'a en entier
sur son bureau. C'est celle-là dont il doit s'occuper, pas celle de
1965.
M. BERTRAND: J'ai déclaré tantôt qu'il ne la
règlerait pas dans son bureau, ni ailleurs. Il a adopté une
politique avec ses collègues et il va l'appliquer.
M. LAPORTE: M. le Président, est-ce que
je pourrais poser une question au premier ministre? La grève de
1965 a-t-elle été réglée?
M. MASSE: Où?
M. BERTRAND: ... après.
M. LAPORTE: Bon.
M. MASSE: Où?
M. LE PRESIDENT: Deux mois après.
M. LAPORTE: Où? Comment où? Dans la province de
Québec, ici.
M. MASSE: Où, dans laprovince de Québec?
M. LAPORTE: Bien, je vais chercher cela, je vais vous le dire
bientôt.
M. BERTRAND: Allez-vous le trouver dans votre verre d'eau?
M. LAPORTE: Je vais en poser une question à mon ministre:
Où celle de 1968 va-t-elle se régler?
M. MASSE: A la table des négociations parce que c'est là
qu'elle doit se régler.
M. LAPORTE: A la condition que le gouvernement cesse de prendre sur ces
questions-là des positions aussi rigides. M. le Président, j'ai
expliqué les raisons qui m'amènent à croire que le premier
ministre, en faisant des déclarations qui peuvent paraître
apporter des éléments nouveaux dans le débat, donnent
l'impression à ce comité et je pense que le moment va
venir où le comité va avoir le droit, j'espère,
d'interroger directement tout le monde qu'il manque tout simplement
à ses responsabilités, qu'il espère que ce n'est pas le
gouvernement qui va régler la grève, mais le temps qui va finir
par régler la grève. Je trouve cela mauvais et pour les finances
de la province de Québec et pour le climat social de la province de
Québec et pour 2,400 grévistes qui vont rentrer au travail
peut-être de force, avec la rage au coeur, ce qui n'est pas bon pour une
province.
M. BOUSQUET: Encore des insinuations! M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BOUSQUET: Vous avez le droit de faire des insinuations, mais les
autres n'ont pas le droit.
M. LAPORTE: J'aimerais bien que le très intelligent et brillant
député de Saint-Hyacinthe nous gratifie d'un de ses discours pour
une fois.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montcalm.
M. MASSE: Avec votre permission, Je vais continuer à plaider
assis, ce qui va m'éviter les effets de manche de mon collègue de
Chambly.
M. LAPORTE: Les effets de quoi?
M. MASSE: De manche. J'ai expliqué au comité, dans les
jours qui ont précédé, pour quelles raisons il avait
été difficile pour l'ancien gouvernement et j'ai reconnu
cette difficulté qu'avait eue l'ancien gouvernement, comme cela l'a
été, pour le présent gouvernement de changer la
structure des négociations à l'intérieur des lois que vous
aviez et que nous avons. Je ne voudrais pas revenir sur ces explications qui
sont inscrites au journal des Débats.
M. LAPORTE: Est-ce que le ministre me permettrait juste une question?
Quand le ministre dit qu'il est difficile de changer les structures, est-ce
qu'il veut dire qu'il est impossible de les changer?
M. MASSE: Je ne vous dirais pas que cela est impossible. Mais je crois
qu'à l'intérieur du climat actuel au Québec, dans le
secteur des relations de travail, J'ai cru, peut-être à tort,
qu'il n'était pas temps encore de remettre l'entière
responsabilité des négociations entre les mains de quelque
centrale syndicale croyant, à tort ou à raison, qu'un grand
nombre de syndiqués considéraient encore que leur interlocuteur
valable dans leurs négociations entre leur syndicat et leur employeur
étaient encore les dirigeants de leur syndicat. Et il faudrait, et je ne
craindrai pas de le faire, ouvrir une période de consultation non pas
uniquement avec les dirigeants des centrales syndicales mais également
avec les dirigeants des unités syndicales pour voir si eux ont le
même accord que la centrale syndicale devant la remise totale des
pouvoirs entre les mains de la centrale.
De toute façon, ces périodes de consultations n'ont pas
été faites, mais devront être faites avant que le code du
travail et les lois qui régissent le secteur des relations de travail
soient changés. Il n'est pas certain que les syndiqués
désirent remettre entre les mains de certains, la totalité de
leur avenir comme membres d'un syndicat. De toute façon, cette
période de consultations devra être faite à
l'intérieur des syndicats et des centrales syndicales. Elle
devra être faite également par le ministère du
Travail qui est responsable de l'élaboration de la législation du
travail. Ce n'est pas le rôle des responsables de la Fonction publique
d'amender le code du travail ou les lois du travail. Je suis certain que le
ministère du Travail procédera à ces consultations avec
les intéressés.
Quant au comité de 1971, indépendamment des changements de
lois possibles après ces périodes de consultations, nous croyons
qu'il y a lieu d'avoir une table de consultations sur les mécanismes qui
pourraient être mis de l'avant, afin de faire en sorte que les parties
intéressées et les parties intéressées ce ne
sont pas seulement les syndicats et les gouvernements; ce sont aussi d'autres
corps intermédiaires du Québec puissent, au départ,
s'entendre sur un certain nombre de principes qui, de toute façon et de
toute évidence, devront toujours être appliqués à
l'intérieur d'unités fractionnées et, un moment
donné, même au niveau d'un problème, d'un individu dans un
syndicat ou dans une structure.
Voilà pourquoi nous n'avons pas craint de faire ce pas qui
n'avait pu être franchi jusqu'à maintenant, parce que nous
croyions qu'indépendamment des difficultés que les syndicats vont
rencontrer, comme de celles que nous rencontrons dans ces nouvelles structures,
cela pouvait aider au règlement de ces situations au point de vue des
négociations pour un nombre aussi grand d'individus.
M. LAPORTE: Est-ce que je peux demander au ministre, quelle Influence
peut avoir à son avis sur la négociation en cours cette annonce
qu'un comité va être formé en 1971? Qu'est-ce que ça
vient faire au comité ici?
M. MASSE: C'est une question à laquelle je répondais,
puisque vous aviez soulevé ce problème en demandant pourquoi
ça n'avait pas eu lieu encore. Je croyais que le fait de vous expliquer
cette question vous aiderait à comprendre.
M. LAPORTE: Alors, je repose ma question: Quelle peut être
l'influence de l'annonce de la formation d'un comité sur la
négociation en cours?
M. MASSE: C'est cette question que j'aurais pu vous poser lorsque vous
êtes intervenu, mais j'ai cru bon, par politesse, de vous laisser faire
quand même cette intervention sur ce sujet.
