(Quinze
heures trente minutes)
Le
Président (M. Picard) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission des relations avec les
citoyens ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien
vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est
réunie afin de procéder à l'étude du volet Jeunesse des crédits budgétaires du portefeuille
Conseil exécutif pour l'exercice financier 2018‑2019.
Une enveloppe de deux heures a été allouée pour l'étude de ces
crédits.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Guilbault
(Louis-Hébert) est remplacée par M. Roberge (Chambly).
Jeunesse
Le
Président (M. Picard) : Merci. Nous allons débuter par les remarques préliminaires puis
nous allons procéder à une discussion
d'ordre général par blocs d'environ
12 minutes, incluant les questions et les réponses. La mise aux voix
de ces crédits sera effectuée à la fin du temps qui leur est alloué, soit vers
17 h 30.
Remarques préliminaires
Nous débutons donc avec
les remarques préliminaires. M. le premier ministre, vous disposez de 10 minutes.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Oh! 10 minutes seront vite passées, M. le Président. Merci. Très rapidement,
saluer mes collègues parlementaires et les personnes qui les accompagnent,
vous-même, le personnel de l'Assemblée également.
À
ma gauche, Mme Isabelle Mignault, qui dirige le Secrétariat à la
jeunesse. Elle aura donc l'occasion parfois de donner des précisions techniques. À ma droite, le directeur de cabinet,
M. Jean-Pascal Bernier, bien sûr mes collègues de l'équipe
gouvernementale qui sont avec moi aujourd'hui.
Alors,
M. le Président, l'étude des crédits Jeunesse chaque année, c'est une occasion
unique d'expliquer l'action du
gouvernement, une vision du Québec, un Québec qui doit être à l'image de sa
jeunesse, un Québec confiant, créatif, ouvert
et inclusif. On fait des choix responsables en faveur de la jeunesse et de son
avenir. On fait des choix responsables également
pour l'avenir pour tous les Québécois avec le quatrième budget équilibré
consécutif, une réduction de la dette grâce
au Fonds des générations, la plus forte croissance économique en 20 ans,
une amélioration de la qualité de vie pour les jeunes familles avec un plan de mobilité durable, un projet de loi qui
réforme les normes du travail et des réinvestissements majeurs en
éducation et en santé.
Je
suis heureux d'être à la tête d'un gouvernement qui, plus que jamais, est
jeune, visionnaire et branché sur les besoins
de la jeunesse du Québec, conscient que les choix que nous faisons aujourd'hui
ont des répercussions sur nos jeunes qui
bientôt auront à relever la plupart des nos fonctions, et déjà maintenant, je
crois, et de nos activités socioéconomiques, et je souhaite agir de façon déterminante avec eux. Moi, j'ai confiance
en notre jeunesse et j'ai l'intime conviction que nous pouvons la prendre pour guide vers l'avenir
tout en assumant au quotidien le défi de concilier leur vision avec celle
de l'ensemble de la population.
C'est
important de rappeler qu'en 2030 il y aura plus de personnes de 65 ans et
plus, j'en serai, que de jeunes de 20 ans.
Clairement, je n'en serai pas. C'est donc dire que c'est sur nos jeunes que
reposent nos ambitions et la pérennité de
l'ensemble de nos services. Il est temps pour nous d'appuyer notre jeunesse, sa
vision qui est celle de l'avenir du Québec, essentiel d'en tenir compte, bien sûr. Avec l'avènement de nouvelles
technologies, avec la créativité et leurs convictions, nos jeunes sont déjà de puissants agents de
transformation. Ils sont la meilleure carte de visite économique du Québec.
On mise sur la qualité de vie et la mobilité parce que cela reflète les
priorités de cette génération.
On sait également que le gouvernement a agi pour
la santé des jeunes afin de favoriser les saines habitudes de vie et un
environnement sécuritaire. Le Secrétariat à la jeunesse finance notamment
différents projets avec le Regroupement des maisons de jeunes, le Réseau du sport étudiant, La Tablée des chefs,
de nouveaux partenariats de la Stratégie d'action jeunesse, dont je suis
particulièrement fier.
Le gouvernement du
Québec, en présence de nombreux partenaires et collaborateurs des milieux de
l'activité physique, du sport et du loisir,
a procédé, le 3 avril dernier, au lancement de la politique Au Québec, on
bouge!, a agi, avec le ministère de la Santé et des Services sociaux, pour la
santé mentale, services de psychologie destinés aux jeunes en difficultés pour les trois prochaines années.
On a également annoncé un plan découlant de la politique de prévention en santé qui vise à augmenter de 20 %, d'ici
2025, le nombre de jeunes qui sont actifs durant leurs loisirs et leurs
déplacements.
Le
gouvernement a fait de la réussite éducative son cheval de bataille avec un plan
sans précédent. On a annoncé 10 200 nouvelles ressources,
d'importants investissements à tous les niveaux de notre système d'éducation
jusqu'à l'enseignement supérieur en partant de la petite enfance.
Au
Secrétariat à la jeunesse, on finance par ailleurs plusieurs projets, notamment
le concours bien connu qu'est Secondaire en spectacle,
Fusion Jeunesse, une nouvelle plateforme interactive de mentorat virtuel
en milieu scolaire nommée Academos. On a
aussi agi pour favoriser la participation citoyenne et l'accès à la culture
pour les jeunes, plusieurs projets, donc, qui sont financés à cette fin
par le secrétariat.
Nous
sollicitons également, au gouvernement, davantage les jeunes. Grâce aux
rencontres Perspectives jeunesse, un
nouveau mécanisme de consultations publiques destiné exclusivement aux jeunes,
nous les avons consultés en amont de la nouvelle politique
internationale du Québec, lors de l'élaboration de la Stratégie québécoise de
recherche et d'innovation et sur l'encadrement de légalisation du cannabis.
Sur le plan
culturel, le gouvernement est également en action. Nous allons dévoiler
prochainement, très prochainement, la
nouvelle politique culturelle du Québec. Rappelons l'accès annoncé,
gratuitement, un dimanche par mois dans les musées du Québec, une mesure
mise de l'avant notamment pour les jeunes familles.
Le
Secrétariat à la jeunesse finance d'autres projets majeurs comme le programme
Place aux jeunes en région qui
soutient les jeunes diplômés ou qualifiés qui souhaitent trouver un emploi et
s'établir en région, un programme favorisant la mobilité des jeunes partout au Québec, au Canada et sur le plan
international avec Les Offices jeunesse internationaux du Québec, un important partenariat avec les
carrefours jeunesse-emploi du Québec par le programme Créneau carrefour jeunesse qui met en place des services directs
pour répondre aux besoins d'employabilité des jeunes et notamment leur retour à l'autonomie sociale. On a stabilisé le financement des
110 carrefours jeunesse-emploi du Québec en prolongeant de deux années supplémentaires l'entente qui
prévoit un financement minimal de 47,3 millions de dollars annuellement,
et ce, jusqu'en 2021.
On agit, bien
sûr, pour l'entrepreneuriat jeunesse
pour soutenir la relève, développer l'esprit d'entreprendre en milieu scolaire. Nous finançons ces initiatives
avec la fondation en entrepreneurship, l'organisme OSEntreprendre et le
Regroupement des jeunes chambres de commerce. Notons la reconnaissance que nous
faisons du rôle déterminant de l'économie sociale avec un soutien ajouté de
4,5 millions sur cinq ans dans le dernier budget.
On a également posé d'autres gestes
déterminants, comme le plan d'action en entrepreneuriat, la politique
bioalimentaire, le financement par le secrétariat du projet Arterre, une banque
de fermes et de terres pour favoriser l'émaillage,
entre les agriculteurs de la relève et les cédants, qui a donné lieu, le
19 avril dernier, à l'annonce de son tout premier transfert de ferme non apparentée au Québec, et ce, dans la MRC
des Érables. Donc, voilà des actions en faveur de la jeunesse qui
interviennent sur les cinq priorités de la politique québécoise : la
santé, l'éducation, la citoyenneté, l'emploi et l'entrepreneuriat.
On porte également
une attention toute particulière à la
jeunesse autochtone. Le Secrétariat à la jeunesse a financé trois stratégies autochtones élaborées et mises en
oeuvre par les autochtones. Rappelons que nous sommes, je crois, audacieux
et à l'avant-garde et qu'on a posé des
gestes structurants sur le long terme, comme les places réservées aux jeunes de
moins de 35 ans sur les conseils
d'administration des sociétés d'État, 10 % de représentation de jeunes
dans des missions commerciales du
Québec, une chaire de recherche sur la jeunesse, prix Reconnaissance Jeunesse,
que nous accordons chaque année.
Ici,
j'aimerais dire que je souhaite qu'on honore et qu'on mette en valeur davantage
notre jeunesse québécoise et ceux qui oeuvrent auprès d'elle dans ce
lieu-phare de notre démocratie qu'est l'hôtel du Parlement.
Je suis
particulièrement heureux de souligner la toute première remise, le 28 mars
dernier, du prix Emmett-Johns à François Grégoire, P.D.G. de Force
Avenir, bien connu.
Voilà, M. le
Président, la vision du gouvernement en faveur de notre jeunesse, des actions
dont je suis très fier. Nos jeunes
sont au coeur du plan économique du Québec parce que le Québec, c'est eux,
c'est elles. Comme à tous les moments
de l'histoire, nos jeunes sont progressistes et de leur temps, il faut leur
faire confiance, les admirer et les suivre.
Voilà, M. le
Président, dans l'enthousiasme et l'espoir de nos jeunes réside la solution au
cynisme qui s'est parfois installé
dans la population en l'endroit de l'État, des femmes et des hommes politiques
et de nos institutions. Voilà donc notre projet de société pour le
Québec. Voici l'objectif qui guide l'action du gouvernement. Je suis très fier
du travail accompli, et c'est avec plaisir maintenant que je répondrai à vos
questions. Merci.
Le
Président (M. Picard) : Merci, M. le premier ministre.
Avant de vous céder la parole, Mme la députée de Marie-Victorin,
j'aurais besoin d'un consentement afin de permettre à M. le député de
Maskinongé de remplacer Mme la députée de Bourassa-Sauvé. Consentement?
Consentement.
Mme la
députée de Marie-Victorin, vous avez un maximum de six minutes pour vos
remarques préliminaires. Allez-y.
Mme Catherine
Fournier
Mme Fournier :
Merci, M. le Président. Alors, évidemment, je salue M. le premier
ministre, les collègues députés également
du côté gouvernemental, mon collègue aussi de la deuxième opposition,
évidemment tout le monde qui participe au
bon fonctionnement de nos travaux, des crédits budgétaires, l'ensemble des
fonctionnaires qui sont présents avec nous aujourd'hui, mon
recherchiste, bien entendu, au Parti québécois.
Évidemment,
ça me fait un grand plaisir, comme plus jeune députée de l'Assemblée nationale, de participer à l'étude des crédits, volet Jeunesse, parce qu'évidemment je me sens interpellée, mais je sens aussi tous les membres de ma
génération interpellés
par ce dont on va traiter aujourd'hui. Les jeunes, évidemment, je les côtoie dans
le quotidien, ils font partie de mon
entourage, bien sûr, mais je réalise aussi actuellement une tournée à travers le Québec dans les cégeps, dans les universités.
Alors, je vois à quel point, ma génération, notre génération, est ambitieuse, à
quel point on a confiance en nous
puis qu'on a besoin aussi d'avoir les opportunités qui nous permettent donc de
nous réaliser. Il y a beaucoup, donc, d'ambition,
comme je le disais, mais également des besoins, donc des besoins auxquels le gouvernement doit également
répondre.
Alors, ça me
fera plaisir aussi de questionner le premier
ministre et le gouvernement sur les choix et les actions qui ont été posés. Et je
reporterais le restant de mes remarques préliminaires sur mon temps de parole.
Le
Président (M. Picard) : Parfait, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à M. le député de Chambly pour une période maximale de quatre
minutes.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge : Merci bien, M. le Président. Donc, comme
ma collègue, je vais tout simplement saluer le premier ministre, les députés de la partie ministérielle, vous-même,
la collègue et tout le monde qui est là, mais je vais réserver mon
temps pour la période d'échange. Je pense que c'est plus riche de procéder
ainsi. Merci.
Discussion
générale
Le
Président (M. Picard) : Merci. Je suis maintenant prêt à reconnaître une première intervention. Mme la députée de Marie-Victorin, pour une
période de 17 minutes.
• (15 h 40) •
Mme Fournier : Oui, merci, M.
le Président. Alors, je vais entrer tout de suite dans le vif du sujet. Tantôt,
le premier ministre, dans son énumération, a fait mention, donc, de
certaines mesures, donc, qu'ils appellent les mesures structurantes annoncées pour la jeunesse québécoise. Et il a notamment fait
référence à la loi qui a été adoptée en 2016 pour réserver des places au sein des conseils d'administration des
sociétés d'État pour les jeunes de moins de 35 ans. Alors, cette
loi-là, elle a été adoptée le 7 décembre 2016. D'ailleurs, je crois que
c'était une très bonne initiative. Elle a été adoptée à l'unanimité des
parlementaires. J'aurais aimé être là pour pouvoir la voter, mais j'avais été
élue seulement deux jours plus tôt, alors je
n'étais pas encore assermentée. Je pense que c'était une belle initiative qui a
réuni justement tout le monde pour faire justement plus de place à nos
jeunes sur les conseils d'administration des sociétés d'État.
Alors, je me
demandais quel était l'état de la situation actuellement et comment étaient
choisis, donc, les jeunes pour remplir les postes sur les sociétés
d'État qui leur sont accordés.
Le Président (M. Picard) :
M. le premier ministre.
M. Couillard : Merci. Merci, M.
le Président.
En fait, on
est satisfaits, effectivement, depuis l'adoption du projet de loi, de voir que
l'adhésion des sociétés d'État s'est
faite, je dirais, même encore plus rapidement que ce que nous pensions. Bien
sûr, les sociétés elles-mêmes se chargent de faire des démarchages, de faire des appels de proposition pour des
candidatures, mais, si je fais quelques références de nombres, je ferais celles-ci. D'abord, 13 sociétés
d'État sur 23 ont au moins un administrateur qui avait 35 ans ou moins
au moment de leur nomination, c'est plus de
50 %. 18 administrateurs actuels de sociétés d'État avaient
35 ans ou moins au moment de
leur nomination et 12 administrateurs de sociétés d'État ont 35 ans
ou moins présentement. Alors, c'est quand même intéressant.
On les voit,
ces jeunes-là, ils existent vraiment. J'ai même ici les sociétés en question,
je ne sais pas si on veut que je les
énumère, mais ce sera disponible comme document. Ça part de la Caisse de dépôt
jusqu'à Transition énergétique Québec
en passant par la Société de télédiffusion du Québec. Alors, on va bien sûr
continuer ces efforts-là, mais je pense qu'on est sur la bonne voie d'y
arriver, et on est, je pense, somme toute assez satisfaits du résultat.
Il y a
également d'autres initiatives qui visent à... puis ça, si vous voulez, c'est
dans l'onglet... mettre les jeunes dans
les sites d'influence ou dans les sites de pouvoirs, les sites décisionnels. On
a également formé des jeunes administrateurs
en partenariat avec le Collège des administrateurs de sociétés. Il y a déjà
deux jeunes qui ont été formés. Le
financement permet à environ six jeunes de participer au programme cette année,
et on va faire un appel à candidatures ces
jours-ci pour les prochains qui pourront accéder à cette formation-là parce
que, c'est comme dans d'autres situations, les gens disent : Bien oui, mais on veut bien avoir des jeunes de
moins de 35 ans, mais est-ce qu'ils ont les compétences, l'expérience? Bon, l'expérience et le temps, on
n'y peut rien, mais la compétence, certainement, ça se mesure et ça se mesure particulièrement lorsque les formations
sont faites et suivies. Et je pense que c'était une très bonne idée de donner
accès à cette formation aux jeunes
administrateurs. Et on va bien sûr continuer d'agir non seulement avec les
sociétés d'État...
C'est un peu comme la question de la parité. On
discutait aujourd'hui de la parité hommes-femmes dans la députation. Puis on se souvient de l'impact
important qu'avait eu la parité sur les C.A. des sociétés d'État entre les
hommes et les femmes. Et je suis
persuadé que, pour les jeunes de 35 ans ou moins, ça va avoir absolument
le même impact. On n'a eu que des
commentaires positifs, jusqu'à maintenant, des sociétés d'État sur la
participation des jeunes aux activités des conseils d'administration.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Fournier :
Ce qu'on comprend quand même, M. le Président, c'est donc que le gouvernement a
un mot à dire sur les personnes qui
sont nominées au sein des conseils d'administration des sociétés d'État, c'est
le gouvernement qui approuve les nominations, donc, des jeunes qui vont
occuper les places qui ont été réservées, là, en vertu de la nouvelle loi.
