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(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Paré): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mesdames et Messieurs, la commission permanente du revenu commence ses
travaux avec le mandat d'étudier les crédits du ministère
du Revenu.
Les membres de la commission sont: M. Assad (Papineau), M. Blais
(Terrebonne), M. Blank (Saint-Louis), M. Boucher (Rivière-du-Loup), M.
Gauthier (Roberval), M. Rocheleau (Hull), M. Lachance (Bellechasse), Mme Juneau
(Johnson), M. Maciocia (Viger), M. Marcoux (Rimouski), M. Martel
(Richelieu).
Les intervenants à la même commission sont: M. Bisaillon
(Sainte-Marie), M. French (Westmount), M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges), M.
Lafrenière (Ungava), M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata),
M. Mailloux (Charlevoix), M. Marx (D'Arcy McGee), M. Perron (Duplessis) et M.
Vaugeois (Trois-Rivières).
Il faudrait que la commission désigne un rapporteur.
M. Marcoux: Je propose le député de
Bellechasse.
Le Président (M. Paré): Donc, le rapporteur est M.
Lachance (Bellechasse). Est-ce que tout le monde est d'accord?
Si j'ai bien compris, selon l'entente intervenue entre les deux partis,
il y aura discussion générale et acceptation des crédits
à la toute fin.
M. Blank: À la fin, on discutera de quelques chiffres des
crédits, mais avant on procédera "at large".
Le Président (M. Paré): D'accord. J'inviterais
maintenant M. le ministre à faire ses commentaires ou ses remarques
préliminaires.
Remarques préliminaires M. Alain
Marcoux
M. Marcoux: M. le Président, chers collègues, je
voudrais vous présenter les personnes qui m'accompagnent. En
commençant par ma gauche, mais à votre droite: M. Jean Fournier,
de mon cabinet; M. Daniel Zizian, de mon cabinet; Mme Lepage, attachée
de presse à mon cabinet; M. Joseph
Plante, de mon cabinet également; Mme Suzanne Paquet, de mon
cabinet; M. André Saint-Jean, sous-ministre à la
législation; M. Marcel Robert, de la législation
également; M. Alain Dompierre, de la Direction générale
des opérations; M. Clermont Giguère, du budget; M. Denis Rheault,
sous-ministre adjoint à la recherche, développement et tout ce
qui s'ensuit, l'informatique; M. Morissette, du contrôle de la gestion;
M. Monfette, sous-ministre adjoint à la vérification; M.
Boudreault, de la vérification également; Mme Suzanne
Benoît-
Maisonneuve, directrice par intérim des services au public et
à la clientèle; M. Jean Laurin, sous-ministre adjoint, de la
Direction des services au public et à la clientèle; M. Langlais,
secrétaire adjoint exécutif de M. D'Amours, sous-ministre; M.
Vaillancourt, directeur du personnel; M. Pierre Langevin, président de
la Régie des loteries et courses du Québec; M. Donald Fortin, qui
est secrétaire de la Régie des loteries et courses du
Québec, et, bien sûr, M. D'Amours, que vous connaissez
déjà depuis l'an dernier, qui est le sous-ministre en titre.
Enfin, M. Champoux, chef de cabinet, mon sous-ministre politique.
Depuis ma nomination à titre de ministre du Revenu, j'ai
porté beaucoup d'attention à déterminer, d'une part, la
perception que les contribuables ont du ministère du Revenu et, d'autre
part, les réalités que nous vivons au ministère du Revenu.
En tant que député, j'ai pu en discuter souvent avec mes
concitoyens, avec des gens du monde des affaires et, depuis septembre dernier,
j'ai échangé sur le sujet avec mes collègues
députés, avec les membres du comité consultatif du Revenu,
avec le ministre délégué aux Relations avec les citoyens
et, également, avec le comité de direction du ministère et
les principaux collaborateurs de la direction du ministère.
Le gouvernement s'est également fixé des objectifs
très précis relativement à la gestion de la fonction
publique qui a connu une croissance importante, au cours des vingt
dernières années, en quantité et en qualité. Le
Québec vit de nos jours ce que vivent les États modernes, un
appareil administratif lourd, presque omniprésent dans la vie
quotidienne, coûteux et même littéralement étouffant
pour le citoyen. C'est pourquoi le gouvernement a mis l'accent sur la
productivité et le service à la clientèle.
Comme le rappelait le premier ministre
lors du discours inaugural, prononcé le 23 mars dernier,
l'État doit également se rappeler comme jamais qu'il est
là, d'abord et avant tout, pour servir les gens, à commencer par
les plus humbles et les plus démunis. Dans ce contexte, le
ministère du Revenu occupe une place stratégique des plus
importantes, premièrement, parce qu'il doit percevoir les impôts
et les taxes nécessaires pour financer l'ensemble des services à
la population et, d'autre part, parce qu'il utilise d'énormes ressources
humaines et matérielles qu'il importe de gérer efficacement.
Pourquoi le ministère du Revenu occupe-t-il une place
stratégique à ce titre dans les relations avec les citoyens?
Parce qu'il touche tous les citoyens et qu'à travers ses actes, ses
attitudes, ces derniers jugent leur gouvernement, évaluent les
façons d'agir du gouvernement, les intentions exprimées et
l'équité de ses orientations. Cette perception, qu'elle soit
exacte ou non, devient un élément important du niveau de
confiance et de crédibilité que les Québécois et
les Québécoises accordent aux différents paliers de
gouvernement qui les régissent. Le premier ministre a d'ailleurs
indiqué que tous les ministères et organismes devront
préparer un plan précis d'amélioration de la
qualité de leurs services au citoyen. Le Conseil des ministres a
confié un mandat très clair au ministre
délégué aux relations avec les citoyens à cet effet
et je me suis engagé à lui fournir toute ma collaboration.
Lors des discussions que j'ai eues avec des groupes et individus dont
j'ai parlé tantôt, les députés, le comité
consultatif du revenu, la direction du ministère, mon collègue
des relations avec les citoyens, j'ai pu constater qu'au-delà des
progrès accomplis par le ministère, au cours des deux
dernières années, plusieurs attentes des contribuables
demeuraient insatisfaites et qu'elles se situaient au niveau de la
qualité de notre travail, de la cohérence de nos décisions
et de l'apparente inéquité de certaines de nos politiques. Il
nous faut poursuivre les efforts en vue d'accroître la
productivité et l'efficacité de notre fonctionnement. Même
si nos dépenses servent à récupérer des sommes de
beaucoup supérieures, il n'en demeure pas moins que chaque dollar
dépensé inutilement n'est plus disponible aux citoyens. Nous
devons rentabiliser davantage nos opérations en respectant les exigences
de qualité et d'équité de la tâche à
accomplir. En plus des aspects techniques de cette problématique, il ne
faut pas négliger l'élément humain, en termes de
motivation et de qualité du milieu de travail.
Cette mauvaise perception du ministère résulte même
en une réduction de notre efficacité, parce qu'il faut consacrer
beaucoup d'efforts pour récupérer des sommes qui devraient
être normalement remises au ministère, je dirais, presque
automatiquement. À titre d'exemple, je cite les comptes à
recevoir négligés au cours des dernières années et
que nous tentons de récupérer par des opérations
spéciales. Qui d'entre nous ne connaît pas le cas classique de
l'entrepreneur ou du citoyen qui s'est acquitté de ses dettes envers
Revenu Canada, mais a négligé de le faire chez nous. On peut en
conclure que le ministère n'est pas pris au sérieux par tous les
contribuables.
Au cours de la prochaine année, je désire poursuivre
l'atteinte de nos objectifs fondamentaux - il y en a trois que je reprendrai
brièvement - qui sont cohérents avec ceux du gouvernement et avec
la mission du ministère, et orienter nos priorités d'action de la
façon suivante. Premier objectif fondamental: continuer à
améliorer la qualité de nos relations avec le citoyen en
augmentant la qualité de nos services de façon que les
Québécois et les Québécoises perçoivent le
ministère du Revenu comme un organisme efficace, mais équitable.
Cette orientation veut que le ministère du Revenu utilise les services
qu'il offre pour se vendre aux contribuables plutôt que de faire,
peut-être, son autopromotion.
Le deuxième objectif est de poursuivre l'augmentation de notre
productivité et de notre efficacité en nous dotant des outils de
gestion nécessaires. Cette option déborde le cadre technique des
structures et des systèmes pour englober nos politiques et notre style
de gestion.
Le troisième objectif est d'accorder une attention
particulière à la qualité de vie au travail de nos
employés, afin de développer, chez eux et chez elles, les
sentiments d'appartenance et de responsabilité essentiels à
l'atteinte de nos objectifs.
Pour atteindre ces trois objectifs, après ces discussions dont
j'ai parlé, ces consultations qui ont été menées de
façon intensive, en particulier au mois de février jusqu'à
la mi-mars, nous avons déterminé onze priorités d'action
pour la période 1983-1984 et ces priorités d'action seront les
suivantes. La première sera la mise en place de la politique sur la
rémunération des gens au pourboire pour le 1er janvier 1984. Ce
projet concrétise un long débat public au cours duquel j'ai pris
des engagements précis au nom du gouvernement. Il nous faut achever une
tâche, par ailleurs, bien amorcée.
La deuxième priorité d'action du ministère cette
année concerne les recours du citoyen en matière fiscale.
D'abord, il faut nous doter d'un plan d'action pour accélérer
efficacement le règlement des appels et oppositions de ces dossiers dans
toute conjoncture. Ce plan devrait inclure une évaluation des
possibilités de communication avec le contribuable avant de le
notifier.
Un deuxième aspect dans les priorités d'actions retenues
concernant les recours du citoyen en matière fiscale. Le
ministère devra statuer sur l'instauration d'un nouveau recours en
matière fiscale qui devra correspondre aux critères suivants: le
nouveau recours en matière fiscale devra être simple, rapide, peu
coûteux, et assurer l'équité au citoyen qui conteste la
notification du ministère. Compte tenu du fait que ce sujet est
entretenu dans divers milieux depuis un certain temps, que ce soit sous le nom
de tribunal administratif, de tribunal judiciaire, etc., je désire
arriver à des propositions concrètes au cours de la prochaine
année. Je rappelle également que, lors du discours inaugural du
23 mars dernier, le gouvernement a déclaré son intention de poser
des gestes concrets en ce sens. En somme, la deuxième priorité
d'action comprend deux aspects. Premièrement, faire en sorte que les
appels et oppositions soient entendus dans des délais raisonnables;
deuxièmement, l'instauration d'un nouveau recours en matière
fiscale.
La troisième priorité d'action qui est retenue pour
1983-1984, c'est l'amélioration de la qualité et de
l'efficacité du processus de cotisations et de recotisations au
ministère. La qualité et l'efficacité de nos
activités de cotisations et de recotisations ont des retombées
importantes sur d'autres activités du ministère. Lorsque nous ne
cotisons pas suffisamment clairement, ou mal ou pas assez explicitement, il
s'ensuit des demandes de renseignements, des oppositions, des accumulations de
comptes à recevoir. Je souhaite que l'on révise nos
méthodes de travail et de gestion en vue d'atteindre un haut
degré de qualité et de précision du processus de
cotisation afin de récupérer les sommes dues à
l'État, de limiter le recours à des mesures de correction, la
recotisation et l'opposition et d'informer les contribuables sur l'état
réel de leur dossier fiscal.
Je désire aussi prendre des mesures, en ce qui concerne la
cotisation et la recotisation, afin d'améliorer la qualité de la
précision des messages accompagnant les avis de cotisation pour limiter
les demandes d'information. Il est très important, lorsqu'on envoie une
cotisation et, spécialement une recotisation, que les messages soient
très clairs pour que le citoyen comprenne pourquoi nous lui faisons une
recotisation en particulier, ce qui peut éviter des demandes de
renseignements qui mobilisent du personnel; ce qui peut éviter des avis
d'opposition qui mobilisent aussi des énergies et du personnel. Dans
cette activité de l'amélioration de la qualité de nos
cotisations, il nous faut revoir nos pratiques de tolérance pour les
rapprocher davantage des pratiques commerciales courantes afin d'en augmenter
l'efficacité et le respect pour les contribuables.
La quatrième priorité d'action retenue, c'est
l'élaboration et l'implantation d'un processus systématique de
perception, de recouvrement et de remboursement. Les programmes spéciaux
de recouvrement dont nous avons parlé longuement l'automne dernier
constituent une expérience pénible pour tous et je veux clore ce
dossier d'ici à un an, et mettre en place un système de
perception et de remboursement qui évitera la reconstitution d'une telle
situation à l'avenir. Il s'agit d'un programme en trois volets. On
remarquera que je fais une distinction entre le passé et l'avenir. Ceci
afin que nous prenions, le plus tôt possible, des mesures
concrètes pour gérer les comptes à recevoir et les cas de
délinquance à venir. Seule une gestion rigoureuse de ces dossiers
pourra éviter de perpétuer la situation actuelle.
En ce qui concerne le passé, le recouvrement des comptes à
recevoir prend la forme de programmes spéciaux que nous connaissons
tous. Le processus implique l'identification des sommes dues, la mise en place
de méthodes de facturation, de communication, d'analyse et de
règlement de dossiers ad hoc afin de répondre rapidement et
efficacement aux demandes d'information des contribuables, d'arriver à
des ententes de règlement raisonnables et, finalement, de radier les
mauvaises créances. Je veux que, vraiment, on fasse le ménage de
l'ensemble de ces comptes à recevoir passés d'ici au 31 mars
1984.
Deuxièmement, quant à l'avenir, la perception des comptes
en souffrance pour les années à venir et subséquentes,
afin de récupérer les sommes dues et empêcher une nouvelle
accumulation des comptes à recevoir, devient une priorité pour
cette année. À mon avis, le processus doit mettre l'accent sur
l'identification rapide des montants à percevoir et des situations de
délinquance, une meilleure coordination de nos opérations
internes, une politique incitatrice d'intérêts et de
pénalités, une communication claire avec les
intéressés, un ensemble cohérent de politiques
administratives, une bonne intégration des processus de recours des
citoyens et un système d'information de gestion permettant de suivre
régulièrement l'évolution de la situation à ce
chapitre. Il faut que les contribuables aient la conviction que le
ministère procédera à la perception des montants dus.
Le remboursement, troisième volet de cet aspect perception des
comptes passés et des comptes que nous sommes en train de créer
et des remboursements des trop-perçus, revêt une grande
importance, car c'est d'abord une question d'éthique professionnelle et
d'équité. Nous ne pourrons pas obtenir la confiance des
contribuables si ceux-ci ne perçoivent pas que le ministère ne
vise qu'à
récupérer les sommes réellement dues et qu'ils
peuvent se fier à notre expérience et à notre
intégrité professionnelle. Il faut réviser et modifier nos
politiques et nos systèmes administratifs de façon à
identifier et à rembourser promptement les trop-perçus, ce qui
constitue la quatrième priorité du ministère que je
définis comme étant l'élaboration et l'implantation d'un
processus systématique de perception, de recouvrement et de
remboursement.
La cinquième priorité d'action du ministère, cette
année, c'est l'élaboration et la mise en place d'un plan
d'amélioration des relations du ministère avec les citoyens. Ce
sujet est l'objet de réflexions et d'actions au sein du
ministère, depuis un peu moins de deux ans. De plus, le gouvernement
s'est engagé, lors de la dernière campagne électorale,
à en faire une priorité d'intervention. Le Conseil des ministres,
lors de sa réunion extraordinaire des 11 et 12 mars dernier, a
confié un mandat précis en ce sens à chaque
ministère. D'ici le 1er juin, le ministère devra avoir
élaboré un plan d'amélioration en vue de l'humanisation de
nos services qui comprenne les éléments suivants:
l'accessibilité physique de nos locaux téléphoniques du
ministère, concernant les heures d'ouverture, concernant
l'aménagement de nos locaux, la prise en charge de chaque citoyen par un
fonctionnaire par la technique du pilote du dossier ou une autre s'apparentant.
On a aussi pris des mesures pour modifier l'attitude des fonctionnaires dans
leurs relations avec les citoyens; améliorer l'information des
fonctionnaires dans cette perspective; améliorer le contenu des messages
que nous transmettons aux citoyens, y compris les formulaires et les documents
de communication avec le contribuable; arriver à une meilleure diffusion
de l'information concernant nos programmes; réviser toute la question de
la régionalisation des services du ministère; instaurer un
système de rétroinformation et un système d'enquêtes
périodiques sur la satisfaction de la clientèle;
également, mettre en place des systèmes de prétests de nos
nouveaux formulaires, et préparer des directives sur l'aide aux clients
qui ont de la difficulté à remplir leur formulaire. Ce plan
d'action devra permettre l'identification des coordonnées du signataire
d'une lettre. Les onze points que j'ai énumérés ici font
partie de la décision du Conseil des ministres sur lesquels tous les
ministères qui ont des clientèles doivent élaborer un plan
d'humanisation des relations avec les citoyens.
Je crois qu'au mandat du Conseil des ministres nous devons ajouter
quelques éléments spécifiques à notre
ministère, notamment: arriver à établir, dans ce plan
d'humanisation, des niveaux de responsabilité pour favoriser le
règlement de dossiers; également, arriver à implanter un
système de suivi de la correspondance identifiée. Nous devrons
aussi identifier et corriger, dans ce plan d'humanisation, les
incohérences et les exagérations de nos politiques
administratives et de nos lois, afin de les adapter aux pratiques courantes,
leur donner un caractère d'équité, tout en conservant leur
efficacité incitatrice.
À ce sujet, je désire profiter de chaque session afin
d'apporter les amendements nécessaires à nos lois. Plusieurs
directions du ministère seront appelées à proposer des
amendements en ce sens. Je suis convaincu que si nous traitons
équitablement les contribuables, ceux-ci nous accorderont davantage leur
collaboration et leur appui parce qu'ils percevront davantage la justesse de
nos interventions.
Un quatrièmement point qui, dans ce plan d'humanisation, je
pense, est spécifique au ministère, c'est de préciser le
mandat de la Direction générale des services au public et
à l'entreprise, afin qu'elle puisse s'acquitter davantage de ses
responsabilités dans ce domaine.
Une sixième priorité d'action a été retenue
pour le ministère. C'est l'élaboration et l'implantation d'une
politique des intérêts et des pénalités. Ce projet
doit tenir compte de l'introduction de l'intérêt composé,
depuis le 1er janvier dernier, et inclure les éléments suivants:
conserver un caractère incitatif mais non abusif; s'intégrer aux
politiques de perception et de recouvrement; établir des délais
de paiement raisonnables, établir une méthode de révision
du taux d'intérêt appliquée sur les montants en souffrance.
En somme, c'est la révision de nos politiques d'intérêt et
de pénalités. (10 h 30)
Une septième priorité est l'informatisation des processus
administratifs et bureautiques. Il faut savoir que le ministère vit avec
- je dirais - le mode informatique depuis 1970 et qu'il est maintenant devenu
temps de mettre à jour, en somme de moderniser complètement nos
systèmes administratifs et d'introduire de la façon la plus large
possible la bureautique au ministère. Le ministère s'est
déjà engagé dans la voie de l'utilisation maximale de la
technologie dans l'accomplissement de sa mission. Nous
accélérerons le travail en ce sens, mais il nous faut
développer un plan complet d'implantation de ces nouveaux
systèmes dans lesquels chaque direction générale devra
avoir partie liée et qui nous permettront d'en mesurer à l'avance
toutes les conséquences sur les activités et l'efficacité
du ministère.
Une huitième priorité d'action est la révision du
cheminement des dossiers. La recherche de l'efficacité exige une
révision périodique du cheminement des principaux
dossiers des contribuables, mandataires et corporations afin de
s'assurer qu'ils répondent aux besoins de notre mandat et de leur
apporter les modifications nécessaires. Cette année nous
analyserons en profondeur les principaux cheminements de dossiers de
contribuables, mandataires et corporations, de leur entrée au
ministère jusqu'à leur fermeture en faisant abstraction des
contraintes organisationnelles actuelles. Le but de l'exercice est de ne
retenir que les étapes nécessaires pour régler un dossier
et identifier toutes les améliorations possibles. Nous voulons d'abord
revoir les cheminements du processus de perception-recouvrement, celui du
remboursement et celui de la correspondance identifiée. Nous voulons
qu'au lieu d'avoir 46 étapes dans le règlement d'un dossier, si
on peut, par des révisions, une meilleure organisation de notre travail,
réduire à une vingtaine d'étapes, nous aurons
sauvegardé des énergies, des ressources humaines et
financières et nous serons arrivés à plus
d'efficacité.
Une priorité d'action, la neuvième, c'est la modernisation
de nos méthodes de vérification. On sait que presque l'ensemble
des entreprises ont une comptabilité informatisée. Souvent les
méthodes de vérification du ministère sont des
méthodes introduites il y a une quarantaine d'années. Il est donc
important maintenant de réviser l'ensemble de nos méthodes de
vérification pour les adapter à l'évolution de la
technologie dont se servent les entreprises pour leur comptabilité. Nos
discussions ont démontré les faiblesses de nos méthodes de
vérification et les difficultés qu'éprouvent les
vérificateurs dans l'accomplissement de leur tâche. Nous devons
donc préparer et mettre en place un programme de modernisation de nos
méthodes de vérification en vue d'en améliorer
l'efficacité et de soutenir nos employés dans l'exécution
de leur tâche. Il s'agit également d'un moyen important de faire
valoir leur compétence auprès du monde des affaires.
Une dixième priorité est l'implantation au
ministère d'indicateurs globaux de productivité et de
performance. Cette démarche vise à doter les gestionnaires du
ministère d'un outil de gestion essentiel dans l'évaluation et
l'orientation de notre intervention. Elle exige l'implication et la
compromission des gestionnaires à tous les niveaux afin d'identifier les
critères à mesurer et à suivre.
Finalement, une onzième priorité d'action, mais sur
laquelle repose la réalisation des dix autres, c'est
l'élaboration d'un programme de motivation des employés du
ministère. Les employés constituent la plus importante ressource
du ministère. Pourtant on lui accorde rarement l'importance qu'on
devrait lui apporter. Leur collaboration et leur implication seront
déterminantes dans la réussite des dix priorités dont j'ai
parlé brièvement plus haut. De plus, leur tâche est souvent
ingrate, mal perçue du public et les politiques du ministère les
ont quelquefois mis dans des situations difficiles à soutenir. Nous
avons décidé de consacrer de l'énergie à cette
question et d'établir un programme d'action visant à valoriser
nos employés et à leur faire prendre conscience qu'ils font
partie d'une même équipe. Depuis un an le ministère a
consacré beaucoup de temps et d'énergies à préparer
un nouveau plan d'organisation administrative supérieure. Le nouveau
POAS, comme on le dit dans le langage de la fonction publique, ce plan
d'organisation administrative supérieure a donné lieu à
beaucoup de discussions, d'études et d'analyses au sein du
ministère depuis un an. Certaines décisions sont maintenant
prises. Nous mettrons en place une véritable unité de
planification et de recherche au ministère relevant de la plus haute
direction du ministère, c'est-à-dire du sous-ministre, ce qui
contribuera à mieux concerter nos efforts et nos interventions. Nous
mettrons en place également une nouvelle direction de la perception, ce
qui mettra en valeur l'importance de cette fonction qui est actuellement une
sous-direction de la direction générale des opérations.
Nous mettrons également en place des unités d'analyse et de
règlement de dossiers, afin d'améliorer la qualité des
réponses aux interrogations de notre clientèle dans les
directions touchées par elle.
Notre ministère est à un moment où il doit fournir
des réponses aux insatisfactions de sa clientèle et aux
engagements du gouvernement en matière de services aux citoyens. Je me
dois donc d'accorder la priorité absolue à la réalisation
des priorités d'action que j'ai mentionnées plus haut et
d'accepter, en conséquence, l'implantation de ce nouveau plan
d'organisation administrative dans la mesure où ce nouveau plan aide
à la réalisation de ces objectifs. Alors, l'implantation de cette
nouvelle organisation administrative sera donc intégrée à
notre plan d'action, mais cette implantation sera progressive et
échelonnée dans le temps.
Au total, ce programme peut paraître ambitieux, mais dans le choix
des priorités d'action retenues, nous avons voulu que chaque direction
générale ait au moins un défi à relever qui nous
permettrait d'atteindre mieux les trois objectifs du ministère dont j'ai
parlé au début. De plus, certains éléments
constitutifs de ces priorités sont en cours de réalisation ou se
complètent mutuellement. Personnellement, j'évaluerai mon action
au ministère du Revenu sur la réalisation de ces priorités
d'action et je veux qu'il en soit de même pour chacun de mes
collaborateurs. Comme nous partageons la mission du ministère et les
trois grands
objectifs du ministère, pour nous, nous penserons donc en termes
de résultat à atteindre pour chacune des priorités
d'action retenues.
Dans cette perspective, si l'Opposition a des idées, des
suggestions à nous faire valoir, nous serons heureux de les prendre en
considération et de leur donner la meilleure attention possible. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Saint-Louis.
M. Harry Blank
M. Blank: Merci, M. le ministre. J'ai préparé une
petite présentation, hier, pour ce matin. J'ai pensé que je
pouvais déchirer certaines pages après la présentation du
ministre, mais je trouve qu'il n'y a pas un mot à changer, on doit
même jeter des choses. D'après l'ensemble que le ministre nous a
proposé aujourd'hui, c'est encore de bons voeux, des voeux pieux pour
l'année qui vient; il reste seulement 11 mois dans l'année
fiscale 1983-1984. Avec toutes ces priorités, je pense qu'il faudrait
presque 11 ans; dans 11 mois, cela fait une par mois. Si on arrive avec toutes
ces priorités, comme le ministre l'a promis, avec tous ces profits et
toutes ces lois; on n'aura pas besoin d'avoir une commission l'année
prochaine; tout sera réglé. Mais je suis certain que, comme
l'année passée et l'année d'avant, on reviendra
l'année prochaine avec les mêmes promesses, les mêmes
planifications, les mêmes priorités et je pourrai préparer
le même discours parce que les faits seront les mêmes.
Nous savons tous que le ministre du Revenu a un rôle bien ingrat
à jouer dans le gouvernement et que ses actions sont, par nature,
impopulaires auprès du public. Mais même en tenant compte de cela,
je dois vous dire que nous ne pouvons pas accepter, d'abord, la taxation
à outrance et, deuxièmement, les abus de pouvoir dont ce ministre
fait preuve de plus en plus fréquemment. C'était l'une des
plaintes de l'année passée, tellement que, chaque semaine, tous
les députés des deux côtés de la Chambre, dont
certains dans leur bureau de comté, ont eu des remarques semblables. Ce
n'est pas moi qui l'ai inventée.
Cette attitude a peut-être servi à renflouer les coffres du
gouvernement, mais à quel prix! Elle a, de toute évidence, des
effets néfastes autant sur les citoyens que sur les entreprises,
puisqu'elle a comme résultat, entre autres, de faire fuir des
investissements de Québec - je vous en donnerai des exemples dans
quelques minutes de contrer les efforts de relance économique; de rendre
les citoyens démunis et impuissants devant cet ogre vorace - je pense
que mon collègue de Hull vous en donnera des exemples - d'entretenir des
aversions avec le public dont la frustration ne fait que miner
l'efficacité du travail du ministre. Le ministre lui-même, dans
son discours, a suggéré que cette situation existe et qu'il
aimerait la changer. Je lui souhaite bonne chance.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que le ministre du Revenu ne manque
pas d'imagination pour extirper de l'argent aux contribuables, et nous en
fournirons quelques exemples. On fait grand état des efforts entrepris
pour améliorer les relations avec les citoyens, mais ce n'est pas en
modifiant les circuits téléphoniques ou les formulaires
d'impôt, sur lesquels il y a encore des plaintes d'ailleurs, qu'on
réduira les frustrations des Québécois à
l'égard du ministre du Revenu. Le rapport du ministre Lazure, le
ministre en charge des relations avec les citoyens, lui octroie la
première place en ce qui a trait à la piètre
qualité des services et au degré d'insatisfaction des
Québécois. Le problème est de taille et on ne doit pas se
contenter de solutions superficielles. Ce qu'il faut, c'est que le ministre
change d'attitude et cesse d'adopter des mesures despotiques envers toutes les
catégories de contribuables.
On va vous donner des exemples concrets. Le harcèlement des
contribuables pour le recouvrement des impôts est un exemple de ce que
nous avançons. Ne serait-ce que dans la manière de
procéder, il y a des comportements qui sont intolérables. On fait
des menaces. On applique des jugements sans que les gens impliqués
puissent se défendre. On fait des entorses à la loi pour arriver
à ses fins. Enfin, le ministre abuse de ses pouvoirs et le citoyen est
trop souvent traité sans respect et n'a pas de moyens de se
défendre.
La création d'un tribunal fiscal serait une façon de venir
en aide aux Québécois qui sont aussi maltraités au sujet
de l'impôt, mais il se fait toujours attendre. Le ministre a fait une
autre promesse cette année, comme le ministre l'année
passée et les années avant. Nous demandons au ministre d'agir au
plus vite et dans la bonne direction. Nous continuerons, d'ailleurs, à
suivre ce dossier de près.
D'autre part, M. le Président, nous ne sommes pas d'accord avec
les méthodes camouflées que le ministre utilise pour soutirer
encore plus d'argent aux Québécois. Premièrement, il y a
la nouvelle politique des taux d'intérêt sur les créances.
Nous sommes la seule province au Canada qui prend de l'intérêt sur
l'intérêt. Même le gouvernement fédéral ne le
fait pas. C'est une forme de taxe déguisée, c'est seulement
cela.
Depuis le 1er janvier 1983, le ministre dit vouloir ajuster son taux
à celui du
marché. Le taux est passé de 19% à 16%, alors que
le taux d'escompte de la Banque du Canada était déjà rendu
à 10,26%. Au fédéral, c'est passé à 12%. En
plus, ces 16%, à cause de l'intérêt sur
l'intérêt, en réalité, c'est 17,3%. Cela veut dire
que la réduction totale qu'on nous a donnée est de 1,7%. Cela
veut dire que les Québécois paient 17,3%, quand le
fédéral prend seulement 12%. Le changement qu'on a fait
récemment à 15%, le 1er avril, ce n'est pas 15%, c'est encore
16,3%. C'est une façon de camoufler le véritable
intérêt qu'on perçoit. Le Québec perçoit 4,3%
de plus qu'Ottawa. C'est une taxe déguisée contre des
contribuables qui sont démunis, parce que s'ils avaient de l'argent, ils
paieraient leur impôt. Mais ils n'ont pas d'argent, ils ne paient pas. Le
taux, ici, au Québec, est de 4,3% de plus que celui d'Ottawa. Pourquoi?
