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Etude du livre blanc sur la consultation populaire au
Québec
Le vendredi 11 décembre 1977
(Onze heures quarante-six)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
Les membres de la commission pour la présente séance
seront M. Bertrand (Vanier), M. Gendron (Abitibi-Ouest) en remplacement de M.
Bisaillon (Sainte-Marie); M. Brochu (Richmond), M. Burns (Maisonneuve), M.
Gratton (Gatineau), M. Grenier (Mégantic-Compton), M. Charbonneau
(Verchères) en remplacement de M. Johnson (Anjou); M. Chevrette
(Joliette) en remplacement de M. Laberge (Jeanne-Mance); M. Lavoie (Laval), M.
Fallu (Terrebonne) en remplacement de M. Lévesque (Taillon); M. Mackasey
(Notre-Dame-de-Grâce), M. Martel (Richelieu), M. Boucher
(Rivière-du-Loup) en remplacement de M. Morin (Louis-Hébert); M.
Morin (Sauvé), M. Paquette (Rosemont), M. Roy (Beauce-Sud), M. Samson
(Rouyn-Noranda), M. Vaugeois (Trois-Rivières), M. Ciaccia (Mont-Royal)
en remplacement de M. La-montagne (Roberval).
Une Voix: M. Morin est déjà remplacé.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Gosselin (Sherbrooke) en remplacement de M. Paquette (Rosemont). De
consentement unanime? J'inviterais le seul organisme convoqué
aujourd'hui, Décision Canada...
Une Voix: C'est cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... et
ses représentants à livrer leur mémoire et à se
présenter au préalable.
Décision Canada
M. Dostie (Robert): Mon nom est Robert Dos-tie et je suis le
vice-président de l'organisation.
M. Lande (Richard): Richard Lande, président.
M. Burns: Excusez-moi, voulez-vous me répéter vos
noms, s'il vous plaît!
M. Dostie: Oui, Robert Dostie, Dostie.
M. Burns: M. Dostie, d'accord.
M. Lande: Et Richard Lande, Lande.
M. Burns: Le fils du juge?
M. Lande: Non, c'est cousin.
M. Burns: Cousin du juge? D'accord.
Une Voix: Est-ce que les salaires vont être
augmentés?
M. Dostie: En guise d'introduction de notre mémoire, le
livre blanc sur la consultation populaire, dans son préambule, professe
trois objectifs que le gouvernement souhaiterait réaliser.
Premièrement, l'égalité des positions en présence;
deuxièmement, l'implication financière personnelle des
électeurs; troisièmement, une information populaire du
financement de la campagne référendaire. Aussi louables que ces
objectifs apparaissent au profane, le livre blanc s'écarte sensiblement,
tout au long de son exposé, de la philosophie ayant gouverné
l'expérience britannique sur laquelle se fonde ce document,
dévoilant par le fait même l'intention du gouvernement sur
l'application des modalités que constituerait une loi sur la
consultation populaire.
Le danger évident réside dans le sophisme déroutant
que sous-tendent les premiers paragraphes du livre blanc. On désire
institutionnaliser une participation populaire qui va à rencontre d'une
démocratie de type représentatif, issue du système
britannique. On exprimerait son choix par le processus
référendaire dont le résultat serait laissé
à l'appréciation du gouvernement.
J'aimerais ajouter ceci en plus du mémoire: Dans un
système de démocratie représentative, comme on le
connaît actuellement, il y aurait lieu que les modalités
d'application d'une formule de type référendaire soient
clairement définies et équitables pour tous. Je pense que la
commission est au courant depuis les autres mémoires qui ont
été présentés hier.
De nombreuses différences apparaissent entre le projet du
gouvernement péquiste et l'exemple britannique, qui ne sont pas du tout
à l'avantage du gouvernement. Je pense que ceci est déjà
réalisé aussi.
M. Burns: D'accord.
M. Dostie: Sur la consultation et la question, nous aimerions
exprimer ceci. Il paraît dangereux de débattre une question
référendaire sur une période limitée à 25
heures, étouffant, par le fait même, une prise de conscience
collective qui, croyons-nous constitue les préliminaires essentiels
à tout processus référendaire et à une formulation
qui devrait être claire, non ambiguë et suggérant un
résultat précis, sans possibilité d'interprétation
aucune.
Le livre blanc souligne, dans son introduction, que le processus
référendaire constitue un mécanisme consultatif.
L'intention du gouvernement à ce sujet ne précise pas que la
décision du peuple lierait le gouvernement et que le choix
démocratique ainsi exprimé devrait être implanté
aussitôt que possible.
Nous n'admettons pas qu'une consultation populaire ainsi entreprise par
le gouvernement reste lettre morte quant à l'issue de son
résultat. Le choix ainsi exprimé de façon explicite par
les
citoyens québécois sur la question
référendaire doit lier le gouvernement qui, conséquemment,
prendra les mesures appropriées, naturellement, sous forme de projets de
loi ou autres.
Je dois quand même reconnaître la formule d'application.
Dans un système parlementaire, il est assuré que dans une
question référendaire, malgré le mécanisme
consultatif ainsi impliqué, il y a quand même une existence morale
ou une implication morale du choix des citoyens face à cette question.
La question référendaire devient alors capitale. Il est
erroné qu'une telle formulation puisse être débattue en un
si court laps de temps par l'Assemblée. L'orientation politique que peut
prendre la province à la suite d'une quelconque formulation
présuppose l'expression honnête des intentions mêmes du
gouvernement quant à la question qu'il veut imposer. A cet effet,
celle-ci doit être formulée de façon explicite et
dévoilée à la population au moins trois mois avant le
débat qu'entreprendra l'Assemblée nationale pour formuler
définitivement la question.
A cet effet, vu le processus assez exceptionnel utilisé par le
gouvernement, il est de mise, et nous le suggérons, qu'une question soit
présentée par un comité indépendant; qu'il soit
tripartite, le nombre de membres et les modalités pourraient être
précisés après. Ce comité présenterait une
question à l'Assemblée nationale, question qui nous le croyons,
devrait être adoptée par au moins les deux tiers de
l'Assemblée nationale. La question qui serait définitive et
votée par l'Assemblée nationale serait à ce
moment-là présentée dans le projet de loi qui serait
étudié selon le processus tel qu'établi.
L'attitude du gouvernement sur la question référendaire
telle qu'avancée par le livre blanc sous-tend une imprécision et
un manque graves susceptibles de manipulation de sa part. Je veux simplement
noter que M. Burns a annoncé, déjà deux fois, qu'il tend
à être précis. Alors, excusez ce paragraphe.
M. Burns: Je vous en prie. C'est normal, parce que votre
mémoire était fait bien longtemps avant cela. D'accord.
M. Dostie: Car le danger existe de présenter des options
différentes et mal définies pouvant entraîner un tripotage
qui irait à rencontre du caractère équitable du processus
référendaire que tout livre blanc devrait présenter.
L'expérience britannique à cet égard est riche de sagesse
et de conseils. Nous estimons et croyons qu'une question précise et
définie sans option quelconque, présentée à la
population au moins plusieurs mois avant son débat à
l'Assemblée nationale, garantira à la population l'expression
d'un choix clair, précis et non équivoque.
D'autres éléments que nous aimerions ajouter et qui se
sont glissés depuis la présentation de notre mémoire. Sur
l'aspect de la majorité obtenue pour que la question
référendaire soit définitive, suite à ce qui a
été avancé sur la présentation par un comité
et l'adoption par les deux tiers de l'As- semblée nationale, une fois la
question présentée à la population, nous croyons que cette
même majorité relative des deux tiers devrait être maintenue
par la population. A cet effet, un autre élément devrait
être retenu, c'est que nous ne devrions pas appliquer le comptage en
fonction du système tel qu'on le connaît pour les périodes
électorales, mais sur une échelle tout à fait nationale,
à travers la province, et non pas par différents "poils" et par
différents comtés.
Et je pense que la rumeur du vote à seize ans n'est effectivement
qu'une rumeur. Je ferme cette parenthèse.
M. Burns: Je tiens à vous assurer que ce n'est pas venu du
gouvernement, en tout cas.
M. Dostie: C'est venu hors du gouvernement. D'accord.
M. Burns: Oui, il y a eu une suggestion qui nous a
été faite. D'ailleurs, on a eu la semaine dernière un
mémoire qui nous faisait cette suggestion à laquelle j'ai
donné la réponse que le gouvernement ne participait pas à
cette suggestion.
M. Dostie: Au niveau de la participation, "le gouvernement tient
à ce que chacune des options offertes à la population lors d'un
référendum ait une chance égale de faire valoir ses
avantages". "Cette disposition du livre blanc confirme l'exercice d'une
liberté normale d'expression, mais compartimentée. Toutefois,
à l'encontre du modèle britannique, le gouvernement, de plus,
continue en soulignant "qu'il faudrait permettre à tous les tenants
d'une option de se regrouper dans une organisation unique qui serait
responsable de la campagne en faveur de cette option".
Le livre blanc précise, un peu plus loin, qu'un tel
procédé de participation est tiré de l'expérience
britannique. On semble créer ici une confusion évidente dans le
livre blanc. On imposerait plutôt une restriction à la
participation directe de la population. Aucun individu ne pourrait exprimer une
opinion sur la question référendaire à moins de se rallier
sous une organisation unique regroupant toutes les forces en
présence.
Cette procédure ne pourra se réaliser si une question
suggère plusieurs options, ou même si elle n'offre qu'un choix.
Des groupements inédits surgiront de toute part désirant exprimer
leur point de vue. De plus, un muselage politique de la sorte contredit le
principe moteur sous-jacent à toute démocratie; liberté
d'expression et d'association. Les propositions du gouvernement à ce
chapitre sont irréalistes. Le délai accordé aux partis
politiques d'opposition de former un comité ad hoc dans les trois jours
constitue la négation complète de la réalité
politique et de son mode de fonctionnement. Comment des partis politiques
peuvent-ils se regrouper en un comité provisoire auquel le livre blanc
impose la tâche de préciser les structures d'organisation, et en
un si court laps de temps?
Ce que je j'aimerais souligner, en plus de ce qui est écrit ici,
c'est qu'un comité, même si on le
nomme comité parapluie, devrait, malgré tout, laisser la
libre initiative à tout individu et à tout groupement de pouvoir
se rallier oui ou non, et que l'appartenance à un groupe ne limiterait
pas le financement que pourraient obtenir des organisations ou des individus
qui seraient parallèles à ce comité, en quelque sorte.
