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Etude du livre blanc sur la consultation populaire au
Québec
(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
Ouverture de la séance de la commission de la présidence
du conseil, de la constitution et des affaires intergouvernementales
chargée d'étudier le livre blanc sur les consultations populaires
au Québec. Les membres de la commission pour la présente
séance sont: M. Charbonneau (Verchères) remplace M. Bertrand
(Vanier); M. Fallu (Terrebonne) remplace M. Bisaillon (Sainte-Marie); M. Brochu
(Richmond), M. Burns (Maisonneuve), M. Gratton (Gatineau), M. Grenier
(Mégantic-Compton), M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata)
remplace M. Johnson (Anjou), M. Laberge (Jeanne-Mance), M. La-montagne
(Roberval) remplacé par M. Raynauld (Outremont); M. Lavoie (Laval), M.
Lévesque (Taillon), M. Mackasey (Notre-Dame-de-Grâce), M. Martel
(Richelieu), M. Morin (Louis-Hébert), M. Ouellette (Beauce-Nord)
remplace M. Morin (Sauvé); M. Paquette (Rosemont), M. Roy (Beauce-Sud),
M. Samson (Rouyn-Noranda) et M. Vaugeois (Trois-Rivières).
J'invite notre dernier organisme convoqué, La
Fédération des travailleurs du Québec, et son porte-parole
bien connu, d'ailleurs, M. Fernand Daoust, è bien vouloir nous
présenter leur mémoire, s'il vous plaît.
Fédération des travailleurs du
Québec
M. Daoust (Fernand): Merci beaucoup, M. le Président. Avec
votre permission, je vais lire ce mémoire qui est relativement bref
puisqu'il ne contient que cinq pages. Le mémoire que nous
présentons aujourd'hui à cette commission parlementaire est bref.
Notre centrale est en effet globalement d'accord avec la démarche du
gouvernement et nous ne jugeons pas utile d'expliciter longuement les raisons
de notre approbation.
Nous croyons que le livre blanc sur la consultation populaire peut
contribuer, à l'exemple de la loi 2, à épurer les moeurs
politiques et à remettre sur pied les mécanismes
démocratiques qui avaient depuis trop longtemps disparu, sous
l'influence excessive des pouvoirs financiers.
Premièrement, le danger de la précipitation. La FTQ n'a,
à vrai dire, qu'une seule réserve d'importance à formuler
face au livre blanc. Nous croyons en effet que le gouvernement ne devrait pas
procéder à l'adoption d'une loi-cadre destinée à
paver la voie à d'autres référendums que celui qui a
été promis sur l'avenir constitutionnel du Québec. Nous
suggérons plutôt l'adoption d'une loi définissant les
règles du jeu pour ce référendum particulier.
Les raisons qui nous font opter pour pareille démarche sont de
deux ordres. D'une part, la nouveauté de cette expérience nous
incite à considérer imprudente l'adoption d'une loi-cadre qui
risquerait de figer la réflexion en vue d'expérience
ultérieures de consultation populaire. En cette matière comme en
toute autre, nous jugeons plus prudent de tenter l'expérience une
première fois, et de procéder par la suite à une
évaluation systématique des divers aspects de l'organisation du
référendum.
L'expérience britannique dont vous vous inspirez pour certains
aspects milite d'ailleurs pour une telle orientation, qui nous semble
être la seule susceptible de concilier l'audace politique qui
caractérise votre projet et une nécessaire
expérimentation.
D'autre part, le principe même de la consultation
référendaire n'est pas sans susciter chez nous certaines
interrogations. Nous ne parlons pas, bien entendu, du référendum
constitutionnel qui nous semble nécessaire et auquel votre gouvernement
s'est de toute façon engagé. Sans aller jusqu'à rejeter
d'emblée la possibilité d'autres référendums, notre
préjugé favorable à la tradition parlementaire nous
incline à la circonspection; il faudrait en effet prendre garde de
recourir à la consultation populaire pour des problèmes
directement reliés a des options gouvernementales qui étaient
connues au moment des élections.
Certains passages du livre blanc semblent vouloir accorder une
importance peut-être exagérée à la consultation
référendaire. Autant il nous paraît important qu'un
changement constitutionnel majeur soit soumis à la consultation
populaire, autant nous croyons qu'il faut procéder avec prudence dans la
proclamation d'autres référendums. Nous ne fermons donc pas la
porte, mais nous appelons à la prudence et à des discussions plus
approfondies sur le principe même de l'utilisation de la technique
référendaire. Un gouvernement doit prendre garde de diluer ses
responsabilités dans des appels au peuple trop fréquents, et il
nous paraît que la participation populaire peut s'exercer par d'autres
mécanismes moins élaborés, moins coûteux pour nous
tous et beaucoup plus concrets que celui du référendum.
Notre lecture du livre blanc a donc été faite à la
lumière de ce postulat de base. Pour nous, il s'agit d'un excellent
projet d'encadrement du référendum constitutionnel, et c'est dans
ce contexte plus réduit que les quelques recommandations qui suivent
doivent être comprises.
Deuxièmement, l'organisation du référendum. Nous ne
passerons pas en revue les différentes modalités de
l'organisation du référendum telles que suggérées
dans le livre blanc; nous ne ferons que mentionner les quelques
points au sujet desquels nous avons une recommandation à
transmettre.
Formulation de la question. Comme il nous semble important que l'opinion
publique puisse se faire entendre au moment où l'Assemblée
nationale procédera à la discussion de la proposition de la
question, nous recommandons de spécifier une durée minimale au
débat en termes de jours et non seulement en termes d'heures. Si 25
heures nous semblent suffisantes, il faudrait toutefois que la discussion
s'étende sur une durée minimale d'une semaine.
Gardant à l'esprit qu'il s'agit de la question du
référendum constitutionnel, nous croyons cette période
d'une semaine satisfaisante puisque depuis longtemps, sûrement, tout un
chacun y sera allé de ses suggestions sur la formulation de la question.
De cette façon, les corps intermédiaires sont assurés de
pouvoir s'exprimer sur la proposition gouvernementale de question, et les
débats à l'Assemblée nationale pourront tenir compte de
ces expressions d'opinions.
Décompte des suffrages. La FTQ recommande un décompte des
suffrages par circonscription électorale conformément à
nos traditions politiques. Le dévoilement du résultat du vote,
à plus petite échelle, nous semble présenter des garanties
démocratiques supérieures tant aux fins de l'analyse des
résultats du vote que pour vérification de
l'intégrité de l'ensemble du processus de votation.
Marge de manoeuvre laissée par les contrôles prévus.
Nous trouvons restrictives les dispositions sur l'obligatoire relation entre
l'appartenance aux comités nationaux et le droit d'engager des fonds
dane la campagne. Ceci dit, nous sommes d'accord avec la rigidité de ces
dispositions qui constituent pour nous le prix à payer pour
l'élimination des influences indues des pouvoirs financiers.
Nous voulons toutefois nous assurer que notre lecture du livre blanc est
bel et bien conforme au projet gouvernemental car le livre blanc n'est pas
prodigue de détails en la matière.
Un organisme comme notre centrale, si elle n'appartenait pas à un
des comités nationaux, conserverait à coup sûr les droits
et prérogatives suivants: prendre position dans des conférences
de presse, des assemblées de nos instances, dans nos publications
régulières.
Nous supposons qu'il nous serait également loisible de: -diffuser
parmi nos membres des tracts/publications issus de notre centrale, uniquement
consacrés à la campagne référendaire et dans
lesquels nous prendrions position; -convoquer des assemblées à
l'intérieur de nos structures autour de ce thème et au cours
desquelles la position de notre centrale serait explicitée.
En un mot, nous voulons être sûrs que la FTQ ne serait en
rien empêchée de mener campagne à l'intérieur de ses
rangs par les moyens habituels, à l'exclusion de publicité
payée dans les mass media, comme nous l'avons fait sur d'autres
thèmes comme la lutte au contrôle des salaires ou l'opposition aux
mesures de guerre de 1970.
Nous vous demandons donc de préparer une loi qui établisse
clairement que les organismes comme le nôtre demeurent absolument
souverains en ce qui a trait à l'encadrement de la discussion sur le
référendum à l'intérieur de leurs structures. Une
attitude contraire constituerait un grave accroc à la
démocratie.
La FTQ espère que le gouvernement tiendra compte de ses
remarques. Nous avons la ferme intention de participer à la campagne
référendaire et de promouvoir, à cette occasion, les
intérêts et aspirations de nos membres. Nous comptons que le
gouvernement saura établir un cadre de discussion démocratique
pour la campagne référendaire, laquelle constituera pour la
société québécoise un acquis précieux
lorsque viendra le moment d'évaluer cette technique de consultation
populaire. C'est dans cette optique que nos remarques s'inscrivent. La
nécessité de tenir un référendum constitutionnel ne
doit pas nous faire négliger l'importance de l'expérimentation
non plus que les implications sur nos traditions gouvernementales que sous-tend
le principe du référendum.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci
beaucoup, M. Daoust. M. le ministre.
M. Burns: Je veux, au départ, dire à M. Daoust que
je le remercie et, en même temps, je remercie la Fédération
des travailleurs du Québec de nous avoir présenté un
mémoire qui a ce caractère positif que nous recherchions, que
nous sollicitions lorsque nous avons soumis le livre blanc à l'examen
d'une commission parlementaire et aux réactions des divers intervenants
qui ont bien voulu venir soit se faire entendre ou encore nous soumettre des
mémoires relativement à ce livre blanc.
Je pense que vous vous êtes attachés à vous situer
au-dessus du débat d'un référendum en particulier, auquel
tout le monde pense, sur l'avenir constitutionnel du Québec. Je pense
qu'en cela, même avant le fait, vous vous êtes conformés
à une directive que le président de la commission nous a
donnée. Dans ce sens, je l'apprécie beaucoup et cela facilite
énormément notre façon de pouvoir échanger avec
vous un certain nombre de vues.
A la fin de votre mémoire il y a une remarque qui nous dit que la
FTQ espère que le gouvernement tiendra compte de ses remarques. Je tiens
à vous assurer que les remarques de tous les intervenants seront prises
en considération. Sans nous engager d'avance à accepter toutes et
chacune de vos recommandations, on peut vous dire, surtout quand il s'agit de
remarques comme celles que vous nous faites, qu'elles seront examinées
de façon très précise avant que le projet de loi soit
rédigé, même avant le mémoire que normalement un
ministre doit présenter au Conseil des ministres pour préparer
son projet
de loi. Elles seront prises en sérieuse considération.
Je voudrais simplement, M. Daoust, m'attacher à un certain nombre
de choses qui sont soumises dans votre mémoire. Vous nous dites
c'est peut-être l'affirmation la plus directe que vous faites dans votre
mémoire et toute votre argumentation à cet égard tend
à nous amener à cela que le gouvernement ne devrait pas
procéder à l'adoption d'une loi-cadre, parce qu'en
général au Québec il n'y a pas d'expérience de
référendum. Evidemment, un peu comme moi, je suis convaincu que
vous avez une réaction de Montréalais.
J'ai été, personnellement, étonné
d'apprendre qu'en 1976 il y a eu environ 1000 référendums au
Québec. Cela étonne beaucoup de gens. J'ai été un
des premiers surpris de l'apprendre. Cela se fait au niveau des
municipalités. Evidemment, vous allez me dire que ce n'est pas la
même chose. Ce n'est pas un référendum national. Quand on
dit qu'il n'y a pas de tradition référendaire au Québec,
quand on peut citer environ 1000 référendums dans une seule
année, c'est-à-dire en 1976, on s'aperçoit que c'est un
processus qui est quand même un peu plus familier à un certain
nombre de nos concitoyens.
Ce que vise le livre blanc, ce que viserait éventuellement une
loi-cadre serait justement, au point de vue national, de mettre en place des
mécanismes d'un référendum national. Je pense que, bien au
contraire, sauf peut-être les Montréalais ou les
Québécois, les gens de la ville de Québec, qui sont
peut-être moins habitués à ce processus parce qu'ils vivent
dans un grand centre urbain, à part ces deux centres, il y a quand
même des traditions et des habitudes référendaire, de sorte
que je n'ai pas l'impression qu'on surprendrait une bonne partie de la
population du Québec.
Ce que nous visons, et j'en arrive à ma question, par notre
suggestion, c'est une loi à caractère général,
à caractère permanent, quitte à modifier en cours de route
un certain nombre de mécanismes qui ne sont pas tout à fait
adaptés aux besoins qui semblent être recherchés par ce
projet de loi. Ce que nous visons, donc, c'est de mettre en place des
mécanismes à caractère permanent, quitte à ce
qu'à chaque référendum on puisse s'ajuster soit par la
question, soit par la résolution, ou soit par la motion. Cette solution
est encore envisagée. Je pense que le livre blanc, d'ailleurs, tout en
suggérant l'utilisation d'une résolution adoptée au cours
d'un débat de 25 heures, laisse quand même une certaine ouverture.
Je pense que, comme ministre responsable du dossier, je l'ai dit à
plusieurs reprises au cours des travaux de la commission.
C'est là-dessus que je vous pose ma première question, M.
Daoust.
Ne croyez-vous pas qu'il serait beaucoup plus normal que nous adoptions
une loi à caractère général qui met en place les
mécanismes d'une consultation populaire et qui, dans des cas
d'espèce, s'ajuste soit par une résolution ou soit par une loi
spécifique à un problème particulier?
C'est la question que je vous pose. Ne croyez-vous pas que ce n'est pas
une meilleure garantie d'avoir des règles qu'on ne puisse pas tripoter,
si on a une loi à caractère général, de
référendum en référendum, un peu, comme je
présume, vous vous plaindriez de la situation si nous disions que la Loi
électorale actuelle ne vaut que d'ici 1980? Après 1980, ce sera
une autre Loi électorale qu'on va utiliser. C'est un peu cela qu'on veut
établir par une loi à caractère général. Je
ne sais pas si vous avez des commentaires là-dessus.
M. Daoust: Je dois vous dire qu'au moment des échanges de
vues entre nous nous étions quelque peu perplexes à
l'égard de la prise de position que nous vous soumettons aujourd'hui,
les uns ne s'opposant pas du tout à une loi-cadre immédiatement
et les autres y voyant peut-être une hâte qu'il faudrait freiner et
attendre les acquis d'une expérience comme un premier
référendum. Il s'est fait un consensus à cause du fait que
c'est tout de même extrêmement nouveau au Québec, comme vous
l'avez mentionné, même s'il se tient beaucoup de
référendums ici même au Québec et dans d'autres pays
du monde. Mais, un référendum à l'échelle de tout
le Québec, ce sera sûrement et sans aucun doute le premier.
