Journal des débats (Hansard) of the Committee on Citizen Relations
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
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Thursday, May 4, 2023
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Vol. 47 N° 17
Étude des crédits budgétaires du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l'Intégration
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11 h (version non révisée)
(Onze heures vingt-quatre minutes)
La Présidente (Mme Gendron) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Je tiens à souhaiter la bienvenue à tous. Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des relations avec
les citoyens ouverte. La commission est réunie aujourd'hui afin de procéder à l'étude
des crédits budgétaires du portefeuille Immigration, francisation et
intégration pour l'exercice financier 2023-2024. Une enveloppe totale de 3
h 30 a été allouée pour l'étude de ces crédits. Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Madame Lecours (Les Plaines) est remplacée par Monsieur Provençal (Beauce-Nord);
madame Tardif (Laviolette-Saint-Maurice) est remplacée par madame Bogemans (Iberville),
madame Prass (D'Arcy-McGee) est remplacée par Monsieur Derraji (Nelligan); et
madame Massé (Sainte-Marie–Saint-Jacques) est remplacée par monsieur Cliche-Rivard
(Saint-Henri–Sainte-Anne).
La Présidente (Mme Gendron) : Merci.
Nous allons donc procéder à la discussion d'ordre général, incluant les
questions et les réponses. La mise aux voix de ces crédits sera donc effectuée
à la fin du temps qui leur est alloué, soit cet après-midi vers 16 h.
Je suis maintenant prête à reconnaître une
première intervention de l'opposition officielle pour un premier bloc d'échange.
Donc, M. le député de Nelligan, la parole est à vous pour une durée de 18 minutes
14 secondes.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Mes salutations à l'ensemble des collègues de la partie
gouvernementale, mon collègue de Québec solidaire. Je tiens aussi à remercier
la ministre, toute son équipe, son chef de cab, les personnes qui l'accompagnent
dans cet exercice démocratique. Je vais essayer de poser des questions très
courtes, donc, on n'a pas beaucoup de temps, donc si ça ne vous dérange pas de
rester aussi court dans la réponse. Première question, Mme la ministre, est-ce
que vous avez vu le reportage de Télé-Québec, L'essentiel?
Mme Fréchette : Bonjour,
bienvenue à tous, dans un premier temps, ça fait plaisir de vous voir ici ce
matin. Alors, oui, pour répondre à votre question, j'ai effectivement visionné
le reportage de Télé-Québec intitulé L'Essentiel...
Mme Fréchette : ...l'Essentiels.
M. Derraji : Avez-vous eu une
rencontre avec les deux réalisatrices, Madame Sonia Djelidi et Sarah Champagne?
Mme Fréchette : Si j'ai eu
une?
M. Derraji : Une rencontre
avec les deux protagonistes de ce reportage.
Mme Fréchette : En fait,
quelques jours plus tard, on s'est parlé au téléphone, moi et la journaliste
Sarah Champagne. Donc, on a fait une entrevue qui reprenait quelques-uns des
thèmes qui étaient abordés dans le cadre du documentaire.
M. Derraji : Qu'est-ce que
vous avez retenu après le visionnement de ce reportage? C'est quoi, la chose
qui vous a le plus frappé?
Mme Fréchette : Bien, d'une
part, c'était un reportage... un documentaire, pardon, qui m'a fait réaliser
qu'il y avait quand même un phénomène d'importance autour des firmes de recrutement
et de placement de travailleurs étrangers temporaires. Bon, j'étais consciente
qu'il y avait de ces firmes déjà présentes au Québec, mais ce que j'ai réalisé,
d'une part, c'est que peut-être le phénomène était plus important que je ne
l'avais imaginé, et j'ai eu le sentiment que ces firmes pouvaient apparaître et
disparaître assez aisément. Donc, ça, c'est un des éléments qui m'a interpellé
quand j'ai vu le reportage. Et, bien sûr, j'ai été sensible aussi à la réalité
des gens dont il est question dans le documentaire. Parce que c'est sûr qu'il y
a des enjeux qui sont rencontrés et qui sont préoccupants. Je pense, notamment,
à des enjeux de vulnérabilité de certains de ces travailleurs étrangers
temporaires. Donc, c'est un des éléments qui ressortait assez, assez fortement
du documentaire. Donc, c'est sûr qu'on n'est pas insensibles à cette
réalité-là. Et, comme gouvernement, je pense qu'il est important qu'on ait une
attention marquée sur cette réalité-là pour faire en sorte que nos travailleurs
étrangers temporaires puissent oeuvrer dans un cadre...
M. Derraji : C'est bon, c'est
vraiment bon. C'est ce que je voulais. C'est parce que c'est un bon point. Et
vous avez vu que ce n'est pas la première fois que je vous interpelle par
rapport aux travailleurs temporaires étrangers. Et, je vous le dis d'une
manière très amicale, le but aujourd'hui, c'est vraiment clarifier tout ce qui
se dit sur les travailleurs temporaires étrangers parce que vous êtes
responsable, et votre ministère.
J'ai quelques citations :
«L'immigration, pour beaucoup de gens, ça veut dire : problèmes, menaces
et disparition du français.» Je ne... Je tiens juste à vous rappeler les propos
de votre prédécesseur pendant la campagne électorale. «Ce n'est jamais positif,
sauf que quand on sort du sac ce que j'appelle un immigrant trophée :
trois ou quatre personnes qu'on nomme pour dire que tout va bien, dit-elle.
Pour moi, mes amis et ma famille, l'immigration signifie sacrifices, racisme,
lutte pour la dignité et travail acharné.» Propos de Sonia Djelidi. «Comme dit
ma collègue Sarah Champagne : chaque fois que vous...
Mme Fréchette : ...vous avez
dit propos de?
M. Derraji : De la
réalisatrice du documentaire.
Mme Fréchette : D'accord.
M. Derraji : «Comme dit ma
collègue Sarah Champagne...», je pense que c'est elle que vous avez rencontrée,
«...chaque fois que vous avez un aliment du Québec, vous pouvez être sûr que
c'est une main brune ou noire qui l'aura non seulement récolté, mais aussi semé
et entretenu.» Sonia Djelidi.
«Est-ce qu'il faut perdre l'enfance de ses
enfants? Est-ce qu'il faut perdre une jambe? On a vu des gens qui ont eu des
accidents de travail, dit Sonia Djelidi. Est-ce qu'il faut perdre sa dignité?
Qu'est-ce qu'il faut perdre pour mériter le droit de rester au Québec?» Sonia
Djelidi.
Ce sont des propos pas ailleurs, ce sont
des propos chez nous. Vous, en tant que ministre de l'Immigration, quand vous
entendez des propos pareils, qu'est-ce que vous comptez changer pour que ça ne
se reproduise plus au Québec?
Mme Fréchette : Bien, moi, je
suis quelqu'un qui est constamment en mode solution. Pour moi, l'immigration,
c'est une des grandes richesses dont on dispose au Québec, ce sont des talents
qui viennent s'établir au Québec. Et je pense que notre devoir, c'est de faire
en sorte d'en tirer tout ce qui peut être tiré pour faire en sorte que ces
gens-là puissent contribuer à la société québécoise, à la fois sur le plan
culturel, sur le plan social, sur le plan économique. Et, pour moi,
l'immigration, c'est notamment une des solutions qu'il faut prendre en
considération pour faire en sorte d'améliorer la situation au sein de
l'économie. Donc, c'est une des voies de solution qui a été d'ailleurs énoncée
par le premier ministre dans son discours inaugural, le fait que l'immigration
était une solution.
• (11 h 30) •
M. Derraji : Oui, mais une
solution à l'immigration, moi, je vous parle d'un cas particulier, je vous
parle des travailleurs temporaires étrangers. Vous le savez très bien qu'il n'y
a pas de solution. Dans le mot même, il y a du temporaire. Donc là, si on veut
avancer sur une solution... Parce qu'il y a des beaux discours, c'est une
richesse, tout le monde s'entend, mais, quand on parle... une campagne électorale,
ça devient menace, ça devient extrémisme violent, on le voit pendant la
campagne électorale. Je n'ai pas besoin de vous refaire la genèse de la
dernière campagne électorale. «Une richesse», c'est des beaux discours par la
suite. Là, je vous parle des temporaires...
11 h 30 (version non révisée)
M. Derraji : ...la situation
est problématique. Vous savez pourquoi, Mme la Présidente? Moi, quand on m'interpelle
de l'international... J'ai refusé beaucoup d'entrevues. Vous savez pourquoi? La
question est très simple : Il y a de l'esclavagisme chez vous, au Québec.
Mme Fréchette : ...
M. Derraji : L'esclavagisme.
Je n'ai jamais pensé qu'on va me dire ça. Il y a des entrepreneurs qui
exploitent ces travailleurs temporaires étrangers. Vous êtes la ministre
responsable de ces personnes. Donc, quand on dit du temporaire... Et je tiens d'ailleurs
à... à remercier les deux protagonistes de ce... de ce documentaire parce qu'ils
ont levé le voile sur une situation très problématique.
Donc, Mme la ministre, concrètement, vous,
qu'est-ce que vous allez faire à partir d'aujourd'hui pour régler cette
situation? On ne peut plus rester les bras croisés. La situation est urgente.
Je ne pense pas que vous ni votre gouvernement, vous êtes à l'aise de voir qu'on
parle de l'esclavagisme au Québec, des personnes qu'on paie à 100 $ la
semaine. Il fallait intervenir. Je ne vais même pas parler des accidents de
travail. Et, selon ce que vous venez de dire, c'est une richesse,
malheureusement, c'est une richesse temporaire parce qu'ils ont un statut
temporaire.
Mme Fréchette : Certains
viennent ici de manière temporaire, avec... sans avoir nécessairement l'ambition
de rester ici de manière permanente. Certains viennent ici de manière
temporaire et peuvent ambitionner de rester sur le long terme. Et c'est d'ailleurs
quelque chose sur lequel on travaille pour faire en sorte de faciliter le
passage du statut d'immigrant temporaire à immigrant permanent. Mais j'aimerais
rappeler le fait qu'on a quand même plusieurs mesures et plusieurs actions qui
visent à améliorer la situation des travailleurs étrangers temporaires. Il y a
mon collègue, notamment, le ministre du Travail, qui a mis en place une
escouade, comme vous savez, une escouade permanente d'intervenants, qui
effectue des contrôles au sein des entreprises qui embauchent des travailleurs
étrangers temporaires et... des contrôles qui sont effectués par la CNESST.
Donc, ce sont des mesures importantes pour
faire en sorte, d'une part, de sensibiliser les travailleurs étrangers temporaires
quant aux droits qui s'appliquent à eux. Le cadre législatif qui encadre les
travailleurs québécois, bien, c'est celui qui encadre également les
travailleurs étrangers. Donc, il faut faire en sorte que les travailleurs
étrangers soient conscients, soient connaissants des droits qui s'appliquent à
eux pour éviter qu'il y ait des dérives.
Mme Fréchette : Néanmoins...
M. Derraji : Vous parlez...
vous parlez du... passerelle du temporaire au permanent. Je tiens juste à vous
dire que ce n'est pas votre gouvernement qui cherche ces temporaires, ce sont
les entreprises qui cherchent ces temporaires. Mais là j'aurais besoin de votre
collaboration, puis je pense que vous allez... besoin d'un stylo, parce que
moi, je l'ai. J'ai envie de faire avec vous un exercice.
Mme Fréchette : ...ma
réponse. Est-ce que je peux compléter...
M. Derraji : Mais... Bien, au
fait, par rapport aux agences, je l'ai déjà lu, l'article des agents...
escouade de prévention.
Mme Fréchette : Non, sur... c'était
sur une table... une table interministérielle.
M. Derraji : Bien, au fait,
vous parlez de la... de la Commission des normes de la CNESST?
Mme Fréchette : Oui, entre
autres, mais il y avait un autre élément.
M. Derraji : Oui, oui, mais,
je...
Mme Fréchette : Il y avait un
autre élément. C'est ce que je voulais dire.
M. Derraji : Oui, allez-y,
oui, oui.
Mme Fréchette : Donc, le
MIFI, également, bien, on coordonne, en fait, depuis novembre 2022, une table
de concertation interministérielle sur les travailleurs étrangers temporaires.
Et ça, c'est une table qui vise à arrimer les positions et les actions des
différents ministères et organismes qui interviennent sur des dossiers relatifs
aux travailleurs étrangers temporaires. Donc, c'est pour dire qu'il y a un axe
transversal, quand même, qui caractérise ce qui peut être fait en regard des
travailleurs étrangers temporaires. Et, comme gouvernement, on s'est assurés de
pouvoir intervenir, justement, de manière multidimensionnelle.
M. Derraji : ...de ces
travailleurs? Du moment que vous parlez d'une table, c'est quoi, le nombre de
travailleurs temporaires étrangers en date de 2022?
Mme Fréchette : C'est,
attendez, 93 000... 109 000... 93 000, c'est le nombre d'étudiants
étrangers. 109 000...
M. Derraji : ...temporaires
étrangers. Travailleurs temporaires étrangers.
Mme Fréchette : Alors, c'est...
35 000 sont dans le programme des travailleurs étrangers temporaires en
date du 31 décembre dernier. 35 215 permis étaient valides pour ce type de
programme. Et, pour ce qui est du programme de mobilité internationale, qui est
géré par le gouvernement canadien...
M. Derraji : On va... Oui,
oui, on va... Le PMI? Le PMI? Oui, oui... Non, c'est bon, mais je ne veux
juste...
Mme Fréchette : Oui, ça, c'est...
M. Derraji : Je ne veux juste
pas...
Mme Fréchette : Est-ce que je
peux répondre?
M. Derraji : Non, mais je ne
veux juste pas perdre le fil. Non, non, je sais, je ne veux juste pas perdre le
fil. Je vous ai posé une seule question, c'est : temporaires...
travailleurs temporaires étrangers. C'est 35 215. Parce que je veux juste
voir avec vous les nombres que j'ai, parce que j'ai pas mal de questions par
rapport à ça. Parce que j'ai... on n'a pas les mêmes chiffres. Je veux juste m'assurer
qu'on a les bons chiffres...
M. Derraji : ...si vous
pouvez nous partager la page où vous avez trouvé 35 215 un peu plus tard.
Mme Fréchette : Ça, c'est ce
qui est valide, au 31 décembre dernier, 35 215 permis valides dans le cadre du
Programme des travailleurs étrangers temporaires.
M. Derraji : Oui. Excellent.
C'est des travailleurs qui habitent chez nous, qui travaillent chez nous, sont
répartis sur le territoire du Québec.
Mme Fréchette : ...
M. Derraji : Excellent. Au
nombre d'immigrants permanents en 2022... C'est quoi le nombre en décembre
2022?
Mme Fréchette : Le nombre
d'immigrants permanents... classes combinées... est-ce qu'on a le total ici?
45 000 plus 12 900. C'est 68. Ça tournait autour de 68000.
M. Derraji : Je pense, la
page... Oui, c'est la page 70.
Mme Fréchette : Il y avait
une panne, une phase de rattrapage.
M. Derraji : Oui, 68 704,
page 70, en 2022. Donc, ces 68 704 sont au Québec aussi, vivent au Québec avec
les différentes catégories. Excellent. Le nombre de permis de PTET en 2022,
Programme temporaire... de travailleurs étrangers temporaires, la page 81, j'ai
38 505. Est-ce que j'ai le bon chiffre?
Mme Fréchette : Est-ce qu'on
est à la même date, 31 décembre dernier?
M. Derraji : En 2022.
Mme Fréchette : Moi, j'ai 38
505.
M. Derraji : 38 505 en 2022.
C'est ce que j'ai.
Mme Fréchette : Émis durant
l'année.
M. Derraji : C'est les permis
émis.
Mme Fréchette : Émis durant
l'année, voilà.
M. Derraji : O.K., donc c'est
des permis émis.
Mme Fréchette : De là la
différence.
M. Derraji : Oui, oui, ce
n'est pas grave, mais c'est des permis émis, ça veut dire ils vont venir au
Québec, ces personnes.
Mme Fréchette : Oui.
M. Derraji : On ne va juste
pas jouer sur les mots, mais ils vont venir au Québec. C'est des permis de
travailleurs qui vont venir au Québec parce qu'il y a un travail associé à ce
permis.
Mme Fréchette : Oui.
M. Derraji : Excellent. Là,
maintenant, on va aller pour le programme mobilité internationale. Ça, c'est un
programme fédéral, on se comprend, mais ils doivent être considérés parmi les
personnes qui seront au Québec. Juste corriger mon chiffre, j'ai 51 260.
Mme Fréchette : C'est ça. Moi
aussi, j'ai ce nombre.
M. Derraji : Excellent. Oui,
c'est excellent. Donc, juste... et en fait ça a été 42 000 en 2021. Ce que je
veux, avec vous, je pense qu'on peut faire tous le calcul ensemble... Vous avez
dit les temporaires, 35 215. Je comprends que vous avez parlé des permis, les
permis, c'est 38 000, 35 000, mais c'est des permis. Je vais oublier 38 000.
Désolé, parce que j'ai trop de chiffres.
Donc, si on veut parler de la question du
nombre d'immigrants, est-ce nous sommes d'accord qu'on doit prendre en
considération vos calculs d'immigrants permanents, votre calcul de programme
travailleurs étrangers temporaires, on doit prendre en considération programme
de mobilité internationale et on doit prendre en considération les étudiants.
La question qui reste : Combien d'étudiants étrangers nous avons
accueillis en 2022?
Mme Fréchette : 93 370.
M. Derraji : 93 370. Je vais
demander à mon collègue de faire l'addition. Donc, on a 68704. On a 38505, mais
je veux utiliser votre chiffre parce que vous m'avez dit c'est des permis
vertus des travailleurs qui sont sur le territoire. Je vais utiliser 35 215. Je
vais utiliser 51 260 par rapport au PMI, permis de mobilité internationale. Je
vais utiliser le nombre d'étudiants de 93 370. Est-ce que mon calcul est bon
jusqu'à maintenant? Est-ce qu'on est d'accord?
Mme Fréchette : Bien, on a...
oui, les mêmes chiffres.
M. Derraji : Oui, on a les
mêmes chiffres? O.K..
Mme Fréchette : Vous, vous
avez les permis, moi, j'ai les personnes présentes au 31 décembre, de là la
distinction.
M. Derraji : Non, non, mais
ce n'est pas grave, je vais utiliser... Non, non, mais je vais utiliser vos
chiffres, parce que la différence, c'est 3000. En fait, si on veut faire un
débat philosophique, quelqu'un qui a un permis va venir au Québec, il va
s'installer au Québec, il va aller dans une région, il va utiliser les services
des régions ou s'installer à Montréal. Je veux juste qu'on règle cette histoire
de chiffres par rapport à 2022.
Donc, si je me base sur vos calculs, les
calculs, tout ce que vous venez de me dire, on est à 270 000 à peu près. On est
d'accord?
Mme Fréchette : On arrive là,
oui. Je n'ai pas calculé en même temps que vous, là.
M. Derraji : Mais ce n'est
pas grave. Je peux vous laisser le temps parce que, vraiment, c'est très
important, je vais vous le dire, parce que ça va nous aider beaucoup. On s'en
va vers une planification pluriannuelle. Moi, je veux vraiment une
confirmation. Prenez le temps de votre équipe. On parle de 270 000 aujourd'hui,
en 2022.
Mme Fréchette : ...
• (11 h 40) •
M. Derraji : Mais juste parce
que le temps presse, je vais vous le dire, les chiffres que j'ai : 68 000,
ça vient de vous, 68 704, 35 000, j'ai utilisé votre chef, j'ai enlevé les
38 000, 35 215...
M. Derraji : ...51 260,
93 370, ça nous donne à peu près 270 000. Je veux juste une
confirmation de votre part que c'est 270 000 en 2022.
Des voix : ...
Mme Fréchette : On aurait une
petite correction à faire. Est-ce que c'est possible de le préciser la nature
de la correction avec mon sous-ministre?
M. Derraji : Bien, qui va
répondre?
Mme Fréchette : Le
sous-ministre.
Mme Fréchette : Pas de
problème. Consentement.
La Présidente (Mme Gendron) : Consentement?
M. Derraji : Si ça va être
rapide.
La Présidente (Mme Gendron) : Consentement.
M. Dagenais (Benoit) : En
fait, c'est une simple correction méthodologique, là, si on veut utiliser
toujours les mêmes données, puisqu'on utilise, pour les étudiants...
La Présidente (Mme Gendron) : ...
M. Dagenais (Benoit) : Oui,
excusez-moi.
La Présidente (Mme Gendron) : J'apprécierais
que vous vous nommiez avant, s'il vous plaît.
M. Dagenais (Benoit) : Bien
oui, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Gendron) : Oui.
M. Dagenais (Benoit) : Donc,
bonjour. Je suis Benoit Dagenais, sous-ministre au ministère de l'Immigration,
Francisation et intégration.
La Présidente (Mme Gendron) : Merci.
M. Dagenais (Benoit) : Donc,
la seule précision méthodologique, si on veut faire un calcul, il faut choisir
le même chiffre qu'on utilise dans notre calcul. Donc, si on décide de prendre
des chiffres au 31 décembre, la présence au 31 décembre, qui me semble
la donnée la plus exacte, donc pour 93 370, ça allait, pour le
35 215, ça allait. Pour le PMI, les présents au 31 décembre étaient
de 73 195. Donc, comme pour les PTET, il ne faudrait pas utiliser la
donnée des permis émis, mais...
M. Derraji : Excellent. Donc,
c'est 20 000 de plus?
M. Dagenais (Benoit) : Exact.
M. Derraji : Excellent. Je
vous remercie pour votre transparence.
M. Dagenais (Benoit) : C'est
purement méthodologique.
Donc, on ne parle pas de 270 000, on
parle de 290 000. Mais on n'est pas à 20 000 de près, donc on peut
s'entendre, s'il vous plaît, que le Québec a accueilli 270 000 à
290 000 personnes en 2022?
Mme Fréchette : Oui.
M. Derraji : O.K.. Donc, pour
vous, le Québec, pour vous...
Mme Fréchette : Oui, c'est...
pour nous, accueillir, ça a un sens quand même plein et entier.
M. Derraji : Oui, oui. Non,
c'est excellent. Oui, oui, excellent. On est généreux. Donc, on peut dire que
le Québec, avec sa capacité d'accueil, était capable d'accueillir, en 2022,
selon vos propres chiffres, 270 000 personnes, si je me base sur les
chiffres que votre collègue vient de me dire, 290 000, oui ou non?
Mme Fréchette : Bien, il faut
rappeler d'une part que plusieurs de ces personnes étaient déjà là avant le
début de l'année 2022, donc ce n'est pas des gens nécessairement
nouvellement arrivés au Québec.
M. Derraji : Mais question
est très simple.
La Présidente (Mme Gendron) : En
Conclusion.
M. Derraji : Mais question
est très simple : oui, 260... 290 000 personnes en 2022?
La Présidente (Mme Gendron) : Merci,
M. le député. Merci. Je cède maintenant la parole au député de
Saint-Henri-Sainte-Anne, du deuxième groupe d'opposition.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup. Merci à mes collègues, merci à l'équipe ministérielle, merci à la
ministre. On est là-dedans, puis c'est superimportant, puis on va faire une
planification bientôt... en fait, les consultations que vous nous avez dit, en
deuxième partie de 2023, Question superimportante et intéressante. Je pense
qu'il y a des grands débats à avoir sur l'immigration temporaire également, et
pas seulement sur l'immigration permanente.
Alors, est-ce que la ministre pourrait
s'engager à ce qu'on inclue le volet de discussion de l'immigration temporaire
dans la planification pluriannuelle pour qu'on ait des consultations sur cette
question-là aussi, en matière d'étrangers et de travailleurs, et non seulement
sur l'immigration permanente? Est-ce qu'on ne pourrait pas ensemble parler de
tout ça une bonne fois pour toutes dans une consultation globale et complète?
Mme Fréchette : Bien, comme
vous savez, donc, on va tenir cet exercice dans la seconde moitié de 2023, un
exercice important qui va nous permettre de définir nos orientations par
rapport aux années 2024 à 2027 en matière d'immigration. Et c'est évident
que le contexte est d'importance quand on fait ce genre d'exercice. On l'a fait
en 2019, on le refait à nouveau en 2023. On sait que la situation a quand même
évolué d'une manière importante sur le plan de l'immigration, sur le plan du
contexte aussi, il y a beaucoup d'événements qui sont qui sont survenus,
faisant en sorte d'avoir un impact sur l'immigration, qu'elle soit temporaire
ou permanente.
Et l'immigration temporaire, elle est
prise en considération dans les éléments de contexte. Donc, ça vient, je
dirais, teinter la nature des discussions. Donc, pour nous, d'office, ça fait
partie des éléments parce qu'on y fait référence dans ces... Dans les
considérations à prendre en compte pour le contexte.
M. Cliche-Rivard : Permanente?
Mme Fréchette : Mais pour ce
qui est des orientations comme telles, pour la planification pluriannuelle,
celle-là porte sur l'immigration permanente.
M. Cliche-Rivard : Mais
alors, on n'a aucune consultation sur la planification temporaire, on a une
belle occasion, là, de s'asseoir ensemble avec les groupes, d'entendre les
mémoires. Moi, ce que je vous demanderais, c'est une ouverture et qu'on fixe
nos cibles en immigration temporaire, qu'on fixe nos cibles de prévisions pour
les étudiants étrangers temporaires, pour le PTET, pour le PMI, qu'on ait une
ligne directrice. Parce que, là, ce que je vois en ce moment, et ce n'est pas
une critique, là, mais on apprend les chiffres, on les voit...
M. Cliche-Rivard : ...on les
cumule. Mon collègue voulait faire l'exercice avec vous. Je pense qu'il faut
s'asseoir. Et moi, ce que je vous demanderai aujourd'hui, ce serait un
engagement ensemble qu'on puisse avoir vos cibles de prévisions en temporaires
et pas seulement en permanents, qu'on puisse faire une planification, là,
ordonnée, réglée ensemble, mais qu'on sache où on s'en va, puis vous pourrez
l'adopter à l'Assemblée nationale, mais on saura où on s'en va, parce que de
faire uniquement l'exercice sur la résidence permanente en 2023, je pense que
c'est quand même un petit peu passé à côté du débat. Donc, seriez-vous partante
à ce qu'on ait un débat global de planification qui inclut aussi les
temporaires pour qu'on puisse en débattre puis en discuter avec les groupes
concernés?
Mme Fréchette : L'immigration
temporaire, bien, d'une part, elle reflète les besoins ponctuels des
entreprises, puis on est en contexte de rareté de talents, et c'est important
de faire en sorte que les entreprises puissent être agiles pour aller chercher
le talent dont elles ont besoin pour continuer de croître, d'opérer leur
industrie, leur entreprise, bref, et c'est important de garder cette agilité-là
qui vient répondre à des besoins ponctuels. L'immigration permanente vient
répondre à des ambitions qui, ça le dit, permanentes, qui s'inscrivent dans la
durée, alors que les immigrants temporaires, souvent, répondent à des besoins
rencontrés par les entreprises...
La Présidente (Mme Gendron) : Mme
la ministre et messieurs les députés, je vous demanderais à ce que les temps de
questions soient proportionnels au temps de réponse. Merci.
M. Cliche-Rivard : Donc,
c'est non, Mme la ministre, on refuse.
Mme Fréchette : C'est dans
les éléments de contexte. Si les gens veulent aborder cette question-là, ils
pourront le faire parce que ça fera partie des éléments de contexte...
M. Cliche-Rivard : Mais dans
votre plan, votre quota, les seuils...
Mme Fréchette : ...mais la
planification pluriannuelle porte sur l'immigration permanente. Et j'ajouterais
aussi que l'immigration temporaire, c'est le reflet également du succès de nos
établissements d'enseignement qui vont recruter à l'étranger.
M. Cliche-Rivard : Donc, vous
n'êtes pas prête à ce qu'on ait un seuil maximum minimal, qu'on se fixe des
orientations, qu'on en discute, que les groupes soient là, qu'ils parlent de la
capacité d'accueil, c'est un refus.
Mme Fréchette : La
consultation portera sur l'immigration permanente.
M. Cliche-Rivard : O.K. Donc,
c'est un refus, je veux juste qu'on soit clair, là. J'aimerais ça qu'on parle
ensemble d'un projet qu'on a mis au jeu durant notre... ma campagne électorale
partielle, c'est-à-dire le programme potentiel de régularisation de statut de
personnes sans statut ici, on a mis de l'avant des propositions pour
régulariser jusqu'à 10 000 personnes la première année et on vise
notamment là-dedans les enfants, les enfants qui sont ici sans statut, les
unités familiales qui ont des enfants, des gens qui sont ici depuis plus de
cinq ans. Pour moi, ça, c'est un programme et une problématique qui m'est très
à coeur, et je vous tendrais la main sur une belle proposition transpartisane
sur ce sujet-là pour qu'on puisse avancer dans l'intérêt du Québec, dans les
intérêts des valeurs humanistes, mais aussi pour la régularisation de
l'économie, pour des gens qui soient réintégrés au marché de l'emploi officiel.
On ne vous a pas entendu officiellement sur cette question-là qui est
travaillée avec votre homologue fédéral, êtes-vous pour une proposition ou un
programme de régularisation de statut? Et là, je ne veux pas définir avec vous
les limites de ce programme, mais, à la base, là, l'idée de régularisation dans
laquelle le Québec embarquerait, êtes-vous pour?
Mme Fréchette : Il est encore
trop tôt pour nous pour se prononcer, parce qu'on souhaite avoir davantage de
précisions quant aux ambitions du fédéral en matière de régularisation des
sans-papiers, c'est un sujet qui est porté par le ministre Fraser, comme on le
sait, c'est dans sa lettre de mandat. Donc, assurément, le gouvernement fédéral
voudra aller de l'avant, mais on n'a pas encore de données précises sur la
manière avec laquelle il souhaite procéder.
M. Cliche-Rivard : ...Mme la
ministre.
Mme Fréchette : Et pour nous,
c'est important de connaître, en fait, la nature des orientations que prendra
le gouvernement, on souhaite être consultés sur cette politique publique qui
est d'importance, on n'a pas de données, notamment sur le nombre de personnes
que ça concerne en ce qui a trait au Québec et puis...
M. Cliche-Rivard : ...réponse,
c'est ça ma question, là.
