(Neuf heures trente minutes)
La
Présidente (Mme Chassé) :
Mmes et MM. les membres de la commission, on débute. Je constate le quorum
et je déclare la séance de la Commission des relations avec les citoyens ouverte. Je vous prie de bien vouloir éteindre la
sonnerie de vos appareils électroniques
ainsi que tous les modes de vibration pour ne pas qu'on les entende lors des
échanges.
La commission
est réunie virtuellement afin de permettre aux députés d'opposition d'échanger
avec le ministre de la Famille
aujourd'hui au sujet de la pandémie de la COVID-19.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. Mme Dansereau
(Verchères) est remplacée par M. Jacques (Mégantic); M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee), par M. Fortin (Pontiac); Mme Dorion
(Taschereau), par Mme Labrie (Sherbrooke); M. LeBel
(Rimouski), par Mme Hivon (Joliette).
La
Présidente (Mme Chassé) :
Merci. J'en profite, puisqu'on est dans un mode virtuel, de faire le tour des
autres personnes, des autres membres
de la commission qui sont présents : la députée de Bellechasse, la députée de Les Plaines, la
députée de Soulanges, le député de Beauce-Sud et la députée d'Iberville, pour le groupe formant le gouvernement; la députée de Westmount—Saint-Louis
s'ajoute pour l'opposition officielle; et ensuite on a déjà nommé la députée de
Sherbrooke, la députée de Joliette, et nous avons aussi le député de Chomedey,
comme député indépendant, ainsi que le ministre de la Famille.
Organisation des travaux
Conformément
à l'entente, je vous rappelle qu'il n'y a pas de remarques préliminaires aujourd'hui. La période d'échange avec le ministre est d'une durée de deux
heures, qui se divise en plusieurs blocs qui incluent les questions et les réponses en alternance entre les groupes
d'opposition. De façon plus précise, les temps d'échange sont répartis comme
suit : un bloc de
19 min 18 s et deux blocs de 19 min 17 s pour l'opposition officielle, deux blocs de 14 min 28 s pour le
deuxième groupe d'opposition, deux blocs de l'équivalent pour le troisième groupe
d'opposition et un bloc de 4 min 16 s pour le député
indépendant.
Discussion générale
Alors, nous
allons débuter la période d'échange avec une première intervention de l'opposition officielle pour son
premier bloc. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, vous disposez de 19 min 18 s pour votre bloc. La parole
est à vous pour discuter avec le ministre. Allez-y.
Mme
Maccarone : Merci, Mme la Présidente. Bonjour à tous les membres de la commission, bonjour au ministre et
son équipe, chers collègues. Merci de nous offrir l'occasion de parler de
famille ce matin. Comme nous avons très peu de temps, je vais immédiatement
commencer.
Le ministre
a annoncé il y a une semaine une réouverture progressive des services de garde à compter du 11 mai. Lors
de la conférence de presse, le
ministre a dit, et je le cite : «Si vous décidez de ne pas réintégrer
votre enfant, votre place sera
maintenue jusqu'au 1er septembre sans que vous ayez de frais à payer. Par
exemple, habituellement, lors des vacances,
vous devez quand même payer ces frais-là, même si vous n'utilisez pas le
service. Mais, dans ce cas-ci, [...]si vous décidez de ne pas [...]
réintégrer [progressivement] votre enfant[...], vous n'aurez pas ces frais à
payer jusqu'au 1er septembre.»
Il a répété
la même chose dans une vidéo officielle et une autre fois, deux jours plus
tard, dans une entrevue avec Bernard Drainville. Pire encore, ce matin,
sur le site Internet de Québec.ca, il est encore écrit : «Les enfants qui
ne réintégreront pas tout de suite leur
service de garde conserveront leur place, sans frais...» Puis ça, c'est frais de ce matin.
Malgré tout ça, le ministre dit qu'il y a eu de
la confusion, que les parents devront payer à partir du 22 juin. Concrètement, ça veut dire que des parents sans
emploi, dans la plupart des cas, devront payer plus de 400 $ par enfant
pour réserver leur place. C'est beaucoup
d'argent, Mme la Présidente. Plus de 2 000 parents ont écrit à ce
sujet sur la page Facebook du
ministre. Une chose est certaine, ce n'est pas confus, c'est très clair. M. le
ministre, pourquoi avez-vous changé d'idée, et est-ce que c'est le
président du Conseil du trésor qui vous a fait changer cela?
La
Présidente (Mme Chassé) : Merci, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis. M. le ministre, la parole est
à vous.
M.
Lacombe : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour à la députée de
Westmount—Saint-Louis,
ça me fait plaisir de vous retrouver ce matin, par le biais de la
technologie, pour répondre à vos questions.
Bien, d'abord,
je dirais que j'ai eu l'occasion depuis une semaine de donner les explications,
donc, si la députée de Westmount—Saint-Louis a entendu ces entrevues que j'ai
données, j'ai eu l'occasion de dire qu'effectivement j'ai fait une
erreur lors de la conférence de presse où on a annoncé le plan de réouverture
et qu'effectivement cette erreur-là, elle s'est allongée sur quatre jours,
jusqu'à ce qu'on la corrige. En même temps, j'ai envie de dire qu'on l'a
corrigée aussitôt qu'on s'en est aperçu. Je l'ai corrigée, mon erreur, aussitôt
que je m'en suis aperçu. Je ne souhaitais évidemment pas qu'il y ait de la
confusion et que ça dure longtemps.
Il faut rappeler que les parents vont devoir
recommencer, oui, à payer, le 22 juin, mais qu'ils vont pouvoir conserver leurs places, même si les enfants n'y
vont pas, jusqu'au 1er septembre. Donc, 22 juin, ça leur laisse quand
même, à tous les parents du Québec, là, un peu moins de deux mois pour
être capables de prévoir tout ça.
Je rassure ma
collègue, ce n'est pas le président du Conseil du trésor qui nous a fait
changer d'idée, ce n'est pas un changement d'idée, c'est tout simplement
une erreur qu'on a corrigée le plus rapidement possible.
La
Présidente (Mme Chassé) : Merci, M. le ministre. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, est-ce que vous désirez
poursuivre?
Mme Maccarone : Oui. Sauf qu'ils pourront seulement
garder leurs places, après le 22 ou le 21 juin, s'ils continuent à payer pour ces places. Alors, comme
vous l'avez annoncé et répété, que c'est encore écrit ce matin sur le
site Web du gouvernement du Québec, est-ce possible de nous dire combien que ça
va coûter au gouvernement pour garder ces places-là jusqu'au
1er septembre?
La
Présidente (Mme Chassé) :
Merci, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Lacombe : Merci
beaucoup. D'abord,
ce qu'on indique sur le site Web de Québec.ca, c'est qu'effectivement les parents vont pouvoir conserver leurs places sans frais jusqu'au
retour à la normale du réseau. On anticipe. Et ça peut changer. Donc, il n'y a rien d'arrêté, mais,
si la situation continue d'évoluer comme elle évolue présentement, on peut anticiper qu'effectivement à la fin du printemps ou au début de l'été, donc à la fin du mois de
juin, on pourrait arriver à une réouverture complète, donc à permettre
aux CPE, aux garderies, aux milieux familiaux, par exemple, d'accueillir 100 %
des enfants. Donc, jusqu'à ce moment-là, les parents n'auront pas à payer, que
l'enfant se présente ou pas.
Vous savez, depuis le début de toute cette
crise, le gouvernement a vraiment été présent pour les familles. Ça, il faut le souligner. Au total, ce sera un
congé de paiement, entre guillemets, de plus de trois mois qui aura été donné
aux parents. Et c'était important de le
faire. On devait le faire, je pense, pour leur donner une pause, notamment
parce qu'ils n'avaient pas accès aux services. Et cette pause-là va se
poursuivre même s'ils auront accès, théoriquement, mais qu'ils ne souhaitent
pas, donc, envoyer leurs enfants. On le fera jusqu'au 22 juin.
Et ça a un coût, Mme la Présidente. Depuis le
début de cette opération, la compensation...
La
Présidente (Mme Chassé) : M. le ministre, je vous invite à
contenir votre réponse pour conserver les temps équivalents entre les
questions et les réponses.
M. Lacombe :
Bien noté, Mme la Présidente. Donc, j'attendrai peut-être la prochaine question
de ma collègue pour y répondre.
Mme Maccarone :
Bon, bien, ma question, d'abord, c'est... Nous avons tous la même préoccupation
en tête, c'est la santé et sécurité des enfants et de leurs familles. Je
constate que, oui, il y avait des mesures en place. Mais ce que je veux savoir, c'est si le ministre est prêt à
respecter sa parole et à offrir aux parents les places de l'ensemble du réseau
sans frais jusqu'au 1er septembre.
La Présidente (Mme Chassé) : M.
le ministre, allez-y.
M. Lacombe :
Merci, Mme la Présidente. Donc, je peux continuer ce que j'allais vous dire. Ça
a un coût, tout ça. Donc, l'argent ne
pousse pas dans les arbres. Comme je vous l'ai dit, depuis maintenant la
fermeture du réseau, on a été présents pour payer les contributions des
parents. Donc, au total, on l'aura fait sur une période de plus de trois mois. Et ça a un coût. Donc, depuis le tout début, on
parle d'une opération qui va... Bien, en fait, si vous prenez la contribution
des parents qu'on aura compensés, on parle
d'un coût pour les contribuables québécois de 75 millions de dollars,
donc, autant en milieu familial qu'en installation.
Donc, je
pense que, quand on regarde ça, on peut convenir qu'effectivement on a mis
l'argent sur la table pour pouvoir donner une pause aux parents.
La Présidente (Mme Chassé) :
Merci, M. le ministre...
Mme Maccarone :
C'est quoi, le coût? Le coût actuel, M. le ministre, c'est quoi? Vous parlez
des coûts, mais c'est quoi, le montant pour garder les places jusqu'au
1er septembre?
La
Présidente (Mme Chassé) : Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, juste pour aider... puis je le sais,
qu'on a le goût de rentrer rapidement dans des débats qui sont vifs, juste pour
aider à la technologie de prendre le dessus,
il y a toujours un petit délai pour que vous puissiez apparaître à l'écran,
alors d'en être consciente. Poursuivez.
Mme Maccarone :
J'ai posé ma question, Mme la Présidente. J'aimerais savoir c'est quoi, les
coûts. Le ministre réfère aux coûts.
S'il y a des coûts, bien, c'est quoi, les coûts pour garder, réserver les
places sans frais pour les parents jusqu'au 1er septembre?
• (9 h 40) •
La Présidente (Mme Chassé) : M.
le ministre.
M. Lacombe :
Merci, Mme la Présidente. Donc, les coûts effectifs qu'on estime, là, jusqu'au
retour à la normale du réseau, donc, disons, jusqu'à la fin ou à peu près du
mois de juin, on parle de 75 millions de dollars. Pour un scénario qui irait jusqu'au 1er septembre, je n'ai pas
cette information-là parce que c'est un scénario qui est hypothétique, qu'on
n'a pas quantifié parce que ce n'est pas ce avec quoi on est allés de l'avant.
La Présidente (Mme Chassé) :
Merci. Mme la députée.
Mme Maccarone :
Je trouve ça particulier, «hypothétique», étant donné que ça a été annoncé à
plusieurs reprises et que, même, ça
apparaît sur un site Web. Alors, est-ce que ça veut dire que l'annonce qui a
été faite... Parce que, pour moi,
honnêtement, c'est un changement d'idée, ce n'est pas une erreur. Mais ça
faisait partie des entrevues, ça apparaît sur les sites Web, alors ça ne peut pas être hypothétique. J'ose croire
que, notre ministre, quand il a fait une annonce, c'est parce qu'il savait
c'étaient quoi, les montants actuels. Alors, je redemande la question :
Est-ce que c'est soit qu'on a fait une
annonce sans chiffrer ou est-ce que c'est vraiment parce qu'on ne connaît pas
comment faire une annonce puis on fait des annonces sans avoir tous les
détails? Je comprends mal pourquoi on ne connaît pas le vrai montant.
La Présidente (Mme Chassé) : M.
le ministre.
M. Lacombe :
Merci, Mme la Présidente. D'abord, information, je pense qu'on doit donner les
informations exactes aux gens qui nous écoutent, en ce moment sur le
site Web du gouvernement du Québec, ce n'est pas inscrit que le gouvernement va
payer la place des parents jusqu'au 1er septembre. Donc, il n'y a pas de
date qui est écrite pour la simple et bonne
raison que ça va dépendre du moment où il y aura un retour à la normale. Donc,
ça, c'est la première chose que je dois dire.
Ensuite, la
députée de Westmount—Saint-Louis
peut bien me poser la question 50 fois, ma réponse va demeurer la même, c'est celle que j'ai donnée depuis une
semaine : c'est une erreur que j'ai commise lundi, je n'ai pas donné la
bonne information. C'est une erreur de bonne
foi, que j'ai corrigée depuis. Donc, on peut bien passer une heure là-dessus,
mais ma réponse va demeurer la même : c'était une erreur, et j'en suis
désolé.
La Présidente (Mme Chassé) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée.
Mme Maccarone :
Oui. Bien, juste pour réitérer, ça apparaît toujours sur le site Web, en
passant, de Québec.ca, et je
cite : «Les enfants qui ne
réintégreront pas tout de suite leur service de garde conserveront leur place,
sans frais...» Alors, peut-être qu'il y a quelque chose à corriger là-dessus.
Mais je vais
poursuivre quand même à un autre sujet, à une autre question. Quand
vous avez annoncé les mesures, vous
avez dit que vous travailliez également à des mesures pour des familles qui ont des
enfants en garderies privées non subventionnées. Est-ce possible de nous
dire comment vous allez alléger le fardeau des familles qui ne pourront pas envoyer leurs enfants à un service de garde cet
été mais devront continuer à payer le 45 $ ou 50 $ par jour? C'est quand même
2 600 $, à peu près, par enfant pour ces familles. C'est beaucoup
d'argent.
La Présidente (Mme Chassé) : M. le
ministre.
M.
Lacombe : Merci, Mme la Présidente. D'abord, j'ai effectivement dit
que le gouvernement serait là, comme il l'est, d'ailleurs, depuis le
début de la crise. Le ministère de la Famille est là pour les garderies non
subventionnées en installation depuis le début de la crise pour les soutenir
financièrement. Donc, c'est important de le faire parce qu'on veut s'assurer qu'elles passent à travers de la
crise. Et on a soutenu ces entreprises-là, comme le gouvernement... comme
aucune autre entreprise, en fait, au Québec.
Donc, on leur a accordé une attention particulière. Donc, effectivement, on
sera encore une fois présents au rendez-vous financièrement.
On a eu
l'occasion de finaliser cette aide financière, 5,95 $ par jour, par place
au permis pour les garderies, afin de
leur assurer qu'elles soient capables de payer une partie de leurs frais avec
ça. Ça représente, grosso modo, pour une garderie privée non subventionnée de 80 places, une somme de plus
de 10 000 $ par mois, qui leur sera remise en fonds publics
par le gouvernement du Québec, et ça s'ajoute, par exemple, au programme d'aide
aux petites et moyennes entreprises, qui
leur permet un prêt de moins de 50 000 $, et aux programmes aussi qui
sont offerts par le gouvernement fédéral,
parce qu'évidemment on a calculé dans l'aide qu'on leur a donnée qu'il y aurait
aussi cette aide du gouvernement.
La Présidente (Mme Chassé) : Merci,
M. le ministre. Mme la députée.
Mme Maccarone : Est-ce
que ça veut dire : Le 5,95 $ va continuer jusqu'au
1er septembre pour ces garderies?
La Présidente (Mme
Chassé) : M. le ministre.
M.
Lacombe : Merci, Mme la Présidente. Ça veut dire que cette aide de
5,95 $ va se poursuivre jusqu'à ce qu'on arrive à un retour à la normale dans le réseau, donc jusqu'au moment où
on va permettre aux garderies... où la Direction de la santé publique du Québec, pardon, va permettre aux garderies de
revenir à un taux d'occupation de 100 %, donc de pouvoir accueillir tous les enfants. Bien, à ce
moment-là, l'aide va s'arrêter. Mais, jusqu'à ce qu'on soit rendus là, peu
importe le moment où on y arrivera, on leur versera ce montant, oui.
La Présidente (Mme
Chassé) : Oui, Mme la députée, allez-y.
Mme
Maccarone : Sauf que ça représente quand même un fardeau assez
important sur le dos des parents qui fréquentent
les garderies privées non subventionnées, si le ministre n'est pas prêt à
revenir sur ses propres paroles, l'annonce qu'il a faite dès le départ
d'assurer que les places seront subventionnées jusqu'au 1er septembre.
Parce qu'on se comprend, dans le cas de ces familles-là puis ces
parents, c'est très coûteux. Et souvent, dans ces cas-là, ce n'est pas parce que les garderies privées n'ont pas voulu
être une garderie subventionnée puis ce n'est pas parce que les parents
avaient... Puis souvent, dans le cas des parents, ils n'avaient pas un autre
choix.
Alors,
si, mettons, je suis un parent puis je ne suis pas en mesure de garder ma place
parce que j'ai perdu mon emploi, est-ce que le ministre est prêt à aider
ces familles et aider à garder leurs places dans ce réseau, ici? Parce qu'il y
a très peu d'espaces disponibles dans ce temps actuel.
La Présidente (Mme
Chassé) : Merci. Oui, M. le ministre.
M.
Lacombe : Merci, Mme la Présidente. Bien, plusieurs choses dans cette question. D'abord,
je répète, là, que les parents n'auront pas à payer jusqu'au retour à la
normale. Dans le cas des garderies non subventionnées, ça passe par le fait qu'il y aura une aide qui leur sera versée, des fonds publics
qui leur seront versés afin qu'ils puissent arriver à payer une partie de leurs frais. Donc, on a fait tous
les montages financiers qui nous démontrent qu'avec l'enveloppe totale à laquelle ils auront
accès, autant du gouvernement fédéral que du gouvernement du Québec, eh
bien, ils seront en mesure,
pour la plupart, de rencontrer leurs obligations financières.
Ensuite,
je suis conscient que, pour les parents qui ont une place en garderie non subventionnée,
le coût, même s'il y a
un crédit d'impôt qui leur est donné,
il est quand même plus élevé que dans le réseau subventionné, où les parents
paient 8,35 $. Mais ça, ça existait bien avant la crise. Et je veux quand
même rappeler à la députée de Westmount—Saint-Louis
que c'est sous les gouvernements du Parti libéral que le nombre de garderies
non subventionnées a explosé. Parce
que, pour eux, pour le Parti libéral, c'était le modèle qui était privilégié,
c'est le modèle qui a été encouragé. Et c'est correct, c'était leur décision. Par contre, c'est sûr qu'aujourd'hui
c'est particulier de se faire blâmer par le Parti libéral qu'il y ait
une quantité importante de ces garderies-là qui soient présentes sur le
terrain.
La Présidente (Mme
Chassé) : Oui, Mme la députée.
