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Etude du livre blanc sur la consultation populaire au
Québec
(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs!
Les membres de la commission pour la présente séance
seront: M. Baril (Arthabaska) en remplacement de M. Bertrand (Vanier); M.
Gosse-lin (Sherbrooke) en remplacement de M. Bisaillon (Sainte-Marie); M.
Brochu (Richmond), M. Burns (Maisonneuve), M. Gratton (Gatineau), M. Grenier
(Mégantic-Compton), M. Johnson (Anjou) remplacé par M.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata); M. Laberge (Jeanne-Mance), M.
Lamontagne (Roberval), M. Lavoie (Laval), M. Fallu (Terrebonne) en remplacement
de M. Lévesque (Taillon); M. Mackasey (Notre-Dame-de-Grâce), M.
Martel (Richelieu), M. Gagnon (Champlain) en remplacement de M. Morin
(Louis-Hébert); M. Ouellette (Beauce-Nord) en remplacement de M. Morin
(Sauvé); M. Paquette (Rosemont), M. Roy (Beauce-Sud), M. Samson
(Rouyn-Noranda), et M. Vaugeois (Trois-Rivières).
Je rappelle que les organismes qui seront entendus aujourd'hui seront
dans l'ordre: le Comité d'action positive, le Mouvement Québec
Canada et le Conseil pour l'unité canadienne.
M. le ministre.
M. Burns: M. le Président, nous avons été
avisés que le groupe Participation Québec, dont le mémoire
porte le no 20M, ne pourra pas être présent aujourd'hui. Nous
ferons des consultations avec lui à savoir s'il veut être entendu.
Si oui, on le prévoira une autre date; sinon, on fera comme je vais vous
le suggérer dans deux minutes, on fera déposer son mémoire
et on le fera publier au journal des Débats, si tel était le cas.
Si, par contre, il veut être entendu, il n'y a aucune espèce de
problème, M. le Président, on trouvera une nouvelle date qui sera
acceptable.
M. Grenier: Avez-vous parlé de Décision Canada?
M. Burns: Je parle de Participation Québec.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grenier: Vous parlez de Décision Canada et de
Participation Québec?
M. Burns: Je parle de Participation Québec, le
mémoire no 20M.
M. Grenier: D'accord.
M. Burns: M. le Président, je profite également de
l'occasion pour vous mentionner que mon cabinet a été
avisé, par deux groupes, les Fils du Québec, mémoire 3M,
et Ici Québec, mémoire 5M, qu'ils seraient satisfaits que leur
mémoire soit dé- posé, sans que cela nécessite leur
intervention en commission parlementaire. Je m'excuse auprès des gens,
j'ai entendu quelqu'un qui disait: On ne comprend rien. Il faut comprendre
qu'il y a des travaux qui se font dans la cour actuellement. C'est aussi
embêtant pour nous que pour les personnes qui sont ici, on s'en excuse,
ce sont des travaux nécessaires au bon maintien de l'état des
bâtisses parlementaires. Je vais essayer de me tenir près de mon
micro, monsieur.
Relativement, M. le Président, à ces deux groupes, les
Fils du Québec, mémoire 3M, qui devait être
présenté en commission parlementaire par M. Raymond Barbeau, et
Ici Québec, mémoire 5M, qui devait être
présenté par M. Marcel Chaput, je tiens quand même à
souligner à leur décharge qu'ils étaient ici le jour
où nous les avions invités à venir. Malheureusement, on
n'a pas pu les entendre à ce moment, ils ont été d'une
patience extrême, ils ont passé la journée avec nous, sauf
qu'il est arrivé l'heure normale de l'ajournement de nos travaux et ils
ont dû quitter. Depuis ce temps, il nous ont dit: Ecoutez, il n'est pas
possible pour nous de retourner, on avait prévu qu'on nous entendrait
cette journée-là. M. le Président, je ferai donc motion
pour que ces deux mémoires, 3M et 5M, soient déposés et
que leur publication soit faite au journal des Débats, un peu comme on
l'a fait d'ailleurs pour les autres mémoires, comme celui du Montreal
Board of Trade, qui nous avait informés dans le même sens. Je
pense que cela ne devrait pas poser de problème de déposer ces
mémoires et de les publier au journal des Débats.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que cette motion du ministre d'Etat est adoptée, pour que les
mémoires 3M et 5M soient reproduits intégralement au journal des
Débats? M. le leader de l'Opposition?
M. Lavoie: Adopté. M. Grenier: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Motion
adoptée. (Voir annexes).
J'inviterais maintenant le Comité d'action positive et ses
représentants à venir se présenter à la table pour
lire leur mémoire, s'il vous plaît.
M. Lavoie: M. le Président, j'aurais tout d'abord une
question à poser au leader du gouvernement. Nous trouvons un peu anormal
qu'aujourd'hui, il y ait eu... vous avez donné une explication l'autre
jour que j'aimerais vous entendre répéter. Certains organismes,
entre autres, ont été invités et on leur a consacré
au-delà d'une journée. Ainsi, au Barreau, au MNQ, Mouvement
national des Québécois, on a accordé plus d'une
journée. Aujourd'hui, vous avez bloqué dans la même
journée, au début, quatre organismes. Ne trouvez-vous pas que
ça peut amener certaines per-
sonnes qui ont eu l'expérience des commissions parlementaires,
à dire: Ecoutez, on n'est pas intéressé à venir,
attendre des heures et des heures sans être sûrs d'être
entendus. Cela les décourage peut-être de venir devant la
commission.
On sait qu'aujourd'hui, même dans les meilleures conditions, on
dispose d'environ six heures ou six heures et demie pour entendre quatre
organismes; ça fait une moyenne d'à peu près une heure et
demie pour chacun.
M. Burns: Trois, ça fait à peu près une
moyenne de...
M. Lavoie: En avez-vous découragé un, ou quoi? il y
en a un qui...
M. Burns: Pas du tout. Je vous signale que, mardi prochain, le 15
novembre, quatre organismes seront invités. Nous avons pensé
qu'un certain nombre de personnes, par leur mémoire, avaient beaucoup de
choses en commun à nous dire et ça peut peut-être
éviter... c'est peut-être nous qui devons nous discipliner. Je ne
vois pas pourquoi je poserais la même question aux quatre groupes qui
viennent aujourd'hui, ou plutôt, les trois groupes maintenant.
Il y a aussi le phénomène suivant. Au début d'une
commission parlementaire qui entend des mémoires, il y a toutes sortes
de problèmes, de procédure, d'intervention de la part du
ministre, de la part de l'Opposition officielle, de la part des autres partis,
sur des bases différentes, par rapport à ce qu'on appelle le
rythme de croisière d'une commission. Dans ce sens, au début,
nous avions invité le Barreau seul, une journée, parce qu'on
savait que c'était le début des travaux de la commission. On
savait également que le ministre avait une déclaration
préliminaire a faire, que le représentant de l'Opposition
officielle, le représentant de l'Union Nationale et possiblement
ce n'est pas arrivé des représentants d'autres partis
représentés à l'Assemblée nationale pouvaient
peut-être avoir des représentations à faire.
Effectivement, je pense qu'on ne s'est pas trompé, parce qu'on a
pris toute la matinée pour ces déclarations. Finalement, le
Barreau, qui nous avait d'ailleurs indiqué que, le matin, il
témoignait à une autre commission parlementaire, a pris le reste
de la journée pour discuter, et entre-temps, s'ajustait ce début
de rythme de croisière. C'est dans ce sens qu'on l'a fait. Maintenant,
je pense que ce rythme de croisière est adopté et il est normal
que dans une séance, d'après l'expérience des gens du
secrétariat des commissions, on puisse au moins entendre quatre
mémoires dans une journée normale comme aujourd'hui.
C'est-à-dire une séance le matin, une séance
l'après-midi et une séance le soir.
M. Lavoie: Je suis tout à fait surpris si on
réussit à entendre les quatre mémoires aujourd'hui et
surtout qu'on n'est pas...
M. Burns: Moi, cela ne me surprendrait pas.
M. Lavoie: ... dans une situation où il y avait une
quantité innombrable ou importante de mémoires, nous avions
à peine 20 ou 25 mémoires à entendre. On aurait dû
prendre le temps voulu pour les entendre.
M. Burns: On va prendre le temps, il n'y a pas de doute, il ne
s'agit de bousculer personne, mais il s'agit aussi d'être le plus
efficace possible. Ecoutez, je ne fais que suivre les recommandations de
l'Opposition qui me demande constamment de présenter le plus vite
possible mon projet de loi, alors il va falloir que les travaux de la
commission soient terminés le plus rapidement possible, si je veux
présenter un projet de loi.
M. Mackasey: Si vous promettez de présenter un projet de
loi demain, on va cesser toutes les...
M. Burns: Ah non! Je vais m'opposer au nom des gens qui veulent
se faire entendre en commission.
M. Lavoie: Pour les fins du journal des Débats, non
seulement sortez votre loi vite, mais tenez-le vite, le
référendum, également. D'accord?
M. Burns: On ne bousculera personne. On va y aller doucement, on
va y aller calmement et on va prendre cela, étape par étape.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
J'inviterais maintenant le Comité d'action positive et ses
représentants à nous présenter leur mémoire. Au
préalable, j'aimerais lire la directive que je lis depuis le
début. "La commission, parce que ce n'est pas son mandat, ne doit pas
devenir, ni pour les membres ni pour les témoins, un forum pour les
tenants ou les opposants de thèse devant éventuellement faire
l'objet d'un référendum au Québec. "Nonobstant ce principe
fondamental qui devra être respecté, il est évident qu'il
serait contraire aux règles élémentaires du
parlementarisme de tenter d'interdire toute intervention qui s'appuierait sur
des exemples concrets pour illustrer une opinion sur les consultations
populaires. "En cas de doute comme je l'ai déjà dit
il faut pencher pour une plus grande liberté plutôt que pour la
contrainte. Je me réserve néanmoins le droit d'interrompre tout
opinant cherchant à faire de la présente commission une tribune
pour faire valoir une thèse plutôt qu'une autre ayant trait
à une question qui ne relève pas directement du mandat de la
commission."
Je demanderais au porte-parole du groupe de bien vouloir se
présenter et de présenter éventuellement ceux qui
l'accompagnent.
Comité d'action positive
M. McCall (Storrs): Merci, M. le Président. Je m'appelle
Storrs McCall, du Comité d'action positive. M. Casper Bloom, mon
collègue, m'accompagne.
Je prends note de vos observations sur les illustrations, mais notre
mémoire a été écrit avant que nous ne sachions les
règles du jeu. Inévitablement, nous aurons des exemples, des
illustrations.
Le Comité d'action positive veut souligner qu'il accueille
favorablement l'initiative qu'a prise le gouvernement d'élargir et de
développer les moyens de consulter la population au Québec. Nous
disons cela tout en nous rappelant que le système de gouvernement actuel
auquel nous sommes habitués au Québec, c'est le système
parlementaire. Cela n'empêche pas, cependant, que la méthode de
consultation par référendum serve comme mécanisme
additionnel et important, dans le cadre du système parlementaire.
C'est dans cet esprit que nous recevons les propositions du livre blanc
du gouvernement. Si l'on propose un système de consultation par
référendum ou par plébiscite, la chose la plus importante
est que le système proposé soit basé sur les principes de
justice, d'honnêteté et de "fair play".
A cet égard, nous aurons plus tard quelque chose à dire
sur l'organisation de la campagne référendaire, sur les moyens
d'assurer à chaque individu le droit d'être entendu, s'il veut
parler sur l'un ou l'autre des aspects de la question.
Pour nous, le Comité d'action positive, le problème le
plus difficile, le plus important à résoudre, c'est le
problème de la formulation de la question du référendum.
Ce n'est pas pour rien qu'on dit: Celui qui contrôle la question
contrôle la réponse. C'est pour cette raison que nous voulons
examiner soigneusement quelques critères de justice et
d'équité qui devraient se rattacher à la formulation de la
question référendaire.
Pour commencer, il est évident que la question doit être
claire et sans ambiguïté. Une question qui est formulée de
telle façon qu'une partie de la population la prend dans un sens, tandis
qu'une autre partie la prend pour quelque chose d'autre, quelque chose de
différent, est évidemment tout à fait contraire aux
principes de justice et d'honnêteté.
Deuxièmement, la question doit être formulée de
façon que le résultat du référendum donne une
représentation fidèle de l'opinion publique sur le
problème principal qui justifie la mise en jeu du
référendum. Ceci est un peu compliqué, il faut que je
m'explique un peu.
Comme illustration, prenons un exemple qui nous intéresse,
l'exemple du référendum sur l'indépendance au
Québec. Supposons que la question posée soit la suivante
Je donne simplement cela comme illustration, M. le Président:
Autorisez-vous le gouvernement du Québec à négocier avec
le gouvernement fédéral et les autres provinces la
souveraineté politique du Québec assortie d'une association
économique avec le reste du Canada? C'est la question.
Dans ce cas, le résultat, quel qu'il soit, ne donne pas une
représentation fidèle de l'opinion publique sur
l'indépendance, c'est-à-dire sur le problème principal qui
justifie la mise en jeu du référendum.
Pourquoi? Parce que quelqu'un peut voter "oui" à la question que
je viens de lire, sans même penser que la souveraineté-association
desservirait les meilleurs intérêts du Québec. Cela peut
arriver s'il se dit: Les autres provinces n'accepteront jamais la
souveraineté-association. Qu'est-ce qu'on a à perdre dans les
négociations?
Peut-être, en demandant la souveraineté-association, nous
gagnerons des concessions intéressantes du gouvernement
fédéral. Pour cette raison, la réponse publique à
la question mentionnée plus haut ne donnerait pas une mesure
fidèle de l'opinion publique sur l'indépendance,
c'est-à-dire sur le problème qui est la raison d'être
même du référendum.
La troisième condition qu'on demande à la formulation de
la question est la condition que les options présentées au public
soient des options réelles, c'est-à-dire que les options soient
capables d'être réalisées par le peuple
québécois et que le processus de consultation par le
référendum ne soit pas un exercice académique ni un simple
sondage d'opinions, mais une vraie consultation dans le but de choisir une des
alternatives présentées. Ceci demande évidemment qu'il
n'existe aucun obstacle à la réalisation de l'une ou de l'autre
de ces alternatives.
Je vais citer un exemple: Supposons que nous avons un
référendum qui demande au peuple québécois s'il
veut avoir du soleil et du beau temps pendant toute l'année. Oui ou non?
Dans ce cas, entre parenthèses, tout le monde peut-être voterait
"oui". Un tel référendum, cependant, serait tout au plus un
sondage d'opinions et non pas une vraie consultation. La raison est que les
options présentées ne sont pas réelles, dans le sens que
la réalisation ne relève pas du pouvoir du peuple ni du
gouvernement. Dans le cas où la science nous donnait les moyens de
contrôler le climat, serait-il possible d'avoir un vrai
référendum sur la question du beau ou du mauvais temps? Dans ce
cas, entre parenthèses, la majorité du peuple voterait
peut-être pour du beau temps et, les cultivateurs, pour un mélange
de beau et de mauvais temps.
Un autre exemple: Supposons que l'on demande aux électeurs de
faire un choix parmi les options suivantes sur l'avenir politique du
Québec: 1) Rester au sein de la Confédération; 2) La
souveraineté-association. Dans ce cas, puisque l'association
économique demande que les autres provinces soient d'accord et puisque
cet accord reste fort douteux, la deuxième option n'est pas
réelle, c'est-à-dire que les Québécois, à
eux seuls, ne peuvent pas la réaliser. Pour cette raison, un
référendum qui présente les alternatives
mentionnées ne peut pas être une vraie consultation ou un vrai
choix, mais reste simplement au niveau d'un sondage académique de
préférence.
Notons, entre parenthèses, que nous pourrons convertir les
alternatives ci-dessus à un vrai choix, en changeant la deuxième,
la souveraineté-association à l'option d'autoriser le
gouvernement à essayer de négocier la
souveraineté-association, ce qui nous rapporte au premier critère
de justice.
Quatrièmement, un référendum juste et
équi-
table ne devrait pas admettre des ambiguïtés dans
l'interprétation des résultats. Ceci demande, comme nous allons
voir, qu'il n'y ait que deux options dans la formulation de la question.
Si, par contre, nous en avons trois ou quatre, alors, cela permet un bon
nombre de jeux politiques qu'on peut jouer en interprétant les
résultats. Comme illustration, prenons un cas hypothétique dans
lequel on nous demande de choisir, parmi trois options, A, B et C. Supposons
que le vote est le suivant: A, 37%; B, 32%; C, 31%. Dans ce cas, même
s'ils n'ont pas une majorité absolue, les adhérents à
l'option A pourront bien dire: Nous avons gagné. Pour illustrer, si A
est la souveraineté-association et B et C sont des variations sur la
confédération, alors, les indépendantistes peuvent
réclamer une victoire.
Il y a aussi d'autres jeux. Imaginons que nous avons le résultat
suivant: D, 20%; E, 31%; F, 49%. Les adhérents de D et E pourront dire
qu'ils ont remporté la victoire parce que la somme de leurs chiffres est
de 51%, même si l'option F attire le plus grand nombre de votes. Pour
l'illustrer, D pourrait être l'indépendance sans condition, et E
la souveraineté-association, tandis que F serait le statu quo. Dans ce
cas, les gens qui veulent la réforme constitutionnelle n'ont pas
d'option. Un assez bon nombre d'entre eux peuvent voter pour l'option E avec
les conséquences que la somme de D et de E dépasse 50%.
Pour toutes ces raisons, c'est-à-dire pour avoir un
résultat clair et net, sans la possibilité de diverses
interprétations, il nous faut un maximum de deux options et une simple
réponse de oui ou non.
Cinquièmement, il est évident que par souci
d'honnêteté et d'impartialité, il faut éviter, dans
la formulation de la question, des termes qui sont tendancieux ou qui
évoquent les préjugés du public. En anglais, il faut
éviter la "loaded terminology". Je donne un exemple: Le terme statu quo
est presque devenu un terme d'abus au Québec en 1977, un terme qu'on
applique à une politique d'immobilisme, de peur de faire face à
l'avenir. Ainsi, il faut l'éviter dans la formulation de tout
référendum qui veut être équitable et juste.
Pour résumer, monsieur, nous avons construit une liste de cinq
critères de principes de justice et d'équité auxquels la
formulation de la question de tout référendum doit satisfaire, si
elle suit les règles du fair play. Ces cinq critères sont: 1-que
les termes de la question soient clairs et sans ambiguïté; 2-que la
question conduise à une mesure fidèle de l'opinion publique sur
la question de base qui justifie la mise en jeu du référendum;
3-que les options présentées soient réelles et capables
d'être réalisées par le peuple et le gouvernement du
Québec. Si ce critère n'est pas satisfait, le
référendum ne constitue pas un vrai choix, mais simplement une
espèce de sondage public. 4- que le référendum ne
présente pas plus de deux options et n'admette pas autre chose qu'une
simple réponse, oui ou non; 5- qu'on évite l'emploi de "loaded
terminology".
En raison des nombreux pièges qu'il faudra éviter dans la
rédaction de la question référendaire et par souci
d'impartialité et d'honnêteté, un critère naturel
semble être le suivant: II consiste à permettre au grand public
d'apporter sa contribution au processus législatif qui aboutira à
la rédaction de la question. On pourrait obtenir cette contribution en
invitant les citoyens à présenter des mémoires à
une commission parlementaire chargée d'étudier cette
rédaction et en accordant un délai suffisant pour l'étude
de ces mémoires. Ou, encore, si l'opposition est mécontente de la
formulation de la question par le gouvernement, pourquoi ne pas lui accorder la
possibilité de rédiger sa propre question et l'inclure dans le
bulletin de vote? En permettant l'inclusion d'une alternative qui pourrait
éclairer le débat, une telle option respecterait parfaitement
l'esprit démocratique, l'ouverture du gouvernement et le souci du "fair
play".
Dans tout débat référendaire qui respecte les
principes démocratiques, chaque citoyen ou chaque groupe
intéressé devrait avoir le droit d'exprimer son point de vue
librement, sans crainte et sans entrave. Malheureusement, les comités
nationaux envisagés par le gouvernement, soit un comité pour
chaque option offerte au public, sont constitués de telle sorte et
dotés de tels pouvoirs dans le domaine des dépenses et des
stratégies électorales qu'ils violent les droits individuels de
liberté d'association et de liberté d'expression. Lors du
référendum de 1975, en Grande-Bretagne, il fut créé
des comités avec le seul but de répartir les subventions du
gouvernement. Ces subventions étaient accordées pour assurer une
publicité suffisante aux deux options. Les comités n'avaient
absolument pas comme but d'exclure du débat les participants non
autorisés, ni de limiter la publicité pour ou contre la question
posée. Nous recommandons donc fortement que, lors de tout
référendum tenu au Québec, on ne permette pas aux
comités éventuels d'imposer des restrictions de ce genre.
Le livre blanc envisage la création de comités provisoires
formés de membres de l'Assemblée nationale, c'est-à-dire
un comité par option. Ces comités seraient mis sur pied dans les
trois jours de l'émission du bref référendaire. Le moyen
de se faire membre de ces comités serait de s'inscrire simplement dans
les délais fixés.
Le livre blanc passe toutefois sous silence la possibilité
effarante qu'un membre de l'Assemblée nationale favorable à la
séparation s'inscrive au comité antiséparation. Selon le
nombre de ses membres, il est même concevable qu'un seul parti puisse
dominer les deux comités, c'est-à-dire le comité favorable
à la séparation aussi bien que le comité opposé
à la séparation. Comme on a donné à ces
comités provisoires le mandat de, et je cite, "déterminer les
structures citation du livre blanc et la composition du
comité national qui dirigera cette organisation pendant la campagne
référendaire", un tel état de chose transformerait le
débat sur le référendum en véritable
comédie.
Même si la majorité s'abstenait de dominer la
minorité, elle pourrait fort bien placer un seul membre au sein du
comité adverse et serait ainsi parfaitement renseignée sur les
plans de l'Opposition.
Pour terminer, M. le Président, nous nous permettrons d'ajouter
que nous avons pris connaissance des mémoires qui doivent être
présentés à la commission par le Conseil pour
l'unité canadienne, Québec Canada, Décision Canada et
Participation Québec.
Nous avons trouvé, dans ces documents, bon nombre d'excellentes
idées que nous tenons à appuyer, sans les reproduire en
détail.
Mr Chairman, in conclusion, I would like to quote one or two lines of
poetry which I came across the other day and which I think are particularly
appropriate to the present occasion. I noticed these lines while walking across
Dominion Square in Montreal. They are attached to the base of a statue of a
famous poet of the 19th Century. His name is Robbie Burns. Were he to be alive
today in Quebec, perhaps we would call him Robert Burns.
M. Burns: Why not?
M. McCall: The lines on his memorial are I quote
:"lt's common yet for a that, that, man to man, the world o'er shall frith ers
be for a that."
Thank you, Mr Chairman.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci
beaucoup.
M. McCall: Je vais passer la parole maintenant à mon
collègue, M. Bloom, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Bloom.
M. Bloom: J'aimerais ajouter quelques remarques à ce qui a
été dit par M. McCall. D'abord, sur la question que nous avons
traitée au tout début de notre mémoire au sujet de
l'opportunité pour le gouvernement d'introduire le système de la
consultation populaire du Québec.
Il y avait déjà des remarques faites, même dans le
livre blanc, par M. Burns, à savoir que le système ne cadre
peut-être pas bien ou tout à fait avec le système
parlementaire, mais que, par contre, c'est un système qui peut quand
même fonctionner.
Il y a des exemples dans le reste du monde où il y a un
système parlementaire, comme l'exemple qu'on trouve dans le livre blanc
de la Grande-Bretagne qui, en 1975 a tenu un référendum sur le
Marché commum. Malgré le système parlementaire qui existe
en ce pays, il a pu quand même introduire un système de
référendum.
La seule inquiétude de notre groupe à ce sujet, ce n'est
pas qu'un système de référendum ne peut pas cadrer avec le
système parlementaire, c'est plutôt au sujet de la
fréquence qu'a peut-être le gouvernement d'avoir recours à
ce moyen.
D'après le livre blanc, on parle d'abord d'un système
d'initiatives gouvernementales qui pourrait être suivi d'un
système d'initiatives de la population du Québec.
Cela nous donne l'impression, sans avoir les faits devant nous, que
peut-être ce gouvernement a l'intention d'avoir recours à ce
système assez fréquemment, ce qui, selon ce que notre groupe,
Action positive, pense et moi aussi, serait une anomalie.
Le système parlementaire de gouvernement responsable, même
si le recours au référendum peut fonctionner de temps à
autre, ne permet pas au gouvernement ou à un gouvernement, peu importe
le gouvernement, de faire appel à ce système de consultation de
la population plutôt que de prendre ses responsabilités et d'agir
comme un gouvernement ou un parti qui a été élu par la
population en général.
Je pense qu'il y a certaines occasions où le recours au
système du référendum a sa place. Par exemple, je pense
que le recours au référendum auquel tout le monde songe ici, la
question de l'avenir du Québec, c'est tout à fait
légitime.
C'est que, dans le programme du Parti québécois,
l'année passée, la question de l'avenir du Québec faisait
partie intégrale du programme du Parti québécois. Lorsque
la population a élu ce gouvernement, elle savait donc déjà
à quoi s'en tenir, elle savait déjà qu'une question de
référendum ou un référendum sur cette question de
l'avenir du Québec viendrait à un moment donné. Il y a
peut-être d'autres cas qu'on pourrait trouver qui sont aussi assez
communément discutés comme, par exemple, la fluoration de l'eau,
la peine de mort, l'avortement. Ce sont des sujets qui pourraient être
soumis à la population pour qu'elle en décide plutôt que le
gouvernement, prenant sa responsabilité, soumette un projet de loi sans
avoir consulté le public. Dans notre système de gouvernement
responsable, lorsqu'un gouvernement est élu, il est élu avec un
certain programme et c'est ce programme qu'il a promis à la population
de réaliser. Si tel n'était pas le cas, lors de son
élection, il aurait dû dire à ce moment-là que
telle, telle et telle question seraient éventuellement soumises à
un référendum, mais, une fois qu'un parti est élu en vertu
d'un programme politique, c'est ce programme politique que la population, en
général, veut lui voir remplir.
Tout cela pour dire qu'en principe, M. le Président, on appuie
l'initiative prise par le gouvernement, mais on a cependant certaines
inquiétudes au sujet de la fréquence d'utilisation de ce moyen
dans l'avenir.
Il y a un deuxième sujet, M. le Président, que j'aimerais
commenter il s'agit de quelques remarques que le ministre a faites dans le
livre blanc, à la page 7 du petit fascicule que j'ai ici devant moi, sur
la question de la majorité requise ou du taux nécessaire de
participation. On nous dit, dans le livre blanc, que ce n'est pas du tout
nécessaire, parce que ce n'est qu'un référendum ou une loi
consultative plutôt que législative. Je ne trouve pas que cette
explication soit valable, M. le Prési-
dent, surtout sur des questions qui ont une importance fondamentale pour
la population du Québec, et il ne peut pas être question de ne pas
établir un taux de participation, pour traiter ce point-là.
Prenons, par exemple, un référendum sur l'avenir du
Québec. Disons, pour continuer le scénario, que c'est une
journée où il y a une grosse tempête de neige. Les gens ne
sont pas tellement intéressés à sortir. On n'a que 50% de
la population qui se prononce sur cette question. Est-ce que les
résultats, quels qu'ils soient, sont valables pour que le gouvernement,
par la suite, légifère à partir de la décision de
la population telle qu'elle s'est exprimée? Ma réponse est
évidemment non. Ce n'est qu'un exemple que je vous donne, il est
nécessaire d'après moi, d'après notre comité, de
fixer un taux minimum de participation qui peut être établi dans
la loi dite cadre, ou, par contre, dans les lois spéciales, que vous
aurez à faire et à soumettre, chaque fois que vous aurez recours
à ce système de référendum.
Quant au deuxième sujet traité à la page 7, la
question de majorité requise, on dit également que ce n'est pas
nécessaire de fixer une majorité pour que le gouvernement, par la
suite, prenne action ou donne suite au résultat du
référendum. Encore ici, je ne suis pas d'accord avec cet
énoncé. Il peut y avoir des questions, comme je l'ai
mentionné tantôt, qu'on trouverait peut-être de moindre
importance, comme, par exemple, lafluo-ration de l'eau ou l'avortement; pour
certains, ce sont peut-être des questions très importantes; pour
moi, ce sont des questions moins importantes que l'avenir du Québec. Si
on touche au sujet sans vous dire nécessairement qu'une question est
plus importante que l'autre, si une question est importante et qu'on
décide de recourir à ce moyen d'expression et de dépenser
les millions de dollars qui sont impliqués dans un
référendum, je pense que la question devrait être une
question importante; si on le fait, il faut qu'on décide à
l'avance de la majorité requise pour que le gouvernement puisse agir par
après et y donner suite.
J'aimerais suggérer à la commission que, sur une question
qui touche la constitution, à toute question constitutionnelle, on
devrait avoir une majorité des deux tiers. Je vous avoue, messieurs, que
c'est un chiffre tout à fait arbitraire. Je ne suis pas marié non
plus à ce chiffre, vous êtes libres de choisir un autre chiffre,
mais ie suis convaincu que ce chiffre devrait être au-delà de 50%
plus un, qui devrait être le pourcentage requis pour une question
ordinaire, et, par ordinaire, je veux dire une question qui ne touche pas
à la constitution. Si on fait appel au système américain
et je n'y ai pas regardé, je dois vous l'avouer, de façon
précise mais si je me rappelle bien le système américain,
les amendements constitutionnels exigent d'abord les deux tiers des voix des
deux Chambres ou les deux tiers des voix des Etats pour pouvoir proposer
l'amendement et, par la suite, que ce soit ratifié par les trois quarts
des Etats. On a donc les chiffres de deux tiers et de trois quarts. C'est
peut-être de là que je retiens inconsciemment, les deux tiers; de
toute façon, il faut un chiffre autre que 50% plus un pour des questions
qui touchent à la constitution.
J'aborde un troisième sujet, M. le Président. Comme j'ai
compris votre livre blanc, il s'agit de deux étapes, c'est-à-dire
que le livre blanc parle uniquement d'une loi-cadre et, par la suite, vous avez
l'intention, à chaque référendum, de faire appel à
une loi spéciale, si je comprends bien le système
énoncé ici par le livre blanc.
M. Burns: Non, ce n'est pas cela. M. Bloom: Je comprends
mal?
M. Burns: C'est cela... continuez quand même.
M. Bloom: D'accord, je vais continuer, peut-être que j'ai
des idées à vous soumettre qui pourraient être
intéressantes quand même.
Je ne suis pas contre une loi-cadre. Lorsque je parle de loi-cadre, je
parle d'une loi sur les référendums en général,
c'est-à-dire une loi qui va couvrir tous les référendums,
qui va être adoptée immédiatement, ou dans l'année
qui vient et, par la suite, pour chaque référendum
spécifique, il va y avoir une autre loi ou, peut-être que je me
trompe, par résolution vous avez l'intention d'introduire un
référendum spécifique.
M. Burns: La question et les modalités de tel et tel
référendum.
M. Bloom: Là où je me suis trompé, c'est en
l'appelant une loi, c'est une résolution.
M. Burns: D'accord, là on s'entend, il n'y a pas de
problème.
M. Bloom: Mais, de toute façon, je veux m'arrêter
sur la question des deux étapes. Je ne suis pas contre votre idée
d'avoir une loi sur les référendums en général,
pour être suivie, dans chaque cas, par une loi ou une résolution
peu importe spéciale. La seule réserve que
j'ajouterais, c'est ce que j'ai dit au tout début de mes remarques
concernant la fréquence à laquelle le gouvernement ferait appel
à ce moyen en adoptant une loi-cadre, c'est évident aussi, c'est
une autre indication que le gouvernement a l'intention, peut-être, de
faire appel assez souvent à ce moyen. Là je ne suis plus d'accord
avec le gouvernement. J'ai déjà touché à ce sujet,
je ne reviendrai pas là-dessus.
Un quatrième sujet que j'aimerais aborder maintenant, M. le
Président, c'est peut-être le plus important je ne suis pas
le seul, on l'a déjà dit dans notre mémoire, mais
j'aimerais faire comprendre, aux membres de la commission, l'importance, dans
notre esprit c'est celui qui traite de la manière de regrouper
les forces adverses. Je pense et je crois sincèrement qu'on a ici une
entrave véritable à la liberté d'expression et à la
liberté d'association. Nous retrouvons là deux libertés
qui sont spécifiquement énoncées Dar la
Charte des droits et libertés de la personne, que j'ai ici, avec
moi, non seulement ces deux libertés sont énoncées dans
cette charte, mais ce sont deux parmi six. Regardons l'article 3 de la Loi 50,
la charte, je cite: "Toute personne est titulaire des libertés
fondamentales, telles: la liberté de conscience, la liberté de
religion, la liberté d'opinion, la liberté d'expression, la
liberté de réunion publique et la liberté d'association".
Donc, le gouvernement, dans le temps, qui était appuyé, je pense,
par tout le monde, a adopté c'est la population en
général, c'est le Québec cette charte qui
énonce six libertés, dont deux, nous le voyons ici, sont en train
d'être violées et violées de façon flagrante.
Peut-être vais-je un peu trop loin, mais connaissant un peu le
ministre, M. Burns, je ne crois pas que c'était son intention; c'est
l'interprétation que je donne au livre blanc, ce n'est pas un projet de
loi, ce n'est pas une loi, on le sait tous. En disant ce que je viens de dire,
il se peut bien que je sois allé trop loin, que ce ne soit pas du tout
son intention. On le verra au moment où le projet de loi sera soumis au
Parlement. Mais, c'est peut-être tout simplement sous forme
d'avertissement que j'ajoute que, en préparant le projet de loi, je
préviens très respectueusement le gouvernement que c'est une
question qui devrait tout d'abord avoir toute leur attention et même
beaucoup plus que cela.
Je pense que M. Burns me comprend bien. Il a beaucoup plus de
facilité de parole que moi, j'ai un peu de difficulté à
m'exprimer comme il faut, mais...
M. Burns: Cela va très bien, on vous écoute.
M. Bloom: ... j'aimerais que ce point soit retenu parce que,
d'après moi, c'est le point fondamental de ce livre blanc et on ne devra
laisser aucune équivoque lorsque le projet de loi sera
préparé dans une forme qui pourra être soumise au
Parlement.
Sur ces remarques, M. le Président, je vous remercie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
messieurs, je cède la parole au ministre.
M. Burns: M. McCall, M. Bloom, je vous remercie de votre
exposé, que je trouve très intéressant, qui
représente un point de vue et, selon les directives de la
présidence, je me restreindrai aux principes généraux de
votre mémoire beaucoup plus qu'à la question d'un
référendum particulier, ceci, selon les directives que la
présidence nous a données.
M. Lavoie: M. le Président, est-ce qu'on peut donner notre
consentement unanime à M. Burns pour qu'il parle de l'exemple
traité actuellement devant cette commission?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lavoie: Parlez donc de la question constitutionnelle.
M. Burns: Certainement, je vais parler de l'exemple et je vais
aller...
M. Lavoie: C'est cela que les gens veulent entendre.
M. Burns: Oui, mais ils sont pressés et nous, on veut y
aller étape par étape.
M. Mackasey: C'est vous qui avez mis une limite à la
discussion.
M. Burns: Nous, on n'a pas l'intention de bousculer la
population, voyez-vous, c'est ça l'affaire.
M. Mackasey: Vous ne le ferez pas de toute façon.
M. Burns: Je dis donc, M. le Président, que je remercie M.
McCall et M. Bloom, si on me permet de les remercier cela ne vous fait
rien, si je les remercie?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lavoie: Soyez donc sérieux, M. Burns.
M. Burns: Oui, mais soyez sérieux un peu plus souvent et
on va l'être un peu plus.
M. Mackasey: We should be quoting from "Alice in Wonderland", not
from Robbie Burns.
M. Burns: Je veux tout simplement soulever un certain nombre de
questions. Tout d'abord, je prends bonne note du fait que vous êtes
favorables, du moins, M. Bloom vient de le mentionner et cela apparaît
assez clairement dans votre mémoire, vous n'êtes pas contre le
principe même du recours à des référendums ou
à une loi-cadre des référendums. Là-dessus, je
partage entièrement votre opinion parce que, justement, l'intention qui
rejoint et qui rejoindra un peu plus loin un certain nombre de vos
commentaires, l'opinion du gouvernement, est justement de ne pas tenter de
poser des règles du jeu différentes selon les
référendums ou selon un référendum en particulier.
Je pense que c'est un minimum de crédibilité que n'importe quel
gouvernement doit maintenir devant l'opinion publique. Là-dessus, je
rejoins cela va peut-être vous surprendre ou peut-être pas
quatre des cinq conditions que vous avez soulevées, M. McCall,
selon lesquelles, pour qu'un référendum soit fait en toute
justice, il faut que les termes en soient clairs, que les mesures soient
très fidèles à la situation qui existe à ce
moment...
M. McCall: Que les résultats soient un reflet
fidèle de l'opinion publique.
M. Burns: Exactement. Que ce soit une option réelle et non
pas fictive et que, dans vos termes, il n'y ait pas de "loaded terminology", je
présume que vous voulez dire: Pas de question piégée.
Est-ce que je vous traduis bien en disant...
M. McCall: Oui, enfin pas de terminologie qui appelle les
préjugés du public.
M. Burns: Exactement. D'accord. La seule condition avec laquelle
je ne peux pas, d'avance, prendre un engagement au nom du gouvernement, c'est
votre quatrième condition, qu'il n'y ait pas plus que deux options, et
cela pour une raison bien simple, c'est que, actuellement, la question ou les
questions ne sont pas déterminées. C'est ce pourquoi je me
restreindrai et n'entrerai pas dans les détails de ces choses. Je ne
suis pas en mesure, au nom du gouvernement, de vous dire qu'il va y avoir une
question à laquelle il va y avoir une réponse, oui ou non, ou
qu'il y aura trois ou quatre questions et qu'on pourra choisir, selon des
options individuelles, par un X, et c'est pourquoi je ne peux pas...
C'est la seule condition que vous nous posez à laquelle je ne
peux pas, d'avance, me soumettre. Mais quant au reste, je tiens à vous
assurer que la question ou les questions devront être bien claires de
sorte qu'on puisse avoir une opinion véritable de la population. Je ne
peux que surenchérir sur vos suggestions à ce sujet.
Quant aux points qui ont été soulevés par M. Bloom,
il y a quelques cas qui méritent qu'on s'y arrête. D'abord, M.
Bloom voit dans l'utilisation d'une loi-cadre et je ne suis pas certain
de partager son opinion une utilisation, je dirais, prodigue ou
générale et répétée, du
référendum. Pour qu'on ait recours au référendum,
M. Bloom, je pense bien qu'il faut une question qui vaille la peine
d'être soumise à la population, autrement il n'y aura personne qui
va venir s'inscrire. Si on demande par exemple... Tout à l'heure je vous
entendais faire certaines suggestions un peu farfelues
délibérément farfelues pour illustrer votre point
de vue je pense que c'est M. McCall qui parlait je pensais,
pendant que vous disiez: Si jamais on avait un référendum pour ou
contre l'amendement de la loi de la gravité, je suis convaincu qu'il n'y
a pas grand monde qui viendrait voter. C'est bien sûr. D'autre part, cela
coûterait aussi cher à l'administration en place pour tenir ce
référendum. Il est bien sûr qu'un gouvernement va y penser
deux fois avant de tenir un référendum ou d'en tenir pour des
sujets farfelus qui n'intéressent pas du tout la population, ou encore,
pour des sujets qui sont tellement techniques qu'on est à peu
près certain de ne pas avoir une véritable consultation, parce
que cela revient à un certain nombre de spécialistes d'y
recourir.
Je pense bien que je puis vous dire que ce n'est pas du tout dans
l'intention du gouvernement actuel et, je présume, de n'importe quel
autre gouvernement qui pourrait nous succéder, d'avoir un recours abusif
aux référendums, à cause des coûts que cela comporte
c'est dans le fond presque ia tenue d'une élection et avec
tout l'appareil, toute la dépense que cela comporte et la mise en
activité d'un certain nombre d'énergies. Là-dessus, je
tiens à vous rassurer qu'il ne m'apparaît pas que, même si
on a une loi-cadre, on aurait un recours abusif à des
référendums.
Quant au taux de participation que vous avez soulevé, M. Bloom,
je ne crois pas que nous ayons une tradition, en système parlementaire
ou électoral québécois, pas plus que dans le
système électoral et parlementaire britannique, de vote
obligatoire. Dans le fond, si je suis la logique à moins que je
ne me trompe, si jamais je me trompe, je vous prie de me corriger de
votre argumentation là-dessus, on est face au dilemme suivant: Ou bien,
comme vous le dites, on exige un minimum de participation et on se retrouve,
dans le cas de participation restreinte ou inférieure à une
certaine norme, avec une consultation qui est absolument inutile, ou encore,
pour corriger la situation, on impose la participation obligatoire. C'est ce
deuxième aspect que je vous mentionne qui n'est pas tellement dans nos
traditions électorales et parlementaires. Vous nous placez si on
suivait carrément votre suggestion face à ce dilemme, ou
bien, d'une part, de contrecarrer une tradition qui existe, qui est dans nos
moeurs et qui, je pense, ne correspond pas aux vues de quelque parti politique
que ce soit, au Québec actuellement, à moins qu'il y ait quelque
chose de changé, mais cela me surprendrait beaucoup, de forcer la
participation à une élection ou à un vote
référendaire ou encore de dire: On fait un
référendum, mais il risque d'être inutile, parce que,
d'avance, on se dit que ça prend un minimum de participation.