M. LAPORTE: M. le Président, est-ce que je peux, pour la
troisième fois, reposer la question au ministre: Quelle est à son
avis l'influence de la formation d'un comité pour 1971 sur la
négociation en cours?
M. MASSE: Je crois qu'elle prouve que le gouvernement ne craint pas
d'entrer dans de nouvelles structures de négociations.
M. LAPORTE: M. le Président, je regrette, je n'ai peut-être
pas été compris.
M. LESAGE: C'est qu'on fait une propagande alors.
UNE VOIX: C'est formidable...
M. MASSE: Ecoutez, M. le Président, il faudrait qu'on me
comprenne» Le chef de l'Opposition, tout à l'heure, soutenait que
c'était la fédération libérale qui avait mis
ça de l'avant. On m'accuse maintenant de faire de la propagande.
M. LESAGE: Certainement!
M. MASSE: Alors, c'est de la propagande pour la fédération
libérale que de le redire.
M. LESAGE: Je vous en remercie. Mais, n'empêche que vous essayez,
n'est-ce pas, d'impressionner le public avec, à ce moment-ci, bien en
retard, l'annonce d'une politique pour 1971...
M. MASSE: M. le Président, cette politique...
M. LESAGE: ... dans l'espoir de dévier ou de détourner
l'attention publique du problème auquel on a à faire face.
M. CHOQUETTE: C'est formidable de voir jusqu'à quel point vous
êtes ouverts pour l'avenir, mais vous avez été
fermés dans le passé. Pendant quatre mois, vous avez caché
les bases de votre politique d'entente...
M. MASSE: M. le Président, je vous demanderais que, bien que nous
soyons au comité des régies gouvernementales à
caractère commercial, de laisser le moins possible de groupes faire des
commentaires sur leurs positions.
M. LAPORTE: Est-ce que je peux poser une question au ministre?
M. MASSE: Encore une fois?
M. LAPORTE: Est-ce que le ministre me dirait quelle peut être
l'influence de l'annonce
d'un comité pour 1971, sur les négociations en cours?
M. MASSE: C'est justement, M. le Président, la question que je me
posais lorsque je voyais le député de Chambly parler de celai
M. LAPORTE: Est-ce que je peux vous répondre: « Aucune
influence! »
M. MASSE: Alors, pourquoi en parliez-vous? M. LEFEBVRE: M. le
Président,... M. MASSE: Oui.
M. LEFEBVRE: Non, non, vous n'avez pas terminé?
M. MASSE: Non.
M. LEFEBVRE: Après vous.
M. MASSE : La deuxième partie de l'exposé de mon honorable
collègue de Chambly et je tiens à le redire puisqu'il
reposait une question à laquelle j'avais répondu dans
l'intervention précédente et le député d'Outremont
y revient encore je tiens à redire que, depuis des semaines,
à l'intérieur de la politique salariale du gouvernement qui n'a
pas cette rigidité qu'on lui prête, puisqu'il nous a
été possible d'aménager des structures salariales,
puisqu'il nous a été possible d'élaborer des conventions
collectives dans de nombreux secteurs toujours à l'intérieur de
cette politique salariale, elle n'a pas été imposée
puisque les conventions ont été signées avec les
fonctionnaires du gouvernement, avec les ouvriers du gouvernement, avec les
agents de la paix, avec les professionnels au service de l'Etat, avec le
personnel des agences sociales, avec les professeurs de l'Etat, avec les
professeurs des collèges privés, avec les employés de
raffineries de betteraves à sucre également avec les internes et
les résidents et avec un CEGEP à Sainte-Foy. Là où
d'ailleurs, il y a peu d'années, on avait connu de nombreuses
grèves, nous avons réussi...
M. LAPORTE: Un petit « commercial »!
M. MASSE: ... indépendamment de cette rigidité dont vous
nous accusez, nous avons réussi, dans un climat de bonne foi et un
climat d'entente, à signer des conventions collectives...
M. LAPORTE: Exemple, la RAQ!
M. MASSE: ... avec des groupes qui, lors de la dernière ronde de
négociations, avaient eu pour un certain nombre, beaucoup de jours de
grève.
Il est évident, je le note comme vous, que cette fois-ci, il n'y
a non pas huit grèves mais il y a une grève.
M. LAPORTE: Une vraie!
M. MASSE: Cette grève, M. le Président, je tiens à
le répéter, peut être réglée à
l'intérieur des normes et des principes qui ont été mis de
l'avant lors de l'élaboration de la politique salariale. Ce sont les
mêmes principes qui se sont appliqués aux autres tables de
négociations et ce seront les mêmes principes qui s'appliqueront
aux tables qui restent à l'intérieur de la négociation. Je
tiens à le redire: Depuis deux semaines, la régie cherche
à explorer, avec le syndicat, des assouplissements de divers ordres. Le
montant forfaitaire, lorsqu'il a été exploré, a
porté des fruits au sujet de la souplesse de la politique
gouvernementale. Encore faudrait-il que la flexibilité ne soit pas que
d'un côté et que l'inflexibilité ne soit pas que d'un
côté.
La régie est toujours prête à de telles explorations
et à certains assouplissements sur des points précis. Encore
faut-il que les diverses parties manifestent une négociation
marquée au coin de la flexibilité.
M. LESAGE: Est-ce que le ministre me permettrait une question?
M. MASSE: Oui?
M. LESAGE: Je pense que tous les membres du comité seraient
intéressés à savoir sur quels points le gouvernement ou la
régie est prêt ou est prête à la
flexibilité?
M. MASSE: Le gouvernement et les syndicats de la régie ont
marqué cette souplesse puisqu'il a été possible de
parapher ou de s'entendre sur l'ensemble des clauses normatives, et il reste
une clause ou un groupe de clauses que nous pouvons appeler « salariales
» à l'intérieur desquelles la régie a
déjà manifesté de la souplesse et à
l'intérieur desquelles il est possible, avec des explorations à
la table des négociations, d'arriver à certains assouplissements
sur des points précis, et ce, toujours, à l'intérieur de
la négociation.
M. LESAGE: Je le comprends, M. le Président. Mais, est-ce que le
ministre ne pourrait pas... Nous sommes ici pour nous renseigner, et j'ai
compris, tout à l'heure, lorsque
j'ai posé la question pour savoir quelles étaient les
positions définitives des parties, que le premier ministre a dit que
c'était une demande raisonnable. Le ministre vient de déclarer
qu'il est disposé à démontrer de la souplesse sur des
points précis. Il me semble que c'est le temps pour lui, c'est le temps
pour le gouvernement, c'est le temps pour la régie de nous dire à
nous, les membres du comité, sur quels points précis, qui restent
à négocier, le gouvernement est prêt à assouplir sa
position.