Mme
Maccarone : Mme la Présidente, je ne suis pas en train de blâmer personne, je suis en train de parler
au nom des parents qui aimeraient avoir une place dans le réseau de services
de garde. Alors, si je pose des questions, ce n'est pas une question de blâme.
Puis moi, je vois le réseau comme une famille, alors il faut soutenir notre
famille.
Alors, je vais quand
même poursuivre avec une autre question. Le gouvernement a annoncé le
2 avril une prime pour les travailleurs de la première ligne, les anges
gardiens. Hier encore, il en a ajouté une nouvelle. Pourtant, rien pour les éducatrices en service de garde qui s'occupent de leurs enfants. Elles sont pourtant à risque. Est-ce
que le ministre peut nous dire
pourquoi les éducatrices qui ont travaillé à un service de garde d'urgence
n'ont pas eu de prime, et est-ce qu'il est prêt à s'engager à le faire maintenant?
La Présidente (Mme
Chassé) : M. le ministre, la parole est à vous.
M. Lacombe :
Merci, Mme la Présidente. D'abord, je vous dis que, pour moi aussi, le réseau,
c'est une belle et grande famille. D'ailleurs, les garderies non subventionnées
sont bien contentes lorsque je les inclus dans nos discussions puis que je les
assure qu'elles font partie du réseau, même si elles ne sont pas
subventionnées.
Ceci dit, revenons à
la question de la députée de Westmount—Saint-Louis au sujet des primes. J'ai déjà eu l'occasion aussi de répondre à ça pendant la
crise, et la réponse que j'ai donnée, c'est celle-ci : Les primes qui sont
données par le gouvernement sont données dans le réseau de la santé, donc sont données à des
travailleurs, à des travailleuses qui sont en première ligne, en contact
direct, souvent, avec des personnes qui sont ou qui peuvent être malades.
Je
pense que, même si on ne donne pas ce type de prime dans le réseau des services
de garde éducatifs à l'enfance, la
plus belle preuve de soutien dont on pouvait leur faire preuve, on en a fait
preuve, c'est-à-dire maintenir le financement intégral, notamment, même en compensant la contribution parentale,
pour que tout le monde garde son emploi, tout le monde garde sa rémunération jusqu'à ce qu'on entame la
réouverture. Donc, ça, ça a permis à des milliers de femmes,
majoritairement, de conserver leur emploi.
La Présidente (Mme Chassé) : Merci. Mme
la députée.
Mme
Maccarone : Le ministre
a annoncé la semaine dernière le retour progressif en service de garde, il a
parlé de 30 % des places en
service de garde. 30 % des places, ça fait 70 % qui ne pourront pas y
aller. Dans une installation de
80 places, on estime que c'est 24 enfants qui pourront être présents
et 56 qui devront trouver un plan B. C'est un beau casse-tête pour
les familles, mais aussi pour les services de garde qui devront choisir les
enfants.
Dans bien des cas, les services de garde
devraient choisir de mettre de côté les enfants qui ont des parents en services essentiels. C'est une lourde responsabilité. Et j'ai entendu souvent le ministre dire qu'ils devront utiliser leur gros bon
sens. Alors, je vais lui poser une question fort simple, auquel des services de
garde doivent répondre : Qui sera prioritaire,
l'enfant du médecin, d'une infirmière, d'un préposé aux bénéficiaires, d'un
enseignant ou d'un policier? Encore une fois, je fais appel au gros bon
sens du ministre.
• (9 h 50) •
La
Présidente (Mme Chassé) :
Simplement, juste avant de commencer votre réponse, M. le ministre, j'indique qu'il reste 2 min 30 s à cette période
d'échange. Allez-y, M. le ministre.
M.
Lacombe : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bien, d'abord, je dirais qu'on a deux choix, vous savez :
garder les services de garde éducatifs à l'enfance fermés ou bien les
ouvrir en respectant les recommandations de la Santé publique qui nous dit qu'on doit fonctionner avec des taux d'occupation
réduits et des ratios réduits. Donc, si on décide d'ouvrir, comme on l'a fait, bien, il faut
respecter ces recommandations-là pour la santé de tout le monde, et ça veut dire qu'effectivement on doit faire des choix.
La députée de
Westmount—Saint-Louis mentionne le taux d'occupation de 30 %. Je veux quand même
préciser que 30 %, c'est une
cible qu'on a donnée au réseau. Si on est capables de rester à 30 %, ce
qu'on a dit aux gestionnaires, c'est :
Ne vous forcez pas à accueillir plus d'enfants. S'il y a
seulement 30 % de vos parents, par
exemple, qui souhaitent y avoir accès, on va compenser le manque à gagner parce qu'on souhaite que vous gardiez les plus petits groupes possible. Par contre,
si la demande le justifie et que vous êtes prêts, vous pouvez effectivement aller entre 30 % et 50 % de votre capacité, ça
respecte les recommandations de la Santé publique.
Ensuite,
quels parents vont y avoir accès? On a donné une liste de quatre critères aux centres de la petite enfance et aux garderies... aux éducatrices en milieu
familial aussi pour prioriser les parents. En même temps, je suis
conscient qu'il y a des choix difficiles à faire. Mais moi, je fais
confiance aux gestionnaires du réseau puis à leurs associations pour être capables d'y arriver.
La
Présidente (Mme Chassé) :
Merci, M. le ministre. Il reste une minute à ce bloc d'échange. Mme la députée, allez-y.
Mme
Maccarone : Oui. Je n'ai toujours
pas une réponse à ma question : Qui sera prioritaire? Parce qu'il va y avoir des
choix à faire, en effet, puis ils le font actuellement. Mais j'aimerais
savoir de la part du ministre puis son gros bon sens : Médecins,
infirmières, préposés aux bénéficiaires, enseignants ou policiers, quels
enfants devraient avoir un accès?
La Présidente (Mme Chassé) : M. le
ministre.
M.
Lacombe : Merci, Mme la Présidente. Vous voyez, la députée de Westmount—Saint-Louis vient de me donner cinq exemples.
Une garderie ou un CPE peut avoir 80 enfants au maximum. Donc, avant de
prendre une décision, comme ministre, mais aussi comme gestionnaire, ça nous prend
toute l'information, le portrait complet. Donc, évidemment
que, dans une installation de 80 places, et le sondage est passé, le gestionnaire va savoir
les parents de ces 80 enfants font quel type de travail, et, avec le
portrait complet, il pourra prendre une décision. Évidemment,
avec seulement cinq exemples comme ça, c'est bien difficile d'y
arriver, il faut vraiment avoir le portrait d'ensemble pour bien prioriser.
La Présidente (Mme Chassé) : Il
reste huit secondes.
Mme Maccarone : Merci, Mme la
Présidente, je vais passer la parole.
La Présidente (Mme Chassé) : Merci à
vous, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis. Nous passons maintenant au premier
bloc d'intervention du deuxième groupe d'opposition, avec Mme la députée de Sherbrooke.
Vous disposez de — c'est ça, exact — 14 min 28 s
dans votre échange, votre premier échange avec M. le ministre. Allez-y.
Mme
Labrie : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, M. le ministre. Le gouvernement a annoncé que les services de garde d'urgence
pour les travailleurs des services essentiels vont fermer à parti du
11 mai dans la plupart des régions du Québec et que les services de
garde vont ouvrir progressivement, en ne dépassant pas 30 % de leur
capacité en installation, 50 % en milieu familial.
J'ai fait des petits calculs avec les chiffres
disponibles sur le site du ministère. Juste pour les places en CPE, les ouvrir à 30 % de leur capacité, ça
entraîne un manque de plus de 66 000 places. Pour les milieux privés,
c'est plus de 79 000 places
qui deviennent non disponibles. Pour les milieux familiaux reconnus, s'ils ne
dépassent pas 50 % de leur ratio, comme demandé, c'est minimum
45 000 places non disponibles, en supposant que leurs enfants
retournent à l'école et ne comptent pas dans
leur ratio. Si on ajoute à ça les 10 000 non disponibles en milieux
familiaux non régis, qui vont aussi
se limiter à 50 %, ça fait 200 000 places qui deviennent non
disponibles, alors qu'elles étaient occupées par un enfant il y a deux mois. 200 000 places, et ça, c'est sans
compter que plusieurs milieux familiaux ne vont pas du tout
ouvrir parce que les éducatrices sont vulnérables. Alors, on parle vraiment
d'un minimum. L'estimation officielle aujourd'hui, c'est
20 000 places de plus qui ne seront pas ouvertes parce que les
éducatrices sont vulnérables.
Je
sais qu'il y a beaucoup de parents qui vont vouloir garder leurs enfants à la
maison. Mais, même si la majorité de
parents pouvaient se permettre de garder leurs enfants à la maison, ça fait
quand même des dizaines de milliers de parents qui se retrouvent sans place pour leurs enfants et qui ne pourront pas
retourner travailler. C'est même le cas de nombreux parents dont les
deux travaillent dans les services essentiels, qui communiquent avec moi, avec
mes collègues, probablement même avec vous
pour nous dire que, quand les services d'urgence vont fermer, ils n'auront plus
de place parce que leur milieu habituel n'ouvre pas, a fermé
définitivement ou a déjà atteint sa capacité maximale.
Qu'est-ce
que le ministre a prévu pour répondre aux besoins de ces dizaines de milliers
de parents qui se font appeler par leurs employeurs et qui se retrouvent
sans place?
La Présidente (Mme
Chassé) : Merci, Mme la députée de Sherbrooke. M. le ministre, la
parole est à vous.
M.
Lacombe : Merci beaucoup, Mme la Présidente. D'abord, je refais la
précision pour être certain qu'on s'entend tous. Le 30 %, il y a une marge de manoeuvre qui nous permet de
nous rendre jusqu'à 50 % dans une première phase, et ce, tout en respectant les recommandations de
la Direction de la santé publique. Donc, on n'est pas limité à 30 %,
disons que c'est un idéal. Si on est
capable d'y aller à 30 %, de rester à 30 % parce que la demande n'est
pas grande, ce sera une bonne
nouvelle. Puis nous, comme gouvernement, on va s'assurer de supporter les
garderies, les CPE pour y arriver. Mais évidemment on voit actuellement que ce n'est pas le cas. On constate
plutôt qu'il y a un grand appétit des parents pour que leurs enfants puissent être accueillis de
nouveau dans leurs garderies, leurs CPE. Donc, on peut se rendre jusqu'à
50 %, ça respecte les recommandations de la Santé publique.
On
n'a pas le choix de respecter cette recommandation-là. Donc, ce n'est pas une
décision politique. Le fait qu'il manque
de places actuellement, ce n'est pas le résultat de décisions politiques, ce
n'est pas parce qu'il y a des gens qui n'ont pas fait leur travail,
c'est parce que la Santé publique nous dit : Ce ne sont pas tous les
enfants qui peuvent réintégrer, seulement la
moitié actuellement peuvent le faire. Donc, c'est sûr que ça veut dire qu'il y
a des parents qui n'auront pas de place.
Mais je me demande ce
que la députée Sherbrooke veut nous dire. Est-ce qu'on devrait ne pas respecter
les directives de la Santé publique? Je ne
pense pas que c'est ce qu'elle veut. Je ne pense pas que c'est ce qu'on doit
faire, évidemment. Donc, ça veut dire
qu'effectivement il y a la moitié des enfants qui ne pourront pas y retourner,
c'est un fait. Donc, il faut vivre
avec ça parce qu'on a une situation exceptionnelle. Je le répète,
l'alternative, c'est de ne pas ouvrir. Si on ne respecte pas les
recommandations, les directives de la Santé publique, ça veut dire qu'on ne
peut pas ouvrir.
Donc,
je lance quand même un appel aux parents, d'abord en disant : Si vous
pouvez garder vos enfants à la maison, ce serait une bonne idée de le
faire parce qu'évidemment on ne pourra pas accueillir tout le monde. Donc, ça,
c'est la première chose. Si vous connaissez
quelqu'un qui peut venir faire de la garde à domicile, on vous encourage aussi
à le faire. C'est possible, c'est permis. Et puis on est en train aussi de
regarder, notamment pour les travailleurs de la santé qui n'avaient pas de place auparavant, qu'est-ce
qu'on peut faire pour eux pour nous assurer que, dans le contexte de la
pandémie, ils puissent aller au travail. On est au travail là-dessus.
La Présidente (Mme
Chassé) : Merci, M. le ministre. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme
Labrie : Merci. Il y a des gens, en ce moment, des CPE qui sont à
30 % de leur capacité cette semaine seulement, avec les services de garde
d'urgence, depuis qu'on a élargi l'accès pour les personnes du milieu de
l'éducation. Donc, ils n'auront pas
de place la semaine prochaine pour accepter d'autres enfants, quand ils vont
avoir le droit d'ouvrir à d'autres
secteurs prioritaires. Les chiffres que j'ai donnés sont théoriques, c'est basé
sur un scénario où il n'y a aucun milieu
qui ferme. Mais on sait déjà que ce n'est pas comme ça que ça va se passer
parce que, chaque jour, il y a des milieux qui annoncent leur fermeture
définitive.
Le 29 avril,
j'ai eu un échange avec le ministre, il me disait qu'il travaillait un
incitatif pour aider les milieux familiaux non régis à ouvrir parce que, sans
compensation pour la diminution de ratio, c'est clair que pour eux ce n'est pas envisageable financièrement de réussir à
ouvrir. Le ministre n'a toujours rien annoncé depuis, alors qu'il me
disait travailler là-dessus. Et, pendant ce temps-là, chaque jour, il y a des
milieux familiaux privés qui annoncent leur fermeture définitive. Donc, est-ce
que le ministre va soutenir les milieux familiaux privés dans les prochaines semaines, soit pour qu'ils puissent rouvrir, soit
pour qu'ils puissent intégrer le réseau public, ou bien il a l'intention de
les regarder fermer les uns après les autres?
La Présidente (Mme
Chassé) : Merci. M. le ministre.
M. Lacombe :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. D'abord, je précise que, dans l'exemple que
donne la députée de Sherbrooke, où des CPE,
par exemple, où des garderies sont à 30 % de capacité, il y aura une
possibilité pour eux d'aller jusqu'à
50 %. Ça respecte ce que nous a demandé la Santé publique. Donc, il y a
une marge de manoeuvre, ils vont pouvoir accueillir de nouveaux enfants.
Ensuite,
je suis heureux d'entendre que la députée de Sherbrooke est du même avis que
moi, c'est-à-dire qu'il faut soutenir en ce moment la garde non
reconnue, parce que c'est un modèle qui existe et c'est un modèle qu'il faut soutenir, actuellement, si on pense aux parents et
aux enfants. Donc, je comprends que la députée de Sherbrooke est du même avis que moi, qu'on doit soutenir la garde
non reconnue, actuellement, et on va le faire. On est actuellement en
train de préparer le programme.
D'abord,
je veux dire qu'en milieu familial ce sera possible pour les gens qui offrent
de la garde non reconnue ou de la
garde reconnue d'aller jusqu'à quatre enfants. Donc, ça respecte les
recommandations de la Santé publique. C'est un peu plus que 50 %, mais le ratio enfants-éducatrice est correct,
une éducatrice pour quatre enfants,
c'est ce que nous recommande la Santé publique.
Donc, déjà
pour la garde non reconnue, c'est plus intéressant financièrement de faire un
retour. Et on travaille aussi sur un programme d'aide financière qui
leur sera offert, on est en train d'en définir les modalités pour qu'ils puissent respecter le caractère progressif du
retour. Évidemment, le programme, il n'est pas prêt. C'est du jamais-vu, le
gouvernement du Québec n'a jamais fait ça dans son histoire...
La Présidente (Mme Chassé) : Je vous
invite à conclure, M. le ministre.
• (10 heures) •
M. Lacombe : ...soutenir la garde
non reconnue. Mais on est en train d'y travailler. Il y en aura.
La Présidente (Mme Chassé) : Merci. Mme
la députée de Sherbrooke.
Mme
Labrie : Merci. C'est
encourageant de voir que vous travaillez encore là-dessus. Je vous encourage à
le faire le plus rapidement
possible. Mais aussi, effectivement, c'est la première fois que vous faites ça puis
c'est normal en ce moment d'être dans l'improvisation. Mais ça presse quand
même parce que ces milieux-là, en attendant, ils annoncent leur fermeture définitive, et, une fois que c'est fait, c'est
difficile de s'attendre à ce qu'ils reviennent sur leur décision.
Il y a
d'autres possibilités qu'on peut envisager pour soutenir les parents
face au manque criant de places. Dans nos
échanges, j'ai aussi proposé, la semaine dernière, au ministre
de bonifier le crédit d'impôt pour frais de garde pour permettre aux parents
d'engager quelqu'un pour prendre soin de leurs enfants à la maison.
Il vient lui-même de soumettre cette hypothèse-là tantôt. Moi, j'ai fait
quelques calculs. En ce moment, même pour une famille qui a un revenu familial de 35 000 $, ce qui est quand même assez faible, qui a
droit au remboursement maximal de 75 %, si elle veut payer
quelqu'un au salaire minimum pour s'occuper de ses enfants, ça lui revient
quand même à 25 $ par jour. On s'entend que c'est impossible de payer ça
avec un revenu familial de 35 000 $. Si on parle d'un revenu familial
de 100 000 $, le remboursement est encore plus faible et ça revient à
45 $ par jour.
Donc, en ce
moment, c'est impossible, avec une modalité actuelle du crédit d'impôt pour
frais de garde, qu'une famille puisse payer décemment une personne pour
garder ses enfants à la maison. J'avais proposé au ministre de le bonifier temporairement pour permettre aux
familles de se dépanner en attendant que les services de garde puissent ouvrir
à pleine capacité. Est-ce que le ministre
peut l'envisager, de le bonifier temporairement, pour répondre aux besoins
urgents, imminents des parents?
La Présidente (Mme Chassé) : M. le
ministre, la parole est à vous.
M. Lacombe : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. C'est une suggestion, effectivement, que j'ai reçue de la députée de Sherbrooke. Je la remercie pour sa
suggestion. D'ailleurs, je dois vous dire... je ne veux pas prendre trop de
temps là-dessus parce que je veux répondre aux questions, mais que
j'apprécie beaucoup la contribution de la députée de Sherbrooke, qui m'a fait parvenir, là, à quelques reprises, des
informations par courriel sur des pistes de solution, de bons et longs
courriels qui démontraient qu'il y avait du travail derrière ça. Donc, merci à
ma collègue de Sherbrooke.
Maintenant,
on a reçu beaucoup de suggestions. C'est quelque chose que j'ai remis à mon
équipe. Évidemment, on n'écarte rien du revers de la main, mais c'est une
suggestion parmi beaucoup d'autres qu'on a reçues. La garde à domicile, elle est déjà possible, évidemment, et on
l'encourage parce que c'est vrai que ça peut réduire le risque de propagation.
Il y a déjà un crédit d'impôt qui existe. Je comprends que la députée de
Sherbrooke nous propose de l'augmenter. Donc, j'ai bien reçu sa suggestion et
je pourrai regarder ça.