A moins de mal vous comprendre, c'est le point de vue que je pourrais
vous donner là-dessus, à moins que vous ayez un commentaire
à faire.
M. Bloom: Oui, si vous voulez que je réponde à
votre question, M. le ministre. Je ne crois pas qu'il y ait
véritablement un dilemme, comme vous le dites. Je suis d'accord lorsque
vous dites que parmi nos traditions, on ne retrouve pas la participation
obligatoire, que ce soit à une élection ou à d'autres
événements. Je n'accepterais pas, personnellement, qu'on adopte
une telle position. Par contre, concernant l'autre option voulant qu'il y ait
une participation trop basse... Vous dites que c'est le dilemme que vous avez,
ces deux possibilités. Moi je vous dis que s'il y a une participation
trop basse, quel est le moindre des maux? D'accepter le résultat d'une
participation de 30% ou 40% sur une question qui, nous sommes d'accord, est
très importante? Autrement, elle ne serait pas soumise à la
population. D'accepter les résultats comme étant le voeu de la
population ou de les écarter et que le gouvernement prenne la
responsabilité de décider lui-même, soit de soumettre la
question à un deuxième référendum à une date
ultérieure, ou laisser tomber complètement la question?
Je ne serais jamais d'accord... Je pense que le moindre des maux,
c'étaient justement les deux dernières solutions. Celui qui
causerait vraiment
un dilemme, ce serait un gouvernement, peu importe sa couleur, qui
adopterait la mentalité ou l'idée que peu importe la
participation, que ce soit 25% ou 10% parce qu'il n'y a pas de limite, on
peut aller jusqu'à 10% vous êtes liés par les
résultats de ce référendum.
A ce sujet, je pourrais peut-être ajouter quelque chose; je vous
vois venir, au sujet de lier la question, est-ce que le gouvernement est
lié? Evidemment, en droit, juridiquement parlant, vous ne pouvez pas,
comme vous avez dit dans votre livre blanc, faire participer ou joindre la
population à la législature, c'est évident. Par contre, je
pense qu'étant donné qu'on est d'accord que ce soient des
questions importantes qui soient soumises à la population, il est
évident que politiquement, vous êtes liés; mais pas
juridiquement.
M. Burns: Moralement.
M. Bloom: Moralement, si vous voulez.
M. Burns: C'est ça.
M. Bloom: J'accepte votre mot. Moralement, vous êtes
liés, si vous ne l'êtes pas juridiquement. Et même
juridiquement, peut-être y a-t-il des questions à discuter
à ce sujet. Mais au moins, moralement, vous êtes liés, et
comme gouvernement, peu importe la participation. Une fois que vous adoptez une
loi-cadre qui dit: La participation importe peu, vous êtes liés
moralement d'adopter les voeux exprimés par le très peu de
population qui se sera exprimé lors du référendum. C'est
ma réponse.
M. Burns: Justement, M. Bloom, c'est ce à quoi je voulais
en venir; vous avez senti que je m'en venais vers ça, signe de votre
intelligence...
M. Bloom: Merci.
M. Burns: ... pour ce débat, et en général,
je pense bien. D'ailleurs, dans le livre blanc, on cite les deux cas, The
Initiative and Referendum Act, 1919, Appeal Cases...
M. Bloom: ...
M. Burns: ... et Régina, à l'époque, je ne
sais pas si c'était Régina, c'était Régina,
c'était Rex probablement versus Nat Bell Liquors Ltd., 1922, 2 Appeal
Cases et dans ces deux cas, on a été très clair, je pense
qu'on ne pouvait pas, par un élément supplétif à la
législation, lier un gouvernement, surtout un gouvernement provincial,
dans l'état actuel de la constitution.
On ne pouvait pas outrepasser les pouvoirs du lieutenant-gouverneur.
C'en est un des cas.
C'est dans ce sens que nous, on dit que, sur le sujet du
référendum, dans l'état actuel de la constitution, dans
notre esprit, et ce n'est pas une fabulation qu'on essaie de monter, on essaie
quand même de respecter la situation actuelle de la législation,
on ne peut pas se lier d'avance.
Maintenant, je vous dis que c'est l'opinion du gouvernement actuel que,
quelque consultation populaire à laquelle il recourra, il va se sentir
moralement lié. Il n'y a pas un gouvernement qui mérite ce nom,
qui administre décemment, peu importe qu'on soit d'accord ou non avec
ses tendances et ses orientations, il n'y a pas un gouvernement sérieux
qui ne se sentira pas moralement lié par une consultation populaire.
C'est le point de vue qui nous anime dans cela.
Je vous signale, d'autre part, sur tout ce phénomène de la
consultation populaire et je le dis non seulement à l'intention
de votre groupe mais à l'intention de tous ceux qui vont venir
s'adresser à nous, tant aujourd'hui qu'un peu plus tard, que ce n'est
pas nouveau et ce n'est pas inutile que je le répète
dans le cas du Parti québécois, de prendre l'engagement
d'avoir une législation sur la consultation populaire. Dès les
premiers balbutiements du parti, dès la première formulation du
programme du Parti québécois, il y avait un énoncé
très clair que nous voulions mettre en vigueur si jamais on prenait le
pouvoir, c'est arrivé le 15 novembre, une loi sur la consultation
populaire ou, si vous voulez, une loi des référendums en
général.
Ce qui est arrivé, c'est qu'évidemment, au cours de la
dernière campagne électorale, on a un peu souligné la
présence d'un référendum plus
particulièrement...
M. Mackasey: ... à Verdun, c'était la même
chose.
M. Burns: Vous avez vu le résultat.
M. Mackasey: Oui, un résultat clair et net.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Burns: En tout cas, ce n'est pas inutile de se le rappeler. Ce
n'est pas une idée nouvelle dans l'esprit du Parti
québécois, du gouvernement au pouvoir.
Quant à votre suggestion et là-dessus, j'ai presque
sursauté, M. Bloom, quand vous nous avez dit cela, connaissant vos
capacités l'exigence d'une majorité des deux tiers, je ne
connais pas d'endroit au monde où il existe des
référendums où on impose cette exigence d'une
majorité des deux tiers. Même en matière constitutionnelle,
soit dit en passant, le cas le plus rigide que je connaisse, et à moins
que j'en aie échappé, c'est peut-être pour cela que je fais
appel à vos connaissances, en Suisse, actuellement, c'est
peut-être l'endroit où, en matière constitutionnelle, on
est le plus rigide. Cependant, même en Suisse, la majorité simple
est requise pour les électeurs qui s'expriment, peu importe le taux de
participation, et une majorité de cantons.
Il y a évidemment le cas des Etats-Unis, que vous avez
cité également...
M. Lavoie: L'Australie également.
M. Burns: En Australie, un instant, je vais vous
donner cela. La majorité des électeurs simplement, dans
une majorité d'Etats.
M. Lavoie: Est-ce que je peux vous lire trois lignes, avec votre
permission?
M. Burns: Oui, allez-y.
M. Lavoie: As in Switzerland, the Australian constitution
requires that if a proposal is to be formally approved by the voters in a
referendum, it must win an overall majority and a majority of votes and a
majority of states.
M. Burns: C'est cela.
M. Lavoie: II y a des contraintes.
M. Burns: Oui, je dis la même chose. Mais je ne parle pas
de deux tiers.
M. Lavoie: Non, deux tiers, c'est un chiffre qui n'est pas
strict.
M. Burns: Non, mais c'est là-dessus que je posais la
question. On est tout à fait d'accord, M. le député de
Laval. Je disais exactement la même chose. En Australie, cela doit
être approuvé par la majorité des électeurs et par
une majorité d'électeurs dans une majorité d'Etats. C'est
exactement le même système qu'en Suisse.
Ce sont peut-être les deux endroits les plus contraignants sur le
plan constitutionnel. L'Australie, soit dit en passant, et la Suisse aussi ont
une expérience assez constante et même prodigue...
M. Lavoie: On va en parler tout à l'heure.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Burns: ... de l'utilisation des référendums.
Mais, à part ces deux cas contraignants, qui sont assez
précis, connaissez-vous des cas au monde où on impose
l'obligation d'une majorité des deux tiers?
M. Bloom: M. le ministre, je ne pense pas, comme d'habitude, que
vous en ayez échappé. Vous avez raison. A ma connaissance, de
toute façon, il n'y a pas de référendum où on exige
une majorité des deux tiers. Cependant, ce que j'ai dit tout à
l'heure je pense que je l'ai bien dit c'était un chiffre
que j'ai qualifié d'arbitraire. J'ai dit que cela pouvait être
tout autre chiffre que vous décidiez.
Cependant, j'ai retenu tout simplement les deux tiers à cause de
l'exemple des Etats-Unis où, pour des amendements à la
Constitution, comme vous le savez, cela prend les deux tiers des deux Chambres
pour mettre en vigueur la loi, l'amendement en question et, ensuite, les trois
quarts des Etats pour le ratifier. C'est un exemple que je vous donne, parce
que, dans mon esprit, cela ne vient pas d'ailleurs qu'un
référendum devrait exi- ger sur une question constitutionnelle
une majorité des deux tiers.
M. McCall: Si je peux ajouter...
M. Bloom: J'aimerais tout simplement dire, comme je l'ai dit
tantôt, et le souligner, que les questions constitutionnelles, dans mon
esprit et, je pense, dans l'esprit du groupe qu'on représente ici
aujourd'hui, sont des questions qui devraient comporter une majorité
plus élevée qu'une simple question qui toucherait d'autres sujets
comme les exemples que je vous ai énumérés tantôt,
l'avortement, la peine de mort, la fluoration de l'eau, où on pourrait
accepter comme satisfaisante une majorité de seulement de 50% plus
1.
Cependant, dans des questions constitutionnelles surtout, on ne peut pas
personnellement, je ne comprends pas comment les membres de la
commission pourraient le faire faire abstraction de la question,
c'est-à-dire de l'avenir du Québec. Moi, je ne peux pas faire
abstraction complètement de cette question. Comment, dans ce
référendum je demande pardon au président de
soulever cette question, si cela tombe dans mon mandat, je ne le sais
passur cette question, pourrait-on accepter une majorité de 50%
plus 1? Si c'est tout simplement cela, 50% plus 1, cela veut dire que 49 999%
des gens sont contre. Pour l'adoption d'une loi, si cela tombe sous votre
juridiction de le faire, ce qui est aussi une autre question juridique,
constitutionnelle, si vous aviez le pouvoir de légiférer du
moment que 50% plus 1 décident de se retirer du reste du Canada, est-ce
que, d'après vous, cela vous donne un mandat clair de le faire?
D'après moi, absolument pas. La réponse est claire pour moi et
c'est pour cette raison que je vous suggère que, dans les questions
constitutionnelles, ii devrait y avoir un chiffre choisi autre que celui de 50%
plus 1. Les deux tiers, c'est absolument un chiffre arbitraire, choisissez le
chiffre que vous voulez, mais il faut que ce soit plus que 50% plus 1 pour
démontrer justement l'importance...
M. Burns: 51% quoi?
M. Bloom: ... que donnent le gouvernement et notre Parlement
à cette question.
M. Burns: D'accord, je prends bonne note de votre suggestion, M.
Bloom, tout en vous disant que je ne crois pas qu'il soit réaliste de
penser en termes des deux tiers. En tout cas, je ne connais pas de
précédent.
M. Bloom: Je n'en connais pas non plus.
M. Burns: Je pense que on va être bien clair
là-dessus, on va être franc aussi là-dessus la
valeur référendaire, sur le référendum sur l'avenir
politique du Québec ou tout autre référendum, est une
valeur, tant et aussi longtemps que le gouvernement n'est pas lié
constitutionnellement. Comme je vous le disais tout à l'heure, je ne
pense
pas, en tout cas, ce n'est pas moi qui le dis, ce sont les tribunaux qui
le disent, je ne pense pas qu'on puisse se lier d'avance au résultat du
référendum.
Tant que cette situation va exister, la valeur d'un
référendum sera morale, elle sera un poids moral sur le
gouvernement. Elle est un poids moral également sur les autres parties
qui peuvent être concernées par ce référendum. C'est
cela aussi. D'ailleurs, je ne veux pas entrer de façon précise
dans le cas, mais il y a déjà, au moins récemment, un
premier ministre canadien qui se sent, lui, lié par l'éventuel
résultat d'un référendum au Québec. Je pense bien
que là-dessus, on va être bien franc, on va se le dire, c'est ce
poids moral qui va jouer, éventuellement.
Je n'ai qu'une dernière question. Remarquez que j'aurais le
goût mais je vais me restreindre, je ne le ferai pas de
soulever toute la fabulation que vous soulevez à la page 7 de votre
mémoire où vous dites qu'un gouvernement serait
machiavélique à un point tel qu'il poserait une question ou
plusieurs et qu'il dominerait les autres comtés. J'espère que
vous n'y croyez pas sérieusement. Je pense qu'un gouvernement, et c'est
le commentaire que j'aimerais faire làdessus, qui montrerait un coup
comme celui-là, serait d'abord un gouvernement qui ne mérite pas
ce nom. Deuxièmement, ce serait un gouvernement qui se ferait
littéralement désavouer par l'ensemble de la population. Je pense
qu'un gouvernement qui monte des comités et qui dit à certains de
ses députés: Même si c'est pour ou contre
l'indépendance, vas-y dans le comité pour et va mener ce
comité et empêche... Ce serait tellement cousu de fil blanc et
tellement évident à la population... Je fais confiance d'abord
à n'importe quel gouvernement de ne pas avoir recours à ce type
de méthode. Je fais confiance également à la
maturité de la population qui, du revers de la main, rejetterait quelque
position que ce soit.
Je vous prierais, s'il vous plaît, de croire que l'actuel
gouvernement je ne peux pas me prononcer pour les futurs gouvernements
n'aura pas recours à de telles mesures machiavéliques.
Maintenant, je tiens...
M. Gratton: Pouvez-vous nous assurer qu'il n'y en aura pas un
seul de votre côté qui ira s'inscrire du côté...
M. Burns: D'autre part, je ne peux pas prendre cet
engagement.
M. Gratton: C'est parce qu'on en a parlé.
M. Burns: Si quelqu'un chez nous j'en doute, remarquez
si la question était... Et c'est uniquement parce qu'on veut en
parler...
M. Gratton: Allez-y.
M. Burns: Je ne plaide pas en faveur d'un point ou d'un autre,
mais si la question était: Etes-vous pour ou contre la
souveraineté-association? Je doute fort que quelqu'un qui fait partie du
groupe ministériel actuel aille s'inscrire au comité du non. J'en
doute.
M. Mackasey: Cela dépendra de la manière...
M. Burns: Comme la question n'est pas posée, je ne le sais
pas. Je ne peux pas vous assurer qu'à un moment donné, s'il y
avait, par exemple, trois questions, et que quelqu'un de chez nous s'enli-gne
sur une modalité qui n'est pas la modalité prônée
par le gouvernement c'est arrivé, d'ailleurs, en Angleterre
M. Gratton: Est-ce que...
M. Burns: En Angleterre, vous aviez des travaillistes qui
s'inscrivaient au comité du non, alors que le gouvernement était
favorable au oui, c'est-à-dire au maintien de l'adhésion au
marché commun. L'actuel "house leader", soit dit en passant, du
gouvernement, M. Foot, était la tête d'affiche du comité du
non. Cela arrive, ces choses. Dans le cas des libéraux, ils
étaient tous classés d'un côté, les conservateurs
étaient divisés, mais majoritairement pour le comité du
oui; mais les travaillistes, alors au pouvoir, étaient
séparés à peu près à 50-50, et même
dans le cabinet, il y avait six ministres qui s'étaient inscrits au
comité du non, alors que le gouvernement prônait le comité
du oui.
M. Mackasey: Je peux voter avec vous, M. Burns. Cela vous
surprend? Si vous me donnez la définition de
souveraineté-association...
M. Burns: On y viendra.
M. Mackasey:... dans l'article, si c'est une option
fédéraliste, je voterai avec vous. Quelle est la
définition...
M. Burns: On n'est pas à ce stade encore, M. le
député.
M. Mackasey: Non, mais...
M. Burns: M. le Président, je termine simplement, parce
que je pense bien que mon temps sera bientôt écoulé. Il me
reste quelque cinq minutes, je crois, trois minutes?
M. Lavoie: Cinq.
M. Burns: Cinq, d'accord.
M. Lavoie: Sept, si vous voulez, pour vous caler davantage.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Trois
minutes.
M. Burns: Je vais tout simplement garder ces quelque cinq minutes
qu'il me reste. Merci, M. McCall et M. Bloom.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Laval.
M. Lavoie: M. le Président, j'aurais
énormément de questions à poser à la lumière
d'un mémoire bien fait, qui pose beaucoup de points d'interrogation et
qui invite le gouvernement à donner des réponses à ces
points d'interrogation.
J'aurais le goût, au départ, de faire le parallèle,
étant donné que vous connaissez très bien le dossier,
entre le référendum qui a eu lieu en Grande-Bretagne en 1975
là, je diffère totalement d'avis avec le leader
parlementaire du gouvernement et celui qu'on doit tenir ici. Dans
l'exemple que tout le monde traite, M. le Président, entre autres... En
Grande-Bretagne, il y avait la participation des partis de l'Opposition dans
l'élaboration de la question. La question était dans la loi; les
groupes jouissaient de la liberté absolue de s'exprimer, de se
réunir, de faire de la publicité, la liberté était
totale en dehors des deux camps qui désiraient l'aide gouvernementale.
Je pense qu'on est d'accord sur la différence énorme qu'il y a
eu, malgré les prétentions du leader du gouvernement entre
l'expérience anglaise et l'expérience que nous allons
peut-être tenter ici au Québec.
Comme vous, nous avons beaucoup de réserve sur une loi-cadre.
Pour tout le monde au Québec actuellement, le mot
référendum est devenu synonyme de référendum sur
l'avenir constitutionnel du Québec. Le gouvernement veut envelopper
ça dans une loi-cadre sous le couvert de toutes sortes de
référendums.
Comme vous, nous avons des appréhensions sur le fait qu'il faut
faire une distinction capitale entre l'importance d'un référendum
sur l'avenir constitutionnel d'un peuple... Il y a une différence
énorme entre le référendum qui a eu lieu en Angleterre,
qui portait uniquement sur la continuation de l'appartenance au Marché
commun, une situation qu'elle connaissait, qu'elle vivait, et l'autre
référendum l'exemple que nous traitons qui implique
l'avenir de l'histoire de six millions de Québécois. Il y a
encore là une différence énorme. Je vous rejoins
peut-être sur la participation et sur la majorité qualifiée
qu'il devrait y avoir concernant une décision aussi importante.
Loi-cadre. On a parlé de l'Australie, de l'Irlande, de l'Italie,
de la Suède, où on a des semblants de loi-cadre, et de la valeur
de telle consultation. Il ne faudrait quand même pas comparer
l'importance d'un référendum sur la prohibition, sur l'heure de
fermeture des bars ou sur le jeu, comme ça s'est tenu dans certains
pays, ou même sur la construction, avec l'importance d'un
référendum sur l'avenir de six millions de
Québécois. C'est quand même le jour et la nuit.
On a parlé de loi-cadre en Australie. En Australie, en 75 ans, il
y a eu quatre consultations populaires. En Irlande, en 50 ans, il y en a eu
deux. En Italie, en 50 ans, il y en a eu deux, une sur la monarchie et l'autre
sur le divorce. En Suède on se pique souvent, depuis quelques
années, de faire plus de comparaisons avec la démocratie
suédoise en 75 ans, il y en a eu trois, dont une, en- tre autres,
où il y avait trois choix. Cela n'a mené nulle part, l'exemple
que vous avez donné, et ça n'avait pas l'importance d'un
référendum constitutionnel. C'était sur une question de
pension, je crois. Du fait que c'était complexe, le premier choix avait
obtenu 45,8% de votes favorables; le deuxième choix, 15%, et le
troisième choix, 35,3%. Je vous lis la conclusion. Le livre que je cite,
d'ailleurs, pour les fins du journal des Débats, c'est un petit bouquin
intitulé "The Referendum", by Jo Arimond and Brian Neve, qui a
été écrit en Angleterre à l'occasion du fameux
référendum anglais en 1975.
Justement, sur l'exemple suédois, je vous lis quelques lignes,
ici, à la suite de cette complexité de la question où il y
avait trois choix: "Supporters of alternative one claim the result to be a
mandate for their superannuation proposal, while supporters of alternatives two
and three claim that superannuation, as against their voluntary proposal had
aained..." tout le monde avait gagné "Here is an example
of the limitations of référendums in resolving complex issues."
On voit en somme, et surtout au départ, que ce n'est pas dans nos
traditions, ce n'est pas dans notre coutume, on peut porter
énormément et, d'ailleurs, on entretient énormément
de doutes sur la valeur de référendums. Il ne faut quand
même pas mêler des référendums, comme je le disais
tout à l'heure, sur des sujets d'importance secondaire, avec un
référendum sur l'avenir constitutionnel de six millions de
Québécois.
J'arrive à mes questions. Lorsque vous dites que la question...
Je pense que c'est le voeu de tout le monde, même de ceux qui sont
plutôt favorables, qui ont une thèse nationaliste, très
nationaliste, on a eu, je pense, la Société Saint-Jean-Baptiste
qui a demandé une question claire, le Mouvement national des
Québécois qui l'a demandée, c'est un désir unanime
de la population d'avoir une question claire et je suis encore surpris
d'entendre le ministre, ce matin, qui dit que les questions ne sont pas encore
formulées. Il ne sait pas s'il y en aura une ou plusieurs. Je pense
qu'il est temps et j'insiste pour que le gouvernement détermine, le plus
rapidement possible il y a quand même une
crédibilité à conserver au gouvernement, une
honnêteté, une apparence d'honnêteté qu'il
formule la ou les questions le plus rapidement possible. Quand vous dites
et c'est un voeu unanime que la question, dans sa formulation,
doit être honnête, démocratique, et qu'on voit, un peu
à contrecoeur, le contrôle ou l'autoritarisme du gouvernement qui
veut conserver le contrôle de la formulation de la question, ne
trouvez-vous pas que le gouvernement se place dans un conflit
d'intérêts lorsqu'il veut conserver le contrôle de la
formulation de la question lorsqu'on sait, qu'en arrière de ce
gouvernement, il y a un parti dont l'essence même, la raison
d'être, la raison d'existence est l'option séparatiste ou
souveraineté-association? Ne trouvez-vous pas justement que, au
départ, le gouvernement perd toute sa crédibilité et son
apparence d'honnêteté lorsqu'il veut garder ce contrôle
absolu de la for-
mulation de la question? S'il manquait son coup, cela amènerait
la disparition de ce parti qui a épousé une cause aussi
radicale?
M. McCall: Merci, M. le député. Si je peux dire un
mot là-dessus; nous avons proposé en réponse
à votre question qu'il y ait une participation du public, non
seulement dans le vote, mais aussi dans la formulation de la question. Nous
avons réclamé une situation dans laquelle ce n'est pas simplement
l'Assemblée nationale qui formule la question, mais aussi que le public
ait un "input" dans cette formulation, ou par le biais d'une commission
parlementaire à laquelle on peut présenter des mémoires
sur la formulation de la question, ou bien une autre suggestion que nous
avons faite et dont les modalités ne sont pas bien fixées encore
que l'Opposition, si elle trouve que la formulation est mauvaise, si
l'Opposition est mécontente, qu'elle inclue sa propre question.
Evidemment, tout le monde invoque la nécessité d'avoir une voix
dans la formulation, qui est la chose la plus importante, parce qu'on dit, non
sans raison, que celui qui contrôle la question contrôle la
réponse, à notre avis. Merci.
M. Bloom: J'aimerais ajouter...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui, M.
Bloom.
M. Bloom: M. le ministre, excusez-moi, M. le
député...
Une Voix: Au passé.
M. Lavoie: Futur ministre ou ex-président!
M. Bloom: Oui, alors j'abonde dans le sens de M. McCall,
cependant j'aimerais ajouter, en réponse à votre question, que je
pense qu'il faut être juste envers le ministre aussi, je n'irais pas
jusqu'à dire que le gouvernement perdrait toute
crédibilité si c'était seulement le gouvernement qui
rédigeait la question. Je m'explique.
Nous sommes tous au courant que, dans d'autres juridictions, des
questions ont été formulées pour d'autres
référendums par le gouvernement seul. Notre groupe, n'est pas
d'accord je ne pense pas que le peuple du Québec le soit non plus
qu'une question ou que des questions qui revêtent une importance
telle que l'avenir même de notre pays est en jeu, soient strictement,
uniquement, décidées par le gouvernement.
Il est évident, pour moi, qu'il doit y avoir, comme dit M.
McCall, des "input". Le gouvernement doit même rechercher l'avis, comme
il le fait actuellement, de tout le monde. J'espère que, lors de la
présentation du projet de loi sur la question ou sur le
référendum je souligne "le" on aura la
possibilité, non seulement nous, mais tout le monde, encore une fois, de
faire nos représentations, de présenter nos idées sur la
question qui sera présentée.
Cependant, en même temps, à votre question, j'aimerais
ajouter ceci: Je ne vois pas, comme vous d'ailleurs, d'après ce que je
comprends, l'impossibilité d'ajouter comme "input" à cette ou ces
questions, non seulement l'avis des partis politiques de l'Opposition, mais,
encore une fois, l'avis des gens renseignés, des experts dans le
domaine. Il y a des experts dans le domaine du référendum, des
sondages.
Je ne sais pas si le gouvernement a l'intention d'établir un
conseil quelconque en permanence. Etant donné qu'il a l'intention de
créer une loi-cadre, à ce moment-là, je ne sais pas si son
intention est également de créer un conseil qui siégerait
en permanence, qui serait neutre, qui représenterait les deux parties du
Parlement, l'Opposition et le gouvernement. Peut-être même
pourrait-il y avoir des experts de l'extérieur, qui pourraient
éventuellement rédiger les questions du référendum.
C'est une suggestion que je vous fais. J'ai cru comprendre dans la façon
dont vous avez composé votre question que c'était peut-être
sous-entendu. Mais, personnellement, je pense que ce serait quelque chose
à considérer.
C'est tout ce que j'ai à ajouter.
M. Lavoie: II y a eu plusieurs idées d'émises. On a
parlé d'une participation, d'une formule pour sortir de la question
toute partisanerie, dans le sens politique, trop inspirée. On a
parlé d'un vote des deux tiers de l'Assemblée sur la
résolution de la question. Il y a eu d'autres organismes et
ça existe ailleurs, j'essayais de retrouver où qui nous
ont parlé d'un conseil du référendum, formé de gens
apolitiques qui agiraient comme conseillers. Ce sont des gens plutôt
neutres qui peuvent également formuler la question. Je crois que ce peut
être des possibilités.
J'espère que le ministre responsable de ce dossier prendra bonne
note de ces représentations.
Le deuxième volet de ma question ou le deuxième point que
je voudrais toucher... La première question était une question de
forme, mais la deuxième, je pense, s'attaque au fond. Tout le monde
reconnaît, M. le Président, que l'exemple que nous donnons...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
pouvez donner l'exemple.
M. Lavoie: Oui, l'exemple, c'est ça. A peu près le
seul exemple qui intéresse tout le monde...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Même le ministre a donné cet exemple.
M. Lavoie:... le certain référendum qui doit se
tenir sur l'avenir constitutionnel, tout le monde reconnaît qu'il n'a
aucune valeur décisionnelle ou délibérative, doit-on dire,
je crois. C'est consultatif, c'est un sondage, du fait que la constitution qui
nous régit actuellement, l'Acte de l'Amérique du Nord
Britannique, ne prévoit aucune dissolution de la
fédération canadienne, je crois.
Je me pose vraiment des questions très sérieuses sur la
valeur d'un tel référendum. Quand vous dites qu'il faut une
option et nous sommes d'ac-
cord claire, précise, réelle, et j'arrive à
la deuxième condition, réalisable et non fictive, est-ce qu'on
n'est pas, en réalité, dans un cul-de-sac?
Même si l'option... Prenons par hypothèse, que le peuple du
Québec se prononcerait sur la séparation, sur une question
précise, sur la question de l'indépendance, ce que je doute fort
encore que le gouvernement posera, et prenons par hypothèse que c'est
positif. Cela demeure un sondage, cela n'a pas de valeur
décisionnelle.
Comment voulez-vous qu'on ait une option réalisable et non
fictive lorsque et je ne suis pas un expert constitutionnel
même l'idée exprimée par une des parties de la
confédération canadienne qu'est le Québec, ne suffit pas
pour que le Québec puisse se séparer du Canada; je crois, et
c'est l'opinion de certains constitutionnalistes, qu'il faudra le consentement
des neuf autres associés et l'approbation du gouvernement
fédéral également.
Je vous pose la question: Comment remplir justement... On peut remplir
la première partie, celle d'avoir une option claire et réelle
soumise à la population, mais comment avoir une option également
réalisable et non fictive lorsqu'il faut le consentement, dans notre
système constitutionnel, des neuf autres provinces et du gouvernement
fédéral?
M. McCall: C'est exactement le point que j'ai essayé de
soulever dans notre mémoire. A mon avis, c'est une option qui demande la
coopération des autres provinces, et ce n'est pas une option
réelle pour le peuple québécois.
Bien entendu, c'est fort douteux que cet accord avec les autres
provinces soit possible dans le climat actuel. Cela pourrait toujours changer
dans le futur, mais pour le moment, j'en doute.
Si la souveraineté-association est une des options et qu'on n'a
pas un choix entre des options réelles, on a simplement un sondage
public sur les préférences du public; on peut avoir cela, mais le
résultat n'est pas un vrai choix. C'est simplement une expression
d'opinion. Si on veut le convertir en choix, il faut demander, non pas la
souveraineté-association, mais qu'on autorise le gouvernement à
négocier la souveraineté-association avec les autres provinces.
On peut demander cela, c'est un vrai choix. Mais cela nous amène
à notre deuxième critère, que cela ne donne pas un
résultat fidèle sur la question principale qui justifie la mise
en jeu du référendum, c'est-à-dire l'indépendance.
On peut voter pour une négociation, sans même appuyer la
souveraineté-association. On peut voter pour cela, simplement pour "a
bargaining position" n'est-ce pas? Parce qu'on pense que le gouvernement
fédéral peut peut-être donner quelque chose s'il a peur de
cette option.
M. Lavoie: Je suis totalement d'accord avec vous. On sait que
dans la souveraineté-association, il y a deux concepts. On peut
décider d'un, que la souveraineté est synonyme
d'indépendance, où on a un contrôle. Mais le peuple du
Québec n'a aucun contrôle sur le deuxième postulat
qui est l'association, qui est une décision de l'extérieur, des
autres provinces, et non pas une déclaration du peuple
québécois.
M. McCall: C'est cela.
M. Lavoie: Cette question, d'après moi, est totalement
faussée.
Une autre question qui pourrait être posée, comme vous
l'avez dit: Est-ce que le gouvernement a le mandat de négocier avec les
autres partenaires, ce qui peut être une possibilité du
référendum? Je vois sourire le ministre responsable du dossier.
Qu'on demande à la population un mandat pour négocier, avec les
autres partenaires, une éventuelle séparation!
M. Burns: ... ça paraît plus quand je souris.
M. Lavoie: Oui. Mais encore là, je crois que le
référendum serait superflu dans notre système de
parlementarisme ou de gouvernement responsable. Rien n'empêche le
gouvernement actuel, même s'il a été élu par 41% de
la population, de se mettre à table et de tenter de négocier avec
le gouvernement fédéral et les autres partenaires. On n'a pas
besoin de référendum pour cela. A moins qu'on veuille faire,
peut-être comme Napoléon III, vers 1850, après son coup
d'Etat, aller à un référendum pour faire ratifier son coup
d'Etat par la population. A moins que ce soit l'intention du gouvernement
actuel.
M. McCall: M. Lavoie, ce qui me concerne, c'est que le
résultat d'un tel référendum donnerait une impression
trompeuse, parce que si...
M. Lavoie: Je suis d'accord.
M. McCall: ... 60% ou 51% de la population vote "oui" à la
question: Autorisez-vous le gouvernement à négocier? elle peut
très bien voter "oui" sans même penser que la
souveraineté-association soit une bonne chose. C'est pour cette raison
que le résultat serait vraiment, à mon avis, trompeur.
M. Lavoie: Je voudrais laisser une chance... J'ai une
dernière question. Je crois que le ministre devrait répondre
clairement et plus clairement qu'il ne l'a fait tout à l'heure, à
certaines appréhensions sérieuses, non seulement de M. Bloom, non
seulement de votre groupe, de l'Opposition, mais d'à peu près
tous les éditorialistes au Québec et d'un très grand
pourcentage de la population, sur des accrocs possibles à certains
droits fondamentaux d'expression, d'opinion, d'association et tout. C'est
essentiel, c'est la base de nos traditions de liberté que nous avons
connues, que nos ancêtres ont connues en cette terre.
Ces appréhensions, je crois, existent. Je comprends, M. Bloom,
que vous avez été charitable, gentleman, que vous avez beaucoup
de fair play à l'égard du ministre. Je vous en
félicite.
Quand même, nous avons vécu certaines appréhensions,
il n'y a pas tellement longtemps, de ce gouvernement et de ce ministre en
particulier, notamment, lors de l'adoption de la loi 2 où la...
M. Burns: Pour laquelle vous avez voté.
M. Lavoie: ... Commission des droits et libertés de la
personne, à la suite des représentations de l'Opposition a
donné une opinion qui a provoqué la réimpression du projet
de loi no 2 et un recul du ministre, parce qu'il y avait effectivement atteinte
aux droits et libertés de la personne.
M. Mackasey: C'est vrai.
M. Lavoie: On a eu l'expérience d'un autre ministre
à la loi 101, on a provoqué encore là une autre
réimpression et une mise au point de la part de la Commission des droits
et libertés de la personne. Je crois que c'est le devoir du gouvernement
ce matin, à la suite des questions que vous lui avez posées, de
clarifier la situation et de s'engager devant vous, devant nous et devant la
population afin qu'il n'y ait aucun accroc, aucun, même pas l'ombre d'un
accroc aux droits fondamentaux d'expression, d'opinion et d'association que
nous avons reconnus dans une charte dont M. Burns a été un des
parrains. Il a encouragé M. Choquette, à l'époque, il n'y
a pas cinquante ans, il y a deux ou trois ans. Je crois que la population, M.
le ministre, a droit à une réponse claire et précise sur
ces appréhensions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ai- je
besoin de répéter aux membres de cette commission, en plus,
qu'une motion a été adoptée invitant cette commission
à se présenter le 16 novembre prochain.
M. Lavoie: Oui, mais ce n'est pas la commission, M. le
Président, qui va faire la loi, c'est le ministre qui est devant
nous.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non,
mais je rappelais ce fait, qu'une invitation a été
lancée.
M. Lavoie: Pouvez-vous apporter vraiment des clarifications qu'il
y aura un engagement formel de votre part, et nous prendrons votre parole,
affirmant qu'il n'y aura aucun accroc sur certains droits fondamentaux qui
existent au Québec.
M. Burns: Ce n'est pas dans l'intention du gouvernement de faire
des accrocs aux libertés fondamentales et aux droits de la personne.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. McCall et M. Bloom, je veux vous remercier, au nom
de notre parti de votre participation à cette commission. Vous y allez
d'un mémoire qui est fort intéressant et qui représente un
courant de pensée qui est également important au Québec.
Vous voulez vous efforcer, vous aussi, comme plusieurs autres qui sont
passés ici, à canaliser tous les courants et faire que chacune
des pensées se rencontre dans ce référendum et obtienne
satisfaction après un vote. Je pense que c'est là le but de votre
mémoire.
Vous le manifestez fortement en parlant du taux minimum de
participation. Vous le manifestez également en parlant de
majorité pour ce référendum. Il va de soi qu'il n'y a
personne, autour de cette table, qui désirerait qu'un
référendum soit voté par seulement 35% de la population
qui se rendraient aux urnes, dont les réponses pourraient être
ensuite partagées en "oui" et en "non", peu importe les
référendums qu'il y aura. il n'y en a pas non plus qui voudraient
qu'un référendum soit accepté, peu importe les
référendums que nous aurons à voter, uniquement à
51%. Tout le monde désire une majorité plus forte que cela.
Nous sommes devant les faits. Vous voyez les députés
autour de cette table. Il y en a plusieurs parmi eux qui ont été
élus, qui dirigent une portion de la province dans leur rôle
d'administrateur, qui est le rôle d'un député, en plus de
celui de législateur, avec moins de 40% des voix. Le gouvernement du
Québec dirige la province avec 40% des voix, alors que l'Opposition est
composée de 60%. On est devant ce fait.
Un référendum, je veux bien comprendre avec vous que c'est
important. Ce ne sont pas des élections non plus. Des élections,
cela peut se reprendre trois ou quatre ans plus tard. Un
référendum, cela devient compliqué. Je comprends votre
anxiété. Je pense que le gouvernement serait mal placé peu
importe le gouvernement qui est là, d'accepter qu'un
référendum voté à 51% soit vraiment une
consultation qui doive décider de la volonté du gouvernement, peu
importe le secteur où il devra travailler.
L'après-référendum serait peut-être pénible
non seulement pour le gouvernement, mais pour l'ensemble des
Québécois. Il est clair que le gouvernement devra, à mon
sens, canaliser le plus de courant et intéresser... C'est la principale
raison du dépôt des mémoires qu'on a demandé
très largement.
Plusieurs groupes se sont présentés. On continuera de le
faire afin, encore une fois, et j'insiste, de canaliser toutes les opinions
pour qu'après la passation de référendums ou d'un
référendum, en particulier, qu'on a en vue, on ne sente pas de
contre-courant même apeurant au Québec. Je pense que vous l'avez
saisi et c'est dans cet esprit que vous avez tenté de convaincre le
ministre tout à l'heure que les deux tiers seraient peut-être un
chiffre à retenir. Cela pourrait être moins, mais il me semble
qu'une majorité de 50%, ce n'est pas suffisant pour régler une
question, parce qu'on ne réglerait pas la question. C'est quelqu'un du
gouvernement qui a dit qu'après un premier référendum, si
cela n'allait pas, on en aurait un deuxième, si c'était possible.
A partir de là, il faut être prêt à faire face
à une situation qui ne sera peut-être même pas
clarifiée
après le référendum que nous nous préparons
à passer.
Il est clair que le référendum, c'est une consultation. Ce
n'est pas une prise de décision, c'est une consultation, mais une
consultation qui pourrait retenir fortement l'attention d'un gouvernement. On a
vu des gouvernements, et celui-ci n'est pas le seul, qui ont dirigé la
province avec une minorité de vote et qui ont quand même
pensé être les représentants de 100% de la population. Ce
n'est pas moins vrai avec ce gouvernement. Ce sont des choses à
prévoir. Je pense que vous en avez fait mention largement.
La loi du référendum, notre parti y est favorable, comme
cela semble l'être à la première page de votre
mémoire. Nous sommes favorables à ce qu'on se donne une loi des
référendums au Québec. C'est utile, cette fois. L'histoire
a fait qu'ailleurs, on ne l'a peut-être pas utilisé souven-tefois,
mais il se peut bien qu'on l'utilise plus souvent ici. Notre parti avait
déjà déposé en Chambre une loi des
référendums. C'était sous M. Bertrand, en 1968, je crois.
Alors, c'est la continuation d'une loi des référendums dont nous
avons besoin au Québec.
Pour le référendum auquel on a fait largement allusion
depuis le début, il y aura une question qui sera posée. Je ne
vous cache pas que je suis, comme vous, un peu inquiet, comme pas mal de
Québécois peuvent l'être. Comment sera posée la
question pour ce référendum? On ne la connaît pas. Le
gouvernement ne semble pas la connaître encore.
Vous parlez de termes tabous; vous dites qu'on ne devrait pas avoir la
question du statu quo dans le référendum. Il y a des questions
qui ont déjà connu de l'effervescence dans la province, qui
étaient, par exemple, la séparation, et qui sont devenues
taboues. Il y avait l'expression "indépendance" aussi, qui est devenue
taboue. On connaît maintenant l'expression
"souveraineté-association", qui peut devenir taboue aussi, avant
même la passation du référendum.
Si la question disait: On veut plus de pouvoirs pour la province de
Québec, êtes-vous pour ou contre? Cela pourrait être une
question à laquelle tout le monde vote en faveur. Quand on entend du
même coup ou du même souffle...
M. Burns: Une bonne idée, ça.
M. Grenier: ... un premier ministre parler, en dehors de notre
province, d'un nouveau pays qui...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton, j'ai été
très large avec le député de Laval qui a posé des
questions dans le cadre de nos travaux. J'ai été large aussi avec
le ministre; mais là, vous vous en allez vers des discours qui ont
été prononcés et qui avaient trait au fond de la question.