Je demande au ministre de me donner une raison valable pour laquelle nous, au
Québec, sommes différents des autres. Je sais que c'est une
province un peu différente des autres, mais, du côté
fiscal, au moins, qu'on essaie d'ajuster nos méthodes de calcul des
taxes avec celles du fédéral, parce qu'on ne veut pas que les
citoyens aient des interprétations différentes. Mais, si on fait
le calcul des intérêt perçus ici, c'est 4,3% de plus que
ceux du fédéral.
Au Québec, comme on le sait, en plus de payer des
intérêts composés, on les paie sur les montants principaux,
sur les intérêts et sur les pénalités
accumulées. Ces montants que nous avons déjà
dénoncés comme des erreurs rapportent évidemment plusieurs
millions de dollars au gouvernement péquiste. Vous savez, M. le
ministre, c'est parce que l'Opposition a soulevé cette question en
Chambre au mois de novembre passé que, miraculeusement, au mois de
décembre, on a eu une déclaration ministérielle disant
qu'on abaissait les taux d'intérêt. Si l'Opposition n'avait pas
attiré l'attention du public sur cette taxe déguisée, le
ministre n'aurait pas agi. C'est une chance qu'il y ait une Opposition en
Chambre! L'Opposition changera, vous serez la prochaine.
M. Blais: On est bien chanceux d'en avoir une.
M. Blank: Deuxièmement, il y a le cas des nouvelles
limites annuelles des indemnités accordées aux mandataires qui
perçoivent des taxes pour le gouvernement. Pour les commerces qui
prélèvent la taxe de vente, le montant total qu'ils peuvent
retenir comme compensation, qui était de 1000 $, est maintenant de 200 $
par année. Pour ceux qui perçoivent de la taxe sur les repas et
l'hôtellerie, la limite est passée de 500 $ à 100 $. C'est
ridicule quand on pense que les limites antérieures ne suffisaient
même pas, dans plusieurs cas, à couvrir les frais de perception de
ces taxes.
Voyons maintenant ceux que cela implique. Dans le cas de la taxe de
vente, puisque l'indemnité était de 2% du montant de la taxe
prélevée et que la limite annuelle était de 1000 $, cela
signifie qu'avec un chiffre de ventes taxables de 555 000 $ par année un
commerce arrivait à la limite maximale qu'il pouvait réclamer.
Avec la nouvelle limite de 200 $, on arrive à la limite avec un chiffre
de ventes taxables de seulement 111 000 $: après cela, on commence
à perdre de l'argent. Or, il y a au Québec, actuellement, 16 032
commerces de plus qui vont arriver au-dessous, soit 9,2% de plus qu'avant. Cela
veut dire que maintenant, il y a 16 000 commerces qui seront taxés; une
nouvelle taxe déguisée pour ces gens-là qui, avant,
pouvaient réclamer jusqu'à 1000 $. Maintenant, c'est 200 $. Cela
affecte 16 000 entreprises. Et vous voulez savoir pourquoi les entreprises ont
peur des Québécois? Une autre petite taxe déguisée.
Cela prend des petits, des petits, et, à un moment donné, on ne
sait plus. C'est ce qui arrive. (10 h 45)
Pour la taxe sur les repas et l'hôtellerie, avec le même
raisonnement, on voit que le chiffre de ventes taxables qu'il faut pour
atteindre la limite est passé de 250 000 $ à 150 000 $. Il y a
donc environ 6791 mandataires de plus qui vont y perdre, soit 30%. Cette
fois-ci, 30% de plus qu'avant. Le gouvernement, lui, va évidemment y
gagner puisqu'il a réalisé une économie de 6 600 000 $.
Cela veut dire que le gouvernement perçoit 6 600 000 $ de taxes de plus
cette année à cause de ce changement. Pour chaque petit
changement, il va dans les poches des Québécois pour essayer de
leur prendre plus d'argent. Je ne sais pas. Le ministre peut-il me dire quel
est le montant qu'il perçoit des intérêts sur les
pénalités, les 16% ou 17,3%? On a voir combien fait la
différence de 4%, un quart de différence entre Ottawa et
Québec. Je demanderais au ministre de me donner ces chiffres-là.
Le montant total des intérêts perçus par Québec
l'année dernière?
Plusieurs groupements de commerçants sont furieux de ces
nouvelles mesures qui ont été prises sans qu'ils aient
été consultés alors qu'on leur avait promis de le faire.
On peut facilement les comprendre. En Ontario, la province voisine, où
la taxe sur les ventes au détail est de seulement 7%, la compensation
aux mandataires, comparativement à 2% à Québec, est de 4%.
Et, la limite, au lieu de 200 $, est de 1000 $. Voilà la
différence entre le Québec et l'Ontario. Il faut toujours faire
des comparaisons. En voilà une concrète.
Oui, c'est exactement cela, M. le député de Terrebonne. Il
y a des gens qui
déménagent. Je vais vous donner un exemple dans quelques
minutes. Tout le fardeau fiscal, ici dans la province, incluant les petits
trucs du ministre du Revenu, incite les gens à changer de place et
à prendre leurs jobs avec. Il y a moins de gens qui paient des taxes
ici; il y a moins d'emplois à cause de ces choses-là. Oui,
mettez-vous cela dans la tête, M. le député, pour pouvoir
comprendre.
Le troisième problème que nous voulons soulever ici est
celui des interprétations punitives et sans discernement que le ministre
du Revenu fait de la Loi de l'impôt sur la vente en détail. Comme
conséquence, on impose la taxe de vente sur un tas de biens où il
n'y en avait pas avant, où il n'y a pas de raison d'en avoir,
d'après la définition de base de la Législature. À
ce sujet, il y a un groupe d'industries qui a exprimé ses opinions dans
un document soumis depuis quelques mois au ministère. On y
démontre que les pratiques administratives du ministre du Revenu
dérogent aux intentions du législateur et que, ce faisant, on
contrecarre les politiques de relance, on provoque la fermeture d'usines,
décourage les investissements et on contribue à l'augmentation du
chômage. Le ministre a encore réagi à ce grave
problème en créant un comité d'étude. M. le
Président, cette situation demande aussi une décision rapide. On
ne peut pas toujours tout cacher avec un comité d'étude. On doit
faire un rapport. On doit faire quelque chose. Si ce n'est pas dans l'habitude
du ministère, nous lui demandons de faire un effort particulier dans ce
cas-là. Les définitions que nous, les députés,
avions à l'idée quand on a passé des lois, vous, vous les
changez sans aucun raisonnement. Et même, vous essayez de passer des lois
pour donner raison à vos interprétations. Un exemple frappant,
c'est celui de l'essence dans les camions qui vont en Ontario. Après un
jugement de la cour que vous n'aimez pas, vous essayez de changer la loi et non
seulement vous changez la loi, mais vous essayez de la mettre
rétroactive. Et c'est seulement quand l'Opposition a été
vigilante quant à la date que ces lois ne sont pas rétroactives.
C'est la façon dont le ministre du Revenu procède. Quand il y a
un mauvais jugement pour eux, ils changent la loi. Et, non seulement ils
changent la loi, mais ils essaient de la rendre rétroactive. Et cela
prend une opposition vigilante pour faire cesser ces abus.
Finalement, nous faisons la même demande au ministre dans le
dossier des travailleurs au pourboire. Nous sommes heureux de constater que le
ministre envisage enfin la solution que nous avons suggérée
à plusieurs reprises, soit le système américain. Et c'est
l'Opposition qui a suggéré ce système au ministre du
Revenu et qui a même donné des documents, tout un paquet de
documents au sous-ministre pour l'aider dans ses études. Et, maintenant,
il semble qu'il va utiliser le système proposé par l'Opposition.
Voilà! Mais il reste encore du chemin à faire. Il faudrait
peut-être commencer par arrêter les enquêtes et les
poursuites contre les travailleurs au pourboire.
Récemment, on a encore vu dans les journaux qu'on a fait une
saisie en Gaspésie des biens d'une fille de table et qu'on a
ramassé 100 $ sur une dette de 5000 $. Jamais on ne collectera cet
argent. Pourquoi le ministre ne met-il pas un moratoire sur ces affaires, comme
il l'a fait récemment pour les festivals. Récemment, il a
décidé de ne réclamer aucun remboursement pour les taxes.
Je peux citer la coupure de journal...
M. Marcoux: Je comprends très bien.
M. Blank: Vous comprenez très bien, pourquoi on ne fait
pas la même chose pour les travailleurs au pourboire? On sait qu'il y
avait des abus dans ce domaine des deux côtés. Je ne dis pas que
les filles et les garçons de table étaient tous purs dans cette
affaire, mais le ministre n'était pas correct dans beaucoup de cas. Je
dois dire que voyant qu'on essaie de régler le problème, pourquoi
n'accorde-t-on pas un moratoire sur ce qui s'est passé et ne
recommence-t-on pas à neuf avec ces gens? Cela ne ferait pas tellement
un gros trou dans le budget de la province. Je ne sais pas quel est le total,
mais je suis certain que ce n'est pas une fortune. Ces garçons et ces
filles de table, laissez-les tranquilles et commencez avec un nouveau
système. Cela sera juste pour tout le monde.
M. Blais: D'accord.
M. Blank: J'ai l'appui du député de Terrebonne de
ce côté-là. Comme je le dis, ce n'est pas une fortune.
Seulement avec le festival, ce n'était pas une fortune, des fois on doit
agir, pas seulement accorder une diminution de taxes quand on paie 10 000 000 $
des photographes pour aider la vie culturelle de Québec dans les
récents décrets. Je n'ai aucune objection à cela, je suis
d'accord, parce que c'est une façon que le ministre possède, dans
certains cas, de faire des compensations. Ici il peut le faire. Je
suggère qu'il le fasse pour les filles et les garçons de
table.
M. le Président, les problèmes que j'ai soulevés ne
représentent que quelques-unes des plaintes qui sont formulées
par les contribuables québécois, mais sont plus urgents à
régler. Nous espérons que le ministre pourra nous assurer
concrètement de le faire aujourd'hui, pas seulement des grosses
priorités pour l'année prochaine. Je dois dire franchement que
c'est une année...
Si vous pouvez accomplir ce que vous prévoyez dans les
priorités, on va mettre les choses normales de côté.
Même les priorités prendraient des années et des
années si on agit. Merci.
Le Président (M. Paré): Merci, M. le
député de Saint-Louis. M. le ministre.
M. Alain Marcoux
M. Marcoux: M. le Président, j'aimerais ajouter quelques
commentaires aux propos du député de Saint-Louis,
représentant de l'Opposition. D'abord, concernant sa première
remarque sur le fait que onze priorités, si j'ai bien compris, c'est
trop et on n'arrivera pas à les réaliser. Je sais que c'est
beaucoup mais j'ai mené plusieurs consultations avant de les coucher sur
papier et de les décider. J'ai rencontré les comités
consultatifs du revenu, environ une cinquantaine de mes collègues
à des réunions de groupes de sept ou huit personnes pendant les
mois de novembre et de décembre. J'ai rencontré le ministre
délégué aux Relations avec les citoyens. Moi-même
comme député depuis six ans, j'ai pu être confronté
à plusieurs dossiers de citoyens face au ministère du Revenu.
Particulièrement depuis six mois, peut-être le tiers des personnes
qui viennent à mon bureau de comté apportent des dossiers qui
concernent le ministère du Revenu. Cela met en lumière un grand
nombre de politiques du ministère. Je peux vous assurer qu'en ce qui me
concerne, dans la mesure que cela dépend de moi et de mes principaux
collaborateurs, vous ne pourrez pas l'an prochain, faire le même discours
que vous avez fait cette année.
M. Blank: J'espère.
M. Marcoux: En tout cas, je peux vous assurer que c'est ma
volonté ferme. J'ai une certaine expérience par rapport à
ceci. J'ai procédé de la même façon à l'autre
ministère, dont j'ai la charge depuis deux ans et probablement pour une
autre année, où j'ai fait cette activité deux fois
d'établir, une première année, sept priorités et
l'année suivante une dizaine. Vous pourrez en parler à vos
collègues, membres de la commission parlementaire des travaux publics et
de l'approvisionnement et à chaque année, les deux ont reconnu
que les priorités d'action tracées à deux occasions ont
été atteintes, pour la plupart, dans une très grande
partie et qu'elles ont vraiment constitué des critères de
référence pour juger de l'efficacité du ministère
et des priorités retenues. J'ai dit, à la fin de mon
introduction, que je jugerais la valeur de mon action à l'atteinte de
ces priorités-là. J'ai indiqué à tous mes
collaborateurs que l'évaluation que je ferais de leur travail sera
basée sur l'atteinte de ces priorités d'action. Je peux vous
assurer que c'est en fonction de cela que je vais évaluer mon action et
l'action de chacun de mes collaborateurs.
Vous avez parlé de la fuite des investissements à la suite
de la trop grande taxation du Québec. Évidemment, il est toujours
difficile d'évaluer dans quelle mesure les investissements ont fui
à cause d'une trop grande taxation par le gouvernement du Québec.
Je suis d'accord sur la presque totalité de vos propos à ce
chapitre. Il est évident que la fiscalité du Québec est
beaucoup trop forte, à la fois pour les entreprises et pour les
particuliers, et qu'elle a certainement des conséquences
économiques. Il y a une chose qui est paradoxale, dans le discours de
l'Opposition en général, pas particulièrement du
vôtre mais de l'Opposition en général,
particulièrement depuis deux ans. Je le dis sans vouloir faire de
débat partisan ce matin. On ne peut pas être à la fois
contre des augmentations de taxes, contre les compressions budgétaires,
chacune prise individuellement, et contre la croissance des déficits. On
ne peut pas être contre tout cela en même temps.
Le discours de l'Opposition, depuis deux ans, qu'est-ce que c'est? Vous
trouvez que le déficit du Québec est trop élevé. On
a fait pour 1 500 000 000 $ de compressions budgétaires, l'an dernier,
et 800 000 000 $, l'année précédente. En
général, vous êtes pour le principe, mais vous avez
rejeté chacune des compressions proposées, vous vous y êtes
opposés. Vous êtes en même temps contre les hausses
d'impôt. Vous savez que si le Québec n'avait pas pris les trois
graves décisions qu'il a prises l'an dernier, à la fois de
hausser les taxes d'environ 1 000 000 000 $, de faire des compressions
salariales pour environ 700 000 000 $, et que s'il n'avait pas fait des
compressions de 1 500 000 000 $ dans les dépenses des ministères,
le déficit du Québec, cette année, au lieu d'être
environ 3 300 000 000 $, serait d'environ 7 000 000 000 $. On aurait
vécu au Québec ce qu'on vit au gouvernement fédéral
où le déficit prévu de 11 000 000 000 $, en novembre 1981,
est passé à 25 000 000 000 $ actuellement, selon les
dernières données que M. Lalonde a rendues publiques. On
prévoit un déficit de 31 000 000 000 $ l'an prochain. Le
déficit du Québec aurait doublé cette année par
rapport à la prévision de l'automne 1981 ou du printemps 1982, si
nous n'avions pas pris les trois graves décisions que nous avons
prises.
Je suis convaincu que le travail n'est pas fini. Vous avez raison de
dire que le poids de la fiscalité au Québec est trop
élevé pour les individus et pour les
corporations, mais il faut avoir le courage des décisions dans
l'autre sens. Si on admet que la fiscalité est trop
élevée, il faut comprimer les dépenses davantage, il faut
aussi avoir un déficit qui ne soit pas astronomique parce qu'il
pénalise les citoyens des générations futures. C'est ce
genre de courage que le gouvernement a eu et qui -je pense que tout le monde le
reconnaît aujourd'hui - l'a rendu impopulaire, merci, par les temps qui
courent.
Quant au rapport Lazure, je peux vous assurer que le diagnostic
général... J'en ai parlé au tout début, mes
premières phrases ont été de dire ce que j'ai
essayé de faire depuis six mois. Pendant mes six premiers mois au
ministère, j'ai essayé de trouver la perception du citoyen face
au ministère du Revenu et quelles sont les réalités que
nous vivons. Il y a une évidente insatisfaction des citoyens face au
ministère du Revenu que je prends pour un fait. Il y a peut-être
des faits, au ministère, qui font que cette insatisfaction ne devrait
pas exister ou être aussi totale, aussi importante qu'elle l'est. Il faut
modifier certaines choses pour améliorer notre efficacité, la
qualité de notre travail pour que - cela ne se fait pas en six mois ou
un an, la modification de perception des citoyens face à une
réalité - on arrive à modifier cette perception des
citoyens. (11 heures)
Nos enquêtes démontrent que la majorité des citoyens
ont une bonne perception du ministère du Revenu, mais même s'il y
en a seulement 10%, 15%, 18% ou 20% qui ont une mauvaise perception ou une
insatisfaction face au ministère du Revenu, notre défi, c'est de
diminuer ceci à 5%, à 6%, à 7%, à 8% ou à
4%. C'est dans ce sens que le choix des priorités d'action a
été axé sur l'augmentation de la qualité de ce
qu'on produit pour diminuer les demandes de renseignements, diminuer les
oppositions, en somme diminuer le travail de toutes les autres directions qui
ramassent les effets d'une qualité de travail pas aussi parfaite qu'elle
devrait l'être à la source, lorsque les citoyens sont
cotisés. Sur plusieurs points du rapport Lazure, dans le plan
d'humanisation que nous sommes en train de préparer pour le 1er juin,
nous voulons apporter des solutions très précises.
Je vous donne un exemple où je suis en désaccord avec
vous. Quand vous dites: Ce n'est pas parce qu'on améliore les appels
téléphoniques qu'on règle les problèmes. Je suis
persuadé que, dans le plan d'humanisation et des citoyens, on
réglerait cette année le problème d'accessibilité
téléphonique du ministère du Revenu que déjà
on aurait réglé 50% du problème de perception des citoyens
face au ministère du Revenu. C'était une distinction sur un point
très précis sur lequel je ne partage pas votre point de vue. Mais
je peux vous assurer que les préoccupations soulignées dans le
rapport Lazure concernant les relations avec les citoyens et le fait que nous
ayons eu le prix citron, cela nous lance tout un défi; peut-être
pas pour avoir le prix orange l'an prochain, mais peut-être - je ne sais
pas -s'il y a un nouveau prix pamplemousse ou quelque chose du genre, avoir un
autre type de prix.
Concernant le tribunal fiscal, M. D'Amours m'informe que la
première fois où il en a été question avec les
autorités du ministère, c'est M. Fréchette qui, en
septembre dernier, avait dit qu'il voulait étudier une solution. En
septembre dernier, ce n'est quand même pas il y a trois ans, quatre ans,
cinq ans. Je suis arrivé probablement quelques jours après cette
déclaration de M. Fréchette.
M. Blank: Je parle de notre côté, car nous avons
suggéré cela.
M. Marcoux: En ce qui concerne le nouveau recours fiscal,
j'emploie cette utilisation à dessein parce que je suis en train de
réfléchir avec les autorités du ministère sur ce
que serait la meilleure formule. Je vous ai dit que quelle que soit la formule
chosie, elle devra impliquer un traitement rapide, peu coûteux, simple
pour le citoyen et par lequel le citoyen aura l'assurance psychologique de
l'équité en ce sens que le ministère ne sera pas juge et
partie, comme c'est normal jusqu'à un certain point, lorsqu'on entend
les oppositions et les appels dans n'importe quelle institution, je dirais au
premier niveau. Mon objectif est de déposer un projet de loi en ce sens,
cette année; d'ailleurs, cela fait partie du discours inaugural. Le
Conseil des ministres a accepté que cet engagement d'instaurer un
nouveau recours face aux citoyens fasse partie du discours inaugural.
Je suis convaincu d'une chose, c'est que la réduction du temps
d'audition des appels et oppositions réglera considérablement
cette partie du problème. Il faut se souvenir que jusqu'à il y a
un an et demi, avant l'arrivée du nouveau sous-ministre et du nouveau
sous-ministre adjoint à la législation, il fallait environ 3 ans
et demi, quatre ans, quatre ans et demi, cinq ans, avant qu'une opposition soit
entendue, ce qui était proprement inqualifiable, inacceptable. En un an
et demi, les efforts conjugués du sous-ministre et du sous-ministre
adjoint à la législation ont réduit ce temps à
environ un an, un an et demi pour l'audition des appels, ce qui est encore
beaucoup trop considérable, je l'admets d'emblée. C'est pour cela
qu'on a retenu cette priorité encore là cette année pour
arriver à ce que les oppositions soient entendues en l'espace de
quelques mois; je ne parle pas d'un an, un an et demi, deux ans, en l'espace de
quelques mois. Je suis
convaincu qu'en raccourcissant ce délai d'audition et de
notification pour les oppositions et les appels des cotisations du
ministère, on aura fait beaucoup pour améliorer la perception
qu'a le citoyen du ministère du Revenu. Sur ceci, je partage
entièrement les objectifs et les points soulevés par
l'Opposition.
Je dois reconnaître qu'il y a eu des efforts importants de faits
au ministère. Je pense qu'il vaut quasiment la peine de prendre deux
minutes pour le décrire techniquement. Jusqu'à l'arrivée
de M. D'Amours, comme sous-ministre en titre, c'était le sous-ministre
en titre lui-même qui notifiait personnellement chacune des oppositions,
chacun des appels. Chaque appel ou chaque notification était fait par le
sous-ministre personnellement. Une des premières décisions du
sous-ministre, lorsqu'il est arrivé au ministère, a
été de déléguer cette responsabilité
à des fonctionnaires de la direction de la législation à
un niveau plus bas dans la structure, ce qui a permis d'accélérer
le règlement. Si on est passé de quatre ans et demi à un
an et demi, ce n'est pas parce que le sous-ministre a passé ses jours et
ses nuits à le ratifier, c'est parce qu'on a changé notre gestion
des appels et des oppositions. Il y a encore des démarches à
faire, il y a encore des améliorations à apporter et nous sommes
décidés à le faire.
En ce qui concerne les taux d'intérêt, je dois rappeler -
je pense que l'Opposition l'a oublié - à l'Opposition qu'elle a
voté en faveur de cet amendement l'an dernier en commission
parlementaire, en juin 1982. M. le député de Saint-Louis en
personne a accepté l'amendement proposé par mon
prédécesseur disant d'introduire les intérêts
composés dans les intérêts capitalisés comme
structure aux intérêts, c'est-à-dire de...
M. Blank: Cela faisait partie d'un projet de loi. J'ai
voté pour tout le projet de loi, c'était seulement un paragraphe
dans le projet de loi.
M. Marcoux: Oui, mais, à cet amendement précis,
j'ai vérifié au journal des Débats. Vous le
vérifierez cet après-midi. C'est dommage que je ne l'aie pas avec
moi. Je l'ai vérifié trois fois, je l'ai relu, je n'en croyais
pas mes yeux, par rapport aux discours que vous tenez depuis ce temps...
M. Blank: Jamais.
M. Marcoux: Par rapport aux discours que vous tenez...
M. Blank: Jamais.
M. Marcoux: Vous aurez une motion de blâme à votre
caucus, je suppose, cet après- midi.
M. Blank: Je veux le voir.
M. Marcoux: Vous aurez une motion de blâme...
M. Blank: Je veux le voir. M. Marcoux: Vous
vérifierez. M. Blank: Jamais.
M. Marcoux: Tel article, adopté, adopté.
M. Blank: Adopté, parce que...
M. Marcoux: Pas adopté sur division. Vous connaissez
la...
M. Blank: Comme vous le savez, dans les commissions
parlementaires, on ne gaspille pas notre temps.
M. Marcoux: Ne venez pas me dire que vous avez
légiféré sans connaître l'intention?
M. Blank: Je vais vous montrer ce qui arrive en commission
parlementaire quand le ministre donne sa parole et vos fonctionnaires font
l'inverse. Je vais vous montrer cela.
M. Marcoux: M. le député de Saint-Louis, je
parle...
Le Président (M. Paré): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Blank: Vous essayer de confondre la procédure
parlementaire...
M. Marcoux: Je n'ai aucune objection.
M. Blank: ...avec les vraies choses. Vous savez, en commission
parlementaire, on sait que le gouvernement a toujours la majorité. Cela
ne vaut pas grand-chose de dire: adopté sur division ou adopté.
Cela n'arrive presque jamais qu'on dise qu'on adopte sur division en commission
parlementaire. Cela n'arrive presque jamais, en Chambre, oui.
M. Blais: M. le Président...
Le Président (M. Paré): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: Vous avez donné la parole au
député de Saint-Louis?
Le Président (M. Paré): Non. M. Blank: Je
l'ai prise.
M. Marcoux: M. le député de Saint-Louis, j'ai
siégé suffisamment longtemps en compagnie de l'Opposition et de
vous en particulier pour savoir que l'Opposition -c'est normal, c'est son
rôle - lorsqu'elle n'est pas d'accord avec tel article qui est
proposé dans un projet de loi, sa façon de le manifester est de
l'adopter sur division, cela se fait régulièrement.
En ce qui concerne l'amendement propre aux intérêts
composés, j'ai bien vérifié et l'Opposition a
adopté cet amendement en commission parlementaire. Le principe est le
suivant, vous avez répondu sur la dette...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On ne le fera plus.
M. Marcoux: On ne le fera plus? Bon!
M. Blank: Mais si vous attendez le discours en deuxième et
troisième lecture, on va dire qu'on a dit le contraire.
M. Marcoux: J'allais dire... Non, je ne veux me...
Une voix: On a toujours voté contre. M. Blank: On a
voté contre, toujours.
M. Marcoux: Je suis certain que vous avez adopté cet
article. Vous avez demandé l'importance que cela avait. La loi a
été adoptée en juin dernier. Cet article est entré
en vigueur le 1er janvier. À ce moment, sur 585 000 000 $ - si ma
mémoire est bonne -de comptes à recevoir au ministère du
Revenu, le quart était composé d'intérêts et de
pénalités sur lesquels il n'y avait pas d'intérêt.
C'est-à-dire que le citoyen avait tout avantage à payer sa dette
sur les droits et pouvait faire traîner indéfiniment les
intérêts et les pénalités, puisqu'il n'y avait pas
de croissance de ses dettes et de ses intérêts, vous le savez
très bien, M. le député de Saint-Louis. Je trouve
parfaitement cohérent de maintenir un incitatif aux personnes qui ont
tendance à payer leurs droits, mais à ne pas payer les
intérêts ou les droits, parce que l'intérêt ne
s'accumule pas sur ces intérêts, puisque cela constituait - c'est
très important - le quart de la dette des comptes à recevoir au
ministère du Revenu, ce qui est considérable.
Vous avez dit: On l'a baissé. En même temps, on a fait une
opération, on l'a baissé de 19% non capitalisé à
16%. Ce qui équivaut à 17,3%, vous avez parfaitement raison.
Depuis le 1er mai, nous l'avons baissé à 15%. Le critère
sur lequel nous allons nous baser pour établir le taux
d'intérêt est le critère des prêts personnels.
N'importe qui allant à la caisse ou à la banque dit: J'ai besoin
d'un prêt personnel de 3000 $ que je veux rembourser pour un an, un an et
demi ou deux ans, quel est le taux d'intérêt avec lequel on lui
prête? Pourquoi se basera-t-on sur cela? Pour maintenir l'incitation
qu'un citoyen ait autant avantage à payer le ministère du Revenu
plutôt que de conserver son argent dans une institution financière
qui pourrait lui rapporter davantage d'intérêts. C'est le simple
critère. Je pense que tous les citoyens vont admettre que ce n'est pas
un abus pour le ministère du Revenu de fixer son taux
d'intérêt au niveau du taux d'intérêt des prêts
personnels réguliers. En ce sens nous avons fait des
vérifications avant de l'abaisser à 15%. Actuellement, pour
quelqu'un qui va à la caisse ou à la banque contracter un emprunt
personnel, c'est le prix du marché pour ce qui est des taux
d'intérêt. Je dois vous rappeler - vous nous comparez,
évidemment, au gouvernement fédéral qui perçoit les
taxes et les impôts pour l'ensemble des provinces canadiennes - que
jusqu'au mois de janvier, le taux d'intérêt de l'IRS, aux
États-Unis, était de 19%. Il est maintenant de 16%. Or, un taux
d'intérêt de 16% aux États-Unis, où les taux
d'intérêt sont en général de 2% ou 3%
inférieurs au taux d'intérêt pratiqué
régulièrement au Canada, taux qui porte également un
intérêt sur l'intérêt, donc est composé, est
beaucoup plus considérable que les 15% que nous avons aujourd'hui ou les
16% qu'on avait jusqu'au 1er mai au Québec. Comparativement, c'est comme
si on exigeait encore 18% ou 19% d'intérêt capitalisé.
Je crois qu'il y a une autre chose aussi dans l'intention... Vous avez
eu des cas, vous le savez, vous êtes député depuis beaucoup
plus longtemps que moi, où les citoyens du Québec qui, je pense,
traitaient véritablement différemment Revenu-Québec et
Revenu-Canada, prenaient l'habitude, régulièrement, de payer -
j'en ai eu combien de citoyens que je rencontrais et qui avaient cette habitude
- Ottawa d'abord et d'attendre pour payer le Québec. Ils disaient:
Québec de toute façon ne nous donne pas de nouvelles, il oublie,
ou tout cela. Vous pouvez être assuré que c'est ma volonté
ferme de faire en sorte que, sur un certain nombre d'années, n'importe
quel citoyen du Québec paie en même temps, sinon plus tôt -
en tout cas il choisirait, mais pas après, en même temps - la
dette qu'il peut avoir, les comptes à recevoir exigibles de la part de
Revenu-Québec comparativement à Revenu-Canada. Vous savez, je
suis convaincu que vous connaissez un tas d'exemples où cela
était une habitude de payer d'abord Revenu-Canada est de payer ensuite
Revenu-Québec. Je pense que cela va exiger un certain nombre d'efforts
de notre part pour arriver à changer cette habitude qui est une question
d'équité par rapport à l'ensemble de nos concitoyens.
Quand 95%, 96% ou 97% de l'ensemble des citoyens paient leurs impôts
immédiatement, il est juste et équitable pour les autres
citoyens que devant ceux qui n'ont pas cette habitude, on prenne les moyens
pour les inciter à payer leur impôt au Québec.
En ce qui concerne les mandataires, les chiffres que vous avez
donnés sont conformes à la réalité.
M. Blank: Ils viennent de votre ministère.
M. Marcoux: Sur les 220 000 mandataires, il y en a 11% qui
auront, en 1983-1984, une réduction du montant qu'ils peuvent conserver
comme étant une gratification parce qu'ils perçoivent des
impôts pour le gouvernement du Québec. Il ne faut pas oublier que
l'immense majorité de ceux qui perçoivent des impôts
à la source pour le gouvernement du Québec n'ont aucune
rétribution, aucune gratification. Le rapport Bélanger, en 1964,
recommandait de faire disparaître au complet cette indemnité au
mandataire comme étant quelque chose qui, jusqu'à un certain
point, n'était pas équitable par rapport à l'ensemble des
entreprises, des corporations qui perçoivent des impôts au nom du
gouvernement et qui ne reçoivent aucune rétribution. Je peux vous
citer au texte la recommandation et les trois motifs du rapport
Bélanger. Le rapport Bélanger indiquait ceci: Déjà
en 1964 le fiscaliste Marcel Bélanger, de la Commission royale
d'enquête sur la fiscalité, recommandait l'abolition de la
compensation pour les raisons suivantes: 1- l'indemnité n'est pas
très équitable, surtout dans la taxe de vente. Les entreprises
qui vendent des objets de valeur retirent plus facilement l'indemnité;
2- la compensation est un revenu négligeable pour la majorité de
ces entreprises; 3- les grandes entreprises en bénéficient plus
comparativement.
