(Neuf heures cinquante minutes)
La Présidente (Mme D'Amours) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission des relations avec les citoyens ouverte.
La commission est réunie afin de procéder à des
auditions publiques dans le cadre des consultations particulières sur le projet
de loi n° 1, Loi modifiant la Loi sur
les services de garde éducatifs à l'enfance afin d'améliorer l'accessibilité au
réseau des services de garde éducatifs à l'enfance et de compléter son
développement.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Polo (Laval-des-Rapides) est remplacé par M. Tanguay (LaFontaine)
et Mme Perry Mélançon (Gaspé) est remplacée par Mme Hivon (Joliette).
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Ce matin, nous allons débuter par les remarques préliminaires, puis nous
entendrons les groupes suivants : l'Association québécoise des CPE, le
Conseil québécois des services éducatifs à la petite enfance et l'Association
des garderies privées du Québec.
Vous aurez pour... un total de... pour des
remarques préliminaires, pardon, un total de 12 minutes, soit six minutes
pour le gouvernement, quatre minutes pour l'opposition officielle, une minute
pour le deuxième groupe d'opposition et une minute pour le troisième groupe
d'opposition.
Remarques préliminaires
Je cède maintenant la parole au ministre de la
Famille pour ses remarques préliminaires. M. le ministre, vous avez six
minutes.
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Bonjour, tout le monde. Ça me fait plaisir d'être avec vous ici aujourd'hui.
C'est un beau chantier qui est déjà commencé depuis maintenant quelques
semaines, pour ne pas dire quelques mois. Et aujourd'hui, avec le commencement
de l'étude du projet de loi n° 1, bien, on vient
concrétiser, en quelque sorte, d'une autre façon, parce qu'on l'a déjà fait
auparavant, mais on vient concrétiser d'une autre façon tous les changements
qu'on souhaite apporter à notre réseau des services de garde éducatifs à
l'enfance.
Donc, je salue mes collègues parlementaires qui
sont avec nous ici aujourd'hui. Bonjour. Ça me fera plaisir de collaborer avec
vous pour l'étude du projet de loi. Et je salue aussi les gens qui nous
écoutent par le biais de la technologie, qui sont probablement avec nous, qui
vont nous suivre, qui vont suivre nos échanges et qui seront probablement très
intéressés de voir où est-ce que tout ça va nous mener, parce qu'évidemment on
a une proposition de départ, et bien sûr qu'on sera bien ouverts à y faire des
modifications.
Je veux remercier aussi, comme c'est l'usage,
les gens qui ont travaillé à rendre possible ces consultations particulières.
Évidemment, il y a beaucoup de gens qui ont travaillé à l'élaboration du projet
de loi aussi, mais préparer des consultations comme celles-ci, c'est beaucoup
de travail. Le mémoire de l'AQCPE en est un bon exemple, il est costaud. Je
comprends que c'est un peu la même chose pour pas mal tous les partenaires qui
vont venir s'exprimer, tout le monde a quelque chose à dire, et c'est parfait
comme ça, mais ça demande beaucoup de travail, évidemment, d'analyse. Donc, je
veux saluer, notamment, les gens du ministère de la Famille, qui travaillent
déjà très fort depuis que je suis avec eux, mais qui ont redoublé d'ardeur, disons,
dernièrement pour qu'on soit capables d'y arriver à temps.
J'ai envie de dire, plus concrètement : On
y est, nous y sommes, le début du projet de loi n° 1
sur l'avenir de notre réseau de service de garde éducatif à l'enfance. Et, vous
savez, en février dernier, si ma mémoire est bonne, lorsque j'ai déclaré que
notre modèle de développement ne fonctionnait plus, il y a des gens qui ont ri,
il y a des gens qui ont été découragés, il y a des gens qui ont dit que c'était
un aveu d'échec, un aveu d'impuissance, alors que, je persiste et signe,
c'était plutôt un constat clair, lucide et tourné vers l'avenir à l'effet qu'on
avait fait tout ce qu'on pouvait avec le modèle actuel pour aller où on voulait
aller et que, si on souhaitait aller plus loin, et c'était mon souhait, on
devait se donner des outils plus modernes.
Et, je le disais, il y a des gens qui ont douté,
il y a des gens qui ont ri, il y a des gens qui ont ridiculisé ça, alors qu'il
y a un consensus sur le terrain à l'effet qu'on doit amener des modifications à
notre loi. Et je suis certain qu'aujourd'hui, après avoir écouté les consultations
publiques, notamment, qu'on a faites au printemps dernier, après avoir lu les
mémoires, aussi, qui ont été déposés pour les présentes consultations
particulières, après que les gens aient écouté ce qui se
dira au cours des prochains jours, cette semaine, je me demande bien... je me
demande bien honnêtement qui pourra venir nous dire qu'un projet de loi n'est
pas nécessaire. Parce qu'on a entendu ça dans les dernières semaines : Pas
besoin d'un projet de loi, alors que, lorsque je lis les mémoires qui nous sont
présentés, ce que je vois, c'est qu'on a cruellement besoin d'un projet de loi
pour être capables d'aller plus loin puis d'assurer l'avenir de notre réseau.
Il y a un consensus qui existe au Québec, celui
d'avoir un réseau de services de garde éducatifs à l'enfance où nos centres de
la petite enfance et nos garderies font en sorte que les tout-petits peuvent
devenir le meilleur d'eux-mêmes, mais où on vient aussi soutenir les parents
dans leur propre développement professionnel pour qu'ils puissent participer à l'économie
du Québec. C'est la base sur laquelle se sont appuyés Lucien Bouchard et
Pauline Marois en 1997, eux qui nous ont laissé un immense héritage dont on
doit continuer de bien s'occuper et pour lequel on doit apporter beaucoup plus de modernité parce que, malheureusement, au fil des années, au fil des gouvernements, l'État québécois a
perdu cette obligation-là de vue, sinon les moyens de le réaliser. Donc, c'est
un peu ce qu'on souhaite corriger avec ce projet de loi là aujourd'hui.
Et je terminerai en disant que ce que je
souhaite vous dire, c'est que je ne suis pas ici pour faire adopter mon projet
de loi, ce n'est pas le travail uniquement du ministre de la Famille que vous
avez entre les mains. D'abord, c'est un travail qui repose sur une consultation
qui a eu lieu avant le dépôt du projet de loi et c'est un travail qui, à la fin, reflétera aussi les discussions,
j'en suis certain, qu'on aura ici au cours des prochaines journées. On ne sera peut-être pas d'accord sur tout, mais les
bonnes idées ont tendance à s'imposer. J'ai envie de dire ça pour partir dans
un bon état d'esprit. Donc, je suis ici pour vous écouter et pour trouver avec
vous les meilleures idées pour l'avenir de notre réseau, et l'objectif, à la
fin, c'est d'avoir le meilleur projet de loi possible.
Donc, en guise de conclusion, je vous remercie à
l'avance et j'ai bien hâte de commencer les discussions avec vous. Merci, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre.
J'invite maintenant le porte-parole de
l'opposition officielle et député de LaFontaine à faire ses remarques
préliminaires pour une durée de quatre minutes.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. D'abord, vous saluer. Merci beaucoup de présider
nos travaux. Vous avez toute ma confiance et ma collaboration qui vous est
acquise. Saluer le ministre, les personnes qui l'accompagnent, les collègues de
la banquette ministérielle et, évidemment, mes collègues des autres
oppositions. Vous me permettrez un salut tout spécial à celle qui va se joindre
à nous durant les auditions, la collègue de Westmount—Saint-Louis.
Alors, Mme la Présidente, nous avons devant nous
le début des auditions sur le projet de loi n° 1 dans un contexte qui est tout
à fait particulier, tout à fait préoccupant et alarmant. Il y a... et ça fait
des mois et des mois que l'on décrie le fait qu'il y a une crise des services
de garde au Québec. Plus de 51 000 parents sur les listes d'attente,
c'est du jamais-vu. On est aujourd'hui dans un contexte où les éducatrices et
les intervenantes sont en grève face à une
entente qui est échue depuis plus d'un an et demi. Et vendredi, Mme la Présidente, pour mettre la table, bien, on a su qu'il y avait... que les
discussions étaient rompues entre le gouvernement et les éducatrices, et les
intervenantes de CPE.
Alors, crise
sans précédent, des parents, des familles qui attendent désespérément une
place, plus de 51 000, les éducatrices, les intervenantes qui sont
en grève, négociations rompues, un projet de loi qui est devant nous,
Mme la Présidente, et qui fait en sorte
qu'on ne vient pas garantir une place. On dit, et le ministre dit : On
vient renforcer le droit à avoir une
place. Mais le droit d'avoir une place, on le sait, des milliers de parents le
vivent à tous les jours, est tributaire de la disponibilité des
ressources, est tributaire de l'organisation des ressources, alors ce n'est pas
un véritable droit.
Nous avons, du Parti libéral du Québec, déposé
un projet de loi, le projet de loi n° 897, qui vient garantir un droit sur cinq ans. Ça, ça passe, Mme la
Présidente, en créant des places, d'abord et avant tout, dans une proportion...
et on va entendre l'AQCPE tout à l'heure,
dans une proportion où 85 % des nouvelles places créées seraient en CPE.
Également, donc, création de places,
conversion des places, il y a 70 000 places qui sont attribuées
aujourd'hui qui sont des places non
subventionnées. Pour que les parents aient accès, dans toutes les régions du
Québec, à une place à 8,50 $, bien, il faut faire cette conversion-là. Évidemment aussi, plus de
24 000 places en milieu familial, parce que des CPE et des
services de garde, il n'y en a pas, des CPE, dans toutes les régions du Québec — dans bien
des régions, la principale force des services de garde, c'est les milieux familiaux
—
24 000 places sont disponibles mais ne sont pas occupées parce qu'il
y a un manque d'éducatrices.
• (10 heures) •
Alors, ça, Mme la Présidente, c'est le contexte
où on a déposé un projet de loi où nous utilisions l'entièreté du
6 millions qui résulte de l'entente avec le fédéral. Sur cinq ans, c'est
1,2 milliard par année qui viendrait s'ajouter au 2,7 milliards par
année qui est consacré aux services de garde. Alors, sur cinq ans, c'est
l'objectif, et ça, oui, ça prenait une modification législative que l'on ne
retrouve pas dans le projet de loi. C'est un choix du gouvernement de la CAQ.
C'est un choix, également, du gouvernement de la CAQ de déposer à minuit moins
une. Nous avons déjà entamé... Il reste moins d'un an à ce mandat-là, on a
littéralement perdu trois ans, au Québec, dans les services de garde. Le
réseau, sous la CAQ, s'est atrophié. Il s'est créé un peu plus de
3 000 places subventionnées durant trois ans.
Il s'en est créé 3 000, il s'en est fermé 17 000, quand on considère
les milieux familiaux, notamment. Alors, c'est un manque à gagner de
14 000 places qui viennent directement garnir la liste d'attente à
51 000.
Alors,
ça, c'est la trame de fond, Mme la Présidente. Évidemment, on va collaborer
durant les consultations, durant le projet de loi, mais ce n'est pas le projet
de loi dont les familles ont besoin, que ce soit très clair, puis on aura
l'occasion d'en faire la démonstration, Mme la Présidente, parce que ça prend
réellement un droit et ça prend l'utilisation de tous les fonds publics
disponibles, ce que la CAQ a décidé de ne pas faire. Merci.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Maintenant, j'invite la porte-parole du deuxième groupe
d'opposition et députée de Sherbrooke à faire ses remarques préliminaires. Vous
disposez d'une minute.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie :
Merci, Mme la Présidente. Je suis très heureuse d'être ici. J'ai très hâte
d'entendre les groupes pour l'étude de ce projet de loi là, parce que c'est un
projet de loi important. En ce moment, l'avenir de notre réseau de services de
garde éducatifs se joue principalement sur deux tableaux : d'abord, celui
des négociations de convention collective pour lesquelles des milliers
d'éducatrices sont dans la rue, en ce moment, en train de faire la grève, et
également sur ce projet de loi là qui va être étudié dans les prochaines
semaines. Donc, c'est un travail que je
prends très, très au sérieux. J'ai hâte d'entendre les groupes. J'accueille
positivement l'ouverture du ministre et j'espère que ça se concrétisera dans la réalité parce qu'il y a du bon dans ce
projet de loi là, mais il y a aussi plusieurs éléments qui vont devoir
être modifiés ou ajoutés. Donc, c'est un travail pour lequel je suis prête, et
j'ai bien hâte de m'y mettre puis d'entendre les groupes.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la députée.
J'invite
maintenant la porte-parole du troisième groupe d'opposition et députée de
Joliette à faire ses remarques préliminaires pour un maximum d'une
minute.
Mme Véronique Hivon
Mme Hivon :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. À mon tout de saluer le ministre et
l'ensemble des collègues pour cette amorce de l'étude et des auditions d'un
projet de loi très important.
Je veux, d'entrée de
jeu, puisqu'il est question de l'avenir de notre réseau chéri si important des
services de garde éducatifs, saluer les
travailleuses, les éducatrices de CPE qui sont présentement en moyens de
pression, qui mènent un combat qui est bien plus grand que leur seul
combat. C'est un combat, littéralement, pour l'avenir de nos services de garde,
pour l'avenir de l'égalité entre les hommes et les femmes dans ces professions
à majorité féminine, pour la place des femmes sur le marché du travail, pour
l'ensemble du développement des enfants, bien sûr, et du Québec. Donc, leur
combat, ça devrait être notre combat à tous et toutes. Et le projet de loi est
aussi très important. Pour nous, les principes d'accessibilité, d'universalité
et de qualité sont vraiment primordiaux, et on va faire attention, à toutes les
étapes, qu'ils soient respectés. Merci.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci beaucoup, Mme la députée.
Auditions
Je
souhaite maintenant la bienvenue à l'Association québécoise des centres de la
petite enfance. Nous recevons, ce matin, Mme Hélène Gosselin et
Mme Geneviève Bélisle. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, après
quoi nous procéderons à des périodes... à la période d'échange entre les
membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à
procéder à votre exposé. La parole est à vous.
Association québécoise des
centres de la petite enfance (AQCPE)
Mme Gosselin (Hélène) : Merci, Mme
la Présidente. Alors, je suis Hélène
Gosselin, présidente de l'Association québécoise des CPE. Je suis
accompagnée de Geneviève Bélisle, qui est directrice générale de l'association.
Alors,
M. le ministre, MM., Mme les députés, merci de nous accueillir.
Je prendrais un petit moment pour remercier ceux et celles qui ont
contribué à la rédaction de notre mémoire, qui est important. Alors, beaucoup
d'énergie a été mise là-dedans, je veux les remercier.
Alors, parce que le
réseau des services éducatifs à l'enfance est à un moment charnière de son
histoire, parce qu'on souhaite réellement faire bouger l'aiguille de l'égalité
des chances, parce qu'il est possible, par le truchement de ce projet de loi et
de ses déclinaisons, de se donner les leviers nécessaires, il ne faut pas
manquer notre shot. Il y a 25 ans, les objectifs étaient clairs :
offrir à chaque enfant une place de qualité, permettre aux parents une
meilleure conciliation travail-famille et aux femmes de réintégrer le marché du
travail, assurer l'égalité des chances pour tous les enfants. Au fil des années
pourtant, les gouvernements ont pris des détours. On a cessé de prendre le
parti des enfants. On a opposé leurs droits
à ceux de l'entreprise privée, au droit individuel d'exercer un travail, à
l'équité entre les modèles, en oubliant le coeur du projet : les
enfants.
Tous les prestataires
disent : Nous respectons la loi et le règlement. Alors, pourquoi de si
grandes disparités entre eux? Parce qu'entre la loi et son application il peut
y avoir tout un monde. Nous ne pouvons plus permettre autant d'écarts qualitatifs, financiers, géographiques. Ainsi, la
finalité du projet de loi n° 1 ne doit pas être simplement
d'encadrer les prestataires, elle doit concrètement répondre aux besoins des
enfants.
Par ailleurs, offrir des
services éducatifs ne peut s'accomplir sans la complicité et la confiance des
familles. Celles-ci sont les mieux placées pour déterminer les besoins de leurs
tout-petits, et c'est à nous d'éliminer toute barrière afin qu'ils puissent
faire le choix qui leur convient réellement. Les besoins, préférences des
familles doivent guider le développement de nouvelles places et la transition
entre les modèles. Il nous apparaît incontournable que le choix des parents
demeure un critère clair dans l'article 1.
Le nouveau mécanisme du guichet doit être
transparent, mais il doit surtout y avoir un juste équilibre entre le respect
du choix des parents et l'opérationnalisation, ils ne doivent pas y perdre au
change, et cette modification doit se faire rapidement pour éviter les écueils
lors de l'appariement des nouvelles places. Le guichet doit aussi servir de
levier pour faciliter l'accès aux familles plus vulnérables. Un effort de
simplification est possible. Il serait aussi pertinent
d'avoir des personnes pour former les
organismes qui oeuvrent auprès de ces familles et pour les accompagner
directement dans l'utilisation du guichet.
L'encadrement des politiques d'admission des services
de garde nous semble aussi un levier administratif légitime pour infléchir la
sous-représentation de ces enfants. Toutefois, au-delà de la simple
priorisation, il existe d'autres barrières à l'entrée à abaisser pour améliorer
concrètement l'accès de ces familles.
On doit aussi être en mesure de pouvoir accorder
plus de temps au bon moment et des ressources à la bonne intensité aux enfants
qui ont des besoins de soutien particuliers, nonobstant le fait qu'ils aient un
diagnostic ou pas. Dans cet esprit, il est nécessaire de définir adéquatement
ce que sont les enfants vulnérables, les enfants à besoins particuliers, de
même que ceux considérés comme vivant avec un handicap. Voilà des définitions
qui doivent, par la suite, s'appliquer, tant pour l'accès que pour permettre
une allocation de ressources et un financement conséquent.
Force est de constater que ces enjeux complexes
ne pourront être dénoués uniquement par des articles de loi. Puisque chaque
enfant est unique, une réponse uniforme est impossible. À titre d'exemple, les
haltes-garderies communautaires proposent une offre complémentaire. S'il y avait
un véritable arrimage entre nous, celles-ci pourraient être un pivot dans la
vie de certains enfants. Elles pourraient être habilitées à les référer au
CPE-BC, à l'instar des services de santé et services sociaux, sans pour autant
qu'il soit question de places protocoles et sans devoir passer par cet
intermédiaire. Il pourrait aussi y avoir des avancées notables en prévention si
les forces du réseau des CPE-BC s'unissaient à celles du réseau de la santé et
des services sociaux.
Présentement, la logique est curative, l'enfant
doit avoir un diagnostic ou avoir été référé par un tiers. Pourtant, des petits
défis de développement pourraient être réglés sans attendre, si le personnel
éducateur avait les moyens et la latitude
d'intervenir. Ils connaissent précisément stades de développement des enfants et connaissent l'enfant, un avantage indéniable pour
suivre son évolution et agir en prévention. Le dossier éducatif pourrait aussi
être utilisé à des fins de détection. Nous sommes, par ailleurs, convaincus que
ce type de partage permettrait de travailler à un lexique commun et
renforcerait les liens de partenariat.
• (10 h 10) •
Mme Bélisle
(Geneviève) : Toutefois, il ne suffira pas d'accepter ou
d'obliger l'accueil des enfants. Le ministre doit s'assurer, en prenant un engagement
clair dans la loi, que les prestataires de services éducatifs ont les moyens de recevoir les familles et de leur offrir
des services de qualité, dans le respect de leurs choix et de la contribution
gouvernementale.
Plusieurs seraient tentés de dire qu'il faut
commencer par régler l'enjeu de l'accessibilité avant d'agir, par exemple, sur
la qualité des services. Pourtant, cela va ensemble et simultanément. La
qualité est l'un des éléments les plus structurants. Or, depuis trop longtemps,
elle est utilisée de façon désincarnée. Nécessaire, incontournable, tout le
monde s'entend pour dire qu'il le faut, mais presque rien dans la loi ne donne
de leviers. Toute décision doit être envisagée à travers ce filtre au point
d'en devenir un réflexe, du même souffle, une condition et un objectif. Nous
proposons de renforcer l'article 1. Faire la promotion de la qualité est
un voeu pieux, nous n'en sommes plus là. L'État doit se commettre et assurer la
qualité de tous les prestataires de services éducatifs à l'enfance.
À l'autre bout du spectre, l'évaluation de la
qualité offerte par les services éducatifs est une grande avancée. Cependant,
elle n'est pas contraignante. Un échec à ce test n'a concrètement aucune
conséquence. Nous proposons donc de mettre en place un processus avec une gradation
des actions et sanctions, allant du dévoilement public des évaluations au
renouvellement de permis en passant par l'avis de non-conformité et le plan de
redressement.
De plus, si
vous souhaitez être réellement cohérents et efficients, il faut aussi logiquement
aller vers le modèle qui génère,
année après année, le plus de qualité, les centres de la petite enfance, en
définitive, prioriser le développement de nouvelles places en CPE et
dans le cadre de conversions pour atteindre un objectif, d'ici 2025, d'avoir un réseau majoritairement de CPE, de même
qu'exiger un seuil de qualité acceptable du projet ou du promoteur comme
condition au développement dans le cadre d'une vente, d'une reprise à la suite
d'une fermeture ou d'une conversion.
L'élargissement du mandat des comités
consultatifs en amont, incluant des acteurs du milieu, est une belle
proposition, surtout si on y ajoute un caractère social. Le mécanisme devra
être précis, transparent pour permettre de saisir les enjeux régionaux et de
transmettre les besoins. Cela dit, nous nous expliquons mal l'exclusion des
services éducatifs. Il est curieux d'imaginer que les besoins seront déterminés
par des tiers, sans les principaux intéressés. Il est impératif qu'un représentant des services éducatifs siège aux
comités consultatifs. De même, les parents, premiers utilisateurs de ces
services, doivent avoir une voix.
La nouvelle
mouture des comités consultatifs évacue, par ailleurs, complètement
l'analyse et les recommandations des projets déposés, une proposition
qui inquiète. L'AQCPE reconnaît qu'il peut avoir été difficile de mobiliser
ceux-ci dans un cadre souple, mais les comités consultatifs sont un rempart
pour le ministère de la Famille, ils lui évitent d'être juge et partie, tout en
confiant le choix au terrain. Cette étape est primordiale afin d'assurer
l'équilibre et la cohérence du développement du réseau.
Nous
sommes conscients que, pour soutenir et renforcer cette offre au niveau du
milieu familial, une harmonisation des
pratiques est incontournable et qu'elle doit être faite en partenariat avec le
ministère et les associations. Les BC sont de véritables engagés... sont
véritablement engagés dans une modification profonde de leur posture et de leur
rôle. Ainsi, à la prépondérance d'une relation basée sur la vérification, la
surveillance, la conformité, les BC souhaitent établir avec les responsables de
services de garde en milieu familial une relation basée sur le soutien,
l'accompagnement et la confiance. Dans cet esprit, il est primordial de
maintenir au minimum trois visites par année.
L'AQCPE est aussi
d'avis que le soutien pédagogique devrait être obligatoire pour favoriser
l'amélioration de la qualité dans le respect du statut de la travailleuse
autonome. Nous saluons aussi la volonté du ministre de n'avoir qu'un seul
réseau régi et reconnu en milieu familial, et nous souhaitons qu'un processus
d'accompagnement flexible et rassurant soit mis en place.
Mme Gosselin
(Hélène) : Finalement, il va de soi que, pour chacune des applications
qui découlera des modifications législatives, nous serons au rendez-vous pour
l'élaboration du règlement. Le réseau des services de garde éducatifs à
l'enfance est à l'aube d'une nouvelle grande étape. Le projet de loi n° 1
doit être un levier puissant sur lequel prendre appui. Il doit montrer le
chemin, choisir clairement et juridiquement les enfants, il doit choisir la
qualité sans concession. Il y a 25 ans, les objectifs étaient clairs, mais
leur mise en oeuvre relevait de l'inconnu et de l'expérimentation. Aujourd'hui,
nous n'avons plus cette excuse.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, madame. Est-ce que vous en avez encore pour
longtemps? Je ne voulais pas vous...
Mme Gosselin
(Hélène) : Il me restait deux petits paragraphes.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Deux petits paragraphes, ce qui veut dire deux minutes?
Mme Gosselin
(Hélène) : Ah! même pas.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Même pas? Allez-y, on va vous laisser terminer.
Mme Gosselin
(Hélène) : Dans l'orchestration des leviers pour en arriver à
propulser ce réseau au service des enfants et de leurs familles, le
gouvernement a un poids colossal, qui, selon son dosage, peut tout autant nous
faire basculer, reculer que nous donner l'impulsion qui fera résolument avancer
le Québec. Tout converge pour tirer des leçons du passé et aller de l'avant.
C'est là une occasion à ne pas manquer. Ensemble, faisons de ce projet de loi
un véritable levier pour atteindre réellement et rapidement les objectifs de ce
grand projet de société. Merci.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci beaucoup pour votre exposé.
Et je vous rappelle
la répartition des temps de parole : le gouvernement a
16 min 30 s, l'opposition officielle, 11 minutes, le deuxième
groupe d'opposition et troisième groupe d'opposition,
2 min 45 s.
Nous allons
maintenant commencer la période d'échange. M. le ministre, la parole est à
vous.
M. Lacombe :
Merci beaucoup, Mme la Présidente.
Merci,
Mme Gosselin, merci, Mme Bélisle. Toujours bien intéressant et
productif de travailler avec vous pour consolider l'avenir du réseau.
Évidemment, il y a beaucoup d'éléments dont on a déjà discuté dans le cadre des
consultations, notamment, qui ont eu lieu avant la rédaction du projet de loi,
et on en aura d'autres aujourd'hui. Donc, à la fin, je pense qu'on pourra dire
qu'on aura consulté vraiment très, très largement.
Ceci dit, il y a
quand même des nouvelles idées qui émergent de ce que vous nous avez déposé
comme mémoire, et je vous avoue que ce sont
des idées qui m'intéressent, dont j'aimerais entendre parler peut-être davantage.
Parlons de qualité.
Donc, vous parlez d'évaluation de la qualité, vous proposez de rendre
sanctionnable la démarche d'évaluation de la qualité, donc, c'est à la
page 6 et à la page 32 du mémoire. J'aimerais que vous nous parliez
un peu plus de ce que vous souhaiteriez voir. Vous l'avez un peu abordé, là,
dans vos remarques, d'entrée de jeu, mais j'aimerais que vous puissiez nous
entretenir un peu de ça ce matin.
Mme Bélisle
(Geneviève) : Bien, comme on le disait, c'est un moment, je
pense, historique, hein? On est dans la même
effervescence, nous, qu'au début du réseau, on veut vraiment
voir comment on peut mieux faire pour les tout-petits. Puis il y a beaucoup de recherche qui s'est faite dans les 25
dernières années, depuis la création du réseau. On sait maintenant que
les premiers âges de la vie, ce sont des moments critiques, surtout pour des
enfants qui ont des besoins plus particuliers — je vois la députée,
Mme Maccarone, entre autres, qui mène ce combat pour les enfants à besoins
particuliers — et
la qualité est un ingrédient essentiel. Donc, on a maintenant une mesure
d'évaluation de la qualité qui est en train
de finir de se déployer avec les différents groupes d'âge, et nous, on se dit
qu'il y aurait là, dans le projet de loi, quelque chose de très
intéressant, de s'obliger à des résultats de qualité et à lier le
renouvellement, l'attribution de permis, de donner des nouvelles places à un
promoteur, des places subventionnées, quand ce promoteur-là rencontre un
certain nombre de standards de qualité, considérant que ce qu'on lui confie,
c'est la chose la plus précieuse pour notre société, c'est nos tout-petits.
Alors, on sait, actuellement, qu'il y a des
enjeux à rencontrer certains standards de qualité pour certaines organisations.
On sait que ça a un effet direct sur le développement des jeunes enfants et on
pense... C'est courageux, même pour nos membres, c'est un
challenge, hein, d'avoir... de penser que cette évaluation-là pourrait être
renforcée, mais en même temps je pense que ça nous amène tous vers l'excellence
à un moment où les enfants en ont vraiment besoin. Donc, on pense
qu'on pourrait avoir... Une fois que la mesure serait complétée pour les
différents groupes d'âge et le milieu familial, vraiment, là, après ça, évaluer
puis mettre en oeuvre des dispositions avec un certain délai qui permettrait
d'avoir une obligation puis une certaine sanction au renouvellement de permis.
M. Lacombe : Bien, vous
répondez, dans votre réponse, à deux questions que j'allais poser, c'est-à-dire
le déploiement de la mesure d'évaluation de la qualité n'est pas terminé, bon,
vous le savez, je le sais. Donc, il y a un défi dans l'applicabilité immédiate
de ce que vous proposez, mais vous l'avez-vous-même noté. Et ensuite il y a,
évidemment, toute la question du délai qu'on pourrait se donner pour qu'une
idée comme celle-là entre en vigueur, si c'était le cas. Donc, quelle idée vous
aviez de ça? Vous pensiez à quoi?
Mme Bélisle
(Geneviève) : Mais, en 2017, avec le projet de loi n° 143,
il y a eu la mise sur pied de la mesure d'évaluation de la qualité, puis on
voit, à cette étape-ci, on est encore stagné. Donc, il y a juste les enfants de
trois à cinq ans en installation qui ont accès à la mesure d'évaluation de
la qualité. Donc, on voit que, quand on ne se met pas de délai, souvent on ne
se presse pas à arriver. Donc, nous, c'est sûr qu'on se dit que, d'ici cinq
ans, considérant qu'on a déjà quelques années d'expérimentation, on pourrait
arriver à finaliser la mesure d'évaluation, permettre à tout le monde d'avoir
vécu un renouvellement de permis. Vous proposez, en milieu familial aussi, des
renouvellements aux cinq ans dans votre projet de loi, et donc ça nous
permettrait de faire un tour de roue avec tout le monde puis de penser que,
d'ici cinq ans, on pourrait avoir un élément plus lié à des sanctions.
Je mets, par ailleurs, plein de bémols sur le
milieu familial, dans le sens qu'on pense qu'il faut avoir une mesure
d'évaluation adaptée aux réalités du milieu familial pour vraiment encourager
tout le monde, là, à aller de l'avant puis être vraiment dans une logique de
soutien puis d'accompagnement, donc, mais ça, on s'en est souvent parlé, puis
on veut vraiment que le milieu familial, ça change de dynamique puis qu'on soit
moins dans une posture de surveillance puis de contrôle. Mais c'est un facteur
important, la qualité, puis on est sûrs qu'on est capables d'arriver avec une
mesure qui est conséquente.
M. Lacombe : Parce que, pour le milieu familial, effectivement qu'on a un défi, là. Et il y a d'extraordinaires milieux
familiaux. Il y a des milieux familiaux où la formation est moins importante.
Chez la RSG, et je le dis en tout respect, là, parce que c'est un fait, c'est
un constat qu'on a souvent partagé. On a tous l'objectif de rendre ces milieux
encore meilleurs, mais c'est clair que, si, du jour au lendemain, on arrivait
avec une mesure d'évaluation de la qualité contraignante, sanctionnable, pour
reprendre votre terme, il y aurait probablement un enjeu. Donc, ce que vous
proposez, c'est qu'il y ait quand même une gradation des mesures lorsqu'on
constate un problème.
Mme Bélisle
(Geneviève) : Oui, un accompagnement.
L'idée n'est pas d'enlever le permis ou la reconnaissance du jour au
lendemain, mais d'avoir des mesures pour accompagner, considérant que, je vous
le rappelle, ça a une incidence directe sur
le développement de nos tout-petits au Québec et qu'on a encore 27 % des enfants qui se
présentent à la maternelle avec un retard dans leur développement.
M. Lacombe : Je suis tout à
fait d'accord. Et je comprends que ça touche peut-être moins le réseau des CPE
parce que, bon, pour, évidemment, voir les résultats, vous avez des résultats
de premiers de classe, vous avez des résultats qui frôlent pratiquement, là,
des résultats parfaits. Donc, je sais que ça vous concerne peut-être moins,
mais, pour les milieux où il y aurait davantage de problèmes ou d'enjeux de
qualité, est-ce que vous pensez qu'on devrait aller jusqu'à retirer le permis
aux exploitants qui sont déjà en fonction puis qui offrent des services?
• (10 h 20) •
Mme Bélisle
(Geneviève) : Bien, dans la loi vous prévoyez maintenant des
mécanismes pour assurer l'offre, l'équilibre de l'offre sur les territoires.
Donc, on pense que vous avez... ou si vous êtes capables de combiner des
résultats d'évaluation, des plans de redressement qui ne trouveraient pas de
résolution favorable, que vous pourriez avoir en anticipation une logique de
l'offre et de la demande sur le territoire, et donc ajuster pour ne pas qu'il y
ait de bris de service pour les familles. Bien sûr, on ne voudrait pas priver
les familles de services.
M. Lacombe : Je comprends. On a
un objectif commun, ça, c'est clair, mais c'est sûr qu'il faut faire le pari de la qualité, là. Puis vous avez raison que, la
qualité, tout le monde s'en réclame, mais qu'à un certain moment il faut
poser des gestes concrets pour y arriver, et je pense que ça a été le cas dans
le passé. Je suis le premier à critiquer ce que le Parti libéral a fait dans le
passé, mais il y a quand même eu de bons ministres de la Famille qui ont voulu
aller de l'avant, notamment avec la mesure d'évaluation de la qualité, le
programme éducatif. Même si parfois c'est un défi sur le terrain, là, on s'en
parle aussi souvent, mais je pense notamment à M. Proulx, là, qui a fait
un très bon travail à ce niveau-là.
Parlant du programme éducatif, je trouve que
c'est une idée qui est intéressante aussi à discuter. Vous proposez de
prescrire un programme pour le milieu familial. Est-ce que vous pouvez nous
dire un peu qu'est-ce qui vous pousse à proposer ça?
Mme Bélisle
(Geneviève) : Bien, sincèrement — puis c'était une demande qu'on
fait depuis plusieurs années — nous, on pense qu'on a un super beau programme
éducatif puis qu'on ne comprend pourquoi tout le monde est obligé d'en réécrire un, RSG ou même CPE ou garderie. On a
un beau programme éducatif, on a ça aussi. On a... Au niveau de l'instruction
publique, vous avez un programme pédagogique aussi. Alors, on ne comprend pas
pourquoi chaque prestataire est obligé de refaire quelque chose qui est déjà de
grande qualité et qui assure des standards de qualité. On devrait plutôt
utiliser nos énergies et notre temps à s'assurer qu'il soit mis en oeuvre et
déployé et de former les gens en conséquence. Alors, nous, on dit :
Retirons toute cette paperasserie, et rendons obligatoire ce programme éducatif
à tout le monde, et assurons-nous de former tous les gens pour qu'ils le
maîtrisent bien. Donc, moins d'administratif, plus de pédagogie.
M. Lacombe : C'est bien, c'est
noté. Et j'aimerais vous entendre sur le droit des enfants, parce que vous
venez de l'effleurer, mais je sens que c'est un sujet dont on parlera beaucoup.
D'ailleurs, ça fait l'objet du dépôt d'un projet de loi à l'Assemblée
nationale, un projet de loi de deux articles, là, dont un article de contenu
qui nous disait qu'il fallait consacrer le droit des enfants. Et je vous avoue
que c'est une question que je me suis posée. C'est quelque chose qu'on a viré
de tous bords tous côtés parce qu'on souhaite vraiment assurer puis rendre
concret ce droit-là, qui est déjà dans la
loi. Mais, en d'autres mots, ce que la loi dit, c'est : Bien, vous pouvez
avoir des places, les enfants ont le droit d'avoir une place, s'il y a
des places de disponibles. Évidemment, ce n'est pas écrit comme ça, mais c'est
un peu ce que ça veut dire. Et la nature de notre réseau fait en sorte qu'il
est géré par la communauté et que c'est très difficile pour le gouvernement
d'assurer hors de tout doute que, demain matin, chacun des enfants pourrait
avoir une place. Sinon, ça voudrait dire, évidemment, de tout reprendre et de
nous-mêmes, le gouvernement, de tout gérer, incluant les milieux familiaux.
Donc, la proposition qu'on fait, c'est
effectivement un mécanisme qui obligerait, pour la première fois de l'histoire du réseau, le gouvernement à rendre les
territoires en équilibre, donc s'assurer que l'offre répond à la
demande. Qu'est-ce que vous pensez de cette proposition-là? Est-ce que, dans
votre esprit, ça vient faire vivre le droit qui est écrit dans la loi?
Mme Bélisle
(Geneviève) : Si tu permets, Hélène... Bien, premièrement, nous
on est très contents qu'il y ait, ici, des
discussions pour assurer ce droit. Je pense que, depuis le début du réseau, on
a voulu le favoriser puis je pense que les parents... puis ils vous
l'ont bien exprimé dans les derniers mois, je pense que, maintenant, ça fait
partie des outils... de la boîte à outils du Québec, d'avoir des services
éducatifs accessibles de qualité pour les parents.
Ce qu'on voit dans le projet de loi, c'est
que... bon, on comprend qu'on a un réseau qui est à imputabilité partagée : le ministre a des responsabilités,
le réseau a des responsabilités, parce qu'il est privé. Donc, ce qu'on voit
dans le projet de loi, c'est que vous proposez ce droit d'accès en
disant : Si le prestataire a des dispositions, des ressources et une
organisation de services pour l'assurer, et vous ajoutez un mécanisme pour
qu'il y ait révision de la demande et l'offre.
Nous, ce qu'on dit, c'est que, dans ce contexte
de l'imputabilité partagée, est-ce que le ministre pourrait aussi, lui,
s'engager? Puis, bien, en pensant aussi qu'on aura cette loi pour plusieurs
années, donc, est-ce que le ministre pourrait s'engager aussi à s'assurer que
ces prestataires aient les ressources, la disponibilité, l'organisation de
services? Donc, je pense aux ressources financières, je pense à la formation,
la disponibilité de la main-d'oeuvre. Donc, comment, dans la déclinaison de
l'article 2, on peut dire : Oui, on va reconnaître un droit d'accès
pour tout le monde et comment, dans le respect de réseau à imputabilité
partagée, à la fois les prestataires de services peuvent s'engager, mais aussi
comment le ministre et l'État peuvent s'engager aussi à aider ces prestataires
de services là sur le terrain? Parce que ça serait très facile de dire :
On reconnaît le droit, mais, exemple, on fait des compressions budgétaires.
Alors là, les gens n'ont plus les ressources pour activer ou développer des
nouvelles places. On l'a vécu par le passé, nous, il y a eu des freins au
développement, et, à un moment donné, les frigidaires étaient pleins, puis on a
arrêté, puis on a dit : O.K., on ne finira pas de payer pour le
développement de votre organisation, puis il y a eu des parents qui n'ont pas
eu de services. Donc, le prestataire, même s'il voulait ouvrir une bâtisse, il
y a eu des compressions puis il n'a pas pu le faire. Donc, comment on peut
assurer que ce partenariat entre le public et... entre le ministre et son
réseau pour s'assurer qu'on puisse vraiment offrir les places aux familles?
M. Lacombe : Mais que le
gouvernement s'engage... parce que ce que la loi dit, puis on va la résumer,
c'est : Chaque enfant a le droit de recevoir des services de qualité,
d'avoir une place, une place de qualité. Ce droit-là dépend de l'organisation
des services, donc, en d'autres termes, il faut qu'il y ait des places de
disponibles pour que ce droit s'exerce. Et ce qu'on rajoute, c'est un article à
l'effet qu'il faut que ce soit disponible, mais nous, on va s'engager pour que
ce soit disponible parce que, pour la première fois, on va s'obliger à
développer des places. Donc, si notre projet de loi est adopté, il n'y a plus
un gouvernement qui va pouvoir regarder les parents dans les yeux en leur disant : Au nom de l'équilibre
budgétaire, l'éducation à la petite enfance, les services éducatifs à la
petite enfance coûtent trop cher, on ne les développera pas. Ça ne pourra plus
arriver. À mon sens, c'est de concrétiser le droit d'avoir une place. Je comprends
que ce que vous nous dites, c'est : On devrait aussi s'obliger à donner
des moyens suffisants aux CPE puis aux garderies pour remplir leur mission, je
comprends. Mais, si on parle du droit des enfants d'avoir une place, est-ce que
ça vient répondre, en quelque sorte, à cette demande-là, ce qu'on propose?
Mme Bélisle
(Geneviève) : Bien, au-delà de dire : On lance un appel de
projets ou on accorde des places, exemple, s'il n'y pas de main-d'oeuvre pour
accueillir les enfants dans les nouveaux environnements, s'il n'y a pas une main-d'oeuvre
qualifiée pour assurer la qualité, donc, nous, on dit... Tu sais, je reprends
une expression qu'on a largement utilisée dans les années 2000, mais ce ne
sont pas des parkings à bébés, ce sont des lieux éducatifs, et, si on veut reconnaître le caractère éducatif de ces milieux-là,
il faut donner accès, et le ministre a une responsabilité d'assurer ces
ressources à ce réseau-là pour être capable que le réseau puisse bien
accueillir les enfants.
M. Lacombe : Donc, ce que vous
dites, c'est... et je ne veux pas vous mettre de mots dans la bouche, là, vous
me corrigerez publiquement si ce n'est pas le cas, ce que vous dites,
c'est : L'article que le gouvernement propose peut effectivement
concrétiser, arrive à concrétiser ce droit-là, mais il ne faudrait pas qu'il
soit utilisé. Il faut aussi trouver des mécanismes pour s'assurer que le
gouvernement ne se réfugie pas seulement derrière ça en disant : Bien, oui, c'est vrai, il faut créer des places,
mais là on manque d'argent, donc on va sacrifier la qualité, on va
sacrifier la formation, on va engager un peu n'importe qui parce que ça coûte
moins cher, parce que la loi nous oblige, il faut la respecter, à développer,
donc on va le faire, mais au minimum. Est-ce que c'est ce que je comprends?
Mme Bélisle
(Geneviève) : Puis vous l'avez vécu quand vous êtes arrivé, là,
il y avait 13 000 places qui dormaient. Elles avaient été attribuées, mais
elles n'étaient pas développées, donc pas disponibles.
M. Lacombe : Oui.
Mme Bélisle
(Geneviève) :
Alors, nous, ce qu'on dit, c'est : Il faut
vraiment aller jusqu'au bout. Ce n'est pas juste de donner des places, mais c'est de s'assurer que ces places-là sont
réellement vivantes sur le terrain pour les familles.
M. Lacombe : Qu'elles puissent
se concrétiser par la suite en ayant le financement.