M. Couillard : Bien, ce processus-là, d'abord, est en train de
changer parce qu'on est en train d'introduire, de façon progressive, pour un ensemble d'organismes,
dont les sociétés d'État, un mécanisme d'appel public de candidatures avec des profils de compétence recherchés et un
mécanisme de sélection qui va être, je pense, fait selon les meilleures pratiques. Ça a toujours été ça, nos prédécesseurs
aussi faisaient ça. La différence, c'est que, maintenant, on a cette capacité
d'avoir des jeunes de 35 ans ou moins,
qui n'existait pas auparavant. Chaque semaine, on fait des nominations sur les
conseils d'administration des sociétés
d'État et des organismes et on a un tableau de bord qui nous permet de vérifier
quel est le progrès qu'on fait pour
la parité hommes-femmes, pour la présence des jeunes, la présence des
autochtones, des personnes de langue
anglaise, des communautés culturelles, de façon à s'assurer qu'on progresse.
Mais ce sont des nominations
d'exécutif, bien sûr. Je pense que l'amélioration, pour les prochaines années,
ce sera d'étendre ce qu'on a commencé au secrétariat général, avec des
appels de candidatures publics pour la plupart de ces postes-là.
Le Président (M. Picard) :
Mme la députée.
Mme Fournier :
Est-ce que vous êtes présentement en mode révision de la façon de sélectionner
les candidatures parce que vous trouvez que le mode de sélection actuel
n'était pas assez transparent?
M. Couillard : On veut toujours faire mieux, et je pense qu'un
appel public de candidatures, c'est la meilleure façon de faire mieux. Mais on ne fera pas ça d'un coup sur toutes les
sociétés d'État, il faut y aller progressivement. Je pense que, déjà, on a commencé pour certains
tribunaux administratifs, on a fait des appels publics de candidatures et,
progressivement, on va les étendre aux autres éléments.
Le Président (M. Picard) :
Mme la députée.
Mme Fournier :
Oui, M. le Président. Alors, j'étais curieuse d'entendre le premier ministre à
ce sujet-là parce que, oui, moi
aussi, je me suis intéressée aux profils des candidats qui ont été sélectionnés
par le présent gouvernement jusqu'à maintenant, depuis l'adoption de
cette loi. Alors, je vais vous en faire un peu la nomenclature, je vais en citer
quelques cas d'espèce, donc, parmi les candidats qui ont été retenus pour
siéger sur les conseils d'administration.
Alors,
d'abord, on peut notamment trouver Claudia Di Iorio, qui travaille à la
Société de l'assurance automobile du
Québec, en fait, qui siège sur le conseil d'administration, et qui a un lien
direct avec le Parti libéral du Québec. En fait, c'est la fille d'un député libéral fédéral actuel. Elle est responsable
de l'aile jeunesse de l'aile fédérale, elle milite au sein du Parti
libéral du Québec. Et ce n'est pas la seule. Il y a plusieurs des jeunes qui
ont été nommés sur des conseils d'administration
des sociétés d'État qui ont un lien comme ça, absolument direct, avec le
présent parti qui est au gouvernement.
En fait, la
majorité, l'immense majorité, nous, on en a répertorié onze, nominations qui
ont été faites, et la plupart d'entre
eux ont vraiment un lien qu'on ne peut pas nier avec le Parti libéral. Alors,
je viens d'en citer un cas. Je vais vous en décliner certains autres.
On peut
également penser à Mia Homsy, qui est à Transition énergétique Québec, qui est
une ancienne attachée politique de Raymond Bachand. Alors, on voit le
lien extrêmement direct dans ce cas-ci aussi. On compte également Frédéric Barriault, qui est à Transition
énergétique du Québec, lui aussi, qui a fait plusieurs dons au Parti libéral,
qui est un ex-membre de l'aile
jeunesse du Parti libéral, dont les parents sont aussi des grands libéraux. On
peut aussi penser à Hugo Delorme, qui
est à la Société de la Place des Arts de Montréal, mais également à la Société
des loteries. M. Delorme est un
ancien attaché politique, lui aussi, avec Alain Paquet en 2003‑2004. Il a fait
plusieurs dons au Parti libéral du Québec.
Je peux continuer
encore. Il y a Marc-André L'Allier, qui est à la société québécoise de
l'immobilisation. Alors, il est un ex-responsable des communications pour l'aile
jeunesse du Parti libéral. Il a fait de nombreux dons au Parti libéral, lui
aussi, dans son cas. Il y a même des
gens qu'on peut faire aussi des liens assez directs. Par exemple, Jérémie
Monderie Larouche, qui est à
la Société de télédiffusion du Québec, qui est membre du Parti libéral du
Québec depuis 2006, alors depuis 12 ans
maintenant qu'il est membre de la formation politique. On peut également penser
à Michèle Lalancette, qui est à La Financière agricole, qui a été une
donatrice aussi du Parti libéral du Québec.
Donc, vous
voyez que, sur toutes les personnes qui ont été nommées, tous les jeunes qui
ont obtenu un poste sur les conseils
d'administration des sociétés d'État en vertu de la nouvelle loi, mais on voit
que l'immense majorité a des liens
directs avec le parti au pouvoir, avec le Parti libéral. Moi, je vous dirais
que ça me met vraiment extrêmement mal à l'aise de constater que cette loi-là semble, pour l'instant, avoir été
utilisée pour donner des privilèges aux gens qui contribuent au Parti
libéral, aux gens qui s'impliquent au sein du Parti libéral.
Alors, de
voir que le gouvernement instrumentalise les jeunes en ce moment pour faire
perdurer une espèce de système de copinage où les libéraux nominent des
libéraux et que ça se perpétue comme ça dans le temps, j'aimerais entendre le premier ministre à ce sujet-là.
Comment est-ce que qu'il peut expliquer que la quasi-totalité, l'immense
majorité des jeunes qui ont été nommés en vertu de la loi peuvent être
liés directement avec son gouvernement?
Le Président (M. Picard) :
M. le premier ministre.
M. Couillard : Je vais commencer par dire que je suis
excessivement déçu d'entendre la plus jeune députée de l'Assemblée se comporter de cette façon. Je
pensais entendre de sa part la politique faite autrement. Est-ce qu'elle a à
dire sur la compétence d'une de ces personnes? Peut-être qu'elle
pourrait m'expliquer.
Le Président (M. Picard) :
Mme la députée.
Mme Fournier :
Écoutez, je pense qu'il y a plein de jeunes compétents au Québec qui
appartiennent à toutes les familles politiques ou qui ne sont pas liés à
des familles politiques. Mais comment est-ce qu'on peut expliquer que la quasi-totalité, que la vaste majorité des jeunes
qui ont été nommés ont un lien direct avec le gouvernement libéral? Est-ce
qu'on voudrait faire croire que c'est un
hasard? Que, tout simplement, ces gens-là sont arrivés comme ça au-dessus de la
pile sans qu'on ait su au préalable qu'il y avait un lien avec le Parti
libéral?
Moi, je ne
pense pas du tout que ça relève du hasard. Puis, nécessairement, je pense que
les Québécois ont le droit de se
poser des questions sur les nominations auxquelles procède le Conseil des
ministres. Je l'ai dit d'entrée de jeu, je crois que c'est une excellente loi, il fallait aller en ce sens-là. Mais
il ne fallait pas que cette loi-là soit simplement un outil pour placer
des jeunes libéraux dans des postes d'importance, dans des postes de pouvoir.
Le Président (M. Picard) :
...premier ministre.
• (15 h 50) •
M. Couillard : Donc, rien à dire sur la compétence, c'est ce que
j'entends. Deuxièmement, elle-même a fait la promotion de l'engagement politique chez les jeunes dans son livre.
Alors, je suis surpris de voir qu'elle veut pénaliser les jeunes qui sont engagés. Je serais très
heureux, moi, qu'elle m'indique des jeunes péquistes. On va se faire un plaisir
de les nommer.
D'ailleurs,
je vais lui raconter une histoire qu'elle ne connaît pas. Quand on est arrivés,
on a trouvé un ancien chef du Parti québécois qui avait littéralement
été mis de côté par sa formation politique. On l'a gardé avec nous. On l'a rémunéré. Il le méritait parce qu'il était compétent. On a financé de nombreuses années le Chantier de
l'économie sociale, dirigé par quelqu'un
qu'elle connaît bien, M. Aussant. On ne s'est jamais
posé de questions sur l'allégeance politique
de M. Aussant. Et nous, on procède comme ça.
Alors, je vais lui apprendre également qu'aux
époques où son parti était au pouvoir, ce fut à chaque fois une hécatombe politique dans les nominations, des congédiements assez
disgracieux. On a fait le ménage, on a fait une purge et on s'est
retrouvés, bien sûr, avec la famille politique qu'elle connaît bien.
Alors, moi,
je suis ouvert à faire des nominations de tout
le monde. Si elle a des jeunes
qu'elle connaît, qu'elle veut me
proposer, qu'elle veut nous proposer pour des nominations pour les postes
vacants, ça nous fera plaisir d'étudier. Mais il faut avoir un profil
qui correspond également à la société ou au poste demandé.
Alors, je pense
que c'est un peu regrettable d'aborder la question comme ça. Honnêtement,
je suis surpris. Je ne pensais pas que c'était comme ça que ma collègue
ferait de la politique.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Mme la députée.
Mme Fournier : M. le
Président, les Québécois
ont le droit de se poser des questions. Puis clairement, quand on regarde les profils qui ont été retenus, il y a
une orientation idéologique.
Évidemment, il y a plein de jeunes compétents qui appartiennent, je le
dis encore une fois, à toutes les formations politiques, aux jeunes,
évidemment, qu'on espère qu'ils s'impliquent
en politique. Mais comment est-ce qu'il peut expliquer que l'immense majorité
des gens qui ont été nommés
proviennent du Parti libéral, ont été des anciens employés? Comment est-ce
qu'il peut justifier, comment est-ce qu'il
peut penser, même, que ça a été le fruit du hasard, qu'on les a simplement
sélectionnés pour leurs compétences? Bien
sûr qu'ils sont compétents. Mais il y a plusieurs jeunes aussi qui sont
compétents, et, étrangement, le gouvernement libéral semble sembler que
les seuls jeunes compétents sont des jeunes libéraux. Je me questionne à ce
sujet-là.
M. Couillard : Bien, nous, on pense qu'il y en a bien d'autres
qui sont compétents, mais je vois qu'elle n'est pas capable de nier la compétence d'aucune de ces
nominations-là. Alors, moi, je vais répéter. Alors, si elle a des noms à nous
proposer, nous indiquer, ça nous fera
plaisir de les étudier et de les évaluer. Et je pense qu'on doit se réjouir, au
contraire, qu'il y a des gens
engagés, mobilisés, impliqués qui se présentent. Et il y aura d'autres
nominations, et on en fera d'autres.
Le Président (M. Picard) :
Mme la députée.
Mme Fournier :
M. le Président, au-delà de la compétence, je vous ai nommé certains exemples,
comme celui de Frédéric Barriault,
qui est à Transition énergétique Québec, mais qui est fiscaliste. Alors, est-ce
qu'on peut expliquer aussi? Il n'y a
pas de lien direct, là, entre les formations politiques... entre les formations
académiques et le poste occupé sur les conseils
d'administration. Alors, pourquoi un fiscaliste libéral a-t-il été nommé, par
exemple, sur le C.A. de Transition énergétique Québec? Qu'est-ce qui
explique, autre que son allégeance libérale?
M. Couillard : Je vais lui laisser ses hypothèses, mais est-ce
qu'elle est familière avec le concept d'écofiscalité, peut-être?
Peut-être qu'elle a entendu parler, peut-être, une fois ou deux de
l'écofiscalité, c'est-à-dire l'utilisation des politiques fiscales de l'État pour favoriser la transition énergétique.
Alors, c'est une très, très bonne nouvelle. Merci d'avoir souligné cette
nomination.
Le
Président (M. Picard) : Mme la députée. Il reste trois
minutes à votre premier bloc.
Mme Fournier :
Bien, écoutez, M. le Président, le premier ministre peut tenter d'esquiver
comme il le veut les questions, mais,
dans le cas, par exemple, de M. Barriault, c'est un fiscaliste spécialisé
dans le traitement des testaments. Alors,
il a bien beau parler d'écofiscalité, là, je suis bien d'accord puis, oui,
évidemment, je connais le sujet, j'en ai entendu parler, mais,
voyez-vous, il n'y a pas de lien.
Alors,
est-ce que le premier ministre peut reconnaître qu'en ce moment il y avait
vraiment une utilisation de la loi à
des fins partisanes pour donner des promotions aux membres du Parti libéral?
Parce que, vraiment, quand on regarde le
profil des personnes qui ont été sélectionnées, on ne peut pas dire que c'est
simplement pour une question de compétence. Il y a vraiment une orientation idéologique qui a été choisie. Et moi,
j'aimerais que le premier ministre puisse expliquer ce choix-là aux
Québécois.
M. Couillard :
Bien, ce sont de très bons choix parce que ce sont des personnes compétentes et
impliquées. Tiens, je vais donner un exemple
d'une des premières personnes qu'elle a citées, puis elle aurait dû être
prudente avant de parler de ce
cas-là, c'est Claudia Di Iorio à la SAAQ. Savez-vous pourquoi elle est à la
SAAQ? Parce qu'elle a eu un accident
presque mortel qui a changé sa vie. Et je crois que c'est un bon parcours de
vie pour aller agir à la Société de l'assurance automobile du Québec.
Alors,
avant de porter des jugements rapides sur les gens comme ça, considérez
l'ensemble des gens. Moi, je ne porte
pas de jugement rapide sur personne et je pense qu'elle devrait être un peu
plus généreuse dans ses commentaires et s'assurer qu'elle reconnaît la
participation des jeunes. Je lui répète que, si mes collègues ont des
nominations à me suggérer pour diverses sociétés d'État, ça me fera plaisir de
les considérer.
Le Président
(M. Picard) : Mme la députée.
Mme Fournier :
M. le Président, s'il y avait juste le cas de Mme Di Iorio,
évidemment, on ne se serait pas posé de
questions. Le problème, c'est quand on creuse, c'est quand on accumule les
nominations partisanes qui ont été faites depuis l'application de cette
loi-là. C'est ça qui cause problème. C'est ça, le noeud, le noeud de l'affaire.
Alors,
oui, le premier ministre peut noter ce cas spécifique qui nous préoccupe en ce
moment, mais il y en a plein d'autres,
l'immense majorité. Alors, comment est-ce qu'il peut justifier ça autrement que
par une orientation idéologique?
M. Couillard : Bien, au contraire, s'il y a un gouvernement qui a fait peu de nominations partisanes, c'est le nôtre. Et je serais prêt n'importe quand, n'importe
quand, à comparer la performance du Parti
québécois dans ses nominations
à la nôtre. Ce serait, d'après moi, pour la députée un exercice salutaire. Au contraire, on a
été très transparents. On a recruté des
gens très compétents et on va continuer de le faire. Je répète, si elle veut
nous référer des candidatures, des C.V., qu'elle le fasse, on sera
heureux de les considérer.
Le Président
(M. Picard) : Il vous reste une minute, Mme la députée.
Mme Fournier :
Bien, je vais simplement conclure, M. le Président, en disant qu'on a la preuve
béton que les gens qui ont été nommés
par le présent gouvernement libéral sur les sociétés d'État pour combler les
postes réservés aux jeunes de
35 ans et moins sont directement liés avec le Parti libéral. Alors, quand
on parle de nominations partisanes, on en a un exemple qui est probant. Il a beau se défiler, les noms, les profils
le démontrent extrêmement clairement. Alors, oui, il y a eu une
orientation idéologique, et moi, j'aurais aimé, j'aurais espéré que le premier
ministre, qui a l'intention d'ailleurs de
réviser le mode de nomination, là c'est une bonne nouvelle, puisse le
reconnaître et dire que ce n'était pas la meilleure façon de procéder à
des nominations pour les conseils d'administration.
Le Président
(M. Picard) : Merci.
M. Couillard : ...qu'on est en train de faire cette révision, ce sera une bonne chose,
mais, encore une fois, elle devrait
plutôt féliciter chacun de ces jeunes hommes et jeunes femmes qui acceptent de
donner de leur temps bénévolement pour être sur des conseils
d'administration de sociétés d'État.
Le Président
(M. Picard) : Merci. Nous entreprenons le premier bloc de
la partie gouvernementale. Mme la députée de Richmond. Le bloc est d'une durée
de 17 minutes.
Mme Vallières :
Merci beaucoup, M. le Président. Puis, effectivement, des jeunes compétents, il
y en a énormément au Québec. Au-delà
de la députée de Marie-Victorin qui dit faire une tournée dans les cégeps et
les universités, on est également une
aile parlementaire qui est sur le terrain constamment et qui rencontre ces
jeunes aussi. Et le premier ministre fait
une tournée extraordinaire aussi, depuis le lancement de la Politique
québécoise de la jeunesse, pour rencontrer les jeunes de partout au
Québec. Donc, on est en mesure de constater à quel point ces jeunes sont
ambitieux.