Je vous inciterais à revenir dans le cadre de notre débat, et
comme vous le voyez, le cadre est assez large ce matin. Cela va bien, et je ne
voudrais pas que vous fassiez allusion aux déclarations en question,
puis- que ces déclarations avaient trait au fond de la question et non
pas à la forme.
M. Grenier: D'accord, M. le Président, mais je le prenais
à titre d'exemple. On a cité d'autres exemples tout à
l'heure. Quand je dis que la question peut porter sur plus de pouvoirs, je
pense qu'on a droit de s'interroger là-dessus. On va faire face à
un référendum. Hier, on n'a pas été convaincu qu'on
n'en aurait pas un, par exemple, sur la loi 67, avant ce
référendum dont on parle. C'est pour ça qu'il faut se
donner une loi assez large pour voir à ça. Mais celui qui s'en
vient, qui pourrait nous dire: Est-ce que vous êtes en faveur de plus ou
moins de pouvoirs? Il faut, je pense, se préparer à une question
comme celle-là aussi. Je le donne à titre d'exemple.
Mais ça reste confus, quand on voit les autres
déclarations dont je ne parlerai pas, parce que je n'ai pas le droit de
le faire, mais les autres déclarations qui sont faites dans d'autres
pays, quand on n'est plus ici. Cela reste confus, mais, encore une fois, ce
sont des thèmes qui peuvent devenir tabous encore, et on sait que le mot
"souveraineté" peut être encore acceptable; un pays qui a un plus
grand pouvoir, c'est généralement un pays qui est souverain.
Quand il est souverain, il est indépendant, et quand il est
indépendant, il y a des mesures... Il est séparé aussi.
Or, c'est tout ça. La question du référendum qui sera
posée, il faudra s'interroger... Vous vous interrogez, on s'interroge,
et il est clair que... Je reviens à la base, à savoir que ce
gouvernement, comme les partis de l'Opposition moi, je suis sûr et
je voudrais les convaincre s'ils ne le sont pas d'ici un an ou deux ans,
lors de ce référendum, canaliseront toutes les énergies,
tous les courants, pour que l'après-référendum ne soit pas
trop pollué au Québec. C'est ça qu'on va vivre ensemble,
je pense bien. C'est ça qui est important.
Vous dites, à la fin de votre mémoire, à la page 5,
j'en avais pris connaissance, à la toute fin de la page: On pourrait
obtenir cette contribution vous parlez de difficultés sur les
questions de référendum qu'on aurait à se poser en
invitant les citoyens à présenter des mémoires à
une commission parlementaire chargée d'étudier cette
rédaction et en accordant un délai suffisant pour l'étude
de ces mémoires.
C'est toujours en vue des questions à poser sur les
référendums qui reviendront, il semble bien, devant
l'Assemblée nationale. On a parlé avant vous, dans d'autres
mémoires, d'une possibilité des deux tiers des votes des membres
de l'Assemblée nationale pour rédiger les questions des
référendums. Mais ne croyez-vous pas à l'utilité
d'un conseil de référendum, tel qu'il a été
proposé et qui fait de plus en plus sa place, je pense, au
Québec? Pensez-vous qu'un conseil de référendum
dépolitisé, autant que possible, autant que faire se peut, serait
un instrument important pour d'éventuels référendums?
M. McCall: M. le député, oui, cela me semble une
très bonne idée. Un conseil, vous voulez dire,
qui est composé de gens de tous les milieux de la population, de
tous les secteurs?
M. Grenier: Différents milieux, différents courants
de la population, différents secteurs.
M. McCall: Pas seulement les politiciens... M. Grenier:
Non, surtout pas.
M. McCall: ... les universitaires, les ouvriers, tout le monde?
Ce conseil sera doté de quels pouvoirs, monsieur?
M. Grenier: Pas de pouvoirs décisionnels, mais de pouvoirs
de recommandation au gouvernement.
M. McCall: Ah! de recommandation. M. le ministre?
M. Grenier: Non. On a déjà posé la question
au ministre; c'est à vous qu'on aimerait poser la question aujourd'hui,
et savoir ce que vous en pensez.
M. McCall: Ah bon! D'accord. M. Burns: ... laissez
faire.
M. Grenier: On sait que le premier ministre n'a pas dit non
à une telle suggestion. Qu'est-ce que vous en pensez, vous?
M. McCall: Oui, je pense que c'est une excellente idée.
Cela donnerait un forum dans lequel tout le monde pourrait exprimer son opinion
sur la formulation de la question. Vous parlez, monsieur, n'est-ce pas, sur la
formulation de la question...
M. Grenier: C'est ça.
M. McCall: ... la chose si importante pour nous.
M. Grenier: Moi, je dis "des questions", parce qu'il y aura des
référendums.
M. McCall: ... ou des questions.
M. Bloom: Là-dessus, M. le député, je
rejoins M. McCall, et ça rejoint aussi un peu ce que j'ai dit
tantôt, à savoir que vous, vous l'appelez un conseil de
référendum. Je ne pense pas qu'un tel corps existe actuellement,
mais un tel corps, que ce soit un conseil, une commission, appelez-le comme
vous voulez, je pense que ce serait une chose définitivement
recommandable.
Surtout si ledit conseil est non partisan et comporte des experts dans
le domaine, comme je l'ai mentionné tantôt, que ce soient des
experts sur les sondages, des experts du droit ouvrier, des experts dans tous
les domaines qui peuvent être intéressés à la
question et peut-être, au fur et à mesure qu'un
référendum est sur le point d'être adopté, que
différentes personnes soient invitées, parce qu'il peut y avoir
certaines personnes en permanence, qui siègent à temps plein,
à ce comité ou à ce conseil, mais, au fur et à
mesure qu'il y a un référendum qui intéresse un domaine
plutôt qu'un autre, il peut s'y ajouter des experts dans des domaines
particuliers. C'est de cette façon que je verrais un tel conseil.
M. Grenier: Vous comprenez avec moi que sur une question aussi
importante que le référendum no 1 ou no 2, si on parle du
référendum sur l'avenir constitutionnel de notre province, il est
difficile, comme dans des procès il est parfois difficile de trouver des
juges ou un jury qui ne sont pas au courant de la question, il serait
peut-être plus difficile de trouver des personnes complètement
dépolitisées, mais il se trouve au Québec des citoyens
ayant assez d'honnêteté, je pense, pour aider un gouvernement
je parle du parti ministériel, mais également de
l'Opposition sur des questions claires, des questions sur lesquelles le
public aimerait avoir à dire: Oui ou non, sans avoir comme vous
l'avez indiqué tout à l'heure à s'en venir avec sa
question dans sa poche et à la coller sur son bulletin de vote. Si on
était assuré d'avoir une question claire, je pense que personne
ne pourrait envisager ensuite d'arriver avec sa propre question.
A la page 6 de votre mémoire, vous dites que les organisations ou
les comités nationaux envisagés par le gouvernement, soit un
comité pour chaque option offerte à l'électorat, sont
constitués de telle sorte et dotés de pouvoirs tels, en
matière de dépenses et de stratégie électorale,
qu'ils violent les droits individuels en matière de liberté
d'association et d'expression. Je ne fais pas allusion à cette
dernière partie, parce que le député de Laval et le
ministre vous ont interrogés sur cette possibilité de
liberté d'expression et d'association, mais je parle de dépenses
pour un référendum. Est-ce que je dois comprendre par là
que vous favorisez une limite plus large ou aucune limite lors des
dépenses de référendum?
M. McCall: Ce qui nous inquiète, M. le
député, ce sont les possibilités suivantes: Si moi, par
hasard, je ne fais pas partie de ce comité national qui est formé
après le comité provisoire, si je suis exclus, si je suis hors du
comité, peut-être n'est-ce pas ma faute, mais si je suis exclus,
est-ce qu'on m'interdit, par exemple, de prendre un avion et d'aller à
Rimouski pour faire un discours sur le référendum, sur la
question? Est-ce qu'on m'interdit de louer une salle pour faire une
assemblée publique? Est-ce qu'on m'interdit de faire paraître une
annonce dans un journal pour exprimer mon opinion? C'est cela qui
m'inquiète, que toutes les dépenses soient réglées
et contrôlées par ce comité. On ne sait pas qui va
contrôler le comité, parce que je crois que celui qui s'occupe des
dépenses sera nommé par le comité provisoire des membres
de l'Assemblée nationale; ce sont eux qui nomment l'agent officiel et
c'est lui qui approuve les dépenses; s'il n'approuve pas ce que je veux
faire,
si je suis empêché d'exprimer mon opinion, cela viole les
droits de l'individu, à mon avis.
M. Grenier: Je ne vous le cache pas, ce point est discuté
mais est loin d'être réglé. Je pense qu'on aura
peut-être de la difficulté à éviter que M. Trudeau
ou M. Clark viennent au Québec parler du référendum devant
un club Optimiste. On va avoir de la difficulté à les
contrôler, ce sera peut-être la même chose pour d'autres
personnes qui pourront être des invités, sans faire partie d'un
comité quelque part. Il est bien sûr qu'il devra y avoir des
structures, si on décide de procéder comme l'entrevoit le livre
blanc, mais il y a des procédures qui vont être assez difficiles
à observer, je ne vous le cache pas.
M. Lavoie: Si les Optimistes vont en prison, ils vont devenir
pessimistes.
M. Grenier: J'aurais d'autres questions. Je sais que d'autres
comités vont vous suivre, je suis au courant des mémoires qu'on
va présenter, mais je réserve des questions pour d'autres
comités de même que je pourrai vous revenir aussi, car il me reste
du temps sur ma période, d'ici la fin.
M. Bloom: M. le député, est-ce que je puis ajouter
quelques remarques à votre dernière question?
M. Grenier: Oui.
M. Bloom: En lisant le livre blanc, je comprends le souci, du
gouvernement de vouloir contrôler les dépenses.
C'est justement dans ce but qu'il a été
décidé de réunir les gens en deux groupes, où ils
peuvent subventionner les deux groupes, et ceux-ci vont être
obligés de contrôler eux-mêmes les dépenses et les
personnes qui vont faire partie de ces groupes. C'est justement ce que je
disais au tout début, que je trouvais que ce n'est pas de le faire, ce
n'est pas l'idée même, c'est que les conséquences sont la
violation de nos droits fondamentaux, c'est là que se trouve la
violation. Ce n'est pas le fait même ou l'idée que vous voulez
contrôler les dépenses. Là-dessus, je veux dire qu'il doit
y avoir d'autres moyens, il faut que vous trouviez d'autres moyens, je ne suis
pas contre le fait de contrôler les dépenses, je comprends le but
de votre bill 2 aussi, c'est pour contrôler les dépenses. Je ne
suis pas contre ça, en principe, mais pas aux dépens de nos
droits fondementaux, pas pour sacrifier nos droits fondementaux.
C'est ça le but de notre intervention, il faut qu'il y ait un
moyen, il faut trouver le moyen et il doit y avoir moyen de détourner ce
débat, ce cul-de-sac, il y a des moyens, il faut les trouver, c'est
tout, pour contrôler les dépenses et en accordant en même
temps au peuple du Québec le libre choix de s'associer et le libre choix
de s'exprimer comme il veut.
M. Burns: Mais vous n'avez pas vous-même de suggestion
précise actuellement, relativement à ça,
c'est-à-dire en respectant les deux buts, contrôler les
dépenses et le système proposé, qui est le modèle
britannique que nous avons actuellement.
M. Bloom: Malheureusement, je n'ai pas de suggestion à
vous faire, je suis prêt à me pencher là-dessus et je pense
que tout le monde le devrait, parce que c'est en cherchant des solutions...
M. Burns: On est ouvert à n'importe quelle bonne
suggestion qui va réaliser les deux buts que vous venez de
mentionner.
M. Bloom: Malheureusement, pour le moment, on ne s'est pas
penché sur les modalités, comment trouver la solution. Mais, pour
chaque problème, d'après moi, il y a une solution, il faut la
trouver.
M. Burns: Je peux vous dire, M. Bloom, qu'on s'est penché
là-dessus. Je m'excuse auprès du député de
Mégantic-Compton, j'espère que ça ne sera pas
compté sur son temps, mais je peux vous dire bien honnêtement
qu'on s'est penché là-dessus et on a essayé de trouver
toutes sortes de solutions; la seule qui respecte les deux objectifs que vous
venez de mentionner, avec lesquels, soit dit en passant, je suis
entièrement d'accord, c'est le modèle britannique.
Evidemment, il pose un problème, parce qu'on regroupe des gens au
sein d'une même organisation et on va se retrouver peut-être dans
le comité du non, si c'était une question: Etes-vous pour ou
contre l'indépendance du Québec; on va se retrouver au sein du
comité du non avec le Parti libéral, le Parti communiste, les
marxistes, les léninistes, tout ça. Je sais bien qu'ils
n'aimeront pas ça, M. Grenier encore moins.
M. Lavoie: Est-ce que le ministre me permettrait une question,
sans compter le temps?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II
faudrait le consentement du député de
Mégantic-Compton.
M. Lavoie: Est-ce que le député de
Mégantic-Compton...
M. Burns: Soumettez-moi des... J'ai posé la question
à tous ceux qui sont venus ici à ce sujet. Jusqu'à
maintenant, il n'y a personne qui nous donne une alternative.
M. Bloom: Mais si vous ne trouvez pas de solution, M. le
ministre, je dois ajouter qu'il faudrait toujours donner priorité aux
droits fondamentaux. Si vous ne trouvez pas de solution à ce dilemme que
vous venez de mentionner, il n'y a pas de question dans notre esprit, c'est
là qu'il faut choisir.
M. Lavoie: Est-ce que le député de
Mégantic-Compton me permettrait une courte question?
M. Grenier: D'accord.
M. Lavoie: Vous cherchez la solution, pourquoi, effectivement ne
prenez-vous pas la solution britannique, l'expérience de 1975? Vous ne
cherchez pas loin, vous vous inspirez...
M. Burns: Qui est critiquée par eux, exactement.
M. Lavoie: Prenez cette expérience.
M. Burns: Mais oui, on la prend et on l'améliore,
justement.
M. Lavoie: En limitant le droit et la liberté des
gens.
M. Burns: Non, pas du tout, c'est exactement le système
britannique que nous utilisons, et la grosse critique que j'ai vue en
Angleterre là-dessus, et chez les gens du comité du oui et chez
les gens du comité du non, soit dit en passant, incidemment les gens du
comité du non qui ont perdu auraient pu être un peu amers, avoir
la gueule sûre, si vous me permettez l'expression, à ce sujet,
mais, au contraire, c'est ça qui m'a étonné, des gens
comme M. Foote m'ont dit: II y a une chose qui manquait dans notre affaire,
c'était le contrôle des dépenses. Qu'est-ce que vous
voulez! Même les gens qui étaient du comité du oui
disaient: Ils sont pris actuellement avec 100 000 pounds, ils ne savent plus
quoi en faire, les gens du comité du oui. Ils ne les ont pas
dépensées, ils en avaient trop et ils se disent: A qui remettre
ça? C'est bien sûr. Alors, ils se disent: On aurait pu
contrôler les dépenses.
Je partage entièrement les vues de M. Bloom et de M. McCall
là-dessus, mais, je veux le dire, il n'y a pas d'autre solution, si on
veut atteindre ces deux buts, que de créer des comités
d'organisation en faveur d'une position ou en faveur de plusieurs options, s'il
y en a plusieurs.
M. Lavoie: N'oubliez pas qu'en Angleterre, ceux qui ne joignaient
pas les camps du oui ou du non étaient libres, comme désire
être libre M. McCall, en dehors de tout groupe.
M. Burns: II y a peut-être une petite chose que le
député de Laval devrait savoir, c'est qu'en Angleterre, il n'y a
pas de publicité autre que celle payée par la BBC et par le
réseau privé, ce qui n'existe pas ici.
M. Lavoie: Vous parlez uniquement de la
télévision?
M. Burns: La télévision et les journaux. Il y a des
droits très stricts de prévus, cela existe, c'est dans les
moeurs. Cela n'existe pas ici. N'importe qui ici, au Québec, même
au Canada, à ma connaissance, peut noyer n'importe qui de
publicité, s'il a de l'argent à vendre, à revendre et
à remettre dans l'affaire. Alors que là-bas, l'aspect
publicitaire...
M. Lavoie: Est-ce que ce n'est pas cela que vous faites lorsque
vous avez tout l'appareil gouvernemental dans les mains, pour vendre votre
salade? Est-ce que cela n'est pas ça le reproche que vous faites, quand
tout l'Etat, actuellement...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lavoie: Les $12 milliards du budget servent à la cause
séparatiste.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Puis-je
vous rappeler... ' M. Burns: Je vous remercie pour votre objectivité, M.
le député de Laval.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Puis-je
vous rappeler que vous utilisez le temps du député de
Mégantic-Compton.
Je vous redonne la parole, M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, je n'ai pas d'autres
questions à poser, mais j'aimerais bien qu'on me réserve les
quelques minutes qui me restent et qu'on interroge surtout les invités
qui sont ici, qu'ils n'assistent pas à ce duel, mais qu'on les interroge
et qu'on les libère ensuite pour entendre d'autres personnes qui ont
d'excellentes suggestions à nous faire. Et la dernière qu'on nous
a demandée, soit celle...
M. Burns:... soient de taille.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lavoie: ... de Don Quichotte, non plus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît.
M. Grenier: Vous faites rire nos invités, mais je ne suis
pas sûr que vous les intéressez.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Grenier: Je voudrais bien qu'on puisse passer à
d'autres invités au cours de l'après-midi, mais je reviendrai
à la toute fin, si vous le permettez.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
M. le député de Terrebonne.
M. Fallu: Merci, M. le Président. M. McCall et M. Bloom,
votre mémoire, et surtout vos témoignages qui ont vraiment
complété le mémoire touchent à certains aspects du
livre blanc. Vous vous êtes dits d'accord sur l'adoption d'une loi
organique des consultations populaires. Vous avez également donné
une opinion sur la façon d'introduire la motion
référendaire. Vous avez souligné,
comme le livre blanc, d'ailleurs, que là où les questions
devraient se qualifier, vous avez émis certaines réserves sur la
mise sur pied des organisations.
Par ailleurs, vous avez choisi de rester muets jusqu'à
maintenant, sur certains aspects, notamment, sur les techniques
référendaires, en relation avec le scrutin lui-même, sauf
tout à l'heure où on a fait allusion très rapidement
à l'aide financière de l'Etat, au contrôle des
dépenses et au contrôle des revenus qui n'est pas encore
évoqué, mais qui se situe dans la même veine.
Le livre blanc inscrit une mécanique référendaire
dans le cadre même des lois électorales existantes,
c'est-à-dire, selon nos traditions plus d'une fois séculaires, au
Québec.
J'aimerais, si vous le permettez je ne sais pas si c'était
là votre intention aborder ces problèmes, j'allais dire,
de tuyauterie d'élections, par rapport au référendum. Ma
première question serait celle-ci: Est-ce que vous êtes d'accord
pour que la tenue d'un référendum, quel qu'il soit, s'inscrive
dans la mécanique électorale habituelle, à savoir listes
électorales, bureaux de scrutin, présidents de scrutin par
circonscription électorale, décompte du vote, etc.?
M. McCall: M. le député, si je peux passer cette
question à une éventuelle présentation de
Québec-Canada, mon ami Claude Nolin a des idées sur les questions
du scrutin, du vote, du mécanisme de décompte du vote et tout
cela. Peut-être pourrait-on attendre jusqu'à cet après-midi
pour discuter de ces choses.
M. Fallu: Comme c'était le sens de toutes mes questions,
j'attends donc à cet après-midi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Je vous remercie, M. le Président. M. McCall,
tout à l'heure, vous avez cité quelques lignes de Robbie Burns.
Moi je pense, après quelques semaines ici, qu'il aurait
été préférable de citer Carroll's Alice in
Wonderland ou, pas cela, Humpty Dumpty, one of the others.
Vous savez que nous sommes limités par le temps, alors, je
n'ai...
M. Burns: ...
M. Mackasey: Ça commence déjà. Vous voyez
que c'est très difficile de prendre avantage de nos droits fondamentaux
ici. On essaie, vous comprenez? Mais Robbie Burns est un de mes grands
amis.
M. Burns: Lequel, le poète ou le ministre?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Mackasey: Les témoins ne comprennent peut-être
pas toujours qu'ici, bien qu'on se bous- cule un peu, nous sommes encore des
amis, divisés seulement par la philosophie.
I want to say a few words in English, if I may, because time is short;
we are only allowed ten minutes and three seconds, I think. I want to get a
little bit in.
Une Voix: Twenty minutes.
M. Mackasey: Twenty minutes, O.K. Je vais commencer en
français, d'abord.
Ne pensez-vous pas, M. Bloom, que les questions sur les
modalités, toutes ces questions, peu importe, la question fondamentale
c'est la question qu'on va poser à la population? Par exemple, vous avez
souligné, je pense, à la page 2, un exemple seulement.
Autorisez-vous le gouvernement du Québec à négocier en
votre nom avec le gouvernement fédéral et les autres provinces la
souveraineté politique du Québec assortie d'une association
économique avec le reste du Canada?
Now, talking very seriously, it is impossible for us to obtain from the
Government we are members of the Assembly its definition of
sovereignty-association except...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'ai
déjà, la semaine dernière...
M. Mackasey: I am not even allowed to ask that question...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
pense...
M. Mackasey: Voulez-vous attendre que je termine au moins mon
exposé.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
comprends, je suis extrêmement sceptique, depuis quelques jours, lorsque
vous prenez la parole. Je vous écoute avec beaucoup d'attention. Je ne
veux pas vous interrompre, mais je voudrais vous mettre en garde de ne pas
entrer dans la définition des termes qui pourraient faire l'objet d'un
référendum.
M. Mackasey: "If I am out of order", vous me le direz, mais pas
avant que je pose la question. D'accord.
Vous pouvez lire, si vous le voulez, les débats de
l'Assemblée nationale. Avez-vous lu la seule définition de
souveraineté économique? Vous la trouvez dans l'édition du
16 mars par le premier ministre du Québec. "Are you aware of his
definition?"
M. Bloom: Je dois vous avouer, M. Mackasey, que je ne l'ai pas
lue.
M. Mackasey: Well, I won't try to quote it but I could refer to
you... It makes it very clear that there is no distinction between that and
total separation, in the sense that Québec would have
its own post office and its own army. It is all lined up there by the
prime minister of Québec.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce...
M. Mackasey: My question is: How...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... s'il
vous plaît! je vous mets...
M. Mackasey: Je cite seulement...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît! je
vous mets en garde une deuxième fois. Ce n'est pas le but de la
commission ici de définir les différents termes qui pourraient
être employés ou le sens des termes qui pourraient être
employés lors d'un éventuel référendum. Je pense
que vous êtes carrément en dehors du sujet.
M. Mackasey: The reason I raised this I do not want to be
cited the third time because I do not know what will happen to me, I may loose
my head but I am trying to say, to help the Government come up with a
clear option. If I was not a member here I may not be by the time the
referendum comes, say in 1979 I would like to know what it means before
I vote for it. It seems to me the French Speaking Canadians and English
Speaking Quebecers as well here, all of us who have a right, want to know what
we are voting for. Is that not really the nucleus of your brief today, that we
should know what we are voting for?
M. Bloom: Oui, absolument. On l'a dit dans notre mémoire.
Même, j'ai pris bonne note des remarques du ministre qui a dit être
complètement d'accord avec nos remarques, sauf pour ce qui concerne un
de nos critères, parce qu'on avait fixé ou établi cinq
critères sur lesquels il nous dit être complètement
d'accord. Je pense qu'il est d'accord avec ce que vous venez de dire. S'il ne
l'est pas, il peut le dire, mais il nous laisse l'impression au moins
d'être d'accord avec ce que vous venez de dire. C'est peut-être le
but, comme vous dites, de notre mémoire. Il y a d'autres points qu'on a
soulevés également, mais une partie importante de notre
mémoire, c'est la question ou les questions qui vont être
éventuellement posées au peuple québécois.
M. Mackasey: M. Bloom, vous parlez d'une association
économique avec le reste du Canada. Vraiment, cela existe à
l'heure actuelle.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, c'est encore sur le
fond.
M. Mackasey: Je cite le mémoire du témoin.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'ai
déjà dit également que j'étais...
M. Mackasey: Voulez-vous me dire que je n'ai pas cité le
mémoire du témoin?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, je demande votre
collaboration. En ce qui concerne les intervenants, j'ai déjà dit
que je faisais preuve d'une plus grande souplesse qu'envers les membres de la
commission. Je demande votre collaboration, lorsqu'il y a des remarques sur le
fond d'une question dans un mémoire, pour ne pas les soulever
intentionnellement et lancer le débat sur ces questions. Je pense que
les autres membres de l'Assemblée l'ont respecté depuis ce
matin.
M. Mackasey: M. Bloom, I am not allowed to use those
expressions.
M. Bloom: M. Mackasey, je peux peut-être ajouter... Je
pense que je sais où vous voulez en venir avec votre question, sans
mentionner le référendum. Je peux parler en général
de la question ou des questions qui devraient être objectives,
impartiales et ainsi de suite. Il n'y a pas d'équivoque
là-dessus. Nous sommes tous d'accord là-dessus.
M. Mackasey: The question I am really getting at, and I won't get
anybody into trouble, is that if the referendum was held next week, under le
cadre de la loi, in which we asked the people if they prefer to eat cabbages or
tomatoes and we may be told what to eat under the new green paper in
culture surely the people should know what the difference is between
cabbages and carrots, would you agree with that? That is...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît!
M. Bloom: Je pense que je pourrais ajouter ceci, M. Mackasey, et
on l'a dit dans notre mémoire, que la ou les questions devraient
être réalistes, c'est-à-dire que, juridiquement parlant, si
on pose une question sans mentionner la question qu'on vise, ce qui n'est
juridiquement pas réaliste, il n'est pas dans le pouvoir de la
juridiction québécoise de décider de
légiférer; je traiterais et je qualifierais une telle question
d'irréaliste. C'est justement ce qu'on a dit dans notre mémoire.
Il faut que le gouvernement, lorsqu'il se penche sur la question, pense non
seulement à la question qui serait juste, neutre, impartiale, non
équivoque, non ambiguë et ainsi de suite, mais également
qu'il y ait quelque chose qui tombe dans sa juridiction, si jamais arrive le
temps de légiférer là-dessus, d'y donner suite, parce que
si on veut donner suite au référendum, et je pense
qu'éventuellement il faut donner suite aux résultats d'un
référendum, autrement c'est une perte de temps et d'argent des
contribuables... Donc, les résultats de la question ou des questions
devraient être tels que le gouvernement aurait le pouvoir d'y donner
suite éventuellement. Je pense que cela répond à votre
question.
M. Mackasey: A mes questions dans ce domaine, si vous voulez.
Votre réponse suggère que ce n'est pas logique de poser des
questions qui ne sont peut-être pas réalistes; par exemple, quand
on parle d'une association après l'indépendance, est-ce qu'on
devra décrire au peuple que cette association sera avant ou après
l'indépendance? Il y a aussi une grande différence à ma
connaissance. Pensez-vous qu'il y a une différence entre
l'indépendance avant d'entreprendre une négociation avec le reste
du Canada, ou est-ce qu'on est supposé faire la négociation avant
l'indépendance? Est-ce que la population devra être au courant
clairement dans la question? How will you make this question claire et nette,
other than by asking: Do you want to remain in a united Canada? I do not
understand. Do you think they should know the difference?
M. Bloom: Je pense que vous posez une question dont la
réponse est évidente. J'aimerais dire ceci, par contre: On sait
tous ici, y compris le ministre, que la question d'association, c'est une
question négociable. On ne peut pas, si on est partenaire... Il est un
ancien négociateur, le ministre, je l'ai connu, à ce moment, il
travaillait dans le domaine du droit ouvrier, il sait que lorsqu'on est
à une table de négociation, il y a deux parties. On ne peut pas
négocier seul. Cela prend une autre partie, non seulement avec qui
négocier, mais également qui est prête à consentir,
à accepter ce que vous proposez.
Donc, si l'autre partie avec qui vous négociez n'est pas
prête à accepter, les négociations vont arrêter
à ce point-là, c'est évident. On ne peut pas aller plus
loin. Donc, pour répondre à votre question: A quel moment? C'est
l'argument du "chicken and egg". C'est lequel on fait d'abord? Je ne sais pas.
Mais, par contre, le ministre doit tenir compte, dans sa question, ou le
gouvernement, dans la rédaction de la question, du fait qu'il y a
certains pouvoirs qu'il n'a pas, certains mandats qu'il n'a pas. Il n'a pas un
mandat en dehors des frontières de la province de Québec. Il ne
peut pas négocier avec quelqu'un qui ne veut pas négocier avec
lui et il ne peut pas obliger des personnes à négocier avec lui,
si elles ne veulent pas.
M. Mackasey: Une autre question, M. Bloom, si vous voulez, ou qui
que ce soit: A la page 4, vous parlez de trois options. Il peut y en avoir
quatre. Supposons que trois options sur quatre sont des options
fédéralistes, ce n'est pas tout à fait la même chose
que le statu quo ou "electoral reform", etc. Comprenez-vous le schéma du
gouvernement pour le financement du référendum, que ceux qui ont
tendance à rester unis dans le Canada vont recevoir du gouvernement
trois fois le montant de ceux qui partagent le sentiment de la dernière
question, qui est: Etes-vous pour la séparation ou êtes-vous pour
l'indépendance, point?
M. McCall: Ce que je comprends, c'est que d'après le livre
blanc, les comités de toutes les options reçoivent le même
montant, la même subvention du gouvernement.
M. Mackasey: Alors, s'il y a trois questions
fédéralistes, ceux-ci vont avoir trois fois plus d'aide que ceux
qui sont contre.
M. McCall: II paraît, d'après le livre blanc, oui,
mais...
M. Mackasey: Je peux dire le contraire: Si vous êtes pour
l'indépendance, point, pour la séparation, point, si vous
êtes pour la souveraineté avec association économique,
point, et si vous êtes pour un Canada uni; il y aurait trois fois plus
d'argent mis à la disposition de ceux qui ont une tendance
indépendantiste que ceux qui ont une tendance
fédéraliste.
M. McCall: Vous avez raison, M. le député. Je le
demande à M. Burns, mais je crois que c'est écrit.
M. Burns: C'est ça. Effectivement, c'est ça.
M. Mackasey: J'espère que c'est un accident et non pas
fait par exprès.
M. Burns: Si jamais il y avait trois questions comme la
fabulation que nous expose actuellement le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. McCall: C'est peut-être une autre raison de...
M. Burns: Je dis que c'est de la fabulation parce que je vous ai
dit tout à l'heure que la question ou les questions ne sont pas
arrêtées.
M. McCall: C'est peut-être une autre raison de ne pas avoir
plus de deux options, parce que, autrement, il y aurait un
déséquilibre entre les montants, les dépenses qu'on alloue
à chaque comité.
M. Burns: M. McCall, je vous exprime mon avis personnel, mais mon
avis personnel n'est pas le seul qui va entrer en ligne de compte
là-dedans, mais je dis que je partage votre opinion. Je le souhaiterais
personnellement, mais ça, c'est un avis très personnel. Je
n'engage pas le gouvernement à ce moment-là.
M. Mackasey: Je ne veux pas vous mettre dans l'embarras, M.
McCall...
M. Grenier:... convaincre vos collègues...
M. Burns: Je suis convaincu que la question devrait se
répondre par un oui ou par un non. Je suis d'accord avec vous...
M. Mackasey: M. McCall...
M. Burns: Mais ça, c'est une opinion personnelle à
moi qu'on soit bien clair là-dessus tout en vous disant
que la question n'est pas arrêtée ou que les questions ne sont pas
arrêtées. Il y a diverses approches à l'intérieur du
gouvernement actuellement.
M. Mackasey: Je ne veux pas vous demander, M. McCall, si vous
pensez que le ministre va poser trois questions fédéralistes sur
quatre ou trois questions séparatistes sur quatre, mais moi, je peux
dire mon opinion carrément. There is nothing here that indicates to me
that the bias will not be towards independence. My only point, as a former
minister of Labour this was one of my worthy friends around many
bargaining tables is that I rarely saw people start out...
M. Burns: I remember, I remember.
M. Mackasey: ... we solved that one by that à la
dernière minute. I hope this one is solved too. The point I want to get
at we are not going to solve this by confrontation or appeasement
but I rarely saw two parties sit down with the firm intention of separation or,
excuse me, of striking. We usually stumble into a strike. That is the danger of
emotion, the danger of lack of clarity. All I am trying to say is that I do not
want to see my country stumble into separation by having people vote for things
that are not clear...
M. Burns: Cela, c'est de l'opinion, je pense, M. le
Président.
M. Mackasey: ... I am only trying to make the point that I
approve your emphasis on clarity, and I do not think, in fairness to everybody,
how we can be clearer than saying to the people that we respect: We are
responsible, intelligent, French-speaking Canadians, we are the majority here,
a simple question: Do you want to remain within Canada?
That would pose no financial problem because each side will get the same
kind of money, the people would really be able to practice democracy and then
after they have said: Yes we want to stay, which about 85% would, then you sit
down at the provincial-federal conference and reshape the constitution, if
necessary. But to go the other way round means you are going to sit down in a
poisoned atmosphere. Thank you very much, I think my ten minutes are up.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, nos invités nous ont
parlé tantôt, ils nous ont, en fait, accordé un appui
quelque peu qualifié à ce désir du gouvernement d'adopter
une loi-cadre sur la consultation populaire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, j'aimerais vous informer qu'il restait environ huit minutes
au député de Laval et que d'autre part, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce a pris dix-sept minutes. Nos
chiffres sont pas mal comparables, de sorte qu'il vous resterait environ onze
minutes.
M. Gratton: Une quinzaine de minutes.
Comme d'habitude, M. le Président, j'en prendrai cinq, au
maximum.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
C'était seulement pour vous informer.
M. Gratton: Votre groupe qualifie son appui à l'adoption
d'une loi-cadre, en disant que l'outil du référendum ne devrait
pas servir à toutes les sauces, mais on reconnaît tous ici en
commission, comme dans l'ensemble de la population, que ce dont on parle au
Québec et même à l'extérieur du Québec,
à la grandeur du pays, lorsqu'on parle de consultation populaire et de
référendum, on parle d'un référendum en
particulier, celui de l'avenir constitutionnel du Québec.
J'ai eu l'expérience, la semaine dernière, d'aller
à un colloque de l'Association des parlementaires du Commonwealth
où le thème du colloque était: Le
référendum, outil de la démocratie. C'est assez large
cela, je pense qu'on pouvait s'attendre à ce qu'on parle d'une loi-cadre
du référendum comme outil de la consultation populaire.
Effectivement, on l'a dit l'autre jour, je le répète, à
part les délégués à ce colloque qui venaient de
l'extérieur du Canada et en fait des Antilles, qui eux se sont
adressés au thème précis qui était: Le
référendum, outil de la démocratie, les
délégués de toutes les autres provinces, incluant ceux du
Québec, n'avaient qu'une chose en tête: le
référendum sur l'indépendance. Les questions qu'on posait
aux délégués du Québec par rapport au livre blanc
étaient toutes en fonction des appréhensions qu'on a sur les
intentions du gouvernement, sur la façon qu'entend adopter le
gouvernement pour mener sa consultation populaire sur l'indépendance du
Québec.
Ayant dit tout cela et en acceptant que vous soyez d'accord avec
l'idée d'une loi-cadre sur la consultation populaire, est-ce que vous ne
trouvez pas que le temps d'adopter cette loi-cadre, ce ne serait pas seulement
après qu'on aura réglé le référendum, le
seul référendum qui intéresse la population du
Québec présentement, celui sur l'avenir constitutionnel du
Québec.
Qu'on règle celui-là à partir d'une loi
spécifique qui édictera des règles pour la tenue de ce
référendum en particulier et une fois qu'on l'aura fait, qu'on
aura eu la réponse qu'on mérite au Québec, à une
question précise, tout cela, on aura non seulement des règles de
portée générale qu'on pourra inclure dans une loi-cadre,
mais on aura en plus le rodage de l'exercice qu'on aura fait en faisant ce
référendum.
Le ministre a fait allusion à la possibilité de roder la
loi-cadre par la tenue d'un référendum, soit sur l'énergie
nucléaire ou sur d'autres choses...
M. Burns: C'est-à-dire que je ne l'ai pas exclue.
M. Gratton: Non, non, et puis d'ailleurs... M. Burns: Je
ne l'ai pas promise non plus.
M. Gratton: Non, non, je le prends dans ce sens aussi, mais je
dis simplement que si on fait le rodage de l'appareil, au Canada, sur quelque
chose autre que sur l'indépendance, la population n'y croira pas, ne s'y
retrouvera pas et j'aimerais connaître votre commentaire
là-dessus. Vous êtes d'accord avec une loi-cadre, est-ce que vous
ne pensez pas qu'on devrait attendre de régler la question
constitutionnelle, par au moins un référendum, parce qu'il n'est
pas sûr qu'il n'y en aura pas deux. Réglez celle-là et
ensuite procédez à l'adoption d'une loi-cadre.
M. McCall: Je ne comprends pas. Si je comprends bien, M. Gratton,
ce que vous proposez c'est une loi spéciale pour un
référendum spécial, c'est-à-dire le
référendum sur l'avenir politique du Québec et cela
pourrait apporter des provisions, des sections de cette loi qui soient
spéciales et directement dirigées sur cette question de
référendum spécial, mais ce qui ne s'applique
peut-être pas à d'autres référendums. C'est votre
suggestion?
M. Gratton: C'est cela.
M. McCall: Pour moi, c'est une idée très
intéressante, et c'est quelque chose à suivre. A mon avis, il y a
des cas spéciaux. Il y a peut-être des clauses spéciales
à faire pour le référendum constitutionnel.
M. Gratton: Par exemple, la formulation de la question?
M. McCall: Par exemple, la formulation de la question est
beaucoup plus importante dans cette affaire qu'une question sur le pouvoir
nucléaire, l'énergie, l'avortement ou même les ceintures de
chasteté, pour prendre un exemple.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
McCall, je vois que vous avez entendu les membres du Barreau.
M. Gratton: Je veux que ce soit bien clair, M. McCall. Votre
organisme, qui se dit favorable à l'adoption d'une loi-cadre, ne
s'opposerait sûrement pas à ce que cette loi-cadre ne soit
adoptée qu'après la tenue du référendum sur
l'avenir constitutionnel.
M. McCall: Pas du tout, M. Gratton.
M. Gratton: Dernière question. Je pense qu'on n'a pas
encore abordé le sujet de la formulation de la question et la ou les
langues dans laquelle ou lesquelles la question devrait être
formulée. Pou-vez-vous me dire si votre groupe considère que la
question devrait être unilingue française ou si elle devrait
être bilingue, quelle qu'en soit la complexité? On a fait
allusion, du côté du ministre, que, si c'était
compliqué, on pourrait l'avoir dans les deux langues et que, si
c'était simple, on pourrait l'avoir seulement en langue
française. On fait grand état du fait qu'il va y avoir un
débat qui va durer des années et que personne ne se
méprendra sûrement sur le sens de la question, même si elle
n'est posée qu'en français.
Je veux que vous me disiez clairement si la question devrait être
sur le bulletin de vote dans les deux langues officielles du Canada ou dans une
seule langue, la langue officielle du Québec.
M. McCall: Pour nous, il est essentiel de l'avoir dans les deux
langues. Il y a beaucoup de monde, des Anglais unilingues qui ne comprendront
pas une question formulée uniquement en français; alors, c'est
essentiel.
M. Gratton: Un dernier commentaire là-dessus. J'aimerais
indiquer... Oui.
M. Bloom: Je voulais tout simplement dire que même si
c'était en une seule langue, on aurait des problèmes. Si
c'était uniquement en français, il y a la question de savoir si
c'est assez clair pour que tout le monde comprenne. Même lorsque c'est le
plus clair possible, en toute bonne foi, il y aura des personnes qui ne
comprendront pas si elles sont unilingues francophones. Donc, à plus
forte raison, pour que la question soit bien comprise par les anglophones et
par les francophones, il faut la poser dans les deux langues, il n'y a pas de
choix.
M. Gratton: J'irais même jusqu'à dire que si tout le
monde comprenait la question, quelle que soit leur origine ethnique, il y
aurait toujours ceux qui, au lendemain du référendum, auraient
perdu, dont l'option aurait été battue, qui pourraient invoquer
que cela n'a pas été juste, que le résultat n'est pas
valable, parce qu'ils ne comprenaient pas la question, même si ce n'est
pas vrai. Il me semble que, dans un esprit de transparence, cela devrait
être automatique, cela devrait venir spontanément du ministre: Ce
sera dans les deux langues! Ce ne serait pas déroger à l'exemple
que nous cite si souvent le ministre, celui de la Grande-Bretagne, parce que
là aussi, effectivement, il y a eu du bilinguisme sur le bulletin de
vote.
M. Burns: Le texte était en anglais, en Grande-Bretagne,
je pense.
M. Gratton: II était en anglais, mais la loi
prévoyait qu'il pouvait être en gallois aussi au pays de Galles.