M. MASSE: M. le Président, le gouvernement a établi une
structure des négociations qui permet au centre même de cette
structure de négociations d'explorer les différents points
soulevés par le chef de l'Opposition et c'est essentiellement de la
négociation que de chercher ici à cette table, les zones de
souplesse.
M. LESAGE: Mais pas du tout. On cherche la position ultime du
gouvernement. Alors, il faut que je sache tout de même quels sont les
points sur lesquels la négociation est possible.
M. MASSE: Le premier ministre, comme d'ailleurs les membres de ce
comité, ont accepté depuis le début que ce n'était
pas l'endroit de la table des négociations...
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas ce que le chef de l'Opposition propose. Vous
dénaturez complètement sa proposition.
M. MASSE: Nous continuons...
M. LESAGE: Vous faites une affirmation et je vous demande de la
préciser. Vous refusez. Vous n'êtes pas sérieux. Vous
n'êtes pas de bonne foi.
M. MASSE: Nous continuons à répéter que la
façon la plus sérieuse de régler le conflit de la RAQ,
c'est de permettre aux parties de négocier à la table de
négociations.
M. BERTRAND: Je demande au chef de l'Opposition de retirer ces mots: II
n'est pas de bonne foi.
M. LESAGE: Je m'excuse. Je voulais dire que le gouvernement ou la
régie ne négociait pas de bonne foi, si c'est cela l'attitude du
gouvernement.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, je constate que...
M. LESAGE: J'ai retiré l'accusation contre le ministre. Mais je
dis que le gouvernement, il est clair, n'est pas prêt à
négocier de bonne foi.
M. LE PRESIDENT: A l'ordrel Je constate malheureusement, même si
les débats deviennent de plus en plus intéressants, que nous
sommes déjà rendus à 6 h 5 et je me demande si les membres
du comité ne voudraient pas ajourner à une autre
séance.
M. LEFEBVRE: J'aurais une proposition à faire. A moins que le
comité ne veuille siéger ce soir, je proposerais que nous
siégions jusqu'à 6 h 30. Pour ma part, j'ai beaucoup
écouté le député de Montcalm et j'aimerais dire
quelques mots. J'en aurais pour deux minutes, mais j'ai noté...
M. BERTRAND: D'accord.
M. LEFEBVRE: ... que tout l'après-midi, M. Pepin avait le bras
levé et il n'a pas eu beaucoup de chance de parler. Si on relit le
compte rendu des Débats, on se rendra compte que le député
de Montcalm a occupé une proportion assez importante du temps, ce qui
est justifiable compte tenu de ses responsabilités. Mais il me semble,
quant à moi, à moins que quelqu'un ait de violentes objections,
on pourrait prolonger jusqu'à 6 h 30.
M. LE PRESIDENT: Je ferai remarquer aussi au député
d'Ahuntsic, que nous devions commencer nos travaux à 3 h 30 et que,
à cause de circonstances inéluctables, le comité a
commencé à siéger...
M. LAPORTE: On n'a pas commencé au moment où vous l'avez
voulu, mais on a commencé.
M. LE PRESIDENT: Le comité est ajourné à 9 h
30.
M. BERTRAND: Je proposerais que nous ajournions à demain matin,
à 9 h 30.
M. LEVESQUE (Laurier): Je demanderais, respectueusement, comme je l'ai
fait l'autre fois... mais cette fois-ci, il me semble que c'est final. Le
gouvernement a fait une déclaration, le premier ministre a dit,
lui-même; Ona telle attitude. Du côté syndical on a à
peine commencé à entendre les gens. Ce serait vraiment rire du
monde, là. On sait que ce soir il ne se passera rien d'autre que de la
rancoeur, qu'on le veuille ou non. Il va se passer des choses qui, non seu-
lement n'amèneront pas des négociations, mais qui vont
durcir encore davantage, peut-être, les positions. Est-ce que c'est si
sacré que ça qu'on ne puisse pas venir vers 8 heures ce soir pour
essayer de vider ce que nous pouvons faire, nous, ici?
M. le Président, je ne comprends pas.
M. MASSE: Je crois, M. le Président, que le rôle
fondamental du comité, indépendamment d'entendre les parties,
c'est de permettre aux parties de conclure une convention collective. Or, je
l'ai dit très clairement, je crois que les négociations, du
côté gouvernemental, sont encore possibles. On me demande
d'exprimer ici le mandat des négociateurs. Je crois que c'est impossible
au même titre que cela serait si je demandais au syndicat de nous
indiquer les zones de souplesse qui lui restent et sa position finale dans ces
zones.
Je crois, M. le Président, que le rôle du comité
n'est pas la table de négociations et que l'endroit où les
parties vont conclure, c'est à la table de négociations. Or,
c'est encore là, ce soir comme demain, que les parties vont pouvoir
explorer les possibilités de règlement.
M. LEVESQUE (Laurier): Ecoutez, soyons honnêtes, croyez-vous
qu'ils vont y aller ce soir?
M. MASSE: Je peux vous dire que la partie gouvernementale est
prête à y aller.
M. LEVESQUE (Laurier): Ah oui! On le sait.
M. BERTRAND: M. le Président, nous avons...
M. LE PRESIDENT: Pardon, M. Pepin a demandé d'adresser la parole
pendant environ trois minutes.
M. BERTRAND: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Etant donné que je n'ai pu, à cause des
circonstances que vous connaissez, je pense qu'il serait avantageux que M.
Pepin soit entendu pendant quelques minutes.
M. MALTAIS (Saguenay): Je ne vois pas pourquoi on limiterait M. Pepin
à trois minutes.
M. LE PRESIDENT: C'est à se le demander, oui.
M. PEPIN: Comme je ne peux pas parler beaucoup plus longtemps, je vais
essayer d'être « condensé » comme du « lait
condensé », tout simplement, et de parler très très
rapidement.
M. le Président, messieurs les membres du comité, le
ministre délégué à la Fonction publique nous a dit
qu'il était prêt à un assouplissement. Il ne veut pas nous
dire où, quand, ou est-ce que cela va se passer? Il s'est demandé
où était l'inflexibilité puisque lui était
monté de $275 et qu'il avait dit au comité ici $300.
Moi, je peux lui dire ceci: Dans le même texte du premier
ministre, il est indiqué que le syndicat a changé de position au
moins à trois reprises et que le syndicat qui est ici est disposé
à examiner toutes les formules pour y arriver. Mais quand vous
êtes devant un négociateur qui dit: Non, je ne bouge pas, vous ne
pouvez jamais arriver à un accord de cette nature à moins qu'une
des parties décide de s'écraser, tout simplement.
Je ne crois pas que les grévistes de la régie
décident de s'écraser de cette façon-là. Ce qu'ils
veulent, c'est négocier un contrat, un contrat véritable, tout
simplement.