Je ferais une
parenthèse pour mentionner également, et ne pas l'oublier, que la
Commission-Jeunesse du Parti libéral du
Québec est le groupe jeunesse le plus nombreux et le plus influent qu'on
connaisse. Et je suis vraiment fière
et heureuse d'en avoir fait partie, de continuer à m'y impliquer également, et
que ces jeunes grandissent, et qu'ils fassent
partie de notre grande force économique et de l'avenir et du présent du Québec
aussi. Alors, tant mieux si le passage chez nous et/ou dans d'autres
formations politiques peuvent leur être utile.
Je
suis aussi étonnée de la position de la députée de Marie-Victorin qui demande à
notre jeunesse d'être engagée, d'être
audacieuse, qui voudrait faire en sorte que les jeunes croient davantage en la
politique et que le cynisme ambiant que
l'on sent et qui continue de croître également s'amenuise avec le temps. Et,
comme le premier ministre le mentionnait, je pense qu'au-delà de vouloir faire de la politique autrement le dire,
c'est facile, le faire, c'est différent. Donc, on est devant l'épreuve de crédits, alors une expérience à
connaître aussi. On a un bilan extraordinaire pour les crédits Jeunesse, et
c'est ce que l'on regarde aujourd'hui. C'est important de renoter les
bons coups que l'on a faits.
Je suis
arrivée, moi, en politique, j'avais 34 ans, donc certes plus âgée que la
plus jeune députée de l'Assemblée nationale,
mais j'ai quand même grandi dans un parti qui est pour moi le véhicule le plus
fort que j'aie connu pour venir passer mes idées et m'impliquer
justement par l'audace que j'avais parce que j'étais une jeune engagée et parce
que je voulais faire en sorte qu'on puisse
aller plus loin. Et une de mes motivations à me lancer en politique a été la
place des jeunes dans la société.
Alors, on est directement en lien avec ça. Je suis contente que les jeunes
aient leur place dans nos sociétés
d'État. Je suis contente dans notre parti que les jeunes, on soit en grand
nombre aussi, parce qu'on est plusieurs jeunes députés.
• (16 heures) •
Et, que ce
soit avec la Politique québécoise de la jeunesse ou encore avec la Stratégie
d'action jeunesse, on a parlé à tous
les jeunes, d'ailleurs. Donc, des jeunes, qu'on soit une personne handicapée,
qu'on soit ceux qui excellent, qu'on soit
des jeunes marginalisés, qu'on soit avec un parcours différencié, les jeunes
autochtones, on leur a parlé également, on les a rencontrés à plusieurs reprises, que l'on soit un Québécois de
langue anglaise, les régions, les milieux urbains, ces jeunes, on les a rencontrés. Et je pense que
ce legs politique que j'aurai eu pendant ces quelques années, au-delà du
comté, c'est vraiment une grande fierté de
mon gouvernement. On a fait des actions extraordinaires. Puis cette grande
fierté, je comprends que les partis
d'opposition, peut-être, ne sont pas intéressés à en parler tant que ça parce
que, justement, on a un bilan
extraordinaire en matière de jeunesse puis en autres matières également,
évidemment, mais c'est notre rigueur. Et ça, c'est important de le
rappeler aussi.
Alors, on a
atteint cet équilibre puis non seulement l'équilibre entre le social et
l'économique, mais l'équilibre intergénérationnel,
l'équilibre budgétaire aussi, on en a parlé énormément. Le Québec va bien, et,
parce que le Québec va bien, c'est ce
qui nous a permis, dans le dernier budget, d'annoncer que les crédits dédiés à
la jeunesse allaient être majorés, majorés
de beaucoup, hein, près de 7 millions. Donc, c'est quand même une grande
réussite et c'est important de mentionner ces investissements majeurs et
importants.
Et, quand le
premier ministre se promène et va à la rencontre des différents groupes jeunes,
il y a une citation que je me suis permise de garder tout au long de mes
fonctions comme adjointe parlementaire du premier ministre, c'est qu'il a mentionné que «dans le nouveau Québec, nous
avons les moyens de soutenir notre jeunesse dans ses ambitions et nous
lui faisons la place qui lui revient pour bâtir la société dans laquelle elle
souhaite vivre».
Alors, pour
une première fois dans la Stratégie d'action jeunesse, on place le jeune
carrément au centre des actions. Donc,
oui, on agit avec et en partenariat avec différents organismes, 90 partenaires,
200 mesures, mais c'est le jeune qui est placé là et c'est parce qu'on
l'a écouté lors des différentes consultations et parce qu'on est sur le terrain
avec eux également qu'on est capables d'agir aussi directement.
Et on a connu
et on connaît beaucoup, beaucoup de premières dans notre histoire avec les
jeunes depuis le lancement de la stratégie : première fois qu'on a
carrément deux feuillets fiscaux, lors des dépôts des deux derniers budgets,
qui concernent la jeunesse. Et on parle de
dépôts de budgets, donc on parle évidemment d'argent et d'investissements. Ça
suit carrément nos actions,
évidemment, de la stratégie. Puis on a de la vision, on a été cohérents
également pour tout mettre en place et en arriver à ce qu'on connaît
aujourd'hui.
Des
premières, il y en a d'autres. On a ajouté carrément l'entrepreneuriat dans les
axes que l'on voit maintenant dans la
Stratégie d'action jeunesse. Et, quand on dit ça, c'est donc qu'il y a des
actions concrètes avec des partenaires et qui touchent des jeunes
également.
Une autre
première, c'est que c'est la première fois que la Stratégie d'action jeunesse
est complètement attachée d'avance
pour son financement. Alors, ça permet aux différents groupes partenaires avec
nous une prévisibilité certaine, ça
permet justement à eux également d'être très cohérents puis une stabilité dans
leur organisation, qui vont les amener bien au-delà également de ce qui
leur avait déjà été permis.
Une autre
première, parce qu'il y en a énormément, et on l'a annoncée récemment pour le
lancement, c'était la création de la
chaire-réseau. C'est une chaire unique au Canada. Alors, c'est grâce au
leadership du premier ministre que l'on peut connaître cette première
aussi au Québec.
Et évidemment, bien, ce n'est pas fini, il y a
aussi la Grande consultation jeunesse. On a réuni 140 jeunes à Québec, où on parlait d'inclusion avec la société.
Et le premier ministre est venu leur parler. Alors, ce sont des jeunes marginalisés, des jeunes aux parcours de vie
différenciés. Et le premier ministre ne s'est pas contenté de livrer une
allocution puis de tout simplement
passer un message, mais il a écouté et il a répondu aux différentes questions.
On a eu des échanges, ma foi, très touchants cet après-midi-là, quand on
est allés les visiter. Et d'ailleurs les gens de la Grande consultation jeunesse disaient que c'était la première fois que
le gouvernement s'engageait de façon aussi importante envers l'action
communautaire autonome jeunesse, et donc, c'est cité au texte, c'est un
3 150 000 $ qui leur ont été consacrés. Alors, c'est ça, le
bilan jeunesse de notre gouvernement. C'est du concret qui touche directement
les jeunes.
Et je vous
parlais d'exemples qui me rendent très fière du gouvernement. Je vous nommais
donc cette grande fierté qui m'habite
face à mon gouvernement, mais c'est aussi, ça transparaît dans mes propos, mais
cette grande fierté que j'ai envers
le premier ministre aussi, qui a décidé de garder sous sa responsabilité les
dossiers jeunesse. Et vraiment il les porte d'une façon remarquable. Et, dans chacune des interventions où j'ai eu
l'opportunité de le côtoyer, c'était fait de façon naturelle et sentie. Il s'imprègne des jeunes
qu'il rencontre, et c'est vraiment très inspirant. Et cette place qui est faite
pour les jeunes,
autant à l'intérieur de notre aile parlementaire ou encore dans les différentes
organisations, il y croit fondamentalement.
Et c'est d'une importance capitale parce qu'à partir du moment où on y croit
c'est là où ça continue de transparaître
dans nos actions. Et d'ailleurs il mentionne que «l'intérêt de la jeunesse est
une préoccupation qui engage tout le gouvernement et qui empreint
l'ensemble de nos décisions».
Avec la
Stratégie d'action jeunesse, dont vous voyez les répercussions, et l'ensemble
des investissements dans les crédits
que l'on étudie aujourd'hui, on voit à quel point la jeunesse a été une
considération transversale au gouvernement que l'on mène aujourd'hui, et donc il y a une considération de
l'ensemble des ministères du gouvernement du Québec qui agissent avec le
Secrétariat à la jeunesse. Ce que ça a apporté, c'est... je vous disais tout à
l'heure qu'on avait une vision et de la
cohérence. Ça a apporté justement d'éviter des doublons. Ça a apporté une
optimisation extraordinaire du Secrétariat
à la jeunesse qui a permis des économies substantielles, d'ailleurs, qui ont
toutes été réinvesties directement dans
des projets pour les jeunes. Donc, c'est un exemple très porteur du leadership,
justement, du premier ministre dans ces dossiers-là pour que vraiment on
en fasse toujours le plus possible.
Et également
il mentionnait aussi, à chaque intervention où on était, que la société a
évidemment tout à gagner, et je le
cite, d'«avoir des jeunes motivés et dynamiques, [...]ce sont les leaders et
les entrepreneurs». Et ce que je veux renoter
particulièrement, et ce serait important que chacun des jeunes au Québec
entende ce message-là, selon moi, c'est qu'ils sont non seulement l'avenir du Québec, on entend beaucoup ça
comme jeunes : C'est le fun, vous êtes l'avenir, lâchez pas, mais le premier ministre prend le
temps de leur dire qu'ils sont le Québec maintenant aussi, d'où l'importance
qu'on leur accorde, nous, dès maintenant.
Donc, voilà
autant d'exemples, justement, qui me rendent fière. On parlait d'exemples de
terrain, on parlait de premières
tantôt aussi. Vous verrez dans les crédits la mise en place des premières
stratégies d'action jeunesse locales. Donc,
on travaille au niveau national, évidemment, on a des préoccupations pour
l'ensemble du Québec, mais on veut savoir sur le terrain, justement,
comment tout ça descend, quelles sont les actions qui vont être dans chacune de
nos municipalités, au Québec, dans chacune
de nos MRC. Alors, pour la première fois, avec la réelle volonté que tous les
jeunes Québécois, où qu'ils soient,
puissent vraiment avoir le moyen de leurs ambitions, avec la collaboration de
l'UMQ et de la FQM, on a pu mettre en
place des stratégies locales avec les autorités en place. Puis évidemment on
est sur le plus grand nombre de territoires possible puis on veut
respecter le grand principe très important et qui a été grandement salué de gouvernance de proximité aussi qu'on a établi avec
les autorités locales. Et ce que ça a donné, en fait, c'est que ça a donné
un succès extraordinaire. C'est un demi-million, en fait, par année
d'investissements qui se font dans nos différentes municipalités.
Et qu'est-ce
que c'est au juste? C'est qu'il y a... Forte d'exemples qui avaient déjà été
faits, entre autres sur l'île de
Montréal ou encore dans les plus petites localités en région, la MRC des
Sources, qui est dans la circonscription que je représente, s'était donné le mandat de se faire une propre politique
jeunesse ou encore une stratégie, peu importent les noms qui leur sont donnés. Et, forts de ces
exemples-là, avec l'UMQ et la FQM, comme je le disais tout à l'heure, on a bâti
ces stratégies ou l'opportunité, en
fait, de financement pour eux, que ce soit pour mener des consultations, mettre
en place des comités jeunesse ou même financer des initiatives
ponctuelles. Vraiment, ça a été un succès vraiment fulgurant, beaucoup plus de gens qui ont cogné à la porte que
de gens que l'on a pu aider. C'est pourquoi on revient encore avec un
appel de projets sous peu. Plusieurs municipalités s'en sont prévalues
également.
Alors, tout
ça pour montrer que nos jeunes au Québec, on y croit. Oui, on sait que c'est
une jeunesse ambitieuse. Les dossiers
jeunesse, comme tout autre dossier, ne sont pas vus d'une façon partisane, bien
au-delà, mais ils sont vus d'une
vision de jeunes engagés, de jeunes ambitieux, de jeunes que l'on reconnaît
comme étant compétents et, comme je
le disais tout à l'heure, qui peuvent participer non seulement pour l'avenir,
mais maintenant au Québec d'aujourd'hui aussi. Et, en ce sens, j'aimerais demander au premier ministre : On
va continuer encore à poser des questions. La Stratégie d'action jeunesse est toujours en place. Alors,
comment on va continuer, puis quelles sont ces actions marquantes également
des mesures-phares que l'on met en place aussi puis qu'on va continuer dans le
temps?
Le Président (M. Picard) :
M. le premier ministre.
• (16 h 10) •
M. Couillard : Bien, merci. Puis la députée de Richmond a été
très, très associée au développement de la politique, de la stratégie.
Je la remercie d'ailleurs de tous ses efforts.
Peut-être un
élément, parce qu'il y a beaucoup d'éléments-phares dans cette politique, c'est
les stratégies jeunesse locales. On a
voulu s'assurer que tout ne vient pas de Québec, mais que ça vienne également
des milieux. Par exemple, des projets
de développement des talents musicaux des jeunes des milieux défavorisés, c'est
des exemples qui sont issus de la
communauté, localement, améliorer le savoir-être, savoir-faire de jeunes vivant
dans ces milieux afin de les aider
à prendre leur place. Et on va pouvoir,
donc, assurer un financement de 5 millions
de dollars sur les cinq prochaines
années pour les organismes
qui entreprendront de tels projets qui s'inscrivent dans des stratégies
jeunesse locales. Alors, je pense que
c'est également quelque
chose qu'on a entendu beaucoup
dans nos régions. C'est un élément pour agir dans ces régions, dans nos
régions.
Par exemple,
dans la mienne, on peut également
faire affaire au FARR, là, le fonds d'aide au rayonnement des régions. Je vois que le cégep de Jonquière a eu
deux projets, un sur la région éducative Saguenay—Lac-Saint-Jean, les premiers pas vers une
entente sectorielle en persévérance scolaire, et également le même cégep avec
le projet de conciliation études-travail qui
vise à soutenir les étudiants travailleurs et les entreprises qui les
embauchent. Il y a eu des projets similaires en Outaouais, sur la
Côte-Nord, en Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine.
Alors, je
pense que c'est important de noter qu'il y a beaucoup d'effort qui est fait
pour que les communautés et les milieux,
notamment dans les régions, puissent mettre sur pied leurs projets. Et, quand
on parle de régions, on parle bien sûr de Place aux jeunes en région. On a eu
l'occasion, ensemble, d'annoncer le nouveau financement de cette mesure-là qui
a énormément d'impact. On avait d'ailleurs, ce jour-là, des exemples frappants
et vivants de jeunes qui sont venus et
qui sont restés s'installer en région à cause de cette mesure de Place aux
jeunes en région. Alors, il y a de nombreuses initiatives qui peuvent
être remarquées. On aura l'occasion de les détailler au cours de ces crédits.
Mais, si on
regarde plus largement la question des crédits, qui, après tout, est la raison
pour laquelle on est ici, on a quand
même réussi, cette année, à développer un financement accru pour des
initiatives jeunesse. On en est maintenant à... attends un peu, là, plus
de 40 millions actuellement, et ça va augmenter au cours des prochaines
années jusqu'à 48 millions en 2020‑2021.
C'est un écart considérable, et ça nous permet donc de faire bénéficier les
jeunes également des marges de
manoeuvre retrouvées que le Québec a. Vous savez que, les deux premières
années, on a été obligés de résorber
un important déficit de l'ordre de plusieurs milliards de dollars. Et,
maintenant qu'on a rétabli cet équilibre et qu'on a généré des marges de
manoeuvre, bien, on en fait bénéficier les citoyens en développement
économique, en investissement, en éducation,
en santé, en baisses d'impôts également et en initiatives jeunesse avec une
politique et une stratégie jeunesse qui ont été, ma foi, fort bien
accueillies.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Il reste une minute ou on le reporte au prochain bloc.
Mme Vallières :
Je peux peut-être...
Le Président (M. Picard) :
Une minute.
Mme Vallières :
Reportons, d'accord. Oui, merci.
Le
Président (M. Picard) : Reportons, O.K. Je vais maintenant
céder la parole à M. le député de Chambly pour votre bloc d'une durée de
22 min 45 s.
M. Roberge :
Merci bien, M. le Président. S'il y a une bataille à faire au Québec pour la
jeunesse puis toute la vie des gens,
mais on veut s'attarder à la jeunesse, c'est celle d'une éducation de qualité,
c'est celle du droit à l'éducation. Or,
l'actuel gouvernement a fait adopter, l'automne dernier, le projet de loi
n° 144, qui encadre supposément l'école à la maison et les écoles
qu'on dit illégales.
Cet hiver, il
y a eu le règlement qui suit ce projet de loi n° 144, et ce qu'on
remarque, c'est qu'avec ce projet de loi et ce règlement qui a été déposé les parents qui font l'école à la maison
n'auront aucune obligation d'exposer leur enfant au programme de
science, mais même aucune obligation d'exposer leur enfant à quelque notion de
science qui soit. Il n'y a aucune obligation, même de sensibiliser ou d'exposer
les enfants aux sciences.
