Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Etude du livre blanc sur la consultation populaire du
Québec
(Dix heures neuf minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs!
Les membres de la commission pour la présente séance
seront M. Bertrand (Vanier), M. Laplante (Bourassa), M. Brochu (Richmond), M.
Burns (Maisonneuve), M. Gratton (Gatineau), M. Grenier
(Mégantic-Compton), M. Guay (Taschereau) remplace M. Johnson (Anjou); M.
Laberge (Jeanne-Mance), M. Ciaccia (Mont-Royal) remplace M. Lamontagne
(Roberval); M. Lavoie (Laval), M. Fallu (Terrebonne) remplace M.
Lévesque (Taillon); M. Mackasey (Notre-Dame-de-Grâce), M. Martel
(Richelieu), M. Charbonneau (Verchères) remplace M. Morin
(Louis-Hébert); M. de Belle-feuille (Deux-Montagnes) remplace M. Morin
(Sauve); M. Léger (Lafontaine) remplace M. Paquette (Rosemont); M. Roy
(Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda) et M. Vaugeois
(Trois-Rivières).
Là-dessus, je cède la parole au député de
Richmond.
Mouvement national des Québécois
(suite)
M. Brochu: Merci beaucoup, M. le Président. Je remercie
aussi les membres du MNQ d'être demeurés parmi nous parce que je
pense qu'il est important qu'on puisse discuter à nouveau, à
fond, de leur mémoire. Je pense que ce mémoire contient beaucoup
de points tout à fait intéressants et qu'il jette de la
lumière sur plusieurs aspects importants du débat qui s'engage
maintenant sur le livre blanc, d'abord sur la consultation populaire et
éventuellement, sur la loi qui en découlera.
Je pense que dans l'ensemble, on a senti de ce mémoire
présenté hier, cette préoccupation qu'on a
soulignée être nôtre aussi à l'Union Nationale, de
vouloir trouver le meilleur outil possible, le plus valable possible dans
lequel l'ensemble de la population pourrait avoir confiance. Ainsi quelles que
soient les options à l'intérieur des référendums
à venir, sur quelque sujet que ce soit, les gens pourront se retrouver
à l'intérieur d'un mécanisme digne de confiance, de sorte
qu'on puisse s'assurer ainsi des résultats valables.
Le mémoire que vous avez présenté, je le trouve
étoffé. Je pense qu'il favorise, dans ce sens, un échange
sur plusieurs points bien intéressants. J'ai aimé, de
façon particulière, entre autres, la projection que vous faites
en termes d'utilisation future des référendums lorsque vous
parlez du besoin d'établir une tradition référendaire au
Québec. Je pense que vous situez dès maintenant tout le
problème ou toute la vraie optique dans laquelle on doit s'inscrire en
abordant l'étude du livre blanc, c'est-à-dire qu'on ne doit pas
avoir une préoccupation à court terme, mais une
préoccupation à long terme. On se dotera non seulement d'un outil
utilisable dans l'immédiat qu'on devra remodeler à tout bout de
champ, mais aussi d'un outil valable qui nous serve durant un bon bout de
temps.
Lorsque vous parlez de tradition référendaire à
établir, vous dites également que cela doit être fait,
qu'elle doit être créée avec le temps, avant même que
les citoyens puissent demander, eux, de pouvoir inscrire une question à
être portée devant l'ensemble de la population, et je pense que
c'est un point qui mérite d'être retenu. J'ai trouvé
intéressante également la suggestion de retenir des temps
précis pour la question de la tenue des référendums, pour
justement supporter cette tradition que vous voulez établir.
Pour entrer plus directement dans le mémoire lui-même,
lorsque je me reporte ici à la page 3, à la question des
référendums de consultation, vous mentionnez qu'un
référendum devrait être, d'une certaine façon,
contraignant à l'endroit du gouvernement. Est-ce qu'on doit conclure,
est-ce qu'on doit comprendre de vos propos que vous tenez à ce que le
législateur soit moralement lié? On sait que, légalement,
le référendum ne peut pas avoir force de loi, mais est-ce que
vous voudriez que le législateur soit moralement lié et que cette
obligation morale, en quelque sorte, cette garantie soit donnée dans le
texte législatif même qui sera produit par la loi elle-même?
Est-ce que vous aimeriez que cette garantie soit inscrite comme telle ou si
c'est un souhait d'ordre général que vous avez exprimé
ici?
M. Généreux: Sur cette question du caractère
facultatif de la loi-cadre, d'un référendum, nous croyons, et
nous le disons aussi pour des questions constitutionnnelles, qu'il est
impossible d'avoir un mécanisme de référendum qui serait
dé-libératif. Ce que nous soulignons, c'est qu'évidemment,
quel que soit le gouvernement en place, lorsqu'il fera appel à la
consultation populaire, à la volonté populaire, par voie de
référendum, il est politiquement et moralement lié, dans
le sens qu'il doit tenir compte et agir en conséquence des
résultats obtenus, mais nous ne croyons pas que la loi doive dire que le
gouvernement est lié. Je pense qu'il y a déjà un impact
politique très grand du fait de la tenue d'un référendum
et l'obligation morale et politique d'un gouvernement, quel qu'il soit, est de
respecter cette volonté populaire. Au moment où la population se
prononce dans un sens, sur une question donnée, le gouvernement se doit
de respecter cette opinion et je pense que l'impact est déjà
là, psychologiquement et dans la population; l'impact est
déjà là. Le gouvernement va être forcément
lié dans ce sens. Prenons l'exemple du référendum sur la
constitution, sur la souveraineté du Québec. Dans ce cas, il est
bien évident que, si la population disait non, le gouvernement, à
moins d'un nouvel appel ultérieur à la
population, ne pourrait pas agir contrairement à l'opinion
donnée par la population.
Mais, à partir du moment où c'est facultatif, on ne peut
pas mettre dans la loi que c'est facultatif, d'une part, et liant pour le
gouvernement, d'autre part. C'est le jeu de la démocratie qui est
présent, qui va s'appliquer et qui va donner l'obligation morale au
gouvernement de respecter la volonté populaire.
M. Brochu: Par le poids de la réponse qu'il aura
reçu à ce moment-là.
M. Généreux: Forcément. Si on
considère que le référendum est un mécanisme
privilégié de consultation et si on considère que c'est
une façon de consulter qui est valable, tout gouvernement,
automatiquement, est lié par cela, sinon, il perdrait toute
crédibilité auprès de la population comme
gouvernement.
M. Brochu: Maintenant, pour aller plus loin dans ce domaine, vous
dites à la page 3 qu'il serait malvenu d'aller à rencontre d'une
volonté exprimée majoritairement. Sur ce thème:
majoritairement, est-ce que vous êtes allés plus loin dans vos
recherches pour exprimer une opinion en ce qui concerne, par exemple un taux de
participation d'une part, ou un taux d'expression d'une volonté d'un
côté comme de l'autre, pour que le référendum soit
valable, si vous voulez?
M. Généreux: Nous en avons discuté assez
longuement au comité de travail qui a préparé le
mémoire; si nous étions en présence d'un
référendum délibératif, bien sûr, il faudrait
déterminer un taux de participation, je pense, et un pourcentage
nécessaire de majorité requise de 50%, 60% ou 70%, peu importe,
les deux tiers, mais, à partir du moment où c'est facultatif, on
ne voit pas ce que viendrait faire, quelle serait l'utilité de
déterminer qu'il faut 51% ou 66%. Si c'est facultatif, ce n'est pas
délibératif.
C'est donc une consultation qui serait interprétée selon
le résultat. Si on a un référendum qui donne un vote
affirmatif de 25%, sur telle chose, on sait que c'est 52% des
Québécois qui sont favorables à une telle chose, ça
ne lie personne, ce n'est pas délibératif.
Est-ce que le gouvernement devrait dire: Dans tel cas, il faudra que 66%
de la population soit d'accord, pour que nous agissions alors qu'au
début, on pose comme prérequis qu'il sera facultatif? Ce serait
contradictoire que d'exiger un pourcentage et, en même temps, de dire que
le référendum est facultatif. Simplement au niveau du bon sens,
on ne peut pas parler de pourcentage requis et admettre qu'il soit
facultatif.
Ce serait vraiment contradictoire, les deux énoncés
seraient contradictoires, l'un par rapport à l'autre.
M. Brochu: Vous parlez plus loin de l'importance accordée
à une période d'information dans les référendums
à caractère consultatif, comme vous dites. Est-ce que, sur ce
point, vous auriez des suggestions précises en ce qui concerne cette
période d'information nécessaire avant d'arriver...
M. Généreux: Nous pensons là-dessus qu'il
est évident qu'on demande à la population de se prononcer sur une
question, par exemple, l'avenir constitutionnel du Québec, peu importe
la question. Cela peut être l'énergie nucléaire,
l'avortement, etc. Il est clair que l'électeur doit avoir
l'information.
Le citoyen n'a pas toute l'information du législateur, du
député qui est en Chambre et qui a des services de recherche et
ainsi de suite. Il est important que le citoyen ait accès facilement
à toutes les informations, pour ou contre une question posée.
Nous soulevons certains aspects. Par exemple, nous demandons au
gouvernement d'inviter les journalistes à se doter d'un code
d'éthique pour vraiment s'assurer de l'objectivité de
l'information. Je pense que c'est à l'avantage de toutes les parties en
cause. Nous demandons aussi que la période référendaire
comme telle, après l'émission des brefs, soit d'un maximum de 60
jours, puisque l'information, sur une plus longue période, serait
tellement diluée qu'on pourrait diminuer le taux de participation en
désabusant la population. Lorsqu'on parle de la formation de blocs pour
les participants, on doit leur donner des budgets qui soient quand même
substantiels pour que ces gens-là puissent se doter d'instruments de
communication auprès de la population et faire valoir leur point de
vue.
Il n'y a pas de solution miracle. Si on veut qu'une consultation soit
valable, il faut s'assurer que la période d'information, la
période référendaire, soit vraiment un instrument
d'information pour l'ensemble de la population. Il faut se donner les
mécanismes, les moyens financiers pour le faire et les garanties
d'objectivité au niveau de la presse. Il ne faut quand même pas
devenir fasciste et obliger la presse à calculer les lignes agates.
Dans l'ensemble, un gouvernement doit être assez ouvert pour ne
pas restreindre l'information auprès des citoyens. Comme actuellement on
parle du référendum sur l'avenir constitutionnel du
Québec, les citoyens savent déjà qu'il y en aura un,
éventuellement. A mon avis, déjà, la campagne
préréférendaire est commencée. Les citoyens, dans
l'ensemble, font actuellement une démarche d'analyse, de synthèse
de chacune des déclarations des politiciens ou des groupes de pression.
Quand les brefs seront émis, j'ai l'impression que les dés vont
déjà être joués.
M. Brochu: Est-ce que cela veut dire, M. Généreux,
que vous considérez la campagne préré-fendaire avant
même qu'une question comme telle sur un sujet donné soit
posée?
M. Généreux: Oui, c'est sûr. Lorsque la
question sera posée, le seul impact sera de préciser les enjeux,
la façon dont le citoyen aura à se prononcer. Mais il est
important, entre-temps, d'ici l'émission des brefs, que l'information
soit quand même largement diffusée. En fait, son opinion
fondamen-
tale, le citoyen ne se la fera pas à partir de la question. Ce
qui sera important, c'est que la période référendaire lui
permette de bien juger son sentiment à lui par rapport à la
façon dont se tient le référendum.
M. Brochu: Vous situez donc la campagne
préréférendaire, dans le sens que, dès qu'il y a
une situation qui semble justifier ou appeler un référendum,
dès lors, dans votre optique, la campagne
préréférendaire est lancée, clairement.
M. Généreux: Elle est lancée à partir
du moment où les citoyens savent qu'éventuellement, ils auront
à se prononcer sur une question. Si aujourd'hui, par exemple, le
gouvernement, le premier ministre du Québec faisait une
déclaration en disant qu'éventuellement, dans un an ou deux, on
ne sait pas quand, il y aura un référendum sur l'avortement, je
pense que, déjà, les citoyens auraient le goût de
s'informer, de se documenter davantage et les groupes qui ont à
intervenir sur cette question tenteraient de le faire de façon plus
spécifique. C'est dans ce sens qu'on dit que la campagne
préréférendaire est commencée et les citoyens du
Québec savent qu'il y aura un référendum sur l'avenir
constitutionnel du Québec. C'est le jeu normal de la vie politique d'un
peuple, je pense.
M. Brochu: Pour ce qui concerne la formulation de la question
comme telle, vous avez indiqué que les 25 heures de débats
prévues, dans votre optique, seraient suffisantes. Si on regarde les
différents cas, lorsqu'on parle de 25 heures dans nos règlements,
ce qui est prévu, par exemple, pour la discussion du discours du budget,
d'une part, il ne faut pas oublier que cela ne se limite quand même pas
là, que cela va plus loin et qu'ensuite, on décortique quand
même tout le budget en commission parlementaire par rapport aux
différents secteurs et on entre dans les détails de la
discussion, alors que, de l'autre côté, sur une question vitale,
comme, par exemple, l'avenir d'un peuple, est-ce qu'on pourrait comparer de la
même façon? Si on accorde cette importance aux chiffres, peut-on
limiter, dans un certain sens, à 25 heures l'importance du débat
pour ce qui concerne l'avenir d'un peuple? On peut peut-être jouer, d'une
certaine façon, sur les chiffres, mais peut-on jouer sur l'avenir d'un
peuple de cette façon, si on le prend toujours comme exemple?
M. Généreux: Mon premier sentiment, ma
première réaction là-dessus, c'est que l'avenir d'un
peuple ne se décidera pas par le débat sur la question, mais par
le vote de la population lors du référendum. Je pense que c'est
là que la décision va se prendre. Ce n'est pas de limiter le
débat, au contraire, c'est de s'en reporter à un débat
très élargi au niveau de l'ensemble de la population
québécoise.
Déjà, pour l'Assemblée nationale du Québec,
pour le gouvernement du Québec, c'est accepter d'élargir les
mécanismes démocratiques et d'élargir les
possibilités d'expression de la population.
Sans minimiser le rôle de l'Assemblée nationale, je pense
que cela réduit l'importance d'un long débat, puisqu'on s'en
reporte à la démocratie directe, comme on dit.
D'autre part, le danger que ce soit 25 heures, 30 heures, 22
heures, on peut s'entendre, je pense le principe, c'est de ne pas
prolonger indûment les débats à l'Assemblée
nationale sur la formulation de la question. Prenons un exemple.
Lorsque viendra le temps de formuler la question, il y aura une question
soumise par le gouvernement actuel sur le référendum sur l'avenir
constitutionnel du Québec. Si, pour des raisons politiques, pour des
raisons de conviction aussi, l'Opposition voulait faire ce qu'on appelle,
excusez l'expression, du "filibuster", et que la population, pendant un mois,
deux mois, six semaines, peu importe, serait harcelée d'avoir un
gouvernement paralysé sur une question comme celle-là. Elle
serait démotivée, et, excusez l'expression, en aurait
soupé du référendum, et lors de la tenue du
référendum, elle serait moins intéressée. Je pense
que c'est le danger. Je pense que dans 25 heures ou à peu près,
chacun aura sûrement l'occasion de se prononcer, de faire valoir son
point de vue. Cela permettra à la population de saisir
déjà les points de vue des membres de l'Assemblée
nationale. Le référendum se tiendra par la suite. Je pense que
les parlementaires vont être très présents à cette
campagne référendaire. Ils pourront s'adresser directement
à la population aussi, à ce moment.
M. Brochu: Justement, hier, vous avez souligné qu'il y
avait un doute dans votre esprit. Si le débat continue à
l'Assemblée nationale trop longuement, est-ce que la population se
démobilisera autour de la question? Je pense que ce sont les termes que
vous aviez employés hier. Lorsqu'on le prend dans l'optique de
l'information qui doit être donnée également à la
population, est-ce qu'à ce moment, le débat ou les débats
qui se tiennent ici à l'Assemblée nationale sur des questions
aussi vitales que celles-là, ne sont pas également une source
d'information et de lumière pour la population? Je ne veux pas dire,
à tout égard, parce que remarquez qu'il y a bien des
débats qui sont parfois stériles. Je pense que sur des questions
aussi vitales que celles-là, les débats qui vont se
dérouler ici, pour ceux qui voudront y participer vraiment de
façon positive, quel que soit leur point de vue. A ce moment,
l'Assemblée nationale serait peut-être un lieu
privilégié pour fournir des sources d'information
également à la population.
M. Généreux: Justement. Le lieu
privilégié, dans le cas d'un référendum, sera les
tribunes que tous auront, dont les membres de l'Assemblée nationale,
lors de la campagne référendaire. On parle de démocratie
directe, à ce moment. Ce n'est pas ce qui se dit. Il faut quand
même être réaliste. Les citoyens, dans l'ensemble,
d'ailleurs, ne suivent pas tout ce qui se dit à l'Assemblée
nationale. Ce n'est pas leur source d'information privilégiée. La
tenue du référendum comme tel va donner l'occasion aux tenants de
toutes les thèses, dont les
membres de l'Assemblée nationale qui vont quand même
être le noyau de la formation des comités provisoires, de
s'adresser directement à la population. Je pense qu'à partir de
là, les exigences de débats parlementaires sont de beaucoup
restreintes. La nécessité d'un débat parlementaire devient
beaucoup moins importante, à partir du moment où on parle d'un
référendum où chacun pourra s'adresser aux citoyens
directement.
Je ne vois pas pourquoi on donnerait ouverture à de longs
débats à l'Assemblée nationale là-dessus, à
cause de l'incidence secondaire mais très importante de
démobilisation de la population s'il y a une espèce de jeu de
procédure à l'Assemblée nationale qui dure des semaines et
des semaines.
M. Brochu: Mais si vous dites que, déjà, même
avant que la question soit posée, on est en pleine campagne
préréférendaire, en ce qui concerne le
référendum auquel vous faites allusion, auquel tout le monde
pense actuellement, si on dit que, déjà, les gens sont
mobilisés vers ça, est-ce que quelques heures de plus ou de
moins, à ce moment-là, changeraient quelque chose, d'une
part?
M. Généreux: Ecoutez! Si ça ne change rien,
pourquoi quelques heures de débat de plus? Je m'excuse, mais...
M. Brochu: Pourquoi le restreindre, à ce moment, dans ce
sens-là?
M. Généreux: Pour ne pas éterniser
indûment le débat. Je pense que, tout comme nous disons que la
campagne référendaire elle-même ne devrait pas
excéder 60 jours, parce que si une campagne référendaire
durait trois mois, 90 jours ou des choses semblables, les gens, à un
moment donné, en auraient assez d'en entendre parler et, le jour de la
tenue du scrutin, ils seraient moins motivés pour aller voter.
M. Brochu: A vos yeux, à ce moment-là, M.
Généreux, si on pouvait limiter, par exemple, le débat
à 25 heures, ne pourrait-on pas avoir une garantie dans la
création de ce qu'on a appelé le conseil du
référendum, par exemple, pour la formulation de la question et de
toutes ces choses, qui serait un organisme à part, apolitique,
formé de ce qu'on a appelé des "sages", c'est-à-dire des
personnes apolitiques, qui pourraient être chargées, elles, de
formuler la question et de la présenter à l'Assemblée
nationale, de sorte que le débat qui aurait cours par la suite, durant
les 25 heures, en supposant que ce soit ainsi, aurait une autre portée
que la portée de la recherche de la question comme telle ou d'une
discussion qui mènerait peut-être à moins de
résultats.
M. Généreux: Je ne pense pas, M. Brochu; j'ai pris
connaissance de votre intervention d'ouverture à la présente
commission parlementaire. Nous avons discuté de cette question d'un
conseil du référendum au comité qui a
préparé le présent mémoire. Nous pensons
fondamentalement que, par un référendum, nous invitons la
population à se prononcer sur une volonté gouvernementale, qu'on
le veuille ou non. Si le gouvernement du Québec décide de
demander à la population: Voulez-vous que nous fassions la
souveraineté, ou voulez-vous que nous permettions l'avortement, ou
voulez-vous que nous prenions telles mesures dans tel secteur administratif ou
financier? c'est qu'il pose un geste qui correspond à sa volonté
politique. A ce moment-là, nous disons que l'auteur premier de la
question doit être le gouvernement, qui va traduire, dans cette question,
sa volonté politique et dire aux citoyens: C'est ce que nous voulons
faire comme gouvernement; ètes-vous d'accord avec ça ou pas?
A partir de là, nous disons: Où est l'utilité d'un
conseil du référendum de pseudo-personnes objectives? Ecoutez!
Soyons réalistes aussi.
Sur la question de l'avenir constitutionnel du Québec,
j'espère qu'il n'y a pas de gens assez objectifs pour ne pas avoir
d'avis là-dessus.
M. Brochu: Sur toutes les questions, c'est la même
chose.
M. Généreux: C'est cela, mais je vous donne mon
opinion, mon sentiment. A ce moment, je dis: Pourquoi s'en remettre à
d'autres personnes que l'on croirait objectives? J'espère qu'il n'y aura
pas personne qui sera objectif là-dessus. Alors, que le gouvernement
pose sa question et la population décidera.
M. Brochu: Dans un autre ordre d'idées, vous avez
mentionné un peu plus loin dans votre mémoire que vous vouliez
que la question soit posée en français seulement. Vous avez
indiqué, en même temps, que le gouvernement devrait traduire la
question pour qu'elle soit véhiculée par la suite par les media
d'information.
D'autre part, je pense qu'hier, dans le cours de la discussion, vous
avez suggéré de prévoir un mécanisme
parallèle qui pourrait avoir pour fonction de véhiculer la
question afin que les anglophones puissent être renseignés de la
bonne façon.
La question que j'ai à vous poser est la suivante: D'abord,
pourquoi prévoir ces détours? Pourquoi ne pas permettre aux
anglophones que la question soit posée simplement dans leur langue?
M. Généreux: Pour le respect de certains principes
auxquels nous croyons. Il y a un premier principe pour nous qui est
l'unilinguisme français au Québec, que le Parlement actuel a
adopté et qui s'appelle la loi 101, qui dit que tout document
émanant de l'Etat est d'abord en français. Par contre, les
citoyens anglophones peuvent demander un document, une traduction anglaise. Je
pense que c'est normal aussi que l'on respecte le droit des citoyens
québécois anglophones. Ce sont des Québécois comme
nous.
Ce principe posé, nous disons que le bulletin de vote lors du
référendum est un document offi-
ciel du gouvernement. Donc, il doit respecter la loi 101, être
unilingue français.
Va-t-on permettre d'avoir un deuxième bulletin, sur demande, en
anglais? Je n'aurais pas d'objection si les anglophones étaient
d'accord, mais cela va à l'encontre d'un autre principe qui est le
secret du vote, le droit au secret du vote du citoyen.
Supposons que dans un bureau de votation, prenons un milieu comme le
mien, Joliette, où il y a 98,8% de francophones, je pense. Il y aura un
ou deux anglophones. Demanderont-ils un bulletin de vote en anglais qu'on va
pouvoir identifier dans la boîte le soir? C'est contraire au principe du
respect du droit au secret du vote. Or, comment concilier les deux?
