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Séance du 26 mai 1969
(Seize heures cinquante huit)
Commission parlementaire permanente de la
présidence du conseil
M. BERTRAND (président de la commission parlementaire permanente
de la présidence du conseil): A l'ordre, messieurs! Messieurs les
membres de la commission, mesdames et messieurs, le 19 mai dernier, nous avons
ajourné les travaux de cette commission parlementaire de la
présidence du conseil alors que les négociations ont repris.
Elles se sont continuées, suivant les renseignements que j'ai obtenus,
durant une période de sept heures, soit le 20 mai depuis deux heures de
l'après-midi jusqu'à 11 heures trente dans la soirée. Au
début, du côté patronal, il y avait là M. Cournoyer,
qui a dû s'absenter, et M. Arthur Tremblay a assisté, comme
sous-ministre de l'Education, à ces sept heures de séance depuis
le début jusqu'à la fin. M. Laliberté également
était présent.
Me serait-il permis, messieurs les membres de cette commission, de vous
suggérer que nous entendions un rapport de la partie patronale et de la
partie syndicale sur les travaux qui ont pu s'accomplir durant cette
période de sept heures de négociations. Si tel est votre voeu,
j'inviterais M. Tremblay à nous donner son rapport, après quoi,
M. Laliberté va nous donner le sien. Est-ce que cela vous va?
M. LESAGE: Oui. Sinous pouvons éviter certaines
discussions...
M. LE PRESIDENT: II semble que, de part et d'autre, toutes les parties
veulent éviter les questions qui pourraient être explosives. Nous
avons tous à coeur du moins les membres de la commission
parlementaire, de même que la partie syndicale et aussi la partie
patronale que les négociations reprennent le plus rapidement
possible. Alors, je demanderais àM. Tremblay de se faire le porte-parole
de la partie patronale.
M. LESAGE: M. le Président, si vous me le permettez, je veux
exprimer mon accord sur ce que vous venez de dire. Je pense bien que ce qui
nous intéresse, c'est de voir se régler le conflit.
M. LE PRESIDENT: C'est cela.
M. LESAGE: Je ne pense pas que nous puissions le faire sur des
problèmes qui se soulè- vent mais qui ne sont pas au coeur de la
question même, la principale étant la charge de travail des
enseignants. Alors, c'est là-dessus, je pense, que les
négociations ont porté et votre suggestion, quant à nous,
est satisfaisante.
M, LE PRESIDENT: Je remercie le chef de l'Opposition. Il nous arrive
parfois de nous entendre, à ce moment-ci, vous le constatez tous. Nous
nous entendons très bien. Je pense que tout le monde a à coeur
que les négociations reprennent le plus rapidement possible. Donc, M.
Arthur Tremblay, au nom de la partie patronale.
M. TREMBLAY (sous-ministre): M. le Président, je serai aussi bref
que possible.
Dans la perspective ouverte par les discussions à la commission
permanente du conseil exécutif, nous nous sommes rencontrés,
comme vous l'avez souligné, à partir de 2 heures et demie mardi
après-midi jusque dans la soirée, de façon à faire
voir aussi clairement que possible ce que j'appellerais l'évolution des
positions patronales au cours de ces rencontres. Je montrerai les étapes
franchies de ce côté, escomptant, comme vous l'avez
indiqué, que M. Laliberté se chargera d'un équivalent du
côté syndical.
Je rappellerai d'abord ce qu'étaient les positions patronales
officiellement exprimées au seuil ou au moment même où ces
négociations ont recommencé. Le travail ayant porté
exclusivement sur le secondaire durant cette période, il va de soi que
Je me limiterai, dans ce compte rendu, aux questions relatives â la
charge de travail au secondaire.
Un premier point, qui avait d'ailleurs été
évoqué au cours des rencontres de la commission, concernait le
maximum au-delà duquel on considérerait que le nombre de
périodes d'enseignement pourrait être jugé abusif. Au
moment où les négociations reprenaient, ce maximum proposé
par la partie patronale s'établissait à 22 heures 30 ou
l'équivalent en minutes, 1,350 minutes.
Un deuxième point touchait la présence â
l'école. A ce sujet, c'est l'article 8.404, troisième paragraphe,
qui exprime l'essentiel de ce qu'était, â ce moment-là, la
position patronale. Et je me permets de vous en faire lecture, c'est un
très court paragraphe. Après avoir posé le principe de la
présence à l'école, ce paragraphe ajoute: «
Cependant, à cause de conditions matérielles
particulières, l'instituteur peut obtenir du principal l'autorisation de
s'acquitter à l'extérieur de l'école de certaines de ses
fonctions normalement accomplies à l'école ». Je note
dans ce passage que la possibilité d'être dispensé
de la présence à l'école repose, dans ce texte, sur la
décision du principal de l'école elle-même.
Troisième point, dans le cadre de cette présence à
l'école, la partie patronale avait offert cinq heures libres pour
travaux tels que préparation de cours, correction de devoirs, etc.
Quatrièmement, c'est le dernier point, à ce moment, au
seuil de la reprise des négociations, il n'y avait pas encore eu de
position patronale de prise au sujet de ce que j'appellerais les maximums
protégés, c'est-à-dire qu'il n'y avait pas, à ce
moment-là, de protection dans la convention provinciale elle-même
pour les maximums inférieurs à 1350 minutes stipulés dans
les conventions locales envigueur en l967-1968. C'est donc de là que
nous partions.
Au cours de la séance de mardi après-midi, voici comment a
d'abord évolué la position patronale. Sur le premier point, en ce
qui concerne ce que j'appelais tout à l'heure le maximum abusif,
c'est-à-dire le maximum au-delà duquel on considérerait
qu'il y a abus, de 22 heures 30 minutes ou 1350 minutes, nous sommes
passés d'un maximum qui s'établirait à 25 périodes
de 50 minutes ou l'équivalent de 1250 minutes ou l'équivalent de
20 heures 50 minutes par opposition à 22 heures 30 minutes.
Deuxièmement, en ce qui concerne...
M. LESAGE: Vous avez dit combien de périodes de 50 minutes?
Est-ce 25 périodes?
M. TREMBLAY (sous-ministre): C'est 25 périodes.
M. LESAGE: Ce qui équivaut à...
M. TREMBLAY (sous-ministre): A 1250 minutes.
M. LESAGE: Oui, mais en périodes de 45 minutes cela fait...
Est-ce que vous l'avez?
M. TREMBLAY (sous-ministre): Je n'ai pas fait le clacul. J'exprime en ce
moment...
M. LESAGE: Je vais le faire.
M. TREMBLAY (sous-ministre): ... les positions qui ont été
prises.
M. LESAGE: Très bien!
M. TREMBLAY (sous-ministre): Sur le deuxième point, en ce qui
concerne la présence à l'école. Tout à l'heure je
vous ai lu le texte où on indiquait que le principal pouvait dispenser
de cette présence un instituteur lorsque les conditions
matérielles ne permettaient pas une telle présence. En liaison
avec une idée qui avait été introduite par la partie
syndicale et que M. Laliberté vous rapportera sûrement, nous avons
modifié cette position dans le sens suivant: « Que si les
conditions matérielles ne le permettent pas, si elles sont
inadéquates, l'instituteur puisse être dispensé de cette
présence à l'école selon le jugement de la commission,
après consultation du comité des politiques pédagogiques.
»
Nous avons introduit une participation du comité des politiques
pédagogiques qui existe ou qui est prévu à
l'échelon de la commission comme telle.
Troisième point. Au cours de cette période de
présence à l'école, nous sommes passés à une
autre façon d'exprimer les choses. Au lieu de cinq heures libres pour
travaux tels que préparation de cours, corrections, nous avons
plutôt formulé la proposition en termes de cinq heures de
disponibilité au maximum; ce qui, dans le cadre d'une semaine qui serait
de l'ordre de 33 heures, laissait sept heures libres au minimum,,
Quatrième point. En ce qui concerne ce que je me permettrai
d'appeler les maximums protégés, en 1969-1970 nous avons
proposé que ces maximums seraient protégés ou reconnus
pourvu qu'ils ne soient pas inférieurs à 20 périodes de 50
minutes ou à 1,000 minutes ce qui est l'équivalent,
évidemment, de 20 périodes de 50 minutes; en 1970-1971, ils
seraient reconnus pourvu qu'ils ne soient pas inférieurs à 1,125
minutes. Vous discernez là une idée, qui avait été
évoquée à la commission, d'un rapprochement de ces
maximums protégés vers le maximum permanent,
considéré comme la ligne de démarcation de l'abus, par
étapes. Ce qui explique que la proposition fait varier le palier des
maximums protégés de 1969-1970 à 1970-1971 en postulant
que, pour l'année 1971-1972, de tels maximums protégés se
trouveraient absorbés dans la règle plus générale
du maximum abusif.
A la séance de mardi soir, après bien entendu les
discussions que je suppose toujours dans ce compte rendu très
schématique, voici où se trouvait la position patronale. Sur le
premier point, le maximum abusif, elle demeurait la même qu'au cours de
l'après-midi, c'est-à-dire 25 périodes de 50 minutes ou
l'équivalent en minutes, 1250.
En ce qui concerne la présence à l'école, nous
avons tenté de présenter les choses en indiquant les
étapes que pourrait franchir la décision que, les conditions
matérielles étant inadéquates, un instituteur pourrait
être dispensé de cette pré-
sence, en dehors, bien entendu, des périodes d'enseignement.
Partons donc du fait qu'un ou plusieurs instituteurs portent plainte
auprès de leur principal au sujet de conditions matérielles
inadéquates.
Si le principal est d'accord avec eux, l'affaire se trouverait
réglée. C'est en somme l'essentiel de l'article que je lisais
tout à l'heure.
Ce qui est nouveau, c'est que dans l'hypothèse où, devant
une plainte d'instituteur, le principal ne serait pas d'accord, ce qui est
nouveau, c'est l'introduction d'une référence possible au
comité des politiques pédagogiques, auquel cas, si le
comité entérine l'attitude du principal, l'affaire serait
réglée; mais si le comité ne l'entérine pas, I ce
moment-là, ce serait la commission qui déciderait.
Cette position a été prise dans le cadre d'une question de
principe, si l'on peut dire. C'est que, de toute manière, il
apparaît à la partie patronale que la solution d'un
problème administratif de ce genre, c'est-à-dire le jugement
à porter sur le caractère inacceptable ou acceptable des
conditions matérielles des locaux, en fin de compte, une telle question
doit être résolue au niveau de la commission, de toute
façon. Alors comme l'indiquera sans doute M. Laliberté, du
côté syndical, on proposerait un recours à l'arbitrage, un
arbitrage extérieur pour juger du caractère inacceptable des
locaux ou des conditions matérielles.
Je me permets de souligner en passant que, sur ce point, les discussions
ont été relativement longues, ce qui m'a un peu
étonné, en ce qui me concerne, étant donné le
caractère administratif du problème qui était
soulevé? Entre autres, le recours à un arbitrage
extérieur, en matière d'aménagement physique des
écoles, nous apparaît quelque chose de relativement lourd.
Sur le troisième point, nous sommes passés, de ce que
j'indiquais tout à l'heure, les cinq heures de disponibilité
à deux heures de disponibilité pour la suppléance et la
surveillance d'activités, bien évidemment autres que les simples
allées et venues de quelques minutes d'un cours à l'autre, ou les
quinze minutes avant l'ouverture des classes le matin et le midi, en supposant
que tout cela se passe de façon relativement spontanée dans un
groupe organisé convenablement.
Le quatrième et dernier point, en ce qui concerne les maximums
protégés. Nous sommes passés, de ce que j'indiquais
tantôt, pour l'année 1969-1970, à vingt périodes de
quarante-cinq ou cinquante minutes, selon les stipulations de la convention
elle-même, la convention en vigueur en 1967-1968. Ce qui veut dire,
traduit en minutes, 900 à 1,000, selon les stipulations de cette
convention. Pour 1970-1971, vingt-deux périodes de quarante-cinq ou
cinquante minutes, encore, selon les stipulations de la convention, soit
l'équivalent de 990 à 1,100 minutes, selon le cas.
Voilà, M. le Président, un résumé des
étapes franchies par la position patronale au cours de ces sept heures
de discussion. Je n'ai pas à porter de jugement sur le caractère
de cette évolution, je me suis contenté de la décrire.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Tremblay. M. le chef de l'Opposition.
M. LESAGE: Une question seulement. Durant ces sept heures, vous vous en
êtes tenu au niveau secondaire, vous n'avez pas touché à
l'élémentaire.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Nous devions aborder
l'élémentaire le lendemain matin.
M. LE PRESIDENT: M. Laliberté.
M. LALIBERTE: M. le Président, l'exposé fait par M.
Tremblay correspond au souvenir et aux notes que nous avons gardés de
ces heures de discussion. J'aimerais apporter et je n'entrerai pas dans
les détails de mon côté les positions que nous avons
tenues au cours de la même période. Je commence tout de suite,
pour ensuite en disposer et parler d'autres questions, de la question de la
disponibilité à l'école compte tenu des locaux.
J'aimerais tout de suite préciser que nous n'utilisons pas
l'expression « locaux » seulement, mais nous utilisons celle de
lieux de travail adéquats. Ici, je ne veux pas jouer sur les mots, c'est
que, pour nous, les lieux de travail adéquats, ce n'est pas une question
de disposition physique. Bien sûr, il faut avoir de l'espace, mais il
faut aussi avoir de quoi pouvoir travailler. De quoi pouvoir travailler,
à certains moments, cela doit inclure par exemple des livres de
référence et autres instruments dont les professeurs peuvent
avoir besoin et qu'ils n'ont pas nécessairement automatiquement à
leur disposition dans la préparation de leurs cours ou dans la
correction.
Alors, je dis tout de suite que notre expression « lieux de
travail adéquats » signifie quelque chose de plus vaste qu'une
simple disposition physique.
En outre, nous avons tenu, pendant ce temps, à garder un pouvoir
de décision conjoint en ce qui concerne l'évaluation de ces lieux
de travail, quitte, si nous n'arrivions pas à nous entendre, qu'il
puisse y avoir une formule sur
laquelle nous étions et demeurons prêts à
discuter.
Faut-il que l'arbitrage se fasse par un comité conjoint à
un autre niveau qu'au niveau de la commission scolaire? Nous sommes ouverts
à une position comme celle-là. Ou faut-il que l'arbitrage se
fasse par un tiers indépendant des deux parties locales? C'est aussi une
possibilité que nous conservons.
Ce à quoi nous en avions, c'est bien sûr au fait que la
commission scolaire, peu importent les étapes antérieures,
conserverait le pouvoir de juger si les lieux de travail sont adéquats
pour imposer par la suite la présence des enseignants à
l'école.
Nous avons, par ailleurs, en ce qui concerne les deux maximums dont nous
parlons depuis la semaine dernière, les 20 et les 24, indiqué
clairement ceci. Si nous parlons en termes de minutes d'enseignement, cela peut
donner des situations très différentes selon que l'on retraduit
ces minutes d'enseignement ensuite en périodes. Exemple: je prends les
1250 minutes proposées par la partie patronale, ce qui, c'est exact,
correspond à 25 périodes de 50 minutes, mais ce qui, si nous
voulions les retraduire en 45 minutes, correspondrait à 27.8
périodes de 45 minutes, je crois. Or, nous avons porté le
jugement suivant et nous avons exprimé à la partie patronale.
Je le répète ici, même si au total nous faisons
1,250 minutes de présence avec les élèves pour donner des
cours, il est plus lourd, plus exigeant de préparer 27.8 périodes
de 45 minutes que d'en préparer 25 de 50 minutes. Parce qu'il est moins
exigeant pour un enseignant, question de préparation et de correction en
particulier, d'ajouter cinq minutes à une période de 45 minutes
que de donner 2.8 périodes additionnelles de 45 minutes.