Ce comité n'aura, en quelque sorte, que le but de réunir
en présence des éléments, des groupements et un certain
esprit, mais il ne devrait pas limiter la participation parallèle
d'autres organismes du même genre, les empêchant par ce fait
même, d'obtenir un financement tel qu'énuméré par le
livre blanc.
Organisation et financement. Le livre blanc expose que la loi sur la
consultation populaire prévoiera le regroupement de deux organisations
indépendantes des partis politiques. Encore là, tout
dépend si on a un choix précis, si on a des options.
Cette idée est fort louable, mais les mécanismes de mise
sur pied des organisations et du financement sont basés sur des
modèles de partis politiques. Nous croyons qu'il faut adopter l'une ou
l'autre des solutions, et surtout prévoir un délai suffisant
permettant la création, la préparation et la structure de ces
organisations.
Aucun parti politique ne pourra se regrouper en une organisation et
faire valoir son point de vue en un si court laps de temps tel que
décrit dans le livre blanc.
D'autre part, si les organisations sont indépendantes des partis
politiques, il est évident qu'elles regrouperont des gens qui ne font
pas leur profession de la politique. Ceci occasionnera des délais
supplémentaires dans l'élaboration de la campagne
référendaire.
Dans l'un et l'autre cas, le livre blanc favorise donc le gouvernement
en place au détriment de tous les intérêts opposés.
La procédure de mise sur pied des organisations est complexe et
retarderait ainsi indûment l'expression démocratique des
idées et opinions qui doivent être exprimées dans un
délai de 35 à 60 jours.
Qu'en est-il du financement de ces organisations? On appliquera la Loi
sur le financement des partis politiques à celles-ci. D'accord, mais le
financement politique traditionnel handicape sérieusement les partis de
l'Opposition. Vu l'importance du processus référendaire, les
partis de l'Opposition joueront perdants vu leur budget qui, en période
électorale, n'en est qu'un de fonctionnement et ceci surviendrait au
moment du référendum où les partis se trouveraient
défavorisés face au gouvernement.
Il importe sérieusement que cette loi soit scrutée
à la lettre car on désire transposer une méthode
réglementaire conçue pour une campagne électorale
où plusieurs candidats se confrontent. Or, dans la campagne
référendaire, une question sera débattue. Il importe que
le gouvernement fasse montre de clairvoyance et de pragmatisme dans
l'instauration et l'application de l'aide financière de l'Etat et du
contrôle des dépenses comme l'a vécue la Grande-Bretagne.
C'est tout.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci
beaucoup, M. Dostie. Oui, M. Lande.
M. Lande: Avec votre permission, j'aimerais ajouter quelques
commentaires. Evidemment, je suis entièrement d'accord avec ce que M.
Dostie vous a expliqué, mais j'aimerais porter plus l'attention sur
quelques aspects du livre blanc comme je l'interprète.
La première chose que je trouve très importante, c'est le
fameux comité ad hoc. On exige que les différents groupes qui
seraient en faveur d'une option s'amalgament. Si on n'appartient pas à
ce groupe exclusif, on n'aura pas le droit, parce qu'on a peur apparemment de
chaos, de faire valoir ses idées au moment de la campagne pour le
référendum.
Il s'agit évidemment d'une question qui est excessivement
importante et qui, vraiment, implique l'avenir de la province de Québec,
enfin du Québec et des Québécois.
Il est donc essentiel que tout le monde ait le droit de se prononcer, de
louer une salle pour prononcer un discours, de louer de l'espace dans un
journal, pour faire valoir ses idées, et ainsi de suite. Donc, chaque
citoyen québécois doit avoir l'occasion de dire s'il va voter oui
ou non pour le référendum, et pourquoi. C'est son droit
démocratique, n'est-ce pas? Exiger que les différents groupes
s'amalgament et dire, une fois que ces groupes sont formés: Si vous
n'avez pas eu la chance d'être un membre, tant pis pour vous, vos droits
démocratiques en sont brimés, je trouve cela extrêmement
injuste et, surtout, antidémocratique.
Une autre question: Qu'est-ce qui va se passer, par exemple, si des
membres du gouvernement fédéral veulent faire un discours dans la
province de Québec pendant la période de la campagne? Par
exemple, si M. Trudeau veut quand même, il en a le droit
faire un discours au moment de la fameuse campagne pour le
référendum qui va impliquer l'avenir de tous les
Québécois, leurs emplois, leurs familles, etc., est-ce que M.
Trudeau va demander l'approbation de ce comité ad hoc afin qu'il lui
soit possible de prononcer un discours? C'est illogique, n'est-ce pas? M.
Trudeau et les autres membres du Parlement d'Ottawa ont quand même le
droit de parole. Les priver de leur droit de parole, en disant: Je m'excuse, M.
Trudeau, vous n'êtes pas membre de ce comité ad hoc, dommage pour
vous, au prochain référendum!, cela n'est pas logique parce qu'il
a le droit, décidément, de dire quelque chose. Et pas seulement
lui, M. Davis d'Ontario aussi.
On parle constamment de ce que l'Ontario va nous donner, ou comment
l'Ontario va réagir à cette association, ou quoi que ce soit. Si
M. Davis veut parler pendant la campagne du référendum qui est,
n'est-ce pas, la période de temps qui est la plus importante, allez-vous
le priver de son droit de parole? Ou encore, troisième exemple, si, deux
semaines avant le référendum, toutes les différentes
associations de grossistes de viande ou de fermiers de produits laitiers
veulent dire quelque
chose, à savoir ce que le référendum signifie pour
elles, doivent-elles quand même recevoir une espèce d'approbation
d'un comité ad hoc qui peut, peut-être, ne pas donner cette
approbation?
Ce sont des problèmes qui, je vous le suggère avec
respect, sont quand même très graves parce qu'il faut donner
à chaque Québécois la possibilité d'entendre les
différentes idées pour décider d'une façon
équilibrée, n'est-ce pas, c'est cela qu'on veut, son avenir dans
le Québec. C'est un premier point que je voudrais soulever avec respect.
Je pense que le comité ad hoc ne doit pas amalgamer tous les
différents groupes d'unités ou les différents partis
politiques. Si vous craignez, disons, le chaos, je ne pense pas que cette
crainte soit justifiée. Finalement, dans une démocratie, on a
quand même le droit de se prononcer pour une idée sur laquelle on
veut se prononcer. Ce n'est pas le chaos. De fait, si vous poussez cet exemple
à ses conclusions logiques, si vous ne voulez pas de chaos du tout, il
faut, à ce moment, avoir un parti politique, parce que vous n'aurez pas
plusieurs personnes exprimant plusieurs sortes d'idées.
C'est justement cela, la structure, je pense, politique dans laquelle on
demeure. C'est que chacun d'entre nous a le droit de se prononcer. Je pense que
cela doit continuer surtout pour une question qui est aussi essentielle que
l'avenir des Québécois dans le Québec. Premier point.
Deuxième point, c'est au sujet de la question. Vu que le
gouvernement va administrer enfin, je le souhaite et je le
présume honnêtement et impartialement un
référendum, je trouve, à ce moment, qu'il y a un conflit
d'intérêts. On dit: Nous, le gouvernement, on va administrer
impartialement le référendum avec plusieurs ou deux
comités ad hoc, en supposant qu'il y ait seulement deux options, et, en
même temps, nous autres, par contre, on serait un groupe sur les deux,
c'est-à-dire que vous vous trouvez être juge et aussi procureur de
la couronne au même moment. C'est une tendance à un conflit
d'intérêts, le fait que vous soyez les chefs d'une option et aussi
les chefs du gouvernement qui administre d'une façon impartiale,
évidemment, tout le processus référendaire.
Je trouve qu'il faut, n'est-ce pas, prendre très soin que cette
tendance vers un conflit d'intérêts ne se produise pas. A ce
moment, je pense que la question doit être déterminée, non
pas par le gouvernement qui est aussi un des participants dans ce concours
référendaire, mais plutôt par une commission tripartite qui
serait, je ne le sais pas, disons, un juge ou quelqu'un qui est impartial. Mais
surtout pas le gouvernement parce que la question n'en est pas une dont le
gouvernement peut se dissocier.
Il est impliqué dans cette question parce qu'il va prendre parti.
Il va dire: II faut voter oui ou il faut voter non. Mais c'est quand même
le gouvernement. Avec beaucoup de respect, M. Burns, je comprends que vous avez
dit que la question comme telle n'est pas tellement importante parce que tout
le monde saura ce que cela implique, mais je pense que la question comme telle
est extrêmement importante. C'est la question qui va
présumer...
M. Burns: Si elle est claire et si elle n'est pas
piégée, c'est sûr que... Selon mon raisonnement, et je
pense que vous allez l'admettre, si elle est piégée et si on
tente de manipuler la question, vous avez parfaitement raison. La question
serait extrêmement importante. Si le gouvernement essaie de passer un
sapin, si vous me passez l'expression, à l'ensemble des
Québécois, c'est sûr. Je prétends que cela jouerait
contre quelque gouvernement que ce soit.
M. Dostie: M. Burns, justement pour expliquer ou confirmer votre
point, je suis tout à fait d'accord qu'un gouvernement ne peut pas se
permettre le terme est peut-être un peu vulgaire de
tripoter une question. Je ne le pense pas. Cela irait à l'encontre
même de ce que le peuple attend de son gouvernement. Mais une chose est
certaine. C'est que dans le système politique dans lequel on vit, il est
certain, tel que le mémoire le souligne, qu'une question aussi
précise qu'elle puisse être, au niveau de sa formulation, c'est le
processus d'application qui serait un des éléments importants.
Tant au point de vue du débat qui serait présenté sur la
formulation de la question. Il serait peut-être fou de suggérer
qu'un comité indépendant puisse le soumettre à
l'Assemblée nationale qui, elle, déterminerait le contenu
même de cette question et qui, ensuite, en ferait un projet de loi. C'est
simplement la...
M. Burns: Justement, j'aurais des questions à vous poser
là-dessus dès que vous aurez fini votre présentation.
M. Lande: Pour continuer, quand vous dites que la question doit
être claire, je pense qu'il faut entendre par là qu'on ne doit pas
avoir la possibilité d'interpréter la réponse de deux
façons différentes. Normalement, c'est cela qu'on veut dire par
"clair". Autrement dit, si la question commence, par exemple, par: Est-ce que
vous donnerez au gouvernement le mandat de négocier quoi que ce soit? Il
y a tout de suite un problème parce que l'interprétation d'un
certain pourcentage de la population va être que les résultats
veulent dire telle chose, et d'autres personnes, telle autre chose.