On a deux principes à respecter, l'unilinguisme français,
qui est dans nos lois, et le droit au secret du vote. Nous disons: Respectons
la loi 101, faisons un bulletin unilingue français et inventons un
mécanisme qui permettra aux citoyens québécois anglophones
d'avoir la même information. Cela peut se traduire, évidemment,
par les media d'information pour qu'il y ait quand même une traduction
officielle qui soit diffusée par l'information. Cela peut être une
formule comme un collant dans les isoloirs qui donnera la traduction
officielle. Des mécanismes qui ne sacrifient ni l'un ni l'autre des deux
principes dont je parlais tantôt.
On veut se donner un Etat francophone. On vient de se donner une loi
consacrant vraiment cette fois-ci le caractère unilingue français
du Québec, qu'on la respecte et qu'on respecte la minorité
anglophone en inventant des mécanismes qu'il ne me semble pas tellement
compliqué à mettre sur pied.
M. Brochu: M. Généreux, je suis content qu'on
puisse approfondir un peu la question parce qu'elle est importante et je pense
qu'elle soulèvera plusieurs débats. Ne risque-t-on pas, d'un
autre côté, de faire une entorse à cette
préoccupation démocratique qu'on avait au début qui
était de dire que tous les citoyens du Québec, quels qu'ils
soient, peuvent se prononcer librement et en toute connaissance de cause dans
la question du référendum quel qu'il soit, qu'il soit sur
l'énergie nucléaire, qu'il soit sur la séparation ou autre
chose.
Parce qu'à ce moment-là, est-ce qu'on ne se trouve pas
à demander à un groupe de la société de ne pas
avoir l'information directe, mais de devoir se servir de la démocratie
par un corridor d'à côté, parce que cela me semble un peu
curieux lorsqu'on dit, par exemple, que la personne de langue anglaise, qui ne
parle pas français ou ne comprend pas la question, devra aller lire la
question en dehors du strict bulletin de votation, sur un mur, ou devra
consulter son journal du matin pour savoir quel genre de traduction a
été apportée à la question? Cela me semble donner
lieu à une drôle de situation. Est-ce qu'on ne risque pas,
à ce moment-là, de faire un accroc à ce principe de la
démocratie, si on considère, au point de départ, que les
anglophones, comme les francophones, comme tous les citoyens résidant au
Québec, ont le droit de se prononcer sur leur avenir?
M. Généreux: On ne limite pas leur droit de se
prononcer, absolument pas. L'information donnée par le gouvernement,
sous forme de collants dans l'isoloir ou de traduction officielle largement
diffusée, est tout aussi directe aux citoyens, mais on a une seule
question qui est posée, le sens des termes est précis dans une
question, dans une langue, et je pense que l'information peut être
donnée aussi directement à l'électeur. C'est tout
simplement matériel que de dire que le bulletin va être unilingue
français. Aux dernières élections, pour le Parti
québécois, c'était marqué Parti
québécois unilingue français sur le bulletin de vote, et
les gens savaient que c'était le Parti québécois.
M. Brochu: Une dernière question. Quelle est votre opinion
je pense qu'il n'en a pas été fait mention en ce
qui concerne le fait et je l'ai souligné dans la
présentation que j'ai faite hier au nom de l'Union Nationale sur
le fait qu'on devrait demander au gouvernement qu'il tienne, sur un sujet
donné, une seule consultation au cours de son mandat? Est-ce que le MLQ
a travaillé de façon particulière sur cette question et
est-ce que vous pourriez nous donner votre opinion sur cette question?
M. Généreux: Je dois vous avouer que nous ne nous
sommes pas arrêtés sur cet aspect. J'en ai pris connaissance dans
votre texte, dans votre déclaration d'hier ou d'avant-hier, je crois,
mais mon sentiment là-dessus... Parce qu'à un certain moment, les
citoyens ont dit non ou oui à une question, est-ce que ce sera dans cinq
ans, dans deux ans? La volonté politique aura été
transformée, il peut se produire des événements. Est-ce
qu'on doit lier cela à la durée du mandat d'un gouvernement? Je
pense que c'est une position de principe, on demande a la population de se
prononcer. Pourquoi empêcherait-on la population de se prononcer à
nouveau sur la même question tant et aussi longtemps que tel gouvernement
est en place ou n'y est plus? C'est une question d'évaluation de
l'opinion publique. C'est mon sentiment personnel. Au niveau du MLQ, nous
n'avons pas abordé cet aspect, mais je me dis: Je ne vois pas pourquoi,
demain, sur l'avortement par exemple, pour se défaire un peu de la
question de l'avenir du Québec, si, demain, la population disait oui
à une modification au niveau de la loi de l'avortement ou disait non,
est-ce que c'est nécessairement, quand il y aurait un changement de
gouvernement, qu'elle aurait modifié son opinion? Je ne sais pas.
Peut-être avant, peut-être après. Et le gouvernement le
moindrement habile, je pense, à l'intérieur d'un même
mandat, s'il pense que l'évolution de la volonté collective n'a
pas été suffisante pour permettre un changement de
décision, ne se risquera pas à faire un deuxième
référendum dans un même mandat sur une même question.
Cela deviendrait de l'acharnement face à la population qui serait
inacceptable et il se brûlerait lui-même.
Je pense qu'il faut quand même laisser libre cours au jeu normal
de la démocratie et mettre le moins de contrainte possible.
M. Brochu: M. Généreux, sur ce, je vous remercie.
Je ne veux pas accaparer tout le temps de la commission.
M. Généreux: Si vous me permettez, dans votre
intervention, au début, vous avez souligné un aspect, en faisant
référence à notre mémoire, l'aspect de temps
précis. Nous suggérons que ce soit en juin ou en octobre, je
voudrais revenir là-dessus, je l'avais dit dans la présentation
du mémoire hier, mais je vais préciser. Notre intervention n'est
pas pour lier le gouvernement à juin ou octobre, mais elle
suggère des périodes de temps où c'est plus facile, durant
l'année, de susciter la participation. Ce n'est pas dans le sens
d'exiger que, forcément, si le référendum n'a pas lieu en
juin de telle année, il ait lieu en septembre suivant ou des choses
comme ça. Mais ce sont des périodes pour faciliter le taux de
participation.
Je voudrais préciser ça.
M. Brochu: Je pense que c'est important aussi, si on veut arriver
au résultat qu'on recherche, de ne pas lier ce moment à une
période où ce sera le plus favorable possible, mais de bien le
situer.
M. Généreux: C'est ça, c'était pour
nous assurer que vous alliez le saisir dans ce sens.
M. Brochu: D'accord. Je vous remercie aussi de votre
mémoire. Il y a plusieurs points dont on n'a pas discuté, mais on
aura l'occasion d'y revenir, je sais qu'il y a d'autres mouvements qui vont
revenir, liés aux autres. Je pense que cela a situé plusieurs
points sur lesquels on a lancé le débat, continuez. Qu'on soit
d'accord ou non sur certains points, je pense qu'il mérite d'être
étudié de très près et je pense qu'à la
lumière de votre mémoire et des autres qui vont venir, la
commission sera plus en mesure de faire le travail sur la loi qui y donnera
suite. Je vous remercie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: M. le Président, premièrement je
voudrais dire quelque chose avant de poser des questions. J'admire le
mémoire; au moins, c'est une réflexion sincère sur des
voeux et sur la philosophie de l'organisation. J'ai de l'admiration pour ceux
qui défendent leur philosophie, leur cause, ils ont au moins la
sincérité de le dire carrément et ouvertement.
Il y a là beaucoup de remarques et d'observations qu'on partage.
Quand vous dites, par exemple, je crois que c'est à la page 1 et
à la page 2, que le référendum décidera de l'avenir
du Québec, et on peut dire aussi du Canada, si vous voulez, je suis
complètement d'accord avec vous. Je peux vous poser la question, ce sont
vos observations, donc, je suis plus intéressé? Etes-vous pour un
référendum immédiatement ou plus tard?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît...
M. Guay: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Mackasey: II n'y a pas de règlement, vous êtes
ici... excusez-moi...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député, s'il vous plaît...
M. Mackasey: Ce n'est pas une question de substance...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît, je
m'étais dit que j'interviendrais...
M. Mackasey: J'espère que les journalistes remarqueront
qu'on n'a pas même le privilège de poser une question de forme aux
invités.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît...
M. Mackasey: Allez-y.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'ai dit
qu'en cas de doute, je favoriserais une plus grande liberté...
M. Lavoie: Avant que vous ne rendiez votre décision, je
pense qu'on pourrait argumenter. Si vous refusez cette question, est-ce qu'on
peut vous éclairer quelque peu avant que vous rendiez votre
décision? Je pense que tous les présidents, autant à
l'Assemblée qu'ici, ne se refusent aucune lumière sur une
question de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Laval, je pense que...
M. Lavoie: Est-ce que cette question est refusée ou
quoi?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je n'ai
aucun doute actuellement à savoir que la question qui est posée
n'est pas une question qui a pour but de discuter des mécanismes
proposés dans le livre blanc sur la consultation populaire au
Québec, c'est une opinion qu'on demande sur la date possible d'un
éventuel référendum, je pense que nos intervenants n'ont
pas à décider de cette chose. Ce ne sont pas eux qui sont
compétents.
M. Lavoie: Question de règlement, M. le Président.
Je voudrais vous souligner bien humblement qu'à plusieurs occasions, et
je pense que les témoins et les membres de cette commission seront
d'accord, M. Généreux est intervenu pour déclarer
qu'à son avis, la période préréférendaire, a
débuté et que s'il y avait un retard dans les délais de
discussion à l'Assemblée nationale, les gens deviendraient non
motivés, si cela prenait trop de temps, et si c'était
dilué autant dans des débats qu'autrement.
M. Guay: Sur une question de règlement...
M. Lavoie: En traitant de cela lui-même, mais lorsque vous
lui avez permis...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lavoie: ... la question est tout à fait dans
l'ordre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Guay: Sur la question de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Taschereau.
M. Lavoie:... la grande liberté.
M. Charbonneau: Vous n'avez pas compris tantôt?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre s'il vous plaît, M. le député de
Verchères!
M. Guay: Sur cette question de règlement, M. le
Président, il m'apparaît évident que le
député de Laval a mal saisi les propos de M.
Généreux qui parlait, non pas de la période
préréférendaire et de la motivation par rapport à
un hypothétique éventuel référendum, mais qu'il
parlait de la discussion qui pouvait avoir lieu à l'Assemblée
nationale lors de n'importe quel référendum. Est-ce que la
discussion à l'Assemblée, sur un référendum, quel
qu'il soit, lorsqu'il aura lieu, sera plus ou moins longue?
Et lorsque le député de Notre-Dame-de-Grâce demande
à quel moment devrait intervenir un référendum, en termes
de date, dans le temps, à partir de maintenant, à quel moment
devrait intervenir un référendum particulier je
soupçonne celui auquel songe le député de
Notre-Dame-de-Grâce je soutiens, M. le Président, que le
député est hors d'ordre et qu'il va à l'encontre des
règles que vous avez vous-même énoncées au
début des audiences de cette commission.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît! Je
pense que même permettre de discuter trop longuement de ma
décision, à savoir de refuser la question, serait indirectement
ce que je vous ai interdit de faire directement.
Je sais que la question telle que posée est une question à
incidence strictement politique, que nos intervenants n'ont pas à
décider de la date d'un éventuel référendum, que
l'initiative, en vertu de la loi ou du livre blanc sur la consultation
populaire, appartient à un gouvernement ou à l'Assemblée
nationale, éventuellement, et j'estime que cette question, telle que
posée, est irrecevable et va à l'encontre d'une directive que
j'ai donnée hier.
M. Mackasey: Je veux tout simplement souligner que j'avais fait
la promesse, comme tous les députés, autant que possible, de
donner ma coopération à votre rôle qui est très
difficile. Je comprends.
La raison pour laquelle j'ai posé la question, c'est parce que
ces gens, dans leur sagesse, sont ici pour nous aider. Ils ont
suggéré, par exemple, que le référendum soit dans
le mois de juin ou dans le mois d'octobre. D'accord. Mais c'est important. Vous
avez des raisons valables pour suggérer le mois de juin au lieu du mois
de septembre ou le mois de juin au lieu du mois de février.
A cause de cela tout simplement, je pensais que c'était dans
l'ordre de vous demander si ce n'est pas mieux d'avoir le
référendum aujourd'hui plutôt qu'en 1979. Alors, je retire
ma question.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, je vous donne le
bénéfice du doute.
M. Mackasey: C'est la seule raison. J'ai étudié ce
mémoire hier soir. C'est un mémoire très valable.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je vous
redonne la parole. S'il vous plaît! Je vous redonne la parole, vous
pouvez continuer à poser des questions.
M. Guay: ... encore une fois parce que je n'ai pas compris.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre s'il vous plaît! Je comprends que la question est retirée.
Je vous permets d'autres questions.
M. Mackasey: Est-ce que les témoins sont obligés...
Je crois que lorsque vous avez établi les règlements, au
départ, c'étaient des règlements, même pour les
témoins.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non.
M. Mackasey: Je peux apporter l'argument de mentionner les mois
de juin et octobre... On recommande au gouvernement, quelle que soit la date...
Est-ce que ce sera au mois de juin prochain ou d'une autre année?
Pourquoi pas février? Pourquoi mars? Pouvez-vous me dire pourquoi vous
avez suggéré le mois de juin, s'il vous plaît?
M. Généreux: Je pense qu'on a très bien dit
juin ou octobre, sans dire de quelle année non plus. On dit tout
simplement que ce sont des périodes de l'année plus propices
à susciter une grande participation de la population. Cela peut
être mai, septembre ou début novembre. Autrement dit, on ne veut
pas que les citoyens soient empêchés d'aller voter par une
mauvaise température ou parce qu'ils sont en vacances au mois de
juillet, lors des vacances de la construction ou au-
très. Il faut choisir une période d'une année
donnée, quelle qu'elle soit, à l'intérieur de laquelle il
y ait plus d'espoir de voir un haut taux de participation des citoyens. C'est
tout simplement dans ce sens, et cela n'a rien à voir avec la date du
référendum de telle chose.
M. Mackasey: Seulement le mois. Non pas l'année, mais le
mois.
M. Généreux: C'est la période de
l'année. On donne comme exemple juin et octobre.
M. Mackasey: D'accord, je pense que c'est une bonne idée,
une bonne suggestion. Je suis complètement d'accord que ce soit au mois
de juin et, préférablement, de ma part, encore plus au mois de
juin de l'année prochaine.
M. Guay: Sur l'avortement, ou quoi?
M. Mackasey: Ce sont mes vues personnelles.
M. Burns: Sur l'énergie nucléaire?
M. Guay: Sur l'avortement?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Mackasey: Si vous voulez passer un référendum
sur l'avortement, est-ce que ce serait exclusivement pour les
Québécois ou à travers le pays?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Guay: Cela dépendra du statut politique du
Québec.
M. Mackasey: Si c'est à travers le pays, est-ce que ce
sera bilingue ou seulement unilingue?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
Une Voix: Au Québec.
M. Mackasey: Ne commencez pas dans les domaines où vous
n'avez aucun intérêt. Votre référendum... Ces jeunes
hommes disent carrément et ouvertement, avec courage et
intégrité, à la page 2, que c'est pour décider de
l'avenir du Québec. Je ne pense pas que l'avortement va décider
de l'avenir du Québec. Je pense à la question du
référendum sur la séparation et non pas à la
question de l'avortement. Ce sont les autres qui perdent courage, pas vous,
vous avez du courage et je vous admire.
Une Voix: ...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Mackasey: J'admire les hommes qui travaillent pour une cause,
qui sont sincères et ouverts. J'apprécie ceux qui veulent
l'indépendance et qui ont le courage de le dire. Comme Irlandais,
peut-être que je le comprends mieux que vous ne le pensez. Au moins, vous
avez du courage, vous ne vous cachez pas derrière les mots; vous ne vous
cachez pas derrière certaines nuances; vous ne vous cachez pas
derrière l'ambiguïté, vous dites ce que vous voulez.
J'admire cela. C'est pour cela que je pose des questions. Notre argumentation,
ce sera à l'Assemblée, je suis d'accord avec le
président.
Quand vous dites, à la page 4, que le référendum
sera en français seulement, encore là, vous avez droit à
votre opinion. Ce n'est peut-être pas nécessairement la mienne,
mais je vais vous poser une question, une question de traduction. Pour ma part,
je peux vous dire que les Canadiens qui demeurent au Québec, qui sont
d'expression anglaise, ne disent pas grand-chose sur la question du
référendum bilingue ou non. On va laisser cela au gouvernement et
on va voir de quelle manière le gouvernement traite les minorités
au Québec.
M. Généreux: Je regrette, mais cela n'a rien
à voir avec un mauvais traitement aux minorités. Nous disons
même nous ne les appelons pas les Canadiens anglophones, mais les
Québécois anglophones qu'ils ont droit à
l'information et qu'il faut prévoir un mécanisme pour qu'ils
l'aient tout autant que les francophones. Cela n'a strictement rien à
voir avec un supposé mauvais traitement des minorités.
M. Mackasey: D'accord. A la page 5, vous dites: Si nous insistons
pour que la question soit posée en français seulement et
c'est fort possible selon les déclarations des quelques ministres de
l'Assemblée, du gouvernement c'est que le sens du terme
employé en français peut différer lorsque les mots sont
traduits. Je suis complètement d'accord avec vous, parce que le mot
"indé-pendanoe" a un sens, comme nous l'a dit M. Pinard hier, qui
connaît bien l'expression française, tandis que, pour nous,
l'indépendance, c'est la séparation. Vous dites qu'au lieu de
laisser le gouvernement faire la traduction, on est mieux de laisser cela aux
journalistes. Est-ce que je me trompe?
M. Généreux: Non. Je pense avoir
précisé, lors de la présentation du mémoire, et
j'en ai parlé tantôt lors des questions de M. Brochu. Evidemment,
je pense que le rôle des media d'information francophones et anglophones
sera important dans une campagne préréférendaire. Nous
faisons référence à cet aspect dans le mémoire. Je
pense que le gouvernement, et on l'a souligné aussi, aura l'obligation
de donner les renseignements aux Québécois anglophones sous forme
de traduction officielle, sous forme d'accessibilité à des
documents, sous forme d'information même dans le bureau de votation ou
même, peut-être, dans l'isoloir. Le gouvernement doit assumer cette
obliga-
tion d'informer tous les Québécois qui, même s'ils
sont anglophones, je le répète, sont des Québécois.
Ce n'est pas laisser cette fonction aux journalistes anglophones, mais les
journalistes anglophones devront aussi y participer et seront des
intermédiaires privilégiés entre le gouvernement et les
citoyens anglophones du Québec. Je n'essaie pas de renvoyer la balle aux
journalistes.
M. Mackasey: Je vous remercie. Pour la question de traduction, je
suis complètement d'accord avec vous que les nuances des mots
"souveraineté"... Je pense à la définition de la
déclaration officielle du parti du gouvernement du mot
"souveraineté"; par exemple, c'est celle du premier ministre qui a dit
à l'Assemblée nationale, le 16 mars, que la souveraineté
et l'indépendance, c'était la même chose. Est-ce qu'il n'y
a pas aussi nécessité d'expliquer, dans un sens peut-être
officiel, à tous les Québécois, y compris les
francophones, les nuances de chaque mot, quand on parle d'association ou de
souveraineté-association ou d'indépendance ou de
séparation ou, si vous voulez, d'indépendance avec des liens
économiques, etc.? Est-ce qu'il n'y a pas des nuances à cela?
M. Généreux: Oui, cela fait partie des
renseignements auxquels les citoyens devront avoir accès. La position
gouvernementale, puisqu'on fait référence, comme exemple, au
prochain référendum, à la souveraineté-association,
qui est la thèse gouvernementale, il faudrait définir ce que
c'est pour les citoyens. Si on veut s'arrêter à dire: Est-ce que
c'est de l'indépendance, de la séparation, du séparatisme
avec trois "s" au bout? Je pense que ce serait de la fausse démagogie.
Il va falloir, à un moment donné, dire ce que veulent dire les
mots "souveraineté-association". Souveraineté d'un peuple; il est
forcément indépendant s'il est souverain.
Souveraineté-association, c'est une philosophie politique qui est
à décrire et à définir.
M. Mackasey: Qui devrait donner l'explication et quand? C'est
très important pour moi.
M. Généreux: Je pense que le gouvernement qui
soumet une question y met une volonté politique et le poids de son
orientation. A ce moment, il a à expliquer à la population ce
qu'il veut faire des résultats d'un référendum. Il a
à expliquer la philosophie qui sous-tend telle question. Les tenants
d'une autre thèse peuvent aussi dire ce qu'ils prétendent
négatif dans cette thèse. Qu'on ne limite pas le débat au
choix des termes "indépendance", "séparation",
"séparatisme". Ecoutez, on soumettra la question qui traduira la
volonté politique du gouvernement.
M. Mackasey: Alors, vous pensez que le gouvernement partage vos
sentiments. Est-ce que ce n'est pas parce que vous voulez éviter toute
ambiguïté, comme vous avez dit tout à l'heure? Est-ce que
vous pensez que votre conseil au gouvernement, votre conseil, c'est de donner
les définitions des termes, si vous voulez, aussi rapidement que
possible? Est-ce que ce n'est pas mieux, aujourd'hui même, de
définir la distinction entre chaque...
M. Généreux: Ecoutez, c'est la...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... pour
la même raison que tout à l'heure à cette dernière
question.
M. Lavoie: Vous êtes très sensible, M. le
Président. Je dois vous dire, sur cette question de règlement,
que, lorsque le témoin lui-même dans son mémoire... Cette
association exprime un voeu que ce soit uniquement en français. Il peut
y avoir ambiguïté et ce sera la décision du gouvernement,
sans doute; il aura à décider si... Non, dans mon argumentation,
je vous donne des exemples. Qu'il y ait, dans le mémoire, autant sur la
langue où le témoin je pense à la question de
règlement exprime le voeu que ce soit uniquement en
français, ce sera sans doute une prérogative du gouvernement de
décider si c'est en français, uni-lingue ou si c'est bilingue.
Lorsque, dans son argumentation, le témoin émet l'opinion qu'il y
ait une seule question, par un oui ou par un non, encore là, il entre
dans les prérogatives du gouvernement qui, lui, pourra décider
s'il y a une ou plusieurs questions, et lorsque le témoin mentionne
lui-même, à certains moments, qu'il faudrait que le débat
ne dure pas trop longtemps, il entre, encore là, dans une
prérogative du gouvernement, qui peut poser sa question
immédiatement ou qui peut tenir son référendum dans un
certain délai ou plus tard.
Je trouve que vous êtes très chatouilleux, M. le
Président; dès qu'il y a des choses qui ne font pas l'affaire de
votre droite, vous intervenez d'une manière tout à fait
prime-sautière.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Guay: M. le Président, je m'insurge contre les
allégations du député de Laval à votre endroit,
contre les insinuations du député de Laval; il devrait
connaître mieux, lui qui est un ancien président de
l'Assemblée; il devrait savoir mieux que de se comporter ainsi, il me
semble, à l'endroit de la présidence. Je vous soumets, M. le
Président, que les exemples qu'a donnés le député
de Laval sont des exemples d'ordre général, qui portent sur les
prérogatives du gouvernement c'est peut-être vrai
mais qui s'appliquent à tout référendum, quel qu'il soit,
sur quelque sujet que ce soit. Or, la dernière question du
député de Notre-Dame-de-Grâce portait sur un
référendum en particulier et revenait de façon
détournée, à la première question qu'il a
posée tantôt et que vous avez jugée irrecevable; je vous
soumets que cette dernière est également irrecevable et pour les
mêmes raisons.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): De toute
façon...
