(Neuf heures trente-trois minutes)
Le Président (M. Tremblay) : Alors,
à l'ordre, s'il vous plaît! Bon matin à tous et à toutes. Ayant constaté le
quorum, je déclare la séance de la Commission des relations avec les citoyens
ouverte.
La commission est réunie dans la salle
Louis-Joseph-Papineau, où nous nous trouvons, et dans la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine afin de poursuivre l'étude détaillée du projet
de loi n° 79, Loi autorisant la communication de renseignements personnels aux familles d'enfants
autochtones disparus ou décédés à la suite d'une admission en établissement.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Blais (Abitibi-Ouest) est remplacée par M. Tremblay
(Dubuc); Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis), par M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee); Mme St-Pierre (Acadie), par M. Kelley (Jacques-Cartier); Mme Dorion (Taschereau), par
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques); et Mme Perry Mélançon (Gaspé), par
M. Ouellet (René-Lévesque).
Étude détaillée (suite)
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. Merci. Alors, avant de débuter, je vous rappelle que l'article 1
et l'amendement qui est proposé par le ministre ainsi que l'article 2 et
les amendements qui sont proposés par la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques
et le député de Jacques-Cartier sont suspendus.
Lors de
l'ajournement des travaux, le jeudi 22 avril dernier, nous venions
d'adopter l'article 3, tel qu'amendé, du projet de loi. M. le
ministre, je vous invite donc à faire lecture de l'article 4 du projet de
loi, ou, dans la mesure où on souhaiterait
un consentement pour revenir à l'article 1 et son amendement, ça serait
aussi possible. Alors, M. le ministre.
M. Lafrenière : Merci beaucoup, M.
le Président. Alors, je crois que d'un commun accord on va continuer à
l'article 4. On est sur une bonne lancée, ça va bien, on avance, alors
moi, je suggère qu'on continue à l'article 4 parce que, M. le Président,
l'article 1 et 2, on a encore de bonnes discussions avec nos collègues des
oppositions. Alors, continuons à l'article 4.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. Merci, M. le ministre.
M. Lafrenière : À
l'article 4 : «Le ministre responsable des affaires autochtones prête
assistance à toute personne qui le requiert pour la formulation d'une demande
visant la communication de renseignements personnels détenus par un
établissement, par un organisme ou une congrégation religieuse et qui
concernent une personne qui pourrait être un enfant autochtone disparu ou
décédé, ainsi que pour le suivi de cette demande, notamment en prévoyant une
rencontre si la personne qui formule la demande le juge nécessaire.
«Lorsqu'il prête assistance à une personne en
application du premier alinéa, le ministre peut aussi prêter assistance à tout
responsable de l'accès aux documents ou de la protection des renseignements
personnels d'un établissement ou d'un organisme ou à toute personne faisant
partie d'une congrégation religieuse qui le requiert dans le cadre du
traitement de la demande. Le ministre et le responsable de l'accès aux
documents ou de la protection des renseignements personnels d'un établissement
ou d'un organisme ou la personne faisant partie d'une congrégation religieuse peuvent également se communiquer tout
renseignement personnel nécessaire au traitement de la demande.»
Le
Président (M. Tremblay) : Merci, M. le ministre. Alors, des interventions?
Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé : Oui. Bonjour, M. le
ministre. Oh! je peux enlever ça. On commence la danse du masque. À
l'article 4, vous faites... dans la première phrase, vous dites : «Le
ministre responsable des affaires autochtones prête assistance à toute personne
qui le requiert...» C'est sûr qu'on n'a pas encore réglé l'article 1, puis
on se souvient qu'il y avait des discussions sur la question de prêter
assistance, pas seulement au niveau psychosocial, on avait parlé de juridique,
même certaines interventions nous avaient fait comprendre, la dimension
spirituelle est importante, etc.
Je ne veux pas... je le sais qu'on fera cette
discussion-là à ce moment-là, mais «prêter assistance» ne nous indique pas
nécessairement qui paie. Et l'expérience d'ENFFADA, l'expérience des gens qui
sont venus témoigner, c'est que, des fois, ça encourt des frais quand même
assez importantes... importants, pardon. Et on sait que ces gens-là ne sont pas
nécessairement très... pour plusieurs d'entre eux, pas nécessairement très
fortunés.
Alors, moi, c'est la
question qui me venait, une question d'éclaircissement, lorsqu'on dit prêter
assistance à toute personne pour la formulation d'une demande. Si, toutefois,
il y avait des besoins en matière de... qu'on définira plus tôt, mais d'accompagnement juridique, par
exemple... C'est celui qu'on pense parce que c'est celui qui coûte cher,
pas mal, et c'est celui que les gens avaient
témoigné, notamment, qu'ils avaient eu besoin. Bien, comment vous entrevoyez ça?
Le Président (M.
Tremblay) : M. le ministre.
M.
Lafrenière : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Merci, chère
collègue, pour votre question. Puis effectivement c'est sûr que, dans
l'article 1, on va revenir sur certaines notions, mais on ne peut pas les
mettre de côté pour la discussion qu'on a aujourd'hui. On avait parlé du besoin
juridique, je vous avais exprimé ce que j'avais entendu, aussi, de la part des
groupes de familles qui voulaient être vraiment autonomes et ne pas avoir une
consultation de quelqu'un nommé par l'État, pour des raisons que vous comprenez
très, très bien, là, au niveau du déficit de confiance et de crédibilité. Ça,
c'est premièrement.
Deuxièmement, quand
vous parlez d'assurer ces services-là, je comprends exactement ce que vous
voulez dire. Je pense qu'il y a trois réponses à ça. La première, comme vous
savez, en communauté, il y a une partie des services qui sont assurés par le
fédéral, puis effectivement il y a du travail que je dois faire de mon côté
pour m'assurer que le fédéral est au rendez-vous quand on parle de soins de
santé en communauté. Lorsqu'on parle d'assistance, de guider, on a parlé de
psychosocial, on a parlé de la roue de la guérison aussi. Je vous ai déjà
confirmé mon intention de supporter les groupes de familles pour qu'ils aient
des soins, qu'ils aient des services qui leur correspondent et dans lesquels
ils ont confiance aussi.
Alors, j'ai toujours
la même vision aujourd'hui. Je ne l'écris pas dans un projet de loi, ça va être
administratif, mais vraiment, c'est de donner les services, mais via les
groupes, les associations de familles. C'est la façon dont je le vois, chère
collègue.
Le Président (M.
Tremblay) : Mme la députée.
• (9 h 40) •
Mme Massé :
Merci, M. le Président. Pour suivre dans ma compréhension, quand vous dites...
Bon, supposons que j'habite Manawan, supposons que j'ai une situation qu'on
doit éclaircir et que je vais, donc, rencontrer le soutien à la famille, qui
m'accompagne, qui me donne des références en cas de besoin. Mais mettons, là, j'ai un document, clairement, à remplir, qui nécessite l'accompagnement d'un avocat, qui va payer les
frais d'avocat?
Le Président (M.
Tremblay) : M. le ministre.
M.
Lafrenière : Oui. Merci beaucoup. Votre cas, je pense que c'est le
meilleur cas à prendre pour se faire une image claire. Parce que tout ce qu'on
fait, on se l'est dit la dernière fois, on fait de la législation pour corriger
du passé, pour nous aider dans le futur, aussi, avec des outils, là, qui vont
répondre aux besoins. Et dans ma... dans ma rencontre, pardon, récente, M. le
Président, avec les familles, c'est exactement le cas qu'on a pris pour essayer
de se faire une image de comment ça va fonctionner.
Et je sais que je
reviens un petit peu sur l'article 1, mais juste pas m'en tenir rigueur,
mais je pense que c'est important. Et on a jasé avec les familles, on a parlé
de cette possibilité d'avoir une assistance juridique, et clairement, pour eux,
à partir du moment qu'il y a un lien d'emploi avec l'État, il y a un grand
malaise de leur part, à savoir : Est-ce que, vraiment, l'avocat qui va me
rencontrer va dire ce que le ministre veut bien qu'il dise? Est-ce que vraiment
il va avoir toute cette indépendance-là pour bien me conseiller? On est arrivés
à la conclusion que la meilleure solution était d'avoir des conseillers
juridiques, puis je ne veux pas embarquer sur les termes, ça peut être avocats,
conseillers, peu importe comment, là... mais qui travailleraient au sein de
l'organisation de soutien aux familles et non pas dans un lien direct avec
l'État.
Vous savez, chère
collègue, qu'on a des avocats dans nos bureaux. Au secrétariat, j'ai des
avocats, des gens extrêmement compétents. Cependant, les mettre en lien avec
les familles amènerait un problème pour eux puis un problème pas de crédibilité,
mais d'apparence d'indépendance. Alors, on irait beaucoup plus en soutenant de
façon claire, là, soutenir l'organisme de soutien aux familles, financièrement,
pour qu'ils aient des recours juridiques. Un.
Deuxièmement, vous
savez que la Direction du soutien aux familles, qui ne fait pas partie du projet
de loi — puis
je vous ai clairement expliqué, là, mon intention d'avoir la Direction du
soutien aux familles dès le 1er septembre de cette année, il y a
déjà un budget qui a été prévu pour les deux prochaines années — cette
direction-là, quand on dit «soutenir», ça va jusqu'à
recevoir la famille, les... on ne dira pas le mot «guider», mais les aider à
compléter les documents, allant même à les compléter pour eux, si c'est nécessaire.
Alors, c'est un service cinq étoiles qui va être donné.
Mais, pour la partie
conseiller juridique, pour des raisons vraiment d'apparence d'indépendance, on
trouvait que c'était important, puis ça, c'est avec la discussion qu'on a eue
avec les familles, que ça ne passe pas par l'État, que ça passe vraiment par le
regroupement des familles, pour des raisons claires, là, d'apparence
d'indépendance.
Le Président (M. Tremblay) : Mme la
députée, vous permettez, j'ai une
intervention du député de René-Lévesque.
Est-ce que c'est...
Une voix :
...
Le Président (M.
Tremblay) : Après? Parfait. Alors, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé :
On va finir par avoir le contour complet, et, sinon, il complétera. Bien, je
comprends donc que, dans vos visées, et vous l'avez dit plusieurs fois au micro — on
sait comment le dire au micro est engageant pour la partie ministérielle — alors,
c'est de soutenir, dans le fond, ce groupe-là, vous nous avez même parlé d'Awacak, à
un moment donné, soutenir
financièrement, pour qu'il puisse accompagner le travail... qu'il puisse
réaliser le travail d'accompagnement dont on parle.
Ceci étant dit, si je me réfère... et là je ne
voudrais pas dire des niaiseries, mais votre collègue à votre gauche pourra
préciser, mais il me semble que, lorsqu'il a été question, à la commission
Viens, d'accompagnement, au niveau de la justice, pour, notamment, Femmes autochtones
du Québec, il est arrivé un moment
donné où, là, il n'y avait plus d'argent.
Alors, comment on peut rassurer les familles
pour... leur dire : Écoutez, on comprend... Parce que moi, je comprends
que les familles disent : Bien là, disons qu'on ne souhaite pas que les
avocats soient les avocats du ministère, on souhaite avoir notre propre soutien
juridique. Mais, en même temps, c'est le ministère ou, en tout cas, le gouvernement
qui soutient financièrement ce même service-là, entre guillemets, même s'il
n'en est pas le... ce n'est pas lui qui le donne, le service. Alors, comment on
peut rassurer les gens puis leur dire : O.K., si le besoin est là, le gouvernement
du Québec va être au rendez-vous? Puisque l'objectif, c'est de réparer les erreurs passées, et,
quand on répare les erreurs passées, bien, il faut qu'on mette du nôtre. Alors,
comment on peut les rassurer là-dessus?
Le Président (M. Tremblay) : M. le
ministre.
M. Lafrenière : Merci beaucoup.
Merci, chère collègue. Puis votre point, il est hyperimportant, parce qu'on a
souvent parlé d'autonomie. Puis je me rappelle la dernière discussion qu'on a
eue ensemble, on voulait enlever le terme «guider» parce qu'on disait que, un,
c'était infantilisant, deux, on venait encore leur dire comment faire. Alors,
la dernière rencontre, qui date d'hier, M. le Président, avec
l'association de familles, ce qu'on a dit, c'est leur donner les moyens, dans
un budget de roulement, pour leur organisme, et non pas de leur dire :
Voici ce que vous allez faire, voici combien on vous donne pour des avocats,
voici combien on vous donne pour un guide spirituel. On veut plutôt soutenir l'organisme que d'y aller avec une
facturation ou un service direct à l'État. On veut vraiment qu'ils puissent
gérer.
Puis votre question est bonne. Si vous nous
demandez, aujourd'hui, ça veut dire combien, je n'en ai aucune espèce d'idée,
je vais être superhonnête avec vous. Cependant, ce qu'on veut faire, c'est de
les soutenir, eux, puis on va voir comment les choses vont aller. Ça va
dépendre du nombre de familles, ça va... Il y a beaucoup d'inconnu devant nous,
mais l'engagement que j'ai pris avec eux, hier, c'est de soutenir l'organisme.
Et comme j'ai dit... j'ai dit : Écoutez, comme dans tout, on a des budgets
qui sont limités, mais ce que je vais faire, c'est de soutenir votre organisme à vous et que vous ayez votre propre
décision. Est-ce que vous voulez avoir des stagiaires? Est-ce que
vous voulez avoir des étudiants pendant
l'été? Il y a plusieurs idées, hypothèses qu'ils nous ont soumises. Cependant,
on verra.
Et moi, l'engagement est, oui, avec Awacak, mais
on verra, par la suite, s'il y a d'autres groupes qui représentent quelques
familles aussi. On va être ouvert à ça, mais on veut vraiment, vraiment aller
dans une approche plus autonomiste, c'est-à-dire qu'ils prennent leurs
décisions. Mais on veut les soutenir, mais on ne veut pas leur dire comment
faire.
Mme Massé : Bien. Et donc, ce
que je comprends, puisque ce sera un budget global, est-ce que cet engagement-là...
parce que, là, je vous ai entendu dire : pour les deux prochaines
années... Mais cet engagement-là, moral, vous l'avez pour l'ensemble de
l'exercice, j'imagine.
M. Lafrenière : Présentement,
le budget, juste pour ne pas mélanger les choses, c'est le budget de la
Direction de soutien aux familles. C'est ce qui a été budgété, c'est ce qui est
clair, qui est précis, et c'est encourageant pour tout le monde, parce que,
vous le savez, souvent, c'est le nerf de la guerre. Je pourrais bien vous dire
devant le micro, aujourd'hui, qu'on va faire une direction du soutien aux
familles, puis, si l'argent n'est pas au rendez-vous, ça demeure un voeu pieux.
Ça fait que non seulement le voeu est là, puis l'argent y est.
Pour ce qui est du soutien d'organismes, ce
n'est vraiment pas calculé dans le budget que je viens de vous parler. Ça sera
via le FIA, via le Secrétariat aux affaires autochtones, qu'on va soutenir
financièrement. Mais c'est clair que je ne peux pas vous dire, pendant
10 ans, quel sera le nombre de demandes, est-ce que ça va fluctuer. C'est
une chose qui va être évaluée année par année avec l'organisme de soutien aux
familles, parce que vous allez comprendre avec moi que, pendant la première
année, on va voir, il y a une grande phase de déploiement, ils vont devoir
faire du «outreach» — pardon,
l'expression — d'aller
rejoindre les familles sur le terrain. Il y a peut-être plus de dépenses, mais,
dans deux, trois, quatre, cinq ans, on verra quels seront besoins.
Mais c'est clair qu'on veut soutenir
l'organisme... ça se dit mal, soutenir l'organisme de soutien aux
familles, mais, bref, on veut vraiment les aider financièrement pour qu'ils
prennent leurs décisions. Mais je veux juste être bien clair que je ne vous
guide pas dans la mauvaise direction, ce n'est pas relié au 2 millions qui
a été budgété pour la Direction de soutien aux familles.
Ça, c'est une chose, vous comprenez, c'est
étatique, c'est chez nous. Donc, à partir de ce moment-là, les gens... Puis
allons-y avec un cas bien précis. J'aime ça, moi. Vous êtes une famille, vous
êtes visés par le projet de loi n° 79, vous dites : Écoutez, mon
enfant, je n'ai pas eu de nouvelle. Vous contactez la Direction du soutien aux
familles, mais je prends pour acquis que, normalement, Awacak était dans le
décor à quelque part, ils vous ont rencontrés, ils vous ont rassurés, ils vous
ont aidés en disant : Voici qui vous devez contacter. Ils font une demande
à notre bureau, et nous, on les soutient.
Première chose, la loi
d'accès à l'information, on les aide, allant jusqu'à remplir pour eux la
demande d'accès à l'information, on les soutient, on les supporte. Mais,
pendant le processus, s'ils ont des questions, en se disant : Écoute,
est-ce qu'au niveau légal c'est correct, ce qui se passe?, ils vont pouvoir se
revirer de bord, avec Awacak, avec le regroupement de familles, en disant à un
avocat : Voici ce qu'on m'a conseillé; comment vous voyez ça? Ça fait que
vous comprenez que ça va leur donner, bien, la vision de l'État, puis ils vont
avoir une belle liberté, une belle autonomie, aussi, avec le groupe de soutien
aux familles pour se faire guider, sans sentir que c'est l'État qui leur
dit : Voici comment ça marche.
On a un déficit de confiance à combler, et je
l'espère, de cette façon-là, les rassurer. Puis, encore là, je vous invite, on
va faire un bout de chemin ensemble dans un chemin qui est inconnu, on ne sait
pas où on s'en va, on ne sait pas combien de demandes il va y avoir, on ne sait
pas quelle sera la réponse aux familles. On met des choses en place, mais on se
laisse de la flexibilité pour s'ajuster aussi.
Le Président (M. Tremblay) : Mme la
députée.
Mme Massé : Oui. Donc, ça a clarifié
quelque chose d'important pour moi, c'est-à-dire que le 2 millions qui a
été annoncé, effectivement, disons que ce n'est pas le travail à l'interne du
SAA, tout ce que vous voulez mettre en place pour être prêts le 1er septembre.
Ça, j'ai bien compris. Maintenant, il y a tout un autre budget à définir, si je
comprends bien, à partir aussi des mandats
qui seront accordés à Awacak. Parce que j'imagine que ça se discute, ça
se...
• (9 h 50) •
M. Lafrenière : Ça évolue.
Mme Massé : Oui, ça évolue,
j'imagine. Vous disiez que vous étiez en rencontre hier, ça fait que ça
continue d'évoluer. Et ces budgets-là, pour le moment, ils sont dans le 200 millions
prévu pour... Je veux dire, ils sont où? Parce que, vous avez raison,
l'argent... C'est le nerf de la paix, moi, je dirais. Mais ils sont où? Parce
que 2 millions, lui, je vois bien il est où, vous l'avez annoncé au
budget, ça va. Mais pour le soutien aux familles, je suis curieuse. Vous dites : C'est dans le SAA. O.K., le
SAA, il me semble que... déjà, répond à beaucoup de besoins. Il y a beaucoup d'autres recommandations de
la commission Viens, aussi, et de la commission ENFFADA. Ça fait que, c'est ça,
je me dis : O.K., mais il est où, cet argent-là?
Le Président (M. Tremblay) : M. le
ministre.
M.
Lafrenière : Merci. Chère
collègue, quand vous parlez des recommandations de la commission Viens, comme vous le savez, j'ai le plan J'ai espoir. Cependant, de vous répondre rapidement
que ça va être dans le plan J'ai espoir, ça cause
une problématique, parce que mon enveloppe est sur cinq ans, quand même. Alors,
j'ai d'autres façons : le programme
ponctuel autochtone, le Fonds d'initiatives autochtones, qui est en
renouvellement. Il y a plusieurs possibilités.
Puis je ne peux pas être plus honnête avec vous.
Présentement, le projet de loi, on prend tous pour acquis que ça va bien aller,
on va trouver une belle solution ensemble. Tant qu'il n'est pas adopté, je ne
peux pas vraiment aller prendre des engagements, vous comprenez, au niveau
financier. Mais, c'est sûr, j'ai plusieurs enveloppes disponibles. Et, surtout,
ce qu'on doit établir avec l'association des familles Awacak, c'est de quelle
façon ils veulent travailler et quels seront leurs besoins, puis ça, on
travaille encore là-dessus. Je ne peux pas être plus transparent avec vous, là.
On n'a pas été capables de dollariser quelles sont leurs demandes. Puis je
pense que, de leur côté aussi, ça va être progressif. De quelle façon ça va se
mettre en place? Parce que, oui, ils sont très présents dans certaines
communautés, comme vous savez, côté attikamek, algonquin, innu. Mais, s'il y a
d'autres communautés qui lèvent la main, qui ont des besoins, bien là, il va
falloir s'ajuster.
Et le 2 millions, je reviens encore
là-dessus, le 2 millions sur deux ans, c'est pour l'embauche d'enquêteurs,
l'embauche de personnel, qui vont soutenir les familles, recevoir leurs
demandes puis aussi faire les enquêtes. Alors, ça aussi, c'est ce qu'on a
budgété. Mais vous comprenez qu'il y a une grande part d'incertitude, c'est
comment les gens vont réagir, combien de familles vont se présenter à nous,
quelle sera la réponse, aussi, des organismes qui sont visés. Si tout le monde
répond... Puis je lance l'appel aujourd'hui, si tout le monde répond rapidement
aux lois d'accès à l'information, ça va être très simple. Mais permettez-moi de
vous dire qu'il y a un grand doute, et c'est pour ça qu'on aura des enquêteurs,
des gens qui vont être capables de pousser la note pour avoir cette
information-là aussi. Il y a beaucoup d'inconnu, beaucoup d'inconnu.
Mme
Massé : Bien, je terminerais peut-être juste là-dessus, parce que
c'est vrai qu'il y a beaucoup d'inconnu, et l'avenir doit répondre à ce
besoin fondamental. Parce que plusieurs des familles sont venues nous le... pas
juste les familles, aussi les organisations
qui représentent soit les communautés, les nations, ils sont venus nous dire
l'importance du rôle de cette association de parents là. Puis, vous avez
raison, pour le moment, il y a un potentiel aussi d'élargir le nombre de
communautés qui pourraient être touchées, hein? Plus on en parle, plus c'est
connu, plus il y a des souvenirs malheureux qui renaissent.
Donc, ce que
je comprends, c'est que, pour le moment, vous avez un engagement sur l'honneur,
puisqu'il n'y a pas... ça ne se traduit pas par une ligne budgétaire à
quelque part, mais un engagement sur l'honneur d'assurer que ce regroupement-là
va avoir ce qui est nécessaire pour pouvoir réaliser le mandat avec lequel vous
vous entendez avec eux. C'est ce que je comprends, vous allez vous entendre sur
un mandat. Après ça, on va définir ça coûte combien, puis après ça, vous allez
dire «présent» à ce...
M. Lafrenière :
Effectivement, M. le Président. Puis c'est important de le mentionner, un, ce
n'est pas un chèque en blanc, puis ça, ça a été très, très clair dans la
rencontre avec les associations. Puis, pour les citoyens qui nous écoutent, on
gère l'argent public. Cependant, ce que j'ai dit, c'est qu'on va être au
rendez-vous.
Puis moi, je parle vraiment d'un financement à
la mission, de regarder quelle sera la mission qu'on va établir ensemble, de
quelle façon on est capable de donner du budget, donc des moyens, des
ambitions. Et on y va sur la mission, puis le reste, encore là, je veux y aller
avec une approche plus autonomiste. Et vous avez parlé d'engagement sur
l'honneur. Je pense que c'est un engagement qui est basé aussi sur le passé, c'est-à-dire
ce qu'on a fait récemment.
Puis je vais
prendre pour exemple un exemple que vous connaissez très bien,
Résilience, à Montréal. Il y
avait un besoin, ce n'était vraiment
pas dans nos cartons, il n'y avait pas de budget qui avait été accordé pour ça, puis on a
trouvé 3,6 millions pour un besoin
qui était criant, urgent, pour la clientèle itinérante de Montréal,
puis on était au rendez-vous.
Le
Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre. Merci. La parole est à vous, M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le
Président. J'ai l'impression d'être loin, je vais essayer de me rapprocher.
Je comprends bien le premier alinéa, M. le
ministre, à savoir qu'il y a une demande d'aide, il y aura un accompagnement,
on prête assistance. Vous l'avez dit tout à l'heure, on va les aider à remplir
le formulaire. Ils vont nous demander... ils vont vous demander : À quel
endroit est rendue ma demande? Vous allez effectuer un suivi de cette
demande-là, et il y aura une rencontre, si nécessaire.
La partie que j'aimerais obtenir de la
précision, c'est le deuxième alinéa : «Lorsqu'il prête assistance à une
personne en application du premier alinéa, le ministre peut aussi prêter
assistance à tout responsable de l'accès aux documents ou de la protection des
renseignements personnels d'un établissement ou d'un organisme...» Bref, ce que
je veux comprendre, là, c'est que vous allez accompagner les familles à la
recherche de réponses, mais cette réponse-là,
ce n'est pas vous qui la détenez, ce sera une organisation. Et là vous allez
travailler aussi avec cette organisation-là pour fournir la réponse. Donc, que se passe-t-il, si la personne qui a
l'information ne veut pas la transmettre ou si vous constatez que cette information-là, elle existe,
mais, pour raisons x, y, elle ne veut pas la rendre publique ou la
divulguer?
Parce que je saisis bien votre rôle
d'accompagnement des familles pour trouver l'information, mais j'essaie
vraiment, honnêtement, de trouver la valeur ajoutée qu'on a d'accompagner les
organisations à fournir l'information, juste pour être certains que cette
information-là soit donnée de façon adéquate, mais qui ne vous mette pas ou ne
mette pas le ministère en porte-à-faux entre des gens qui veulent quelque chose
et des gens qui détiennent quelque chose. Ça fait que je veux juste comprendre,
là, la dynamique qui devrait s'opérer, notamment dans la possibilité de prêter
assistance à une organisation qui devra fournir cette information-là.
Le Président (M. Tremblay) : M. le
ministre.
M. Lafrenière : Oui. Merci beaucoup,
M. le Président. Merci à mon collègue pour sa question, parce que ça permet
vraiment... Tantôt, on prenait un cas d'espèce puis on expliquait comment ça se
passait, puis, je pense, c'est important parce qu'on a besoin de tangible,
hein, on a besoin de comprendre comment ça va fonctionner.
Et ce deuxième paragraphe là, je pense que la
meilleure façon pour l'imager, c'est de dire : Avant même que les
premières demandes d'accès soient remplies par les familles, donc, nous, la
Direction de support aux familles, avec les familles, la première étape qu'on
doit faire, puis ça, ça a été salué, M. le Président, par la Protectrice du
citoyen, c'est d'accompagner aussi les différents organismes, c'est-à-dire les
congrégations religieuses, différents ministères, de leur dire, premièrement,
que la loi... puis ne prenons pas pour acquis que la loi serait acceptée, mais,
si cette loi est acceptée, d'expliquer c'est quoi, leurs devoirs, d'expliquer
ce qui s'en vient, donc de faire une approche que
j'appelle préventive, une approche qui est éducative, qui va leur expliquer
qu'ils doivent remettre ces documents-là.
Et vous comprenez qu'au final, ce qu'on veut,
c'est l'information. Alors, si, par cette approche plus préventive, je
rencontre des congrégations religieuses, je rencontre différents ministères, en
disant : Voici quelles seront vos obligations, et ça facilite le tout, c'est-à-dire
que les congrégations, les différents ministères peuvent répondre plus rapidement
et donner l'information aux familles, bien, moi, je vous dirais qu'on aura
réussi quelque chose de très important.
Deuxième étape, parce qu'on parle toujours d'une
approche qui est graduelle, si... Puis votre point est bon, quand vous
dites : Écoutez, est-ce que ça vous met dans une mauvaise position, parce
que vous aidez les deux parties en même temps? Bien, je les aide en leur
rappelant leurs obligations. Et, si ça ne fonctionne pas, vous savez que, dans
l'approche graduelle, il y a la Commission d'accès à l'information, donc on
peut contester une décision qu'ils auront rendue. Parce que cette capacité pour
eux de décider de donner ou pas l'information, vous comprenez que c'est régi.
Puis c'est pour ça qu'on a un projet de loi, ça va leur donner des obligations.
Puis, s'ils
ne répondent pas, il y aura la commission, et, si ça ne fonctionne pas, on
s'est donné un pouvoir d'enquête, et
le pouvoir d'enquête, bien que ce soit dans une approche graduelle, c'est un
pouvoir qui est extrêmement
important. Et ça, la Protectrice du citoyen l'a mentionné dans nos
consultations particulières, c'est le même pouvoir que des enquêteurs, des
commissaires enquêteurs. Donc, ça nous permettra d'exiger des documents, si on
ne les a pas reçus.
Alors, c'est vraiment une approche graduelle,
puis le but de tout ça, c'est d'avoir l'information le plus rapidement
possible. Puis, oui, c'est une étape qui est importante, de faire la
prévention, l'éducation, d'expliquer aux différents organismes ou différents
groupes quelles seront leurs obligations, pour qu'ils donnent cette information-là,
parce que c'est ce qu'on veut au final.
Je ne sais pas si ça
répond, mais, vous comprenez, il y a les deux volets. Mais il y a le volet que
j'appelle plus coercitif, puis vous excuserez mon passé, là, mais le volet
coercitif avec le pouvoir d'enquête est présent. Si ça ne fonctionne pas, on
aura ce pouvoir-là pour aller chercher l'information, parce qu'on en... les
familles en ont besoin, puis c'est l'engagement qu'on a pris avec eux, de
remettre l'information. Ça fait qu'on va aller jusqu'au pouvoir d'enquête, si
nécessaire.
Le Président (M. Tremblay) : M. le
député.
• (10 heures) •
M. Ouellet : Oui. Ce qui est
intéressant avec l'échange qu'on vient d'avoir, M. le ministre... oui, vous
précisez effectivement les zones d'ombre que j'ai soulevées. Puis je suis d'accord
avec vous, effectivement, dans les échanges, les gens devront se conformer à la
loi, et, dans certains cas, si ce n'est pas le cas, on aura des moyens pour les
contraindre, effectivement, à respecter la loi.
Mais j'ai accroché sur la première partie de
votre réponse. Vous avez dit tout à l'heure que vous serez proactif, que vous allez rencontrer certaines
congrégations ou certains organismes
qui pourraient détenir l'information pour,
je vous dirais, expliquer quelles sont leurs obligations. Trouvez-vous
pertinent qu'on pourrait inscrire dans la loi, justement, cette
volonté-là qu'en application de la loi le ministre ou son responsable va
s'assurer de son application avec les organismes en faisant des consultations?
Est-ce qu'on peut aller aussi loin que d'inscrire, dans la loi, cette volonté
de proaction, de dire : Dans l'application de la loi, le ministre fera des
consultations ou fera des rencontres pour rappeler à tout le monde ses droits
et obligations par rapport à l'application de la loi?
Parce qu'entre une volonté assumée ici, au
micro, et une volonté édictée dans le projet de loi, il peut avoir deux
nuances, considérant que les choses peuvent aussi évoluer dans le temps quant
qu'à la volonté d'y aller de façon plus proactive en fonction de ce qu'on va
trouver comme information.
Le Président (M. Tremblay) : M.
le ministre.
M. Lafrenière : Oui, merci
beaucoup. Puis j'écoutais très bien votre question, mais vous comprenez qu'en même temps,
en mode COVID, on a une deuxième oreille qui se tend pour avoir
l'information à jour. Et votre point est bon, et, vous savez, il y a l'interprétation. Puis le danger, puis je
pense qu'on en a déjà discuté dans d'autres rencontres ensemble, c'est comment les gens pouvaient
interpréter ce projet de loi en disant : Voici, moi, ce qu'ils m'ont
demandé, c'est ça, je m'en tiens à ça. Et
c'est important de rencontrer les différents groupes pour être sûrs qu'on est
tous à la même page et qu'ils
comprennent le but de ce... je veux dire, cette loi, lorsqu'elle sera adoptée... qu'elle serait adoptée, pardon.
Et le préambule... vous savez que ce n'est pas
dans tous les projets de loi qu'il y a un préambule. Le préambule vient mettre
la table, vient expliquer le contexte, et je pense que le parallèle se fait très
bien avec les différents organismes. C'est beau d'avoir une loi qui va leur
donner des obligations, mais il faut les mettre dans le contexte, leur
expliquer c'est quoi, les attentes, pour qu'on soit tous au même point.
Le paragraphe 2° vient justement expliquer
le mandat puis le mandat du ministre qui va aussi auprès des organismes qui
vont appliquer cette loi-là. Parce que c'est une zone d'ombre pour eux aussi,
hein? Vous comprenez que la loi vient donner des pouvoirs qu'on n'a pas
normalement, vient donner certaines dérogations qui n'existent pas normalement.
Ça fait que c'est de leur expliquer comment ça va s'appliquer, et le deuxième
paragraphe vient vraiment mettre la table là-dessus.
Et je m'en réfère encore une fois à quelqu'un
qui connaît très bien cette application-là, qui est la Protectrice du citoyen,
et qui nous a rappelé à quel point c'était important. Cette étape-là, elle est
importante. Alors, moi, je pense que le deuxième paragraphe vient vraiment
camper cette obligation-là qui va commencer, on s'entend, là, dès l'adoption
possible de cette loi-là. C'est la première étape qui va arriver, c'est-à-dire
de rencontrer les ministères, de rencontrer les organismes pour être sûr qu'il
n'y a pas une interprétation à géométrie variable, qu'on ne se retrouve pas
avec des gens qui l'interprètent d'une façon plus fermée, que ça ne fasse pas
en sorte que les familles qui nous font confiance aujourd'hui puis qui espèrent
avoir leur information se retrouvent dans un cul-de-sac.
Alors, moi, je pense que le deuxième paragraphe,
cher collègue, je suis d'accord avec vous qu'il faut donner cette obligation-là.
Et je pense que le deuxième paragraphe vient vraiment le camper et vient
s'assurer que le travail va se faire auprès des organismes autant que les familles.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le ministre. M. le député.
M. Ouellet : Oui. Bien, il y a
la notion, justement, dans le deuxième alinéa, là, puis je vais juste la
relire, là, pour qu'on comprenne bien, là : «Lorsqu'il prête assistance à
une personne en application du premier alinéa, le ministre peut aussi prêter
assistance à tout responsable de l'accès aux documents ou de la protection des
renseignements personnels d'un établissement ou d'un organisme ou à toute
personne faisant partie d'une congrégation religieuse qui le
requiert...» Moi, c'est le «requiert» que j'accroche, là.
Je vous entends dire : On sera proactifs. Évidemment,
si la loi avait été écrite plutôt... «lorsqu'elle sera demandée», je suis d'accord
qu'on va plus loin avec «le requiert», parce que vous allez juger si, effectivement,
même si la congrégation ne le demande pas, par votre proactivité, vous allez quand
même peut-être décider de prêter assistance. Donc, c'est la partie du
requérant, vous allez vous-même décider si... même si ce n'est pas demandé par
la congrégation, que l'aide ou l'accompagnement de votre ministère requiert une
approche différente, ou soutenue plutôt, pour des organismes ou des
congrégations.
Le
Président (M. Tremblay) : M. le ministre.
M. Lafrenière :
Merci beaucoup. C'est des échanges très importants. Comme je vous disais, à
chaque fois, hein, qu'on fait les commissions comme ça, ça nous permet
d'avancer, d'évoluer. Puis il y a deux phrases, puis je vais faire attention, je
ne veux pas laisser trop transparaître mon passé de policier, mais c'est pour
ça qu'il existe aussi le côté coercitif. C'est pour ça qu'au final, vous savez,
il y a l'approche préventive. On peut dire aux organismes : Voici comment
ça fonctionne, puis les outiller, puis leur faire comprendre ce qui est ciblé.
Mais au final, s'il y a de la mauvaise foi, de la mauvaise volonté, on s'est
donné un pouvoir, un pouvoir solide qui est un pouvoir d'enquête, de venir
dire : Je vous somme de nous remettre telle information.
Et sans nommer des organismes,
depuis qu'on parle du projet de loi n° 79 ensemble, il y a déjà plusieurs
ministères, des branches de ministère qui nous ont approchés en disant :
On est vraiment intéressés à avoir cette rencontre-là pour se faire expliquer
comment ça va fonctionner parce qu'on veut y contribuer puis on veut comprendre
c'est quoi, nos obligations. Moi, je pense que c'est rassurant. Ça veut dire
que les gens ont de la bonne volonté. Mais, encore là, on développe du droit
nouveau, hein? On fait un projet de loi qui vient changer la donne. Ils veulent
connaître quelles sont leurs obligations.
Alors, je comprends
quand vous dites «le requiert». D'un autre côté, je vous dirais que de donner
de l'aide de façon préventive à quelqu'un qui ne le veut pas, ce n'est pas très
facile. C'est pour ça qu'il y a toujours la coercition, c'est-à-dire le pouvoir ultime, le pouvoir d'enquête, de sommer
quelqu'un de nous remettre des documents si l'approche préventive ne
fonctionne pas. Il y a des gens qui vont lever la main, qui vont demander de
l'aide. Il y en a d'autres à qui on va faire
nos rencontres de sensibilisation, mais, ultimement, il y aura le pouvoir
d'enquête si ça ne fonctionne pas.
Le Président
(M. Tremblay) : Merci, M. le ministre. Vous poursuivez,
M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet :
Oui. Puis, tu sais, je ne veux pas m'enfarger dans les fleurs du tapis, là,
puis peut-être que les légistes pourront peut-être me donner la certitude que
j'essaie d'avoir, mais le mot «requiert», «requérir» fait référence à quelqu'un
qui fait appel à, réclame l'intervention de.
La question que
j'ai : Est-ce que le mot «requiert» est le bon mot pour vous donner
l'opportunité, vous? Vous parlez de proactivité. Dans le cas de «requérir»,
c'est comme si la personne en faisait la demande. Or, est-ce que vous pourriez prêter assistance sans pouvoir
coercitif déjà, en proactivité à certaines congrégations ou
organisations, pour fournir l'information? Je ne suis pas convaincu que le mot
«requiert» est peut-être adéquat.
Peut-être que les
légistes pourraient nous donner une interprétation différente de ce qu'on voit
dans les lois, mais je trouve qu'entre votre discours de proactivité, puis de
vouloir bien contextualiser et définir le cadre dans ils devront agir, je ne
suis pas convaincu que le mot «requiert» est le bon mot pour dire : Bien,
ça sera ça qu'on va utiliser pour légitimer
la volonté du ministère, ou du ministre, ou de son responsable d'intervenir
pour prêter assistance.
Le Président
(M. Tremblay) : M. le ministre.
M. Lafrenière :
Oui, merci, M. le Président. Je vais commencer avec la réponse et, dans un mode
hybride, je laisserai à Me Pomerleau le loisir de nous expliquer, là, la
partie de «requiert». Puis c'est bon de se poser la question aujourd'hui, puis
ce qu'on veut faire, c'est avoir les bons outils pour le futur.
Et vous savez, quand
on fait l'application de la loi, il y a trois phases hyperimportantes. Il y a
la partie recherche. La recherche, on la fait aujourd'hui, on va la faire tout
le long de notre processus. Il y a la prévention. La prévention, vous savez
qu'on ne peut pas la rentrer dans la gorge de quelqu'un. Moi, je peux dire que
j'ai la bonne volonté de rencontrer tous les organismes. Si certains ont décidé
de ne pas le faire, de s'asseoir sur leurs mains et de laisser passer le train,
bien, c'est la dernière partie qui va embarquer, c'est la coercition,
c'est-à-dire notre pouvoir d'enquête, la possibilité d'exiger à des organismes
de remettre des documents. Ça, c'est la vision.
Cependant, avec le
consentement de tous, je laisserais Me Pomerleau vous expliquer la
deuxième partie de cette réponse. Alors, est-ce qu'il y a consentement?
Le Président
(M. Tremblay) : Est-ce qu'il y a consentement? Oui. Je vous
invite à vous présenter, à vous nommer, s'il vous plaît.
Mme Pomerleau
(Kathye) : Alors, Kathye Pomerleau, du ministère de la Justice.
L'article 4,
l'objectif de l'article 4 est vraiment d'assurer une bonne application de la
loi. Par exemple, lors de l'analyse de la demande d'accès, si l'organisme a une
question, exemple, il y a une erreur sur le nom de la personne, ça se pourrait,
à ce moment-là, que l'organisme prenne contact avec la direction du soutien, le
SAA, pour demander d'aller faire des vérifications auprès des familles pour
s'assurer qu'il n'y a pas une erreur dans le nom.
Concernant le
deuxième alinéa et le mot «requiert», l'objectif... Les ministères et
organismes ont chacun leur discrétion pour analyser les demandes d'accès. Donc,
ce sera seulement lorsqu'ils en ont besoin qu'ils feront appel au ministre pour
avoir de l'assistance, là.
Le Président
(M. Tremblay) : Merci. M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet :
Donc, c'est sur demande. Et ça revient au début de la discussion entre la
volonté du ministre de faire... je ne veux
pas dire une tournée, mais de cibler certains groupes pour leur expliquer leurs
devoirs et obligations et, dans la loi, faire une
intervention lorsqu'elle sera demandée. C'est pour ça que... Tu sais, je
comprends où est-ce que le ministre veut aller en disant : Moi, je veux me
donner bonne... pas juste bonne conscience, je veux que ça fonctionne. Je vais
faire le tour pour expliquer à ces groupes-là, à ces organisations-là :
Voici ce à quoi vous devez vous attendre, considérant l'adoption de la loi,
sans la présumer. Je comprends cette volonté d'expliquer tout le... le nouveau
cadre juridique qui sera en application et qui devrait les toucher. Mais, avec
la confirmation des informations de la dame de la Justice... Excusez-moi, j'ai
oublié votre nom, maître. Excusez-moi.
Une voix :
Pomerleau.
M. Ouellet :
Pomerleau. Me Pomerleau. Je comprends que, dans l'article 4, deuxième
alinéa, le «requiert» fait effectivement référence à une demande, par une
organisation ou une congrégation, d'avoir un support. C'est ce que j'ai
compris.
Le Président
(M. Tremblay) : M. le ministre.