La Présidente (Mme Chassé) : Merci.
Mme la députée.
Mme
Labrie : Merci d'accepter de le considérer, parce qu'en ce moment les
réponses reçues par les parents de la part
du ministère et du ministre, c'est : On les envoie à La Place
0-5 ans, alors que je pense qu'à peu près tout le monde au Québec
sait bien que la liste d'attente sur La Place 0-5 ans, elle est assez
longue. Donc, ce n'est pas une réponse satisfaisante pour les parents, et,
même, ils sont extrêmement découragés de voir qu'on les réfère à ça.
Et, moi, ce
qui me dérange le plus, en fait, c'est que, si on n'offre aucune alternative,
ça risque d'être le plus souvent les
mères qui ne retournent pas travailler, simplement parce que,
dans les deux tiers des familles, c'est la femme qui a le revenu le moins élevé. Donc, s'il faut perdre un
salaire, en général, les familles vont choisir de perdre le plus bas salaire.
Notre réseau de services de garde, c'est probablement un des meilleurs qu'on a ici, au Québec,
pour l'égalité entre les hommes et les femmes.
Donc, quand
le ministère de la Famille, il n'est pas en mesure de répondre aux besoins de
garde des parents, ça nuit à
l'autonomie financière des femmes et ça les appauvrit à long terme. Est-ce que le ministre peut
reconnaître que, s'il ne prend pas
les moyens pour répondre à la demande de places en service de garde, ça
précarise les familles, mais, en plus, ça pénalise majoritairement les
femmes?
La Présidente (Mme Chassé) : Merci,
Mme la députée. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Lacombe :
Mme la Présidente, je me considère comme un féministe. Depuis le début de la
crise, j'ai fait tout ce que je
pouvais faire pour prendre soin de notre monde sur le terrain. Dans notre
réseau, ce sont majoritairement des femmes.
On a voulu être là pour elles et on l'a été depuis le début. Donc, je rassure
ma collègue la députée de Sherbrooke : le sort de ces personnes, évidemment des éducatrices, là, mais, disons,
la situation des femmes en général, au Québec, c'est quelque chose qui
est important pour moi comme pour l'ensemble de mes collègues.
Maintenant que j'ai dit ça, le discours de la
députée de Sherbrooke tient bien la route dans un contexte de normalité. C'est le genre de questions qu'on se
pose quand on a un manque de places chronique au Québec. Par contre, on
est dans une situation qui est exceptionnelle et qui est temporaire. Au
22 juin, si la situation continue d'évoluer comme elle évolue
présentement, ça pourrait changer, mais, si ça continue comme ça évolue
présentement, on va revenir à une
possibilité de 100 % dans le réseau. Donc, tout le monde pourra reprendre
sa place habituelle. Tout le monde pourra
recommencer comme il le faisait avant. Donc, c'est une situation qui est
temporaire. Et, en attendant, bien, on n'a pas le choix de conjuguer avec les conséquences en mettant tout ce qu'on
peut sur la table pour essayer d'amoindrir les conséquences.
La Présidente (Mme Chassé) :
Merci, M. le ministre. Simplement vous indiquer qu'il vous reste à peu près
deux minutes à ce bloc d'échange. Mme la députée.
Mme Labrie :
Merci. J'apprécie que le ministre se reconnaisse publiquement, s'affiche comme
féministe. Je le reconnaissais dans ses actions. Je suis contente de
voir qu'il le nomme.
Maintenant,
la crise qu'on traverse, oui, il y a certaines choses qui sont temporaires. Il
y a aussi des fermetures définitives. Donc, la pénurie de places, elle
va s'accentuer. Elle existait déjà et elle va s'accentuer. Il y a d'autres solutions. J'en ai soumis quelques-unes déjà. Une
autre qu'on pourrait envisager, c'est, peut-être dans les régions où tout
est sous contrôle en ce moment... pas
nécessairement toutes les régions, mais il y a certaines régions où le nombre
de cas est extrêmement faible et où il n'y a pas eu de nouveaux cas
depuis plusieurs jours. Est-ce qu'on pourrait envisager d'augmenter plus rapidement la capacité en milieu de garde dans les
quelques régions où la situation est bien sous contrôle en ce moment, pour réduire la pénurie?
La Présidente (Mme Chassé) : M. le
ministre.
M.
Lacombe : Merci, Mme la Présidente. C'est une bonne question. Est-ce
qu'on pourrait, donc, augmenter ce
taux d'occupation permis dans les régions où ça va bien? Ultimement, ce n'est
pas moi qui prendrai cette décision-là. Ça pourrait être la Santé publique, si elle le juge à propos, mais c'est
assurément quelque chose qu'on peut porter à son attention. On est déjà en train de réfléchir,
devant la forte demande à certains endroits et considérant que ça va bien dans
plusieurs endroits au Québec, à comment on peut répondre à cette demande-là.
Donc, oui, ça fait partie des questions qu'on peut
se poser, mais c'est vraiment la Santé publique qui va prendre la décision
finale. Ce n'est pas une décision qui est politique. C'est une décision
qui est prise par la Direction de la santé publique.
La Présidente (Mme Chassé) : Il
reste 40 secondes au bloc d'échange, Mme la députée.
Mme
Labrie : Très brièvement, est-ce que
le ministre envisage de prolonger l'ouverture des services de garde d'urgence dans les régions où la situation n'est pas du tout
sous contrôle, je pense en particulier à la région de Montréal, pour
s'assurer que tous les travailleurs des services
essentiels continuent d'avoir accès à
une place tant que la situation
n'est pas sous contrôle dans le milieu de la santé?
La Présidente (Mme Chassé) : M. le
ministre.
M.
Lacombe : Merci, Mme la Présidente. Vous avez entendu le premier
ministre, comme moi, en conférence
de presse hier, si ma mémoire est bonne — on
perd un peu le fil du temps — dire
qu'on suit la situation de près. Si la Santé publique a des doutes sur la réouverture des écoles ou des
garderies, on pourra toujours reporter. La santé, c'est la priorité.
La
Présidente (Mme Chassé) :
Merci, M. le ministre. Merci, Mme
la députée de Sherbrooke.
Ceci termine le bloc d'échange
avec le deuxième groupe d'opposition. Nous allons maintenant commencer le
premier bloc d'intervention du troisième
groupe d'opposition. Mme la députée de Joliette, vous disposez de 14 min 28 s également
pour votre premier échange avec le ministre.
Mme
Hivon : Oui, merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, bonjour, M. le ministre. Bonjour à tous les
collègues. Je suis très heureuse que nous ayons cette occasion d'échanger. Et,
si je me fie au nombre de commentaires que
j'ai reçus hier en faisant un appel aux questionnements et aux questions
des gens qui pouvaient en avoir pour vous, M. le ministre, il y a beaucoup
d'intérêt. Et je suis certaine qu'en ce moment il y a beaucoup d'éducatrices, beaucoup de parents et beaucoup
de responsables de services de garde qui nous suivent attentivement.
Alors, bien, d'abord, je voulais commencer avec,
évidemment, cette fameuse question des frais chargés aux parents qui
n'enverront pas leurs enfants en service de garde. Vous avez expliqué tout à
l'heure à ma collègue, mais, surtout, vous avez déclaré publiquement lors de la
conférence de presse, de manière limpide, que ces places seraient préservées jusqu'au 1er septembre et qu'il n'y aurait
pas de frais. Vous l'avez répété en entrevue. Donc, pendant cinq, six jours, c'est l'information qui a
circulé, de lundi à vendredi soir dernier. Je ne pense pas qu'on peut qualifier
ça d'erreur, sauf votre respect. Je pense que, de toute
évidence, c'est un changement de cap, parce qu'il n'est pas envisageable
que le premier responsable d'un ministère,
le ministre, qui est imputable, qui est le premier responsable, ait pu
communiquer une information sans que
personne de son ministère, jour après jour, ne lui dise que cette
information-là n'était pas exacte.
Alors, moi,
ce qui me préoccupe beaucoup, c'est pourquoi ce changement de cap. Et, si le
ministre l'a déclaré publiquement,
c'est sans doute parce qu'il estimait que c'était une bonne mesure pour les
parents et pour les services de garde.
Alors, pourquoi, soudainement, cette mesure-là n'est pas bonne? Et surtout je
pense que la chose honorable à faire dans
les circonstances, ce serait d'honorer la parole qui a été donnée et qui a été
diffusée pendant cinq jours et de dire à tout le monde que, oui, ça va
s'appliquer sans frais jusqu'au 1er septembre.
• (10 h 10) •
La Présidente (Mme Chassé) :
Merci, Mme la députée de Joliette. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Lacombe :
Merci, Mme la Présidente. Non, ce n'est pas un changement de cap, c'est une
erreur. Quoi qu'en dise ou quoi qu'en
pense la députée de Joliette, je vous l'ai dit, je vous le répète, c'est une
erreur. Je peux vous le répéter 10 autres
fois, en anglais ou en espagnol, si vous le souhaitez : C'est une erreur.
D'ailleurs, la preuve que ce n'est pas un changement de cap, c'est que
la documentation qui a été envoyée à l'ensemble du réseau contenait, elle, la
bonne information. Donc, on n'est pas dans la théorie du complot. On est dans
l'erreur de bonne foi.
Puis, vous
savez, Mme la Présidente, je veux le rappeler à la députée de Joliette, nos
équipes actuellement font un travail extraordinaire. On est en train de
courir un sprint sur la longueur d'un marathon. Nos équipes travaillent
15 heures par jour, quittent le bureau à minuit, sept jours par semaine
souvent, les horaires de travail, pour être capables
de passer à travers tout ça. Ça nous arrive d'en échapper. Malheureusement,
c'est le ministre qui l'a échappé, lorsque
j'ai fait l'annonce lundi dernier. Je me suis excusé et j'ai admis que c'était
mon erreur. Maintenant, qu'est-ce que vous voulez que je fasse? On l'a
récupéré. On l'a expliqué. On a dit : On a déjà payé 75 millions de
dollars en contributions parentales pour donner une pause aux parents. Les
parents devront recommencer à payer. La bonne information, c'est qu'ils devront
recommencer à payer à compter du retour à la normale, à la fin du printemps ou
au début de l'été.
Puis, si vous
regardez notre parcours depuis le début, là, je pense qu'au ministère de la
Famille on a une bonne relation avec
les partenaires. On ne l'a pas échappé depuis le début de la crise. Ça nous est
arrivé une fois. Je pense que les Québécois vont comprendre ça.
La Présidente (Mme Chassé) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Oui. Alors, moi, je fais simplement
la demande. Je réitère la demande au ministre d'honorer la parole qu'il a donnée, dans un premier temps, de faire
toutes les démarches auprès du Conseil du trésor, si ça n'avait pas été attaché
auparavant, pour que cette mesure-là, qui,
de toute évidence, lui semblait bonne puisqu'il l'a annoncée et il l'a répétée,
puisse être maintenue.
Maintenant, je voudrais évidemment parler de
tous les enjeux reliés au faible nombre de places qui vont être disponibles. D'ailleurs, ce matin, on
apprend du principal groupe qui représente les éducatrices en service de garde en milieu familial qu'on
prévoit 3 900 services de
garde en milieu familial qui ne
pourront pas ouvrir la semaine prochaine, notamment et majoritairement
pour des raisons de santé, de vulnérabilité de personnes qui sont en haut de
60 ans, tel que recommandé par
la Santé publique. On apprend que, donc, en plus de toutes les places qui sont
mises de côté à cause des ratios qui doivent être beaucoup plus petits,
ce serait 20 000 places.
Donc, il y a
énormément de congestion. J'imagine que vous êtes inondé de messages de parents
inquiets comme moi à tous les jours
depuis la semaine dernière. Mais ce qui est extrêmement préoccupant, c'est
des messages comme celui que j'ai
reçu de Mme Beausoleil, qui est une infirmière à l'hôpital de Joliette
et qui n'est pas en mesure d'avoir une place à partir de lundi prochain,
même chose pour une de ses collègues dans la même unité, parce que leur service
de garde habituel, dans lequel elles doivent retourner à partir de lundi
prochain, soit ne rouvre pas ou soit a déjà toutes ses places comblées. J'ai entendu, hier encore et tous les jours qui ont
précédé, le premier ministre dire à quel point c'était fondamental
d'avoir tous nos travailleurs possibles de la santé au poste. Cette personne-là
m'écrit : «Je travaille en première
ligne à l'hôpital, maman soloparentale de trois enfants en garderie. Je n'ai
pas de place à partir du 11 mai. Je devrai rester à la maison sans salaire ou avec la PCU, à voir. Je lutte auprès de mes collègues à tous les
jours et je suis désolée et triste de ne pas pouvoir continuer à
travailler.»
Ces cas-là,
ça n'a aucun sens, M. le ministre. À chaque jour, on se bat pour avoir plus de
travailleuses de la santé. Est-ce que
vous pouvez donc garantir à toutes les infirmières, auxiliaires, préposées,
travailleuses de la santé qu'elles vont avoir une place la semaine
prochaine?
La Présidente (Mme Chassé) : Merci,
Mme la députée de Joliette. M. le ministre, la parole est à vous.
M.
Lacombe : Merci, Mme la
Présidente. Je vais tenter de faire ça vite. Deux choses dans la question de la
députée de Joliette.
Il y a des
éducatrices en milieu familial qui ne pourront pas ouvrir lundi prochain, peu
importe combien d'argent on va mettre
sur la table, parce qu'elles se disent : J'ai un problème de santé ou je
suis âgée de 70 ans, par exemple. Bon, c'est peu commun, mais je ne souhaite pas ouvrir parce que je me
considère comme vulnérable. Donc, ces places-là, que le gouvernement arrose le réseau à coups de
millions de dollars, elles n'ouvriront pas quand même parce qu'il y a un enjeu
de santé pour la responsable de service de garde en milieu familial, qui va décider
de ne pas ouvrir.
Ensuite, il y
a tous les enjeux pour les autres qui vont ouvrir leurs services, comment on
les rémunère. Moi, je tiens quand
même à dire que, depuis le début, on leur a versé la pleine rémunération. On a
même compensé les contributions parentales
pour elles. On va continuer de leur verser leur pleine subvention, par exemple,
si elles attrapent la COVID, si leur milieu est fermé. On va leur verser
aussi, même s'ils accueillent seulement la moitié des enfants, comme nous le
recommande la Santé publique. Donc, on va leur verser quand même la pleine
subvention.
Donc, on est
là pour elles, là, je veux le dire. On a mis l'argent disponible sur la table
pour nous assurer que ça se passe
bien. Il y en a qui ne pourront pas ouvrir, mais ça, on n'y peut rien, c'est
leur état de santé puis c'est leur condition de vulnérabilité, puis la santé, c'est la priorité. Donc, ces
milieux-là, qu'on fasse ce qu'on veut, ne pourront pas ouvrir, et c'est
bien correct. C'est une question de santé.
Mais là,
après, la deuxième partie, c'est : Qu'est-ce qu'on fait? La députée de
Joliette pose une bonne question. Il y a des milieux qui vont fermer. Il va
falloir conjuguer avec ça. Il va falloir essayer de trouver des solutions.
En même temps, on ne fera pas de miracle. Je
le répète, ça ne sera pas parfait. Des places, on ne peut pas en inventer en
claquant des doigts. Quand il y a des
milieux qui ferment, ça veut dire qu'il y a des parents qui perdent les places
pour leurs enfants. Donc, on peut être créatifs. On va tenter de l'être.
Et, sur le
point précis, l'exemple précis que soulève la députée de Joliette, je vous
avoue que ça me surprend. Donc, je l'invite à communiquer avec moi. Elle a mes
coordonnées pour m'envoyer ça. Puis je pourrai faire le suivi approprié.
Parce que, s'il y a bien une chose, une
seule chose qu'on veut prioriser, c'est que les travailleurs du réseau de la
santé, je parle des travailleurs du réseau de la santé précisément,
bien, puissent aller travailler la tête tranquille. Donc, s'ils ont perdu leur place en raison de la fermeture
d'un milieu familial, qu'ils communiquent avec nous. On est en train de préparer une solution de rechange pour elles,
qu'on ne publicisera peut-être pas de façon importante parce qu'on veut
vraiment conserver cette solution-là pour les travailleurs du réseau de la
santé.
La Présidente (Mme Chassé) : Merci,
M. le ministre. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon : Alors, bien,
je pense que le ministre peut comprendre pourquoi c'est un cas qui peut tout à
fait arriver, comme c'est le cas pour plusieurs travailleuses dans ma
circonscription. C'est qu'en ce moment elles avaient accès à des services de garde d'urgence. À partir de lundi prochain, et
pour Montréal et les environs, le 18, tout le monde doit retourner dans
son service de garde habituel, y compris les travailleuses du réseau de la
santé et les travailleuses essentielles. Et donc ça veut dire que, si leur
service habituel ne rouvre pas parce qu'on est dans le cas des 3 900,
notamment, milieux familiaux qui ne rouvriront pas, bien, elles n'ont pas de
place.
Alors, je veux bien comprendre. À la suite de ma
question, je demande au ministre : Est-ce qu'il garantit à toutes les travailleuses du réseau de la santé,
dont on a tellement besoin en ce moment, une place en service de garde à partir
de lundi prochain et de la semaine suivante pour la région de Montréal?
La Présidente (Mme Chassé) : Merci,
Mme la députée. M. le ministre.
M.
Lacombe : Merci, Mme la Présidente. On va faire tout ce qu'on peut, au
ministère de la Famille. Je ferai tout ce que je peux, comme ministre de
la Famille, pour qu'on puisse trouver une place à tous les enfants des parents
qui travaillent dans le réseau de la santé. C'est ce que je peux vous dire aujourd'hui.
En même temps, je veux quand même amener une précision au sujet du chiffre que nous
partage la députée de Joliette, 3 900 milieux
familiaux qui pourraient ne pas rouvrir. Je veux quand même nous dire, là,
d'être prudents avec ce chiffre-là.
Ce n'est pas un chiffre officiel. C'est une approximation. C'est une estimation
qui a été extrapolée à partir de données qui ont été recueillies par un
syndicat. Donc, ce n'est pas du tout des données gouvernementales. Je vous dirais que ce n'est pas des données non plus qui
sont fiables à 100 %, là, de la part du syndicat, qui n'est pas de
mauvaise foi, qui ne veut pas induire les gens en erreur, mais qui fait
des extrapolations.
Donc, je
pense que l'idée, là, c'est de ne pas faire paniquer les parents et de leur
dire : Si vous avez un enjeu parce que votre milieu ferme, téléphonez à La Place 0-5. Ça ne sera pas parfait.
Ça ne veut pas dire que vous allez avoir une place demain matin. Mais on est capables, dans certains milieux comme
les garderies non subventionnées, de trouver de la place. Puis on serait capables peut-être de
réaménager certaines choses. Donc, on va être créatifs. C'est ce qu'on peut
faire. Et j'ai envie de vous dire,
là, que la seule chose qu'on peut faire, c'est de faire de notre mieux, et
c'est ce qu'on va faire pour les prochaines semaines et les prochains
mois.
