Journal des débats (Hansard) of the Committee on Citizen Relations
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
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Thursday, May 30, 2024
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Vol. 47 N° 53
Clause-by-clause consideration of Bill 65, An Act to limit lessors’ right of eviction and to enhance the protection of senior lessees
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11 h (version non révisée)
(Onze heures dix-sept minutes)
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
À l'ordre, s'il vous plaît. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance
de la Commission des relations avec les citoyens ouverte.
La commission est réunie afin d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi n° 65, Loi
limitant le droit d'éviction des locataires... des locateurs, pardon, et
renforçant la protection des locataires aînés.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Blais (Abitibi-Ouest) est remplacée par Mme Boivin
Roy (Anjou—Louis-Riel), Mme Picard (Soulanges) par Mme Jeannotte
(Labelle), Mme Prass (D'Arcy-McGee) par Mme Dufour (Mille-Îles), M. Cliche-Rivard
(Saint-Henri—Sainte-Anne) par Mme Labrie (Sherbrooke) et M. Bérubé
(Matane-Matapédia) par M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine).
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, MM. et Mmes les parlementaires,
bienvenue à la commission. Nous en sommes maintenant aux remarques
préliminaires pour lesquelles chaque membre dispose d'un maximum de 20 minutes.
Alors, j'invite d'abord la ministre responsable de l'Habitation à faire ses
remarques préliminaires. Le micro est à vous.
Mme Duranceau : Merci, Mme la
Présidente. Contente de vous voir. On ne s'était pas croisé en commission.
Alors, je salue d'abord mes collègues élus, mes collègues du cabinet, mes
collègues aussi élus des oppositions. Et je souligne aussi que ce ne sont que
des élues féminines, hein? Alors, ça va opérer aujourd'hui, je vous le dis, en
tout respect pour notre collègue Andrés qui, normalement, est là, là. Mais là,
il fallait... Ah! il ne fallait pas que je le dise, le député de Laurier-Dorion.
Donc, c'est un petit clin d'oeil qu'on lui fait, là, parce que c'est rare qu'on
est juste une gang de filles, bien qu'on soit accompagné d'acolytes fort
pertinents, ici, en la personne de Maître Simard, qui est le président du
Tribunal administratif, que vous avez évidemment eu l'occasion de voir, et
Nicolas Paradis, qui est mon sous-ministre au niveau de l'Habitation.
Donc, tout le monde a travaillé fort là-dedans.
Pas si tôt, en fait, concurremment, là, avec le projet de loi n° 31,
on tablait déjà sur les mesures qui sont proposées aujourd'hui. Il a fallu plus
de temps, il a fallu discuter, il a fallu analyser, il a fallu convaincre des
gens aussi, adapter en fonction de...
Mme Duranceau : ...de ce qui
m'a été soulevé, et tout, bien, aujourd'hui, on va continuer d'adapter s'il y a
lieu. Évidemment, je pense que ce qu'on souhaite tous, je ne veux pas mettre
tous les mots dans la bouche de personne, mais on espère que ce sera adopté
rapidement pour qu'il y ait rapidement un effet aussi pour la population, là.
Quand je parlais de traverser la crise plus humainement, puis juste apaiser un
peu le stress que plusieurs vivent en ce moment, juste avec le spectre d'une
potentielle éviction, je pense que c'est l'objectif des discussions
d'aujourd'hui. Alors, je nous souhaite une excellente collaboration là-dedans.
Je retourne à mes notes pour être sûre de ne rien échapper. Et attendez...
Donc, c'est ça.
• (11 h 20) •
Alors, Mme la Présidente, c'est un projet
de loi, comme je le mentionnais tantôt, qui a été le fruit d'une longue
réflexion, puis je n'ai pas peur de le dire, j'ai évolué là-dedans, moi aussi.
Ça, c'est évidemment amorcé avec le projet de loi n° 31. Mais là, aujourd'hui,
je suis vraiment fière que... de présenter les mesures dans la Loi limitant le
droit d'éviction des locateurs et renforçant la protection des locataires...
des locataires aînés. Et puis, vous le savez, Mme la Présidente, je le répète,
dès que j'ai l'occasion, je le maintiens encore une fois aujourd'hui, la vraie
solution pour régler la crise du logement, c'est de construire plus de
logements. Et je pense qu'on travaille... Malgré les questions posées ce matin,
on travaille très fort pour que le logement sorte... les logements sortent,
Et puis je... ça va me permettre de
rectifier un petit peu, là, ou de cadrer la question ce matin, le Programme
d'habitation abordable, il y a présentement 655 unités qui sont en
développement à travers le Québec. Donc, ça, elles sont réellement en
construction. On va mettre à jour notre tableau de bord qui est en ligne. C'est
peut-être ce qui a donné lieu, là, à la question de ce matin. Par ailleurs, on
peut ajouter à ça les 1000 unités, qui sont présentement en cours avec Mission
Unitaînés, qui devraient être livrées à l'intérieur de deux ans. Et puis c'est
sans compter les unités de l'arrérages AccèsLogis. On en avait plus de 15 000,
qui sont en train de lever de terre, s'ils ne sont pas déjà inaugurés. Alors,
alors, ça avance. Et force est de constater qu'il faut agir maintenant par
ailleurs, pour protéger les gens de la crise, parce que, bon, les fruits des
efforts en matière d'accélération de la construction, mais ils ne font pas
sentir tout de suite. Alors, c'est pour ça qu'aujourd'hui on est là puis qu'il
faut... il faut agir. Il y a des circonstances qui sont exceptionnelles et puis
ça prend des mesures exceptionnelles.
Alors, le projet de loi n° 65 a
principalement pour but de mettre en place un moratoire de trois ans sur les
évictions à des fins de changement d'affectation, de subdivision et
d'agrandissement de logements. On propose aussi de bonifier les protections
pour les aînés contre les évictions et les reprises de logement. On fait ça
comment? On fait ça en abaissant l'âge d'admissibilité à 65 ans et en bonifiant
de 25 % le revenu admissible pour bénéficier des protections qui existent
déjà. Alors, on vient presque doubler le nombre de ménages aînés qui seront
protégés contre les évictions et les reprises. Alors, je pense que c'est majeur
et ça a été très bien reçu jusqu'à présent. Évidemment, le projet... ce projet
de loi là, le projet de loi n° 65, bien, il est complémentaire à d'autres
initiatives qui sont mises de l'avant par le gouvernement. Alors, il y a
évidemment le projet de loi n° 39, qui est le projet de loi de ma collègue
ministre des Affaires municipales, puis bien, le projet de loi n° 31, qui a été
adopté en février dernier.
Puis, écoutez, je reviens quand même sur
le projet de loi n° 31, parce que c'est un projet de loi qui contenait des
mesures spécifiques qui visaient à mieux protéger les locataires contre les
évictions puis les expulsions abusives. Ça fait que je pense que c'est
important de le dire, sauf que force est de constater que, malgré... malgré la
meilleure protection, quand quelqu'un se retrouve, en ce moment, avec une
éviction, bien qu'il ait une compensation financière plus généreuse, qu'il y a
plus de prévisibilité parce que le fardeau de la preuve a été changé sur les
épaules du propriétaire, bien, les gens ont de la difficulté à se reloger.
Alors, c'est pour ça que le projet de loi actuel propose le moratoire qui se
veut une pause, un temps d'arrêt sur les opérations spéculatives dans le marché
du logement. Alors, on aura l'occasion d'en débattre, mais je crois que c'est
la mesure qui s'imposait dans les circonstances.
Par ailleurs, je le dis, il faut
construire. Donc, on a annoncé 4,7 milliards, au cours des cinq dernières
années, pour la brique, pour la réalisation de logements sociaux et abordables.
Puis on a investi 1,8 milliard à la mise à jour économique...
Mme Duranceau : ...lancer
des projets d'habitation et dont 123, presque 124 millions pour mieux soutenir
les personnes vivant en situation d'itinérance. On a aussi grandement bonifié,
puis c'est peut-être moins... moins accessible dans la population, ou technique
comme comme précision, mais on a bonifié et simplifié les programmes
d'allocation et de supplément au loyer pour qu'il soit plus efficace puis
qu'ils permettent de mieux atteindre leurs objectifs d'aider les gens en
situation de vulnérabilité. Alors, on agit sur, vraiment, plusieurs fronts puis
c'est ce que la situation commande.
Donc, je tiens à mentionner aussi que
chaque geste, qu'il soit individuel ou collectif, qu'il soit au niveau
municipal, provincial ou fédéral, bien, chaque geste compte. Et puis, dans le
contexte actuel, bien, il faut faire preuve... il faut faire preuve de
créativité, il faut être proactif, il faut travailler en synergie et surtout il
faut nous adapter lorsque la situation l'exige. C'est ça qu'on fait aujourd'hui
avec le projet de loi no 65. On a continué de réfléchir. La situation a
continué de se corser, notamment quand on considère le nombre de nouveaux
arrivants qui est un peu sous... hors de contrôle, considérant ce que le
fédéral ne fait pas. Alors il faut s'adapter. Puis on s'adapte avec le projet
de loi no 65. Et on démontre aussi qu'on n'a pas peur d'aller de l'avant
avec des mesures audacieuses parce que suspendre l'application du Code civil,
tous les juristes qui m'entourent me disent : On ne fait jamais ça. C'est
une mesure qui est vraiment extraordinaire. Alors, à situation exceptionnelle,
mesure exceptionnelle.
Alors, on n'a pas eu peur d'aller de
l'avant et, bien, je l'ai dit à plusieurs reprises depuis une semaine,
vraiment, l'objectif de ce projet de loi là, c'est de traverser la crise
collectivement, plus humainement, et en s'assurant de protéger les locataires
les plus vulnérables. Alors, vraiment, je fais appel. Je pense que mes
collègues sont dans cet esprit de collaboration, mais je le réitère, j'espère
que ça va bien aller puis qu'on puisse adopter le projet de loi avant la pause
estivale. On va... On va discuter pourquoi c'est important aussi, là, sur le
plan technique, au-delà de... d'aider vraiment les gens.
Alors, j'ai confiance. Puis je le dis, on
est plusieurs élus qui qui avons, je pense, le même sentiment ou le même désir
d'aider, d'aider les gens plus vulnérables, puis d'éviter qu'une menace
d'éviction pèse, là, comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête de
plusieurs locataires.
Alors, Mme la Présidente, je le réitère,
j'aimerais qu'on unisse nos forces en tant qu'élus pour relâcher un peu la
pression, pour mettre sur pied des mesures qui vont nous permettre de traverser
la crise plus humainement. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole, pour ses
remarques préliminaires, à la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, également, je salue tous les collègues, Mme
la ministre, les collègues de la banquette ministérielle, ma collègue, la
députée de La Pinière, et ainsi que, bien, les autres collègues des
oppositions, qui sont présents.
Effectivement, je partage les commentaires
de la ministre que nous sommes plusieurs élus, je dirais, nous sommes tous des
élus, je crois, qui sont préoccupés par la situation actuelle, la crise du
logement, et l'impact, et la pression qui est imposée aux locataires qui se
retrouvent sans logement. Et c'est exactement pour cette raison que lors du
projet de loi no 31, il y a à peine quelques mois, donc en janvier 2024,
nous avions des débats sur des amendements qui étaient proposés par les
oppositions pour améliorer la protection des locataires aînés. Alors donc, je
veux rappeler, donc, que c'est il y a exactement quatre mois, aujourd'hui,
qu'on avait ces débats-là et que nous étions favorables, notre... le Parti
libéral du Québec, aux amendements qui avaient été déposés, deux des trois
amendements, qui correspondent exactement aux amendements... aux éléments qu'on
retrouve dans le projet de loi no 65.
Et je voudrais quand même... Je ne
pourrais pas commencer sans mentionner tout de même les commentaires qui
avaient été émis à l'époque. Ça ne fait pas longtemps, Mme la Présidente,
seulement quatre mois, où moi, j'avais aussi déposé des amendements pour
protéger les citoyens de... des évictions qui étaient liées à des changements
d'usage, commerciaux notamment, pour faire de la location d'hébergement de
longue durée... courte durée, pardon, de l'hébergement touristique comme les
Airbnb ou d'autres plateformes similaires. Et il y a eu quand même des grands
débats à ce sujet-là, et là, aujourd'hui, bien, avec le moratoire que le projet
de loi no 65...
Mme Dufour : ...propose puis
on va venir l'encadrer. Mais je voudrais quand même souligner qu'il n'y a pas
si longtemps que ça, la ministre nous soulignait que c'était important de
maintenir les hébergements touristiques plutôt que de protéger les évictions à
ce moment-là. Alors, je suis contente que la ministre ait, disons, on peut
dire, cheminée dans ce sens.
• (11 h 30) •
Pour ce qui est des... de la protection
des aînés par rapport à l'âge qui était proposé de diminuer de 70 ans à
65 ans, la députée de Labelle, qui est ici présente, nous avait mentionné
qu'il y avait des risques à ce moment-là, et elle nous parlait d'un cas vécu
d'un homme de sa circonscription qui était propriétaire d'un bungalow qu'il
louait à une personne, à une tierce personne, une personne est aînée et qui,
lui, à 60 ans, ne pouvait pas reprendre sa maison pour l'occuper à sa retraite.
Et puis elle nous soulignait qu'il y avait des risques, donc, si on diminuait à
65 ou 67 ans. Et je vais citer ses mot : «On augmente encore plus la
discrimination potentielle». Donc, ce sont les mots de la députée de Labelle.
Donc, je vais être curieuse d'entendre la ministre ou la députée de Labelle, à
savoir si on a évalué l'impact de ça, parce que c'était la crainte à l'époque,
et c'est ce qui justifiait le fait de ne pas aller de l'avant avec l'amendement
qui était proposé à ce moment-là, si je ne me trompe, par Québec solidaire.
Et moi, je vais soulever aussi... donc au
cours de l'étude de ce projet de loi là, je vais soulever d'autres risques qui
m'apparaissent et qui on devra voir... peut-être, ce sera par d'autres actions
pour venir contrer ces risques-là, mais il y a une crainte qui a été soulevée,
pas simplement par moi, là, par plusieurs experts, d'un risque d'une baisse des
investissements immobiliers dans les prochaines... les prochains trois mois. Et
et ça, ce risque là, il est... en tout cas, moi, j'ai déjà commencé à entendre
des cas de gens qui disent : Moi, je vais me départir de mon duplex ou
d'autres disent : Bien, moi, je pensais en acheter un, mais là je vais
attendre, je n'en achèterai pas. Et c'est malheureusement souvent lorsqu'il y a
des changements de propriétaire que les rénovations majeures ont lieu. Et
l'enjeu, c'est qu'on a un parc locatif qui est extrêmement vieillissant. C'est
quoi? C'est 60 % du parc qui a été construit il y a presque 40 ans ou
plus. C'est beaucoup. Et, malheureusement, actuellement, les règles du Tribunal
administratif du logement, pour les rénovations, puis ça, ce n'est pas du
nouveau, je l'ai mentionné abondamment dans le projet de loi n° 31,
mais les règles actuelles du tribunal font en sorte que les propriétaires qui
font des rénovations ne rentrent pas dans leur argent pendant la durée de vie
des travaux. Généralement, pour la majorité des travaux, ils n'arrivent pas à
récupérer l'argent, et donc personne ne fait... dépense de l'argent à perte.
Donc, finalement, ce qui arrive, bien, c'est les travaux ne se font pas
malheureusement.
C'était d'ailleurs évoqué, là, dans un
article dans Les Affaires hier qui disait... C'était Jean Sasseville dans Les
Affaires qui nous disaient que la formule du TAL incite à rénover seulement
quand c'est nécessaire et laisser les logements devenir de plus en plus
vétustes. Et il disait, bien, en général, les propriétaires font des
rénovations majeures seulement au départ d'un locataire. Donc, ça, c'est la
réalité, puis on sait que le marché fait en sorte, là... il y a d'ailleurs un
cas, là, qui vient juste de... je viens juste de voir... une dame qui voulait
acquérir un logement, une propriété à revenus et qui a regardé qu'avec le coût
d'acquisition, les coûts de financement, bien, c'était impossible d'arriver
sans augmenter les loyers de façon substantielle. Donc, l'équation ne
fonctionne pas actuellement et l'écosystème, là, n'est pas favorable à
investir. Mais le problème c'est qu'on a besoin de plus de logements. On vit
une crise du logement sans précédent.
J'ai entendu la ministre parler de
l'arrivée d'immigrants temporaires, mais je voudrais souligner que la crise,
elle existe bien avant cette arrivée qu'on a soulignée dans les deux dernières
années. D'ailleurs, pendant les trois premières années du mandat de l'ancienne
ministre des Affaires municipales et Habitation, les oppositions parlaient de
crise de logement et le gouvernement à l'époque le niait, ça n'existait pas.
Mais c'était déjà là, c'était déjà en cours et, évidemment, il y avait... il y
a un élément, c'est quand on voit des baisses de mises en chantier en
parallèle. Alors, non seulement on a...
11 h 30 (version non révisée)
Mme Dufour : ...des taux d'inoccupation
qui baissaient, qui baissaient de façon importante où on a... on est plus au
taux d'équilibre, là, loin de là. On a... Dans la majorité des municipalités du
Québec, on est à 1 % ou moins. Il y a certains endroits où on est à
0 % de taux d'inoccupation. D'ailleurs, j'étais avec le maire de Gaspé pas
plus tard que vendredi, qui me disait un peu ironiquement, il dit : Ça va
beaucoup mieux, Mme Dufour, on est passé de 0 % à 0.1 % cette
année. Donc, ça, c'est pour dire qu'il n'y a pas beaucoup de logements
disponibles à Gaspé. Mais ce n'est pas à Gaspé que les immigrants vont
majoritairement, loin de là, mais pourtant c'est... ça frappe dans cette
région-là aussi. Donc, ce n'est pas que la source. C'est un des facteurs, mais
il y en a d'autres, il y en a beaucoup d'autres, et un de ceux-là, c'est le
manque d'investissement dans le marché immobilier. Et ce qui est inquiétant, c'est
qu'on a vu des baisses de mises en chantier en 2023 de façon assez historique.
On est rendus à... On en a construit moins de 39 000. Je ne reprendrai pas
les chiffres du deuxième chef... du chef de la deuxième opposition de ce matin.
Il ne s'est pas construit zéro logement au Québec. Il s'en est construit moins
de 39 000 en 2023, mais c'est vraiment insuffisant. Les projections de ce
qu'il nous faudrait comme logements varient selon les groupes, mais on devrait
au moins doubler, sinon tripler les mises en chantier par rapport à l'an
dernier. On est loin... On est loin du compte. Et actuellement l'écosystème
économique, les coûts de financement font en sorte que c'est... avec la hausse
des coûts de construction, la hausse des coûts de main-d'oeuvre... et ce n'est
pas le projet de loi n° 51 du ministre du Travail qui va régler tous ces
enjeux-là. Les matériaux de construction, ça reste. Les coûts de la main-d'oeuvre
vont peut-être... peut-être un petit peu s'amoindrir, mais... mais très peu.
Donc, dans les faits, l'écosystème n'a pas changé. Il nous faut des mesures
structurantes pour faire en sorte que ça soit... qu'il y ait un intérêt à
investir dans l'immobilier. Actuellement, les promoteurs, ce qu'ils nous
disent, c'est que de laisser l'argent dans un CPG, c'est beaucoup, beaucoup
plus rentable que de faire du logement actuellement, avec les coûts qu'on
peut... les loyers qu'on peut raisonnablement s'attendre à ce que les gens
soient prêts à payer. Donc... Donc, ça, c'est une réalité. Et quand on ajoute
des éléments qui font en sorte que l'écosystème est moins intéressant, bien, il
y a une crainte réelle que les investissements, donc diminuent pour les trois
prochaines années. Alors, j'aimerais... C'est sûr que, comme je disais,
peut-être la solution, ce n'est pas dans le 65, ça sera peut-être à l'extérieur,
mais il faudra adresser cette question-là.
Un autre élément, c'est qu'on vient
interdire les subdivisions, et ça... et ça, on aura à en discuter parce qu'il y
a des cas où la subdivision permet d'ajouter du logement. Donc, je vous donne
deux exemples. Un grand logement... Moi, j'ai déjà habité sur le Plateau
Mont-Royal, c'était un six et demi, là, mais c'était grand, c'était grand, ça n'avait
pas de bon sens. Facilement, il rentrait deux quatre et demi dans ce logement, Mme
la Présidente. Donc, est-ce qu'on va... perdre des opportunités pendant trois
ans de rajouter des logements? C'est beaucoup plus rapide de subdiviser un
très, très grand logement que de perdre... que de construire de zéro. Ça, c'est
certain. Je comprends qu'il nous faut des logements pour les familles, ça, c'est
évident. Mais en même temps, on va interdire les agrandissements qui auraient
peut-être permis aussi de faire des logements pour les familles.
Mais ceci dit, dans certains quartiers, ça
a beaucoup changé, et la démographie fait que ce n'est peut-être plus là qu'il
y a des grandes familles, puis que les besoins c'est peut-être plus des quatre
et demi, par exemple. Ça, c'est un exemple. L'autre exemple, une maison... très
grande maison qui serait louée, qui serait louée à quelqu'un. Puis là il y a un
cas, là, actuellement, que j'ai vu en région, et la dame propriétaire décide de
transformer sa maison en maison de chambre. Donc, au lieu d'une personne dans
sa maison, il y en aura huit. Et là, ça, c'est le genre de projet qui pourrait
être bloqué.
Alors, il faut y réfléchir vraiment pour
ne pas... pour ne pas finalement bloquer le potentiel d'augmenter le parc de
logements alors qu'on manque cruellement de logements. Ensuite... Excusez-moi,
je regarde mon temps. Voilà. O.K. Évidemment, puis ça, ça ne surprendra
personne, la ministre elle-même l'a dit, le projet de loi n° 65 ne réglera
pas la crise du logement. Et je vais reprendre exactement ses mots : La
vraie solution à la crise du logement, c'est d'augmenter l'offre. Et hier je
crois avoir entendu la ministre dire : Ça prend plusieurs mois pour
construire. Non, ça...
Mme Dufour : ...plusieurs
années pour construire. On le voit d'ailleurs même avec le PHAQ, après deux
ans, il n'y a pas de construction encore complétée. Et, quand on regarde les
délais, différents délais avec les... le ministère de l'Environnement ou les
émissions de permis, etc., c'est bien au-delà du trois ans que le moratoire
prévoit que cette crise sera réglée. D'ailleurs, un expert, hier, mentionnait
que peut-être qu'on... ça prendrait en fait 10 ans pour régler la crise,
du moins, au rythme où vont les choses. Il serait difficile qu'on s'en sorte en
moins de temps. Donc... Donc, maintenant, bien, ça sera la question, à savoir
quel... quand viendront les autres mesures pour réellement augmenter l'offre.
• (11 h 40) •
Je vais... je vais soulever... Oui, O.K.,
l'article deux du projet de loi. Puis la ministre, je vais reprendre les mots,
elle a mentionné que c'était assez exceptionnel de suspendre un article du Code
civil, et j'en concède, là, pour avoir consulté un collègue qui... qui... bien,
avocat, là, mais, disons, qui connaît très, très bien le Code civil. C'est
très, très rare que ça arrive, effectivement, mais, à l'article deux, donc,
du... du projet de loi, le gouvernement, lui, se donne la possibilité de
soustraire en tout... en tout temps, une partie du territoire. Et là, ici, il
n'y a pas de balises, on ne connaît pas les critères. Donc, il y aurait un
encadrement pour s'assurer que ça ne soit pas arbitraire. Il y aura des
discussions à cet effet-là.
Ensuite, pour... Puis je vais terminer,
là, là-dessus, la... Là, je comprends que la ministre souhaite que l'article...
le projet de loi soit adopté rapidement. Elle a invité les oppositions hier à
la collaboration. Et je suis à la même place que la ministre, je pense qu'on
doit collaborer, mais je veux rappeler que notre travail, c'est d'étudier
article après article, chacun, et comprendre et voir les conséquences de
chacun... de chacun des amendements, sous-amendements, articles, comment ils
sont déposés, et s'assurer qu'on ne crée pas d'effets, finalement, boomerang,
des fois, qui sont... ou pervers, qui sont des fois pires que la solution
qu'on... ou le problème qu'on tentait de régler.
Et... et l'autre élément, mais je voudrais
quand même souligner que ça fait... il y a juste quatre mois à peine, tous ces
éléments-là étaient sur la table. On aurait pu les adopter à ce moment-là, mais
à ce moment-là, la ministre n'était pas pressée. Donc, tu sais, c'est bien, là,
de mettre de la pression sur les oppositions, mais il faut quand même
reconnaître qu'elle avait une opportunité il y a quatre mois qu'elle n'a pas
saisie. Et là, maintenant, ça serait de notre faute si ça ne s'adoptait pas
avant la fin de la session. Je trouve ça... je trouve ça assez déplorable
comme... comme commentaire. Je vais terminer là-dessus, Mme la Présidente.
Et... et... Mais il y aura, comme je disais, ouverture et collaboration sur
chacun des articles, à en discuter. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la députée des Mille-Îles. Oh! Il reste quatre
minutes 47.
Mme Caron : Merci, Mme la
Présidente. Alors, premièrement, bonjour à tout le monde. Ça me fait plaisir
d'être ici. Bien entendu que toute mesure...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je vais devoir vous couper. Je vous donnerai les quelques
secondes. On va revenir après l'ensemble des députés, d'accord?
Mme Caron : D'accord.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la députée de Sherbrooke, je m'excuse, le temps est à
vous pour une période maximale de 20 minutes. Allez-y.
Mme Labrie : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Écoutez, je vais être très courte. J'ai déjà fait quelques
remarques hier lors de l'adoption de principe. Moi, je suis très enthousiaste
qu'on soit réunis enfin, pour faire l'étude article par article de ce projet de
loi. Vous allez voir, je vais quand même avoir quelques amendements. Je vais
quand même avoir beaucoup de questions également. Ce projet de loi là, on
l'accueille très positivement. Il va apporter un soulagement important aux
locataires à travers le Québec, mais il est perfectible. Donc, on va avoir des
suggestions à cet effet-là, pas seulement sur la protection des locataires
aînés, mais sur le moratoire également. Donc, j'ai très hâte d'en discuter avec
vous. Moi, je m'arrête ici.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. M. le député des Îles-de-la-Madeleine, la
parole est à vous.
M. Arseneau : Merci. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Comme si on vivait dans une quatrième dimension de
se retrouver ici quelques semaines à peine après avoir complété l'étude du
projet de loi n° 31. C'est particulier. L'encre est à peine sèche sur le projet
de loi n° 31 que la ministre de l'Habitation nous convie à un nouveau
rendez-vous pour discuter essentiellement, là, de... des propositions qu'on
avait faites et qu'elles ont été... et qui ont été... qui ont été rejetées dans
le processus qu'on a traversé. On avait dit d'ailleurs à cette époque-là que
c'était assez exceptionnel qu'on... qu'on ouvre par exemple, des clauses du
Code civil. Bien là, on l'aura fait deux fois...
M. Arseneau : ...dans la même
session. C'est ça qui est absolument exceptionnel.
Cela dit, les changements, évidemment,
qu'on va discuter, ils sont les bienvenus, évidemment. Nous ne reculerons pas
sur nos convictions formulées pendant des semaines et des semaines au sein de
cette commission, bien au contraire. On va non seulement les réitérer, mais on
va les réitérer à maints égards, y compris à l'extérieur des propositions qui
sont faites présentement par la ministre. Puisqu'on rouvre le dossier, bien,
pourquoi s'arrêter en si bon chemin? Il y a quelques bonnes idées qu'on avait
formulées qui sont ramenées, mais il y a quelques bonnes idées qu'on avait
formulées qui ne sont pas ramenées. Nous les ramènerons, bien évidemment.
Donc, ce sera quand même aussi intéressant
de voir pourquoi les réticences affirmées avec obstination par la ministre se
sont évanouies au cours des dernières semaines. Pourtant, la situation,
globalement, n'a pas changé, si ce n'est le fait qu'évidemment la crise
continue de s'accentuer, justement parce qu'on n'a peut-être pas pris les
bonnes mesures au bon moment et qu'on a nié cette crise-là pendant plusieurs
années, tout le monde le sait très bien.
Alors, les propositions que l'on fera au
cours du... bien, en fait, les propositions qui sont faites d'abord concernant
les amendements pour étendre la protection des aînés vulnérables contre les
évictions sont les bienvenues. On avait déjà demandé par amendement et appuyé
les amendements des autres membres de la commission pour rabaisser l'âge
d'accessibilité à ces mesures de protection de 70 à 65 ans. Nous avons
longuement argumenté là-dessus. Alors, évidemment, si on peut maintenant
s'entendre, c'est... c'est excellent. On appuyait également l'idée d'augmenter
le revenu admissible pour obtenir cette protection-là. Nous avions aussi
évoqué, et je pense qu'il faudra en discuter à nouveau, la question du nombre
d'années d'occupation d'un appartement avant de pouvoir bénéficier de cette
protection-là. Actuellement, c'est une période de 10 ans. Alors, si on veut
véritablement améliorer l'ensemble des facteurs de protection de cette loi,
bien, je pense qu'on peut et on doit également regarder de ce côté-là.
On peut aussi dire... encore une fois, là,
je ne veux pas accabler la ministre davantage, mais je pense que c'est le moment
où on commence l'étude, puis il faut... il faut quand même se dire les choses
telles qu'elles sont, ces mesures-là qui nous sont proposées, si elles avaient
été mises en place au moment où on pouvait le faire, c'est-à-dire en janvier,
février derniers, bien, il y a des dizaines, voire des centaines d'évictions
qui auraient pu vraisemblablement être évitées jusqu'à... jusqu'à maintenant.
Donc, on sait que le 1er juillet approche, et, dans nombre de cas, les avis ont
déjà été transmis aux citoyens locataires à travers l'ensemble du Québec. Donc,
l'urgence d'agir était là depuis déjà plusieurs mois. C'était le cas à
l'automne. C'était le cas cet hiver. C'est encore le... le cas ce printemps.
Donc, allons-y, travaillons ensemble, parce qu'on peut se le dire, là, mieux
vaut tard que jamais. Mais il faut quand même s'assurer qu'en regardant une
deuxième fois les mesures qui avaient été mises de côté dans la première... à
la première occasion qu'on s'est donnée, bien, il faut le faire de façon
rigoureuse, le faire de façon complète, sinon, évidemment, ce sera encore un
rendez-vous manqué. Alors, ça porte évidemment sur les mesures de protection
pour les aînés, mais pour le moratoire également.
Ce moratoire qu'on veut proposer, c'est un
changement de cap, mais c'est un changement de cap qui est le bienvenu. On va
évidemment parler des... du contexte ou des conditions selon lesquelles un
moratoire est jugé illégitime ou illégal. Mais il y a aussi des évictions qui
sont faites sous couvert d'une reprise qui eux... qui elles plutôt, ces
évictions...
M. Arseneau : ...ne sont
pas actuellement gérées ou abordées dans le cadre de ce projet de loi là. Et
malheureusement, selon les échos qu'on a du terrain, elles se poursuivent, tout
comme les signatures de résiliation de bail qui sont faites sur des prétextes
plus ou moins fallacieux et qui piègent souvent les personnes qui sont plus
vulnérables ou moins informées. Et ça aussi, c'est un phénomène qu'il faut
quand même discuter, aborder et idéalement contrer à travers une pièce
législative qui serait solide et conséquente.
• (11 h 50) •
Donc, évidemment, tout ce qui est de
l'ordre des initiatives qui viennent appuyer le droit de tous et de toutes à un
logement décent, puis là, quand je parle de droit, bien, la reconnaissance du
droit au logement, je pense que c'est quelque chose que l'on doit aussi
aborder. Donc, c'est... c'est un... c'est un droit qu'on ne souhaite pas
visiblement reconnaître du point de vue gouvernemental, mais c'est un peu le
point de départ pour l'adoption d'un certain nombre de mesures qui nous
permettraient véritablement d'améliorer les choses pour les locataires de
l'ensemble du Québec qui, aujourd'hui, vivent de nombreuses tragédies. On en
prend connaissance dans la presse, dans les médias, sur une base quasi
quotidienne.
Si on revient sur le projet de loi
no 31, puis les... les facteurs qui avaient suscité de nombreux débats et
discussions, il était question notamment du seuil de 3 % d'inoccupation
pour certaines mesures, un principe qui a d'ailleurs été retenu dans l'adoption
du projet de loi pour l'adoption de la mesure, là, qu'on a qualifiée de super
pouvoir accordé aux municipalités pour suspendre leur réglementation lorsque,
justement, le taux d'inoccupation est en bas de 3 % pour des villes d'une
certaine... une certaine taille. Cet élément-là, je pense qu'il doit... il
revient également dans le projet de loi qui est... qui est devant nous.
C'est... C'est une... C'est une bonne chose, mais je vous mentionnerais que,
justement, lorsqu'il a été question des super pouvoirs accordés aux
municipalités, originellement, la mesure devait être pour une durée de cinq
ans. Donc, nous présumions à l'époque que la crise du logement ne serait pas
réglée dans un délai de cinq ans. Je pense qu'on peut raisonnablement présumer,
aujourd'hui, la même chose pour ce qui est des locataires qui pourraient subir
des évictions et se retrouver en très, très grande difficulté de se reloger, à
savoir que ça pourrait être le cas pour trois ans, comme le veut la proposition
de la ministre, mais on pourrait penser que ce le soit également pour une
période de cinq ans.
Alors, on voudra discuter de cet
élément-là en toute cohérence. Je pense que c'est ce à quoi on s'attend de la
part des législateurs, là, à quelques mois d'intervalle, lorsqu'on jette un
regard sur la crise puis qu'on dit qu'il faut construire, c'est ce qu'on
disait, toutes les mesures de protection des locataires. C'était dévié du débat
en disant que ce qu'il fallait d'abord faire, c'est construire. Et on se
donnait cinq ans pour donner le pouvoir, les super pouvoirs aux municipalités
d'accepter des projets de construction qui, autrement, auraient été
possiblement pris dans des dédales administratifs municipaux.
Alors, je pense que de dire aujourd'hui qu'on
va protéger les locataires pour une période inférieure à la période qu'on s'est
donnée pour construire, il y a là, il me semble, une certaine incohérence que
j'espère bien pouvoir discuter avec mes collègues ici présents.
Des groupes de citoyens, évidemment,
continuent heureusement de nous alimenter en matière d'information, de données,
de propositions également, là, en ce qui concerne les... les informations
qu'ils ont sur le terrain et la situation tragique souvent vécue par des
locataires. Et je pense qu'il y a quand même une proposition dans le cadre du
projet de loi qui aussi a été retenue et dont on a moins parlé, considérant
l'information, là, qui doit être offerte aux locataires au moment où on...
M. Arseneau : ...veut agir et
mettre fin à un bail avec... ou plutôt formuler une augmentation, c'est ça, ou
une modification du bail, une augmentation souvent du loyer qu'on puisse...
adéquatement informer les locataires. Je pense que c'est un pas dans la bonne
direction. C'est aussi une... un élément qui avait été discuté au cours de
l'étude du projet de loi n° 31, mais qui n'avait pas été retenu. Alors, je
pense que c'est extrêmement important qu'on y revienne encore cette fois-ci.
Les locateurs ont la responsabilité de donner l'information juste, toute
l'information juste et complète aux locataires lorsqu'on a une... des
modifications à apporter au bail ou qu'on souhaite aborder ces
modifications-là, particulièrement, évidemment, dans la question du loyer, mais
ça pourrait être aussi, là, sur les modifications concernant les... le contrat
à signer avec le locataire. Il faut s'assurer que non seulement la loi
s'applique, mais qu'elle soit bien comprise et que l'information circule. Et je
pense que de ce point de vue là, il y a un pas dans la bonne direction. Et
cette information-là, elle peut être faite, évidemment, et doit être faite sur
une base contractuelle, sur une base de signature et de renouvellement du bail
entre deux entités, entre deux personnes, souvent le locataire et le locateur.
Mais cette information-là, elle peut aussi
et devrait être de nature publique, on l'a déjà mentionné, et je pense qu'il
n'est pas trop tard pour revenir sur toute la question de l'évolution des
loyers à travers la crise que l'on subit ici au Québec. Et vous me voyez venir,
j'imagine, Mme la Présidente, mais le registre des loyers, il est tout aussi
essentiel que les autres mesures qui sont proposées dans le projet de loi
n° 65, et il est tout aussi essentiel d'en discuter que ce pouvait l'être
au cours des mois qui nous ont permis d'étudier les différents articles du
projet de loi n° 31. Le Québec, il faut le rappeler, l'État du Québec
dispose de toutes les ressources et de toutes les sources de données
administratives. Par exemple, on pense au relevé 31 qui pourrait évidemment
permettre de mettre en place, à l'échelle de l'ensemble du Québec, une mise en
commun de cette information-là pour pouvoir justement s'assurer qu'on a une
bonne compréhension de l'évolution du marché et qu'on puisse s'assurer aussi que
les différents acteurs respectent les règles que l'on s'est données sans avoir
nécessairement à entreprendre des recours et avoir justement à aller présenter
leurs doléances ou leur situation auprès du Tribunal administratif du logement.
Donc, l'institutionnalisation d'un
registre public, on le sait, aurait un effet marqué, un effet profond et un
effet positif vraisemblablement tout aussi important, voire supérieur aux
mesures qui sont présentées dans le projet de loi n° 65 présentement en
matière d'abordabilité résidentielle au Québec. Alors, c'est l'un des objectifs
que poursuit la ministre et que l'on doit poursuivre comme membre de cette
commission, mais je pense que l'occasion se présente de façon absolument
remarquable pour pouvoir faire ce pas, ce pas de plus qui est réclamé par
nombre d'intervenants qui sont venus nous rencontrer dans l'étape préalable,
donc dans les consultations particulières autour du projet de loi n° 31 à
l'automne dernier.
Donc, j'ai parlé tout à l'heure de la
reconnaissance du droit au logement. Là aussi, ce serait un pas majeur qui
pourrait véritablement marquer non seulement les esprits, mais un peu également
marquer l'histoire dans la mesure où l'on veut véritablement et on peut
véritablement faire preuve d'avant-gardisme et...
M. Arseneau : ...preuve de...
d'ambition lorsqu'il est question de... d'intervenir face à la crise du
logement et en... dans la mesure où on souhaite véritablement développer des
mesures à travers un filet de protection qui soit complet et non pas simplement
agir, là, à la pièce avec quelques éléments éparses sans avoir une stratégie.
On a parlé dans le passé d'une stratégie en matière de construction, par
exemple, de développement de nouveaux logements, on attend toujours de ce
côté-là le plan de la ministre, mais pourquoi ne pas avoir également,
parallèlement, une stratégie complète en matière de droit au logement, en
matière de protection des droits des locataires et en matière d'intervention,
pour s'assurer que le marché... la surchauffe du marché soit contenue? Et ça,
ces moyens-là, ils existent, et je viens d'en nommer quelques-uns. On... Si on
veut véritablement donner un signal clair que l'État du Québec et les
législateurs ici présents veulent lutter de façon efficace, et cohérente, et
complète, et résolue contre la crise du logement, bien, je pense qu'il faut se
battre sur tous les fronts à cet égard.
• (12 heures) •
Alors, évidemment, c'est pour ces
raisons-là que nous appuierons les éléments positifs et constructifs, les
mesures qui sont contenus dans le projet de loi n° 65, mais je pense qu'on a
l'occasion de se donner des ambitions et je... encore plus importantes et
d'agir de façon encore plus efficace grâce au travail que nous ferons au cours
des prochaines heures et des prochains... prochains jours, en se donnant pour
objectif effectivement d'avoir la capacité de pouvoir adopter ce projet de loi
avant la fin de la session parlementaire. Et je pense que nous en avons
amplement les moyens, sans nécessairement couper court aux débats sur des
améliorations, des amendements, des ajouts à un projet de loi qui met en jeu
plusieurs des mesures qui avaient déjà été discutées et rejetées par la
ministre et par la partie gouvernementale.
Alors, sur ce, Mme la Présidente, je mets
un terme à mes... à mon intervention préliminaire avec l'objectif commun, je
pense, partagé par tous, d'aboutir à un projet de loi, d'ici la fin de la
session parlementaire, qui puisse faire la différence pour les citoyens du
Québec. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le député. Alors, Mme la députée de La Pinière,
je suis désolée, c'est à ce moment-ci, je dois demander s'il y a d'autres élus
qui veulent faire des remarques... des remarques préliminaires. Je vous cède
tout de suite la parole. S'il y en a d'autres, vous me ferez signe.
Mme Caron : Merci, Mme la
Présidente. Alors, je voulais juste vérifier une chose, parce que vous m'avez
dit qu'il me restait quatre minutes, mais, pour les remarques préliminaires,
c'est normalement 20 minutes par personne et non par formation politique.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...
Mme Caron : D'accord.
Parfait. Alors, je n'ai pas l'intention de prendre les 20 minutes, mais je
voulais... je voulais le vérifier pour m'assurer que je ne... que j'ai le temps
nécessaire pour dire ce que j'ai à dire.
Alors, premièrement, bonjour à tout le
monde. Je sais que les équipes travaillent fort de tous... de tous les côtés
pour ce projet de loi.
Donc, évidemment, la protection des aînés,
c'est... c'est quelque chose qui m'interpelle. Alors, le fait de baisser l'âge
à 65 ans et puis de tenir compte de 125 % du revenu admissible pour un
loyer modique, c'est... ce sont des propositions qu'on appuie, qui auraient pu,
je le... je le dis comme ma collègue, être déjà adoptées au projet de loi n°
31, mais tant mieux si c'est fait maintenant, ce sera fait.
Ce qui me... Ce qui m'inquiète peut-être
un petit peu, puis on aura sûrement l'occasion d'en parler, parce que j'imagine
qu'il y a des études qui ont été faites pour vérifier ou des projections qui
ont été faites, c'est le fait que, comme l'a dit la ministre, il faut agir sur
l'offre de logements. Ça, tout le monde... c'est consensuel, on sait que ça
nous prend plus de logements et le... mais c'est le moratoire de trois ans pour
tout, je crains qu'il y ait peut-être des effets négatifs sur le... sur le parc
de...
12 h (version non révisée)
Mme Caron : ...la SCHL prévoit
que, d'ici 2030, le déficit de logements va être titanesque. Alors, il faut que
la cadence augmente la cadence de mise en chantier. Alors, je crains un petit
peu que le moratoire de trois ans sur... pas uniquement pour les personnes
âgées, mais pour tout le monde, je crains qu'il y ait un effet, donc peut-être
surtout sur les petits propriétaires d'immeubles de six ou huit logements.
Alors, on aura l'occasion d'en parler.
Aussi, quand on parle de logements et puis
d'offre de logements pour les aînés, il ne faut pas oublier qu'il y a les RPA.
Il en est question à l'article 9 du projet de loi. Mais les RPA, souvent,
je dirais, dans l'imaginaire populaire, ce sont des institutions, mais ce n'est
pas le cas. Une résidence privée pour aînés, c'est tout simplement un immeuble
locatif qui est réservé aux personnes retraitées de 60 ou 65 ans et plus
et qui répond à un besoin parce qu'il y a des espaces communs qui permettent
aux personnes de socialiser. Il y a un sentiment de sécurité aussi parce que ce
n'est pas tout le monde qui peut entrer et sortir facilement, mais avec les
besoins que le réseau de la santé... les besoins auxquels le réseau de la santé
ne peut pas répondre, de plus en plus, les RPA sont comme amenés à s'assurer qu'il
y a des soins ou du soutien à domicile qui est offert. Parce qu'au moment où
les gens qui sont en RPA auraient besoin de plus d'aide et qu'ils voudraient
aller au CHSLD, bien, il n'y a pas de place, il y a une longue file d'attente
pour entrer au CHSLD. Et c'est la même chose aussi pour... du côté du soutien à
domicile. Donc, il faut s'assurer que les RPA cessent de fermer. À l'heure
actuelle, il y a en moyenne une fermeture de RPA aux trois jours. Alors, il
faut absolument s'assurer que ça cesse. Et donc c'est une grande préoccupation.
Et puis il ne faut pas mettre des bâtons
dans les roues non plus pour que les RPA puissent arriver, parce que toute la
réglementation qui est imposée, toutes les normes qui sont imposées aux RPA,
presque comme si c'était des CHSLD alors qu'ils n'en sont pas, puis tout l'aspect
de soins ou de soutien que les propriétaires de RPA ne sont pas censés payer de
leur poche, bien, souvent par manque de collaboration avec les CISSS ou les
CIUSSS, ça arrive que les RPA sont obligés de compenser. Et ça, ce n'est pas
moi qui le dis, il y a une étude très fouillée qui a été rendue publique lundi
sur le sujet. Alors, il y aura au moins un petit point à améliorer, là, dans
les amendements qui seront proposés du côté des RPA.
Alors, là-dessus, Mme la Présidente, je
vais conclure et puis j'espère qu'on aura de bonnes discussions pour protéger
le plus possible la population québécoise, notamment les aînés. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres remarques
préliminaires? Mme la députée de Labelle.
Mme Jeannotte : Merci, Mme la
Présidente. Donc, bien, je voudrais juste réagir à ce que Mme la députée de
Mille-Îles... pardon, invoquait. Effectivement, l'habitation, c'est un domaine
complexe, comme on l'a vu, puis la plus belle preuve, c'était cette semaine,
quand on a appris que ça peut aller jusqu'à deux ans pour avoir un permis de
construction. Donc, on a réalisé à quel point c'est loin d'être l'apanage
entier, le domaine de l'habitation du gouvernement. Donc, heureusement, là, que
la mairesse de Montréal a réagi rapidement puis que les villes, c'est un
partenaire incroyable dans le domaine de l'habitation, même chose du côté de la
construction. Puis heureusement qu'on a eu mon collègue, le ministre Jean
Boulet, pour adopter le projet de loi n° 51 qui va
venir aider grandement la construction.
Je pourrais continuer longtemps comme ça,
même chose avec la main-d'œuvre, mais pour répondre plus spécifiquement à ma
collègue du côté de l'opposition, bien, le fait que... effectivement je n'ai
pas... je ne pense pas avoir parlé de risques, je pense avoir plutôt parlé d'effets
pervers avec la clause communément appelée Françoise David. Ce n'est pas grave si
j'ai parlé de risques, là, effets pervers ou risques, peu importe, mais, au
fond, le fait d'abaisser l'âge à 65 ans, bien, ça va des deux côtés. Donc,
un propriétaire qui voudrait reprendre sa maison, qui ne le pouvait pas, bien
là, va pouvoir le faire à 65 ans et non 70. Donc, le domaine de la
construction... le domaine des propriétaires locataires, c'est un équilibre qu'on
cherche toujours à avoir. Donc, on aura l'occasion d'en reparler, mais c'est ce
qui m'est venu, là, spontanément à l'esprit, là, dans le fond. Puis, tu sais,
dans le fond, Mme la Présidente, dans des...
Mme Jeannotte : ...une
politique publique, là, c'est impossible de... On n'est pas en sciences. C'est
impossible d'avoir quelque chose qui va plaire à tout le monde. Mais avec ce
qui se passe en ce moment, comme l'a dit ma collègue ministre, situation
exceptionnelle, on a décidé de rendre une mesure exceptionnelle. Puis, bien,
c'est ça, ça démontre qu'on se fait souvent accuser d'être brouillon, mais là,
on a pris le temps de réfléchir. Ça fait que c'est... en analyse, c'est
important. Puis, au contraire, je pense qu'on devrait saluer, là, cette mesure.
Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres remarques
préliminaires? Alors, s'il n'y a pas d'autre remarque préliminaire, est-ce
qu'il y a des motions préliminaires? S'il n'y a pas de motion préliminaire,
nous allons entamer l'étude article par article. Et je pense savoir... je pense
qu'il y a un consentement pour l'étudier par sujets, on va appeler ça par
sujets, moratoire sur les évictions, protection accrue des aînés, processus
visés par le projet de loi, avis de modification du bail et dispositions
finales. Est-ce qu'il y a consentement? Oui. Parfait. Alors, Mme la ministre,
la parole est à vous.
• (12 h 10) •
Mme Duranceau : Merci, Mme la
Présidente. Alors, on commence avec l'article un. Donc, section un,
interdiction d'évincer le locataire d'un logement. Article 1 :
«Malgré l'article 1959 du Code civil, aucun locataire ne peut être évincé
d'un logement avant le (indiquer ici la date qui suit de trois ans celle de la
sanction de la présente loi) aux fins prévues à cet article.»
Alors, bon, bien, écoutez, l'article un du
projet de loi imposerait un moratoire sur les évictions pour une période de
trois ans suivant la sanction de la loi. Pendant cette période, il serait
interdit au locateur d'un logement d'en évincer le locataire pour les fins
prévues à l'article 1959 du Code civil, c'est-à-dire pour subdiviser le
logement, pour l'agrandir substantiellement ou pour en changer l'affectation.
Alors, bien, écoutez, ça, c'est les notes
explicatives. Je pense qu'on en a beaucoup parlé, ça fait que je vais écouter
vos... vos commentaires. Peut-être juste un commentaire global, c'est qu'il
n'est pas interdit à partir de l'adoption du projet de loi de subdiviser,
d'agrandir ou de changer l'usage d'un logement, ce qui est interdit, c'est de
sacrer du monde à la porte pour faire ça. Donc, il y a une nuance, là, parce
que la députée de Mille-Îles mentionnait qu'on allait empêcher les
subdivisions. Non, on dit juste : On empêche d'évincer quelqu'un pour
subdiviser. Parce que je suis bien d'accord que, si on subdivise, on crée du
logement additionnel, mais ce qu'on ne veut pas, c'est... c'est que dans cette
optique-là, il y a des gens qui n'aient pas d'option puis qui soient mis à la
porte. Alors, c'est juste cela la... la nuance. Si vous avez des choses à
proposer, on les écoute, sinon c'est...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la ministre. Est-ce qu'il y a des commentaires,
questions? Oui.
Mme Dufour : Oui. Une
question pour commencer par rapport à la subdivision. Donc, on continue sur cet
aspect-là. Si un propriétaire souhaite subdiviser, je donnais l'exemple d'une
maison, en maison de chambre, et qu'il a présentement un locataire, comment il
peut faire ça? Est-ce qu'il y a moyen de... d'évincer temporairement la
personne qui est locataire pour faire son projet? Ça, je voudrais comprendre la
mécanique, là.
Mme Duranceau : On... on
n'empêche pas... je m'excuse... on n'empêche pas les gens de s'entendre, tu
sais, s'ils s'entendent entre eux, puis qu'il y a un... il y a... dans
l'entente, on prévoit que le locataire peut réintégrer les lieux une fois que
les travaux sont faits. Par ailleurs, des travaux majeurs, c'est visé par un
autre article du Code civil, puis ça prévoit la réintégration des locataires.
Alors, ça peut être soit visé par ça, soit qu'il y a une entente de bonne foi
entre les parties. Ils se disent : Écoute, on va faire huit logements au
lieu de deux actuellement, puis tu peux revenir... quand tout ça sera prêt. Ça,
on encourage ça, même. Mais ce qu'on ne veut pas, c'est que des gens se
retrouvent à la rue sans option. C'est vraiment... c'est ça, l'objectif du
législateur.
Mme Dufour : O.K., mais pour
comprendre, actuellement, si quelqu'un dit... fait une subdivision, il y a une
entente, et j'imagine qu'il va assumer les coûts de la relocalisation temporaire,
pour... tu sais, comment... comment ça s'opère actuellement, là, dans la
pratique?
Mme Duranceau : Effectivement,
dans le contexte, si la personne veut faire son projet et que ça requiert
d'évincer temporairement... d'évincer quelqu'un, ça ne marche pas, ça ne marche
pas pendant trois ans. Donc, si la personne veut aller de l'avant avec son
projet, effectivement, dans l'entente entre les parties, il va falloir
considérer une notion de compensation.
Mme Dufour : Mon
questionnement, c'était : Comment ça fonctionne actuellement, là, sans le
moratoire, là?
Mme Duranceau : Bien, pour
des travaux, ça dépend sous quel angle on le prend. Mais un cas comme ça, si...
Mme Duranceau : ...on le prend
sous la forme de travaux majeurs. La personne sort du logement. Le locateur
donne une compensation pour l'hébergement temporaire et, après ça, doit
réintégrer le locataire dans les lieux. Ça fait que ça, si on y va sous le
régime des travaux majeurs, c'est comme ça que ça fonctionne.
Si on y allait sous le régime des
évictions, bien là, le locataire en question serait protégé avec la loi 31.
Donc, le propriétaire devrait aller devant le tribunal, faire la démonstration
de ce qu'il veut faire est permis, nonobstant le moratoire, puis il devrait
compenser le locataire financièrement un mois par année en logement.
Mme Dufour : O.K. Ça fait
que, si la personne quitte et revient dans les lieux, ce n'est pas considéré
une éviction, dans le fond, si c'est elle doit quitter le temporairement. Puis
ça, ce n'est pas le même article du Code civil, c'est ce que je comprends,
travaux majeurs que vous avez dit.
Mme Duranceau : C'est ça,
travaux majeurs qu'on peut faire...
Mme Dufour : C'est quel
article, ça?
Mme Duranceau : On va vous
donner la référence, là. 1922 et suivants.
Mme Dufour : Une amélioration
majeure, une amélioration majeure, réparation majeure non urgente. O.K.
Mme Duranceau : On ne veut
pas empêcher... on ne veut pas empêcher non plus que des travaux qui ont à se
faire se fassent. Alors, c'est déjà visible.
Mme Dufour : Oui. Puis, si
une démolition est nécessaire, si je ne me trompe pas, c'est aussi exclu, là de
ça.
Mme Duranceau : Oui.
Mme Dufour : Est-ce qu'il y
aurait... il pourrait y avoir, dans le fond, des cas... Puis, tu sais, la
demande de démolition, puis si on avait eu des échanges, là, on avait haussé
aussi les indemnités d'éviction dues à des démolitions. Mais est-ce que ça va
devenir plus simple, tu sais, au lieu de faire une réservation majeure, de
démolir puis reconstruire à ce moment-là? Avec ce moratoire-là, est-ce que ça
pourrait être un risque de voir des démolitions, surtout pour des logements qui
sont assez vétustes?
Mme Duranceau : Bien, encore
une fois, là... puis peut-être que je demanderai à Me Simard d'intervenir, mais
il y a deux options dans les questions de démolition, soit que l'immeuble, il
est visé par un règlement de démolition de la ville, auquel cas c'est la ville
qui va donner son accord, qui va établir les balises à l'intérieur desquelles
ça peut être fait. Donc, ça, c'est une des options. Puis si ce n'est pas visé
par un règlement de la ville, mais là, à ce moment-là, il faut aller devant le
tribunal qui va apprécier les circonstances dans lesquelles on demande la
démolition. Donc, la course aux démolitions, je pense, est quand même balisée,
de mon point de vue, donc ça ne devrait pas poser problème.
Mme Dufour : Juste, par
rapport, si c'est visé par un règlement de démolition, il y a, si je ne me
trompe pas, je pense que c'est la ville de Mascouche qui assujettit tous ses
bâtiments, tous les bâtiments de sa... de son territoire à un règlement de
démolition. Ce n'est pas nécessairement en lien avec du patrimoine, là. Donc,
est-ce que... Oui, c'est ça, exactement. Donc, ce n'est pas en lien avec du
patrimoine. Donc là, peut-être qu'il peut y avoir, ça peut être plus simple de
démolir à ce moment-là dans cette ville-là. Ils n'auront pas à le démontrer au
TAL, c'est ce que je comprends. Si c'est... existe, un règlement de démolition,
pas besoin d'aller au TAL.
Mme Duranceau : Oui, sauf
que, là, il faut que la ville donne son accord.
Mme Dufour : Oui,
effectivement.
Mme Duranceau : Donc là,
j'ose présumer que la ville, dans le contexte actuel, va donner son accord dans
un contexte où c'est requis pour des fins de sécurité, ou que c'est requis,
parce que, bon, on va démolir quelque chose, mais on va multiplier par un
nombre important le nombre de logements qui vont être construits en
compensation. Puis la ville va poser des conditions de relocalisation des
locataires en question. On l'a vu pour des projets à Montréal dernièrement.
Donc, je pense qu'on enlève le far west, là, dans la façon de gérer ça, en ce
moment. Les cas, à moins qu'on en oublie, puis on est là pour en discuter, mais
je pense, sont balisés. Puis, tu sais, il y a des autorisations qui sont
requises, chose qu'on n'avait pas nécessairement dans tous les cas avant.
Mme Dufour : Je vais
reprendre un autre cas de figure, puis là on va aller dans les agrandissements.
Donc, admettons qu'une famille achète...
Mme Dufour : ...un petit
duplex avec l'intention de l'occuper parce que, dans ce secteur-là, ce n'est
pas possible d'acheter des maisons. Là, ce que je comprends, c'est que, s'il y
a un locataire, ils ne pourront pas faire ce projet-là pendant trois ans.
Mme Duranceau : Ça,
c'est un projet de reprise. Ce n'est pas la même chose que les évictions.
Mme Dufour : Ce serait
une reprise?
Mme Duranceau : Une
reprise. Puis on a voulu...
Mme Dufour : Oui, mais
c'est... C'est une reprise s'ils prennent les deux étages puis qu'ils évincent
la personne, par exemple, au...
Mme Duranceau : C'est
ça, oui. Parce que c'est pour se loger ou loger un membre de la famille.
Mme Dufour : Même si
c'est un agrandissement?
Mme Duranceau : Oui,
parce que...
Mme Dufour : Parce que
pour occuper... Moi, j'ai vu ça, là, des duplex transformés en une maison, là,
dans le fond, là.
• (12 h 20) •
Mme Duranceau : ...on
regarde l'objectif principal de la personne, si son objectif, c'est de loger sa
famille, par exemple.
Mme Dufour : O.K.
Mme Duranceau : Ça fait
que, si on ne l'a pas visé. C'est parce qu'encore là, question d'équilibre puis
aussi, bien, justement, il y a un paquet de familles qui ont besoin de se
loger, puis à un moment donné... Tu sais, moi, j'étais, vous l'avez noté, là,
j'étais très réticente à aller là au départ parce qu'on intervient dans le
marché. Puis moi, je n'étais pas à l'aise d'intervenir dans un marché privé.
Puis là, il y a des... Tu sais, sur les évictions, je suis très confortable,
puis je pense que je suis très capable de défendre où on est aujourd'hui. Sur
les reprises, bien là, à un moment donné, c'est ça, des fois, il faut... il
faut penser aux gens qui, eux... Eux aussi ont à se loger, là, même s'ils sont
propriétaires du duplex, là.
Mme Dufour : O.K. Je
vais... Je vais laisser la parole à d'autres. Je reviendrai pour cet article-là
avec d'autres questions, après. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui.
Mme Caron : Merci, Mme
la Présidente. J'aimerais savoir comment vous avez fixé le trois ans, comment
vous avez choisi le trois ans pour la durée du moratoire?
Mme Duranceau : Bien,
c'est clair que la crise, elle ne se règle pas en trois ans, elle ne se règle
pas en cinq ans, elle ne doit pas se régler en sept ans, puis en huit ans, puis
on verra rendu là, là. Le trois ans, c'était une période qui me semblait
raisonnable. Comme je disais, dans un contexte où c'est une mesure
exceptionnelle, c'est une période qui est raisonnable pour permettre à
l'Assemblée nationale de se reposer la question dans trois ans. On pense
aussi... L'analyse, c'était aussi que, bien, d'ici trois ans, il y a un paquet
d'efforts qu'on faits depuis un an et demi pour construire plus vite, pour que
ça porte fruit puis que les... pour que ça sorte de terre. Alors, on va sentir
quand même dans trois ans, bien, dans deux ans ou trois, dans trois ans, les
effets des efforts de la dernière année et demie. Alors, ce n'est pas
scientifique, je suis obligé de dire ça, ce n'est pas scientifique, mais je
pense que c'est... Encore là, c'est une question d'équilibre. C'est une
question de donner l'occasion à l'Assemblée nationale, dans trois ans, de, tu
sais, de se... de revoir la mesure puis de se demander si elle est... si c'est
encore bon puis s'il y a lieu de repréciser, là.
Mme Caron : Et si, par
exemple, dans 18 ou 24 mois, on s'aperçoit que ça fait stagner le marché
de, peut-être, de petits immeubles qui pourraient... petits immeubles locatifs,
à ce moment-là, si on venait à trois ans, on ne peut pas... On ne peut pas
revenir en arrière, on est pris avec le trois ans, jusqu'à la... en fait,
jusqu'au bout du trois ans, finalement.
Mme Duranceau : Encore
une fois, moi, je me suis rendue confortable avec cette mesure-là parce que je
pense qu'il n'y a pas d'impact sur la construction. Parce qu'il ne faut pas
oublier, les évictions, c'est souvent des cas d'immeubles qui sont désuets
que... Bon, la seule façon, quand tu l'as payé cher, de le rentabiliser, c'est
de mettre les gens à la porte puis d'augmenter les loyers. Là, les nouvelles
constructions sont au prix du marché. On n'est pas en train de louer à
quelqu'un qu'on va souhaiter évincer parce que déjà les loyers vont être au
prix du marché. J'ai des immeubles qui vont être neufs, donc, première... Puis en
plus, là, bon, il y a la clause F qu'on a balisée aussi. Alors, je ne vois pas
l'impact sur le marché à court terme.
Mme Caron : C'est
déjà...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je vais vous laisser terminer.
Mme Caron : Alors...
Mais je comprends que, oui, il n'y aurait pas de... probablement pas de risque
d'éviction, qu'un propriétaire veuille... veuille évincer, un propriétaire d'un
immeuble neuf, là, qui va demander un loyer en fonction de ce que la
construction lui a coûté, mais ça peut... ça peut ralentir, peut-être, les
ardeurs de propriétaires qui avaient le goût de faire ça, ou qui se sont dit il
y a vraiment un marché, il faut... et qui sont en accord avec la vision
d'augmenter l'offre, mais qui se disent : Oui, mais par contre, dans cinq,
six, sept ans, si jamais... si jamais j'ai... je veux augmenter plus ou en tout
cas, tu sais, je vais être... je vais être assez balisé en fonction de ce que
je pourrai faire, peut-être pas dans l'immédiat, mais...
Mme Caron : ...dans...
quelques années plus tard, alors...
Mme Duranceau : Bien,
écoutez, là moi, je ne le vois pas. Une construction neuve n'est pas...
Premièrement, si le logement est vide, tu fais ce que tu veux avec, hein?
Encore une fois, c'est pour ne pas évincer, mettre quelqu'un à la rue, là,
cette... ce moratoire-là. Après ça, si c'est une construction neuve, je doute
que, dans un avenir de trois ans, on mette le... on a un enjeu d'éviction. Si
c'est un locataire qui cause problème, les règles demeurent les mêmes, il y a
possibilité d'expulsion. Mais éviction pour subdiviser, agrandir... Peut-être,
tu peux avoir rénové quelque chose. Ce n'est pas... Ce n'est pas la bonne
formule, puis ça aurait dû être plus petit ou plus grand. Ça peut être restrictif,
mais encore là, si le logement se vide, bien là, il y aura possibilité de faire
ce qu'on veut. Puis s'il ne se vide pas, bien, c'est ça le moratoire. Tu sais,
c'est qu'en ce moment, il ne faut pas déstabiliser davantage le parc. Il n'y a
pas d'option pour les gens qui en cherchent. Alors, oui, encore... C'est
restrictif, ça j'en suis pleinement consciente, mais on a essayé de rechercher
l'équilibre pour des cas comme vous décrivez mais aussi pour aider les gens qui
vont avoir de la difficulté à se replacer. Puis dans mon équilibre, j'ai une
balance des inconvénients à considérer puis je suis bien à l'aise de dire qu'en
ce moment, ce projet-là, il va y avoir des restrictions, mais je ne veux pas
mettre d'autres gens à la rue. Ça fait que je suis à l'aise avec ça.
Mme Caron : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Alors, la députée de Sherbrooke, je pense que vous
avez un amendement.
Mme Labrie : Oui. Merci, Mme
la Présidente. J'ai un amendement, puis il est déjà envoyé...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Qui est déjà sur Greffier. Si vous...
Mme Labrie : ...il est déjà
sur Greffier, oui.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, je vais vous laisser le lire.
Mme Labrie : Donc, dès que
vous me faites signe, je pourrai en faire la lecture.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui. On va l'avoir bientôt. Vous pouvez y aller.
Mme Labrie : Oui?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Vous pouvez y aller.
Mme Labrie : Donc, j'en fais
la lecture, puis je vous l'explique par la suite. Donc, remplacer
l'article 1 du projet de loi par le suivant :
«1. Malgré l'article 1959 du Code
civil, aucun locataire ne peut être évincé d'un logement lorsque le taux
d'inoccupation des logements locatifs publié par la Société canadienne
d'hypothèque et de logement à l'égard de l'ensemble des centres urbains du
Québec dont la population est d'au moins 10 000 habitants est sous
3 %».
L'objectif, en fait, de cette
disposition-là, ce serait de faire en sorte que chaque fois que le taux est
sous 3 %, il y aurait un moratoire. Je pense que ça a été discuté tout à
l'heure. La ministre l'a dit elle-même que la crise ne se réglera pas forcément
en trois ans, ça pourrait être plus long. Le trois ans a été choisi de manière
arbitraire, puis, tu sais, c'est correct. Mais quelque chose qui n'est pas
arbitraire puis qui est assez bien documenté, c'est le fait que le taux
d'équilibre, il est à 3 %. Ça, c'est assez bien connu. Je pense qu'on
s'entend ici là-dessus. En tout cas, moi, je n'ai pas entendu de débat à
l'Assemblée nationale à l'effet que le 3 % était le seuil où il y avait un
équilibre, là, sur le marché locatif. Puis nous, on partage tout à fait les préoccupations
de la ministre, là. L'objectif de tout ça, c'est d'éviter qu'ils se retrouvent
à la rue ou dans un marché où il n'y a pas d'offre au bon prix, des gens
victimes d'une éviction.
Donc, ce qu'on vous soumet avec cet
amendement, en fait, c'est que, dès que ce serait sous 3 %, le seuil
national, le moratoire s'appliquerait. Évidemment, du moment où on atteint ce
3 %, le moratoire cesse de s'appliquer. En ce moment, ce qui est prévu
dans le projet de loi, c'est que la ministre doit publier un avis, là, dans la
Gazette officielle pour mettre fin, si ça arrive avant trois ans, par exemple.
Ça disposerait, si on adopte ça, évidemment, de l'article 11, là, qui...
qui parle de cet avis. Ça ferait en sorte, effectivement, que, si ça arrive,
donc, plus tôt que trois ans, le moratoire prendrait fin plus tôt. Et on le
souhaite, sincèrement, que le marché se... que la crise se résorbe d'ici là. Ça
voudrait aussi dire que si dans trois ans on est encore à un taux qui est trop
bas, qui est sous l'équilibre, le moratoire se poursuivrait jusqu'à ce qu'on
atteigne cet équilibre.
Donc, je vous soumets que ça viendrait,
avec cet amendement-là, répondre très précisément aux problèmes qu'on a et
qu'autrement on risque de devoir se rasseoir, en fait, dans trois ans, les
législateurs, pour dire : Bien, on ne l'a pas atteint, l'équilibre, donc
il faut recommencer un nouveau moratoire. Donc, c'est la solution à long terme
que je propose là-dessus.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Mme la ministre.
Mme Duranceau : Oui. Bien,
écoutez, je la reçois. On a pensé à ça ou... tu sais, de laisser le moratoire
jusqu'à ce que ça atteigne 3 % puis ne pas le limiter dans le temps. Mais
encore là, tu sais, toute la question d'équilibre... C'est la première fois,
là... C'est ce qu'on me dit. C'est la première fois qu'on intervient de cette
façon-là dans le marché. Alors, ce que vous proposez, ça nous lie pour
toujours, là. Donc, on ne serait pas à l'aise d'aller là. Par contre, c'est sûr
que dans trois ans, on se repose... peut-être pas nous, là, mais on se repose
tous la...
Mme Duranceau : ...question,
l'Assemblée nationale se repose la question. Puis probablement que dans trois
ans, on va être encore en dessous du 3 %, peut-être pas dans toutes les régions,
mais on va l'être. Donc, il va falloir... Puis 3 %, c'est le taux
d'équilibre, mais, à 2 %, il y a des options. Quand on est à 0,1 %,
là il n'y a juste pas d'option.
Donc, le 3 %... on a choisi 3 %
parce qu'effectivement c'est un peu le taux généralement reconnu, là, puis on
ne voulait pas avoir de débat non plus sur le taux d'inoccupation. Mais, dans
le contexte où c'est très exceptionnel, où est-ce qu'on intervient dans un
marché, je pense qu'il est sage qu'on ne soit pas liés ad vitam aeternam puis
qu'on puisse se reposer collectivement la question puis s'adapter en fonction
de... comme on a fait, tu sais, au niveau de la loi 31, sur le pouvoir
spécial aux villes, là on en parlait tantôt, on l'a ramené à trois ans plutôt
que cinq pour pouvoir se reposer la question. Bien, c'est un petit peu ça que
je propose ici, là. Ça me... Je serais... Je suis plus à l'aise avec cette
approche-là.
• (12 h 30) •
Mme Labrie : Je comprends,
puis la ministre a très bien compris notre intention, là. Effectivement, là,
l'objectif, c'est d'avoir une solution qui perdurerait dans le temps puis que,
si, dans 25 ans, on se retrouve encore dans une crise où le taux d'inoccupation
chute sous 3 %... bien, que ça puisse entrer en vigueur, un nouveau
moratoire.
Moi, je pense que ce serait approprié de
fonctionner comme ça, parce que ce n'est ni la première ni la dernière crise du
logement que le Québec vivra. Il y en a eu dans le passé. Ça fait longtemps
qu'on n'en a pas connu une aussi intense qu'en ce moment. S'il avait déjà
existé des dispositions comme celle-là qui seraient entrées en vigueur au
moment où ça a commencé à baisser, le taux d'inoccupation, on n'aurait
probablement pas atteint un... une situation aussi critique, notamment au
niveau de l'itinérance, par exemple. Tu sais, si on avait eu ça... là je ne me
souviens pas c'est en quelle année, vous devez le savoir mieux que moi, où
qu'on a descendu à l'échelle nationale en bas de 3 %, mais, si déjà ça
s'était mis en œuvre, un moratoire comme celui-là, on n'aurait pas du tout
atteint, là, la crise d'itinérance qu'on connaît en ce moment, sachant que les
évictions sont la première cause d'itinérance.
Donc, je vous soumets que, comme je vous
ai entendue exprimer à plusieurs reprises que vous étiez à la recherche des
meilleures politiques publiques, à long terme, ce serait une excellente
politique publique d'avoir ce mécanisme d'entrée en vigueur automatique, là,
d'un moratoire quand on descend en bas de 3 %.
Mme Duranceau : Oui. Bien, je
suis embêtée parce que les taux, puis je pense juste à Montréal, dans les
dernières années, ça a vacillé, 3 %, en bas de 3 %, puis on n'était
pas loin. Alors là, qu'est-ce qu'on fait? Le moratoire, il rentre, il... Ah! je
les ai. Bon. Le moratoire...
Là, on a décidé d'intervenir parce qu'il y
avait une tendance claire depuis plusieurs années, en tout cas sur l'ensemble,
là, du territoire. Donc... Donc, j'aurais de la misère avec le... la
vacillation... le vacillement.
Mme Labrie : Bien, dans la
mesure où c'est possible, tu sais... puis la ministre l'a prévu elle-même, puis
c'est... puis c'est à l'article 2, on y viendra plus tard, là, mais
c'est... c'est prévu, là, la possibilité de soustraire de ce moratoire un
territoire qui atteint l'équilibre. Pour moi, ça, ce que ça veut dire... puis
la ministre expliquera elle-même, là, son intention comme ministre, mais, pour
moi, ce que ça veut dire, ça, c'est que, si, par exemple, dans la région de la
Capitale-Nationale, on atteignait un seuil d'inoccupation en haut de 3 %
puis que la moyenne nationale était encore à 1,8 %, bien, la région de la
Capitale-Nationale pourrait être... être soustraite à ce moratoire, par
exemple.
Ça fait que, dans la mesure où cette
disposition-là existe, elle est... elle est... en tout cas, elle nous est
proposée dans le projet de loi, on verra si elle est adoptée tout à l'heure,
mais, face à un gouvernement majoritaire, on sait un peu à quoi s'attendre
quand même... dans la mesure où c'est prévu, une disposition comme celle-là, je
ne trouverais pas ça imprudent qu'on prévoie quand même, là, une politique plus
durable, là, en matière de gestion de taux d'inoccupation et de moratoire,
parce que ça restera possible de soustraire des territoires ou des parties de
territoire qui seraient en équilibre et qui n'auraient pas besoin de ce
moratoire.
Mme Duranceau : Il y a deux
choses. Je pense qu'on crée un précédent ici. Ça fait que, déjà, si, dans 20
ans, il se passe la même chose, bien, les gens vont avoir un argumentaire.
Puis l'autre chose, c'est qu'un moratoire
qui suspend l'application du Code civil, c'est... il faut que ça ait... il faut
que ça ait une fin... sinon il y a d'autres modifications requises au Code
civil. Puis peut-être je peux laisser parler les juristes à ce sujet-là, là,
pour préciser. Puis, encore là, tu sais, on est dans une approche d'équilibre,
mais il y a un aspect juridique à la chose. Alors, Mme la Présidente, si vous
me permettez...
Mme Labrie : Bien, écoutez,
je...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce qu'il y a consentement pour faire intervenir...
Mme Duranceau : Sous-ministre.
Mme Labrie : Bien, vous
pouvez y aller. Allez-y.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Consentement? Consentement. Vous allez juste vous
présenter...
12 h 30 (version non révisée)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...s'il vous plaît.
M. Paradis (Nicolas) : Oui.
Bonjour, Nicolas Paradis, sous-ministre des Affaires municipales et de l'habitation.
Effectivement, la... ce que prévoit le projet de loi à l'heure actuelle à l'égard
du moratoire, c'est des dispositions qui sont malgré le Code civil, donc d'en
mettre une règle de nature permanente, et qu'il faudrait davantage... à
modifier le Code civil de manière permanente, ce que ne fait pas la loi à l'heure
actuelle. Donc, on est vraiment dans une situation d'exception, une situation d'exception
au Code civil qui se justifie justement sous l'angle... ou qui se... qui est
bien appuyé sous l'angle qu'elle est temporaire, donc dans la dynamique de la
rédaction actuelle de la loi, là.
Mme Labrie : Je les entends,
les arguments de la ministre, puis je ne voudrais pas retarder le groupe, là,
mais j'aimerais quand même qu'on envisage la possibilité d'ajouter au projet de
loi une disposition pour qu'on se rassoie ensemble à la fin des trois ans,
parce que je pense qu'on peut s'entendre ici que, d'ici trois ans, avec l'ampleur
de la crise qu'on connaît actuellement, on va être chanceux si c'est réglé. Je
le souhaite, mais j'en doute. Donc, à défaut d'implanter un mécanisme comme
celui-là que je propose avec mon amendement, j'aimerais qu'on ajoute un article
dans le projet de loi qui vient imposer finalement, là, qu'on... qu'on discute
ici, à l'Assemblée nationale, du renouvellement de ces dispositions-là, dans
les dispositions transitoires et finales du projet de loi.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement?
Député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Oui, bien, en
fait, je veux juste faire du pouce brièvement sur l'intervention de la députée
de Sherbrooke pour dire : Effectivement que, même si on comprend que de
suspendre l'application du Code civil, ça ne peut pas se faire sur une base
indéfinie, que la période de trois ans est effectivement extrêmement courte. C'est
la raison pour laquelle j'ai transmis au greffe une... une proposition d'amendement
à l'article un qu'on pourra apprécier tout à l'heure.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement?
Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui, merci.
Bien, je comprends l'intention de la députée de Sherbrooke, mais je voudrais
soulever que si, demain matin, il y avait un promoteur qui décidait de
construire des milliers de logements de luxe, le taux d'inoccupation pourrait
passer au-delà du 3 %, et là, ça ne ferait pas en sorte que la crise du
logement est réglée. Au contraire, le taux d'inoccupation dans les logements
que les gens peuvent se payer n'aurait pas bougé, mais le taux d'inoccupation...
Puis d'ailleurs c'est le cas actuellement, à Montréal, les taux d'inoccupation
des logements luxueux est bien au-delà de 3 %. Donc... donc, je pense...
je pense que ça pourrait avoir un effet pervers, cet... cet élément-là, parce
que l'article deux ne permet pas d'ajouter des territoires qui seraient
soustraits. Donc, ça permet seulement d'en soustraire. Donc, je ne pense pas
que c'est l'approche... Je comprends l'intention, mais je pense que ça aurait l'effet
pervers de ne pas finalement s'appliquer si, demain matin, on avait beaucoup,
beaucoup de logements luxueux de disponibles, vacants. Donc... donc, moi, pour
cette raison-là, là, je ne serai pas favorable à cette proposition-là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : En réponse à ma
collègue la députée de Mille-Îles, effectivement, on va arriver plus tard avec
une suggestion d'amendement pour permettre de garder des territoires sous
moratoire à la fin, là, du trois ans. Je comprends la préoccupation, mais, par
ailleurs, dans un marché qui est sain, avec un taux d'inoccupation qui est plus
élevé, ça... ça vient limiter quand même considérablement les loyers qui sont
déraisonnablement plus élevés, là, que le coût du marché. C'est comme ça que
fonctionne le marché, là, plus il y a d'offres, moins ces offres-là seront trop
élevées. Donc, s'il y a... magiquement, des promoteurs nous livraient 500 000 logements de luxe en
ce moment, ils seraient forcément obligés de baisser le prix pour... pour
réussir à les louer, là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci, Mme la
Présidente. Je voudrais simplement donner l'exemple de Vancouver, Toronto. Ce
sont des marchés qui se construisent énormément de logements luxueux puis qui
vivent une très grave crise du logement. Donc, c'est... ça ne me semble pas du
tout la solution. Un autre élément que je n'ai pas mentionné tout à l'heure, c'est
l'incertitude de savoir à quel moment termine... termine... puis ça, on va en
reparler, là, sur... tu sais, là, c'est trois ans. Puis là, j'entends, là,
les... la ministre qui a mentionné tout à l'heure qu'il y aurait peut-être lieu
de repréciser à la fin si on va en... si ça va être prolongé, le trois ans,
mais il y a une réalité que ça pourrait affecter les investissements. Si ça
affectait les investissements, bien là, on aurait, tu sais, un effet pervers de
finalement prolonger dans le temps cet effet pervers là, et c'est... L'incertitude,
c'est la pire chose en immobilier. Il n'y aura pas d'investissement en
immobilier s'il y a une incertitude à savoir si les gens peuvent récupérer
leurs... ou pas. Actuellement, ce n'est pas rentable de faire du logement...
Mme Dufour : ...c'est plus
payant de laisser à la banque, l'argent. Donc, je trouve ça risqué, en plus de
laisser une certaine incertitude, de dire que, bien, ça pourrait revenir à
n'importe quel moment. La ministre, l'a mentionné, ça ne toucherait pas les
nouveaux logements, mais l'article qui est proposé, la proposition d'amendement
de la députée de Sherbrooke aurait une incidence sur les nouveaux logements
dans le futur, et donc pourrait finalement freiner les investissements, même
futurs, en logements locatifs, ce qui serait extrêmement dommageable pour pour
la situation de crise du logement qu'on vit actuellement. Donc, je pense que,
vraiment, là, je ne suis vraiment pas favorable avec cet amendement-là. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'amendement? Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons placer
l'amendement aux voix. Mme la secrétaire...
Une voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Par appel nominal, Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Labrie (Sherbrooke)?
• (12 h 40) •
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire : Mme Duranceau
(Bertrand)?
Mme Duranceau : Contre.
La Secrétaire : Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
La Secrétaire : Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Contre.
La Secrétaire : Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
La Secrétaire : Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme Gendron : Contre.
La Secrétaire : Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Contre.
La Secrétaire : Mme Dufour
(Mille-Îles)?
Mme Dufour : Contre.
La Secrétaire : Mme Caron
(La Pinière)?
Mme Caron : Contre.
La Secrétaire : M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine)?
M. Arseneau : Abstention.
La Secrétaire : Mme Lecours
(Les Plaines)?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Abstention. Alors, l'amendement est rejeté. Nous revenons
donc à l'article 1. M. le député des Mille-Îles... des Îles, on n'est pas
loin, on a «îles».
M. Arseneau : Il y en a un
peu moins de 1 000, bien, on peut dire une douzaine dans l'archipel des Îles-de-la-Madeleine.
J'aimerais déposer un amendement à l'article 1, Mme la secrétaire.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : L'amendement est sur Greffier? On l'a reçu, on va le mettre
sur Greffier. Je vais vous demander, en attendant, d'en faire la lecture.
M. Arseneau : Avant que...
Oui, O.K., je vais retrouver le texte, ce ne sera pas long. Alors, la
proposition est d'ajouter, à la fin de l'article 1 du projet de loi, le
paragraphe suivant :
Le ministre responsable de l'habitation
peut prolonger le terme prévu au premier paragraphe pour une période n'excédant
pas deux ans.
Donc, l'article 1 du projet de loi se
lirait ainsi :
Malgré l'article 1959 du Code civil,
aucun locataire ne peut être évincé d'un logement avant le (indiquer ici la
date qui suit de trois ans celle de la sanction de la présente loi) aux fins
prévues à cet article.
Le ministre responsable de l'habitation
peut prolonger le terme prévu au premier paragraphe pour une période n'excédant
pas deux ans.
En fait, puisqu'on s'inscrit dans la
continuité du projet de loi no 31, cette mention là est la copie conforme
de ce qu'on s'est donné comme capacité de prolonger les superpouvoirs aux
municipalités en ce qui concerne la construction, en suspendant les règlements
municipaux, là, qui pourraient entraver un certain nombre de projets, là. À ce
moment-là, vous vous souviendrez qu'on avait aussi fixé de façon assez
arbitraire la période de cinq ans, et on trouvait que cette période-là était
peut-être longue pour justement ne pas respecter la réglementation municipale.
Et finalement, on a trouvé cette façon de faire là en disant : Au bout de
trois ans. Bien, la ou le ministre pourra, selon l'information qui est disponible
à ce moment-là, les effets que ça a pu créer, prolonger ou non de deux ans la
période de suspension des règlements, et donc les superpouvoirs des
municipalités.
Dans ce cas-ci, on pourrait le faire
exactement de la même façon, sans avoir à convoquer à nouveau l'ensemble des
parlementaires à une commission parlementaire ou corriger la loi. C'est une
période, dont on a mentionné tout à l'heure, de trois ans, où on peut
raisonnablement penser que la crise du logement ne sera pas derrière nous, que
les effets peuvent toujours être aussi délétères pour les locataires, et on
offre ici la capacité au gouvernement, à travers les responsabilités du
ministre, de prolonger cette mesure-là pour deux autres années, sur la base
d'une évaluation évidemment, de la situation des cas qui auront été documentés,
analysés et soumis au ministre pendant les trois premières années de
l'application d'une telle mesure.
Alors, c'est se donner une certaine marge
de manœuvre pour pouvoir justement prolonger cette période-là, qui... qu'on
juge aujourd'hui importante de mettre en œuvre. Donc, une mesure qui nous
permet de protéger les locataires pour trois ans peut être tout aussi valide
sur cinq ans. On ne s'enferme pas dans un calendrier, mais on se donne cette
latitude...
M. Arseneau : ...cette marge
de manœuvre, cette capacité d'agir, si c'est nécessaire. Si, par exemple, la
crise devait s'exacerber plutôt que s'améliorer, mais, à ce moment-là, on
aurait deux ans supplémentaires de protection pour les locataires qui en ont
besoin.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le député. Mme la ministre.
Mme Duranceau : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, on va suspendre quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 45)
(Reprise à 12 h 48)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Nous en étions à vous, Mme la ministre.
Mme Duranceau : ...donc on
avait considéré cette option-là, on l'a considérée... bien, la ou le ministre
qui décide. Il y aurait la notion de prévoir un décret du gouvernement... Et
puis... puis ça donne, au moins, une prévisibilité aussi dans le marché. Ça
fait qu'il va falloir que les gens se reposent la question puis aillent de
l'avant avec un projet de loi.
Alors, encore là, toute cette histoire-là,
c'est une question d'équilibre. Je sais que vous parlez de continuité avec la
loi 31. Dans la loi 31, les superpouvoirs, ça fait qu'on enlève des restrictions.
Donc, on voulait que ça perdure plus longtemps, si on met des restrictions.
Donc, il y a lieu de revisiter la question avec l'Assemblée nationale à ce
moment-là. Moi, c'est ce que je préconisais, de consulter plus que moins sur
ça, puis de voir aussi on n'a jamais fait ça, de voir l'impact sur le marché.
C'est un peu... un peu ma position.
M. Arseneau : Oui, si vous
permettez. L'enjeu avec la...
M. Arseneau : ...de votre
approche, de l'approche de la ministre, c'est qu'on va vivre... Moi, ma
crainte, c'est qu'on vive essentiellement la même chose qu'on vit dans la
question des programmes gouvernementaux, que ce soit en soutien au
développement communautaire ou à maints égards, où souvent le programme est
terminé. Et le temps qu'on en fasse l'analyse, l'étude des résultats avec les
révisions de comptes et tout ça, bien là, il y a une période de soit suspension
du programme ou de continuité du programme aux mêmes... selon les mêmes
conditions, le temps qu'on décide de le réviser, la machine administrative ou
la machine politicolégale du gouvernement étant passablement lourde, j'ai de la
difficulté à penser que s'il faut remettre sur la table un projet de loi, par
exemple, pour continuer une mesure dont on jugerait qu'elle est bonne, que ça
se fasse dans une fluidité totale. Parce qu'on va sûrement nous dire à ce
moment-là : Attendez la fin de la mesure pour qu'on puisse l'étudier. Et
donc on n'a pas de période tampon.
• (12 h 50) •
Il faudrait nécessairement, à mon sens, à
moins qu'on me dise qu'on va faire ça autrement, qu'on commence à étudier
l'effet de la mesure au bout d'un an et demi, de façon à ce qu'on puisse
justement faire les analyses, la discussion et ainsi de suite et d'arriver avec
un nouveau projet de loi, admettons que c'est la voie choisie, qui vienne se
coller à la date de péremption de la mesure qu'on vient de mettre en place pour
qu'on continue. Donc, on créerait, si on souhaite continuer avec cette
mesure-là, une période de vide qui me semble être dommageable pour à la fois la
capacité, là, de soutenir les gens qui peuvent être victimes d'éviction, mais
aussi, dans dans le même objectif qu'on mentionnait, d'assurer une certaine
prévisibilité parce que, là, on pourrait avoir, pendant trois ans, une mesure
qui s'applique, pendant six mois, un an, une mesure qui se discute, puis
pendant une autre période, une autre mesure ou une mesure de continuité
nouvelle. Alors, c'est la raison pour laquelle cette marge de manœuvre là, le
temps qu'on étudie les effets de la mesure sur trois ans me semble quand même
intéressante en matière de transition vers autre chose.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la ministre.
Mme Duranceau : ...pour
conclure, tu sais, je réitère que je pense que la participation de tous les
élus va être importante rendu là, je pense qu'il y aura suffisamment de
pressions de toute part pour que ça soit pris d'avance et pour qu'il n'y en ait
pas. Je veux... On va voir les règles transitoires, là, juste entre le dépôt du
projet de loi puis l'adoption. On ne voudra pas de... de période de vide comme
vous décrivez. On se laisse la... Il va falloir déposer un projet de loi, mais
ça aura le mérite d'avoir suscité les discussions qui s'imposent dans ce
contexte-là, je pense, là.
M. Arseneau : Mais
est-ce qu'on... Est-ce qu'on peut voir, tu sais, dans un calendrier, là,
prévisible sur trois ans, là, quelle pourrait être la façon de renouveler une
mesure comme celle-là sans qu'on crée un vide juridique entre la mesure qu'on
s'apprête à mettre en œuvre et la continuité si on voulait, par exemple, la
poursuivre. Je voudrais savoir quelle serait la mécanique d'adopter à... la
suite logique à faire?
Mme Duranceau : ...tout
à l'heure... Je n'ai pas de micro, là. On m'a coupé. Bien, la bonne... la bonne
mécanique, la bonne logique, c'est une saine gestion, de suivre ses dossiers.
Tu sais, pour moi, là, dans ce dossier-là, si c'est moi qui étais là, je l'ai
sur mon radar, puis il faut que je me prononce dans trois ans, puis que je
présente quelque chose à mes collègues, puis que je le présente d'avance
pour... Puis on a des équipes qui sont des équipes administratives, qui sont là
puis qui assurent la continuité. Alors, bien, j'ose espérer que ça va être...
ça va être surveillé.
M. Arseneau : C'est que
si on se fie à l'expérience passée, là, tu sais, je trouve qu'on a plusieurs
exemples où on n'a pas eu cette rigueur-là, tu sais. Je me souviens quand...
lorsqu'on a adopté le projet de loi no 17 sur le transport des personnes,
sur la loi... la nouvelle loi sur le transport des personnes qui modifiait la
Loi sur le taxi, on avait mené un projet... un projet pilote pendant trois ans,
si je me souviens bien. Avant même d'avoir les résultats du projet pilote, il a
fallu adopter un nouveau...
M. Arseneau : ...cadre
législatif pour permettre, par exemple, les Uber et compagnie. Alors, moi, je
pense qu'il y a des... ça, c'est un exemple que j'ai vécu parce qu'à ce
moment-là, on se disait : On n'a pas fait notre travail. Aujourd'hui, on a
de nombreux groupes, de nombreux citoyens qui nous disent, tu sais :
Pourquoi... Pourquoi une mesure qui fonctionne — je parlais de milieu
communautaire tout à l'heure — ne peut jamais être renouvelée à
temps, à la date d'échéance du programme ou de la mesure? Et ça me semble être,
dans 95 % du cas, les résultats que l'État du Québec livre. Alors, je veux
bien croire que la ministre a beaucoup d'ambition puis elle pourrait faire
preuve d'une rigueur plus grande que ses collègues ou ses prédécesseurs, mais
je... Là où je suis d'accord avec la ministre, c'est qu'on ne peut jamais trop
consulter et mettre à contribution les élus. Ça, je suis parfaitement d'accord.
Mais j'ai quand même une crainte qu'en voulant faire mieux, que l'on fasse
moins bien en matière de protection des locataires. Et c'est l'absence d'une
période de transition, je le réitère, qui me semble être ici le problème, pas
la volonté de consulter puis d'étudier. Mais encore une fois, s'il y avait une
obligation dans la loi qu'au bout de deux ans et demi on révise la mesure puis
on met en place les... le mécanisme pour qu'au bout de trois ans, cette
mesure-là ne tombe pas caduque, cela me rassurerait davantage sur la suite des
choses. Parce qu'il est bien possible que ni moi, ni la ministre, ni les autres
collègues ne soient là pour dire : Bien, à l'époque, on en avait discuté
puis on s'était tous fait confiance.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Mme la ministre.
Mme Duranceau : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'amendement? Mme la députée des Mille-Îles, allez-y.
Mme Duranceau : O.K. Voilà.
Merci, Mme la Présidente. Je dois dire que je partage l'opinion du député des
Îles-de-la-Madeleine, non pas des Mille-Îles. C'est très loin un de l'autre, en
passant, Mme la Présidente. Il y a... Il y a comme... Tu sais, quand j'entends,
dans le fond, que, bien, oui, on va... on va suivre ça, puis ce sont nos
intentions, etc., je pense qu'il faudrait être plus précis. Par contre, je ne
suis pas nécessairement favorable avec la proposition du député de le prolonger
d'emblée, du moins de le prévoir d'emblée. Pourquoi? Pour la même... les mêmes
commentaires que j'ai émis plus tôt, là, sur la... l'effet peut-être
d'incertitude que ça pourrait créer dans le monde immobilier. Puis je vous le
dis : Moi, j'ai des grandes craintes qu'on voie un frein des
investissements en immobilier. Je pense qu'il va falloir le suivre assidûment,
voir l'impact. Je ne sais pas si c'est quelque chose que la ministre a prévu,
puis j'aurai peut-être un amendement, là, à cet effet, là, que je pense... qui
va être déposé sous peu. Mais c'est ça, de prolonger... de prévoir d'emblée de
prolonger de deux ans, ça amène, à mon avis, le même élément, en fait, que ce
que la ministre avait dit plus tôt, là. Elle avait dit : On verra après
trois ans, s'il y a lieu de préciser. Il faudra peut-être mieux s'encadrer sur
c'est quoi qui détermine le moment de fin, mais là, on parle de trois ans. Tu
sais, la ministre a dit... a rassuré, je pense, les groupes de propriétaires en
disant : Bien, c'est une mesure qui va durer trois ans. Tout le monde
s'entend pour dire qu'en trois ans ce ne sera pas régler la crise du logement.
Donc, il faudrait peut-être avoir une idée
de qu'est-ce qui s'en vient, du après, parce que... parce que là il y a
vraiment un enjeu de... c'est ça, de possibilités d'investissement, puis de
voir... Tu sais, si on se dit : Bien... Là, on sait que ça va finir. Normalement,
la ministre a dit : C'est dans trois ans, ça fini, mais là on sait que ça
pourrait peut-être s'étirer, puis peut-être au-delà de 10 ans. Est-ce
qu'on va investir? Puis on sait aujourd'hui que construire du logement, ça
prend 2 à 3 ans du moment qu'on initie une idée de projet. Puis avant que
les portes soient disponibles, en bas de deux ans, Mme la Présidente, là, c'est
pratiquement impossible, juste par les délais de la construction elle-même. Et
si on rajoute les délais d'émission... de faire des plans, etc., bien, ce n'est
pas dans trois ans, là, qu'on va voir ces portes-là, ces nouvelles portes. Puis
on l'a vu, il y a des mises en chantier qui ont... qui ont baissé l'an passé.
Donc, actuellement, il n'y a pas d'investissement qui se fait. Ça fait
qu'est-ce que ça va retarder même l'idée au-delà du...
Mme Dufour : ...trois ans, en
se disant : Bien, on attendra quelle est l'intention après le trois ans,
c'est ma crainte. Et là, si on rajoute un deux ans, tu sais, l'idée même d'un
deux ans, je pense qu'on... qu'on s'en va, là... on pourrait s'en aller dans le
mur. Puis malheureusement, on va le savoir qu'on va être rendus dans le mur
seulement quand on va être rendus dedans. Donc... donc, c'est pour ça que
j'aurais un amendement ultérieurement, là. Je vois le temps. Je vais m'arrêter
ici.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, compte tenu de l'heure, la
commission va suspendre ses travaux jusqu'à 14 h. Alorsm bon, dîner à tous, à
toutes!