• (10 h 10) •
M. Lafrenière :
Oui, merci. Effectivement, puis tantôt je faisais un parallèle avec
l'application de la loi, avec la phase prévention. Vous comprenez que de la
prévention sans volonté... Il n'y a pas beaucoup de prévention à faire avec
quelqu'un qui ne veut pas vous écouter ou... parce que, vous comprenez, on
parle de requérir, il y a de l'offre aussi. Je vous ai parlé tantôt de façon
proactive, les rencontres que j'aurais avec les différents organismes, avec les
ministères, pour leur expliquer ce qui s'en vient. Mais on pourrait présumer
qu'une personne ou qu'un organisme n'ait pas
cette volonté-là, et, si c'est le cas, bien là, ils n'auront pas recours à nos
services. On va y aller avec soit la Commission d'accès à l'information, parce qu'on
n'a pas la bonne information, ou on ira avec le pouvoir d'enquête.
Alors, je comprends
très bien ce que le collègue veut démontrer, que ça demande de la volonté, ça
demande une certaine participation de l'organisme. C'est pour ça qu'on parle de
recourir aux services du SAA. Mais, s'ils ne le veulent pas, en phase
prévention... je veux dire, c'est très difficile de faire de la prévention avec
quelqu'un qui ne veut pas participer. Ce
sera notre pouvoir d'aller à la commission ou le pouvoir d'enquête, pour exiger
de l'information, mais on ne peut pas exiger de participer à une phase
préventive. Honnêtement, ça va donner un dialogue de sourds. Mais je comprends
ce que vous voulez dire, cher collègue, je le comprends super bien. Vous voulez
dire : À cette étape-là, il y a peut-être des groupes qui ne le voudront
pas, puis là vous ne vous donnez pas l'outil de leur rentrer, excusez-moi
l'expression, dans la gorge ou de les forcer, mais c'est la partie coercitive.
Donc, de la
prévention, puis faisons un parallèle douteux avec la vitesse... l'alcool au
volant ou la vitesse au volant, les gens qui veulent recevoir une campagne de
publicité, qui veulent nous entendre parler de prévention peuvent le faire, mais ça demande un échange,
comme en communication. S'ils ne le veulent pas puis ils ne respectent pas les limites, bien, au final, c'est le
coercitif, c'est le constat qui va leur rappeler qu'ils n'ont pas fait la bonne
chose.
Dans
le cas présent, si l'organisme n'a
pas cette volonté-là, cette ouverture de nous parler, de nous
rencontrer... parce que vous comprenez, là, on parle de recourir, c'est-à-dire
qu'eux peuvent lever la main, mais nous, au niveau préventif, il va falloir
rencontrer l'ensemble des organismes, puis on en connaît quelques-uns qui sont
plus ciblés par notre projet de loi, de façon préventive. On va offrir de les
rencontrer tous et toutes.
Si un organisme
décidait de refuser de nous rencontrer, bien, écoutez, ce sera leur choix, ce
sera leur droit. Mais vous comprenez que, par la suite, en Commission d'accès,
on pourra challenger leur... pas contredire, mais de redemander une information à la Commission d'accès ou y aller par pouvoir d'enquête
puis exiger d'avoir l'information.
Ça fait que c'est sûr
que ça demande une certaine volonté, vous avez raison, mais, en phase prévention,
je pense, s'il n'y a pas de volonté, ça devient difficile de le faire tout
seul.
Le Président
(M. Tremblay) : M. le député de René-Lévesque, dites-moi... j'ai
une intervention qui suivra avec le député de Jacques-Cartier. Je vous laisse
continuer.
M. Ouellet :
Oui. J'aimerais peut-être soumettre une réflexion au ministre puis peut-être
permettre, après ça, au collègue
de Jacques-Cartier de continuer, puis on pourra revenir sur la discussion.
Mais je vous entends bien, il y
a la prévention, il y a la coercition.
Je serais tenté de
vous introduire un chemin avant de se rendre à la coercition en introduisant
plutôt la notion «qui le nécessite». O.K.? Je n'ai pas réfléchi encore à
déposer un amendement, là, mais j'aimerais peut-être déposer cette discussion-là.
Puis peut-être, après la discussion avec les collègues, le collègue de Jacques-Cartier,
on pourra revenir, là, mais au lieu de dire que «toute personne faisant partie
d'une congrégation religieuse qui le requiert», on pourrait rajouter :
«qui le requiert ou le nécessite dans le cadre du traitement».
Donc, dans le
«nécessite», ça vous donne le pouvoir de décider, même s'il y a une première
fermeture, de devoir... Écoutez, moi, je pense que, dans ce nouveau droit là,
dans cette nouvelle application là, moi, comme ministre responsable, il est nécessaire
que je vous rencontre, qu'on en discute et que vous rendiez disponible y, x
choses qui vous seront demandées. Si, dans ce chemin-là, après cette
rencontre-là, ce n'est pas... le résultat n'est pas ce qu'on cherche, bien là, il
y aurait le pouvoir de coercition.
Mais, avec la
discussion qu'on a entre «requiert», donc à leur demande, et votre volonté
d'être proactif ou de travailler en prévention, peut-être que le mot «le
nécessite» pourrait se rajouter comme amendement pour vous permettre sans contrainte de pouvoir provoquer
cette discussion fondamentale sur les obligations, les nouvelles
obligations que ces groupes, congrégations
ou organismes devront répondre, et cette volonté d'y aller de façon
consensuelle plutôt que coercitive pour la suite, là.
Le Président
(M. Tremblay) : Merci. M. le ministre.
M. Lafrenière : Bien, merci.
J'apprécie l'offre du collègue aussi. Je pense qu'on pourrait passer avec la
prochaine question, puis ça va nous permettre de continuer de faire des
vérifications. Puis on grandit ensemble, on évolue ensemble. Merci.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. M. le député de Jacques-Cartier, à vous la parole.
M. Kelley : Merci, M. le
Président. J'ai un amendement que je veux déposer et je pense que tout est
prêt. Je ne sais pas si c'est déjà envoyé au Greffier. Pas encore, mais ça s'en
vient.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. Je vous demande de suspendre, s'il vous plaît, une petite minute.
(Suspension de la séance à 10 h 15)
(Reprise à 10 h 26)
Le
Président (M. Tremblay) :
Alors, parfait, on reprend. Tout le monde a pris connaissance de l'amendement
présenté par le député de Jacques-Cartier. Alors, M. le député, je vous invite
à en faire lecture.
M. Kelley : Bien sûr.
Alors, merci, M. le Président.
Alors, à l'article 4 : Modifier
l'article par le remplacement, au premier alinéa, des mots «prête assistance»
par l'insertion des mots «doit prêter assistance selon les besoins exprimés par
un membre des Premières Nations et Inuits ainsi qu'». «...à toute personne qui
le requiert pour la formulation d'une demande visant la communication de
renseignements personnels détenus par un établissement, par un organisme ou par
une congrégation religieuse et qui concernent une personne qui pourrait être un
enfant autochtone disparu ou décédé, ainsi que pour le suivi de cette demande,
notamment en prévoyant une rencontre si la personne qui formule la demande le
juge nécessaire.»
Alors, M. le Président, je veux maintenant
lancer... dans la raison pourquoi j'ai déposé l'amendement. J'ai écouté avec
grand intérêt les échanges de mes collègues avec le ministre. Puis il y a une
chose que nous avons entendue pendant nos discussions avec les familles et, quand
même, en général, pendant les audiences publiques, c'est le fait que c'est toujours
le gouvernement qui détermine les besoins des autres.
Et quand même, M. le Président, quand je regarde
l'article et, quand même, dans les commentaires, l'assistance que le gouvernement
a l'intention à prêter est pas mal déjà encadrée. Puis, je pense, c'est
important, parce que le ministre dit : Mais on veut donner plus
d'autonomie à des familles et tout le monde à déterminer leurs besoins. Mais ce
n'est pas nécessairement écrit ici. Alors, c'est pourquoi j'ai ajouté cette
précision que, quand on parle des besoins, ce n'est pas juste le secrétariat ou
le ministre responsable des Affaires autochtones qui va déterminer
l'assistance, que ça va bien être les Premières Nations et les Inuits du Québec
qui vont établir et déterminer l'assistance qui est nécessaire.
Parce que, quand même, dans nos échanges que
nous avons eus, si on parle un petit peu le jargon qui vient de nous, comme
l'assistance logique, bien, on peut parler avec des peuples autochtones qui
disent : Bien, ça, ce n'est pas nécessairement un mot qui marche pour
nous. On peut parler de la roue de la médecine, on peut parler des autres mots
qui sont peut-être importants dans une demande d'assistance.
Alors, c'est encore juste de clarifier peut-être
cette précision-là, que, si on veut vraiment donner l'autonomie aux Premières
Nations et les Inuits, que c'est bien écrit et précisé dans le projet de loi.
Et je suis bien ouvert, M. le Président, d'avoir un échange. Peut-être les
légistes de l'État ont d'autres suggestions à faire, mais ça, c'est pourquoi
j'ai pensé que c'était important d'ajouter ces mots-là.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le député. Des interventions sur l'amendement?
M. Lafrenière : Oui. Merci, M.
le Président. Puis merci pour votre suggestion. On est toujours à regarder la
première partie de votre amendement, là, «doit prêter assistance selon les
besoins exprimés».
J'aimerais cependant commencer une discussion
avec vous, un échange, avec la deuxième partie, là, «par un membre des
Premières Nations ainsi que les Inuits». Le problème que ça cause présentement,
c'est que c'est très restrictif. Et, si vous vous rappelez la définition qu'on
s'est donnée de famille élargie, un allochtone pourrait faire une demande. Si
vous êtes une personne significative pour la famille, vous êtes un allochtone,
aujourd'hui, vous pourriez présenter une demande. Vous n'êtes pas obligé d'être
un autochtone ou un Inuit.
Je comprends exactement où vous voulez aller
puis je prends juste la chance de vous le dire à chaud, là, quand je lis votre
amendement, le seul danger que j'y vois, c'est qu'on serait plus restrictif que
ce qu'on veut faire. Parce qu'on s'est donné une définition de famille qui est
complètement éclatée, hein, vous le savez, on va avec des personnes
significatives, c'est très large. Ça fait que l'idée est très bonne, puis je
comprends ce que vous voulez dire par là. Vous voulez qu'on s'ajuste, vous
voulez qu'on donne quelque chose qui est significatif pour les gens, puis ça,
je vous rejoins. Le seul danger que j'y vois, si on marque «par un membre des
Premières Nations et Inuits», là, ma définition de «famille élargie», je viens
de la charcuter un peu.
Pour
«prêter assistance selon les besoins exprimés», c'est un élément qu'on regarde
du côté des légistes. Je trouve ça intéressant, mais, pour la deuxième partie,
moi, je vous lève tout de suite un petit drapeau, moi, j'ai peur qu'on soit
plus restrictifs que ce qu'on a offert jusqu'à présent, c'est-à-dire une
définition très élargie de la famille.
• (10 h 30) •
Le Président
(M. Tremblay) : Merci, M. le ministre. D'autres interventions?
Oui.
M. Kelley :
Merci, M. le Président. Mais, M. le ministre, on peut toujours ajouter un
sous-amendement pour inclure aussi la définition qui est dans le projet de loi
concernant une famille autochtone. Puis aussi on n'enlève pas qu'on laisse
«aider toute autre personne» aussi. C'est toujours dans le projet de loi.
Où aussi, je pense,
c'est important de définir, c'est que présentement, quand je regarde cet
article, on met des Premières Nations et des Inuits sur le même niveau que
quelqu'un qui vient d'une congrégation religieuse, qui peut aussi demander une
assistance au gouvernement. Alors, ce serait une façon de peut-être aussi
démêler tout ça, que, oui, il y a une assistance qui pourrait être donnée à
quelqu'un qui n'est pas un autochtone, alors... parce que je pense qu'il y a
une importance de cibler les deux et de mettre les deux à côté pour dire :
On va, oui, bien, travailler pour l'autonomie et les besoins des peuples
autochtones, mais, en même temps, on n'enlève pas la réalité que c'est très
possible qu'on va demander à une congrégation religieuse, puis eux autres,
peut-être, vont demander l'information pour chercher plus de renseignements au
gouvernement. Vous comprenez?
Alors, ça, c'est pourquoi,
je pense, d'ajouter cette distinction est important, et moi, je suis prêt à
ouvrir ça pour s'assurer de... la définition de la famille n'est pas mise en
péril, pas du tout, qu'on ajoute ça dans la phrase, qu'on respecte ça.
Le Président
(M. Tremblay) : Merci, M. le député. M. le ministre,
souhaitiez-vous intervenir? Oui.
M. Lafrenière :
Oui, merci. Justement, c'est pour ça qu'on avait mis «toute personne». Puis, en
passant, je comprends très bien ce que vous voulez faire, vous voulez, justement,
que ça soit adapté, que ça ressemble à ce que les Premières Nations veulent
comme type d'assistance. Puis c'est pour ça que, la dernière rencontre qu'on a
eue, on a travaillé sur l'article 3, et les collègues avaient amené une
modification. On a fait des modifications, hein, au niveau de la langue,
au niveau culturel. L'article 3 vient vraiment expliquer que l'aide qu'on
donne est adaptée à la réalité.
Dans
l'article 4, ici, ce qu'on vient dire, on vient dire qu'on doit porter
assistance. Vous avez raison que, du côté des congrégations religieuses, on
doit leur porter assistance pour donner l'information aux familles. Je ne pense
pas que c'est en contradiction. Il y a un terme qu'on est en train de regarder,
justement, quand vous dites, là, «selon les besoins», on le regarde. Moi, je
reviens encore, je vous entends, je me demande vraiment si on va aider le texte
de loi en disant : «un membre des Premières Nations, un Inuit ou toute
autre personne». Je comprends où vous voulez aller, mais je me demande si c'est
vraiment... puis je veux continuer l'échange, là, je me demande vraiment à quel
point ça va être bénéfique dans nos travaux, M. le Président.
Le Président
(M. Tremblay) : Merci, M. le ministre. M. le député.
M. Kelley :
Encore, c'est juste quelque chose qui revient souvent quand on parle avec les
différentes Premières Nations, les Inuits,
les peuples autochtones, c'est le fait que c'est toujours nous qui déterminent
leurs besoins.
Alors, encore, moi,
je pense qu'ici, si on veut vraiment donner l'autonomie aux victimes, aux
familles, de déterminer quel type d'assistance eux autres ont besoin, c'est
écrit mot pour mot dans la loi, c'est eux autres qui vont déterminer ça avec le SAA, pas à la place que
c'est le SAA qui va déterminer ça avec eux autres. Alors, c'est juste un
sens de, quand même, fitter les mots, mais
c'est important, si on veut parler de l'autonomie des Premières Nations et
Inuits.
Le Président (M.
Tremblay) : Merci. D'autres interventions?
M. Lafrenière :
Oui, merci, M. le Président. Puis on le dit toujours, hein, ces travaux-là nous
permettent d'avancer. Et, quand on regarde, puis sans y aller, de se faire
des... mutuellement, là, d'envoyer des changements, je pense qu'on peut
explorer des pistes ensemble.
On regardait la
possibilité de dire «selon leurs besoins». Et, quand on dit «selon leurs
besoins», déjà, ça fait référence à ce qu'ils expriment, à ce qu'eux autres
veulent et non pas ce que nous, comme bien-pensants, on pourrait leur imposer.
En disant «selon leurs besoins», on trouve qu'on se rapprocherait beaucoup de
cette réalité-là.
Puis je reviens
encore avec la partie qui n'est vraiment pas claire pour moi, là, d'énumérer
Premières Nations, Inuits ou toute autre personne. Quand on dit «toute personne»,
ça inclut tout le monde. Je comprends ce que vous voulez faire, mais cette
partie-là, au niveau législatif, on y adhère moins.
Cependant, «selon
leurs besoins», je pense que ça viendrait régler un des enjeux que mon
collègue, là, tente de mettre en lumière, c'est-à-dire de s'assurer que ce
qu'on va donner, c'est ce que les gens ont besoin et non pas ce que nous, nous
avons décidé de leur donner. Ça fait que la suggestion, puis on peut y aller
avec un amendement, là, mais «selon leurs besoins», je pense qu'on se rapproche
beaucoup plus, là, de la réalité, de quelque chose qui est adapté. Puis je
comprends très bien où mon collègue veut aller.
Le Président (M.
Tremblay) : Parfait. M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum :
Merci, M. le Président. J'apprécie que le ministre reçoit ça de façon
constructive, et on est à la recherche d'une solution. (Interruption) Pardon.
Pour moi, il y a au moins deux éléments de
l'amendement proposé par mon collègue... Dans un premier temps, cet aspect d'autonomie
qui a été expliqué. La contrainte dont parle le ministre, elle nous semble
facilement corrigeable. On ajoute tout simplement «et d'autres personnes
référées dans la définition de l'article x». Alors, le problème de
libellé, sur ce plan très technique, est réglable, de notre avis.
Mais, deuxième volet, mon collègue a fait
référence aussi... Sans imputer de mauvaise foi, le libellé actuel, sans
l'amendement, ne fait aucune mention d'une hiérarchie de besoins ou d'une
priorité. C'est-à-dire, en quelque part, je l'exprime de façon un petit peu
cruelle peut-être, mais la victime, ainsi que l'établissement responsable pour
sa souffrance, est traitée de la même façon par le libellé actuel. Comme je
dis, je ne veux pas imputer de mauvaise foi, mais on parle de l'intention du
législateur. Sans l'amendement proposé par le député de Jacques-Cartier, M. le
Président, nous sommes devant une équivalence, si j'ai bien lu les mots. Le
ministre a une obligation égale de venir en aide aux établissements,
congrégations religieuses, hôpital quelconque, même obligation qu'il aurait
envers une famille souffrant depuis quatre décennies ou plus. Alors, il y a ces
deux aspects de l'amendement, tel que proposé, dont on voit une grande
importance.
Le Président (M. Tremblay) : Merci, M.
le député. M. le ministre, vous souhaitiez intervenir.
M. Lafrenière : Oui, merci beaucoup.
Merci pour les commentaires, ça nous permet d'avancer ensemble, puis c'est
justement ce qu'on regardait. Je pense, j'ai déjà parlé de la deuxième partie,
là, pour l'énumération de Premières Nations, Inuits. C'est un élément. Dans
l'autre élément, quand vous parlez des besoins, moi, je pense qu'effectivement
c'est important de dire : C'est selon leurs besoins à eux et non pas ce
qu'on veut.
Pour ce qui est de «prête» ou «doit prêter», là,
on tourne dans de la sémantique un petit peu, mais ce qu'on regardait comme
définition, c'est que, présentement, c'est quand même une obligation parce
qu'on dit «il prête assistance», mais, bien entendu, s'il y a une demande...
puis encore là, comme on ne peut pas présumer de la mauvaise foi de personne,
il pourrait quand même y avoir une demande d'assistance qui ne serait pas
reliée du tout au projet de loi. C'est pour ça que normalement, quand on
l'écrit, on dit «prête assistance». On pourrait mettre une obligation, mais une
obligation dans une demande qui ne serait pas reliée, je ne dis pas qu'elle
n'est pas justifiée mais qui ne serait pas reliée, ça devient une obligation
qui est particulière.
Moi, je mets au jeu le fait que je pense que
«selon leurs besoins» vient vraiment camper le fait qu'on s'adapte à eux et non
pas eux à nous. Puis on peut proposer un amendement, là, mais je pense que,
pour l'instant, on peut continuer cette discussion-là, qui est riche, ensemble,
là.
Le Président (M. Tremblay) : En
fait, M. le ministre, ce qui pourrait être possible, c'est de sous-amender.
M. Kelley : On peut soit
sous-amender ou, quand même, si le ministre veut proposer un amendement, moi,
je peux retirer mon amendement puis on avance avec l'amendement du ministre,
comme le ministre voulait, là. Je ne sais pas lequel est le plus facile pour
vous autres.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. On va suspendre quelques minutes. On règle ça.
(Suspension de la séance à 10 h 39)
(Reprise à 10 h 54)
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait, merci. Alors, on revient avec le député de Jacques-Cartier. Si j'ai
bien compris, vous allez retirer l'amendement présenté.
M. Kelley : Oui, c'est
bien ça, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay) : Il
me faut le consentement.
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. Alors, M. le ministre, vous avez présenté un amendement. Je vous invite
à le lire.
M. Lafrenière : Absolument, M.
le Président. Il va apparaître à l'écran d'un instant à l'autre. Alors :
Insérer, dans le premier alinéa de l'article 4, après «qui le requiert»,
«, selon les besoins de cette personne,».
Alors, c'est pour répondre à la demande exprimée
par mon collègue de Jacques-Cartier qui voulait vraiment s'assurer que l'aide,
ce qui va être offert aux personnes qui font ces demandes-là, ça répond vraiment
à leurs besoins et non pas à notre bonne pensée, notre bonne volonté. Alors,
c'est pour ça qu'on l'a campé de cette façon-là, en disant «selon les besoins
de cette personne».
Et, pour les mêmes motifs
qu'on a discutés un petit peu plus tôt, la partie «Premières Nations et
Inuits», on l'a retirée pour laisser «à toute personne», étant donné que, dans
notre projet de loi, on définit la famille de façon beaucoup plus éclatée.
Alors, on y va avec «selon les besoins de cette personne» et non pas les
besoins de nous, comme gouvernement.
Le
Président (M. Tremblay) :
Parfait. Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a des interventions sur
l'amendement? Oui, M. le député.
M. Kelley : Merci, M. le
Président. Je pense que l'ajout de «selon les besoins de cette personne», c'est
un pas dans la bonne direction, parce que c'est une précision, et je comprends
que chaque demande qui va être faite, c'est juste une personne pour une demande
concernant un enfant.
Mais encore, je reviens sur les points de mon collègue
de D'Arcy-McGee, l'important, c'est de, quand même, dans la loi, mettre une
distinction entre les victimes, les Premières Nations et les Inuits, envers les
autres personnes qui peuvent, selon l'article, demander de l'assistance au Secrétariat
aux affaires autochtones, mais je comprends que le ministre a certaines
réservations concernant la définition de la famille. Je pense que, quand même,
on peut être capables d'ajouter des mots pour s'assurer que cette définition-là
est bien respectée, mais encore, comme j'ai dit, j'ai mis quelque chose sur la
table. Le ministre a répondu avec une certaine partie qui répond, je pense,
comme j'ai dit, où les besoins, c'est les personnes à déterminer ça.
Mais je vais juste laisser ça comme ça. Puis je ne
sais pas si un de mes autres collègues a quelque chose à dire là-dessus.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui, merci beaucoup.
Merci, M. le Président. Puis c'est bien de se rappeler aussi, parce qu'on est
dans le début de l'article, puis ce qui nous complexifie la vie un petit peu,
c'est que l'article 1 et 2, on les a mis sur la glace pour continuer d'avancer.
Cependant, il y a vraiment la base, les assises de notre projet de loi sont là.
Ça fait que ça, j'en conviens.
J'aimerais rappeler, cependant, qu'à
l'article 3, suite aux commentaires de notre collègue de René-Lévesque, on
a amené des modifications pour être sûrs qu'on répondait aux besoins des
familles selon la langue, selon la culture. Alors, je pense que, dans
l'article 3... parce que, vous savez, un projet de loi, il faut le lire
dans son ensemble. En pièces détachées, des fois, comme dirait ma fille, ça ne
fait pas de sens, ça n'a pas rapport, mais, quand on le regarde dans son
ensemble avec l'article 3, on fait vraiment la notion, là, de
particularités linguistiques et culturelles, puis je crois que ça répond aux
besoins exprimés par mon collègue de Jacques-Cartier.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le ministre. D'autres interventions sur l'amendement? M. le député de
René-Lévesque.
M. Ouellet : Je ne suis pas un
spécialiste de la langue, là, mais je la relis, puis je comprends l'intention,
et je veux juste être certain, là : «Le
ministre responsable des affaires autochtones prête assistance à toute
personne, selon les besoins de cette personne, qui le requiert pour la
formulation d'une demande...» Il y a beaucoup de «personne», là.
M. Lafrenière : Si je peux me
permettre, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay) : Oui, M.
le ministre.
M. Lafrenière : Parce que vous
faites bien de le relire. Des fois, quand on le relit dans son ensemble... Bien
là, je vais y aller, parce que c'est après «qui le requiert». Donc,
c'est : «Le ministre responsable des affaires autochtones prête assistance
à toute personne qui le requiert, selon les besoins de cette personne, pour la
formulation d'une demande visant la communication de renseignements personnels
détenus par un établissement, par un organisme ou par une congrégation
religieuse et qui concernent une personne qui pourrait être...»
Vous avez raison, il y a beaucoup de «personne»,
mais c'est vraiment dans un beau texte de loi. Mais c'est après «qui le
requiert», sinon... parce qu'on l'a essayé tout à l'heure, si on le mettait
avant, ça ne tenait plus debout, mais plus du tout, du tout. Là, on le met
après «qui le requiert».
Et c'est pour ça qu'on dit «selon les besoins de
cette personne». Ce qu'on veut envoyer comme message... parce que, oui, au micro, des fois, on prend une position puis on envoie
un message très clair, mais le texte de loi va rester là pendant
plusieurs années. Donc, ça vient, si vous voulez, menotter, là, les personnes
qui seront là après moi pour dire :
Regardez, il faut qu'on réponde aux besoins de la personne et non pas aux
besoins que nous, on considère importants.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le ministre. Ça vous convient, M. le député?
M. Ouellet : Oui.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. D'autres interventions?
• (11 heures) •
M.
Kelley : Oui, M. le Président. Et encore, je suis... Puis je
veux juste revenir, et je sais qu'un projet de loi suit un autre, ça dit un
petit peu une histoire, mais, quand même, si on regarde l'article 3, on
commence... Et je sais, on est sur l'article 4, M. le Président. C'est
juste parce que je veux répondre à qu'est-ce que le ministre a dit, mais, quand
même, on parle un petit peu, dans l'article 3 : Le ministre
responsable des affaires autochtones informe les familles autochtones...
informe régulièrement — ça,
c'est l'amendement qu'on a fait puis on a adopté — les familles
autochtones en tenant compte notamment des particularités linguistiques et
culturelles.
Mais, dans
l'article 4, on revient sur l'assistance, d'informer quelqu'un n'est pas
nécessairement une assistance. Ça, c'est une façon d'exprimer tout ce qui est
disponible. Et encore, ça, c'est pourquoi je reviens sur le fait que j'ai
ajouté des Premières Nations et Inuits, parce qu'on «shifte» vers l'assistance.
Et corrigez-moi, M.
le ministre, si je ne suis pas dans la bonne direction ici, mais je pense qu'à
l'article 3 on est vraiment fixés sur l'information qu'on rend aux
familles en place.
Et ici on commence de
parler directement de l'assistance. Mais, si ce n'est pas moi que je comprends
ça bien... peut-être que c'est moi qui est juste mêlé, mais, quand je regarde 3
à 4, on commence à parler de quelque chose d'un petit peu différent. Et, je
suis bien d'accord avec le ministre, on a fait des bons changements, dans
l'article 3, grâce à des interventions du député de René-Lévesque. Mais,
quand même, je pense que c'est important de, partout dans le projet de loi,
continuer d'ajouter des éléments qui font une différence puis, comme on a jasé,
mettre l'autonomie dans les mains des personnes qui font les demandes.
Mais, quand même, je
comprends que, dans ces mots-là qu'on ajoute dans l'amendement du ministre,
«cette personne», ça ajoute une bonne précision, mais encore, ça peut être
quelqu'un... Tout le monde est sur le même terrain ici, dans le projet de loi,
les Premières Nations puis aussi des personnes qui sont parties d'une
congrégation religieuse. Alors, ça, c'est
encore... je vais juste répéter où j'ai une certaine préoccupation, mais c'est
tout. Et peut-être, comme j'ai dit, le ministre peut démêler le 3, le 4,
pour moi, si, en 3, on parle d'assistance et en 4 aussi.
Le Président
(M. Tremblay) : Parfait. Merci, M. le député. D'autres
interventions?
M. Lafrenière :
Oui, s'il vous plaît. Merci.
Le Président
(M. Tremblay) : M. le ministre.
M. Lafrenière :
Effectivement, vous avez raison de dire que 3 n'est pas... puis là, pour les
gens qui nous suivent à la maison, ça va être l'enfer de suivre ce qu'on dit
là, là, mais 3 n'est pas relié directement à 4. Cependant, 3 donne la couleur à
4 et les suivants.
Ce que je veux dire,
les articles 1, 2, 3, bien qu'ils ne soient pas complètement reliés,
mettent vraiment la table sur l'intention du
législateur. Alors, quand on dit, à 3, on veut que ça soit culturellement
adapté, linguistiquement adapté, vous avez raison, c'est pour la
transmission d'informations. Mais là on vient mettre la table sur ce que le
législateur envoie comme message. C'est ça qu'on veut.
Et, dans 4, quand on
dit... puis je comprends très bien, hein, plus vous l'expliquez, cher collègue,
plus je comprends, là, votre inconfort de dire : On ne devrait pas mettre
sur le même niveau une congrégation religieuse qui demande assistance, dans l'application de la loi, qu'une famille qui a
besoin d'aide. Et ça, je vous rejoins. Cependant, si on recule, puis je
n'aime pas ça faire ça, là, mais, si on recule dans les articles 1, 2 et
3, je pense, comme législateurs, on vient clairement identifier de quelle façon
on veut aider les familles.
Et, pour moi, le plus
bel exemple à ça, c'est la définition de «famille». On vient de redéfinir
«famille», et ça va s'appliquer seulement dans ce projet de loi, parce que
notre définition de «famille» est complètement éclatée. C'est «toute personne
significative». On veut vraiment s'assurer de ne pas... excusez l'expression,
mais de ne pas échapper personne, qu'il n'y ait pas une personne qui se
présente pour faire une demande d'accès puis qu'on dise : Écoutez, vous
êtes le deuxième cousin, ça ne passe pas. On est vraiment allés avec une définition
le plus large possible. Et c'est pour ça, quand on dit, «selon les besoins de
cette personne», c'est vrai qu'on ne vient pas avec «Premières Nations et
Inuit», mais, je pense, c'est volontaire, à ce moment-ci, étant donné qu'on
veut garder la définition le plus large possible. Mais c'est clair que, pour
les familles, il y a un traitement qui est différencié.
Et rappelez-vous
qu'on met en place pendant deux ans, avec un budget de 2 millions, une
direction de soutien aux familles. Et rappelez-vous ce qu'on a eu comme
échange, tout à l'heure, avec la collègue de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
on veut soutenir financièrement une organisation qui représente les familles
pour leur donner de l'autonomie. Alors, vous
avez raison que, si on le regarde tout seul, ça peut être boiteux, mais, quand
on le regarde dans son ensemble, je
pense qu'on envoie un message très, très clair qu'on va traiter les familles,
excusez l'expression, aux petits oignons, dans la ouate. On veut les
supporter là-dedans, parce que, oui, ils ont besoin d'information, mais, plus
que tout, ils ont besoin de regagner confiance dans le système, dans le
gouvernement.
Puis moi, c'est pour
ça que j'appelle ça le projet J'ai espoir aussi, là. J'ai espoir de ramener ces
gens-là à nous faire confiance, puis on va tout faire, tout mettre en place,
avec la Direction du soutien aux familles, avec le financement qu'on va donner
à un organisme. On veut vraiment épauler les familles à ce moment-là. Il faut
le regarder dans son ensemble, puis je comprends bien ce que mon collègue veut
souligner aujourd'hui.
Le Président (M. Tremblay) : Merci, M. le ministre. D'autres interventions sur
l'amendement? M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum :
Merci, M. le Président. Je veux juste persister un petit peu sur cette
équivalence qui me trouble beaucoup et aucunement exprimée par les intentions
du ministre. La formulation même, tel qu'amendée, je comprends que c'est une
réponse aux préoccupations exprimées par le député de Jacques-Cartier en ce qui
a trait à l'autonomie et la spécificité des
demandes des familles, des Premières Nations et des familles telles que
définies par la loi.
Mais la chose, le deuxième élément qui continue
à nous troubler, c'est que, si on lit comme il faut, l'obligation imposée sur
le ministre par cet article est égale envers un directeur d'un département dans
un hôpital concerné, un prêtre ou un
gestionnaire dans une congrégation religieuse. L'obligation que le ministre
prête assistance... Si je lisais le libellé même, tel qu'amendé,
l'obligation est pareille, du ministre, de... les établissements, qui auraient
été les gens qui ont causé cette souffrance, c'est égal à l'aide exigée au
ministre pour les familles.
Je me permets la question : Pourquoi on ne
peut pas trouver une formulation qui démontre clairement que l'aide offerte est
offerte uniquement aux familles mêmes? Il me semble que c'est une obligation
légale existante, récurrente du ministre de travailler avec les établissements,
quelques-uns de l'État, les hôpitaux, et même avec des instances religieuses.
Ça va de soi. L'objectif de cet article, c'est d'aider les familles.
En tout cas, on a été... on essaie de pallier de
ce problème-là avec notre libellé qui instaurerait une espèce de hiérarchie que
l'aide prêtée par le ministre était surtout exigée pour les familles en
détresse. Et, bon, il y avait des autres
catégories. Là, sans notre amendement et même avec l'amendement proposé par le ministre,
je soumets qu'il y a toujours
une équivalence très troublante. Son obligation est égale, selon ces mots-là, envers les
établissements qu'envers les familles souffrantes.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le député. M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui. Merci, M.
le Président. Merci au collègue pour ses commentaires, puis, je pense, je vais
revenir avec l'article 4. Le premier paragraphe est clairement, uniquement
pour les familles. Quand on le lit, c'est clair. On va le relire ensemble une
première fois, si vous me permettez, M. le Président, puis je pense qu'on va
tous partir de la même page.
«Le ministre responsable des Affaires
autochtones prête assistance à toute personne qui le requiert — et, dans notre amendement, on propose
"selon les besoins de cette personne" — pour
la formulation d'une demande visant la communication de renseignements personnels détenus par un établissement, par un organisme ou par une congrégation religieuse et qui
concernent une personne qui pourrait être un enfant autochtone disparu ou
décédé, ainsi que pour le suivi de cette demande, notamment
en prévoyant une rencontre si la personne qui formule la demande le juge nécessaire.»
Le premier paragraphe, la raison pour laquelle
on retrouve «congrégation religieuse», c'est qu'on dit que les renseignements
sont détenus par une congrégation religieuse. Donc, vous êtes M., Mme X. Avec
une nouvelle définition de famille qui est
très large, vous faites une demande. Moi, comme ministre, je dois vous donner
assistance selon les besoins que vous identifiez.
Au paragraphe deux, on vient dire
que lorsqu'il prête assistance à une personne en application du premier
alinéa — donc,
lorsqu'on aide la famille — le
ministre peut aussi prêter assistance à toute personne de l'accès aux
documents. Et c'est là qu'on donne un accès, oui, aux ministères, aux
congrégations, mais on leur donne accès pour donner de l'information aux
familles.
Alors, je comprends ce que vous voulez dire, que
c'est dans le même article, mais, au final, je ne pense pas que ça soit vu
négativement par les familles, qu'on aide un organisme à leur donner
l'information. Ce qu'on vient faire là-dedans, quand on dit «porte assistance»,
là, c'est de dire, exemple, à un ministère, une congrégation : Voici vos
obligations, voici comment vous pouvez le faire.
Ou une autre information... parce qu'on
regardait des cas types. Il y a une demande d'accès à l'information qui est
formulée à un ministère. Eux pourraient nous contacter en disant :
Écoutez, le nom qui nous a été dit, là, on ne le trouve pas; êtes-vous
capables, avec la famille, de regarder est-ce qu'il n'y aurait pas une erreur
dans la façon dont le nom a été épelé ou quoi que ce soit? Et ça, c'est arrivé
à plusieurs reprises. On a rencontré des gens, dans des ministères, qui
disaient : Écoutez, ce n'est pas par manque de volonté, souvent, la façon
que ça a été retranscrit, il y a eu des erreurs dans le nom.
Alors, ça, quand on dit «porter assistance»,
c'est aussi aider, mais vous comprenez, c'est d'aider les gens, d'aider les
organismes, les congrégations à aider les familles. Alors, moi, je suis vraiment
à l'aise de dire... Dans cet article, on vient dire deux choses : on porte
assistance aux familles, selon leurs besoins, selon ce qu'ils nous expriment et
non pas ce qu'on voudrait leur donner, et, en deuxième alinéa, on supporte les
organismes pour qu'ils donnent la bonne information aux familles. Moi, je pense,
dans les deux cas, c'est vrai, quand on lit phrase par phrase, on peut se poser des questions. Mais, quand on regarde l'ensemble,
quand on regarde l'essence de cet article-là, ce qu'on vient dire,
c'est : Oui, on aide les familles et on va le faire aussi en aidant les
organismes pour qu'ils donnent l'information aux familles.
Alors, en tout respect, je pense qu'on est à la même
place. Puis j'ai le même enjeu que vous, hein? Les familles sont au coeur de
notre projet de loi. Tout à l'heure, on aura la possibilité d'échanger aussi
sur ma vision de comment mettre les familles au coeur de nos applications,
hein, comment les familles soient au courant de ce qui se passe. Mais j'ai la même
volonté que vous puis je pense qu'en le relisant, avec l'ajout, avec ce que
vous avez amené comme commentaire, je pense qu'on est vraiment au bon endroit.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le ministre. M. le député de Jacques-Cartier... M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum :
Juste une petite précision. Alors, ça me rassure, en quelque part, le ministre
insiste et nous assure que l'objectif
unique de ce paragraphe-là, c'est pour porter de l'aide aux enfants. Même dans
l'optique où on porte l'aide aux établissements, c'est dans l'objectif
de rejoindre les besoins de la famille. C'est ça que prétend le ministre. O.K.
Merci.
• (11 h 10) •
M. Lafrenière : Absolument, M. le
Président. Puis, si je peux me permettre, vous savez, si c'était si simple, on
n'aurait pas besoin de projet de loi. Si la Loi d'accès pouvait répondre aux
besoins des familles, on ne serait pas là aujourd'hui. Alors, comme on s'en va
dans un régime d'exception, on sort de ce qui est habituel. C'est important de,
un, expliquer — j'étais
pour dire «de démocratiser» — un peu cette information-là auprès des
organismes, en expliquant, exemple :
Vous êtes habitués que, normalement, c'est la personne elle-même
qui doit faire une demande ou le parent, dans le cas d'un mineur; là, on
vient de changer la définition. Il faut vraiment leur donner tous les outils.
Puis, comme je vous dis, au final, mon but, moi,
c'est que l'information se rende à la famille. Et, si ça fait en sorte que je
dois aider un organisme x, y, z à mieux comprendre la loi, si je dois aider un
organisme aussi à avoir plus... aider un organisme, pardon, à avoir plus de
détails, le nom, des détails comme ça, bien, oui, on va le faire. Ce qu'on
veut, au final, c'est d'avoir l'information pour les familles.
Alors, je veux rassurer mon collègue, c'est
vraiment, ce qui est exprimé dans cet article-là, à deux niveaux : on aide
la famille directement puis on l'aide indirectement en donnant un bon support à
ces organismes-là pour qu'ils donnent l'information. C'est mon seul but.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le ministre. D'autres interventions sur l'amendement? S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix par appel nominal. Mme la
secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Lafrenière (Vachon)?
M. Lafrenière : Pour.
La Secrétaire : Pour les
membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Lachance
(Bellechasse)?
Mme Lachance : Pour.
La Secrétaire : Pour les
membres de l'opposition officielle, M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley : Pour.
La Secrétaire : M. Ouellet
(René-Lévesque)?
M. Ouellet : Pour.
La Secrétaire : M. Tremblay
(Dubuc)?
Le Président (M. Tremblay) :
Abstention. L'amendement est donc adopté. On va revenir à l'article 4, tel
qu'amendé, évidemment. Alors, est-ce qu'il y a des interventions au retour sur l'article 4?
Oui, M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Oui. Merci beaucoup, M.
le Président. Donc, on avait fait un court intermède pour permettre au député
de Jacques-Cartier de déposer son amendement, qui a été retiré et qui a été
représenté par le ministre, pour lequel on vient de voter son adoption.
J'aimerais revenir sur la discussion initiale que nous avions eue, à savoir
s'il ne serait pas pertinent d'inclure une nécessité de circonstance pour le ministre
de provoquer une assistance auprès de congrégations religieuses ou organismes
qui, selon son évaluation, devraient avoir besoin de son assistance.
Donc, je
disais tout à l'heure au ministre que j'évaluais l'opportunité de déposer, effectivement, un amendement pour permettre, dans la loi en question, de donner
plutôt l'opportunité au ministre ou de son responsable de pouvoir convoquer
explicitement des organisations, justement, pour prêter assistance dans le cas
où les circonstances le nécessiteraient.
Donc, je
pense qu'à travers les différents temps que nous avons eus en préparation d'amendement, le ministre a pu approfondir sa réflexion et consulter ses
légistes et son équipe. Donc, je serais prêt à entendre le fruit de sa
réflexion, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay) : Merci. M.
le ministre.
M. Lafrenière : Merci beaucoup, M.
le Président. Effectivement, l'échange qu'on a eu sur l'amendement nous a
permis de faire nos devoirs, puis je vous remercie beaucoup, parce que ça nous
a permis aussi de se creuser la tête sur ce qu'il y a derrière ce projet de loi.
Parce qu'on se rappelle qu'au final on veut donner l'information aux familles,
je l'ai déjà dit tout à l'heure sur l'amendement.
Et là on se posait la question
avec «qui le requiert». Est-ce que, dans le fond, pour... Prenons un cas d'exemple,
un cas d'espèce. Un organisme, un ministère, une congrégation requiert de l'aide, de
l'assistance, en disant : Écoutez, je n'ai peut-être pas le bon
nom, aidez-nous. Ça peut être de façon très, très, très opérationnelle. Ça
pourrait être aussi, dans l'ensemble de notre projet de loi, de comprendre
quels seront leurs pouvoirs, leurs devoirs, leurs obligations. Et ce qu'on
regarde, en vertu de la loi d'accès à l'information, c'est que chacun des organismes
doit traiter, doit analyser la demande qui lui est présentée. Ça, je n'ai pas
de pouvoir à cette étape-là.