La Présidente (Mme Chassé) : Merci,
M. le ministre. Mme la députée de Joliette, allez-y.
• (10 h 20) •
Mme
Hivon :
M. le ministre, j'entends toute votre bonne foi. Je vous demande
formellement... Je vous demande de
prendre l'engagement formel qu'il n'y a pas une travailleuse du réseau de la
santé qui va arrêter de prêter main-forte au moment où on a le plus
besoin d'elle parce qu'elle n'aura pas de place en service de garde la semaine
prochaine. Je vous demande un engagement
formel à cet égard-là. Je pense que, s'il y en a un qui doit être pris, c'est
celui-là. Quand on entend les cris,
répétés, du coeur du premier ministre et de toute l'équipe gouvernementale à
chaque jour pour avoir plus de monde,
ça serait un non-sens complètement hallucinant de ne pas garantir des places
comme on l'a fait depuis le début de la crise avec les services de garde
d'urgence. Donc, j'espère entendre cet engagement-là d'ici la fin de la
commission, un engagement formel.
Je
veux poursuivre parce que je veux lui noter justement sur cet enjeu-là
que, dans le formulaire, donc, la directive, le bulletin d'information
de son propre ministère, il dit qu'il pourrait y avoir une flexibilité dans
certains services de garde qui ont accueilli des travailleuses de services essentiels comme celles
de la santé qui n'avaient pas de place avant la crise pour pouvoir continuer à
les accommoder. Mais il n'y a absolument aucune mention pour celles qui avaient
une place, mais dont la place va disparaître
soit parce que le service de garde n'ouvre pas ou parce que le ratio est déjà
complet. Donc, pour moi, c'est une
incohérence. Et, je le répète, je pense que c'est un engagement, c'est une
garantie qui doit être donnée aux
travailleuses de la santé. C'est pour elles et c'est aussi pour tout notre
réseau de la santé et des CHSLD que c'est essentiel.
Je veux
aborder... parce qu'il nous dit qu'il faut mettre peut-être un bémol sur les
chiffres avancés aujourd'hui, de 3 900 services de garde en
milieu familial qui ne rouvriraient pas, 20 000 places et, ce que
j'ai lu également, 6 000 éducatrices, soit en milieu familial soit
dans les CPE, qui, pour des raisons de santé, de vulnérabilité ou d'âge, ne pourront pas retourner, comme c'est d'ailleurs
recommandé, je le souligne, par la Santé publique... Donc, s'il ne croit
pas à ces chiffres, peut-il nous dire quels
sont ses chiffres à lui? Combien de services de garde ne rouvriront pas à
partir de lundi prochain? Combien de places? Et combien d'éducatrices ne
retourneront...
La Présidente (Mme Chassé) : M. le
ministre, il vous reste un peu plus de 30 secondes au bloc d'échange.
M.
Lacombe : Merci, Mme la Présidente. Je ne remets pas en doute ces
chiffres-là. Je sais que le syndicat n'est pas de mauvaise foi. J'ai une bonne collaboration avec la FIPEQ-CSQ. Ce que
je vous dis, c'est qu'il faut quand même être prudent, ce sont des extrapolations. Et, je répète à la députée de
Joliette, pour le début de sa question, je vais faire tout ce qu'il est
possible de faire, tout ce que je peux faire pour que les travailleurs du réseau
de la santé trouvent une place pour leurs
enfants. Mais on va avoir besoin de la compréhension de tout le monde et de
l'aide de tout le monde, notamment
l'aide de ma collègue la députée de Joliette, qui pourrait faire comme ma
collègue députée de Sherbrooke et nous aider avec des pistes de
solution.
La Présidente (Mme Chassé) : C'est
ce qui termine le bloc d'échange. Merci, M. le ministre.
Mme
Hivon : C'est ce
que je fais en ce moment.
La
Présidente (Mme Chassé) : C'est ce qui termine le bloc d'échange, le
premier bloc d'échange avec la troisième opposition. Et nous allons maintenant commencer le bloc d'intervention
avec M. le député de Chomedey. Vous disposez, M. le député, de
4 min 16 s pour votre échange avec le ministre. Allez-y.
M.
Ouellette : Merci, Mme la
Présidente. À mon tour de saluer le ministre, saluer les collègues qui sont ici
avec nous ce matin. Vous savez,
quatre minutes, Mme la Présidente, c'est un temps qui est très, très, très
précieux. On n'est pas habitués à avoir autant de temps.
Je veux
revenir sur les mesures alternatives qui vont être proposées aux parents. M. le
ministre a mentionné tantôt que ceux
qui n'auront pas de place lorsque ça va ouvrir, à partir du 11, du 18, ou
d'autres dates qui sont décidées par la Santé publique, d'essayer de
faire garder les enfants si on connaît quelqu'un. J'ai posé la question au
ministre du Travail la semaine dernière.
Est-ce que ce quelqu'un-là, M. le ministre, ça pourrait être les
grands-parents, ça pourrait être les
voisins? Est-ce que ça pourrait être des étudiants, de la famille élargie? Je
veux savoir quelle est votre position sur
le quelqu'un qui pourrait garder les enfants qui n'auront pas accès à une place
en garderie dès la semaine prochaine.
La Présidente (Mme Chassé) : Merci,
M. le député de Chomedey. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Lacombe : Merci, Mme la
Présidente. Je vais répondre rapidement pour laisser du temps au député de Chomedey pour d'autres questions. On peut faire
appel à un proche. On peut faire
appel à un étudiant, par exemple, du secondaire
qui aurait du temps, même si il a des travaux à faire à la maison. On peut
essayer de trouver quelqu'un dans notre entourage. C'est sûr qu'on invite tout
le monde à respecter les règles de distanciation sociale, mais on encourage
aussi la garde à domicile. C'est possible.
La Présidente (Mme Chassé) : Merci. M.
le député.
M. Ouellette : Merci, Mme la
Présidente. Pour avoir fait un peu le tour, et je pense que mes collègues de Westmount—Saint-Louis, Sherbrooke et Joliette en ont parlé, on risque d'avoir dans les
prochaines semaines une pénurie d'éducatrices,
et on l'a vu avec les préposés aux
bénéficiaires. Quel est le plan du ministre
pour pallier à cette pénurie d'éducatrices?
Est-ce qu'on va devoir... Est-ce qu'on va voir le premier ministre requérir le support des Québécois sur le
site Je contribue pour pouvoir avoir des bénévoles, ou avoir des éducatrices,
ou avoir des gens qui pourront remplacer à pied levé les éducatrices qui
ne se présenteront pas au travail?
La Présidente (Mme Chassé) : M. le
ministre.
M.
Lacombe : Merci, Mme la Présidente. Il y a plusieurs pistes de solution qui sont étudiées actuellement. On
a, par exemple, la solution de
réaménager la façon dont on travaille. Donc, il y a du personnel qui peut être
réaffecté. Il y a du personnel qui a un horaire de quatre jours, qui voudrait peut-être
avoir un horaire de cinq jours. On a du personnel à temps partiel qui
pourrait faire du temps plein. On a aussi la possibilité d'embaucher du
personnel pour faire du remplacement, donc
de faire appel, par exemple, aux étudiantes de première, deuxième, troisième
année de techniques d'éducation à l'enfance, mais aussi de certaines
techniques apparentées, dans les circonstances exceptionnelles qu'on connaît, comme éducation spécialisée, travail
social, par exemple, les étudiantes de l'attestation d'études collégiales,
aussi, en éducation à l'enfance. Donc, il y a beaucoup de possibilités.
Je vous
dirais qu'évidemment tout ça dépend aussi du nombre d'éducatrices qui
vont décider de se retirer. Il y a une
part de prévisibilité, mais il y a aussi une grande part d'imprévisibilité.
Donc, nous, on va s'adapter, comme on le fait depuis le début. Et, vous
avez vu, ça a donné des résultats. On a été capables de maintenir nos services
de garde d'urgence. Somme toute, ça a bien fonctionné.
La Présidente (Mme Chassé) : Il
reste 30 secondes au bloc d'échange, M. le député de Chomedey.
M.
Ouellette : Mme la Présidente, il va y avoir des normes sanitaires qui vont être imposées aux
garderies. Je veux savoir de la part
du ministre : Est-ce qu'il y aura un guide et est-ce qu'il y aura une façon
de savoir que ces normes sanitaires là vont être respectées au niveau
des garderies?
La Présidente (Mme Chassé) : En
10 secondes, M. le ministre.
M. Lacombe : Oui, merci beaucoup, Mme
la Présidente. Oui, effectivement, il y a des guides qui existent, notamment un
guide de l'INSPQ, un autre de la CNESST. Évidemment, on continue nos
inspections aussi.
La
Présidente (Mme Chassé) :
Merci, M. le ministre. Ça conclut le bloc d'échange avec le député de Chomedey. Et
nous revenons au deuxième bloc d'échange avec l'opposition officielle. M. le député de Pontiac, la parole est à vous pour votre échange
avec le ministre.
M. Fortin :
Merci, Mme la Présidente. Bonjour à vous. Bonjour, M. le ministre.
D'entrée de jeu, là, je le dis, le réseau des services de garde... Et je reconnais
votre expertise à tous, collègues, qui connaissez ce réseau dans son fin
détail beaucoup mieux que moi. Cependant, comme parent, là, je le vois au quotidien, je parle aux éducatrices dans mon
secteur, le vôtre aussi, M. le
ministre, on entend leurs
préoccupations. J'entends les parents qui se posent beaucoup
de questions depuis l'annonce du plan de déconfinement. Alors, comme parents,
là, on a quand même beaucoup de questions à vous poser. Et, si vous le
permettez, je vais commencer tout de suite.
Parlons un
peu des équipements de protection, si vous voulez, parce que ça, c'est quelque
chose qui est nouveau. C'est quelque
chose qui n'est pas dans les habitudes régulières du ministère de la Famille ou des services de garde. Si j'ai bien compris, vous exigez que les éducatrices
portent un masque, une protection oculaire, donc une visière, et des
gants. Et c'est le ministère de la Famille qui doit envoyer tout ça aux services
de garde. C'est bien ça?
M. Lacombe : Oui. La façon dont...
La Présidente (Mme Chassé) : M. le
ministre, oui.
M. Lacombe : Merci, Mme la
Présidente. Je dois attendre votre «cue», comme on dit en télé, je pense, hein?
La
Présidente (Mme Chassé) :
Bien, je pense que vous vous y connaissez mieux que moi, là, ça donne le temps
pour qu'on puisse vous voir apparaître. Merci.
M. Lacombe : D'accord. Super.
Désolé. Donc, le député de Pontiac nous demande : Est-ce qu'on va fournir
l'équipement de protection individuel? La réponse, c'est oui. Donc, on est en
train, là, de finaliser les livraisons. J'ai eu
l'occasion déjà de le dire à l'ensemble des partenaires. On va livrer cet
équipement-là. D'ailleurs, on travaille avec le réseau, là, actuellement, pour les points de chute. Mais effectivement, donc, on parle de protection oculaire, donc on pourrait dire un masque ou une visière, par exemple. On parle de, je veux dire, lunettes ou visière. On parle d'un masque
aussi. Donc, on est en train de préparer toute cette livraison-là. Il y aura
des points de chute, là, qui seront identifiés.
M. Fortin :
Très bien. Mais on est...
La
Présidente (Mme Chassé) :
Merci. M. le député. Ah! M.
le député, donnez-moi le moment de
pouvoir faire la liaison entre les deux. Merci. Allez-y.
M.
Fortin : Bien sûr, Mme la Présidente. Mais on est mercredi, si je ne m'abuse, là, M. le ministre, on est mercredi. On perd le
fil des jours, mais on est mercredi ce matin. Dans votre région, dans la
mienne, les services de garde doivent ouvrir
lundi. Alors, il nous reste trois jours ouvrables. Qu'est-ce qui arrive s'ils
n'ont pas l'équipement de protection à temps? Ça peut prendre plus de
temps envoyer cet équipement-là à Fort-Coulonge, à Maniwaki, en Gaspésie que peut-être
dans la basse-ville de Québec. Alors, qu'est-ce qui arrive s'ils n'ont pas
l'équipement à temps? Est-ce qu'ils doivent ouvrir lundi matin quand
même?
La Présidente (Mme
Chassé) : M. le ministre.
• (10 h 30) •
M.
Lacombe : Merci, Mme la Présidente. D'abord, deux choses. On
entend des gens qui nous disent : Comment ça se fait que les CPE, les garderies n'ont pas déjà l'équipement? J'ai envie
de répondre à ces gens-là : C'est un peu comme si vous avez le chemin Montréal-Gatineau à faire,
ça prend deux heures, 2 h 30 min, peut-être, tout
dépendant où vous allez, et
qu'après une heure quelqu'un vous dit : Bien, voyons, comment ça, tu n'es
pas déjà rendu? Bien, parce que ça nous prend un temps, là, quand même,
pour le faire. Puis on vous dit : On va arriver à destination, on va
arriver à Gatineau dans l'image que je vous donne, mais il faut évidemment
prendre le temps, parce qu'on aura beau rouler à 150 kilomètres-heure... et ce n'est pas recommandé, surtout pas sur
l'autoroute 50, mais on va y arriver. Donc, ça, c'est la première
chose.
Ensuite, j'ai
donné ma parole aux syndicats hier qu'on ne fera pas de compromis sur la santé
et la sécurité. Donc, si l'équipement
n'est pas livré, on pourra, à ce moment-là, prendre les mesures en conséquence,
mais on ne fera pas de compromis sur la santé, ça, c'est sûr.
La Présidente (Mme Chassé) : Merci.
Oui, M. le député, allez-y.
M.
Fortin : Très bien. Ça veut
dire quoi, «prendre les mesures en conséquence»? Est-ce que ça veut dire que
les services de garde ne pourront pas ouvrir lundi s'ils n'ont pas
l'équipement nécessaire?
La Présidente (Mme Chassé) : M. le
ministre.
M.
Lacombe : Merci, Mme la Présidente. Ce que je vous dis bien
clairement, et je ne pouvais pas être plus clair que ça hier avec les syndicats, c'est que, l'équipement, tout m'indique
qu'il sera livré à temps. Je n'ai pas de crainte. Il n'y a rien qui
m'indique que ça ne sera pas le cas. Il faut juste laisser le temps à
l'équipement d'arriver, simplement.
Et, si
jamais, et je ne pense pas que ça soit le cas, mais si jamais, parce
que c'est ce que me demande le député de Pontiac, l'équipement n'était
pas livré pour une raison hors de notre contrôle, bien, on prendra les
décisions qui s'imposent à ce moment-là.
Est-ce que ça veut dire prendre des mesures exceptionnelles pour être capable
de leur fournir d'une autre façon?
Est-ce que ça veut dire envoyer un autre CPE en renfort pour aller livrer du
matériel personnellement à quelqu'un
qui ne l'aurait pas reçu? Est-ce que ça veut dire retarder l'ouverture? On
verra à ce moment-là, mais on ne fera pas de compromis sur la santé du
personnel et des enfants, bien sûr. C'est une évidence.
La Présidente (Mme Chassé) : Merci,
M. le ministre. Oui, M. le député de Pontiac, allez-y.
M. Fortin :
O.K., très bien. Merci, Mme la Présidente. Vous le savez, M. le ministre, là,
et ça a été publicisé énormément au cours
des dernières semaines, il y a des employés et des bénévoles en
CHSLD, surtout des bénévoles, qui se sont présentés, qui ont eu l'équipement nécessaire, dont ils avaient
besoin, mais ils n'ont pas nécessairement eu une formation sur comment
utiliser cet équipement-là.
Est-ce que
vous avez prévu une formation pour les employés en service de garde sur comment
mettre des gants, à quel moment ils doivent les avoir? Est-ce que c'est
prévu par votre ministère?
La Présidente (Mme Chassé) : Merci.
Oui, M. le ministre.
M.
Lacombe : Merci, Mme la Présidente. Donc, on me dit que, dans le guide
de la CNESST qui a été produit, il y
a toutes les indications sur la façon dont on doit procéder avec l'équipement
de protection individuelle, comme on l'appelle.
La Présidente (Mme Chassé) : Merci.
Oui, M. le député, allez-y.
M.
Fortin : Très bien. En fait,
le ministre m'ouvre une porte, parce que j'ai passé en revue le document de la
CNESST et le document de l'INSPQ, là, je crois, auquel il vient de faire
référence il y a quelques instants, et
il y a quelques choses
qui, effectivement, sont dans le document, mais il y a
quelques items qui manquent dans ces documents-là également.
Alors,
j'aimerais amener le ministre, disons, sur le terrain d'un service de garde, là. Lui et moi ensemble, on va aller faire une visite, disons,
dans un service de garde. Et qu'est-ce qui se passe, parce que je n'ai pas
trouvé cette information-là dans les documents, qu'est-ce qui se
passe s'il y a éclosion, donc, s'il y a un petit
garçon, une petite fille dans une
installation qui, disons, est infecté du virus, qui reçoit un test positif, ou
une éducatrice, ou une propriétaire
de service de garde qui est infectée par le virus?
On a vu au
cours des dernières semaines, M. le ministre, des situations très différentes
ou des façons de traiter la situation très différentes d'un service de garde à
l'autre. Si je ne m'abuse, un CPE, à Montréal-Nord, où il y a eu une infection a fermé ses portes immédiatement, a
fermé ses portes pendant 14 jours, a fait tout le désinfectage nécessaire.
Et un autre service de garde pas bien, bien
plus loin, qui était lié avec un CHSLD, a maintenu ses opérations, a maintenu
le service de service de garde, n'a pas
informé immédiatement les parents, même si une éducatrice avait été infectée
par la COVID.
Alors, est-ce
qu'il y a une directive très claire de votre part, M. le ministre, de la part
de votre ministère, pour savoir qu'est-ce qu'on fait en cas d'éclosion?
La Présidente
(Mme Chassé) : Oui, merci. Oui, M. le ministre, la parole est à
vous.
M. Lacombe : Merci, Mme la
Présidente. D'abord, je déconseille au député de Pontiac d'aller faire une
visite dans les garderies ou les CPE. On y va juste si on est obligé. Je sais
qu'il disait ça à la blague.
Ensuite, le
guide de la CNESST, le document de l'INSPQ, évidemment ça n'a pas été rédigé
par le ministère de la Famille. Donc, ce sont des professionnels qui
connaissent bien mieux ce domaine-là que moi qui les ont rédigés. Ensuite, pour la question du protocole, qu'est-ce
qu'on fait quand il y a des cas, c'est du cas par cas. Donc, la consigne
claire... Parce que le député de Pontiac me
demande, Mme la Présidente, est-ce qu'il y a une directive claire, oui, il y en
a une. La directive très claire,
c'est de contacter la direction régionale de santé publique de la région où
vous vous trouvez.
Ce que la Santé publique nous dit, c'est que
chaque cas est différent, et donc chaque cas doit être traité différemment.
