(Dix heures)
La Présidente (Mme D'Amours) :
Bonjour. Alors, avant de débuter les travaux de la commission, je vous rappelle
que le port du masque de procédure est obligatoire en tout temps, hormis au
moment de prendre la parole, tel que prévu à l'ordre de l'Assemblée du
2 février, qui encadre la reprise des travaux parlementaires.
À l'ordre, s'il vous plaît! Je déclare la séance
de la Commission des relations avec les citoyens ouverte.
La commission est réunie afin de procéder à
l'interpellation de la députée de Joliette au ministre de la Famille sur le
sujet suivant : Le bilan désastreux du gouvernement de la CAQ quant à l'accessibilité
à une place en service de garde éducatif à l'enfance.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Blais (Abitibi-Ouest) est remplacée par Mme Jeannotte
(Labelle); Mme St-Pierre (Acadie) est remplacée par M. Tanguay
(LaFontaine); Mme Dorion (Taschereau) est remplacée par Mme Labrie
(Sherbrooke); et Mme Perry Mélançon (Gaspé) est remplacée par Mme Hivon
(Joliette).
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je comprends qu'il y a une entente à l'effet que l'opposition officielle
intervienne lors de la deuxième, quatrième et sixième séries d'interventions,
alors que le deuxième groupe d'opposition interviendra lors de la cinquième
série d'interventions.
Maintenant,
Mme la députée de Joliette, vous avez la parole pour 10 minutes pour
votre déclaration d'ouverture.
Exposé du sujet
Mme Véronique Hivon
Mme Hivon : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, je tiens à vous saluer, saluer toute votre
équipe, le ministre, toute son équipe, qui a dû travailler fort pour aller
faire une conférence de presse ce matin, mes collègues des deux autres
oppositions et, bien sûr, mon recherchiste, Étienne Richer.
Donc, aujourd'hui, Mme la Présidente, on est
réunis pour un enjeu qui est absolument fondamental, il est fondamental à tous
points de vue, on vit une crise sans précédent de pénurie de places en service
de garde éducatif, de pénurie d'éducatrices, et ce sont les familles du Québec
qui en paient le prix. Ce sont, d'abord et avant tout, les femmes du Québec qui
en paient le prix. En cette semaine où nous avons célébré la Journée
internationale des droits des femmes, ce sont les femmes qui, très
majoritairement, restent à la maison parce qu'elles ne peuvent pas retourner au
travail, faute de places. Ce sont tous nos milieux économiques qui se
mobilisent. Quand c'est rendu que la fédération de l'entreprise indépendante
fait une sortie conjointe avec l'AQCPE pour dénoncer la crise actuelle de la
pénurie de places, c'est que la situation est grave. On voit les unions
municipales faire la même chose parce qu'il y a une foule de régions où on
n'attire plus de jeunes familles faute de places en CPE. Donc, la crise, elle
est vraiment très grave et elle a des répercussions archi-importantes qu'on ne
peut pas mettre de côté.
Et ce matin, bien, on se doit de faire le bilan
du gouvernement de la CAQ, qui nous avait dit à quel point il ferait des
miracles, donc, avec la petite enfance et qui, en fait, nous plonge dans une
crise plus grave que jamais faute d'actions, faute de mesures adéquates, faute
de prévisibilité et de proactivité.
Alors, je veux vous dire où on en est parce que,
bien sûr, quand la CAQ est arrivée au gouvernement, la situation n'était déjà pas
facile. Mais là on est vraiment passé d'une situation difficile à une
crise sans précédent. Donc, quand la CAQ est arrivée, combien il y avait
de parents qui attendaient une place sur le guichet unique, une place en service
de garde? Il y en avait 42 000. C'est passé, l'année suivante, à
46 000. Et maintenant, aux derniers chiffres qu'on a eus, mais déjà ça date de quelques mois,
51 000 familles qui attendent une place. Ça, c'est le bilan de la
CAQ.
L'autre bilan de la CAQ. Quand ils sont arrivés,
ils nous ont dit qu'il y avait 8 000 places en milieu familial qui,
faute d'éducatrices pour s'en occuper, étaient des places fantômes, donc des
places qu'on ne réussissait pas à occuper, que des enfants ne pouvaient pas
occuper parce qu'il n'y avait pas d'éducatrice pour pouvoir développer ou, en
fait, simplement occuper, parce qu'elles existent, ces places-là. En août
dernier, ce chiffre était rendu à 24 000 places
en milieu familial qui existent en théorie, mais qui ne peuvent toujours pas
être occupées, faute d'éducatrices. Et, depuis, dans la dernière année
seulement, il y a eu 837 fermetures supplémentaires de milieux familiaux.
Et évidemment on va vouloir avoir les chiffres à jour de toutes ces données-là
aujourd'hui de la part du ministre.
Donc, ça veut dire qu'en plus on a un
autre 5 000 places, fort probablement, qui se sont perdues dans
les derniers mois. Et, selon l'AQCPE, il manque présentement au moins
3 000 éducatrices au Québec. Et, si on se projette jusqu'en 2023‑2024,
ils estiment que ce sont 10 000 éducatrices, si la tendance se
maintient, qu'il va manquer au Québec.
Donc, ça, c'est le bilan
de la CAQ depuis l'arrivée du ministre et de son gouvernement au pouvoir. Et ce
qui est absolument hallucinant, c'est qu'il nous disait, la main sur le coeur,
en février 2019, que lui, il allait complètement changer les choses, que
les places allaient se créer, qu'il y en aurait au moins 13 500 en deux
ans qui seraient créées. Or, le résultat net, c'est quoi, Mme la Présidente?
C'est 2 500 places qui, pendant les deux années et demie du début du
mandat du ministre, ont été créées, 2 500, quand il s'était engagé à en
créer 13 500.
Et qu'est-ce qu'il a fait, le ministre, le mois
dernier, quand il a dû avouer cet échec retentissant? Il a blâmé à peu près tout
le monde, mais il n'a pas pris la responsabilité. Donc, le processus n'avait
aucun sens, le ministère n'était pas assez efficace, le réseau ne collaborait
pas suffisamment, il fallait revoir le processus. Le seul problème, c'est que
c'est le ministre qui est responsable de son ministère, c'est lui qui est
responsable de développer les places, c'est lui qui, depuis deux ans et demi,
avait tout en main pour pouvoir bouger, selon ce qu'il nous disait, là, qu'il
allait être la réinvention de l'efficacité, là, pour le développement des
services de garde à la petite enfance. Et donc, quand, il y a un mois, il a dû
admettre son échec, parce qu'au lieu de 13 500 places, c'était
2 500... Et je rappelle que la CAQ avait promis, en campagne électorale,
qu'il y en aurait 26 000, nouvelles places, dans son mandat, 26 000. Dans les premiers deux ans, il devait en créer
13 500. Ça tenait la route, c'était à peu près la moitié de l'engagement
de la CAQ. Le résultat, deux ans et demi
plus tard, il y en a 2 500 à peine de créées. Le ministère doit se sortir
de son pétrin, dit que ça n'a pas de bon sens, ce n'est pas efficace, ce
n'est pas de sa faute, le processus ne marche pas, il y a 17 étapes, il
n'y a personne qui avait entendu, avant, parler de ce processus administratif
derrière lequel le ministre se réfugie.
Et là qu'est-ce qu'il fait ce matin? Bien, il
prouve exactement que, depuis deux ans et demi, la question du processus, il
n'en tenait qu'à lui de le changer. Il vient nous faire une belle conférence de
presse, avec un beau briefing technique, une
technique éprouvée, d'ailleurs, par le gouvernement. Heureusement qu'il y a des
interpellations, parce que ça amène les gouvernements à faire des annonces.
Donc là, soudainement, il est capable, donc, de changer le processus. Le mois
dernier, à cause du méchant processus, il n'avait pas pu livrer son engagement,
puis là c'est drôle, aujourd'hui, là, il est capable de réduire les étapes.
Mais ce qui est très déconcertant de l'annonce de ce matin, c'est qu'encore une
fois c'est un écran de fumée, donc, c'est un écran de fumée pour nous parler du
processus administratif derrière lequel il se réfugiait, évidemment, en toute
incohérence pour dire, le mois dernier, qu'il était pris puis qu'il n'avait pas
pu livrer sa promesse.
Mais où sont les nouveaux budgets, où sont les
nouveaux budgets pour pouvoir accélérer véritablement le développement des
places? Où est le programme vigoureux pour aller valoriser la profession
d'éducatrice, pour freiner la perte d'intérêt
des femmes et des hommes pour ce programme-là?
Baisse de 40 % des inscriptions en sept ans dans les programmes d'éducation à l'enfance. Où est le plan pour
dire : On va tout mettre en oeuvre parce qu'on fonce dans le mur et
on n'attendra pas de vivre une crise encore plus grave, comme celle qu'on a
vécue dans les CHSLD, avec la pénurie de préposés aux bénéficiaires? C'est là
qu'on en est. Les briques commencent à tomber dans le mur dans lequel on est en
train de rentrer.
Bien, le ministre me regarde, là, mais je
m'excuse, mais, quand il y a 51 000 familles, c'est des chiffres qui
viennent directement de son ministère, qui attendent une place, quand nos
téléphones n'arrêtent pas de sonner dans nos bureaux de circonscription, moi,
je n'ai jamais vu ça en 10 ans, de femmes qui ne peuvent pas retourner
travailler, d'infirmières, de préposées aux bénéficiaires, d'auxiliaires,
d'enseignantes qui ne peuvent pas retourner travailler parce qu'il n'y a pas de
place en service de garde... Oui, la crise, elle est majeure, et, oui, on est
en train de foncer dans le mur, et ce n'est pas parce qu'on ne l'a pas dit au ministre
depuis le début de son mandat que c'était une urgence nationale de s'attaquer à
la pénurie d'éducatrices. Or, ce matin, zéro annonce pour la pénurie
d'éducatrices. L'AQCPE a pourtant dit publiquement qu'elle avait remis au ministre,
en septembre dernier, un plan de match, un
plan de match où on pourrait favoriser les inscriptions, où on pourrait
accentuer le nombre d'éducatrices, où on pourrait leur permettre de
faire à la fois leurs études et des stages, donc ça permettrait de les former
tout en ayant plus d'éducatrices dans les CPE, même chose pour les milieux
familiaux.
• (10 h 10) •
Donc, pas un mot ce matin là-dessus, pas un mot supplémentaire
sur l'abolition formelle qu'on espérait du 25 %. Il dit : Il va y
avoir des assouplissements, on va voir. Le gouvernement continue à exiger un
25 % de mise de fonds des milieux pour développer des CPE. Or, ce matin,
il aurait dû dire clairement et simplement : Il n'y en aura plus,
d'exigence. Bien non, il nous dit : Il va y avoir des assouplissements, puis
on va pouvoir donner une mise de fonds. Bien, abolissez-la, c'est simple. Quand
nous, on était au gouvernement puis qu'on réussissait à créer
10 000 places par année, il n'y en avait pas, de mise de fonds, puis
le processus, il était simple.
Puis je veux
juste montrer un petit tableau, là, quand on dit que ça prend des budgets, le
PQI, investissements pour les CPE.
Alors, je veux juste qu'on voie la décroissance des investissements au PQI.
Donc, si on regarde, là, où on en était,
2013‑2023, on était à cette hauteur-là, on était donc à plus de 1 milliard
pour les investissements au PQI en CPE. Et là on est rendu à moins de
400 millions pour 2020‑2030. Donc, ça, là, c'est ce que le ministre offre
aux familles du Québec qui sont en attente, qui sont désespérées, qui nous
lancent des cris du coeur pour pouvoir retourner au travail, pour pouvoir
concilier famille-travail, pour pouvoir avoir un développement économique au
Québec qui a du sens.
Donc, aujourd'hui, on veut des réponses du
ministre. On ne veut pas juste qu'il nous parle d'un processus administratif
qu'il aurait pu changer depuis deux ans et demi, on veut qu'il nous parle de
vraies actions, de plan d'accélération, de plan de valorisation, de recrutement
et de formation des éducatrices et d'objectifs. Parce que ce n'est pas vrai
qu'on va se contenter de voir des gens continuer à accumuler l'attente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée de Joliette. Maintenant, je cède la parole au ministre de
la Famille, également pour une période de 10 minutes.
Réponse du ministre
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Bien, d'abord, je veux aussi saluer tout le monde. Merci
d'être là. Je veux saluer la députée de Joliette aussi, qui m'a invité à cette
interpellation. Moi, ça me fait plaisir, j'aime ça, Mme la Présidente, parce
que je trouve parfois qu'on ne parle pas assez de petite enfance. Et, quand
l'opposition s'y attarde, quand l'opposition pose des questions là-dessus, je
trouve toujours que c'est une belle opportunité de démontrer ce qu'on fait et
puis, effectivement, de rendre des comptes, on est là pour ça. Parce que moi,
je pense bien sincèrement qu'on fait de bien belles choses depuis qu'on est
arrivés, qu'évidemment ce n'est pas parfait, mais qu'on fait des pas de géant.
D'abord, peut-être juste une parenthèse pour
dire que sur la question de la main-d'oeuvre, là, moi, je sourcillais,
effectivement, la députée de Joliette, là, l'a relevé en ondes, mais je tiens à
le préciser, la comparaison avec les CHSLD me dresse toujours les cheveux sur
la tête, parce que moi, je ne ferai pas cette comparaison-là. Dans nos CHSLD,
la pénurie de personnel, là, elle a été catastrophique, elle a causé des morts.
Et ça, ça nous a été légué, disons, par des années et des années de
sous-investissement. Je n'entrerai pas là-dedans, mais moi, je ne ferai pas
cette comparaison-là. Je peux très bien dire que c'est un enjeu, et je le dis
clairement, là, mais je vais toujours me garder de faire des comparaisons avec
les CHSLD, et j'invite les collègues aussi à le faire, là, parce qu'à chaque
fois, là, je trouve que ce n'est peut-être pas approprié.
Maintenant, oui, Mme la Présidente, on manque de
places en service de garde éducatif à l'enfance au Québec, c'est une évidence.
On ne s'obstinera pas là-dessus. Je n'essaierai pas de convaincre les gens ici
qu'on a suffisamment de places. Ce serait comme vous convaincre, Mme la
Présidente, que le soleil ne se lèvera pas demain matin. Donc, c'est clair, net
et précis qu'on manque de places au Québec, je dirais pour deux raisons. Et
vous me permettrez de vous les expliquer.
La première,
il y a une raison, là, qui est évidente, qui est structurelle. Pour qu'on soit
capable de couper des rubans aujourd'hui,
n'est-ce pas, il faut qu'il y ait eu des appels de projets dans les années
précédentes. Et, quand on regarde, c'est
un fait, c'est public, quand on regarde les appels de projets des dernières
années, il n'y en a pas eu en 2014, il n'y en a pas eu en 2015, il n'y en a pas eu en 2016, il n'y en a pas eu en
2017. Il y en a eu une sous le précédent gouvernement en 2018, là, à
quelques semaines des élections, des places qu'on a nous-mêmes attribuées quand
on est arrivés en poste. Donc, c'est dire que le délai, là, était très serré à
la fin du mandat libéral, ce qui fait en sorte qu'il n'y a pas de projets qui
ont été mis dans ce qu'on appelle le «pipeline», là, il n'y a pas de projets
qui ont pris la route. Donc, c'est difficile aujourd'hui de couper autant de
rubans qu'on voudrait parce qu'évidemment ça prend
un moment, là, pour que ces places-là se réalisent. Et, s'il y avait eu des
appels de projets, évidemment, s'il y avait des places qui avaient été offertes à ce moment-là, bien, aujourd'hui,
on serait capable, de façon beaucoup plus importante, de couper des
rubans.
Deuxièmement, bien, effectivement, la liste
d'attente, là, elle est passée à 51 000 cette année, elle est passée à
51 000. Et je vais vous dire, ça m'a fait frissonner quand j'ai vu cette
donnée-là. En même temps, ce ne serait, je pense, pas très honnête de mettre
tout ça sur le dos du gouvernement, parce qu'on a vécu une crise, la crise de
la COVID, qui a fait en sorte qu'il y a des centaines, des milliers
d'éducatrices en milieu familial qui ont décidé de mettre fin à leurs activités,
non pas parce qu'elles ne se sentaient pas soutenues par le gouvernement, parce
qu'on les a soutenues de façon importante pendant la crise, financièrement, non
pas parce qu'elles n'aimaient pas leur travail, mais souvent parce que, on les
comprend, c'était difficile pour elles de concevoir qu'elles continueraient de
recevoir, dans leur domicile, des tout-petits, six ou neuf, en plus d'une
assistante, parfois, alors que c'était impossible pour elles de garder leurs
propres petits enfants, à certains moments, ou, par exemple, d'inviter leur
mère, leur père, leur frère ou leur soeur à la maison, mais, pendant ce
temps-là, elles continuaient d'accueillir des tout-petits. Je pense que, pour
elles, il y avait une crainte, et je les comprends.
Ceci dit, c'est clair que leur décision, ça a
fait en sorte qu'aujourd'hui on se retrouve avec un manque à gagner qui est important.
On a eu une baisse de 7 300 places au 31 décembre. Donc, c'est
énorme. C'est énorme. Donc, on ne peut pas imputer ça au gouvernement en
disant : Bien, c'est la faute du gouvernement. Bon, on peut le faire, peut-être,
là, quand on fait de la politique, c'est une bonne ligne de presse puis c'est
une bonne ligne d'attaque, mais la vérité, là, c'est qu'on sort d'une crise. Et
ça, on n'entend jamais, jamais, jamais parler de ça de la part des oppositions.