Les gens se sont dit, plutôt que de se figer dans un texte de loi
qu'il devient toujours plus délicat de modifier par la suite, qu'il
serait souhaitable que, profitant des acquis précieux et de
l'expérience d'un premier référendum, le gouvernement
retarde la présentation d'une loi-cadre. Sur le principe d'une
loi-cadre, la FTQ n'a aucune espèce d'objection, loin de là. Sur
le principe des référendums, non plus. On mentionne dans le
mémoire qu'étant donné que ce sont des mécanismes
nouveaux il faudrait peut-être y aller avec une certaine prudence. On ne
voyait pas d'objection, du moins d'opposition qui puisse se manifester à
remettre ultérieurement l'adoption d'une loi-cadre sur les
référendums.
Pour résumer en gros: oui à une loi-cadre, sans aucun
doute, mais on souhaiterait que ce soit au lendemain de cette expérience
que nous vivrons tous, à un moment donné.
M. Burns: D'accord, je comprends le point de vue de la
Fédération des travailleurs du Québec
là-dessus.
Quant au deuxième point que vous soulevez dans votre
mémoire, quant à la durée du débat, je tiens
à vous assurer que, dans les faits, votre recommandation est tout
à fait conforme à ce qui apparaît dans le livre blanc,
c'est-à-dire qu'un débat de 25 heures ne peut pas physiquement
sauf si on mettait de côté les règles de la Chambre,
ce qui serait, à mon avis, très malhabile pour n'importe quel
gouvernement à l'occasion d'un référendum, surtout sur
l'avenir constitutionnel du Québec être tenu à
l'intérieur d'une semaine, s'il se répartit sur 25 heures.
Actuellement, la semaine parlementaire se répartit sur 18 heures.
Dans ces 18 heures, il y a,
au minimum, trois heures je dis vraiment au minimum qui
sont utilisées soit pour le dépôt de documents, les votes,
la période de questions, etc., de sorte qu'une semaine parlementaire,
actuellement, au point de vue des débats, se résume à peu
près à 15 heures. Je pense que votre souhait serait
réalisé si on acceptait les 25 heures. J'ai bien l'impression que
même un débat de 18 heures j'ai fait souvent le calcul
à certaines occasions, tant au moment où j'étais dans
l'Opposition que maintenant que je suis leader du gouvernement et que je vois
venir des obstructions systématiques, des "filibusters", appelez-les
comme vous voulez...
M. Lavoie: Vous parlez de votre expérience
pratiquée et pratiquante.
M. Burns: Je parle de mon expérience, oui, et je parle
également de l'expérience de ce côté-ci de la table.
Un débat de 18 heures, c'est quelque chose qui, déjà, a de
grandes chances de se répartir sur deux semaines, de sorte que je pense
que, là-dessus, on réponde à votre suggestion. Vous avez
parfaitement raison, d'ailleurs, de dire qu'il serait anormal, à moins
que le problème ne soit vraiment un voeu unanime de l'Assemblée
nationale et que ce soit à peu près chose faite, qu'on doive
consulter les gens sur telle ou telle question, auquel cas je me demande
même et là, je rejoins une autre de vos recommandations
l'utilité d'une consultation populaire lorsqu'on sait à
peu près ce que la population va dire.
Là-dessus, je tiens à vous rassurer sur les deux points.
D'une part, on n'a pas l'intention de bousculer un débat
préalable à une tenue d'une consultation. D'autre part, on n'a
pas l'intention de s'en servir avec une prodigalité telle qu'on nous
dise à un moment donné: Ecoutez, avez-vous été
élus pour gouverner ou pas? Ce serait vraiment dans des cas, je pense,
exceptionnels qu'on aurait une consultation qui serait tenue pour savoir, sur
un point spécifique, ce que pense la population.
Mais le gouvernement qui aurait recours, de lui-même et de sa
propre initiative, de façon régulière et même de
façon prodigue, comme vous le dites dans votre texte; à la
consultation populaire ne serait sûrement pas considéré,
à très court terme, comme sérieux. Je pense que cet
argument vaut et pour le gouvernement actuel et pour n'importe quel
gouvernement. Il m'apparaîtrait difficilement acceptable par la
population qu'un gouvernement, à propos de tout et de rien, ait recours
à une consultation sur des sujets dont la bénignité serait
évidente. Je pense qu'éventuellement ce gouvernement serait
rabroué par la population au moment d'une prochaine consultation,
celle-là électorale.
Je tiens à vous rassurer sur ces deux points. Il n'est pas du
tout dans l'intention du gouvernement, ni derrière le livre blanc,
d'avoir un recours un petit peu prodigue et généralisé
à la consultation populaire, à propos de tout et de rien.
M. Daoust: Si vous me le permettez, je suis heureux de vous
entendre dire que ce ne sera pas avec prodigalité
qu'éventuellement le gouvernement aura recours au
référendum. On estime qu'un parti est élu vous
l'avez mentionné, je pense, dans un article que j'ai lu dans le Devoir
sur un programme de gouvernement et qu'il ne peut, à tout moment
et à toute occasion, demander à la population ce qu'elle pense de
tel ou tel aspect d'un grand débat qui se fait à
l'intérieur d'une société. Il doit trancher dans le vif et
prendre les risques, avec les conséquences qui en découlent sur
le plan politique, des décisions qui sont prises.
C'est un peu pour cela que, même si l'idée d'une loi-cadre
à l'égard de laquelle nous n'avons aucune objection ou
plutôt l'idée de référendum est extrêmement
séduisante, quand on fouille quelque peu, on s'aperçoit que cela
peut devenir, à l'occasion, s'il y a un abus dans le recours à la
consultation populaire, paralysant pour un gouvernement et dangereux sur le
plan du fonctionnement des institutions démocratiques. D'ailleurs, dans
notre mémoire, nous soulignons qu'il nous apparaît je
répète un peu ce qu'il y a à la page 2 qu'il y a
des mécanismes moins élaborés, moins coûteux pour
nous tous et sans aucun doute fort concrets. On pense à tout ce qu'une
société comme la nôtre a pu mettre sur pied depuis quelques
années, qui sont des centres de consultation où se font des
médiations entre les partenaires sociaux, où s'expriment les
divergences et les convergences qui sont étalées devant l'opinion
publique et à l'égard desquelles le gouvernement, là
aussi, se doit d'assumer le leadership, dès qu'il est mis au courant des
divers points de vue qui s'expriment.
Nous avons à l'idée les CRD, les CLSC et,
éventuellement, sur le plan municipal et nous rejoignons le
programme du RCM une façon d'être beaucoup plus près
des populations et des collectivités très locales comme les
conseils de quartier, et même sur le plan scolaire, les comités
d'école qui seraient nantis de pouvoirs véritables ou de certains
pouvoirs, tout au moins. Evidemment, nous pensons aussi à des organismes
paragouvernementaux qu'il faut nous l'avons dit à plusieurs
reprises revaloriser, dans bien des cas, comme le CCTM. je ne parle pas
nécessairement du Conseil supérieur de l'éducation mais,
sans les nommer tous, des endroits où, encore une fois, les porte-parole
des groupes sociaux, les partenaires sociaux ou les groupes
intermédiaires viennent faire connaître l'opinion de ceux qui leur
ont donné des mandats.
A l'égard de la période de 25 heures, nous n'étions
pas tout à fait très sûrs, mais nous, on estime que quand
cela aura duré une semaine, il y aura un point de saturation. Je ne vous
le reproche pas trop à ce moment-ci, je ne veux pas avoir l'air d'un
bonhomme qui fait des leçons, mais l'opinion publique est lasse, assez
souvent, de ces débats qui n'en finissent plus de durer aux
assemblées délibérantes et je pense à
l'Assemblée nationale. Nous, en tout cas, avons la
très ferme conviction que, quand un débat aura duré
une semaine là-dessus, une vraie semaine ou l'équivalence, si 25
heures c'est au-delà d'une semaine, mais vraiment tout aura
été dit. D'ailleurs, là-dessus, on a encore la certitude
la plus absolue que tout aura été dit avant que le débat
ne s'engage à l'Assemblée nationale, et que l'Assemblée
nationale n'est pas là nécessairement pour être une
estampille de ce qui est décidé ailleurs. Au bout d'une semaine,
il ne faudra pas que cela atteigne un tel point de saturation que les gens vont
se lasser de suivre les délibérations des élus du
peuple.
M. Burns: D'accord. Je vous rejoins entièrement, sur la
durée du débat. Je pense, peut-être exprimé
différemment, que vous dites la même chose qu'on retrouve dans le
livre blanc.
D'autre part, M. Daoust, je prends bonne note de votre suggestion que le
décompte des suffrages se fasse par circonscription électorale.
Je sais que la commission ici n'est pas unanime sur cela. Ma position, comme
ministre responsable, n'est pas arrêtée. Je suis encore ouvert
à cela. D'ailleurs le livre blanc, je pense, démontre cette
ouverture. On n'a pas dit: Cela devrait se faire au niveau régional,
national ou au niveau de la circonscription. Si on regarde la majorité
des mémoires qui nous ont été présentés, il
semble se dégager, sinon un consensus, une majorité d'opinions
favorables à celle que vous émettez ce matin. Je sais qu'un bon
nombre de députés autour de la table pensent également
cela. Par contre, il y en a d'autres qui pensent que cela devrait se faire au
niveau régional ou encore au niveau national. Mais là-dessus,
notre position n'est pas fermée. On devra faire le bilan de toutes les
remarques qui nous ont été faites à ce sujet.
Evidemment, la vôtre, comme celle des autres à ce sujet,
sera prise en bonne considération.
Quant à l'autre point qui m'a frappé dans votre
mémoire, c'est également un endroit où nous cherchons une
solution. Vous nous dites que les organismes comme la FTQ devraient demeurer
absolument souverains en ce qui a trait à l'encadrement de la discussion
sur le référendum à l'intérieur de leurs
structures. Je dois vous dire que c'est un des problèmes qui me
préoccupent le plus actuellement dans le projet de loi. Vous dites,
à juste titre, qu'on ne doit pas, au sein d'un certain processus, en vue
d'être efficace pour contrôler les dépenses, empêcher
l'expression démocratique d'un certain nombre de personnes ou d'un
certain nombre de groupes dans le cadre que quelque référendum
que ce soit. C'est une question qui me préoccupe, je n'ai pas encore la
solution. A la fin des travaux, ce matin, je ferai peut-être une
proposition à la commission qui nous permettra de lancer le débat
là-dessus. Ce n'est pas inutile que vous nous l'ayez souligné,
cela me préoccupe également.
Quant au reste de votre mémoire, je n'ai pas d'autres
commentaires à vous faire, sinon celui de vous dire, encore une fois,
merci d'avoir pris la peine de rédiger ce mémoire et d'être
venu nous le présenter pour nous permettre de réfléchir
davantage avant d'en arriver à un projet qui sera soumis
éventuellement au cours du mois de décembre à
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le ministre.
M. le député de Laval.
M. Lavoie: Au tout début, il faudrait faire une
distinction entre la tradition qui existe au point de vue municipal, une
certaine tradition référendaire, et une autre. Il est vrai
qu'à certains endroits, elle est très bien établie,
à d'autres elle est en voie de disparition. Je sais que cela n'existe
plus dans certaines grandes municipalités comme Montréal. Je ne
dis pas que cela ne devrait pas exister, cela devrait peut-être exister.
Il ne faut pas oublier que les référendums, au point de vue
municipal, sont décisionnels, ils sont délibératifs. C'est
dans un but précis, c'est soit pour un règlement d'emprunt ou
pour un changement de zonage.
M. Burns: Cela aurait été bon avant le stade
olympique.
M. Lavoie: Mais est-ce que cela aurait été bon
vous m'interrompez pour la baie James? Cela aurait
peut-être pu empêcher un projet considéré aujourd'hui
comme très avantageux; cela aurait pu être bloqué lors d'un
référendum. Il arrive, à certaines occasions, que ce soit
tellement politisé... On sait comme vous étiez contre à ce
moment-là, vous auriez pu susciter dans la population, dans les
années soixante-dix ou soixante et onze, un mouvement antibaie James et
cela nous aurait privés de ce projet. C'est le doute que nous avons sur
l'usage trop fréquent des référendums. On a vu
l'époque gaullienne, en France, où le référendum ne
se faisait plus sur la question donnée, mais sur la tête du chef
d'Etat. Il faut quand même le reconnaître. Même dans les pays
où il y a une tradition référendaire, cela a
été fait très rarement et d'une façon
sélective. En Australie, il y en a peut-être eu quatre en 75 ans;
deux en Irlande; deux en Italie sur une période de 50 ou de 60 ans;
trois en Suède. Il ne faut quand même pas en abuser.
M. Burns: Combien en Suisse?
M. Lavoie: En Suisse, oui, mais on est en train de l'abolir en
Suisse. Il y a un mois, on y a fait un changement pour restreindre l'initiative
des électeurs. Je ne me rappelle pas, c'était un certain nombre,
500, ils ont monté cela à quelques milliers, parce qu'à
toutes les fins de semaine, ils votaient sur la place publique. Attendez une
minute. Il ne faut quand même pas exagérer.
M. Burns: En Californie, combien?
M. Lavoie: Maintenant, j'aurais une question à poser et
j'espère que la réponse pourra être brève. Je sais
que c'est dans le programme du Parti québécois d'établir
une certaine politique du référendum, un genre de loi-cadre.
C'est une question qui m'aiderait.
Si vous établissez cela, lorsque vous aurez changé, si
changement il y a, l'ordre et le système politique, est-ce que votre
intention serait de rendre ce référendum, si cela se
réalise, votre voeu, délibératif ou uniquement
consultatif? Je pense que cela serait intéressant de...
M. Burns: Je pense que je ne peux pas présumer de la
situation...
M. Lavoie: Elle est trop hypothétique, quoi.
M. Burns:... qui aura lieu demain quand je parle de
demain, évidemment, je ne parle pas de demain en termes de jours, mais
plus tard de ce qu'il adviendra de l'avenir constitutionnel du
Québec. Ce n'est pas mon rôle de le faire, mais dans le cadre
actuel je pense que j'ai été assez clair. Le
référendum délibératif, dans le cadre actuel, est
absolument impossible.