Le premier
ministre est lui-même quelqu'un qui est formé en sciences de manière assez
exceptionnelle. Est-ce qu'il est à l'aise avec ça?
Le Président (M. Picard) :
M. le premier ministre.
M. Couillard : Présenté comme ça, possiblement que c'est
difficile d'être à l'aise, mais, si on connaît vraiment le dossier, puis je suis certain qu'il le connaît,
malgré ce qu'on peut penser parfois, et il a eu l'occasion d'échanger avec le
ministre de l'Éducation là-dessus souvent,
il faut connaître la première réalité, c'est que ces enfants étaient totalement
inconnus, inconnus. Personne ne savait où
étaient les enfants qui étaient en situation soit de ne fréquenter aucune école
ou à l'enseignement à domicile. Maintenant,
comme on va pouvoir, avec les pouvoirs qui sont donnés par la loi, faire le
recoupement avec les fichiers d'assurance
maladie et d'autres bases de données, on va savoir exactement qui sont ces
enfants, où ils sont et quelle est la formation qu'ils reçoivent.
Il faut
également qu'il sache, et il le sait probablement, que, constitutionnellement, il y a
une obligation d'assurer le choix des parents d'assurer l'éducation de leurs enfants à
la maison, constitutionnellement, et on ne peut non plus les
forcer à suivre un programme d'éducation
spécifique et rigoureusement encadré. C'est également une réalité
constitutionnelle. Je suggère qu'il
aille aux crédits de l'Éducation pour en débattre avec le ministre de
l'Éducation, qui pourra l'éclairer davantage.
Alors, contrairement à l'image qu'il veut
donner, qui est l'image d'une détérioration ou d'un recul, c'est une immense avancée pour les enfants qui étaient
littéralement dans la nature sans être identifiés, qui n'avaient aucune
relation avec le milieu scolaire,
dont on ne pouvait absolument pas mesurer les progrès et qui, maintenant,
pourront être suivis de façon beaucoup plus rigoureuse. Et, encore une fois, il faut qu'il soit prudent et qu'il prenne connaissance des droits constitutionnels des gens, de ce qu'il est possible
de faire et de ce qu'il n'est pas possible de faire.
Le Président (M. Picard) :
M. le député de Chambly.
M. Roberge : Merci. Mais je suis au courant du fait que les
parents peuvent choisir de scolariser à la maison. Ce n'est pas remis en question. Mais je comprends
mal pourquoi le premier
ministre et son gouvernement associent le fait d'identifier
et de savoir où sont les enfants et une baisse d'exigences. Pourquoi
lier les deux? C'était un problème, le fait que
certaines familles choisissaient de faire l'école à la maison. En fait, ce
n'est pas un problème qu'ils fassent l'école à la maison, mais qu'ils choisissaient de le faire
de manière clandestine, sans que personne ne le sache, sans que personne
ne les encadre, c'était un problème.
Et c'est un problème qui a été réglé par le croisement de données avec
la RAMQ. Fort bien. Mais en quoi le
croisement de données avec la RAMQ amène à une baisse d'exigences? Et pourquoi,
parce qu'on sait où sont les enfants, tout à coup on baisse
les exigences puis on n'exige pas que soient vues des notions de science?
Et c'est ça que je ne comprends pas dans le raisonnement du premier ministre.
Le Président
(M. Picard) : M. le premier ministre.
M. Couillard : Bien, encore une fois, il faut répéter qu'on est actuellement en
consultation sur ce règlement-là. Je suis certain que le collègue aura
l'occasion de faire ses remarques et pourra participer à l'effort qui permettra
de l'améliorer. Je vais lui répéter quelque
chose qu'il est important de savoir, et c'est surprenant pour les citoyens qui l'entendent, mais c'est la réalité
constitutionnelle du pays. Alors, il est juridiquement impossible d'imposer le
respect intégral d'un programme
d'étude dans le contexte de l'enseignement à la maison ni il est impossible
pour une province de purement et
simplement interdire la scolarisation à la maison. On peut l'encadrer, et c'est
relativement limité, compte tenu de ce que j'ai exprimé auparavant. Alors, il
faut également tenir compte de cette réalité, qui est une réalité qui
serait la même, quelle que soit la personne qui aurait à réglementer sur
l'enseignement à la maison. Il y a une période de consultation qui est actuellement en cours. C'est une table de
concertation en matière d'enseignement à la maison qui va agir à titre
d'instance-conseil tout au long de la mise en oeuvre du nouveau cadre normatif.
Quels
sont les avantages de ce projet de règlement? D'abord, ça évite une approche
stricte qui aurait pour effet de polariser
les intervenants au profit d'un modèle équilibré, respecte la souplesse que
commande cette forme d'enseignement et
garder l'intérêt de l'enfant en prévoyant diverses mesures minimales de suivi
des enfants concernés. Il peut également être vu en lien avec les mesures de protection de la jeunesse maintenant
et accroît les chances de réussite de ces enfants en leur offrant un accès à diverses ressources
scolaires. Et, en terminant, ça se compare très avantageusement à d'autres
modèles d'encadrement de l'enseignement à la
maison ailleurs au Canada, dont certains prescrivent un suivi ministériel.
Alors
je pense qu'on est vraiment, ici, au maximum de ce qu'il est possible de faire
compte tenu du droit des gens et de la Constitution. On va bien sûr être
tout à fait ouvert à écouter les remarques que les partis d'opposition, et les citoyens, et les organismes également pourront
apporter dans le but d'améliorer le règlement dans sa formulation actuelle.
Il doit rester encore quelques jours au processus de consultation. Donc, il
sera certainement possible de le faire.
Le Président
(M. Picard) : M. le député de Chambly.
M. Roberge :
Bien, je comprends que les parents ont le droit de faire l'école à la maison.
Je comprends qu'on ne puisse pas
exiger qu'il se passe à la maison exactement ce qui se passe à l'école avec les
mêmes approches pédagogiques, avec
les mêmes manuels, à la même heure, en même temps. Je ne veux pas ça. Mais le
premier ministre nous dit : On ne peut pas exiger, là, faire un
curriculum très, très, très précis de ce qui va se faire à la maison.
En
ce moment, ce qui est exigé, selon le projet de règlement... parce que, dans la
loi, il y avait vraiment très peu d'exigences. Il faut vraiment aller dans les
règlements parce que la loi, c'est encore plus insipide. Ça disait que, dans le
règlement, un enseignement approprié doit
comporter, et là je lis un extrait du règlement du gouvernement, là :
«...des activités variées et
stimulantes visant l'acquisition d'un ensemble de connaissances et de
compétences diverses, incluant l'apprentissage de la langue française,
d'une autre langue et de la mathématique.»
Donc,
il y a eu un choix, pour le gouvernement, de nommer des matières. On a choisi
de nommer le français, les mathématiques. Pourquoi n'a-t-on pas choisi
de nommer, à tout le moins de nommer, la science?
Le Président
(M. Picard) : M. le premier ministre.
• (16 h 20) •
M. Couillard : En fait, il y a deux options, et il a oublié de le mentionner, il y a
deux options possibles pour le choix
du parent dans une situation d'enseignement à la maison. D'abord, l'option qui
est plus près de ce qui se fait à l'école avec le Programme de formation de l'école québécoise, les épreuves
ministérielles et d'établissement ou, selon le choix du parent,
appelons-la une option plus souple, et c'est ce qu'il vient de dire, des
activités variées et stimulantes visant l'acquisition
d'un ensemble de connaissances et de compétences diverses, l'apprentissage de
la langue française, d'une autre
langue et de la mathématique. Et pour ça le gouvernement tient compte de
l'enseignement généralement dispensé et de l'expérience éducative vécue
à l'école ainsi que de la possibilité pour l'enfant de fréquenter une école.
Maintenant,
ce qui est actuellement regardé comme alternative pour améliorer, c'est de
commencer par le même préambule, donc
apprentissage de la mathématique, de la langue française et d'une autre langue,
ainsi que d'au moins — c'est ce qui pourrait
être ajouté, on verra les commentaires au cours de la consultation — une matière ou discipline appartenant à
chacun des domaines suivants : a, mathématiques, sciences et
technologie, b, univers social, c, arts, d, développement
de la personne. Donc, on voit qu'on étend les possibilités, mais il faut au
moins une de ces matières dans chacun des groupes.
Donc, sa question va
trouver sa réponse. Il faudra voir jusqu'où va aller la révision du règlement
suite à cette possibilité. J'ignore si elle
a été déposée par des gens dans notre processus de consultation ou si c'est la
réflexion actuelle du ministère. Mais
ce genre d'inquiétude que mon collègue a énoncée est certainement à la base de
cette précision qui va être apportée
avec, encore une fois, un contexte qui est très, très délicat, qui est la limite
de ce que l'État peut exiger pour un
enfant dont les parents font le choix libre et éclairé d'utiliser la
scolarisation à la maison en sachant qu'on ne peut imposer un programme
éducatif rigide et très détaillé.
Le Président
(M. Picard) : Merci. M. le député de Chambly.
M. Roberge :
Merci. Je comprends qu'on est dans un domaine où on doit balancer les droits et
devoirs. Je comprends que, dans la
Constitution, on permet aux gens de choisir de faire l'école à la maison. C'est
très bien, mais il y a les droits des
enfants. Et les enfants ne choisissent pas de faire l'école à la maison, c'est
le choix des parents. Puis il ne faut pas que les enfants soient perdants dans ça. Et ça, c'est notre
responsabilité, comme élus, comme gouvernement, de les protéger.
Il va falloir
que, sans définir l'ensemble du programme précisément de chacune des notions de
ce qui est vu à la maison, il faut
viser à ce que les gens, les enfants dont les parents font le choix de l'école
à la maison, puissent avoir un parcours
qui mène à un diplôme pour qu'ils puissent s'intégrer à la société. Est-ce
qu'on peut s'entendre sur cette base-là, qu'à la fin il faut que le
parcours mène à un diplôme?
Le Président (M. Picard) :
M. le premier ministre.
M. Couillard : Idéalement, oui, mais c'est quelque chose, non
plus, qu'on ne peut pas exiger constitutionnellement. Il faut encore une fois revenir à l'essentiel, qui
est... Ici, la marge de manoeuvre est beaucoup plus limitée que peut-être
ce que mon collègue pense. On ne peut pas
aller beaucoup plus loin que ce qui a été mentionné ici. Le ministère envisage
d'y arriver avec plus de soutien, plus
d'options pour les matières supplémentaires en les divisant en différents
groupes, comme je viens de lui
expliquer. Je l'encourage à poursuivre le dialogue avec mon collègue le
ministre de l'Éducation, et du Loisir, et du Sport.
Il faut
également dire que les familles qui font ce choix-là vont bénéficier d'un
montant additionnel récurrent de 4 millions de dollars dès l'année scolaire 2018‑2019, rendre
disponibles pour les élèves diverses ressources comme les manuels scolaires, du matériel didactique, des
ressources professionnelles, en plus de donner accès aux infrastructures
scolaires, sportives et récréatives aux familles, les familles également. Ça
s'ajoute au 3 millions récurrent accordé en 2017‑2018 dans le cadre des mesures pour les enfants scolarisés à la
maison au primaire et au secondaire dans les règles budgétaires des
commissions scolaires.
Alors, il
faut rappeler encore une fois que le projet de règlement de l'enseignement à la
maison se doit, se doit, ce n'est pas
une option, se doit de privilégier un modèle d'accompagnement souple et
équilibré, et qui place — là, on est d'accord là-dessus — l'intérêt de l'enfant
au centre du processus d'encadrement, et qui doit être vu en lien avec les dispositions de la Loi sur la protection de la
jeunesse où, par exemple, la non-fréquentation scolaire ou la non-éducation
est un motif de signalement en regard de cette loi.
Alors, je
crois qu'on est dans la bonne voie pour trouver le meilleur équilibre possible
dans le respect des constitutions et
des lois existantes. Et j'encourage le collègue à poursuivre le dialogue avec
le ministre de l'Éducation pour proposer
d'autres aménagements en sachant, encore une fois, qu'il y aura toujours une
limite à ce qu'on peut faire.
Le Président (M. Picard) :
Merci. M. le député de Chambly.
M. Roberge : Oui. Là où le bât
blesse, c'est que c'est un recul. L'automne dernier, en adoptant le projet de loi n° 144, contre lequel ma formation
politique a voté, soit dit en passant, le gouvernement fait un recul. Je ne
pense pas qu'on ne respectait pas les
droits constitutionnels. On n'était pas... Le gouvernement n'était pas traîné
en cour, là, hein? Ce n'est pas vrai
qu'on ne respectait pas la Constitution depuis 1988 parce que, depuis 1988,
dans la Loi sur l'instruction publique, à l'article 15, on
disait : «Est dispensé de l'obligation de fréquenter une école l'enfant
qui :
«4° reçoit à
la maison un enseignement et y vit une expérience [...] qui, [...]sont
équivalents à ce qui est dispensé ou véhiculé à l'école.»
Donc, avant
l'adoption du projet de loi n° 144,
les parents qui faisaient l'école à la maison devaient donner un enseignement ou une expérience éducative à leurs enfants qui sont équivalents à ce
qui est dispensé ou vécu à l'école. Donc, tu ne peux pas être en
dessous, ça ne peut pas être équivalent à ce qui est vécu à l'école si en
10 ans, de six ans à 16 ans, parce que
l'école est obligatoire au Québec de six ans à 16 ans, bien, ce n'est pas
équivalent à ce qui se vit à l'école
si jamais mon enfant n'est exposé à aucune notion d'histoire. Si jamais mon
enfant, en 10 ans, de six ans à 16 ans, là, jamais je ne lui donne la
moindre notion de science, évidemment, ce n'était pas équivalent à ce qui est vécu à
l'école.
Alors, ça,
c'étaient les balises jusqu'à l'automne 2017 au Québec.
La barre était là. Les parents pouvaient choisir leurs méthodes pédagogiques, pouvaient voir les notions dans un ordre
différent de ce qui se passe à l'école, mais il fallait que ce soit équivalent, il fallait que ça mène à
un diplôme parce qu'à l'école ça mène
à un diplôme. Bien sûr, on ne diplôme pas tout le monde, mais on vise un
diplôme. Puis la barre était là jusqu'à novembre 2017.
Et là, en
novembre 2017, on a adopté un projet de loi, 144, le gouvernement a adopté
un projet de loi, 144, qui a dit :
Non, on va dépister les jeunes, très bien, on va donner un pouvoir à la
DPJ d'agir, très bien, mais on va réduire les exigences. Il n'y a personne qui a demandé ça, enfin, personne de
raisonnable qui a demandé ça, c'est-à-dire qu'il ne faut plus que ce
soit équivalent à ce qui est à l'école. Et je m'explique mal pourquoi, au nom
du fait qu'on va donner de l'argent aux
commissions scolaires pour accompagner les parents, ce qui est une bonne chose,
au nom du fait qu'on va croiser les
données avec la RAMQ, ce qui est une bonne chose, au nom du fait où on peut
donner des outils à la DPJ, ce qui
est une bonne chose, on prend l'article 15, qui disait que l'expérience à
la maison doit être comparable et équivalente à ce qui se fait à l'école, et on réduit ça à peau de chagrin en
disant : Pas de science, pas d'histoire, ce n'est pas grave. Ce
n'était pas nécessaire, pour améliorer l'encadrement et le suivi, de réduire
les exigences. Le Québec ne se faisait pas traîner
devant la cour pour ça, il n'y avait pas de problème. Pourquoi amener une
fausse solution à quelque chose qui n'était pas un problème?
Le Président (M. Picard) :
M. le premier ministre.
M. Couillard : Bien, je pense respectueusement que l'erreur, ça
a été de voter contre le projet de loi parce que, si ça marchait si bien que ça, comment ça se fait
qu'il y avait tous ces milliers d'enfants dont on perdait la trace, dont on
ne savait absolument pas ce qu'ils
faisaient, dont on ne savait absolument pas quel était le parcours, dont on ne
savait pas quel était le programme? À
partir du moment où on a posé ce geste-là, et je pense que la Coalition avenir
Québec aurait eu intérêt à s'y
rallier, on doit bien sûr suivre ce qui se fait de mieux dans le pays, suivre
la Constitution du pays. Et ce qu'il
m'a décrit dans l'article de la loi qui précédait, ça reste possible lorsqu'on
choisit l'option plus près de ce qui se fait à l'école, c'est la même chose, Programme de formation de l'école
québécoise. Mais le problème réel, pas l'hypothèse, le problème réel, c'est que personne ne peut forcer
un parent à choisir cette option-là. Il faut leur donner une autre option.
Et ça, c'est la réalité. On aimerait que ce
soit autrement, mais c'est la réalité. Alors, c'est pour ça que le programme
souple est également offert.