(Suspension de la séance à 13 heures)
13 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 14 heures)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des relations
avec les citoyens reprend ses travaux. Je vous rappelle que nous sommes sur l'étude
détaillée du projet de loi n° 65, Loi limitant le droit d'éviction des
locateurs en renforçant la protection des locataires aînés.
Nous en étions sur un amendement déposé
par le député des Îles-de-la-Madeleine. Est-ce qu'il y a encore des discussions
sur l'amendement? Alors, est-ce qu'il y a encore des discussions sur l'amendement
du député des Îles-de-la-Madeleine? S'il n'y a pas d'autre discussion,
question, nous allons placer l'amendement aux voix. Est-ce que l'amendement est
adopté? Est-ce qu'il est adopté?
Une voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Vote par appel nominal. Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine)?
M. Arseneau : Oui, pour.
La Secrétaire
: Mme Duranceau
(Bertrand)?
Mme Duranceau : Contre.
La Secrétaire
: Mme Jeannotte
(Labelle)?
Des voix : ...
Mme Jeannotte : Contre,
contre, excusez.
La Secrétaire : Mme Boivin
Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
La Secrétaire
: Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
La Secrétaire
: Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme
Gendron
: Contre.
La Secrétaire
: Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Contre.
La Secrétaire
: Mme Dufour
(Mille-Îles)?
Mme Dufour : Abstention.
La Secrétaire : Mme Caron
(La Pinière)?
Mme Caron : Abstention.
La Secrétaire
: Mme Lecours
(Les Plaines)?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Abstention.
La Secrétaire : Mme Labrie
(Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, nous retournons à l'article... Oh! il est rejeté,
pardon, je m'excuse. Alors, nous retournons à l'article un. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article un? Mme la députée des Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Alors, je vais revenir à l'essence de l'article, là, dans le
fond, on souhaite, avec cet article, mettre une pause sur les évictions. Il y
a... Je me demandais, parce qu'on a reçu finalement... puis d'ailleurs je
remercie les équipes, là, qui nous ont fourni l'analyse d'impact réglementaire.
On peut... on peut lire des éléments là-dedans, mais est-ce... Ce qu'on n'a pas
vu, c'est si ça a été évalué qu'il y ait... disons, l'impact sur les
investissements immobiliers. On voit qu'il y a des coûts pour les propriétaires
qui sont estimés. Mais, si on a évalué les... l'impact sur les investissements
potentiels pendant la période du moratoire. Ça... ça, ce n'est pas indiqué dans
cette analyse-là. Donc, j'ai entendu la ministre mentionner que vous aviez été
rassurée qu'il n'y en aurait pas, mais j'aimerais plus de détails parce que ce
n'est pas dans le document.
Mme Duranceau : Oui, bien,
deux choses. Encore une fois, les évictions ou le moratoire sur les évictions
visent des immeubles existants, donc dans lesquels il y a des gens. Puis là on
dit : Vous ne pouvez plus évincer ces gens-là. Alors, ça ne vise pas les
nouveaux investissements. L'analyse réglementaire, ce qu'elle... ce qu'elle
relate... puis c'est une analyse un peu hypothétique, là, parce que, dans le
fond, on vient dire : Bon, bien, les évictions, elles ont lieu pour fins
de subdivision, d'agrandissement, de changement d'usage dans tant de % des cas,
et puis... puis là on donne une valeur aux conversions, tu sais, aux
changements d'usage, une valeur aux agrandissements puis une valeur aux
subdivisions, qui ne pourront pas être faites dans les trois premières... dans
les trois prochaines années, mais elles vont quand même pouvoir se faire
subséquemment.
Alors, c'est un peu théorique comme manque
à gagner, c'est plus différé dans le temps, tant qu'à moi. Puis, dans tout ça,
puis je l'ai dit à quelques reprises aussi à la députée de...
Mme Labrie : Sherbrooke.
Mme Duranceau : Sherbrooke,
je m'excuse, j'aimerais savoir... quand on a eu des discussions, tu sais, on
est dans la recherche d'un équilibre, puis un petit peu de... voyons, c'est la
balance des inconvénients. Alors, effectivement, sur le plan économique, bon,
bien, on retarde peut-être certains projets, ça fait qu'il y a un impact
économique à ça. Mais là, moi, je pense que cet impact économique là, peu
importe le...
14 h (version non révisée)
Mme Duranceau : ...honnêtement,
il ne vaut pas le... les drames que plusieurs vivent en ce moment.
Ça fait que, tu sais, je n'aime pas ça, l'impact
économique, mais, dans le contexte, je pense qu'il faut qu'on sauve les gens ou
qu'on... Alors, c'est ça je peux fournir comme commentaire.
Mme Dufour : O.K. Quand on
met en parallèle la cession de bail, il y a eu beaucoup, beaucoup, beaucoup de
discussions sur la cession de bail, c'était aussi des drames qu'on parlait puis
que la cession était une des façons que les gens discriminés, le plus souvent
discriminés, avaient accès à un logement. On n'a pas la même... la même
perception, du moins, de la mesure, de l'importance de la mesure. Qu'est-ce qui
a changé entre, disons, février et maintenant?
Mme Duranceau : Absolument
rien dans ma tête quant à la cession de bail. Ici, on n'est pas en train de...
on est en train de mettre une pause sur une mesure qui existe, on met une
pause, puis on dit : Dans trois ans, on reprend.
Dans le cas de la cession de bail, elle
est... elle demeure. On est venus la recalibrer parce que l'outil n'était pas
utilisé... ou l'article de loi n'était pas utilisé pour les raisons pour
lesquelles il avait été inséré dans la loi au départ. Donc, c'est deux contextes
différents, là, quant à moi.
Mme Dufour : Mais reste que c'était
un outil qui était utilisé par les citoyens pour avoir accès à des logements,
qui n'ont toujours pas accès. Là, c'est sûr qu'on... un moratoire sur les
évictions, ça vient faire en sorte que les gens ne seront pas évincés de leurs
logements, mais ça ne leur donne pas d'accès à des nouveaux logements, qui...
On sait, il faut travailler sur l'offre, mais la cession de bail, c'était aussi
une façon d'avoir accès à des logements.
Mme Duranceau : Mais ce n'est
pas la bonne mesure dans les circonstances. Avec la loi 31, on a modernisé
différents aspects de la loi, dont la cession de bail, dont les compensations
en contexte d'éviction. Il fallait moderniser ça, qu'il y ait une crise du
logement ou pas. Donc, ce n'était pas... on n'était pas du tout dans le même
contexte. Là, on est dans un contexte où on veut introduire un moratoire. On n'est
pas en train de dire que les mesures ne sont pas bonnes, au contraire, on les a
modernisées, on est en train de dire : On ne veut plus d'évictions pour
trois ans dans un contexte où le marché n'offre pas d'alternatives aux
locataires.
Mme Dufour : Oui. Je vous
soumets qu'on aurait pu attendre trois ans pour changer les règles pour la cession
bail aussi parce que la situation est aussi critique pour ces gens-là.
Mais, pour revenir donc à... le potentiel,
du moins, d'effet économique, là, sur le moratoire... que le moratoire d'évictions
pourrait avoir, est-ce qu'on a évalué... parce que vous avez mentionné qu'on ne
pense pas qu'il y aurait un impact sur les investissements, mais qu'en est-il
des... en tout cas, pas pour la création de nouveaux logements, mais qu'en
est-il pour la rénovation des logements existants? Est-ce qu'on en a évalué l'impact?
C'est-à-dire que le fait que pendant trois ans, par exemple, des gens
pourraient ne pas investir dans leur logement, donc ne pas le mettre à niveau,
combien de logements vont dépérir? Est-ce qu'il y a des logements qu'on va
perdre complètement? Est-ce que ça, ça a été évalué?
Mme Duranceau : Bien, si les
gens considèrent qu'il y a une nécessité d'évincer pour rénover, c'est capturé
dans l'analyse économique, là, ou dans les hypothèses qui ont été prises en
compte.
Par ailleurs, je le redis, c'est... le
moratoire, ça ne vise pas les travaux majeurs qui sont requis. Donc, ça, c'est
toujours possible de le faire, et la... on ne touche pas à cet aspect-là de la
loi.
Mme Dufour : Est-ce qu'on
peut définir «travaux majeurs»? Est-ce que c'est défini dans la loi... je ne
sais pas comment on... ou dans la jurisprudence, là, qu'est-ce qu'on entend par
«travaux majeurs»? Parce que là ce n'est pas démolition, ce n'est pas
subdivision, ce n'est pas agrandissement. Donc, c'est quoi, «travaux majeurs»?
Mme Duranceau : Bien, je
pense que, de manière générale, c'est des travaux qui requièrent que la
personne sorte de l'immeuble...
Mme Dufour : Mais qu'elle
sorte...
Mme Duranceau : ...parce qu'ils
sont trop envahissants comme travaux, là.
Mme Dufour : Oui. Mais là, j'imagine,
ça veut dire qu'on parle de sortir de façon...
Mme Duranceau : Temporaire.
Mme Dufour : C'est
temporaire, pas permanent, là. L'éviction, c'est... c'est permanent.
Mme Duranceau : Oui.
Mme Dufour : O.K. Mais c'est
quoi, des travaux majeurs?
Mme Duranceau : Mme la
Présidente, peut-être, je vais laisser le président du tribunal commenter, là,
si on veut citer de la jurisprudence ou...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Allez-y.
Des voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...consentement, je m'excuse.
Mme Dufour : Consentement.
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
Tantôt, c'était... c'était M. le sous-ministre. Alors, consentement?
Mme Dufour : Consentement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Consentement. Juste vous présenter, s'il vous plaît.
M. Simard (Patrick) : Oui.
Merci, Mme la Présidente. Patrick Simard, je suis président du Tribunal
administratif du logement.
Alors, on réfère, dans ce cas-là, à l'article 1922
du Code civil du Québec. Alors, ce sont évidemment toujours des cas d'espèce où
est-ce qu'il y a une évaluation du tribunal, mais évidemment de la...
M. Simard (Patrick) : ...partie
qui est visée, là, celle qui envoie l'avis, là, pour faire ces travaux-là, qui,
elle, va dans son son âme et conscience voir: Est-ce qu'il s'agit là d'une
intervention de travaux majeurs ou non, tout d'abord, et par la suite, si le
tribunal est appelé à intervenir, de voir les circonstances, d'une part. Mais
des travaux majeurs, ce sont des réparations, des rénovations qu'on va
qualifier d'importantes. On ne va pas, par exemple, changer uniquement des
portes d'armoire, on ne va pas juste changer les armoires. Tu sais, il y a un
caractère d'intrusion, je vous dirais, que le tribunal va analyser, et c'est à
ce moment-là que par la suite on met en œuvre les dispositions 19-22 sur les indemnités.
Et, encore une fois, ce n'est pas une éviction, c'est une évacuation, c'est
différent, évacuation temporaire. Donc, il y a un élément de distinction
important à faire.
Donc, c'est des travaux, généralement, qui
vont procurer de la plus-value, améliorer la qualité de vie des occupants.
Donc, c'est une intrusion, davantage, dans le logement que des simples
réparations.
• (14 h 10) •
Mme Dufour : Vous avez
mentionné: Le tribunal va regarder. Mais ce n'est pas systématique que ça va au
tribunal...
M. Simard (Patrick) : Effectivement.
C'est dans la mesure où les parties ne conviennent pas ensemble des modalités
de l'évacuation temporaire, absolument.
Mme Dufour : O.K. Puis là,
l'évacuation implique de payer un dédommagement pour le déménagement, par
exemple, à l'hôtel, ou peu importe. O.K.
M. Simard (Patrick) : Absolument.
Mme Dufour : O.K. Ça fait que
je vais revenir à la subdivision de tout à l'heure, là. C'était une de mes
premières questions. Je crois que Mme la ministre a mentionné que, bien, ça
allait de soi que la subdivision pourrait être... il y aurait des cas que ce
serait possible de le faire en autant, tu sais, que la personne, par exemple,
si elle est... Dans le fond, ce que je voulais savoir, c'est: si la personne
est mise à l'extérieur temporairement, le temps de faire une subdivision, puis
qu'on lui offre un retour... Tu sais, je donnais l'exemple d'un grand, grand
logement qui serait séparé en deux quatre et demie ou une maison transformée en
duplex. À ce moment-là, la personne, si on lui offre de revenir, ce n'est pas
considéré une éviction. C'est bien ça? Donc, c'est travaux majeurs, à ce
moment-là, ou l'équivalent de. Donc, l'éviction pour subdivision, c'est quand
on dit: Je vais subdiviser, puis, pour cette raison-là, tu ne peux plus...
Mme Duranceau : Je t'évince,
je t'envoie un avis d'éviction.
Mme Dufour : ...tu ne peux
plus rester dans le logement. Et là, ça, ça pourrait... Tu sais, dans le fond,
il pourrait y avoir des cas où il y a... ça aurait été souhaitable de faire le
projet de subdivision. Je donnais l'exemple d'une maison, par exemple, qui
devient une maison de chambres. Là, ce que je comprends... ces projets-là ne
pourraient pas se faire, sauf si la personne qui réside là accepte d'y
retourner. Mais on s'entend que quelqu'un qui loue un plus grand logement
n'acceptera peut-être jamais d'aller dans un plus petit par la suite. Donc, il
y aurait des pertes de potentiel de nouveaux logements, là.
Mme Duranceau : Un moratoire,
ça empêche les gens de faire des choses, là. On est d'accord là-dessus, je suis
entièrement d'accord.
Mme Dufour : Donc, ça
pourrait freiner des projets qui rajouteraient des logements?
Mme Duranceau : Bien, ça
pourrait freiner des projets, peut-être, dans ce cas-là, qui rajouteraient des
logements. Mais la personne qui se fait mettre à la porte, elle n'a pas
d'options. C'est ça que je pense que, collectivement, on veut freiner en ce
moment.
Alors, oui, je suis d'accord qu'il y a des
impacts. Reste... C'est restrictif, ou ça le sera peut-être pour certains
propriétaires. Ça, je suis bien d'accord avec ça, il y a des impacts
économiques. Mais, si on fait les pour et les contre de tout ça, je pense qu'en
ce moment, c'est plus négatif de faire en sorte qu'il y ait des gens qui se
retrouvent dans la rue, puis il y a des impacts sur plusieurs facettes de notre
société du fait que les gens se retrouvent à la rue, que ça soit sur le plan de
l'itinérance, de la santé. Alors, c'est pour ça que, probablement,
collectivement, on va décider d'aller là, même si c'est inhabituel, même si,
pour des raisons économiques, on n'aime pas ça, mais pour des raisons, je
dirais, humanitaires, on est rendus là, là.
Mme Dufour : Oui. Mais, s'il
y a des projets qui ne se font pas qu'on aurait faits pour des raisons
humanitaires, puis on ne les fait pas parce qu'on ne peut pas évincer certaines
personnes, mais qu'ils auraient permis d'en accueillir d'autres - par exemple,
je pense à des maisons de chambres, je pense à s'il y avait une ressource en
itinérance, mais que pour ce faire elle a besoin d'un logement en particulier -
ça, ça serait mis sur pause pendant trois ans, donc. Donc, il y a ce risque-là.
On n'a pas... Peut-être, on aurait pu prévoir des exceptions, comme de cet
ordre-là, si c'est pour faire davantage de logements, par exemple, pour une
clientèle précise.
Mme Duranceau : Oui. Il y en
a qui se prétendent des bons samaritains puis qui subdivisent en ce moment,
puis dans...
Mme Duranceau : ...dans le
fond, tu sais, ce n'était pas toujours de bonne foi. Moi, j'ai l'impression
que, dans un cas comme celui qui est décrit là, quelqu'un qui veut faire une
maison de chambres, il est déjà dans une philosophie d'aider. Alors, tu sais,
on ne peut pas tout prévoir puis on veut rester aussi... on veut que ça ce que
ça soit... il y a un mérite à la simplicité là-dedans. Ça fait que j'imagine,
dans le cas, là, de maison de chambres, bien là, on aurait quelqu'un qui
essayerait d'aider puis d'en venir à une entente avec la personne qui est déjà
là. Si c'est quelqu'un qui veut héberger du monde puis aider, bien, ça ne sera
pas au détriment de mettre quelqu'un à la rue.
Mme Dufour : Oui, je
comprends. Par contre, la personne qui a déjà quelque chose de très, très
spacieux à faible coût n'aura peut-être pas envie d'être déplacée ailleurs,
donc pourrait même refuser, dans le fond, un plan de déplacement, là, cette
personne-là. Même si on lui...
Mme Duranceau : Ah! c'est effectivement
un des risques.
Mme Dufour : Là, il n'y a
même pas la possibilité d'avoir l'indemnité pour éviction, par exemple, qui a
été négociée, tu sais, qui a été mise dans le 31, là. Cette indemnité là, dans
le fond, elle n'existera pas avant trois ans, là.
Mme Duranceau : Bien, je le
répète, les gens peuvent s'entendre entre eux, là. Ça, c'est le meilleur des
scénarios, c'est que les gens s'entendent entre eux. Si tu n'es pas évincé puis
tu restes dans l'immeuble, bien, non, tu n'as pas de compensation, tu restes
chez vous. Puis si les gens s'entendent pour que la personne quitte, bien, elle
va quitter, mais elle va s'être entendue, là, pour quitter à certaines
conditions, incluant sans doute une compensation.
Mme Dufour : Mais on n'aurait
pas pu prévoir peut-être une exception pour des projets d'OBNL qui ont pour but
d'ajouter des logements, de prévoir cette particularité-là qui n'arrivera pas
souvent. Puis là ce n'est pas... on ne parle pas d'un bon samaritain qui se
prétend et qui divise pour, dans le fond, louer plus cher, là. Ce n'est pas ça,
mais on aurait peut-être pu prévoir des exceptions. Sinon, autrement, il y a
des projets que peut-être pour les faire, on va devoir utiliser la
clause 2, mais là ça va être du spot zoning, qu'on appelle dans le zonage,
ce qui n'est pas souhaitable non plus. Donc, de prévoir une exception, ça ne
serait pas quelque chose d'envisageable?
Mme Duranceau : Je ne sais
pas si on a besoin d'aller là. Honnêtement, si un OBNL veut faire un projet, il
a à cœur les gens qu'il veut aider, qu'ils soient itinérants ou qu'ils aient
une condition autre, puis il va en tenir compte dans l'élaboration de son
projet.
Mme Dufour : Ah! je n'ai pas
de doute, je n'ai pas de doute, mais, des fois, la personne qui, elle, a un
bien ou qui est dans un logement, elle, elle a juste à dire : Non, je
refuse l'entente que tu me proposes, peu importe c'est quoi, et c'est bloqué
pendant trois ans. Tu sais, il est là, l'enjeu. C'est que, là, s'il n'y a pas
d'entente, il n'y a pas d'éviction possible, même s'il y a un dédommagement
proposé, même s'il y a de l'argent qui est offert, même si c'était supérieur à
l'indemnité d'éviction, tu sais.
Mme Duranceau : Je pense,
c'est le... c'est ça, l'intention du législateur, là, c'est de mettre une pause
sur le marché en ce moment sur des transactions qui sont spéculatives. Si elle
n'est pas spéculative puis que tout le monde est de bonne foi...
Mme Dufour : Bien, ce n'est
pas toujours : «Tout le monde est de bonne foi».
Mme Duranceau : Bien, est-ce
que vous avez une proposition concrète à faire?
Mme Dufour : Bien, moi, ce
que je proposerais, ça serait une exception dans le cas où on parle d'un projet
pour le bien social, tu sais, pour le bien-être de tous, pour la société et que
la personne a... tu sais, a un plan de relocalisation en bonne et due forme,
bien, tu sais, si la personne refuse, elle peut être de mauvaise foi, mais
est-ce qu'on va bloquer un projet pour ça? J'espère que ce n'est pas ça,
l'intention du législateur.
Mme Duranceau : Bien, ça,
c'est ce que vous soulevez, là, moi, ce n'est pas mon intention.
Mme Dufour : Non, mais c'est
parce que... Non, c'est le mot... les mots que vous avez dits juste avant: «Si
c'est ça, l'intention».
Mme Duranceau : L'intention
du législateur, c'est de mettre une pause sur les transactions immobilières de
nature spéculative. Là, on va-tu se retrouver avec un OBNL qui veut faire un
projet puis que les gens ne veulent pas? Il y a beaucoup de paramètres, puis
légiférer sur trop d'hypothèses, je ne suis pas sûre que... en tout cas, on me
dit que ce n'est pas nécessairement souhaitable. Alors, on n'est pas allé là.
Mme Dufour : Non, pas
nécessairement, mais, tu sais, l'objectif, c'est d'arrêter les transactions
spéculatives. Et je le comprends, on l'a dénoncé à maintes reprises que c'était
une problématique actuellement. Mais il ne faut pas que l'effet pervers de la
mesure vienne empêcher des projets qui, eux, ont juste pour objectif d'aider
les plus démunis. Et puis, tu sais, il y a plein de cas de figure de projet qui
auraient pu se faire, qui pourraient se faire et qui pourraient être impactés,
là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : O.K., la députée de Sherbrooke voulait réagir.
Mme Labrie : Oui, bien, je
comprends la préoccupation de ma collègue de Mille-Îles, mais, en tout cas,
moi, je n'ai pas eu connaissance de projets, par exemple, d'organismes à but
non lucratif, qui se...
Mme Labrie : ...faisait par le
biais d'éviction, là, comme ça, là, peut-être. D'autres pourraient nous
éclairer, peut-être, si elle a eu vent d'exemples comme ça. Je sais que ma
collègue a été impliquée au milieu municipal depuis longtemps, peut-être qu'elle
connaît des exemples. Moi, je n'ai jamais vu ça. La seule fois où j'ai vu qu'il
y avait des évictions pour un projet d'organisme à but non lucratif, en tout
cas, dans ma circonscription, ça avait été de la démolition d'immeubles
particulièrement vétustes qui avait été autorisée par la ville. Et ça, c'est
prévu que ça va continuer de pouvoir être possible, là, dans ce qui est
actuellement devant nous comme projet de loi. Donc, moi, je ne suis pas
inquiétée par ça. Les organismes à but non lucratif peuvent soumettre des
projets. Habituellement, ils construisent des nouveaux immeubles, donc ils
n'ont pas besoin d'évincer des gens pour faire ça. Moi, je n'ai aucun exemple
qui me vient d'une situation comme celle-là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Allez-y.
Allez-y, le micro va s'allumer.
• (14 h 20) •
Mme Dufour : ...bon, voilà.
Je ne parlerai pas si je n'ai pas de micro. Non, oui, il y a définitivement des
cas de projet, tu sais, les ressources intermédiaires, par exemple, c'est...
souvent, ça va venir s'implanter dans des propriétés privées de... Écoutez,
ici, par exemple, il y a quelqu'un qui loue la propriété, elle n'a pas le choix
que d'évincer pour pouvoir faire le projet. Donc, oui, ça peut arriver
effectivement. Moi, j'ai un cas dans mon ancien... Lorsque j'étais élue
municipale, une ressource intermédiaire s'est implantée dans une maison d'une
propriété et la personne a dû quitter, mais ça a permis de loger... Je pense
qu'il y a neuf personnes dans cette ressource intermédiaire là, donc ce n'est
quand même pas rien.
Et le cas que je citais, qui est une dame
qui a fait une maison de chambres... Là il va falloir que je retrouve l'article
pour trouver la ville, là, mais c'était lundi, dans la revue de presse de
lundi. Donc, une maison de chambres, c'est huit personnes. Donc, c'est des
projets effectivement qui pourraient tomber à l'eau, du moins, être retardés à
des moments qu'on ne peut pas se permettre de retarder ça, puis... Ça fait que
moi, je pense qu'il faut juste le prévoir, parce que du moment qu'on va être...
du moment que ça va faire un article dans le journal, mais là ça va prendre des
mois et des mois à corriger le tout. Donc, donc, tu sais, on est ici pour
étudier article par article, ça fait que si on peut prévoir une exception qui
vient régler cette faille-là potentielle, bien, faisons-le maintenant, là,
juste pour ne pas s'attacher puis que finalement, après, on soit pris que...
C'est ça.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Je vais
reprendre un tour de parole, parce que l'intention, elle est bonne. Je pense
que ça pourrait quand même créer des problèmes de faire ça, puis je vais vous
donner un exemple très précis. Ma collègue de Verdun, dans sa circonscription,
a dû se battre, parce que des locataires recevaient un avis d'éviction de la
part de leur propriétaire qui sous-entendait qu'ils étaient évincés parce qu'il
voulait justement faire du logement social dans ce bâtiment-là, ce qui était
faux par ailleurs, c'était faux. Elle a dû accompagner les locataires devant le
TAL pour contester ces avis d'éviction là qui étaient, je sais pas si
«frauduleux» est le bon mot, mais, en tout cas, il était mentionné dans l'avis
d'éviction envoyé par le propriétaire à plusieurs locataires qu'ils étaient
évincés pour faire du logement social. Puis ces gens-là ont eu le réflexe de
dire : Ah! c'est plate, mais, en même temps, c'est pour une bonne cause. Et
puis, s'il n'y avait pas eu, au moins, un d'entre eux qui était allé voir au
bureau de circonscription pour faire, c'est quoi, ce projet-là, puis que la
petite enquête n'avait pas été faite par la députée pour dire : C'est
quoi, ce projet-là, puis de se rendre compte qu'il y avait aucun projet dans ce
bâtiment-là, puis que finalement le propriétaire avait utilisé un motif à tort,
bien, ces gens-là auraient été évincés.
Ça fait que moi, je... Ceci existe déjà.
Ça s'est passé dans la circonscription de Verdun, utiliser un faux motif de
projet d'organisme à but non lucratif. Moi, je nous... je nous suggère de ne
pas prévoir cette disposition-là d'exception que ma collègue semble vouloir
proposer, parce que ça ouvrirait la porte à des tentatives immorales, comme celle-là,
de chercher une voie de contournement du moratoire. Puis moi, ça, ça m'inquiète
d'autant plus que c'est une pratique qui a déjà été tentée, là, par des
propriétaires. De fait, ça a été médiatisé, par ailleurs, dans Verdun, là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : On est juste sur l'amendement, il n'y a pas encore d'autres
propositions, là. Alors, on va rester sur l'amendement.
Mme Labrie : On est à
l'article 1.
Des voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
C'est ça, Il n'y a pas d'amendement encore, on est toujours sur l'article
1.
Mme Labrie : Non, exact. Non,
mais je l'indique que, moi, en tout cas, je serais défavorable à créer une
exception comme celle-là, parce que je pense que ça ouvre une brèche qui
pourrait générer des abus. Puis on a vu des situations comme celles-là déjà.
Mme Labrie : Parfait. Mme la
députée.
Mme Dufour : Oui. Merci.
Bien, écoutez, vous l'avez... la députée de Sherbrooke l'a mentionné, c'est une
situation, disons, frauduleuse, faux motif. Et des faux motifs, il y en aura
d'autres, sûrement, parce que c'est la nature humaine, des fois, d'essayer de
détourner. Puis un des motifs qui va rester permis, c'est de l'éviction pour
démolition, par exemple. Donc.
Mme Dufour : ...on
serait, on se transporte en 2025, le cas que la députée de Verdun a vécu, bien,
à ce moment-là, ça pourrait être, bien, au lieu de recevoir pour logement
social, il recevrait une note que c'est une éviction pour faire une démolition.
Donc, la même situation pourrait intervenir déjà. Là, c'est de permettre, pour
ne pas brimer des gens qui, de bonne foi, vont vouloir faire des projets qui
vont vraiment être pour le bien commun, pour des cas de fraude qui, de toute
façon, risquent d'arriver pour ces gens-là. Parce que si ces gens-là ont tenté
dans le passé de détourner la loi, ils tenteront d'une autre façon de le faire.
Donc, moi, ce que je soulève, c'est qu'il y a des projets qui pourraient être
pénalisés, à la façon que c'est écrit présentement, puis qu'on devrait se
donner une porte de sortie dans le cas où... puis que, la personne, on lui
offre tout ce qu'il y a à offrir, là, pour ne pas que ce soit une éviction
dramatique. Mais qu'elle refuse tout de même et qu'elle empêche un projet,
c'est là que j'ai peut-être un enjeu, là. Puis tu sais, je peux imaginer, là,
que ça pourrait faire les nouvelles, qu'on priverait, par exemple, d'une
ressource intermédiaire, par exemple, alors que ma collègue de, tu sais, on
voit qu'il y a tellement de besoins chez les aînés, mais aussi chez les
personnes, par exemple, à mobilité réduite, il y a tellement de besoins de
ressources intermédiaires, il y a un risque de se priver de potentiel, là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'article 1? Oui, allez-y.
Mme Labrie : Oui. Je
vais être très brève, mais effectivement, comme ma collègue l'a mentionné, les
gens vont chercher un chemin, hein, pour essayer de contourner le moratoire. On
peut penser que certains vont évoquer... vont utiliser frauduleusement une
reprise de logement pour faire sortir un locataire sans que ce soit
effectivement une reprise de logement, puis des locataires pourraient se faire
avoir de cette manière-là. Donc, j'aimerais juste, peut-être, que
M. Simard nous éclaire sur qu'est-ce qui est fait, là, du côté du Tribunal
du logement pour faire des vérifications, là. Par exemple, est-ce qu'on peut
manifester très clairement, là, que des vérifications sont faites, que quand
les gens demandent une reprise de logement, que c'était bel et bien pour une
reprise de logement et qu'on s'assure d'éviter que ce soit une brèche que les
gens utilisent, là, sans que ce soit légitime, puis qu'il n'y ait pas de
vérification qui soit faite, jamais, en fait? Est-ce qu'on peut nous confirmer
qu'il y aura des vérifications qui vont être faites par le TAL, peut-être dans
l'année qui suit, par exemple, pour s'assurer que c'était bel et bien une
reprise?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Allez-y.
M. Simard (Patrick) : Merci,
Mme la Présidente. Rappelons-nous peut-être la règle lorsque quelqu'un reçoit
un avis de reprise. À défaut de réponse, le locateur doit entreprendre une
démarche comptable. Le locataire répond en disant : Je m'y objecte? Le
locateur doit également faire une démarche comptable. Et dans ce cadre-là, les
juges du tribunal sont appelés à questionner les parties, à voir la véracité
des propos, la vraisemblance du projet. Et même au-delà de ça, la jurisprudence
a été développée de manière assez stricte chez nous maintenant, où est-ce que
le bénéficiaire de la reprise doit également être présent au moment de
l'audience pour que la crédibilité de ce bénéficiaire soit également testée par
le tribunal.
Donc, c'est dans ce cadre-là que les
interventions se font, et je pense qu'on a de grands succès par cette
analyse-là au départ. Il n'y a aucun tribunal cependant que je puisse imaginer,
j'allais dire connaître, et même imaginer qui fait le suivi de ses décisions,
cependant. Alors, c'est là que s'arrête l'intervention du TAL. Mais évidemment,
dans la mesure où la vraisemblance du projet apparaît au TAL, la qualité de la
démonstration nous permet d'autoriser la reprise, mais que dans les faits, elle
ne se réalise pas, rappelons-nous que le locateur doit demander la permission
avant de le remettre sur le marché, où est-ce qu'encore une fois le TAL aura
une appréciation à faire des circonstances qui amènent la... qui ont amené la
reprise et l'absence de projet qui aboutit d'une part, et d'autre part, il y a
possibilité de dommages-intérêts, dommages-intérêts également punitifs. Je n'en
ferai pas le recensement. Il s'agit de lire les journaux pour voir où le TAL se
situe de plus en plus. Alors, je pense que les mesures en place actuellement
nous permettent d'accomplir correctement l'objectif que vous recherchez.
Mme Labrie : Donc, si je
comprends bien, c'est systématique, que si quelqu'un veut faire une reprise de
logement, ça va se retrouver devant le TAL, et le bénéficiaire de cette
reprise-là va devoir être présent, et la crédibilité de tout ça va être
évaluée. Ça, c'est systématique pour chaque reprise de logement. Ça fait que ça
vient quand même complexifier la tâche, là, à un propriétaire qui voudrait
tenter d'invoquer ce motif-là.
M. Simard (Patrick) : Il
y a évidemment l'exception du consentement, si on accepte la reprise,
évidemment. Évidemment.
Mme Labrie : O.K.
M. Simard (Patrick) : On
ne saisit pas le tribunal s'il y a une acceptation, s'il y a consentement entre
les parties.
Mme Labrie : D'accord. À
ce moment-là, je vais...
Mme Labrie : ...permettre de
suggérer fortement à la ministre, qui avait l'intention de faire une campagne
d'information sur les droits des locataires, d'insister beaucoup là-dessus,
parce que moi, j'en ai vu, par exemple, des locataires, notamment des aînés,
qui reçoivent un avis de reprise ou qui se font menacer de reprise alors que
leur propriétaire, c'est une compagnie à numéro, là. Ce n'est pas possible
qu'il fasse une reprise, mais ils se font quand même menacer de ça puis ils en
ont peur. Donc, j'inviterais fortement à ce que la campagne d'information sur
les droits tienne compte de ça.
Mme Duranceau : Je suis
d'accord.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : ...je pense
qu'en complément d'information sur la question des reprises, vous avez fort
bien expliqué comment ça fonctionne, est-ce qu'il y a une augmentation? Est-ce
que vous constatez une augmentation, justement, des cas de reprise, disons,
litigieux, soumis au Tribunal administratif du logement? Et quelle est, je
dirais, l'issue de la majorité des cas, là, qui vous sont soumis? Est-ce qu'il
y a des cas, en fait, qui sont... qui sont résolus à la faveur de... du
locataire, ou est-ce que c'est davantage le locateur qui obtient gain de cause?
• (14 h 30) •
M. Simard (Patrick) : Je ne
peux pas vous informer de la proportion de demandes qui réussissent ou pas dans
le TAL. Et même si j'avais ces chiffres-là, ils ne seraient pas une
démonstration de quelque phénomène que ce soit, parce que ça dépend vraiment de
la qualité de la présentation du dossier, la qualité de la présentation de la
preuve, la qualité du témoignage, les interventions des parties parfois
également. Donc, je ne peux pas vous informer de ce qui réussit, de ce qui ne
réussit pas. Je serais tenté de vous dire cependant que lorsque le TAL est
saisi d'une demande, vraisemblablement, on s'attend à ce qu'il y ait un enjeu
et on pourrait s'attendre à ce qu'effectivement le TAL peut-être soit davantage
amené à refuser peut-être la reprise qui, par ailleurs, aurait pu être acceptée
par les parties. Lorsqu'on saisit le tribunal, c'est parce qu'on pense faire
valoir un droit. Alors, dans la mesure où on le démontre, bien, en principe, on
aboutit à la solution recherchée, c'est-à-dire de mettre fin au projet de
reprise lorsque le locataire fait cette démarche-là.
Donc, c'est tout ce que je pourrais vous
offrir comme réponse. Parce que c'est vraiment à chaque fois des situations qui
sont analysées à la lumière des faits qui sont présentés en fonction de
l'ensemble des circonstances, et il n'y a pas de règle de oui ou non, de...
passez-moi l'expression, mais il n'y a pas de switch, là, on, off où est-ce
qu'on coche les cases, puis ça réussit. Il faut convaincre le juge, là, que le
projet est bon. Alors, on peut en être convaincu sans réussir à convaincre
l'autre, et là le projet n'aboutit pas non plus. Alors, voilà.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...
M. Arseneau : Oui. Bien, en
fait, j'apprécie votre réponse, mais elle ne me... elle ne me satisfait pas
complètement dans la mesure où ma question, c'est : Factuellement parlant,
est-ce qu'on a un nombre de cas de reprises qui sont soumis au tribunal qui
augmente? Et évidemment la question que je vous posais : Est-ce qu'on ne
peut pas craindre raisonnablement que... lorsqu'on ferme la porte aux
évictions, que l'on voie le nombre de reprises contestées augmenter? Alors,
moi, je voudrais savoir si on a une base de données factuelles pour que dans
deux ans et demi, quand on va regarder ce qui se passe, là, voir, de
dire : Tous ceux qui voulaient faire des évictions, qui n'ont plus le droit
de le faire, bien, est-ce qu'ils font des des reprises illicites ou
illégitimes?
Mme Duranceau : Mme la
Présidente, je vais répondre. Alors, oui, c'est quelque chose qui est suivi par
le tribunal. On a les données pour les reprises. Effectivement, dans le
contexte... On s'entend que ça vise les gens qui sont mal intentionnés, là, de
manière générale, ce dont...
M. Arseneau : Les lois en
général...
Mme Duranceau : Oui,
effectivement, bon.
M. Arseneau : ...effectivement,
là, mettent des balises pour les gens qui ne respectent pas...
Mme Duranceau : Donc...
M. Arseneau : ...les règles
habituelles...
Mme Duranceau : C'est ça.
M. Arseneau : ...de civilité,
et ainsi de suite.
Mme Duranceau : Donc là, on
peut imaginer que... Ah! bien, les ratoureux vont dire : O.K., bien là, ce
n'est plus une éviction, ça va être des reprises. Là, il y a des... il y a
quand même des mesures, là, de mitigation de tout ça, mais effectivement, on va
être capable... on va être capable de les suivre.
Par ailleurs, on voit ces chiffres-là
augmenter aussi de reprises, parce que le contexte, il est ce qu'il est. Les
gens reprennent parfois pour loger un enfant parce que finalement l'enfant en
question n'est pas capable de trouver un logement abordable ailleurs, alors
c'est les parents qui finissent par fournir le logement. Alors on le voit,
compte tenu du contexte aussi, pas toujours parce que les fins sont... tu sais,
les gens sont de mauvaise foi, mais parce que les gens... un peu, charité bien
ordonnée commence par soi-même, donc ils vont regarder à loger leur famille
avant. Ça fait qu'il va falloir... il va falloir être capable de distinguer les
bons cas des mauvais cas, là, je dirais.
M. Arseneau : Oui, mais
encore une fois, ma question : Est-ce que... Est-ce que cette
information-là est généralement disponible pour le public et pour les
législateurs ou...
14 h 30 (version non révisée)
M. Arseneau : ...est-ce que
vous détenez de l'information que vous pouvez déposer à la commission pour s'assurer
de voir quel est l'état de la situation aujourd'hui? Idéalement, avec un regard
sur les cinq dernières années, pour qu'on puisse, dans trois ans, voir comment
le phénomène a évolué.
M. Simard (Patrick) : Alors,
oui, effectivement, ce sont des données publiques qui sont même contenues au
rapport annuel de gestion du tribunal.
M. Arseneau : D'accord.
M. Simard (Patrick) : Vous
avez également les données les plus à jour qui ont été déposées lors de l'étude
des crédits également. Peut-être pour fins de réflexion, alimenter davantage
votre réflexion, les reprises de logement ont crû de 2023 à 2024 de
10,7 %, disons 11 %, mais les évictions, ce dont on parle aujourd'hui,
ont crû de 40 %. Alors, on voit que ce sont des phénomènes qui sont... qui
sont peu apparentés nécessairement, là, les uns aux autres, là. Alors, il y a
davantage d'évictions maintenant, en proportion, là, par rapport aux autres
années, que de reprises. Donc, il y a une... quand même là un élément de
réflexion important à retenir, je crois.
M. Arseneau : D'accord,
merci. Bien, on ira consulter ces chiffres-là, là, je suis désolé, j'aurais pu
le faire avant... avant l'intervention d'aujourd'hui, mais on était sur d'autres
projets de loi, vous le comprendrez. Maintenant, est-ce que l'information sur
laquelle je voulais aussi obtenir davantage d'explications... l'information
concernant le résultat des démarches auprès du TAL concernant les reprises.
Vous m'avez répondu sur le plan qualitatif que chaque cas est différent. Mais n'empêche,
est-ce qu'on a de l'information à savoir si, sur 100 % des cas, on a
99 % de chances d'être entendu et d'avoir... voir notre requête acceptée
si on est d'un côté ou de l'autre? Est-ce que ça, ces informations-là sont
disponibles?
Vous... vous... je comprends que chaque
cas est séparé, est différent, est apprécié selon la preuve, et ainsi de suite.
Mais je vous soumets bien respectueusement que, si on avait ce... des données
de cet ordre-là, et on en avait sur la question, par exemple, des agressions
sexuelles, bien, qu'on a pu, à un moment donné, tirer un certain nombre d'observations
et mettre en place des mesures qui font en sorte que ce type d'agression là est
traité par un tribunal spécial. C'est exactement ce qu'on a décidé de faire
comme Assemblée nationale. Alors, je pense que ce n'est pas une information qui
est, disons, superflue à obtenir au moment où on s'apprête à suspendre une
partie de l'application du Code civil.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Me Simard.
M. Simard (Patrick) : Peut-être...
peut-être certains pourraient juger utile cette information-là, mais j'en ai
davantage sur la qualité des... des conclusions qu'on pourrait en tirer. Je
vous donne un exemple fort simple. Vous avez un projet de reprise, mais vous y
croyez... vous y croyez peu, on va dire ça comme ça, je ne dirai pas que c'est
illégal, mais vous y croyez peu et tout à coup, vous abandonnez votre recours,
vous ne... vous ne venez pas devant le TAL, vous allez le comptabiliser comme
étant un projet rejeté. Est-ce que c'est de la qualité, quant à l'information
utile à prendre une décision comme législateur? Moi, en tout cas, je vous
soumets la réflexion que peut-être que non. Vous avez...
M. Arseneau : Mais je vous
inviterais à nous laisser maîtres de l'observation du jugement sur la qualité
et de simplement répondre à la question, à savoir est-ce que ces données brutes
là existent? Est-ce que vous pouvez les déposer, les soumettre à la commission?
M. Simard (Patrick) : Alors,
la réponse à ça, c'est non. Nous n'avons pas ce genre de... d'études là, d'analyses.
On n'a jamais fait ça pour la raison que je viens d'évoquer.
M. Arseneau : O.K. Cette
information-là serait disponible, mais elle n'est pas compilée, si je comprends
bien.
M. Simard (Patrick) : Il
faudrait lire chacun des jugements pour voir l'issue de chacun des jugements,
et je serais tenté de vous dire : Et comprendre pourquoi également on
arrive à ces conclusions-là.
M. Arseneau : D'accord.
Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que j'ai d'autres interventions sur l'article 1?
Mme la députée.
Mme Dufour : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Je vais revenir sur les subdivisions. Comme je le mentionnais,
je ne pense pas qu'on puisse se permettre de perdre des opportunités d'ajouter
des logements lorsque... lorsque la personne qui est dans les lieux peut être
relocalisée dans les mêmes conditions. Donc, il y a un amendement, là, qui
est... qui a été envoyé, là, pour... pour...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...avons reçu l'amendement? On n'a pas reçu l'amendement
encore.
Mme Dufour : Donc, peut-être
juste suspendre quelques instants, là, il est... il est en route.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Donc, d'ici quelques instants, nous allons avoir
l'amendement.
Je vais suspendre, le temps que le fax
arrive.
(Suspension de la séance à 14 h 40)
(Reprise à 14 h 43)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Donc, la magie ayant opéré, nous avons l'amendement déposé par la
députée des Mille-Îles. Je vous demanderais d'en faire la lecture.
Mme Dufour : Merci. La magie
qui s'appelle l'Internet.
«Malgré l'article...» Non, pardon.
L'article 1 : Modifier... Modifier l'article 1 du projet de loi
par l'insertion, à la fin du premier alinéa, du suivant :
«Malgré le premier alinéa, un locateur
peut subdiviser un logement s'il garantit au locataire un autre logement avec
des conditions équivalentes à celles qu'il détient au moment de la réception de
l'avis et que les conditions prévues au bail en cours seront respectées.»
L'article se lirait comme suit :
«Malgré l'article 1959 du Code civil,
aucun locataire ne peut être évincé d'un logement avant la date... donc on sait
que c'est trois ans, aux fins... la... (indiquer la date qui suit de trois ans
celle de la sanction de la présente loi) aux fins prévues à cet article.
«Malgré le premier alinéa, un locateur
peut subdiviser un logement s'il garantit au locataire un autre logement avec
des conditions équivalentes à celles qu'il détient au moment de la réception de
l'avis et que les conditions prévues au bail en cours seront...
Mme Dufour : ...donc,
l'objectif, Mme la Présidente, de cette proposition, c'est de ne pas empêcher,
dans le fond, des projets qui pourraient augmenter le nombre de logements.
Mais, dans le cas où la personne qui est dans le logement présent n'acceptait
pas l'entente, et donc... mais qu'on lui offrait les conditions équivalentes à
celles qu'elle a, puis là, par conditions équivalentes, c'est non seulement le
coût du loyer, mais c'est aussi la localisation. Donc, c'est pour permettre,
c'est ça, de ne pas freiner certains projets qui pourraient avoir besoin de
relocaliser des gens, donc de les évincer s'ils n'acceptaient pas cette
relocalisation-là, ce qui risque d'arriver dans trois ans à la fin du moratoire
de toute façon. Donc, c'est pour pouvoir augmenter le nombre de logements.
C'est pour ça que je... ce n'est pas une exemption que je permettrais sur
d'autres types de changement, comme le changement commercial, c'est vraiment
seulement pour la subdivision que je le propose, pour tous les échanges qu'on a
eus tout à l'heure. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la ministre.
Mme Duranceau : Bien,
écoutez, je vais rester sur ma position, puis je vais expliquer pourquoi. La
proposition qu'on a faite, elle a le mérite d'être simple. Quand c'est simple,
les gens comprennent. Puis là c'est ça qu'on veut, c'est que les gens
comprennent qu'ils sont protégés. On veut baisser le niveau de stress. Alors
là, venir introduire trop de subtilité, ça me préoccupe. Par ailleurs, tu sais,
on peut mettre beaucoup l'accent sur la notion de subdivision, mais
actuellement, de manière générale, dans les grands logements ou, en tout cas,
ce n'est pas une règle, là, mais grand logement, ça permet de loger des
familles puis tout ça. On l'a vu, là, des cas où quelqu'un voulait reprendre un
logement qui logeait une famille puis il voulait le subdiviser pour supposément
contribuer à l'effort de guerre pour la crise du logement. Ça provoquait
finalement un déracinement de la famille qu'il fallait qui s'en aille ailleurs,
peut-être dans un logement équivalent, mais plus dans le même quartier.
Là, on veut mettre une pause, une pause
sur tout pour que... Puis je le sais, là, moi, la première, là, je suis très,
très en faveur de l'aspect économique de la chose, mais dans les circonstances,
je pense que c'est un cas qui demeure... ou ce que vous soulevez, là, d'un
OBNL, il faudrait faire quelque chose, ça demeure théorique. Puis si ça
survenait, bien, on est dans un contexte de bienveillance, probablement, puis
les choses... Moi, je prends le risque que les choses vont se faire comme il
faut dans ce cas là puis qui vont.... on va trouver une solution. Ça n'a pas
besoin d'être dans la loi. Si les gens sont de bonne foi, là, ça va se faire.
Je préfère un moratoire qui demeure simple à comprendre, qu'il n'y a pas
d'exception, puis qu'encore nos ratoureux dont on parlait ne vont pas essayer
de se servir de faux prétextes. Déjà, ils vont trouver d'autres choses, là,
présumément. On garde celui-là simple à comprendre pour les gens qui n'ont pas
ces débats-là comme on en a tous les jours. Alors, c'est ma position, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci.