• (14 h 50) •
Mme Fréchette : ...ce qui
reste important, c'est que le fédéral, s'il va de l'avant, bien, le Québec
gardera le droit, en fait, de sélectionner les personnes qui... qui sont
établies ou voudront s'établir au Québec et qui auront traversé, donc, ce
programme, si ça va de l'avant et si le Québec enjoint le fédéral dans cette
mouvance-là, mais, pour l'instant, il faut qu'on voie plus de précisions quant
à la nature du programme avant d'indiquer...
La Présidente (Mme Gendron) : Merci.
M. Cliche-Rivard : Sur le
fond, sur l'idée de principes, Mme la ministre, régulariser le statut...
Mme Fréchette : Il faut qu'on
voie davantage les orientations du fédéral.
M. Cliche-Rivard : Mais là on
parle de... on ne parle pas de programme, on parle d'une idée d'orientation
générale, l'idée d'un programme de régularisation de statut.
Mme Fréchette : On n'est pas
fermé...
M. Cliche-Rivard : Vous
n'êtes pas fermée, il y a de l'ouverture.
Mme Fréchette : ...mais il
faut qu'on voie davantage les orientations prises par le fédéral avant de
décider si on s'y engage ou pas. Et si on s'y engage, eh bien, on voudra, en
fait, avoir notre rôle à jouer par rapport aux personnes sans papiers. Et puis
je tiens à souligner quand même que j'ai rencontré des...
Mme Fréchette : ...justement,
qui sont dans cette situation-là il y a quelques semaines. Et c'est souvent des
parcours... des gens qui ont des parcours très difficiles, qui ont vécu dans
l'économie souterraine, on pourrait dire, et qui sont exposés à des... à des
dangers. Et voilà, c'est quelque chose qu'il faut qu'on... qu'on prenne en
considération.
M. Cliche-Rivard : Mais c'est
une bonne nouvelle, Mme la ministre. C'est une bonne nouvelle, votre ouverture,
puis je vous en remercie. Rapidement, vous nous avez parlé... en fait, les
médias nous ont rapporté la réforme rapide ou bientôt du PEQ étudiant. Je sais
que vous ne nous annoncerez pas une date, là, mais est-ce qu'on parle avant la
fin de 2023 pour le retour du PEQ étudiant?
Mme Fréchette : Bien, on est
à préparer une série de réformes de nos programmes d'immigration économique. Ça
va être une réforme d'importance, particulièrement pour le fait français, parce
que le fait français a été en déclin ces dernières années. Et l'immigration
c'est une... un des leviers que l'on peut activer. Bien sûr, ce n'est pas le
seul. Et donc ça va venir toucher le PEQ diplômé...
M. Cliche-Rivard : ...j'avais
demandé quand même avant fin 2023, ce n'était pas ça, ma question. Je n'ai pas
beaucoup de temps, Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui, oui,
c'est avant la fin 2023 que l'ensemble des réformes seront présentées. Donc,
vous aurez l'occasion d'en apprendre plus à ce moment-là.
M. Cliche-Rivard : ...français
sera de l'avant dans cette réforme-là?
Mme Fréchette : Le fait
français va être un axe important. Donc, c'est une des... un des axes sur
lesquels on veut agir. On l'a exprimé à de nombreuses reprises, notamment en
matière d'immigration économique.
M. Cliche-Rivard : Il me
reste juste le temps pour une dernière question. Est-ce que le PEQ travailleur,
lui aussi, est dans les cartons de réforme ou celui-là, il ne bougera pas, il
ne change pas? Vous avez quand même avancé sur le PEQ étudiant.
Mme Fréchette : On regarde
l'ensemble des programmes. Je ne vais pas vous dire...
La Présidente (Mme Gendron) : En
terminant.
Mme Fréchette : ...lui, pas
lui, lui, pas lui. L'ensemble...
M. Cliche-Rivard : Bien, vous
avez quand même dit lui devant les médias sur le PEQ étudiant, donc, quand
même.
Mme Fréchette : Sur le PEQ
étudiant, mais ce n'est pas...
La Présidente (Mme Gendron) : Merci.
Merci, Mme la ministre. Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole au
député de Nelligan. Par contre, j'aimerais que vous portez une attention
particulière à pouvoir... que ce soit plus fluide, de ne pas parler l'un sur
l'autre. Donc, merci.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Je vais revenir aux travailleurs temporaires étrangers, Mme la
ministre. Encore une fois, en tant que vous avez vu le documentaire, vous avez
vu que l'enjeu, c'est les permis fermés. Est-ce que vous partagez la même
conclusion que moi pour les travailleurs temporaires étrangers, que c'est
vraiment le permis de travail fermé qui est... qui est l'enjeu numéro un?
Mme Fréchette : Ça fait
partie des... ça fait partie des enjeux. Le documentaire, en fait, montre quant
au fait qu'il peut y avoir des enjeux associés aux permis fermés. Il y a
certains bénéfices quand même qu'on peut associer aux permis fermés, mais ces
bénéfices-là peuvent avoir un revers.
M. Derraji : Quels bénéfices?
Mme Fréchette : Par exemple,
un employeur qui embauche un étranger via un permis fermé, bien, doit assumer
un certain nombre de coûts, le coût, notamment, du transport aller-retour, doit
être assumé par l'employeur, ce qui n'est pas le cas quand il s'agit d'un permis
ouvert. Ça nous permet également de suivre davantage à la trace le salaire qui
est offert à cette personne-là et de voir à ce que ça respecte le cadre
législatif qui existe pour le secteur donné. Donc, il y a plus de suivi qui est
fait. Et l'employeur doit également faire en sorte d'offrir un logement à la
personne qui est embauchée ou de trouver un logement qui est à sa portée. Donc,
ça fait partie des bénéfices, mais il y a des revers également.
M. Derraji : Mais vous savez
que ce n'est pas le cas partout. Je peux... Il y a énormément de cas. Et, quand
je vous dis que c'est lié à ce que des gens nous parlent, de l'esclavagisme,
c'est parce que c'est ça. Je ne pense pas que vous, dans un autre pays où vous
voulez travailler, vous avez un seul permis avec un seul employeur, il y a
tellement d'opportunités d'emploi. Vous savez que, quand on arrive dans un pays
où on n'a pas grandi, on ne connaît pas les lois, on devient à la merci. Je ne
vais pas dire que tous les employeurs, c'est des gens qui ne sont pas, je
dirais, bienveillants, mais le rôle du législateur, c'est justement éviter des
situations d'abus. Mais, vous, ce que j'ai compris que vous réalisez que le
permis fermé est un enjeu?
Mme Fréchette : Oui, ça peut
être générateur d'enjeux. Et j'en ai parlé, d'ailleurs, avec mon homologue
fédéral, peu après la sortie, d'ailleurs, du documentaire, pour lui indiquer
qu'on souhaitait regarder avec le gouvernement fédéral les façons de faciliter
le recours aux permis de travail ouverts pour des travailleurs vulnérables.
Donc, ça, c'est un élément qui est important. Ça a été mis en place, en 2019,
par l'IRCC, mais ce n'est pas encore beaucoup utilisé. Donc, on veut faire en
sorte de rendre plus facile l'accès à ce permis ouvert puis à trouver des
solutions aussi pour diminuer la vulnérabilité des travailleurs...
Mme Fréchette : ...étrangers
temporaires. Et j'ai indiqué que je souhaitais que l'on puisse discuter des
alternatives qui existent aux permis de travail fermés, parce que le permis de
travail fermé peut générer parfois des enjeux si l'employeur est mal
intentionné. Et, par conséquent, on veut regarder, en fait, quelles sont les
alternatives envisageables. Donc, dans mes prochaines rencontres avec le
ministre Fraser, ça fera partie à nouveau des discussions. Donc, on a commencé
à aborder le sujet...
M. Derraji : Juste une chose,
on s'entend. Vous êtes pour que les personnes temporaires qu'on accueille au
Québec n'aient plus un permis de travail fermé?
Mme Fréchette : Ce n'est pas
ce que j'ai dit. J'ai demandé au ministre Fraser que l'on regarde quelles sont
les alternatives qui existent. Donc, il ne faut pas présumer nécessairement de
l'aboutissement de cette réflexion-là.
M. Derraji : Oui, oui, mais
ce n'est pas grave. Mais je n'ai pas clair, là... je n'ai pas compris la
demande. De lui demander une ouverture, une ouverture par rapport à quoi? La
question est très claire: Après le documentaire, après les histoires qu'on a
vues dans les médias, je ne pense pas que Mme la ministre, l'année prochaine,
vous voulez qu'on assiste à d'autres abus au niveau de permis de travail
fermés. Donc, du moment que vous êtes, je dirais, au fait qu'il y a des enjeux
liés aux permis de travail fermés, la demande doit être qu'on ne doit plus
faire recours aux permis de travail fermés. Je ne comprends pas la demande que
vous avez formulée au ministre.
Mme Fréchette : La demande,
c'est de voir quelles sont les alternatives qui pourraient s'offrir au permis
de travail fermé, comment faciliter également le recours au permis de travail
ouvert pour les travailleurs vulnérables, travailleurs étrangers temporaires
vulnérables, un processus qui existe déjà, mais qui est sous-utilisé. Donc, on
veut faire en sorte de faciliter...
M. Derraji : Vous insistez
beaucoup sur le vulnérable. C'est qui, les vulnérables, selon vous, dans la
classification vulnérable?
Mme Fréchette : C'est ceux
qui font l'objet de comportements qui sortent du cadre législatif. Il y a des cas
d'abus qui ont été perpétrés et il faut que ces personnes qui souffrent, que ce
soit d'harcèlement ou d'abus de pouvoir de la part de leur employeur, puissent
avoir recours à un permis qui va les sortir de cette situation-là. Donc, il
existe déjà une mesure. On veut faire en sorte de faciliter le recours à cette
mesure. Mais également j'ai demandé au ministre Fraser et j'en ai fait.... J'en
avais fait part à la journaliste, madame Champagne. J'ai demandé au ministre
Fraser que l'on puisse regarder les alternatives au permis fermé. Est-ce que ce
serait un permis de travail ouvert sectoriel? Est-ce que ce serait un permis de
travail ouvert régional? Ça fait partie des réflexions à y avoir. Ce n'est pas
parce qu'on dit : Bon, il faudrait une alternative que l'alternative est
toute trouvée et puis adaptée. Il faut réfléchir, il faut analyser, voir
quelles sont les options. Et en fonction de l'analyse, une décision... une
décision sera prise, mais c'est juste une discussion qu'on aura avec le
fédéral.
• (12 heures) •
M. Derraji : Oui, mais c'est
juste ce qui est triste, Mme la ministre, c'est qu'il n'y a rien qui a changé
depuis... En fait, le documentaire vient juste expliquer un syndrome profond.
Et je vous ai posé beaucoup de questions parce que votre gouvernement, depuis
2018, a essayé de baisser les seuils d'immigration et ouvrir la porte aux
travailleurs temporaires étrangers. En fait, depuis les cinq ans, vous... ce
que votre premier ministre aime, les quatre ans et demi, on assiste à une
arrivée massive de travailleurs temporaires étrangers. Et j'ai l'impression, et
corrigez-moi si je me trompe, que ce n'est pas uniquement les articles de
journaux qui parlent de l'exploitation, d'esclavagisme. Je peux vous... je vais
vous partager le cas d'une ingénieure à Québec enceinte de trois mois quand...
son employeur a mis dehors parce qu'elle a perdu ses contrats, et se ramasse
avec sans revenu et dépend des revenus de son mari. C'est elle qui avait le
plus gros salaire. Elle se ramasse maintenant... il risque de perdre son
assurance maladie. Je ne parle pas uniquement des travailleurs dans d'autres
secteurs où le Québec a vraiment le besoin. Je vous parle aussi des gens dans
des situations qui viennent... et le permis de travail, il est fermé.
Moi, ce que j'ai besoin de voir... sur ce
point, je peux être un allié numéro un, j'ai une seule demande à faire au
fédéral, récupérer le programme travailleurs temporaires étrangers. Ce n'est
pas à Ottawa de gérer ce programme. C'est à nous au Québec. C'est la première
demande. La deuxième, dans une société démocratique qui respecte les droits des
travailleurs, je ne pense pas que c'est normal... que c'est normal, accepter
des permis de travail fermés parce que ça nous nuit. Est-ce que vous êtes
d'accord avec les deux propositions?
Mme Fréchette : Alors, nous
demandons au fédéral, depuis quelques années, de pouvoir rapatrier l'ensemble
des pouvoirs associés à l'immigration et au Programme des travailleurs
étrangers temporaires. D'ailleurs, on aura un congrès dans quelques jours...
12 h (version non révisée)
Mme Fréchette : ...résolution
est réitérée, donc...
M. Derraji : ...congrès
caquiste, moi, je parle avec la ministre.
Mme Fréchette : Oui, oui,
mais je vous dis que notre gouvernement porte cette mesure-là...
M. Derraji : Mais juste, Mme
la ministre...
Mme Fréchette : ...porte
cette mesure-là, on va la réitérer.
M. Derraji : Mme la ministre,
vous êtes ministre de l'Immigration, je ne vous parlais pas d'un congrès
caquiste, là.
Mme Fréchette : Mais c'est
quelque chose qu'on va réitérer aussi, en tant que gouvernement, c'est quelque
chose, qu'on va...
M. Derraji : Donc, je dois
attendre, et les Québécois doivent attendre votre congrès...
Mme Fréchette : Non, je dis
que c'est réitéré, c'est que ça existe déjà. La demande a déjà été exprimée.
La Présidente (Mme Gendron) : M.
le député, soyez prudent dans vos... S'il vous plaît, laissez finir les
réponses. Merci beaucoup.
Mme Fréchette : D'ici à ce qu'on
récupère l'ensemble des pouvoirs en immigration, on a la volonté de faire des
gains, de faire avancer les différents programmes d'immigration. Et ça fait en
sorte, en fait, de vouloir faciliter l'accès aux programmes d'immigration, que
ce soit pour les employeurs ou pour les employés. Et, pour revenir...
M. Derraji : Je vais répéter
ma question, s'il vous plaît. Vous êtes pour qu'on demande à Ottawa la demande
que je viens de formuler, qu'on doit récupérer le programme des travailleurs
temporaires?
Mme Fréchette : Oui, je vous
l'ai dit, ça fait des années que l'on porte cette demande.
M. Derraji : Mais vous n'avez
pas réussi, ça fait cinq ans, à l'avoir, c'est une demande qui est encore sur
la table.
Mme Fréchette : Écoutez, il
faut être deux pour danser le tango, c'est sûr qu'il faut avoir un gouvernement
fédéral...
M. Derraji : Je vais vous
appuyer dans cette demande...
Mme Fréchette : Bien,
merci...
M. Derraji : ...je vais vous
appuyer.
Mme Fréchette : ...c'est bien
apprécié, c'est bien apprécié.
M. Derraji : Est-ce que je
peux avoir aussi votre appui que c'est fini, le temps d'avoir des permis de
travail fermés, donnés par Ottawa? On gère nos permis de travail au Québec, c'est
au Québec de gérer les permis de travail sur son territoire. Est-ce que je peux
dire que la ministre va m'appuyer dans cette demande aussi? Sinon, faites-là,
et je vais vous appuyer, Mme la ministre.
Mme Fréchette : J'ai une
demande qui va dans le sens de regarder les alternatives qui existent. Et
comment on procède aussi pour les entreprises qui ont investi dans le fait de
venir... faire venir des travailleurs étrangers temporaires. Si la personne,
après... deux mois après être arrivée chez l'employeur, décide d'aller chez un
autre employeur, est-ce qu'on pense à un mécanisme de...
M. Derraji : C'est le cas, Mme
la ministre, c'est le cas déjà maintenant, là. Sur la Côte-Nord, les gens
changent d'emploi, c'est assez fréquent. Je répète ma question : Au
Québec, on peut gérer nos programmes d'emploi, on peut gérer nos contrats, on
demande des permis de travail ouverts. Ça va faciliter la tâche et pour les
employeurs et pour les travailleurs, mais aussi demander la récupération du
programme. Ce n'est pas à Ottawa de gérer nos programmes. Je pense que vous
êtes d'accord.
Mme Fréchette : Bien, au
Québec, de gérer le programme, on est tout à fait sur la même longueur d'onde
de ce côté-là. Et puis changer de type de permis, bien, ça demande plus qu'un
cliquement de doigts. Il faut vraiment analyser les options qui sont les plus
intéressantes, à la fois pour les employés, comme pour les employeurs, pour les
régions aussi. Vous savez, j'ai fait plusieurs rencontres en région ces deux
derniers mois, et les gens craignent en région que, s'il n'y a pas de permis de
travail fermé, que tout le monde va s'en aller à Montréal. Bon. Est-ce que c'est
une crainte qui se vaut? Est-ce que c'est une tendance qui pourrait surgir?
Peut-être que c'est une tendance qui pourrait survenir. Alors, il faut faire en
sorte de réfléchir, notamment à cette dimension-là. Qu'est-ce qu'on fait pour
amener davantage de travailleurs étrangers temporaires dans les régions...
M. Derraji : Parlons des...
Mme Fréchette : ...sans
courir le risque que tout le monde se retrouve à Montréal quelques mois plus
tard.
M. Derraji : ...des délais de
CSQ. Moi, je pense, l'argument de Montréal, je pense qu'après cinq ans, là...
Je pense que vous avez pas mal travaillé sur la régionalisation parce que je ne
veux pas vous ramener là. Parce que, si vous me dites ça, c'est un échec, la
régionalisation, c'est sérieux, là. Vous pouvez me dire ça la première année,
Mme la ministre.
Mme Fréchette : En tout cas,
on a travaillé plus que les libéraux, je vais vous dire, sur la
régionalisation, parce que les libéraux avaient fermé tous les bureaux du
ministère en région.
La Présidente (Mme Gendron) : Je
laisse en échange libre, mais, pour faciliter la conversation, s'il vous plaît,
attendez que les questions et les réponses soient terminées avant de débuter
une autre intervention, s'il vous plaît.
M. Derraji : Ce n'était pas
mon choix. Vous voulez parler de la régionalisation, pas de problème. Je vous
invite à la page 74.
Mme Fréchette : Bien, je
pourrais compléter aussi sur les travailleurs étrangers temporaires, les
améliorations...
M. Derraji : Bien, je pense
que vous avez pas mal répondu. Je vais passer à la régionalisation. C'est le
seul moment où on a le droit de poser des questions, donc je veux en profiter.
J'en ai pas mal, Mme la ministre.
Mme Fréchette : ...les poser
en Chambre.
M. Derraji : Page 74... Avec
plaisir, bien, j'ai besoin de réponses, par exemple. La page 74 des
renseignements particuliers, ça nous dirait que 81 % de l'immigration du
Québec, entre 2017-2021, serait dans la grande région de Montréal. Avez-vous
des chiffres, des nouveaux chiffres à partager par rapport à la
régionalisation, pour me dire que... pour nous dire que c'est un succès, la
régionalisation, à part ouvrir les bureaux? Je peux vous en parler des bureaux.
Et vous avez régionalisé combien?
Mme Fréchette : Oui, d'accord.
Alors, si on regarde, par exemple, la proportion des personnes admises au
Québec et présentes en janvier, d'une année de référence, qui sont établies
hors de la région métropolitaine de Montréal...
Mme Fréchette : ...bien, pour
les années 2014 à 2016, donc les années sous l'aile libérale, on était à
20 % de personnes qui résidaient hors de la région métropolitaine de
Montréal, qui étaient arrivées en 2014 et dont on a regardé le lieu de domicile
en 2016. Donc, 20 %. Si on se reporte à l'année 2020, considérant les gens
qui étaient arrivés en 2018, eh bien, on était à 23,5 %. Donc, déjà 3,5 %
d'augmentation entre 2016 et 2020. C'est une augmentation intéressante. Et, si
on regarde 2022, on était, à ce moment-là, à 28,5 %, donc, encore là,
augmentation significative de presque 5 % entre l'année 2020 et 2022. Et
là, si on se reporte à l'année 2023, on est maintenant à 31,5 %.
M. Derraji : Excellent,
excellent.
Mme Fréchette : 31,5 %, donc
c'est majeur.
M. Derraji : C'est du
temporaire ou du permanent?
Mme Fréchette : Du permanent.
Permanent.
M. Derraji : Permanent.
Mme Fréchette : Il faut voir
qu'il y a tout un appareillage pour accompagner ces gens-là qui est requis.
Donc, quand on parle de capacité d'accueil, notamment en région, eh bien, c'est
multidimensionnel, ce qui est requis en termes de capacité d'accueil. Il ne
suffit pas d'avoir des gens sur place pour dire : Voilà, défi rehaussé,
défi relevé, on a amené des gens en région. Non, non, ça, c'est le début. C'est
le début de l'aventure. Il faut faire en sorte aussi d'avoir un ensemble de
groupes qui soient présents...
M. Derraji : Donc, ce n'est
pas uniquement ouvrir des bureaux, que ça va aider la régionalisation.
Mme Fréchette : Ah! Ça passe
beaucoup par ça. Donc, ça, déjà là, c'était un travail colossal à faire, de
réouvrir l'ensemble des bureaux qui avaient été fermés. Il a fallu également
remettre en place des agences d'aide à l'intégration, qui avaient complètement
disparu de 2012 à 2019. Je n'ai pas besoin d'expliquer grâce à la décision de
qui, mais il a fallu recréer ce rôle-là pour accompagner les personnes qui vont
s'établir en région. On a aussi signé pas moins de 200 ententes, en fait, on
est rendu à plus, beaucoup plus que 200 ententes, avec un ensemble d'organismes,
d'organisations d'accompagnement, d'intégration, de francisation dans
l'ensemble des régions du Québec.
La Présidente (Mme Gendron) : Merci.
M. le député.
M. Derraji : Oui. J'essaie de
suivre ce que vous avez dit. Programme travailleurs temporaires étrangers,
56 %, c'est dans la région de Montréal?
Mme Fréchette : Pardon?
M. Derraji : Le PTET.
Mme Fréchette : Oui.
M. Derraji : 56 %, c'est
dans la région de Montréal. 56 %?
Mme Fréchette : C'est une
question?
M. Derraji : Oui.
Mme Fréchette : Vous voulez
que je confirme le chiffre?
M. Derraji : Bien, en fait,
c'est 18 715 sur 33 070, Montréal, Laval, Lanaudière, Laurentides, Montérégie.
Mme Fréchette : ...c'est le
chiffre...
M. Derraji : ...mais si votre
équipe veut le faire, elle peut le faire. Mais, quand je vous dis que les PTET
sont pas mal concentrés dans ces régions, c'est quoi, la lecture que vous
faites?
Mme Fréchette : Bien, notre
volonté, c'est de les régionaliser encore davantage. C'est ça, le souhait.
M. Derraji : Non, Mme la
ministre, c'est des temporaires. Je reviens à la question de mon collègue,
parce que vous avez dit que vous refusez de les inclure dans la planification.
Je vous dis que, dans la CMM, 56 %... Ce n'est pas le permanent, là, parce
que le permanent, je comprends la décision du premier ministre, il ne veut pas
en parler parce que ça nuit à l'élection. 56 % des travailleurs
temporaires étrangers s'installent dans la CMM, c'est du temporaire. Ça veut
dire que ça répond à un besoin particulier parce que c'est les entrepreneurs
qui les ramènent...
La Présidente (Mme Gendron) : Pour
faciliter les échanges, je vous demanderais de vous adresser à la présidence,
s'il vous plaît. Merci.
• (12 h 10) •
Mme Fréchette : Alors,
effectivement, ça répond aux besoins des entreprises qui sont aux prises avec
une rareté de talents. Et ça fait en sorte, considérant que Montréal, le Grand
Montréal est un des moteurs économiques du Québec, ça fait en sorte qu'il y a
davantage de travailleurs étrangers temporaires.
M. Derraji : Je suis
d'accord, mais vous confirmez que c'est très important, dans une planification
pluriannuelle, inclure les PTET. J'ai un autre chiffre. On avance, Mme la
ministre, c'est excellent.
Mme Fréchette : Je ne
comprends pas le lien que vous faites.
M. Derraji : J'en arrive. Je
vais y arriver.
La Présidente (Mme Gendron) : Par
ma demande que je viens de faire, s'il vous plaît.
M. Derraji : Mme la
Présidente, le Programme de mobilité internationale, même chose, c'est encore
pire, le pourcentage, 84 %, c'est dans la grande région de Montréal. Donc,
j'ai deux programmes qui ne seront pas inclus dans votre planification
pluriannuelle qui détermine le portrait du marché de travail. C'est la même
question que mon collègue, 84 %...
Mme Fréchette : Le portrait
du marché du travail, on peut l'avoir.
M. Derraji : ... je n'ai pas
terminé, je n'ai pas terminé. Désolé. 84 %, c'est dans la grande région de
Montréal, ce n'est pas vos programmes de seuil, c'est le programme de mobilité
internationale, un. Deux, 56 % de travailleurs, dans la grande région de
Montréal, c'est le programme travailleurs...
M. Derraji : ...étrangers
temporaires. Donc, 56 % viennent d'un programme, PTET, 84 % viennent
de... Donc, on ne peut pas dire que, dans une future planification de
l'immigration, on doit juste prendre en considération les permanents.
Mme Fréchette : Je...
Les travailleurs étrangers temporaires répondent à des besoins ponctuels
rencontrés par nos entreprises. L'immigration permanente ne vise pas à répondre
à des besoins ponctuels. Donc, la réflexion...
La Présidente
(Mme Gendron) : ...ministre, merci. Maintenant, je cède la parole
au député de Saint-Henri-Sainte-Anne, pour une durée de
9 min 7 s, s'il vous plaît.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Mme la ministre, je vois, à la page 31
du premier cahier, que le portefeuille du MIFI est à 725,9 millions. C'est
exact?
Mme Fréchette : 725,9 millions,
effectivement.
M. Cliche-Rivard : Selon
mes informations, c'est le même montant que le fédéral transfère au MIFI. C'est
exact? Donc, 100 % du budget du MIFI est un transfert du gouvernement
fédéral.
Mme Fréchette : ...traitement.
M. Cliche-Rivard : Alors,
renseignez-moi.
Mme Fréchette : Est ce
que je peux...
M. Cliche-Rivard : Oui.
Mme Fréchette : ...permettre
à mon sous-ministre de préciser?
M. Dagenais (Benoit) : Donc,
c'est plus... c'est un peu plus compliqué que ça. Donc, premièrement, l'argent
que le fédéral transfère ne va pas directement au MIFI, première chose. Il
rentre dans le fonds consolidé. Mais c'est la même somme, mais là ce serait un
hasard parce que...
M. Cliche-Rivard : Sur
cette somme, 25 millions?
M. Dagenais (Benoit) : Ce
serait un hasard parce que les sommes qui sont inclues dans l'objet pour lequel
la compensation est versée sont tout ce qui est francisation, intégration,
accueil, donc, pas tous les postes. Tout ça pour dire que ce ne sont pas tous
les postes budgétaires du MIFI qui sont sous l'égide de la compensation. Par
ailleurs, beaucoup des sommes qui sont dépensées par le gouvernement du Québec
en matière de francisation, d'intégration relèvent d'autres ministères. Donc,
dans la reddition de comptes totale...
M. Cliche-Rivard : Je
comprends.
M. Dagenais (Benoit) : ...il
y a... il y a des sommes... Il y a l'Enseignement supérieur, il y a des sommes
du Travail, donc... Donc, on ne peut pas faire ce simple calcul-là.
M. Cliche-Rivard : Je
comprends, mais le montant est quand même exactement le même, là. Donc, je me
permettais de poser la question. J'aimerais ça poser la question sur les
transferts de compensation en matière de demandeurs d'asile du fédéral envers
le Québec. On avait des ententes de 150 millions en 2018-2019, de
324 millions en 2019-2020 et de 242 millions en 2020-2021. Est-ce
qu'on a les sommes de compensation pour 2021-2022?
Mme Fréchette : Jusqu'à
maintenant, donc, le Québec a été remboursé à hauteur de 394 millions pour
les années 2017 à 2020.
M. Cliche-Rivard : O.K.
Mais après?
Mme Fréchette : C'était
pour le coût du logement temporaire. Pour la suite, les négociations sont...
elles sont encore en cours. Donc...
M. Cliche-Rivard : De
2022 à aujourd'hui... de 2020 à aujourd'hui.
Mme Fréchette : De 2021?
Oui, c'est ça, 2021 à aujourd'hui.
M. Cliche-Rivard : Donc,
toute l'année 2021, toute l'année 2022, là, nous, on s'attend à un
chèque, quand même vous négociez, là, qui va aller, j'imagine, avec ce qu'on a
vu des dernières années, à plusieurs centaines de millions de dollars, là. On
s'attend à ça du fédéral.
Mme Fréchette : Plusieurs
centaines, effectivement. Et il se trouve que considérant l'afflux très
important de demandeurs d'asile arrivés de manière irrégulière, on demande, en
fait, au fédéral de nous compenser non seulement pour le logement temporaire,
mais pour l'ensemble des coûts assumés par le Québec, parce qu'ils sont
considérables. Et voilà, on était dans une situation exceptionnelle,
singulière, qui créait une énorme pression sur le Grand Montréal. Et pour nous,
c'est important d'être remboursé pour l'ensemble des coûts qui ont été assumés
par le Québec parce qu'il faut voir que le Québec était la principale... le
principal lieu d'arrivée de ces demandeurs d'asile arrivés de manière
irrégulière. Donc, il y avait une très grande concentration sur le Québec de
ces coûts et des contraintes que ça a exercées sur nos programmes
gouvernementaux, que ce soit en matière d'éducation, de santé ou de logement.
M. Cliche-Rivard : Et on
s'attend à un chèque d'ici la fin 2023? C'est l'objectif du MIFI?
Mme Fréchette : Bon, il
n'y a pas de «deadline» officiel. Les discussions avancent, je veux dire, au
fur et à mesure de nos rencontres. Il y a des rencontres qui se tiennent à la
fois sur le plan administratif comme sur le plan politique. Donc, voilà, à
chaque... à chaque rencontre qu'il y a, on réitère cette demande-là. On sent
qu'il y a quand même une ouverture pour un remboursement de la part du fédéral.
Jusqu'où ça ira?
M. Cliche-Rivard : Ce
n'est pas un irritant pour vous de ne pas avoir encore...
Mme Fréchette : Bien, un
irritant. On a hâte d'avoir une réponse, c'est sûr. Ça chemine. Ça chemine et
puis on continue de mettre de la pression pour faire en sorte que ça revienne
au Québec. Et il faut voir qu'on a eu par le passé déjà des paiements...