Je ne pense pas que vous puissiez poser une question au sujet d'une
négociation, d'un mandat de négociation, parce que ce n'est pas
juste. On veut que toute la population et vous aussi d'ailleurs
sache clairement pour quelle raison elle vote et ce que sont les implications
de son vote. A ce moment-là, il ne faut pas poser une question sur un
sujet du type de mandat de négociation. Parce qu'on ne sait pas ce que
cela veut dire. Il y a au moins deux interprétations de ce que cela veut
dire. Par le mot "clair", il faut qu'il n'y ait qu'une interprétation.
C'est d'ailleurs pour cela, cette tendance à avoir un conflit
d'intérêts. Malheureuse-
ment ou heureusement, le gouvernement est aussi un des deux participants
majeurs dans le processus référendaire.
C'est pour ça que nous suggérons que la question
même, qui est très importante, soit décidée par un
groupe indépendant, par une commission tripartite; deuxièmement,
que la question n'ait aucune possibilité d'être
interprétée de deux façons différentes. Autrement
dit, qu'il n'y ait pas, par exemple, le mandat de négocier dans cette
question.
Un troisième point est au sujet de l'association. Nous, de
Décision Canada, voulons vous suggérer qu'il n'y ait pas de
mention du mot "association" dans votre question parce qu'on ne peut pas avoir
une question, par exemple, sur le mariage si vous n'êtes pas certain si
l'autre partie voudrait se marier. Comme tel, c'est vraiment injuste de
demander à quelqu'un s'il veut une association si on n'est pas certain
s'il y aura une partie à laquelle on pourra s'associer.
M. Davis, de l'Ontario, M. Blakeney, de la Saskatchewan, M. Lougheed ont
dit qu'ils ne veulent pas de l'association. Pourquoi...
M. Burns: S'ils ne veulent pas d'association, qu'est-ce qu'ils
veulent de la confédération? Vous êtes-vous posé la
question?
M. Lande: Peut-être est-ce quelque chose qui peut
être débattu.
M. Burns: C'est de la folie furieuse!
M. Lande: Ce n'est pas un référendum, M. Burns, qui
va décider pour une autre province.
M. Burns: Voyons donc!
M. Lande: Comment peut-on présumer...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Lande, excusez-moi. J'ai oublié, ce matin, de vous dire une directive
que j'avais, au préalable, lue à tous les intervenants. Cette
directive va dans le sens d'éviter le fond de la question, autrement dit
prendre position sur le fond d'une question qui pourrait être
posée lors d'un éventuel référendum ou lors du
référendum en question, auquel tout le monde pense. Je fais
preuve d'une grande souplesse, mais il ne faudrait pas prendre une position
politique pour ou contre une option, même si on peut présumer de
l'option d'à peu près tout le monde ici présent.
M. Lande: Oui, mais avec beaucoup de respect...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Cela
vaut non seulement pour les intervenants mais pour les membres de la commission
également.
M. Lande: Pensez-vous que nous sommes ici pour parler d'un
référendum sur autre chose?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non, ce
n'est pas ce que j'ai voulu dire.
M. Lande: Nous sommes ici pour vous suggérer l'avis de
notre groupe sur quelque chose qui est cher à notre coeur,
c'est-à-dire l'avenir du Québec.
M. Burns: Ce n'est pas le mandat de la commission, M. Lande!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! M. Lande, je pense que vous m'avez mal compris.
Vous avez le droit de parler de ce référendum pour autant que le
livre blanc est concerné. Vous pouvez donner des exemples sur ce
référendum-là, mais je ne voudrais pas, autant que
possible, que les intervenants prennent position sur le fond, à savoir
si on est pour ou contre une des deux options qui seront en cause. C'est
seulement ça, la directive.
M. Gratton: M. le Président, si on laissait tout
simplement nos invités dire ce qu'ils ont à dire! Nous nous
astreindrons à votre directive. De cette façon, on ne perdra pas
de temps.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
parce que le débat s'engageait et je ne voulais pas que cela se
fasse.
M. Gratton: Oui, mais parce que le ministre est intervenu; qu'il
laisse l'invité terminer, c'est tout.
M. Fallu: ... est terminé, là.
M. Lande: Comme je le disais, si la question était une
option pour l'unité entre le Québec et la Bretagne, en France,
à ce moment-là, par exemple, on aurait une question, n'est-ce
pas, concernant l'idée d'association. Cela, c'est Québec et
Bretagne, alors je trouve cela injuste de demander à la population si
elle veut s'associer avec la Bretagne, si, par exemple, on n'est pas certain
que la Bretagne veut s'associer avec nous. A ce moment-là, la population
peut se prononcer sur l'association avec la Bretagne, la population
québécoise, mais qu'est-ce que cela peut dire finalement? M. le
Président, et membres de l'Assemblée nationale, il faut
être clair, et puis il ne faut pas tromper la population. Si, par
exemple, vous allez lui demander quelque chose, il faut être clair,
à savoir, disons: Est-ce que vous voulez quelque chose ou est-ce que
vous ne voulez pas quelque chose d'autre?
Donc, il ne faut pas demander quelque chose qui dépend d'une
partie extérieure comme, dans cet exemple, la Bretagne. Je trouve cela
injuste et c'est pour cela que je suggère qu'il n'y ait pas de mention
de ce mot association avec la Bretagne, dans ce cas, qui va demander à
la population de se prononcer sur quelque chose qui ne va pas finalement
dépendre d'un seul. Alors, au sujet de cette association, j'avais lu
dans les journaux qu'il
y aurait apparemment la suggestion pour un veto, alors...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Lande, je dois vous rappeler la directive dont je vous ai fait part. Si vous le
voulez, je pourrais peut-être vous lire toute la directive, mais je suis
assez large, j'ai fait preuve de souplesse depuis le début avec les
autres intervenants également, mais je ne voudrais pas qu'on entre dans
le cadre de la campagne référendaire qui aura lieu à un
moment donné, mais qu'on en reste simplement aux grandes lignes du livre
blanc. Même si je vous permets tous les exemples au monde sur ce
référendum auquel vous pensez, il s'agit de ne pas prendre
position autant que possible sur la définition des termes qui pourraient
se présenter dans la question.
Je pense que cela va arriver à un autre moment. Depuis le
début à peu près tous les membres de cette commission et
les intervenants ont respecté la directive. Je pense que c'est important
d'agir de la sorte, si on veut respecter le mandat qui nous a été
donné par l'Assemblée nationale. C'est mon devoir... Je ne veux
faire aucune discrimination entre les groupes; cette directive, je l'ai
donnée à tout le monde, peu importent les options que ces
gens-là venaient ou voulaient défendre.
M. Roy: M. le Président, après le point que vous
venez de soulever, sur la directive que vous avez donnée avec laquelle
je suis d'accord, j'aimerais quand même faire appel un peu à votre
tolérance, par le fait que lorsque ces gens ont été
invités à venir présenter un mémoire devant la
commission parlementaire, pour lequel ils se sont bien préparés,
il est évident que tout le monde a à l'esprit, et on ne peut
reprocher à nos invités et à ceux qui vont venir au cours
des prochains jours, de penser au référendum sur la question
constitutionnelle, puisque, effectivement, on discute d'un livre blanc... Plus
je le regarde, plus je m'aperçois qu'il est blanc, c'est vrai, alors
qu'il n'y est aucunement question d'un autre référendum au
Québec.
Je ne veux pas entreprendre un débat de procédure
là-dessus, M. le Président, mais je pense quand même que,
par respect pour nos invités, on devrait faire preuve de suffisamment de
tolérance pour leur permettre de dire ce qu'ils ont à nous dire.
La question de la formulation de la question, de quelque
référendum que ce soit, a de l'importance. On prend cela à
titre d'exemple, on pourrait en prendre un autre, mais je ne verrais pas
pourquoi cet exemple pourrait être préjudiciable à la
commission plutôt que d'autres exemples qui pourraient nous être
donnés.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Beauce-Sud, vous comprenez très mal le sens de
ma directive, puisqu'il...
M. Roy: Je l'ai très bien comprise, vous n'avez pas le
droit, M. le Président, de m'interpréter faussement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non, M.
le député de Beauce-Sud, s'il vous plaît! Depuis deux
semaines, je permets à tous les intervenants et tous les membres de
cette commission de se servir de cet exemple en question. Tout le monde s'en
sert et tout le monde ne pense qu'à ce référendum. Ce
n'est pas là le sens de la directive. Je pense que vous devriez
comprendre que le sens de la directive est de ne pas prendre position sur une
question de fond. Jamais je n'ai empêché et je n'empêcherai
de penser et de dire que les opinions que nous émettons sur le livre
blanc ont trait à ce référendum en particulier.
D'ailleurs, je dois dire que le mémoire présenté par
Décision Canada respectait intégralement et totalement cette
directive et que seules les remarques en marge du mémoire actuel sont en
dehors de la directive.
M. Mackasey: Si la question est claire: Est-ce qu'on se
sépare ou non...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
pouvez continuer.
M. Grenier: Si vous attendez que le député de
Notre-Dame-de-Grâce arrête de parler, vous ne pourrez pas
commencer.
M. Lande: Je ne peux pas élargir la question. Pourquoi
nous ne voulons pas que le concept d'association soit mis, c'est parce qu'on
pense que c'est injuste. Je vais juste résumer mes commentaires. En
conclusion, nous, de Décision Canada enfin, pour la
possibilité que j'ai de parler pour eux; ce n'est pas total, mais disons
que c'est ce que je perçois nous voulons rester dans le
Québec, que le référendum soit oui ou non.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Lande, je fais appel à votre collaboration pour respecter la
directive.
M. Lande: C'est juste une conclusion.
M. Mackasey: Question de règlement, M. le
Président. M. Lande, si je ne me trompe pas, dit que, si on se
sépare ou non, il va rester au Québec, même s'il est
séparé.
M. Charbonneau: Cela ne nous intéresse pas ce matin. Ce
n'est pas l'objet de la discussion.
M. Mackasey: Etes-vous le président. Depuis que je suis
ici, je n'ai jamais vu un sujet qui vous intéresse. Restez tranquille.
Vous n'êtes pas le président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Mackasey: M. Lande a tout simplement dit qu'il veut rester au
Québec, séparé ou non. Est-ce mauvais de dire cela?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît, messieurs.
M. Charbonneau: II le dira n'importe où, mais pas ici, ce
n'est pas la place.