Cependant, M. le Président, si l'organisme X
refuse, puis, vous savez, quand ils refusent une demande d'accès, ils doivent la justifier, selon ce qu'on
va recevoir, on a le pouvoir d'aller en Commission d'accès par la
suite, donc, pour aller revendiquer une position différente. Et on s'est donné
une démarche par étapes, M. le Président, avec un pouvoir d'enquête, par la
suite, de dire : Écoutez, en Commission d'accès, on ne l'a pas eu, nous,
avec le pouvoir d'enquête, on veut avoir le document. Ça, c'est la partie que
j'appelle plus coercitive, où on est vraiment dans la recherche d'informations.
Il y a deux autres étapes importantes, puis on en a parlé tantôt.
Mais je pense qu'on va rajouter un fait important,
M. le Président. En prévention, c'est-à-dire que, dès lors que le projet de loi
serait accepté, il va y avoir une démarche, avec tous les organismes, avec
toutes les congrégations religieuses, pour
leur dire : Voici ce qui va arriver, voici là où nous sommes. Et c'est
pour ça, si vous vous rappelez bien, quand on a parlé du projet de loi,
on s'est dit : Même une fois adopté, on voudrait mettre en place la
Direction du soutien aux familles le 1er septembre pour nous donner l'été,
M. le Président, un, pour faire de l'embauche des gens hyperspécialisés et,
deux, pour nous laisser le temps de rencontrer des différents organismes, les ministères,
les congrégations religieuses pour
dire : Voici, on s'en vient avec notre projet de loi, voici quelles
seront vos obligations, voici ce que vous allez devoir faire pour aider
les familles. Vous pouvez le faire de plusieurs façons — dans
mon ancienne vie, je disais «la façon facile ou la façon plus compliquée» — mais
vous allez devoir le faire parce qu'on doit donner l'information aux familles.
Et à ça, lorsqu'on a fait nos consultations
particulières, les groupes de familles nous ont dit : Écoutez, nous, c'est bien, le projet de loi, mais on veut
être aux premières loges, on ne veut pas être gardés dans la cinquième
rangée d'autobus puis être des témoins de loin de ce qui se passe. Puis ça, M.
le Président, je l'ai bien entendu de ce qui a été mentionné par les familles,
et c'est pour ça qu'on ne le met pas dans un projet de loi, mais je pense que
c'est important de vous partager ma vision là-dessus.
De façon
mensuelle, ce qu'on veut faire, c'est un comité, puis
on ne sait pas le nom, ça peut être un comité de suivi, comité paritaire,
où les familles vont être présentes, dans ce comité, et à chaque mois, sans
tomber dans le nominatif, on ne donnera pas le nom des personnes ou quoi que ce
soit, mais ils verront le nombre de demandes, les réponses qu'on a reçues des organismes, à savoir combien
d'entre elles ont pris 30, 40, 50 jours avant d'avoir une réponse,
quel type de réponses. Donc, ils vont être
témoins, et, pour eux, ça va les aider, justement, à avoir confiance
dans ce système-là.
Parce que ce n'est pas vrai, même si, plus loin
dans les articles, on s'est mis une obligation, annuellement, de faire un
rapport, je ne pense pas qu'une fois par année, avec un rapport, les familles
vont sentir vraiment qu'ils font partie du processus décisionnel. Alors, nous,
comme obligation, on veut se mettre mensuellement un comité de suivi pour qu'il
voie ce qui se passe. Et c'est là qu'on va avoir toute l'information qu'on
appelle l'information orale. Parce que les Premières Nations nous l'ont dit à
plusieurs reprises, le processus de plainte, c'est intéressant, mais ce n'est
pas leur habitude. Eux, ils veulent être capables de le dire, quand il y a quelque
chose qui ne fonctionne pas. Alors, le comité de familles pourrait, lors de ces
rencontres-là, nous dire : Vous savez, quand on fait affaire avec tel ministère,
on a des familles qui nous ont dit que ça passait plus ou moins bien, et là on
sera capable de se réajuster.
Parce que je le dis encore une fois, M. le
Président, notre projet de loi vient corriger... pas corriger, vient donner une
réponse à quelque chose de très répréhensible qui est arrivé dans le passé,
c'est vrai, des événements horribles, mais on va devoir s'ajuster tout le long
de cette loi-là, de l'application. Moi, je pense qu'aujourd'hui on se donne les
bons outils, mais on se laisse toute la latitude pour corriger, pour s'ajuster,
puis ça, on va le faire avec un comité où les familles vont être aux premières
loges.
Alors, pour répondre, ça a été une très longue
réponse pour une question très simple de mon collègue qui disait «qui le
nécessite» au lieu de «qui le requiert». Présentement, avec la Loi
d'accès, je ne pourrais pas me donner ce pouvoir-là de dire : Selon moi,
là, dans votre shop, vous n'avez pas la bonne information, je vais devoir vous
rencontrer. Mais on s'est donné d'autres outils, avec pouvoir d'enquête, la
Commission d'accès aussi, pour aller remettre en question des décisions qu'ils
auront prises.
Le Président (M. Tremblay) : M.
le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Oui. Merci pour
cette explication, M. le ministre, et je comprends que vous avez déjà
identifié, probablement, certains groupes qui mériteraient une attention
particulière de votre ministère quant à l'application ou plutôt les impacts de l'application de cette
nouvelle loi qui devrait être adoptée pendant cette législature. J'entends
bien ça.
Et c'est pour ça que j'adresse aussi, au nom de
ma formation politique, à tout organisme, toute congrégation religieuse... je
les appelle à une grande ouverture. Parce que vous avez édicté tout à l'heure
votre volonté de vouloir les rencontrer, d'expliquer vers où on s'en va,
d'expliquer quels seront les impacts et surtout d'expliquer qu'est-ce que ça va
donner. Et je suis conscient que, dans certains cas, il y aura peut-être des
groupes, des congrégations, des organismes qui seront peut-être plus réfractaires
parce qu'on va déterrer le passé. Mais j'invite ces groupes-là, ces
congrégations-là ou ces organismes-là à tendre la main et d'être ouverts dans
ce grand processus de réconciliation. Ici, on peut adopter des lois, on peut
forcer les choses, mais évidemment, si on veut un succès et une guérison, ça se
fait par la participation de tous.
Donc, j'invite tout le
monde qui suivent ces travaux et qui auront à jouer un rôle fondamental dans la
suite à démontrer ouverture, compassion et ne pas être fermés. Merci, M. le
Président.
• (11 h 20) •
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le député. M. le ministre.
M. Lafrenière : Je vais
répondre brièvement, si vous me permettez. Collègue, je ne peux pas passer sous
l'occasion qui m'est donnée par mon collègue de René-Lévesque de dire :
Regardez, vous voyez de quelle façon on travaille ici, en commission, avec les
oppositions. On travaille tous dans le même but, on travaille pour le bien des
familles. Bien, j'envoie le même message, moi aussi, aux différents groupes, de
travailler avec nous. Au final, on peut donner l'information à la famille.
Mais vous savez, même si on s'est donné des
pouvoirs très solides, là, avec le pouvoir d'enquête, ça, c'est du temps. Alors, si on peut le régler plus
simplement, de façon préventive, en rencontrant les groupes, en donnant la
bonne information, donc en les supportant dans tout ça, bien, c'est ce qu'on
veut, hein, c'est donner l'information aux familles. Alors, vous avez raison de
dire : Si on est capables de le faire ensemble, plutôt qu'un pouvoir
coercitif, on va tous y gagner. Et ici on
est un bel exemple aussi de comment on peut travailler ensemble pour avoir la
meilleure loi, le meilleur projet de loi, le meilleur outil pour aider
les familles qui attendent depuis bien trop longtemps, M. le Président, bien
trop longtemps.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley :
Merci, M. le Président. Juste une question de bien comprendre qu'est-ce que le
ministre a dit, c'est... Alors, le pouvoir d'enquête, est-ce uniquement après que
tout le processus de l'accès à l'information et la Commission d'accès
est terminé? Alors, est-ce que ça, ça va créer un délai pas mal long? Parce
qu'on sait, des fois, avec l'accès à l'information, des demandes, ça prend un
petit peu de temps, quand même, s'il y a des délais inscrits dans la loi. Mais, je veux juste bien comprendre, le pouvoir
d'enquête arrive seulement après tout ça... Alors, une famille cherche
les renseignements, ce n'est pas là, puis on met en place le pouvoir d'enquête?
Le Président (M. Tremblay) : M. le
ministre
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Puis mon collègue fait bien de le rappeler, hein, encore une fois,
je le dis, si la Loi d'accès était la solution, on n'en serait pas là aujourd'hui.
On n'aurait pas besoin de ce projet de loi, M. le Président, les familles
auraient déjà eu leurs réponses.
Ceci étant dit, il y a plusieurs étapes à notre projet
de loi. C'est pour ça qu'il faut le regarder dans son ensemble et c'est pour ça
que c'est si important, le deuxième paragraphe. Puis je comprends le débat que
ça a soulevé tout à l'heure, mais de porter
assistance aux organismes en leur expliquant quelles sont leurs obligations,
moi, je l'espère, M. le Président, puis vous le savez, je suis un éternel
optimiste, je l'espère que ça va nous aider, que les organismes, les groupes, les ministères vont comprendre leurs
obligations, vont y répondre plus rapidement.
Au final, c'est ce qu'on veut.
Si je n'ai pas besoin... si, dans un an, si, le
31 mars 2022, parce que c'est la date du premier rapport, je viens
vous dire qu'on n'a pas eu besoin du pouvoir d'enquête, M. le Président, je
vais être un homme très heureux. Ça voudra dire les familles auront eu
l'information, ça va être plus rapide, et on n'aura pas eu besoin de ce
pouvoir-là. Cependant, il ne faut pas prendre de chance, il faut se donner
l'ensemble de la boîte à outils. Mais c'est peut-être l'outil qu'on va utiliser
le moins souvent. Pourquoi? Parce que ça voudrait dire que les familles ont eu
réponse à leurs questions plus rapidement.
Dans les délais... mon collègue de
Jacques-Cartier parle des délais en matière de loi d'accès à l'information.
C'est des délais qui existent, et il a raison. Nous, on se donne une approche
qui est étapiste, où, justement, on sait que les organismes qui reçoivent une
demande d'accès ont un délai pour nous remettre une réponse. Si la réponse ne
convient pas, on peut aller en appel avec la Commission d'accès, c'est vrai,
et, si ça ne fonctionne pas, on peut aller avec le pouvoir d'enquête, c'est
vrai. Mais tout ça peut se faire ensemble.
Et, quand on disait... l'approche que je vais
avoir avec les différents groupes ou congrégations, avant même le 1er septembre, M. le Président, mon
engagement est déjà de rencontrer les différents groupes, les différents
organismes, les différentes congrégations, pour leur dire : On s'en vient.
Il y aura deux façons. Il y aura la façon où on va épuiser toutes les
ressources légales ou il y a la façon collaborative, comme mon collègue de
René-Lévesque vient de l'exprimer, où on a tous avantage de travailler
ensemble.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. Merci, M. le ministre. M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Oui. J'imagine
que le ministre a les délais devant lui, mais c'est juste, aussi... parce que,
quand on regarde la Loi sur l'accès aux documents, chapitre A-2.1,
article 42 : «La demande d'accès à un document doit, pour être
recevable, être suffisamment précise pour permettre de le trouver.
«Lorsque la demande n'est pas suffisamment
précise ou lorsqu'une personne le requiert, le responsable doit prêter assistance
pour identifier le document susceptible de contenir les renseignements [des
recherches].»
Alors, c'est juste une question... parce qu'on
sait beaucoup la preuve qui va être mise sur la table, et, raconté par une
histoire, c'est les ouï-dire. On sait que c'est possible qu'il n'y ait aucune documentation
qui existe. C'est une famille qui dit : Ça, c'est qu'est-ce que nous avons
vécu.
Alors, je veux juste
comprendre comment l'article 4, ici, va marcher, avec les lois sur l'accès
aux documents, et c'est quoi, un petit peu, les critères que... On sait,
l'accès aux documents, à l'information va dire : Écoute, là, selon nos
lois, ça, ça ne marche pas. Alors, je sais qu'il y a d'autres articles, plus
tard dans le projet de loi, et peut-être le ministre peut «flaguer» ça, on
travaille article par article, présentement. Mais c'est juste, je pense, une question
très importante, parce qu'on parle ici de toute l'assistance, puis les demandes, puis un petit peu les critères qui vont exister.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui. Merci beaucoup,
M. le Président. À l'article 4, lorsqu'on regarde la dernière phrase du
dernier paragraphe : «Le ministre et le responsable de l'accès aux
documents ou de la protection des renseignements personnels d'un établissement
ou d'un organisme ou la personne faisant partie d'une congrégation religieuse
peuvent également se communiquer tout
renseignement personnel nécessaire au traitement de la demande», ça, c'est là,
mon cher collègue, que... Pardon, M.
le Président. C'est avec cette phrase-là qu'on vient s'assurer qu'on ne jouera
pas au ping-pong avec les familles.
Puis je veux
m'expliquer, là. Parce que, vous avez raison, quand on fait une demande d'accès
à l'information, il y a un 30 jours pour le traitement. Ils
pourraient nous revenir en disant : Il nous manque une information, puis
là on repartirait avec des délais puis des écritures. Ce qu'on veut s'assurer,
quand je parlais de la Direction de soutien aux familles, c'est d'être en lien
avec ces organismes, avec les personnes responsables. Puis, quand on dit de les
supporter et de les aider là-dedans, c'est justement d'aller corriger de
l'information. Vous n'avez pas le bon nom, on va vous donner l'information. Ce
qu'on veut, c'est réduire les délais au minimum, M. le Président, puis c'est
pour ça qu'on va travailler avec eux et c'est pour ça que les familles ne
travailleront pas seules.
Puis ça, pour que les gens comprennent bien, on
ne dit pas aux familles : Allez sur le site Web, allez remplir une
demande, et bonne chance. C'est la dernière chose qu'on veut faire. Le mandat
est très clair, à la Direction de soutien aux familles, c'est de recevoir les familles
qui auront été guidées auparavant par Awacak, par des groupes de soutien aux
familles, de les recevoir, de remplir les demandes avec elles et de faire le
suivi auprès des organismes. Parce que, c'est vrai, si on y va dans la façon
habituelle, je reviens encore à ce qu'on s'est dit plus tôt, on n'aura pas
besoin du projet de loi. On fait une demande d'accès à l'information et on
verra. On veut être en lien constant avec ces organismes-là pour être capables
d'aller trouver la bonne information, de corriger.
Et mon collègue a amené un bon point, tout à
l'heure : Est-ce qu'il y a des cas où l'information ne sera pas
disponible? Puis, M. le Président, autant que ça m'arrache le coeur aujourd'hui
de vous le dire, c'est une possibilité. Cependant, l'autre chose qu'on s'est
fait raconter dans nos consultations particulières, c'est qu'il y a des
familles qui ont été invitées dans un hôpital, qui se sont fait remettre un rapport
médical dans une salle, ils ne parlaient pas le français, ils ne comprenaient absolument
rien, puis ils ont eu entre les mains un document qu'ils ne comprenaient pas,
puis il n'y avait personne pour les supporter. Puis ça, M. le Président, en
2021, on ne peut plus faire ça. Il faut travailler ensemble, il faut les
supporter là-dedans.
C'est pour ça qu'on a une direction de soutien
aux familles. C'est pour ça qu'on veut, monétairement, aider les groupes de
soutien aux familles pour qu'ils puissent les encadrer et les supporter là-dedans.
Parce qu'il existe de l'information. Mais, encore là, je vous mets au défi, M. le Président, si je vous
remets un rapport médical des années 60, 70, je vous mets au défi de comprendre, premièrement, ce
qui est écrit, là. Moi, j'ai beau parler le français, je ne comprenais
absolument rien de ce qui est écrit là-dessus. Il faut les supporter là-dedans,
et c'est pour ça qu'à l'article 3, grâce aux commentaires d'un collègue,
on l'a corrigé, avec la partie linguistique. On veut s'assurer de bien
soutenir, de bien supporter les familles.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Oui, M. le
Président. Alors, selon, peut-être, la jurisprudence ou comment... l'intention
de la Loi sur l'accès aux documents, est-ce que les histoires orales, qu'on
sait est très important, dans les Premières Nations et Inuit, pour eux autres,
ça, c'est comment leurs traditions sont passées de génération en génération...
est-ce que ça, c'est considéré par l'État comme une précision suffisamment pour
une demande?
Alors, la question, c'est juste... C'est sûr
qu'on veut avoir l'histoire orale des situations, et je veux juste assurer que,
quand on arrive, à ce moment-là, que la loi sur l'accès à l'information et des
documents, on va dire : Oui, l'histoire orale de cette famille-là est
suffisante pour faire la démarche d'essayer de trouver plus d'information. Ou est-ce que, présentement, ça prend une preuve,
au début, écrite, d'une institution, de quelqu'un qui a un témoignage de
la situation à l'extérieur? C'est juste encore de comprendre... pas juste de
comprendre, ça serait que l'histoire orale des peuples autochtones va être
incluse dans tout le processus de demande aux documents et informations de
l'État.
Le Président (M. Tremblay) : M.
le ministre.
• (11 h 30) •
M. Lafrenière :
Merci beaucoup, M. le Président. Puis je veux être bien, bien sûr de bien
comprendre le collègue, mais je vais
me lancer dans une réponse, puis vous me corrigerez, collègue, là, si jamais je
ne suis pas au bon endroit.
Vous savez, il y a plusieurs familles qui n'ont
jamais reçu de constat de décès, qui n'ont jamais eu de confirmation de décès de leur enfant. Alors, imaginez, aujourd'hui, si
on demandait à cette même famille : Prouvez-nous le décès de votre enfant
pour qu'on vous aide à savoir s'il est vraiment mort. Ça serait incroyable,
cher collègue, vous avez entièrement raison. Alors, la preuve écrite
n'est pas demandée, n'est pas exigée.
Parce
que, vous comprenez, là, on va dans des cas vraiment particuliers, là, où des
familles n'ont jamais eu confirmation du décès de leur enfant. Alors, je ne
pourrais pas, aujourd'hui, vous dire : Il faut qu'ils me fassent une
preuve écrite qu'il est décédé pour qu'on puisse leur dire s'il est décédé ou
pas.
Le point est très,
très bon, de mon collègue. Je veux vous rassurer, M. le Président, à partir du
moment qu'une personne nous dit, qui fait
partie de la famille élargie, qu'il y a eu un décès, qu'il n'y a pas eu de
confirmation, ils n'ont jamais retrouvé l'enfant, nous, c'est assez pour
commencer une piste pour aller trouver cette information-là, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay) : Parfait. D'autres
interventions sur l'article 4?
M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum :
Merci, M. le Président. J'aimerais avoir deux précisions sur le libellé, une
dans le premier paragraphe, une dans le deuxième, pour assurer que nous aurions
bien saisi les intentions du législateur, il n'y a aucune disconcordance entre
les mots et les intentions du ministre.
Dans un premier
temps, dans le premier paragraphe, à la fin, on commence à qualifier, en quelque
part, la nature de l'assistance que va
prêter le ministre. Et je mentionne ça parce qu'il y avait, bon,
Linda See puis l'Assemblée des premières nations du Québec et du
Labrador qui auraient aimé qu'on précise plus. Si on n'est pas pour préciser
plus, je veux m'assurer qu'il n'y a pas un danger avec la seule précision que
je vois actuellement.
Et je réfère aux mots
à la fin du paragraphe, où, comme je dis, on parle de l'obligation du ministre
de prêter l'assistance à toute personne, etc. On note à la fin :
«...notamment en prévoyant une rencontre si la personne qui formule la demande
le juge nécessaire.» Et c'est là où je veux comprendre vraiment les intentions
du législateur, parce que, des fois, en ajoutant un «notamment», ça rend une
liste... ça suggère une certaine exclusivité au lieu d'une grande ouverture.
Alors, l'effet peut être limitatif.
Alors, est-ce que je
peux comprendre l'intention du législateur d'identifier un seul moyen, une
seule voie par laquelle le ministre offre son assistance, aux dépens de toutes
les autres possibilités d'aide?
Le Président (M.
Tremblay) : M. le ministre.
M.
Lafrenière : Merci beaucoup, M. le Président, puis je vais me
permettre aussi d'ajouter une petite information qu'on n'a pas eu la chance de
discuter depuis le début de nos échanges sur l'article 4. Et, tantôt,
c'est le collègue de Jacques-Cartier, lorsqu'il demandait la preuve demandée
avant de commencer une enquête... je veux juste mettre quelque chose au clair, M.
le Président. Si une famille fait la demande et nous dit qu'elle a... nous
démontre qu'elle a déjà fait la demande en matière de loi d'accès à
l'information, puis il y a eu un refus, pour nous, on ne refera pas la demande.
On ne recommencera pas en disant : Vous savez, c'est une nouvelle loi, on
va recommencer l'étape 1 et... Ce n'est pas ça, on va prendre les gens où
ils sont rendus. Alors, une famille qui nous démontre qu'ils ont fait une
demande de loi d'accès à l'information, ça n'a pas donné de bons résultats, on
va partir de là puis on va cheminer avec eux.
Là, ce que vous me
demandez, cher collègue, c'est de savoir... ce que le collègue me demande,
c'est... On dit notamment que le ministre peut rencontrer la personne, si c'est
nécessaire. On vient rajouter une offre de plus. Ce n'est pas parce qu'on veut
limiter, parce que, vous savez, on crée la direction de soutien aux familles,
ces gens-là vont avoir comme travail à temps plein de soutenir les familles
dans leurs différentes étapes, d'être en échange avec eux. Comme si ce n'était
pas assez, on rajoute aussi le lien avec un organisme de soutien aux familles,
qu'ils puissent le faire dans leur langue,
toutes les particularités qu'on a parlé à l'article 3. Alors,
l'article 4 vient dire que, notamment, on peut les rencontrer.
Parce que certaines
familles pourraient dire : Écoutez, moi, là, par téléphone, par Teams, par
Zoom, ou peu importe, ça ne me convient pas. On veut avoir une rencontre, on
veut vous parler, on veut entendre les choses directement, on se rajoute une
obligation de plus. Alors, M. le Président, je veux rassurer le collègue, ce
n'est pas pour limiter, au contraire, c'est pour en ajouter une couche.
Le Président (M.
Tremblay) : Parfait. Merci, M. le ministre. D'autres interventions?
Oui, M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum :
Bon, merci, M. le Président. Deuxième question. Dans le deuxième paragraphe,
une autre fois, la dernière phrase se lit
comme tel : «Le ministre et le responsable de l'accès aux documents ou de
la protection des renseignements personnels d'un établissement ou d'un
organisme ou la personne faisant partie d'une congrégation religieuse peuvent également se communiquer tout renseignement
personnel nécessaire au traitement de la demande.»
Une autre fois, là,
j'ai deux questions sur les mots. On parle d'une... bon, d'une offre
facultative. Le ministre ou le responsable peuvent également... n'ont pas
l'obligation. Alors, je me demande pourquoi ce n'est pas un mot déclaratif,
surtout comme on parle des renseignements personnels nécessaires au traitement
de la demande.
Alors, je me permets
la question : Quand est-ce que ça devrait être facultatif? Pourquoi le
ministre ou la personne responsable ne se trouvent pas devant une obligation de
partager ces renseignements dits nécessaires? Sous-question, à part de la
question facultatif versus déclaratif : Qui juge si les renseignements
sont nécessaires?
Le Président (M.
Tremblay) : M. le ministre.
M. Lafrenière :
Oui, merci beaucoup, M. le Président. Ce qu'on vient ajouter à
l'article 4, la dernière ligne... Tantôt, je l'ai mentionné comme un
exemple, mais c'est un exemple qui est concret. On se retrouve avec une
congrégation religieuse, un ministère qui reçoit une demande d'accès à
l'information. Elle le reçoit, elle vérifie dans ses documents et ne le trouve
pas, ne trouve pas le dossier du tout, puis elle se dit : D'après moi, il
y a eu une erreur dans la façon que le nom a été écrit, est-ce que c'est
possible?
Et c'est pour ça qu'on se donne le pouvoir, on
se donne la possibilité, dans cet article, de faire un échange d'information
entre le ministre et l'organisme pour dire : Attendez un instant, je viens
de parler à la famille, voici trois possibilités, je dis n'importe quoi, trois
possibilités de façons d'écrire le nom qui aurait pu être changé dans le passé.
On a vérifié avec le conseil de bande, parce que je vous le dis, on a fait des
approches avec les conseils de bande, avec l'Assemblée des premières nations du
Québec-Labrador, en disant : Vous allez devoir ouvrir vos livres, vous
aussi. Parce qu'on sait qu'avec le temps il y a des noms qui ont été dénaturés,
des noms qui ont été écrits d'une façon différente, et, avec le temps, ça a été
utilisé.
Alors, ce
qu'on vient se donner, c'est cette possibilité d'échanger. Et vous dites :
Pourquoi ce n'est pas obligatoire? Moi, si un organisme reçoit une
demande d'accès à l'information, qu'elle a toute l'information, le retrouve,
c'était le bon libellé, le bon nom, trouve l'information puis le donne à la
famille, je ne suis pas obligé de leur dire : Vous avez l'obligation de me
parler pour me demander l'information que vous avez déjà.
Alors, ce qu'on vient se dire, on vient se
donner de la flexibilité puis, encore là, dans un seul but, c'est de rapidement
trouver l'information aux familles. Ce qu'on ne veut pas, là, pour mon
collègue, je veux le mettre très clair, envoyer une demande d'accès à
l'information à un organisme, puis l'organisme dit : Avec cette
écriture-là, moi, je n'ai aucun nom qui ressemble à ça, on fait un retour dans
les 30 jours, je n'ai pas... Puis là on fait ce que j'appelle du
ping-pong, on va en écrire huit, libellés différents, on va essayer de le trouver.
On veut se donner cette flexibilité-là avec les
organismes, et c'est pour ça qu'on veut leur parler, avant tout ça, en leur disant : Écoutez, la direction du
soutien aux familles, on va être là avec vous, là, on va travailler
ensemble, parce qu'il est fort possible que la façon que le nom est écrit, ça a
changé avec le temps. Même le conseil de bande va nous aider en disant :
Voici les façons différentes que le nom aurait pu être écrit, puis on va
chercher la vérité.
Je reviens encore à la base, c'est complexe. Si
c'était si simple, la loi d'accès aurait réglé ce problème-là depuis longtemps.
Ça fait qu'on veut vraiment les épauler dans un seul but : donner
l'information à la famille qui se demande encore, en 2021, si l'enfant est
mort, vivant, qu'est-ce qui est arrivé.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le ministre. M. le député de D'Arcy-McGee.
M.
Birnbaum : Oui, soupçonnez que j'aurais été satisfait des intentions
du ministre. Je veux juste poursuivre un petit peu pour m'assurer que ses intentions sont traduites par le
libellé exact. En quoi ça empêcherait le bon déroulement, l'exemple que
le ministre vient de me donner, de rendre cette obligation... une obligation
avec un mot déclaratif? Parce que, comme je dis, on parle des instances où il y
aurait des renseignements personnels nécessaires, alors, qu'une obligation
s'imposerait dans un tel cas, comment ça peut inciter un jeu ping-pong, comme
le ministre a dit, au lieu de rendre la chose claire et imputable comme
obligation?
Le Président (M. Tremblay) : M. le
ministre.
M. Lafrenière : Oui, merci, M. le
Président. Il y a déjà une série d'obligations en vertu de la loi d'accès à
l'information. Tantôt, on parlait de l'obligation de répondre dans les
30 jours. Et, sans présumer de la mauvaise foi des organismes, ou des
congrégations religieuses, ou des ministères, c'est pour ça aussi qu'on va
faire ce travail préventif. Et, tantôt, le collègue de René-Lévesque a lancé un
appel vibrant aux différents organismes en disant : Collaborez,
collaborez. C'est un dossier humanitaire, on doit répondre aux parents, aux
proches.
Et, présentement, il y a déjà une obligation, M.
le Président. Les gens qui reçoivent la demande en vertu de la loi d'accès à
l'information ont cette obligation d'y répondre. Ce qu'on s'est donné, c'est
une flexibilité de plus pour ne pas être obligé de s'écrire de l'information,
on peut se l'échanger rapidement. Quand on parle de la façon que le nom aurait
pu être libellé, c'est juste ça qu'on vient faire, M. le Président. La dernière
phrase n'est pas restrictive. Au contraire, on vient ajouter un outil pour que
ça soit plus fluide, plus rapide, pour qu'on aide les familles.
Mais je veux vous rassurer, cher collègue, parce
que le point était extrêmement important, il y a déjà une obligation en vertu
de la loi d'accès à l'information. On vient le bonifier, on en ajoute une
couche.
Le
Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre. D'autres interventions? M. le député de Jacques-Cartier.
• (11 h 40) •
M. Kelley :
Oui, M. le Président. C'est plus juste une question technique. Alors,
j'imagine, quand une famille vient pour faire une demande, est-ce qu'il
y a un formulaire qu'elle doit remplir? Comment le processus, la mécanique va
marcher exactement? Et est-ce que le ministre a une copie de ça qu'il,
peut-être, peut partager avec nous pour juste bien comprendre? Quand un membre
d'une famille arrive, c'est quoi, le processus exactement?
Le Président (M. Tremblay) : M.
le ministre.
M. Lafrenière : Merci beaucoup,
M. le Président. Comme je ne peux pas présumer de l'adoption de cette loi, je
n'ai pas préparé encore de formulaire, et tout. Et honnêtement, la dernière
chose que je veux, c'est que les familles se sentent
comme des personnes qui doivent remplir des formulaires. On l'a déjà dit
clairement, la direction du soutien aux
familles va aller jusqu'à remplir les formulaires pour eux lorsque ça sera
nécessaire. On veut vraiment... excusez l'expression, mais je trouve que
c'est la meilleure expression québécoise, on veut les mettre dans la ouate, on
veut bien les traiter.
Alors, je pense qu'on va prendre peut-être un
petit instant, M. le Président, pour expliquer comment ça va se passer. Ce
qu'on espère, notre souhait, c'est que l'organisation de soutien aux familles,
comme Awacak, qui sont sur le terrain, qui sont crédibles, qui sont reconnues,
puissent rencontrer les familles et leur expliquer comment ça va se passer. Par
la suite, il y aura un lien avec la Direction de soutien aux familles, qui
seront des employés permanents dédiés à
temps plein à soutenir les familles dans leurs démarches, leur expliquer ce qui
se passe et de voir leurs dossiers.
Parce que, M. le Président, il y a certaines
familles qui ont déjà fait beaucoup de démarches. Il y en a qui ont déjà fait
des démarches d'accès à l'information, il y en a qui sont déjà rendues devant
la Commission d'accès à l'information. Alors, on va prendre, puis ça, je pense,
pour le collègue de Jacques-Cartier, c'est important, on va prendre les
familles là où elles sont présentement. Il n'y aura pas l'obligation de
recommencer un processus en disant : Vous savez, là, on doit recommencer à
la base, là. Ça fait deux ans que vous êtes en processus, on va vous demander de recommencer ce que vous avez déjà
fait, ça ne compte pas. Ça, ce n'est pas ce qu'on veut, M. le Président,
mais pas du tout. Donc, on va recevoir les familles. S'il y a un besoin de
remplir des documents d'accès à l'information, on va le faire avec eux. Dans
certains cas, on va même le faire pour eux.
Et je reviens à la dernière phrase de ce
paragraphe, lorsqu'on dit «les renseignements nécessaires», il faut comprendre
qu'il y a la protection des renseignements privés, puis ça, l'information est
pour mes deux collègues. On doit être très prudents, c'est pour ça qu'on a
rajouté «nécessaire», parce qu'on ne veut pas qu'il y ait de l'information
privée confidentielle qui circule, si ce n'est pas nécessaire. Alors, on se
donne ce pouvoir-là en le restreignant, en disant que c'est nécessaire pour
faire avancer le dossier.
Alors,
j'espère que j'ai été clair pour mon collègue. La dernière chose qu'on veut, puis je l'ai déjà
dit, de dire aux familles :
Voici un site Web, vous remplissez le document. Ça, si ça arrive, M. le Président, ça sera un échec pour moi.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le ministre. M. le député.
M. Kelley : Merci. Et je
comprends que, quand même, puisqu'on va créer un dossier, alors, j'imagine, ça
dit qu'on va avoir des papiers qui arrivent avec ça, et c'est la famille qui va
remplir un formulaire, mais pas eux autres, mais avec l'assistance, si c'est
des groupes communautaires ou, quand même, de la SAA, des personnes qui sont là
pour accompagner les familles. Je comprends ça, O.K., on va avoir un dossier.
Mais l'autre chose, est-ce qu'il y a comme un
minimum, un «threshold» pour justifier ou pas une assistance aux familles?
Le Président (M. Tremblay) : M. le
ministre.
M.
Lafrenière : Je vais vous demander, si vous me permettez, M. le
Président, juste un petit peu de précision sur la demande du collègue.
Vous dites : Comment justifier la demande d'assistance aux familles?
M. Kelley : Est-ce que c'est
possible... Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay) : Pas de
problème.
M. Kelley :
Non, exactement, mais est-ce qu'il y a une façon qu'il y a, comme je dis, un
manque d'information ou le point qu'une famille arrive... je pense que
ça, c'est arrivé, je vais mettre un exemple en théorie, que, quand même, le
gouvernement va dire : Bien, il y a un manque d'information ici.
Alors, c'est juste encore de comprendre c'est
où, le moment qu'on lance. Et, si une personne dit : Moi, je veux commencer le processus, on ne pose aucune
question, on commence, on y va, c'est ça? C'est juste encore peut-être
juste bien comprendre qu'il n'y a comme pas un minimum d'information qui est
nécessaire pour lancer une enquête. Et est-ce que c'est défini par le
gouvernement?
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. M. le ministre.
M. Lafrenière : Bien, merci, M. le
Président. Puis là je détecte, chez mon collègue, sa volonté d'avancer à l'article 5 qui vient mettre les conditions
d'admissibilité à notre projet. Ça fait que, je pense, mon collègue voulait
qu'on adopte l'article 4 pour aller à l'article 5. Je fais une
blague, M. le Président, mais oui, il y a des façons de se qualifier, c'est
vrai.
Mais je veux
aussi rassurer le collègue, parce que ça me permet d'expliquer, parce qu'on a
eu des discussions, lors de nos dernières rencontres, en disant :
Imaginez un cas où ça arrive en dehors du barème, c'est-à-dire après le
10 ans, après 1992. Est-ce que la direction du soutien aux familles va
aider les gens? Puis la réponse, c'est oui, M. le Président. Oui, M. le
Président. On n'est pas dans une approche restrictive, bien au contraire.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. D'autres interventions sur l'article 4? Alors, s'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons procéder au vote, Mme la secrétaire, par
appel nominal.
La
Secrétaire : Pour, contre, abstention. M. Lafrenière
(Vachon)?
M.
Lafrenière : Pour.
La Secrétaire :
Pour les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Lachance
(Bellechasse)?
Mme
Lachance : Pour.
La Secrétaire :
Pour les membres de l'opposition officielle, M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley :
Abstention.
La Secrétaire :
M. Ouellet (René-Lévesque)?
M. Ouellet :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques)?
Mme Massé :
Pour.
La Secrétaire :
M. Tremblay (Dubuc)?
Le Président (M.
Tremblay) : Abstention. Alors, l'article 4, tel qu'amendé, est adopté.
On peut poursuivre, M. le ministre, avec la lecture de l'article 5, s'il
vous plaît.
M.
Lafrenière : Absolument, M. le Président. Et on avait présenté un amendement
pour l'article 5, alors je vais le lire tel qu'amendé.
Le Président (M.
Tremblay) : Un instant, s'il vous plaît, M. le ministre.
Une voix :
...
Le Président (M.
Tremblay) : D'accord.
M.
Lafrenière : Parfait, M. le Président. J'ai cru détecter que je devais
lire l'article et, par la suite, présenter l'amendement. C'est bien ça?
Le Président (M.
Tremblay) : Oui, précisément, on doit lire l'article avant l'amendement.
M.
Lafrenière : Parfait, M. le Président. Donc, l'article 5 :
«La personne qui respecte les conditions suivantes peut demander la
communication de renseignements personnels détenus par un établissement, par un
organisme ou par une congrégation religieuse et qui concernent une personne qui
pourrait être un enfant autochtone disparu ou décédé :
«1° transmettre
sa demande au plus tard le (indiquer ici la date qui suit de cinq ans celle de
la sanction de la présente loi);
«2° être un
membre de la famille de l'enfant visé par la demande;
«3° disposer
de renseignements susceptibles de laisser croire que cet enfant a été admis,
avant le 31 décembre 1989, en établissement;
«4° faire état
de circonstances qui suggèrent que cet enfant est disparu ou décédé, avant le
31 décembre 1989, alors qu'il était admis en établissement.
«Pour l'application
du paragraphe 2° du premier alinéa, est un membre de la famille de
l'enfant son arrière-grand-père, son arrière-grand-mère, son grand-père, sa
grand-mère, son père, sa mère, son frère, sa soeur, son oncle ou sa tante, son
cousin ou sa cousine, son beau-père ou sa belle-mère, son beau-frère ou sa
belle-soeur, son enfant, son neveu ou sa nièce ou toute autre personne
significative.
«S'il l'estime
nécessaire, le gouvernement peut, avant la date limite de transmission des
demandes visant la communication de renseignements personnels, reporter cette
date d'une période maximale d'un an. Il peut effectuer d'autres reports
aux mêmes conditions.»
Alors, M. le Président,
nous avons déposé les amendements suivants.
Le Président (M.
Tremblay) : ...à les lire.
M.
Lafrenière : À l'article 5 du projet de loi :
1° remplacer,
dans le paragraphe 1° du premier alinéa, «qui suit de cinq ans celle de la
sanction de la présente loi» par «qui suit de 10 ans celle de
l'entrée en vigueur de la présente loi»;
2° remplacer, dans le
paragraphe 3° et 4° du premier alinéa, «31 décembre 1989» par
«31 décembre 1992»;
3° remplacer, dans le
troisième alinéa, «d'un an» par «de deux ans».
M. le Président, en résumant ce qu'on vient de
présenter, on vient de faire passer, donc, la période de l'application de la
loi de cinq à 10 ans et la période de renouvellement d'un à deux ans.
Pour ce qui est de la date, la date qui était
ciblée par le projet de loi, on vient de faire passer du 31 décembre 1989 au 31 décembre 1992. Et ça, c'est suite
aux consultations particulières
qu'on a eues et aux différentes rencontres qu'on a eues avec les associations
de familles, parce que, M. le Président, c'est un projet de loi qui est vivant,
puis on tente de l'améliorer.
Le
Président (M. Tremblay) :
Parfait. Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a des interventions sur l'amendement? S'il n'y a pas d'intervention
sur l'amendement, nous allons procéder... M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley :
Oui, M. le Président. Je veux juste poser une question aussi, encore de bien
comprendre. Pourquoi on a choisi ces dates exactement et pas de laisser...
Et qu'est-ce qui arrive s'il y a des cas après? Mais aussi est-ce que c'est
juste une demande qui est faite... Est-ce que c'est une seule demande par toute
personne visant n'importe quel organisme qui est sous le délai de cette
prescription?
• (11 h 50) •
Le Président (M. Tremblay) :
Aviez-vous terminé, M. le député?
M. Kelley : Oui.
Le Président (M. Tremblay) : M.
le ministre.
M. Lafrenière : Alors, si je
comprends bien, la demande de mon collègue de Jacques-Cartier, c'est de savoir
s'il y a une seule demande qui peut être présentée par famille. Une seule
demande par enfant, la réponse serait oui. Écoutez, on tombe dans des cas que
je n'ai pas vraiment évalués, mais, si se on retrouvait avec le grand-père et
le beau-père qui faisaient une demande pour le même enfant, bien entendu, on le
traiterait, mais je comprends ce que vous voulez et je ne vois pas vraiment de
restriction. En tout cas, je n'y arrive pas, là, de la manière que vous me le
présentez, je ne crois pas qu'il y aurait un empêchement.
Et un point qui est hyperclair, parce qu'on en a
parlé tout à l'heure à l'article 4, même si une famille ne se qualifie
pas, M. le Président, même si on arrive avec une personne qui a vécu d'autres
choses, qui nous arrive avec une demande qui sort de ce cadre-là, la direction
de soutien aux familles va supporter ces personnes-là. Alors, ça ne sera
pas : Ce n'est pas mon département, ou allez ailleurs. On va les
supporter. Et, même quand ça doit être référé, exemple, à la Sûreté du Québec
parce qu'on a vraiment une connotation criminelle, on va les supporter
là-dedans, on va les soutenir pour faire en sorte que ça se passe bien pour
eux. On veut vraiment devenir le guichet unique pour ces familles-là, pour ne
pas qu'elles se promènent dans le gouvernement, qu'elles cherchent à qui
s'adresser. Une fois que le lien de confiance est établi, une fois que le lien
est fait avec Awacak, avec nous, on veut vraiment les supporter là-dedans, M.
le Président.
Le
Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre. D'autres interventions? M. le député de Jacques-Cartier,
sur le même segment.
M. Kelley : Et encore, le ministre,
vous trouvez que d'ajouter ce 10 ans, c'est suffisant de répondre à
certaines inquiétudes qu'on a entendues pendant les audiences publiques. Il y a
peut-être... Ce n'est peut-être pas une bonne idée de limiter le droit de
savoir des victimes. Est-ce que c'est mieux juste de dire qu'après cette date,
ici, on ne laisse pas un cinq ans, un 10 ans, mais on laisse ça plus
ouvert? Je veux juste entendre le ministre là-dessus.
Le Président (M. Tremblay) : M. le
ministre.
M. Lafrenière : Oui, merci beaucoup,
M. le Président. Écoutez, on a rencontré les familles, et bien qu'on arrive au
même résultat... parce que je ne veux pas faire de mathématiques, là, mais on
disait : C'était cinq ans, renouvelable un an, et on pouvait le renouveler
de façon presque perpétuelle. On aurait pu arriver à 30, 40 ans de même,
par base de cinq ans, par tranches d'un an par la suite.
Mais le collègue a bien raison que ça envoyait
tout un message aux familles et ça insécurisait les familles en se disant : Ouf! J'ai cinq ans pour présenter
ma demande. Et ça envoyait un message qui était discordant. Alors, M. le Président, c'est pour ça, suite à ces
rencontres-là, on a décidé d'aller avec 10 ans. Et, pour le deux ans, pour
être bien honnête, ça, c'est ma demande bien administrative. Je me disais que
de renouveler annuellement, ça devient lourd, fastidieux, ça nous mettait toujours
dans l'étape de renouvellement. Alors, on est allés avec un 10 ans
renouvelable deux ans, et ça peut être renouvelable plusieurs fois, M. le
Président. Alors, s'il y a encore des demandes actives, on va maintenir, on va
renouveler.