Mme Bélisle
(Geneviève) : Oui.
M. Lacombe : Oui, je comprends
bien ce que vous voulez dire. Donc, vous ne voudriez pas que ça s'arrête
seulement au processus...
Mme Bélisle
(Geneviève) : Non, c'est un engagement.
M. Lacombe : ...c'est-à-dire de
lancer un appel de projets puis après ça dire : Bien, parfait, mais dans
le cadre de l'appel de projets, on vous demande 75 % de mise de fonds, par
exemple. Est-ce que je comprends bien le sens de votre proposition?
Mme Bélisle
(Geneviève) : Bien, nous, ce
qu'on dit, c'est que ça peut être une ressource pour le développement
physique, mais ça peut être la main-d'oeuvre, c'est l'ensemble des ressources
pour que ça ne soit pas, encore là, un voeu
pieux, mais ça soit réellement matérialisable. Puis on connaît l'efficacité de
ce programme-là pour la société en général, donc pourquoi hésiter de
vouloir donner les ressources nécessaires? Ça nous sert collectivement, ça aide
des femmes sur le marché du travail. On est dans une pénurie généralisée de
main-d'oeuvre, actuellement, donc il ne faut pas juste donner des places, il
faut s'assurer qu'elles soient vivantes et en qualité.
M. Lacombe : Je comprends bien,
je comprends bien.
Il nous reste combien de temps, Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme D'Amours) : Une
minute.
• (10 h 30) •
M. Lacombe : Une minute,
d'accord.
Bien, je vous
avoue que je comprends bien, je comprends bien ce que vous voulez dire, donc
que vous accueillez ce qu'on propose, mais en nous disant : On
devrait, à votre sens, aller plus loin pour s'assurer, effectivement, que non
seulement on ajoute des places lorsqu'il en manque, mais qu'on s'assure que ces
places-là puissent vraiment voir le jour dans les conditions optimales qu'on
connaît actuellement, là, dans les milieux où il y a le plus de qualité, donc
qu'on ne nivelle pas par le bas seulement parce qu'on a une obligation de
respecter la loi et de tenter de le faire en faisant en sorte que ça nous coûte
le moins cher possible, là. Vous voulez vraiment qu'on continue de le faire
dans les conditions optimales. Bien, c'est intéressant, parce que, là, je sens
qu'on aura beaucoup cette discussion-là autour du droit des enfants d'avoir une
place. Et, moi, la dernière chose que je souhaiterais, c'est qu'on adopte des dispositions
à l'effet qu'on a une obligation telle qu'on doit retirer la gestion du réseau
aux gens qui sont sur le terrain, je pense entre autres aux milieux familiaux.
Moi, ça m'inquiète, ça m'inquiète parce que, si demain matin on oblige le gouvernement
à garantir le service, on ne peut pas empêcher les milieux familiaux de fermer.
Donc, il faut ouvrir assez d'installations pour ne pas être obligés de compter,
s'appuyer sur le milieu familial, puis ça, ça veut dire la disparition, à mon
sens, d'au moins la moitié de nos RSG qui sont déjà là, motivés à offrir des
services. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le ministre.
Je cède maintenant la parole au député de LaFontaine
pour une période de 11 minutes.
M. Tanguay : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Bien, à mon tour de vous saluer,
Mme Gosselin, Mme Bélisle. Merci beaucoup d'être ici présentes avec
nous pour discuter de projet de loi n° 1.
Est-ce
que c'est la position de l'AQCPE, que le gouvernement du Québec devrait
utiliser l'entièreté du 6 milliards pour consolider le réseau?
Mme Bélisle
(Geneviève) : Bien, je vous dirais que, dans notre grand
chiffrier, il y a bien des considérations puis des variables qui peuvent
dépendre, et puis nous, on ne s'est pas entêtés de dire : Il faut utiliser
le 6 milliards. Nous, ce qu'on dit, c'est : Il faut utiliser les
sommes nécessaires pour faire le rehaussement salarial escompté, il faut
assurer le développement, puis il faut améliorer la qualité. Donc, je
redis : universalité, qualité, accessibilité. Après ça, si ça coûte 5 milliards,
s'il en coûte 4 milliards, moi, je vous dirais que nos grands chiffriers
ont l'air de ne jamais se rencontrer quand on essaie de faire des spéculations
et des projections. Donc, on n'est pas, je vous dirais, là, obligés à la question
du 6 milliards, il faut avoir les ressources nécessaires.
M. Tanguay :
Puis vous l'évaluez à combien, ça? Vous avez dit 4 milliards,
5 milliards. Parce qu'il faut quand même être terre à terre, concret. Vous avez les deux pieds sur le
terrain. Pour atteindre tous vos objectifs, là, 6 milliards, ça
serait trop? C'est ça que vous me dites?
Mme Bélisle
(Geneviève) : Bien, nous, ce qu'on voit, c'est que sûrement
qu'il y a des coûts de programme récurrents qui vont être autour de
1 milliard, 1,2 milliard par année. Donc, c'est sûr que ça devient un
programme assez conséquent, donc. Puis c'est sûr que, nous, ce qu'on
souhaiterait, c'est qu'il y ait une conversion des garderies non subventionnées
en CPE. Tout dépendant si elles vont vers de la location, ou du rachat, ou
d'autres modèles, il peut y avoir aussi des variables qu'on contrôle plus ou
moins. Donc, c'est sûr que, là, ça dépend, là. Est-ce qu'on met des sommes au
PQI, pas au PQI? C'est pour ça que je vous dis, je n'ai comme pas de chiffre magique
parce qu'on dirait qu'il y a quand même des variables qu'il faut contrôler,
mais c'est quand même une augmentation importante du programme dans les
prochaines années.
M. Tanguay :
Parce qu'on peut garder ça bien simple, si vous dites que les coûts récurrents,
c'est 1 milliard, 1,2 milliard par année, donc il y a... Ça, c'est
les coûts récurrents, mais les coûts d'acquisition pour la conversion en CPE,
vous évaluez ça à combien, qui ne sont pas les coûts récurrents?
Mme Bélisle (Geneviève) : Oui, bien, nous, ce qu'on évalue, c'est, si on
proposait aux garderies de reprendre la gestion et donc de racheter des
permis de garderie, on évalue qu'on en aurait pour 800 millions à 900 millions,
à peu près, à investir. Mais on a fait d'autres propositions au gouvernement
pour être plus ingénieux, puis je pense que les garderies vont être intéressées
à s'asseoir, à un moment donné, puis en discuter pour s'assurer qu'il n'y ait
pas de bris de service.
M. Tanguay :
Moi, je suis votre comptable, Mme Bélisle, puis je vous dis : Vous
avez besoin du 6 milliards, parce que, le coût d'acquisition, vous venez
de dire que c'était 800, 900 millions. Ça, ce n'est pas du récurrent. Mettons, 800 millions, je prends le minimum,
vous avez dit, les coûts récurrents, c'est entre 1 milliard et
1,2 milliard, je prends le minimum, on sait, toujours, ça coûte toujours
plus cher, hein? Alors, sur cinq ans, 1 milliard récurrent, ça fait 5 milliards, puis le coût d'acquisition,
800 millions, qui n'est pas récurrent, ça fait 5,8 milliards de
dollars sur cinq ans. Alors, je pense qu'on a besoin... Êtes-vous
d'accord avec moi, on a besoin du 6 milliards, là? Là, j'y vais avec votre
minimum, là, votre meilleur scénario, puis
on sait que plus ça avance dans le temps, plus les coûts explosent, là.
Mais est-ce que je vous ai bien compris qu'au minimum, récurrent et pas
récurrent, c'est 5,8 milliards?
Mme Bélisle (Geneviève) : Bien, moi, ce que je vous dis, c'est que, par rapport aux 8 millions et
900 millions, on a fait des propositions
au gouvernement puis on pense qu'on pourrait travailler avec les garderies non
subventionnées. L'autre élément qu'on a dit, c'est : On ne veut pas faire
une guerre idéologique sur 6 milliards, 7 milliards,
5,8 milliards. Nous, ce qu'on veut, c'est avoir les conditions pour la
qualité. Ça fait 25 ans qu'on a un laboratoire au Québec, avec un modèle
qui est géométrie variable, puis on a tiré des apprentissages. Alors, moi, je
n'ai pas le goût de faire une guerre idéologique ou politique là-dessus. Moi,
ce que je vous dis, c'est que ça nous prend les conditions, qu'on a fait des
propositions, qu'on est conséquents, que le gouvernement vient de passer,
aussi, à travers une pandémie, qu'il va y
avoir des enjeux budgétaires et qu'on est prêts à s'asseoir puis à regarder
différents modèles en fonction de la capacité de l'État. Puis en même
temps c'est un super beau privilège qu'on a d'avoir cet argent qui arrive du
fédéral. Donc, je ne sais pas si c'est 5 milliards, 5,8 milliards,
tout dépendant des différents modèles. Moi, je vous dis, c'est qu'on a une
belle opportunité, utilisons-là, puis, si ça ne coûte pas 6 milliards,
bien, ce n'est pas grave, ça pourra servir à d'autres missions de l'État.
M. Tanguay :
O.K. Mais, avec vos chiffres, parce que c'est important, on ne peut pas être
dans l'air du temps, avec vos chiffres, au minimum, j'arrive à
5,8 milliards. Mon calcul, avec vos...
Mme Bélisle
(Geneviève) : Comme je vous dis...
M. Tanguay :
Mon calcul est exact, oui ou non?
Mme Bélisle (Geneviève) :
Comme je vous dis, le rachat potentiel de garderies pourrait se gérer de
d'autres manières, puis il faudrait que ce soit avec les garderies qui sont
concernées pour voir comment on peut gérer.
M. Tanguay :
Mais je conçois que, 6 milliards, on y trouverait de la place pour le
consacrer au réseau. Est-ce que vous appuyez les éducatrices et
intervenantes qui travaillent dans vos CPE?
Mme Bélisle
(Geneviève) : Qu'est-ce que vous en pensez? Bien sûr que nous
les appuyons.
M. Tanguay : Je ne sais
pas, parce que vous me dites qu'il ne faut pas faire... Vous me dites,
Mme Bélisle : Il ne faut pas faire de politique.
Mme Bélisle
(Geneviève) : Non.
M. Tanguay :
Mais vous êtes comme un savon dans le bain, là, j'ai de la misère à vous
prendre, là. On vient de calculer vos propres chiffres, c'est
5,8 milliards, vous ne voulez pas me l'avouer. Ça prend le 6 milliards
pour arriver à 5,8, première des choses.
Deuxième des
choses, je vous pose une question claire : Appuyez-vous les éducatrices, intervenantes dans votre réseau? Vous me dites : Qu'est-ce que vous en
pensez? Les gens vous écoutent. Qu'est-ce que vous, vous en pensez?
Mme Bélisle
(Geneviève) : Bon, alors je vais vous répondre : Oui, nous
les appuyons, bien sûr. On a fait plusieurs manifestations de notre soutien
envers les éducatrices. On a mobilisé les conseils d'administration et les
directions pour qu'elles témoignent. Par ailleurs, l'AQCPE, on n'est pas à la
table des négociations, alors moi, je ne sais
pas qu'est-ce qui se passe,
actuellement. Je ne connais pas les tenants et aboutissants. C'est pour ça
qu'on se garde, nous, une réserve, parce qu'on n'est pas à la table des
négociations et qu'on n'a pas les tenants et les aboutissants. Mais on a
demandé un rattrapage salarial historique, on a demandé que nos éducatrices
spécialisées, entre autres, soient mieux reconnues et rémunérées. Donc, bien
sûr, on suit ça, on est là, et je pense que les éducatrices savent qu'elles ont
l'appui de l'AQCPE derrière elles.
M. Tanguay : Parfait.
Puis comment qualifiez-vous le fait que les négociations sont rompues, puis on
est encore en semaine de grève? Comment vous recevez ça?
Mme Bélisle
(Geneviève) : Bien, moi, j'ai vu qu'il y avait des espoirs pour
qu'ils retournent à la table. Dans les dernières heures, en tout cas, je voyais
qu'il y avait des espoirs pour peut-être retourner. Il me semble qu'hier j'ai
vu passer une communication, entre autres, de la... qui disait qu'aujourd'hui
et demain il y aurait de nouvelles rondes de négociation. Nous, on encourage
les gens à se parler, à trouver des solutions. Bien sûr, on voudrait que les
parents aient accès à leurs services le plus rapidement possible. Je pense
aussi à mes collègues éducatrices, je suis ancienne éducatrice-moi-même, donc
je le sais, c'est un gros effort, les revenus ne sont pas au rendez-vous, on
est à l'approche de Noël, donc on va souhaiter que ça se règle rapidement pour
tout le monde.
M. Tanguay : Vous
dites... et on l'a pris également, comme élément important du développement du
réseau, vous soulignez un minimum de 85 % des nouvelles places créées en
CPE. Pourquoi c'est important, ça? Puis on voit que le gouvernement ne s'aligne
pas vers ça. Des 9 014 places, ce n'est pas 85%, là, quand on
regarde, c'est 58 %. Pourquoi c'est important, 85 %?
Mme Bélisle
(Geneviève) : Bien, on a parlé de la qualité, tout à l'heure,
on voit que le modèle, actuellement, qui génère le plus de qualité, c'est le
modèle des CPE parce qu'il est gouverné par les jeunes familles qui utilisent
le service, parce qu'il a une finalité non
lucrative. Et on a l'impression que, si on fait, exemple, du développement
massif en garderies subventionnées ou qu'on transfère des garderies non
subventionnées vers des garderies subventionnées, on continue d'encourager un
modèle où le profit gouverne l'action et pas nécessairement de mettre toutes
les ressources nécessaires vers l'offre aux jeunes enfants. Donc, c'est sûr que
nous, on pense que le modèle a fait ses preuves dans les 25 dernières années et
on pense qu'il faut donc miser sur 85 % des places en CPE.
M. Tanguay : Je vous
remercie beaucoup, Mme Bélisle.
Je veux laisser du temps, Mme la Présidente, à
ma collègue de Westmount—Saint-Louis,
qui a des questions importantes. Merci beaucoup à vous deux.
Mme Bélisle
(Geneviève) : Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Allez-y, Mme la députée.
Mme Maccarone : Merci, Mme la
Présidente.
Bonjour, mesdames. Comme vous avez dit d'emblée,
oui, évidemment la cause des enfants ayant des besoins particuliers,
handicapés, c'est une cause qui m'interpelle non seulement personnellement,
mais comme députée et comme porte-parole.
J'ai lu votre mémoire. J'ai deux questions pour
vous, parce que ça me prend des précisions. Je pense qu'il nous reste à peu
près deux minutes et demie, alors je vais les poser en rafale pour vous donner
le soin de répondre peut-être en même temps.
Ça fait que vous avez dit «mieux
définir la vulnérabilité». J'aimerais vous entendre là-dessus, ça veut dire quoi? Parce que j'ai compris aussi, par votre
exposé, qu'on parle aussi des enfants qui n'ont peut-être pas un
diagnostic. Alors, comment prévoyez-vous venir au soutien de ces enfants?
Et, deuxièmement, quand vous parlez de prioriser
sans oublier des familles, vous parlez d'une tendance historique de sous-représentation de certains enfants. Alors, si vous
pouvez parler un peu de qu'est-ce que vous voulez dire par ceci pour
qu'on comprend mieux l'angle que vous aimerez qu'on aborde ici, en commission.
• (10 h 40) •
Mme Gosselin
(Hélène) : Alors, sur vos questions, pour la vulnérabilité, il
y a des critères très précis qui existent, dans le moment, pour que les enfants
puissent avoir accès à des subventions pour davantage de soutien. Mais, sur le terrain, comme on accueille des
enfants de zéro et cinq ans, les diagnostics arrivent parfois avant l'âge
de cinq ans, mais souvent, non. Donc, ces enfants-là, dès qu'on les
accueille et puis que les éducatrices sont en mesure de dépister qu'ils ont des
besoins plus grands au niveau de leur développement, il faudrait qu'on puisse
avoir accès à davantage de support pour pouvoir bien répondre aux besoins de
ces enfants-là, puis que leur développement soit optimal, puis qu'ils puissent
entrer à l'école sans retard ou sans... avec davantage de possibilités de
réussir dans leur cheminement scolaire. Alors... Oui?
Mme Maccarone : Si vous me
permettez, vous savez que j'ai déposé un mandat d'initiative pour étudier
exactement cette cause, parce que ce qu'on a constaté sur le terrain, c'est,
même avec l'argent, même quand c'est au rendez-vous, souvent il n'y a pas de
place pour ces enfants. Alors, c'est quoi, la solution pour venir aider ces
familles qui, souvent, sont exclues du réseau de services de garde éducatifs?
Mme Gosselin
(Hélène) : Pour les enfants qui sont déjà reconnus avec des
besoins, effectivement, l'accès est excessivement
difficile parce qu'il manque de places, évidemment, là, ça contribue aussi.
Donc, il faut absolument, entre
autres par le guichet, que ces enfants-là puissent être priorisés, qu'ils
soient en priorité dans les critères d'admission dans nos services. Je sais qu'au niveau des CPE... moi, je suis en CPE
et je sais... puis on fait de l'intégration depuis 35 ans, maintenant,
mais il faut que davantage d'installations puis de garderies puissent faire du
soutien aussi. Ça se fait aussi en milieu
familial, de l'intégration puis du soutien, et pour ça, il faut qu'il y ait des
critères... il faut qu'ils soient
priorisés dans les critères d'admission pour qu'ils puissent — y compris les enfants vulnérables — davantage fréquenter nos milieux,
oui.
Mme Maccarone : Pensez-vous que
ce serait approprié, quand vous parlez de prioriser les enfants... les familles
qui sont sous-représentées, que peut-être au sein du C.A. ainsi qu'au...
La
Présidente (Mme D'Amours) :
Je suis désolée — merci
beaucoup — on
avait écoulé notre temps pour vous.
Donc, je cède maintenant la parole à la députée
de Sherbrooke pour 2 min 45 s.
Mme Labrie : Merci. Je veux
revenir sur la cible de 85 % dont on a brièvement discuté tout à l'heure.
Quand vous parlez du 85 % en CPE, est-ce que, pour vous, ça inclut les
places en milieu familial régies par un bureau coordonnateur? Ça les inclut?
Mme Bélisle
(Geneviève) : Oui. Donc, pour nous, là, le réseau, c'est
vraiment à la fois les CPE, et les BC, et les milieux familiaux. Donc, pour
nous, c'est vraiment le réseau qui est à la base, là, du projet, là.
Mme Labrie : Parfait. Puis, au
moment où on se parle, pouvez-vous nous dire quelle proportion des places sont
déjà en CPE sur l'ensemble des places offertes au Québec?
Mme Bélisle
(Geneviève) : Donc, quand on calcule, il y a
98 000 places qui sont en CPE, il y en a 91 000 en milieu
familial. Donc, les places en CPE, ça représente à peu près le tiers des places
actuellement disponibles sur le 306 000. En milieu familial, là, il y
aurait une autre partie importante, mais on sait qu'il y a certaines places,
pour le moment, où il n'y a pas de RSG en
quantité suffisante pour pouvoir occuper, donc offrir le service aux familles.
Donc, on pense, nous, que, si on ajoutait les garderies non subventionnées, et
les CPE, et les milieux familiaux, donc on convertissait les garderies non
subventionnées en CPE, qu'on arriverait à ce modèle de 85 % du réseau
CPE-BC versus 15 % des garderies subventionnées.
Mme Labrie : Donc, le chemin le plus rapide que vous nous
proposez pour atteindre 85 %, c'est la conversion des milieux
privés. Puis quel effort ça représente pour atteindre les 85 % au niveau
de la création des places? Est-ce qu'il faudrait que pratiquement 100 %
des nouvelles places accordées se fassent en CPE?
Mme Bélisle
(Geneviève) : Bien, c'est sûr que nous, on pense qu'il faudrait
n'y avoir que des places en CPE, bien sûr, on croit à notre modèle. Puis je
pense que la démonstration qu'on a, actuellement, avec l'appel de projets en
continu que le ministre a lancé, c'est qu'il y a vraiment beaucoup
d'effervescence de la part des CPE, actuellement. Je pense que le ministre est
à même de constater qu'il y a beaucoup de CPE qui lui déposent des places. Alors, je pense qu'à la fois on peut faire
la démonstration que quantité et qualité peuvent rimer ensemble. Et,
nous, ce qu'on peut témoigner, c'est que les
CPE sont au rendez-vous, donc je pense que c'est possible d'y arriver, oui,
avec majoritairement ou uniquement des places en CPE.
La Présidente (Mme
D'Amours) : 45 secondes.
Mme Labrie : Parfait. Est-ce
qu'il y en a déjà des régions où on atteint le 85 % de places en CPE?
Mme Bélisle
(Geneviève) : Oui, il y a des régions où on a même 100 %.
Donc, là où il n'y avait pas, à l'époque, des intérêts commerciaux, il n'y a
pas de garderies qui se sont développées.
Mme Labrie : Donc, il y a
vraiment une inégalité, en ce moment, d'une région à l'autre, entre...
Mme Bélisle
(Geneviève) : Et malheureusement il y a des territoires, sur
Montréal, entre autres, où il y a vraiment une disproportion de garderies non
subventionnées versus le territoire qui est en besoin défavorisé.
Mme Labrie :
Ça fait qu'il y a un enjeu majeur pour les parents au niveau de la possibilité
de faire un vrai choix.
Mme Bélisle
(Geneviève) : Oui.
Mme Labrie : En ce moment, ce
n'est pas possible, là.
Mme Bélisle
(Geneviève) : Oui.
Mme Labrie : Bien, je vous
remercie. Donc, vous, vous pensez que, dans le projet de loi, on devrait
l'inscrire, la cible de 85 %.
Mme Bélisle
(Geneviève) : C'est ce qu'on a recommandé, oui. Il est caché à
quelque part dans les 200 pages qu'on vous a soumises.
Mme Labrie : Oui, merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Merci beaucoup.
Nous cédons la parole, maintenant, à la députée
de Joliette pour 2 min 45 s.
Mme Hivon : Oui,
merci beaucoup, Mme la Présidente.
Alors, merci, hein, excellent mémoire, donc, qui
va nous guider aussi dans l'étude détaillée.
Moi, je veux
poursuivre sur la même voie. Nous, on estime, puis on l'a dit publiquement il y
a quelques jours, qu'on doit aller
vers un réseau 100 % CPE, et ça, ça veut dire de commencer maintenant, parce
qu'on est à une croisée des chemins, avec un développement qui doit se
voir, donc que toutes les nouvelles places doivent se faire en CPE. Je
comprends que vous, vous ne voulez peut-être pas avoir une apparence trop
corporatiste, donc vous dites : Il faut au
moins viser le 85-15. Nous, on dit que toutes les places, nouvelles places,
devraient être en CPE. C'est une question de qualité, c'est une question
de justice aussi entre les différentes familles au Québec.
Souvent, ce qu'on entend, puis on l'a entendu du
premier ministre aussi, c'est : Bien, il faut y aller, là, au plus vite, au plus sacrant, pour prendre son
expression, puis, dans le fond, les garderies privées peuvent être plus
rapides. Qu'est-ce que vous répondez à ça, à cet argument qui dit : Ah! si
on allait 100 % CPE, ça serait tellement plus long puis plus compliqué?
Est-ce qu'on est capables d'aller de manière aussi efficace en CPE?
Mme Gosselin
(Hélène) : Absolument, on peut aller aussi rapidement en CPE.
Les corporations, les CPE sont en train de s'organiser. Dans le moment, on fait
énormément de dépôt d'offres pour le développement. On va saisir toutes les
opportunités possibles sur le terrain pour pouvoir que ces projets-là se
développent et se concrétisent et on est assurés qu'on est capables d'atteindre
l'objectif dans les prochaines années pour le développement en CPE, absolument.
Comme on l'a fait en 1998 lors du lancement de la politique familiale, on a été
présents, on a développé très, très rapidement. On a encore la même énergie. Et
puis, dans les derniers tableaux qu'on a vus, vraiment, il y a énormément de
demandes qui ont été déposées, puis on est capables d'atteindre l'objectif,
oui.
Mme Hivon : Donc,
il n'y a pas d'enjeu de dire : C'est plus long en CPE parce qu'il faut que
ça soit plus rigoureux puis... En fait, on serait capables d'avoir tous les
mêmes moyens pour les développer rapidement si on se donnait vraiment le coup
puis la volonté d'y arriver.
Mme Bélisle
(Geneviève) : Si vous permettez, c'est quelque chose qui nous a
beaucoup inquiétés puis qu'on a beaucoup discuté avec l'équipe du ministre,
sincèrement, parce que c'est sûr qu'une garderie subventionnée peut décider, le
propriétaire... Il n'y a pas de C.A. à mobiliser, il n'y a pas de communauté à
mobiliser, il n'y a pas besoin de tenir de
l'argent du gouvernement, donc souvent ça semble plus rapide. Mais ce qu'on a
fait comme démonstration, c'est qu'on
pouvait amener des solutions très concrètes et facilitantes au gouvernement
pour faire le choix de la qualité et des CPE. Donc, oui, il reste encore
certaines inégalités. Je pense qu'on est très, nous, agiles à proposer des
solutions pour améliorer les choses. Puis nous, ce qu'on dit, c'est que, si le
gouvernement fait le choix de la qualité puis
des CPE, on est au rendez-vous puis on a des propositions encore pour aller
plus loin, entre autres de mutualisation de projets.
Mme Hivon :
Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
vous remercie pour votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques instants afin
d'accueillir les prochains témoins. Merci.
(Suspension de la séance à 10 h 48)
(Reprise à 10 h 55)
La
Présidente (Mme D'Amours) :
Bonjour. Bienvenue à la Commission des relations avec les citoyens.
Avant de commencer officiellement la captation... Pardon, les auditions sont déjà
commencées. Nous reprenons nos travaux.
Donc, nous entendrons le groupe Conseil québécois
des services éducatifs à la petite enfance. Nous recevons, ce matin,
Mme Francine Lessard, directrice générale, Me Michaël D'Amours,
avocat, Me Raguiata Bah, avocate, et Me François-Xavier
Picard Rens, avocat.
Donc, nous commençons avec votre 10 minutes
de présentation. À vous la parole.
Conseil québécois des services éducatifs à la petite
enfance (CQSEPE)
Mme Lessard (Francine) : Alors,
merci de nous accueillir ce matin. Mme la Présidente, M. le ministre,
M. Tanguay, Mme Labrie et Mme Hivon, plaisir d'être avec vous ce
matin pour vous présenter le mémoire du Conseil
québécois. Ce mémoire est issu de deux consultations, donc, qu'on a tenues avec nos membres au cours du mois de
novembre et représente, finalement... a reçu l'aval de la majorité, là, des
membres présents aux consultations.
Alors, je débuterais simplement en vous disant
que le Conseil québécois, fondé en 2004 à travers l'expertise et le travail
soutenu de ses membres, a toujours milité en faveur de l'excellence et de la
qualité des services offerts dans le réseau des services éducatifs à la petite
enfance. C'est pourquoi nous accueillons avec un esprit ouvert et un désir de collaboration
le projet de loi n° 1.
Cette réforme est la plus ambitieuse que le
réseau des services de garde éducatifs à l'enfance ait connue depuis l'adoption
de la loi en 2005. Il est donc impératif non seulement que cette réforme
réponde aux problèmes d'accessibilité que connaît actuellement le réseau, mais
aussi qu'elle contribue activement à l'amélioration continue de la qualité des services ainsi qu'au fonctionnement harmonieux des différents acteurs du réseau. Le Conseil
québécois et ses membres souhaitent donc ardemment que toute réforme prenne en
considération l'expertise du réseau et les pratiques qu'il a développées et
perfectionnées au long des ans.
La présentation qui suit n'a pas de lien avec
l'ordre de priorité, mais beaucoup plus par rapport à l'ordre de présentation dans le projet de loi n° 1. Donc, nous allons débuter avec
l'article 5, qui porte, finalement, sur l'obligation renforcée d'obtenir une
reconnaissance pour le milieu familial.
Dans le projet de loi, on ne voit pas de délai
d'application. Nous avons convenu que le délai d'application se trouvait dans
le plan d'action portant sur le Grand chantier pour les familles, qui nous
parle d'un possible délai de 48 mois.
Lors de nos consultations, le délai de 48 mois pour l'intégration des
prestataires de services de garde non reconnus nous semble excessif. Je
m'explique. En fait, on trouve que cette période permettrait, d'une part, à des
requérantes provenant de la garde non reconnue de continuer à offrir pendant quand
même quatre ans des services non réglementés
au même niveau que pour les responsables des services de garde reconnus par un
bureau coordonnateur. Donc, d'une part, on trouve que ça crée deux
réseaux offrant de la garde en milieu familial, mais qui pourraient être
discutables au niveau de la qualité pédagogique.
La
désinformation et le manque de communication entre les prestataires non reconnus et les bureaux
coordonnateurs sont un facteur principal aggravant le risque de perdre ces
prestataires. La désinformation sur la lourdeur administrative liée à la
reconnaissance est particulièrement grande sur les réseaux sociaux. Plusieurs
prestataires non reconnus veulent être reconnus aussi sans places
subventionnées. Il faudra s'attarder à cette réalité pour que les BC, qui
auront quand même la charge et les mandats de superviser ce mode de garde
d'offrir le soutien pédagogique, devront aussi avoir une possibilité de voir un
ajustement aux subventions, si toutefois on avait quand même beaucoup de PNR
qui venaient rejoindre notre réseau.
• (11 heures) •
Je poursuis avec l'article 20, qui est le
pouvoir d'émettre des instructions pour assurer la cohérence des actions et des
pratiques. Évidemment, pour nous... on a quand même une petite surprise eu
égard à cet article de loi... du projet de loi, car le pouvoir d'émettre des
instructions et des directives est actuellement en vigueur au niveau du
gouvernement. Donc, on irait plutôt à dire que les instructions peuvent causer
certains problèmes qui sont souvent... parce que nos instructions sont souvent
émises avec peu ou très... pas du tout de consultation et sont habituellement
d'application immédiate, ce qui peut créer beaucoup de va-et-vient, je dirais,
entre le réseau et les gens qui émettent et qui distribuent les instructions.
La perte de pouvoir discrétionnaire amènerait les BC à n'être que de simples
exécutants de la volonté gouvernementale plutôt que des acteurs de premier plan
au niveau des services de garde.
En
ce qui a trait à l'article 21, cet article donne finalement de
nouvelles fonctions aux bureaux coordonnateurs. Les membres du Conseil québécois
soulèvent les points suivants : il ne faut pas que la fonction du
recrutement des BC soit liée à la récupération des places subventionnées sur un
territoire donné. La récupération des places
doit se faire seulement en fonction des besoins réels du territoire.
Aussi, recruter et promouvoir fait actuellement partie des mandats octroyés aux
bureaux coordonnateurs, donc on se dit qu'effectivement, avec les
incitatifs qui ont été annoncés dans les dernières semaines, il apparaît
normal que l'on puisse essayer d'une manière ou d'une autre de demander aux
bureaux coordonnateurs de travailler encore plus fort que jamais sur le
recrutement et la promotion des services en milieu familial.
L'article 28,
qui porte sur la hausse de la durée de la reconnaissance de trois à cinq ans,
donc, on dit que les responsables des services de garde ne sont pas soumises à
l'obligation de faire appel au soutien pédagogique, et c'est là le plus grand
problème, ce n'est pas tellement de la durée de la reconnaissance, mais plutôt
que la responsable des services de garde en milieu familial n'a pas l'obligation de
demander du soutien pédagogique au bureau coordonnateur qui l'a
reconnue. Il serait intéressant de rendre obligatoire qu'il y ait, au moins
dans la période, une visite portant uniquement sur la pédagogie et de rendre le
soutien obligatoire pendant la période, surtout si celle-ci est allongée à une
période de cinq ans.
En ce qui a trait à l'article 30,
la disposition traitant de l'accès aux services de garde, le guichet unique,
dont je ne ferai pas lecture parce que vous avez tous reçu notre mémoire, mais
je vous amènerais au point iii, où on vous demande que toute modification
au guichet unique devrait tenter de diminuer les délais, donc, dans...
excusez-moi, lors de l'attribution d'une place. Il semble y avoir une volonté
importante de la part du ministère de la Famille d'informer les parents de leur
rang au guichet unique. Or, la réalité vécue par les acteurs de première ligne
du réseau rend l'accès à cette information extrêmement difficile, voire impossible. Le rang au guichet unique est trop
changeant selon la migration des familles à l'intérieur du territoire québécois
ainsi que l'âge des enfants et les groupes auxquels ils ont accès. Ces
changements affectent le rang, et cela deviendrait frustrant pour des parents
qui ont de la difficulté à comprendre le système, de même que des services de
garde doivent...
(Panne de son)
La Présidente (Mme
D'Amours) : Nous allons voir si ça se fait rapidement, sinon nous
allons suspendre quelques minutes. Est-ce que vous pouvez parler, maintenant,
madame, pour voir si c'est rétabli? Non.
Je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 11
h 03)
(Reprise à 11 h 04)
La Présidente (Mme
D'Amours) : Nous reprenons nos travaux. Alors, mesdames, veuillez
continuer votre exposé, s'il vous plaît.
Mme Lessard
(Francine) : D'accord. Merci.
Alors, pour
compléter, concernant le guichet unique, je me permets finalement de soulever
le fait qu'il ne faut pas créer de fausses attentes aux parents. Donc, ce sera vraiment
un dossier qui devra être travaillé de façon très rigoureuse avec les gens du réseau en proposant aussi une campagne
promotionnelle pour que les parents comprennent bien l'utilisation qui
doit être faite du guichet unique.
Je passerais maintenant
à l'article 30, qui porte sur la disposition traitant des politiques
d'admission. Alors, les nouvelles mesures doivent permettre d'assurer la mixité
des groupes entre enfants de milieu aisé et enfants défavorisés. Le succès de
tout dépend de l'intégration des différentes parties de la société québécoise
dès la petite enfance. Les nouvelles mesures doivent s'assurer de ne pas
marginaliser les familles qui se trouvent à la limite des critères de
défavorisation mais qui ne possèdent pas l'étiquette. Ces familles sont particulièrement
vulnérables aux changements réglementaires et leur situation peut échapper aux
instances... centralisées.
Certains critères
préférentiels sont essentiels au réseau des services de garde, particulièrement
la priorité pour conserver la fratrie dans un service de garde ainsi que la
priorité accordée aux enfants des employés travaillant dans le centre de la
petite enfance ou encore le bureau coordonnateur de la garde en milieu
familial.
Les nouvelles mesures
doivent prendre en compte la réalité du développement des nouvelles places avec
des partenaires qui exigent parfois une priorité quant à l'admissibilité sur un
territoire donné. Plusieurs installations qui existent
ou qui sont en cours de développement sont le fruit d'ententes concernant...
contenant... excusez-moi, contenant ce genre d'exigences, surtout de la part de
municipalités qui veulent une priorité pour les enfants de leur territoire.
Article 51, le
recours au Tribunal administratif du Québec lors d'un refus de reconnaissance.
Le recours devant le Tribunal administratif du Québec sera long et coûteux tant
pour les bureaux coordonnateurs que pour les requérants et requérantes. Plutôt
qu'un recours au Tribunal administratif du Québec, les BC préféreraient un
processus différent qui permettrait un droit de présenter ses observations aux
requérantes qui se verraient refuser leur reconnaissance. Alors, le recours au
TAQ est un dossier qui a beaucoup fait travailler nos membres lors de la consultation, et il y avait là vraiment une
hésitation assez grande à penser qu'on pourrait se retrouver souvent
rapidement devant le Tribunal administratif, ce qui engendre des coûts
financiers et des coûts en ressources humaines.
L'article 52,
pouvoir réglementaire pour la santé et la sécurité, nous devons vous avouer, M.
le ministre, que nous ne comprenons pas vraiment la portée de ce pouvoir réglementaire
pour assurer la santé et la sécurité des enfants, car la santé, la sécurité et
le bien-être des enfants sont déjà au coeur des préoccupations du réseau...
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme Lessard, je suis désolée, les 10 minutes
étant écoulées, est-ce qu'il vous reste encore beaucoup de paragraphes?
Mme Lessard (Francine) : Oui,
il nous reste encore beaucoup de paragraphes. Alors, écoutez, je sais que les
membres de la commission ont déjà le mémoire, donc je suis à l'aise de pouvoir
répondre aux questions.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Parfait. Merci beaucoup.
Nous sommes maintenant avec le
16 min 30 s pour M. le ministre. La parole est à vous.
M. Lacombe : Merci beaucoup,
Mme la Présidente.
Bonjour à vous tous et toutes. Bonjour,
Mme Lessard. Je vois que vous êtes bien entourée de votre équipe juridique
qui est nombreuse, qui a probablement bien travaillé, évidemment, à analyser le
projet de loi.
Évidemment, quelques questions, puis je
commencerais avec la garde non reconnue, parce que vous en avez fait état assez... de façon assez importante, là,
dans vos remarques. Donc, je comprends qu'à la base vous êtes évidemment
d'accord avec cette proposition du gouvernement de demander aux gens qui
offrent de la garde non reconnue de joindre notre réseau.
Mme Lessard (Francine) : Tout à
fait d'accord.
M. Lacombe : Et qu'est-ce qui
vous agace ou qu'est-ce qui vous préoccupe au sujet du délai qu'on propose, qui
est un délai de quatre ans? J'aimerais ça peut-être... Vous l'avez
effleuré tantôt, mais j'aimerais ça peut-être que vous nous en parliez un petit
peu plus largement.
Mme Lessard (Francine) : Bien,
en fait, le délai de 48 mois nous apparaît très long, en considérant que,
pendant ces quatre années, nos tout-petits du Québec qui fréquentent ce genre
de services peuvent avoir peut-être des services de différentes qualités qui ne
sont pas dans la norme qu'on se donne dans les centres de la petite enfance et particulièrement
dans les bureaux coordonnateurs de la garde en milieu familial. Alors, on
trouve que c'est très, très long, ça permet
à ces personnes de continuer à opérer leur milieu, ça permet à ces personnes,
peut-être, d'être en train de procéder
à des recherches d'emploi, et on sait drôlement qu'il y en a, de l'emploi,
actuellement, au Québec. Donc, on ne voudrait
pas que cette période-là fasse en sorte qu'on perde... des requérantes, là,
PNR, prestataires non reconnues, parce qu'on
leur laisse vraiment trop de temps. On pense que tout ça pourrait se régler
dans des délais beaucoup plus rapides.
Évidemment, il y a aussi une préoccupation des
bureaux coordonnateurs qui a été soulevée lors de notre consultation. Si demain
il arrive beaucoup de PNR qui cognent à la porte des bureaux coordonnateurs, il
faut aussi être en mesure de répondre et de
procéder à la reconnaissance de ces personnes, en fait, à tout le cheminement
qui pourrait mener à une reconnaissance. Donc, il y a là... entre demain
matin et 48 mois, il me semble qu'on pourrait trouver une moyenne, là, qui
serait acceptable, qui permettrait aux bureaux coordonnateurs de pouvoir
assurer l'accueil des prestataires non reconnus, mais qui permettrait aussi au
Québec rapidement de pouvoir dire que nos petits enfants qui sont en milieu familial à travers les
territoires québécois ont des services qui sont reconnus par un bureau
coordonnateur et qui répond aux normes de qualité des bureaux coordonnateurs.
• (11 h 10) •
M. Lacombe : La bonne nouvelle,
c'est qu'on s'entend sur l'objectif, et j'espère que tout le monde nous
appuiera dans cette volonté-là, parce que c'est clair qu'on doit, à mon sens...
puis je pense qu'il y a un très large consensus à cet effet-là, non seulement
dans le réseau, mais dans la société, qu'on doit aller vers des services qui
sont davantage sécuritaires à la base, et ensuite qui sont, évidemment, de
bonne qualité, mais en même temps j'ai cette... et c'est la raison pour
laquelle donc, je propose cet article.
Par contre, il y a aussi l'enjeu de
l'accessibilité, et, à mon sens, il faut également être prudent, parce que, si on se précipite, il y a aussi le risque que les
personnes qui offrent de la garde non reconnue décident de tout
simplement cesser leurs activités et de passer à autre chose qui viendrait,
évidemment, causer une rupture de services pour les parents, pour les enfants.
Donc, est-ce
que vous n'êtes pas d'accord avec moi que, pour nous donner toutes les chances
que ça fonctionne, c'est bien de leur donner un délai qui peut sembler
long, mais qui, en même temps, nous amèneront au même résultat, en nous donnant
les outils pour bien les accompagner à faire cette transition-là sans les
brusquer?
Mme Lessard (Francine) :
Écoutez, M. le ministre, moi, je sais que les gens que je représente, des
bureaux coordonnateurs, procèdent à l'exercice de la reconnaissance depuis de nombreuses
années. Ils ont en leur possession des outils qui leur permet de le faire avec
diligence, ils ont, chez nous, un service, vous l'avez dit vous-même, des
services juridiques de proximité. Donc, on peut travailler avec nos bureaux
coordonnateurs, leur offrir le soutien pour qu'effectivement on puisse
accueillir les requérantes PNR dans les meilleurs délais.
Je comprends vos préoccupations eu égard au fait
de dire : Si on brusque trop le monde, est-ce que le monde va nous
quitter? Mais on a aussi des incitatifs drôlement intéressants que vous avez
mis en place au cours des dernières semaines, voire mois, donc, je pense, entre
autres, à l'incitatif du montant de 3 500 $ que la requérante peut
toucher lorsqu'elle est reconnue. Je pense qu'on a là tout ce qu'il faut pour
accueillir dans les meilleurs délais les prestataires non reconnus qui veulent
rejoindre le réseau des CPE. Par contre, je me permets de vous dire qu'il va
falloir faire beaucoup, il va falloir faire rapidement une promotion pour,
d'une part, expliquer vraiment qu'est-ce que le processus,
à quoi ressemble le processus de reconnaissance, mais aussi les visites de
surveillance, le soutien pédagogique. Je me permets de faire un lien avec le
groupe précédent, qui a nommé l'obligation d'avoir un soutien pédagogique et de
travailler beaucoup plus en qualité qu'en conformité, dans le sens qu'il faut
enlever l'image qu'un centre de la petite
enfance, un bureau coordonnateur de la garde en milieu familial, bien, c'est là
pour jouer à la police, alors que ce n'est pas le rôle d'un bureau
coordonnateur, c'est vraiment d'accompagner les prestataires en milieu familial
pour qu'elles développent, en compagnie de nos spécialistes, une pédagogie de
meilleure qualité de jour en jour. Alors, je pense qu'on a, de notre côté, du
travail à faire, vous avez, de votre côté, du travail à faire, mais de prendre
quatre ans pour le faire nous semble un peu excessif.