M. Mackasey: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non,
j'aurais quelques mots à dire. Effectivement, j'ai vu, dans cette
dernière question, ce que j'avais vu également dans la
première question, c'est-à-dire qu'on demandait, sur un sujet
extrêmement précis, qui était le fond d'une question, une
opinion essentiellement politique à un intervenant, ce qui est
totalement contraire aux exemples donnés précédemment.
Là-dessus, je cède la parole au député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: ... M. le Président, c'est une directive que
je vous demande, parce que je veux qu'on procède dans une
atmosphère très calme. Quand j'ai posé la question au
témoin, je ne lui ai pas demandé s'il préfère la
séparation ou la souveraineté-association. Ce n'est pas ça
que je lui ai demandé. Je lui ai demandé si le gouvernement
devait faire la distinction dans ses...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, d'abord, je ne voudrais pas
que vous en appeliez de la décision; deuxièmement, j'ai
très bien compris et votre première question et votre
deuxième question; de plus, entre ces deux-là, j'en avais permis
d'autres qui, d'après moi, étaient recevables. Mais la
deuxième, telle que posée, était irrecevable.
M. Mackasey: D'accord, je peux poser des questions directement
sur le mémoire?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je vous
donne encore une fois le bénéfice du doute.
M. Mackasey: Je vous remercie et je pense qu'en plusieurs
occasions, vous me donnerez le bénéfice du doute, parce que j'ai,
comme député, ici, moi aussi des droits fondamentaux, et chaque
fois que je pose ma question, si vous avez des objections, vous n'avez
qu'à le dire, mais, au moins...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est en
plein ce que j'ai fait.
M. Mackasey: ... vous devez me donner les raisons pour
lesquelles... D'accord.
A la page 11, d'abord, pour reprendre exactement les paroles du
mémoire: "II nous apparaît plus efficace et plus simple en
même temps de ne poser qu'une question, à laquelle la population
peut répondre par un oui ou par un non". N'est-ce pas? Alors,
préférez-vous une question au lieu d'une série de trois ou
quatre questions complexes?
M. Généreux: Oui, nous croyons que, dans tout
référendum, la question doit être la plus précise
possible et ne doit pas suggérer des choix entre trois ou quatre
possibilités; elle doit plutôt être centrée sur une
volonté manifeste d'un gouvernement et il importe que les gens puissent
y répondre par un oui ou par un non, de façon à sim-
plifier la compréhension des citoyens et la campagne
référendaire servant comme telle de période d'information
sur cette hypothèse.
M. Mackasey: Etes-vous capable de me donner un exemple d'une
question claire et précise sur la...
M. Généreux: Ecoutez! On m'a posé la
question hier pour le prochain référendum. J'ai dit qu'on n'avait
pas de formulation miracle, mais prenons l'exemple de l'avortement. Etes-vous
pour ou contre, oui ou non? Vous donnez les informations pendant la campagne du
référendum. Mais je pense que, si on parle de l'avenir
constitutionnel du Québec, il faudra formuler cette question. Nous
n'avons pas de suggestion précise, mais nous voulons que la question
soit précise, claire et nette, et que l'interprétation en soit
facile par la suite.
M. Mackasey: Je pense qu'on parle naturellement de ce que vous
avez dit à la page 2, du référendum qui décidera de
l'avenir du Québec. Alors, comme un homme pragmatique, il y a
sûrement un référendum qui décidera de l'avenir du
Québec, et non pas un référendum sur l'avortement. C'est
le référendum qui décidera de l'avenir du Québec,
que cela soit lié avec le Canada ou un autre pays ou que cela soit
séparé... C'est normal. Ce n'est pas quelque chose pour rendre
craintif. Alors, êtes-vous capable de me donner une question claire et
précise se rapportant à votre suggestion de la page 2, qui
décidera de l'avenir du Québec? Etes-vous capable de nous aider?
C'est votre but ici, votre rôle.
M. Généreux: Non, je regrette, mais nous sommes ici
pour parler d'une loi-cadre des référendums et nous disons que,
dans la présentation de tout référendum, la question doit
être claire, nette et précise.
Lorsque le gouvernement du Québec aura décidé de
faire le référendum sur l'avenir constitutionnel du
Québec, si nous avons une recommandation concernant la question, nous la
ferons à ce moment. Nous sommes ici pour parler d'une loi-cadre sur les
référendums et je vous ai dit tantôt que nous ne sommes pas
aujourd'hui en mesure de suggérer la question.
M. Mackasey: Alors, vous ne parlez pas du
référendum qui décidera de l'avenir du Québec?
M. Généreux: Non. Nous parlons de tout
référendum.
M. Mackasey: Ah!
M. Généreux: Disons que l'importance de la
présente commission parlementaire est accrue du fait qu'il y en a un,
fondamental, qui aura lieu d'ici quelques mois ou quelques années.
M. Mackasey: Je m'excuse...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Mackasey: ... parce que je n'ai pas pris cela qu'à la
page 2. Je vais prendre une autre section afin que mes pauvres amis ne soient
pas trop inquiets. C'est la question des journaux, des journalistes. Je pense
que vous trouverez cela à la page 5. Vous dites que les journalistes
anglophones donneront la traduction de la question que le gouvernement
lui-même aura posée. Maintenant, vous parlez de la
difficulté de la traduction, des nuances entre les expressions et vous
dites à la page 5 que vous êtes prêts à céder
cette responsabilité aux journalistes anglophones.
M. Généreux: Non. M. Mackasey: Non?
M. Généreux: Ce n'est pas ce que nous disons. Je
l'ai dit tantôt et je le répète. Il ne s'agit pas de
confier aux seuls journalistes la responsabilité de traduire la question
pour les anglophones. Nous avons dit tantôt que le gouvernement aura
l'obligation d'établir des mécanismes d'information pour les
citoyens anglophones. La presse anglophone sera un atout additionnel pour faire
part aux citoyens anglophones de ces informations. C'est tout ce que nous
soulignons. Nous ne laissons pas la responsabilité aux journalistes. Je
l'ai dit tantôt, mais nous croyons que le professionnalisme de ces gens
aidera le gouvernement à donner l'information directement à tous
les citoyens, dont les citoyens anglophones.
M. Mackasey: Je vous remercie. Je n'ai que deux questions parce
que je sais qu'il y en a d'autres qui veulent poser des questions. Vous dites
à la page 9: "Nous recommandons donc que le gouvernement invite les
journalistes à se doter d'un code d'éthique pour les campagnes
référendaires et qu'il soit rendu public."
Avez-vous des idées, quel sera le code?
M. Généreux: Non. Je pense qu'on n'a pas
d'idée. D'ailleurs, je ne pense pas qu'il soit de la
responsabilité du gouvernement d'exiger une chose semblable, il ne doit
qu'inviter les journalistes à se doter eux-mêmes d'un code
d'éthique et à le faire connaître. Tout comme on parle
longuement dans le livre blanc, on en parle aussi dans les débats
publics, de l'égalité des chances au niveau des thèses, je
pense que l'information au Québec est bien donnée actuellement et
qu'il serait important qu'un code d'éthique existe, ce qui n'existe pas,
actuellement, par écrit. Que le gouvernement invite les journalistes
à se donner un code d'éthique. C'est à eux à en
décider. Il ne faut pas en venir à un Etat qui va contrôler
l'information et qui dise: Messieurs, vous allez écrire tant de lignes
agates sur telle thèse et tant de lignes agates sur telle autre
thèse.
La liberté d'information exige la liberté des journalistes
eux-mêmes.
M. Mackasey: Vous dites aussi, par exemple, à la
même page: "Mais ils savent comme nous que certains de leurs patrons
de certains journalis- tes, je suppose ne sauront pas toujours
distinguer entre leurs intérêts personnels et ceux du
Québec."
Parlez-vous de Claude Ryan, par exemple?
M. Généreux: Là, vous donnez la lecture de
ce qui est là, mais lorsque j'ai présenté le
mémoire hier, si vous avez remarqué, j'ai fait des corrections.
Ce n'est pas intérêts personnels, mais convictions personnelles et
aspirations du Québec, ce qui est de beaucoup différent.
Je pense que la présence d'un code d'éthique pourrait
contrebalancer la volonté de propriétaires de certains media,
qu'ils soient pour une thèse ou pour l'autre, d'utiliser ces
média comme moyen de propagande, c'est tout.
M. Mackasey: Alors, quand vous parlez de leur patron, vous ne
parlez pas de M. Lemelin, de M. Des Marais ou de M. Ryan?
M. Généreux: Non. Nous ne visons personne
spécifiquement.
M. Mackasey: C'est seulement une observation?
M. Généreux: Ce n'est pas une insinuation, c'est
une illustration de l'importance d'un code d'éthique que se donneraient
eux-mêmes les journalistes. Ce n'est pas une insinuation.
M. Mackasey: Une dernière question. Je partage vos
sentiments à la page 10, alors que vous préféreriez que le
compte se fasse comté par comté, mais pourquoi l'allusion au West
Island? Est-ce qu'ils n'ont pas les mêmes droits que les autres citoyens
du Québec? Est-ce qu'il est vraiment nécessaire de dire: Le West
Island a voté dans un sens, le reste du pays a voté dans
l'autre.
M. Généreux: Oui, je pense que c'est
nécessaire.
M. Mackasey: Oui, comme je vous dis, j'apprécie votre
franchise, moi aussi, je veux exactement ce que vous voulez, parce que mes
sondages me démontrent que 95% de ceux qui vont voter dans la ville de
Québec sont contre la séparation. Moi, je préfère
comté par comté.
M. Généreux: Les résultats le diront,
monsieur.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Ce sera mes questions, parce que le président
est encore choqué. Je ne veux pas qu'il se choque trop souvent. Je vous
remercie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
président ne se choque pas, il essaie de faire appliquer les directives
qu'il a émises.
M. Généreux: Si vous le permettez, à la
suite
de la dernière intervention sur le décompte comté
par comté, c'est essentiel comme donnée d'analyse de tout
référendum qui aurait lieu.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Terrebonne était le prochain sur la liste, mais
il a consenti à donner son droit de parole au député de
Deux-Montagnes. M. le député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président. Je pense que
mon collègue de Terrebonne ne m'a pas cédé son droit de
parole. Il a accepté de renverser l'ordre. Je pense qu'il a encore
l'intention d'intervenir.
M. Généreux, il y a deux aspects particuliers de votre
mémoire au sujet desquels j'aimerais converser avec vous. Le premier,
c'est cette question de la langue du bulletin ou des langues du bulletin.
Peut-être que vous êtes au courant que j'ai été
cité dans de nombreux journaux, en particulier des journaux anglais du
Québec et d'ailleurs au Canada, comme ayant déclaré que la
question devait être posée en français seulement. Je ne
vais pas vous raconter toute l'histoire de cette déclaration. Je
voudrais seulement signaler que c'est une déclaration qui a
été faite, il y a environ un mois, dans une assemblée de
cuisine assortie de toutes les précautions d'usage comme quoi je ne
parlais pas au nom du gouvernement, comme quoi le gouvernement n'avait pas
encore, que je sache, tranché cette question, mais que j'avais
l'impression que, puisque l'Assemblée nationale avait adopté la
loi 101, il serait normal que la question soit posée en français
seulement.
Cela a provoqué, comme je viens de l'indiquer, un tollé,
et on a interrogé le ministre d'Etat au développement culturel
sur cette question peu après et le Dr Camille Laurin a répondu
aux journalistes qui l'interrogeaient que vu, justement le tollé, vu les
effets assez disproportionnés de ces modestes paroles prononcées
par un modeste député, il fallait peut-être s'interroger et
peut-être que cette réaction constituait, en elle-même, une
raison pour que la question sur le bulletin de référendum soit
posée dans les deux langues.
Alors, je voudrais vous dire que foncièrement, je suis d'accord
avec vous au plan de ce qu'on pourrait appeler des principes. Puisque la Charte
du français a été adoptée, il ne serait que normal
que la question ne soit posée qu'en français, étant
donné que, comme vous l'avez vous-même dit avec beaucoup
d'insistance, il faudra s'assurer que le sens de la question soit clair, que
des traductions en soient fournies et diffusées et que le gouvernement
ne pourrait pas être indifférent à ce processus et il devra
lui-même y participer et en donner l'exemple.
Je signale en passant que même si la question sur un bulletin de
référendum est posée en français et en anglais,
ça ne règle pas nécessairement le cas, par exemple, de
certains membres de familles qu'on appelle généralement
néo-québécoises qui, restant le plus clair du temps
à la maison, n'y parlent que le grec, le portugais ou l'italien, et que
ce devoir de traduction, d'information polyglotte va au-delà de
l'anglais.
C'est au plan des principes, mais, au plan d'une conception plus vaste
de la politique, j'avoue que j'ai été moi-même
ébranlé, ayant d'abord réagi spontanément comme je
vous l'ai dit, à une question qui m'a été posée,
par la réaction. Et je me dis qu'il y a encore au Québec un
nombre important de Québécois anglophones, tout aussi
Québécois que n'importe quel autre Québécois, qui
ne connaissent pas le français, c'est un fait qu'on peut
déplorer, mais qu'il faut constater, et ce serait peut-être
vu que le gouvernement souhaitera que tout référendum se
déroule dans un climat de bonne compréhension un geste
politique sage, le mot politique étant entendu dans son sens le plus
large, de voir à ce qu'un bulletin de référendum soit
à tout le moins bilingue, français et anglais.
Je ne sais si vous voulez commenter cette conception que je
considère fondée sur une conception plus large de la politique
que la simple interprétation un peu rigoureuse, sinon rigoriste, des
principes en cause. Je me demande quelle est votre réaction à
cette deuxième façon d'envisager la question.
M. Généreux: Je pense que les principes que vous
venez d'énoncer sont exacts. Il y a aussi un principe qui exige d'un
gouvernement qu'il soit concordant dans ses gestes. On a adopté la loi
101, on doit l'appliquer. Je pense qu'on doit l'appliquer. Bien sûr, il y
a eu un tollé, je pense que vous exagérez peut-être la
dimension de ce tollé; chaque fois que vient le temps d'appliquer la loi
101, s'il y a un tollé, est-ce qu'on va dire: On reconsidère
peut-être que, là-dessus, ce sera bilingue, ainsi de suite? On a
posé un principe qui s'appelle l'unilinguisme français, et on a
dit aussi comme argument qu'il fallait créer un climat tel au
Québec que les gens qui ne sont pas francophones aient le goût et
le besoin de devenir francophones et de s'intégrer à la
majorité francophone.
Est-ce que. chaque fois, on va dire: Dans ce cas-là, pour des
raisons politiques, on pourrait peut-être faire une exception à la
règle et poser un geste, comme gouvernement bilingue, finalement? Je
pense que le principe est en cause dans tout ça. Et la
responsabilité de l'Etat d'informer tous les citoyens anglophones,
portoricains, espagnols ou grecs, bien sûr, doit être
assumée par le gouvernement, par l'Etat. Il y a des moyens pour le
faire. En France, à ce que je sache, on pose la question en
français seulement, il y a des citoyens français qui sont de
nationalité étrangère aussi, d'origine grecque, italienne,
ainsi de suite. Ces gens-là ont accès à l'information et
les services gouvernementaux sont là pour leur donner l'information, il
y a des mécanismes faciles à mettre sur pied pour obtenir
l'objectif du droit du citoyen à cette information. Mais le principe
fondamental la loi 101 doit être appliqué au
Québec pour faire du Québec un pays français. Si, chaque
fois, on fait des accrocs à ce principe, ce serait peut-être
inutile d'adopter une loi qui est censée
faire du Québec, je pense qu'elle va le faire aussi, un Etat
français.
Dans la vie de tous les jours, c'est comme ça qu'on va amener les
citoyens qui n'auraient pas encore appris le français, à avoir le
goût de le faire.
M. de Bellefeuille: Le deuxième aspect, c'est celui de ce
que vous appelez un code d'éthique à l'intention des journalistes
pour les campagnes référendaires. Nous sommes là sur un
terrain glissant, surtout quand c'est un député
ministériel qui parle, je me trouve sur un terrain très
glissant.
Mais je pense que vous savez que ce terrain, même glissant, m'est
extrêmement familier, parce que, jusqu'au 15 novembre dernier,
j'étais un journaliste en exercice. J'ai été, pendant deux
ans, membre du Conseil de presse du Québec et je regrette de
n'être plus membre du Conseil de presse du Québec je sais
que c'est impossible quand on est député parce que
j'aurais beaucoup à dire, et je vais le dire. Je vais le dire, non pas
à titre de membre du Conseil de presse du Québec puisque je n'ai
plus ce titre, mais je vais le dire à titre de député et
de journaliste de profession. Je considère absolument scandaleux et une
atteinte grave à l'éthique professionnelle le troisième
paragraphe du principal éditorial de ce qu'on est convenu d'appeler le
premier Montréal, dans l'édition d'hier du journal qui s'appelle
The Montreal Star.
C'est un paragraphe dont la malhonnêteté porte une atteinte
grave à l'éthique professionnelle. C'est de l'ordre du scandale
public et je voudrais pouvoir inviter le Conseil de presse du Québec
à faire appel à son pouvoir d'intervention, sans attendre
même que quelqu'un porte plainte, pour se pencher sur ce troisième
paragraphe dont je vais vous donner lecture.
M. Lavoie: Qu'est-ce que cela a à faire avec la
commission, M. le Président?
M. de Bellefeuille: Si le député de Laval veut
écouter la lecture...
M. Lavoie: Je demande une directive au président. Il n'y a
pas deux poids deux mesures. Il y a d'autres endroits pour le faire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaîtl M. le député de Laval, je pense que votre
question est pertinente. Mais j'aimerais savoir, moi aussi, si cela a un
rapport et je demande tout simplement au député de Deux-Montagnes
si cela a rapport avec les travaux de notre commission, étant
donné que la présidence n'a pas lu cet article.
M. de Bellefeuille: Le titre de l'article, M. le
Président, c'est...
M. Mackasey: J'invoque le règlement, M. le
Président.
M. de Bellefeuille: M. le Président, vous m'avez
posé une question. Le député de Notre-Dame-de-Grâoe
doit me permettre de répondre à votre question.
M. Mackasey: Je dois vous rappeler les règlements.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, j'ai posé une
question. Je vais obtenir une réponse et je vous promets qu'avant de
rendre ma décision, je vais vous donner la parole. D'accord?
M. le député de Deux-Montagnes, la présidence
étant dans l'ignorance la plus totale du contenu de l'article, je vous
demande tout simplement si cet article a un rapport avec les travaux de notre
commission parlementaire et le sujet qui y est discuté.
M. de Bellefeuille: Le rapport, M. le Président, est
double, puisque nous avons devant nous les représentants du Mouvement
national des Québécois qui invite le gouvernement à
inviter les journalistes à se doter d'un code d'éthique, premier
rapport. Et le deuxième rapport, c'est que cet éditorial est
intitulé "Referendum hearings" et traite de ce qui se passe à
l'heure actuelle dans le salon rouge.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: My point, Mr President, is very simple. If the
member from Two Mountains wants to discuss editorials, then, let us do it in
the National Assembly; if we are going to be permitted, in our questions and in
our observations, to criticize editorials, I can do it all day long. An
editorial, as that member should know, is an expression... at least, the
editorialist has the freedom of opinion. We may not necessary agree with
it.
Et si vous voulez profiter de vos remarques ici pour condamner le
Montreal Star, ayez au moins le courage de vous lever à trois heures,
aujourd'hui, et de poser une question de privilège à
l'Assemblée nationale, où le Montreal Star pourra avoir
l'avantage de vous répondre.
M. Guay: M. le Président...
M. Mackasey: Ne vous cachez pas ici, en arrière d'une
commission. Ayez le courage de présenter votre observation contre le
Montreal Star à l'Assemblée nationale, à trois heures.
Vous avez ce droit.
M. Guay: Sur la question de règlement, M. le
Président.
M. Mackasey: Profitez de votre droit si vous en avez le
courage.
M. Guay: M. le Président, sur la question de
règlement soulevée par le député de
Notre-Dame-de-Grâce. Ce que soulève le député de
Deux-Montagnes porte sur un des arguments clés qui sont
soulevés dans le mémoire du Mouvement national des
Québécois. Cela n'exclut en aucune façon que
lui-même ou un autre député puisse soulever une question de
privilège au sein de l'Assemblée nationale, à trois
heures. Qu'il y ait question de privilège ou qu'il n'y ait pas question
de privilège, que ce soit ici que l'on présente cette information
à titre d'exemple, pour voir si cela est conforme, aux yeux des
intervenants, à l'idée qu'ils se font des informations objectives
sur la question des référendums, le Montreal Star, de toute
façon, étant un journal libre, non pas peut-être de toute
attache, mais libre de dire ce qu'il veut, la preuve, c'est qu'il le fait,
pourra toujours rectifier, le cas échéant.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Voici.
Il est clair, en lisant le paragraphe de l'article en question, que cela a un
rapport avec les travaux de notre commission.
D'autre part, je ne voudrais pas, M. le député de
Deux-Montagnes, que votre intervention, à la commission parlementaire,
soit une attaque contre un journal en particulier, sauf que vous pouvez vous
servir de l'article en question pour émettre votre opinion sur le
rôle que devrait jouer la presse en général, lors des
consultations populaires, ce qui est en plein dans le cadre de notre
débat, puisqu'on en a déjà parlé. Mais je ne
voudrais pas je donne là raison au député de
Notre-Dame-de-Grâce que cette commission parlementaire soit une
tribune pour vous, pour faire une attaque contre un journaliste ou contre un
journal. Mais je vais vous permettre de vous servir de cet exemple pour
émettre votre opinion sur le rôle que devrait jouer la presse.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président. Vous
m'autorisez donc à donner lecture de ce paragraphe. "Listening to Parti
Québécois spokesmen, one gets the feeling that the question or
questions to be asked will not be clear cut ant decisive but foggy and
confusing. In the matters of financing, the Government will place restrictions
on those opposed to separatism which will not exist for those in favour of it,
since, basically, the administration will have on its side all the organs of
Government and the resources of the province."
Ce texte, M. le Président, est un tissu de faussetés. Tous
les porte-parole du Parti québécois ont toujours indiqué
que, dans tout référendum, il serait indispensable que les
questions posées soient absolument claires et décisives. Pour ce
qui est du financement, le livre blanc est absolument clair quant au
financement égal des parties présentes au débat
référendaire. Il est absolument faux d'affirmer que le
gouvernement pourra utiliser tous les organes du gouvernement et toutes les
ressources de la province. Nous ne sommes pas ici à Ottawa. Il n'y a pas
ici un André Ouellet donnant à Radio-Canada les instructions de
faire de la propagande.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Si vous voulez que l'on... Une Voix:
Débatte.