Je ne suis pas sûr non plus qu'il soit désirable que le
référendum, même dans un nouveau cadre constitutionnel,
doive devenir délibératif et ne pas conserver son
caractère consultatif.
M. Lavoie: Justement, cette remarque que je faisais sur les
référendums municipaux, c'est qu'ils sont effectivement
délibératifs; ils sont un prérequis pour que la
dépense soit faite ou le changement de zonage soit fait. Il y a
également un autre...
M. Burns: Les cas de fusion de municipalités aussi.
M. Lavoie: Oui, dans certains cas. M. Burns: II y en a
eu.
M. Lavoie: Revenant à notre invité de ce matin, je
suis heureux de remarquer que, du moins sur cette question de loi
spéciale, c'est un peu la position que nous avons prise, justement, dans
notre prétention qu'on ne doit pas abuser des référendums.
Par exemple, depuis quinze ou vingt ans, au Québec, je me demande
combien de sujets auraient pu faire l'objet d'un référendum.
Même si vous me parlez de la nationalisation de
l'électricité en 1962, je suis d'accord avec M. Daoust qui dit
que, lorsque c'est inclus dans un programme électoral et qu'un
équipe dans notre tradition parlementaire se fait élire sur un
programme particulier, ce qui était le cas en 1962, on n'a pas besoin de
dédoubler cela par un référendum. Je rejoins un peu M.
Daoust, disant qu'il devrait y avoir une loi...
M. Burns: Vous me permettez une brève remarque, je ne veux
pas vous interrompre, M. le député de Laval, mais si vous me le
permettez...
M. Lavoie: Oui, oui, je vous le permets.
M. Burns: Ce que nous avons tenu depuis le début comme
argument, c'est qu'on considère qu'il est dommage, et soit dit en
passant, j'ai même travaillé pour les libéraux en 1962, je
le dis publiquement...
M. Lavoie: II tourne mal.
M. Burns: Je n'ai pas...
M. Lavoie: Vous n'êtes pas le seul.
M. Burns: ... de crainte de le dire, je l'ai fait pour une raison
bien simple. Même si je n'étais pas membre du Parti libéral
et même si je n'étais pas comme tel un libéral, j'ai
travaillé pour le Parti libéral en 1962, parce qu'on posait une
question bien simple: Etes-vous en faveur ou contre la nationalisation de
l'électricité? Et comme j'étais favorable à la
nationalisation de l'électricité, je n'avais aucun choix. J'ai
été obligé de m'impliquer dans une élection et je
suis convaincu que c'est le cas de plusieurs personnes au Québec qui ont
travaillé pour le Parti libéral en 1962, parce qu'on avait
faussé les règles du jeu. Ce n'est pas qu'on voulait le faire
malhonnêtement, mais on n'avait pas d'autre moyen et on faisait d'une
élection un référendum en 1962. Si on avait dit en 1962:
Etes-vous pour ou contre la nationalisation de l'électricité? je
me serais inscrit au comité du oui sans pour cela me faire violence
à moi-même et devenir temporairement libéral.
M. Lavoie: Je vais vous donner un autre exemple. Si vous voulez,
suivre votre idée de consultation assez fréquente, pourquoi
n'iriez-vous pas...
M. Burns: Je n'ai jamais dit cela, M. le
député.
M. Lavoie: ... devant la population avec un
référendum sur la question de l'amiante, qui représente un
investissement d'environ $100 millions ou $150 millions au départ?
M. Burns: Ce n'est pas exclu. Mon mandat n'est pas de
déterminer à quel moment il y aura des référendums.
Je vous dis que l'esprit du gouvernement actuel n'est pas d'y recourir de
façon régulière, à toutes les fins de semaine. J'ai
dit, je pense, à M. Daoust, tout à l'heure, de façon
très claire, que je n'avais pas l'intention et je ne pense pas
que c'était l'intention du gouvernement d'y recourir
régulièrement, mais on pourrait le faire sur des questions
importantes. Si on avait la juridiction là-dessus, je donnerais
l'exemple de la peine de mort. C'est une histoire qui revient constamment dans
l'esprit de la population. A mesure que les meurtres augmentent au
Québec, tout le monde commence à ce poser la question: Doit-on
revenir à la peine de mort? C'est évident que cela serait une
chose qui de-
vrait éventuellement, possiblement, être soumise à
l'appréciation de la population. L'avortement, même cas.
M. Lavoie: Vous ouvrez des portes. Je vous le dis: Encore
là, j'ai des doutes, parce qu'il pourrait arriver un gouvernement qui
profiterait d'un contexte où sa cote de popularité est
très forte, où la conjoncture économique est très
bonne, alors qu'il n'y a pas de chômage et que le peuple est heureux,
pour soumettre à la population la question de la peine de mort, par un
chef d'Etat dont la cote de popularité serait très forte. Ce
serait dévié; on voterait sur la tête du chef d'Etat et pas
sur la question de la peine de mort. Cela s'est fait en France; Napoléon
III l'a fait, de Gaulle l'a fait. Ce sont les réserves que nous avons
sur la question référendaire.
M. Burns: Je les comprends.
M. Lavoie: Quand vous dites que vous ne voulez pas y aller
souvent, c'est une raison de plus d'avoir une loi spéciale dans chaque
cas.
M. Burns: Pas de façon inutile. C'est ce que je vous
dis.
M. Lavoie: II peut y avoir des mécanismes
différents d'un référendum à l'autre. C'est
sûr que la participation sur la question constitutionnelle va être
beaucoup plus forte que si on a un référendum sur le zonage
agricole où vous éliminez de la population 50% des grandes
régions métropolitaines.
M. Burns: A part la question qui peut varier, M. le
député de Laval, d'un référendum à l'autre,
à part la contribution de l'Etat au comité ad hoc, qui peut
varier d'un référendum à l'autre on peut imaginer
des campagnes référendaires qui coûtent très peu;
à ce moment, la contribution de l'Etat peut être différente
d'un référendum à l'autre donc à part cela,
que voyez-vous qui pourrait changer une fois que les mécanismes ont
été mis en place?
M. Lavoie: Je reviens également à un autre aspect
soulevé par M. Daoust. Ce sont des pratiques coûteuses. Hier, on
regardait le budget supplémentaire. Je voyais, en passant, que cette
année le budget pour le mécanisme des élections, pour le
bureau des élections etc., pour une année normale, est de $6
millions, mais que, l'année passée, le budget a
été, lors d'une élection, de $16 millions.
M. Burns: Année d'élections.
M. Lavoie: Cela veut dire qu'un référendum
coûte environ $10 millions, ce que je disais il y a quelques
semaines.
M. Burns: Pas autant que cela.
M. Lavoie: On n'est pas loin de $10 millions.
M. Burns: C'est, d'ailleurs, une des raisons qui doivent rassurer
M. Daoust et les personnes qui pensent comme lui. Il n'y a pas un gouvernement
sensé qui va avoir un recours régulier et inutile au
référendum à cause justement des coûts que cela
comporte.
M. Lavoie: C'est un argument qui ne me frappe pas. Que ce soit un
gouvernement ou un autre, ce n'est pas toujours la logique qui mène les
gouvernements, que ce soit vous, les précédents ou les
futurs.
M. Burns: Ce n'est pas mon expérience, pour le
gouvernement actuel.
M. Lavoie: Votre expérience est courte. M. Burns: Cela
fait un an.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Lavoie: M. Daoust, sur ce livre blanc de la consultation
populaire, sur les 26, 27, 28 mémoires, je dirais qu'il y en a au moins
22 qui nous ont parlé strictement du référendum possible
sur la question constitutionnelle, même si le ministre nous a
invités au tout début à parler uniquement de la loi-cadre.
On avait l'impression que seul le ministre avait le pas dans ce
débat.
Croyez-vous, M. Daoust, qu'on devrait avoir une seule question?
Parlons de l'exemple que nous avons du référendum avec un
grand R où plusieurs possibilités, comme l'a dit un seul groupe
c'est la Société nationale des Québécois de
l'Outaouais qui attachait plus d'importance...
M. Burns: C'est la Société Saint-Jean-Baptiste.
M. Lavoie: Non, il me semble que c'est la Société
nationale de l'Outaouais. En tout cas, eux, dans un but louable de
démocratisation, de consultation et tout ils l'ont dit
eux-mêmes attachaient plus d'importance au processus
démocratique qu'aux fins ou au résultat qu'on veut obtenir. Ils
l'ont dit clairement. Ils proposaient quatre ou cinq possibilités,
surtout sur la question constitutionnelle. Personnellement, je n'étais
pas trop d'accord avec cela parce que souvent cela mettrait les gouvernement
dans une position encore plus ambiguë. Proposeriez-vous une seule question
ou plusieurs?
M. Daoust: Je dois vous dire que la FTQ, dans sa
réflexion, ne s'est pas penchée, de façon fort
spécifique, sur la question que vous soulevez. Je serais mal à
l'aise de vous répondre au nom de la FTQ. Je peux vous dire que ce qui
se dégage des échanges de vues à l'intérieur de
notre centrale, à ce moment-ci tout au moins, c'est le souhait que le,
la ou les questions qui seront posées le soient de façon
extraordinairement limpide. Il faut qu'il y ait beaucoup de
clarté. Je pense que tout le monde s'entend là-dessus. Il
faut aussi qu'il y ait beaucoup de transparence afin qu'if n'y ait pas
d'ambiguïté ou d'équivoque.
Je vais vous donner une opinion, qui risque plutôt d'être la
mienne. Qu'il y ait une ou des questions, cela ne me bouleverse pas dans la
mesure où l'électeur, placé devant plusieurs questions,
encore une fois, puisse trouver des façons très claires d'y
répondre et de les comprendre afin qu'il n'y ait pas
d'ambiguïté.
Je dois vous dire qu'à l'intérieur de la FTQ, dès
le moment où la ou les questions nous seront connues, il est convenu que
nous nous engagerons dans un processus de consultation
généralisé à l'intérieur de la centrale. Des
assemblées dans tous les syndicats et dans toutes les sections locales
de ces derniers seront convoquées. Il n'est pas exclu que la FTQ comme
telle tienne un congrès spécial pour fixer et décider de
la position qu'elle prendra à l'égard du
référendum. Pour ce qui est de ce que vous me demandez, je ne
peux pas engager la FTQ. Cela ne me bouleverserait pas qu'il y ait plusieurs
questions.
M. Lavoie: Je vous pose cette question, entre autres, parce qu'il
y a un groupe je crois que c'est Action positive qui exprimait le
voeu que l'option exprimée par les citoyens soit non seulement claire et
tout, mais que ce soit réaliste, réel, réalisable et non
fictif. Il faut que cela nous dirige et que cela guide le gouvernement vers une
solution. Il ne faudrait pas que cela demeure uniquement académique.
Dans certains cas, on a donné un exemple de quatre ou cinq
possibilités. Une option peut recueillir 30%, une autre 32%, une autre
17% et une autre 33%. En somme, cela ne débouche souvent sur rien.
Souvent, on reproche au gouvernement de ne pas agir ou d'agir trop lentement.
Ce serait encore un moyen de retarder des décisions positives de la part
des gens en place.
M. Burns: Est-ce que le député de Laval me permet
une intervention, juste pour l'aider dans cela?
M. Lavoie: Ah! qu'il est fatigant.
M. Burns: Non, c'est pour vous aider.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que vous le permettez, M. le député de Laval?
M. Burns: Je viens d'avoir un document qui est un peu un sommaire
de toutes les questions, et sur ce point...
M. Lavoie: Est-ce que ce sont des questions possibles?
M. Burns: Non, c'est sur le problème des questions ou des
options. Si vous ne voulez pas, je ne le dirai pas, mais cela peut vous aider.
En- tre autres, la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal
suggère plusieurs propositions. Vous avez raison que la majorité
suggère une question à laquelle on peut répondre par un
oui ou un non. C'est le cas du Conseil du patronat...
M. Lavoie: Bon, d'accord.
M. Burns: ... les Fils du Québec. D'autre part, la
Société nationale du Québec de l'Outaouais suggère
plusieurs options. Une seule question: les Jeunes libéraux de la
région de Québec, le Barreau du Québec, le SNQ...
M. Lavoie: C'est majoritaire.
M. Burns: Je parle de ceux qui se sont prononcés
là-dessus; les autres dont je ne parle pas, ils ne se sont pas
prononcés là-dessus. La SNQ du Centre du Québec, le
Comité d'action positive, une seule question, le Mouvement
Québec-Canada, une seule question, et la Northern Quebec Inuit
Association, une seule question, et le Parti communiste vous êtes
en bonne compagnie offre plusieurs options. Je voulais tout simplement
dire cela.
M. Lavoie: II m'invite à poser une question: Disons que ce
soit le Parti communiste ou l'American Labour Party, ou le North American
Labour Party, ou un autre groupe qui peut être la Société
nationale des Québécois, ou la FTQ, ou un autre, qui serait
refusé, pour une raison ou pour une autre, dans un groupe. On peut
donner un exemple, on l'a posée, la question, on veut tous que, quant
à l'endroit, cela se décide d'une manière
privilégiée et prioritaire au Québec. Je pense que tous
les partis sont d'accord sur cela. Prenons un organisme comme l'Unitécanadienne qui voudrait faire partie d'un groupe et qui est un mouvement
qui existe depuis plusieurs années, je crois, à l'échelle
pancanadien. Disons que les deux groupes disent: Ecoutez, messieurs, cela doit
se passer au Québec et, à cause de votre
hérédité fédéraliste, on ne veut pas vous
accepter, que ce soit dans le oui ou dans le non. Cela veut dire que ces gens,
en vertu du livre blanc actuel, seraient éliminés de la
participation à la question référendaire. J'arrive
à la FTQ: Si, pour une raison ou pour une autre, par le désir des
groupes majoritaires du oui ou du non, on refusait la participation ou
l'intégration dans ce bloc de votre groupe, que feriez-vous? Je vais
plus loin; à la page 4 de votre mémoire, vous dites que vous
désirez je pense que c'est tout à fait normal, et c'est
notre position qu'il ait une très large liberté
d'expression et de droit d'association, et tout. Que feriez-vous si vous
n'aviez pas le droit même d'aller réunir vos membres a la baie
James ou sur un autre chantier, ou ailleurs, louer une salle et participer?
Accepteriez-vous ce silence forcé?