M. Mackasey: Maudit, c'est un citoyen qui paye ses taxes. Il peut
dire s'il veut rester au Québec ou non.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II est
12 h 22 et à 1 heure les travaux de la commission seront ajournés
à mardi. M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, s'il
vous plaît! Je demanderais, s'il vous plaît, si on veut bien
recevoir nos invités, de leur permettre de conclure pour que des
questions leur soient posées.
M. Grenier: J'aime mieux vous dire tout de suite qu'à 1
heure je m'opposerai à continuer. Si on entretient un dialogue comme
cela et qu'on se chicane, on devra ajourner à 1 heure jusqu'à
mardi.
M. Burns: Exactement.
M. Lande: Nous voulons simplement que la question soit claire et
qu'elle ne puisse être interprétée de plusieurs
façons. On ne veut pas de comité ad hoc qui va forcer tous les
différents groupes et les personnes, juste les citoyens, à se
prononcer en faveur du référendum. On ne trouve pas que c'est le
chaos. On trouve que c'est la démocratie.
On veut aussi qu'il n'y ait pas de mention d'un mandat de
négocier, parce qu'on trouve cela un peu large et ce ne serait
certainement pas clair, s'il y a une question avec les mots "mandat de
négocier". Deuxièmement, on veut qu'il n'y ait pas de mention
d'une association, parce qu'on veut simplement que les Québécois
décident de leur avenir, mais pas au sujet de quelque chose qui va
concerner un tierce partie. Il y a ces remarques et aussi les remarques de
Robert qui a dit qu'on veut aussi des règles de campagne plus larges; au
lieu de 60 jours, on veut que ce soit au moins 3 mois. C'est une chose
essentielle. Avec cela, notre suggestion pour une commission tripartite qui va
décider de la question même, qui est une question excessivement
importante. Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'aurais
à vous dire que j'aurais préféré que les remarques
verbales en dehors du mémoire soient de la même nature que celles
qui étaient contenues dans le mémoire, lequel respectait
intégralement la directive de la présidence. M. le ministre.
M. Burns: M. le Président, justement avant qu'on
entreprenne la période de questions, j'ai une communication à
faire à lac ommission. Mon cabinet vient d'être avisé que
le groupe qui était prévu hier et qui malheureusement
n'était pas présent, le groupe Participation Québec, nous
a avisés, et c'est le mémoire 20-M, qu'il n'a pas l'intention
d'être entendu par la commission et il nous demande de déposer le
mémoire. Je fais donc la motion habituelle que le mémoire soit
déposé et qu'il apparaisse au journal des Débats, (voir
annexe).
M. Gratton: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Motion
adoptée. M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Je voulais demander, M. le Président, très
simplement, très brièvement, étant donné qu'il ne
reste que 35 minutes avant 1 heure, s'il pourrait y avoir une entente, en
quelque sorte, pour répartir le temps équitablement pour la
période de questions.
M. Burns: Je vous avoue que je ne prendrai pas beaucoup de
temps.
M. Roy: Je suis très méfiant. M. Burns: Cela
va vous aider. M. Roy: Je suis très méfiant.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): N'en
parlez pas trop longtemps, par exemple. C'est une bonne suggestion, M. le
député de Beauce-Sud. Très brièvement, les partis
pourraient-ils s'entendre sur la distribution du temps. Il reste 35
minutes.
M. Gratton: Pourrait-on s'entendre sur dix minutes?
M. Mackasey: ... question qu'il pose.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Dix,
dix, dix, cinq.
M. Gratton: Dix, dix, dix.
M. Mackasey: On espère que...
M. Burns: II reste 35 minutes. Je suis bien d'accord à ce
qu'on les répartisse de façon égale.
M. Gratton: On ne prendra pas dix minutes de ce
côté-ci.
M. Grenier: D'accord. Je ne prendrai pas mes dix minutes.
M. Burns: Moi non plus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Burns: Je veux remercier M. Dostie. J'aurais bien aimé
pouvoir remercier M. Lande, mais il a débordé le cadre de la
commission. Le mémoire était très positif.
M. Dostie: Oui, oui.
M. Burns: L'approche était positive. Malheureusement, M.
Lande m'a fait changer d'opinion relativement à votre
présentation.
M. Mackasey: ... exprimer son opinion...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: Ce n'était pas la place. Il va l'avoir
l'occasion.
M. Mackasey: Non, non, non.
M. Burns: C'est cela que je veux dire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Mackasey: La place est ici. Il a pris avantage de son droit
comme citoyen.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquièr): A
l'ordre, s'il vous plaît. Le temps est limité. A l'ordre, s'il
vous plaît. A l'ordre, s'il vous plaît.
M. Mackasey: Son privilège comme citoyen. Voyons-donc!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît.
M. Mackasey: ...
M. Burns: Etes-vous sourd lorsque le Président vous
rappelle à l'ordre? Vous n'avez pas l'air à le comprendre.
M. Mackasey: Non, non, seulement lorsque vous parlez. Vous
critiquez M. Lande qui exprime ses points de vue comme citoyen.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Charbonneau: C'est une façon de voir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Verchères.
M. Burns: M. le Président, je veux simplement poser une
question à M. Dostie. Il semble que, dans votre mémoire, vous
nous invitiez à nous et quand je dis "nous" je veux dire le
gouvernement, ce gouvernement-ci ou n'importe quel gouvernement effectivement
vous invitiez le gouvernement à se sentir lié par le
résultat du référendum.
M. Dostie: Oui.
M. Burns: Je présume que vous avez pris connaissance
à la page sept du livre blanc, de l'opinion que nous exprimons et la
raison pour laquelle nous croyons que, dans la situation actuelle de la
législation, il est impossible à un gouvernement, sinon de
marcher sur les privilèges du lieutenant-gouverneur, de se lier
d'avance...
M. Dostie: Non, sur cela je suis d'accord.
M. Burns: ... avec le gouvernement. Vous êtes d'accord,
vous êtes au courant...
M. Dostie: Je suis d'accord avec le système...
M. Burns: Vous êtes au courant, entre autres, des deux
causes qui sont justement citées à la page sept: "The Initiative
and Referendum Act, 1919, Appeal Cases", et "Rex versus Nat Belle Liquors
Limited, (1922) 2 Appeal Cases page 128". Ce que nous voulons dire c'est que
bien sûr, moralement, un gouvernement va se sentir lié par le
résultat, mais on ne peut pas se lier dans le cadre actuel de la
législation. Peut-être dans un autre cadre lorsque,
éventuellement nous aurons une autre institution que le
lieutenant-gouverneur, d'autres choses que l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique...
M. Mackasey: II faut le référendum d'abord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: Non, non, mais je dis que, dans un autre cadre, votre
recommandation pourrait peut-être être acceptable, mais
actuellement ce n'est pas possible. Même si un gouvernement, j'en suis
convaincu, disait carrément: On va être lié et on va mettre
cela dans la législation, j'ai l'impression que ce serait ultra
vires.
M. Dostie: Non, M. Burns, je pense que...
M. Burns: Est-ce qu'on se comprend là-dessus?
M. Dostie: Oui, je comprends très bien, mais je dois
souligner aussi le simple fait qui était l'élément moral
du résultat du scrutin. Le mémoire, tel qu'il a été
présenté, sous-tend une certaine idéologie qui met en
présence des forces qui ont des opinions contraires à un certain
cadre politique dans lequel on vit. C'est dans cette optique que le paragraphe
que vous mentionnez a été rédigé.
M. Burns: Non, je ne pense pas. Je pense que vous faites,
à ce moment, de l'interprétation. Depuis le début des
travaux de la commission, M. Dostie, j'ai été clair
là-dessus. Tous nos collègues, du côté
ministériel, ont été très clairs là-dessus.
Nous avons l'intention, et ce n'est pas nouveau je m'excuse de le
répéter, je le dis peut-être à tous les jours de ce
temps-là, même le soir parfois j'arrive chez moi et je me demande
si je suis en train de radoter et si je suis rendu à cet âge
je répète à tous les jours que nous voulons
purement et simplement mettre sur pied des mécanismes de consultation
populaire quitte à ce que, éventuellement...
C'est pour cela que je faisais exception aux remarques de M. Lande, qui
semblait plaider quelque chose qui va se plaider dans un an, à peu
près. A ce moment-là, M. Lande, je vais vous écouter et
cela va me faire plaisir. Mais ce n'est pas le moment, ce n'est pas l'occasion,
à mon avis.
M. Lande: Y aura-t-il d'autres auditions devant une commission,
à ce moment-là?
M. Burns: C'est possible, oui, on n'a pas fermé la porte
là-dessus, bien non, sauf qu'on ne plaidera pas le dossier de
l'indépendance avant qu'on ait le mécanisme pour
éventuellement consulter la population; c'est ce que je vous dis, tout
simplement, c'est l'attitude qu'on a tenté de tenir à la
commission, mais je trouve que l'attitude est parfaitement respectée par
votre mémoire; il est précis, c'est une recommandation
relativement à la consultation populaire.
M. Dostie: Je pense qu'on se comprend.
M. Burns: Si on veut le plaider, je n'ai pas d'objection, mais ce
n'est pas le moment.
M. Dostie: Non, ce n'est pas ici l'esprit du...
Le Président (M. Vaillancourt): Mais la présidence
en a.
M. Dostie: C'est pour cela, M. Burns, juste pour terminer,
que...
M. Burns: Je vous dis simplement, M. Dostie, qu'en ce qui nous
concerne, la loi de la consultation populaire que nous soumettons, en tout cas,
le livre blanc qui concerne la consultation populaire n'est pas fait en vue
d'un seul référendum. Hier, j'ai cité, d'ailleurs, le
texte du programme du Parti québécois. J'imagine que vous en avez
une copie; si vous n'en avez pas, je vous en fournirai une copie gracieusement,
cela ne vous coûtera rien, je vais vous donner le mien je suis
rendu que je le connais quasiment par coeur mais, dès 1968, le
parti ministériel a mis dans son programme le fait qu'il fallait qu'il y
ait une consultation populaire, qu'il y ait une loi sur la consultation
populaire, et que cette loi sur la consultation populaire devait prévoir
des mécanismes de consultation clairs, non ambigus, et je pense que cela
répond à un certain nombre d'interrogations que vous nous
soulevez dans notre mémoire. Je ne vous en tiens pas rigueur parce que,
comme je le disais tout à l'heure, votre mémoire a
été fait avant le début des travaux de la commission.