Vous savez, si on avait une solution «one-size-fits-all», comme on dit en
anglais, donc si c'était du mur-à-mur
partout au Québec, on se ferait probablement dire : Bien, vous savez,
chaque cas est différent, on doit traiter chaque cas à sa face même
parce qu'il y a des particularités qui peuvent différer d'un cas à l'autre.
Maintenant,
c'est ce qu'on fait, c'est ce que la Santé publique nous demande de faire. Dans
chaque cas, le CPE, ou la garderie,
ou le milieu familial appelle la direction régionale de la santé publique, qui
prend en charge la situation et qui
va vraiment faire du sur-mesure. Puisque chaque cas est différent, ça ne
nécessite pas les mêmes mesures, ça ne nécessite
pas la même réponse. Et, vous savez, Mme la Présidente, moi, je ne suis pas un
expert de santé publique. Je ne m'improviserai
pas expert de santé publique ce
matin. Donc, nous, on suit vraiment les recommandations de la Direction générale de la santé
publique.
La Présidente (Mme Chassé) : Merci.
Oui, M. le député de Pontiac.
M.
Fortin : Oui, merci. Je
comprends que le ministre n'est pas un expert en santé publique, mais en même temps, en même temps, il a une responsabilité
qui est immense dans ce cas-ci, la responsabilité de la protection des enfants,
la responsabilité de la protection des éducateurs, des éducatrices
en service de garde. J'imagine que, lorsqu'on lui a dit :
Ce sera du cas par cas, il a quand même
posé la question. Il me semble que c'est la moindre des choses de
poser la question, à savoir : O.K., mais quels sont les
critères? À partir de quand on dit : C'est fermé? Comment on informe les
parents? Alors, c'est beau, le service de garde peut bel et bien appeler la direction de la santé publique, mais est-ce qu'il n'y a pas une certaine mesure de prudence qui devrait s'imposer,
c'est-à-dire de fermer la garderie pendant un certain temps, d'informer les parents immédiatement? Est-ce qu'il n'y a pas des
mesures de base comme celles-là, là, qui peuvent et doivent être prises? Est-ce que vous n'avez pas
demandé à la Santé publique, pour protéger les enfants, les éducatrices,
de procéder avec de telles mesures?
La Présidente (Mme Chassé) : M. le
ministre.
M. Lacombe : Merci, Mme la
Présidente. D'abord, la santé des enfants, des éducatrices et de l'ensemble du
personnel, parce qu'il n'y a pas juste des éducatrices dans nos CPE, nos
garderies, évidemment que c'est une préoccupation
pour moi. Ma propre famille travaille dans ces installations. Mon propre enfant
y va. Donc, évidemment, quand je
prends des décisions et quand on gère tout ça, ça ne se fait pas de... Pour
moi, quand je prends une décision, elle n'est pas déshumanisée, là, elle n'est pas théorique. Elle est très
pratique, parce que je sais que ça a un impact réel sur le monde, sur le
terrain et sur les enfants.
Maintenant,
j'ai envie de faire une autre comparaison. Je dirais au député de Pontiac :
C'est un peu comme essayer de prédire
tous les tenants et aboutissants d'une enquête policière, par exemple. Le
policier, l'enquêteur, quand il a à faire son enquête, eh bien, il prend les variables qui sont là, il fait son
enquête, il arrive à des conclusions. C'est un peu la même chose. On ne peut pas demander à la Santé
publique, c'est ce qu'elle nous dit, de faire la même chose partout,
parce qu'elle doit faire une enquête lorsqu'il y a un cas et déterminer
qu'est-ce qu'elle doit faire ensuite, qu'est-ce qu'elle doit prendre comme
mesures.
Donc, nous,
on fait confiance à la Santé publique, qui nous dit : Laissez-nous faire
du cas par cas. Puis effectivement, parfois, ça culmine par la fermeture
d'une installation ou par la mise en isolement de certaines personnes. Vous
savez, moi, j'ai eu beaucoup de discussions avec eux, puis les réponses que
j'ai eues m'ont satisfait.
La Présidente (Mme Chassé) : Merci.
Oui, M. le député.
M.
Fortin : Très bien. Je vais
reprendre peut-être certaines des questions qui ont déjà été abordées, mais je
vous dirais que certaines des
réponses du ministre nous ont peut-être laissés sur notre appétit, alors il y a
peut-être lieu d'avoir certaines précisions.
Je veux
revenir sur la question des ratios qui a été abordée un peu plus tôt. J'ai
consulté le tableau que vous avez mis
de l'avant, celui que la députée de Joliette avait entre les mains un peu plus
tôt, là, où on indique les différentes dates de réouverture potentielle, les différents ratios. Et, si je comprends
bien, le ratio à partir du 11 mai, c'est un pour deux, un pour
trois et un pour cinq. Donc, pour les poupons, un pour deux; pour les un peu
plus vieux, une éducatrice pour trois enfants; et on peut aller jusqu'à un pour
cinq pour les plus vieux. Ça, c'est les documents qui nous viennent du ministère
de la Famille.
Mais, quand
je regarde l'INSPQ, on se limite à un pour quatre. Alors, ma question pour le ministre
est très simple : Est-ce qu'un service de garde peut inscrire une
éducatrice pour cinq enfants, donc cinq enfants dans un seul groupe?
La Présidente (Mme
Chassé) : M. le ministre.
M.
Lacombe : Merci, Mme la Présidente. Est-ce que c'est possible, en webdiffusion comme ça, de
suspendre ou ce n'est pas possible?
La Présidente (Mme Chassé) : De
suspendre pour... Alors, oui, absolument.
M.
Lacombe : Pour consulter mon
équipe, parce que, là, on fait référence à un tableau que je n'ai
pas sous la main. Je ne voudrais pas vous dire de fausseté.
La Présidente (Mme Chassé) : Alors,
nous suspendons. Merci.
(Suspension de la séance à 10 h 40)
(Reprise à 10 h 41)
La
Présidente (Mme Chassé) :
Alors, nous sommes de retour, oui. Merci. M. le ministre, vous désirez
répondre à la question du député de Pontiac?
M. Lacombe : Oui, merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Chassé) :
Allez-y.
M.
Lacombe : Donc, je voulais
avoir le tableau sous la main. Donc, vous avez raison, il y a
le chiffre «2», «4», «5». Donc, habituellement, une éducatrice avec des poupons a un ratio d'une éducatrice pour cinq
poupons. Là, on lui dit : Ce
sera une pour deux. Donc, on est vraiment à la baisse. Habituellement, pour, disons,
la tranche d'âge qui est dans le milieu,
les 2-3 ans, grosso modo, on est à une pour huit. Là, on va être à une
pour quatre. Puis, pour les plus vieux, les 4-5 ans, on est à une
pour 10, une éducatrice pour 10 enfants. Là, on sera à une pour cinq.
C'est une possibilité, mais ce que la Santé
publique nous demande, c'est, en moyenne, parce qu'on y va globalement par installation, d'être
à une éducatrice... de respecter un ratio d'une éducatrice pour quatre enfants. Donc, globalement,
dans l'installation, c'est ce qui est demandé.
La Présidente (Mme Chassé) :
Excellent. Merci, M. le ministre. Oui, M. le député de Pontiac.
M. Fortin :
Bien, je l'ai regardé, le document de l'INSPQ, et je dois dire, M. le ministre,
là, qu'on ne dit pas nécessairement : «En moyenne pour l'installation». On
dit qu'idéalement une éducatrice doit avoir quatre enfants.
Alors, est-ce
que vous dites que la directive du ministère, c'est qu'on peut outrepasser ou
qu'on peut aller plus loin, pas
«outrepasser» mais «aller plus loin», je veux utiliser le bon terme, aller plus
loin qu'un sur quatre, qui semble être la recommandation de l'INSPQ?
La Présidente (Mme Chassé) : M. le
ministre.
M.
Lacombe : Merci, Mme la Présidente. Je rassure le député de Pontiac,
c'est toujours la Santé publique qui va avoir le dernier mot. Donc, on
fera la vérification, parce que, là, on est dans un niveau de détail où on
compare, là, deux documents. La
compréhension que j'en ai et l'information qu'on me donne, c'est qu'on a eu
cette discussion-là avec la Santé
publique et qu'on nous demande d'avoir une moyenne d'une éducatrice pour quatre
enfants, selon les ratios plus précis qui sont nommés par le député de
Pontiac, donc tout dépendant des groupes d'âge. Je vous avoue, on fera la
vérification, mais c'est sûr que, la Santé publique, c'est vraiment celle-ci
qui va avoir le dernier mot.
M. Fortin :
Oui, je...
La Présidente (Mme Chassé) : Très
bien. Oui, M. le député, allez-y.
M.
Fortin : Merci. Je m'excuse,
Mme la Présidente. Ce n'est pas simple, je veux intervenir rapidement. Mais
ce que vous dites aux services de garde,
c'est qu'ils peuvent prendre cinq enfants pour une classe ou un groupe en ce
moment.
La Présidente (Mme Chassé) : M. le
ministre.
M.
Lacombe : Merci, Mme la Présidente. Donc, je vais vous lire ce que
nous dit l'INSPQ, c'est disponible sur le Web. Donc, on nous dit : «Pour
toutes les tranches d'âge, s'assurer d'avoir, idéalement, un ratio de :
une éducatrice pour quatre
enfants — c'est en
gras — ou moins,
légèrement modulable en fonction des groupes d'âge.» Donc, les consignes,
là, qui ont été données par le ministère respectent les recommandations de la
Santé publique. Donc, l'information qu'on a donnée, c'est la bonne.
On vérifiera une deuxième fois, mais
je dirais à tous ceux qui nous écoutent : C'est important, là, de ne pas
créer de confusion dans le réseau.
Les directives qui vous ont été données par le ministère de la Famille sont
bonnes, vous pouvez les suivre.
M.
Fortin : O.K. Parfait.
La Présidente (Mme
Chassé) : Oui, M. le député.
M. Fortin : Merci. Merci, Mme la Présidente. Je vais continuer avec les directives
de la Santé publique. Ici, dans le même document auquel le ministre
vient de faire référence, là, on indique qu'on doit, et c'est tout à fait
justifiable, privilégier la stabilité des travailleuses
avec le même groupe dans le même local, lorsque le temps de travail est partagé
entre deux travailleuses ou plus, éviter les rotations de travailleuses dans
différents locaux avec différents enfants, toujours
garder les mêmes enfants dans le même tandem éducatrice-enfants, et que
l'éducatrice devrait toujours avoir le même groupe d'enfants.
Alors, si vous le permettez, là, on fera la visite
virtuelle, si vous vous voulez, M. le ministre, là, d'une installation. Mais, moi, dans l'installation que ma fille
fréquente habituellement, c'est-à-dire une garderie où il y a 80 places,
cette garderie-là, elle ouvre à 7 heures le matin. À 7 heures le
matin, il y a une éducatrice,
deux éducatrices, peut-être trois pour accueillir
les tout-petits qui se présentent et garder les bons ratios. Et plus les
enfants se présentent, plus les éducatrices se présentent également. Et
c'est la même chose en après-midi. À partir de 15 heures, les
tout-petits commencent à quitter, les
éducatrices aussi commencent à quitter. Mais ça, ça veut dire qu'on passe les
enfants d'une éducatrice à l'autre, on passe les enfants d'un local à
l'autre.
Maintenant
que les restrictions sont beaucoup plus sévères, et avec raison, ça va prendre
plus d'employés ou les employés vont
devoir travailler plus longtemps, parce que, si la garderie, elle est ouverte
de 7 heures le matin à 6 heures le soir, et on veut s'assurer d'une stabilité d'éducatrice, bien, il va
falloir soit qu'elle travaille 11 heures, qu'elle travaille de très longs
quarts de travail, ou encore qu'on ait beaucoup plus d'éducatrices qui sont
présentes dans nos services de garde.
Est-ce que vous avez
mesuré le nombre d'éducatrices additionnelles qui sont nécessaires dans le
réseau?
La Présidente
(Mme Chassé) : M. le ministre.
M. Lacombe :
Merci, Mme la Présidente. D'abord, je veux rassurer mon collègue le député de
Pontiac qu'on fait tout le nécessaire pour que les directions d'établissement,
donc de CPE ou de garderie, aient toute l'information nécessaire pour bien faire leur travail. Donc, les
documents auxquels on fait référence, évidemment on leur a transmis, on
leur demande de bien suivre tout ça.
Ensuite, pour
l'aménagement des horaires de travail, par exemple, il faut comprendre que les
CPE et les garderies ont un droit de
gérance, c'est-à-dire que ce sont elles qui établissent leurs besoins, qui
établissent, par exemple, l'horaire
de travail des employés. Donc, je leur fais confiance. On leur demande
évidemment de suivre ces recommandations de l'INSPQ, mais il faut
comprendre que ce n'est pas le ministère de la Famille qui embauche les gens.
On
parle de, grosso modo, 3 500 installations au Québec, qui ont autant
de directrices ou de directeurs, et ce sont toutes des corporations
indépendantes. Que ce soit un CPE, donc, qui est un OBNL avec un C.A. et une
directrice générale, une garderie avec un
propriétaire, ce sont des gens, là, qui sont, dans une grande mesure, là,
libres de prendre leurs décisions. Nous, on leur fournit la
documentation. Évidemment, il faut qu'ils respectent la loi, il faut qu'ils
respectent les recommandations de la Santé publique. Il y a des inspections qui
se font, mais, vous savez, moi, j'ai confiance
en nos gestionnaires. Depuis le début, en tout cas, ils nous démontrent qu'ils
font un bon travail. Et, s'ils ont des besoins, évidemment, on va être
là pour les aider, notamment avec la main-d'oeuvre pour les aider peut-être à
constituer, là, un bassin de gens, les mettre sur les bonnes pistes pour être
capables d'aller faire du recrutement.
La
Présidente (Mme Chassé) : Merci, M. le ministre. M. le député de
Pontiac, je vous indique qu'il vous reste un peu moins d'une minute à
votre bloc d'échange avec le ministre.
M. Fortin : Très bien. Dernière chose alors, Mme la Présidente, le ministre vient d'y faire référence, les
inspections. Est-ce que, puisque, comme parent, là... On ne pourra plus
entrer dans la garderie, hein? Il va y avoir une espèce de système dans le
portique, là, où on va laisser les enfants, et les enfants vont se diriger vers
leur groupe. Est-ce qu'il va y avoir des
inspections additionnelles pour nous rassurer comme parent, là, puisqu'on ne
peut plus aller voir ce qui se passe?
Comment c'est fait? Est-ce que les bureaux coordonnateurs vont faire des
inspections additionnelles? Est-ce que le ministère va faire des
inspections additionnelles?
La Présidente (Mme
Chassé) : En un peu plus de 15 secondes, M. le ministre.
M.
Lacombe : Je vais me dépêcher, Mme la Présidente. Évidemment, la
santé, la sécurité des enfants, ça a toujours été notre priorité au ministère
de la Famille, en plus de leur développement global, mais on va continuer d'y
veiller. Nos inspections vont continuer de se dérouler, en plus de celles de la
CNESST, bien sûr.
La
Présidente (Mme Chassé) : Merci, M. le ministre. Ça conclut le
deuxième bloc d'échange de l'opposition officielle. Nous allons maintenant débuter le deuxième bloc d'échange
avec le deuxième groupe d'opposition. Mme la députée de Sherbrooke, vous
disposez de 14 min 44 s pour votre bloc d'échange avec le
ministre.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. La crise qu'on traverse en ce moment a mis en évidence les
mauvaises conditions de travail de
plusieurs emplois qui sont pourtant essentiels, et l'exemple le plus flagrant,
c'est celui des préposés aux bénéficiaires. Le gouvernement a enfin
compris qu'il ne réglerait pas la pénurie de préposés sans augmenter leur salaire et nous dit qu'il va le faire bientôt,
donc... (panne de son) ...avancer. Parmi les travailleuses sous-payées qui
occupent un emploi essentiel, il y a aussi les éducatrices, dont
plusieurs gagnent moins en prenant soin d'enfants et en les accompagnant dans leur développement qu'en
recevant la Prestation canadienne d'urgence ou qu'en allant travailler dans
une épicerie. Et, en ce moment, on se
scandalise que les préposés gagnent une vingtaine de dollars de l'heure pour
prendre soin des aînés, mais une
éducatrice au même échelon gagne moins qu'une préposée, même si elle a un
diplôme collégial, et, en milieu familial, c'est encore moins.
Il
y a des gens qui disent que, si elles n'aiment pas leurs conditions de travail,
elles ont juste à changer de job. Et malheureusement c'est déjà ça qu'elles
font. Elles sont nombreuses à déserter la profession. Il y a une baisse d'inscriptions en technique d'éducation à
l'enfance. Depuis des mois, les milieux familiaux ferment les uns après les
autres, et c'est en partie parce
qu'elles choisissent un autre domaine pour fuir les mauvaises conditions de
travail qu'on a une pénurie de places
en service de garde, comme pour les préposés, et que toutes les semaines des
parents me contactent en panique parce qu'ils ne trouvent pas de place
pour leurs enfants.
Donc,
il a manqué des gens durant la crise, et, contrairement à ce qu'a soutenu le
ministre plus tôt, on ne reviendra pas au même point à la fin du mois de
juin. La pénurie va empirer parce qu'il y a déjà des milieux qui ont fermé, et,
pour plusieurs éducatrices, leur salaire est trop bas pour accepter de mettre
leur santé ou celle de leurs familles à risque.
Donc, on a demandé il y a quelques semaines une prime de risque pour les
éducatrices. Le gouvernement n'a pas jugé que c'était important. Mes
collègues le redemandent encore aujourd'hui. C'est encore non. Et le
gouvernement reconnaît que les éducatrices et responsables de services
éducatifs offrent un service essentiel.
Est-ce qu'il prévoit
augmenter substantiellement leur salaire pour contrer la pénurie, comme il
s'apprête finalement à le faire pour les préposés, ou il va attendre d'être au
bord du gouffre comme en santé?
• (10 h 50) •
La Présidente
(Mme Chassé) : Merci, Mme la députée de Sherbrooke. M. le
ministre, la parole est à vous.
M. Lacombe :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. D'abord, ma réponse sera plate, mais je ne commenterai pas les
conditions de travail des éducatrices d'un point de vue global parce qu'en ce
moment il y a des négociations qui sont en cours. Les négociations ne
sont pas arrêtées. Les négociations en milieu familial suivent leur cours. Il y
a une prochaine rencontre qui est prévue, donc, dans les prochains jours. Donc,
ce serait bien malavisé de ma part de commenter ces négociations ici ce matin.
Par
contre, je veux quand même souligner que, depuis le début de la crise, je vais
le répéter, on a posé des gestes importants
qui démontrent qu'on respecte, d'abord, les éducatrices en milieu familial et
puis qu'on juge que leur travail est
important, qu'on veut leur donner de bonnes conditions. On aurait pu, vous
savez, au tout début de la crise, faire le choix, dans l'ensemble du réseau, de mettre 40 000 éducatrices au chômage. On aurait
pu leur dire : Bien, vous savez, vous
n'êtes pas des professionnels du gouvernement, vous ne faites pas partie de la
fonction publique, votre convention collective ne prévoit pas ça, donc
on vous met au chômage. On cesse, finalement, de verser les subventions, et vos
employeurs, les CPE, les garderies vont vous mettre au chômage par la force des
choses. On n'a pas fait ce choix-là.