Mme Fréchette : ...des
remboursements rétroactifs.
M. Cliche-Rivard : Tout à
fait.
Mme Fréchette : C'est déjà
arrivé. Donc, voilà, on s'attend à ce que la situation se conclue positivement.
M. Cliche-Rivard : ...de
millions pour le Québec prochainement, c'est...
Mme Fréchette : Ça dépend la
définition que vous donnez au mot «prochainement».
M. Cliche-Rivard : Je la
laisse large. Ça fait quelque temps que je regarde l'organigramme du MIFI. Vous
en avez un qui a été publié dernièrement, en mars 2023, et ça nous apprend que
plusieurs postes sont vacants, en fait, au ministère et surprenamment plusieurs
postes en francisation. Directeur, le poste est vacant, poste de projet
pédagogique didactique en français, le poste est vacant, planification de
programmes et partenariats en francisation, le poste est vacant, francisation
en milieu de travail, le poste est vacant aussi. Donc, je comprends que
Francisation Québec s'en vient, mais là, là, actuellement, il n'y a personne
depuis plusieurs mois. Comment ça se fait?
Mme Fréchette : Le ministère
a quand même vécu une grande progression au niveau de ses effectifs. Il y a eu
une augmentation de pas moins de 10 % du nombre d'effectifs entre le 31
mars 2022 et le 28 février dernier. Donc, c'est sûr que ça crée, je dirais, une
crise de croissance, par moment, dans certains secteurs, mais pour plus de
précision, j'inviterais le sous-ministre à répondre à la partie plus précise,
là.
La Présidente (Mme Gendron) : Consentement?
Une voix : Oui.
M. Cliche-Rivard : ...
M. Dagenais (Benoit) : Oui,
oui. Très rapidement, en fait, plusieurs des postes que vous avez nommés sont
des postes nouvellement créés justement en prévision de la création de
Francisation Québec au 1ᵉʳ juin. Donc, on a revu, on a resolidifié, on a doté.
On est dans les processus de dotation pour ces postes de direction qui sont,
pour la plupart, de nouveaux postes, pour être en place au 1ᵉʳ juin.
M. Cliche-Rivard : Et, en ce
moment, il y a des responsables de francisation pour tous les postes?
M. Dagenais (Benoit) : Absolument.
N'ayez crainte, ça fourmille. Il y a beaucoup, beaucoup de travail qui se fait
en prévision du 1ᵉʳ juin, effectivement.
Mme Fréchette : J'aimerais
souligner le fait que, vraiment, notre ministère est exemplaire, va même
au-delà des cibles pour ce qui est du taux de présence de minorités visibles et
ethniques au sein des effectifs. On est à 27, 5% du personnel d'encadrement qui
provient, donc, de minorités visibles et ethniques. Et le taux de mobilisation
globale aussi a augmenté, de 2 % depuis 2021, et c'est sans compter la
hausse des budgets considérables. On parle d'une augmentation de budget de
51 % depuis... entre 2019-2020 et 2023-2024. C'est énorme.
M. Cliche-Rivard : Donc,
j'entends quand même que les postes sont vacants. Là, vous me dites que ça sera
comblé rapidement. Je l'entends, je le comprends, mais je le constate quand
même sur votre organigramme.
J'ai une question, RP.16, dans les
réponses, on voit qu'il y a 122 000 CAQ pour étudiants étrangers qui ont été
émis en 2022. On voit seulement, par contre, en RP.19, que 62 000 permis
d'études ont été émis. Donc, il y a à peu près une distinction de la moitié
entre le nombre de CAQ émis puis le nombre de permis d'étude approuvés par le
fédéral. Est-ce que vous trouvez ça normal que la moitié des CAQ que vous
émettez sont refusés par le fédéral?
Mme Fréchette : C'est soit
des refus, soit des gens qui ont changé d'idée en cours de route et qui font en
sorte d'opter pour une alternative.
M. Cliche-Rivard : Oui, mais
on peut deviner que quelqu'un fait un CAQ parce qu'il y a l'intention de venir,
en grande majorité, là. Est-ce que ça vous choque, au ministère, ça?
Mme Fréchette : Oui, mais il
peut peut-être faire sa démarche pour plusieurs différents endroits puis,
ultimement, choisir parmi ceux qui auront accepté sa demande. C'est assez
régulier, comme façon de faire.
M. Cliche-Rivard : On voit
quand même les milliers de refus d'étudiants africains francophones, par
exemple. Ce que je veux savoir, c'est... Ça vous dérange, là, c'est évident
que...
Mme Fréchette : Oui, ça, le
taux de refus, il est inacceptable, pour les étudiants en provenance d'Afrique
francophone. J'ai abordé la question à quelques reprises, dès la fin octobre,
tout de suite après ma nomination, et en cours d'automne, il y a eu une
amélioration intéressante qui... passé, le taux d'acceptation était passé
autour de 27 % à 40 % au cours de l'automne. Donc, belle progression.
M. Cliche-Rivard : ...minute,
je vais poser une dernière question.
Mme Fréchette : Et on invite,
en fait, le ministère IRCC à poursuivre dans cette voie de la croissance et à
faire en sorte qu'il y ait une égalité dans les taux d'acceptation des deux
groupes.
M. Cliche-Rivard : Merci.
Donc, je suis d'accord avec vous, là, que ça n'a pas lieu d'être, là, qu'on
émet 122 000 CAQ puis qu'on ait une soixantaine de mille, c'est inacceptable.
• (16 h 20) •
Mme Fréchette : Inacceptable.
Inacceptable.
M. Cliche-Rivard : Donc, on
va relayer l'information. Est-ce que la ministre connaît le nombre de dossiers
de résidence permanente travailleur qualifié qui sont en arriéré à IRCC pour
attente de résidence permanente à ce jour?
Mme Fréchette : On peut vous
trouver le chiffre exact, je ne voudrais pas vous induire en erreur.
M. Cliche-Rivard : Puis on
conclura là-dessus, Mme la Présidente, je laisse la partie ministérielle
répondre.
M. Dagenais (Benoit) : Donc,
oui. Donc, au 4 avril 2023, on parle bien des gens déjà sélectionnés par le
Québec qui sont en inventaire fédéral, en attente d'admission dans la catégorie
des travailleurs qualifiés. Donc, on parle de 22 900.
La Présidente (Mme Gendron) : Merci
beaucoup. Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole au député de
Nelligan pour un total de 18 min 34 s.
M. Derraji : Je vous
remercie...
M. Derraji : ...Mme la
Présidente, on va parler de francisation, page 227. J'ai deux questions.
Le taux de décrochage des cours de francisation par région administrative, le
taux de décrochage pour le temps complet, 21 %, le taux de décrochage
temps partiel, 15,4 %. C'est quoi, votre interprétation, Mme la ministre?
Mme Fréchette : Bien, vous
savez, on est dans un contexte de pénurie de main-d'oeuvre, hein, je pense
qu'on en est tous conscients. Et c'est sûr que, quand on prend des cours de
francisation, on peut rapidement être sollicité pour intégrer une entreprise ou
encore, si on a déjà un emploi, pour travailler davantage d'heures. Je pense
que tout le monde est amené à contribuer ou au plus dans le contexte actuel.
Donc, ça peut expliquer le taux de décrochage important et ça peut être aussi
les coûts... en fait, l'absence de soutien financier qui pourrait expliquer ça.
Il y a des mesures d'allocation financière qui ont été développées par le
ministère et il a fallu rebâtir, donc...
M. Derraji : Mme la ministre,
votre gouvernement insiste beaucoup sur la francisation des immigrants. Moi,
quand je vous parle de ces chiffres, est-ce que c'est des chiffres alarmistes?
Est-ce que vous êtes satisfaite? Est-ce que... En fait, est-ce qu'est-ce que...
Quand vous avez vu la réponse dans les cahiers de crédits, ça a été quoi, votre
réaction : Ça n'a aucun bon sens? Est-ce que c'est acceptable d'avoir...
La Présidente (Mme Gendron) : ...à
vous adresser à la présidence. Merci.
M. Derraji : ...c'est
acceptable... Je pense que je le fais... Je pense qu'on le fait quand même
d'une manière amicale, Mme la Présidente. Est-ce que c'est acceptable, ce taux
de décrochage? Ça fait rire?
Mme Fréchette : ...ces
chiffres de taux de persévérance, donc...
M. Derraji : Mais je... Ma
question, ce n'est pas sur la persévérance. Je pense que c'est moi qui pose les
questions. Je n'ai pas posé de questions, Mme la Présidente, sur la
persévérance. Ce qui m'interpelle, ce qui m'interpelle...
La Présidente (Mme Gendron) : Poursuivez,
s'il vous plaît.
M. Derraji : Ce qui
m'interpelle... Mme la Présidente, merci beaucoup. Ce qui m'interpelle, c'est
quand je pose une question sur le taux de décrochage... Et j'ai des régions, en
Abitibi, c'est 43 %, Lanaudière, 17 %, en Montérégie, 20 %. Je
veux savoir pourquoi le gouvernement a échoué dans ses cours de francisation.
Il y a un taux de décrochage qui est quand même très élevé.
Mme Fréchette : Ce n'est pas
un échec du tout. On partait de zéro, hein? Je veux dire, on a tellement rebâti
depuis 2018 en matière de francisation, particulièrement dans les régions,
parce que tout était à refaire. Alors, moi, je trouve franchement que d'avoir
un taux de persévérance de 78,8 % pour les temps complets et un taux de
persévérance de 84,6 % pour les gens qui suivent des cours de francisation
à temps partiel, c'est franchement un beau succès. Et il faut voir qu'on a
augmenté considérablement le nombre de personnes qui prennent des cours de
francisation. En fait, au cours de la dernière année, il y a eu 43 000
personnes qui ont pris des cours de francisation. C'est énorme. On a plus que
doublé les fonds, par ailleurs, qui ont été investis...
La Présidente (Mme Gendron) : Merci.
M. Derraji : Merci.
Mme Fréchette : ...doublés.
La Présidente (Mme Gendron) : Oui.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Article, 18 décembre 2022, Québec loin de ses objectifs, donc
ils vont parler des anciens chiffres, Moins d'un sur deux en cours de
francisation. Page RP154, il y a 4 349 personnes en séjour temporaire qui
ont suivi cours de francisation à temps complet et 18 170 qui ont suivi des cours
à temps partiel...
Mme Fréchette : ...ce que
vous me dites? Parce que moi, j'ai des chiffres fort différents ici, là?
M. Derraji : Bien, en fait,
regardez la RP154.
Mme Fréchette : ...complet,
14 600 personnes et, pour le temps partiel, 28 873 personnes. C'est
considérable. C'est un total de 45 302 personnes.
M. Derraji : Oui, mais compte
tenu... bien, en fait, c'est ça, compte tenu du très grand nombre de
travailleurs temporaires, parce qu'il y a beaucoup de travailleurs temporaires,
dans une grande partie ne parle pas français. Là, vous avez vu, hein, je peux
vous citer les pays, je pense que vous les connaissez par cœur, c'est des pays
où ils ne parlent pas français, et c'est les travailleurs temporaires qui sont
sur le territoire. Et on sait c'est quoi, l'importance de la langue française.
Est-ce que...
Mme Fréchette : Oui, bien, on
ne le savait que quand vous étiez là, mais...
M. Derraji : Je n'ai pas, Mme
la Présidente...
Mme Fréchette : Maintenant,
on le sait.
La Présidente (Mme Gendron) : ...la
parole pour le moment, le député de Nelligan.
M. Derraji : Je pense que,
pour le bien de nos échanges... c'est la deuxième fois que la ministre essaie
de m'interrompre. Donc, je vous invite, Mme la Présidente, à... je vous...
La Présidente (Mme Gendron) : Je
réitère de vous adresser à la présidence.
M. Derraji : O.K. La question
est très simple. Les chiffres sont là. On a beaucoup de temporaires, et j'ai
fait la démonstration, tout à l'heure, qu'on a beaucoup de temporaires. Est-ce
que la ministre considère qu'elle a...
M. Derraji : ...à franciser
suffisamment les temporaires et les travailleurs temporaires étrangers au
Québec.
Mme Fréchette : C'est un
travail qui est constamment à reprendre, la francisation des temporaires, mais
il faut voir qu'on a eu une très belle progression. D'une part, on a... c'est
important de ne pas laisser entendre que les temporaires ne parlent pas du tout
français, il y a... il y a la majorité des travailleurs étrangers temporaires
qui parlent le français. En fait, 60 % des travailleurs temporaires...
étrangers temporaires parlent le français. Et, au cours de la dernière année,
il y a eu une augmentation de plus de 30 % des travailleurs étrangers
temporaires qui ont suivi des cours de francisation 30 % en une année.
Vous vous imaginez? C'est colossal. Alors, le nombre de professeurs
additionnels qu'il faut prévoir, c'est très important. Si vous regardez le
total des personnes, c'était 37 000 apprenants l'année... il y a deux
ans, 45 000 au cours de la dernière année. Il y a beaucoup de temporaires
là-dedans. Les temporaires ont accès aux mesures de francisation de manière
complètement gratuite, et ça, c'est important. C'est une nouveauté également
qui a été mise de l'avant par notre gouvernement. On le sait, maintenant,
l'apprentissage du français est un droit et c'est un droit auquel ont accès les
travailleurs étrangers temporaires.
La Présidente (Mme Gendron) : Merci,
Mme la ministre. M. le député.
M. Derraji : Je vais revenir
à 122 : le nombre de travailleurs étrangers temporaires agricoles arrivés
depuis deux ans qui ont suivi des cours de francisation. Vous avez le chiffre,
je pense qu'on va... on va le voir, 431 dans tout le Québec, 431. Je ne sais
pas si, toujours, la ministre est fière de ce chiffre. Donc...
Une voix : ...
M. Derraji : Je vais juste
terminer. Donc, la question pourquoi si peu? Et la ministre est-elle satisfaite
de ce chiffre? Je répète le chiffre, il est dans le RP122, 41, et c'est depuis
2020, donc ça parle des nombres de travailleurs étrangers temporaires agricoles
arrivés depuis 2020. Le chiffre qu'on a, c'est 431.
Mme Fréchette : Alors, comme
je disais tout à l'heure, la francisation, c'est un travail constant. Donc, il
y aura toujours des efforts à déployer, et on en a déployé énormément, depuis
notre arrivée au pouvoir, pour faire en sorte que l'apprentissage du français
soit facilité, accessible et, maintenant, même compensé par des allocations
financières. Donc, vraiment, il y a tout un ensemble de mesures, d'outils qu'on
a mis en place. Et, avec Francisation au Québec, à partir de juin, donc très,
très bientôt, cet accès-là va être encore plus facilité, et il y aura notamment
des mesures d'apprentissage du français sur les lieux de travail. Peut-être que
les travailleurs agricoles vont pouvoir se prévaloir des mesures de
francisation d'une manière plus facile avec l'apprentissage du français sur les
lieux de travail. On sait que c'est des horaires de travail qui sont intenses
dans le milieu agricole.
La Présidente (Mme Gendron) : Merci,
Mme la ministre. M. le député.
• (12 h 30) •
M. Derraji : Je vais répéter.
Depuis 2020, il y a uniquement 431 travailleurs étrangers temporaires
agricoles qui ont suivi un cours de francisation. C'est votre bilan, Mme la
ministre, c'est depuis 2020, on est en 2023. Est-ce que vous êtes satisfaite de
ce chiffre? Et pourquoi si peu de personnes ont suivi des cours de
francisation?
La Présidente (Mme Gendron) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Moi, M. le
député, je veux augmenter tous les chiffres de francisation, incluant les
travailleurs agricoles. Je veux dire, partout, on fait en sorte, on met les
efforts comme nul gouvernement auparavant ne l'a fait pour faire en sorte de
franciser les travailleurs étrangers. Ça inclut les travailleurs agricoles. Et
on va multiplier les mesures, les outils de francisation pour faire en sorte
que ce soit accessible à temps plein, à temps partiel, en présentiel, en
virtuel, sur les lieux de travail et en amont, avant même que les gens
n'immigrent au Québec. Alors, oui, je veux améliorer le score pour les
travailleurs agricoles, je veux améliorer le score pour l'ensemble des
travailleurs étrangers temporaires. On a déjà eu une belle croissance ces
dernières années. Franchement, c'est significatif, tout ce qui a été fait comme
gains. Je vous parlais juste de la dernière année, c'est 30 %
d'augmentation. Alors, on va continuer sur cette voie-là.
M. Derraji : Je ne partage
pas votre conclusion, Mme la ministre, quand je vois qu'en Abitibi 43 % de
taux d'échec... de taux de décrochage temps complet, quand je vois, en
Outaouais, 23 %, quand je vois, à Montréal, 24 %, quand je vois, en
Laurentides, 18 %, quand je vois, en Montérégie, 20 %, quand je vois,
en Centre-du-Québec, 8 %, quand je... taux de décrochage, c'est 21 %.
Ce n'est pas peu, Mme la ministre, compte tenu des moyens déployés. Donc, quand
on dit que ce n'est pas un slogan, la langue française et apprendre la langue
française, il faut le voir avec des chiffres.
Maintenant, on va parler de la
régionalisation. RP92, en 2022, le ministère a aussi favorisé la
régionalisation de l'immigration en invitant, avec son système de déclaration
d'intérêt, donc Arrima, 568 personnes qui avaient une offre d'emploi
permanent validée à l'extérieur du territoire de la CMM, 568. Est-ce qu'on peut
parler d'un succès avec l'invitation de 568 personnes...
12 h 30 (version non révisée)
M. Derraji : ...se destinant à
un emploi en région.
La Présidente (Mme Gendron) : Mme
la... Mme la ministre.
Mme Fréchette : ...n'est
pas... D'un succès... Vous voulez dire d'un succès par rapport à?
M. Derraji : Bien, vous
parlez de la régionalisation, mais en 2022, il y avait 568... c'est votre
réponse dans les crédits.
Mme Fréchette : Bien, les
chiffres, il faut les regarder dans leur globalité. Donc c'est sûr qu'il y a
tout un ensemble de dimensions à considérer quand on parle de succès en matière
de régionalisation.
M. Derraji : ...s'il vous
plaît.
Mme Fréchette : En fait, la
globalité, c'est notamment tout l'appareillage qu'on met en place en région
pour attirer les travailleurs étrangers, pour les accompagner, pour faciliter
leur intégration, faciliter leur francisation. On parle maintenant de neuf
directions régionales qui ont été mises en place par le MIFI. On parle de 73 antennes
partout sur le territoire. On parle de 90 aides à l'accompagnement et à l'intégration.
Globalité des résultats, en matière de régionalisation, c'est ça qui importe.
Ce n'est pas un seul chiffre qui nous permet de statuer. On a aussi 76 conseillers
en immigration qui ont été déployés dans différentes régions du Québec. Cinq
conseillers régionaux en reconnaissance des compétences, un élément important.
Tout ça, ça fait partie du portrait qui est à analyser et qui reflète des
avancées.
La Présidente (Mme Gendron) : Merci,
Mme la ministre. M. le député.
M. Derraji : Je tiens à
rappeler 568. Est-ce que vous avez d'autres chiffres à nous partager?
Mme Fréchette : Quelle est
votre question?
M. Derraji : Oui, mais quel
chiffre, elle nous parle... tu sais, on parle de 2022, ce que j'ai. Avec la
déclaration d'intérêts, est-ce que vous avez d'autres chiffres à nous partager
pour nous parler d'un succès de l'arrimage avec...
La Présidente (Mme Gendron) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Alors, quand
je parle de résultats globaux, donc c'est par exemple la proportion des
personnes ayant déclaré se destiner à l'extérieur de la région métropolitaine
de Montréal. En 2022, on était à 26,7 %. Proportion des personnes ayant
déclaré se destiner à l'extérieur de la CMM, là, on était à 23,5 % en
2022. Ensuite, proportion des personnes admises au Québec et présentent en
janvier de l'année 2022, qui résident hors de la...
La Présidente (Mme Gendron) : Mme
la ministre. M. le député a une autre question.
Mme Fréchette : ...28,5%. Ça,
c'est des chiffres qui parlent.
M. Derraji : O.K. Ce n'est
pas ma question, Mme la Présidente, je demande : Une offre d'emploi
permanente... une offre d'emploi pour un emploi permanent validé à l'extérieur
du territoire de la CMM, la Communauté métropolitaine de Montréal, en 2022. Ce
que j'ai, c'est 568. En 2022, 500 travailleurs. On parle de la
régionalisation. Avec combien de bureaux, combien de bureaux déjà, Mme la...
Mme Fréchette : Ce n'est pas
la seule façon d'aller en région, M. le député.
M. Derraji : Mais Arrima, ça
coûte 3 millions de dollars, hein? Il y a des questions, là, puis
aller sur Arrima, ça nous a coûté de l'argent. Votre gouvernement, surtout
votre prédécesseur, le leader du gouvernement, a beaucoup parlé d'Arrima, ça
nous coûte 3 millions de dollars.
Mme Fréchette : Arrima, c'est
notre plateforme de référence pour nos programmes d'immigration, un ensemble de
programmes d'immigration qui va être la plateforme dans le fond qui va
regrouper l'ensemble de nos programmes qu'on est en voie de moderniser.
M. Derraji : Oui, je connais
très bien... je connais par cœur Arrima, Mme la Présidente, mais le système de
déclaration d'intérêts du PRTQ, donc Arrima, il y a 560 personnes qui
avaient une offre d'emploi permanent validé à l'extérieur du CMM. On veut tous
régionaliser. On veut tous que les immigrants s'installent... avec une offre d'emploi
et bien sûr, la francisation. Je viens de faire la démonstration qu'au niveau
de la francisation, écoutez, on ne peut pas se réjouir aujourd'hui. Il y a des
délais. Mon collègue vient de poser des questions sur des offres d'emplois non
comblés pour franciser les immigrants. Il y a beaucoup d'informations qui
touchent la francisation, mais là, on rajoute encore une fois à la
régionalisation... On peut bien me parler, Mme la Présidente, de bureaux, mais
si ces bureaux ne fonctionnent pas et ne régionalisent pas, on ne peut pas me
servir l'argument qu'on travaille sur la régionalisation parce qu'on a des bureaux
dans toutes les régions. 568 personnes avec une offre d'emploi permanent, ça
veut dire : Quand vous avez un emploi permanent, c'est normal que vous
allez vous installer dans une région. Et je ne parle pas des travailleurs
temporaires étrangers. Je parle vraiment offres d'emplois permanents à l'extérieur
de la CMM parce qu'on ne veut pas que les gens s'installent à la CMM.
Mme Fréchette : C'était une
question? Avez-vous une question?
M. Derraji : La question
était sur le nombre parce que je ne veux pas de pourcentage. Je veux savoir le
nombre par Arrima, est-ce qu'on parle toujours de 568.
Mme Fréchette : Estt-ce qu'on
a ce chiffre-là, exactement? Oui, c'est le chiffre que l'on a et c'est un
chiffre à partir duquel on va commencer à travailler pour la suite des choses
et améliorer notre capacité à régionaliser encore davantage de gens. C'est
notre souhait. On met une diversité de moyens pour ce faire.
La Présidente (Mme Gendron) : Mme
la ministre.
M. Derraji : C'est excellent,
oui, je vous remercie parce que c'est comme ça qu'on va travailler ensemble.
Moi aussi, je suis pour la régionalisation...
M. Derraji : ...mais c'est
juste qu'on dit... on le dit, ça fait cinq ans qu'on parle de la
régionalisation. Je ne veux pas revenir...
Mme Fréchette : ...
M. Derraji : Mais je n'ai pas
terminé.
La Présidente (Mme Gendron) : Allez-y.
M. Derraji : Oui. Donc, on
veut tous parler de la régionalisation. Il y a un problème de régionalisation,
il y a un problème de francisation. Mon collègue vient de le démontrer. Vous
n'avez même pas comblé des postes, et ça se répercute sur les gens qui veulent
suivre des programmes de francisation. Ce sont des faits. Je ne pense pas qu'on
va se lever, lui, moi, en période de questions, chaque jour, mais je pense
qu'il veut, moi aussi, je le veux. Mais là on veut vous aider. S'il y a un
problème par rapport à la francisation, il faut l'attaquer. Mais, moi, ce qui
m'inquiète maintenant, ça m'inquiète vraiment, et je lève un grand drapeau
rouge, c'est même dans la structure d'Arrima... Si, aujourd'hui, on va dire aux
Québécois : Écoutez, Arrima, ça nous a coûté 3 millions de dollars,
on vient avec l'ensemble des bureaux, on a mis des employés dedans, 568 offres
d'emploi, 568 offres d'emploi. Mais vous savez pourquoi? Parce que le
temporaire règle le vrai problème. Et c'est là où je dis que, la planification
pluriannuelle, on ne peut pas ne pas parler du temporaire.
Donc, je vais répéter ma question. Est-ce
que la ministre aujourd'hui... je sais que j'ai senti une hésitation. Est-ce
qu'elle est fière de voir aujourd'hui que son ministère a régionalisé 568 avec
des emplois permanents à l'extérieur de la CMM?
Mme Fréchette : ...une
hésitation parce que ce n'était pas évident si c'était une question ou un
commentaire. Donc, c'est sûr que, quand ce n'est pas clair, à savoir...
M. Derraji : Est-ce que vous
êtes fière de voir que votre ministère a régionalisé 568 à l'extérieur de la
CMM avec Arrima?
Mme Fréchette : J'aimerais
qu'on clarifie, là, la situation avec un chiffre du sous-ministre, si vous m'en
donnez la possibilité.
La Présidente (Mme Gendron) : Consentement?
M. Derraji : Bien... Ça a été
dit, le chiffre, 568.
Mme Fréchette : Non, non,
non, un autre chiffre.
M. Derraji : Bien, vous avez
confirmé 568. Vous avez un autre chiffre?
Mme Fréchette : Un autre
chiffre, oui.
M. Derraji : Pas de problème,
oui, oui.
M. Dagenais (Benoit) : Merci.
Donc, l'offre d'emploi validée est effectivement un des moyens utilisés dans
Arrima pour régionaliser. Il y en a plusieurs autres. Il y a les critères...
Parce qu'en fait le PRTQ fonctionne par des critères...
M. Derraji : ...
M. Dagenais (Benoit) : Mais,
en fait, je vais vous donner seulement un chiffre, si vous voulez seulement un
chiffre... Dans les... Le dernier chiffre qu'on a, en 2021, dans les admis, en
2021, plus de 15 000 personnes étaient à l'extérieur de la RMM au 1er janvier
2023. 15 000.
La Présidente (Mme Gendron) : Merci,
M. Dagenais. M. le député.
• (12 h 40) •
M. Derraji : ...en 2022, 568.
Est-ce que ce chiffre est vrai? Ça vient de votre ministère.
M. Dagenais (Benoit) : ...qui
existait en 2022, effectivement.
M. Derraji : Oui, c'est ça.
Donc...
Mme Fréchette : Mais ce n'est
pas la seule façon.
M. Derraji : O.K., mais...
M. Dagenais (Benoit) : Mais
c'est le chiffre qui correspond à un des moyens, qui sont les offres d'emploi
validées, c'est exact.
La Présidente (Mme Gendron) : Merci.
M. le député.
M. Derraji : ...pas demandé
l'intervention du sous-ministre. 568, c'est le chiffre de la régionalisation de
la ministre. Moi, c'est un gros drapeau rouge. C'est un échec de la
régionalisation en dehors de la grande région métropolitaine. C'est ça, le
constat, Mme la ministre.
Mme Fréchette : ...un des
moyens. Si vous voulez faire abstraction des autres moyens, eh bien, c'est sûr
que...
M. Derraji : Votre
gouvernement se base sur le permanent. C'est quoi, les moyens, les autres
moyens? Temporaires? Vous ne voulez pas inclure les temporaires dans la
planification pluriannuelle. Je vous suis. Vous voulez dire que c'est
l'immigration permanente...
La Présidente (Mme Gendron) : Veuillez
vous référer à la présidence.
M. Derraji : ...je suis juste
la ministre dans sa logique. Elle ne veut pas inclure le temporaire dans la
planification pluriannuelle. J'accepte, c'est sa décision, O.K.? Je suis
convaincu qu'on doit les inclure. Là, elle me dit de revenir sur le permanent.
Je lui dis...
La Présidente (Mme Gendron) : En
terminant.
M. Derraji : Je lui dis que
son ministère, en 2022, c'est un échec...
La Présidente (Mme Gendron) : Merci.
M. le député. Merci. Donc, malheureusement, cette période, elle est déterminée.
Donc, maintenant, j'aimerais céder la parole du côté du gouvernement à la
députée de Vimont, s'il vous plaît.
Mme Schmaltz : Merci, Mme la
Présidente. En fait, je vais m'engager, pour le prochain échange avec la
ministre, de m'adresser à vous, comme c'est... comme on doit le faire. Je
m'engage aussi à ne pas la couper aux trois, quatre mots et lui laisser le
temps de répondre. Et puis, si vous permettez, Mme la Présidente, je vais quand
même saluer également mes collègues...
M. Derraji : ...je pense
que... Je sais que c'est probablement...
Mme Schmaltz : Non, non, pas
du tout. Non, non...
La Présidente (Mme Gendron) : Je
vous invite à la prudence. Continuez avec votre question.
Mme Schmaltz : ...si vous me
le permettez à nouveau, je vais quand même saluer la banquette, l'opposition.
Je vais saluer également la ministre et naturellement les membres de son
cabinet.
Donc, ceci étant dit, Mme la Présidente,
afin de bien accompagner les nouveaux... les nouveaux arrivants dans
l'apprentissage du français, on a plusieurs options. On sait qu'il y a
plusieurs options qui leur sont proposées, dont, entre autres...
l'apprentissage, pardon, du français en entreprise. C'est une avenue qui est
très intéressante puisque la personne immigrante est plongée dans un
environnement francophone avec des gens majoritairement francophones. On parle
peut-être même d'une immersion pour l'apprentissage du français. La...
Mme Schmaltz : ...que
j'adresse, Mme la Présidente, à la ministre, est la suivante : comment
allez-vous aider les entrepreneurs à incorporer des cours de francisation au
sein de leur entreprise?