C'est à partir de ce moment-là que nous avons
exprimé à la partie patronale la possibilité que les
périodes soient déterminées localement, entre les deux
parties, c'est-à-dire le syndicat et la commission scolaire, pour savoir
si elles seraient de 45 ou de 50 minutes.
Nous avons même tenté, à un moment donné, de
voir s'il n'était pas possible d'inclure les temps de déplacement
des élèves à l'intérieur de la période de 50
minutes ce qui nous aurait permis, très facilement, d'accepter que ce
que nous appelions, la semaine passée, 20 et 24 périodes de 45
minutes deviennent dans notre proposition 20 et 24 périodes de 50
minutes, compte tenu du temps de déplacement des étudiants entre
les cours. Cela varie un peu selon les écoles, mais, règle
générale, cela ne dépasse pas cinq minutes. C'est souvent
deux ou trois minutes.
Nous avons par la suite proposé une formule par laquelle nous
nous disions prêts...
M. LESAGE: M. Lallberté, voudriez-vous répéter ce
que vous venez de dire?
M. LALIBERTE: Oui. Nous avons indiqué compte tenu de
l'exemple que je donnais auparavant de la transposition des 1,250 minutes
qu'il nous était possible de parler de 20 et de 24
périodes je fais toujours référence au même
maximum de 50 minutes au lieu de 45 minutes, comme nous le disions la
semaine dernière, si on incluait, dans ces périodes de 50
minutes, le temps de déplacement des élèves entre chacune
des périodes. Il n'y a pas toujours de temps de déplacement.
Parfois, c'est une demi-minute, parfois le même groupe demeure, à
toutes fins pratiques, ou une grosse partie du groupe demeure dans la
même classe ou va à la classe voisine, ou des choses du genre.
Dans d'autres milieux, où les corridors sont très longs, cela
peut prendre un peu plus de temps effectivement. Toutefois, cela ne
dépasse pas cinq minutes.
Même si le total de minutes de présence avec les
élèves, en cours ou dans la période d'allées et
venues, était plus élevé que dans notre proposition de la
semaine dernière, nous trouvions préférable de
procéder de cette façon plutôt que d'ajouter un nombre de
périodes de 3.8 à ce que nous avions proposé la semaine
dernière. Ce qui n'a pas été retenu. Je ne dirai pas que
nous en avons très longuement discuté, mais ça n'a pas
été retenu au moment des discussions.
C'est à ce moment-là que nous avons proposé, en
fait, que nos deux maximums de la semaine passée s'expriment aussi bien
en 50 qu'en 45 minutes, selon la décision locale du syndicat et de la
commission scolaire. Comme on nous avait déjà indiqué, de
toute façon, que l'horaire maximal de 1,750 minutes-élèves
je dis bien l'horaire pourrait, selon les discussions et les
décisions du ministère de l'Education, devenir moindre
éventuellement, cela nous laissait croire qu'il était possible
que ces 35 périodes de 50 minutes se traduisent dans la
réalité, régulièrement, en un nombre de
périodes de 45 minutes. Autrement dit, au lieu de parler d'un horaire de
1,750 minutes, qu'on parle d'un horaire de 1,575 minutes. Vous vous
rappellerez, dans la feuille que nous avons distribuée la semaine
dernière, qu'il y avait un nombre beaucoup plus grand de cas où
les périodes, effectivement, étaient en 45 minutes qu'il y en
avait en 50 ou 60 minutes.
Nous avons également proposé qu'en outre de ces 20, 21,
22, 23 ou 24 périodes je parle des 21, 22 et 23 parce qu'elles
sont à l'intérieur
et qu'elles sont protégées dans notre proposition de la
semaine dernière nous ajoutions une période par semaine
par professeur pour la surveillance qui serait nécessaire et pour la
suppléance en cas de dépannage.
Nous ne tenons pas du tout à faire automatiquement la
suppléance.
Il est proposé dans la proposition patronale qu'il y ait une
équipe de suppléants à la disposition de la commission.
Nous croyons qu'au secondaire, à cause de notre expérience, on
continuera d'avoir des difficultés à trouver des
suppléants; et c'est pourquoi nous craignons, avec la clause qui nous
est proposée, qu'on nous impute automatiquement toutes les
suppléances, ou presque, qui doivent se faire dans une école.
Nous reconnaissons par ailleurs qu'il peut exister des moments où
effectivement il est difficile de trouver des suppléants; il ne faut
tout de même pas laisser des élèves tout simplement en
plan. Malgré que, règle générale, dans nos
conventions collectives, nous n'ayons pas à faire la suppléance,
nous étions prêts ici à ajouter une période semaine.
Donc, mes 20 deviennent 21, mes 21 deviennent 22, et mes 22 deviennent 23, et
mes 23 deviennent 24, et mes 24 deviennent 25 périodes de 45 ou de 50
minutes, bien sûr, par semaine pour la surveillance et la
suppléance.
En ce qui concerne, par ailleurs, les étapes pendant les deux
prochaines années de la convention collective, la partie patronale nous
propose 20 périodes l'année prochaine et 22 périodes
l'année subséquente. Quant à nous, nous croyons, compte
tenu déjà des déplacements que nous avons faits par
rapport à ce qui existait dans nos conventions collectives, que nous
devrions nous en tenir à une même étape pour les deux
prochaines années. Ce qui ne présume pas de ce qui sera
négocié en 1971. Nous sommes incapables de présumer de ce
qui sera négocié en 1971. Nous ne disons pas: Ce que nous
incluons aujourd'hui, vous devrez automatiquement le maintenir en 1971, comme
nous ne pouvons pas dire aujourd'hui: Nous acceptons 20 et, en 1971, nous vous
garantissons 22 ou 23. Nous ne pouvons dire ni l'une ni l'autre de ces
formules. Et nous croyons que, pour les deux prochaines années... Compte
tenu que cette année-ci est déjà presque terminée,
compte tenu également qu'un grand nombre de commissions scolaires n'ont
déjà pas respecté intégralement les maximums
inscrits dans nos conventions collectives, puisqu'elles ont argumenté
que la convention collective était échue au 30 juin dernier et
qu'il n'y avait donc plus rien qui régissait les conditions de travail
entre employeurs et employés, nous nions cette
allégation-là, mais il reste qu'elle a été
utilisée et que, dans les faits, il y a eu des additions aux charges de
travail des enseignants cette année.
Compte tenu de ce facteur-là, nous pensons qu'il n'est que
raisonnable de faire une même étape pour les deux prochaines
années avant 1971. En outre, s'il devait y avoir suppléance
additionnelle à la période qui est prévue dans notre
proposition, que les enseignants ne soient pas tenus d'en accepter, mais qu'ils
soient libres d'en accepter et qu'en l'occurrence ce soit
rémunéré en conséquence. Encore là,
puisqu'ils proposent une formule de rémunération de
suppléants et si avec les $20 qui sont proposés, ils en trouvent
à meilleur compte à l'extérieur qu'en utilisant les
enseignants qui sont sur place, ils utiliseront des suppléants de
l'extérieur plutôt que d'en prendre sur place.
En somme, nous avons fait évoluer nos positions de la semaine
dernière de 20 et 24 périodes de 45 minutes en une
possibilité de 20 et 24 périodes de 50 minutes. Nous y avons
ajouté une heure de disponibilité additionnelle pour la
suppléance de dépannage et la surveillance. Nous acceptons le
principe de présence à l'école en dehors des heures de
cours ce qui est important mais dans la mesure où nous
pourrons, d'une façon à trouver entre les parties, juger
conjointement si les lieux de travail, au sens général que j'ai
donné tout à l'heure, sont adéquats pour y maintenir les
professeurs.
C'est l'ensemble de notre position sur le secondaire. Nous devions
effectivement reprendre les discussions ou entreprendre, si vous voulez, les
discussions à l'élémentaire le lendemain matin quand,
à cause des circonstances que vous connaissez maintenant, nous ne les
avons pas reprises effectivement.
Je n'ai pas l'intention de reprendre les exposés publics que nous
avons faits la semaine dernière sur la situation de la semaine
dernière. Je tiens cependant à souligner trois choses. La
première, c'est qu'à part trois syndicats impatients qui ont
déposé leurs démissions aujourd'hui, dans leur milieu,
nous n'avons pas encore collectivement déposé nos
démissions. La deuxième, c'est qu'à part la
conférence de presse de jeudi soir dernier, en fait presque vendredi
matin compte tenu de l'heure, nous n'avons pas fait de nouvelles
déclarations au cours de la fin de semaine, à dessein. La
troisième, c'est que nous avons, au moins à deux reprises
différentes, suggéré très clairement aux
porte-parole de la partie patronale qu'il leur était facile d'obtenir,
du moins nous le croyons une déclaration unilatérale de la
Fédération des commissions scolaires ou d'un au-
tre porte-parole de la partie patronale en ce qui concernait
l'arrêt de leur action de leur côté.
Puisque nous-mêmes, volontairement, donnions satisfaction, en
fait, à deux des points de la proposition Masse de jeudi dernier, nous
nous serions attendus à ce que ces portes que nous avions ouvertes
soient prises, effectivement, par nos vis-à-vis.
Nous ne tenons pas à tout prix à déposer
collectivement nos démissions. Lorsque nous le ferons collectivement,
c'est parce que nous ne verrons plus de possbilité sérieuse d'un
règlement prochain de ce qui nous sépare depuis maintenant deux
ans. En conséquence, voici la déclaration que je suis maintenant
autorisé à vous présenter:
Nous devrons déposer collectivement cette semaine les
démissions recueillies. J'ai un texte qui vous est remis à
l'instant.
M. LE PRESIDENT: Très bien.
M. LALIBERTE: « Nous devrons déposer collectivement cette
semaine les démissions recueillies à moins que: 1) Soit
établie rapidement une entente provinciale établissant: a)
l'accord sur tout ce qui est déjà déclaré
réglé et il y en a et sur tout ce qui le sera d'ici
15 jours il y a dans cela une reprise de négociations; b) une
entente provinciale établissant la la pleine rétroactivité
de salaire, déjà budgétisée d'ailleurs; c) la
prolongation des clauses de nos anciennes conventions collectives autres que
celles qui sont ou qui seront couvertes par le point a) ci-haut; Ou, au choix
du syndicat; c) l'acceptation des offres patronales autres que ce qui est
couvert par a) ci-dessus. 2o Soit établi et signé d'ici le 28 mai
prochain, un protocole provincial de retour à la normale de la situation
actuelle, prévoyant entre autres l'abstention ou le retrait de toutes
représailles réciproques ainsi que l'abstention ou le retrait
réciproque de toute poursuite judiciaire.»
Je suis autorisé à faire cette proposition au nom des
trois organismes syndicaux.
M. LE PRESIDENT: Me permettez-vous une question M. Laliberté? Y
a-t-il eu des procédures de prises ni de part ni d'autre? Juste pour
clarifier votre deuxième paragraphe.
M. LALIBERTE: II y a actuellement des procédures
d'engagées dans certains milieux concernant, par exemple
engagées depuis plusieurs mois d'ailleurs des manquements
à l'article 11 du code du travail sous les formules d'intimidation.
Il y a également des procédures qui ont été
prises en ce qui concerne les injonctions sur les grèves tournantes et
la cause est logée en appel, je crois.
Il y a au moins une autre injonction qui a été prise la
semaine dernière dans la région de la Baie-des-Chaleurs contre
une grève générale faite par les enseignants de la
Baie-des-Chaleurs en contrepartie d'une suspension
décrétée par la régionale de la Baie-des-Chaleurs
contre une institutrice qui avait critiqué un manque de consultation de
la commission scolaire, critique faite dans un journal syndical
d'association.
Il y a aussi une injonction et il se peut qu'il y en ait d'autres
actuellement qui m'échappent.
M. LE PRESIDENT: Maintenant, il y a eu, comme vous l'avez noté
également des poursuites par le syndicat...
M. LALIBERTE: Oui, oui.
M. LE PRESIDENT: ... en vertu du code du travail pour des manquements
d'après votre syndicat local...
M. LALIBERTE: C'est ça!
M. LE PRESIDENT: ... des manquements au code du travail.
M. LALIBERTE: C'est ça! Disons que le point 2, quoique
rédigé un peu différemment, est l'équivalent de ce
que nous appelons d'habitude, à la suite d'une grève, un
protocole de retour au travail. Nous ne pouvions pas l'appeler ici un protocole
de retour au travail parce que nous sommes encore au travail. Mais, c'est
l'équivalent de ce qu'est un protocole de retour au travail.
M. LESAGE: M. Laliberté, je voudrais bien comprendre, à a)
vous demandez l'accord sur tout ce qui a été réglé
et qui le sera d'ici quinze jours. Ce sont les paragraphes d'abord qui ont
été initialés. Je pense bien que là, il n'y a pas
de difficulté...
Quand vous parlez de la pleine rétroactivité des salaires,
voulez-vous m'expliquer ce que ça veut dire au juste?
M. LALIBERTE: Cest ça! Sur le point a) il ne faut pas minimiser
les derniers mots.
Ce sont ceux qui sont déjà déclarés
réglés et tous ceux qui le seront dans une négociation
d'ici quinze jours.
M. LESAGE: Oui.
M. LE PRESIDENT: Mais ça se relie à c).
M. LESAGE: Oui, le c), j'étais pour le mentionner dans un
instant.
M. LAliBERTE: Vous voulez savoir à propos de c)?
M. LE PRESIDENT: Non, non, le a) et le c) sont assez reliés.
M. LALIBERTE: Ah, bien sûr! Ecoutez, c'est globalement tout
ça, là!
M. LESAGE; Bien oui!
M. LALIBERTE: Et il y aura d'autant moins de cas dans le c) qu'il y en
aura qui passeront dans le a).
M. LESAGE: Oui, mais j'étais pour revenir tout à l'heure
à l'analyse de votre c). Je voulais commencer par comprendre exactement
ce que voulait dire b).
M. LALIBERTE: Le b)? M. LESAGE: Oui.
M. LALIBERTE: Bien, pour l'année en cours, nous n'avons jamais pu
réussir à obtenir de la partie patronale, depuis le mois
d'octobre ou novembre 1968, je pense, que les augmentations de salaires ainsi
consenties soient garanties aux enseignants pour l'année qui
s'achève. Alors la pleine rétroactivité de salaire, ce
sont les hausses de salaires dues aux échelles de traitements
acceptées depuis l'automne, je crois que c'est depuis la fin octobre
pour l'année en cours.
M. LESAGE: Bon! A c) là, évidemment la dernière des
choses que je voudrais faire, ce serait de prêter des intentions à
qui que ce soit.
Mais, quel espoir pourrait-il y avoir? En relisant a) et c) et en
réponse à une question du premier ministre, vous avez dit
qu'évidemment que les deux paragraphes étaient reliés,
parce que les clauses mentionnées à c) peuvent passer à
a). Mais si certaines de ces clauses prévues à c) sont plus
avantageuses que celles sur les- quelles une entente pouvait intervenir d'ici
15 jours, en vertu de a), il n'y a aucun espoir que ces clauses passent de c)
à a). C'est une arme assez forte.
M. LALIBERTE: Serait-il si tragique de prolonger nos anciennes
conventions collectives?
M. LESAGE: Si vous voulez, je vais en parler seulement pour ce que j'en
connais, M. La-liberté, un point qui a été bien
discuté ici, autour de la table, c'est le maximum protégé
ou le maximum inférieur. Vous semblez d'accord ou presque d'accord sur
le maximum protégé ou maximum inférieur, pour 20
périodes de 50 minutes, il me semble, après vous avoir
écouté, après avoir écouté M. Tremblay.
Aurez-vous intérêt à signer une telle clause pour que la
clause passe dans a) étant donné ce que dit c)?
M. LALIBERTE : II ne faut pas oublier, M. le chef de l'Opposition, que
nous disons, dans les deux premières lignes de ce texte, que nous ne
déposerions pas nos démissions.