Pour eux, c'est comme si nous, là, on est là depuis deux ans et demi, bien
installés, les deux pieds sur le poêle en train de regarder la parade passer,
alors que, pendant la dernière année, là, on a été mobilisés comme jamais dans
l'histoire du Québec, au ministère de la Famille, pour fermer un réseau qui ne
l'avait jamais été dans l'histoire, et, pire encore, le rouvrir, tout ça en
s'assurant qu'il n'y ait pas de garderie non subventionnée qui ferme leurs
portes, en les soutenant financièrement, en soutenant financièrement les
responsables de services de garde en milieu familial. Ça a été un travail
colossal.
Et, d'ailleurs, un clin d'oeil, je l'ai fait
aussi tantôt en conférence de presse, pour vous dire que demain, donc, on est à
quelques heures près du moment où ça fera un an, le 13 mars, qu'on a
procédé à cette fermeture-là, qui évidemment a pris tout le monde de court.
Mais j'en garde des souvenirs très forts, parce que, je vais vous dire, là, ça
a été le plus grand défi professionnel, évidemment, de ma carrière, mais je
sais que, sur le terrain, ça a été aussi probablement le plus grand défi de
toutes les éducatrices, de tous les gestionnaires. Donc, je leur lève, encore
une fois, mon chapeau, un an après cette fermeture du 13 mars.
Ceci dit, lorsqu'on est arrivés, en février...
bien, en fait, lorsqu'on est arrivés, en 2018, bon, on sait comment c'est, on
arrive, comme ministre, on prend connaissance des dossiers, et tout, Noël
arrive. Après Noël, on part avec le travail qu'on a déjà
entamé. Février, donc, 2019, on annonce déjà un premier geste qui est important.
La députée de Joliette parlait de la contribution obligatoire. On l'abolit dans
pratiquement tous les cas, lorsqu'il y a des territoires notamment qui sont en
déficit, là où c'est le plus important. Ça, c'est aux endroits où il manque de
places. On abolit cette... dans cette année-là, on abolit, donc, la contribution,
on fait un pas financier, donc, on dit aussi aux demandeurs : Bien là, si
vous êtes intéressés à développer des places, il faut les développer, parce
que, sinon, on va les reprendre. On vous donne 24 mois pour le faire au
moment où vous vous engagez. Donc là, les promoteurs regardent ça. Dans
certains cas, dans beaucoup de cas, ça a pris un certain moment, parce que,
souvent, ils ne se rappelaient même pas qu'ils avaient ces places-là qui
dataient de 2011 puis de 2014 — ça, c'est les précédents gouvernements.
Donc, nous, on a brassé ça. Il y en a qui nous ont renvoyé ça, on parle d'à peu
près 2 000 places. Sinon, les autres se sont engagés, nous ont envoyé
une résolution. Et le chronomètre est parti, 24 mois.
Encore une fois, la COVID parfois peut avoir le
dos large, mais, écoutez, dans ce cas-ci, là, c'est une évidence, les gens qui
développent le réseau, c'est les mêmes gens qui gèrent les installations sur le
terrain actuellement et qui en avaient plein les bras avec la COVID. Je ne suis
pas en train de dire que c'est de leur faute, c'est une responsabilité
partagée, mais je suis en train de dire que c'est normal qu'il y ait eu un
retard de quelques mois. Ce qui fait en sorte que les places dont on parlait en
février 2019, pour la plupart, là, elles vont être ouvertes au courant de
cette année, oui, avec des mois de retard, mais je pense que ces mois de retard
là, les gens qui nous écoutent actuellement à la maison comprennent bien ça. La
construction a été fermée pendant un moment. Les gens qui développent devaient
gérer les cas de COVID, devaient gérer les parents qui téléphonaient. Et, au
ministère de la Famille, on est passés d'une poignée d'employés qui répondent
au téléphone à plusieurs dizaines, une soixantaine. Donc, c'est sûr que les énergies de tout le monde ont été mises à gérer
la crise. Donc, je pense que les gens comprennent bien ça. Puis, cette
année, on sera en mesure, là, de mettre sous permis la presque totalité des
places dont on a parlé.
Donc, ce n'est pas un aveu d'échec du tout,
c'est un constat honnête, on a des mois de retard à cause de la COVID. Le
système qu'on avait, et je l'ai très bien mentionné à ce moment-là, selon moi,
ne fonctionnait plus. Parce que, même si on va plus vite que dans le passé, on
a réduit le délai de réalisation de 48 à 36 mois, c'est quand même bien,
bien, il reste que moi, je suis encore plus ambitieux que ça et je veux qu'on
soit capable de développer encore plus rapidement. Je veux qu'on fasse
véritablement baisser ça à 24 mois.
• (10 h 20) •
Donc, oui, aujourd'hui, j'ai annoncé des
allègements administratifs qui n'ont pas été dessinés sur le coin d'un
comptoir, contrairement à ce que les oppositions tentent de faire croire aux
gens. Ce qu'on a fait, c'est... on a été au travail déjà depuis plusieurs mois.
La pandémie nous a mis des bâtons dans les roues, mais on avait commencé avant.
Et là, aujourd'hui, on est capable de livrer ça, et je l'avais dit clairement,
je l'avais dit clairement. Et je sais que la députée de Joliette, ça l'a surprise.
Je lisais hier les messages qu'elle faisait circuler sur les réseaux sociaux en
disant : Bien, le ministre disait que ça prenait un livre blanc et un
projet de loi. Ce que j'ai dit très clairement, c'est que ça prenait des
changements de fond qui viendraient effectivement cet automne avec un projet de
loi, mais que ça prenait aussi des changements plus rapides. Et je suis cité,
d'ailleurs, dans La Presse à ce sujet-là, à ce moment-là, en
disant : Bien, ces allègements administratifs, on va les mettre en place
rapidement.
Et aujourd'hui, c'est ce qu'on livre. Les
allègements administratifs, j'entendais le député de LaFontaine aussi un peu
plus tôt en point de presse se demander à quel moment ça entrerait en vigueur.
C'est en vigueur, Mme la Présidente. Donc, c'est signé, c'est entré en vigueur,
effectif dès maintenant. Donc, c'est une bonne nouvelle. Il y en a certains,
bon, qui font partie d'une amélioration continue, mais, sinon, la plupart des
mesures entrent en vigueur maintenant, donc j'ai annoncé aujourd'hui les
détails. Il faut cesser de faire en sorte que la paperasse puis la
bureaucratie, ça mette des bâtons dans les roues de nos gens, au ministère, qui
sont motivés, puis aux promoteurs sur le terrain qui sont motivés à construire.
Et je signale à la députée de Joliette que quand
elle nous dit... qu'elle se plaît à nous dire que, dans leurs belles années,
ils développaient 10 000 places en CPE, c'est faux. Quand on regarde
les données de ce moment-là, c'est beaucoup moins. Si on prend, par exemple,
2013‑2014, 939. Si on revient au début des années 2000, même, c'était
beaucoup moindre que ça. Mais on aura l'occasion...
La Présidente (Mme D'Amours) : En
terminant.
M. Lacombe : ...d'y revenir.
Argumentation
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre. Je porte une attention au type de propos qui a été dit.
Je vous invite à la prudence. Merci.
Nous allons maintenant débuter la période
d'échange, et je cède la parole maintenant à Mme la députée de Bellechasse.
Vous avez... Pardon, je m'excuse, la députée de Joliette, pour
cinq minutes. Désolée.
Mme
Hivon : Pas de
problème. Merci, Mme la Présidente. Donc, je vais vraiment revenir, dans ce
bloc, sur l'importante pénurie de places, mais je vais quand même devoir
corriger quelques éléments. Le ministre nous dit : Écoutez, c'était
vraiment difficile quand on est arrivés en poste parce qu'il y avait un
arrérage de places. Mais cette situation-là, elle était connue quand le
ministre, en février 2019, il a dit : Nous, on va en débloquer, et elles
vont être concrétisées, les 13 500 places, en deux ans. Il a pris cet
engagement-là en toute connaissance de cause. Puis ça faisait
cinq mois qu'il était ministre. Donc, je m'explique mal qu'il nous dise, ce
matin : Ah oui, mais, vous savez, c'était très difficile. Quand il a pris
son engagement, il savait dans quoi il s'embarquait.
Puis ce qui est vraiment étrange, c'est que, là,
c'est vraiment à cause de la pandémie, à cause de la COVID, mais entre mars... février 2019 et mars 2020, il
n'y en avait pas, de COVID. Donc, pendant ce temps-là, là, comment ça se
fait que ces processus ne sont pas devenus plus efficaces? Comment ça se fait
qu'il n'en a pas fait, de changement? Comment ça se fait qu'il n'était pas
capable de les concrétiser, les places? Comment ça se fait qu'il ne faisait pas
de plan de valorisation des éducatrices? Donc là, la pandémie, là, dans la
dernière année, là, il faut qu'elle explique absolument tout.
Ce qui est bizarre, quand même, c'est aussi qu'il
y a des maisons des aînés qui continuent d'être annoncées partout, puis ça n'a
pas l'air de freiner les choses parce qu'il y a une pandémie. Mais là, pour les
places en CPE, ça, c'est : On ne peut rien faire à cause de la pandémie.
Mais surtout, comment il nous explique l'inaction qui a précédé la pandémie?
Donc, il était au contrôle, il était ministre puis il avait même dit... je suis
allée relire ce qu'il nous déclarait, en février 2019, puis à une question de
Marco Bélair-Cirino, qui disait : Mais c'est quoi, les obstacles pour les
créer... Parce que le ministre disait : Nous, ça va être efficace, ça va
bien aller. Et le ministre répondait... Donc le journaliste : C'est quoi, les principaux obstacles? Et le ministre
nous disait : Bien, il n'y en a pas tant que ça, voyez-vous, donc
il faut que ça avance. Ça fait que le ministre a dit : Il n'y en a pas
tant que ça, des obstacles. Puis, aujourd'hui, tout ce qu'il nous dit, c'est
que... ce qu'il nous présente, c'est qu'il va alléger le processus administratif
qu'il aurait pu alléger, je me répète, pendant tout le temps qu'il était en
poste, si c'était ça, le gros enjeu.
Donc, ce que j'ai envie de lui dire aujourd'hui,
là, c'est que la crise, elle est réelle. La crise, elle est réelle. Quand tu as
51 000 familles qui n'ont pas de place, c'est sérieux. Ça fait que,
là, moi, je veux comprendre c'est quoi, les chiffres du ministre, quel message
d'espoir il peut envoyer à ces familles-là, pas juste à ces familles-là, aux
municipalités, qui se disent : Est-ce qu'on va être capable d'avoir du
développement économique puis d'attirer des familles chez nous, aux chambres de
commerce qui s'inquiètent, à la relance économique? On dit à quel point les
femmes sont touchées par la crise actuelle, mais, s'il n'y a pas de place en
CPE, elles ne pourront même pas retourner travailler. Puis on parle de
travailleuses essentielles dans bien des cas. Donc, la relance économique, là,
c'est aussi ça, quand on dit qu'il faut se préoccuper des femmes, c'est de
s'assurer d'abord qu'elles peuvent participer à la relance et qu'elles peuvent
travailler.
Donc, moi, je
veux savoir... Parce que le ministre, ce matin, il m'a beaucoup surpris. Il a
pris l'engagement il y a deux ans d'en livrer, 13 500 places,
en deux ans. Elles ne sont toujours pas livrées. C'est 2 500, le chiffre.
Ce matin, il nous dit quoi? Il va en créer 5 000 à 7 000 d'ici le
31 mars 2022. Donc, trois ans et demi après son arrivée en poste, là, ce
qu'il nous annonce aujourd'hui : 5 000 à 7 000. Donc là, c'est
quoi le message? Combien de places manquantes on va avoir à la fin du mandat de
la CAQ par rapport aux 51 000 familles qui n'ont pas de places?
L'autre chose
que je veux savoir, c'est toutes ces places fantômes, parce qu'il n'a pas
bougé. Puis, quand on a fait une
interpellation, pendant la pandémie, on lui a dit : Aïe, attention, la
pénurie d'éducatrices va être encore plus grave, ça prend de toute urgence un plan de match, des
bourses d'études pour favoriser les inscriptions, du partage entre
formation et travail en CPE, des incitatifs pour que des éducatrices veuillent
partir un milieu familial. Il n'a toujours rien fait, là. Depuis qu'il est
arrivé, il n'en a pas, de plan, niet, zéro, pour la pénurie et lutter contre la
pénurie d'éducatrices.
Donc, moi, je veux juste savoir, ces places-là,
fantômes, qui sont rendues à 24 000, j'aimerais avoir le chiffre, combien
on en parle maintenant, combien on parle aussi de parents qui attendent. Mais
comment se fait-il qu'il les inclue toujours dans les cartes, les cartes qui
évaluent les besoins? Puis on voit que ça ne correspond pas à la réalité. Ces
places fantômes là sont toujours présentes dans les dernières cartes qui
évaluent les besoins. Puis on a vu avec l'exemple de Longueuil, comme on
pourrait voir pour le Saguenay—Lac-Saint-Jean
et la Mauricie, que ça ne tient pas la route, les cartes qui sont faites, parce
qu'il y a un déséquilibre avec ces places fantômes là qui existent en théorie,
mais qui ne peuvent pas être offertes, faute d'éducatrices.
Donc, est-ce qu'aujourd'hui il va nous dire
c'est quoi, ses objectifs, combien de places vont être créées? Et est-ce qu'il
va mettre à jour les données correctement et pour les petits milieux également?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Merci, Mme la députée. Maintenant, M. le ministre, vous avez la parole
pour un maximum de cinq minutes.
M. Lacombe : Merci, Mme la
Présidente. D'abord, en tout respect, parce que je le répète souvent, mais je
le crois pour vrai, là, je sais que le Parti québécois a à coeur le développement
du réseau, c'est lui qui lui a donné naissance, mais il faut aussi être honnête
parce que, quand on regarde... parce que l'important, c'est de remettre les
choses aussi en perspective et de ne pas s'attendre à quelque chose d'impossible,
alors que le Parti québécois lui-même, au début des années 2000, n'était
pas en mesure de réaliser ça.
Quand on regarde, là, quand on regarde les
chiffres de création, on veut parler de CPE, regardons les CPE : en 1999,
2 312 mises sous permis; en 2000, 5 817; en 2001, 6 835; en
2002, 6 955; en 2003, on parle du nombre de places, 4 814. Ça,
c'était alors que tout était à faire, là, c'était alors qu'on peinturait les
murs au rouleau, alors que maintenant on est dans le découpage. Donc... Et là
je vous parle de places en CPE. C'est clair qu'il y a eu une augmentation
importante, je le dis honnêtement, là, il faut être honnête, il y a eu une
augmentation importante de places en milieu familial, mais, évidemment, il n'y
a pas d'infrastructure, là, qui vienne avec ça. Quand on parle
d'infrastructures en CPE, les voici, les chiffres.
Donc, c'est faux de dire que ça allait donc bien
au début des années 2000 et qu'on était capable. Les projets, à ce
moment-là, avaient cinq ans pour se réaliser. Donc, on ne peut pas non plus
réécrire l'histoire en disant que la CAQ n'est donc pas bonne puis que le PQ était tellement
bon en termes d'efficacité à ce
moment-là. La volonté, là, je ne la
remets pas en doute, mais, à un moment donné, il faut aussi, il faut aussi
remettre, je pense, les choses en perspective.
L'indicateur du PFI, dans le cas des CPE, ce
n'est, à mon sens, pas le bon indicateur. La façon dont on fonctionne, en
service de garde éducatif à l'enfance, c'est que le ministère de la Famille, par
exemple pour les CPE, va payer ce que ça coûte pour le remboursement de
l'hypothèque. Donc, on a un programme qui s'appelle un Programme de financement
des infrastructures, et, quand vous regardez par exercice financier, donc
depuis 2015‑2016, on était à 19 projets, ensuite de ça à 19, 19, 18
jusqu'en 2018‑2019. Quand on est arrivés, 53, 55. Les enveloppes ont augmenté
de 7,5 millions à près de 39 millions de dollars. Donc, on avance,
là, on avance puis on... Bon, on a encore beaucoup de chemin à faire, c'est
clair, là, mais on n'est pas en train de faire du surplace.
• (10 h 30) •
J'ai envie de dire, honnêtement, là, on fait de
la politique, c'est clair, là, et ça paraît, je pense, ce matin, parce que,
moi, tout ce que j'entends de la part des oppositions, c'est à quel point notre
annonce de ce matin, elle n'est pas bonne, à quel point ce qu'on annonce, là,
ce matin, ce n'est pas bon, c'est insuffisant, ça ne répond pas aux besoins.
Moi, je lis pourtant, là, les communiqués de
presse qui sont émis à la suite de notre annonce, notamment du Conseil
québécois des services éducatifs à la petite enfance, qui se réjouit de
l'annonce faite ce matin, qu'on soit en mesure de répondre plus rapidement aux
besoins des familles du Québec. Citation : «Tout nous indique que le
ministre Lacombe et son ministère ont mis l'épaule à la roue pour que ça
fonctionne et que le réseau puisse répondre plus rapidement aux besoins des
familles.» Il y a un communiqué aussi de l'AQCPE qui vient de sortir, là, que
je n'ai pas encore eu le temps de lire en détail. On me dit que c'est très bon.
Fédération québécoise des municipalités :
«Pas intéressant pour accélérer la réalisation des projets de services de
garde. Selon la Fédération québécoise des municipalités, le ministre Lacombe
n'a pas tardé à placer les premiers jalons de sa réforme attendue pour rendre
disponibles plus rapidement les places en services de garde pour les familles
du Québec.» Union des municipalités du Québec : L'UMQ salue les mesures
d'allègement proposées par le ministre de la Famille. «Il faut être plus
efficace, plus agile, et l'annonce d'aujourd'hui va en ce sens. Je salue la
sensibilité du ministre, qui a été à l'écoute du milieu municipal dans ce
dossier.» C'est la présidente de l'UMQ, Mme Roy, qui dit ça.