Depuis ce temps, j'ai pris un certain nombre d'engagements au nom du
gouvernement, et l'engagement que je prends, que je répète encore
et c'est pour cela que je me demande parfois si je ne radote pas, mais
je pense que c'est normal qu'on le répète, parce que chaque
intervenant n'est pas là alors que l'intervenant précédent
est là la question ou les questions seront claires de
façon que la population puisse s'exprimer de façon non
ambiguë, pour que, par la suite, on puisse tirer des conclusions normales
et efficaces de la consultation.
Que voulez-vous? Je ne peux pas vous en dire plus que cela, il me semble
que c'est un engagement assez clair. Je voudrais, d'autre part...
Le Président (M. Vaillancourt): Deux minutes!
M. Burns: Oui, avez deux minutes, je vous remercie, M. le
Président, de me le rappeler, je voudrais simplement vous poser une
question sur le fameux comité indépendant que vous nous
suggérez pour la préparation de la question. Qui verriez-vous
dans ce comité?
M. Dostie: Nous ne pouvons pas prendre position.
M. Burns: Je ne parle pas de noms, mais je parle du type de
fonctions, d'individus.
M. Dostie: Je n'ai pas de cadres précis, de
modalités d'application ou de formation, même de ce genre de
comité. Je crois, toutefois, que le gouvernement vient de
préciser sa position sur une formulation claire, non équivoque et
non ambiguë d'une question. Advenant cette prise de position, il est quand
même toujours bon, pour soutenir une certaine indépendance des
positions en présence que le gouvernement représente...
M. Burns: Comme il faut épargner un peu de temps, M.
Dostie je m'excuse de vous interrompre verriez-vous ce
comité agir avant la préparation de la question, donc être
l'initiateur de la question, ou après que la question a
été suggérée par le gouvernement?
M. Dostie: Si le gouvernement suggérait une question,
j'aimerais qu'elle soit quand même présentée à un
comité qui la formulerait.
M. Burns: C'est-à-dire que l'initiative viendrait de ce
comité.
M. Dostie: Si un sujet sur lequel un référendum
serait présenté, par exemple, sur les papillons en hiver... Je
pense que le comité aurait de par cette idée d'un
référendum à être présenté par le
gouvernement à préparer, à faire la recherche,
à présenter une question, et là, l'Assemblée
nationale aurait à débattre...
M. Burns: Disons que ce comité ne saisit pas l'idée
du gouvernement.
C'est-à-dire, que le gouvernement serait soumis à cette
question qui serait préparée par un comité
indépendant. Est-ce cela que vous voulez dire?
M. Dostie: Non, c'est que la question serait formulée,
serait débattue par l'Assemblée nationale.
M. Burns: Parfait. Je m'excuse, apparemment, mon temps est
écoulé, selon l'entente que nous
avons. De toute façon, ce n'est pas fini cette affaire. On va en
parler pendant au moins un an.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je veux justement
enchaîner avec les questions que posait le ministre. Si j'ai bien compris
votre présentation, vous suggérez la constitution d'un
comité indépendant qui formulerait la question, quel que soit le
sujet du référendum, qui commencerait par formuler la question,
la soumettrait à l'Assemblée nationale. Vous proposez, à
ce moment, que les députés, à l'Assemblée
nationale, adoptent la formulation ils pourraient l'amender, bien
entendu aux deux tiers des votes, aux deux tiers des
députés. En fait, vous ne prévoyez pas ou vous ne
favorisez pas une limite de la durée du débat pour l'adoption de
cette question. Est-ce que, jusque-là, on est...
M. Dostie: Oui, sauf sur le dernier élément, sur la
durée du débat que l'Assemblée nationale devrait prendre
pour débattre la question. Je ne peux pas me prononcer actuellement. Il
est certain que, 25 heures, nous croyons que c'est trop court. L'autre, je ne
le sais pas. Je n'ai pas assez d'expérience, nous n'avons pas
l'expérience, comme groupement, des processus parlementaires. Je relance
la balle, mais c'est un non quant à ce point de vue.
M. Gratton: C'est un peu dans ce sens qu'on proposait de
l'inclure dans un projet de loi parce qu'à ce moment, on l'adopterait
selon les modes normaux de l'adoption d'un projet de loi. Au moment où
la population se prononcera sur cette question, que les députés
auront adoptée aux deux tiers, vous favoriseriez, si j'ai bien compris,
que la population elle aussi se prononce aux deux tiers.
M. Dostie: Même proportion que les élus du
peuple.
M. Gratton: Bon. Une dernière question, M. le
Président. Quant à la constitution des comités ad hoc ou
des comités nationaux que prévoit le livre blanc, le ministre
nous a fait part du principal objectif qu'il vise en obligeant le regroupement
des tenants d'une option autour d'un même comité. C'est surtout en
vue du contrôle des dépenses et probablement des revenus
également. Bien entendu, cela s'applique seulement en période
préfé-rendaire, la campagne préréférendaire,
je ne pense pas qu'il y ait de limite de ce côté.
M. Dostie: Cela déborderait le cadre, justement...
M. Gratton: A ce moment, en supposant que j'aie compris, à
la lecture de votre mémoire, que ce regroupement obligatoire brime les
libertés d'expression et d'association...
M. Dostie: Et de financement.
M. Gratton: A ce moment, en supposant qu'il n'y a pas d'autre
façon... Je présume que vous n'avez pas trouvé de formule
magique pour atteindre cet objectif qui est de limiter les dépenses,
d'égaliser les chances en détenant les diverses options.
Supposons qu'il n'existe pas de formule qui ne brime pas, de quelque
façon, ces libertés fondamentales, est-ce que vous seriez enclin
à dire: Mieux vaut ne pas avoir de contrôle sur les
dépenses que de brimer les libertés d'une façon
quelconque?
M. Lande: Peut-être puis-je répondre à
cela.
M. Gratton: Ce n'est peut-être pas clair comme
question.
M. Lande: On pense évidemment que, si chaque personne en
faveur d'une certaine option est obligée de s'amalgamer dans un
comité ad hoc, il y aura, évidemment, des résultats qui ne
seront pas démocratiques du tout. Par contre, si le seul problème
est le problème des dépenses, pourquoi ne pas exiger que chaque
personne, en faveur ou contre une option, déclare la provenance de
l'argent qu'il a reçu au-dessus d'un montant de $300 ou $500? A ce
moment, vous auriez un contrôle sur les dépenses et, ce qui est
plus important, chaque personne qui est intéressée et
impliquée aurait la possibilité de dire pourquoi elle voterait en
faveur ou contre n'importe quelle question qui serait l'objet d'un
référendum.
M. Gratton: Le problème, c'est que vous contrôleriez
les dépenses, mais seulement après qu'elles auraient
été faites. En fait, il n'y aurait pas de contrôle des
dépenses, à ce moment. Le sens de ma question, c'était: A
toutes fins pratiques, si cet objectif, limiter les dépenses et
égaliser les chances entre les options, m'apparaît en tout cas
valable, même si cela ne peut être atteint sans brimer les
libertés fondamentales, est-ce qu'on ne devrait pas opter pour plus de
liberté et moins de contrôle plutôt que choisir un meilleur
contrôle en brimant les libertés?
M. Lande: Au sujet des dépenses, je ne vois pas comment
cela pourrait être égal. Je vois plutôt cela comme une
manière indirecte, pour le gouvernement, de se donner des fonds. Par
exemple, le gouvernement est en faveur d'une option et il y a cinquante autres
groupes, le YMCA, le Club des Lions, les Vétérans; toutes ces
personnes doivent s'amalgamer dans un groupe. C'est comme pour une partie de
football. Vous avez une personne d'un côté et cinquante de l'autre
et la personne qui est seule d'un côté est aussi l'arbitre. Elle
dit: II faut que l'autre groupe de 50 diminue de 49; comme cela, ce sera
égal, un contre un.
M. Charbonneau: il n'a rien compris!
M. Lande: Je trouve que, quand M. Gratton mentionne
l'égalisation, je n'ai pas peur que ce ne
soit pas équivalent. Je pense que chaque partie qui a quelque
chose à dire doit avoir la possibilité de le faire. Surtout quand
il s'agit de questions très importantes, que ce soit un
référendum sur l'énergie nucléaire ou sur autre
chose. Pour moi, la première chose pour un référendum, en
démocratie, serait la possibilité de faire un discours, de louer
un auditorium afin de se faire entendre, d'acheter des espaces dans un journal
pour dire ses idées au public. C'est cela l'important. Dans le
référendum en Angleterre, on n'a pas forcé les
différents groupes à s'amalgamer dans un comité ad hoc. Ce
n'était pas cela du tout. On a laissé le libre choix. On disait:
C'est une question importante, alors prononcez-vous.
M. Gratton: M. Dostie, avez-vous quelque chose à
ajouter?
M. Dostie: Ce que je voudrais ajouter c'est que, si j'ai bien
compris votre question, elle me semblait légèrement ambiguë.
Dans notre mémoire, tel qu'on le présente, on ne soulève
pas ou on ne permettrait pas qu'un groupe ou un organisme indépendant
qui ne désirerait pas s'associer ou se voir chapeauter par un
comité unique, que ce groupement se voie interdire l'accès
à des fonds publics, sur le même pied qu'un autre groupement. Je
verrais plutôt le comité ad hoc comme étant un groupement
de soutien qui voudrait réunir certaines forces en présence; par
le fait même, en forçant un chapeautement, excusez l'expression,
on limite la liberté d'expression d'autres personnes et ceci pourrait
s'évaluer, en campagne référendaire, en signes de
piastres. C'est comme cela qu'on...
M. Gratton: J'aurais eu d'autres questions, bien entendu, mais
mon temps est écoulé.
M. Lande: Est-ce que je peux ajouter...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Très brièvement.
M. Lande: Très brièvement. C'est au sujet du
contrôle des dépenses. C'est aussi, à mon avis, une grande
question. Comment pouvez-vous empêcher le président d'une banque
de faire un discours dans la province de Québec, au moment de la
campagne? Ou bien, s'il le donne en Ontario, comment pouvez-vous empêcher
les journaux de rapporter le contenu de son discours? A ce moment, que va-t-il
se passer avec ces dépenses? Si le premier ministre du Canada, M.
Trudeau, vient dans la province de Québec, qu'est-ce que c'est le
contrôle des dépenses pour lui?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Mackasey: M. le Président, si je vis dans une ville, si
je fais un discours, à mes frais, dans mon comté, cela serait
légal.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lande: Oui, mais le contrôle des dépenses
pourrait être très difficile parce que vous auriez plusieurs
organisations qui ont le droit de se prononcer, comme le YMCA, les
Vétérans, le club Rotary, le club des Lions ou le club Optimiste.