Comme les entreprises retiennent déjà, sans
rémunération, divers impôts et cotisations, on ne voit pas
pourquoi il n'en serait pas de même de la taxe de vente. Même lors
de la mise en vigueur des diverses taxes, la compensation pouvait se justifier
en raison des difficultés au point de départ. (11 h 15)
Alors, la recommandation 26 du rapport Bélanger dit:
L'indemnité sur la perception des taxes à la consommation devrait
être abolie sous réserve qu'il n'y ait pas d'obstacle d'ordre
constitutionnel. À notre connaissance, il n'y avait pas d'obstacle
d'ordre constitutionnel.
Il faut voir ce que cela signifie. En moyenne, la taxe de vente
rapportait, avant même qu'on fasse la réduction, l'an dernier,
pour ceux qui ramassaient la taxe de vente, 66 $ par année. Alors,
à 300 jours de travail, cela veut dire environ 0,22 $ par jour par
magasin ou par commerce qui percevait la taxe en notre nom; 0,22 $ par jour. Je
ne pense pas qu'on puisse mettre en danger la rentabilité ou
l'efficacité de ces entreprises. En ce qui concerne la taxe sur les
repas, c'était en moyenne 100 $ par année. Dans le cas des repas,
on compte 350 jours, la plupart du temps. C'était environ 0,30 $ par
jour que nous donnions comme compensation à chacun des restaurants et
hôtels pour percevoir cette taxe. En ce qui concerne la taxe sur les
communications qui touche beaucoup moins de mandataires, seulement 255,
c'était 166 $, en moyenne, par année. Ce qui signifie 0,50 $ par
jour.
Je ne pense pas que par cette révision, qui fait partie des
compressions budgétaires, on puisse voir quelque chose qui mette en
danger, de quelque façon que ce soit, ce type d'entreprise puisque,
globalement, il y en a seulement 11% qui sont coupés, 9% dans le secteur
de la taxe de vente, 30% dans le secteur des repas. On pourra y revenir
tantôt, mais ce sont des précisions que je pouvais apporter
immédiatement concernant la taxe sur les mandataires.
En ce qui concerne le fardeau fiscal, j'ai indiqué que
j'étais d'accord globalement avec vos affirmations, mais que je
n'étais pas d'accord avec le discours global de l'Opposition qui ne fait
pas de choix.
En ce qui concerne les revenus d'intérêt, je peux vous dire
qu'on prévoit comme revenus d'intérêt, en 1982-1983, 200
000 000 $ par année sur l'ensemble des intérêts qui sont
perçus pour les mandataires. L'ensemble comprend les revenus des
particuliers, des sociétés, des successions, de la vente au
détail, des carburants, du tabac, des repas, de l'hôtellerie, des
télécommunications, des profits d'exploration minière. Si
on prend tous ces secteurs, la totalité des revenus...
M. Blank: Je m'excuse, je n'ai pas compris. 200 000 000 $, est-ce
l'intérêt que vous percevez durant l'année?
M. Marcoux: Oui.
M. Blank: 200 000 000 $ d'intérêt?
M. Marcoux: Sur les 13 000 000 000 $ ou 14 000 000 000 $ de l'an
dernier, il y a 200 000 000 $ en revenus d'intérêt. Il faut situer
cela par rapport à 13 000 000 000 $ ou 14 000 000 000 $. Ce n'est pas
200 000 000 $ sur 1 000 000 000 $.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ...
M. Marcoux: Je veux dire quelqu'un qui nous envoie son rapport
d'impôt en retard et qui, à ce moment-là, paie
l'intérêt. La
pénalité, les revenus d'intérêt sont de 200
000 000 $ pour tout paiement qui est en retard et sur lequel nous facturons de
l'intérêt. Les travailleurs autonomes préfèrent
souvent faire un rapport annuel, quitte à payer l'intérêt -
ils le savent -puisque, normalement, les travailleurs autonomes doivent faire
un rapport à tous les trois mois. Il y a plusieurs travailleurs
autonomes qui préfèrent le faire au bout de l'année et
payer l'intérêt rétroactivement sur neuf mois, six mois ou
trois mois. Alors, l'ensemble des revenus d'intérêt pour
1982-1983, c'est 200 000 000 $ sur environ 13 000 000 000 $ de revenus
perçus par le ministère du Revenu. Cela fait environ 1,7%. Alors,
sur les 13 000 000 000 $ que perçoit le ministère du Revenu, cela
fait 1,7% en revenus d'intérêt.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ...encore une fois.
M. Marcoux: Non, non, je ne minimise pas la chose, je sais que
c'est important mais...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, oui...
M. Marcoux: II faut... Mais, M. le député,
M. Blank: Le second C.D. Howe.
M. Marcoux: M. le député de Vaudreuil-Soulanges,
c'est sûr qu'il est facile de dire que 200 000 000 $ en revenus
d'intérêt, c'est épouvantable. C'est considérable,
mais je pense qu'il faut mettre cela dans la perspective...
M. Blank: ...ces chiffres?
M. Marcoux: ...par rapport aux 13 000 000 000 $ que les citoyens
ou les corporations, etc., doivent nous rembourser. J'ai nommé toutes
les corporations. Je reprends, ces 200 000 000 $ touchent les revenus des
particuliers, les sociétés, les successions, les ventes au
détail, les carburants, le tabac, les repas, l'hôtellerie, les
télécommunications, tous ceux qui ont des remboursements à
nous faire ou des impôts à nous payer et qui les paient avec un
certain retard. C'est 200 000 000 $ de revenus d'intérêt, ce qui
est 1,7%.
Quant au remboursement sur l'essence, vous faites allusion à ce
qui s'est passé en décembre. Ce que je peux vous dire, c'est que
nous avions eu des discussions avec les camionneurs pour trouver une solution
au problème du fait qu'avant, c'était un crédit et qu'ils
ne pouvaient jamais rentrer dans leur crédit. On disait: Vous faites un
remboursement. C'est vrai qu'on a fait l'erreur, dans le projet de loi, de ne
pas indiquer qu'on ne voulait pas que ce soit rétroactif ou que cela
aille contre les jugements qui pouvaient être pendants devant les
tribunaux. Dès que les associations de camionneurs nous ont
soulevé cette lacune dans la loi, j'ai moi-même pris l'initiative
d'apporter l'amendement. Vous avez eu les mêmes démarches qui ont
été faites auprès de l'Opposition. C'est une erreur qu'on
avait faite, on l'a reconnu. On ne s'en est pas caché. On a
apporté l'amendement immédiatement. En ce qui concerne maintenant
les pourboires...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Grâce à
l'opposition, pas nécessairement l'Opposition, mais l'opposition
manifestée sous toutes ses formes.
M. Marcoux: Oui, mais est-ce qu'il y a un gouvernement qui va
prétendre qu'il a toute la science infuse et qu'il ne fait pas
d'erreur.
M. Blank: Au cours de la deuxième lecture, le ministre n'a
pas fait d'amendement. C'est après mon discours de deuxième
lecture qu'il a fait l'amendement. C'est l'Opposition...
M. Marcoux: Maintenant, en ce qui concerne les pourboires et la
question des festivals, je voudrais revenir sur la question des festivals parce
que j'ai fait une relation entre les deux. Il faut dire qu'il y a eu des
démarches qui ont été faites auprès du
ministère du Revenu, l'an dernier, disant que principalement de la part
des restaurateurs, des hôteliers qui disaient: Nous, on doit imputer la
taxe sur les boissons, etc. Souvent, les festivals qui s'organisent ne
perçoivent pas la taxe. Ils ne sont pas mandataires ou n'ont pas
été reconnus comme mandataires ou on n'a pas fait de
démarches pour indiquer qu'ils devaient être des mandataires.
Donc, ils ne percevaient pas. Durant les quatre, cinq, dix dernières
années, les festivals organisés par des organismes sans but
lucratif, ne prélevaient pas la taxe de vente sur la bière, en
particulier, et sur d'autres articles. À la suite de
représentations, on a fait des vérifications et c'était
vrai. On a constaté que sur 350 festivals populaires, il y en avait
seulement deux d'inscrits comme mandataires et qui payaient, depuis douze ans
dans un cas et je ne sais pas depuis combien d'années dans l'autre, la
taxe de vente. C'étaient tous des organismes sans but lucratif.
Je pense que dans cette affaire le ministère a été
absolument correct, impeccable. Le ministère a entrepris une campagne
d'information l'automne dernier pour dire: Pour le prochain festival qui s'en
vient dans votre cas, sachez que vous devez
percevoir ces taxes. La loi est claire. Vous ne pouvez rien passer. On
les a informés. On leur a donné toutes les formules et il y a
peut-être, en tout cas, pour ma part, de la part de députés
ou de lettres que j'ai pu recevoir peut-être trois ou quatre
protestations, désaccord face au fait que les organismes sans but
lucratif, les festivals populaires, en particulier, devaient percevoir cette
taxe. Je pense que la chose a été bien acceptée. Cela
concernait environ 450 000 $, 460 000 $ de rentrées fiscales qu'il n'y
avait pas eu dans le passé. Nous avons décidé de ne pas
cotiser rétroactivement ces festivals populaires, ces organismes sans
but lucratif. Prenez un festival qui fait 20 000 $ de profit dans une
année; si on est allé chercher pour les quatre dernières
années, le montant qu'ils auraient dû percevoir, on serait
allé chercher 3000 $, 4000 $, 5000 $ dans des cas comme cela. En somme,
on aurait mangé tout leur profit du festival de cette année.
Comme ce n'était pas une fraude, cela aurait été
absolument illogique.
M. Blank: Je ne vous reproche pas cela.
M. Marcoux: Pour arriver à la distinction où dans
le cas des travailleurs au pourboire, sur les formulaires d'impôt depuis
des années, c'est indiqué que le travailleur au pourboire, tous
les citoyens qui obtiennent des gratifications en sus de leur salaire, doivent
dévoiler ces revenus qui sont imposables. Un certain nombre de
travailleurs au pourboire a révélé une quantité de
revenus alors que d'autres n'en révélaient pas du tout. Je pense
qu'on ne peut pas du tout mettre dans la même catégorie les 350
organismes sans but lucratif qui organisaient les festivals populaires et pour
lesquels le ministère n'avait pas fait d'information, n'avait pas
donné d'avis ou qui ne savaient pas qu'ils avaient un statut de
mandataires et les travailleurs au pourboire qui, depuis des années,
savaient, en remplissant leur formulaire d'impôt, que les revenus de
pourboire devaient être déclarés.
Vous avez fait une allusion au cas de Mme Lambert-Bronfman où le
ministère du Revenu a exempté de la taxe de vente pour
l'importation au Québec de 20 000 000 $ de photographies des plus
grandes oeuvres architecturales au monde, de plans et devis et de photographies
qui étaient situés à New York. Mme Lambert-Bronfman
voulait développer un centre national de l'architecture au
Québec. Si nous n'avions pas fait cette exemption, elle aurait dû
verser à ce moment un montant de 1 600 000 $, 8% de la valeur de ses
oeuvres. Mme Bronfman aurait pu alors décider d'implanter ces oeuvres
à Los Angeles, à Toronto, ou ailleurs. D'ailleurs, j'ai fourni
l'ensemble de la documentation au journaliste du Journal de Québec
à cet effet.
Je regrette que cela ait été présenté dans
le style qu'on exempte les riches de payer la taxe, alors que c'est pour le
Québec la récupération d'oeuvres mondialement reconnues
pour créer un centre national de l'architecture dans une maison à
Montréal qu'on est précisément en train de rénover,
dans votre comté à part cela.
M. Blank: Dans mon comté!
M. Marcoux: Je regrette que vous ayez présenté de
façon négative cette décision du ministère du
Revenu, qui n'est là pour avantager une personne.
M. Blank: Je ne l'ai pas présenté d'une
façon négative. J'ai demandé, si on le fait, pourquoi ne
pas le faire pour les pauvres garçons de table. C'est seulement
cela.
Le Président (M. Paré): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Marcoux: Non parce que, dans ce cas ce n'est pas une oeuvre,
il n'y a pas là de spéculation. C'est simplement pour
réussir à avoir au Québec un centre national de
l'architecture où on récupère pour une valeur de 20 000
000 $ de photographies, de plans et devis, mais plus spécialement de
photographies dans le domaine de l'architecture.
Voilà mes premiers commentaires sur la dizaine de points que vous
aviez abordés. Si j'en ai oublié, je suis convaincu que vous vous
ferez un devoir de me les rappeler. Je suis prêt à ce qu'on
continue sur l'ensemble des sujets que vous voulez aborder.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Saint-Louis.
Discussion générale Le taux
d'intérêt
M. Blank: J'aurais seulement un point à aborder avant que
le député de Vaudreuil-Soulanges intervienne. Je vais revenir
à la question des intérêts pour le moment. Vous avez dit
qu'il y a, parmi les raisons qui font que le taux est tellement plus
élevé ici qu'à Ottawa, le fait de l'incitation à le
payer et aussi l'intérêt sur l'intérêt, parce que
vous ne voulez pas que les gens paient leurs droits et laissent les
intérêts traîner.
M. Marcoux: Bien, vous le savez, c'est ce qui se passait.
M. Blank: Sauf, M. le ministre, que vous avez tous les autres
moyens de le percevoir des gens qui ont quelque chose, cela veut dire que, si
c'est une personne qui travaille, on peut saisir son salaire ou ses
meubles. Cela veut dire aussi que si vous ne faites pas des efforts de
perception normaux, celui qui n'a pas un cent est démuni et est celui
qui est le plus puni.
M. Marcoux: Non, mais il y a une justification
d'équité dans cela. On parle d'un montant sur 185 000 000 $, le
quart, cela veut dire à peu près, sur 150 000 000 $... je pense
que c'est même 85 000 000 $... en tout cas, en parlant de 150 000 000 $
d'intérêt sur lesquels on ne charge pas d'intérêt, si
la personne laisse traîner son compte, pendant ce temps, le gouvernement
doit, soit augmenter les impôts des autres citoyens ou emprunter, parce
qu'il n'a pas l'argent de ces comptes à recevoir et, sur ces
obligations, le gouvernement paie des intérêts.
M. Blank: Vous n'avez pas saisi ce que j'avais dit.
M. Marcoux: À ce moment...
M. Blank: Vous n'avez pas saisi ce que j'avais dit.
M. Marcoux: Oui, mais soyez logique. D'un côté, vous
nous dites de ne pas trop utiliser les douze ou treize moyens que la loi
prévoit pour récupérer les sommes et, d'autre part, vous
nous dites de pas employer trop de mesures incitatrices. C'est une mesure
incitatrice pour faire en sorte que quelqu'un qui nous doit de
l'intérêt soit incité à nous le payer parce que,
durant ce temps, on emprunte cet argent et on paie de l'intérêt
dessus.
M. Blank: Vous avez d'autres moyens logiques, tolérables,
de perception, pas du chantage ou des appels téléphoniques dans
le milieu de la nuit, vous avez des façons normales de percevoir les dus
comme n'importe quel autre créancier. Utilisez-les. On ne vous
empêche pas de les utiliser.
Deuxièmement vous avez dit que vous gardez vos taux
d'intérêt à peu près égaux à ceux des
prêts au consommateur dans les banques. Ce n'est pas vrai. Vous pouvez
avoir à la Banque de Montréal, aujourd'hui, un prêt au
consommateur à 12,5%.
M. Marcoux: Pas un prêt personnel.
M. Blank: Un prêt personnel, ce qu'on appelle un prêt
au consommateur.
M. Marcoux: On prend le taux moyen ou tout cela. Vous savez bien
que n'importe qui va à la caisse ou à la banque aujourd'hui pour
dire qu'il veut 3000 $ pour changer une partie de ses meubles ou changer une
cuisinière ou un réfrigérateur, et n'aura pas un
prêt à 11,5% ou à 12,5%.
M. Blank: Non, non. Je dis 12,5%.
M. Marcoux: Il va avoir un prêt à 15%, 15,5%,
16%...
M. Blank: Pas maintenant. M. Marcoux: Pas maintenant?
M. Blank: Vérifiez vos chiffres. Pas au moment où
on se parle.
M. Marcoux: De toute façon, on va faire une
révision trimestrielle dorénavant, on va établir un
système d'enquête auprès des institutions
financières comme on le fait dans d'autres cas et on va se baser
là-dessus. (11 h 30)
M. Blank: Vous avez une différence avec le
fédéral de 4%, sur 16%. Cela veut dire 25%. Cela veut dire que,
sur les 200 000 000 $ que vous percevez en intérêts, vous avez -
excusez l'expression -volé 50 000 000 $ aux contribuables
québécois, 50 000 000 $ de taxes déguisées.
M. Marcoux: Je peux dire, M. le député de
Saint-Louis, qu'on est à 4%, proportionnellement, inférieur
à la IRS aux États-Unis qui, elle, est actuellement à 16%
et compte tenu que les taux d'intérêt sont environ 2% ou 3% plus
bas aux États-Unis, avec 16% aux États-Unis, c'est
l'équivalent de 18% ou 19% au Québec actuellement.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Vaudreuil-Soulanges.
La situation générale
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, M. le Président.
Quant au premier...
M. Marcoux: Sans parler des municipalités qui sont
à 21% ou 22%.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ...commentaire du ministre lors
de son intervention en réplique au député de Saint-Louis,
j'aimerais simplement relever très brièvement - moi non plus, je
ne veux pas faire un débat de fond là-dessus, pas ici, en tout
cas - les prétentions du ministre qui déclare qu'on ne peut pas
être indéfiniment contre, comme l'Opposition, les augmentations de
taxes, on ne peut pas être indéfiniment contre les coupures de
services et on ne peut pas être indéfiniment contre l'augmentation
des déficits.
M. Marcoux: ...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Absolument. Je suis entièrement d'accord avec le ministre,
d'ailleurs, sauf qu'il oublie
assez commodément...
M. Marcoux: ...vos collègues.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ...une couple d'autres volets
des discours que la plupart des collègues que je vois ici ont
déjà prononcés. On peut en même temps, comme
Opposition, comme explication de la façon dont on pense qu'il pourrait y
avoir une relance économique et de la santé dans les finances
publiques, parler contre la promotion de l'indépendance du
Québec. Mais avant que le député de Terrebonne grimpe dans
les rideaux...
M. Blais: Je vais certainement grimper.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ...je voudrais signifier qu'il
y a un coût pour les Québécois de demeurer dans le
système fédéral en se dotant d'institutions qu'on veut se
donner afin de maintenir une "spécificité", entre guillemets.
C'est documenté. Il y a toutes sortes de chiffres qui se
promènent sur ce que cela coûte d'être
Québécois à l'intérieur du Canada.
Un parti ou un mouvement politique a le droit de faire valoir cet aspect
en parlant des coûts. Je pense que de la même façon il est
légitime pour un mouvement politique ou un parti de promouvoir
l'indépendance du Québec à condition, à mon sens,
lorsqu'il est un gouvernement - parce qu'on peut dire qu'un mouvement politique
n'est pas obligé d'être responsable, il charrie des idées,
etc., - de faire également ressortir aux citoyens quel est le coût
de se doter d'un ensemble de services et maintenir notre
spécificité. Si on veut prétendre maintenir le même
niveau de services qu'on a actuellement, qu'on est capable de se donner
aujourd'hui, même avec des déficits, à l'intérieur
du système fédéral, s'il y a des coûts
d'associés à un changement de régime politique, qu'on le
fasse valoir aussi. Et, à mon sens, les coûts de la promotion de
l'indépendance par le gouvernement ne sont pas des coûts fictifs.
Je demanderais au ministre de parler peut-être à son
collègue des Communications, qui l'entretiendra avec plaisir de
l'impression qui s'est dégagée du témoignage, par exemple,
des gens de Bell Canada, il y a une dizaine de jours ici en commission
parlementaire, ou des perceptions très réelles quant au climat
favorable ou non à l'investissement, quant aux perspectives de
stabilité du régime politique, etc. Ce sont des coûts
très réels, ce sont des éléments qui coûtent
quelque chose. Quand on a le courage de ses convictions, on dit: Cela
coûte quelque chose. Le jour où le parti qui veut faire la
promotion de l'indépendance du Québec dira aux
Québécois combien cela coûte et les invitera à
assumer ces coûts collectivement, je pense, d'abord, que le climat sera
beaucoup plus serein dans le débat, parce que les discours seront plus
complets et, de toute façon, on sera en face de vrais choix et les gens
décideront en toute connaissance de cause.
Le ministre oublie de mentionner que nous relevons constamment les
effets également néfastes, à mon sens, de son
préjugé favorable à l'intervention de l'État. Il
est bien beau de lever des impôts pour 13 000 000 000 $ ou 14 000 000 000
$, mais, si, comme ministre du Revenu, vous siégez à un cabinet
où vos collègues s'évertuent à inventer des
façons de dépenser cet argent en le jetant dans des trous sans
fond ou en dotant tout l'organisme public d'institutions qui se multiplient,
vous avez un rôle ingrat, de lever des impôts qui sont
utilisés à mauvais escient, à mon sens. C'est ce qui est
perçu, d'ailleurs, par le monde économique,
généralement. Cela peut être de grands gestes, une
nationalisation d'une entreprise quelconque. Cela peut être de petits
gestes.
C'est un long préambule, M. le Président, qu'aurait sans
doute rejeté ou qu'aurait tenté d'interrompre le président
de l'Assemblée nationale si on était en Chambre, pour en arriver
à une question plus précise. Au-delà des grands gestes, il
y a les petits gestes qui sont perçus par les gens de qui on doit
dépendre pour parler de relance économique; donc, le secteur
privé, les petits commerçants et les grandes entreprises aussi.
Ce sont de petits gestes qui sont également mal perçus. On
revient au problème des mandataires. J'écoutais le raisonnement
du ministre qui citait la recommandation 26 du rapport Bélanger et, en
vertu de cette argumentation, moi, je ne vois pas pourquoi vous n'avez pas eu
le courage politique de ramener cela à zéro, la compensation. On
parle de 0,20 $ par jour... Ayons le courage de ses convictions, ou alors on ne
fait pas refléter aux gens la possibilité qu'on va tenir compte
sur consultation de leurs représentations.
Deux aspects là-dedans. Le premier, consultation et faire
miroiter des espoirs aux gens qui disent: II me semble que si on est
chargé de percevoir de l'argent pour l'État, on devrait
être compensé d'une façon ou d'une autre, tout en
s'apercevant que le taux... 0,22 $ par jour, cela ne paie même pas le
verre d'eau que le gars est obligé de prendre de temps en temps pendant
qu'il compte les factures. Sauf qu'évidemment, dans le portrait,
l'Association des détaillants de matériaux de construction
recevait le 16 décembre 1981 une lettre signée Raynald
Fréchette, le ministre du Revenu, comme de fait, à
l'époque, qui disait qu'il avait bien reçu la lettre de
l'association qui demandait de hausser la compensation. "Dans le contexte
économique actuel - je le cite - de même qu'à la suite
d'une nouvelle étude de
ce dossier, j'ai le regret de vous informer qu'il ne nous semble pas
opportun pour le moment de réviser cette compensation, de même que
le maximum de 1000 $." Paragraphe suivant: "Je vous assure que vos commentaires
ont été fort appréciés, disait M. Fréchette,
et que le ministère s'en inspirera lors d'une éventuelle
modification au règlement actuel." Je ne vois pas comment - je suis
obligé de vous dire cela aujourd'hui - il s'en est inspiré.
Là, on ne peut pas être surpris de voir que des gens, des
commerçants écrivent au ministre et disent: Sachant qu'on avait
des espoirs, le ministre semblait reconnaître, s'il s'en était
inspiré, qu'on devrait avoir une juste compensation quelconque.
Des gens ont été forcés, le mois dernier, par
exemple, d'écrire au ministre, et je cite: Lorsqu'une personne ou une
entreprise accepte une responsabilité, il n'est que juste et normal que
la compensation reçue soit proportionnelle à la
responsabilité assumée. Or, ici nous arrivons à une
disproportion inacceptable. Cela continue dans la même veine en disant
qu'il s'agit là d'une nouvelle taxe déguisée qui vient
s'ajouter à la masse de réglementations... Un autre argument.
Vous le voyez, c'est assez large comme propos. Ce qui m'a frappé,
évidemment, c'est l'Association des marchands de Rimouski, que le
ministre connaît sans doute, sous la signature de M. Serge Larochelle,
qu'il connaît sans doute personnellement, qui s'est plainte à son
député et ministre des espoirs amèrement
déçus que le ministre lui réservait. Tout cela, pourquoi?
Tout cela, c'est un petit geste, pour dire qu'il y a un petit geste au point de
vue de la façon dont le monde économique perçoit l'action
du ministère.
Le deuxième aspect, j'émettrais une réserve quant
à dire que c'est à l'égard du ministère, parce
qu'on sait que le ministère est chargé de l'administration de
toutes les lois fiscales. Le ministre nous a dit tout à l'heure: On va
chercher 6 600 000 $ avec cette mesure. Cela fait partie - je le cite; je ne
regarderai pas dans le journal des Débats, j'étais ici, je l'ai
entendu - des compressions budgétaires. Cela évoque à mon
esprit que le président du Conseil du trésor a eu fort à
faire avec l'initiative qui est prise de réduire la compensation
mandataire. Dans mon esprit, les compressions budgétaires, tout le
système et la volonté politique dont on entend parler de
comprimer les dépenses émanent de l'appareil du Conseil du
trésor. Par ailleurs, cela demeure un aspect - c'est mineur dans les
chiffres, mais cela fait partie de tout le tableau - qui devrait
préoccuper le ministre des Finances. On se demande où il va aller
chercher et de quelle façon globale il va aller chercher des revenus
pour que ses collègues du cabinet dépensent cela, et sans compter
quelquefois.
Là, il confie la tâche ingrate de choix sauvages et
féroces au ministre du Revenu qui reçoit un tas de lettres,
évidemment, de gens qui paient 40% de taxe sur l'essence, quand les gens
savent fort bien que le député de Rimouski n'aurait jamais eu,
compte tenu des effets que cela a dans sa région, l'idée de
monter la taxe ascenseur à 40%. La question de fond, c'est de savoir
comment cela a été décidé. Est-ce que ce sont des
compressions budgétaires purement et simplement? Est-ce que c'est le
président du Conseil du trésor qui a des idées brillantes
comme celle-là? Est-ce que cela fait partie, est-ce que c'est un aspect,
un petit aspect de la politique générale budgétaire que le
ministre des Finances, essentiellement, nous annonce tous les ans? Est-ce que
c'est une initiative du ministre du Revenu, à cause de l'argument de
minimis, partiellement pour les mandataires? Mais c'est 6 600 000 $. Tu peux
faire vivre Quebecair trois mois avec cela, ou deux mois. Cela peut être
important. Est-ce que c'est le ministre du Revenu ou le ministre des Transports
- ça peut être cela - qui a inventé cela?
M. Marcoux: On ne ferait pas...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je cherche le coupable, M. le
ministre.
M. Marcoux: On ne ferait pas vivre Air Canada deux jours avec
cela. Avec le déficit que ces gens font, cela en prendrait beaucoup
plus.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sans doute. Là n'est pas
la question. Vous n'êtes pas encore obligé de payer pour cela,
quoique vous me sembliez avoir l'ambition d'imiter le gouvernement
fédéral dans cette voie. Je cherche le coupable, en termes
simples.
M. Blais: ...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est M. le
député de Terrebonne, je ne peux pas croire cela.
M. Blais: C'est cela. La machine...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): En ce qui concerne les
mandataires, ils ont écrit au ministre du Revenu, le
prédécesseur, et ils se sont fait dire: On tient compte de vos
affaires, cela change. Le ministre du Revenu se fait "blaster" mais,
évidemment, il y a le président du Conseil du trésor qui
dit: Cela me prend 6 000 000 $, entre autres, et il y a le ministre des
Finances qui dit que c'est une bonne idée et qu'on va aller chercher
encore 6 000 000 $ ou 7 000 000 $ comme cela. Je me demande d'où cela
vient, c'est
tout.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président, je vais
être très bref.
M. Marcoux: Je vais revenir sur vos trois points.
M. Blais: Tout d'abord, je voudrais répondre à M.
le député de Saint-Louis. Je vous ai trouvé très
gentil et très généreux, surtout dans votre
préambule. J'ai été très surpris. Cela m'a
été agréable. Vous avez d'abord dit que M. le ministre
avait un rôle très ingrat. Cela m'a fait plaisir parce que c'est
vrai. Vous avez dit que les gens ne l'aimaient certainement pas. C'est
sûrement dans son rôle et non pas comme être humain. Moi
aussi, je le déteste dans son rôle parce que j'en paie, moi aussi,
de l'impôt. Je vous remercie d'avoir été aussi tendre, en
fait, au tout début dans votre préambule, mais cela s'est
gâté un peu vers le milieu de la page. Vous avez fait des
comparaisons assez loufoques, comme vous le faites usuellement, avec l'Ontario.
Il faut tout de même penser que la taxe de vente sur les repas est de 7%
en Ontario sur les repas ordinaires et de 10% sur les repas où il y a de
l'alcool. Mais, c'est à compter de la première cent tandis que
chez nous, c'est 10% après 3,25 $.
Une voix: C'est un "big deal."
M. Blais: Oui, c'est un assez bon "big deal." Mais cela fait une
différence importante dans le total.
Une voix: ...augmentation.
M. Blais: II y a 85% de nos repas qui ne sont pas taxés
ici, il faut tout de même qu'on y pense. Vous avez manifesté un
manque de confiance envers les améliorations et la volonté du
ministère d'apporter des améliorations. Je crois que, quand la
bonne volonté est là et que le ministre, les
députés et les hauts fonctionnaires veulent améliorer le
système, même si - disons que le revenu au Québec a eu le
prix "citron", dans n'importe quel système, dans n'importe quel
gouvernement - nous avons amélioré tous les ministères
depuis notre arrivée, il y en a certainement un qui est toujours un
petit peu moins bon que les autres.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On pourrait améliorer
les députés un peu.