On nous a dit le fameux organisme qu'on va mettre au monde pour 1971, on
va le mettre au monde tout de suite. Moi, je vous dis que j'ai l'Impression que
c'est une façon de tenter de dévier le débat qui,
actuellement, est engagé au niveau des grévistes de la RAQ. Je
vous dis aussi et je pense que tous les membres du comité parlementaire
qui sont ici, doivent le retenir, que lorsqu'il y aura des structures qui
seront mises au monde, les droits des syndicats ne vont pas être
sacrifiés.
Le ministre semble être d'avis que les pouvoirs seront
transportés aux centrales, aux dirigeants, aux chefs qui vont
décider pour les autres. Je le préviens tout de suite, ça
ne se fera pas à la CSN. Nous sommes prêts à être
là, mais nous agirons de telle manière que les syndiqués
aient encore leur mot à dire, parce que ce sont eux qui vont
décider, ça ne sera pas nous qui allons tout décider pour
eux. Nous ne pouvons pas siéger en catimini et nous ne pouvons pas
accepter de sacrifier les droits qui, quant à nous, sont
inaliénables, des syndicats qui sont autonomes, et qui ont le droit de
prendre des décisions. Cela n'empêche pas que nous puissions
marcher par délégation de pouvoirs, cela n'empêche pas que
nous puissions être là. Nous avons négocié, nous
négocions encore dans les hôpitaux, M. le Président, avec
une structure provinciale, c'est nous qui l'avons proposé dans le temps.
Allez voir ce qui se passe et vous verrez que ce sont les syndicats
eux-mêmes qui décident s'ils vont accepter ou s'ils vont
rejeter.
Ce n'est pas la centrale, ce n'est pas la fédération qui
vont décider à leur place. Je crois
que, lorsque le ministre a dans la télé de former un tel
comité, il ne doit pas oublier qu'il ne changera pas, avec un tel
comité, le pouvoir réel qui existe chez les membres du syndicat.
Les syndicats vont rester les porte-parole des employés car, à
l'heure actuelle, la CSN est avec les travailleurs de la régie:
premièrement ils nous sont affiliés, et, deuxièmement,
nous les supportons. Mais, les décisions ne sont prises ni par le
secrétaire général, ni par le président
général, elles sont prises d'abord par le comité de
négociations, par les délégués, comme nous l'avons
fait à une réunion, aujourd'hui, à notre bureau.
Elles sont prises, finalement, par l'assemblée
générale des membres. N'essayons pas de mêler les
débats et n'essayons pas de dire que ce que nous faisons à la
CSN, c'est d'avoir ce groupe-là pour en faire un pion sur un
échiquier. Ce n'est pas vrai. Ce que les travailleurs veulent à
la Régie des alcools du Québec, c'est un contrat de travail qui
soit convenable et qu'on s'arrange pour le respecter.
Alors, je voudrais que ce point soit bien clair.
Maintenant, négocions, négocions encore. Moi, ce que je
peux vous dire, c'est que, depuis trois semaines, ou deux semaines que nous
venons ici je ne sais pas combien cela fait de semaines il nous
semble, à nous, qu'il y avait une séparation, une
différence entre le comité parlementaire et ce que disait le
premier ministre, d'ailleurs, et la négociation, à la table des
négociations. Je vous le dis, M. le Président, et je le dis au
premier ministre qu'il nous semble que le comité parlementaire nous
disait à tout coup: Retournez négocier, allez-y. Et puis, nos
gars sont disposés à faire ça. Il sont prêts
à y aller. Mais, une minute, attention! Si c'est uniquement pour aller
se faire dire un non à la table des négociations... Le premier
ministre sait bien que, quand il va négocier à Ottawa...
Il n'ira pas toutes les semaines si Benson continue à toutes les
semaines à lui dire, non. A un certain moment il va se « tanner
», lui aussi.
Ce que nous voulons savoir, c'est s'il y a vraiment une
différence entre le comité parlementaire et la table des
négociations. Et sommes-nous capables de jouer ouvertement? S'il y a des
cachettes, du côté des négociateurs de la Régie des
alcools, il faudra que ça cesse. Si c'est le ministre de la Fonction
publique qui va venir dire au comité ce que les membres
négociateurs doivent dire, comme cela s'est produit la semaine
passée, il faut qu'une telle situation cesse. Et nous ne pouvons pas
avoir de médiateur spécial, il paraît que ce n'est pas
possible dans la fonction publique. A Ottawa, c'est possible, le juge
Lippé y a été nommé. On ne peut pas avoir de
« fact finding board ». Ce n'est pas possible, non plus, on le
changerait de table de négociations. Mais, ce n'est pas vrai, quand
même. On ne peut pas avoir d'expert, si j'ai compris.
Moi, je vais vous faire une autre suggestion, et qui pourrait être
réalisée ce soir. Il y a des députés qui sont ici,
il y ades ministres qui sont intéressés à ce
problème-là. Je vous convie. Allez vous asseoir à la table
même des négociations. C'est public, les journalistes sont
là. Venez, allez voir ce qui se passe, et peut-être que ça
va aider encore. Je ne vous demanderai pas de négocier. Je ne demanderai
pas au ministre de la Fonction publique de négocier. Il n'aime pas cela.
Je le comprends. Le premier ministre ne veut pas négocier dans son
bureau. Cela ne fait absolument rien. Le problème, c'est de
régler le problème! Ce n'est pas l'endroit où il se
règle. M. le Premier ministre, moi, cela ne me fait absolument rien, du
moment qu'on utilise des moyens convenables pour y arriver, que cela se passe
à gauche, à droite, au centre, cela ne me fait absolument rien.
Venez donc, les députés qui êtes libres. Parfois, vous avez
des moments de liberté. Venez vous asseoir dans la salle et
considérez ce problème-là. Je sais bien que cela ne vous
apprendrait rien. Vous êtes les hommes du peuple, vous connaissez tout
dans le peuple! Mais peut-être que, dans ce cas-là, cela pourrait
vous aider à comprendre davantage la situation.
Nous n'avons pas de médiateur, nous n'avons pas de « fact
finding board », nous n'avons pas d'expert. Nous n'avons rien! Venez donc
voir ce qui se passe. Je pense que cela pourrait aider. Si le premier ministre
a quelques minutes de libres, qu'il vienne donc faire un tour! Le ministre du
Travail, c'est un expert là-dedans. Il en a réglé des
problèmes! Qu'il vienne donc voir à la table de
négociations! Il lui vient, parfois, des idées lumineuses et cela
pourra sortir. Mais, quelle serait la gêne des ministres, des
députés de venir assister à cela?