Mme Fréchette : Merci, Mme la
députée de Vimont, pour votre question. Bien, alors, c'est un rôle, en fait,
qui va être particulièrement important, que celui d'accompagner les entreprises
en matière de francisation, avec la mise en place de Francisation Québec. C'est
une entité, donc, qui va être sous l'aile du ministère de l'Immigration,
Francisation, Intégration. Actuellement, il y a des services qui sont offerts
par le ministère de l'Emploi, des services sociaux en termes d'accompagnement
des entreprises. Mais, à partir du 1ᵉʳ juin, ce sont l'ensemble des
mesures de francisation qui se retrouveront sous Francisation Québec. Donc,
quiconque voudra accéder à des mesures de francisation, et quand je dis
«quiconque», ça inclut des employeurs qui voudraient offrir des mesures de
francisation sur leur lieu de travail pourront le faire à travers Francisation
Québec.
Donc, ça va être un développement fort
important en soutien au français, à l'usage de la langue française. Il y aura
des cours de nature générale qui seront offerts. Il y a également des cours de
nature plus sectorielle, plus spécialisée, qui seront offerts pour des secteurs
d'importance et qui permettront aux employés de maîtriser davantage le
vocabulaire associé à un... à leur Domaine d'emploi, ce qui peut être précieux
pour la bonne marche des opérations d'une entreprise. La sécurité également des
travailleurs s'en trouvera améliorée.
Donc, c'est un volet qui va être crucial
parce qu'on souhaite que les gens aient accès facilement aux mesures de
francisation. Et le fait de le faire sur les lieux de travail peut être fort
aidant, parce que, quand les gens reviennent à la maison, parfois, c'est le
contexte familial qui prend le dessus et le temps que les gens peuvent allouer
à la francisation peut parfois exister, mais parfois, ça peut être difficile de
trouver ce temps. Donc, en octroyant des mesures de francisation sur les lieux
de travail, avec en plus à la carte des allocations financières pour ce faire, eh
bien, ça, c'est des mesures très soutenantes pour aider, comment dire, à
l'usage, à l'utilisation du fait français.
On sait que, globalement, les principaux
indicateurs linguistiques ont indiqué un déclin de l'usage du recours au
français, donc on veut faire en sorte de stopper ce déclin-là, de relancer
l'usage du français, et Francisation. Québec va être un des outils importants.
Donc, on va vouloir s'assurer que les entreprises sont au fait de ces cours et
les promeuvent également dans leur lieu de travail, auprès de leurs employeurs.
Donc, ça va être un gros travail. C'est
sûr que ça requiert beaucoup d'efforts de la part du ministère. Je remercie
d'ailleurs les équipes pour tous les efforts qu'ils font en ce sens-là, parce
que, la date du 1ᵉʳ juin arrive à grande vitesse, et que les efforts ont
été décuplés au cours des derniers mois, et je les en remercie, parce que c'est
un travail colossal qui est mené actuellement avec un ensemble de partenaires
aussi, gouvernementaux, que ce soit au ministère de l'Éducation ou au ministère
de l'Emploi. Donc, voilà, de gros efforts dont vous allez pouvoir voir les
résultats, les retombées à partir de juin prochain, sachant que c'est déployé
aussi de manière séquentielle. On ne va pas avoir 100 % de l'offre déjà disponible
dès le 1ᵉʳ juin, mais néanmoins, le processus va s'amorcer à ce moment-là.
La Présidente (Mme Gendron) : Merci,
Mme la ministre. Je cède maintenant la parole à la députée d'Iberville.
Mme Bogemans : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, tout le monde. Donc, vous avez tenu une série de
rencontres dans les différentes régions du Québec, dernièrement, dans le but de
vraiment recueillir les propositions en vue d'une révision de ce qui est en
général un plan stratégique pour le MIFI, qu'on appelle aussi la planification
pluriannuelle, qui s'en vient à la fin de 2023 et qui va probablement nous
réunir tous ici à nouveau à ce moment-là.
2023 est donc l'occasion d'entendre la
société civile pour les différentes orientations en matière d'immigration, de
francisation, d'intégration, mais aussi de régionalisation. Dans les visites
régionales, les échanges ont porté sur les différents leviers qu'on dispose au
Québec pour accueillir, dans une plus grande proportion, des immigrants francophones,
entre autres, pour être capables de régionaliser davantage, pour répondre aux
besoins du marché du travail, travailler notre capacité d'accueil et,
finalement, l'offre de service gouvernemental en intégration, plus
particulièrement.
C'est sur ce dernier point-là que porte ma
question. J'aimerais vous amener, parce que vous avez été témoin, comme nous,
des délais d'attente au long des processus d'immigration... La complexité du
processus administratif pour l'accès à la résidence permanente peut causer
parfois des maux de tête aux parties impliquées. Grâce à notre mandat
d'adjointes, ma collègue députée de Vimont et moi avons été aux premières loges
avec vous pour voir...
Mme Bogemans : ...que c'est
une de vos priorités. L'amélioration des processus est vraiment au centre de la
stratégie, pouvez-vous nous en dire plus sur ce dossier puis quels sont les
outils que vous avez à votre disposition pour changer la donne?
Mme Fréchette : Bien, merci,
Mme la députée d'Iberville et collègue, adjointe parlementaire, et je salue
également l'adjointe parlementaire de Vimont. Mais en fait on a différentes
mesures pour améliorer les processus, c'est vrai que c'est dans nos priorités
d'améliorer les processus, de les alléger, de faciliter la donne à la fois pour
les employeurs et pour les employés qui les utilisent, il y a un certain nombre
de leviers qu'on peut utiliser en tant que gouvernement du Québec, que l'on
peut activer, et c'est ce à quoi on s'est... dans quoi on s'est investi au
cours des derniers mois. Il y a un travail important de révision d'un ensemble
de programmes d'immigration permanente qui sont en cours, et on pourra vous
présenter, dans le fond, l'ensemble des résultats de ces efforts au cours des
prochaines semaines. Donc, ça pourra être vu, publié, compris, donc,
prochainement, mais c'est un travail colossal qui vise à faire en sorte,
notamment de rehausser la connaissance du fait français, bien sûr, mais
également de faire en sorte qu'il est plus facile pour les employeurs et les employés
de recourir aux programmes d'immigration et essayer de déployer des nouvelles
passerelles permettant aux gens de passer d'un statut temporaire à un statut
permanent, moyennant, bien sûr, un certain nombre de critères qui devront être
rencontrés. Donc, ça fait partie des orientations.
Une autre orientation importante, c'est
celle de la régionalisation, on veut faire en sorte, donc, de régionaliser le
plus grand nombre d'immigrants possible, et il y a tout un appareillage, donc,
qui s'est mis en place, que ce soit des ententes avec des organismes, ou encore
des ententes avec les municipalités, déploiement des bureaux du MIFI,
déploiement de toute une série de conseillers. Donc, vraiment, une grande
pléiade de mesures a été mise en place pour favoriser ce travail-là.
Et puis il y a aussi du côté des
négociations avec le fédéral qu'il y a beaucoup de travail qui est fait, il y a
de nombreux assouplissements qui ont été obtenus, particulièrement depuis le
mois d'août 2021, plusieurs assouplissements ont été obtenus suite aux
négociations avec le gouvernement fédéral pour faire en sorte de faciliter la
donne, on a, par exemple, beaucoup plus de professions, on est maintenant à
60 %, si ma mémoire est bonne, de professions qui sont dans la classification
nationale, des professions qui font l'objet d'un traitement simplifié, ça,
c'est important parce que... et c'est salué souvent, on a eu des rencontres
régionales ensemble et les gens soulèvent, saluent cette initiative-là parce
que ça a facilité leurs démarches, et c'est important de poursuivre dans cette
même veine. On a élargi aussi le spectre des professions pouvant faire l'objet
de traitement simplifié. Donc, ça, aussi, ça a été des gains importants pour le
Québec en matière de gestion des programmes de travailleurs étrangers
temporaires.
Donc, voilà, un ensemble de mesures comme
ça, et on va poursuivre sur cette veine-là parce qu'on peut toujours procéder à
des améliorations dans nos programmes. Et voilà. Donc, j'aurai le grand plaisir
de dévoiler tout ça lorsque le travail sera complété. Merci.
• (12 h 50) •
La Présidente (Mme Gendron) : Merci.
Y a-t-il d'autres questions? Oui, la députée de Vimont.
Mme Schmaltz : Merci, Mme la
Présidente. En fait, j'aimerais amener la ministre à reparler un peu de la
réouverture des différents bureaux régionaux du MIFI, qui a d'ailleurs été
saluée par de nombreux organismes, de nombreux... nombreuses entreprises
également. Alors, je voudrais savoir en quoi ça va changer la donne, justement,
la réouverture.
Mme Fréchette : Bien, merci.
C'est un élément fort important que la réouverture des bureaux, parce que ça
nous donne un ancrage, une emprise, une présence physique dans l'ensemble des
régions du Québec. Il était très important de procéder à leur réouverture,
après cette erreur de les avoir complètement fermés, ce qui a en fait démantelé
une partie de notre capacité d'accueil. Quand on dit capacité d'accueil, ce
n'est pas juste le nombre de personnes qu'on va recevoir qui est déterminant, c'est
aussi l'appareillage qu'on a pour soutenir les personnes que l'on accueillera.
Et ces bureaux régionaux font partie de ce qui est essentiel d'avoir, pour
avoir un bon portrait de la dynamique d'une région donnée, être en interaction
avec et les employeurs et les personnes immigrantes qui s'installent en région.
Donc, c'était vraiment essentiel de redéployer. Et non seulement le
gouvernement actuel a redéployé tous les bureaux qu'il avait en région, mais...
Mme Fréchette : ...on a
consolidé, au-delà de ce qui existait auparavant, le nombre de bureaux, le
nombre d'antennes et on l'a fait également à l'autre extrémité, je dirais, de
la ligne d'accompagnement. On a aussi réouvert l'ensemble des bureaux à
l'étranger qui, eux aussi, avaient été fermés. On veut accompagner les gens le
plus possible en amont, avant même qu'ils n'arrivent au Québec, et on veut
faire en sorte qu'ils se régionalisent dès leur arrivée au Québec. Et, par
conséquent, la présence de nos bureaux à l'étranger est essentielle aussi parce
que, déjà là, on peut être en interaction avec ceux qui planifient venir au
Québec. On peut les accompagner pour une meilleure connaissance du Québec, pour
leur francisation, si c'est requis, et les inciter également à s'établir en
région. Faire connaître la diversité des régions, les opportunités qui
s'offrent en région, ça fait partie du mandat de ces personnes qui sont
déployées à l'étranger et qui peuvent donc accompagner les gens jusqu'à ce
qu'ils viennent s'établir en région.
Il y a bien sûr, au-delà des bureaux, il y
a tout un ensemble aussi d'organismes, et on en a rencontré une grande série de
ces organismes au cours de nos rencontres régionales. On les a vraiment
entendus, écoutés et on va s'assurer de rester en contact avec eux. Mais nos
bureaux régionaux, eux, ils le sont en contact à longueur d'année et c'est
essentiel pour la réussite des projets d'immigration.
Mme Schmaltz : Merci, Mme la
Présidente. J'aurais une sous-question à poser à la ministre concernant,
justement, les bureaux à l'étranger. Est-ce qu'on sait combien il y en a à
l'étranger?
Mme Fréchette : Oui. Je n'ai
pas le chiffre en tête, par contre. On a des bureaux à Paris, bien sûr, ça,
c'est une antenne fort importante. On en a au Brésil, Mexico, Mexico et en
Amérique latine, c'est à Mexico où il y a le plus gros bureau, Rabat au Maroc,
Paris et Mexico sont les trois principaux bureaux avec lesquels on agit, mais
on a aussi des services d'immigration et des antennes, en fait, qui sont
établies, déployées à l'étranger. Et, bien, je me permets de vous offrir un
scoop. On va, en fait, avoir des services d'immigration dans deux nouvelles
villes européennes. Donc, sous peu, il y aura déploiement de personnes du
ministère à Bruxelles et également à Rome. Donc, on a choisi ces deux pays
européens parce que, d'une part, Bruxelles, pays où, bon, la communauté
francophone est fort importante... une des langues officielles, et puis
également Rome, parce que c'est un pays francotrope. Donc, connaissance de la
langue italienne facilite l'apprentissage, je dirais, du français. Donc, aussi,
on sait qu'il y a une grande histoire d'immigration entre le Québec et l'Italie
et on fait écho, dans le fond, à cette cette histoire, en réouvrant comme ça...
en ouvrant, plutôt, en déployant une personne pour l'immigration sur la belle
ville de Rome. Alors, voilà, c'est quelque chose qui a été autorisé récemment
et qui va pouvoir se déployer. Sinon, bien, j'ai en fait la liste ici, donc on
a... comme je disais, notre grand bureau en Europe, c'est Paris. On a
également...
La Présidente (Mme Gendron) :
En terminant.
Mme Fréchette : ...Mexico et
São Paulo, Bogota, Maroc, Sénégal.
La Présidente (Mme Gendron) : Merci.
Merci beaucoup pour ces échanges. Compte tenu de l'heure, la commission suspend
ses travaux jusqu'à 14 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 54)
13 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 14 heures)
La Présidente (Mme Gendron) :
Bon après-midi à tous. Nous allons reprendre nos travaux.
Je vous rappelle que la commission est
réunie afin de poursuivre l'étude des crédits budgétaires du portefeuille
Immigration, Francisation et Intégration pour l'exercice financier 2023-2024.
Je vous demanderais à ce que le temps des questions soit proportionnel au temps
des réponses, s'il vous plaît.
Nous en sommes maintenant avec un bloc d'interventions
du porte-parole de l'opposition officielle. M. le député de Nelligan, la parole
est à vous pour une durée de 17 minutes 39 secondes.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidence. Et merci pour votre patience et merci pour votre écoute et la façon
avec laquelle vous gérez nos travaux. Merci beaucoup. Bonjour, Madame la
ministre, encore une fois. J'espère que, votre lunch, ça a bien été. J'espère
que vous avez bien mangé aussi.
Mme Fréchette : Je peux
répondre? Oui?
M. Derraji : Oui, oui.
Des voix : Ha, ha, ha!
Mme Fréchette : Je
vérifie avant.
M. Derraji : Bien non.
Mme Fréchette : Alors,
mon lunch était excellent, c'était délicieux. Et j'espère que ce fut de même
pour vous tous.
M. Derraji : Je vais
vous partager une petite anecdote. Avec votre collègue ministre de l'Emploi et
du Travail, on avait un long, long, long projet de loi, six mois ou sept mois d'échanges
en commission parlementaire. Et parfois l'humeur changeait. À un certain
moment, on se disait : il faut tous toujours manger des salades parce que,
quand, lui, il mangeait une salade, et moi, je mangeais une salade, ça a été
une des après-midis...
14 h (version non révisée)
M. Derraji : ...donc je vous
assure que j'ai mangé une salade.
Mme Fréchette : ...mangé une
également, alors vraiment... Santé!
M. Derraji : Ça va bien
aller. On va... on va parler de trois projets pilotes ou le programme projet...
programme pilote d'immigration permanente des travailleurs de la transformation
alimentaire. Ça a été lancé, à l'époque, si je me rappelle bien, pour attirer
et de retenir de la main-d'œuvre, selon, au fait, les dires du premier
ministre. Et je me rappelle, le premier ministre, là, annonçait vraiment une
grande annonce, à l'époque, et avait la pression du PEQ, le gouvernement a
reculé sur le PEQ, il a changé les règles du PEQ. Quelques années plus tard,
donc, vous avez vu les résultats, je les ai, mais je peux vous les partager.
Votre gouvernement voulait chercher 550 personnes annuellement dans chaque
programme. Quel constat vous faites après deux ou trois ans de ces projets
pilotes, s'il vous plaît?
Mme Fréchette : D'une part, j'aimerais
revenir sur le fait qu'on a changé le PEQ. Effectivement, on a dû changer le
PEQ parce que, quand on est arrivé, il y avait un inventaire fabuleux de gens
qui étaient en compétition directe avec les travailleurs qualifiés. Alors, c'est
juste pour rectifier... mettre en contexte, dans le fond, cette information-là.
Quant aux programmes pilotes qui ont été mis en place, en fait, c'est pour
répondre à des besoins particuliers, bien sûr, dans le cadre du marché du
travail. Et le 550 personnes requis, comme vous le laissez entendre, en
fait, ce n'est pas tout à fait un objectif. Le 550 personnes pour les
programmes pilotes, en fait, c'est le maximum qui est autorisé. Donc, pour
nous, ce n'était pas un objectif en tant que tel, c'était plutôt le nombre à ne
pas dépasser. Donc, on est en cours, en fait, de réception de demandes qui s'inscrivent
dans le cadre des programmes pilotes, que ce soit pour la transformation
alimentaire, l'intelligence artificielle ou encore les technologies de l'information
et effets visuels. Donc, voilà, on est en processus de mise en place, mise en
œuvre, d'opérationnalisation de ces programmes pilotes.
M. Derraji : O.K. Je vais
vous lire le communiqué de presse que... il est rédigé par votre ministère,
donc juste pour qu'on se situe dans le temps : «Le programme pilote d'une
durée maximale de cinq ans permettra de sélectionner annuellement jusqu'à 550 requérantes
et requérants principaux.» Ça, ce n'est pas un... c'est mentionné...
Mme Fréchette : ...un maximum
de.
M. Derraji : Oui, je veux
juste terminer, si vous le permettez, je veux juste terminer, c'est votre
communiqué.
Mme Fréchette : Non, mais c'est
parce que vous me regardez, alors, moi, me donne l'impression que vous voulez m'entendre.
M. Derraji : Non, non, mais c'est...
Oui, oui, mais c'est par respect, je vous regarde parce que je n'ai pas la
pression de parler avec un mur, donc je vous regarde, mais croyez-moi, là,
vraiment... Vous ne voulez pas que je vous regarde, je regarde la présidente.
O.K., on va arrêter la présidente, on va regarder la présidente. Ah! je vous
regarde, vous? O.K. Le programme pilote... J'aime ça regarder quelqu'un. Vous
me connaissez, hein? Ce n'est pas un manque de respect. Le programme pilote, je
vais vous regarder, hein, ça va bien aller.
«Le programme pilote, d'une durée maximale
de cinq ans, permettra de sélectionner annuellement jusqu'à 550 requérantes
et requérants principaux qui travaillent dans des professions et secteurs
admissibles en transformation alimentaire. La période de réception des demandes
est ouverte du... La personne requérante principale peut inclure les membres de
sa famille au moment de la présentation. Programme de main-d'œuvre dans les
secteurs d'activité économique ciblés. Le gouvernement mettra prochainement en
œuvre deux programmes... deux autres programmes pilotes en immigration
permanente.»
Il y a trois citations de vos anciens
collègues. Dans le cahier des crédits, vous... vous avez répondu à notre
demande, et on est très, très loin des 550. Je vais vous dévoiler les chiffres.
Parce qu'au début je me rappelle, et je peux même vous... vous partager... Il y
a beaucoup d'articles. Je vais vous dire moi-même qu'est-ce que j'ai dit... qu'est-ce
que j'ai dit en 2021. Parfois, des citations... Et vous aussi, vous avez une
citation, cher collègue, je l'ai. Je vais commencer avec vous, je suis un
gentleman.
L'ancien avocat, président de l'Association
des avocates et avocats en droit de l'immigration : «Sur les projets
pilotes, il va falloir que ça soit des gens qui sont déjà au Québec, qu'ils
aient déjà fait des démarches pour venir y travailler. Alors, ça ne sera jamais
vraiment un programme de sélection de main-d'œuvre fraîche.» L'ancien avocat,
qui est devenu maintenant député de Saint-Henri-Sainte-Anne.
Moi, qu'est-ce que j'ai dit? «Une coquille
vide. Ces données en disent long sur l'incompétence du gouvernement en matière
d'immigration. Le porte-parole... manque de sérieux du Québec pour régler la
pénurie de main-d'oeuvre. Ces programmes ne servent à rien, ils ne fonctionnent
pas. C'est une coquille vide. Pourtant, le manque de travailleurs dans ces
domaines est extrêmement... est extrême. Et le premier n'arrête pas de le
dire.» Même le premier ministre, à l'époque, disait que...
M. Derraji : ...c'est un
domaine où il y a une pénurie de main-d'oeuvre. Là, chers collègues, je veux
partager les résultats.
La Présidente (Mme Gendron) : Je
vous invite quand même à être prudent dans vos propos, M. le député.
M. Derraji : Je n'ai rien dit
de mal, je veux juste vous partager les résultats.
La Présidente (Mme Gendron) : Parfait.
M. Derraji : Je suis
extrêmement prudent. Page 278. Transformation alimentaire, 25, 25 personnes,
préposés aux bénéficiaires, 240, intelligence artificielle, 352. Le total, 617.
Donc, la question est très simple : Est-ce que ces projets pilotes étaient
un échec ou vous pensez que 25 personnes recrutées dans le cadre de la
transformation alimentaire, ça répond aux besoins qu'on a?
Mme Fréchette : Alors, ça,
c'est des mesures qu'on a développées pour des secteurs spécifiques, comme on
disait, qui rencontrent des pénuries de main-d'oeuvre, de talents. Et ces
programmes pilotes, ce sont des essais. Par essence, un programme pilote, c'est
une tentative de quelque chose de nouveau, c'est un essai. Il faut faire
connaître ces nouveaux programmes là lorsqu'on les lance. Il faut faire en
sorte que les gens sachent que ça existe, que ce soit promu, que ce soit su, que
les gens y appliquent. Alors, c'est sûr que, quand c'est des nouveaux
programmes, ça met un certain temps avant de générer des retombées. Et ces
programmes-là sont faits pour une durée de cinq années. Et c'est sûr qu'au
terme de ces cinq années on va réviser l'ensemble des programmes pilotes qu'on
aura mis sur pied pour voir s'il convient de les modifier, s'il convient de les
renouveler tels quels, s'il convient de les reconduire ou encore de les abolir.
Donc, il y a un exercice qui va être fait au terme des cinq ans.
Ce qu'on constate, c'est que certains des
programmes ont eu une croissance intéressante au cours des derniers mois, alors
il faut les faire connaître, il faut faire en sorte que, quand on fait nos
missions de recrutement, les gens sachent que ça existe et qu'il y ait des
personnes qui ont les profils recherchés qui sont rencontrées. Et voilà, on
fera l'exercice, au terme des cinq ans, de la pertinence de reconduire, ou de
modifier, ou d'annuler le programme.
M. Derraji : Moi je pense,
Mme la ministre, que je n'ai pas besoin d'attendre cinq ans, ça fait déjà trois
ans, c'est un échec ce projet pilote. Et je tiens à rappeler le contexte, parce
que j'étais là, dans ce contexte, le contexte... Le contexte, c'est que votre
gouvernement voulait changer les règles du PEQ et, sérieux, pas besoin de
parler du PEQ, je peux vous en parler en long et large, du PEQ, je veux
vraiment que notre échange soit sur les programmes pilotes. Quand le
gouvernement lance un programme pilote depuis... 2020... On est en 2023, ça a
été dit en long et large, écoutez, là, on va ramener là où il y a un
besoin : transformation alimentaire, préposés aux bénéficiaires,
intelligence artificielle. C'est trois projets pilotes, et on se donne une
cible, 550. Trois ans plus tard, pas besoin d'une thèse doctorale pour dire que
c'est un échec. Mettons l'énergie ailleurs. Si ça ne marche pas, il ne faut pas
attendre trop longtemps, parce que, que ce soit dans la transformation
alimentaire, ou bien nos préposés aux bénéficiaires, ou même dans
l'intelligence artificielle, la demande, elle est très élevée. Donc, ma
suggestion... Est-ce que, malgré cet échec, vous voulez laisser la durée des
programmes encore un autre deux ans?
Mme Fréchette : Moi, je vous
dirais que, si on allait voir les entreprises puis les organisations qui ont
embauché ces personnes qui ont été recrutées par les programmes pilotes
auxquels vous faites référence et qu'en leur disait, bien, si, finalement, vous
ne les aviez pas, ces personnes-là, vous ne les aviez pas, ces talents-là,
est-ce que les choses iraient mieux chez vous, la réponse serait assurément
négative.
Les gens qui ont pu bénéficier des
personnes qui ont été recrutées à travers les programmes pilotes, eux, ils sont
contents que ces programmes-là existent. Alors, ne serait-ce que pour ça, il
faut les maintenir, il faut les tester. Si on s'est donné cinq ans, c'est parce
qu'on estimait que ça méritait un essai pendant cinq ans. Vous savez, parfois,
comme je disais, les développements peuvent survenir un peu plus tard parce
que, oui...
M. Derraji : ...
Mme Fréchette : Pardon, je
suis en train de parler, Mme la Présidente, est-ce qu'il est possible que je
puisse terminer?
• (14 h 10) •
La Présidente (Mme Gendron) : Si
vous voulez bien terminer, Mme la ministre.
Mme Fréchette : Merci
beaucoup. Alors, quand on donne cinq ans à un programme pilote pour donner des
suites, eh bien, il faut donner le temps qui est estimé au départ pour évaluer
la pertinence, évaluer les retombées de ces différents programmes là. Et puis,
voilà, en matière de TI et d'effets visuels, par exemple, il y a eu un
rehaussement intéressant ces derniers mois, donc ça mérite d'être maintenu.
La Présidente (Mme Gendron) : Merci.
M. le député.
M. Derraji : Juste rappeler
que c'est moi qui pose les questions. J'essaie de poser très court, donc même
la réponse doit être courte parce que c'est long, je perds mon temps.
La Présidente (Mme Gendron) : C'est
relatif à la durée de la question.
M. Derraji : Bien, c'est très
court. Moi, je pense que c'est un échec, les trois projets pilotes. Vous pouvez
continuer à dire que c'est une réussite. Si c'est 25, aujourd'hui, la réponse
que vous envoyez au secteur transformation alimentaire, qu'un programme
lancé...
M. Derraji : ...par votre
gouvernement, à ramener 25 personnes est un succès. Je laisse les
partenaires qui veulent des travailleurs faire leurs conclusions. Moi, je pense
que, Mme la ministre, votre gouvernement et votre ministère doivent penser plus
à assouplir les règles parce que c'est... Clairement, il n'y avait pas assez de
demandes, 25, 240, 352, pour un programme qui est supposé répondre à un besoin
criant en main-d'œuvre. Ma question est très simple : Est-ce que vous
allez assouplir les règles pour que les gens puissent en bénéficier ou vous
allez laisser le programme tel quel encore deux ans?
Mme Fréchette : Alors, Mme la
Présidente, j'aimerais en fait faire connaître les nouveaux chiffres qui sont
relatifs à la période de 2022-2023 pour les différents programmes pilotes.
Donc, transformation alimentaire, on est maintenant à 56 personnes pour le
programme pilote. En ce qui a trait au programme pilote pour les préposés aux
bénéficiaires, on est maintenant au nombre de 96 personnes. Donc, vous
voyez déjà là une croissance intéressante par rapport à il y a quelques mois de
ça. Et, dans le domaine de l'intelligence artificielle et des technologies de
l'information, le programme bénéficie maintenant de 316 participants.
Donc, quand je vous dis qu'il faut laisser
le temps au temps... et il reste sept mois à l'année, hein, je rappelle. Donc,
il faut laisser le temps au temps. Quand on cinq ans pour un programme pilote,
il faut...
La Présidente (Mme Gendron) : ...Mme
la ministre.
Mme Fréchette : ...savoir
être patient.
La Présidente (Mme Gendron) : M.
le député.
M. Derraji : ...bien être
patient. Dans la page 278, c'est votre gouvernement, c'est votre réponse
en date du février 2023, je me base sur ces chiffres. Si vous avez des
chiffres, je vous invite à les déposer en commission parce que ça nous
intéresse. Ces chiffres que vous venez de dire, c'est probablement des chiffres
du mois de mars ou avril, mais la réponse qu'on a dans les crédits... Moi, je
me base sur la réponse qu'on a dans les crédits. Je ne travaille pas au
ministère, je n'ai pas un contact direct avec le sous-ministre. Mais encore une
fois, ce que j'ai devant moi, 617 total d'un programme que vous avez lancé
avec une grande annonce, moi, je pense qu'il est temps d'assouplir les règles
pour ces trois projets pilotes. Sinon, j'espère qu'on ne va pas se reparler
l'année prochaine et avoir les mêmes résultats.
Mme Fréchette : Votre question?
M. Derraji : Bien, assouplir
les règles.
Mme Fréchette : Ah! bien,
pour l'instant, les programmes restent tels quels. Et, lorsque sera venu le
temps de faire l'analyse des retombées de ces différents programmes là, on
verra s'il y a lieu d'assouplir, s'il y a lieu de reconduire l'ensemble des
programmes, d'en réduire le nombre, d'en augmenter le nombre. Bref, il y a un
état de situation qui sera fait suivant les retombées qui auront été reçues,
obtenues au terme de la durée prévue du programme pilote.
La Présidente (Mme Gendron) : Merci.
M. Derraji : O.K. Donc, je
conclus que, selon vous, malgré les piètres résultats et que ça ne marche pas,
vous maintenez que vous ne voulez pas assouplir les règles pour les trois projets
pilotes. Ça veut dire que ça va rester les mêmes critères lors du lancement et
que vous allez faire une réévaluation à la fin du programme, ça veut dire cinq
ans, à la cinquième année du programme.
Mme Fréchette : C'est en
train de donner des résultats. Les chiffres que je vous ai apportés montrent
que, déjà là, il y a une croissance intéressante par rapport aux chiffres
antérieurs, et on va continuer à cumuler comme ça les retombées. Et puis c'est
aux termes des programmes pilotes qui sont, je le rappelle, des essais que l'on
verra s'il y a lieu de reconduire, d'annuler, de modifier, d'amplifier. On
verra aux termes de ces cinq ans.
M. Derraji : O.K. «On verra»,
un mot cher au premier ministre. On verra encore dans d'ici deux ans. Est-ce
qu'on peut nous déposer, en Chambre, s'il vous plaît, parce que le
sous-ministre semblait avoir d'autres chiffres, la ventilation de la
répartition?
La Présidente (Mme Gendron) : Oui.
Vous vous engagez à transmettre l'information demandée...
Mme Fréchette : Oui, tout à
fait.
La Présidente (Mme Gendron) : ...parfait,
au secrétaire de la commission?
Mme Fréchette : Tout à fait,
Mme la Présidente.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Gendron) : Merci.
M. Derraji : Puis je vais
ajouter. Est-ce qu'on peut avoir une ventilation, où ils sont allés, ces
requérants, au niveau de la transformation alimentaire, quelles régions? La
même chose par rapport aux préposés aux bénéficiaires. La même chose avec
l'intelligence artificielle, technologies de l'information et effets visuels.
La Présidente (Mme Gendron) : Est-ce
que vous vous engagez à remettre ces documents?