M. Lacombe : Mais est-ce que,
pour vous, ça compromet l'idée? Parce qu'évidemment, de notre côté, on a pesé tous les pour et les contre, et nous, on y
voit plus d'avantages que d'inconvénients, là, à se donner le temps d'y
arriver. On arrivera au même objectif, mais,
entre vous et moi, vous l'avez mentionné, il va falloir convaincre ces
personnes-là, principalement des
femmes, de se joindre à notre réseau, et faire changer quelqu'un d'idée, ce
n'est pas nécessairement toujours une tâche facile. Et on devra mettre
sur pied ces outils-là, on devra s'assurer... Et l'idée, par ailleurs, c'est aussi d'éliminer le plus possible les ruptures de
services pour les personnes qui vont... qui offrent de la garde non
reconnue et qui vont décider, elles, de mettre fin à leurs services,
éventuellement. Mais ce qu'on propose, c'est quand même qu'elles puissent continuer de s'occuper des enfants dont elles
s'occupent pour une certaine période avant de mettre fin, si elles le
décident —
on ne le souhaite pas, là —
à leurs activités. Est-ce que, pour vous, ça ne serait quand même pas une
avancée intéressante, même si vous souhaiteriez que ce soit plus rapide?
Mme Lessard (Francine) : Mais
effectivement, je vous l'ai nommé, nous sommes tout à fait en accord avec le
fait qu'on oblige les gens qui reçoivent des enfants dans leur résidence dans
un mode de garde... on s'entend, on ne parle pas de grands-papas et de
grands-mamans, là, on parle vraiment d'un milieu de garde, donc que ces gens-là
soient sous le chapeau d'un bureau coordonnateur pour qu'elles aient les mêmes
obligations et qu'on puisse dire qu'on offre la même qualité aux enfants du
Québec. Je comprends vos préoccupations eu égard aux quatre ans. Je vous dis
que, si tout le monde met l'épaule à la roue et qu'on y travaille fort, on
pourrait assurément régler tout ça dans un meilleur délai.
M. Lacombe : Ah! c'est clair
que j'ai des préoccupations, moi aussi, je voulais que ce soit plus rapide que
ça, mais, quand on m'a présenté le quatre ans, je trouvais ça long, mais avec
le recul, là, quand j'ai bien pris connaissance
des enjeux qui étaient liés à tout ça, c'est la conclusion à laquelle je suis
venu, c'est peut-être le meilleur compromis. Bon, je n'étais pas sûr que
vous étiez encore là, mais, bon, voici, on a échangé sur cette question-là.
Maintenant,
je vous demanderais peut-être, toujours en lien... ce que vous nous dites,
c'est que vous souhaitez qu'on revoie... Est-ce que je me trompe, là, ou
ce que demandez, concrètement, c'est qu'on revoie la structure de financement
des bureaux coordonnateurs pour y inclure les places non subventionnées? Parce
que, vous avez raison, il y a probablement
beaucoup de personnes qui offrent la garde non reconnue qui vont décider de se
joindre au réseau, donc de détenir une reconnaissance, mais d'offrir des
places qui ne seront pas à contribution réduite. Comment vous voyez le
fonctionnement des BC avec ça?
Mme Lessard
(Francine) : Bien, écoutez,
actuellement, on sait qu'il y a un lien direct entre des reconnaissances
du bureau coordonnateur, son taux d'occupation, son taux de reconnaissance et
les subventions. Évidemment, pour une PNR qui vient se joindre au bureau
coordonnateur sans places à contribution réduite, les mandats du bureau coordonnateur demeurent quand même assez généraux,
dans le sens que le BC va devoir procéder à la reconnaissance, et ça ne se fait pas en une journée, et ça demande
beaucoup de travail. Il va devoir aussi assurer les visites de surveillance,
offrir, on l'espère, de façon beaucoup plus encadrée le soutien pédagogique,
sauf, évidemment, traiter les plaintes, sauf, évidemment, la rétribution
qui n'aura pas lieu; pour le reste, tous les autres mandats doivent être
assurés par le bureau coordonnateur, même si
la responsable de service de garde n'a pas de places subventionnées. Alors, on
se dit que, pour le moment, il n'y a
pas d'urgence. Pour la majorité des bureaux coordonnateurs, on a quand même un
peu d'espace, considérant qu'on a
quand même un nombre de RSG qui ont quitté, un nombre important de RSG qui ont
quitté le milieu.
Par contre, dans l'avenir, il faudra se pencher,
peut-être pour le financement de la prochaine année ou de l'autre année, de
voir à s'assurer que le BC reçoit un financement qui inclut le mandat qui lui
sont octroyés pour des RSG sans PCR. Actuellement, c'est assez rare, je vous
dirais, il y en a quelques-unes par bureau coordonnateur. On ne parle pas... dans un bureau coordonnateur où il
y aurait trois RSG sans PCR, ça ne change pas beaucoup de choses,
mais, dans un bureau coordonnateur qui recevrait une vingtaine ou une trentaine
de nouvelles RSG sans PCR, eh bien, là, on vient de créer quand même un fossé
financier important.
M. Lacombe : Vous avez parlé,
tantôt, du rôle des bureaux des bureaux coordonnateurs dans le recrutement des responsables
de services de garde en milieu familial. Actuellement, ce n'est pas
concrètement et explicitement un de leur rôle de stimuler le recrutement, alors
qu'à mon sens... bien, en fait, ce n'est pas écrit noir sur blanc. On comprend
que, dans les faits, il y en a beaucoup qui le font déjà. Il y en a qui ne le
font pas, par contre, et ça, à mon sens c'est un problème, parce que, vous
savez, on a... vous le savez autant que moi, on a des milliers de places qui, actuellement,
dorment sur des tablettes, faute de RSG qui sont prêtes à les offrir. Vous avez
raison, vous l'avez dit tantôt, on a offert... on offre maintenant des
incitatifs qui sont importants. On a haussé les subventions de nos RSG de
30 %, ce qui est historique. Donc, de notre côté, on est vraiment très
motivés à régler ce problème-là parce qu'on souhaite
s'appuyer notamment sur le milieu familial pour que chaque enfant ait une
place, mais il faut que les bureaux coordonnateurs mettent l'épaule à la roue,
et, à mon sens, il va de soi que ça devrait être une... que ça devrait faire partie de leur mandat
officiellement. Est-ce que vous partagez cet avis-là? Je sens que vous ne le
partagez peut-être pas à 100 %.
• (11 h 20) •
Mme Lessard (Francine) : Non,
ce n'est pas que je ne le partage pas. Je veux dire, le fait d'octroyer un
mandat aux bureaux coordonnateurs de procéder à la reconnaissance des responsables
des services de garde sur le territoire qui leur est prescrit, automatiquement
et indirectement, on demande aux bureaux coordonnateurs de faire la promotion
des services et de faire du recrutement. Si je veux faire des reconnaissances,
bien, inévitablement, il faut que je recrute de nouvelles requérantes. Que ce
soit inscrit dans la loi et qu'on confirme que c'est un mandat clair que le BC
doit compléter, ce n'est pas une obligation, c'est simplement qu'il faut
reconnaître que le BC a déjà cette... en tout cas, indirectement, je vous
dirais, a déjà cette obligation-là de faire le recrutement et a déjà
l'obligation de faire la promotion. Moi, je vous dirais que les bureaux
coordonnateurs qui sont au Conseil québécois, on travaille très fort. On a créé des outils, Deviens
reconnu, une énorme campagne qu'on distribue à travers nos BC. On a créé
un site aussi, qui s'appelle BC du Québec,
où on met beaucoup de renseignements pour... Alors, il y a encore beaucoup
d'autres choses à faire au niveau de la promotion. Je ne suis pas en train de
dire qu'on a une finalité, je suis en train de dire que, déjà, je peux vous
assurer que les bureaux coordonnateurs travaillent très fort au... (panne de
son) ...et à la promotion de la garde en milieu familial, soyez-en assuré.
M. Lacombe : D'accord. Il nous
reste combien de temps?
La Présidente (Mme D'Amours) : Trois
minutes.
M. Lacombe :
Trois minutes. Peut-être un dernier élément sur lequel j'aimerais vous
entendre. Est-ce que j'ai bien lu, ou vous proposez qu'on puisse accueillir les
enfants sur une base territoriale dans les services de garde éducatifs à
l'enfance? Est-ce que vous pourriez nous en dire un peu plus là-dessus, quand
vous dites que... bien, en fait, dans tout
le travail qui entoure les politiques d'admission? D'ailleurs, je veux vous
remercier pour votre collaboration, puis la collaboration, elle n'est
pas terminée. Est-ce que vous pourriez élaborer peut-être un peu plus sur les
liens, notamment, qui pourraient avoir lieu avec les municipalités, qui
prévoiraient, si je comprends bien, un accueil selon le territoire, un accueil
des enfants selon le territoire? Je veux être bien certain de votre position là-dessus.
Mme Lessard (Francine) : Bien, effectivement,
il a existé, il existe toujours, là, des liens, des ententes entre les services
éducatifs à la petite enfance et des villes, ou de municipalités, ou encore des
entreprises privées qui vont mettre à la disposition un terrain ou des locaux,
et en contrepartie ils vont demander quand même que la clientèle soit la clientèle de l'usine ou... bien, en premier
lieu, la clientèle de l'usine, ou encore des gens qui habitent la municipalité,
ou des trucs du genre. Alors, c'est sûr que le CPE qui a une entente avec une municipalité,
avec une ville ou encore avec une entreprise
privée doit respecter son entente. On peut comprendre que, dans la politique
d'admission, on puisse retrouver, finalement, ce qui découle de cette entente-là. Autrement, ce
qu'on vient dire dans la politique d'admission, c'est qu'il faut aussi... la
clientèle vulnérable, tout le monde est d'accord avec, il faut vraiment agir,
il faut agir rapidement, on en convient. Par contre, il faut aussi... il ne
faut pas créer des ghettos, il ne faut pas qu'on retrouve un centre la petite
enfance où tous nos petits viennent d'un milieu ou vivent en contexte de
vulnérabilité, puis il faut aussi permettre aux enfants de vivre avec des
enfants qui vivent différemment, de part et d'autre, autant pour l'enfant qui
est plus favorisé que l'enfant qui est plus défavorisé. C'est le partage, la
mixité entre les petits Québécois qui est importante, et on doit commencer à le
faire en petite enfance.
M. Lacombe : D'accord. Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Merci, M. le ministre.
Maintenant, je cède la parole à la députée de Westmount—Saint-Louis
pour une période de 11 minutes.
Mme Maccarone : Merci, Mme la
Présidente.
Alors, bonjour, mesdames, bonjour, messieurs.
D'emblée, je veux prendre la balle au bond de ce que vous avez eu dans vos
échanges avec le ministre quand on parle de... son analyse de l'impact du
ministère. Ce n'est quand même pas rien. Dans l'analyse de l'impact, sur la
page 51, pour ceux qui nous suivent, c'est écrit que «parmi les
8 687 installations non régies, nous émettons l'hypothèse que le
tiers choisira de réorienter leur carrière, soit 2 954». Là, on parle quand même d'un tiers, on
parle quand même de 17 000 enfants et toutes leurs
familles qui auront un impact.
Alors, ce que j'aimerais vous entendre en ce qui
concerne les... Qu'est-ce qu'on peut faire pour s'assurer qu'on n'arrive pas...
Pour éviter la perte de ces 17 000 places, dans le fond, qu'est-ce
que nous pouvons faire? Parce que, c'est sûr, c'est une préoccupation qui est
assez grande avec le dépôt de ce projet de loi.
Mme Lessard (Francine) : En
fait, si je comprends bien, vous référez, là, à la possibilité, là, de
reconnaître les prestataires non reconnus? C'est de ce dossier...
Mme Maccarone : ...
Mme Lessard
(Francine) : Bien, ce qu'il faut faire, à notre avis, ce qu'il faut
faire, d'une part, c'est qu'il faut vraiment
travailler fort à réduire la lourdeur administrative. Donc, à cet effet, on a
déposé... le Conseil québécois
a déposé un mémoire où l'équipe juridique avait travaillé à donner... et aussi
au bureau coordonnateur, là, on a travaillé tous ensemble à revoir, dans le règlement,
dans les obligations, de quelle manière on pourrait enlever... je vous dirai
bien, enlever certains éléments sans pour autant toucher à la qualité. Et c'est
là le grand défi, comment on peut réduire la lourdeur administrative sans
toucher à la qualité de la prestation offerte en milieu familial. C'est un
exercice qu'on a fait. On voit, dans le projet de loi, là, qu'il y a très peu
de nos propositions qui apparaissent, mais c'est encore un sujet, pour nous, extrêmement
important, donc, il faut réduire la lourdeur administrative. Il faut accueillir
les requérantes, je dirais, avec transparence aussi, évidemment, avec
diligence, avec empathie, et on doit faire une promotion correcte et claire de
ce qu'est la garde en milieu familial, les obligations. Il ne faut pas... Je
l'ai nommé tout à l'heure, il ne faut pas que les gens continuent à penser que
le bureau coordonnateur, en fait, c'est un peu une division de la Sûreté du Québec,
mais pour les responsables de services de garde. On n'est pas des polices. On
n'est pas là pour jouer à la police, on est là pour assurer la santé et la
sécurité, le bien-être des enfants qui sont reçus en milieu familial.
Donc, évidemment, si j'étais une requérante qui
provient, finalement, du privé, que j'étais une prestataire non reconnue et
qu'on me faisait miroiter, sur les réseaux sociaux, que ça va être épouvantable
si j'arrive dans un bureau coordonnateur parce qu'ils vont me demander une
tonne de paperasse, ils vont être chez nous à tous les jours, ils vont... C'est
faux, tout ça, là. Alors, il faut travailler très fort à améliorer, finalement,
l'image que les PNR ont du réseau régi, qui n'est pas du tout ce qui est véhiculé
sur les réseaux sociaux, entre autres.
Mme Maccarone : Vous dites que
vous n'êtes pas la Sécurité publique, tout à fait, je comprends. Quel est le
rôle du gouvernement, dans ce cas, d'abord, le gouvernement, le rôle qu'eux,
ils devront occuper, en ce cas-là?
Mme Lessard (Francine) : Bien,
pour les PNR comme pour les responsables de services de garde en milieu
familial régi, actuellement, évidemment, on doit normer le milieu de manière à
avoir un standard de qualité. La grande préoccupation, pour l'État tout comme
pour les mandataires, c'est d'offrir à la population du Québec des services de
garde de qualité qui offrent, qui assurent la santé, la sécurité, le bien-être
de nos tout-petits. Évidemment, en milieu familial, on se doit de garder des visites
de surveillance, on n'a pas le choix, il faut s'entendre, mais la visite de
surveillance doit avoir pour objectif de travailler à l'amélioration continue
de la prestation de services et non de donner des avis de contravention. Alors,
vous comprendrez que, s'il y a un avis de contravention qui doit être donné,
oui, on doit le donner, évidemment, mais on est beaucoup plus dans un travail
positif que négatif, alors on doit se rendre chez la responsable périodiquement
et lui indiquer, en fait, ce qui pourrait être amélioré et l'aider, la soutenir, l'accompagner pour qu'on améliore de
jour en jour. Alors, oui, les normes doivent être là, on doit
standardiser ce milieu-là et le rendre sécuritaire pour toutes les familles du Québec.
Alors, moi, je suis une maman... ce n'est pas
vrai, je suis grand-maman, mais il y a une époque où j'étais une maman, et j'en
suis une, mais de grands enfants, donc, quand j'amène mon enfant, un matin,
chez une responsable de service de garde, on comprend que cette personne, souvent
non accompagnée, se retrouve seule chez elle avec un nombre d'enfants, donc on
doit avoir les moyens d'assurer la sécurité et le bien-être de ces tout-petits,
et c'est par, effectivement, des mandats clairement octroyés au bureau
coordonnateur.
Maintenant, où j'apporte vraiment le bémol,
c'est de dire que la position du bureau coordonnateur... leur rôle premier n'est pas de donner des avis de
contravention, le rôle premier est d'accompagner ces personnes
à l'amélioration continue de leur qualité.
Mme Maccarone : Alors, est-ce
qu'il y a des ajouts que nous devons prévoir dans ce projet de loi pour
rassurer ces femmes qui vont faire partie d'une transition? Parce que...
Mme Lessard (Francine) : Je
pense que ça va passer par un travail d'équipe, un travail d'équipe entre les
spécialistes de ce mode de garde, donc des gens qui oeuvrent sur le terrain
depuis des années et qui savent très bien comment tout ça se déroule, les
autorités ministérielles et, évidemment, pouvoir prévoir la promotion large
pour qu'autant les parents que les prestataires, que les PNR puissent vraiment
avoir un portrait juste de la qualité de la garde en milieu familial au Québec.
• (11 h 30) •
Mme Maccarone : Dans votre
mémoire, vous citez, article 20, le pouvoir d'émettre des instructions pour
assurer la cohérence des actions et des pratiques, puis vous partagez vos
préoccupations en ce qui concerne un peu l'autonomie des bureaux de
coordonnateurs. Vous le citez aussi dans l'article 30. Pouvez-vous
expliquer un peu qu'est-ce que ça va avoir
l'air sur le terrain, la perte de cette autonomie? Vous parlez de «les
nouvelles mesures doivent permettre une certaine autonomie de gestion
aux services de garde, qui sont les acteurs les mieux placés pour refléter les
préoccupations locales», pouvez-vous nous donner des exemples de ceci pour que
l'on comprenne mieux ce serait quoi, l'impact sur vous et votre réseau?
Mme Lessard (Francine) : Au
départ, on doit connaître et reconnaître qu'un centre de la petite enfance est un organisme privé autonome détenteur d'un permis
qui est octroyé, finalement, à un conseil d'administration
majoritairement formé de parents utilisateurs. Donc, tout de suite, à la base,
on est dans un milieu où on a des organisations qui sont complètement
autonomes. Effectivement, elles sont financées par l'État, elles sont encadrées
par une loi et des règlements, on comprend tous ça. Mais
il y a une autonomie quand le gouvernement donne le pouvoir à un bureau coordonnateur
de reconnaître une RSG, de la suspendre ou de la révoquer ou de ne pas la renouveler. Ce pouvoir-là a été octroyé au bureau
coordonnateur. Et je veux vraiment préciser, le bureau coordonnateur, ce
sont des parents administrateurs d'un conseil d'administration, donc ce sont
ces parents-là qui ont le pouvoir. Ce pouvoir-là, il leur a été octroyé. Donc,
on ne peut pas, par moments, leur en enlever une partie, puis par moments leur
en donner. Donc, si on donne un pouvoir complet à des organismes privés
autonomes, il faut maintenir ce pouvoir complet là, quoiqu'un certain
encadrement peut être fait, qu'il y ait des instructions qui peuvent être
données, mais il ne faut pas donner des instructions qui font en sorte que le gouvernement
va diriger lui-même les bureaux coordonnateurs. Le pouvoir de diriger les
centres de la petite enfance et les bureaux coordonnateurs a été donné à des
corporations privées autonomes administrées par des parents.
Mme Maccarone : O.K. Puis,
quand on parle, mettons... Vous avez eu un échange en ce qui concerne les
besoins réels du territoire. Faites-vous partie, présentement, du comité
consultatif qui va déterminer l'octroi des places sur un territoire, par
exemple?
Mme Lessard (Francine) : Vous
faites référence au CCO ou au CCR?
Mme Maccarone : Oui,
exactement. Puis il y a quand même une définition, une liste de c'est qui qui
fait partie dans le projet de loi, chaque comité est composé des membres
suivants, mais votre nom n'apparaît pas sur la liste. Est-ce que c'est...
Mme Lessard (Francine) : Tout à
fait, puis on espère qu'on va réviser cette composition pour effectivement y
inclure des gens du réseau qui peuvent donner leur opinion sur la qualité, particulièrement
sur la qualité des projets qui sont déposés.
Mme Maccarone : Quel est
l'impact pour vous puis votre réseau si vous ne siégez pas dans ce comité?
Mme Lessard (Francine) :
Écoutez, ce que je comprends, actuellement, de la proposition des CCR, en fait,
ce serait vraiment un comité qui aurait pour mandat d'informer les nouveaux
arrivants sur son territoire. Entre autres, une
usine ouvrira 200 nouveaux postes... bon, bref, un nouveau quartier résidentiel
verra le jour et accueillera une centaine de nouvelles familles, de
jeunes familles, ces informations-là doivent nous parvenir rapidement, évidemment.
Par contre, les projets qui vont être déposés,
il faut quand même qu'il y ait... à un moment ou à un autre, une fois qu'on a
reçu des projets, qu'il y ait des gens qui connaissent la réalité terrain pour
se prononcer sur la qualité de ces projets-là. J'entendais, tout à l'heure,
Mme Bélisle nommer, en fait, l'analyse de la qualité qui est faite, actuellement,
par Servirplus, les résultats de ces analyses-là. Effectivement, un groupe
promoteur qui aurait des notes pas très
élevées suite à l'évaluation de la qualité, il serait normal que ce projet-là
ne soit pas retenu. En fait, on veut, au Québec, offrir le meilleur, et
le meilleur, bien, ça s'appelle qualité, et qualité, ça s'évalue aussi. Donc,
l'évaluation des groupes promoteurs au sein des CCO, actuellement, ou des CCR à
venir doit quand même permettre au réseau, première ligne, de se prononcer sur
la qualité de ces projets-là.
Mme Maccarone :
Merci. Dernière question pour vous. Vous dites, quand vous faites votre exposé
sur l'article 30, votre point n° vi, que
certains critères préférentiels sont essentiels au réseau de services de garde.
Vous parlez de prioriser la fratrie ainsi
que les enfants des employés, mais vous ne parlez pas des enfants ayant des
besoins particuliers.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. C'est tout le temps que nous avions pour la députée de Westmount—Saint-Louis.
Je cède maintenant la parole à la députée de
Sherbrooke pour un temps de 2 min 45 s.
Mme Labrie : Merci. J'ai une
grande inquiétude, moi, avec le projet de loi, qu'on perde beaucoup de
personnes non reconnues dans le processus. Vous, vous avez... puis on l'a dit,
là, vous l'avez nommé vous-même, ça va prendre un changement d'image des
bureaux coordonnateurs pour s'assurer de les convaincre de rejoindre le réseau.
Vous nous avez dit que, pour vous, quatre ans, c'est trop long, que vous voulez
procéder rapidement. Donc, j'en déduis que vous, vous êtes confiante qu'on va
réussir à aller recruter à l'intérieur du réseau. Il y a quand même plusieurs
incitatifs qui ont été mis en place dans les derniers mois. Moi, les échos que
j'ai eus, c'est que ça n'avait pas donné
tellement de résultats au niveau des démarches d'accréditation. Est-ce que
vous, de votre côté, vous avez vu des
résultats significatifs? Combien de nouvelles personnes ont fait des démarches
pour être accréditées en milieu familial?
Mme Lessard
(Francine) : Écoutez, je n'ai pas de données précises, mais j'ai posé
cette question à un groupe de BC avec lesquels j'ai travaillé en fin de la
semaine dernière, et on m'indiquait que, dans certaines régions, les résultats
étaient quand même bons. Je pense entre autres au Témiscouata, où on a, dans
les dernières semaines, reconnu huit nouvelles responsables, alors que, dans
les années antérieures, on en était à une ou deux. Donc, pour certaines
régions, ça fonctionne bien. Je pense quand même que les incitatifs doivent
être publicisés beaucoup plus largement qu'actuellement pour donner un coup de
main, pour que les gens sachent que ça existe et qu'effectivement il y a même,
je vous dirais, des municipalités, des villes, des MRC qui ont aussi ajouté à
l'enveloppe ministérielle. Donc, il y a là, pour
certaines requérantes, un avantage certain à être reconnues et à recevoir,
finalement, un soutien financier qui va leur permettre probablement
l'amélioration de la condition structurelle des lieux, donc...
Mme Labrie :
...pas de risque qu'on perde plusieurs milliers de services de garde en milieu
familial.
Mme Lessard (Francine) : Pas de risque, personne ne peut juger de ça, de
dire qu'il n'y a aucun risque. Il y a des risques, évidemment, mais je
suis très confiance que tout le monde met l'épaule à la roue. Donc, on a une
bonne promotion, on travaille tous ensemble, on fait tout ce qu'on peut. Tu
sais, vous le savez, il y a des gestes très simples qui peuvent être faits,
comme se rendre dans les parcs municipaux l'après-midi, quand des PNR s'y
retrouvent avec leurs groupes d'enfants, et aller parler en direct de ce qu'est
un bureau coordonnateur, de ce qu'on leur offre comme environnement, de parler,
entre autres, des incitatifs financiers, ça se fait. Tout ça se fait,
présentement. Mais évidemment je ne peux pas venir vous confirmer qu'on n'aura
pas aucune perte de PNR, mais je suis confiance que vous pouvez effectivement...
et qu'on pourra effectivement aller recruter beaucoup pour...
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci.
Je cède maintenant la
parole à la députée de Joliette pour 2 min 45 s.
Mme Hivon :
Merci, Mme la Présidente.
Alors, bonjour.
Heureuse de vous revoir, Mme Lessard, et toute votre impressionnante
équipe juridique. Donc, merci pour le travail sur le mémoire, les commentaires
très précis, ça va nous être utile, notamment lors de l'étude détaillée.
Moi, je voulais vous
poser une question plus globale. Je sais que vous être une grande défenderesse
de la qualité dans notre réseau. Pour vous, quelle est la mesure-phare la plus
importante ou la plus structurante sur laquelle on devrait miser, là,
maintenant qu'on a ce projet de loi devant nous, puis que je pense qu'on veut
tous atteindre le maximum de qualité dans le réseau?
Mme Lessard
(Francine) : La qualité, pour moi, vous avez raison, Mme Hivon,
de dire que c'est une... (panne de son) ...préoccupation, d'offrir de la
qualité aux petits du Québec, c'est une très grande préoccupation. La qualité,
ça passe par la formation, ça passe par un encadrement, ça passe par un esprit
de partage de nos connaissances. On parle de pédagogie nature de plus en plus
dans nos réseaux. On a beaucoup d'espace pour toujours améliorer notre
prestation de services et offrir de plus en plus de qualité. Je pense qu'on va
devoir aussi, nécessairement, en raison de la pénurie de main-d'oeuvre, ouvrir
à de nouveaux arrivants au Québec, faire des démarches pour aller chercher des
gens qui sont à l'extérieur de notre province. Et ça, nous, en tout cas, au
Conseil québécois, on a même mis en place un collectif avec toutes
les associations nationales de services éducatifs à la petite enfance
pour être capables de trouver la voie qui va nous permettre de travailler au Québec
avec le COUD, avec la reconnaissance des acquis, avec tous les beaux programmes
qui sont en place actuellement, mais aussi ne pas oublier qu'on a un besoin criant d'éducateurs et
d'éducatrices, on a un besoin criant, même, de tous les titres d'emploi que
compose une corporation. Donc, il va falloir
se tourner rapidement vers l'immigration et trouver une voie facilitante pour
que les gens qui habitent ailleurs que chez nous qui parlent notre
langue puissent venir travailler et améliorer la qualité avec nous.
• (11 h 40) •
Mme Hivon : Très intéressant.
Et puis, pour revenir, là, vous disiez... vraiment, vous insistiez beaucoup,
pour les RSG, sur la notion de soutien
pédagogique. Je veux bien comprendre. Tout à l'heure, l'AQCPE nous parlait, là,
vraiment d'une uniformisation sur, vraiment,
la formation, le programme pédagogique, puis tout ça. Vous, je comprends qu'il y a comme deux volets, il a
le programme, mais il y a aussi de dire le soutien. Si vous vouliez juste
préciser, parce que vous parliez aussi de visites à vocation pédagogique,
vraiment ce que vous avez en tête.
La Présidente (Mme
D'Amours) : En cinq secondes.
Mme Lessard
(Francine) : C'est extrêmement important, très, très important, parce
qu'effectivement il y a un jour où on avait nécessairement des visites et du
soutien pédagogique. Un jour, on a enlevé ça de la loi en disant que, quelqu'un
qui ne veut pas être aidé, on ne peut pas l'aider. Mais je pense qu'on doit
revenir à dire que le soutien pédagogique, lorsque nécessaire, doit être
offert, et qu'il n'est pas...
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Merci beaucoup. Donc, je vous remercie pour votre
contribution aux travaux de la commission.
Je suspends les
travaux quelques instants afin d'accueillir les prochains témoins. Merci
beaucoup.
(Suspension de la séance à 11
h 41)
(Reprise à 11 h 48)
La Présidente (Mme
D'Amours) : Nous reprenons nos travaux dans la gaieté et la joie, en
se demandant si on porte le masque ou pas. Nous devons porter le masque en tout
temps. Lorsqu'on prend la parole, on enlève le masque, naturellement.
Alors, je vous souhaite la
bienvenue. Je souhaite la bienvenue à l'Association des garderies privées du
Québec. Nous avons M. Alahmad, président, et Mme Borrega,
vice-présidente. Alors, je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes
pour votre exposé, après quoi nous procéderons à la période d'échange avec les
membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à procéder à votre
exposé. La parole est à vous.
Association des garderies privées du Québec (AGPQ)
Mme Borrega (Mona Lisa) :
Bonjour. Mona Lisa Borrega, accompagnée de mon collègue Samir Alahmad, de
l'Association des garderies privées du Québec. On vous remercie de nous avoir
invités aujourd'hui.
Et, après avoir étudié le projet de loi, on est
ici pour vous donner nos commentaires. On va commencer au tout début, avec
l'article 1. On a remarqué qu'on a enlevé un droit que les parents
avaient, dans ce paragraphe-là, soit celui de choisir leur percepteur de
service de garde, et on aimerait que ça demeure.
On a regardé concernant le guichet unique, eh
bien, ça ne surprendra pas personne que nous, on n'a jamais été d'accord avec
ce guichet unique, qui est un outil qui est très, très lourd à gérer, qui n'a
jamais bien fonctionné pour les services de garde et qu'en bout de ligne résultent
souvent des places qui vont demeurer vides à cause de la lourdeur et puis le
fait que les listes ne sont jamais nettoyées.
Et nos recommandations concernant ce que... les
intentions du ministère de la Famille, c'est regarder
l'article 30 que vous voulez ajouter. Un article comme ça, ça rajoute
à la lourdeur puis à la bureaucratie et puis ça aussi, ça contribue à retarder à ce qu'une place soit remplie. Alors, il
faut vraiment faire attention à la lourdeur qu'on va mettre dans l'administration. Vu que c'est quelque
chose qui est imposé, on demande la gratuité pour tous les services de garde à utiliser ce service-là. Et finalement,
important, c'est respecter l'autonomie de gestion de chaque service de
garde.
• (11 h 50) •
Concernant l'augmentation des places par
installation de 80 et 100, on accueille... c'est une décision que, pour nous,
on trouve très favorable. Ça va aider à créer des places de qualité rapidement.
Concernant les comités consultatifs, avec
l'adoption du projet de loi, ça devient clair que la décision d'octroyer des
places va revenir exclusivement au ministre de la Famille et au MFA. On veut...
on souhaite que ce soit un processus clair avec des règles bien établies afin
d'éviter tout genre de problématique ou de questionnement. Il ne faudrait pas, certainement, qu'il y ait une
perception du grand public... des questions concernant la transparence.
Alors, nous, c'est là-dessus qu'on attire votre attention aujourd'hui.
On demande, pour les employés, l'implantation de
deux journées pédagogiques. On est dans... Pour développer des places, il faut du personnel, là, et ça fait longtemps
qu'on le demande. Puis je pense qu'avec l'importance et la valorisation
de l'emploi ajouter deux journées pédagogiques pour qu'on puisse non
seulement bien rémunérer nos employés, mais aussi de les garder à la fine
pointe, là, de tout ce qu'il y a de développement dans le domaine d'éducation
préscolaire aux enfants, on pense que c'est quelque chose qui aurait dû être en
place il y a longtemps, là. Mais, si on ne pouvait pas le faire dans le passé,
le meilleur temps, c'est le présent, on le demande aujourd'hui.
On veut favoriser aussi... Le but du
gouvernement, du projet de loi aussi, c'est de favoriser l'accès aux enfants de milieux défavorisés. Il faut faire attention
avec la défavorisation, parce qu'on a beaucoup de familles, au Québec, là, qui sont à faibles revenus, puis eux autres
vont payer le même prix que tout le monde, puis on pense qu'il devrait y
avoir, par exemple —
c'est une suggestion —
une modulation négative du 8,50 $ à... commençant, disons, exemple, à
50 000 $ jusqu'à 30 000 $, puis les familles dont le revenu
familial est de 30 000 $, que ce soit gratuit, parce qu'on
considère... Par exemple, une famille qui ont deux enfants vont payer
comme au-delà de 4 400 $ par année pour leurs enfants, et ces
familles-là n'ont certainement pas plus d'argent que quelqu'un qui est sur
l'aide sociale en rencontrant toutes ces obligations-là. En faisant cela, bien,
on va aller chercher une clientèle plus facilement puis on va encore mieux les
préparer pour l'école.
On veut parler des pénalités administratives. On
a remarqué que ça a passé du simple au double et on s'inquiète à savoir est-ce
que ça va devenir une source de financement pour le gouvernement. On comprend
qu'il y a des cas problématiques, et les cas problématiques devraient
effectivement être traités d'une façon spéciale et non pas généraliser le tout.
Les gens qui sont pris en défaut veulent toujours... dans la très, très grande
majorité des cas, ils veulent... la seule chose qu'ils veulent faire, c'est
qu'ils veulent s'améliorer puis ils veulent régler le manquement. Alors, on
demanderait que ce soit... qu'il y ait plus de collaboration. On trouve que les
pénalités, comme elles le sont en ce moment, sont bien assez élevées.
On va parler des inspections. On rajoute, ici,
un paragraphe à l'article 32 qui dit que la personne à qui une demande est
faite doit se conformer dans un délai, qu'elle ait ou non déjà communiqué un
tel renseignement, ou un tel document, ou une telle réponse. Nous, on trouve
que c'est abusif. Il faut responsabiliser tout le monde, tous les intervenants
doivent être responsabilisés, incluant les inspecteurs. Demander à des gens de
remettre encore les mêmes documents... Puis, quand je parle de documents, là,
on parle des photocopies, là, de centaines et de centaines de pages, ce n'est
pas envoyer une ou deux pages. Cet article-là, en mettant ça, c'est considéré,
d'après nous, comme du harcèlement puis de l'abus de pouvoir.
Conciliation
travail-famille. Il faut bonifier l'offre aux parents et permettre aux familles
de garderies subventionnées d'offrir
des activités facultatives comme le karaté, le yoga, la musique. Ce genre
d'activités permettra aux parents qui le souhaitent d'offrir à leurs enfants des activités éducatives,
récréatives ou sportives enrichies. Offrir ces activités pendant les
heures de garderie, pour ceux qui le désirent, libérera les parents les soirs
et les fins de semaine afin qu'ils puissent passer plus de temps de qualité
avec leurs enfants. Ce genre d'activités là, ça rentre avec ce que... le cadre
de Gazelle et Potiron et les saines habitudes et va contribuer à la conciliation
travail-famille.
On demande aussi un
soutien financier aux associations. De manière arbitraire, en 2014, le gouvernement
a arrêté tout le financement aux associations nationales. Pour continuer à
faire notre travail de manière adéquate, on a besoin
de support, on a besoin d'un support financier. On est sollicités de plus en plus,
et pas seulement par vous, M. le ministre, il y a les parents, il y a...
on a les autres ministères, l'Éducation, le Travail. On veut continuer à
participer, on est heureux de participer, mais il faut nous donner un peu de
soutien pour être capables de continuer à participer.
Enfin, je veux parler des personnes liées. Vous
savez que la loi considère... des personnes liées à une personne, c'est son
conjoint, son enfant ou l'enfant de son conjoint, son père, sa mère, son oncle,
sa tante, son frère, sa soeur ainsi que leurs conjoints. Ça représente des
dizaines de personnes. Puis, dans le cas de familles élargies, les chiffres
explosent. Tous ces gens-là ensemble sont considérés dans le même bassin et ont
droit à se partager 500 places. Il n'y
a pas d'équilibre là-dedans, là. Un individu a le droit à 500 places,
mais tous ces gens-là ensemble... Ce qu'on ne comprend pas puis où le
bât blesse, c'est le fait d'aider nos enfants. C'est tout à fait naturel qu'un
parent aide son enfant. La majorité des parents vont aider leurs enfants dans
leurs études. Ceux qui peuvent vont les aider à acheter leur première maison
puis même, oui, à les partir en affaires. Alors, aller à l'encontre de ça,
c'est comme aller à l'encontre de l'esprit de ce qu'est une famille, c'est
pénaliser le principe fondamental et puis le droit qu'un parent a à aider ses
enfants, et on trouve que ça ne devrait jamais être le ministère de la Famille
qui pénalise les familles. Et je vous remercie de l'écoute.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup.
Nous sommes maintenant rendus à la période
d'échange. Je cède maintenant la parole à M. le ministre.
M. Lacombe : Merci beaucoup,
Mme la Présidente.
Bonjour à vous deux. C'est un plaisir de vous
voir officiellement. Mme Borrega, ça faisait quand même un moment qu'on
n'avait pas échangé ensemble. On parle plus régulièrement avec M. Alahmad,
mais ça...
Mme Borrega (Mona Lisa) : En
personne, oui.
M. Lacombe : C'est ça,
exactement. Mais ça me fait plaisir de vous voir.
Mme Borrega (Mona Lisa) : Au
travers de plusieurs micas, mais quand même en personne.
• (12 heures) •
M. Lacombe : Oui, exact. On est
bien protégés, en tout cas.
D'entrée de jeu, je veux juste vous dire...
parce que le commentaire est revenu aussi, tantôt, sur le droit de choisir le
service de garde. Je veux rassurer tout le monde, je pense qu'il y a là une
erreur d'interprétation dans nos intentions, là, on n'a pas du tout
l'intention... Même que ce qu'on souhaite, c'est que les prestataires de services
de garde, dans une certaine mesure... mais là je ne sais pas si vous serez
d'accord avec ça, mais aient davantage de contraintes, là, pour
qu'arbitrairement ils ne puissent pas refuser n'importe quel enfant parce
qu'ils trouvent qu'il a l'air un petit plus tannant, par exemple. Donc, je
pense qu'il y a peut-être une erreur d'interprétation et je veux juste
peut-être le clarifier ici, au micro, et dire que, si ça prend un amendement,
là, on regardera tout de suite ça pour nous assurer que c'est très, très clair,
parce que notre intention, ce n'est pas du tout de brimer ça.
Je veux parler de la liste d'attente, du guichet
unique, parce que je vous sens, là, vraiment très... et je le sais, là, ce
n'est pas une surprise, là, évidemment, on en a déjà discuté, mais on est ici
pour en parler, vous contestez donc l'existence même d'une liste d'attente
centralisée. Dans votre esprit, ça ne devrait pas exister. Je me sens obligé de
vous poser la question. Dans un contexte où
on veut non seulement faciliter la vie des parents qui sont à la recherche d'une place, mais aussi
avoir des outils au ministère de la Famille ou, plus largement, au gouvernement
pour bien planifier le développement du réseau, si on n'a pas cette liste
d'attente centralisée, qu'est-ce que vous proposez pour rendre l'accès aux
services facile pour les parents puis que le ministère ait suffisamment de
données? Quelle est votre idée?
M. Alahmad (Samir) : C'est sûr
que, pour la liste...
Juste une petite parenthèse pour l'article n° 1, sur le droit d'un parent, c'est vrai, dans la loi, on
donne toujours le droit aux parents de choisir le service de garde, ça, on a vu ça,
mais ils étaient dans l'article n° 1, puis nous, on trouve... on donne plus de
pouvoirs, l'article 1 balise que le parent, il a le droit. C'est juste une
petite parenthèse.
Pour la liste d'attente centralisée, c'est
sûr... écoutez, nous, on a une expérience pas très flattante pour la liste
d'attente centralisée. Qu'est-ce qu'on a, nous autres, sur le terrain? On a une
liste qui ne fonctionne jamais, qui n'était
jamais à jour, puis c'était, à un
moment donné, un obstacle, pour nous,
pour qu'on avance. On a dit à
plusieurs reprises, on cherchait un enfant, là, on paissait à peu près une
semaine, deux semaines, trois semaines pour combler l'enfant. Là, maintenant, probablement,
donc réalité à nous, dans un service de garde, je prends un service de garde
de 80 places, normalement, par année, bon an, mal an, on a quatre, cinq, six
enfants qu'on vient chercher de l'extérieur. C'est la priorité numéro un aux
fratries, numéro deux aux employés, ou vice versa, puis à un moment donné il
reste quatre, cinq enfants. Nous, on
dit : On va mettre une structure monstre qui ne fonctionne pas, qui n'a
jamais fonctionné, puis là, à un moment donné, ils nous imposent qu'on
paie pour cette structure-là. Ils ne nous aident pas à avancer dans la vie,
puis on dit : À quoi ça sert?
Nous, on avait dit, dans le temps, qu'on a nos
priorités à nous, on peut faire, nous autres, c'est quoi, nos critères pour
accepter un enfant, puis ce critère peut être validé par le ministère de la
Famille qu'on ne fait pas de la discrimination
pour faire de la discrimination pour... justement, on ne peut pas exclure un
enfant qui est un peu tannant, puis on peut baliser ces critères. Là, on dit après : Si
jamais, pour toutes sortes de raisons, on a besoin de liste d'attente centralisée, bien, regarde, on va vivre avec. Que la liste d'attente
centralisée — puis je ne
veux pas être négatif, ici — soit confiée à un organisme
ou à un autre, ou à un autre, un autre, c'est gros, ça. On a
250 000 enfants seulement dans les
places subventionnées, là, on a exclu peut-être 70 000 places dans
les places non subventionnées, c'est énorme.
M. Lacombe :
Bien, est-ce que vous pensez, à ce moment-là, que ce serait mieux que ce soit
le gouvernement qui gère ça?
M. Alahmad (Samir) : Ça prend quelqu'un,
ça prend quelqu'un. C'est sûr et certain, si c'est le gouvernement, ce n'est
pas toujours un gage que ça va bien fonctionner.