On a fait le choix de
maintenir le financement du réseau pour que ces femmes, principalement,
puissent conserver leur emploi puis bien
passer à travers la crise. En milieu familial, on a même fait un pas de plus,
on leur a dit : Vous savez, on
va compenser. Non seulement on va verser votre subvention, mais on va même vous
faire un chèque de plus pour
compenser la perte du fait que les parents ne vous versent plus le 8,35 $
par mois, pour que vous puissiez conserver votre rémunération globale.
Donc,
je pense qu'on a posé des gestes qui démontrent qu'on les respecte, qu'on
souhaite leur donner des bonnes conditions
de travail. Et, pour le reste, pour l'avenir, je vais laisser les deux parties
négocier à la table de négo, parce que, je vous rappelle, les négos sont
en cours présentement.
La Présidente (Mme Chassé) : Juste avant que vous fassiez votre intervention,
Mme la députée de Sherbrooke, j'invite
tous les membres de la commission, lorsqu'ils ne prennent pas la parole, de
couper leurs micros. Parce que, là, on entendait
des sons qui provenaient probablement de l'environnement d'autres députés.
Donc, assurez-vous de couper le son sur votre équipement informatique.
Merci. Mme la députée de Sherbrooke, allez-y.
Mme
Labrie : Merci, Mme la Présidente. C'est toujours la réponse qu'on
nous donne, bon, qu'il n'y aura pas de négociation sur la place publique, qu'il
faut se... Bon, je comprends que le ministre ne veuille pas le faire, peut-être
qu'il trouve que ce n'est pas le temps de
parler de ça, mais les éducatrices, elles, sont vraiment nombreuses à être en
train de réfléchir à leur avenir professionnel.
Et
les raisons pour lesquelles le ministre n'a pas fait tout ce qu'il a énuméré,
congédier les éducatrices, les mettre au
chômage, c'est parce que c'est un service essentiel, et, simplement, le
gouvernement ne pouvait pas se permettre de mettre au chômage ces éducatrices-là. Pour garantir tous les autres
services essentiels et permettre la relance économique, ça prend des
places en service de garde.
Je
vais me permettre peut-être de lire des extraits de témoignages au ministre
pour qu'il comprenne un peu
l'ampleur du problème et des remises en question des éducatrices.
Donc, ici, je lis le témoignage d'une éducatrice en milieu familial. Elle m'écrit : «Les éducatrices n'ont plus
rien à perdre, elles gagnent moins que le salaire minimum puis elles ferment
toutes. Elles sont toutes au moins certaines
de faire un meilleur salaire, soit plus de 13 $ de l'heure. Nous avons touché le fond du baril, le point
de non-retour. Les parents en paieront malheureusement le prix.»
J'en
cite une autre, le ministre va voir qu'elle l'interpelle parce que la lettre
lui a aussi été envoyée directement : «La crise [nous] a mis sous les projecteurs que les métiers essentiels
sont occupés par ceux et celles qui gagnent le moins cher dans la
société, et les éducatrices en font partie. [M. le ministre]. Notre situation
est la même que celle des préposés aux
bénéficiaires... mais ça, personne n'en parle dans les médias. Avant de devoir
admettre publiquement que vous auriez
dû augmenter notre salaire et améliorer nos conditions de travail bien avant la
COVID-19. Comme M. le premier ministre
l'a fait pour les préposés aux bénéficiaires, ne pensez-vous pas qu'il serait
préférable de réviser maintenant nos conditions?
«Je me suis
surprise à envier le poste de la caissière de 16 ans à l'épicerie. Avec
ses gants, son masque, son Purell et le plexiglas qui était entre elle et moi.
Sans compter qu'elle gagne plus d'argent que moi, [au] même titre que ceux qui
iront travailler dans les champs.»
Donc, je
pense que c'est important de le rappeler, là, même avant la COVID-19, avant que
ça arrive au Québec, il y avait 47 % des milieux familiaux régis
qui envisageaient de fermer dans les trois prochaines années si leurs salaires
n'augmentaient pas. Et maintenant, en plus, elles sentent que leur emploi met
leur santé à risque.
Qu'est-ce que
le ministre de la Famille compte faire pour que le caractère essentiel du
travail des personnes qui prennent
soin des enfants se reflète dans leurs conditions de travail et qu'on évite la
pénurie dans un autre service essentiel?
La Présidente (Mme Chassé) : Merci,
Mme la députée de Sherbrooke. M. le ministre, la parole est à vous.
M.
Lacombe : Merci, Mme la Présidente. Vous savez, ce matin, je pourrais
vous dire un peu n'importe quoi, mais, dans
la vie, les actes parlent bien plus fort que les paroles. Depuis le début de la
crise, j'ai envoyé le message clair que la rémunération de notre personnel était une priorité. Même si les
conventions collectives ne prévoyaient pas ça, même si les avocats de la
partie patronale nous disaient qu'on pouvait cesser de verser les subventions
et envoyer ces femmes au chômage, on a fait
le choix conscient de continuer de les rémunérer parce que, pour nous, c'était
important d'assurer la stabilité de
ces travailleuses et la stabilité du réseau. Donc, je pense que ce geste-là
parle de lui-même. Je pense que ça
démontre toute l'importance que j'accorde, comme ministre, parce que c'était ma
décision, au sort de ces travailleuses puis au réseau en général.
Pour la
suite, je sais que la députée de Sherbrooke n'aime pas cette réponse, mais je
ne peux pas m'ingérer dans les négociations qui sont en cours. Ce serait bien
malavisé de faire ça. Ce ne serait pas un comportement responsable de la part d'un ministre. Donc, je veux que les
choses se fassent dans l'ordre. Je suis persuadé que le syndicat, qui est de
bonne foi, tout comme la partie patronale, qui est de bonne foi, vont
arriver au meilleur résultat possible.
Vous savez, Mme la Présidente, quand on se
parle, on n'est jamais perdants, on arrive toujours à un résultat. Et moi, je
suis certain qu'on arrivera au meilleur résultat dans le cadre de ces négos-là.
La Présidente (Mme Chassé) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Sherbrooke, allez-y.
Mme Labrie :
Le ministre sait combien je l'apprécie, là, mais effectivement, comme il s'y
attendait lui-même, c'est une réponse
qui me déçoit beaucoup, parce que les éducatrices, elles offrent un service
essentiel, et, sans elles, le réseau
de la santé ne fonctionnera pas. Sans elles, le réseau de l'éducation ne
fonctionnera pas. Sans elles, les secteurs névralgiques de l'économie ne
pourront pas reprendre. C'est la base de tout le reste.
Donc,
j'entends que le ministre reconnaît personnellement la valeur des éducatrices.
Il nous dit qu'il a posé des gestes dans les dernières semaines pour leur
envoyer ce message-là. C'est mieux que rien, mais, avec les centaines de
témoignages que je recevais déjà avant la crise, d'éducatrices qui voulaient
déjà quitter le réseau pour aller voir ailleurs,
moi, ça ne me rassure pas de voir qu'il n'y a pas d'engagement concret. Parce
que les éducatrices, elles sont encore plus
préoccupées qu'avant par leurs conditions de travail, ces conditions-là
qu'elles étaient prêtes à tolérer jusqu'à un certain point parce qu'elles adorent leur travail. Si on
ajoute à ça qu'elles savent qu'elles mettent leur vie à risque, et souvent
même la vie de leurs proches quand elles travaillent de la maison, c'est la
goutte qui fait déborder le vase.
Et c'est
grave parce que c'est un problème... c'est un domaine où ce sont principalement
des femmes qui prennent soin des
autres, qui ont tellement des mauvaises conditions de travail qu'elles changent
de domaine pour aller chercher une sécurité financière, même si elles aimaient
leur travail. Et, comme je l'ai dit plus tôt, et que le ministre a reconnu,
quand on manque de places en services de
garde, ce sont principalement les femmes qui doivent rester à la maison parce
que, les deux tiers du temps, c'est elles
qui ont le salaire le moins élevé. Il l'a reconnu tout à l'heure, il a dit
qu'il était sensible à ça.
Donc, pour
réduire ce problème-là — puis je dis «réduire», pas «éviter», parce que ça arrive déjà en
ce moment, là, c'est juste que le
problème est augmenté par la gravité de la crise — ça va prendre plus que des paroles.
Autrement, on va se retrouver avec
une pénurie majeure. C'est ce qui est anticipé dans le réseau. C'est anticipé
dans le réseau public, c'est anticipé aussi pour les places au privé.
Donc, est-ce qu'on peut compter sur le ministre
de la Famille pour convaincre son gouvernement d'investir en petite enfance? Parce que c'est la base de tout
le reste et que, malgré ses belles intentions personnelles puis son grand
respect personnel pour la profession, ça ne suffira pas pour traverser la crise
qui s'en vient.
La Présidente (Mme Chassé) :
Merci, Mme la députée de Sherbrooke. Simplement, il y a... Je ne sais pas s'il y a une connexion qui est moins bien faite au
niveau de votre microphone, ça coupait à quelques reprises. M. le ministre,
la parole est à vous.
• (11 heures) •
M. Lacombe :
Merci, Mme la Présidente. La députée de Sherbrooke sait aussi comment je
l'apprécie beaucoup, mais je dois
réagir à la dernière partie de sa question. La petite enfance, pour notre gouvernement, c'est une priorité, on investit
des sommes colossales en petite enfance. Là, je parle, bien sûr,
du réseau des services de garde éducatifs, où on a accéléré le développement, je vous l'ai dit, de dizaines de milliers de
places, entre autres des places qui dormaient sur des
tablettes, je vous l'ai dit, on en avait plus de 11 000. Ça, c'est
concret, c'est un bilan, c'est des chèques qui sont partis, c'est des lettres d'autorisation que j'ai signées, c'est des
millions, des millions de dollars. Donc, ça, là, c'est un bilan, c'est un bilan concret, on le dépense parce
que nous, on trouve que l'éducation, ça ne coûte pas trop cher, c'est un
investissement.
Agir tôt,
avec mon collègue Lionel Carmant, on a mis plus d'argent que jamais pour nous
assurer que les jeunes, que les
tout-petits qui ont des problèmes de développement, bien, on puisse les aider,
pour ne pas que ça se traduise plus tard
par des problèmes d'apprentissage. Donc, mon collègue le Dr Carmant met
tout son coeur, toute son énergie là-dedans, on investit des sommes
records. On le fait aussi avec la maternelle quatre ans, en permettant que ce
soit universel partout au Québec, parce que,
bien que mes collègues ne soient pas d'accord avec cette idée-là, il reste
qu'il y a des enfants qui ne
fréquenteront jamais les CPE et les garderies. Puis on veut aussi leur donner
les meilleures chances, tout en libérant aussi, par le fait même, de
l'espace dans le réseau des services de garde éducatifs.
Donc, s'il y
a bien un gouvernement, faites l'historique, là, des dernières années... s'il y
a bien un gouvernement qui investit
pour les tout-petits au Québec, c'est notre gouvernement, et ça, j'en suis
extrêmement fier. J'en suis extrêmement fier parce que, quand on investit pour nos tout-petits, ce n'est pas une
dépense, ça rapporte à long terme. Donc, c'est la première chose.
Puis, pour le
reste, pour les négociations, je reviens en disant : Je ne m'ingérerai pas
dans les négos. Si la députée de Sherbrooke veut que les éducatrices,
notamment, aient le meilleur résultat possible à la fin, bien, il ne faut pas
que je m'en mêle. Si je me mêle de tout ça, c'est la meilleure façon que
les négociations ne se passent pas très bien.
La
Présidente (Mme Chassé) : Merci, M. le ministre. Mme la députée de
Sherbrooke, il reste 1 min 30 s au bloc d'échange. Ah!
problème technique. Ah! vous êtes de retour.
Mme Labrie : Oui. Bon, j'entends la
réponse du ministre, il nous parle de la création de places qu'il veut faire puis, dans le réseau, il nous parle des investissements qu'il a faits, c'est bien. Sauf qu'en ce moment il y a déjà des
milliers de places qui ne sont pas occupées
par les éducatrices. Il y a des permis qui sont... (panne de son) ...qu'aucune
éducatrice ne veut prendre parce que les conditions de travail ne sont pas
assez intéressantes. Donc, ces beaux investissements là, la création de places,
c'est bien beau en paroles, mais la réalité, c'est que, pour que ça fonctionne,
ça va en prendre, des éducatrices. Et, pour qu'elles décident d'y aller, il
va falloir qu'on les attire et que ce soit intéressant, les conditions de travail. En ce moment, elles partent et elles partent en
plus grand nombre, en ce moment, à cause de la crise. Elles partaient déjà,
mais elles partent en plus grand nombre.
Donc, tous
les beaux investissements, toute la priorité du gouvernement qu'il veut mettre en petite enfance, il ne peut pas juste penser à l'enfant et à ce qu'il
fait pour l'enfant. Il faut toujours bien qu'il mette en place des conditions pour
qu'il en mette, des éducatrices, pour aller offrir les services aux enfants. Je
vous remercie.
La Présidente (Mme Chassé) : Il
reste 30 secondes au bloc d'échange, M. le ministre.
M.
Lacombe : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Bien, vous savez, la députée de Sherbrooke
et moi, on a un objectif commun, c'est de faire en sorte qu'effectivement il y ait plus de gens qui rejoignent le réseau régi. Donc, je crois
que c'est son objectif à elle aussi. Quand
on dit qu'il y a des milliers de places disponibles, la députée de Sherbrooke
fait référence à des places à 8,35 $ en milieu familial. Ça, ce sont des
éducatrices qui n'ont pas quitté la profession mais qui sont allées dans
le réseau non régi parce qu'elles trouvaient qu'il y avait trop de lourdeurs
administratives.
La Présidente (Mme Chassé) : Ça
conclut le bloc d'échange, M. le ministre.
M. Lacombe : Et justement on est en
train de travailler à alléger ça.
La Présidente (Mme Chassé) : Merci.
Ça conclut le deuxième bloc d'échange avec le deuxième groupe d'opposition.
Nous allons maintenant débuter le deuxième bloc d'intervention avec le
troisième groupe d'opposition. Mme la
députée de Joliette, la parole est à vous pour un bloc de
14 min 28 s, et simplement vous mentionner que le bloc
précédent était de 14 min 28 s. La parole est à vous, allez-y.
Mme
Hivon :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, pour poursuivre un peu dans la même
veine, je veux juste rappeler au ministre que le premier ministre a lui-même...
en ce qui concerne la situation salariale, les conditions de travail des préposés dans nos établissements de
santé, il dit, en ce moment, publiquement que, oui, il veut augmenter leur
salaire, même s'il y a des négociations en cours, particulièrement parce qu'il
y a des négociations en cours. Donc, j'imagine
que, si le premier ministre lui-même peut se permettre ça, le ministre de la
Famille pourrait se permettre de dire que,
oui, il estime qu'il faut augmenter le salaire des éducatrices et des
responsables des services de garde et que, oui, il faut les valoriser.
Et, moi,
aujourd'hui, c'est un message important que je veux passer au ministre, ce
n'est pas la première fois qu'il m'entend
le dire, c'est l'importance de valoriser les éducatrices. M. le ministre, vous
avez une occasion en or de le faire. Ces femmes-là, elles portent un système
fondamental, et on le voit en ce moment, avec la crise, à quel point leurs
services sont au coeur même de ce qu'est une société qui s'occupe de ses
familles et de ses enfants. Alors, je ne pense pas que c'est une dépense, je pense que ce serait un investissement, d'abord de
reconnaître qu'elles ont été en première ligne de la crise avec les services de garde d'urgence, et
donc de bonifier leur rémunération de manière rétroactive. Parce qu'il n'y a
pas seulement les gens de la santé, le
ministre tantôt nous disait qu'il y avait juste eu les gens de la santé qui
avaient eu une prime, il y en a aussi
eu pour les travailleurs en épiceries, les travailleurs de pharmacie, les gens
qui offraient des services qui étaient jugés prioritaires, avec le
100 $ notamment par semaine. Donc, je pense que ce serait un message très
fort à envoyer, au moment même où beaucoup se questionnent sur l'avenir, elles
se questionnaient déjà, et avec la crise.
Donc, je
l'invite vraiment à faire ça. Je pense que c'est gagnant pour les éducatrices et
que ce serait gagnant pour la
stabilité du réseau, qui, en ce moment, est gravement, gravement ébranlé. Et je
reconnais que le ministre a pris la bonne mesure, et je le souligne, et je l'en félicite, que, dans les dernières
semaines, il a continué à rémunérer les éducatrices et à assumer les subventions, il nous a dit «pour des
raisons de stabilité». Bien, cet enjeu-là, il est toujours aussi important
pour la suite, pour les prochaines semaines, prochains mois, pour l'automne.
Alors, est-ce qu'il peut nous dire, en
ce moment... Les éducatrices qui ne rentreront pas au travail parce qu'elles
ont des conditions de santé qui les en
empêchent, parce qu'elles ont un âge en haut de 60 ans et qu'elles
respectent les recommandations de la
Santé publique, est-ce qu'il va continuer à les rémunérer ou, comme on entend,
est-ce qu'on va devoir mettre fin au lien d'emploi, et elles vont devoir
se tourner vers la PCU?
La Présidente (Mme Chassé) :
Oui. Merci, Mme la députée de Joliette. M. le ministre, la parole est à vous,
allez-y. Votre micro est coupé, M. le ministre.
M.
Lacombe : Pardon.
La
Présidente (Mme Chassé) : Très bien, vous êtes de retour.
M. Lacombe : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Donc, deux choses, peut-être : le versement
de subventions, c'est une chose, et puis le salaire, donc, c'en est une
autre. Le versement des subventions, on l'a assuré. En fait, je devrais dire : Le versement de la subvention,
c'est une chose, et définir à combien devrait s'élever la subvention, donc
à combien devrait s'élever le salaire, là,
entre guillemets, même si ce n'en est pas tout à fait un, c'est une autre
chose. Donc, le versement des subventions, on l'a fait. La députée de Joliette
l'a dit, c'était la bonne chose à faire, donc on l'a fait. Ensuite, le montant de cette subvention-là, bien,
ça, ça fait l'objet de négociations actuellement. La députée de Joliette
a déjà été ministre, elle a déjà siégé au
Conseil des ministres, elle sait très bien qu'un ministre ne peut pas s'ingérer
dans les discussions ou plutôt dans
les négociations comme ça sur la place publique, c'est le meilleur moyen pour
que ça ne fonctionne pas. Donc, moi,
je veux donner toute la chance à la négociation et je vais laisser les
professionnels le faire. Donc, je vais vraiment mettre toutes les
chances de notre côté.