C'est-y assez fort? En Angleterre, ce n'est toujours pas là où la
langue est menacée d'aucune façon, ce n'est pas là que
sont les plus français, en tout cas!
Dans le livre blanc, on donne un exemple du bulletin de vote et la
question: "Do you think that the United Kingdom should stay in the European
Community, yes or no? And there is a statement underneath. Provision will be
made for bilingual ballot papers to be used at polling station in Wales. That
is fair play, I think! Ils ne l'ont pas inclus seulement dans le livre blanc,
ils ont eu de la suite dans les idées, quand ils ont adopté la
loi, à la section VII de je ne sais pas trop quel article, de l'article
3, je pense; effectivement.
"Section II, one of the Wales language Act, 1967, powered to describe
welsh version, should apply in relation to an order in council under this
section as if the orders were in that..." On a été bilingue en
Grande-Bretagne.
Il me semble que si on veut suivre l'exemple de la Grande-Bretagne
et je dis qu'on ne l'a pas suivi je ne sais pas combien de
Gallois il y a dans le pays de Galles, mais je sais qu'il y a tout au moins un
million de Québécois, de vrais Québécois, du vrai
monde comme tous les autres, qui ont droit également à ce que la
question soit aussi claire pour eux que pour tous les autres. A mon avis, c'est
essentiel, c'est primordial, c'est fondamental. Cela indique bien que la
question doit être formulée dans les deux langues, quelle qu'en
soit la simplicité ou la complexité. J'imagine que vous
êtes d'accord là-dessus.
M. McCall: II faut tout le "kit".
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Gatineau. M. le ministre.
M. Burns: M. le Président, très brièvement,
étant donné que, dans les dernières minutes, on s'est
surtout occupé de l'aspect question, je voudrais revenir à cela.
Je n'aime pas dire qu'on me cite mal, parce que cela donne toujours
l'idée du gars qui se défend en disant qu'on l'a mal cité,
etc. Mais je ne sais pas avec quel entêtement le député de
Gatineau avec cette supposée citation venant de moi, qui n'est pas de
moi, en tout cas, selon laquelle j'aurais dit à un certain moment que si
la question était compliquée, elle serait bilingue et si elle
n'était pas compliquée elle ne serait pas bilingue. Ce que j'ai
effectivement dit et je tiens à rétablir ces faits, M. le
Président c'est que le souhait du gouvernement était que
la question soit la plus claire possible et là-dessus nous rejoignons
votre recommandation, M. McCall et M. Bloom. J'ai mentionné mon opinion
personnelle tout à l'heure et elle deviendra effective ou non, selon la
décision du gouvernement. Je ne suis pas le seul à en
décider, mais je la ferai sûrement valoir. J'ai toujours dit que
si la question était claire, comme on espère qu'elle le soit,
c'est peut-être moins compliqué, à ce moment-là, de
la mettre uniquement en français, sans fermer la porte, d'autre part,
à une question bilingue. Je vais vous dire pourquoi j'ai émis
cette opinion. Mon humble opinion, actuellement, c'est qu'avec la loi 101 il
faudrait, soit par la loi sur le référendum, soit par un
amendement spécifique à la Charte de la langue officielle ou de
la langue française, faire un amendement, parce que c'est un acte
officiel du Québec et comme tel...
M. Gratton: Faites-le.
M. Burns: Je ne vous dis pas qu'on ne le fera pas. Je vous dis
que, dans l'état actuel des...
M. Gratton: Si vous avez manqué votre coup avec la loi
101, corrigez-vous.
M. Burns: Je ne vous ai pas interrompu tout à l'heure,
vous avez fait votre baratin comme vous avez voulu et je ne vous ai pas
emmerdé. Voyons donc!
Je vous dis simplement, sur l'aspect de la question, que je
considère que vous avez fait un effort sincère pour nous
convaincre de votre position, je l'apprécie d'ailleurs beaucoup, je
trouve que vous avez gardé ce ton qu'on essaie de garder à la
commission, de dénuer votre présentation de toute
émotivité et de ne pas mêler les questions; mes
collègues, ministériels, l'apprécient également, et
je me fais leur porte-parole en vous remerciant pour avoir gardé ce ton.
Je vous mentionne aussi que dans cet échange, j'ai été
convaincu que l'on semblait accorder beaucoup d'importance à la
phraséologie de la question, à la façon de la concevoir.
J'ai fait sursauter beaucoup de gens lors de mon retour de Grande-Bretagne
où on était justement allé étudier sur place ce
phénomène, en disant que je gardais l'impression que la
phraséologie de la question, comme telle, n'avait pas autant
d'importance que l'on semble vouloir lui en donner, c'est clair. Je pense que
je me trouve en très bonne compagnie quand je vous dis cela; vous
connaissez peut-être M. David Butler, un politicologue bien connu de
Grande-Bretagne, il est professeur et a de nombreux ouvrages à son
crédit, dont celui qui s'appelle "The 1975 Referendum".
M. McCall: Butler et Kitsinger.
M. Burns: C'est cela, M. Butler est un des deux coauteurs de ce
livre. Récemment je vous le dis en passant j'en ai pris
connaissance plus tard, parce que je n'étais pas ici quand M. Butler a
tenu cette émission, à l'émission "90 Minutes Live", de
CBMT, M. Butler disait ceci, parlant de la phraséologie de la question:
"In Quebec as in Britain, it does not make much difference". II parlait,
à ce moment-là, "of the wording of the question itself".
M. Mackasey: It defends how much money is spent on it.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: Un autre théoricien, qui a été
appelé à regarder cette situation, M. Philip Good-heart, dans son
"Full-hearted Consent", dans l'étude qu'il a faite là-dessus, est
à peu près de la même opinion. J'ai eu le plaisir
justement, au cours de ce voyage en Angleterre, de rencontrer et M. Butler et
M. Goodheart, qui m'ont confirmé de vive voix que, lorsque le
débat est entrepris, lorsque la question, à toutes fins
pratiques, vient devant l'Assemblée nationale, quelque forme qu'elle
prenne, il y a tellement de publicité qui l'entoure qu'au moment
où les gens sont appelés à faire leur croix pour un oui ou
pour un non, ou pour une option, s'il y a plus qu'une question, ils sont
tellement au courant de la façon dont il faut réagir que c'est
dans ce sens que les gens disent: II ne
faut pas y accorder plus d'importance que cela en a. J'ai eu cette
opinion de façon généralisée.
L'engagement que nous prenons devrait, je pense, être rassurant
par rapport aux exigences que vous nous soumettiez tout à l'heure; il
est de notre désir que la question soit le plus claire possible et qu'il
n'y ait pas d'ambiguïté surtout avec la connaissance normale que la
population va en avoir au cours du débat qui va précéder
la tenue de ce référendum dont on a parlé longuement ce
matin ou de tout autre référendum. Je tiens à prendre, au
nom du gouvernement, cet engagement de ne pas essayer passez-moi
l'expression de piper les dés "to stack the decks"
comme on dit souvent, quant à la façon de bâtir la
question. Je vous remercie infiniment de votre présentation.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Mégantic-Compton m'ayant fait part qu'il ne
désirait pas, sauf pour dire merci, utiliser le reste de son temps, je
cède la parole au député de Laval, avec le consentement
unanime, car il reste trois minutes.
M. Lavoie: D'ici 13 heures, nous aurons terminé et nous
pourrons procéder, cet après-midi, à l'audition du
mémoire d'un autre organisme. Je ne voudrais pas faire de commentaire
sur le fait...
M. McCall: M. le Président... M. Lavoie: Oui,
excusez-moi.
M. McCall: ... excusez-moi, je vous demande tout simplement si on
aura deux minutes pour faire un résumé après.
M. Lavoie: Oui.
M. McCall: D'accord.
M. Lavoie: Je ne ferai pas de commentaire sur le fait que le
ministre a déposé le livre blanc au mois d'août,
s'inspirant prétendument de l'Angleterre, et qu'il décide au mois
d'octobre, deux mois après, d'aller voir ce qui s'est passé en
Angleterre.
M. Burns: Ah! C'est injuste, ça!
M. Lavoie: C'est injuste? Ce n'est pas la
réalité?
M. Burns: Non, écoutez! On savait ce qui se passait en
Angleterre. Ce qu'on est allé voir, en Angleterre, c'est de facto
comment cela avait été bâti. Les lois, le livre blanc,
etc., on l'avait, comme vous l'avez vous aussi; vous n'avez pas eu besoin
d'aller en Angleterre pour faire cela. Ne soyez pas injuste, quand
même.
M. Lavoie: Maintenant, en ce qui concerne la Loi de la langue
officielle, j'ai entendu le ministre tout à l'heure dire j'ai
peut-être mal saisi que, pour qu'il y ait bilinguisme sur le
bulletin de vote, il faudrait un amendement à la loi 101. Ai-je bien
compris?
M. Burns: J'ai peut-être tort, mais c'est mon
interprétation première.
M. Lavoie: Ne croyez-vous pas qu'en vertu de notre
constitution...
M. Burns: II y a des avocats qui m'ont dit que j'avais tort,
d'ailleurs. Remarquez que je peux me tromper, je ne suis pas infaillible.
M. Lavoie: D'après notre constitution actuelle, l'article
133, je crois, tout geste posé par le Parlement, toute loi et aussi
toute résolution, si nous posons la question par
résolution...
M. Burns: Je n'entreprendrai pas un débat à
caractère juridique avec vous là-dessus, je vous dis tout de
suite que je peux avoir tort. Il y a même des avocats que j'estime
beaucoup, au point de vue de leurs opinions, qui m'ont dit que j'avais
tort.
M. Mackasey: It is one language in which we have been insulted
before, it is not the end of the world! It is not the only time we have been
insulted, we do not mind!
M. Lavoie: Je crois que M. Bloom est un expert dans le domaine
des droits et libertés, des libertés civiles, des libertés
individuelles. Aujourd'hui, le ministre a manifesté à beaucoup de
reprises le désir, le souhait, l'intention que ce soit clair, qu'il n'y
ait pas d'accroc aux droits fondamentaux, et j'aimerais que ces voeux, ces
désirs, ces intentions se transforment en un engagement positif à
cet effet. Je pense que c'est notre rôle d'Opposition d'exiger oette
transposition des désirs, de souhaits et d'intentions en engagement
formel au nom de la population.
Je relie cela au fait que la question doit être honnête,
sans équivoque, précise, claire, honnête,
démocratique et tout. Ne croyez-vous pas et la question est
à M. Bloom s'il y a une complexité dans une question, vous
l'avez dit vous-même, que, même pour les francophones, surtout si
elle est unilingue, il y a là déjà une difficulté
pour tous les francophones de la bien saisir, sans parler du million de
non-francophones?
S'il y a plus qu'une question, il y a encore plus de risque de
complexité, surtout s'il y a deux ou trois questions. Ne croyez-vous pas
qu'indirectement il y aurait un accroc justement à des droits
fondamentaux d'expression pour les citoyens francophones et autres, surtout
après, si, jamais dans l'hypothèse que ce soit très
complexe, une question encore plus complexe avec deux ou trois questions
complexes? Après un mois ou deux mois de battage de publicité
à savoir que c'est complexe, qu'on n'y comprend rien, que les questions
se croisent et tout, l'effet psychologique, lors du scrutin pourrait être
que 20%, 25% ou 30% de la population n'oseraient pas exprimer leur opinion.
Je pense à un grand pourcentage de personnes âgées
de 70, 75 ans et plus à ma connaissance, qui sont dans des centres
d'accueil et tout, qui ont eu une publicité de deux ou trois mois, et
pour qui c'est complexe au point qu'on n'y comprend rien.
Un autre pourcentage de Québécois n'ont pas eu l'avantage
d'avoir une éducation supérieure. Il y en a encore qui n'ont fait
qu'une quatrième, une cinquième ou une sixième
année; l'effet psychologique sur ces gens, qui représente 30% ou
40% de la population, sera tel qu'ils n'oseront pas se présenter au
bureau de votation. Ils diront: Je ne veux pas passer pour un cave et demander
au scrutateur, au représentant ou au greffier de m'expliquer une, deux
ou trois questions.
Ne voyez-vous pas un danger de bris indirect de droits fondamentaux dans
cette complexité? Je rejoins d'ailleurs le fait qu'il y a un danger
réel, un effet psychologique que beaucoup de gens seraient privés
de la compréhension nécessaire ou n'oseraient pas exprimer leur
point de vue.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Très brièvement, M. Bloom, s'il vous plaît!
M. Bloom: Merci, M. le Président. Je pourrais
répondre tout simplement par oui, mais j'aimerais faire une
réponse un peu plus élaborée. D'abord, il est
évident que la complexité d'une question est à
éviter; à plus forte raison est-elle à éviter
à propos de plusieurs questions et je pense que le ministre l'a dit
également. Cependant, j'aimerais attirer votre attention sur un autre
problème; avec une question qui a plusieurs options ou qui a plusieurs
volets au lieu de demander un oui ou non à une question, il y a
impossibilité de couvrir toutes les options possibles en donnant deux,
trois, quatre, même cinq ou six options, c'est impossible; même en
mettant 100 options, vous ne couvrez pas tou- tes les options, il y aura des
gens ici dans la province qui diront: Je ne suis en mesure de répondre
oui ou non à aucune de ces options. Aucune de ces options ne
répond à mes désirs. Je veux que ce soit quelque chose
d'autre. Est-ce qu'on va dans ces cas laisser un blanc pour que M. Untel ajoute
une 101e option? Quant à moi, c'est impossible, on ne peut pas. C'est
justement dans ce but qu'on suggère sincèrement au ministre de
bien vouloir choisir l'option qu'on a recommandée: oui ou non. Cela
couvre tout le monde, parce que s'il n'y a qu'un oui ou un non, il faut, par
définition, couvrir toute la population du Québec, pour la
question qui est posée, tout le monde est soit d'accord, soit pas
d'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. Bloom. Très brièvement, M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Bien précisément, je voudrais M.
McCall, M. Bloom, vous remercier de votre clairvoyant exposé du
problème et de la clarté avec laquelle vous vous êtes
exprimés aujourd'hui. Vous nous avez certainement donné un
éclairage encore une fois dont on a besoin ici à cette
commission. Je voudrais donc, au nom de notre parti, vous en remercier.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Au nom
de tous les membres de la commission parlementaire, je vous remercie
énormément de votre grande collaboration aux travaux de cette
commission parlementaire. Merci.
Les travaux de la commission sont ajournés sine die, mais
reprendront après la période des questions vers quatre
heures.
(Fin de la séance à 13 h 5)
Reprise de la séance à 17 heures
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs! Est-ce qu'il y a consentement unanime des membres
présents pour que la commission commence ses travaux, malgré
qu'il n'y ait pas quorum? Le quorum étant de dix membres, nous sommes
neuf avec le président actuellement.
Une Voix: M. Charbonneau est là.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
mais M. Charbonneau n'est pas ici.
M. Lavoie: M. Gratton sera ici dans quelques instants, il parle
en Chambre actuellement sur la loi 67.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
qu'il y a consentement unanime pour commencer quand même?
M. Lavoie: Oui.
M. Burns: On a considéré qu'il y avait quorum.
M. Roy: Je viens de faire le décompte et nous avons
quorum, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Si tous
pensent qu'il y a quorum, nous allons commencer. Les membres de la commission
pour...
M. Grenier: Le député de Notre-Dame-de-Grâce
parle pour deux.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... la
présente séance seront: M. Charbonneau (Verchères) en
remplacement de M. Bertrand (Vanier); M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Brochu
(Richmond), M. Burns (Maisonneuve), M. Gratton (Gatineau), M. Grenier
(Mégantic-Compton), M. Johnson (Anjou) remplacé par M.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata); M. Laberge (Jeanne-Mance), M.
Lamontagne (Roberval) remplacé par M. Ciaccia (Mont-Royal); M. Lavoie
(Laval), M. Lévesque (Taillon) remplacé par M. Fallu
(Terrebonne); M. Mackasey (Notre-Dame-de-Grâce), M. Martel (Richelieu),
M. Morin (Louis-Hébert) remplacé par M. Gagnon (Champlain); M.
Morin (Sauvé) remplacé par M. Ouellette (Beauce-Nord); M.
Paquette (Rosemont), M. Roy (Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda) et M.
Vaugeois (Trois-Rivières).
J'inviterais maintenant le Mouvement Québec-Canada et ses
représentants à venir présenter leur mémoire, s'il
vous plaît, tout en rappelant aux membres et aux intervenants que la
commission, parce que ce n'est pas son mandat, ne doit devenir, ni pour les
membres ni pour les témoins, un forum pour les tenants ou les opposants
de thèses devant éventuellement faire l'objet d'un
référendum au Québec, nonobstant ce principe fondamental
qui devra être respecté, il est évident qu'il serait
contraire aux règles élémentaires du parlementarisme de
tenter d'interdire toute intervention qui s'appuierait sur des exemples
concrets pour exprimer une opinion sur les consultations populaires.
En cas de doute, comme je l'ai déjà dit, il faut pencher
pour une plus grande liberté plutôt que pour la contrainte.
Je me réserve néanmoins le droit d'interrompre tout
opinant cherchant à faire de la présente commission une tribune
pour faire valoir une thèse plutôt qu'une autre ayant trait
à une question qui ne relève pas directement du mandat de cette
commission. Là-dessus, je demanderais au porte-parole du mouvement de
bien vouloir se présenter et de présenter celui qui
l'accompagne.
Mouvement Québec-Canada
M. Gignac (Jean-Pierre): Mon nom est Jean-Pierre Gignac. Me
Claude Nolin m'accompagne, il est le président du mouvement.
M. Roy: Je m'excuse, mais on vient de lire une lettre...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est un
document que je lis devant tous les intervenants depuis le début des
travaux de cette commission, M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Je m'excuse auprès de nos invités.
M. Gignac: Permettez-moi d'abord de présenter le
mouvement. Québec-Canada représente déjà plus de
100 000 citoyens du Québec dont le but commun est de maintenir le
Québec à l'intérieur du Canada. Considérant que la
tenue d'un référendum sur l'indépendance du Québec
découle d'une promesse électorale du parti au pouvoir et que le
présent livre blanc indique l'orientation du gouvernement quant aux
modalités de plusieurs consultations, notre mouvement soutient qu'il
convient, pour éviter toute confusion, de statuer avant tout et d'une
façon exclusive sur cette seule question.
Ainsi, après une première expérience, le
gouvernement aurait le loisir, s'il juge nécessaire de consulter la
population à nouveau sur d'autres sujets, de reconsidérer cette
législation et de l'adapter suivant les circonstances.
Essentiellement, une commission parlementaire est une rencontre entre le
législateur, le public et les organismes qui représentent ce
dernier en vue d'examiner un projet de loi que le gouvernement présente.
Ainsi, à la suggestion du public et des députés qui font
partie de la commission parlementaire, certains amendements valables peuvent
alors être apportés. Vous admettrez cependant que de convoquer de
telles commissions pour l'étude de livres blancs, qui ne
représentent, en fait, que des intentions bien imprécises du
gouvernement, semble devenir une coutume.
Toutefois, une intention ne dévoile pas un projet de loi qu'un
gouvernement entend soumettre et nous avons la ferme conviction qu'il n'y a pas
lieu
de consulter le public sur une simple volonté. Nous croyons
devoir dénoncer cette façon de procéder qui risque de
devenir un moyen fort habile d'éviter d'ouvrir le débat sur de
vrais problèmes.
Position contradictoire du livre blanc. Le gouvernement sait très
bien que la population n'est pas impliquée dans le processus
législatif et il le reconnaît explicitement, en page 7 du livre
blanc, en s'appuyant sur deux décisions du conseil privé qui font
autorité.
Pourtant, à la lecture du livre blanc, on peut se poser certaines
questions sur les intentions du gouvernement.
Ainsi, un premier paragraphe nous invite à
réfléchir lorsqu'on "propose aux Québécois de faire
un pas de plus dans le sens de la démocratisation de nos institutions
politiques". On poursuit: "Ce pas permettra d'associer plus étroitement
la volonté populaire à la prise des grandes décisions
politiques par le moyen d'un vaste réseau de consultation".
Sous un deuxième paragraphe, on ajoute: "La loi de la
consultation populaire que le gouvernement entend proposer visera à
associer directement les électeurs à la gouverne de l'Etat". On
va beaucoup plus loin, puisqu'on suggère "d'associer directement les
électeurs à la gouverne de l'Etat", au lieu de les "associer plus
étroitement à la prise des grandes décisions politiques".
Enfin, plus loin, il est question "d'un élargissement progressif de la
participation populaire dans les affaires publiques".
Il y a donc lieu d'exiger que le gouvernement précise avec
clarté quelles sont ses véritables intentions quant à son
désir de faire participer le peuple à la prise des grandes
décisions politiques, à la gouverne de l'Etat et dans les
affaires publiques.
A moins d'un engagement moral du gouvernement de démissionner si
son option séparatiste est défaite, on peut s'interroger
longtemps quant aux mécanismes précis qui permettront à la
population de s'associer à la gouverne de l'Etat. A cet égard,
les divers passages du livre blanc sont soit grossièrement
exagérés ou tout simplement contradictoires face à une
réalité qui pourrait être masquée, mais
difficilement démentie.
Si l'on prétend que les dispositions retenues par le livre blanc
s'inspirent de plusieurs pays et principalement de la Grande-Bretagne, toute
autre comparaison avec la législation de ce dernier pays devient
boiteuse. En tout premier lieu, il conviendrait de préciser que le
Parlement de la Grande-Bretagne est entièrement souverain alors que,
malgré toutes les aspirations du présent gouvernement, le
Québec ne l'est pas.
Rien dans la législation en vigueur en Grande-Bretagne
n'empêchait, comme nous le propose le présent livre blanc, le
droit, comme individu, d'engager des frais pour faire valoir publiquement son
opinion. D'ailleurs, on peut se demander, à la lueur des dispositions du
livre blanc, si seuls les éditorialistes conserveront ce droit au
Québec ou si la liberté de la presse sera également
modifiée. Si ces derniers conservaient, à l'instar des simples
citoyens, leur liberté d'expression, pourquoi seraient-ils les
seuls?
Dans ce contexte, il est assez difficile de faire allusion au "fair
play" sans un certain scepticisme. Peu de gens ignorent qu'un gouvernement
prendra soin de soumettre à des spécialistes, longtemps à
l'avance, les formulations diverses de la question du référendum
pour en déterminer les chances de succès. Même le plus
faible des spécialistes sait que le résultat de tout
référendum est intimement lié à la façon de
poser la question.
D'autre part, comme nous l'avons déjà souligné, il
est assez invraisemblable que le gouvernement veuille permettre à la
population de participer à la gouverne de l'Etat, sans s'engager
explicitement à considérer le vote comme un vote de confiance ou
de non-confiance de la population, car, somme toute, quelle population veut
d'un gouvernement qui soutient une orientation que la majorité n'accepte
pas? Il conviendrait donc que le gouvernement s'engage et, plus
particulièrement, que soient définies des dispositions
spéciales quant au taux de participation et à la majorité
requise.
Lorsque le gouvernement déclare qu'il refuse de limiter
l'initiative de déclencher un référendum au seul pouvoir
exécutif, mais qu'il préfère que ce soit sur l'initiative
de l'Assemblée nationale, il ne fait que jouer sur des mots qui ne sont
peut-être pas utilisés fréquemment par l'ensemble de la
population.
Lorsqu'on sait que le Parti québécois forme le pouvoir
exécutif et qu'il détient le vote majoritaire de
l'Assemblée nationale, on peut se demander où est la
différence. Quoi qu'il en soit, la réalité n'en reste pas
moins que le parti au pouvoir sera seul à savoir, sans l'ombre d'un
risque et longtemps d'avance, la date précise d'un
référendum et la question à être posée. Comme
sens du "fair play", on aura vu mieux.
Même si le gouvernement n'a pas l'intention de s'engager à
respecter la volonté populaire, il devient évident que, par ce
contrôle de la date, de la question, des mécanismes à
mettre en place pour ce référendum, il cherche à fausser
la consultation et à obtenir le résultat escompté. Si, par
ailleurs, le gouvernement poursuit réellement la démocratisation
de nos institutions, qu'il accepte de laisser à des organismes
indépendants et impartiaux, reconnus par l'ensemble de
l'Assemblée nationale, le soin de déterminer de la date, de la
formulation d'une question et des modalités de telle consultation. Toute
consultation populaire est directement liée à la formulation de
la question.
Alors que tout doit être mis en oeuvre pour que le résultat
de cette consultation reflète véritablement le voeu de la
majorité de la population, faut-il encore que la question soit à
l'abri de tout reproche.
Comment le gouvernement peut-il prétendre demeurer objectif,
alors qu'il détient toute prérogative quant à la
formulation?
En suggérant que la question sera soumise et formulée par
l'Assemblée nationale, le gouvernement ne trompe que. lui-même
s'il croit que la
question ne saurait être autre que celle conçue et voulue
par la formation politique qui constitue ce même gouvernement. Somme
toute, la question sera celle acceptée par le Parti
québécois puisque celui-ci détient la majorité
à l'Assemblée nationale. De plus, le gouvernement n'entend pas
être retardé par la procédure référendaire.
Le débat sur la question à l'Assemblée nationale est
déjà limité. Même si la guillotine parlementaire...
Excusez-moi.
M. Burns: M. Gignac, puis-je vous poser une question? Qu'est-ce
que vous venez faire ici si vous pensez que l'affaire est toute cuite
d'avance?
M. Gignac: Non, tout à l'heure, je vais vous dire les
suggestions qu'on fait, mais là on parle du livre blanc. C'est une
critique qu'on fait du livre blanc.
M. Burns: Vous perdez votre temps à venir ici.
M. Lavoie: M. le Président, je pense qu'on n'est pas ici
pour...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lavoie: Les citoyens sont libres d'exprimer leur point de vue,
comme les députés le sont, mais en temps et lieu.
M. Burns: Oui, mais je pense qu'on a démontré
exactement le contraire jusqu'à maintenant.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Roy: M. le Président, sur le point soulevé...
M. Burns: D'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Roy: ... j'aurais quelque chose à dire. On pourrait
peut-être transposer la question et se demander ce qu'on fait ici si le
gouvernement a pris toute décision, justement.
M. Burns: Non, justement, c'est pour cela qu'on a une
commission.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député, je pense que le débat...
M. Roy: Qu'on permette à ceux qui sont nos invités
à l'heure actuelle de s'exprimer.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est ce
que j'allais dire, M. le député de Beauce-Sud, en disant que j'ai
cru voir un assentiment de M. Gignac à la question du ministre. Sans
cela, j'aurais laissé poursuivre l'intervenant. M. Gignac.
M. Gignac: Merci.
M. Mackasey: Puis-je, moi aussi, poser une question?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Burns: C'est plein de procès d'intention, cette
affaire-là. Cela va faire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Mackasey: Question de règlement. M. le
Président, quand nous avons invité les témoins à se
présenter ici et à présenter des mémoires, a-t-on
décrit pour eux exactement les sujets? C'est une chose que je veux
savoir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce n'est
pas une question de règlement, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, vous le savez.
M. Mackasey: Je demande cela objectivement parce que j'ai vu le
mémoire de la Société Saint-Jean-Baptiste. C'est justement
le contraire et il a été accepté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît! Il
est 17 h 15. Nos intervenants sont en train de lire leur mémoire.
M. Burns: C'est la même chose dans le sens inverse.
M. Mackasey: Je sais que le gouvernement, dans ce domaine, semble
embarrassé un peu parce que tout le monde semble contre le livre
blanc.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous
plaît!
M. Mackasey: Non, mais est-ce que...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Pour la
nième fois et pour la nième journée, s'il vous
plaît.
M. Mackasey: Je pose une question et je veux la
réponse.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Mackasey: Comment à l'ordre! Je ne suis pas un enfant
d'école ici.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît! Vous
connaissez le règlement.
M. Mackasey: Do not shout, do not shout at me.
M. Burns: Un instant, vous avez un président, là.
Respectez au moins la présidence.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! J'ai dit tout à l'heure que j'ai cru voir, dans
un geste posé par M. Gignac, que je connais d'ailleurs depuis
au-delà de dix ans, parce que c'est un confrère
d'université, un assentiment tacite à une question qui lui
était adressée. Si je n'avais pas vu cet assentiment et si M.
Gignac avait manifesté un désaccord à la question, il
aurait poursuivi son intervention. Je pense que l'incident est clos. Je redonne
la parole à nos invités.
M. Mackasey: I want to apologize...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît!
M. Mackasey:... on a point of privilege. Question de
règlement, "because we are not allowed to make a point of privilege. I
want to apologize to the chair.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Quelle
question de règlement soulevez-vous?
M. Mackasey: Je dois dire que c'est dommage que j'aie interrompu
le président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce n'est
pas une question de règlement.
M. Mackasey: Je veux vous dire pourquoi c'est arrivé. Cela
fait quatre ou cinq fois à la commission qu'on dit aux journaux comme le
Montreal Star: Be careful of what you write. Be careful of what you say. We do
not like what you are doing.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Gignac, je vous autorise à continuer la lecture de votre
mémoire.
M. Mackasey: We are getting very dictatorial.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je vous
demande de continuer la lecture de votre mémoire.
M. Gignac: Enfin, le gouvernement ne veut rien laisser au hasard
dans cette consultation qu'il qualifie de démocratique. En se gardant
toute initiative quant à la formulation de la question, il conserve
également, par voie de conséquence, la faculté de
rechercher une formule par le biais d'études pour s'assurer que la
réponse souhaitée lui soit acquise.
Ainsi, quand ces études lui indiqueront un résultat qu'il
ne souhaite pas, le gouvernement pourrait toujours avoir recours à une
ou des questions tendant à embrouiller le débat. Somme toute, la
procédure suggérée par le livre blanc n'offre pas une
garantie d'impartialité essentielle d'une volonté de consultation
objective. Comme, de toute évidence, il s'agit d'un
référendum de type consultatif, il nous apparaît essentiel
que cette consultation jouisse d'un caractère d'objectivité.
Dans cette optique, le livre blanc ne respecte pas l'un des objectifs
poursuivis par le gouverne- ment, soit "d'assurer la plus grande
égalité des chances possible entre les positions en
présence."
L'émission du bref. Nous ne pouvons accepter une si courte
période entre l'émission du bref et la date du scrutin, soit un
minimum de 35 jours et un maximum de 60 jours, puisque seul le Parti
québécois formant la majorité parlementaire
connaîtra longtemps à l'avance la question et que, dès son
adoption éventuelle par l'Assemblée nationale, le parti
gouvernemental pourrait lancer sa campagne de publicité et
d'information. Aucune option opposée n'aurait même le temps
d'étudier la question du référendum et de défendre
adéquatement sa thèse. De fait, seuls les membres de la
majorité parlementaire, soit le Parti québécois, sauraient
sur quel front faire la bataille et pourraient dès lors mobiliser les
moyens de communications, tels la télévision, la radio, les media
écrits, étant seuls à connaître la date du vote.
Il nous semble tout aussi inadmissible que tous les tenants d'une
même option soient forcés de se regrouper sous l'égide
d'une même organisation. Tout comme pour la question soumise au
référendum, plusieurs volets pourraient être
identifiés et nous ne voyons pas pourquoi, "au nom d'une plus grande
démocratisation de nos institutions", il faudrait défendre
à un citoyen ou à un groupe de citoyens de se faire entendre
à volonté, s'il ne s'est pas joint au préalable à
l'une ou l'autre des organisations en présence. Nous avons, d'ailleurs,
fait allusion à cet état de fait lorsque nous avons cité
la façon de procéder de la Grande-Bretagne où chaque
individu avait la liberté de se prononcer comme bon lui semble.
Sans l'ombre d'un doute, il conviendrait, dans le cadre d'un
référendum sur l'avenir du Québec, de distinguer et de
dissocier partis politiques et options en présence et de laisser aux
protagonistes des options, abstraction faite des allégeances politiques,
le soin de mettre sur pied les comités s'affrontant en campagne
référendaire. Ainsi, tout député élu
pourrait participer à cette campagne comme citoyen et non à titre
de membre d'un parti politique.
Il est donc primordial que la date du référendum et les
questions à être soumises à la population soient connues
à l'avance. L'organisme qui aura le mandat de formuler la question
décidera des critères d'admissibilité aux contributions de
l'Etat. En fait, il n'y aurait aucune différence entre une
élection et une campagne référendaire si, par exemple,
tous les députés du Parti québécois faisaient
campagne pour l'indépendance et tous les membres de l'Opposition
faisaient de même en faveur du fédéralisme.
Vraisemblablement, il ne s'agirait plus d'une consultation et nous devrions
considérer, à juste titre, le résultat comme constituant
un vote de confiance ou de non-confiance envers le gouvernement au pouvoir. Si
une telle consultation était menée parallèlement à
une campagne électorale, il serait impossible de permettre à un
député d'un parti politique en campagne électorale de
s'opposer à l'idée du parti sous la bannière duquel il se
présente. Autant d'imbroglios et de situations cocasses qui pourraient
survenir dans le régime référendaire proposé.
Si les mêmes principes et procédures prévus pour la
tenue d'élections générales pouvaient s'appliquer à
une campagne référendaire, il n'en reste pas moins que le
décompte des suffrages devrait se faire au niveau régional afin
d'éviter qu'il n'y ait une contradiction entre députés et
électorat, pour ainsi préserver le caractère objectif,
démocratique et consultatif du référendum. Nous
présenterons plus loin de quelle façon nous entrevoyons
l'organisation physique de cette consultation populaire.
Nous arrivons maintenant aux recommandations de Québec-Canada.
Les référendums de consultation. De l'aveu même du
gouvernement en place, la loi à venir, si elle se conformait au
présent livre blanc, ne permettrait que la tenue de
référendums à caractère consultatif. Dans les
circonstances, pour témoigner de son objectivité et pour
s'éviter d'être en contradiction avec le mandat spécifique
qu'il a reçu de la majorité des électeurs, un gouvernement
devrait laisser aux divers groupes représentant les options faisant
l'objet d'une consultation le soin d'organiser les campagnes
référendaires. Si, d'autre part, le gouvernement au pouvoir
souhaitait se prévaloir du droit légitime de poser à
l'électorat, à la date de son seul choix, une ou plusieurs
questions de sa propre initiative, il aurait toujours la liberté de le
faire par le biais déjà utilisé, avec une
efficacité reconnue dans plusieurs pays à très forte
tradition démocratique, soit celui du déclenchement
d'élections générales.
Quant à savoir qui formulera la question, cette
responsabilité pourrait être confiée à un organisme
indépendant de l'Assemblée nationale à qui celle-ci aurait
adressé une motion ayant trait à une consultation de la
population sur un aspect constitutionnel ou sur une législation
générale de la province. L'organisme saisi de la formulation de
la question pourrait être soit le Protecteur du citoyen, soit le juge en
chef de la province ou le juge en chef de la Cour supérieure.
Pour les raisons déjà énoncées, la
formulation de la question est intimement liée à la
validité du résultat de la consultation populaire.
Il est donc primordial que celle-ci soit claire et précise. Pour
une meilleure compréhension de tous les citoyens du Québec, la
question devrait être rédigée en langue française et
en langue anglaise. Les deux versions devraient donc apparaître sur le
bulletin de vote référendaire.
La question devrait être dénuée d'aspects
hypothétiques et devrait conduire à une réponse soit
affirmative, soit négative et non à un choix multiple. Avant
tout, il convient d'écarter cette dernière possibilité,
puisque cette technique ne ferait qu'occasionner une multitude
d'interprétations des résultats recueillis.
L'organisme chargé de formuler la question devrait, en même
temps qu'il fait rapport au président de l'Assemblée nationale,
la faire publier par le biais des media reconnus. Enfin, le scrutin sur le
référendum ne devrait être tenu que six mois après
la date de cette publication.
Comme nous l'avons spécifié antérieurement, la date
de tout référendum, ainsi que la question devraient être
fixées à l'avance et relever d'un comité
indépendant. Ainsi, à compter de la date d'émission du
bref, 35 à 60 jours seraient suffisants, puisque toutes les parties
concernées auraient eu amplement le temps d'étudier la question
et de former des comités représentant chaque option.
Comme en Grande-Bretagne et contrairement aux références
du livre blanc, tous pourraient participer à la campagne
référendaire, soit à titre individuel ou comme
organisation, et il ne devrait pas être nécessaire de se regrouper
sous une seule et même structure.
Le seul but que poursuivait la Grande-Bretagne en regroupant les
adhérents et les opposants au Marché commun en deux organisations
était de contrôler les dépenses de l'Etat. Quant au
décompte des suffrages, nous suggérons que le décompte des
suffrages se fasse au niveau des régions administratives existantes de
la province.
Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. Gignac. M. le ministre.
M. Burns: M. le Président, comme commentaire
général que j'ai à soumettre à votre
mémoire, M. Gignac et M. Nolin, je regrette un peu le ton de votre
mémoire. Cela va peut-être donner de la valeur aux
félicitations que j'ai adressées aux autres intervenants, que ce
soit les jeunes libéraux de la région de Québec, que ce
soit le groupe Action positive, que nous avons entendu ce matin, que ce soit le
Mouvement national des Québécois, que ce soit le Barreau, cela va
peut-être donner plus de valeur aux félicitations que j'adressais
à l'endroit de ces groupes. Vous avez remarqué que, dans ces
groupes-là, il y avait sûrement des gens qui ne sont pas
nécessairement des membres du Parti québécois. Je leur
adressais des félicitations parce que je trouvais qu'ils respectaient le
ton que nous souhaitions. Remarquez qu'on a peut-être eu tort de
souhaiter ce ton-là. Peut-être que c'est vous qui avez raison.
Mais, actuellement, je dirais que, dans votre mémoire, les
véritables recommandations se retrouvent de la page 12 à la page
15. Le reste est un plaidoyer pro domo, qui, à mon avis, n'a strictement
rien à faire dans le cadre de l'examen d'un livre blanc sur la
consultation populaire. C'est mon opinion; j'ai peut-être tort et
j'admets que je puisse avoir tort.
En tout cas, je regrette le ton que vous avez pris, parce que vous avez
énormément je ne les relève même pas
d'endroits où vous avez décidé de faire un procès
d'intention à l'endroit du gouvernement actuel, alors que je pense que,
depuis le début des travaux de cette commission, nous avons tenté
de rendre très claire la position du livre blanc, qui est la position du
gouvernement, où il y a un certain nombre de choses qui sont
laissées ouvertes, où on laisse la possibilité
d'améliorer la situation, où on espère qu'on aura des
suggestions constructives. Vos suggestions construc-tives, je les retrouve dans
les pages 12 et suivantes.
En tout cas, c est le commentaire général que je voulais
vous faire. Je pense que je serais malhonnête de ne pas vous le dire,
parce que j'ai habituellement toujours eu mon franc-parler et,
là-dessus, gentiment, je vous le dis.
Je regrette ce ton que vous avez donné au début de votre
mémoire, parce que ce n'était pas du tout le ton que nous
voulions donner à cette commission. On a le droit d'être en
désaccord; au départ, je l'admets.
Par exemple, je prends bonne note du fait que vous ne voulez pas qu'un
projet de loi sur les référendums en général soit
adopté, mais vous voulez une loi sur le référendum
relativement à l'avenir politique du Québec. C'est votre droit et
vous n'êtes pas le seul groupe à penser cela.
C'est, du côté du livre blanc, une chose que le
gouvernement propose, d'avoir une loi ou un type de législation qui
s'applique à n'importe quelle sorte de consultation populaire. Vous avez
votre point de vue là-dessus et je le respecte. On verra, à la
suite des auditions, si le livre blanc comme tel se traduit par un projet de
loi à caractère général ou à
caractère spécifique. Là-dessus, je ne fais pas d'autres
commentaires.
Vous nous suggérez que la période entre l'émission
du bref et le scrutin soit allongée. J'aimerais avoir plus de
commentaires là-dessus qu'il y en a dans votre mémoire.
M. Gignac: Je voudrais revenir au départ. On a
considéré qu'il ne fallait qu'une seule loi pour le
référendum. Si la critique semble sévère au
départ, c'est que nous, on ne considère pas le livre blanc comme
étant une loi sur toutes les consultations populaires. Je ne trouverais
pas anormal qu'un gouvernement demande à la population et qu'il se
réserve le droit de la question pour savoir si on fait une autre baie
James ou si on n'en fait pas une autre. Mais la critique est plus
sévère parce que...
M. Burns: Est-ce que vous voulez dire à ce
moment-là que vous n'auriez pas d'objection à une loi à
caractère général, s'appliquant à n'importe quel
référendum, quitte à ce que, de façon
spécifique et ce n'est pas tout à fait cela que j'avais
compris de votre mémoire
M. Gignac: Je m'excuse. Voici...
M. Burns: ... de façon spécifique, il y ait une
question qui soit posée, soit par voie de résolution, comme le
propose le livre blanc, ou encore, par voie de loi spécifique, dans tel
ou tel cas?
M. Gignac: Pour nous autres, disons que si on prend... On n'est
pas contre une loi-cadre générale pour tous les
référendums, mais on se dit que, pour le référendum
sur une question constitutionnelle, on devrait avoir une loi spéciale.