M. Daoust: Très clairement, nous ne l'accepterions pas.
Cela serait pour nous, et nous le mentionnons dans le mémoire, un grave
accroc à
la démocratie. Par ailleurs, nous mentionnons aussi dans le
mémoire, à la toute fin de la page 4, qu'à
l'intérieur de nos rangs, nous voulons utiliser les moyens habituels:
distribution de tracs, assemblées régionales ou très
locales, enfin, les publications syndicales, tous les moyens qui sont à
notre disposition et que nous utilisons abondamment dans toutes les
circonstances, à l'exclusion, évidemment, de la publicité
payée dans les mass media. Mais qu'il y ait une espèce de
bâillon qui nous soit imposé à l'occasion d'un
référendum constituerait, pour nous, une décision vraiment
inacceptable. Je ne vois pas de quelle façon on pourrait en venir
à une telle prise de position du côté gouvernemental.
M. Lavoie: Je suis assuré, du moins, que le ministre
prendra bonne note...
M. Burns: Je l'ai même dit à M. Daoust tout à
l'heure.
M. Lavoie: ... que cela vous cause un problème. Vous
n'avez pas apporté de solutions, vous avez dit que cela vous causait un
problème.
M. Burns: Non, j'ai dit que je suis préoccupé par
cela.
M. Lavoie: D'ailleurs, d'après notre expérience
ici, depuis un mois ou un mois et demi, c'est qu'on a l'impression que vous
êtes tiraillé sur beaucoup de questions, et vous ne nous apportez
pas beaucoup de solutions.
M. Burns: Je vais vous en apporter une par un projet de loi.
M. Lavoie: Quant à moi, en mon nom personnel, à
titre personnel, je suis très favorable.
M. Burns: C'est pour cela qu'on a une commission parlementaire,
je veux savoir ce que les gens pensent.
M. Lavoie: On a hâte d'avoir une décision du
ministre responsable.
M. Burns: Si je n'avais pas tenu de commissions parlementaires
pour entendre les gens, vous m'auriez blâmé de ne pas entendre les
gens et, là, vous auriez dit: C'est cela, vous nous amenez un projet de
loi et vous n'avez pas entendu le monde. Alors, là, j'entends le monde
et on va tirer des conclusions de cela. Après cela, on va arriver avec
un projet de loi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de Laval.
M. Lavoie: Une dernière question, M. le Président.
Tout en invitant le ministre à nous apporter...
M. Burns: ... la pipe et je ne vous achalerai pas!
M. Lavoie: En vertu de la responsabilité
ministérielle, de votre solidarité avec le cabinet, j'ai
hâte que vous arriviez et je pense que ce sera le plus tôt
possible avec un lit fait, une fois pour toutes, en ce qui concerne la
consultation populaire.
Je vais vous poser une question, vous n'êtes pas obligé de
répondre, M. Daoust. C'est relié à la longueur du
débat sur la question, soit les 25 heures. Même si le ministre dit
que c'est 15 heures ou 18 heures dans une semaine, il faut quand même
prévoir la circonstance où une loi comme celle-là, qui
peut soulever beaucoup d'opposition, surtout s'il y a des restrictions à
certains droits fondamentaux ou quoi que ce soit, est présentée
à la fin d'une session. On en a eu l'expérience avec la loi 101.
On peut en connaître l'expérience avec la Loi sur l'assurance
automobile et tout. Il y a alors motion de fin de session et suspension des
règles. Il peut fort bien arriver que ces 25 heures entrent dans la
même semaine, même si normalement... Bon, encore des
interruptions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lavoie: Cela peut fort bien arriver que les 25 heures soient
casées dans la même semaine.
M. Burns: Je vous impressionne ce matin, je n'ai qu'à
faire un mouvement de la main et vous vous sentez interrompu.
M. Lavoie: Vous soulevez les appréhensions non seulement
de l'Opposition, mais de toute la population sur beaucoup de sujets. La
question que je voulais vous poser, M. Daoust, est reliée justement
à ce débat à savoir que s'il traîne en longueur,
cela pourrait perdre de l'intérêt ou cela pourrait susciter, de la
part de la population, un certain mécontentement. Croyez-vous, revenant
sur le Référendum avec le grand R sur la question
constitutionnelle, où le débat dure depuis un certain nombre
d'années, que la population serait suffisamment informée, comme
on dit couramment, sur la question constitutionnelle et qu'un tel
référendum devrait avoir lieu dans un certain délai?
M. Daoust: Je sais que chez nous on a un congrès qui
débute lundi prochain. Le conseil général de la FTQ a
décidé de ne pas recommander qu'il y ait débat, à
l'occasion de ce congrès qui dure une semaine, sur le fond du
problème. Qu'il y ait un débat sur la loi-cadre, tout cela, sur
le principe même d'un référendum, cela va. Mais sur le fond
du problème, nous jugeons qu'il serait prématuré, compte
tenu du fait que même si le débat est engagé depuis tout de
même fort longtemps au Québec, nous n'avons pas en notre
possession les éléments qui nous semblent tellement
indispensables pour amorcer une réflexion qui se fera
inévitablement à l'intérieur de nos rangs. Ce ne sera
qu'au moment où on pourra voir un peu plus clairement dans la
date éventuelle d'un référendum que la question va
devenir une grande question d'actualité, que des documents abondants
vont circuler, que des études de toute nature vont être
préparées, que tous ces faits vont nous permettre, comme à
la population en général, de nous engager dans le
débat.
A quel moment devrait-il venir? Cela devient un peu plus
compliqué pour moi d'y répondre. En tout cas, j'ai nettement
l'impression que dans le moment actuel ou dans les mois qui viennent, nous ne
serions pas préparés, tout au moins chez nous à
l'intérieur de la FTQ, pour entamer cette longue, cette intense
période de réflexion. Par ailleurs, puisque l'initiative
appartient au gouvernement dans la motion initiale et que la formulation finale
devient la décision de l'Assemblée nationale, c'est surtout sur
la durée du débat à l'Assemblée nationale que nous
nous sommes penchés, et nous avons cru qu'un débat qui pourrait
durer environ une semaine serait suffisant.
Mais quant au moment où le vote est pris à
l'Assemblée nationale je pense que le livre blanc est un peu silencieux
là-dessus. "L'initiative revient au gouvernement qui émet
à l'intention du directeur général des élections un
bref indiquant la date du référendum et le texte de la question
adoptée à l'Assemblée nationale." Là-dessus, nous
n'avons pas de vues fort précises. Nous nous sommes dit qu'il y a tout
de même une sagesse politique qui devait être présente au
moment où le gouvernement ou plutôt l'Assemblée nationale
décide de la question. Il ne peut pas s'écouler des
périodes très longues entre le déclenchement du processus
lui-même...
Il nous a semblé à nous on n'a pas eu le temps de
le fouiller peut-être qu'il y aurait lieu de préciser cette
période entre le moment où l'Assemblée nationale
décide de la question et celui où le référendum est
déclenché. Que ce soit un ou deux mois, peu importe, mais qu'on
le sache et que les règles du jeu soient bien connues de l'ensemble de
la population.
On ne l'a pas abordé dans le mémoire, puisqu'on s'est dit:
Cela saute tellement aux yeux. Un gouvernement n'est pas suicidaire, quel qu'il
soit. Il ne peut pas poser une question et dire: Bon, on va attendre le moment
le plus propice pour faire en sorte que la question soit soumise à
l'électorat. Cela devrait être assez rapide, malgré
tout.
M. Lavoie: M. le Président, je vais vous demander si vous
me permettez cette question. Peut-être qu'elle va trop loin, mais je la
pose sous toute réserve et vous me la refuserez, si vous voulez. Est-ce
qu'on peut attendre trois ans avant de tenir le référendum sur la
question constitutionnelle, à cause des effets? Est-ce qu'il peut y
avoir des effets à retarder trop longtemps cette question, soit
économiques ou autres?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Laval, en fait, j'ai déjà...
M. Charbonneau: II ne faut pas charrier.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, M. le député de Verchères.
Je pense que le député de Laval s'adressait au
président. Je pense que j'ai déjà, au cours des semaines
précédentes, refusé une question identique ou analogue et
je pense que ce serait entrer sur le fond de la question. D'ailleurs, je
n'avais pas lu la directive à l'intention de M. Daoust, puisque, ayant
lu son mémoire, je constatais que ce mémoire respectait en tous
points les directives que j'avais déjà données.
M. Lavoie: Si j'ai fait cette tentative, c'est à cause
sans doute de la qualité du témoin qui représente un agent
économique des plus importants au Québec. J'aurais
été curieux de connaître sa réponse.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mais je
demanderais, s'il vous plaît...
M. Charbonneau: Vous admettez que c'était une
tentative?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
comme si la question n'avait pas été posée.
M. Lavoie: J'aurais aimé peut-être plus de
transparence de la part du gouvernement et que vous consentiez à ce que
je la pose.
M. Charbonneau: On vous donnera cette transparence en temps et
lieu.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lavoie: Je retire ma question.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Question
retirée.
M. Lavoie: A contrecoeur, je la retire.
M. Burns: Est-ce qu'on doit la rayer du journal des
Débats?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que vous avez terminé, M. le député de Laval?
M. Lavoie: Pour le moment, oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, j'aurai certaines questions
à poser à notre invité de ce matin, mais j'aimerais savoir
une chose avant, au sujet de la loi des référendums qu'on se
propose de voter incessamment. Au Canada et au Québec, qui fait partie
du Canada, le système de bipar-
tisme que nous avons fait qu'on élit un gouvernement ce
n'est pas la première fois, remarquez bien qui doit prendre des
décisions fort importantes. Là, nous avons un gouvernement qui
dirige avec 40% des voix, ce qui lui donne une majorité avec ses 71
députés. Ne trouvez-vous pas que des référendums
ont plus leur place dans un Etat comme le nôtre que dans d'autres pays
qui gouvernent avec une majorité et de députés et du vote
populaire? On a fait allusion à plusieurs reprises à
l'élection de 1962 qui est peut-être un exemple assez juste du
référendum qui s'en vient et qui aurait peut-être dû
faire l'objet bien plus d'un référendum que d'une
élection, puisque la question était importante et touchait
l'ensemble des Québécois. Puisque tout le monde a parlé
d'un seul référendum ce matin, je pense que je peux me permettre
de faire la même chose. Ne pensez-vous pas que, dans une province comme
la nôtre, on doit considérer cela? Je vous pose la question parce
que plus on vous connaît, plus on vous découvre comme un homme
sage et un homme qui connaît en profondeur plusieurs problèmes.
J'aimerais que vous me donniez votre opinion sur ce point.
M. Daoust: Je dois vous dire qu'à la FTQ, comme dans
plusieurs groupes, sans aucun doute, le livre blanc nous impose une
réflexion à l'égard de la technique
référendaire. Je l'ai mentionné au tout début, cela
nous paraît séduisant comme moyen technique de connaître
l'opinion des gens. Par ailleurs, cela peut sembler dangereux dans certains cas
qu'un gouvernement veuille se laver les mains à l'égard de
grandes options tellement essentielles à l'intérieur de nos
sociétés.
Un gouvernement ou un parti véhicule des projets de toute nature
de changements de sociétés. Ces projets et ces changements sont
largement discutés par les membres des partis et, inévitablement,
il y a des retombées dans le milieu qui aborde les sujets de temps
à autre. On se dit que le recours à la technique
référendaire, à cause de son aspect de nouveauté,
doit nous imposer une réflexion. C'est un peu pour ça,
fondamentalement, qu'on ne souhaitait pas une loi-cadre immédiatement.
Pour ce qui est de la façon d'encadrer un référendum, on
s'est dit: Faisons l'expérience de celui-ci et, éventuellement,
on pourra on le souhaiterait se donner comme collectivité
une loi-cadre sur les référendums.
Le recours au référendum. Je dois vous dire que la
réflexion est loin d'être complétée à
l'intérieur de nos rangs. Je ne suis pas en mesure, à ce
moment-ci, de dire: Oui, on devrait y avoir recours abondamment. Mon opinion et
la nôtre est un peu le contraire, il faudrait y aller avec
énormément de circonspection pour éviter que les partis
politiques se prononcent sur des sujets qui, à l'intérieur de la
population, font l'objet de débats et d'échanges intenses.
M. Grenier: Je vous remercie. Votre réponse ne me
satisfait pas. Evidemment, vous n'êtes pas tenu de donner des
détails et d'aller au creux de la question. Je me pose cette question
depuis pas mal longtemps et non pas seulement au sujet des
référendums. Dans le programme de l'actuel gouvernement, comme
c'était le cas de notre programme à nous, en 1971 ou en 1973, un
système présidentiel aurait pu amener un gouvernement majoritaire
et dans sa députation et dans son vote populaire. Ce problème
n'est pas réglé, on ne sait pas quand il le sera. En attendant,
je ne vous cache pas que la vie des députés est parfois
pénible, surtout quand on a à se prononcer au nom d'une
population qui ne nous a pas appuyée majoritairement. Je suis l'un de
ceux-là autour de la table. Nous voudrions tous pouvoir affirmer que la
majorité nous a appuyée, mais on ne l'a pas au niveau de nos
comtés. En tout cas, moi, je suis en bas de 50% et je suis obligé
de parler au nom des 100% de mon comté. J'aurais aimé mieux
être appuyé par 75% ou 80%.
Pour ma part, je fais face à un problème pénible,
je devrai prendre position et me ranger dans un camp en décidant quelle
option prendre. Je ne vous cache pas que cela fait l'objet de tiraillements
chez ceux qui sont sérieux. Je pense bien que tous ceux qui sont
impliqués là-dedans sont l'objet de tiraillements. Si on n'en
arrive pas à une formule qu'on ajuste souvent à un régime
présidentiel, qui permettra de nous donner une majorité et de
parler enfin au nom de la majorité, on devrait avoir plus de latitude du
côté des référendums tant et aussi longtemps qu'on
n'aura pas réglé cette question.
Vous avez donné une partie de votre opinion, je suis sûr
que vous en réservez une autre parce que vous aimez mieux, sur une
question comme celle-là, consulter plus de membres ou faire un
débat plus large au sein de votre organisme. J'aimerais vous demander,
puisque la question a été posée à savoir si un
gouvernement pourrait faire plusieurs référendums, quelle est
votre opinion sur ce sujet. Si vous avez autre chose à ajouter, je le
recueillerais volontiers. Quant à moi, il y a deux questions que je juge
importantes; elles n'ont peut-être pas l'entendement qu'elles devraient
avoir autour de la table car quand c'est fait par un troisième parti,
vous savez, cela vient de loin. C'est un peu comme les supérieurs qu'on
nommait dans les séminaires. On leur donnait des ceinturons rouges, on
les nommait Monseigneur, mais ce n'est pas cela qui leur donnait plus
d'intelligence.