M. Lacombe : Pas toujours, pas toujours.
M. Alahmad (Samir) : Ce n'est
pas toujours... Ça prend une liste qui fonctionne bien. Ça prend une liste que
le ministère... qui obtient toute l'information qu'ils ont besoin, qui n'est
pas très difficile à utiliser. Juste pour donner un exemple, là, tout de suite,
on n'a même pas... encore, puis on dit ici, dans un article de loi, avant qu'on
accepte un enfant, qu'on va aviser la liste d'attente. Il y a un article que
vous avez mis amendé, ici. Mais là, si, avant que j'accepte un enfant, que je
veux aviser la liste, c'est des procédures, c'est des étapes. Est-ce que c'est
automatisé? Je peux vivre avec. Si ce n'est pas automatisé... Nous, quand il
nous manque un enfant, c'est un enfant... vite, il ne faut pas laisser même pas
une place vide. Nous, on...
M. Lacombe : Mais,
M. Alahmad, les parents s'attendent de nous, du gouvernement et de vous — je vais
tous nous mettre dans le même bain — qu'on trouve des solutions, parce que, le
processus, actuellement, les parents ont perdu confiance en lui, et il faut
s'assurer que cette confiance-là soit restaurée. C'est un programme qui nous
coûte 2,8 milliards, vous le savez, et c'est un outil, je le disais, c'est
un immense héritage qui nous a été légué par Mme Marois, M. Bouchard,
on doit s'assurer qu'il se développe de la meilleure façon. Et actuellement il
y a une perte de confiance, et on n'agit peut-être pas là où on devrait agir
aussi. Et, si on collaborait ensemble, ce que j'entends,
c'est que... Dans le meilleur des mondes, vous dites : On aimerait ça
gérer notre propre liste d'attente, mais que, s'il y en a une qui est
centralisée, il faut bien travailler ensemble pour arriver au meilleur
résultat.
M. Alahmad (Samir) : C'est bien
ça, mais il faudrait que la liste fonctionne bien, que ça ne soit pas un
fardeau ni pour le parent ni pour nous. Puis, troisièmement, je n'embarque pas
dans un débat là-dessus. Les parents, vraiment, leur problématique, aux
parents, au moment où on se parle, c'est le manque de places. Une liste
d'attente centralisée, ça ne crée pas des places. Nos garderies, nos services
de garde, nos CPE, ils fonctionnent à 100 % de leur capacité. Une liste...
Je peux comprendre une liste d'attente dans le cas qu'il y a des services de
garde qui travaillent à 90 % de sa capacité, un autre à 100 %, puis
un autre à 80 %, puis là on va dire comment on peut matcher ces gens-là
pour qu'on l'utilise à 100 %. Les parents, ils veulent des places. Nous,
on n'est pas en désaccord absolu là-dessus, on peut vivre avec, les données, on
peut l'utiliser. Mais deux, trois choses, notre autonomie de gestion. Moi, j'ai
un service de garde, j'ai une réalité dans ma région, j'ai une manufacture qui
vient d'ouvrir à côté de chez nous, ou bien un collège, ou je ne suis pas quoi,
une maison pour des personnes vulnérables, je dois avoir le loisir de favoriser
ces gens-là, de dire : Oui, sur ma liste, moi, ces gens-là, je veux les
favoriser. Je dois avoir le loisir de favoriser les gens... les gens monoparentaux,
les gens qui sont aux études.
M. Lacombe : ...votre politique
d'admission.
M. Alahmad (Samir) : Bien,
c'est ça, on veut que notre politique d'admission soit là, puis on veut que la
liste fonctionne bien. Puis, je vous le dis tout de suite, la tâche n'est pas
facile. Une liste pour gérer à peu près 300 000 noms, on a vu, avec
le registre des armes à feu, puis on a vu à droite puis... Il faudrait que le
coût, ça vaut la chandelle, il faudrait que la liste fonctionne très bien.
M. Lacombe : Je comprends bien,
mais on a le même objectif, et c'est clair que ce n'est pas facile. Si c'était
facile, elle fonctionnerait déjà. Donc, c'est clair que c'est difficile. Mais
ce que j'entends, là, c'est que ce n'est pas votre choix numéro un, et je
comprends les raisons, mais que, dans un compromis où tout le monde pourrait
sortir gagnant, on peut avoir une liste centralisée, mais évidemment il faut
qu'elle fonctionne. Et ultimement ce que ça prend, c'est suffisamment de places
pour tous les enfants.
Mais cette
autonomie-là, cet espace d'autonomie là, nous... moi, je suis bien prêt à vous
la laisser, là, c'est-à-dire, effectivement,
il faut laisser les CPE et les garderies avoir une certaine couleur, mais il y
a certains critères, à mon sens, qui ne doivent pas exister, il y a certains
critères qui doivent être priorisés, et là c'est là qu'on aura un travail. Je
voulais vous entendre là-dessus, mais ça me rassure.
Vous suggérez aussi l'ajout de journées
pédagogiques. Vous savez, une journée pédagogique, quand on parle de ça, pour
les parents, ça veut dire «fermeture». Les parents, à l'école, ont accès au
service de garde lorsqu'il y a une journée pédagogique, mais là vous comprenez
que, dans notre réseau, ce n'est pas, évidemment, la même chose. Est-ce que ce
que vous avez en tête, c'est vraiment ce qui se fait à l'école, c'est-à-dire la
garderie est fermée pour une journée, et là les parents doivent s'arranger
cette journée-là?
M. Alahmad
(Samir) : Je pense, c'est le bébé à Mona, ça. C'est elle qui soulève
ça.
M. Lacombe :
Je la vois réagir, là.
M. Alahmad
(Samir) : À chaque fois, elle soulève ça. Je vais la laisser le loisir
de répondre.
Mme Borrega
(Mona Lisa) : Absolument. Et puis la raison qu'il faut fermer le
service de garde, c'est vraiment pour qu'on puisse travailler avec le
personnel, tout le monde en même temps, s'il y a une formation, que les gens reçoivent... les éducatrices reçoivent toutes
le même cours en même temps qu'elles peuvent terminer la formation et
puis avoir compris, presque tout le monde, la même chose, qu'il y ait des
échanges.
Et, avec les parents,
c'est quand même assez facile, avec les parents, parce qu'ils vont savoir
d'avance, ils vont savoir d'avance que telle journée pendant l'année... ça va
être fixé dans l'offre de services que ça va être une journée pédagogique. Si
on est capables, on peut même voir avec les écoles dans le secteur pour voir
c'est quoi, les journées. Mais, je veux dire, c'est facile à prévoir, puis je
pense que les parents vont l'apprécier. Ils vont l'apprécier parce qu'ils vont
voir que ce n'est pas des gardiennes, c'est vraiment des éducatrices, et puis
que le service de garde met une valeur à la formation de ses éducatrices et le
fait qu'elles soient toujours au courant des nouveaux développements dans
l'éducation au préscolaire. C'est quelque chose à quoi... ça fait des années
que j'en parle, mais la formation, c'est très important, surtout dans le
domaine qu'on est.
M. Lacombe :
Vous m'en aviez déjà parlé, d'ailleurs. Mme la Présidente, il nous reste
combien de temps?
La Présidente (Mme
D'Amours) : Six minutes.
M. Lacombe :
Six minutes. Est-ce que vous pouvez aussi élaborer peut-être un peu plus sur
votre désir que les services de garde
subventionnés puissent offrir des activités extracurriculaires, là, ou, en
fait, des activités, comment dirais-je,
là, qui sont tarifées en plus du
programme éducatif? Donc, on comprend que, par exemple, vous
souhaiteriez pouvoir offrir un cours de... je ne veux pas vous mettre de mots
dans la bouche, là, mais... vous donnez des idées, mais un cours de karaté, un
cours de yoga, par exemple, et d'y apposer un tarif, là, donc le parent devrait
payer. Quelle est votre idée?
Mme Borrega
(Mona Lisa) : Dans le passé, c'était permis. Ça été permis jusqu'à...
je ne veux pas rentrer dans la politique, mais c'était permis jusqu'à un
certain moment, et les parents aimaient beaucoup ça. Ils aimaient beaucoup ça
parce que, si je prends, par exemple, une famille... un exemple, une famille
monoparentale avec un enfant à l'école, bien, le papa ou la maman doit aider
l'enfant à faire les devoirs le soir puis ne trouve pas vraiment le temps pour
amener les enfants à faire un cours de ballet, un cours de yoga, un cours de
karaté, on le fait pendant les heures de travail. Et on ce qu'on faisait,
normalement il y avait une salle réservée, puis les enfants dont les parents ne
voulaient pas adhérer, bien, continuaient le programme régulier pendant cette
période-là. Mais c'était vraiment, vraiment populaire. C'était rare, les
parents qui ne voulaient pas faire partie.
• (12 h 10) •
M. Lacombe :
Bien, je vous donne un exemple personnel, mes enfants ont fréquenté, pendant
une courte période, une garderie non subventionnée parce qu'on était en
transition après un déménagement, et à cette garderie-là, justement, il y avait
un programme, là, qui était offert, un programme de danse, et moi je vous avoue
que, comme parent, effectivement, là, je me suis dit : Ah! c'est bon ça,
tu sais, on va permettre à notre fils de suivre ces cours-là, sans être obligés
de courir sur l'heure du souper un mercredi soir. Mais j'avais les moyens de le
faire, et là je me suis dit, et je me fais un peu la même réflexion, là, quand
je vous entends : Il y a des parents qui n'ont pas ces moyens-là, et
peut-être qu'à deux, trois ans, l'enfant s'en rend moins compte, mais, lorsque
l'enfant vieillit, il comprend bien que parce que lui n'est pas inscrit à cette
activité-là, il doit aller ailleurs. Comment est-ce que vous voyez cette dynamique-là? Est-ce qu'on ne risque pas d'exclure
des enfants sur la base, finalement, des moyens qu'ont leurs parents?
M. Alahmad
(Samir) : Pour être franc avec vous, nous, on l'a essayé. Dans le
temps, on l'a essayé puis on n'a pas eu de problème à ce niveau. Les enfants
dans une classe, ils continuent à avoir leur activité normale avec leurs
éducatrices. Les autres enfants qui le voulaient... il y avait même des parents
qui avaient pas mal les moyens de tout le monde, mais ça ne rentre pas dans
leur philosophie de mettre ses enfants. Ce n'est pas une question seulement de
défavorisation, mais ça ne causait pas un problème avec les enfants, les
enfants continuent leur activité avec leurs éducatrices.
Donc, l'enfant, il aime ça. Vraiment, on n'a pas senti aucune problématique à
ce niveau, dans le temps, là.
M. Lacombe :
D'accord. Merci beaucoup. Puis je vais passer, pour le temps qui reste, la
parole à ma collègue, la députée de Soulanges, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
D'Amours) : ...oui. Je cède maintenant la parole à la députée de Soulanges.
Mme Picard :
Merci, Mme la Présidente.
Lors des
consultations publiques qui avaient été faites au printemps dernier...
Une voix : On vous entend mal...
Mme Picard :
Lors des consultations publiques qui avaient été réalisées au printemps
dernier, vous aviez parlé d'une idée d'offre de services élargie pour faciliter
la conciliation travail-famille. Est-ce que vous pouvez nous expliquer de quel
genre de services?
Mme Borrega (Mona Lisa) : C'est
de ça qu'on parlait, là, les activités...
M. Picard : Les
pédagogiques, les activités, exactement?
Mme Borrega (Mona Lisa) : Oui.
Mme Picard : Je vous amènerais peut-être
avec le personnel de la santé. Est-ce que vous avez des idées, particulièrement
pour eux, pour la conciliation travail-famille, pour les aider au quotidien,
là, ces parents-là qui...
Mme Borrega (Mona Lisa) : Vous
parlez de quoi, là, comme des heures atypiques?
Mme Picard : Exact, ou peu
importe quoi, là.
Mme Borrega (Mona Lisa) : Ah!
les heures atypiques, on vient de participer à un comité là-dessus, on est très
intéressés. La seule chose, c'est que, les heures atypiques, il ne faut pas
vraiment y aller au large parce que ce n'est pas quelque chose qui est
superpopulaire, mais il y en a, certains secteurs ou certaines régions où il y
a un réel besoin, mais on parlait,
justement, de... Pour instaurer ce genre de services là, bien, on a des
problèmes principalement au niveau de la main-d'oeuvre et puis que le
fait que, dans le passé, le ministère de la Famille n'a jamais voulu assouplir
les règles et... pour qu'on puisse mettre en place ce genre de programme là...
Mais on le sait, que, dans nos membres, il y a beaucoup de gens qui seraient
intéressés à une offre de services élargie.
Mme Picard : Avez-vous d'autres
suggestions pour des services pour la conciliation travail-famille, là, au sein
des services de garde, mis à part...
Mme Borrega (Mona Lisa) : Bien,
je pense que... C'est parce que je ne veux pas prendre trop de votre temps,
mais ce qui a été discuté puis ce qui a été entamé avec le comité consultatif
sur les heures atypiques... puis je pense qu'on est vraiment sur la bonne
route. Je pense que c'est ça qu'il faut faire, il faut avoir le comité, prendre
les recommandations du comité puis peut-être... au lieu d'avoir été chercher
peut-être un ou deux services de garde, de faire quelque chose un petit
peu plus élargi, là, peut-être en passant par les associations puis après ça
par un sondage, ou quelque chose comme ça, par rapport à un petit plus de
données. Mais moi, je pense qu'il y aurait, de la part des services de garde,
une bonne réponse favorable.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci.
Je vais céder maintenant la parole à la députée
de Westmount—Saint-Louis.
À vous la parole.
Mme Maccarone : Merci, Mme la
Présidente.
Bonjour. Un plaisir de vous revoir, ça fait
longtemps pour moi également.
Je veux revenir un peu sur ce que vous proposez
en ce qui concerne favoriser l'accès à des familles à des faibles revenus, parce
que, dans les échanges que nous avons entendus, vous parlez d'offrir aussi
d'aider les familles à avoir une conciliation famille-travail pour offrir des
services au sein de vos services de garde. Mais ça reste que c'est des services
qui vont encourir des frais, alors je veux mieux comprendre la logique de ce
que vous voulez partager avec nous comme membres de commission, parce que je
pense que l'essence du projet de loi, c'est d'avoir un accès plus universel,
élargi pour s'assurer que la majorité de nos enfants vont pouvoir accéder à
notre réseau de service de garde éducatif. Mais est-ce que ce que vous êtes en
train de proposer, ce n'est pas deux pôles? On a les gens qui vont être favorisés, qui vont pouvoir payer pour des services
au sein du réseau de service de garde, mais on veut aussi réduire aussi les contributions qu'on attend de peut-être
l'autre catégorie de parents qui n'auront pas nécessairement
les moyens. Alors, je veux mieux comprendre ce que vous êtes en train de
partager comme vision pour le réseau.
M. Alahmad (Samir) : Nous,
c'est sûr et certain, l'accès à un service de garde éducatif doit être à la
portée de tout le monde. Le service de garde, on trouve, puis je pense que le ministère trouve, avec les statistiques qu'on a,
qu'il y a une tranche de la population,
malheureusement, on doit le dire, les plus vulnérables, ils ne
sont pas bien représentés dans les services de garde. Ça fait qu'après
analyse on trouve effectivement des parents à faibles revenus. Parce que, là,
là, dans la façon qu'on admet des parents dans un service de garde
subventionné, on ne regarde pas le revenu, on regarde :
ou bien il est sur l'aide de dernier recours, l'aide sociale, ou il paie comme tout le monde. Effectivement, un parent
qui fait... même avec un enfant, qui gagne 30 000 $ par année, puis ses parents, ils
travaillent puis ils ne sont pas sur l'aide de dernier recours, c'est un
fardeau, c'est insurmontable, c'est un fardeau, c'est gros. Nous, on dit :
C'est vraiment ça, la priorité numéro un,
d'avoir un service de garde accessible à tout le monde. Ça fait que ça fait
plusieurs fois qu'on soulève le questionnement. C'est ça, on répond à
l'objectif des parents... c'est-à-dire du gouvernement puis, deuxièmement, on
répond à l'objectif de... vraiment, pour ces parents, pour ces enfants qui ont
vraiment besoin plus que tout le monde d'un service de garde éducatif. C'est pour
ça, ce volet-là, on dit «ont besoin».
L'autre volet que nous
autres, on dit, pour le groupe de parent, pour un groupe de parents, qu'on est
capables de les aider un peu. Il y a des parents qui nous demandent,
maintenant, avec les gardes atypiques, d'ouvrir les services de garde un peu
plus longs. Et là, là, ce n'est pas tous les parents qui vont l'utiliser, on
demande pour un groupe de parents qui sont vraiment... ils tiennent à avoir ces
activités enrichies... puis ne va pas en contradiction... une bonne offre de
services, est-ce qu'on peut les aider? Dans le passé, on les a aidés, puis ça a
très bien été. Mais, vraiment, on demande que c'est du point de vue facultatif,
pour ceux qui le désirent.
Mais la chose principale et primordiale, vraiment,
avoir une offre de services accessible à tous les parents. Puis on trouve,
c'est vraiment malheureux, des parents qui sont à faibles revenus,
30 000 $, 40 000 $ avec un ou deux enfants, vraiment, ce
n'est pas... je ne veux pas entrer dans le détail des chiffres, ce n'est pas
loin de l'aide sociale, puis eux, ils ont décidé... puis encore, ça, c'est...
péjoratif du tout, eux, ils ont travaillé, puis ils travaillent, puis vraiment
c'est un obstacle pour eux autres; même le 8,50 $, c'est un obstacle pour
eux autres.
Mme Maccarone : En parlant des
parents qui ont vraiment besoin, puis des obstacles, je veux lire le paragraphe
dans l'article 2 : «Tout enfant a le droit de recevoir des services de
garde éducatifs personnalisés de qualité de la naissance jusqu'à son admission
à l'éducation préscolaire ou à l'enseignement primaire ou, à défaut, jusqu'au
premier jour du calendrier scolaire», etc.
Quand vous parlez des parents, ils ont des
grands besoins, quand vous parlez des parents qui font face à des obstructions
d'avoir accès au réseau, parlez-vous aussi des parents des enfants handicapés?
Puis, si oui, combien d'enfants handicapés avez-vous dans votre réseau?
• (12 h 20) •
M. Alahmad (Samir) : C'est sûr,
les enfants handicapés, ça a toujours été une priorité, ça a toujours... une
priorité pour tout le monde, puis on a déjà participé, comme association, à beaucoup,
beaucoup, beaucoup de tables pour l'intégration des enfants handicapés. On est très,
très, très sensibles là-dessus. Vraiment, le chiffre exact, en date d'aujourd'hui,
on ne l'a pas, mais on a, dans tous nos services de garde... moi, je parle de
mes services de garde à moi, Mona a un peu parlé des siens, on a toujours...
vous allez vois nos états financiers, on a toujours un volet pour l'intégration
des enfants handicapés.
Est-ce que... par contre, est-ce qu'on fait
assez? Je dis non, on doit faire plus, on doit faire plus. Intégrer un enfant
handicapé, ça peut paraître que c'est banal, c'est comme tout le monde, mais
intégrer un enfant handicapé, avant tout, il faut croire à ça. C'est une
vocation, il faut vraiment croire. C'est très, très, très exigeant de tout le
monde, puis il faudrait qu'on fasse plus. Puis d'ailleurs nous, on dit, avec le
gouvernement, même... je ne veux pas lier le financement avec ça, là, on dit au
gouvernement : Qu'est-ce qu'on accorde, en date d'aujourd'hui, dans nos règles budgétaires? Que ce soit chez nous, que ce
soit chez les CPE, je parle pour toutes les garderies subventionnées,
pour l'intégration des enfants handicapés, c'est loin d'être assez, c'est loin
d'être suffisant. Il faudrait, tout le monde, qu'on travaille surtout pour
cette clientèle-là, qu'on fasse un peu plus, qu'on fasse beaucoup plus.
Mme Maccarone :
Merci. Alors, je veux revenir à votre mémoire. Vous parlez des pénalités
administratives puis vous proposez
que... vous avez des craintes, même que vous posez la question : Est-ce
que ces pénalités
administratives deviendront maintenant une source de financement pour le gouvernement?
Puis vous dites que vous êtes vraiment préoccupés par cette approche puis vous
questionnez la pertinence. Qu'est-ce qui vous amène à élaborer ceci dans votre
mémoire?
M. Alahmad (Samir) : Écoute,
c'est sûr et certain, au fil des ans, on a augmenté les... Avant, il n'y avait
pas de pénalité administrative à ce niveau-là, on l'a augmentée puis on
continue de l'augmenter. Nous, qu'est-ce qu'on veut, et, sur le terrain, notre expérience nous dit, dans beaucoup des
cas, ces pénalités administratives étaient imposées d'un point de vue
très arbitraire, très arbitraire. À un moment donné, il faut vraiment... ne
rentrez pas dans un service de garde pour seulement prendre les gens en défaut.
Il faut voir vraiment... Je vous donne un exemple, si jamais il y a une
débarbouillette qui tombe à terre, bien, il ne faut pas voir une page de
manquements, puis on commence à le rentrer dans la théorie.
Ça fait que nous autres, on dit, tout le
monde : Il faut avoir une approche un peu plus de collaboration, un
partenariat, puis qu'on travaille ensemble. Commencer à imposer des pénalités,
1 000 $, puis 2 000 $, puis 3 000 $, puis
4 000 $, je pense qu'on ne règle rien avec ça, on ne règle rien avec
ça. Tout ce que nous autres, on veut, on veut... C'est sûr et certain, il y a
des services de garde problématiques, on n'en cache pas, ça existe dans tous
les réseaux. Mais, ceux-là, on doit avoir une autre façon de travailler avec
eux. Mais quelqu'un qui est pris en défaut pour quelque raison que ce soit,
avec une petite chose banale, bien là, là, à un moment donné, il ne faudrait
pas quand même qu'on mette le bâton sur la tête, puis on dit : Voilà les
pénalités. Les pénalités, mais les pénalités minimales, ça monte de 700 $,
c'est rendu 1 500 $. Je pense que l'approche... selon nous, on doit
avoir une autre approche là-dessus.
Mme Maccarone :
Une autre approche, parce que vous dites, dans votre mémoire, que souvent les
pénalités sont appliquées parfois de manière très arbitraire. Alors, vous,
votre crainte, c'est que... Parce que, là, on parle des deux choses maintenant,
on parle non seulement des pénalités, mais on parle aussi des inspections. Vous
êtes d'avis que les inspections, c'est une bonne chose. Mais, si je comprends
bien, ce que vous, vous souhaitez, c'est qu'on ait des inspections qui sont
faites d'une manière pour s'assurer que la qualité est bonne, pour renforcer
aussi le réseau, pour dire bravo, mais, quand les choses ne vont pas bien, on
ne devrait pas accorder des pénalités? Parce que, c'est sûr, on veut s'assurer que chaque personne offre
un service de qualité, je pense que nos enfants méritent ça. Ça fait
que, si ce n'est pas des pénalités, que
devons-nous faire pour s'assurer que le réseau fonctionne bien? Parce que le
ministre a quand même besoin d'avoir du pouvoir pour agir pour protéger les
enfants. Ça fait que c'est quoi, la solution?
M. Alahmad
(Samir) : Vous le savez, c'est une question, qu'est-ce que vous
soulevez, sur toute l'approche des inspections dans un service de garde, c'est
tout un débat. Nous, on dit qu'on traite les gens de bonne foi. C'est quoi,
l'objectif final? C'est-tu faire de l'argent ou l'objectif, que j'espère que non,
je vous le dis, là, on le mentionne, j'espère que non, l'objectif, c'est
améliorer la qualité et l'offre de services? Les services de garde qui sont de
bonne foi, qui font un travail... Un inspecteur qui rentre ici puis il trouve
une petite boîte de pouche-pouche pour nettoyer les tables qui traîne à côté
d'un comptoir, à 99 %, ce n'est pas la faute des gestionnaires puis ce
n'est pas la faute de ceux qui gèrent les services de garde, c'est parce que,
par mégarde, l'éducatrice ou l'éducateur qui travaille l'a laissé traîner. De
dire : Écoute, c'est un manquement, on va parler avec l'éducatrice, on va
parler avec les gestionnaires pour qu'on répète, puis qu'on répète, puis qu'on
répète, c'est quoi, le bon fonctionnement, mais tu m'imposes une pénalité dont,
la très grande majorité des cas, je ne suis pas responsable pour ça, à quoi ça
sert? Surtout, on dit : Regarde, oui,
on a compris. Mais, si l'inspecteur, il vient dans une semaine, ou dans
deux semaines, ou trois semaines, il répète le même manquement
et voit le même manquement, là, là, je n'ai aucun problème là-dessus, mais il
faut vraiment donner la chance au coureur de montrer sa bonne foi.
Mme Maccarone :
Je vous entends, mais je vais être en désaccord avec vous, malheureusement,
M. Alahmad, en ce qui concerne... quand vous dites que ce n'est pas de
votre responsabilité. Je regrette, mais c'est toujours la responsabilité de la
personne qui gère. Comme, s'il y a quelque chose qui ne va pas bien au
ministère, bien, c'est le ministre qui est responsable. Alors, ça risque de...
Ce n'est vraiment...
M. Alahmad
(Samir) : Ah non, on n'entre pas dans ce débat-là parce qu'on peut
parler pendant des heures, et des heures, et des heures, puis on va vous donner
des exemples là-dessus, on va vous donner des choses là-dessus. Nous, notre
idée, savez-vous c'est quoi, là? Ce n'est pas trouver un coupable. Notre idée,
c'est de régler le problème, et régler le problème, et pas seulement de taper
sur la tête de gestionnaires, de vraiment...
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci infiniment. Je m'excuse...
M. Alahmad (Samir) : ...de ne pas taper sur la tête du gestionnaire,
mais de vraiment travailler avec tout le monde.
La Présidente (Mme D'Amours) : C'est tout le temps que nous avions avec la députée de
Westmount—Saint-Louis.
Nous allons maintenant
céder la parole à Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie :
Merci, Mme la Présidente.
Je veux parler de
conversion avec vous. Il y a eu beaucoup de parents qui se mobilisent, en ce
moment, pour la conversion de places. Ça n'avance pas très rondement, je vais
dire ça comme ça. Vous-mêmes, je pense que vous revendiquez davantage de
conversion de places. Ça serait quoi, selon vous, la meilleure manière de
procéder pour convertir massivement des places en ce moment?
M. Alahmad (Samir) : Écoutez, nous autres, nos positions là-dessus,
c'est très clair. On ne fera pas l'historique
des garderies non subventionnées, où
elles étaient, où elles sont rendues. Les garderies non subventionnées,
malheureusement, ils sont développés sans aucun plan de développement avec le
ministère de la Famille. Ils ont développé selon leur vision à eux autres, leur
façon où ils veulent développer, il n'y avait aucune contrainte. Puis, nous,
tout ce que nous autres, on dit, nous sommes en accord avec la conversion, mais
à deux conditions.
Premièrement, on doit
convertir des garderies et des services de garde qui sont très adéquats puis
qui répondent aux critères que, normalement, ces critères, dans des comités...
Vous savez, vous, pour chaque place qui est développée en CPE ou en garderie
non subventionnée, il y avait des comités, puis ils étudiaient, puis ils
évaluaient. La demande a à peu près 25 pages. Comparé à une garderie non
subventionnée... puis je ne suis pas en désaccord avec eux autres puis je ne
suis pas en chicane avec eux autres, une garderie non subventionnée, leur
application, c'était deux pages. Ça fait que nous, on dit : Une garderie
non subventionnée, il va se convertir, qu'il passe ces critères que tout le
monde, on a passé ces critères-là.
Puis on développe là
où il y a un besoin. Savez-vous, il y a des régions dans la province, à Montréal,
dans les banlieues, on trouve, à tous les coins de rue... il n'y a pas plus
d'enfants qu'on a des places.
Ça fait que là où il
y a un besoin et qu'on passe les critères de qualité. Après ça, je pense, ça
devient une question qui appartient vraiment aux autorités. C'est ça, nos
critères.
Mme Labrie :
O.K. Mais, en ce moment, il y a des besoins, je pense. En tout cas, à ma
connaissance, il n'y a pas beaucoup d'endroits au Québec où il n'y a pas besoin
de places... C'est-à-dire qu'il y a des endroits où il n'y a pas de places
subventionnées, mais...
M. Alahmad
(Samir) : Ce n'est pas tout à fait... Je vous... Je corrige un peu.
Mme Labrie : Oui, allez-y.
M. Alahmad
(Samir) : Ce n'est pas tout à fait vrai. Sur l'île de Montréal, je
peux vous sortir des statistiques, il y a des garderies de 80 places, sur l'île
de Montréal, ils travaillent à 40 places aujourd'hui. Il y a des...
Mme Labrie :
...garderies subventionnées?
M. Alahmad
(Samir) : Subventionnées.
Mme Labrie :
C'est vrai. O.K.
M. Alahmad
(Samir) : Aujourd'hui, au moment où on se parle, il y a plusieurs, et
plusieurs, et plusieurs garderies, dans la grande région de Montréal, surtout
sur l'île de Montréal, ils travaillent à 40 places. Il y a une garderie, je ne vais pas donner les adresses, 80
places, ils travaillent à 60 places. L'équilibre, ce n'est pas la même
chose...
Mme Labrie :
Est-ce que c'est par manque d'éducatrices?
M. Alahmad
(Samir) : Non, non, non...
Mme Labrie :
Personne ne veut aller fréquenter cette garderie?
La Présidente (Mme
D'Amours) : Je vous remercie infiniment. C'est tout le temps que nous
avions.
M. Alahmad
(Samir) : ...parce qu'il y a plus de places qu'il y a des enfants.
La Présidente (Mme
D'Amours) : C'est tout le temps que nous avions avec la députée de Sherbrooke.
Nous passons maintenant la parole à la députée de Joliette.
• (12 h 30) •
Mme Hivon :
Oui, effectivement, avec... je pense, je vais introduire avec ça, mais avec le développement
quelque peu anarchique des garderies non
subventionnées, ça a fait en sorte qu'il n'y avait pas de planification.
Donc, sur l'île de Montréal, notamment, c'est tout un enjeu.
Bonjour. Moi, je
voulais vous... Il y a un petit paragraphe sur l'autonomie de gestion des
services de garde, là, en haut de la page 5, sur les critères d'admission, qui
doivent être clairs, respectent le principe d'équité d'admission des enfants,
puis vous dites «tout en respectant l'autonomie de gestion légitime de chaque
service de garde». Donc, je veux comprendre
comment on arrive à respecter tout ça. Est-ce que les critères doivent être les
mêmes pour tous, y compris l'intégration des
enfants à besoins particuliers ou handicapés? Est-ce qu'ils doivent être
différents, selon le type de service de garde? C'est quoi, votre vision par
rapport à ça?
M. Alahmad
(Samir) : Écoutez, il y a des critères, tout le monde doit adhérer
là-dessus. Il y a des critères qu'on ne peut pas passer à côté, que ce soit
enfants défavorisés, enfants handicapés, enfants... les fratries, ceux qui sont
au travail. Il y a des critères, vraiment, que tout le monde doit adhérer
là-dessus. Là, à un moment donné, il va rester un petit peu de critères
personnalisés.
Moi,
dans un service de garde où je suis, j'ai une usine qui vient d'ouvrir, là,
puis juste à côté, à un moment donné, il
me dit... puis les gens, ils travaillent. Est-ce qu'on peut-tu, on est juste
collés? C'est sûr, on va toujours favoriser les critères que tout le monde,
on s'entend là-dessus, mais il doit rester quelques critères que, vraiment, ça
dépend de chaque situation qu'on doit, à ce
moment-là, de dire : Oui, on va le favoriser ou non. Mais le critère de
base, qu'on ne fait pas la discrimination pour faire la discrimination,
qu'on doit favoriser une telle clientèle puis une telle clientèle, puis une telle clientèle, je pense que, ce principe-là,
tout le monde s'entend là-dessus. Mais il doit rester une certaine
autonomie de dire : Écoute, ce n'est
pas une question. À un moment donné, ça devient mur à mur. Donnez, à un moment
donné, une certaine flexibilité. Je dis : O.K., là, là, j'accepte
ces enfants-là, mais là, à un moment donné, j'ai une école, j'ai une usine,
j'ai un IGA, j'ai un ci, j'ai un ça à côté de chez nous, est-ce qu'on peut
peut-être, en deuxième ou en troisième, en quatrième priorité favoriser ces
gens-là, ceux qui restent dans le quartier, les monoparentaux? Il y a
énormément de critères. Est-ce que le critère d'admission, ça va répondre à
tous les critères de la province également? Ça va être difficile. Je pense, le
critère de base, tout le monde, on doit respecter, mais qu'il nous laisse un petit peu le temps de loisir de dire :
Écoute, dans mon temps à moi, je veux favoriser ceux-là, au-delà de leur
critère de base initial.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. C'est tout le temps que nous avions. Donc, je vous
remercie pour votre contribution à nos travaux.
La commission suspend
ses travaux jusqu'après les affaires courantes. Merci.
(Suspension de la séance à 12
h 32)
(Reprise à 15 h 29)
La Présidente (Mme D'Amours) : À
l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des relations avec les citoyens reprend
ses travaux.
Nous poursuivons les auditions
publiques dans le cadre des consultations particulières sur le projet de loi
n° 1, Loi modifiant la Loi sur les services de garde
éducatifs à l'enfance afin d'améliorer l'accessibilité au réseau des services
de garde éducatifs à l'enfance et de compléter son développement.
Cet après-midi, nous entendrons les groupes
suivants : le Rassemblement des garderies privées du Québec, la Coalition
des garderies privées non subventionnées du
Québec, l'Association des garderies non subventionnées — pardon — en
installation et la Commission de la santé et des services sociaux des premières
nations du Québec et du Labrador, conjointement avec l'Assemblée des premières
nations du Québec et du Labrador.
Je souhaite la
bienvenue au Rassemblement des garderies privées du Québec, M. Ranallo et
Mme Guay. Je vous rappelle, chers invités, que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, après quoi nous procéderons à la période
d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous
présenter et à procéder à votre exposé. La parole est à vous.
Rassemblement des garderies
privées du Québec (RGPQ)
M. Ranallo
(Mario) : Merci, Mme la Présidente. Bonjour à tous. Mario Ranallo, je
suis le président du Rassemblement des
garderies privées du Québec. J'ai une brève lecture à vous faire, et ensuite
je serai disposé à répondre à vos questions.
Donc,
le Rassemblement des garderies privées du Québec est fier de participer
aux consultations
particulières sur le projet de loi n° 1. Ce qui est... (panne de son) ...dans ce projet de loi est, de façon
générale, une excellente nouvelle pour
les parents dont les enfants pourront, espère-t-on, à terme, avoir une...
(panne de son) ...dans un service de garde. En tant que partenaire du ministère... (panne de son) ...et ayant à coeur
la qualité et le développement harmonieux de chaque enfant dans les installations de nos membres, il
en va de notre devoir de bien analyser toutes les demandes ou
modifications qui nous sont présentées et de vous fournir le détail des impacts
que ceux-ci pourront avoir au quotidien sur les différents intervenants
impliqués, à savoir les gestionnaires, les éducatrices, les parents et
ultimement les enfants.
Le ministre a les
coudées franches dans plusieurs aspects qui sont vus comme étant des irritants
dans la réalisation de plusieurs objectifs qui sont très bien définis dans le
Grand chantier, qui a été présenté le 21 octobre dernier. Le projet de loi en
général est bien reçu de la part de nos membres. Il n'en demeure pas moins que
certains articles les inquiètent. Nous ne vous cacherons pas que l'abrogation
de l'article 4 de la loi actuelle ainsi que les diverses dispositions proposées
par le projet de loi concernant les politiques d'admission soulèvent déjà
beaucoup de... (panne de son) ...membres de
cette association, en plus du fait que des garderies non subventionnées auront
toujours le droit de choisir leur clientèle et eux n'auront pas les mêmes
obligations en ce qui a trait aux politiques... (panne de son) ...également des inquiétudes en lien...
(panne de son) ...des comités consultatifs sur l'offre et le remplacement
par les comités consultatifs régionaux.
Comme les CCO actuels
sont composés de différents acteurs de la petite enfance, incluant des
gestionnaires, et que ces derniers sont
plutôt... (panne de son) ...puisque le milieu scolaire est en aval des services
de garde. Les gestionnaires de services de garde apportent une
crédibilité à l'offre de places dans les territoires et sont à même de savoir si la main-d'oeuvre, élément essentiel à
l'atteinte de la qualité... (panne de son) ...mesure d'être au rendez-vous
pour l'ouverture des nouvelles places.
Un autre problème
potentiel que nous voyons et pour lequel nous avons déjà... (panne de son)
...consultations publiques du printemps dernier est la limitation à un seul
mandat de cinq ans pour chacun des membres de ces comités. Comme il est... (panne de son) ...de trouver des gens qui ont
des connaissances pointues des services de garde, les remplacer à la
fin... (panne de son) ...mandat n'en sera que complexifié, en plus de la perte
des connaissances et des décisions désapprises ainsi que leur historique.
En ce qui a trait aux
diverses dispositions concernant les politiques d'admission et le guichet
unique, encore là, plusieurs questionnements nous ont été soulevés par nos
membres. Il faut prendre en considération la réalité de chaque installation de services
de garde avant d'imposer un changement qui pourrait venir compromettre la situation
au niveau des éducatrices, des différents groupes d'âge ainsi que de la
fratrie. Nous comprenons entièrement la volonté de permettre un meilleur accès
aux enfants en situation de précarité socioéconomique, mais nous nous demandons
comment allez-vous établir un indice de défavorisation à un enfant, alors que
c'est le parent qui est dans la situation et que l'enfant ne fait que,
malheureusement, le subir.
D'autres questionnements...
l'autre questionnement, pardon, est au niveau de l'intention de
l'enregistrement automatique lors de leur naissance au guichet unique. Bien que
louable comme intention, il n'en reste pas moins que le... (panne de son)
...pour mettre... (panne de son) ...la sélection des services de garde...
(panne de son) ...d'autres informations... (panne de son) ...la procédure
proposée dans le projet de loi semble créer un goulot d'étranglement au gestionnaire du guichet, spécifiquement lors de la
création des groupes ou le remplacement d'un enfant qui quitte, par des demandes répétées afin d'avoir une référence, et
le tout devra se faire conformément aux conditions et modalités prévues
par règlement, bien que ledit règlement ne soit pas présenté dans le... le
projet de loi, excusez-moi, donc inconnu à ce stade-ci. Il en va de même pour
les admissions d'enfant ainsi que les refus qui devront être communiqués au
gestionnaire du guichet ainsi qu'aux parents. Nous pensons qu'il y aura
beaucoup de temps perdu à attendre les réponses avant de pouvoir passer à un
autre enfant et finalement remplir la place qui est disponible.
En conclusion, soyez
assurés que le Rassemblement de garderies privées du Québec sera toujours
disponible pour vous fournir les détails du terrain et vous aider dans la
réalisation de ce grand chantier pour le bien-être de tous les enfants du
Québec. Merci.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Je vous remercie pour votre exposé.
Nous allons maintenant commencer la période
d'échange. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Lacombe : Merci, Mme la
Présidente.
Bonjour à vous. Bonjour, M. Ranallo, bien
content de pouvoir échanger avec vous. On a déjà eu l'occasion de le faire, évidemment, à de nombreuses reprises,
mais c'est intéressant de le faire dans ce contexte plus formel aussi,
dans le cadre de l'étude du projet de loi n° 1.
Allons-y rapidement, dans le vif du sujet, avec
quelques points. Vous avez abordé dans votre présentation, notamment,
l'importance qu'on accorde à la refonte du guichet unique puis aux critères,
aussi, qui sont inclus dans les politiques d'admission. C'est clair que, pour
moi, il y a une priorité, vous l'avez bien souligné : s'assurer que les
enfants qui sont en précarité socioéconomique, dans ces contextes-là, puissent
être priorisés. Vous semblez émettre quand même certaines craintes sur
l'indice, notamment, qui sera choisi. J'ai déjà eu l'occasion de vous le dire,
mais je le réitère, on fera, évidemment, ce
travail-là de façon diligente et on
s'appuiera probablement sur des données qu'on a déjà, bien sûr. Mais
j'aimerais vous entendre. Dans un contexte où veut donner une priorité à ces
enfants-là, quelle voie serait à privilégier, selon vous? Comment est-ce qu'on
pourrait arriver, dans votre esprit, à ce résultat-là?
M. Ranallo (Mario) : Je pense
que c'est une chose qu'il faut... il va falloir se présenter très sérieusement
dessus, parce que, de façon générale, ce n'est pas lui qui a de la
défavorisation, c'est vraiment ses parents, comme je le disais dans mon exposé
au début. Donc, il va falloir trouver... C'est beau de dire qu'un certain
secteur a une défavorisation... (panne de son) ...dans tous les secteurs, il y
a différents niveaux, et ce n'est pas parce qu'un secteur est défavorisé que
tous les enfants de ce secteur-là le sont. Donc, il va falloir aller à un
niveau beaucoup plus détaillé... (panne de son) ...pour l'enfant. Je ne sais
pas comment est-ce qu'on voit ça. Est-ce que...
La Présidente (Mme D'Amours) :
M. Ranallo, je vous demande quelques instants. Nous allons suspendre les
travaux, et on va vous mettre en audio seulement, parce qu'on vous perd. Donc,
pour ne pas perdre le discours que vous voulez nous transmettre, nos
discussions seraient plus claires seulement en audio.
Ça fait que, donc, je vais suspendre les travaux
quelques instants, et on va s'organiser avec vous pour... avec la régie. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 38)
(Reprise à 15 h 42)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux. Donc, M. Ranallo, la parole est à vous.
M. Ranallo (Mario) : Merci.
Désolé pour cette interruption.
Donc, M. le ministre, je vous disais,
l'enfant... attribuer un indice de défavorisation à un enfant risque d'être plus difficile, étant donné qu'actuellement c'est vraiment le parent qui, dans le modèle de
défavorisation... (panne de
son) ...comme je vous disais, là, dans mon
exposé au début. Ce n'est pas parce qu'une région a un indice de
défavorisation que tout le monde dans cette région-là, que ce soient les
enfants ou les parents, sont automatiquement défavorisés. Donc, je ne sais pas
comment est-ce qu'on va trouver une façon détaillée d'avoir ça. Est-ce que ça
va prendre la visite de travailleurs sociaux pour aller voir dans quelles
conditions sont les enfants ou les parents pour attribuer un article? Est-ce
que ça pourrait être... la DPJ ou quelque autre intervenant? Ça va être une
chose qu'il va falloir se pencher sérieusement pour arriver à avoir quelque
chose qui est vraiment bénéfique aux enfants, comme le démontre l'EQDEM, avec
27 % des enfants qui ont des problèmes de développement dans une des
sphères du développement à leur arrivée à l'école. Il faut voir à réduire ce
désavantage-là pour tous les enfants.