C'est là où j'en suis; par exemple, on arrive sur la
période de l'émission des brefs. On n'est pas contre le fait que,
de l'émission des brefs à la date de votation, il y ait entre 35
à 60 jours, à condition que la question et la date soient connues
à l'avance. Peu importe la question, Souveraineté-association,
pour ou contre... De façon que toutes les parties en présence,
que ce soient celles qui prônent la souveraineté-association ou
celles qui ne la prônent pas, aient le temps de regarder la question et
savoir de quel bord on se branche. Cela peut vouloir dire beaucoup,
souveraineté-association. Autrement dit, dans la période
préréférendaire, il faudrait que les divers groupes en
présence soient prêts à appuyer une thèse ou une
autre thèse, mais avec des motifs sérieux.
Tandis que si vous débattiez une question pendant 25 heures
à l'Assemblée nationale et que la question était connue
demain matin, que vous émettiez les brefs, cela veut dire qu'il
resterait une période possible entre 35 et 60 jours.
M. Burns: Oui.
M. Gignac: A ce moment-là, je dis que ce n'est
peut-être pas assez long pour que la population puisse se renseigner et
avoir les connaissances nécessaires pour aller au vote. Pour la
période de 35 à 60 jours, nous sommes d'accord, à la
condition qu'on connaisse la question à l'avance.
M. Burns: D'accord. L'expérience, cependant, M. Gignac
je l'ai mentionné ce matin, malheureusement, et je ne vous
blâme pas, vous n'étiez pas prévu pour ce matin ce
matin, nous avons justement discuté de ce phénomène et
j'émettais l'opinion jusqu'à maintenant, on ne m'a pas
contredit, remarquez que j'ai peut-être tort qu'à partir du
moment où le problème, quel qu'il soit, que ce soit l'avenir
politique du Québec, la souveraineté-association ou quelque autre
formule qui pourra être soumise éventuellement, à partir du
moment où la discussion se fait à l'Assemblée nationale,
qu'on le veuille ou non, si le sujet mérite l'attention de la
population, il est suivi de très près par la population, par la
voie des media d'information, évidemment et aussi,
éventuellement, par les groupes qui vont se ranger derrière telle
ou telle option.
L'hypothèse que j'émettais, c'est qu'il y a de fortes
chances que personne ne risque de se faire leurrer, à moins que le
gouvernement le fasse délibérément auquel cas le
gouvernement paiera les pots cassés, je peux vous dire ça. En
tout cas, j'en suis convaincu qu'il essaie de manipuler la question,
comme le disait M. Bloom ce matin, ou c'était peut-être M. McCall
qui disait ça d'avoir une espèce de terminologie
piégée et n'importe quel gouvernement qui fera cela va en payer
le coût.
Pas plus le gouvernement actuel que quelque autre gouvernement, je
pense, en tout cas, s'il est le moindrement intelligent, ne va jouer à
ça. C'est pour ça que je disais ce matin qu'on a l'intention
d'avoir une question ou des questions, le problème n'est pas finalement
réglé, qui soient claires. Là-dessus, je tiens à
vous rassurer, on n'a pas du tout l'intention de tenter de manipuler quelque
référendum que ce soit. Que ce soit le
référendum
sur l'avenir politique du Québec ou que ce soit le
référendum sur l'utilisation énergétique au
Québec, que ce soit autre chose, si jamais on avait on revient
souvent avec cet exemple juridiction là-dessus, actuellement, on
ne l'a pas, mais sur des choses comme l'euthanasie ou l'avortement, etc., je
pense qu'un gouvernement qui tenterait de manipuler ça se rendrait
vraiment un mauvais service, au départ.
Je vous dis, au départ, M. Gignac, pour vous rassurer, que
ça règle peut-être les douze premières pages de
votre mémoire.
M. Gignac: C'est sûr que ça règle beaucoup de
choses, car ce qu'on recherche, c'est l'objectivité.
M. Burns: Je vous dis qu'on n'a pas du tout l'intention de
manipuler un référendum; on est conscient et on est, je pense, je
le dis en toute humilité d'ailleurs, suffisamment intelligent pour se
rendre compte qu'on n'est pas capable de passer un aussi immense sapin aux
Québécois, on en est conscient. J'apprécie le fait que
vous le disiez, je n'aime pas la façon dont vous le dites, les termes
que vous utilisez pour le dire, mais j'apprécie que vous nous le disiez.
Cependant, je vous rassure, d'autre part, on en est conscient.
M. Gignac: D'après vous, M. Burns, est-ce que ce serait
possible que la question je ne vous demande pas si ça va se faire
soit connue un certain temps avant l'émission du bref?
M. Burns: Bien oui. Je pense que, dès l'adoption de la
loi, et par la suite, à quelque référendum que ce soit,
dès l'introduction de la résolution à l'Assemblée
nationale, il va y avoir un débat, et 25 heures à
l'Assemblée nationale, M. Gignac, je vous prie de me croire, c'est
très long.
M. Gignac: Je sais que c'est long.
M. Burns: C'est très, très long, quand on parle de
25 heures, j'en prends à témoin les députés qui ont
l'expérience de plusieurs débats sur le discours inaugural ou sur
le discours sur le budget, c'est très long, parce que ça ne se
fait pas nécessairement en 25 heures d'affilée, et ça ne
veut pas dire deux jours, 25 heures, ça veut dire une période de
questions qui s'installe dans ça, ça veut dire un certain nombre
d'autres travaux, très souvent, qui viennent s'installer. Pour moi, 25
heures, sauf erreur, le député de Laval, je vous demande votre
opinion, ça doit se répartir au minimum sur deux semaines de
travaux parlementaires?
M. Lavoie: Attention, écoutez, vous m'invitez à
intervenir...
M. Burns: Non, je vous le demande.
M. Lavoie: Je vais le faire très brièvement, sans
soulever de débat.
M. Burns: Je le fais en toute...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Très brièvement.
M. Lavoie: Vous m'avez ouvert la porte. Est-ce que vous allez
concevoir avec moi...
M. Burns: Je ne vous demande pas d'être d'accord avec
ça, je vous dis: Est-ce que je suis irréaliste en disant
que...
M. Lavoie: Je réponds à votre question que, dans
notre processus de modification du règlement ou éventuellement
sur les fins de session, il y aurait une motion de fin de session automatique,
mais en temps normal, 25 heures, ça peut être deux semaines.
M. Burns: C'est ça.
M. Lavoie: Mais si ce sont des motions de fin de session,
ça peut entrer dans une semaine et on a déjà vécu
la loi 101, qui a été étudiée au mois de juillet et
au mois d'août.
M. Burns: Ah oui! M. Lavoie: Bon!
M. Burns: D'ailleurs, on a le record actuellement pour la
durée d'une session.
M. Lavoie: C'est un genre de...
M. Burns: Oui, je suis d'accord. Vous admettez que, toutes choses
étant normales, 25 heures de débat, cela se répartit sur
deux semaines.
M. Lavoie: Cela peut être une semaine aussi.
M. Burns: Cela peut être une semaine aussi, si tout va
bien. C'est vrai.
M. Gratton: Cela arrive souvent qu'on travaille normalement
à l'Assemblée nationale?
M. Burns: Cela serait une autre affaire.
Une Voix: Vous pouvez escamoter des choses.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: Je pense que justement les gens qui ne veulent pas
escamoter le problème actuellement, ce sont les mêmes personnes
qui se font dire: Dépêchez-vous de passer le
référendum, vite, vite, vite, on veut l'avoir, dans trois jours.
J'ai même eu une offre en public, d'ailleurs, à l'Assemblée
nationale, de la part d'un député de l'Opposition, qui disait:
Présentez votre projet de loi et on va l'adopter en trois jours.
M. Lavoie: Passez-le comme en Angleterre...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lavoie: ... où vous vous inspirez et, dans dix jours,
on vous donne votre loi.
M. Burns: Justement.
M. Lavoie: Comme en Angleterre, où vous vous inspirez.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Laval, ne profitez pas trop des invitations du
ministre.
M. Lavoie: II m'invite.
M. Burns: M. le Président, je bats ma coulpe. J'ai
peut-être...
M. Lavoie: Je ne veux pas être impoli quand même.
M. Burns: Je m'excuse, je ne recommencerai pas. J'ai
peut-être provoqué ce type d'intervention. Cependant, M. Gignac et
M. Nolin, c'est parce que nous ne voulons pas bousculer les choses qu'on pense
qu'il est drôlement important que l'ensemble de la population soit
consciente non seulement du sujet, mais de la formulation, parce que cela va
être inévitable. Si vous avez une question qui est posée ou
des questions qui sont posées sur un sujet qui en vaut la peine, le
gouvernement va être ridicule, s'il fait un référendum,
comme je le disais ce matin un petit peu à la blague, sur une loi
modifiant la loi de la gravité. C'est bien sûr qu'il n'y a pas
grand monde qui va être intéressé à parler
là-dessus. Si on a des choses vraiment fondamentales, et c'est le
critère que le gouvernement va être obligé de s'imposer,
éventuellement, de ne pas recourir de façon inutile à la
consultation populaire, mais d'y recourir sur des choses aussi essentielles que
des exemples que vous avez cités dans votre mémoire comme
l'avenir politique du Québec, l'avenir constitutionnel du Québec,
ou encore, je ne sais pas. Cela peut être cela.
M. Lavoie: C'est une bonne idée.
M. Burns: Si jamais le problème se posait à un
point tel, mais le gouvernement a fait là-dessus son lit. Il a
décidé qu'il assumerait ses responsabilités.
M. Roy: Est-ce qu'il est bien fait?
M. Lavoie: C'est un problème de "bed" que vous avez.
M. Burns: Je ne demanderais à personne de la commission de
venir me "border", remarquez, mais il reste quand même que,
là-dessus, il s'agira de questions importantes, donc de questions qui
vont soulever un intérêt réel. A ce moment, c'est
peut-être naïf de le penser, il est à présumer que, si
c'est important à ce point, il y a de fortes chances que,
déjà, le sujet et même la formulation de la question telle
qu'elle est discutée à l'Assemblée nationale, vont risquer
d'être connus clairement par la population. C'est cela le but, dans le
fond. Il ne s'agit pas d'essayer de duper, de leurrer la population. Il s'agit
d'essayer de la consulter. Ceux qui nous prêtent des intentions à
l'inverse, je regrette vraiment qu'ils nous les prêtent parce que
et je tiens à le répéter encore une fois, à votre
endroit, M. Gignac ce n'est pas du tout l'intention du gouvernement
actuel. C'est sûr qu'on va être partisan dans le cas du
référendum qui sera tenu sur l'avenir politique du Québec.
C'est bien sûr, on ne s'en cache pas. C'est l'article 1 du programme du
Parti québécois. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Cela
ne veut pas dire, d'autre part, et c'est cela que je voudrais qu'on
sépare comme question, comme point de départ. On se rendrait un
bien mauvais service à nous-mêmes, si c'était le contraire.
Celà ne veut pas dire qu'on ne veut pas que ce référendum
ou tout autre soit tenu de façon impartiale et de
façon efficace pour savoir véritablement ce que pense la
population. C'est ce que je tenais à vous dire sur ce point.
Quant aux autres points de votre mémoire, je vais me restreindre
moi-même, pas parce qu'encore une fois je ne trouve pas votre
mémoire important, mais je vais me restreindre à quelques
questions pour permettre à d'autres collègues, que ce-soit du
côté de l'Opposition ou du côté ministériel,
de vous poser des questions.
Je ne veux pas prendre tout le temps, je sais que tout le monde a des
limites de temps très précises.
J'ai bien entendu vos remarques relativement à la période
qui doit s'installer entre l'émission du bref, etc. J'espère vous
avoir rassurés sur cette question. En tout cas, ce n'est pas
fermé. La porte n'est pas fermée, on est ouvert à la
discussion, et c'est d'ailleurs sur ce ton qu'a commencé la commission
parlementaire. Si on a des suggestions précises et constructives
relativement au mécanisme lui-même d'un système de
consultation populaire, on y est ouvert et il n'y a pas de difficulté.
Pour ma part, je ne me sentirai pas gêné de présenter un
projet de loi qui amende jusqu'à un certain point les dispositions qui
apparaissent au livre blanc. D'ailleurs, là-dessus, je pense que je suis
appuyé par le Conseil des ministres, sur des affaires, en tout cas, qui
ne sont pas carrément et clairement essentielles dans l'esprit du
Conseil des ministres.
Je voudrais simplement vous souligner que la question que vous nous
recommandez de formuler en anglais et en français, on en a
discuté ce matin et là-dessus non plus, la porte n'est pas
fermée. On interprète simplement une réponse que j'ai
donnée à un journaliste, à un moment donné. Je
disais que, dans l'état actuel, selon mon humble opinion, il
m'apparaissait qu'il faudrait éventuellement, soit amender la loi 101
ou, de façon spécifique dans la loi de la consultation populaire,
introduire une nouvelle notion dans le cas de la consultation populaire. On
n'est pas fermé, il n'y a pas de blocage, on n'est pas braqué
là-dessus; d'autre part, je ne vous dis pas que c'est ça qui
va
arriver. En somme, ce que je veux vous dire, M. Gignac, c'est que ce
n'est pas une promesse que la question va être exprimée en
français et en anglais. Je ne dis pas non plus qu'elle sera uniquement
en français. Le sujet est ouvert à la discussion. On attend la
fin des travaux de la présente commission pour essayer de voir un peu ce
que pense l'ensemble de la population. C'est ça, le but d'un livre
blanc; c'est ça qui me peinait, d'ailleurs, également, dans votre
mémoire, de vous entendre dire que, dans le fond, ce n'était pas
intéressant de venir à la commission à l'occasion d'un
livre blanc; car nous avons pensé justement de ne pas imposer à
la population nos vues, qui risquaient d'avoir à être
modifiées en cours de route. C'est à ce moment qu'on a fait un
livre blanc, avec des ouvertures à certains endroits, même si le
livre blanc est en principe une politique gouvernementale. On a laissé
certaines ouvertures, parce que, justement, notre point de vue n'est pas
définitivement arrêté sur certains sujets. Il y a par
exemple, le décompte: vous faites une recommandation en faveur d'un plan
régional plutôt que sur un plan du décompte circonscription
par circonscription. Je retiens votre suggestion, j'en tiendrai compte, et je
pense que mes collègues, tant de la commission que du Conseil des
ministres en tiendront compte, comme on tient compte de la majeure partie des
recommandations qui nous sont faites là-dessus, et c'est là un
des points qui sont laissés ouverts dans le livre blanc.
Finalement je vais m'arrêter là, M. le
Président, ce sera ma dernière question à la fin de
votre mémoire, vous nous dites que le scrutin ne devrait pas avoir lieu
avant six mois après la publication de la question. Je reviens un peu
à la première question, mais simplement pour vous livrer, encore
une fois, quelque chose... Evidemment.on se répète dans ces
commissions, et c'est normal, parce que les intervenants ne sont pas là
nécessairement quand les autres interviennent. A quelques occasions,
j'ai mentionné à des intervenants qui me parlaient du
délai que, habituellement, quand le problème a commencé
à prendre la direction des journaux, entre autres, et, chez nous, la
direction de la télévision et de la radio, il devient même
achalant, si vous me passez l'expression, pour la population si on attend trop
longtemps avant de le soumettre véritablement au fameux X, que ce soit
un oui ou un non, que ce soit une option ou une autre et cela se
reconnaît partout.
Je vous donne simplement, et je pense que mes collègues d'en face
vont admettre ça, la réaction populaire qu'on a sentie, entre
autres, relativement au projet de loi no 101, où on nous disait:
Bondance! Finissez-en! Arrêtez de nous parler de ça. Evidemment,
les media d'information on ne peut pas les blâmer non plus
se braquent sur une situation qu'ils décident être la situation de
l'heure, qui est la situation intéressante, où il y a de la
viande, où il y a quelque chose pour faire un bon article, etc.. Dans le
cas de la loi 101, généralement, on se faisait dire: Y a-t-il
moyen de passer à autre chose? malgré qu'on faisait autre chose
à ce moment-là. Il y avait des lois. On a quand même
adopté 40 projets de lois en même temps qu'on adoptait le projet
de loi no 101, et la réaction populaire était: S'il vous
plaît! La paix, avec ça. Finissons-en! C'est la réaction,
me dit-on, parce que je n'ai jamais vécu de référendum
comme tel, mais c'est la réaction, me dit-on, à laquelle on est
en droit de s'attendre lorsqu'on soumettra un projet important, qui attire
l'attention de la population, et le projet important, évidemment, auquel
vous pouvez penser, c'est celui sur l'avenir constitutionnel du Québec.
Si on passe deux mois à en discuter à l'Assemblée
nationale et, qu'en plus de ça on se donne un délai de six mois
et que la campagne référendaire est commencée
d'ailleurs, elle l'est, commencée, actuellement; ne nous leurrons pas
là-dessus. Elle l'est, commencée; elle est commencée de la
part du gouvernement fédéral, et elle est commencée de la
part de tout le monde, je pense bien. Je ne blâme pas mes
collègues d'en face de soulever cette question
régulièrement.
M. Mackasey: On n'a pas commencé. On se prépare.
Attendez qu'on commence...
M. Bums: Non, mais je veux dire qu'elle est commencée dans
l'air. Elle est dans l'air.
M. Mackasey: ... là, vous verrez la différence.
M. Burns: II y a des mouvements comme Québec-Canada, comme
Participation active, comme... Pardon?
M. Gratton: Les Frères du Québec. M. Grenier:
Les Fils du Québec.
M. Burns: Les Fils du Québec, bien oui, dans l'autre sens.
Oui, c'est bien sûr. Cela, on ne peut pas l'empêcher...
M. Mackasey: Les soeurs Grises.
M. Burns: II ne s'agit pas de l'empêcher, mais, à un
moment donné, il y aura un taux de saturation dans la population. C'est
pour ça que votre délai de six mois, jusqu'à un certain
point, je vous dis tout de suite qu'il m'apparaît assez peu
réaliste, eu égard à ce phénomène et eu
égard à n'importe quelle autre consultation
référendaire. Si je me trompe, ne vous gênez pas pour me
contredire.
M. Gignac: Disons d'abord que les six mois, pour nous, c'est un
petit peu comme les 66 2/3% de ce matin. Cela peut être trois mois. Cela
peut être quatre mois.
M. Burns: Comme ça, vous étiez là ce matin.
Je ne vous ai pas vu.
M. Gignac: Oui.
M. Burns: Vous avez tout compris.
M. Gignac: Oui, j'étais ici.
M. Burns: Je m'excuse. Je me suis répété
pour rien.
M. Gignac: Le délai qu'on prévoit, nous, c'est tout
simplement, comme je disais tout à l'heure, pour nous donner le temps
d'étudier la question qui est posée, parce que si on est pour ou
contre l'avortement, disons, c'est sûr que les implications sont graves
si on. parle d'avortement, mais je veux dire que les explications à
donner sont beaucoup moins longues que si on parle, par exemple, de
souveraineté-association. C'est ça que je veux dire. Il s'agit de
donner un petit peu plus de temps pour nous permettre d'étudier la
question, parce que ce n'est pas impossible que, sur la question que vous allez
poser, il y ait des mouvements qui disent: Cela, c'est dans nos vues. On ne
sait pas... Ou aucun autre mouvement, qui est avec vous, serait contre vous...
Tout dépend naturellement si c'est souveraineté-association ou
autre chose. C'est pour ça qu'on demanderait, nous, une période
un peu plus longue entre la question qui est connue et... Comme je vous le dis,
six mois, c'est une période comme ça. Cela peut être trois
mois ou deux mois.
M. Burns: D'accord. Mises à part les réserves que
je vous ai formulées au début, je vous remercie pour votre
présentation de mémoire. On m'a dit que, d'ailleurs, M. Gignac,
vous et moi, on faisait une bonne émission de télévision
ensemble. J'espère qu'à un moment donné on aura l'occasion
de se reprendre, mais je vous remercie pour votre présentation et je
veux que vous compreniez qu'il n'est pas du tout dans l'intention... J'y tiens
mordicus je vais me battre pour ça; je vais me faire couper les
deux bras s'il le faut pour ça à ce que les règles
du jeu, qu'elles soient comme votre suggestion nous le soumet, relatives
à une loi spécifique, ou qu'elles soient, comme le livre blanc le
suggère, relativement à l'ensemble de la consultation populaire,
je veux, comme ministre responsable de ce dossier, que nous soyons très
"fair play", puisque vous en faites mention dans votre mémoire, qu'on
soit d'une impartialité non seulement claire, mais qui apparaisse
très claire.
J'y tiens énormément et je pense aussi qu'il faudra mettre
des mécanismes dont l'efficacité pourra donner le rendement qu'on
espère d'une consultation populaire, c'est-à-dire avoir
véritablement l'opinion de la population.
Je vous remercie, M. Nolin et M. Gignac, pour votre présentation.
Je me restreins à ces quelques questions pour donner la chance à
mes collègues de vous poser des questions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Laval.
M. Lavoie: Merci, M. le Président. Je voudrais
féliciter le ministre d'avoir changé de ton au cours de son
intervention...
M. Burns: A la commission? A la commission, j'ai toujours eu ce
ton-là.
M. Lavoie: Au début, vous avez eu...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Laval.
M. Lavoie: Je crois qu'au début de son intervention il a
montré un épiderme un peu trop comme une pelure d'oignon ou soupe
au lait, ce qui n'est pas dans sa nature, lorsqu'il a fait certains reproches
au groupe qui témoigne actuellement devant la commission, ainsi
qu'à l'adresse du très honorable député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: II va me défendre.
M. Burns: On se comprend, moi et le député de
Notre-Dame-de-Grâce; c'est notre tempérament irlandais qui prend
toujours le dessus.
M. Mackasey: Je suis content qu'il admette ses origines
irlandaises à voix haute. Je pense qu'on fait du progrès, cela
commence.
M. Burns: Je m'excuse, je n'ai rien dit.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Laval, vous êtes très
généreux dans vos invitations.
M. Lavoie: Sans vouloir faire un débat sur cette question,
je crois qu'il est normal que les groupes il y en a eu
déjà qui ont fait certaines prétentions, certaines
affirmations ou ont pris certaines positions aient certaines
appréhensions à l'égard du gouvernement. D'ailleurs, il y
a des groupes qui ont exprimé des doutes sur la clarté ou sur le
fait que la question pourrait être équivoque et tout. Je n'ai
qu'à citer la Société nationale des
Québécois de Lanaudière, la Société
Saint-Jean-Baptiste Inc., le Conseil pour l'unité canadienne,
Décision Canada, le Barreau du Québec, la Société
nationale des Québécois du centre du Québec, le Mouvement
national des Québécois, qui, eux, ont pris position et avaient
des appréhensions sur le livre blanc, tel que me le souligne mon voisin
du nord, M. Fallu.
On a vu d'autres groupements qui avaient ce ton également, qui
ont pris une position dans leur mémoire et qui, entre autres,
refusaient...
M. Burns: Est-ce que le député de Laval me permet
simplement une question? Cela va être bref, deux secondes.
M. Lavoie: Oui.
M. Burns: Je le réfère je n'ai pas la page
parce que c'est un extrait au programme il l'a sans doute
à son bureau, s'il ne l'a pas dans son dossier du Parti
québécois qui dit ceci, relati-
vement aux référendums: "Faire adopter une loi organique
sur les référendums...
M. Lavoie: Ce n'est pas de cela que je parle.
M. Burns: ... garantissant que les options offertes seront
claires et distinctes, de formulation non ambiguë, permettant l'expression
de choix véritables". C'est dans le programme du Parti
québécois. Si vous n'en avez pas une copie, cela me fera plaisir
de vous en faire parvenir une.
M. Lavoie: Ce que j'ai lu dans le programme du Parti
québécois, c'est que vous aviez promis un bon et vrai
gouvernement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M, Charbonneau: C'est ce qu'on a depuis un an.
M. Lavoie: Sur l'ambiguïté...
M. Burns: C'est nouveau, les gens ne s'attendent pas à
cela, mais ils en ont un depuis un an.
M. Mackasey: Et des nationalisations de toutes sortes de
choses.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce!
M. Lavoie: Je voulais vous dire que je pense bien que les
témoins et les groupes qu'on a invités à venir à la
barre doivent avoir une liberté quant à leurs prises de position.
J'ai regretté un peu les reproches du ministre à l'endroit de cet
organisme.
Maintenant, je voudrais parler de la question, mais je reviendrai sur
cela un peu plus tard. J'aurais une question à l'adresse de Me Nolin ou
de Me Gignac. Vous vous exprimez dans votre mémoire, et, je crois,
à bon droit, suite aux propos du ministre qui a dit à plusieurs
reprises que plusieurs choses pourraient être remises en question, entre
autres la question du déroulement du référendum, la date,
etc., que le gouvernement n'a pas fait son lit d'une manière
définitive. Cela a été répété et je
pense que le ministre est d'accord sur cela.
Est-ce que vous souhaiteriez un engagement de la part du ministre
aujourd'hui pour que, étant donné que ce livre blanc sera suivi
d'une loi dans laquelle le gouvernement aura fait son lit, il y ait de nouveau
une commission parlementaire?
M. Gignac: Assurément. D'ailleurs, au début, le
ministre me disait que, dans le livre blanc, on parle de la commission
parlementaire. Le problème qu'il y a, c'est justement ça,
à notre avis. Dans un livre blanc, il faut essayer de couvrir tout ce
qui, selon nous, pourrait arriver et qui ne serait pas correct. C'est sûr
que, quand on conteste ou qu'on étudie un livre blanc, il est plus
sujet, quant à nous, à la critique, qu'une loi, parce que, dans
la loi, ce sont des points bien définis. Quand vous dites, dans un livre
blanc, par exemple, on suit la Grande-Bretagne, ce n'est pas inscrit, en
général, dans un projet de loi. Alors, on n'en parle pas tout
simplement.
Ce sont des choses, dans un livre blanc, qui nous amènent
à nous poser des questions et à devoir répondre à
ces questions. C'est ce qui fait que le mémoire présenté a
été peut-être assez dur dans les termes, mais on veut
sûrement avoir une commission parlementaire sur le projet de loi. Ce sera
sûrement moins critiquable. Comme je le disais, quand vous dites: On suit
le régime parlementaire britannique, c'est sûr qu'on dit: Vous ne
suivez pas là, vous ne le suivez pas là. Si vous arrivez avec un
projet de loi, c'est sûr que je ne vous dirai pas: Vous ne suivez pas le
régime parlementaire britannique si vous n'en parlez pas.
C'est surtout la question. C'est sûr qu'on voudrait une commission
parlementaire pour étudier la loi.
M. Lavoie: Est-ce que le ministre pourrait nous rassurer à
l'effet qu'il y aura une commission parlementaire lorsque la loi sera
déposée?
M. Burns: Je vais attendre deux choses, d'abord la fin des
travaux de la commission parlementaire. Je trouve que ce serait
malhonnête de ma part de vous dire tout de suite: Oui, il va y en avoir
une, parce que je ne sais pas comment la loi va être
rédigée; elle n'est pas rédigée, je tiens à
vous l'assurer. Ce serait indécent à l'endroit de nos
invités de venir ici nous parler sur un livre blanc, alors que la loi
serait déjà rédigée.
Bien sûr qu'il y a certains éléments qu'on examine
actuellement, mais la loi n'est pas rédigée. Il n'y a pas eu de
mémoire présenté au Conseil des ministres, qui
précèdent normalement l'adoption d'une loi. Il n'y a pas eu de
séance du comité de législation; il n'y a pas eu de
rédaction du projet de loi. Qu'est-ce que vous voulez, je m'engagerais
sur quelque chose de tout à fait hypothétique. Maintenant, je ne
ferme pas la porte là-dessus, non plus. Imaginez-vous, vous avez enfin,
ça vous surprend peut-être, des ministres qui sont ouverts
à des suggestions de l'Opposition.
M. Gratton: Sauf le ministre de l'Education.
M. Lavoie: On va essayer de les ouvrir davantage, s'il y a
moyen.
M. Burns: Non, je vous dis sincèrement que je ne ferme pas
la porte à ça. Si, à un moment donné on
s'aperçoit qu'effectivement on assiste à une
répétition de la présente commission, je pense que je
ferais perdre le temps de l'Assemblée nationale en tenant à
nouveau des auditions. Bien sûr que M. Gignac a un argument qui est
valable. Il aimerait mieux parler à l'occasion d'un projet de loi, mais,
d'autre part, si on a pris la peine de vous consulter sur un livre blanc, c'est
parce qu'on vou-
lait que vous nous guidiez, tous ceux qui ont désiré
intervenir, avant la préparation du projet de loi.
Maintenant, il est possible que le choix, qui est un choix politique, on
est obligé de se le dire bien franchement, soit de ne pas en tenir.
Peut-être, à ce moment-là, ça entrerait dans les
vues de l'Opposition officielle. Cela va peut-être hâter le
processus vers le référendum. Mais je ne ferme pas la porte
à ça. Je vous le dis que c'est une chose qu'on va examiner...
M. Lavoie: II ne faut pas oublier...
M. Burns: ... très sérieusement, quand les travaux
de la commission seront terminés et quand le projet de loi que je
soumettrai sera présenté.
M. Mackasey: Votre loi sera sans doute basée sur les
mémoires, sur les conseils des témoins ici.
M. Burns: Je pense que le député a assez
d'expérience, tant au niveau fédéral qu'au niveau
provincial, pour savoir qu'il est impossible pour le gouvernement de concilier
dans une loi toutes les positions qui peuvent nous être soumises.
M. Mackasey: Je suis d'accord avec le ministre.
M. Burns: II y en aura certaines qui seront retenues;
malheureusement, il y en aura d'autres qui vont être rejetées ou
mises de côté.
M. Mackasey: Une dernière question: Si, par exemple, 25
mémoires sur 25 demandent qu'il n'y ait qu'une question, oui ou non,
ça va être difficile d'arriver avec un bill allant contre les
sentiments des témoins qui représentent la population
québécoise. Cela va être difficile, quand même,
n'est-ce pas?
M. Burns: II n'y a pas de doute que ça va créer une
pression.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de la commission sont suspendus jusqu'à 20 heures à la
salle 91-A.
M. Burns: Non, je pense, M. le Président, que la salle
81-A est libre, sauf erreur.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui, je
me suis trompé de numéro.
M. Burns: Alors, on s'en irait à 81-A...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
ça.
M. Burns: ... qui est d'ailleurs beaucoup plus confortable
que...
M. Grenier: Le salon rouge n'est pas libre?
M. Burns: Le salon rouge n'est pas libre actuellement. Les
travaux se poursuivent.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Or,
à la salle 81-A, à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
Reprise de la séance à 20 h 30
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs!
S'il vous plaît! M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce. S'il vous plaît! M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, vous approcherez votre micro. On ne fera pas de
débat là-dessus. J'entends continuer. S'il vous plaît! S'il
vous plaît! M. le député de Terrebonne, s'il vous
plaît! M. le député de Laval.
M. Lavoie: M. le Président, je voudrais aborder une
suggestion du groupe Québec-Canada, à savoir que la question, si
on pouvait trouver une formule ou recommander au ministre une formule par
laquelle la question n'appartiendrait pas ou sortirait du contrôle du
gouvernement ou de la majorité parlementaire ministérielle...
Cette idée a été émise d'abord par l'Union
Nationale, cela a été émis par le Parti libéral. Je
crois que cela existe, je n'ai pas eu le temps de fouiller, de compléter
mes recherches, cela existe dans certains pays un genre de conseil du
référendum.
M. Burns: J'en connais très peu. M. Lavoie:
D'accord, mais je vais...
M. Burns: J'aimerais que vous me nommiez les endroits où
cela existe.
M. Lavoie: ... d'ici la prochaine séance j'aurai
l'occasion de...
M. Burns: D'accord. S'il y en a beaucoup, cela me fera
plaisir.
Une Voix: En Irlande.
M. Lavoie: Peut-être en Irlande, je ne sais pas, je l'ai vu
quelque part.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lavoie: N'est-il pas exact qu'en Angleterre, en 1975, lors du
référendum sur le maintien de l'Angleterre au sein du
Marché commun, le gouvernement travailliste anglais ait confié
à un groupe d'experts, ou à un groupe de fonctionnaires...
M. Burns: Oui. C'est bien différent.
M. Lavoie: Un instant.
M. Burns: Oui, oui. Il y a eu ce qu'on appelle...
M. Lavoie: Laissez-moi terminer, vous répondrez...
M. Burns: Très bien, je vais vous laisser vous caler.
M. Lavoie: Un groupe de fonctionnaires, non partisans, parce
qu'on sait qu'il y a des fonctionnaires qui appartiennent à des cabinets
de ministre qu'on appelle des fonctionnaires partisans, si on peut dire, qui
sont attachés à la personne politique du ministre. Je fais la
distinction entre d'autres hauts fonctionnaires qui sont apolitiques, à
mon point de vue, comme les grands commis de l'Etat, sous-ministres, membres,
peut-être les fonctionnaires du Conseil du trésor ou du Conseil
exécutif ou autres, qui ne sont pas marqués par le
côté partisan ou le côté politique.
N'est-il pas exact, qu'en Angleterre, on ait confié
l'étude du mécanisme... Peut-être qu'il y a eu d'autres
mandats, peut-être, entre autres, aborder la question de fond, parce que
là-bas, il y avait une question de fond spécifique qui a
été transposée dans une loi spécifique pour la
tenue d'un référendum spécifique sur une question bien
déterminée, j'ai dit bien déterminée et n'y
aurait-il pas lieu...
M. Ouellette: On vous écoute.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lavoie: ... de considérer cette possibilité, de
confier peut-être à des grands commis de l'Etat, entre autres,
possiblement un comité...
Peut-être que les commissaires, les membres de la Commission des
droits de la personne, le Protecteur du citoyen, le Juge en chef de la Cour
provinciale, le directeur général des élections, le
directeur général du financement des partis politiques parce
qu'il y a une incidence de contrôle des finances, et certaines personnes
ou personnalités de la sorte qui sont détachées de la
partisanerie ou de l'engagement politique pourraient prendre les suggestions du
gouvernement, de l'Opposition ou des partis de l'Opposition sur la formulation
des questions, prendre en considération les mémoires qui ont
été soumis, autant sur la formulation de la ou des questions
possibles, que sur la confection de la loi, et plus que cela peut-être,
sur la surveillance du déroulement d'un référendum. Est-ce
qu'une telle formule pourrait rejoindre la suggestion que vous faites pour
sortir du mouvement de partisanerie.
M. Vaugeois: On pourrait demander d'y répondre aussi!
M. Burns: Est-ce qu'on me la pose ou si on la pose...
M. Lavoie: Je commence par les témoins et ensuite on
pourra vous entendre.
M. Burns: Ah! Bon. D'accord.
M. Vaugeois: Quant à nous, nous ne sommes pas susceptibles
sur la personne ou le groupement de personnes qui pourraient formuler la
question. Vous parlez de hauts fonctionnaires détachés de la
politique, nous ne sommes pas contre cette optique. Autrement dit, tout ce que
nous vou-
Ions, c'est que ce soit sorti, parce qu'il s'agit d'un type de
référendum consultatif, que ce soit sorti, dis-je, du
caractère politique. Pour nous, c'est un peu comme en 1962, quand il est
arrivé quelque chose à propos de l'Hydro-Québec, on a fait
une élection concernant l'Hydro-Québec. Pour nous, c'était
une question politique. Etant donné que c'est consultatif, pour que ce
soit plus objectif, nous disons que ce serait normal que ce soit un organisme.
Nous en proposons, mais ce ne sont pas les seuls à pouvoir être
proposés; nous nous rallierions à n'importe quel organisme qui
soit objectif, dénué de partisanerie.
M. Lavoie: Quel est le point de vue du ministre sur cette
suggestion?
M. Burns: Je veux d'abord rectifier un certain nombre de faits.
Lorsque, en Angleterre le député de Laval y faisait
d'ailleurs référence on a décidé de tenir un
référendum sur la participation ou le maintien de la
participation au marché commun, il n'y avait aucune tradition je
n'ai pas besoin de reprendre...
M. Lavoie: Comme ici, comme ici.
M. Burns: Comme ici, exactement. Et ce qui est arrivé,
c'est qu'on a organisé, on a littéralement mis sur pied "an
organization unit" on l'appelait comme cela qui était
neutre, qui était mise sur pied par le gouvernement, pour mettre en
place les mécanismes du référendum. On a choisi, soit dit
en passant, quelqu'un qui n'avait rien à faire avec les élections
pour être à la tête de cela, évidemment en plus du
leader du gouvernement de l'époque qui s'appelait M. Edward Short qui a
pris la tête de cette "organization unit" et qui s'est adjoint un
dénommé Jamieson, Richard Jamieson, qui était, et qui est
encore d'ailleurs, sous-ministre de l'Education. Il n'avait donc rien à
faire avec l'aspect organisation électorale, mais à cause de son
efficacité, on a pensé que ce monsieur pouvait mettre sur pied un
groupe d'organisation préparatoire au référendum, sans
partisanerie et en-dehors de tout cela. Mais c'était un fonctionnaire
qui avait un mandat de la part du leader du gouvernement vous voyez tout
de suite la relation et le leader du gouvernement en question, M. Short,
était autrefois ministre de l'Education et c'est dans ce sens qu'il
connaissait ce personnage qu'il était allé chercher. On a
purement et simplement décidé qu'il y avait un individu qui
était efficace, qu'on le mettait au travail sous les ordres du leader du
gouvernement et qu'on lui demandait de présenter d'abord un livre blanc,
ensuite une loi et par la suite de faire suivre les étapes.
C'est uniquement dans ce sens d'une participation neutre, si on peut
dire, parce que c'est par une participation neutre qu'on a demandé
à de hauts fonctionnaires d'intervenir dans le débat, et j'ai eu
également l'occasion et l'honneur de rencontrer M. Jamieson, qui m'a dit
exactement les choses que je vous raconte actuellement, qu'il a eu la
collaboration totale et absolue du gouver- nement, en ce sens que le
gouvernement ne s'est jamais mêlé, et pas plus le gouvernement que
le leader du gouvernement, ce qui est assez étonnant, parce que,
souvent, le leader du gouvernement se mêle, surtout quand il y a un grand
nez, de choses qui ne le regardent pas; il m'a dit qu'effectivement le
gouvernement ne s'était pas mêlé des travaux comme tels,
sinon par l'entremise d'un M. Short, qui avait effectivement dirigé le
dossier.
Je peux aussi vous dire que c'est exactement le point de vue que le
leader du gouvernement a l'intention de respecter ici au Québec,
relativement à la loi, sinon comme pilote, comme parrain du projet de
loi; à ce moment, évidemment, il y a une certaine partisanerie,
qui est un petit peu plus grande et qui me relie beaucoup plus au projet de
loi.
Non, effectivement, je pense que le ton que j'ai maintenu, qui
probablement vous étonne d'ailleurs...
M. Gratton: A 90% du temps, il nous étonne, l'autre 10%,
on vous reconnaît.
M. Burns: Alors, oui, bien en tout cas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est un
vote.
M. Burns: Si c'est un vote, M. le Président, la
suspension.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): On m'a
affirmé que c'est un vote, alors les travaux de la commission sont
suspendus jusqu'à l'expiration du vote.
(Suspension de la séance à 20 h 42)
Reprise de la séance à 21 h 1
M. Lavoie: J'aimerais que le ministre continue à nous
entretenir de la non-intervention en Angleterre du ministre responsable du
projet dans la question référendaire.
Une Voix: M. James Jamieson...
M. Burns: Non, M. Jamieson n'était pas le ministre.
M. Lavoie: Non, il était haut fonctionnaire.
M. Burns: C'est M. Short qui était ministre responsable du
projet de loi.
M. Grenier: M. Foote était quoi, déjà? M.
Burns: M. Foote est actuellement le...
M. Grenier: On dit qu'il a pris la tête de quelque chose,
il n'avait pas le nom pour prendre ça.
M. Burns: II était à la tête du comité
du non. M. Grenier: Avec un nom comme ça!
M. Burns: Vous voyez que ça vaut la peine d'aller en
Angleterre, à un moment donné. Il y a bien des gens qui m'ont
critiqué d'y être allé, mais ce sont des gens que j'ai
rencontrés.
M. Lavoie: C'est sur mon temps de parole.
M. Burns: II n'y avait pas de M. Sweet pour faire short and
sweet. Remarquez que cela a été short and sweet.
M. Ciaccia: Les invités vont penser qu'on n'est pas
sérieux.
M. Burns: Effectivement, le gouvernement, par l'entremise de son
ministre responsable, s'est tenu à l'écart de toute partisanerie,
ce que j'ai l'intention de faire, relativement à l'un des
référendums. Cela ne veut pas dire que je n'aurai pas à
prononcer des discours à certaines occasions, mais, tant et aussi
longtemps que le projet de loi n'aura pas été adopté, je
pense que je dois, moi aussi, comme n'importe où, me tenir à
l'écart de la discussion de fond, car il m'apparaît comme assez
clair qu'on doive avoir une loi qui, non seulement, soit crédible, mais
paraisse crédible et honnête.
C'est un peu mon point de vue. Peut-être que je m'impose un peu
trop de restrictions, mais, en ce qui me concerne, c'est une restriction que je
m'impose.
M. Lavoie: M. Jamieson, en Angleterre, était
entouré d'une équipe, j'imagine, de fonctionnaires non
partisans?