M. LESAGE: Non, je sais. J'ai très bien compris.
J'étudiais votre document pour être capable d'en jauger la valeur
comme instrument possible de règlement, c'est là...
M. MASSE: M. le Président, j'aurais une question à poser.
Dans la première phrase, il est dit que: « Nous devrons
déposer collectivement cette semaine... », donc d'ici sept
jours...
M. LALIBERTE: Non...
M. MASSE: ... avant le 1er juin, de toute façon, « les
démissions recueillies ». Le mot « cette semaine »,
à moins que premièrement dans a) la fin du paragraphe « ou
qui le sera d'ici 15 jours », comment faisons-nous le lien entre «
15 jours » et « cette semaine »?
M. LALIBERTE: M. le Ministre, si une formule comme celle-là vous
agréait, nous ne déposerions pas nos démissions.
M. MASSE: Cette semaine?
M. LALIBERTE: Nous ne pouvons pas les déposer après le 1er
juin.
M. LESAGE: C'est cela, j'ai bien fait le lien entre les deux.
M. LE PRESIDENT: Ils ne les déposeraient pas du tout.
M. LESAGE: C'est le lien entre a) et c). M. LE PRESIDENT: M.
Choquette.
M. LALIBERTE: Ce n'est pas la prolongation de la date du 1er juin
à une date dans quinze jours que nous proposons ici, pas du tout.
M. LE PRESIDENT: M. Choquette.
M. CHOQUETTE: M. Laliberté, mon but, en vous posant des
questions, n'est certainement pas de vous tomber dessus. Je me demande, en
lisant les conditions a), b) et c), si cela ne représente pas en fait le
maximum de ce que le syndicat puisse obtenir dans l'état actuel des
choses. C'est-à-dire que vous semblez faire indirectement, par ce
document, ce que vous ne pouvez faire directement à la table des
négociations. Il faut bien clarifier la situation. Il faut être
bien clair.
M. LALIBERTE: M. Choquette, nous avons tenté pendant 23 mois,
puisque nous sommes maintenant à la fin du 23e, d'arriver à une
entente. Si nous déposons nos démissions cette semaine, il y en a
suffisamment c'est connu publiquement pour qu'en septembre
prochain un grand nombre d'écoles de niveaux secondaire et
élémentaire ne puissent ouvrir leurs portes jusqu'au moment
où nous aurons fait une entente entre nous.
UNE VOIX: Une question, s'il vous plaît.
M. LALIBERTE: Laissez-moi compléter, s'il vous plaît.
Nous essayons, par un moyen comme celui-là, un règlement
rapide, dans les quinze prochains jours, auquel cas, nous promettons...
M. LE PRESIDENT: Si vous me permettez, à moins que...
M. CHOQUETTE: J'ai quelques autres questions et observations à
faire. Si M. Laliberté veut compléter sa pensée,
cependant, je pense qu'en toute justice, il faut lui permettre d'expliquer les
motifs de ce document-là.
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous ajouter à vos propos, M.
Laliberté?
M. LALIBERTE: Seulement deux mots. Les motifs sont bien évidents.
Ce type de proposition se fait à la fin, quand vous avez pendant bien
longtemps négocié et que vous n'avez pas réussi à
faire une entente. Un moment donné, vous dé- posez des choses
comme celles-là. C'est dans ce contexte, dans cet esprit et pour
éviter en même temps que nous n'ayons l'obligation de
déposer nos démissions cette semaine.
M. CHOQUETTE: J'ai une autre question à vous poser aussi. Ce qui
me frappe dans votre document, c'est que les deux conditions c),
dépendent entièrement de la volonté du syndicat. Je veux
dire qu'au fond la volonté de l'employeur n'intervient pas du tout. Vous
le placez comme dans une camisole de force et vous dites: Nous nous
réservons les options de choisir...
M. LALIBERTE: Mais, c'est nécessaire parce qu'autrement, si vous
disiez conjointement entre le c) et le c', qu'est-ce qui arriverait? Bien
sûr que nous dirions nos anciennes conventions collectives et eux
diraient, nos propositions actuelles. Et nous serions exactement là
où nous sommes depuis 23 mois.
M. CHOQUETTE: Je suis d'accord avec vous, M. Laliberté, mais
à partir du moment où la partie patronale signerait ce
document-là, est-ce que la négociation avec la partie patronale
durant les quinze jours de négociations que vous prévoyez, ne
devient pas vide de sens? Comprenez-vous ce que je veux dire? Je veux dire
qu'à partir du moment où vous avez obtenu le maximum de ce que
vous voulez ou de ce que vous pouvez avoir, compte tenu des positions
actuelles, à quoi cela sert-il de négocier de bonne foi dans les
quinze jours qui vont suivre? Remarquez que je comprends très bien votre
situation, M. Laliberté, mais en ce sens qu'il y a en vertu de la Loi de
l'instruction publique, une véritable épée de
Damoclès qui pèse sur les deux parties, de part et d'autre,
à cause du délai du 1er juin. Par conséquent, je comprends
très bien les motifs qui vous amènent à soumettre une
proposition de ce genre-là. Mais, je me demande si la solution au
problème actuel, pour que les négociations se poursuivent de
bonne foi, de part et d'autre et avec l'intention d'en arriver à un
accord ou à un compromis quelque part, ne serait pas, par une loi de la
Législature de suspendre les articles 219 et 222 pour cette année
et faire en sorte que les délais pour les démissions et les
délais pour le renvoi d'instituteurs soient reportés au 1er
juillet. Parce qu'à ce moment-là, évidemment, vous, de
votre côté, vous ne seriez pas pris par cette espèce de
nécessité en vertu de la loi, de loger vos démissions
avant le 1er juin. D'autre part, la partie patronale ne serait pas
forcée d'adopter des méthodes comme celles qu'elle a
adoptées la semaine dernière, d'obtenir des signatures
d'engagement individuel.
M. LALIBERTE: Forcée?
M. CHOQUETTE: A ce moment-là, nous laisserions le champ libre
à la négociation normale qui devrait se poursuivre dans les
semaines qui vont suivre.
Je pense que ce serait une solution qui laisserait l'équilibre
des parties relativement égal.
M. LALIBERTE: Si nous étions dans une négociation qui dure
depuis trois ou quatre mois et que nous manquerions de temps, une solution
comme la vôtre serait peut-être pleinement sensée.
Il ne faut tout de même pas oublier que nous sommes assis l'un
devant l'autre depuis 23 mois. Nous essayons de nous entendre depuis ce temps
nous n'y avons pas réussi.
M. CHOQUETTE: Oui. Je comprends parfaitement votre position et votre
impatience, M. Laliberté, et je sympathise avec vous, mais il ne faut
pas oublier que cette impatience et cette nécessité d'arriver
à un règlement s'appliquent aux deux côtés de la
table de négociations. Enfin, je ne vois pas comment...
M. LE SAGE: Nous nous demandons si cela ne s'applique pas plus aux
enfants et aux parents et à ceux qui les représentent.
M. LE PRESIDENT: M. Laliberté, j'ai écouté ce que
vous avez présenté à la commission qui, en fait
nous l'avons dit depuis le début ne pouvait pas être une
table de négociations. Dans la déclaration que vous avez faite,
vous avez précisé que vous étiez toujours prêt
à reprendre les négociations. Etant donné l'excellence,
d'après mol, des premières séances de négociations,
des sept heures, où vous m'avez abordé que le côté
du secondaire, dans votre impatience, je pense, de part et d'autre, d'en venir
finalement à un règlement de cette situation que tous nous
déplorons, ne serait-il pas mieux d'entreprendre immédiatement,
dans les quinze prochains jours, cette tâche, dernière autant que
possible, d'une négociation comme vous l'aviez reprise le 20 mai? Est-ce
que cela ne serait pas préférable, plutôt que d'apporter
ici à cette table des éléments qui relèvent, en
fait, de la table de négociations?
M. LALIBERTE: M. le Président, est-ce que je dois prendre vos
paroles comme un refus de la solution globale que nous venons de déposer
devant vous?
M. LE PRESIDENT: Nous sommes les mem- bres de la commission, vous
êtes devant la commission parlementaire; nous avons, de part et d'autre,
exprimé des opinions. J'ai dit tantôt, et je le
répète, que nous ne sommes pas une table de négociations
ici. Vous avez été ensemble durant sept heures. Cela n'a pas
été si mal. Est-ce que vous ne pourriez pas continuer? Est-ce
qu'il y a des obstacles tels que vous ne puissiez pas continuer? Est-ce que la
loi est un obstacle si, de part et d'autre, vous vous en tenez à un
statut quo?
M. LALIBERTE: M. le Président, il nous faut connaître les
conditions de travail auxquelles nous serons réengagés l'an
prochain. Cela est un point de départ. Nous avons accepté, l'an
passé, de commencer l'année scolaire en ne connaissant pas
quelles seraient les conditions agréées entre les parties, mais
nous ne sommes pas prêts à recommencer une deuxième
année sans connaître exactement les conditions qui régiront
les relations entre les groupes d'enseignants et les commissions scolaires dans
toute la province.
Nous ne pouvons pas ne pas remettre nos démissions cette semaine
à moins d'avoir quelque chose comme ce que nous venons de déposer
devant vous. Nous devons faire en sorte d'être dans une position
où, au mois de septembre prochain, nous ne commencions à
travailler qu'avec une connaissance très précise et très
officielle de nos conditions de travail pour l'an prochain.
Nous ne voulons pas, par ailleurs, abandonner cette possibilité
que nous avons de démissionner collectivement.
Nous ne voulons pas nous rasseoir encore une fois, pendant X jours ou X
semaines, l'un devant l'autre et nous répéter encore une fois les
arguments que nous nous sommes donnés depuis 23 mois.
M. LESAGE: M. Laliberté, tout de même, il me semble que des
progrès ont été faits depuis quelque temps au sujet de la
charge de travail, au sujet du rapport maître-élèves. Au
sujet du rapport maître-élèves, j'ai cru comprendre que,
sujet à l'acceptation en principe et à l'entente sur ce que doit
être la charge maximale, le rapport maître-élèves
suggéré était acceptable. Alors, y a-t-il moyen de
régler d'ici une couple de jours ces deux questions qui ne se
présentent plus comme elles se sont présentées pendant 22
mois, M. Laliberté? Il n'y a aucun doute que, depuis deux semaines, des
progrès ont été faits. J'ai eu seulement à entendre
les premières positions patronales qui ont été faites
à cette table et les premières propos!-
tions que vous aviez faites vous-même pour savoir que les deux
côtés ont bougé pour se rapprocher.
Depuis quinze jours, on a donc envisagé des avenues de
règlement qui ne semblaient pas avoir été
envisagées sérieusement durant les 22 mois antérieurs de
négociations. Si d'ici une couple de jours vous pouviez, en y mettant
toute la bonne volonté possible, des deux côtés,
régler la question des charges de travail au secondaire et à
l'élémentaire, et revenir nous dire mercredi ce qui ce serait
passé. Eh bien, mon Dieu, s'il y a un espoir de règlement presque
immédiat, on envisagera la situation I la lumière des discussions
qui auront eu lieu à la table de négociations, que nous ne
pouvons pas remplacer ici. A ce moment-là, peut-être qu'une
suggestion dans le sens de celle qu'a faite M. Choquette, en suggérant
des dates auxquelles il n'est pas lié, je suis sûr que d'autres
dates pourraient lui convenir. Nous pourrions envisager, nous, les
législateurs, la possibilité d'adopter une législation
d'urgence pour reporter d'un mois, comme M. Choquette l'a
suggéré, soit de 15 jours ou de trois semaines, suivant le
progrès qui aura été fait, les dates limites
prévues à la Loi de l'Instruction publique, aux articles 219 et
2Z2.
M. LE PRESIDENT: Vous pouvez être sûr, M. Laliberté,
pour ajouter dans le sens des propos du chef de l'Opposition, s'il n'y a qu'un
amendement à apporter à une loi, ce n'est pas grave, nous pouvons
faire n'Importe quand.
M. LESAGE: Quand les législateurs sont d'accord.
M. LE PRESIDENT: Quand les législateurs sont ici, ce n'est pas
long. Ils peuvent s'entendre, il n'y a pas de débat.
M. LESAGE: C'est trente secondes en Chambre pour trois lectures.
M. CHOQUETTE: Le tout, M. Laliberté, afin d'assurer que les
positions respectives des parties demeurent en équilibre.
M. LE PRESIDENT: C'est cela.
M. LALIBERTE: M. le Président, j'aimerais...
M. LE PRESIDENT: M. Pearson.
M. PEARSON: Si la présentation d'une loi a simplement pour effet
de prolonger les né- gociations pendant une autre année, ce n'est
pas d'avance. Pour autant que je comprenne ce que M. Laliberté vient
proposer, il voudrait savoir aujourd'hui, de part et d'autre, s'il y a une
possibilité d'arriver à un accord d'ici le premier juin. Parce
que les professeurs ne sont pas intéressés à recommencer
une autre année scolaire sans convention collective. Alors, je pense que
c'est la réponse à laquelle il voudrait arriver.
M. LE PRESIDENT: Si vous me permettez, la première
manière, je pense, de savoir s'il y a une grande possibilité que
tout soit réglé d'ici le premier juin, c'est de ne perdre aucun
temps et de retourner sans délai à la table de
négociations.
M. LALIBERTE: Oui, écoutez, si vous me permettez de parler...
M. LE PRESIDENT: Oui, allez-y.
M. LALIBERTE: ... cela fait plusieurs fois que vous le mentionnez. Il ne
faudrait tout de même pas oublier, de part et d'autre, nous avons convenu
tout à l'heure de ne pas revenir sur la semaine passée. J'ai fait
rapidement allusion à la semaine passée pour expliquer une
situation seulement. Il ne faudrait tout de même pas oublier que nous ne
voulons pas être les dindons de la farce dans cette affaire-là, et
je m'explique. Il n'est toujours pas nécessaire à un employeur de
demander la signature d'un nouveau contrat d'engagement. Alors, que nous nous
abstenions de déposer nos démissions collectivement, que nous
nous abstenions de nos déclarations, le mouvement entrepris au cours de
la fin de semaine à l'effet de tenter de faire signer le contrat
proposé s'est accéléré chez les commissions
scolaires. On utilise le chantage du type suivant: On fait venir les
enseignants un à un devant les principaux d'écoles, en prenant
bien soin de faire venir les responsables syndicaux les derniers. On leur dit:
Vous signez le contrat ou l'on vous congédie. Il y a des milieux comme
Louis-Hémon où il y aura massivement au-delà de 200
congédiements. Comme Dollard-Desormeaux où il y a
déjà massivement 175 congédiements, actuellement. C'est
dans cette situation-là que nous étions la semaine
dernière. C'est dans cette situation-là que nous avons suspendu
les négociations et on voudrait que nous posions toujours les gestes
unilatéralement, nous, alors que de l'autre coté, il n'y a rien
qui se fait.
M. CHOQUETTE: M. Laliberté, je peux
vous dire que pour autant que nous sommes concernés, nous avons
très bien compris la situation qui s'est produite la semaine
dernière à la suite de cette tactique qui a été
adoptée par la partie patronale. Mais, tout à l'heure, je pense
que le premier ministre a dit des paroles très importantes lorsqu'il a
dit qu'il était favorable au respect du statu quo.
M. BERTRAND: C'est cela.
M. CHOQUETTE: Mais le statu quo...
M. LE PRESIDENT: M. Laliberté, je pense me faire
l'interprète de tous mes collègues pour demander aux deux parties
de respecter le statu quo de manière que le climat, qui semblait
prometteur, le meilleur climat qui avait été créé
lors de la reprise des négociations, se continue et que vous nous
reveniez ici. Nous pourrions ajourner notre commission pour que vous puissiez,
pendant ce temps, continuer à négocier souhaitant les deux
côtés de la Chambre le souhaitent que ces
négociations soient fructueuses et se terminent par un
règlement.