Mme Dufour : Bien, merci, Mme
la Présidente. Bien, évidemment, je comprends le besoin, là, qu'il y a des
familles, puis ce n'est pas l'idée d'évincer des familles, c'est plutôt qu'il
peut y avoir, dans certains secteurs, des cas, par exemple, je donnais
l'exemple, de très grandes maisons où il n'y a plus les familles de huit
enfants qu'il y a eu à une certaine époque, là, par exemple dans des villages
où il y a des maisons patrimoniales importantes, puis que, là, ça pourrait
devenir, par exemple, une ressource intermédiaire, et qu'il y a une personne
qui habite là. Bien, tu sais, cette personne-là pourrait peut-être laisser sa
place à des projets comme ça. Donc, l'idée, c'est simplement de ne pas empêcher
des projets qui pourraient permettre d'enlever de la pression justement dans
certains secteurs, en augmentant le nombre de logements disponibles et dans les
conditions équivalentes, implique à mon sens, puis ça, on peut le préciser si
c'est nécessaire, mais dans le même quartier, là, dans le même secteur. Et
sinon, c'est ça, ça pourrait être précisé davantage aussi, là, je n'ai pas
d'enjeu à le modifier, là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce que j'ai d'autres interventions sur
l'amendement? Mme la députée de Sherbrooke?
Mme Labrie : Je comprends que
ça peut avoir l'air d'une bonne idée. Je pense que c'est une fausse bonne idée.
Il y a une rareté extrême de logements pour les familles actuellement au
Québec, en particulier pour les grandes familles. C'est d'une rareté, là,
inouïe. Ce n'est pas rare dans une ville comme Sherbrooke, par exemple, où tu
as une famille nombreuse avec plusieurs enfants, notamment des familles
d'origine immigrante, qui vont devoir utiliser deux logements également un à
côté de l'autre dans la même bâtisse, parce qu'ils ne sont pas capables de se
loger tous dans le même logement tellement ils manquent de grands logements.
Moi, j'ai entendu plusieurs fois des histoires comme celle-là chez nous...
Mme Labrie : ...par
ailleurs, les programmes de financement de logements sociaux, notamment le FAC,
ont le défaut de prioriser des projets qui livrent le plus de portes. Et donc,
généralement, ça va être des petits logements comme des deux... des trois et
demi très souvent. Ça favorise assez peu, là, le développement de projets qui
permettent de loger à coût abordable des grandes familles, voire des très
grandes familles. Donc, les logements sur le marché privé qui permettent de
loger des grandes familles, on en a absolument besoin. Ce n'est pas juste de
créer plus de logements dont on a besoin, là, c'est d'avoir des logements qui répondent
à différents types de besoins. Puis même si au premier regard on peut se
dire : Ah! Il faudrait permettre des subdivisions, ça va permettre d'avoir
plus de logements, on met à risque de conserver des logements de plus grande
taille dont on a cruellement besoin actuellement, et qui sont très absents sur
le marché, et qui sont très peu développés par ailleurs par les programmes de
logements sociaux.
Ça fait que j'en profite pour sensibiliser
la ministre ici. Moi, on me l'a signalé, que le programme du FAC ne favorise
pas du tout, là, de développer des projets pour les grandes familles dans ses
paramètres actuels de financement. Ça favorise plutôt des projets où il y aura
le plus de portes possible pour les montants. C'est un problème. C'est un problème
parce que des besoins pour les grandes familles, il y en a. Donc, moi, je suis
contre cet amendement puis j'invite à ce qu'on fasse tout ce qu'on peut pour
préserver des logements pour les familles.
• (14 h 50) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'amendement? Mme la députée.
Mme Dufour : Oui, merci.
Bien, des fois, comme je le disais, des fois, c'est... ce n'est pas un grand
logement. Par exemple, il y a dans des secteurs qu'il n'y a plus les gens pour
l'occuper. Puis là je parlais, par exemple, un village qui est en train... Puis
je dis un village, un endroit où il y a un secteur patrimonial, par exemple, il
y a des très grandes maisons d'une autre époque, lorsque les familles étaient
très nombreuses. Puis mon papa, c'était le 11 ᵉ d'une famille. La maison
était vaste et il y en avait des chambres. Mais, O.K., oui, il y a encore des
familles, mais dans ces secteurs-là, généralement, il n'y a plus des familles
avec 11 enfants. Donc, est-ce qu'on peut faire profiter... Par exemple, tu
sais, si ce type de maison là, on souhaitait le transformer pour faire une
ressource intermédiaire, mais là ça ne serait pas permis pendant trois ans si
la personne qui loue la propriété présentement ne n'accepte pas de déménager.
Donc... Donc, on se met, dans le fond, de côté des possibilités. Tout ce que
j'essaie de prévoir, dans le fond, c'est... c'est des effets pervers qu'au bout
du compte on va... pour venir réouvrir la loi pour modifier plus tard parce
qu'en fait, hé! câline! on n'y avait pas pensé. On essaie d'y penser, là,
d'avance. C'est juste ça. Donc, j'en suis consciente qu'il manque de logements
pour les familles puis je l'ai dit à plusieurs reprises. Je suis pas mal
certaine, je l'ai même mentionné à la ministre dans des interventions qu'on a
eues ensemble. Donc, ça fait partie d'une réalité. Il manque de logements pour
les familles.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce que j'ai d'autres interventions sur l'amendement?
Alors si je n'ai pas d'autre intervention, nous allons passer l'amendement aux
voix. Est-il adopté?
Une voix : Vote par appel
nominal.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Un vote par appel nominal, Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Dufour (Mille-Îles)?
Mme Dufour : Pour.
La Secrétaire : Mme Caron
(La Pinière)?
Mme Caron : Pour.
La Secrétaire : Mme Duranceau
(Bertrand)?
Mme Duranceau : Contre.
La Secrétaire : Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
La Secrétaire : Mme Boivin
Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
La Secrétaire : Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
La Secrétaire : Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Contre.
La Secrétaire : Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme Gendron : Contre.
La Secrétaire : Mme Labrie
(Sherbrooke)?
Mme Labrie : Contre.
Le Secrétaire : M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine)?
M. Arseneau : Contre.
La Secrétaire : Mme Lecours
(Les Plaines)?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Abstention. Alors, l'amendement est rejeté.
Nous revenons à l'article 1. Est-ce
que j'ai d'autres interventions sur l'article 1? Alors, si je n'ai pas
d'autre... intervention sur l'article 1, est-ce que l'article 1 est
adopté?
Une voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Pardon?
Mme Dufour : J'aurais
une question...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Ah! D'accord. Allez-y.
Mme Dufour : ...Mme la
Présidente. Je voulais juste voir comment on envisage... Parce qu'on a eu des
discussions tout à l'heure, mais je ne suis pas certaine qu'on a conclu sur une
façon... Comment on va rendre compte de la... de... Je ne sais pas comment le
dire, là, pas l'utilité, là... Plutôt comment on va savoir si, au bout des
trois ans, on compte le prolonger? Est-ce qu'on va faire un suivi par année,
voir s'il y a un impact? Tu sais, par exemple, tout à l'heure, on parlait des
investissements, si on voit qu'il y avait une baisse des investissements puis
que les gens disaient : Bien, les gens ne construisent pas à cause de ça
puis que, là, on... Tu sais, à quel... Comment on va le suivre, ça, pour savoir
s'il y a un impact?
Mme Duranceau : Bien, ça
va être l'ensemble de l'oeuvre, un peu comme on a... On s'est rendus là pour
proposer une telle mesure, tu sais, puis je pense que, bon, évidemment, on a...
on a entendu amplement les comités logement nous faire des commentaires, les
oppositions. La discussion n'est pas finie, là, la crise du logement n'est pas
réglée. Alors, on va continuer d'avoir cette discussion-là, de le surveiller.
On est dans...
Mme Duranceau : ...l'agilité
puis dans... tu sais, ce n'est pas fixé dans le béton, là. Alors, on va rester
à l'affût. On va suivre aussi les données des taux d'inoccupation. On va voir
le nombre de projets de construction. On va suivre ça aussi avec l'APCHQ,
l'ensemble des projets qui sortent. Alors, c'est un ensemble de données qui
vont nous permettre de réévaluer la situation, mais ce n'est pas... Donc,
construction ou livraison des projets de logements sociaux abordables, taux
d'inoccupation, évidemment, l'expérience terrain de tout le monde ici autour de
la table, nos relations avec la FQM, avec l'UMQ. C'est l'ensemble des joueurs,
là, qui vont nous dire comment... comment ça se passe sur le terrain, puis on
va réévaluer en fonction de ça, mais ce n'est pas une science exacte, là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce que j'ai d'autres interventions? Mme la
députée de La Pinière.
Mme Caron : Merci, Mme la
Présidente. Alors, est-ce que ça veut dire que... parce que vous avez parlé
d'un ensemble de données, mais est-ce qu'il y a un moyen de tenir un tableau de
bord, on sait qu'on aime les tableaux de bord, de certaines données, soit, je
ne sais pas le... tantôt on parlait des pourcentages qui se retrouvent au TAL
de combien de dossiers sont des reprises, ou tout ça? Est-ce qu'il va y avoir
un suivi de ces données-là pour voir est-ce qu'il y a quelque chose qui
augmente ou qui descend? Est-ce que ça peut être une indication? Est-ce que,
par exemple, ça pourrait être rendu public comme un tableau de bord sur plein
d'autres... d'autres choses? Parce que sinon, j'ai l'impression, puis vous me
corrigerez si je comprends mal, que le seul indicateur, ça va être le taux
d'inoccupation pour savoir si on arrête au bout d'un an et demi parce que ça...
le taux d'inoccupation a augmenté.
Alors, est-ce que c'est qu'il va y avoir
autre chose de données concrètes que le... ce 3 % de taux d'inoccupation
pour décider si la mesure... le moratoire continue effectivement partout
pendant trois ans ou bien s'il est levé à certains endroits?
Mme Duranceau : Bien, comme
je viens de mentionner, ce n'est pas une science exacte. Ça, c'est mon travail
à tous les jours de suivre toutes les données sur le sujet. Alors, il y a le
taux d'inoccupation. Il y a le nombre d'unités qui sont... qui sont construites,
là, donc les mises en chantier annuelles. Il y a les projets de logements
sociaux et abordables qu'on sort. Alors, on va continuer de suivre tout ça. Là,
ils ne sont pas ramassés à un endroit, ça peut faire partie des...
Nécessairement, à chaque jour, ou à chaque mois, à chaque trimestre, on regarde
ça, là, donc ça fait partie de nos outils de gestion au quotidien, là, je vous
dirais. Alors, on n'a pas prévu, là, de rendre ça plus disponible que ce l'est
déjà, là. C'est des données qui sont publiques, là.
Mme Caron : O.K. Puis est-ce
que... est-ce que ce type de moratoire là a été fait dans d'autres
législations? Est-ce que vous savez ou si c'est...
Mme Duranceau : C'est la
première fois qu'on fait ça, là, si je ne me trompe pas.
Mme Caron : Ici, oui, c'est
ça. C'est la première fois.
Mme Duranceau : Oui, oui,
oui.
Mme Caron : Bien, c'est
unique au Québec.
Mme Duranceau : Ah! vous
voulez dire dans d'autres pays...
Mme Caron : Dans d'autres...
Mme Duranceau : ...et dans
d'autres... ou dans d'autres provinces?
Mme Caron : Oui, c'est ça,
dans d'autres provinces ou d'autres... puis voir s'il y a eu...
Mme Duranceau : Généralement,
on est avant-gardiste au...
Mme Caron : Innovant...
Mme Duranceau : Oui, on est
innovant au Québec là-dessus. Ils nous regardent.
Une voix : ...
Mme Duranceau : Au Canada,
c'est...
Une voix : ...
Mme Duranceau : Ah! on est
les premiers au Canada encore une fois.
Mme Caron : D'accord. O.K.
Parce que je posais la question, parce que ça aurait été intéressant de voir
si... si eux avaient une...
Mme Duranceau : L'impact.
Mme Caron : Oui, l'impact,
évidemment, puis s'ils avaient une façon de tenir...
Mme Duranceau : Bien, on
va...
Mme Caron : ...l'information
pour...
Mme Duranceau : ...on va
les... Tu sais, ça va nous en prendre des indicateurs, là. On va les suivre,
là. Ce n'est pas prévu dans la loi. C'est d'une bonne... des bons outils de
gestion, alors...
Mme Caron : O.K. Puis on a
parlé du Canada, mais est-ce que vous savez, si aux États-Unis, il y a des
États où ils auraient fait ça, ou ce n'est pas... ou ailleurs dans le monde
ou...
Mme Duranceau : Non, on ne le
sait pas.
Mme Caron : Ce n'est pas...
Mme Duranceau : On ne le sait
pas.
Mme Caron : On n'a pas cette
information-là.
Mme Duranceau : Généralement,
ils sont moins interventionnistes que nous les... les Américains, ça fait
que...
Mme Caron : O.K. Donc, il n'y
a pas de recherche qui a été faite là-dessus.
Mme Labrie : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. J'ai deux interventions. Le député des
Îles-de-la-Madeleine, et je vous...
Mme Labrie : ...collègue des
Îles-de-la-Madeleine aussi, mais...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : J'y vais par ordre. Il avait levé la main.
Mme Labrie : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je vous passe la parole après.
M. Arseneau : Oui, c'est ça.
Je voulais déposer un amendement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Là, je suis sur... sur l'article 1. On est toujours
sur l'article 1. Est-ce que vous avez des interventions sur
l'article 1? Vous voulez déposer un amendement. Parce que je vais laisser
la parole à la députée de Sherbrooke.
M. Arseneau : D'accord.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : C'est bon? Allez-y.
M. Arseneau : Je veux juste
valider. Si je veux déposer un amendement, en fait, qui constituerait
l'article 1.1, est-ce que je le fais...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Ça va être après.
M. Arseneau : ...pendant la
discussion ou après l'adoption?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Juste tout de suite après l'adoption.
M. Arseneau : D'accord, c'est
ça. Bien, je vous l'annonce et je voulais juste être certain que ça puisse
s'insérer... au débat. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Oui. À Seattle,
ils ont déjà eu un moratoire sur les évictions puis ils avaient dû le prolonger
par ailleurs, parce que ça ne s'était pas réglé aussi vite que prévu, là. Je
n'ai pas les...
Mme Labrie : ...sur combien de
temps ça avait duré. Mais je l'entends, la préoccupation des collègues, là, sur
le suivi, en fait, de ces mesures-là. C'est vrai que c'est exceptionnel ce
qu'on est en train de faire ensemble en ce moment.
Moi, je vais avoir un amendement plus
tard, je pense que c'est 11.1, je le dis d'avance aux collègues, pour qu'on
puisse faire rapport à mi-chemin de la disposition de ce projet de loi là en
déposant un rapport à l'Assemblée nationale, parce que je pense
qu'effectivement, il faut mesurer aussi c'est quoi, les impacts, là, qu'il va y
avoir sur le marché et sur la crise, essentiellement voir si ça marche puis
qu'est-ce que ça donne comme résultats. Donc, je... j'avise d'avance qu'à 11.1
on arrivera avec ça.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Parfait. Est-ce que j'ai encore des interventions sur
l'article 1? Oui, Mme la députée.
• (15 heures) •
Mme Dufour : Merci.
J'apprécie la réponse de la députée de Sherbrooke, l'éclairage comme quoi ça a
été fait à Seattle, un moratoire sur les évictions. Je suis étonnée que...
qu'on n'ait pas étudié le cas du côté du gouvernement, qu'on nous propose cette
mesure-là, mais que ce n'est pas mentionné dans l'analyse d'impact
réglementaire, puis qu'on n'ait pas regardé. Est-ce qu'on a des détails? Est-ce
que... quelqu'un pour nous dire quels ont été les effets à Seattle? Je
comprends qu'on innove, mais ce serait bien de savoir, ceux qui l'ont fait
avant nous, si ça a été positif ou négatif puis, au bout du compte, ça a duré
combien de temps.
Mme Labrie : C'était beaucoup
plus restreint, là, c'était concernant les évictions pendant l'année scolaire,
là, quand il y avait des enfants impliqués, là. Je n'ai pas les détails, là,
mais c'était beaucoup plus ciblé, là, comme... comme moratoire que ce que...
que ce dont on discute en ce moment, ça fait que je ne pense pas qu'il soit
comparable vraiment.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Donc, ce n'est pas comparable. Est-ce que j'ai d'autres
interventions sur l'article 1? Oui.
Mme Dufour : Donc, juste pour
bien reposer la question, là, il n'y a pas eu de recherche de la part du
gouvernement pour savoir si ça a été fait ailleurs dans le monde, on a regardé
juste le Canada puis on n'a pas regardé... Tu sais, il y a une multitude de
législations, là, la Nouvelle-Zélande, par exemple, qu'on peut regarder, qui
sont avant-gardistes. Mais là ce que je comprends, c'est qu'on n'a pas été voir
ce qui a été fait ailleurs dans le monde ou on l'a faite, la recherche, puis on
nous dit que ça n'a pas été fait nulle part ailleurs? C'est ce que je veux
juste comprendre.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la ministre.
Mme Duranceau : J'aimerais ça
qu'on n'insinue pas que le travail n'a pas été fait. Il y a une équipe qui a
travaillé très fort là-dessus. Première des choses.
Deuxième des choses, on a dit : Au
Canada, c'est nous autres qui avons été précurseurs là-dedans.
Troisième chose, je vais laisser mon
sous-ministre répondre en matière de recherche et législation à cet égard-là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Allez-y.
M. Paradis (Nicolas) : Merci.
Merci, Mme la Présidente. Dans toutes les interventions législatives, il y a un
examen de droit comparatif qui est effectué. La grande difficulté qui peut se
poser ici, dans le cas présent, c'est, comme vous le savez, nous avons un code
civil, nous sommes dans une dynamique civiliste. La comparaison qui peut se
faire, donc, avec les lois applicables dans les autres États, les autres
juridictions se font sur des paramètres souvent différents. Donc, c'est
difficile de comparer vraiment un contexte, disposition ou une mesure de la
même manière parce que les causes, en termes de gestion d'éviction, ne seront
pas exactement les mêmes. Ça fait que c'est difficile de se placer pour
dire : Oui, on a un parallèle exact. On a vraiment... Le côté canadien a
fait l'objet d'un examen plus approfondi. On sait qu'il y a des moratoires
aussi qui ont été effectués, comme vous savez, y compris au Québec, dans le
contexte de la COVID. Est-ce qu'on peut comparer ceux-ci? Pas vraiment. Donc,
je peux vous assurer que le travail gouvernemental et ministériel a été fait comme
pour chaque examen, chaque travail législatif.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce que j'ai d'autres interventions? Il vous
reste une minute sur l'amendement.
Mme Dufour : Oui. Je veux
juste reposer la question. Est-ce qu'on a trouvé à quelque part, dans une
législation... où un moratoire d'éviction a été mis en place? Puis est-ce qu'on
en a vu les effets? Est-ce qu'on a regardé c'est quoi, les impacts ailleurs...
ce qui a été mis en place?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le sous-ministre.
M. Paradis (Nicolas) : Oui.
Dans le cadre des travaux qui ont été effectués, ça ne nous a pas permis de
trouver de parallèles suffisamment similaires permettant d'apprécier... faire
une comparaison qui permettrait d'éclairer par rapport à un précédent dans
d'autres, effectivement, juridictions.
Mme Dufour : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Alors, si je n'ai pas d'autre intervention sur
l'article 1, l'article 1 est-il adopté?
Des voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Adopté sur division.
Des voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Ah! vous demandez le vote ou c'est sur division?
Des voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : D'accord. Alors, c'est adopté? Adopté. Maintenant, avant de
passer à l'article 2, M. le député des Îles-de-la-Madeleine a un
amendement à 11... à 1.1. Voilà.
M. Arseneau : C'est bien ça.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Il est dans Greffier, je crois?
M. Arseneau : On a amendé la
première version, là, on a fait une précision.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Parfait.
M. Arseneau : Je ne sais pas
si, Mme la secrétaire, vous avez reçu la deuxième version.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui. On va le projeter, mais je vous invite à en faire la
lecture.
M. Arseneau : D'accord.
Alors, évidemment, de façon cohérente avec les questions qu'on a pu poser tout
à l'heure sur la période de transition qu'on veut éviter, la période de vide
juridique, si d'aventure la mesure qui est mise en place de...
15 h (version non révisée)
M. Arseneau : ...des évictions
jouent son rôle. Je propose donc l'amendement suivant, c'est de : Insérer,
après l'article un, l'article suivant : «Le ministre responsable de l'Habitation
doit, au plus tard 30 mois suivant la date de l'entrée en vigueur de la
présente loi, faire rapport sur la mise en œuvre de l'article un et le déposer
à l'Assemblée nationale.».
Donc, l'article, évidemment, se... 1.1 se
lirait ainsi : «Le ministre ou la ministre responsable de l'Habitation
doit, au plus tard 30 mois suivant la date de l'entrée en vigueur de la
présente loi, faire rapport sur la mise en œuvre de l'article 1 et le
déposer à l'Assemblée nationale.»
Vous comprendrez qu'ici il n'est pas
question de prescrire au ministère ou à la ministre une méthode d'évaluation de
la façon dont la mesure est efficace ou non. Ça lui appartient absolument et
totalement. Mais puisque l'ouverture est là pour en rediscuter avec les élus de
l'Assemblée nationale, bien, je pense que c'est la moindre des choses de se
donner un cadre temporel dans lequel on peut être certain de pouvoir en
discuter. Le 30 mois est à titre subjectif, évidemment, et suggestif, dans
la mesure où il ne m'apparaît raisonnable de mettre en œuvre une mesure sur une
période de deux ans et demi et se donner les derniers six mois, compte tenu
évidemment, là, des pauses parlementaires, et ainsi de suite, pour à la fois
produire un rapport, en faire l'analyse, partager ses conclusions avec les
élus, voire avec des groupes de la société civile, des organisations, pour
ensuite déterminer si on doit poursuivre la mesure, la bonifier, l'amender par
un processus législatif qui ne peut pas se faire, là, comme on le fait
présentement avec un projet de loi n° 65 qui est déposé, là, après même la
date de fin des dépôts de projet de loi, à la va-vite. Je pense que, si on veut
travailler correctement et rigoureusement, bien, on doit se donner justement
une période de temps pour le faire.
Évidemment, je serais intéressé d'entendre
les commentaires de mes collègues ici, de la commission, à savoir si c'est
préférable de faire 24 mois, 30 mois, 32 mois, mais de ne pas le
faire me semblerait irresponsable de la part de la commission si on veut
véritablement que cette mesure-là ait... ait une conclusion, soit à l'effet de
la... comment on dit, de la continuer, là, de la poursuivre ou de la laisser s'éteindre,
tout simplement, comme le prévoit le projet de loi.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Je vais donc prendre les interventions sur
l'amendement introduisant l'article 1.1. Mme la ministre.
Mme Duranceau : Oui. Est-ce
qu'on pourrait suspendre pour avoir une discussion entre nous pour faciliter la
suite des choses?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : On va suspendre quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 08)
(Reprise à 15 h 17)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît, la commission reprend ses
travaux. Donc, la parole était au député des Mille-Îles... je m'excuse, je
vais... des Îles. La proximité commence à s'amener, alors des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : On couvre tous
les territoires insulaires aujourd'hui. Oui, bien, c'est ça, on a eu cette
discussion-là hors caméra, mais je pense que c'est nécessaire d'expliquer le
pourquoi je m'apprête à retirer cette proposition-là, là, parce qu'on s'est
entendu sur sur les fondements d'une mesure qui pourrait nous permettre
justement d'évaluer ce qu'a donné le moratoire ou, en tout cas, l'ensemble des
mesures qui sont temporaires, et de le faire au temps le plus opportun et de
l'inscrire au projet de loi là où c'est le plus pertinent. Donc, on aura
l'occasion, j'imagine, d'avoir un nouvel amendement qui sera déposé au cours de
l'étude un peu plus tard et qui va dans le même sens de ce que je propose.
Alors, je vais retirer mon amendement avec votre permission, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Donc, je comprends qu'il y a consentement pour retirer
l'amendement.
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Consentement, merci. On en est donc rendus à
l'article 2. Mme la ministre.
Mme Duranceau : O.K. Alors
donc, l'article 2 dit ceci : Le gouvernement peut soustraire de l'application
de l'article 1 les logements situés sur toute partie du territoire du
Québec, et ce, pour une durée déterminée ou non.
Alors, notes explicatives :
L'article 2 du projet de loi permettrait au gouvernement de soustraire de
l'application du moratoire toute partie du territoire du Québec, et ce, pour
toute période qu'il détermine ou pour une durée indéterminée.
Alors... Bien, écoutez, c'est... l'idée,
c'est tenir compte de la diversité du territoire québécois. Puis je pense que
je ne vous apprends rien, Montréal a une situation qui est particulière par
rapport aux évictions. Ceci dit, tout le territoire actuellement est en bas de
taux d'inoccupation, là, de 3 %. Alors là, je pense qu'en ce moment ça
s'applique partout puis il faut le faire vivre partout pour que tout le monde
se sente protégé partout. Mais s'il advenait que certaines régions n'ont plus
de difficultés, certaines villes n'ont plus de difficultés puis considèrent que
c'est contre-productif compte tenu de ce dont on a discuté, bien, on veut se
laisser le choix de pouvoir retirer le moratoire parce que les gens,
localement, vont avoir dit : Écoute, ça... pour nous, il y a plus
d'effets... dans la balance des inconvénients, il y a plus d'inconvénients de
maintenir le moratoire...
Mme Duranceau : ...donc, je ne
vois pas ça dans un avenir, tu sais, là, là, dans quelques mois. Je pense, il
faut le faire vivre, par ailleurs.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci.
Mme Duranceau : C'est les
commentaires que je peux formuler.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : La députée des... Ah! j'ai une proposition de rebaptiser
Mille-Îles-de-la-Madeleine ici. La députée des Mille-Îles.
• (15 h 20) •
Mme Dufour : Merci. Merci,
Mme la Présidente. Ça pourrait régler les problèmes de... reconfiguration de
carte électorale, donc. Donc, je vais juste... en fait, l'article deux, l'enjeu
que je vois, c'est qu'en fait il n'y a pas de... il n'y a pas de balise. Et
puis, si je comprends, c'est que ça peut se faire par décret, donc en un
claquement de doigts, et on mentionne que c'est pour toute partie du territoire
du Québec. Donc... donc, ça pourrait... Je comprends que la ministre a
mentionné les villes, mais ça pourrait même être des quartiers ou même un lot
précis, ce qui pourrait peut-être être utile dans certains cas, comme je
disais, s'il y avait un projet qui permettrait de faire beaucoup plus de
logements, par exemple, ça pourrait être une... une possibilité de contourner.
Tu sais, je donne... par exemple, un projet utile, tu sais, qui... mais qui
aurait besoin de... d'évincer des gens. Bon, ça pourrait peut-être être une
solution. Mais reste qu'on n'a pas... Comme, il y a peu, d'encadrement ici.
Donc... donc, moi, en fait, ce que... j'ai
déposé un amendement, qui a été envoyé. Ce que je suggérerais, ce que
j'aimerais peut-être proposer, c'est rajouter deux mots, deux mots, puis on va
le voir à l'écran, mais c'est que ce serait de pouvoir le faire par règlement.
C'est très, très simple. C'est tout simplement qu'un règlement, contrairement à
un décret, il y a un préavis qui est écrit puis il y a une... il y a une
formule, en fait, là, habituelle d'un certain nombre de temps pour qu'on puisse
accueillir des réactions. Donc, tout simplement pour ne pas que ça se fasse en
un claquement de doigts.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...l'amendement?
Mme Dufour : Oui, oui... tout
à fait.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Parfait. Alors, l'amendement, on va le projeter.
Mme Dufour : Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je vais vous inviter à le lire.
Mme Dufour : Oui. Donc :
L'article deux de ce projet de loi est modifié par l'insertion, après les mots
«l'application de l'article un», des mots «, par règlement,».
L'article se lirait comme suit : «2.
Le gouvernement peut soustraire de l'application de l'article un, par
règlement, les logements situés sur toute partie du territoire du Québec, et
ce, pour une durée déterminée ou non.»
Ça n'enlève pas la latitude du
gouvernement. C'est assez simple de le faire par règlement, puis ça donne un
minimum de prévisibilité, ce qu'un décret ne permet pas du tout. Donc, c'est...
Je ne pense pas que ce soit exagéré, là, je pense que c'est vraiment un
minimum, compte tenu que c'est quand même... On l'a dit, l'article un, ce sont
des... c'est un pouvoir exceptionnel, de suspendre un article du code civil,
mais que, dans l'article deux, on vienne dire : Bien, par contre on se
donne un privilège de faire... de l'enlever en tout temps, n'importe où, selon
aucun critère. Bien, au moins, par règlement, ça... ça enligne un peu les gens
sur qu'est-ce qui s'en vient du changement. Donc, ce serait... Ça, c'est ma
proposition, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Mme la ministre.
Mme Duranceau : Oui. Je vais
peut-être offrir un peu un contexte dans lequel on pourrait venir soustraire de
l'application, puis après, sur le plan... par rapport à l'amendement, puis sur
le plan administratif, je vais laisser M. Paradis commenter. Mais, tu sais, on
pourrait se poser la... être favorable à un retrait, exemple, bon, évidemment,
si le taux d'inoccupation pour une région donnée a changé. Ensuite de ça, dans
les données pertinentes qui pourraient démontrer que l'application du moratoire
n'est plus requise, on pourrait dire : Bon, bien si une municipalité fait
face à des défis de vitalisation, puis plusieurs logements sont vacants, ça, ça
pourrait être un cas, que des récents projets de construction locatifs qui ont
augmenté significativement l'offre de logements. Puis vous savez que les taux
d'inoccupation, ils sont connus pour les... les... Pardon?
Une voix : ...
Mme Duranceau : Oui, c'est
ça, de 10 000 habitants et plus. Alors, tu sais, des fois, de manière plus
granulaire, on pourrait avoir une information qui est différente puis avoir un
besoin de réagir différemment. Alors, c'est ça, grosso modo, c'est dans ces
contextes-là où on pourrait intervenir, selon les représentations qui nous
seraient faites. Sur le plan administratif, on s'est posé la question sur
comment on applique ça. Puis je vais laisser M. Paradis en parler, parce que
c'était administratif un peu.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. Paradis.
M. Paradis (Nicolas) : Merci,
Mme la Présidente. Dans le fond, dans l'adoption d'un règlement, comme on le
sait, la loi sur les règlements prescrit toute une procédure afférente,
notamment la question de la consultation et la prépublication, donc, qui est un
minimum de 45 jours. On sait aussi que la prise de règlement requiert
usuellement un...
M. Paradis (Nicolas) : ...six
mois, un six à parfois huit mois dans le délai de toutes les différentes
étapes, parce que donc deux passages au conseil des ministres, prépublication,
période de consultation, rétroaction, bien entendu, qui s'en suit pour donner
un sens plein et entier à l'exercice qui est ainsi effectué. C'est dans ce
contexte-là que le chemin procédural retenu avait été préconisé comme étant le
décret, justement pour... dans le contexte où on a un moratoire de trois ans,
donc avec la dynamique réglementaire, compte tenu de la procédure et des délais
afférents, ça aurait équivalu à dire que, dans le fond, le pouvoir ne se serait
exercé, grosso modo, que dans les deux premières années. Donc, il n'y aurait
pas eu de possibilité dans la troisième année, avec réelle effectivité,
j'entends là, parce que ça aurait été pour un mois, deux mois ou quelques mois
à terme, compte tenu de la procédure, d'où le choix du pouvoir... de la
décision par décret gouvernemental.
Mme Dufour : Oui, j'imagine
qu'on va se laisser du temps, même si ça se fait par décret, qu'on va laisser
du temps pour pas que les les gens visés dans le secteur en question se
ramassent évincés la semaine après le décret, là, hein? Donc, j'imagine qu'il
va y avoir un délai, ça ne sera pas la semaine ou le mois suivant. Donc, il
faut, d'une certaine façon, pouvoir aviser, et le règlement, c'est une façon
d'avoir une certaine prévisibilité de ce qui vient. Là, on dit : Il faut
passer deux fois au conseil des ministres. Est-ce que c'est procédural ou est-ce
que c'est la façon de faire? Tu sais, parce qu'on s'entend que ça pourrait être
assez expresse, là, comme passage, là, dans ces cas-ci, là. On s'entend que
c'est... Un décret, j'imagine que, de toute façon, il faut aussi avoir l'aval
du conseil des ministres, là, pour déposer un décret, là. J'imagine qu'on ne
fait pas ça, même quand on est ministre, sans consulter les personnes. Donc, ce
passage-là, il est nécessaire de toute façon. Mais la procédure, le
45 jours, je ne vous le cacherai pas, c'est ce qui était visé en prenant
par règlement, parce que ça permet de... au moins que les gens puissent réagir.
Puis si jamais il y avait des commentaires qui étaient émis, qui peut être
pourraient me remettre en question, même la position, bien, ça serait déjà ça gagner,
que plutôt de le découvrir après que le décret ait été pris puis que ça soit
déjà suspendu, le moratoire, là.
Donc, ça a l'avantage d'au moins faire une
mini, très courte, très petite consultation, mais au moins une. Donc, ça
éviterait peut-être des erreurs futures.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la ministre.
Mme Duranceau : Je vais
écouter les autres questions.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Avant, j'avais M. le député des Îles-de-la-Madeleine, et je
reviens à vous, Mme.
M. Arseneau : Bien, c'est ça,
c'est des questions de clarification, parce qu'ici on n'indique pas dans
l'article 2 original la façon de faire, mais on comprend, on vient d'en
discuter, que c'est par décret. Je voulais juste savoir... puis je comprends
l'explication, à savoir que le règlement, c'est une période qui serait
passablement longue, alors qu'on n'a que trois ans d'application pour le
moratoire, mais je voulais savoir, la procédure qui est induite par l'article 2,
est-ce qu'elle est différente de celle prévue à l'article 11 d'une
publication d'un avis dans la Gazette officielle? Est-ce qu'on pourrait nous
clarifier — parce que, souvent, dans la Gazette officielle, c'est là
qu'on peut lire les décrets, un avis, un décret — juste pour les fins
de compréhension?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Me Paradis.
M. Paradis (Nicolas) : Oui.
Merci, Mme la Présidente. Donc, oui, effectivement, la procédure est bien
différente. À l'article 2, c'est un décret, donc décision prise par le
Conseil des ministres et qui, ultimement, est publié, le décret, à la Gazette
officielle, vous avez raison pour ce volet-là également. Et quant à l'avis qui
est pris, c'est un avis ministériel qui constate une situation, donc à l'égard
du fait que le taux à l'article 11, le taux d'inoccupation est atteint,
donc c'est un avis seulement ministériel, on n'a pas besoin d'aller au Conseil
des ministres, qui est publié à la Gazette officielle. Donc ce n'est pas les
mêmes procédures, la même formalité. Il n'y a pas de décision du gouvernement
qui est prise à cette fin-là.
M. Arseneau : D'accord. Merci
beaucoup pour l'explication. Sinon, pour ce qui est de l'ajout de par règlement
sur l'amendement de ma collègue, je n'ai pas d'autre question. J'aurai des
questions sur l'article initial, on y reviendra tout à l'heure, ou je peux...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci.
M. Arseneau : Oui, on y
reviendra.
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
Mme la députée de La Pinière.
Mme Caron : Merci, Mme la
Présidente. En fait, je voulais appuyer l'amendement de ma collègue des
Mille-Îles, parce que l'article 2 et sans l'amendement est très large, le
territoire n'est pas défini, ça peut être aussi bien une région
administrative...
Mme Caron : ...une
municipalité de moins de 10 000 habitants, un quartier, une rue, un
coin de rue. Alors, c'est très vaste. Et, si c'est par décret... Et, non plus,
on n'a pas les critères, dans quels cas. Est-ce que le taux d'inoccupation
serait, dans ce cas-ci, le seul critère qui ferait que le ou la ministre
pourrait décréter que le territoire en question n'est plus soumis au moratoire?
Donc, il n'y a pas définition de territoire, il n'y a pas de définition de
critères et il n'y a pas non plus de... sauf erreur, là, il n'y a pas de
publicité, et, par «publicité», j'entends que les personnes concernées, les...
le voisinage ou les gens, même, qui habitent les immeubles ne seraient pas
nécessairement informés, parce que tout passerait par décret. Alors, je pense
que... Je comprends l'objectif de rapidité, que ça roule et que ça ne prenne
pas des mois et des mois, mais en même temps je trouve que c'est très vaste,
et, s'il y avait des balises, peut-être que ça pourrait rassurer un peu. Merci.
• (15 h 30) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la ministre.
Mme Duranceau : Oui. Écoutez,
c'est voulu que ce soit général. Je vous dis, dans tout ça, il fallait trouver
un équilibre, il fallait rassurer tout le monde, parce qu'on va se le dire, la
mesure est essentiellement pour les centres urbains plus denses, puis c'est une
mesure qui peut être inquiétante en région. Alors, on a voulu que ce soit
large.
Là, on a expliqué la nuance entre «par
règlement» versus «par décret», pour passer d'un délai peut-être de... Un
décret qui passe au Conseil des ministres, le cheminement, c'est cinq semaines,
la préparation, on peut se dire, disons, deux semaines. Ça fait que, tu sais,
c'est entre... probablement autour de sept semaines, ça fait qu'un mois et
demi, deux mois, alors que par règlement on peut parler de jusqu'à six mois.
C'est un moratoire qui dure trois ans. À un moment donné, tu sais, il faut que
ça... il faut que ça se tienne.
Ce que j'aimerais dire pour le bénéfice de
tout le monde, c'est que la soustraction d'un territoire, d'une ville, ça
demeurerait une procédure d'exception, parce qu'on veut éviter de morceler
l'application du moratoire puis de créer de la confusion chez les locateurs et
les locataires. Alors, l'intention du gouvernement actuellement, c'est de... ce
n'est pas de recourir à ce pouvoir-là, mais c'est une possibilité. Mais ce
n'est pas l'intention du législateur d'y recourir de manière générale, là, si
vous voulez, mais on se devait de tenir compte de la réalité du territoire
québécois puis que ce n'est pas la même chose partout. Alors, c'est ça.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Mme la députée des Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui. Une question :
Par règlement, c'est quoi, le plus rapide que... Là, on a dit : Le pire
scénario, c'est six mois, mais c'est comme un changement de zonage, ça peut
être trois ans. Mais le plus rapide, c'est quoi que ça peut se faire, un
règlement?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Par décret.
Mme Dufour : Parce qu'un
changement de zonage, ça peut être très long, mais on peut le faire express
aussi. Donc, j'imagine qu'un règlement peut se faire express aussi.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : On procède au calcul.
Mme Duranceau : On reste...
On reste dans un cinq à six mois, c'est sûr. Juste les délais de... Tu produis
ton document pour le Conseil des ministres, deux semaines; cinq semaines pour
circuler dans... dans les étapes; après ça, publication de 45 jours. Là,
tu reçois les avis. Là, il faut toujours bien qu'en deux... une semaine ou
deux, tu considères les avis, tu y répondes, tu analyses, tu en tiennes compte.
Puis là, après ça, bien, il y a-tu des modifications ou pas? Ça retourne au
Conseil des ministres pour l'approbation du règlement. Ça fait qu'on est dans
une dynamique un peu lourde, là, pour ce que c'est, là.
Mme Dufour : Merci. Une fois
que ça se fait... par exemple, ça se fait par décret au lieu de par règlement,
combien de temps on donne aux propriétaires, locataires? Tu sais, ça s'applique
à partir du jour un, ou on...
Mme Duranceau : La date du
décret.
Mme Dufour : La date du
décret, donc... et la date du décret veut dire que... Admettons que le décret,
je ne sais pas, moi, c'est le...
15 h 30 (version non révisée)
Mme Dufour : ...8 février, à
partir de... les évictions peuvent commencer à partir du 9 février?
Mme Duranceau : Bien là, tu
as... tu reçois un avis, tu reçois un avis puis là tu as un délai de six mois
qui court, parce que c'est ça, les règles. Donc, tu sais, c'est le 9 février
plus six mois.
Mme Dufour : Plus six mois.
Une voix : ...
Mme Duranceau : Puis là il
faut... C'est ça. Puis là ça dépend du bail, là. Si tu as un bail au 30 juin...
Une voix : ....
Mme Duranceau : ...31
décembre, ça fait qu'il va falloir attendre. Tu ne peux pas... Tu n'aurais
pas... Ça ne s'appliquerait pas pour les baux au 1er juillet de cette année-là,
là.
Mme Dufour : O.K. O.K. Puis,
dans le cas... si c'était, par exemple, au mois de novembre, là ça pourrait
être fait en décembre pour la fin du bail, pour l'été d'après. O.K. O.K.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...est-ce que j'ai d'autres questions sur...
Mme Dufour : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Sur l'amendement. Alors, si je n'ai pas d'autre... Oui, d'autres
questions, monsieur le...
M. Arseneau : Bien, je vais
poser la question maintenant, là. C'est... C'est qu'encore une fois, là, je me
pose la question sur les... l'application du moratoire ou la non-application qu'on
pourrait déterminer par décret en fonction de la taille des agglomérations
visées. Encore une fois, là, juste pour... à des fins de compréhension, lorsqu'il
est question, à l'article 11, de la publication d'un avis, on parle du
3 %, là, d'inoccupation dans les agglomérations de 10 000 habitants et
plus, mais qu'en est-il des plus petites agglomérations entre un et 9 999?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le député, juste...
M. Arseneau : Bien...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...on est encore sur l'amendement, qui est l'ajout de «par
règlement».
M. Arseneau : Exact.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que, sur cet amendement-là, vous avez d'autres
questions?
M. Arseneau : Oui. Et ma
question...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Sur le «par règlement»?
M. Arseneau : ...est
directement sur le règlement, parce que ce que j'ai compris de l'intervention
de ma collègue des Mille-Îles, c'était que, parce qu'il n'y avait pas de balise
à l'article 2, on voulait que cette adoption-là soit soumise à un règlement
dans lequel il y aurait des balises. Donc, ma question pose... se pose sur la
question des balises concernant les plus petites agglomérations. Est-ce que,
toutes agglomérations confondues, on a la même appréciation, on a les... Est-ce
qu'on a des données qui nous permettent justement de trancher sur la
soustraction de l'application de l'article 1, en fait, pour les plus petites
agglomérations, celles de... qui ne sont pas des centres urbains, en bas de 10
000, qui me permettraient de me prononcer sur l'idée d'un règlement ou pas?
Mme Duranceau : Les données
ne sont pas connues, ne sont pas recensées pour les centres urbains de 10 000
habitants et moins. Mais chez vous, là, vous avez plus que 10 000, là, mais...
C'est justement pour permettre, s'il y a une ville en Abitibi qui dit :
Écoute, ta mesure, elle nous pose problème ou... En fait, tu sais, elle ne
posera pas problème. Si le moratoire ne s'applique pas, il ne s'appliquera pas
parce qu'il n'y a pas de problème de... le taux d'inoccupation ne sera pas...
ne sera pas trop bas, et donc les cas d'éviction, moins... tu sais, peu ou
pas... peu fréquents, là, ou inexistants. Alors, tu sais, ça demeure un peu
théorique. Mais, on pourrait dire... Un maire, exemple, dans une localité de
moins de 10 000 habitants, pourrait dire : Écoute, moi, je suis convaincu
que, pour attirer l'investissement chez nous, je ne peux pas avoir cette
mesure-là. Je pense, ça ne s'applique pas, ce que je vous dis là, parce que je
pense que ça n'affecte pas les investissements.
Mais on va se laisser de la marge de
manœuvre, puis comme je vous dis, pour tenir compte des préoccupations de tout
le monde, puis les gens n'ont pas les mêmes préoccupations à Montréal qu'en
région. Ça fait que c'était pour adresser ça. On ne les a pas tous, les cas,
mais on vous laisse donner l'opportunité de réagir, vu que c'est très
exceptionnel d'aller avec un moratoire, se donner l'opportunité d'adapter puis
ne pas faire de mur-à-mur surtout au Québec.
M. Arseneau : O.K. Donc,
juste pour être sûr de bien comprendre, à l'article 1, le moratoire s'applique
pour l'ensemble du territoire québécois, peu importe le pourcentage, peu
importe la population des villes et des villages. À l'article 11, on dit que «si
dans l'ensemble des centres urbains, on atteint 3 %, le moratoire cesse».
Mme Duranceau : Tombe.
M. Arseneau : C'est ça. Et,
entre les deux, vous arrivez avec l'article, mais sans balise, sans règlement,
sur une base, disons, plus, j'allais dire subjective, ou plus particulière.
Mme Duranceau : Plus
qualitative, je dirais, justement par...
Mme Duranceau : ...parce
qu'on n'a pas des données de la SCHL? On n'a pas de données par plus petite
région, alors là, on se laisse une marge de manœuvre autre qui est qualitative
puis qui va... qui prend en compte... qui est à l'écoute de ce qui se passe
dans les régions, puis de leur réalité. Puis là, à un moment donné,
évidemment... comme je vous le dis, là, puis je le répète : L'intention,
c'est de ne pas utiliser cette mesure-là, de laisser vivre le moratoire, parce
qu'on ne va pas envoyer un message qui est contradictoire. Il faut que ça soit
simple à comprendre pour tout le monde, mais si la démonstration était faite
par une ville, une MRC, que c'est contre-productif dans leur région d'avoir ça,
bien, on va écouter, puis on se donne la... on se donne la chance de pouvoir
réagir parce qu'on veut rester pragmatique puis business dans l'approche, là.
Mais en même temps, moi, je suis très, très prudente avec ça parce que je veux
que le message soit clair pour tout le monde : On veut protéger tout le
monde. Alors, avant que quelqu'un nous convainque du contraire, il va falloir
que les arguments soient... soient solides, là.
• (15 h 40) •
M. Arseneau : C'est beau.
Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Parfait. Alors, est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'amendement? S'il n'y a pas des interventions, est-ce qu'il est adopté?
Mme Dufour : ...appel
nominal.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Un vote par appel nominal. Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre
abstention. Mme Dufour (Mille-Îles)?
Mme Dufour : ...je n'ai pas
de micro. Pour.
La Secrétaire : Mme Caron
(La Pinière)?
Mme Caron : Pour.
La Secrétaire : Mme Duranceau
(Bertrand)?
Mme Duranceau : Contre.
La Secrétaire : Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
La Secrétaire : Mme Boivin
Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
La Secrétaire
:
Mme Schmaltz (Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
La Secrétaire : Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Contre.
La Secrétaire : Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme Gendron : Contre.
La Secrétaire : Mme Labrie
(Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire : M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine)?
M. Arseneau : Abstention.
La Secrétaire : Mme Lecours
(Les Plaines)?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Abstention. Alors, l'amendement est rejeté. Nous revenons
donc à l'article 2. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. À plusieurs reprises, dans ses réponses à mes collègues, la
ministre a mentionné qu'on n'avait pas les données détaillées, là, pour tous
les territoires. En fait, elle a parlé de granularité des données... qui est
manquante, là, à certaines échelles, bien, en fait, pour tous les territoires
de moins de 10 000 habitants. C'est... Moi, je trouve ça préoccupant
qu'on n'ait pas des données aussi raffinées, là, pour pouvoir analyser ce qui
se passe sur le territoire. Je trouve ça aussi préoccupant, en fait, qu'on
dépende de la SCHL, là, qui est une organisation fédérale pour avoir des
données sur ce qui se passe sur notre territoire.