Eux ont leurs propres structures de dépenses. Le fait qu'on fasse des
discours et des choses comme cela, c'est impossible de dire que tous les gens
qui vont prononcer un discours durant la période de campagne verront
leurs dépenses contrôlées. Ces gens-là, les
présidents de club, comme le club Optimiste, ont leur propre structure
de finances. C'est impossible de penser que vous pourriez contrôler ces
dépenses. Il faut quand même penser à ce problème
car c'est important.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Merci, M. le Président. Dans mes limites de
temps, je tenterai d'en laisser un petit bout pour d'autres.
Je dois d'abord vous remercier de votre mémoire qui amène
plusieurs bonnes suggestions. Vous y êtes allés également,
dans votre partie orale, sur d'autres propositions, malheureusement en glissant
sur un terrain qui n'est peut-être pas celui d'aujourd'hui, mais qui
était quand même assez près de ce qui nous
intéresse. Je ne vous cache pas qu'à ce moment-là j'aurais
aimé si le président n'avait pas eu l'oeil si vif
vous entendre compléter l'argumentation sur laquelle vous vous en
alliez. C'est une question qu'on aura à débattre, bien sûr,
lorsque la question sera posée. J'imagine qu'à ce
moment-là on aura la possibilité de s'entendre.
Brièvement, vous avez parlé de méthodes de
contrôle des dépenses référendaires, mais vous
n'avez pas fait de proposition ad rem, je pense, vous n'avez proposé
rien de bien précis jusqu'à présent si ce n'est que vous
auriez voulu plus de largesse afin de permettre aux individus et aux
associations de se financer comme vous prétendez l'avoir vu en
Angleterre. Vous n'avez rien d'autre, de plus précis, à proposer
là-dessus?
M. Lande: A moins qu'ils ne déclarent d'où l'argent
vient. A ce moment-là, si une grosse corporation veut financer
quelqu'un, je pense qu'elle devra y penser deux ou trois fois avant, quand elle
saura que c'est publié. C'est la seule possibilité que je
vois.
M. Grenier: D'accord. Comme système, autre que la Loi
électorale, pour régir la tenue du scrutin
référendaire, auriez-vous une autre formule à nous
proposer?
M. Dostie: Pourriez-vous répéter?
M. Grenier: Auriez-vous une autre formule à proposer? Vous
semblez vous rattacher à celle de la Loi électorale; auriez-vous
d'autres sortes de formules à proposer?
M. Dostie: Vous parlez de quoi? Du décompte?
M. Grenier: Du décompte, si vous aimez cela en
vient à mon autre question mais aussi sur la tenue, en
général, de ce référendum.
M. Dostie: Nous n'avons pas de suggestion comme telle; je pense
qu'une question, telle qu'exprimée par la Loi électorale, je n'y
vois pas d'inconvénient, mais il y aurait des modifications à
apporter à un processus référendaire absolument
exceptionnel. C'est dans cette optique qu'on avait dit qu'un décompte
quelconque devrait être étendu à la province. Sur les
modalités d'application dans chaque comté, de quelle façon
la boîte sera installée sur une table, par exemple...
M. Grenier: D'accord, j'aime bien quand vous parlez du niveau
provincial. Des propositions nous sont venues pour des formes de
décompte au niveau régional; certains ont parlé des
régions administratives du Québec. Pourriez-vous donner une ou
deux raisons pour lesquelles vous proposez un décompte au niveau
régional ou provincial?
M. Dostie: On s'adresse à la population. Ici, on n'a pas
affaire à des candidats qui ont à défendre un
siège. Même peut-être qu'une région administrative
aurait un élément économique plus important qu'un autre,
mais ceci touche la population en général.
C'est là qu'on devrait faire fi des règles de
décompte telles qu'on les connaît dans la Loi électorale et
les autres statuts à cet effet. C'est pour cela qu'on le désire
dans toute la province, purement et simplement.
Une Voix: Oui, d'accord.
M. Dostie: A ce moment-là, ce qu'on veut déterminer
précisément c'est qu'on ne veut pas avoir de décompte qui
ne refléterait pas en quelque sorte une représentation
proportionnelle et même on va au-delà de la représentation
proportionnelle, on veut oui ou non. Cette majorité relative sera de
tant dans toute la province. Là, la population aurait exprimé son
choix de façon claire; elle ne sera pas limitée par un cadre
physique précisé par les statuts.
M. Grenier: Bien. Vous êtes les premiers peut-être
à nous dire que le référendum doit lier cela m'a
frappé doit lier le gouvernement. Si on fait appel à ce
que vous avez précisé un peu plus tard par les questions qui vous
ont été posées par le leader du gouvernement, de
même que par le représentant du Parti libéral, on est
sûr que si vous parlez de deux tiers, d'un vote aux deux tiers, d'un
résultat aux deux tiers, pour une question qui aurait été
votée en Chambre aux deux tiers, je pense bien que cela devient superflu
de dire que cela doit lier, parce qu'aux deux tiers c'est de toute
évidence que cela doit lier.
M. Dostie: Comme j'ai souligné à M. Burns au
début, il me l'a fait remarquer aussi, c'est que cela a
été rédigé antérieurement. Il y a eu des
modifications.
M. Burns: Oui, oui, d'accord.
M. Grenier: Moralement, il n'y a personne qui va discuter le fait
suivant. Si la question est votée par les deux tiers de
l'Assemblée nationale, une question pour toutes sortes de
référendums, comme on y faisait allusion ce matin en Chambre,
même sur l'énergie, si cette question était votée
aux deux tiers de la population, personne ne va prétendre que cela ne
lie pas le gouvernement. Mais si cela devait être un résultat de
51%, est-ce que vous êtes du même avis et prétendez que cela
doit lier le gouvernement, d'un côté ou de l'autre?
M. Dostie: Le danger qui pourrait survenir dans ce genre de
majorité absolue, je ne veux pas me prononcer sur les
conséquences qu'il pourrait en découler, vu le danger que cela
pourrait appeler. Si vous avez simplement 50% plus un, qui est une
majorité absolue, il y en a déjà 49,9% à
côté qui se posent des questions. Si vous voulez avoir une
certaine coexistence sur un élément de base du
référendum, parce que c'est cela le but, il y aurait des
problèmes. Je ne peux pas me prononcer. Si on lie le gouvernement, oui,
mais qu'il y ait un certain élément de majorité qui soit
une majorité relative aux deux tiers pour avoir un mandat clair, un
résultat clair.
M. Grenier: Comme cela s'est peut-être dit dans d'autres
mémoires avant, pour qu'on sente qu'après cela on ait un
sentiment général. Il faut se préparer
immédiatement en canalisant tous les courants du Québec dans une
majorité si claire que l'après-référendum n'aura
pas trop d'effets négatifs, par exemple.
M. Dostie: Exact, ou positifs, enfin où on se place.
M. Grenier: Vous faites allusion non seulement vous y
faites allusion, mais vous le dites à la page 3 à un
conseil qu'on appelle depuis le début ou à peu près le
conseil du référendum. Vous parlez vous autres de comité
tripartite, mais vous êtes au courant de l'opinion qu'a émise le
chef de l'Union Nationale, M. Biron, à savoir un conseil de
référendum indépendant, dépolitisé pour
autant qu'une personne puisse l'être, même si, dans une question
comme celle-là, on sait que pas mal de gens pourraient pencher pour une
question ou l'autre. Mais est-ce que vous trouvez assez correcte la proposition
d'un conseil du référendum qui n'aurait pas voix décisive
mais voix de recommandation au gouvernement, comme par exemple pour une
question posée lors d'un référendum?
M. Dostie: Je pense qu'on revient, si on peut dire, sur cette
même suggestion qui est présentée par notre mémoire,
malgré que ce soit dans notre plaidoirie orale. Il est certain qu'un
comité qui est indépendant du gouvernement pourrait formuler
une question qui serait à ce moment-là
présentée à l'Assemblée.
M. Grenier: Vous manifestez là une opinion, je ne vous le
cache pas, qui est de plus en plus persistante et que l'on retrouve dans
plusieurs mémoires. J'ai l'impression que le ministre qui est saisi de
ces débats qui se tiennent autour de la table sera certainement
sensibilisé au fait que la question ne doit pas être uniquement
préparée par l'équipe gouvernementale, même avec la
contribution de l'Opposition. Cela pourrait facilement faire l'objet de ce
conseil de référendum si vraiment on est sérieux et qu'on
veut préparer l'après-référendum, comme on le
signale depuis tout à l'heure. Vous ne tenez pas nécessairement
à votre comité tripartite, mais à quelque chose qui
ressemblerait à un conseil de référendum.
M. Dostie: Oui. On l'appelle comité tripartite. Nous
sommes seulement à l'étape, si on peut dire, préliminaire,
d'un processus quelconque. On soulève les idées, ce qui peut
engager un débat, comme vous l'avez mentionné.
M. Lande: Est-ce que je peux...
M. Grenier: Oui, brièvement, M. Lande, parce qu'il me
reste... Je veux prendre une autre minute.
M. Lande: C'est au sujet de ce que vous avez posé comme
question, à savoir si cela doit être un comptage à travers
la province ou plutôt comté par comté. Je vois un grand
danger que ce soit comté par comté. D'abord, parce que vous
pouvez avoir le résultat. Il y a certains comtés qui vont voter
contre et d'autres qui vont voter pour. A ce moment, ceux qui ont voté
contre ne se sentiront pas liés. C'est un grand danger. La question
implique toute la population du Québec. A ce moment j'estime que ce
n'est que normal que ce soit la population entière qui doive se
prononcer. Un autre point sur cela: Vous avez parfois des comtés qui
contiennent, par exemple, 15 000 personnes et d'autres qui en contiennent, dans
les régions urbaines, disons 10 fois plus. A ce moment, si vous avez,
par exemple, 75% de l'un et juste 51% de l'autre, alors voyez-vous comment le
problème pourrait être soulevé, à savoir qu'un
comté, même avec seulement 51% va aller dans une direction, tandis
que l'autre va aller dans la même direction, mais avec 25% de plus?