Si la date du 1er juin est, comme on l'a dit tantôt, fatidique,
rien ne nous empêche à nous, les parlementaires, d'adopter une loi
immédiatement. Mais nous voudrions, durant les 15 jours, que vous
puissiez continuer cette négociation et nous souhaitons tous qu'elle se
termine favorablement pour les deux parties.
M. LALIBERTE: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Mais à ce moment-là, je
suggérerais vous pourrez parler après que la
commission, dans de telles circonstances, soit ajournée au lundi
après-midi, 9 juin, ce qui veut dire 15 jours.
M. LESAGE: Eh bien, là, M. le Président, évidemment
c'est une suggestion que vous faites aux membres de la commission.
M. LE PRESIDENT: Oui. S'il y a lieu d'amender la loi...
M. LESAGE: Si vous permettez, M. le Président, je dois vous dire
que ce serait là briser l'équilibre entre les parties. En effet,
les enseignants doivent prendre leur décision en vertu de la loi telle
qu'elle est maintenant. Ils doivent prendre cette décision au plus tard
jeudi pour agir vendredi. Il faut donc que la commission parlementaire,
à mon sens, ait un rapport sur l'état des négociations au
plus tard jeudi. C'est, à ce moment-là, que nous pourrions,
après avoir entendu les deux parties, prendre une décision quant
aux modifications à apporter à la loi parce que ces modifications
doivent être apportées avant le 1er juin. Or, le 31 mai, c'est
samedi. Il faudrait que ce soit vendredi le 30 mai.
Par conséquent, il faut qu'au plus tard, jeudi le 29 mai, nous
soyons en mesure d'évaluer le rapport qui nous sera fait de part et
d'autre sur l'état des négociations et sur l'espoir qu'il y a
d'un règlement dans un délai X que nous ne pouvons pas
apprécier aujourd'hui.
Il me semble que c'est la position dans laquelle la commission
parlemantaire se trouve, M. le Président. L'évaluer autrement,
c'est friser l'équilibre. Là-dessus, je pense bien que, sur ce
point-là, M. Laliberté sera d'accord avec ce que je viens de
dire. C'est clair, me semble-t-il, étant donné les prescriptions
de la loi. Il y a un effort de négociations qui doit être
entrepris tout de suite, à la condition que, des deux
côtés, et je pense à la Fédération des
commissions scolaires et aux commissions scolaires, on cesse d'agir pendant ce
temps-là, sur un deuxième front. Je dis la même chose que
vous avez dite, M. le Président, mais en d'autres termes. Qu'on
abandonne le deuxième front pour s'en tenir là où la
bataille doit se livrer, soit autour de la table des négociations.
M. LE PRESIDENT: J'accepte, quant à moi, et Je pense que les
membres du comité accepteront cette proposition qui a été
formulée par le chef de l'Opposition après que j'ai eu fait la
mienne. La mienne était sujette à des amendements à la
loi. Etant donné ce délai d'ici le 1er juin, nous pourrions
ajourner nos travaux du comité d'ici jeudi...
M. LESAGE: Après les ordres du jour. Jeudi après les
ordres du jour.
M. LE PRESIDENT: ... après-midi après les ordres du
jour.
M. LESAGE: Oui.
M. LE PRESIDENT: A 16 heures. Et, s'il y a lieu, à cause de la
marche des négociations, d'amender la loi dans le sens qui a
été indiqué tantôt par mon collègue le
député d'Outremont, les parlementaires seront prêts
à y procéder sans délai. Par la suite, vous pourrez
continuer à négocier. Oui, M. Laliberté.
M. LALIBERTE: M. le Président, vous avez employé
l'expression statu quo. M. le chef de
l'Opposition a employé une expression différente. Il a
demandé à la Fédération des commissions scolaires
d'abandonner le deuxième front. Je prends ses paroles. Il y a quand
même des représentants de la Fédération des
commissions scolaires de présents. Est-ce qu'on peut obtenir, ici, la
garantie qu'ils vont cesser cette action-là que nous continuons à
considérer comme étant tout à fait illlégale?
M. LE PRESIDENT: M. Lefebvre.
M. LEFE BVRE : M. le Président, tout d'abord je n'accepte pas,
comme dit M. Laliberté, que cette action soit illégale. C'est sa
prétention.
Deuxièmement, je n'ai pas la preuve que M. Laliberté,
d'ici jeudi, va arrêter de ramasser des démissions. Si M.
Laliberté, qui disait tout à l'heure qu'il voulait avoir
l'assurance de donner de l'enseignement au mois de septembre, nous aussi nous
voulons avoir l'assurance d'avoir des enseignants au mois de septembre. En
fait, il a une action qui est en cours, lui, depuis deux ou trois mois. Nous,
nous avons une action qui est en cours depuis quatre ou cinq jours. Qu'est-ce
que notre action a de plus en mal que la sienne? C'est que la nôtre est
normale, c'est un contrat qui...
M. LESAGE: Voulez-vous une réponse? M. LEFEBVRE: Oui.
M. LESAGE: C'est que la démission est prévue par la loi.
Il n'y a rien dans la loi qui prévoit que la commission scolaire puisse
offrir à ses enseignants un contrat individuel dont les conditions ne
sont pas déterminées. C'est ça... Je l'ai le document
devant moi.
M. LEFEBVRE: Dans la loi il est écrit que nous pouvons demander
un contrat individuel à chacun des enseignants.
M. LESAGE: Oui, mais c'est un contrat qui ne décrit en aucune
façon les conditions d'engagement. Là-dessus, M. Lefebvre, je
regrette, mais nous ne pourrons pas nous entendre. C'est une erreur qui a
été commise. Je pense que c'est contraire à la loi, que
vous n'auriez pas dû faire ça. Là, tout ce qu'on vous
demande, d'ici jeudi, c'est que vous n'essayez pas de faire signer des contrats
individuels. Ce n'est pas la mer à boire.
M. LEFEBVRE: Si c'est contraire à la loi, qu'on nous indique donc
à quel endroit!
M. LESAGE: Bien, monsieur, c'est l'article 222.
M. LEFEBVRE: Regardez ce qui est écrit à l'article
222.
M. CHOQUETTE: De toute façon... UNE VOIX: Cela ne lui appartient
pas. UNE VOIX: C'est antisyndical.
M. CHOQUETTE: Ce n'est peut-être pas illégal, c'est quand
même...
M. LEFEBVRE: C'est un geste honnête et humain, mais parce que
c'est nous qui l'avons fait, ça n'a pas d'allure. M. Laliberté
l'a fait, lui, ça de l'allure.
M. LESAGE: Oui, mais pensez aux conditions qui sont à votre
projet de contrat. Vous nous dites: Ce seront les conditions d'une convention
à venir, ou encore...
M. LEFEBVRE: Non, non.
M. LESAGE: ... suivant les offres patronales. Ce n'est pas
admissible.
M. LEFEBVRE: Non, non, les conditions du contrat sont contenues dans le
volume blanc et vert qui est sur la table. C'est clair et net dans cette
annexe-là.
M. LESAGE: Non, non, ce n'est pas cela du tout.
M. LEFEBVRE: Ah, oui! c'est ce qui est écrit.
M. CHOQUETTE: M. Lefebvre, vous avez la condition 3 c): « La
commission et l'instituteur conviennent de remplacer le présent contrat
par un contrat conforme à la formule appropriée prévue en
annexe à la convention collective dès la mise en vigueur d'une
convention collective valide et légale régissant la commission et
le syndicat qui représentent...
M. LESAGE: C'est normal...
M. LEFEBVRE: C'est-à-dire que, lorsque la convention collective
est signée, on remplace les conditions de travail et de traitement par
ce qui est inscrit à la convention collective, par l'entente qu'on a
faite avec les enseignants.
M. LESAGE: Voulez-vous, je vais aller plus loin que cela? Avec la
rédaction du contrat que vous demandez de signer, vous vous mettez dans
une situation où vous n'êtes plus intéressés
à signer une convention collective. Parce que, s'il n'y a pas de
convention collective, tous ceux qui auront signé ce contrat-là,
auront accepté les offres patronales du mois de mars. Alors vous
comprenez bien que moi, si j'étais à la place des commissions
scolaires et que j'avais ce papier signé par la grande majorité
des instituteurs, des enseignants de la province de Québec, je ne
signerais Jamais de convention collective. Cela voudrait dire une acceptation
des offres patronales...
M. COURNOYER: Ce n'est pas si pire que cela...
M. LESAGE: Cela n'a pas de bon sens, votre affaire!
M. LE PRESIDENT: Un instant...
M. COURNOYER: Je pense que le débat a justement
dévié sur un accident de la négociation et je pense que
l'essentiel...
M. LESAGE: Sur le deuxième front...
M. COURNOYER: ... sur le deuxième front... pour ma part, je
croyais qu'il n'y aurait pas de discussion sur l'accident...
M. LESAGE: Moi aussi, je l'espérais...
M. COURNOYER: ... disons que nous avons en face de nous, une solution
globale de règlement en date du 26 mai proposée par la partie
syndicale. Elle nous a été remise en face de la commission
parlementaire et le moins que nous puissions espérer, c'est que la
commission parlementaire nous donne l'occasion de l'étudier pour pouvoir
en donner une réponse intelligente.
M. LESAGE: Ce n'est pas ce que le premier ministre vous a
demandé. Le premier ministre a demandé que ce deuxième
front, toutes ces affaires de contrat, de démissions, cela reste dans le
statu quo, que vous vous réunissiez d'ici jeudi, pour voir les
progrès que vous êtes capables de faire sur la charge de travail
au secondaire et à l'élémentaire et que vous reveniez nous
le dire. Ce n'est pas dans quinze jours...
M. LE PRESIDENT: S'il y a lieu d'amender la loi, nous amenderons la loi
dans le sens indiqué, afin de prolonger le délai.
DES VOIX: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Ce que nous voulons, ce que nous souhaitons, c'est que
cela marche.
M. MASSE: M. le Président, au nom de la partie patronale,
c'est-à-dire les fédérations de commissions scolaires et
le secteur de la Ponction publique responsable des négociations dans ce
domaine, je crois que le rapport de table, qui a été fourni
à la commission, est un rapport qui fait la preuve que la
négociation est possible.
M. LE PRESIDENT: C'est ça.
M. MASSE: C'est ce que nous avions déclaré à
plusieurs reprises et c'est la raison pour laquelle, à cette
époque-là, nous avions demandé la reprise des
négociations. Nous sommes prêts à continuer les
négociations dans le même esprit de recherche des solutions
à l'intérieur des mandats qui nous sont donnés.
Nous espérons que, lors de la prochaine commission parlementaire,
comme à celle-ci, il nous soit possible de faire un rapport positif
d'entente entre les parties.
M. LE PRESIDENT: Alors, M. Laliberté, dans cet esprit qui semble
être celui qui anime tous les membres de la commission, de l'Opposition
et du gouvernement, est-ce que l'on peut reprendre sans délai les
négociations et nous faire rapport jeudi à seize heures?
M. LALIBERTE: Y a-t-il condition, M. le Président, sur la
situation? Je reprends votre expression, y a-t-il condition de statu quo?
M. LE PRESIDENT: Statu quo.
M. LALIBERTE: Je reprends votre expression.
M. LE PRESIDENT: Statu quo.
M. LALIBERTE: Mais, cela veut dire quoi?
M. LE PRESIDENT: J'invite les deux parties, l'une d'une part avec ses
démissions collectives et l'autre, d'autre part, se basant,
d'après elle, sur la loi, je l'invite à tenir le statu quo,
à ne poser aucun acte. Je pense me faire le porte-parole de tous les
députés qui
sont ici présents des deux côtés de la Chambre.
M. LESAGE: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Nous avons tous à coeur que ce conflit se
règle le plus rapidement possible.
M. LALIBERTE: M. le Président, je n'ai qu'un mot pour terminer,
c'est que nous en convenons.
M. LE PRESIDENT: Le comité est ajourné à jeudi.
M. LESAGE: Et vous négociez à vingt heures ce soir.
M. MASSE: A vingt heures trente ce soir, à mon bureau.
M. LE PRESIDENT: A vingt heures trente ce soir, les négociations
reprendront.
M. BOUTIN: M. le Président, mon nom est Jean-Pierre Boutin. Je
suis président de 17 syndicats du secteur CEGEP. Nos syndicats nous ont
demandé de comparaître devant la commission parlementaire. Vous
n'êtes pas sans savoir que les négociations traînent depuis
longtemps, depuis le mois de février 1968. Nous avons essayé de
rencontrer, de convoquer à six reprises la partie patronale, ces
derniers temps, dans les collèges...
M. LE PRESIDENT: Quel est votre nom?
M. BOUTIN: M. Jean-Pierre Boutin.
M. LE PRESIDENT: M. Boutin, j'ai été heureux, je vois que
vous voudriez bien que nous vous entendions. La mission de cette commission a
été de rencontrer les parties, partie syndicale et partie
patronale, au sujet du problème des enseignants, secteurs
élémentaire et secondaire et non pas d'autres problèmes.
Nous n'avons pas mandat de confié par la Chambre pour vous
écouter à ce moment-ci.
Nous allons nous occuper d'abord de ce problème et quant aux
autres, nous verrons.
M. BOUTIN: La situation peut continuer à pourrir dans les
CEGEP.
M. LE PRESIDENT: Espérons qu'elle ne pourrira pas plus chez vous
qu'elle n'a pourri ici.
M. BOUTIN: Nous espérons, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Très bien. (Fin de la séance: 18 h
13)
Séance du 29 mai 1969 (Seize heures sept minutes)
M. BERTRAND (président de la commission parlementaire permanente
de la présidence du conseil): A l'ordre, messieurs! Je demanderais aux
deux parties de procéder comme on l'a fait l'autre jour et de nous faire
rapport de la marche des négociations. M. Tremblay, pour la partie
patronale.
M. TREMBLAY (sous-ministre): M. le Président, les
négociations se sont poursuivies depuis lundi soir à raison de
trois séances d'une demi-journée chacune par jour. Lundi dernier,
le genre de rapport que j'ai présenté à la commission
était relativement détaillé, analysant point par point
chacune des étapes franchies par chacune des parties, du moins la partie
patronale. Aujourd'hui, avec votre permission, compte tenu de deux faits, mon
rapport se présentera un peu d'une autre manière. Ce sera
plutôt un rapport de l'état des opérations, si l'on peut
dire, plutôt qu'une analyse détaillée de tout le chemin
parcouru, ce qui prendrait manifestement trop du temps de cette commission.
Les deux faits auxquels je viens de faire allusion sont les suivants.
D'une part, nous avons, je crois, parcouru matériellement beaucoup de
trajet, considérant plusieurs chapitres, non seulement la fin du
chapitre 8 qui était déjà en cours, mais les chapitres 5,
6 et 7 ainsi que, dans le sens que j'indiquerai tout à l'heure, les
chapitres 1, 2, 3 et 4.
Compte tenu, donc, de quantité de matériaux en cause et
compte tenu d'un autre fait que je me permets de souligner, celui qu'au cours
même des pourparlers nous avons atteint un accord sur un nombre de
questions que je crois important, comme je soulignerai tout à l'heure;
compte tenu de ces deux faits, où j'ai maintenant plusieurs
catégories de questions, si l'on peut dire, des questions
réglées et des questions à propos desquelles il y a des
rapprochements seulement, mon rapport sera donc très bref. Je me
contenterai, à propos des questions, d'en faire
1'énumération pour dire de quoi nous avons parlé et
d'indiquer à peu près l'état des choses à l'heure
actuelle.
Nous avons, comme je viens de l'indiquer, terminé l'étude
du chapitre 8, pour la question de l'élémentaire.
A ce sujet nous en sommes à peu près au point où
nous en étions lundi dernier, étant donné que, lundi, nous
avons vu où nous en étions en ce qui concerne tous les aspects du
secondaire.