M. Mackasey: Le débat sur l'indépendance ne se fait
pas ici autour de la table. Si on veut commencer à faire des
personnalités, si on veut attaquer André Ouellet qui est un
Québécois d'expression française, ce n'est pas la place.
Que le député de Deux-Montagnes ait assez de courage pour entrer
dans le débat personnellement avec André Ouellet et ne pas se
cacher derrière l'Assemblée nationale. On peut faire comme le
ministre l'a suggéré au début, si vous voulez un climat
calme où on peut demander les renseignements pour la population sur le
livre blanc, d'accord. Then tell your idiots that..."
M. Burns: A l'ordre!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! A l'ordre! S'il vous plaît!
M. Mackasey: O.K. I take the word back, but remember... I
apologize.
M. Guay: Question de règlement.
M. Burns: M. le Président, sur cela... I hope you do
apologize.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Mackasey: I do, but I am only pointing out what it leads to. I
am only pointing out what kind of a climate it leads to.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Mackasey: That is the climate we are trying to avoid.
M. Guay: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Mackasey: Let us not get into personalities here, whether that
is André Ouellet or anybody else. That is not what we are here to
discuss. We are not here to discuss the member from Two-Mountains opinion of
André Ouellet anymore than you are here to discuss any opinion of some
other members.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Guay: M. le Président, sur la question de
règlement. Tout en appréciant la défense peut-être
même exagérée que le député de
Notre-Dame-
de-Grâce fait de son ancien collègue du Conseil des
ministres fédéral...
M. Mackasey: Un Québécois d'expression
française. Ce n'est pas la place pour le défendre, ni
l'attaquer.
M. Guay: J'ai la parole, pour l'instant, je n'ai pas
interrompu...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît!
M. Guay: Je ne vous ai pas interrompu quand vous disiez ce que
vous disiez tantôt...
M. Mackasey: D'accord.
M. Guay: ... même si cela dépassait les bornes de la
décence. Je vous en prie. Je vous signale que le député de
Deux-Montagnes fait simplement un parallèle qui fait partie du
préambule à sa question aux intervenants portant sur la
qualité de l'information qu'on devrait retrouver lors d'un
référendum, quel qu'il soit, sur quelque sujet que ce soit, dans
les journaux du Québec, dans le but d'informer la population en
général et, notamment, les minorités de langue autre que
française, qui sont québécoises et qui habitent au
Québec.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je vais
me contenter de redire ce que j'ai dit lorsqu'il a été question
de cet article. J'ai permis au député de Deux-Montagnes
d'émettre son opinion sur le rôle que devrait tenir la presse, en
général, sur les consultations populaires au Québec. C'est
ce que je lui ai permis, qu'aucune attaque ne soit faite contre un journaliste
ou un journal, en particulier. Si les faits qui sont mentionnés dans des
journaux, d'après lui, sont faux et erronés, il a le droit de le
dire, mais tout cela en respectant les restrictions que j'y ai mises tout
à l'heure.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président. J'étais
donc en train d'indiquer qu'il est clair, à mon point de vue, que
Radio-Québec n'aura pas, dans toute campagne référendaire,
un rôle de propagande à jouer, alors que Radio-Canada a
été invitée à jouer un rôle de propagande. Je
voudrais vous dire, M. Généreux, que je suis très
réticent devant cette proposition voulant que le gouvernement invite les
journalistes à se doter d'un code d'éthique. Je suis très
réticent devant cette proposition, parce qu'il appartient aux
journalistes de le faire, il appartient aux journalistes et aux organes
d'information de le faire. Je pense que nous avons l'avantage au Québec
d'être dotés d'un conseil de presse et qu'il faut compter sur nos
institutions pour que, librement, démocratiquement, dans le plus grand
respect de la liberté de la presse, elle veille au respect de
l'éthique professionnelle. Je ne sais dans quelle mesure vous avez pu
vous interroger sur ces questions, mais l'élaboration d'un code
d'éthique professionnelle, c'est une question qui se débat dans
les milieux de la presse québécoise depuis de nombreuses
années, c'est une question à laquelle les journalistes sont
très sensibles et très conscientisés, pour employer un mot
à la mode. Peut-être que le travail qui reste à faire,
c'est de s'assurer que ceux qui possèdent et dirigent les entreprises de
presse seront eux aussi également conscientisés. Mes
ex-collègues journalistes, je leur fais totalement confiance. Je
souhaite qu'ils continuent d'exercer des pressions pour que cette conscience
qu'ils ont de l'importance d'un code d'éthique, dans les questions
référendaires comme dans toutes les autres questions, se
transmettre dans les paliers supérieurs des administrations des
media.
Je ne vois cependant pas comment le gouvernement pourrait intervenir
dans ce processus. Je ne vois pas qu'il soit souhaitable que le gouvernement
intervienne dans ce processus. Si j'ai provoqué la colère du
député de Notre-Dame-de-Grâce, en citant un texte dont j'ai
fait une critique très vive, c'est précisément parce que,
avant même d'être député, je suis citoyen, et que,
comme citoyen libre, j'ai le droit de dire ce que je pense à quiconque
je veux m'adresser, et que ce soit par une question de privilège ou par
une intervention en commission parlementaire, cela ne pose pas du tout la
question de mon courage personnel. Pour ce qui est du courage personnel, j'irai
affronter le député de Notre-Dame-de-Grâce sur n'importe
quel terrain, sauf celui du pugilat. Je ne m'abaisserai pas à ce niveau.
Je vous remercie, M. le Président.
M. Mackasey: Vous êtes déjà plus bas que ce
niveau, alors, ce serait pour vous un avantage.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! La parole est au député de
Laval.
M. Lavoie: Sur la question du bilinguisme du bulletin de vote, je
ne voudrais pas lancer un débat juridique, mais il ne faudrait pas
oublier également qu'en vertu de la constitution qui nous régit
actuellement, qui nous régit encore, tous les documents qui
relèvent de l'Assemblée nationale, que la question soit
posée dans une loi ou sous forme d'une résolution, font
déjà l'objet d'une traduction aux fins, du moins, de
l'Assemblée nationale. Sur la deuxième question, qui a tout
à fait fait exploser le député de Deux-Montagnes, je ne
lui reconnaissais pas cette réputation de soupe au lait à ce
point, et je ne croyais pas que sa peau était un peu comme de la pelure
d'oignon, parce que s'il fallait qu'on rouspète de notre
côté, chaque fois qu'un éditorialiste ne fait pas notre
affaire, je pense qu'on rouspéterait peut-être plus souvent que
lui.
J'ai bien lu ce troisième paragraphe. Je ne suis pas ici pour
être le défenseur du Star; je l'ai lu, et je suis même
porté à l'endosser, ce troisième paragraphe. Si vous
voulez que je récidive, je vais récidiver, et j'ai hâte,
comme tout autre, que le gouvernement pose sa question d'une façon
claire
et la soumettre à la population le plus rapidement
possible...
M. Burns: En temps et lieu.
M. Lavoie:... pour faire disparaître, justement, ce
brouillard qui existe...
M. Burns: Mon Dieu!
M. Lavoie: Même le ministre responsable du livre
blanc...
M. Guay: M. le Président, question de
règlement.
M. Lavoie: ... a parlé de questions qui pouvaient contenir
jusqu'à 50 mots.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Guay: J'invoque le règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II y a
une question de règlement, M. le député de Taschereau.
M. Burns: Je n'ai jamais dit ça. M. Guay: M. le
Président...
M. Burns: C'est ça qui est extraordinaire, M. le
Président. Je n'ai jamais dit ça.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Guay: Je conçois facilement, M. le Président,
qu'il existe du brouillard dans l'esprit du député de
Laval...
M. Lavoie: C'est ça.
M. Guay: ... mais je dois néanmoins constater qu'il...
Enfin, vous soumettre respectueusement qu'il ne traite pas du projet de
loi-cadre sur le référendum, du livre blanc, mais bel et bien,
encore une fois, d'une question qui pourrait être posée lors d'un
référendum très particulier qui viendrait à la
suite de l'adoption éventuelle de la loi-cadre, qui n'est même pas
encore déposée devant l'Assemblée nationale.
M. Lavoie: Est-ce que le député de Taschereau me
permettrait une question? Est-ce qu'il se prononce au nom du gouvernement en
disant qu'il n'y aura qu'une seule question lors du
référendum?
M. Guay: Je n'ai jamais dit...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Guay:... qu'il n'y aurait qu'une question. Je dis...
M. Lavoie: C'est ça, le brouillard...
Le Président (Ml. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lavoie: ... qui entoure le Québec actuellement.
M. Burns: Est-ce que le député de Laval me
permettrait une question cependant?
M. Lavoie: Oui, allez-y.
M. Burns: Cela fait deux fois, au cours des travaux de notre
commission, qu'il dit que le ministre responsable du dossier, en l'occurrence,
je pense, moi-même, je pense qu'il se référait à
moi, a dit que la question pourrait contenir jusqu'à 50 questions.
Est-ce que le député...
M. Lavoie: C'est 50 mots.
M. Burns: 50 mots, c'est-à-dire, dans la question. Est-ce
que le député de Laval peut me dire à quel moment et
à quel endroit j'ai dit ça?
M. Lavoie: Est-ce que vous n'avez pas dit que la question
pourrait être bilingue si elle était très simple?
M. Burns: Non, je n'ai pas dit ça.
M. Lavoie: Pourrait être unilingue, si elle était
très simple. Je vous ai écouté, moi, au canal 12...
M. Burns: Oui, j'ai dit ça. Cela, je l'ai dit.
M. Lavoie: ... mais, par contre, s'il y avait plusieurs
questions, ça pourrait compliquer... Cela pourrait amener des
difficultés.
M. Burns: J'ai dit que là-dessus...
M. Lavoie: Voulez-vous dire au Québec, la
vérité, quelle sera la question?
M. Burns: Voulez-vous que je vous dise la
vérité?
M. Lavoie: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: La vérité, c'est que la question n'est
pas arrêtée. Les questions, s'il y en a plus qu'une... Et
même ça, ce n'est pas arrêté...
M. Lavoie: Arrêtez-vous quelque part quand même.
M. Burns: D'accord? Là, il va falloir que vous
arrêtiez, vous, de dire des faussetés comme ça, parce que
je n'ai jamais, mais au grand jamais, même mentionné que la
question pouvait contenir 50 mots.
M. Lavoie: Vous avez dit qu'elle pouvait être
compliquée...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre, s'il plaît!
M. Burns: J'ai dit qu'on espérait qu'elle soit claire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
dialogue va se terminer.
M. Burns: C'est ça qui est important.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! S'il vous plaît!
M. Grenier: Est-ce qu'on pourrait parler du livre blanc, s'il
vous plaît?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, là...
M. Lavoie: Je pense qu'on ne parle que de ça. Mais il
n'est pas tellement blanc, le livre blanc. Il est gris.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, tout le monde, votre collaboration! Cela allait bien depuis
mardi soir, à dix heures moins quart, et j'ose espérer que
ça va continuer dans la même veine.
M. Lavoie: J'ai terminé mes questions, M. le
Président. Vous voyez, vous avez toute ma collaboration.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Laval. M. le député de
Mont-Royal.
M. Burns: Jusqu'à quand?
M. Lavoie: Jusqu'à nouvel ordre.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Je crois que dans le
livre blanc et dans le mémoire de nos invités, je voudrais
m'arrêter à deux principes que je considère sacrés,
au sujet desquels le gouvernement devrait prendre toutes les précautions
possibles. C'est la liberté du droit de parole et les droits de tous les
Québécois, incluant les minorités, incluant les gens qu'on
oublie, peut-être, et qu'on donne l'impression de traiter comme des
citoyens de seconde classe. Je ne parle pas de ceux qui sont de souche
anglaise. Je parle de ceux qui sont comme moi-même, des groupes
ethniques, qui ne sont pas nés ici, mais qui se considèrent comme
des Québécois, qui considèrent qu'ils ont tous les
mêmes droits que vous, pas plus, mais pas moins, et je voudrais
m'arrêter à ces deux aspects de votre mémoire.
A la page 9, vous faites certaines suggestions ou, plutôt, vous
posez certaines questions qui permettent au député des
Deux-Montagnes de cri- tiquer la liberté de la presse, la liberté
des journalistes; et quand le côté ministériel critique la
liberté de la presse, ça m'inquiète...
M. de Bellefeuille: M. le Président, je voudrais
rétablir les faits.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: M. le Président, j'ai le droit de parole!
M. Mackasey: II va continuer chaque fois que c'est
nécessaire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, je
pense connaître suffisamment le règlement et être capable de
prendre mes décisions seul. Je suppose que vous invoquez l'article
96.
M. de Bellefeuille: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
l'invoquerez après l'intervention du député de Mont-Royal,
à moins qu'il n'y consente...
M. de Bellefeuille: D'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal, vous avez la parole.
M. Ciaccia: Cela m'inquiète, parce que, lorsque je vois
les questions que vous posez et lorsque je vois les critiques du
côté ministériel, car ce sont les ministériels qui
vont légiférer, il faut absolument ne laisser aucun doute sur les
libertés de s'exprimer. Lorsqu'il y a des critiques de ce
côté, cela peut suivre par une loi et cela pourra suivre par des
lois contraignantes, par les mêmes contraintes que, personnellement, je
vois dans le livre blanc.
Quand vous dites à la page 9 "...d'abord, le livre blanc ne
précise pas qui pourra intervenir lors de ces campagnes..." et vous
continuez en disant: "...si un organisme ou si un individu ont
été refusés dans des organisations ad hoc et
décident de parler, de convoquer des conférences de presse, quel
contrôle entendez-vous avoir sur eux," et vous continuez...
Je ne sais pas si vous l'avez dans votre copie, mais je l'ai dans la
mienne "...et celui qui décide de parler outre-frontière,
à Ottawa, ou à Toronto, que prévoyez-vous dans ce cas?
Pourriez-vous expliciter votre pensée?
M. Généreux: Oui, d'ailleurs, je tiens à le
faire.
M. Ciaccia: Suggérez-vous que le gouvernement
enlève le droit de parole...?
M. Généreux: Si vous permettez, je tiens d'ailleurs
à préciser. Vous semblez interpréter des propos qui sont
dans le mémoire et qui sont très
précis. Nous soulignons l'importance de l'information, je l'ai
dit ce matin et je l'ai dit hier, nous croyons au professionnalisme de la
presse québécoise, dans son ensemble. Nous disons dans tout cela,
et, comme M. de Bellefeuille tantôt ne semblait pas trop d'accord, je dis
que le gouvernement n'a pas à intervenir par des lois pour contraindre
la liberté d'expression de nos media d'information. C'est clair. Pour
nous, dans notre esprit, ce n'est pas du tout ce que nous demandons dans notre
mémoire.
Nous invitons, par l'intermédiaire, bien sûr, de la
commission parlementaire ici, les journalistes qui en discutent depuis fort
longtemps à se donner un code d'éthique et puisque, finalement,
lorsqu'on parle d'égalité des chances dans les expressions
d'opinion lors d'un référendum donné, bien sûr, au
niveau de la loi, on va encadrer certaines choses, le financement, les
organisations ad hoc, le pour et le contre, etc., mais, justement,
l'information est aussi véhiculée dans son ensemble et
nécessite de l'objectivité aussi, et nous faisons appel au
professionnalisme qui existe des journalistes pour le faire. C'est dans ce sens
que les questions qui sont posées le sont pour illustrer l'importance de
l'information et justement parce que nous croyons à cette liberté
d'expression, et l'exemple donné du Montreal Star tantôt est une
illustration de choses qui sont fausses.
M. Ciaccia: C'est faux, d'après votre opinion.
M. Généreux: J'ai assisté à la
commission parlementaire moi aussi.
M. Ciaccia: Vous avez le droit à votre opinion, mais le
Montreal Star a le droit à la sienne aussi.
M. Généreux: II y a une différence entre
opinion et traduction.
M. Ciaccia: Et si vous voulez nous donner des faits ou si le
député de Deux-Montagnes nous donne des faits, je crois qu'il
faut accepter que chacun a droit à son opinion et c'est ce qui
m'inquiète aussi; je ne parle pas du code d'éthique.
Vous parlez du code d'éthique plus loin. Dans votre
mémoire, vous demandez au gouvernement quel contrôle il entend
avoir sur eux? Vous posez une question, présupposant que vous voulez que
le gouvernement vous dise qu'il va contrôler le droit de parole, le droit
de convoquer des conférences de presse.
M. Généreux: Absolument pas. J'espère
conserver ce droit au Québec et que tous les Québécois
vont le conserver, sauf que le livre blanc n'en parle pas; nous soulignons que
cet aspect n'a pas été abordé et nous pensons qu'il faut
reconnaître cette liberté d'expression.
M. Ciaccia: De vous, je peux accepter... même, je trouve
que cela a moins de conséquence, certaines opinions que vous pouvez
exprimer, mais le député de Deux-Montagnes, qui est, je crois
l'adjoint parlementaire du ministre des Communications...
M. Mackasey: Cela fait une différence.
M. Ciaccia: Alors, quand il prend vos propos...
M. Mackasey: ... quelques chiffres...
M. Ciaccia: ... cela me donne...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, la parole est à votre
collègue.
M. Guay: M. le Président, M. le député de
Deux-Montagnes est adjoint parlementaire aux Affaires culturelles. C'est moi
qui ai le plaisir...
M. Lavoie: C'est encore pire.
M. Guay: La brume n'est pas encore levée du
côté de Laval.
M. Mackasey: Evidemment que si... M. Ciaccia: "No comment".
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! A l'ordre!
M. Ciaccia: "No comment. '
Une Voix: II n'y a encore aucun remaniement ministériel en
vue.
M. Ciaccia: Mais, pour continuer sur la question du droit de
l'information, si vous voulez laisser strictement au gouvernement le droit
d'information, ne trouvez-vous pas que le gouvernement est en conflit
d'intérêts? C'est un gouvernement... Son option est claire. Son
objectif est clair. Il a le droit d'avoir son opinion, mais, en donnant cette
information, si le même organisme qui veut, préconise et nous dit,
et qu'on entend dans les discours, que c'est inévitable, que la
séparation est là.
S'il faut se fier à ce même organisme pour l'information,
ne croyez-vous pas que cette information ne sera peut-être pas aussi
objective, aussi complète, aussi équilibrée que si elle
venait d'autres sources?
M. Généreux: Si ce que vous dites était
vrai, je serais obligé d'être d'accord avec vous, mais je
regrette, ce n'est pas ce que le livre blanc prévoit. L'information,
dans la campagne référendaire, sera donnée par des groupes
de participants. On parle de comité provisoire, de comité
national pour chacune des thèses, le oui ou le non. L'information sera
donnée par ces organismes-là et non par le gouvernement. Il est
faux de prétendre que l'on tente de donner le monopole de l'information
à l'Etat. Au contraire, le livre blanc prévoit un
mécanisme d'égalité des chances pour les tenants de
chacune des deux thèses.
M. Ciaccia: D'après le livre blanc, les participants
seront des organismes qui seront établis par le gouvernement et le
Barreau du Québec, pour lequel, je crois, nous avons tous le plus grand
respect, s'inquiète justement de ce point-là. Je voudrais vous
demander votre réaction. Dans son mémoire, le Barreau dit qu'il
est d'opinion que le regroupement obligatoire d'associations diverses et de
tendances par ailleurs variées je cite le mémoire
peut mettre gravement en péril la liberté d'association. Alors,
par le mécanisme que vous appuyez, que le gouvernement a
suggéré, nous avons une atteinte possible et je partage
cette opinion et ce n'est pas seulement la mienne, nous avons l'opinion du
Barreau du Québec il y a atteinte à la liberté
d'association. S'il y a atteinte à la liberté d'association, il
va y avoir nécessairement atteinte à la liberté
d'information et à la liberté du droit de parole. Alors, quelle
est votre réaction à cela?
M. Généreux: D'abord, j'étais présent
lors de la présentation du mémoire; le Barreau du Québec
disait très bien qu'il n'avait pas de solution de rechange à
proposer pour assurer aussi un contrôle des dépenses
référendaires et comment l'Etat doit intervenir pour aider les
gens à s'exprimer. Je pense qu'il faut aussi, en plus du texte, se
référer aux interprétations qui ont été
données hier par les représentants du Barreau.
M. Ciaccia: Le fait qu'il n'avait pas de solution de rechange
n'enlève pas le problème qu'il a souligné. Ce
n'était pas à ces gens à donner de solution de rechange,
parce que ce n'est pas leur rôle de dire comment vous allez
contrôler les dépenses, etc.
M. Généreux: Non.
M. Ciaccia: C'est à eux de souligner le danger de cette
solution qui porte atteinte à la liberté d'association.
M. Généreux: Nous croyons que cette solution de
regroupement possible dans deux ou trois groupes d'intervention est une
solution qui ne contraint pas du tout la liberté d'expression des
citoyens. C'est tout simplement un mécanisme pour canaliser ou
focaliser, si vous voulez, les interventions des gens qui vont le faire selon
leurs dimensions à eux, qui vont avoir la liberté
d'adhérer à l'un ou à l'autre des groupes. Si on a une
question claire et nette, il y aura deux groupes, par hypothèse, les
gens pourront s'y associer et, à travers ce mécanisme,
bénéficieront d'instruments de travail, d'assistance
financière de l'Etat, quelle que soit leur opinion. Je pense que c'est
un mécanisme pour faciliter la participation des citoyens et c'est
peut-être la seule façon d'assurer ce qui est fondamental,
l'égalité des chances pour chacune des tendances qui vont se
manifester face à un référendum. Je ne suis pas d'accord
pour dire que cela puisse brimer la liberté d'expression; au contraire,
c'est un instrument qui, tout en assurant l'intervention de l'Etat au niveau du
financement parce que je pense que c'est important qu'il y en ait une,
qu'il y ait un contrôle à ce niveau-là peut assurer
à tout le monde l'accessibilité aux mêmes moyens de
communication avec l'ensemble de la population québécoise.
M. Ciaccia: Vous avez droit à votre opinion. M.
Généreux: J'espère.
M. Ciaccia: Je ne la partage pas. Quand vous dites que cela
protège même le droit de participer au niveau des dépenses
financières... Si vous avez trois organismes et si deux sont
fédéralistes et un séparatiste ou vice versa,
immédiatement, vous donnez deux fois plus de financement à un
côté qu'à l'autre. C'est seulement une des
difficultés. Mais je vais prendre un autre sujet, parce que l'heure
avance. Je ne voudrais pas prendre le droit de parole de mes collègues.
Revenons un peu sur la question de la langue, le droit de vote unilingue. Je ne
parle pas de ce qui devrait arriver à l'avenir. Quand vous parlez de la
loi 101 ou quand on parle de la loi 22, on parle d'une loi linguistique qui
nous dit: Ecoutez, au Québec, la langue de communication est le
français.
Sur ce principe, je crois qu'il n'y a eu aucun désaccord de notre
côté, sur certaines modalités, mais sur le principe, pas de
désaccord.
Ne croyez-vous pas que vous portez atteinte, je parle des groupes
ethniques, à ceux qui, pour une raison ou une autre ce n'est
certainement pas leur faute à eux se sont retrouvés dans
un réseau d'enseignement les rendant aujourd'hui unilingues anglais?