Mais je vous rappelle le pourquoi, parce que,
pour ceux qui n'ont pas suivi nos travaux à la dernière rencontre, la raison
pour laquelle on mettait une date de fin, c'est qu'on se donne des pouvoirs de
déroger à la Loi d'accès, et, au niveau juridique, on ne peut pas laisser ça
comme un trou béant. Il fallait vraiment mettre une limite à ça, mais on peut
le renouveler. C'est pour ça qu'on y va avec 10 ans, deux ans, ce qui a
été bien reçu de la part des familles. Ça envoyait un message qu'ils n'étaient pas pressés ou stressés
dans le temps, c'était un 10 ans avec renouvellement.
Le Président (M. Tremblay) : Merci, M.
le ministre. D'autres interventions sur l'amendement? Alors, s'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder, par appel nominal, à la mise aux voix. Mme
la secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Lafrenière (Vachon)?
M. Lafrenière : Pour.
La Secrétaire : Pour les
membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Lachance (Bellechasse)?
Mme Lachance : Pour.
La Secrétaire : Pour les
membres de l'opposition officielle, M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley : Abstention.
La Secrétaire : Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques)?
Mme Massé : Pour.
La Secrétaire : M. Ouellet (René-Lévesque)?
M. Ouellet : Pour.
La Secrétaire : M. Tremblay
(Dubuc)?
Le Président (M. Tremblay) :
Abstention. Alors, l'amendement à l'article 5 est adopté. On revient donc
à l'article 5 tel qu'amendé. Des interventions? Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé : Merci, M. le Président.
(Interruption)
Mme Massé : Pardon. Une chance
qu'elle était fermée. À l'article 5, on lit que : «La personne qui
respecte les conditions suivantes peut
demander la communication de renseignements personnels détenus par un
établissement, par un organisme ou une congrégation religieuse...» Moi, en
fait, j'ai quelques questions. Je vais commencer par une, puis on avancera
ensemble. Est-ce que ce qu'on comprend là-dedans, c'est que les renseignements
détenus peuvent être détenus par un ou plusieurs établissements, organismes ou
congrégations religieuses?
En fait, vous aviez commencé, peut-être, à un
peu aborder cette question-là, mais je veux pousser. Parce que l'APNQL, lors
des présentations, nous avait fait prendre conscience que, des fois, il y a
plusieurs organisations qui pourraient détenir de l'information, des documents,
bon, etc., des informations. Alors, donc, c'est un peu... Ma question au
ministre, c'est : Est-ce que c'est un ou plusieurs? Puis si c'est ça,
bien, qu'il me l'explique.
Le Président (M. Tremblay) : M. le
ministre.
M. Lafrenière : Merci beaucoup, M.
le Président. Effectivement, il est possible, à l'étape de la démarche de la
recherche d'information, qu'on cogne... excusez l'expression, mais qu'on cogne
à plusieurs portes. Alors, c'est vraiment...
ça va être du cas par cas, selon le dossier qui va nous être présenté, selon
l'information qu'on aura, on verra.
Vous savez, les dossiers de santé ont été
détenus par des congrégations religieuses, hein, dans notre histoire. On le
sait que, pendant une période, c'est les congrégations qui donnaient des soins
de santé. Par la suite, ça a été transféré vers le ministère de la Santé, mais
on pourrait faire une demande à plusieurs organismes, à plusieurs congrégations. Encore là, c'est vraiment du cas
par cas, puis ça, ça va faire partie de l'évaluation du dossier,
lorsqu'on va rencontrer la famille, avec ce qu'ils vont nous donner comme
information, avec le lieu géographique, en quelle période ça s'est passé. On
verra si on doit le faire, cette demande-là, à plusieurs portes.
Parce qu'on ne voudrait pas non plus... si on a
assez d'information pour les bien cibler, on ne voudrait pas non plus...
Tantôt, je faisais la réflexion avec les collègues, je parlais de game de
ping-pong, on ne veut pas être obligé de faire une demande, attendre 30 jours,
en faire une autre à un autre organisme. Si on doit le faire à plusieurs, on va
le faire à plusieurs.
Mme Massé : O.K. Donc, je
comprends... Encore là, on va se donner un exemple pour essayer de suivre. Par
exemple, une famille arrive auprès de vous, et la seule information qu'elle
détient, c'est : Il est embarqué chez... dans un
hydravion, et puis après ça, on n'a pas eu de nouvelles, théoriquement il s'en
allait à l'hôpital machin truc. Ce que je comprends...
En fait, ça, ça va être mon autre question,
mais, pour l'hydravion, on verra si votre projet de loi nous permet d'avoir cette information-là. À ma compréhension,
il va falloir ajouter des éléments pour être assurés que le transport puisse être inclus, comme familles, dans
nos besoins de savoir l'information. Si, effectivement, il devait partir pour l'hôpital
de Blanc-Sablon, et finalement l'hydravion s'est retrouvé à Mont-Joli, bien, il
faudrait avoir cette information-là.
Mais, bref, là où je veux surtout aller à cette
étape-ci, ce que je comprends, c'est que cette personne-là donnerait cette information-là,
et donc, à partir de là, il y aurait des recherches faites à Blanc-Sablon. On
ne trouve rien à Blanc-Sablon, ça veut dire quoi? Qu'est-ce qui se passe?
Le Président (M. Tremblay) : M. le
ministre.
M. Lafrenière : Merci beaucoup, M.
le Président. Puis, pour ma collègue, c'est pour ça, tout à l'heure, à l'article 4,
je ne veux pas reculer, à l'article 4... Non, mais c'est important, parce
que ça nous permet tous de comprendre. Dernière ligne, dernier paragraphe, on
se disait qu'on pouvait échanger de l'information personnelle entre le ministre et l'organisme. Pourquoi on dit ça? Parce
qu'encore là, au lieu d'attendre le fameux 30 jours, d'avoir une
réponse écrite de l'organisme qui nous dit : Écoutez, je n'ai pas ça dans
mes dossiers, bien, nous, on serait en lien constant avec l'organisme en
disant : Écoutez, voici d'autres façons d'écrire, d'autres libellés
possibles du nom.
Et notre enquête, quand on parle d'enquête, bon,
il y a le pouvoir d'enquête, mais, quand on soutient les familles, on va
échanger de l'information avec eux pour essayer de cibler qu'est-ce qui est
arrivé. Et c'est sûr, quand on parle du passé, parce qu'on peut parler des
années 50, 60, 70, ma collègue faisait référence à des transports, puis
ça, je l'ai bien entendu lors de notre dernière rencontre, bien, ça va être
d'échanger en se disant : Dans ces années-là, il y avait deux
possibilités, je dis n'importe quoi, là, il y avait deux possibilités, c'était
Blanc-Sablon, et, quand on parle aux gens sur le terrain, ils disent :
Quand il y avait des débordements, des fois, on les envoyait à tel hôpital.
Bien, c'est sûr qu'on va poursuivre notre démarche.
Et ce n'est
pas une fin en recevoir bête en disant : Vous avez demandé pour
Blanc-Sablon, on a eu la réponse, c'est non, c'est fait. On est dans la
recherche d'information, on veut soutenir les familles. Si on fait une
direction de soutien aux familles, M. le Président, c'est justement pour donner
beaucoup plus que ce qui est offert présentement, c'est-à-dire la loi d'accès à
l'information, c'est d'aller beaucoup plus loin avec eux.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le ministre. Merci pour la précieuse collaboration.
Compte tenu de l'heure, la commission suspend
ses travaux. Bon appétit.
(Suspension de la séance à 11 h 59)
(Reprise à 15 h 19)
Le Président (M. Tremblay) :
Alors, chers collègues, lors de la suspension de nos travaux, cet avant-midi,
nous en étions à l'article 5 tel qu'amendé, et la parole était à la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé : Merci, M. le
Président. Vous avez une bonne mémoire. Effectivement, c'était arrêté en bon chemin. En fait, j'ai... Bon, j'avais demandé au
ministre de clarifier le «un ou plusieurs». Bon, je pense, ça, on est au
clair maintenant, c'est une personne, si elle a passé à travers une, deux,
trois, quatre, cinq, 10. L'idée, c'est la possibilité d'avoir accès à
l'ensemble du processus, disons. Ça fait que ça, ça va.
L'autre élément qui nous avait été apporté par
la Protectrice du citoyen et l'association des premières nations du Québec,
considérant, disons, les enjeux qu'il y avait eu avec ENFFADA, où ça prenait
des papiers, il fallait avoir un certain nombre de certificats de naissance,
ceci, de... Bon. Puis connaissant, notamment, plusieurs communautés, leur mode
nomade où tu ne traînes pas nécessairement tout ça toute ta vie sur tes... dans
ton pacsac, comme dirait l'autre, il y avait
cette nécessité qu'on reconnaisse le témoignage par ouï-dire, que c'était
important, puisque ça avait causé un certain nombre de défis dans
ENFFADA.
Alors, je
sais que vous avez, tantôt, commencé d'esquisser la réponse aussi avec mon
collègue de Jacques-Cartier, mais
vraiment pour... J'aimerais ça vraiment être claire. J'aimerais ça vous
entendre dire le ouï-dire, la place du
ouï-dire et que ce soit clair comment vous entendez honorer les
traditions orales chez nos frères et soeurs autochtones.
• (15 h 20) •
Le Président (M. Tremblay) : M. le
ministre.
M. Lafrenière : Oui. Merci beaucoup,
M. le Président. Effectivement, j'ai ouï dire que c'était important. Et, vous
savez, tout à l'heure, on a parlé, à l'article 4, la dernière partie de l'article,
qu'il était important d'avoir un échange entre le ministre et les organismes,
en application de ce projet de loi, et c'est justement pour ça, c'est pour faire en sorte, M. le Président, d'être le
moins restrictif possible. Parce qu'effectivement ça deviendrait absurde de demander à une
famille un certificat de décès, alors qu'ils nous demandent de confirmer si
leur enfant est vivant ou décédé.
Alors, on ne peut pas être plus inclusif que ça.
Les gens vont pouvoir rapporter les faits, ce qu'ils ont entendu. Et, bien
entendu, plus il y aura de détails, plus ça sera facile. C'est comme n'importe
quelle enquête, plus on a de détails, plus on a
d'information, plus c'est simple, ça nous permet d'avancer. Mais on veut
vraiment partir sur la base de ce qui va être rapporté par les familles pour
les aider.
Dans certains cas, comme vous savez, même notre
définition de «famille» est très élastique, est très élargie pour permettre à
tout le monde d'être capable de le rapporter. Parce qu'on fait référence à des
faits, M. le Président, qui remontent dans les années 50, 60, 70. Ça fait
que ma collègue a bien raison quand elle parle de preuves documentaires, de
preuves qui peuvent être absentes, et c'est une réalité à laquelle on s'est
préparés. Et, justement, ça va permettre aux familles de le faire de façon
verbale.
Et c'est pour ça aussi, je reviens à
l'article 4, qu'on a mis cette phrase-là qui est hyperimportante, qui
permet un échange d'information pour livrer l'information à la famille, comme je
disais tout à l'heure, hein, pour aller confirmer la façon dont le nom est
épelé, la façon que ça a été écrit, comment ça peut changer avec le temps,
parce qu'on est à la recherche d'information et de la vérité.
Le Président (M. Tremblay) : Merci, M.
le ministre. Mme la députée.
Mme Massé : Bien, c'est ce que
j'avais cru comprendre, et vous me le redites. Je pense que ça va rassurer les
gens. Il n'en demeure qu'on a vu dans... on a entendu, dans l'exercice qui a
été fait par Anne Panasuk, concernant les enfants de Pakuashipi, qu'à un moment
donné il y a... bien sûr, hein, vous allez aller... parce qu'il y a le ouï-dire
ou le témoignage du côté des familles, et tout ça, mais il y a aussi de l'autre
côté. Il me semble que c'était au cimetière, là. Ça fait un petit bout que je
n'ai pas écouté, là, mais j'espère qu'Anne va me pardonner, ou Mme Malec.
Mais, lorsque nous allons questionner... vous
allez questionner les gens qui... les institutions, les organismes,
et etc., est-ce que... Bien sûr, il y aura les papiers. Le papier, ça, ça va,
mais il faut être capable de le décoder, mais, disons, ça va. Mais, ensuite,
est-ce que, pour vous, ça fait aussi partie de ce que vous pouvez
recueillir, c'est-à-dire les paroles, les témoignages, les ouï-dire, par
exemple, de vieilles soeurs ou de vieux frères qui étaient présents, qui se souviennent parce que x, y choses, ils avaient
un attachement avec l'enfant, peu importe? Mais ce bout-là du ouï-dire...
Oui, c'est ça, c'était le cimetière, je me
rappelle, là, parce que la personne du cimetière disait : Non, non, non,
c'est là, puis là quelqu'un d'autre, par ouï-dire, a dit : Bien non, ce
n'était pas là, c'était là.
Alors, est-ce que ce côté-là du ouï-dire, c'est
quelque chose que vous souhaitez tenir compte aussi?
Le Président (M. Tremblay) : M. le
ministre.
M.
Lafrenière : Oui. Merci, M. le Président. La réponse est oui, est oui parce que c'est extrêmement important, surtout quand on
fait référence aux événements des années 50, 60, 70, il est clair que la
preuve documentaire ne sera pas la même.
D'un autre côté, M. le Président, il faut être honnête, il y a plusieurs
personnes qui ne sont plus en poste, des gens qui nous ont même quittés.
Cependant, comme enquêteur, je vous dirais, reprendre mon ancien chapeau de
policier, on ne mettra jamais de côté une preuve ou une information qui nous
permettrait d'obtenir la vérité.
Alors, toutes
les personnes qu'on va pouvoir faire témoigner pour en apprendre davantage
sur les us, les coutumes, comment ça se passait, hein, vraiment de l'information
circonstancielle qui nous permet de comprendre comment ça se faisait, c'est sûr
qu'on ne se privera pas de ça. Alors, bien entendu, le ouï-dire va nous aider.
On n'est pas dans un mode de tribunal, on est vraiment
pour aller chercher de l'information. Donc, on va colliger l'information
partout où elle est. J'aime bien l'expression des Premières Nations de dire qu'on
va retourner vraiment toutes les pierres pour voir s'il n'y a pas de l'information
qui se cache à quelque part.
Encore une fois, je l'ai dit ce matin, mais je
vous le redis, si c'était si simple que ça, l'information aurait été transmise depuis bien longtemps. On s'attend
d'avoir vraiment des recherches exhaustives à faire pour donner
réponse à ces familles-là qui attendent
depuis trop longtemps. Alors, oui, on va y aller par ouï-dire, on va y aller
par témoignages.
Le Président (M. Tremblay) : Mme la
députée.
Mme Massé : C'est bon pour moi.
Le Président (M. Tremblay) : Ça va
pour vous?
Mme Massé : Merci, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay) :
D'autres interventions? M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Oui. C'est
juste... Je vais commencer, M. le Président, avec une question qui vient de l'Assemblée des premières nations du Québec et
Labrador, qui, dans l'article 5, fait la recommandation, et ça, c'est
n° 12, que... «Nous recommandons que la communication
des renseignements personnels couvre les admissions dans un établissement ayant
eu lieu entre 1940 et aujourd'hui.»
Juste de bien comprendre, est-ce qu'avec les
modifications là... est-ce qu'il n'y a aucune limite pour les dates en termes
du début quand même? Et si le ministre peut juste
répondre à la recommandation qui a été proposée par l'Assemblée des
premières nations du Québec et Labrador.
Le Président (M. Tremblay) : M. le
ministre.
M. Lafrenière :
Oui. Merci beaucoup, M. le Président. On a déjà commencé cette discussion-là
quand on a parlé des articles 1 et 2
avec les dates et l'admission. Et, même dans les consultations particulières,
quand on a rencontré les groupes, justement, il y avait cette notion-là,
hein, de dire : Jusqu'où on va remonter? Et, M. le Président, je peux vous
dire qu'il n'y a plus de plancher.
Alors, les dates... S'il y a des histoires qui
remontent à 1902, bien entendu, ça va être beaucoup plus difficile avec les
preuves documentaires, il n'y aura plus de témoin. Cependant, on va s'en
occuper quand même.
La nouvelle date qui a été introduite, c'est
1992, pour être sûrs... puis ça, c'est suite à des échanges qu'on a eus avec
les oppositions, pour couvrir la fin, justement, des écoles, des pensionnats.
Alors, on dépassait cette date-là. C'est pour ça qu'il a été introduit 1992, M.
le Président. On veut couvrir le plus large possible.
Le
Président (M. Tremblay) :
Parfait. Merci, M. le ministre. Toujours sur l'article 5 tel qu'amendé,
d'autres interventions? S'il n'y a pas
d'autre intervention, par appel nominal, nous pourrions... (panne de son) ...à
la mise aux voix.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Lafrenière (Vachon)?
M. Lafrenière : Pour.
La Secrétaire : Pour les
membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Lachance
(Bellechasse)?
Mme Lachance : Pour.
La Secrétaire : Pour les
membres de l'opposition officielle, M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley : Pour.
La Secrétaire :
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques)?
Mme Massé : Pour.
La Secrétaire :
M. Ouellet (René-Lévesque)?
M. Ouellet : Pour.
La Secrétaire :
M. Tremblay (Dubuc)?
Le Président (M. Tremblay) :
Abstention. Alors, l'article 5, tel qu'amendé, est adopté. On continue. M.
le ministre, je vous invite à lire l'article 6.
• (15 h 30) •
M.
Lafrenière : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, je vais trahir
mon âge, mais je dois sortir les lunettes quand c'est une page complète.
Article 6 : «En réponse à une demande
visant la communication de renseignements personnels, seuls sont communiqués au
demandeur les renseignements personnels susceptibles de faire connaître les
circonstances ayant entouré la disparition ou le décès de l'enfant, y compris
ceux portant sur des faits postérieurs au 31 décembre 1989, tels les
renseignements concernant son transfert vers un autre établissement.
«S'il est raisonnable de croire que la personne
qui pourrait être un enfant autochtone disparu ou décédé est toujours vivante à
la lumière des renseignements personnels détenus par un établissement, par un
organisme ou par une congrégation religieuse, ceux-ci doivent tenter d'obtenir
une confirmation que cette personne est toujours en vie ainsi que les
renseignements permettant de la localiser en s'adressant à la Régie de
l'assurance maladie du Québec. Sur demande de l'établissement, de l'organisme
ou de la congrégation religieuse à cet effet, la régie lui transmet les noms,
date de naissance, sexe, adresse et numéros de téléphone de cette personne
inscrite à son fichier d'inscription des personnes assurées ainsi que, le cas
échéant, la date de son décès et son adresse au moment du décès.
«Après réception de ces renseignements,
l'établissement, l'organisme ou la congrégation religieuse traite de la demande
selon les règles suivantes :
«1° dans le cas où la personne est toujours
vivante et qu'elle est localisée, l'établissement, l'organisme ou la
congrégation religieuse, après avoir pris contact avec elle, communique les
renseignements visés au premier alinéa, sauf si la personne s'y oppose, auquel
cas seul est communiqué le fait qu'elle est toujours vivante;
«2° dans le cas où la personne est toujours
vivante et que l'établissement, l'organisme ou la congrégation religieuse ne
parvient pas à la contacter après avoir effectué les démarches nécessaires,
seuls sont communiqués les renseignements visés au premier alinéa qui ne
portent pas sur des faits postérieurs au 31 décembre 1989 ainsi que le
fait qu'elle est toujours vivante;
«3° dans le
cas où il n'est pas possible de déterminer que la personne est toujours vivante
ou si les vérifications effectuées auprès de la régie permettent de
constater qu'elle est décédée, les renseignements visés au premier alinéa sont
communiqués.
«Pour
l'application du paragraphe 1° du troisième alinéa, l'établissement,
l'organisme ou la congrégation religieuse doit informer la personne de son
droit de s'opposer à la communication des renseignements, sauf du fait qu'elle
est toujours vivante.
«L'établissement,
l'organisme ou la congrégation religieuse peut communiquer au demandeur tout
autre renseignement concernant la personne avec le consentement de celle-ci.»
Et, M. le Président,
on avait déposé un amendement. Alors, je pourrais lire l'amendement.
Le Président
(M. Tremblay) : Oui. Merci, M. le ministre.
M. Lafrenière :
Article 6. À l'article 6 du projet de loi :
1° dans le premier alinéa :
a) remplacer
«31 décembre 1989» par «31 décembre 1992»;
b) insérer, à la fin,
«et, le cas échéant, le fait qu'il a été adopté»;
2° insérer, après le
deuxième alinéa, le suivant :
«Les renseignements
communiqués pour l'application des premier et deuxième alinéas peuvent
notamment provenir d'un dossier ayant trait à l'adoption.»;
3° dans le troisième
alinéa :
a) remplacer «de ces
renseignements» par «des renseignements prévus au deuxième alinéa»;
b) insérer, à la fin
du paragraphe 1°, «et, le cas échéant, qu'elle a été adoptée»;
c) supprimer, dans le
paragraphe 2°, le mot «seuls»;
d) remplacer, dans le
paragraphe 2°, «31 décembre 1989» par «31 décembre 1992»; et
4° insérer, à la fin
du quatrième alinéa, «et, le cas échéant, qu'elle a été adoptée».
Et ces amendements
font suite, justement, à des discussions avec les groupes de familles.
Le Président
(M. Tremblay) : Parfait. Merci, M. le ministre. Maintenant,
est-ce qu'il y a des... des interventions,
pardon, sur l'article 6... sur l'amendement de l'article 6? M. le
député de René-Lévesque, à vous la parole.
M. Ouellet :
Si vous me permettez, M. le ministre, puisque vous nous avez fourni les
amendements d'avance, nous avions aussi vos commentaires. Vous ne les avez pas lus, mais, si vous me permettez, je vais en lire un
parce que j'aurais besoin de précisions de votre part, s'il vous plaît.
Donc, je suis à la
deuxième page des commentaires et je vous amène à l'avant-dernier paragraphe...
ou plutôt l'avant-avant-dernier paragraphe, là : «L'amendement proposé
permet également de communiquer aux familles d'enfants autochtones le fait que
la personne qui pourrait être un enfant autochtone a été adoptée, le cas
échéant. Cette possibilité s'applique notamment
lorsque la personne vivante s'oppose à ce que soient communiqués les
renseignements personnels susceptibles de faire connaître les circonstances
ayant entouré sa disparition ou lorsque l'établissement ne parvient pas à le
contacter. Dans ces situations, les familles d'enfants autochtones pourraient
au moins obtenir l'information relative à l'adoption de l'enfant visé.»
Donc, je comprends
bien que le désir d'un enfant de ne pas rentrer en contact avec sa famille
naturelle est préservé même si, dans le cas présent, on cherche la
réunification de familles d'enfants disparus. Donc, est-ce que ça, ça a des
assises légales? Est-ce qu'on doit adopter cet article-là en fonction d'un
autre droit qui confère à l'enfant qui a été adopté l'occasion d'accepter ou
pas de rentrer en contact avec sa famille naturelle?
Le Président (M.
Tremblay) : M. le ministre.
M.
Lafrenière : Merci beaucoup, M. le Président. Puis merci à mon collègue pour son point. Puis
effectivement je n'ai pas lu les commentaires, mais je trouvais important, cependant, de vous les distribuer, qu'on parte sur la même
base.
Et, vous savez,
lorsqu'on a fait les consultations particulières, on a rencontré plusieurs
familles, et vous vous rappelez sûrement des gens de Kawawachikamach qui sont
venus nous dire : Le plus important, ça va être la volonté des enfants. Si
on les retrouve, on va respecter le fait que certains n'auront peut-être pas le
goût de retrouver leurs familles à ce moment-là. Et présentement le droit civil s'applique. Alors, quand on parle
de réunification, le Code
civil s'applique, et c'est ce qu'on veut respecter dans cet alinéa, c'est-à-dire
qu'on peut comprendre, sur le coup...
Mais,
en passant, je suis persuadé que vous allez comprendre avec moi que c'est une
décision qui peut fluctuer dans le
temps, hein? Sur le coup, c'est un choc, pour des gens qui ne le savaient pas,
qu'ils avaient été adoptés, d'apprendre cette information-là. Ils
peuvent décider plus tard qu'il y a réunification, et, si c'est le cas, bien,
les dispositions du Code civil vont s'appliquer. Alors, on ne peut pas forcer
un enfant à rencontrer sa famille biologique, c'est le respect qui s'applique,
dans ce cas-là.
Puis je suis reparti
aussi de ce qui nous avait été communiqué, là, par les Naskapis, qui
disaient : Autant que c'est difficile,
autant qu'on veut absolument savoir ce qui est arrivé, on va respecter la
décision de l'enfant, si celui-ci n'est pas prêt, pour peu importe la
raison, là.
M. Ouellet :
Donc, le projet de loi va pouvoir permettre à certaines familles de renouer
potentiellement contact avec l'enfant qui a
été disparu, peu importe les raisons, mais la décision finale de cette
réunification-là, comme je vous entends, selon le Code civil, revient à
l'enfant qui a été adopté. Donc, on ne vient pas dénaturer, avec ce projet de
loi là, ce qui existe déjà en droit civil, à savoir que le droit de
réunification appartient à l'enfant, s'il le désire ou pas. Et vous faites
mention que la décision peut changer avec le temps.
M. Lafrenière :
Absolument, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay) : M.
le ministre, oui.
M. Lafrenière : Puis, je
trouve, c'est extrêmement important parce qu'on ne veut pas corriger une erreur
du passé en créant un autre traumatisme, on peut le comprendre, et c'est pour
ça qu'on garde les règles qui s'appliquent. Et, même en matière de
réunification, il y a déjà tout un processus qui existe avec le ministère de la
Santé. On veut vraiment garder cette façon-là de fonctionner, M. le Président.
Alors, la famille pourrait savoir... puis on
prend le cas d'espèce, puis on espère, on espère qu'il n'y aura pas eu trop
d'adoptions comme ça, sans consentement parental, mais, dans certains cas, les
familles pourront savoir que l'enfant est
toujours vivant, cependant qu'à ce moment-ci il refuse d'être contacté. Dans
d'autres cas, ils vont peut-être apprendre que l'enfant a été donné en
adoption mais qu'il est décédé ou, dans d'autres cas, puis on l'espère pour les
réunifications, que l'enfant est toujours
vivant et qu'il désire rentrer en contact avec les parents biologiques. Mais
c'est vraiment les trois possibilités qui existent, et, dans cet article, on
vient s'assurer que les dispositions qui existent déjà, donc les droits qui sont donnés et les protections qui sont
données à l'enfant, sont respectées là-dedans, M. le Président.
Le
Président (M. Tremblay) :
Parfait. Merci. Toujours sur l'amendement à l'article 6, d'autres
interventions? Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, à vous la parole.
Mme Massé : Est-ce que je
comprends bien, M. le ministre, que, dans le fond, les amendements que vous
amenez... pardon, les amendements que vous apportez à l'article 6 sont
ceux... c'est à travers ces amendements-là où on vient ajouter la dimension de
l'adoption? C'est bien ça, hein? Parce que c'était une des questions qui nous
avaient été posées par les familles, puis je l'avais compris comme ça en lisant
vos documents, mais j'aimerais bien, là, pour les
familles qui nous écoutent, que ce soit bien sur l'adoption telle qu'elle se
vivait à l'époque, là, hein? Parce qu'il y a tout un flou, et c'est pour
ça qu'on veut connaître les causes, c'est parce qu'il y a des... Mais ce que
moi, j'avais compris, c'est que là on vient inscrire cette possibilité-là,
cette reconnaissance-là.
Le Président (M. Tremblay) : M.
le ministre.
M. Lafrenière : Oui,
absolument, M. le Président. Puis, quand on dit que c'est un projet de loi qui
est vivant puis qu'on ajuste selon ce qu'on entend puis les consultations qu'on
a faites, puis on remercie les groupes qui sont venus nous le dire, c'est à ce
moment-là qu'on jugeait qu'il était vraiment opportun d'inscrire la notion d'adoption,
pour être sûrs que ça soit explicite puis vraiment campé dans le projet de loi.
Ça fait que l'article 6 vient le mettre
dans le... excusez l'expression, mais dans le ciment, vient dire de façon très explicite qu'on va toucher aux dossiers
d'adoption aussi. Et ça, c'est une demande des familles, des
regroupements qui nous ont dit que c'était important pour eux, de ne pas le
considérer comme moindre et inclus dans d'autre chose, de le mettre vraiment de
façon explicite, puis on est venus le faire à l'article 6 avec nos
amendements, M. le Président.
Mme
Massé : Donc, si je comprends bien, c'est qu'en étant inscrit à cet article-là ça n'a pas besoin
d'apparaître ailleurs dans le texte. Puis là c'est parce que je ne retrouve pas
exactement... Peut-être que mes collègues qui étaient présents à la même
réunion que moi... parce qu'entre autres les familles souhaitaient peut-être le
voir réapparaître. Puis moi, je disais : Bien, il me semble, s'il est
inscrit là, c'est bon pour tout, mais je veux juste m'en assurer pour bien leur
répondre.
Le Président (M. Tremblay) : M.
le ministre.
M. Lafrenière : Oui, merci, M.
le Président. Puis vous faites bien de poser la question parce qu'en passant,
dans un projet de loi comme ça, ça touche plusieurs de mes collègues des
différents ministères. Puis, à chaque fois qu'on
fait un changement, on veut s'assurer que c'est reçu de la même façon, pour que
l'idée, hein, ce qu'on a comme visée en arrière de notre projet de loi,
bien, ça s'applique de la bonne façon. Et, en le mettant de cette façon
explicite à cette étape-ci, ça nous permet de répondre à cette demande-là pour
être sûrs qu'on touche aux dossiers d'adoption. Puis ça, ça nous a été dit
clairement, et on n'a pas besoin de faire la concordance dans le reste des
articles. C'est vraiment à cette étape-là parce qu'on parle de transmission
d'information. Et, si on ne le faisait pas, M. le Président, le problème, on se
serait retrouvés en conflit, si vous voulez, avec le Code civil. Donc, on
n'aurait pas pu faire cette étape-là qui nous apparaissait extrêmement
importante. Alors, on est venus le mettre explicite, puis ça, encore une fois, c'est grâce aux consultations qu'on a pu
proposer un amendement. Et, encore là, c'est un bel exemple, M. le
Président, qu'avec les consultations ça nous permet d'avancer.
• (15 h 40) •
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. Merci, M. le ministre. Toujours sur l'amendement? Oui.
Mme Massé : Oui. Bien, vous
venez de dire... je veux juste être certaine, là, vous commencez à le maîtriser
pas mal plus que moi, vous venez de dire «communication des renseignements». Ce
n'est pas juste au moment où... c'est-à-dire que l'adoption, c'est dès le
moment où la personne dit... Bien, la famille dit : On ne sait pas ce qui
est arrivé à cet enfant-là, pas : On pense que cet enfant-là a été adopté.
C'est : On ne sait pas ce qui est arrivé, on l'a perdu
de vue. Et là l'adoption fait partie du cadre de référence. Quand vous ouvrez
vos yeux et vos oreilles, quand l'enquête est faite, quand les demandes d'accès
à l'information sont faites, ça tient toujours compte du potentiel que cette
personne-là... cet enfant-là, pardon, a été peut-être adopté.
Le Président (M. Tremblay) : M.
le ministre.
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Puis, vous savez, quand on fait une recherche, quand on fait une
enquête pour trouver de l'information, on veut avoir toutes les sources
d'information possibles. Et le problème, dans cet article-là, qu'on vient
corriger, c'est que, si on voulait transmettre de l'information aux familles,
si on voulait dire à une famille que l'enfant avait été adopté, avec le Code
civil, ça nous était impossible présentement.
Alors, c'est pour ça qu'on est venus le mettre
explicite, pour qu'on puisse transmettre l'information. Mais ma collègue, ce
qu'elle dit : Est-ce que la famille... La famille peut nous arriver en disant :
Écoutez, je ne sais pas ce qui est arrivé à mon enfant. Puis je ne suis pas sûr
que les familles vont nous dire explicitement qu'ils savent que l'enfant a été
donné en adoption. Alors, nous, on va partir, on va faire notre exercice pour
voir ce qui est arrivé avec l'enfant puis, si on doit aller dans le dossier
d'adoption, bien là, on a les outils possibles pour y aller.
Mme Massé : O.K. Merci, M. le
Président. Merci, M. le ministre.
Le
Président (M. Tremblay) :
Merci. M. le député de Jacques-Cartier, toujours sur l'amendement à
l'article 6.
M. Kelley : Merci, M. le
Président. Je veux juste encore... C'est pour rassurer les groupes qui écoutent
nous aujourd'hui, parce que les Femmes
autochtones du Québec a soulevé la possibilité d'une disparition d'un nouveau-né
et qu'on peut être certain que certains
éléments du dossier médical de la mère pourraient servir à élucider les
circonstances et causes de la mort de l'enfant. Alors, c'est juste de bien
s'assurer que, dans les amendements qu'on a mis sur la table, les
préoccupations de Femmes autochtones du Québec, et les mères, et leur dossier
médical sont inclus dans toute enquête qui peut être lancée par le gouvernement
sur un dossier.
Le Président (M. Tremblay) : M. le
ministre.
M. Lafrenière : Merci beaucoup, M.
le Président. Puis, écoutez, ça a suscité beaucoup de discussions et de
réflexions, le point que mon collègue apporte. Parce qu'encore là il y a le
besoin d'une famille de savoir ce qui est arrivé à l'enfant et la protection
des renseignements privés, renseignements personnels, et, oui, le dossier de la
mère, bien qu'elle soit décédée, demeure confidentiel, demeure protégé.
Alors, avec notre processus, au niveau de
l'enquête, on a la capacité d'aller chercher cette information-là pour nous
permettre d'avancer dans le dossier, mais on n'aura pas la capacité, puis ça,
je suis sûr que mon collègue le comprend, de
donner des informations de nature personnelle, c'est-à-dire de divulguer le
dossier médical de la mère, même à la
famille élargie. Ça, c'est une limite qu'on ne peut pas franchir. Il faut
protéger le dossier médical de la mère.
Cependant, on va être capables d'y avoir accès
pour avancer dans notre démarche, parce que, par enquête, ça peut devenir intéressant
de savoir à quel moment ça s'est passé, quel était le nom de la mère, pour être
capables d'avoir accès au dossier de l'enfant pour voir qu'est-ce qui est
arrivé de l'enfant. Mais il y a une limite qu'on ne franchira pas, c'est de
transmettre le dossier médical de la mère aux gens qui ont fait la demande,
vous comprenez, là, parce que notre définition de «famille», c'est plus que les
proches, là, c'est toute personne qui est significative. On ne pourrait pas
prendre le dossier médical et le remettre à ces personnes-là pour, vraiment, la
protection des renseignements personnels, ce qui est hyperimportant aussi.
Le
Président (M. Tremblay) :
Merci. D'autres interventions? Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé : Je peux comprendre pour
le dossier médical de la mère. Qu'en est-il du dossier médical ou du dossier...
parce que tantôt il peut être médical, tantôt il peut être d'adoption, tantôt
de... Mais j'avais compris aussi de l'APNQL... ou de Femmes autochtones du
Québec, plutôt, la nécessité de pouvoir potentiellement avoir accès sur le
dossier de l'enfant comme tel.
Le Président (M. Tremblay) : M. le
ministre.
M. Lafrenière : Merci beaucoup, M.
le Président. Puis oui, effectivement, on s'est donné des pouvoirs importants
pour aller chercher cette information-là. Puis il y a une partie de
l'information... Puis, si on regarde dans le projet de loi, on explique
vraiment les conditions à remplir, puis il y a une partie de l'information qui
va être remise à la famille pour leur permettre de faire la lumière sur ce qui
est arrivé.
Cependant, vous comprenez que c'est... Puis là
on tombe dans des cas d'espèce, ce n'est pas l'entièreté. Et ce qui a été
mentionné, là, c'est :«En réponse à une demande visant la communication de
renseignements personnels, seuls sont
communiqués au demandeur les renseignements personnels susceptibles de faire
connaître les circonstances ayant entouré la disparition ou le décès de
l'enfant...»
Alors, ce qu'on a
voulu s'assurer aussi, c'est de la façon qu'on allait chercher l'information.
Il y a toujours la protection à la vie privée, mais ce qui nous permet de faire
la lumière sur ce qui est arrivé, ça, ça va être transmis à la famille. Puis là c'est difficile, on parle de cas d'espèce,
là, je ne peux pas vous dire ce qui ne le serait pas, puis ça dépend de l'âge de l'enfant, là. Encore là, on
peut comprendre qu'un enfant en bas âge l'information est assez
succincte, mais, si on arrive avec un enfant
qui est plus âgé, on ne pourrait pas donner l'entièreté. Mais, encore là, ça va
dépendre de la personne. Comme vous savez, si les parents biologiques font une
demande d'accès au dossier de leur enfant, ils peuvent y avoir accès dans son
entièreté. Cependant, là, notre définition de «famille», on l'a élargie pour
aller avec des personnes significatives. Eux vont pouvoir savoir ce qui est
arrivé mais n'auront pas l'entièreté du dossier.
Le Président (M.
Tremblay) : D'accord, merci.
Mme Massé :
O.K. Je vais continuer d'essayer de bien comprendre ça. C'est-à-dire que,
mettons, moi, comme parent biologique, j'ai accès au dossier, à l'ensemble du
dossier médical de mon enfant. J'entends ça. Ce que j'entends que vous venez de
me dire, c'est... et c'est peut-être pour ça que Femmes autochtones du Québec
précisait «l'ensemble du dossier». Ce que vous venez de me dire, c'est les...
tel que défini à l'article 5, oui, voilà, à l'article 5, cette
personne-là, qui aura fait la demande pour bien saisir où est l'enfant disparu
ou qu'est-ce qui lui est arrivé, va avoir accès aux informations que vous avez,
que vous aurez trouvées, mais n'aura pas accès à tout le dossier médical, juste
aux informations qui pourraient permettre de comprendre les circonstances.
Est-ce que c'est bien cela?
Le Président (M.
Tremblay) : M. le ministre.
M.
Lafrenière : Merci beaucoup, M. le Président. Deux points importants.
Tout à l'heure, vous avez mentionné «comme parent biologique», puis je pense
qu'on en a déjà parlé, parce que j'accompagne présentement une famille, dans ma
circonscription, où l'enfant adulte est décédé, et ça, le dossier n'est pas
transmis dans son intégralité, je peux vous
le confirmer. À partir du moment que l'enfant est rendu adulte, il a la
protection. Ça fait que, juste pour
être bien clair, un enfant mineur... Oui, un enfant mineur, comme parent
biologique, vous pouvez demander d'avoir accès au dossier complet médical,
ça va de soi.
Pour les personnes
significatives, comme on a fait une définition très élargie de la famille, on
va se donner un cas d'espèce. Je suis un grand-oncle, une grand-tante, je me
prévaux des dispositions qu'il y a là, je vais pouvoir savoir les circonstances
qui ont entouré le décès ou la disparition. On ne me remettra pas le pedigree
médical en voyant les différentes maladies qu'il a eues ou tout ce qu'il aurait
pu y avoir dans son dossier médical, parce que, là, on transgresse la
protection à la vie privée.
Mais vous comprenez
qu'au final, si je peux me permettre, l'esprit de la loi, c'est de transmettre
les informations expliquant ce qui est arrivé à l'enfant, ce qui a amené à la
disparition ou le décès, parce que, dans certains cas, c'est le décès. Mais je
ne peux pas partir dans un exercice où on va chercher tous les exemples, mais,
tout ce qui a rapport à un décès, s'il y a des maladies qui ont conduit à un
décès, il va y avoir l'information. Mais, un enfant qui aurait 17 ans,
avec tout ce que vous pouvez vous imaginer comme maladies, comme examens
médicaux, l'entièreté du dossier ne sera pas
remise à la personne qui pourrait être le grand-père, la grand-tante ou le
cousin éloigné. Vous comprenez? C'est là la limite qui est importante
dans la protection des renseignements privés.
• (15 h 50) •
Mme Massé :
En fait, je porte à votre attention, bien, quelque chose qui a déjà été porté à
notre attention, mais je nous relève... encore là, là, ma mémoire mélange les
situations qu'on a entendues, mais cette personne pour qui l'enfant était
rentré à l'hôpital pour... je pense, c'est les enfants de Pakuashipi, pour une
question pulmonaire, des problèmes pulmonaires, et que finalement, quelques
mois plus tard, cette personne-là est décédée de débilité, hein? C'est ça, ma
mémoire est bonne? Je peux comprendre les parents... bien, les gens qui
disent : Bien là, il y a quelque chose qui ne marche pas.
Comment
je peux, moi, comme famille élargie, là... Je vais prendre ce terme-là que vous
définissez à l'article 5. Comment je peux faire ce lien, qui est, à
mon sens, infaisable «anyway», pour comprendre les circonstances du décès,
alors que les raisons pour lesquelles cet enfant-là est rentré ou, en tout cas,
est allé dans le système de santé, c'est des raisons complètement autres? Ça
fait que qu'est-ce qui pourrait me permettre, comme famille élargie, de pouvoir
suivre qu'est-ce qui est arrivé à cet enfant-là? Parce qu'entre ce qu'on sait
des raisons pour lesquelles il est parti et
ce qu'on a, parce que, dans ce cas-là, il me semble qu'on a l'information, les
raisons pour lesquelles il est décédé, il y a comme... il y a quelque
chose qui ne fonctionne pas. Ça fait que comment on fait ça?
Le Président (M.
Tremblay) : M. le ministre.
M. Lafrenière :
Merci, M. le Président. Puis effectivement il y a un équilibre à maintenir
entre le droit à l'information pour les familles, parce qu'on veut aider les
familles à comprendre ce qui s'est passé, et la protection de la vie privée des
gens même s'ils sont décédés. Et vous allez comprendre que...
Tantôt, je vous
donnais un exemple, j'ai un enfant en bas âge, c'est sûr que ton dossier
médical à l'âge de trois ans, quatre ans n'est pas le même qu'à l'âge de 17
ans. Et, tout à l'heure, vous faisiez référence à Pakua Shipu, où on a des
enfants qui ont été transportés puis, au début, on pensait, c'était un problème
pulmonaire, finalement, ils sont décédés de d'autre chose. Ça fait partie de
l'ensemble des circonstances. Alors là, pour expliquer à une famille ce qui
s'est passé, ça, c'est très clair.