M. Blais: On a tout amélioré, mais dans
l'amélioration il y a des degrés. Supposons qu'on a pris quelque
chose, supposons qu'on a pris l'échelle Richter des ministères,
nous l'avons améliorée pour que les secousses ne dépassent
pas 6. C'était notre but parce que c'était 7, 7,5 avant 1976. On
est arrivé. On a tout mis à peu près à 5. C'est une
grosse amélioration si c'était 7 avant. Mais, au ministère
du Revenu, c'est 5,2. C'est sûr que cela secoue un peu plus, mais cela
demeure quand même un ministère extraordinaire...
M. Marcoux: Je croyais qu'il dirait qu'on est à 15%.
M. Blais: ...où l'amélioration a été
remarquable.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ...quotidiennement.
M. Blais: Mais il restera toujours que, quelle que soit la
qualité des ministères, y compris le ministère du Revenu,
il y aura toujours place à amélioration. Vous l'avez reconnu, je
vous en sais gré. J'en suis très heureux. C'est bien sûr -
je voyais le député de Hull, de l'autre côté - qu'on
va aussi avoir droit, connaissant ce monsieur, à des cas particuliers,
un cas sur 3 000 000 000 ou un cas sur 300 000...
M. Rocheleau: Je n'ai pas parlé encore.
M. Blais: ...c'est bien sûr, mais il faut tout de
même penser que si, dans le Journal de Montréal, on voit qu'il y a
cinq autos qui ont capoté en fin de semaine et qu'il y a eu vingt morts,
on ne parle pas des 3 678 289 voitures qui n'ont pas eu d'accident. Hé
bien! Au ministère, c'est la même chose. La nouvelle, c'est une
personne qui aurait eu une difficulté, etc. On fait souvent des cas de
comté dans ces commissions et je vois venir le député de
Hull avec ses gros sabots là-dessus et je l'attends. (11 h 45)
Maintenant j'aimerais dire quelques mots assez brièvement.
Très brièvement, on parlait aussi de la différence entre
l'Ontario et le Québec. Il faut que nous sachions - je sais pertinemment
que vous le savez de l'autre côté - qu'en 1976, lorsque nous
sommes arrivés au pouvoir, la différence de la taxation totale et
globale était de 14%.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Question de règlement.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, est-ce
qu'on peut juger comme étant inscrites à nos débats les
quatorze dernières interventions du député à
l'Assemblée nationale sur ce sujet?
Le Président (M. Paré): Vous pourrez toujours
répondre quand votre tour sera venu, M. le député de
Vaudreuil-Soulanges. M. le député de Terrebonne.
M. Blais: Je n'ai pas compris la question de
règlement.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Perte de temps.
Le Président (M. Paré): Allez, M. le
député de Terrebonne, la parole est à vous.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je vous en prie, M. le
député, je vous en prie. Je m'excuse.
M. Blais: II y a une chose que je... Lorsque le
député de Vaudreuil-Soulanges se laisse aller à ses
élucubrations verbales, je le laisse aller et je ne l'interromps
pas.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je note que vous admettez que
vous faites des élucubrations verbales.
Le Président (M. Paré): Un à la fois, s'il
vous plaît!
M. Blais: Je ne vous interromps pas, je ne vous interromps
pas.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On parlait de l'écart de
la fiscalité entre l'Ontario et le Québec, lorsque vous avez pris
le pouvoir.
M. Blais: Oui, oui. Oui.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Continuez.
M. Blais: Mais vous parlez continuellement des écarts. Il
faut bien que l'on réponde. Cela fait combien de fois aussi qu'on dit
que vous ne voulez pas qu'on fasse un déficit plus fort, etc? Aussi, il
faut remettre les choses en place. En 1976, quand nous avons pris le pouvoir,
l'écart des taxes au total était de 14%; en 1979, c'était
7,9%. Nous avions descendu cet écart. Nous sommes revenus un peu en haut
de 14% en 1982 à cause de la crise. Je l'ai déjà dit en
Chambre, mais est-ce que vous avez déjà
répété les mêmes choses?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Souvent.
M. Blais: Cela devrait, n'est-ce pas, sinon, vous ne seriez pas
élu. Il faut se répéter de temps en temps. Eh bien, si on
insiste toujours sur cet écart et que l'écart que nous avons
actuellement n'est pas plus gros que celui que nous avions lorsque vous
étiez au pouvoir, ne nous blâmez pas. Au moins cela. Une autre
chose aussi. M. le député de Vaudreuil-Soulanges a dit: Avant que
ne monte dans les draperies le député de Terrebonne. Je voudrais
parler quand même de la souveraineté. Quel est le coût de
cette promotion de la souveraineté? D'abord le gouvernement
lui-même ne prend pas de fonds pour promouvoir la souveraineté,
mais nous sommes un gouvernement souverainiste par essence, et c'est le parti
lui-même qui fait la promotion de la souveraineté. Il y a une
chose que j'aimerais beaucoup vous dire. Vous nous dites toujours que le fait
que nous soyons au pouvoir est un éteignoir pour les investissements au
Québec, parce que nous sommes les promoteurs de la souveraineté.
Vous croyez bien avoir raison là-dessus et vous le dites
continuellement. Ai-je le droit de me porter en faux contre cela? Supposons que
votre voeu se réalise, que vous preniez le pouvoir à la prochaine
élection. Ô néfaste occasion pour les
Québécois! En tout cas, nous serions certainement dans
l'Opposition. Vous êtes peut-être forts, vous serez peut-être
forts, mais on sera au moins dans l'Opposition. Imaginez si, au pouvoir, les
gens refusaient - ce n'est pas vrai, selon votre principe - d'investir au
Québec! Supposons que, lorsque nous serons dans l'Opposition en 1985,
les investisseurs disent: Ce n'est pas investissable dans ce pays. S'il fallait
que ces gens reviennent au pouvoir...
M. Rocheleau: Oui...
M. Blais: Vous voyez bien que votre raisonnement ne tient pas.
Savez-vous où est le ridicule dans tout cela? C'est ceci: S'il ne faut
pas dire quel est le coût pour le Québec d'un parti souverainiste
au pouvoir, quel est le coût pour qu'il existe encore un parti au
Québec qui essaie de nous garder dans la Confédération?
C'est là qu'est l'insécurité.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Franchement...
M. Blais: M. le député de Vaudreuil-Soulanges,
voulez-vous, s'il vous plaît, me laisser terminer? Vous parlerez quand
votre tour viendra. S'il vous plaît!
C'est que vous, à coups de je ne sais quelles lois, voulez
absolument garder le Québec dans cette Confédération.
C'est là qu'est l'insécurité, si insécurité
il y a. Si nous étions tous des Québécois, vous de droite
et nous un peu de centre-gauche, et que nous soyons tous des vrais
Québécois et tous en faveur de l'autonomie et de la
souveraineté du Québec, il n'y a pas un maudit investisseur qui
penserait à se retenir pour investir. Mais ce qui coûte cher et ce
qui est une entrave à la sécurité de l'investissement,
c'est qu'il y a encore au
Québec un parti - malheureusement, c'est le vôtre - qui
veut à tout prix, par des acrobaties intellectuelles
indéfendables, garder encore le Québec dans la
Confédération. S'il y a problème, ce n'est pas notre
option; c'est la vôtre, qui en est une - vous savez quoi - de
colonisés. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Paré): M. le ministre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Dix secondes, s'il vous
plaît.
M. Marcoux: Oui, d'accord.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, plus tard, je pense. Ce
n'est pas possible.
M. Blais: Prenez le temps de penser, pour une fois.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, ce n'est pas possible.
Le Président (M. Paré): Je demanderais qu'on prenne
la parole lorsqu'on a obtenu le droit de parole et un à la fois, s'il
vous plaît.
M. le ministre du Revenu.
M. Marcoux: M. le député de Vaudreuil-Soulanges a
abordé trois points. D'abord, la question de la promotion de
l'indépendance; deuxièmement, le préjugé face
à l'intervention de l'État et, troisièmement, un cas en
particulier, les mandataires, comme illustrant sa pensée.
En ce qui concerne la promotion de l'indépendance, je suis
heureux qu'il ait reconnu qu'il y a un coût, qu'il y aura toujours, pour
le Québec, un coût à la spécificité,
c'est-à-dire que tous les gouvernements qui nous ont
précédés - et nous aussi - ont mis en place des
institutions qui permettent de développer l'identité du
Québec. L'exemple de Radio-Québec me vient à l'esprit. On
pourrait citer une vingtaine d'exemples d'institutions qui ont
été mises en place au Québec, parce qu'on voulait
développer notre identité culturelle. Là où le
système fédéral actuel, relié à cette
question d'indépendance, est illogique, c'est lorsqu'il dit que le
Canada est un système fédéral dans lequel l'ensemble des
cultures peuvent se développer, où les deux grands peuples
fondateurs peuvent se développer. La logique de tout système
fédéral, là où il y a d'autres systèmes
fédéraux, c'est que le coût de la différence est
assumé par le système fédéral lui-même. Ce
qu'il y a de spécifique actuellement au Québec, c'est que le
coût de la différence est entièrement assumé par les
Québécois. Au moins vous pourriez défendre cela dans votre
logique, dans le cas où on maintient le système
fédéral où le Canada est une association de deux cultures,
fondamentalement, le fédéralisme lui-même devrait assumer
ce coût de la différence. Or, depuis 100 ans - et cela
s'accélère - le coût de la différence est
entièrement assumé par nous, du Québec. C'est ce qui fait
que le coût est plus élevé pour les Québécois
de vivre dans le système actuel - c'est une bonne partie, en tout cas,
de l'explication -parce qu'il doit partager les coûts que tous les
Canadiens acceptent et en plus, comme il veut se doter d'institutions
spécifiques pour développer sa culture, il doit assumer cette
tranche à même ses propres frais, alors que la logique du
système fédéral devrait être que - dans cette propre
logique que je ne partage pas - au moins le coût de la différence
devrait être assumé en totalité ou en partie par le
fédéralisme lui-même.
Le préjugé face à l'intervention de l'État.
Peut-être que le Parti libéral est en rupture de ban depuis quatre
ou cinq ans. Avec tous les gestes ou les actes qu'il a posés depuis
quinze ou vingt ans, s'il y a un parti qui a doté le Québec
d'institutions visant à l'intervention de l'État dans le domaine
économique, c'est bien le Parti libéral du Québec. Et je
pense qu'il ne l'a pas fait sans motifs. Le Québec, qu'on le veuille ou
non, est composé d'un peuple. On pourrait dire que les millionnaires ou
milliardaires sont rares. Il n'y a pas de bourgeoisie capitaliste au
Québec qui soit très développée. Il y en a une,
mais elle n'est pas très développée, ce qui a amené
les gouvernements qui nous ont précédés à se servir
du levier de l'État, de son capital - la Caisse de dépôt,
etc. - de l'épargne collective, jusqu'à un certain point, pour
doter l'économie du Québec et la société
québécoise d'interventions dans le domaine de l'État. Je
ne peux pas en énumérer 20 ou 30, mais qu'on pense à
SOQUEM, qu'on pense à SOQUIP, qu'on pense à SIDBEC, qu'on pense
à REXFOR, à Seleine, etc. La plupart des organismes
d'intervention économique de l'État ont été
créés au moment où on n'était pas au pouvoir et
même souvent, dans certains cas, au moment où on n'était
même pas dans l'Opposition. Qu'il faille agir dans la perspective
où l'entreprise privée doit être conçue comme le
moteur du développement économique du Québec, j'en suis,
mais je pense qu'on ne peut pas se restreindre en ce qui concerne le
Québec à un discours qui s'arrête là. Je suis
convaincu que, quels que soient les gouvernements qui dirigeront le
Québec, on sentira toujours l'utilité, la nécessité
économique de se doter d'interventions où l'État sera soit
partenaire minoritaire, soit partenaire majoritaire, soit partenaire
égal avec l'entreprise privée dans
de larges secteurs où il n'y a pas de bourgeoisie capitaliste
suffisamment forte au Québec pour y investir. On pourrait avoir un
débat de deux ou trois heures sur cela et on verrait des exemples
précis où, s'il n'y avait pas eu d'intervention de l'État,
maintenant, le Québec et les Québécois seraient
complètement absents de certains secteurs. Je suis convaincu que vous
avez autant d'exemples que moi qui vous viennent à l'esprit.
Cela ne signifie pas que le gouvernement du Québec ne doive pas
prendre de mesures pour faire en sorte que l'entreprise privée au
Québec sente qu'elle a pleinement sa place et qu'elle a un rôle
clé dans le développement économique du Québec.
À ce titre, vous prêchez à un convaincu, si vous dites: La
fiscalité des corporations, comme la fiscalité des individus, a
un rôle clé. Je suis moi-même persuadé que nous
devrons poser des gestes importants dans ce domaine pour faire en sorte qu'il
soit davantage intéressant pour l'entreprise privée locale ou
étrangère d'investir au Québec. Je suis le premier
à reconnaître que le poids de la fiscalité est beaucoup
trop élevé à la fois pour les individus et pour les
corporations. Mais M. le député de Vaudreuil-Soulanges a, dans
l'exemple qu'il a explicité, les mandataires, illustré exactement
la constatation que j'ai faite depuis quelques années face au râle
de l'Opposition par rapport au choix difficile du gouvernement, lorsque j'ai
dit... D'une part, vous avez dit: C'est vrai que l'Opposition a parlé
contre la croissance des déficits, contre les compressions
budgétaires, ou contre trop de compressions budgétaires, contre
les hausses d'impôt. Vous avez parlé contre tout cela et, en
même temps, après cela, vous avez développé un
exemple qui illustrait parfaitement ce que j'ai dit, en fait.
Vous avez raison de dire que la réduction de ce qui est
donné au mandataire comme compensation entre - je l'ai moi-même
indiqué - dans les compressions. Je peux vous assurer que c'est une
compression que nous avons proposée, que le ministère du Revenu,
que j'ai proposée, parce que j'ai été impliqué dans
cette décision au Conseil du trésor et au Conseil des ministres.
C'est vrai qu'il y a deux ans, dans la première opération de
compressions budgétaires, lorsque nous sommes allés en
élections, en 1981, la machine gouvernementale n'était pas
orientée vers les compressions budgétaires. C'est vrai
qu'à ce moment le Conseil du trésor... Le Conseil du
trésor, cette fois-là, en 1981, avait suggéré
très fortement toute une série, une liste de compressions
à chacun des ministères, mais je peux vous assurer que lors de la
dernière opération de compressions budgétaires, l'an
dernier, ce qui nous a été indiqué, c'est une enveloppe de
compressions pour chacun des ministères. C'est chaque ministère
qui devait proposer les compressions et le Conseil du trésor nous
faisait ses commentaires, et tout cela.
Pour en arriver au point précis où vous avez dit: La
logique que j'ai défendue tantôt devrait m'amener à la
supprimer complètement, je n'ai aucune honte à dire que c'est ce
que nous avions proposé, la suppression complète de cette
compensation. C'est à la suite de critiques faites par les
députés du Parti québécois qui ont regardé
l'ensemble de la liste des compressions budgétaires, les 454 000 000 $
de compressions budgétaires supplémentaires qu'on a faites cette
année, et qui ont trouvé que la complète compression, la
disparition en somme de la compensation au mandataire était trop forte.
C'est à leur suggestion que le Conseil des ministres et que le Conseil
du trésor ont accepté que cette compensation soit réduite
de moitié parce qu'on en proposait la disparition complète.
La proposition sur laquelle s'appuyaient les députés
n'était pas insensée. C'était de dire: Pour les plus gros
mandataires - en voyant les chiffres, parce qu'ils avaient les données -
il y a très peu de monde, en fait, qui est vraiment
pénalisé. Maintenez au moins pour l'immense majorité et
pour les plus petits mandataires une compensation minimale acceptable. Et on
montre qu'en touchant 11% des mandataires par la compression qu'on a faite, on
ne touche pas la majorité de ces mandataires. C'est discutable. Il a
fallu faire ces compressions et cela a été la même chose
pour les autres ministères. (12 heures)
On a fait des compressions dans le domaine salarial. En ce quoi consiste
le budget du ministère du Revenu? C'est essentiellement les salaires,
l'administration, le paiement de l'informatique et tout cela. Après
cela, ces quelques programmes qui sont à notre budget, le programme
SUPRET, l'allocation de disponibilité, Logirente, mais les subventions
sont au budget du ministère de l'Habitation et de la Protection du
consommateur. Entre supprimer le programme SUPRET et proposer de réduire
l'allocation de disponibilité pour faire d'autres compressions, il nous
apparaissait que c'était la compression qui était la moins
conséquente.
Je sais que vous dites que ce petit geste fait partie d'une image qui
peut amplifier celle de l'attitude du gouvernement en général
face aux entreprises, face au milieu commercial. C'est possible, ce que vous
dites; c'est probablement vrai. Je pense que c'est par d'autres gestes que le
gouvernement devrait poser ou posera qu'il pourra préciser clairement
tout l'ensemble de son orientation face à la création d'un climat
favorable aux investissements de
l'entreprise privée en général puis du secteur
commercial en particulier.
En pratique, si l'on regarde par rapport aux entreprises
concernées, je ne crois pas que la proposition que nous avions faites
qui a été modulée dans les perspectives de protéger
davantage les plus petits mandataires soit catastrophique ou nuise à ce
secteur commercial en particulier.
Quant aux coûts du fédéralisme, etc., je dois
indiquer une chose. Vous pourriez le dire aussi. Si l'on n'avait pas pris les
décisions qu'on a prises depuis un an et demi, j'ai indiqué
tantôt que notre déficit aurait été de 6 500 000 000
$ ou 7 000 000 000 $ au lieu de 3 300 000 000 $ environ. On peut faire
l'hypothèse que sur les 25 000 000 000 $ de déficit du
fédéral, l'an dernier, dont nous assumerons le quart, environ 7
000 000 000 $, si c'est nous qui avions géré l'ensemble des
impôts, des dépenses publiques au Québec, il faut faire
l'hypothèse qu'on aurait eu le même courage politique et qu'au
lieu d'avoir à assumer le quart du déficit fédéral
que tous les citoyens du Québec paient dans le système actuel -
ou que nous devenions souverain, nous allons assumer le quart de ce
déficit - on pourrait présupposer qu'on aurait eu le courage de
prendre des décisions en ce qui concerne la gestion de ces
dépenses publiques...
Au lieu de faire comme le gouvernement fédéral, soit
d'augmenter dans les deux dernières années de 20 000 le nombre de
ses fonctionnaires, peut-être qu'on aurait eu le courage là aussi
de faire les compressions qu'il fallait et d'essayer d'augmenter la
productivité de l'ensemble de la fonction publique pour satisfaire les
nouveaux besoins des citoyens avec le nombre de fonctionnaires qu'il y
avait.
On peut tout aussi bien arriver à la conclusion que si depuis
deux ans nous avions géré l'ensemble des dépenses
publiques, l'ensemble des impôts, au lieu d'aboutir à notre
déficit de 3 300 000 000 $ plus les 7 000 000 000 $ de part du
déficit fédéral donc, un déficit de 10 000 000 000
$, on serait arrivé à un déficit global de 6 500 000 000 $
ou 7 000 000 000 $ au lieu d'un déficit de 10 000 000 000 $ comme on a
à le payer actuellement comme citoyens du Québec.
Par rapport à la capacité de gestion et au coût du
fédéralisme, il faut bien voir que vous parlez de Quebecair, vous
y avez fait allusion, Via Rail qui ne sert pas beaucoup de citoyens au
Québec concrètement s'oriente vers un déficit, m'a-t-on
dit, de 700 000 000 $.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je trouve cela indécent,
moi aussi.
M. Marcoux: Air Canada a un déficit de 32 000 000 $
annoncé. Je pense que le monopole des erreurs, le Québec ne l'a
pas, mais cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas prendre les moyens pour en
éviter le plus possible. Quand on essaie, comme c'est trop
fréquent, non pas de l'ensemble de vos porte-parole du côté
de l'Opposition mais de la part de plusieurs, de décrire
l'administration publique du Québec comme souffrant
d'incompétence ou de mauvaise gestion ou de non-contrôle des
dépenses, etc. Je pense que les critiques que vous nous adressez souvent
devraient être très nuancées, à la lumière de
ce qu'on voit dans les gouvernements auxquels on peut se comparer et quand on
voit aussi les conséquences que nous aurons à supporter des
décisions qui sont prises ailleurs et qui entraîneront à
terme des coûts énormes pour les citoyens du Québec.
Vous parlez de la fuite des investissements. J'ai eu l'occasion d'aller
passer une journée et demie en Colombie britannique, au cours du
congé pascal, pour voir comment ils avaient procédé
à l'abolition du ministère des Travaux publics et à sa
transformation en société d'État là-bas, ainsi que
les avantages qu'ils avaient retirés, etc. Quand je suis arrivé,
on était à la veille du jour du déclenchement des
élections en Colombie britannique et tout ce qu'on disait c'est... Le
gouvernement du crédit social disait: Avec le NPD au pouvoir ce serait
la fuite des investissements de la Colombie britannique et le NPD n'a pas un
programme ou ne propose pas la souveraineté pour la Colombie britannique
et pourtant on fait le même discours.
Alors le discours sur la fuite des investissements, je pense, en ce qui
concerne l'indépendance, ce n'est pas là vraiment le noeud. Je
pense que c'est bien davantage en ce qui concerne la fiscalité.
Là, il y a plus de mordant, je dirais, dans le discours que dans le fait
qu'on ait un gouvernement qui veut faire la souveraineté du
Québec parce qu'on l'a vu de 1977 à 1980, les investissements
dans le domaine privé au Québec ont été
comparablement plus élevés au Québec que dans plusieurs
autres provinces canadiennes, sauf l'Alberta. Et pourtant on s'acheminait vers
le référendum et vers la question de la souveraineté. Ce
que pouvez dire, c'est que peut-être que les investisseurs ne croyaient
pas qu'on la ferait. S'ils ne croyaient pas qu'on la ferait entre 1976 et 1980,
je ne vois pas pourquoi ils auraient changé d'avis actuellement. Donc
cela retourne votre argument que le fait que le gouvernement actuel favorise la
souveraineté empêche des investissements au Québec alors
que toutes les données - vous les avez autant que moi, elles sont
publiques - que de 1976 à 1980 la croissance des investissements
privés au Québec a été très importante
comparée à l'ensemble des autres
provinces canadiennes. On était loin d'être en mauvaise
posture.
Alors, je pense que c'est un... Cela fait 20 ans qu'on essaie de faire
peur aux Québécois sur le fait que s'ils assumaient l'ensemble de
leurs dépenses, l'ensemble de leurs impôts, ce serait la
catastrophe. Il y a à peu près 165 pays indépendants dans
le monde actuellement et il n'y a personne aux États-Unis qui
prétende que parce que le déficit est passé de 40 000 000
000 $ à 200 000 000 000 $ aux États-Unis c'est parce que les
États-Unis sont un pays indépendant, n'est-ce pas? Il n'y a
personne qui prétende cela. Ni l'Allemagne de ce
côté-là. Mais c'est à peu près le genre de
discours que vous tenez du côté de l'Opposition depuis des
années relativement à la souveraineté. Cela
m'apparaît aussi fort que cet argument. Je n'aurais pas voulu être
aussi long que cela mais je pense que ce sont des sujets intéressants
que vous abordez.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, M. le Président. Du
consentement dans l'exercice de la petite réplique que je
réservais au député de Terrebonne et que j'exerce
maintenant...
M. Marcoux: Vous avez eu le temps de penser à vos
idées.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, non. J'ai bien fait
d'attendre. Cela met en lumière la différence dans la
qualité d'argumentation. Le ministre et moi nous nous rejoignons
manifestement sur la nécessité -ce n'était pas
explicitement dit dans mon intervention - pour le Québec de se doter de
certaines institutions qui ont été créées dans les
années soixante. Il y avait un rattrapage, il y avait
nécessité pour les francophones québécois de mettre
la main sur des leviers qui, par ailleurs, leur échappaient,
étant donné le profil sociologique du monde économique au
Québec. Là où j'en ai - on pourra revenir là-dessus
à une autre occasion, M. le ministre; on va se laisser là-dessus,
je pense - c'est sur l'ampleur de cette nécessité, dans les
années quatre-vingt, avec les ressources humaines qu'on a,
formées comme elles le sont, l'ampleur qu'on doit donner à
l'État, en regard de la nécessité à l'époque
de se doter de ces institutions et de les utiliser au maximum.
Je remarque...
M. Marcoux: Est-ce que je peux faire une remarque sur ceci.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Pas longue.
M. Marcoux: Très brève. Sur le pourcentage du
produit national brut ou le produit intérieur brut du Québec la
croissance de ce pourcentage qui est géré par le secteur public
et parapublic...
Une voix: 28%.
M. Marcoux: Je pensais que c'était beaucoup plus
élevé que cela. En tout cas, il y a un phénomène de
croissance depuis 20 ans, mais particulièrement depuis 10 ans. La
proportion du produit intérieur brut qui est géré
directement ou indirectement par l'État, c'est évident que cette
croissance doit être soit stabilisée, soit diminuée parce
qu'elle oriente souvent d'une façon trop précise vers certains
secteurs en particulier la capacité économique.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le deuxième aspect c'est
que dans son discours, le ministre n'a pas mis en doute - je lui en sais
gré - la sincérité et la profondeur des convictions que je
peux avoir pour ce qui est mieux pour les Québécois, ou ce qui
est mieux pour moi et pour mes enfants comme Québécois dans les
choix politiques que j'ai faits. Et cela contraste, et c'est là que je
voulais en venir en réponse au député de Terrebonne, cela
contraste énormément avec son discours sur les vrais
Québécois qui démontre que le député de
Terrebonne est mûr pour être adjoint parlementaire au ministre des
Communautés culturelles et de l'Immigration.
M. Marcoux: Je voudrais faire un commentaire sur ceci. Chacun a
sa façon d'exprimer les objectifs politiques qu'il poursuit. En ce qui
me concerne, je n'ai pas tenté d'illustrer comment le Parti
libéral vomit ou renie actuellement l'essentiel des gestes ou des
décisions positives qu'il a prises dans le passé face au
Québec et tente de poser son discours au discours de l'ensemble de ses
collègues. Je pense que chacun a peut-être sa façon de
s'exprimer, mais fondamentalement on sait ce qui nous distingue d'un
côté comme de l'autre.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Disons que je serais
tenté de m'embarquer sur le terrain où le ministre, depuis
quelques instants du moins, tente de nous faire glisser, c'est-à-dire
nous faire dévier...
M. Marcoux: Une remarque. C'est-à-dire que vous n'avez pas
été absent, vous étiez là, alors je ne peux pas
invoquer votre absence. Ce n'est pas moi qui ai abordé les questions de
l'intervention de l'État en général, les dépenses
publiques et la question
de l'indépendance relativement à la fuite des
investissements. Je n'ai fait qu'ajouter mes propres commentaires à ceux
de votre collègue.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Hull.
M. Marcoux: S'il y a une glissade, ce n'est pas moi qui ai mis la
glace.
M. Rocheleau: Je dois dire que le ministre y a souscrit
allègrement. Il est bien évident que je ne veux pas m'embarquer
sur ce terrain.
M. Marcoux: Je pense que vous n'êtes pas son appui à
la chefferie.
M. Rocheleau: Tenant compte...
M. Marcoux: Je pense que vous n'aurez pas son appui à la
chefferie.
M. Rocheleau: M. le Président, j'ai été
très calme, ce matin. Je n'ai dérangé personne. Je pense
qu'avec tout le sérieux que l'on me connaît, je voudrais pouvoir
faire...
M. Marcoux: D'accord, je vais me taire.
M. Rocheleau: ...l'examen du ministère du Revenu
étant donné que cela nous est permis lors de l'étude des
crédits. Je reviens à la question plus pertinemment de
l'indépendance pour les gens du côté ministériel
à savoir qu'on se souvient de 1976 à 1981 en passant par le
référendum, la population a rejeté votre option. Vous
aviez promis, en 1981, de mettre de côté cette option
indépendantiste. À peine deux ans après la dernière
élection, vous vous êtes relancés dans ce débat
encore une fois. On s'en est rendu compte lors du congrès des
municipalités la semaine dernière. Je dois simplement dire
qu'actuellement, en examinant un peu l'orientation politique du
côté ministériel, on s'aperçoit que le docteur est
malade. À toutes fins utiles, on pourra sûrement y revenir et
discourir davantage, plus longuement sur ce sujet en d'autres
circonstances.
Il y a déjà quelques années que le ministère
du Revenu, pour toutes sortes de raisons, semble utiliser des moyens ou des
façons de harcèlement vis-à-vis des citoyens du
Québec. Au mois de novembre dernier, nous avons eu une question avec
débat sur un sujet qui inquiétait drôlement l'Opposition,
à savoir la façon dont le ministère du Revenu
procédait pour récuper des arriérés de comptes, des
montants d'impôt dues au gouvernement du Québec. Nous
étions d'accord, à ce moment, qu'il est évident que
quelqu'un qui doit des impôts doit les payer.
Je pense que c'est élémentaire et on n'a pas émis
d'avis contraire tenant compte de cet aspect. (12 h 15)
Par contre, M. le Président, je dois vous dire que la
façon dont le ministère du Revenu a procédé... On a
connu entre-temps un changement de ministre: le ministre, M. Raynald
Fréchette, qui était le principal responsable, a
été muté au Travail, et le ministre des Travaux publics
accédait à ce nouveau ministère, le ministère du
Revenu.
Nous avons tenté, lors de la question avec débat, de faire
comprendre au ministre que la façon dont il procédait, dont son
ministère procédait n'était pas une façon humaine
de transiger avec les citoyens et les citoyennes du Québec. On a voulu
récupérer des sommes considérables qui dépassaient
les 300 000 000 $. On a voulu s'attaquer premièrement à ceux qui
devaient des sommes très importantes au ministère du Revenu. Par
la suite on est tombé dans la catégorie des petits contribuables,
des travailleurs, des personnes à faible revenu.
Je me suis préoccupé davantage de ces problèmes,
tenant compte du fait que j'ai été élu pour servir mes
commettants et mes commettantes dans mon comté, premièrement. Je
ne suis pas de Québec à Hull, mais plutôt de Hull à
Québec. Je suis au service de mes citoyens. J'ai regretté au
cours des dernières années que la machine à voter du
côté ministériel se soit tenue complètement muette
sur les nombreuses représentations qui ont été faites,
j'ai l'impression, à tous les députés du
Québec.
En tout cas, je souhaite que les interventions du ministère du
Revenu n'ont pas été faites uniquement dans les comtés
où l'on retrouvait à l'Assemblée nationale des
députés libéraux. Je pense qu'on peut affirmer que dans
l'ensemble des comtés du Québec on a connu le même
harcèlement du ministère du Revenu.
M. le Président, le ministre du Revenu nous informait au mois de
novembre dernier qu'on avait utilisé des tablettés, des gens de
différents ministères pour tenter de faire un blitz de
récupération des arriérés d'impôt. Certaines
de ces personnes n'étaient pas nécessairement qualifiées
pour faire ce travail et on traversait en même temps la période de
négociations qui a été plus difficile que sous les
gouvernements antérieurs; on s'en est rendu compte par les lois 70, 105
et 111, entre autres, que ce gouvernement a imposées à sa
fonction publique.