À un moment donné, là, est-ce qu'on est capable
de dire qu'on avance? Je comprends, là, qu'on fait de la politique, là. Je
comprends qu'il n'y a rien de parfait. Je suis le premier à le dire, ça ne
fonctionnait pas. Est-ce qu'on est capable de dire qu'aujourd'hui, là, on pose
un geste qui est important? On coupe dans la paperasse. À ce que je sache, le
Parti québécois pouvait le faire quand il est passé. Puis là je comprends qu'il
y avait beaucoup de choses à faire à ce moment-là, et je ne suis pas en train
de dire, là, que... ce n'est pas une attaque, mais nous, on l'a fait, là. Est-ce qu'on peut réaliser que c'est un bon geste?
Le Parti libéral aurait pu aussi faire ça. On s'entend, là, qu'il y
avait peut-être une différence idéologique
de leur côté, ils préféraient les garderies non subventionnées, qu'on soit
d'accord ou non, mais il reste que nous, on l'a posé, ce geste-là. Donc, je
pense qu'aujourd'hui, là, il faut se réjouir.
Puis pour la suite des choses, clairement qu'il
y a des enjeux qui doivent être adressés, notamment celui de la main-d'oeuvre,
je suis d'accord avec ça. Mais là, ce matin, si l'opposition s'attendait à ce
qu'on règle tous les problèmes des services
de garde éducatifs, bien là c'est clair qu'elle s'est trompée. Mais un plan sur
la main-d'oeuvre, il y en aura un. Ce
ne sera pas dans un an, ce sera dans les prochaines semaines, parce que c'est
clair qu'on a un enjeu...
La Présidente (Mme D'Amours) : En
terminant.
M. Lacombe : ...mais il faut
régler ça en même temps que l'accessibilité aux places.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je cède maintenant la parole à la députée de Bellechasse pour un maximum
de cinq minutes.
Mme Lachance : Merci, Mme la
Présidente. À mon tour de saluer tous les collègues qui sont réunis ici ce
matin, aujourd'hui, autour d'un enjeu qui est très important pour nous tous et
pour tous les Québécois.
D'ailleurs, la députée de Joliette s'est
quelquefois levée au salon bleu pour nous dire que, quand le Parti québécois a
créé le réseau, le gouvernement créait 8 000, 9 000,
10 000 places par année. À l'écouter parler, on pourrait croire que
la différence entre 1998 et aujourd'hui, ce serait la volonté politique, que mon
collègue le ministre de la Famille manque de volonté. Je pense qu'un petit
détour par l'histoire s'impose, Mme la Présidente.
En 1997, le gouvernement de l'époque voulait
offrir un service de garde de qualité, accessible et stimulant. À la création
du réseau, en 1998, 1999, 2000, la majorité des places créées étaient des
conversions de garderies en centres de la petite enfance. Oui, il y a eu des
constructions aussi, mais la majorité des places étaient des conversions de
places privées en CPE.
Malgré cela, le déploiement de ces garderies ne
s'est pas déroulé comme prévu. Une mauvaise estimation du nombre de places
requises par groupe d'âge a ralenti la mise en place du réseau et l'atteinte
des objectifs par le fait même. C'est donc dire qu'à l'époque, alors que les
conditions pour le déploiement du réseau étaient, ma foi, très favorables, le
gouvernement de l'époque a eu de la difficulté à respecter les objectifs qu'il
s'était fixés.
Le réseau des services de garde éducatifs à
l'enfance a beaucoup changé depuis 1997. En 2005, la loi a été complètement
revue. En 2017 est arrivée la loi n° 143. Les défis
auxquels on doit faire face aujourd'hui sont différents, mais ils sont
significatifs. Le portrait aujourd'hui, c'est 236 000 places en
garderie subventionnée dans 944 CPE, 716 garderies subventionnées,
10 000 responsables en service de garde en milieu familial, et à cela
s'ajoute près de 70 000 places en garderie non
subventionnée. Ces 236 000 places, c'est seulement 36 000 de
plus que ce qui était prévu pour 2006. Vous comprendrez que ça donne une idée
du genre de retard que nous avons connu entre 1997 et aujourd'hui.
Aujourd'hui, contrairement à 1997, quand on
développe des places, il faut prendre en compte toute une série d'éléments pour
s'assurer de répondre aux besoins des parents. En 1997, il ne fallait pas viser
des territoires spécifiques, partout c'était bon, partout on avait besoin des
places. Aujourd'hui, il ne suffit plus d'ouvrir un CPE ou une garderie, mais il
faut l'ouvrir pour qu'elle corresponde au besoin des parents, au milieu où les
parents en ont besoin. On doit développer des places, c'est vrai. Notre
gouvernement le fait, mais, au fur et à mesure que le réseau se construit, il
se complexifie et... si bien qu'avec... ça n'a rien à voir avec ce qu'on a vécu
en 1997. La différence est étonnante entre 1997 et 2001.
Mais vous savez quoi, Mme la Présidente? Ce
n'est pas fou de dire que la volonté politique joue aussi un rôle dans le développement
du réseau, c'est, en fait, tout à fait vrai. C'est vrai que, dans le budget de
2014, le Parti libéral a décidé de mettre un
frein au développement du réseau parce que ça coûtait peut-être
un peu trop cher. Heureusement pour eux, le gouvernement précédent de
Pauline Marois avait lancé plusieurs projets entre 2012 et 2014, projets qui,
comme mon collègue ministre l'a dit, se sont concrétisés durant les deux
premières années du dernier gouvernement libéral, soit en 2015 et 2016. Sans
surprise, par contre, en 2017, 2018, les années qui représentent les projets de
service de garde lancés par le gouvernement libéral, alors là on tombe à moins
de 2 000 places par année.
Notre collègue le député de LaFontaine aime bien
prendre le crédit pour les places lancées par un autre gouvernement que le
sien, il l'a fait pas plus tard que cette semaine, en période des questions et
en débat de fin de séance. De notre côté, nous préférons agir, comme le
démontre notre annonce de ce matin. Je crois, par contre, que nous pouvons nous
dire que notre gouvernement ne manque pas de volonté, que notre engagement pour
les familles du Québec est réel et bien sincère. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je cède maintenant la parole au député de LaFontaine pour une durée de
cinq minutes.
M. Tanguay : Merci, Mme
la Présidente. Je suis heureux de vous retrouver. Bonjour, bonjour. Merci de
présider nos travaux. Bonjour aux collègues, bonjour au ministre, aux collègues
qui accompagnent le ministre et les personnes, les femmes et hommes, qui
l'entourent, collègue de Joliette et collègue de Sherbrooke, et également ma
recherchiste, notre recherchiste qui travaille avec nous, Florence Thivierge.
Je vais reprendre au bond ce qu'a dit la
collègue de Bellechasse. Elle n'a pas dit ça, mais je vais paraphraser. Elle a
dit : Sous les libéraux, dans les dernières années, imaginez-vous donc, Mme
la Présidente, c'étaient moins de 2 000 places de créées, puis
c'était épouvantable, c'étaient moins de 2 000 places. Le ministre me
regarde, puis il sait où est-ce que je m'en vais. Comment qualifie-t-elle, si
c'est épouvantable, moins de 2 000 places? 2019, 991, c'est quoi?
C'est pitoyable? 2020... On pourrait dire, donc : 2019, c'est encore les
chiffres des libéraux, 991. 2020, tu sais, à un moment donné, il faut que ça vienne...
il faut que ça soit les chiffres du ministre : 812. Alors, je ne sais pas
comment elle l'a qualifié. J'espère qu'elle va avoir un autre bloc pour pouvoir
nous qualifier ça.
Et, quand on regarde les quatre années du
gouvernement libéral — puis
je ne m'étendrai pas là-dessus parce que c'est le bulletin du ministre qu'on
regarde ce matin — les
élections ont eu lieu en avril 2014, je ne prends pas 2014, je prends 2015 puis
là j'additionne : 5 400, 2 600, 1 975 puis 1 894, ça
fait 12 000 places; divisées en quatre, ça fait
3 000 places par année. Le ministre, lui, 2019, 2020, c'est une
moyenne de 900 places par année. C'est 30 %.
Le jour où l'une de mes filles va m'amener un
bulletin et puis qu'elle va avoir une note de 30 %, Mme la Présidente, on
va avoir une... Ça va être un échec, puis il va falloir qu'on se parle, là,
puis ça va prendre du tangible.
C'est un échec. On se parle puis on n'a pas de
tangible, ce matin, dans le bulletin du ministre. Puis le bulletin du ministre,
Mme la Présidente, c'est 30 % par rapport au gouvernement précédent, mais
c'est 18 % par rapport à là où il a mis les attentes, lui. Il a dit, en
février 2019 : 13 500 places — et je le cite, là — réalisées
sur le terrain et livrées d'ici deux ans. Février 2019 plus deux ans, ça fait
février 2021. Regardez donc ça, Mme la Présidente, on est en mars 2021. On
regarde le bulletin : 18 %. Bien, voyons donc!
• (10 h 40) •
Comme disait ma collègue de Joliette un peu plus
tôt, je veux dire, la pandémie, c'est une excuse, pour le ministre, mais l'excuse, elle ne marche pas pour
de février 2019 à mars 2020. Pour la moitié de cette période-là, elle ne
marche pas. La pandémie, pandémie, pandémie, d'accord. La pandémie... on est
toujours dedans la pandémie, puis, à matin, il a annoncé quelque chose. À matin,
il a dit : Écoutez, finalement, là... Puis on a vu... je n'appellerai pas
ça un napperon, là, parce que ce serait dérogatoire, j'ai vu le document, la
page avec le tableau, puis il dit : Ce matin, on annonce... Puis il a dit,
tantôt : C'est effectif maintenant. C'est effectif maintenant, les
nouvelles étapes. Ah bon.
Et, comme un gros sceau de qualité quand on veut
vous vendre quelque chose, boum! on dit : Ça, là, c'est 12 mois.
Quand il promettait, en février 2019, 13 500 places puis qu'il dit
qu'à matin on est passés de 17 000 à 9 000, puis c'est 12 mois,
garanti livré, puis qu'on sait que, sur 13 500, il en a livré à peu près
2 500, il en manque 11 000, pourquoi, d'ici un an, il ne nous promet
pas 11 000? Pourquoi il en promet juste 5 000, 7 000 quand il
dit : Garanti, sceau de garantie, on va livrer en un an? Ça ne tient pas
la route.
Mme la Présidente, ce matin, en tout respect
pour le ministre, on entend... Le ministre, là, c'est... Le ministre, c'est un
homme, et je le dis, là, de communication. C'est un homme de communication. Il
faut le convoquer à l'Assemblée nationale, notamment en interpellation, pour
qu'il agisse. Il faut que Véronique Prince, le 11 février dernier, fasse
un article pour que, là, il agisse puis qu'il dise : Écoutez, c'est épouvantable,
et qu'il essaie de lancer quelque chose. Ce matin, Mme la
Présidente, il dit... Alors, il n'a pas dit : C'est garanti, un an, comme
le prévoit son document, on va donc livrer
les 11 000 pas livrées d'ici un an. Il dit : Non, ce ne sera pas
11 000, ça va être 5 000, 7 000.
Alors, j'aimerais ça savoir du ministre,
première question, s'il peut nous dire quels projets seront livrés dans ces
5 000, 7 000 là, et quels autres projets seront abandonnés, s'il peut
nous faire le tableau, les livrés d'ici un an, puis les abandonnés, pas livrés,
d'ici la prochaine année. C'est un engagement que j'aimerais qu'il prenne puis
qu'il nous communique ça, au secrétariat, cette information-là.
Il y a, Mme la Présidente, quand on regarde, ce
matin, le défi administratif qu'il connaît depuis longtemps. Février 2019, il
nous disait, Mme la Présidente : J'ai une équipe de 40 personnes, à
la Famille, temps plein. On a demandé aux crédits l'an passé, ce n'est pas 40,
c'est trois personnes à temps plein. Peut-être que ça explique en partie son
échec.
Deuxième élément, ce matin, Mme la Présidente,
puis c'est le deuxième écueil que les associations lui disent, les éducatrices
lui disent, que tout le monde lui dit : Ça n'a pas été indexé. Bâtir une
bâtisse en 2021, ça coûte plus cher qu'en 2018, 2017, Mme la Présidente. Ça, ça
n'a pas été suffisamment indexé, ce qui fait qu'on essaie de couper les cheveux
en quatre puis ce qui fait que les projets ne sont pas livrés.
La Présidente (Mme D'Amours) : En
terminant.
M. Tanguay : Il ne peut
pas nous dire combien d'argent il va y avoir dans le budget? Bien, ça va faire
patate encore une fois.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je cède maintenant la parole, toujours pour cinq minutes, au
ministre de la Famille.
M. Lacombe : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. C'est toujours, je vous le dis, là, je sais que je me
répète, mais c'est toujours surréel, c'est toujours surréel, là, de voir à quel
point des gens qui... et ça leur appartient, là, qu'on soit d'accord ou pas
avec ça, mais des gens qui ne croyaient pas au développement des CPE — parce
que c'est ça — nous
reprochent aujourd'hui de ne pas aller assez vite, alors qu'on est en train,
là, de pousser la voiture, là. On l'a poussée avec nos mains, on l'a fait
partir, puis là on est en train de prendre de la vitesse. C'est toujours un peu
surréaliste.
Je rebondis, peut-être très rapidement, sur ce
dont le député de LaFontaine vient de parler en termes d'indexation. C'est
intéressant, ça, c'est super intéressant, parce que, justement, bon, on faisait
l'annonce ce matin des allègements administratifs qui entrent en vigueur
maintenant, et je me suis fait poser la question, effectivement, là, sur les
barèmes. Là, le député de LaFontaine nous dit : Bien là, vous ne les
indexez pas, les barèmes, depuis 2018. Il aurait fallu... Écoutez, on est en
train de faire le calcul, là, justement, dans les dernières années, les
indexations qui ont eu lieu, et ce qu'on se
rend compte, c'est qu'en faisant ce calcul-là... parce que, bon, ça fait partie
du grand chantier qu'on a entamé depuis quelques mois, bien, dans les
dernières années, là, disons, dans la dernière décennie — je
vais rester prudent, là, parce que je n'ai pas les chiffres sous les yeux — mais
il y a un retard qui s'est creusé. Donc, l'indexation
ne représentait pas vraiment l'augmentation. Donc, ça fait en sorte
qu'aujourd'hui il y a un manque à gagner.
Puis effectivement on est en train d'y
travailler, tout comme l'élaboration... là, c'est très technique, là, mais tout
comme l'élaboration d'un plan fonctionnel et technique type, un PFT type, pour
qu'on arrête de s'obstiner, là, sur le nombre de toilettes que ça prend dans un
CPE. On a d'autres chats à fouetter. On veut que les places se concrétisent.
Donc, je réponds à une préoccupation du député de LaFontaine : Oui, on est
en train de régler ça, cet enjeu-là, d'indexation, parce que, sous les
précédents gouvernements, il y a le retard, là, qui s'est accumulé d'année en
année, ce qui fait en sorte qu'aujourd'hui la situation, elle est plus
difficile.
Mais c'est un réel problème, Mme la Présidente,
qu'il n'y ait pas eu d'appel de projets pendant quatre années consécutives.
C'est un réel problème parce que ça fait en sorte qu'aujourd'hui, ces
projets-là, on ne peut pas les inaugurer parce qu'ils n'ont jamais été
annoncés.
Et moi, je me pose des questions. Je regarde la
liste, je vois des projets qui dataient de 2013. Dans Anjou—Louis-Riel,
CPE Bille de verre, 2013, 27 places. Où était le Parti libéral pendant son
mandat 2014‑2018? Pourquoi, nous, quand on est arrivés, ce projet-là, il
était à l'étape zéro, ou à peu près, de réalisation? Dans Bourassa-Sauvé, CPE Mini-Fée, CPE Mon Univers, deux projets de
2013, 78 places, 68 places. Ça datait de 2013. Quand on est
arrivés, ces projets-là étaient à l'étape zéro ou à peu près. C'est nous qui
leur avons donné le financement pour aller de l'avant.
Dans Marguerite-Bourgeoys, Centre
éducatif de la petite enfance André-Laurendeau, CPE Familigarde de
LaSalle, deux projets de 2013,
44 places, 78 places. Pourquoi, Mme la Présidente, ces projets-là
n'ont pas été financés entre 2014 et 2018 par le Parti libéral? Pourquoi
ça a pris la CAQ, en 2018, pour leur dire : Go, vous pouvez aller de
l'avant?
Dans Mont-Royal—Outremont, CPE Saint-Louis... Ça, c'est 2018. Bon. Ça, on ne
peut pas dire que ça a du retard, 2018 non
plus. Dans Saint-Henri—Sainte-Anne,
CPE Les Enfants de l'avenir, qui voulait ajouter une installation, en
2013, 80 places. Ça, c'est le plus gros CPE du Québec. Pourquoi le Parti
libéral n'a pas financé ce projet-là alors qu'il était au pouvoir? Ça date de
2013. Ils ont été là de 2014 à 2018. Pourquoi il a fallu que ce soit la CAQ qui
finance ce projet-là quand on est arrivés? Dans Fabre, Centre de la petite
enfance Rosamie, ça datait de 2013, ça, c'est un 20 places. Pourquoi il a
fallu que ce soit nous qui signent aussi ce financement-là quand on est
arrivés? Pourquoi le Parti libéral ne l'a pas financé? Dans Laval-des-Rapides,
CPE du Manoir, 2013, ça, c'est un 15 places. Allons-y avec un
78 places, peut-être, dans Vimont. J'en ai sauté beaucoup, là. Pourquoi ce
projet-là n'a pas été financé par le Parti libéral? Je pourrais continuer, là,
j'en ai toute une liste.