Donc, j'aimerais juste rappeler que le
registre des loyers, en fait, si on l'avait sur l'ensemble du territoire du
Québec, nous permettrait d'avoir des données très exactes et très précises, y
compris sur les plus petites municipalités du Québec, qui ne comptent que
quelques centaines d'habitants et peut-être qu'une poignée de logements, on les
aurait. On les aurait, les chiffres à ce moment-là, avec un registre des loyers
sur le taux d'inoccupation pour chacune des communautés. Donc, je saisis cette
occasion pour le faire valoir que ça vaudrait la peine, notamment pour
s'affranchir de notre dépendance à la SCHL, qui publie ses données une fois par
année, qui nous empêche d'être plus agiles peut-être et puis qui nous empêche
surtout de connaître l'état de la situation sur chaque petite parcelle de
territoire. On... Face à une crise comme celle-là, je pense que c'est quand
même important de pouvoir agir aussi en connaissance de ce qui se passe sur le
terrain, de manière parfois très ciblée, par exemple pour déployer des mesures comme
celles qu'on est en train de discuter ou des programmes de construction de
logements. Puis là, en ce moment, on se retrouve dans une situation où on
dépend de données qui... qui sortent une fois par année d'un organisme fédéral,
puis on... il y a des territoires... Tu sais, il y en a des MRC au complet, où
il n'y a aucune ville de plus de 10 000 habitants, là. Ça veut dire
qu'on n'a pas de données sur la situation en matière de logement sur un
territoire aussi grand qu'une MRC. C'est quand même un problème. Donc, moi, je
veux faire un plaidoyer pour l'implantation d'un registre des loyers. Je pense
que ça vaudrait vraiment la peine qu'on fasse ça parce qu'on aurait un portrait
clair. On pourrait agir au bon endroit.
Donc, j'aimerais peut-être entendre la
ministre là-dessus. C'est quoi leur intention en ce moment? Est-ce qu'ils
veulent développer une connaissance de ces données-là sur les territoires pour
lesquels on ne les a pas actuellement?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la ministre.
Mme Duranceau : Oui. Bien, je
comprends... j'entends bien les préoccupations, là, de ma collègue de
Sherbrooke. Comme je vous dis, cette crise-là, elle ne se règle pas avec le
projet de loi n° 65 ou le projet de loi n° 31. On continue d'analyser
différentes choses. On continue de réfléchir. Je l'ai dit souvent, là : Je
ne suis pas en faveur du registre de loyers pour différentes raisons, mais je
suis en faveur d'avoir des données qui sont fiables puis qui nous permettent de
prendre les bonnes décisions. Alors, je continue de regarder comment je vais
m'y prendre pour ça.
Mme Labrie : Bien, j'entends
que la ministre n'est pas en faveur pour l'instant. Je sais qu'elle peut
cheminer.
Mme Duranceau : Elle ne
change pas d'idée tout le temps la ministre, là.
Mme Labrie : Elle nous en a
quand même fait la preuve dans les derniers mois qu'elle peut être en défaveur
d'une mesure, et puis que cette idée chemine dans sa tête. Donc, j'espère...
Mme Duranceau : Pour des fins...
Mme Duranceau : ...sanitaire.
Mme Labrie : Exact. Bien, le
registre des loyers a plusieurs vertus. Là, je viens de parler des vertus pour
la connaissance très micro que ça nous donne, là, sur... sur l'offre en matière
de logements, la disponibilité de logements sur un territoire, mais également
sur les coûts de ces logements-là. Ça permet aussi ça, d'avoir un registre des
loyers. Puis ça permet par ailleurs de contrôler les hausses de loyers. Donc,
j'espère que cette idée-là pourra continuer de faire son chemin. C'est vrai que
ni le projet no 31, ni même le projet de loi no 65 sont des solutions
définitives à la crise du logement. Ça va prendre d'autres projets de loi.
Donc, peut-être qu'on en aura un pour un registre éventuellement. Puis cette
dépendance-là, là, de données qui viennent du fédéral pour gérer quelque chose
qui... qui relève de notre administration au Québec, pour moi, c'est un
problème. Il faut trouver des solutions du côté du ministère pour qu'on ait nos
propres données, qu'on ne dépende pas du fédéral, là, pour ça.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Alors, sur ma liste, j'ai le député des
Îles-de-la-Madeleine. Vous aviez des interventions.
M. Arseneau : Oui, c'est
encore... Bien, c'est sur le fond, là, de l'article 2. J'aimerais savoir de la
part de la ministre lorsqu'elle nous dit, bien, avant de nous convaincre de
justement soustraire une partie du territoire au moratoire, bien, il faudrait
qu'on soit bien armés. Quel est le processus qu'on peut imaginer? Parce qu'on a
parlé des MRC, on a parlé des maires. Qui sont les intervenants qui pourraient,
disons, faire un plaidoyer auprès de la ministre, auprès du ministère, auprès
du gouvernement et dans quel contexte ça peut s'inscrire? Parce que là,
effectivement, il n'y a aucune balise. Moi, je comprends l'idée d'être souple,
mais le fait qu'il n'y ait pas de processus, j'aimerais savoir comment il
imagine que ça pourrait se produire. Est-ce que c'est au détour d'une rencontre
fortuite ou dans un processus béton plus rigoureux où on peut soumettre des
propositions, là? Parce qu'il me semble que ce n'est pas... Ce n'est pas banal,
là, une... Être soustrait à l'application d'une loi, ça doit se faire dans
un... dans un cadre.
Mme Duranceau : Bien, l'idée,
c'est d'être à l'écoute des élus, qu'ils soient à notre niveau ou bien au
niveau municipal, au niveau des MRC. La personne qui va dire qu'elle veut se
soustraire du moratoire actuellement, alors qu'il n'y a pas un endroit où le
taux d'inoccupation est en haut de 3 %, alors qu'elle explique sa
position, là. Moi, personnellement, je mets ça de l'avant aujourd'hui. Alors,
je suis ne pas celle qui va... qui va approuver sans une documentation
spécifique. Tu sais, on pourrait imaginer, si on est à 2,9 %, on n'est pas
à 3, on est à 2,9 dans une ville, est-ce que... est-ce que là quelqu'un
pourrait faire le plaidoyer que ça retarde ou ça empêche certains
investissements? Parce que bon, on a des investisseurs étrangers qui veulent
venir, puis ça, c'est une mesure qui les rend perplexes, puis bon, on est
proche, de toute façon, du taux de 3. Est-ce que ça, ça pourrait être un
contexte? Peut-être, mais honnêtement, c'est pour être à l'écoute des
situations qui peuvent survenir à l'intérieur, on se le dira, on se rappelle,
d'un délai très restreint de trois ans. Donc, moi... On a cette mesure-là.
L'article 2, il est là, parce que l'article 1, il est très... est très
audacieux, est du jamais-vu. Donc, c'est pour rassurer qu'on se donne la... on se
donne la possibilité de faire quelque chose, mais ce n'est pas l'objectif
initial.
M. Arseneau : Mais moi, je
comprends ce que vous venez d'expliquer à l'effet qu'il peut y avoir un
argumentaire, il peut l y avoir une situation à partir duquel... de laquelle on
développe un argumentaire, il y a une situation particulière, et tout ça, les
conditions qui pourraient permettre à des élus ou à des territoires justement
de réclamer une exemption. Et donc on peut comprendre que c'est des
représentants du territoire, j'imagine que c'est des représentants élus. Mais,
par exemple, si la Chambre de commerce du secteur de La Malbaie vous contacte,
est-ce... est-ce que c'est un interlocuteur à vos yeux?
Mme Duranceau : Bien, c'est
un interlocuteur, mais qui devra nécessairement avoir un appui local des élus
locaux. C'est comme ça que moi, je le réfléchis. Puis je ne pense pas que c'est
le meilleur porteur de dossier, là, la chambre de commerce, je pense que ce
sont les élus locaux qu'il faut, qui... parce que ce seront...
Mme Duranceau : ...puis c'est
toi qui va avoir la responsabilité de répondre face à la population. Ce sont
les élus locaux qui sont responsables puis redevables envers la population.
Alors, ça, c'est une mesure avec laquelle ils devront être à l'aise, peu
importe qui la leur présente ou qui fait des représentations. On pourrait, par
exemple, exiger de la municipalité ou de la MRC une résolution pour appuyer
leur demande. Non, non, ça ne peut pas être un développeur qui dit : Écoute...
• (15 h 50) •
M. Arseneau : Bien, exact. Tu
sais, on s'en va au même endroit, en fait, Mme la ministre, et c'est la raison
pour laquelle je pose la question, c'est de voir, de mesurer votre ouverture à
un amendement à l'article 2, qui nous indique la porte d'entrée par laquelle
une telle demande peut être considérée. Je comprends que le processus de
règlement ajouterait des étapes qui seraient très, très longues dans un délai
de trois ans d'application du moratoire, mais est-ce qu'il y aurait une
ouverture pour dire qu'une telle demande doit être formulée par voie de
résolution de MRC, de villes ou de municipalités pour qu'elle soit même
considérée? Ensuite, on vous laisserait évidemment le bon soin de juger de la
validité de la demande, de l'argumentaire et ainsi de suite. Moi, je suis prêt
à dire que la ministre peut avoir une latitude là-dessus, mais j'aimerais qu'on
puisse lancer un signal aux représentants des territoires qui pourraient
vouloir lever la main, qu'il y ait une porte d'entrée que le législateur a
identifiée, à travers laquelle ou par laquelle il peut manifester son
intention. Puis, en même temps, il y a une vertu de transparence puis de
démocratie là-dedans qui serait associée à une telle mesure, où les gens qui
sont intéressés savent par où passer, et les gens qui voient un territoire
voisin passer par là savent qu'ils peuvent aussi le faire par la même procédure
et qui seront considérés de la même façon, à la même hauteur, de façon
objective et, je dirais, équitable aussi. Moi, ça, ça me préoccupe, cet
élément-là.
Alors, moi, j'aimerais déposer un
amendement, mais plutôt que le faire puis d'allonger les procédures, je voulais
savoir si vous avez une ouverture à cet égard là. On peut suspendre aussi si
vous voulez réfléchir ou en discuter.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la ministre.
Mme Duranceau : Oui, il faut
que je réfléchisse quelques minutes.
M. Arseneau : Est-ce qu'on
peut suspendre?
Mme Duranceau : Bien... Oui,
suspendons quelques minutes, puis on va...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 52)
16 h (version non révisée)
(Reprise à 16 h 10)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Avant de céder la parole au député des Îles-de-la-Madeleine, je vais
déposer le mémoire du Regroupement québécois des résidences pour aînés. Alors,
ceci étant fait, M. le député, je pense que vous avez un amendement à déposer.
Je vous demande à faire la lecture.
M. Arseneau : Oui, à l'article
deux, je propose d'ajouter, à la fin du paragraphe de l'article, le paragraphe
suivant : «Quiconque souhaite déposer une demande visant à soustraire de l'application
de l'article 1 un territoire donné doit présenter au ministre de l'Habitation
une résolution d'un conseil de ville, d'un conseil municipal ou d'un conseil de
municipalité régionale de comté à cet effet.»
L'explication de cet amendement-là, c'est,
comme je l'indiquais un peu plus tôt, de créer une porte d'entrée pour les gens
qui habitent un territoire et qui voient, à l'article deux, que la ministre a
le pouvoir discrétionnaire de soustraire certains territoires de l'application
de l'article un. Alors, n'ayant pas tous le numéro de téléphone ou l'adresse
courriel de la ministre... voit ici une façon de procéder qui semble pour moi
aller de soi, c'est-à-dire aller obtenir de... l'avis, et en fait un avis
favorable de la part des représentants démocratiques dudit territoire. Donc, qu'il
s'agisse d'un territoire urbain, du conseil de ville ou d'un territoire
municipal, peu importe la région au Québec, ou même d'une municipalité
régionale de comté s'il s'agissait d'un territoire de MRC.
À ce moment-là, évidemment, non seulement
il y a le poids de la résolution qui vient appuyer la demande, puis, quand je
dis «quiconque», ça peut être un individu, ça pourrait être une chambre de
commerce, ça pourrait être les représentants des promoteurs immobiliers de la
région, mais ils doivent avoir l'assentiment des élus de ce territoire-là pour
pouvoir formuler une demande, ce qui, évidemment, n'oblige d'aucune façon la
ministre d'accéder à leur demande, mais tout simplement de la recevoir de façon
structurée et rigoureuse. Et ça n'enlève absolument d'aucune façon le pouvoir
de la ministre, sans obtenir de demande, de prendre une décision sur la base de
l'information qu'elle détient et qu'elle a obtenue à travers les collaborations
qui sont offertes au sein de son cabinet ou de son ministère. Donc, ça ne vient
pas toucher le pouvoir discrétionnaire de la ministre, mais plutôt indiquer aux
citoyens du Québec que, si cet article-là, ils veulent s'en prévaloir, ils
veulent solliciter la ministre à cet égard, bien, il y a une porte d'entrée
pour le faire.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Mme la ministre.
Mme Duranceau : ...alors,
bien, je comprends l'approche, là, du député des Îles-de-la-Madeleine. Puis on
voit un petit peu ce qui est proposé comme un aspect administratif de la chose.
Puis je m'engage à ce que, sur le plan administratif, on procède de la sorte.
Ça arrive souvent, dans ce type de mesure là, d'indiquer aux municipalités
comment fonctionner. Alors, je m'engage à ce que le ministère de... Affaires
municipales et Habitation, là, communique l'information aux municipalités puis
aux MRC. Alors... mais je ne pense pas qu'un amendement, sur le plan juridique,
là, est nécessaire pour faire la chose, mais je suis tout à fait d'accord
avec... avec l'approche.
M. Arseneau : Juste une
question de précision, là. Je comprends que vous ne le jugez pas nécessaire
pour l'exercice du pouvoir discrétionnaire qui vous est donné par l'article
deux. Mais est-ce qu'il y a... comment dire, une... Est-ce qu'il... de proposer
un tel amendement viendrait amoindrir, à votre point de vue ou du point de vue
des juristes, le pouvoir de la ministre, ou comment... Dans le sens où vous
dites : Bien, on l'annoncera à un autre endroit. Y a-t-il une... une
raison de ne pas l'indiquer dans le projet de loi, là, sur le plan juridique,
par exemple? Je voudrais juste comprendre pourquoi c'est préférable de le faire
sur le plan administratif que sur le plan légal. Parce que je comprends qu'il
peut y avoir des outils d'information qui sont à l'attention des
municipalités...
M. Arseneau : ...des villes
et des MRC. Mais si, par exemple, un regroupement quelconque, un individu
disait : Moi, c'est un article que je trouve intéressant puis je pense que
notre territoire mériterait d'être soustrait, il aurait cette information-là
dans le projet de loi comme : Voici la marche à suivre. Est-ce qu'il y
a... Je ne sais pas si on...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la ministre ou M. le sous-ministre.
M. Paradis (Nicolas) : Merci,
Mme la Présidente. À vrai dire, et c'est bien entendu dans la logique de garder
toute la flexibilité, la souplesse du pouvoir gouvernemental pour être à même
de répondre avec la vision d'ensemble et la prise en considération de l'intérêt
public à l'ensemble des demandes qui peuvent leur être formulées. C'est pour ça
que je formulerais que des indications de cette nature-là dans la loi, dans la
mesure où elles peuvent être accomplies purement administrativement, c'est
l'approche qui est privilégiée. Sous cet angle-là, le ministère des Affaires
municipales et de l'Habitation, pourra, étant donné la volonté de la ministre,
réaliser, sans problème, des communications sur, notamment, le milieu
municipal, mais aussi destinées à tout autre groupe d'intérêts qui pourrait
avoir, justement, à juste titre, avec l'appréciation qu'ils ont du territoire,
intérêt à formuler une demande au gouvernement avec les conditions afférentes.
On peut penser, effectivement, lorsque c'est
une demande qui provient d'une municipalité, d'obtenir la résolution de son
conseil, mais aussi d'avoir les éléments de démonstration que la ministre, le
gouvernement jugeront opportuns pour pouvoir apprécier pleinement la demande
formulée. Ce qui laisse... l'ensemble la flexibilité pour le milieu municipal
comme... pour l'ensemble des projets de loi. Une publication se fera par le
biais du Mini Express que le milieu municipal connaît très bien.
M. Arseneau : Merci pour
votre explication. Puis je voulais juste mentionner que j'apprécie l'ouverture
de la ministre et son engagement de diffuser, là, une information de ce type-là
sur le plan administratif. Mais je voudrais juste formuler une dernière
observation, c'est ça l'effet que, si on avait eu cette ouverture-là pour
indiquer une certaine balise ou un certain nombre de balises dans le projet de
loi, je pense qu'il pourrait aussi... ça pourrait être vu comme une façon
d'assurer un traitement équitable sur les mêmes bases pour tout le monde et tous
les territoires, voire même soulager la ministre de sollicitation de tout
acabit par tous les moyens, en encadrant un tant soit peu les demandes ou les
sollicitations qui pourraient survenir.
Donc, moi, ce que je voulais simplement,
c'est que le législateur et, évidemment, le gouvernement, avec un pouvoir comme
celui-là, puissent faire preuve de la plus grande transparence possible et, en
même temps, soulager la ministre de sollicitation indue...
Mme Duranceau : C'est gentil
de prendre soin de moi...
M. Arseneau : ...et au
travail que vous aurez à faire au cours des deux prochaines années.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Je pense avoir vu la main... de La Pinière.
Mme Caron : Merci, Mme la
Présidente. Mais, en fait, je trouvais l'amendement du collègue des
Îles-de-la-Madeleine intéressant, parce qu'il y avait l'aspect de
sollicitation, parce qu'il pourrait... il pourrait avoir plein de municipalités
qui voudraient se soustraire... ou, en tout cas, de groupes, groupements qui
voudraient qu'une partie du territoire soit soustraite au moratoire. Et
effectivement la ministre pourrait être submergée de demandes, peut-être pas,
mais ça demeure dans le possible.
Aussi, ce que je trouvais intéressant,
c'est que... parce que là on parle... on a parlé d'information aux villes,
peut-être du bulletin infomini... mini-info, mais ce n'est pas... moi, ce que
je vois, ce n'est pas tant de donner de l'information au conseil municipal ou bien
à la MRC, mais plutôt que quiconque, donc, que ce soit une ville ou autre
entité qui demande qu'un territoire soit soustrait du moratoire, bien, doit se
faire appuyer par la municipalité où se trouve le territoire en question ou par
le conseil de la MRC. Et puisqu'on demande une résolution, bien, c'est une
façon d'informer la population de ce qui se passe parce que les conseils
municipaux se tiennent en public. Donc, déjà là, il y a... Ça vient un petit
peu rejoindre l'idée de l'amendement de ma collègue de Mille-Îles de tout à
l'heure, qui disait «par règlement», parce qu'il y a... il y aurait un 45 jours
pour réagir...
Mme Caron : ...là, s'il y
a une municipalité qui doit adopter une résolution pour permettre à quelqu'un
de faire la demande à la ministre, bien, la... les citoyens de cette
municipalité-là sont informés que... et les gens peuvent... peuvent réagir
aussi. Et ça permet de s'assurer aussi que toute demande pourrait être en phase
avec les... peut-être le schéma d'aménagement ou autre, là, dans la
municipalité ou la MRC. Alors, je trouvais que ça répondait quand même à des
quelques éléments étant donné qu'on a... on n'a aucune définition de territoire
puis on n'a aucune balise, aucun paramètre sur la soustraction du moratoire
d'un territoire.
• (16 h 20) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce que j'ai d'autres interventions sur
l'amendement?
Une voix : Non.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, si je n'ai pas d'autre intervention, l'amendement
adopté est-il adopté? Est-il adopté? Rejeté?
Une voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Vous demandez le vote?
M. Arseneau : ...et le
vote. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine)?
M. Arseneau : Pour.
La Secrétaire : Mme Duranceau
(Bertrand)?
Mme Duranceau : Contre.
La Secrétaire : Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
La Secrétaire : Mme Boivin
Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
La Secrétaire : Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
La Secrétaire : Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Contre.
La Secrétaire : Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme Gendron : Contre.
La Secrétaire : Mme Caron
(La Pinière)?
Mme Caron : Pour.
La Secrétaire : Mme Labrie
(Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire : Mme Lecours
(Les Plaines)?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Abstention. L'amendement est donc rejeté.
Nous retournons à l'article 2. Est-ce
que j'ai d'autres interventions sur l'article 2? Alors, si je n'ai pas
d'autre intervention, est-ce que l'article 2 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Adopté. Nous passons donc à l'article 3, Mme la
ministre.
Mme Duranceau : L'article 3
ou l'article 11?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui, je m'excuse. Par l'ordre, vous avez bien raison. Merci
de me rappeler à l'ordre. Alors, l'article 11.
Mme Duranceau : Alors, à
l'ordre. Donc, article 11, je vous lis ça : Le ministre doit... La
ministre...
«Le ministre doit publier un avis à la Gazette
officielle du Québec, lorsque le taux d'inoccupation des logements locatifs
publié par la Société canadienne d'hypothèques et de logement à l'égard de
l'ensemble des centres urbains du Québec, dont la population et d'au moins
10 000 habitants, atteint 3 %. Les dispositions de la
section 1 et du premier alinéa cessent d'avoir effet à la date de la
publication de l'avis.»
Alors, l'article 11 du projet de loi
prévoit que le moratoire sur les évictions prendrait fin lorsque la ministre
responsable de l'Habitation donne un avis indiquant que le taux d'inoccupation
des logements locatifs atteint 3 %, selon les données diffusées par la
Société canadienne d'hypothèques et de logement, pour l'ensemble des centres
urbains de plus de 10 000 habitants. Donc, on en a parlé brièvement
tantôt, c'est un... c'est un constat, c'est un fait, et on le publie à la
Gazette officielle pour faire connaître, dans ce cas-ci, là, la fin du
moratoire si on atteignait des taux d'inoccupation de 3 % pour l'ensemble
du territoire. Donc, c'est la condition à laquelle le moratoire entre en
vigueur. Et il se... Il est levé, en fait.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce que j'ai des interventions? Mme la députée de
La Pinière. Par la suite, la députée de Sherbrooke.
Mme Caron : Donc, Mme la
Présidente... Alors, bon, on comprend, comme vous l'avez dit, Mme la ministre,
que le 3 % est le taux d'inoccupation qui... en bas duquel le moratoire
s'applique. Et dès qu'il est à 3 %, c'est levé. Est-ce que vous vous
réservez un moyen de peut-être soustraire une partie du territoire de la levée
du moratoire si jamais, par les chiffres que vous avez dans certaines
municipalités, on n'atteint pas le 3 %, ou bien si on dit : Non,
c'est 3 %. C'est suffisant pour... pour l'ensemble du Québec?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la ministre.
Mme Duranceau : Donc,
oui. Alors, c'est... Soustraire certaines parties du territoire, c'est
l'article précédent, c'est l'article 2. Si on atteint 3 % pour
l'ensemble du territoire, le moratoire est levé, il n'y a pas de...
Mme Caron : Donc, on
juge que c'est... c'est suffisant. Puis, s'il y a des... Si jamais il y a des
parties du territoire qui ne l'ont pas encore atteint, ce n'est pas grave, on
lève quand même le moratoire.
Mme Duranceau : C'est
ça. C'est ça parce qu'encore se souvenir que les données ne sont pas
nécessairement aussi granulaires par partie de territoire. Ça fait que c'est
pour ça qu'on ne voulait pas aller là.
Mme Caron : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme
la Présidente. J'ai un amendement à déposer ici. Il est déjà sur Greffier.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui. Alors, on va afficher l'amendement. Je vais vous
demander, Mme la députée, d'en faire la lecture.
Mme Labrie : Merci
beaucoup, Mme la Présidente.
Donc, l'article 11 du projet de loi
est modifié par l'ajout d'un troisième alinéa :
«Cet avis peut toutefois maintenir
l'application des dispositions de la section 1 sur toute partie du
territoire du Québec...
Mme Labrie : ...où le taux
d'inoccupation demeure sous 3 %, et ce, jusqu'à l'atteinte de ce seuil.»
L'objectif est de faire en sorte que ce
soit encore possible, après que, de manière générale, en moyenne, au Québec, on
ait atteint un taux d'équilibre, s'il y a encore certains territoires
spécifiques pour lesquels la situation est encore sous le seuil d'équilibre...
que ça puisse être possible pour la ministre de maintenir certaines
dispositions.
Je vais donner un exemple. Si, par
exemple, la moyenne nationale, ça va bien, puis tout ça, mais que, par exemple,
en Gaspésie ou dans une ville comme Granby, qui sont à des seuils critiques
actuellement, ça ne s'est pas réglé, on voudrait que ça puisse continuer de
s'appliquer, les dispositions du moratoire, dans ces territoires-là en
particulier, à la discrétion de la ministre... avec les données qu'elle a à sa
disposition. Donc, c'est... c'est le souhait de cet amendement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la ministre.
Mme Duranceau : Oui. Bien, je
pense qu'il va dans la même lignée que ce qui était proposé pour
l'article 1, de... d'avoir une application un peu automatique, toujours,
là, si le taux d'inoccupation de 3 % n'est pas atteint?
Mme Labrie : Bien, à vrai
dire, non. C'est dans le même état d'esprit quand même, mais ça ne prévoit pas
un automatisme. Ça dit que la ministre, dans son avis qui met fin au moratoire,
peut préciser que ça se continue quand même sur certains territoires. Donc,
contrairement à ce que j'avais proposé à l'article 1, où, effectivement,
je voulais que ça soit automatique, ici c'est la ministre qui aurait la décision,
dans son avis, de décider elle-même de le maintenir dans certains territoires
spécifiques.
Tu sais, si, par exemple, à certains
endroits, c'est à 2,8 % puis qu'elle considère qu'elle veut le lever quand
même, le moratoire, bien...
Mme Duranceau : Ça, je peux
le faire déjà.
Mme Labrie : ...elle le lève,
mais elle pourrait, la ministre, identifier spécifiquement, dans son avis, là,
qui met fin au moratoire.
Je fais ça parce que, quand on a eu le
briefing technique, on m'a expliqué que le... la moyenne nationale, c'est une
moyenne qui est pondérée. Ça veut dire que le poids, quand même, de la région
de Montréal est très élevé, là, dans le calcul de cette moyenne-là à l'échelle
nationale. Et moi, ma crainte, c'est que, dans certains territoires qui sont
peu peuplés et donc qui pèsent pour très peu dans le calcul de cette moyenne,
si le taux d'inoccupation est très bas, et c'est le cas, là, dans certaines
régions moins densément peuplées en ce moment... Ça pourrait arriver, là, que,
dans des territoires plus denses, on réussisse à atteindre plus rapidement un
seuil qui est sain, autour de 3 %, mais que, dans certains territoires, ça
reste critique. Donc, l'idée, c'est de permettre à la ministre, sans que ce
soit automatique, de... si elle constate ça, qu'elle doit le lever à l'échelle
nationale, elle ait quand même cet outil-là.
Actuellement, il n'y aurait aucun outil.
Tu sais, si la ministre constate que, ah, on est rendus dans deux ans, on a
atteint un seuil moyen de 3 % partout à l'échelle du Québec, mais, par
exemple, en Gaspésie, ou en Mauricie, ou à Shawinigan, ou... tu sais, que là
c'est encore très critique, elle n'a aucun outil pour le maintenir
spécifiquement sur ce territoire-là. Donc, c'est vraiment l'intention ici de le
lui permettre, mais vraiment à sa discrétion, pas de manière automatique.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Mme la ministre? Est-ce que j'ai d'autres
interventions? Non?
Mme Duranceau : Y a-tu
d'autres interventions...
M. Arseneau : Bien... À moins
que vous souhaitiez répondre d'abord?
Mme Duranceau : Non, je dois
consulter avant de répondre.
M. Arseneau : D'accord. Bien,
je vais juste intervenir pour dire que le... la proposition d'amendement est
intéressante à mon point de vue, parce que, justement, c'est à peu près
l'inverse de ce qu'on vient de voir sur la soustraction d'un territoire. Là, ce
qu'on veut, c'est l'inverse, c'est qu'on puisse garder certains territoires où
la crise ne serait pas résorbée, alors que, dans l'ensemble des centres
urbains, elle le serait. On aurait encore besoin de cette mesure-là dans une...
dans une communauté, sur un territoire, mais qui n'est pas nécessairement un
territoire d'un centre urbain du Québec, là, reconnu au sens du premier
paragraphe. Et, à ce moment-là, bien, on pourrait avoir une mesure d'exception
pour conserver cette mesure-là, le temps que la situation se résorbe également
à cet endroit.
Alors, c'est ce que je comprends, en fait,
de l'amendement, là. Je n'étais pas certain au début, là, mais, si c'est ce
que... ce que ça veut traduire comme un pouvoir discrétionnaire à la... ou une
obligation, là, je ne sais pas comment on le voit, là, «peut toutefois»... Bien
oui, ça fait partie, donc, de la prérogative de la ministre de l'inscrire dans
son avis à la Gazette officielle. Donc, ça devient un pouvoir discrétionnaire,
c'est ce que j'en comprends là, parce que le taux n'est pas atteint, le taux
d'inoccupation demeure sous les 3 %. Alors, cette mesure-là me semble être
exactement ce que la ministre souhaitait pour soustraire. Alors, pourquoi ne
pas le garder pour là où les... dans les endroits où c'est nécessaire?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Mme la ministre...
Mme Duranceau : ...On est...
On y a pensé à ça aussi. Là, la discussion, il faut qu'on ait, c'est que là,
c'est la ministre qui publie. Tu sais, c'est un constat. Tu publies, tu n'as
pas de permission à demander à personne. Là, ce dont vous parlez, bien, c'est
de donner un pouvoir spécial à la ministre, qui est effectivement le miroir de
l'autre, par région, mais ce n'est pas sûr que c'est là que ça va, ça ne peut
pas être à cet article-là. Donc là, on est en train de se questionner sur...
• (16 h 30) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que vous...
Mme Labrie : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui, allez-y.
Mme Labrie : ...on cherchait
l'endroit où c'était le plus simple d'inscrire cette modalité-là. Ça peut
prendre différentes formes, mais je pense que c'est très, très important. Parce
que là, on se base sur une moyenne nationale pour déterminer si le moratoire se
termine éventuellement. C'est correct. Il faut déterminer comment ça prend fin,
bien sûr, mais ça vient mettre à risque certains territoires qui pèsent peu
dans cette moyenne et pour lesquels la crise est aiguë. Donc, moi, le chemin
qu'on prend pour arriver à créer cette disposition, où la ministre peut
maintenir un moratoire sur certains territoires spécifiques, à sa discrétion,
je veux qu'il existe. Ce n'est peut-être pas de cette manière. Ça peut être par
règlement, ça peut être par décret. Moi, je suis très ouverte au meilleur
chemin législatif pour qu'on l'intègre au projet de loi, mais je pense que ça
doit figurer dans le projet de loi.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la députée de La Pinière; par la suite, des
Îles-de-la-Madeleine.
Mme Caron : Merci, Mme la
Présidente. Bien, c'est parce que c'est exactement la question que j'ai posée à
la ministre tantôt, puis elle m'a dit non. J'ai dit : Est-ce qu'une fois
que le moratoire prend fin, quand ça arrive à 3 %, est-ce que vous vous
gardez... est-ce que vous gardez un pouvoir de soustraire de la fin du moratoire
certains territoires, donc de maintenir le territoire... le moratoire? Et puis
elle m'a répondu non, puis...
Mme Duranceau : Bien, non.
J'ai répondu non parce que ce n'est pas ça qui était prévu, parce que le
3 % pour l'ensemble du territoire, c'est ça qui est ça, puis il n'y a pas
de... il n'y a rien de politique, il n'y a rien de qualitatif. C'était ça. Bon,
on a... ça avait le mérite d'être simple. Encore une fois, on n'a pas voulu
s'enfarger dans trop de choses ici pour que ça soit simple pour tout le monde.
L'argument de la députée de Sherbrooke, tu sais, je ne le conteste pas, là, je
suis d'accord avec elle. Les chiffres, je les connais, puis effectivement, ça
risque d'arriver à Montréal avant les régions, de réatteindre 3 %. Donc,
il faut trouver le meilleur chemin ou, en tout cas, il faut... On l'avait
considéré, ça fait qu'on va juste se reconsulter pour voir si on doit bouger ou
pas.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que j'ai d'autres interventions sur l'article? Oui?
M. Arseneau : Oui. Bien,
puisqu'il y a une réflexion qui va s'amorcer, là, je ne sais pas s'ils vont le
faire par suspension ou... comment. Mais je voudrais juste soulever que dans
l'article original, il me semblait qu'on... bien, j'avais un peu posé la
question dans le même sens aussi, qu'on se fiait sur l'ensemble des centres
urbains pour décider si la mesure devait être éliminée sans considérer que des
villes de moins de 10 000 habitants pouvaient encore avoir besoin de
cette mesure-là, parce qu'évidemment, là, c'est les 10 000 habitants
et plus. Juste de garder ça en tête que, même si partout... bien, je pense que
c'est peut-être un peu le sens de la proposition, là, mais moi ça me
préoccupait de voir que la mesure, c'était à l'égard de l'ensemble des centres
urbains du Québec, dont la population est d'au moins
10 000 habitants. Mais il y a aussi une portion du Québec qui vit
dans des villes de moins de 10 000 habitants et pour lesquelles la
mesure sauterait sans qu'on puisse prendre acte de leur situation particulière,
puis on peut imaginer des situations particulières, où il y a une activité
économique, justement, extrêmement dynamique, et puis qui fait qu'il y a peu de
logements et que cette mesure-là, contre les évictions, doit demeurer, mais qu'ils
passent au tordeur parce qu'ailleurs ça se passe mieux.
Puis j'avais une question. Je ne sais pas
si vous pouvez y répondre. Lorsqu'on dit, là : L'ensemble des centres
urbains. Tout à l'heure, ma collègue de Sherbrooke a dit, tu sais : Si
dans la moyenne... Moi, je veux savoir comment ça s'applique. Est-ce que chacun
des centres urbains, sur la base du rapport de la Société canadienne
d'hypothèque et de logement, doit présenter un chiffre de moins de 3 % ou
on y allait avec une moyenne?
Mme Duranceau : ...
M. Arseneau : Parce que ce
n'est pas spécifiquement indiqué que c'est une moyenne. On dit «à l'égard de
l'ensemble», puis je... moi, je n'avais pas compris que c'était une moyenne.
J'avais compris que lorsque c'est atteint partout, coché partout, là on fait
tomber la mesure.
Mme Duranceau : Oui, c'est...
Non, c'est la moyenne. C'est le chiffre qui sort de la SCHL, là, qui est
généralement reconnu, puis qu'on voit... qu'on voit annoncer en janvier de
chaque année.
M. Arseneau : Le chiffre
global.
Mme Duranceau : Le chiffre
global, oui.
M. Arseneau : Oui, ce qui
pose un problème, à mon point de vue.
Mme Duranceau : Oui, mais, en
même temps, il ne faut pas oublier, là, on est dans un moratoire de trois ans.
On n'atteindra pas 3 %...
16 h 30 (version non révisée)
Mme Duranceau : …probablement.
Tu sais, même Montréal, borderline, là, ils ne sont pas là dans le trois ans.
Donc... Donc, je pense que ce qui va prévaloir, c'est le moratoire de trois ans
et non la notion du 3 %. C'est pour ça qu'on a voulu garder ça simple
aussi. On ne veut pas commencer à morceler le territoire, mais on... on se
garde une marge de manœuvre. Parce qu'il ne faut pas oublier, c'est une
restriction, on se garde une marge de manœuvre pour enlever la restriction. On
n'a pas prévu de marge de manœuvre pour la laisser. Puis je pense que
probablement qu'on n'aura pas à le faire parce qu'on atteindra pas trois. Il y
a un risque, là, mais faible, je pense. Alors...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : D'autres... Est-ce que vous désirez suspendre pour
travailler ou bien on poursuit les discussions? Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Je comprends que
la ministre estime que le risque est faible. En même temps, techniquement, à
les entendre, si les choses en cours et les programmes fonctionnent bien, il se
pourrait qu'il y ait du développement de logements.
Une voix : Une embellie.
Mme Labrie : Si les villes
accélèrent le... le délivrement de permis, par exemple. Bon, il se pourrait que
ça débloque. Et moi, je pense qu'on doit avoir ce souci-là ici de ne pas
pénaliser des territoires moins densément peuplés parce que Montréal a un gros
poids sur cette moyenne. On le sait que la crise, elle est vécue très
différemment. Puis ce n'est pas à Montréal que le taux d'inoccupation est plus
aigu en ce moment, là. Donc, moi, au mieux, ça n'arrive pas, puis on atteint le
taux d'équilibre partout. Mais je pense qu'on doit avoir ce souci-là, puis
prévoir une disposition. Et, au mieux, on n'aura pas besoin de s'en servir
parce qu'on viendra à l'équilibre partout.
Si du côté de la ministre, ils ont des
meilleures idées de comment procéder pour intégrer ça, moi, je vous soumets qu'on
pourrait peut-être suspendre l'article 11, le temps qu'ils y réfléchissent
et qu'ils nous reviennent. Comme ça, on pourrait continuer, là, de discuter du
projet de loi, mais je pense que ça serait responsable, comme législateur, de
prévoir cette possibilité-là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, est-ce qu'il y a consentement pour l'article 11?
Mme Duranceau : Oui, je suis
d'accord. Oui.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Et l'amendement? Donc, on va suspendre l'article 11 et
l'amendement, le temps que le travail se fait, et on peut poursuivre avec le
dépôt d'un amendement à... introduisant 11.1, qui est à la députée de
Sherbrooke ou vous...
Mme Labrie : Est-ce que, vu
qu'on le suspend, l'article 11, on fait ça tout de suite, ou on attend d'avoir
adopté l'article 11? C'est une question de procédure.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : On a... on suspend l'article 11 et l'amendement.
Mme Labrie : Donc, vous
voulez... au lieu de partir... de passer à l'article trois, vous voulez qu'on
fasse 11.1 maintenant?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Dans la logique, c'est censé être ça. On peut suspendre
également l'amendement, mais il n'est pas déposé, on n'a pas besoin de le
suspendre.
Mme Labrie : On peut le
faire, oui, allons-y, moi, je... je vous suis, là...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : O.K. on va aller à trois pour bien garder l'ensemble de...
Il n'est pas déposé de toute façon. On va aller à l'article trois. Mme la
ministre, Oui.
Mme Duranceau : Oui. O.K.
Alors, on travaille sur... sur 11 puis 11.1, là, on retourne à trois. Donc, l'article
trois. Alors : «Un locataire évincé, en violation de l'article un, peut s'adresser
au Tribunal administratif du logement afin de réclamer l'indemnité prévue à l'article 1965
du Code civil, des dommages-intérêts pour la réparation de tout préjudice qu'il
a subi et des dommages et intérêts punitifs.»
Donc, l'article trois du projet de loi
permettrait à un locataire évincé, en violation du moratoire, de s'adresser au
tribunal administratif du logement afin d'obtenir, en plus de l'indemnité et
des dommages et intérêts normalement applicables en cas d'éviction, des
dommages et intérêts punitifs.
Alors, la notion de dommages et intérêts
punitifs avait été introduite, si je ne me trompe pas, dans le cadre du projet
de loi n° 31. Donc, on vient dire que, là, ce serait aussi applicable dans
un cas où il y aurait violation du... du moratoire. Alors, je pense que ça vise
à dissuader qui que ce soit de ne pas suivre les règles.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. J'ai des interventions de la députée des Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui, Merci, Mme
la Présidente. J'ai eu à aller dans un autre projet de loi pendant les
discussions sur l'article deux, mais j'avais... j'avais une question
concernant... Puis ça va venir avec cet article-là. Dans le fond, advenant le
cas où il y avait un projet qu'un... qu'un office, par exemple, d'habitation
avait à rénover de façon majeure et donc... et à déplacer de façon permanente
des... des citoyens. Est-ce que ce serait considéré de l'éviction? Puis est-ce qu'à
ce moment-là ils seraient en possibilité de réclamer une indemnité...
Mme Dufour : ...par exemple,
il y a beaucoup... il y a plusieurs HLM qui sont vétustes, qui requièrent,
bien, c'est ça, disons, des travaux plus que majeurs, je dirais, dans certains
cas. Je ne sais pas s'ils rentrent dans la catégorie de travaux majeurs, parce
que, s'ils ne retournent pas, là, à ce moment-là, c'est considéré une éviction,
j'imagine.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la ministre.
Mme Duranceau : Je pense, il
y a des règles particulières pour les HLM. Je vais laisser Me Simard
commenter.
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
Me Simard.
M. Simard (Patrick) : Merci.
Pour bien saisir l'objet de votre questionnement, c'est qu'il y aurait des
travaux majeurs dans un HLM. Les locataires seraient invités à quitter.
Mme Dufour : Oui, mais à
quitter d'une façon... Parce que, par exemple, un cas que j'ai vu récemment,
les gens, c'est des... c'étaient des logements adaptés, donc, pour personnes à
mobilité réduite. Ça a été finalement remplacé, on peut dire, par des logements
tout autre, complètement une nouvelle nature. Donc, ils ont été complètement
évincés, entre guillemets, mais, dans ce cas-ci, ils ont été déplacés. Mais
advenant le cas où ce n'était pas possible, comment ça, ce serait considéré au
niveau des... Est-ce que c'est des ça rentre dans la catégorie travaux majeurs?
• (16 h 40) •
M. Simard (Patrick) : En
fait, les offices municipaux d'habitation sont assujettis aux mêmes règles que
l'ensemble des autres clientèles qui fournissent du logement, les autres
locataires. Mais il existe un autre paramètre, dont, peut-être, on pourrait se
rappeler, c'est la possibilité de relogement. Et là on rentre dans d'autres
paramètres. Donc, par exemple, quelqu'un qui ne satisferait plus les conditions
d'occupation en raison de la typologie du logement, pour dire quelque chose,
droit à un studio, alors qu'il se retrouve dans un deux chambres. Alors là, il
y a une possibilité pour l'OMH, qui est unilatéral, de reloger son locataire,
son client. Mais, cependant, il garde toujours, à tout événement, le droit au
maintien dans les lieux. Donc, il y a des paramètres un peu particuliers, mais,
hormis cela, les règles s'appliquent à tous.
Mme Dufour : Donc, juste pour
bien comprendre, c'est une distinction puis est-ce que c'est, à quelque part
dans le Code civil, le relogement? Puis peut-être nous orienter, parce que là,
ce n'est pas une éviction au sens de la loi à ce moment-là.
M. Simard (Patrick) : Non, on
parle d'autre chose.
Mme Dufour : Parce que là, à
ce moment-là, les gens ne pourraient pas refuser cette... là, je dis
relogement, mais, je dirais, cette relocalisation, là, puis, dans un logement,
peut-être, qui ne fera pas leur affaire, mais...
M. Simard (Patrick) : Si vous
me donnez un instant, je vais retrouver le paramètre, parce que ce sont des
exceptions très particulières, là.
Mme Duranceau : Puis,
peut-être un détail, pendant qu'on cherche. Tu sais, sur le plan très
opérationnel les offices d'habitation, ils prévoient tout ça, leurs travaux,
puis c'est prévu sur cinq ans, puis comment ils vont déplacer les gens pour
optimiser la situation puis, très certainement, pas déstabiliser les gens.
C'est ça, leur mission.
Mme Dufour : Non, non, mais
je peux vraiment donner un cas concret, là, où les gens ont été déplacés dans
un quartier très éloigné, mais c'était nécessaire pour faire, tu sais,
d'autres... d'autres types de logement, mais ça a impliqué un déménagement vers
d'autres logements. Puis c'était des logements qui étaient adaptés, là, qui
étaient... précédemment. Ça fait que les gens, les gens, si on leur avait donné
le choix, n'auraient pas accepté la relocalisation.
M. Simard (Patrick) : Alors,
le paramètre, le paramètre qui est prévu à l'article 1990 du Code civil du
Québec...
Mme Dufour : 1982, vous avez
dit.
M. Simard (Patrick) : 1990.
Mme Dufour : En 1990.
M. Simard (Patrick) : Oui, et
le locateur, je peux vous en faire lecture, «peut, en tout temps — le
locateur étant un HLM, c'est une section particulière — peut, en tout
temps reloger un locataire qui occupe un logement dans une catégorie autre que
celle à laquelle il a droit dans un logement approprié, s'il donne un avis de
trois mois, et le locataire peut faire réviser la décision par le TAL».
Mme Dufour : O.K., mais juste
pour bien comprendre, vous dites, c'est... O.K. parce qu'on est dans la
catégorie d'un bail d'un logement à loyer modique, hein?
M. Simard (Patrick) : Absolument.
Mme Dufour : C'est pour ça
que, quand même, si on dit un locateur, on parle juste du loyer à logement...
du logement à loyer modique ici.
M. Simard (Patrick) : Exact,
parce qu'on en est rendu à la section II sur le logement.
Mme Dufour : C'est ça. O.K.
Merci beaucoup.
M. Simard (Patrick) : Ça me
fait plaisir.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce que j'ai d'autres interventions sur l'article
3? Si je n'ai pas d'autre intervention, est-il adopté? Adopté. Merci beaucoup.
On passe donc à l'article 9, qui est costaud.
Mme Duranceau : Donc,
l'article 9. Alors : «L'article 1 ne s'applique pas aux évictions
suivantes :
1° une éviction visant un logement situé
dans une partie de territoire qui a été soustraite de l'application de
l'article 1, conformément à l'article 2, dans la mesure où l'avis d'éviction a
été...
Mme Duranceau : ...transmis
alors que cette partie de territoire était ainsi soustraite;
2° une éviction visant à changer
l'affectation d'un logement situé dans une résidence privée pour aînés dans les
situations suivantes :
a) le locateur est titulaire d'une
autorisation pour l'exploitation d'une telle résidence visée à l'article 557 de
la Loi visant à rendre les... le système de santé et de services sociaux plus
efficace (2023, chapitre 34) et, à la fois :
i. Santé Québec a fait... a fait droit à
sa demande de révoquer l'autorisation, conformément à l'article 637 de cette
loi;
ii. le logement se situe dans les lieux
auxquels la révocation s'applique, lorsqu'il s'agit d'une révocation partielle;
b) le locateur est titulaire d'une
attestation temporaire de conformité visée à l'article 346.0.2 de la Loi sur
les services de santé et services sociaux pour les Inuits et Naskapis (chapitre
S-4.2) ou d'un certificat de conformité visé à... visé à l'article 346.0.4 de
cette loi et, à la fois :
i. le plan de cessation des activités du
locateur a été approuvé conformément au quatrième alinéa de l'article
346.0.17.1 de cette loi;
ii. le logement se situe dans la partie de
la résidence visée par le plan, lorsque le locateur cesse ses activités à
l'égard de cette partie seulement.
Donc, je vous offre les notes
explicatives. L'article 9 du projet de loi prévoit certains cas particuliers
qui ne seraient pas visés par l'interdiction d'évincer un locataire qui est
prévue à l'article 1 du projet de loi.
D'une part, dans le cas où un territoire a
été soustrait à l'application du moratoire par une décision du gouvernement, un
processus d'éviction amorcé pendant la période de soustraction pourrait se
poursuivre même si cette soustraction devait prendre fin.
D'autre part, l'interdiction ne
s'appliquerait pas dans le cas de la cessation des activités d'une résidence
privée pour aînés. Il est à noter qu'un tel changement d'affectation
demeurerait régi par l'article 1955.1 du Code civil dans le cas où le logement
était toujours offert à des fins d'habitation. Donc, voilà.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que j'ai des interventions sur l'article 9? Si... Je
n'ai pas d'interventions? Oui, Mme la députée de La Pinière.