Nous avons aussi abordé le chapitre 5 qui a été
divisé en deux blocs de questions majeures: les questions relatives
à la sécurité d'emploi et les questions relatives à
la sécurité sociale, à l'affectation, aux mutations, aux
promotions.
Dans la première partie, se trouve compris un certain nombre
d'aspects, et c'est cette partie qui, comme telle, a été
réglée par la simple énumération des points compris
dans cette partie. Je pense que vous verrez que sur ce point des progrès
importants ont été réalisés par l'accord qui a
été conclu.
Premier point que je mets en relief: la partie patronale a
accepté que la préférence soit donnée aux
brevetés pour l'embauche.
Deuxièmement, elle a également accepté qu'en cas de
fusion et d'annexion de commissions scolaires, de même que dans le cas du
passage de la 7e année, actuellement comprise dans le primaire, au
secondaire selon le nouveau règlement 1, dans de tels cas, l'emploi
serait également maintenu en vertu d'un principe auquel nous avons
donné une certaine portée générale à l'effet
que, dans tous les cas où des déplacements d'élèves
s'effectuent en nombre suffisant, les enseignants vont suivre les
élèves. Ce qui, dans le cas particulier du passage de la 7e
année au secondaire, comporterait l'obligation pour la régionale
d'embaucher les professeurs qui étaient auparavant à l'emploi
d'une autre commission scolaire, la commission scolaire locale.
Troisième point, nous avons reconnu l'arbitrage, dès la
première année, pour ceux à qui une convention en vigueur
le reconnaissait en 1967-1968. Dans certaines conventions, on reconnaît
le droit à l'arbitrage en cas de non-rengagement dès la fin de la
première année.
Par contre, nous avons convenu de maintenir la période de
probation de deux ans sans arbitrage pour les autres, ceux qui ne sont pas
couverts, à cet égard, par des conventions existantes.
Dans ces cas, toutefois, nous avons accepté d'introduire un
mécanisme qui reste à définir de façon plus
précise, mais un mécanisme qui aurait pour fonction d'aviser la
commission avant qu'elle ne prenne sa décision de maintenir ou de ne pas
maintenir à son emploi quelqu'un qui en est à sa première
ou à sa deuxième année d'enseignement.
Donc, maintien de l'absence d'arbitrage, si je peux m'exprimer ainsi,
mais introduction d'un mécanisme qui permet une certaine souplesse dans
ce système, un mécanisme-conseil pour aviser la commission avant
qu'elle n'ait pris sa décision.
Ce sont les points majeurs de ce que j'appelais tout à l'heure le
bloc sécurité d'emploi. Il y a là des questions
importantes, je pense. Ce bloc, comme tel, est réglé.
M. LESAGE: Est réglé en principe surtout
M. TREMBLAY (sous-ministre): Cest-à-dire...
M. LESAGE: C'est une question de rédaction.
M. TREMBLAY (sous-ministre): II reste les questions de rédaction,
mais sur ces points de principe que je viens de mentionner, je pense avoir
mentionné les principaux. Peut-être M. Laliberté, dans son
propre rapport, senti-ra-t-il le besoin d'ajouter d'autres choses. Je pense
avoir assez bien rapporté les points qui sont couverts par ce bloc et
qui a donné lieu à un accord.
Sur le deuxième bloc, toujours dans le cadre du chapitre 5, le
bloc relatif à la sécurité sociale affectation,
mutation, promotion où l'on retrouve des questions comme
celles-ci, par exemple: la caisse de crédits, maladie et congés
sociaux, garantie de traitement, les problèmes soulevés par les
situations de surplus de personnel, l'assurance-groupe, maladie ou accidents,
les congés de maternité, etc, sur ce bloc je pense qu'on peut
dire qu'il y a eu rapprochement, poursuite du dialogue et rapprochement.
L'affaire n'est pas encore terminée.
J'oubliais de mentionner, à l'intérieur du même
bloc, les questions de la place de l'ancienneté en cas de surplus de
personnel et autres situations analogues.
En ce qui concerne les chapitres 6 et 7, où l'on retrouve de
façon globale les problèmes de classification, la
rétroactivité, le perfectionnement à plusieurs plans et
organisation d'ensemble, je n'entrerai pas dans les détails.
De nouveau, à mon sens, rapprochement manifeste. Je me permets
à cet égard de noter une proposition qui nous a paru
particulièrement constructive de la part de M. Laliberté comme
porte-parole de la partie syndicale, celle de créer un organisme
chargé d'aviser le ministre de l'Education sur les mesures à
prendre pour tenir compte des besoins particuliers de certaines zones
désignées, de certaines zones qui seraient
particulièrement défavorisées, de certains secteurs
défavorisés qui seraient reconnus selon des modalités
encore à déterminer et qui auraient besoin, par
conséquent, de mesures particulières. Le principe d'un tel
organisme a été d'emblée accepté par nous, reste
à trancher
les questions de modalités de sa constitution et des sommes qui
pourraient être affectées à une telle opération.
A ce propos, Je me permets de dire que, comme partie patronale en ce qui
concerne les montants qui peuvent être en cause sur un point ou sur un
autre, nous avons pris l'attitude de les mettre entre parenthèses, en
quelque sorte, de façon qu'au terme de cette revue et de ce dialogue
global, nous ayons une vue d'ensemble à cet égard, et que nous
soyons plus en mesure de voir jusqu'à quel point nous nous maintenons
dans les cadres qui nous sont tracés. Autrement dit, nous ne voulons pas
trancher les questions monétaires une à une, parce que nous avons
affaire à un cadre global.
En ce qui concerne les chapitres 1, 2, 3 et 4, Je dirais que nous avons
eu à ce sujet ce que nous avons appelé entre nous l'humour
n'est pas nécessairement absent des négociations «
la partie des étoiles ». Nous avons fait l'inventaire des
étoiles, c'est-à-dire des questions considérées
comme définitivement réglées, et 3 toutes fins pratiques,
paraphées, je crois, de même que ce qui demeure encore l'objet de
pourparlers ultérieurs.
M. LESAGE: Est-ce qu'il y a une augmentation du nombre des
étoiles?
M. Tremblay (sous-ministre): A cette phase, nous avons eu partie nulle
en quelque sorte, cela a été une partie d'inventaire, les
périodes supplémentaires introduiront des décisions plus
marquées.
M. LE PRESIDENT: Essayez de faire sortir la lune.
M. LESAGE: Oui, ou bien d'avoir des télescopes plus puissants qui
vous permettront de découvrir de nouvelles étoiles.
M. TREMBLAY (sous-mlnlstre): Il s'en fabrique peut-être tous les
jours des étoiles.
M. LE PRESIDENT: Allez à la lune.
M. TREMBLAY (sous-mlnlstre): J'ai terminé, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: M. Laliberté.
M. LALIBERTE: M. le Président, j'hésite, en fait, entre
deux formules: ou bien dire: M. Tremblay a fait état des choses
parce qu'il n'a pas dit d'inexactitudes, mais il n'a évidemment pas tout
dit, c'est clair, parce que trois jours de négociations...
M. LE PRESIDENT: C'est pour cela que nous vous attendons.
M. LALIBERTE: ... c'est plus que quelques minutes de rapport; c'est
même un peu frustrant de faire trois longs jour s comme nous avons fait,
et d'entendre le rapport en cinq minutes.
M. TREMBLAY (sous-mlnlstre): C'est frustrant pour tout le monde.
M. LALIBERTE: C'est le type de remarques que nous nous échangeons
à la table.
M. LESAGE: Si l'humour est revenu, c'est déjà un bon
signe.
M. LALIBERTE: II y en a eu constamment depuis le début.
M. LESAGE: C'est très bon signe.
M. LALIBERTE: II y en a eu constamment depuis le début.
M. LE PRESIDENT: II n'y a rien comme la bonne humeur.
M. LALIBERTE: II y a des grognements à l'occasion, mais...
M. LE PRESIDENT: II en faut de ça. Pour apprécier la bonne
humeur, il faut grogner de temps à autre.
M. LALIBERTE: Ce n'est pas bête, pas bétel
M. LESAGE: La Chambre à ce point de vue donne un bien mauvais
exemple.
M. LE PRESIDENT: C'est-à-dire un assez bon exemple, parfois, et
un mauvais à d'autres moments.
M. LALIBERTE: Dans cette même veine, nous apprécions
d'autant plus l'accord fait sur la sécurité d'emploi qu'il n'y
avait pas eu tellement d'évolution au cours des 23 mois. Cest dans la
même veine que les dernières remarques. Effectivement il y a un
accord. Bien sûr, nous ne l'avons pas rédigé. Nous ne nous
faisons pas d'illusion, au moment de la rédaction il va surgir des
problèmes...
M. LE PRESIDENT: Mais soyez quand même optimistes.
M. LALIBERTE: Pour être bien honnête,
M. le Président, je suis plus optimiste que je ne l'ai
été jusqu'ici.
M. CHOQUETTE: Bravo!
M. LALIBERTE: Cela ne veut pas dire que nous allons régler
cependant, j'imagine d'ici quelques heures non, parce qu'il reste vraiment des
gros morceaux. Pour reprendre le début de ce que je disais,
j'hésite entre tout simplement dire: II a fait état réel
de la situation et amorcé certains points. Je suis bien conscient que,
si nous voulions tout passer, cela serait long parce qu'il y a beaucoup de
choses. Les chapitres 1, 2, 3 et 4 tout humour mis à part,
n'étaient qu'une revision des textes. A ce moment-là, il n'y a
pas eu vraiment de modifications. Mais les chapitres 5, 6 et 7,
c'est-à-dire les deux blocs de sécurité d'emploi et de
sécurité sociale; le chapitre 6 avec les questions de
rétroactivité, avec les questions de classification, avec aussi
certaines énumérations à l'intérieur. Le chapitre 7
avec les questions de perfectionnement et l'organisme auquel a fait
référence M. Tremblay tout à l'heure. Ce sont vraiment de
gros morceaux.
Finalement disons que je vais me contenter de souligner un certain
nombre de choses sans faire état de façon exhaustive de
l'ensemble.
M. LESAGE: Je comprends que ce sont les choses auxquelles vous attachez
le plus d'importance, M. Laliberté?
M. LALIBERTE: Ou pour lesquelles nous avons besoin des travaux de la
commission parlementaire.
M. LESAGE: Eh bien!
M. LALIBERTE: Je suis nâif en le disant.
M. LESAGE: Nous allons prendre des notes. Ou naïf ou
réaliste.
M. LALIBERTE: Nous n'avons pas pu éviter de noter que les travaux
de la commission parlementaire ont aidé à produire des
résultats sur un certain nombre de choses dont la sécurité
d'emploi.
Nous disions, je crois, au tout début, que nous ne savions pas ce
qu'allait être la commission parlementaire je me permets un
jugement à ce moment-ci elle a aidé. Elle a jusqu'ici
nettement aidé.
Alors dans ce sens, j'aimerais reprendre la question des conditions de
travail à l'élémentaire.
M. LESAGE: Est-ce que ça a bougé depuis la dernière
fois que nous en avons parlé ici, M. Laliberté?
M. LALIBERTE: Si légèrement que je ne sais pas trop
comment le qualifier. Je peux vous faire assez rapidement cependant un rapport
là-dessus. Nous avons effectivement proposé...
M. LESAGE: Ce qui m'inquiète, ce sont les $9 millions.
M. LALIBERTE: Ce sont?
M. LESAGE: Les $9 millions. On disait que ça conterait $9
millions.
M. LALIBERTE: Vous allez voir que dans le rapport que je vais faire, les
$9 millions sont fondus.
M. LESAGE: Ah bon!
M. LALIBERTE: Pour une bonne partie.
M. LESAGE: C'est une bonne nouvelle pour le ministre des Finances.
M. DOZOIS: Je me demandais si je devais partir ou rester!
M. LE PRESIDENT: C'est une bonne nouvelle pour les contribuables.
M. LALIBERTE : Restez, ça va vous intéresser, M.
Dozois.
M. LESAGE: M. Dozois aime mieux rester pour les bonnes nouvelles.
M. LALIBERTE: M. le Président, nous avons proposé
l'acceptation je résume tout simplement du rapport 1/27
assorti en fait des deux encadrements suivants: Dans la mesure où il
nous permet, et pour avoir des spécialistes, et pour avoir d'autres
types de personnels supplémentaires, dans la mesure où 1/27 nous
permet d'avoir un professeur de plus par douze classes. Je précise tout
de suite que ça ne veut pas dire 1/27 plus un professeur de plus par
douze classes.
Partout où cette condition d'un professeur de plus par douze
classes entre dans 1/27, il n'y aura pas de problème avec le 1/27. Nous
évaluons que cela peut entrer en plusieurs endroits à
l'intérieur du 1/27.
Au lieu de calculer...
M. LESAGE: Sur ce professeur de plus pour douze classes, vous nous aviez
dit l'autre jour qu'à l'élémentaire, en
général, il y avait des professeurs de spécialités
qui remplaçaient le professeur titulaire. Cela n'existe pas partout,
à tous les niveaux et dans toutes les écoles, n'est-ce pas?
M. LALIBERTE: Non, je ne pourrais pas dire que cela existe dans toutes
les écoles, effectivement.
M. LESAGE: Même dans des commissions scolaires comme celles de
Québec.
M. LALIBERTE: A Québec, je ne saurais dire la proportion, mais il
y en a... Il n'y en a pas actuellement...?
UNE VOIX: Dans la convention collective, c'est prévu pour l'an
prochain; un professeur de plus par douze classes...
M. LESAGE : C'est prévu dans la convention collective avec la
commission scolaire de Québec pour l'an prochain?
M. LALIBERTE: Dans des proportions... M. LESAGE: Parce que cette
année...
M. LALIBERTE: M. le Président, si vous me permettiez...
UNE VOIX: Echelonné sur une période de trois ans.
M. LALIBERTE: Si vous me permettiez, nous vous distribuerions un
document qui vous donnerait... Ce sont seulement des chiffres, mais cela va
vous donner quand même un certain aperçu. Je compléterais
l'énoncé de notre proposition, parce qu'elle n'est pas
complète.
M. LESAGE: Sur votre proposition...
M. LALIBERTE: Oui, mais elle n'est pas complète encore...
M. LESAGE: ... M. Tremblay a un mot à dire...
M. LALIBERTE: Oui, mais c'est parce que je ne l'ai pas formulée
encore, ma proposition.
M. LESAGE: Ah, je vous demande pardon 1 M. LALIBERTE: Elle n'est pas
complète.
Je la continue de la façon suivante. Le rapport
maître-élêves 1/27, c'est garanti, un professeur par douze
classes additionnelles, mais c'est ici que nous avons introduit, entre la
dernière commission parlementaire et la négociation, un
élément de souplesse de plus. Calculez un professeur par douze
classes, calculez dans ce que nous avons, les deux parties, convenu d'appeler
le territoire en tout cas, dans le vocabulaire que nous utilisons
le territoire de secteur d'aménagement de commission scolaire
régionale. Je donne un exemple: là où il y a des
sous-centres dans une commission scolaire régionale, on convient
d'appeler cela un secteur d'aménagement.
Cela permet ceci. Si nous avions posé, comme nous le faisions
auparavant, cette exigence d'un professeur par douze classes au niveau de
chaque commission scolaire, cela aurait coûté plusieurs exigences
dans certains milieux, pour les petites commissions scolaires qui ont peu
d'élèves ou peu de classes et qui n'auraient pas pu atteindre un
nombre suffisamment important d'élèves par classe pour entrer
à l'intérieur du rapport 1/27. En le calculant dans le territoire
d'un secteur d'aménagement, cela veut dire qu'une commission scolaire
mieux située à cause de sa proportion d'élèves, par
exemple, sur un territoire plus restreint, peut, de cette façon, venir
en aide à de plus petites commissions scolaires avoisinantes. Le calcul
se faisant sur un bassin régional, disons, plutôt que strictement
au niveau de la commission scolaire.