Je voudrais bien que vous me disiez si vous avez une proposition
à faire là-dessus. Si vous pouviez préciser votre
pensée, cela m'aiderait, personnellement.
M. Daoust: Le mieux que je puisse faire à ce moment-ci,
c'est un peu répéter ce que j'ai mentionné
préalablement. Dans les mois qui vont suivre, à
l'intérieur de nos rangs, partout, on va procéder à une
réflexion et à un cheminement véritable sur tout le
problème des référendums
au Québec. Déjà, on a un minimum de documents qui
sont loin d'être complétés et qui nous permettraient
ultérieurement, si la loi-cadre n'était pas
présentée à ce moment-ci, de faire connaître nos
vues en profondeur sur tout le problème des référendums et
peut-être sur celui que vous soulevez, les majorités politiques
qui doivent se dégager à l'occasion des élections et le
type de régime politique, j'entends dans ses structures, qui devrait
être le nôtre au Québec.
Mais je n'ose pas vous livrer des opinions qui seraient personnelles,
sans être assuré et c'est tout à fait normal
qu'elles recueillent tout au moins l'assentiment d'une bonne partie des membres
de la FTQ. Comme le débat vient à peine d'être
engagé, il me semble prématuré, pour moi tout au moins, de
me lancer dans des expressions d'opinion qui risqueraient de ne pas coller
à notre réalité.
M. Grenier: Une autre question que je juge fort pertinente, fort
à propos avec ce que vous nous avez dit ce matin et on est à la
toute fin de l'audition des mémoires. Vous dites qu'une ou des
questions, cela ne vous bouleverserait pas, c'est là votre expression;
on pourrait arriver avec plusieurs questions. Dans le contexte actuel, si on
avait à poser une question sur un référendum et je
le fais, je pense, tout à fait dans le ton, puis dans les termes du
débat de ce matin si c'est une ou plusieurs questions qui
devaient se poser, et cela peut faire l'objet d'autres
référendums aussi, l'actuelle question, on aurait pas mal de
difficulté à la poser. Il y a un cheminement qui n'est pas fait
et vous avez dit, avec beaucoup de justesse, je pense, qu'on ne serait pas
prêt.
L'opinion du public ne serait pas prête et l'opinion des
représentants tant è Ottawa qu'à Québec est loin
d'être prête. On s'en rend compte. Il est clair qu'on ne pourrait
avoir une opinion bien précise. La question qu'on pourrait poser sur le
référendum dont on parle depuis le début de la
séance ce matin contiendrait des termes qui sont devenus tabous. Et vous
vous rappelez sans doute l'arrivée de Marcel Chaput d'Ottawa, quand il a
démissionné, il s'en venait faire la séparation du
Québec. Vous vous souvenez que cela s'appelait séparation, ce qui
était un terme connu à ce moment-là, en tout cas une
opinion qui n'était peut-être pas partagée par une
proportion de gens importante, mais c'était un terme connu.
On a véhiculé ensuite l'idée d'indépendance,
qui est devenue passablement taboue aussi. On parle du statu quo, qui est un
terme aussi tabou, et là on parle de souveraineté-association. Je
ne suis pas sûr que le terme "association " ne deviendra pas tabou dans
peu de temps, quand on sera bloqué devant des murs en quelque part. A
partir de là, si on avait à poser une question ce matin je
pose la question à la table ici, les gens l'entendent je ne
serais pas capable de dire: II faut poser la question demain matin. Je ne sais
pas quelle question on pourrait poser et il y a une évolution qui doit
se faire dans ce sec- teur. Je suis d'accord avec vous quand vous dites qu'on
doit prendre encore plusieurs mois de réflexion afin d'en arriver
à une question satisfaisante.
Si on pose la question: Etes-vous pour ou contre la séparation?
ce ne sera pas cela. Pour ou contre l'indépendance? ce ne sera pas cela.
Si on pose la question: Etes-vous pour l'indépendance ou le statu quo?
on vient de se rendre compte qu'on tombe dans deux termes; il y en a qui
recrute environ 12% de la population, puis l'autre à peu près la
même chose à l'autre bout. Il va rester plus de 80% des gens qui
n'ont pas d'opinion; on ne pose pas de question à leur satisfaction. A
partir de là, il est de notre évidence qu'on ne peut pas demain
matin poser une question. Il faut évoluer quelque part.
Il faut arriver avec une autre proposition et le gouvernement a
l'objectivité et la volonté de permettre qu'un vote se prenne de
façon majoritaire; on ne veut pas arriver avec une question demain
matin. Il faut une évolution, qu'elle se fasse du côté du
gouvernement du Québec, du côté du gouvernement d'Ottawa et
que les partis d'Opposition collaborent à cette évolution. De
toute évidence, cela ne peut pas être demain. A partir de
là, je pense qu'il faudrait, comme vous le suggérez, prendre
notre temps et en arriver avec une évolution qui nous permette que la
population puisse exprimer en toute objectivité son point de vue,
être pour ou contre la question qui sera posée ou les questions
que vous suggérez aussi, avoir une idée bien précise, et
que cela dise quelque chose en bas. Qu'on n'arrive pas avec une affaire, un
guêpier comme on avait lors du plébiscite national, une question
des plus ambiguës qu'il nous avait été donné de
voter.
Je voulais qu'on le situe sur ces deux points: la question des
référendums, si c'est plus possible avec des gouvernements qui se
font élire avec 40% ou 45% ou 48%; l'autre partie, arriver dans le
référendum qui est en vue avec des questions qui seraient demain
matin très imprécises, puis qui ne recruteraient certainement pas
une majorité de Québécois capables de voter pour ou
contre. On ne sera pas prêt demain matin. Vous nous le dites, vous venez
de nous le dire dans votre mémoire; je trouve que c'est avec beaucoup de
justesse que vous le faites et je suis content que vous nous le
précisiez, puisqu'on est à la toute fin.
Vous le faites de façon très évidentes. Cela nous
permet de cheminer et d'arriver à autre chose. La dernière, je
pense bien, c'est sur une question qui a été posée
à plusieurs reprises. Je voudrais vous demander vous avez
assisté à plusieurs de nos séances, je vous ai
remarqué dans la salle au sujet de ce conseil du
référendum qu'on a proposé, conseil des sages, conseil
dépolitisé, qui pourrait choisir la date du
référendum, faire un choix de questions ou choisir une question,
si vous y croyez.
M. Daoust: On n'a pas abordé ce problème dans notre
mémoire, mais personnellement je n'y crois pas. Un conseil
dépolitisé dans un sujet
comme celui-là, c'est impensable par définition. Les gens
ne sont pas des abstractions. Ils sont collés à une
réalité et vivent dans un milieu. Dans le débat
déjà engagé depuis quelque temps on ne peut être
neutre et au-dessus de ce débat.
Je pense qu'il appartient au gouvernement, qui est à
l'écoute du milieu, de dégager la question qui sera soumise
à l'Assemblée nationale. Cela se fera en tenant compte des
expressions de tous les milieux. Qu'on imagine un conseil composé de
sages, comme vous l'avez mentionné, je ne suis pas très sûr
que cela pourrait déboucher sur quelque chose de concret à plus
ou moins court terme.
C'est l'intérêt du gouvernement, je crois qu'on l'a
déjà mentionné, dans la formulation de la question, de ne
pas la faire telle qu'elle soit piégée ou qu'elle soit à
ce point ambiguë qu'elle suscite partout des tiraillements desquels on ne
pourrait pas se sortir. Dès que la loi-cadre sera votée, on
connaît malgré tout les règles du jeu avec lesquelles on
est d'accord. Pour ce qui est d'un conseil de sages, mon opinion à ce
moment c'est que cela ne donnerait pas grand-chose de fort valable.
M. Grenier: C'est la toute dernière question que je pose.
Vous avez parlé des 25 heures qui pourraient être accordées
pour les débats. Il est vrai que tous les sujets sont pas mal
épluchés quand on arrive aux débats de l'Assemblée
nationale, mais on doit quand même reconnaître qu'avec le lot de
commissions qu'il y a présentement, la presse est obligée de se
subdiviser pour être à plusieurs endroits à la fois. C'est
quand les débats reviennent à l'Assemblée qu'on a une
meilleure chance de couverture, d'information pour la population du
Québec. Je pense que c'est à ce moment que les grands
débats entrent dans les familles du Québec. C'est l'impression
que j'ai depuis que je suis ici. Cela ne veut pas dire que le travail en
commission est inutile. On donne beaucoup d'information aux gens directement
impliqués comme membres de cette commission, mais pour passer dans les
familles du Québec, je pense qu'on a beaucoup plus de chances par
l'Assemblée nationale, par les grands débats qui s'y tiennent,
que par les commissions elles-mêmes.
A ce moment-là, à l'Assemblée nationale, je suis
d'accord avec vous, tous les arguments ont été servis à
gauche et à droite. Pour les passer dans les médias, donner
l'information à nos familles, pour que les gens soient vraiment
informés sur des sujets aussi importants que celui qu'on aborde, les
débats ne peuvent pas, pour moi, durer moins de 25 heures. Il me semble
bien, même si ce n'était que pour cela, même si comme on l'a
signalé à plusieurs reprises, cela peut sembler être du
radotage, que c'est souvent là que les gens vont prendre leur
première information puisqu'elle n'a pas passé dans leurs media
antérieurement.
Pour ma part, je ne verrais pas moins de 25 heures de débats, et,
si c'était possible, réparties pour nous donner la chance de
recruter chez nous des opinions, en retournant. Vous avez le débat sur
la loi 101 qui, à la fin, c'était vraiment un débat pas
mal usé. La commission a siégé bien longtemps. J'ai
regretté une chose là-dedans, c'est qu'on nous ait fait
siéger trop de jours par semaine, alors qu'on n'avait plus la
liberté d'aller recueillir des opinions dans nos milieux parce qu'on
n'avait pas le temps de le faire. On siégeait trop longtemps dans la
même semaine.
C'est au niveau de l'Assemblée nationale que les grands
débats entrent dans le public. Si on veut vraiment donner de
l'information, je pense qu'il faut un minimum de 25 heures, si possible
réparties, dans des questions aussi importantes, sur au moins deux
semaines et possiblement trois semaines, pour donner la chance de faire
connaître davantage notre débat.
C'est un peu l'opinion que vous avez émise, à savoir que
vous étiez bien au courant que, lorsque cela arrive devant
l'Assemblée nationale, il n'y a plus rien de nouveau. C'est bien plus
pour pénétrer dans chacun des milieux du Québec.
M. Daoust, je me dois, au nom de notre parti, de vous remercier de votre
mémoire. Parce que vous êtes un homme qui est souvent
mêlé à ces problèmes, vous n'avez pas repris, bien
sûr, tous les éléments de solutions qui avaient
été suggérés par d'autres mémoires, mais
vous avez vite compris, en écrivant votre mémoire, qu'il y a des
projets et des recommandations qui nous seraient soumis par d'autres. Vous vous
êtes attaché à d'autres secteurs qui nous aident et nous
donnent aussi l'éclairage dont on a besoin. Je veux vous remercier et
vous dire que votre passage ici nous a été bien
bénéfique.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Mégantic-Compton. M. le
député de Terrebonne.
M. Fallu: Merci, M. le Président. M. Daoust, je voudrais
revenir sur deux questions, soit la loi-cadre des référendums par
rapport à une loi à caractère général et
également les comités nationaux et les contrôles.
D'abord, je m'attarde seulement à ces deux points pour une simple
raison, c'est qu'ils font partie de votre mémoire, c'est-à-dire
qu'ils font partie, ni plus ni moins, du mandat que la FTQ vous a donné
pour parler devant cette commission. A ce compte-là, entre
parenthèses, on a l'occasion d'admirer encore une fois comment les
syndicats sont des organismes démocratiques. Toujours vous distinguez
lorsque vous parlez de votre propre chef ou encore lorsque vous êtes le
porte-parole de l'organisme comme tel.
J'admire le fait que votre pensée procède d'un pragmatisme
et d'un fonctionnalisme certains lorsque vous proposez une loi
spécifique pour un référendum qui déboucherait
éventuel-
lement sur une loi-cadre ou sur d'autres lois à partir de
premières expériences. Le gouvernement, dans sa proposition de
loi-cadre, entend, lui aussi, procéder à partir d'un même
pragmatisme et d'un même fonctionnalisme j'allais dire
pédagogique pour éviter que, pour un certain
référendum, le débat ne s'engage à la fois sur le
fond et sur le processus. De la même façon, dirais-je, qu'on a
voulu respecter l'ensemble des mécanismes électoraux, de la
même façon on voudrait procéder par une loi organique ou
générale qui permette de dédramatiser le débat sur
la constitution même d'une loi référendaire. C'est ainsi
qu'à travers un livre blanc, une commission parlementaire, une
première lecture qui viendra en décembre, ensuite un long
débat public qui s'ensuivra, suivi d'une discussion en Chambre en
deuxième lecture, en commission parlementaire et en troisième
lecture, le débat sera axé sur la mécanique
elle-même et non pas sur le fond d'un quelconque
référendum. C'est donc un processus mental ou pédagogique
qui rejoint vos propres préoccupations. A ce compte, on n'est
peut-être pas si loin qu'on semble l'être à première
vue en faisant deux démarches qui pourraient sembler parallèles
alors qu'elles sont plutôt convergentes.
Ceci dit, je voudrais revenir sur les comités nationaux. Il est
un fait que le livre blanc reste muet sur certains aspects. Vous admettez au
départ le bien-fondé de comités, comme on le dit en
utilisant un anglicisme, "parapluies". A la limite, on le sait, ces
comités ont comme finalité propre d'aboutir à un
contrôle des dépenses. Or, on voit assez bien qu'il y a certains
aménagements à faire en fonction des libertés de
regroupement et de ces choses-là. Mais souvent le débat autour de
cette question touche des libertés, que je mets entre guillemets cette
fois, qui ressemblent étrangement à des libertés de
dépenser abusivement pour tenter de promouvoir des opinions
personnelles.