Dans la formulation
actuelle soumise à la consultation, on limite, à part le français et l'autre
langue, à la mathématique, on ajoute cinq
domaines supplémentaires parmi lesquels il faut choisir une matière :
mathématiques, sciences, technologies,
univers social, arts, développement de la personne. Je trouve que c'est une
situation très supérieure à ce qui existait auparavant. Moi, je crois
que notre collègue et ses collègues à lui auraient dû voter en faveur du projet
de loi, travailler sur le règlement et suivre, au cours des prochaines années,
l'évolution de cette question.
Le Président
(M. Picard) : M. le député de Chambly.
• (16 h 30) •
M. Roberge :
Oui. Le problème avec la baisse des exigences pour les parents qui font l'école
à la maison depuis l'automne 2017,
c'est que, dans les faits, les écoles illégales et clandestines sont maintenant
légales. Et c'est là où le bât blesse
sérieusement. Et on se demande même si ce n'est pas pour ça que tout ça est
arrivé. Parce qu'il faut revoir dans l'historique
de ce gouvernement, de cette législature, en 2014 il y a eu une entente hors
cours entre le gouvernement et l'Académie
Yeshiva Toras Moshe. Je m'excuse pour la prononciation si ce n'est pas correct.
Mais, essentiellement, ce que ça
disait, c'est : Cette école, qui était religieuse, illégale et qui était
dans le trouble, n'a plus besoin de se conformer, ce n'est plus une école. Voilà, on n'a qu'à dire
que les parents qui choisissaient cette école religieuse illégale et/ou clandestine... donc elle scolarisait à la maison
leurs enfants. Et, à partir de là, ça devient extrêmement important de
maintenir les exigences puis de dire que qu'est-ce qui se fait à la
maison doit être équivalent à ce qui est dispensé ou vécu à l'école. Ça devient extrêmement important
parce qu'on dit : Ce n'est plus à l'école de scolariser,
c'est aux parents de le faire. Donc, on va aider ces parents-là.
Il
y avait quelque chose de correct là-dedans parce que,
dans cette entente hors cour, on disait : Vous devez, vous, parents, vous entendre avec la commission scolaire. Ça, c'est bien. Pourquoi avoir abandonné? Pourquoi avoir reculé?
D'ailleurs, même la juge de la Cour supérieure qui a été
témoin de ça se disait : «...l'entente ne contient aucune précision
quant au nombre d'heures où les enfants [fréquentent]
l'académie pour leur enseignement religieux ou le nombre d'heures que leurs parents devront consacrer à l'enseignement des matières scolaires à la maison. Un flou que n'a pas manqué de
souligner la juge Claudine Roy, de la Cour
supérieure du Québec.» Et un extrait de l'entente dit :
«L'académie pourra offrir dans ses installations un enseignement religieux ainsi que
des activités sportives, culturelles, musicales ou religieuses, sans
restriction.»
On
n'est pas surpris que cette académie ne suive pas le programme, ne donne pas de
sciences, ne donne pas de géographie,
puisqu'on dit que c'est aux parents de le faire. Mais, jusqu'à l'automne
dernier, c'était aux parents de le faire. Ils devaient donner une expérience éducative équivalente à ce qui est à
l'école. On avait quelque chose qui ressemblait à quelque chose qui a de l'allure. Puis là le gouvernement libéral a
dit : Bien, voici la voie, les écoles religieuses ne sont plus religieuses. On n'a plus besoin de faire la
lutte aux écoles... Pardon. On ne fait pas la lutte aux écoles religieuses.
Les écoles religieuses ont le droit d'exister au Québec. Mais les écoles
religieuses illégales ou les écoles illégales, tout simplement, on n'a plus besoin de s'en occuper. On a juste à dire que
c'est aux parents de le faire. Scolarisez-le à la maison.
Mais,
quand on fait ça, on doit aider les parents, accompagner les parents et ne pas
baisser les exigences. Pourquoi avoir
baissé les exigences en même temps que d'avoir abandonné les enfants qui sont
dans les écoles religieuses illégales? Pourquoi? Au nom de qui? Qui vous
a convaincus de faire ça?
Le Président
(M. Picard) : M. le premier ministre.
M. Couillard : C'est une étrange question, et je vais laisser à la population
le soin de l'interpréter. En fait, encore une fois, le collègue fait erreur. Lui, ce qu'il dit, c'est qu'il faut
pousser le monde à la clandestinité. Il ne faut pas voir, il ne faut pas mesurer, il ne faut pas connaître,
il ne faut pas reconnaître ce qui existe dans les diverses communautés. Je
suis prêt à parier que ce sont des Québécois
qu'il ne connaît pas, à qui il n'a jamais parlé, qu'il n'a jamais visités. Je pense
qu'il aurait intérêt à le faire et je pense
que, contrairement à ce qu'il dit, ce qu'il faut dire à la population,
c'est que le projet de loi est
directement calqué sur l'intérêt prioritaire des enfants.
De quoi parle-t-on
lorsqu'on parle d'écoles illégales? On vise des établissements qui sont
fréquentés quasi quotidiennement par des
enfants qui ne sont pas à l'école ni à un enseignement privé qui serait
reconnu par le ministère. Donc, ils sont littéralement dans une
sorte de flou, dans les limbes. Personne ne sait où ils sont ou ce qu'ils font.
Le
projet de loi contre lequel il a voté, je répète, le projet de loi contre
lequel il a voté a introduit dans la Loi sur l'instruction publique une interdiction sans précédent visant à
permettre au ministère d'intervenir, alors qu'auparavant c'était impossible,
lorsque la fréquentation de tels établissements compromet la possibilité, pour
un enfant, de remplir son obligation
de fréquentation scolaire. Avant l'adoption du projet de loi auquel il s'est
opposé, le ministère n'avait pas de moyens
d'intervention lorsque ces établissements ne dispensaient aucun service
éducatif visé par la Loi sur l'enseignement privé, ce qui n'est plus le
cas.
Donc, l'objectif, c'est que tout le
monde reçoive un enseignement approprié. Si le choix de l'enseignement à la
maison est fait par le parent, c'est un
choix légalement valable. On doit assurer le suivi de l'enseignement sur la
base des balises réglementaires qui
sont en voie de consultation actuellement. Certains enfants actuellement ne
fréquentent pas l'école feront désormais... qui actuellement ne
fréquentent pas l'école...
C'est
ça, le gain, et c'est ça, son erreur d'avoir voté contre le projet de loi.
C'est qu'il n'a pas voulu agir pour les enfants qui ne sont absolument pas scolarisés actuellement. Alors, ça ne
le dérange pas, il ne veut pas les connaître, il ne veut pas savoir ce
qui arrive à ces enfants-là. Ces enfants-là, maintenant, feront l'acquisition
de connaissances et de compétences minimales, ce qui est quand même mieux que
rien du tout, ce qui était le cas auparavant. Il dit qu'on ne s'inquiète pas de la qualité. Mais je me demande
de quoi il s'inquiète, lui. Il préfère laisser les enfants dans la
clandestinité, dans le désert, littéralement, plutôt que s'en occuper
puis de les accompagner. Je pense qu'il vaut mieux encadrer...
Le Président
(M. Picard) : ...premier ministre.
M. Couillard :
...qu'ignorer une réalité qui est celle qu'on connaît.
Le
Président (M. Picard) : Merci, M. le premier ministre. Il
vous reste une minute, M. le député de Chambly.
M. Roberge : Écoutez, ce n'est pas vrai qu'on ne s'en
préoccupe pas. D'ailleurs, j'ai déposé, en juin dernier, un projet de loi à cet effet-là, le projet de
loi n° 897, qui disait essentiellement certains des éléments qui sont dans la loi n° 144.
Il y avait des choses correctes, je l'ai dit
tout à l'heure. Croiser les données, repérer les élèves, savoir
où ils sont, donner davantage de pouvoirs à la DPJ pour intervenir quand il le
faut, aider les parents, ça, c'est certain. Par contre, évidemment,
il n'y avait pas de baisses d'exigences dans notre projet de loi, vous ne vous
en étonnerez pas.
Et
ce n'est pas vrai que je ne les connais pas, ces gens-là. J'ai visité cette
académie, j'ai visité cette communauté-là. Le problème, ce n'est absolument pas cette communauté, ce n'est pas cette école
qui vise à transmettre la foi, c'est tout
à fait correct, et les parents ont le droit de transmettre leur foi. Par contre,
c'est au gouvernement à mettre les balises très élevées pour que les enfants apprennent aussi tout
ce qui sera nécessaire pour qu'ils obtiennent un diplôme et prendre
leur place dans la société. C'est ça, la vraie question.
Le
Président (M. Picard) : Merci. Nous entreprenons le deuxième bloc de la partie gouvernementale. Mme la députée de Fabre,
pour une période de 17 min 30 s.
Mme Sauvé : Merci, M. le Président. M. le premier
ministre, chers collègues de l'équipe
gouvernementale, les collègues
des oppositions, je ne vous cacherai pas mon grand plaisir d'être présente à
cette étude de crédits Jeunesse, alors que la jeunesse me tient bien à
coeur, et depuis fort longtemps.
Je
veux vous parler aujourd'hui de l'équité intergénérationnelle parce que
c'est un axe d'intervention fort important dans la Stratégie d'action jeunesse, la Politique
québécoise de la jeunesse, et qu'on parle du dialogue entre
les générations, ce dialogue qui
permet l'échange d'expérience entre les jeunes et les personnes aînées, une
valeur fondamentale. Je parle ici, M. le Président, d'une valeur parce qu'au-delà d'une action, au-delà d'un axe d'intervention d'une
grande stratégie québécoise, c'est
véritablement une valeur, une valeur, une valeur du Parti libéral du Québec,
une valeur de ce gouvernement, une valeur qui est très près des valeurs
priorisées par notre premier ministre et notre gouvernement.
Alors, dans un
premier temps, évidemment, je vais vous parler des éléments plus factuels avant
de poser ma question au premier ministre,
mais je vais vous livrer aujourd'hui, en toute intimité, ici, à cette étude des
crédits, je vais vous livrer mon
témoignage. Alors, dans les faits, dans les faits, dans les crédits Jeunesse,
il y a cette volonté d'investir dans
des projets novateurs. Il y a eu un programme, un nouveau programme créé de
toute pièce pour favoriser l'émergence de
nouveaux projets en lien avec ce dialogue intergénérationnel. Il faut savoir
qu'au niveau du bénévolat chez les jeunes au Québec, il y a 58 %, donc c'est le groupe qui est le plus actif
au niveau du bénévolat, mais, en termes d'heures, ça se compare de façon désavantageuse à d'autres groupes
d'âge, M. le Président. Par contre, fait excessivement intéressant, quand on demande aux jeunes : Pourquoi vous
faites du bénévolat?, une des premières raisons évoquées, c'est de dire :
La contribution sociale. Alors, ça, c'est excessivement important.
Dans
les faits et les réalités, il y a aussi la démographie du Québec. Nos aînés qui
vivent en santé, qui atteignent des âges plus vénérables encore et avec
toutes les réalités qu'ils vivent, qu'on connaît au niveau de la santé et de
leur autonomie, il y a bien sûr la solitude
de nos aînés aussi, alors j'en reparlerai dans mon témoignage, mais voilà des
éléments de faits importants. Le budget du Québec a priorisé la création
du programme. Il a priorisé, à travers ce programme, également le financement de projets d'hébergement gratuit d'étudiants de
niveau postsecondaire. M. le Président, quand je lis ça dans le budget et quand je lis ça lié à la valeur d'équité
intergénérationnelle, j'ai l'impression d'entendre les jeunes que j'ai
rencontrés dans mon comté et qui m'ont nommé ça. Alors, c'est assez
extraordinaire.
Il
y a aussi cette conversation publique sur la solidarité et l'équité
intergénérationnelles qui se poursuit, qui est soutenue financièrement et qui a lieu à tous les ans. Voilà pour les
grands faits, les grandes actions liées à la stratégie qu'on retrouve
dans ce budget.
Je sens, M.
le Président, que vous étiez dans le suspens d'entendre mon témoignage. Alors,
j'y suis. Donc, il y a deux ans et
demi, lorsque j'ai fait mon saut en politique et j'ai fait le tour des
résidences pour aînés de mon comté, j'ai été immensément touchée de voir les aînés seuls. Je me faisais dire par
eux : Vous êtes ma seule visite depuis fort longtemps. Et ça m'a touchée profondément. J'en ai fait un
engagement, un engagement envers mes citoyens, sachant bien aussi en contrepartie la volonté des jeunes qui veulent s'investir
dans le bénévolat et qui pourraient profiter d'un tel dialogue
intergénérationnel.
• (16 h 40) •
Je
les écoutais et je me rappelais avec beaucoup d'émotion le lien de ma mère, qui
est aujourd'hui décédée, et de mon
garçon, qui n'avait pas... aujourd'hui, il a 23 ans, mais, il y a quelques
années, disons, il avait ce lien bien particulier avec ma mère. Et je me
rappelais de ce lien si précieux entre nos aînés et notre jeunesse.
Alors,
devant l'émotion que j'ai eue, avec les collègues, j'ai parlé de cette réalité
de solitude des aînés avec mon collègue de Trois-Rivières, et on s'est
dit qu'il fallait faire quelque chose. Alors, on s'est tournés vers l'expertise
communautaire de nos comtés, lui à
Trois-Rivières, moi à Laval et à
Fabre, et on a fait le lien avec Partage humanitaire de Laval et, lui, la Maison des grands-parents. Un
projet est né, un projet a été élaboré avec toute l'expertise d'animation
auprès des aînés et la formation de nos jeunes.
Mon
témoignage est celui-là. À partir de ce que j'ai vu, on a travaillé comme députés dans nos comtés, on a fait
les liens dans la reconnaissance des
expertises présentes. Et, lorsque j'étais assise sur ma banquette à écouter le
ministre des Finances déposer son
budget, j'ai parcouru les crédits Jeunesse et j'ai été très émue de voir que ce
projet, qui s'appelle Le coeur n'a pas d'âge, figurait comme projet modèle
et porteur pour la suite et pour le programme qui a été créé.
Alors,
de la réalité des aînés et la volonté de la jeunesse, jusqu'à l'élaboration de projets liés à des expertises de nos régions et de nos comtés, jusqu'à la reconnaissance au budget
et la volonté de développer de
nouvelles initiatives, je peux vous
dire que j'étais fière et de mon gouvernement, et de cette valeur libérale, et
du travail terrain qui a été porté jusqu'au gouvernement du Québec.
Voilà mon témoignage, M. le Président.
Alors,
devant la fierté que j'ai et le souci de la jeunesse, ma question au premier
ministre, j'aimerais l'entendre sur l'importance qu'il alloue à cette
valeur d'équité intergénérationnelle et les éléments qui en font partie.
Le Président
(M. Picard) : M. le premier ministre.
M. Couillard : Bien, merci, M. le Président. Merci à la députée de Fabre également,
dont le passé dans le milieu de la jeunesse est bien connu ici. Et on
est très, très fiers qu'elle fasse partie de notre équipe.
La
mesure ou la façon la plus solide dont
un gouvernement peut s'acquitter de son devoir en équité intergénérationnelle, c'est la bonne gestion des finances publiques. On a eu des générations passées, moi, je me souviens dans ma jeunesse où on avait beaucoup
de liberté de rêver, d'avoir des projets extraordinaires comme le
métro, l'Expo 67. Il semblait que tout ce qu'on voulait était
possible, et on avait les moyens de le faire.
Progressivement,
la dette du Québec s'est accentuée, et ce n'est pas uniquement
la dette elle-même qui nous a menottés, ce sont les remboursements, les paiements d'intérêt ou les paiements d'hypothèque, si on veut comprendre, à la maison, de quoi je parle, qui font en sorte qu'on était à plus de
10 milliards de dollars par année de paiements d'intérêt au lieu de financer nos écoles et nos hôpitaux. Je
pense que tout le monde s'entend pour dire que cette situation-là devait être
corrigée.
Alors,
on a décidé, bien sûr, d'abord d'établir l'équilibre des finances publiques, ce
qui a eu comme conséquence d'améliorer notre cote de crédit, ce qui a eu
comme conséquence de diminuer nos coûts d'emprunt. Alors, avec cette première mesure là d'amélioration de la cote de
crédit et la baisse des taux d'intérêt qui est survenue au même moment, c'est un premier milliard de dollars, j'insiste,
un premier milliard de dollars qu'on a économisé dans les paiements sur
intérêt qu'on peut maintenant consacrer à l'éducation et la santé.
Mais,
à partir de 2018‑2019, nous avons annoncé, on s'en souvient, qu'on va
rembourser, chaque année dans le Fonds
des générations, 2 milliards de dollars pendant cinq ans, ce qui va
permettre de diminuer le poids de la dette par rapport à la richesse collective du Québec, le produit intérieur brut,
et faire en sorte que, les budgets restant équilibrés, on va voir chuter de façon majeure la dette
représentant les déficits cumulés, ce qu'on appelle la mauvaise dette. Il y a la
bonne dette, les infrastructures, et la
moins bonne dette, les déficits cumulés. Et ça, ça nous a permis, cette
manoeuvre-là, cette annonce qu'on a
faite totalement dans la vision qui avait vu la création du Fonds des
générations, de diminuer d'un autre milliard les paiements d'intérêt.