Mme Fréchette : Non.
La Présidente (Mme Gendron) : Non.
M. Derraji : Pourquoi?
Mme Fréchette : Pas de
manière...
M. Derraji : Pourquoi?
La Présidente (Mme Gendron) : Est-ce
que c'est possible pour vous de remettre les documents?
Mme Fréchette : ...sous-ministre,
précisez.
M. Dagenais (Benoit) : On
parle d'immigration permanente, on parle de gens qui ont reçu... C'est des
demandes qui ont été reçues, donc on n'a pas encore ces résultats.
Une voix : O.K..
M. Derraji : O.K. Je pense que
je voulais vous rappeler que... La ministre vient de dire que ça donne
d'excellents résultats, ça marche, ces programmes. La question est très simple.
Ça marche. On va voir les nouveaux chiffres. Ce que je demande au nom de ma
formation à la présidence de la commission, c'est : Ces gens, ces
demandes, ils s'en vont vers quelle région, ça répond à quel besoin? La
répartition de ces demandes, on parle beaucoup... C'est de ça que je parle.
M. Dagenais (Benoit) : C'est
des demandes d'immigration permanente, donc il n'y a pas une répartition...
M. Dagenais (Benoit) : ...immigration
permanente, on ne répartit pas les personnes qui font des demandes. Donc, elles
ne sont pas encore admises, donc on n'a pas encore la donnée, au moment de
l'admission, où ils seront sur le territoire. Donc, la question, telle qu'elle
est posée, la donnée n'existe pas.
M. Derraji : Mme la
Présidente, j'ai un total de 25, en date du 28 février 2023, en
transformation alimentaire, requérant principal, huit, personnes à charge, 17.
Ces personnes tentent encore en immigration, elles ne sont pas encore ici.
C'est un programme... ils vont venir plus tard.
Mme Fréchette : Voulez-vous
préciser votre question, s'il vous plaît?
M. Derraji : Bien, je pense
que le sous-ministre a bien compris ma question.
M. Dagenais (Benoit) : Je
pense avoir bien compris. Le programme de transformation alimentaire n'existe
que pour les personnes qui sont déjà sur le territoire.
M. Derraji : Excellent. Je le
savais, vous venez de confirmer mon doute. Donc, quand on parle d'un projet
pilote, qu'on va ramener ces gens de l'extérieur, c'est plus des gens qui sont
déjà sur le territoire, qu'on essaie d'utiliser des passerelles pour les faire
passer dans un programme. C'est ça?
M. Dagenais (Benoit) : C'est
exact. C'est exact, absolument.
M. Derraji : O.K. C'est la
même chose pour les préposés aux bénéficiaires et l'intelligence artificielle?
M. Dagenais (Benoit) : Ce
n'est pas... C'est la même chose pour les préposés aux bénéficiaires, pas pour
le programme d'intelligence artificielle.
M. Derraji : O.K. Donc, je
conclus, transformation alimentaire, préposés aux bénéficiaires, ce n'est pas
du nouveau monde, c'est des gens qui existent chez nous. Probablement, des
travailleurs temporaires étrangers?
M. Dagenais (Benoit) : Assurément
des travailleurs étrangers temporaires.
M. Derraji : Excellent. Je
conclus, vous confirmez qu'on ne peut pas faire une planification pluriannuelle
sans prendre en considération les travailleurs temporaires étrangers. Avec ce
que je viens de voir, on ne peut pas faire une planification pluriannuelle sans
parler des travailleurs temporaires étrangers.
La Présidente (Mme Gendron) : En
terminant.
M. Derraji : J'ai terminé,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Gendron) : Je
cède maintenant la parole au député de Saint-Henri—Sainte-Anne, pour un temps
de 11 min 46 s.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. Alors, Mme la ministre, on a appris, en campagne électorale, que
le premier ministre s'inquiétait de la louisianisation du Québec, qu'il serait
suicidaire d'accueillir plus de 50 000 immigrants par année. Pourtant, on
a appris récemment que votre gouvernement a admis plus d'immigrants permanents
et temporaires que jamais dans l'histoire récente. Alors, je veux vous entendre
sur ça, quand même, considérant que vous avez admis plus de 68 000
résidents permanents cette année. Question un peu philosophique, là, mais
est-ce qu'on vous parle de l'au-delà aujourd'hui, là? Est-ce que la nation
québécoise est en péril en ce moment?
Mme Fréchette : Alors, d'une
part, on a eu... on a accueilli, en fait, jusqu'à 68 000 personnes, parce
qu'il y avait un rattrapage à faire qui était dû à la pandémie. On le sait que,
pendant les années de la pandémie, il y a eu moins de personnes qui ont été
admises au Québec, et, par conséquent, on a reporté sur les années suivantes le
nombre de personnes qui n'avaient pas été admises tel que prévu pendant la
pandémie.
Depuis notre réélection à l'automne
dernier, on s'est affairés, vraiment, à travailler des mesures, à retravailler
des programmes d'immigration permanente, pour faire en sorte que ceux-ci aident
la situation du français au Québec. On l'a dit depuis le tout début, c'est une
des grandes priorités de notre gouvernement, et c'est pour faire en sorte de
freiner le déclin du français, donc, que l'on a apporté ces réformes, qu'on
travaille à des réformes. Ce n'est pas le seul objectif qui est visé, bien sûr,
mais c'est un des objectifs centraux de faire en sorte de relancer l'usage du
fait français, de stopper, d'une part, le déclin.
• (14 h 20) •
La Présidente (Mme Gendron) : Merci,
Mme la ministre. M. le député.
M. Cliche-Rivard : Donc, on
peut monter, là, au-dessus de 50 000 sans mettre en péril la nation
québécoise?
Mme Fréchette : Bien, il faut
voir quelle sera la nature des programmes qui seront mis en place, mais nous,
on estime que les programmes qui seront mis en place seront de nature à aider
le fait français. Et pour l'année 2023, on est sur le 50 000. On avait eu
une planification pluriannuelle pendant l'année 2019. Cette planification nous
a donné, en fait, des barèmes, des balises, des paramètres au sein desquels on
manœuvre depuis 2019, et c'est ce qu'on fera à nouveau en 2023, d'établir des
barèmes, des balises, des paramètres pour les années 2024 à 2027.
M. Cliche-Rivard : Donc, on
peut monter au-dessus de 50 si le nombre de francophones augmente dans cette
proportion-là ou dans ce bassin-là, si je comprends bien vos propos?
Mme Fréchette : On va devoir
poser la question, réfléchir à nos prochaines orientations dans le cadre de la
consultation, qui sera faite durant la seconde moitié de 2023. Donc, un
ensemble de dimensions devront être prises en...
Mme Fréchette : ...mais comme
on le disait tout à l'heure, les travailleurs étrangers temporaires en font
partie. Mais vous savez que l'immigration, c'est un fragile équilibre. C'est un
fragile équilibre entre différentes dimensions qui sont à la fois économiques,
linguistiques, sociales, régionales, métropolitaines. Donc, toutes ces
dimensions devront être prises en considération dans le cadre de la réflexion
qui sera menée.
M. Cliche-Rivard : O.K.,
donc... Parce que, là, vous avez fait allusion dans les médias récemment qu'on
allait vers une augmentation des seuils. Le gouvernement était ouvert. Moi,
j'ai lu ça dans les médias.
Mme Fréchette : Mais il ne
faut pas tout croire ce qui est écrit les médias.
M. Cliche-Rivard : O.K. Donc,
ce n'est pas vrai qu'on s'en va vers une hausse des seuils d'immigration. Ça,
vous ne pouvez pas le confirmer aujourd'hui? Francophones, non francophones, on
va rester dans le 50 000?
Mme Fréchette : On est dans
notre plan d'action 2023 qui est sur le 50 000.
M. Cliche-Rivard : O.K. Il
n'y aura pas de hausse?
Mme Fréchette : Ensuite, il y
aura une consultation et pendant la consultation, il y a des discussions qui
vont se tenir, les réflexions, et voilà. C'est à ce moment-là que seront
déterminées les orientations pour les prochaines années. Mais il y a une
consultation qui doit se tenir. Si une consultation doit se tenir, c'est qu'on
veut consulter les gens. On veut les entendre, entendre leurs préoccupations,
leurs suggestions, les initiatives qu'ils souhaiteraient mettre de l'avant et,
à partir de là, on définira la suite des choses.
M. Cliche-Rivard : Mais
pouvez-vous exclure qu'il y aura une hausse de vos seuils ou ce n'est pas
exclu?
Mme Fréchette : Moi, la seule
chose que je n'exclus pas, c'est qu'il y a une consultation qui va se tenir et
c'est à partir de cette consultation-là...
M. Cliche-Rivard : Quand
même, je vous pose la question.
Mme Fréchette : ...qu'on va
devoir définir la suite.
M. Cliche-Rivard : Vous ne
voulez pas répondre? On n'est pas prêt à dire s'il y a aura une...
Mme Fréchette : Il faut
laisser toute la place à l'exercice de consultation. C'est important. C'est un
exercice démocratique. C'est un outil dont on dispose pour consulter les gens,
pour les entendre et c'est un outil qu'on utilise. Alors on ne va pas faire la
consultation avant la consultation ou présumer de ses retombées.
M. Cliche-Rivard : Mais je
devine quand même que vous allez nous faire part de vos orientations en vue de
la planification parce que ça me surprendrait qu'on n'ait pas les orientations
ministérielles en vue de la planification. Ce n'est pas comme ça que ça
fonctionne habituellement, mais on verra rendus là.
M. Cliche-Rivard : Je vais
vous poser une autre question relative aussi à la campagne électorale. Et là,
je vous demanderais si c'est possible de répondre par oui ou par non. Selon
vous, est-ce que c'est vrai que 80 % des immigrants ne parlent pas
français?
Mme Fréchette : Non, ce n'est
pas... ce n'est pas vrai.
M. Cliche-Rivard : Ce n'est
pas vrai. On est d'accord. Vous devinez ma deuxième question : Est-ce que
c'est vrai que 80 % de ces immigrants-là ou de nos immigrants habitent à
Montréal?
Mme Fréchette : Non plus.
M. Cliche-Rivard : Et est-ce
que c'est vrai que 80 % de nos immigrants ne travaillent pas?
Mme Fréchette : Alors, on
sait tous que les immigrants travaillent fort, contribuent de manière très
positive à l'économie québécoise et notre ministère est engagé dans
l'accompagnement de ces personnes-là pour bien intégrer le marché du travail à
Montréal et en région.
M. Cliche-Rivard : Puis ça,
ce sont des données qui sont fournies par votre ministère, je devine bien?
Donc, le ministre de l'Immigration connaît ces données-là, on est d'accord?
Mme Fréchette : Sur...
M. Cliche-Rivard : Sur le
fait que...
Mme Fréchette : Oui.
M. Cliche-Rivard : Donc,
comment on explique quand même qu'un ministre de l'Immigration, vous savez,
tient de tels propos alors que son ministère le renseigne très bien sur les
vraies statistiques? Comment on explique ça?
Mme Fréchette : La personne à
laquelle vous faites référence s'en est excusée et a retiré en fait les
commentaires qu'il avait faits. Donc voilà, il y a eu rétractation.
M. Cliche-Rivard : Donc, vous
les condamnez, ces propos-là?
Mme Fréchette : Je n'ai pas
dit que je les condamnais. Je dis qu'il y a eu rétractation.
M. Cliche-Rivard : Mais je
vous pose la question : Est-ce que vous les condamnez?
Mme Fréchette : Non, je ne
les condamne pas.
M. Cliche-Rivard : Non, vous
ne pensez pas que c'étaient des propos regrettables?
Mme Fréchette : Bien, c'est
des propos qu'il a regrettés. Mais à partir de là, voilà, la rétractation ayant
été faite, je pense que ça s'avérait.
M. Cliche-Rivard : Quel
message vous pensez que ça... quel message vous pensez que ça envoie aux
immigrants et immigrantes du Québec, ces propos là d'un ministre de
l'Immigration?
Mme Fréchette : Moi, je vois
l'immigration comme étant une contribution d'une grande importance pour le
Québec, une contribution à la fois sur le plan social, sur le plan économique,
sur le plan linguistique. Et il faut aborder justement les enjeux d'immigration
dans toutes ces dimensions-là. On le dit souvent, ce n'est pas que des travailleurs
qu'on veut attirer au Québec, c'est des individus, c'est des personnes qui
veulent redéfinir leur vie, se donner une seconde chance, parfois, là, ce n'est
pas toujours le cas, mais parfois, et nous, on doit être là comme société
d'accueil pour les accompagner dans cet objectif-là. Et on a tout intérêt à ce
que tout le monde puisse contribuer à cet effort-là. Parce que je pense que
chacun, à notre façon, on a tous une responsabilité et un pouvoir, en fait,
d'agir dans cette perspective-là d'accompagnement des personnes immigrantes.
M. Cliche-Rivard : Je veux
saluer, quand même, Mme la ministre, ce que vous venez de dire, parce que pour
les Québécois et Québécoises, pour les immigrants, c'est très important, ce que
vous venez de dire là, parce que les messages de la dernière campagne quand
même, l'utilisation du mot suicidaire, l'utilisation des termes qui ont été
faits... Je veux quand même prendre le temps de dire : Merci, quand même,
c'est très important de l'entendre, puis je le salue. Donc, on n'a pas
l'occasion de le faire à tous les jours. Donc, merci pour cette ouverture
d'esprit, cette empathie, cette ouverture. Vraiment, c'est rafraîchissant quand
même, parce que je ne peux pas en dire de même de tous vos anciens
prédécesseurs. Donc, merci.
Mme Fréchette : Je voudrais
dire quand même que je le dis au nom du gouvernement.
M. Cliche-Rivard : Tant
mieux, tant mieux, on se le souhaite.
Mme Fréchette : Parce que
c'est la vision qui nous porte, c'est la vision qui nous tire de l'avant.
M. Cliche-Rivard : Je vous
entends, mais c'était difficile à concevoir...
M. Cliche-Rivard : ...dans
les derniers mois, avant votre venue. Donc, je ne peux pas vous condamner pour
ça, là, mais c'était quand même très difficile à percevoir dans les dernières
semaines, dans les derniers mois.
Je voudrais parler de quelque chose qui
m'importe beaucoup quand même, c'est le fait que les candidats à l'immigration
économique du Québec sont désavantagés par rapport aux autres provinces. Par
exemple, le MIFI fait un travail de sélection, donc on s'assure de la
validation des diplômes avec le... avec l'expérience de travail, avec notre
grille de sélection. Et pour ça, les immigrants/immigrantes payent quelque
900 $ et plus, là, pour leur CSQ et arrivent après à déposer leur demande
de résidence permanente dans laquelle ils repayent un frais complet est égal au
candidat qui se destine à l'Ontario. Alors qu'en Ontario, dans l'express, dans
l'entrée expresse, dans les autres programmes ou dans les autres provinces, le
fédéral évalue 100 % des qualifications économiques. Donc, le prétravail
que le MIFI fait, IRCC le fait à 100 %. Pourtant, nos candidats à
l'immigration payent le même frais que les candidats... que les candidats qui
se destinent à l'Ontario. Et ça, je trouve que c'est une grande injustice parce
que votre ministère fait tout le boulot de sélection économique. IRCC ne fait
aucune évaluation économique, accepte votre CSQ et traite les demandes. Alors,
n'y aurait-il pas là besoin, avantage et urgence à ce qu'on demande à IRCC
d'égaliser ou d'arrimer ces frais? Parce que c'est complètement injuste qu'un
immigrant économique qui se destine au Québec paie en double, alors que le
travail est déjà fait par le MIFI.
Mme Fréchette : Bien,
j'entends votre préoccupation et je vais... je vais en discuter, mais je trouve
que c'est un élément intéressant à prendre en considération. Et je suis
sensible en fait à l'argument d'iniquité que... dont vous ne faites part. Et
puis je vais en discuter lors de prochaines rencontres avec le ministre Frazer.
M. Cliche-Rivard : C'est
une excellente nouvelle.
Mme Fréchette : On a
comme priorité... on a trois priorités, puis notre seconde priorité, c'est
d'alléger les processus. Et dans l'allègement des processus, on a notamment la
volonté de réduire certains coûts. Donc, ça m'apparaît être un coût tout à fait
justifiable de considérer... à considérer pour ce qui est du côté fédéral.
Donc, on les enjoint de s'engager comme nous dans cette réduction de la charge
bureaucratique, des charges financières. Donc, voilà, on va soumettre la
proposition à mon homologue.
M. Cliche-Rivard : Et
dans cette même lignée, puis merci de votre ouverture, je pense que ça serait
régler une grande iniquité, il faut se poser la question pour nos résidents
temporaires aussi qui payent leur CAQ études, qui payent leur CAQ travailleurs
et qui repayent encore à IRCC le même frais alors que... en fait le double du
frais parce que le permis de travail et le permis d'étude est beaucoup plus
cher que le CAQ, mais le Québec fait tout un travail préalable alors qu'en
Ontario il n'y a aucun travail préalable, ou dans les autres provinces, il n'y
a aucun travail préalable qui est fait par le MIFI.
La Présidente
(Mme Gendron) : Il vous reste une minute.
M. Cliche-Rivard : Alors,
je vous suggérais dans cette même réflexion là puis dans cette même
évaluation-là qu'on fasse la même chose pour nos étudiants, pour nos
travailleurs parce que, là, ça n'a aucun bon sens, et il faut qu'on arrime nos
frais parce que, là, nos candidats payent en double, puis on est déjà
désavantagés sur les délais. Alors, je recommanderais aussi que vous ayez cette
discussion-là sur les délais parce qu'on a le délai de CSQ et le délai de la
résidence permanente. Donc, ça aussi, ça devrait être arrimé pour que ce soit
égal pour le Québec.
• (14 h 30) •
Mme Fréchette : Alors,
de ce côté-là, on a déjà amorcé, là, des discussions avec le fédéral pour
réduire les délais. Donc, ça fait partie aussi de nos priorités. Et voilà, on
va insister pour faire en sorte qu'il y ait des actions qui soient prises en ce
sens là. Et voilà, ça s'inscrit dans une perspective convergente.
M. Cliche-Rivard : Merci.
La Présidente
(Mme Gendron) : Il vous reste 10 secondes.
M. Cliche-Rivard : Je...
Mme Fréchette : Santé!
J'espère que vous avez eu un bon lunch.
La Présidente
(Mme Gendron) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole
au député de Nelligan pour une période de 17 min 39 s
M. Derraji : Merci, Mme
la Présidente. Mon collègue l'a abordée dans son dernier bloc, l'importance des
messages qu'on utilise quand on veut parler de l'immigration. Je ne veux pas
vous juger sur les déclarations antérieures, mais je vais saisir l'occasion que
j'ai en face de moi la ministre responsable de l'Immigration et de la
Francisation, qui a passé une bonne partie de sa vie dans le milieu des
affaires aussi. Et vous savez que... l'impact des mots. Maintenant, une fois
que vous êtes ministre de l'Immigration, avez-vous en tête des plans, des
stratégies pour contrer ce genre de message?
Mme Fréchette : Eh bien,
le premier ministre a donné le ton, hein? Je veux dire, il a présenté
l'immigration comme une solution pour le Québec lors de son discours inaugural.
Et c'est la voie dans laquelle on s'inscrit, à savoir que l'immigration doit
être une solution pour le Québec, à la fois sur le plan linguistique, sur le
plan de la lutte à la pénurie de main-d'œuvre. Donc, c'est comme ça que, moi,
j'envisage mon mandat et que le premier ministre également envisage...
14 h 30 (version non révisée)
Mme Fréchette : ...Notre
mandat et notre action sur l'intégration s'inscrit dans cette perspective-là.
Et c'est pour ça qu'on a déployé toute une série de mesures qui avaient été
délaissées par le gouvernement antérieur. Et, voilà, on remet les choses en
place et on fait en sorte d'agir pour le bien du Québec, le bien des
entrepreneurs et des immigrants.
La Présidente (Mme Gendron) : Merci,
Mme la ministre. M. le député.
M. Derraji : Je vais préciser
encore une fois mes propos. Les Québécois sont tannés d'entendre, élection
après élection, des propos pareils. Ma question est très simple. C'est encore
loin, 2026. Vous êtes à votre deuxième mandat. En 2026, ça va faire huit ans
que vous allez être au pouvoir, à un certain moment, il faut prendre ses
responsabilités. Donc, selon vous, peu importe le climat politique qu'on va
avoir, des propos qu'on a vus pendant la dernière campagne électorale, selon
vous, sont condamnables?
Mme Fréchette : ...pour les
années qui viennent, à faire en sorte que l'ensemble des mesures qu'on doit
adopter en matière d'immigration le soit. Et on a un excellent départ, parce
que, déjà, on travaille avec plus d'une centaine d'organismes à travers le
Québec, on a déjà couvert 80 % des MRC à travers nos ententes avec ces
institutions. On a également des programmes pour financer des activités de
jumelage. Il y a des activités interculturelles et des activités d'insertion en
matière d'emploi. Donc, vraiment, on déploie tout ce qui est possible de faire.
Et on a 214 ententes de partenariat aussi. Donc, on déploie tout ce qui
est possible de faire pour faire en sorte que l'immigration se déroule bien, à
la fois dans les communautés d'accueil, à la fois dans les entreprises.
Et je prends la peine de souligner, parce
que j'ai fait une quinzaine de rencontres en région, l'importance que les
entreprises travaillent sur cet élément.
La Présidente (Mme Gendron) : Merci,
Mme la ministre. M. le député.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Votre gouvernement, en 2018, a mis en place un test des valeurs. Et
ce test des valeurs, il y a encore des gens qui le passent. C'est quoi votre
remarque sur le test des valeurs?
Mme Fréchette : Bien, je
pense qu'il est important que les gens soient sensibilisés aux droits qui sont
inscrits dans la Charte québécoise des droits et libertés, donc faire en sorte
que ce soit bien compris que c'est le cadre dans lequel on s'inscrit comme
société québécoise et c'est le cadre dans lequel doivent s'inscrire également
les personnes immigrantes.
Si je pense à l'égalité hommes-femmes, par
exemple, c'est un élément central de la Charte des droits qui doit être bien
expliqué aux personnes qui viennent s'établir ici et qui peut-être arrivent d'un
pays où l'égalité hommes-femmes n'est pas reconnue de plein droit. Donc, c'est
un des éléments qui, franchement, est central comme société d'accueil, et il
faut le faire connaître et c'est à travers cette mesure-là qu'on le fait.
M. Derraji : Oui. On s'entend.
Vous avez le chiffre devant vous de... le taux de réussite de ce test, oui?
Mme Fréchette : devant moi, non,
là.
M. Derraji : Bien, je peux
vous le partager, c'est 99,76 %. Au fait, c'est un des seuls chiffres où
je trouve le ministère à 99,76 % dans une mesure. Le test des valeurs nous
a coûté, en tant que contribuables, pour le développer en ligne, 500 000 $.
Et pour continuer à le faire fonctionner, les coûts récurrents, 163 927 $
annuels pour un taux de réussite de 99.76 %. Je ne dis pas que les
valeurs, ce n'est pas important. Au contraire, promouvoir nos valeurs, c'est
bon. Mais est-ce que c'est le meilleur moyen? Parce que... et je veux revenir à
vos programmes qui sont énormes, beaucoup d'argent investi, pas... vraiment
bien investi, mais est-ce que c'est le seul moyen? Au-delà de ça a été une
promesse électorale, qu'on veut développer le test des valeurs, mais aujourd'hui,
si on dit aux Québécois : écoutez, le test des valeurs, depuis qu'on l'a
mis en place, c'est 99 %... 99,76 %, taux de réussite, on continue?
Mme Fréchette : Est-ce que
...(panne de son)... trop cher payé pour faire connaître les valeurs
québécoises et notamment la notion d'égalité hommes-femmes? Moi, je trouve que
c'est un prix tout à fait raisonnable pour faire en sorte que les immigrants
qui viennent s'installer au Québec soient conscients de la nature des droits
qui caractérisent le Québec et qu'ils doivent s'assurer de respecter. Alors,
cette mesure-là, elle est essentielle.
M. Derraji : Je n'ai pas dit
ça. Je vous partage un pourcentage de taux de réussite des personnes qui
passent le test des valeurs fait par votre leader du gouvernement en 2019. C'est
de l'ordre de 99... 99,76 %. C'est juste ça que je vous partage. Je ne
mélange pas les pommes avec les oranges.
Et j'ai vu la liste de vos programmes.
Quand on parle d'intégration...
M. Derraji : ...quand on
parle, je cherchais avec les villes, je veux vous partager le montant, c'est
presque 897 millions. Attendez. Oui, j'ai la liste de vos programmes et, quand
je vois ces programmes, c'est des beaux programmes, c'est des beaux programmes.
Le PASI, et je vais juste... vous les connaissez probablement par cœur, le PAC,
le PSM, le PARC, le PAFLI, le PAFARC. Ça, c'est des programmes qui visent
l'intégration et l'accompagnement, il y a beaucoup de municipalités, même des
comtés. Est-ce qu'on peut nous partager les résultats de ces programmes, si
c'est de l'argent des contribuables investi dans plusieurs endroits?
Mme Fréchette : Le type de
résultat que vous aimeriez qu'il soit déposé, parce qu'on parle vraiment...
M. Derraji : Oui, oui, je
peux...
Mme Fréchette : ...des
ententes très vastes.
M. Derraji : La demande que
je formule à la présidence. J'ai, dans le cadre de 2022-2023, des programmes de
subvention, Mme la Présidente. Je vais prendre un exemple de programme, ça
s'appelle, Programme d'accompagnement et de soutien à l'intégration, on parle
de somme de 60 millions... ou 61 millions et un programme d'appui aux
collectivités. Ce que je demande, j'ai un, deux, trois, quatre, cinq, six
programmes de subventions distribués par le ministère, ce que je demande, c'est
que l'argent qui a été investi, je veux savoir c'est dans quel programme, quel
objectif. C'est quoi, vos indicateurs de performance, parce qu'on va tomber
juste... dans la municipalité telle, 100 000 $ ou 150 000. Je veux savoir
sur quoi on s'est basé pour trouver cet argent. Et c'est quoi, le retour, c'est
quoi, l'indicateur de performance?
Mme Fréchette : On pourrait
déposer les retombées des différents programmes que vous venez de nommer, de
telle sorte que vous pourrez voir tout ce qui a été accompli par notre
gouvernement et qui avait été délaissé par les gouvernements antérieurs, et peut-être
prendre des notes aussi pour des idées intéressantes. Donc, voilà. Il y a
beaucoup de retombées qui découlent de l'ensemble de ces programmes, et on va
s'assurer de faire un dépôt des principales retombées chiffrées là.
La Présidente (Mme Gendron) : Donc,
je confirme que vous vous engagez à remettre justement un document de retombées
de ces différents programmes à la commission.
Mme Fréchette : Oui. Est-ce
qu'on peut répéter juste la liste, là? PASI...
• (14 h 40) •
M. Derraji : Je l'ai dit, je
vous réfère à la page 41...
Mme Fréchette : Page 41.
M. Derraji : ...je n'ai
vraiment pas le temps, là. il y a un, deux, trois, quatre, cinq, six programmes
de subvention. Donc, on veut savoir cet argent qui a été investi, c'est quoi,
les indicateurs de suivi. Donc, c'est quand même beaucoup, beaucoup d'argent.
Donc vous dites que ça va bien, donc on veut juste savoir... c'est les
retombées de ces programmes.
Du moment que vous parlez de performance,
Mme la ministre, et je vais vous référer à un tableau fait par votre propre
gouvernement où vous avez beaucoup de... pas mal, plutôt, dans votre plan
stratégique en vigueur, des cibles non atteintes. Et une qui me... une qui me,
vraiment, me frappe à l'esprit, la proportion des personnes immigrantes adultes
prises en charge par le service d'accueil à l'aéroport. Je me rappelle, parce
que j'ai travaillé avec votre ancien collègue, son fameux projet de loi neuf,
où il nous a dit, pendant six mois, qu'on va prendre les gens à l'aéroport,
c'est 41, c'est non atteint. L'écart entre le taux d'emploi des personnes
immigrantes, de 15 à 64 ans, nouvellement arrivées au Québec, cinq ans, vous
êtes là, ça fait cinq ans, vous le savez, non atteint; proportion de personnes
immigrantes démontrant un sentiment d'appartenance à la société dans les trois
dernières années, non atteinte; et une autre qui est vraiment très alarmante,
Mme la ministre, le taux de satisfaction des entreprises ayant reçu un
accompagnement. Vous n'avez pas arrêté de dire que votre gouvernement a créé
des bureaux, a payé des bureaux, a ouvert des bureaux, a mis des employés dans
ces bureaux, mais c'est non atteint.
Donc, c'est quoi, votre constat quand vous
lisez votre propre... en fait, c'est comme votre propre bulletin?
Mme Fréchette : Je voudrais,
tout d'abord, bien, mentionner que le processus d'évaluation de la performance
des ministères a été mis en place par notre gouvernement, parce que c'était un
processus qui n'existait pas auparavant et, pour notre gouvernement, c'était
important de nous assurer qu'il y ait une bonne gestion des fonds publics, que
ce soit géré avec rigueur. Et donc on s'est doté d'outils pour évaluer la
performance des différents ministères et procéder à des autoévaluations. En
fait, on a, je pourrais dire, on a le guts de...
Mme Fréchette : ...ce qui
n'avait jamais été fait auparavant, et j'espère que ça va s'inscrire dans la
durée et ce que... nous, c'est ce sur quoi on veut continuer à travailler. Et
le MIFI, si on se compare à l'ensemble des ministères, on est dans la strate,
je dirais, moyenne, donc de bons résultats généralement parlant, mais j'avoue
qu'on peut s'améliorer ,et c'est notre souhait, et donc on est en action déjà
pour faire en sorte d'améliorer nos différents indicateurs. C'est sûr qu'il y a
des indicateurs pour lesquels il est difficile d'avoir un contrôle. Si, par
exemple, on regarde l'écart entre le taux d'emploi des immigrants qui sont
arrivés depuis moins de cinq ans au Québec versus au Canada, le ministère peut
avoir une part d'action qui aide à la situation, mais on comprendra qu'on n'est
pas les seuls joueurs qui intervenons sur ces éléments-là et, par conséquent,
c'est difficile de dire que le résultat découle ou ne découle pas de l'action du
ministère. Et on parle aussi d'un ministère qui a grandi beaucoup. Merci.
La Présidente (Mme Gendron) : Merci,
Mme la ministre. M. le député.