Même s'ils ne sont pas unilin-gues anglais, même s'ils sont
bilingues, ils s'expriment mieux ou comprennent mieux une question de langue
anglaise, pas de langue française. Ne pensez-vous pas que votre
suggestion, le droit de vote seulement dans une langue, porte atteinte aux
droits de ces personnes, comme à moi-même? Si je comprends mieux
une langue qu'une autre, ne pensez-vous pas que vous m'enlevez le droit de
vote? Ne croyez-vous pas que c'est plutôt une loi punitive? C'est bien
beau de dire que ces gens auraient dû apprendre le français, je
suis d'accord, mais aujourd'hui on leur pose une question sur leur avenir et
mon avenir, au Québec, est aussi important que votre avenir.
Je veux avoir la même liberté d'expression et je ne veux
pas me faire enlever le droit de vote. Ne croyez-vous pas que votre suggestion
est vraiment une punition? On va punir ces gens. On dit: Ils auraient dû
apprendre le français et, s'ils ne le savent pas, ils vont apprendre
qu'à l'avenir ça se passe en français au
Québec.
M. Généreux: M. Ciaccia, vous dites vous-même
que vous voulez vous exprimer de la même façon, faites-le en
français. Vous dites vous-même que vous voulez vous exprimer de la
même façon que les autres, alors faites-le en français. Ce
que nous disons...
M. Ciaccia: Ne parlez pas trop près de votre micro, je
n'entends pas.
M. Généreux: D'accord. Vous avez dit tantôt:
Je veux pouvoir m'exprimer de la même façon.
C est ce que nous disons justement, que tous les gens puissent le faire
de la même façon, en français. C'est une parenthèse.
Mais, fondamentalement...
M. Ciaccia: II ne s'agit pas de s'exprimer, c'est le droit de
vote, le droit de décider de son avenir. Est-ce qu'il va y avoir deux
classes de citoyen au Québec?
M. Généreux: Tous les citoyens du Québec,
nous l'avons dit, et je le répète encore souvent je parle
des Québécois anglophones, portugais ou autres sont des
Québécois tout comme nous, ils doivent participer à cette
décision, ils doivent avoir accès à toutes les
informations, autant que les francophones du Québec. Notre
responsabilité est de leur assurer cette accessibilité, mais nous
avons aussi une volonté manifestée par l'Etat du Québec de
faire un Québec français. La loi 101 est là, elle doit
être appliquée. Elle doit être appliquée et ce n'est
pas au détriment des minorités, au contraire. Je pense que c'est
une volonté collective qu'on s'est donnée au Québec de
faire du Québec un Etat français.
L'accessibilité à l'information peut se donner par une
foule de moyens. L'Etat doit les mettre sur pied pour les anglophones ou pour
les autres groupes ethniques du Québec qui ne comprendraient pas
suffisamment le français pour se juger suffisamment informés lors
d'un référendum. Ce n'est pas la question en français sur
le bulletin qui va brimer l'expression d'un électeur. Je ne le pense
pas.
M. Ciaccia: II faut comprendre de la même façon que
les anglophones doivent comprendre la réalité et s'adapter. Il
faut aussi comprendre les aspirations culturelles et le point de vue... Il
faudrait aussi faire un effort pour connaître l'approche de certains
groupes ethniques et ceux qui craignent les groupes ethniques. Il y a une
certaine intimidation... Il ne faudrait pas donner cette impression qu'on veut
intimider tout un secteur de la population, parce que, si ce n'est pas clair,
ils n'iront pas voter.
Je sais que ce n'est pas votre but. J'espère que ce n'est le but
de personne ici autour de la table. Quand vous répondiez au
député de Deux-Montagnes en disant: On veut que ces gens
s'intègrent. Savez-vous la meilleure manière de nous
intégrer? Je me considère intégré, je ne parle pas
peur moi personnellement, je parle pour beaucoup de groupes qui me font des
représentations. Ce n'est pas avec une masse sur la tête.
Ce serait plutôt en respectant leurs préoccupations et
surtout en respectant leurs droits et le droit de vote en toute liberté
et en toute connaissance, et de comprendre ce qu'on leur demande, est un droit
fondamental, peu importe le fait qu'il y a vingt ans ou dix ans, ils n'ont pas
eu l'occasion, pour une raison ou pour une autre, d'apprendre le
français, qu'ils sont allés aux écoles anglaises et ne
peuvent pas s'exprimer comme ils le veulent, en français. C'est un droit
très fondamental.
Je voudrais passer à une autre question. Le point a
été soulevé, vous voulez le vote comté par
comté...
M. Charbonneau: M. le Président, j'ai l'impression que le
témoin voulait répondre avant que le député...
M. Généreux: Avant de passer à une autre
question, j'aurais peut-être à préciser une chose.
M. Ciaccia: Je n'ai pas d'objection.
M. Généreux: Je pense que vous avez émis un
principe qui est fondamental au Québec. Ce que nous suggérons, ce
n'est pas un coup de masse sur les minorités, au contraire. Nous avons
insisté, jusqu'à maintenant, sur le besoin d'information des
citoyens, de tous les citoyens, de quelque origine ethnique, et de quelque
langue que ce soit. Vous avez extrapolé et élargi la
portée de notre recommandation au niveau de l'information des citoyens,
alors que nous avons insisté sur le besoin d'informer autant les
anglophones, les Italiens, les Polonais, que les francophones, comme citoyens
québécois.
M. Ciaccia: C'est le droit de vote et je crois que c'est un droit
fondamental. Sur un autre sujet, vous parliez d'un scrutin comté par
comté, et vous vous êtes référés au West
Island, en disant: On sait d'avance comment ils vont voter. A la page 10, vous
dites que vous voulez procéder comté par comté, parce que
vous dites que vous préférez cette façon de
procéder afin de bien identifier le vote. Je suis un peu inquiet.
On m'a toujours enseigné que le droit de vote, c'était
secret. Comment je vais voter, c'est mon affaire. Si je multiplie par 5, 10, 10
000, 20 000 ou 50 000, le même principe est là. Pourquoi
voulez-vous identifier certains comtés? Vous visez West Island, vous
auriez pu en viser d'autres. Pourquoi voulez-vous identifier un
comté?
M. Généreux: Je pense qu'il n'y a pas d'accroc au
principe non plus. Actuellement, dans une élection, on sait quel
comté a voté pour tel parti ou tel autre parti. Je pense
qu'à un moment donné, cela ne touche pas du tout le principe du
secret du vote de l'individu.
Si nous demandons que le décompte se fasse comté par
comté, c'est dans le but de posséder, à la suite d'un
référendum, quel qu'il soit, puisqu'il est facultatif, toutes les
données d'analyse.
Je donnais hier l'exemple d'un référendum sur le zonage
agricole. Je pense qu'il serait important de savoir si les comtés
urbains ont voté oui ou non et si les comtés urbains ont fait
bloc, alors que les comtés ruraux auraient fait bloc d'un autre
côté. Il faut être capable d'identifier le vote. C'est un
sondage.
Le référendum est facultatif, d'autant plus que nous
devons pouvoir l'analyser de par l'origine du lieu des gens qui sont
concernés. Même sur la question du référendum sur la
constitutionnalité, sur l'avenir constitutionnel du Québec, nous
devrons être en mesure d'analyser les positions des
Québécois, selon les différentes régions où
ils se retrouvent à travers le Québec. Il faut se donner le plus
d'instruments possible d'analyse des résultats d'un
référendum, quel qu'il soit. Cela ne porte absolument pas
atteinte au respect du droit de secret du vote. Cela n'a rien à voir
avec cela.
M. Ciaccia: II faudrait peut-être réfléchir
que, premièrement, un référendum sur le zonage agricole
n'équivaut pas à un référendum sur l'avenir...
M. Charbonneau: Tous les référendums.
M. Ciaccia: M. le Président, s'il vous plaît, est-ce
que je peux terminer?
M. Burns: Oui, on espère.
M. Ciaccia: Je finirai quand j'aurai les réponses. Ce
n'est pas dans le but de vous bousculer, M. le ministre?
M. Burns: Moi non plus, je ne veux pas vous bousculer.
M. Ciaccia: Vous connaissez trop les droits des minorités
pour faire cela.
M. Burns: Bien sûr.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: Qu'on sache que les agriculteurs votent d'une autre
façon que les gens des centres urbains, ce n'est pas cela qui va
perturber l'atmosphère sociale. Mais j'en viens à ceci, ce que je
crains, cela va être un sujet assez émotif.
Au lendemain du référendum, je n'ai aucunement l'intention
de m'en aller du Québec. Il faut que je vive ici, il faut que je vive
avec vous et il faut que vous viviez avec moi. Ce que je crains par votre
paragraphe ici, ce sont les conséquences sociales possibles dans
laissez-moi finir, un instant! l'atmosphère d'émotion et
certains groupes vont dire: Ah! Ah! de ce côté, regardez, ils ne
respectent pas nos aspirations. Dans ce sens, ce n'est pas secret. Il faudrait,
tout comme vous le souligniez, que la question soit claire et précise et
je suis entièrement d'accord avec cela. Les règles doivent
être connues de tous. Un des buts d'avoir une question précise,
c'est de ne pas avoir de conséquences le lendemain, de ne pas se
réveiller et dire: Ce n'est pas cela que je voulais. Cela pourrait
perturber le climat social. Je soutiens et je pense que si on essaie
d'identifier les comtés, non seulement cela peut avoir des
conséquences assez négatives, mais cela va créer des
divisions encore plus grandes que celles qui existent au- jourd'hui dans notre
société, que ce soit le West Island ou que ce soit la ville de
Québec.
M. Mackasey: Ou le Montreal Star.
M. Ciaccia: Non, je crois que... M. Mackasey: La
même chose.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Mackasey: Révision, pas le Montréal Matin, le
Montreal Star.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît! M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, à l'ordre, s'il vous
plaît! Respectez le droit de parole de votre collègue.
M. Mackasey: Je m'excuse.
M. Ciaccia: Ne craignez-vous pas vraiment que cela se produise?
On devrait faire notre possible pour éviter ce genre de situation afin
d'avoir le résultat qu'on puisse vivre en paix ensemble.
M. Généreux: Si un gouvernement accepte de
soumettre l'avenir constitutionnel du Québec à une consultation
directe par voie de référendum, c'est parce qu'on accepte qu'il y
a des gens qui peuvent être contre la thèse gouvernementale. Il ne
faut pas jouer à l'autruche.
A partir de là, je pense que, comme vous le disiez tantôt,
et je suis heureux de vous l'entendre dire, vous devrez demeurer au
Québec vous aussi, par la suite, et j'espère que tous ceux qui,
comme vous, ne sont pas francophones d'origine, le feront. Je ne pense pas que
le fait que l'on puisse identifier, par comté, le résultat
puisse, au lendemain d'un référendum qui dirait oui à la
souveraineté-association, par exemple, que cela puisse modifier le
comportement et les chances de conciliation, d'entente et de participation pour
créer un nouveau pays. Je ne pense pas que cela puisse se faire, mais il
est normal qu'on puisse, comme collectivité, évaluer quelle
région du Québec, parce que ce n'est pas seulement le cas des
anglophones, il y a peut-être des régions du Québec
où ce sont des francophones qui voteront majoritairement "non" à
une volonté gouvernementale de faire la
souveraineté-association.
M. Ciaccia: Pourquoi identifier? Pourquoi voulez-vous
identifier?
M. Généreux: Je ne le sais pas. Pourquoi
identifier? Pour être capable d'analyser réellement, avec toutes
les données possibles, la volonté populaire qui serait
exprimée dans un référendum. Quand on nous parle...
M. Ciaccia: Mais vous dites que le gouvernement devrait
accéder au résultat. Une fois que le
résultat est connu, quel est le but d'identifier ce vote?
M. Généreux: Je vais vous donner un exemple. Vous
parlez du West Island. On en parle dans notre mémoire aussi, la
région dite West Island, l'ouest de Montréal. Lors du
référendum sur l'avenir constitutionnel du Québec,
même si on faisait un recomptage global à l'échelle du
Québec, je pense qu'on serait en mesure de tenir pour acquis que ces
gens auront voté contre dans une plus large mesure qu'ailleurs au
Québec. C'est leur droit.
M. Lavoie: Non à quelle question?
M. Généreux: Dans l'hypothèse que la
question porterait sur la souveraineté du Québec. Je ne sais pas
quelle question. Je vous ai dit que je n'ai jamais voulu vous suggérer
de question depuis hier et vous ne m'amènerez pas sur ce terrain. Quand
vient le temps d'analyser les données d'un référendum, on
doit posséder le plus d'outils possible. Il y a un outil qu'il est
facile de se donner à travers le mécanisme déjà
prévu, puisque l'organisation du référendum sera sur la
base des comtés. Il est très facile d'obtenir cette
donnée. Pourquoi ne pas se la donner? Je ne pense pas, comme vous le
souligniez tantôt, que cela puisse compromettre les relations entre les
différents groupes ethniques au lendemain d'un référendum.
Je ne le pense pas.
Si ces relations sont si fragiles qu'elles seraient atteintes par le
seul fait qu'on connaît les résultats par comté,
j'espère plus que cela de la conciliation des différents groupes
au Québec.
M. Ciaccia: Même si elles ne sont pas si fragiles, je ne
pense pas qu'il faudrait encourager davantage les divisions qui existent.
Seulement un dernier point, M. le Président. Ne craignez-vous pas que,
par certaines suggestions que vous faites, par exemple la question
française seulement, vous voulez donner le droit de vote à ceux
qui ont 16 ans, et qui sont ici depuis trois années... Vous voulez
limiter, vous êtes d'accord avec le gouvernement sur les participants.
C'est une façon de limiter la façon dont ils vont participer.
Vous parlez de certaines limites pour la date de la campagne
référendaire, quoique le gouvernement n'ait pas cette limite, il
l'a déjà commencée. Vous faites votre
référence au West Island.
M. Charbonneau: Vous pensez, vous autres! Voyons donc!
M. Ciaccia: Je sais que ce n'est pas votre intention, mais ne
pensez-vous pas que vous donnez l'impression, par ce genre de restrictions, de
vouloir limiter le droit de vote seulement à ceux qui vont voter en
faveur du séparatisme? Ne pensez-vous pas que c'est l'impression que
vous donnez? Ici, je dois rejoindre le ministre qui... M. le Président,
s'il vous plaît! Le ministre, hier, et je suis entièrement
d'accord avec lui, a dit qu'il ne faut pas, à ce stade, changer les
règles pour que la population ait l'impression qu'on essaie de
restreindre, parce que ce n'est pas suffisant que la justice soit faite, mais
elle doit paraître. La question que je vous pose, c'est: Ne pensez-vous
pas que l'impression que vous donnez, c'est vraiment de vouloir restreindre
ceux qui vont avoir le droit de vote ou vont aller se prononcer... Parce que,
si un "ethnique" je vous le dis d'avance ne comprend pas la
question et s'il y a une certaine atmosphère, il n'ira même pas
voter. Alors, il faut que ce soit entièrement ouvert. Est-ce que je
pourrais avoir vos commentaires?
M. Généreux: Je ne suis pas maître de vos
impressions, mais ce n'est pas du tout l'impression que nous avons voulu
donner. Au contraire, nous intervenons sur un projet de loi qui doit assurer
les garanties fondamentales. Dans ce sens, nous croyons que ce projet de loi
les garantit et donne les possibilités d'accès à
l'information aux gens pour participer à la campagne
référendaire. Il faut établir certaines normes, comme le
délai, où on dit que cela ne devrait pas excéder 60 jours,
parce qu'à un moment donné, il faut que le débat soit
quand même centré sur une période assez concentrée
pour que les gens puissent vraiment être motivés à travers
une campagne référendaire.
Quand on parle des trois ans de résidence au Québec, c'est
la simple logique qui nous y amène. Je le disais hier, dans l'ensemble
canadien, au niveau fédéral, actuellement, la citoyenneté
canadienne, c'est trois ans. On a réduit de cinq ans à trois ans
la période de résidence au Canada pour être citoyen
canadien. C'est le même critère lorsqu'on dit: Nous, comme
collectivité québécoise, pour décider de notre
avenir, appliquons au moins la même logique et disons qu'il faut avoir au
moins trois ans de résidence au Québec pour pouvoir s'exprimer
lors d'un référendum. Je pense que c'est normal. Ce n'est pas du
tout contre qui que ce soit. C'est une question d'avoir un minimum
d'enracinement. Quelqu'un qui est ici depuis trois ans, normalement, c'est une
personne qui a l'intention de demeurer au Québec. C'est une façon
d'identifier les gens qui veulent vivre au Québec. Il y a des gens de
passage au Québec pour un an ou deux. Je ne vois pas pourquoi ils
auraient à se prononcer là-dessus. C'est la même logique
que celle de la Loi de la citoyenneté canadienne, finalement. C'est tout
à fait normal. Ce n'est pas restreindre du tout la liberté
d'expression.
M. Ciaccia: Je n'ai plus de questions, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Une
dernière intervention, M. le député de Terrebonne.
M. de Bellefeuille: M. le Président, à l'article
96, je voudrais rétablir les faits.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. de Bellefeuille: Le député de Mont-Royal a
déformé mes propos. Il a peut-être besoin des services d'un
oto-rhino-laryngologiste, pas pour la partie rhino, ni pour la partie laryngo,
mais pour la partie oto, il ne semble pas entendre très clairement. Je
n'ai évidemment pas, par mes propos, porté atteinte à la
liberté de la presse. Je n'ai évidemment pas, par mes propos,
proposé que quiconque porte atteinte à la liberté de la
presse, au contraire, j'ai dit, et le journal des Débats en fera foi,
que je m'opposerais, je me suis opposé à toute idée que le
gouvernement intervienne en ces matières et, par conséquent, la
liberté de la presse au Québec est mieux garantie que nulle part
ailleurs au Canada, sinon nulle part ailleurs au monde.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Deux-Montagnes. M. le député de
Terrebonne.
M. Fallu: M. le Président, je vous remercie.
Nos invités, ce matin, reconnaissent, en conséquence du
livre blanc ou dans la logique du livre blanc, que le processus
référendaire devra s'inscrire le plus possible dans le processus
électoral connu, vécu au Québec, aménagé
progressivement dans les presque deux cents ans de vie parlementaire et
d'élections que nous avons vécu, ce qui fait de nous, d'ailleurs,
un des plus vieux peuples modernes de la terre.
Vous avez même, à l'occasion de votre présentation,
voulu également, non seulement toucher à l'aspect
référendaire comme tel, c'est-à-dire la loi-cadre, mais
toucher à certains aspects de la loi électorale; ce sont ces
aspects seulement que je voudrais toucher ce matin.
Vous avez déjà, suite à certaines interventions de
quelques collègues ici, à cette table, donné des
réponses relatives au processus parlementaire du débat de la
question, sans suggérer qu'il ne serait pas, selon nos traditions
parlementaires, une loi spécifique pour un référendum
donné, mais bien le processus régulier par voie de motions et de
débat en Chambre. Il est déjà prévu, d'ailleurs,
dans nos règlements, un débat de 25 heures.
Vous avez également émis certains autres avis sur la carte
d'électeurs. Cela, je crois que, collectivement, nous sommes en
état de réflexion sur le sujet. Vous avez également
émis un avis sur la durée maximale du temps
référendaire. Je passe sur vos suggestions sur le mois, voire
même le jour de la semaine; ces réflexions sont
intéressantes. Je vais en retenir deux, cependant, sur lesquelles
j'aimerais avoir, de votre part, quelques précisions.
Lorsque vous nous recommandez que soient inscrits sur la liste
d'électeurs les Québécois qui ont au moins fait un
séjour de trois ans au Québec, pour moi, ce n'est vraiment pas
clair. Ces trois ans, est-ce que c'est sur la base de la "citoyenneté
canadienne", celle qui est reconnue, ou si c'est sur la base d'un séjour
d'un étranger? Est-ce que c'est sur la base d'un immigrant qui a
séjourné trois ans au Québec? Est-ce que c'est sur la base
d'un Britannique, donc, un citoyen britan- nique vivant au Québec depuis
trois ans? Est-ce que c'est sur la base de Québécois
domiciliés ou résidant, parce que la nuance est fondamentale, au
Québec depuis les trois dernières années,
consécutives ou non? Est-ce que c'est un Québécois qui
réside au Québec depuis, disons, un an ou deux, mais qui est
d'origine québécoise, qui est né au Québec, puisque
la citoyenneté n'existe pas présentement? Est-ce que ce sont
également les Québécois vivant à l'étranger,
notamment ceux qui se trouvent en mission, soit à travers des organismes
nationaux, à savoir Maison du Québec ou autres; ou encore des
organismes de types internationaux comme l'ACDI; ou qui travaillent pour un
gouvernement du Canada et qui sont postés provisoirement dans des
ambassades, des consulats à l'étranger ou qui travaillent pour
des multinationales à l'étranger, ou autres? Pour moi, cette
notion n'est vraiment pas claire et nous sommes en recherche, dans ce domaine
justement, en vue d'une réforme électorale qui, comme je le
disais au départ vous l'admettez vous-mêmes est en
complémentarité avec la loi-cadre des
référendums.
M. Généreux: Si vous permettez, sur cette question,
en ce qui concerne notre recommandation à la commission parlementaire,
cela se réfère à la loi électorale actuelle, qui
contient sa propre définition du domicile québécois.
L'article 47 commence en disant: "Possède les qualités
requises pour être électeur et peut être inscrit sur une
liste électorale toute personne physique qui réunit les cinq
conditions suivantes..." et on les énumère, en commençant
par être domicilié dans la province de Québec.
Pour le moment, ce que nous recommandons, c'est tout simplement
d'amender l'aspect du paragraphe a), qui dit qu'en plus du domicile, il faut
avoir une résidence depuis une année au Québec.
Actuellement, on dit un citoyen canadien on n'a pas la
citoyenneté québécoise pour le moment
domicilié au Québec et résidant au Québec depuis au
moins un an.
Bon! Les autres conditions, nous ne les avons pas abordées et
nous ne recommandons pas de les changer dans le contexte actuel.
Tout ce que nous demandons, c'est que la condition d'une année de
résidence au Québec soit portée à trois ans, selon
la même logique du gouvernement fédéral qui reconnaît
la citoyenneté après trois ans de résidence au Canada.
Nous demandons trois ans de résidence au Québec. C'est
simplement cet amendement qui s'insère dans la conception, dans la
philosophie actuelle de la loi électorale.
Cela répond-il à votre question?
M. Fallu: Oui. Enfin, cela donne votre avis. J'aurais
néanmoins besoin d'une précision supplémentaire, si vous
permettez, concernant l'inscription sur ces listes des Québécois
vivant à l'étranger. Que ferait-on pour ceux qui
séjournent à l'étranger et qui travaillent
nommément dans des organismes gouvernementaux québécois?
Ainsi
que ferait-on par exemple, des représentants
québécois à Bruxelles ou à Paris?
M. Généreux: C'est une question d'absence
temporaire qui n'affecte pas la qualité d'être citoyen
québécois, d'être domicilié... On le dit même
dans la loi actuelle que l'absence temporaire pour occuper une fonction
à l'extérieur du Québec n'affecte pas le critère du
domicile. On reconnaît quand même qu'on a le droit de vote. Je
crois qu'on devrait maintenir cela.