Cependant, je vais
vous donner un autre exemple extrême, un décès à l'âge de 17 ans. D'aller
remettre à la famille éloignée le fait qu'à l'âge de quatre ans, cinq ans ils
ont eu d'autres problèmes de santé x, y, z, là on tombe vraiment dans la
protection des renseignements privés, et c'est là-dessus qu'il y a danger.
Cependant,
comme vous avez mentionné tout à l'heure, si vous êtes un parent biologique,
vous avez accès à votre dossier d'enfant mineur, mais pas majeur.
Mme Massé :
Et est-ce qu'on a accès à un dossier d'enfant mineur, même si cet enfant-là, aujourd'hui,
serait majeur? Tu sais, dans le sens où il y a
des gens qui ont perdu leurs enfants, ils avaient deux, trois, quatre, cinq, 10
ans, mais aujourd'hui ils en ont 50, 60. Est-ce qu'ils ont accès au dossier à
ce... En tout cas, je pense que le ministre comprend, là. Vous autres, vous me
comprenez, vous me faites tous oui.
Le Président (M.
Tremblay) : ...
M. Lafrenière :
Merci, M. le Président. Oui, ça nous permet d'avancer dans les cas d'exemple.
Lorsque l'enfant est décédé... Puis je prends la peine de clarifier cet
élément-là, parce que moi, ma mère biologique ne peut pas avoir accès à mon
dossier médical jusqu'à l'âge de 18 ans, si je suis encore vivant. Ça prend mon
consentement. On ne parle pas de ce cas-là, juste de le mettre clair. Lorsqu'il
y a un décès, même si la personne est rendue adulte, si son dossier de mineur
nous permet d'établir les circonstances, parce qu'il faut se rappeler c'est
quoi, l'essence de la loi, hein, c'est d'établir les circonstances du décès, la
disparition, oui, on va y avoir accès.
Mme Massé :
O.K. Je vais réfléchir à ça. Je pense, ça inspire d'autres questions, là, mais
je vais continuer à y réfléchir.
Le Président (M.
Tremblay) : Parfait. Toujours sur l'amendement, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley :
Oui, même lien, on a le même sens, même direction que ma collègue, parce qu'on
parle de... Ici, c'est un exemple donné par les Femmes autochtones Québec,
mais, si, un enfant, leur mère est décédée à la naissance, là, puis l'enfant a été adopté, c'est un enfant autochtone,
puis les parents qui ont comme... puis la communauté, le reste de la
famille n'a été jamais mis au courant.
Maintenant, cet
enfant-là arrive puis veut savoir la vérité de qu'est-ce qui s'est passé. C'est
lui qui est un enfant disparu qui cherche la vérité. Est-ce qu'il tombe dans le
même système que quelqu'un qui cherche une information en général ou est-ce que
cet enfant-là, et les parents savent qu'il vient d'une communauté autochtone...
est-ce qu'il est partie de la définition d'une famille? Alors, est-ce que lui
va avoir le même accompagnement qu'une famille qui cherche l'information sur
l'enfant?
Alors, je ne sais pas
si c'est clair, mais c'est juste de sortir un exemple d'un enfant autochtone
qu'ils savent... ils sont autochtones, mais ils ne savent pas il vient d'où et
ils cherchent l'information, ils n'ont pas l'accès au dossier médical de sa
mère. Mais comment cette personne-là peut peut-être trouver la vérité, il vient
d'où exactement? Alors, c'est de... aussi, comme un petit peu dans la
définition de «famille» qu'on vient de créer aussi, est-ce que ça va appliquer
à des enfants qui veulent chercher une information aussi?
Le Président (M.
Tremblay) : O.K. M. le ministre.
M.
Lafrenière : Merci, M. le Président. Ça nous permet de faire des beaux
exercices de gymnastique intellectuelle. Et effectivement, on s'est posé la
question aussi, en bon français, le «reverse», lorsqu'on a un enfant qui veut
savoir est-ce qu'il a été adopté, qui sont ses parents. Il y a déjà des
dispositions qui existent, M. le Président, autant
en vertu du Code civil que des programmes qui existent au niveau du ministère
de la Santé pour les retrouvailles, parce qu'il y a vraiment un
contexte, il y a une façon qui est faite pour la retrouvaille.
Cependant, juste
rassurer mon collègue, si on prend ce cas d'exemple et cet enfant nous
contacte, nous, à la direction de soutien
aux familles, qui sera éventuellement déployée, on va la supporter pareil.
Cependant, les dispositions du projet de loi n° 79
ne sont pas nécessaires pour lui parce qu'il y a déjà des dispositions au
niveau du Code civil et des façons de faire administratives au niveau du
ministère de la Santé pour les retrouvailles.
Le Président (M.
Tremblay) : Merci, M. le ministre. Des interventions?
M. Kelley :
Je comprends la réponse du ministre, mais c'est juste... Je pense que c'est
plus dans le sens de chercher la vérité. Et je comprends, des lois existent,
mais c'est juste possible que, quand même, dans un dossier médical de la mère,
dans certaines circonstances, on peut trouver la vérité de qu'est-ce qui s'est
passé. Mais je comprends que ce n'est pas facile de changer ça ici non plus,
puis il y a des droits qui existent d'un individuel aussi d'avoir certains
renseignements protégés, et ils sont protégés par la loi. Je comprends le point
du ministre que, le moment que quelqu'un est 18, l'accès à un dossier comme ça,
ça devient... demeure un enjeu privé, mais c'est juste... Je pense que je
comprends mieux maintenant. Alors, merci.
M.
Lafrenière : Si je peux me permettre, M. le Président...
Le Président (M.
Tremblay) : Oui, M. le ministre.
M.
Lafrenière : Cependant, juste pour être très, très clair pour les gens
qui nous écoutent, au niveau de l'enquête, ça va nous permettre d'avoir accès à
cette information-là pour progresser dans l'enquête. Cependant, on ne remettra pas, de façon unilatérale, le document de la mère à
la famille, aux enfants, mais ça va nous permettre, nous, d'avancer dans l'enquête, de savoir quel était le
nom. Parce que, des fois, il faut partir de cette étape-là, hein, qu'est-ce
qui est arrivé, quel était le nom, quels sont les documents qui ont été signés
à l'hôpital, qui étaient les témoins, puis ça nous permet d'avancer dans notre
enquête. On ne le remettra pas, pour les raisons que mon collègue a évoquées.
Le Président (M.
Tremblay) : Parfait. Merci. D'autres interventions sur l'amendement?
Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé :
Encore pour essayer... Je vous l'avais dit, là, j'essaie de... Par exemple,
vous avez un enfant qui s'est retrouvé à l'hôpital.
C'est vrai qu'on
essaie, hein, à partir de ce qu'on a entendu, puis il y en a qui en ont entendu
plus que nous autres, là, de voir comment les familles vont pouvoir s'y
retrouver à... comment ça passe le test du projet de loi. C'est ça qu'on fait,
là. Entendez bien que mon objectif, c'est vraiment d'essayer de faire, comme on
se l'est dit d'entrée de jeu, la meilleure loi possible pour répondre aux
familles.
Mais, bref, un enfant
se retrouve, donc, en institution de santé, et il se passe quelque chose, il se
trouve... il passe deux semaines dans l'institution de santé. Par après, là, on
découvre que, dans le fond, il a été adopté. Est-ce que la loi, telle qu'elle est,
va nous permettre, va permettre aux familles de pouvoir avoir les renseignements concernant son... au moment où il a été à l'hôpital et ce qui
m'aiderait à comprendre pourquoi, tout d'un coup, et comment ça se fait que cet
enfant-là a été adopté après ou lors de son passage?
M.
Lafrenière : Absolument et...
Le Président (M.
Tremblay) : Parfait. M. le ministre.
M.
Lafrenière : Merci beaucoup, M. le Président. Pardon, je ne voulais
pas y aller directement, mais... Mais vous avez raison, en passant, tout le
long, ce qu'on essaie de faire, c'est des exemples types pour être sûrs,
excusez l'expression, qu'on ne l'échappe pas, qu'on n'a pas des failles dans
notre projet de loi qui ne nous permettront pas de donner l'information aux
familles. Et effectivement, à l'étape de l'enquête, on ne se privera d'aucune
information pour faire la lumière sur ce qui est arrivé.
Alors, ça parle d'un
passage qui aurait conduit à une adoption par la suite. On parle de cas
d'espèce qu'on ne connaît pas, mais c'est possible. Effectivement, on va y
avoir accès. C'est pour ça qu'on l'a mis dans l'article 6. Ça nous permet
d'avoir accès, dossiers d'adoption, dossiers médicaux, de voir ce qui s'est
passé. Ça, c'est important. À l'étape de l'enquête, on ne se privera pas de
cette information-là.
Mme Massé :
Donc, ça veut dire... parce que tout ça est décorticable, c'est-à-dire que
l'institution de santé peut me dire : Oui, l'enfant... par exemple, me
donner les papiers : Oui, l'enfant a passé ici deux semaines, là, si je
regarde mon exemple, il a passé ici deux semaines, et... bien, après ça,
inévitablement, si effectivement il a été donné en adoption, c'est dans cette
institution-là qu'on devrait avoir les documents, ce n'est pas une autre
institution qui vient intervenir. Je me réponds à moi-même, mais, si vous avez quelque
chose à répondre, gênez-vous pas.
M.
Lafrenière : Mais, M. le Président, si je peux me permettre...
Le Président (M.
Tremblay) : M. le ministre.
• (16 heures) •
M.
Lafrenière : Je pense, la meilleure façon de... la meilleure prémisse
pour partir, quand on fait ces cas d'exemple là, c'est de dire : Si ça me
permet de faire la lumière sur les circonstances qui ont amené à un décès ou à
une disparition d'un enfant autochtone, cette information-là sera accessible.
Je pense, c'est la meilleure prémisse de base, de se dire : Allons-y de
façon large. Puis, si vous vous rappelez, lorsqu'on a fait nos premières consultations,
on s'est dit : Nous, on voulait garder ça... une définition très large
pour nous permettre d'avoir accès à plus d'informations que d'y aller très
pointu et de peut-être manquer une information qui serait sur notre passage,
qu'on aurait manquée avec un cadre très, très, très fermé.
On préfère avoir une
définition plus large, parce qu'honnêtement je ne vous dis pas qu'on est à
l'aveugle, on se donne des bons outils, mais
il faut prendre pour acquis qu'on va aller patauger dans les années passées,
les années 50, 60, 70. Il faut se permettre d'avoir le maximum
d'informations pour répondre aux besoins des familles puis faire la lumière sur
ce qui est arrivé, les circonstances qui ont amené au décès ou la disparation.
Je pense, ce serait la prémisse de base qui va nous guider dans toute réflexion
qu'on aura à ce sujet-là.
Mme Massé :
Bien, écoutez, on va procéder à l'adoption des amendements, mais, justement, tu
sais, tout le débat sur «causes», «circonstances», on en a fait un petit bout,
vous disiez que vous alliez faire un autre bout. Moi, de mon côté, j'ai fait un
autre bout. Je ne sais pas... c'est sûr que c'est plus à l'article 1, mais
moi, j'avais, «anyway», prévu à l'article 6... parce qu'on parle aussi de
circonstances, mais peut-être que ce débat-là, dans le fond, il va falloir
qu'on le vide une fois pour toutes pour être sûr que... en tout cas, avec ce
que vous avez fait, avec ce qu'on a fait comme chemin, qu'on puisse régler la
question de «causes et circonstances».
Mais ça, ce n'est pas dans
le cadre de l'amendement, M. le Président, que nous sommes en train de traiter,
donc je suis hors d'ordre. Ça fait que je
vais me ramener à l'ordre moi-même et je vais vous dire que, sur
l'amendement, tel que proposé par le ministre, je pense que je n'ai plus de
question.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
Mme la députée. D'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux
voix de l'amendement à l'article 6. Par appel nominal, Mme la
secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Lafrenière (Vachon)?
M. Lafrenière : Pour.
La Secrétaire : Pour les
membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Lachance
(Bellechasse)?
Mme Lachance : Pour.
La Secrétaire : Pour les
membres de l'opposition officielle, M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley : Pour.
La Secrétaire :
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques)?
Mme Massé : Pour.
La Secrétaire :
M. Ouellet (René-Lévesque)?
M. Ouellet : Pour.
La Secrétaire :
M. Tremblay (Dubuc)?
Le Président (M. Tremblay) :
Abstention. Alors, l'article 6 tel...
Une voix : ...
Le Président (M. Tremblay) :
L'amendement à l'article 6 est adopté. On revient donc à l'article 6.
Des interventions? Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, à vous la parole.
Mme Massé : Merci, M. le Président.
J'aimerais déposer un amendement... (panne de son) ...et je vous le lis ainsi,
c'est : Ajouter, dans la première phrase... Attendez que je m'y retrouve.
Oui. Ajouter «causes et» juste après «faire connaître» dans la première phrase.
Donc, on lirait comme suit :
«En réponse à
une demande visant la communication de renseignements personnels, seuls sont
communiqués au demandeur les renseignements personnels susceptibles de faire connaître les causes et les
circonstances ayant entouré...»
Le
Président (M. Tremblay) : Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, je m'excuse, si vous n'avez pas objection, on va interrompre
quelques instants, le temps de procéder pour que les collègues prennent
connaissance.
Mme Massé : Bien sûr.
Le Président (M. Tremblay) : Puis on
reprend ensuite. Merci. Je m'excuse.
(Suspension de la séance à 16 h 04)
(Reprise à 16 h 10)
Le Président (M. Tremblay) :
J'invite la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques à faire lecture de l'amendement
qu'elle propose, toujours à l'article 6.
Mme Massé : C'est parfait. Donc,
vous l'avez reçu, M. le Président, chers collègues. Il est sur le Greffier. Donc, je vais relire? Oui, parfait. Donc : Au
premier alinéa de l'article 6, insérer «les causes et» après «faire
connaître».
Et donc ça se lirait comme suit : «En
réponse à une demande visant la communication des renseignements personnels, seuls sont communiqués au demandeur
les renseignements personnels susceptibles de faire connaître — on insère — les
causes et les circonstances ayant entouré la disparition ou le décès de
l'enfant, y compris ceux portant...» Bon, puis il a été amendé, là.
Alors
donc, en fait, je vais commencer comme ça, M. le Président... C'est sûr qu'on
n'a pas eu l'opportunité d'aller au fond du débat à l'article 1, mais je
pense qu'il y a quelque chose que nous avons, tous et toutes, entendu lors des
auditions puis après les consultations auprès des personnes concernées, c'est vraiment
un désir que ce projet de loi là puisse permettre à ces familles qui, depuis déjà
trop longtemps, sont tenues dans l'ignorance de ce qui est arrivé à leurs enfants... et même ENFFADA a été
confrontée à cette enquête-là, qui était du sérieux, là, a été
confrontée à la difficulté
de pouvoir avoir accès à ces informations-là. Bref, il y a une réelle volonté, je
pense, autour de cette table, de nous assurer que la loi qu'on va
adopter, en fait, va permettre aux familles, bien sûr, d'avoir les papiers qui
vont leur permettre de dire : O.K., mon enfant est décédé, mon enfant a
été adopté, bon, etc.
Mais fondamentalement,
ce que les gens qui sont venus témoigner, que ce soient les familles, que ce
soit... voyons, l'APNQL, que ce soient Femmes autochtones du Québec, bref, sont
venus nous dire que, dans le fond... Michèle
Audette aussi, avec Me Motard, que, dans le fond, là, c'était un rendez-vous qu'on avait comme peuple québécois, parce que c'est de la loi québécoise
qu'on parle présentement, on avait un rendez-vous à ne pas manquer, qui était
celui du droit à la vérité pour les familles. Puis ce droit-là, ce n'est pas
juste pour les familles. Moi, je ne suis pas autochtone, je ne suis pas une
famille autochtone qui a perdu ses enfants, mais comme Québécoise, là, j'ai vraiment
envie, moi aussi, de savoir qu'est-ce qui s'est passé et de comprendre pour
être capable de faire amende honorable.
Et donc ces gens-là,
Me Motard, quand même assez réputée, Me Arsenault aussi est venu dans
ce sens-là, sont tous et toutes venus nous
dire l'importance que le projet de loi permette d'identifier les causes et les
circonstances entourant la disparition, le
décès de leurs enfants. Alors, bon, ça arrive à l'article 6, ça peut
paraître bizarre, peut-être, pour les gens qui nous écoutent, mais,
puisqu'on a ajourné sur l'article 1 pour nous permettre d'avancer la
dernière fois, bien là, c'est la seule place où ça... c'est la première place,
pardon, où ça m'apparaissait, moi, important qu'on puisse faire cette
discussion-là.
Parce que, pour moi,
ça vient teinter beaucoup de choses mais pas juste pour moi, aussi pour les
familles. On a besoin de comprendre. Parce
que le ministre nous a dit, dès l'article 1, que, selon ses
consultations... mais je vais le laisser lui-même s'exprimer, là, mais ce que j'en ai compris, c'est que, selon
les consultations qu'il avait faites, «circonstances» embrassait plus
large que «causes et circonstances», alors que tout le monde, y compris des
juristes, y compris des avocats, y compris des enseignantes en droit, des
spécialistes en droit international, viennent nous dire que «causes et
circonstances» nous permettent d'arriver plus proche de ce droit international
que le Québec a, par... bien, peut-être par procuration, a cosigné dans une
convention internationale.
Alors, moi, j'ai
besoin de comprendre et je suis sincère. Quand tu as tout un pan, qui sont les
personnes qui vivent la situation, qui nous disent... et pas juste les personnes
qui vivent la situation mais conseillées par leurs spécialistes en droit, qui
nous disent : Il faut que ce soit «causes et circonstances des décès ou
des disparitions», bien, c'est sûr que, là,
moi, j'ai besoin de comprendre. Et donc c'est pourquoi, M. le ministre, que je
reviens à cette étape-ci. Enclenchons
cet échange-là, parce que vous avez entendu, vous aussi comme moi, et je suis
certaine que les familles vous en ont
reparlé dans votre rencontre d'hier. Alors, voilà, donc, c'est pour ça, M. le
Président, que je dépose cet amendement.
Le Président
(M. Tremblay) : Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Lafrenière :
Oui, merci beaucoup, M. le Président. Merci à ma collègue, parce
qu'effectivement c'est une discussion qui est importante, puis il n'y a pas de
mauvais ou de bon moment pour l'amener. On avait mis l'article 1 de côté, puis aujourd'hui l'occasion s'y prête, alors
ça va être important, on aura cet échange-là aujourd'hui.
Et je pense que ma
collègue le sait, je suis extrêmement transparent avec elle, alors je vais lui
relater un peu le dernier échange que j'ai eu avec Awacak, et ça m'a permis de
comprendre une chose. Avant de tomber dans les définitions de cause, de
circonstance, juste nous remettre en circonstance un peu de ce qu'eux autres,
ils voient... lorsque j'ai rencontré les familles, ce qu'ils m'ont mentionné,
ils ont dit : Bien, écoute, oui, on veut savoir si notre enfant est
vivant, on veut savoir comment ça s'est passé, tout ça, mais on veut
savoir, puis ça, ça m'a été dit texto, qui a demandé que l'enfant soit
transporté à un endroit, qui a passé la commande, exemple, pour que les enfants
soient donnés en adoption. Là, vous comprenez, on veut comprendre beaucoup plus
largement. Puis elles, «causes», là, quand
elle me parlait de causes, pour elle, c'était de savoir : Mais qui a pris
cette décision-là dans les années 60, 70?
Et, M. le Président,
en toute transparence et honnêteté, ce qu'on fait aujourd'hui, on répond à un
appel à l'action qui est important, hein, l'appel n° 20,
qui était extrêmement important, de donner la réponse aux familles, c'est vrai,
d'avoir des données puis d'avoir un état de situation. Parce qu'on parle
beaucoup de possibles adoptions, on a des
informations qui nous font comprendre qu'il y a eu des adoptions, mais combien,
on ne le sait pas. Comment ça s'est passé? On ne le sait pas. Et nous,
ce qu'on dit, à cette étape-ci, l'importance ou l'urgence au niveau humanitaire, c'est de donner une réponse aux
familles. Et ça, je pense qu'avec la collègue on a déjà eu l'échange.
J'ai déjà dit que je n'étais pas fermé à d'autres étapes, par la suite, selon
ce qu'on va découvrir, parce que, présentement, on est un petit peu à
l'aveugle, M. le Président. Qu'est-ce qui s'est passé? Combien de cas? Combien
de familles?
On a parlé souvent
d'environ 200 familles qui étaient possiblement... 200 enfants,
pardon, qui étaient possiblement visés par notre projet de loi. Quand on parle
à Awacak, on nous parle d'environ une soixantaine de familles présentement,
mais il y a une partie qui est inconnue. Vous savez, M. le Président, ça a pris
un reportage, en 2015, pour réveiller le Québec, pour conscientiser le Québec à
ce qui s'était passé. Peut-être qu'il y a d'autres cas qui vont nous être
présentés, peut-être qu'il y a une autre réalité qu'on va découvrir, puis on ne
veut pas se fermer à ça.
Alors, si je reviens
à la définition de circonstances et de causes, on a regardé... Puis, en
passant, à la suite de chacun des échanges qu'on a eus, on a creusé, on a
cherché des définitions. Dès qu'on parle... dès qu'on fait mention de causes
criminelles, je pense qu'on l'a déjà dit clairement, le dossier se
transférerait à la Sûreté du Québec pour une enquête criminelle. Ça, cette
partie-là, on n'y toucherait pas.
Lorsqu'on parle de cause
du décès, normalement, c'est le coroner, avec son rapport, qui va nous établir les
causes du décès. Et je fais référence, justement, au reportage qui avait été
fait par Mme Panasuk, où on avait dit : Bien, il y avait eu plusieurs
décès qui avaient été causés par des bronchites, et tout. Et il y avait une
demande qu'elle avait faite, par la suite, au coroner, hein, le médecin qui
était sur place en disant : Bien là, neuf décès dans une communauté de
50 personnes, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. Elle a demandé
une enquête du coroner.
Mais nous, avec «circonstances», on y va
beaucoup plus large. Puis le questionnement qu'on a fait aux gens qui
appliquent la loi d'accès à l'information, c'est de trouver la façon la moins
restrictive, parce que moi, dans une enquête, je veux avoir le plus
d'informations possible, M. le Président. La dernière chose que je voulais,
c'est que quelqu'un me réponde bêtement à notre demande puis qu'on mette de
côté une information qui était cruciale pour les familles. Ce que je viens dire
ici, M. le Président, c'est que notre projet de loi est important, va répondre
à qu'est-ce qui est... puis, on espère, va répondre à qu'est-ce qui est arrivé.
Est-ce que l'enfant est vivant ou non? Qu'est-ce qui s'est passé? Comment ça
s'est passé?
Mais là je vais répondre de façon plus pointue à
ce que j'ai entendu hier par les gens d'Awacak, quand une des mères m'a
dit : Moi, je veux savoir, là, qui a passé la commande, qui a demandé à ce
que les enfants soient déplacés, et tout. Et ça, en toute honnêteté, ce que je
dis : Écoutez, nous, au niveau preuves documentaires puis dans certains témoignages des gens encore vivants, on
va trouver de l'information, mais, selon ce qu'on aura trouvé, s'il y a
d'autres étapes à faire, si on a d'autres choses à faire par la suite pour
comprendre ce qui s'est passé, je ne suis pas fermé à ça, mais là on est dans
un projet de loi qui nous permet d'avoir accès à des documents pour faire la
lumière sur ce qui s'est passé. Donnons-nous
cette première étape là, donnons-nous cette chance-là pour y répondre, puis, si
on voit qu'on n'est pas allés au fond
des choses, on aura d'autres étapes à faire, M. le Président, et ça, on n'est
pas fermés à ça.
• (16 h 20) •
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le ministre. D'autres interventions sur l'amendement?
Mme
Massé : Oui. J'entends bien que, dans le fond, ce que vous dites, M.
le ministre, c'est comme un peu... c'est comme un premier pas, un
premier pas qui permet de répondre à une certaine urgence, comme vous venez de
la définir. J'avais l'impression, lors des
auditions, lorsque les familles, dans le sens large, souhaitaient comprendre ce
qu'elles appelaient les causes, c'est que...
bien sûr, qui a pris la décision, ça, c'est : Amenez-moi un nom, puis je
vais comprendre.
Mais, en même temps, c'est un peu limitatif dans
le sens où il y a certainement des fois où on aura qui a pris la décision, il y aura un nom, il y aura une
instance, il y aura une institution,
il y aura un organisme, mais... comment dire, mais, si on n'a pas de réponse à cette question-là, est-ce qu'on va
chercher à comprendre pourquoi, malgré tout, ça s'est passé? Parce que
c'est ça, l'enjeu, là. Tu sais, je veux dire, ce n'est pas des actes un petit
peu un par ici, l'autre par là, là, tu sais.
Parlons de 200 enfants, c'est énorme, là, 200 enfants. Oui, bien sûr,
à Pakuashipi, c'est encore pire parce que c'est une très petite communauté, ça fait que c'était vraiment très marquant,
mais les histoires qu'on a entendues, vice-chef Flamand qui parle de son
histoire personnelle, c'est quand même... c'est frappant, c'est marquant, ce
n'est pas banal.
Alors donc, si toutefois... puis on ne le sait
pas, comme vous dites, on n'a pas beaucoup d'information dans tout ça, là,
mais, si toutefois on n'arrive jamais à répondre à la question : C'est qui
qui a ordonné ceci ou cela?, bien, on va toujours être à la recherche des
causes. Ça fait que c'est pour ça, pour moi... Répondre à la question c'est
qui, pour moi, ça fait partie des circonstances. Il est arrivé une circonstance,
je ne sais pas, la communauté religieuse X a, dans telles circonstances,
pris telle décision, mais «les causes», ça m'apparaît comme... de la façon dont
les gens sont venus le témoigner en commission, ça m'apparaît comme plus
englobant. Alors, c'est un peu ça, mon point.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui. Merci, M. le
Président. Quand on relit l'appel à l'action n° 20 :
«Nous demandons au gouvernement du Québec de remettre aux familles autochtones
toutes les informations dont il dispose concernant les enfants qui ont été
enlevés suite à une admission dans un hôpital ou tout autre centre de santé au
Québec.» Alors, cette première partie là de l'information, c'est ce que je vous
dis, on veut vraiment faire la lumière. Puis tantôt je vous ai dit : La
prémisse de base, c'est de faire la lumière sur les circonstances quand on a un
décès, une disparition. En toute transparence et honnêteté, si on fait une
enquête et on tombe sur de l'information, on apprend ce qui a été fait, et
tout, on va le remettre. Ça fait partie de toutes les informations qui vont
faire la lumière.
Mais rappelons-nous l'essence de ce projet de
loi qui nous permet de déroger à la loi d'accès à l'information et la
protection des renseignements personnels. Le but du projet de loi, c'est
d'aller chercher cette preuve documentaire qui, malheureusement, les familles
n'ont pas pu recevoir, dans le passé, même avec l'ENFFADA, c'est de nous
permettre de donner cette information-là aux familles. Et tantôt, ce que je
vous ai dit de façon transparente, c'est que, si on n'y arrive pas, si on ne
trouve pas, puis je ne vous dis pas que ça va être le cas, mais gardons-nous en
tête que c'est une première approche, et si on découvre certaines informations
puis on se dit : Écoute, on n'est pas encore allés assez loin, la preuve
documentaire ne nous a pas aidés, on trouvera un autre outil. On veut aller à
la recherche de l'information.
Présentement, ce qu'on dit, c'est que
«circonstances», c'est très large. Les circonstances vont pouvoir permettre...
vont nous permettre, avec les familles, d'arriver vers les causes. On veut
ratisser le plus large. Je veux essayer de mettre ça le plus imagé possible,
là, je ne veux pas laisser l'information de côté, je veux revirer toutes les
pierres, je veux le plus d'information possible. Je veux ratisser très large
et, avec ces circonstances-là, permettre aux familles de comprendre les causes,
comment ça s'est passé. Qu'est-ce qui est arrivé de mon enfant? C'est la question
de base que je ne peux pas croire qu'en 2021 il y a des familles qui ne le
savent pas encore. On veut répondre à ça.
Et, suite à cette
étape-là, on verra ensemble, comme parlementaires, on verra s'il y a d'autres
étapes à faire par la suite. Moi, je me dis
qu'on doit se laisser la chance d'aller... Moi, j'aime bien l'approche
étapiste, M. le Président, j'aime bien y aller étape par étape.
Aujourd'hui, on se donne un projet de loi qui nous permet d'avoir accès à des
documents auxquels les familles n'avaient pas accès. Et c'est ce qu'on fait
comme première étape. Et, si on n'a pas la bonne information puis on découvre
d'autres choses... Puis c'est pour ça, tout à l'heure, je parlais, ce matin,
avec des... ici, je parlais de l'importance d'impliquer les familles dans un
comité de suivi aussi, parce qu'on va voir, en application du projet de loi, ce
qui va bien et ce qui doit être ajusté, puis on va s'ajuster. Le but, c'est de
répondre aux demandes des familles. Le but, c'est de les aider dans leur quête
de la vérité.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, je vous
laisse poursuivre sur votre lancée. Il y a M. le député de Jacques-Cartier et
aussi de René-Lévesque qui souhaitent intervenir, comme vous le sentez.
Mme Massé : Je veux peut-être
juste... Puis ça va me faire plaisir de leur céder la parole après, mais juste
parce que, là, il y a un petit quelque chose, puis je voudrais juste être
certaine. Parce que, dans les faits, ce que je comprends... et je comprends absolument les familles qui disent :
Bien, moi, je veux savoir qui, mais j'ai aussi entendu : Je veux
savoir pourquoi.
Alors là, vous venez de le dire, puis je veux
être sûre que je l'entends bien, là, ce que vous venez de dire, c'est... Vous m'avez relu la recommandation n° 20, et, bien sûr, on n'a pas parlé
de la 21, fort probablement parce que la 21 nous amènerait plus au pourquoi. Pour les gens
qui nous écoutent, la recommandation 21 du rapport de l'ENFFADA
Québec, qui demande une enquête publique indépendante, peut-être que ça, ça
nous amènerait plus au pourquoi.
Mais, ceci étant dit, je pense
qu'au niveau des auditions on a bien entendu les deux volets. Là-dessus, je
vous le concède, on a vraiment entendu les familles. Puis même, quand on les a
rencontrées, elles sont revenues sur le : Oui, on veut comprendre ce qui
s'est passé. Puis même les autres membres des Premières Nations qui
disent : Nous, on accompagne les
familles parce qu'elles ont droit de savoir, le droit à la vérité, c'est vrai,
on reconnaît ça, mais aussi elles ont dit : Mais on veut comprendre pourquoi. Et donc, là, c'est
comme si, dans ce que vous venez de me dire... parce que vous m'avez déjà
dit qu'il n'y aurait pas de commission d'enquête publique. C'est comme si, dans
ce que vous venez de me dire, bien, dans le fond, le pourquoi, on réglera ça
plus tard. C'est comme ça que je l'entends, M. le ministre.
Le Président (M. Tremblay) : M. le
ministre.
M. Lafrenière : Oui, merci, M. le
Président. Ce que je dis, pour avoir rencontré des familles aussi... parce que
vous faites référence à une commission d'enquête publique, et les familles...
Encore hier, je peux vous dire que la moitié des familles que j'ai rencontrées
n'étaient aucunement intéressées avec une enquête publique, ne voulaient pas
témoigner publiquement. Pour eux, c'était clair.
Alors, ce qu'on a dit hier, puis je veux le dire
à ce micro, devant tout le monde, pour les familles qui auront... parce que,
pour certaines familles, le besoin puis l'importance, vous avez dit, tout à
l'heure, comme société, de comprendre ce qui
s'est passé, d'expliquer ce qu'ils ont vécu, nous, on va les supporter, on va
leur donner la possibilité de le faire, d'y aller publiquement, de
décrire des situations, d'expliquer ce qui est arrivé. On va le faire, mais ça
va être au choix de la famille. On ne veut pas y aller avec un processus pour tout
le monde. Ça, c'était la première étape.
Deuxièmement, ce que j'ai dit à la collègue,
dans un excès de transparence, c'est que je vais tout faire pour trouver
l'ensemble des circonstances, le qui, le quoi, le quand, le pourquoi, avec la
preuve documentaire, avec la Loi d'accès. Parce que n'oubliez pas, hein, on
revient à la base, le projet de loi n° 79, ce qu'il
nous permet d'avoir accès, ce sont des documents auxquels les familles n'ont
pas pu avoir accès. C'est ça qu'on se donne comme outil, aujourd'hui. Alors,
tout ce qu'on va pouvoir récupérer, on va le donner, mais on se le dit en toute
transparence. Commençons par ça, voyons ce qu'on va découvrir, puis après ça on
prendra une décision, qu'est-ce que ça nous prend pour outils si on n'a pas
tout.
Mais moi, pour la collègue, je veux la rassurer,
toute l'information que je vais retrouver, on va la remettre aux familles. Et j'espère qu'avec cette
étape-là... d'être capable de répondre à l'ensemble des questionnements que les familles ont. Cependant, j'ai l'honnêteté,
la transparence de vous dire : Comme on va avec une preuve
documentaire, je ne suis pas sûr que,
dans les documents, on va tout trouver. On va rencontrer des gens,
on va tout faire notre travail d'enquête,
mais ce que j'essaie de dire, c'est qu'on
ne se limite pas. Si on a besoin d'autres outils, on travaillera ensemble par
la suite.
Mais ce que je veux, c'est répondre aux
familles. Puis je vous donnais l'exemple quand la famille me disait : Moi,
je veux savoir aussi qui a passé la commande dans les années 50, 60.
Faites-moi confiance, avec la preuve documentaire, on va creuser tout ce qu'on
peut faire, avec des témoignages de gens qui sont encore parmi nous, on va le
faire aussi, mais il faut quand même être honnête dans ce qu'on transmet aux familles
en disant : On va tout faire pour trouver cette information-là. Puis on
est assez transparent pour dire : S'il manque quelque chose, on va le
regarder ensemble. Et c'est pour ça qu'on veut faire ces rencontres mensuelles
avec les familles, pour dire : Évaluons ce qui va bien, ce qu'on doit
corriger. Et c'est ce que je vous dis aujourd'hui.
Puis je vous le répète, mon but n'est pas
d'imposer un processus qui peut être difficile pour les familles. On veut y
aller rapidement pour trouver l'information. Il y a des familles, M. le
Président, qui ont déjà fait leurs demandes en vertu de la loi d'accès à
l'information. Ils n'ont pas reçu l'information, ils ont déjà contesté. Nous,
on veut les prendre du point où ils sont rendus puis les aider à progresser, et
c'est pour ça qu'on est là, M. le Président, puis c'est pour ça qu'on fait le
projet de loi n° 79.
Le Président (M.
Tremblay) : Merci, M. le ministre.
Mme
Massé : Bien, en même temps, M. le ministre, je vous entends, vous me
dites : On va aller chercher le plus profondément, et, si effectivement
le pourquoi nous apparaît, on va le transmettre, on va le dire. Donc, vous
n'êtes pas fermé à chercher les causes, ce n'est pas... tu sais, je veux dire,
ce n'est pas antinomique, là, on peut chercher les circonstances et on peut
chercher les causes en même temps. Un ne s'oppose pas à l'autre, pas dans ma
compréhension des choses, ne s'oppose pas à
l'autre. Et c'est comme si tout le vocabulaire que vous utilisez laisse
clairement entendre que vous êtes prêt à... si, toutefois, les causes
ressortaient, dans les recherches que vous faites, que vous allez, bien sûr,
les transmettre aux familles.
Alors, si tel est le cas, c'est quoi, l'enjeu de
l'inscrire? Je ne comprends pas c'est quoi, le problème de l'inscrire, si effectivement
vous avez bien entendu comme moi que les familles veulent aussi comprendre les
causes. C'est ça, c'est ce bout-là que je n'arrive pas à saisir.
• (16 h 30) •
Le Président (M. Tremblay) : M. le
ministre.
M. Lafrenière : Merci beaucoup, M.
le Président. Puis c'est là qu'on embarque dans toute la subtilité d'avoir un projet de loi puis la
limitation de définir «causes». Et c'est pour ça qu'on a décidé de prendre
«circonstances», M. le Président, parce qu'en toute transparence, ce qu'on
voulait, c'est d'avoir le plus d'information possible, on voulait être le moins
limitatifs. Et, si on utilisait «causes», il fallait aller le définir.
Je vous ai déjà dit tout à l'heure, dès qu'on va
arriver du côté de causes criminelles, c'est complètement du domaine policier.
Lorsqu'on parle de causes de décès, c'est le coroner. Alors, dans toutes les
façons qu'on l'a regardé... puis, croyez-moi, depuis qu'on a eu ces
échanges-là, on a fait nos devoirs et, à chaque fois, on arrivait avec une
définition de «causes», parce qu'on devait le définir, parce que c'est beaucoup
trop large, on arrivait avec plus de problèmes que de bon. «Circonstances»,
c'était beaucoup plus large, et notre prétention, quand on a fait nos
vérifications, c'est qu'avec les circonstances, on serait à même d'établir les
causes.
Et là, pour les gens qui nous écoutent, je veux
juste que les gens comprennent, là, on est vraiment au niveau d'un enjeu légal
et non pas un enjeu de volonté ou d'un dogmatique qui refuserait d'utiliser le
mot «causes» pour peu importe la raison. C'est vraiment qu'au final, ce que je
veux, c'est qu'on soit bien outillés pour aller à la bonne place puis répondre
aux demandes des familles, et «circonstances» est moins limitatif, pour nous.
Si on avait «causes», on devait le définir et là on n'y arrivait pas.
Mme
Massé : O.K. Bien, prenons, par exemple... au Québec, là, on a une
loi, là, sur les causes et circonstances des décès, là. Ça existe, ça,
je veux dire, on a aussi tout un quart de métier public avec les coroners, bon,
etc. Et, bien sûr, lorsqu'on parle... parce que, plus tard, on va parler
d'enquêtes, des pouvoirs d'enquête, etc. Mais, lorsqu'on parle d'accompagner
les familles pour que les familles saisissent et comprennent qu'est-ce qui est
arrivé à leur enfant, si toutefois... en
fait, puisqu'on a une loi, déjà, qui dit : Quand ton enfant... quand une
personne est décédée, au Québec, on est tellement hot que, dans le fond,
on a une loi qui a ça comme objectif, c'est-à-dire s'assurer de chercher les
causes et les circonstances des décès. Ça, c'était un des arguments qui étaient
amenés par Me Arsenault, je crois, de mémoire.
Alors, pourquoi, si nous-mêmes, au Québec, on
s'est donnés ce cadre-là et que, là, on cherche à comprendre ce qui est arrivé
avec ces enfants décédés là, donc les circonstances des décès, pourquoi, tout
d'un coup, le «causes» devient plus compliqué que dans la loi qu'on a établie
il y a déjà plusieurs années de ça, là?
Le Président (M. Tremblay) : M.
le ministre.
M. Lafrenière : Merci beaucoup,
M. le Président. Puis c'est justement dans notre recherche qu'on est allés voir
dans la loi du coroner, pour voir que «causes de décès» est clairement
déterminé. Il est établi, il est défini, il est défini clairement, et on s'est
lancés dans l'exercice intellectuel de définir les causes de disparition. On
n'arrivait pas à une définition aussi claire que nos collègues avec la loi du
coroner. Alors, je ne peux pas être plus transparent que ça avec ma collègue.
Lorsqu'on a regardé... exactement, vous parlez
de cause de décès, puis je pense que ma collègue touche le bon point, «cause de
décès», dans la loi du coroner, c'est clairement établi, ils l'ont bien défini,
ce qu'est la cause de décès. «Cause de
disparition», ils n'arrivaient pas à mettre... Et, faites-moi confiance, j'ai
travaillé sur des cas de disparition d'enfant trop souvent dans ma vie,
malheureusement, «circonstances» était beaucoup plus large. Et puis je pense
que, pour que les gens comprennent, on voulait avoir le maximum d'information.
Là, si on se limitait avec «causes», on a cherché une façon d'arriver à une
définition, on n'y arrivait pas. On se limitait, puis ce n'est pas ça qu'on
veut.
Je ne peux pas me permettre, moi, de regarder
les familles puis de dire, suite à ce qu'on a écrit : Voici l'information qu'on a eue, je n'ai peut-être pas
tout eu, mais on va aller... On veut ratisser le plus large, M. le
Président. Mais on l'a regardé, puis c'est exactement l'exemple qu'on a
regardé, pour ma collègue, la loi du coroner, c'est vraiment celle-ci qu'on a
regardée, avec «causes de décès» qu'ils ont clairement défini.
Mme Massé : Donc, ce que je
comprends, ce qui pose problème d'ajouter le mot «causes», ce n'est pas
nécessairement par rapport au décès, c'est lorsqu'il y a disparition, c'est là
que c'est plus... Est-ce que je comprends bien que c'est là que c'est
problématique? Ce n'est pas par rapport aux décès puisque, par rapport aux
décès, on est déjà régis par une loi qui vise à rechercher les causes et les
circonstances.
M. Lafrenière :
Ce que ma collègue dit, M. le Président, c'est que, justement, si on parle de
causes de décès, la loi du coroner... l'enquête du coroner va y répondre. Si on
parle de causes de décès criminelles, ce serait une enquête policière qui
aurait répondu. Là, si on inscrit «causes» dans notre loi, on va devoir le
définir, puis c'est là qu'on se retrouve avec plus de problèmes que de bien.
Mme
Massé : Pourquoi, M. le ministre? Parce qu'il faudrait parler de racisme, peut-être, systémique, peut-être? Non?
M.
Lafrenière : Absolument
pas, M. le Président. Si je peux être très, très clair, là, je pense
que le but numéro un recherché par
les familles, c'est savoir ce qui est arrivé, puis, avec les circonstances, on
va l'établir. Comme je vous dis, il est écrit clairement, dans la loi du
coroner, la définition de «cause de décès». Et ce qu'on ne veut pas, c'est
arriver avec une réponse plate, avec des gens qui nous ont... qu'on a creusé l'information,
si vous voulez, puis on se fasse répondre :
Ce qu'on cherchait, on ne l'a pas. Avec «circonstances», on y va beaucoup
plus large. Je ne crois pas... je ne vois
pas, dans un rapport, comment des termes racistes seraient mis de côté. Je
comprends ce que ma collègue veut dire puis
je suis sûr qu'elle ne fait pas de lien avec un rapport des années 60, 70,
qui ne serait pas remis par cause de racisme.