C'est un élément de souplesse parce que cela permet, en
fait j'ai presque envie de dire des transferts éventuels
dans une commission scolaire qui aurait une meilleure situation qu'un
professeur additionnel par douze classes. Cette façon de calculer
permettrait d'ajouter, disons, d'aider, d'amener ce personnel
supplémentaire dans de plus petites commissions scolaires moins bien
organisées des environs.
Là-dessus évidemment, je ne veux pas le citer si ce
n'est pas exact nous avons eu à la table de négociations
la réaction suivante. Compte tenu, bien sûr, que nous parlons
toujours de 30 élèves par classe, le rapport étant de
1/27, la marge entre 30 et 27, c'est elle qui nous permet, en fait, avec ces
calculs de pouvoir donner ce personnel supplémentaire.
On nous a répondu qu'une proposition comme celle-là, en
fait, s'inscrivait presque à l'intérieur du rapport 1/27, qu'il y
avait très peu de différence en termes d'argent. Cela nous
donnait une certaine garantie que nous jugeons nécessaire. Vous voyez
évidemment, dans les données statistiques, que dans les
écoles ou il
n'y a pas 35 ou 40 élèves en moyenne, les classes sont
relativement faibles.
M. LESAGE: Est-ce que je pourrais, pour bien saisir, avoir un exemple?
Prenons la régionale de Tilly, vous avez Sainte-Foy qui est un secteur,
vous avez Lotbinière, je pense, qui est un autre secteur, ou une partie
de Lotbinière. Alors, si je comprends bien, votre proposition est de
faire les calculs que vous mentionnez par secteur, c'est-à-dire que le
surplus de Sainte-Foy ne pourrait pas servir à compenser
Lotbinière.
M. LALIBERTE: Non.
M. LESAGE: Tout le secteur de Lotbinière serait pris comme un
tout et non pas chaque commission scolaire locale individuellement dans
Lotbinière.
M. LALIBERTE: C'est cela. Il n'y aurait pas de transfert entre les
secteurs, mais il y aurait des transferts 3. l'intérieur d'un secteur
d'aménagement.
M. LESAGE: Je pense l'exemple bien choisi; c'est exact?
M. LALIBERTE: Oui, c'est exact dans celui que vous prenez. Cela se
retrouve à peu près partout dans les territoires de nos
régionales.
Il y a presque partout des secteurs d'aménagement comme cela,
c'est-à-dire une certaine décentralisation, ce qu'il est aussi
convenu d'appeler des sous-centres quand on parle du secondaire.
M. LESAGE: C'est cela.
M. LALIBERTE: Alors le secteur d'aménagement est
généralement celui d'un sous-centre au secondaire. C'est ce dont
nous parlions, les deux parties, dans nos conversations.
M. LE PRESIDENT: M. Laliberté, M. Tremblay voudrait, à ce
moment ici, ajouter un mot, si vous permettez.
M. TREMBLAY: Je m'excuse de demander la permission de dire un mot
à ce point-ci. Je ne voudrais pas interrompre le rapport de M.
Laliberté, mais il nous a plus ou moins introduit dans les discussions
autour de la table de négociations. C'est pourquoi je sens le besoin
d'ajouter l'information que je pense nécessaire dans les
circonstances.
Jusqu'au point où il a relaté les choses, le compte rendu
est tout à fait exact. Si les calculs étaient effectués au
niveau du secteur d'aménagement, le rapprochement serait
considérable entre les deux perspectives. Nous avons cependant, et ce
n'est pas fermer la porte à toute discussion ultérieure, mis en
relief le problème administratif suivant.
Je suis sûr que vous avez noté que, dans l'hypothèse
de travail adoptée par M. Laliberté, à l'intérieur
du secteur d'aménagement où l'on pourrait trouver par exemple
quinze ou vingt commissions scolaires, cette hypothèse de travail
suppose que les commissions scolaires, donc des administrations
différentes, s'échangent entre elles des enseignants qu'elles
auraient embauchés. Sur quelle base? La base de leurs effectifs
étudiants. Il y a là une difficulté administrative
réelle s'il n'y a pas un organisme quelconque capable de régir
ces transferts d'un lieu à un autre.
Actuellement, dans la position patronale, un mécanisme de
remplacement est prévu sous forme d'entente entre commissions scolaires
locales. A cette fin précisément, la difficulté
réside dans le fait que la proposition patronale laisse de telles
ententes à la libre discrétion des commissions scolaires alors
que l'adoption de la formule proposée le leur imposerait et devrait
définir l'échelle à laquelle une telle imposition devrait
s'effectuer. Autrement, cette formule n'est pas administrativement applicable
de façon efficace. C'est la difficulté que nous voyons.
Encore une fois, il s'agit là de pourparlers qui sont en
cours.
M. LALIBERTE: M. le Président, il est exact que notre proposition
entraînerait les commissions scolaires locales d'un territoire
donné à faire des ententes entre elles. C'est probablement ce que
veut dire M. Tremblay quand il parle de difficultés administratives,
mais je ne voudrais surtout pas que la commission parlementaire ait
l'impression que notre demande amène ou impose une structure
administrative nouvelle. Il n'est pas du tout question de structure. Dans le
fond, ce que nous demandons, c'est que les commissions scolaires
elles-mêmes s'entendent entre elles pour la répartition de ces
effectifs qui seraient mathématiquement calculés au niveau du
secteur d'aménagement.
Si la chose n'est pas possible, si les commissions scolaires ne sont pas
capables de s'entendre entre elles - et je tiens à préciser ici
que les calculs peuvent se faire avant les engagements donc il ne
s'agirait pas nécessairement de déplacer les instituteurs
déjà en-
gagés, mais ces calculs pourraient se faire avant les
engagements. Il pourrait y avoir une entente prédéterminée
entre les commissions scolaires pour la répartition du personnel
enseignant. Si, administrativement, il y avait moyen de le faire autrement, on
n'a pas d'objection à le faire autrement.
Ce que nous proposons, en fait, c'est que le calcul, au lieu de se faire
au niveau de la commission scolaire... Maintenant, si on nous le proposait au
niveau de la commission scolaire on accepterait, mais cela coûterait plus
cher. C'est qu'au lieu de faire le calcul là, on est prêt à
le faire au niveau du secteur d'aménagement. Mais si, pour aider
administrativement, les commissions scolaires élémentaires du
territoire d'une régionale acceptaient que cela puisse se faire comme
cela se fait déjà dans certains milieux par décision du
bureau des représentants de la régionale où toutes les
commissions scolaires élémentaires sont
représentées, en gardant le même territoire cependant du
secteur d'aménagement, cela nous conviendrait. Le moyen administratif
d'y arriver, nous ne chicanons pas dessus, pour autant qu'il nous permet de
faire ce type de calcul, par secteur d'aménagement.
Et Je ne veux pas du tout ici introduire un autre élément,
je ne veux pas introduire un élément nouveau, mais je ne voudrais
surtout pas que les enseignants aient à porter le poids d'une
incapacité des commissions scolaires à faire des ententes entre
elles.
Surtout, alors que le Conseil supérieur de l'éducation
vient de recommander au plus tôt une transformation administrative
importante des commissions scolaires élémentaires.
M. CHOQUETTE: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: M. Choquette aurait une question à vous
poser.
M. CHOQUETTE: Pas nécessairement à M. Laliberté,
mais, sur ce sujet là, il serait sans doute intéressant d'avoir
le point de vue de M. Lefebvre à titre de représentant des
commissions scolaires, puisqu'il s'agit d'une difficulté administrative.
Non, non, ce n'est pas de la négociation, M. le Président, vu
qu'on soulève la question d'une difficulté administrative.
M. LE PRESIDENT: M. Laliberté, ce problème que
soulève le député d'Outremont, en avez-vous parlé
autour de la table assez longuement? Est-ce qu'il y avait...
M. LALIBERTE: Ecoutez, on en a parlé, mais je ne peux pas dire
qu'on a mis des heures et des heures autour de cela.
M. LE PRESIDENT: Non, non.
M. LALIBERTE: Parce que la réponse qui nous a été
faite... En fait, on n'a même pas discuté des chiffres. La
réponse qui nous a été faite, c'est que cela
créerait des difficultés administratives, que cela n'était
donc pas possible.
M. LE PRESIDENT: Mais, on n'a pas envisagé des moyens semblables
à ceux que vous avez suggérés ou d'autres moyens
d'atteindre le but poursuivi?
M. LESAGE: Il n'a pas dit que ce n'était pas possible.
M. TREMBLAY: Le sens des remarques que j'ai formulées tout
à l'heure, c'était de transmettre à titre d'information
cet aspect. Je pense avoir souligné que le dialogue était en
cours sur le sujet, que la question n'était pas fermée.
M, LESAGE: C'est une bonne chose quand même que nous
sachions...
M. LE PRESIDENT: Oui, oui.
M. LESAGE: ... quels sont les problèmes soulevés à
l'occasion de la suggestion qui a été faite, suggestion qui, si
elle était acceptée et cela, M. Tremblay est d'accord
aurait pour effet de réduire les implications monétaires
de cette suggestion d'un supplémentaire ou d'un spécialiste par
douze classes, de ramener les implications financières à des
montants beaucoup moindres que ceux qui ont été
mentionnés. Je pense que c'est une bonne chose que la commission
parlementaire le sache.
M. LE PRESIDENT: Oui, oui.
M. LESAGE: Maintenant, cela crée un problème administratif
et la façon de régler le problème administratif...
M. LE PRESIDENT: C'est de trouver une formule.
M. LESAGE: Eh bien, il s'agit de trouver une formule et je me fierais
aux négociateurs pour cela.
M. LALIBERTE: Remarquez, M. le Président, que nous avons vraiment
été désarçonnés par la réponse. Parce
que ce n'était pas une réponse qui nous disait par exemple: Votre
chose n'a pas d'allure. Ce n'était pas une réponse qui nous
disait non plus; Votre 1 par 12 c'est bien
trop, c'est exagéré. Ce n'était pas ce type de
réponse. Tout ce qu'on nous disait; Ce n'est pas possible parce que cela
crée des problèmes administratifs; mais il y a d'autres secteurs
dans la convention collective.
Je prends le comité régional sur le perfectionnement.
C'est justement un comité régional entre commissions scolaires.
Ce qui était possible ou ce qui est possible dans leurs propositions
pour le perfectionnement, nous avons vraiment été
désarçonnés qu'on nous réponde de cette
façon-là.
M. LE PRESIDENT: Monsieur, est-ce qu'on a dit que ce n'était pas
possible ou plutôt que cela soulevait des problèmes
administratifs? C'est ce que j'ai compris tantôt de l'intervention de M.
Tremblay.
M. LALIBERTE: Nous avons conclu le tout en disant ceci: II nous semble
possible seulement d'indiquer dans la convention une orientation aux parties en
cause de fonctionner, de se mettre d'accord pour fonctionner sur cette base par
la formule des ententes. Mais c'est une réponse qui nous dit: Nous ne
voulons pas inscrire la garantie dans la convention collective. Puisqu'on nous
dit: II ne nous est possible que de vous dire qu'on pourrait inscrire dans la
convention une imputation.
M. LE PRESIDENT: M. Laliberté, vous avez identifié un
problème? Est-ce que nous ne pouvons pas tenir pour acquis que, la
négociation se poursuivant, le problème pourrait être
abordé de plus près, et tâchez de trouver une formule qui
corrigerait cette difficulté administrative.
M. LESAGE: II y a peut-être eu progrès, mais si je
comprends bien, la réponse qui a été faite à M.
Laliberté pouvait difficilement lui permettre de dire; « Tope
là » comme on dit communément, accepter « Tope
là ». Si on ne lui a donné que l'indication que ce serait
mentionné à la convention collective comme un voeu pieux
d'entente possible entre commissions scolaires locales d'un secteur, je
comprends que ce n'est pas satisfaisant et qu'il faudrait que la formule qu'on
mettrait à point soit beaucoup plus précise et donne des
garanties. C'est bien cela, M. Laliberté?
M. LE PRESIDENT: Disons donc que nous laissons ce
problème-là à la table de négociations. Vous
pourrez continuer à discuter et, sans doute, qu'on trouvera
peut-être une formule qui ne sera pas, comme le chef de l'Opposition le
notait tantôt, un voeu pieux.
M. LESAGE: Croyez-vous qu'il est possible de trouver une telle formule,
M. Tremblay?
M. TREMBLAY (sous-ministre): Je me rappelle très bien avoir
conclu cet échange à ce sujet en indiquant qu'à ce
stade-ci de nos délibérations nous en étions à ce
point-là. Et comme M. Laliberté, lui-même d'ailleurs, avait
terminé un exposé antérieur sur le secondaire, le dialogue
pouvait se poursuivre.
M. LESAGE: Disons que, quant à nous, nous allons exprimer le voeu
pieux, parce que nous ne pouvons pas faire autre chose, que vous y mettiez
chacun du vôtre et trouver une formule qui donne des garanties.
M. LALIBERTE: M. le Président, dans la mesure où les
discussions sont encore possibles et dans la mesure où le
problème administratif n'est pas insurmontable, il est bien clair qu'il
y a moyen encore d'évoluer, j'imagine. Après l'exposé que
je tenais à faire quand même, nous prenons note que nous pourrons
éventuellement rediscuter de cette question-là, sur une base
semblable.
M. LESAGE: Quels sont vos autres points, M. Laliberté?
M. LALIBERTE: J'aimerais souligner que, dans le chapitre 5, dans le
secteur...
M. LESAGE: Vous ne voulez pas parler du secondaire au point de vue de la
charge de travail?
M. LALIBERTE: Nous n'en avons pas reparlé.
M. LESAGE: Vous n'en avez pas reparlé, très bien.
M. LALIBERTE: A un moment donné, nous avons senti tous les deux
que nous avions avancé le plus que nous pouvions avancer dans les
circonstances et nous avons convenu de le laisser porter, comme on dit, pour le
reprendre plus tard.
M. LE PRESIDENT: Suspendre temporairement.
M. LESAGE: Pour essayer de régler d'autres choses et vous avez
réussi.
M. LALIBERTE: Ce n'est déjà pas si mal. M. LESAGE: Oui,
c'est ce que je veux dire.
M. LALIBERTE: J'aimerais souligner, sur le chapitre 5, de ce que nous
appelons...
M. LE PRESIDENT: Allez, M. Laliberté.
M. LALIBERTE: Sur le chapitre 5 de ce que nous appelons la
sécurité sociale, le secteur en particulier de la garantie de
traitements. A toutes fins pratiques, le secteur de l'assurance-groupe-maladie,
sous réserve encore de vérification de certaines clauses et de
certains points, nous utilisons entre nous l'expression suivante:
Procédons avec les gros morceaux ensuite les moyens et les petits.
N'ayant pas pris les moyens et les petits sur l'assurance -groupe, il faut que
nous mettions une réserve.
Mais sur le gros morceau de l'assurance-groupe, à toutes fins
pratiques, nous nous sommes rejoints. Nous ne pouvons pas dire que c'est
déclaré réglé parce que c'était un ensemble
de points, mais nous nous sommes rejoints.
Mais, sur la question de garantie de traitement, nous nous sommes pas
mal rapprochés, mais il reste un point important quand même, qui
nous sépare. D'abord finalement avec, évidemment, plusieurs
échanges cela ne s'est pas fait en 30 secondes nous sommes
arrivés à une formule par laquelle il est accepté de part
et d'autre mais dans un contexte, ce ne sont pas des morceaux
séparés de prolonger pendant la durée de la
convention collective celle que nous négocions les
anciennes clauses de convention collective en ce qui concerne, appelons cela la
garantie de traitements et les autres éléments de
sécurité sociale qui l'entourent congés de
maternité, par exemple, congés sociaux etc. avec et
c'est là où j'arrive sur le point de divergence avec la
différence suivante: Cest que dans notre proposition et dans la leur,
nous faisons une distinction à ce qu'on appelle les nouveaux et les
anciens, les anciens étant ceux qui sont déjà à
l'emploi et les nouveaux étant ceux qui s'ajouteront l'année
prochaine. Je sais que je grossis un peu, mais à toutes fins pratiques,
c'est cela.