Je pense que le Québécois qui s'absente pour remplir une
fonction à l'étranger demeure un Québécois. Cela
doit être inclus dans la définition du domicile, qu'il ne cesse
pas d'avoir son domicile au Québec à cause d'une absence
temporaire pour occuper une fonction à l'extérieur.
M. Fallu: En conséquence, faudrait-il faire un
rencensement électoral hors les frontières actuelles du
Québec? Faudrait-il faire un recensement électoral avec scrutin,
en l'occurrence, au moment d'un ou l'autre des référendums, par
exemple, à Paris, Bruxelles, New York ou Toronto?
M. Généreux: II faudrait avoir à tout le
moins un mécanisme pour permettre à ces gens au moins de demander
d'être inscrits, parce qu'il peut être difficile de retracer toutes
ces personnes. Si on en fait une responsabilité de l'Etat, on risque de
faire des omissions sérieuses. Il faudrait au moins avoir un
mécanisme pour que ces gens puissent demander à être
inscrits.
M. Fallu: Ma seconde question porte sur le décompte des
suffrages. Le livre blanc, à la page 19, reste très ouvert. Nous
sommes en état de réflexion collective ici. Vous avez
proposé la première des deux hypothèses
énoncées dans le livre blanc, à savoir le décompte
des votes par comté. C'est un fait que s'inscrivant dans le
mécanisme électoral habituel au Québec, il y a là
des habitudes, mais, bien au-delà, il y a des mécanismes
électoraux, à savoir qu'il y a un président
d'élection. A ce compte, je ne veux nullement intervenir dans les
charades qu'on a entendues tantôt sur la restriction des libertés.
Il n'y a pas plus de restriction de libertés lorsqu'on fait les
décomptes des votes libéraux ou péquistes dans un
comté, que ce soit Westmount ou autre... Cela donne le résultat
que cela donne ici, mais ceci est autre chose.
Vous avez donc émis une opinion. Néanmoins, je ne crois
pas que vous l'ayez fondée devant nous ce matin autrement que par la
capacité de décompter. En pragmatique, je voudrais vous demander
si vous y voyez également un fondement fonctionnel.
M. Généreux: Sur cette question, on se
réfère à l'ensemble des référendums. C'est
l'utilisation possible, l'utilité pour le gouvernement et pour les
citoyens d'être en mesure d'analyser les résultats d'un
référendum. C'est l'objectif pour lequel nous demandons que le
décompte soit fait au niveau des comtés.
Je pense que c'est facilement réalisable.
M. Mackasey: J'invoque le règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: J'accepte les questions qui sont valables et
nécessaires et les réponses des témoins, mais... Je
m'excuse. Je ne vois aucune différence entre cette question... et la
question que vous m'avez défendue...
Vous ne savez pas encore quelle question je vais poser.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je les
ai refusées. Je m'en rappelle fort bien.
M. Mackasey: Ce n'est pas une question d'anticipation. J'ai
posé au témoin une question, à savoir si le
référendum...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, puis-je vous poser une
question? Est-ce que vous admettez que les questions sont pertinentes au
débat?
M. Mackasey: Oui. Et est-ce que je peux vous poser une
question...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
c'est la seule... Quelle est votre question de règlement?
M. Mackasey: ... pour obtenir une directive? Est-ce qu'il n'est
pas nécessaire, pour le débat, de savoir si les témoins
veulent un référendum la semaine prochaine ou dans deux ans?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce...
M. Mackasey: Pourquoi non?
M. Burns: Voyons donc!
M. Mackasey: C'est la même question, quelle
différence?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, à l'ordre!
M. Mackasey: Je ne demande pas pourquoi on n'est pas prêt
à prendre...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II n'y a
aucune question de règlement là-dessus puisque vous-même,
vous avez admis, dans votre préambule, que les questions et les
réponses qui étaient données aux questions étaient
correctes et dans le cadre du débat. Là, vous revenez tout
simplement sur le sujet.
M. Mackasey: Je prétends que la question que j'ai
posée était aussi dans le cadre du débat.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît,
vous revenez tout simplement sur une décision que j'ai rendue
tout à l'heure.
M. Mackasey: Non, je veux que vos décisions soient
uniformes et je vais toujours les accepter.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, j'essaie de rendre mes
décisions avec la plus grande objectivité, même si certains
en doutent, avec toute l'objectivité possible et je considère
qu'il y a un article de notre règlement qui dit qu'on ne peut en appeler
d'une décision de la présidence. Si vous avez une question de
règlement à soulever sur la pertinence des questions
posées par le député de Terrebonne, faites-le...
M. Mackasey: Je vais faire exactement cela, mais je
prétends que ces questions sont...
M. Charbonneau: Vous vous contredisez. Vous venez de dire que
c'était pertinent.
M. Mackasey: Etes-vous le président?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Charbonneau: Vous venez de dire que c'était pertinent,
voyons donc! On perd assez de temps avec vous ici.
M. Mackasey: Etes-vous le président, ici? Je ne pense pas.
Vous n'êtes pas le président ici.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Charbonneau: Vous n'avez de leçon à donner
à personne ici.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît, M. le député de
Verchères.
M. Mackasey: Je pose des questions au président.
M. Charbonneau: Vous vous contredisez vous-même.
M. Mackasey: Je pose des questions au président, je n'ai
pas besoin de votre appui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, tout le monde, s'il vous plaît! M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, je pense et je crois qu'il est question... Sur
l'intervention du député de Terrebonne.
M. Mackasey: Je pense que le problème, M. le
Président, c'est que vous ne me donnez pas la chance, au moins... Vous
pouvez dire, quand j'ai fini, que j'enfreins le règlement, mais j'ai le
droit d'invoquer le règlement. J'ai dit que, si les questions du
député sont valables, la question que j'ai posée
était aussi valable. J'ai demandé au témoin si ce n'est
pas à l'avantage de tout le monde de voir le référendum la
semaine prochaine au lieu d'en 1979.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Mackasey: C'est une question valable. Aussi valable que les
questions qu'on pose.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce n'est
pas une question de règlement. Votre question de règlement
actuelle, c'est tout simplement un appel déguisé de la
décision que j'ai rendue tout à l'heure sur la
recevabilité ou la non-recevabilité d'une de vos questions.
M. Mackasey: Je vais accepter votre...
M. Lavoie: Sur la même question de règlement, M. le
Président, l'argumentation du député de
Notre-Dame-de-Grâce est celle-ci: S'il réussit à vous
convaincre que les questions du député de Terrebonne vont au fond
de la question, ce sont des questions substantielles, il vous invite en
conséquence à réviser la décision que vous avez
rendue tout à l'heure et à lui permettre la question que vous
avez refusée. C'est uniquement cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, je pense que je n'ai pas besoin d'autres interventions
là-dessus. Les questions du député de Terrebonne vont
exactement dans le même sens que celles qui ont été
posées tout à l'heure par le député de Mont-Royal,
questions que j'ai acceptées sans aucune intervention d'aucun membre de
cette assemblée et je ne vois pas pourquoi, si le sujet était
recevable et que les questions étaient recevables de la part du
député de Mont-Royal, elles ne seraient pas recevables de la part
du député de Terrebonne, puisqu'elles vont exactement dans le
même sujet, c'est-à-dire le délai de trois ans pour le
droit de vote.
M. Mackasey: ... n'a pas le droit de poser une question, M. le
Président, sur le délai du référendum.
M. Lavoie: Si on a des questions... Est-ce que je pourrais vous
demander une directive, M. le Président?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Lavoie: Est-ce que ce serait possible, lorsque nous avons des
questions litigieuses qui pourraient être refusées, de les faire
poser par le côté ministériel? Elles pourraient
peut-être passer plus facilement.
M. Guay: M. le Président, encore une fois, le
député de Laval met en cause l'objectivité de la
présidence. Je trouve cela...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît...
M. Lavoie: Oui.
M. Guay: Oui, bien...
M. Mackasey: Un délai dans le référendum ou
un délai dans ce qu'on discute, c'est la même chose. Quelle est la
différence?
M. Lavoie: Délai de référendum ou
délai de résidence.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il . vous plaît! A l'ordre, M. le député de
Deux-Montagnes, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Guay: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Remarquez que je ne suis pas tellement surpris que les députés de
chaque côté de l'Assemblée s'interrompent, puisque, de part
et d'autre, la chose se produit régulièrement depuis quelques
heures et je pense que, si les députés qui interviennent ne
veulent pas être interrompus, qu'ils n'interrompent pas les autres, et
cela s'applique à tout le monde.
M. Mackasey: J'accepte, M. le Président, sauf qu'il y a
seulement un président et c'est vous. Pas le député
de...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
mais...
M. Mackasey: ... je n'accepte pas son conseil, mais le
président est ici. Vous êtes le président, d'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, je pense que l'incident est
clos.
M. Charbonneau: On s'entend sur la localisation de la
présidence.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'incident est clos. S'il vous plaît, M. le député de
Verchères.
M. Mackasey: Voilà, ce n'est pas terminé, il
continue.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît,
l'incident est clos!
Une Voix: ... great job... M. Mackasey: ...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Même si vous dites qu'il n'y a qu'un président, on est parfois
porté à se demander si tous les membres ici ne veulent pas jouer
à la présidence.
M. Guay: M. le Président, si je peux me permettre une
question de règlement à mon tour, de façon plus calme. Je
veux bien croire, et le député de Saint-Laurent hier à
l'Assemblée nous en a donné un exemple éloquent, que
l'insinuation est devenue la règle au sein du Parti libéral.
Néanmoins, cette fois-ci, à deux reprises, le
député de Laval, par surcroît ancien président de
l'Assemblée nationale pendant six ans, a insinué que la
présidence manquait d'objectivité.
M. Lavoie: Question de règlement, M. le
Président.
M. Guay: Je m'excuse, je suis sur une question de
règlement, je suis sur une question de règlement.
M. Lavoie: Question de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il vou
plaît...
M. Lavoie: Ecoutez, j'ai été...
M. Guay: Je suis sur une question de règlement, M. le
député de Laval.
M. Lavoie: On a mentionné mon comportement et j'ai le
droit d'intervenir immédiatement, M. le Président, sur une
question de règlement. Dans le respect que j'ai de votre
autorité, ce n'est pas le député de Taschereau qui doit
invoquer vos droits. Vous avez tous les droits voulus dans le
règlement...
M. Guay: Je peux le faire...
M. Lavoie: ... et c'est à vous de les exercer, si vous
avez des droits, et non pas au député de Taschereau.
M. Guay: Je peux soulever une question de règlement sur
cette question. Ce n'est pas au député de Laval qui n'est plus
président, on s'en rend compte...
M. Lavoie: Et vous ne le deviendrez jamais, vous, en tout
cas.
M. Guay: Je n'aspire nullement à le devenir, M. le
député de Laval, n'ayez crainte. Mais il existe, M. le
Président, dans nos règlements, un article qui traite de la
question. Plutôt que de procéder par insinuation, est-ce que je
puis demander, par votre intermédiaire, au député de Laval
d'utiliser l'article 68 et d'en faire une motion de fond
privilégiée, d'avoir le courage d'aller au fond de ses opinions
plutôt que d'insinuer de façon assez basse ce qu'il insinue depuis
ce matin.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, je pense...
M. Lavoie: Est-ce que vous voulez arrêter le débat,
M. le Président, parce que ça va rebondir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): De toute
façon, je pense que l'Important, c'est que la présidence, en
conscience, se sente impartiale et objective. On ne peut empêcher les
gens d'avoir leur opinion.
M. le député de Terrebonne.
M. Fallu: M. le Président, je regrette infiniment qu'une
question très prosaïque ait été
interprétée de telle façon, qu'importe.
Ma question porte donc sur le mécanisme et non pas sur le
résultat. Vous me donnez une réponse qui dit: Nous voulons un
mode plutôt qu'un autre, étant donné les résultats.
Ma question porte sur le fond même du paragraphe b), à savoir
pouvez-vous nous suggérer, puisque c'est justement une question qui,
pour nous, est restée complètement ouverte, un conseil sur le
fond? Quelle méthode serait la meilleure, le comté, un
regroupement régional ou un décompte national?
M. Généreux: Le mécanisme qui nous
apparaît le plus logique est le même mécanisme que nous
avons durant les périodes électorales. Nous aurons
déjà des organisations au niveau des comtés pour les
différentes thèses. Essentiellement, le livre blanc soumet un
projet d'organisation. Il y aura des présidents de comté,
exactement comme pour une élection. Je pense qu'on pourrait appliquer
sensiblement la même méthode que pour une élection, lors du
décompte.
Ce serait facile d'application. Est-ce qu'on devrait aller
jusqu'à publier les résultats, bureau de votation par bureau de
votation, ou les regrouper par comté? Nous ne sommes pas allés
jusque là. Nous croyons que le résultat du comté est
important à obtenir. Mais la méthode est assez facile
d'application. Une méthode de regroupement national ou régional
supposerait d'abord un délai additionnel. Par exemple, si on regroupait
sept ou huit comtés pour former une région ou même si le
décompte se faisait au niveau national, cela se ferait fort probablement
quelques jours après la tenue du référendum. Ce serait un
mécanisme beaucoup plus compliqué, qui ne pourrait qu'amener des
embêtements fonctionnels, des complications fonctionnelles. Alors que le
mécanisme que nous connaissons déjà pour les
élections, au niveau des comtés, est facile d'application et les
citoyens s'y retrouvent facilement.
M. Fallu: Je vous remercie de votre avis.
M. Généreux: Est-ce que ça répond
à votre question?
M. Fallu: Tout à fait.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Burns: M. le Président, à la fin de cette
présentation, je veux très sincèrement, au nom du parti
ministériel, adresser mes remerciements au Mouvement national des
Québécois et à M. Généreux en particulier
qui nous a été d'une assistance, et d'une patience surtout,
absolument extraordinaire. Comme je l'ai dit hier, le mémoire que vous
nous avez présenté était tout à fait dans le ton,
même s'il y a des choses avec lesquelles on n'est pas
nécessairement d'accord on s'en est aperçu au cours de la
discussion mais il est tout à fait dans le ton des
mémoires que nous souhaitons voir adressés à
l'Assemblée nationale justement pour qu'elle soit éclairée
sur ce problème.
Je vous remercie très sincèrement, vous et vos
collègues et tous ceux qui ont participé à la
préparation de ce mémoire.
M. Lavoie: M. Généreux, en ce qui concerne
l'Opposition officielle, nous voulons également vous remercier de votre
contribution, même si nous ne partageons pas nécessairement les
mêmes idées et les mêmes opinions. Vous avez la franchise
des vôtres et nous tentons d'avoir la franchise des nôtres.
Vous avez répondu à la plupart de nos questions, je vous
en remercie. Par contre, on aurait préféré que vous nous
donniez la date que vous préféreriez suggérer pour le
référendum.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Bien brièvement, je voudrais, au nom de mon
parti, vous remercier tout d'abord de la clarté de votre mémoire
et des précisions que vous apportez. Comme on l'a signalé, toutes
ne seront peut-être pas endossées par tous les
députés à cette table. Mais vos remarques, ont l'avantage
d'être fort précises et d'être celles qu'on attendait de
votre groupe.
On sait que vous êtes un groupement qui s'intéresse
énormément à ces questions et cela nous rend service. Vous
nous avez rendu service. Je voudrais vous en remercier et vous remercier aussi
pour votre patience, pour nous avoir supportés pendant deux jours.
Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Généreux et ceux qui vous accompagnent, merci au nom de la
présidence et au nom des membres de la commission, merci beaucoup de
votre collaboration.
M. Burns: M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui, M.
le ministre.
M. Burns: M. le Président, j'attendais que le
mémoire du MNQ soit terminé pour faire part à la
commission des avis que nous avons reçus. Hier, nous avions prévu
à l'ordre du jour, un mémoire du Montreal Board of Trade. C'est
le mémoire 4M. Nous avons été avisés que le
Montreal Board of Trade ne désirait pas se faire entendre directement,
mais ne voulait que déposer son mémoire. (Voir annexe)
II en est de même pour le mémoire 16M qui était
prévu pour aujourd'hui, et qui était inscrit au nom de Mme
Francine Vachon, à titre personnel. Il en est de même
également de la part des Jeunes libéraux d'Anjou, qui nous ont
fait part de leur intention de simplement déposer le mémoire.
(Voir annexes II et III)
Je pense que si c'était de l'avis de la commission, nous
pourrions...
M. Grenier: Quel numéro?
M. Burns: Le numéro 24M, le nom exact, c'est Comité
information-jeunesse, Parti libéral d'Anjou, inscrit au nom de M. Michel
Corbeil, président. Dans le cas du Montreal Board of Trade, c'est
inscrit au nom de M. Reginald Droome, qui est également le
président. Ce sont les mémoires 4M, 16M et 24M.
S'il était de l'avis de cette commission de déposer ces
mémoires, je suggérerais également, si c'est
également l'avis de la commission, que ces mémoires soient
reproduits au journal des Débats, même si nous n'avons pas
l'occasion d'interroger les gens. Je pense que cela leur rendrait tout au moins
justice pour le travail qu'ils ont fait. Dans certains cas, ils ne sont pas
longs. Il ne s'agit pas d'une dépense énorme de les publier au
journal des Débats.
Je ferais motion pour que ces mémoires 4M, 16M et 24M, inscrits
au nom de cette personne et des deux autres groupes, soient inscrits au journal
des Débats.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que cette motion sera adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
M. Grenier: Si le leader du Parti libéral ne s'oppose pas
au dépôt du mémoire 24M, moi, je suis d'accord pour les
trois.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Cette
motion est adoptée.
M. Grenier: M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Avant de faire appel aux nouveaux invités qui
nous arriveront, soit les jeunes libéraux de la région de
Québec, je voudrais vous faire part que, pour avoir siégé
à deux autres commissions avant celle-ci, celle de la loi 101 et celle
sur les industries des pâtes et papiers au Québec, nous
recommençons aujourd'hui, hier et même avant-hier, le
dépôt de mémoires sur le livre blanc de
référendums.
Je voudrais, avant d'aller plus loin, vous faire part que nous avons
travaillé à la loi 101 de façon presque exemplaire et de
façon fort intéressante pour tous les membres de la commission. A
ce moment-là, nous avions fait un partage de temps entre les partis
politiques.
Nous avons voulu, cette fois, procéder selon l'expérience
avant d'en venir à un partage de temps, mais l'expérience est en
train de nous montrer qu'avec la trentaine de mémoires qui nous attend
ou les 25 mémoires qui nous attendent...
M. Lavoie: Les 25.
M. Grenier: Les 25 ou 30 mémoires qui nous attendent. Je
fais peut-être erreur, 26.
M. Lavoie: II en reste moins. Une Voix: II en reste
21.
M. Grenier: Avant le dépôt des autres
mémoires qui sont fort intéressants et qui peuvent provoquer des
discussions assez longues; j'aimerais, M. le Président, faire
connaître que nous faisons motion pour que, conformément à
l'article 143 du règlement, cette commission forme immédiatement
un comité directeur composé des membres suivants: le leader du
gouvernement, M. Burns, et député de Maisonneuve, le leader de
l'Opposition officielle, M. Jean-Noël Lavoie, député de
Laval et le leader adjoint de l'Union Nationale, le député Yvon
Brochu de Richmond, avec le mandat de déterminer le temps alloué
à chacun des partis représentés à cette commission
pour l'étude des mémoires soumis à son attention et de
faire rapport aux membres de la commission à sa prochaine séance,
soit celle de cet après-midi, à la reprise.
M. Burns: M. le Président, je...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... La
motion de M. le député de Mégantic-Compton, s'il vous
plaît. M. le ministre.
M. Burns: A première vue, je ne connaissais pas la teneur
de la motion du député de Mégantic-Compton. Je croyais
qu'il m'avait avisé tout à l'heure qu'il avait l'intention de
déposer une motion pour justement régler le problème de
temps. A première vue, je n'aurais pas d'objection à cette
motion, étant donné qu'elle nous suggère une
méthode, dans le fond, une méthode d'accommodement de la
commission. A ce moment-là, puisqu'il m'a désigné dans sa
motion, je n'ai pas d'objection à participer à ce comité
qui pourrait peut-être rechercher une solution.
Je dois dire cependant, comme ministre responsable, non pas des travaux
de la commission, mais du livre blanc, que je m'étais moi-même
refusé le besoin d'imposer à la commission des normes strictes,
étant donné le fait qu'il n'y avait que 26 mémoires qui
nous étaient soumis. Je me disais: Pourquoi pas à ce
moment-là, laisser les gens s'exprimer aussi longuement qu'ils le
veulent, laisser les députés poser les questions aussi longuement
qu'ils le veulent? Parce qu'évidemment, on est dans le domaine de la
consultation populaire et surtout dans un domaine de droits nouveaux au
Québec qui va exiger, je pense, une
réflexion collective assez importante, pour ne pas commettre
d'erreurs, à cause non seulement du référendum auquel tout
le monde pense, mais à cause également de cette technique
nouvelle de consultation populaire.
C'est dans ce sens que je n'avais pas cru bon de tenter d'imposer des
règles à la commission. Si on pouvait en arriver, passez-moi
l'expression, à une espèce de "gentlemen agreement" entre les
divers partis représentés à la commission, je marcherais
là-dedans, sauf que je ne veux pas l'imposer. Je ne veux pas que, par sa
majorité, le gouvernement impose une règle stricte. Ce serait
sans doute souhaitable que nous donnions un certain nombre de balises pour
améliorer l'efficacité des travaux de cette commission, parce
que, comme je l'ai dit à quelques reprises, il est du désir du
gouvernement de déposer, tout au moins, le projet de loi sur la
consultation populaire avant la fin de l'année 1978, de sorte
qu'évidemment, si nos travaux s'étendent en longueur, à ce
moment-là... 1977, pardon. Corrigez, j'espère au journal des
Débats, ce lapsus de ma part. Avant la fin de l'année 1977,
dis-je, le gouvernement désirerait déposer un projet de loi sur
la consultation populaire, quitte peut-être à ce qu'on le laisse
décanter et qu'on l'étudie au début de la session 1978,
mais, tout au moins, en arriver à quelque chose de positif.
Evidemment, on ne pourra pas rédiger un projet de loi tant qu'on
n'aura pas véritablement consulté tous les gens qui ont
manifesté l'intention de le faire. Si on peut le faire sur une base
d'entente, de conventions mutuelles entre les partis, soit! personnellement, je
vais collaborer avec mes collègues de l'Opposition là-dessus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Laval. M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: La motion, s'il vous plaît!
M. Lavoie: Voulez-vous commencer le premier?
M. Mackasey: Non, non, allez...
M. Lavoie: Très brièvement, le leader du
gouvernement m'avait consulté avant le début des auditions, et
nous en étions arrivés à un accord, étant
donné le nombre assez réduit des mémoires, 26, il y en a
déjà deux d'entendus, trois organismes ne désirent pas
comparaître, trois groupes dont les mémoires seront inscrits au
journal des Débats, un qui est très court et qui a
retardé, c'est-à-dire qu'il en reste à peine une
vingtaine.