M. Grenier: Merci. Je suis obligé d'aller rapidement, mon
temps est épuisé et je ne veux pas ambitionner sur le temps du
député de Beauce-Sud. La recommandation du comité, je suis
sûr qu'elle ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd. Le ministre qui fait
partie de l'équipe très transparente ne sera certainement pas
sourd à la proposition que vous faite. Le fait est trop consistant. Il y
a trop de gens qui demandent qu'un conseil de référendum aide le
gouvernement et les partis de l'Opposition à préparer la
question. Il est évident que le ministre ne pourra pas passer par-dessus
cette excellente proposition que vous faites au gouvernement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Je vous remercie, M. le Président. Je vois que,
par votre mémoire, vous avez fait une étude très
sérieuse de la question. Je veux vous en remercier et vous en
féliciter.
J'aurais plusieurs questions à vous poser, mais,
évidemment, dans cinq minutes, nous devrons nous limiter. Croyez-vous
possible de fonctionner à l'intérieur d'un même cadre pour
un référendum qui concerne l'avenir constitutionnel, d'une part,
ou pour certaines autres questions qui ne concerneraient que le Québec,
comme tel, par exemple, l'avortement, l'euthanasie? Est-ce possible? Je ne sais
pas si j'ai bien posé ma question. Est-ce possible de fonctionner
à l'intérieur d'un même cadre, puisqu'on parle d'une loi
générale, sur une question comme le référendum
constitutionnel dont l'intérêt déborde des cadres du
Québec et sur d'autres questions qui pourraient ne susciter de
l'intérêt qu'à l'intérieur du Québec?
M. Dostie: Je pense que tout gouvernement peut, s'il veut
tâter le pouls de la population, se doter d'une loi-cadre sur le
référendum. Décision Canada ne s'oppose pas et ne se
prononce pas sur la loi-cadre comme telle. Les éléments les plus
importants sont les modalités d'application de cette loi-cadre ou de
cette loi spécifique. Je ne pense pas qu'on ait d'autres choses à
ajouter sur votre question.
M. Roy: C'est une question qui est quand même importante.
Actuellement, il n'y a qu'un référendum de prévu, à
ce que je sache.
M. Dostie: II n'y a rien de prévu, j'entends de
façon officielle.
M. Roy: Bien, il n'y a rien de prévu! Officieusement pour
ne pas dire officiellement. Les modalités ne sont pas les mêmes.
Le cadre quand même limite les modalités. M. Lande pourrait
peut-être nous répondre là-dessus.
M. Lande: Pouvez-vous juste reformuler la question?
Peut-être pouvez-vous donner juste un exemple où le
problème pourrait être soulevé.
M. Roy: Je vais faire une comparaison entre deux
référendums possibles. On veut faire un référendum
au Québec sur la fluoration de l'eau potable, versus un
référendum qui concerne notre avenir constitutionnel. Est-il
possible de fonctionner à l'intérieur d'une même loi-cadre
pour la tenue de ces référendums? Pour moi, la question est
fondamentale. J'aimerais bien, si c'est possible, avoir votre opinion.
M. Dostie: M. Lande.
M. Lande: C'est très difficile comme question parce que,
pour le premier choix, à savoir la fluoration de l'eau,
évidemment on n'aura peut-être pas besoin de 90 jours et aussi de
limiter les dépenses et les comités ad hoc.
Peut-être qu'à ce moment-là il y aura plusieurs
options, tandis que pour celui de la constitution-nalité, il en faut
tout simplement deux. Je vois très bien les problèmes que vous
soulevez. Si la loi est si générale, je vois mal comment on peut
appliquer la même loi pour, disons, les papillons en hiver, ou les
ceintures de chasteté, ou la fluoration de l'eau, et aussi
l'indépendance ou l'avenir constitutionnel...
M. Roy: Ce que je veux dire, c'est que si on fait une loi-cadre
qui permet une consultation à l'intérieur du Québec et qui
ne suscite pas d'intérêt à l'extérieur du
Québec, on ne peut pas prévoir, à cause de ce manque
d'intérêt qui peut exister ailleurs, ce qui peut être dit
à l'extérieur du Québec qui peut venir influencer la
décision des Québécois. Sur la question du
référendum, si le cadre est trop limité, trop rigide,
est-ce que les gens qui veulent exprimer une opinion différente et qui
ne peuvent pas se retrouver légalement en mesure de fonctionner à
l'intérieur du cadre québécois pourraient, par le fait
même que la loi ne s'appliquerait pas en Ontario, aller étudier
les stations de télévision de l'Ontario, les stations de radio de
l'Ontario, ou encore aller s'exprimer à l'extérieur et donner des
conférences de presse à l'extérieur du Québec?
C'est la raison pour laquelle j'ai posé la question, c'est
fondamental.
M. Lande: Oui, mais c'est un problème d'administration,
n'est-ce pas? Comment peut-on dire aux gens que seulement ceux qui
appartiennent au comité ad hoc auront la possibilité de se
prononcer? Evidemment, c'est impossible. On ne peut pas empêcher
quelqu'un qui va à une soirée d'avoir une idée qu'il
voudrait formuler sur la rue Saint-Denis s'il veut parler aux gens. On ne peut
pas limiter la population comme cela. Je vois très bien votre
problème, et c'est un problème, je pense, qui est de nature, dans
ce livre blanc, à savoir que vous ne pouvez vraiment pas empêcher
des gens de s'exprimer, et c'est un droit normal et de base.
M. Roy: Dans les dix dernières secondes, M. le
Président, une courte question: Etes-vous en mesure de vous prononcer,
à savoir qu'il ne devrait pas y avoir qu'une question sur le
référendum lors de la consultation, ou s'il pourrait y en avoir
plusieurs, quitte à faire un deuxième référendum
pour clarifier par la suite?
M. Lande: Non, on veut qu'il y ait un référendum,
que ce ne soit pas deux sur cinq ou trois sur sept, il ne doit y en avoir
qu'un, et c'est très important. Autrement, si, par exemple, comme on l'a
déjà dit, on en perd un, on en aura un deuxième, je trouve
cela injuste pour ceux qui ont voté contre. Pourquoi les perdants...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, très brièvement, pour terminer.
M. Lande: Oui, mais c'est...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
mais c'est parce qu'il est 13 heures.
M. Lande: Voilà.
M. Mackasey: You are not the only one that is forbidden to speak.
I am not allowed to talk either.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lande: Je vais essayer. Disons aussi brièvement que je
peux...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lande: Je trouve cela injuste qu'il y aura quelqu'un qui va
dire: Si nous perdons, il y en aura un deuxième et, si nous perdons le
deuxième, il y aura un troisième. Ce n'est pas juste. Il faut
être égal pour les deux côtés, n'est-ce pas?
M. Roy: Ce n'est pas le sens de ma question.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Le temps est limité, on pourra se rencontrer tout
à l'heure.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Au nom
des membres de la commission, on vous remercie beaucoup pour votre
collaboration et de votre participation à cette commission
parlementaire. Avant d'ajourner les travaux, je pense que le ministre voudrait
nous donner la liste des intervenants la semaine prochaine.
M. Burns: Oui. M. le Président, je voulais simplement
rappeler à nos collègues et aux autres personnes
concernées que, jusqu'à maintenant, pour les travaux que nous
prévoyons, il reste environ douze mémoires à être
entendus à cette commission-ci. La semaine prochaine, le mardi 15
novembre, nous aurons quatre mémoires qui nous seront soumis par la
Société nationale de l'Est du Québec, le mémoire
12M, la Société nationale du centre du Québec, la
Société nationale du Québec de l'Outaouais, la
Société nationale du Québec de Lanaudière.
Mercredi, nous avons prévu un seul mémoire. Il s'agit de
la Northern Quebec Inuit Association. Jusqu'à maintenant, en tout cas,
je ne suis pas avisé qu'ils ont changé d'avis et je pense qu'ils
devraient être présents. Finalement, le jeudi 17 novembre,
l'Office des droits des détenus, le Conseil du patronat du
Québec, la Chambre de commerce. Les Fils du Québec et Ici
Québec, comme on l'a mentionné cette semaine, ont mis de
côté leur droit d'être présents et ils nous ont
demandé de
déposer leurs mémoires. Il nous restera le North American
Labour Party, qui était déjà au programme, mais qui n'a
pas pu passer au début des travaux de la commission. On aura
l'Avant-Garde française d'Amérique, le mémoire 13M. Ce
serait le 22 novembre. Finalement, pour terminer avec, le 24 novembre, la
Confédération des syndicats na- tionaux et la
Fédération des travailleurs du Québec.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre, les travaux de la commission sont ajournés à mardi
matin, 10 h 30, à la salle 81-A.
(Fin de la séance à 13 h 4)
ANNEXE
Mémoire de Participation Québec
Participation Québec
mémoire sur le livre blanc
concernant le projet de loi
sur le référendum.
L'intention de Participation Québec en présentant ce
mémoire sur le livre blanc du gouvernement concernant la question du
référendum sera de traiter avec certains aspects et articles qui
doivent recevoir une réponse prompte et immédiate. Participation
Québec a donc choisi de ne pas entreprendre une analyse
détaillée de tous les aspects du livre blanc. Le dernier
délai pour la réception des mémoires, le rôle que
Participation Québec joue dans de nombreux projets et surtout
l'organisation d'un colloque tenu le 1er octobre 1977 qui avait pour
thème "vers un rapprochement entre québécois" n'ont fait
que trop taxer les ressources de Participation Québec. Nous
réalisons cependant que l'importance du sujet mériterait une
analyse plus détaillée. C'est pourquoi Participation
Québec présente ce mémoire, sous réserve de son
droit de soumettre d'autres commentaires et analyses, car les commentaires
présentés dans ce mémoire ne sont pas les seuls qui
auraient lieu d'être faits.
La question fondamentale qui surgit lorsque l'on cherche à
évaluer le principe dressé dans le livre blanc, est de savoir si
une seule loi peut être à la fois assez flexible pour pouvoir
traiter différents types de problèmes sur lesquels le public
pourrait être consulté, et en même temps suffisamment
précise afin d'éviter la création de pouvoirs
discrétionnaires importants qui pourraient engendrer des soupçons
quant à l'équité même de la consultation au sein de
la population.
Après une étude du livre blanc, nous en arrivons à
la conclusion qu'une seule loi telle que présentée dans le livre
blanc ne peut et ne pourra pas satisfaire ces deux critères.
Si nous nous tournons vers les problèmes sur lesquels la
population pourrait être consultée, l'on se voit
immédiatement en présence de la question de l'avenir politique du
Québec, soit la question de l'indépendance. Mais d'autres
questions pourraient aussi faire l'objet de référenda, par
exemple la peine de mort ou l'avortement. Il sera facile pour tous de
réaliser qu'il existe des différences subtiles et fondamentales
entre la question de l'indépendance et les autres problèmes que
nous avons mentionnés à titre d'exemple.