C'est un conflit majeur, un conflit qui va s'éterniser à
moins qu'on prenne les moyens pour passer à travers. Si vous voulez
être souples, nous voulons être souples. Si vous voulez comprendre
la situation, venez voir ce qui se passe.
M. BERTRAND: M. le Président, les propos de M. Pepin sont assez
précis, assez directs.
UNE VOIX: Comme d'habitude, M. le Président!
M. BERTRAND: Il a dit qu'au comité, ici, ce n'était pas la
place pour négocier. Nous avions donné un mandat au
comité. Le gouvernement a
exposé sa politique salariale. Mon collègue l'a lait. Il y
a eu des échanges de propos. Nous croyons de notre côté
avoir terminé l'objet de nos travaux au comité parlementaire. M.
Pepin, et avec raison, a dit: Il y a la table des négociations. J'ai
noté que, depuis quelque temps, elle était publique. Les
journalistes s'y rendent, s'il y en a d'autres qui veulent y aller, qu'ils s'y
rendent. Ce soir, M. Pepin, il m'aurait été permis, comme
citoyen, de m'y rendre, mais comme premier ministre, je dois assister à
la réunion du conseil des ministres. Si d'autres députés
veulent y aller, des deux côtés de la Chambre, qu'ils y
aillent.
Quant aux travaux de ce comité, M. le Président, je
soumets que si les négociations, comme M. Pepin vient de l'indiquer,
doivent se continuer pour qu'on sache, autour de la table des
négociations, la position de flexibilité, de souplesse ou de
raideur, de part et d'autre, c'est à la table des négociations
qu'on s'en rendra compte. Mais ce n'est pas à nous, ici, à jouer
ce rôle. Je l'ai déclaré depuis le début, je le
répète, je reprends les propos de M. Pepin. Je soumets donc, M.
le Président, que les négociations doivent se poursuivre. Elles
sont publiques. Les journalistes peuvent y assister ainsi que les
députés. Ils peuvent suivre aussi la marche des
négociations que nous souhaitons fructueuses.
Quant aux travaux de ce comité, M. le Président, je
soumets, de la part du gouvernement qui venait ici pour indiquer sa politique
salariale et ses incidences sur la grève de la RAQ et non pour se
trouver devant une table de négociation ou un conseil d'arbitrage, que
nous avons terminé nos travaux et que nous pourrions ajourner sine
die!
M. LESAGE: Un instant, M. le Président, un instant on a
parlé d'ajourner...
M. MALTAIS (Saguenay): L'ajournement est...
M. LESAGE: On a parlé d'ajourner à 9 h 30 demain matin.
J'ai posé une question précise.
J'ai demandé de savoir et ici au comité, non pas
à la table de négociations quelles étaient les
positions ultimes des deux côtés. Le premier ministre a dit que
c'était une demande raisonnable, et j'y tiens! Et j'y tiens! Je tiens
absolument à entendre les deux parties.
Et il y a bien d'autres choses que l'on peut faire au comité,
dont je parlerai plus tard, parce que je n'ai pas fini, le travail au
comité est loin d'être terminé.
Sur ce point précis, le premier ministre a été
d'accord. Je pense que les députés qui assisteraient à une
séance de négociations pourraient le faire avec profit, seulement
si, avant de se rendre à la table de négociations, ils ont
entendu ici au comité premièrement, de la part des
représentants de la régie ou du ministre d'Etat, et,
deuxièmement, de la part des représentants des syndiqués,
les positions ultimes, tel que je l'ai demandé et tel que le premier
ministre l'a approuvé, d'ailleurs...
M. PEPIN: Et nous sommes prêts, M. le chef de l'Opposition.
M. LESAGE: Je suis prêt à entendre le gouvernement ou la
régie et les représentants des employés de la régie
vous dire ici, avant que nous allions assister aux négociations,
à la table des négociations, quelle est la position, à ce
moment-ci, des deux parties. Alors, nous pourrons comprendre exactement ce qui
se passe à la table des négociations et nous serons en mesure de
nous former un jugement. Pas autrement!
M. BERTRAND: M. le Président, le chef de l'Opposition dit
premièrement que nous voudrions connaître les positions des
parties.
M. LESAGE: Vous avez dit que j'avais raison!
M. BERTRAND: Deuxièmement, les positions ultimes des parties. Or,
il vient d'ajouter que les députés, se rendant à la table
des négociations, connaîtront là les positions des parties
qui sont en face l'une de l'autre...
M. LESAGE: Ce n'est pas ce que vous avez dit tantôt!
M. BERTRAND: J'ai toujours dit que le comité parlementaire ne
servirait pas de table de négociations!
M. LESAGE: Je n'ai pas demandé cela.
M. BERTRAND: Ni de conseil d'arbitrage! C'est à la table des
négociations qu'on s'en rendra compte. M. le Président, c'est le
président de la CSN qui, lui-même, par ses propos, m'a
invité à formuler la demande, étant donné que notre
politique salariale a été exposée, et qu'il a dit que
c'est à la table de négociations que l'on verra la
flexibilité, les positions des parties, les positions ultimes. C'est
pourquoi, M. le Président, je vous ai demandé de déclarer
je le propose que les travaux de ce comité soient
ajournés sine die.
M. CHOQUETTE: Je veux prendre la parole à propos de la demande du
premier ministre.
M. PEPIN: Juste pour faire une mise au point, si vous me le permettez.
Je pense que le premier ministre comprendra fort bien que je n'ai pas
demandé que les travaux du comité soient terminés... Je
crois bien qu'il n'a pas dit cela, mais...
M. BERTRAND: Non, non, mais je me base sur vos propos.
M. PEPIN: Moi, je me suis basé sur les propos du premier ministre
à l'ouverture du comité.
M. BERTRAND: Oui, ils sont fort à propos et, justement ils
m'indiquent la voie que nous devons suivre, ici au Parlement, après les
exposés qui ont été faits. M. le Président, je
propose que, sur le problème qui nous a été soumis, qui a
été référé au comité, ce
comité soit ajourné sine die.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je dirai bien sincèrement
et bien froidement que, je trouve que la demande du premier sent mauvais.
Après qu'il a annoncé que le comité reprendrait ses
travaux demain matin à 9 h 30, le premier ministre a changé
d'idée dans l'intervalle. Il ne nous dit pas pourquoi il a changé
d'idée...
M. BERTRAND: Oui, je vous l'ai dit, je l'ai dit, M. le Président.
Je soulève un point d'ordre. Je l'ai dit: C'est que j'ai senti dans les
propos de M. Pepin qu'il y avait du travail à accomplir à la
table des négociations, et que c'est là...
M. LESAGE: Ici aussi.
M. BERTRAND: Que c'est là que les positions des parties,
positions ultimes, positions précises...