Il a pu arriver que des fonctionnaires victimes d'une certaine
frustration ou de mépris à l'égard de leur patron,
c'est-à-dire le gouvernement, aient utilisé des moyens de
harcèlement à l'égard des citoyens ou citoyennes du
Québec. Cela a pu arriver. Je n'ai pas l'impression que le
ministère du
Revenu, pour récupérer des sommes aussi
considérables, payait du temps supplémentaire à ses
employés pour faire des appels téléphoniques à des
heures aussi tardives qu'une heure ou deux heures du matin. Si c'est cela,
c'est une très mauvaise forme de gestion que de payer du temps
supplémentaire pour faire des appels à ces heures-là.
Nous avons, au mois de novembre dernier, demandé, entre autres,
au ministre du Revenu d'accepter un tribunal fiscal dans le but de permettre
aux citoyens ordinaires pas nécessairement d'être jugés,
mais de pouvoir se défendre. Se défendre dans le sens que le
ministère du Revenu a fait parvenir des avis de cotisation pour des
arriérés d'impôt allant même jusqu'en 1969, dans
certains cas, 1969, 1970, 1971, et 1972. 0e pourrais étaler toutes
sortes de preuves à l'appui, ayant cumulé près de 200
dossiers. Cela me ferait plaisir de passer une heure avec le ministre pour le
mettre au fait de certains de ces dossiers. J'ai utilisé
dernièrement les moyens qu'on nous a recommandés,
c'est-à-dire deux hauts fonctionnaires nommés pour
répondre à des questions pertinentes de nos citoyens. J'ai
déjà utilisé ces formes de communications et j'attends
actuellement certaines nouvelles de la part de ces hauts fonctionnaires.
Ce qui me préoccupe davantage, M. le ministre, c'est qu'au cours
des dernières années... Tout le monde sait qu'on traverse une
période difficile. L'économie est à la baisse. Le
chômage est à la hausse. Le nombre de bénéficiaires
de l'aide sociale a augmenté considérablement. On connaît
au Québec actuellement - je l'ai lu dernièrement - le plus haut
taux de suicide. On pourrait même rapporter que certains cas de suicide,
cela dépend directement du ministère du Revenu. J'ai, entre
autres, un cas très pertinent. Il ne m'appelle plus parce qu'il est
parti. Oui, il est parti pour un monde meilleur. Ce sont des cas, M. le
Président, qui sont très inquiétants, dans le sens qu'on
touche non seulement au travailleur qui a les moyens...
Tout le monde, veut, veut pas - et c'est peut-être utopique de
dire cela - aime payer certaines formes d'impôts, parce que payer des
impôts, c'est le signe qu'on gagne de l'argent. Actuellement, je
rencontre plusieurs chômeurs qui me disent: J'aimerais donc cela, payer
des impôts! C'est parce que, d'autre part, ils travailleraient et
gagneraient de l'argent. Malheureusement, le nombre de ces chômeurs
augmente. Le nombre des bénéficiaires de l'aide sociale augmente,
comme je l'ai dit tantôt. Dans le cas de ceux qui sont actuellement
chômeurs, qui sont actuellement des bénéficiaires de l'aide
sociale, il y a des veuves et des personnes âgées qui se font
demander des arriérés d'impôt par le ministère du
Revenu, alors qu'ils n'ont pas les moyens, à cause de la conjoncture
économique, de payer au gouvernement des sommes dues dont ils
n'étaient pas au courant du tout. M. le ministre, je vous dis et je vous
assure que si c'était un cas particulier, je pourrais dire: II n'admet
pas d'avoir reçu antérieurement des avis de cotisation ou
annuellement des rappels du ministère du Revenu. Il les a oubliés
ou il les a foutus à la poubelle, un peu comme M. Beaulé a fait
avec certains documents de la Société de la Baie James, alors
qu'il était avocat d'une des parties impliquées. Mais non, M. le
Président, dans plusieurs cas ce sont des gens - et ces gens-là,
je ne les rencontre pas par groupes de 20 ou par groupes de 30, je leur parle
individuellement - à qui on envoie des réclamations d'impôt
et qui ne savaient pas antérieurement qu'ils devaient ces sommes au
gouvernement ou au ministère du Revenu. J'ai un cas très
particulier, une veuve dont le mari est décédé depuis
1974. La succession a été réglée et on vient
réclamer aujourd'hui à la veuve des arriérés
d'impôt de 700 $ ou 800 $, alors que durant ces années, elle
n'avait jamais été au courant ou consciente du fait que son mari
aurait pu devoir des arriérés d'impôt pour les
années 1969 ou 1970. J'ai même consulté le notaire qui
avait réglé la succession et pour lequel ce monsieur n'avait
absolument pas de prétendus arriérés d'impôt. En
tout cas!
II y a d'autres cas, M. le Président, où les gens doivent
des montants d'argent, assez importants ou de moindre importance, au
ministère du Revenu et où le ministère du Revenu prend une
hypothèque sur la propriété. Il grève la
propriété d'une hypothèque à un taux
d'intérêt de l'ordre de 16%, propriété pour laquelle
cet individu a peine à faire actuellement ses paiements, parce qu'il
peut être un chômeur, parce qu'il n'a pas actuellement de travail,
parce qu'il tente de faire des travaux pertinents à son métier et
qu'il ne peut pas le faire, n'ayant plus la carte de classification dans la
construction qui lui permet de travailler. Ce même individu est
obligé de travailler et de recevoir le paiement pour son travail en
dessous de la table, parce que s'il recevait ces sommes d'argent sur la table,
il aurait une pénalité de l'OCQ, parce qu'il n'a pas sa carte de
classification lui permettant de travailler et, par le fait même, il
serait pénalisé de 500 $ pour avoir travaillé sans sa
carte. Alors, toutes ces formes de harcèlement de la part des agences du
gouvernement font en sorte que cela crée une frustration, une forme
d'insécurité chez les citoyens et les citoyennes du
Québec. Je pense que le ministre a été saisi par
l'Opposition, qui se voulait très objective, très positive, au
mois de novembre dernier, de faits très concrets qui lui furent soumis
pour que des modifications soient apportées.
Je n'ai pas été heureux d'apprendre dernièrement
par la presse écrite qu'on avait décerné le prix "citron"
au ministère du Revenu. Je n'ai pas été des plus heureux
parce qu'un prix "citron", ce n'est quand même pas très
agréable à recevoir, mais je pense que le ministre...
M. Marcoux: Mais c'est bon pour la santé.
M. Rocheleau: Oui, c'est sûr, par exemple. Je pense que le
ministre attendait ce prix "citron". Je suis drôlement conscient du fait
que même le ministre Lazure a félicité le gouvernement
fédéral, c'est-à-dire le ministère
fédéral du Revenu pour sa façon de communiquer avec les
citoyens, c'est-à-dire que le gouvernement fédéral, quand
un compte d'impôt est payé, envoie une facture
immédiatement après, dans les quelques jours qui suivent, pour
déterminer que le client en question ne doit plus d'argent au
ministère du Revenu, alors qu'actuellement, le ministère du
Revenu du Québec, pour les sommes d'argent qui sont envoyées
mensuellement ou annuellement, ne retourne pas de note certifiant que les gens
ont versé un acompte au ministère du Revenu. Pour fins de
comptabilité, cela crée des problèmes sérieux.
Je parlais tantôt d'hypothèques, je pourrais dire - et
combien de fois cela m'a été rapporté - que des comptes de
banque ou de caisse populaire avaient été saisis. On saisit tout
simplement le compte. Il y a une dame de 71 ans - je pense qu'à 71 ans,
on peut la qualifier de personne âgée - qui est venue à mon
bureau il y a quelques mois et qui a éclaté en sanglots, ce n'est
pas une personne riche, ce n'est pas une personne qui a de l'argent, c'est une
personne qui avait exactement 781 $ à la Caisse populaire du
Lac-des-Fées. Le gérant de banque l'a avisée que le
ministère du Revenu lui avait soustrait la totalité du montant
qu'elle avait en caisse. Son chèque pour son chauffage était
déjà en circulation, son chèque pour
l'électricité était déjà en circulation et,
quand ces chèques ont été présentés à
la caisse, ils ont été retournés pour manque de fonds.
C'est une personne de 71 ans; son mari est décédé il y a
de cela plusieurs années et cette personne n'avait pas travaillé
depuis 1974. Nous sommes en 1983; cet avis lui a été
envoyé au mois d'août 1982.
Je pourrais vous mentionner combien de cas aussi pathétiques chez
combien de Québécois et de Québécoises qui
traversent actuellement une situation pénible. Or, même le
gouvernement, même le premier ministre, même les ministres, nous
parlent de la conjoncture économique; ce n'est pas facile. Si ce n'est
pas facile pour le gouvernement, ce n'est surtout pas facile pour les citoyens
et les citoyennes qui vivent à l'intérieur de cette province,
comme à l'intérieur du Canada ou à l'intérieur
d'autres pays qui connaissent aussi une situation grave. Je trouve malheureux
qu'on ait entrepris cette forme de harcèlement dans le sens, M. le
ministre, que, dans l'entreprise privée, pour une entreprise qui ne peut
pas percevoir ses dus et qui n'envoie pas d'avis à ses clients durant
une période de cinq années, c'est prescrit. Dans le cas du
gouvernement, il n'y en a pas de prescription, à ce que vous m'avez
déjà dit. Alors, on peut retourner loin en arrière. (12 h
30)
J'accepte que l'on retourne en arrière, s'il y a fraude; mais si
le gouvernement a voulu nettoyer ses dossiers, enlever la poussière des
classeurs, il aurait pu adopter une politique décrétant que l'on
ne retournerait pas plus loin que cinq ans en arrière pour les petits
contribuables, ceux qui sont les plus affectés. Je ne vous parle pas de
grosses entreprises qui souhaiteraient prendre ou qui utilisent des moyens
d'évasion fiscale tenant compte des expertises, tenant compte de leur
avocat conseil, tenant compte de tous les moyens qu'elles peuvent prendre pour
tenter d'échapper à la loi. Je ne parle pas de celles-là.
Je vous parle du petit contribuable québécois, qui connaît
actuellement une période très difficile.
J'ai été heureux, à la page 6 du discours inaugural
- malheureusement, cela n'a pas pris beaucoup d'espace dans ces 40 pages, mais
je me permets de le souligner, et le ministre tantôt l'a mentionné
- de lire que le ministère du Revenu proposera pour sa part des mesures
précises visant à améliorer les recours des contribuables,
ceux en particulier qui ont des différends avec le ministère dont
on a décidé de simplifier et d'accélérer le
règlement.
Je pense, M. le Président, que c'est mettre la charrue devant le
boeuf dans le sens que la mafia vient de terminer sa razzia pour
récupérer des arriérés d'impôt et là,
on va prendre des mesures qui permettront aux citoyens de se défendre,
alors qu'on a fait le ravage. Je trouve cela très malheureux. Je
pourrais vous citer un cas particulier. Il y a quelques mois, le
ministère du Revenu, de par ses fonctionnaires, demandait à une
personne un montant de 1600 $, que cette personne prétendait avoir
payé. On a demandé des informations au ministère du
Revenu. On a reçu une feuille comptable avec les crédits, avec
les intérêts, avec les montants d'impôt. C'était
cela, l'information qu'on donnait au citoyen. Le citoyen ne se sentant pas
rassuré, persistant à dire qu'il avait payé, on lui a dit
que c'était à lui de faire la preuve. Cela me fait un peu penser
à la loi 111, c'est au citoyen à faire la preuve qu'il n'est pas
coupable. Ce citoyen a dû aller à la banque et la succursale de
banque à laquelle
il est allé, était fermée. N'ayant plus son compte
à cette banque-là, il a dû aller à la banque qui
avait accepté tous les comptes et on lui a facturé 300 $ pour
sortir les chèques annulés, parce qu'il ne faisait plus affaires
avec cette banque-là. Il a tout récupéré, sorti
tous ses chèques et il les a envoyés au ministère du
Revenu, à la personne responsable. Quelques jours ou quelques semaines
après, il a téléphoné pour savoir ce qui en
était. On lui a dit d'oublier cela, que tout était correct. Je ne
trouve pas normal qu'un citoyen doive dépenser 300 $ pour faire sortir
ses chèques oblitérés de la banque et pour se faire dire
quelques semaines plus tard, parce qu'il avait fait la preuve: Oublie-le, il
n'y a plus rien là. Il a demandé si on allait lui envoyer une
lettre, un état de compte qui mentionne le fait qu'il ne devait plus
rien à l'État, au ministère du Revenu. Il n'a rien
reçu. Je vous parle là d'un cas datant du mois de novembre, que
je suis de très près et pour lequel je n'ai pas voulu intervenir
plus particulièrement, mais je me permettrai de le faire, si le ministre
souhaitait ou acceptait de connaître des noms dans des cas
semblables.
On a parlé tantôt de la façon dont le
ministère du Revenu tente de récupérer cela. On a
mentionné au mois de novembre qu'il ne faudrait pas dépasser une
période de cinq ans. Qui, des citoyens ordinaires - je mets à
part les entreprises - conserve ses documents pour une période plus
longue que cinq ans? Tout le monde est habitué, au bout de cinq ans,
à mettre au panier une facture, un vieux compte payé, parce qu'il
n'y a plus de recours possible. On se réveille et, dans le cas du
gouvernement, du ministère du Revenu, il y a des recours quasi
éternels, aussi loin dans le temps qu'on peut retourner. Cela, M. le
Président, je pense que ce n'est pas acceptable, surtout quand on
récupère des montants d'argent, qu'on additionne les
intérêts par-dessus les intérêts, et qu'on retrouve
des montants qui sont demandés par le ministère du Revenu qui
dépassent en intérêt le montant original commandé,
le montant original que la personne aurait dû payer comme en 1969, 1970,
1971. Ce montant, avec le taux d'intérêt d'aujourd'hui, est de
beaucoup supérieur au montant initial pour lequel la personne n'avait
jamais été consciente du fait qu'elle le devait.
Dans plusieurs cas, je suis intervenu auprès de citoyens à
qui on avait envoyé une lettre où on indiquait que des
procédures judiciaires allaient être prises dans les quinze jours
qui suivaient, si le compte n'était pas payé, où on
réclamait 1000 $, 1500 $, 2500 $ et où cette personne tentait de
prendre arrangement avec le ministère du Revenu. Il n'était pas
question. C'était la sommation de payer comptant le plein
montant, sinon des procédures allaient être prises. J'ai pu,
à certaines occasions, convaincre la ou les personnes avec qui j'ai
parlé de distribuer sur une période d'un an ou sur une
période de deux ans les montants dus, c'est-à-dire des montants
de 50 $ ou 100 $ par mois, plutôt que les montants qu'on exigeait de 250
$ ou 300 $, alors qu'il ne restait à peu près rien à ces
personnes pour vivre.
Je pense qu'il faut penser d'humaniser davantage le ministère du
Revenu dans le sens que... C'est vrai, je pense qu'on admet que ce n'est pas
intéressant de faire de la perception. Il n'y a personne qui aime cela.
Moi, dans mes entreprises j'ai dû percevoir des comptes, des
arriérés de comptes à de bons amis. C'étaient mes
amis, parce que je leur vendais à crédit mais, quand
c'était le temps de me payer, je ne retrouvais plus ces amis-là.
Alors l'amitié, souvent, prend toutes sortes de formes. Il est
évident que le ministère du Revenu a une tâche lourde,
ingrate et difficile. Cela nous l'admettons. Mais si le ministère du
Revenu veut corriger une situation passée, il faut qu'il la corrige en
prenant aussi ses responsabilités, c'est-à-dire les
responsabilités d'une mauvaise gestion à l'égard des
citoyens et citoyennes du Québec. Quand on retourne dix ou douze ans en
arrière, M. le ministre, vous conviendrez que ce n'est pas une bonne
forme de gestion, ce n'est pas une bonne forme d'efficacité pour un
gouvernement d'aller percevoir ces arriérés surtout sur le dos
des citoyens. Si ces mêmes citoyens avaient été
avisés dans le temps, ils vous auraient certainement remboursé
les sommes d'argent que vous vouliez récupérer.
Vous avez parlé tantôt, M. le ministre, de la question de
citoyens qui, à la suite de leur rapport d'impôt, à la
suite de montants réclamés au ministère du Revenu,
déposent ou font une opposition. Vous avez mentionné que vous
étiez rendu à régler ces cas dans une période
d'environ une année et demie. J'aimerais simplement vous donner un
numéro d'assurance sociale et j'aimerais que vous vérifiiez
vous-même ou que vous demandiez à vos attachés de
vérifier, le numéro 212...
M. Marcoux: Est-ce que ça serait possible de me le donner
tantôt plutôt que...
M. Rocheleau: Je vais vous le donner publiquement, c'est le
numéro 212-720-197. La personne en question n'attend pas
nécessairement cela pour vivre, mais c'est une opposition de 1979 et on
est rendu en 1983. Cette personne se demande si, après quatre ans, le
ministère du Revenu n'est plus assujetti à rembourser aux
citoyens un dû, si elle va le recevoir. Il a été dit que le
ministère du Revenu pouvait aller aussi loin, mais que, par contre, un
citoyen qui voulait réclamer du ministère du Revenu devait
réclamer dans les quatre années, sinon, le
ministère du Revenu ou le gouvernement ne lui doit plus rien. Vous allez
être surpris de voir la personne qui possède ce numéro, M.
le ministre. Elle n'est pas pressée, je vous le dis. Je n'ai pas
à défendre son cas non plus. Je vous fais simplement noter que,
tantôt, vous avez parlé d'une année et demie et moi, je
vous dis quatre ans.
Nous avons fait des demandes, M. le Président, entre autres, et
j'aimerais connaître les commentaires du ministre. "Proposera" cela
semble être un voeu pieux. Quand et quelle forme de proposition fera-t-il
dans le but de permettre aux citoyens de se défendre, d'aller devant un
tribunal, d'aller devant les personnes compétentes pour dire: Mon
numéro de dossier, c'est cela. On me réclame cela et voici des
papiers d'impôt que j'ai en main et qui démontrent que je n'en
dois pas. Si je fais référence aux services
décentralisés du ministère du Revenu en région - je
prends l'exemple de Hull - je vous défie, M. le ministre, d'appeler et
d'avoir quelqu'un au bout du fil. Dans la région, chez nous, des
journalistes en ont fait la preuve. Il y a même eu un éditorial
à l'effet qu'à Revenu-Hull, il n'y avait personne au bout du fil,
que personne ne répondait et que la ligne était toujours
occupée, plus particulièrement. Je ne sais pas, si on y
était allé en personne, si on n'aurait pas retrouvé le
fonctionnaire sous son bureau, parce qu'il y avait tellement de plaintes, il y
avait tellement de gens qui avaient besoin de renseignements que j'ai
l'impression que les renseignements ne pouvaient pas être donnés
sur place. Il fallait qu'on fasse référence à la grosse
machine monstrueuse de votre informatique qui a tout capté cela dans les
dernières années et qui, aujourd'hui, distribue, non pas sa
richesse collective, mais ses demandes de paiement à l'égard de
votre ministère, d'une façon très arbitraire.
Je comprends, M. le ministre, que vous sembliez impatient. Non? C'est
parce que vous semblez dégager des signes d'impatience.
M. Marcoux: Non, non.
M. Rocheleau: C'est peut-être la fatigue.
M. Marcoux: J'ai quatre pages de notes de prises sur vos
discussions.
M. Rocheleau: Ah bon! Je pensais que c'était la fatigue
d'un gouvernement fatigué.
M. Marcoux: Vous prenez vos désirs pour des
réalités, M. le député de Hull.
M. Rocheleau: Je ne les prends pas pour des
réalités. Je suis aussi les sondages comme vous les suivez -
parce que vous êtes un gouvernement qui fonctionne par sondages - et vous
avez dû voir dernièrement votre cote de popularité. Je
pense qu'il est temps que vous vous occupiez de vos affaires en passant par le
ministère que vous dirigez, le ministère du Revenu, qui occupe et
concerne actuellement plusieurs Québécois et
Québécoises. À ce sujet, M. le ministre, j'ai
déjà fait de la politique municipale et, quand on envoie une
lettre, quand on harcèle les gens de la façon dont votre
ministère les harcèle, c'est qu'on ne touche pas simplement
à un pourcentage des cas que vous tentez de récupérer.
Vous touchez aux soeurs, aux frères, aux oncles, aux tantes, aux
grands-parents et, bien des fois, à bien d'autres gens, parce que cela
se dit, ces affaires-là. J'ai eu une "ligne ouverte" à un poste
de radio jusqu'à tout récemment et de nombreux citoyens
m'appelaient pour dénoncer l'attitude du gouvernement. Remarquez que,
dans certains cas, j'étais rendu que j'étais obligé de
vous défendre. Est-ce assez fort? Et je vous l'avoue candidement, parce
que, de là à ne pas payer, il y a une marge. Je disais aux gens:
Si vous devez des redevances à l'État, c'est bien de valeur, il
faut que vous payiez. Prenez les dispositions nécessaires. Mais, quand
on se faisait raconter tout ce qu'on se faisait raconter, M. le ministre, je
pense que c'est une autre forme de persuasion qui ne semble pas des plus
efficaces, même si vous avez rempli une partie de vos objectifs, tel
qu'énoncé par le ministre des Finances l'an dernier.
M. le Président, je vais terminer là-dessus, parce que je
pense avoir déjà pris suffisamment de temps. J'aimerais
peut-être que le ministre réponde à certains points. Je
pense que j'ai parlé d'une façon très calme. La coutume ne
veut pas nécessairement que ce soit toujours calme, mais je
considère que c'est mon monde et c'est le monde de tout le monde, parce
que si on a été élus à l'Assemblée
nationale, c'est pour représenter ces gens-là. Il y a la grosse
machine administrative, et il y a aussi la machine politique, qui
détermine les orientations et qui adopte les lois mises de l'avant par
cette bureaucratie importante. Je pense que le ministère du Revenu doit
corriger dans les plus brefs délais et peut-être même, M. le
ministre, faire faire l'examen de certains cas pour lesquels vous avez
déjà reçu vous-même des lettres et qui n'ont pas
encore été réglés. Ces gens attendent encore des
réponses et n'ont pas été satisfaits des réponses
qu'ils ont reçues. (12 h 45)
Je termine, M. le Président, j'aurai sûrement l'occasion
d'y revenir un peu plus tard.
Le Président (M. Paré): M. le ministre.
M. Marcoux: Je ferai quelques remarques générales
avant d'aborder l'ensemble des points soulevés par le
député de Hull. Tantôt, il était là lorsque
j'ai tenu mes propos d'introduction. Je peux dire bien franchement que je
partage beaucoup les préoccupations dont vous avez parlé ce
matin, dont vous avez déjà parlé à
l'Assemblée nationale face au ministère du Revenu et face au
comportement que le ministère a eu et devrait avoir. Je serai le dernier
à nier qu'il faut faire des changements importants au ministère
du Revenu pour vraiment atteindre l'objectif d'humanisation de nos relations
avec les citoyens. Je suis d'autant plus à l'aise de l'affirmer que
cette préoccupation n'a pas été mienne d'abord;
déjà, il y a un an et demi ou deux ans, si on a
créé la Direction générale des services au public
et à l'entreprise, c'est parce qu'on constatait déjà qu'il
y avait des problèmes de relations entre le ministère du Revenu
et les citoyens, des problèmes d'information, sur la qualité de
l'information qu'on leur transmet, des problèmes dans la façon
dont nous faisons notre perception. Je serais le dernier à dire que, sur
l'ensemble des points que vous avez soulevés, vous n'avez pas raison et
qu'il n'y a pas de changements importants à faire.
J'ai dit, dans mon discours d'ouverture tantôt, que je voulais que
le ministère du Revenu adopte, en tout cas à certains
égards les pratiques commerciales courantes dans la façon de
percevoir ses comptes ou s'y arrime. Vous aurez l'occasion, j'en suis
convaincu, au cours de l'année qui vient, de voir comment je veux
concrétiser cette phrase que j'ai dite au début. Je peux donner
un exemple précis parce que j'ai moi aussi des exemples. Je suis
convaincu que les exemples que vous donnez sont loin d'être tous faux et
qu'il y en a qui ont des fondements importants. Moi aussi, j'ai vécu
dans mon comté, encore récemment, le cas de quelqu'un dont on
avait saisi le compte d'épargne, parce qu'il avait retardé
à payer; c'est plutôt quelqu'un qui avait payé et, trois
semaines après, on avait saisi son compte, parce que nos systèmes
informatiques ne se parlent pas. C'est ce qui justifie le besoin de modifier
complètement les systèmes informatiques du ministère du
Revenu. Les gens du recouvrement avaient donc procédé à
une saisie de compte, pensant que le compte n'était pas payé,
alors qu'il était payé. Il faut trois mois pour régler,
rembourser, payer les intérêts sur le remboursement et tout cela.
J'ai plusieurs exemples où des situations semblables ont pu intervenir.
C'est dans ce sens que je suis tout disposé à accepter la demande
de rencontre que vous m'avez dit souhaiter, pour qu'on parle de
différents dossiers, différents cas qui illustreraient des
changements qu'il faut mettre en oeuvre.
Je pense avoir fait tantôt un exposé assez critique sur la
perception qu'une partie des citoyens peuvent avoir du ministère du
Revenu. Je suis heureux de la nature des propos que vous avez tenus ce matin
parce que je n'aime pas beaucoup utiliser ce genre de vocabulaire, mais je
pense que je l'utiliserai quand même. En tout cas, ces propos
m'apparaissent plus circonstanciés -c'est un terme neutre - que le genre
de propos que vous et d'autres de vos collègues avez tenus l'automne
dernier lorsqu'on a largement parlé de ces questions, soit lors de la
période des questions en Chambre, soit lors de la commission de la
question avec débat.
Il faut revenir au point de départ. Si, en 1978, le
ministère du Revenu a - encore là, je le ferai d'une façon
la moins partisane possible - dû commencer une opération
spéciale de recouvrement des vieux comptes, c'est qu'il y a quelqu'un
qui n'avait pas fait son travail avant, l'avait mal fait ou ne l'avait pas fait
complètement. Si, en 1978, on a commencé à faire la
perception de comptes qui étaient dus depuis 1962, 1963, 1964, 1967,
1968 - je pourrais énumérer toutes les années
jusqu'à 1978 ou 1974-1975, si on veut se donner un délai
raisonnable -c'est qu'il y a quelqu'un qui n'avait pas fait son travail comme
il faut ou que le ministère n'était pas doté des
ressources humaines, financières ou informatiques de perception
valables. C'est ce qui a fait qu'en 1978, le ministre du Revenu du temps a
décidé d'enclencher l'opération perception des vieux
comptes, dans une perspective d'équité. Il est indéniable
que j'ai eu, moi aussi, des commentaires des citoyens face aux questions et au
débat qu'on a eus à l'Assemblée nationale. Je peux vous
assurer que l'immense majorité des citoyens sont en accord complet avec
le fait que le ministère du Revenu récupère les comptes
passés.
Je dois faire une première correction à vos propos, M. le
député de Hull, lorsque vous indiquez que ces citoyens-là
ne le savaient pas. En fait, depuis 1968, au ministère du Revenu, c'est
automatique, c'est informatisé, dès qu'un avis de cotisation est
émis, environ 35 ou 40 jours après - c'est automatique - le
citoyen reçoit une demande de paiement et, 45 jours après, il
reçoit un troisième avis, qui est appelé le dernier avis.
C'est automatique, c'est informatisé depuis 1968. Des citoyens disent
qu'ils ne peuvent pas être informés. J'ai relevé la
série de tous les cas que l'Opposition avait indiqués en
commission parlementaire et je peux vous assurer que, sur l'ensemble des cas
soulevés lors de cette commission parlementaire, l'action du
ministère était entièrement justifiée. Je me
souviens d'un cas particulier où on indiquait que la personne
n'était pas
du tout au courant. Je ne donnerai pas de renseignements plus
précis parce que je manquerais à l'article 69 de la Loi sur le
ministère du Revenu que vous connaissez. On a relevé, dans les
trois dernières années, deux séries de chèques
faits par la personne et annulés par la personne à sa caisse ou
à sa banque. La personne nous avait fait deux séries de
chèques qui avaient été annulés. Comment cette
personne a-t-elle pu dire à son député, de bonne foi,
qu'elle n'avait pas été informée qu'elle avait une dette
alors qu'elle nous avait fait deux séries de chèques qui avaient
été annulés, que la caisse avait bloqués par la
suite. Depuis ce temps-là, nous en sommes arrivés à une
entente de paiement avec ce citoyen. J'ai fait examiner personnellement, j'ai
lu personnellement chacun des dossiers qui avaient été
soulevés à l'Assemblée nationale. Je peux vous dire que,
dans aucun cas, l'action du ministère était
injustifiée.
Quant aux méthodes de recouvrement, je vais les aborder et
après, je regarderai tous les points que vous avez abordés...
M. Rocheleau: Juste une question, M. le Président, si vous
le permettez, est-ce que le ministre accepte que je lui apporte des cas,
peut-être six dossiers - pas 200 dossiers - concrets où, sur les
avis annuels, c'est écrit nil. Selon lui, il ne doit plus rien et cela
arrive cinq ans après...
M. Marcoux: D'accord...
M. Rocheleau: ...une balloune du passé qui revient.
M. Marcoux: ...pour l'année, lorsqu'on dit: On a
reçu votre rapport d'impôt et, sur la foi des renseignements, on
l'accepte tel que déclaré ou on paie le solde, la
différence... J'ai dit que j'acceptais votre demande de rencontre et
j'espère qu'on pourra aborder l'ensemble des dossiers dont vous parlez
à ce moment-là. Il me fera aussi plaisir d'obtenir de votre part
deux, trois, quatre ou cinq suggestions concrètes sur des habitudes ou
des processus administratifs qu'il faut changer au ministère du Revenu
pour que de telles situations ne se reproduisent plus dans l'avenir.