Donc, à un moment donné,
il faut aussi être humble et se mettre en mode solution. Parce que je vais vous
dire une chose : dans la pièce, là, il
y a une collègue qui me fait des suggestions sérieuses, que je prends en
considération, c'est la députée de
Sherbrooke. Et, quand on fait ça, je trouve qu'on avance. Moi, je vais dire au
député de LaFontaine que, depuis le début du mandat, là, il ne m'a
jamais téléphoné, il ne m'a jamais envoyé un courriel, il ne m'a jamais proposé
quelque chose concrètement, outre que de me crier quelque chose à la période de
questions ou de m'interpeler par média interposé. Moi, je l'invite... Avec ce
qu'on a annoncé aujourd'hui, on repart encore plus le développement. Avec ce
qui s'en vient, on va se donner des outils encore plus performants. Je l'invite
à se relever les manches puis à travailler avec nous pour réparer les pots
cassés.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je cède maintenant la parole à la députée de Bellechasse, toujours pour
cinq minutes.
Mme Lachance : Merci, Mme la
Présidente. Je parlais plus tôt des obstacles et puis j'aimerais... des
obstacles qui ont ralenti, si on veut, le réseau des CPE, puis j'aimerais
continuer dans la même veine. J'aimerais poursuivre en parlant d'un des
facteurs qui expliquent... la lourdeur, pardon, administrative entourant
aujourd'hui la création des places en... la lourdeur administrative entourant
la création des places au Québec, soit le bien triste bilan éthique du Parti
libéral au ministère de la Famille. Sans faire la liste des scandales qui ont
secoué le ministère de la Famille, il faut quand même se souvenir de certaines
irrégularités dans l'attribution des places. Et d'ailleurs le rapport du VGQ,
en 2011, était accablant, puis je vais me permettre de vous en citer un
extrait, s'il vous plaît :
«Le processus d'attribution des 18 000 nouvelles
places à contribution réduite instaurées par le ministère en 2008 n'a pas
permis d'accorder des places à des projets de qualité, comme il l'a définie.
L'appel de projets s'est déroulé sur un seul mois, ce qui est très court
comparativement aux quatre mois prévus pour le processus actuel en cours. Au
moment de l'appel de projets, les critères d'admissibilité n'étaient pas
définis. En outre, l'analyse a été effectuée sans une évaluation globale des
projets et sans la détermination d'un seuil de passage, lesquels auraient
permis d'éliminer des projets en deçà des exigences minimales souhaitées.
Plusieurs projets retenus ont obtenu des évaluations insatisfaisantes en ce qui
concerne la qualité, dans 74 % des cas, et la faisabilité, dans 19 %
des cas, sur la base même des critères établis par le ministère. Par ailleurs,
29 % des projets retenus, soit 3 864 places, étaient situés dans
des municipalités où le ministère estimait qu'il y avait un surplus de places.
Au moins 42 % de ces places concernant de nouvelles installations de plus
de 60 PCR. Une grande place a donc été laissée à la subjectivité. Par
conséquent, le ministère peut difficilement démontrer que les places à
contribution réduite attribuées répondent aux besoins particuliers qu'il avait
déterminés ainsi qu'aux autres priorités ministérielles.» Je vous le rappelle,
ça vient du rapport du VGQ en 2011.
• (10 h 50) •
À ce triste portrait on pourrait aussi ajouter
une série de scandales. Ma collègue députée de Joliette ne s'en souvient
peut-être pas, mais assurément que mon collègue de LaFontaine s'en souvient,
parce qu'après tout, à cette époque, il était président du Parti libéral. La
situation était si critique qu'un partenaire supplémentaire s'est ajouté à la
galaxie du ministère de la Famille, l'UPAC. En conséquence, pour parer à
d'autres dérives du genre, toute une série de garde-feux ont dû être mis en
place, ont été érigés autour de l'attribution des places, des régulations
étouffantes tant pour les promoteurs que pour les employés du ministère.
Le Parti libéral du Québec a donc fait payer le
prix deux fois aux familles, une fois par ses scandales en série et une autre
fois par la solution qui a grandement nui à la capacité même du gouvernement à
créer des places là où sont les besoins.
La collègue de Joliette conviendra avec moi que
toutes ces vérifications, ces étapes de contrôle n'étaient pas là non plus en
1997 et que, malheureusement, j'en conviendrai avec elle, ce triste épisode a
laissé des marques qui nuisent à notre agilité quand vient le temps de
développer des nouvelles places.
Heureusement, mon collègue, ce matin, le ministre
de la Famille, a annoncé, je vous le rappelle, une série d'allègements
administratifs et bureaucratiques pour accélérer le développement des places.
C'est l'avantage des promoteurs de projets sur le terrain, qui vont regagner en
agilité, c'est à l'avantage des fonctionnaires du ministère, qui travaillent
pour développer des places, mais c'est surtout à l'avantage des familles du Québec,
qui vont pouvoir profiter de places subventionnées.
Parce que nous, à la CAQ, je le répète, on veut
rassurer la députée de Joliette sur ce point, on a la volonté politique, le ministre
a la volonté politique pour s'occuper des services de garde et bien desservir
les Québécois. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Joliette, toujours pour
cinq minutes.
Mme Hivon : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je voudrais juste dire au ministre puis à la
députée de Bellechasse, que j'apprécie bien, par ailleurs, que, s'ils sont si
fiers de leur bilan, c'est quand même curieux que, depuis le début de
l'interpellation, ils ne parlent que des anciens gouvernements et non pas de
leur bilan, et non pas de leurs propositions, et non pas de leurs actions
qu'ils vont mettre de l'avant, ni des budgets qui vont augmenter, ni du
programme agressif de recrutement qu'ils vont faire pour valoriser la
profession, ni des hausses de salaire qu'ils vont consentir aux éducatrices.
Donc, je suis un peu mystifiée, je dois vous dire, Mme la Présidente, qu'on
soit si fiers, du côté du gouvernement, de leur bilan, mais qu'on ne parle que
des gouvernements passés.
Donc, malheureusement, je
n'ai toujours pas eu de réponse aux questions que j'ai commencé à poser au
ministre. Donc, j'aimerais savoir : Est-ce que je comprends bien qu'ils
ont dit dans le passé, avant d'être au gouvernement, qu'il y aurait
26 000 nouvelles places en service de garde pendant leur premier
mandat? Que, quand il est arrivé, il a dit, dans les deux ans et demi : Je
vais en créer... Je vais en concrétiser 13 500? Que, deux ans et demi plus
tard, il y en a 2 500, qu'il nous dit ce matin, que, pour la prochaine
année, il va en ajouter 5 000 à 7 000? Donc, on est loin du compte du
premier objectif, totalement, de l'objectif qu'il avait fixé en février 2019
totalement aussi. Et donc est-ce qu'il nous dit qu'à la fin de son mandat, son
bilan, ça va être entre 5 000 et 7 000, plus 2 500 et ce qu'il
pourrait ajouter dans les six mois avant la fin du mandat? Donc, j'aimerais
vraiment avoir ses objectifs, son engagement aujourd'hui, là, au
printemps 2021, ce qu'il est.
J'aimerais aussi savoir ce qu'il en est des
places fantômes. Il nous dit : Ah! mon Dieu, ils prétendent qu'ils ont
fait 10 000 places. Bien oui, les chiffres sont là. On a fait des
9 000, 10 000 places par année en CPE et aussi en milieu familial, parce qu'à l'époque la profession
était valorisée. Puis vous savez quoi? Les places fantômes, il n'y en
avait pas 24 000 puis... probablement plus autour de 30 000, comme il
y a maintenant, parce qu'il y en avait, des places en milieu familial, ce qui
aidait énormément les petits milieux et les régions, d'ailleurs, qui, en ce moment,
sont totalement laissées pour compte. Donc, je n'ai pas eu de réponse par
rapport à ça.
Je n'ai pas eu de réponse par rapport aux
cartes, donc les fameuses cartes qu'il a mises à jour pour les besoins. Comment
se fait-il que, si ces cartes-là fonctionnent... On a vu, cette semaine, qu'à
Longueuil... un nouveau CPE de 80 places. Combien de demandes? Près de
1 000 demandes. Pourtant, c'est un bassin qui est jugé à besoins
faibles. C'est la même chose pour moi à Joliette, besoins faibles. À chaque
jour, j'ai des appels de parents désespérés, d'infirmières qui ne peuvent pas
retourner travailler, d'enseignantes. Donc, qu'en est-il de ces cartes-là?
Je veux savoir aussi comment ça se fait qu'il
n'a rien fait pour les petits milieux. Je lui ai parlé, lors de la dernière
interpellation, à l'automne, de ma collègue à Gaspé, de mon collègue aux
Îles-de-la-Madeleine. Comment ça se fait qu'il n'y en a pas eu,
d'assouplissements, s'il nous dit qu'il est en mode solution, puis qu'il n'a
rien fait pour assouplir la réalité des petits milieux, où, des fois, on n'est
pas capable de bâtir le gros CPE? Et donc il m'avait dit : Oui, on va
regarder ça, c'est intéressant, ce que la députée me suggère. Moi, je n'ai vu
rien de nouveau. Donc, toutes ces questions-là sont sans réponse.
Et là, surtout, la question des budgets, là, je
n'ai pas le choix de remontrer ça. Je sais que ce n'est pas juste le PQI, mais
ça parle, là, la différence d'investissement au PQI pour les CPE. Donc, comment
ça se fait qu'aujourd'hui il nous annonce zéro nouveau budget, alors qu'il nous
dit, la main sur le coeur, qu'il veut tellement accélérer les choses pour en
avoir 5 000 à 7 000 d'ici un an?
Mais surtout, le plan de match. La crise, elle
est énorme pour les éducatrices, là, en ce moment. C'est une baisse
hallucinante. Elles désertent la profession. Donc, il est où, le plan de match
pour les valoriser, augmenter leurs salaires? Est-ce qu'il va donner des
bourses pour favoriser les inscriptions dans les programmes, au cégep, en
éducation à la petite enfance? Est-ce qu'il va mettre en place un programme
d'incitatifs pour favoriser la conciliation études-travail en CPE ou démarrage
d'un milieu de garde en milieu familial? Est-ce qu'il va mettre ça?
C'est très drôle, parce que, tantôt, il a
dit : Écoutez, là, la députée voudrait que je lui annonce plein de choses.
Bien oui, je voudrais que, depuis deux ans et demi, il ait annoncé plein de
choses. Puis je ne voudrais pas qu'il attende une interpellation pour nous
annoncer le début du commencement de quelque chose.
Donc, aujourd'hui, il nous annonce quelque chose
en lien avec le processus administratif, mais je pense que, oui, on est en
droit de s'attendre, depuis deux ans et demi, avec tous les drapeaux qu'on a
agités par rapport à la pénurie d'éducatrices,
la crise que ça provoque, d'avoir des réponses puis un plan de match du
ministre. Ça fait deux ans et demi qu'il est là. Donc, je veux des
réponses là-dessus. Je veux des réponses aussi sur ses engagements à lui. Et
est-ce qu'il va nous admettre qu'il ne réussira juste pas à livrer la promesse
qui avait été donnée?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Merci, Mme la députée. Maintenant, je cède la parole au ministre de la
Famille pour cinq minutes, toujours.
M. Lacombe : Qui a raison,
hein? Qui va gagner le bras de fer? Qui s'est trompé dans la virgule? Est-ce
que c'est la députée de Joliette? Est-ce que c'est le ministre de la Famille?
Hein, qui? Est-ce qu'on veut vraiment, là... Est-ce que c'est vraiment
là-dessus qu'on veut s'obstiner ou on veut vraiment parler du fond des choses?
Parce qu'on peut bien s'obstiner sur les chiffres, on peut bien s'obstiner sur
le PQI, sur le programme de financement des infrastructures, on peut faire dire
ce qu'on veut aux chiffres. On peut clairement faire ça.
Mais, depuis qu'on est arrivé, on avance. Et je
pense que ça fatigue le Parti québécois. Je pense que ça fatigue le Parti
québécois, parce que ça fait longtemps qu'ils n'ont pas vu un autre parti que
le leur s'intéresser pour vrai à la petite enfance. Puis je pense que, ça,
c'est une bonne nouvelle pour les Québécois. Ça génère un peu de compétition,
peut-être, hein? Puis, quand il y a de la compétition, nous, on est un
gouvernement d'entrepreneurs, bien, on a toujours un meilleur résultat à la
fin. Donc, je pense que les Québécois vont être bien servis.
Moi, je vais vous dire une chose, on ne sera pas
du tout gênés du bilan qu'on va laisser à la fin. Les mesures qu'on annonce
aujourd'hui, c'est une bonne nouvelle. Je n'ai pas entendu ça de la bouche de
la députée de Joliette. Pourtant, tous les partenaires sont unanimes :
l'Association québécoise des CPE, le Conseil québécois des services éducatifs à
la petite enfance, l'Union des municipalités du Québec, la Fédération
québécoise des municipalités. Si vous lisez leurs communiqués de presse, ce
matin, tout le monde se réjouit parce qu'on avance.
Puis, en même temps, je vous le répète, j'ai
l'impression de vivre sur une autre planète. Là, on va parler de notre bilan.
La députée de Joliette veut qu'on en parle? Clairement, qu'on va en parler.
J'ai l'impression de vivre sur une autre planète, comme
si la pandémie n'existait pas, encore une fois. L'idée, ce n'est pas de tout
mettre sur le dos de la pandémie. Évidemment, là, ce serait grossier puis ce
serait clairement évident. Mais je pense que c'est une évidence, c'est une
évidence qu'on a été l'un des ministères les plus au front pendant cette
crise-là, que nos ressources ont été mobilisées pour essayer de faire en sorte
que ça se passe le mieux possible sur le terrain. Et, en même temps, les gens
qui développent les projets en avaient plein les bras.
• (11 heures) •
À un moment donné, c'est soit de l'aveuglement
ou de la mauvaise foi. Et je pense, là, qu'il faut être honnête, qu'il faut
regarder ça puis se dire qu'effectivement il y a des délais qui sont causés par
ça, mais que la majorité des places dont il était question en février 2019 vont
être réalisées cette année. Donc, là, on est en plein milieu d'un mandat, on
peut bien spéculer sur ce à quoi ça va ressembler à la fin, moi, je vous dis
qu'on va atteindre les cibles qu'on s'est fixées.
Moi, je vous dis qu'à la fin du mandat, là, le
Parti québécois risque de nous regarder peut-être en étant un peu inquiet,
parce qu'ils vont voir que les résultats sont là, mais en se disant : Oui,
il n'y a peut-être pas juste nous autres qui croyons à ça, les centres de la
petite enfance puis les garderies au Québec. Donc, ça, c'est ce que je voulais
vous dire sur le développement.
Sur les cartes, écoutez, là, ça, c'est un
terrain technique pour... c'est une question technique pour laquelle j'aurais
besoin de plus que deux minutes. Mais ce que je peux vous dire, c'est qu'on ne
peut pas non plus s'arrêter à la liste d'attente d'un CPE et dire : On a
10, 20, 30, 50, 200, 300 enfants sur cette liste-là, donc il nous manque
ce nombre-là de places. Souvent, ces enfants-là
qui sont en attente sont dans une autre garderie, peut-être dans un
milieu familial, puis le parent préfère un
CPE, peut-être dans un autre CPE plus loin, le parent préfère le CPE qui est
plus près de la maison ou du travail,
peut-être dans une garderie non subventionnée, puis le parent préfère avoir une
place à 8,50 $. Donc, il faut
prendre toutes ces données-là, les épurer et puis ensuite dresser un constat
qui est le plus précis possible.
Clairement, clairement que nos cartes ne sont
pas parfaites, mais elles sont d'abord beaucoup mieux qu'il y a une décennie,
parce que c'est l'outil le plus performant quand même qu'on a dans les
circonstances depuis bien longtemps, et
certainement meilleur aussi que lorsqu'on est arrivés en poste, parce qu'on a retiré
justement ces places fantômes, là, qui n'étaient pas véritablement
occupées, mais qui venaient dire : Bien oui, il y a assez de places dans
ce secteur-là. Donc, on est venus les enlever. Ça fait en sorte que sur les
cartes, là, les besoins sont importants, mais au moins on travaille avec les
bonnes données. Ça donne plus de pression au ministre de la Famille que je
suis, mais au moins je travaille avec les bonnes données.
Mais, je vous le disais tantôt, à la fin du
mandat, quand on fera le bilan, les gens seront clairement en mesure de voir
que les mesures qu'on a annoncées en février 2019, c'était un premier bon pas,
vont voir que les mesures qu'on ajoute aujourd'hui... Parce qu'en plein coeur
de l'opération, il y a déjà plusieurs mois avant la pandémie, on s'est mis au
travail là-dessus. Donc, la députée de Joliette dit qu'on a perdu notre temps,
qu'on ne s'est pas réveillés. Ils auraient pu le faire lorsqu'ils sont passés
au gouvernement, ils ne l'ont pas fait. Pourquoi ils ne l'ont pas fait? Je pose
la question : Pourquoi ils ne l'ont pas fait? Peut-être... Moi, j'en ai
une question pour la députée de Joliette : Pourquoi ils n'ont pas fait ce
que, nous, on fait, là, quand ils sont passés au gouvernement la dernière fois?