Je suis bien d'accord pour accepter cette motion, mais je
préférerais, à cause du nombre réduit des
mémoires, à cause de l'importance du sujet, qu'on ait le moins de
contraintes possible, et que les gens, autant les membres de la commission que
les témoins qui désirent se faire entendre, ne soient pas
limités dans le temps. S'il y avait 200 mémoires, c'est sûr
qu'il y aurait nécessité de se rencontrer, parce que cela
pourrait retarder d'une manière indue les auditions, et vous savez que
nous, personnellement, nous sommes intéressés à ce que
cette loi soit adoptée dans les meilleurs délais, avec des
règles normales. Je crois également que le nombre des
mémoires est réduit, on pourrait les entendre. Nous aurons,
d'ailleurs, également une autre occasion, j'imagine, lorsque la loi sera
déposée, je pense que le ministre a déjà dit qu'il
y aurait des auditions après la première lecture.
M. Burns: Je n'ai pas dit cela.
M. Lavoie: On serait heureux de vous l'entendre dire, sur une loi
d'une telle importance.
M. Burns: Je n'ai pas dit cela et je n'ai pas dit le contraire,
d'autre part.
M. Lavoie: En tout cas, il y a certains témoins, le
Barreau, entre autres, qui avaient exprimé ce voeu.
M. Burns: Oui, c'est bien sûr que je prends bonne note de
ces suggestions. Je vais enlever mon chapeau de ministre d'Etat à la
réforme électorale et je vais prendre celui du leader, je ne peux
pas m'engager d'avance à ce qu'il y ait des auditions...
M. Lavoie: Est-ce que vous avez une ouverture quand
même?
M. Burns: J'ai une ouverture. M. Lavoie: Parce que c'est
sûr...
M. Burns: J'ai toute l'ouverture d'esprit possible. Là, je
remets mon chapeau de ministre d'Etat.
M. Lavoie: Je crois que ce serait...
M. Burns: J'ai toute l'ouverture possible relativement à
cette possibilité qu'à un moment donné, on ait des
auditions. Maintenant, si on s'aperçoit véritablement que cela ne
devient pas nécessaire, parce qu'on se sent carrément dans la
situation de se faire répéter les mémoires que nous avons
à l'occasion de la présentation du livre blanc, à ce
moment, j'ai l'impression que je rirais même de l'Assemblée
nationale en lui faisant perdre son temps. Je ne ferme pas la porte, c'est ce
que je vous dis, M. le député de Laval, à cette
possibilité. Par contre, je ne m'engage pas non plus à ce que
cela ait lieu. Il faudra juger en temps et lieu exactement si on
considère que c'est nécessaire de le faire.
M. Lavoie: En tout cas, c'est un voeu que j'exprime au nom de
l'Opposition, parce que vous reconnaissez comme moi que, dans ce livre gris, il
y a plusieurs zones grises également que vous avez laissées en
suspens, entre autres, sur les modalités, sur le décompte,
etc.
M. Burns: J'en profite, M. le député de Laval, pour
vous livrer une expression que j'ai trouvée absolument savoureuse en
Grande-Bretagne, qui désignait son propre livre blanc,
c'est-à-dire les gens qui l'ont présenté le
désignaient comme un livre blanc avec des coins verts. Comme vous le
savez, un livre vert n'est jamais la position définitive du
gouvernement, alors qu'un livre blanc est la suggestion gouvernementale. Il
s'agit effectivement d'un "white paper with green edges".
M. Lavoie: II y a quand même beaucoup de zones qui ne sont
pas encore clarifiées, des modalités et tout. On est un peu au
stade exploratoire, on demande l'opinion des gens. Je crois que ce serait
normal que, lorsque la loi sera déposée, il y ait, si possible,
et c'est une invitation qu'on fait, et je pense bien que ce serait le voeu,
d'ailleurs, de certains témoins qui sont venus, de nouveau des
auditions. En un mot, je suis prêt à accepter cette motion, mais
je verrais mal qu'on puisse se limiter dans le temps; qu'on donne la chance
à tous les partis politiques, surtout à cause du nombre assez
limité des mémoires...
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Un
instant, s'il vous plaît! Sur la motion?
M. Grenier: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: M. le Président, j'appuie l'idée d'un
comité directeur, et surtout les membres, M. Burns, M. Lavoie et M.
Brochu, je pense même que cela ne devrait pas être une exception,
mais normal qu'on ait ce qu'on appelle un "steering committee", mais si vous me
permettez, dans ma langue maternelle, I do not like the third paragraph here, I
do not like the mandate limited to anything. For instance, I would not like to
see my participation limited to, blocked, if you like, to ten minutes or
fifteen minutes at which time somebody who has been sitting patiently for one
hour or two hours, would have the opportunity to participate, in which case, if
I have not completed my question, I want to be able to continue later on.
Naturally, if briefs are all the same, we are not going to have very many
questions, because nobody wants to filibuster this thing; we want to get over
with for different reasons, but we both want to get over with.
J'aime l'idée d'un comité directeur. Je n'aime pas, par
exemple, que cette motion décrive le mandat. Le mandat devrait
être aussi large que nécessaire. Par exemple, we could talk... The
committee could do a better job, à huis clos, of determining what is
substance and what is form, so that we can help the president. We have an
obligation to cooperate with the president. I must make that very clear, that
this referendum can decide the future of this country, both Canada and
Quebec, and for that reason, I do not like l'Etat, lui...
Je préfère qu'on discute de bien des choses, pas seulement
de cette question, mais qu'on discute, naturellement, non seulement du partage
du temps, de la limite du temps réservé à un
député... Par exemple, pas plus de quinze minutes à la
fois. Si, vraiment, après avoir fait le tour de la table, un
député a encore des questions à poser, il a encore le
droit de continuer. Naturellement, si les questions sont toutes posées
et que le mémoire est le même que ce matin ou qu'hier, il n'y
aurait pas une deuxième ronde de questions. Mais je pense, M. le
Président... Pas comme la loi 101, s'il vous plaît! Pas une
question de quinze minutes pour chaque parti ou quelque chose comme ça.
Un député devrait être limité à dix ou quinze
minutes à la fois, pour qu'il ait la chance de s'exprimer en profondeur,
parce que, comme je l'ai dit, un référendum comme celui-là
n'arrive peut-être qu'une fois dans la vie d'une nation.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En fait,
je pense que le sens de la motion, c'est simplement de permettre à ces
gens de se rencontrer et de faire rapport. Je comprends qu'ils n'auront pas un
pouvoir décisionnel. Les membres de cette assemblée, après
avoir reçu le rapport du comité, seront libres de l'accepter ou
pas.
M. Mackasey: ... le proposeur d'une motion changerait, que le
mandat soit aussi vaste, si vous voulez, aussi large qu'il est
nécessaire, pour déterminer tous les problèmes, pas
seulement...
M. Grenier: Après information j'avais
prévenu le président que je ferais une motion je veux
quand même me conformer à l'article 143, dans un premier temps.
Mais mon intention, c'est évident, était de limiter le temps des
mémoires, pour que ça ressemble d'assez près au
cheminement que nous faisions lors du dépôt de la loi 101 et du
projet de loi no 1. Maintenant, il est évident que, s'il n'y avait pas
entente sur un temps déterminé, lors de la rencontre, j'aurais
une motion à faire dès l'ouverture cet après-midi. C'est
justement là-dessus qu'on aura peut-être un peu de
difficulté à s'entendre autour de cette table. On s'en rend
compte depuis le dépôt des deux premiers mémoires; on en a
maintenant un troisième. Ce n'est pas que je sois fatigué
d'entendre des mémoires. On entend des mémoires depuis six mois,
que ce soit lors de l'étude de la loi 101 ou à la commission des
pâtes et papiers. Il me semble que notre expérience nous
témoigne qu'il y a un temps qui est de trop lorsqu'on entend des
mémoires. On sait qu'on reste parfois sur des questions, mais comme il y
a d'autres mémoires qui viennent, on peut poser de nouveau ces
mêmes questions à d'autres personnes.
Je pense que l'un emportant l'autre, il ne faudrait pas faire sienne
cette idée d'un auteur qui disait que des gens cherchent la
lumière non pas pour s'éclairer mais pour briller. Il faudrait,
autour de cette table, chercher à s'éclairer et à trouver
un
éclairage nouveau dans les mémoires. On ne l'a pas
entièrement dans chacun des mémoires. Je suis d'accord avec le
député de Notre-Dame-de-Grâce qu'on reste parfois avec des
questions, mais d'autres mémoires nous permettent...
Vous avez été témoin lors de l'étude de la
loi 101, de même que le député de Mont-Royal qui
siégeait à cette commission, qu'après un mémoire,
on reste sur notre appétit, avec des questions à poser... Il est
évident que, pour le groupe qui vient de nous laisser, le Mouvement
national des Québécois, j'aurais eu d'autres questions à
poser, mais, en faisant lecture des autres mémoires qui nous attendent,
toutes ces questions viendront quand même et, à partir de
là, je pense que, si on veut être efficace, il faut le
démontrer en ne laissant pas éterniser les débats.
C'est le désir du gouvernement et c'est le désir, je
pense, de l'Opposition officielle et c'est, bien sûr, le nôtre.
C'est pour cela que, cet après-midi, s'il n'y a pas entente lors de
cette rencontre, je ferai tout simplement une motion pour déterminer le
temps, qui donnera clairement le temps réservé aux trois partis
autour de cette table, de même que le temps réservé au
député de Beauce-Sud qui fait partie de la commission.
M. Mackasey: Ce sont peut-être les mêmes questions,
mais ce ne sont peut-être pas les mêmes réponses.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Pour clarifier la position, je serais contre le
principe de limiter le temps. Je ne comprends pas le député de
Mégantic-Compton de vouloir nous limiter dans le temps et donner un
certain temps à chaque mémoire.
Je n'accepte pas le principe que, si on ne peut pas poser des questions
aux représentants d'un organisme, on puisse les poser à d'autres.
Ce ne sont pas les mêmes problèmes qui sont soulevés.
Alors, je pense que la question est tellement importante, tant pour le
gouvernement que pour nous, et il y a si peu de mémoires, seulement
25...
M. Lavoie: 20.
M. Ciaccia: II n'en reste que 20 comme vient de le souligner le
député de Laval. Je ne vois donc pas pourquoi on devrait... on
peut se permettre de limiter nos droits de parole et de limiter les
débats sur les différents mémoires.
Alors, je voudrais seulement que cela soit clair.
M. Lavoie: M. le député de Mégantic-Compton,
on n'acceptera pas qu'il y ait, dans la motion, quelque chose qui
déterminerait le temps alloué, une limitation de temps. Si le
député de Mégantic-Compton veut modifier sa motion en
disant qu'il y aurait un comité directeur de formé avec le mandat
de planifier le travail de la commission, je suis d'accord. Mais s'il y a
réfé- rence à une limitation de temps, on ne sera pas
d'accord.
M. Burns: Je ferais bien simplement la suggestion au
député de Mégantic-Compton d'accepter cette suggestion du
député de Laval. Personnellement, je me rangerais à cette
idée. Cela ne nous empêche pas, à un certain moment, de
nous donner un certain nombre de normes et cela nous donne peut-être,
comme le disait le député de Laval, un peu plus de
flexibilité dans les discussions que le député de
Richmond, le député de Laval et moi-même aurons ensemble
à ce sujet.
M. Grenier: Cela m'irait. Ce qui compte, c'est la première
rencontre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Etant
donné que la motion n'avait pas encore été
déclarée recevable, vous pouvez, à ce moment, en
présenter une autre qui serait peut-être dans le sens du consensus
qui semble s'établir.
M. Burns: On pourrait peut-être l'amender... M. Grenier:
Oui.
M. Burns: ... avec la permission du député de
Mégantic-Compton, en disant tout simplement: "Avec le mandat de
planifier les travaux de cette commission...
M. Lavoie: ... de planifier les travaux de cette commission, et
de faire rapport.
M. Burns: ... et de faire rapport aux membres de la commission
à sa prochaine séance".
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Cet
amendement du député de Maisonneuve, leader du gouvernement et
ministre, est-il adopté?
M. Lavoie: Ce n'est pas un amendement. M. Burns: II fait
sienne cette suggestion.
M. Lavoie: C'est la proposition. Elle était partie
intégrante...
M. Grenier: Cela me va.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord?
M. Grenier: Oui.
M. Brochu: C'est donc dire que la motion du député
de Mégantic-Compton sera adoptée telle...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
cette motion sera adoptée?
M. Burns: La motion, telle qu'amendée par le
député lui-même, est adoptée.
Nos prochains invités sont les Jeunes Libé-
raux de la région de Québec. Je m'aperçois qu'il
est 12 h 50. Je pense qu'il serait peut-être injuste de leur demander de
commencer à ce moment-ci alors que nous serons obligés de couper
leur mémoire en deux à 13 heures.
Je ferais la suggestion à la commission d'ajourner ses travaux
sine die, tout en se rappelant que, cet après-midi, nous nous
retrouverons à la suite de la période des questions.
M. Lavoie: Vers 16 heures.
M. Brochu: A quelle heure les leaders se rencontrent-ils?
M. Burns: On pourrait faire cela immédiatement, si vous le
voulez.
M. Brochu: Très bien.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
la commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 48)
Reprise de la séance à 16 h 58
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs!
Les membres de la commission pour la présente séance
seront M. Bertrand (Vanier), M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Brochu (Richmond),
M. Burns (Maisonneuve), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys) en remplacement de M.
Gratton (Gatineau); M. Grenier (Mégantic-Compton), M. Char-bonneau
(Verchères) en remplacement de M. Johnson (Anjou); M. Laberge
(Jeanne-Mance), M. Lamontagne (Roberval) remplacé par M. Blank
(Saint-Louis); M. Lavoie (Laval), M. Fallu (Terrebonne) en remplacement de M.
Lévesque (Taillon); M. Mackasey (Notre-Dame-de-Grâce), M. Martel
(Richelieu), M. Morin (Louis-Hébert), M. Morin (Sauvé)
remplacé par M. Jolivet (Laviolette); M. Paquette (Rosemont), M. Roy
(Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda) et M. Vaugeois (Trois-Rivières).
M. Bisaillon (Sainte-Marie) est remplacé par M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes). Conformément à l'ordre de convocation des
intervenants d'aujourd'hui, j'inviterais les Jeunes libéraux de la
région de Québec et ses représentants à venir nous
présenter leur mémoire, s'il vous plaît.
M. Grenier: M. le Président...
M. Burns: M. le Président, je m'excuse auprès du
député de Mégantic-Compton. Ce matin nous avons
reçu le mandat, le député de Laval, le
député de Richmond et moi-même, de former un comité
directeur et nous avons tenté de nous rencontrer ce midi.
Malheureusement il n'a pas été possible que les trois
députés en question se rencontrent. Alors, comme on devait faire
rapport au début de la prochaine séance, je vous fais ce rapport,
au nom des deux membres du comité, M. le député de
Richmond et moi-même, qui nous sommes rencontrés. Je comprends que
peut-être le député de Laval était retenu
ailleurs.
Je n'ai même pas à me poser de questions sur son absence.
En tout cas, finalement, les faits sont que nous ne nous sommes pas
rencontrés, de sorte qu'il nous est impossible à ce stade-ci de
vous faire un rapport de nos délibérations.
M. Grenier: M. le Président, je m'excuse, M. le
Président...
M. Lavoie: Je voudrais... un instant, étant donné
qu'on a mentionné, je voudrais expliquer mon absence...
M. Grenier: Pour expliquer uniquement l'affaire d'à midi,
j'y vais.
M. Lavoie: Un instant, un peu de calme. M. Grenier: Oui, oui.
M. Lavoie: II y a eu un contre-temps. Vous étiez
occupé à la télévision et c'est M. Bryce Mackasey
qui devait assister au meeting, vous l'ignorez peut-être, et vous
étiez...
M. Mackasey: ... souvent.
M. Lavoie: ... et j'avais un autre engagement. Ce que je vous
proposerais... Je pense que tout le monde est de bonne foi dans ce projet de
planification. Je pense que M. Mackasey est disponible. Il reste une heure
avant le dîner, avant la suspension, est-ce que cette rencontre pourrait
être reprise à l'heure du dîner, ce soir?
M. Burns: Mon problème, c'est que j'ai un rendez-vous
à l'heure du dîner, ce soir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton. M. le député de
Richmond ou M. le député de Mégantic-Compton. M. le
député de Richmond.
M. Brochu: Sur la proposition du député de Laval,
je pense que le leader parlementaire du gouvernement avait certaines
restrictions, certains engagements. Il en est de même pour nous. A midi,
on a quand même attendu. On avait communiqué avec le bureau du
leader de l'Opposition officielle, qui nous avait dit: II est en route pour
aller à cette réunion mais personne n'est venu. Alors, je ne
voudrais pas me retrouver dans le même bateau, surtout annuler autre
chose.
Alors, j'aimerais qu'on vide la question. Je trouve malheureux qu'on
n'ait pu se rencontrer à midi, étant donné que j'avais
pris la peine de poser la question au président, à la fin de la
commission, à savoir quand se réunirait-on. Le leader du
gouvernement nous avait dit: Dans quelques minutes, à la suite de la
commission parlementaire. On a pris la peine d'attendre. Il avait
peut-être des raisons majeures, je peux le comprendre. Par contre, je ne
voudrais pas reprendre ça ce soir. Il y a peut-être moyen
d'arriver à s'entendre d'une autre façon.
M. Grenier: M. le Président, suite à la proposition
que j'avais faite à midi, j'avais dit, que s'il n'y avait pas entente,
j'arriverais avec une proposition additionnelle, alors c'est celle-là
que je veux déposer...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Avant
d'aller plus loin, je comprends que la suggestion de se rencontrer à 18
heures... ça ne va pas? D'accord.
Motion sur la procédure à suivre
M. Grenier: Alors, tenant compte de ça, je voulais vous
proposer la motion suivante qui est un peu copiée, je dis un peu,
majoritairement non, sur celle qui a prévalu pendant l'étude de
la loi 101. Je m'excuse devant le groupe des jeunes libéraux qui est
ici, mais c'est notre façon de procéder. On s'excuse, il reste
que vous avez toujours l'air d'otages quand vous êtes de l'autre
côté de la table, vous êtes obligés d'assister
à des débats de procédure, mais vous y êtes
habitués, je pense que cela vous est déjà
arrivé.
Je demande au président dans ma motion "que la procédure
suivante soit adoptée pour l'étude des mémoires soumis
à cette commission: a) Qu'aucune limite de temps sur la
présentation des mémoires par les individus ou organismes
invités ne soit fixée; b) Qu'aucune limite de temps sur le droit
de parole des premiers intervenants de chaque parti représenté
à cette commission ne soit fixée, et j'inclus M. Roy de
Beauce-Sud; c) Que le droit de parole des membres qui interviennent par la
suite pour chaque parti représenté à cette commission soit
limité comme suit, à savoir: a) Quinze minutes au Parti
québécois. b) Dix minutes au Parti libéral. c)Cinq minutes
à l'Union Nationale. Je dépose la motion.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que vous en avez une copie pour tous les membres?
Je vais relire, pour le bénéfice des membres de la
commission:
Que la procédure suivante soit adoptée pour l'étude
des mémoires soumis à cette commission: a) Qu'aucune limite de
temps sur la présentation des mémoires par les individus ou
organismes invités ne soit fixée; b) Qu'aucune limite de temps
sur le droit de parole des premiers intervenants ce qui veut
probablement dire par représentant de chaque parti...
M. Grenier: C'est cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
représenté à cette commission ne soit fixée; c) Que
le droit de parole des membres qui interviennent par la suite pour chaque parti
représenté à cette commission soit limité comme
suit:
Quinze minutes au parti ministériel.
Dix minutes au Parti libéral.
Cinq minutes à l'Union Nationale.
Il s'agit d'une motion que je déclare receva-ble, parce qu'il y a
de nombreux précédents sur des motions semblables. A ce stade-ci,
je me dois de poser la question: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Grenier: Personnellement, cela va.
M. Lavoie: Un instant.
M. Burns: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui, M.
le ministre.
M. Burns: Je comprends, effectivement, que le
député de Richmond et moi-même, on s'est
échangé un certain nombre de choses ce midi, qui tournaient
autour de cette proposition qui nous est soumise par le député de
Mégantic-Compton.
Comme il est fort probable que nous sommes quand même ici
parce qu'on ne veut pas bous-
culer les gens qui ont des mémoires à nous soumettre
il est fort possible qu'on soit encore ici pour quelques jours, sinon
quelques semaines, est-ce qu'on ne pourrait pas tenter à nouveau cette
rencontre qui, malheureusement, ne oeut avoir lieu à 18 heures, tel que
le suggère le député de Laval, à cause
d'engagements antérieurs?
Vu que maintenant le député de Mégantic-Compton a
déposé sa motion, ne pourrait-on pas la laisser, si on peut dire,
sur la table, examiner cette possibilité et essayer de trouver
peut-être une façon de régler l'affaire le plus rapidement
possible.
En fait, je ne voudrais pas mettre une date précise sur cela,
mais, ce que je crains, c'est que si nous débattons cette motion, nos
invités de cet après-midi et de ce soir risquent fort de ne pas
être entendus. Je pense que ce serait un peu pénible pour les gens
qui ont accepté de venir nous éclairer et nous donner leur point
de vue de se faire dire de revenir dans deux semaines, dans trois semaines,
etc.
En tout cas, cela m'apparaîtrait comme une solution de compromis,
pour le moment, étant donné qu'il n'y a pas urgence, qu'il n'est
pas nécessaire que le projet de loi soit déposé à
l'Assemblée nationale demain. Il m'apparaîtrait normal qu'on
puisse discuter entre les différents représentants des partis, de
cette motion, quitte à la laisser là, à ne pas en disposer
actuellement, à ne pas la débattre. Mais il faudrait permettre
aux gens qui ont été invités qui, déjà, sont
en retard sur le calendrier qu'on avait prévu de venir se faire
entendre. C'est une suggestion que je fais.
M. Brochu: La suggestion est peut-être valable. J'avais
l'impression peut-être que le leader de l'Opposition officielle
pourra nous éclairer là-dessus du moins d'après les
discussions qu'on a eues, qu'il y avait peut-être possibilité
qu'il accepte la motion. Si elle est acceptée comme cela, il n'y a pas
de problème, on procède... Cela va éviter de retarder les
gens qui sont venus, comme vous le disiez cet après-midi, faire entendre
leur mémoire. Si les dispositions sur lesquelles on va quand même
discuter plus tard pour une rencontre sont acceptées
immédiatement, on procède et on ne retarde pas ces
gens-là. Si l'Opposition officielle est d'accord, on peut
procéder tout de suite et ce sera réglé.