M. Lacombe : Mais en même
temps, M. Ranallo, vous soulignez les résultats de l'EQDEM, avec justesse,
mais, dans les milieux défavorisés, on n'est
non pas à 27,7 %, mais on est à 33 %. Donc, je comprends que vous
nous dites : Lorsque le parent est
défavorisé, donc le revenu familial est moins élevé, ce n'est pas l'enfant qui,
nécessairement, est défavorisé, je vous
dirais, je ne suis peut-être pas en accord avec ça, bien honnêtement, là, les
résultats de l'EQDEM, d'ailleurs,
nous le démontrent, là. Comme je disais, c'est un enfant sur trois, 33 %,
dans le milieu défavorisé, qui commence la maternelle avec une
vulnérabilité.
Mais ceci
dit, au-delà de la mécanique qu'on devra mettre sur pied, évidemment, mais
au-delà de la mécanique, sur quel indice on va se baser? Donc, il y en a
plusieurs, là. Et ça, cette discussion-là, on l'aura, on y travaillera, puis
vous serez consultés. Mais, au-delà de ça, est-ce que vous êtes d'accord avec
l'objectif global de prioriser, dans une certaine mesure, les enfants qui
proviennent de milieux qui sont défavorisés?
M. Ranallo (Mario) : À la
limite, je vous dirais, oui, on est d'accord, en autant, évidemment, qu'il n'y
ait pas de surpopulation qui se créée dans certains environnements. Il faut
être capables d'assurer des services aussi. Donc,
si les enfants ont déjà des problèmes, en plus d'avoir la défavorisation, s'ils
ont d'autres problèmes
d'apprentissage ou d'autres problèmes,
besoins spécifiques, ça va prendre le support aussi pour être capables de
fournir ces besoins-là... de remplir les besoins de ces enfants-là.
Pour revenir à ce que vous
disiez pour l'EQDEM, peut-être qu'il y aurait possibilité d'avoir un lien avec
d'autres ministères pour avoir une indication de qui est déjà sur, peut-être,
l'aide sociale ou des choses comme ça, qui permettrait d'avoir une information
directement dans le guichet ou d'avoir une façon d'avoir un lien quelconque.
M. Lacombe : Tout à fait, on
est d'accord là-dessus. Il y a plusieurs indices qui existent déjà. D'ailleurs,
on a déjà eu des discussions avec des gens qui sont bien engagés dans ce
milieu-là, qui nous disent qu'on a l'embarras du choix, là, sur les indices qui
existent, et on veut même se donner le pouvoir, nous-mêmes, de pouvoir en créer
un si le besoin est, mais je comprends qu'on est d'accord sur l'objectif. Puis
on est aussi d'accord sur le fait qu'on ne doit pas créer de ghettos, donc, ça,
je veux vous rassurer... je veux vous assurer là-dessus.
Ensuite, je vous demanderais, qu'est-ce que vous
pensez de nos dispositions qui sont liées à la relance du milieu familial? Je
sais que, bon, vous n'avez pas de bureau coordonnateur, mais vous avez
assurément un avis là-dessus. Qu'est-ce que vous pensez des dispositions pour
la garde en milieu familial et pour la garde non reconnue aussi, ce qu'on
propose?
M. Ranallo (Mario) : Je
n'oserais pas m'aventurer dans ce domaine-là. J'ai des collègues avec qui je
travaille... ma région, ici, qui sont sur des bureaux coordonnateurs, et je
n'oserais pas les froisser. Ce n'est pas un domaine que je connais ou j'oserais
m'avancer. Par contre, l'idée de ramener les PNR dans les services officiels, d'être reconnus, je pense que c'est une
excellente idée. Ça permettrait d'assurer une certaine qualité qui
était peut-être perdue avec la
privatisation ou complètement privée des milieux familiaux, qui permettaient peut-être
de ne pas savoir ce qui se passait dans ces environnements-là.
M. Lacombe : Je comprends.
D'accord.
Je vais laisser mes deux collègues vous
poser des questions, mais je reviendrai à la fin, M. Ranallo, s'il nous
reste du temps.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le ministre.
Je cède maintenant la parole à Mme la députée d'Abitibi-Ouest.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) : Merci,
Mme la Présidente.
Merci, M. Ranallo, Mme Guay, pour la
présentation de votre mémoire.
Maintenant, que devrions faire différemment pour
développer plus rapidement des places subventionnées en région? Comment voyez-vous les places de garderies subventionnées par rapport à celles des CPE dans ce développement?
M. Ranallo (Mario) : Je dois
dire que les garderies privées subventionnées font partie de la solution depuis
le tout début. Actuellement, ça adonne que les garderies subventionnées ne sont
qu'une infirme partie, je vous dirais, du nombre de places disponibles en
installation et dans tout le réseau, dans tous les réseaux, si j'ose dire. Je
pense que, s'il y a une élimination de ce domaine-là, de ce groupe-là, il va y
avoir un sérieux manque de places. On représente quand même 45 000,
47 000 places, c'est assez massif, et je peux vous dire qu'elles sont
majoritairement pleines à 99,9 %. Ce
n'est pas comme les collègues, que vous allez entendre après nous, des
garderies non subventionnées, qui sont... qui ont quand même un certain
taux, ou un très haut taux de places vides, qui, eux, ont les installations
physiques pour le faire, ont de l'équipement. Ils manquent peut-être — je dis
bien peut-être —
de personnel pour les remplir, mais ils ont des places. Je pense qu'on fait
partie de la solution. Je ne vois pas vraiment le but de nous éliminer et de
rendre des places non disponibles aux enfants qui en ont vraiment besoin... les
parents, plutôt.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) : Je
vous remercie beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée.
Je vais céder la parole, maintenant, à la députée
de Soulanges. À vous la parole.
Mme Picard : Merci, Mme la
Présidente.
J'aimerais savoir, selon vous, comment on peut
faire pour favoriser l'intégration des enfants handicapés ou des enfants à besoins particuliers. J'aimerais
savoir s'il y a des normes actuelles qui rendent plus difficile
l'intégration...
M. Ranallo (Mario) : Malheureusement,
vous avez coupé.
Mme Picard : D'accord, je vais
répéter ma question.
M. Ranallo (Mario) : S'il vous
plaît.
Mme Picard : J'aimerais savoir, selon vous, comment on
pourrait favoriser l'intégration des enfants handicapés, les enfants à
besoins particuliers, s'il y a des normes actuelles qui sont difficiles à
intégrer dans les services de garde.
• (15 h 50) •
M. Ranallo (Mario) : Il y a
différents besoins d'enfants, il y a différents besoins particuliers qui sont
plus facilement conciliables dans les environnements actuels. Il y a des environnements
qui sont spécialisés. Il faut quand même se souvenir que
les services de garde ne sont pas des centres de réadaptation. Donc, les
enfants qui ont un handicap lourd, qui ont besoin de quelqu'un à temps plein
pour les aider dans leurs fonctions quotidiennes, dans leurs activités
quotidiennes, c'est difficilement conciliable avec un environnement de garde,
je dirais. Un exemple, un système qui aurait deux étages, avec des escaliers,
pour un enfant en chaise roulante, c'est excessivement difficile de faire cette
intégration-là. Donc, il y a des règles, oui, il y a des limitations sur le
nombre d'enfants qui sont autorisés, il faut
revoir ça. Il faut surtout fournir le support, parce que c'est beau de
dire : Vous avez droit d'avoir 10 ou 12 enfants à besoins
particuliers, il y a des besoins qui sont facilement conciliables, qui sont
facilement aidants, mais il y en a d'autres qui le sont beaucoup moins. De ne
pas avoir de support d'éducatrices spécialisées rend les choses excessivement
difficiles, d'être un peu laissées... laisser les éducatrices à elles-mêmes
rend les choses difficiles pour l'éducatrice et décourageant pour elle, et ça
peut, à terme, aussi décourager les enfants de voir que, oui, il y a une
intégration, c'est vrai, on voit la différence pour les autres enfants, mais
c'est surtout... il faut penser aux éducatrices. Tout le monde sait, malheureusement,
qu'on a une cruelle pénurie dans le réseau, les réseaux, donc de voir d'autres
qui quitteraient parce que, malheureusement, on impose un ou deux enfants
handicapés... et ce terme-là est très mal choisi, je pense que ça devrait être
changé pour «besoins particuliers», réellement, parce que c'est vraiment ça, et
voir comment on pourrait ajuster des règles et les outils qui permettraient
d'aider les éducatrices et les services de garde à faire ça.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. M. le ministre.
M. Lacombe : ...reste-t-il, Mme
la Présidente?
La Présidente (Mme D'Amours) : 4 min
30 s.
M. Lacombe : J'aimerais
peut-être revenir brièvement sur les politiques d'admission. J'aimerais que
vous nous donniez votre avis là-dessus, que vous élaboriez un peu sur votre
position à cet égard, parce que, vous savez, évidemment, très bien — vous êtes
ici pour en parler —
qu'on souhaite mieux encadrer les politiques d'admission des CPE et des garderies subventionnées.
Comment... Pouvez-vous nous donner votre avis un peu plus élaboré là-dessus?
M. Ranallo (Mario) : Il y a
certaines choses dans les politiques d'admission, et je ne vous dirai pas que
je connais tout des politiques qui ont été émises sur le guichet unique, il y
en a des centaines, si ce n'est pas des milliers, mais il y a des choses qui
demeurent certaines, qui doivent être là. Une des premières choses devrait
être, a priori, les enfants des éducatrices.
Pour être capable de faire une conciliation travail-famille et d'avoir des
éducatrices, il faut être capables de pouvoir prendre les enfants de ces
éducatrices-là. L'autre chose, évidemment, la fratrie, pour éviter aux parents de se déplacer dans deux
services de garde différents, ils doivent... on pense que ça devrait, a
priori, être là. Et ensuite on pourrait voir les autres choses qui pourraient
être ajoutées ou ajustées selon les désirs du...
M. Lacombe : Mais qu'est-ce que
vous pensez de la volonté du gouvernement, avec le projet de loi que j'ai déposé, d'encadrer, dans une certaine mesure, les
politiques d'admission des garderies et des CPE? Parce que, jusqu'à
aujourd'hui, vous avez complètement carte blanche, et ça a été montré du doigt,
notamment par la Vérificatrice générale du Québec. Donc, comment vous voyez
cette volonté-là qu'on a d'encadrer les politiques d'admission?
M. Ranallo (Mario) : A priori,
de donner un cadre n'est pas mauvais. Et là où ça devient problématique, c'est
quand il y a peut-être de l'abus dans certains services de garde qui, eux, ont
décidé de mettre des règles plus restrictives. Je sais que le ministère a des
politiques d'admission de tous les services de garde, parce qu'elles doivent
être soumises lors des renouvellements de permis, dans les politiques
d'admission et dans les règles de régie interne, donc ça a probablement pu être
réglé lors des renouvellements et d'être restreint. On ne serait peut-être pas
rendus au problème qui a été dénoncé par la VGQ si ça avait été, peut-être,
recoupé et resserré par le passé.
M. Lacombe : ...on souhaite
faire, là. Je veux quand même juste établir ça ici, parce que, là, il ne
faudrait pas sous-entendre que le ministère a le pouvoir d'encadrer les politiques
d'admission. En ce moment, ce n'est pas le cas, donc c'est ce qu'on souhaite
faire avec le projet de loi. Donc, je comprends que vous êtes donc en faveur de
ça, qu'on puisse mieux les encadrer pour éviter, par exemple, que des critères
comme être référé par le conseil d'administration puissent faire partie d'une
politique d'admission dans un CPE ou une garderie au Québec.
M. Ranallo (Mario) : Oui, on
est d'accord avec ça. Tu sais, surtout des items comme ça, tu sais, c'est
carrément de l'abus. Mais il y a des règles, la plupart des services de garde
ont quand même des règles qui sont... des politiques d'admission, plutôt, qui
sont logiques et qui sont en bonne et due forme, il n'y a pas d'idée ultérieure
en arrière de ça. Comme «être propre» est un critère d'admission, je trouve ça
un petit peu ridicule. Quand un enfant, à 18 mois, n'est définitivement pas
propre, il peut l'être à quatre ans, ça veut dire qu'il ne pourrait pas avoir
un service de garde avant cet âge-là. A priori, c'est...
M. Lacombe :
Oui, donc, on est d'accord, encore une fois, sur l'objectif. Puis le diable,
bien sûr, est dans les détails, mais on aura... et ça a déjà été annoncé, vous
le savez, là, on aura un comité de travail, si le projet de loi était adopté,
pour, évidemment, travailler sur ces critères-là, là, parce qu'évidemment on ne
voudrait pas non plus seulement vous dire : Bien, la
loi nous permet de faire ça, donc voici les critères que nous, on décide, et ça
se fait sans discussion. Évidemment qu'il y aura des discussions. Mais je
pense, et vous êtes d'accord, là, d'après ce que je comprends, que c'est
important d'avoir un meilleur encadrement pour éviter, d'une part, les
dérapages, là, comme on en a vu, comme ceux
qui ont été montrés du doigt par la Vérificatrice générale, puis, d'autre part,
pour avoir certaines priorités qui, à
mon sens, sont importantes, comme celles qu'on doit absolument faire aux
enfants qui sont défavorisés, encore
une fois, dans une certaine mesure, puis en respectant des critères. Merci
beaucoup. Merci beaucoup à vous deux.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le ministre.
Maintenant, je cède
la parole au député de LaFontaine pour une période de 11 minutes
d'échange.
M. Tanguay :
Parfait. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
À mon tour, M.
Ranallo, de vous saluer ainsi que Mme Guay. Mme Guay, n'hésitez
pas... durant mon 11 minutes, là, moi, un des objectifs, c'est que
j'aimerais entendre votre voix répondre à une question, alors n'hésitez pas à
vous manifester, si le coeur vous en dit, pour qu'on puisse avoir votre son de
cloche également.
Alors,
une question que je pose à vous deux, détrompez-moi si j'ai tort :
Rassemblement des garderies privées du Québec, avez-vous des membres qui
sont subventionnés, ou c'est exclusivement des membres non subventionnés?
M. Ranallo
(Mario) : C'est majoritairement des membres subventionnés, on en a
quelques-uns qui sont non subventionnés également.
M. Tanguay :
O.K. À titre de proportions, en termes de nombre, combien avez-vous de nombre,
grosso modo, là, subventionnés et combien en avez-vous de non subventionnés?
M. Ranallo
(Mario) : Je n'ai pas les chiffres
exacts, mais le nombre de subventionnés, il représente peut-être moins de 1 % de notre
membership.
M. Tanguay :
Moins de 1 % sont subventionnés, non subventionnés?
M. Ranallo
(Mario) : Non, non subventionnés.
M. Tanguay :
O.K. Parfait. O.K., là, je comprends pourquoi.
M. Ranallo
(Mario) : Je vous dirais 99 % subventionnés, excusez-moi.
M. Tanguay :
O.K., parfait, ça m'aide à comprendre vos réponses quand on parlait, entre
autres, de la priorisation quant à l'accès à la liste d'attente pour les
garderies non subventionnées. Évidemment, comme les milieux familiaux, en vertu
de l'article 59.8, ils peuvent aller le chercher... tant que l'enfant est
sur la liste du guichet unique, il peut aller le chercher, indépendamment du
rang qui lui est attribué par le ministère. Ça, c'est pour les non
subventionnés et les milieux familiaux. Mais je comprends... Votre membership
étant de 99 %, je comprends la discussion que vous avez eue avec le
ministre, là, par rapport à vos inquiétudes quant à l'établissement d'une
priorisation de la liste.
J'aimerais savoir,
êtes-vous au courant combien d'enfants se qualifient, là, sur le vocable
«enfant»... dans votre membership, là, d'enfants qui ont des besoins
particuliers ou des besoins spécifiques, le savez-vous?
M. Ranallo
(Mario) : Ce n'est pas une information qu'on détient. Je peux vous
dire qu'il y a des services de garde qui en font presque une spécialité, qui
ont beaucoup plus que le nombre permis par la loi actuelle d'enfants, qui en
ont plus. Oui, il y a des spécialités. Il y en a qui n'en ont pas parce que ça
n'arrive pas, ou ils n'en font pas la promotion spécifiquement, ou... quand un
enfant arrive dans le service de garde, ils le prennent et ils lui donnent des
services selon les moyens qu'ils ont, évidemment. Mais c'est certain qu'un
service de garde qui se spécialise dans ça a déjà beaucoup d'équipements,
beaucoup de techniques, beaucoup d'utilisations de... voyons, je cherche mes
mots, excusez-moi, d'éducatrices spécialisées — c'est ça que je cherchais — qui
permettent de les aider à développer les enfants, les aider à s'épanouir.
M. Tanguay :
Donc, dans le fond, si je vous comprends bien... Parce que, là, lorsque vous
levez la main, un de vos membres subventionnés lève la main pour dire :
Bon, bien, j'ai une place disponible, dites-moi qui est la prochaine ou le
prochain sur la liste, si c'est un enfant à besoin particulier — je
comprends votre côté de la médaille, puis
j'aimerais ça que vous explicitez — vous, vous dites : Bien, écoutez, ça nous
ferait le plus grand des plaisirs, puis ce serait... ça entrerait dans
notre mission, mais il y a un aspect, un corollaire qui est l'accessibilité à
des ressources, là, des ressources spécialisées. Si je vous entends, c'est que
ce n'est pas tous vos membres, toutes les installations qui sont dans votre
rassemblement qui sont aptes à répondre aux besoins spécifiques de certains
tout-petits, c'est ça?
• (16 heures) •
M. Ranallo
(Mario) : Oui, et ce n'était pas juste l'idée d'être capable de
répondre aux besoins des enfants, mais aussi d'être... d'avoir la capacité.
Actuellement, il y a une limitation au nombre d'enfants qu'on peut accueillir
dans ce programme-là. Si on est déjà à capacité, malheureusement, d'en prendre un
autre n'est pas physiquement possible, n'est pas permis de le faire. Il y a une
limitation au... 12 % ou 15 % du nombre, je pense, c'est 15 % du
nombre de places sont permis, qui donne à peu près 12 enfants pour une garderie
de 80. Et, si le projet passe, bien, ça permettrait de
monter à 15, mais il faut quand même avoir la place, il faut avoir les ressources.
Il faut surtout avoir des ressources
pour supporter les éducatrices qui vont être avec ces enfants-là. Il ne
faudrait pas que tous ces enfants-là, ça embarque dans un groupe; avec six
enfants à besoins particuliers, c'est très épuisant pour l'éducatrice qui est
là. Tu as beau demander des ressources supplémentaires, mais ça demande aussi
des sous supplémentaires.
M. Tanguay : Je
comprends, et il s'agit de faire un arrimage qui sera notre guide dans la
réflexion lorsqu'on sera à l'article
par article, là. Je vous entends bien quant à l'arrimage nécessaire
à ce niveau-là, d'une liste de priorisation versus une place disponible
dans le secteur, mais là il faut qu'il y ait un arrimage, puis là on pourra
parler des ressources qui entourent tout ça. J'aimerais connaître la réalité de
vos membres au niveau de la pénurie d'éducatrices et d'intervenantes. Qu'en
est-il chez vous, chez vos membres?
M. Ranallo (Mario) : Je
laisserais la parole, à ce sujet-là, à Mme Guay.
Mme Guay (Marie-Christine) :
Oui, bien sûr, ça va me faire plaisir, Mario. Alors, bonjour, tout le monde.
Marie-Christine Guay, vice-présidente du Rassemblement des garderies privées du
Québec.
En fait, je vous dirais que ça dépend des
secteurs et des régions. Plusieurs membres de Québec vivent plusieurs difficultés,
en fait, pour recruter du personnel, que ce soit du personnel qualifié, formé
ou non formé, non qualifié. On ne reçoit pas ou peu de C.V. Moi, j'en suis un
exemple, dans une de mes installations, depuis un certain moment, on a eu des départs à la retraite, des
départs en maternité, puis essayer d'embaucher du personnel, c'est tout
qu'un défi chez nous. On a la chance, par contre, d'avoir des membres de notre personnel qui désirent faire un cinq
jours-semaine, là, ça, c'est vraiment ce qui est intéressant pour nous,
mais ce n'est pas tous les membres qui ont cette chance-là d'avoir du personnel
disponible cinq jours-semaine, là. Donc, pour nous, c'est tout qu'un défi.
C'est sûr que, dans la région de Montréal, je
sais que plusieurs, là, sont à l'aise à ce niveau-là, là. Mario, si on oublie, gêne-toi pas. Mais je vous dirais que,
pour certains secteurs, c'est un gros, gros défi de recruter du
personnel.
M. Tanguay : Est-ce que
ça... diriez-vous que ça va jusqu'à mettre en danger le maintien des places déjà
occupées, autrement dit, qu'à la limite il pourrait même y avoir des places que
vous pourriez cesser d'offrir, de vos membres, à cause de cette pénurie-là, ou
on n'en est pas rendus là?
Mme Guay
(Marie-Christine) : Personnellement, je vous dirais qu'on a certains membres de notre association que, cette année, ils ont dû fermer des groupes ou, pendant un certain
moment, là, il y en a qui ont demandé aux parents... exemple, ils ont eu une épidémie de gastro ou de
fièvre, les membres du personnel étaient malades, ils ont dû demander
aux parents qui devaient le faire de garder les enfants à la maison. Donc, ça,
oui, c'est arrivé. Ce n'est pas quelque chose qui est récurrent, à ma
connaissance, là, mais c'est déjà arrivé.
M. Tanguay : O.K. Est-ce
qu'aussi, si on se projette dans l'avenir, cette réalité-là de pénurie
d'éducatrices et d'intervenantes vient aussi
diminuer de beaucoup, là, vos capacités d'expansion puis d'offrir des places
additionnelles?
Mme Guay
(Marie-Christine) : Je vous
dirais que ça dépend de certains secteurs, ça dépend de la disponibilité
des membres de notre personnel. C'est sûr que, là, il faut considérer qu'il y
en a plusieurs en congé de maternité qui vont faire un retour éventuel. C'est
sûr que ces congés-là nous causent beaucoup de problèmes, mais en même temps on
respecte les délais et tout, mais c'est ça qui est plutôt difficile, aussi, de
remplacer quelqu'un qui va revenir dans...
(Interruption)
Mme Guay (Marie-Christine) :
Excusez, je ne sais pas c'est quoi, le bruit qu'on entend au travers, mais ça
ne vient pas de moi, en tout cas.
M. Tanguay : Non, c'est
bon, vous nous rassurez. M. Ranallo, rassurez-nous.
M. Ranallo (Mario) : Oui, je
suis là, inquiétez-vous pas, c'est... Malheureusement, j'ai du liquide qui est
passé dans le mauvais tube.
M. Tanguay : Pas de
problème. Terminez, je vous en prie, Mme Guay.
Mme Guay (Marie-Christine) : En
fait, j'ai perdu un peu mon idée, mais c'est ça, tu sais, c'est sûr que je vous dirais que ça dépend vraiment des régions. Il
y a certains secteurs qui vont avoir de la difficulté à pouvoir,
justement, ouvrir des nouvelles places pour
avoir de la main-d'oeuvre, que ce soit formé ou pas. Par contre, il y a
certains secteurs qui n'auront aucune
difficulté, qui ont déjà la main-d'oeuvre. C'est vraiment du cas par cas, je vous
dirais, c'est très spécial.
M. Tanguay : Parfait.
M. Ranallo, vous avez dit de quoi en début de votre présentation, vous
avez exprimé vos inquiétudes quant à l'abrogation de l'article 4 de la loi
actuelle. Je vous dirais que l'article 4 est un peu refondu dans ce qui
serait le nouvel article 2, mais j'aimerais vous demander d'être peut-être
un petit peu plus précis quant à ces inquiétudes-là.
M. Ranallo
(Mario) : En fait, ça vient surtout avec le fait de... les politiques
d'admission qui pourraient être imposées à certains groupes, selon ce qui est
écrit dans certains articles, là. Il pourrait y avoir certains types de
services de garde qui leur serait imposée une politique d'admission. C'est plus
cet impact-là, étant donné que l'article 4, d'après son idée, c'est qu'on
peut prendre... toujours selon ce qui est écrit actuellement, les clients que
chaque service de garde veut, selon son choix. Donc, c'est... il y a certains
gestionnaires qui ont peur, puis ils disent : Bien, on vient m'enlever mon droit de gestion. C'est ça qui fait peur.
Oui, c'est refondu ailleurs, mais c'est refondu de façon où le contrôle n'est plus dans les mains des
gestionnaires, mais plutôt dans les mains du gouvernement, du ministère.
M. Tanguay : O.K. Je
vous dirais, si vous aviez... parce qu'avec le peu de temps qui m'est imparti,
je pense qu'il me reste moins qu'une minute, un peu plus qu'une minute, si vous
aviez une seule chose à nous dire, M. Ranallo et Mme Guay,
30 secondes chaque, une seule chose à nous dire que vous aimeriez voir ou
ne pas voir dans le projet de loi, quelle modification, ajout ou retrait
aimeriez-vous voir dans le projet de loi, à cette heure que la loi est devant
nous, qu'elle est ouverte et qu'on peut la modifier?
M. Ranallo (Mario) : Moi, ce
que j'aimerais voir, c'est la réalisation des places pour le bénéfice des
enfants. Évidemment, on a la pénurie de main-d'oeuvre qui va être un item
critique qui va falloir absolument qu'on passe au travers avant de pouvoir
réaliser ça. Et on espère que l'attribution des places va se faire de façon
équitable envers les CPE et les garderies subventionnées.
M. Tanguay : Parfait. Et
vous, Mme Guay?
Mme Guay (Marie-Christine) : Je
seconde Mario. En fait, il m'a un peu volé mon idée. C'est sûr que c'est
vraiment ce qu'on veut pour les enfants puis les parents du Québec. En fait,
moi, je souhaite vraiment que... c'est sûr que c'est un souhaite, peut-être,
impossible, mais que chaque enfant ait une place puis une... un enfant égale un
enfant, que ça soit égal pour tous, tu sais, je pense que, ça, tous les parents
et tous les enfants le méritent. Donc, c'est vraiment notre souhait.
M. Tanguay : Bien, je
vous remercie, M. Ranallo et Mme Guay. Merci à vous.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci.
Je cède maintenant la parole à la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci.
Vous avez
mentionné, un peu plus tôt, que le pourcentage maximal — je pense que vous avez dit 15 % — pour
les enfants à besoins particuliers, ça arrive que ça vous empêche d'accueillir
des enfants. Je pense que, tu sais, si ma compréhension est bonne, c'est le
nombre maximum d'enfants pour lesquels vous pouvez avoir une subvention, pas
nécessairement le nombre maximal d'enfants que vous pouvez accueillir. Mais est-ce
que vous pensez que ce pourcentage maximal là devrait être aboli?
M. Ranallo (Mario) : Si on
l'abolit, on risque de créer des environnements qui ne seront plus vraiment des
services de garde. Il faut faire attention à ça. Si on considère la mission
d'un service de garde, il faut aussi aider tous les enfants. Il ne faut pas,
parce qu'on accueille plus d'enfants à besoins particuliers, des enfants qui
n'en ont pas, de besoins particuliers souffrent parce qu'on passe plus de temps
à aider les enfants à besoins particuliers. Il faut faire attention, il y a une
limite à avoir et il y a une limite physique aux éducatrices à s'occuper de ces
enfants-là aussi. Donc, il faut regarder ça de façon objective et réaliste. Je
ne dis pas que la limite de 15 % devrait être abolie. Est-ce qu'elle
pourrait être plus haute? Est-ce qu'elle pourrait être plus basse? Je pense que
ça dépend de chaque service de garde et des
capacités de ce service de garde là à accueillir les enfants aussi selon le
type de besoins particuliers qu'on a.
Mme Labrie :
Oui, bien, dans les écoles, il n'y a pas de maximum d'enfants à besoins
particuliers qui peuvent fréquenter une même école, là, ni même une
classe. Est-ce que... Vous avez parlé des éducatrices spécialisées, tout à l'heure,
aussi puis vous avez dit que, bon, il n'y en a pas dans toutes les
installations. Souvent, il va y en avoir quand il y a des enfants avec un
diagnostic. Est-ce que vous pensez qu'il devrait y avoir des éducatrices
spécialisées dans toutes les installations? Parce qu'à cet âge-là les enfants
peuvent avoir des besoins sans avoir encore de diagnostic.
M. Ranallo (Mario) : Ce serait
l'idéal. Par contre, ça va créer une autre pénurie. Déjà, il y a une pénurie d'éducatrices
spécialisées. Si on pouvait au moins avoir accès à une ressource, que ce soit
du CLSC ou du système de santé, une ressource quelconque qui pourrait venir
nous aider au besoin, sans nécessairement être à temps plein dans un service de
garde, qu'elle pourrait être consultée lors de besoins spécifiques, ça pourrait
déjà être aidant, ça permettrait au moins d'avoir une idée comment remplir la
fameuse documentation qui va avec le plan d'intégration et de donner des
services adéquats à l'enfant, non pas y aller, comment on pourrait dire, à tâtons,
en espérant qu'on a la solution sans avoir quelqu'un pour nous guider.
Mme Labrie : O.K. Il reste quelques
secondes, je vais vous demander peut-être de nous dire ce que vous pensez qu'on
devrait faire pour améliorer le fonctionnement du guichet unique.
M. Ranallo
(Mario) : C'est quelque chose qui est très complexe, le guichet unique.
Je pourrais vous dire que ce serait un sujet pour une autre discussion, parce
que je suis, malheureusement, sur le conseil de La Place 0-5, donc je ne peux
pas parler maintenant... va avoir son tour dans quelques jours.
• (16 h 10) •
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. Ranallo, c'est tout le temps que nous avions avec la députée de Sherbrooke.
Maintenant, je vais céder la parole à la députée
de Joliette.
Mme Hivon : Oui,
bonjour. Bien, si c'est possible, je comprends que vous siégez sur le guichet
0-5, mais, comme représentants du rassemblement, vous, votre collègue, on a
entendu beaucoup les précédents intervenants sur la question du guichet unique.
Je voulais juste savoir si vos membres, en ce moment, l'utilisent et quels sont
leurs constats par rapport à ça.
M. Ranallo (Mario) : Oui, je
vous dirais que nos membres l'utilisent, absolument, et, personnellement, je
peux vous dire que je ne suis pas prêt à gérer une liste par moi-même. C'est
certain qu'un guichet unique élimine un grand nombre d'appels, un grand nombre
de gestions de documents, au moins permet d'avoir une liste qui est centralisée
et qui est propre, qui évite des doublons... on en a déjà vu dans le passé.
Donc, oui, l'utilisation de la liste d'attente, pour moi, pour notre
association, on est d'avis que ça doit rester, ça doit être encadré. Et les
directives d'utilisation, autant pour les différents utilisateurs, les parties
prenantes à ça, que ça soit les parents, les services de garde ou le ministère,
il y a des directives qui sont là, et je pense qu'elles doivent être appliquées
correctement, et c'est peut-être ce qui fait
défaut, présentement, pour avoir les données réalistes. Quand la VGQ dit qu'il
y a 30 000 enfants qui n'auront pas passé par La Place 0-5, mais
ces 30 000 enfants-là sont dans un service de garde, puis peut-être
parce que l'application de la directive n'a pas été faite, mais ça ne veut pas
dire que les enfants n'étaient pas dans le guichet déjà avant. Donc, il faut
peut-être prendre ça avec un certain recul et s'assurer que les directives du
ministère sont appliquées pour être sûrs que tout est mis en place
correctement.
Mme Hivon : Donc, vous êtes vraiment favorables au principe,
c'est plus de s'assurer de la bonne application de la chose, si je vous
décode correctement.
Je serais curieuse... Je comprends que vous
n'avez pas la donnée, en ce moment, du nombre d'enfants chez les membres que
vous représentez qui ont des besoins particuliers. Si jamais, c'est une donnée
que vous pouvez obtenir et transmettre à la commission,
ce serait vraiment intéressant pour nous de l'avoir, là, compte tenu des nouveaux enlignements qui risquent de prendre forme. Donc,
c'est un souhait que je vous émets, si jamais c'est possible.
Puis, dernier
élément, juste pour continuer sur la question de la politique d'admission, vous avez dit que vous aviez des inquiétudes avec l'article 4 en lien avec
des différences qui pourraient exister entre chaque type de services de
garde?
M. Ranallo (Mario) : Oui, il y
a un article...
Mme Hivon : Juste
expliciter.
M. Ranallo (Mario) : Oui. Je ne
peux pas vous dire exactement lequel article, mais il y a une mention à quelque
endroit où l'on dit que... Deux secondes, deux petites secondes, je vais
essayer de le retrouver rapidement. On mentionne que ça pourrait être imposé à
un certain type de services de garde, les politiques d'admission, ou à une
catégorie de prestataires.
La Présidente (Mme D'Amours) : Et
c'est tout le temps que nous avions...
M. Ranallo (Mario) :
L'article 59.4, le nouvel article 59.4, qui est dans
l'article 30 de la loi, où on dit : «Il détermine aussi par règlement
les exigences, [...] critères et les priorités d'admission des enfants chez
[des prestataires] ou une catégorie de prestataires [du service] de garde.»
Mme Hivon :
Parfait. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Merci beaucoup, M. Ranallo, Mme Guay pour votre contribution
aux travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques instants afin
d'accueillir les prochains témoins.
(Suspension de la séance à 16
h 14
)
(Reprise à 16 h 21)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux, et je souhaite la bienvenue à la Coalition des garderies
privées non subventionnées du Québec. Vous avez... Nos invitées, pardon, sont
Marie-Claude Collin, présidente, et Mme Line Fréchette, vice-présidente.
Je vous rappelle, chères
invitées, que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, après quoi
nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. Je
vous invite donc à vous présenter et à procéder à votre exposé. La parole est à
vous.
Coalition des garderies privées non subventionnées du
Québec
Mme Collin
(Marie-Claude) : Bonjour.
Marie Claude Collin, présidente de la Coalition des garderies privées non subventionnées.
Mme Fréchette
(Line) : Line Fréchette,
vice-présidente de la Coalition des garderies privées non subventionnées
du Québec.
Mme Collin
(Marie-Claude) : M. le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe,
député de Papineau, porte-parole de
l'opposition officielle, M. Marc Tanguay, député de LaFontaine,
porte-parole du deuxième groupe de l'opposition, Mme Christine Labrie, députée de Sherbrooke, porte-porte du
troisième groupe de l'opposition, Mme Véronique Hivon, députée de
Joliette, membres de la commission, messieurs mesdames, bonjour. Dans un
premier temps, nous tenons à vous remercier de l'invitation à la commission des
citoyens pour le projet de loi n° 1.
Notre temps est compté, et c'est à bien des
niveaux.
La Coalition des garderies privées non
subventionnées est un organisme dont la mission est de rendre équitables les
services de garde sur tout le territoire du Québec. Elle a pour mission
d'inclure tous les enfants à un tarif unique. Pour s'acquitter de son mandat,
elle mène des travaux d'analyse, de recherche, de consultation, tant auprès des
propriétaires des garderies ainsi que des parents. Le respect de la profession
est aussi un enjeu majeur. Depuis des années, la coalition demande la
revalorisation de la profession d'éducatrice à la petite enfance.
Le projet de loi n° 1 vise à répondre à un
besoin de places en garderie pour les familles dans certaines régions où on
retrouve un déficit entre l'offre et la demande. Ce premier projet est le
résultat de consultations où plusieurs associations et partenaires ont déposé
des mémoires avec des suggestions au ministre de la Famille. La coalition était
présente à toutes ces rencontres et a également déposé un mémoire. Le
gouvernement de la CAQ ainsi que le ministère de la Famille se doivent de
considérer les demandes proposées. Un gouvernement ne peut faire de la
concurrence déloyale, dans un même ministère, avec ses partenaires. Il ne peut
pas mettre en faillite des centaines d'entreprises administrées en presque
totalité par des femmes dans un secteur où la main-d'oeuvre est également
100 % féminine.
Dans le
contexte actuel, avec la pénurie de la main-d'oeuvre que vit présentement le
Québec, le projet de loi n° 1 aura
pour effet la fermeture de centaines d'installations dans plusieurs régions. Il
mettra en péril des milliers de places déjà offertes aux familles du
Québec. Le gouvernement de la CAQ ainsi que le ministre de la Famille
s'engagent dans une course folle, rapide et dangereuse en proposant au plus
sacrant la mise en place immédiate de locaux temporaires — rien n'est
plus permanent que le temporaire. Ils s'engagent donc à diminuer la qualité
d'installations qui risquent de devenir permanentes.
Le ministre de la Famille veut renforcer le
droit des enfants de recevoir des services de garde éducatifs personnalisés de qualité, mais laisse tomber, par
cette demande, plus de 70 000 enfants de garderies non subventionnées.
Il vient par le fait même mettre en péril la
survie de plusieurs installations, puisque le calcul de nouvelles places
permettra l'implantation des places subventionnées à proximité des GNS. Pour
répondre aux exigences de qualité du ministre de la Famille, les GNS
doivent augmenter considérablement leurs tarifs. Ce sont toujours les parents
qui sont pénalisés. Le gouvernement ainsi que le ministre de la Famille foncent
droit dans un mur avec ce projet rapide et dangereux.
Ce projet de loi se veut aussi de favoriser le
développement harmonieux d'une offre de services de garde éducatifs à l'enfance
qui soit pérenne et tienne compte des besoins des parents afin de faciliter la
conciliation de leurs responsabilités parentales et professionnelles. Qu'en
est-il des familles qui sont dans les GNS et, encore une fois, seront oubliées
par le ministre de la Famille et son gouvernement? Nous convenons que ces
familles auront une augmentation du remboursement des crédits des frais de
garde, mais ce n'est pas le tarif unique. Pour la réponse... pour la question
de la pérennité, le ministre viendra mettre en péril le réseau de GNS.
Le tarif unique pour tous permettrait à tous les
parents, peu importe leur milieu socioéconomique, de bénéficier de services de
garde qui répondent à leurs valeurs, à leurs besoins, sans devoir se soucier du
coût pour faire leur choix. Pour répondre réellement aux besoins des familles,
pour un développement harmonieux, le ministre doit faire la conversion des
garderies non subventionnées plus rapidement à son agenda. Par son nouveau
pouvoir, nous espérons que le ministre mettra fin à la concurrence déloyale de
la construction des CPE à proximité des GNS.
Nous voyons déjà les dommages dus aux nouvelles constructions :
fermetures, faillites, migration vers le milieu subventionné résultant de la
concurrence déloyale et causé par la rapidité du ministre de la Famille ainsi
que le gouvernement de la CAQ à vouloir implanter des milieux subventionnés trop
rapidement. Le ministre devra interdire la construction des CPE et autoriser la
conversion des garderies qui seront gravement touchées par cette concurrence.
Il devra autoriser la vente des GNS à des promoteurs avant que celle-ci soit en
faillite.
La nouvelle composition des comités
consultatifs, appelés le CCO, est plus transparente. Aucune association ne
devrait siéger sur un comité où il pourrait y avoir conflit d'intérêts. Nous
espérons que le ministre de la Famille, dans son choix rapide et dangereux, prenne
la bonne décision quant au choix des installations offertes. Il serait dommage
que... par empressement, de se retrouver avec des locaux mal appropriés pour
nos enfants du Québec. Ce serait la fin d'un beau réseau de qualité des
services de garde à la petite enfance.
La Place 0-5. Depuis
la mise en place de ce guichet unique, les GNS ne reçoivent pas les services
souhaités. Les parents qui adhèrent à ce service favorisent en grande majorité une
place à tarif unique. Les coûts sont très élevés pour les garderies non
subventionnées pour le service qui leur est offert. Dans la structure
existante, La Place 0-5 désavantage les GNS. La majorité des GNS n'ont pas
reçu d'enfants du guichet unique. Les parents cherchent une place à tarif
unique avant tout. Nous sommes un dernier recours pour eux.
De plus, dans le projet de loi n° 1, le ministre
exclut la Coalition des garderies non subventionnées des comités. Si nous sommes exclus du comité de La
Place 0-5, il serait approprié que les GNS ne paient plus pour ce
service. Nous aimerions connaître l'orientation du ministre de la Famille pour
cette exclusion du guichet unique. Si le guichet unique sert réellement à
établir l'offre et la demande, comment le ministre peut-il faire le calcul des
places non subventionnées en excluant les GNS?
En désirant procéder trop rapidement, le
ministre s'expose à plusieurs problèmes avec les implantations temporaires. La
sécurité des enfants sera mise en jeu, la santé financière des femmes dans le
réseau de GNS sera également à risque. Si une GNS doit sa fermeture à cause
d'un local temporaire ou à la construction d'un CPE, le ministre de la Famille
ainsi que le gouvernement en seront responsables. Ce cannibalisme ne doit pas
être permis lorsque cela peut affecter d'autres installations à proximité.
Lorsque les actions du gouvernement sont la cause d'une fermeture de GNS, il
devrait y avoir compensation importante à la PME qui a été mise en faillite.
Dans sa politique d'appel d'offres, le ministre
doit considérer l'achat des GNS avant la cessation de ses activités. Déjà,
plusieurs d'entre elles sont à vendre. Il serait moins coûteux au ministre que
de faire la construction de nouvelles installations. Des critères peuvent être
établis a priori avant l'achat de celles-ci. Il est inconcevable d'interdire le
rachat de ces installations. Par le rachat d'installations existantes, nous
allons diminuer le nombre de locaux temporaires et éviter de mettre la sécurité
des enfants en péril.
Pour assurer la pérennité du réseau des services
de garde du Québec et ainsi offrir aux familles le tarif unique, le ministre de
la Famille et le gouvernement de la CAQ doivent passer à la conversion avant de
faire de la construction massive. Ils doivent s'assurer la santé de notre
réseau pour les 20 prochaines années. Nous voulons voir, dans le projet de
loi n° 1, la conversion des prochaines GNS. Nous voulons voir un
échéancier pour que celles-ci soient considérées dans le chantier de la petite
enfance. Par la présente, la coalition propose des changements à certains
articles du projet de loi n° 1 en annexe. Nous espérons que ces
recommandations seront considérées pour la survie du réseau de la petite
enfance du Québec. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup.
Je vais maintenant passer la parole au ministre
pour une période de 16 min 30 s.
• (16 h 30) •
M. Lacombe : Merci, Mme la
Présidente.
Bonjour, Mme Collin. Bonjour,
Mme Fréchette. Toujours un plaisir de se parler, d'échanger ensemble.