Nous avons proposé que la prolongation se fasse pour tous les
anciens pendant la durée de la convention collective et que, pour les
nouveaux, ce soit la formule suivante: La garantie de traitement
assurée ou pas, cela devient un problème administratif. Nous, ce
n'est pas l'assurance qui est nécessaire, c'est la garantie du
traitement. On prétend d'ailleurs qu'il n'est pas nécessaire de
l'assurer pour la partie patronale. Avec la population qu'elle a, elle peut se
donner cette garantie sans payer d'assurance. Mais néanmoins, c'est
secondaire garantie de traitement à la deuxième
journée de maladie ou dès la deuxième journée de
maladie. Et pour couvrir les premières journées les
maladies d'une journée, si vous voulez et les premières
journées de maladie plus longue, une petite caisse annuelle, mais non
cumulative de cinq jours, une petite caisse annuelle et non monnayable, bien
sûr, et non plus cumulative de cinq jours.
Ce qui reviendrait à dire ceci. Le professeur malade, disons
qu'il est malade deux fois dans l'année. Il est malade une fois une
journée et une autre fois trois jours. Dans la proposition qui nous est
faite de garantie de traitement à la troisième journée, la
première fois, il perd une journée et la deuxième fois il
perd deux jours. Dans notre proposition, dans chacun des deux cas, il est
garanti à la deuxième journée plus la caisse de cinq jours
pour couvrir les deux fois la première journée. Dans ce cas, il
n'utiliserait que deux des cinq jours de la caisse de crédits. Mais, il
pourrait arriver qu'il en ait besoin, aussi, dans d'autres cas, de plus que
deux. Cest pourquoi nous mettons une caisse à cinq jours
éventuellement.
Arrive tout de suite dans nos discussions et cela depuis nombre
d'années, la question des abus possibles, etc. Si la personne,
effectivement, était une habituée des absences. Nous ne pouvons
pas garantir, nous, que chez 70,000 personnes qu'il n'y ait aucune personne
qui, à un moment donné, n'ait pas un peu la conscience plus large
de ce côté, nous ne pouvons pas le garantir. Il serait absurde
même de vouloir le prétendre, comme dans tous les autres groupes.
D'un autre côté, nous ne sommes pas prêts à accepter
que, pour quelques cas comme ceux-là, que tous les autres qui
honnêtement sont dans une situation de maladie, même si elle n'est
pas longue, doivent perdre leur journée de traitement. S'il faut
vérifier les cas d'abus, nous avons proposé en même temps
que cette caisse l'établissement d'un système et nous ne
l'avons pas précisé dans notre proposition, mais nous sommes
prêts à en discuter par lequel il y aurait, effectivement,
vérification des abus possibles avec sanction possible s'il y a abus.
Nous ne sommes pas plus intéressés que la partie patronale
à ce qu'il y ait des abus de ce côté. Mais nous voulons
bien pouvoir protéger les gens qui, sérieusement, ont une maladie
même si elle n'est pas longue et les gens qui, même avec rne
maladie longue, n'ont pas de raison de perdre la première journée
comme telle.
Nous ne nous sommes pas rejoints là-dessus au cours de nos
discussions. Je le souligne ici à la commission parlementaire parce que
nous
pensons qu'avec une petite caisse, d'une part, et avec un contrôle
des abus éventuels, d'autre part, nous pouvons trouver une formule qui
satisfasse les deux parties.
M. LESAGE: Si cela était accepté, sauf pour le
lundi...
M. LALH3ERTE: M. Lesage, c'est une chose qui est
fréquemment...
M. LESAGE: Vous dites que vous faites des farces, parfois, autour de la
table.
M. LALIBERTE: M. Lesage, Je réagis, parce que depuis nombre
d'années c'est et le lundi et le vendredi qu'on nous cite dans nos
négociations. Mais, depuis nombre d'années aussi nous allons en
arbitrage avec cette question, depuis nombre d'années il y a des preuves
faites de part et d'autre et depuis nombre d'années les arbitres nous
donnent la protection dis la première journée. Autrement dit, il
y a des mythes qui ont la peau dure, dont celui des vendredis et des
lundis.
M. LESAGE: Bien, il y a certaines expériences que vous vivons
dans la Fonction publique.
M. CHOQUETTE: Dans la fonction...
M. LALIBERTE: Je ne peux pas juger de la Fonction publique et je m'y
refuse. Je connais le milieu des enseignants et je peux vous garantir qu'il y a
certains problèmes qui n'arrivent pas automatiquement un vendredi ou un
lundi.
M. LESAGE: Je suis d'accord, M. Laliberté, j'en suis fort
conscient. C'est d'ailleurs l'une des choses sur laquelle j'ai attiré
à plusieurs reprises l'attention de M. Masse.
C'est un problème, c'est clair. Mais c'est le contrôle qui
est difficile!
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous n'aviez pas dit que vous en discutiez
de ce problème...
M. LALIBERTE: Oui, c'est...
M. LE PRESIDENT: ... et qu'il y avait des éléments
probables de rapprochement?
M. LALIBERTE: C'est-à-dire que, là-dessus, nous ne voyons
pas comment nous pourrions nous rejoindre avec les réponses successives
de la partie patronale.
M. LE PRESIDENT: M. Cournoyer, voudriez-vous ajouter un mot?
M. COURNOYER: Je vais certainement donner la réponse que la
partie patronale a faite à ceci. D'abord en restituant notre proposition
originale qui voulait qu'il y ait une assurance-traitements à compter de
la troisième journée et qui n'était pas
acceptée sans caisse de crédits de cinq jours ou
autrement, c'était une perte nette de traitement pour l'instituteur,
lorsqu'il s'absentait pour deux jours et moins.
A la suite de la suggestion de la partie syndicale, nous avons convenu
de maintenir les clauses des anciennes conventions collectives avec tout ce qui
entourait la garantie de traitement cela va beaucoup plus loin que la
seule maladie pour ceux qui sont à l'emploi de la commission
scolaire actuellement, tel que la demande syndicale le voulait. C'était
une proposition que le syndicat faisait. Je comprends qu'elle était
globale.
A la deuxième qui voulait qu'il y ait cette forme de garantie de
traitements suggérée, nous avons, nous de notre
côté, répondu que nous étions prêts à
donner à tous les nouveaux instituteurs une caisse de crédits en
maladie de quinze jours, non monnayable, cumulative.
A la quatrième proposition concernant les congés sociaux
qui, dans notre proposition, étaient inclus dans les quinze jours, ne
seraient pas associés aux caisses de crédits les cinq
jours dans le cas de la partie syndicale nous avons dit: Les
congés sociaux ne seront pas associés à la caisse de
crédits que nous vous offrons aujourd'hui.
Quant à la compensation pour suppléance, dont on ne
voulait pas dans la formule syndicale, nous avons dit que, devant cette
proposition, à ce moment-ci des négociations au chapitre 5, nous
discuterions de l'adaptation des suppléances à cette nouvelle
allure de la proposition qui veut qu'un instituteur, dans le système,
aura le droit de s'absenter sans aucune forme de contrôles, sauf ceux
qu'on fait déjà. Il ne perdra pas de traitements pour quinze
jours par année, cumulatifs et non monnayables.
M. LESAGE: Dans le cas d'une caisse de cinq jours, le certificat
médical ne vous paraît-il pas suffisant comme contrôle?
M. COURNOYER: Une personne est malade le matin et est bien le soir; il
faudrait qu'elle aille chercher un certificat médical pour une seule
journée. Quand il s'agit de plusieurs jours, le certificat
médical s'élimine de sol. Et établir une procédure
qui voudrait que cha-
que institutrice ou chaque instituteur, dès qu'il s'absente,
doive aller chercher un certificat médical nous a toujours
semblé, avec les conseillers que nous avons consultés, comme
étant extrêmement onéreuse et pour l'un et pour
l'autre.
Pour nous une forme de contrôle comme celle-là, il y a des
gens qui, sans pour autant avoir besoin d'un certificat médical, ne sont
peut-être pas en mesure d'aller enseigner cette
journée-là.
M. LESAGE: Bien oui!
M. COURNOYER: Le certificat, c'est très difficile. Maintenant,
dans la formulation de tantôt on parlait d'abus. Bien, à quel
moment commence l'abus? A compter de la cinquième journée
d'absence, de la dixième? Mais à partir de la cinquième,
il n'y a plus d'abus. Il y a une compensation par le fait qu'il n'est pas
payé pour la première journée lorsqu'il y en a cinq. Nous
avons cru offrir 15 jours de crédits, non monnayables cependant, mais
cumulatifs d'année en année. Je parle toujours de la durée
de la convention parce qu'elle n'a qu'une durée de deux ans maintenant.
Nous faisions oeuvre utile et garantissions à une grande majorité
de nos instituteurs qu'ils pouvaient s'absenter un ou deux jours de suite sans
pour autant avoir une diminution ou une perte de traitement.
M. LESAGE: Dans la Fonction publique, M. Masse, quel est le
système? Est-ce quinze jours cumulatifs non monnayables.
M. COURNOYER: Monnayables.
UNE VOIX: II y a un système monnayable.
M. LESAGE: Monnayable dans la Fonction publique.
M. COURNOYER: Pas tellement monnayable, M. Lesage, en partie à la
retraite.
M. LESAGE: Pardon? J'aimerais que M. Masse nous explique ce qui se passe
dans la Fonction publique?
M. MASSE: Je demanderais aux spécialistes, me
référant à M. Angers, de faire une description
parallèle des deux systèmes.
M. ANGERS: Très brièvement, c'est que dans la Fonction
publique il y a un système de caisses de crédits, 15 jours
cumulatifs par année, et il y a une certaine procédure de
monnayabilité à la retraite ou à la mise au départ.
C'est exact. Ce système si vous voulez que je fasse l'historique
brièvement a été mis sur pied à une
époque où les salaires étaient relativement bas et on
avait ajouté cette notion de monnayabilité comme notion de
salaires différés étant de nature à engendrer en
même temps une présence au travail.
Dans le contexte des enseignants on pourrait aussi bien prendre
les collèges classiques, les CEGEP ce qui a été
offert est ceci : C'est une caisse non monnayable, mais d'autre part, une
garantie à tous les enseignants de maintien de ce qu'ils ont
présentement qui, très souvent, dans bon nombre de cas, est
supérieur à une caisse de crédits ordinaire. A ce
moment-là il y a une certaine compensation.
M. LESAGE: Parce que toute notre discussion, c'est pour les nouveaux
enseignants.
M. LE PRESIDENT: C'est ça, pour les anciens, il n'y a pas de
problème.
M. ANGERS; Ce qui revient à dire juste un mot, M.
Laliberté ce que nous avons offert aux enseignants, à
toutes fins pratiques, correspond aux pratiques nord-américaines.
M. LALIBERTE: Pas en bloc D'abord, ça ne correspond pas du tout
à ce qui existe dans nos milieux, à nous, parce que sur 48,000
recensés, par exemple, dans une enquête, nous avons trouvé
qu'il y en avait 44,000 qui étaient tous protégés
dès la première journée...
M. ANGERS: Puis-je répondre?
M. LALIBERTE: ... dont 18,000 avec une caisse monnayable. Ce qui nous
est proposé, ce n'est pas ça chez nous, mais je vais ajouter une
explication à la notion de nouveau. Il faut faire attention ici à
la notion de nouveau. Le nouveau, dans nos discussions, est celui qui, bien
sur, sort d'une maison de formation des maîtres et entre pour la
première fois dans une commission scolaire. Mais, est également
considéré nouveau celui qui quitte une commission scolaire pour
aller dans une autre. Quand il arrive dans la deuxième commission
scolaire, il est considéré aussi comme nouveau. Or, comme il y a
à peu près 20% de rotation des enseignants par année,
ça veut dire que très rapidement la grande majorité des
gens sont effectivement des nouveaux. La réalité qui se
produirait, c'est que graduellement on abandonnerait nos anciennes conditions
pour prendre cel-
les-là qui sont nettement moins favorables que celles qui
existent dans la Fonction publique.
Si encore ils avaient proposé ce qui existe dans la Ponction
publique, ce serait peut-être plus discutable pour les nouveaux, mais ce
n'est nettement pas ça qui nous est proposé.
Il y a une autre chose également qui est un peu aberrante dans
tout ça, c'est quand on nous propose la protection pour les longues
maladies. On ne protège pas les premiers jours. Quand on nous propose de
protéger les premiers jours, on coupe la caisse. C'est-à-dire
qu'on ne protège pas les longues maladies. Ce n'est pas un principe qui
tient, à ce moment-là, si on nous a proposé, dans certains
cas, des caisses de quinze jours. Ce n'est plus le principe de la
première journée. On a reconnu que pouvaient exister des caisses
qui protègent dès la première journée. Dans
d'autres cas, on ne protège pas les premières journées
parce qu'on protège les longues maladies.
M. LESAGE: Cela est comme dans les polices d'assurances. Vous avez
souvent ce choix.
M. LALIBERTE: En termes de coûts, M. Lesage.
M. LESAGE: En termes de coûts, oui. Vous avez le choix lorsque
vous vous assurez.
M. LALIBERTE: En termes de coûts, j'en conviens. Ce n'est
sûrement pas un principe.
M. LESAGE: Je dis qu'il y a clairement une question de coût en
jeu, parce que si vous vous assurez contre la maladie, avec une compagnie
d'assurances, vous, vous avez une limite de temps durant laquelle vous pouvez
recevoir des bénéfices ou bien il y a ce qu'on appelle un
déductible, c'est-à-dire que vous n'êtes pas payé
pour les premières journées ou pour les premières visites
chez le médecin.
M. LALIBERTE: C'est exact. Je reconnais que les deux systèmes
existent, non seulement dans les assurances, mais les deux systèmes
existent. Ce que je me demande à ce moment-ci, c'est: Ont-ils la crainte
des abus quand ils nous proposent une caisse de quinze jours? Et pourquoi
amener l'argument de la crainte des abus quand ils nous proposent la protection
des longues maladies?
M. LESAGE: Bien, elle n'est pas monnayable d'après leurs
propositions, la caisse de quinze jours.
M. LALIBERTE: Mais nous, dans notrepro- position, sauf le respect
déjà accepté des anciennes conventions collectives
où effectivement, dans certains cas, c'était monnayable; pour les
nouveaux, on ne parle pas de « monnayabilité ».
M. LESAGE: Non, pour la caisse de cinq jours, ce n'est pas
monnayable.
M. LALIBERTE: Non, nettement pas. M. LE PRESIDENT: M. Angers...
M. LALIBERTE: Et, si vous me permettez un tout dernier point
là-dessus, c'est celui-ci: il ne faudrait pas oublier qu'à
l'intérieur du chapitre 8, quand on a proposé une période
de disponibilité pour les professeurs, cette période peut
être utilisée aussi pour de la suppléance. Alors, il
arriverait ceci: le professeur malade prendrait sa première
journée et cela serait un gain pour la commission scolaire, parce que
c'est un autre professeur qui viendrait faire le travail.
M. ANGERS: Juste une précision aux commentaires de M.
Laliberté concernant ces 48,000 ou 49,000 protégés
dès la première journée, je tiens à signaler qu'en
vertu de ce qui est mis sur la table, cela ne pose pas de problème, dans
le sens suivant: tous les nouveaux auront nécessairement une protection
dès la première journée, avec une caisse de crédit.
Deuxièmement, pour ce qui conerne la comparaison avec la Fonction
publique, je pense qu'il faut être honnête et voir le
problème dans son ensemble et noter d'une part qu'il y a une protection
des droits individuels en des systèmes qui sont, en
général, supérieurs à ceux de la Fonctionpubli-que
et que, tout compte fait, on peut dire que cela s'équivaut assez
bien.