M. CHOQUETTE: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. BERTRAND: ... vont être établies. Vous venez de dire que
cela sent mauvais. Je réponds que cela ne sent pas mauvais, c'est la
vérité.
M. CHOQUETTE: Je maintiens ce que j'ai dit, M. le Président, et
ce n'est pas le premier ministre qui va me faire retirer mes paroles. Et
j'ajouterai que le travail du comité est loin d'exclure, n'exclut pas le
travail à la table des négociations. Mais au contraire,
l'expérience que nous avons eue avec l'actuel comité, ce n'est
que depuis que nous siégeons qu'il y a réellement de la
négociation à la table des négociations. Alors je dis :
Pourquoi ne pas conti- nuer à siéger? En troisième lieu,
M. le Président, vous ne pouvez pas donner suite à la motion du
premier ministre. Le député d'Ahuntsic a demandé la parole
et vous avez ajourné le comité à demain matin, à 9
h 30.
M. LAPORTE: M. le Président, sur la motion d'ajournement, disons
que c'est le plus mauvais moment possible qui ait été choisi par
le premier ministre pour demander que le comité s'ajourne sine die.
Lui-même, reprenant les propos de M. Pepin dit que, s'il était
libre, il lui ferait grand plaisir d'aller assister à la
négociation. Puis il a invité les collègues membres du
comité à y aller. Ils vont faire rapport où? M. le
Président. J'imagine qu'il y a sept ou huit membres du comité
qui, ce soir, iront assister à la négociation. On leur a dit que
ce n'est pas ici, devant le comité, qu'ils vont avoir les renseignements
de base, c'est devant la table des négociations. D'accord.
Je me propose d'y aller ce soir, M. le Président. J'aimerais
avoir l'occasion de faire rapport au comité... et vous dites qu'il ne
siégera plus.
Je me sens mandataire du comité, M. le Président. Je vais
aller ce soir assister à une partie des négociations, et je vous
demande la permission...
M. BERTRAND: Nous vous remettrons n'importe quel mandat, il y en a
plusieurs que vous désirez...
M. LAPORTE: Je sais, M. le Président, que plus je serai absent,
plus vous allez aimer cela, mais ce n'est pas de cela que nous discutons.
M. BERTRAND: Ah, cela ne me dérange pas du tout!
M. LAPORTE: Je vais y aller ce soir, M. le Président, avec
d'autres collègues, j'imagine, et nous vous demandons la permission, M.
le Président, comme membres de ce comité, comme
députés, d'être en mesure de vous faire rapport demain
matin. Alors, je propose un amendement...
M. BERTRAND: Vous ferez le rapport en Chambre.
M. LAPORTE: Ah! monsieur, vous savez comme ce n'est pas facile. Vous le
savez...
M. BERTRAND: Le député de Chambly ne prétendra
toujours pas qu'il ne peut pas s'exprimer en Chambre comme il le veut et quand
il le veut...
M. LAPORTE: Non, non, non...
M. MALTAIS (Saguenay): C'est parce qu'il est adroit,..
M. LAPORTE : Alors, en amendement à la proposition du premier
ministre, je propose que ce comité s'ajourne jusqu'à demain matin
à 9 h 30.
M. LEFEBVRE: M. le Président, appuyant la motion d'amendement,
j'aimerais vous faire remarquer que j'avais sacrifié les quelques
remarques que je me proposais de faire ce soir, et je me préparais
à les augmenter pour demain matin, parce que je suis l'un des membres du
comité qui a été, jusqu'à maintenant, relativement
silencieux. Je voulais d'abord laisser le ministre d'Etat à la Fonction
publique vider son sac avant que nous ayons l'occasion d'intervenir.
Encore une fois, si on fait la revue du journal des Débats, on se
rendra compte que le gouvernement a occupé l'immense majorité du
temps du comité. Je trouverais, pour ma part, absolument
antidémocratique que le comité ajourne ses travaux maintenant.
C'est pourquoi j'appuie avec plaisir la motion d'amendement du
député de Chambly.
Mais, M. le Président, puisque le gouvernement a la
majorité sans doute, à ce comité je n'ai pas
compté les membres, mais il est probable que le gouvernement peut faire
adopter la motion principale je crois que, selon les règles de la
procédure, il serait normal que l'on m'accorde, dans ce cas-là,
les trois ou quatre minutes que j'avais demandées. Encore une fois, je
supporte de tout coeur la proposition du député de Chambly.
M. BERTRAND: Prenez vos trois ou quatre minutes.
M. LEFEBVRE: Non, non. J'aime mieux que nous votions d'abord. J'ai
déjà dit...
M. BERTRAND: Prenez vos trois ou quatre minutes que nous vous accordons
avec plaisir.
M. LESAGE: Vous semblez vouloir nous bâillonner, hein...
M. BERTRAND: M. le Président...
M. LESAGE: On veut nous bâillonner sur les amendements. C'est
clair...
M. BERTRAND: Non, je demande au chef de l'Opposition de retirer ses
paroles-là. Il y a toujours un bout...
M. LESAGE: Je ne les retirerai pas. C'est le bâillon.
M. BERTRAND: Voyons...
M. LE PRESIDENT: Je m'aperçois que, à mesure que l'heure
avance, le climat devient extrêmement tendu pour tout le monde...
UNE VOIX: Plus cela va aller, pire cela va être.
M. LE PRESIDENT: Je me permets aussi de souligner aux membres de ce
comité que la proposition d'ajournement sine die ne signifie absolument
pas que le comité cesse de siéger pour toujours, je pense
que...
DES VOIX: Ah! Ah! Ah!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. LAPORTE: Alors, voulez-vous nous dire...
M. BERTRAND: Mettons la proposition au vote.
DES VOIX: Vote, vote, vote...
M. BERTRAND: Laissez toujours parler le président. Il n'a pas
parlé souvent depuis le début de l'après-midi...
M. LE PRESIDENT: Alors, je pense que, dans les circonstances, il y a
toujours possibilité que le comité se réunisse à
nouveau. Je me demande si le comité ne serait pas prêt à se
prononcer sur la motion d'amendement d'abord pour ensuite se prononcer sur la
motion principale.
M. BERTRAND: C'est cela. Alors la motion d'amendement. Le vote sur la
motion d'amendement de M. Laporte.
M. LE PRESIDENT: Que ceux qui sont en faveur de la motion d'amendement
de M. Laporte! M. Allard.