Mme Caron : Non... Bien, pour
confirmer ma compréhension. Donc, les RPA ne sont pas assujetties au moratoire,
c'est bien ce que je comprends? On parle de RPA autorisées, qui ont... qui ont
leur autorisation, et... Parce que, si, par exemple, la RPA doit fermer, il y a
déjà un avis qui est donné au CISSS ou au CIUSSS et il y a un certain... il y a
comme neuf mois durant lesquels les personnes doivent être relocalisées avec
l'aide de la RPA et du CIUSSS. C'est bien de ça qu'il s'agit ici ou il y a...
Mme Duranceau : Oui.
Exactement. Parce qu'il y a déjà un régime qui prévoit ce qui se passe avec les
RPA. Donc, on ne vient pas... on ne touche pas à ça avec le moratoire. C'est
déjà visé et bien chapeauté par le secteur de la santé.
Mme Caron : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce que j'ai d'autres interventions sur l'article
9? Alors, je vais placer l'article 9 aux voix. Est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Adopté. Merci beaucoup. Nous allons passer à l'article 10.
Mme la ministre.
Mme Duranceau : Oui.
Donc : Jusqu'à la date de l'entrée en vigueur de l'article 1293 de la Loi
visant à... visant à rendre le système de santé et des services sociaux plus
efficace, le sous-paragraphe b du paragraphe 2 de l'article 9 de la présente
loi doit se lire en y supprimant, dans ce qui précède le sous-paragraphe i,
«pour les Inuits et les Naskapis».
Donc, l'article 10 du projet de loi est
une disposition transitoire qui ajusterait le libellé de l'article 9 du projet
de loi pour tenir compte de l'entrée en vigueur de certaines dispositions de la
Loi visant à rendre le système de santé et des services sociaux plus efficace.
...disposition transitoire.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Donc, est-ce que j'ai des interventions sur l'article 10?
Mme la députée de La Pinière.
Mme Caron : Merci. Alors,
est-ce que je comprends que c'est une concordance avec la nouvelle loi sur
Santé Québec?
Mme Duranceau : Effectivement,
oui. C'est ça.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, aie-je d'autres interventions? Non. Alors, est-ce
que l'article 10 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Adopté. Merci beaucoup. On passe maintenant à l'étape
suivante, qui est la protection accrue des aînés, avec l'article 5. Mme la
ministre.
Mme Duranceau : Oui.
Donc : L'article 1959.1 de ce code est modifié :
1° par le remplacement, dans le premier
alinéa, de «au revenu» par «à 125 % du revenu»; et
2° par le remplacement de «70» par «65»,
partout où...
Mme Duranceau : ...cela se
trouve.
Donc... Est-ce que je suis obligée de
relire... Je ne lis pas l'article au grand complet, hein, le nouvel...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Juste les notes explicatives.
Mme Duranceau : Juste la note
explicative. Donc, l'article 5 du projet de loi modifierait
l'article 1959.1 du Code civil, qui concerne les droits des locataires
aînés.
La modification proposée ferait en sorte
qu'il serait interdit d'évincer un locataire ou de reprendre son logement s'il
est âgé de 65 ans ou plus, s'il occupe le logement depuis au moins
10 ans et s'il a un revenu égal ou inférieur à 125 % du revenu
maximal lui permettant d'être admissible à un logement à loyer modique.
Actuellement, cette protection est
accordée aux locataires qui sont âgés de 70 ans ou plus et dont le revenu
est égal ou inférieur au revenu maximal pour être admissible à un logement à
loyer modique.
Les exceptions à cette protection seraient
également ajustées afin qu'un locateur puisse reprendre le logement s'il est
lui-même âgé de 65 ans ou plus ou s'il souhaite loger une personne de
65 ans ou plus.
Alors, voilà. Je pense qu'on connaît bien
les mesures en question. On en a parlé pas mal, mais je laisse mes collègues
commenter...
• (16 h 50) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci.
Mme Duranceau : ...ou poser
des questions.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que j'ai des interventions sur l'article 5? Mme
la députée de... Je n'ai pas vu qui a levé la main en premier. On va y aller
avec des Mille-Îles. Hé! je vais finir par vous appeler des Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Des Mille-Îles, on poursuit avec Sherbrooke après.
Mme Dufour : On va vraiment faire
une fusion avec...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui.
Mme Dufour : ...mon collègue
des Îles-de-la-Madeleine. Bien, je m'en vais... je m'en vais là cet été,
collègue.
Écoutez, donc je veux juste revenir
pour... sur l'âge. Il y a eu des échanges lors de... du projet de loi
n° 31 où on discutait. Il y a eu des amendements qui avaient été déposés
pour diminuer l'âge à 65 ans. On avait proposé 27 ans... 67 ans,
mais finalement c'est un autre... un autre député qui l'a... qui l'a déposé
l'amendement, mais, bref, on était sur les mêmes... le même raisonnement de
changer l'âge dans tous les cas pour réduire... parce qu'on voyait qu'il y
avait des personnes qui se retrouvaient évincées parce qu'elles arrivaient sur
le bord de, tu sais, à 69 ans... ah! la personne est évincée probablement
pour faciliter, disons, pour... Ça fait que là... là, aujourd'hui, on... bien,
on va baisser à 65 ans. Il y a eu un paquet d'échange lors du projet de
loi n° 31. À l'époque, ce n'était pas... la ministre n'était pas en
faveur. Et je l'ai mentionné plus tôt ce matin, la députée de Labelle
mentionnait des cas de potentielle discrimination qui avaient été évoqués, là.
Si je ne me trompe pas, là, les propos... je vais juste le retrouver ici. Elle
disait que son... que la personne, elle... Je vais lire exactement les propos
ici. Vous savez ça a été quoi sa réaction lorsque le propriétaire en question a
su que ça pourrait baisser à 65 ans, il a dit : Il n'y a plus
personne qui va louer à des personnes âgées, ça fait qu'il y a des effets
pervers. Donc là, je voudrais juste m'assurer qu'on a bien regardé ça puis, tu
sais... En fait, ce n'est pas la ministre qui va pouvoir corriger cet enjeu-là,
là. C'est vraiment la bonne foi des locateurs. Mais ce qu'on ne souhaite pas,
c'est que des gens qui aujourd'hui ont 64 ans, qui résident dans leur
logement depuis 10 ans, ils se retrouveraient mis à la porte, tu sais,
parce qu'ils auraient 64 ans. C'est ce qu'on... C'est ça, c'est ce qu'on
ne souhaite pas. Ça fait que, dans le fond, là, ce que je veux juste dire,
c'est que les effets pervers qui étaient mentionnés par la députée de Labelle,
c'est un risque réel, mais on espère comme société, on va... on va... on va
avoir un petit peu de... je ne sais pas comment le dire, là, mais de se
préoccuper, de compassion, de l'ensemble des gens. Puis là, par la suite, je
pense que... Est-ce que c'est dans cet article-là... Non, c'est ça. Le revenu,
on y reviendra. Non, c'est aussi dans cet article qu'on change le revenu, et là
le revenu, je voudrais entendre la ministre là-dessus, parce qu'on parlait dans
les... dans les amendements précédents, de l'augmenter à 150 %. Ça,
c'était dans le projet de loi n° 31. Là, on est à 125 %. Comment ça a
été établi? Pourquoi 125 %? Pourquoi pas plus, moins? Je voudrais juste
comprendre, là, s'il y a des analyses qui ont été faites et si on a estimé
c'était quoi, la distinction. Ça représente quoi aussi comme montant, là, comme
revenu? Juste avoir plus de détails, là, à cet effet-là.
Mme Duranceau : Oui. Deux
points, là. Effectivement, le «65 ans», là, je partage un peu le
commentaire de ma collègue des Mille-Îles. On peut dire qu'il va y avoir de la
discrimination. On peut le dire, ça a été... ça a été dit, je pense, depuis le
début, là, depuis que cette mesure-là a été...
Mme Duranceau : ...mise de
l'avant il y a X nombre d'années. Maintenant, est-ce que c'est anecdotique?
Est-ce que c'est réel? Encore une fois, là, moi, je suis... Je me dis :
Dans la balance des inconvénients, le risque de discrimination versus le risque
réel d'éviction puis le stress pour les personnes âgées en question, puis
souvent peut-être... probablement plus âgées que 65 ans, je pense qu'on...
comme société, on est capable de vivre avec... avec ce risque-là, pour les
raisons que vous avez évoquées, là, tu sais, pour être plus humain, tout le
monde.
Alors, c'est ça. Donc, c'est pour ça que
moi, j'ai cheminé sur ça, le 65 plutôt que 67, plutôt que quelque autre chiffre
que ce soit. Encore une fois, il y a le mérite d'être clair. C'est le chiffre
généralement reconnu de la retraite, là, ce n'est pas tout le monde qui prend
sa retraite à 65, mais c'est un chiffre qui est connu de tous. Alors, je pense
que ça aussi ça permet d'apaiser les craintes. Ça fait que ça, c'est pour
l'âge.
Pour le revenu, bien, encore là, tu sais,
c'est une question d'équilibre. Ça fait que 125, on était, je pense, dans
l'équilibre, pas d'avoir coupé la poire en deux, mais, tu sais, vous demandiez des
chiffres, là. À Montréal, avec les données de 2023, parce que les seuils de
revenus sont ajustés à chaque année, avec les chiffres de 2023, dans le
scénario actuel, à 100 %, il faudrait que la personne seule ou en couple,
une chambre, ait un revenu qui ne dépasse pas 38 000 $. Avec la
modification qu'on vient proposer à 125 %, on passerait à 47 500 $ de
revenu. Tu sais, ça... c'est quand même un chiffre qui est...
Mme Dufour : 47
500 $....
Mme Duranceau : Pour
Montréal.
Mme Dufour : Pour une
personne.
Mme Duranceau : Personne
seule ou en couple dans une chambre. À Trois-Rivières, le chiffre actuel, c'est
31 500 $, deux personnes qui ne sont pas en couple, deux chambres, je ne
sais pas pourquoi c'est écrit comme ça, là, 31 500 $. Puis, avec la
modification, on passerait à 39 000 $. Ces chiffres-là, ils varient selon
les régions.
Mme Dufour : Attendez,
39 000 $, ce n'est sûrement pas le montant qui est admissible à un
loyer... à un loyer modique, là.
Mme Duranceau : Bien, c'est
pour deux personnes.
Mme Dufour : Ah! C'est ça.
Mme Duranceau : C'est ça,
c'est ça, dans ce cas-là, à Trois-Rivières.
Mme Dufour : ...puis une
personne.
Mme Duranceau : C'était pour
donner différents exemples. Là, je n'ai pas le une personne, là, on va me les
sortir.
Mme Dufour : Je pense que ça
nous donnerait un meilleur... comparaison.
Mme Duranceau : Mais
Montréal, c'est...
Des voix : ...
Mme Duranceau : Alors, je les
ai par région. Mettons, Québec...
Une voix : ...
Mme Duranceau : ...c'est ça,
ça fait que, là, je n'ai pas le 125 %. Mais, dans la région de Québec, un
couple ou une personne, le chiffre actuel, c'est 34 500 $. Bien là, il
faut le majorer de 25 %.
Mme Dufour : Oui, mais une
personne, c'est le même montant? Un couple ou une personne, ça ne devrait pas
être le même montant.
Une voix : ...
Mme Duranceau : Si une
personne se qualifie, la mesure s'applique.
Mme Dufour : O.K., mais on
dit : 34 000 $, je... j'ai des doutes, là, qu'à 34 000 $ de
revenus, on se qualifie pour avoir accès à un HLM. Ça me semble élevé.
Mme Duranceau : Bien, ça
dépend des villes, là, à Québec, c'est ça. Un couple ou une personne qui fait
34 500 $ va se qualifier. Là, je ne sais pas si quelqu'un veut le
préciser, là.
Des voix : ...
Mme Duranceau : C'est par
rapport à la typologie du logement, là. Ça fait que le chiffre dont il
faudrait... ou la colonne, là, dans nos chiffres, là, qu'il faudrait utiliser,
c'est... pour Montréal, exemple, actuellement la personne fait 38 000 $,
mais là on protégerait jusqu'à un revenu de 47 500 $. À Québec, le chiffre
qui serait reconnu, actuellement, c'est 34 500 $, la modification permettrait
d'aller jusqu'à 43 125 $. Tu sais, on ratisse quand même plus large. Puis
l'idée, pour nous, c'est de rester dans l'équilibre par rapport à ça.
Mme Dufour : Oui, bon, est-ce
que ces chiffres-là, ce tableau là, il peut être déposé?
Mme Duranceau : C'est sur le
site de la SHQ. C'est le plafond des revenus déterminant les besoins.
Mme Dufour : Mais avec le
125 %?
Mme Duranceau : Bien là, la
modification n'est pas faite, non, parce que...
Mme Dufour : Non, mais c'est
ça, mais vous avez... ce n'est pas ça que vous avez dans votre tableau.
Mme Duranceau : ...juste des
calculs...
Mme Dufour : O.K. O.K. Je
comprends. O.K.. Je veux juste revenir. Tout à l'heure, on parlait, là, de
la... du risque de... peut-être de discrimination...
Mme Dufour : ...pour une
personne qui arrive proche de 65 ans, est-ce que le tribunal administratif
peut, disons, établir si... Si une personne s'est... Si on peut établir qu'une
personne a été évincée parce qu'elle arrivait à un âge où elle aurait été
protégée, finalement, est-ce qu'il y a moyen d'aller au tribunal administratif
pour démontrer, finalement, que c'est de la discrimination, l'acte qui a été
fait, basée sur l'âge, parce que c'est interdit? C'est ce que je comprends. Ce
serait interdit, la discrimination sur l'âge.
Mme Duranceau : Mme la
Présidente, je vais demander à mon...
Une voix : Président.
M. Simard (Patrick) : Alors,
la réponse, c'est oui. Effectivement, s'il y a discrimination, le TAL a la
compétence, en vertu notamment des dispositions de la Charte québécoise et il
peut attribuer des dommages punitifs dans cette mesure-là, également.
Mme Dufour : O.K.
Donc... Donc, ça, ça pourrait être une façon de faire connaître cette... cette
possibilité-là pour que les gens qui auraient... qui seraient à risque d'être
évincés, éventuellement, quand la mesure, le moratoire sera tombé, bien,
pourraient aller au TAL, c'est ce que je comprends, si jamais ils étaient... ils
suspectaient d'être évincés pour la raison de leur âge.
• (17 heures) •
M. Simard (Patrick) : C'est
exact. Mais je veux juste m'assurer que, pour ceux et celles qui nous écoutent,
on fait la précision, avant la conclusion d'un bail - parce que tout à l'heure
on parlait de ne pas permettre à quelqu'un, notamment, d'avoir accès en raison
de son âge - avant la conclusion du bail, la compétence pour recevoir la
plainte, faire l'enquête et déposer des accusations, c'est attribué à la
Commission des droits de la personne, la CDPDJ. Mais une fois que le bail est
conclu, le TAL assume sa pleine compétence et applique les dispositions de la
charte et du Code civil.
Mme Dufour : Parfait. Et
est-ce que ce serait la même chose pour quelqu'un qui serait sur le bord
d'atteindre le 10 ans de durée, là, dans le logement, mais qui aurait...
qui serait encore en bas du 65 ans? Est-ce que cette personne-là aurait
moyen d'aller au TAL pour dire que c'est une éviction de mauvaise foi? Puis là
ce n'est pas basé sur l'âge, ce n'est pas de la discrimination, c'est sur la
durée du bail ou de la durée dans le logement.
Mme Duranceau : Bien,
allez-y.
M. Simard (Patrick) : En
fait, les critères de discrimination sont ceux prévus à la charte. Alors, on
applique uniquement ceux qui sont là. Alors, dans la mesure où il y a une
discrimination sur l'âge, et là, entendons-nous, là, ce n'est pas de
dire : Tu es âgé. Donc, tu as une protection aussi. Tous les cas de
discrimination sur l'âge. Même chose également sur le genre, le fait d'être
enceinte, i l y a plein de dispositions sur la discrimination, là. Je pense que
c'est important de se le rappeler. Mais ceci étant, sur la durée de
l'occupation, j'aimerais juste peut-être plus de précision sur le cas de figure
pour être sûr d'avoir une réponse plus complète.
Mme Dufour : Oui. Bien,
en fait, on dit qu'une personne, pour répondre aux critères, là, de la
protection pour les aînés, il faut avoir actuellement 70 ans, résider dans
son logement depuis au moins 10 ans et... Bien, dans le fond, c'est vrai
que je me suis répondu à moi-même en le disant. Le 10 ans ne
s'appliquerait pas à ce moment-là. Oubliez ma question.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je vais reconnaître la députée de Sherbrooke qui, je pense,
a un amendement à déposer.
Mme Labrie : Effectivement.
Merci. Je vous en ai passé, Mme la Présidente. J'ai un amendement qui a été
envoyé sur Greffier. Je peux en faire lecture dès que vous me faites signe. Je
l'ouvre.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...
Mme Labrie : Oui. Donc,
à l'article 5 du projet de loi :
1° remplacer, au paragraphe 1°,
«125 %» par «150 %»;
2° ajouter, à la fin, le paragraphe
suivant :
3° par le remplacement, dans le premier
alinéa, de «10» par «cinq».
Je ne surprendrai personne ici. J'avais
annoncé mes intentions à maintes reprises. Écoutez, simplement par souci de
protéger le plus d'aînés possible, en fait, on revient à la charge, notamment
sur la disposition, là, du nombre d'années passées dans le logement, qui est
intouché avec le projet de loi actuel qu'on voudrait faire baisser de 10 à
cinq. On intervient également sur le revenu. Il y a eu un pas qui a été fait
par la ministre, de monter jusqu'à 125 % du revenu admissible. Moi, j'ai
quand même l'impression qu'il y a eu une décision de couper la poire en deux,
là, du côté du gouvernement. Les arguments ne semblent pas clairs, là, pour
expliquer de ne pas être allés jusqu'à 150 % du revenu admissible. Donc,
je vous soumets qu'on devrait poser ce geste d'élargir, tel que nous le
recommandent, en fait, des groupes de défense de droits pour aînés. Ce sont des
demandes qui ne sortent pas de la tête du député de Laurier-Dorion ou de la
mienne. Ce sont des recommandations...
17 h (version non révisée)
Mme Labrie : ...recommandations
qui viennent des groupes qui ont soutenu, notamment, ces demandes-là dans les
derniers mois. Là, je pense à la FADOQ, je pense à l'AQDR, donc, le groupe de
retraités également. Ce sont eux qui ont identifié qu'on avait besoin de ces
mesures-là pour protéger davantage les aînés. Donc, je reviens à la charge ici
pour qu'on puisse éventuellement parvenir à remplir leurs demandes.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Mme la ministre.
Mme Duranceau : Bien,
écoutez, comme on dit, là, «fair enough», c'est correct. La notion de 10 ans
versus cinq ans, bon, évidemment, là, moi, dans tout ça, dans toute la démarche
puis l'évolution, bien, il y avait toujours un souci de maintenir l'équilibre
aussi, toujours, entre bien protéger les locataires aînés, mais aussi tenir
compte des intérêts des propriétaires dans tout ça.
Mais, si on revient sur le plan plus
technique, le 10 ans, je pense qu'il correspond... la... tu sais, un
enracinement réel, là, dans un milieu qui justifie de venir restreindre un peu
les droits de quelqu'un d'autre, là, dans le contexte. Alors, c'est pour ça qu'on
était confortables avec le maintien du 10 ans.
Puis, au niveau des revenus, bien, on a
fait... encore là, c'était une question d'équilibre, mais on a fait un pas qui
est important, là, je pense, en passant à 125 %. Ça représente... La
mesure qui avait le plus d'impact, d'ailleurs, là, ça représente 24 000...
environ 24 000 ménages de plus qui sont protégés, plus d'impact d'ailleurs
que le 10 ans, là. Donc, c'est ça. Moi, je pense que c'est encore une fois
dans l'équilibre, puis, pour que la mesure... qu'il y ait une adhésion de tout
le monde à cette mesure-là, bien, c'est là où on pouvait aller. Je pense... ça,
ça va avoir ses effets. On est à des seuils de revenus qui sont quand même
importants.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. D'autres interventions? Alors, si je n'ai pas d'autres
interventions, Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui. Merci. Moi,
j'aurais une question. Justement, la ministre a mentionné les 24 334 ménages
additionnels, la mesure qui est proposée dans le projet de loi n°65. Est-ce que
la députée de Sherbrooke... Est-ce qu'ils ont fait une analyse du combien de
ménages supplémentaires la mesure permettrait de protéger, la mesure qui est
proposée ici?
Mme Labrie : Par rapport aux
revenus, on est capable de le savoir, effectivement, parce qu'il existe des
données sur le nombre de personnes de tel âge qui touchent tel revenu. Donc,
oui, on protégerait plus de ménages avec cette mesure-là.
Par rapport au nombre d'années dans le
logement, à ma connaissance, ce n'est pas possible, parce qu'on n'a pas trouvé
de données qui viennent dire combien de temps les gens vivent dans leur
logement, là. Moi, ça, je n'ai pas eu connaissance de données comme celles-là,
je vois le président du TAL qui me fait signe qu'il n'en possède pas non plus.
Donc, simplement, sur le terrain, ce qu'on
constate, c'est que, quand la ministre parle d'enracinement, après cinq ans, on
est déjà bien enraciné dans son quartier. Tu sais, l'idée, là, d'éviter le
déracinement d'une personne aînée puis de favoriser qu'elle puisse vieillir à
domicile, notamment, c'est qu'elle soit dans un environnement où elle est bien,
où elle a un lien de confiance avec son voisinage, où elle connaît les
ressources de sa communauté. Ça, c'est particulièrement important pour le
sentiment de sécurité chez soi qui est recherché, là, par les aînés. Donc,
après cinq ans, on a ça, là, on a cette connaissance de notre voisinage, des
ressources dans notre quartier. On est habitué par exemple à l'offre de
transports en commun dans les environs, on a ce réseau de socialisation autour
de soi qui est atteint après cinq ans, là. Ça ne prend pas 10 ans, là,
tisser ce filet autour de soi dans son quartier.
Donc, oui, c'est un chiffre arbitraire,
comme 10 ans est arbitraire également par ailleurs, là. Mais, après cinq
ans, ça me semble assez clair, là, qu'il existe un enracinement dans le
quartier. Donc, c'est la raison pour laquelle on cible ce chiffre, qui est par
ailleurs préconisé aussi par les groupes de défense de droits des aînés.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Toujours sur l'amendement, le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Oui. Bien, en
fait, moi, je suis d'accord avec ces deux propositions-là, et je voulais savoir
si le ministère, si la ministre avait fait évaluer ce que ça coûterait, ce que
ça aurait comme impact, en fait, d'augmenter de 125 % à 150 %. Est-ce
qu'il y a un enjeu sur le fait que ça touche davantage de personnes? C'est ce
qu'on peut supposer. Donc, s'il y a un enjeu ou il y a un élément qui nous
semble positif, c'est l'objectif du projet de loi, c'est de...
M. Arseneau : ...pour
protéger les personnes de 65 ans et plus puis qu'on en protège davantage
en augmentant le seuil de revenu. Qu'est-ce qui nous restreint à cet égard-là?
Est-ce qu'on... est-ce qu'on sait combien de personnes ça toucherait de plus si
on passait de 125 à... en passant de 100 à 125, on l'a? Vous avez parlé de
24 000 personnes. Combien de plus, à 150? Est-ce que...
Mme Duranceau : 24 000,
c'est... c'est le 65... c'est de 70 à 65 ans, plus le 100 à 125. C'est ça.
M. Arseneau : O.K. C'est les
deux facteurs.
Mme Duranceau : Il n'y a pas
un coût additionnel encore là. C'est une question d'équilibre là, dans... dans
le marché, on vient restreindre aussi les... les droits des uns pour en donner,
tu sais, aux autres. Alors, on est dans un... on est dans un... une recherche
d'équilibre ici, là. Alors, c'est pour ça qu'on... on a préconisé le 65 ans,
là.
M. Arseneau : Mais
l'équilibre, c'est... c'est un élément que vous ramenez constamment. Mais, si
on parle ici du revenu, c'est la capacité de se reloger qui est en question.
Est-ce qu'on a une idée que la capacité de se loger, si on dépasse le
125 %, est de loin supérieure en fonction des coûts de loyer observables
dans le marché actuel? Tu sais, parce que c'est de ça qu'il s'agit, au fond,
là.
• (17 h 10) •
Mme Duranceau : C'est ça.
Mais c'est pour ça qu'on fait un moratoire sur les évictions aussi, là, pour...
Tu sais, dans le contexte actuel... Parce que ma logique, moi, dans tout ça,
c'est qu'on peut mettre des patchs partout, là, puis légiférer, puis mettre le
fardeau sur les épaules d'un puis de l'autre dans ce contexte-ci, la vraie
solution, c'est de construire plus. Puis ce n'est pas à... aux propriétaires
actuels à tout avoir le fardeau de la crise du logement sur... sur leurs
épaules. On veut garder un équilibre, mais, dans le contexte actuel, il faut
protéger les plus vulnérables, les aînés en particulier. Ça fait que ça, c'est
ce qu'on vient accomplir ici. On... avec le moratoire, on protège par ailleurs
tout le monde. Puis dans... pendant ce temps là, bien, on a d'autres mesures
qui, elles, sont... sont vraiment structurelles, puis viennent augmenter... ils
vont finir par augmenter l'offre de logement, puis ça, ça va mieux servir tout
le monde. Alors là, moi, je suis dans la recherche d'un équilibre précaire. Je
pense qu'on fait un grand bout, là, ici.
M. Arseneau : Mais moi, je
cherche aussi à trouver le meilleur équilibre, mais, quand il est question de
capacité financière, on ne peut pas être dans des concepts abstraits, mais on
peut ramener ça à un coût de loyer versus à une capacité de payer, il me semble
que c'est calculable, ce n'est pas juste ressenti. Et c'est la raison pour
laquelle je vous pose la question à savoir si, de façon mathématique, on peut
prouver que monter à 150 %, c'est... c'est exagérément généreux comme
protection offerte à des gens qui ont 65 ans et plus et qui habitent leur
logement depuis 10 ans, lorsqu'ils seraient victimes d'éviction au-delà de
la période du moratoire, parce que cette mesure-là, elle est pérenne, elle est
là pour rester, ou encore ce que... ce que je comprends, c'est qu'il y a
également la question de la notion de la reprise ici, là. La reprise n'est pas
touchée par le moratoire, mais elle est touchée par l'article qu'on vient
changer pour de bon ici, là, l'article du Code civil, 1959.1. Donc, si une
personne de 65 ans et plus se voit évincée, mais dans le cadre d'une
reprise, sa capacité de payer est en jeu. On dit que 100 %, là, du seuil,
ce n'est pas suffisant. C'est pour ça qu'on l'augmente à 125 %. Sur quelle
base mathématique est-ce qu'on trace la ligne à 125 %, plutôt que
150 %? C'est ce que j'essaie de comprendre.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je vais laisser la parole à la députée de Sherbrooke qui
va, j'imagine, ajouter.
Mme Labrie : Je vois que ça
intéresse beaucoup mes collègues. Nous, on a… on a certaines données, là, qu'on
a calculées. Comme je vous ai dit, sur le cinq ou 10 ans de résidence dans
le logement, on n'a pas trouvé de données là-dessus. Par contre, en fonction du
revenu d'admissibilité puis de l'âge, on a calculé certaines choses. Donc, à
partir des données...
Mme Labrie : ...de 2023, le
statu quo actuel, avant qu'on modifie avec la loi, avec une limite d'âge de
70 ans, puis 100 % du seuil d'admissibilité, ça protégeait, selon nos
calculs, 23 000 personnes environ. Si on abaisse cette limite d'âge à
65, comme on est en train de le faire puis qu'on laisse ça à 100 % du
revenu comme en ce moment, ça nous fait passer à 55 000 personnes.
Puis moi, je parle de personnes, je sais que les chiffres ministre parlaient de
ménages, moi, je parle de personnes. Ici... là, je ne l'ai pas pour 125 %
précisément, là, mais on a calculé un facteur de 1,2 %, donc disons
120 %. Avec 65 ans, ça nous a amenés à 72 000 personnes.
Puis si on se rend à 150 % et à 65 ans, tout en maintenant le
10 ans, par ailleurs, c'est 98 000 personnes, selon nos calculs,
qui ne seraient pas protégés, là, par l'élargissement de la loi. Donc, entre
l'avoir autour de 125 % et 150 %, c'est quand même plusieurs dizaines
de milliers de personnes d'écart, là, qui sont protégées de plus. Ça, c'est les
chiffres qu'on a, là, qui datent des données disponibles, là, pour 2023. C'est
ce que j'ai à ma disposition pour éclairer mes collègues. Je remercie par
ailleurs Gabriel Laurence-Brook de notre équipe de recherche qui a fait ces
tableaux pour le Québec en entier.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la ministre.
Mme Labrie : Si la ministre a
des chiffres différents, moi, je l'invite à nous les partager. On a fait ce
qu'on pouvait avec les données auxquelles on avait accès. Peut-être qu'elle en
a des différentes.
Mme Duranceau : ...un
instant. Tu sais, parce que vous me parlez de capacité de payer, puis là je
vous ai donné les chiffres de 2023 de PRBI parce que ceux de 2024 ne sont pas
publiés, là. Mais je vais quand même vous donner le chiffre pas publié pour
Montréal. Ça va augmenter le revenu à 50 000 $. Les personnes visées,
c'est 50 000 $. Puis là, si on calcule un loyer abordable pour une
personne, on dit 30 % de son revenu, donc... Ça fait qu'on fait
50 000 $ fois 30 %, tu divises ça par 12, ça donne
1 250 $ par mois. Ça veut dire que tu disposes de 1 250 $
par mois pour payer ton loyer. Là, évidemment, loyer, SCHL à Montréal, loyer
moyen, ce n'est pas les nouvelles constructions, tout ça, on est à 1 074,
ça fait qu'on est dans des balises qui, tu sais, techniquement, ces
personnes-là sont capables de payer le loyer moyen. Là, on peut débattre, là.
Tu sais, si c'est un nouveau logement...
Mme Labrie : ...du fait que
le montant que vous donnez, là, c'est pour le loyer moyen, pas ceux qui sont
disponibles sur le marché au moment où la personne cherche un logement.
Mme Duranceau : C'est ça que
je dis, on peut débattre. Si c'est un nouveau logement, ce ne sera pas le même.
Mais là...
Mme Labrie : Mais
c'est-à-dire qu'il n'a pas besoin d'être récent, là, ça peut être un très vieux
logement, mais qui est remis sur le marché. La personne qui cherche, elle ne
cherche pas parmi tous les logements occupés.
Mme Duranceau : Oui, si on
présuppose que les règles ne sont pas respectées. Mais, écoutez, on peut...
c'est sûr qu'on peut sans s'enliser, là, j'ose l'utiliser, dans un débat de
chiffres, là, puis il y en a amplement sur la question, mais moi, pour pouvoir
convaincre tout le monde dans mon caucus, notre gouvernement, d'aller faire un
pas dans ce dossier-là... Puis je pense que, tu sais, que tout le monde est
d'avis qu'il faut aider les gens qui sont en situation difficile, vulnérable.
Puis on est confortable avec la notion de 125 % puis d'avoir abaissé
l'âge, parce qu'il y a quand même un équilibre qu'on maintient là-dedans, qui
tient compte de toutes les parties. Alors, je vous dirais que c'est un grand
pas, mais c'est un pas qui est nécessaire dans les circonstances, que je suis
très à l'aise de défendre. Mais là, c'est ça, c'est ça, les chiffres proposés.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui. J'ai une
question, parce que, tout à l'heure, il y a des chiffres qui ont été mentionnés
sur les revenus, puis là j'avais des doutes, puis là on a ouvert le document
qui est sur le site de la SHQ, et on a ici... on dit : Il y a différents
revenus selon le pointage. Ça dit : revenu maximal admissible pour un
pointage de 6, de 2, je crois, de 4 et de 2. C'est lequel qu'on doit regarder
puis qu'est-ce que ça veut dire exactement, le pointage? Là, là, je suis... je
ne connais pas cette particularité-là.
Mme Duranceau : Je vais
laisser Me Simard commenter.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Me Simard.
M. Simard (Patrick) : Merci.
Votre question est fort pertinente parce que ça a fait l'objet de réflexions,
peut être même j'irais jusqu'à dire de débat au sein du tribunal, bien, parce
que les données, là, auxquelles vous avez eu accès...
M. Simard (Patrick) : ...il y
a quelques instants, qui sont publiés, là, c'est pour l'attribution de
logement, ça sert à ça. Mais, cependant, dans la disposition, on y réfère dans
le Code civil pour une protection. Alors, la jurisprudence majoritaire du
temps, c'est d'utiliser, faisons ça simple, la colonne 1. Et, si une personne
se qualifie dans le logement à titre de locataire, on s'entend, pas un
occupant, un locataire qui se qualifie, j'allais dire un sur deux ou un sur
trois, bénéficie de la mesure pour l'ensemble du groupe quant à l'éviction.
S'il rencontre le critère de la colonne, couple ou une personne, à 125 %
dans la mesure proposée en ce moment.
Mme Dufour : Oui, oui, mais
il y a trois tableaux différents avec des revenus fort différents selon, puis
là c'est le titre, en haut du tableau, qui dit «revenu maximal admissible pour
un pointage de six, par exemple. Là, laisse-les dans le six, reviens en haut.
O.K. la Capitale-Nationale, par exemple, c'est 17 500 ici, plus loin, c'est
34 000. Donc, essayer de comprendre c'est quoi, la différence entre ces
différents tableaux là... Est-ce qu'on peut déposer le bon tableau.
• (17 h 20) •
Mme Duranceau : ...qu'on peut
déposer le bon tableau auquel référer.
Mme Dufour : Oui, mais nous,
si on est sur le site de la SHQ, c'est lequel qu'on regarde?
M. Simard (Patrick) : C'est
celui qui s'intitule Plafond de revenu déterminant les besoins impérieux.
Mme Dufour : O.K. Parce que,
sur le site, ça dit : Grille de pondération des revenus pour les demandes
de loyer... logement à loyer modique.
M. Simard (Patrick) : Il faut
vraiment, si vous voulez utiliser un moteur de recherche, utilisez le mot-clé
«plafond, besoins impérieux».
Mme Dufour : Mais vous
comprenez la confusion. Dans la même page, il y a d'autres revenus qui ont liés
à avoir accès à un logement à loyer modique.
M. Simard (Patrick) : J'imagine
qu'il y a des collègues de la SHQ qui vous entendent.
Mme Dufour : J'espère qu'on
va faire un peu de ménage sur le site, parce que...
Mme Duranceau : Ce n'est pas
ça...
Mme Dufour : Non, mais c'est
parce que ce n'est pas clair, Mme la ministre. Ça dit que c'est pour les
logements à loyer modique puis, dans ce tableau-là, il y a trois catégories de
revenus différents. Donc là, je comprends, je regarde, et ce que je vois,
c'est, effectivement, «couple ou une personne», et là pour la... de Québec, par
exemple, ce qu'on donnait, c'est 34 500. Donc là, à 150 %, qui est la
proposition de la députée de Sherbrooke, là on tombe à un revenu de 51 000.
Pour une personne à la retraite, c'est quand même des revenus supérieurs à la
très grande majorité, là. Ma collègue me disait...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...
Mme Caron : Merci. Il y a
près de 800 000 personnes de 65 ans et plus qui vivent avec moins de
25 000 $ par année.
Mme Dufour : Donc, à 51 000,
on est dans des aînés qui, quand même, ont des bons revenus de retraite, là.
Donc, moi... En tout cas, je comprends la proposition, mais je veux juste le
souligner, il y a quand même... c'est déjà une grande avancée, le 125 %.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que j'ai d'autres interventions? Oui.
Mme Labrie : ...de faire un
commentaire en lien avec ce que ma collègue vient de dire, parce
qu'effectivement il y a des aînés qui sont beaucoup plus démunis que ça, là,
c'est très juste de le nommer. Ici, on parle d'un critère d'admissibilité pour
être protégé contre les évictions, pas pour avoir accès à un logement à loyer
modique. Donc, même si on vient aller chercher 150 %, qui nous permettrait
d'aller protéger jusqu'à 90 000 personnes, ça ne va pas faire en sorte que ces
personnes-là vont être favorisées au détriment de d'autres qui seraient plus
démunies. Les personnes les plus démunies vont continuer à avoir accès en
priorité, bien sûr, à un logement à loyer modique. Ça n'enlève rien à personne,
en fait, qu'on protège jusqu'à ce niveau-là de revenus, là. Ça vient quand même
protéger des aînés qui sont, même s'ils ont un revenu d'une cinquantaine de
milliers de dollars par année, ils sont quand même... ils ont quand même
d'autres facteurs de vulnérabilité dans la société que quelqu'un, par exemple,
qui a mon âge puis qui a ce revenu-là. Donc, c'est pour ça que ça vaut la peine
de le faire.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui, merci, mais
je ne voudrais pas qu'on oublie qu'il y a des propriétaires aussi qui possèdent
ces logements-là puis qui, probablement, ne font même pas ces revenus-là avec
leur logement, parce qu'actuellement c'est très difficile, le coût des loyers,
et souvent, quand... Si c'est des gens que ça fait 10 ans qu'ils sont dans leur
logement, bien, les loyers n'ont pas augmenté à la vitesse, que les charges ont
augmenté pour les propriétaires. Donc, il faut être prudent. Ce n'est pas tant
pour le pourcentage, mais je le dis pour la deuxième proposition qui est de
remplacer de «10» par «cinq ans», le temps d'admissibilité pour la protection.
Déjà, les propriétaires ont de la difficulté à arriver. Il y a eu des cris du
coeur...
Mme Dufour : ...qui ont été
lancés par les groupes de propriétaires. On a vu des reportages récemment. On
pense que tous les propriétaires sont des grands riches, mais ce n'est pas le
cas actuellement. La plupart, c'est des petits propriétaires. Je pense que, si
je ne me trompe pas, c'est... la très grande majorité possède moins de cinq
unités et des unités... et souvent ce sont des personnes âgées elles-mêmes
parce qu'ils ont acquis un bien il y a fort longtemps. Et donc là, on... tu
sais, à un moment donné, il faut faire attention aussi de ne pas décourager
l'investissement puis de ne pas faire en sorte que finalement on saigne à blanc
les propriétaires.
Donc, je fais juste le souligner parce
qu'on l'oublie, qu'il y a des propriétaires derrière, qui eux-mêmes ont des
charges qui ont beaucoup augmenté dans les dernières années. Puis on parlait
tout à l'heure... j'en ai parlé, ils ne font pas les rénovations parce
qu'actuellement ils ne sont même pas capables rentrer dans l'argent qu'ils
devraient mettre pour réparer, pour réparer leurs... ou maintenir en ordre, là,
leurs logements. Donc... Donc, il faut être prudent. C'est... C'est ce que je
voulais dire.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce que j'ai d'autres interventions sur
l'amendement à l'article 5? Si je n'ai pas d'autre intervention,
l'amendement est-il adopté?
Des voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Par appel nominal. Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Labrie (Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire
: Mme Duranceau
(Bertrand)?
Mme Duranceau : Contre.
La Secrétaire
: Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
La Secrétaire
: Mme Boivin
Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
La Secrétaire
: Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
La Secrétaire
: Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Contre.
La Secrétaire
: Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme
Gendron
:
Contre.
La Secrétaire
: Mme Dufour
(Mille-Îles)?
Mme Dufour : Abstention.
La Secrétaire
: Mme Caron
(La Pinière)?
Mme Caron : Abstention.
La Secrétaire
: M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine)?
M. Arseneau : Pour.
La Secrétaire
: Mme Lecours
(Les Plaines)?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Abstention. L'amendement est donc rejeté. Nous revenons
donc à l'article 5. Est-ce que j'ai d'autres interventions? M. le député
des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Oui. J'avais
acheminé un amendement il y a déjà un bon bout de temps. Vous allez peut-être
reconnaître certains éléments.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Donc, on va ouvrir l'amendement. Je vais vous demander d'en
faire la lecture.
M. Arseneau : Ajouter, avant
le premier alinéa de l'article 5 du projet de loi, l'alinéa suivant :
par le remplacement, dans le premier
paragraphe, de «10 ans» plutôt que... par «cinq ans».
Donc, essentiellement, c'est la partie
deux de l'amendement qu'on vient de rejeter. Et la raison pour laquelle je le
présente, c'est, d'une part... c'est que j'avais présenté sans nécessairement
avoir consulté ma collègue de Sherbrooke, mais aussi parce que l'amendement de
la collègue de Sherbrooke comportait deux éléments. Alors, si on a refusé les
deux éléments en bloc, moi, je vous suggère qu'on peut accepter un seul des
deux éléments, qui me semble important, pour en avoir discuté longuement durant
l'étude du projet de loi n° 31, et qui permettrait véritablement, je
pense, de considérer les gens qui ont 65 ans et plus et qui ont un certain
revenu sur la même base, sans aucune discrimination, qu'ils aient le... occupé
un loyer pendant 10 ans ou pendant cinq ans.
Je m'explique. Ce dont il est question
aujourd'hui, c'est de voir des gens qui sont à la recherche d'un logement dans
un marché qui a explosé ces dernières années. Et, à cet égard-là, je
m'interroge sur la volonté et l'intention du législateur de juger que les
personnes qui ont un revenu comparable, qui ont le même âge puissent être
discriminées sur la base du fait qu'ils aient habité pendant cinq ou 10 ans, ou
sept ans ou huit ans dans un logement préalablement. Et en quoi est-ce que, si
j'ai demeuré dans mon logement, je me suis installé dans ma communauté ou dans
mon quartier depuis cinq ans... en quoi est-ce que ma capacité de me reloger,
si mon salaire est le même et j'ai le même âge, donc je suis à la retraite, et
ma capacité de... d'améliorer mon revenu n'est pas supérieure... pourquoi
est-ce que je devrais être moins protégé que mon voisin qui, lui, est là depuis
un peu plus longtemps que moi? Si je suis là depuis huit ans, je pense que je
suis assez bien installé. L'autre est là depuis 10, mais je n'ai pas plus de
revenus. Je ne suis pas plus jeune, je ne peux pas aller me trouver un emploi,
mais on me laisse tomber. Le législateur, l'État du Québec, me dit : Bien,
pour toi, malheureusement, ça ne sera pas la même protection. Et je trouve que
c'est un facteur discriminatoire dans une crise du logement qui est
difficilement défendable puis j'aimerais savoir pourquoi on le retient.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la ministre.
Mme Duranceau : Bien, je vais
répéter un peu ce que j'ai dit tantôt. On est dans la recherche d'un équilibre.
Puis je ne veux pas...
Mme Duranceau : ...balayer du
revers de la main, là... que ça soit cinq, six ans, sept ans, huit ans. Tu
sais, pour la personne qui a à emménager, ce n'est pas drôle, là, mais bon, on
fait un grand pas, on... puis ce n'est pas tant de faire un pas que de
préserver l'équilibre puis de reconnaître qu'il faut aider les... il faut
protéger les... les aînés qui ont effectivement un revenu, là, qui est fixe
compte tenu du fait qu'ils sont à la retraite. Mais je pense qu'on est encore
là dans un équilibre, on vient restreindre, protéger plus de gens, mais
peut-être mettre des contraintes sur les épaules de d'autres, puis il faut
tenir compte de tout le monde, là, dans ça. Alors, vraiment, moi, ce qui a été
discuté, et expliqué, et vendu à tout le monde, c'est vraiment cette
proposition-là, parce que c'est un équilibre. C'est un équilibre qu'on pense
qui est atteint avec les mesures telles qu'elles sont présentées.
Puis l'autre chose aussi, bien, moi, je me
suis laissée dire que, oui, cinq ans, oui, 10 ans, mais que la plupart des
personnes qui seront protégées par cette mesure-là, ce sont des personnes qui
sont en logement depuis bien plus longtemps que ça. Donc, oui, il y a des cas
d'exception probablement, mais que la majorité sont dans leur logement depuis
de nombreuses années bien au-delà de 10 ans.
• (17 h 30) •
Alors, le cinq ans me... ne me convainc
pas plus qu'il le faut, puis je suis dans, encore une fois, une recherche
d'équilibre qui est précaire dans le contexte. Puis je tiens à rappeler que le
moratoire sur les évictions, là, ça vient aussi tempérer les choses pour tout
le monde pour les trois prochaines années.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce que j'ai d'autres interventions?
M. Arseneau : Oui. Bien, je
vais continuer cet échange-là parce que pour moi, il est fondamental, à ce
qu'on est en train de faire en commission ici, puis on a une occasion, je
dirais, d'avoir une portée beaucoup plus importante pour un... un nombre
présumément beaucoup plus important de personnes qui sont dans la même
catégorie d'âge et dans la même catégorie de revenus. Et au concept d'équilibre
j'opposerais la valeur d'équité et le concept aussi d'une... d'un choix qui
semble vouloir limiter la portée de la protection en fonction de ce que je
comprends être, mais vous pourrez me valider, l'équilibre entre le droit du
locataire d'être protégé, lorsqu'il a un certain âge puis un revenu, disons,
peu élevé, et le droit par ailleurs, de ce que je crois comprendre, du
propriétaire, du locateur. Est-ce que c'est ça qu'on met en équilibre? Est-ce
que c'est ça l'idée? Parce que si c'était le cas, bien, il y a une double
discrimination. Il y a à la fois celle pour la même catégorie de personnes du
même âge avec les mêmes revenus qui sont protégés ou pas, selon le nombre
d'années qu'ils ont passé dans un logement, et il y a aussi la discrimination
envers les propriétaires de logements, les locateurs, qui, eux, s'ils ont eu le
malheur de retenir comme locataires pendant 10 ans ou plus les gens
qu'il... qui occupaient leur logement, bien, ils ont eu le lot de ne pas
pouvoir agir. Alors, que ceux qui retiennent ou qui gardent les mêmes
locataires moins longtemps, bien, ils ont cet avantage-là. C'est presque une
incitation à avoir un roulement plus grand. Comme ça, bien, on évite,
justement, de se soumettre à une protection comme celle-là. Alors, moi je pense
qu'on a les mauvais critères pour adopter un facteur de protection pour des
gens dont on dit que ce sera extrêmement difficile pour eux de se reloger, de
se reloger avec un revenu disponible qui n'est pas extensionnable, qui n'est
pas extensible, qui est difficile de rehausser dans un marché qui, évidemment,
explose.
Mme Duranceau : Bien, écoutez
votre argumentaire, il est valide, là, mais il faut tracer une ligne. Il faut
tracer une ligne. Il faut maintenir un équilibre. Avec les mesures qu'on met de
l'avant, on va protéger environ 60 000 ménages. Alors, je pense que
c'est un grand pas qu'on fait pour... collectivement, là, c'est un grand pas
qu'on fait...
17 h 30 (version non révisée)
Mme Duranceau : ...tous
ensemble pour protéger nos aînés, envoyer un message qui est clair, et la vraie
solution à la crise, ce n'est pas de légiférer toujours puis de rajouter des
couches, de rajouter des restrictions, c'est de construire plus. Puis toutes
ces questions là, elles vont être moins pertinentes s'il y a une offre de
logement qui est suffisante puis les gens auront des alternatives. Mais là, on
vient rajouter des mesures qui, celles-là, là, fondamentalement, elles sont
très bonnes, elles vont aider les gens vulnérables, peu importe les conditions
du marché. Notre moratoire sur les évictions, je pense que c'est la bonne
mesure dans les circonstances actuelles. Alors, moi, je reste dans l'équilibre
et je pense qu'on répond convenablement à la situation.