Mme Massé : Oui, bien, on verra,
hein, on avancera dans ce projet-là... pas dans le projet, je veux dire, dans son application. C'est sûr que, quand on cherche
les causes de quelqu'un qui a été tué à bout portant, bien, c'est
criminel, de quelqu'un qui a passé entre les mains du coroner parce qu'on ne
sait pas exactement de quoi il est décédé, et le coroner doit valider les
raisons du décès, vous avez raison. Quand on cherche les causes de pourquoi
c'est arrivé aux enfants dans la même période, ça, là, c'est sûr que, là, on
cherche d'autres causes, fort probablement.
Puis c'est comme ça que j'interprète quand vous
me dites : C'est dur à définir. C'est que la dimension criminelle et/ou médicolégale, elle, on est
capables de la définir. C'est plus l'autre bout qui nous aiderait à
comprendre comment ça se fait qu'au Québec, dans ces années-là, il y a des
familles qui étaient laissées sans nouvelles de leurs enfants. Je pense c'est
ça, la cause. Je pense, c'est une partie, en tout cas, de ce que moi, j'ai
entendu que les familles cherchent, comme cause.
Mais je vais m'arrêter là parce que je sais que
mes deux autres collègues veulent... Mais je remercie le ministre d'avoir
clarifié cette dimension-là parce que je trouve que c'est important. On va continuer.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
Mme la députée. M. le ministre, vous voulez poursuivre? Oui.
M. Lafrenière : Et, M. le Président,
juste pour répondre, oui, effectivement, on veut répondre aux familles. Avec l'ensemble
des circonstances, ça va nous permettre de déterminer ce qui s'est passé, le
quoi, le pourquoi, le comment. C'est ce qu'on veut faire. On y va très
largement.
Le
Président (M. Tremblay) :
Merci. Toujours sur cet amendement à l'article 6, M.
le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Oui, M. le
Président. J'appuie l'amendement de ma collègue, je pense qu'encore c'est... Je
comprends les arguments que le ministre veut nous donner concernant les causes,
mais ce n'est pas moi, le député de Jacques-Cartier, qui juste a décidé :
Je pense que c'est une bonne idée. Presque chaque groupe qui a présenté devant
nous a demandé que les causes sont bien écrites et établies dans notre projet
de loi.
Puis il y a une définition du coroner sur les
circonstances, aussi, et les causes, mais on a aussi toujours le pouvoir, ici,
de redéfinir le mot «des causes». On peut ajouter des caveats pour s'assurer
qu'on parle des causes que les familles cherchent dans ce projet de loi. On est
capables de faire ça, nous avons le pouvoir. Et, encore, il y a eu un bon échange entre mes collègues,
mais c'est juste un thème qui revient souvent, puis la seule chose, c'est
comme : pourquoi ne pas juste s'assurer que les causes et circonstances
sont bien établies dans ce projet de loi pour éviter qu'il y ait un autre pas
qu'il faut prendre?
Moi, je suis dans le même... je partage la même
position de ma collègue, que je pense qu'une enquête publique est nécessaire.
Encore, ce n'est pas moi qui ai écrit ça, c'est déterminé dans le rapport
ENFFADA, la recommandation 21. Mais le pourquoi, oui, le pourquoi, c'est
important, et les causes, et ça, c'est encore... Je pense que ma collègue a
vraiment bien expliqué la position qui était présentée par les différents
groupes. Mais je ne sais pas si on va répondre, s'il y a un manque de certains
mots et de certaines... comme «des causes», comme «vérité», si ces mots-là ne
sont pas trouvés dans notre projet de loi, je pense qu'on va avoir plusieurs
familles qui sont déçues, qui vont quand
même, au début, questionner si ce projet de loi va vraiment répondre à leurs
besoins et leurs demandes. Et encore, c'est pour eux autres...
Et je sais que le ministre dit : Bien, j'ai
rencontré des familles, puis pas tout le monde est d'accord de participer dans
une enquête publique. Mais je ne sais pas si ça dit qu'ils ne sont pas contre
l'idée d'une enquête publique. Parce qu'encore, pendant les audiences
publiques, c'était pas mal clair, et la majorité des groupes qui ont présenté
ont dit : Il faut avoir cet élément-là. Oui, ce serait répondre à la
recommandation 20, mais il y a un élément 21 qu'il faut aussi
commencer.
• (16 h 40) •
Puis c'est vrai, le pourquoi, peut-être ça va
être très difficile pour notre société d'accepter le pourquoi, pourquoi les
enfants ont disparu. Et c'est possible que ce n'est pas juste les questions du
racisme systémique qu'on va avoir en face de nous. C'est aussi, peut-être, les
questions qu'il y a eu un génocide au Canada. Et ce n'est pas moi qui dis ça. Ça, c'est le rapport qui a été préparé par des
personnes qui ont voyagé partout au Canada pour écouter les peuples
autochtones, les Premières Nations, les Inuits du Canada et du Québec. Et c'est
possible que, quand on trouve le pourquoi, qui a fait la commande, dans quelles
politiques est recommandé d'enlever des enfants, on va faire face à une histoire qui est plus que juste triste, plus que juste inacceptable,
mais des actions que nous, comme un peuple... a pris, qui ont trouvé complètement
inacceptables quand c'est fait dans un autre pays ou une autre juridiction.
Alors, je ne sais pas si le ministre veut
répondre à mes commentaires, mais je veux juste dire que je pense que ma collègue
a présenté tous des arguments pourquoi les causes sont importantes. Je ne suis
pas un avocat, je ne suis pas quelqu'un... je sais, il y a des différentes
définitions. Mais encore, c'est important, je pense, pour les gens qui écoutent
nous présentement et pour tout le monde qui a travaillé sur les mémoires et a
pris le temps d'étudier le projet de loi, qui a pris le temps de regarder les
différentes définitions des mots puis a dit : Toujours, les causes doivent
être mises clairement dans la loi avec les circonstances. Pas qu'on va se
dire : Bien, les circonstances, ça couvre les causes, parce que c'est
clair qu'il y a un débat là-dessus. Alors, merci, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le député. M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui. Merci beaucoup,
M. le Président, puis merci pour mon collègue. Je vais me permettre de corriger
au passage un des faits qui a été mentionné quand vous parlez de racisme
systémique. Je suis persuadé qu'on ne veut pas faire de la politique sur ce projet
de loi, parce que je rappellerais que les faits ont été connus en 2015, et on
est rendus en 2021. Ça fait six ans, puis je pense que, collectivement, on peut
tous se regarder dans le miroir, il n'y a rien qui a été fait, M. le Président.
On est rendus en 2021, il faut commencer à quelque part.
Puis vous avez raison qu'on peut l'améliorer,
vous avez raison qu'on va pouvoir faire d'autres choses. Je suis entièrement
d'accord. Puis vous avez raison aussi quand vous dites qu'au final ce n'est pas
pour nous, ce n'est pas pour vous comme député de Jacques-Cartier, ce n'est pas
pour moi comme ministre. On le fait pour les familles. Vous avez entièrement
raison.
Et là-dessus, quand on regarde les définitions,
les différentes définitions, le danger... puis je vais le répéter une autre
fois, mais le danger qu'on a vu lorsqu'on regardait «causes»... cause
criminelle, enquête policière; cause de décès, Bureau du coroner. Et, quand on
regarde les jurisprudences, quand on regarde les définitions de «cause», on se
fait dire : Attention, attention, attention, en rouge, en orange écarlate,
mot avec plusieurs définitions.
Alors, nous, ce qu'on vous présente aujourd'hui,
c'est cette volonté d'aller chercher les circonstances, d'aller chercher beaucoup plus large pour établir les
causes avec les familles. Et là, vous avez raison aussi, il faut que les
familles soient au premier plan avec nous,
il faut qu'ils soient assis, siège passager, pour voir ce qui se passe, parce
que c'est pour eux qu'on le fait,
hein? Si ça ne répond pas à leurs questions, si la façon de faire n'est pas la
bonne, ça va être périlleux.
Et, je veux dire, M. le Président, je n'ai
jamais mentionné que c'était un refus des familles de faire une enquête
publique. Ce que je disais : Il faut respecter la volonté des familles.
Et, encore hier, il y a des familles qui m'ont dit qu'ils ne voulaient pas
témoigner publiquement. Ce qu'ils voulaient, c'était une réponse à leurs
questions, mais ils ne voulaient pas témoigner publiquement, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le ministre. Ça va?
M. Kelley : ...trop un débat
politique, mais c'est deux fois, maintenant, que le ministre a dit :
Depuis 2015, rien n'a été fait. On peut poser la question : Qu'est-ce que
lui a fait, quand il était en charge du SPVM, de certains dossiers? Qu'est-ce
qu'il a fait contre le racisme systémique? Alors, on peut avoir un débat
là-dessus, mais je ne veux pas aller là. C'est vrai, ça a sorti en 2015, puis
on a ajouté ça, cet élément-là a été ajouté, il y a des enquêtes qui étaient en
cours.
Alors, j'espère qu'on continue la discussion,
mais «rien n'a été fait»... On est arrivés avec des rapports, en 2018, puis maintenant
on est en action. Depuis deux ans, on n'a pas déposé un projet de loi
correctement, dans la façon que les peuples autochtones ont demandée, c'était
mis avec un autre projet de loi. Ça, c'est l'importance que le gouvernement au
pouvoir a donnée à ce projet de loi, c'était fusionner ça avec un autre.
Alors, M. le Président, je veux continuer à
avoir un bon ton, mais, depuis 2015, on a eu l'enquête, on a eu le rapport qui
a été déposé puis on travaille sur un projet de loi depuis deux ans. Alors, je
ne veux pas aller sur le côté personnel, puis on va continuer de faire ça, je
ne vais pas jouer la politique, on va adopter ce projet de loi, je pense qu'on
va probablement compléter ça cette semaine, mais je pense qu'il faut avoir une
bonne discussion puis mettre tous les éléments sur la table, qui sont proposés
par des groupes. Ce n'est pas le député de Jacques-Cartier qui pense ça, c'est
écrit dans les rapports. C'est tout, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay) : C'est
clair, M. le député. Toujours sur l'amendement à l'article 6, M. le député
de René-Lévesque, à vous la parole.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le
Président. Donc, à mon tour de prendre la parole sur ce débat qui est fort
important. Et je pense que, le ministre, il va être d'accord avec nous, on a eu
la chance d'entendre les groupes, pendant les consultations, mais on a eu aussi
la chance, et je présume que vous l'avez eue aussi, de parler à certaines
personnes qui cherchaient des réponses, oui, mais qui cherchaient, comme la
collègue de Québec solidaire le mentionnait, le pourquoi. J'ai compris votre
argumentaire. Je ne dis pas que je le partage. Je l'entends, je le conçois,
mais il est évident pour nous, pour les partis d'opposition, qu'il n'est pas
total.
Et donc, dans votre
argumentaire, vous faisiez référence tout à l'heure à : Bien, écoutez, il
y aura un comité de suivi qui sera mis en place; s'il y a quelque chose qui est
échangé, dans ce comité de suivi là, qui nous amène un éclairage, peut-être, je
dis bien peut-être, vous pourrez aller plus loin. Or, M. le ministre, à moins
que je ne me trompe, je n'ai pas vu nulle part dans le projet de loi les
indications de la création de ce comité de suivi là. Ça fait partie des mesures
administratives, vous allez me dire. Je le conçois, mais, encore une fois, on
est en train de bâtir la confiance avec les Premières Nations sur des
événements passés qui ont été extrêmement traumatisants et pour lesquels on
cherche ensemble des réponses qui seront, je l'espère, satisfaisantes pour les
familles.
Donc, je peux
bien donner la chance au coureur, mais je n'ai pas d'ancrage présentement, dans
le projet de loi, sur cette volonté d'avoir un lieu d'échange qui va
permettre, à la lumière de ce que le ministère, ou le ministre, ou les
responsables vont constater, d'enclencher une véritable réflexion qui pourrait nous
mener à obtenir une enquête ou, du moins, des réponses sur les causes des cas
en question. Donc, vous pouvez peut-être, comment je pourrais dire, me
réconforter ou, du moins, réconforter les familles, dans votre volonté de faire
un suivi de ça. Puis je ne le vois pas, puis vous me corrigerez, là, je ne l'ai
pas vu dans le projet de loi. Est-ce qu'on ne devrait pas l'inscrire?
Ou vous allez dire, peut-être : Martin,
c'est administratif, mais on va l'implanter. Je comprends, mais, pour bâtir la
confiance et commencer à mettre des pierres sur quelque chose qui est
extrêmement instable pour les familles... Je
vous indique que peut-être on pourrait discuter sur de quelle façon, dans le
projet de loi, cette volonté que vous
avez énoncée de mettre un comité de suivi qui, à la lumière des discussions et
des constatations que vous aurez dans ce comité-là... bien, la prochaine
étape sera connue et effectivement mise sur pied. Je pense que, ça,
minimalement, pourrait permettre aux différentes familles de poser le pied sur
un sol moins argileux et commencer à bâtir une réconciliation sur quelque chose
de plus solide.
Donc, j'aimerais vous entendre sur cette notion
de comité de suivi. Ça fait deux fois que vous l'abordez aujourd'hui, donc ça
serait peut-être quelque chose qu'on pourrait approfondir et même circonscrire
dans le projet de loi en question.
Le Président (M. Tremblay) : M.
le ministre.
M. Lafrenière : Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. Effectivement, vous avez deviné ma réponse, puis je
vais aller plus loin que ça. Effectivement, c'est un pouvoir exécutif, on n'a
pas besoin de le mettre dans un projet de loi. Mais je pense que c'est notre collègue
de Sainte-Marie—Saint-Jacques
qui nous faisait... qui le rappelait à juste part,
l'autre jour, que, lorsqu'on le dit au micro, c'est engageant, puis c'est pour
ça que je vais le redire une troisième fois.
Hier, j'ai rencontré l'association des familles
Awacak, et déjà on a convenu ensemble d'une rencontre mensuelle, M. le
Président, avant même l'arrivée du projet de loi. Puis je ne veux pas prendre
pour acquis que le projet de loi va être adopté, mais il y avait importance de
travailler avec les familles. Alors, dès hier, dès notre rencontre, on s'est entendus pour une rencontre
mensuelle pour faire le suivi avec eux. Parce que, ce que vous dites,
puis tout à l'heure le député de Jacques-Cartier disait la même chose, on a
quand même un déficit de crédibilité puis de confiance
à combler. Puis, quand je faisais référence au «nous», là, c'est le «nous» de
tout le monde comme société, là.
Ce n'est pas d'hier, c'est des actions qui ont
été faites dans les années 50, 60, 70. On l'a appris en 2015, c'est vrai,
mais collectivement, là, c'est vrai que, pendant une bonne période de temps, il
n'y a rien qui s'est fait. Et nous, on est en rattrapage. Alors, dès qu'on fait
des actions avec les familles, c'est clair que... Pour être très transparent
avec vous, je veux dire, je ne suis pas à parts égales, là. Je commence avec
plusieurs prises de mon côté, où les familles ont de la difficulté à faire
confiance. Et c'est pour ça qu'hier l'engagement que j'ai pris avec eux, c'est
de... mensuellement, qu'on se rencontre.
Mais, par la suite, j'aimerais rajouter d'autres acteurs, d'autres personnes
qui vont être capables de nous challenger dans notre façon de faire les
choses, de voir si on le fait comme il faut. Parce que c'est vrai qu'on se
donne les meilleurs outils puis ensemble, avec les échanges qu'on a, on essaie
d'avoir le meilleur projet de loi, la meilleure loi qui va répondre à leurs
besoins, mais on se laisse quand même cette capacité-là de s'ajuster.
Alors, c'est l'entente que j'ai prise avec eux
hier. Je le répète encore au micro, notre volonté... On a déjà une rencontre
mensuelle, mais je veux greffer à ce comité d'autres acteurs qui vont venir
nous remettre en question, nous poser des questions sur ce qu'on fait, comment
on pourrait le faire de meilleure façon, parce que c'est avec eux qu'on va le
faire. Puis, le collègue avait bien raison tantôt, on le fait pour qui? C'est
pour les familles.
• (16 h 50) •
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le ministre. Toujours sur l'amendement à l'article 6.
M. Ouellet : Oui, merci. Merci
beaucoup, M. le Président. La députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, tout à
l'heure, m'a... ne m'a pas fait de confidence, mais m'a indiqué à quel endroit
on pourrait aller un peu plus loin. Puis je ne veux pas m'approprier sa
volonté, mais je pense que ce qu'elle m'a témoigné, j'aimerais le témoigner, parce
que ça va dicter aussi les prochaines étapes. Plus tard, dans le projet de loi,
il y aura la possibilité d'avoir une reddition de comptes. Il y a des rapports
mensuels. Je vous indique que... On pourrait avoir cette discussion-là aussi
sur les suivis à donner aux comités de suivi. C'est une idée que la collègue
m'a soufflée tout à l'heure à l'oreille, que je trouvais excellente, qui, je
suis convaincu, vient effectivement des discussions qu'on a pu tous avoir avec
les différents groupes. Donc, c'est son idée.
Mais je pense que, dans la discussion qu'on a
présentement sur les comités de suivi, peut-être, je dis bien peut-être,
ultérieurement, lorsqu'on arrivera à la reddition de comptes ou la façon dont
le rapport sera rendu public à l'Assemblée nationale, puis on a encore de
bonnes idées à vous proposer, M. le ministre, peut-être que, sans dire
qu'on va clore le débat sur les causes, peut-être qu'on pourrait trouver encore
des pierres un peu plus solides à offrir à ce sol argileux en discutant d'une façon plus
tangible de rendre compte des constatations qui auront lieu et qui
voudront être rendues publiques. À ce
moment-là, peut-être que la reddition de comptes annuelle, que vous nous avez
proposée et qu'on pourra bonifier, pourrait être une avenue intéressante pour
qu'on ait l'opportunité, à cette étape, de poser un diagnostic sur ce qui aura
été dit et entendu et peut-être d'élever effectivement les procédures sur autre
chose que ce qu'on connaît actuellement.
Donc, je pense que la collègue m'entend bien,
là, je n'essaie pas de m'approprier son idée, je trouve que c'est une bonne
idée puis je veux qu'on avance ensemble là-dedans. Mais, à la lumière des
commentaires que j'entends depuis le début de la journée sur le comité de suivi
et de l'amendement qui a été déposé par ma collègue, je pense qu'on pourrait faire un pas supplémentaire à ce moment-là, là.
Mais j'entends, je comprends, je ne suis pas un gars bocqué, je ne veux
pas faire exprès non plus pour allonger le débat. Je pense que vous comprenez
les préoccupations que les partis d'opposition amènent à cette commission, mais
sans pour autant étirer le débat. Je pense que vous avez fait votre choix, puis
c'est correct.
Donc, pour
nous permettre d'avancer ultérieurement, et nous sécuriser, et sécuriser les
familles, j'offre peut-être une nouvelle avenue qui a été proposée par
ma collègue, qu'il serait intéressant de regarder. Voilà.
Le Président (M. Tremblay) : Merci, M.
le député. M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui. Merci beaucoup,
M. le Président. Puis effectivement ça aide beaucoup de regarder à l'avance,
là, ce qu'on pourrait changer, ce qu'on pourrait ajuster. Je vous le dis dès maintenant,
là, on le regarde, présentement, ce que vous suggérez ensemble. Puis c'est
aidant, ça nous laisse le temps de faire la démarche, parce qu'effectivement je
pense que tout le monde a dit la même chose, ce qu'on veut, c'est pour les
familles, puis c'est comme ça qu'on va le regarder. Alors, vous faites allusion
à l'article 21, où on parle de reddition de comptes. On va le regarder,
dès lors. Merci beaucoup.
Le
Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre. D'autres
interventions sur l'amendement?
M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Écoutez, M. le
Président, je ne veux pas étirer les choses et je trouve que, voilà, on parle d'une piste vers l'avant à explorer, qui est
potentiellement fructueuse, mais je crois que je ne revisite pas les choses
qui ont été déjà complètement ventilées. On parle d'une revendication qui a été répétée, de toute évidence, à plusieurs reprises. Et je veux juste m'assurer une bonne compréhension de quelques
éléments de réponse qu'on aurait eus sur cette question, les deux mots, «les causes», du ministre. Dans un
premier temps, j'aimerais comprendre comment on peut présumer que
d'inclure les mots «les causes» peut être limitatif en ce qui a trait aux
circonstances. Je veux comprendre la logique.
Deuxième
chose, si je lis les mots, je peux comprendre — et je ne suis pas vous, alors j'aventure sur
un territoire qui n'est pas facile pour moi — l'idée que chaque
définition que vous aurez explorée du mot «causes» vous aurait amenés sur les terrains où il y a un fardeau qui
est très compliqué, très légal, qui risquait d'empiéter, vous avez dit,
sur le mandat soit du coroner ou d'autres forces de sécurité publique. Je nous
rappelle que la proposition d'amendement serait suite aux mots où on parle de
«demandeur des renseignements personnels susceptibles de faire connaître les
circonstances». Je veux comprendre comment c'est une contrainte de donner au
ministre l'obligation de partager des renseignements susceptibles de faire
connaître les causes et les circonstances.
De ma compréhension, on ne parle d'aucun
empiétement sur d'autres autorités, on n'invite aucunement le ministre à
accepter un fardeau légal de donner preuve à quelque chose. On inviterait, avec
l'amendement, suite aux revendications de plusieurs groupes... on l'invite
d'accepter l'obligation pas juste de partager les renseignements sur les circonstances,
mais sur les causes, des renseignements susceptibles de faire connaître quelque
chose. On est à la recherche des façons d'aider les familles à découvrir des circonstances
sur une chose inimaginablement douloureuse.
Si je me permets de poursuivre l'affaire, c'est parce
qu'on va se regarder en toute franchise, les familles vont constater en toute
franchise que plusieurs de ces enquêtes risquent de n'aboutir à pas
grand-chose, malgré la plus grande bonne foi et efforts du ministre. Pour ces
gens-là, je crois qu'ils souhaiteraient, à la fin de l'exercice, savoir qu'il
n'y avait pas le moindre effort légal et recevable qui n'aura été fait.
Et là je termine là-dessus, sur le fait que l'amendement
proposé par la collègue parle de communiquer des informations susceptibles....
On ne parle pas d'un fardeau de preuves devant un tribunal, on parle de faire
un autre effort supplémentaire pour
accompagner, pour réconforter, pour découvrir, avec les familles, le plus de
renseignements sur leur situation souffrante, y compris quelques pistes de
réflexion, peut-être, peut-être rien de plus concluant que ça, en tout ce qui a
trait aux causes.
Alors, j'invite le ministre et je m'excuse si on
trouve que je remarche sur le territoire déjà couvert, mais je ne suis pas
convaincu... ces deux choses : dans un premier temps, comment d'ajouter
«causes» peut limiter la portée du mot
«circonstances»? Mais surtout, ma deuxième question, comme je ne vois
aucun fardeau qu'on traite, et là peut-être
je me trompe, mais je ne crois pas légal, on parle d'ajouter des choses
susceptibles à faire connaître les causes et les circonstances, n'y a-t-il pas
lieu, en tout honneur, d'ajouter le mot «causes»?
Le Président (M. Tremblay) : M. le
ministre.
• (17 heures) •
M. Lafrenière : Merci beaucoup, M.
le Président. Écoutez, je suis en total désaccord avec mon collègue, parce que
je trouve qu'il fait bien de poser toutes les questions maintenant, c'est là
qu'on doit le régler. Et je le dis en blague, parce
qu'effectivement l'article 1 et 2, on se l'était dit, hein, c'est un
pont... on savait qu'on avait un rendez-vous sur cette définition-là. Ça fait
que je vous fais une blague en vous disant : Vous faites bien, c'est là
qu'on doit le régler, parce que c'est une pierre importante pour le restant de
nos travaux.
Ceci étant dit, vous savez, de vous dire comme
volonté que je veux établir la cause, c'est une chose. Là, on est vraiment du
côté juridique où on est en législation, et ce que je vous donnais comme
explication tout à l'heure, ce n'est pas Ian qui a pensé à ça pendant la
soirée. Je n'ai pas cette connaissance, cette capacité-là. Ça vient du
Juridictionnaire, et c'est l'utilisation du mot «cause», où on nous déconseille
fortement de l'utiliser pour plusieurs raisons
qu'ils nous apportent, eux, dans leur jurisprudence, dans leurs connaissances.
Ce n'est pas une question de volonté.
Et je comprends ce que vous me dites. Et là où
je suis sensible, c'est quand vous dites que les familles vont avoir
l'impression qu'on ne leur donne pas tout. Et ça, je suis très sensible à ça,
et c'est pour ça qu'on veut mettre tout en place. Tout à l'heure, les collègues
ont fait référence à l'idée que j'avais amenée, d'avoir un comité de suivi, et
tout. Je veux que les familles soient aux premières loges, je ne veux pas
qu'elles aient l'impression qu'elles vont manquer de l'information.
Et, a contrario, cependant, pour le collègue, je
ne peux pas m'engager envers les familles en leur disant que c'est sûr qu'on va
tout trouver. Je ne peux pas prendre cet engagement-là. On fait référence à des
événements... puis tantôt je l'ai dit peut-être avec maladresse, mais, les
années 50, 60, 70, j'espère trouver toute l'information, mais je ne peux
pas avoir une obligation. Je ne peux pas leur promettre un résultat qu'ils
n'auront pas, ils ne nous feront pas confiance. Alors, ça remonte à... c'est ce
que je faisais tantôt comme allusion, ça remonte à voilà plusieurs années. Ce
n'est pas récent, c'est aujourd'hui qu'on fait des corrections, il y a urgence
d'agir.
Mais nous, avec «circonstances», ce qu'on envoie
comme message, on va avoir plus d'information que moins. Et ce n'est pas parce
que ça ne nous tente pas de l'utiliser, c'est... quand on regarde le
Juridictionnaire, on nous déconseille de l'utiliser complètement parce que le
mot «cause» a plusieurs définitions. Il faudrait le définir. Puis, tantôt, on a fait l'exercice ensemble,
causes criminelles, causes selon le Bureau du coroner, qui l'ont établi eux-mêmes.
C'est pour ça qu'on nous le déconseille au niveau de l'application de loi, au
niveau juridique et non pas au niveau d'une volonté de trouver les causes. Je
veux juste rassurer le collègue là-dessus.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le ministre. D'autres interventions sur l'amendement? Mme la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé : Oui. On va aller au
fond. J'étais... Vous savez, un des défis, lorsqu'on devient député, est que,
tout d'un coup, on devient législateur. C'est, en tout cas pour moi, de jouer
dans un monde qui n'est pas le mien, parce que mon rôle d'avocate que j'ai joué
depuis toujours, c'est plus un rôle d'«advocacy» au sens profond utilisé par
mes confrères et consoeurs anglophones, c'est-à-dire de défense de droits.
Et j'étais en train de relire, en essayant de
mettre ça dans mes cases, une partie du mémoire de Michèle Audette et de Me
Motard, qui fait référence, justement, à la question de «causes et
circonstances», qui fait le lien avec la Loi sur la recherche des causes et
circonstances. Puis, malheureusement, j'aimerais qu'elle soit assise à côté de
moi pour pouvoir réfléchir avec elle plus en avant de ce qu'elle voulait dire lorsqu'elle
a, Me Motard, écrit dans son mémoire que, dans la Loi sur la recherche des
causes et circonstances, dont on a fait état un peu plus tôt, on dit :
«Les circonstances du décès sont clairement distinguées des causes probables du
décès, à savoir des maladies, l'état morbide, les traumatismes, les
intoxications qui ont causé le décès ou y ont abouti ou contribué. En d'autres
termes, le p.l. n° 79
doit permettre aux familles de comprendre comment l'enfant est décédé ou a
disparu...» Ah! c'est intéressant, elle, là, ce n'est
plus juste la question du décès, c'est la question de la disparition. Alors
donc : «...comment l'enfant est disparu ou est décédé — entre
parenthèses — les
circonstances, mais aussi les raisons du décès ou de la disparition — entre
parenthèses — les
causes». Donc, les raisons...
Ça fait que ça revient un petit peu à ce qu'on
se disait d'entrée de jeu, vous et moi, M. le ministre, c'est-à-dire je
comprends les familles... en fait, ce qu'ils disent, c'est : On veut
savoir qui a callé la shot, qui a donné cet ordre-là. Peut-être qu'on ne veut
pas trop perdre de temps, là... le terme est très mal choisi, mais d'essayer de
comprendre pourquoi, là. C'est comme, moi, ce que je veux savoir, c'est qui,
mais, en bout de ligne, ce qui va faire qu'on
va être capable vraiment de comprendre ce qui s'est passé, c'est dans la
mesure où on va être capable de comprendre pourquoi ça a été comme ça, pourquoi
cette indication-là, cet ordre-là a été donné.
Alors, moi, je ne suis pas une spécialiste, mais
des gens qui sont spécialistes nous disent que le fameux droit à la vérité
comprend les deux aspects. Ça fait que là je me dis... Puis oui, c'est vrai,
Martin... désolée, député de très loin là-bas, sur la Côte-Nord, René-Lévesque,
hein, député de René-Lévesque disait plus tôt... c'est qu'effectivement il y a peut-être
des façons qu'on va vous parler un petit peu plus tard, là, que j'imaginais
comment on peut s'assurer d'aller chercher cet élément-là de comprendre le
pourquoi.
Mais ceci étant dit, dans ce qui nous occupe présentement
pour ce droit international, duquel nous avons, à travers le Canada, là, bien, quand
même été cosignataire, on dit que le droit à la vérité... Puis, pour les autochtones,
bien, c'est important, les traités internationaux, les conventions
internationales signées par le Canada puisque la Loi sur les Indiens est encore
de ce monde. Bref, ce qu'ils nous disent, c'est : Pour être en phase avec
ce droit à la vérité reconnu par les traités qu'on a... pas les traités, mais,
je veux dire, les conventions qu'on a signées, il faut être capable aussi d'en
comprendre les causes.
Puis là je vous ai fait grâce de tout le paragraphe
qui précède, qui, dans les faits, nous explique assez bien pourquoi, quand il y
a une perpétration de crime comme celui-là, bien, il faut s'attarder à
comprendre les causes parce qu'il y a peut-être des liens entre tout ça. Ça
fait que, quand je vous dis ça de Mme Motard...
Le Président (M.
Tremblay) : Mme la députée de Sainte-Marie, je m'excuse, en
conclusion, il reste quelques secondes pour votre temps imparti.
Mme Massé : Vous dites quoi à ça?
Bing! Vas-y, mon Ian!
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Merci, puis, écoutez, merci, je vous écoutais, puis c'est vraiment intéressant,
parce qu'au fur et à mesure que vous parlez on se fait des idées en tête, hein?
On se pose des questions avec des cas précis, puis je me disais : Vous
avez parlé... on parle de disparitions. Pour avoir travaillé un petit peu sur
ce genre de dossiers là, causes de disparition... puis je me disais : circonstances
de disparition, je peux comprendre. Puis là je me disais : causes, à part
ce que vous avez mentionné tout à l'heure, de dire : O.K., quelle était
l'intention derrière ces gens-là, pourquoi ça s'est passé?, puis là je
comprends ce que vous dites.
Puis on va se parler de façon très claire. Est-ce
que... Vraiment, avec la loi d'accès à l'information, est-ce que vous pensez que, dans un rapport que je vais
avoir... que je vais réussir à aller chercher, rapports médicaux, et tout, il y a quelqu'un qui va m'écrire clairement
quelle est la cause, pourquoi ils ont passé cette commande-là? Si c'est le cas,
je vais le trouver. Je vais le trouver, je vais l'avoir, je vais en être
heureux, mais c'est pour ça, je vous dis, je suis assez honnête pour
dire : Au final, quand on aura fait ce premier exercice là ensemble... et
c'est pour ça que votre idée est très bonne de dire : Il faut impliquer
les familles, il faut les garder dans le lot. Est-ce qu'avec ces documents-là
je vais être capable de l'établir? La réponse : Je ne crois pas. Si j'y ai
accès, tant mieux.
Et je reviens de façon plus plate possible en
vous disant que, dans le Juridictionnaire, ce qu'on nous suggère, ce n'est pas
de l'utiliser, pour les raisons que je vous ai mentionnées, mais je reviens
encore à la base. Si on parle de disparition, puis ça, je suis très à l'aise de
vous en parler, plus que du côté juridique, les causes d'une disparition, je
vous dirais, j'aurais bien de la difficulté à passer plus que cinq minutes à
trouver une réponse à ça. Les circonstances extrêmement importantes, ça va nous
permettre aux familles de comprendre ce qui est arrivé.
Mais, après ça, je comprends où on va, hein,
puis je comprends ce que les familles nous disent. Ils veulent savoir pourquoi
ça s'est fait comme ça, qui l'a demandé. Si on le trouve dans le document, ça
va nous faire plaisir, et sinon on verra si on a un autre outil, mais c'est...
Aujourd'hui, je nous ramène à ce qu'on fait, le projet de loi n° 79 nous
permet d'avoir accès à des documents qui ne seraient pas accessibles autrement.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre. D'autres interventions sur l'amendement?
Mme Massé : Moi, je n'ai plus
de temps, M. le Président.
Le
Président (M. Tremblay) :
Non, votre temps est écoulé, Mme la députée, désolé. Alors, on poursuit. S'il
n'y a pas d'autre intervention... Alors, j'ai le député de René-Lévesque.
• (17 h 10) •
M. Ouellet : Oui, effectivement, merci beaucoup, M. le
Président. Tout à l'heure, j'ai insufflé un vent d'optimisme sur une voie de passage possible et, dans ce
souffle, j'ai manqué d'air. Et la collègue de Sainte-Marie—Saint-Jacques me fait mention qu'il y a
deux endroits qu'on pourrait en discuter, soit à l'article 20 et
l'article 21. Et donc je faisais, tout à l'heure, référence à l'article 22,
donc il y aura deux endroits avec lesquels on pourrait discuter de ces comités
de suivi, de la façon de rendre compte et de
la façon aussi de... une fois qu'on a rendu compte, on aura pris
connaissance d'une situation, quelles pourraient être les prochaines étapes que
nous pourrions franchir ici, à l'Assemblée nationale, pour donner un peu plus de certitude à l'incertitude
vécue suite aux réponses et aux non-réponses obtenues aux familles.
Voilà.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le député. D'autres interventions sur l'amendement? Alors, on pourrait
procéder à la mise aux voix de cet amendement à l'article 6 par appel
nominal, Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Lafrenière (Vachon)?
M. Lafrenière : Pour.
La Secrétaire : Pour les
membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Lachance
(Bellechasse)?
Mme Lachance : Pour.
La Secrétaire : Pour les
membres de l'opposition officielle, M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley : Abstention.
La Secrétaire : Mme Massé
(Sainte-Marie—Saint-Jacques)?
Mme Massé : Sur mon amendement?
Pour.
La Secrétaire :
M. Ouellet (René-Lévesque)?
M. Ouellet :
Pour.
La Secrétaire :
M. Tremblay (Dubuc)?
Le Président
(M. Tremblay) : Abstention.
Des voix :
...
Le Président
(M. Tremblay) : Écoutez, on va interrompre quelques minutes, s'il
vous plaît.
Une voix :
...
Le Président
(M. Tremblay) : Oui, deux minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 12)
(Reprise à 17 h 25)
Le Président (M. Tremblay) : Alors, on reprend. Je comprends donc qu'il y a
consentement afin de reprendre le vote sur l'amendement proposé par la députée
de Sainte-Marie—Saint-Jacques
à l'article 6 du projet de loi. J'ai besoin du consentement.
Des voix :
Consentement.
Le Président (M.
Tremblay) : Alors, consentement. Par appel nominal, Mme la secrétaire.
La Secrétaire :
Pour, contre, abstention. Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques)?
Mme Massé :
Pour.
La Secrétaire :
M. Lafrenière (Vachon)?
M.
Lafrenière : Contre.
La Secrétaire :
Pour les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement,
Mme Lachance (Bellechasse)?
Mme
Lachance : Contre.
La Secrétaire :
Pour les membres de l'opposition officielle, M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley :
Pour.
La Secrétaire :
M. Ouellet (René-Lévesque)?
M. Ouellet :
Pour.
La Secrétaire :
M. Tremblay (Dubuc)?
Le Président (M.
Tremblay) : Abstention. Alors, cet amendement à l'article 6 est
rejeté. Ah! attendez, je m'excuse... C'est une blague. On poursuit. On
poursuit, M. le ministre.
M.
Lafrenière : ...M. le Président.
Le Président (M.
Tremblay) : On poursuit avec... Ah! non, on revient plutôt à
l'article 6. Des interventions à... l'article 6, pardon, déjà amendé?
Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
la parole est à vous.
Mme Massé :
J'ai un autre amendement. Non, excusez. J'ai une question.
À l'article 6,
au deuxième paragraphe, on fait état, en fait, que l'organisme ou la
congrégation «doivent tenter d'obtenir une confirmation que cette personne est
toujours en vie ainsi que les renseignements permettant de la localiser en
s'adressant à la Régie de l'assurance maladie du Québec.»
Pourquoi juste la
RAMQ? Est-ce qu'avec la RAMQ on ne se trouve pas dans une situation où, par
exemple, un enfant serait finalement rendu en Ontario ou à Terre-Neuve, aux
États-Unis, «whatever», je pourrais ne pas le retrouver? Bref, pourquoi
seulement la RAMQ? Pourquoi pas d'autres institutions?
Le
Président (M. Tremblay) : M. le ministre.
M.
Lafrenière : Merci beaucoup, M. le Président. Écoutez, je ne peux pas
commencer à répondre sans remercier les oppositions qui ont fait un bon travail
de me guider dans mon premier projet de loi, M. le Président. Alors, c'est un
apprentissage que je gagne aujourd'hui. Je peux vous garantir, je vais être
très à l'écoute. Je vous remercie sérieusement. Je pense, ça témoigne aux
familles ce qu'on a dit dès le premier jour, qu'on travaillait pour le bien-être
des familles.
Et la question est
fort pertinente en se disant : Pourquoi on inscrit comme seule recherche
la RAMQ? Et vous l'avez mentionné, si l'enfant se retrouve à l'extérieur... Puis
là quand on... Je vais parler du processus d'enquête. C'est sûr qu'au niveau du
processus d'enquête, tout ce qu'on appelle, dans le langage du métier, les
sources ouvertes vont être utilisées pour tenter de retracer l'enfant, c'est
clair.
Mais
c'est évident qu'à cette étape-ci, comme majoritairement on parle de cas, et ça
a été inspiré par la loi n° 65, là, la
loi sur... l'article 65, pardon, sur la Loi de l'assurance maladie, la
meilleure façon de trouver une personne... parce qu'on pourrait dire permis de
conduire, il est possible que la personne n'ait pas de permis de conduire, il y
aurait d'autres possibilités. On est vraiment allés avec la Loi sur l'assurance
maladie, la personne qui a encore une carte, de l'identifier au Québec, mais,
hors Québec, les sources ouvertes vont être utilisées comme enquêteur, comme on
fait dans d'autres cas. Puis je vous dirais que, dans sources ouvertes, on peut
inclure les médias sociaux aussi qui sont fortement utilisés aujourd'hui pour
retracer des gens.
Le Président (M.
Tremblay) : Toujours sur l'article 6 amendé.
Mme Massé :
Donc, dans le fond, si je comprends bien, en indiquant RAMQ au sens de
l'objectif, c'est le meilleur moyen, entre guillemets, pour localiser quelqu'un
au Québec et que pour... puis je pense que c'est peut-être ailleurs où on en
parlera, là, mais pour, mettons, les enfants qui pourraient se retrouver dans
une autre province, un autre État, voire même aux États-Unis, des choses qu'on
a entendues, là, ça serait d'autres moyens.
Mais
peut-être que c'est trop précis, mais,
tu sais, je veux dire, mettons, on cherche à partir... Pour le
localiser, on cherche à partir de la Régie de l'assurance maladie du Québec, on
se rend compte que la... On essaie toutes les façons possibles d'écrire le nom
de famille, le prénom. Bon, on essaie tout ça pour finalement se rendre compte
qu'on n'arrive pas à localiser la personne. Est-ce qu'automatiquement ça
enclenche le processus vers les autres législations? À partir de quel moment...
Lorsqu'on ne trouve pas la localisation à partir de la RAMQ, à partir de quel
moment on se dit : Ah! ça se peut-tu que la personne soit ailleurs?
Puisque, d'après nous, elle est encore vivante, ça se peut-tu qu'elle soit
ailleurs?
Le Président
(M. Tremblay) : M. le ministre.
• (17 h 30) •
M. Lafrenière :
Merci beaucoup, M. le Président. Et, encore là, on prend un cas d'espèce puis
on se creuse la tête pour voir jusqu'où on doit aller, puis la discussion est
fort importante. Et la raison pour laquelle on a mis la RAMQ de façon explicite
dans le projet de loi, c'est qu'on doit avoir la permission. On doit le mettre
dans la loi, on doit se donner les outils pour aller demander à la RAMQ de nous
transmettre l'information. Si on parle de sources ouvertes, M. le Président,
comme vous savez tous, pour les gens qui nous écoutent, vous pouvez aller voir
différentes sources ouvertes et trouver l'information, on n'a pas besoin de
permission. Quand on regarde les autres provinces, vous allez comprendre
qu'avec notre loi provinciale je ne peux pas donner une commande à d'autres
provinces ou à d'autres États. Cependant, avec le pouvoir d'enquête... Puis ça,
la Protectrice du citoyen, lorsqu'on l'a rencontrée en consultations
particulières, est venue nous dire que les gens qui vont faire les enquêtes
vont avoir le même pouvoir qu'un commissaire enquêteur et qu'ils auront la
possibilité d'aller chercher l'information ailleurs. Mais on ne peut pas se
donner un pouvoir sur une autre province, on ne peut pas l'écrire
explicitement, mais nos commissaires, l'équivalent des commissaires enquêteurs,
pourront aller chercher l'information là où elle se trouve.