M. LALIBERTE: Avec quand même le problème, si vous me le
permettez, de la définition du mot nouveau, qui fait que, dans trois
ans, ce sera la majorité des enseignants qui seront des nouveaux.
M. LESAGE: Disons que cela me trouble beaucoup, le fait qu'on ne semble
pas être disposé à reconnaître que, pour certaines
personnes dans l'enseignement, des absences d'une demi-journée ou d'une
journée sont, à certaines périodes, inévitables et
complètement en dehors de tout abus...
M. ANGERS: C'est couvert présentement. M. LESAGE: C'est en bas de
15 jours...
M. ANGERS: Oui. Toute institutrice a droit à sa maladie
quoi...
M. LESAGE: Oui, mais vous êtes limités à quinze
jours...
M. ANGERS: ... comme tous les travailleurs dans le secteur public...
M. LESAGE: Quand bien même on ferait des gorges chaudes, il est
clair que c'est ça le problème... C'est une grosse partie du
problème...
M. ANGERS: Nous sommes d'accord...
M. LESAGE: Ce n'est pas le gars qui prolonge son voyage de pêche
jusqu'au lundi que je veux protéger, moi...
M. ANGERS: Nous non plus... M. LESAGE: Je sais.
M. LE PRESIDENT: C'est certainement un problème qui peut
être rediscuté à la table, M. Laliberté?
M. LALIBERTE: Sur chacune des questions, honnêtement, les deux
parties, autant la partie patronale que nous, nous n'avons jamais dit: Ce n'est
plus discutable. Sur aucune des questions, nous n'avons fermé les portes
définitivement. Jamais.
M. LE PRESIDENT: Je vous remercie M. Laliberté, M. Tremblay et
ceux qui ont participé...
M. LESAGE: II n'a peut-être pas terminé... M.
Laliberté a peut-être d'autres points sur lesquels...
M. LE PRESIDENT: Avez-vous terminé? J'avais compris que vous
aviez terminé. Si vous n'avez pas terminé, allez-y.
M. LALIBERTE: M. le Président, j'ai dit que je pigerais comme
cela, à un certain nombre d'endroits.
Ce que j'aimerais aborder maintenant, c'est la notion de ce que nous
avons appelé tout à l'heure, de part et d'autre, un organisme
provincial pour faire l'examen des cas spéciaux des régions
éloignées pour attirer et maintenir du personnel de
qualité.
Nous avons proposé une formule nouvelle effectivement, sans
entrer dans les détails, une formule nouvelle qui serait appelée,
avec des représentants de toutes les parties intéressées,
à administrer en quelque sorte un certain montant d'argent qui serait
affecté à ces régions éloignées. En cours de
discussions, la partie patronale nous n'avons pas fermé la porte
a aussi proposé d'utiliser cet organisme-là pour d'autres
cas de perfectionnement, appelons cela des besoins du système dans
certains milieux, soit pour l'instauration de certaines méthodes
nouvelles, certaines pratiques nouvelles, certains modes d'enseignement
nouveaux. Je tiens à souligner que nous sommes particulièrement
heureux nous ne voulons pas critiquer que la partie patronale ait
bien réagi à cette formule. Cela nous semble être un
élément qui effectivement, dans le monde de l'enseignement, est
nouveau. Mais nous nous sommes inspirés des moyens de
déconcentration industrielle dans le fond, et nous nous sommes
inspirés de formules semblables dans d'autres secteurs, mais qui, dans
notre secteur à nous, n'existaient pas encore mais qui permettront
peut-être, tout en respectant la politique salariale du gouvernement
parce que notre intention n'est pas de toucher à la politique
salariale par ce moyen-là effectivement de répondre aux
besoins de ces secteurs qui ont des besoins particuliers.
Nous aimerions cependant souligner et nous sommes conscients
qu'il y a un pro blême nous avons parlé d'un comité
paritaire chargé d'administrer un montant. On nous a dit: II faut quand
même faire attention à ce que ce ne soit pas une compagnie de la
couronne. Disons clairement que ce que nous voulons établir n'est pas
une compagnie de la couronne, bien sûr. Nous voudrions, cependant, que ce
comité-là ait, de facto au moins, responsabilité
d'administrer ces montants dont nous conviendrons. C'est exact de dire qu'ils
attendent la fin pour examiner les montants.
Nous ne voudrions pas, autrement dit, que ce ne soit qu'un comité
qui fasse une recommandation au ministre et que le ministre pourra ensuite, au
meilleur de sa connaissance évidemment, juger de la situation. Nous
reconnaissons que le ministre ne peut pas ou peut difficilement se lier comme
si c'était une compagnie de la couronne. Ce n'est pas notre intention,
mais nous voudrions cependant que cet organisme-là, de facto, ait de
véritables pouvoirs.
M. LESAGE: Mais le ministre ne peut pas totalement
déléguer ses pouvoirs à un organisme, comme vous dites,
qui n'est pas une corporation de la couronne.
M. LALIBERTE: Cest cela. Je reconnais
la difficulté de ce côté-là. Nous pouvons
aviser officiellement le ministre, et le ministre peut décider
officiellement. Le problème n'est pas tant là que d'examiner la
réalité de ce côté. Je le souligne ici parce que
c'est quand même un problème qui intéresse les
législateurs comme tels. Nous sommes conscients que, quand on
négocie avec un gouvernement, on est très souvent sur une marge
où la ligne se tire avec les années et non pas toujours en
théorie, sur une marge en ce qui concerne les pouvoirs de l'un par
rapport aux pouvoirs de l'autre.
Nous savons bien que l'évolution se fait de ce
côté-là. Nous savons bien qu'aujourd'hui, en 1969, ce n'est
pas comme en 1950, disons, mais nous tenons également à ce qu'il
y ait des évolutions de ce côté-là.
M. LE PRESIDENT: M. Lévesque a demandé la parole.
M. LESÀGE: Un des moyens, M. Laliberté, de contourner
cette difficulté tout en laissant au ministre sa responsabilité
ultime, c'est le droit pour le comité de publier ses recommandations au
moment où il les fait au ministre. C'est une des formules qui est
employée...
M. LE PRESIDENT: Une formule de pression.
M. LESAGE: ... que le comité publie ses recommandations au moment
où il les transmet au ministre. C'est déjà une très
bonne garantie.
M. LE PRESIDENT: Cest une formule de pression.
M. LALIBERTE: C'est un des moyens effectivement.
M. LESAGE: Pas mal efficace.
M. LALIBERTE: Nous pouvons peut-être en trouver d'autres
également...
M. LESAGE: Mais celui-là est pas mal efficace.
M. LALIBERTE: ... mais, dans la mesure où les membres du
comité ici et je fais exprès de le mentionner devant les
législateurs nous donnent l'impression qu'il y a des formules
possibles dans ce domaine...
M. LESAGE: Cen est une.
M. LE PRESIDENT: M. Lévesque de Montréal-Laurier.
M. LEVESQUE (Laurier): Je voulais juste savoir, parce qu'il s'agit bien
de trouver une formule qui permette d'assurer, si j'ai bien compris, la
possibilité de recruter un personnel de qualité suffisante dans
des régions qui ont des difficultés à ce point de vue
là. C'est un problème, comme vous l'avez noté à
propos de développement industriel, qu'on retrouve dans l'industrie,
qu'on trouve aussi dans certaines professions essentielles dont certaines
régions sont complètement dégarnies. Est-ce qu'il y aurait
moyen de résumer, puisque vous avez l'air d'être d'accord? On ne
connaît pas le détail. Comment pouvez-vous concilier le
fonctionnement de votre comité et la politique salariale telle quelle?
Quels seraient ces fonds? A quoi serviraient-ils? En deux mots.
M. LALIBERTE: Ecoutez, comme nous le prévoyons, nous en tout cas,
ce serait un comité provincial formé de représentants des
trois groupes d'enseignants en cause et des deux fédérations de
commissions scolaires et du gouvernement qui administreraient annuellement un
montant X d'argent, que nous avons proposé à un demi de un pour
cent de la masse salariale, c'est-à-dire à peu près $2
millions par année, et à cet organisme les commissions scolaires
ou les syndicats d'enseignants, ou les deux conjointement, feraient
présentation de demandes qui seraient examinées par l'organisme,
lequel organisme bien sûr aurait des critères il faudrait
avoir des critères ferait aussi des recommandations pour l'avenir
au gouvernement et aux fédérations, etc., et ensuite il
affecterait ces sommes pour des besoins précis, par exemple pour des
types nouveaux et spéciaux de perfectionnement.
Je donne un cas. Nous venons de faire entente, il y a un
arrêté en conseil, avec le conseil des ministres pour
expérimenter dans la région du Nord-Ouest, l'Abitibi, une formule
nouvelle de perfectionnement, on l'appelle le projet PERNO. Cela va
coûter un certain montant d'argent. Je ne dis pas que PERNO devrait
être inclus dans ce que nous proposons. Mais des formules comme
celle-là, par exemple, pourraient être issues du milieu, venir au
comité, et il pourrait y avoir des montants affectés à
cette région pour ses besoins particuliers. Disons que, dans un milieu
donné, vous avez un problème, c'est du personnel de brevet A et
plus que vous ne trouvez pas. Vous en trouvez du B et moins parce qu'il s'en
forme dans le milieu, mais du A et plus vous n'en trouvez pas. Alors, il pourra
être
nécessaire de les attirer par des primes, par exemple.
M. LEVESQUE (Laurier): Bon! C'est ça?
M. LALIBERTE: Alors, en l'occurrence, cela pourrait être une
formule.
M. LEVESQUE (Laurier): Autrement dit, la prime d'élolgnement
peu importe comment on la baptiserait là fait partie des
objectifs possibles de ce comité.
M. LALIBERTE: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Enfin, sinon, ça ne sert à
rien.
M. LALIBERTE: Non, non, la prime d'élolgnement, pour nous, elle
fait partie des objectifs de ce comité. Là-dessus on nous a dit:
II ne faudrait pas que le comité touche les salaires. Salaires,
échelles de salaires, politique salariale, nous ne tenons pas, nous non
plus, à y toucher. Et, de la même façon, le fonds de
perfectionnement général pour la province serait le même
partout. Mais il y aurait des besoins particuliers auxquels le comité
essaierait de répondre de façon particulière, tant pour le
perfectionnement que pour des primes, que pour autres avantages à
inventer.
M. LEVESQUE (Laurier): Parce que les meilleurs étant toujours en
demande et, forcément, qu'on le veuille ou non, les grandes
agglomérations et leurs services...
M. LALIBERTE: Ont tendance à...
M. LEVESQUE (Laurier): ...ayant tendance, même en dehors de
l'argent, mais simplement par les services dont on dispose, à attirer
ces gens-là. S'il n'y a pas une prime d'éloignement cela ne sert
à rien de se gargariser.
M, LALIBERTE: Par exemple, prenez le cas des cours. Sur la
Côte-Nord, les cours universitaires ne sont pas nombreux. Et même
avec l'Université du Québec et ses centres universitaires, il n'y
en aura pas sur la côte-Nord. Prenez seulement ce cas-là. A
salaire égal, déjà un enseignant qui veut se perfectionner
vient à Québec ou il va à Montréal. Il ne reste pas
sur la Côte-Nord, etc.
M. LEVESQUE (Laurier): Merci.
M. LE PRESIDENT: M. Laliberté merci.
Messieurs les membres de la commission, avec votre consentement nous
allons inviter les parties à continuer les négociations dans la
bonne humeur, et avec humour parfois, espérant que jeudi soir prochain,
le 5 juin, à huit heures quart, étant donné que nous avons
ce jour-là le bill de la ville de Montréal au comité des
bills publics et privés, nous nous reverrons donc jeudi soir, huit
heures, quinze, à la salle 81, le 5 juin.
M. LALIBERTE: M. le Président...
M. LEVESQUE (Laurier): Votre avant-dernière chance avant le
congrès à la chefferie de l'Union nationale.
M. LE PRESIDENT: Ah, grand Dieu! Il mêle tous les
problèmes.
M. LEVESQUE (Laurier): On ne mêle rien, on essaie de les
démêler!
M. LE PRESIDENT: C'est son habitude. On le connaît.
M. LALIBERTE: Nous allons accepter, M. le Président, de ne pas
parler d'autres problèmes ici actuellement, compte tenu que nous allons
accepter aussi de poursuivre les négociations. Mais j'aimerais quand
même souligner une chose avant que nous nous quittions. Nous tenons
à le faire devant la commission parlementaire. A certain moment, je ne
le dis pas nécessairement pour les membres de la commission, on peut
avoir l'impression que plus on va soutirer de l'argent, plus nous allons
être contents, c'est le plus gros de ce que nous cherchons. Je tiens
à souligner ce que M. Tremblay n'a pas fait, que nous avons
proposé au niveau de la rétroactivité par exemple, qu'elle
puisse être versée en tranches, d'abord, ce qui est
déjà un moyen d'aider financièrement au niveau de la
liquidité. Et, deuxièmement, nous avons proposé qu'au
choix des instituteurs, ils puissent toucher leur rétroactivité,
soit en argent, soit en obligations du Québec Nous pensons...
M. LE PRESIDENT: En obligations du Québec.
M. LALIBERTE: En obligations du gouvernement du Québec. Et nous
pensons qu'un moyen comme celui-là, effectivement, crée une sorte
de pouvoir d'emprunt qui sera d'autant plus grand que la
rétroactivité sera importante.
M. LE PRESIDENT: C'est une formule où
il y a beaucoup d'imagination. M. Dozois sourit.
UNE VOIX: Et c'est rare.
M. LE PRESIDENT: Mais il ne répond pas.
M. LALIBERTE: Je le comprends, M. le Président.
M. DOZOIS: Disons que je ne suis pas furieux.
M. LALIBERTE : C'est déjà quelque chose. M. DOZOIS: Je
constate.
M. LALIBERTE: Mais je le souligne bien à dessein, M. le
Président, parce que, même quand cela coule cher, autrement dit,
il y a souvent des moyens, des modalités, il y a souvent des
aménagements. Mais parfois nous aussi, nous sommes à bout
d'inventions et de moyens. Il va falloir qu'on nous aide à
l'occasion.
M. LE PRESIDENT: Continuez.
M. LALIBERTE: Qu'on nous aide, cela veut dire nos vis-à-vis
aussi, à l'occasion, à inventer des moyens. Nous ne promettons
pas d'inventer tous les moyens dont nous pourrions avoir besoin; c'est une
invitation aussi à de l'invention de l'autre côté
plutôt qu'à dire que ce n'est pas possible.
M. LESAGE: Disons que j'ai l'impression que M. Tremblay va éviter
de dire cela.
M. LE PRESIDENT: II a beaucoup d'imagination lui aussi et je pense
que...
M. LALIBERTE: Je reconnais que le sous-ministre Tremblay, de ce
côté-là, nous fait pas mal concurrence.
M. LE PRESIDENT: C'est cela.
M. CHOQUETTE: Aussi bon l'un que l'autre.
M. LALIBERTE: Alors, M. le Président, c'était mon dernier
point. Je voulais souligner deux points, c'est que nous approchons de la date
du premier juin. Nous avons effectivement décidé de
déposer nos démissions et cet après-midi et demain. Cela
n'empêche pas la poursuite des négociations. Le fait d'utiliser ce
moyen-là n'arrête rien du tout, quant à nous en tout cas,
au niveau de la négociation, et ne rend pas non plus la chose
inéluctable pour septembre prochain. Aussitôt que nous aurons fait
une entente, aussitôt que nous serons arrivés à un projet
qui convienne aux deux parties, il est bien clair qu'à ce
moment-là, pour nous, un moyen comme celui-là serait
arrêté, avec les protections habituelles évidemment.
M. LE PRESIDENT: Prenons note, jeudi soir, à 8 heures 30, le 5
juin.
(Fin de la séance: 17 h 19)