Mais je veux aller peut-être répondre
principalement à la question principale, en fait, de la députée de Joliette,
qui nous dit : Est-ce que vous allez
continuer de rémunérer et de verser les subventions ou vous allez faire...
comme le syndicat le dit ce matin,
mettre tout le monde à pied? Ce que je veux dire, là, c'est : en milieu
familial — je
comprends principalement la question
de la députée de Joliette — tout le monde va continuer de recevoir sa pleine subvention. Oui,
il y a des gens — je
vais préciser — qui
ont un état de santé précaire ou qui sont plus âgés, qui ont une certaine
crainte d'ouvrir, donc, et qui vont
dire : Moi, je prends la décision de ne pas ouvrir. Vous avez raison que,
dans ces cas-là, on ne pourra pas verser la subvention. Ces travailleuses
devront faire une demande à la Prestation canadienne d'urgence, comme l'ont fait des dizaines de milliers de
Québécois qui sont dans la même situation ailleurs dans la société. Qu'ils
travaillent dans un restaurant, dans un
supermarché, qu'ils soient coiffeurs, qu'ils soient mécaniciens, s'ils sont
dans cette situation-là, ils ont, eux aussi, fait une demande à la PCU.
Donc, ça, c'est la première chose.
Mais ensuite,
pour tout le reste, là, une éducatrice qui rouvre, versement complet de sa
subvention, même si elle a juste la
moitié des enfants, pour être capable d'ouvrir graduellement. Une éducatrice en
milieu familial qui contracterait malheureusement la COVID, on ne coupe
pas la subvention, on continue de lui donner sa subvention pour qu'elle continue d'être rémunérée. Si elle est inquiète
parce qu'elle vit avec un proche qui est vulnérable, bien, ce qu'on va lui
permettre, exceptionnellement, c'est
d'offrir un service qui va être délocalisé. On est en train de travailler
là-dessus, avec les associations, pour
lui dire : Bien, vous savez, si vous voulez offrir ça, par exemple, dans
le local d'un centre communautaire,
on va faire les aménagements que ça prend. Donc, je pense, là, que, quand on
regarde tout ce qu'on fait, tout
l'argent qu'on met sur la table pour les soutenir, on ne peut pas dire qu'on
est de mauvaise foi, on est vraiment en mode solution, on veut bien
s'occuper de notre monde.
• (11 h 10) •
La Présidente (Mme Chassé) : Merci,
M. le ministre, Mme la députée de Joliette, la parole est à vous.
Mme
Hivon :
Je salue cette initiative, c'était une de mes questions, pour pouvoir avoir des
services délocalisés, par exemple, de leur milieu familial, pour
protéger leurs proches. Donc, j'espère que ça va pouvoir se concrétiser,
effectivement, c'est des demandes qu'on a reçues.
Je veux
vraiment revenir sur la question, donc, du soutien aux éducatrices. Je veux
rappeler que le ministre, il y a quelques
minutes, nous a dit que le choix qui a été fait dans les huit dernières
semaines, c'était de continuer à rémunérer les éducatrices qui sont en installation, en CPE, par exemple, ainsi que
de donner les subventions aux milieux familiaux, même s'ils étaient fermés, ces derniers. Or, là, il y a un changement de
cap. Pourtant, pour des raisons de santé, de vulnérabilité, ce n'est pas un choix de gaieté de
coeur que font les éducatrices, notamment en milieu familial, de ne pas rouvrir leurs services de garde, c'est parce
qu'elles ne le peuvent pas, pour leur santé à elles, comme le recommande la
Santé publique. Elles ne font que suivre les
recommandations, et là le ministre nous dit : Bien, tant pis, elles vont
tomber sur la Prestation canadienne
d'urgence. Je ne pense pas que c'est le bon message à envoyer, quand justement
le ministre lui-même dit que la stabilité, c'est fondamental.
Je pense que
tout le monde, ici, on partage les mêmes inquiétudes. Qu'est-ce qui va arriver
par la suite, quand ces personnes-là
vont avoir été sur la PCU? Qu'est-ce qui va arriver aussi aux nombreuses
éducatrices dans les services de garde en installation, dans les CPE,
dans les garderies privées qui vont tomber sur la PCU, pas parce qu'elles ne
veulent plus travailler, parce que leur santé les en empêche? Il y a déjà une
pénurie. On est en train de créer des conditions pour augmenter la pénurie, et
on voit le drame en ce moment avec la pénurie de préposés, on voit tous les
mea-culpa qui se font a posteriori. Là, on a l'occasion de prévenir cette
pénurie aggravée.
Est-ce que le
ministre peut prendre la même orientation pour des raisons de stabilité, de
valorisation, de soutien des
éducatrices et aussi de soutien à toutes les familles du Québec qui vont devoir
avoir une place en juin, en juillet, en septembre, en décembre?
La Présidente (Mme Chassé) :
Oui. M. le ministre.
M. Lacombe :
Merci, Mme la Présidente. Donc, d'abord, je réponds à la députée de Joliette
que c'est une situation qui est temporaire. Le seul cas où on ne verse pas la
subvention, c'est si l'éducatrice décide, pour une raison de santé, c'est
évidemment la priorité, de ne pas ouvrir ses portes. Donc, par exemple, si elle
considère qu'elle est trop âgée selon
les recommandations de la Santé publique ou si elle décide de ne pas ouvrir en
raison d'un état de santé en raison des recommandations de la Santé publique,
c'est la seule possibilité ou, en fait, le seul moment où on ne versera
pas la subvention, on va la diriger,
effectivement, vers le programme qui existe, la PCU, auquel ont eu recours des
dizaines de milliers de travailleurs.
Je veux quand
même rappeler une chose : on vit une situation qui est exceptionnelle. Le
réseau, il est subventionné avec des
fonds publics. On parle de travailleuses autonomes qu'on soutient au maximum.
Je vous l'ai dit, je ne referai pas
la liste, là, on les soutient pratiquement dans tous les cas, même quand elles
sont malades, on ne les envoie pas sur l'assurance
salaire, on continue le versement de la subvention. Mais, dans le cas où elle
n'offre pas le service, bien, il y a un
programme qui existe, et la meilleure chose, c'est qu'elle puisse en profiter.
Mais ce sera temporaire. Elle pourra par la suite... Évidemment, lorsqu'elle va juger que la situation est moins
dangereuse pour elle, puis il y a un certain retour à la normalité,
bien, elle pourra réintégrer le réseau à ce moment-là.
Et je veux
être clair, on parle d'une éducatrice qui, de toute façon, n'ouvrira pas ses
portes lundi prochain. Peu importe qu'on mette 10 $ ou
1 million de dollars sur la table, c'est sa condition de santé qui fait en
sorte qu'elle ne peut pas ouvrir ses portes,
qu'elle ne le fera pas, et c'est bien correct, parce que la santé, c'est sa
priorité. Là, ensuite, la question,
c'est de savoir, bien, comment elle pourra subvenir à ses besoins. Bien, dans
ce cas-là, il y a un programme qui existe,
la Prestation canadienne d'urgence. Mais aussitôt qu'elle voudra réintégrer le
réseau, bien, on sera là puis on pourra continuer à lui verser sa pleine
subvention.
La Présidente (Mme Chassé) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Je veux juste porter à l'attention du ministre que ce n'est pas une question de
choix ici, c'est une question de se
conformer aux recommandations de la Santé publique, c'est pour ça que ces
responsables des services de garde en
milieu familial n'ouvriront pas leurs portes, c'est pour ça que beaucoup
d'éducatrices de CPE et de garderies privées ne se présenteront pas. Et
je m'explique très mal pourquoi ce n'est pas un investissement, aux yeux du
gouvernement, qui est fondamental.
On a entendu
le premier ministre nous dire pour les maternelles quatre ans que ce n'était
pas grave, on ne regardait pas à la
dépense, puis que ça coûterait ce que ça coûterait. Et là je pense que c'est le
temps, pour valoriser, soutenir ces éducatrices-là,
mais surtout, également, soutenir et assurer la stabilité du réseau pour
que les familles du Québec ne se retrouvent pas sans place. Parce
que, vous savez quoi, on n'arrête pas de nous dire que le virus, il va
continuer à être présent pour des semaines, des mois, peut-être une année, peut-être
plus, tant qu'on ne trouvera pas le vaccin. Donc, ces femmes-là qui ont déjà une santé fragile, il n'y a rien qui garantit
qu'en juin, en juillet, en septembre, alors qu'il y aurait une autre éclosion importante, elles vont pouvoir
rouvrir. Et, pendant tout ce temps-là, elles seraient sur la PCU. On ne sait
même pas si elle va être renouvelée, la PCU. Il me semble que ce serait un investissement avec lequel pas mal une grande partie de la population serait d'accord,
puis j'invite le ministre à se battre pour ça. Il reste quelques jours
avant le début, la semaine prochaine.
Je ne pense pas que la solution, ça soit de mettre fin aux emplois et envoyer
tout ce monde-là sur le chômage et
sur la PCU. Est-ce qu'il est ouvert à regarder d'autres pistes pour les
éducatrices et pour la stabilité du réseau?
La Présidente (Mme Chassé) : Merci, Mme
la députée de Joliette. M. le ministre.
M.
Lacombe : Merci, Mme la Présidente. Vous savez, comme ministre
de la Famille, quand je prends une
décision qui engage des fonds
publics, je dois me poser toutes les questions possibles, notamment
la question de voir s'il y a des programmes qui existent ailleurs
auxquels on peut avoir accès et qui nous permettraient d'avoir accès à des
fonds. Dans le cadre de la Prestation
canadienne d'urgence, c'est le cas. C'est un outil qui existe, qui permet à ces
éducatrices qui
ne peuvent ouvrir leurs portes en raison de leur état de santé ou de leur âge
d'avoir accès à un revenu. Je comprends que ce n'est pas un choix, c'est une recommandation que leur fait
la Santé publique, et je les invite, bien sûr, à respecter cette recommandation
parce que leur santé, c'est la priorité.
Maintenant, la députée de Joliette nous dit que
le gouvernement québécois, donc les contribuables québécois, devrait payer
cette travailleuse autonome, éducatrice en milieu familial pour qu'elle puisse
rester à la maison afin de protéger sa santé. Donc, si on suit la même logique,
ça veut dire qu'on doit aussi le faire pour les coiffeuses, pour les
mécaniciens, pour les caissières en épicerie, pour les dentistes, pour les
hygiénistes dentaires, pour les gens qui travaillent
chez un fleuriste. Ça veut dire qu'il faut le faire pour tout le monde. Et je
lance le défi à ma collègue de chiffrer à combien cette mesure-là pourrait monter et à combien ça engagerait le gouvernement du Québec, alors qu'il y a de l'argent du gouvernement fédéral qui est disponible. Je pense qu'on doit
dépenser chaque dollar de la meilleure façon possible. C'est de l'argent
durement gagné par les Québécois.
La
Présidente (Mme Chassé) :
Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Joliette,
il reste moins d'une minute au bloc d'échange avec le ministre.
Mme
Hivon : Désolée d'entendre parler en termes de dépenses
quand je pense que c'est des investissements. Et pourquoi on devrait le faire? Pour la même raison que,
depuis huit semaines, ce n'est pas effectivement tous les travailleurs qui ont vu leur salaire compenser par le Québec,
non. Les dentistes, les hygiénistes, les coiffeuses, non, mais les
éducatrices, oui, des services de garde, oui, parce que c'est un service essentiel, il est reconnu comme tel
par le gouvernement. Donc, je
ne pense pas que la solution, c'est d'avoir une chronique annoncée d'un chaos
alors qu'il va y avoir des milliers de places qui ne seront plus disponibles et des éducatrices qui ne retourneront
pas au travail faute de valorisation et de soutien en ce moment. Et qui
va en payer le prix? Toute la société québécoise.
La Présidente (Mme Chassé) :
10 secondes, M. le ministre.
M.
Lacombe : Merci, Mme la Présidente. On était dans une situation de crise, on entame
un retour à la normale, ça veut dire un retour à la normale aussi dans le
versement des subventions. Et, si on paie des millions de Québécois avec de l'argent public pour
qu'ils restent à la maison, moi, j'invite la députée de Joliette...
La Présidente (Mme Chassé) : Ça
conclut...
M. Lacombe : ...à faire les comptes,
ça va coûter très cher aux contribuables.
La
Présidente (Mme Chassé) : Ça
conclut le deuxième bloc d'intervention avec le troisième groupe d'opposition. Et
nous terminons avec le troisième bloc d'intervention pour l'opposition officielle, pour une durée de 19 min 17 s. Je
crois que c'est Mme la députée de Westmount—Saint-Louis qui va prendre la
parole.
Mme Maccarone : Oui, merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Chassé) :
Allez-y.
Mme Maccarone : Merci. Je vais
prendre la balle au bond, de ma collègue. Je constate, comme elle, que les
éducatrices en milieu familial sont inquiètes. Puis on peut le comprendre,
ouvrir son service de garde en temps de pandémie,
pour eux, c'est de mettre sa maison à risque. Ils sont des travailleurs
essentiels. Ils reçoivent ces personnes chez eux, c'est leur domicile, c'est mettre la famille à risque. On ne
peut pas comparer qu'est-ce qu'eux, ils font avec les autres emplois. On sait que, dans les derniers
mois, bon nombre d'entre elles ont affirmé qu'elles fermeraient leurs services
de garde en raison, notamment, de leur salaire.
Comme on va
répéter encore une fois, le ministre a dit qu'il n'avait pas l'intention de
donner une prime COVID, puis la
situation n'irait pas en s'améliorant. La dernière offre du ministre est de
0,22 $ de l'heure, aux éducatrices, comme augmentation salariale, mais il vient de dire aussi que la rémunération,
c'est une priorité. Est-ce que le ministre considère que 0,22 $ est
suffisant, 2,22 $ par jour?
• (11 h 20) •
La Présidente (Mme Chassé) : M. le
ministre.
M.
Lacombe : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je comprends que la
députée de Westmount—Saint-Louis
joue à la partie syndicale, dans le cadre
des négociations aujourd'hui, en commission parlementaire. Moi, ce que je vous
réponds, c'est que je n'entrerai pas dans
cette logique. Je vais me garder un devoir de réserve parce que je souhaite que
les négociations se passent bien. Si
j'interviens publiquement dans les négociations, c'est la meilleure façon que
ça se passe mal, autant pour le syndicat que pour la partie patronale.
Je ne veux pas être ce ministre-là. Je veux donner les meilleures chances aux négociations. Je pense qu'autant la partie
patronale que la partie syndicale sont les mieux placées pour négocier
ensemble.
Ensuite, la députée de Westmount—Saint-Louis
dit : On ne peut pas comparer les éducatrices avec les autres emplois
parce qu'elles accueillent des gens à la maison. C'est la raison pour laquelle
on fait un pas de plus avec nos éducatrices
en milieu familial qui ont des craintes, par exemple, en leur disant : Si
vous avez un proche vulnérable, on vous permettra de le
faire ailleurs. Si vous tombez malade de la COVID, on continuera de vous
rémunérer. On vous permettra aussi
d'accueillir des enfants graduellement en vous versant les subventions qui
seront manquantes. On met toutes les chances de notre côté. Si vous
regardez les chiffres, là, si vous regardez les gestes qu'on pose...
La Présidente (Mme Chassé) : En
concluant, M. le ministre.
M. Lacombe : ...vous allez voir
qu'on est de bonne foi puis qu'on est en mode solution.
La
Présidente (Mme Chassé) : Merci, M. le ministre, Mme la députée
de Westmount—Saint-Louis,
la parole est à vous.
Mme Maccarone :
Juste pour clarifier, Mme la Présidente, on ne prend pas la part des syndicats,
on prend la part des familles puis des parents qui se retrouveront sans réseau
de services de garde lors du 1er septembre parce que c'est des travailleuses qui ne pourront pas retourner
puis rouvrir leurs garderies malheureusement à cause de la protection de
leur santé. Alors, je demande au ministre, parce qu'il a cité aujourd'hui le
PCU : Est-ce qu'il est en train de confirmer aujourd'hui que les
travailleuses dans le milieu familial auront accès au PCU? Est-ce que c'est
confirmé?
La Présidente (Mme Chassé) : M.
le ministre, la parole est à vous.
M. Lacombe :
Merci, Mme la Présidente. C'est l'information qu'on a effectivement du
gouvernement fédéral.
La Présidente (Mme Chassé) :
Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui. Merci. Je
suis contente de le savoir puis que c'est déclaré publiquement. Dans le cas qu'il y aura des refus pour ces familles-là,
est-ce que le ministre sera prêt à aider ces familles, si, mettons, elles sont
refusées, à avoir accès au PCU?
La Présidente (Mme Chassé) : M.
le ministre.
M. Lacombe : Merci, Mme la
Présidente. Assurément que je peux toujours avoir des discussions avec mon homologue fédéral, le ministre Hussen, ce que j'ai
fait depuis le début de la crise, également avec M. Rodriguez, qui est le leader parlementaire du gouvernement à la Chambre
des communes. On a une bonne collaboration avec eux. Donc, s'il devait y avoir des embûches, on pourra
effectivement collaborer. Maintenant, c'est un programme fédéral. Donc, je vais
laisser le gouvernement fédéral, évidemment, le gérer.
La
Présidente (Mme Chassé) : Très bien. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, la parole est à vous.
Mme Maccarone :
On a compris aussi, en parlant de milieu familial, que, le ministre, hier,
quand ils ont parlé avec les garderies privées... que la fermeture du
milieu familial allait permettre aux garderies privées d'aller chercher de
nouvelles inscriptions. Est-ce que ça fait partie de la stratégie du ministre,
soit de compter sur la fermeture de 6 000 milieux familiaux pour
sauver les garderies privées, alors qu'il a tout le pouvoir pour les sauver
autrement?
La Présidente (Mme Chassé) : M.
le ministre.
M. Lacombe :
Merci, Mme la Présidente. Vous savez, ce n'est pas le temps de faire ce genre
de politique. Il n'y a pas d'agenda caché. On a besoin des milieux
familiaux, comme on a besoin des garderies privées. C'est un discours divisif que tient la députée de Westmount—Saint-Louis. Moi, je vois plutôt notre réseau
comme une belle grande famille où
tout le monde a une place importante. Donc, la priorité, c'est d'assurer la
stabilité du réseau, la stabilité des parents. Donc, il s'agit des places qui
se libèrent à gauche ou à droite. On mettra toutes les ressources
en commun pour nous assurer que les parents puissent trouver une place
le plus facilement possible. C'est ça, la stratégie.
La Présidente (Mme Chassé) : Mme la
députée.
Mme Maccarone : Alors, le ministre confirme que ce n'est
pas les paroles qu'il a partagées avec le réseau privé hier.
La Présidente (Mme Chassé) : M. le
ministre.
M.