Et rappelez-vous,
plus tôt, on s'est donné le pouvoir d'avoir accès au dossier d'adoption qui va
nous guider aussi, qui va nous guider. C'est sûr que, dans le temps, on peut
remonter à quelques années. J'ose espérer, M. le Président, qu'on parle de
certains cas d'exception. J'ose vraiment espérer, vraiment espérer.
Le Président (M.
Tremblay) : Merci, M. le ministre. D'autres interventions?
Mme Massé :
Merci, ça m'éclaire. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Tremblay) : Oui. M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley :
Merci, M. le Président. M. le ministre, je veux juste bien comprendre, parce
qu'on est dans le processus de réception, aussi, des renseignements qui sont très
délicats, alors juste de bien comprendre, comme, qui va transmettre de
l'information aux familles et est-ce qu'elles vont avoir le soutien autour
d'eux autres, le moment que l'information arrive.
Alors, j'imagine,
c'est possible qu'on va avoir, peut-être, des différentes pièces d'information
qui viennent des différentes sources, tout va être... mettre dans un document
puis donné aux familles par les gens qui travaillent pour le... ou ça va être
des personnes, la congrégation religieuse, je vais juste prendre eux autres
comme un exemple, c'est eux autres qui vont transférer l'information aux
familles ou... Comment ça va fonctionner exactement?
Le
Président (M. Tremblay) : M. le ministre.
M.
Lafrenière : Merci, M. le Président. Écoutez, une question simple va
demander une réponse un petit peu plus longue, parce que, dans le cas des
retrouvailles, il est hyperimportant de suivre ce qui est déjà mis en place. Et
le ministère de la Santé a déjà des façons... quand on parlait de retrouvailles,
plus tôt aujourd'hui, ils ont déjà des façons
de faire. Parce que, vous comprenez, ça peut sembler extrêmement positif, mais
c'est quand même un moment qui va être difficile, qui peut être vécu de
différentes façons. Le ministère de la Santé a déjà des façons de travailler
pour les retrouvailles.
Pour
ce qui est de transmettre l'information, la Direction de soutien aux familles,
comme je vous disais, je vous parlais
d'un service cinq étoiles, de les mettre dans la ouate. On peut comprendre que
cette partie-là de l'information ne se transmettra pas par un courriel
plate. Je ne peux pas être plus explicite pour vous, là. C'est vraiment
d'encadrer.
On a parlé à
plusieurs étapes d'impliquer l'association de soutien aux familles Awacak et
compagnie. On va voir comment on le fait
d'une façon culturellement sécuritaire. Puis on disait, en début de notre
projet de loi, qu'on voulait l'adapter
au niveau de la langue, au niveau de la culture. Ça fait qu'on va... encore là,
on va le travailler ensemble, on va voir quelle sera la meilleure façon.
Mais je pense que, de façon bien explicite, ce que mon collègue disait, on ne demandera pas aux organisations religieuses de
contacter la famille en disant : Voici ce qui est arrivé, puis ça se
termine là. Il ne faut pas que ça soit ça du tout. Puis c'est bien que mon
collègue amène le point, comme ça, on peut l'expliciter.
Le Président (M. Tremblay) : Merci, M. le ministre. D'autres interventions? S'il
n'y a pas d'autre intervention, nous pourrions procéder à la mise aux
voix de l'article 6 tel qu'amendé. Par appel nominal, Mme la secrétaire.
La Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Lafrenière (Vachon)?
M.
Lafrenière : Pour.
La Secrétaire :
Pour les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Lachance
(Bellechasse)?
Mme
Lachance : Pour.
La Secrétaire :
Pour les membres de l'opposition officielle, M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley :
Abstention.
La Secrétaire :
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques)?
Mme Massé :
Abstention.
La Secrétaire :
M. Ouellet (René-Lévesque)?
M. Ouellet :
Abstention.
La Secrétaire :
M. Tremblay (Dubuc)?
Le Président (M.
Tremblay) : Abstention. L'article 6, tel qu'amendé, est donc adopté.
M. le ministre, on peut continuer avec la lecture de l'article 7.
M.
Lafrenière : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, à l'article 7 :
«L'établissement, l'organisme ou la congrégation religieuse doit, en cas de
refus de communiquer des renseignements personnels visés à l'article 6,
motiver ce refus et indiquer la disposition de la présente loi ou d'une autre
loi sur laquelle ce refus s'appuie.»
Le Président (M.
Tremblay) : Merci, M. le ministre. Des interventions sur l'article 7?
M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley :
Oui. Est-ce que le ministre, M. le Président, peut juste clarifier pour nous,
«motiver ce refus»? C'est quoi, les raisons
qu'une congrégation religieuse peut peut-être ne pas donner l'information et des renseignements
personnels visés par l'article 6?
Le Président (M.
Tremblay) : M. le ministre.
M.
Lafrenière : ...désolé pour ce petit délai.
Le Président (M.
Tremblay) : Pas de problème.
M. Lafrenière :
On s'ajuste en mode COVID, tout le monde. On va y arriver. Alors, M. le
Président, les motifs de refus d'une demande de communication de renseignements
peuvent être les suivants : le demandeur ne répond pas aux conditions
prévues à l'article 5 de la loi; il n'y a pas de renseignement concernant
cette demande, on va comprendre qu'on ne peut pas répondre, à ce moment-là; les
renseignements détenus ne permettent pas de faire connaître les circonstances
ayant entouré la disparition ou le décès; ou, le dernier cas, c'est un
motif prévu par la Loi sur l'accès ou
une autre loi, par exemple, la loi sur la santé et les services sociaux,
empêche de communiquer les renseignements, par exemple, s'il s'agit d'un renseignement non visé par le champ
d'application de la Loi sur l'accès où les renseignements... est visé
par une restriction. Et là c'est des cas d'exception, mais quand même...
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. D'autres interventions?
M. Kelley : ...est-ce que, M.
le ministre, vous avez des exemples des cas exceptionnels pour nous?
M. Lafrenière : Bien honnêtement, M.
le Président, lorsque la congrégation ou le ministère, parce qu'on parle de
congrégation, mais ça peut être un ministère aussi... Ce qu'on veut s'assurer,
avec l'article 7, c'est qu'ils viennent le motiver, qu'on puisse
comprendre la base du refus. Et, comme vous savez, ce n'est pas une fin en soi,
hein? Par la suite, on peut aller à la Commission d'accès à l'information pour,
justement... pour dire, challenger, pour demander,
pour réviser cette décision-là et par la suite... Encore là, ça, c'est le
deuxième outil. Le troisième, c'est le pouvoir d'enquête qui reste.
Alors, ce qu'on veut... ce que je veux dire, en
toute franchise, M. le Président, avec l'article 7, on vient bâtir notre
argumentaire pour aller à la prochaine étape. Alors, si la congrégation ou le
ministère nous répond qu'ils ont refusé pour un motif qu'ils n'avaient pas
l'information, vous comprenez que, déjà là, ça va nous demander une
communication directe avec eux, là, pour soit, comme je disais plus tôt, là,
donner une nouvelle façon d'épeler le nom,
des choses comme ça. Mais sinon, s'ils invoquent un motif, on aura la capacité,
nous, en vertu de la Commission d'accès,
de contester cette décision-là et, par la suite, si ça ne nous convient pas, on
aura la capacité aussi, par pouvoir d'enquête, d'aller chercher cette
information-là.
Je comprends
ce que mon collègue me demande. Par exemple, s'il y a des cas en tête qui
pourraient m'arriver, de motifs de refus... Je vais continuer à creuser
pour la trouver, cette information-là, parce que je comprends ce que vous
voulez dire.
Le Président (M. Tremblay) : Alors,
M. le ministre, vous souhaitez poursuivre?
M. Lafrenière : Je peux poursuivre,
si c'est...
Le Président (M. Tremblay) : Il y a
consentement?
M. Lafrenière : ...si vous êtes
d'accord, parce qu'on a deux endroits où on explicite vraiment des cas
d'exception, donc, l'article 28 et 88.
À l'article 28 : «Un organisme public
doit refuser de confirmer l'existence ou de donner communication d'un
renseignement contenu dans un document qu'il détient dans l'exercice d'une
fonction, prévue par la loi, de prévention, de détection ou de répression du
crime ou des infractions aux lois ou dans l'exercice d'une collaboration, à
cette fin, avec une personne ou un organisme chargé d'une telle fonction,
lorsque sa divulgation serait susceptible», soit d'entraver le
déroulement — je
vais le résumer, là — par
l'application de la loi. L'information qui pourrait être donnée, qui pourrait
contrevenir à une enquête criminelle ou dans l'application dans la loi, c'est
l'article 28.
Article 88 : «Sauf dans le cas prévu
[au] paragraphe 4° de l'article 59, un organisme public doit refuser de
donner communication à une personne d'un renseignement personnel la concernant
lorsque sa divulgation révélerait vraisemblablement un renseignement personnel
concernant une autre personne physique ou l'existence d'un tel renseignement et
que cette divulgation serait susceptible de nuire sérieusement à cette autre
personne...»
Alors là, je me creuse la tête pour trouver dans
quel cas de transmettre de l'information qui ferait la lumière sur une
disparition ou sur un décès pourrait nuire à une autre personne. Je ne la vois
pas, mais c'est des exceptions qui existent dans la Loi d'accès.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le ministre. Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé : Je dis n'importe quoi,
là, mais mettons qu'un enfant s'est retrouvé dans une communauté religieuse
pour des soins de santé — je
dis n'importe quoi, là, mais c'est parce que le ministre dit «je ne le sais
pas» — et
finalement — je
dis n'importe quoi — il
a été battu à mort, il est mort. Là, est-ce qu'on pourrait me cacher les
raisons, les circonstances pour lesquelles il est décédé, puisque ça implique
une personne puis ça pourrait être un acte criminel? Non, non, ce n'est pas que
vous nous dites, là?
Le Président (M. Tremblay) :
...précision, M. le ministre?
• (17 h 40) •
M. Lafrenière :
Oui, absolument. Merci, M. le Président. Vous arrivez en plein dans mon champ,
plus, d'expertise. Là, on y va avec une enquête criminelle. Ce qu'on dit,
c'est : Ce n'est pas en vertu de la Loi d'accès que la
personne va avoir l'information. Il y a une enquête criminelle, donc le service
policier enquêteur va lui transmettre l'information.
Vous comprenez, ce
qu'on vient dire dans cet article-là... parce que n'oubliez pas, là, je vous ai
lu des articles de la Loi d'accès de façon générale. Donc, une institution ne
pourrait pas remettre... puis là on parle du projet de loi n° 79, parce
qu'on est vraiment dedans, mais une autre institution ne pourrait pas donner de
l'information, en vertu de la Loi d'accès,
qui peut nuire à une enquête en cours et ne peut pas non plus nuire à une autre
personne par cette information-là.
Mais ce n'est pas dans l'application de 79, de notre projet de loi d'aujourd'hui, c'est de façon générale.
Ça fait qu'on peut
comprendre, dans d'autres cas, que ça peut nuire, hein? On demande une
information sur la Loi d'accès à mon égard, puis il y a une information qui me
concerne, moi et ma conjointe, bien, ça pourrait nuire à ma conjointe.
Mais,
dans le cas présent, comme je vous dis, je me creuse la tête, je me fais des
cas d'espèce, je me dis, M. le
Président : Est-ce
qu'on échappe quelque chose, on ne le voit pas, à ce moment-ci? Puis ça revient à ce que ma collègue
nous proposait plus tôt, d'avoir ce mécanisme aussi de suivi avec les familles
pour comprendre les particularités. Parce qu'il y a des choses qu'on connaît aujourd'hui,
il y en a d'autres qu'on ne connaît pas, M. le Président. Puis moi, ces exceptions-là, on doit les mettre dans la
loi, mais je ne vois pas vraiment grand cas, à part l'enquête criminelle
qui est en cours.
Donc, une famille...
de façon très claire, pour la collègue, une famille qui ferait une demande en
vertu de la Loi d'accès, parce qu'il y a une enquête qui est en cours, puis
elle voudrait avoir l'information plus rapidement, bien, l'organisme ne pourra
pas le faire, ne pourra pas nuire à une enquête.
Le Président (M.
Tremblay) : Merci, M. le ministre. Mme la députée.
Mme Massé :
O.K. Mais par contre supposons que... parce qu'on le sait, là, on parle beaucoup
de situations, il y a plusieurs années, et l'accès à l'information vous
dit : Désolé, parce que c'est ça qui va être écrit sur le papier, nous ne
pouvons pas vous donner cette information.
Le Président (M.
Tremblay) : M. le ministre.
Mme Massé :
Est-ce que...
Le Président (M.
Tremblay) : Ah! vous n'avez pas terminé?
Mme Massé :
C'est vrai que ma question était drôlement formulée.
Le Président (M.
Tremblay) : Ça va très bien.
Mme Massé :
Je suis restée dans le vide. C'est l'heure, ça, M. le Président, c'est l'heure.
M.
Lafrenière : C'est une question.
Mme Massé :
Est-ce que ça veut dire qu'automatiquement... C'est parce que, si on fait juste
vous transmettre, comme information :
Je ne peux pas vous transmettre d'information, est-ce qu'automatiquement ça déclenche une enquête? Je veux dire,
puisqu'on veut savoir ce qui est arrivé à ces enfants-là, j'imagine que... On y
reviendra, là, parce que l'article du
«peut», là, à l'article 12, on verra ça, mais est-ce qu'automatiquement,
si on n'a pas de réponse à partir de la loi sur l'information, ça fait en sorte que vous enclenchez une enquête
pour comprendre ce qui s'est passé avec l'enfant?
Le Président (M.
Tremblay) : M. le ministre.
M.
Lafrenière : Merci beaucoup, M. le Président. C'est pour ça qu'à
l'article 7, ce qu'on vient demander, c'est à l'organisation de le
motiver. Ce n'est pas juste de dire : Je ne le donne pas, c'est de motiver
le refus et de dire en vertu de quel article ils se basent pour motiver ce
refus-là. C'est ce qui nous permet de prendre une décision.
Tout à l'heure, je
disais : Si on a eu... parce que, vous vous rappelez, dans un autre
article, précédemment, on a dit ensemble, au dernier paragraphe, je pense que
c'était l'article 4, dernière ligne, il y avait une communication
constante entre le ministre et l'organisme pour savoir ce qui vous
manque : Est-ce que vous avez la bonne épellation du nom? Est-ce qu'il y a
des choses différentes? Si on se rend compte qu'il n'y a aucune information qui
est détenue, bien là, on peut comprendre que la motivation du refus, c'est de
dire : On ne l'a pas. On ne l'a pas, on l'a vérifié.
Tantôt, la collègue
me demandait : Est-ce qu'on va faire des demandes à d'autres ministères?
Est-ce qu'on va faire des demandes à d'autres congrégations? Bien, ça, ça va
nous guider énormément. Mais, une fois qu'on a la motivation de refus, là, on peut
décider est-ce qu'on va à une prochaine étape, est-ce qu'on va en Commission
d'accès à l'information, parce qu'on nous invoque un motif sur lequel on trouve
qu'on n'est pas d'accord, ou est-ce qu'on va même en enquête parce que,
carrément, on n'a pas la réponse qu'on s'attendait.
Le Président (M.
Tremblay) : Merci. Je vous laisse poursuivre.
Mme
Massé : Oui, je pense que je comprends. Mais j'ai un autre ordre de
questions sur le même «set», ça fait que je ne sais pas si le député...
Tu avais terminé? Oui? O.K. Puis ça va me guider, probablement, pour quelques
autres articles, là.
J'ai déjà, à l'article 1 ou 2, évoqué... à
l'article 1, évoqué toute la question du transport. Ici, à
l'article 7, on parle explicitement d'«établissement», d'«organisme» ou de
«congrégation religieuses». Moi, je veux juste savoir comment on va faire ça,
si le débat n'a pas encore eu lieu sur d'autres... moi, je parlais de prise en
charge, bon, puis le ministre m'avait dit qu'il regarderait, notamment, du côté
du transport. Mais c'est parce que la prise en charge n'est pas nécessairement
faite... en fait, rarement faite par l'établissement. L'organisme, on
entendait, c'est défini, un peu plus tôt, comme... organisme, c'est un
ministère, un organisme gouvernemental ou municipal, bon, etc., et une
congrégation religieuse.
Alors là, je reviens avec... mettons, c'est un
transporteur, il ne répond pas aux définitions qui sont là, puis on ne l'a pas
adopté avant. Ça fait que comment on fait ça?
Le Président (M. Tremblay) : M. le
ministre
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Puis ma collègue a raison, l'article 1, on l'a suspendu, puis
c'était un point qui était hyperimportant. Puis elle m'avait envoyé cette
perche-là en disant : Écoutez, il ne faut pas l'échapper.
S'il y a un transport, est-ce qu'on considère la
personne comme ayant été admise? Et c'est des vérifications qu'on a faites à la
Santé. Moi, je vous dis que déjà, dans l'article 1, on va devoir l'ajuster
pour être sûrs de le couvrir. Mais, au niveau de l'admission, ce qu'on nous
dit, même pendant le transport, il fait partie de... ça fait partie de son admission,
donc de son dossier médical, et ça serait couvert. Mais on doit amener un petit
changement à l'article 1, qu'on va faire ensemble, parce qu'on veut
couvrir cette partie-là, M. le Président. On veut que les transports vers l'établissement
soient couverts.
Mme Massé : Ou entre
établissements.
M. Lafrenière : Absolument, parce
que... Et, M. le Président, sans partir le débat sur l'article 1, on va en
faire un petit bout quand même parce qu'on est dans une grande ouverture, puis
on s'amuse beaucoup, puis on travaille bien ensemble. Et, lorsqu'il y a un
déplacement... puis les vérifications, on en a faites aussi. On se dit : Lorsqu'il
y a un déplacement en avion, exemple — parce qu'on a des exemples
bien concrets en tête, on a entendu les mêmes familles — il y
a un décès à bord de cet avion-là, est-ce qu'il va y avoir admission dans un
centre hospitalier? Puis on est arrivé avec la confirmation de décès qui se
faisait dans un centre hospitalier, donc il y avait admission. Parce qu'on doit
le confirmer.
Vous savez, dans la police, on disait souvent :
Ce n'est pas parce que c'est évident qu'il est mort que c'est une mort
évidente. Parce que les gens ne peuvent pas déclarer le décès, ça prend un
spécialiste, ça prend un médecin pour constater un décès. Alors, il y avait
admission. Mais ce qu'on nous a rassurés aussi... puis c'est pour ça, dans la
terminologie, à l'article 1, on va venir le bonifier, mais le transport
est inclus dans l'admission dans le dossier médical. Et ça, on veut s'assurer
de le couvrir, M. le Président, parce que c'est important. C'est important,
c'est des cas qui nous ont été rapportés par, entre autres, des familles de
Pakua Shipu, où ils nous disaient : Écoutez, lors du... il y a eu des
transports, parce qu'il y a eu décès, à ce moment-là, on veut le savoir.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le ministre.
Mme Massé : Donc, si je
comprends bien ce que vous venez de m'expliquer, M. le ministre, puis on en
parlera un petit peu plus tôt, c'est que je n'aurais pas besoin, ici, à l'article 7,
d'inclure quoi que ce soit puisqu'on va travailler... quand on va travailler
l'article 1, on va le travailler en fonction qu'«admission» inclut le
départ de la communauté jusqu'à l'endroit de santé, ou la communauté
religieuse, ou l'organisme tel que défini à l'autre article. Ça inclut ça, donc
on n'a pas besoin de rien ajouter ici.
M. Lafrenière : M. le
Président, comme on est dans un échange d'une grande ouverture, qu'on veut tous
la même chose, je dois vous dire l'information très claire. On va vouloir
ajouter, à l'article 1, le fait qu'«admission» va inclure «inscription»,
parce qu'on nous a dit, au niveau médical, quand les gens étaient inscrits...
C'est la partie du transport, là, eux autres, ils calculent ça comme une
inscription. Puis on va vouloir s'assurer, à l'article 1,
qu'«admission»... comme vous avez dit, là, «admission» va inclure «inscription».
Ça fait que ça, c'est ce qu'on va voir à
l'article 1, ce qui nous permet de s'assurer de couvrir complètement la
partie du transport, parce que, lorsque la personne est transportée, elle est
inscrite, mais elle n'est pas admise. Puis c'est
pour ça qu'on a fait la recherche. Parce que la collègue, à juste part, la
dernière fois, nous avait mentionné : Est-ce que ça va inclure les déplacements? Parce qu'on
s'est fait dire : Si on inclut... si, dans notre définition
d'«admission», on ajoute «inscription», on vient couvrir cette partie-là pour
être sûrs d'avoir cette information-là, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre.
Mme Massé : On fera le débat
rendus là, mais donc... parce que, je veux dire, on n'est pas dans... Il me
semble qu'à l'époque on n'était pas toujours dans des déplacements des
personnes ou des enfants à travers les avions médicaux,
comme on a aujourd'hui, là, tu sais. C'était l'avion machin-truc de la brousse
machin-truc qui... mais bref, généralement, d'une compagnie privée, là, ou même
peut-être d'un individu qui possédait cette machine-là.
Donc, moi, je veux être certaine, tu sais, la
notion d'admission... d'inscription, pardon, à l'admission, je veux être
certaine que... parce que l'hôpital ne pourra pas rien me dire sur ce qui s'est
passé dans cet avion-là, là, hein? Cet avion-là, il a pris l'enfant d'un
endroit x pour, théoriquement, l'amener à un endroit y, et donc il est inscrit
dans l'admission de l'endroit y. Mais, s'il ne va pas à l'endroit y, le
transport, il a une responsabilité face à cet enfant-là, tu sais. C'est juste
ça.
Mais on ne parle pas de l'article 1, là. On
essaie juste de comprendre s'il faut que je fasse un amendement à
l'article 7, M. le Président, juste vous rassurer.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. Merci, Mme la députée. M. le ministre.
• (17 h 50) •
M. Lafrenière : La discussion n'est
pas futile du tout, du tout, parce que ça va vraiment nous aider pour
l'article 1. Puis on veut la même chose, c'est juste de trouver la
meilleure façon pour le couvrir.
Puis il y a deux éléments. Lorsqu'il y a un
transport officiel, la notion d'inscription, pour nous, le couvre. Et par la suite, là, on donne des cas d'hypothèses,
mais, quand même, je pense que c'est important de le faire aujourd'hui.
On se dit : M. X décide de conduire une personne vers l'hôpital, avec
sa bonne volonté, il y a un décès pendant le transport. Est-ce qu'il y aurait
enquête policière? C'est tous des points qu'on va valider pour qu'à
l'article 1 on ait une bonne discussion fondée sur quelque chose de
solide.
Ça fait que
j'ai bien entendu ma collègue puis je prends l'engagement avec elle, là, qu'à
l'article 1 on aura cette bonne discussion là. Mais je comprends
aussi, cependant, que, comme on est à l'article 7, aujourd'hui, on voulait
s'assurer, là, qu'il n'y avait pas... Ce
besoin de venir le bonifier, on mettra ça clairement. On va le travailler
ensemble à l'article 1, puis ça donnera la suite des choses, là. Ça sera
clair pour le reste.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le ministre. D'autres interventions?
Mme Massé : C'est beau pour ma part.
Merci.
Le Président (M. Tremblay) : Merci.
Ça va pour tout le monde? Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix de l'article 7. Par appel nominal, Mme
la secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Lafrenière (Vachon)?
M. Lafrenière : Pour
l'article 7? Pour.
La Secrétaire : Pour les
membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Lachance
(Bellechasse)?
Mme Lachance : Pour.
La Secrétaire : Pour les
membres de l'opposition officielle, M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley : Pour.
La Secrétaire : Mme Massé
(Sainte-Marie—Saint-Jacques)?
Mme Massé : Pour.
La Secrétaire :
M. Tremblay (Dubuc)?
Le Président (M. Tremblay) :
Abstention. L'article 7 est donc adopté. On continue, on poursuit.
J'invite le ministre à lire l'article 8, s'il vous plaît.
M. Lafrenière : Merci beaucoup,
M. le Président. Alors, article 8 : «Une personne à qui un
établissement ou un organisme refuse de communiquer des renseignements
personnels visés à l'article 6 peut faire une demande de révision à la
Commission d'accès à l'information, conformément à la section III du
chapitre IV de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et
sur la protection des renseignements personnels.»
M. le Président, si vous me permettez, comme
petit ajout.
Le Président (M. Tremblay) :
Oui, absolument.
M. Lafrenière : Tout à l'heure,
on a eu une discussion, à l'article 7, où on se disait : Bon,
écoutez, selon les motifs qui sont invoqués, on aura la possibilité d'aller
vers la Commission d'accès à l'information. Là, on est rendus à l'article 8, où on dit qu'on peut aller
vers la Commission d'accès à l'information pour un refus qui aurait été
mentionné.
Le
Président (M. Tremblay) : Parfait, merci. Des interventions sur
l'article 8? Alors, oui, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley :
Juste, peut-être, donnez-nous un moment, parce que, dans les notes additionnelles,
il y a plusieurs différents articles, alors...
M. Lafrenière :
Est-ce qu'on peut suspendre, M. le Président?
M. Kelley :
Suspendre... juste de bien regarder les notes.
M. Lafrenière :
Parce que j'aimerais qu'on laisse le temps aux collègues de bien le regarder.
Le Président (M. Tremblay) : Oui. Si vous êtes d'accord, on peut suspendre
quatre, cinq minutes sans problème.
M. Lafrenière :
Merci, M. le Président.
Le Président
(M. Tremblay) : Merci.
(Suspension de la séance à
17 h 53)
(Reprise à 18 h 03)
Le Président (M.
Tremblay) : Merci. Alors, on reprend. On revient à l'article 8.
Est-ce qu'il y avait des interventions? M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley :
Oui. Merci, M. le Président. Alors, M. le ministre, c'est juste... Alors, si
une personne fait une demande envers un organisme qui est déterminé dans la loi
puis il y a un refus de donner de l'information ou, quand même,
l'information donnée, la personne ne trouve pas... ils ne sont pas satisfaits
avec leur réponse, je comprends, il y a un délai de 30 jours pour
cette personne-là de demander une révision de la décision?
Des voix :
...
M.
Lafrenière : Merci, M. le Président. Je vais commencer à répondre en même temps qu'on fait la
recherche... notre équipe, très dynamique,
qui va trouver l'information en même temps, M. le Président. On veut
continuer d'avancer.
Il y a deux points.
Premier point, c'est : lorsqu'une famille fait une demande d'accès à
l'information, s'il y a un refus, on l'a dit tantôt à l'article 7, il faut
le motiver. Il faut le motiver clairement pour qu'on soit capable, justement,
de le contester par la suite.
Et la réponse, donc,
il y a 30 jours à l'organisme qui a reçu cette demande-là pour y répondre,
et, par la suite, la famille a un délai de 30 jours pour contester.
Ce qui est important
de savoir, M. le Président, c'est que c'est pour ça qu'on met en place une
direction de soutien aux familles, parce que ça, entre vous et moi, c'est un
détail très administratif. Les familles, ça ne devrait pas être leur priorité,
mais pas du tout. Pour eux, là, ce délai-là qu'on impose, ce n'est pas dans
leur réalité, mais pas du tout. C'est pour ça que, la direction de soutien aux
familles, ça fait partie de son travail de supporter les familles.
Et là la prochaine
question qui pourrait arriver, c'est que la famille a reçu un retour comme ça
voilà de cela trois, quatre, cinq ans, et on fait quoi aujourd'hui? C'est pour
ça qu'il demeure le pouvoir d'enquête de notre côté.
Le Président (M.
Tremblay) : Merci, M. le ministre.
M.
Lafrenière : Je m'excuse de devancer la question, mais je la vois très
clairement, puis mon collègue aurait raison, en se disant : Si la demande
a été faite dans le passé, le 30 jours a été écoulé. Puis là on
dirait : Bien, tu l'as manqué, tu sais, ton train est parti, tu ne l'as
plus. On se donne le pouvoir d'enquête pour supporter les familles dans ces
cas-là aussi.
M. Kelley :
Parfait. Ça, ça répond à, oui, une de mes questions supplémentaires. Mais une
autre aussi, c'est juste... Parce que ça
dit, article 137, dans les notes explicatives sur la Loi sur l'accès aux
documents, que «la demande de révision
doit être faite par écrit; elle peut exposer brièvement les raisons pour
lesquelles la décision devrait être révisée.»
Alors, c'est encore
comme... C'est juste de s'assurer... parce que, quand moi, je regarde ça, c'est
complexe pas mal... excusez-moi, c'est
une... de détails très complexes, puis c'est possible que, quand même, et on a
vu ça avec les journalistes, que la demande d'un accès à l'information
rend... devant la Cour supérieure.
Alors, c'est encore
juste de s'assurer que les familles vont être bien entourées par toutes les
ressources, pas juste quelqu'un qui travaille pour le SAA, mais, des fois, ça
peut prendre une aide légale supplémentaire pour faire une démarche si jamais
on arrive là. C'est juste encore de bien s'assurer que qu'est-ce qu'on dit ici,
les objectifs de notre projet de loi, marche bien dans le très complexe monde
de l'accès à l'information, et des documents, et des lois qui existent, M. le
Président. Alors, c'est tout.
Le
Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le député. D'autres interventions? Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé : Bien, je pense que ça l'inclut, là, mais ce que
je comprends, c'est que les familles qui devraient aller en révision
vont continuer d'être accompagnées et par l'assistance aux familles et par
Awacak, pour dire : Oui, oui, oui, on vous accompagne là-dedans. Ça, c'est
la première chose... Mais ils m'ont tous dit oui, là. Vous ne l'avez peut-être
pas vu à l'écran, là, mais ils ont tous dit oui.
M. Lafrenière : Je vais le dire
au micro aussi.
Mme Massé : Tu peux le dire au
micro. Je vais... parce que j'ai une autre question.
M. Lafrenière : Oui, oui, M. le Président. Puis ça me
permet de répondre aussi au collègue de
Jacques-Cartier, tout à l'heure, qui amenait la question d'assistance
légale. Puis on en a parlé plus tôt, mais, je pense, c'est important de le
rappeler aussi.
Oui, la direction du soutien aux familles va
avoir des avocats, va avoir des conseillers juridiques, va être à même de
prendre cette décision-là qui aura été amenée, parce qu'on a dit, à l'article 7,
que ça prenait un motif. Donc, le motif invoqué va être analysé, et, avec la
famille, on va les supporter là-dedans. Puis, comme je le disais dès le départ,
on ne dira pas à la famille : Voici le document, faites une demande écrite
et... On va les supporter. Mais, en plus, pour qu'il y ait vraiment une
assurance pour eux qu'ils ne se font pas mener un bateau par un gouvernement,
bien, il y aura Awacak qui sera avec eux, qui sera là pour les conseiller, pour
leur dire : Bien, écoutez, non, c'est un processus qui est normal, de les
rassurer.
Et ça nous amènera dans un éventuel amendement
plus loin dans ce projet de loi, avec les bons conseils des collègues, d'avoir
un comité aussi, tripartite, consultatif. On verra comment qu'on va le faire
ensemble, mais où les... Awacak et différents organismes seront là en suivi, à
toutes ces étapes, pour dire : Écoutez... Exemple, puis ça, je pense,
c'est un bon exemple, là, vous savez, la Commission d'accès à l'information a
l'obligation de supporter les familles, c'est vrai, mais on ne veut pas
référer. On ne veut pas dire à une famille : La Commission d'accès va vous
aider. On veut les supporter là-dedans, on veut le faire avec eux. Mais
peut-être que ce groupe-là serait capable de nous dire : Vous savez, là,
dans les faits, là, les familles, cette partie-là, ils trouvent ça difficile à
cause de telle ou telle raison, puis on pourrait ajuster notre façon de faire.
Ça fait que,
oui, du côté du SAA, il y aura ce support, mais on ne s'en cache pas qu'avec
Awacak il pourrait y avoir vraiment un côté qui serait plus détaché,
autonome, puis que les gens peuvent avoir confiance, pourraient se le faire confirmer. Je pense que cette belle bicéphalité
serait intéressante, là, de voir les deux côtés de la chose : le côté
officiel du gouvernement, le côté d'un
organisme qui vient en aide aux familles. Donc, pour la crédibilité, la
confiance, la langue, la culture, je pense, ça va être rassurant pour
les gens.
Mme Massé : Vous l'avez évoqué
vous-même, la possibilité de faire une demande à la révision de la Commission
d'accès à l'information doit se faire dans les 30 jours. Plusieurs des
personnes nous ont fait état... et je peux imaginer que, lorsque tu as fondé
beaucoup d'espoir dans le projet de loi n° 79, que tu as fait une première
demande d'accès à l'information, que tu as un refus, je peux imaginer qu'il
peut y avoir un peu un état de choc, hein? C'est
comme : Encore une fois, on se fait encore dire non, on se fait... Bon. Et
donc la personne a comme 30... Ce que je comprends de la réponse que
vous avez donnée à mon collègue, c'est que la personne a comme 30 jours
pour réagir.
Mettons qu'un autre traumatisme se rajoute, état
de choc... fait comme : Ah... vous entendez ce que je dis, mais que je ne dirai pas parce qu'on est au micro, met ça
de côté, puis, finalement, après s'être apaisé, guéri, trois mois après, revient en disant : J'ai passé mon
délai d'un mois, mais, dans le fond, j'aimerais vraiment comprendre pourquoi
on me dit que je ne pouvais pas avoir de réponse. Qu'est-ce qu'on va pouvoir
répondre à cette personne-là?
Le Président (M. Tremblay) : M. le
ministre.
• (18 h 10) •
M. Lafrenière : Oui. Merci, M. le
Président. Écoutez, le point est bon, parce qu'effectivement, on en parle
aujourd'hui, c'est un projet de loi... on n'a pas toute l'émotion, la
sensibilité que ces familles-là vont vivre, puis je le comprends que c'est des
démarches qui sont hautement humaines, hein? On l'a dit, le projet de loi,
c'est un projet de loi particulier qu'on développe aujourd'hui. C'est hautement
humain, c'est une relation d'aide avec des gens qui ont vécu quelque chose
d'horrible, et il y a trois éléments de réponse à ce que vous amenez.
La première des choses, quand vous avez
dit : La personne va recevoir cette réponse-là... puis c'est un affront, hein, de se faire dire : On ne te le
donne pas. Encore là, la méfiance... et c'est pour ça que ça va être
tellement important, quand je parlais de la direction de soutien aux familles,
Awacak, les groupes qui vont être autour de cette personne-là, de la supporter.
Puis je ne veux pas dire que la personne ne réagira pas en disant le mot que
vous n'avez pas dit, c'est-à-dire : Schnout! On met ça de côté, puis
j'arrête mes démarches, mais je crois qu'on va aider, un.
Deuxièmement, cependant, si la personne prend
quand même cette décision-là de le mettre de côté, la Commission d'accès à l'information l'écrit clairement que «la commission
peut toutefois, pour des motifs raisonnables, relever le requérant du
défaut de respecter ce délai de 30 jours».
Ceci étant dit,
cependant, moi, je vais aller une coche plus loin. Comme je disais tantôt au
collègue de Jacques-Cartier, imaginons-nous un cas d'espèce. La personne se
fait répondre non, et, culturellement, là, c'est non, on
le met de côté, on arrête, c'est un autre affront. Deux ans plus tard,
aujourd'hui, en 2021, elle vient nous voir. Ça fait deux ans qu'elle a reçu sa
réponse en accès à l'information, elle s'est fait dire non, elle a mis ça de
côté. J'ai le pouvoir d'enquête. J'ai le pouvoir d'enquête pour dire :
Regardez, on va reprendre les démarches où vous étiez rendue, on va y aller
avec l'enquête. Dernière chose qu'on veut, c'est un cul-de-sac.
Tu sais, de dire à
une personne : On n'a pas trouvé l'information, elle n'existe pas... puis
je ne vous dis pas que ça va arriver, mais ça peut arriver, c'est une chose,
mais de dire à une famille : Vous avez épuisé nos délais que nous, on se
donne dans nos beaux systèmes puis, à cause de ça, vous ne saurez pas ce qui
est arrivé à votre enfant... Moi, je ne suis pas capable de regarder les gens
en pleine face puis leur dire ça aujourd'hui. Ça fait qu'on se garde le pouvoir
d'enquête pour y aller quand même, puis ça, c'est important.
Ça fait que, vous
voyez, il y a trois volets. On espère ne pas se rendre là, surtout avec les
nouveaux dossiers où on va appuyer les familles. On va être avec eux. On veut
vraiment, vous comprenez, les soutenir, être autour d'eux, avec Awacak, donc d'expliquer comment ça va se
passer, parce que c'est tout un système qui est hautement... Tantôt, on
parle de démarches administratives, le 30 jours, le rapport, c'est très
loin de leur réalité, de la réalité de ces familles-là qui veulent juste
dire : Dites-moi ce qui est arrivé. Vous comprenez? Ça fait que c'est pour
ça qu'on essaie de simplifier ça.
Pour
moi, la direction de soutien aux familles, c'est des gens qu'on va
sélectionner, des gens qui ont une grande empathie, qui vont être
capables de vulgariser ce que ça veut dire, la patience, l'écoute. Et, du côté
des enquêteurs, on va choisir des gens qui sont significatifs pour les membres
des Premières Nations, parce que, je l'ai dit tantôt, puis on s'en est parlé
plus tôt aujourd'hui, là, on a un grand déficit de confiance, de crédibilité
avec les Premières Nations, qui ont vécu des choses incroyables dans ces
années-là, puis aujourd'hui, ils veulent avoir une réponse.
Mme Massé :
Et vous l'aviez dit aussi, mais la question de la langue va être fondamentale,
hein, toutes les subtilités. Alors, est-ce
que, pour vous, ça tombe sous le sens qu'au service aux familles les gens vont
pouvoir se faire servir, là, dans le sens d'être accompagnés, dans leur
langue maternelle ou... comment vous... avec une traduction? Comment vous voyez
ça?
Le Président (M.
Tremblay) : ...
M.
Lafrenière : Merci, M. le Président. Écoutez, c'est une bonne
question, puis je vous dirais qu'en début, quand on a écrit le projet de loi,
je ne l'avais peut-être pas perçu à ce moment-là. Je me disais, traducteurs...
On aura des traducteurs, et tout. Mais la
traduction, c'est une chose. Il y a la confiance des gens, et plus on a avancé
dans nos travaux, plus on a rencontré Awacak, on a rencontré les gens,
c'est là que je me suis rendu compte qu'aujourd'hui la vision que j'en ai... Vous savez, on pourrait embaucher
plusieurs professionnels, les envoyer dans les communautés, développer un lien de confiance, puis peut-être même des gens
qui parlent la langue. On pourrait y arriver, mais avec beaucoup de temps.
Et c'est pour ça que
je reviens avec la mission, puis on en a parlé plus tôt aujourd'hui, la mission
d'Awacak, de dire : Écoutez... de
recevoir les familles, de les guider, de les soutenir. Parce qu'on parlait des
besoins psychosociaux, des besoins divers, mais un des besoins, c'est de
les soutenir dans une approche qui est culturellement sécurisante. Awacak va avoir un rôle, puis c'est là-dessus
qu'on va le développer ensemble. Dans certains cas... Puis là je fais
attention. Pourquoi je vous dis ça? C'est qu'Awacak n'aura peut-être pas la
capacité de parler toutes les langues vernaculaires qu'on connaît. Peut-être,
dans certains cas, on devra avoir des interprètes, des facilitateurs, des
accompagnateurs.
Parce que je reprends
un cas bien précis qu'on s'est fait raconter, M. le Président, et c'est dans
le... justement, dans le reportage d'Anne Panasuk, où elle disait : On a
remis les documents à la famille dans une pièce où la personne était seule avec
les documents, des documents écrits en français, elle ne comprenait absolument
rien de ce qu'il y avait là et n'avait pas le droit d'être accompagnée. M. le
Président, si c'est ce qui arrive comme résultat, j'aurai un échec lamentable.
Le Président (M.
Tremblay) : Mme la députée.
Mme Massé :
Bien, on aura la chance de reparler de la langue, et tout ça.
M.
Lafrenière : Oui, absolument.
Mme
Massé : Mais, en fait, votre
sensibilité est importante parce
que... bien, parce que
les gens sont venus nous le dire en commission.
Puis moi, je fais juste m'imaginer, moi, personnellement, devoir parler
de choses traumatisantes dans une
langue qui n'est pas la mienne, je ne sais pas comment je ferais. Ça fait que cette sensibilité-là est importante, oui. C'est tout pour moi, M.
le Président.
Le Président (M.
Tremblay) : Merci, Mme la députée. D'autres interventions sur l'article 8?
Alors, Mme la secrétaire, nous allons procéder à la mise aux voix par appel
nominal. Merci.
La Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Lafrenière (Vachon)?
M.
Lafrenière : À l'article 8, pour.
La Secrétaire :
Pour les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Lachance
(Bellechasse)?
Mme Lachance : Pour.
La Secrétaire : Pour les
membres de l'opposition officielle, M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley : Pour.
La Secrétaire : Mme Massé
(Sainte-Marie—Saint-Jacques)?
Mme Massé : Pour.
La Secrétaire : M. Tremblay
(Dubuc)?
Le Président (M. Tremblay) :
Abstention. Alors, l'article 8 est adopté. Nous allons procéder à la
lecture de l'article 9. M. le ministre.
M. Lafrenière : Merci beaucoup, M.
le Président. Alors, à l'article 9 : «Une personne à qui une congrégation religieuse refuse de communiquer des
renseignements personnels visés à l'article 6 peut faire une
demande d'examen de mésentente à la Commission d'accès à l'information,
conformément à la section V de la Loi sur la protection des renseignements
personnels dans le secteur privé.»
Le Président (M. Tremblay) : Merci.
Des interventions? M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Oui. Une question
pour le ministre. Quels types de protection existent pour le secteur privé? On
a discuté de ça un petit peu, mais c'est possible, puis on va cibler les
congrégations religieuses ici, parce que c'est écrit dans la loi, pour peut-être
protéger les données qui existent, pour essayer de ne pas, peut-être, donner
l'heure juste à tout le monde. On sait que, des fois, des églises sont des
grosses institutions avec beaucoup d'argent, qui veulent protéger leur
réputation.