Donc, la loi-cadre permettrait, entre autres, en l'occurrence, à
la FTQ, un choix de s'affilier ou non à un organisme chapeau ou
parapluie. La restriction, néanmoins, que vous apportez est relative
à ce droit, qui n'est pas exprimé dans le livre blanc et que vous
nous soulignez, je crois, à juste titre, le droit, notamment, pour un
organisme, de rester libre de parler à ses membres par les moyens qu'il
possède traditionnellement qui n'engagent pas de fonds de nature
j'allais dire: Entre guillemets, puisqu'on y fait toujours
référence "électorale" ou
"référendaire", en l'occurrence.
Je vous remercie, pour ma part, de cette remarque. Je crois qu'on devra
vraiment, au moment de présenter le projet de loi, tenir compte de cette
remarque pour que ce soit vraiment clair que les organismes gardent, à
l'intérieur d'eux-mêmes, le droit de s'exprimer, auprès de
leurs membres, par les moyens habituels qui sont à leur disposition.
C'était un peu ce message que je voulais passer puisque je n'ai pas de
questions spécifiques à vous poser. Je vous remercie.
M. Gratton: M. le Président, M. Daoust nous disait
tantôt que la FTQ préférerait, de loin, que le gouvernement
tienne d'abord un référendum sur l'avenir constitutionnel du
Québec avant d'adopter une loi-cadre. Effectivement, dans notre cas,
nous proposons également que le gouvernement procède à la
tenue de ce référendum sur l'avenir constitutionnel à
partir d'une loi spécifique. Nous allons même jusqu'à
suggérer, étant donné qu'il s'agira d'un projet de loi ne
couvrant qu'un sujet, que la formulation de la question pourrait être
incluse dans ce projet de loi spécifique et serait soustraite à
limiter d'avance la durée du débat pour son adoption. Sans
engager la FTQ, est-ce que vous avez une opinion personnelle à
émettre sur cette façon de procéder?
M. Daoust: Quant à moi, je pense que notre position,
là-dessus, est: loi-cadre, pas immédiatement; par ailleurs, pour
le référendum qui se tiendra éventuellement, qu'on
procède à l'adoption d'une loi dans le cadre du livre blanc,
compte tenu des réserves que nous avons et de certaines réserves
qui ont pu s'exprimer, mais qu'on ne procède pas immédiatement au
choix de la question. Il me semble que ce serait contradictoire avec nos prises
de position. On dit: Oui, qu'on se donne les mécanismes. L'encadrement
de ce référendum, qu'on le sache d'avance, mais
ultérieurement, quand le temps viendra, que le gouvernement prenne
l'initiative de la question qui sera posée. On trouverait donc
prématuré de poser la question immédiatement, si j'ai bien
compris votre question.
M. Gratton: Donc, vous préféreriez voir la loi
spécifique sur le référendum, sur l'indépendance ou
sur l'avenir constitutionnel du Québec.
M. Daoust: Qu'on connaisse les règles du jeu et qu'en
temps opportun, au moment où tous les gens seront prêts, on
procède au mécanisme de mise en marche de cette loi
spécifique.
M. Gratton: Cela supposerait que la formulation de la question
elle-même se ferait, tel que le prévoit le livre blanc, par la
présentation d'une motion à l'Assemblée nationale. Oui.
Vous mentionnez, par exemple, à la page 3 de votre mémoire que,
sûrement, depuis longtemps, tous et chacun y seraient allés de
leurs suggestions sur la formulation de la question. Est-ce que je dois
comprendre, par là, que vous favoriseriez la tenue d'une commission
parlementaire avant le débat à l'Assemblée nationale pour
l'adoption de la question, ou si vous faites allusion simplement au fait que
les organismes auraient eu tout le temps de le dire par la voix des media
d'information, et ainsi de suite?
M. Daoust: Je ne verrais pas, personnellement, l'utilité
d'une commission parlementaire sur la question qui devrait être
posée. Encore une fois, déjà se dégagent un peu
partout des nypothèses de questions, et au fur et à mesure du
débat et au moment de l'adoption de la loi.
Dès que la proximité de l'initiative gouvernementale sera
connue, il y aura, en fait, des centaines de propositions qui seront
peut-être plus ou moins identiques, mais des propositions émanant
de tous les milieux québécois qu'on puisse imaginer. Que ces gens
reviennent devant une commission parlementaire, que ce soit nous ou d'autres,
pour vous dire qu'on aimerait que telle ou telle question soit posée, on
va vous le faire savoir de façon fort pertinente à vous tous en
temps et lieu. Enfin, que ce soient les éditorialistes ou les multiples
associations qui vont se retrouver à l'intérieur d'une
association nationale ou des organismes comme le nôtre qui risquent de ne
pas se retrouver à l'intérieur d'un groupe quel qu'il soit, tout
le monde va vouloir mettre la main à la pâte et suggérer au
gouvernement une ou des questions.
Cela me semblerait alourdir le débat que de revenir devant les
commissions parlementaires, avec ce défilé qui n'en finirait plus
de gens qui viendraient faire des suggestions aux élus à
l'égard de la question à poser.
M. Lavoie: Pendant que vous êtes ici, n'avez-vous pas une
suggestion à nous faire ce matin?
M. Daoust: Pas encore.
M. Gratton: M. Daoust, en nous disant qu'on n'a pas besoin de
commission parlementaire, sûrement que vous envisagez qu'il y aura une
période de temps suffisante entre le dépôt de la motion qui
renfermera la proposition du gouvernement quant à la formulation de la
question et le moment du débat pour lequel vous n'avez pas d'objection
qu'il soit limité à 25 heures à l'Assemblée
nationale. Donc, une période suffisante pour que vous ayez le temps de
nous le dire d'une façon quelconque. S'il fallait que le gouvernement la
dépose demain matin, cette motion, et engage immédiatement le
processus d'adoption dans un débat de 25 heures, il y aurait des chances
que cela passerait inaperçu. Peut-être pas à la FTQ, parce
que vous êtes très sensibles à ce que fait le gouvernement,
mais dans d'autres organismes qui auraient aussi avantage à faire des
représentations.
M. Daoust: Oui. Enfin, je pense que vous n'avez pas tort, qu'il
s'écoule suffisamment de temps. Encore une fois, j'ai nettement
l'impression que les gens vont réagir avec une rapidité
incroyable à la question qui sera posée, qui va être
connue. Tout le monde va faire connaître son point de vue. Ce ne sera pas
très long. J'ai l'impression que, dans l'espace de quelques semaines, la
plupart des groupes, quels qu'ils soient, auront eu l'occasion de se pencher
sur la ou les questions et ils auront l'occasion de faire connaître
abondamment leur point de vue.
M. Gratton: M. Daoust, toujours sur la formulation de la
question, est-ce qu'on peut vous de- mander vos commentaires sur la
possibilité qui est évoquée par certains, dont
nous-mêmes, de demander à l'Assemblée nationale d'adopter
la question par les deux tiers des membres de l'Assemblée nationale
plutôt que par une simple majorité des membres présents au
moment du vote?
Cela, toujours dans le désir qu'on a tous et qu'on doit avoir,
j'imagine, de faire le consensus le plus large possible sur la formulation de
la question. Si on veut que la population se prononce de façon
définitive et qu'on puisse interpréter le résultat de
façon définitive, cela présuppose que la population
comprend la question et que les représentants élus de la
population ont fait quand même un consensus assez large autour de
cela.
M. Daoust: Je suis assez froid à l'égard de la
règle des deux tiers pour les raisons suivantes, c'est qu'il y a tout de
même des précédents qui seront invoqués à
l'égard d'une procédure qui sera adoptée
éventuellement. Il se pourrait qu'un gouvernement, quel qu'il soit, ne
recueille pas les voix des deux tiers de la députation, et on estime que
c'est une initiative gouvernementale. Je ne parle pas de ce gouvernement-ci,
mais ultérieurement, si un gouvernement prenait le pouvoir avec une
majorité un peu chambranlante, comme on dit, il pourrait être
paralysé dans un projet de référendum ultérieur.
C'est ma réaction un peu rapide.
M. Gratton: Je vous parle toujours en termes de ce
référendum en particulier et non pas de référendums
éventuels sur d'autres sujets ou même sur le même sujet par
un autre gouvernement puisque, comme vous, on est d'accord qu'il faut
régler celui-là avant de passer aux autres. D'ailleurs,
l'expérience en Grande-Bretagne diffère énormément
de celle que nous propose le livre blanc à ce point de vue. On sait
qu'avant même la parution du livre blanc il y avait consultation avec les
diverses parties et qu'effectivement le consensus s'est fait autour de la
formulation de la question bien avant qu'elle soit adoptée par la
Chambre des communes.
Une dernière question, M. le Président. C'est une opinion
strictement personnelle, j'imagine, que je vous demanderais, M. Daoust.
Toujours dans le but de faire en sorte que le plus grand nombre de
Québécois sachent à quoi s'en tenir au moment où on
leur demandera de répondre à cette question, est-ce que vous avez
une opinion sur la façon de poser la question? En quelle langue? Est-ce
que le bulletin de vote, par exemple, devrait poser la question en
français uniquement ou si encore là on devrait imiter l'exemple
de la Grande-Bretagne qui, effectivement, dans le pays de Galles a
inclus...
M. Lavoie: Le gallois.
M. Gratton:... je ne sais pas si c'est le gallois ou le
gaélique, je ne sais pas trop, dans cette
partie de la Grande-Bretagne? Selon vous est-ce qu'ici, au
Québec, il y aurait lieu que la question soit inscrite tout au moins
dans les deux langues officielles du Canada?
M. Daoust: Vous venez quasiment de répondre à la
question quand vous me parlez des deux langues officielles du Canada. Moi,
personnellement, mes vues sont connues là-dessus. Je souhaiterais
véritablement que la question ne soit posée qu'en
français.
M. Gratton: Sûrement pas. A ce moment, l'objectif
recherché ce n'est pas nécessairement... Moi, ce qui
m'inquiète finalement, M. Daoust... Je suis pas mal d'accord avec ceux
qui disent que si on passe six ou huit semaines à faire une campagne
référendaire, à partir du moment où on
connaît la question, il ne devrait pas y avoir beaucoup de
Québécois de quelque origine que ce soit qui ne comprenent pas
à quelle question ils répondent. C'est peut-être moins vrai
s'il y a plus d'une question, s'il y en a un éventail de quatre ou cinq.
A ce moment, on peut imaginer que les Inuit, par exemple, les autochtones
puissent avoir une certaine difficulté à se retrouver dans tout
cela. Mais aussi, ce qu'il y a d'important, c'est que lorsqu'on évaluera
les résultats de cette consultation populaire, il me semble qu'on devra
éviter de donner des occasions à qui que ce soit de
prétendre que le geste qu'il a posé, le vote qu'il a donné
n'a pas été fait avec toutes les informations valables. Ceux qui
perdront le référendum, par exemple, pourront sûrement nous
dire: II faudrait en tenir un autre parce que moi je n'avais pas compris la
question. C'est dans ce sens que je vous demandais s'il n'y aurait pas lieu,
à ce moment, non seulement de l'avoir dans les deux langues, mais
peut-être bien de l'inclure dans les langues des groupes autochtones du
Québec.
M. Daoust: Je n'en ferais pas une question de principe. Je
souhaiterais qu'elle soit posée en français. J'ai l'impression
que cela pourrait être accompagné par une campagne publicitaire de
toutes les traductions imaginables dans tous les milieux ethniques et
linguistiques du Québec, mais que le bulletin sur lequel les gens auront
à se prononcer ne soit qu'en français. Cela me semblerait
être une décision normale.
M. Gratton: Pour terminer, M. le Président, si je
comprends bien le sens de votre réponse, les réactions vives dont
vous avez parlé tantôt, au moment où le gouvernement fera
connaître la formulation de la question, quant à vous et à
la FTQ ce n'est pas nécessairement sur cela que vos réactions
porteront, mais bien plus sur d'autres considérations?
M. Daoust: Sans aucun doute. M. Gratton: Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député d'Outremont.
M. Raynauld: Je voudrais poser quelques questions sur la page 4
du mémoire. Je trouve qu'il y aurait peut-être lieu d'avoir
quelques précisions. Je ne trouve pas ces paragraphes
particulièrement clairs ni particulièrement transparents. D'un
côté, vous dites que vous trouvez restrictives les dispositions
sur l'appartenance aux comités nationaux et le pouvoir de
dépenser les fonds. D'autre part, vous dites que vous êtes
d'accord sur la rigidité de ces dispositions et, une fois que vous avez
dit que vous êtes d'accord sur la rigidité des dispositions, vous
arrivez à un paragraphe suivant puis vous dites: Un organisme comme
notre centrale, si elle n'appartenait pas à un des comités
nationaux aurait le droit, a ce moment, de dépenser à loisir pour
faire campagne, à l'exception de la publicité payée dans
les mass media.
La première question que j'aurais à poser c'est si vous
pensez que les organismes auraient la liberté de ne pas joindre les
comités nationaux et, à ce moment, dans la mesure où ils
ne joindraient pas les comités nationaux, s'ils seraient soustraits
à toute obligation quant aux dépenses pour faire campagne. Ce
serait ma première question.
La deuxième question est celle-ci: Si vous acceptez ces
restrictions et que vous réclamez votre propre souveraineté,
comme vous le dites, permettez-vous aussi aux autres organismes de faire la
même chose, y compris les associations patronales et, à la limite,
les partis politiques? Nous sommes aussi des associations, nous avons des
membres. Par conséquent, nous pourrions aussi nous soustraire aux
règles de financement et faire de la publicité auprès de
nos membres, à l'exception de la publicité payée dans les
mass media. A ce moment-là, on suivrait exactement vos propositions.
M. Daoust: A l'égard de vos remarques sur la
première phrase de la page 4, nous trouvons restrictives, sans aucun
doute, les dispositions, mais nous sommes d'accord qu'elles le soient pour les
raisons qui y sont mentionnées. Par ailleurs, nous souhaitons que des
organismes comme le nôtre, dont le fonctionnement est connu et qui ne
sont pas des organismes ad hoc qui viennent d'être créés ou
qui ont été créés à l'occasion d'un
référendum, puissent poursuivre leur travail de sensibilisation
à l'intérieur de leurs rangs. Ce n'est pas aller au-delà
de ce qui se fait. On mentionne quelques campagnes: l'opposition de la FTQ aux
mesures de guerre, par exemple, en 1970, ou à la Loi sur le
contrôle des salaires ou tout autre type de campagne où un
organisme comme la FTQ fait le travail qui est le sien, j'entends, voit ses
membres, les convoque en assemblée et distribue des tracts. C'est un peu
ce type de campagne que nous avons à l'idée; ce n'est rien de
plus, mais rien de moins aussi.