D'abord, je fais une petite parenthèse qui me
fait sourire quand même, vous nous dites qu'on va trop vite, là, j'aimerais
bien avoir l'avis des collègues de l'opposition là-dessus tantôt. Je pense que
l'avis n'est pas partagé. En tout cas, ce n'est pas ce que j'entends régulièrement,
là. Mais je trouve ça quand même intéressant, là, vous nous dites que c'est
trop rapide, que ça va trop vite, qu'on développe ces places subventionnées
trop rapidement. En même temps, j'ai envie de vous dire que les parents attendent
et qu'on a aussi une responsabilité d'aller de l'avant puis de le faire le plus rapidement possible en maintenant, je suis d'accord, un
équilibre. Parce que les places qui sont offertes par les
membres que vous représentez, il y en a 70 000, on parle grosso modo,
peut-être, de 60 000 places, véritablement, qui sont utilisées. Ces
places-là, on ne peut pas s'en priver, là, demain matin. Évidemment qu'on ne
souhaite pas la disparition de ces places-là, mais en même temps, on a déjà eu
l'occasion de s'en parler, il y a des enjeux, il y a des enjeux qui sont liés à
la conversion.
Et la vérité,
c'est qu'aujourd'hui nous ne sommes pas prêts à faire la conversion totale de
toutes ces places-là. Il y a des enjeux, et vous les avez vous-même
soulevés, notamment au sujet des critères qui sont utilisés en ce moment pour
faire la conversion. Et c'était ça, le but de l'exercice, faire un test, en
quelque sorte, en deux phases où, à la fin, on pourra tirer des
conclusions, notamment sur les critères qui ont été utilisés, parce que la
priorité, c'est de convertir des garderies de bonne qualité, parce qu'on parle
de beaucoup d'argent public.
Mais faisons un pas de recul. La question que je
vous poserais —
on travaille ensemble quand même depuis 2018, à mon sens la collaboration est
bonne : Est-ce que c'est exact de dire que la demande que vous aviez au
départ, c'était effectivement de faire la conversion d'un petit nombre de
places pour essayer de voir comment tout ça allait se passer? Est-ce que c'est
exact de dire que c'était votre demande?
Mme Collin (Marie-Claude) :
Oui, M. le ministre, c'est exact, notre demande était de commencer par un
projet pilote de 5 % ou un peu moins de 5 %, pas en deux phases,
en une phase, et de voir plus rapidement le projet concrétisé. Ça fait
maintenant plus de deux ans que le projet... je comprends qu'il y a eu la
COVID, ça fait plus de deux ans qu'on a eu le projet. On a été peu
consultés aussi, M. le ministre, sur les conditions et sur les critères pour
l'appel de projets sur la conversion.
M. Lacombe :
En même temps, il y avait, bon, votre association, une autre association qui
avait des demandes. Évidemment, notre ministère, avec ses
professionnels, a aussi mis des garde-fous. Donc, je comprends que ce ne sont
pas exactement tous les critères que vous souhaitiez qui se sont retrouvés là,
mais, bon, on s'entend pour dire que c'était votre demande, là, d'y aller avec
un petit nombre. Puis, vous avez raison, il y a eu la pandémie, je pense que vous allez convenir avec moi, en tout cas, si je me rappelle
nos conversations à minuit le soir, en pleine première vague, vous avez été
occupée, puis évidemment qu'on a mis ça de côté, la conversion...
Est-ce que c'est exact, aussi, de dire... bien,
en fait, je vous demanderais : Ça faisait combien d'années que vous réclamiez
ça, un projet pilote pour convertir des garderies?
Mme Collin
(Marie-Claude) : Un projet pilote, M. le ministre, ça faisait la première fois qu'on le demandait,
mais il a été accepté du premier coup.
M. Lacombe : Bien, la
conversion.
Mme Collin (Marie-Claude) : La
conversion, on a demandé souvent la conversion totale du réseau, et on s'entend
qu'à l'époque il y avait la moitié de places, déjà, qui étaient occupées. Là, maintenant,
on est rendus avec le double depuis nos premières demandes. C'est exact, qu'on
a toujours demandé, et aucun gouvernement ne nous a écoutés à ce sens-là. Mais
ce qu'on veut...excusez...
M. Lacombe : Non, non, c'est
correct, puis, si vous vouliez compléter, je vous laisse compléter.
Mme Collin (Marie-Claude) : ...en
fait, ce qu'on veut, nous, c'est d'avoir... on est conscients qu'on ne veut pas
les 70 000 places, demain matin, ouvertes, converties en places subventionnées,
mais on aimerait avoir un plan quinquennal ou qui peut se faire avec tant de
places par année au niveau de la conversion. C'est surtout un plan, qu'on
attend. On est conscients qu'il n'y aura pas 70 000 places demain matin.
M. Lacombe : Mais est-ce que
vous pouvez convenir avec moi que c'est difficile de se donner un plan alors
que projet pilote n'est pas terminé et que, donc, on n'a pas encore les
conclusions, à savoir quels sont les enjeux? Et avec ces conclusions-là, les
enjeux qu'on aura rencontrés, on estime à combien de places qu'on pourra véritablement
convertir, est-ce qu'on aura le besoin de mettre sur pied un programme d'amélioration
de la qualité, par exemple, pour y arriver? Est-ce qu'on aura besoin de passer
en revue les installations? Est-ce qu'on aura besoin de le faire dans une plus
grande proportion à Montréal, par exemple? Est-ce que vous convenez avec moi
qu'il reste beaucoup de questions auxquelles on n'a pas de réponse?
Mme Collin
(Marie-Claude) : J'en conviens, M. le ministre, qu'on n'a pas de
réponse à toutes ces questions-là, parce que ça fait plusieurs mois
qu'on demande une table de travail pour la conversion et voir les résultats
aussi du projet pilote et on n'a pas encore ces tables de consultation là. Alors,
c'est difficile pour nous de dire, aujourd'hui, où est rendu le projet pilote,
étant donné qu'on a peu ou pas d'information à ce niveau-là. Donc, la journée
qu'on aura les informations et qu'on aura en main ce que vous avez fait avec le
projet pilote dans les 1 750 premières places, alors on va être en mesure
d'avancer encore plus vite et mieux, à savoir comment on va faire la
conversion.
Au niveau de la qualité, je pense que les
garderies seront bien accompagnées au niveau de la qualité. Il y en a qui s'investissent
énormément. Il y en a d'autres qui s'investissent peu ou pas. Alors, ceux qui
s'investissent peu ou pas ne seront pas admis à des places à convertir, ceux
qui s'investissent beaucoup pourraient admis à pouvoir avoir la conversion.
M. Lacombe :
Mais est-ce que, encore une fois, vous pouvez convenir avec moi que la
meilleure façon d'avoir... Parce que vous parlez des résultats du projet
pilote, là. Le projet pilote, il est de 3 500 places en deux phases,
et ça touche plusieurs régions différentes du Québec, et actuellement ce n'est
pas terminé, on est en plein coeur de la deuxième vague, et, à mon sens, les
deux vont ensemble. On vous a déjà indiqué que, dans notre volonté d'aller de
l'avant on va aussi mettre sur pied un comité qui va discuter des résultats et
puis de la suite des choses. Donc, moi, je souligne encore le fait qu'on doit
être extrêmement prudents dans ce qu'on va faire avec la conversion parce qu'il
y a des enjeux, il y a des enjeux, et on ne souhaite surtout pas faire la
conversion de garderies pour lesquelles on va avoir des regrets ensuite. Ça, je
sais qu'on partage cet objectif-là.
Je comprends que vous avez eu beaucoup de
pression de vos membres qui ont peur pour leur modèle d'affaires, parce que ce
sont des femmes d'affaires, pour la plupart, qui ont mis tout leur coeur dans
leur entreprise puis qui, évidemment, se disent : J'ai des chances de
passer à travers des mois difficiles. Mais en même temps, en tant
qu'administrateurs, en tant qu'élus, on a aussi cette responsabilité-là de
s'assurer que ce soit bien fait.
Il y a le
crédit d'impôt, aussi, sur lequel je voudrais peut-être glisser un mot. Est-ce
que c'est exact aussi de dire que ça
fait un très long moment que vous réclamez une majoration du... une majoration importante
du crédit d'impôt?
Mme Collin (Marie-Claude) :
Line, tu voulais peut-être parler?
Mme Fréchette
(Line) : Bien, dans le fond, je voulais mentionner que, oui, ça fait
longtemps qu'on demande, mais il faut prendre en considération que la CAQ a enlevé
la modulation des frais de garde, ce qui a été très dommageable pour les garderies privées non subventionnées et nos
familles. Et je voulais aussi préciser que, pour chaque GNS, bâtir... les vrais chiffres ne sont pas concluants. Le ministère de la Famille ne peut pas détenir les vrais chiffres
parce qu'il ne détient pas toutes les informations qui sont en place dans les
municipalités ni dans les garderies privées non subventionnées, présentement.
On est soumis aux mêmes lois, mêmes règlements et on est aussi soumis à la garde de qualité. On a siégé, moi et Marie-Claude, sur
un comité qui met en place la qualité, qui fait l'ensemble, ce n'est pas juste les CPE ou les GNS. Les GNS se
doivent de passer par ce processus-là. Ce qu'on dit aujourd'hui, c'est
qu'il est important avant de créer de nouvelles installations,
37 000 installations ou infrastructures en CPE, il serait peut-être
important de valider si ces GNS-là ne seraient pas prêtes à se convertir en CPE
avant d'en bâtir un pas loin.
M. Lacombe :
Combien nous reste-t-il de temps?
La Présidente (Mme
D'Amours) : Sept minutes.
M. Lacombe :
Sept minutes, d'accord. Je vais y aller avec une dernière question avant de
laisser la place à ma collègue.
Vous mettez souvent
en opposition la conversion et la création de places en nous disant :
Arrêtez d'investir dans le béton,
investissez dans nos installations. Vous avez 70 000 places, des garderies
non subventionnées au Québec, 60 000
qui sont véritablement occupées ou à
peu près. Ce sont les chiffres, là, parfois incertains, mais les chiffres
qu'on a.
Est-ce que vous
convenez avec moi que, si demain matin l'envie nous prenait, et je pense que ce
serait une très mauvaise idée, mais de convertir l'ensemble du réseau sans
poser de questions et d'en faire un réseau 100 % subventionné, ça ne
réglerait pas le problème pour la presque totalité des parents qui attendent
actuellement une place sur la liste d'attente?
• (16 h 40) •
Mme Fréchette
(Line) : Je suis d'accord avec ça, mais il faudrait prendre en
considération que vous avez fait une demande, un topo général à l'ensemble du
Québec, à tous les CPE et les GNS qui pouvaient créer des places rapidement, et
aucune installation de GNS n'a été consultée pour ça, ce qui aurait pu très
bien être fait. Donc, une GNS qui est en place qui aurait pu créer des places
facilement en augmentant son permis de places, ça n'a pas été... les GNS n'ont
pas été consultées, présentement.
M. Lacombe :
Vous voulez dire pour avoir des places subventionnées dans le même édifice que
des places non subventionnées?
Mme Collin
(Marie-Claude) : Bien, non. Il y a beaucoup de GNS qui demandent
l'augmentation au permis pour... tu sais, on
parle du «breakeven», là, pour arriver à subvenir à leurs besoins, là. Donc, il
y en a, là, un huit places de plus dans leur garderie, ils seraient
beaucoup plus à l'aise, puis ils ont la place physique pour avoir huit places
de plus au permis, mais pas nécessairement...
M. Lacombe :
Déposez cette demande-là. La demande d'augmentation de permis, vous pouvez la
faire.
Mme Collin
(Marie-Claude) : Bien, il y en a beaucoup qui ont été refusées, M. le
ministre.
M. Lacombe :
Oui, elles sont refusées après analyse si elles ne respectent pas le critère de
qualité, de faisabilité puis de pertinence, mais il n'y a rien qui vous empêche
de déposer une demande d'augmentation de vos permis. Est-ce que vous êtes
d'accord avec mon affirmation?
Mme Collin
(Marie-Claude) : En tout cas, nous, on n'a pas fait l'exercice, mais
on s'est fait dire que beaucoup de demandes avaient été refusées dans des
garderies de qualité, ça fait que c'est pour ça qu'on dit qu'il y a beaucoup de
garderies...
M. Lacombe :
Oui, mais il faut juste... Mme Collin, là, il faut juste être... il faut juste
qu'on s'entende bien, là, si vous souhaitez,
vous, là, demain matin, dans votre garderie, déposer une demande pour augmenter
votre nombre de places au permis,
vous pouvez le faire. Ensuite, il y a une analyse, évidemment, qui est réalisée
par le comité consultatif sur l'offre qui est encore en vigueur, qu'on
souhaite modifier par le biais du projet de loi, et ça, je sais que vous êtes
d'accord avec ça, mais le CCO analyse ça. Et ce n'est pas le ministère de la
Famille qui le fait, d'abord et avant tout, c'est le CCO, et lui, sur le
critère de la qualité, sur le critère de la pertinence et de la faisabilité, va
donner une recommandation. Vous avez raison que, parfois, ça peut effectivement
être refusé, mais vous avez la possibilité, là. Je veux juste qu'on soit
clairs, nous, on tend la main à tout le monde, là. Si vous souhaitez augmenter
la capacité de vos installations, vous pouvez le faire. Donc, je veux juste
que...
Une voix :
...
M. Lacombe :
Je vais laisser... Bien, Mme la Présidente, je vais m'arrêter là pour
l'instant.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Je vais céder la parole, maintenant, à la députée
de Soulanges.
Mme Picard :
Merci, Mme la Présidente.
Bonjour, mesdames. Merci
beaucoup pour votre apport à nos travaux.
Moi, je voulais vous apporter sur la... votre
crainte, en fait, que les places temporaires deviennent des places permanentes,
vous l'avez mentionné d'entrée de jeu. Moi, je pense à une petite municipalité
dans mon coin qui pourrait très bien temporairement
s'installer peut-être, dans le sous-sol de l'église, une garderie, parce que
des petits enfants en auraient de besoin, pendant qu'une installation se bâtit.
J'aimerais que vous me précisiez vos craintes par rapport à ça, si vous pouvez
être un petit plus détaillée sur vos craintes.
Mme Collin (Marie-Claude) : Ce
qu'on a peur... C'est qu'une petite municipalité, comme vous parlez, comme la
vôtre, où il y a un réel besoin, ça, on n'est pas contre ces services-là puis
on n'est pas contre dans la rapidité à offrir des places. Quand j'ai pris les
listes des 17 000 nouvelles places qui ont été demandées dans à peu
près toutes les régions du Québec, c'est certain qu'il y a des CPE ou des
garderies, temporairement, qui vont s'établir dans certaines municipalités,
dans des locaux qui ne seront pas 100 % adéquats et qui risquent d'être
permanents, qui vont devenir permanents parce qu'il n'y a soit plus de terrain,
soit plus de bâtisses à louer ou à convertir. Moi, je regarde juste dans une
municipalité comme Blainville, où il n'y a plus de terrain bâti, c'est des
condos industriels qu'on a, ce n'est pas nécessairement toujours adéquat pour
ouvrir une garderie. J'ai même, moi, fait l'exercice d'essayer de me trouver un
terrain pour la construction d'une nouvelle garderie ou la conversion d'un
bâtiment pour qu'elle devienne une garderie, et, dans la région de Blainville,
on va offrir autour de 280 nouvelles places.
Donc, si on s'en va dans un local temporaire
dans un milieu industriel ou commercial, plus industriel, c'est là qu'il y a à peu près le plus de place pour ouvrir
une garderie, bien, ça risque de devenir permanent, ces locaux-là.
Est-ce qu'ils seront aménagés? Est-ce qu'ils seront faits pour la sécurité des
enfants dans un endroit sécuritaire? C'est là qu'on est un peu inquiets du
niveau des locaux. Montréal aussi, on va faire des locaux temporaires
rapidement à Montréal. Bien, y as-tu de quoi de plus permanent que de quelque
chose temporaire? C'est ça qui nous fait peur.
Mme Picard : Et, selon vous,
comment on pourrait éviter ça? Est-ce qu'on pourrait mettre quelque chose,
supposons, à notre projet de loi pour éviter ça?
Mme Collin (Marie-Claude) : En
fait, ce qu'on dit, nous, dans le projet de loi, c'est de bien établir les règles de sécurité qu'on a dans la construction
d'une garderie. On reprend tout le temps, puis c'est tout le temps ce
qui est vérifié le plus dans les garderies, la santé et sécurité au niveau des
enfants. Alors, dans les locaux temporaires, ça devrait être aussi... les
règles doivent être aussi exigeantes que qu'est-ce qu'on a présentement pour la
construction d'une garderie. On ne peut pas garrocher les enfants n'importe où parce
qu'il faut créer des places.
Oui, il faut en créer. Je ne suis pas contre la
rapidité de créer des places dans des endroits comme vous dites, une petite municipalité qui a un réel besoin de
place; Rivière-du-Loup, pour ne pas le nommer, on l'a entendu beaucoup.
Donc, moi, j'ai... on n'a aucun problème avec ça, la coalition, ou même je
pense qu'il n'y a pas une association qui est contre ça. Mais je regarde
Blainville, je regarde Saint-Esprit, je regarde des petites municipalités à
droite et à gauche où on va offrir des locaux temporaires, mettre en péril,
peut-être, une GNS qui est déjà présente sur place, ça, il faut voir à tout ça. Puis je pense que le ministre se dote aussi
d'outils pour essayer d'empêcher à ce que les GNS soient mis en faillite
ou aient des problèmes de migration parce qu'on va venir établir un local
temporaire à proximité.
Mme Picard : Merci beaucoup.
Mme Fréchette (Line) : Si je
peux me permettre aussi de rajouter, au niveau des locaux temporaires ou des
places temporaires, dans les années 2000, au début, les milieux familiaux
étaient en grand nombre, au début...
La Présidente (Mme D'Amours) :
Désolée, Mme Fréchette, je suis vraiment désolée, c'est tout le temps que
nous avions avec la partie gouvernementale.
Nous allons passer, maintenant, la parole au groupe...
Une voix : ...d'opposition
officielle...
La Présidente (Mme D'Amours) :
...d'opposition officielle. Merci, M. le député. Alors, je cède la parole...
M. Tanguay : Si ça vous
tente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci.
M. Tanguay : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Député de LaFontaine, voilà.
M. Tanguay : Oui, merci,
Mme la Présidente.
J'aimerais, Mme Fréchette, vous permettre
de finir, finir votre réponse, s'il vous plaît, si vous l'avez toujours en
tête, là.
Mme Fréchette (Line) : Ah oui,
dans le fond —
merci —c'est
qu'au début des années... fin des années 90, 2000, il y avait beaucoup,
beaucoup de milieux familiaux, et c'était... ils avaient ouvert en grand nombre
en disant : On va commencer par le milieu familial, le temps d'avoir des
installations en CPE. Et pourtant les 90 000 places sont encore là, et le besoin est moindre. Puis on le voit, là, il
y a beaucoup de gens qui sont ouverts à aller en milieu familial. Et les GNS
ont vu le jour de façon temporaire en disant que : N'émettez plus de
permis de GNS et de CPE, et maintenant on est rendus à 70 000 places.
C'est un peu dans cet objectif-là.
M. Tanguay :
Écoutez, bien, à mon tour de vous saluer. Je voulais vous permettre de
terminer, Mme Fréchette. Alors, bonjour à vous et bonjour à
Mme Collin, très heureux de vous avoir.
Je vais aller assez rapidement, mais d'abord en
ouvrant une lueur d'espoir chez vous. Vous aurez remarqué, le 16 octobre
2017, quand, à l'époque, la députée de Louis-Hébert, aujourd'hui
vice-première ministre, disait à votre sujet,
et je la cite : «Nous, on encourage beaucoup le modèle d'affaires
que sont les garderies privées non subventionnées. C'est vraiment une
forme d'entrepreneuriat que l'on souhaite soutenir, mais, comme je le disais,
les CPE sont là, c'est une bonne chose. On
veut continuer à les soutenir en s'assurant que les investissements vont vraiment aux services aux enfants.» Alors, rassurez-vous,
vous avez, auprès de la vice-première ministre, là, une alliée indéfectible,
comme on pouvait le lire en octobre 2017.
J'aimerais aborder l'éléphant dans la pièce. On
vous accuse d'offrir un service de qualité moindre, je vais le dire de même.
Que répondez-vous à ça?
• (16 h 50) •
Mme Collin (Marie-Claude) :
Bien, on va répondre que, quand on a 300 000 $ de différence qui
rentre d'argent dans une garderie, c'est sûr que peut-être il va y avoir des
mesures au niveau de la qualité qui vont être difficiles à aller chercher.
Mais, dans l'ensemble du réseau, les gens font des pieds et des mains pour
offrir un service de qualité à tous les enfants du Québec. Moi, je parle pour
les propriétaires de garderie qui sont à la bonne place, des hommes et des
femmes qui sont là pour les bonnes raisons, pour les bonnes valeurs, qui font
de leur garderie un milieu de qualité. Il y a probablement des gens qui sont de
moindre qualité, qui ne vont pas chercher les outils nécessaires pour offrir la
qualité de leur milieu. Ces gens-là, on ne les représente pas.
Mais, vous savez, M. le député, c'est qu'il y en
a aussi dans les milieux subventionnés. On en voit aussi dans les milieux des
CPE, on en voit dans les GS. Quand je regarde les garderies du centre-ville qui
refusent des enfants à besoins particuliers parce que c'est trop de trouble et
qu'ils revirent la psychoéducatrice de bord, je pourrais vous donner des listes
de garderies au centre-ville, dans l'endroit... dans le CLSC où il y a le plus de
besoins, de gens qui ont besoin pour les enfants à besoins particuliers.
Pourtant, c'était leur mission de base, les CPE. Donc, j'ai vu, moi, des CPE
complètement insalubres qui ont eu l'aide du ministère de la Famille à coup de
centaines de millions de dollars pour la remettre aux normes. Où est passé cet
argent-là qu'ils recevaient pour la qualité?
Donc, la qualité a un coût de plus en plus cher,
au ministère de la Famille. Nous, on a toujours diminué l'écart entre le milieu
subventionné et le milieu non subventionné. Pourtant, ce n'était pas à nous de
le faire, c'est au ministère de la Famille que ça lui revient, cet écart-là.
Donc, on a toujours chargé à nos parents très peu pour diminuer l'écart. La
modulation nous avait beaucoup aidés, mais maintenant, avec le tarif unique, le
retrait de la modulation, les parents, on voit l'essoufflement puis on les voit
se diriger, migrer vers les milieux subventionnés.
M. Tanguay : Je voulais
vous donner l'occasion, Mme Collin, de répondre à ça, parce qu'effectivement
je ne pense qu'on n'est pas ici pour partir en guerre contre quiconque. Puis je
pense que c'est important, parce que souvent c'est l'étiquette qu'on voudra
vous accoler : Ah! on sait, les non subventionnés, bien, la qualité est
moindre, de facto. Alors, il y a des
nuances, comme vous l'avez apporté dans votre réponse, puis je voulais vous
donner l'occasion d'aborder cet éléphant dans la pièce.
Diriez-vous qu'une fois que vous avez abordé cet
enjeu de qualité là, ce n'est pas quelque chose qui... même si vous
reconnaissez qu'il y a des défis dans tous les types d'installations, notamment
dans les installations et les personnes que vous représentez, il y a des défis
partout, diriez-vous que ça, ça ne justifie pas le fait de dire : Bien, on
va sur deux ans convertir 3 500 places versus le
70 000 places que vous ne demandez pas qu'il soit converti du jour au
lendemain, là? Diriez-vous qu'il pourrait y avoir... tout en ayant un souci de
qualité, il ne pourrait s'en convertir que 1 700, quand même, 1 750
par année? Parce qu'il y a quand même de la qualité, là, dans le réseau, là.
Mme Collin (Marie-Claude) :
Effectivement. Je ne peux pas croire qu'en 2021 on parle encore de la
conversion quand ça aurait dû être fait bien avant, même, je devrais dire,
durant que vous étiez au Parti libéral aussi, il était au pouvoir, aurait dû
commencer cette conversion-là. Ça a toujours été facile, ce dossier politique
là d'offrir de nouvelles places. Encore en 2021, on offre
17 000 nouvelles places. Donc, ça a toujours été facile, en temps
électoral, d'offrir des nouvelles places, puis on a toujours été bon deuxième à
la conversion. Si la qualité dans le réseau
est de moindre qualité, bien, je rends responsable le ministère de la Famille
et ses inspections, c'est à eux d'y voir. Puis, s'ils ont voulu donner
des permis à outrance un peu partout à toutes les personnes qui le demandaient,
bien, c'est un peu aussi eux les coupables. À un moment donné, tu te dis :
Trop, c'est trop, c'est assez, tu ne réponds pas aux critères, donc, non, tu
n'as pas ton permis. Ça se dit, puis c'est comme ça, tu dois avoir un service
de qualité. Et ça fait 20 quelques années qu'on n'arrête pas de le dire,
ce...
(Interruption)
Mme Collin (Marie-Claude) : Je
m'excuse.
M. Tanguay : Je pensais
que c'était vous, mais là je me suis rapidement rendu compte que c'était...
Mme Collin
(Marie-Claude) : C'est mon adjoint.
M. Tanguay : Je me dis,
là, elle est partie, là. Excusez-moi.
Bon, bien, je vais enchaîner, si vous voulez, pendant
que quelqu'un va gérer le chien.
Dites-moi, Mme Collin, Mme Fréchette,
on a vu la manifestation, beaucoup, beaucoup de vos membres, là, à l'Assemblée
nationale il y a deux semaines. On est allés vous saluer. Moi, j'en
rencontre, puis j'aimerais vous entendre parler sur cette réalité-là, parce que
je pense que ce n'est pas assez connu puis je pense que vous n'avez pas
suffisamment voix au chapitre, peut-être, au sein de ce qui est discuté sur la
place publique, dans les médias. Il y a de vos
membres, il y a des garderies privées non subventionnées qui ont des places
disponibles. Tantôt, le ministre faisait référence à 10 000 sur le 70 000. Vous, vous évaluez ça à un
plus grand chiffre, mais le fait est le suivant, c'est que des parents
veulent des places subventionnées à 8,50 $, évidemment, un service de
qualité, on vient d'en parler, on s'entend
là-dessus, mais beaucoup de vos membres, là — je pourrais en nommer cinq que j'ai rencontrés,
dont deux avec vous, vous vous
rappellerez, il y a deux semaines — qui ont, sur du 60 places, un 17 places de libres
puis un 23 places de libres, puis qui
disent : Écoutez, il en va de la viabilité de notre modèle d'affaires, je
veux dire, on n'est pas subventionnés. Mais ça, prenant pour acquis que
la qualité est là, s'il y avait conversion, bien, vous ouvririez 17 places à
8,50 $ dans un cas, puis 23 places à 8,50 $.
J'aimerais vous entendre là-dessus, sur une
réalité économique qui fait en sorte... vous utilisez le mot «faillite» de
certains de vos membres là-dedans. C'est une réalité, hein? Puis, avec le peu
de temps qu'il me reste, excusez-moi, ma
question est longue, mais d'aborder le défi avec la pénurie de main-d'oeuvre,
éducatrices, intervenantes.
Mme Collin (Marie-Claude) :
Oui, bien, il y a beaucoup de gens qui vont faire faillite éventuellement, un,
à cause de la pénurie de main-d'oeuvre, aussi que nos éducatrices s'en vont
vers les milieux subventionnés parce que le salaire est plus attrayant, et,
dans la grande région métropolitaine, les parents s'en vont vraiment vers les
CPE puis vers les milieux qui sont subventionnés.
À un moment donné, on va rentrer dans une
récession économique prochainement, manque de personnel, Montréal qui s'est vidée.
Donc, tous les CPE que les enfants ont déménagé ont été remplacés par les
enfants des garderies que vous avez rencontrées, et ces garderies-là ont peine
à avoir d'autres enfants parce que les gens cherchent
des places à tarif unique, nos éducatrices qui s'en vont vers le milieu
subventionné. Donc, il y a des groupes de fermés dans nos garderies non seulement à cause qu'il manque d'enfants,
mais aussi parce qu'on manque d'éducatrices. Puis ce qui nous fait peur
aussi, avec la récession prochaine, c'est sûr que les parents vont chercher
soit la garde au noir soit la garde à tarif unique avant de choisir nos milieux
de garde.
Même si on fait l'augmentation du crédit des
frais de garde, il faut... ça va prendre vraiment la mise en place de la
conversion plus rapidement. Puis on ne demande pas d'avoir la conversion de
70 000 places par année, là, mais qu'on commence donc par un chiffre... On
est capables d'offrir 10 000 nouvelles places, bien, pourquoi qu'on n'offrirait pas 10 000 nouvelles places par
année dans les cinq prochaines années ou 8 000 places? Mais
commençons quelque part, puis commençons aussi par une table de consultation où
on va pouvoir vraiment, réellement parler des vraies choses au niveau de la
conversion. Et qui sont les meilleurs acteurs pour parler de la conversion,
sinon nous, qui sommes sur le plancher et qui connaissons notre milieu des
garderies non subventionnées?
M. Tanguay : ...message
à vous deux, Mmes Collin et Fréchette, est très clair. Vous voulez
davantage être entendues. Puis là-dessus il y a quelque chose qui a retenu mon
oeil, vous dites, et je vous cite, dernière page, là, de votre texte, juste en haut de vos
signatures : «Dans sa politique d'appel d'offres, le ministre
doit considérer l'achat d'une GNS avant la cessation de ses activités.»
Au début, le réseau, il s'est créé en conversion en CPE. Ça, ça pourrait être
un modèle, dans certains cas, pas dans tous les cas, où ça pourrait carrément
être une conversion en CPE. Mais, vous êtes d'accord
avec moi, pour ça, il faut que vous vous assoyiez, il faut qu'on puisse vous
écouter, discuter, puis il va y avoir des critères d'achat, là, pour ne
pas que ce soit payé... que ce soit payé à une juste valeur des deux côtés.
Mais vous levez la main, vous êtes prêtes à aller là, là?
Mme Collin (Marie-Claude) :
Bien oui, puis l'idée, là, c'est, s'il y a un promoteur qui a son projet sur la
table qui a été accepté et qui a une garderie à vendre ou qui a une garderie
qu'il est prêt à lui vendre, donc, on va faire la conversion de cette
garderie-là, mais ce n'est pas le propriétaire qui fait la conversion de sa
garderie, là. Ce n'est pas une conversion déguisée, c'est un projet qui a été
retenu, soit CPE, soit GS, qui fait l'acquisition de cette place-là, mais qui
va aussi racheter le permis ou le fonds de commerce de la dame ou du
propriétaire de la garderie avant qu'elle fasse faillite. Pourquoi qu'on ferait
tous faillite puis qu'on fermerait nos garderies? C'est que, là, nos locaux
sont disponibles pour le nouveau projet.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme Collin.
Nous passons maintenant la parole à la députée
de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente.
Je suis contente de vous entendre parler de
conversion. Je ne partage pas tout ce que vous avez dit, mais je partage votre
volonté qu'il y ait de la conversion plus rapide.
Vous avez proposé que le gouvernement rachète
des installations. J'aimerais ça savoir c'est quoi, la proportion de vos
membres qui seraient prêts à vendre leurs installations pour la conversion en
CPE?
Mme Collin
(Marie-Claude) : Vous seriez
surprise, Mme la députée. Il y a beaucoup
de membres qui voudraient devenir...
vendre à un CPE ou faire la conversion totale pour devenir un CPE. Beaucoup de
gens à Montréal souhaiteraient la conversion de CPE, il y a beaucoup de
gens en région, je vous dirais, un bon 35 % à 40 % des gens qui
seraient, demain matin, convertis en CPE. Et je vous dirais, Mme la députée,
que Line et moi, on serait probablement les premières à faire une conversion
vers un CPE.
Mme Labrie :
O.K. Donc, la volonté, de votre côté, de la part au moins du tiers de vos
membres, même peut-être davantage, de procéder rapidement à une conversion, pas
juste en garderie subventionnée, mais même en CPE, elle est là, là. C'est au
niveau du ministère que vous ne sentez pas la volonté, en ce moment, c'est bien
ça?
• (17 heures) •
Mme Collin
(Marie-Claude) : Exactement. Vous savez qu'un CPE coûte plus cher
qu'une garderie subventionnée aussi, donc c'est peut-être là la
décision. Mais, je vous dirais, des propriétaires de garderie qui ont plus de
50 ans, elles veulent probablement s'en aller vers une conversion vers un
CPE. Puis en jasant, on parlait à établir quand même une belle structure de
transmission des données avec la propriétaire qui devient directrice qui
pourrait avoir un contrat de cinq ans aussi dans le CPE. Donc, c'est une belle
transition, puis c'est une belle avenue vers la retraite pour ces gens-là qui
ont passé leur vie dans le milieu de la petite enfance. Ça fait que, oui, on
n'est pas contre la conversion des CPE au contraire.
Mme Labrie :
Puis combien... bien, quelle proportion de vos membres sont déjà des OBNL?
Mme Collin
(Marie-Claude) : Il y a 100 membres... au-dessus de 100 membres,
hein, Line, je crois...
Mme Labrie : Donc, on peut penser que le rachat de
l'installation se ferait quand même à un coût raisonnable, là, pour le gouvernement
du Québec.
Mme Collin
(Marie-Claude) : Bien, il faut y aller à la valeur marchande.
Mme Labrie :
Mais, comme on parle d'organisations qui sont déjà à but non lucratif, donc, il
y a quand même moyen de s'entendre, j'imagine, plus facilement avec le
ministère.
Mme Collin
(Marie-Claude) : Sûrement.
Mme Labrie :
Parfait. J'aimerais ça vous entendre sur le guichet unique. Quelles recommandations
vous avez à faire pour la modification du guichet unique?
La Présidente (Mme
D'Amours) : En cinq secondes.
Mme Collin
(Marie-Claude) : Bien, nous, au niveau du guichet unique, c'est...
La Présidente (Mme
D'Amours) : ...
Mme Collin
(Marie-Claude) : Le guichet unique, en fait, il faut qu'il soit remis
au ministère de la Famille, régi par le ministère de la Famille, qu'il soit
gratuit pour que l'ensemble du réseau puisse y participer et que l'offre de
services qui est proposée aux parents soit équitable pour tout le réseau en
entier, pas seulement pour le réseau plus subventionné.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme Collin.
Nous passons maintenant
la parole à Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Merci, Mme la Présidente.
Bonjour à vous deux.
Très heureuse de vous entendre. Je dois vous dire, Mme Collin, qu'on a
beaucoup réfléchi depuis la dernière rencontre que j'ai eue avec vous sur toute
la question de la conversion, et c'est ce qui fait que, la semaine dernière, on
a vraiment pris position pour une conversion massive, parce qu'en regardant ça
de tous les angles, de tous les côtés, je pense que c'est... on est rendu là,
puis c'est ça qu'il faut faire. Puis vous parliez de plan quinquennal, nous, on pense qu'en cinq ans, avec une bonne année de
planification, on serait capables d'y arriver, puis on est capables de
convertir en CPE. Ça fait que, bref, juste vous dire qu'on a beaucoup réfléchi
à la suite des échanges qu'on a eus, puis ça a été très éclairant.
Dans cette
optique-là, le ministre dit, puis j'aimerais ça savoir, là, parce que ça
surprend beaucoup de gens parce qu'on entend beaucoup parler de pénurie de
places, mais c'est vrai que, dans les garderies non subventionnées, en ce
moment, il y a, dans plusieurs garderies, le député le disait tout à l'heure,
un surplus de places, des places non occupées. Est-ce que vous retenez vraiment
le chiffre de 10 000 places sur 70 000? Parce que certains me
disaient que c'était probablement plus que ça, notamment la proportion dans la
région montréalaise puis dans les couronnes. Avez-vous des chiffres plus précis
pour, mettons, Montréal?
Mme Collin
(Marie-Claude) : Montréal,
on a environ... on prétend qu'il y a environ 12 000 places de
disponibles à Montréal.
Mme Hivon : O.K.
Sur à peu près combien de places offertes?
Mme Collin (Marie-Claude) : Je
ne me souviens plus, je ne m'attendais pas à la question, je n'ai plus le
chiffre par coeur, j'avais tout ça.
Mme Hivon : C'est
beau.
Mme Collin (Marie-Claude) :
Mais on est en train de faire l'étude, justement, des places, ça fait qu'on
devrait avoir les nouveaux chiffres prochainement.
Mme Hivon :
Parfait. Si vous les avez, ça nous intéresse beaucoup de les avoir, là, parce
qu'on sait qu'il y a un univers de différence aussi entre Montréal, Laval puis
le reste du Québec.
Mme Fréchette (Line) : Si je
peux juste rajouter, là, il y a aussi un effet, là, à chaque nouvelle
installation qui se construit, des GNS doivent fermer des groupes parce qu'ils
perdent des éducatrices. Donc, ça aussi, c'est à prendre en considération.
Mme Hivon : Il y a vraiment un transfert des éducatrices vers... les milieux
non subventionnés vers subventionnés, CPE. Parfait.
À la première page de votre mémoire, vous dites,
en dessous de la section Vision de la coalition, là, vers la fin, vous
dites : «Pour répondre aux exigences de qualité du ministère de la
Famille, les GNS doivent augmenter considérablement leurs tarifs.» Pouvez-vous
expliciter?
Mme Collin (Marie-Claude) :
Bien, les tarifs ont augmenté considérablement depuis cet été, premièrement,
bon, pour assurer la qualité auprès des enfants, la sécurité, mais aussi pour
garder nos éducatrices et payer le salaire à l'échelle salariale. C'est ce qui
fait qu'en augmentant... si quelque part il y a quelqu'un qui doit payer pour
ça, donc c'est le parent qui paie. Ça fait que ce n'est pas rare que, de plus
en plus, dans les régions, on voit minimum 50 $ par jour, les frais de
garde. Puis vous comprenez, je l'ai dit tantôt, c'est vraiment contre notre
volonté de vouloir offrir des tarifs aussi élevés à nos familles, mais ce n'est
plus à nous d'être responsables de l'écart entre le milieu subventionné et le
milieu non subventionné. Ça fait que les salaires...
La Présidente (Mme D'Amours) :
...Mme Collin, merci beaucoup, c'est tout le temps que nous avions. Donc, je vous remercie. Merci beaucoup à
Mme Fréchette aussi pour votre contribution aux travaux de la
commission.
Je suspends les travaux quelques instants afin
d'accueillir les prochains témoins. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 05)
(Reprise à 17 h 18)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux.
Donc, je souhaite la bienvenue à l'Association
des garderies non subventionnées en installation. Donc, je souhaite la
bienvenue à M. Haddaoui et Belfarji. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, après quoi nous procéderons à la période
d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter, parce que je n'ai sûrement
pas bien dit votre nom, et à procéder à votre exposé. La parole est à
vous.
Association des garderies non subventionnées en
installation (AGNSI)
M. Haddaoui (David) : Merci,
Mme la Présidente. Mme la Présidente, M. le ministre, Mmes et MM. les
députés, merci de votre accueil. Mon nom, c'est David Haddaoui, je suis
président de l'Association des garderies non subventionnées en installation.
Permettez-moi, à prime abord, de faire relater quelques
petits points pour pouvoir vous acheminer en ce qui concerne le mémoire en question.
L'objectif principal de la création de l'AGNSI est d'apporter l'aide nécessaire
aux garderies non subventionnées en installation. La notion de qualité a
toujours été notre ultime priorité. Elle l'est toujours, car nous avons remarqué que notre milieu a été laissé à
lui-même sans encadrement ni orientation soit sur le plan formation, de
réglementation et de financement.
On reproche très souvent aux GNS que la qualité
n'est pas une priorité, alors que, sur le terrain de tout le réseau de la
petite enfance, mesdames et messieurs, on trouve des services de garde de bonne
et de mauvaise qualité, et non seulement la qualité en général, mais je peux
rentrer avec vous, si vous désirez, la qualité éducative, la qualité, pardon,
structurelle, la qualité d'efficacité et surtout la qualité de gestion. Il faut
souligner que la différence n'est autre qu'une équité financière entre les
différents types de services de garde.
Ce qui nous ramène à
parler de la place de l'enfant dans tout ce processus de changements
législatifs et réglementaires afin de se doter des mécanismes pour faciliter
l'accessibilité à des places abordables de qualité et compléter le développement du réseau. L'AGNSI, mesdames et messieurs,
Mme la Présidente, M. le ministre, accueille favorablement le projet de loi et son objectif de
donner les moyens au ministre pour, premièrement, compléter le réseau à
100 % subventionné le plus rapidement possible et de maintenir, par la
suite, un équilibre entre l'offre et la demande.
En revanche, nous déplorons le manque de mesures
pour protéger les garderies non subventionnées qui ont, au cours des 24...
pardon, des 14 dernières années, suppléé à l'inaction des différents
gouvernements pour offrir les places demandées par les familles du Québec et
qui ont permis à des milliers de femmes de retourner sur le marché du travail
et de collaborer au développement économique de la province.
• (17 h 20) •
M. Belfarji (Toufik) : Mme la
Présidente, M. le ministre, Mmes, MM. les députés, donc, je vous rappelle mon
nom, c'est Toufik Belfarji, donc, je suis membre du conseil d'administration et
je suis le directeur régional de la métropole de Montréal.
Donc, je
continue dans la même idée que David. Nous espérons que la modification au
crédit d'impôt qui sera présentée dans le cadre de la mise à jour
économique de prochain jeudi rétablira l'équité pour les parents fréquentant une GNS et permettra aux garderies
subventionnées d'offrir l'équité salariale à ses employés tout en
assurant leur survie.
Le développement du réseau ne doit pas se faire
simplement en créant les places manquantes, mais aussi en corrigeant le fait
que des enfants sont en attente dans les territoires en équilibre ou en
surplus. Les parents de ces enfants sont à la recherche de places à tarif
unique, et pour répondre à leur attente, la conversion nous apparaît être la
solution. Le développement... désolé, le développement des réseaux doit aussi
favoriser la fréquentation des enfants aux réseaux qui sont, dans la plupart du
temps, exclus de l'évaluation du nombre de places à créer.
L'ensemble des services sociaux du gouvernement
devrait se concentrer avec le réseau des services de garde afin d'amener les
parents à inscrire leurs enfants pour ensuite ajuster l'offre en conséquence.
L'importante pénurie de main-d'oeuvre nécessite que le gouvernement se penche
sur le processus de qualification et de formation continue des éducatrices afin de reconnaître que les
éducatrices, malgré qu'elles ne répondent pas aux critères de qualification,
possèdent la compétence pour oeuvrer au sein du service de garde et donner un
service de qualité.