En ce qui concerne la question de l'indépendance, plusieurs
points doivent être soulignés. La question est à la fois
hautement politisée et émotive. Quel que soit le
dénouement final de ce problème, il aura un effet direct et
important sur chaque aspect de la société
québécoise ainsi que sur chaque homme, femme et enfant qui la
compose. C'est pour cette raison qu'il existe au Québec un nombre
imposant de personnes ayant un point de vue sur le sujet et qui ne cherchent
qu'à l'exprimer. C'est pourquoi il est indispensable de consacrer
beaucoup de temps à informer, répondre aux questions et laisser
les gens exprimer leurs opinions.
Nous devons aussi noter que de chaque côté de la question,
bon nombre d'organisations et de groupes se sont formés. Ces derniers,
même si ils travaillent d'un même côté du
problème, ne s'accordent pas nécessairement dans leurs positions
politiques et orientations. Tous ces groupes ont des opinions
arrêtées concernant leurs positions respectives, leurs politiques
et orientations. Un bon nombre sont autonomes, auto-financés et sont
parvenus à créer leurs propres structures avec un système
effectif quant à leurs décisions. Ces groupes
réflètent les attitudes de leurs membres et ne se
considèrent point les vassaux d'un autre groupe similaire et croient
très fermement en leur droit fondamental et garanti par la loi de la
liberté d'association.
D'autre part, il y a d'autres questions sur lesquelles la population
pourrait être consultée. Ces questions, comme par exemple, la
peine de mort ou l'avortement, donnent naissance à de vives controverses
émotives, mais ces débats n'ont pas la même ampleur et
leurs effets sont moins directs et importants. La plupart des gens ne risquent
de perdre ou de gagner que très peu d'un point de vue personnel et
direct quelle
que soit l'issue de la consultation populaire. Ces problèmes ne
contiennent que peu de questions subalternes. On a besoin de comparativement
peu de temps pour exposer les problèmes à fond et pour les gens
de les comprendre.
Peu d'organismes, si il en existe, ont des prises de positions sur ce
genre de problèmes. De plus, ces problèmes ne sont pas hautement
politisés ce qui évite que les organismes attachés
à ces questions ne le deviennent aussi.
Quel que soit le côté du problème choisi, nous
sommes rarement en présence de plus d'une organisation et les points de
vue énnoncés ne sont pas très nombreux. Ces organisations
ne sont aucunement rattachées d'une façon directe à des
partis politiques existants. Aucun de ces groupes n'est actif ou en place dans
toutes les localités et dans tous les domaines de la vie du
Québec.
Participation Québec soumet que les circonstances et
qualités des questions sur lesquels le référendum pourrait
être tenu, ne peuvent être traitées efficacement par une loi
unique. Alors qu'il aurait été peut-être suffisant de
donner quarante jours (40) pour une campagne concernant un
référendum sur la peine de mort, la question de
l'indépendance requiert bien plus que le maximum de soixante jours (60)
suggéré dans le livre blanc.
N'importe qui ayant une certaine expérience de l'organisation
politique pourra témoigner que plusieurs semaines sont indispensables
rien que pour instaurer les bases d'une organisation. En ce qui concerne la
question de l'indépendance, il existe de chaque côté un
grand nombre de groupes et d'organismes très attachés à
leur identité propre; cela ne fait qu'accentuer leurs difficultés
de regroupement, un problème déjà difficile et qui
requiert beaucoup de temps et d'énergie. Afin que le
référendum soit accepté par la population et ait une
certaine validité propre, bien plus de temps est requis. Comment peut-on
espérer qu'un référendum sur l'indépendance ait une
certaine crédibilité si d'un côté comme de l'autre
l'on passe trente des soixante jours de la campagne a simplement édifier
les éléments d'une organisation. Si le référendum
doit avoir un sens quelconque, il ne doit non seulement être juste mais
aussi avoir les attributs et les apparences d'une certaine
équité.
Participation Québec soumet que tous les délais
suggérés dans le livre blanc doivent être augmentés.
Sur le problème de l'indépendance plus de 25 heures de
débats seront requis à l'Assemblée Nationale pour discuter
de la formulation de la question qui fera l'objet du référendum.
Si les comités provisoires doivent avoir un véritable effet, les
membres de l'Assemblée Nationale devront avoir plus de trois jours (3)
pour s'enregistrer avec le comité qu'il préfère. De plus,
Participation Québec soumet qu'au moins quatre-vingt-dix jours (90)
doivent être donnés pour une campagne sur la question de
l'indépendance pour les raisons précitées.
Participation Québec reconnaît les difficultés
engendrées par ce projet de modification. Si elle est adoptée, la
loi permettrait des périodes de campagne électorale passant de 35
jours à plus de 90. Mais le livre blanc indique que c'est le
gouvernement seul qui décidera de la durée d'une campagne sur une
question donnée. Ceci donne au gouvernement un pouvoir
discrétionnaire très étendu quant à la durée
de telle ou telle campagne. La plupart des gens peuvent comprendre que le temps
alloué à une campagne peut profondément affecter les
résultats de toute consultation populaire. Une fois encore on peut
émettre bien des doutes quant à l'équité du
référendum.
En vertu de quoi, Participation Québec soumet respectueusement
que la politique du gouvernement telle que présentée dans son
livre blanc soit revisée afin que chaque question qui devra faire
l'objet d'un référendum soit soumise à ses règles
propres et à une loi capable de s'attarder sur les circonstances et
faits particuliers de chaque question. Au minimum, en vertu d'une plus grande
équité et afin d'avancer le désir exprimé par le
gouvernement de pouvoir jauger d'une façon certaine l'avis de la
population, Participation Québec soumet que la question de
l'indépendance du Québec soit étudiée sur ses
mérites propres dans un livre blanc séparé, faisant
l'objet d'une loi subséquente. "toute personne est titulaire des
libertés fondamentales telles la liberté de conscience, la
liberté de religion, la liberté d'opinion, la liberté
d'expression, la liberté de réunion pacifique et la
liberté d'association".
L'article 3 de la charte des droits et libertés de la personne
L.Q. 1975 c.6 établit et garantit pour chaque personne les
libertés fondamentales.
Le livre blanc contient les propositions suivantes: 1.l'article 5
intitulé "la campagne référendaire" édicte que: "il
faudrait permettre à tous les tenants d'une option de se regrouper dans
une organisation unique qui serait responsable de la campagne en faveur de
cette option." 2.ce même article énonce que les organismes
ci-dessus mentionnés "seraient les seules reconnues pour recevoir des
contributions financières et procéder à des
dépenses relatives au référendum." 3.l'article 5(c)
portant le titre "la mise sur pied des organisations" déclare que: "le
directeur général des élections, sur réception d'un
bref lui enjoignant d'organiser un référendum
déterminerait le nombre d'organisations pouvant participer à la
campagne référendaire en fonction du nombre d'options offertes
à la population."
4. l'article 5(f) intitulé "le contrôle des
dépenses" propose que: "seuls les agents officiels pourraient faire ou
autoriser des dépenses reliées à la campagne
référendaire".
Participation Québec soumet respectueusement que les dispositions
du livre blanc présentées ci-dessus sont en violation flagrante
de l'article 3 de la charte des droits et libertés de la personne de la
Province de Québec.
Quelle que soit la nature de la question sur laquelle la population aura
à délibérer, il ne peut y avoir de justification pour une
violation des droits fondamentaux garantis aux citoyens du Québec par la
loi.
La liberté d'association est clairement diminuée lorsque
les citoyens sont obligés d'exprimer leurs opinions seulement par
l'entremise d'organisations approuvées par le gouvernement. Cette
liberté est de plus abrégée quand toute personne
désireuse de participer à un ou plusieurs niveaux d'une campagne
sur un référendum doit le faire uniquement par l'entremise d'un
organisme gouvernemental.
Nous comprenons que le gouvernement ait une obligation de garantir que
toutes les options soient présentées d'une façon
adéquate dans un référendum, et pour arriver à
cette fin le gouvernement a suggéré que le modèle
Britannique soit suivi. Le gouvernement se propose donc d'établir et de
financer, sur n'importe quelle question, des organismes afin de
présenter toutes les options. Cependant les britanniques reconnurent le
droit fondamental de la liberté d'association et, donc ne
limitèrent pas la participation dans leur campagne en vue d'un
référendum aux seules organisations autorisées.
Participation Québec soumet que sur ce point, le modèle
britannique, auquel le gouvernement a choisi de se référer, doit
être suivi dans sa totalité.
Le gouvernement a indiqué que le contrôle des
dépenses est un facteur important qui a amené sa proposition que
seul les organismes homologués soient autorisés à
participer dans la campagne du référendum. Nous soumettons que
les dépenses pourraient être contrôlées en limitant
les contributions, en créant une agence dont le mandat serait de
superviser et d'examiner les contributions électorales. La
liberté d'association ne doit pas être écartée
simplement parce qu'il peut exister des difficultés dans le
contrôle des dépenses électorales.
Enfin, si le gouvernement a choisi de contourner les
représentants élus du peuple et se rapprocher de la population,
c'est pour pouvoir mieux connaître ses désirs. Ceci est
contradictoire et soulève des doutes sur les motifs du gouvernement
quand celui-ci limite et restreint sévèrement qui a le droit de
participer et d'avoir la parole dans un tel référendum.
Aucune des raisons énoncées par le gouvernement justifient
le refus de donner suite à la liberté fondamentale du droit
d'association garanti à tous. Dans l'intérêt de valeurs
bien plus fondamentales que n'importe lesquelles exprimées dans le livre
blanc, toutes limitations, en particulier celles énumérées
plus haut, restreignant la participation dans un référendum,
doivent être enlevées de toute législation traitant ce
sujet.
En ce qui concerne la formulation de la question à être
présentée à la population, Participation Québec
soutient que si une question est assez importante pour être soumise
à une consultation populaire, le public doit avoir le droit de
participation dans le processus par lequel cette consultation même sera
formulée. Ceci pourrait avoir lieu en invitant des particuliers ou des
organisations à soumettre des mémoires.
Participation Québec présente respectueusement ce
mémoire dans l'espoir très sincère que ses recommandations
seront considérées avec sérieux et qu'on donnera
suite.
Nous avons la ferme conviction que pour que la société
québécoise demeure libre, vivante et forte, il est indispensable
de remédier aux problèmes soulevés ici dans ce
mémoire.