M. Arseneau : Lorsque la
ministre parle de 60 000 ménages qu'on va protéger, vous parlez des
ménages supplémentaires, c'est ce que vous évaluez?
Mme Duranceau : Non.
M. Arseneau : Non, au total.
Mme Duranceau : C'est 24 000 supplémentaires,
ce qui porte à 60 000, l'ensemble des ménages protégés par la mesure.
M. Arseneau : Puis ce qu'on
visait tout à l'heure, c'est qu'en abaissant la durée d'occupation de 10 à cinq
ans, nous, on n'est pas capable de mesurer combien de personnes ça toucherait.
Vous n'êtes pas capables de mesurer le nombre de personnes que ça toucherait,
mais vous dites qu'on romprait un équilibre. J'aimerais comprendre.
Mme Duranceau : Je ne vais
pas me répéter, là.
M. Arseneau : Parce que...
Non, mais c'est sérieux puis c'est important.
Mme Duranceau : Je dis :
Il faut tracer la ligne quelque part...
M. Arseneau : Mais la ligne
est tracée sur une base strictement subjective, sans l'appuyer sur quelque
donnée que ce soit, ni sur le nombre de personnes qui seraient touchées ou pas
touchées ni sur le nombre de loyers ou de propriétaires de loyers qui seraient
touchés ou pas touchés. Par contre, ce qui est avéré, c'est que la même
personne du même âge, avec le même revenu, qui a besoin d'un espace, d'un
quatre et demi qui est identique, il y a une discrimination entre... il y a une
iniquité de la protection offerte par l'État pour cette personne-là qui n'a pas
habité un nombre suffisant d'années dans un logement, mais qui est face à la
même situation de reprise, par exemple, ou d'éviction. J'ai de la difficulté à
justifier ça sans savoir qui on protège dans cet équilibre-là. Je sais qui on
lèse, par exemple, ce sont des personnes de 65 ans et plus qui ont un
faible revenu, mais qui ont, par malheur, pour toutes sortes de raisons... qui
peuvent être des séparations, des divorces, peut être par raisons de maladie,
raisons personnelles, toxicomanie, toutes les situations dramatiques qui
peuvent forcer les familles ou les personnes à déménager. Et s'ils l'ont fait
depuis moins de 10 ans, l'État ne les protège plus. Je dirais même que l'État
les pénalise par rapport à l'autre catégorie de gens qui ont eu le bonheur de
pouvoir occuper leur loyer plus longtemps, c'est-à-dire 10 ans et plus.
Moi, j'ai de la difficulté avec ça.
Mme Duranceau : Et moi, je
considère que ce qu'on propose aujourd'hui, c'est une avancée pour les
locataires aînés, c'est positif, je ne vous laisserai pas dire que ce n'est pas
positif, ce qu'on fait là, et qu'on est dans la recherche d'un... On vit en
société, on est à la recherche d'un équilibre pour tout le monde et on va aider
un total de 24 000 ménages de plus à peu près pour porter la
protection de cette loi-là à 60 000 ménages. Je pense, c'est très
bien, puis je pense que c'est la bonne chose à faire aujourd'hui.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que j'ai d'autres interventions?
M. Arseneau : Vous pouvez
reconnaître qu'il s'agit néanmoins, en traçant une ligne comme celle-là, d'un
traitement différencié, voire inéquitable, entre deux catégories de population
qui sont exactement dans la même strate sur le plan socioéconomique au Québec.
Mme Duranceau : Il y a des
lignes à tracer dans toutes les mesures qui sont mises de l'avant. Pour cette
disposition là, la ligne est tracée à 10 ans, on bonifie de 25 % les
revenus, puis on fait passer l'âge à 65 ans. Je pense que c'est une
excellente mesure.
M. Arseneau : Y a-t-il d'autres
exemples dans l'administration de l'État du Québec où l'on traite de façon
différenciée et discriminatoire les gens qui ont le même profil socioéconomique
lorsqu'il est question de mettre en place des mesures de soutien, par exemple,
et lorsqu'on a un critère comme l'âge, lorsqu'on a un critère comme le statut
socioéconomique? Moi, je n'ai pas d'exemples qui me viennent en tête...
Mme Duranceau : Il y a une
liste de crédits...
M. Arseneau : ...lorsqu'il
est question d'un filet social à resserrer parce que c'est la raison pour
laquelle on est en train de discuter de ce projet de loi là aujourd'hui.
Mme Duranceau : Mais je suis
certaine qu'on peut vous trouver une liste de crédits d'impôt où il a fallu
tracer une ligne.
M. Arseneau : Le crédit d'impôt,
habituellement, à moins que je ne me trompe, là, parle de la situation
actuelle...
M. Arseneau : ...de
l'individu qui peut s'en prévaloir et non pas de son historique, là, en matière
de déménagement, par exemple, ou en matière de localisation ici au Québec.
Moi, je dis tout simplement, et je vais
finir là-dessus, visiblement on a s'entendre pas, que l'État du Québec doit
avoir comme premier souci l'équité des citoyens qu'il veut défendre. Et dans ce
cas-là, ça me semble patent que si on a deux objectifs, deux critères qui sont
ceux du revenu et de l'âge, le troisième critère, celui du nombre d'années
passées en logement, me semble malheureusement créer, avoir un effet
discriminatoire qui est franchement décevant et dramatique, évidemment, pour
les gens qui sont touchés parce que nous ne tentons pas, ici, de gérer la
question de la durée des baux ou de la durée d'occupation. Si c'est un facteur
de dire notre proposition aujourd'hui, bien, l'un de ses objectifs poursuivis,
c'est que les gens, pour les années à venir, restent le plus longtemps possible
dans les mêmes logements. C'est l'objectif à atteindre. C'est plus de
10 ans.
• (17 h 40) •
Je veux dire, O.K., il y a quelque chose
comme une espèce de facteur qui dit qu'il faudrait atteindre ça. Mais le... la
raison pour laquelle on amène cette proposition-là, c'est parce que les
facteurs externes au parcours des individus, c'est-à-dire ceux de la crise du
logement qu'on ne contrôle pas, sont tels que, si on est victime de la même
façon que les autres qui ont restés 10 ans dans leur logement, victime
d'une reprise ou, une fois que le moratoire sera passé, d'une éviction pour
toutes les raisons qui sont légales, bien, on va se retrouver dans une
recherche de logement avec une capacité financière égale à ceux qui sont
protégés, avec le même âge, puis l'incapacité d'augmenter son revenu souvent
parce qu'on est déjà à l'âge de la retraite et on n'a pas les mêmes protections
de la part de l'État.
Alors, je pense que cet état de fait là,
il doit être dit. Et je pense qu'il devrait aussi être pris en compte. Il ne le
sera vraisemblablement pas, mais c'est pour moi une occasion manquée de pouvoir
protéger l'ensemble des gens qui méritent d'être protégés parce qu'ils n'ont pas
la capacité d'augmenter leur revenu, parce que leur revenu est faible puis
parce qu'elles sont des personnes âgées de 65 ans et plus.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Y a-t-il d'autres interventions sur l'amendement?
Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui, merci.
Peut-être juste une question pour... pour la ministre. Est-ce qu'il y a eu...
Quand il y a eu de l'étude, là, des, justement, des ménages, on sait, là, que
c'est 24 000 ménages supplémentaires qui, avec la mesure qui est
proposée dans le 65, mais avec 10 ans par cinq ans, est-ce que ça, ça a
été évalué, qu'est-ce que ça, ça aurait comme... supplémentaire? Parce que j'ai
compris, là, tout à l'heure, par les explications, que c'était surtout le
125 %, là, qui faisait beaucoup changer la donne, là, mais 10 ans par
cinq ans?
Mme Duranceau : Mais on
a on a... On a modifié les paramètres qu'on était capables de mesurer par
ailleurs. Donc, là, tu sais, puis c'est l'Institut de la statistique, là, qui
nous procure les données. Ça fait que, sur les revenus, on a les données, sur
l'âge, on en a les données, mais sur la durée des baux, on n'a pas
nécessairement... Je pense qu'on sait qu'en moyenne les gens restent x nombres
d'années, huit ans ou sept ans dans leur logement. Mais c'est une donnée un peu
générale, là. Donc, on n'a pas cette donnée-là de manière précise.
Mme Dufour : O.K. La
pression de, tu sais, d'amener, d'aller vers une éviction, c'est souvent quand
les loyers sont très, très, très bas. Ils sont très bas généralement quand la
personne est dans son logement depuis plus longtemps. Une personne qui est dans
le même logement depuis 20 ans a fort probablement un loyer quand même
très raisonnable versus quelqu'un qui est dans un logement depuis cinq ans. On
pourrait supposer qu'il y a peut-être moins de pression vers l'éviction pour...
Mme Duranceau : J'ai
déjà remarqué, oui.
Mme Dufour : Je vous
pose la question, là.
Mme Duranceau : Non.
Non, effectivement.
Mme Dufour : Je ne sais
si on voit, on voit ça, là, au tribunal, là.
Mme Duranceau : Bien,
effectivement, quand tu es déjà... Bien, c'est pour ça que je disais tantôt,
cette mesure-là, c'est un gros débat, là, le cinq ou le 10, mais en bout de
ligne, les gens qui sont protégés, c'est des gens qui sont en logement depuis
bien plus que 10 ans. Puis effectivement, si tu es dans ton logement
depuis, bon, cinq ans, 10 ans, peut-être que, là... Mais cinq ans, tu es
au marché, là, présumément.
Mme Dufour : C'est ce
qu'on peut supposer.
Mme Duranceau : C'est
ça. Oui.
Mme Dufour : O.K. Puis
en augmentant le revenu, bien là, on est allés élargir quand même un certain
nombre de personnes. Puis on parlait tout à l'heure de...
Mme Dufour : ...de... c'est 34 000 présentement, à
125 %, on était à.
Mme Duranceau : 43.
Mme Dufour : 43 000. Je
comprends que c'est...
Mme Duranceau : ...pour
Québec.
Mme Dufour : Je comprends que
ces gens-là n'ont pas les moyens d'augmenter leurs revenus. Mais 43 000, revenu
de retraite pour une personne, comme on parlait tout à l'heure, c'est quand
même... c'est quand même... En tout cas, je m'excuse, mais c'est beaucoup, là,
parce qu'il y a... En tout cas, je ne veux pas parler de personnellement, mais
j'ai des parents qui sont à la retraite, qui ont travaillé toute leur vie, puis
ce n'est pas les retraites qu'ils obtiennent, là.
Mme Duranceau : Ça fait que
d'où l'importance de prendre l'ensemble des trois facteurs, 10 ans,
125 %, 65 ans. Tu sais, les trois éléments pris ensemble, je pense
qu'ils donnent une protection qui est raisonnable, encore là, dans l'équilibre.
Parce que je suis d'accord, l'impact, le 125 % sur les revenus, il ratisse
pas mal plus large, là. Alors, le 10 ans, puis le... puis le 65 aussi. Ça
fait qu'on... Mais c'était ça, le but, là, c'était de protéger plus de monde.
Puis je pense que c'est ça qu'on réussit à faire. Mais il faut qu'encore là ce
soit dans l'équilibre. Puis le 10 ans permet de garder aussi cet
équilibre-là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Mme la députée de La Pinière.
Mme Caron : Merci, Mme la
Présidente. Puis j'ajouterais peut-être juste pour le bénéfice des personnes
qui nous écoutent, que cet... cet article, l'article cinq, ce n'est pas... Il
n'y a pas une durée comme pour le moratoire, c'est en permanence, là, ce n'est
pas...
Mme Duranceau : Oui, tout à
fait.
Mme Caron : Ce n'est pas fait
pour trois ans, là.
Mme Duranceau : Puis... puis
ce que je préciserais aussi, c'est que ça vise les évictions puis ça vise les
reprises de logement.
Mme Caron : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Alors, si je n'ai pas d'autre intervention sur
l'amendement, l'amendement est-il adopté?
Des voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que... Rejeté. Alors, l'amendement est rejeté.
Alors, on revient à... Pardon?
Des voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : O.K., parfait. Alors, un vote par appel nominal.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine)?
M. Arseneau : Pour.
La Secrétaire : Mme Duranceau
(Bertrand)?
Mme Duranceau : Contre.
La Secrétaire : Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
La Secrétaire : Mme Boivin
Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
La Secrétaire : Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
La Secrétaire : Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Contre.
La Secrétaire : Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme
Gendron
:
Contre.
La Secrétaire
: Mme Dufour
(Mille-Îles)?
Mme Dufour : Abstention.
La Secrétaire : Mme Caron (La
Pinière)?
Mme Caron : Abstention.
La Secrétaire : Mme Labrie
(Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire
: Mme Lecours
(Les Plaines)?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Abstention. Alors, l'amendement est rejeté. Nous revenons
donc à l'article cinq. Est-ce que j'ai d'autres interventions sur l'article
cinq? Oui, Mme la députée des Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci, Mme la
Présidente. Nous avons reçu un... on n'a pas tenu de consultations
particulières, mais il y a quand même deux groupes qui nous ont fait parvenir
des documents. En fait, je pense bien que les deux, là... En tout cas, nous...
moi, j'ai reçu en tout cas quelque chose de la corporation des propriétaires
immobiliers du Québec, qui a été envoyé aujourd'hui. Et dans le fond, ils
avaient un questionnement que j'aimerais lire. Ils demandent : «Si une
personne devient inapte... bon, et c'est leur... c'est ce qu'ils soulignent,
là, c'est à l'État de lui fournir des ressources à domicile ou à lui fournir un
milieu de vie adéquat. Les immeubles locatifs privés ne sont pas des ressources
intermédiaires, mais le projet de loi n° 65 n'indique pas à quel moment et dans
quelles conditions cette protection puisse être levée. Lorsqu'une personne
locataire perd son autonomie, elle peut représenter un danger pour elle-même ou
le voisinage.» Là, je cite toujours le mémoire qu'ils nous ont fait parvenir.
«Le maintien dans les lieux ne doit pas générer une obligation pour les
propriétaires d'adapter leurs logements aux personnes en perte d'autonomie. Un
continuum de logement et de soins doit être prévu par le gouvernement. Or,
l'actualité récente sur la réalité des ressources pour personnes aînées est
inquiétante.».
Et donc je vais juste lire une dernière
ligne, là, de ce qu'ils avaient écrit ici : «Les individus de la classe
moyenne qui sont propriétaires d'immeubles locatifs n'ont pas à subventionner
directement le soutien socioéconomique des plus vulnérables, ils paient déjà
des impôts à cet effet, comme tous les Québécois.» Donc je voudrais peut-être
nous entendre sur la portion qu'ils indiquent par rapport à... Le maintien dans
les lieux, est-ce que ça pourrait mener à une certaine... c'est ça, avoir des
personnes qui, dans le fond, devraient être ailleurs que dans ce... dans le
logement en question, parce qu'ils ne seraient pas aptes à y résider pour
toutes sortes de raisons? Donc... donc, je voudrais vous entendre là-dessus.
Puis comment ça va être géré au niveau du tribunal aussi?
Mme Duranceau : Écoutez, bon,
c'est une opinion, là. J'ai... Le droit au maintien dans les lieux, là, il
reste là, là, que... qu'on ajoute les protections ou...
Mme Duranceau : ...ou pas,
là. S'il y a des cas particuliers, ils peuvent être amenés devant le tribunal.
Je suis bien d'accord avec le fait que ce n'est pas... ce n'est pas au privé
d'assumer les soins, là, ou... de veiller aux gens qui sont plus vulnérables,
là, comme vous le décrivez, là. Mais où est-ce qu'on veut aller exactement,
avec ça, là?
Mme Dufour : Bien, eux
soulignent que... bon, que le projet de loi n'indique pas à quel moment et dans
quelles conditions la protection pourrait être levée, la protection pour aînés
dans le cas d'une personne qui deviendrait inapte à vivre dans le logement.
Mme Duranceau : Oui. Bien
là... On ne touche pas à ça, là. On veut protéger les aînés vulnérables. S'il y
a des aînés vulnérables qui par ailleurs deviennent inaptes, en mauvaise santé,
bien là, il y a un service d'accompagnement. Je veux dire, le système de santé
est là, là, puis ces gens-là sont accompagnés puis vont être transférés. Le
CLSC intervient, puis ces gens-là vont être accompagnés... des ressources
autres. Il n'a jamais été question d'imposer quoi que ce soit à un propriétaire
privé en lien avec ça, là.
• (17 h 50) •
Mme Dufour : O.K. Donc, ça ne
viendra pas à un moment où il y aurait... parce que c'était leur inquiétude,
là, une obligation pour les propriétaires d'adapter leurs logements aux
personnes en perte d'autonomie. Ça n'arrivera pas, là, avec la protection, là.
Vous pouvez rassurer les propriétaires...
Mme Duranceau : Je pense que
c'est valable de poser des questions, là, mais non, on n'est pas là, là.
Mme Dufour : Il n'y aura
aucun cas... Ce n'est jamais arrivé, j'imagine, au tribunal qu'une... que ce
soit... qu'on force un propriétaire d'adapter un logement. J'ose espérer que
c'est non la réponse, mais j'aimerais en avoir l'assurance.
M. Simard (Patrick) : Bien,
écoutez, à ma connaissance, je vous répondrai que non, à ma connaissance,
absolument.
Mme Dufour : Parfait. Je vous
remercie.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que j'ai d'autres interventions sur
l'article 5? Si je n'ai pas d'autre intervention, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Adopté. Merci. Alors, on va passer maintenant...
Une voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Pardon? Oui?
Mme Caron : J'aurais un
amendement pour créer un 5.1.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Un 5.1.
Mme Caron : Oui.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Parfait.
Mme Caron : Je... Est-ce
que... Est-ce qu'on l'a envoyé sur Greffier?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce qu'il est envoyé?
Mme Caron : On l'a envoyé à
Greffier et...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui. Il est sur Greffier. On va l'afficher. Je vais vous
demander d'en faire la lecture.
Mme Caron : Oui,
certainement. Et puis si je peux me permettre simplement de dire que ce aurait
été plus facile à comprendre peut-être si on avait traité l'article 4
avant l'article 5, mais on va y aller avec l'article 5. On a reçu
aussi... un document, un mémoire du Regroupement québécois des résidences pour
aînés, donc le RQRA, puis je crois qu'il a été déposé sur Greffier.
Et donc l'amendement est le suivant :
article 5.1 : Insérer, après l'article 5 du projet de loi, le
suivant : 5.1. L'article 79.1 de la Loi sur le tribunal administratif
du logement (chapitre T-15.0) est modifié par l'ajout, à la fin de
l'article, de l'alinéa suivant :
«S'il s'agit d'une fixation de loyer
demandée par le locateur, le tribunal doit lui accorder les frais judiciaires
si les conditions prévues par règlement sont respectées.»
Et l'article se lirait comme suit...
Est-ce que vous voulez monter?
Donc, 79.1 : «Lors de la décision, le
membre peut adjuger sur les frais prévus par règlement.
«S'il s'agit d'une fixation d'un loyer
demandée par le locateur, le tribunal doit lui accorder les frais judiciaires
si les conditions prévues par règlement sont respectées.»
Alors, deux choses. Donc, bon, le «prévues
par règlement» parce que le règlement n'est pas encore... n'est pas encore
édicté. C'est pour ça qu'il est... qu'on l'a mis en italique.
Bien, en fait, la problématique, c'est
que, lorsque tous les... toutes les conditions sont respectées, il arrive que
le tribunal, le membre qui juge l'affaire... il y en a qui accordent les frais
judiciaires au... au locateur et puis il y en a qui ne l'accordent pas. Et il y
a... on m'a envoyé deux jugements où le bureau du TAL avait renversé une
décision à propos des frais judiciaires, donc. Alors, ce serait... ce serait
bien de profiter de... des modifications qu'on est en train de faire pour
préciser que les frais judiciaires sont... doivent être accordés, parce que là,
il y en a qui les accordent, il y en a qui ne les accordent pas, même si les
conditions sont respectées, alors que...
Mme Caron : ...ça pourrait
être une belle occasion de s'assurer... que le législateur montre son intention
que, comme dans d'autres causes, quand le... la... quand il y a un gagnant,
bien, habituellement, ce n'est pas lui qui paie les frais judiciaires. Donc,
c'est... ce serait une occasion de faire cette... Et ça permettrait aussi... en
le voyant dans la loi, ça permettrait aussi aux locataires qui s'adressent au
TAL de savoir qu'il y a une possibilité qu'ils aient à défrayer des frais. Et
parfois les frais sont plus élevés que la... l'augmentation qui est combattue,
disons. Alors, ça pourrait peut-être amener le locateur et le locataire à
négocier davantage puis peut-être à s'entendre avant d'aller engorger le
Tribunal administratif du logement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Mme la ministre.
Mme Duranceau : Bien, je ne
suis pas... je ne suis pas contre du tout de discuter de ça. Par contre, je
pense qu'on devrait en discuter après l'article 4, qu'on va voir dans
l'autre... Moi, c'est ça que ma... mon équipe me suggère, qu'on suspende 5.1
puis qu'on l'introduise après 4.
Mme Caron : ...j'aurais aussi
un amendement pour 4.1, alors... un 4.1, donc ça pourrait être... ça pourrait
être fait peut-être en même temps, effectivement, après l'article 4...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Donc, est-ce qu'il y a consentement pour suspendre
l'amendement 5.1? Il y a consentement? Parfait. On va poursuivre, donc,
avec le prochain bloc, qui est l'avis de modification de bail, donc
l'article 4. Mme la ministre.
Mme Duranceau : Le 8,
qu'est-ce qui arrive avec ça? On fait 8, non?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Ah! Je m'excuse. Je suis rendue où? Oui. Oui.
Mme Duranceau : Alors, je
vais avoir le temps de lire 8, peut-être, probablement...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui, exactement.
Mme Duranceau : ...avant
notre arrêt, notre pause. Donc :
Section III
Dispositions transitoires et finales
Article... L'article 1 s'applique aux
processus d'éviction en cours le (indiquer ici la date de la sanction de la
présente loi).
L'article 1959.1 du Code civil, tel
que modifié par l'article 5 de la présente loi, s'applique aux processus
d'éviction et de reprise de logement en cours le (indiquer ici la date de la
sanction de la présente loi).
L'article 1 de la présente loi et
l'article 1959.1 du Code civil, tel que modifié par l'article 5 de la
présente loi, ne s'appliquent pas aux processus d'éviction ou de reprise de
logement dans les situations suivantes :
1° l'avis d'éviction ou de reprise de
logement a été transmis avant le (indiquer ici la date de la présentation du
présent projet de loi);
2° l'avis d'éviction ou de reprise de
logement a été transmis après le (indiquer ici la date qui précède celle de la
présentation du présent projet de loi) et, selon le cas :
a) le locataire a avisé le locateur, avant
le (indiquer ici la date de la sanction de la présente loi), de son intention
de se conformer à cet avis; ou
b) le locateur a présenté au Tribunal
administratif du logement, avant le (indiquer ici la date de la sanction de la
présente loi), une demande d'autorisation d'évincer le locataire ou de
reprendre le logement.
Alors, ce sont les règles transitoires
pour éviter justement les courses aux évictions. Les notes explicatives :
L'article 8 du projet de loi prévoit des règles transitoires permettant de
déterminer comment les nouvelles dispositions législatives s'appliqueraient aux
processus d'éviction et de reprise de logement en cours au moment de la
sanction de la loi.
De façon générale, il serait interdit
d'évincer un locataire après la sanction de la loi, même si le processus
d'éviction a débuté avant cette date. Il en serait de même pour la reprise du
logement d'un locataire aîné visé par l'article 1959.1 du Code civil, tel
que modifié par l'article 5 du projet de loi.
Toutefois, une éviction ou une reprise de
logement demeurait régie par la loi ancienne dans les cas suivants :
l'avis d'éviction ou de reprise de logement a été transmis avant la
présentation du projet de loi, ou dans le cas où le locataire a avisé le
locateur, avant la sanction de la loi, qu'il acceptait de quitter le logement,
ou bien le locataire a refusé de quitter le logement et le locateur a présenté
une demande au Tribunal administratif du logement avant la sanction de la loi.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Est-ce qu'il y a des questions sur
l'article 8?
Mme Dufour : ...ces
questions-là après, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Il y avait donc des questions sur l'article?
Mme Dufour : Oui. Il va y en
avoir plusieurs.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : O.K. Parfait.
Alors, compte tenu des quelques secondes
qui nous restent, je vais suspendre jusqu'à 19 h.
(Suspension de la séance à 18 heures)
19 h (version non révisée)
(Reprise à 19 h 07)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des relations
avec les citoyens reprend ses travaux.
Donc, au moment de suspendre pour une
petite pause de souper, nous en étions à l'étude de l'article 8, dont la
lecture avait été effectuée.
Est-ce qu'il y a des interventions sur l'article 8?
Mme la députée, des Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Donc, l'article avait été lu par la ministre juste avant. Ce qui
m'a étonnée, c'est de voir le mot «reprise de logement» dans les éléments. Le
deuxième, on dit : «l'avis d'éviction ou de reprise a été transmis après
la date qui précède celle de la présentation du projet de loi». Donc, ma
compréhension, c'est que les reprises de logements ne sont pas impactées par le
projet de loi n° 65. Donc, je voudrais juste avoir
une précision, là, c'est... Pourquoi on parle de reprise de logement ici, là,
dans...
Mme Duranceau : Bien, c'est
parce que ça vise les mesures de 1959.1 puis les mesures du moratoire.
Mme Dufour : Donc, quand on
parle de reprise ici, ça concerne les mesures pour les aînés uniquement.
Mme Duranceau : Oui.
Mme Dufour : Donc, on ne
touche pas à aucun... Mais ça, ça veut dire que... si je comprends bien, ça
veut dire que les... pour les aînés, ça serait, dans le fond, les reprises de
logement qui auraient été... qui seraient demandées aujourd'hui, par exemple,
ne seraient pas admissibles. C'est bien ça?
Mme Duranceau : Celle-là,
entre le...
Mme Dufour : Vu que le projet
de loi a été présenté il y a une semaine... une semaine? Quelques jours.
Mme Duranceau : C'est ça.
Donc...
Mme Dufour : À partir...
• (19 h 10) •
Mme Duranceau : L'avis d'éviction
qui est... l'avis de reprise qui est transmis entre... c'était quelle date? C'était
le 20.... on va y aller avec les dates, là, le 22 mai, ça fait qu'entre le
22 mai puis, disons, aujourd'hui... ce n'est pas la bonne... les reprises
ne sont pas visées — là, corrigez-moi, là — sauf si la
personne a décidé de quitter, elle a accepté. Puis aussi... puis là elle a 30 jours,
la personne, hein, pour accepter. Donc là, d'où l'importance... Tu sais, j'ai
commencé en disant : Il faut qu'on... idéalement, on va accepter...
adopter ça rapidement. C'est ça, c'est à cause des règles transitoires. Là, on
est à l'intérieur, là, puis jusqu'à vendredi prochain, on est à l'intérieur du
délai de 30 jours, qui est le délai que le locataire a pour accepter ou
pas une éviction...
Mme Duranceau : ...ou une
reprise de logement. Donc, en ce moment... Si, par contre, un locataire n'est
pas au courant de ça puis qu'il a accepté, là...
Mme Dufour : C'est ça.
Mme Duranceau : ...la fin de
semaine passée, il a accepté, bien, il a accepté, il n'est pas protégé. Donc,
on veut limiter le nombre de cas où ça pourrait se produire. Mais c'était la
façon de l'écrire. O.K., puis si... bien, là, si on se rendait à un
30 jours, puis que, là... que le locataire refuse, bien là, le locateur
pourrait déposer une demande devant le tribunal, puis là, bien, il serait dans
ses droits, il l'aurait déposé, tu sais, alors que le projet de loi n'a pas été
accepté. Ça fait qu'il pourrait poursuivre le processus. Mais là, si tout va
bien, ça, ça demeurera théorique, là.
Mme Dufour : Oui. Et là, dans
le cas... le dernier, le petit point b, là, le dernier, on dit : «Le
locateur a présenté au Tribunal administratif du logement, avant la date, donc,
d'entrée en vigueur, une demande d'autorisation d'évincer le locataire ou
reprendre le logement».
Mme Duranceau : Donc là,
c'est si l'avis d'éviction avait été envoyé la fin de semaine passée, mais qu'on
adoptait ça finalement juste au mois de septembre quand on revient, bien là, le
locataire aurait refusé, disons, à l'intérieur la période de 30 jours, le
propriétaire aurait pu dire : O.K., tu refuses, je vais devant le
tribunal, puis là ce serait valide, la, il pourrait continuer son processus
d'éviction parce qu'on n'aurait pas adopté encore le projet de loi.
Mme Dufour : Donc, même s'il
avait déposé l'avis ou envoyé l'avis après la date de la... du dépôt...
Mme Duranceau : De la présentation.
Mme Dufour : ...de la
présentation.
Mme Duranceau : Oui, oui,
parce qu'il les règle...
Mme Dufour : Ça fait que, là,
il y a comme deux cas, là, j'essaie de saisir, là. On exclut si c'est déposé
après le 22 mai, mais là on vient dire que si c'est rendu au TAL avant la
sanction de la loi, là, c'est exclu.
Mme Duranceau : Je le répète,
il y a trois exceptions. L'avis a été transmis avant la présentation du projet
de loi, donc avant le 22 mai 2024, ce n'est pas visé. L'avis a été
transmis après la présentation du projet de loi, donc après le 22 mai,
puis le locataire a avisé de son intention de se conformer avant qu'il y ait
sanction du projet de loi. Donc, si le locataire a déjà dit qu'il partait,
bien, ça a été transmis après le dépôt, bien, il n'est pas protégé parce qu'il
a accepté de partir avant la sanction. Puis, si l'avis a été transmis après la
présentation du projet de loi puis que le locateur a eu le temps de déposer une
demande au TAL avant la date de la sanction... Puis le locateur, il a le temps
de déposer au TAL avant la sanction si on dépasse 30 jours pour
sanctionner.
Mme Dufour : O.K., je
comprends. O.K.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : C'est bon?
Mme Dufour : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la députée de Sherbrooke. C'est beau. Ça a répondu à
vos questions. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article 8?
S'il n'y a pas d'autre intervention, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Adopté. Donc, avec le consentement de l'ensemble, nous
allons revenir à l'article que nous avions suspendu, l'amendement à
l'article 11. Donc...
Mme Duranceau : O.K., qui est
lu par qui, là?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : L'amendement était l'amendement de la députée de
Sherbrooke, et ce que je comprends...
Mme Duranceau : Il faudrait
suspendre 30 secondes.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Ah, 30 secondes! Nous allons suspendre.
Mme Duranceau : Une minute et
demie, peut-être.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci.
(Suspension de la séance à 19 h 14)
(Reprise à 19 h 26)
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
À l'ordre, s'il vous plaît. Nous reprenons donc nos travaux. Nous en étions
donc sur l'amendement à l'article 11, par la députée de Sherbrooke. Mme la
députée.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Il y a eu des discussions avec les collègues et la ministre hors
micro. Il y a une partie de la solution qui va nous être présentée par un
nouvel amendement de la ministre à l'article 11. Je vais quand même
demander qu'on vote sur l'amendement que je proposais à l'article 11, qui
permettait de maintenir sous moratoire certains territoires après la fin du
moratoire national. Donc, je propose... moi, en tout cas, je serais prête à ce
qu'on puisse voter sur cet amendement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'amendement? S'il n'y a pas d'autre intervention sur l'amendement, est-il
adopté? Avec un appel nominal... oui.
Une voix : Je vais vous le
demander, nominal.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la secrétaire. Allez-y.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Labrie (Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire
: Mme Duranceau
(Bertrand)?
Mme Duranceau : Contre.
La Secrétaire
: Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
La Secrétaire
: Mme Boivin
Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
La Secrétaire
: Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
La Secrétaire
: Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme
Gendron
:
Contre.
La Secrétaire
: Mme Dufour
(Mille-Îles)?
Mme Dufour : Abstention.
La Secrétaire
: Mme Caron
(La Pinière)?
Mme Caron : Abstention.
La Secrétaire
: M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine)?
M. Arseneau : ...
La Secrétaire
: Mme Lecours
(Les Plaines)?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Abstention. L'amendement est donc rejeté. Nous revenons
donc à l'article 11, et je comprends, Mme la ministre, que vous allez
déposer un amendement.
Mme Duranceau : Oui.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que nous l'avons reçu?
Mme Duranceau : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...pigeons voyageurs, on ne peut pas... on ne peut pas...
on doit avoir l'amendement avant. Ça ne sera pas long. Les pigeons travaillent
fort.
Mme Duranceau : Ce sont des
pigeons et non des pigeonnes.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Bon, on va ouvrir le document. Donc, Mme la ministre,
c'est... il est sur greffier, mais vous pouvez en voir le contenu à l'écran.
Mme la ministre, je vais vous demander d'en faire la lecture.
Mme Duranceau : Oui. Donc,
ça, c'est l'amendement à l'article 11 qui avait été déposé. Je ne retire
pas mon article...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Non, l'article est toujours là, vous lisez l'amendement.
Mme Duranceau : Je lis
l'amendement. Donc... donc article 11 : Remplacer le deuxième
alinéa de l'article 11 du projet de loi par le suivant :
«Les dispositions du premier alinéa cesse
d'avoir effet à la date de la publication de l'avis et celles de la section un
cessent d'avoir effet à l'égard de toute partie du Québec, le 60... le 60 ᵉ
jour qui suit la date de la publication de l'avis, à moins que le gouvernement
n'en décide autrement avant ce dernier jour à l'égard de toute partie du Québec
qu'il détermine.» Donc, voilà.
Alors, tout ça, c'est pour faire en sorte
que si on atteignait un taux global pour le Québec d'inoccupation de 3 %,
mais qu'on jugeait que certaines régions spécifiques qui sont encore en bas de
3 % mériteraient de voir le moratoire conservé, mais on serait en mesure,
la ministre serait en mesure, de garder ces régions-là sous moratoire. Mais
tout ça se fait à l'intérieur, demeure à l'intérieur de la période de trois
ans. On n'est pas en train d'étendre la période de trois ans.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Questions? Mme la députée des...
Mme Dufour : Mille-Îles.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mille-Îles.
Mme Dufour : Je ne m'en vais
pas encore aux Îles-de-la-Madeleine.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je ne l'ai pas dit, je ne l'ai pas dit.
• (19 h 30) •
Mme Dufour : Section I, on
réfère à quoi ici exactement, quand on dit : Celle de la section I? C'est
quoi, la section I? Excusez...
19 h 30 (version non révisée)
Mme Dufour : Excusez-moi, là,
j'ai peut-être... De toute la section I du projet de loi.
Mme Duranceau : 1, 2, 3, oui,
articles 1, 2, 3. Ça fait que c'est le moratoire.
Mme Dufour : O.K.
Mme Duranceau : Donc, dès qu'on
frappe 3 %, le moratoire cesse de faire... d'avoir effet, là, dans les 60
jours du dépôt de l'avis à la Gazette, sauf si... sauf pour certaines régions,
si la ministre décide autrement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Moi, c'est certain que je vois ça d'un oeil favorable, là, pour les
raisons que j'avais expliquées plus tôt. C'est un gain partiel, par contre,
parce qu'on est encore dans le délai maximum de trois ans. Donc, ça veut dire
qu'au-delà du trois ans, il n'y a pas de possibilité, là, de maintenir un
moratoire pour un territoire qui serait encore en déséquilibre par rapport aux
taux d'inoccupation. Je pense qu'on aurait dû le permettre aussi après le délai
de trois ans, mais c'est déjà mieux que rien.
Par ailleurs, nous, on comprend, parce que
la ministre vient de nous expliquer ce que veut dire cet alinéa, mais je trouve
que c'est rédigé d'une manière où un citoyen qui essaierait de déchiffrer ça comprendrait
très mal ce que ça peut vouloir dire. Donc, moi, j'encourage quand même à ce qu'on
rédige de manière simplifiée, là, les articles, parce que c'est... il faut le
savoir, ce dont on parle, quand on lit ça, là. Entre nous, on le comprend, mais
ce n'est vraiment pas clair pour un citoyen.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce que j'ai d'autres commentaires? M. le député
des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Bon. Première
question... Je suis d'accord avec ma collègue de Sherbrooke, ce n'est pas une
lecture de chevet pour faire autre chose que s'endormir, et j'essaie juste de
comprendre le sens profond. Mais d'abord, une question plus de vocabulaire :
Pourquoi utiliser l'expression «partie du Québec» lorsqu'il est question de
maintenir potentiellement le moratoire sur certains territoires, alors qu'on
utilisait justement le terme «territoire»... Lorsqu'il était question de
soustraire à l'application de l'article 1 sur le moratoire, il était question
de «territoire», «partie du territoire du Québec». En toute - je ne sais pas -
cohérence, est-ce qu'on ne pourrait pas reprendre le même vocabulaire? Si on
peut soustraire toute partie du territoire du Québec à l'application, si on
veut le continuer, pourquoi on ne parle pas de la même chose, «partie du
territoire du Québec»?
Mme Duranceau : Je suis d'accord
avec vous, on peut le... on va... Dans l'empressement, là...
M. Arseneau : O.K.
Mme Duranceau : Je pense qu'on
peut retourner au terme qui était utilisé dans l'autre article, pour éviter
toute confusion.
M. Arseneau : Oui, parce qu'on
disait que c'était un peu le miroir, le...
Mme Duranceau : Je suis d'accord,
je suis d'accord.
M. Arseneau : O.K.
Mme Duranceau : On va... On
va redéposer l'amendement. Comme ça, ça va être plus simple.
M. Arseneau : Parfait. L'autre...
Mme Duranceau : On retire
celui-là? Ça va être ça?
M. Arseneau : Bien, ou...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Bien, en... Ce qui serait le mieux, c'est de retirer et
redéposer.
Mme Duranceau : C'est ça,
puis on redépose.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : On va suspendre à peine quelques instants, le temps de
changer le terme. Est-ce que ça vous va?
M. Arseneau : Mais est-ce que
je peux juste poser mon autre question? C'était... Puis on verra, peut-être que
ça ne justifie pas de changement, mais simplement une explication. Le 60ᵉ jour
qui suit la date de la publication de l'avis, est-ce que c'est une procédure
liée justement aux avis et une procédure régulière liée aux avis publiés dans
la Gazette, le 60 jours, ou on a arbitrairement décidé que c'était 60 plutôt
que 30, plutôt que 90? D'où vient ce 60ᵉ jour là, d'une part? Et, d'autre part,
avant ce dernier jour, donc avant le 60ᵉ jour, j'aimerais savoir qu'est-ce qui
se passe entre le premier puis le 60ᵉ jour pour qu'on en décide autrement?
Mme Duranceau : Bien, le...
généralement, là, une décision du Conseil des ministres... Parce que, là, c'est
le gouvernement, donc il va falloir que ça passe au Conseil des ministres. Ça
fait que 60 jours, c'est... c'est cinq semaines pour faire cheminer, sans
accélération, quelque chose au Conseil des ministres; deux semaines de plus, on
est à sept semaines. Ça fait qu'on est à un mois, un mois et demi, un peu plus
qu'un mois et demi, ça fait qu'on n'est pas loin de 60 jours.
M. Arseneau : Mais est-ce que
je dois comprendre qu'on a adopté ça en se disant que, normalement, le
moratoire est levé partout, mais qu'on se donne 60 jours pour identifier des
endroits où on ne voudrait pas que ça arrive, là?
Mme Duranceau : C'est ça.
M. Arseneau : C'est à peu
près ça, on se donne ce petit délai-là?
Mme Duranceau : C'est
automatique. À partir du moment où on publiait à la Gazette officielle, le
lendemain, le moratoire était levé. Là, je pense qu'on a bonifié, dans le fond,
la protection va durer un petit peu plus longtemps, parce qu'on vient d'ajouter
le 60...
Mme Duranceau : ...60 jours,
ça va permettre, si jamais on voulait retirer certaines parties du territoire,
bien, de faire cheminer dans le délai requis, là, la décision au Conseil des
ministres. Ça fait que, 30, ça aurait été trop serré, on aurait été obligé de
demander des dérogations. 60, c'est... ça va être raisonnable. Puis au-delà de
ça, bien, je pense que c'est trop long.
M. Arseneau : Mais est-ce que
c'est parce que lorsque le ministre doit publier l'avis, là, dans le premier
alinéa, il le fait sur publication de statistiques, de façon presque
automatique, ce qui fait que ça ne nous donne pas le temps de réfléchir pour
l'inscrire dans l'avis initial? Parce que moi, je pensais qu'on allait arriver
avec une proposition qui disait : Au moment de la publication dans l'avis,
bien, on annonce les régions où le moratoire sera levé et les régions où on
veut le conserver.
Mme Duranceau : Bien là...
M. Arseneau : Je pensais que
ça allait être ça. Mais là, ce que je comprends, puis je veux savoir si c'est
ça, la raison, c'est qu'on publie rapidement, comme si on le met partout, et
ensuite, bien, on vérifie si c'est une bonne idée qu'il soit levé partout.
Est-ce que c'est ça que ça veut dire?
Mme Duranceau : Bien, pas
tant qu'on n'y aura pas pensé avant, là. C'est juste que la publication de
l'avis, c'est une obligation de la ministre. Il n'y a pas d'intervention du
gouvernement. Là, on vient dire que, si on maintient le moratoire dans
certaines régions, ça va quand même devoir passer par un décret du Conseil des
ministres. Alors, ça prend un certain temps à cheminer.
M. Arseneau : En d'autres
mots, la ministre seule ne pourrait pas publier un avis qui dit que le
moratoire n'est pas levé à certains endroits, il faut que ça passe par le
Conseil des ministres.
Mme Duranceau : C'est ça,
c'est ça.
M. Arseneau : C'est ça. O.K.,
je comprends.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Donc, est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'amendement? Est-ce qu'il y a une...
Mme Duranceau : Alors, on va
retirer cet amendement, si tout le monde est d'accord, puis on va redéposer
avec la modification proposée par le député des Îles-de-la-Madeleine.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que vous êtes en rédaction? C'est déjà envoyé.
Mme Duranceau : Le pigeon
s'est rendu.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Le pigeon est rendu. Alors, est-ce que j'ai... est-ce
que... Ça ne sera pas long. Est-ce qu'il y a consentement pour retirer
l'amendement?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Consentement. Alors, l'amendement est retiré, et on va
déposer un nouvel amendement. Donc, ce que je comprends, c'est juste une petite
modification du mot «partie» pour...
Mme Duranceau : «Partie» pour
«territoire».
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Pour «territoire». Le pigeon a fait un petit détour.
Des voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que vous l'avez sous les yeux? Est-ce que ça vous va
si on procède à la lecture le temps qu'il arrive?
Mme Duranceau : O.K. Donc,
article 11, alors, c'est l'amendement, alors :
Remplacer le deuxième alinéa de
l'article 11 du projet de loi par le suivant :
Les dispositions du premier alinéa cessent
d'avoir effet à la date de la publication de l'avis et celles de la section I
cessent d'avoir effet à l'égard de toute partie du territoire du Québec le 60 ᵉ
jour qui suit la date de la publication de l'avis, à moins que le gouvernement
n'en décide autrement avant ce dernier jour à l'égard de toute partie du
territoire du Québec qu'il détermine.
Donc, l'amendement reflète la proposition
du député des Îles-de-la-Madeleine, à juste titre.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que j'ai des questions sur l'amendement? Alors, si
je n'ai pas de question, est-il adopté? Est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Adopté, merci. Alors, on revient à l'article 11.
Est-ce que j'ai d'autres interventions sur l'article 11? Si je n'ai pas
d'intervention, est-il adopté?
Des voix : Tel qu'amendé.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Tel qu'amendé, merci beaucoup. Alors l'article 11, tel
qu'amendé, est adopté. Nous allons donc, avec l'entente que nous avions,
poursuivre avec l'article 11.1. Donc, on a un amendement introduisant un nouvel
article baptisé 11.1.
Mme Duranceau : O.K., que je
vais lire. Je ne sais pas s'il est rendu.
• (19 h 40) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Ce ne sera pas long...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...on entend un petit bruit. Le pigeon a atterri.
Mme Duranceau : On dirait
un... les tirages supervisés par Raymond Chabot Grant Thornton. C'est assez, je
me calme.
Des voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : On aurait besoin d'une petite musique. Ah! le voici. Mme la
ministre, vous pouvez en faire la lecture.
Mme Duranceau : O.K. Alors,
article 11.1 : Insérer, après l'article 11 du projet de loi, le
suivant :
Le ministre doit au plus tard (indiquer
ici la date qui suit de 22 mois celle de la sanction de la présente loi)
faire au gouvernement un rapport sur la mise en œuvre des articles 1, 2 et
11. Ce rapport est déposé par la ministre dans les 30 jours suivants à
l'Assemblée nationale ou, si elle ne siège pas, dans les 30 jours de la
reprise de ses travaux.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, est-ce que j'ai des interventions? Mme la
ministre... Mme la ministre... Mille-Îles, des Mille-Îles.
Mme Dufour : On me rebaptise.
C'est un lapsus, ça fait deux... dans deux commissions que je l'ai, ce
lapsus-là. Question. Ici, on dit : les articles 1, 2 et 11.
Précédemment, on parlait des articles 1 et 2. Pourquoi le 11 ici, qui est
l'article qu'on vient d'adopter, là, dans le fond, qui est de publier un avis à
la Gazette officielle du Québec, pourquoi c'est ajouté ici dans : faire
rapport ou un rapport au gouvernement? J'essaie juste de saisir, parce qu'il me
semble que par... en le faisant à la Gazette officielle du Québec, il y a
déjà...
Mme Duranceau : Dans la
Gazette, ce qu'on fait, c'est qu'on publie qu'on est rendu à 3 %. Après
ça, si on décide d'exclure certaines parties du territoire à l'intérieur du
premier 22 mois, bien, on va en faire rapport, là. Dans le rapport qu'on
va faire, on va dire : Bien, on pense que, pour ces territoires-là,
c'était une bonne idée, puis voici pourquoi, puis...
Mme Dufour : Mais, O.K.,
j'essaie de saisir, parce que l'objectif ici, c'est de faire un rapport, dans
le fond, suite aux échanges qu'on a eus plus tôt sur le fait qu'on voulait
avoir une idée de la mise en... tu sais, de comment ça va puis qu'est-ce qui se
passe suite à l'entrée en vigueur de ce moratoire-là, puis on voulait l'avoir
avant la fin du moratoire pour avoir une idée de réaction, s'il y a lieu de
poursuivre. Donc, ça va pour les articles 1 et 2 qui visent l'implantation
du moratoire ou de soustraire une partie du territoire. Mais là, le 11,
qu'est-ce qu'on va faire comme rapport exactement? On va venir dire : Ah!
on a publié dans la Gazette officielle à telle date les taux d'inoccupation?
J'essaie de comprendre, là.
Mme Duranceau : Bien, moi, je
pense que c'est logique, là. Tu sais, dans l'article 11, on dit que malgré
le 3 % qui est atteint, il y a certaines régions qu'on pourrait décider de
continuer de viser par un moratoire. Puis c'est ça, à l'article 1, tout le
monde est visé par le moratoire. À l'article 11, plusieurs ne seront plus
visées, mais certains vont le demeurer. Ça fait qu'on va continuer de
s'interroger sur la pertinence de ça. Et puis, ce qu'on surveille ou ce qu'on
veut surveiller après une certaine période de temps, c'est le moratoire, la
pertinence du moratoire, comme ça se poursuit, l'article 11 fait que... ou
le 11.1, le 11, fait que ça va se poursuivre, bien, on fait rapport, là.