Nous, on a décidé de le faire. Je pense qu'à la
fin, là, on ne sera pas du tout gênés de notre bilan, on va livrer les
objectifs sur lesquels on s'était entendus puis on va continuer notamment,
comme dans la circonscription de Joliette, où je suis passé... Dans les
derniers mois, il y avait un projet de 2011, le CPE des Amis des Prairies, puis
le CPE Les Moussaillons, deux projets pour lesquels on a signé le financement,
ce qu'ils n'avaient pas fait, eux.
La
Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je cède maintenant la parole au député de Beauce-Sud pour cinq minutes.
M. Poulin :
Merci, Mme la Présidente. Je suis heureux de vous retrouver ce matin. Je veux
saluer évidemment le ministre de la Famille, sa garde rapprochée qui
l'accompagne, la députée de Joliette, qui nous réunit ce matin, M. le député de
LaFontaine, la députée de Sherbrooke, la députée de Bellechasse et, évidemment,
les professionnels qui nous accompagnent ce matin.
Je me souviens, moi, d'interpellations qu'on
tenait, ici, dans les dernières années à l'Assemblée nationale sur le ministère de la Famille. Et ça devenait, à un
moment donné, des dossiers récurrents, entre autres en ce qui concerne
les places en garderie sous le Parti libéral et sous le Parti québécois. Mais
je me souviens aussi d'une interpellation, puis je suis convaincu que la
députée de Joliette va s'en rappeler, concernant les tarifs de garderie aussi
et cette fameuse modulation des tarifs de garderie qui avait été faite par le
Parti libéral du Québec.
Et quand on pense aux parents, s'il y a une
signature qui porte celle du ministre de la Famille, c'est d'avoir ramené le
tarif unique dans le réseau des services de garde, dans les CPE. Je me souviens
d'échanges à ce moment-ci de l'année avec des comptables, partout au Québec,
qui nous disaient : Les familles ont un choc tarifaire parce qu'on a
modulé selon le salaire des parents. Et, nous, l'un des premiers gestes qu'on a
faits, premièrement, c'est de tenir nos engagements et de ramener ce tarif. Et,
ça, je pense qu'on peut en être extrêmement fier. Et je vois encore des parents
du Québec qui nous remercient, non seulement d'avoir une place en garderie,
mais également de l'avoir à un tarif unique, qui est, M. le ministre,
corrigez-moi, 8,35 $, 8,45 $?
M. Lacombe : 8,50 $
M. Poulin : 8,50 $
maintenant, parce qu'on suit l'inflation. On ne veut plus de choc tarifaire.
Alors, à un moment donné, il faut suivre le
tout. Et, ça, je pense qu'on peut être extrêmement fier parce que, dans tout ce
débat-là, il faut se rappeler une chose, Mme la
Présidente, on peut parler de réseau, mais il faut penser aux familles du
Québec et aux parents du Québec qui ont, oui, eu des chocs tarifaires sous le
gouvernement libéral, mais qui, maintenant, savent qu'avec un gouvernement de
la CAQ, on peut protéger leur portefeuille. Et, en plus de tout ça, bien, on
travaille sur le développement des places en garderie.
Et, s'il y a quelque chose qui a manqué au
Québec dans les dernières années, puis vous allez voir, je vais venir au
présent, c'est cette prévisibilité-là dans nos services publics, de savoir
qu'on a des baby-booms, qu'on a des naissances, puis 2003‑2004, sous le
gouvernement libéral, il y a eu des bonnes mesures pour les familles du Québec,
et ça a fait en sorte qu'on a fait plus d'enfants au Québec dans les dernières
années. Tant mieux, ce sont des bonnes nouvelles, mais il faut être prêts à
recevoir ces enfants-là, ce qui n'a pas été suffisamment le cas, ni en 2007, ni
en 2008, ni en 2010. Et, tant mieux, ce sont des bonnes nouvelles lorsqu'il y a
des familles dans les différentes régions du Québec, mais il faut être capable
d'accueillir ces familles-là.
Il n'y a pas eu cette prévisibilité-là de
l'autre côté dans les dernières années. Alors, nous, on se retrouve avec une
situation, et c'est un fait, où on doit trouver des places pour, oui, les
enfants du Québec, mais également dans les prochaines années. Puis c'est
exactement ce que le ministre est en train de faire comme travail, de
dire : Il faut avoir de la prévisibilité. Il faut être capable de dire aux
familles du Québec : Soyez en sécurité, je le mets entre guillemets, si
vous faites le choix d'avoir un enfant, deux enfants, trois enfants, on va tout
faire ce qui est en notre pouvoir pour que vous puissiez avoir une place en
service de garde. Alors, de nous reprocher d'avoir de la prévisibilité... Parce
que c'est ce qu'on fait, là, on dit, là : Vous nous parlez d'un plan dans
les prochaines années. Bien, c'est ça qu'on a besoin au Québec, de la
prévisibilité pour les familles, et c'est là-dessus qu'on travaille.
Puis, ce matin, là, j'entendais «un écran de
fumée». Dans notre ADN, nous, à la Coalition avenir Québec, là, s'il y a une
chose qui nous distingue, c'est bien de diminuer la bureaucratie, c'est bien de
revoir les processus. Et, ce matin, je pense que le ministre a posé un acte et
un geste important. Puis, vous le savez, là, prendre le paquebot, là, dans
n'importe quel ministère, ce n'est pas toujours simple. Il faut prendre une
étape à la fois, surtout quand on révise les processus. Mais d'annoncer que le
nombre d'étapes va passer de 17 à neuf pour accélérer les places en garderie,
c'est majeur. Je ne peux pas croire que les partis, de l'autre côté, vont nous
reprocher l'annonce de ce matin. Je ne peux pas croire que les parents vont
nous reprocher l'annonce de ce matin.
Et, moi, là, en pleine interpellation, j'ai une
directrice d'un centre de la petite enfance, chez nous, un maire d'une
municipalité qui veut lui aussi des places en garderie, qui me disent :
Wow! Bravo, on voit la lumière au bout du tunnel, on voit qu'il y a des choses
qui brassent, qui bougent enfin au Québec. Et on sait que ce ne sera peut-être
pas demain matin, là, qu'on va avoir notre place en garderie, mais si on l'a
l'année prochaine, dans deux ans ou dans trois ans, vous allez nous donner la
prévisibilité qu'on n'a jamais eue dans les dernières années. Alors, ça, je
pense qu'on peut en être extrêmement fiers, de cet allègement bureaucratique
là, qui va aider les familles du Québec.
Et il y a un autre élément aussi sur lequel on
n'a pas suffisamment parlé, c'est de faire confiance aux gens sur le terrain,
de faire confiance à nos femmes entrepreneures, à nos directeurs, directrices
de CPE, parce que ce sont beaucoup des femmes, et c'est correct. Mais il faut
leur faire confiance, Mme la Présidente, il faut leur donner tous les outils
pour réaliser leurs places en service de garde. Alors, c'est ce qu'on est en
train de faire avec cette prévisibilité-là, avec les allègements
bureaucratiques. Déjà, on va voir les résultats sous peu, on les a vus, on va
les voir, et ce sera encore une fois les familles du Québec qui seront les
grandes gagnantes.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je cède maintenant la parole au député de LaFontaine.
M. Tanguay : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. J'entends le collègue de Beauce-Sud dire :
Aïe! Ce matin, wow... ou tout le monde, ce matin : Wow! Ce matin, dans son
point de presse, le ministre disait : Aïe! Je vois déjà les promoteurs
danser la gigue dans leur salon. Puis je le cite au texte, danser la gigue dans
leur salon, les promoteurs. Mme la Présidente, faut-u être déconnectés... puis
ça, c'est un mot parlementaire, on peut le dire, c'est un débat... que de dire
que ce qui est annoncé ce matin fait en sorte qu'on peut tous, les parents du
Québec, les femmes, entre autres, au premier titre, qui sont infirmières...
Et j'ai eu
l'occasion, en période de questions... Puis le ministre me reproche mes
questions, qu'il trouve — c'est moi qui utilise le terme — trop acerbes, trop acérées, trop difficiles.
Quand on n'a pas de bons résultats, toute question est difficile, Mme la
Présidente, parce qu'on ne sait pas quoi répondre. On a un bilan qui est
indéfendable, puis le ministre a la tâche, ce matin, d'essayer de faire croire,
Mme la Présidente, qu'il y aura des résultats, alors que, depuis deux ans et
demi, il n'y en a pas eu, de résultats. Le bilan de la CAQ est un bilan
désastreux, les deux pires années des 17 dernières. Dans le développement des
places subventionnées, les deux pires, c'est les deux dernières, c'est les deux
années de la CAQ, chiffres à l'appui, nous avons le tableau fourni par le ministère.
Alors, quand on regarde, Mme la Présidente, au
niveau du budget. Ce matin, le ministre dit : On va diminuer les étapes,
on va faire en sorte qu'à partir d'aujourd'hui c'est un an, la livraison des
places en CPE. Sur les 11 000 qu'il lui reste à livrer de sa
promesse, même si ça fait un an, il ne peut pas les livrer plus qu'à la hauteur
de 5 000, 7 000. Puis on verra dans un an, Mme la Présidente. Si le
passé est garant de l'avenir, bien, on peut vous garantir que ça va être un
autre échec.
• (11 h 10) •
Alors, le budget, les budgets, l'indexation, le ministre
n'a pas répondu à ma question encore une fois, c'est un élément excessivement
important qui fait en sorte que les projets qui sont en développement, une fois
que vous avez une lourdeur administrative sur laquelle on doit s'attaquer
depuis deux ans et demi puis que c'est uniquement ce
matin que le ministre nous dit : Oui, oui, oui, je vous promets que ça va
être fait puis je vous promets même que c'est... à l'heure où on se parle,
c'est fait, il y a l'aspect des budgets qui fait en sorte que lorsqu'on développe...
on a eu des témoignages de partout au Québec, où se fait dire : Bien il
faut couper, il faut couper, il faut couper. Pourquoi? Parce que la CAQ n'a pas
suffisamment indexé les budgets, l'argent n'est pas là. Lever une maison, lever
une bâtisse en 2021, ça coûte plus cher qu'en 2016, 2017, 2018 et ainsi de
suite, surtout, Mme la Présidente, puis là on peut donner ça au ministre, dans
un contexte, évidemment, où il y a une pandémie, il faut mettre plus d'argent,
il ne faut pas nier le problème. Or, on ne voit pas ça au rendez-vous.
Puis, quand il lui est posé la question :
Combien d'argent allez-vous mettre de plus? Écoutez, non seulement, de un, il
ne peut pas nous préciser combien de plus il a mis d'argent en termes de
financement pour la construction des nouveaux CPE, mais il a dit : Allez
demander au président du Conseil du trésor. On nous annoncés que, dans à peu près deux semaines, là, le 25 mars, il va
y avoir un budget, puis il n'était pas capable, ce matin, de le dire, Mme
la Présidente. Ça regarde mal à ce niveau-là.
Au niveau des éducatrices, excessivement
important. Sous sa gouverne, il y a eu un reportage, notamment, qui a démontré
qu'au-delà de la pandémie, notamment en milieu familial, il y a eu des départs
massifs, notamment en milieu familial, des départs massifs des éducatrices, et
ça, le ministre n'a pas de solution tangible pour former des éducatrices et
puis pour inciter notamment les femmes à faire en sorte d'avoir un service de
garde à la maison, quels sont les incitatifs concrets, tangibles, quels sont
ses cibles et comment peut-il nous confirmer qu'aujourd'hui il a mis sur la
table des incitatifs, notamment au niveau des prêts et bourses, des bourses qui
pourraient être offertes aux éducatrices, notamment au niveau de la formation,
comment faire en sorte d'attirer davantage de femmes à devenir éducatrices. Et,
ça, force est de constater que, non, il n'y a pas de résultat tangible. Puis
c'est un gouvernement qui se targue beaucoup de dire : Vous nous jugerez
sur les résultats. Bien, le jugement est rendu, Mme la Présidente, les reculs
sont nets à ce niveau-là.
Également, j'aimerais que le ministre nous dise...
il parlait, puis le collègue de Beauce-Sud parlait qu'il veut participer à
l'effort de diminuer le fardeau fiscal, fardeau financier des parents. Dernier budget,
1 750 places étaient annoncées en conversion, donc de privées non subventionnées
à subventionnées. J'aimerais savoir combien de places ont été livrées à ce
niveau-là, quels sont les projets. Les informations que nous avons sur le
terrain, c'est que... zéro puis une barre, puis le budget termine dans deux
semaines, et il n'aura donc rien livré à ce sujet-là. Alors, à l'eau, le budget
fiscal.
Le ministre se plaint que je ne lui fais pas de suggestion,
Mme la Présidente, que je ne suis pas en mode suggestion. Bien, je vais lui en faire une, suggestion.
Ce matin, il a dit : Il faut annuler des étapes. Il en a annulé huit,
étapes, pour ce qui est de la création des CPE. La principale raison de
l'échec, de la non-création de places subventionnées, bien, c'est le ministre,
il devrait peut-être...
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je cède maintenant la parole au ministre de la Famille.
M. Lacombe : ...Parti libéral
dans toute sa splendeur et sa grandeur, hein, le Parti libéral a déjà été un
grand parti. Il faut se rappeler de ça, parce que ça fait partie de notre
histoire, mais je ne suis pas sûr que le député de LaFontaine y fait honneur.
Maintenant, donc, je veux quand même vous
rappeler les mesures qu'on a annoncées ce matin. Ce matin, on annonce qu'on
passe de 17 à neuf étapes de construction. Donc, contrairement au Parti libéral,
on ne met pas des bâtons dans les roues, on n'écrit pas noir sur blanc dans le budget
que ça coûte trop cher, le développement de la petite enfance, puis qu'on
ralentit le rythme, non, on dit : Nous, on veut aller plus vite. Je vous
le dis, on veut aller plus vite, Mme la Présidente. Donc, on annonce aujourd'hui
qu'on passe de 17 à neuf étapes pour être capables de réduire les délais de
construction d'un an. Je l'ai dit, ce n'est pas vrai qu'au Québec c'est la
paperasse puis la bureaucratie qui vont nous empêcher, nous autres, au ministère
puis sur le terrain, les gens qui sont motivés, à bâtir des CPE. Donc, aujourd'hui,
on pose un geste concret qui, à ce que je sache, n'a jamais été posé par les
autres gouvernements qui auraient pu le faire, hein? On nous reproche de ne pas
l'avoir fait assez vite, mais, à ce que je sache, personne d'autre ne l'a fait
avant nous autres.
Donc, qu'est-ce qu'on fait, plus concrètement?
On passe de 17 à neuf étapes, je l'ai dit, mais on fait aussi... on pose aussi
d'autres gestes pour donner un coup de pouce à ceux qui veulent bâtir des CPE.
On va leur envoyer par exemple, une avance de fonds. Donc, c'est une mesure
administrative technique, mais qui va faire toute une différence, parce que
partir un projet, ça coûte quelque chose. On va leur donner une enveloppe tout
de suite pour leur dire : Voici
50 000 $, par exemple, vous pouvez partir, vous pouvez commencer à
embaucher un chargé de projet ou un architecte pour être capable de
démarrer plus rapidement. On va leur donner aussi plus de flexibilité dans
leurs appels d'offres, pour être en mesure de pouvoir aller plus rapidement.
Puis l'idée, évidemment, ce n'est pas de laisser
tomber les mesures de contrôle — je vois des têtes qui se lèvent — c'est
d'à tout le moins ne pas être plus sévère avec les CPE qu'on l'est envers
nous-mêmes au gouvernement. Donc, on va
aligner ce qu'on demande aux CPE sur ce qu'on s'impose nous-mêmes, au
gouvernement du Québec, en matière de contrats de gré à gré, d'appels d'offres
sur invitation ou d'appels d'offres plus simplement.
On simplifie le processus de signature du ministère
aussi. Imaginez-vous que, jusqu'à maintenant... Il a fallu préparer ça. Mais, jusqu'à
maintenant, tous les dossiers, on me dit, là, que, dans les derniers mois, sur
600 dossiers qui ont dû être signés, il y en a un seul qui pouvait être
signé sur le terrain, tous les autres montaient au bureau à Québec, au bureau
du sous-ministre adjoint. Là, maintenant, ce seront les deux tiers des dossiers
qui vont pouvoir être signés sur le terrain par les gestionnaires. Donc, quand
ça sera plus de 1 million de dollars, ça viendra à Québec, mais, sinon, on va donner de la latitude. Le député de Beauce-Sud
le disait tantôt, il faut faire confiance au monde qui sont sur le terrain,
mais c'est ce qu'on fait.
Donc, on n'abolit pas les contrôles. J'aime
cette formule, que je disais ce matin : on n'abolit pas les contrôles, on les met aux bonnes places. Donc,
c'est ce qu'on fait. Et ça, j'appelle ça de l'efficacité. Puis, oui, Mme la Présidente, je sais qu'il y a des
promoteurs, là, c'est une image, bien sûr, mais qui font une petite danse de la
victoire parce qu'ils attendaient ça depuis longtemps.
Évidemment, les parents, pas sûr, pas sûr, là,
ce matin, qu'ils font une danse de la victoire, parce qu'eux, là, ce qu'ils
veulent, c'est une place. Mais je pense que les parents sont encouragés, par
exemple, mais ils attendent une place, puis on a bien l'intention de continuer
ce qu'on fait pour être capable de leur livrer ça.