Alors, c'est 2 milliards de dollars de moins qui vont dans nos services
publics plutôt que d'aller aux banquiers à
l'étranger. Je pense qu'en soi, pour nous, c'est majeur. Et, pour les jeunes de
demain, la diminution progressive de
la dette va faire en sorte qu'ils auront les moyens, eux et elles, plus tard de
faire les choix et d'avoir les ambitions et les rêves qui sont ceux de
leur génération et sans être menottés par une dette en constante augmentation.
Et c'est un problème
majeur, c'est un enjeu majeur pour le Québec. Et je ne comprends pas certains
partis politiques, je pense que j'ai parfois
entendu la Coalition avenir Québec le dire, et, je pense, le Parti québécois
également s'est avancé sur ce
terrain-là : On va aller piger dans le Fonds des générations, on va faire
ce qu'on veut avec, régler nos problèmes
budgétaires, financer des baisses d'impôt, comme si c'était possible, alors que
la loi prescrit : la seule utilisation du Fonds des générations, c'est la dette. Et ça montre finalement un
manque de considération pour les prochaines générations et une
conception assez étrange de l'équité entre les générations.
Alors,
affaiblir le Fonds des générations, c'est le contraire de créer le Fonds des
générations, qui est la plus grande et la plus puissante mesure d'équité
intergénérationnelle qu'un gouvernement ait choisi. D'ailleurs, si vous lisez
les rapports des agences de crédit chaque année, après les budgets,
vous savez que, depuis quelques
années, elles sont très élogieuses,
ces remarques des agences de crédit, mais, chaque fois, on indique ce qui
empêche le Québec d'avoir une augmentation supplémentaire de sa cote de crédit, c'est le poids de la dette
qui demeure important par
rapport à d'autres provinces canadiennes.
Il faut
prendre conscience du problème. Ça a comme conséquences quoi? D'abord, garder
des budgets équilibrés, sauf en cas
de récession, bien sûr, où il est possible volontairement de faire un déficit,
on l'a fait à la grande récession économique de 2008‑2009,
mais également continuellement faire en sorte de baisser les paiements
d'intérêt de façon à ce qu'on puisse générer
et garder des fonds pour les services publics du Québec, éventuellement même
pour baisser les impôts des
Québécois, plutôt que de payer ou de rembourser des emprunts à l'étranger,
notamment chez les marchés américains ou même maintenant à l'autre bout
de la planète.
Alors, je
pense qu'il est important de rappeler à la population que le Fonds des
générations, ce n'est pas juste une technique,
ce n'est pas juste une structure financière un peu mystérieuse, c'est la façon
par laquelle on va se libérer de notre dette, la façon par laquelle on
va permettre aux jeunes d'aujourd'hui et de demain d'avoir les moyens de leurs
ambitions. Et, encore une fois, je pense qu'on peut être très fiers.
C'est Michel
Audet, en 2006, qui avait créé le Fonds des générations et qui est actuellement
autour de 13 milliards, si ma mémoire ne me trompe pas, 13 milliards
de valeur comptable, et ça va être encore plus au cours des prochaines années.
En passant, il va continuer à augmenter, le
Fonds des générations, malgré le remboursement qu'on fait. Le remboursement
va être un peu moins rapide... pardon, les
versements vont être un peu moins rapides dans le Fonds des générations, mais
on va continuer à faire progresser sa valeur
où il va dépasser 20 milliards de dollars d'ici quelques années. Mais
prenons garde à toute tentation d'utiliser le Fonds des générations à
autre chose que le remboursement de la dette.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Il reste sept minutes. Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Mme Simard :
Merci, M. le Président. Je vais profiter de l'occasion pour saluer d'abord mes
collègues, donc, du parti ministériel de même que le premier ministre et
mes collègues des oppositions.
Alors, je
suis très heureuse à mon tour de prendre la parole en ce qui concerne cette
étude de crédits, d'autant que j'ai
eu le privilège, de 2014 à 2017, d'être l'adjointe parlementaire du premier
ministre pour les volets Jeunesse, Petite enfance et Lutte contre
l'intimidation, précédant à cette fonction ma collègue de Richmond, qui depuis
est adjointe parlementaire du premier
ministre à la Jeunesse. Je suis d'autant plus heureuse de participer à cette
étude de crédits que j'ai été
moi-même aussi entrepreneure, donc travailleur autonome, avant l'âge de
29 ans et qu'aujourd'hui je vous parlerai d'entrepreneuriat jeunesse. Il y a énormément de modèles
d'entrepreneuriat jeunesse qui sont des réussites au Québec, des fiertés. Alors, d'ailleurs, vous me permettrez
de prendre le temps de présenter des réussites entrepreneuriales de la circonscription de Charlevoix—Côte-de-Beaupré qui démontrent les qualités et qui
démontent à la fois le sens de l'initiative qu'ont les jeunes et qui
permettent de s'assurer d'avoir des entrepreneurs potentiels futurs de qualité.
Je pense,
entre autres, à Gabrielle O. Design, qui a fait le choix de revenir s'installer
dans la région de Charlevoix après
avoir réalisé ses études, une décision de coeur, comme elle le mentionne. Je
pense à la Coop de l'arbre également, une
coopérative de jeunes qui oeuvrent en arboriculture, en écoforesterie, et qui
ont commercialisé récemment le sirop de bouleau, fort populaire à présent dans notre région. Repère boréal, une
entreprise qui est dirigée par deux frères qui offrent de l'hébergement
écoresponsable. Une entreprise qui est citée également dans plusieurs magazines
de renom. Le resto-bar Tony et Charlo, un
bar-rencontre et spectacles qui cible les jeunes et qui présente des jeunes,
donc des artistes talentueux de chez
nous. Également le Mousse Café, une coopérative, donc, de solidarité, cinq
jeunes entrepreneurs et leurs familles qui ont décidé de mettre un
modèle entrepreneurial qui obtient du succès dans Charlevoix.
Il y a
d'autres modèles que je pourrais vous nommer, comme, par exemple, le Festif!,
qui est un festival de musique qui
connaît une popularité à l'échelle québécoise et qui a obtenu maintes
distinctions depuis les dernières années. Et donc un cas, là, que l'on
connaît tous, Monna et Filles, qui est dirigé à présent par Catherine et Anne
Monna, deux jeunes entrepreneures qui ont su
au fil du temps, donc, faire de leur entreprise une entreprise en expansion de
manière créative, et donc visionnaire.
• (16 h 50) •
Malgré, donc,
ces intérêts des jeunes entrepreneurs de chez nous et d'ailleurs, on constate
qu'il y a la baisse de la population, donc, qui est âgée de 15 à 64 ans
qui mettra une pression sur la croissance économique du Québec et qui réduira le bassin de travailleurs. Au cours des
dernières années, l'intention d'entreprendre des jeunes a progressé considérablement chez les 18 à 34 ans.
Cependant, il y a encore du travail à faire en ce sens. Près de 29 % des jeunes
avaient l'intention de démarrer une
nouvelle entreprise et plus de 12 % avaient l'intention de reprendre une
entreprise. Même si ces intentions de
se lancer en affaires, donc, augmentent, le passage à l'action n'est pas
toujours conforme, raison pour laquelle
nous devons soutenir nos jeunes entrepreneurs. Les jeunes se doivent donc
d'être informés pour répondre aux besoins des employeurs, mais aussi
d'être prêts et aptes, donc, à diriger les entreprises.
Et c'est avec
cette volonté qu'un groupe d'organismes a demandé au gouvernement, lors des
consultations que j'ai menées
conjointement avec le premier ministre en 2016 en préparation à la Politique
québécoise de la jeunesse, de mettre
en place des mesures spécifiques en matière d'entrepreneuriat chez les jeunes.
Et, lors du dévoilement de la Politique québécoise de la jeunesse, nous avons donc retrouvé cinq axes
d'intervention, dont une qui était dédiée spécifiquement à l'entrepreneuriat jeunesse et à la relève. Ceci
mettait en évidence, donc, le rôle stratégique de l'entrepreneuriat jeunesse
et de la relève pour les jeunes et le
développement du Québec d'ici 2030. Et on citait donc, dans ces axes
d'intervention, celui d'encourager la
culture entrepreneuriale chez les jeunes, soutenir le démarrage d'entreprises
pour les jeunes, faciliter la reprise
d'entreprises, notamment pour les entreprises familiales, soutenir les jeunes
entrepreneurs et entrepreneures agricoles.
Et alors,
comme le temps file très rapidement, je vais me permettre une question au premier
ministre en ce qui concerne les
mesures. Il y a plusieurs mesures qui ont été mises en place. En somme, comment
le gouvernement peut-il continuer d'accroître le nombre de jeunes en
entrepreneuriat?
Le Président (M. Picard) :
Merci. M. le premier ministre, en moins de deux minutes.
M. Couillard :
Oui, alors, on va faire rapidement. D'abord, il faut savoir que c'est à la
demande des groupes rencontrés dans les
consultations, notamment des jeunes chambres de commerce, qu'on a ajouté le
volet Entrepreneuriat à la politique
et à la stratégie jeunesse, avec un investissement de 5,5 millions de
dollars sur cinq ans. Et c'est l'entrepreneuriat sous toutes ses formes.
Par exemple, bon, j'en parlais tantôt, le Chantier de l'économie sociale va
recevoir un soutien financier de
4,5 millions de dollars sur cinq ans pour de nombreuses initiatives,
compte tenu du caractère très spécifique de l'économie sociale, la forme
juridique, la gouvernance et l'attrait que cette forme d'entreprise a pour la
jeunesse.
Le
Chantier de l'économie sociale mettra également en place un programme
d'incubateurs avec la collaboration d'établissements
d'enseignement supérieur du Québec. Et je suis très heureux de dire qu'on a
fait ça en collaboration avec le Chantier
de l'économie sociale. Il y a une Semaine des entrepreneurs à l'école également
qui va pouvoir être mise en place... qui a été mise en place, pardon,
par l'organisme OSEntreprendre et qu'on va continuer, bien sûr, à soutenir.
Le
Conseil québécois de la coopérative et de la mutualité, avec l'économie
sociale, c'est ce qui caractérise un peu le modèle québécois d'entrepreneuriat, oeuvre également à faire la
promotion de l'entrepreneuriat collectif jeunesse. Ce conseil va recevoir une somme toute identique à
celle du Chantier sur l'économie sociale, soit près de 1 million de
dollars par année. Et enfin il y a un
forum économique annuel de la relève d'affaires, auquel j'ai participé deux
années consécutives, qui est un
endroit plein de vitalité et de dynamisme, où on voit que le futur des
entreprises québécoises est déjà fortement pris en main par notre jeunesse entrepreneuriale, beaucoup plus
entreprenante que dans le passé. Et c'est une bonne nouvelle.
Le
Président (M. Picard) : Merci, M. le premier ministre.
Maintenant, pour notre deuxième bloc de l'opposition officielle. Mme la
députée de Marie-Victorin, 16 min 15 s.
Mme Fournier :
Merci, M. le Président. Alors, je profite de la présence du premier ministre
parmi nous aujourd'hui pour revenir
sur les bourses qui avaient été annoncées lors du XVIe Sommet de la
Francophonie, à l'automne 2016, donc les
bourses à des étudiants pour qu'ils puissent venir étudier chez nous. Donc, à
ce moment-là, en novembre 2016, le premier ministre avait annoncé que
250 jeunes issus de l'espace francophone verraient leurs frais de
scolarité normalement imposés, là,
aux étudiants étrangers assumés par l'État, donc d'avoir des frais de scolarité
à coût nul. Et il comptait d'ailleurs distribuer aussi 42 bourses
d'excellence de 14 000 $ à ces étudiants.
Par
contre, ce qu'on apprenait avant le début de la rentrée scolaire, l'an dernier,
donc au mois d'août 2017, on apprenait,
via, par exemple, le cégep de Victoriaville, que les étudiants qui devaient
aller au cégep de Victoriaville n'avaient pas finalement pu avoir accès à cette bourse parce qu'Immigration Canada
avait bloqué leur arrivée, donc l'arrivée d'étudiants étrangers au Québec, alors que, du côté du gouvernement, il
y avait eu justement ces bourses qui avaient été annoncées, il y avait un travail de recrutement qui avait été fait.
Alors, on s'entend qu'ils ont donc eu de faux espoirs quant à la venue de ces étudiants. Et il y avait même le
directeur général du cégep de Victoriaville, à ce moment-là, qui parlait, là,
d'un véritable fiasco.
Alors,
j'aimerais savoir : Au final, sur les 250 bourses qui avaient été
promises, quel est l'état de la situation? Quel a été l'état de la situation à l'automne 2017 pour
l'arrivée de ces étudiants étrangers que les cégeps espéraient voir arriver
dans leur région?
Le Président
(M. Picard) : M. le premier ministre.
M. Couillard : On trouvera le chiffre précis parce que ce n'est pas nécessairement
dans les crédits Jeunesse, là, mais
on pourra, d'ici la fin... bien, peut-être pas d'ici la fin de l'étude des
crédits, mais le plus rapidement possible vous communiquer le nombre en
question.
Mais vous avez, dans votre question, mis le doigt
sur le problème. M. le Président, la collègue a mis le doigt sur le problème, et ça a été une situation qu'on a
déplorée à de nombreuses reprises, et on la voit dans de nombreux secteurs,
oui les bourses, mais également tout ce qui
est des stages. C'est de plus en plus difficile d'obtenir des visas du
gouvernement fédéral pour les stagiaires au Québec, et on est
excessivement insatisfaits de cette situation-là.
Bien
sûr, des raisons de sécurité sont invoquées, il y a certains de ces jeunes qui
viennent de pays potentiellement instables.
On comprend très bien qu'il faut faire des vérifications, etc., mais c'est
très, très difficile d'avoir, je dirais, l'oreille du fédéral là-dessus.
Malgré de nombreuses correspondances ou communications directes, on n'a pas eu
l'occasion, jusqu'à maintenant, de les faire
changer leur pratique. Ça n'a pas changé non plus entre les deux gouvernements
fédéraux, je tiens à le dire, là, qui
se sont succédé. On avait le même problème avant, on a encore le même problème
aujourd'hui. Et je pense que,
là-dessus, on devrait tous, ici, être unis pour demander qu'on remédie à la
situation, en sachant, bien sûr, qu'il
est normal que des vérifications de sécurité soient faites, personne ne va
s'objecter à ça. Mais, ceci étant fait, on devrait reprendre cette formule
d'accorder des visas à nos étudiants et nos stagiaires. Ça, c'est la mobilité
jeunesse pour...
Une voix :
...
M. Couillard : C'est ceux qui vont dans l'autre direction, ça. Non, mais là on nous
pose la question sur les personnes de l'étranger qui viennent au Québec
et qui n'ont pas des visas.
Alors,
écoutez, vous avez raison, vous avez mis le doigt sur l'enjeu. Je sais que les
collèges ne sont pas contents, les entreprises
également ne sont pas contentes, on n'est pas contents, vous n'êtes pas
contents aussi. Parfait! Si on n'est, tous ensemble, pas contents sur quelque
chose, ça va nous donner une chance. Comme la situation des demandeurs d'asile. Actuellement, je pense qu'on est assez
unis sur le fait que le Québec doit recevoir davantage de soutien du fédéral
qui doit assumer ses responsabilités, entre
autres financières. Sur cette question également on va continuer nos
représentations. Et, si on peut le faire de façon commune ici, à
l'Assemblée, tant mieux.
Le Président
(M. Picard) : Merci. Mme la députée Marie-Victorin.
Mme Fournier :
Oui. Effectivement, M. le Président, je pense qu'on s'entend qu'on n'est pas
content de cette situation-là. Mais
en même temps, lorsque vous décidez, par exemple, d'annoncer dans un forum
international que nous allons mettre
en oeuvre ces bourses-là et que les bourses seront attribuées à des étudiants
pour venir, donc, fréquenter nos
cégeps, notamment les cégeps en région qui veulent voir arriver des étudiants
étrangers pour venir contribuer à la vitalité régionale puis éventuellement, même, on l'espère, pouvoir s'établir ici
chez nous, mais vous le savez aussi comment ça fonctionne au Canada, vous savez qu'on vit dans une fédération.
Évidemment, nous, du côté du Parti québécois, on aimerait qu'il en soit autrement et on aimerait pouvoir
nous-mêmes délivrer les visas, ce qui serait le cas si le Québec était un pays.
Mais, dans le contexte dans lequel on est
présentement puis que vous connaissez aussi bien que nous, comment est-ce
que ça se fait que cette situation-là n'avait pas été vérifiée avant l'annonce?
Parce que,
là, on se retrouve avec une crédibilité qui peut être mise en jeu sur le plan
international. On se retrouve avec
des faux espoirs, même des rêves brisés, là. Ces jeunes qui voulaient venir
étudier au Québec, qui croyaient pouvoir accès... avoir des bourses très
intéressantes, mais qui aujourd'hui, finalement, n'ont pas réussi à franchir,
donc, la frontière du Québec pour venir étudier ici chez nous.