M. Derraji : Oui. Vous venez
de dire que vous voulez améliorer des choses, vous voulez améliorer quoi
exactement?
Mme Fréchette : Alors, parmi
les améliorations qu'il y a eu...
M. Derraji : Non, ce n'est
pas ça, ma question.
Mme Fréchette : Pardon.
M. Derraji : Vous, vous avez
dit que vous voulez améliorer des choses, vous voulez améliorer quoi
exactement?
Mme Fréchette : Améliorer nos
indicateurs, par exemple la satisfaction des entreprises. Vous l'avez nommé
vous-même tout à l'heure, on est à 1 % de notre objectif, alors on veut
atteindre cet objectif-là, ça fait qu'on veut s'améliorer d'au moins 1 %,
puis idéalement, il faudrait qu'on le dépasse, cet objectif-là. Alors, ça,
c'est une de nos ambitions.
Si on regarde du côté de l'écart entre le
taux d'emploi des personnes immigrées de 15 à 64 ans, bien, je mentionnais
qu'on n'a pas atteint notre objectif, mais on a quand même une amélioration de
4,3 % à 2,6 % de pourcentages. Donc, sur chacun des indicateurs, on
en a plusieurs, on veut faire en sorte d'améliorer la donne. Si on n'a pas
atteint notre cible ou si on est à notre cible, on va vouloir la dépasser.
Donc, il y a toute une série de mesures, proportions, par exemple, des...
Pardon? Merci.
M. Derraji : Mais beaucoup de
chroniqueurs, et je vais citer Philippe Mercure : «À vouloir réparer ce qui
n'est pas brisé, on crée des problèmes au lieu d'en régler. En 2019, le
gouvernement - votre gouvernement - a décidé de transformer cette voie rapide
en chemin cahoteux en multipliant les exigences pour les candidats. Ce qui se
passe était pourtant écrit dans le ciel et annoncé par tous les experts. Ce
n'est pas sorcier, en plaçant des embûches sur le parcours des immigrants, on
les décourage.» La bonne nouvelle, c'est que votre cabinet reconnaît le
problème, on parle du PEQ. Moi, je pense que c'est une très bonne nouvelle que,
pour une fois, quelqu'un au gouvernement reconnaît qu'il y avait des ratés. Et
tout à l'heure, on nous avons échangé sur le programme des projets pilotes, je
sais que vous voulez annoncer des mesures, je ne vais pas vous pousser à annoncer
des mesures aujourd'hui, ce n'est pas mon but, mais avec un pas de recul,
pensez-vous vraiment que ça a été bénéfique pour le Québec, perdre des jeunes
francophones que ce soit étudiants étrangers ou même des travailleurs qui
quittent le Québec pour les autres provinces canadiennes, à moins si votre
gouvernement avait un objectif de franciser les autres provinces canadiennes?
Mme Fréchette : C'est la fin
de la... Oui? C'est bon. Alors, bien, quand on est arrivé, en fait, il y avait
un immense problème, c'est qu'il y avait un inventaire incroyable de gens qui
avaient été sélectionnés, et qui devaient être, en fait, dans le programme du
PEQ, et qui occupaient un trop grand espace par rapport aux gens qui étaient
dans le programme travailleurs qualifiés, et il se trouvait que le PEQ diplômés
faisait une concurrence importante au programme de travailleurs qualifiés, et
il fallait donc... il fallait donc rééquilibrer les choses, parce que le PEQ
occupait un trop grand espace et ça limitait la capacité de nos entreprises à
aller chercher des travailleurs qualifiés, c'est donc ce pour quoi il fallait
réformer le programme, c'est ce qui a été fait, et maintenant l'équilibre est
revenu. Ça a mis un certain nombre d'années avant que cet équilibre revienne,
mais maintenant voilà qui... chose qui est faite, et, là maintenant, nous
pouvons nous tourner vers la suite des choses. Et notre suite, en fait, on veut
qu'elles s'inscrivent dans cette idée de garder un équilibre entre nos
programmes qui attirent des travailleurs étrangers qualifiés et nos programmes
qui attirent des diplômés, et qu'on souhaitera idéalement garder au Québec, si
c'est leur souhait, alors on va travailler en ce sens-là tout en gardant
l'équilibre.
La Présidente (Mme Gendron) : Merci.
M le député.
M. Derraji : Merci. Il ne
faut pas oublier que le Québec a des programmes, le Québec n'a pas les mêmes
outils que le fédéral...
M. Derraji : ...rapidité. Il y
a des gens qui arrivent à avoir leur résidence permanente au bout de six mois
et c'est un fait. Et votre gouvernement essaie d'utiliser la voie des
travailleurs temporaires étrangers pour combler les besoins réels et
permanents. Votre recul sur la réforme du leader du gouvernement, sur le PEQ
étudiant, est insuffisant. Est-ce que vous allez aussi voir le volet
temporaire? Parce qu'on les perd. Ils partent en Ontario, Mme la ministre.
Mme Fréchette : Alors, les
besoins permanents que l'on observe, on veut les combler avec de l'immigration
permanente. Les travailleurs temporaires, ils répondent à des besoins ponctuels
d'entreprise, et on est dans un contexte où il y a une rareté de talents et
c'est ce pour quoi il y a un recours important à des travailleurs temporaires
par les entreprises. Mais pour ce qui est de l'immigration permanente, ça
s'inscrit dans un autre type d'objectifs. Alors là, on est à travailler à
réformer nos programmes d'immigration permanente pour faire en sorte qu'ils
répondent à la fois à nos enjeux sur le plan linguistique et des enjeux sur le
plan économique. La politique d'immigration doit répondre à ces deux
objectifs-là. Pour moi, c'est comme les deux branches d'un y. Vous avez la
branche linguistique et la branche économique, et ces deux branches doivent se
rejoindre pour former un même tronc, qui est le socle de la politique
d'immigration avec laquelle on va vouloir travailler suite à nos réformes.
C'est ce que vous allez voir avec la présentation qu'on fera des programmes
réformés que l'on parvient à atteindre ces deux objectifs.
La Présidente (Mme Gendron) : En
terminant. Et, merci. Merci, M. le député. Merci, Mme la ministre. Donc,
maintenant, je cède la parole au député de Matane-Matapédia pour une durée de
13 min 34 s.
M. Bérubé : Merci, Mme la
Présidente, Mme la ministre, je veux revenir à mon tour sur une déclaration du
premier ministre qui indiquait, il y a à peu près un an, que, si le Québec ne
contrôle pas davantage son immigration, on se dirige vers la louisianisation du
Québec. Est-ce que vous êtes d'accord avec cette expression?
Mme Fréchette : Moi, je pense
qu'il faut travailler pour faire en sorte, tout comme le premier ministre, que
l'immigration soit une solution aux enjeux qui caractérisent la langue
française. Et c'est ce à quoi on travaille, de faire en sorte que l'immigration
contribue d'une part à stopper le déclin du fait français et, d'autre part, à
relancer l'usage.
La Présidente (Mme Gendron) : Merci,
Mme la ministre. M. le député.
M. Bérubé : Ce n'est
malheureusement pas ma question. Est-ce qu'elle est d'accord avec l'expression
«louisianisation»? Est-ce qu'elle serait capable, elle-même, de le dire?
Mme Fréchette : Je continue à
dire que je pense que l'immigration peut être une solution au fait français.
M. Bérubé : Ah! c'est
ridicule.
La Présidente (Mme Gendron) : M.
le député.
M. Bérubé : Donc, j'ai ma
réponse. La ministre refuse de dire qu'elle est d'accord avec le premier
ministre là-dessus et même d'utiliser le terme avec une mesure dilatoire. Je
tiens à le dire, j'ai ma réponse, mais c'est noté par ceux qui nous observent
présentement. Je trouve ça regrettable.
Deuxième question. Est-ce que, selon la
ministre, le chiffre, c'est bien 68 000 immigrants en 2022? C'est bien ça?
Mme Fréchette : Immigrants
permanents qui sont arrivés au Québec, et ça inclut, en fait, notre objectif de
50 000, plus un rattrapage dû aux années de la pandémie, années pendant
lesquelles on a reçu moins de gens et on a voulu, en fait, se rattraper.
M. Bérubé : D'accord. Quel
était l'engagement électoral de la CAQ lors de sa première élection en 2018?
Mme Fréchette : Bien, d'une
part, de baisser le nombre d'immigrants à 40 000, ce que nous avons fait, et,
par la suite, il y avait une volonté, donc, d'établir le nombre d'immigrants
permanents au Québec à 50 000. Et on est dans ce cadre là encore.
M. Bérubé : Mme la
Présidente, si l'objectif était de 40 000 et on n'est pas à 40 000, est-ce
à dire que c'est le bris d'un autre engagement électoral?
Mme Fréchette : Non. Ça a été
baissé à 40 000 et, ensuite, il y a un rehaussement vers le 50 000 et
c'est ce que... c'est la trame qui a été suivie.
• (14 h 50) •
M. Bérubé : Oui. En fait,
pour les gens qui nous écoutent, c'était 40 000. Ils ont monté à
50 000 et potentiellement 70 000, peut-être à 100 000
éventuellement. C'est un autre bris électoral. Très bien.
L'Immigration, les collègues en ont parlé,
il y a des termes qui ne sont pas souhaitables, qui n'encouragent pas
l'immigration, mais il peut y avoir des politiques qui ne sont pas
souhaitables. Est-ce que, selon la ministre, l'adoption de la loi n° 21 a été un obstacle à l'immigration au Québec?
Mme Fréchette : Je voudrais
juste revenir sur le fait que le 50 000, en fait, il était prévu dans la
planification stratégique, donc c'est...
M. Bérubé : Pas dans
l'engagement électoral, en tout cas.
Mme Fréchette : Dans la
planification stratégique, c'est la cible qui avait été identifiée et c'est
celle à laquelle on s'est tenus.
M. Bérubé : Mme la
Présidente, l'engagement électoral, j'ai toutes les déclarations du premier
ministre, c'était 40 000. Il n'y avait pas de planification stratégique.
C'est 40 000, c'est 50 000 normalisés, comme Jean Charest et
Philippe Couillard, potentiellement 70 000 et 100 000.
Je reviens à ma question précédente,
est-ce que la ministre considère que la loi n° 21 a
été un obstacle pour l'immigration au Québec?
Mme Fréchette : Pas du tout.
C'est le cadre dans lequel évolue le Québec, et puis c'est celui dans lequel
doivent évoluer les personnes qui veulent s'établir au Québec.
M. Bérubé : D'accord. Je pose
la question, ça fait longtemps que je veux poser la question à la ministre...
M. Bérubé : ...parce que,
lorsqu'elle a quitté le cabinet du ministre des Relations internationales au
Parti québécois, elle évoquait la Charte des valeurs comme étant la raison pour
laquelle elle quittait le Parti québécois. Alors, non seulement elle retrouve
une politique en laïcité, qui est la loi 21, mais elle retrouve le collègue qui
est à l'origine de cette loi. Alors, il faut croire que la position de la
ministre a changé sur cette question?
Mme Fréchette : Pas du tout.
Alors...
M. Bérubé : C'est encore
pire.
Mme Fréchette : C'est pour
vous rappeler que le rapport Bouchard-Taylor était, en fait, la mesure qui,
pour moi, m'apparaissait la plus intéressante. Le Parti québécois, à l'époque,
il y a 10 ans, 11 ans, s'est complètement éloigné des recommandations du
rapport Bouchard-Taylor. J'espère que vous vous en souvenez. Et moi, par
rapport à cet éloignement, j'avais un inconfort, et c'est ce qui m'a fait, en
fait, ne pas vouloir poursuivre ma route. Et la CAQ s'est vraiment rapprochée
du Bouchard... du rapport Bouchard-Taylor. Et ça, pour moi, c'était la manière
de réconcilier... de me réconcilier avec cet élément.
M. Bérubé : Bien, c'est un
bel adon. C'est assez particulier parce que, quand on regarde la loi 21 et les
critiques que les gens ont à son égard, des critiques avec lesquelles je ne
suis pas d'accord moi-même, c'est à peu près la même chose. Il n'y a pas tant
de différences que ça avec la Charte des valeurs. Le même ministre se retrouve
dans le gouvernement. Alors, il faut croire que le timing était bon pour se
présenter à ce moment-ci.
Est-il souhaitable pour le gouvernement du
Québec...
La Présidente (Mme Gendron) : M.
le député, j'aimerais que vous fassiez attention à vos propos, s'il vous plaît.
M. Bérubé : Très bien. Est-il
souhaitable pour le Québec de contrôler l'ensemble de son immigration, tous les
leviers? Et, si oui, comment la ministre entend-il... entend-elle y arriver?
Mme Fréchette : Bien,
effectivement, on a la volonté d'assumer l'ensemble de nos pouvoirs en matière
d'immigration. C'est quelque chose que l'on communique au gouvernement canadien
et que l'on réitère à chacune de nos rencontres. On a plusieurs rencontres de
travail annuellement. Néanmoins, on veut faire en sorte, d'ici à ce que l'on
obtienne davantage de pouvoirs, de faire des gains, de faire des gains qui vont
permettre à la fois au Québec d'avancer, qui vont permettre à la fois de
faciliter la tâche aux entreprises qui recourent à des travailleurs étrangers,
tout comme aux immigrants eux-mêmes, donc faire en sorte de faciliter les
différents processus. Et, des gains, on en a eu, on en a eu plusieurs, en fait,
depuis l'année 2018. On a notamment convenu...
La Présidente (Mme Gendron) : Merci,
Mme la ministre.
Mme Fréchette : ...en 2021,
d'une entente.
La Présidente (Mme Gendron) : M.
le député.
M. Bérubé : Encore une fois,
un autre engagement électoral, c'est le rapatriement de l'ensemble des pouvoirs
en matière linguistique et en matière d'immigration. L'idée, ce n'est pas de
faire des gains, c'est de tout ramasser. J'aimerais que la ministre puisse nous
fournir l'ensemble de la correspondance de son ministère qui demande
formellement au gouvernement fédéral de nous céder l'ensemble de ses pouvoirs,
ou toute communication, ordres du jour, courriels. S'il y a une trace de ça,
j'imagine qu'on va pouvoir nous fournir ça, toute correspondance à cet effet.
Est-ce que la ministre accepte de nous fournir ça?
Mme Fréchette : En fait, non,
ce n'est pas... ce ne sera pas possible de transférer l'ensemble de ce qui a
été communiqué.
M. Bérubé : Une lettre.
Mme Fréchette : Il y a des
communications orales qui se font.
M. Bérubé : D'accord. Toute
correspondance écrite.
Des voix : ...
M. Bérubé : C'est sur mon
temps, là.
Mme Fréchette : ...pour nous
de déposer l'ensemble des communications. C'est...
M. Bérubé : Et pourquoi donc?
Mme Fréchette : Bien, parce
que c'est le... En fait, ça relève du gouvernement et c'est de nature, en fait,
stratégique.
M. Bérubé : Pardon?
Mme Fréchette : À partir du
moment où...
Mme Picard : ...la ministre
peut refuser de déposer des documents.
La Présidente (Mme Gendron) : Mme
la ministre peut refuser de déposer un...
M. Bérubé : Ah! puis c'est
noté. Soyez-en assurée. Donc...
La Présidente (Mme Gendron) : Si
vous voulez continuer, M. le député.
M. Bérubé : ...dans la
plateforme électorale de la CAQ, dans les interventions publiques en campagne
électorale, on indique qu'on veut rapatrier l'ensemble des pouvoirs. Une fois
élue, je veux vérifier si cette volonté-là s'exprime d'une quelconque façon au
quotidien. Réponse : Vous n'aurez rien. J'en demande un, document, une
lettre, qui indiquerait cette volonté-là. Je prends le refus de la ministre,
mais c'est assez particulier.
Alors, pour tous les... toutes les
personnes qui s'intéressent au dossier du nationalisme québécois, je les invite
à prendre acte de cette réponse-là. J'ai posé la même question en matière de
culture : aucune correspondance depuis 2018. J'ai posé cette question-là
au ministre responsable de la langue : aucune correspondance aussi. Et
c'est la même chose en immigration. Trois en trois.
La Présidente (Mme Gendron) : Je
vous invite à revenir au sujet des crédits de... l'on parle aujourd'hui.
M. Bérubé : Bien, Mme la
Présidente, je suis sur les crédits, là.
La Présidente (Mme Gendron) : Les
crédits du ministère impliqué aujourd'hui.
M. Bérubé : Bien, j'en suis,
puis je suis respectueusement en désaccord avec votre interprétation. Je suis
sur les crédits, c'est lié. Le français, l'immigration, la culture, c'est lié.
Bon, alors, il y a une volonté, mais on ne peut pas nous fournir les œuvres...
les preuves de ça. Donc, ça s'exprime comment...
Mme Fréchette : ...a été
donnée à cette... à cette question-là.
M. Bérubé : C'est incroyable.
C'est... Franchement, je m'attendais à au moins un document, un échange. Donc,
pour les gens qui nous écoutent, il n'y a rien qui témoigne que le gouvernement
du Québec veut vraiment les obtenir, parce qu'on n'a pas de document, on n'a
rien qui l'indique. Alors, que puis-je savoir des rencontres qui ont lieu et
que le gouvernement fédéral sur ces questions-là si je n'ai pas de
démonstration de ça? Tout à l'heure, dans une autre étude de crédits, on m'a
fourni des documents sur une question très précise avec le fédéral, pas là,
d'accord.
Sous la CAQ, de façon factuelle,
l'immigration temporaire a septuplé, et ce c'est pas un mot que je place pour
gagner des points, là, c'est un vrai terme, là, que j'ai dans mon argumentaire.
Actuellement, on parle de 300 000 personnes qui sont au Québec. Une
large partie de cette immigration ne maîtrise pas le français et se retrouve
dans la région métropolitaine. Le Québec a les leviers pour imposer des
critères relatifs à la langue pour cette catégorie d'immigration, elle fait le
choix de ne pas le faire. On a proposé une motion qui visait à imposer un quota
maximal d'étudiants étrangers qui ne maîtrisent pas le français, je veux le
préciser. Le Parti libéral du Québec a dit oui, Québec solidaire a dit oui, la
CAQ a dit non. Est-ce que la ministre peut m'exprimer pourquoi elle ne s'est
pas jointe à cette volonté qui aurait été unanime, n'eût été de la CAQ?
Mme Fréchette : Bon,
permettez-moi, Mme la Présidente, de rectifier certaines choses qui sont
colportées par le troisième parti, en fait, le deuxième parti d'opposition à...
Une voix : ...
Mme Fréchette : ...à l'effet
qu'une large partie... ça vient tout juste d'être réitéré, large partie des
immigrants temporaires ne parlent pas français. Or, la majorité des immigrants
temporaires parlent français.
La Présidente (Mme Gendron) : Je
vous invite, Mme la ministre, également à faire attention à vos propos.
Mme Fréchette : Alors, la
majorité des immigrants temporaires parlent français, c'est important de le
souligner. Et j'entends souvent mon collègue laisser entendre que ce n'est pas
le cas. Alors, 60 % des immigrants temporaires parlent français, c'est un
fait important. Et il faut faire en sorte de rehausser cette connaissance du
français par les immigrants temporaires. Il y a un autre indicateur qui nous
laisse entendre que c'est sur la très, très bonne voie, parce qu'au cours de la
dernière année...
La Présidente (Mme Gendron) : Merci,
Mme la ministre.
Mme Fréchette : J'y
reviendrai.
La Présidente (Mme Gendron) : M.
le député.
M. Bérubé : Il y a d'autres
termes qui sont plus appropriés que «colporté», selon moi, Mme la Présidente.
Ça n'explique pas pourquoi que la CAQ n'a pas voté pour cette motion. On avait
l'assentiment du Parti libéral et de Québec solidaire, c'était un bon moment
d'envoyer un signal-là. Est-ce qu'il y a une raison en particulier?
Mme Fréchette : Alors, déjà,
il y a 60 % des immigrants temporaires qui parlent français. Et, au cours
de la dernière année, il y a eu une augmentation de 30 % des immigrants
temporaires qui ont eu recours à des mesures de francisation. Ça, pour nous,
c'est la voie que l'on emprunte, à savoir de rendre accessible, sous toute une
série de formules, de formats, des cours de francisation. Et ces cours-là ont
une grande popularité auprès des travailleurs étrangers temporaires, et c'est
ce sur quoi on mise pour faire en sorte d'aider le fait français. Il faut voir
qu'on part, donc, déjà d'un bassin qui, à majorité, parle français, plus une
augmentation de 30 %.
La Présidente (Mme Gendron) : Merci.
M. le député.
M. Bérubé : C'est quand même,
lorsqu'on regarde les chiffres, sept fois plus de temporaires que sous le
gouvernement libéral, c'est quand même imposant. Puis il y a, disons, une
grande partie qui ne parle pas français, je pense qu'on peut concéder ça.
Est-ce qu'une limite au gouvernement du Québec? Quel est le chiffre? Est-ce
qu'on peut dire à 100 000 à 200 000, c'est correct? Parce qu'il y a
des enjeux quant à l'intégration, quant au logement, quant à... les CPE, quant
à un ensemble de questions. Alors, ça serait quoi, la limite? Est-ce qu'on en
fixe une? Si on avait fixé 40 000 pour l'immigration en 2018, j'imagine
que, pour les temporaires, on peut aussi fixer un objectif. Quel serait-il?
• (15 heures) •
Mme Fréchette : Alors, les
temporaires, en fait, ils répondent à des besoins conjoncturels, ponctuels
des... rencontrés par les entreprises. Donc, c'est sûr que c'est la croissance
économique ou le contexte économique qui dicte en grande part le nombre
d'immigrants temporaires, tout comme, par ailleurs, le succès de nos
établissements d'enseignement aussi, aller recruter des étudiants à l'étranger.
Et Dieu sait qu'il y en a plusieurs, des programmes en région d'établissements d'enseignement,
qui...
La Présidente (Mme Gendron) : Merci.
Mme la ministre. M. le député.
M. Bérubé : Le problème avec
les temporaires, c'est qu'on peut renouveler à l'infini. Alors, si on ne fixe
pas d'objectif et si on ne fixe pas d'obligation pour le français, bien, on
passe à côté de la cible. Alors, si la ministre n'est pas en mesure de
l'annoncer maintenant, je l'invite à en faire une des propositions pour le
comité sur la langue. La ministre évoque les régions, je vais faire un lien avec
ça.
La Présidente (Mme Gendron) : Une
minute.
M. Bérubé : Est-ce qu'on a
une cible... On est à combien pour la régionalisation de l'immigration,
l'évaluation qu'on a présentement de l'immigration qui se retrouve en région?
Nous, on avait fixé à 25 % en ce qui concerne le Parti québécois. On est
où présentement?
Mme Fréchette : Alors, je
vous annonce qu'on a dépassé votre objectif.
M. Bérubé : Très bien...
15 h (version non révisée)
Mme Fréchette : ...on est à
31,5 % de personnes qui sont établies hors de la région métropolitaine de
Montréal, et nous, ça ne nous satisfait pas. Donc, on va continuer à œuvrer
pour faire en sorte qu'un plus grand nombre d'immigrants s'établissent hors de
la région de Montréal, et on a dû déployer pour ce faire tout un appareillage.
La Présidente (Mme Gendron) : M.
le député.
M. Bérubé : Est-ce qu'on peut
déposer ce document, comme la ministre l'a lu, comme le veulent nos règles et
nos us?
Mme Fréchette : Tout à fait,
on va déposer le document quant au nombre de...
La Présidente (Mme Gendron) : Donc,
vous vous engagez à transmettre l'information demandée à la commission?
Mme Fréchette : Oui.
La Présidente (Mme Gendron) : Merci.
M. le député.
M. Bérubé : Je n'ai plus de
temps, je pense.
La Présidente (Mme Gendron) : Cinq
secondes.
M. Bérubé : Merci à la
ministre.
Mme Fréchette : Merci au
député.
La Présidente (Mme Gendron) : Merci
beaucoup, M. le député. Merci, Mme la ministre. Donc, maintenant, je cède la
parole au député de Nelligan pour un temps de 17 min 39 s
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Je vais revenir aux travailleurs temporaires étrangers. Je vous
réfère à la page 82. Et je vais vous... Bon. En fait, ce que... l'information
que vous venez de partager, les 10 pays, les principaux pays de naissance
pour les demandeurs de permis de travail durant l'année : il y a 14 000,
presque 15 000 personnes du Guatemala, 10 000 du Mexique, 2 200,
Philippines, la France arrive au quatrième rang, 1 800; après, c'est la
Tunisie, Maroc, Colombie, 700, Madagascar, 600, Cameroun, 500, l'Île Maurice,
400. Avez-vous un portrait de la langue première de ces personnes qui viennent
en tant que travailleurs temporaires étrangers? Langue maternelle.
Mme Fréchette : À ma
connaissance, ce n'est pas une question que l'on pose, ce n'est pas...
Une voix : Bien, la langue
première du pays, c'est...
Mme Fréchette : Oui. On
connaît la langue première des pays desquels proviennent les gens, là.
M. Derraji : O.K. Donc, on
peut penser qu'au Guatemala, la langue...
Mme Fréchette : Première
devrait être l'espagnol, et bon...
M. Derraji : Et au Mexique?
Mme Fréchette : Ainsi de
suite. Ensuite, le Maroc...
M. Derraji : Non, non, je
parle : deux, Mexique.
Mme Fréchette : Deux,
Mexique. Oui, espagnol.
M. Derraji : Philippines?
Mme Fréchette : Plusieurs
langues, là, sont parlées aux Philippines : tagalog...
M. Derraji : O.K. Oui. Donc,
si on prend le nombre total de travailleurs temporaires étrangers, 38 000,
on s'entend que plus que la moitié ne parlent pas français avant d'arriver au
Québec. C'est des gens qui utilisent nos services, implantés dans nos régions,
et, quand je vois... Là, je veux poser la question, je peux vous donner le
temps de me répondre : Combien de ces travailleurs temporaires étrangers
utilisent nos cours de francisation?
(Consultation)
Mme Fréchette : Ce ne sera
pas long, on va regarder.
(Consultation)
Mme Fréchette : Donc,
travailleurs temporaires, voilà. En 2021-2022, on avait 6 000 personnes
qui ont le statut de travailleurs temporaires qui ont utilisé des mesures de
francisation, ce qui représente 16 %, et en 2022-2023, donc un an plus
tard, on est passé de 6 000 à 11 182 personnes représentant
24 %, donc, de travailleurs temporaires qui ont utilisé les mesures de
francisation.
M. Derraji : O.K. Donc, les
mesures de francisation que votre gouvernement propose, ce n'est pas
systématique, c'est à la demande. Ce n'est pas obligatoire.
Mme Fréchette : Effectivement.
Elles sont gratuites pour tout le monde...
M. Derraji : Oui, oui, je...
Mme Fréchette : ...certains
ont accès à des allocations financières. C'est une mesure qu'on a mise en place
pour favoriser la prise de cours de francisation, mais ce n'est pas
obligatoire.
M. Derraji : Donc, pour tout
travailleur... En fait, juste... qu'on indique... et aussi pour le bénéfice des
gens qui nous suivent, pendant longtemps, l'argument a été : On
sélectionne des immigrants permanents pour la langue, la compétence, on a une
grille de sélection avec un certain nombre de points. Aujourd'hui, la
sélection, elle est déléguée aux entrepreneurs, parce qu'il y a un besoin réel
en marché de travail, avec un permis de travail pour utiliser le programme
Travailleurs étrangers temporaires. On a au Québec, en 2022, 38 505, page
82. Sur les 38 505, il y a des gens qui parlent le français, on s'entend,
parce qu'il y a des pays francophones ou, comme vous dites aussi, il y a des
pays francotropes...
M. Derraji : ...mais vous ne
jugez pas nécessaire d'offrir la francisation ou de la rendre, je dirais,
facile à tous ces gens. Ils n'ont pas... ce n'est pas une obligation, là, ils
peuvent la suivre, comme ils ne peuvent pas la suivre.
Mme Fréchette : ...facile à
tous les gens, ça, c'est vraiment notre objectif, et c'est ça qu'on va viser
avec Francisation Québec.
M. Derraji : Oui, mais vous
n'avez pas assez de monde pour franciser tout le monde. Il y a des délais...
c'est des travailleurs temporaires étrangers.
Mme Fréchette : Notre
engagement, c'est d'avoir un service en dedans de 50 jours, et il s'avère que
notre moyenne est en deçà de 50 jours. Donc, on atteint notre objectif, en
fait, on le dépasse, en termes de services rendus à la clientèle, si on veut.
Et notre objectif, c'est de rendre les mesures de francisation le plus facile
d'accès possible, même qu'elles sont rémunérées pour une grande part des
personnes. Et on veut faire en sorte de moduler les heures de cours, les jours,
les moments, les modes dans lesquels les cours de francisation sont donnés,
question de se rendre le plus démocratique et accessible possible. Donc, ça,
c'est vraiment au cœur, au cœur de nos priorités, et de notre action, et de nos
efforts. Et il faut voir qu'on a doublé nos budgets en francisation justement
pour rendre ces cours de francisation les plus accessibles qui soient.
M. Derraji : ...c'est quoi le
délai moyen pour la francisation?
Mme Fréchette : L'engagement
qu'on a, c'est en 50 jours pour... le délai moyen, c'est 32 jours, alors que
notre engagement, il est de 50. Donc, on est bien en deçà de notre engagement
en termes de services livrés.
M. Derraji : Oui. Je pense
que vous avez vu le rapport de recherche, rapport présenté au ministère de
l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration par un groupe en avril
2021. Ça vous dit quelque chose, ce rapport?
Mme Fréchette : Un rapport du
CIRANO, est-ce ça?
M. Derraji : C'est rapport de
Mme... sur les besoins psychosociaux des immigrants les plus vulnérables en
francisation. Ça vous dit quelque chose? Ça a été... en fait, c'est fait avec
l'Université de Montréal.
Mme Fréchette : ...d'en avoir
pris connaissance, il est daté de?
M. Derraji : Avril 2021.
Mme Fréchette : 2021. Je ne
crois pas, personnellement, en avoir pris connaissance.