M. Burns: Non partisans.
M. Lavoie: Parmi ceux qui, actuellement, dans votre cabinet,
travaillant à ce dossier, quel est, au Québec, votre Jamieson
actuellement, votre fonctionnaire non partisan qui travaille à ce
dossier?
M. Burns: Mon Jamieson est actuellement M. Louis Bernard.
M. Lavoie: Qui n'est pas politisé!
M. Burns: Qui n'est pas politisé. Loin de là, il
est...
M. Lavoie: II n'est pas politisé!
M. Burns: Ecoutez, il a le droit d'avoir ses opinions politiques,
mais c'est un sous-ministre. Il a tout à fait le droit d'avoir ses
propres opinions, mais un sous-ministre est actuellement un fonctionnaire et
n'a pas le droit de faire de politique. Dans le présent cas, c'est M.
Louis Bernard. Si vous voulez faire un parallèle...
M. Lavoie: Est-il aussi non politisé que Jean-
Claude Rivest dans le cabinet du chef de l'Opposition?
M. Burns: Non, ce n'est pas la même chose du tout, non.
M. Grenier: II n'est pas politisé du tout!
M. Burns: Et je vous prierais, au nom de M. Rivest, de ne pas me
demander de faire de commentaires.
M. Lavoie: Ecoutez, on en apprend toujours. M. Bernard n'est pas
politisé! D'accord.
M. Burns: Oui, écoutez...
M. Lavoie: Est-ce qu'on pourrait avoir ses
antécédents depuis cinq ou six ans?
M. Burns: Oui, je vais vous les donner, il n'y a pas de
problème, M. Bernard a été sous-ministre adjoint aux
affaires...
M. Lavoie: Non, depuis cinq ou six ans. Depuis 1970-1971.
M. Burns: Pourquoi est-ce qu'on n'irait pas jusqu'à sept
ou huit ans?
M. Lavoie: Ce n'est pas une attaque personnelle.
M. Burns: Bien oui.
M. Lavoie: II était chef du cabinet de l'Opposition, il
était...
M. Burns: Pourquoi est-ce qu'on n'irait pas jusqu'à sept
ou huit ans dans le cas de M. Louis Bernard? Pourquoi est-ce qu'on ne dirait
pas... si vous le voulez, ça ne me fait rien de dire que le
personnage...
M. Lavoie: Je ne veux pas faire le procès d'une
personne.
M. Burns: ... le plus en demande de la part de M. Robert
Bourassa, à l'intérieur de l'équipe du Parti
québécois, s'appelait exactement M. Louis Bernard. A ce
moment-là, il va falloir qu'on fasse ces choses-là. Je n'ai pas
du tout... Non, c'est arrivé à de nombreuses reprises et j'en
suis témoin. Je suis capable d'en témoigner. Je ne veux pas
discuter du cas de M. Bernard.
M. Lavoie: Ce n'est pas un procès personnel que je fais,
mais tout le monde reconnaît que M. Bernard est dans un cabinet
politique, voyons!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: II n'est pas dans un cabinet politi-
que, au contraire. C'est un cabinet qui essaie de se situer au-dessus de
toute partisanerie.
M. Lavoie: On va quitter ce sujet, parce que...
M. Burns: Justement, je pense que M. Bernard, avec le stage qu'il
a fait au ministère des Affaires intergouvernementales, comme
sous-ministre adjoint, avant de devenir chef de cabinet du chef de
l'Opposition, je pense que, en tout cas... Cela m'apparaîtrait un peu
mesquin qu'on se mette à discuter de cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'ai
l'impression qu'on oublie nos invités.
M. Bums: Je réponds aux questions. Ce n'est pas moi qui
pose les questions.
M. Lavoie: Une autre chose. Vous dites... Votre engagement tout
à l'heure était que, tant que la loi ne serait pas
adoptée, comme prétendument en Angleterre, vous ne voulez pas
vous mêler de la question de fond, de la question partisane; vous voulez
garder, comme ministre responsable du dossier, la plus grande
objectivité.
Voici ma question: Est-ce que vous avez démissionné d'un
certain comité ad hoc du Parti québécois, qui a
été annoncé dans les journaux, et dans lequel avec M.
Marcel Léger et M. Claude Morin, vous avez une âme politique pour
le succès de la solution référendaire?
M. Burns: Je ne suis plus membre de cette commission.
M. Lavoie: Vous avez démissionné depuis quand?
M. Burns: Mon Dieu! Cela remonte à au moins deux mois.
M. Lavoie: D'accord.
M. Burns: Cela répond à vos questions?
M. Lavoie: Dans l'objectivité de la loi, je n'ai pas voulu
faire de procès d'intention ni de personnalité...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): On a des
invités et il faudra les entendre...
M. Lavoie: D'accord. Mais c'est à la suite de suggestions
de nos invités que...
M. Burns: Juste pour ajouter, pour compléter le
portrait... Je m'excuse, M. le Président, mais on me pose une question
qui, à mon avis, est assez importante. Je ne suis plus membre de ce
comité et je ne suis plus membre du conseil exécutif du Parti
québécois depuis le mois de mai dernier. D'accord? Je n'ai aucune
fonction à l'intérieur du Parti québécois, sinon
d'être un député du Parti québécois, sinon,
à l'occasion, d'être consulté sur un certain nombre de
choses qui relèvent d'un certain nombre de mes compétences. C'est
tout. Je n'ai pas de fonction officielle au sein du Parti
québécois.
M. Lavoie: Pour le moment, je pourrais laisser la parole au
représentant de l'Union Nationale. Il me restera quelques minutes
peut-être, après.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je vais vous questionner en tant que membre
politisé de l'Union Nationale. Vous n'avez pas d'objection?
M. Burns: Vous n'êtes pas membre du Parti
québécois?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Grenier: Non, je suis membre de l'Union Nationale, mais
politisé aussi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Burns: Vous avez le droit de parler.
M. Grenier: D'abord, je dois vous dire que j'ai été
un peu surpris, à la lecture de votre mémoire, et j'ai eu
l'occasion d'en faire mention à l'un ou l'autre des participants du
dossier Québec-Canada. Je connais, de réputation, votre
mouvement, et je connais l'ampleur qu'il peut avoir. Mais j'ai
été surpris de voir... J'aurais aimé qu'il s'attaque
à la loi des référendums, qu'on produise un document
peut-être plus en conformité avec ce que nous sommes à
étudier ici, à la commission. Vous n'êtes pas sans savoir
que notre parti se range du côté d'une loi des
référendums, et qu'on est conscient que ce
référendum peut venir, le référendum auquel on fait
allusion, auquel on fait mention dans votre mémoire, peut venir à
la fin de 1979, peut-être même plus tard. Il est évident
qu'on pourrait avoir besoin d'un pareil outil avant ce référendum
auquel vous faites allusion.
J'ai été un peu surpris et j'ai été surtout
étonné de la teneur de votre mémoire aussi, aux pages 2,
4, 7, 8, 9 et 12. Quand je vois le terme qu'on n'a pas relevé depuis le
début de l'étude de ce mémoire, à la page 7,
où on dit: Même si le gouvernement n'a pas l'intention de
s'engager à respecter la volonté populaire, il devient
évident que, par son contrôle de la date, de la question des
mécanismes à mettre en place pour ce référendum, il
cherche à fausser la consultation et à obtenir le résultat
escompté.
J'avais lu une chose semblable à ça, mais de l'autre
côté de la clôture, qui appartenait au mémoire des
Fils du Québec, qui se sont désistés, et cela aurait
été mon intention de leur poser des questions semblables. Je ne
vous cache pas que les onze, douze ou treize premières pages ne nous
aident pas énormément à se faire une opinion sur une loi
des référendums.
J'aurais aimé voir autre chose que ça, et j'aimerais
il me semble qu'on n'est pas dans une période de Bonhomme Sept
Heures qu'on ne fasse pas peur aux Québécois. Je pense que
la période va durer assez longtemps; c'est un mémoire qui
inquiète la population, et s'il devait bénéficier d'une
publicité importante, il serait de nature à inquiéter
davantage. Je ne suis pas sûr qu'à ce moment-ci, ce soit
nécessairement bon d'inquiéter les Québécois.
Je pense qu'on peut être contre le Parti québécois.
Je ne suis pas membre du Parti québécois, mais ça ne nous
empêche pas, quand même, d'être des Québécois
et de travailler ensemble à la construction de cette province. Je pense
que ce qui est à Québec, le Parlement, ça m'appartient
encore, comme Québécois, et ses structures aussi; le drapeau,
ça m'appartient, et tout ça. Cela n'appartient pas à un
parti politique. Cela ne me fait pas peur, et je suis désappointé
un peu je ne vous le cache pas de voir qu'on inquiète...
J'ai été victime, durant la campagne électorale, de gens
qui sont venus dans mon comté, inquiéter la population et qui
jouaient au Bonhomme Sept Heures. On avait un Bonhomme Noël et un Bonhomme
Sept Heures. On avait les deux, qui étaient des adversaires. Mais
j'aimerais mieux... On a eu le Positive Action Committee, qui est venu nous
voir ce matin avec un mémoire qui m'a vraiment emballé, un
mémoire d'hommes d'affaires probablement conscients de la situation et
qui ont fait état exactement de la situation, qui ont posé
peut-être le vrai problème.
J'aurais aimé de votre part je ne vous le cache pas
avoir davantage. Si vous aviez l'avantage, comme l'a laissé entendre le
ministre, de revenir lors du dépôt de la loi, si ça devait
se produire, j'aimerais voir, de votre part, plus de gestes positifs et plus de
suggestions au gouvernement quand je parle du gouvernement, je parle des
deux côtés de la table qu'on sente que chez vous, ce
mouvement qui est peut-être fort, tout court, et qui est peut-être
fort respecté par un grand nombre de Québécois, qu'on ait
davantage de vous. C'est ma première impression.
Je sais qu'il y a, dans votre mouvement, des hommes compétents et
des hommes de qualité, mais la teneur du mémoire me
"débine" un peu. J'aurais voulu une teneur comme on a eu au cours de la
journée d'aujourd'hui. Que les Fils du Québec viennent nous
donner un mémoire comme il nous en a été
présenté un et que j'ai lu, on s'est désisté, mais
on peut s'attendre à ça. Quand je leur avais demandé, la
première fois qu'ils se sont présentés, combien ils
étaient, ils m'ont répondu six millions; on peut s'attendre
à des réponses comme ça des Fils du Québec. Mais je
n'aurais pas voulu qu'à l'envers, on lise ça, cet
énervement qu'on rencontre dans les onze ou douze premières
pages. Bon!
Suite à ça, je prends les dernières pages qui sont
vos pages de recommandations, qui sont, elles, positives. A la page 13, vous
parlez... Ce que je vous dis là, je pense que ce n'est pas la
première fois que vous l'entendez. M. Biron a eu l'occasion de le dire,
en tout cas, publiquement je l'ai lu dans les journaux que les
mouvements, actuellement, qu'ils soient a tendance fédéraliste ou
à tendance souveraine, pour n'utiliser que cette expression, n'ont pas
le droit, de ce temps-ci, je pense, de faire peur à la population, d'un
côté ou de l'autre. Cela va durer trop longtemps et ce n'est pas
avec des émotions et encore moins en inquiétant le peuple qu'on
va régler des problèmes. Des hommes d'affaires et des politiciens
doivent être assis bien froidement de chaque côté d'une
table et tenter de trouver des éléments de solution et non pas de
tenter de survolter la population.
Ce sera notre façon de travailler, et je vous demanderais, si
jamais vous avez l'occasion de présenter d'autres dossiers et de venir
nous aider, et si c'est votre volonté d'aider l'Opposition, de venir,
dans ce sens, en construisant, en proposant des choses valables pour les gens
de l'Opposition, ceux qui peuvent avoir des idées de conserver, par
exemple, sur ce référendum auquel vous faites allusion, qui
peuvent avoir des idées différentes de celles du
gouvernement.
Bon! A la page 13 de votre mémoire, vous parlez d'un
comité qui pourrait être formé, qui serait,
celui-là, dépolitisé, qui ne serait pas laissé
je ne fais pas appel à ce qui est dit antérieurement
qui serait composé d'autres personnes. Avez-vous
réfléchi sur la composition d'un conseil du
référendum?
M. Gignac: On a dit tout à l'heure, cet après-midi,
à la fin de l'après-midi, qu'on n'était pas contre tout
organisme ou tout comité qui serait dénué de sens de
partisanerie. Maintenant j'aimerais revenir juste une petite seconde sur le
premier point que vous avez soulevé. Je crois que le but du
mémoire n'a jamais été de faire peur a quelqu'un.
D'ailleurs, je crois qu'il y a une explication qui a été
donnée cet après-midi et vous étiez là avec M.
Burns. On n'a jamais voulu faire peur à personne; on a pris le
mémoire dans un sens, possiblement que ce n'était pas le meilleur
sens, mais le sens dans lequel on l'a pris, c'était un livre blanc dans
lequel on nous proposait certaines choses et nous, on disait que cela ne
collait pas à la réalité, avec le livre blanc,
d'après nous.
Je voudrais faire cette mise au point, parce qu'il n'a jamais
été dans l'intention du mouvement Québec-Canada, soit
d'essayer de détruire, de créer une crainte dans la population ou
quoi que ce soit. Notre seul but a été de prendre le livre blanc
comme on croyait devoir le faire et de faire un mémoire sur le sujet. Ce
qui veut dire que, quand vous faites un mémoire, c'est sûr que
vous allez avoir certains points sur lesquels vous ne serez pas d'accord. Comme
un livre blanc est formé d'un tout, nous c'est entendu, si on parle, par
exemple, comme je disais cet après-midi, de la question du Royaume-Uni,
nous, on est contre, parce qu'on dit que cela ne respecte pas tout à
fait ce qui s'est vraiment fait au Royaume-Uni, mais cela peut
référer à six, sept pages du livre blanc où on en
parle.
C'est sûr que cela a l'air destructif au départ, mais je ne
crois pas que cela soit aussi destructif que cela, parce qu'à la fin
justement, comme j'ai
dit à M. Burns, je pense qu'on a l'explication et que cela a bien
été là-dessus, on s'est bien entendu et on a
proposé des choses qui sont quand même objectives.
M. Grenier: Mais vous croyez quand même à la
formation d'un conseil du référendum, vous ne rejetez pas une
opinion comme celle-là?
M. Gignac: Pas du tout, on est ouvert à toute solution. On
en propose une, il peut y en avoir douze. Ce qu'on veut surtout c'est juste
dépolitiser sur la question d'objectivité, ce n'est que cela,
enlever la partisanerie, autrement dit.
M. Grenier: M. Nolin, on va entendre au moins votre timbre de
voix depuis le début du... Vous avez, à la page 14, on parle dans
le mémoire d'une période de 35 à 60 jours pour
connaître la question. Il est évident qu'une élection... On
a vécu une dernière élection, où on a connu la date
28 jours seulement avant l'élection. On suggère ici 35 à
60 jours, c'est un chiffre qu'on a mis. C'aurait bien pu être 65 comme
40; mais je suis d'avis avec vous que cela pourrait et le ministre a
laissé entendre que cela pourrait être plus long que cela. Quand
vous suggérez cela, je pense que vous avez vraiment raison de demander
que la période soit plus longue. C'est sûr qu'une élection,
c'est déclenché, cela a été déclenché
avec 28 jours, à la dernière, la limite minimale nous a
été donnée pour l'élection; mais cela
n'empêchait pas les partis politiques de connaître
l'administration. C'est là-dessus qu'on fait une élection, sur
l'administration d'un gouvernement, et les gens pouvaient accumuler tout ce
dont ils avaient besoin pour une élection.
En fait, on avait quand même quatre ans pour se préparer
pour l'élection de 1976. Je pense que, quand vous exigez 35 à 60
jours pour expliquer à la population une question qui sera neuve, toute
neuve, puis qui arrivera... Je ne sais pas, vous pensez peut-être que
c'est un... Vous suggérez peut-être un minimum, mais vous ne
pensez pas que pour connaître la question, il me semble qu'il faut au
moins trois mois, un minimum de trois mois pour connaître cette
question.
M. Nolin (Claude): Si vous permettez, M. Grenier; c'est que la
question était déjà connue à ce moment-là,
au moment de l'émission du bref. La question est connue, parce
qu'antérieurement, on mentionne que la question serait
rédigée, publiée, puis il y aurait un délai de six
mois avant que le bref soit émis, le bref référendaire. A
ce moment-là donc, la période de 35 à 60 jours, c'est en
fait le temps nécessaire pour le scrutin lui-même. La question est
connue à ce moment-là.
M. Grenier: Six mois, trouvez-vous que c'est raisonnable pour
faire connaître la question pour une campagne tant d'un côté
que de l'autre, campagne référendaire, c'est suffisant?
M. Nolin: Quand la question est connue, on calcule que six mois,
c'est suffisant pour que la population puisse être mise au courant de
toutes les implications que la question comporte.
M. Grenier: Mais, êtes-vous d'avis aussi que c'est
quasiment un minimum cela? Il me semble que pour une question qui nous arrive
comme cela, puis tenter de faire...
M. Nolin: On a entendu des commentaires disant que cela allait
peut-être être un peu long. Notre opinion, quand on a
mentionné six mois, c'était que ce n'était pas trop comme
délai quand la question est connue, la question exacte qui sera soumise
à la population. Quant au scrutin, à l'émission du bref
lui-même pour demander le scrutin autour de cette question, que le
délai du retour du bref soit de 35 à 60 jours, on calcule que
c'est suffisant. Mais la question est connue.
M. Grenier: En autant qu'elle soit connue six mois à
l'avance.
M. Nolin: C'est cela.
M. Grenier: D'accord. Vous parlez, à la page 15, du
décompte des suffrages au niveau régional. Pourriez-vous nous
donner quelques raisons pour lesquelles vous exigez un décompte au
niveau régional. Antérieurement vous en parliez, bien sûr,
mais vous avez certainement de bonnes raisons.
M. Nolin: La raison pour laquelle on a suggéré que
le décompte soit fait par région le mémoire est
axé sur l'avenir constitutionnel du Québec, on a abordé le
livre blanc en regard de ce qu'on dit être le référendum
important auquel on devra faire face à un moment donné
c'est pour que la population, dans un comté donné, ne soit pas
associée à dire: Je ne supporte pas l'attitude du
député de ce comté-là, et pour que la population
soit plus libre parce que son vote serait noyé dans un nombre de votes
recueillis dans une région. C'est pour cela qu'on voudrait que le
décompte soit fait par région, de façon que
l'électeur ou le citoyen d'un comté donné ne se sente pas
trahir son député ou le député qui le
représente dans le comté parce qu'il ne le supporterait pas dans
son option concernant l'avenir constitutionnel du Québec. C'est le
pourquoi du décompte par région. La question était
soulevée dans les dernières lignes du livre blanc; le ministre
Burns se posait à voix haute la question parce que les dernières
lignes se terminaient en parlant du décompte par région. Nous le
suggérons pour la raison qu'on vient de vous donner. C'est pour
permettre à l'électeur, qui va se rendre aux urnes, de ne pas se
sentir un devoir quelconque vis-à-vis de son député parce
qu'il ne votera pas exactement comme le député propose de le
faire. Le décompte étant par région, le vote de
l'électeur est noyé dans un plus grand décompte que si
ça se fait comté par comté.
M. Grenier: Vous êtes-vous penchés sur cette
question d'une façon particulière pour les régions? Je
pense que vous avez fait référence aux régions...
M. Nolin: Les régions économiques. M. Grenier:
Economiques. C'est treize? M. Nolin: C'est quinze. M. Grenier:
Quinze.
M. Nolin: En tout cas, on comprend que c'est quinze
régions économiques. C'est parce qu'il y a des limites. A ce
moment-là, il ne s'agissait pas d'en inventer d'autres. C'est simple
comme calcul. On a eu recours aux régions économiques pour le
faire parce qu'on ne suggérait pas d'en inventer ou de délimiter
d'autres régions que celles que tout le monde est en mesure de
connaître actuellement.
M. Grenier: Vous avez été témoin, puisque
vous avez assisté aux débats de cet avant-midi, du mémoire
présenté par l'Action positive?
M. Nolin: Oui.
M. Grenier: Je reviens à la page 6 où vous dites:
II conviendrait donc que le gouvernement s'engage et, plus
particulièrement, que soient définies les dispositions
spéciales quant au taux de participation de la majorité requise.
Suite au débat, auquel j'ai vu que vous étiez fort
intéressé pendant l'intervention de l'autre groupe, auriez-vous
des commentaires à nous émettre là-dessus? Cela va nous
revenir assez souvent!
M. Nolin: Ce matin, c'est peut-être un hasard, mais dans
nos notes en marge, c'est deux tiers qui a été mentionné
comme minimum de participation sur une question où l'aspect
constitutionnel est en jeu.
Si vous me le permettez, à un moment donné, M. le ministre
faisait un parallèle entre un minimum de deux tiers et un vote
obligatoire. Malheureusement, je ne pense pas qu'on se rejoigne
là-dedans. Ce n'est pas parce qu'on aurait un minimum de participation
qu'on doit conclure qu'on aurait un vote obligatoire. Jamais, dans notre
démocratie, on ne va suggérer d'avoir un vote obligatoire, ici au
Québec, même pour décider d'une question constitutionnelle,
mais on ne l'a pas mentionné dans notre mémoire justement parce
qu'il y a plusieurs aspects qu'il faut examiner. On suggère que ce ne
soit pas n'importe quelle participation qui décide du sort
constitutionnel du Québec, non plus que le décompte minimum soit
de 50% plus 1 pour cette même question. On opte pour les deux tiers.
M. Grenier: De participation? M. Nolin: De participation,
oui.
M. Grenier: Pour le résultat, vous demandez aussi que ce
soit plus que la moitié?
M. Nolin: 50% plus 1.
M. Grenier: M. Nolin la question pourrait être
posée aux deux seriez-vous disposés à travailler,
si le gouvernement faisait appel à vos services, dans un comité
référendaire?
M. Nolin: M. Burns sourit. On est sûrement disponible.
M. Burns: Pardon?
M. Grenier: Je demande à M. Nolin s'il serait prêt
à rendre service au gouvernement en siégeant à des
comités référendaires, par exemple, pendant la
période qui va précéder le référendum. Il se
dit disponible.
M. Nolin: J'ai peut-être mal interprété le
sourire. Il ne s'adressait peut-être pas à la question.
M. Burns: Je connais très bien M. Nolin, c'est un avocat
avec qui j'ai eu l'occasion de croiser le fer, très agréablement,
d'ailleurs. Je ne pense pas que ce soit le soir où j'annonce le nom des
personnes qui vont venir.
M. Grenier: Non, mais il est bon de rappeler à votre
attention qu'il y a des hommes importants qui pourraient vous rendre
service.
M. Burns: Oui, c'est bien sûr. D'ailleurs, M. Nolin sera
très sérieusement considéré. Il n'a pas
grand-chance d'avoir le "job" mais...
M. Nolin: Je n'ai aucune prétention, M. Grenier.
M. Grenier: J'aurai peut-être l'occasion de revenir tout
à l'heure, je vous remercie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Terrebonne.
M. Fallu: Je suis très heureux de la tournure des
événements dans nos relations entre la commission et ceux qui
présentent le mémoire, M. Gignac et M. Nolin, parce que j'avais
peur que cela tourne un peu au fiel au départ.
M. Mackasey: Vous l'avez engueulé et là, vous ne
l'engueulez plus! Il est arrivé. Je ne l'avais pas vu, tout à
l'heure, excusez-moi. Mon ami est arrivé.
M. Fallu: C'est-à-dire pour établir des
mécanismes référendaires; pour le reste, on verra
après, pendant la campagne référendaire comme telle.
J'avais déjà abordé ce matin des questions auxquelles on
pensait donner des réponses. C'était M. Nolin qui devait donner
les réponses, sans doute; du moins, c'est ce que j'ai déduit de
son signe de tête de ce matin. C'est toute l'économie du jeu
référendaire. D'une façon générale, ce qu'on
a voulu respecter, c'étaient les modes habituels de consultation,
à savoir que la Loi électorale s'applique. Où elle ne
s'applique pas, il faut trouver des mécanismes. L'un des
mécanismes est
la loi-cadre des référendums à laquelle se greffe,
pour ainsi dire, la Loi électorale comme telle.
Entre-temps, puisqu'en répondant au député de
Mégantic-Compton vous avez déjà abordé certaines
questions, je n'aurai que quelques questions, très rapidement. Quant
à la fabrication de la liste des électeurs et la qualification du
vote, seriez-vous d'accord pour que ce soit ce qu'on trouve habituellement dans
la Loi électorale?
M. Nolin: On ne l'a pas soulevé justement parce qu'en
suivant la proposition du livre blanc, il n'y avait rien...
M. Fallu: Vous teniez pour acquis que c'étaient les
mécanismes électoraux?
M. Nolin: C'est cela.
M. Fallu: La surveillance du scrutin, de la même
façon?
M. Nolin: La même chose.
M. Fallu: A savoir les mécanismes s'appli-quant
habituellement?
M. Nolin: C'est cela.
M. Fallu: A propos du décompte, vous favorisez les
régions?
M. Nolin: C'est là qu'on se sépare.
M. Fallu: Quant au temps du scrutin, il ne s'agit pas d'un
scrutin sur deux jours, mais d'un scrutin sur une seule journée?
M. Nolin: Oui, aussi.
M. Fallu: Le rapport serait le rapport traditionnel à
l'Assemblée nationale comme dans le cas des élections?
M. Nolin: C'est cela.
M. Fallu: II y a une zone d'ombre qui reste néanmoins.
Vous avez évoqué les dépenses, le financement, mais en
faisant tout simplement référence au référendum
britannique. Quelle est votre position sur le financement? On sait d'abord que
le Québec a une certaine tradition, puisque, depuis 1961, il y a une
règle de financement des partis en temps de campagne électorale;
il y a maintenant la loi 2, qui est venue spécifier davantage ces modes
de financement. On propose le regroupement; d'ailleurs, c'était à
l'origine en Angleterre, entre autres, pour un certain contrôle du
financement, que le regroupement s'était fait, et quelle est votre
position sur le financement des groupes?
M. Nolin: M. le député, le mémoire mentionne
d'abord que l'allocation du gouvernement ira à deux comités, mais
on retient aussi que l'individu peut participer sans être membre d'un
comité nécessairement et que des organismes aussi peuvent
participer. A quel moment viennent les limites? Si on se réfère
à la loi de la Grande-Bretagne, il n'y avait pas de limite.
M. Burns: C'est vrai, il n'y en avait pas.
M. Nolin: II n'y avait pas de limite. Alors, nous opinons qu'il
n'y a pas de limites et on ne croit pas que c'est à ce moment-là
qu'un côté ou l'autre soit en perte de vitesse de quelque
façon que ce soit. J'ajouterai que le gouvernement aurait un appareil
multiple que l'autre n'aura pas; cela s'équivaut à un moment
donné, mais on n'a pas de limites sur les dépenses.
M. Fallu: Encore faudrait-il croire que l'appareil gouvernemental
se mette au service de... il y a une nuance quand même.
M. Nolin: Je ne veux pas commencer... M. Fallu:
D'accord.
M. Nolin: On n'a pas d'hésitation à dire qu'on ne
sent pas qu'il y ait quelqu'un en retard sur l'autre ou sur les uns ou les
autres à cause de ça.
M. Fallu: Votre mémoire souligne très souvent le
problème de la question: comment la poser, comment la formuler, etc. Il
y a un thème qui est revenu fréquemment, le délai. Entre
autres, vous avez parlé de six mois. Nous avions récemment devant
nous le Barreau; M. Pinard, un spécialiste des sondages, qui parlait en
son nom personnel à ce moment, puisque ça ne faisait pas partie
du rapport même du Barreau, nous faisait la distinction très nette
entre un sondage et un référendum. Dans un sondage, disait-il, la
question est extrêmement importante, parce qu'elle amène un
réflexe très rapide, alors que, dans un référendum
la question a relativement peu d'importance, en ce sens que c'est l'objet qui
est important, c'est-à-dire qui est en cause.
Au fond, on pourrait peut-être se rejoindre dans ce domaine, si
l'objet de l'un ou l'autre des référendums, pensons à
celui auquel nous pensons, pourrait être connu un peu à l'avance,
par exemple, par un document, pas nécessairement un livre blanc, mais un
document qui viendrait définir en somme, l'option ou les options qui
seraient éventuellement proposées avant même que la motion
arrive en Chambre. Est-ce qu'une formule semblable répondrait
jusqu'à un certain point...
M. Nolin: Malheureusement...
M. Fallu: ... en dehors même de la formulation?
M. Nolin: C'est là qu'on ne se rejoint pas, M. le
député, parce que la formulation, on va bien respecter...
jusqu'à maintenant, on n'est pas convaincu que si la question telle que
formulée n'est pas bien établie, bien connue, suffisamment
à l'avance, on ne risquerait pas que la population n'ait pas le temps de
connaître toutes les implica-
tions de la question posée. C'est là qu'on dit qu'il faut
un délai et ce n'est pas seulement le cadre dans lequel la
question sera posée qu'il faut que la question elle-même
soit précisée et que l'on attache à ça cet
organisme indépendant pour faire cette rédaction.
M. Fallu: D'accord.
M. Nolin: Mais on insiste pour que ce soit une question et non
pas seulement le cadre dans lequel la motion qui serait nécessaire pour
la rédaction de la question serait encadrée, mais la question
elle-même doit être bien précise et il faut qu'elle ait ce
délai, qu'elle ne varie plus à partir de ce moment.
M. Gignac: Si vous permettez, M. le député, la
personne qui est venue, vous avez dit monsieur...?
M. Fallu: M. Pinard.
M. Gignac: ... M. Pinard, remarquez, peut avoir une impression.
J'ai ici un article de la Revue internationale de droit comparé, volume
28, no 2, avril-juin 1976, seulement quatre ou cinq lignes. Ce n'est pas parce
que je veux dénigrer M. Pinard ou dire que c'est lui qui est bon; ce
n'est pas ça, je ne suis pas un spécialiste là-dedans, je
ne sais pas, mais on dit que cela a de l'importance, je prends ce que je lis,
parce que je ne suis pas un spécialiste. Cela concerne le
référendum britannique: "Le Magazine New Behavior,
spécialisé dans l'étude de la psychologie du comportement,
s'est en effet livré à une expérience intéressante
sur l'impact électoral des termes de la question soumise au
référendum. L'expérience consiste à
sélectionner, durant le mois de mai, les échantillons d'une
centaine d'électeurs dans deux villes de moyenne importance, Brighton et
Reading. Une moitié doit répondre par oui ou non à la
question: la Grande-Bretange doit-elle rester dans le marché commun et
l'autre moitié, à la même question formulée
différemment: la Grande-Bretagne doit-elle quitter le marché
commun? "Les résultats de l'enquête permettent de tirer deux
enseignements. En premier lieu, les réponses sont différentes
selon les villes et le lieu de l'interrogation, domicile ou centre commercial,
mais surtout, l'enquête met en évidence le fait qu'un nombre
beaucoup plus important d'électeurs répondent oui à la
première question que non à la seconde, alors que le
résultat est identique dans les deux cas. "De la même
façon, beaucoup plus de personnes interrogées se déclarent
sans opinion dans la seconde hypothèse."
Comme je vous l'ai dit, je ne vous dis pas que c'est le summum de la
vérité, on ne le sait pas. Mais on dit que c'est tellement
partagé ces avis, à savoir si c'est vrai que la formulation de la
question est d'importance ou non, je ne peux pas me faire d'idée, je me
dis donc, pour être plus sûr d'avoir de l'objectivité,
qu'à ce moment-là, il faudrait faire attention à la
question.
M. Fallu: Bien qu'il faille tenir compte que, dans le cadre dans
lequel ces questions étaient posées, c'était à
l'intérieur d'un sondage.
M. Gignac: D'accord, d'accord.
M. Fallu: C'est la différence entre le sondage et le
référendum. Si vous permettez, je rappellerai un des
plébiscites que j'ai connus, j'avais déjà l'âge de
raison, c'était en 1942, si vous permettez. Je rappelle la question,
pourtant tout le monde savait l'objet quel en était: pour ou contre la
conscription. Or, la formulation de la question était: "Consentez-vous
à libérer le gouvernement de toute obligation résultant
d'engagements antérieurs restreignant les méthodes de
mobilisation pour le service militaire?
Oui: Non!"
Personne n'ignorait qu'il s'agissait d'un oui ou d'un non pour la
conscription. C'est peut-être là un des bons exemples qui nous
indiquent bien la différence entre l'objet et la question comme telle.
On donne énormément d'importance à la question dans
certains mémoires, je pense qu'on confond justement les deux, parce que
s'il y a un attrape-nigaud ou un piège épouvantable dans une
question comme celle qu'on a posée en 1942, les Québécois
n'ont pourtant pas été dupes, ils ont voté massivement par
un "non", sachant fort bien qu'ils votaient massivement contre la
conscription.
M. Nolin: M. le député, nous étions deux
à avoir l'âge de raison en 1942, à ce que je vois.
M. Fallu: Je vous remercie infiniment. M. Nolin:
Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Seulement quelques questions aux témoins.
Québec-Canada, seulement pour mon observation, mes dossiers
représente 100 000 citoyens selon vous?
M. Nolin: C'est maintenant plus que ça.
M. Mackasey: Au moins 100 000, il y en a qui disent que ça
va aller jusqu'à 500 000, mais...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, auriez-vous l'obligeance,
s'il vous plaît, de... d'accord, je l'ai laissé dire par les
intervenants, je vous demanderais de vous en tenir au cadre du mandat de cette
commission.
M. Mackasey: Je n'ai même pas commencé, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît!
M. Mackasey: Cela commence sérieusement, M. le
Président, je vais soulever un point publi-
quement à l'Assemblée nationale, parce que ça fait
quatre séances où qu'avant même que je ne pose mes
questions, vous m'interrompez. Sauf le respect...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ecoutez
un peu, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, il faut
parfois que j'entende complètement la question, mais, dans ce
cas-là, il n'y a même pas eu de question, il y a eu une
affirmation que vous avez relevée...
M. Mackasey: ... C'est à moi à décider. Je
veux aller dans un sens positif, si vous me le permettez.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ....
cela m'indique vers quel chemin vous voulez aller, et je pense que je n'ai pas
besoin de délibérer pendant des minutes.
M. Mackasey: Je veux aller dans un sens positif, si vous me le
permettez, je veux établir quelque chose. Vous représentez 100
000 citoyens dans votre organisation. La réponse, je veux la
connaître.
Etes-vous membre d'un parti politique: libéral, conservateur,
Union Nationale, Parti québécois?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, je vous rappelle l'article
45, paragraphes 1 et 2, et je vous demande, s'il vous plaît, de changer
de sujet.
M. Mackasey: La raison pour laquelle je pose la question, c'est
que si c'est une aile du Parti libéral, on devrait prendre le
témoignage en considération...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce...
M. Mackasey: Ce n'est pas juste pour les autres partis. Je veux
vraiment établir la faction.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... s'il
vous plaît, puis-je vous inciter à lire l'article 45, paragraphes
1 et 2, de notre règlement?
M. Mackasey: Je suis en train de lire le mémoire
présenté à la commission parlementaire qui dit que
Québec-Canada représente déjà près de 100
000 citoyens du Québec; ce n'est pas un péché de dire
ça, c'est la vérité.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce n'est
pas une question de péché, c'est une question de respecter
certaines directives.
M. Mackasey: Respecter leur parole, est-ce que c'est vrai, oui ou
non, que vous représentez 100 000 personnes?
M. Nolin: Certainement.
M. Mackasey: D'accord, c'est tout ce que je demande. Etes-vous
apolitiques, neutres; êtes-vous des citoyens et pas autre chose?
M. Nolin: Non partisans.
M. Mackasey: Vous avez dans vos rangs des anglophones et des
francophones aussi?
M. Nolin: Oui.
M. Mackasey: C'est permis, ça. Des Canadiens de toutes
origines?
M. Nolin: Oui.
M. Burns: Est-ce que le député de Gatineau en fait
encore partie?
M. Gratton: J'en suis membre.
M. Burns: Vous voyez à quoi cela mène?
M. Gratton: Est-ce que vous voulez que je déchire ma
carte?
M. Burns: Non, pas du tout.
M. Mackasey: Le député de Terrebonne, MM. les
témoins, je pense, a souligné un bon point. Tout à
l'heure, il nous parlait de la conscription, de la question posée;
ça n'étaient pas nécessairement les mots, mais tout le
monde a compris que c'était la conscription, n'est-ce pas? Probablement
que cela aurait été mieux de poser la question: Etes-vous pour ou
contre la conscription? Cela revient au même? Alors, pourquoi ne pas
poser une question: Etes-vous pour ou contre la séparation? C'est
exactement le même argument, c'est ça que je veux dire...
M. Burns: Qu'est-ce qui vous dit que ça n'est pas
ça la question qui va être posée?
M. Lavoie: On attend que vous le disiez.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: Je vous ai dit 14 000 fois que la formulation de la
question n'était pas arrêtée.
M. Mackasey: On ne sait pas encore. M. Burns: On attend.
M. Mackasey: Cela peut être avec l'influence...
M. Burns: On attend d'avoir la loi.
M. Mackasey:... avec l'influence des témoins, ça
peut arriver, n'est-ce pas? Vous avez l'esprit ouvert. Alors, je pose la
question aux témoins. Est-ce que ce n'est pas préférable
d'avoir une question aussi claire que: Etes-vous pour ou
contre la séparation? Comme le député de Terrebonne
l'a souligné, avec raison? Malgré que la question ait
été compliquée, durant la guerre, tout le monde l'a
comprise: Etes-vous pour ou contre la conscription? Si on pose une question
complexe...
M. Burns: Ce n'était pas la question. Ce n'était
pas la question, voulez-vous relire la question? Relisez-la.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Mackasey: Même en lisant la question, on savait ce que
ça voulait dire.
M. Burns: Elle était bien plus vicieuse que ce que vous
attendez de notre part.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Mackasey: Je voulais dire que tout le monde savait, par
exemple, que la question ne comportait rien de plus que: Etes-vous pour ou
contre la conscription? C'est ça que je voulais dire.
M. Burns: Ce n'était pas ça qu'elle disait.
M. Mackasey: Ce n'était pas ce qu'elle disait, mais
c'était ce qu'elle voulait dire, ce que le député a pris
vingt minutes à dire...
M. Burns: La connaissez-vous, la question?
M. Mackasey: L'expert, M. Pinard, a dit que les mots
n'étaient pas importants.
M. Burns: C'est vrai.
M. Fallu: II y a des questions libérales douteuses.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, retournez à nos invités.
M. Burns: C'était Mackenzie King qui disait ça.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, M. le ministre, s'il vous plaît!
M. Mackasey: Ce n'est rien pour le Parti québécois,
si le pays se divise; ce n'est rien pour eux, mais c'est quelque chose pour
moi. M. le Président, je demande aux témoins, comme le
député de Terrebonne l'a souligné, que ce n'est pas
vraiment la question; si c'est complexe, si c'est compliqué, tout le
monde comprend ce que ça veut dire. Cela veut dire: Etes-vous pour ou
contre la séparation? Il me semble que c'est préférable de
poser la Question aussi clairement que ça. Le ministre m'encourage en
disant que ce sera peut- être la question, tout dépend de
l'influence des témoins qui se présentent ici. Ce n'est pas
seulement le Parti québécois qui prétend cela, il y a
d'autres groupes qui ont dit la même chose. Peut-être voteront-ils
dans un autre sens, c'est la démocratie; c'est ça que je veux
dire. Quand je demande, M. le Président, si le chiffre de 100 000 est
vrai...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, ne récidivez point,
s'il vous plaît! Parce qu'il faudrait que vous vous enleviez l'impression
que je ne suis pas capable d'utiliser l'article 45, paragraphes 1 et 2. J'ai
l'impression depuis quelques jours que vous pensez...
M. Mackasey: Je vais vous dire une chose, je commence...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce,
votre collaboration! Cela fait plusieurs jours que je vous rappelle à
l'ordre et vous faites... au début...
M. Mackasey: Avant même que je pose une question.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce...
M. Mackasey: Ecoutez, vous n'êtes pas dictateur.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... s'il
vous plaît!
M. Mackasey: S'il vous plaît vous-même!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Puis-je
terminer ce que j'avais à dire?
M, Mackasey: Je vous écoute, mais pas pendant quinze
minutes, posez-la donc, dites-moi...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Au
début, je vous donnais le bénéfice du doute; puis-je vous
dire qu'aujourd'hui je remarque que vous le faites
délibérément?
M. Mackasey: Qu'est-ce que je fais
délibérément? Poser des questions?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous le
savez.
M. Mackasey: Non, je ne sais pas. Voulez-vous m'expliquer?
N'oubliez pas, avant de répondre, soyez sûr de votre
réponse.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je vous
rappelle qu'il y a un autre groupe d'invités...
M. Burns: M. le Président, sur la question de
règlement. Je demande la collaboration du député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Vous l'avez. Avant que je pose ma question...
M. Burns: Ecoutez, il faut quand même donner un coup de
main au président...
M. Mackasey: Avec plaisir.
M. Burns: ... sur la tenue des travaux...
M. Mackasey: Je lui demande seulement, M. le ministre, le
même respect qu'il vous donne.