Quant aux méthodes de récupération, je suis
absolument convaincu que les conflits que nous avons vécus dans les
secteurs public et parapublic ne sont pas à l'origine du comportement
des fonctionnaires face aux méthodes de recouvrement. Évidemment,
les fonctionnaires qui doivent procéder à ces recouvrements -
vous l'avez indiqué tantôt -n'ont pas une tâche facile,
n'ont pas une tâche agréable et leur objectif est de faire en
sorte que les sommes dues soient payées. La meilleure preuve... Je vais
vous donner une preuve chiffrée qui montre qu'on arrive à des
ententes de recouvrement. En 1978, lorsqu'on a lancé l'opération,
les montants qui ont été récupérés à
partir de 1979, -c'était pour les comptes de 3000 $ et plus -le paiement
de ces montants s'est étalé sur trois ans. Un montant en 1978 et
en 1979, de 46 000 000 $, et de 26 000 000 $ en 1980. Comme le paiement s'est
étalé sur trois ans, cela veut dire qu'avec l'ensemble, la
majorité, on est arrivé à des arrangements de paiement qui
étaient étalés là-dedans et qui ne mettaient pas en
danger la vie de l'entreprise ou la situation financière des individus
concernés. Je pourrais dire la même chose en 1981. C'était
pour l'opération des comptes de 1000 $ et 3000 $. En 1981, on a
récupéré 124 000 000 $ et, l'année Suivante, je
dirais, la queue de cette opération, 39 600 000 $, ce qui illustre,
encore là, que les arrangements ont été
étalés dans le temps ce qui, pour moi, constitue la preuve
chiffrée qu'il y a des arrangements possibles et que les fonctionnaires
du recouvrement réalisent bien leur mandat, qui est de négocier,
de discuter avec les citoyens. On m'indique le pourcentage, c'est 55% des
individus où ce n'est pas un paiement global immédiat, où
c'est par des arrangements étalés dans le temps.
Je pense que ces chiffres, comme le pourcentage d'individus que cela
touche, que je viens d'ajouter, indiquent bien que, lorsqu'on demande à
nos fonctionnaires d'arriver à des ententes de recouvrement qui soient
humaines et acceptables pour ces personnes, dans les faits, c'est cela qui se
passe. Il faut bien voir aussi, de l'autre côté, le citoyen qui
nous offre sa collaboration. J'ai examiné individuellement tous les cas
que vous m'avez indiqués à l'Assemblée nationale, vous et
vos collègues, et quand quelqu'un est arrivé à son
député et lui a dit: Je n'en ai jamais entendu parler et qu'en
1981-1982, il nous a fait deux séries de chèques annulés
à sa caisse, je pense que c'est évident que cet individu qui a
dit à son député: Je n'ai jamais été
avisé, là, on veut me saisir ou on veut prendre une
hypothèque sur ma maison ou sur mon commerce, cette personne a
trompé quelqu'un. Voici pour l'attitude générale des
fonctionnaires par rapport à la question de harcèlement.
Quant à ce que vous indiquiez, à 11 heures du matin, ce
qu'on me dit, c'est qu'il y a eu du temps supplémentaire de payé
pour aller jusqu'à 20 heures, le soir, parce qu'il y a des gens qui
travaillent le jour, qu'il n'y a personne à la maison et il faut les
rejoindre. Je pense que vous ne nous blâmerez pas de faire en sorte qu'on
fasse travailler des fonctionnaires le soir dans cette opération de
recouvrement comme dans d'autres, de faire en sorte d'entrer en contact avec le
citoyen parce que, souvent, s'il ne répond pas à notre lettre ou
s'il ne donne pas un suivi, on entre en
communication téléphonique avec lui. On m'assure que ce ne
serait pas possible qu'il y ait eu des téléphones de faits
à 23 heures, minuit, ou 1 heure du matin. Même là, s'il y
en avait eu, on sait qu'il y a des gens qui travaillent de 8 heures le matin,
qui font du temps supplémentaire et qui vont travailler jusqu'à
22 heures le soir. Si on avait rejoint quelqu'un, c'est parce que notre
société est ainsi faite qu'il y a beaucoup de gens qui
travaillent de minuit à 8 heures et d'autres de 16 heures à
minuit, il y en a qui sont sur deux équipes. Vous avez certains secteurs
où on travaille trois jours et demi et où on travaille douze
heures, quatorze heures de suite chez des corps professionnels que je connais;
leur convention prévoit cela.
C'est absolument normal de notre point de vue qu'on entre en contact
tard le soir avec ces personnes, parce qu'il y en a qui ont des... Est-ce que
vous me permettez de suspendre, pour quatre ou cinq minutes, quitte à
prolonger parce que l'intervention, c'est quand même un tout et
peut-être que le député ne pourra pas être ici
à 16 h 30. Est-ce que vous...
M. Rocheleau: Oui.
M. Marcoux: Si vous êtes ici tantôt, je continuerai -
je vais essayer d'être bref - à commenter les différents
points que vous avez abordés.
Le Président (M. Paré): Les travaux sont
ajournés sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise de la séance à 16 h 31)
Le Président (M. Paré): Messieurs, mesdames, la
commission parlementaire du revenu pour l'étude des crédits
reprend ses travaux. Lorsque nous les avons laissés, à 13 heures,
la parole était au ministre, en réponse aux questions du
député de Hull. Donc, M. le ministre, la parole est à
vous.
M. Marcoux: Oui, j'avais gardé près de moi les
commentaires du député de Hull. Si l'on revient à
l'opération de recouvrement comme telle, j'ai déjà
indiqué en Chambre que c'est plus de 330 000 000 $ pour les
opérations qui se sont faites de 1978 à 1982 que le
ministère est allé récupérer dans les vieux
comptes. Je veux simplement ajouter une phrase à ce que j'ai dit ce
matin. Si on est obligé de le faire, c'est véritablement parce
qu'il y a eu incurie soit politique ou administrative, ou incurie politique et
administrative, avant 1978.
Je l'ai indiqué ce matin, le tribunal fiscal, on y arrive
bientôt. Sur la question du nouveau recours du citoyen cette
année, j'ai l'intention de présenter au Conseil des ministres une
hypothèse de solution et je souhaite bien qu'elle soit adoptée
par le Conseil des ministres puis soumise à l'Assemblée
nationale. De toute façon, il y a eu un engagement du gouvernement dans
le discours inaugural qui est considéré comme une priorité
dans la solution à ce type de problème, exactement dans l'esprit
où le député de Hull l'a indiqué,
c'est-à-dire de trouver un mécanisme où le citoyen
considère que le ministère n'est pas juge et partie et qui
accroîtra, le sentiment, l'impression d'équité dans la
décision rendue.
Vous avez indiqué que, vu la situation économique
difficile, vu qu'il y a plusieurs personnes qui sont en chômage et qui
sont bénéficiaires d'aide sociale, veufs ou veuves, etc., avec
charge de famille, il fallait en tenir compte dans le recouvrement. Je peux
vous assurer que, pour deux personnes qui auraient la même dette de 3000
$, de quelqu'un qui recevrait actuellement un salaire de 30 000 $ par
année, et de quelqu'un d'autre qui reçoit
l'assurance-chômage, on n'exigera pas du tout le même montant de
recouvrement mensuel ou le paiement global. Je vous ai indiqué
tantôt, par des chiffres précis, qu'on en arrive vraiment à
des ententes de recouvrement dans le temps. J'ai indiqué que des sommes
sont réparties sur trois ans, deux ans et quelques mois et que 55% des
personnes auprès desquelles nous avons fait ces recouvrements ont
payé d'un seul coup, en un seul versement. La meilleure preuve, et j'en
ai des exemples - je suis convaincu que vous avez aussi des exemples comme
député - quelqu'un, par exemple, est en chômage d'octobre
à mars. Alors on fait une entente de paiement, souvent, peut-être,
de 25 $ par mois ou 30 $, 35 $ ou 50 $, et on lui dit: Au 1er avril ou au 1er
mai, tu nous rappelles et, à ce moment, si tu travailles, on
révisera ton cas, compte tenu de ton taux de rémunération
à ce moment. Ce sont des ententes de recouvrement qui sont
révisées à différentes périodes de
l'année, selon la situation financière de la personne à ce
moment, et je suis convaincu que vous en avez de nombreux exemples qui vous
viennent à l'esprit. En tout cas, j'ai la preuve, à la fois comme
député et comme ministre, que c'est ce qui se fait.
La prétention que les personnes n'étaient pas au courant
du tout - et je vous l'ai dit, depuis 1968 - n'est pas possible parce que,
depuis 1968, les avis de cotisation sont une chose... J'ai été
d'accord sur beaucoup de choses depuis ce matin avec vous, M. le
député de Hull mais, sur ceci, je dois être en complet
désaccord. Vous tentez de créer une confusion entre les
cotisations déjà émises et, d'autre part, le droit du
ministère d'aller vérifier les rapports d'impôt qui nous
sont faits pour les quatre années
antérieures. C'est complètement différent.
Les opérations de recouvrement qui ont été
réalisées pour les vieux comptes passés, depuis 1978, ces
deux opérations de recouvrement, d'avis de cotisation qui avaient
été émis - je dis - depuis 1962, 1963, 1964, 1968, 1969,
jusqu'à 1976, 1977, cela n'a pas été et ce n'était
pas de nouvelles cotisations et ces personnes, depuis 1968, avaient reçu
l'avis de cotisation, une demande de paiement et un dernier avis.
Le blâme que vous pouvez faire à l'endroit du
ministère - et vous avez raison -c'est de dire: Entre 1970, où la
personne a reçu trois avis dans l'espace de 90 jours, et 1978, où
vous avez décidé de faire des programmes spéciaux de
recouvrement, que s'est-il passé au ministère? Vous avez raison,
je l'ai indiqué, c'est inacceptable. Mais cela n'empêche pas que
ces citoyens ont quand même une dette, qu'ils doivent la payer et qu'il
faut arriver à des ententes de recouvrement acceptables. Mais je ne peux
être d'accord avec vous lorsque vous laissez entendre que ces
opérations de recouvrement ont été des opérations
où on était allé revoir des rapports d'impôt de
1968, 1969, 1970, 1972, 1973 et où on a fait faire de nouveaux avis de
cotisation. C'est complètement faux. Ce n'est pas ce qui a
été fait.
Je pense qu'il faut complètement distinguer cela de l'autre droit
du ministère, qui a toujours été là et que tous les
ministères du Revenu au monde ont - parce qu'on ne peut, chaque
année, réviser 3 600 000 rapports d'impôt des particuliers,
200 000 états financiers des corporations -le droit de réviser
des cotisations jusqu'à quatre ans en arrière, lorsqu'il n'y a
pas de présomption de fraude ou de fraude, et cela est un avantage dans
les deux sens, soit du remboursement, soit d'une cotisation qui exige un
paiement au ministère.
L'hypothèque légale est un des moyens que permet la loi
pour que le ministère du Revenu puisse récupérer les
sommes qui lui sont dues. Ce n'est pas nécessairement... C'est une
garantie que le gouvernement se donne de pouvoir recouvrer une partie ou la
totalité de son argent. D'accord, cela empêche la personne de
faire certaines transactions à ce moment sur son immeuble sans le
consentement du ministère. Je ne peux dire que ce moyen particulier soit
un moyen qui ostracise les citoyens, qui va contre leurs droits. Il est
pénalisant, bien sûr, comme tout moyen de recours mais il n'est
pas particulièrement injuste.
Je connais un cas, en tout cas, qui me revient à l'esprit
où, à la suite d'un règlement de succession, une personne
âgée a une dette au ministère, mais, compte tenu de sa
pension de vieillesse - elle n'a que cela pour vivre - elle ne peut payer le
ministère; on a pris une hypothèque légale pour faire en
sorte de se payer lorsque la succession viendra. Je pense qu'au contraire on a
agi humainement; on n'a pas saisi la maison, on ne l'a pas obligée
à la vendre, etc., On a pris une hypothèque légale, pour
faire en sorte que, lorsque cette personne décédera, la
succession soit obligée de payer le ministère du Revenu avant de
faire tout autre paiement. L'hypothèque légale, au contraire,
pourrait tout aussi bien se présenter, M. le député de
Hull, comme étant un moyen très humain utilisé par le
ministère dans plusieurs circonstances, dans plusieurs cas. En tout cas,
j'ai vu des cas où je considérais que c'était la solution
la plus humaine pour protéger les droits du ministère du Revenu
sans empêcher une personne d'utiliser sa maison et la laissant continuer
à y vivre dans les cas de pension de vieillesse que je connaissais.
L'hypothèque légale ne m'apparaît pas comme un moyen, je
dirais, disgracieux. Au contraire, cela m'apparaît comme étant un
moyen qui peut être très humain de respecter entièrement
les droits du ministère comme les droits de la personne
impliquée.
Dans le cas d'une saisie de compte d'épargne d'une personne
âgée - vous avez parlé d'une personne de 71 ans - je
voudrais vérifier le dossier, mais cela m'étonne que ce soit
arrivé un peu comme un cheveu sur la soupe. Avant qu'on en arrive
à une saisie de compte, il y a eu des lettres qui ont été
envoyées à la personne. Il y a certainement eu des conversations
téléphoniques. Il y a eu ou pas une collaboration ou une
demi-collaboration pour trouver une façon d'arriver au paiement. Ce
n'est sûrement pas l'exemple que vous citez, mais j'ai eu l'exemple de
personnes âgées qui étaient capables de payer, parce
qu'elles avaient payé le gouvernement fédéral, mais elles
n'avaient pas payé le gouvernement du Québec. Lorsqu'on a
discuté avec ces personnes, on a trouvé, compte tenu de leur
budget, une façon d'arriver à un paiement acceptable pour elles
et acceptable pour le ministère du Revenu. Je rencontre plusieurs de vos
collègues qui nous aident dans le fond lorsque les citoyens vont les
voir; au lieu de les inciter à ne pas accomplir leur devoir face au
ministère du Revenu, ils vont discuter avec eux pour leur montrer tous
les moyens possibles d'arriver à satisfaire les exigences du
ministère du Revenu et en même temps continuer à vivre une
situation acceptable.
Disons que c'est peut-être un de ces dossiers qu'on pourrait
aborder dans la rencontre que je vous ai dit qu'on aurait, je ne sais pas,
d'ici quinze jours, trois semaines. On me donne une indication qui vous montre
que, l'an dernier, on a fait une seule vente immobilière durant
l'année 1982-1983. On a fait 100 ventes mobilières. Moins? En
tout cas, une centaine, 101 ventes, une immobilière et 100
mobilières.
On fait affaires, chaque année, avec 3 600 000 contribuables, 200
000 corporations et tous les mandataires de taxes de vente, etc., tous ceux
avec lesquels on fait affaires - chaque année, c'est quoi -1 500 000 $,
5 000 000 $ de cotisations qui peuvent être émises pour des
comptes, et on a fait une seule vente immobilière et 100 ventes
mobilières à peu près. Présenter le
ministère du Revenu comme étant la Gestapo, pour utiliser votre
expression de ce matin, la mafia ou l'espèce de festival western, comme
si le ministère du Revenu était dans le western, je pense qu'il y
a une singulière exagération de présentation, parce que ce
sont des chiffres, des faits qui confirment nos avancés.
M. Rocheleau: Le ministre me permettrait-il un commentaire, M. le
Président?
M. Marcoux: Oui, d'accord.
M. Rocheleau: C'est l'interprétation, M. le ministre,
qu'on lui donne en se plaçant dans le contexte du citoyen qui se sent
d'une part harcelé par le ministère du Revenu et la façon
dont il procède. Je vais vous donner simplement des exemples sans
rentrer dans les moindres détails. Un individu est
décédé en 1974; on lui réclame quelque 700 $ pour
les années 1968 et 1969. On réclame cela en 1982 à sa
veuve qui, elle, a accepté la succession, qui était de 4000 $.
Elle a défrayé le coût de l'enterrement, payé les
petites dettes quotidiennes. Ses enfants s'étaient
désistés à la succession, étant donné le
faible montant de la succession. Cette personne n'était pas au courant,
effectivement, des problèmes ou des comptes de son mari qui a toujours
fait ses affaires lui-même. Cette personne, de 1974 à 1982, on ne
l'avait jamais informée; on avait peut-être informé son
mari en 1969, 1970, à savoir qu'il y avait une balance de quelques
centaines de dollars. Cette personne, en 1974, quand son mari est
décédé, a payé pour l'enterrer. Actuellement, elle
a un petit emploi seulement pour rémunération mensuelle. Dans ce
cas-là, je vous dis qu'il faut se mettre dans la peau du citoyen
lorsqu'il reçoit un avis du ministère du revenu; si tel montant
n'est pas payé dans les quinze jours, une procédure judiciaire
sera prise contre l'intimé. (16 h 45)
M. Marcoux: Disons que je ne veux surtout pas contester les
affirmations que vous faites avant de les avoir vérifiées. J'en
ai eu dans mon comté encore récemment puis, dans les cas que vous
avez soulevés à l'Assemblée nationale cet automne. Je vais
vous référer aux deux, parce que la situation s'est
présentée où, dans un premier cas, la personne,
lorsqu'elle est arrivée à mon bureau, prétendait que
c'était la première fois qu'elle entendait parler d'une
cotisation pour son mari, qui était décédé en 1976,
et d'une cotisation émise en 1974-1975. En parlant avec elle rapidement,
dans le bureau même, au bout de quelques minutes, elle disait qu'en 1981
elle avait reçu une première lettre. Elle avait envoyé
cela à son comptable. Il avait supposément appelé au
Revenu et il lui aurait dit: Oublie cela. En 1982, comme elle n'y avait pas
donné suite, on est revenu à la charge par une autre lettre.
Comme son comptable lui avait dit la première fois d'oublier cela, elle
l'a oublié. En 1983, on était rendu à la
possibilité de la saisie de salaire. Avant la saisie de salaire, elle
est venue me voir et, en regardant tout le dossier avec elle, tout ce qu'elle
me disait, qu'elle arrivait à me signifier, c'est qu'elle avait bel et
bien eu les informations en 1975 et 1981, que c'était vrai. De 1981
à 1983, elle avait eu des avis et elle n'y avait pas donné suite,
elle n'avait pas pris entente.
Dans un autre dossier qui a été soulevé à
l'Assemblée nationale, on a vérifié les faits d'une
personne qui disait que la succession n'avait pas entendu parler, etc. Dans les
actes notariés de succession, c'était bel et bien écrit
qu'il y avait encore tel engagement à régler avec le
ministère du Revenu. Pourtant, la personne avait signifié
à beaucoup de personnes qu'elle avait été en
complète ignorance du règlement de la succession depuis ce temps.
Est-ce qu'elle avait raison? Probablement qu'entre le règlement de
succession et 1982, au moment où l'on est revenu à la charge,
c'est-à-dire entre 1976 et 1981 ou 1982, là, le ministère
n'était pas revenu à la charge. Au moment du règlement de
la succession, elle affirmait à tout le monde à qui elle a
écrit qu'elle était dans l'ignorance complète, et le
notaire aussi, mais les actes notariés de la succession indiquaient une
dette au ministère du Revenu.
Je ne veux pas contester le nouveau cas que vous nous apportez, car vous
avez peut-être raison, mais je peux vous assurer que, dans tous les
dossiers que vous avez soulevés à l'Assemblée nationale et
que j'ai vérifiés personnellement, le blâme qu'on peut
faire au ministère, et je le prends d'une façon
générale, c'est le fait qu'on ne s'était pas
équipé administrativement entre les avis qu'on avait faits
à telle époque en 1973, 1974, 1975, puis que l'on est revenu
à la charge trop tard par la suite. Dans tous les cas que j'ai vus, le
citoyen ne pouvait pas dire qu'il ignorait la dette, face au ministère
du Revenu, et que des avis n'avaient pas été donnés.
Les possibilités d'arrangement, j'en ai parlé. Passons
à l'attitude face aux petits comptes. L'opération 1978 a
commencé par les comptes de recouvrement de 3000 $ et
plus. En 1980-1981, et 1981-1982, cela a été de 1000 $ et,
en 1982-1983, cela a été de 3000 $. Cette année, ce sont
les comptes de 1000 $ à 3000 $ qui restent et les comptes de moins de
1000 $.
Le ministre du temps, voyant qu'on ne pouvait pas avoir toutes les
ressources pour faire en une année l'opération de recouvrement
des vieux comptes, avait établi une priorité dans ces comptes.
Cela s'est continué et cela se continue cette année et on est
rendu davantage aux plus petits comptes. C'est évident qu'à ce
moment-là, comme vous le dites, comme ce sont de plus petits comptes, on
risque de toucher des gens, des travailleurs, des bas salariés et,
compte tenu de la crise économique actuelle, de toucher des
bénéficiaires d'aide sociale, puisque les chômeurs au
Canada sont passés de 900 000 à 1 600 000 en un an et demi ou
à peu près un an et quart, et, au Québec, de 300 000
à 430 000; le nombre de bénéficiaires d'aide sociale a
augmenté de 10% à 15% par année depuis les trois
dernières années. C'est évident que l'opération
recouvrement que nous continuons actuellement touche plus fréquemment de
bas salariés ou des gens qui actuellement sont
bénéficiaires de l'assurance-chômage ou de
différentes rentes. Mais je peux vous assurer qu'on tient compte de la
situation de telles personnes dans la façon de recouvrer. Je ne
reviendrai pas sur ce que j'ai dit tantôt et les exemples que j'ai
donnés.
Mais, même si ce sont de petits salariés ou des personnes
qui bénéficient de prestations d'assurance-chômage, la
dette au ministère du Revenu est quand même là et, du point
de vue du ministère du Revenu, du droit, tous les citoyens, riches ou
moins riches, doivent être considérés sur le même
pied. Ce qu'il s'agit de faire, c'est d'arriver à des ententes de
paiement qui soient différentes selon la situation financière de
chacun et je peux vous assurer que nous le faisons.
Vous avez parlé - avant de revenir sur le dernier sujet - de la
téléphonie, des difficultés face à votre bureau
régional. Je pense que vous avez posé ainsi deux problèmes
importants: le problème de la régionalisation du ministère
du Revenu et toute la question de nos systèmes informatiques. Quand j'ai
parlé du plan d'humanisation, j'ai indiqué ce matin dans nos
priorités qu'il faut faire le point sur la régionalisation du
ministère pour savoir quelle sorte de régionalisation, de
décentralisation on veut faire, si on veut confier plus ou moins de
pouvoirs à ces bureaux régionaux. Il y a également l'autre
point, qui concerne la vétusté de nos systèmes
informatiques actuels.
Le ministère a choisi de s'engager fermement dans la remise
à neuf de l'ensemble de nos systèmes informatiques qui - vous
avez raison de le dire actuellement -sont très centralisés. Nous
voulons aboutir, par de nouveaux systèmes informatiques beaucoup plus
perfectionnés, à une centralisation de l'information, mais une
distribution de l'information, c'est-à-dire ce qu'on appelle un
système distribué, si ma mémoire est bonne, pour faire en
sorte que là où des gens peuvent prendre des décisions -
et cela va permettre une décentralisation des décisions - ils
auront l'assistance de l'informatique pour arriver à ces
décisions et, sur l'informatique, ils auront l'ensemble des informations
dont ils ont besoin, ce que nous n'avons pas actuellement.
Une des choses qui empêchent actuellement de donner plus de
pouvoirs aux bureaux régionaux, c'est que nous avons un système
informatique conçu en 1970 et que, maintenant, l'informatique,
évidemment, a accompli toute une révolution et nous avons
à faire des investissements majeurs, en termes d'argent, pour la
modernisation de nos systèmes informatiques. J'élargis le
problème de cette partie de la téléphonie, pour vous
laisser dire qu'à votre bureau régional, comme dans d'autres
bureaux régionaux, c'était très difficile de rejoindre des
personnes, que la ligne était occupée, qu'on ne répondait
pas, etc. Je peux vous assurer que je suis très conscient du
problème, mais ce problème m'amène à
l'élargir. Il y a toute la modernisation des systèmes
informatiques du ministère qu'il faut faire et, en même temps, la
régionalisation et la décentralisation du ministère.
Quand au dossier que vous avez soulevé concernant le
numéro d'assurance sociale, je peux vous dire, je pense, que c'est un
beau dossier parce que, dans ce cas, la date de l'avis d'opposition est le 17
juin 1981 et les instructions ont été données à
l'opposition le 8 mars 1983. Le dossier était transmis à la
cotisation pour annuler la cotisation le 8 mars 1983. Alors, du 17 juin 1981 au
8 mars 1983, cela fait - vous avez bien raison, 21 mois. Je vous ai dit qu'on
était en cours de raccourcissement des délais. Je vous ai dit
qu'on est presque rendu en moyenne à un an et demi de délai pour
traiter les oppositions.
Alors, l'exemple que vous avez donné, je pense, illustre que cela
ne prend plus cinq ans, ni quatre ans, ni trois ans. Dans le cas que vous
indiquez, cela a pris 21 mois. C'est à peu près, peut-être
à mon point de vue, neuf fois trop, je veux dire sept fois trop.
À mon avis, c'est à peu près sept fois trop ou six fois
trop. Je ne veux pas indisposer tout le monde qui m'entoure - disons six fois
trop - plus particulièrement pour le sous-ministre adjoint à la
législation, mais je peux vous dire que - je l'ai dit tantôt, je
l'ai dit ici, -il y a un an et demi à peine, en septembre 1981,
c'était encore le sous-ministre en titre qui notifiait chacun des appels
et des
oppositions.
M. Marx: Vous êtes l'homme qu'il eût fallu en 1976.
On aurait pu changer cela avant.
M. Marcoux: Vous avez raison de dire qu'il y a bien des choses
qu'on n'a pas réglées depuis 1976, il y a bien des
problèmes qu'on n'a pas réglés.
M. Blais: Les sommes à percevoir ont baissé, mais
pas complètement.
M. Marcoux: II y a une chose que...
M. Blais: Si vous me laissez la parole, vous allez...
M. Marcoux: M. le député de Mont-Royal, j'ai dit,
brièvement, ce matin...
M. Marx: D'Arcy McGee.
M. Marcoux: D'Arcy McGee.
M. Marx: Montréal, avec James Guay!
M. Marcoux: C'est vrai, c'est vrai, il est en haut.
J'ai indiqué ce matin et je vais reprendre rapidement qu'une des
premières choses que le sous-ministre en titre et le nouveau
sous-ministre adjoint ont faite dès leur arrivée au
ministère, c'est de dire que ce système n'a pas de bon sens.
C'est injuste, inéquitable et administrativement loufoque jusqu'à
un certain point, selon eux, que cela prenne quatre ans et demi ou cinq ans
pour notifier quelqu'un qui fait un avis d'opposition. Ils ont pris des
mesures, ont responsabilisé des fonctionnaires et ont
délégué des responsabilités. Malgré tout le
stockage de vieux dossiers qu'il y avait, on a réussi à passer
les nouveaux avis d'opposition. Comme les citoyens sont de plus en plus
sensibles à leurs droits face au ministère du Revenu, il y a eu
une croissance, autant à Québec qu'à Ottawa, l'an dernier,
du nombre d'avis d'opposition. Malgré cette croissance, on a
réussi à réduire les délais à peu
près à un an et demi, alors que c'était quatre ans et
demi. C'était trois fois pire avant. Je peux vous dire qu'on ne
s'arrêtera pas là. On va continuer à raccourcir ces
délais. Je suis heureux que vous ayez soulevé ce
dossier-là parce que cela confirme que ce que l'on dit autour de moi,
c'est habituellement vrai.
M. Rocheleau: Cela ne pouvait pas être plus pertinent.
M. Marcoux: En politique, il faut toujours parler avec des
nuances parce que les...
M. Blank: Dans la même veine, M. le ministre.
M. Marcoux: Je n'ai pas dit qu'il y avait des faussetés
dans ce que l'on dit autour de moi, j'ai dit que c'est habituellement vrai,
mais c'est quelquefois incomplet.
M. Blank: Parlons de la question de temps entre les transactions,
etc. J'ai ici la copie d'une lettre qui vous a été envoyée
le 20 avril 1983 par un contribuable. Je ne vais pas donner le nom. C'est en
anglais, mais je vais la traduire un peu. C'est adressé au ministre:
Cher monsieur, je veux vous dire qu'après cinq ans on m'a...
recotisé... Est-ce que vous avez une copie de la lettre? J'ai
parlé au sous-ministre associé.
M. Marcoux: Je n'ai pas une copie de la lettre, j'ai une copie de
la réponse que je suis en train de lire.
M. Blank: D'accord. Mais voici le problème ici. Le
monsieur écrit qu'après cinq ans il a reçu un avis de
cotisation pour le montant de 481 $. Il donne la raison. Le paragraphe suivant
est intéressant. Il dit que c'est très étrange que deux
gouvernements, dans le même pays, interprètent la même chose
d'une façon différente, c'est-à-dire que cela a pris cinq
ans au gouvernement avant de trouver qu'il leur devait encore 481 $. Il se
plaint de la justice, du système d'appel, etc.
Mais ce n'est pas tellement la question des cinq ans. On a parlé
de l'image qu'on a créée, du problème de la fuite des
capitaux et de choses du genre. Ici, c'est un monsieur que je connais
très bien de nom, mais je ne le connais pas personnellement. Il a
déjà vécu à Montréal et il a gardé
une industrie au Québec employant de 600 à 700 personnes. Il a
été transféré en Ontario. C'est un homme de haut
niveau qui se trouve au centre des décisions. Avec l'image qu'on a
créée à cet homme, que pensez-vous, s'il avait encore le
choix, qu'il arriverait? C'est cela le problème. Ce n'est pas seulement,
comme vous le dites en anglais, "Justice not only must be done but must seem to
be done." C'est l'image qu'on crée quelquefois avec des
décisions. J'ai toujours pensé qu'au moins le
fédéral et le provincial avaient la même
interprétation, parce que nous on copie nos lois mot à mot,
presque 100% du temps, sur les lois fédérales. On arrive
cependant avec des interprétations différentes. C'est se
créer des problèmes. Je ne dis pas que vous n'avez pas raison,
mais je pense que, quand le fédéral décide d'une
interprétation, normalement l'un suit l'autre. Ce n'est pas dans
plusieurs cas qu'on retrouve une grande différence entre des
interprétations. Mais il ne doit y avoir
aucune différence d'interprétation, ce sont les
mêmes mots dans les deux lois.
M. Marcoux: En fait, dans la grande majorité des cas, les
décisions prises au niveau des oppositions par le fédéral
concordent avec les décisions que nous prenons. Il peut arriver qu'on ne
prenne pas la même décision, soit parce qu'il y a des
éléments de notre loi qui sont différents, soit parce que
le fédéral, n'étant pas parfait non plus, peut se tromper.
Je pense que même si vous adorez le fédéral comme un veau
d'or, vous pouvez admettre que Revenu Canada peut aussi se tromper. Il n'y a
pas seulement Revenu Québec qui peut se tromper. (17 heures)
M. Blank: Quand...
M. Marcoux: Ce n'est pas toujours au désavantage du
citoyen par rapport à Revenu Canada, les décisions qu'on prend au
Québec. Parfois, il y a des décisions que prend Revenu
Québec qui sont davantage à l'avantage du citoyen que celles du
fédéral.
M. Marx: Mais, quand même, on évite deux
interprétations différentes d'une même loi en ayant une
commission d'appel pour les deux lois, dans certains domaines, dans le domaine
de l'agriculture, par exemple.
M. Marcoux: Ah! Si le fédéral veut nous
céder son pouvoir d'administrer les oppositions faites en vertu de la
Loi de l'impôt sur le revenu du fédéral, on est d'accord
pour le prendre.