Le Président (M. Picard) :
M. le premier ministre.
M. Couillard : M. le Président, ne pas le faire aurait été
baisser les bras, aurait été dire : Bon, bien, on ne pourra jamais régler le problème. Justement, c'est
volontairement, sachant qu'on aurait des enjeux de visa, qu'on a posé ce
geste-là. Il faut quand même rappeler
qu'il y a des sujets sur lesquels on progresse énormément pour les étudiants
étrangers qui viennent au Québec. On
connaît tous l'existence du programme spécial pour les étudiants français.
J'étais très heureux, il y a quelque
deux semaines à peine, d'annoncer un programme identique avec la Fédération
Wallonie-Bruxelles pour recevoir également des étudiants universitaires
au Québec.
Il y a des
étudiants étrangers dans nos collèges. Chez nous, à Saint-Félicien, il y a plus
d'une centaine, sauf erreur, d'étudiants
étrangers en tourisme, notamment, de pays de toute la planète, d'Europe, mais
également de La Réunion, de la Nouvelle-Calédonie.
Ces gens-là sont dans le programme de tourisme et dans le programme de gestion
des milieux naturels. Et ils sont vraiment
très contents, d'autant plus que le niveau collégial est quelque chose qui
n'existe pas ailleurs. Et les jeunes sont très contents de découvrir ce
niveau de diplomation là.
Alors, ce
n'est pas une raison de ne pas offrir les bourses, le fait qu'on ait des
difficultés avec le fédéral. C'est une raison de la faire, au contraire, et de
montrer les jeunes qui auraient pu venir — comme la collègue le fait — chez nous, qui attendent de venir chez nous et qui ne peuvent le faire en
raison de ces politiques fédérales pour lesquelles on va continuer à
demander des modifications.
Le Président (M. Picard) :
Mme la députée.
Mme Fournier :
Oui, M. le Président. Je suis bien d'accord que c'est une bonne chose
d'annoncer des bourses, de faire en sorte justement que ces étudiants puissent
venir au Québec, mais, concrètement, si on annonce des bourses, mais qu'on ne s'assure pas que le gouvernement
fédéral va accorder les permis, à quoi est-ce que ça sert, sinon qu'à nuire
à la réputation internationale du Québec?
Alors, je comprends qu'on n'a pas le chiffre en
ce moment, là, du nombre de bourses qui ont réellement été accordées. Je pense
que vous vous engagez à déposer le chiffre?
• (17 heures) •
M. Couillard : ...la réputation du Québec,
elle est extraordinaire, là. Je ne voudrais pas qu'on donne l'impression
à la population que la réputation
du Québec est atteinte. S'il y a un État membre de la
francophonie dont la réputation est
stellaire, c'est celui du Québec à cause de l'ouverture qu'on fait, oui, pour la
France et la Belgique, mais également
de nombreux pays africains qui ont des
ententes particulières pour venir étudier chez nous, au Québec.
Alors, je pense que, là-dessus, le Québec, heureusement, n'a rien à envier à personne. On fait d'ailleurs beaucoup
mieux que beaucoup d'autres
endroits sur la planète et on va continuer de le faire.
Et j'ajouterais également que les étudiants qui
viennent chez nous, on a comme habitude, le plus souvent possible, de leur offrir un certificat de sélection
du Québec. On connaît l'immense problème
de pénurie de main-d'oeuvre que nous connaissons actuellement. Alors, on profite également de leur passage chez nous. Bien sûr,
on souhaite qu'ils retournent dans
leur pays pour faire profiter de leurs nouvelles connaissances, mais, s'il y a
un intérêt pour s'établir au Québec, on le fait. Mais la réputation du Québec
n'est absolument pas atteinte par ça. En fait, s'il y a
un ordre de gouvernement qui paraît mal, ce n'est pas le gouvernement
du Québec, c'est le gouvernement fédéral.
Le Président (M. Picard) :
Mme la députée.
Mme Fournier : M. le
Président, je crois quand même
qu'on s'entend que la réputation internationale du Québec, on
doit la maintenir, puis c'est certain que ce n'est rien pour aider en ce
sens-là. Mais là, bon, selon les articles qui ont été répertoriés, on a vu que, pour l'année 2017, il y a au moins 50 personnes qui
devaient avoir accès aux bourses qui se sont vu refuser l'accès, donc,
au Québec. Et, concrètement, j'aimerais savoir ce que le gouvernement, ce que
votre gouvernement a fait auprès du
gouvernement fédéral, quelles démarches ont été poursuivies, intentées, pour
faire diminuer ces barrières à
l'accès puis faire en sorte que les bourses puissent être données et puissent
être, donc, réellement octroyées aux étudiants qui ont été sélectionnés par le
gouvernement du Québec. Parce que, là, on a des gens qui travaillent pour faire
un processus de recrutement, on a des jeunes, à l'étranger, qui sont choisis
pour venir s'établir au Québec, mais qui finalement voient leur rêve
carrément brisé.
Alors,
qu'est-ce qui a été fait concrètement autre que de constater la situation, mais
pour travailler à venir diminuer ces
barrières-là, même à les enlever? Parce que, si on annonce quelque chose, je
pense que c'est la responsabilité du Québec aussi d'honorer ses
engagements et de faire en sorte de s'arranger pour que ses engagements
puissent être respectés, notamment du côté du gouvernement fédéral.
Le Président (M. Picard) :
M. le premier ministre.
M. Couillard : Bien, il faut rester réaliste, là. On ne peut pas
s'arranger puis émettre des visas. Alors, tu sais, je pense que je comprends
que c'est l'ambition de l'opposition officielle. Tant mieux. On verra le succès
de cette ambition au cours des
prochaines années. Mais, s'il y a un gouvernement qui a fait beaucoup pour
rétablir, et non pas maintenir, rétablir et augmenter la réputation du
Québec, c'est le nôtre. Cette réputation était en lambeaux en 2014. Des
déficits perpétuels, une dette qui
s'accentuait, aucune confiance de la part des investisseurs, des marchés
financiers, des entreprises. On a
rétabli la situation, et ça s'est connu, ça s'est su partout dans le monde.
Quand je vais en Europe, quand je vais en Asie, on dit : Écoutez, c'est extraordinaire, ce que vous avez fait
au Québec. On voudrait savoir comment vous avez fait. Alors, je leur réponds : C'est assez simple,
ça prend juste du courage et de la détermination, et ne pas accepter l'état des
lieux comme il est, et de vouloir redresser la situation. Ça a été fait.
On nous a
d'ailleurs beaucoup critiqués là-dessus. Je me souviens qu'à l'époque en
arrivant, en 2014, on avait deux
partis qui étaient dans l'opposition, qui voulaient également rétablir
l'équilibre budgétaire pour 2015‑2016 et s'étaient engagés formellement, mais qui ont critiqué chaque
mesure prise par le gouvernement pour rétablir cet équilibre et qui, maintenant, se chicanent entre eux pour
rétablir... pour dépenser les marges de manoeuvre qu'on a nous-mêmes générées
par notre discipline, notre rigueur et, je dirais, le courage dont on a fait
preuve.
Alors, je
voudrais quand même dire que la réputation du Québec, elle est pas mal mieux
qu'elle a déjà été au cours des dernières années, et c'est largement dû
aux efforts du gouvernement dans la saine gestion des affaires publiques,
notamment des finances et de la dette, mais également de l'économie, avec un
taux de création d'emplois record.
Qui aurait
dit — parlons de
la réputation du Québec — qui aurait cru que le Québec serait cité en exemple maintenant pour la croissance économique, la
création d'emplois, la rigueur dans son administration? Qui aurait dit que
ça coûterait moins cher au Québec qu'à
l'Ontario d'emprunter sur les marchés financiers? Qui aurait dit ça? Non,
personne n'aurait pu dire ça. En fait, on nous promettait d'échouer sur
toutes ces questions.
Alors, les
collègues de tous les ministères, particulièrement des Relations
internationales, sont en contact régulier avec les collègues du gouvernement fédéral. Ils savent très bien... Il
est arrivé d'ailleurs qu'on a eu un impact positif. Vous savez qu'au
Mexique on avait un enjeu de visas, et c'est largement le soutien du Québec au
Mexique auprès du gouvernement fédéral canadien qui a permis de faire
progresser la situation.
Moi, je ne
baisse pas les bras, on va continuer à, bien sûr, faire les représentations
qu'il faut là-dessus et on va s'assurer
de maintenir la réputation du Québec en maintenant le niveau le plus optimal possible de gestion des
finances publiques, qui est la chose
principale que les gens regardent à l'étranger avant d'investir ou de venir
installer une entreprise chez nous.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Mme la députée.
Mme Fournier :
M. le Président, ma question était claire, elle ne portait pas sur la
réputation du Québec, elle portait
sur les gestes concrets qu'a posés le gouvernement du Québec pour dialoguer avec le gouvernement fédéral et faire en sorte
que les bourses que nous avons octroyées, que les bourses puissent être
honorées et qu'on ne se retrouve pas avec des titres comme Immigration
Canada bloque l'arrivée d'étudiants étrangers au Québec.
Alors, le
premier ministre est allé à l'international annoncer en grande pompe ces
bourses-là, qui étaient évidemment de
très bonnes nouvelles. Mais, concrètement, est-ce que le premier ministre a
rédigé des lettres à l'endroit du gouvernement fédéral pour leur demander pourquoi les visas de ces jeunes étaient
bloqués, pour leur demander de travailler à amenuiser justement les barrières qui peuvent exister?
Est-ce qu'il y a eu des rencontres de travail qui ont été faites, auxquelles le
premier ministre a participé ou certains de
ses ministres? Quels ont été les gestes concrets pour favoriser l'arrivée de
ces jeunes qui avaient leurs rêves et qui avaient espoir de pouvoir
venir au Québec contribuer à la société québécoise?
Le Président (M. Picard) :
M. le premier ministre.
M. Couillard : Alors, le seul geste concret qui va les faire
arriver au Québec, c'est d'avoir un visa canadien. Ici, ce n'est pas la Chambre des communes, c'est
l'Assemblée nationale du Québec. Alors, ces débats-là se font à la Chambre
des communes. D'ailleurs, il y a une de nos
collègues qui est active au niveau fédéral. Peut-être qu'elle pourrait lui
demander de transmettre le message à la Chambre des communes. Je pense qu'il
lui arrive d'y passer. Il y a également des bourses... Et on parle au gouvernement fédéral de ces questions-là,
ils sont très au courant qu'on est mécontents de la situation, et j'ai
bon espoir qu'ils vont vouloir s'y adresser.
Mais les
difficultés concernent plus spécifiquement le niveau collégial et les pays
d'Afrique francophone. Alors, quels sont
les motifs invoqués pour justifier les refus? Il faut quand même l'expliquer
parce que le fédéral n'est pas là pour
répondre à ce que déclare notre collègue. On est insatisfaits, mais pourquoi
c'est comme ça? Quelles sont les raisons qui sont invoquées? Alors, situation financière
insuffisante ou encore un financement provenant d'une autre source que la famille immédiate, un cheminement scolaire
incohérent, une perspective d'emploi faible dans le pays d'origine, manque
de garantie de retour au pays après l'obtention du diplôme. Par exemple, dans
le quota ciblé pour la francophonie et annoncé
à l'endroit qu'elle souligne, seules 57 — j'ai trouvé le chiffre — 57 exemptions ont finalement pu être
attribuées cette année.
Le ministère
n'a aucun pouvoir d'intervenir directement sur la question des visas et des
permis d'étude, mais on a posé plusieurs gestes. D'abord, une rencontre
a été organisée par le ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur avec IRCC, je pense, c'est immigration,
ressources, citoyenneté Canada, là, pour exposer les problématiques, trouver des solutions communes. À la suite de la
rencontre, des représentants d'IRCC ont signifié qu'ils comprenaient mieux les particularités du système d'éducation
québécois, notamment quant à la formation professionnelle et technique. On a produit une bonification du guide
opérationnel et interne des agents d'immigration fédéraux, incluant une section
sur les particularités de la formation
professionnelle et technique au Québec, en plus de décrire les programmes de
bourses d'excellence et d'exemption
mis sur pied pour favoriser l'accueil d'étudiants internationaux en formation
professionnelle et technique. Des sessions de sensibilisation ont
également été tenues par IRCC auprès des établissements afin de les
sensibiliser à certains cas de fraude, parce que malheureusement ça existe. On
a modifié le site Internet pour mieux accompagner les étudiants internationaux.
Les bureaux du Québec à l'étranger ont été sensibilisés à ces questions, ils travaillent en partenariat avec le ministère de
l'Éducation, le ministère de l'Immigration et les établissements. Maintenant,
il y a eu certains stratagèmes frauduleux également qui ont été dépistés, qui
ont été mieux expliqués, ce qui devrait
permettre une identification plus rapide des cas problématiques et, en
parallèle, une meilleure compréhension des aspects évalués par IRCC...
Le Président (M. Picard) :
En terminant, s'il vous plaît.
M. Couillard : ...qui vont
permettre un meilleur accompagnement des étudiants choisissant le Québec.
Le Président (M. Picard) :
Merci, M. le premier ministre. 45 secondes, Mme la députée.
Mme Fournier :
Bien, j'ai cru comprendre de la lecture de la fiche du premier ministre qu'il y
avait seulement eu 57, donc,
exemptions qui avaient été accordées à des étudiants en 2017, alors qu'il y
avait 250 bourses de promises. Alors, oui, c'est le gouvernement
fédéral qui octroie les visas, mais, s'il y a un problème, c'est la
responsabilité du gouvernement du Québec aussi
d'appeler le fédéral, d'envoyer des lettres, d'avoir des rencontres pour
vraiment avoir des gestes concrets
puis que le fédéral soit au courant de la situation puis qu'on la redresse de
façon très rapide. Visiblement, avec 57 sur 250, on ne peut pas dire
qu'il y a eu des résultats concrets de cette démarche-là.
Le Président (M. Picard) :
Merci, Mme la députée.
M. Couillard : Bien, brièvement, je viens d'expliquer ce qui a
été fait, incluant des rencontres avec le fédéral.
Le Président (M. Picard) :
O.K. Dernier bloc d'intervention. M. le député de Maskinongé.
• (17 h 10) •
M. Plante :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, à moi de vous dire à quel point je suis
privilégié de faire partie, cet
après-midi, de cette étude de crédits en compagnie du premier ministre et des
collègues de l'opposition, mes collègues du gouvernement aussi. Vous
dire à quel point, et je ne prendrai pas beaucoup de temps dans le bloc, parce
que mes collègues de Portneuf et de
D'Arcy-McGee veulent aussi adresser des questions au premier ministre sur
l'importance... Justement, on est en
crédits Jeunesse et, on le sait, on fait tout notre engagement politique pour
les générations futures, pour les jeunes qui vont nous suivre. Et j'ai
eu le privilège, M. le Président, à mon tour, d'être élu à 32 ans, ce que
je trouvais très jeune. Ce n'était peut-être
pas le plus jeune, mais je trouvais ça très,
très jeune d'avoir l'opportunité et
de poursuivre mon travail auprès des diverses sociétés.
Aujourd'hui, je vais vous parler, M. le
Président, d'un sujet qui me tient particulièrement à coeur, qui est le maillage entre
la culture et le monde scolaire, donc comment on peut aider les générations
futures à assimiler mieux notre culture et aussi à découvrir la culture en
général, donc nos artistes, soit en
arts visuels, en théâtre ou même en musique. J'ai eu le privilège, par le
passé, de faire partie du «stage band» de mon école secondaire et je vais vous
avouer que ça m'a ouvert différents horizons et plusieurs horizons. Et d'ailleurs,
l'automne dernier, je participais, à mon ancienne école secondaire, à une activité qui s'appelait Expérimentation des arts, donc qui
est une expérience pour tous les jeunes pour aller découvrir tous les types
d'art, tant visuel, musical, théâtre. Il
y avait des caricaturistes. Et j'ai
trouvé que c'était une expérience vraiment
enrichissante qui permettait aux jeunes de voir à quel point la culture, les
arts sont des éléments importants.
Comme vous
savez sûrement, M. le
Président, en 2014, un comité avait
été mis sur pied afin de faire un maillage entre le monde de l'éducation, le milieu de l'éducation, mais aussi des représentants culturels, et le ministère
de la Culture et des Communications ainsi que celui du ministère de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur travaillent
ensemble depuis le rapport de ce
comité afin d'intégrer la dimension culturelle à la mission éducative de
l'école, afin aussi de permettre aux jeunes d'élargir leurs horizons et
de s'ouvrir sur le monde.
On sait que
divers objectifs ont été faits et doivent être atteints suite à l'entente qui a
été conclue entre le ministère de l'Éducation et le ministère de la Culture,
soit le protocole d'entente sur la Culture-Éducation. La mesure vise à mettre
en place différentes
initiatives qui sont vécues dans plusieurs écoles, soit le programme Culture à
l'école, bien sûr. Il y a le répertoire
des ressources culture-éducation, le Mois de la culture à l'école, les Prix de
reconnaissance Essor et, bien sûr, les mesures de concertation régionale
en culture-éducation.