Quant au guichet unique, nous sommes d'accord
sur son intégration au sein du ministère. Cependant, on demande que ce service
soit gratuit jusqu'à fin de l'action.
M. Haddaoui (David) : Mme la
Présidente, M. le ministre, Mmes, MM. les députés, l'AGNSI désire que les
associations des types de services de garde demeurent sur les CCO ou qu'elles
soient consultées par le ministre afin de protéger les services de garde
existants dans le processus dévoilement de réseau que nous assistons
actuellement.
J'ajouterai solennellement, mesdames et
messieurs, à ce sujet, je demande qu'on rétablisse le financement des associations nationales qui a été aboli en
2014. Depuis ce matin, vous avez reçu un certain nombre d'associations.
50 % de ces associations travaillent bénévolement pour le bien-être des
enfants, et tout ce travail, ça demande beaucoup, beaucoup, beaucoup d'énergie,
beaucoup, beaucoup de dépenses. Et je m'arrête là. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup.
Nous allons maintenant commencer la période
d'échange. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Lacombe : Merci beaucoup,
Mme la Présidente.
Bonjour à vous deux. Toujours un plaisir
d'échanger avec vous. Évidemment, on a bien pris connaissance de vos positions,
de votre mémoire, mais là on commence à se connaître, là, on travaille ensemble
depuis déjà un certain moment, puis on a eu aussi toute cette consultation
printanière qui a mis la table au dépôt du projet de loi, au lancement, aussi,
du Grand chantier pour les familles. Et là, aujourd'hui, on a l'occasion...
Donc, parfois, peut-être qu'on aura l'impression de parler de sujets dont on
connaît déjà les réponses, mais c'est important quand même, là, d'avoir ces discussions-là
aujourd'hui, dans le cadre du temps qui nous est alloué.
En fait, peut-être confirmer certaines choses,
publiquement, là, autrement que lorsqu'on se rencontre. Vous êtes d'accord,
vous... parce qu'on a une autre association qui représente des garderies non subventionnées
qui nous disait être en désaccord avec les locaux temporaires. De votre côté,
ce que je comprends, c'est que vous êtes en accord avec cette idée-là si les
GNS aussi, et c'est le cas, peuvent y avoir accès. Est-ce que je me trompe?
M. Haddaoui (David) : Vous avez
raison, M. le ministre, on n'est pas contre le temporaire, mais ce qu'on a
demandé nommément... expliquer c'est quoi, le temporaire, exactement, la durée,
ça s'adresse à qui, dans quel contexte. Malheureusement, ce qu'on a lu, on ne
trouve pas ces réponses.
M. Lacombe : Donc, vous êtes d'accord
avec le principe, mais vous trouvez que ça gagnerait peut-être à être précisé,
pour éviter que ce qui est temporaire...
M. Haddaoui (David) :
Définitivement.
M. Lacombe : Quand j'étais
impliqué dans mon syndicat local, il y avait quelqu'un qui disait toujours ça,
je pense que c'était le président qui
disait : Il n'y a rien de plus permanent que quelque chose de temporaire, méfiez-vous, méfiez-vous. Donc, c'est un peu ce
que vous nous dites, vous aimeriez qu'on définisse ça.
M. Haddaoui
(David) : Il faut qu'on sache exactement c'est quoi, le temporaire, et
ça va durer pour combien de temps, et dans
quel contexte, parce que le temporaire, comme vous avez si bien dit, peut
devenir du permanent.
M. Lacombe :
Mais vous êtes d'accord avec le principe.
M. Haddaoui
(David) : Le principe est tout à fait logique.
M. Lacombe :
Même chose pour l'augmentation de la capacité, aussi, des installations?
M. Haddaoui
(David) : On est d'accord pour l'augmentation de la capacité. Malheureusement,
ce qu'on a constaté, c'est que la priorité était donnée aux garderies subventionnées,
aux CPE, alors que des garderies non subventionnées ont été rejetées en masse.
Vous allez me dire : Oui, vous pouvez redemander l'augmentation en permis,
ça se peut, mais ce qu'on a vu dans la loi, la quantité de 100, pour pouvoir
passer de 80 à 100, il faut passer par le comité consultatif, il faut refaire
le processus de A à Z, les inspections qui cherchent, les architectes qui
s'ajoutent, alors qu'il y a une autre catégorie qui bénéficie, du jour au
lendemain, facilement, alors que nous, on a le même permis que tout le monde.
M. Lacombe :
Mais pouvez-vous préciser ça? Qu'est-ce que vous voulez dire quand vous dites
qu'il y a deux vitesses?
M. Haddaoui
(David) : Bien, absolument, ce qu'on voit, actuellement, il y a
beaucoup de CPE, beaucoup de garderies subventionnées qui ont déposé leur demande
d'augmenter, par exemple, de 80 à 100, et ça a passé.
M. Lacombe :
Mais ça passe par le comité consultatif aussi.
M. Haddaoui
(David) : Définitivement.
M. Lacombe :
Oui, c'est ça, tout comme votre demande passerait aussi par le comité
consultatif. Donc, pourquoi vous dites qu'il y a deux vitesses?
M. Haddaoui
(David) : Bien, c'est tout simplement... c'est parce que ce n'est pas
le même procédé, si vous permettez, parce qu'une garderie non subventionnée, si elle
veut augmenter sa capacité, elle doit justifier, actuellement, par un
certain nombre de critères, en l'occurrence la capacité géométrique, en ce qui
a trait les plans d'architecte, c'est des dépenses déjà qui vont être
encourues, alors qu'on n'a pas trouvé ça dans les milieux subventionnés.
M. Lacombe :
D'accord. Il y a peut-être une mésentente sur l'interprétation, mais on ne
s'attardera pas là-dessus parce que je pense qu'au final, là, il n'y a
pas vraiment d'enjeu, puis on pourra peut-être se reparler de ça.
M. Haddaoui
(David) : Oui. Je crois que monsieur... Toufik a des compléments.
M. Belfarji (Toufik) : Oui, un complément de réponse. Nous, on se pose
sur la question, notamment l'augmentation à 100 places. Est-ce que
les GNS aurons la possibilité de faire ça dans la loi et sous quelles
conditions? Est-ce qu'il y a des règlements qui vont préciser ça, sans passer
par appel de projets pour les subventionnés? Est-ce qu'une garderie GNS, par
exemple, à Montréal, qui est 80, elle peut augmenter à 100?
• (17 h 30) •
M. Lacombe :
Oui, bien là, vous me faites réaliser que vous avez un peu les mêmes questions
que l'autre association, donc je pense que ce point-là mériterait d'être
clarifié, donc on s'arrangera pour que ce le soit. Mais je veux juste être
clair, vous avez toujours la possibilité d'augmenter le nombre de places à
votre permis en passant par les comités consultatifs, tout comme les CPE
doivent le faire dans le cadre de l'appel de projets, actuellement, ou les
garderies subventionnées. Mais là je capte bien, là, qu'il y a un certain flou,
ça me préoccupe un peu, donc je sais que mon
équipe du ministère est là. D'ailleurs, on s'échange ça, là, puis on constate
qu'il y a peut-être une mésentente sur l'interprétation.
Donc, je m'arrête là là-dessus, mais on en reparlera, parce que je ne pense pas
vraiment qu'il y a d'enjeu.
Parlons des CCO, des
CCR qu'on propose. J'ai envie de vous demander pourquoi vous pensez qu'on a
encore besoin d'avoir des gens qui... Parce qu'il faut bien comprendre
l'historique, là, des comités consultatifs, qui ont été mis en place parce
qu'il y a des permis, à l'époque, qui avaient été octroyés en échange de
financement politique. Donc, l'idée, à ce moment-là, c'était de mettre un bras
de distance entre le ministre — on réfère au ministre, mais on comprend
bien «le ministère» — puis
l'octroi des permis pour ne pas qu'il y ait de favoritisme. Mais en même temps,
bon, on n'est plus à cette époque-là, il y a des nouveaux mécanismes. Mais là,
maintenant, c'est rendu tellement lourd et ça prend tellement de temps qu'à mon
sens on doit passer à autre chose. Puis je fais le parallèle, par exemple, avec
le ministère des Affaires municipales, le ministère de l'Économie, avant
d'octroyer des subventions, par exemple, ils reçoivent beaucoup de candidatures
dans le cadre d'un programme pour, je ne sais pas, moi, des infrastructures sportives, prenons cet exemple-là, nos
municipalités déposent, il n'y a pas de comité consultatif sur le
terrain composé de gens du milieu qui font des recommandations et qui, ensuite,
sont revalidées par le ministère des
Affaires municipales ou de
l'Éducation, par exemple. Il y a des professionnels, au gouvernement, qui
sont payés pour faire ça, sur qui on se fie. Pourquoi, au ministère de la
Famille, on ne serait pas capables de faire ça?
M. Haddaoui
(David) : Le rôle du CCO,
c'est très important, M. le ministre, mesdames et messieurs, Mme la
Présidente, mais néanmoins nous avons trouvé, dans le projet de loi, que
d'écarter les professionnels qui vivent ça matin et soir, et depuis toujours,
on a mis en évidence la qualité. Malheureusement, les gens qui vont assister
sur le comité consultatif, qui sont dans le développement, qui sont dans les
CRE, qui sont dans la municipalité, ne connaissent pas, ne vivent pas le problème
des enfants au sein des garderies, ne connaissent pas c'est quoi, comment
dirais-je, la pertinence, la faisabilité, tout ça, ça appartient aux gens qui
vivent ça quotidiennement. Par conséquent, leur
avis est important pour vous guider dans votre choix que, disons, vous allez
prendre. Donc, même s'ils ne veulent pas être au comité, il faut les
consulter pour qu'ils puissent vous aider dans votre orientation.
M. Lacombe : Mais, si, disons,
les comités, sur le terrain, leur rôle, ce n'est plus d'évaluer les projets,
mais c'est plutôt de nous dire... et on revient toujours avec cet exemple-là,
je trouve que c'est l'exemple qui l'illustre le mieux, si le rôle du comité,
maintenant, c'est de dire : Bien, nous, là, on a une usine qui est en train
de se construire, et ce n'est pas une lubie, là, ce n'est pas une vue de
l'esprit, tout ça est en marche, là, donc, dans un an, la machinerie est là,
c'est en train de se construire, il y aura 200 nouveaux employés et,
nécessairement, il y aura des jeunes familles. Donc, vous devez prendre ça en
considération, donc, dans vos calculs, pour le nombre de places qui seront
disponibles, qui seront développées. Vous comprenez, cette intelligence-là de
données sur le terrain, on en a besoin. Si le rôle du comité sur le terrain
était celui-là plutôt que le rôle d'évaluer les projets et que ça, c'est le
ministère qui le faisait, est-ce que la présence des services de garde, à ce
moment-là, est justifiée? Parce qu'ils ne sont pas particulièrement bien placés
pour parler du développement économique, pour parler des projets domiciliaires
qui sont en construction, pour parler des endroits, par exemple, où il y a des
poches de vulnérabilité, de pauvreté importantes, ça, c'est le CISSS, les
CIUSSS qui font ça. Est-ce que... On réfléchit ensemble. Est-ce que le rôle des
services de garde est vraiment... Est-ce que leur présence serait vraiment
utile dans ce contexte-là? Parce que, nous, c'est ce qu'on propose, là.
M. Belfarji (Toufik) : Si vous
me permettez, absolument, le rôle des services de garde doit... on doit le voir
comme des partenaires. Tout ce que vous avez mentionné, là, services sociaux,
les CIUSSS, la ville, et tout ça, et en partenariat avec les municipalités ou
les villes, on peut penser ensemble sur le développement des places. Je donne
un exemple concret, si on choisit, par exemple, deux exemples dans les régions
et dans la métropole, je prends, par exemple, Montréal avec un territoire... je
nommerai 620 ou 612, par exemple, Montréal-Nord, il y a un surplus, et, si les
services de garde ne sont pas là, ils vont dire, bon, exemple : La
priorité pour les CIUSSS, c'est de développer des places en CPE, construire
deux, trois CPE, alors que le territoire, il est en surplus. Mais, si l'avis
des services de garde, par exemple, c'est représenté par les non subventionnés,
on dirait : Attendez une minute, là, on a beaucoup de places non occupées,
et le territoire, il est en surplus, il dit : Ah! O.K., comment on peut
développer ça?
Donc, il y a cette perspective-là où chacun, il
a le profil dans sa spécialité pour conseiller, donner des avis comme ça. C'est
pourquoi on trouve ça important que les services de garde, soit les
représentants de CPE, soit des légionnaises soient là. C'est comme... Et, dans
les régions, c'est la même chose, on peut dire, par exemple... je prends juste
l'exemple, je ne sais pas, moi, à Matane, on veut développer des nouveaux CPE,
un nouveau CPE, par exemple, les services de garde vont dire : O.K., GNS,
attention, il y a... on a besoin de places, mais...
M. Lacombe : Je comprends bien,
oui. Bien, c'est un bon point.
M. Belfarji (Toufik) : C'est
ça, la proximité.
M. Lacombe :
C'est un bon point. Je vous avoue que, pour cette question-là, ça peut
effectivement être intéressant.
Est-ce qu'il nous reste encore pas mal de temps?
La Présidente (Mme D'Amours) : Cinq
minutes.
M. Lacombe : Cinq minutes.
C'est beaucoup de temps, cinq minutes, on va en profiter.
Là, c'est peut-être technique, mais, quand même,
je pense que ça peut intéresser tout le monde. Vous proposez aussi que soient
mis de l'avant des mécanismes légaux, donc on comprend «dans la loi», pour
faciliter la transition entre une garderie non subventionnée, donc qui n'a pas
à gérer toutes ces subventions, vers une garderie subventionnée. Donc, on
comprend que vous parlez du processus de conversion, évidemment, puis vous
dites : On doit clarifier les obligations juridiques, fiscales et
administratives transitoires des GNS qui se convertissent en milieux subventionnés.
Qu'est-ce que vous voulez dire, exactement?
M. Haddaoui (David) : Bien,
vous savez, M. le ministre, mon opinion là-dessus, l'AGNSI était la seule
association qui n'a jamais été pour le projet pilote, on a toujours été pour la
conversion. Nous avons toujours estimé que nous avons les mêmes permis que les
CPE et les garderies subventionnées. Par conséquent, et je maintiens, pour la
création de... l'AGNSI était pour la qualité. Il y a de très belles garderies
de qualité non subventionnées.
Maintenant, et ça on
l'a déjà proposé, donc, à maintes reprises qu'il faut un accompagnement.
Pourquoi? Parce qu'on ne voudrait pas tomber dans les mêmes erreurs qui ont été
faites il y a longtemps, longtemps, il y a une vingtaine d'années, quinzaine d'années, donner les permis et sans avoir
un accompagnement, et ça... la problématique qu'on parle maintenant de qualité de moindre ou plus. Donc, je ne
voudrais pas que les garderies, parce que... pour votre information, que l'AGNSI
ne représente plus que les garderies non subventionnées, elle représente aussi
les garderies subventionnées, parce qu'on a eu des membres qui ont été
convertis, et par conséquent on défend les deux paliers. Pourquoi? Parce qu'on
voudrait que ces gens-là réussissent après la conversion, réussissent après...
ils gardent le même cap, sinon plus, pour pouvoir faire face, parce que le
procédé administratif de la subvention, il n'est pas du tout le même, vous le savez mieux que moi, que dans les garderies
non subventionnées, soit administrativement parlant, financièrement
parlant et structurellement...
M. Lacombe :
Il y a des aménagements à faire.
M. Haddaoui
(David) : L'aménagement à faire.
M. Lacombe :
Est-ce que vous pensez... parce qu'on s'est déjà dit... et tantôt
Mme Collin, ça me surprenait un peu, là, elle disait : Bien là, il
faut qu'il y ait un comité de travail. Bon, on s'est déjà dit : Si le projet
de loi est adopté, évidemment, bien, il y aura... et, de toute façon, parce que
nous on a dit : Ça ne prend pas un projet de loi pour faire de la
conversion, là. On continue. On a dit : On va mettre sur pied, dans le
cadre du Grand chantier, un comité de travail pour les suites de la conversion.
Est-ce que vous pensez que ce sera le bon véhicule, ce comité de travail là, pour... avec les résultats du projet
pilote? Je comprends que vous auriez aimé qu'on y aille plus largement,
là, ça, c'est, évidemment,
votre position, je la respecte, mais là on a un projet pilote, là, on aura des
conclusions qui seront tirées, il faudra voir qu'est-ce qu'on fait pour
l'avenir. Comment on va continuer la conversion? Parce qu'on veut continuer.
Est-ce que vous pensez que le comité qu'on va mettre en place va être le bon
véhicule pour peut-être discuter de ces aménagements-là qu'on devra faire?
Parce que, là, c'est un peu difficile de le faire, en ce moment, dans le projet
de loi, alors que le processus n'est pas terminé. Est-ce que vous suivez où je
vais?
M. Haddaoui
(David) : Bien non, je
comprends, M. le ministre. Permettez-moi, M. le ministre, de... notre
rôle associatif, c'est d'abord calmer nos
membres et donner un espoir dans la loi elle-même et peut-être dans la
conversion.
M. Lacombe :
Oui, qu'il y a de l'espoir. Est-ce que vous trouvez qu'il y a de l'espoir?
M. Haddaoui
(David) : Je vais répondre après. C'est que le plus important, c'est
ça, parce que nos membres sont dans l'attente, de l'attente. Qu'est-ce qui va
arriver à nos sorts? Il y a des familles qui ont investi leur patrimoine, leur
REER, leur fonds de pension, ils ont construit une garderie à la hauteur des
attentes du ministère. Donc, l'inquiétude est prise. Nous, ce qu'on dit :
Tout à fait, le... et je dois vous dire aujourd'hui, vous remercier pour ce que
vous avez initié le plan de conversion, c'est une bonne initiative, mais
j'ai... ça fait deux ou trois ans que j'ai dit : Il faut un plan détaillé
avec une échéance. Si on avait ça, le problème ne se posera jamais. Les gens
vont être au courant de ce qui va arriver. L'inquiétude, parce qu'il y a une
incertitude dans l'air, d'autant plus...
M. Lacombe :
Oui, mais c'est difficile, M. Haddaoui, c'est difficile d'arriver avec un
plan, puis c'est là qu'on est d'accord d'être en désaccord respectueux, mais
c'est difficile d'arriver avec un plan tout de suite alors que le projet pilote
n'est pas terminé et qu'on a constaté des enjeux, quand même, qui vont
nécessiter qu'on travaille ensemble sur le comité qu'on a annoncé, là, dont on
vous a parlé, il faudra travailler sur la suite des choses.
Parce que, bien
honnêtement, si on annonçait un plan aujourd'hui... bien, un plan détaillé,
parce qu'on a déjà donné l'horizon vers lequel on veut aller, mais, si on
annonçait aujourd'hui un plan détaillé, qu'on était obligés de le faire en
détail, c'est un plan qui devrait s'échelonner sur beaucoup, beaucoup, beaucoup
d'années parce que le nombre de garderies à convertir chaque année devrait être
très, très petit, pour y aller très prudemment. Et, si on attend plutôt la fin
du projet pilote et qu'on le fait correctement, moi, je pense qu'on a plus de
chances d'avoir un succès, là. C'est pour ça que je vous demande : Est-ce
que vous pensez que le comité qu'on va mettre sur pied sera un bon véhicule
pour établir la suite des choses?
• (17 h 40) •
M. Belfarji
(Toufik) : Premièrement, je vais revenir à la question pour les
mécanismes réglementaires et législatifs pour encadrer la conversion ou le
passage vers la conversion, c'est qu'on se retrouve... par exemple, si on annonce x garderies, il va être converti, bon, il
y a certaines règles à respecter, mais, au sein du ministère, est-ce qu'il
y a un cadre qui gère ça, passage, par exemple, dans le registre...
La Présidente (Mme
D'Amours) : ...je suis désolée, c'est tout le temps que vous avions.
Donc, je vais
maintenant passer la parole à Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone :
Merci, Mme la Présidente.
Bonjour, messieurs.
Je veux mieux comprendre, on va continuer sur le même sujet. On parle de
conversion. Tous vos membres sont pour la conversion, mais pas pour un projet
pilote, mais ils sont tous pour la conversion.
M. Haddaoui
(David) : Absolument, madame.
Mme Maccarone :
O.K. Puis là, avec les échanges que vous avez eus avec le ministre, vous avez
dit : Mais ça prend un plan. Quels, selon vous, devraient... C'est quoi,
les critères que nous devons avoir à l'intérieur de ce plan pour la conversion
des garderies non subventionnées?
M. Haddaoui
(David) : Par respect au comité qui vient d'être créé, annoncé par la sous-ministre,
que j'ai reçu une invitation ce matin... donc, il va y avoir comité qu'on va
discuter exactement en détail. Malheureusement, je ne peux pas vous dire les
détails exacts, qu'est-ce qu'il en est, parce qu'il faut que j'en discute
d'abord avec mes conseillers, et surtout avec mes proches, pour qu'on puisse
établir les critères en détail de la conversion, sachant pertinemment que, dans
le premier projet, soi-disant qu'on appelle pilote, on a été semi-partie
prenante.
Mme Maccarone : O.K. Je n'étais
pas au courant qu'il y avait déjà un comité qui était mis en place, ça fait que
c'est une bonne nouvelle. Mais le ministre a dit, avec un autre groupe qui a
passé, qu'il y a des enjeux pour la conversion. Selon vous, c'est quoi, les
enjeux dont vous faites face pour la conversion de vos installations?
M. Haddaoui (David) : Bien, les
enjeux sont nombreux. D'abord, chez beaucoup de nos propriétaires, et vous
voyez, la conversion, c'est la seule échappatoire pour garder leur patrimoine.
Et je m'explique. La création des CPE et des garderies subventionnées à côté
des garderies non subventionnées, c'est une mort certaine pour les garderies
non subventionnées. Pourquoi? Et je respecte la volonté des parents, c'est
parce que je l'ai toujours dit, ça fait plus de cinq ans que je le dis, la
place de services de garde au Québec, ce n'est pas question de programmes comme
ça, c'est question monétaire. Le cash-flow chez les parents, c'est ça qui
compte. Si, moi, j'ai poussé mon enfant à 8,50 $, je vais le sortir de
50 $ pour le mettre, c'est tout à fait respectable, et je respecte ça.
Mme Maccarone : Mais est-ce
qu'on a aussi la complexité de la réputation, entre autres, du réseau de
garderies non subventionnées quand on parle, peut-être, de la conversion? On a
posé la question à Mme Collin, qui vient de passer juste avant vous. Vous
parlez que, oui, c'est vrai, le tarif est important pour les parents, mais la
qualité est aussi importante pour les parents. Vous êtes régis par les mêmes
règles que le réseau public. Alors, est-ce que vous rejoignez, actuellement,
tout ce qui est nécessaire pour la conversion dans votre réseau?
M. Haddaoui (David) : Le
respect de la loi, au sein de nos garderies, c'est une priorité pour tout le
monde, mais on est soumis aux mêmes règles et lois que les CPE et les garderies
non subventionnées. Un inspecteur, quand il passe dans une garderie subventionnée
ou pas subventionnée, c'est la même liste, il n'y a rien qui échappe.
Savez-vous où est-ce qu'est la différence de qualité? C'est très simple, c'est
qu'une garderie non subventionnée n'a pas les moyens d'investir dans la formation
qui coûte, en principe, 20 000 $ à 27 000 $ annuellement.
Les subventionnées peuvent le faire. Et
aujourd'hui je dois remercier M. le ministre, parce que ça nous a permis, nous,
en tant qu'association, d'aller dans nos vocations, d'ouvrir la
formation de qualité pour nos membres, mais ce n'est pas assez, c'est il n'y a
que deux ans qu'on a commencé à faire ça.
M. Belfarji (Toufik) : ...un
complément de réponse. La qualité éducative pédagogique, oui, on a du travail à
faire, on l'a fait au cours des dernières années, on a reçu pas mal de soutien,
un budget pour formation que les associés ont reçu pour faire des formations.
Parce qu'il ne faut pas oublier que la plupart des promoteurs ou des garderies
privées subventionnées... non subventionnées et même subventionnées, la
gestion, c'est sûrement des femmes promotrices et une seule personne qui assure
la direction. Donc, le financement pour qu'on s'occupe de toute la gestion,
c'est un enjeu. On est plus efficaces et efficients dans la gestion, il ne faut
pas oublier ça, on est très performants parce qu'on le fait quotidiennement. La
qualité, ça se paie aussi, parce que les salaires, c'est... de les faire maintenant
pour engager des éducatrices qualifiées, ça coûte cher. On le fait, mais, pour
directrice pédagogique, des conseils pédagogiques, ça se paie aussi. Donc, le
sous-financement, ça influence... Et ce qu'on demande, et on l'a demandé toujours, c'est un soutien
financier, et ça, ça va vraiment changer des choses. Mais on l'a fait et,
l'AGNSI, on est fiers de l'avoir fait, on a formé beaucoup, on a donné des
formations de qualité.
Mme Maccarone : Ça fait que
vous... suite à une inspection, vous, vous n'avez aucun problème avec des
sanctions pénales, d'abord, en ce qui concerne peut-être une installation qui
se retrouve en déficit ou faute de respecter les critères et les normes?
M. Belfarji (Toufik) : Ça, ça a
été déjà discuté, je pense. Est-ce que c'est l'augmentation ou par rapport à la
loi n° 143? Maintenant, on revient juste à augmentation
des sanctions par rapport aux amendes.
Mme Maccarone : Bien, ce n'est
pas moi qui vais déterminer ceci, je vous pose la question. Ce que je veux
savoir, c'est si vous êtes pour ou contre des sanctions pénales.
M. Belfarji
(Toufik) : Sûrement, absolument. Les sanctions... écoute, une loi, ça
a toujours besoin de gouvernance, et des impacts, et des sanctions.
Donc, les sanctions, il faut... il faut avoir ça pour que tout le monde
respecte les lois, c'est sûr et certain.
Mme Maccarone :
J'aimerais vous entendre en ce qui concerne les politiques d'admission. On
parle beaucoup de La Place 0-5 ans. Quelles recommandations aurez-vous
en ce qui concerne la politique d'admission pour s'assurer que les familles qui
se retrouvent en situation de vulnérabilité qui sont peut-être moins défavorisées...
qui sont défavorisées, je devrais dire, peuvent avoir, peut-être, un accès plus
rapide dans le réseau de services de garde? Puis aussi, s'il y a des critères
en particulier que vous aimeriez voir à l'intérieur de ce nouveau réseau.
M. Haddaoui
(David) : Vous savez, Mme la députée, il y a, je crois, cinq ans et
trois ans qu'on avait rédigé un rapport concernant La Place 0-5, et on a
détaillé exactement la problématique qui se trouve dans cette structure et
l'iniquité qui se trouvait... et on a dénoncé ça avec preuves à l'appui pour
que ça change. Et aujourd'hui je suis très, très, très content quand
j'entends... quand je lis dans la loi qu'il va... La Place 0-5 va être
rapatriée au sein du ministère avec une nouvelle structure, parce qu'on a toujours
démontré que le parent ne se retrouve pas dans ces structures, les
propriétaires et les gestionnaires de CPE et des subventionnées ne se
retrouvent pas. Il y a un problème de structure. Et en plus le plus fâcheux là-dedans,
c'est les garderies non subventionnées qui ont financé cette structure pendant
sa création.
Mme Maccarone :
O.K. Il me reste peut-être quatre minutes, si je ne me trompe.
La Présidente (Mme
D'Amours) : 3 min 30 s.
Mme Maccarone :
3 min 30 s. Alors, j'aimerais utiliser la balance de mon temps
pour jaser des enfants handicapés, des enfants ayant des besoins particuliers.
Savez-vous combien d'enfants qui sont handicapés, avec diagnostic ou non,
fréquentent votre réseau, actuellement?
M. Belfarji
(Toufik) : À peu près, je ne peux pas me prononcer sur le chiffre
exact, mais ça existe.
Mme Maccarone :
Ça existe, O.K.
M. Belfarji
(Toufik) : Donc, ça existe, et la plupart du temps, c'est les services
de garde qui travaillent avec les familles pour chercher des ressources
externes, dans la majorité des temps, soit des CIUSSS, si l'occasion se
présente, sinon ça sera des ressources professionnelles privées, ça coûte cher.
Donc, malgré le crédit alloué pour des enfants
handicapés pour les parents, et tout ça, donc, c'est insuffisant parce que
ça demande des ressources humaines, trouver d'abord l'éducatrice
spécialisée avec le professionnel. Et ça, malheureusement, ça existe. Et le
délai pour avoir de l'aide du CIUSSS et du secteur de services sociaux, c'est
trop... c'est long. Donc, la majorité des parents... C'est inquiétant, quand
même.
Mme Maccarone :
Vous savez que j'ai déposé un mandat d'initiative cette année, dans le fond,
pour étudier la cause, actuellement, des enfants handicapés qui n'ont pas accès
au réseau de services de garde, et j'ai beaucoup parlé du réseau privé parce
que je connais plusieurs cas ou les enfants n'ont pas accès dans le réseau de
CPE parce qu'il y a un seuil à respecter ou il y a une entente qui est en
place. Verriez-vous d'un bon oeil d'avoir l'accès à tous? Parce qu'il y a,
actuellement, trois mesures, donc, qui sont actuellement en place, c'est
l'allocation pour l'intégration d'un enfant handicapé, la mesure transitoire
puis la mesure exceptionnelle. Pensez-vous que vous pourriez aider le réseau à accompagner les enfants ayant des besoins
particuliers dans votre réseau si vous avez accès à ces subventions?
M. Haddaoui
(David) : Mme la députée, ma réponse est définitive, c'est oui, et je
vais vous dire pourquoi. Actuellement, il y a des garderies non subventionnées
qui font ce travail-là malgré leur sous-financement. On a dit et on a rencontré des ministres pour les
sensibiliser, leur dire : Attention, dans le service de garde non
subventionné, il y a beaucoup d'enfants à besoins particuliers, des
handicapés, tout ça. Il faut créer un lien financier entre les garderies non
subventionnées et vos ministères.
• (17 h 50) •
Mme Maccarone :
Et vous seriez prêts à respecter toutes les normes et conditions qui seront
mises en place pour s'assurer que l'enfant est en sécurité, qualité de
services...
M. Haddaoui
(David) : Comme on respecte le permis du ministère de la Famille, on
va respecter le permis du ministère de la Santé, il n'y a pas de problème.
Mme Maccarone :
Parfait. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Je vais céder, maintenant, la parole à la députée
de Sherbrooke pour 2 min 45 s.
Mme Labrie :
Merci. Je vais vous amener sur quelque chose qui n'est pas dans le projet de
loi, mais qui nous a été proposé par l'AQCPE plus tôt aujourd'hui, c'est-à-dire
de faire en sorte que l'évaluation de la qualité soit prise en compte comme un critère au renouvellement du permis et que ça
soit aussi communiqué, notamment, aux parents. J'aimerais savoir si vous
êtes en faveur de l'ajout de modalités comme celle-là dans le projet de loi.
M. Haddaoui
(David) : ...répéter votre question, s'il vous plaît? Il y a un bout
qui m'a échappé, je m'excuse.
Mme Labrie :
Est-ce que vous êtes en faveur que les évaluations de qualité soient transmises
aux parents et que ça soit un facteur considéré dans le renouvellement des
permis?
M. Haddaoui (David) : Est-ce
que les évaluations des CPE sont communiquées aux parents?
Mme Labrie :
La proposition de l'AQCPE, c'est d'ajouter ça à la loi, et donc que ce soit
pour tout le monde, là, les CPE y compris et les garderies.
M. Haddaoui
(David) : Vous savez, dans le milieu de garde, s'il y a quelque chose
qu'on n'a rien à cacher, c'est son fonctionnement. Le parent, s'il nous a
choisis, c'est parce qu'il y a une qualité flagrante qui... il y a une...
comment dirais-je, une interrelationnelle entre les parents et les
gestionnaires dans nos milieux qui est indéfectible. Qu'est-ce qui pousse les
parents de garder leurs enfants chez nous alors que c'est trop cher? C'est
parce qu'il y a une confiance et une qualité, il y a un service plus que beaucoup
de garderies subventionnées et les CPE ne peuvent pas fournir, et nous, on les
fournit. Donc, pourquoi? C'est pour, justement, apporter le plus à ce petit
enfant.
Mme Labrie :
Donc, j'entends que vous êtes très ouverts à ce qu'on ajoute dans la loi des
modalités pour que les évaluations de qualité soient rendues accessibles aux
parents.
M. Haddaoui
(David) : Si c'est pour donner une réalité du secteur, pourquoi pas?
M. Belfarji
(Toufik) : Et j'ajouterais, il faut juste, avant, se mettre d'accord
sur le mécanisme comment ça va être de la publication d'évaluation, et tout ça,
parce qu'il ne faut pas oublier qu'il y a des réseaux qui est en avance, un
réseau qui piétonne en arrière. Il ne faut pas...
Mme Labrie :
Mais, pour le MAPAQ, par exemple, c'est accessible publiquement, les
évaluations des...
M. Belfarji
(Toufik) : On n'a pas de problème, c'est juste, il faut toujours se
mettre d'accord, puisque l'objectif de la publication de l'évaluation, oui,
c'est pour informer les parents, oui, c'est une bonne chose, c'est juste...
J'ai entendu, ce matin, les mesures de sanction. Donc, ça, ça nous pose un
problème, dans la mesure où on n'est pas dans le même pied d'égalité dans
l'évaluation, les chiffres le démontrent, je vous concède ça, là. Il y a à peu
près... les CPE excellent dans ça, donc... et nous, on piétine en arrière parce
qu'il y a des services de garde qui ont
besoin d'aide, besoin d'accompagnement, et ce n'est pas une responsabilité unique à nous, c'est une responsabilité gouvernementale, et
tout. Donc, c'est pour ça que...
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Je vais maintenant céder la parole à la députée de Joliette
pour 2 min 45 s.
Mme Hivon :
Merci, Mme la Présidente.
Merci beaucoup à vous
deux. Je dois vous dire que j'apprécie votre transparence, aujourd'hui, puis de
reconnaître les écarts qui existent et qui sont attribuables à certains
éléments comme la qualification des éducatrices. Et donc je voulais savoir, dans votre... dans les garderies que vous
représentez, vous diriez qu'on a vu que, même, là, dans les CPE, et tout
ça, en fait, de manière globale, le ratio a été baissé, là, d'éducatrices
qualifiées, par le gouvernement. Vous, dans
votre réseau, vous diriez que c'est quoi, le pourcentage d'éducatrices qui sont
qualifiées? Avez-vous un chiffre?
M. Haddaoui
(David) : Dans l'ensemble, je ne peux pas vous dire un chiffre. Par
contre, je peux vous dire que toutes les garderies qui possèdent un permis
respectent la loi à la lettre, elles n'ont aucune dérogation. Et, de ce fait,
je peux vous dire, la seule problématique qui se pose, actuellement, pourquoi
les gens sont en panique, parce qu'ils sont en train de perdre leurs
éducatrices qualifiées vers les CPE et les subventionnées, et c'est légitime,
c'est question de salaire. 22 $ et 30 $, c'est un gros salaire.
Mme Hivon :
C'est bon. Les éducatrices elles-mêmes ont de la difficulté à recruter, donc on
peut imaginer.
Dites-moi, on avait
un questionnement, tout à l'heure, sur le nombre... le surplus de places dans
les garderies non subventionnées. À votre connaissance à vous, sur
70 000 places octroyées en GNS, il y en aurait combien, en ce moment,
qui ne sont pas occupées?
M. Belfarji
(Toufik) : Bien, je vous réfère au modèle d'estimation de l'offre et
de la demande publié au 30 avril 2021. Donc, les GNS, le total, c'est
53 288 places occupées contre 70 044 offres de places de permis, donc
ça vous donne une différence à peu près de 17 000 quelque chose. Mais ça,
c'est publié 30 avril, donc, on est au mois de
novembre. Il n'y a pas mal de places qui ne sont pas occupées, actuellement, parce qu'il y avait de l'exode et il y avait beaucoup de
mobilité. Donc, le taux d'occupation, surtout dans la région métropolitaine,
c'est inquiétant, surtout de l'île et Laval, là où il y a un surplus de places,
et la concurrence, elle est féroce, donc...
Mme Hivon :
O.K. Donc, vous nous dites, le chiffre, sur 70 000, c'était 17 000,
mais c'est maintenant plus que ça parce qu'il y a eu encore un exode, et
particulièrement, O.K., dans la région de Montréal.
Puis donc, vous, le
guichet unique, toute la réforme qui est proposée, en terminant, vous êtes
d'accord avec ça. La seule chose, c'est que vous ne voulez pas...
Une voix :
Payer.
Mme Hivon :
Payer. C'est le message, c'est ça?
M. Belfarji
(Toufik) : Avec des réserves pour...
Mme Hivon : Mais,
si vous étiez inclus dans le comité, vous accepteriez.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. Merci beaucoup, c'est ce qui met fin à notre rencontre avec vous.
Donc, M. Haddaoui, M. Belfarji, merci pour votre contribution à la commission.
Je suspends les travaux quelques instants afin
d'accueillir le prochain témoin. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 57)
(Reprise à 18 h 05)
La Présidente (Mme D'Amours) : À
l'ordre! Nous reprenons nos travaux.
Donc, je souhaite la bienvenue à la Commission
de la santé et des services sociaux des premières nations du Québec et du Labrador et Assemblée des premières
nations Québec-Labrador. Nous avons comme invités Mme Rousselot et
M. Deschênes.
Je vous
rappelle, chers invités, que vous disposez de 10 minutes pour votre
exposé, après quoi nous procéderons à la période d'échange avec les
membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à procéder à
votre exposé. La parole est à vous.
Commission de la santé et des services sociaux des
premières
nations du Québec et du Labrador (CSSSPNQL) et Assemblée
des premières nations du Québec et du Labrador (APNQL)
Mme Rousselot (Nadine) :
(S'exprime dans une langue autochtone).
Ça fait que bonjour, tout le monde. Je suis très
honorée, je vous remercie de nous donner ce temps de parole afin d'exposer notre argumentaire par rapport au
projet de loi qui a été déposé pour le développement des places. Bien,
bonjour, Mme D'Amours, députée de Mirabel, de la Commission des relations
avec les citoyens, Mmes, MM. les députés, M. le ministre... C'est ça, le
ministre de la Famille est là? C'est ça. Ça fait que bonjour.
Tout d'abord,
je voudrais remercier... reconnaître qu'on est dans un territoire wendat non
cédé, c'est important pour nous de
reconnaître dans quel territoire on transige aujourd'hui, et de nous accueillir
dans leur territoire pour qu'on puisse exposer les besoins des enfants
au Québec. Le titre de notre mémoire, c'est (S'exprime dans une langue
autochtone), Pour que chaque enfant ait une place Premières
Nations dans nos territoires. C'est l'objectif, là, recherché.
Ça fait que moi, je m'appelle, je me prénomme
Nadine Rousselot. Je suis... de Pessamit. Je suis gestionnaire du secteur de la
petite enfance de la CSSSPNQL. J'ai à peu près 25 ans d'expérience autour
de la petite enfance chez les Premières Nations au Québec. Et je suis
accompagnée de mon collègue Michel Deschênes. Je vais laisser se présenter
M. Deschênes
M. Deschênes (Michel) : «Kwe»,
bonjour. Michel Deschênes, analyste des programmes et politiques à la
commission de santé des premières nations. Bonjour, Mme la Présidente. Bonjour,
MM. les députés.
Mme Rousselot (Nadine) : Ça
fait que, pour poursuivre, courte description de l'APNQL. Comme vous le savez, c'est l'Assemblée des premières nations du
Québec et Labrador, qui regroupe le cercle des nations, qui représente
autour de 43 communautés des Premières Nations qui sont sur le territoire
au Québec. Et l'objectif, le mandat principal
de l'Assemblée des premières nations, c'est de défendre les titres, les droits
ancestraux, les traités politiques et, justement, d'exposer la position
des Premières Nations concernant les lois gouvernementales.
En ce qui a trait à la description de la
CSSSPNQL, c'est une organisation qui a été créée par et pour les Premières
Nations au Québec. La vision de l'organisation, c'est de vraiment assurer que
les personnes, les familles et les communautés des Premières Nations sont en
santé, aient un accès équitable à des soins, à des services de qualité et
exercent leur autodétermination et autonomie culturelle.
Donc, c'est la vision que les membres des
Premières Nations se sont donnée via leur organisation. Et notre mission, c'est
d'accompagner et soutenir les Premières Nations dans l'atteinte de leur objectif
en santé, mieux-être, autodétermination culturelle. Ça fait que la commission a
à son actif plus ou moins 90 employés au total répartis dans sept secteurs
d'activité qui sont la santé, services sociaux, le secteur de la petite
enfance, développement social, la recherche, communication et le volet de
l'administration, qui assurent la gestion de toutes nos ententes au sein de
l'organisation.
Pour ce qui
est du contexte particulier des Premières Nations, je laisse mon collègue
Michel poursuivre. M. Deschênes.
M. Deschênes (Michel) : Oui, il est
important, ici, de bien situer le contexte particulier des Premières Nations.
Premièrement, en vertu de la Loi constitutionnelle de 1982, c'est le
gouvernement fédéral qui a compétence exclusive sur les Indiens et les terres
réservées en vertu de l'article 91, paragraphe 24. La loi adoptée par
le gouvernement fédéral, la Loi sur les Indiens, et d'autres lois qui ont été
adoptées par la suite font en sorte que les lois provinciales
d'application générale s'appliquent, sauf si les lois fédérales, ou les règlements
des Premières Nations, ou encore une loi des Premières Nations couvrent les
activités visées. En conséquence, les conseils de bande, qui ont juridiction sur leur territoire, prennent en
charge divers services en santé, services sociaux, services de garde,
éducation, etc. Le gouvernement fédéral travaille présentement sur un projet de
loi concernant l'apprentissage et la garde des jeunes enfants autochtones qui
doit l'engager formellement dans le futur de façon durable dans ce domaine.
Parlons maintenant de
l'entente de délégation qui lie la commission avec le ministère de la Famille
et des Aînés, le MFA. Maintenant, c'est le ministère de la Santé qui s'en
occupe. L'entente de délégation de pouvoir, en vigueur depuis 2015, offre une
fonction de coordination des services de garde sur les communautés. Ça, ça se
traduit pour la commission par être
responsable de la délivrance, du renouvellement, de la suspension et de la
révocation de permis pour les centres de la petite enfance et les
garderies situées dans les communautés. La commission a aussi pour rôle
d'assurer la qualité de services, l'accompagnement, le soutien technique aux
CPE, aux services de garde et conseiller le ministre en émettant des recommandations
sur tous les aspects liés au développement des enfants dans les communautés et
lors de changements législatifs.