Il nous semble inévitable qu'à l'occasion d'un
référendum au Québec je ne sais pas par quelle loi
on pourrait l'empêcher des membres d'une association
là, je parle des syndicats de
façon plus spécifique se réunissent et,
à l'occasion d'une assemblée, quelle qu'elle soit,
spéciale, régulière, formelle ou informelle, abordent tout
le problème qui fait l'objet d'un débat public, échangent
entre eux et prennent même des votes à l'égard de tel type
de recommandations qui pourraient être transmises à l'ensemble des
membres. Je ne vois pas qu'une loi puisse empêcher cela. On ne le
souhaite pas, incidemment. On se dit: Bon, les associations sont là,
elles vont continuer à fonctionner pendant toute la période du
référendum. Il me semble tout à fait normal qu'elles
puissent se prononcer sur le sujet. On parle de conférences de presse et
de prises de position publiques. Cela ne va pas à l'encontre, à
mon sens, du livre blanc. Il ne s'agit pas de dépenses pour des panneaux
publicitaires, pour des émissions de télévision ou de
radio ou encore de campagnes qui vont déborder le cadre des campagnes
normales de sensibilisation qui se font à l'intérieur des
associations.
M. Raynauld: Est-ce que cette liberté que vous
réclamez vous la donnez aussi aux autres organismes?
M. Daoust: Sans aucun doute. A condition que ce soit des
organismes véritables, que ce ne soit pas des organismes
constitués à la dernière minute. Là, je vous
avouerai que cela devient un peu complexe de décrire et de
définir tout cela.
M. Raynauld: En particulier pour les associations patronales,
vous n'auriez aucune espèce d'objection à ce qu'elles fassent,
auprès de leurs membres, la même campagne de sensibilisation que
vous ferez auprès de vos membres?
M. Daoust: Evidemment, sans aucun doute. C'est déjà
en cours.
M. Raynauld: Vous vous rendez compte qu'il y a des
dépenses attachées à cela. Ces dépenses seraient
donc soustraites au contrôle du président ou comment
l'appelle-t-on?
M. Burns: Le directeur général.
M. Raynauld: ... du directeur général du
référendum?
M. Daoust: Selon nous, oui, dans la mesure où cela fait
partie du style de fonctionnement et qu'on puisse établir des
comparaisons véritables. Il ne faudrait tout de même pas qu'il y
ait un charriage de ce côté et que quelque organisme que ce soit,
à l'occasion du référendum, se lance dans des campagnes de
mobilisation, de sensibilisation et d'information telles qu'il n'y a aucune
mesure entre tout ce qui s'est fait dans les mois ou les années qui ont
précédé.
M. Raynauld: J'interprète votre réponse comme
étant une réponse qui appellerait des restrictions, des
restrictions qui s'appliqueraient à vous aussi, pas seulement aux
autres, parce qu'on n'a pas de garantie non plus que la FTQ ne pourrait pas
faire une campagne tambour battant justement. Je suis très sensible et
très favorable, en fait, à cette liberté que les
organismes devraient avoir de faire les campagnes qu'ils veulent, mais le
problème est la question des dépenses. Alors, je vous pose la
question, est-ce que vous voulez des restrictions sur les dépenses qui
sont occasionnées par ces campagnes-là, même internes au
mouvement, ou si vous n'en voulez pas, de restrictions?
M. Daoust: C'est comment "opérationnali-ser" ce principe
qui devient extrêmement complexe, et vos questions l'indiquent.
M. Lavoie: Ce dont ils se sont rendu compte en Angleterre,
d'ailleurs.
M. Daoust: En tout cas, à ce moment-ci, je n'ai pas de
formule ni de réponse facile. On affirme le principe. Comment,
maintenant, voir à son application sans que ce soit un
débordement délirant de toutes sortes de dépenses?
Là, cela devient complexe. C'est un problème.
M. Raynauld: Somme toute, vous êtes quand même
favorable à une libéralisation aussi grande que possible des
règles, de façon à permettre à des organismes comme
les vôtres de faire les campagnes d'information, de sensibilisation de
vos membres. Evidemment, cela s'applique, comme vous l'avez dit tout à
l'heure, à tous les organismes qui existent dans une
société.
M. Daoust: Je pense que nous serions malvenus de ne pas vouloir
une extension des principes que nous affirmons valables pour nous, une
extension pour ceux qui ne sont peut-être pas nos amis, ceux avec
lesquels on n'est peut-être pas en communion de pensée, mais qui,
néanmoins, ont des structures qui peuvent avoir des fonctionnements qui
se comparent aux nôtres. Ce qui est bon pour nous devrait être bon
pour l'ensemble des associations.
M. Raynauld: Très bien, merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, d'abord, je tiens à
vous dire que j'ai peut-être manqué quelques mémoires, mais
en ce qui concerne le débat qui vient d'être fait sur
l'allègement un peu de la rigidité des dispositions possibles des
comités parapluies, je trouve que vos suggestions sont excellentes. Je
pense que cela rejoindrait également certaines représentations
qui nous ont été faites ici par des organismes qui ne sont pas en
communion de pensée avec vous, soit la Chambre de commerce et le Conseil
du
patronat qui s'inquiétaient de leur liberté de parole. Je
pense, comme vous, que les prises de position d'organismes, lors de
conférences de presse ou dans vos publications régulières,
devraient être laissées totalement indépendantes du
contrôle des dépenses par le directeur général du
financement. Et je pense qu'on respecterait l'essentiel de la liberté de
parole, également, en ce qui concerne la possibilité de mener une
campagne de sensibilisation à l'intérieur des organismes.
Je pense que ce qu'il faut surtout empêcher, c'est l'intervention
massive de pouvoirs financiers au moyen de campagnes dans les mass media que le
Conseil du patronat fasse connaître sa position par des
conférences de presse, même à deux ou trois reprises durant
la campagne référendaire, à mesure que le débat
évolue que la FTQ fasse de même, je trouve cela tout à fait
normal et c'est important que les citoyens connaissent ces positions et que ces
positions s'expriment librement. On a peut-être une solution de ce
côté. Vous êtes conscient, je pense, qu'il y a les
problèmes techniques de définir telles associations mais je pense
que ce ne sont pas des problèmes insurmontables.
Sur un autre sujet, concernant votre proposition d'une loi
spéciale, vous avez bien mentionné, suite à une question,
je pense, du député de Gatineau, qu'il s'agissait d'une loi
spéciale qui ne contiendrait pas la formulation de la question, laquelle
serait laissée, comme dans le livre blanc, à une motion faite
devant l'Assemblée nationale. Là je me pose la question: Quelle
est la différence entre une loi... Je n'aime pas employer le mot
"cadre", parce que les lois-cadres cela veut dire qu'il y a une
réglementation subséquente du gouvernement qui doit
préciser la loi.
J'aimerais mieux parler, comme dans le programme du Parti
québécois, d'une loi organique, puisque tout ce qui ne serait pas
précisé dans la loi organique devrait l'être au moyen de
motions de l'Assemblée nationale ou de projets de loi spéciaux.
Quelle est la différence à ce moment-là? La seule chose ce
serait de dire que comme c'est une loi spéciale elle va servir une seule
fois et sera obligatoirement révisée. Si je comprends bien c'est
à cela que tient la divergence d'opinions. Mais on pourrait vous dire:
Nous préférons faire une loi organique qui ne contiendrait pas
non plus la formulation de la question. On préfère faire une loi
organique, mais en disant tout de suite, après le premier
référendum, s'il y a eu des difficultés majeures on va la
réviser. A ce moment-là j'ai l'impression que la
différence est très ténue. Qu'en pensez-vous?
M. Oaoust: Ce n'est pas tout à fait faux, sauf que, pour
nous, ce qu'il y a de plus fondamental, c'est à l'égard de la
technique même du processus référendaire. On souhaiterait
que la réflexion soit poussée, à l'intérieur de nos
rangs sans aucun doute, et même dans l'ensemble du Québec, parce
que, dès le moment où il y a une loi orga- nique, cela ne veut
pas dire que le gouvernement va plonger à tout moment et va
déclencher des référendums.
M. Paquette: Non.
M. Daoust: J'ai l'impression que cela peut figer quelque peu la
réflexion. S'il y a une loi spécifique pour un
référendum donné, qui devient caduque au lendemain du
référendum, le débat reste largement ouvert et
l'initiative de présenter un projet de loi peut être
accompagnée de commissions parlementaires et de tout ce qui en
découle, et peut permettre aux associations, quelles qu'elles soient, ou
aux groupes quels qu'ils soient, de revenir forts d'une expérience que
nous aurons tous vécue, avec des suggestions. C'est ténu, comme
vous le dites.
M. Paquette: D'accord. D'autre part, en ce qui concerne le
décompte, il y a eu un débat fort intéressant entre vous
et le député de Mégantic-Compton là-dessus. Je dois
dire d'abord que je diffère d'opinion avec le député de
Mégantic-Compton quant à la situation délicate où
se trouveraient les députés. Ou bien le référendum
porte sur un sujet, disons un cas de conscience, une loi libéralisant
l'avortement où les députés vont se définir en
fonction de leurs options personnelles, indépendamment totalement des
lignes de partis. Je pense que dans ces cas aucun électeur ne pourrait
leur en tenir rigueur. Ou bien les référendums vont se faire sur
des questions constitutionnelles fondamentales, comme l'avenir politique du
Québec. Je me dis que ce ne sont pas des occasions où un
député doit essayer de sentir le vent. Il doit plonger, donner
ses opinions, au risque de mettre son siège en jeu. C'est un genre de
question qui dépasse la longévité politique des
députés à l'Assemblée nationale.
Je diffère d'opinion là-dessus, donc je suis favorable
à la recommandation que vous nous faites, de faire un décompte
par comté; le résultat du référendum est une chose,
mais l'interprétation des résultats est extrêmement
importante également. Le fait que l'appui à telle ou telle option
soit également ou inégalement répandu sur le territoire du
Québec peut avoir une certaine importance dans les démarches
subséquentes que le gouvernement devra entreprendre pour donner effet
aux résultats du référendum.
Je voulais vous poser une question là-dessus. J'irais même
jusqu'à dire qu'il faudrait, comme pendant une élection, avoir un
décompte, bureau de scrutin par bureau de scrutin. J'aime autant que les
résultats soient clairement connus et qu'on connaisse la provenance des
appuis à telle ou telle option. Est-ce que vous avez une opinion
là-dessus?
M. Daoust: Oui. C'est aussi notre point de vue. D'ailleurs on se
dit: Comment peut-on procéder autrement? Les gens vont voter dans des
bureaux de votation. Il va y avoir un espèce de
découpage, inévitablement, pour ne pas qu'il y ait des
milliers de personnes qui soient invitées à voter au même
endroit. Le dépouillement du vote... Il y a un minimum... Il y a des
gens qui vont être au courant. C'est oui à votre question, sans
aucun doute, par bureau de votation.
M. Paquette: D'accord.
M. Grenier: Est-ce que vous permettez, sur les propos du
député de Rosemont?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Laval avant.
M. Grenier: J'aurais voulu l'interrompre, mais j'ai
préféré attendre.
M. Lavoie: Je donne mon consentement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Très bien, M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je n'ai sans doute pas été suffisamment
clair. Je ne voudrais pas qu'on interprète que le député,
au moment du référendum, se pense obligé de
représenter ses électeurs. Ce n'est pas cela du tout. Je
m'excuse. L'interprétation a peut-être été juste
selon vos propos, mais je n'ai pas été clair. Le
député devient, à ce moment, un électeur parmi les
électeurs de son comté. Ce sur quoi j'ai attiré
l'attention, c'est que le député est tiraillé parfois par
des lois qui sont votées en Chambre. Je l'ai été sur la
loi no 63, alors que je ne représentais pas la majorité de mes
électeurs. J'aurais voulu représenter la majorité de mes
électeurs pour être capable de me prononcer sur cette loi. Je
n'étais pas là au moment de l'adoption de la loi 22. Je suis
revenu pour l'adoption de la loi 101 et j'ai déploré le fait de
ne pas être un représentant de la majorité de mes
électeurs. C'est sur ce point.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Laval.
M. Lavoie: Très brièvement, M. Daoust, je reviens
à la question de la langue. J'ai cru que votre réponse
était un peu hésitante. Pourrais-je vous demander si la
Fédération des travailleurs du Québec, par ses instances,
s'est prononcée sur cette question ou était-ce strictement votre
opinion?
M. Daoust: C'est strictement personnel. La FTQ n'a pas...
M. Lavoie: Je crois qu'il serait bon que ce soit clarifié
quand même.
M. Daoust: Oui, oui.
M. Lavoie: Une dernière question. Le ministre responsable,
notre ami d'en face, se réfère assez fréquemment depuis le
dépôt de ce livre blanc, au fait qu'il s'est inspiré
très fortement de l'expérience britannique de 1975. D'ailleurs,
ses propres termes, dans le livre blanc, disent que c'était la garantie
d'un processus des plus démocratiques possible, reconnaissant le "fair
play" britannique à ce point de vue, etc.
Ma question est la suivante. Un gouvernement, comme le gouvernement
actuel, prend l'affaire en main de A à Z, l'opération
référendaire à partir du début, et se dissocie
entre autres de l'effort qui a été fait en Angleterre de
dissocier l'opération référendaire de la partisanerie
politique. On sait que cela a été fait en Angleterre. On a
nommé un haut fonctionnaire apolitique qui a travaillé au dossier
et s'est entouré d'une équipe comprenant un M. Jamieson, entre
autres. Le ministre Foote a fait des efforts, pour se dissocier de l'aspect
engagement politique et pour donner...
M. Burns: C'est M. Short...
M. Lavoie: Celui qui était responsable du...
M. Burns: M. Short.
M. Lavoie: M. Short ou Foote?
M. Burns: M. Foote est l'actuel leader du gouvernement qui,
à l'époque, était le leader de la position du nom.
M. Lavoie: Bon. M. Short...
M. Burns: Mais c'est M. Short, qui s'appelle maintenant Lord
Glenemara.