Lacombe : Merci, Mme la Présidente. Ce qu'on dit aux garderies privées non subventionnées, depuis le
début, qui s'inquiètent d'avoir des places vacantes, c'est qu'il y a des
responsables de service de garde en milieu familial qui vont décider de ne pas ouvrir leurs portes, pour des bonnes raisons,
on le sait tous. Donc, ça fait en sorte qu'il y a des parents qui vont se retrouver sans place pour
leurs enfants du jour au lendemain. Ce qu'on souhaite, c'est accompagner
ces parents-là pour qu'ils s'en trouvent
une, place. Donc, on demande effectivement aux garderies non subventionnées, qui seront bien contentes de le faire,
d'accueillir ces enfants-là, du moins le temps que leurs éducatrices en milieu
familial puissent revenir au travail.
La
Présidente (Mme Chassé) : Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme
Maccarone : Oui. Alors, je dirais que ce n'est pas mes propos, Mme la
Présidente, qui divisent, mais, entre autres, les propos du ministre.
Mais
je vais quand même continuer, parce qu'on a plusieurs questions. Alors, j'ai
quelques questions en rafale pour le ministre, que les éducatrices en milieu
familial m'ont posées, moi aussi. Alors, j'aimerais proposer au ministre,
rapidement : Quand et comment sera
distribué le matériel de protection fourni par le ministère pour les milieux
familiaux?
La
Présidente (Mme Chassé) : M. le ministre, la parole est à vous. Oups!
on ne vous entend pas, M. le ministre, votre micro était fermé. Allez-y.
M. Lacombe :
Oui, merci. Merci, Mme la Présidente. D'abord, je viens juste vous dire, là,
que la députée de Westmount—Saint-Louis
me prête des intentions, fait des allusions, là, au fait que j'aurais un agenda
caché. C'est un discours qui est divisif, ce n'est assurément pas moi qui en ai
un. Ce qu'on veut, là, c'est que chaque parent se trouve une place pour son enfant. Ce que la députée de
Westmount—Saint-Louis
nous dit, c'est que, les parents qui perdent leurs places en milieu familial, on ne devrait pas
essayer de les replacer en garderie non subventionnée. Ce que la députée de
Westmount—Saint-Louis nous dit, c'est qu'on devrait laisser
ces parents-là tout seuls parce qu'ils n'étaient pas en garderie non
subventionnée, donc ils ne devraient pas y avoir accès. Ça n'a aucun sens.
Ce
qu'on veut, là, c'est assurer la stabilité du réseau, que les parents aient une
place pour leurs enfants, que leurs enfants aient un endroit où ils
pourront se développer et puis que tout le monde y trouve son compte. Donc,
c'est ça, l'agenda que j'ai, c'est l'agenda de stabilité pour l'ensemble des
parties prenantes.
Ensuite, pour la
livraison du matériel, j'ai eu l'occasion de répondre à votre collègue le
député de Pontiac, peut-être qu'il pourra
vous en faire un résumé. J'y vais rapidement, parce que, sinon, je sais que je
me ferai couper, en vous disant que
la stratégie de livraison, elle est en cours, les ententes sont signées, là, ou
sont sur le point de l'être, les points
de dépôt sont identifiés. Puis, vous savez, on le fait en collaboration avec le
réseau. Donc, jusqu'à maintenant, là, il
n'y a aucun voyant rouge qui s'est
allumé sur le tableau de bord, tous les indicateurs sont à l'effet
que tout le monde aura son
équipement de protection individuel pour la reprise des activités à partir de
lundi.
La Présidente (Mme
Chassé) : Je rappelle à tous de se concentrer sur des échanges constructifs
et de collaboration entre les différents groupes parlementaires. Alors, la parole est à vous, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
allez-y.
Mme
Maccarone : Oui, Mme la Présidente. J'aimerais savoir si un service de
garde en milieu familial non régi aurait
accès à du matériel de protection fourni par le ministère de la Famille et, si
oui, où ils devraient se procurer, eux.
La Présidente (Mme
Chassé) : Oui. M. le ministre.
M.
Lacombe : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, pour les personnes qui offrent de la garde
non reconnue, évidemment on a tout un défi, puis j'ai déjà eu l'occasion
de le dire. Par contre, je veux aussi dire que ce sont des éducatrices, en
grande majorité, qui ont une formation solide, qui sont très compétentes et qui
offrent un service exceptionnel à nos tout-petits. Donc, on veut leur donner
tous les outils pour être capables de bien s'en occuper, notamment
en les appuyant financièrement par le biais d'un programme qu'on est en train
de développer. Il y en aura un. Donc, si les éducatrices veulent
recommencer graduellement, ce sera possible de le faire.
Maintenant,
pour l'équipement de protection individuel, ce sera fourni aux milieux
familiaux qui sont reconnus, donc qui ont un permis du ministère de la Famille ou une reconnaissance d'un bureau coordonnateur. Évidemment,
dans le cas de la garde non reconnue, ce ne
sera pas possible parce que ce ne sont pas des gens qui ont un lien administratif avec le ministère de la Famille. Ces personnes nous disent souvent
qu'elles remplissent leurs déclarations de revenus à la fin de l'année.
C'est vrai, mais il n'y a pas de registre...
La Présidente (Mme
Chassé) : En concluant.
M.
Lacombe : ...de gens qui offrent de la garde non reconnue, donc on ne
sait même pas exactement elles sont combien. Donc, ce n'est pas quelque
chose qui est possible.
La Présidente (Mme
Chassé) : Merci, M. le ministre. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme
Maccarone : Oui. Est-ce que les enfants qui ont des besoins
particuliers en milieu familial pourront continuer d'avoir accès à ces services
professionnels, malgré les règles imposées pendant la pandémie?
La Présidente (Mme
Chassé) : M. le ministre.
M. Lacombe :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je vous proposerais peut-être de suspendre
un instant.
La
Présidente (Mme Chassé) : Alors, nous suspendons un moment. Merci.
(Suspension de la séance à
11 h 30)
(Reprise à 11 h 31)
La
Présidente (Mme Chassé) :
Alors, nous sommes de retour. Oui, M.
le ministre, vous reprenez la parole.
Allez-y.
M. Lacombe : Merci,
Mme la Présidente. Donc, je viens de
chercher la confirmation. Donc, effectivement, toutes les sommes qui étaient versées, par
exemple, pour la Mesure
exceptionnelle de soutien, la MES, qu'on appelle dans le réseau, continueront d'être versées. C'est la même chose pour l'AIEH, donc, l'allocation pour l'intégration des enfants handicapés. Ça va aussi continuer d'être
versé, comme c'est le cas depuis le
début d'ailleurs, là, aux éducatrices en milieu familial, pour qu'elles soient capables, vous savez, de continuer
d'offrir le service qui est offert aux enfants qui ont des défis
particuliers.
La Présidente (Mme
Chassé) : Très bien. Oui, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme
Maccarone : Oui. Je veux revenir sur les services de garde. On sait
que, selon une analyse d'impact du ministère
de l'Éducation, la maternelle quatre ans va faire fermer beaucoup de garderies
privées non subventionnées. Avec la pandémie, la fermeture des garderies
privées, l'impact a été énorme pour ces entrepreneurs ainsi que dans les
milieux familiaux. Certains d'entre eux n'y
arriveront tout simplement pas. À chaque fois qu'une garderie met la clé dans
la porte, c'est 80 enfants qui perdront une place, c'est
80 familles qui devront se trouver un plan B.
Les
garderies vont avoir besoin d'aide et rapidement. Nous savons que le ministre a
prévu faire des projets pilotes de conversion de places, c'était prévu dans le
budget. Mais le temps presse. Est-ce que le ministre peut s'engager à augmenter le nombre de places prévues pour ces
projets pilotes et le faire plus rapidement, avant qu'il ne soit pas trop tard?
La Présidente (Mme
Chassé) : Merci. M. le ministre, la parole est à vous.
M.
Lacombe : Merci, Mme la Présidente. Vous savez, actuellement, le
gouvernement du Québec gère la pire crise sanitaire de l'histoire moderne de la province. Toutes nos énergies sont
consacrées à la gestion de cette crise. Vous savez, dans les dernières
semaines, on a travaillé 15 heures par jour, toute la semaine, à essayer
d'arriver aux meilleurs résultats possible. Et, à chaque fois, on a de nouveaux
défis qui se présentent à nous. Il faut réécrire le livre des règlements
pratiquement à chaque semaine pour être capables d'arriver à ce que ça
fonctionne.
Donc,
en ce moment, toutes mes énergies sont consacrées à gérer la
crise actuelle. On a un réseau à ouvrir lundi, je vous le rappelle, et il reste
encore des éléments sur lesquels on doit travailler. Donc, on s'ajuste, on
travaille fort, toutes nos énergies y sont consacrées. Toutes les autres
questions, on aura l'occasion de se les poser après.
La Présidente
(Mme Chassé) : Merci, M. le ministre. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Bien, pendant que nous sommes en train de
planifier, oui, on est en train de gérer le feu, mais il faut
penser futur, il faut avoir un plan pour l'après-COVID. Alors, j'espère
que le ministre va quand
même répondre en disant que, rendu septembre, octobre, il fait
partie du plan d'essayer de sauver le réseau. Parce que, le réseau, quand même, tout brûle, M. le ministre.
Alors, j'aimerais savoir c'est quoi, le plan pour l'après?
La Présidente
(Mme Chassé) : Oui. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Lacombe :
Merci, Mme la Présidente. Quand un pompier est en train d'éteindre un
incendie... parce que la députée de Westmount—Saint-Louis fait référence à un incendie, là, au
feu, quand un pompier est en train d'éteindre un incendie, pensez-vous qu'il est déjà en train de se demander comment
il va reconstruire la maison ou il concentre toutes ses énergies à
éteindre l'incendie? Poser la question, c'est y répondre.
En
ce moment, on est en train d'éteindre le feu. Notre priorité, c'est de gérer
cette crise qui est la pire crise sanitaire de l'histoire moderne du Québec. On y met tout notre coeur, toute notre
énergie. Et le genre de questions que me pose la députée de Westmount—Saint-Louis, c'est le genre de questions auxquelles on aura l'occasion
de s'attarder par la suite. Pour
l'instant, toute mon énergie, et celle de mon équipe, est mise à gérer cette
crise. On veut que ça se passe le mieux possible pour les enfants,
d'abord et avant tout, les parents puis les éducatrices.
M. Poulin :
Mme la Présidente, est-ce que je peux intervenir? Samuel Poulin, député de
Beauce-Sud.
La
Présidente (Mme Chassé) : Oui, certainement. M. le ministre, on
autorise le député de Beauce-Sud à prendre la parole?
M. Poulin :
Non, mais très rapidement, article 35, simplement...
La Présidente (Mme Chassé) :
Allez-y.
M. Poulin :
Et, depuis le début des travaux, je pense, ça s'est bien déroulé. On doit
prendre la parole des parlementaires et des collègues lorsqu'une question leur
est adressée. C'est important qu'on le rappelle. Merci.
La
Présidente (Mme Chassé) : Absolument. Donc, vous voulez prendre
la parole, M. le député de Beauce-Sud?
M. Poulin : Est-ce que vous
m'avez entendu, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Chassé) :
Là, votre voix vient de revenir.
M. Poulin :
O.K., parfait. Alors, article 35 : on doit prendre la parole,
évidemment, des collègues, et je pense que, depuis le début des travaux,
ça s'est bien déroulé, et l'importance de prendre la parole des collègues
lorsque leurs questions ont été adressées. Article 35.
La
Présidente (Mme Chassé) : Oui, très bien. Je m'excuse. Vous vous
adressez à moi, là, certainement, là. Je pensais que vous disiez que vous vouliez intervenir. Mais je comprends
ce que vous vouliez dire, c'est que vous amenez l'article 35...
vous soulevez l'article 35.6°.
M. Poulin : Oui, exactement, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Chassé) :
Excellent, merci. Je vous suis maintenant. Alors, j'invite les membres de la commission, le ministre, la députée de Westmount—Saint-Louis, à centrer leurs échanges sur un débat
constructif. Merci. Ah! Alors, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
je vous invite à repartir votre micro.
Mme Maccarone : Oui. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Chassé) : On vous
entend. Très bien.
Mme Maccarone : Merci. Mon point,
c'est plus que, dans un plan, même si c'est une maison qui est en feu, Mme la Présidente, on a toujours une deuxième
étape pour essayer dans la planification. Ça fait qu'on a des partenaires,
on ne reste pas juste avec une maison brûlée à terre, on pense aux prochaines
étapes.
Mais je vais
quand même continuer. J'entends les collègues. Le ministre de la Famille, on va
parler un peu de conciliation famille-travail, il est responsable de la
conciliation famille-travail, et on a souvent tendance à l'oublier. Dans
les dernières semaines, beaucoup de familles ont compris le véritable sens de
la conciliation famille-travail. Travailler de la maison en tentant de divertir
les enfants ou leur faire école à la maison, c'est du sport. Au cours des
prochaines semaines, beaucoup de parents vont retourner au travail ou vont continuer
de travailler à la maison pour quelque temps.
J'ai discuté
de la préoccupation des parents concernant les camps de jour avec le ministre
et sa collègue la ministre des
Loisirs et des Sports. La semaine dernière, la ministre des Affaires
municipales a donné le go aux villes pour organiser les camps de jour,
mais, encore aujourd'hui, on ne sait pas combien de villes vont en offrir et
combien d'enfants pourront y aller. Est-ce
que le ministre travaille sur d'autres mesures pour aider les familles qui n'auront
pas accès à des camps de jour par manque de places ou tout simplement
parce qu'il n'y en aura pas?
La
Présidente (Mme Chassé) : Merci, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis. Oui, M. le ministre, la parole
est à vous.
M.
Lacombe : Merci, Mme la Présidente. C'est vraiment une question pour
ma collègue des Affaires municipales. Donc,
vous savez, on est en gestion de crise. C'est vrai que j'ai la responsabilité
de la conciliation famille-travail, donc, sur les grands dossiers,
notamment avec nos organismes communautaires Famille. On a une superéquipe ici,
au ministère de la Famille, qui est menée de
main de maître, qui se penche notamment sur ce qu'on peut faire en
collaboration avec nos partenaires
comme le Réseau pour un Québec Famille afin de favoriser la conciliation
famille-travail. Donc, certainement que c'est un dossier dans lequel je
m'implique.
Dans le cadre
de la crise, évidemment, pour la question des camps de jour, il reste que ce
n'est pas moi, comme ministre de la Famille, qui a la responsabilité de
la mise sur pied des camps de jour. Vous avez entendu ma collègue la ministre Andrée Laforest, ministre des Affaires
municipales et de l'Habitation, dire ce qu'elle avait à dire là-dessus. Donc, évidemment, je ne ferai pas d'annonce à sa
place, on va faire les choses dans l'ordre. Et puis j'invite ma collègue
peut-être à lui téléphoner ou à lui écrire si elle veut plus de précisions
là-dessus. Mme Laforest est une femme très abordable et très gentille, donc je
suis persuadé qu'elle pourra vous donner des réponses.
La Présidente (Mme Chassé) : Merci,
M. le ministre. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme
Maccarone : Oui, Mme la Présidente. Vous savez que je suis une députée
de Montréal, en plein
centre-ville de l'île, au coeur de
l'épidémie. Les familles de Westmount—Saint-Louis ainsi que sur toute l'île de Montréal sont très inquiètes. Le gouvernement
aussi, puisqu'il a annoncé qu'il repoussait d'une semaine l'ouverture des
commerces. Est-ce que le ministre a un plan précis de retour en services de
garde pour Montréal?
La Présidente (Mme
Chassé) : M. le ministre.
• (11 h 40) •
M.
Lacombe : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, évidemment qu'à Montréal, on le sait, la situation, elle est différente
qu'ailleurs au Québec. Donc, on considère Montréal
comme étant une zone chaude, alors qu'ailleurs... Bien, en fait, Montréal et la grande
région de Montréal, donc, ce qu'on appelle la Communauté métropolitaine de Montréal,
on la considère comme une zone chaude. Le premier ministre a déjà eu l'occasion
de dire que, si on doit, en collaboration avec la Santé publique, retarder l'ouverture notamment des écoles et des garderies, bien, on pourra se
poser cette question-là.
En fait, le
plan, il est évolutif. On va s'adapter. Le premier ministre l'a répété,
l'a martelé, la priorité, c'est la santé des Québécois, la santé de notre monde. Donc, on l'a vu avec
les commerces, on peut repousser l'ouverture si on a des enjeux de santé. Ce n'est pas exclu de le faire. On ne mettra la santé
de personne en danger. On va écouter les recommandations de la Santé publique.
La Présidente (Mme Chassé) : Mme la
députée de Westmount—Saint-Louis,
simplement vous indiquer qu'il reste 1 min 40 s au bloc
d'échange, au dernier bloc d'échange avec le ministre.
Mme
Maccarone : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Juste comme un dernier commentaire de ma part, je dois dire qu'à mon estime puis, je pense,
l'estime de tous les parents qui nous écoutent aujourd'hui, le ministre a vraiment
changé d'idée quand il a dit aux parents
qu'ils n'auront pas à payer jusqu'au... septembre. Puis, pendant une semaine,
il a répété la même chose, c'est les mêmes
mots, sans même savoir combien que ça coûterait. Ce n'était pas une erreur, il
a vraiment changé d'idée.
Ainsi que le gouvernement distribue depuis le début de la pandémie des primes aux travailleurs de
la première ligne — ça,
on dit que c'est nos anges gardiens — nous
avons demandé au ministre de donner une prime aux éducatrices qui ont permis aux travailleurs de première ligne
d'être au front, mais il a refusé. Si les éducatrices n'avaient pas été là,
des infirmières, des préposés, des policiers n'auront pas pu aller au travail.
Ces femmes méritent une prime. On s'apprête à ouvrir un réseau de services
de... clair sans balises... services de garde sans balises claires. Des tonnes
de questions demeurent sans réponse, puis c'est inquiétant.
Alors, je
voulais savoir si le ministre avait des précisions qu'il pouvait offrir aux
parents qui s'inquiètent parce
qu'ils n'ont pas d'emploi et ils ne pourront pas payer et décharger
2 000 $ par mois pour
réserver leurs places lors de la fin de
la pandémie, ainsi qu'au réseau de service de garde, surtout en milieu
familial, et le réseau privé aussi, qui vont bientôt fermer leurs
portes, car ils n'ont pas eu de soutien nécessaire pour rester ouverts.
La Présidente (Mme Chassé) : M. le
ministre, en moins de 10 secondes.
M.
Lacombe : Merci, Mme la Présidente. 75 millions, c'est ce qu'on a
mis sur la table pour alléger le fardeau des parents, payant leurs contributions parentales pendant plus de trois
mois. Et, si la députée de Westmount—Saint-Louis n'a que ça à me reprocher,
c'est une bonne nouvelle, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Chassé) : Alors, ceci termine et met fin à nos blocs
d'échange pour la séance de commission d'aujourd'hui. Je vous remercie
tous pour votre grande collaboration. On a accompli notre mandat.
Et on ajourne
nos travaux jusqu'à vendredi 8 mai, 9 h 30, où nous accomplirons
un autre mandat. Ceci met fin à cette séance virtuelle. Je vous invite à
raccrocher pour mettre fin à la visioconférence. Merci à tous.
(Fin de la séance à 11 h 43)