Le député de LaFontaine, bon, met le doigt sur
une chose qui est intéressante, je lui concède, parce qu'on est déjà en train
de travailler dessus en plus, la question des barèmes. Là, aujourd'hui, on
livre quelque chose de costaud, mais il reste du travail à faire. Je souhaitais
faire cette annonce-là le plus rapidement possible. Là, on me reproche de faire
ça avant l'interpellation. Moi, je trouve ça bien, on en jase. Hein, on peut
dire : Ah! là, le ministre ne devrait
pas faire ça. Moi, je me demande, l'opposition voulait qu'on attende après, là,
puis qu'on ait une discussion aujourd'hui en sachant que, de toute
façon, je changeais les règles du jeu la semaine prochaine. Donc, je trouve ça intéressant, on annonce ça une heure avant
l'interpellation, on en jase aujourd'hui, ça nous permet d'aller plus en
détail.
Mais il reste des éléments, bien sûr, là, sur
lesquels on doit travailler, notamment la question des barèmes. Donc, combien
ça coûte telle ou telle chose. Ça a été indexé d'année en année, mais il y a un
retard qui s'est creusé quand on fait le calcul. On est en train, là, de
travailler là-dessus. Et, dans les prochains mois, on sera capables de faire
progresser ça. Et nos partenaires sont bien au courant.
On sera aussi capable d'arriver avec un plan
fonctionnel et technique. Ça, c'est un peu un livre de recettes, là, en
disant : On va arrêter de s'obstiner sur combien de toilettes ça prend
dans un CPE, là, on va le définir, puis, après ça, on va passer à un autre
appel, puis vous pourrez construire. Donc, on est en train de réaliser ça.
Et, oui, il reste du travail à faire, mais le
pas qu'on franchit aujourd'hui, c'est un pas qui est majeur. Tout le monde est
content aujourd'hui parmi les partenaires qui développent le réseau. L'AQCPE
est contente, le Conseil québécois des services éducatifs à la petite enfance
est content, la Fédération québécoise des municipalités est contente, l'Union des
municipalités du Québec est contente. Le seul qui n'est pas content, c'est le
député de LaFontaine, qui, aujourd'hui, a toutes les apparences du Schtroumpf
grognon qui refuse de se réjouir du pas en avant qu'on est en train de faire.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je cède maintenant la parole à la députée de Labelle pour
cinq minutes.
Mme Jeannotte : Merci, Mme la
Présidente. Comme le ministre, je remercie la collègue, la députée de Joliette,
pour cette occasion, dans le fond, d'échanger sur les enjeux des services de
garde. J'aimerais vous parler aujourd'hui du secteur qui est souvent tenu pour
acquis mais qui fait pourtant partie intégrante du réseau, c'est la garde en
milieu familial. Je veux vous en parler principalement parce que nous nous
rappelions... pour qu'on se rappelle l'importance de ce secteur, mais surtout
pour nous appeler à nous investir. Comme élus, on peut faire une différence
aussi. Tous les élus, on l'a dit, sont interpellés par ce dossier majeur, mais
on peut faire une différence, nous aussi. C'est un sujet, toutefois, qui exige beaucoup
de nuances.
Un mot sur le contexte actuel. Il est clair que
personne n'avait anticipé la situation dans laquelle nous nous trouvons, présentement,
le ministre en a parlé plus tôt aujourd'hui. Mais on ne peut pas se mettre la
tête dans le sable, c'est ça, c'est là, c'est là, la COVID est là, puis on n'en
est pas sortis non plus. Donc, ça nous bouleverse à tous les degrés, puis il
faut s'adapter à ce contexte-là qui a beaucoup... qui nous a fait perdre, en
effet, du temps.
Mais, face à l'actuel contexte, nous devons
garder le cap sur le développement des places subventionnées en installations.
Et je sais que mon collègue de Papineau fait tout ce qu'il peut pour accélérer
la livraison des projets. Alors, l'annonce
de ce matin en témoigne avec éloquence. Nous avons aussi notre responsabilité, comme je le disais tantôt, de nous mobiliser là où nous pouvons
faire une différence rapidement sur le terrain pour créer des nouvelles places.
C'est certain que le contexte, j'y reviens, en
2020, grosso modo... Ça se peut qu'il y ait des choses que je dise qui se sont dites, précédemment, mais c'est important
de revenir sur ça. 1 100 fins de reconnaissance de responsables de service
de garde. C'est vrai que c'est la pire année, il y a eu un impact dans le
réseau, tant pour les parents que pour les enfants.
• (11 h 20) •
Mais nuançons les effets de l'année 2020
sur le réseau et le milieu familial aujourd'hui. Les défis actuels de garde en
milieu familial ne s'expliquent pas seulement par cette dernière année. Quand
on regarde les chiffres du ministère de la Famille, le ministre en a parlé, ce
matin, la tendance en baisse en milieu familial était déjà perceptible dès
2014. Ce n'est pas d'hier. Les chiffres sont là pour en témoigner. Entre mars
2014 et 2018, Mme la Présidente, on parle de 2 100 fins de reconnaissance
de responsables de service de garde. Donc, c'est une tendance lourde qui était
là, le ministre en a parlé. On ne peut pas faire fi de ça, là.
Donc, chaque année, les responsables de services
de garde décidaient de quitter le réseau, de ne plus être reconnus par le ministère.
Écoutez, entre 2016 et 2017, donc, ça, c'est sous l'ancien gouvernement, il y a
eu une perte de 700 responsables de service de garde. Cette moyenne-là,
elle s'est observée au cours des six dernières années. On parle d'une perte, en
moyenne, de 690 responsables de service de garde, c'est beaucoup trop.
Tout le monde le dit, on le redit, mais c'est important qu'on ait ce
dialogue-là.
Et puis, récemment, là,
comme je le disais, entre janvier 2020 et le 31 décembre 2020, on parle de
presque 2 000 places, là, qu'on a perdues, mais il y en a 815 qui se
sont rajoutées. Alors, au net, quand on parle à peu près de
1 114 responsables en milieu familial, là, dans les 12 derniers
mois. Donc, la tendance à la baisse était bien visible et palpable.
Il y a plusieurs raisons à ça, et le ministre en
a parlé, mes collègues aussi, certains, la COVID, les craintes légitimes face à
la COVID. Parce qu'écoutez quelqu'un qui était... qui avait un conjoint ou une
conjointe qui était à risque, elle ne pouvait pas laisser entrer, dans sa
maison six enfants de famille différente, alors qu'elle ne pouvait même pas
faire rentrer les membres de sa propre famille. Donc, on ne peut pas faire fi
de ça, là.
La deuxième raison, les personnes à risque de
faire entrer des personnes de plus de six enfants de familles différentes, il y
a les exigences sanitaires aussi qui étaient, hein, les désinfections
quotidiennes et systématiques sont devenues un fardeau supplémentaire pour leur
travail au quotidien. Mais il y avait évidemment d'autres raisons moins liées
aux circonstances actuelles et de nature plus structurelle, par exemple,
certaines responsables de service de garde qui arrivaient en fin de carrière ou
dans des catégories d'âge plus fragiles aux risques de la COVID. Et puis, il
faut l'admettre, le côté légal, les statuts des milieux familiaux, c'est-à-dire
que la loi a eu un impact sur le déplacement vers certaines RSG, les
responsables de service de garde, vers des milieux familiaux non reconnus.
Donc, ça aussi, là, c'est une autre raison qu'il
faut tenir compte, donc, de tout l'ensemble de ces facteurs-là lorsqu'on
interprète les données. Pardon?
La Présidente (Mme D'Amours) : En
terminant...
Mme Jeannotte : Il ne me reste
plus de temps, en concluant... Oh là là!
La Présidente (Mme D'Amours) :
Quatre secondes.
Mme Jeannotte : Bien, écoutez,
on est en action. Il y a une nette amélioration des conditions salariales...
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Merci beaucoup.
Mme Jeannotte : ...et le ministre
est en action avec...
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Je cède maintenant la parole à la députée de Sherbrooke. Merci.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Le ministre, il aimerait ça, qu'on lui dise qu'il avance, là, mais,
moi, je ne suis pas capable de dire ça en ce moment, là, ça dépend de ce qu'on
regarde. Est-ce que le ministre avance dans la gestion de son ministère? Ça, ça
se peut, mais je trouve que ça a pris du temps quand même pour un gouvernement
qui s'est présenté comme le champion de l'efficacité puis de l'allègement de la
démocratie, ça a pris du temps pour arriver aux annonces de ce matin. Bon. Tant
mieux, si ça donne des résultats, moi, je vais être la première à me réjouir,
mais je vais le croire et je vais m'en réjouir quand je vais le voir.
Moi, pour que je puisse dire qu'on avance, en ce
moment, là, il faudrait que la liste d'attente diminue, moi, c'est ça, mon
critère. Quand la liste d'attente va être diminuée, je vais considérer qu'on
avance, et là, ce n'est pas le cas, elle augmente dramatiquement. Là, je
regarde mes collègues s'obstiner pour savoir quel gouvernement a créé le plus
de places. Puis, franchement, je trouve que ça manque de maturité. Ce qu'il se
passe en ce moment, c'est probablement le plus gros défi que le réseau de service
de garde a connu depuis sa création. Puis là que tout le monde s'obstine pour
savoir qui a créé le plus de places, là, ça n'aide pas les parents. Il n'y en a
aucun gouvernement qui a créé assez de places de toute façon, ça fait qu'on
peut juste régler ça puis passer aux questions sérieuses.
Moi, les questions que je me pose en ce moment,
là, le ministre vient de nous dire : On a perdu 7 300 places en
2020. La députée de Labelle vient de nous expliquer que c'était commencé depuis
bien longtemps avant la COVID. Évidemment, on le savait, ce n'est pas juste des
places qu'on perd, c'est des éducatrices. Moi, les questions que je me pose,
c'est : À la fin du mandat de la CAQ, est-ce qu'il va y avoir plus de
places en service de garde que quand où ils ont été élus ou il va en avoir
moins? Est-ce qu'il va y avoir moins de parents sur la liste d'attente ou il va
en avoir plus que quand ils ont formé le gouvernement? Puis, si la CAQ réussit
à les développer, les places qu'elle nous dit qu'elle veut développer, là, si
elle réussit, est-ce qu'ils vont avoir assez d'éducatrices pour les offrir? Et
je n'en suis pas certaine.
Le ministre, tantôt, il a dit, j'étais la seule
à lui faire des propositions concrètes. Moi, j'apprécie beaucoup qu'il le
reconnaisse, et c'est vrai que je lui fais énormément de suggestions, trop pour
toutes les rappeler aujourd'hui. Mais, chaque fois, le ministre me remercie, me
dit qu'il va regarder ça, puis, jusqu'à maintenant, ça ne s'est pas concrétisé
souvent en résultat.
Le plan de recrutement d'éducatrices que je lui
propose, par exemple, on n'en voit pas le début encore. Il balaie ça du revers
de la main en disant que ça ne se fait pas de comparer la pénurie d'éducatrices
avec celle des préposées, il nous l'a redit tout à l'heure, il trouve que ça ne
se fait pas. C'est juste qu'on n'est pas en train de comparer ce qui se passe
dans les services de garde avec ce qui s'est passé dans les CHSLD.
Ce qu'on est en train de dire, c'est : Il
faut que la CAQ s'inspire de quelque chose qu'elle a déjà fait, qui a marché,
pour contrer une pénurie de main-d'oeuvre dans un autre secteur. Il devrait
voir ça comme une reconnaissance qu'ils ont réussi sur un autre dossier à
trouver une solution qui marche. Et c'est normal, moi, je trouve,
de vouloir s'inspirer de ce qui a marché. Donc, je ne comprends pas ce qu'il
attend pour mettre sur pied une formation
accélérée, rémunérée, une subvention de démarrage pour aménager un milieu
familial, de l'accompagnement pour rencontrer les normes, une
augmentation substantielle du salaire des éducatrices aussi, parce qu'on sait
que ça passe par là, le ministre le sait très bien.
Donc, moi, je suis persévérante, je suis ici
pour régler les problèmes des parents, donc je vais quand même continuer d'en
faire, des propositions. Le ministre, je ne sais pas s'il l'a vue, mais j'en ai
encore fait une ce matin. J'ai proposé de développer un projet pilote de
micro-CPE pour répondre aux besoins des régions. On sait très bien que les
régions ont été frappées plus fortement par la fermeture de milieux familiaux
parce que, dans les petites communautés, il n'y en a pas, de CPE. La demande ne
justifie pas de créer une installation avec plusieurs dizaines de places, donc
eux, leur offre de service repose sur les milieux familiaux, et, quand ils le
perdent, bien, ils perdent tout. Ils perdent tout. Donc, en mettant sur pied
une formule de micro-CPE pour diversifier les modèles existants en ce moment, on
pourrait mieux répondre aux besoins des petites municipalités et assurer une
stabilité de services aussi dans les petites communautés.
Et je pense sincèrement qu'on a besoin de ça
pour répondre aux besoins, et c'est une proposition qui répond à un angle mort
très important de ce qui a été fait jusqu'à maintenant. Parce que, même si ça
marche, les annonces du ministre de ce matin, puis je le souhaite, il reste que
le modèle actuel des CPE, il n'est pas conçu pour les endroits où on a besoin
de seulement quelques places, pas des dizaines, comme dans les plus grandes municipalités.
Donc, c'est difficile, en ce moment, dans les petites communautés, d'avoir
accès à un service de la même qualité, puis surtout de la même stabilité dans
le temps que ce qu'on voit dans les grandes villes. Donc, moi, j'aimerais ça
que le ministre prenne ma suggestion au sérieux, pour une fois, plutôt que de
juste me remercier d'être constructive. Ça me ferait plaisir de le rencontrer
pour qu'on s'en parle plus en détail.
Et, pour finir, je vais rappeler les questions
que j'ai posées qui devraient vraiment nous préoccuper, en ce moment, là, c'est
ça que je voudrais qu'on discute, en ce moment, c'est : Est-ce qu'au terme
du mandat de la CAQ, il va y avoir plus de places en services de garde que
quand ils ont été élus? Moi, ce n'est pas ce que j'ai entendu ce matin dans le
point de presse. Est-ce qu'il vous y avoir moins de parents sur la liste
d'attente à la fin de leur mandat qu'à leur début? Je n'ai pas vu cet
engagement-là de la part de la CAQ. Puis est-ce qu'ils vont réussir à trouver
des éducatrices pour offrir les places qu'ils vont peut-être réussir à
développer? Et je le souhaite. Comment?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je cède ma la parole au ministre de la Famille.
• (11 h 30) •
M. Lacombe : Merci, Mme la
Présidente. D'abord, permettez-moi de prendre 10 secondes, peut-être, pour
lever mon chapeau et saluer le courage de la députée de Sherbrooke, qui, dans
un autre dossier, qui est étranger à celui de la Famille, a décidé de porter
devant les tribunaux une cause de harcèlement, pour laquelle elle a témoigné
hier. Et je trouve que c'est tout à son honneur, parce que c'est vrai qu'on ne
devrait pas tolérer l'intimidation et la cyberintimidation. Je suis responsable
de la Lutte contre l'intimidation au gouvernement du Québec puis je voulais lui
lever mon chapeau. Je trouve que ça prend beaucoup de courage. Surtout quand on
est élu, hein, des fois, on veut choisir nos batailles puis on n'est pas sûr de
vouloir s'engager là-dedans. Je voulais lui lever mon chapeau de l'avoir fait.
Je pense que ça peut donner un bon exemple à beaucoup de gens qui vivent ces
situations-là.
Maintenant, je suis quand même content, là,
d'entendre la députée de Sherbrooke qui reconnaît, bon, prudemment, à mots
couverts, je ne veux pas mal interpréter ses propos, mais qui reconnaît que ce
qu'on annonce ce matin, c'est bien, mais
qu'elle va nous juger au résultat, bon. Ça, c'est de bonne guerre. Je suis
quand même heureux, parce que je n'avais pas entendu ça avant et je
trouvais ça un peu étrange, alors que les partenaires sont unanimes, là, et les
gens qui connaissent le développement nous disent que c'est excellent, même
s'il reste du travail à faire, là, il en restera toujours. Donc, je veux quand
même le souligner.
Et je veux souligner effectivement que, oui, il
y a des solutions qui sont apportées, qui sont suggérées par la députée de Sherbrooke, bon, je fais plus que
seulement les écouter de façon passive. Quand c'est pertinent, je m'en
inspire. Parfois, évidemment, les suggestions
sont... viennent à un moment où on a déjà la réflexion, et ça nous aide à
travailler dans le même sens. Je pense aux masques à fenêtre transparente, là,
par exemple. Mais c'est vrai que la députée
de Sherbrooke nous a fait plusieurs suggestions, notamment,
pour la garde en milieu familial. Objectivement, là, il y en a
de très bonnes, il y en a
de moins bonnes qui ne sont pas applicables, qui, à mon sens, là, pourraient
causer plus de problèmes que de bien.
Mais ça, c'est normal. Et nous, on a toute une équipe au ministère
pour analyser ça et puis trouver les voies de passage.
Maintenant, je vais répéter quand même ce que
j'ai dit ce matin, on ne peut pas, en un avant-midi, faire toutes nos annonces
du mandat et régler tous les problèmes du réseau, là. Ce matin, on a posé un
geste important qui est salué, mais la députée de Sherbrooke a raison, il faut
poser un geste pour la main-d'oeuvre. Ça, c'est clair.
Et, je l'ai déjà dit, on avait un plan qui a été
travaillé avec les partenaires du réseau, qui ont été consultés. La COVID est arrivée. Ça a fait en sorte qu'à mon
sens il fallait revoir ce plan-là parce que notre rareté de main-d'oeuvre
s'est changée en pénurie, ce qu'on a fait. Et je vous dirais qu'on est en train
de le ficeler. Dans les prochaines semaines, donc, ce printemps, là, on sera en
mesure d'en faire l'annonce. Et, je l'ai dit publiquement, c'est ma priorité
d'ici la fin du mandat.