Alors, c'est juste de bien comprendre ou, quand
même, juste poser des questions si le ministre a des craintes qu'il y a peut-être une possibilité que certains articles dans la loi sur la
protection dans le secteur privé peuvent empêcher des enquêtes faites
par les familles. Parce qu'on sait que, comme j'ai dit, ces églises vont bien
essayer de protéger leur réputation.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui. Merci, M. le
Président. Puis, écoutez, on ne se fera pas de cachette, vous avez raison, l'article 9
est un petit peu le miroir de l'article 8 de tout à l'heure, où c'était
pour les ministères, et tout. Là, on y va vraiment avec les congrégations
religieuses puis on voulait s'assurer d'assujettir le secteur privé à notre projet
de loi aujourd'hui. Et c'est pour ça qu'on refait la même chose.
Plus tôt dans nos articles, on a défini... on a
donné cette définition-là, on les a assujetties, les congrégations religieuses,
donc le secteur privé, à notre projet de loi, puis là on vient dire qu'il y a
un mécanisme qui existe pour les mésententes. Alors, c'est un petit peu... Pour
le besoin des gens qui nous écoutent, là, c'est la même chose que l'article 8.
Cependant, là, on y va plus spécifiquement pour le secteur privé, et, oui, ils
sont assujettis.
Et je vous
dirais qu'en terminant on a encore le pouvoir d'enquête
aussi, c'est-à-dire, au final, si ça ne fonctionne pas, on se
garde le pouvoir d'enquête aussi, et ça s'applique au secteur privé aussi.
C'est pour ça que, lorsqu'on a mis en place
notre projet de loi, on a pris la peine de mentionner «congrégations
religieuses» pour que ce soit très clair.
Le Président (M. Tremblay) : ...interventions?
Oui.
M. Kelley : Parfait. Et une
autre chose dans le même sens : Est-ce qu'il y a un risque? Parce qu'il y
a aussi les autres moyens pour les familles de chercher l'information, pas
juste une enquête publique, mais peut-être aussi une poursuite contre,
peut-être, une congrégation religieuse. Alors, est-ce qu'il y a des craintes
que, si jamais tout le processus est fait avec la Commission d'accès à
l'information, ne rend aucune donnée... Est-ce que ça peut peut-être donner les
bons arguments pour une congrégation religieuse d'utiliser ça contre,
peut-être, une poursuite civile pour chercher, comme je dis, un montant
d'argent, quelque chose comme ça, quelque chose qui est une autre avenue de
chercher la justice contre, peut-être, comme je dis, une congrégation
religieuse?
• (18 h 20) •
Le Président (M. Tremblay) : M. le
ministre.
M. Lafrenière : Oui. Merci beaucoup,
M. le Président. Puis la question est fort pertinente puis elle est importante, parce que ça n'empêche en rien une
famille de prendre des procédures contre une congrégation, un organisme
ou un ministère, puis, je veux dire, même notre ministère. Alors, ça ne les
empêche pas de faire leurs procédures quand même, puis
ça, c'est important. Ce n'est pas... Il n'enlève pas cette possibilité-là parce
qu'ils décident d'utiliser le projet de loi n° 79 pour trouver de
l'information. Ça ne leur empêche pas de faire des procédures au civil, des
poursuites qui seraient intentées contre des congrégations, absolument pas.
Le
Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre. Est-ce que ça complète? Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
oui.
Mme Massé : Oui, merci. Pour, en
fait, les processus prévus à l'article 9, qui sont de façon spécifique
pour le privé, là, on parle d'«une demande d'examen de mésentente à la
Commission d'accès à l'information». Est-ce que la plaignante ou la personne
qui soulève l'insatisfaction doit aller plaider? S'il y a une mésentente, il y
a donc la nécessité d'exposer des points de vue différents. Ça fait que, c'est
ça, je connais plus la révision de la Commission d'accès à l'information, je
suis plus connaissante de ça, mais «d'examen de mésentente», ça, je connais
moins ça. Donc, est-ce que ça impose quelque chose de différent pour, appelons
ça, les plaignants?
Le Président (M. Tremblay) : M. le
ministre.
M. Lafrenière : Merci beaucoup, M.
le Président. Mais ma collègue a raison, quand on fait l'exercice comme on le
fait aujourd'hui, on découvre toutes sortes de choses. Alors, moi aussi, j'ai
découvert que le terme, quand on parle du secteur privé, ce n'est pas une demande
de révision, c'est la mésentente. C'est la terminologie qui est utilisée, mais
ça revient à la même, même chose. Cependant, c'est la terminologie qu'ils
utilisent. C'est la même façon, par écrit, et la même façon... notre direction
de soutien aux familles va les appuyer là-dedans. Mais le terme utilisé, c'est
«mésentente» au lieu de «révision».
Mme Massé : O.K. Donc, il n'y a pas
plus de représentations, c'est les papiers à remplir. Bon, O.K. Parfait.
M. Lafrenière : Et la même chose, je
veux terminer en rajoutant : Si on n'a pas la bonne information par la
suite, on se garde toujours le pouvoir d'enquête. On ne l'oublie pas.
Mme Massé : C'est parfait. Merci.
Le
Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre. D'autres interventions sur 9? Alors, nous allons
procéder à la mise aux voix par appel nominal. Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Lafrenière (Vachon)?
M. Lafrenière : Pour
l'article 9, pour.
La Secrétaire : Pour les
membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Lachance
(Bellechasse)?
Mme Lachance : Pour.
La Secrétaire : Pour les
membres de l'opposition officielle, M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley : Pour.
La Secrétaire :
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques)?
Mme Massé : Pour.
La Secrétaire :
M. Tremblay (Dubuc)?
Le
Président (M. Tremblay) :
Abstention. L'article 9 est donc adopté. Nous pouvons procéder, M. le
ministre, à la lecture de l'article 10.
M. Lafrenière : Merci beaucoup, M.
le Président. Alors, à l'article 10 :«Les articles 4 à 6 et 8 de
la présente loi s'appliquent malgré l'article 17, 19, 21 à 23 et 27 de la
Loi sur les services de santé et les services sociaux et les articles 7 et
8 de la Loi sur les services de santé et les services sociaux pour les
autochtones cris.
«L'article 6
de la présente loi s'applique malgré l'article 63 de la Loi sur
l'assurance maladie (chapitre A-29).»
Et, M. le Président, on a déposé un amendement,
que je vais lire. À l'article 10 : Insérer, à la fin du deuxième
alinéa de l'article 10 du projet de loi : «et l'article 11.2 de
la Loi sur la protection de la jeunesse (chapitre P-34.1)».
Et, M. le Président, ça fait beaucoup de
numérologie dans tout ce que je viens de nous nommer là, puis on se
demande : Mais qu'est-ce que ça fait là? Ce qu'on vient de présenter comme
amendement, c'est de s'assurer qu'en vertu de la Loi sur la protection de la
jeunesse on aurait accès à un dossier... justement, à des informations qui seraient contenues dans le dossier du jeune. Alors, on a
rajouté... on a fait cet amendement-là pour être sûrs d'avoir accès, de ne pas se faire invoquer un refus en
tenant compte, là, de la Loi sur la protection de la jeunesse, chapitre P-34.1.
Alors, c'est pour ça qu'on l'a mis
explicitement dans notre amendement, pour être sûrs d'avoir accès à ces
informations-là, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le ministre, pour les précisions. Alors, des interventions sur l'amendement
à l'article 10? Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé : Oui. Ça va être
pour de la clarification au niveau de l'amendement. C'est comme la... En fait,
on vient, de façon spécifique, nommer la Loi sur la
protection de la jeunesse, hein? On vient, de façon spécifique... et, si je
comprends la note explicative, c'est notamment pour la question des dossiers
d'adoption. Je ne le sais pas, honnêtement, là, je n'ai pas lu le
chapitre P-34.1 de la numérologie, mais ce que je comprends de la note
explicative, du commentaire, c'est que, dans le fond, cet amendement-là est
nécessaire considérant que, si on veut avoir accès à des notes versées dans un
dossier d'adoption, si je comprends bien, il faut être capable de nommer
spécifiquement cet article-là. C'est bien cela?
Le Président (M. Tremblay) : M. le
ministre.
M. Lafrenière : Je pense, pour le
résumer le plus simplement du monde possible, c'est qu'on se donne les outils
pour lever la confidentialité. Puis je vais vous donner l'exemple.
Article 11.2.1 : «Dans le cadre de la présente loi, nul ne peut
publier ou diffuser une information...»
Une voix : ...
M. Lafrenière : 11.2, pas 11.2.1.
Voyez, dans la numérologie, là, 11.2, c'est beaucoup mieux.
Mme Massé : Oui, c'est 11.2 qui est
écrit ici.
M. Lafrenière : Oui. J'étais rendu
au 11.2.1...
Mme Massé : C'est correct.
M. Lafrenière : «Les renseignements
recueillis dans le cadre de l'application de la présente loi concernant un
enfant ou ses parents et permettant de les identifier sont confidentiels et ne
peuvent être divulgués...» Alors, vous comprenez que, si on le met
explicitement, on veut s'assurer qu'on lève cette interdiction-là et que
l'information va pouvoir être transmise.
Alors, cet article-là, si on le résumait à sa
plus simple forme, permet de lever toutes sortes de... j'étais pour dire «des
embûches», ce n'est pas correct, là, toutes sortes de règles très importantes
de confidentialité pour qu'on ait accès à ces informations-là. Sinon, on se
ferait répondre qu'en vertu de la Loi sur la protection de la jeunesse, tel
article, tel chapitre, on ne peut vous donner l'information. On vient lever la
confidentialité pour avoir accès à ça.
Vous vous rappelez que notre projet de loi
n° 79 est un régime d'exception. On se donne accès à de l'information qui
normalement ne le serait pas puis là on vient donner explicitement en vertu de
quoi.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre.
Mme Massé : Et donc on vient
préciser la Loi sur la protection de la jeunesse parce que, dans... ça, c'est
au niveau de l'amendement, parce que, dans l'article 10, on fait état
quand même de la loi des... un certain nombre d'articles de la loi sur la santé
et des services sociaux et sur la Loi sur l'assurance maladie.
Donc, c'est comme... ce que je comprends, c'est
qu'en venant ajouter cet amendement-là on vient couvrir l'ensemble du spectre,
j'imagine. Et, en fait, j'imagine que c'est les informations qu'ont pu vous
donner les légistes et je ne suis pas capable d'imaginer ça pourrait être quoi,
d'autres lois qui possèdent des interdictions de divulgation. La Loi sur la
police, ça a-tu des... Ça fait que, donc, j'ose espérer qu'en bouchant le trou
de la DPJ... de la protection de la jeunesse, pardon, on couvre l'ensemble de
ce qui pourrait nuire à la divulgation des informations nécessaires pour les
familles. Je comprends ça?
Le Président (M. Tremblay) : M.
le ministre.
M. Lafrenière : Oui, M. le
Président. Si vous me permettez, je vais lire le commentaire qu'on a fourni. Je
pense, ça va aider les gens à la maison qui nous écoutent.
Alors, l'article
proposé prévoit que les articles 4 à 6 et 8 de la présente loi s'appliquent
malgré les articles 17, droit d'accès de l'usager; l'article 19, dossier de l'usager confidentiel, sauf
s'il en donne son consentement, plus exceptions; 21 à 23, droit d'accès du titulaire de l'autorité
parentale, etc.; article 27, recours en cas de refus d'accès, de la Loi sur les services de santé et les
services sociaux (chapitre S-4.2). Il propose également une dérogation équivalente
aux articles 7 et 8 de la Loi sur les services de santé et les services
sociaux pour autochtones et cris, chapitre S-5.
L'article
proposé prévoit également que l'article 6 du projet de loi s'applique
malgré l'article 63 de la Loi sur l'assurance maladie, communication de
renseignements obtenus pour l'exécution de cette loi.
Alors, je reviens
encore à la base. Avec l'ajout qu'on fait aujourd'hui, ce qu'on vient faire,
bien, on vient, de façon légale, expliciter, là, tout ce qu'on peut... puis je
vais arrêter de dire «contourner», les avocats n'aimeront pas ça, tout ce qu'on peut faire, tout ce qu'on peut
mettre en place pour aller chercher l'information malgré des
protections. Puis là ce qu'on vient de faire, on vient d'abaisser les
protections pour aller chercher l'information. Je pense que, dans le terme le
plus simple et accessible, c'est ce que je dirais. On vient d'ouvrir les portes
qui étaient cadenassées.
Le Président
(M. Tremblay) : Merci, M. le ministre. D'autres interventions?
Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux
voix par appel nominal, Mme la secrétaire, de l'amendement.
La Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Lafrenière (Vachon)?
M. Lafrenière :
Pour l'amendement, pour.
La Secrétaire :
Pour les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement,
Mme Lachance (Bellechasse)?
Mme Lachance :
Pour.
La Secrétaire :
Pour les membres de l'opposition officielle, M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley :
Pour.
• (18 h 30) •
La Secrétaire :
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques)?
Mme Massé :
Pour.
La Secrétaire :
M. Tremblay (Dubuc)?
Le Président
(M. Tremblay) : Abstention. L'amendement à l'article 10 est adopté.
On revient à l'article 10.
Des interventions? M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley :
Oui, c'est une question qui vient du CIUSSS—l'Ouest-de-Montréal, les services
de Batshaw, qui a fait la suggestion pour les articles 10 et 11, parce
que, présentement, il n'y a pas de mention de l'article 582, le Code civil
du Québec, qu'on a parlé dans l'article n° 5, qui...
concernant les renseignements des cas adoptés. Alors, leur suggestion, c'est
d'ajouter une phrase pour s'assurer qu'il y ait une concordance, que l'article 582
est pris en compte, en considération dans l'article.
Alors, je ne suis pas
en train de déposer un amendement, mais je veux juste entendre le ministre.
Quand lui et son équipe a vu la proposition qui a été faite par les services de
Batshaw, pourquoi ils n'ont pas décidé d'ajouter ça dans un amendement? Est-ce
que ce n'est pas nécessaire?
Le Président
(M. Tremblay) : M. le ministre.
M. Lafrenière :
M. le Président, je vous demanderais une suspension de quelques instants. Je
vais vous revenir rapidement avec la bonne information.
Le Président
(M. Tremblay) : Parfait, merci.
On va interrompre
quelques minutes.
(Suspension de la séance à
18 h 32)
(Reprise à 18 h 33)
Le Président
(M. Tremblay) : Alors, la parole est à vous, M. le ministre.
M. Lafrenière :
Oui, merci beaucoup, M. le Président, puis merci pour la courte suspension. Ça
nous permet d'aller chercher la bonne information.
L'article 582
du Code civil, on en a parlé un petit peu plus tôt, quand on parlait des
retrouvailles, puis ça, c'est important,
à ce moment-ci, comme notre projet de loi vise à faire la lumière sur les
circonstances entourant le décès ou la disparition
d'une personne, on ne trouvait pas que c'était à propos, de le rajouter, parce
que ça touche vraiment la partie retrouvailles.
Alors, oui, on en a... on l'a lu, on a regardé la pertinence, l'importance, et,
à ce moment-ci, ce n'était pas nécessaire.
Cependant, on se rappellera que, plus tôt dans nos articles, on a vraiment, là,
réglé la partie des retrouvailles, qui est importante.
Le Président (M.
Tremblay) : Parfait. Toujours sur l'article 10. Alors, s'il n'y a
pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix de
l'article 10 par appel nominal, tel qu'amendé, oui.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Lafrenière (Vachon)?
M. Lafrenière : À l'article 10,
pour.
La Secrétaire : Pour les
membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Lachance
(Bellechasse)?
Mme Lachance : Pour.
La Secrétaire : Pour les
membres de l'opposition officielle, M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley : Pour.
La Secrétaire :
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques)?
Mme Massé : Pour.
La Secrétaire :
M. Tremblay (Dubuc)?
Le Président (M. Tremblay) :
Abstention. Alors, l'article 10, tel qu'amendé, est adopté. M. le
ministre, on peut poursuivre avec la lecture de l'article 11.
M. Lafrenière : Absolument, M. le
Président. Alors, l'article 11 : «Les articles 4 à 6 de la
présente loi s'appliquent malgré le deuxième
alinéa de l'article 83 et le premier alinéa de l'article 94 de la Loi sur l'accès aux documents des
organismes publics et sur la protection des renseignements personnels et malgré
le premier alinéa de l'article 27 et le premier alinéa de
l'article 30 de la Loi sur la protection des renseignements personnels
dans le secteur privé.»
Alors, comme j'ai appris de mon dernier article,
M. le Président, je vais vous lire le commentaire.
Commentaires : L'article proposé prévoit
que les articles 4 à 6 du projet de loi s'appliquent malgré le deuxième alinéa de l'article 83,
droit d'être informé de l'existence ou de recevoir des communications de renseignements personnels le concernant, mineur de moins de
14 ans, et le premier alinéa de l'article 94, demande de
communication ou de rectification faite par une personne justifiant son
identité, de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la
protection des renseignements personnels.
L'article proposé prévoit aussi que les
articles 4 à 6 du projet de loi s'appliquent malgré le premier alinéa de
l'article 27, droit de la personne concernée d'être informée de
l'existence et de recevoir des communications de renseignements personnels la concernant, et le premier alinéa de l'article 30,
demande d'accès ou de rectification faite par une personne justifiant
son identité, de la Loi sur la protection des renseignements personnels dans le
secteur privé.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le ministre. Des interventions sur l'article 11? M. le député de...
Alors, je vous laisse du temps, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : C'est juste, je
trouve que c'est un article qui est bien technique dans le sens que ça dit
beaucoup des choses mais pas grand-chose en même temps. Alors, je n'ai pas plus
de questions, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. Alors, nous allons procéder... Vous vouliez intervenir?
M. Lafrenière : Si je peux me
permettre peut-être un petit commentaire rapide.
Le Président (M. Tremblay) : Oui,
allez-y, M. le ministre.
M. Lafrenière : Tout comme
l'article 10... Parce que, tantôt, je disais de la numérologie, ce n'était
même pas une blague, là, c'est lourd quand on lit ça, surtout à cette heure-là.
Je veux vous rassurer, c'est vraiment des cadenas qui sont ouverts pour nous
permettre d'avoir accès à l'information nécessaire. C'est très technique.
Le
Président (M. Tremblay) :
Parfait. Nous allons procéder à la mise aux voix de l'article 11. Mme la
secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Lafrenière (Vachon)?
M. Lafrenière : Article 11,
pour.
La Secrétaire : Pour les
membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Lachance
(Bellechasse)?
Mme
Lachance : Pour.
La Secrétaire :
Pour les membres de l'opposition officielle, M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques)?
Mme Massé :
Pour.
La Secrétaire :
M. Tremblay (Dubuc)?
Le Président (M.
Tremblay) : Abstention. L'article 11 est donc adopté. Nous allons
procéder à la lecture de l'article 12. M. le ministre.
M.
Lafrenière : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, à
l'article 12 : «Malgré l'article 97 de la Loi sur la recherche
des causes et des circonstances de décès (chapitre R-0.2), le coroner en
chef ou un coroner permanent peut permettre la consultation d'un rapport non
modifié ou des documents qui y sont annexés ou, après le paiement des droits fixés par le tarif des droits et indemnités
applicables en vertu de la Loi sur la recherche des causes et des
circonstances de décès (chapitre R-0.2, r. 4), en transmettre des
copies certifiées conformes à une personne qui satisfait aux conditions de
l'article 5 de la présente loi, s'il estime qu'ils sont susceptibles de
faire connaître les circonstances ayant entouré la disparition ou le décès d'un
enfant autochtone.»
Le Président (M. Tremblay) : Merci, M. le ministre. Alors, sur
l'article 12, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé :
Oui, je peux commencer, oui?
Le Président (M.
Tremblay) : Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé :
Merci, M. le Président. En fait, l'article 12, il y a différents éléments,
un qui, notamment, peut être de mon incompréhension. Ce qu'il est fait état,
dans l'article 12, c'est qu'«après le paiement des droits fixés par le
tarif des droits et indemnités applicables en vertu de la Loi sur la
recherche», bon, etc...
Ma question est
simple, c'est... On parle donc de frais. Est-ce que ces frais-là vont être
assumés par le service d'assistance aux familles?
Le Président (M.
Tremblay) : M. le ministre.
M.
Lafrenière : Ça va être la réponse la plus courte de la journée, M. le
Président, la réponse va être oui.
Mme Massé :
Bien, c'est ce que je pensais, considérant ce que vous aviez nommé
antérieurement, mais, comme tel, c'est un peu la première fois où il y a
clairement un frais dedans, là. Ça fait que ça confirme ce que vous nous dites
depuis le début, que le service aux familles, la patte qui va être au SAA va
être vraiment en soutien, et donc incluant les soutiens au niveau financier de
ce genre d'affaires là. Ensuite...
M.
Lafrenière : M. le Président, si je peux me permettre.
Mme Massé :
Oui, allez-y.
M.
Lafrenière : Juste pour faire un parallèle, du côté archives, même les
archives policières, il y a des frais reliés
à ça. C'est pour ça qu'on l'a explicité, on l'a mentionné, mais ce que je
voulais rassurer la collègue puis les gens qui nous écoutent,
justement, quand on est dans ce type de projet de loi là, bien, les frais vont
être assurés par notre direction de soutien aux familles.
• (18 h 40) •
Mme
Massé : Bien, là, je vais
avoir besoin du ministre, des légistes, et tout ça, pour comprendre
adéquatement la recommandation, en fait, de l'association des premières nations
du Québec et du Labrador, qui nous disait, lors de la présentation de leur mémoire, que, dans les faits, ce qu'ils
suggéraient, c'est que de façon systématique, lorsqu'il y a des demandes
qui sont faites pour être capables... d'avoir de l'information, pardon,
concernant un enfant, que, de façon systématique,
ces demandes-là soient envoyées au Coroner
en chef qui, lui, comme, a une espèce de vision globale, depuis plusieurs années, sur la situation des enfants
notamment décédés, notamment, là, peut-être disparus aussi, on ne le
sait pas.
Mais
ce que laissait entendre, donc, l'association des premières nations, c'est que
ça pourrait avoir une vertu que le coroner soit informé de façon
systématique, parce que lui aurait peut-être de l'information et donc, par
conséquent, pourrait posséder une partie de l'information de laquelle les
familles sont à la recherche.
Alors là, je
pose la question, mais, en même temps, je suis prête à réfléchir et à entendre
le ministre là-dessus, parce que, un, je ne suis pas une spécialiste de
la loi sur les causes et des faits... les causes et circonstances des décès, deux, encore moins sur toute la question du coroner, Coroner
en chef, pas en chef, etc., encore moins comment ça se passait dans les
années 50, 60, etc. Donc, c'est pour ça que je veux réfléchir avec le
ministre, parce que l'APNQL nous a ouvert là une porte que moi, je ne suis pas
assez habilitée à saisir, mais qu'en même temps, si effectivement, simplement
en faisant savoir au Coroner en chef que nous sommes à la recherche de tel, tel
enfant, si ça pouvait amener des pistes, bien, pourquoi s'en priver?
Alors donc, c'est un peu cette discussion-là, M.
le Président, que j'aimerais entamer. Puis, tu sais, je n'ai pas d'amendement, mais je ne vous dis pas qu'il
n'y en aura pas un en cours de route,
là, en fonction de ma compréhension de l'échange qu'on aura.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
Mme la députée. M. le ministre.
M. Lafrenière : Merci beaucoup,
M. le Président. Puis la question est super à propos parce que, dans l'article 12, on parle... on vient
expliciter, là, la partie d'accès à un document. Ce que ma collègue parle,
c'est vraiment la collaboration, le travail d'équipe avec le coroner.
Moi, je pourrais en rajouter une couche en vous parlant, avec la Sûreté du
Québec, avec d'autres corps de police, des services de police des Premières
Nations aussi.
Parce que, quand on est à la recherche de la
vérité, à la recherche d'information, je vous l'ai dit plus tôt aujourd'hui, je
ne me priverai jamais d'une source d'information. Ça, je n'ai pas besoin de le
mettre dans un cadre légal quand on parle de collaboration, mais il est clair,
puis je pense que ma collègue l'a bien mentionné, il va falloir travailler en
étroite collaboration avec, oui, le Bureau du coroner, oui, les agents de
liaison de la Sûreté du Québec, oui, les
agents de liaison des services de police autochtones. Et, plus tôt, je parlais
des conseils de bande et de l'APNQL aussi, parce qu'eux aussi ont accès
à des registres, et on va avoir besoin de leur collaboration pour nous fournir
le nom, les différentes façons que le nom
avait été écrit. Alors, effectivement, il va falloir travailler avec eux. Et la
raison pour laquelle on ne le voit pas dans
le projet de loi, c'est : je n'ai pas besoin de l'expliciter, je n'ai pas
besoin d'avoir accès à un document,
c'est du travail qui va se faire avec la direction de soutien aux familles...
sur une base quotidienne mais presque.
Parce
qu'effectivement, hein, on a le cas d'une disparition qui pourrait finalement
être un décès qui n'a jamais été rapporté,
qui n'a jamais été confirmé. Et le décès d'une personne nommée XYZ peut avoir
une consonance différente, un nom qui
aurait été écrit différemment. Et ça va être important, cet échange
d'information là, pour trouver l'information. Puis je ne me priverai jamais d'une source d'information, M. le
Président. Et si, a contrario, c'est un dossier qui doit transféré à la
Sûreté du Québec, puis je l'ai déjà dit, je vais le redire, on découvre que les
causes méritaient d'être enquêtées par la police,
jamais je ne vais m'empêcher de transférer ce dossier-là à la Sûreté du Québec
pour faire l'enquête criminelle.
Mme Massé : Bien, en fait, ce
que suggéraient les représentants de l'APNQL, ce que je comprenais, c'était de systématiser un peu l'affaire, c'est-à-dire
que... de façon automatique, systématique, de faire en sorte que,
lorsqu'il y a une demande qui est formulée,
une demande d'information qui est formulée auprès des établissements, des
organismes ou des congrégations religieuses, que de façon... qu'il y ait un
mécanisme pour informer le coroner et qu'après... et de façon systématique, pas
seulement si, rendu en bout de ligne, on se rend compte que, mais plus de
façon... Alors, moi, c'est dans ce sens-là.
Je comprends l'idée de la collaboration. Je
comprends que vous rentrez dans un dossier, vous vous rendez compte qu'il y a peut-être quelque chose d'un
niveau criminel, je comprends. Ce que
l'APNQL semblait nous dire, c'est que peut-être que le coroner, le
Bureau du coroner, le Coroner en chef pourrait détenir, lui, de l'information.
C'est ce bout-là, moi, que j'aimerais...
Parce que, tu sais, dans tout ce qu'on a adopté
jusqu'à maintenant, c'est beaucoup orienté vers les institutions de santé. Je
veux bien qu'on a nommé des organismes et j'imagine que le Bureau du coroner
fait... est inclus dans la définition d'organisme gouvernemental, tel qu'on l'a
défini à l'article 2 ou qu'on le définira éventuellement à l'article 2,
là, mais cette idée de la demande d'accès à l'information va être dirigée vers
soit une institution, soit... mais pas automatiquement vers le coroner.
Donc, moi, je
trouvais intéressant, cette idée amenée par l'APNQL, de dire : O.K., on se
donne toutes les chances, de façon systématique on envoie ça au Coroner en
chef, au Bureau de coroner. S'ils n'ont pas d'information, si... bon,
peu importe, O.K., mais, si toutefois il y avait quelque chose, ça pourrait
peut-être nous permettre de trouver un filon.
Le Président (M. Tremblay) : M. le
ministre.
M. Lafrenière : Merci beaucoup, M.
le Président. Effectivement, l'article 12 ne nous empêche pas de faire une
demande systématique, vous avez entièrement raison. Et moi, puis là c'est des
vieux réflexes qui vont embarquer, quand je vais vous parler de déconfliction,
qui est un beau terme, déconfliction, c'est l'art de mener une enquête en parallèle avec un autre groupe sans
savoir qu'on travaille tous les deux sur le même dossier. C'est ce qu'on
appelle la déconfliction, et ça, dans le monde policier, il y a des comités à
tous les jours qui travaillent là-dessus, parce qu'il n'y a rien de pire que de
travailler pour trouver une information, faire une grosse enquête puis se
rendre compte que notre voisin faisait la même enquête puis on ne se partageait
pas l'information.
Et moi, dans ma vision des choses, avec mon
passé, je vous ai parlé de la Sûreté du Québec, agent de liaison, je peux vous
parler du coroner, pour moi, lorsqu'on va commencer, puis on s'entend qu'il n'y
a pas des milliers de cas, il y en a beaucoup trop, mais on parle de centaines,
systématiquement, on va devoir aviser nos partenaires de ce qu'on fait et de
voir si, de leur côté, ont de l'information. Et on ne s'empêchera pas de faire
des demandes d'accès au coroner. On a le
pouvoir présentement, alors on le fera. Moi, je le voyais vraiment plus...
parce que je n'ai pas besoin, de façon
réglementaire, de dire systématiquement, mais effectivement, s'il y a une
information qui se retrouve là, je ne m'en priverai jamais, M. le Président.
Alors, de faire une demande au coroner, même du
côté policier, avec l'agent de liaison, de dire : Regardez, on travaille
sur un cas, je vous donne un exemple, de disparition de Mme XY à lac
Barrière, mais, des fois, ça peut arriver une coche, et mon partenaire de la Sûreté
du Québec ou du Bureau du coroner va dire : Écoutez, dans nos dossiers, on n'a pas le même
nom, il n'est pas écrit de la même façon... Parce que je reviens à la base, M. le Président, un des dangers, c'est qu'avec le temps les noms ont pu être écrits de façon
différente. Parce que je le dis, si l'information était facilement
accessible, ce n'est pas mon projet de loi qui le réglait aujourd'hui, ce n'est
pas notre projet de loi qui le réglerait, les familles auraient déjà eu l'information.
Alors, il va
y avoir beaucoup d'informations partagées avec nos partenaires en disant :
Voici sur quoi on travaille. Puis ça va être un travail au quotidien de
déconfliction, de s'assurer que les partenaires qui auraient de l'information
nous la partagent. On fera une demande d'accès, et, si je fais une demande
d'accès avec le mauvais nom, je peux me retrouver sans la réponse puis échapper
complètement ce que j'ai besoin.
Mme Massé : Absolument, et je
le comprends, et je l'entends, et ça va être vrai pour l'ensemble des dossiers qui vont se présenter. Moi, j'avais plutôt
l'impression que, dans ce cas-ci, à cause du rôle particulier qu'ont les
coroners, notamment dans des situations de décès... D'ailleurs, le Coroner en
chef a le droit d'ordonner une exhumation, hein?
M. Lafrenière : Absolument.
Mme Massé : Ça fait que ça
pourrait être une porte aussi pour nous autres, ça... bien, je veux dire, pour
les familles, mais, bref, on n'est pas à cet article-là du tout. Tout ça pour
vous dire que j'avais l'impression, par l'intervention de l'APNQL, que... Je vous entends, M. le ministre, quand vous dites : Je pourrais, on pourrait demander. On
pourrait demander, oui, mais ce que l'APNQL nous dit, c'est : Demandez-les
donc de façon systématique. Ça se peut qu'ils ne trouvent pas parce que
l'orthographe du nom n'est pas la même, mais ceci étant dit, ils semblaient
nous témoigner qu'il y avait un potentiel à cause du rôle particulier des
coroners que vous... qu'on pourrait avoir de l'information par là.
Le Président (M. Tremblay) : M.
le ministre.
• (18 h 50) •
M. Lafrenière : M. le
Président, je pense qu'on dit finalement absolument la même chose, c'est juste
dans la façon, puis là on est dans le très technique. Parce que je n'ai pas
besoin du projet de loi pour me permettre d'échanger avec le coroner ou,
exemple, l'agent de liaison de la Sûreté du Québec.
Moi, ce que je dis, c'est qu'on va faire les
demandes d'accès, absolument, mais au lieu de dire : On va le faire
systématiquement, on prend le temps d'échanger avec les partenaires, de
peut-être partager de l'information, puis là, si on voit qu'il y a de l'info,
on fera une demande. Ce que je veux dire, c'est que je ne veux pas y aller
bêtement seulement par demande d'accès à l'information d'une façon très froide,
très technique. Parce que, je vous l'ai dit, on pourrait faire une demande avec
un nom, une mauvaise épellation puis ne pas avoir de document. J'aime mieux
échanger avec ce groupe-là.
Puis là je ne veux pas partir des comités à
chaque fois, là. On a parlé d'un comité de suivi avec les familles, mais c'est
clair que coroners, agents de liaison de la police, on va devoir travailler
étroitement avec eux, partager ce qu'on a
comme bribes d'information, parce que, des fois, ça ne sera pas complet, pour
bien se guider, puis, oui, il y aura des demandes d'accès, absolument.
C'est juste dans la façon de le faire. Pour être bien honnête avec vous, c'est
juste dans la façon de le faire. Moi, je pense, quand on va recevoir une
demande, on va devoir l'analyser en parlant à nos partenaires, puis, peut-être,
quelqu'un va lever la main en disant : J'ai de quoi qui ressemble à ça.
Puis là on fera nos demandes d'accès à l'information.
Mais on est à la même place, puis il faut
travailler... moi, j'irais en disant : Il faut travailler systématiquement
avec le coroner et avec la police, pas juste
dans les cas où il manque de l'information mais dans le partage d'information
pour voir s'il n'y a pas un des partenaires autour de la table qui a la clé de
l'énigme. Parce que je vous le dis encore une fois, si l'information était si
facilement accessible, on n'aurait pas besoin du projet de loi n° 79 aujourd'hui.
Et, tout à l'heure, ma collègue a parlé
d'exhumation. C'est un très bon point, on va en reparler à l'article 18,
mais effectivement le coroner va être un joueur important, là, dans cette
partie-là.
Le Président (M. Tremblay) : Merci, M.
le ministre. Mme la députée.
Mme Massé : Donc, s'il faut
travailler systématiquement avec le coroner... avec la police, je ne suis pas sûre, là, mais avec le coroner, ça m'apparaît...
bien, vous saurez me convaincre, là, mais avec le coroner, ça m'apparaît
plutôt... dans les cas de décès d'enfants, ça m'apparaît plutôt... La police,
c'est s'il y a eu un crime, mais le coroner c'est si le décès est peut-être
plus difficilement explicable. Je ne sais pas comment le dire, là, peut-être
que j'écoute trop de séries de polices, des affaires de même, là, mais je
comprends grosso modo que le rôle du coroner, ce n'est pas de nous dire :
Il y a eu un crime, c'est de nous dire : Cette personne-là est décédée, ce
que j'ai dans mes dossiers, pour telle, telle, telle raison.
Donc, par
conséquent, s'il faut travailler de façon systématique avec les coroners, parce
qu'ils sont potentiellement source d'information... bien là, j'essaie de
visualiser. Moi, je suis la famille de telle communauté, j'ai entendu dire que tel enfant est parti. Bon, là, on reconstitue un peu
l'histoire, on cogne à la porte du SAA. La porte du SAA avec l'accueil aux
familles... l'accompagnement aux familles dit : O.K., Manon, tu as raison,
on va faire des demandes. La dernière information que tu as, c'est que l'enfant
est parti à tel hôpital à La Tuque, on va faire des demandes à l'hôpital
de La Tuque. Qu'est-ce qui nous empêcherait...
À partir de ce moment-là, là, le coroner, il
n'est pas dans le décor, là, en tout cas, pas dans ce que je comprends, dans
comment vous expliquez les choses. Ce que vous me dites, c'est : On va
avancer dans le dossier de La Tuque,
puis là, éventuellement, ça se pourrait qu'on fasse appel au coroner, en
cas de besoin que... alors que l'APNQL, ce qu'elle nous propose,
c'est : d'entrée de jeu, faisons savoir au coroner qu'on cherche cet
enfant disparu ou décédé, et que ça se fasse en parallèle, tu sais. C'est le
moment, je pense, avec lequel... qui est un peu différent.
M. Lafrenière : Bien, si je peux me
permettre, je pense, ce n'est pas le moment, c'est juste dans la façon, parce
que je dis la même chose que vous. Quand on va... Quand la direction de soutien
aux familles va être en place, va commencer à recevoir des demandes, dès le
départ — pas
si on n'a pas d'information, dès le départ — coroner, agent de liaison de la police, oui, absolument...
Puis je suis heureux d'apprendre que vous écoutez des séries policières,
mais, blague à part, vous comprenez que, dans les cas de disparitions, c'est la
police qui enquête aussi.
Alors, je pense, ça va être important, parce
qu'encore là je reviens avec le nom, si on se retrouve avec un nom enquêté
différemment, moi, les partenaires autour de la table, dès le départ, là...
Puis je veux juste mettre ça clair, je ne parle pas d'on n'a pas de solution
puis en dernier recours, là. Dès le départ, on va dire : Regardez, nous,
on a quatre, cinq dossiers, là, on recherche de l'information sur telle, telle,
telle personne, telles circonstances, le plus d'infos
on est capable de donner, on va les partager à nos partenaires, puis c'est ça
qu'on appelle la déconfliction. Il y a quelqu'un autour de la table qui
pourrait dire : Écoute, moi, là, il y a une voyelle de moins, une consonne
de plus, le nom ressemble drôlement, dans les mêmes années, puis j'enquête sur
quelque chose de complètement différent, et là ça pourrait nous aider.
Ce que je viens de vous dire, c'est que, si je
faisais bêtement juste une demande d'accès à l'information, je pourrais faire
une partie de pêche, parce que je sais que vous aimez la pêche, mais je
pourrais revenir le bras vide bien des fois,
là, parce que, si je n'ai pas le bon nom, la réponse, ça va être non. Alors,
c'est pour ça, je vous dis : On va faire la même démarche. Moi, quand je parle du coroner, de l'agent de
liaison de la police, c'est : Dès le départ, voici les demandes. Puis ça ne sera pas difficile pour eux,
ce n'est pas des milliers de demandes, venir dire : Voici ce qu'on
fait. Puis moi, j'aime bien mieux cette
façon-là de regarder l'info que d'aller en espérant trouver la bonne
information, le bon nom, la bonne façon. Et moi, je pense que la police
peut être un rôle important là-dedans, surtout pour les disparitions.
Le Président (M. Tremblay) : Merci.
Toujours sur 12.
Mme Massé : O.K. Donc, ce que vous
me dites, c'est... Est-ce que je comprends bien que ce que vous me dites, c'est : Je n'ai pas besoin de
l'inscrire dans la loi puisque ça va être notre façon de fonctionner? Et donc
c'est un peu, comme, administratif, là, si je reprends les termes. Et
donc les familles qui nous écoutent peuvent être assurées que le service en
question va être, d'entrée de jeu, entouré de personnes clés, dont notamment
les bureaux de coroner puis la police. C'est ça que vous me dites?
M. Lafrenière : La réponse, M. le
Président, c'est oui. Je n'ai pas besoin d'un projet de loi pour me donner ces
pouvoirs-là, parce que ce n'est pas un pouvoir exceptionnel, d'avoir accès à un
document. Ça va être le partage d'information, ce qu'on appelle la
déconfliction, puis on va le faire dès le départ.
Mme Massé : O.K. Alors là,
méconnaissance, il y a... puis même dans... c'est écrit, dans
l'article 12, là, «le coroner en chef ou un coroner permanent». Bon,
encore là, les émissions que j'écoute, les coroners, ils sont dispatchés dans
différentes régions. Est-ce que le Coroner en chef porte ce titre-là parce
qu'il a une vue d'ensemble sur les dossiers ou il a un pouvoir d'ensemble sur
les dossiers dans toutes les régions? Puis vous allez comprendre pourquoi je
pose la question, c'est parce qu'il y a des enfants qui ont changé de région,
là.
Ça fait que, donc, est-ce que vous allez devoir parler aux x coroners...
bien, parler, il y en a sûrement là-dedans
qui vont être décédés, mais... ou le fait de vous adresser au Coroner en chef,
ça réglerait la situation? Puis je vous dis, là, je suis... bien humblement,
c'est ma méconnaissance de ce monde-là. Ça fait que c'est ça, oui.
M. Lafrenière : La question est
à propos parce que, sinon, exactement, on va se retrouver avec : Ce n'est
pas mon département, ce n'est pas à La Tuque, c'est ailleurs.
Je vais vous répondre par une affirmation très
claire, puis je suis à l'aide là-dedans. Dans mon ancienne vie, j'avais à
travailler avec le Bureau du coroner, lorsqu'on avait des cas médiatisés, et je
faisais affaire avec un seul bureau qui me donnait l'information pour l'ensemble
du Québec. Parce que sinon, imaginez la maison des fous. Vous avez raison, le
cas peut avoir débuté en Abitibi et se terminer sur la Côte-Nord, puis là on
dirait : Ah! ce n'était pas chez nous, c'était ailleurs. Là, on passait
par un seul bureau.
Mme Massé : O.K. Donc, les familles
vont être assurées... bien, en fait, là, c'est surtout l'APNQL qui était
préoccupée, va être assurée qu'à l'intérieur du bureau vous allez travailler
avec les coroners et que les coroners... même si l'enfant a été déplacé de juridiction
à l'autre, les mécanismes actuels permettent effectivement d'avoir l'information
pour tout le monde.
M. Lafrenière :
C'est ce qu'on va développer avec eux, et idem pour la Sûreté du Québec, parce
qu'on pourrait se poser la même question. C'est arrivé à la MRC des
Maskoutains. Est-ce que c'est arrivé dans une autre MRC? On veut développer le
même système encore là pour trouver la bonne information.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le ministre.
Mme Massé : Bien, moi, ça m'a
clarifiée, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Tremblay) : Ça
va?
Mme Massé : C'est clair.
Le
Président (M. Tremblay) :
Parfait. D'autres interventions sur 12? Il reste une minute. Ça va? Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, on
pourrait procéder à la mise aux voix de l'article 12 par appel nominal, Mme
la secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Lafrenière (Vachon)?
M. Lafrenière : Article 12,
pour.
La Secrétaire : Pour les
membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Lachance
(Bellechasse)?
Mme Lachance : Pour.
La Secrétaire : Pour les
membres de l'opposition officielle, M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley : Pour.
La Secrétaire : Mme Massé
(Sainte-Marie—Saint-Jacques)?
Mme Massé : Pour.
La Secrétaire : M. Tremblay
(Dubuc)?
Le
Président (M. Tremblay) :
Abstention. Alors, l'article 12 est adopté. Alors, je vous
remercie pour la précieuse collaboration.
Compte tenu de l'heure, la commission ajourne
ses travaux sine die. Excellente fin de soirée.
(Fin de la séance à 19 heures)