M. Derraji : Aucun problème,
on peut... En fait, c'est une demande d'accès à l'information venant de votre
ministère, mais je peux vous le déposer, aucun problème. En fait, ça a été
signé par votre... bien, ça a été signé par votre ministère, la référence
23094. Mais, en fait, ce qui m'interpelle, je vais vous partager parce que je
suis, comme vous, sensible à ces questions de francisation. Je vais vous lire
juste la conclusion : «En guise de conclusion, nous pensons que cette
recherche s'inscrit dans un momentum. La situation du programme est inquiétante
et une réflexion de fond est de mise. Nous espérons que cette recherche
contribuera à une meilleure compréhension de la situation des besoins
psychosociaux des apprenants et de la manière avec laquelle ils affectent les
apprentissages. Les résultats de cette recherche, tant à l'état brut, imposant
corpus de données, que ceux analysés dans ce document pourraient mettre les
assises d'une réforme en vue de l'amélioration de l'offre des services de
francisation en général et celle du programme FIPA en particulier.» Ça cible
directement le programme FIPA.
Pourquoi je vous partage cette conclusion?
C'est une très très, très, très bonne analyse, vraiment, Mme la ministre, si
vous avez du temps et vous êtes sur le chemin de retour de Montréal, moi je ne
peux pas lire, malheureusement, en conduisant, vous, vous pouvez, lisez cette
étude. Pourquoi? Pourquoi je vous le dis? Ça parle vraiment du fond de la
problématique de la francisation, au-delà d'uniquement le besoin, parce qu'on
l'a, une pénurie de main-d'oeuvre. Je suis content que, maintenant, et vous
n'allez pas, probablement, m'aimer, après que quelques années au pouvoir de
votre gouvernement, on reconnaît la pénurie de main-d'oeuvre. Vos prédécesseurs
disaient, pendant les quatre dernières années... rendu à la cinquième, il n'y
avait pas de problème de pénurie.
• (15 h 10) •
Mais l'enjeu de la francisation... Vous le
savez très bien qu'une langue, ça s'apprend, ça prend du temps. Donc, je vous
invite à lire.... J'aurais aimé vraiment échanger avec vous par rapport à cette
étude, mais j'espère que l'année prochaine, quand on va se revoir en crédits au
niveau de la francisation, le tableau va être beaucoup plus vert, parce que
c'est ça notre souhait, que ce soit en français.
Maintenant, je veux revenir à une autre
question. Là, vous vous êtes au courant de ce qui se passe au niveau de la
francisation : manque de profs, on a taux de décrochage, quand même, 20%,
l'ordre de 20 %, que ce soit complet ou partiel. Pensez-vous que c'est
réaliste, la mesure, dans le 96, d'apprendre le français en six mois, le fameux
projet de loi n° 96?
Mme Fréchette : M. le député,
on ne demande pas aux gens de passer un test de français au bout de six mois,
là. On indique que le gouvernement va communiquer avec les personnes
immigrantes en français six mois après qu'elles soient arrivées au Québec.
C'est fort différent, puis je m'étonne...
Mme Fréchette : ...Que vous
mentionniez que ça laisse entendre qu'il faut connaître le français après six
mois, là. Ce n'est pas la nature de la mesure. La communication qui sera émise
de la part du gouvernement du Québec sera en français après... Auprès de
l'ensemble des personnes immigrantes, six mois après leur arrivée au Québec.
C'est ça qui est inscrit. Et c'est quelque chose qu'il faut bien mentionner et
bien expliquer, parce que, la perception souvent de cette mesure-là n'est pas
la bonne. Et je pense que c'est important que, tous ici, nous y contribuions, à
cette bonne compréhension de ce qui est inscrit dans la loi, parce que ça
change la nature des choses. Quand on dit que ce n'est pas... Et qu'il faille
parler, apprendre le français au terme de six mois, c'est plutôt qu'ils vont
recevoir de la... des communications en français.
M. Derraji : O.K. Recevoir
une communication en français, il faut comprendre le français pour pouvoir
interpréter une communication en français.
Ce n'est pas ça le fond de ma question,
Mme la ministre. Mais je vous partage que déjà, pour avoir ses propres papiers,
que ça soit la résidence permanente, que ça soit la carte soleil, que ça soient
les autres documents, ça prend parfois 2 à 3 mois. Il y a déjà des délais
pour avoir leurs propres papiers, pour comprendre le système.
Votre propre gouvernement, l'ancien
ministre de l'Immigration a insisté d'aller parler, je me rappelle, il était
là, je me rappelle, on était là, en projet... d'aller récupérer les gens à
l'aéroport. Vous avez vu votre tableau de bord, là, c'est impossible. Donc,
pour que quelqu'un parte de l'aéroport chercher un logement, il y a du temps,
pour qu'il puisse savoir où il doit suivre des cours de francisation, c'est du
temps, pour trouver une classe pour commencer, c'est encore une fois du temps,
pour trouver de l'emploi, c'est encore une fois du temps. Donc, il y a des
difficultés pour ces personnes.
Donc, quand je vous dis qu'il faut
travailler en amont, ce n'est pas uniquement au niveau d'offrir les cours de
francisation, c'est agir quand les gens arrivent. Et vous l'avez dans votre tableau
de bord.
Mme Fréchette : Je veux vous
dire qu'on va agir, pas quand les gens arrivent, avant même qu'ils n'arrivent.
On va... On agit déjà et on va augmenter notre action en amont, alors que les
gens sont en train de planifier leur venue au Québec. Ça, c'est encore plus
important, de s'y mettre avant même qu'ils n'aient mis le pied au Québec.
Et c'est une mesure qu'on développe à
travers Francisation Québec, à travers le ministère, que cette approche-là, en
amont, de telle sorte que, les gens, lorsqu'ils arrivent au Québec, ils ont
déjà une base. Est-ce qu'ils sont de niveau sept? Probablement pas, mais ils
ont déjà une base. Et je pense que c'est important d'envoyer le signal, six
mois après leur arrivée, qu'au Québec c'est en français que ça se passe. Alors,
peut-être qu'ils vont avoir besoin d'outils, d'aide ou d'une personne qui va
les aider parfois pour certains documents, mais il reste que le message qu'on
doit envoyer, c'est que c'est en français que ça se passe.
M. Derraji : Et ce message
est envoyé uniquement aux permanents et non pas aux travailleurs temporaires
étrangers ou au programme de mobilité internationale?
Des voix : ...
Mme Fréchette : Ça s'applique
aux deux, c'est à la fois aux temporaires et aux permanents. Puis, voilà, il y
aura...
M. Derraji : Ça s'applique
aux deux, aux temporaires, vous êtes sûre?
Des voix : ...
Mme Fréchette : Oui.
Accompagnement Québec va appliquer cette approche-là, à la fois auprès des
temporaires et des permanents.
M. Derraji : Quel
accompagnement?
Mme Fréchette : Les cours de
français sont aussi accessibles aux temporaires et aux permanents, là. Les
mesures de Francisation Québec, c'est pour tout type de... d'immigrant. Et les demandeurs
d'asile également ont accès aux cours de francisation gratuitement, là.
M. Derraji : O.K. Et on
s'entend que...
Mme Fréchette : avec
allocation pour certains.
M. Derraji : Mais on s'entend
que le nombre de travailleurs temporaires étrangers qui utilisent des services
en francisation, ce n'est pas énorme.
Mme Fréchette : Ce n'est pas?
M. Derraji : Pas énorme.
Mme Fréchette : Pas énorme.
Bien, quand même, on a eu des belles augmentations, là. Est-ce que vous voulez
que je ressorte les chiffres?
M. Derraji : Non, non. Mais,
sur les 38 000, vous avez dit le chiffre tout à l'heure.
Mme Fréchette : Cela, ici,
là?
M. Derraji : Mais quand on a
plus de 50 %...
Mme Fréchette : 11 000.
11 000 sur...
M. Derraji : 38 000.
Mme Fréchette : sur
45 000, 45 000.
M. Derraji : Oui. Pas de
problème. Quand j'ai juste... tu sais, j'additionne uniquement Guatemala,
Mexique, je suis à 25 000.
Mme Fréchette : Mais je
réitère qu'il y a eu 30 % d'augmentation dans l'année qui vient de
terminer. Donc, déjà, quand même on est sur une bonne voie, là.
M. Derraji : Non, mais, pas
de problème. Vous savez que l'enjeu de la francisation, du français, on en
parle beaucoup. Moi, ce que j'essaie, aujourd'hui, c'est juste ne pas avoir le
focus uniquement sur le permanent. Les travailleurs étrangers, c'est important.
Et, si on veut donner le temps, qu'on est très sérieux par rapport au Français
et par rapport à la francisation, on ne doit pas oublier ça.
Quand je regarde le programme de mobilité
internationale, certes, le premier pays, c'est la France, avec 12 000,
mais par la suite, je vais vous nommer les pays : l'Inde, l'Ukraine,
Mexique, États-Unis. Je ne veux pas parler de la Chine, de la Colombie. On
accueille 51 000 programmes de mobilité internationale. Est-ce que
les mêmes programmes de francisation, c'est aussi pour le...
M. Derraji : ...Programme de
mobilité internationale?
Mme Fréchette : Le programme
de?
M. Derraji : Mobilité.
Mme Fréchette : Mobilité
internationale?
M. Derraji : Internationale.
Mme Fréchette : Oui. Oui,
c'est le même.
M. Derraji : O.K. Est-ce
qu'on peut nous partager le nombre de personnes qui ont suivi des cours de
francisation?
Mme Fréchette : C'était dans
la case «travailleur temporaire», donc les chiffres que je vous ai donnés les
concernent notamment.
M. Derraji : Ah! Oh! Donc,
c'est encore... c'est... O.K. Donc, ça change le 30 %. Je vais vous dire
pourquoi. Quand j'additionne 51 000 sur 38 000, désolé, on fait beaucoup de
math aujourd'hui, on est dans les 90 000. Dans les 90 000, c'est 6 000 sur 90
000 francisés... qui ont utilisé le service en francisation. Est-ce que
j'ai bien les bons chiffres?
Mme Fréchette : Ça, c'est
2021-2022. 2022-2023, on est à 11 100.
M. Derraji : Non, mais juste,
s'il vous plaît, mois basé... Moi, je suis... Probablement vous avez d'autres
mois, je me base sur 2022, je n'ai pas vos chiffres de 2023, je suis désolé.
Restons juste sur 2022, s'il vous plaît, parce que c'est les crédits de 2022,
Mme la Présidente. Depuis tout à l'heure, on essaie de me donner... On donne
d'autres chiffres. Ça, ça va aller aux crédits de l'année prochaine. Restons
sur 2022 parce que c'est ce que j'ai. Sinon, ça me mêle. Je n'ai pas les
chiffres, malheureusement.
Mme Fréchette : ...2022-2023,
et là il manque le dernier... le dernier mois, c'est ça.
M. Derraji : Mais ce n'est
pas grave. Je vais juste refaire, parce que le temps file, s'il vous plaît, je
vais vous poser la question. Je vais vous reposer la question. J'ai les
titulaires de permis de travail émis durant l'année 2022, PTET,
page 82 : 30 505. Donnez-moi, s'il vous plaît, le chiffre de... le
nombre de personnes qui ont suivi des cours de francisation par rapport à cette
catégorie, ventilé. Là, je vais aller au Programme de mobilité internationale.
C'est bon? Programme de mobilité internationale, j'ai 51 260, pages 83. Je
veux combien de personnes elles ont suivi les cours de francisation. Dans cette
catégorie, j'ai l'Inde, 8 400; j'ai l'Ukraine, 2 600; j'ai le Mexique, 2 000;
j'ai les États-Unis, 2 000; j'ai la Colombie, 1 400; j'ai la Chine, 1 600.
Donc : 51 260. Est-ce que ces gens, dans les 51 260, il y a des gens qui
ont suivi des cours de francisation?
Mme Fréchette : Écoutez, la
statistique que j'ai ici concerne non pas le programme à travers lequel les
gens sont venus, PMI ou autre, mais bien leur statut, statut de travailleur
temporaire. Et, pour l'année 2022-2023, on est à 11 182, et ça, ça exclut
le dernier mois de l'année.
M. Derraji : O.K. Donc,
11 182 sur un total de 90 000. Parce que moi, j'additionne les deux. Si vous me
dites que les deux, vous avez... Votre ministère a ventilé les deux. Ils nous
ont donné un chiffre qui est de l'ordre de 51 260... et, s'il te plaît,
calcule, 51 260, Programme de mobilité internationale, et, programme
travailleur temporaire étranger, 38 505. C'est ça que j'ai. Votre sous-ministre
peut confirmer. Et je vous informe, Mme la ministre, qu'on est à 12 %. On
est très, très loin du 30 %. On est très, très loin des objectifs de francisation.
Mme Fréchette : ...c'est
l'augmentation, là, l'augmentation au cours de la dernière année a été de
30 %.
M. Derraji : Oui. O.K. O.K.,
mais juste, on veut revoir les chiffres qu'on a en 2022, nous avons sur notre
territoire 90 000...
La Présidente (Mme Gendron) : En
terminant.
M. Derraji : Nous avons sur
un territoire 90 000. 11 000, ça donne 12 % de personnes qui ont eu
accès aux services de francisation.
La Présidente (Mme Gendron) : Merci
beaucoup, M. le député. Donc, je cède maintenant la parole au député de
Saint-Henri Sainte-Anne pour une période de 11 min 46 s.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la ministre. Merci, Mme la Présidente. Écoutez, mon équipe vient de m'envoyer
un article de La Presse canadienne, ça dit... Puis c'est en marge des assises
du tourisme. Votre collègue... vos collègues qui sont là, si je ne m'abuse, la
ministre de l'Emploi, notamment, qui dit : «S'ils ont traversé
clandestinement la frontière pour venir s'établir au Québec, c'est grâce au
tourisme que certains demandeurs d'asile pourraient régulariser leur statut.»
Est-ce que vous pourriez commenter sur cette nouvelle qui est sortie à 13 h 04
aujourd'hui?
Mme Fréchette : ...je n'y
étais pas, je n'ai pas pris connaissance.
• (15 h 20) •
M. Cliche-Rivard : Mais, s'il
y a un programme de régularisation de statut pour 3 000 demandeurs
d'asile, vous le sauriez.
Mme Fréchette : Bien,
c'est... je ne suis pas certaine que ce soit un programme de régularisation de
statut comme tel puisque c'est le fédéral qui est en charge de régulariser les
statuts. Je pense que c'est un programme d'intégration de demandeurs d'asile
dans l'économie à travers le secteur récréotouristique.
M. Cliche-Rivard : Que l'on
pourrait régulariser leur statut, ça va être une erreur... ou on y revient? Je
ne sais... Je suis un peu surpris moi aussi, là.
Mme Fréchette : Ces gens-là
avaient probablement déjà un statut. Il faut voir, là, je n'ai pas... désolée,
mais je n'ai le détail.
M. Cliche-Rivard : O.K. Parce
ce que ça dit, quand même : Pour que certains demandeurs d'asile
régularisent leur statut.
M. Derraji : ...demandeurs
d'asile, est-ce que...
M. Cliche-Rivard : Oui, mais
régulariser, là.
Mme Fréchette : Oui, là, je
pourrais difficilement m'avancer là-dessus.
M. Cliche-Rivard : O.K. Bon,
bien, on y reviendra, mais je suis quand même surpris. Je voudrais vous
entendre sur...
M. Cliche-Rivard : ...des
candidats du PEQ... qui reçoivent leur CSQ PEQ sont au Québec. On est d'accord
avec ça. Ils avaient l'expérience québécoise. Dans le PRTQ, est-ce qu'on sait
dans le programme régulier... dans Arima, les invitations, est-ce qu'on sait le
pourcentage des gens qui sont au Québec qui étaient au Québec au moment de la
sélection?
Mme Fréchette : Oui...
(Consultation)
M. Cliche-Rivard : Qui était
au Québec, c'est faible?
Mme Fréchette : On a la
donnée, oui.
M. Cliche-Rivard : Donc, on
ne sait... vous allez me revenir là ou c'est plus dans quelques minutes?
Mme Fréchette : Oui, c'est
ça, on va sortir la donnée, là, votre... vous souhaitez en fait savoir quel
pourcentage est déjà établi au Québec?
M. Cliche-Rivard : À peu
près, oui, le pourcentage, exact, qu'ils reçoivent dans le fond une invitation
dans Arrima. Ce que je comprends, c'est que la plupart des invitations de 2022
se sont fait sur la base d'offres d'emploi validé ou pas du tout? Sur la CNP
exclusivement, pour 2022, là, on était... Je vous pose la question.
Mme Fréchette : Ça ne sera
pas long, on va fouiller…
M. Cliche-Rivard : Prenez la
minute, c'est important. Pour 2022, hein? Puis, si vous voulez me donner la
page ou... vous ne l'avez pas?
(Consultation)
Mme Fréchette : En 2022,
donc, 9137 personnes ont été invitées. 1076 personnes détenaient une offre
d'emploi validée et ont été invitées.
M. Cliche-Rivard : O.K. Donc,
on devine quand même que les autres, quelque 7000 et des poussières, étaient à
l'extérieur du Québec, c'est ce qu'on peut tirer comme conclusion.
Mme Fréchette : ...qu'on peut
présumer. En très grande majorité.
M. Cliche-Rivard : En très
grande majorité. Parfait. Merci, c'était ma question sur ça, parce que je pense
que ça serait important qu'on le définisse quand même, qui, du PRTQ, aurait
été, sur le plus long terme, admissible au programme de l'expérience
québécoise, finalement? De savoir, entre vous et moi puis le ministère, qui
sont des "péquistes" qui se sont transférés dans Arrima de par la
complexification du PEQ. Je pense, moi. Qu'il y a énormément de transferts qui
s'est fait entre le PEQ et le PRTQ de par l'augmentation du besoin d'aller
chercher 24 mois de travail, alors que l'offre d'emploi validée,
finalement, permet de contourner l'exigence du PEQ du 24 mois. Donc, je
pense que ce serait très important pour le ministère puis pour tous de tirer
des conclusions sur combien du PRTQ sont finalement des gens du PEQ qui ont
accéléré un peu leurs procédures par des offres d'emploi. C'est une suggestion
pour l'équipe ministérielle.
Pour revenir à la campagne précédente, le
premier ministre rappelait beaucoup sa volonté de rapatrier le programme de
réunification familiale, mais on n'a jamais su pour en faire quoi. Et
j'aimerais vraiment savoir c'est quoi, l'orientation et la volonté du MIFI, de
la ministre? Vous voulez faire quoi puis ce sont quoi vos doléances envers la
réunification familiale?
Mme Fréchette : Bien, ça vise
en fait à gérer l'ensemble des programmes pour les mettre à la couleur du
Québec, là, je dirais, dans la mesure où il y a des enjeux, des préoccupations
qui peuvent être associées à certains éléments des programmes actuels, par
exemple, la connaissance du français pour les personnes qui s'inscrivent dans
un parcours de regroupement familial. Est-ce que ça peut être un élément qu'on
vienne ajouter? Ça pourrait être un exemple de gain qu'on peut faire, mais...
M. Cliche-Rivard : Mais c'est
justement ça qui m'inquiète quand même, dans le sens où la réunification
familiale, c'est pour son époux, c'est pour son enfant. Est-ce que, quand même,
la ministre peut rassurer les gens à l'effet qu'on ne se mettra pas à exiger
que nos enfants à l'étranger, là, les enfants de citoyens puis résidents
permanents doivent passer un test de français, sans quoi ils ne viennent pas au
Québec? Même chose pour leurs épouses. Est-ce que, si vous mariez quelqu'un à
l'étranger puis qu'elle ne parle pas français ou qu'il ne parle pas français,
il ne pourra pas venir au Québec? Est-ce que c'est... c'est quand même
troublant et particulièrement difficile à concevoir, là.
Mme Fréchette : Parce que
vous partez, j'ai l'impression, de la prémisse que ça pourrait être une
exigence. Mais on peut créer des incitatifs. On peut créer une offre, on peut
faire connaître, dans le fond, l'intérêt qu'il y a pour une personne qui
s'inscrit dans un cursus, dans un parcours de regroupement familial, à
apprendre le français. Donc ça, c'est un élément qui sera plus facile à faire
quand le Québec contrôlera l'ensemble des programmes, mais pour l'instant...
M. Cliche-Rivard : Mais pas
d'exigence.
Mme Fréchette : ...il faut
s'en remettre au fédéral pour essayer de le sensibiliser à cette dimension-là.
Puis on sait que parfois... bien, on part de loin. On vient pour la première
fois au fédéral d'atteindre le quota de francophones hors Québec, là, après
20 ans de tentatives. Donc, voilà, ça crée, bref, un intermédiaire.
M. Cliche-Rivard : Mais
rassurez-nous que vous ne mettrez pas d'exigence pour que nos enfants, nos
conjointes, nos conjoints à l'étranger aient...
Mme Fréchette : On ne
contrôle pas le programme de regroupement familial.
M. Cliche-Rivard : Mais si
vous l'aviez dans les mains, là...
Mme Fréchette : ...je ne peux
pas m'engager pour la suite des choses, là, mais dans la mesure où...
M. Cliche-Rivard : Mais
c'est-tu votre intention?
Mme Fréchette : Ce n'est pas
notre intention de créer une exigence linguistique, mais on ne contrôle pas le
programme.
M. Cliche-Rivard : Je
comprends. Je comprends, mais, en ce moment, il n'y en a pas.
Mme Fréchette : Donc, mon
dire n'a que peu de portée puisque c'est le fédéral qui dirige le programme.
M. Cliche-Rivard : O.K. Mais,
en ce moment, il n'y en a pas, puis, s'il y en avait, vous n'en mettriez pas.
Dans le sens où : il n'y en a pas, d'exigences, si vous rapatriez le
programme, il n'y en aura pas non plus au niveau de la francisation.
Mme Fréchette : On n'est pas
là du tout, là. Moi, je suis dans les incitatifs auprès du fédéral.
M. Cliche-Rivard : O.K.
Parfait. Bien, merci. Je... Puis merci beaucoup de rassurer ça parce qu'il y a
beaucoup de gens, notamment, que je connaissais dans une ancienne vie, là,
d'avocat en immigration, qui n'était pas si ancienne que ça, là, que ça
stressait beaucoup de gens à savoir est-ce que nos enfants, est-ce que nos
conjoints, conjointes ne pourront pas venir, tu sais.
Mme Fréchette : Nous, on
s'attend à ce que les gens fassent des efforts en ce sens-là, parce que c'est
ce qui caractérise notre identité, c'est ce qui caractérise leur communauté
d'accueil. Alors, s'ils veulent s'intégrer, c'est notre souhait qu'ils le
fassent d'une manière réussie, positive. Ça passe par la connaissance du
français. Donc, c'est notre souhait qu'ils s'engagent dans un processus en ce
sens-là.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
Merci beaucoup. Je vous amène sur un autre sujet. Vous avez écrit, dans les
crédits, délai moyen pour le CSQ PEQ, si je ne me trompe pas, autour de
45 jours; CSQ programme régulier, 60 jours. Là où les choses sont
différentes, c'est pour le CSQ de catégorie humanitaire, où là il y a un
article du Devoir de juillet passé qui disait qu'on est passé de trois mois de
délai moyen à 12 mois de délai moyen pour le CSQ, hein, je ne vous parle
pas de la décision fédérale, mais pour l'émission du CSQ humanitaire. Et votre
prédécesseur s'était engagé à corriger la situation. Cela dit, on est encore à
12 mois de délais de traitement pour le CSQ humanitaire. Comment c'est
possible?
Mme Fréchette : Bien, il y a
eu un trop plein de demandes. Et ça s'avère que, dans le cadre de nos... notre
composition de l'immigration permanente, il y a une portion seulement de notre
immigration permanente qui provient de ces programmes-là. Et la demande a été
plus élevée que le nombre de personnes qui sont admises à chaque année. Donc,
ça crée des délais, ça crée des délais d'attente.
M. Cliche-Rivard : Parce que
c'est des gens qui sont déjà sur le territoire, c'est des gens qui ont déjà été
sélectionnés pour motifs d'ordre exceptionnel, de motifs humanitaires et de
compassion par le gouvernement fédéral. C'est des gens qui attendent la
réunification familiale une fois qu'ils sont résidents permanents. Et là on les
retarde à l'année prochaine, quand même, pour l'émission du CSQ. C'est quand
même troublant au niveau de la dignité, là.
Mme Fréchette : Bien, c'est
un processus qui doit passer par les parcours administratifs et qui doit
s'inscrire dans un cadre qui a été établi suite à la consultation de 2019. Et
ça fait en sorte... comme il y a plus de demandes que de personnes retenues, eh
bien, ça crée des délais d'attente. C'est sûr qu'on souhaite s'améliorer, mais,
en même temps, on est dans ce cadre-là.
M. Cliche-Rivard : Parce que
vous jugez que ça nécessite amélioration dans cette catégorie?
Mme Fréchette : Bien oui, ce
serait... ce serait bien que ça puisse s'améliorer. On veut raccourcir les
délais. C'est une de nos priorités, réduire les délais, alléger les processus,
et voilà.
M. Cliche-Rivard : Merci pour
cette belle réponse. Je sais que ça aussi, ça va rassurer plusieurs. Est-ce
qu'on a des études sur la définition, puis le seuil, puis le nombre pour la
capacité d'accueil? On en parle souvent, là, mais est-ce que ça existe, ça?
Est-ce que ça a été quantifié auprès du ministère? Parce que vous en parlez
souvent, de la capacité d'accueil.
Mme Fréchette : C'est très
complexe. En fait, ce n'est pas une équation à deux variables. Ce serait
tellement facile si c'était le cas, mais ce n'est pas le cas. C'est très
complexe, c'est multidimensionnel, ça varie d'une région à l'autre, même d'une
municipalité à l'autre. J'ai fait 15 rencontres régionales puis je voyais
que, parfois, il y a 50 kilomètres entre deux municipalités, puis déjà là
la réalité est différente en termes de capacité d'accueil. Puis ça vient
rejoindre à la fois des... des services, par exemple des services d'accompagnement,
des services de francisation, des services d'intégration. Est-ce qu'il y a des
organismes qui sont sur place pour accueillir, pour accompagner des personnes
immigrantes, pour sensibiliser les entreprises aussi à l'importance de bien
connaître...
• (15 h 30) •
M. Cliche-Rivard : ...études,
Mme la ministre?
Mme Fréchette : Des études?
Non, on est à...
M. Cliche-Rivard : Ça
n'existe pas?
Mme Fréchette : On est à
documenter, en fait, notre capacité d'accueil dans sa diversité de dimension.
Donc, on veut faire en sorte d'avoir une meilleure une connaissance...
La Présidente (Mme Gendron) : Il
reste une minute.
M. Cliche-Rivard : Une minute.
Mme Fréchette : ...d'avoir
une connaissance plus fine.
M. Cliche-Rivard : Donc, pour
qu'on soit superclair, il y a une capacité d'accueil qui a été rencontrée, qui
a été remplie, qui a été saturée, mais on ne la connaît pas, on ne l'a pas
quantifiée et on n'a pas d'étude pour la quantifier. Je veux quand même qu'on
soit clair.
Mme Fréchette : On a des
éléments qui nous montrent que cette capacité d'accueil a été atteinte. Par
exemple, sur le plan de l'habitation, on sait qu'il y a des niveaux
d'inoccupation qui sont très, très bas, en ce moment, particulièrement dans
certaines municipalités, et ça affecte, bien entendu, notre capacité d'accueil.
Ensuite, les enjeux comme les services de garde, ça aussi, ça affecte la
capacité d'accueil. Quand on dit, bien, qu'il n'y a plus de place dans les
services de garde et que, si on reçoit des personnes immigrantes, bien, il va
falloir qu'il y en a un des deux qui restent à la maison pour s'occuper des...
15 h 30 (version non révisée)
Mme Fréchette : ...c'en est
une, une preuve de capacité d'accueil qui a atteint sa limite...
M. Cliche-Rivard : Puis
est-ce qu'il y a des études qui ont été demandées ou commandées qui vont nous
être divulguées dans l'avenir prochain?
La Présidente (Mme Gendron) : Merci,
M. le député. Merci, Mme la ministre.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la ministre.
La Présidente (Mme Gendron) : Donc,
je cède la parole, pour un dernier bloc d'intervention de 18 minutes, au député
de Nelligan.
M. Derraji : Déjà le dernier?
La Présidente (Mme Gendron) : C'est
déjà le dernier.
M. Derraji : Une autre
question, Mme la ministre : Le programme immigrants investisseurs, est-ce
qu'il est sur votre radar de le revoir, revoir les critères?
Mme Fréchette : Ça fait
partie des éléments qui sont, oui, sous analyse, sous révision, pour faire en
sorte qu'on puisse le réorienter vers une voie qui est vraiment campée dans une
perspective d'immigration, au sens d'implantation également, en sol québécois.
M. Derraji : O.K. Mais est-ce
que je peux noter... Je parle, vraiment, avec l'ancienne femme d'affaires, très
impliquée dans le milieu des affaires. Pas besoin de revenir sur la
contribution de ce programme, parce qu'il y avait de l'intérêt généré par
Investissement Québec, utilisé dans les programmes d'innovation. Mais vous,
vous êtes à l'aise à ce qu'on accueille des investisseurs entrepreneurs sur le
sol québécois, et leur donner, en fait, les mêmes avantages qu'on avait avant?
Mme Fréchette : Est-ce que je
pourrais vous demander de répéter votre question, s'il vous plaît?
M. Derraji : Non, pas de
problème. Le programme des investisseurs est un programme qui fonctionnait.
Votre prédécesseur voulait le réorienter, il y avait quand même un arrêt. Vous,
est-ce que c'est sur votre radar, la révision de ce programme? Ça, c'est ma
première question. Après, je vais aller avec les autres.
Mme Fréchette : Alors, pour
le programme investisseurs, bien, il est suspendu, en fait, depuis novembre
2019 puis il va l'être jusqu'à la fin 2023. Et, en fait, on est à voir de
quelle manière on pourrait le réorienter, si c'est là qu'on souhaite aller,
pour faire en sorte que ce soit un programme qui génère des impacts positifs.
Mais, si jamais il est relancé, ce sera dans une formule complètement
renouvelée.
M. Derraji : Oui, mais est-ce
que c'est sur votre radar, ce programme, et que, dans les nouvelles annonces
que vous allez avoir, il va y avoir aussi des bonnes nouvelles par rapport à
cette catégorie?