Comme vous le
savez, il y a des mesures qu'on connaît un petit peu mieux comme députés ou
comme citoyens, qui sont les ateliers culturels dans les différentes
écoles, mais aussi une école qui accueille des artistes. Donc, c'est un des deux volets du programme Culture à l'école
qui permet d'accueillir des artistes différents pour venir présenter leur
art, que ce soit un écrivain, un artiste
d'art visuel, tout ça pour permettre justement aux jeunes de s'ouvrir sur le
monde.
On sait qu'on
accorde beaucoup de temps et beaucoup d'importance à la culture et on dirait
même, M. le Président... et on est
tous conscients que la culture, c'est le fondement d'un peuple, d'une nation,
c'est notre fondement. Notre gouvernement a d'ailleurs, par le budget, déposé beaucoup de crédits au ministère de la
Culture, et j'aimerais, en terminant ma question, entendre le premier ministre sur les actions à
venir en culture-éducation pour l'année qui s'en vient. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Picard) :
M. le premier ministre.
M. Couillard : Merci, M. le Président. Mais je suis très, très
heureux de parler de ce sujet avec mon collègue de Maskinongé. En mars
2018, donc qu'on vient de passer, le budget prévoit 116 millions de
dollars sur cinq ans pour rapprocher la
culture des jeunes et la collectivité partout au Québec. En particulier, il y a
35 millions pour offrir des sorties culturelles aux élèves en service de garde en milieu scolaire. Ça, je
pense que c'est déjà très, très bien accueilli par le milieu culturel. Bien sûr, pour les enfants eux-mêmes, ça
génère des bénéfices inestimables. La formation scolaire comprend toujours un
volet qui permet d'initier les élèves à différentes formes d'expression
artistique, par exemple la musique et les
arts plastiques, mais les sorties scolaires, c'est un complément essentiel à
cette formation puisqu'elles leur permettent de se rapprocher de la culture
tout en apprenant. Moi, je me souviens encore des sorties de théâtre qu'on
faisait à l'école ou au collège, à
quel point je trouvais ça extraordinaire. Les pièces de Molière, tiens, je m'en
souviens actuellement. À cet égard,
le gouvernement prévoit des montants additionnels de 35 millions de
dollars sur cinq ans pour financer ces sorties, comme je viens de le
dire.
Mais, d'après
moi, la mesure qui est vraiment la plus attirante pour les familles, ce sont
les visites gratuites dans les musées
un dimanche par mois. Ceux qui ont eu la chance d'aller à Paris, vous savez
qu'à Paris on peut visiter les musées gratuitement comme ça sur une base
régulière. Je pense que c'est une fois par mois également. Alors, les
institutions muséales, il y a une liste qui
va être présentée dans toutes les régions du Québec. Il y en a dans ma région
du Saguenay—Lac-Saint-Jean,
des musées qui vont être éligibles à ce programme-là. Pourquoi c'est important?
Bien sûr, c'est des lieux d'éducation, de transmission de la culture,
l'histoire, le patrimoine, l'art pour favoriser l'accès et la participation et
la contribution de tous à la culture.
Alors, le
gouvernement, juste pour ce programme-là, c'est 5 millions de dollars sur
cinq ans pour les visites gratuites un
dimanche par mois dans les institutions muséales soutenues par le ministère de
la Culture et des Communications. Bien sûr, la liste de ces musées va être
rendue publique. Ça comprend des grandes institutions comme le Musée des
beaux-arts de Montréal ou le musée
national du Québec, mais également de plus petites installations, comme chez
nous, à Saguenay.
Alors, il y a
également des actions visant à faciliter l'utilisation des technologies
numériques à chacune des étapes qui
vont être mises en oeuvre. J'ai vu une activité, en France, lorsque j'y étais,
récemment, qui s'appelle les Micro-Folies, où, dans une petite ville, on réunit des enfants et, à l'aide d'un
médium numérique, on leur permet, par exemple, de regarder La Joconde et l'étudier en profondeur avec un
professeur, beaucoup mieux, en fait, que s'ils allaient au Musée du Louvre
la voir quelques secondes pour se faire
pousser par les autres touristes qui veulent également voir la toile. Et ça, ce
genre de choses là, a été débuté au
Musée de la civilisation, ici, à Québec. On a récemment annoncé un programme
semblable pour les jeunes.
Alors, le
numérique, là-dedans, a un immense potentiel, mais, si je résume, la mesure dont,
je crois, on peut tous être très, très, très fiers, c'est les visites
gratuites des musées un dimanche par mois. Je pense qu'il y aura beaucoup,
beaucoup d'intérêt et d'enthousiasme des familles pour en profiter.
Le Président (M. Picard) :
Merci. M. le député de Portneuf.
M. Matte : Merci, M. le
Président. Je voudrais procéder à... je voudrais saluer mes collègues d'en
face, mes collègues aussi du gouvernement.
Rapidement aussi parce que je veux laisser la parole à mon collègue aussi de D'Arcy-McGee,
par contre, je trouve que le sujet est
tellement important, le Créneau carrefour jeunesse, que j'aurais voulu avoir
beaucoup de temps pour pouvoir le présenter, mais aussi faire ressortir
tous les avantages, là, que ça procure.
Vous savez, M. le Président, que le Créneau
carrefour jeunesse, ça a été un mariage entre le Secrétariat à la jeunesse et le ministère du Travail, de l'Emploi
et de la Solidarité sociale. Ils ont travaillé de concert à l'élaboration d'un
programme de services. Tu sais, ce programme
s'adresse entre les 16 et 35 ans. Un jeune qui dépose une demande à l'aide
sociale ou qui vit des difficultés
personnelles ou d'insertion sociale peut bénéficier de différents services, là,
du Créneau de carrefour jeunesse.
Il y a trois
composantes à ce programme. La première composante est le service direct en
persévérance scolaire et autonome personnel, une fonction de développement de
projets et d'entrepreneuriat, bénévolat et volontariat et un élément de gouvernance favorisant la représentation des
jeunes au sein du conseil d'administration du Carrefour jeunesse-emploi.
Les services développés rejoignent des
jeunes à risque de décrochage scolaire et des jeunes très éloignés du marché du
travail. Le Créneau carrefour jeunesse mise
sur le développement de partenariats stratégiques, tant sur le plan local qu'à
l'échelle nationale.
Mais,
si vous me permettez, M. le Président, chez moi, dans Portneuf, comme
partenaire, il y a le Carrefour jeunesse-emploi.
C'est animé par une équipe formidable, et les succès sont à la hauteur de leur
implication et de leur travail. Donc,
je vous ai dit, le Carrefour jeunesse-emploi de Portneuf bénéficie d'un
financement d'Emploi-Québec de 427 000 $ et, pour le Secrétariat de la jeunesse, de
102 000 $, ce qui est important. Ce n'est pas beaucoup, mais, avec
ça, on fait beaucoup.
Je
vous donne tout simplement l'inventaire des différents programmes, que ça soit
répertoire Boomerang, dont l'objectif, c'est de visiter toutes les classes de
secondaire III, IV et V afin de contrer l'exode des jeunes, mais aussi
c'est de faciliter l'intégration et
de permettre aux employeurs de pouvoir présenter leurs entreprises, mais aussi
de leur offrir soit des emplois à temps plein ou à temps partiel ou des
emplois d'été.
Il
y a aussi le programme Départ@neuf qui s'adresse pour les 18-29 ans à
développer l'autonomie personnelle, et
sociale, et professionnelle. Il y a la coopérative de jeunesse services. Chez
nous, on en a six qui touchent 90 jeunes. On est la plus petite coopérative de la province, mais par contre on est
celle qui a le plus de projets. Et je me fais toujours un souci en
chaque début d'année de pouvoir les... participer puis leur souhaiter bon
succès.
Il
a aussi une activité sur le volontariat, que j'ai parlée, le projet de Cultive
ton avenir. Ce qui est intéressant, dans l'insertion emploi, nous avons traité 109 dossiers, le maintien à
l'emploi, c'est 73 jeunes, et l'insertion aux études, c'est 57.
Maintenant,
je m'adresse à M. Couillard. J'aimerais savoir, M. Couillard, qui,
après plus d'un an, un peu plus d'un
an, hein, qu'on a déposé ce projet-là... comment vous le voyez, son évolution?
C'est quoi, la vision? C'est quoi, là, que vous êtes en mesure d'évaluer
après un peu plus d'un an?
• (17 h 20) •
Le
Président (M. Picard) : M. le député de Portneuf, on doit appeler M. le premier ministre par son
titre et non par son nom de famille. Vous le savez certainement, M. le
député.
M. Matte :
Mais je suis tellement près de lui, là, que je me suis permis une familiarité.
Je m'excuse.
Le Président
(M. Picard) : M. le premier ministre.
M. Couillard : Ah! il est tout pardonné, M.
le Président, n'est-ce pas? Alors, oui, le Créneau carrefour jeunesse, c'est un projet majeur de la Stratégie d'action jeunesse 2016‑2021 qui
intervient sur les objectifs de la Politique sur la jeunesse 2030. Alors, le plan
économique 2017‑2018, on s'en souvient, était venu bonifier le créneau de
900 000 $ par année pour
offrir des expériences concrètes d'implication aux jeunes en difficulté. Il
m'est arrivé souvent, dans mes tournées régionales, de m'asseoir avec les intervenants et les jeunes des
carrefours jeunesse-emploi, et, à chaque fois, j'ai été d'abord touché par les histoires personnelles de ces
jeunes, également tellement impressionné par le dévouement et l'intensité
des intervenants qui ont littéralement sauvé
des vies. Je le dis souvent, il n'y a pas que dans des salles d'opération qu'on
sauve des vies au Québec, également avec les jeunes en difficulté.
Pour
faire face aux défis de l'implantation d'un nouveau modèle, un comité aviseur a
été mis en place. Il s'est rencontré
déjà le 2 mai, en 2017, et on va continuer les rencontres. Il faut savoir
qu'il y a deux regroupements, hein, la députée
de Fabre connaît bien ça aussi, le regroupement des carrefours jeunesse-emploi
du Québec et le Collectif autonome des
carrefours jeunesse-emploi. Et, pour qu'on s'entende tous ensemble pour les
grandes orientations de déploiement du créneau, la prochaine rencontre
est prévue d'ailleurs le 8 mai.
On
a identifié des iniquités, le comité a identifié des iniquités, il y a eu des
montants supplémentaires qui ont été investis
par le Secrétariat à la jeunesse de 750 000 $ en 2017‑2018,
471 000 $ par année de 2018‑2019 à 2019‑2020, et on veut être absolument conciliants et flexibles pour
la mise en oeuvre, comme en témoignent d'ailleurs les réinvestissements dans la mesure ainsi que la possibilité de
reporter les montants non utilisés dans les années précédentes, 2016‑2017 et
2017‑2018.
Donc,
je crois qu'on est là au bon endroit, avec les bons intervenants. On souhaite
bien sûr qu'il y ait un consensus maximal
entre les deux groupes représentatifs des CJE, mais je sais que mes collègues,
quelles que soient les formations politiques,
visitent les CJE, rencontrent les jeunes, et je les encourage à continuer à le
faire. Pour moi, ça a été chaque fois quelque chose de très, très
important qui m'a permis de soutenir ces éléments-là.
Le Président
(M. Picard) : Il reste cinq minutes pour M. le député de
D'Arcy-McGee, questions, réponses.
M. Birnbaum :
Merci, M. le Président. M. le premier ministre, collègues. Bon, j'imagine que
j'aurai à abandonner mon discours
planifié pour 12 min 30 s, mais on va passer à un sujet qui
mériterait beaucoup plus de temps. Mais je vais essayer d'être bref pour que M. le premier ministre peut élaborer. Je
parle, bon, d'emploi chez les jeunes. Évidemment, c'est au coeur de toutes sortes de nos préoccupations,
et notre gouvernement a passé plusieurs gestes qui facilitent l'insertion
des jeunes à l'emploi. Moi, j'ai le
privilège d'être l'adjoint parlementaire au premier ministre au début de notre
mandat où j'avais le mandat de veiller à l'adéquation formation et
emploi. Alors c'est un dossier qui me touche beaucoup.
Bon,
écoutez, il y a plusieurs gestes que notre gouvernement a déjà entamés,
promotion et valorisation des métiers en
demande. Nous avons fait des gestes qui fait en sorte qu'il y avait 35 000 individus
sans emploi et qui n'étaient pas aux
études de moins suite à nos interventions. Nous avons versé un montant de
quelque 10 millions de dollars en partenariat avec Montréal International et Québec
International, dont une panoplie de gestes vise l'emploi des jeunes. On a
bonifié le crédit d'impôt pour stages
en milieu de travail. Pour moi, les stages sont d'une importance capitale pour
impliquer les jeunes à l'emploi.
Écoutez,
j'aurais pu continuer, mais j'aimerais laisser le temps qu'il reste au premier
ministre, M. le Président, pour nous
parler en général de ces programmes et comment outiller la nouvelle génération
pour qu'elle puisse faire sa marque en cette période de pénurie
d'emploi... de main-d'oeuvre.
Le Président
(M. Picard) : M. le premier ministre.
M. Couillard : Alors, merci, M. le Président. Écoutez, on
connaît tous notre défi majeur de pénurie de main-d'oeuvre, mais également les enjeux de formation qui vont
changer au cours des prochaines années, qui doivent maintenant s'adresser
à la personne tout au long de sa vie, et également l'adéquation optimale entre
la formation donnée et les besoins des travailleurs et des employeurs.
Alors, il y a
un élément budgétaire qui a été ajouté de 24,3 millions de dollars pour
mettre en place de nouveaux modes de déploiement de l'offre de formation en
réponse aux besoins régionaux spécifiques et des mesures visant la mobilité interrégionale des élèves en formation.
Ça, j'y suis particulièrement attaché. Il y a des places, dans nos cégeps
régionaux, où des jeunes de partout au
Québec peuvent venir faire une partie ou même la totalité de leur formation.
Les personnes formées pour exercer
des métiers liés à la formation professionnelle et à la formation technique
pourront intégrer un emploi en cours
de formation le plus rapidement possible. Il ne s'agit pas d'arrêter sa
formation. Il s'agit de combiner les deux.
On a mis en
place, vous vous souvenez, en mars 2015, des projets pilotes qui intégraient un
volet de formation en emploi. On
parle toujours de la formation duale
en Allemagne, mais ce n'est pas le même modèle. L'Allemagne a des grandes entreprises manufacturières, et nous, on
parle de PME essentiellement, mais ça a très, très bien été. En 2015‑2016, il y a eu 14 programmes
d'études techniques qui ont été adaptés pour favoriser l'apprentissage en
milieu de travail. En formation
professionnelle, c'est 26 projets, ce sont 26 projets qui sont en
cours, et on veut encore bonifier cette initiative. Ça suscite beaucoup d'enthousiasme des
professeurs, des étudiants. C'est certainement un outil de persévérance
scolaire parce que le jeune est en contact avec le métier qu'il ou
elle veut pratiquer dans l'avenir. Et on veut également impliquer les centres collégiaux de transfert technologique,
le Réseau trans-tech, pour non pas faire uniquement une formation duale,
mais triale. C'est un néologisme qui a été
apporté. C'est 20 millions de
dollars pour permettre aux CCTT de
prendre cette nouvelle approche de formation qui est à la fois pour la recherche
pratique pour les entreprises, mais également en entreprise, dans l'entreprise elle-même et dans le centre de formation,
le collège ou la polyvalente. Alors, je crois que c'est quelque chose
qui est appelé à continuer.
Jusqu'à maintenant,
il n'y a eu que des réactions positives au déploiement de
ces formations-là. La diplomation est
très bonne, l'intérêt est très grand, et on voit que, vraiment,
ça amène les jeunes vers la voie du succès. Parfois, des jeunes qui
n'étaient pas vers la voie du succès y ont été ramenés par ce genre
d'initiatives là.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Il reste 30 secondes. Ça va?
M. Couillard : On veut vous remercier, M. le Président, pour votre aimable et constante direction de nos travaux, hein?
Merci.
Le Président (M. Picard) :
C'est beau. Merci, M. le premier ministre.
Adoption
des crédits
Le temps
alloué à l'étude du volet Jeunesse des crédits budgétaires du portefeuille
Conseil exécutif étant presque écoulé,
nous allons maintenant procéder à la mise aux voix des crédits. Le
programme 5, intitulé Jeunesse, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Document
déposé
Le
Président (M. Picard) : Adopté. En terminant, je dépose les réponses aux demandes de
renseignement de l'opposition.
Et, compte
tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux à demain, le 25 avril, à
15 heures, où elle entreprendra l'étude
des crédits budgétaires du volet Immigration et Communautés culturelles du
portefeuille Immigration, Diversité et Inclusion. Merci et bonne soirée.
(Fin de la séance à 17 h 28)