M. Burns: ... je ne suis peut-être pas neutre
là-dedans; vous voyez, vous ne me laissez même pas poser ma
question de règlement.
M. Mackasey: Je demande le même respect que vous avez. Il
m'interrompt, avant que j'aie posé ma question.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, puis-je vous dire que
parfois, vous n'avez même pas besoin de poser une question, je peux me
rendre compte sur quel pente vous voulez aller?
M. Mackasey: Vous êtes le bon Dieu si vous savez
déjà ce que je pense.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non,
parce que vous aviez fait une affirmation.
M. Mackasey: Maudit, si on va administrer les commissions
en...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'incident est clos et nos invités sont là qui attendent les
questions.
M. Burns: Je demande, parce que je le connais bien, au
député de Notre-Dame-de-Grâce sa collaboration à
l'endroit des directives de la présidence, avec lesquelles il a le droit
de ne pas être d'accord, c'est son droit tout à fait normal.
M. Mackasey: I will try.
M. Burns: Vous voyez, je n'ai même pas fini ma
recommandation et il m'interrompt encore.
M. Mackasey: Allez-y.
M. Burns: Je pense que, régulièrement, le
député de Notre-Dame-de-Grâce, pour des raisons qui lui
sont personnelles et, que je n'ai pas à discuter, semble vouloir
constamment là-dessus je comprends la présidence
d'être inquiète sortir du corridor qui nous a
été établi.
M. Lavoie: Vous êtes en train d'envenimer le débat,
vous. Vous jouez au président vous-même.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Burns: Non, je ne veux pas jouer au président; je veux
donner un coup de main au président parce que je trouve qu'il fait un
travail très sérieux. En tout cas, il me semble qu'on doit tous
l'appuyer ensemble.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Mackasey: C'est à l'ordre, là.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, ça veut dire interroger nos témoins; revenons au
cadre...
M. Mackasey: C'est ça que je veux faire. J'essaie de ne
pas penser, parce que vous savez d'avance quelle question je vais poser.
A la page 7, vous dites: "Même si le gouvernement n'a pas
l'intention de s'engager à respecter la volonté populaire, il
devient évident que, par son contrôle de la date, de la question,
des mécanismes à mettre en place pour ce
référendum, il cherche à fausser la consultation et
obtenir le résultat escompté." Voulez-vous m'expliquer exactement
ce que vous voulez dire, M. Nolin, s'il vous plaît?
M. Nolin: En fait, on a mentionné tout à l'heure le
programme du parti gouvernemental, en fonction de ce qu'on savait de son
programme politique. On cite un programme politique, c'est parce qu'on a bien
l'intention de le mener jusqu'au bout. Donc, ce n'est sûrement pas qu'on
se trompait en tenant ça pour acquis et en disant que le résultat
escompté par le gouvernement est une réponse favorable à
cette question. C'est dans ce sens que...
M. Mackasey: Je vous remercie, je n'ai pas d'autres
questions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
qu'il y a d'autres intervenants?
M. Burns: Non.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je n'ai
aucune autre personne sur ma liste actuellement.
M. Burns: Simplement pour dire merci à M. Nolin et
à M. Gignac pour leur collaboration à l'endroit de la commission
qui a été difficile au début, mais avec le temps, qui
s'est ajustée à notre tonus. Merci infiniment et c'est bien
sincère.
M. Lavoie: Vous avez la bénédiction du ministre,
vous pouvez partir.
M. Gignac: On vous remercie, malgré les accrocs.
M. Gratton: M. le Président, on me permettrait
peut-être de dire que je me suis abstenu, pour des
raisons qu'on connaît, d'intervenir à ce moment-ci. Mais je
dirai à nos invités, M. Gignac...
M. Burns: ... que vous ne passeriez pas de l'autre
côté de la barre à un moment donné, mais en tout
cas.
M. Gratton: Non, je ne suis plus... M. Burns: Ah bon!
M. Gratton: Je suis membre, comme vous êtes probablement
membre du Mouvement national des Québécois ou d'une
société nationale des Québécois quelconque.
M. Burns: Non.
M. Gratton: Moi, je suis membre, comme vous êtes
probablement membre, du Mouvement national des Québécois ou d'une
société nationale quelconque des Québécois.
M. Burns: Non.
M. Gratton: Alors, je suis encore membre, je me suis donné
la carte no 1, mais je ne m'en occupe plus depuis le mois...
M. Burns: Parfait. Je ne vous blâme pas, à part
ça, c'est votre droit le plus strict.
M. Gratton: Je voudrais simplement dire à M. Nolin et
à M. Gignac que des remontrances quand même assez amicales que
vous ont faites tant le député de Maisonneuve que le
député de Mégantic-Compton, je retiens que si ces deux
partis vous reprochent certaines choses, j'ai l'impression que vous êtes
en train de faire quelque chose de bien; continuez donc.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Au nom
des membres de la commission, merci.
M. Gignac: Merci.
Conseil pour l'unité canadienne
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
J'inviterais maintenant le Conseil pour l'unité canadienne et son
porte-parole. Je pense que vous avez été ici toute la
journée, en conséquence...
M. Beaudoin (Jocelyn): En grande partie, M. le Président.
Fort agréable.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! En conséquence, je ne lirai pas la
directive que j'ai lue ce matin, je pense que vous la connaissez et je vous
demanderais de vous présenter, ainsi que votre collègue, s'il
vous plaît. A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Beaudoin: Mon nom est Jocelyn Beaudoin, du Conseil pour
l'unité canadienne. Je suis ac- compagné de M. Jean Chevrier, qui
est aussi du Conseil pour l'unité canadienne et qui s'occupe de notre
revue que vous connaissez peut-être, Opinion Canada.
M. le Président, il est clair que c'est l'époque, autant
que la volonté des hommes, qui nous pousse à la recherche d'une
nouvelle écologie politique.
En pareille situation, nul individu, nulle société ne peut
éviter d'en remettre en question les bases, jusqu'ici évidentes,
de son existence et de son action.
C'est pourquoi il convient d'accueillir avec enthousiasme toute
initiative tendant à l'harmonisation des forces disparates et profuses
de notre province, à la consolidation des diverses communautés ou
nations qui composent notre pays et à la recherche d'un meilleur
équilibre entre les conceptions qui nous opposent.
Mais les grands desseins exigent, pour leur succès un état
de confiance générale. En un mot, la recherche de
l'équilibre social doit elle-même être marquée
d'équilibre et c'est dans cet esprit que le Conseil pour l'unité
canadienne soumet à votre attention les remarques suivantes:
L'élargissement de la participation populaire. Le livre blanc sur
la consultation populaire au Québec donne aux députés la
haute main sur la création des comités regroupant les
défenseurs des diverses options. Cela semble naturel et découle
sans doute du souci qu'a le gouvernement de ne pas réaménager le
jeu politique en écoutant les partis, mais plutôt d'élargir
le rôle des autres acteurs tout en confiant aux députés
d'importantes tâches d'encadrement.
Mais, vu le projet de réforme politique du gouvernement, comment
concilier le désir d'associer le citoyen plus étroitement
à la gouverne de l'Etat avec l'octroi de ce double monopole des
députés sur la formation des comités et des comités
sur la participation des individus et des groupes? S'il faut bien
reconnaître la légitimité du désir qu'a le
gouvernement d'éviter que le débat ne
dégénère en foire d'empoigne, les dispositions
adoptées ne doivent pas aller jusqu'au point où elles
entraînent l'abrogation des libertés d'action et d'expression de
l'individu ou d'un groupe.
Etant donné le désir qu'a exprimé le gouvernement
de ne pas laisser aux seuls partis politiques le soin d'animer la campagne
référendaire, il paraîtrait plus logique et plus conforme
aux objectifs de la politique gouvernementale de partager le contrôle des
comités entre les députés et les membres-citoyens,
c'est-à-dire en confiant aux députés l'initiative qu'exige
la formation du comité provisoire tout en laissant à l'ensemble
des membres le choix du président. Là n'est pas l'objectif
visé, mais cela veut dire qu'il semble anormal d'inaugurer un grand
projet de réforme politique en refusant aux participants le droit de
choisir eux-mêmes celui ou celle qui présidera leur action lors
d'une campagne référendaire.
Cela devrait également entraîner chez les individus et les
groupes une plus grande aisance au
sein des comités et une volonté accrue de participer aux
débats sur leur avenir.
L'égalité entre les groupes. Certaines dispositions du
livre blanc mettent en pratique l'intention qu'a le gouvernement d'assurer
l'égalité des groupes prônant les diverses options. Mais ce
n'est pas nécessairement en logeant tout le monde à la même
enseigne qu'on aboutit à l'égalité des chances. Ainsi, on
peut diverger d'opinion tout en se respectant mutuellement et en maintenant un
dialogue positif et constructif.
L'égalité consiste donc à concilier les diverses
exigences. A cet égard, le délai de 35 à 60 jours
prévu entre l'émission du bref et la tenue d'un
référendum peut paraître à certains insuffisant. Les
différences naturelles de cohésion, d'organisation des groupes en
présence font que, malgré l'apparence d'égalité des
groupes, il y a en fait déséquilibre. C'est là le point
principal, car c'est cette absence d'équilibre qui nuira au
caractère représentatif du vote et qui entacherait d'une sorte de
vice de procédure une décision qui engage l'avenir non seulement
des Québécois, mais de plus de 20 millions de Canadiens.
Le souci de n'obliger personne à mener une campagne hâtive
ou incomplète va dans le sens d'une prolongation des délais
fixés. On pourrait, ainsi, aisément prévoir qu'un
référendum ne sera pas tenu à moins de 90 jours
après l'émission du bref.
Ici encore, les critères de ce qui est raisonnable doivent
être établis d'un commun accord, car toute victoire est
incomplète qui laisse chez l'adversaire le goût de l'amertume ou
de l'injustice.
La formulation de la question. On hésite, à juste titre,
à pénétrer dans un domaine aussi technique que celui de la
formulation des questions à soumettre dans une consultation populaire.
En effet, le débat se poursuit depuis longtemps et le chemin est
parsemé d'embûches, même pour les professeurs de droit
constitutionnel.
Il est certain, cependant, que cet aspect du problème
soulève aujourd'hui, a tort ou à raison, une vive
inquiétude chez un grand nombre de personnes. Ces inquiétudes, il
ne faut pas les rejeter, mais les prévenir.
Deux objections principales ont été formulées. La
première est qu'au chapitre du droit d'initiative, le livre blanc
prévoit l'action concentrée de l'exécutif et du Parlement,
alors qu'au chapitre de la formulation de la question, il est prévu que,
soumise sous la forme d'une motion du gouvernement et non d'un projet de loi,
la question fera l'objet d'un débat d'une durée maximale de 25
heures. Il est craint que cette solution qui court-circuite un peu les
procédures régulières de l'institution parlementaire nuise
à la qualité du débat ou encore, et c'est peut-être
plus important, à l'apparence de qualité et de plénitude
qui doit accompagner une mesure aussi importante.
La seconde objection est que la formulation de la question est
perçue par bien des groupes comme une étape cruciale qui doit
elle aussi s'accompagner d'un débat qui dépasse le cadre
traditionnel de nos institutions politiques. La trop grande
brièveté du débat relatif à la formulation
restreint la possibilité pour chacun de faire connaître son point
de vue, de participer, ne serait-ce que par voie de lettre aux journaux.
Aussi, le gouvernement devrait-il songer à prolonger le
délai afin de répondre par avance aux accusations d'avoir agi
avec précipitation dans l'un des aspects-clés du
référendum.
Du simple point de vue d'une participation accrue des citoyens,
d'ailleurs, il semble à propos et naturel de prévoir, même
à l'étape de la formulation, la contribution de tous ceux qui
s'intéressent, en invitant, par exemple, ces personnes à
soumettre leurs propositions sous forme de mémoires à un
comité parlementaire.
Il faut aussi rappeler le souci qu'ont tous les citoyens de voir la
question posée de manière claire et univoque, afin que soit
nettement tranchée la question de l'indépendance.
L'objectivité gouvernementale. Là encore, on aborde un
sujet qui a fait couler beaucoup d'encre. Le gouvernement entend veiller
à ce que la poursuite de la campagne référendaire repose
sur l'engagement financier personnel des électeurs et non sur
l'existence d'une poignée de gros bailleurs de fonds. Or, en
matière d'information, le gouvernement du Québec est un gros
bailleur.
Encore une fois, la contrainte des apparences ainsi que
l'équité exigent qu'il s'engage à respecter, au niveau de
l'information, les règles qu'il a posées au niveau du
financement. C'est pourquoi il devrait envisager la promulgation des
règles précises tendant à ce que, dans l'esprit des
électeurs, l'ensemble des mécanismes étatiques de la
province se distinguent clairement de l'appareil d'un parti et que
l'information gouvernementale ne se confonde pas avec un message partisan.
C'est une question qui mérite chaque fois d'être
examinée à nouveau, tant il est vrai que l'objectivité
doit être non seulement réelle, mais visible.
Le résultat. Bien que le livre blanc reconnaisse à la fois
le caractère consultatif du référendum et la loi
contraignante de la majorité clairement exprimée, il ne
soulève qu'à titre de possibilité la prise d'un engagement
explicite vis-à-vis des résultats de scrutin. Si on prend
l'exemple de la Grande-Bretagne, on constate que, malgré le
caractère également consultatif de son référendum
de 1975, le gouvernement s'était toutefois engagé à
respecter le résultat. Nous sommes ainsi tout autant justifiés de
demander au gouvernement qu'il s'engage clairement sur son attitude
vis-à-vis des réponses des Québécois.
Cela contribuerait sans doute à améliorer le climat
incertain qui entoure la question tout entière, car chacun aura un peu
mieux l'impression de savoir ce qu'il en est.
Conclusion. Nous avons déjà fait notre entrée dans
une époque nouvelle ou, du moins, dans une époque que marque une
volonté de changement. L'espoir de cette période n'est pas
fondé sur les inventions électroniques, ni même sur les
découvertes médicales, mais plutôt sur la promesse d'une
grande coopération des citoyens.
S'il est dans la nature de la politique de susciter l'opposition et le
débat, il est dans la nature de l'être humain de rechercher
toujours les bases d'une meilleure entente.
Il conviendrait donc de tracer une ligne très fine entre la
substance des problèmes que nous débattons et la façon
dont nous recherchons les solutions car, dans ce processus perpétuel que
constitue notre vie en société, la manière importe autant
que les résultats. L'art de la politique, c'est l'art du contentement
général et si, en cela, comme en toute autre chose, la perfection
demeure l'idéal, il n'en reste pas moins que la qualité de ce
référendum dépendra des efforts qui seront
déployés pour garantir plutôt deux fois qu'une
l'équilibre et le "fair play".
Dans cette optique, les dispositions les plus importantes sont celles
qui contribuent à l'établissement d'un état de confiance
générale.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci
beaucoup, M. Beaudoin. M. le ministre.
M. Burns: Merci, M. Beaudoin, de votre mémoire. Je vais,
au risque d'éviter de me répéter, ne vous poser que
quelques questions. Est-ce que je vous comprends bien, vous êtes
favorable a une loi à caractère général,
d'application générale, quitte à l'appliquer, selon les
cas, à un référendum ou à l'autre?
M. Beaudoin: En fait, le conseil ne s'oppose pas à une
loi-cadre, si vous le voulez, M. le ministre. Par contre, le
référendum, tout ça, a un côté
constitutionnel et nous croyons qu'il devrait y apporter une attention toute
particulière. Mais nous ne sommes pas contre la méthode du
référendum pour consultation populaire.
M. Burns: En général. M. Beaudoin: En
général.
M. Burns: Ce que je comprends, c'est que vous êtes un peu,
ou en tout cas, vous nous suggérez de prendre beaucoup de
précautions quant à ce référendum particulier,
quant à sa mise en oeuvre.
M. Beaudoin: Absolument.
M. Burns: Mais vous n'êtes pas contre le
phénomène d'une loi-cadre, éventuellement.
M. Beaudoin: On n'est pas contre la loi-cadre.
M. Burns: D'accord. Je demanderais simplement, M. Beaudoin, une
précision. A la première page de votre mémoire, on peut
lire ceci: "Nul individu, nulle société ne peut éviter de
remettre en question les bases jusqu'ici évidentes de son existence et
de son action". Je partage avec vous entièrement cette idée
qu'une société qui ne remet pas ça en cause, c'est une
société vouée à l'échec total, qui va
éventuellement se retrouver dans une espèce d'examen de miroir
absolument improductif. Vous avez parfaitement raison de le dire.
Vous poursuivez en disant: "C'est pourquoi il convient d'accueillir avec
enthousiasme toute initiative tendant à l'harmonisation des forces
disparates et profuses de notre province, à la consolidation des
diverses communautés ou nations qui composent notre pays et à la
recherche d'un meilleur équilibre entre les conceptions qui nous
opposent." Quelques pages plus loin, et c'est ce que j'aimerais que vous
m'expliquiez, à la page 3, concernant l'égalité entre les
groupes, une chose qui, à première vue, m'apparaît comme
une contradiction avec l'énoncé que je viens de lire, est la
suivante, "certaines dispositions du livre blanc mettent en pratique
l'intention qu'a le gouvernement d'assurer l'égalité des groupes
prônant les diverses options, mais ce n'est pas nécessairement en
logeant tout le monde à la même enseigne qu'on aboutit à
l'égalité des chances."
Peut-être ai-je mal compris, mais il m'apparaît qu'il y a
contradiction entre les deux énoncés de votre mémoire. Je
ne veux pas être injuste à l'endroit de votre mémoire,
comprenez-moi bien, M. Beaudoin, je n'ai pas l'intention de sortir de leur
contexte un certain nombre de choses, mais d'une part, vous dites qu'il est
important que tout le monde, les forces disparates se rejoignent v ous
dites ça à la première page et, d'autre part, vous
dites qu'il ne faut pas mettre tout le monde sous le même chapeau
à l'occasion d'un référendum. Je ne sais pas, je vous
demande simplement de m'éclairer là-dessus. A moins que j'aie mal
compris, il m'apparaît qu'il y a contradiction entre votre page 1 et
votre page 3, en tout cas, entre les deux énoncés que je viens de
citer.
M. Beaudoin: D'accord. L'énoncé de la
première page est un énoncé assez général
où on parle de notre pays, qui est le Canada, en fin de compte, d'en
arriver à une meilleure entente entre tous les groupes et toutes les
provinces du Canada. Je crois que c'est possible sans en arriver à
l'indépendance; comme vous le voyez, le nom de Conseil pour
l'unité canadienne le précise assez bien. A la troisième
page, lorsqu'on parle d'égalité entre les groupes, on parle
spécifiquement de la question du référendum. A ce
moment-là, je crois que les personnes à l'extérieur de la
province de Québec auraient probablement quelque chose à dire au
moment du référendum, parce que ça touche tout de
même 20 millions de Canadiens.
C'est en ces termes qu'on a pensé...
M. Burns: Vous n'êtes pas contre...
M. Beaudoin: Parce qu'il nous semble exclu actuellement, dans le
livre blanc, que les personnes des autres provinces puissent participer ou
aient quelque chose à faire...
M. Burns: Comme la loi électorale d'ailleurs, M. Beaudoin.
La loi électorale empêche quelqu'un qui demeure au
Nouveau-Brunswick, actuellement, s'il y avait une élection dans trois ou
cinq
mois, de voter pour une raison bien simple; c'est que la loi
électorale exige une résidence d'un minimum d'un an, au
Québec.
M. Beaudoin: Je ne parle pas de voter nécessairement, mais
tout de même de participer au débat à l'occasion de la
campagne.
M. Burns: Par contre, vous êtes conscient que, même
au niveau électoral, et c'est ça qui est tout l'objet de cette
loi ou encore de l'éventuelle loi, en tout cas du livre blanc, on doit
transférer au niveau de la consultation référendaire les
mêmes règles qui s'appliquent lors d'une élection?
En période électorale, comme vous le savez, ce n'est pas
n'importe qui qui peut faire des dépenses à propos de n'importe
quoi et cela, e'est déjà dans nos traditions. On a
déjà accepté cela. On vit avec cela depuis au-delà
de quinze ans, près de quinze ans en tout cas. On se disait que la
façon la plus normale et la plus juste de penser en termes de
référendum, ce serait d'appliquer ce avec quoi on est
déjà habitué de vivre et, entre autres, le
phénomène de la limitation des dépenses, le
phénomène qui est peut-être nouveau, lui, des limites
concernant les contributions électorales. La loi a été
adoptée au mois d'août dernier. On pensait que c'était
justement un gage d'honnêteté que vous recherchiez, je pense
j'ai cru comprendre cela dans votre mémoire un gage
d'honnêteté et d'impartialité de la part du gouvernement et
de la part de quelque agent que ce soit qui se mette à fonctionner
à l'intérieur d'une consultation référendaire et
dans ce sens, on se disait: II me semble que là, on n'est pas
critiquable. Il me semble que même si je vais être bien
clair avec vous, M. Beaudoin...
Quand j'ai soumis le livre blanc au nom du gouvernement, je me suis dit:
N'importe quelle formule qu'on va proposer sera critiquable. Elle sera
critiquable surtout aux yeux des gens qui sont des adversaires de la
théorie qu'éventuellement, on pourra soumettre je n'entre
pas dans le fond, je respecte votre décision, M. le Président
à l'électorat sur l'avenir politique ou constitutionnel du
Québec. On s'est dit: II faudrait peut-être essayer de trouver la
méthode la plus, d'une part, adaptée au régime
parlementaire de caractère britannique et d'autre part, ne pas laisser
croire et j'insiste sur les mots, laisser croireà la
population qu'on essaie de piper les dés, qu'on essaie d'organiser la
patente. Il y a une façon de laisser croire, de montrer à la
population qu'on n'essaie pas d'organiser l'affaire de façon à la
gagner à tout prix, c'est d'utiliser les règles qu'on
connaît déjà et les règles qu'on connaît
déjà sont les règles de la loi électorale. C'est le
droit...
C'est d'ailleurs pour cela que la semaine dernière, je disais au
Mouvement national des Québécois qui nous suggérait
d'augmenter la durée de résidence au Québec à trois
ans, pour permettre un droit de vote au moment d'une élection, je leur
disais que je me posais de très sérieuses questions sur la
possibilité d'en arriver à cela.
Alors, on a mis de côté, dans mon esprit, c'est mis de
côté... Remarquez que si jamais la commis- sion, j'en doute, me
convainquait du contraire, parce que je fais le tour de la table, et je n'ai
pas l'impression qu'à la table, les gens soient très très
mordus sur le fait d'augmenter ce délai de résidence au
Québec d'un an à trois ans. Mais d'autre part, en même
temps, je me dis que c'est peut-être aussi une très bonne garantie
pour l'ensemble des Québécois, de dire, peu importe l'origine
ethnique, peu importe la pensée politique, peu importe la façon
d'aborder le problème, les mêmes règles qui s'appliquent en
matière électorale vont s'appliquer en matière
référendaire, du moins jusqu'à ce qu'un certain
référendum ait passé le cap. A ce moment, on pourra
peut-être se payer le luxe d'innover, mais avant cela, on va risquer de
se faire dire que nous pipons les dés. C'est dans ce sens que je vous
posais la question: Ne croyez-vous pas que nous avons raison, en plus d'avoir
une loi à caractère général, de nous tenir le plus
possible? Les seules exceptions qui apparaissent au livre blanc, je pense bien
que vous en avez pris connaissance, M. Beaudoin, c'est le cas où on dit:
Les juges qui n'ont pas le droit de vote actuellement, les procureurs de la
couronne qui n'ont pas le droit de vote actuellement et les détenus en
état d'incarcération auront le droit de vote, dans le but de dire
tout simplement que ce sont des gens qui ont, jusqu'à un certain point,
une sorte de permanence au sein du Québec.
Quant aux juges, on ne les place pas dans un état de conflit
d'intérêt, comme ils peuvent être placés lors d'une
élection; les procureurs de la couronne non plus. Les détenus,
eux, éventuellement, vont reprendre leur vie, du moins, c'est ce que
tout le monde, j'imagine, souhaite, au sein de la société. On
leur dit: l'avenir du Québec ou telle ou telle mesure, par exemple la
peine de mort, vous intéresse autant que n'importe quelle autre
personne. A ce moment-là, on trouvait qu'il était normal qu'ils
puissent participer. On ne fait, à part ces trois exceptions, aucune
exception à la loi électorale.
J'aimerais avoir vos commentaires là-dessus
M. Beaudoin: Ecoutez, il est bien entendu que c'est l'affaire des
Québécois, je le concède concernant le
référendum en question qui est la question de fond. D'un autre
côté, l'impact d'un tel référendum ne touchera pas
seulement les Québécois. Dans une élection normale, un
changement de gouvernement, il est assez évident que les Canadiens
à l'étranger ne peuvent pas engager... non pas les Canadiens
à l'étranger, mais les gens des autres provinces n'engagent pas
de dépenses, parce que ça les touche un peu moins qu'il y ait un
changement de gouvernement au niveau d'une province.
Mais lorsqu'on parle d'un référendum touchant une question
aussi importante que la séparation du Québec, je suppose, la
souveraineté, qui peut affecter le reste du pays, on se demande
jusqu'à quel point il est possible d'empêcher les autres
dépenses.
Tout ce qu'on cherche, c'est une méthode qui va satisfaire tout
le monde. Mais on se pose la question sérieusement.
M. Burns: Est-ce que vous voulez me permettre deux secondes, j'ai
une... très bref, deux secondes.
M. Lavoie: Référendum municipal, avec le
sous-ministre des Affaires municipales?
M. Burns: M. Beaudoin, une dernière question, relativement
au problème qui semble vous embêter. Remarquez que vous
n'êtes pas les seuls...
M. Beaudoin: J'espère.
M. Burns: Je me joins à votre groupe, si on part une
association du monde embêté par ce problème; pour une fois,
on se retrouve dans le même comité.
M. Beaudoin: D'accord.
M. Burns: II semble qu'il y ait beaucoup de gens qui soient
embêtés par le fait que nous arrivions avec la suggestion, qui est
d'ailleurs faite sur le modèle britannique c'est un des
éléments importants de ce que les Britanniques appelaient
"umbrella committy" du comité ad hoc, ou si vous voulez, le
comité parapluie, qui regroupait au sein d'une même option, peu
importe l'origine politique du député, un certain nombre de
personnes qui, par la suite, se voyaient s'adjoindre des gens d'un peu partout.
J'ai cru sentir chez vous des réticences au regroupement des partis
politiques je vous en ai glissé un mot tout à l'heure
pas des partis politiques, mais du regroupement des gens autour d'une
option ou de deux options, de trois options ou de quatre options. Est-ce que je
vous comprends bien?
M. Beaudoin: Non, je ne crois pas qu'on s'oppose à cette
question, du tout, au contraire.
M. Burns: Et le comité ad hoc, vous n'avez rien contre
ça? Dans votre mémoire...
M. Chevrier (Jean): Est-ce que je pourrais faire une remarque
à ce sujet?
M. Burns: Oui, voulez-vous vous identifier, s'il vous
plaît, parce que vous n'avez pas été nommé
encore?
M. Chevrier: Jean Chevrier. M. Burns: D'accord.
M. Chevrier: Je pense que du côté des comités
ad hoc, il me semble que c'est contrôlé un peu trop par les
députés. Cela fait pas mal "establishment", si on peut dire
ça, surtout avec les groupes qui se sont formés, depuis quelque
temps: Québec-Canada, Décision Canada et d'autres, les Fils du
Québec, Ici Québec.
Je pense que s'ils avaient une façon d'être aussi
consultés et peut-être de voter pour le président, par
exemple. Pourquoi faudrait-il que ce soit nécessairement les
députés eux-mêmes qui se chargent de la planification et de
l'administration? Est-ce qu'il n'y aurait pas une façon d'amener une
plus grande participation des Québécois puisque c'est quand
même un événement, disons, sans précédent,
historique, probablement?
M. Burns: Le problème, c'est qu'il faut que cela parte
quelque part, ces mosus de comités. Je m'excuse, mais il faut les partir
avec quelque chose. Si on veut, d'une part, atteindre l'objectif de donner
l'égalité des chances le plus possible à toutes les
options, et si on veut d'autre part, que cela devienne fonctionnel le plus
rapidement possible... Remarquez que le délai de trois jours, je suis
bien prêt à jouer avec cela si on dit qu'il y a un comité
ad hoc formé par les députés et que trois jours plus tard,
cela devienne un comité national, on pourra l'appeler autrement, peu
importe. Je suis bien prêt à jouer avec ces délais, il n'y
a pas de problème. On essaie de viser la plus grande
efficacité.
On s'est posé la question, à savoir comment, de la
façon la plus efficace possible, on pourrait mettre cela en fonction,
sinon par l'entremise des députés qui déjà, ont un
mandat et cela est en cours de mandat justement de leurs
électeurs et qui ont, je pense, et, je doute qu'on conteste cela, une
responsabilité publique assez grande. A ce moment, le
député va prendre ses responsabilités. Il va dire: Je me
rallie à tel comité. Il n'est pas impossible, par exemple, dans
le cas de la souveraineté-association, que je me retrouve dans le
même comité que le député de
Mégantic-Compton.
Une Voix: Vous attachez des choses.
M. Burns: Non, écoutez, je ne veux pas vous nuire. C'est
une blague que je fais.
M. Grenier: Je fais des signes qui ne sont pas enregistrés
au journal des Débats.
M. Burns: Je note, M. le Président, que le signe
était négatif. Je dis tout simplement qu'il faut que cela parte
de quelque part. C'est cela l'idée. Je vous pose la question, si vous
avez d'autres solutions pour, en même temps, contrôler les
dépenses, ce qui, apparemment, semble rencontrer vos vues, au cours
d'une campagne référendaire, comme on le fait au cours d'une
campagne électorale et en même temps amener un nouveau mode que
celui qu'on propose, je vous dis: Est-ce que vous avez des suggestions à
nous faire? Si vous en avez, je suis prêt à les prendre en
très sérieuse considération.
M. Beaudoin: Pour le contrôle des dépenses, M. le
ministre, je crois qu'on touche un point assez important. Il me semble
très difficile de contrôler les dépenses tel
qu'exprimé dans le livre blanc actuellement.
M. Burns: M. Beaudoin, je vous mentionne simplement que nous
avons, et je pense que vous
êtes familier avec cela, une tradition qui quand même
remonte à je dirais près de quinze ans de contrôle des
dépenses en matière électorale. On est habitué
à cela. On a les structures qui prévoient cela. On espère,
dans les mois qui viennent, arriver à transférer cela sur une
base permanente par la nomination d'un directeur général du
financement. Mais on se dit: Ce serait absolument anormal que lors d'une
élection, nous contrôlions de façon très stricte, et
je dois le dire, de façon même très précise les
dépenses quand, à un moment donné, lors d'une consultation
référendaire, on dit à tout le monde: Dépensez ce
que vous voulez, comme vous voudrez, n'importe quand, n'importe comment,
etc.
C'est déjà dans nos moeurs politiques. Je dois vous dire
que de l'extérieur du Québec, il y a beaucoup de gens je
n'en prends pas le crédit parce que c'est une loi qui remonte au
gouvernement Lesage, donc, je n'en prends pas le crédit pour le
gouvernement actuel beaucoup de gens qui nous regardent avec envie dans
bien des cas sur ce contrôle des dépenses électorales. Ce
que nous faisons tout simplement, c'est de transférer cela au niveau
d'une campagne référendaire.
M. Beaudoin: C'est justement, entre une campagne
électorale et une campagne référendaire, il y a
certainement une nuance, selon l'enjeu, enfin, de ce référendum
qui nous intéresse particulièrement.
M. Burns: Ne parlons pas du sujet du référendum.
C'est un peu pour cela, je pense, que le président nous a donné
la directive qu'il vous a lue, d'ailleurs, au début de la
présentation de votre mémoire. Oublions le sujet pour un instant
et essayons de nous situer au-dessus de tout cela. Quelque gouvernement que ce
soit, connaissant notre tradition justement de contrôle des
dépenses en matière électorale, serait malvenu ou bienvenu
d'en arriver à dire: Ce qui s'applique dans le cas des campagnes
électorales ne s'applique plus au cas des consultations
référendaires. En effet, toute la théorie, si vous voulez,
toute la façon, la philosophie qu'il y a derrière cela est sur
une base, ce n'est pas inutile que le contrôle des dépenses, c'est
la philosophie qui sous-tend cela, c'est une philosophie qui dit: On essaie de
donner à tout le monde une égalité de chances.
Je le mentionnais cet après-midi, contrairement à
l'Angleterre, nous n'avons pas de contrôle sur la diffusion qui peut
être faite des diverses idées, sur l'achat du temps, etc., au
niveau des media privés, radio ou télévision, ou encore
des journaux. A ce moment, si on avait une égalité de chances
placée à ce niveau, parce que c'est là que les
dépenses se font il ne faut pas se le cacher, elles se font au
niveau des media d'information en grande partie à ce moment,
dis-je, je ne le sais pas, je vous demande si vous avez une autre solution que
celle-là et je serais bien prêt à l'écouter et
à l'examiner favorablement, si elle amène la même solution
que nous suggérons.
Je ne sais pas si Me Chevrier a quelque chose à ajouter
là-dessus ou si M. Beaudoin...
M. Chevrier: Non, je suis d'accord avec vous qu'il faut, je pense
bien, une limitation des dépenses, sans cela, ça deviendrait une
foire d'argent, si tout le monde se mettait à dépenser sans
limite. Personnellement, je n'ai pas eu l'occasion d'y penser plus que cela.
Espérons qu'avec les délibérations à venir,
quelqu'un va trouver une façon peut-être de permettre à
tout le monde de s'exprimer librement et sans contrainte.
M. Beaudoin: Par contre, M. le ministre, on doit se
référer à la question du référendum en
Angleterre et vous vous y référez vous-même assez souvent,
et, pour la partie du oui...
M. Burns: Oui, parce que le modèle que nous soumettons,
même s'il n'est pas exactement une copie du projet britannique, est un
modèle inspiré des Britanniques.
M. Beaudoin: Alors, il n'y avait pas là-bas de
contrôle des dépenses?
M. Burns: Non, il n'y en avait pas et c'est d'ailleurs une des
choses dont les Britanniques se plaignent, je peux vous en assurer.
M. Beaudoin: On va bien le savoir.
M. Burns: Oui, effectivement, même ceux qui ont
gagné ont dit qu'ils avaient trop d'argent et ceux qui ont perdu ont dit
qu'ils n'en avaient pas assez. Que voulez-vous? Ce sont des faits et je vous
prie de les vérifier, vous arriverez au même résultat que
ce que je vous décris. S'il y a une critique de la part des gens qui ont
gagné ou perdu le référendum, peu importe un
côté ou l'autre, la seule critique qu'ils ont et qu'ils formulent
et cela vise des gens comme M. David Butler ou M. Philip Goodhart, qui
ont publié des bouquins à la suite de cela et qui sont des
politicologues reconnus s'il y a, dis-je, une politique
généralisée, c'est de dire: C'était parfait, on a
perdu avec justice et avec "fair play", on a gagné avec justice ou avec
"fair play", mais il y a une chose qui nous énerve bien gros, c'est,
dans le cas d'un autre référendum, ce qu'on fait avec les
finances politiques.
C'est la grande question qui se pose actuellement. Il va y avoir
éventuellement deux autres référendums qui vont se tenir,
l'un dans le cas du pays de Galles et l'autre dans le cas, possiblement, de
l'Ecosse, et j'ai nettement l'impression qu'on va se poser cette question de
façon très précise. Maintenant, je vous dis que je suis
ouvert et ce n'est pas parce que votre présentation se termine ce soir
que je vous dis que je suis fermé à toute suggestion de votre
part. Je vous adresse, M. Beaudoin et Me Chevrier, une invitation, je pourrais
dire, une "standing invitation".
Si jamais vous avez des solutions, même après les travaux
de la commission, qui vous paraissent positives de ce côté, je
vous demanderais de nous les soumettre; je ne fermerai pas les yeux
là-dessus, bien au contraire. Je vous remercie. Je veux quand
même, encore une fois, laisser la pos-
sibilité à nos collègues de poser des questions. Je
pense bien que je n'ai pas utilisé tout mon temps.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Burns: Mon Dieu, que le temps passe vite. Voyez-vous, en bonne
compagnie, le temps passe vite. On me trouve "placoteux", je m'excuse, mais
cela démontre l'intérêt que j'avais à l'endroit de
votre mémoire. Je vous remercie de nous l'avoir présenté
et d'avoir pris la peine et le temps de venir nous le soumettre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le ministre. M. le député de Laval.
M. Lavoie: J'aurais certains courts commentaires à faire.
Je n'ai pas voulu interrompre le ministre tout à l'heure, lorsqu'il
voulait... Est-ce que vous restez ou si vous partez?
M. Burns: Deux secondes et je vais revenir.
M. Lavoie: Bon. Dans ce cas, je vais poser une autre question qui
s'adresse plus directement à nos témoins et je réserverai
mes commentaires sur les propos que le ministre a tenus il y a quelques
instants. Vous ne semblez pas vous opposer à la formation des groupes
telle que proposée par le livre blanc. L'intérêt que vous
portez à cette question, d'ailleurs, est établi par votre
présence ici, ce soir, et par la soumission d'un mémoire
très bien préparé. Votre organisme existe depuis plusieurs
années, le Conseil pour l'unité canadienne. Vous avez
insisté, et ce à juste titre, je crois, dans l'état de
notre constitution canadienne actuelle, sur le rôle et
l'intérêt que peuvent porter les autres citoyens canadiens de
toutes les autres provinces. Vous avez souligné cet intérêt
des autres Canadiens des différentes provinces et également
l'intérêt de votre conseil pour l'unité canadienne. Je vous
pose la question suivante: Si, pour une raison ou pour une autre, dans la
formation des groupes telle que proposée dans le livre blanc, et
à laquelle vous semblez donner un accord, dans
l'éventualité que ces groupes mettraient l'accent, soit le groupe
du oui ou le groupe du non ou les différents groupes, sur le
côté autonomiste de la décision, qui doit se prendre
particulièrement et d'une manière privilégiée au
Québec sur l'avenir constitutionnel du Québec, votre groupe
n'était pas accepté, comment procéderiez-vous pour
participer à la campagne référendaire, avec tout
l'intérêt que vous y montrez?
M. Beaudoin: M. le député, j'ai bien peur
qu'à ce moment, on soit obligé de participer de toute
façon, parce qu'en tant que citoyens, si la question de fond
était aussi importante qu'à en arriver à une destruction
de notre pays, je crois bien qu'il serait très difficile, et je me
demande comment, même s'il y a beaucoup de lois, on pourrait
empêcher un tel groupe de participer. C'est très difficile.
D'ailleurs, on espère que cela ne se produira pas, sincèrement.
Enfin, c'est très hypothétique.
M. Lavoie: C'est la raison pour laquelle je vous pose cette
question, parce que nous avons été surpris de votre acquiescement
pratiquement complet sur la formation des groupes d'une manière assez
restrictive, tel que formulé dans le livre blanc. Cela a
été la raison de ma question. D'ailleurs, j'en ai causé
avec certaines personnes qui travaillent sur ce dossier. Vraiment, ce que je
crains, sur une question aussi cruciale et aussi importante que l'avenir d'un
pays, en plus de l'avenir du Québec, c'est que s'il y a trop de
restrictions, ne croyez-vous pas que cela amènera peut-être un
encouragement à la désobéissance à la loi?
M. Beaudoin: J'en ai bien peur.
M. Lavoie: Pour les autres questions, j'aurais
préféré... Je pense que, le ministre a une présence
assez importante ici, parce qu'il est quand même le responsable du livre
blanc et nos commentaires doivent surtout s'adresser à lui.
Peut-être que mes collègues auraient d'autres questions à
poser directement au groupe en attendant le retour du ministre. Notre
collègue de l'Union Nationale?
M. Grenier: Je suis sûr que le député de
Gatineau aura des questions à poser à M. Chevrier.
J'espère que cela sera uniquement sur le référendum...
M. Gratton: ... et non pas sur nos antécédents
universitaires.
M. Grenier: C'est cela que j'allais ajouter.
M. Gratton: A ce moment, vous, un tiers parti...
M. Grenier: Compromis? M. Beaudoin, vous attachez beaucoup
d'importance, comme bien d'autres, à la question du
référendum dans votre mémoire. Vous mentionnez que ce
débat, qui devrait durer environ 25 heures... Vous vous inquiétez
à savoir si cela ne devrait pas être prolongé ou quelque
chose comme cela. Vous soumettez aussi l'idée qu'il y ait
dépôts de mémoires sur la question.
M. Beaudoin: Je crois que ce serait important. Si on se
réfère toujours au référendum en Grande-Bretagne,
on a attaché beaucoup d'importance et on a mis beaucoup de temps
à formuler la question. Je crois que la même chose devrait
s'appliquer ici. On devrait laisser la population participer à la
formulation de la question pour en arriver à ce que tous les groupes, au
moins, soient d'accord et ne sortent pas de ce référendum avec
trop d'amertume. Qu'ils ne se sentent pas lésés, joués,
même si ce n'est pas l'intention du gouvernement présent de le
faire. Il reste que les gens doivent participer.