Mme Dufour : Mais c'est parce
qu'on dit... on dit ici qu'on doit faire au gouvernement un rapport sur la mise
en œuvre de l'article 11. Et l'article 11 parle que le ministre doit
publier un avis à la Gazette officielle, à moins qu'on parle du deuxième alinéa,
là.
Mme Duranceau : Oui, tel
qu'amendé. Peut-être que c'est ça qu'il faudrait...
Mme Dufour : Mais on dit...
mais ce n'est pas plus... on dit : «les dispositions du premier alinéa
cessent d'avoir effet à la date de publication de l'avis». Donc c'est toujours
l'avis de la Gazette officielle. Donc, on va faire rapport sur la mise en œuvre
de publier un avis à la Gazette officielle.
Mme Duranceau : Non, c'est le
deuxième paragraphe de l'article 11.
Mme Dufour : Oui, mais qui
vient dire que les dispositions du premier cessent d'avoir effet à la date de
publication de l'avis.
Mme Duranceau : Mais que le
gouvernement peut décider de continuer à faire en sorte que le moratoire va
s'appliquer dans certaines régions et pas dans d'autres...
Mme Dufour : ...O.K., donc...
Mme Duranceau : C'est 11 tel
qu'amendé.
Mme Dufour : C'est... O.K.
Donc, ce qui se trouverait dans le rapport, c'est... O.K., c'est ce qui serait
déterminé à ce moment-là suite à l'avis de la plus... Dans le fond, la portion
qui dit : «à moins que le gouvernement n'en décide autrement», cette
portion-là apparaîtrait dans le rapport qui serait transmis au gouvernement
suite à l'article 11.1. O.K.
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
Merci. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Oui. Bien,
essentiellement, c'est ça, moi, je comprends que, compte tenu qu'on est plutôt
certain ici que le 3 % ne sera pas atteint d'ici ce moment-là, c'est une
disposition théorique de faire rapport sur l'article. Il ne sera probablement
pas utilisé avant 22 mois, là, mais ça doit être présent quand même, parce
que si jamais, par miracle, ça arrivait, on veut quand même qu'il y ait rapport
là-dessus, effectivement. Mais c'est quasiment théorique.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce que j'ai d'autres interventions? M. le député
des Îles-de-la-Madeleine?
M. Arseneau : J'avais fait
une proposition au début de l'étude du projet de loi à l'article 1, puis là
on avait dit... c'était pour savoir s'il était pertinent de prolonger ou non
les mesures liées au moratoire, en se donnant évidemment le temps et la
capacité d'étudier les effets que le moratoire peut avoir eus et de favoriser
la mise en place d'une mesure prolongée ou non avant, évidemment, que le projet
de loi n'ait plus effet et que le moratoire perde son effet. Et là je me
demande comment on peut, après 22 mois sur les trois ans de durée du
moratoire, juger qu'il faut prolonger ou non le moratoire. Je ne saisis pas
trop l'objectif. Probablement qu'il n'est pas le même que celui que moi
j'essayais d'atteindre pour éviter qu'il y ait une espèce de trou noir. Là,
c'est comme un rapport d'étape, oui, mais ça ne nous permet pas de juger, à
savoir si on prolonge au bout de 36 mois, là. Je voudrais comprendre.
Mme Duranceau : Bien,
effectivement, là, c'est un rapport d'étape parce que, là, après 22 mois,
bien, je pense qu'il va être trop tôt. Peut être qu'il ne sera pas trop tôt,
mais il risque d'être trop tôt pour apprécier pleinement les effets de la
mesure, parce que c'est une mesure sur trois ans. Je pense qu'il va rester du
temps. On va être capable, en début de législature, en janvier 2027, de prendre
des décisions, puis à ce moment-là, l'Assemblée nationale, tu sais, prévoira
des règles transitoires si jamais il y a... Mais disons, là, que c'est adopté
le 7 juin, bien, le moratoire est en vigueur jusqu'au 7 juin 2027.
Donc là, si la prochaine législature intervient à l'hiver 2027, bien, il
n'y aura pas de trou s'il y avait des...
M. Arseneau : Mais
l'objectif, en adoptant une mesure qui est par définition temporaire,
l'objectif que moi, je juge absolument fondamental, c'est qu'on se donne la
capacité, comme législateur, et l'obligation de faire une évaluation de ce que
ça a donné au moment où on est capable de le faire et de poser un regard sur la
situation et de juger s'il faut ou non intervenir avec des travaux à
l'Assemblée nationale qui pourraient, justement, exiger, par exemple, le dépôt
d'un nouveau projet de loi, et ainsi de suite. Alors que, là, on dit : Les
gens prendront leurs responsabilités. C'est ce que je comprends. Mais la loi ne
prévoit rien à cet égard pour la suite des choses si on devait le prolonger, ni
rapport ni mécanique de prolongation.
Alors, moi, je trouve que c'est toujours
une bonne idée de faire des rapports d'étape, mais l'étape déterminante sur
laquelle il faut se prononcer, c'est : Est-ce que la mesure disparaît ou
est-ce qu'on doit la renouveler? Et elle ne figure pas dans le projet
d'amendement de la ministre à l'heure actuelle.
• (19 h 50) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la ministre...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Moi, je trouve
que l'intérêt de cet amendement-là, avec le délai qui est prévu de 22 mois, ça
nous amène, donc, potentiellement, début... début avril, déposer dans les 30
jours suivant l'Assemblée, donc début mai. Théoriquement, l'intérêt de le faire,
même si on n'est pas arrivé à terme de trois ans, à ce moment-là, précisément,
c'est que ça laisse le temps au législateur d'intervenir pour éviter qu'il y
ait un trou, justement, entre la fin du trois ans. Si on attendait d'avoir un
rapport à la fin du trois ans puis que là il fallait décider de le prolonger,
on se retrouverait avec un moratoire qui est terminé, il faudrait attendre que
le législateur intervienne.
Donc là, avec un rapport qui a lieu un an
avant, presque la fin du moratoire de trois ans, ça laisse le temps, en plus
que c'est une année électorale puis on sait que ça occasionne quand même des
délais, là, au niveau législatif, ça laisse le temps soit d'intervenir en
catastrophe avant fin juin 2026, en sachant déjà qu'il va falloir le prolonger
parce qu'on est dans une situation critique, soit au nouveau législateur de la
prochaine législature de le faire. Ça fait que je trouve que c'est... Pour ces
raisons-là, moi, ça me semble le bon moment de faire ce rapport-là. On va avoir
deux ans de données statistiques sur les impacts du moratoire, puis on est
quand même assez tôt pour agir sans qu'il y ait un trou.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce que j'ai d'autres interventions sur
l'amendement introduisant l'article 11.1? M. le député.
M. Arseneau : Oui. Tout à
l'heure, on avait parlé, je ne me souviens plus si c'était hors micro ou si on
était filmé, sur les éléments qu'il faudrait prendre en compte pour juger si la
mesure est efficace et doit être maintenue ou non. On parlait, par exemple, des
rapports du TAL. Il y avait quelques éléments qui avaient été évoqués, là, je
ne sais pas si on peut nous les rappeler, qu'est-ce qui serait pris en compte,
qui nous permettrait de juger si, effectivement, on a eu le temps de voir des
résultats tangibles sur l'application du moratoire.
Mme Duranceau : Bien,
peut-être, j'aimerais dire, tu sais, moi personnellement, je pense, la bonne
date pour faire un rapport comme ça, ça aurait été plus tard, plus tard. Puis,
plus tard, ça nous amène à l'automne d'une année électorale. Alors là, on finit
par dire... puis, avec les mêmes données, c'est-à-dire celles de janvier 26, tu
sais, que je sois en avril ou que je sois en septembre. Puis là, en septembre,
bien, je ne vais pas être pas capable... je ne serai pas capable de déposer le
rapport, alors... Là, on va avoir la discussion plus tôt, on va... on va avoir,
sans doute, beaucoup de gens qui vont vouloir avoir la discussion avec nous.
Au-delà de nous tous, là, les différents groupes qui représentent différents
intérêts vont nous faire leurs commentaires puis c'est correct, ils vont nous
les faire plus tôt que tard. Ça fait qu'on aura deux ans. Puis on a dit qu'il
fallait être agile dans le contexte, ça fait que ça, en bout de ligne, je suis
capable de... je suis capable de vivre avec ça. Et puis ce qui serait pris en
compte, bien, tu sais... Puis là j'accepte, là, le rapport, parce qu'on va
avoir la discussion, mais, dans le fond, c'est toutes des données publiques,
là, ça va être les mises en chantier de l'APCHQ, compte rendu sur tout ce qu'on
fait en termes de projet de logement social abordable, où est-ce qu'on est
rendus, sans doute que le FAC aura livré ses petits.
Donc, ça va, en partie, du moins, et puis
on va voir les tendances, au TAL aussi, qui vont continuer d'évoluer. Ça fait
que ça va être un cumul de données. Mais ça, c'est mes outils de gestion à
chaque jour, ça fait que je n'irais pas jusqu'à définir tout ça, il va falloir
que je puisse expliquer ce qui se passe. Puis là, bien, on va faire ça au
mieux, puis j'imagine, on va avoir des questions si ce n'est pas complet. Ça
fait que, je pense, il faut laisser le processus...
M. Arseneau : Mais on disait
tout à l'heure qu'il y avait des données qui pourraient être prises en compte,
qui seraient... qui sont disponibles en décembre, c'est ça, en décembre ou en
janvier. Je pense qu'on peut s'entendre sur l'idée qu'en adoptant le moratoire,
en adoptant le projet de loi cette semaine ou la semaine prochaine, que le mois
de décembre prochain, on n'est pas en mesure de tirer quelques conclusions
d'une mesure qui vient d'être mise en œuvre. Et ensuite, bien, il y a décembre
2025. Et c'est sur cette base-là, sur une base essentiellement d'un an et demi,
un an complet et une portion d'année qu'on veut tirer des conclusions sur une
mesure qui doit durer trois ans...
Mme Duranceau : Bien, on ne
veut pas tirer des conclusions, on veut... on veut...
Mme Duranceau : ...faire,
présentateur un rapport, peut-être qu'on va dire : Écoute, il n'y a pas de
conclusion à tirer, on est au même point, il faut qu'on continue de la même
façon pour le moment. Puis les données de la SCHL, c'est celles-là qui sortent
en janvier sur le taux d'inoccupation, peut-être, ils deviennent même
disponibles un petit peu plus tard dans l'année. Ça fait qu'on s'ajuste. Puis
je pense que l'APCHQ est dans ces eaux-là aussi, où ils les sortent aux
trimestres. Alors, ça, ça sera... ça va venir préciser, les taux d'intérêt, ça
va être une autre donnée. Alors, c'est un paquet de données économiques, là,
mais effectivement, là, on a juste trois ans, on s'ajuste. Ce n'est pas... Ce
n'est pas un miracle, mais...
M. Arseneau : Mais ce que je
comprends, c'est que, si on décidait... si on souhaitait utiliser les données
de janvier, mais de janvier 2027, donc dans le dernier six mois de
l'application du moratoire, on aurait les données les plus fraîches, les plus
pertinentes pour juger s'il est, tu sais, justifié et intéressant de poursuivre
avec la mesure. Non...
Mme Duranceau : Oui, mais je
ne sais pas, je ne comprends pas trop où... qu'est-ce que vous proposez, là?
M. Arseneau : En fait, je
vais déposer un amendement, vous allez le savoir, ce que je propose.
Mme Duranceau : Bon,
sauvons-nous...
M. Arseneau : Un
sous-amendement, si vous permettez.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que j'ai d'autres interventions sur l'amendement?
Mme la députée.
Mme Caron : Merci. Bien, en
fait, c'est que, là, ce que... ma compréhension, c'est que ce rapport-là, qui
fait suite à l'avis qui sera déposé après les... qu'on aura les données de
janvier 2026, c'est en bas du trois ans. Donc, c'est pour voir... si jamais on
atteignait le 3 % à ce moment-là puis qu'on... aussi rapidement que ça, et
qu'on voulait... on disait : Bon, le moratoire est terminé, c'est peu
probable, mais... Donc, ce n'est pas après 22 mois qu'on va décider que,
bien, finalement qu'on continue ou qu'on ne continue pas, parce que le
moratoire est pour trois ans. Donc, ça va être juste en 2027. J'imagine qu'en
2027 il y aura une étude qui aura été faite avec les chiffres de janvier 2027
sur les trois années d'application pour déterminer si le moratoire, mettons,
peut être prolongé ou si c'est terminé ou s'il y a juste certaines parties du
territoire du Québec...
Mme Duranceau : En 2027, si
on décide de prolonger, c'est parce qu'il va y avoir un nouveau projet de loi
puis il va être étayé avec toutes les données pertinentes pour justifier la
décision ou la proposition qui va être faite.
Mme Caron : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que j'ai d'autres interventions sur l'amendement?
Alors, si je n'ai pas d'autre intervention, est-ce que l'amendement est adopté?
M. Arseneau : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Un sous-amendement, d'accord. Est-ce qu'on l'a reçu? On va
demander une suspension.
M. Arseneau : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. On va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 19 h 58)
20 h (version non révisée)
(Reprise à 20 h 07)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît. La commission reprend ses
travaux. Donc, M. le député des Îles-de-la-Madeleine, vous avez un
sous-amendement. Je vous invite à en faire la lecture.
M. Arseneau : Oui.
Alors, moi, je souhaite faire le sous-amendement suivant, c'est-à-dire de
remplacer, au premier paragraphe, le mot «22» par le mot «32».
La raison étant la suivante, plus on se
rapproche de la date butoir à partir de laquelle le moratoire disparaît, mieux
on est placés pour pouvoir juger s'il faut ou non prolonger le moratoire. Donc,
évidemment, c'est à quatre mois du... du trois ans. Donc, au lieu d'être face à
la fin d'une mesure qui pourrait être efficace, on se donne quatre mois pour,
justement, déposer un rapport. Non seulement sur la mise en œuvre, sur ses
effets et partir également une discussion, puisque le dépôt est fait à l'Assemblée
nationale, sur l'opportunité ou non de renouveler la mesure.
Évidemment, ça n'empêche pas entre temps,
un an après la mise en place de la mesure ou 22 mois après la mise en
place de la mesure, de s'interroger sur ce qui se passe et l'effet que ça peut
avoir, notamment pendant l'étude des crédits ou au moment où les statistiques
sont publiées sur la construction, sur le taux d'inoccupation et ainsi de
suite, des informations. Mais là l'objectif, c'est que moi, je poursuis avec le
dépôt de cet... ce sous-amendement-là, c'est véritablement de créer une... une
obligation au législateur, donc à la fois à la ministre, mais également à l'Assemblée
nationale, de se prononcer de façon formelle sur un rapport de mise en œuvre
pour la presque totalité de la mise en œuvre de la mesure temporaire et tout en
se donnant le temps de pouvoir adopter et, si on le juge à propos, une nouvelle
pièce législative qui aurait pour effet de prolonger cette mesure-là, voire l'amender
au besoin.
On s'entendra qu'une mesure comme celle-là
n'a pas à faire l'objet d'une étude de plusieurs semaines. Donc, un quatre mois
me semblent largement suffisants pour s'assurer d'éviter d'avoir un trou noir d'une
période, donc, au cours de laquelle le moratoire n'aurait plus effet, mais qu'on
ne se serait pas interrogé à savoir s'il y a lieu de le prolonger.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Mme la ministre.
Mme Duranceau : Je vais
laisser parler les collègues.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la députée de...
• (20 h 10) •
Mme Dufour : Merci, Mme
la Présidente. Juste bien saisir, ici, ce qu'on propose. Dans le fond, si je
comprends bien, si le projet de loi n'est adopté que la semaine prochaine,
comme le scénario qui était... qui était présenté tout à l'heure pour les
calculs...
Mme Dufour : ...ça voudrait
dire qu'on parlerait de février 2027, et... C'est bien ça? Ça... ça fait...
Moi, je ne vois pas d'enjeu. Je pense que ça fait... ça peut faire du sens
de... Je comprends qu'on n'aurait pas de rapport de mi-étape, mais dans les
faits, ce qu'on comprend, c'est que le rapport de mi-étape, ce seraient des
données de... qui seraient très partielles, de toute façon, rendu là, on aurait
des données quand même un peu plus... qui parlent un peu plus peut-être, et
effectivement, là, c'est à quelques mois de la fin. Donc, je... moi, je ne vois
pas d'enjeu, là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que j'ai d'autres interventions?
M. Arseneau : ...mentionner
que je ne sais pas quel genre de suivi le ministère va faire sur ce type de
mesures là, tu sais, on parle... on parlait tout à l'heure, là, du nombre de
constructions que... qui auront pu émerger suite à la mise en œuvre du
programme PHAQ, ou encore l'évolution du taux d'inoccupation, et ainsi de
suite. Quels sont les... les indicateurs, en fait? Puis ça, on a dit tout à
l'heure : On ne rentrera pas là-dedans, mais moi, j'imagine que le
ministère a déjà un certain nombre d'indicateurs et peut-être qu'il pourra se
doter d'indicateurs supplémentaires si une... d'aventure, une stratégie est déposée,
un tableau de bord est rendu disponible. Cette information-là, on pourra la
suivre justement jusqu'à ce qu'on arrive à quelques mois de la date où le
moratoire n'a plus effet. Mais on se donne ici un rendez-vous pour en discuter
de façon formelle sur la base d'un rapport soumis par le titulaire du ministère
de l'Habitation. Ce qui me semble responsable dans la mesure où on a évoqué à
plusieurs reprises qu'il est possible que, cette mesure-là, il soit nécessaire
de la prolonger parce qu'il est possible que la crise du logement ne soit pas
complètement résorbée à ce moment-là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la ministre.
Mme Duranceau : Moi, si...
moi, je n'ai pas d'enjeu avec ça, je pense qu'on va avoir des données plus...
plus on est tard dans le processus, puis on va avoir des données qui sont
complètes. Je pense qu'on va s'en parler quand même au fil... Puis ce sont des
données qui sont publiques, là, tu sais, on peut voir ça compliqué, là, mais,
je veux dire, c'est des données qu'on suit déjà collectivement depuis plusieurs
mois. On va continuer de les suivre. Là, c'est qu'on va formaliser peut-être
l'interprétation, puis ce sera un prélude ou un préambule à un nouveau projet
de loi à ce moment-là, ou pas. Donc, moi, je n'ai pas de problème avec
l'amendement qui est proposé, là.
M. Arseneau : ...une
question... une question peut-être à l'équipe de la ministre, à moins que Mme
la ministre ait la réponse. Si je comprends bien, parce qu'on le prend pour
acquis, mais je veux juste m'assurer que le seul moyen pour nous de prolonger
le moratoire qui est ici prévu pour trois ans, c'est effectivement par
l'adoption d'une nouvelle loi. Il n'y a pas d'autre façon de le faire. C'est
bel et bien...
Mme Duranceau : Oui. Non...
Non, les raisons... puis ce que j'ai expliqué au tout début, c'est que, comme
c'est une mesure très exceptionnelle, on n'a jamais fait ça, on veut
redonner... on pense qu'il faut que l'Assemblée se reprononce là-dessus en
temps et lieu.
M. Arseneau : D'accord.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, est-ce que j'ai d'autres interventions sur le
sous-amendement? Si je n'ai pas d'autre intervention, est-il adopté? Adopté.
Alors, je reviens à l'amendement tel que sous-amendé. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'amendement? Si je n'ai pas d'autre intervention, est-il
adopté? Adopté. Donc, l'amendement sous-amendé est adopté et introduit un
nouvel article 11.1 qui est adopté. Alors, nous allons poursuivre avec le
prochain bloc, et avis de modification du bail, et l'article quatre. Mme la
ministre, la parole est à vous.
Mme Duranceau : Donc :
L'article 1943 du Code civil est modifié par l'insertion, avant le premier
alinéa des... des suivants : «Tout avis de modification doit informer le
locataire de ses droits et recours prévus aux articles 1945 et 1947 et
doit contenir toute mention prescrite par règlement. L'avis qui vise à modifier
la durée du bail doit indiquer celle qui est proposée.»;
Par la suppression dans le premier alinéa
de... de «modification», puis troisième paragraphe, par la suppression du
deuxième alinéa.
Donc, l'article quatre du projet de loi
modifierait l'article 1943 du Code civil afin que tout avis de modification
des conditions d'un...
Mme Duranceau : ...bails
de logements contiennent de l'information concernant les droits et recours du
locataire dont son droit de refuser la modification, en plus de toute mention
prescrite par règlement du gouvernement. La loi modifiant diverses dispositions
législatives en matière d'habitation, sanctionnée le 21 février 2024,
prévoit déjà des ajustements similaires à l'article 1943, mais leur portée
limitée aux avis de modification qui visent à augmenter le loyer. Les
ajustements proposés par le présent article feraient en sorte que ces nouvelles
obligations en matière d'information viseraient tout avis de modification d'un
bail de logement.
Alors, en mots plus simples, quand on a
fait le p.l. no 31, on a modifié l'article 1942 puis on a dit, bien,
l'avis pour une modification de bail visé par 1942 va devoir contenir telles et
telles informations qui vont être définies par règlement. Puis, bien, il serait
opportun que 1943 qui vient aussi modifier le bail pour... pour... oui, c'est
ça, différents éléments comporte dans sa forme les mêmes éléments qui seront
prévus par règlement. C'est ce qu'on avait accepté, nous, ce qu'on avait prévu,
là, en vertu de 1942 dans l'autre projet de loi. Alors, grosso modo, c'est
l'esprit des modifications, le fameux règlement n'étant pas encore publié, et
il va inclure tout ça.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la ministre. Ai-je des interventions sur
l'article 4?
Mme Dufour : Oui. C'est
juste...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui. Sur l'article 4, est-ce que ça va?
Mme Dufour : Oui. Bien,
je vais peut-être juste juste valider une information. Donc... Donc, si je
comprends bien, on avait discuté, là, lors du projet de loi no 31, de ce
que devait contenir l'avis de modification. Je n'ai pas souvenir que c'était à
l'article 1943 par contre, là.
Mme Duranceau : 1942.
Mme Dufour : Oui, mais
je le lis, le 1942, puis je ne le vois pas. C'est peut-être que je n'ai pas une
version modifiée du Code civil, là, mais je ne le vois pas. Mais bref, excusez,
je suis dans le Code civil puis je le cherche. C'est pour ça. Mais pas plus de
six mois avant...
Une voix : ...
Mme Dufour : C'est ça,
c'est... C'est parce que ça n'a pas été fait encore ou... C'est ça, ce n'est
pas en vigueur. O.K. C'est ça. C'est pour ça qu'il n'est pas dedans.
Des voix : ...
Mme Duranceau : C'est
ça. 1942 n'a pas été modifié, des suites du p.l. no 31 parce que la
modification est pas encore entrée en vigueur, parce qu'elle rentre en vigueur
quand le règlement est publié. Là, le règlement, il n'a pas été publié.
Mme Dufour : Puis on
peut penser qu'il va être publié?
Mme Duranceau : Bien,
prochainement, là, parce que, là, on était en train de tout préparer pour
publier le règlement. Puis là on a dit O.K. Bien, 1943 aussi devrait être visé
par l'avis pour être cohérent d'un... d'un avis à l'autre. Alors, c'est pour ça
qu'on en profite pour ajuster ça.
Mme Dufour : Ça fait que
peut-être, me rappeler, c'était... Parce qu'on en avait discuté, là, de
qu'est-ce que ça devait contenir, puis finalement on avait convenu que ça ne
serait pas règlement parce que c'était complexe d'essayer d'établir toutes les
clauses qui devaient être mentionnées.
Mme Duranceau : Bien, on
recopiait le Code civil, grosso modo.
Mme Dufour : C'est ça.
Mme Duranceau : Ça ne
devenait pas...
Mme Dufour : C'est ça.
Puis c'est là qu'on a eu la discussion d'ailleurs sur les frais judiciaires, la
question qu'il y avait de la jurisprudence qui venait dire que si on contestait
une hausse qui... qui était raisonnable et pour laquelle on nous avait expliqué
tous les détails, comme que le locateur avait expliqué tous les détails que le
locataire pouvait se faire imposer des frais judiciaires. Là, ce n'était pas
des sommes immenses, mais je pense qu'on parlait de 73 $, quelque chose
comme ça, là. Peut-être que ça a changé. Je vois les... Me Simard. Mais,
en tout cas, il me semble que c'était autour de ça. Et donc, il y avait des...
des hausses de loyer qui étaient contestées. Je me souviens d'un cas, c'était
une jurisprudence, c'était une hausse de 12 $ annuelle. Je pense que
c'était quelque chose comme ça, où c'était vraiment minime. Puis c'est ça, la
personne avait fini par non seulement avoir une hausse supérieure, si je ne me
trompe pas, puis en plus avoir les frais judiciaires, mais... mais c'était ça.
Ce qu'on disait, c'est que c'est important que les locataires connaissent
ces... non seulement leurs droits, mais aussi les conséquences que la
jurisprudence prévoit dans le cas où ils font valoir un droit, mais qui est
d'une certaine façon abusives. Donc... Donc, est-ce que vous avez le prix du...
Oui? Je vous écoute.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Me Simard.
• (20 h 20) •
M. Simard (Patrick) : Alors,
il s'agit d'une demande tarifée à quatre...
Mme Dufour : ...c'est rendu à
87, O.K., ça a monté, ça devait être l'année passée qu'on en parlait. On a
parlé... on a parlé longtemps du 31. Bien, bref, donc, je ne sais pas, ça,
c'est ici... c'est ici ou plus loin, mais qu'on devrait l'inclure. Est-ce que
c'est prévu dans le règlement de parler de ces frais judiciaires là potentiels?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la ministre.
Mme Duranceau : Non, ce
n'était pas prévu dans le règlement actuel. Ceci dit, on est ouvert, vous avez
proposé un amendement sur ça, on est ouvert à inclure ça dans l'ensemble de
l'oeuvre.
Mme Dufour : Oui, c'est ça,
mais c'est parce que c'est différent, l'amendement, en tout cas, on va le
regarder, mais c'est un autre article. Là, c'est s'il y a quelque chose qui se
fait par règlement, il faudrait peut-être, tu sais, l'inclure, cette notion-là.
En tout cas, je ne sais pas à quel stade c'est rendu là.
Mme Duranceau : ...comment on
l'a rédigé. Les frais... les frais...
Mme Dufour : C'est ça, c'est
dans le 1942, mais c'est juste pour voir si c'est quelque chose qui peut être
discuté pour le 1943.
Des voix : ...
Mme Duranceau : On va
peut-être apporter une précision.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que vous désirez une petite suspension ou si ça vous
va, Me Simard?
Mme Duranceau : Non, non on
est prêt.
M. Simard (Patrick) : Oui,
merci, Mme la Présidente. Alors, on revient peut-être un petit peu en arrière.
L'objectif, il faut comprendre qu'il y a deux types d'avis, il peut y avoir un
avis d'augmentation de loyer, uniquement, on ne parle que de l'argent. C'était
déjà visé dans le 31. Et là on s'est dit : Bien, il peut également y avoir
un avis, mais on ne touche pas à la notion monétaire, donc du loyer, plutôt
rare, vous allez me dire, mais on amène une condition supplémentaire au bail,
ça peut être, par exemple, un changement quant à l'électricité, et ça, c'est
visé dans un autre article.
Alors, ce qui est proposé aujourd'hui,
c'est d'inclure la bonne idée dans l'autre scénario. Et, quant à la démarche
sur les frais, dont vous parlez, ça, ça se retrouve dans la Loi sur le TAL.
C'est pour ça qu'il y aura une proposition qui pourrait vous être faite. Mais
ce n'est pas dans le Code civil, ça, ce n'est pas là qu'on va gérer la notion
de qui va payer les frais dans le contexte. Ce n'est pas dans le Code civil.
Mme Dufour : Ce n'est pas
dans le Code civil, c'est dans la Loi sur le TAL. On a un amendement dans la
Loi sur le TAL aussi. Bien, je vais peut-être y revenir.
Des voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Donc, est-ce que j'ai d'autres interventions sur l'article
4? Si je n'ai pas d'autre intervention sur l'article 4, est-il adopté? Adopté.
Donc, je cède la parole à la députée de La Pinière pour le dépôt d'un
amendement.
Mme Caron : Oui, merci, Mme
la Présidente. Alors, l'amendement a été envoyé, donc devrait être affiché
bientôt. Je peux commencer à lire maintenant. Ça va être plus...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, je vais vous inviter à le lire. Oui, allez-y.
Mme Dufour : Ce n'est pas
Mille-Îles, par exemple, c'est La Pinière.
Mme Duranceau : Donc là,
c'est l'amendement...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui, c'est l'amendement de la députée de La Pinière.
Mme Dufour : Juste m'assurer
que ça va être attribué à la députée de La Pinière.
Des voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : O.K. Alors, je vous invite à en faire la lecture.
Mme Caron : Merci. Alors,
l'article 4.1 : Insérer après...
Mme Caron : ...l'article
quatre du projet de loi, le suivant : 4.1. L'article 1953 du Code
civil du Québec est modifié par l'insertion, après le deuxième alinéa du
suivant : «Si le tribunal détermine que le loyer exigible est égal ou
supérieur au montant indiqué à l'avis de modification de bail et que le
locateur a établi qu'il a tenté de négocier avec le locataire en lui donnant
notamment accès aux renseignements nécessaires à la fixation de loyer avant le
dépôt de la demande, le locataire doit payer les frais judiciaires.»
Alors, l'article se lirait comme suit :
«1953. Le tribunal saisi d'une demande de fixation ou de réajustement de loyer
détermine le loyer exigible en tenant compte des normes fixées par les
règlements. Le loyer qu'il fixe est en vigueur pour la même durée que le bail
reconduit ou pour celle qu'il détermine, mais qui ne peut excéder 12 mois.
Si le tribunal détermine que le loyer exigible est égal ou supérieur au montant
indiqué à l'avis de modification de bail et que le locateur a établi qu'il a
tenté de négocier avec le locataire en lui donnant notamment accès aux
renseignements nécessaires à la fixation de loyer avant le dépôt de la demande,
le locataire doit payer les frais judiciaires. S'il accorde une augmentation de
loyer, il peut échelonner le paiement des arriérés sur une période qui n'excède
pas le terme du bail reconduit.»
Alors, l'idée ici, c'était de clarifier
pour le locataire que, dans ces... dans ces cas-là, il aurait à payer les frais
judiciaires puisque, comme on le disait tout à l'heure, quelqu'un peut... peut
contester, aller au TAL pour une hausse de loyer qui est inférieure même aux
frais judiciaires qu'il aurait à payer, ce qui devient une mauvaise... une
mauvaise surprise pour la personne. Et aussi en sachant... en ayant cette
information-là, bien, le... ça pourrait peut-être faciliter la négociation
entre le locateur et le locataire et qu'il y ait une entente et que ça n'aille
pas jusque... jusqu'au TAL, finalement. Alors, c'était... c'était aussi dans
l'esprit d'enlever le... peut-être le flou, là, judiciaire dont je parlais tout
à l'heure quand je proposais l'amendement 5.1.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Mme la ministre.
Mme Duranceau : Oui. Oui, on
va suspendre une minute, une vraie minute.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, on va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 20 h 28)
20 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 20 h 36)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Nous en étions donc à l'amendement déposé par la députée de La
Pinière. Mme la ministre, vous avez des commentaires.
Mme Duranceau : ...alors, on
considère que cette modification-là, elle est... elle est valable. Elle
devrait, selon nous, être faite à l'intérieur de la Loi sur le tribunal
administratif du logement. Et là, malheureusement, cette loi-là n'est pas visée
par le projet de loi actuel, qui était très, très circonscrit, là, pour les
raisons qu'on connaît. Donc, on n'est pas en mesure d'accepter l'amendement du
Code civil pour les raisons invoquées. Il faudrait faire ça dans la loi sur le
tribunal. On n'ira pas là ce soir.
Ceci dit, moi, c'est une modification qui
me... qui me convient, puis je propose de la prendre en compte, du moins, à
court terme, là, de manière réglementaire. Donc, dans le règlement qu'on va
rédiger, là, qui est... qui est aussi touché par l'article quatre. Puis, s'il y
a lieu, à un autre moment, ça pourra... ça pourra faire l'objet d'une
modification de la loi en temps et lieu, là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la députée.
Mme Dufour : Merci, Mme la Présidente.
Bien, il y a... à chaque année, même, je dirais même, à chaque législation, il
y a un omnibus municipal qui pourrait très bien permettre d'intégrer ce genre
de modifications là. Mais, si on peut effectivement le mettre dans le
règlement, je pense que ça serait déjà un début pour que les citoyens soient
conscients, comme je disais, d'une réalité, là, c'est que ça finit par leur
incomber, ces frais-là, s'il... si ça respecte les règles, là, évidemment, puis
si le locateur a pris toutes les démarches nécessaires pour bien démontrer les
hausses de loyer, qu'elles sont justifiées puis que finalement le tribunal, au
bout du compte, attribue une augmentation, même supérieure. À ce moment-là, ces
frais-là, ils doivent les payer. Donc, c'est dans le but qu'ils soient mieux
informés. Donc, voilà.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Allez-y.
Mme Caron : Oui. Alors, bien,
le règlement va... va inclure l'information. Donc, l'objectif d'informer va
être... va être atteint. Par contre, l'objectif de clarifier que le locataire
dans les conditions indiquées doit payer les frais judiciaires, et qu'il n'y
ait pas de flou, je dirais, artistique avec un membre du tribunal qui décide
que, oui, il va appliquer les frais, puis... ou non, il ne va pas les appliquer
dans les mêmes conditions, comme montre la jurisprudence qui... on voit que c'est
variable, ça, cet objectif-là ne pourra pas être atteint, si je comprends bien,
ni dans le règlement, ni avec cet... cet amendement-là, puisqu'on ne veut pas
le recevoir au Code civil, ni dans la loi sur le tribunal du logement, qu'on ne
veut pas ouvrir ici. Donc, le seul objectif atteint dans le règlement, c'est l'information.
Il faudrait attendre un autre projet de loi pour revenir avec... avec la
clarification des... de l'application des frais... de l'attribution des frais
judiciaires aux locataires.
Mme Duranceau : Oui.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce que j'ai d'autres interventions sur l'amendement?
Si je n'ai pas d'autre intervention, nous allons le placer aux voix. Est-ce que
l'amendement est adopté? Rejeté. Alors, nous revenons à... Nous... nous
poursuivons notre... notre lecture. Maintenant, ça va être à l'article six.
• (20 h 40) •
Mme Duranceau : Oui. Alors...
Mme Duranceau : ...ça se
lit comme suit : L'article 5 de la présente... L'article 5 de la
Loi modifiant... modifiant diverses dispositions législatives en matière
d'habitation (2024, chapitre II) est abrogé.
Donc, l'article... L'article 6 du
projet de loi abrogeait l'article 5 de la Loi modifiant diverses
dispositions législatives en matière d'habitation, qui modifie
l'article 1943 du Code civil mais qui n'est pas encore en vigueur.
L'article abrogé ne serait plus requis en raison des modifications proposées
par l'article 4 du projet de loi.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que j'ai des interventions sur l'article 6?
Une voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Allez-y.
Mme Dufour : Oui. Comme
on ne l'a pas devant nous, là, la loi... la loi no 31, mais on mentionne
la loi, ce qu'on abroge, c'est, dans le fond, les dispositions précédentes
concernant l'avis de modification?
Mme Duranceau : C'est la
modification qui avait été effectuée à 1943 du Code civil dans le p.l.
no 31, qu'on remplace par la modification qu'on a adoptée, là,
précédemment pour préciser le contenu de l'avis de modification de bail.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Donc, c'est de la concordance.
Mme Duranceau : C'est
ça.
Mme Dufour : À 5.
Mme Duranceau : Concordance.
Une voix : C'est ce que j'ai
dit.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : D'autres interventions sur l'article 6?
Une voix : Non.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Si je n'ai pas d'autre intervention, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Adopté. On passe maintenant à l'article 7.
Mme Duranceau : L'article 97
de cette loi est modifié par la suppression du paragraphe 1°.
Donc, l'article 77 du projet
apporterait une modification de concordance à l'article d'entrée en vigueur de
la Loi modifiant diverses dispositions législatives en matière d'habitation,
afin de tenir compte de l'abrogation de l'article 5 de cette loi.
L'article 97 de la Loi modifiant diverses dispositions législatives en
matière d'habitation, tel qu'il se lirait :
Les dispositions de la présente loi
entrent en vigueur le 21 février 2024, à l'exception — là on
enlève le premier paragraphe qui faisait référence à 1943 et puis qu'on vient
d'abroger — Deuxième paragraphe de celle des articles 46, 48 qui
entrent en vigueur à la date d'entrée en vigueur du premier règlement pris en
vertu de l'article 1979 du Code civil, tel que modifié par
l'article 18 de la présente loi. Le troisième paragraphe demeure, là, de
celle des premier et deuxième alinéas de l'article 94, qui est en vigueur
le 21 août 2024.
Donc, concordance.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Concordance. Est-ce que j'ai des interventions sur
l'article 7? Si je n'ai pas d'intervention, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Madopté. Maintenant, l'article proposé 5.1 était
suspendu. C'est l'amendement proposé par la députée de La Pinière, 5.1, que
nous avions suspendu. Est-ce que nous le retirons?
Mme Caron : Bien, oui.
On va le retirer, oui.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, j'ai une proposition de retirer
l'amendement 5.1, est ce que c'est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Adopté. Nous poursuivons le dernier bloc qui est sur les
dispositions finales. L'article 12, Mme la ministre.
Mme Duranceau : Oui.
Donc : Le ministre responsable de l'habitation est responsable... Pourquoi
«le ministre»?
«Le ministre responsable de l'habitation
est responsable de l'application de la présente loi.»
L'article 12 du projet de loi
confierait à la ministre responsable de l'Habitation le devoir de veiller à
l'application de la loi.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que j'ai des interventions sur l'article 12?
Oui.
Mme Dufour : Oui. Une
question vraiment très simple mais pourquoi habitation n'a pas de h majuscule
dans cette forme-là, alors que, partout ailleurs, on parle du ministère de
l'Habitation avec un h majuscule?
Mme Duranceau : Vas-y.
M. Simard (Patrick) : Mme
la Présidente.
Mme Duranceau : Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui.
M. Simard (Patrick) : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui. Allez-y. Je m'excuse. Je cherchais la réponse.
M. Paradis (Nicolas) : Merci.
Tout simplement que, dans le fond, le ministère, effectivement, des Affaires
municipales et de l'Habitation, bon, c'est la manière dont on les désigne en
mettant un h ou des lettres majuscules pour les fonctions. Là, quand on
comprend, ici, on n'est pas dans la dynamique de la désignation du ministère
avec les fonctions, mais une ministre responsable d'une mission particulière
qui est l'habitation. C'est la manière purement légistique d'écrire les choses.
Donc...
Mme Dufour : D'accord.
Merci beaucoup. Je vais... Je vais me coucher moins... moins niaiseuse ce soir.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que j'ai d'autres interventions? Si je n'ai pas
d'autre... Oui, allez-y, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Extrêmement
brièvement. Je ne peux pas m'empêcher, chaque fois que je vois ça, de déplorer
qu'on n'utilise pas des formulations épicènes, qu'on utilise encore «le
ministre» de manière systématique. J'attends toujours ce premier projet de loi
où on aura une formulation épicène. On a beaucoup de femmes ministres
maintenant. Ça vaut la peine que ça existe.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce que j'ai d'autres interventions sur
l'article 12...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...alors, est-ce que l'article 12 est adopté? Adopté.
Merci. L'article 13, Mme la ministre.
Mme Duranceau : Oui.
Alors : «Les dispositions de la présente loi entrent en vigueur le
(indiquer ici la date de la sanction de la présente loi), à l'exception :
«1° de celles de l'article 4, qui entrent
en vigueur à la date de l'entrée en vigueur du premier règlement pris en vertu
de l'article 1943 du Code civil, tel que modifié par l'article quatre de la
présente loi;
«2° de celles du sous-paragraphe a du
paragraphe 2° de l'article 9, qui entrent en vigueur à la date de l'entrée en
vigueur de l'article 1293 de la Loi visant à rendre le système de santé et des
services sociaux plus efficace.»
Donc, l'article 13 du projet de loi
prévoit que les dispositions de la loi entreraient en vigueur à la date de sa
sanction, à l'exception de la modification à l'article 1943 du Code civil, qui
requiert un règlement du gouvernement et de certaines dispositions relatives
aux résidences privées pour aînés qui dépendent de l'entrée en vigueur de la
Loi visant à rendre le système de santé et services sociaux plus efficace.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la ministre. Est-ce que j'ai des interventions
sur l'article 13? Si je n'ai pas d'intervention, est-il adopté? Adopté. Alors,
on a passé la totalité. Alors, les intitulés des sections sont-ils adoptés?
Adopté. Le titre du projet de loi est-il adopté? Adopté. Je propose que la
commission recommande la renumérotation du projet de loi amendé et je propose que
la commission adopte une motion d'ajustement des références. Cette motion
est-elle adoptée? Adopté.
Nous en sommes donc aux remarques finales.
Je vais procéder à l'inverse. On va commencer avec le député des
Îles-de-la-Madeleine pour vos remarques finales.
Mme Duranceau : Mme la
Présidente, j'aimerais juste, ce n'est pas en termes de temps, mais j'aimerais
demander aux oppositions, si tout le monde est d'accord pour qu'on ait le
temps, tout le monde, de lire nos remarques finales ce soir. Ça fait qu'on
dépasserait peut-être de quelques minutes.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que j'ai le consentement pour dépasser de quelques
minutes, au besoin?
Mme Dufour : ...ça va
dépendre des remarques... Si le premier député prend 10 minutes, ça sera... il
n'y aurait pas de consentement. Je vous dirais que...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Proportionnellement...
Mme Dufour : ...je donnerai
mon consentement quand on arrivera proche de l'heure pour voir selon... où on
est rendus.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, M. le député.
M. Arseneau : Je vais vous
offrir toute ma collaboration en gardant mes remarques finales au plus strict
minimum, en rappelant que nous nous étions engagés à collaborer franchement, à
faire en sorte que le projet de loi soit adopté rapidement et de travailler à
le bonifier. Je pense que c'est ce qu'on a fait collectivement aujourd'hui, et
j'en suis ravi. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Je vais garder le détail de mes commentaires pour ma prise de
parole sur l'adoption finale. Je veux simplement dire à tout le monde qui est
ici, je trouve qu'on a fait du beau travail pour les Québécois et les
Québécoises ce soir. Moi, ça me rend très fière de ce qu'on a réussi à faire
ensemble. Je m'arrête ici pour que tout le monde puisse prendre la parole ce
soir.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui, merci.
Écoutez, je pense que, on l'avait dit nous aussi, qu'on collaborait et qu'on
ferait un travail rigoureux, je pense qu'on l'a vu. Et tout le monde était de
bonne foi aujourd'hui, comme on l'a été d'ailleurs dans le cadre du projet de
loi n° 31, je tiens à souligner. Et évidemment ce projet de loi là, ça a pour
but d'aider, en premier lieu, les aînés, évidemment, mais aussi on va venir
mettre, un, le couvercle un peu sur la marmite, sur les évictions pour
l'ensemble de la population. Je continue à croire qu'il va falloir vraiment
être prudents pour la question des investissements et que ça prendra des
mesures structurantes pour stimuler les investissements, les constructions.
Parce que l'enjeu majeur, c'est qu'il manque de logements, et actuellement on
n'en construit pas suffisamment.
Tous les amendements, tout ce qui a été...
ce qu'on a discuté aujourd'hui, bien, ça fait quand même longtemps qu'on en
parle. On en a parlé abondamment lors de l'étude du projet de loi n° 31
notamment, on en a parlé en période de questions, en interpellation, en période
d'étude de crédits. Donc, je pense que... je pense qu'on a avancé, mais il
reste un très grand pas à faire. Il reste beaucoup de chemin à faire pour
régler la crise du logement.
• (20 h 50) •
Je terminerais, peut-être, en remerciant
tout le monde, en premier lieu, ma collègue qui m'a accompagnée. Ça n'a pas été
un projet de loi aussi long que le projet de loi n° 31, mais, quand même,
j'apprécie la compagnie, évidemment, les oppositions pour les amendements proposés,
et toute la banquette ministérielle, en dernier
lieu, la ministre, évidemment, les fonctionnaires aussi qui ont répondu aux
questions, comme toujours. Donc, je vous remercie beaucoup...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...merci, je vais vous laisser...
Mme Caron : Oui. Alors,
merci. Simplement pour dire que je suis très heureuse aussi que cette
protection accrue soit adoptée pour... pour les aînés. Je demeure... j'ai
toujours des réserves à propos des effets que ça pourrait avoir sur... sur
les... les projets d'immeubles locatifs. Mais ça, on verra à l'usage. On ne
peut pas essayer quelque chose de neuf et connaître toutes les retombées ou
toutes les conséquences. Alors, on va se souhaiter que les conséquences seront
positives ou qu'il y aura possibilité d'agir pour... pour s'assurer que ce soit
plus positif que négatif. C'est dommage qu'on n'ait pas pu clarifier la
question des frais judiciaires, parce que ça aurait été utile pour les... pour
les locataires. Ça aurait aussi permis peut-être des négociations de bonne foi
des deux côtés, éviter d'aller engorger le tribunal administratif du logement.
Je comprends que ce n'était pas parce qu'on était nécessairement contre, mais
parce qu'on ne pouvait pas ouvrir... faire... faire un amendement à la loi qui
n'était pas visée, la loi sur le TAL qui n'était pas visée, donc, par le projet
de loi. Alors, c'est partie remise. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la députée. Alors, Mme la ministre, vos... vos
remarques finales.
Mme Duranceau : Bien oui,
écoutez, remarques finales, la journée même. Alors, je nous félicite tous, on a
bien fait ça, une belle collaboration. On avait des questions, êtes-vous...
pensez-vous être capables de régler ça avant la fin de la session? Je pense que
tout le monde était... était là. On a eu des bonnes discussions, on a bonifié,
vous l'avez dit, tout le monde a apporté des bons points. Alors, je pense que
ça sera au bénéfice de tous les Québécois, particulièrement les gens plus
vulnérables. Puis c'est pour ça qu'on est là. Si le gouvernement ne s'occupe
pas des plus vulnérables, personne ne va s'en occuper. Alors, bon travail.
Donc, je remercie mes collègues des
oppositions. Je remercie mes collègues du gouvernement. Ce fut bref, mais
efficace, hein? Parfait. Et puis même chose avec... avec tout le personnel
administratif du tribunal et du ministère. Et, bien, je le répète, c'est une
mesure qui est audacieuse, c'est une mesure qui est inhabituelle, mais dans des
circonstances exceptionnelles, bien mesures... mesures exceptionnelles. Puis on
aura l'occasion de conclure en Chambre avec nos... nos... pas déclaration
finale, mais un... notre allocution finale là-dessus. Et bref, bravo à tout le
monde. Merci beaucoup. Puis bon, je pense qu'on peut être fiers de ce qui a été
accompli aujourd'hui. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Donc, avant de lever la séance, à mon tour de vous
féliciter toutes et tous, et tous pour cet excellent travail. Une journée comme
celle-là, bien, ça me rend fière de présider cette commission. Nous sommes
des... des battantes et des battants, nous sommes capables d'arriver à bien
discuter. Alors, merci à tous, merci au secrétariat, aussi, à la technique.
Alors, sur ce, je vous remercie à nouveau
de votre collaboration. La commission ajourne ses... pas ajourne, ayant
accompli son mandat, oui, effectivement, ajourne sine die.
(Fin de la séance à 20 h 53)