Bien sûr, la priorité évidente d'un ministre de
la Famille, et je ne fais pas exception, c'est de créer des places, là. Ça,
c'est une évidence. Mais sinon la priorité que je me suis fixée, à côté de ça,
c'est vraiment la main-d'oeuvre. Donc, l'annonce, elle vient. On pourra en
parler puis expliquer à quel point ça a des effets sur le terrain et pourquoi, mais
on a peu de temps. Donc, je ne me pencherai pas sur le bilan des précédents
gouvernements, mais clairement on a un problème, mais on a aussi des solutions.
Et je ferais peut-être la
nuance, il y a deux choses, là, il y a la main-d'oeuvre qualifiée, donc les
gens qui travaillent dans nos CPE, les gens qui travaillent dans nos garderies
non subventionnées, dans nos garderies subventionnées, en installation, on a
besoin de personnels qui ont soit complété leur diplôme d'études collégiales ou
qui ont de l'expérience pertinente combinée à une attestation d'études
collégiales.
L'enjeu qu'on a, c'est que les inscriptions sont
en chute libre dans les programmes. Et ça, c'est une tendance depuis 2014. Et
cette tendance-là, il faut la renverser. On peut le faire de plein de façons,
notamment en envoyant de signaux. Le fait qu'on relance le développement, moi,
je pense que ça va aider. Le fait qu'on bâtisse des classes de maternelle
quatre ans, ça va aussi aider parce qu'on a aussi besoin d'éducatrices formées.
Donc, je pense que les inscriptions vont monter, ne serait-ce qu'avec ça, mais
ça prend plus. Ça prend plus, et le plan qu'on va présenter dans les prochaines
semaines ira en ce sens.
Ensuite, il faut aussi se pencher sur la
question du milieu familial. Donc, oui, la députée de Sherbrooke m'avait fait
parvenir un document, il y a un moment, duquel je me suis inspiré parce qu'il y
avait des éléments intéressants là-dedans auxquels on avait aussi déjà réfléchi
parce que c'étaient des suggestions notamment des syndicats. Donc, on y a
réfléchi et, pour ça aussi, on sera en mesure dans les prochaines semaines...
Donc, le plan, là, il est pas mal finalisé, là. Dans les prochaines semaines,
on sera capable de procéder à une annonce parce que l'idée, c'est vraiment de susciter la création de milieux
familiaux, parce que la pandémie nous en a enlevé beaucoup cette année.
La question de la députée de Sherbrooke à savoir
si on va laisser le réseau avec plus de places effectives quand on va quitter
que quand on va arriver, c'est une question hypothétique, comme je disais ce
matin. Et, en même temps, il faut entrer là-dedans, le facteur de la COVID, qui
est indépendant du gouvernement. Mais moi, je suis confiant qu'avec les mesures
qu'on va présenter et avec une rencontre, peut-être, qu'on aura dans les
prochaines semaines, on pourra continuer de
travailler ensemble pour que nos bonnes idées se matérialisent en création de
places.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je cède maintenant la parole au député de Beauce-Sud.
M. Poulin : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Et, ce matin aussi, on
constate des échanges forts intéressants sur l'importance aussi du ministère
de la Famille au Québec.
On le sait, c'est un poste de dépenses très important dans les priorités
de l'État. Et pour bien connaître le ministre, il nous rappelle régulièrement
que ce soit en caucus, en comité, auprès des
Finances et du Trésor, l'importance du ministère de la Famille et des services
que l'on donne à la population.
Et la députée de Sherbrooke a effleuré... a
parlé des éducateurs et des éducatrices, comment on en avait besoin, et je
pense qu'on peut saluer tout leur travail au cours des derniers mois, qui a été
incroyable en termes d'adaptation auprès des enfants, auprès des familles. Vous
savez, on a beaucoup parlé évidemment des gens dans le réseau de la santé, des
gens dans le réseau de l'éducation, mais nos éducateurs, nos éducatrices, les
gestionnaires, rassurer les parents, rassurer les enfants, s'adapter aux
différentes réalités...
Le ministre qui a agi aussi pour donner tous les
outils et tout le matériel nécessaire auprès des services de garde. Et ça,
bien, ça fait la différence au quotidien puis ça permet à des jeunes, qui se
posent peut-être des questions, de dire : Est-ce que j'ai le goût de faire
une... je le dis, une carrière dans le centre de la petite enfance ou de me
lancer dans le réseau des services de garde? Bien, quand tu as un gouvernement
qui dit : C'est important, ce que vous faites, puis on les valorise, puis
on leur donne les outils, bien, ça, je pense que c'est aussi très important.
Tout à l'heure, on parlait du nombre de places
en garderie, oui... en service de garde, en fait, oui, on veut en développer
davantage au cours des prochaines années, puis c'est exactement la mission que
notre gouvernement se donne et que le
ministre de la Famille se donne. Maintenant, actuellement, il ne faut pas se
mettre dans le sable, là, il y a un rattrapage à faire, là. Vous savez,
en politique, des fois, on annonce deux, trois fois la même affaire, là, bien,
tu sais, il y en a eu, des places qui ont
été annoncées depuis 2011, depuis 2013 puis elles ont été mises sur des
tablettes, c'est un fait. Puis là on
veut les accélérer, on veut faire faire en sorte que dans les différentes régions
du Québec — parce que ce
n'est pas juste un défi dans les grands centres — dans les différentes régions du Québec, on
puisse avoir ces places-là.
Puis le ministre de la Famille, depuis son
entrée en fonction, puis notre gouvernement, là, en a fait des appels de
projets, là. Je me souviens d'un appel de projets pour les parents étudiants.
Je me souviens d'un appel de projets pour
les conversions. Je me souviens d'un appel de projets aussi pour les régions
particulièrement ciblées où il y avait un recul important.
Alors, de l'action à chaque jour, il y en a. Ce
n'est pas vrai qu'on fait juste parler du passé, là. On regarde vers l'avenir, on développe des appels de projets.
Et, si, évidemment, cette pandémie-là ne serait pas arrivée, peut-être
que le ministre serait déjà en train de couper des rubans dans bien des régions
du Québec puis de dire aux parents : Voici vos nouveaux espaces. Mais il y
a des faits, une pandémie mondiale, que les libéraux n'ont pas vécu, que le Parti québécois n'a pas vécu, que nous non
plus, on ne s'attendait pas à vivre, qui amène des défis, ne serait-ce
que sur les matériaux, la construction. C'est une réalité, là. Allez jaser avec
vos entrepreneurs en construction dans vos circonscriptions, ils vont vous le
dire, l'évolution que ça a eu, les délais puis la pression aussi qu'il y a sur
cette main‑d'oeuvre-là. Alors, c'est une réalité à laquelle on fait face, puis,
dans le quotidien, bon, on a besoin, oui, de nos entrepreneurs en construction,
oui, évidemment, de nos services de garde pour accélérer ces projets-là.
Et il y en aura, d'autres projets, au cours des
prochains mois. Moi, je m'attends à de très, très bonnes nouvelles non
seulement avec les résultats des appels de projets qui ont été lancés par le ministre
de la Famille, qui vont faire en sorte que dans les différentes régions du Québec
on va ouvrir de nouvelles places... On va évidemment inaugurer d'ici la fin de
notre mandat de nouvelles places qui des fois avaient été, oui, annoncées, mais
pas développées, retardées puis évidemment des places que nous avons annoncées,
ne serait-ce que l'appel de projets que nous avons fait en 2019.
Et je crois la députée de Sherbrooke
quand elle nous dit : Moi, je vais juger les résultats, je vais juger la
liste, puis je vais juger ce qu'il reste, puis je vais voir si réellement
l'annonce que vous avez faite ce matin va amener des résultats. Bien, ça va
prendre de la détermination.
Puis, ce matin, quand je vois tout le réseau qui
est content de cette annonce du ministre de la Famille, je pense qu'on va être
capables de tous travailler ensemble puis délivrer ces places en garderie là
pour les parents du Québec, parce que l'AQCPE, parce que les différents
réseaux, parce que le conseil québécois éducatif à l'enfance nous disent :
Vous vous en allez dans la bonne direction. Et évidemment qu'il va falloir être
vigilants, parce que la pandémie n'est pas terminée. On est dans un carrefour
très important de notre histoire, à savoir : Est-ce qu'on aura une
troisième vague ou non? Alors, tout ça fait en sorte qu'on est un peu sur nos
gardes dans tout ce qu'on fait en termes de développement.
Mais on n'a pas attendu ça pour annoncer de
bonnes nouvelles, pour faire des réformes importantes au ministère de la
Famille, et, évidemment, avec tout le monde qui va travailler ensemble, je
pense qu'on va pouvoir arriver à des résultats qui sont très importants, dont,
entre autres, grâce à l'annonce qui a été faite ce matin de passer de
17 étapes à neuf.
Alors, je veux saluer évidemment le travail qui
est fait par le ministre, par les gens du ministère à tous les jours. Je sais
qu'on est tenace, qu'on remet des choses en question parce qu'on veut que ça
avance, on veut que ça progresse, mais on a besoin de tout le monde, Mme la
Présidente, pour que les parents du Québec puissent avoir ces places-là le plus
rapidement possible. C'est un appel à tous que l'on fait ce matin. Merci, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je cède maintenant la parole au député de LaFontaine pour
1 min 30 s.
• (11 h 40) •
M. Tanguay :
1 min 30 s? Bon. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, ce
matin, on a eu l'occasion de questionner le ministre sur son bilan désastreux.
Ce matin, on a eu l'occasion de voir le ministre qualifier notre intervention
de Schtroumpf grognon, Mme la Présidente, et ça, le ministre aime ça, se plaît,
se complaît à donner des étiquettes aux collègues qui le critiquent. Et, chose
certaine, je suis certain que les parents, les familles du Québec auraient aimé
avoir un ministre qui se mette au-dessus de la mêlée puis qui réponde à nos
questions. Nos questions, on les pose, c'est sûr, avec une énergie, Mme la
Présidente, une énergie, une sensibilité. C'est notre prétention d'être sur le
terrain. Et de voir, là, de voir... pendant que le ministre vient de rire quand
je lui ai dit qu'il traitait... et qu'il m'a traité de Schtroumpf grognon, Mme
la Présidente... d'aller voir les parents qui vivent des drames humains sur le
terrain, qui n'ont pas de place, des infirmières qui n'ont pas de place, qui
sont en congé sans solde, d'entendre le ministre me qualifier de Schtroumpf
grognon parce qu'on fait écho de son bilan désastreux. Honnêtement, Mme la
Présidente, le Québec mérite mieux.
Et le Québec,
force est de constater, les places en garderie ont reculé. Quand on lui
demande : Quand vous allez quitter,
il va-tu y avoir plus ou moins de places que quand vous êtes arrivé?, il répond
que c'est hypothétique. Clairement, Mme la Présidente, le ministre n'est
pas à la hauteur de la situation, et je pense qu'il devrait quitter ses
fonctions.
Conclusions
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Nous sommes maintenant aux dernières interventions. M. le ministre, vous
avez la parole pour 10 minutes.
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe : Merci, Mme la
Présidente. Vous savez, dans la vie, là, je réalise qu'il y a trois choses qui
sont immuables : la mort, les impôts et les appels à la démission que le
député de LaFontaine lance. S'il y a bien quelqu'un qui manque de hauteur ici,
là, je pense que ce n'est certainement pas moi. Maintenant que j'ai dit ça, je
vais refermer la parenthèse, parce que les minutes sont précieuses.
Lorsque je suis arrivé en poste, ce qu'on a
fait, c'est qu'on a relancé le développement des services de garde éducatifs à
l'enfance. Je ne ferai pas de petite politique. Qu'on soit d'accord, qu'on soit
en désaccord, il y a un fait, c'est écrit dans le budget de 2014, le
ralentissement des places est causé par le fait qu'à l'époque le ministre des Finances,
qui est le député de Robert-Baldwin, voulait équilibrer le budget, et il y a
des choix qui ont été faits. Un de ces choix-là, ça a été de ralentir la
création de places. Évidemment, les effets de ça ne se feront pas sentir le
lendemain ni l'année d'après, se feront sentir dans les années suivantes. Le
début de notre mandat, il est teinté par ça. Je ne suis pas en train de dire,
là, qu'on n'a pas de solution, et que c'est la faute du Parti libéral. Je suis
en train d'expliquer la situation. Là, je veux dire, à un moment donné, là, il
faut être capable d'expliquer les choses aussi.
Ce que je
vous dis, par ailleurs, c'est que, nous, quand on est arrivés, on l'a relancé,
le développement, et ça a été bien
accueilli. Si vous cherchez dans la revue de presse, là, notamment dans la
circonscription de la députée de Joliette, on est allés, on a fait des annonces. C'est un fait, là, c'est des
projets qui dataient de 2011, 2013. La volonté, elle était là. Les moyens, ils étaient là. On leur a même dit :
Vous êtes dans un endroit où il manque de places? Vous n'en aurez pas,
de contribution à donner. Par le passé, ils
demandaient trop de contributions. C'est ça qui freinait les places. Donc,
nous, on leur a dit : Parfait, on vous
fait un chèque, allez-y. On a relancé ces places-là qui dormaient sur des
tablettes. Il y en avait 11 000.
On a aussi lancé des nouveaux appels de projets.
On a récupéré celui du Parti libéral, juste avant les élections, en 2018. On a
attribué ces places-là. On a fait un appel de projets en 2019, on en a refait
un en 2020. Donc, on fait des appels de projets. Il n'y
en a pas eu entre 2014 et 2018, là, c'est un fait. Donc, ce retard-là, comme je
disais, se sent au début du mandat, mais nous, on a relancé.
Ceci dit, il y a trois semaines, la liste
d'attente, elle est effectivement passée à 51 000 noms. Il n'y a
personne qui est content de ça. Comme ministre de la Famille, là, moi, ce que
je souhaite, évidemment, c'est que cette liste-là baisse. Il y a des
impondérables, il y a des choses sur lesquelles on a plus ou moins de contrôle.
La perte de milieux familiaux, qui est une tendance depuis 2014, elle s'est
accentuée pendant la pandémie. Si bien que le résultat, la perte cette année de
7 300 places, elle est dramatique. Et je le reconnais, je le dis
clairement devant vous aujourd'hui : C'est dramatique. C'est la raison
pour laquelle on y travaille, c'est la raison pour laquelle la liste d'attente
est passée à 51 000 noms.
Et ça fait en sorte que j'ai dit très
honnêtement, hein, il y en a qui me le reproche, moi, je préfère être honnête,
j'ai dit très honnêtement et très directement : La façon, là, dont on
développe en ce moment, là, ça ne fonctionne plus. Là, on a une liste d'attente
qui vient d'augmenter à 51 000 noms. Moi, je veux développer encore
plus rapidement. Et je me suis aperçu, là, dans les derniers mois que ça
n'allait pas assez vite à mon goût. Oui, j'ai annoncé des choses au début du
mandat, mais rapidement je me suis aperçu qu'on pouvait aller encore plus vite,
on a travaillé sur des allègements administratifs.
Et, à ce moment-là, quand j'ai dit : Ça ne
fonctionne pas, j'ai dit : Je vous arrive avec deux choses à court terme. Parce qu'on y travaille déjà depuis
plusieurs mois. Je ne me suis pas réveillé il y a trois semaines, là, on y
travaillait depuis des mois. Je vous ai dit : On arrive rapidement avec
des mesures pour alléger tout le processus administratif, là, couper dans la
bureaucratie pour permettre à notre monde au ministère puis aux gens sur le
terrain de développer plus rapidement.
Ce matin, on livre ça, les gens sont heureux sur
le terrain. Tantôt, quand je parlais de Schtroumpf grognon, ce que je voulais
imager, c'est que tout le monde est content, sauf le député de LaFontaine, qui
déchire sa chemise, là. Tu sais, on a l'AQCPE, le conseil québécois des
services éducatifs, les unions municipales qui nous disent : C'est bon. À
un moment donné, il faut aussi le reconnaître, là. Donc, ça, c'est le premier
pas très court terme.
J'ai aussi dit qu'à long terme ou à moyen terme,
je vais dire, l'automne prochain, il faut déposer un projet de loi, parce qu'il
y a des changements, là, plus structurels qu'il faut faire. Au-delà de couper
dans la bureaucratie, là, il faut aussi repenser la façon dont on planifie le
réseau.
Et un exemple que je donne souvent ces jours-ci,
c'est la circonscription de Pontiac. Ça me préoccupe. C'est une circonscription
parmi les plus défavorisées au Québec où il manque de places. Les tout-petits,
là, n'ont pas de places pour développer leur plein potentiel, arriver préparer
à la maternelle quatre ans. Je vous rappelle qu'actuellement au Québec, là,
c'est 27,7 % des enfants qui commencent la maternelle avec une
vulnérabilité dans au moins un de leurs domaines de développement. Donc, ils
n'ont pas de place pour développer leur plein potentiel, puis leurs parents
n'ont pas la tête tranquille pour aller travailler, ils n'ont pas de place pour
que leurs enfants puissent... où leurs enfants puissent aller, mais il n'y a
pas de projets qui ont été déposés par la communauté. On fait quoi, on fait
quoi? Il n'y a pas de projets qui ont été déposés.
Donc, nous, le gouvernement, actuellement, on ne
peut pas dire : On va en construire un CPE là, parce qu'il n'y en a pas de
projet qui nous est soumis. Moi, je pense, par exemple, qu'il faut se poser des
questions là-dessus, mais ça, ça demande un projet de loi, ça viendra. Donc, du
court terme, on livre ça ce matin, c'est bien accueilli, on coupe dans la
bureaucratie, on passe de 17 étapes à neuf étapes. Le long terme, on
arrive avec un projet de loi cet automne, qui va être précédé d'une
consultation en partenariat avec le monde du réseau, pour faire des changements
en profondeur, et ça, ce sera, selon moi, bien accueilli aussi.