M. Grenier: Vous voyez qu'un débat de 25 heures
d'affilée peut se terminer en moins d'une semaine et vous savez qu'un
projet de loi on l'a
vécu, il n'y a pas si longtemps, lors de la loi 101... On
se rend compte, à la date limite du dépôt des
mémoires, que pas mal de monde aurait aimé déposer de
nouveaux mémoires. C'est une question importante. Elle est importante
pour vous, elle est importante pour nous, mais avant qu'elle n'ait
pénétré tous les milieux de la province, il y aurait
peut-être lieu que la période où sera discutée en
Chambre la question de ce référendum auquel vous faites allusion
soit prolongée. Je pense bien que, là-dessus, c'est fort
pertinent. Ces 25 heures seraient peut-être un élément de
solution. On pourrait demander au gouvernement qu'elles ne se fassent pas
d'affilée et qu'on permette, s'il y a dépôt de
mémoires, comme vous le suggérez, ou telle autre chose, que ces
25 heures soient étendues sur une trentaine de jours ou davantage. La
période d'information sera très pressante, à ce moment,
très volumineuse et très lourde dans tous nos media
d'information.
Cela serait important que cela soit réparti sur une plus longue
période plutôt que de bousiller cela en sept ou huit jours, comme
cela pourrait être le cas.
Dans la formulation de la question, encore une fois, pensez-vous qu'il y
aurait une formule plus précise? Tout à l'heure, M. Chevrier
répondait qu'on ne s'était pas plongé dans le
problème du financement pour avoir des solutions précises. Vous
avez quand même une idée assez générale de la
façon de financer ce référendum. Mais, au sujet de la
question, beaucoup de gens se posent des questions... Cela ne sera
peut-être pas vrai pour tous les référendums pour la loi
que nous allons nous donner, mais pour ce référendum, en
particulier, pensez-vous qu'il pourrait y avoir regroupement? Si le conseil du
référendum n'était pas formé pour certaines raisons
beaucoup de gens le souhaitent pensez-vous qu'il y aurait
possibilité de regrouper différents groupes de la province qui
soumettraient des questions, afin de ne pas en arriver à un endroit
où la chatte ne reconnaîtrait pas ses petits?
Avez-vous pensé à une façon de procéder pour
que des questions soient soumises à la commission?
M. Chevrier: Je pense qu'il faudrait d'abord s'entendre sur la
question sur ce qu'on recherche exactement avec ce référendum.
Par exemple, depuis de nombreuses années, on parle de diverses options
pour le Québec, pour le Canada. Il y a sûrement des partisans du
statu quo, c'est sûr qu'il y en a. Il y en d'autres qui sont possiblement
pour la souveraineté-association. Il y en a sûrement qui le sont;
pour l'indépendance aussi. Il y a cette fameuse troisième voie
dont on parle tellement souvent ces jours-ci ou ces temps derniers, ou le
fédéralisme renouvelé. Est-ce qu'on doit chercher, avec la
question, à encadrer un peu toutes ces différentes options ou si
on doit porter la question uniquement, par exemple: Etes-vous en faveur ou pour
ou contre l'indépendance-association? Est-ce que ce n'est pas limiter le
débat que de le limiter a une seule question? Parce que ceux qui ne sont
pas pour l'association, cela ne veut pas né- cessairement dire qu'ils
sont pour le régime actuel ou le statu quo actuel. Tout dépend,
je suppose, de la façon qu'on envisage globalement les solutions de
l'avenir pour le Québec.
Sur la question de formulation, j'aimerais bien voir des universitaires
invités, des fonctionnaires d'un peu partout, tous les différents
secteurs de l'activité. Je pense qu'on aurait peut-être un
aperçu plus global qu'on ne l'a actuellement sur la question à
poser, s'il doit y en avoir une, deux ou trois, ou si cela doit
nécessairement représenter les grandes tendances dans le
Québec d'aujourd'hui.
M. Grenier: Si une question sur un éventuel
référendum qu'on a à l'esprit devait porter sur la
souveraineté-association... Tout le monde dit actuellement que c'est
l'affaire et il n'y a pas beaucoup de gens qui défendent cette
opinion des Québécois que de décider du
référendum, mais si la question devait porter sur la
souveraineté-association, ne croyez-vous pas que cela devrait aussi
intéresser pas mal de Canadiens qui ne seraient pas du
Québec?
M. Beaudoin: M. le député, je crois qu'à ce
moment, il faudrait expliquer ce qu'est la souveraineté-association,
parce que, pour vous dire franchement, je ne crois pas qu'on soit tellement
éclairé à ce sujet.
M. Grenier: Vous avez bien raison.
M. Beaudoin: Cela est bien difficile de répondre.
M. Charbonneau: On se chargera en temps et lieu de vous
éclairer.
M. Grenier: Excepté que cette partie d'association, je
pense bien qu'on comprend à ce moment que cela pourrait certainement
vouloir dire une forme d'association avec le reste du Canada, si cela devait
être cela. Je sais que le 1er juillet, l'an passé, on a eu
l'impression que c'était une association avec les Etats-Unis, à
un moment donné, qu'il fallait faire.
M. Charbonneau: Ne pensez pas cela.
M. Grenier: Si cela devait être une association avec les
autres provinces canadiennes, j'imagine bien, à ce moment, qu'on devrait
élargir nos cadres pour permettre, dans des comités, d'agrandir
cette notion et de permettre à des Canadiens de venir nous dire
l'importance qu'il y a d'une forme d'association.
M. Beaudoin: Je maintiens qu'il faut d'abord et avant tout savoir
les définitions des mots. C'est très important.
M. Grenier: D'accord, j'y reviendrai plus tard.
M. Lavoie: J'aurais une question, M. le Président.
Le Président (M. Fallu): Oui, je vous en prie, M. le
député de Laval.
M. Charbonneau: Allez-y.
M. Lavoie: Une, si vous voulez, qui est sur le même sujet.
Je ne voudrais pas perdre le fil. Est-ce que j'ai bien compris, Me Chevrier,
que vous seriez même favorable à ce qu'il y ait plusieurs options
de proposées, quatre ou cinq options, sur le bulletin du
référendum?
M. Chevrier: Tout dépend, encore une fois, de ce que
recherche la population à l'heure actuelle. Est-ce qu'on veut le statu
quo? Est-ce qu'on veut le fédéralisme renouvelé? Est-ce
qu'on veut une troisième option? Est-ce qu'on veut l'association
économique? Est-ce que cela doit nécessairement être une
seule question, si la question est posée?
M. Lavoie: Vous n'avez pas de réponse.
M. Chevrier: Personnellement, si on me pose la question:
Etes-vous en faveur de l'indépendance-association?, cela laisse supposer
qu'on est pour le statu quo ou presque. Donc, il n'y a pas d'option mitoyenne
dans laquelle pourrait se retrouver une très grande partie de la
population. C'est une question de justice à rendre à tout le
monde, donner à tous la possibilité de se prononcer sur une
question globale, pour autant que plusieurs d'entre eux puissent se situer
à l'intérieur de catégories données, pour autant
que ces catégories soient suffisamment importantes pour qu'il y ait une
question qui englobe une option donnée.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Laval...
M. Lavoie: Ecoutez, est-ce que vous êtes d'accord...
Le Président (M. Fallu): Je m'excuse. J'imagine toujours
que vous êtes à la recherche des modèles pour poser des
questions, à partir d'un certain exemple.
M. Lavoie: Non. C'est ce que vient de dire... Je pense que c'est
important, parce que la grande majorité des témoins,
jusqu'à maintenant, depuis le début des travaux, que ce soit du
côté procanadien ou pro-Québec, ou séparation, je
pense qu'on peut dégager que la très grande majorité des
témoins sont venus nous proposer une seule question claire et
précise. Là, je crois que c'est très intéressant.
Je pense que c'est le premier groupe qui propose des options multiples.
M. Chevrier: Je ne le propose pas comme tel. Je soumets tout
simplement à l'attention de la commission... ce qui se fait actuellement
par la commission Pépin-Robarts... Il se fait des efforts assez
évidents vers une troisième voie.
Cette troisième voie ne devrait-elle pas faire partie
également d'une question?
M. Lavoie: Quelle est la troisième voie exactement?
M. Chevrier: Cela aussi reste à déterminer,
peut-être autant que l'association...
M. Lavoie: C'est une information. Je ne la connais pas.
M. Charbonneau: Je pense, M. le député de Laval,
que vous...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Beaudoin: Je crois que dans la rédaction de notre
mémoire, ce qu'on désire avant tout, c'est une question claire,
nette et précise. Je ne crois pas que nous recherchions plus de
confusion qu'il n'y en a actuellement.
M. Lavoie: Je n'irai pas plus loin.
M. Charbonneau: Je veux enchaîner sur la question du
député de Laval... et poursuivre...
M. Lavoie: Je permets de me faire enchaîner, soyez
assuré de cela.
M. Charbonneau: Moi non plus d'ailleurs. Je n'ai pas l'habitude.
Mais si vous vous posez des questions sur l'occasion d'offrir
éventuellement une question à choix multiple, non pas multiple
à l'infini, naturellement je pense que tout le monde s'entend
vous posez-vous également des questions sur la possibilité
qu'on instaure un système de plusieurs tours de scrutin,
c'est-à-dire qu'il pourrait y avoir deux tours de scrutin comme il y en
a eu, par exemple, à Terre-Neuve, où on avait posé un
certain nombre de questions?
M. Chevrier: Sur ce point, je ne me suis pas posé la
question. Je pense qu'il serait bon, si jamais il y a un
référendum, que le résultat soit autant que possible
final, du moins pendant plusieurs années, sans cela, on va être
continuellement aux prises avec des questions de référendum.
M. Charbonneau: Mais dans ce cas pour un référendum
quelconque dans lequel il y aurait, par exemple, quatre choix et dans lequel on
retrouverait une majorité de citoyens dans deux choix mitoyens; ne
considérez-vous pas qu'il y aurait avantage, éventuellement,
à préciser la pensée des citoyens?
M. Chevrier: Je pense qu'une fois que la question aura
été donnée, par exemple, il y a tel pourcentage de ceux
qui préfèrent une troisième voie, tel pourcentage de
ceux...
M. Charbonneau: II pourrait peut-être y avoir deux sortes
de troisième voie et dans ce sens, peut-être qu'on aurait avantage
à essayer de poursuivre la réflexion.
M. Beaudoin: M. le député, je n'ai pas l'impression
que le conseil désire suggérer le nombre de questions qui doivent
être posées ainsi que le nombre de scrutins. On veut une question
qui soit, autant que possible, claire et précise et que les citoyens du
Québec puissent y répondre avec autant de facilité en
sachant dans quoi ils s'engagent.
M. Charbonneau: Je pense qu'on est d'accord sur ce principe,
mais...
M. Chevrier: Maintenant, si...
M. Charbonneau: ... je pense que Me, je pense, Nolin ou...
M. Chevrier: ... Chevrier.
M. Charbonneau: ... Chevrier excusez, je mélangeais
avec le groupe précédente indiquait qu'il y avait une
réflexion qui était engagée, qui n'était pas
complètement terminée et c'est dans ce sens... Je pense bien
qu'on pourrait avoir des choix clairs, même si on avait quatre
possibilités, éventuellement.
M. Chevrier: Je voudrais simplement souligner la
difficulté de trouver la formule idéale.
M. Charbonneau: Oui, je suis bien d'accord.
M. Chevrier: Par exemple, en Angleterre, pour la question du
Marché commun, la question: Etes-vous pour ou contre l'entrée de
la Grande-Bretagne dans le Marché commun, je pense qu'il n'y avait pas
d'autre solution que celle-là finalement. Mais dans le contexte global
du fédéralisme que l'on cherche à renouveler et
c'est dans le contexte canadien il n'y a pas seulement la
souveraineté-association. Il n'y a pas seulement le statu quo.
M. Charbonneau: On est bien d'accord.
M. Chevrier: Cela fait des années qu'on cherche à
renouveler la confédération. En tout cas...
M. Charbonneau: C'est parce que je voulais revenir sur une autre
question que l'un des témoins a abordée tantôt. Il nous a
dit, à un certain moment, qu'il pourrait y avoir encouragement à
la désobéissance civile, par exemple, quant à la formation
des groupes.
Je voudrais vous poser une autre question concernant la limitation des
dépenses. Vous vous êtes dit assez réticent à
certaines formes de limitation de dépenses. Songez-vous
déjè à une certaine forme de désobéissance
civile si les dépenses sont limitées à un point qui ne
vous...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Verchères, je pense que, même si ces mots
ont pu être prononcés tout à l'heure, j'estime qu'ils
étaient dans le cadre d'une réponse. Là, c'est dans le
cadre d'une question et je vous inci- terais... Ce n'est pas le but et le
mandat de cette commission que de parler de cela.
M. Charbonneau: Non, mais je pense que c'est important de
préciser, parce que finalement des...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Bien
écoutez...
M. Charbonneau: ... affirmation assez importantes qu'on a fait
ici et je voulais peut-être permettre au témoin de préciser
sa pensée.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Verchères, ce n'est pas que la question n'est
pas importante, c'est qu'elle n'est pas dans le cadre du bon débat.
M. Charbonneau: D'accord.
M. Beaudoin: C'est suite à une question qu'on m'a
posée, s'il pouvait y avoir un danger et j'ai répondu: J'ai peur
que ça puisse en venir à ça.
M. Charbonneau: Oui et j'ai peur...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Verchères, n'insistez pas sur ce sujet, s'il
vous plaît.
Une Voix: Est-ce que j'ai le droit?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II n'y a
personne sur ma liste. M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Très brièvement, M. le
Président. Le conseil a indiqué tantôt, en réponse
à une question du ministre, qu'il n'avait pas d'objection, en fait,
qu'il était d'accord avec l'adoption d'une loi-cadre. Je pense que vous
étiez là ce matin quand j'ai posé la question au Mouvement
d'action positive sur le moment idéal pour adopter une loi-cadre sur la
consultation populaire? Compte tenu que tout le monde au Québec et
ailleurs, lorsqu'il pense à consultation populaire, pense à un
référendum en particulier, soit celui sur l'avenir
constitutionnel du Québec, êtes-vous d'avis, comme a dit
l'être ce matin le Groupe d'action positive, que peut-être bien que
le gouvernement aurait avantage à régler la question du
référendum sur l'avenir constitutionnel du Québec à
partir d'une loi spécifique sur ce référendum en
particulier avant d'aborder l'étude et l'adoption d'une loi-cadre sur la
consultation populaire?
M. Beaudoin: D'ailleurs, c'est une des remarques que je projette
faire à M. le ministre, qu'on devait porter une attention tout à
fait particulière à ce référendum auparavant et,
par contre, on n'est pas contre la formule des référendums qu'il
pourrait y avoir ailleurs. Mais ce référendum,
précisément sur l'avenir constitutionnel du Québec, je
crois qu'il faut le traiter d'une façon bien particulière.
M. Gratton: M. le Président, une dernière question.
Vous mentionnez, à la page 6 du mémoire, vous faites allusion au
gouvernement à titre de gros bailleur en fonction de l'information et je
suis tout à fait d'accord avec vous, sauf que je pense que c'est soit la
Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, ou le Mouvement
national des Québécois qui est venu nous dire, à cette
commission, qu'effectivement, il voyait plutôt le gouvernement du
Québec subventionner les groupes tenants de la même option que le
parti au pouvoir, parce que le gouvernement fédéral faisait ce
genre de subvention auprès des organismes tenants de l'option non
souverainiste ou d'une option différente de celle du gouvernement.
Est-ce que vous pourriez nous indiquer, lorsque vous parlez des
règles précises que le gouvernement pourrait édicter pour
se tenir à l'écart de ce débat et de l'information en
particulier, est-ce que vous avez pensé à la sorte de
règle qu'on pourrait promulguer?
M. Beaudoin: Ecoutez, c'est assez difficile, parce que le
gouvernement au pouvoir, ayant un but assez précis, il est possible que,
dans l'information générale transportée au public, des
messages soient transmis à cet effet. Pour nous, l'équilibre est
difficile à établir à ce moment-là. On n'a pas de
suggestion, sauf sur la limitation du financement de la campagne
référendaire. Je ne vois pas le fédéral, ni le
provincial, à ce stade-ci; c'était simplement une
inquiétude qui était partagée au niveau du financement des
groupes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: M. Chevrier, je pense que vous avez
suggéré la possibilité de plusieurs options normales; vous
en avez mentionné quelques-unes: statu quo, constitution
renouvelée, troisième option, souveraineté avec
association économique, etc. Je pense que c'est vous ou M. Beaudoin qui
avez suggéré, et vous êtes un homme de formation, un
professionnel, vous êtes avocat ce n'est pas un reproche que je
suis en train de vous faire mais vous admettez que vous ne savez pas ce
qu'est la souveraineté-association. Est-ce que j'ai raison, est-ce que
c'était vraiment votre réponse?
M. Beaudoin: Je ne sais pas ce que c'est, moi, est-ce que...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est la
troisième fois cette semaine que je vous refuse la même question,
excusez-moi.
M. Lavoie: M. le Président, j'aimerais avoir une
directive. Pourriez-vous expliciter, peut-être, pour garder un bon climat
dans cette commission, la raison que vous...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'ai cru
comprendre que la question du député de
Notre-Dame-de-Grâce avait pour but de demander aux intervenants
leur définition de la souveraineté-association. Si c'est
là le but de la réponse, c'est non. J'ai peut-être mal
compris la question.
M. Mackasey: Si peut-être vous avez un peu de frustration,
vous saurez pourquoi j'ai posé des questions dans ce sens. Voici un
avocat, un homme renseigné, qui dit qu'il ne peut pas comprendre ce que
cela veut dire et ce n'est pas un reproche, je ne vous demande même pas
de définir, mais j'ai dit: Si vous n'êtes pas capable de
comprendre, vous n'êtes pas le seul. Comment voulez-vous que les citoyens
s'expriment sur une option que vous-même, vous ne comprenez pas?
M. Chevrier: M. le député, excusez-moi, mais vous
vous méprenez, parce que ce n'est pas moi qui ai répondu à
cette question. C'était M. Beaudoin. Je regrette, mais je n'ai pas
parlé de souveraineté-association en aucune façon. Du
moins, j'en ai parlé tantôt, mais pas pour dire que je ne savais
pas ce que cela voulait dire. Je tiens à faire cette
précision.
M. Mackasey: Peut-être que M. Beaudoin aimerait une
réponse. La raison pour laquelle je pose la question, simplement, c'est
qu'il faut que la population au moins sache le sens de ce vote important. C'est
la raison pour laquelle, naturellement, on veut une question claire; mais si on
a plusieurs options, qui aura la responsabilité d'expliquer à la
population ce que veut dire le statu quo, ce que veut dire une troisième
option?
M. Burns: C'est une information à la population.
M. Mackasey: C'est ce que j'ai demandé.
M. Burns: Je suis pleinement d'accord avec cela.
M. Mackasey: Pourquoi ne m'a-t-on pas laissé poser la
question?
M. Burns: Le président vous a laissé la poser.
M. Mackasey: Après m'avoir obligé de crier encore
après...
M. Burns: Non, mais c'est parce que là vous posez des
questions qui sont recevables...
M. Mackasey: La même question que j'ai posée.
M. Burns: Alors que cet après-midi, vous...
M. Mackasey: Je ne parle pas de cet après-midi, je parle
d'il y a 25 minutes. M. le Président a dit: Vous n'avez pas le droit de
poser la même question que vous venez de poser.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Charbonneau: Le député de
Notre-Dame-de-Grâce est en train de s'expliquer.
M. Mackasey: La troisième option, Me Che-vrier, veut dire
bien des choses pour beaucoup de gens. Il n'y a pas deux premiers ministres des
provinces à travers le Canada qui ont la même compréhension
ou la même définition de la troisième option.
M. Burns: Troisième voie.
M. Mackasey: Troisième voie, si vous voulez.
M. Burns: II y a "la voie", il y a deux voies et il y a trois
voies.
M. Mackasey: Don't talk my language for a change.
M. Burns: We call it the third option.
M. Mackasey: The premier of Nova-Scotia had a definition for
third option. The premier of Manitoba had a very restrictive third option.
Premier of British-Columbia had a third option. And the people of Montreal have
their concept of a third option. Nobody in Quebec has an idea of what a third
option is. If you put it on a referendum and you ask the people to put an X at
the third option, "est-ce que c'est logique"?
M. Burns: Who said we put it on the ballot Mr Mackasey?
M. Mackasey: He suggested that earlier. I don't know what you
will do. I want to know their opinion.
M. Beaudoin: M. le député, je ne crois pas qu'on
soit plus éclairé que vous concernant la troisième option,
la troisième voie ou la souveraineté-association. On va attendre
d'avoir plus d'explication à ce sujet.
M. Mackasey: Je vais terminer parce qu'on a promis de terminer
à 23 heures. Tout ce que je veux dire non pas parce que j'ai peur d'un
genre particulier de référendum, au contraire, mais je pense
qu'on devrait au moins avoir une définition de toutes ces expressions,
si encore on demande à la population de s'exprimer pour ou contre cette
troisième voie ou "third option"; c'est tout ce que je veux dire. C'est
le temps de définir ce que cela veut dire. Le seul qui ait
défini...
M. Burns: Maintenant, au cours de la commission? Il faudrait le
définir maintenant?
M. Mackasey: Non, vous avez raison...
M. Burns: C'est la première fois que je l'entends.
M. Mackasey: Ecoutez, je n'ai pas demandé à la
commission de donner la définition. Le seul qui doit définir la
souveraineté-association, c'est le premier ministre à
l'Assemblée nationale. Il devrait...
Je ne demande pas à la commission... Ce que je souligne, c'est
qu'il est nécessaire que quelqu'un le fasse. Pas nécessairement
ici. Je pense que c'est ce que vous dites dans votre mémoire. Tous les
témoins jusqu'à maintenant ont dit: On veut une question claire.
Si on veut une question claire, que quelqu'un offre une définition de la
terminologie de troisième voie, "third option", "special status", statu
quo, constitution renouvelée, qu'est-ce que cela veut dire?
M. Burns: En même temps, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, est-ce que vous pourriez nous faire la faveur de
nous dire ce que veut dire la souveraineté du Canada, ce que voudrait
dire l'unité canadienne? Est-ce que ça vous
intéresserait?
M. Mackasey: Vous me promettez une heure? Vous voulez
jusqu'à minuit...
M. Burns: Non, pas maintenant, mais dans les jours qui
viennent.
M. Mackasey: Oui, j'espère tous les jours...
M. Burns: L'identité canadienne, voulez-vous nous...
M. Mackasey: ... et je vais le faire... Vous êtes encore
mieux...
M. Burns: ... expliciter ça?
M. Mackasey: Je vais le faire lundi matin. On a 600
invités à la salle Bonaventure. Vous êtes invité
à y assister, mon invité. Là, vous apprendrez quelque
chose...
M. Burns: Malheureusement, lundi, j'ai d'autre chose.
M. Mackasey: ... que vous auriez dû avoir appris depuis
bien longtemps.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Burns: Je vais vous lire.
M. Mackasey: D'accord.
Une Voix: On est dans nos comtés, le lundi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! Il reste sept minutes.
M. Lavoie: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Laval.
M. Lavoie: Tout à l'heure, le ministre responsable de ce
livre blanc a tenu des propos que je peux difficilement laisser passer; du
moins, nous avons droit, je crois, à certains éclaircissements,
certaines explications. Venant de la part, quand même, d'un membre non
pas du Barreau, mais d'un avocat qui... Lorsqu'on a traité... Vous avez
fait un début d'analogie, si vous voulez... C'était à
l'occasion de la participation financière ou humaine des personnes, si
vous voulez, des non-résidants québécois. Vous faisiez une
comparaison, je pense, avec la Loi électorale. Vous disiez que, dans la
Loi électorale ça, je l'accepte quelqu'un, pour
participer à notre loi, en vertu de la loi 2 pour contribuer, je
crois qu'il faut être électeur au Québec...
M. Burns: Oui, électeur.
M. Lavoie: Tout le monde reconnaît ça. Nous avons
adopté cette loi. Nous reconnaissons que quelqu'un qui n'est pas
résidant, qui n'a pas sa résidence au Québec n'a pas le
droit de vote, nécessairement. Mais comment pouvez-vous relier
ça, dans l'état de notre constitution actuelle, au refus total
que vous apportez à la participation non pas électorale, mais
à la participation ou à l'intérêt que peuvent porter
à la question référendaire des citoyens canadiens qui sont
des non-résidants québécois?
M. Burns: J'ai une bonne autorité maintenant, qui m'appuie
et qui s'appelle...
M. Lavoie: Oui.
M. Burns: ... nommément M. Pierre Elliott Trudeau...
M. Lavoie: Oui.
M. Burns: ... qui dit: C'est une affaire à régler
entre Québécois, par des Québécois, pour des
Québécois. Moi, ça m'apparaît...
M. Lavoie: Oui.
M. Burns: En tout cas, je pense que même votre parti a pris
des positions...
M. Lavoie: D'une manière prioritaire et ça doit se
régler d'une manière privilégiée au
Québec...
M. Burns: Oui, c'est ça.
M. Lavoie:... nous sommes d'accord.
M. Burns: Et je pense même que...
M. Mackasey: Une question honnête, par exemple.
M. Burns: ... et je pense même que tous les partis
politiques sérieux au Québec, et je me réfère
à l'Union Nationale...
M. Mackasey: ... si ce n'est pas une question
honnête...
M. Burns:... le Parti libéral, le parti
ministériel, entre autres, et je pense bien que, même le Parti
national populaire je n'ai pas entendu de réponse d'un autre
parti, le Ralliement crédi-tiste je pense que tout le monde
s'accorde à dire que c'est une affaire à régler entre
Québécois. Moi, je pense que, même le premier ministre du
Canada, M. Trudeau, a dit que...
M. Mackasey: II a dit aussi: Si la question n'est pas
honnête, il faudrait un référendum avec une question
honnête la semaine suivante.
M. Burns: Oui, et là, moi, j'ai répondu...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Burns: ... à M. Trudeau... Cela a peut-être
l'air... Je suis un Ti-Coune pour répondre à M. Trudeau; je ne
suis pas aussi pesant que lui, mais je pense que M. Lévesque lui a dit
également notre M. Lévesque, à nous, le premier
ministre...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Mackasey: S'il vous aime beaucoup, c'est une autre
affaire...
M. Burns: Je pense que nous avons dit, de façon assez
claire, que nous n'avions pas de leçons de démocratie à
prendre de M. Trudeau et, là-dessus, je ne veux pas entreprendre une
polémique, mais je pense que je n'arrête pas, depuis le
début des travaux de cette commission-ci, de dire que nous allons faire
tout ce qui est possible pour que la question soit la plus claire possible, la
plus impartialement soumise à l'électorat et la plus efficacement
rendue au point de vue du résultat. Qu'est-ce que vous voulez que je
vous dise de plus?
M. Lavoie: J'aurais une dernière question. Quand
même, il y a une constitution qu'on doit respecter. Personne ne doit
encourager, quand même, une désobéissance à la loi,
et surtout à une loi constitutionnelle. Autant nous reconnaissons une
compétence, si vous voulez, dans le domaine que vous avez
mentionné, celui de l'élection des élus du peuple au
Québec... Mais je vous pose la question directe: Est-ce que nous avons
la compétence constitutionnelle, ici, au Québec, seuls, de nous
séparer, dans la Confédération canadienne?
Compétence constitutionnelle?
M. Charbonneau: C'est un autre problème, ça.
M. Burns: Remarquez que je vais, M. le Président, selon
vos directives, me restreindre et ne pas embarquer dans ce débat, parce
que je vois exactement... Ce n'est pas parce que je veux l'éviter,
ce
débat va avoir lieu éventuellement, et peut-être
plus rapidement que vous pensez.
M. Lavoie: Mais il faut que cela aboutisse à quelque chose
de positif.
M. Burns: Bien oui! M. Lavoie: Bon!
M. Burns: Sauf que moi, comme ministre d'Etat responsable de ce
dossier...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Burns: ... comme ministre d'Etat à la réforme
électorale et parlementaire, le mandat que m'a donné le
gouvernement, c'était de soumettre un livre blanc, d'entendre les
réactions de la population et de tous les intéressés
à ce sujet et, par la suite, en arriver à un projet de loi. Je
suis sûr que, lorsque le projet de loi sera déposé, lorsque
la deuxième lecture va être discutée, on aura amplement
l'occasion d'aller au fond de ces questions. Mais moi, pour ne pas me faire
bifurquer, si vous voulez, ou me faire envoyer dans d'autres régions que
ce pourquoi le mandat m'a été donné, je m'abstiens
moi-même d'entreprendre les débats sur ces sujets. Si, à un
moment donné, M. le député de Laval, nous sommes
invités comme d'ailleurs, le député de Saint-Laurent et
moi-même avons été invités récemment par un
poste de télévision, avec M. Gignac, qui était avec nous
tout à l'heure, si, dis-je, on se fait inviter et qu'on veut qu'on parle
de ça, je n'ai aucune espèce d'objec- tion à en parler. Je
trouve cependant, que je manquerais au mandat que la commission s'est vu donner
si j'entreprenais un débat là-dessus. C'est pour ça que
j'ai été d'accord, depuis le début, avec la
décision du président, malgré toute la souplesse qu'on
doit accorder aux gens qui viennent témoigner devant nous et qui eux,
veulent peut-être déborder en se disant: Peut-être qu'on
n'aura pas d'autre chance d'en parler. En tout cas, moi, là-dessus, je
pense que j'ai été clair...
M. Lavoie: II est 23 heures...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Burns: Vous avez bien raison. Là-dessus, on est
d'accord. M. le Président, demain matin, nous reprendrons après
la période des questions...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Avec le
groupe Décision Canada, un seul groupe.
M. Burns: Demain, il y a un seul groupe, c'est le mémoire
9-M, celui de Décision Canada.
M. Charbonneau: Un groupe indépendantiste...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Messieurs, au nom des membres de la commission, merci beaucoup de votre
collaboration.
Les travaux de la commission sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 23 h 3)
ANNEXE A
Pour un référendum vraiment
démocratique
Mémoire à la Commission parlementaire
sur la Consultation populaire au Québec
présenté le 25 septembre 1977
Nous représentons LES FILS DU QUÉBEC, une association
fondée le 6 juillet 1970 et regroupant des indépendantistes
inconditionnels, des Républicains démocrates et
réformistes qui militent pour la création de la RÉPUBLIQUE
DU QUÉBEC depuis plus de vingt ans.
Cependant, notre mémoire se veut objectif et il tient compte de
l'évolution actuelle du Québec.
Dans l'ensemble, nous sommes d'accord avec le Livre blanc sur la
Consultation populaire au Québec qui fera réellement progresser
la Démocratie québécoise et nous en félicitons le
gouvernement.
Dans un esprit de justice et d'objectivité, nous aimerions
toutefois faire des suggestions sur trois plans: a) faciliter les conditions du
Référendum sur l'avenir du Québec; b) protéger
l'électeur contre les abus de la propagande; c) poser les vraies
questions référendaires.
A) Faciliter les conditions du
référendum sur l'avenir du Québec
Nous pensons que le gouvernement fait bien de s'inspirer, à
certains points de vue, du référendum britannique de 1975, mais
il y a lieu également d'évaluer les conditions des
référendums tenus à Terre-Neuve en juin-juillet 1947 pour
son entrée dans la Confédération. Les règles
proposées pour le Québec doivent être bien adaptées
aux conditions particulières des Québécois actuels.
Nous suggérons donc au gouvernement de: 1) Institutionnaliser en
permanence la loi sur les référendums, et de préciser le
plus possible les conditions du prochain référendum sur l'avenir
du Québec; 2)Autoriser 60 jours pour la campagne
référendaire et non seulement 35 jours; 3) Permettre une plus
longue période de débats que 25 heures à
l'Assemblée nationale sur la formulation des questions
référendaires; 4)Allouer plus de 3 jours pour organiser les
Comités ad hoc sur les options offertes à l'électorat;
5)Maintenir la majorité simple des députés pour
l'acceptation des questions référendaires; 6)Faire voter les
électeurs par un "X" et non par "oui" ou "non"; le choix se faisant sur
l'une ou l'autre option; 7)Affirmer que si la majorité de vote
référendaire n'est pas claire ou suffisante sur l'une ou l'autre
option, qu'un autre référendum sera tenu plus tard, comme
à Terre-Neuve.
B)
Protéger l'électeur contre les
abus de la propagande
Nous croyons que le gouvernement québécois doit: 1)
Utiliser les fonds de l'Etat au même titre et pour les mêmes
raisons que le gouvernement fédéral puise à pleines mains
dans ses revenus pour faire de la puDhcité en faveur de l'unité
canadienne. S'il est légitime, normal et démocratique qu'Ottawa
dispose de plusieurs dizaines de millions de dollars pour sa propagande
pancanadienne, il faut que le Québec puisse agir de la même
façon et utiliser à bon escient des fonds équivalents.
Autrement, les Québécois risquent d'être mal
informés sur les avantages d'être les Maîtres chez eux. 2)
Ne pas accorder de fonds de l'Etat ($0.50 par électeur, pour 4,023,000
électeurs en 1976) aux tenants du fédéralisme, soit $2
millions, si le gouvernement fédéral continue à utiliser
des dizaines de millions de dollars du Conseil du Trésor pour sa
propagande, comme il le fait présentement avec le Comité
Robarts-Pépin, l'Office national du Film, Radio-Canada et plusieurs
autres groupes prônant le Canada Uni.
On risque ainsi la même grave erreur qu'en Grande-Bretagne. En
effet, "Les dépenses du groupe pro-européen ont été
dix fois (sic) supérieures à celles du groupe favorable au
retrait de la Grande-Bretagne du Marché Commun" (Claude Ryan, Le Devoir
du 16 septembre 1977, p. 5). Le résultat de ce référendum
du 5 juin 1975: participation du vote: 65% des électeurs; et 68% aux
partisans du lien européen contre 32% pour le retrait.
Les énormes fonds dont disposaient les pro-européens
firent toute la différence. Les mêmes méthodes et
résultats anti-démocratiques risquent de se répéter
au Québec si on ne met pas un frein à la grosse machine à
piastres d'Ottawa et des capitalistes Anglo-Canado-Américains. 3) Forcer
Ottawa à donner les sommes équivalentes aux organisations
souverainistes québécoises, en toute équité, car
les Québécois payent encore des impôts à Ottawa! 4)
Limiter strictement les dépenses permises pour la publicité et ne
pas permettre que des organisations non québécoises interviennent
dans le débat et exercent une influence indue. 5) Mettre en garde les
fédéralistes terroristes qui menacent sans arrêt la
population québécoise en invoquant les spectres de guerres
civiles, de catastrophes, de représailles, de pertes de revenus, etc.
Ces malfaisants terroristes économiques et intellectuels, ces
impérialistes, risquent de provoquer de malheureuses réactions
terroristes de certains Québécois exaspérés. Les
colonialistes sont en train de polluer le débat, d'engendrer la peur et
son corollaire: l'activité de la terreur, qui ne réglera rien,
bien entendu. Les démocrates des deux camps doivent condamner ces
tactiques d'affolement pour que les Québécois puissent choisir
leur nouveau destin en toute sérénité et
lucidité.
Il ne faudrait pas que les fédéralistes refassent leurs
malhonnêtes coups de la Brink's, du "Quoi de neuf?" et organisent des
coups montés pour effrayer les Québécois indécis,
et ensuite attribuent ces tactiques aux méchants
séparatistes!
La provocation verbale, l'utilisation d'agents provocateurs et de
tactiques déloyales, de part et d'autre, doivent être bannies pour
que le référendum soit objectif.
De même, nous souhaitons que les journaux et media d'information
jouent leur rôle démocratique, car il y va du destin du
Québec et du Canada.
C)
Poser les vraies questions
référendaires
Nous estimons essentiel de poser uniquement les deux questions suivantes
sur le bulletin référendaire:
Une confédération binationale
Voulez-vous que le Québec perçoive les impôts
directs des Québécois et des sociétés oeuvrant au
Québec, et devienne un état vraiment autonome, par un
traité comprenant une clause résolutoire, dans une nouvelle
confédération canadienne décentralisée et
binationale?
La souveraineté-association
Voulez-vous que le Québec devienne un état souverain et
négocie un marché commun économique avec le Canada ou
d'autres pays?
La première question correspond à la notion d'une vraie
troisième option fédéraliste, entre le statu quo et
l'indépendance du Québec. Elle précise l'essentielle
autonomie fiscale du Québec dans l'esprit du rapport Tremblay, du vrai
fédéralisme, et reconnaît l'autodétermination du
Québec dans une Confédération binationale. Le
traité donnera les conditions d'amendement et de dissolution possible de
la nouvelle constitution qui pourra être élaborée par une
Assemblée constituante québécoise et soumise à
l'approbation référendaire de la population du Québec et
du Canada.
La deuxième question représente l'option souverainiste et,
en cas d'échec dans les négociations sur le marché commun
canado-québécois, le Québec pourra s'associer
économiquement avec d'autres pays, ce qui serait normal.
Il ne s'agit pas de refaire la façade de la
Confédération désuète, ni de maintenir l'impossible
statu quo que les fédéralistes eux-mêmes rejettent, mais
bien de donner satisfaction aux légitimes désirs autonomistes des
Québécois et de l'Etat du Québec, de partager
équitablement les revenus fiscaux entre les deux ordres de gouvernement,
revenus qui conditionnent les autres pouvoirs législatifs, de
décentraliser les pouvoirs constitutionnels pour mettre un terme aux
conflits de juridiction, et de signer un nouveau Pacte entre les deux nations
cohabitant au Canada.
Par ailleurs, le désir de centraliser d'Ottawa sera
neutralisé par le droit de sécession, sous conditions, que le
Québec possédera, et qui est une condition sine qua non de son
entrée dans une nouvelle Confédération binationale.
Si cette option fédéraliste est acceptée par la
majorité des Québécois, elle ralliera sans doute l'opinion
des autres Québécois et des Canadiens lucides. Ce
fédéralisme fonctionnel a de sérieuses chances de
réussir, et à l'épreuve, les Québécois
décideront, en temps et lieu, s'ils doivent continuer le combat pour
l'indépendance totale de leur Patrie.
Nous souhaitons, toutefois, que le Québec vote majoritairement
pour son indépendance nationale et entre aux Nations unies après
être devenu un pays libre comme les 150 autres pays souverains et normaux
du monde entier.
Les CANADIANS, après avoir été les
conquérants et les maîtres des Québécois, en
deviendront les voisins et les amis.
POUR UN QUÉBEC SOUVERAIN.
Le président,
Raymond Barbeau
LES FILS DU QUÉBEC
ANNEXE B
Le 22 septembre 1977
Mémoire du magazine ICI QUÉBEC
à
La Commission parlementaire sur
La Consultation populaire au Québec
Gouvernement du Québec
Mesdames, Messieurs,
Le présent mémoire sur la question de la
souveraineté québécoise et du référendum qui
s'y rattache exprime les positions du magazine ICI QUÉBEC. Ces positions
se définissent comme suit: 1-Nous exigeons, pour le Québec,
l'indépendance totale dans les meilleurs délais. Si nous appuyons
le gouvernement québécois actuel dans son projet de
référendum, c'est que nous considérons la
souveraineté-association comme une étape vers la
République du Québec et non comme un point d'arrivée.
2-Nous exigeons que le référendum sur la
souveraineté-association ne laisse, par la formulation de sa ou ses
questions, aucune possibilité de voter pour le maintien du statu quo
ni directement par une question portant sur ce sujet; ni indirectement,
i.e. par l'intermédiaire d'un NON à une question. 3- Nous
exigeons que pour être inscrite au prochain référendum,
toute question portant sur une troisième voie entre le statu quo et la
souveraineté-association doit, au minimum,
a- reconnaître explicitement que le Québec est un Etat
national de langue française; b- accepter explicitement que le
Québec puisse sortir sans difficulté de toute nouvelle
confédération le jour où il croira ne plus y trouver son
intérêt en y restant; c-consentir explicitement à ce que
tous les impôts directs payés par les Québécois
personnes ou entreprises soient perçus uniquement et
totalement par le gouvernement du Québec qui en disposera à sa
guise. 4-Nous exigeons que la question référendaire portant sur
la souveraineté-association fasse savoir clairement à tous que
l'éventuelle association ne se fera que par traité.
Association par traité: d'accord. Association par
constitution: jamais. 5-Nous exigeons que le gouvernement actuel du
Québec affecte des fonds de l'Etat québécois à la
propagande en faveur de l'option souveraineté-association pendant la
période référendaire. Nous trouvons aberrant, dangereux et
antidémocratique qu'Ottawa consacre des dizaines de millions de dollars,
tirés du Trésor canadien, à promouvoir l'unité
canadienne, alors que le gouvernement péquiste semble n'avoir aucunement
l'intention de puiser dans les coffres de l'Etat québécois de
l'argent pour défendre sa propre option. Nous affirmons que ce que la
morale politique permet de faire à Ottawa, elle le permet
également au Québec.
Merci de nous avoir entendus.
Le magazine ICI QUÉBEC Marcel Chaput, directeur Jean-Marie
Cossette, président Jean Côté, rédacteur en chef