Mme Fréchette : Bien, c'est
sur le radar, oui, parce que je disais que, c'est ça, c'est quelque chose que l'on
regarde, que l'on considère. Mais on veut que, par exemple, le taux d'établissement
au Québec n'ait rien à voir avec ce qui prévalait au moment où le programme
était fonctionnel, parce que, franchement, ce n'était pas à la hauteur de ce
qui est souhaité d'avoir comme retombées, le taux d'établissements était très
bas. À mon souvenir, c'était à peu près 15 % de taux d'établissements pour
le programme des investisseurs. On ne veut pas que le programme génère à peine
15 % d'établissements en sol québécois, ce n'est pas ça, l'objectif. Donc,
voilà, si on souhaite aller de l'avant, il va falloir que les résultats soient
d'une nature complètement différente.
M. Derraji : Je suis d'accord
avec vous, mais la question... Probablement, je vais la reposer : Les
avantages de ce programme... Vous n'êtes pas fermés à ce que ce programme avait
des avantages?
Mme Fréchette : Bien, on n'est
pas fermés à avoir un programme de type investisseurs, si c'est ça, la
question. Est-ce que le programme qui existait auparavant avait des avantages?
Bien, il y avait beaucoup de désavantages, et c'est pour ça qu'on a suspendu
les invitations.
M. Derraji : On se comprend.
Et le programme était suspendu depuis quelle année? Désolé si...
Mme Fréchette : 2019, 1er novembre 2019.
M. Derraji : Et, depuis, il n'y
avait aucune invitation, aucun CSQ délivré, catégorie gens d'affaires?
Mme Fréchette : Bien, en
fait, non, il n'y avait pas d'invitations nouvelles, mais on continuait à
accepter des gens dans ce programme-là, parce qu'il y avait un inventaire qui
existait, et il fallait réduire cet inventaire-là, qui était... tel que prévu,
en fait, par nos plans d'immigration annuels. Mais il n'y avait pas de
nouvelles invitations qui étaient lancées, considérant qu'on avait des réserves
par rapport à la nature, et un grand inventaire également.
M. Derraji : Oui, donc, pas
de nouvelles invitations, mais votre ministère a continué à délivrer des CSQ?
Mme Fréchette : Oui, effectivement,
on en a délivré... ici, j'ai les chiffres, là, de... 1 001 CSQ ont été
délivrés dans la catégorie gens d'affaires investisseurs.
M. Derraji : Oui, bien, en
fait, c'est la catégorie investisseurs. 1 001, vous avez raison. 61
entrepreneurs. Travailleurs autonomes, 176...
Mme Fréchette : C'est ça.
M. Derraji : Ça, c'est un
CSQ. Ce que je vois... 98, j'ai 4 099. C'est presque 5 000.
Mme Fréchette : Qu'est-ce que
c'est, 98? Je ne vois pas.
M. Derraji : La page 98, oui.
Mme Fréchette : O.K. Page 98,
avec les admissions.
M. Derraji : Oui, c'est...
M. Derraji : ...désolé
parce que je ne sais pas qu'est-ce que j'ai.
Mme Fréchette : Non, ça
va. Prenez votre temps. Un peu d'eau peut-être. J'espère que ce n'est pas la
salade.
M. Derraji : Non,
mais... Mais je veux juste comprendre le tableau II de la page 98. Il
n'y a pas de nouvelles indications...
Mme Fréchette : Tableau II?
O.K. Oui.
M. Derraji : ...mais
ces... L'année d'admission, c'est des gens... Ça, c'est des gens qu'on a admis
cette année. Donc de la Chine, de l'Iran, Hong Kong, Taïwan, Vietnam.
Mme Fréchette : Donc,
ça, c'est es gens admis par le fédéral.
M. Derraji : Oui. Bien,
personnes immigrantes admises au Québec...
Mme Fréchette : Oui,
oui.
M. Derraji : ...dans le
programme des... oui, admises au Québec.
Mme Fréchette : Oui.
M. Derraji : ...dans le
programme des investisseurs selon le pays de naissance. Donc, 2022 et janvier,
février 2023.
Mme Fréchette : Oui.
M. Derraji : Ces gens,
quand est-ce qu'ils ont reçu une invitation?
Mme Fréchette : ...des
années...
M. Derraji : C'est six,
huit ans, hein, la durée? C'est ça, huit... huit... Six, huit ans, hein?
Mme Fréchette : Le...
Trois, quatre ans. Le sous-ministre m'indique que ça tournait probablement
autour de trois à quatre ans.
M. Derraji : O.K. Donc,
ça, c'est...
Mme Fréchette : Minimum.
M. Derraji : O.K. Donc,
ça, c'est l'inventaire.
Mme Fréchette : Avant
2019.
M. Derraji : Ça, c'est
l'inventaire. Excellent. Et par rapport au CSQ, les 1001, ça, c'est un CSQ que
vous vous avez délivré cette année.
Mme Fréchette : Oui.
M. Derraji : Le CSQ délivré
cette année, c'est selon les anciens critères.
Mme Fréchette : Oui.
M. Derraji : O.K. Donc,
techniquement, le programme a été suspendu deux ans, mais en continuait à
donner des....
Mme Fréchette : Il était
suspendu au niveau des invitations.
M. Derraji : Oui, mais
on a donné des CSQ aux gens qui ont déjà été invités selon les anciens
critères.
Mme Fréchette : Oui,
c'est ça.
M. Derraji : O.K. O.K.
Merci. Maintenant, par rapport aux critères que vous pensez que ça serait... ça
n'a aucun bon sens qu'ils restent dans le programme des investisseurs, est-ce
que vous avez une préférence?
Mme Fréchette : Bien,
j'ai une préférence pour les gens qui s'établissent réellement au Québec. Parce
que quand un programme donne un taux d'établissement d'autour de 15 %,
bien, pour moi, ce n'est pas tout à fait ce que l'on appelle, dans notre
conception des choses, un programme d'immigration. C'est... Nous, on veut que
les gens, s'ils immigrent au Québec, bien, qu'ils viennent s'établir au Québec.
Alors, le taux de 15 % n'est vraiment pas à la hauteur de ce qui est
souhaité. On veut également que les gens parlent français. Donc, ce n'est pas
un élément qui était considéré, à ma connaissance, pour le programme des investisseurs.
Donc, ça, c'est un élément qui, si on va de l'avant, va devoir être réformé
parce qu'il faut connaître le français pour s'intégrer dans la société
québécoise.
M. Derraji : Peut-être
aussi le critère de la langue française pour les entrepreneurs.
Mme Fréchette : Eh bien,
c'est un élément qui...
M. Derraji : O.K.
Mais...
Mme Fréchette : ...sera
d'intérêt pour moi.
M. Derraji : Oui, mais
vous savez que quand je vois le pays de naissance de ces personnes, que cette
année on a, on a accueilli, c'est la Chine, l'Iran...
Mme Fréchette : Accueilli
entre guillemets parce que je vous dis que le taux d'établissement est de
15 %.
M. Derraji : Oui. Oui,
mais vous voyez, vous avez raison. 100 % d'accord. Chine, Iran, Hong-kong,
Vietnam, Turquie, Bangladesh, Inde, Pakistan, États-Unis, Émirats arabes unis,
Corée du Sud, Iraq, Arabie Saoudite, Liban. Je ne pense pas que ces pays, c'est
la langue française qu'on parle. Donc...
Mme Fréchette : Et c'est
peut-être pour ça qu'ils ne venaient pas. Je ne sais pas, là, quand on dit
15 %...
M. Derraji : Non, non,
mais je...
Mme Fréchette : Il y a
des chiffres, mais il n'y a pas eu une réalité qui est venue incarner ces
chiffres-là parce que les gens ne sont pas venus s'établir au Québec, vous
comprenez? Nous, on veut que ces gens-là, qui viennent comme investisseurs,
viennent s'établir au Québec.
M. Derraji : O.K. Donc,
le nouveau programme, pour vous, doit comprendre une clause ou un critère de
rester au Québec, peu importe la durée.
Mme Fréchette : Bien...
• (15 h 40) •
M. Derraji : En fait
comme pour avoir le statut de citoyen, tu dois rester trois ans avant de passer
un examen de citoyenneté pour devenir citoyen. Donc, est-ce qu'on peut penser
que vous pensez à des critères que ces entrepreneurs restent physiquement au
pays, achètent une entreprise, investissent au Québec et restent au pays?
Mme Fréchette : Bien,
comme vous savez, on souhaite tendre vers une immigration économique
francophone, entièrement francophone. Donc, ça, c'est un des programmes
d'immigration économique. Donc, c'est sûr que si... Si on va de l'avant, il va
falloir qu'il y ait des critères en lien avec la connaissance du français et
que nos critères fassent en sorte que les gens viennent s'établir pour de vrai
au Québec.
M. Derraji : O.K. Donc,
critère du français. Donc, ça veut dire que ces pays ne seront pas ciblés.
L'autre critère, c'est un montant de placement de deux placements de 800 000 $.
C'est à peu près, aux 61... 71 placements, à 1,2 million de dollars. On
avait deux critères... On n'avait pas. On avait un critère. C'est que tu viens,
tu mets ton cash, 1,2 million de dollars en 71 placements ou bien deux
placements à 800 000 $, ça veut dire à 1,6 million de dollars.
Le critère d'argent va aussi rester?
Mme Fréchette : Ça, je
ne peux pas m'avancer là-dessus. On est en processus de révision, d'analyse.
Les modalités de fonctionnement des différents programmes seront divulguées.
Mais j'aimerais souligner quant aux pays de provenance qu'il y a des gens...
Mme Fréchette : ...qui
parlent français, il y en a partout dans le monde.
M. Derraji : Oui, oui,
absolument.
Mme Fréchette : On parle de
320 millions de locuteurs francophones, donc il y a des gens qui proviendront
d'un ensemble de pays qui pourront s'inscrire dans l'immigration à travers le
programme investisseur ou autres.
M. Derraji : Oui. Est-ce que
les critères, vous les révisez seule ou vous les révisez avec Investissement
Québec?
Mme Fréchette : Il y a des
consultations qui sont menées auprès d'un ensemble de ministères et de
partenaires quand il y a des révisions qui sont faites. Donc, on estime que
tous ceux qui ont un rôle à jouer, qui sont en première ligne des résultats
afférents à nos programmes d'immigration doivent être consultés. Donc, quand il
y a un processus de révision, c'est ça, il y a un ensemble de ministères et
organismes.
M. Derraji : Je vais vous
partager une inquiétude. Moi, depuis que je suis devenu porte-parole en
immigration, mon bureau de comté est inondé d'appels pour des cas
d'immigration. Est-ce que c'est le cas pour vous et vos collègues du
gouvernement?
Mme Fréchette : Inondés
d'appels me concernant, non.
M. Derraji : Mais non, pas
vous concernant, non, non, non, vous êtes une personne très gentille, je parle
de l'immigration, les sujets de l'immigration, les dossiers de
l'immigration : CSQ en retard, programme de parrainage.
Mme Fréchette : Oui, on en a,
mais on n'est pas inondés, c'est ça. La question, c'est : Êtes-vous
inondés de demandes? On n'est pas inondés de demandes.
M. Derraji : Bien,
probablement, les gens ont tendance à penser que, parfois, l'opposition peut
régler tous les problèmes. On a juste trois employés. Si c'est... le problème,
c'est «inondé», est-ce que vous recevez des appels par rapport à des dossiers
d'immigration? Je retire «inondé».
Mme Fréchette : Ah bien, oui.
Ah bien, oui, on en reçoit, c'est sûr.
M. Derraji : O.K.. Excellent.
Est-ce que vous pensez que vos bureaux de comté sont outillés, de l'ensemble de
vos...
Mme Fréchette : Oui. Oui. On
a justement fait des formations en ce sens-là pour permettre d'outiller les
bureaux.
M. Derraji : O.K.. Vous avez
fait des formations auprès de qui? Des bureaux de comtés?
Mme Fréchette : Auprès des
bureaux? On en a fait un... Oui. Est-ce que mon chef de cabinet peut expliquer
la nature des formations?
M. Derraji : Oui, oui, oui.
Je l'aime bien, lui aussi.
M. Boivin (Pierre-Yves) : Tout
à fait. M. le député et moi nous connaissons.
La Présidente (Mme Gendron) : s'il
vous plaît, si c'est possible de vous nommer.
M. Boivin (Pierre-Yves) : Oui,
je m'appelle Pierre-Yves Boivin, je suis directeur de cabinet de la ministre.
Alors, on a organisé une formation pour le personnel de tous les bureaux de
comté. On est d'ailleurs en démarches avec les partis d'opposition pour fournir
cette demande, pour fournir cette formation à tout le personnel de leurs comtés
également qui le demanderont.
M. Derraji : Merci. Merci.
J'apprécie. Je vais me permettre de vous dire une chose : La prochaine
fois, pensez à former tout le monde. Ce n'est pas uniquement la CAQ qu'on doit
former, je veux juste terminer, parce qu'on a aussi des besoins, peu importe le
parti, j'en suis sûr et certain, nos collègues de Québec solidaire, qui ont
aussi des nouveaux députés, et nous aussi, le besoin est énorme, et une bonne
partie des collègues sont dans la région métropolitaine.
M. Boivin (Pierre-Yves) : Si
je peux commenter, M. le député, là-dessus, on a contacté, via notre cabinet de
whip, le cabinet de whip de tous les partis d'opposition il y a déjà plusieurs
semaines. On vient d'obtenir les confirmations de tous les partis, et, à ma
connaissance, la formation est prévue dans les prochaines deux à trois semaines
avec l'ensemble du personnel de tous les bureaux de comté de tous les partis
d'opposition qui voudront y participer.
M. Derraji : Mais je vous
remercie, je vous remercie. Juste garder en tête que la formation donnant de
notre monde les gens qui répondent, ce n'est pas parce qu'il y a uniquement des
collègues de la partie gouvernementale, c'est un problème majeur. Nos bureaux
reçoivent beaucoup d'appels. D'ailleurs, je vous remercie parce qu'on a
toujours un interlocuteur, la boîte y fonctionne e-mail très bien, mais on a
besoin d'outils, nos bureaux de comté, donc, merci beaucoup.
Mme Fréchette : Et puis-je
ajouter que, bien, Immigration Canada n'a pas vraiment de bureaux régionaux, et
ça, ça semble...
M. Derraji : Non, je ne parle
pas d'Immigration Canada.
Mme Fréchette : Je le sais,
mais je pense que ça en amène un plus grand flot de demandes parce qu'il n'y a
pas d'interlocuteur.
M. Derraji : Oui, mais si on
les réfère directement au fédéral, à notre bureau fédéral, ça, c'est la
consigne qu'on a.
Mme Fréchette : Mais c'est
des démarches additionnelles, c'est ce que je veux mentionner.
M. Derraji : Oui, mais vous
avez raison, on les réfère au bureau fédéral, on n'a pas à payer pour ça, et
sinon on doit prendre soin de la santé mentale de notre mode, de notre
personnel politique. Mais, s'il vous plaît, vraiment, nous avons besoin, je la
formule au nom de notre formation politique. Parce que, oui, la formation a été
faite, mais ce n'est pas pour tout le monde, pour tout le personnel. Je
comprends qu'il y a beaucoup de membres, mais, si c'est ça a été envoyé, je
vais aller aux nouvelles, et, s'il vous plaît, veillez à l'offrir à tout le
personnel. Moi, c'est la première fois que j'entends que ça a été donné
uniquement aux membres de personnel de votre formation politique, je veux dire.
Mme Fréchette : Non. Je pense
que M. Boivin a précisé que ça a été offert à tout le monde, et la date, c'est
le 24 mai, c'est déjà établi. 24 mai, ça va être offert, une séance de
formation. Donc, on y va avec une approche...
M. Derraji : O.K.. Bien,
merci beaucoup, c'est excellent. Merci beaucoup. Et moi je pense que ça va être
très bien salué par l'ensemble des élus et nos personnels politiques.
Je vais revenir sur ARRIMA. Est-ce que
c'est toujours la seule porte d'entrée pour l'immigration...
M. Derraji : ...économique et
l'arrimage.
Mme Fréchette : La seule
porte d'entrée... bien, c'est une plateforme, hein, Arrima, ce n'est pas un
programme qui... En fait, Arrima héberge toute une série de programmes, alors
je vous les nomme. Accompagnement Québec, Programme d'expérience québécoise,
Programme pilote d'immigration pour les préposés aux bénéficiaires, programme
pilote pour l'intelligence artificielle, les effets visuels, Programme pilote
pour les travailleurs de la transformation alimentaire, le parrainage collectif
pour les groupes de personnes et pour les organismes, le portail employeur, le
Programme d'allocation pour les frais de formation reliés à la reconnaissance
des compétences, le PAFFARC, et également les demandes de remboursement dans le
cadre du Programme d'aide financière pour l'intégration linguistique des
immigrants. Donc, tout ça, c'est hébergé sur Arrima. Donc, quand vous me dites
Arima, ça offre une pléiade d'options.
M. Derraji : C'est excellent.
À l'époque, on parlait d'un inventaire, à l'intérieur d'Arrima, de personnes
qui ont déposé des offres ou de l'intérêt. Avez-vous une idée sur l'inventaire?
Mme Fréchette : Il n'y a pas
d'inventaire.
M. Derraji : Il n'y a rien.
Il n'y a pas d'inventaire.
Mme Fréchette : Non.
M. Derraji : Donc là,
maintenant, les personnes utilisent...
Mme Fréchette : ...
M. Derraji : Je vous
laisse...
Mme Fréchette : Donc,
maintenant...
M. Derraji : Il n'y a pas
d'inventaire.
Mme Fréchette : Il n'y a pas
d'inventaire, non.
M. Derraji : O.K.. Il y a
zéro inventaire.
Mme Fréchette : La notion
d'inventaire ne s'applique pas au fait que c'est une plateforme. Là, vous
voulez vous référer à un programme dans lequel il y aurait un inventaire? Parce
que quand vous dites Arrima, c'est la plateforme technologique Arrima.
M. Derraji : Oui, oui, je
réfère à la plateforme technologique Arrima. Souvenez-vous que les gens qui ont
déposé dans le programme, ça a été le début. Donc là, vous confirmez qu'il n'y
a pas d'inventaire.
Au niveau de CSQ, ce qui a été délivré par
la plateforme, c'est 10 957, CAQ. Est-ce que vous pouvez juste le confirmer, en
2022?
Mme Fréchette : Est-ce que
vous parlez du PRTQ qui, lui, avait cumulé à l'inventaire?
M. Derraji : Ça, c'est la
déclaration d'intérêts. Déclaration d'intérêts. Ça en parle, oui, déclaration
d'intérêts. Mais par rapport aux... Donc, déclarations d'intérêts, CSQ.
Avez-vous une idée sur déclarations d'intérêts?
La Présidente (Mme Gendron) : Il
vous reste une minute.
M. Derraji : Et je vous confirme
en attendant que mon bureau n'a pas reçu de demande pour la formation en
immigration Donc... je vais aller vous voir. Ne vous inquiétez pas.
Mme Fréchette : Sachez que
c'est...
M. Derraji : Non, mais ce
n'est pas grave, il me connaît...
Mme Fréchette : Ça a été vu
et ça a été communiqué.
M. Derraji : Il me connaît
très bien. Je vais aller le voir.
Mme Fréchette : On est en
lien avec le bureau.
M. Derraji : Ce n'est pas
grave, on va faire le suivi. Pas de souci.
Mme Fréchette : L'idée est
dans les cartons.
La Présidente (Mme Gendron) : Il
reste 24 secondes.
M. Derraji : Bien, j'espère
que vous êtes... Je vais compter sur votre bien bienveillance. J'aimerais bien
savoir combien de déclarations d'intérêts, s'il vous plaît. Est-ce qu'elle peut
la déposer...
Mme Fréchette : On va vous
revenir avec cette information-là quand on aura trouvé la donnée.
La Présidente (Mme Gendron) : Vous
vous engagez donc à fournir l'information?
Mme Fréchette : Exactement.
La Présidente (Mme Gendron) : Merci.
• (15 h 50) •
M. Derraji : Je vais juste me
permettre dans les... Merci, Mme la ministre.
Mme Fréchette : Merci à vous,
M. le député.
M. Derraji : Merci à toute
l'équipe qui vous accompagne. Merci pour la qualité...
Mme Fréchette : Une
excellente équipe.
M. Derraji : Merci à votre
équipe pour la qualité des réponses, il y a pas mal de données. C'est une vraie
bible qu'on va utiliser pour la prochaine année. Vous avez donné beaucoup de
données, beaucoup de pistes. Merci à votre chef de... pour sa patience. On se
taquine souvent. Merci à nos collègues du gouvernement.
La Présidente (Mme Gendron) : J'aimerais
également vous aviser que le rapport de recherche dont le député de Nelligan
parlait tout à l'heure a été déposé sur Greffier, donc dans le dossier
Documents distribués. Donc, maintenant, je cède la parole du côté du
gouvernement à la députée d'Iberville.
Mme Bogemans : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Moi, je voulais parler un petit peu du chemin
Roxham. En 2022, on a reçu 64 % des demandeurs d'asile au Canada. Donc,
pour l'entièreté du pays, c'est 92 715 personnes qui sont arrivées de
manière irrégulière au Québec. Spécifiquement en 2022, on parle de
59 205 personnes. De ce nombre-là, encore seulement en 2022, je le
rappelle, il y a 39 171 irréguliers qui sont arrivés à pied par le chemin
Roxham, au sud du Québec, dans notre province. Le reste du Canada en entier n'a
reçu que 369 personnes arrivant du chemin Roxham. Notre capacité d'accueil
locale provinciale a été durement mise à l'épreuve. Les municipalités et les
organismes communautaires, entre autres, ont travaillé fort, ont été débordés
par cette vague de besoins ponctuels là et non récurrente. Vous avez répondu
présente pour eux à tout moment et je vous en remercie sincèrement. Maintenant,
Mme la ministre, est-ce que vous pouvez nous expliquer le rôle que vous avez
joué dans la fermeture du chemin Roxham...
Mme Fréchette : ...mais, en
fait, je pourrais vous parler du rôle que le Québec a joué, parce que c'est le
gouvernement, c'est les organismes d'accueil et d'accompagnement, c'est les
municipalités aussi, qui ont joué un rôle considérable dans cet afflux
important de demandeurs d'asile entrés par le chemin Roxham. Et vraiment, ça a
été un défi qui a mis une grande pression sur les organismes d'accompagnement,
sur les services gouvernementaux, sur le marché des habitations abordables
également qui était déjà en nombre insuffisant. Donc, ça a été important, les
démarches qui ont été faites par le Québec, et je crois qu'elles ont eu une
influence sur le fait qu'on a pu avoir une renégociation de l'Entente des tiers
pays sûrs. Il est important en fait d'alerter le gouvernement fédéral sur la
trop grande pression qui était exercée sur les organismes, sur les services
gouvernementaux.
Et c'est ce que personnellement, moi, j'ai
fait avec mon homologue monsieur Fraser, en lui indiquant qu'il devenait
vraiment essentiel de faire en sorte que d'autres provinces puissent accueillir
ces gens. Parce que ces gens sont en droit de s'attendre à un certain nombre de
services gouvernementaux de soutien, ils y ont droit. Et on a l'engagement de donner
l'accès à ces droits-là. Mais il est venu un moment où il y avait un trop grand
nombre de personnes qui, en même temps, voulaient recourir à ces différents
services, à ces différents logements abordables, organismes d'accompagnement,
services gouvernementaux, et qui étaient tous concentrés presque sur le
grand... le Montréal et un peu sur le Grand Montréal.
Donc, heureusement, le fédéral a donné
suite à notre demande de réaffectation, redirection de plusieurs des demandeurs
d'asile qui sont arrivés à partir de la mi-février, ce qui nous a permis, d'une
part, de respirer un peu plus au Québec, puis de prendre le temps d'accompagner
adéquatement les demandeurs d'asile qui étaient arrivés depuis la dernière
année et demie, particulièrement. Et je pense que ça a sensibilisé aussi le
gouvernement canadien au fait que la capacité d'accueil, c'est un élément
important à prendre en considération. Parce qu'assez rapidement l'Ontario est
arrivé avec son discours, à l'effet que là, leur capacité d'accueil arrivait à
son maximum, là, avec ces demandeurs d'asile qui étaient redirigés vers leur
province. Et là ça fait en sorte que ce n'était pas que le Québec qui portait
cette demande-là, de régler l'enjeu du chemin Roxham, mais bien d'autres
provinces également. Puis ensuite il y a d'autres provinces atlantiques qui
ont levé la main également pour recevoir des demandeurs d'asile. Et,
parallèlement, aussi, on a fait des rencontres avec les représentants
américains. Donc, de son côté, le premier ministre, lui, a interpellé le
premier ministre Trudeau lors d'une rencontre, moi, de mon côté, avec monsieur
Fraser. On a rencontré aussi... Monsieur Legault a rencontré l'ambassadeur
américain au Canada pour le sensibiliser. De mon côté, j'ai parlé à deux
occasions avec la consule générale des États-Unis pour faire en sorte qu'ils
tiennent cette demande-là en considération dans la perspective de la venue du
président Biden. Et on mettait beaucoup d'espoir sur cette visite du président
Biden. Et je l'ai énoncé d'ailleurs, assez tôt, publiquement, puis je pense que
très peu de gens pensaient que ça pouvait être l'occasion de régler cet
enjeu-là. Même que certains disaient, plusieurs journalistes, que ça n'allait
même pas être un sujet abordé dans l'ordre du jour, alors que, dans les faits,
bien, non seulement ça a été un sujet abordé, mais on a pu régler cet enjeu-là
lors de la visite du président Biden. Et, pour moi, c'était le cadre idéal dans
lequel ça devait se dérouler, et c'est ça qui est arrivé. Et on est franchement
contents de la tournure des événements.
Ça a été une période difficile, parce que
ça venait complètement brouiller, brouiller les cartes que d'avoir cet afflux
important de demandeurs d'asile, parce que ce n'était pas planifié, et ça
venait mettre une pression importante. Donc là, les choses sont revenues à
l'ordre, donc ça a été beaucoup d'efforts. La campagne publique aussi a
certainement donné un effet. Monsieur Legault avait publié une lettre ouverte
qui a sensibilisé un certain nombre d'acteurs politiques fédéraux, puis il y a
des démarches avec d'autres ministres fédéraux aussi qui ont été faites de ma
part, de la part de monsieur Legault, et d'autres ministres, le ministre
Roberge notamment, et la ministre Biron, également, à travers notre réseau de
délégations aux États-Unis. Donc, voilà.
Une voix : Merci.
La Présidente (Mme Gendron) : Je
cède maintenant la parole à la députée de Vimont pour un total de deux minutes
40 secondes.
Mme Schmaltz : Merci, Mme la
Présidente. Merci également à la ministre pour cet important exercice
démocratique, c'est important. Bon. Alors, je ne sais pas si vous le saviez,
Mme la Présidente, mais l'intégration des nouveaux arrivants passe par
plusieurs étapes, des étapes qui sont nécessaires pour bien s'intégrer dans le
nouveau pays d'adoption. Donc, voilà pourquoi le soutien est important dans cet
important accompagnement...
Mme Schmaltz : ...De plusieurs
mois, plusieurs années pour que ces gens-là arrivent bien à s'intégrer.
Peut-être vous apprendre quelque chose,
Mme la ministre, là-dessus. Je ne sais pas si vous les connaissez, mais
peut-être que vous... Je vous apprends quelque chose. Au niveau des étapes,
c'est quand même intéressant de connaître les étapes d'intégration chez la
personne immigrante, les nouveaux arrivants. Alors, on parle de l'étape un, qui
est un... pardon, un enthousiasme et la fascination, donc, c'est ça, c'est
comme ça qu'on se sent quand on arrive au Canada versus au Québec. À l'étape
deux, bien, là, on désenchante, on a des émotions contradictoires, on a de la
frustration, on est irrités. En étape trois, on s'adapte, graduellement, on se
rétablit. Donc, on... C'est un peu... Ce n'est pas... Comme un deuil, mais ce
n'est pas un deuil, là, c'est vraiment une étape. Des étapes importantes que
tous vivent, mais des fois à certaines... À certains moments, des fois, se
suivent ou, des fois, l'étape trois devient l'étape un, ou l'étape deux,
quatre, et cetera. Et la dernière étape, Mme la Présidente, c'est l'acceptation
et l'adaptation. Donc là, on... Ils se sentent plus à l'aise. Ils ont... ils se
sont fait des amis, ont une meilleure compréhension de la façon de faire des
choses au Québec, entre autres. Bref, ça, ce sont les quatre étapes, donc, de
cette acclimatation, si on peut l'appeler, là, de nos nouveaux arrivants.
Tout ça pour dire, finalement, je vous
ramène à ma question, qui est la suivante : Justement, pour assurer cette
bonne intégration, quels sont les... Pardon, les initiatives, les actions qui
peuvent être posées?
La Présidente (Mme Gendron) : En
30 secondes.
Mme Fréchette : En
30 secondes. Bien, écoutez, j'ai trouvé très intéressante la déclinaison
des différentes étapes. Je pense que, quand on va séjourner à l'étranger
quelques mois, on passe quand même à travers des étapes similaires, alors, dans
un projet de vie, c'est sûr que ces étapes-là sont encore plus marquantes et
importantes. Mais, moi, je dirais que, nous, notre souhait, c'est qu'à l'étape
quatre, il y ait enracinement, enracinement des personnes immigrantes qui
viennent s'établir au Québec. Je pense que c'est ce dans quoi il faut
s'engager, avec un ensemble de partenaires, de collaborateurs, que ce soient
économiques, municipaux, culturels et sociaux.
La Présidente (Mme Gendron) : Merci,
Mme la ministre, Mesdames et Messieurs les députés. Donc, le temps alloué à
l'étude des crédits budgétaires du portefeuille immigration, francisation et
intégration étant presque écoulé, nous allons maintenant procéder à la mise aux
voix des crédits. Donc, le programme un intitulé Direction et soutien aux
activités du ministère est-il adopté?
Des voix : ...
La Présidente (Mme Gendron) : J'entends
adopté à majorité. Le programme deux intitulé Immigration, francisation et
intégration est-il adopté?
Des voix : ...
La Présidente (Mme Gendron) : J'entends
donc à majorité. Et finalement l'ensemble des crédits budgétaires du
portefeuille immigration, francisation et intégration pour l'exercice
financier 2023-2024 est-il adopté?
Des voix : ...
La Présidente (Mme Gendron) : Merci.
Donc à majorité. En terminant, je dépose les réponses aux demandes des
renseignements de l'opposition.
Ayant accompli son mandat, la commission
ajourne ses travaux au mardi 9 mai 2023 à 9 h 45 où elle
poursuivra un autre mandat. Merci beaucoup, tout le monde.
(Fin de la séance à 15 h 59)