M. Gratton: Pardon?
M. Burns: Lord Glenemara.
M. Lavoie: Pour faire le parallèle, il y a quand
même eu consultation non seulement des partis politiques, mais des
groupes importants d'Angleterre, j'imagine, les "trade unions" et tout cela sur
une consultation avant la parution du livre blanc. La question était
dans le livre blanc. En passant, je pense que l'enjeu, là-bas,
était moins grave qu'ici possiblement, parce que c'était le
maintien dans le marché commun, une situation qu'on connaissait
déjà. Les Britanniques ne perdaient pas leur livre sterling, ils
ne perdaient pas leur reine, ils ne perdaient pas leur nom, etc. C'est toute la
différence avec ce qui peut arriver ici.
Là-bas, il y a eu une consultation sur la loi spécifique
qui a été présentée. Dans cette loi
spécifique, il y avait la question. On a accordé des
libertés. Cela engageait le gouvernement, ce qui n'est pas le cas ici.
Là-bas, on donnait une liberté à ceux qui n'étaient
pas forcés à se regrouper dans des comités ad hoc pour
avoir une aide gouvernementale très minime. Tous ceux qui ne
désiraient pas s'embrigader dans cela avaient une liberté
d'expression, de publicité, etc.
Ne trouvez-vous pas que le gouvernement, actuellement, peut se placer
dans je n'irais pas jusqu'à dire mais c'est pratiquement
cela un conflit d'intérêts lorsqu'on sait que c'est
écrit dans son programme et dans ses propos la base, l'essence
même du parti actuel au Québec et même la raison
d'être de ce parti, c'est une politique appelez-la
souveraineté-association d'indépendance? Il y a des
déclarations qui se font constamment. Ne trouvez-vous pas que, sans les
accuser de malhonnêteté ou quoi que ce soit, il se place dans une
position de porte-à-faux ou une position un peu de conflit
d'intérêts lorsqu'il garde le contrôle absolu de
l'opération référendaire?
Cela veut dire livre blanc sans consultation, formulation de la question
par une simple majorité gouvernementale ministérielle,
déclenchement, délai et date de la tenue du
référendum et on sait également l'importance de la
formulation de la question parce que, entre autres, le mémoire de la CSN
mentionnait qu'on a la réponse qu'on veut souvent par la formulation de
la question en forçant les groupes à s'embrigader dans des
comités ad hoc et tout, en gardant un contrôle absolu de toute
l'opération. Non, ce n'est pas ce qui est arrivé, justement, en
Angleterre. Si on veut garder l'aspect de crédibilité,
d'honnêteté, de confiance que cette opération doit donner
à la population, ne trouvez-vous qu'il peut être dangereux pour un
gouvernement, à cause de sa raison d'être, qu'il prenne toute la
direction en main et que cela enlève possiblement de la
crédibilité à l'opération?
M. Daoust: Quant à moi, je crois qu'un commission
parlementaire, c'est un lieu de consultation.
M. Lavoie: C'est la raison de ma question.
M. Daoust: Bon! Et le processus de la consultation est
engagé, même si, de façon formelle, il n'a pas des
structures consultatives, depuis le jour où le PQ a pris le pouvoir. Les
gens se prononcent abondamment sur ie sujet, il ne se passe pas une
assemblée de quelque association que ce soit là, je ne
parle pas des associations où ce n'est vraiment pas dans leur
préoccupation, et on peut en imaginer sans que le sujet ne fasse
l'objet d'échange de vues. Un gouvernement, tout de même, est
à l'écoute et on le dit assez souvent de tout ce
qui se passe dans une population. Enfin, il suffit de citer les
éditorialistes, les prises de position, tout le monde parle de cela au
Québec, du référendum.
M. Lavoie: Pas nécessairement d'une loi-cadre, en
général, mais d'un certain référendum.
M. Daoust: D'un certain référendum, sans aucun
doute, oui. Je pense que si le gouvernement s'engageait dans un processus de
consultation qui a peut-être existé dans d'autres pays, cela
deviendrait paralysant. En tout cas, c'est mon point de vue, surtout sur un
sujet comme celui-là, qui met en cause, de part et d'autre, des options
fondamentales, en fait, tout l'être humain, quel qu'il soit, et toute une
société au Québec. Ce n'est pas un
référendum sur l'avortement ou sur la peine de mort, c'est un
référendum sur le devenir d'une collectivité, dans un sens
ou dans l'autre. Une consultation, à mon sens, dans le sens que vous le
mentionnez, afin de donner plus de crédibilité à
l'opération générale, risquerait de faire apparaître
de profondes divergences de vues.
Ce que je veux dire, vous avez cette longue expérience de la vie
parlementaire et des partis politiques pour savoir à quel point une
consultation de ce type ne ferait que mettre en valeur les antagonismes autour
de tous les problèmes qui sont soulevés. C'est pour cela que
j'estime que le gouvernement doit prendre l'initiative d'éviter des
palabres à n'en plus finir et des déchirements vraiment
paralysants.
Enfin il y a des consultations formelles, il y a des consultations qui
sont pour le frime, comme on dit. Plutôt que d'avoir des consultations
pour la frime, il est préférable de jouer le jeu comme celui
d'une commission parlementaire, qui est celui d'être à
l'écoute de tous les groupes. Il me semble que c'est plus positif.
M. Lavoie: J'ai certains doutes que ce soit un gouvernement
actuel. Même quand j'étais président de l'ancien Parlement,
j'avais mes doutes même sur le gouvernement de l'époque. J'ai des
doutes sur tous les gouvernements. D'ailleurs, vous le savez, il arrive comme
je l'ai vu dans le temps de Duplessis et d'autres, que le gouvernement en place
souvent se fasse une conscience. Il demeure de bonne foi et il se fait une
conscience. Que penseriez-vous, disons, d'une question de la sorte: Est-ce que
vous, Québécois et vous, Québécoises, approuvez la
politique de votre gouvernement et êtes-vous prêts à la
déclarer une expression de votre propre opinion et de votre propre
volonté et y adhérer solennellement? Ne riez pas.
M. Charbonneau: Est-ce que le gouvernement va aller poser une
question comme celle-là?
M. Lavoie: Un instant! C'est arrivé. Je ne l'ai pas
inventé, c'est arrivé dans un certain pays. C'est exactement la
question qui a été posée et c'est le doute que j'ai contre
certains gouvernements. Pour votre information, cela a été
posé en 1933, et je pense que vous avez une idée du pays
où cela a été posé.
M. Burns: J'en prends note, M. le député de Laval.
C'est une bonne suggestion.
M. Lavoie: C'est en Allemagne, en 1933, qu'une question a
été formulée exactement comme cela.
M. Charbonneau: Votre petite démagogie!
M. Lavoie: Avez-vous pensé à Napoléon III,
quand il a fait son coup d'Etat?
M. Charbonneau: Allez chercher vos exemples ailleurs qu'en
Allemagne nazie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Burns: Avez-vous vérifié la question du
plébiscite de 1942?
M. Lavoie: C'est le doute que j'ai contre tout gouvernement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: Ce n'est pas du tout l'intention du gouvernement actuel
en tout cas.
M. Lavoie: Vous savez que Napoléon III...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lavoie: ... après son coup d'Etat, l'a fait
ratifier?
M. Charbonneau: Pur démocrate! M. Lavoie: II l'a
fait ratifier, oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! Puis-je vous rappeler que nous avons un invité?
M. Lavoie: Cela s'est fait dans d'autres pays. Même en
France, Napoléon III, après son coup d'Etat, l'a fait ratifier
par un référendum. C'est arrivé. Il y a de
l'expérience quand même.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! M. Daoust et l'organisme que vous représentez,
c'est-à-dire la FTQ, au nom de tous les membres de la commission, merci
beaucoup pour votre collaboration aux travaux de cette commission
parlementaire.
M. Lavoie: Je vous remercie beaucoup de votre contribution.
M. Grenier: Merci beaucoup.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Burns: M. le Président...
M. Lavoie: J'aurais juste un petit mot avant le mot de la
fin.
M. Burns: Oui.
M. Lavoie: Auriez-vous objection à ce que le
mémoire de la Confédération des syndicats nationaux, qui
n'a pas pu se faire entendre, soit inscrit comme les autres au journal des
Débats?
M. Burns: C'est fait. Cela a été fait mardi.
M. Lavoie: D'accord.
M. Burns: M. le Président, avec ce dernier mémoire
et non le moindre, celui de la Fédération des travailleurs du
Québec, et surtout grâce à la très bonne
présentation qui nous a été faite par M. Daoust, c'est
pour cela que ce n'est pas le moindre, nous terminons nos travaux quant
à l'examen des mémoires. J'aurais une suggestion à
formuler à la commission: si c'était le voeu de la commission, je
serais prêt à parler au leader parlementaire du gouvernement pour
qu'il essaie de trouver un moment la semaine prochaine pour une séance,
une matinée, environ trois heures, pour essayer de faire le point sur la
situation. J'aurais en ce qui me concerne, une soumission à vous faire.
Il y a un des points qui semble avoir attiré l'attention de beaucoup de
gens et je pense qu'on n'y a pas trouvé de solution définitive
encore.
C'est plus particulièrement cette espèce de dilemme,
semble-t-il, qui se pose quant à protéger, d'une part, ce qui
déjà est dans nos traditions électorales,
c'est-à-dire le contrôle des dépenses, et de le mettre en
parallèle avec l'existence de ces fameux comités parapluies ou
ces organisations ad hoc.
Actuellement, au sein de mon cabinet, il y a un effort qui se fait. J'ai
demandé à plusieurs personnes si elles avaient une solution, une
autre option, une solution différente à nous suggérer.
Jusqu'à maintenant, je n'en ai pas reçu, mais je peux vous dire
que, depuis le début des travaux de cette commission, mon cabinet est au
travail là-dessus. Evidemment, par décence et par politesse pour
le dernier intervenant qui était la Fédération des
travailleurs du Québec, j'attendais ce dernier mémoire avant de
pouvoir obtenir un texte définitif, afin de mettre au point un certain
document. Je suis prêt à faire connaître aux membres de la
commission la veille de la date où il sera possible de se réunir
probablement dans le courant de la semaine prochaine, de façon que les
députés de l'Opposition autant que les ministériels aient
le temps de réagir à cet effort. Je ne vous dis pas que les
solutions sont là, mais cet effort ou cette recherche se fait chez moi
actuellement.
C'est la suggestion que je ferai à la commission, si c'est le
désir de la commission, sinon, on pourrait mettre fin
définitivement aux travaux de la commission, quitte à ce que cet
effort ou cette recherche qui se fait chez moi actuellement soit livré
à une autre occasion, lors du dépôt ou lors de l'examen du
projet de loi. Mais je pense que ce serait constructif de le faire avant la
rédaction du projet de loi.
M. Lavoie: Je suis parfaitement d'accord et je voudrais exprimer
m& satisfaction des propos
tenus par le leader parlementaire du gouvernement sur cette formule.
Cela veut dire, en somme, qu'il y aurait une autre séance de la
commission, le gouvernement y ferait une déclaration à la suite
des mémoires que nous avons entendus et ce serait déjà un
début de lit, si on peut dire, de la part du gouvernement, avant le
dépôt de la loi qui est toujours prévu, je crois, vers le
15 décembre.
M. Burns: C'est cela.
M. Lavoie: J'apprécierais peut-être, étant
donné que c'est le voeu souvent des journalistes, qu'on ait un texte
écrit. Nous n'en avions d'ailleurs pas au début, en ce qui nous
concerne, au début de la commission. On voulait bien répondre,
mais on ne connaissait pas les propos ou du moins on n'avait eu votre document
que le matin ou quelques heures avant... Personnellement, je ne l'avais eu que
le matin. Si c'était possible peut-être d'avoir ce document 24
heures avant...
M. Burns: Oui, c'est d'ailleurs l'engagement que je viens de
prendre, de vous le donner la veille.
M. Lavoie: ... pour qu'on puisse vous faire connaître notre
position par écrit, ce qui faciliterait la diffusion par les media
d'information.
M. Burns: Effectivement, ce que je rechercherais par le
dépôt d'un tel document, ce sont justement les réactions,
tant des ministériels que des gens de l'Opposition, à cette
recherche que nous faisons. Je pense que ce serait un bon guide dans la
préparation de ce projet de loi. C'est dans ce sens et d'une
façon très positive que je veux le faire.
M. Lavoie: Cela aurait lieu la semaine prochaine.
M. Burns: J'espérerais, mais c'est absolument impossible
mardi, nous avons déjà un calendrier de commissions assez
chargé, cela pourrait peut-être être possible mercredi. Je
vais tenter en tout cas de l'organiser pour mercredi.
M. Lavoie: Etant donné qu'il reste à peine trois
semaines avant le dépôt de cette loi, est-ce que je peux demander
au ministre si son cabinet a déjà commencé la
rédaction de la loi?
M. Burns: Non. Evidemment, les grandes lignes sont là.
Lors de l'examen du livre blanc, on s'est quand même efforcé
d'essayer d'encadrer un certain nombre de textes qui correspondraient à
ce qui se trouve dans le livre blanc. Formellement, comme tel, le comité
de législation n'a pas été saisi d'un projet de loi, le
Conseil des ministres n'a pas été saisi d'un projet de loi et,
comme tel, de façon formelle, mon cabinet n'a vraiment pas
rédigé de texte de loi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je suis heureux de voir ce que le leader, le ministre
nous dit sur l'opportunité d'avoir ce document en main. Je n'ai pas
besoin de vous dire que nous avons également des gens qui ont
travaillé sur ce problème bien particulier et nous aurons
certainement des éléments de solution. Je devrais ajouter que ce
n'est pas le personnel du bureau du whip de l'Union Nationale qui travaille
à cela, étant donné que le gouvernement ne m'a pas
donné une personne qui pourrait venir travailler à mon bureau,
cela vient d'autres bureaux.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: Je suis tout à fait d'accord avec la
proposition du ministre, à la condition qu'on s'entende pour dire que ce
sera un des sujets dont on discutera, c'est-à-dire la question du
contrôle des dépenses.
M. Burns: Oui, d'accord.
M. Gratton: On pourra également, j'imagine, faire le
bilan.
M. Burns: On pourra faire le bilan général des
travaux de la commission. C'est un peu dans cet esprit. Je signalais ce point,
entre autres, qui semble être une préoccupation plus grande, mais
n'empêchant pas une séance complète sur le bilan des
travaux de la commission.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
mandat de cette commission étant d'entendre les mémoires, les
mémoires ayant été entendus, je me dois de constater un
consentement unanime là-dessus. D'accord?
Les travaux de la commission sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 12 h 24)