M. ALLARD: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Bellemare.
M. BELLEMARE: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Bertrand.
M. BERTRAND: Contre la motion d'amendement.
M. LE PRESIDENT: M. Bourassa.
M. BOURASSA: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Bousquet.
M. BOUSQUET: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Choquette.
M. CHOQUETTE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Cloutier.
M. CLOUTIER: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Gablas.
M. GABIAS: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Gosselln.
M. GOSSELIN: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Laporte.
M. LAPORTE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Lefebvre.
M. LEFEBVRE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Lesage.
M. LESAGE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Léveillé.
M. LEVEILLE: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Levesque (Bonaventure)
M. LEVESQUE (Bonaventure): Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Lévesque (Laurier)
M. LEVESQUE (Laurier): Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Loubier.
M. LOUBIER: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Masse.
M. MASSE: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Paul.
M. PAUL: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Séguin.
M. SEGUIN: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Vaillancourt.
M. VAILLANCOURT: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Wagner.
M. WAGNER: Pour.
M. LE PRESIDENT: La motion d'amendement est rejetée.
M. LESAGE: Le compte est de combien?
UNE VOIX: Quel est le vote sur 23?
M. LE PRESIDENT: Dix pour, onze contre.
M. LESAGE: M. le Président, sur la motion d'ajournement, j'ai un
amendement à proposer et, avant de le proposer, j'ai deux mots à
dire sur un sujet extrêmement sérieux et j'invoque toujours
l'article 465 du règlement. Je dois dire que je suis croyablement
informé que l'alcool fabriqué dans une distillerie
québécoise a été, depuis le début de la
grève, livré directement, à partir d'entrepôts du
port de Montréal je sais les numéros des hangars, le
premier ministre peut les obtenir facilement et cela à de grands
hôtels dans la province. Les timbres de la régie, d'après
mes information sérieuses, auraient été apposés sur
les bouteilles avec le concours des autorités et des employés de
la Régie des alcools de Québec. Des livraisons auraient
été faites par des compagnies de camionnage dont j'ai les noms,
mais je ne veux pas salir de réputations.
Alors, je dis, M. le Président, qu'il est absolument urgent,
d'entendre M. Laverdure et aussi M. J.-P. Latulippe, un des hauts
fonctionnaires de la régie j'ajoute ce nom à celui que
j'avais mentionné hier pour savoir jusqu'à quel point les
ventes illégales d'alcool, dans la province de Québec, brisent
l'équilibre des forces en présence.
Je propose donc que le comité ne soit pas ajourné avant
d'avoir entendu M. Laverdure et M. Latulippe.
M. BERTRAND: M. le Président, le chef de l'Opposition m'a
posé des questions précises en Chambre, cet après-midi, au
sujet du même problème qu'il soulève...
M. LESAGE: Non, pas celui-là.
M. BERTRAND: Il y a, à l'heure actuelle, des enquêtes qui
sont en cours. A ce moment-ci, M. le Président, je puis assurer le
comité que dans l'exercice de nos responsabilités, les miennes en
particulier, si l'existence du commerce clandestin et les faits qui m'ont
été révélés et d'autres que l'enquête
peut me révéler, indiquent qu'une enquête publique devrait
être tenue sur le commerce clandestin, elle le sera! C'est pourquoi, M.
le Président,...
M. LESAGE: Qu'on entende les témoins, ici!
M. BERTRAND: ... Une enquête publique sur le commerce clandestin:
elle le sera!...
M. LESAGE: C'est public, ici.
M. BERTRAND: ... Elle le sera devant des gens qui, à ce
moment-là, jouent un rôle et où les parties pourraient
être entendues suivant les règles judiciaires. Il y a eu jadis des
commissions d'enquête qui ont été formées. Nous
pourrons y voir le commerce clandestin qui a existé à l'occasion
des grèves de la RAQ, en 1965 et en 1968.
M. LESAGE: Cela a un gros effet sur la grève de 1968.
M. BERTRAND: Voilà pourquoi, M. le Président, les deux
années, les deux grèves, nous y verrons. Nous verrons, nous
verrons!
M. LAPORTE: Etes-vous prêt à le proposer tout de suite?
M. BERTRAND: Et j'ai des faits! Les responsabilités, M. le
Président, que j'ai acceptées...
M. LESAGE: Tout de suite. UNE VOIX: Tout de suite...
M. BERTRAND: ... sont telles que des enquêtes sont en cours
à l'heure actuelle. Comme premier ministre et ministre de la Justice, il
est de mon devoir de vérifier ces faits, d'abord et avant tout, pour
voir si l'on doit répondre à l'invitation qui nous a
été faite, non pas par le chef de l'Opposition, mais par le
président de la CSN, quand il a demandé une enquête
publique sur le commerce clandestin de la Régie des alcools ou de
l'alcool au Québec, à l'occasion de la grève. Cela, c'est
ma responsabilité, et c'est à moi de la prendre.
M. LESAGE: Nous avons tout de même, comme députés,
certaines responsabilités.
M. BERTRAND: Oui, et je les prendrai en temps et lieu. Je prends les
miennes, M. le Président, suivant ma conscience et les serments que j'ai
prêtés.
M. LESAGE: Ne nous faites pas pleurer!
M. BERTRAND: Vous n'avez pas besoin de pleurer, pas du tout! Vous avez
présenté une motion, nous allons demander le vote. Allez-y!
M. LESAGE: Les gens ont le droit de parler...
M. LEVESQUE: Hier, aussi, nous avons parlé de cette
question-là. Le chef de l'Opposition vient d'apporter quand même,
comme il dit, des convictions, des informations qu'il base sur des
renseignements à son avis croyables. Il y a deux hommes qui sont ici, et
ça peut directement affecter les choses. C'est sûr, on le sait que
l'alcool coule à flot depuis des mois. Est-ce que ça coule
à partir d'une tolérance de la Régie des alcools
elle-même? Cela, c'est un organisme qui s'appelle la Régie des
alcools. Il n'appartient pas au gouvernement, il appartient à tout le
public que représentent ici les députés.
La responsabilité fondamentale du parlement dont nous
émanons, nous, comme comité, dans tous les pays civilisés,
c'est de vérifier ce qui se passe dans les fonds publics, que ce soit au
moment des budgets, par rapport aux revenus et aux dépenses, là
où se trouvent impliqués les revenus du Québec. Il n'y a
pas moyen d'être plus strictement conforme au rôle que nous avons
à jouer à moins que nous voulions vraiment dégrader
complètement le Parlement. Nous sommes ici, les hommes sont ici. Je ne
crois pas qu'il soit bien compliqué de leur demander si ça s'est
produit ou non. Forcément, le premier ministre ou ses ministres, ou les
experts du gouvernement, sont peut-être au courant. Est-ce qu'il est
normal que les députés, dans leur ensemble, à une
régie, à un comité sur les régies qui s'occupent
justement de commerce pour le gouvernement, qui implique les fonds publics, les
revenus et éventuellement tout le budget, est-ce qu'il est normal que
les députés doivent attendre indéfiniment pour savoir une
chose très simple, qui permettrait de voir si l'alcool qui coule
à flot depuis des mois, dans l'illégalité la plus totale,
si la régie d'une façon ou de l'autre, régie publique,
propriété de l'ensemble de la population, a contribué
à ce commerce-là? Je crois que c'est
cela qu'implique la question qu'a posée le chef de l'Opposition.