Entre-temps, oui, il faut poser des gestes pour
les responsables des services de garde en milieu familial, il y a une annonce
qui s'en vient, parce qu'encore une fois on y travaille depuis un moment. Il y
a une autre annonce qui s'en vient pour la main-d'oeuvre, parce qu'encore une
fois on y travaille puis on l'a ajusté, là, il faut savoir s'ajuster avec la
pandémie. On a dû ajuster nos flûtes, comme on dit, parce que c'est clair que,
bon, la pénurie, ça a accentué tout ça, puis qu'à mon sens il fallait arriver
avec quelque chose d'un peu plus musclé.
Donc, quand vous regardez le plan de match
global, moi, il y a bien une chose dont je suis certain, là, c'est que la
volonté, elle y est plus que jamais, qu'on a des partenaires précieux sur le
terrain avec qui on peut travailler, et que les places qui dataient de 2011 et
qui dataient de 2014, on va être capables, si on est bien supporté évidemment
par les gens du terrain parce que c'est une responsabilité partagée, on sera
capable de les livrer. J'ai établi, là, qu'entre 5 000 et 7 000 mises
sous permis pourraient être effectuées cette année, ça ferait une très bonne
année si on arrive à le faire. Et moi, je pense qu'on est capable, on est
capable, parce qu'autant les gens au ministère ont le couteau entre les dents,
veulent développer, autant les gens sur le terrain aussi étaient un peu
désabusés par toute la bureaucratie. Quand je parle de bureaucratie,
évidemment, je ne parle pas des professionnels du gouvernement, mais je parle
de toute la paperasse dans laquelle même les professionnels étaient ensevelis
puis qui les empêchaient d'aller aussi rapidement qu'ils voulaient aller.
Donc, moi, je suis persuadé qu'avec ce qu'on
annonce ce matin, une mise de fonds dans certains secteurs... en fait, une mise
de fonds qui est abolie pour tout le monde, sauf si le CPE a une situation
financière qui justifie, là, qu'il contribue, l'avance de fonds qu'on va leur
permettre, la délégation de signatures, qu'on soit capables de signer les
documents sur le terrain, plutôt que d'envoyer ça à Québec, de faire en sorte
qu'on ne soit pas plus sévère avec eux, par exemple, qu'on l'est avec le
gouvernement du Québec.
Tout ça va faire en
sorte qu'on soit capable de livrer des places pour les tout-petits, moi, je
suis persuadé de ça. Puis si les députés de l'opposition ont des suggestions,
moi, je suis ouvert, je pense que je l'ai démontré, là, dans le passé que
j'étais ouvert, sur autre projet de loi, à faire les choses correctement, à
faire les choses pour que ça ait des résultats positifs.
J'ai la même ouverture d'esprit. Je comprends que c'est plus politique, hein,
je comprends que, bon, on s'occupe maintenant du bébé qu'a mis au monde un
autre parti, mais moi, je suis persuadé qu'on est capable de faire ce
travail-là ensemble, parce qu'on a le même objectif, faire en sorte que les
tout-petits puissent avoir une place pour développer leur plein potentiel et
puis que leurs parents puissent envoyer leurs enfants en CPE pour être
capables, par la suite, d'aller travailler. Je suis certain qu'on est capables
de faire ce travail-là ensemble.
Donc, je résume, on a
posé des gestes quand on est arrivés, ces gestes-là ont eu un effet, on est
passé de 48 à 36 mois, délai moyen de réalisation. C'est un fait, là. On
peut bien s'obstiner pendant quatre heures, c'est un fait, on a réduit le
délai moyen que ça prend pour sous permis une installation. Entre‑temps, je me
suis aperçu que ce n'était pas suffisant, je veux qu'on soit encore plus
rapides que ça. Donc, ça fait des mois qu'on travaille là-dessus, on arrive
avec des mesures, ce matin, qui sont bien accueillies, et on sera capable, je
le disais, de livrer ces places-là.
Et je fais quand même
une parenthèse pour dire : À un moment donné, là, c'est sûr que la
pandémie, elle ne peut pas tout expliquer, mais il va aussi falloir que les
gens qui nous critiquent pour des mois de retard, là, comprennent que ce que ça
a nécessité, là, la gestion de crise au ministère de la Famille, là, c'est
inimaginable. Évidemment, on ne se comparera pas avec le ministère de la Santé,
mais ça a nécessité que, pendant des mois, on soit au bureau de 6 heures,
et je ne parle pas du personnel politique seulement, je parle du ministère, là,
parfois de 6 heures le matin à minuit le soir, qu'on s'assure que nos
garderies non subventionnées reçoivent du financement direct, ce qui ne s'est jamais
fait, pour les sauver, pour éviter des fermetures. Les téléphones sonnaient
sans arrêt, les parents étaient paniqués, il fallait répondre à chacune de
leurs interrogations.
On a réussi à sauver
la presque totalité de nos garderies non subventionnées, il y en a plus de
1 300 au Québec. On leur a donné de l'aide directe, ce qu'on n'a fait avec
aucune autre entreprise en début de crise. On a maintenu le financement.
220 millions supplémentaires, qu'on est allé chercher pour renflouer le
réseau, entre autres, pour le milieu familial, pour nous assurer que ces
femmes-là ne quittent pas le bateau, parce que, sinon, le bilan aurait été
encore pire. Ça nous a mobilisés pendant des mois et des mois.
Je pense honnêtement
que les Québécois sont capables de comprendre que ça nous a pris quelques mois,
mais qu'on a malgré tout travaillé fort, qu'on arrive avec des mesures qui sont
bien accueillies et que, grâce à ces mesures-là, on sera capables de
concrétiser des places beaucoup plus rapidement que dans le passé.
• (11 h 50) •
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Je cède maintenant la parole à la députée de
Joliette pour une période de 10 minutes.
Mme Véronique Hivon
Mme Hivon :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, écoutez, je voudrais dire, en partant,
que... je voudrais revoir un petit peu le fil des événements. Le ministre a dit
tout à l'heure que le Parti québécois n'était pas content parce que la CAQ
voulait développer des places en CPE puis que, là, ce ne serait plus notre
exclusivité. C'est tout à fait l'inverse.
Puis, si le ministre
s'en souvient, moi, c'est un joyau que je veux partager avec tout le monde, et
je me réjouissais énormément quand le ministre est arrivé, parce qu'il y avait
un changement de cap notoire par rapport à la CAQ quand ils étaient dans
l'opposition, notamment par rapport à l'actuelle vice-première ministre, qui
était très... elle avait un préjugé très favorable aux garderies privées. Et le
ministre est arrivé et il a dit clairement : Moi, j'ai un préjugé
favorable pour les CPE. Je vais tout faire pour qu'on ait les meilleurs
services à la petite enfance possible.
Et donc je veux juste
dire au ministre de faire attention quand il dit que je ne me réjouirais pas de
ça. C'était tout le contraire. Puis je pense qu'il le sait très bien parce que
je lui ai manifesté souvent que je me réjouissais du changement de cap quand il
était arrivé au gouvernement, mais la chose qu'il faut dire, c'est que, quand on
arrive tambour battant, comme le ministre l'a fait dans sa conférence de presse
de février 2019, en disant : «Vous savez, avant moi, personne ne
livrait. Ce n'était pas bon. Moi, je vais les concrétiser, les plans. Moi, je
vais en faire, 13 500 places en deux ans.» Puis que, deux ans plus
tard, il y en a 2 500, bien, il faut assumer ça.
Il faut assumer que,
si on s'est présenté devant les gens, devant les familles du Québec, devant les
médias pour dire : Avant moi, c'était vraiment mauvais. Avec moi, ça va
changer, puis ce qui ne s'est pas fait sous le précédent gouvernement, ça va se
faire. Bien, après, il faut assumer quand on ne réalise pas. Puis il n'y a
personne, ici, qui va dire que la pandémie n'a eu aucun impact. On a eu une commission
dédiée à la gestion de la pandémie par le ministère de la Famille au mois de
mai dernier, où on a eu plein d'échanges.
Mais, justement, dès
ce moment-là, on disait au ministre : Tout ce qui était déjà difficile
avant la pandémie, qui n'a pas été fixé avant la pandémie, va être encore pire
à cause de la pandémie. Puis je me souviens très bien de la FIPEQ, puis je me
souviens des syndicats qui représentent les éducatrices qui disaient : Ça
va être une hémorragie, les fermetures dans
les milieux familiaux. Et, dès ce moment-là, je disais au ministre, puis ma
collègue disait au ministre : Bien, il faut développer un plan. Il
faut être capable de, tout de suite, voir venir l'hémorragie. Elle était déjà
là avant. Elle était déjà là, avant la pandémie, parce qu'il n'y a pas eu de
valorisation de la profession, malheureusement.
Donc, c'est ça, un
peu, qui fait que c'est choquant quand le ministre se présente le mois dernier
puis que, là, c'est comme s'il tombait des nues, puis il dit : Mon Dieu!
Ça ne va pas bien. On est rendus à 50 000 personnes sur le guichet
unique qui attendent une place. Mon Dieu! Je ne pourrai pas livrer mon
engagement. Mais qu'il nous dit : Ce n'est pas de ma faute. C'est la faute
de la pandémie. C'est la faute des processus administratifs qui sont trop
lourds. C'est la faute des précédents gouvernements.
Bien, à un moment
donné, de l'imputabilité puis de la responsabilité, ça va de pair avec le
travail de ministre. Donc, c'est ça. C'est ça que j'aurais aimé entendre il y a
trois semaines quand le ministre est sorti pour blâmer le processus.
Un processus qui, d'ailleurs, je le redis parce que je trouve que c'est
important, il aurait pu changer au jour 1 de son arrivée. Puis il a
attendu deux ans et demi. Puis, de toute évidence, ça ne prenait pas une loi,
ça ne prenait pas un livre blanc. Il est arrivé ce matin, le jour de
l'interpellation puis là il a annoncé qu'il révisait les étapes.
Donc, c'est bizarre
quand même qu'il y a un mois, c'était de la faute du processus et de la faute
des autres, mais là, aujourd'hui, c'est lui-même qui nous annonce qu'il peut
changer le processus. Puis moi, j'aurais aimé ça que le ministre, au lieu de
faire son annonce à neuf heures ce matin... s'il avait voulu qu'on puisse
parler, parce qu'il nous dit : les oppositions ne parlent pas beaucoup de
ce que j'ai annoncé ce matin, bien c'est évident qu'on ne pouvait pas en parler
en détail ce matin, parce qu'il ne nous en a pas parlé avant ce matin.
Alors, moi, je vais
regarder ça avec attention. Moi, je lui avais dit en Chambre que j'espérais
qu'il reviendrait au modèle original du Parti québécois. Il y avait beaucoup
plus de fluidité, c'était beaucoup plus souple, on ne demandait aucune mise de
fonds, qui avait permis quelque chose de significatif pour développer les
places. Donc, j'espère que ça ressemble à ça.
Mais ce que je veux
lui dire aujourd'hui, c'est que d'ici à la prochaine interpellation, parce que
j'imagine que s'il y en a une autre, il va nous faire une autre annonce le
matin de l'interpellation, moi, je lui demande... C'est un très bon
communicateur, là : il y a toute sa stratégie, puis un briefing technique
avant, puis pendant les points de presse des oppositions, on va être en point
de presse en même temps, alors que les interpellations, c'est un moment de l'opposition.
Mais c'est correct, c'est son travail de communicateur.
Moi, je l'invite
juste, s'il veut qu'on puisse avoir un échange le plus sain et en profondeur
possible, bien de nous aviser au moins au même moment qu'il avise les
partenaires, parce que, de toute évidence, s'ils ont émis des communiqués entre
9 heures et 10 heures, c'est parce qu'on avait eu un petit «heads
up», comme on dit en bon latin, n'est-ce pas? Donc, c'est une petite suggestion
que je lui fais pour la suite.
Maintenant, ce que
j'ai envie de lui dire, c'est que, malheureusement, je n'ai pas eu de réponse à
mes questions ce matin. Mais, moi, c'est bien peu de choses. Moi, c'est les
familles du Québec puis les parents qui sont sur la liste d'attente, qui sont
sur le groupe Facebook de parents sans service de garde, c'est eux que j'aurais
aimé ça qu'ils entendent des réponses aujourd'hui. J'aurais aimé ça qu'à
travers moi puis les questions que je pose, puis que mes collègues posent, que
le ministre dise : Je vais envoyer des messages aux parents du Québec.
Donc, moi, je n'ai pas entendu c'était quoi,
son engagement. Ça allait être combien de places à la fin de son mandat qu'il
s'engageait à créer.
Il n'a pas dit non
plus si ça allait être plus de places ou moins de places à la fin. C'est quand
même des messages de base quand on est ministre de la Famille puis qu'on dit
qu'on va améliorer les choses. Il ne peut pas nous dire s'il va y avoir plus de
places que moins puis là, les gens nous écoutent puis ils peuvent dire :
Mon Dieu, c'est absurde, parce que là, le ministre a quand même dit qu'il en
créerait 5 000 à 7 000 puis... Oui, mais c'est parce qu'il y en a
tellement qui ferment en milieu familial qu'effectivement on n'est pas capable
aujourd'hui, sauf si le ministre nous dit : Moi, je le prends,
l'engagement, parce que je vais les déployer, les moyens pour y arriver.
Mais malheureusement
ce n'est pas ça qu'il fait, il refuse de s'engager. Je le comprends, là, chat
échaudé craint l'eau froide, il s'est engagé, quand il est arrivé, à 13 500 places,
il en a livré 2 500, puis l'année auparavant, la CAQ avait dit qu'il en
créerait 26 000 pendant le mandat. Là, on en a 2 500, puis le
ministre dit : Je vais en ajouter 5 000 à 7 000. Ça fait que je
comprends que chat échaudé craint l'eau froide.
Mais, moi,
aujourd'hui, je n'ai pas eu de réponse à aucune de mes questions précises ni
sur les cartes ni sur les petits milieux et la flexibilité qu'on pourrait
donner à mes collègues de Gaspé et des Îles-de-la-Madeleine, des endroits qui
sont durement affectés par les fermetures notamment de milieux familiaux.
Je n'ai pas eu non
plus de plan sur la pénurie de main-d'oeuvre. Ça fait que le ministre nous
dit : Ça s'en vient. Je l'espère, là, c'est fondamental. Mais comment
peut-il donner de l'espoir aux 51 000 familles qui attendent? Puis
ça, là, c'est très concret, là. C'est majoritairement des femmes qui ne peuvent
pas retourner travailler, puis c'est des enfants qui sont privés de leurs
enseignantes, puis des infirmières de moins, puis des éducatrices de moins,
puis des préposées de moins, puis des femmes dans différentes entreprises qui
ne peuvent pas retourner travailler parce que c'est elles encore qui portent ce
fardeau-là. Et je ne l'ai pas, le plan.
Puis là le ministre
dit : Oui, mais là je ne peux pas tout annoncer le matin de
l'interpellation. Non, justement, on aurait aimé ça qu'il en annonce il y a
deux ans, il y a un an et demi, il y a un an, il y a six mois, parce que ça
fait tout ce temps-là qu'on lui en parle. Je me souviens de notre première
étude des crédits où c'était le sujet, la valorisation de la profession, la
rémunération, les bourses, augmenter les inscriptions, partager le temps...
Donc, des propositions, on lui en a fait à plein de moments. Je lui en ai
réitéré plein aujourd'hui.
Donc, c'est facile de
dire : Ah! les oppositions voudraient qu'on règle tout du jour au
lendemain. Oui, mais là ça fait deux ans et demi qu'il est là, la liste
augmente, les milieux familiaux ferment, puis la pénurie va en s'aggravant.
C'est une vraie crise. Puis c'est une vraie crise qu'on vit en ce moment.
Parlez-en aux parents qui ne sont pas capables de retourner travailler ou qui
font une heure, 1 h 15, 1 h 30 de route pour pouvoir faire
garder leurs enfants. Ça n'a aucun sens. Puis là, si le gouvernement est
sérieux dans son plan de relance économique, bien, il va falloir qu'il soit
sérieux pour s'attaquer à ce problème-là.
• (12 heures) •
Donc, moi, j'espère
que... Malheureusement, aujourd'hui, on n'a pas eu droit aux réponses
auxquelles, je pense, les parents du Québec avaient droit de la part du
ministre. Mais j'espère que ça ne va pas tarder. Parce que, là, ça a beaucoup
trop tardé, ça a beaucoup trop tardé depuis l'arrivée du ministre pour faire
les gestes qui s'imposaient. Donc, quand on voit tous les indicateurs virer au
rouge puis s'aggraver, il me semble que, comme ministre de la Famille, on
devrait dire : Voici mon plan. Puis on ne devrait pas être encore en train
de travailler sur un plan pour lutter contre la pénurie d'éducatrices quand
l'AQCPE elle-même a dit publiquement qu'elle a donné un plan au ministre en
septembre dernier, que nous, on lui en parle depuis deux ans.
Donc, bien honnêtement,
Mme la Présidente, en terminant, ce que j'espère du ministre, c'est qu'il va
réaliser que c'est lui qui est le ministre de la Famille, que c'est entre ses
mains à lui, qu'il est très, très, très tard, que les familles du Québec sont
désespérées, que ça freine le développement économique, le développement
social, la qualité de vie des familles du Québec, et qu'il va bouger enfin.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Compte tenu de l'heure, je lève la séance et, la commission ayant
accompli son mandat, ajourne ses travaux au jeudi 18 mars, à
13 h 05, où elle se réunira en séance de travail.
(Fin de la séance à 12 h 01)