M. Marx: Non, non, mais c'est ce que je voulais vous dire, c'est
que si vous voulez...
M. Marcoux: Est-ce une suggestion que vous faites?
M. Marx: Non, je ne fais pas de suggestion.
M. Marcoux: Au nom du gouvernement, je peux vous dire qu'on
l'accepterait. D'accord?
M. Marx: La suggestion que je pourrais vous faire...
M. Blank: Au contraire.
Le Président (M. Paré): Un à la fois, s'il
vous plaît.
M. Marx: ...c'est de déléguer les pouvoirs d'appel
aux Québécois qui s'occupent de cette affaire au niveau
fédéral, de provincialiser les fonctionnaires
fédéraux pour les fins de la Loi sur les impôts du
Québec.
M. Marcoux: Vous vous êtes trompé de
côté. Vous êtes pas mal d'accord avec nous.
M. Marx: Non, non, d'accord. M. Marcoux: Si c'est...
M. Marx: C'est de déléguer ces pouvoirs aux
fonctionnaires fédéraux qui s'occupent de cela maintenant. Donc,
ils vont travailler pour deux gouvernements. On va avoir une seule
interprétation.
M. Marcoux: J'ai déjà répondu aux
commentaires.
M. Blank: Je pense que le député de
Louis-Hébert...
Le Président (M. Paré): Un instant! M. le
député de Bellechasse avait demandé la parole avant.
M. Doyon: Excusez-moi.
M. Lachance: Je vous remercie, M. le Président, de me
donner la parole, mais j'ai l'impression qu'on va prendre une voie...
M. Marcoux: Je voudrais peut-être poser une question au
député de D'Arcy McGee. Voudriez-vous insinuer que les
fonctionnaires du Québec sont incompétents pour administrer ce
système?
M. Marx: Non, mais, au lieu d'établir une autre
commission, de déléguer ces pouvoirs en matière d'appel
aux fonctionnaires fédéraux qui font déjà le
travail, cela s'est fait dans beaucoup de domaines, cela se fait dans beaucoup
de domaines où il y a, par exemple...
M. Marcoux: Si cela se fait dans beaucoup de domaines, on
pourrait inverser les rôles pour une fois et que le fédéral
nous confie cette responsabilité.
M. Marx: Bon! C'est dans beaucoup de domaines...
M. Blank: ...
M. Marx: ...cela aussi où le fédéral a
délégué des pouvoirs, par exemple, aux juges
municipaux.
M. Marcoux: Je vous préviens. Vous n'étiez pas
là ce matin, mais votre collègue d'à côté, le
député de Hull, a trouvé déplacé - on a eu
un débat ce matin sur ces questions globales - le débat qu'on
avait amorcé, qui était plus global, quand même.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Bellechasse.
M. Lachance: Merci, M. le Président. Je n'ai pas
l'intention d'être très long sur la discussion globale, mais je ne
puis faire autrement que d'y faire allusion, parce que ce que j'ai entendu ce
matin m'a, je ne dirais pas "étonné", mais, évidemment, je
ne suis pas d'accord avec certains propos, en particulier ceux du
député de Hull et d'autres de ses collègues. Mais, pour
reprendre dans le même sens que ce que vient d'indiquer le
député de D'Arcy McGee, c'est effectivement ce que notre
formation politique prône, d'avoir un palier décisionnel avec un
rapport d'impôt à faire qui ne serait pas, évidemment,
à Ottawa, mais au Québec. Cela réglerait bien des
problèmes.
Ce matin, j'ai entendu le député de Hull dire, par
exemple, parlant de la souveraineté du Québec, que c'était
réglé depuis le référendum de mai 1980. C'est un
langage qu'on entend assez souvent de la part des rouges qui sont à
Ottawa et quelquefois aussi de la part des libéraux du Québec. Je
pense que si on croit que le problème est réglé ou
terminé, on se trompe royalement. C'est le cas de le dire. On n'a jamais
caché de ce côté-ci que l'article premier de notre
programme était la souveraineté du Québec. Cela a l'air de
vous agacer ou de vous fatiguer qu'on en parle de plus en plus depuis quelque
temps.
M. Marx: On vous encourage.
M. Lachance: Je voudrais dire au député de Hull,
qui a aussi parlé de machines à voter, que la différence
qu'il y a entre le rôle d'un député de l'Opposition et le
rôle d'un député ministériel, qui n'est pas
ministre, mais qui peut être ce qu'on appelle parfois un
député d'arrière-ban, c'est que le député de
l'Opposition a l'occasion de se péter les bretelles, de gueuler, de
donner des coups de poing et parfois de se faire mal en frappant sur le bureau,
mais le député ministériel, lui, par contre, à mon
avis, a plus de chances d'être efficace, parce qu'il n'a pas besoin de
faire de "show" pour être capable d'obtenir certaines réponses.
Fondamentalement, l'efficacité peut se retrouver, même si on
n'agit pas de la même façon. Je peux vous dire que, lorsque
l'actuel ministre du Revenu a été nommé à ce poste
- il pourra le confirmer - les premiers députés
ministériels à l'accrocher pour lui faire part des
problèmes qu'on avait - il ne faut pas le nier, il y en a - avec le
ministère du Revenu, je pense que j'ai été l'un de
ceux-là et je n'y suis pas allé non plus avec le dos de la
cuillère. Cela n'a pas paru dans les journaux, cela n'a pas
été non plus devant les caméras de
télévision mais, avec le travail d'autres collègues du
Parti québécois et aussi celui du ministre
délégué aux Relations avec les citoyens, c'est en train de
se traduire de façon concrète par des améliorations.
Je pense que ce qu'on doit viser, c'est l'efficacité et, à
ce moment-là, nous aussi nous avons à travailler dans
l'intérêt de nos commettants qui nous font part de certains
problèmes avec le ministère du Revenu ou avec d'autres
éléments de l'appareil bureaucratique gouvernemental.
Le député de Hull a aussi parlé d'un certain
sondage mais je n'insisterai pas là-dessus. Si j'étais à
votre place, je serais extrêmement méfiant. Il est
extrêmement dangeureux de se penser au pouvoir à deux ou trois ans
de la prochaine échéance électorale. Vous n'étiez
pas là et moi non plus en 1980, avant les élections de 1981. Il
semble que vos collègues qui étaient là à ce
moment-là voyaient déjà le pouvoir et ils se sont
retrouvés...
M. Blank: On pourrait ne pas vous revoir à
l'Assemblée nationale en 1985.
M. Lachance: ...dans une situation assez surprenante le 13 avril
1981. D'autant plus que les années se terminant par un 6 ont
été assez néfastes au Parti libéral du
Québec depuis 50 ans au Québec. Si on se base sur le calcul des
probabilités, 1986 ne serait pas une bonne année pour le Parti
libéral du Québec. Regardez depuis 1936 ce qui s'est
passé. Taschereau a été battu, son gouvernement
était au pouvoir depuis 40 ans. En 1946, Duplessis est revenu; en 1956
il était toujours là. En 1966, les libéraux, avec M.
Lesage, ont été battus. En 1976, le Parti québécois
a pris le pouvoir.
M. Blais: On va faire des élections en 1986.
M. Lachance: On va faire des élections en 1986 et il n'y
aura pas de problème. Ne criez pas victoire trop vite, M. le
député de Hull.
M. Rocheleau: On va en faire au mois de juin.
M. Lachance: On verra bien. Ceci étant dit, j'aimerais
peut-être orienter la discussion sur quelque chose de plus précis.
Je voudrais m'informer - c'est une question qui me préoccupe - de la
sécurité, de la protection des données qui existent au
ministère du Revenu. Je n'ai pas l'intention de demander des
renseignements confidentiels, mais, ayant déjà
étudié dans le domaine de l'archivistique, je m'imagine la masse,
les tonnes de documents qui sont accumulés depuis des années au
ministère du Revenu. Je me demande ce qu'on fait avec cela. Est-ce qu'on
s'assure qu'il y a une protection contre tout danger d'incendie ou de
détérioration quelconque? Est-ce qu'il y a, par exemple, un
nombre d'années après les-
quelles on décide de se départir de ces
documents-là? Cela peut être 10 ans, 15 ans, 20 ans, je l'ignore.
Y-a-t-il une protection des documents et des données sur ruban
magnétique pour fins d'ordinateur? C'est ma première question.
J'en aurais une autre avant de terminer...
M. Marcoux: Formulez-la donc tout de suite.
M. Lachance: L'autre question serait pour préciser les
modalités d'acceptation de la part du ministère du Revenu de
Québec en ce qui concerne les organismes à but non lucratif qui
désirent être habilités à émettre des
reçus, ce qu'on appelle des reçus pour fins d'impôt, des
reçus de charité. Est-ce que les critères qui existent
sont souples ou très rigides? Est-ce que ces critères sont en
conformité avec les exigences fédérales? Il y a toujours
le problème d'harmonisation entre les deux paliers de gouvernement.
M. Marcoux: D'abord, c'est vrai, je peux confirmer que le
député de Bellechasse s'est empressé de m'indiquer toutes
les remarques qu'il avait à faire au ministère du Revenu
dès que j'ai été nommé ministre du Revenu. Je peux
dire que je ne partageais pas tous ses commentaires. Je lui ai dit les points
sur lesquels j'étais d'accord et les points sur lesquels j'étais
en désaccord. Je pense que les faits démontrent, depuis quelques
mois, et le démontreront davantage, au cours des années qui
viennent, qu'on tient compte de ses commentaires ou de ses critiques face au
ministère du Revenu ainsi que de celles des autres députés
de l'Assemblée nationale, pour nous améliorer.
Quant à la sécurité des données, vous
comprendrez que c'est un des points sur lesquels le ministère agit le
plus pour la conservation des banques de données et la
sécurité des bandes informatiques etc., mais vous comprendrez que
je ne donne pas davantage de détails puisque ces informations sont
évidemment confidentielles puisqu'elles pourraient être
utilisées contre le ministère du Revenu si elles étaient
rendues publiques.
Quant aux modalités d'acceptation des organismes à but
lucratif...
M. Blank: Avant d'en arriver là, j'aurais une question sur
le même sujet...
M. Marcoux: Oui.
M. Blank: Vous avez créé un fichier en 1983 qui
s'appelle: Compensation des comptes à recevoir du ministre de
l'Éducation du Québec.
M. Marcoux: Compensation des...
M. Blank: ...des comptes à recevoir du ministre de
l'Éducation du Québec. M. Marcoux: Oui, oui.
M. Blank: Le ministre du Revenu de l'an dernier, M.
Fréchette, a dit que le ministre n'interviendrait pas là-dedans.
Est-ce que vous avez la même intention cette année?
M. Marcoux: Disons que c'est la première année,
cette année, où nous recouvrerons pour ceux qui ont encore des
dettes de prêt...
M. Blank: Oui, oui.
M. Marcoux: ...au ministère de l'Éducation que nous
recouvrerons les montants qui nous sont dus à même les
remboursements redevables à certains citoyens qui doivent de l'argent au
ministère de l'Éducation, pour les anciens étudiants qui
ont eu des prêts et qui ne remboursent pas leurs institutions
financières au ministère de l'Éducation. Les seules
informations qui nous sont transmises, exactement comme dans le cas du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu,
c'est la liste des ex-étudiants, ex-détenteurs de prêts,
qui ont une dette envers le ministère de l'Éducation avec
évidemment, le nom, le numéro d'assurance sociale et le montant
qui est dû. Si nous avons des remboursements à faire à ces
individus, nous en déduisons les montants qu'ils doivent au
ministère de l'Éducation. C'est la première
année...
M. Blank: Est-ce qu'il y a transmission d'informations de votre
ministère au ministre de l'Éducation?
M. Marcoux: Aucunement. M. Blank: Aucunement?
M. Marcoux: Aucunement. Par la suite évidemment, nous
informons le ministère de l'Éducation des sommes que nous avons
recouvrées de cette façon. Nous procédons dans ce dossier
de la même façon que nous procédons dans le cas des
ex-bénéficiaires de l'aide sociale qui ont des dettes envers le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du Revenu
maintenant, de la même façon.
M. Blank: Est-ce qu'il y a...
M. Marcoux: L'information est à sens unique.
M. Blank: À sens unique? M. Marcoux: Oui,
sauf...
M. Blank: II n'y a pas d'information...
M. Marcoux: ...pour l'information des montants
recouvrés.
M. Blank: C'est cela, d'accord.
M. Marcoux: Quant à la modalité d'acceptation des
organismes sans but lucratif, on administre cette partie de la loi sur le
Revenu exactement comme le gouvernement fédéral. Les organismes
qui sont reconnus sans but lucratif ou organismes de charité par le
gouvernement fédéral, nous les reconnaissons. Il peut arriver que
nous en reconnaissions certains qui nous en font la demande et qui ne la font
pas au gouvernement fédéral; alors, il peut arriver qu'il y en
ait un peu plus, mais il n'y a jamais eu de problème de ce
côté. En fait, l'organisme doit être reconnu à but
non lucratif et le donneur ne doit pas recevoir une indemnité en regard
de son don. L'organisme doit avoir une permanence ou exister. C'est surtout la
reconnaissance par le gouvernement fédéral qui est la
règle. En fait, dès qu'un organisme est reconnu par le
fédéral, c'est automatique pour nous et il peut arriver que des
organismes le demandent en plus et même s'ils ne l'ont pas demandé
au fédéral, on les reconnaît.
Le Président (M. Paré): M. le député
de D'Arcy McGee.
M. Marx: M. le ministre... M. Marcoux: Oui.
M. Marx: ...je vous ai écrit le 8 décembre 1982 en
ce qui concerne...
M. Marcoux: ...je vous ai répondu...
M. Marx: ...l'acceptation des reçus émis par des
synagogues, étant donné que je n'ai pas reçu de
réponse avant le 8 février, je vous ai écrit une autre
fois et, finalement, j'ai eu une réponse le 2 mars 1983. Je ne sais pas
si trois mois, c'est vite ou lent pour le cabinet du ministre, mais...
M. Marcoux: ...C'est lent.
M. Marx: ...si vous faites des améliorations dans votre
ministère, peut-être que ce serait une bonne idée de
commencer par le cabinet du ministre et d'essayer de répondre aux
lettres un peu plus vite, au moins aux députés. Nous avons un
numéro spécial pour rejoindre le ministère et il faut
quelques minutes, mais par lettre, il faut, comme je vous l'ai signalé,
trois mois. J'ai porté à votre attention le fait que votre
ministère n'acceptait pas, pour fins de déduction d'impôt,
des reçus émis par les synagogues et qui comportent la notation
que les fonds étaient donnés pour réserver un siège
à la synagogue et ainsi de suite. (17 h 15)
Je n'ai pas... Vous m'avez écrit, je peux vous lire toute la
lettre; cela va prendre une minute et je cite cette lettre du 8 février:
"Votre ministère ne semble plus accepter, pour fins de déduction
d'impôt, des reçus émis par les synagogues et qui
comportent la notation que les fonds ont été donnés pour
réserver un siège à la synagogue. "Je comprends qu'un don
de charité doit être un transfert de biens volontairement consenti
et sans contrepartie d'aucune sorte. Vous êtes sans doute au courant
qu'il est interdit aux pratiquants de religion juive de faire des transactions
monétaires le jour du sabbat et aussi lors des fêtes juives. C'est
pourquoi la pratique veut qu'il réserve des sièges ces
jours-là tout en faisant une donation à la synagogue. "Cette
pratique a son pendant dans la religion catholique avec la collecte pendant la
messe. Aussi, les chrétiens font dire des messes en donnant à
l'église des sommes d'argent. Peut-on prétendre qu'il s'agit
là d'un transfert de fonds avec contrepartie? Dans les deux cas, il me
semble que ces dons sont sans contrepartie aucune. Je trouve difficile
d'accepter toute autre interprétation. Il est courant que les
institutions religieuses émettent des reçus pour des services
rendus, que ce soit pour faire dire des messes, réserver des
sièges ou pour d'autres services qui n'en sont pas en
réalité. Le fait de mentionner ou non sur un reçu qu'un
service a été rendu importe peu. "De plus, pendant des
années, votre ministère a accepté ces reçus sans
créer de problème. Pourquoi alors ce virage soudain dans
l'interprétation de l'expression "don de charité"? Je vous serais
très reconnaissant de bien vouloir réétablir cette
situation et j'apprécierais également recevoir les directives
administratives de votre ministère concernant ce sujet." Et ainsi de
suite.
M. Marcoux: Ce que je peux dire concernant ce dossier, c'est que
nous vous avons donné raison à tous les membres de la
communauté juive qui nous avaient fait part du problème et nous
reconnaissons, maintenant, que cette déduction pour contribution par les
citoyens juifs à une synagogue comme membres est acceptée et ceux
auxquels nous avions fait des cotisations en refusant ces déductions
seront cotisés de nouveau en acceptant la cotisation.
M. Marx: Ceux qui sont membres, ceux qui ont fait une donation
pour réserver un siège?
M. Marcoux: C'est la même situation.
M. Marx: Je suis très content d'apprendre que le ministre
a un esprit ouvert parce que, dans sa lettre du 2 mars, il m'a dit que la
décision était finale et je suis heureux d'apprendre qu'il n'y a
rien de final.
M. Marcoux: Non, à ma souvenance -parce que je veux
être très clair - le dossier sur lequel vous m'aviez écrit
portait sur une autre question. C'était la question touchant les frais
de scolarité.
M. Marx: Non, non. Je ne vous ai pas écrit sur cela.
M. Marcoux: Vous m'avez écrit parce que je vous ai
répondu...
M. Marx: Cela s'en vient, cela s'en vient dans...
M. Marcoux: Non, non, non. Sur la question des frais de
scolarité, je vous ai répondu. J'ai le dossier "Assemblée
nationale". J'attends la question depuis le début de la session et elle
vient aujourd'hui. Vous m'avez écrit concernant la question des frais de
scolarité. Et nous refusons les frais de scolarité comme dons de
charité, parce qu'il y a une contrepartie. Il y a un service. C'est
différent.
M. Marx: Mais ce n'est pas la question que j'ai posée.
M. Marcoux: Non, alors sur la question...
M. Marx: Ne répondez pas aux questions que je n'ai pas
encore posées.
M. Marcoux: Non, vous m'avez écrit à ce sujet parce
que je vous ai envoyé - vous fouillerez dans votre courrier - une
réponse qui était la même que mon
prédécesseur, M. Fréchette, vous avait fait parvenir
quelques mois auparavant et vous indiquait que le ministère refusait
d'accepter cela comme don de charité...
M. Marx: Je ne veux pas vous interrompre, mais si je lis la
lettre que vous m'avez écrite le 2 mars et si j'ai raison, est-ce que
vous allez tenir vos propos qu'on va encore permettre ces déductions?
Oui? D'accord? Il n'y a pas de changement. Je vais vous lire votre lettre.
M. Marcoux: Par rapport aux questions dont vous parlez?
M. Marx: C'est cela.
M. Marcoux: L'achat ou la réservation d'un banc.
M. Marx: C'est cela.
M. Marcoux: Pour ce qui est des dons qui sont faits pour
être membres ou comme membres de la synagogue, je peux vous assurer... Il
y a eu une erreur au ministère.
M. Marx: C'est cela.
M. Marcoux: Nous allons changer les cotisations, nous allons
refaire les cotisations. Ceci, je vais être bien clair pour éviter
qu'on interprète mal dans les médias le sujet qui est
abordé. Ceci est une question différente des frais de
scolarité.
M. Marx: Oui, mais, M. le ministre, je m'excuse. Voici votre
lettre du 2 mars. D'accord? Elle m'est adressée personnellement: "M. le
député, j'accuse réception de vos lettres du 8
décembre 1982 et 8 courant concernant le refus du ministère
d'accorder une déduction pour dons de charité à
l'égard des sommes versées...
M. Marcoux: Continuez.
M. Marx: ...à des fins religieuses." Je n'ai pas
parlé de cela dans mes lettres! Ah! Ah!
M. Marcoux: C'est parce que vous nous écriviez...
M. Marx: Je n'ai pas parlé de cela dans mes lettres!
M. Marcoux: Ah bon! C'est parce qu'on a eu plusieurs
représentations...
M. Marx: Vous avez répondu à une lettre que je n'ai
pas écrite.
M. Marcoux: Non, mais il y a une chose... En tout cas, je vais la
relire...
M. Marx: D'accord. Lisez-la.
M. Marcoux: ...parce que aviez lu vous-même la lettre que
vous pensiez être sur un autre sujet.
M. Marx: Non, parce que c'est...
M. Marcoux: À ma souvenance, vous m'avez écrit,
comme d'autres représentants de la communauté juive, concernant
le refus du ministère d'accepter comme dons de charité le
paiement qui est fait et dont la contrepartie est l'enseignement religieux que
donne la communauté juive.
M. Marx: Mais je suis prêt à parier ce que je dois
au ministère en ce qui concerne les lettres que j'ai écrites.
M. Marcoux: D'accord. On va parier.
M. Blank: On n'a pas le droit de faire des paris.
M. Marx: Oui, on n'a pas...
M. Marcoux: Je suis prêt à parier que je vous ai
répondu concernant les dons de charité à titre de frais
d'enseignement religieux.
M. Marx: Je n'ai pas écrit à ce sujet. Voilà
l'incompétence des cabinets, que cela sorte sur un autre dossier.
M. Marcoux: C'est terrible! C'est terrible!
M. Marx: Maintenant que vous avez... Mais en ce qui concerne
les...
M. Marcoux: Quand on parle de la question du "membership"...
M. Marx: Oui, le "membership" et tout cela.
M. Marcoux: ...le montant qui est donné pour siège
à la synagogue sera considéré comme le "membership" et
sera accepté.
M. Marx: Mais cette semaine encore, j'ai eu des appels disant que
ce n'était pas alloué.
M. Marcoux: C'est possible. Je veux dire qu'au niveau... On va
émettre un bulletin d'interprétation. La décision a
été prise le 27 avril. La décision sera transmise à
la direction générale des opérations et je suis convaincu
que le sous-ministre aux opérations agira très rapidement.
M. Marx: Quand la décision a-t-elle été
prise?
M. Marcoux: Le 27 avril.
M. Marx: Le 27 avril. Je vais vous...
M. Marcoux: Pour ne pas se chicaner sur les détails, la
décision concernant le problème soulevé est prise.
M. Marx: Oui, mais j'aimerais vous souligner, M. le ministre, que
vous avez répondu à mes lettres des 8 décembre 1982 et 8
février 1983 qui portent sur les reçus concernant les synagogues.
Vous avez même attaché à votre lettre votre directive
interne d'interprétation, la directive no IMP710-2 qui touche le sujet
des synagogues. Donc, quand j'ai vu votre lettre, j'ai tenu pour acquis que
c'était sur les synagogues.
M. Marcoux: D'accord. La directive concernant les synagogues
était silencieuse par rapport au "membership". Elle touchait les frais
de scolarité.
M. Marx: C'est cela, mais vous avez répondu aux lettres
qui...
M. Marcoux: Bon! La situation est clarifiée aujourd'hui
à l'avantage des deux parties.
M. Marx: Oui, c'est cela, mais je veux que ce soit clair que ce
n'est pas moi qui ai fait l'erreur. C'est votre cabinet.
M. Marcoux: Je vais relire mon dossier.
M. Marx: C'est cela. Un instantl Je n'ai pas terminé.
M. Marcoux: ...la demande et... la réponse. En tout cas,
l'important, c'est que le problème soit réglé.
M. Marx: Bon! Donc, allez-vous automatiquement recotiser tous
ceux pour qui vous n'avez pas alloué ces déductions,
c'est-à-dire, est-ce que ce serait à tout le monde
d'écrire au ministère ou si le ministère va faire
le...
M. Marcoux: On risque d'en oublier de cette façon. La
prudence voudrait que ces citoyens demandent de faire vérifier leurs
cotisations. À ce moment-là, ils n'ont pas besoin d'aller
à l'Opposition. C'est simplement une demande de correction de sa
cotisation.
M. Marx: Oui, d'accord. Mais le changement
d'interprétation, c'était le 25 avril.
Une voix: Le 27.
M. Marx: Le 27 avril. Je voulais dire, sur cette question, que
tout ce qu'on a reçu, c'est un bulletin d'interprétation.
C'était une conclusion et non pas un raisonnement. En ce qui concerne le
problème que M. Blank a soulevé...
M. Marcoux: S'il fallait écrire les raisonnements dans les
bulletins d'interprétation, ils auraient plusieurs pages.
M. Marx: Non, je ne m'attends pas que ce soit dans les bulletins
d'interprétation, mais je m'attends que ce soit dans les lettres du
ministre. M. Blank a soulevé le problème de deux
interprétations différentes d'une même disposition. Il y a
beaucoup de dispositions similaires ou identiques dans les lois
fédérales et provinciales. Le ministre a-t-il jamais pensé
à accepter comme
jurisprudence, par exemple, les décisions de la commission
d'appel fédérale qui se trouvent dans des "Dominion tax cases" ou
d'autres rapports? En fait, il s'agit d'accepter comme jurisprudence des
décisions d'une autre commission, ce qui se fait couramment, par
exemple, par le fédéral qui va accepter la décision d'une
Cour d'appel en Nouvelle-Zélande qui a interprété un
article de la loi sur l'impôt du pays qui est comparable ou similaire
à une disposition au Canada.
M. Marcoux: Ce que je peux vous assurer, c'est qu'on s'inspire fortement
de ces décisions. Je ne pourrais pas vous dire qu'on pourrait prendre la
décision d'être lié par la commission d'appel sur des
dossiers du Revenu fédéral. Cela ne joue pas toujours contre les
citoyens du Québec. Je vais vous donner un exemple en ce qui concerne,
par exemple, le dossier de ITT-Rayonier où, ITT-Rayonier en fermant ses
portes, a offert de racheter l'hypothèque sur les maisons de ses
employés et le fédéral considérait, selon sa loi,
son interprétation, que c'était imposable, ce qui aurait
été considérable. Selon notre interprétation, ce
n'était pas un bénéfice à l'employé, donc ce
n'était pas imposable. Ce n'est pas vrai de dire que parce qu'il y a des
différences d'interprétation des lois fiscales
fédérales et provinciales, de façon générale
ou absolue, cela joue contre le citoyen du Québec.
On peut citer plusieurs cas. Je peux vous assurer qu'on tient compte -
on a cette information - de l'interprétation que le gouvernement
fédéral donne de sa Loi de l'impôt sur le revenu.
M. Marx: Sur les écoles, maintenant que j'ai cette
question, je vais vous donner l'occasion de reprendre votre réponse.
Vous savez qu'au fédéral, on accepte les reçus en ce qui
concerne l'instruction religieuse, d'accord?
M. Marcoux: Oui.
M. Marx: Au provincial, on ne l'accepte pas.
M. Marcoux: C'est cela. On considère que c'est une erreur
d'interprétation...
M. Marx: Depuis 20 ans. M. Marcoux: ...du
fédéral.
M. Marx: Votre ministère a toujours accepté cela.
Pourquoi un jour arrive-t-on avec cela? Une interprétation de plus qui
est rétroactive au 1er janvier. C'est injuste aussi, mais on ne va pas
parler de cela.
M. Marcoux: Je sais que nous aussi, on l'a accepté, mais
on l'a accepté par erreur. M. Marx: Avez-vous...
M. Marcoux: Pour un don de charité, la loi est très
claire. Pour qu'un montant soit considéré comme un don de
charité, il doit être donné sans contrepartie. Là,
il y a une contrepartie, il y a un service. Dans ce sens, ce n'est pas un don,
c'est un paiement, la contrepartie étant l'enseignement religieux,
à ce moment. Si on applique ce raisonnement, il faudrait, par exemple,
dans les écoles privées du Québec où se donne de
l'enseignement religieux, où les parents contribuent, que la proportion
du paiement de scolarité qui est relative à l'enseignement
religieux soit un don de charité et non un paiement contre service.
M. Marx: Si on ne demande pas une déduction d'impôt
en ce qui concerne l'instruction séculière, parce qu'il peut y
avoir une école où on donne l'instruction religieuse et
l'instruction séculière...
M. Marcoux: J'ai très bien compris. C'est simplement pour
l'enseignement religieux, je le sais.
M. Marx: D'accord, mais l'enseignement religieux c'est
plutôt la religion que l'enseignement. Je sais qu'il y a une ligne
à tracer. Pourquoi conclure tout de suite que l'enseignement n'est pas
la religion?
M. Marcoux: Je peux vous assurer que ce que nous refusons comme
déduction d'impôt, ce n'est pas la question de l'enseignement
religieux par rapport à l'enseignement séculier. Pour les autres
enseignements, concernant le principe du don de charité, il n'y a pas de
contrepartie ou de service en conséquence.
M. Marx: J'aimerais vous poser deux ou trois questions sur ce
point. Qu'est-ce que c'est, un don de charité? Par exemple, supposons
que quelqu'un va mettre une vitrine dans une église et en bas il va y
avoir une plaque: Don de M. Marcoux. Est-ce qu'il y a contrepartie, le nom sera
là? Est-ce qu'il reçoit quelque chose?
M. Marcoux: C'est un don de charité. Mon sens commun,
c'est de dire que c'est un don de charité.
M. Marx: II reçoit quelque chose en contrepartie. Parce
que votre fonctionnaire vous dit que ce n'est pas... C'est une conclusion. Je
peux dire, par fiat ministériel, n'importe quoi. Il n'y a pas de
raisonnement, il n'y a pas de...
M. Marcoux: II faut se souvenir qu'en
termes de don, ce sont vraiment des cours relatifs à
l'enseignement religieux et que les montants demandés comme
déduction oscillaient aux environs de 1500 $, 1800 $ par citoyen.
C'était vraiment un paiement en contrepartie. Ce n'était pas un
don pour être membre d'une communauté. Les citoyens de la
communauté juive prétendaient que c'était un don de
charité, mais c'était vraiment un paiement pour un service qui
était donné, soit l'enseignement religieux. Si on agrandit cela,
c'est une notion beaucoup trop large.
M. Marx: Oui, mais... Prenons d'autres exemples. Supposons que M.
Untel donne 2 000 000 $ à l'Université Laval pour la construction
d'un pavillon qui va porter son nom. Le monsieur aura quelque chose en
contrepartie, son nom sera là. Quel est...
M. Marcoux: Ce n'est pas un service qu'il a en contrepartie.
M. Marx: II n'a pas un service, mais... Qu'est-ce qui fait
que...
M. Marcoux: ...vous arrive là.
M. Marx: Qu'est-ce qui fait que c'est qualifié par vous
comme l'enseignement et non comme la religion? Quelle est la différence
entre cela et quelqu'un qui va acheter un siège dans une synagogue pour
écouter des sermons du ministre du culte, du rabbin? Quelle est la
différence entre un tel enseignement du ministre du culte et
l'enseignement d'un rabbin qui enseigne la Bible aux enfants? Quelle est la
différence?