Aujourd'hui, comme hier, je demanderais au gouvernement de donner une raison
valable pour laquelle on la refuserait.
Aujourd'hui comme hier, je serais en faveur de cette motion-là
qui pourrait se régler en dix minutes. Tout le monde pourrait s'entendre
pour écouter simplement des réponses à des questions
clefs. Est-ce que, oui ou non, des timbres de la régie ont
été apposés à des bouteilles, quelles qu'elles
soient, de quelque distillerie que ce soit? Nous avons un beau cas sub judice,
avec cinq Canadiens comme nous, qui sont devant les cours. Par ailleurs,
combien d'autres distilleries, combien d'autres commerçants, combien
d'autres personnes qui ne sont pas nécessairement du même
groupe et que nous sommes toujours, comme des masochistes, en train de «
fourrer » en public chaque fois que nous nous déculottons
ont fait ce même com-merce-là? Est-ce que la régie aussi a
mis ses timbres, de façon à être, jusqu'à un certain
point, un élément qui contribue à ce commerce-là
depuis des mois?
Il y a une façon simple de le savoir. Leur serment d'office les
obligeant à répondre par les faits, les deux hommes qui sont ici
pourraient sûrement nous dire si les informations que dit croyables le
chef de l'Opposition sont basées en fait ou ne le sont pas. En tout cas,
pour la dignité du Parlement où on est sensé, encore une
fois, avoir comme but principal de voir ce qui se passe dans les fonds publics,
l'occasion étant ici, le comité étant ici, les hommes
étant ici, il me semble qu'il n'y a pas de raison pour qu'on ne puisse
pas avoir de réponses.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Outremont.
M. CHOQUETTE: M. le Président, le premier ministre, dans sa
réponse à la motion du chef de l'Opposition, a fait allusion
à des questions que le chef de l'Opposition avait posées en
Chambre, cet après-midi, au sujet de la saisie à
Vanier. Or, la question qui est maintenant soulevée par le chef
de l'Opposition est complètement distincte et différente du
problème qui nous in-téresse,actuellement, devant ce
comité. Par conséquent, on ne peut pas dire que c'est pendant,
ailleurs, devant la Chambre: ça n'a pas été exploré
devant la Chambre.
En plus de cela, M. le Président, nous ne sommes pas devant une
question qui serait sub judice, d'aucune façon. Il n'y a pas de
procès d'intenté autour de cette question-là, à
l'heure actuelle. Par conséquent, le premier ministre ne peut pas
invoquer l'excuse que ce serait pendant devant les tribunaux. Enfin, nous som-
mes devant le forum de la Chambre qui est justement celui qui doit servir
à examiner l'administration de la Régie des alcools. En effet,
nous sommes devant le comité des régies gouvernementales à
caractère commercial et industriel. Or, la Régie des alcools est
un des organismes qui tombent sous la juridiction de ce comité. Alors,
je me demande, à la suite du chef de l'Opposition et du
député de Laurier, ce qui peut arrêter le gouvernement et
pourquoi cette motion intempestive d'ajournement au moment où l'on
arrive à cette question cruciale.
M. le Président, je pense que, sur le plan de la stricte
intégrité, il serait du devoir du premier ministre et de ses
collègues de laisser procéder aux interrogatoires qui ont
été demandés par le chef de l'Opposition.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le comité est prêt à se
prononcer?
DES VOIX: Vote, vote.
M. LE PRESIDENT: Ceux qui sont pour ou contre la proposition
d'amendement du député de Louis-Hébert. M. Allard.
M. ALLARD: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Bellemare.
M. BELLEMARE: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Bertrand.
M. BERTRAND: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Bourassa.
M. BOURASSA: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Bousquet.
M. BOUSQUET: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Choquette.
M. CHOQUETTE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Cloutier.
M. CLOUTIER: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Gabias.
M. GABIAS: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Gosselin.
M. GOSSELIN: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Laporte.
M. LAPORTE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Lefebvre.
M. LEFEBVRE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Lesage.
M. LESAGE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Léveillé.
M. LEVEILLE: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Levesque, Bonaventure.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Lévesque, Laurier.
M. LEVESQUE (Laurier): Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Loubier.
M. LOUBIER: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Masse.
M. MASSE: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Paul.
M. PAUL: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Séguin.
M. SEGUIN: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Vaillancourt.
M. VAILLANCOURT: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Wagner.
M. WAGNER: Pour.
M. LE PRESIDENT: Alors, est-ce que le comité est prêt
à se prononcer sur la motion?
M. LESAGE: Quel est le vote?
M. LE PRESIDENT: Pour: 11 Contre: 10
M. LAPORTE: M. le Président, sur la motion de l'ajournement sine
die, je demande également un vote enregistré, s'il vous
plaît.
M. LE PRESIDENT: Alors, sur la motion d'ajournement sine die. M.
Allard.
M. ALLARD: Pour.
M. LAPORTE: Je veux que chacun se prononce, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: M. Bellemare.
M. BELLEMARE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Bertrand.
M. BERTRAND: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Bourassa.
M. BOURASSA: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Bousquet.
M. BOUSQUET: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Choquette.
M. CHOQUETTE: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Cloutier.
M. CLOUTIER: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Gabias.
M. GABIAS: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Gosselin.
M. GOSSELIN: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Laporte.
M. LAPORTE: Pour. Contre, excusez-moi.
UNE VOIX: Sa conscience a parlé.
M. LAPORTE: C'est ma voix qui s'est trompée.
M. LE PRESIDENT: M. Lefebvre.
M. LEFEBVRE: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Lesage.
M. LESAGE: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Léveillé.
M. LEVEILLE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Levesque, Bonaventure.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Lévesque, Laurier.
M. LEVESQUE (Laurier): Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Loubier.
M. LOUBIER: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Masse.
M. MASSE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Paul.
M. PAUL: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Séguin.
M. SEGUIN: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Vaillancourt.
M. VAILLANCOURT: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Wagner.
M. WAGNER: Contre.
M. LE PRESIDENT: Alors le vote est Pour: 11 Contre: 10.
M. LEFEBVRE: M. le Président, est-ce que j'ai compris que le
comité était d'accord? Tout à l'heure le premier ministre
a semblé d'accord. Si je ne casse pas les pieds à personne, je
pense que je voudrais profiter du droit de parole que tout à l'heure
vous m'aviez accordé pour trois minutes.
M. BERTRAND: C'est ajourné sine die.
(18 h 42)