Ça nous amène
maintenant... amènerait ma collègue à enchaîner avec les recommandations pour
le projet de loi à l'étude.
• (18 h 10) •
Mme Rousselot
(Nadine) : ...
La Présidente (Mme
D'Amours) : On a un problème, Mme Rousselot.
Mme Rousselot
(Nadine) : Excusez.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Oui.
Mme Rousselot
(Nadine) : Oui, je suis là.
Considérations,
concernant le point 5 et les considérations liées au projet de loi, je
vais faire l'énumération des points, résumés très brièvement, étant donné qu'on
a un très court temps de présentation.
Ça fait que, pour le
point a, le 5.a, Évaluation des besoins et des priorités de développement et
attribution des places, ce qu'on veut... ce
qu'il faut retenir dans ce point-là, c'est que, pour l'évaluation des places,
le ministre ne consulte que la communauté concernée, ça fait que, pour nous, ça peut occasionner
des risques de gestion dans l'administration des places. Dans nos
communautés, on a des procédures, on a des procédures de consultation qui
existent. Entre autres, tu sais, la considération, tu sais, de ne consulter
qu'une seule communauté va amener des lacunes par rapport aux besoins de
l'état... de l'ensemble des places qui existent au Québec, actuellement,
particulièrement dans nos communautés de Premières Nations. Ça fait que cette
disposition, ça, ça ne tient pas compte, là, de la façon dont nous, on
s'attribue... comment on se répartit nos montants ou, exemple, les places qu'on
a besoin pour les répartir dans nos communautés.
Ça fait que ça peut avoir un manque de cohésion, manque d'expertise et information pertinentes.
Ça écarte aussi les organisations
représentatives des communautés, ceux qui sont détenteurs d'ententes. Le
ministère de la Famille a déjà signé quatre ententes avec des regroupements et
des associations, et il va falloir tenir compte de ces organisations-là pour
assurer une équitabilité dans la description des places et selon nos modes de
gouvernance qui existent sur chacune des ententes qui ont été signées, en lien
avec les ententes signées.
Pour ce qui est du
mode de consultation, la partie b, bien, ce qu'il faut retenir dans cette
section-là, c'est que le mode de consultation des Premières Nations n'est pas
tenu compte. Actuellement, l'Assemblée des premières nations s'est dotée d'un document de mode de consultation via l'IDDPNQL,
qui est l'Institut de développement durable, et il y a des démarches, il
y a une procédure qui a été établie par l'Assemblée des premières nations qui a
été adoptée pour proposer le mode de consultation qu'on devrait établir afin de
s'assurer de l'équité, et dans la distribution des biens communs qui touchent
l'ensemble des Premières Nations dans chacun des territoires. Et ce mode de consultation là, la manière dont c'est présenté
dans le projet de loi, nous amène à le décider unilatéralement, c'est-à-dire
entre le ministère et la communauté consultée seulement.
Pour ce qui est du
point c, qui est le guichet unique, actuellement, selon la loi, les PN n'ont
pas à utiliser le guichet unique. Cependant, cette exclusion n'est pas présente
dans tous les articles qui touchent ledit guichet unique, exemple l'article 2
de l'alinéa deux de votre projet de loi. Dès le départ, quand on lit le projet
de loi, c'est marqué que chaque CPE doit obligatoirement adhérer au guichet
unique, mais, plus loin dans le projet de loi, dans les articles... c'est
marqué qu'on est exclus, mais on marque les énumérations d'exclusions pour les
Premières Nations, mais l'article 2.2 n'est pas énuméré là-dedans. Ça fait
qu'on recommande qu'il soit énuméré.
Concernant le point
d, le comité consultatif sur l'offre de services éducatifs à l'enfance, par
rapport à ça, le manque de précision des rôles des comités consultatifs a comme
impact de présenter des obstacles aux requêtes que notre organisation, la
commission, a faites en tant qu'organisation représentative des communautés. On
a eu des enjeux pendant la mise en oeuvre de notre entente concernant le comité
consultatif parce que nous, on voulait proposer,
avec les autres détenteurs d'ententes, une modalité de consultation équitable
en tenant compte de l'ensemble des places autochtones réparties sur le
territoire au Québec et on n'a jamais été capables de proposer nos propres
modalités afin d'assurer que le comité consultatif soit représentatif de
l'ensemble des nations avec les organisations qui les représentent et qui
connaissent bien leurs réalités. On nous a demandé d'appliquer les modalités
prévues dans la loi actuelle. Ça fait que, présentement, ce n'est pas assez détaillé, ça fait qu'on a une
recommandation à ce sujet-là aussi.
Par rapport au point e, concernant les ententes
instaurant un régime particulier et organismes représentatifs, ça fait que la
proposition de l'article de loi 121.1...
La
Présidente (Mme D'Amours) : Mme Rousselot.
Mme Rousselot
(Nadine) : Pardon?
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme Rousselot, je suis désolée, le 10 minutes étant
écoulé, est-ce qu'il vous reste encore beaucoup de choses à nous lire, à nous
dire?
Mme Rousselot
(Nadine) : Non, pas nécessairement, non.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Je vais vous laisser terminer, Mme Rousselot. On va
prendre le temps sur le temps du ministre. Merci. Allez-y, Mme Rousselot.
Mme Rousselot
(Nadine) : C'est en lien avec l'article 121.1, manque de précisions
quand ils mentionnent le regroupement autochtone. Ça serait important que... Ce
manque de précision là, ça peut amener une mauvaise désignation du
représentant. Ça fait que, pour ce qui est des autres éléments qui sont
mentionnés, je vais laisser mon collègue peut-être compléter rapidement la
présentation.
M. Deschênes
(Michel) : O.K. En ce qui concerne l'article qui introduit l'entente
qui... la possibilité d'entente avec les
Premières Nations, dans cet article-là, ce qu'on demande, c'est de simplement
ajouter... de remplacer le mot
«organisation»... «regroupement autochtone», pardon, par celui d'une
«organisation autochtone reconnue par les corps dirigeants». Alors, ça,
c'est un autre élément qui est important que l'on veut apporter au projet de
loi.
Pour la suite, il
s'agit d'ensemble de... Évidemment, comme vous l'avez dit, on n'a pas le temps
d'aller plus loin, mais je tiens à souligner
ici l'importance de tenir compte aussi du document de consultation précédent
que nous avons remis, nous, au mois de juin dernier au ministère et qui
contient plusieurs éléments importants, mais qui pourraient être appliqués par
voie de règlement ou d'autres moyens administratifs.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci beaucoup.
Nous allons
maintenant débuter la période d'échange. M. le ministre, pour
14 min 30 s.
M. Lacombe :
Merci beaucoup, Mme la Présidente.
Bonjour à vous,
«kwe». Ça me fait plaisir d'échanger avec vous sur ce projet de loi qui, à mon
sens, est important pour les Premières Nations, parce que, notamment, et
c'était un souhait que j'avais, et je pense que c'était aussi, effectivement,
votre volonté, on souhaite adapter... on souhaite permettre, en fait, aux
communautés de signer des ententes avec le gouvernement du Québec pour être en mesure
d'adapter parfois la réalité dans les services de garde éducatifs à l'enfance
aux réalités des communautés, donc, que vous représentez, que ce soit au niveau
culturel, par exemple, ou autre. J'aimerais
savoir qu'est-ce que vous pensez de ça. Bien évidemment, je comprends que vous
êtes favorables à ça, mais, si vous pouviez
développer un peu là-dessus. Comment vous voyez cette nouvelle possibilité,
cette collaboration-là qui était... qui est
sans précédent, en fait, là? Parce qu'auparavant ce n'était pas du tout une
possibilité.
Mme Rousselot
(Nadine) : Ça fait que c'est sûr que, tu sais, le projet de loi est
très favorable pour le développement des ententes de collaboration avec les
Premières Nations. Tu sais, moi, je pense qu'on s'en va vers un pas à l'avant, là, tu sais, parce que, si on
est capables de tenir compte de nos particularités, de nous entendre, tu
sais, de façon officielle puis de moduler
les procédures, que ce soit pour l'attribution des places, que ce soit pour la
composition des comités, que ce soit pour plein, plein des éléments qui sont
mentionnés autant dans le projet de loi que dans votre fameux chantier pour les
familles, auquel on a une page dédiée pour les Premières Nations, et surtout
dans le respect des cultures particulières de
chacun des conseils de bande et des nations qui sont représentées via les
conseils de bande, c'est sûr que ça
nous permet d'avancer et d'aller vraiment réponde aux besoins réels des enfants
dans nos communautés.
• (18 h 20) •
M. Lacombe :
...c'est que la Loi sur les services de garde à l'enfance s'harmonise, et c'est
comme ça qu'on le dit, là, dans... Effectivement, vous y avez fait référence,
dans le Grand chantier pour les familles que j'ai présenté, il y a
effectivement, à la page 22, cette mention, et je le lis, là, pour que ce
soit clair pour tout le monde, on dit : «Le gouvernement pose [...] un
geste sans précédent en proposant que soit adaptée, dans le cadre d'ententes,
toute norme prévue à la Loi sur les services éducatifs à l'enfance afin que
cette dernière s'harmonise avec toute coutume, toute tradition ou tout mode de
vie d'une communauté autochtone.
«Une telle
disposition permettrait une meilleure adaptation des cadres législatifs
réglementaires aux réalités socioculturelles et géographiques des autochtones,
notamment la pratique de leurs activités traditionnelles ou culturelles.»
Est-ce que... parce
que, bon, moi, évidemment, je ne suis pas membre d'une communauté, mais on
travaille étroitement avec vous, avec le Secrétariat, aussi, aux affaires
autochtones pour vraiment adapter ça le mieux possible avec vous, mais est-ce
que vous pourriez nous donner des exemples concrets de ce que ça pourrait
changer dans le quotidien des tout-petits qui proviennent des communautés que
vous représentez? Ces ententes-là, qu'est-ce que ça pourrait changer,
concrètement?
Mme Rousselot (Nadine) : Bien, je
vais donner un exemple concret concernant, tu sais, les règlements en lien avec
la loi. Tu sais, je ne sais pas si ça peut faire un pont avec qu'est-ce que
vous disiez, là, présentement, tu sais, comme les semaines culturelles, tu sais, pour nous, c'est
important d'aller pouvoir occuper le territoire, de retourner aller à...
tu sais, transmettre nos us et coutumes via le territoire, parce que, pour
nous, l'installation, le centre de la petite enfance est un moyen, oui, pour
pouvoir préparer l'enfant à une entrée scolaire, mais... apprendre les langues,
apprendre plein d'affaires en lien avec les apprentissages. Mais, présentement,
quand les communautés décident d'octroyer des semaines culturelles à leurs
enfants, tu sais, à leurs familles, à leur communauté, tu sais, ils s'en vont
au territoire, mais la loi ne permet pas, exemple, les fermetures de ces
centres-là durant ces périodes-là parce qu'il faut rester ouverts et
accessibles. Tu sais, on comprend le besoin, on comprend l'intérêt qu'il y a
derrière cette loi-là, mais ça pénalise nos centres de la petite enfance de
Premières Nations qui ont à quitter leur territoire. Puis le principal
utilisateur de services, souvent, est le conseil de bande et les familles qui
sont établies dans le territoire. Donc, toutes ces familles-là vont dans leur
territoire de chasse pour aller vivre des expériences culturelles et enrichir
le transfert de connaissances vers leurs enfants. Ça, c'est impossible, actuellement,
tu sais, la loi ne le reconnaît pas. Il y a des pénalités administratives et
financières, actuellement, dans nos CPE. Ça fait que, si on est capables
d'harmoniser, exemple, les normes, les standards et même les règlements à ces
réalités-là, à ce contexte qui est particulier, bien, c'est sûr que ça va être
favorable parce qu'on va pouvoir permettre la continuité et la sauvegarde de
nos langues et de transmettre nos savoirs auprès de nos tout-petits, tu sais.
M. Lacombe : Super. Donc, j'en
comprends, évidemment, là, que vous êtes favorables. Mais, en tout cas, moi, je vous le dis bien honnêtement, là, je suis
très, très heureux qu'on puisse mettre ça de l'avant parce que je pense
que ça fera toute la différence dans les services de garde éducatifs qui sont
dans vos communautés. Et je suis allé en visiter
un, notamment, récemment pour cette annonce-là à Mashteuiatsh, au
Lac-Saint-Jean, puis c'est toujours d'exceptionnels modèles où on voit
cette culture, là, tu sais, que vous maintenez en vie, que vous souhaitez
passer de génération en génération. Donc, bref, on n'est pas là pour ça, mais
je voulais vous dire : Je suis très, très heureux qu'on puisse aller de
l'avant avec ça.
J'ai une question qui me préoccupe quand même,
et j'aimerais ça que vous nous disiez ce que vous voulez dire par là.
Recommandation 7, qui porte sur la garde, l'encadrement de la garde en
milieu familial non reconnue. Vous dites que ça suscite des préoccupations chez
vous parce que vous dites, et là je vais citer, là, ce que vous disiez, vous
dites «l'organisation de la garde d'enfants à l'intérieur des foyers», entre
guillemets, et vous dites que ça «revêt une dimension culturelle très importante».
Donc, vous êtes préoccupés par notre volonté de demander aux gens qui offrent
de la garde non reconnue d'être reconnus par un bureau coordonnateur. Là, vous
nous dites ça : Nous, on est préoccupés parce que l'organisation de la
garde d'enfants à l'intérieur des foyers, bien, pour nous, culturellement,
c'est important. Est-ce que vous pouvez peut-être nous donner plus de
précisions là-dessus?
Mme Rousselot (Nadine) : Là où
la préoccupation est, là, c'est que, tu sais, les conseils de bande, ils ont
une... tu sais, c'est eux qui s'occupent, exemple, du territoire, de la façon
de légiférer leurs services, leurs normes, mais souvent on a des familles, oui,
qui offrent de la garde familiale, là. Ne serait-ce que, dans un clan familial,
il peut y avoir une «kukum», avec sa fille,
qui garde plus que quatre à cinq enfants, puis même ça peut aller jusqu'à
six enfants dans un même milieu familial. Moi, je verrais mal un bureau
coordonnateur arriver, exemple, dans ma communauté. Moi, je suis native de la communauté
de Pessamit, je garderais des enfants, puis ça serait une organisation en
dehors de ma communauté qui viendrait me dire : Bien là, tu n'es pas
légale, tu ne peux pas garder six ou sept enfants dans ta maison pour x raison,
parce que tu ne respectes pas les normes du gouvernement provincial, là, tu
sais.
Puis je pense que c'est... Le fait d'avoir des services
de garde de qualité relève, oui, d'une loi, on a une loi, on est d'accord de
l'appliquer, mais ça relève aussi du conseil de bande et de sa vision de voir
comment la préservation des us et coutumes peut passer les liens familiaux
aussi. Et la façon dont on voit, nous, l'extension familiale comme étant un
moyen d'augmenter la qualité, surtout le transfert des langues et coutumes, et
la façon dont on vit dans nos familles, bien, c'est propre à chaque clan
familial de chacune des communautés.
Puis je ne comprends pas comment... je ne voyais
pas comment que ça pourrait se faire que le gouvernement vienne intervenir dans nos milieux familiaux directement. Moi, je pense qu'il faut
passer par les portes du conseil de bande, par l'administration du conseil de bande pour trouver une façon de voir
comment on pourrait... soit via les ententes dont vous parlez, là, tu sais, de voir comment on
pourrait s'assurer que les services offerts dans nos milieux familiaux
respectent, oui, certaines conditions, mais respectent avant tous les modes de
vie des familles dans nos communautés, là.
M. Lacombe : Je comprends bien,
je comprends bien. Puis évidemment l'idée, là, ce n'est pas d'empêcher la garde
intrafamiliale ou d'empêcher la voisine de garder les enfants du voisin, là, ce
n'est pas du tout ça, puis on aura l'occasion, j'imagine, d'en parler en étude
détaillée, mais je comprends mieux ce que vous voulez dire.
Il nous reste combien de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme D'Amours) : Cinq
minutes.
M. Lacombe :
Cinq minutes. Je pourrais céder ma place à la collègue puis revenir à la fin,
s'il reste du temps.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre.
Je vais céder la parole, maintenant, à la
députée de Soulanges.
Mme Picard : Merci beaucoup,
Mme la Présidente.
Bonjour
à vous deux. Merci beaucoup pour votre apport à nos travaux. Ma question est,
somme toute, je crois, assez simple, là, mais vous pourrez élaborer. On sait
que, bon, ici, on a beaucoup accès au guichet unique, là, pour faire un
repérage des enfants afin que tous les enfants aient une place à la garderie.
Comme vous, vous êtes avec des conseils de bande et tout, là, je voulais
savoir, est-ce que vous avez une idée comment on pourrait vraiment bien repérer... comment on pourrait s'assurer que
chaque enfant a une place à la garderie dans vos communiqués... dans vos
communautés, désolée, et surtout s'il y a des choses à changer, là, pour qu'on puisse
vous aider le plus possible?
Mme Rousselot
(Nadine) : Juste pour être sûre que je comprends bien votre question,
vous me demandez comment on peut faire la recension des besoins dans nos
communautés? Bien, ce n'est pas compliqué, tu sais, lors d'une assemblée des
chefs à l'APNQL, là, tu sais, ce que les chefs réclament, c'est que chaque
enfant ait une place. Tu sais, ça fait que, tu sais, on sait, nous, le nombre de naissances qu'on a, on est
capables de dénombrer, par communauté, le nombre d'enfants qui sont
localisés dans chacun des territoires Premières Nations. Ça fait que, tu sais,
c'est de faire l'équation qu'un enfant égale
une place, là, tu sais, on n'a pas besoin de s'affilier à... de compléter des
recensions, inventorier ces places-là, puis
chaque conseil de bande est en mesure
de fournir le nombre d'enfants qu'il a répertoriés comme membres établis
sur sa propre communauté, là, tu sais, ça fait que... Puis la recension des
données fait partie aussi des principes...
du protocole de recherche, là, qui est le PCAP, là, propriété, contrôle,
accessibilité et possession. Donc,
chaque conseil de bande a ces données-là en sa possession et peut les partager
facilement, à leur demande, là, tu sais.
Ça fait que moi, je
pense qu'il y quand même des procédures très bien établies dans chacun des
conseils de bande où on peut aller chercher ces données-là rapidement pour
dire : Voici les besoins recensés pour que chaque enfant des Premières
Nations ait sa place, tu sais.
Mme Picard :
Donc, vous dites qu'il n'y a pas vraiment de changement à faire parce que ça va
somme toute bien, si je comprends bien.
• (18 h 30) •
Mme Rousselot
(Nadine) : Bien, ce n'est pas que ça va bien, mais ça, la collecte
d'information, qu'il faut s'assurer qu'il ne faut pas passer exclusivement par
le guichet unique, là. Je ne sais pas si le guichet unique a
deux vocations, c'est-à-dire de donner l'opportunité à une famille de
réserver une place dans quelconque des régions administratives au Québec et,
par la suite, que le ministère utilise ces données-là pour pouvoir dire :
Voici nos besoins dans telle région
administrative. Moi, je vois mal à ce que la communauté d'Unamen Shipu, qui est
La Romaine, exemple, ait à utiliser le guichet unique pour dire à son
CPE qui juste en face de chez elle : Bien, je veux réserver ma place...
puis, par la suite, que le ministère dise : Ah! il y a trois de demandes
dans cette communauté-là, donc ils ont besoin de trois places. Ce n'est pas ça,
la visée, ce n'est pas ça, le but. C'est les procédures qu'il faut respecter,
tu sais, comment on est organisés, actuellement, là, et non de toujours passer
par des systèmes qui sont organisés par le ministère. Non pas que ce n'est pas bon, c'est peut-être
bon pour le réseau en général, mais pas dans nos communautés autochtones.
Il faut juste les adapter puis respecter les modalités déjà établies par les
conseils de bande en matière de recension et de besoins, là, tu sais.
Mme Picard :
Merci beaucoup.
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le ministre, il vous reste 2 min 20 s.
M. Lacombe :
2 min 20 s. Bien, allons-y peut-être avec une dernière question
sur la garde, parce que, tantôt, on a parlé de la garde non reconnue, vous avez
répondu à mes questions là-dessus. Mais, actuellement, la garde organisée, là,
d'enfants dans les communautés repose essentiellement sur des centres de la
petite enfance qui sont, donc, gérés par la communauté. Je le disais tantôt, je
suis allé en visiter, c'est superbe de voir des mots que je ne connais pas que les tout-petits apprennent dans
leur langue maternelle sur les murs un peu partout, mais essentiellement
ce sont ça, des CPE. Est-ce qu'il y a d'autres types de garde, je pense entre
autres à la garde en milieu familial, qui n'est
pas vraiment présente, là, dans les communautés, sur laquelle
on pourrait aussi s'appuyer pour régler ce problème d'accessibilité?
Est-ce qu'avoir une responsable de service de garde en milieu familial dans vos
communautés, c'est quelque chose qui serait naturel, ou ça pose un défi, selon
vous?
Mme Rousselot
(Nadine) : Bien, il y a d'autres types de services de garde qui
existent dans nos milieux, pas beaucoup, là, très peu, parce que,
majoritairement, nos conseils de bande ou... au Québec ont sensiblement presque
tous des centres de la petite enfance, à part quelques-unes auxquelles, c'est
des petites communautés avec un nombre très petit d'enfants qui naissent que c'est
impossible, je pense, pour le ministère d'octroyer un permis, en tout cas,
selon la loi actuelle. Je ne sais pas qu'est-ce que ça va donner avec la
nouvelle loi, étant donné qu'on veut cibler aussi d'implanter des services de
garde avec des petits nombres, là, ça fait que je sais que ça...
M. Lacombe :
Un cas comme ça, quand il y a peu de naissances, c'est un bon exemple. Est-ce
que la garde en milieu familial, ce serait un bon outil?
Mme Rousselot
(Nadine) : Ça pourrait être un moyen, tu sais, pour pouvoir offrir un service
de garde de qualité, là, par rapport à ça, et surtout ce n'est pas évident de développer un CPE dans des
régions éloignées, où est-ce qu'il y a des petits
nombres, c'est l'accessibilité à des gens qui sont prêts à développer ces
services-là, tu sais, le matériel, les installations sont peu nombreuses. Ça
fait que, tu sais, il faut trouver des façons différentes, là, tu sais,
d'offrir des services de qualité dans nos milieux. Puis, oui, il y en a quelques-uns,
pas beaucoup, mais c'est souvent des petites communautés dans des régions
isolées ou éloignées qui n'ont pas accès à ce type de services là ou de
bénéficier des fonds que vous pourriez octroyer afin de les aider à organiser
leurs services et qu'ils deviennent des services de garde de qualité, là, tu
sais.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci.
Nous allons maintenant
passer... je vais passer la parole à la députée de Westmount—Saint-Louis
pour 11 minutes.
Mme Maccarone :
Merci, Mme la Présidente.
«Kwe», bonjour,
Mme Rousselot et M. Deschênes. Un plaisir d'échanger avec vous ce
soir.
Je veux renchérir un
peu sur les questions que mes collègues ont posées, parce que je pense que
c'est très méconnu, la façon que ça fonctionne pour les Premières Nations en ce
qui concerne le réseau de services de garde. Alors, je veux comprendre,
précisément, avez-vous des listes d'attente? Avez-vous des enfants qui sont en
attente après une place? Et, si oui, comment octroyez-vous des places? Est-ce
que c'est le même processus de demande? Puis, si oui, avez-vous aussi des
demandes qui sont en attente? Que faites-vous pour s'assurer que vous rejoignez
les besoins sur les territoires? Puis, dans votre réponse, si vous pouvez aussi
porter une attention sur les particularités entre les régions, parce que ce
n'est pas la même chose qu'on va octroyer, mettons, à Wendake et la Côte-Nord, par
exemple, parce que les communautés sont très différentes, elles ne sont pas
rassemblées de la même façon. Alors, je veux mieux comprendre comment ça
fonctionne, votre réalité.
Mme Rousselot
(Nadine) : O.K. Oui, il y a des listes d'attente, dans nos communautés,
dépendamment des groupes qui ont été établis dans un centre de la petite
enfance, si on focusse sur les centres de la petite enfance, tu sais. Exemple,
on a toujours des limitations de places pour les poupons, exemple, tu sais, il
peut y avoir un groupe de poupons pour 10 enfants, alors qu'on sait que le taux
de naissance dans la même communauté, exemple, est de 180 enfants qui naissent
par année, c'est sûr qu'on n'est pas capables d'octroyer l'ensemble des places
que les parents vont demander, là. Mais on est pognés avec ça, je veux dire, on
est limités dans l'octroi des places parce que, justement, le permis ne
l'autorise pas. Souvent, tu sais, on a des permis de 80 places, mais on a quand
même... sur la liste de 0-5 ans, on a quand même des enfants pour une même communauté,
exemple, un total de 360 répertoriés, là. On est incapables d'offrir la demande
par rapport à ça, dépendamment, tu sais, de l'âge de l'enfant puis du besoin du
parent aussi, là, tu sais.
Puis que ce soit à
Wendake, que ce soit sur la Côte-Nord, chaque CPE a ses propres modalités
d'accès. Puis on a aussi, tu sais, beaucoup de demandes en lien avec les
enfants qui sont en placement, tu sais. On sait que, présentement, selon les
études, beaucoup d'enfants chez les Premières Nations, c'est malheureux à dire,
mais, quand même, on a un plus haut taux de placement chez les enfants de 3-4
ans. Selon la loi actuelle, on n'est pas capables d'établir des ententes de
collaboration aussi pour donner accès rapidement à un enfant qui aurait des
besoins ou des défis particuliers avec sa propre famille, là, tu sais, pour lui
permettre de vivre une expérience de socialisation et d'accès à des services
d'apprentissage développés par la communauté dans sa langue, là, tu sais, et
tout. Ça aussi, c'est des défis qu'on a. Et comment qu'on pallie à la demande?
Bien, des fois, tu sais, c'est via des familles d'accueil, c'est via d'autres
types de services. On établit parallèlement certains services de stimulation
via un autre programme qui s'appelle le Programme d'aide préscolaire. Mais,
encore là, on est limités parce qu'on essaie de respecter les normes appliquées
par la province concernant les ratios, ça fait que c'est toujours 1 à 8. Des
fois, on élargit... quand qu'on a des aides-éducatrices dans ces services-là,
mais on est toujours en manque de places. On est en manque de soutien et des
services, parce qu'on le voit de par l'arrivée de ces enfants-là en classe, en maternelle
cinq ans ou six ans, le retard ou le manque de stimulation qu'il peut y avoir
pour les préparer à leur réussite dans leur apprentissage en général. Ça fait
qu'il n'y a pas vraiment de recette miracle pour octroyer des places à tous les
enfants. Les parents sont en attente puis ils souhaitent vraiment avoir accès à
des places pour mieux préparer leurs enfants à une entrée scolaire mieux
préparée pour leurs tout-petits, là.
Mme Maccarone :
C'est très intéressant. Puis j'ai vu, dans votre mémoire, ce qui fait partie
des modifications, vous dites, difficilement conciliables avec les
réalités et les cultures des Premières Nations. Vous parlez exactement de ça,
que vous souhaitez que les détenteurs de permis peuvent recevoir des enfants
d'âge scolaire. Alors, pour vous, quand on va penser ou prévoir l'octroi des
places dans le réseau de services de garde sur les territoires, ça va être
important qu'on réserve des places aussi pour les enfants qui sont plus âgés
que cinq ans, qui va nécessiter un octroi de places plus important pour
s'assurer qu'on a une flexibilité sur le terrain pour rejoindre les besoins des
enfants.
Oh! elle n'est plus
là.
La Présidente (Mme
D'Amours) : On a perdu Mme Rousselot.
Nous allons suspendre
nos travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 18
h 38)
(Reprise à 18 h 43)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
avons retrouvé nos invités. Je vais juste vous demander de nous dire quelques
mots pour voir si le son est bon. Merci. M. Deschênes.
M. Deschênes (Michel) :
Bonjour, je suis de retour.
La
Présidente (Mme D'Amours) : Merci. Donc, on va reprendre nos travaux,
M. le technicien. Nous
reprenons nos travaux.
Donc, nous étions avec la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme la députée, à vous la parole.
Mme Maccarone : ...Mme la
Présidente.
Je veux retourner aux discussions que nous avons
eues juste auparavant, Mme Rousselot. Je sais que j'avais posé une autre question,
mais, en passant, la réponse que vous avez donnée en ce qui concerne les places
réservées pour les enfants qui ont un lien avec les services sociaux, si ma
mémoire est bonne, je pense qu'il y a des places protocoles, genre il y a un
minimum de 5 % devrait être octroyé. Est-ce que c'est suffisant,
pensez-vous, pour les besoins dont vous avez pour desservir une clientèle qui
peut se retrouver dans une situation de vulnérabilité?
Mme Rousselot (Nadine) : Bien,
premièrement, pour répondre à la question, elle pourrait être suffisante si on
aurait accès. Premièrement, on n'a pas accès à ces protocoles d'entente. Depuis
le début de l'implantation des centres de la petite enfance, on n'a jamais été
capables d'avoir accès à ces minimalement 5 % de place. La seule et unique raison, on a eu quand même des échanges
avec le ministère de la Famille à ce sujet-là et le MSSS, c'est qu'il y
a une non-reconnaissance dans les règlements. Tu sais, ça, c'est de savoir où
est le problème. On n'a pas été capables de démystifier encore, mais on sait
que, dans les règlements, on ne reconnaît pas nos centres de santé ou nos
services de première ligne dans le territoire au même titre que les CIUSSS ou
les établissements reconnus selon le règlement ou la loi pour favoriser la création...
ou établir des ententes de collaboration, là. Ça, on ne les a pas.
Puis le 5 %, est-ce que c'est suffisant?
Sûrement pas. Avec le nombre de placements d'enfants qu'on a, moi, je pense
qu'on est capables de trouver une formule qui va être équitable selon le nombre
d'enfants par communauté, parce que, si on établirait les 5 % à la
grandeur des centres de la petite enfance, dépendant du nombre d'enfants, ça
peut arriver que, dans certains cas, ça soit déficient, puis dans d'autres, il
y ait peut-être trop de réservations de places. Je ne le sais pas, mais il
faudrait faire l'analyse. Mais on a déjà un premier état des lieux par rapport
à savoir si ce serait suffisant, puis c'est sûr que c'est non, pas avec le
5 %.
Mme Maccarone : O.K. C'est sûr,
je présume, que l'équipe du ministre a tout noté ça.
Je veux revenir sur le point que vous avez
nommé, à l'interdiction pour un détenteur de permis de recevoir des enfants
d'âge scolaire, puis vous dites que c'est très important pour vous parce que
vous avez des enfants qui ont peut-être des difficultés scolaires qui ont
besoin d'avoir un accompagnement, je présume, des besoins particuliers. Savez-vous combien d'enfants qui font partie de
votre réseau qui ont des besoins particuliers, actuellement? Puis est-ce
que c'est tranché par âge, pour vous? Si
vous pouvez les dénombrer, parce que vous dites que vous avez
certainement un besoin pour les enfants qui ont cinq ans et plus.
Mme Rousselot (Nadine) : Oui.
Actuellement, tu sais, je ne peux pas donner un chiffre exact, parce que je n'ai pas les chiffres devant moi, je ne m'étais
pas préparée à cette réponse-là, mais je peux vous dire, en pourcentage,
que, tu sais, deux enfants sur trois ont des besoins particuliers dans nos
communautés. Ça fait que c'est vraiment élevé
comme ça. Puis pourquoi que, pour nous, c'était important que la garde scolaire
puisse s'affilier également avec les centres de la petite enfance, c'est
aussi en lien avec les installations, les infrastructures. Dans nos
communautés, là, tu sais, on a très peu d'infrastructures, tu sais, on est en
manque d'infrastructures pour pouvoir établir et développer l'ensemble des
ressources qu'un enfant, dans son parcours, aurait de besoin. Seulement avec
les installations au centre de la petite enfance avec un permis limitatif, je
sais que, dans le chantier ou dans le projet de loi, on prévoit d'augmenter les
capacités au permis si le permis le permet, là. Ça, c'est une bonne chose, mais
toutefois, tu sais, ça ne répondrait pas à l'ensemble des besoins et des
enfants particuliers. Quand on parle des enfants qui ont des besoins, ce n'est
pas nécessairement en lien avec l'apprentissage, mais c'est en lien aussi avec
une carence de socialisation pour ceux qui vivent des défis particuliers
familiaux, là. Quand ils sont retirés de leur famille, c'est parce qu'il y a aussi des défis de socialisation
que l'enfant doit vivre, ce qu'on n'est pas capables, nécessairement, de
bien combler dans les écoles, là, tu sais, parce que, tu sais, on focusse
beaucoup sur les défis, les retards d'apprentissage qu'un enfant doit acquérir.
Et apprendre aussi deux langues simultanées aussi, des fois, ça a son lot de
défis. Donc, on pourrait compléter l'offre de développement et de services à
ces enfants-là via les centres de la petite enfance, qui sont déjà équipés et
structurés pour offrir ce type de milieu de vie là à nos enfants qui nos défis
particuliers, là.
Mme Maccarone : Sauf il y a quand
même des seuils à respecter, là, il ne peut pas dépasser 15 %.
Mme Rousselot
(Nadine) : On ne peut pas dépasser, non, justement, à cause que les
permis sont limités à un nombre restreint, puis c'est correct, c'est la loi,
parce qu'on veut offrir des services de qualité. Toutefois, bien, il nous en
faut plus. Tu sais, le 1 000 places qu'on nous a proposé, qu'on nous a
offert, c'est quand même réparti pour l'ensemble du territoire,
là, tu sais, ça inclut les Inuits, ça inclut les Cris, ça inclut plein de gens.
Ça fait que, tu sais, juste avec les nations qui sont adhérentes à notre
entente, on n'est pas capables de suffire à la demande, d'offrir une place à
chacun des enfants qui sont établis sur les territoires qui détiennent une
entente avec nous, là, tu sais.
Mme Maccarone :
Vous devez faire face à des difficultés de main-d'oeuvre, une pénurie de
main-d'oeuvre, comme tout le reste de la province.
Mme Rousselot
(Nadine) : Oui.
Mme Maccarone :
Puis, dans votre cas, vous avez des besoins, aussi, assez particuliers en ce
qui concerne les qualifications de vos éducatrices. Pouvez-vous peut-être jaser
un peu de ça pour expliquer un peu les difficultés dont vous faites face?
Mme Rousselot
(Nadine) : Bien, premièrement, c'est au niveau du renforcement des
capacités, c'est la formation de la main-d'oeuvre. Souvent, on a des
éducatrices qui vont se faire former dans le réseau québécois ou reçoivent des
formations particulières avec un apport sur l'enseignement, sur la culture et
la langue, tu sais, un angle. Tu sais, un angle, c'est des A.E.C., là,
autochtones, qu'on appelle, c'est des attestations d'études collégiales en lien
avec la formation des éducatrices qui n'est pas reconnue au même niveau que
l'A.E.C. régulier qu'on retrouve dans les collèges pour former nos éducateurs. Ça
fait que ça, c'en est un enjeu, c'est-à-dire que, tu sais, on réclame chez nos Premières
Nations, parce qu'on rajoute une bonification des compétences dans l'A.E.C pour
assurer que la formation qu'ils reçoivent respecte puis ils connaissent bien
les... tient compte de la réalité et de la culture des Premières Nations. Ça
fait que ça, c'est une première chose, ça fait qu'on exige plus d'années
d'expérience pour ceux-là qui suivent cette formation-là.
Puis l'autre enjeu
qu'on a, c'est au niveau salarial. Il y a beaucoup de personnes qui reçoivent
un salaire en deçà des besoins, selon la réalité où sont localisés nos CPE,
entre autres à...
• (18 h 50) •
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme Rousselot. Je suis obligée de vous arrêter
dans votre élan, je suis désolée, je suis la gardienne du temps.
Et on doit maintenant
passer la parole à la députée de Sherbrooke pour 2 min 45 s.
Mme Labrie :
Merci. J'aimerais ça discuter avec vous de comment on fait pour répondre aux
besoins des personnes autochtones qui ne vivent pas en communauté autochtone,
parce qu'on a discuté, depuis tout à l'heure, beaucoup de l'enjeu des services
en communauté, mais, à ma connaissance, il y a une proportion quand même
importante de personnes autochtones qui vivent en milieu urbain.
Mme Rousselot
(Nadine) : Oui. Actuellement, dans le territoire en milieu urbain, il
y a quand même des CPE qui ont été établis puis qui se sont affiliés avec le
Centre d'amitié autochtone de Québec, auxquels il y a comme des places
hybrides, si je peux le nommer comme ça. Tu sais, il y a des places réservées,
autochtones, avec des places qui peuvent être offertes à n'importe quelle
personne qui demeure dans les agglomérations du CPE qui est développé. Ça fait
que c'est comme ça qu'on essaie de répondre à la demande. Mais, encore là,
étant donné qu'il y a beaucoup de mouvement de nos membres sur et hors
communauté, le déménagement, pour x raison, tu sais, navigue d'un centre à
l'autre, là, on est encore en insuffisance de places en milieu urbain aussi,
là, tu sais, par rapport à l'offre qui est proposée.
Mme Labrie :
Est-ce qu'il faudrait donc prévoir plus de places réservées dans les protocoles
comme ça pour les personnes autochtones en milieu urbain?
Mme Rousselot
(Nadine) : Oui, effectivement, il faudrait toujours avoir plus de
places à notre actif, là, pour qu'on puisse justement offrir une place par
enfant, aussi, qui demeure en milieu urbain; puis des fois c'est des courts
séjours. C'est parce que l'enjeu qu'on a, actuellement, c'est les ententes. On
signe des ententes établies sur un an pour garantir une place à une famille qui
veut avoir accès à un service de garde en milieu urbain, mais des fois les
familles, elles ne viennent que pour des courtes périodes ou retournent dans
leur communauté durant la période estivale, parce que, tu sais, ça fait partie
de notre mode de vie de naviguer ou de se promener d'un territoire à l'autre.
Donc, des fois ces familles-là perdent leurs places, puis les places réservées
sont octroyées à d'autres personnes.
On a déjà vu aussi, à
cause de ce phénomène-là, que les places qui étaient réservées aux places
autochtones étaient octroyées à d'autres pour combler les espaces vides ou les
places fantômes, comme on a dit à un moment donné dans l'histoire des CPE, là,
tu sais, qui ne sont pas occupées par une famille autochtone. Donc, souvent, on
les perd, puis elles sont transformées en places régulières, alors qu'on
devrait toujours s'assurer de garantir... de donner ces places-là à des
familles autochtones, là, ce qui n'est pas le cas, actuellement.
Mme Labrie : O.K., bien, je vous remercie. Ça fait que vous nous invitez à s'assurer de garantir la réservation de ces
places-là puis peut-être même à mettre en place de la souplesse pour que...
pour prendre en compte les réalités culturelles aussi puis que ce ne soit pas nécessairement
des ententes de service d'un an, là, c'est ça?
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. C'est tout le temps que nous avions avec vous, Mme
la députée.
Maintenant, je cède la parole à la députée de Joliette
pour 2 min 45 s.
Mme Hivon :
Bonjour à vous deux, «kwe». Alors, je veux vous remercier, c'est vraiment une
présentation très intéressante et très éclairante pour faire le tour un peu, un
premier tour du sujet.
Moi, je voulais revenir, plus pratico-pratique,
sur vos recommandations. Les recommandations 1 et 2, vous parlez beaucoup du processus de consultation, donc de bien
s'assurer qu'on est en lien directement avec la communauté
quand on fait la consultation, à la 1. Puis par ailleurs vous dites qu'il faut vraiment
que les modalités, dans la recommandation 2, soient connues au
préalable, puis tout ça. Je voudrais juste que vous nous exposiez votre
processus idéal de consultation, si on pouvait le refléter.
Mme Rousselot
(Nadine) : Je vais laisser
mon collègue M. Deschênes répondre aux questions
des recommandations.
M. Deschênes (Michel) : Bien,
en ce qui concerne la première recommandation dont vous parlez, Mme la députée,
ce qu'on prend en considération, nous, c'est que, dans la loi actuelle, ce
qu'on dit, c'est que la consultation du ministre s'effectue auprès de la
communauté concernée seulement. Nous, ce qu'on pense, c'est qu'en limitant à la
communauté concernée, on ne tient pas compte de la réalité qui est celle des
organisations autochtones qui représentent plusieurs communautés en vertu des
ententes de délégation qu'elles ont conclues avec le ministère. Alors, ces
ententes-là ont été conclues, ensuite, selon les... que ce soient les
différentes organisations, la forme de reconnaissance de la part des différentes
communautés, ça a été par résolution des conseils de bande qui ont accepté
d'adhérer à l'entente, et qu'ils acceptent les conditions incluses à l'entente
en ce qui concerne le rôle de la commission de santé des Premières Nations, et
il y a probablement des dispositions semblables pour les autres organisations.
Alors, en ayant ce genre de dispositions-là qui tiendraient compte des
organisations autochtones qui sont reconnues par les conseils de bande ou les
communautés, à ce moment-là, on est dans une situation où la commission de
santé des premières nations peut jouer son rôle.
Présentement, on consulte les communautés, mais,
quand vient le temps de consulter les communautés, celles-ci sont rattachées
avec les organisations, et on n'arrive pas, avec le ministère, à s'entendre sur
un mode de consultation qui tienne. Le résultat, c'est qu'il y a beaucoup de...
bien, Nadine, ma collègue, pourra le confirmer, les places accordées, les discussions concernant la répartition des places,
le développement des places, tout ça est tombé, n'a pas été vraiment
répondu par le ministère depuis plusieurs années parce que, justement, les
organisations ne sont pas reconnues et qu'on
n'arrive pas à trouver le moyen de répondre à la loi et en même d'inclure les
organisations autochtones.
Alors, je vais laisser ma collègue compléter, si
elle en a d'autres, des exemples, par exemple.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Malheureusement, c'est tout le temps que nous avions. Donc, M. Deschênes, Mme Rousselot — je vais essayer de le dire comme il faut — «tshinashkumitin» pour votre contribution
à nos travaux.
La commission
ajourne ses travaux au mercredi 24 novembre 2020, après les affaires courantes,
où elle poursuivra son mandat. Merci infiniment.
(Fin de la séance à 18 h 58)