M. Marcoux: II y a une inscription à un cours, avec
paiement.
M. Marx: Quelle est la différence entre le rabbin qui est
devant et qui fait un sermon...
M. Marcoux: C'est parce qu'il y a une contrepartie.
M. Marx: ...et celui qui enseigne aux enfants qui vont dans un
cours...
M. Marcoux: II y a une contrepartie qui est donnée
seulement à ceux qui bénéficient du service.
M. Marx: Les gens qui assistent à un sermon
bénéficient d'un service, aussi.
M. Marcoux: Non, quelqu'un peut ne pas aller à un service
religieux et faire un don à sa synagogue, comme un autre peut donner
à l'église catholique ou à l'église
protestante.
M. Marx: Quelqu'un peut donner... Supposons que quelqu'un fait un
don à une école qui enseigne la religion seulement, c'est un don
à une institution religieuse qui sert à promouvoir la religion.
Je ne vois pas la différence.
M. Marcoux: Si c'est un don sans contrepartie, sans service, il
va être accepté comme don.
M. Marx: C'est cela, ma question. Où est la
différence entre un sermon dans une synagogue par un rabbin aux gens qui
sont là et un sermon dans une classe d'étudiants? L'enseignement
est le même. C'est de la religion; l'enseignement, c'est la religion
parce qu'il faut...
M. Marcoux: Même si cela n'est pas nécessairement un
contrat écrit entre deux parties, l'interprétation qu'on donne
à cela, c'est comme s'il y avait un contrat, qu'il soit écrit ou
non, entre une institution et une personne. Il y a une inscription à un
cours d'enseignement religieux. À ce moment-là, il y a un
paiement qui est fait pour ce cours-là.
M. Marx: Je vois que... Pour conclure, parce que je vois que le
ministre ne me donnera pas raison cet après-midi, peut-être
qu'après réflexion il sera prêt à revoir le dossier
et non pas à me donner raison, mais à donner la même
interprétation qu'au niveau fédéral. En vertu de la loi
fédérale, l'interprétation donnée par le
fédéral est qu'on accepte de tels...
M. Marcoux: Une chose que je dois dire à l'avantage du
ministère, c'est que dans ceci, comme il arrive qu'il peut y avoir des
erreurs d'interprétation au ministère, on n'a pas
procédé, on n'a pas fait de rétroactivité de cette
mesure...
M. Marx: C'est rétroactif, parce que cela a
été annoncé...
M. Marcoux: Non, non, il y a eu de l'information donnée
à toutes les communautés visées.
M. Marx: Quand cette information a-t-elle été
donnée?
M. Marcoux: On me dit que c'est en 1980.
M. Marx: Mais est-ce que le ministre ou quelqu'un de votre
ministère a fait une étude sur cette question? Est-ce qu'un jour
quelqu'un a dit: Ah! on s'est trompé d'interprétation depuis 20
ans; maintenant, on va changer l'interprétation. Est-ce qu'on a fait une
étude quelque part? Normalement, on fait des études...
M. Marcoux: Le sous-ministre à la législation va
compléter.
Il y a eu de longues études, de longues discussions et de
multiples rencontres avec le président du congrès juif et les
gens qui collaborent avec lui. On a eu au moins quatre ou cinq rencontres sur
ce sujet. À chaque argument qu'on nous apportait, on refaisait nos
études. Mais c'est du droit finalement. Un don, tout le monde sait ce
que c'est. S'il y avait contrepartie, c'est un contrat en fin de compte qui
intervenait dans ce cas et on payait en contrepartie de l'enseignement. Alors,
nous avons dit: Si vous donnez inconditionnellement, bien sûr que cela va
devenir un don. On a même fourni au Congrès juif canadien le moyen
d'éviter que cela lui soit refusé comme déduction en
créant une fondation...
M. Marx: Donc, vous voulez dire que...
M. Marcoux: ...où il y aurait eu don véritable sans
attente d'une contrepartie.
M. Marx: Donc, les parents peuvent donner l'argent à une
fondation...
M. Marcoux: Oui.
M. Marx: ...qui va subventionner l'école religieuse.
M. Marcoux: II n'y a aucun problème, c'est légal.
Les cours de justice, comme vous le savez, ont toujours reconnu aux citoyens le
droit d'organiser leurs affaires pour éviter d'entrer dans le cadre de
la loi.
M. Marx: Mais n'admettez-vous pas, M. le sous-ministre, que c'est
une - comment dirais-je - fiction légale. Qu'est-ce que cela va
donner?
M. Marcoux: Mais c'est ce que je vous explique. Les tribunaux ont
toujours reconnu qu'un contribuable peut organiser ses affaires pour ne pas
tomber dans le cadre d'une imposition ou pour tomber dans le cadre d'une
exemption. Si le contribuable veut le faire, c'est son droit. S'il le fait, on
lui reconnaît ce droit. S'il ne le fait pas, il ne peut pas nous demander
de reconnaître le droit qu'il aurait eu s'il l'avait fait.
Voilà.
M. Marx: Le juge en chef Laskin a déjà parlé
des distinctions sans différence, mais je conviens qu'il y a une
différence. La différence ici, c'est la fiction légale
qu'on ne donne pas directement, qu'on donne d'une façon indirecte.
M. Marcoux: C'est peut-être la différence entre les
conventions également. S'il y avait eu d'autres...
M. Marx: Non, mais je comprends la distinction qui est
très juridique et qui se tient sur le plan juridique sans doute. Est-ce
que le ministre peut déposer toutes ces études? Cela me
permettrait vraiment de comprendre davantage le problème si je pouvais
avoir accès à toutes ces études.
M. Marcoux: Une chose que je pourrais voir s'il est possible de
vous transmettre, c'est les avis juridiques sur lesquels on s'est fondé
pour cette décision. Évidemment, l'ensemble du dossier fait
référence à des noms précis. Lorsqu'on fait ce
genre d'étude, on se réfère à des noms
précis et tout, mais, en ce qui concerne les avis juridiques, les choses
générales, on va examiner tout ce qu'il est possible de vous
transmettre.
M. Marx: Les avis juridiques sont de quelle grandeur? Cinq pages,
deux pages, cent pages? Est-ce que vous pouvez le demander au
sous-ministre?
M. Marcoux: Même si c'est cent pages, je n'ai pas
d'objection à vous transmettre n'importe quel avis juridique, mais je ne
peux vous transmettre, lorsqu'il y a eu des oppositions, les analyses qui
concernent les individus.
M. Marx: Non, tout ce que j'aimerais voir, ce sont les avis
juridiques. Est-ce que ces avis juridiques sont minces. Est-ce que ce sont des
avis de deux pages, des avis de cinquante pages?
M. Marcoux: On va vous faire un recueil de toute la documentation
pertinente avec les avis juridiques qui sont brefs et longs.
M. Marx: Brefs et longs. Non, parce que j'ai déjà
vu des avis juridiques de gouvernement qui étaient des conclusions.
M. Marcoux: Mais qu'ils soient brefs ou longs, compte tenu de
votre formation, je suis convaincu que vous aurez le goût de les
lire.
M. Marx: C'est sûr. Merci. Est-ce que je peux les avoir
dans deux semaines? Une semaine, deux semaines? Fixez...
M. Marcoux: Le plus rapidement possible.
M. Marx: Cela veut dire? À votre ministère, cela a
pris trois mois à répondre à une lettre. Sûrement
que cela prendra plus de trois mois.
M. Marcoux: On va regarder l'ensemble du dossier et tout ce qu'on
pourra vous transmettre qui ne mette pas en question la
confidentialité du ministère.
M. Marx: Je vais écrire ou téléphoner
à votre bureau...
M. Marcoux: Non, disons que ce qui se fait ici à la
commission est d'ordre public. Vous n'avez pas à nous écrire, on
vous le transmettra.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Saint-Louis.
M. Blank: On va revenir à l'étude des
crédits.
M. Marcoux: ...des crédits. Le taux
d'intérêt (suite)
M. Blank: Seulement une précision. J'ai parlé
tantôt des taux d'intérêt sur les prêts personnels.
J'ai fait vérifier durant l'heure du lunch les taux
d'intérêt en vigueur aujourd'hui dans quelques banques. Banque
Royale: 12,5%; Banque de Montréal: 12,5%; Banque Impériale de
Commerce: 13%; Banque Nationale: 12,5%. Cela veut dire que c'est un peu
différent de 16,3%.
M. Marcoux: Non, mais quand elles disent 12%, elles, cela revient
à 13,3%...
M. Blank: Non, non.
M. Marcoux: ...parce que ce sont des intérêts
composés.
M. Blank: Non, non. Cela, c'est composé.
M. Marcoux: Ce sont des intérêts
composés.
M. Blank: À 12,5% c'est composé. Le vôtre est
composé à 16,3%
M. Marcoux: Ce que vous indiquez ce sont les taux minimums et je
suis convaincu que si vous vérifiez personnellement et que vous faites
l'expérience d'aller faire un emprunt personnel vous verrez
qu'actuellement le taux du marché oscille entre 14,5% et 16%.
M. Blank: D'accord, je vais vous donner l'intérêt
maximum. J'ai aussi les chiffres.
M. Marcoux: 17%, 17,5%.
M. Blank: C'est 12,5% jusqu'à 14%; 12,5% jusqu'à
13%; 13% jusqu'à 14%; 12,5% à 13,5%. Le minimum et le
maximum.
M. Marcoux: Je peux vous dire qu'encore la semaine
dernière on a vérifié auprès de la
Fédération des caisses populaires du Québec...
M. Blank: Allez dans les banques à charte.
M. Marcoux: ...et ils étaient à 14,5%.
M. Blank: Tout cela c'est dans les banques à charte. Je
n'ai pas vérifié.
M. Marcoux: II se trouve qu'il y a à peu près 1000
ou 1100 caisses au Québec; il y a un certain réseau et on en
tient compte.
M. Blank: Je vais le vérifier. Une autre affaire. J'ai un
cas particulier que j'ai déjà réglé avec un des
fonctionnaires de votre ministère, M. Zizian. Cela a pris l'intervention
du député et du ministre pour le régler. Je trouve que ce
n'est pas une question de...
M. Marcoux: ...d'ouvrage pour les ministres et les
députés?
M. Blank: Ce n'est pas cela. C'est le principe derrière
l'affaire que je veux discuter. Quand on étudié le projet de loi
pour le changement des taxes pour les repas et hôtellerie, il a
été question d'émission des permis. Il y avait un groupe
d'associations de restaurateurs qui voulaient que le ministre élimine
des permis pour réduire la concurrence et à ce moment, le
ministre pouvait demander un cautionnement. On a interrogé le ministre
parce qu'on voulait qu'il n'y ait pas d'empêchement et le ministre nous a
assurés que le cautionnement était pour des gens qui ont
déjà été dans la restauration et qui devaient de
l'argent qu'ils ont perçu comme mandataires du gouvernement.
À ce moment on a accepté cela; c'était un argument
logique. Un homme qui a déjà commis un délit dans le sens
de la loi de l'hôtellerie et des repas, avant de lui donner un permis on
doit être certain qu'il ne gardera pas l'argent dans ses poches. Mais
j'ai vu un cas - pas une grosse affaire -c'était un chauffeur de taxi de
Québec qui se rend à Montréal après avoir vendu son
taxi et qui était resté avec 5000 $ après la vente.
À ce moment il semble qu'il devait au fisc québécois
environ 2000 $ pour des taxes d'impôt individuel qui n'avaient rien
à faire avec la restauration.
Je suis certain qu'avant qu'il ait vendu son taxi vous ne pouviez rien
faire contre lui parce que le taxi n'est pas saisissable et que c'est difficile
de percevoir de l'argent de lui. Mais quand le monsieur... Est-ce que le
ministre m'entend? Quand le monsieur s'est rendu à Montréal il
s'est acheté un petit commerce, un restaurant pour 5000 $ -c'est une
grosse fortune - et il veut suivre le règlement, il demande un permis.
Quand il
a demandé le permis la réponse qu'on lui a donnée,
on lui a demandé - c'est une autre partie, c'était daté du
21 décembre 1982 -2111 $ pour la loi d'impôt et après on a
fait toute la loi, le cautionnement en lui disant dans un sens indirect - c'est
ce qui est intéressant - pas direct mais par allusion: Monsieur, si vous
ne payez pas vos taxes, on ne vous donne pas le permis. Comment le gars peut-il
gagner sa vie?
Je pense que j'ai parlé de cela au ministre en Chambre et j'ai
parlé au fonctionnaire, M. Zizian. Mais à un moment donné
ce monsieur veut avoir ce permis. Je lui ai suggéré d'essayer de
régler les 2000 $ pour avoir le permis. Et j'ai communiqué avec
la jeune fille qui a écrit la lettre et le 7 février on a fait un
règlement. J'ai envoyé des chèques certifiés pour
un montant et des chèques postdatés pour le reste et tout est
fini. J'attends le permis. Le 7 février, nonobstant que j'ai
trouvé cette pression injuste, illégale et contre la parole d'un
ministre en commission parlementaire. Le 7 février. On est maintenant
rendus au 5 avril, deux mois après, et il y a une lettre d'un autre
fonctionnaire du service de recouvrement qui, cette fois-ci, demande 2596 $ de
la même personne et à ce moment, le 5 avril, aucun permis encore.
Cela a pris un autre appel téléphonique à M. Zizian, qui
m'a informé lundi matin, le 2 mai, que le monsieur a son permis.
Voilà. C'est pour cela que je me demande ce qui se passe. Pourquoi un
cas comme cela?
M. Marcoux: II y a plusieurs... Il y a au moins trois...
M. Blank: S'il n'y avait pas l'intervention des
députés, le bureau du ministre, le monsieur serait encore....
M. Marcoux: Sur orbite.
M. Blank: ...sur orbite. C'est cela. (17 h 45)
M. Marcoux: II y a deux ou trois aspects dans le dossier dont
vous parlez. Il y a l'aspect de ce que j'appelais, tantôt, le fait que
nos différents systèmes à l'intérieur du
ministère ne se parlent pas, qui fait que, alors même - j'en ai
des dossiers de comté et j'en suis aussi témoin - que des gens
ont payé depuis quinze jours, trois semaines, un mois, on fasse quand
même une saisie de compte ou différentes opérations
semblables ou, dans ce cas-là, on envoie encore une lettre demandant le
paiement de la dette alors que les chèques sont rentrés,
certifiés, etc. Ce dossier, je l'ai reconnu, c'est actuellement un des
problèmes du ministère.
Il y a une deuxième chose concernant l'exigence d'un
cautionnement. Vous savez que l'Association des restaurateurs et des
hôteliers aurait souhaité qu'un cautionnement soit exigé de
tout demandeur de permis dans le domaine de la restauration et de
l'hôtellerie parce qu'on sait que, dans ce secteur, il y a des
problèmes relatifs au fait suivant: c'est que quelqu'un n'est pas
nécessairement propriétaire des équipements dont il se
sert dans son restaurant. Il détient comme un permis d'exercice et,
souvent, lorsqu'on veut recouvrer les dus - parce que des gens ouvrent un
restaurant, font un peu d'argent, partent avec - comme, souvent, les
équipements n'appartiennent pas à la même compagnie ou
même que souvent ces équipements ont une valeur très
minime, à ce moment, nos revenus y échappent.
L'Association des restaurateurs et hôteliers a dit qu'il serait
dans l'intérêt du ministère du Revenu d'exiger un
cautionnement et qu'il serait dans l'intérêt de ceux qui sont
déjà dans l'industrie pour ne pas être envahis par des
concurrences, jusqu'à un certain point, souvent, quelquefois,
déloyales. Vous connaissez assez le réseau de la restauration et
de l'hôtellerie pour savoir ce dont je parle. Le Conseil des ministres et
même ici en commission parlementaire a adopté une loi restrictive
disant: Le ministère du Revenu peut exiger un cautionnement dans les cas
suivants et je vais vous lire le texte de la loi. Je sais qu'on vous avait
demandé et que vous n'avez pas pu nous transmettre... Je vais faire
vérifier quel était le discours du ministre sur cet article. Mais
le texte de loi...
M. Blank: En commission parlementaire pas en Chambre. En
commission parlementaire.
M. Marcoux: En commission parlementaire... Le journal des
Débats... En tout cas, le texte de loi est beaucoup plus
général que vous l'indiquez. Il n'est pas long et je vais le
lire. Il dit ceci: "Le ministre peut exiger de toute personne, comme condition
de l'émission ou du maintien en vigueur d'un certificat en son nom, un
cautionnement dont il fixe le montant si cette personne a été
trouvée coupable d'une infraction à la présente loi - la
Loi concernant la taxe sur les repas et l'hôtellerie - est
insolvable...
M. Blank: D'accord.
M. Marcoux: "...ou est redevable de droit au sens de la Loi sur
le ministère du Revenu." Ce qui est beaucoup plus large. C'est le texte
de loi.
M. Blank: Oui, mais, à ce moment, on a demandé
l'explication du ministre à savoir pourquoi cela?
M. Marcoux: Bon.
M. Blank: On a même cité un exemple comme j'ai
là et il a dit: Non, ce n'est pas cela. Ce sont des gens qui ont
déjà trompé le gouvernement avec l'argent qu'ils ont
cotisé comme mandataires.
M. Marcoux: C'est cela, mais le texte de loi est plus
large...
M. Blank: Oui, je sais.
M. Marcoux: ...que l'interprétation que vous en donnez et
que vous dites que mon prédécesseur ou un de mes
prédécesseurs a dit au moment de la lecture article par article.
Je vais le vérifier, mais la loi est quand même beaucoup plus
large que vous le prétendez. Et, lors de la délivrance d'un
certificat on dit: "Le montant du cautionnement ne peut excéder 10 000
$. Dans le cas du maintien en vigueur d'un certificat, le montant du
cautionnement est fixé en tenant compte..." En tout cas, j'ai lu les
trois paragraphes a), b) et c) et le paragraphe c) est beaucoup plus global que
les redevances du strict secteur de la restauration et de
l'hôtellerie.
Dans le cas dont vous parlez, je suis heureux qu'on soit arrivés
à un règlement. Ce que cela illustre, c'est que des
attachés politiques peuvent être utiles. Évidemment, ce
n'est pas agréable parce que tous les citoyens n'ont pas le bonheur de
connaître leur député ou ne pensent pas à recourir
à leur député directement et cela pourrait
pénaliser d'autres citoyens. Mais sur le principe même - je
relirai ce que mon prédécesseur a dit - il m'apparaît
normal que le ministère du Revenu exige, sinon un paiement au moins une
entente de paiement avec tout citoyen en dette avec lui, un citoyen auquel on
va lui confier le rôle de mandataire. Le rôle de mandataire est un
rôle important dans notre société. En somme, on lui dit:
Vous avez la confiance du gouvernement pour percevoir les taxes et les
impôts de citoyens qui bénéficient de vos services.
À ce moment-là, il m'apparaît presque
élémentaire que ce citoyen, lorsqu'on lui émet un
certificat ou lorsqu'on lui confirme un certificat d'enregistrement comme
mandataire, soit en règle avec le ministère du Revenu, mais c'est
inscrit dans la loi, telle que je l'ai lue.
M. Blank: Oui, mais...
M. Marcoux: Et je suis sûr que le député de
Saint-Louis ne conteste pas l'interprétation juridique de la loi telle
qu'elle est rédigée.
M. Blank: Oui, mais, M. le ministre...
M. Marcoux: Je vais relire les interprétations de mon
prédécesseur, mais vous savez que, devant les tribunaux - vous
l'avez souvent dit et nous aussi, comme députés - ce que
les...
M. Blank: Je suis d'accord.
M. Marcoux: ...députés disent en commission
parlementaire comme interprétation de ce qu'ils pensent être le
texte de loi ne fait pas du tout de...
M. Blank: Mais dans son rapport de Thorne Riddell on dit que,
souvent, les fonctionnaires dépassent l'intention du législateur.
L'intention du législateur, à ce moment-là, était
claire.
M. Marcoux: Mais j'ai rencontré les gens de Thorne Riddell
dans une discussion et je puis vous assurer que le langage qu'ils ont tenus et
les remarques que j'ai reçues par la suite de tous les participants
à la rencontre étaient d'une autre nature.
M. Blank: M. le ministre, on trouve...
M. Marcoux: On peut parler longuement des relations qui peuvent
exister. Je veux favoriser - et je m'y emploie - d'excellentes relations entre
les bureaux de comptables, en général, et le ministère du
Revenu, mais je ne reprocherai jamais aux fonctionnaires du ministère du
Revenu d'appliquer la loi et les règlements tels qu'ils sont. Si la loi
est mal faite, si elle ne correspond pas à nos objectifs ou si les
règlements qui en découlent dépassent les articles de loi,
c'est à nous, c'est à moi, comme ministre, de les modifier.
M. Blank: Savez-vous la fin de cela? M. Marcoux: Oui.
M. Blank: Le ministre du Revenu va contrôler qui va se
lancer dans un commerce ou non. Cela va aussi loin que ça. Cela veut
dire que le ministre va décider qui va ouvrir un restaurant et qui n'en
ouvrira pas. C'est cela. C'est ce qui découle de cette
interprétation. Et quand vous parlez de mandataires, M. le ministre -
ces gens-là qui vont avoir l'argent en main - on parle ici d'un cas
où les taxes perçues sont entre 15 $ et 25 $ par mois, mais
combien d'entreprises font les déductions à la source? Ce sont
des milliers et des milliers de dollars, et il n'y a aucune façon de
demander un cautionnement à ces gens, mais quand cela vient d'un petit
commerçant qui veut ouvrir un commerce, la réglementation, la
centralisation du gouvernement, la bureaucratie, c'est là!
M. Marcoux: D'accord, mais, M. le député de
Saint-Louis, ne faites pas un
discours quant à ce que la loi aurait pu être. Si on avait
accepté...
M. Blank: Lisez les paroles de votre
prédécesseur.
M. Marcoux: Non, non. C'est ce que la loi aurait pu être,
si on avait accepté la revendication de l'Association des restaurateurs
et hôteliers, ce n'est pas ce que le gouvernement a retenu. Ce n'est pas
ce que la commission parlementaire a à adopter, c'est-à-dire
l'exigence pour toute personne morale ou toute personne qui aurait voulu se
lancer dans le commerce de la restauration et de l'hôtellerie d'avoir un
cautionnement pour avoir un enregistrement. Ce n'est pas ce que le gouvernement
a retenu ni la loi, mais ce que le sous-ministre m'indique - je pense qu'il est
pertinent de le rappeler - c'est que, déjà, depuis au-delà
d'une quinzaine d'années, la notion de solvabilité est importante
et, avant d'octroyer à un mandataire la responsabilité de
percevoir de l'argent pour le ministère du Revenu, je pense qu'il est
normal de s'assurer de sa solvabilité.
M. Blank: Mais ce n'est pas ce qu'on demande ici. On dit:
Réglez votre compte ou on ne vous donne pas de permis. Avant tout
réglez votre compte. C'est cela. C'est différent de la
solvabilité.
M. Marcoux: Mais cela fait partie de la solvabilité.
M. Blank: Non. Si vous demandez la solvabilité d'un
monsieur qui a dépensé 5000 $ pour un restaurant qui vaut 5000 $
et qu'il doit 2000 $, c'est quoi, être solvable? Solvable de 3000 $?
M. Marcoux: Je vais vérifier ce que vous indiquez comme
étant solvable. Même dans l'article que j'ai indiqué, pour
accorder un permis, on doit vérifier si la personne est solvable.
Bon!
M. Blank: Mais ce n'est pas la raison que vous me donnez. Si
c'est la raison du "solvable", on va prouver facilement qu'il est solvable.
Cinq moins deux, c'est trois.
M. Marcoux: D'accord. Y a-t-il d'autres points que vous voulez
aborder avant qu'on... Parce qu'on a quatre minutes pour adopter les
éléments de... Je voudrais quand même que le
ministère continue de fonctionner.
Projet de tribunal administratif
M. Blank: Oui, oui. Il y a deux questions
générales. Il y a deux commissions d'étude qui
fonctionnent maintenant, celle sur la question de Thorne Riddell et une autre
sur le tribunal fiscal. Avez-vous des commissions d'étude qui feront des
rapports?
M. Marcoux: C'est-à-dire que... Oui, le tribunal fiscal...
Ah, mon Dieu! Depuis déjà trois ans et demi, existe un
comité de la justice, du ministère du Revenu, composé
aussi de gens de l'Association québécoise des fiscalistes qui a
eu comme mandat - il y a trois ans, trois ans et demi - de donner son avis sur
la création d'un tribunal administratif ou un tribunal judiciaire,
etc.
M. Blank: Je m'excuse, je retire cette question parce que vous y
avez déjà répondu. C'est d'un autre comité que je
veux parler.
M. Marcoux: Je vais finir en 30 secondes. J'ai
désespéré d'avoir une recommandation ou un rapport de ce
comité. C'est pourquoi j'ai demandé aux fonctionnaires du
ministère de me soumettre une ou des propositions pour arriver à
avoir un nouveau recours fiscal. Pour ce qui est du mémoire de Thorne
Riddell dont j'ai pris connaissance par la voie des journaux avant qu'il me
parvienne, je peux vous assurer qu'avant même qu'il me soit parvenu,
j'avais organisé, dès que j'en eus pris connaissance dans les
journaux, une rencontre avec les personnes impliquées et, à peine
dix ou quinze jours après, on a rencontré des
représentants de chacune des personnes reliées au mémoire,
des gens du secteur des machineries lourdes, du secteur du sciage, des mines,
des gens du secteur du commerce pour la vente d'imprimerie, en tous les cas, au
sujet de tous les points qui sont abordés dans ce secteur. Nous avons
fait le point avec eux sur les six ou sept sujets abordés. Sur plusieurs
sujets, nous avons dit que nous voulions apporter des correctifs, que nous
apporterons à cette session-ci. Certains sont déjà en
vigueur. Je peux vous assurer que la rencontre et les suites de la rencontre se
sont déroulées dans un esprit tout autre que laissaient
présager le mémoire et le style d'approche qu'il y avait dans le
mémoire.
M. Blank: II y avait aussi le problème des frais de
voyages et de déplacements. Le fédéral accepte et le
provincial n'accepte pas. Vous avez formé un comité
d'étude qui doit se pencher sur cette question. Qu'est-il arrivé
de ce comité?
M. Marcoux: Le sous-ministre à la législation
m'indique qu'il y a un comité qui étudie cette question
actuellement et qu'on va essayer d'être plus large.
M. Blank: Merci. Qu'est-il arrivé avec votre "hot line"?
Vous avec annoncé en octobre que serait en fonctionnement en janvier ou
février une taxe "hot line".
M. Marcoux: Je suis en flagrant délit d'ignorance. Une
taxe "hot line". Est-ce que je pourrais avoir une phrase qui me placerait dans
le contexte?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est un impôt, mais ce
n'est pas un impôt sur les lignes de transmission
d'Hydro-Québec.
M. Blank: Une ligne directe...
M. Marcoux: Cela est déjà taxé. C'est remis
aux municipalités, à la suite de la réforme de la
fiscalité municipale qu'on a faite.
M. Blank: N'y a-t-il pas une autre ligne qui va être
installée?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Un numéro de
téléphone spécial, un téléphone rouge.
M. Marcoux: Pour les députés?
M. Blank: Pas pour les députés, les
contribuables.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Les numéros
téléphoniques d'accès privilégié.
M. Marcoux: C'est-à-dire qu'on a mis en place un nouveau
système téléphonique, si vous voulez, le système
SL-1; dans ce système, il y a des numéros de
téléphone des mandataires. Les mandataires sont informés,
connaissent le numéro de téléphone à partir duquel
ils peuvent avoir accès directement au ministère. Les
corporations, également, ont un numéro de téléphone
avec lequel elles peuvent communiquer directement. Il y a aussi le
numéro de téléphone d'information générale.
En plus, il y a un numéro spécifique pour les
députés, vous le savez. Ce système est déjà
tout en place. Je peux vous dire que le rendement du système
téléphonique actuellement me laisse très insatisfait.
À partir des meilleurs équipements que nous avons maintenant,
nous allons apporter les ajustements, les ressources financières et les
ressources humaines supplémentaires pour régler ce
problème.
M. Blank: Consentement pour deux ou trois minutes.
M. Marcoux: D'accord.
M. Blank: C'est une rumeur. Il semble qu'on songerait à
vendre des copies supplémentaires des formules d'impôt pour
l'année prochaine. Est-ce que c'est vrai?
M. Marcoux: On m'informe que non.
M. Blank: D'accord. Les bulletins d'interprétation, est-ce
qu'on va en offrir une version anglaise aussi?
M. Marcoux: On pourrait s'en reparler dans quelques jours. Ce que
je peux vous dire, c'est que j'ai décidé qu'on ouvrirait un
concours pour engager un traducteur qui va nous servir pour l'ensemble des
besoins de la législation. Dès qu'on pourra consacrer du temps
pour les bulletins d'interprétation, on le fera probablement. Je ne peux
pas vous donner une réponse absolue et absolument précise, mais
par rapport au besoin qui a été ressenti et à la demande
qui nous a été faite par l'AQPFS, l'Association
québécoise des fiscalistes, j'ai une attitude positive à
cette demande. Actuellement, bien sûr, le fédéral les
traduit et cela sert aux compagnies.
M. Blank: Oui, mais le fédéral et l'Ontario offrent
ces choses gratuitement. Est-ce que vous allez continuer à les vendre
ici?
M. Marcoux: Oui.
M. Blank: Oui? Est-ce que vous avez besoin d'argent?
M. Marcoux: Ce n'est pas cher, 25 $ par année pour les
comptables. Pensez-vous que...
M. Blank: C'est une autre façon de taxer un petit peu.
J'ai des questions...
M. Marcoux: Oui, mais je pense que le principe,
l'idéologie du Parti libéral en général, c'est que,
normalement, quand on a un service comme citoyen et que ce n'est pas un service
qui est reconnu comme un droit de première ligne, si vous voulez, c'est
normal qu'il soit tarifé.
M. Blank: Cette année, il y avait un voyage à
Springfield, Illinois, de 3200 $. Quel était le but de ce voyage?
M. Marcoux: C'était pour l'informatique, pour
connaître les nouveaux développements en informatique.
M. Blank: D'accord. C'est tout.
Adoption des programmes
Le Président (M. Paré): C'est tout. Il n'y a plus
de question? Si vous n'avez pas d'objection, on va adopter les programmes.
Donc, le programme 1 avec ses éléments, le programme 2 avec ses
éléments, les programmes 3, 4 et 5 sont adoptés.
L'ensemble des crédits du ministère sont adoptés.
Ceci fait, je demanderais au rapporteur désigné de faire
rapport à l'Assemblée nationale dans les plus brefs
délais. La commission ajourne ses travaux sine die. Elle a rempli le
mandat qui lui était confié. Merci.
(Fin de la séance à 18 h 02)