M. Lavoie: Vous nous avez remis cette motion il y a à
peine quelques instants. Je sais que mon voisin, le député de
Notre-Dame-de-Grâce, avait des représentations à faire. On
aimerait peut-être en discuter à l'heure du souper ou d'ici
à demain. Je serais tout à fait du même avis que le leader
parlementaire du gouvernement, qu'elle reste là. Elle nous est
distribuée; qu'on en prenne connaissance et qu'on en parle entre nous et
qu'on prenne une décision dans les meilleurs délais. Nous ne
voulons pas retarder les trois ou quatre groupes qui ont été
invités pour aujourd'hui et on voudrait bien les entendre d'ici à
ce soir. On n'est pas pour faire de la procédure uniquement sur des
périodes de temps.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, je suis d'accord, mais avec
une limite dans le temps. Je représenterai ma motion demain, à
l'ouverture des débats, dès qu'on commencera. Je n'irai pas plus
loin que cela. La motion a pour effet d'arrêter ces grands débats
qu'on va mener sur le fond; par le biais, régulièrement, on va
mener des débats sur le fond; elle dit qu'on ne s'en tient pas et qu'on
ne s'en tiendra pas aux règles tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas
une limite dans le temps. C'est extrêmement pénible pour le
président et pour des gens qui veulent voter une loi, en tout cas,
étudier un livre blanc, étudier ce qu'on a devant nous sans
penser toujours à ce qui va nous arriver d'ici deux ans. Je vous le dis,
je suis bien prêt à être conciliant; le gouvernement le
demande, et c'est demandé par l'Opposition officielle. Je veux bien
qu'on soit conciliant de ce côté, mais je ne donne pas plus que
jusqu'à demain, je reprends la motion, s'il n'y a pas une entente qui
ressemble à cela, je la reprends immédiatement demain, dès
l'ouverture de la commission.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
quoi qu'il en soit, votre motion est déclarée recevable
techniquement. On la laisse en suspens en attendant. Vous pourrez demander que
les discussions sur cette motion reprennent lorsque vous le jugerez à
propos, puisqu'elle est actuellement suspendue. M. le ministre.
M. Burns: Est-ce que je peux faire une suggestion constructive
pour faire avancer les débats, à la suite des remarques du
député de Mégantic-Compton, pour que la réunion ait
lieu demain matin, à 9 h 30. Je ne pourrai pas y assister il n'y
a pas de doute, j'ai déjà un rendez-vous et ce ne sera pas
terminé à ce moment mais je vais y déléguer
le député de Vanier à ma place, si la commission accepte
que le député de Vanier parle en mon nom et avec la même
autorité.
M. Lavoie: Nous aurons un représentant demain matin
à 9 h 30.
M. Brochu: Pour autant qu'on sera assuré qu'il y aura un
représentant de l'Opposition officielle, on va y aller.
M. Burns: D'accord.
Une Voix: On va se parler.
M. Burns: Par un représentant autorisé, je veux
dire que, demain, il faudrait quand même que ce soit quelqu'un... Je vais
donner un mandat au député de Vanier en mon nom, et tout
engagement qui va être pris par lui va être respecté par
moi, je peux vous le dire d'avance. S'il y a quelqu'un qui est
délégué par un parti, il faudrait quand même
qu'à ce moment il ait l'autorité de prendre des décisions
relativement aux travaux de...
M. Lavoie: Est-ce que M. Bertrand serait libre ce soir?
M. Bertrand: Malheureusement, j'ai aussi des engagements entre 18
heures et 20 heures, mais, demain matin, à compter de 9 heures, je suis
tout à fait disponible.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord?
M. Grenier: Est-ce qu'on a l'engagement de l'Opposition
officielle qu'elle n'aura pas à faire rapport au caucus du parti, ce
délégué peut-il prendre une décision?
M. Mackasey: Je serai ici dimanche, à 10 heures,
après la messe, et je serai libre.
M. Grenier: Vous aurez à discuter la motion demain. Ce
sera réglé avant dimanche. J'aime mieux vous le dire. Cela va
être discuté avant dimanche, j'aime mieux vous le dire tout de
suite.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! S'il vous plaît, à l'ordre!
M. Brochu: Je veux quand même, M. le Président, en
ce qui nous concerne aussi, vous dire que, si jamais ce n'était pas
moi......M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Nous sommes tous d'accord avec ça.
M. Brochu: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, quand même, j'avais la parole.
M. Mackasey: Non, mais... Une Voix: Ecoutez donc!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Brochu: C'est simplement pour clarifier, M. le
Président. Je pense qu'il serait bon qu'à cette table on prenne
cet engagement formel. Si jamais ce n'était pas moi qui allais à
la rencontre, la personne qui sera là aura le mandat officiel, de la
part de l'Union nationale, et les décisions... Est-ce que c'est la
même chose, du côté de l'Opposition officielle?
M. Lavoie: Oui. M. Brochu: Bon!
M. Burns: C'est la même chose du côté du
gouvernement.
M. Brochu: Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Avant de
demander au porte-parole de nos intervenants de se présenter, de
même que ses collè- gues, j'aimerais rappeler que cette commission
ne doit pas devenir, ni pour les membres, ni pour les témoins, un forum
pour les tenants ou les opposants de thèses devant éventuellement
faire l'objet d'un référendum au Québec. Nonobstant ce
principe fondamental qui devra être respecté, il est
évident qu'il serait contraire aux règles
élémentaires du parlementarisme de tenter d'interdire toute
intervention qui s'appuierait sur des exemples concrets pour illustrer une
opinion sur les consultations populaires. En cas de doute, comme je l'ai
déjà dit, il faut pencher pour une plus grande liberté
plutôt que pour la contrainte.
Je me réserve néanmoins le droit d'interrompre tout
opinant cherchant à faire de la présente commission une tribune
pour faire valoir une thèse plutôt qu'une autre, ayant trait
à une question qui ne relève pas directement du mandat de cette
commission.
Là-dessus, je demanderais à la représentante de nos
intervenants de se présenter, de même que ceux qui l'accompagnent,
s'il vous plaît!
Jeunes libéraux de la région de
Québec
Mlle Bédard (Marie): M. le Président, messieurs les
membres de la commission parlementaire, il me fait plaisir de vous
présenter l'équipe qui a participé à
l'élaboration de ce mémoire. A ma gauche, Alain Samson; à
ma droite, Jacqueline Morin et Robert Mackay, et moi-même, Marie
Bédard.
Comme la question du référendum est un sujet d'une
très grande importance, c'est avec beaucoup d'intérêt que
nous avons étudié le livre blanc sur la consultation populaire au
Québec. Nous sommes les porte-parole des jeunes libéraux de neuf
comtés de la région de Québec, qui comptent plus de 500
membres et dont l'âge varie entre 16 et 25 ans. Nos membres sont, soit
des étudiants, soit des jeunes travailleurs dont l'intérêt
commun est l'activité politique, sociale et culturelle. Suite à
ces différentes consultations, la réflexion que je vous livre
immédiatement constitue l'essentiel de notre pensée.
Dans un souci d'une plus grande démocratie, nous, les jeunes
libéraux de la région de Québec, sommes d'avis avec le
gouvernement qu'il est temps d'établir les règles du jeu et de
mettre cartes sur table. Cependant, nous déplorons le fait que le livre
blanc ne traite pas spécifiquement du référendum sur
l'indépendance du Québec.
Comme le désir du gouvernement semble vouloir faire du
référendum, un débat hautement démocratique, nous
espérons que toutes les parties en cause sauront respecter les
règles.
Le gouvernement doit être pleinement conscient que son
intégrité est de la plus haute importance et que les
intérêts de la population ne doivent pas être
subordonnés à ceux du parti au pouvoir.
Nous nous apercevons, à la lecture du livre blanc, que celui-ci
n'est hélas qu'une esquisse générale des
référendums, alors qu'au Québec, tous
savent qu'on associe la notion du référendum à
l'orientation de notre avenir politique.
Nous avons besoin d'un cadre particulier et bien adapté aux
problèmes qui nous concernent plutôt qu'un cadre vague et
général tel que proposé dans le petit livre blanc.
Instituer le système de référendums
généralisés sans en avoir fait l'essai relève de la
plus pure fantaisie car les conséquences sont, à ce stade-ci,
pour le moins imprévisibles.
D'ailleurs, nous, les Jeunes Libéraux de la région de
Québec, trouvons inutile de légiférer sur les
référendums surtout si ceux-ci n'ont qu'un caractère
purement consultatif.
Il nous apparaît inconcevable qu'un gouvernement élu par le
peuple pour diriger les destinées de l'Etat se dérobe de ses
responsabilités en consultant la population à chaque fois qu'il
hésite à mettre sa tête à prix, surtout s'il sait
que les mesures envisagées seront impopulaires auprès de la
population.
En 1962, le gouvernement Lesage déclencha des élections
afin de connaître le sentiment des Québécois sur la
nationalisation de l'électricité. La population vota en faveur de
cette réforme et le gouvernement fut reporté au pouvoir, mais il
aurait pu être défait si la question débattue avait
été rejetée.
Le gouvernement doit donc affronter les problèmes, les expliquer
à la population dans leur ensemble et leur complexité, et il doit
proposer les plans d'action nécessaires.
Lors du référendum, le peuple québécois se
prononcera et sa décision devra être définitivement
acceptée.
Le gouvernement doit se sentir moralement lié à la
décision exprimée et il doit s'engager fermement à
respecter la volonté des Québécois.
Si la population rejette l'option du gouvernement, l'idéologie du
Parti québécois étant basée sur
l'indépendance du Québec, celui-ci devra définir sa
nouvelle orientation constitutionnelle et déclencher aussitôt des
élections pour savoir si les citoyens désirent encore de lui au
pouvoir.
Par contre, si l'indépendance est acceptée par la
population du Québec, le gouvernement devra immédiatement et ce,
sans délai, amorcer les négociations afin de se défaire
des liens qui le rattachent au reste du Canada.
Comme, dans une consultation référendaire, la question est
de la plus grande importance, nous regrettons que le gouvernement n'ait pas
fait connaître, dans son livre blanc, la question qui sera
proposée à l'Assemblée nationale.
Cette lacune nous apparaît comme un grave manque de confiance
envers les Québécois. Comment un gouvernement qui promeut une
plus grande participation de la population dans les décisions de l'Etat,
qui désire une plus grande démocratisation des institutions
politiques peut-il omettre de présenter dans son livre blanc le point
essentiel de la consultation?
La question qui sera soumise aux citoyens devra être claire,
simple, précise et ne laissant aucune équivoque quant à la
réponse. Elle devra être à la portée de toute la
population plutôt que d'être l'apanage d'un groupe d'intellectuels.
Il ne devra y avoir qu'une seule question et que deux choix possibles de
réponse.
Nous, les Jeunes Libéraux de la région de Québec,
proposons que la question soit formulée ainsi: Le Québec doit-il,
oui ou non, se retirer du système fédéral canadien?
Nous considérons que, sur un sujet aussi grave que celui qui fait
l'objet de l'actuel débat, le choix de la question se fasse
démocratiquement. Le livre blanc stipule que: "La question soumise au
référendum sera donc présentée à
l'Assemblée nationale sous la forme d'une motion du gouvernement qui,
à l'instar du discours inaugural et du discours du budget, ferait
l'objet d'un débat privilégié d'une durée maximale
de 25 heures. Il est entendu que chacun des membres de l'Assemblée
nationale pourrait, dans le cours du débat, proposer des amendements
à la formulation proposée dans la motion initiale."
Mais quelles sont les garanties nous assurant que les amendements
proposés par les autres partis, lors du débat, seront retenus au
moment de la formulation de la question?
Comme le sujet concerne toute la population du Québec, il
s'avère nécessaire que la question présentée au
référendum soit acceptée à l'unanimité
parlementaire et que la durée du débat soit prolongée si
les discussions ne sont pas terminées.
Un parti, seul, ne peut décider de l'avenir du pays. Il faut que
tous les élus du peuple soient d'accord sur la question. Alexis de
Tocqueville considère "comme impie et détestable, cette maxime
qu'en matière de gouvernement, la majorité d'un peuple a le droit
de tout faire."
Dans un même ordre d'idées, afin de réduire
l'incertitude qui gagne de plus en plus la population et les milieux
économiques, nous sommes favorables à ce que la date ou
période du référendum soit incluse dans la loi et
débattue à l'Assemblée nationale.
Nous jugeons que toute la population a droit à une information
juste sur les conséquences du choix pour lequel elle optera. Quelle
personne saine d'esprit est prête à se jeter à l'aventure
sans en connaître à fond la situation et les conséquences
qui s'en suivront? Alors, tout un peuple s'aventurerait sans rien
connaître ou très peu, c'est impensable. Il faut éviter que
le gouvernement manipule l'opinion publique. Il doit être assez
honnête pour donner l'information adéquate avant la tenue du
référendum.
Il appartient au gouvernement du Québec de faire la preuve que
l'ensemble des avantages apportés par l'indépendance du
Québec est plus rentable que ne le sont les désavantages du
fédéralisme canadien.
Il doit alors répondre à toutes les interrogations des
gens. Quel sera le plan de survie du gouvernement pendant la période de
négociation?
Quelle sécurité offre-t-on aux Québécois
pendant cette période? L'instabilité politique entraîne une
diminution des investissements de même que du pouvoir économique
et une baisse du niveau de vie des gens. Les citoyens sont-ils prêts
à ac-
cepter cela? Quel sera le système économique? Se
dirige-t-on vers un capitalisme démuni et vers un socialisme plus fort?
Qu'adviendra-t-il de la dette publique? Quelle proportion le Québec en
assumera-t-il? Qu'adviendra-t-il des structures fédérales
déjà existantes? Seront-elles remplacées
immédiatement? Quel sera le processus juridique à établir
pour définir notre nouvelle citoyenneté? Les employés
fédéraux seront-ils assurés d'un emploi sans perte de
salaire et d'avantages sociaux? Est-ce que leurs conventions collectives seront
intégrées immédiatement à celle de la fonction
publique?
Qu'est-ce qui remplacera les prestations de l'assurance-chômage?
Quelles sont les garanties que la souveraineté-association est valable?
Est-ce possible, qu'étant indépendant, il soit plus facile de
négocier? Peut-on garantir la liberté d'expression de l'individu
ou devra-t-il s'incliner? Quel système politique sera adopté?
Sera-t-il dictatorial? Y aura-t-il des élections? Quel sera
l'échéancier? Quel est vraiment le territoire du Québec?
Sera-t-il amputé d'une ou de plusieurs parties? Les Indiens du Nord
québécois voudront-ils être sous la juridiction de l'Etat
du Québec? Quel sera le système postal? Quel sera le
système monétaire? Comment seront-nous protégés?
Par une armée québécoise? Quels seront les droits du
Québec sur le fleuve Saint-Laurent? Pourquoi les Québécois
voudraient-ils, lorsqu'ils possèdent un si vaste pays, se rapetisser,
s'isoler, se refermer sur eux-mêmes, en laissant aux autres toutes les
richesses inexploitées du territoire qui leur appartient?
Ce ne sont là que quelques-unes des interrogations auxquelles le
gouvernement aura à répondre.
Au sujet du droit de vote, nous, les Jeunes libéraux de la
région de Québec, sommes d'accord avec le gouvernement qu'il est
inutile "d'abaisser, pour les seules fins du référendum, la hache
de la majorité politique".
Le livre blanc mentionne que les personnes détenues dans un
établissement pénitencier et y purgeant une peine pour quelque
infraction pourraient avoir le droit de voter lors du référendum.
Ces individus peuvent-ils quand même exercer ce droit, même s'ils
ont perdu certains privilèges?
Nous considérons qu'il serait plus logique de faire participer au
débat tous les Québécois qui, temporairement, demeurent
à l'extérieur de la province afin qu'ils puissent, eux aussi,
s'exprimer sur l'avenir du Québec dans le Canada.
Nous comprenons mal comment l'intégrité des juges pourra
être protégée, si ceux-ci peuvent se prononcer ouvertement
et prendre part activement à la campagne référendaire.
Il est dit dans le livre blanc que, pour s'exprimer et propager une
option, il faille absolument adhérer à l'un ou l'autre des
regroupements reconnus officiellement par le directeur général
des élections.
Nous sommes en principe d'accord avec la reconnaissance des groupes
officiels afin qu'ils reçoivent la contribution de l'Etat, des
électeurs et des partis politiques. D'ailleurs, il n'est que simple
justice que les deux groupes officiels aient les moyens financiers d'informer
adéquatement les citoyens et qu'ils aient les chances minimales de faire
valoir leur point de vue à tous les Québécois.
Par contre, il serait antidémocratique qu'on empêche
d'autres citoyens ou groupements de participer à la campagne
référendaire parce qu'ils ne s'associent pas à l'un des
deux groupes officiels. La rigidité qui existe dans la formation des
blocs empêche certaines idées d'être discutées. De ce
fait, les individus ne peuvent s'exprimer librement et totalement. Le
gouvernement ne doit pas sous de faux prétextes écraser et
restreindre la liberté de parole des citoyens peu importe leur
affiliation.
Nous croyons que le gouvernement, par l'imposition de telles mesures
restrictives, ne veut aucunement faire confiance à la maturité et
au sain jugement de la population. Nous rappelons au gouvernement que c'est
cette même population qui, le 15 novembre 1976, lui a permis de prendre
le pouvoir.
En ce qui concerne le choix des scrutateurs et des greffiers, nous
proposons que la sélection se fasse par le président de chaque
circonscription, laissant ainsi de côté toute partisanerie
à saveur électorale. Les seuls critères qui sont, à
notre avis, admissibles, lors de cette sélection, sont la
compétence, l'intégrité, l'honnêteté et
surtout l'impartialité des candidats.
Nous croyons que le résultat du référendum devra
être dévoilé au niveau provincial, ce qui évitera le
développement de sentiments régionalistes. Par contre, il devra
être possible à tous les citoyens d'avoir accès aux
résultats de chaque comté et de chaque section de vote, lesquels
résultats devront être publiés dans le rapport du directeur
général des élections, tel que cela se fait lors d'une
élection.
Afin que le résultat soit vraiment significatif, ce qui est
essentiel dans la situation présente, nous demandons au gouvernement que
l'option qui sera retenue reflète le désir exprimé par les
deux tiers des votants sans qu'aucune distinction ne soit faite entre
ceux-ci.
Il serait opportun de rappeler au gouvernement que le territoire du
Québec est aussi habité par plusieurs minorités. A l'heure
actuelle, il est nécessaire d'éviter recueil de la
spécificité et de tenter, au moins une fois, de s'unir entre
nous. Il est regrettable que certains dirigeants fassent quelques
différences entre tel ou tel Québécois.
Dans notre esprit, tous les citoyens du Québec, peu importe leur
couleur, leur langue, leur race ou leur religion, sont Québécois.
Ils peuvent être différents les uns des autres, mais ils sont tous
égaux. Ils possèdent tous les mêmes droits et la même
liberté. Il serait dommage qu'afin de satisfaire le désir raciste
de quelques nationalistes, on divise les citoyens en plus ou moins
Québécois.
C'est par l'intégration et non par l'assimilation des diverses
cultures que le Québec peut s'assurer de sa force et de sa vigueur.
Le gouvernement devra prôner, pendant la période
référendaire, démocratie et modération. En
étant à la fois participant et juge, il pourrait se
prémunir de nombreux avantages face à la partie adverse.
Mais nous osons croire à son intégrité et son
honnêteté afin que les chances demeurent égales.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Burns: Mlle Bédard, je tiens à vous remercier,
ainsi que M. Mackay, Mlle Morin et M. Samson, pour cette présentation
que vous nous avez faite. Je déplore malheureusement la
référence, qui n'est pas du tout dans le ton de la commission,
que nous avons commencé à mettre en place depuis cette semaine,
la référence à des qualificatifs que je ne
relèverai pas, mais que je vais quand même souligner, des
références à des choses comme le racisme qui pourraient
s'installer dans un éventuel référendum, alors que vous,
d'ailleurs vous vous cadrez et vous vous encarca-nez très
précisément dans un référendum, dans celui des
référendums qui semble être votre préoccupation,
alors que la préoccupation du livre blanc est la loi
générale des référendums.
Je déplore également certaines références
à des attitudes fascistes qui n'ont rien à faire dans ce
débat-ci, puisque qu'encore une fois, ce que nous essayons de mettre sur
pied, c'est un mécanisme global, c'est un outil, comme le disaient les
membres de cette commission, hier et avant-hier, qui va nous permettre
éventuellement de faire participer la population du Québec
à l'exercice de la démocratie au Québec qui n'a
strictement rien à faire dans sa conception avec quelque opinion raciste
ou quelque opinion fasciste que ce soit.
Mise à part cette restriction, Mlle Bédard, je vous
remercie d'avoir pris la peine de nous faire cette livraison. J'aurais quelques
questions à vous poser. Je vous dis tout de suite qu'à cause de
ces remarques préliminaires que je viens de faire, je vais m'en abstenir
complètement. Je pense que j'irais à rencontre du
règlement. Je remercie d'ailleurs le président d'avoir
été très souple, lorsque vous avez passé les pages
6 et 7 de votre mémoire qui vont tout à fait à l'encontre
du règlement, par rapport à la directive préliminaire que
le président a donnée. Mais, comme vous vous êtes
donné la peine de faire cela, vous avez remarqué que personne ne
s'est opposé à cela et qu'on a respecté votre point de
vue. Ce n'est donc pas très fasciste comme attitude, vous allez le
reconnaître.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre, s'il vous plaît. J'allais justement dire j'avais
oublié de le faire, d'ailleurs que j'avais été
souple, mais que je demanderais aux députés de ne pas insister ou
de ne pas poser de questions sur les parties que vous connaissez, les pages 6
et 7, puisque ce serait entrer sur le fond de la question.
M. Burns: M. le Président, je vous dis d'avance que c'est
une obligation que je me suis imposée à moi-même, tout de
suite, au départ, et que je n'ai même pas relevé de
question de règlement relative à cela. Je vous sais gré
d'ailleurs d'avoir eu cette souplesse qui devra éventuellement
être répétée à d'autres occasions. Je vais
maintenant...
M. Lavoie: Sans soulever de débat, il n'est pas dans notre
intention, d'ailleurs, de faire le procès du fédéralisme
ou de la formule séparatiste non plus, mais vous remarquerez quand
même qu'il peut y avoir un lien. C'est fait sous forme de postulat, sous
forme interrogative. Tout le monde reconnaît que, dans le livre blanc, il
est du devoir des gouvernants, autant du gouvernement que des autres qui
siègent soit dans l'Opposition ou dans d'autres partis, d'informer la
population. Quand même, il y a un élément d'information
à la population qui devra s'exprimer et il y a une obligation, pour
nous, de faire connaître...
M. Burns: Je suis entièrement d'accord.
M. Lavoie:... chaque option de faire connaître les
conséquences...
M. Burns: L'occasion rêvée...
M. Lavoie: Un instant! Je ne soulèverai pas de
débat.
M. Burns: C'est moi qui ai la parole, ce n'est pas une question
de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! il ne faudrait pas...
M. Burns: Vous êtes en train de répliquer alors que
je n'ai pas terminé.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce que
j'allais dire, c'est que ce débat ne se fera pas ici. L'information sur
tous les sujets mentionnés aux pages 6 et 7 ne devrait et ne doit pas se
tenir ici.
M. Burns: D'ailleurs, c'est pour cela que je l'ai
mentionné, M. le Président. Pour espérer que la commission
suive cette ligne, je vais m'abstenir, non pas que les questions que vous
posez, Mlle Bédard, ne soient pas importantes, mais parce que je
considère, à la suite des directives que la présidence
nous a donnée ce avec quoi je suis d'ailleurs entièrement
d'accord que ce n'est pas à ce stade-ci que ces discussions
devraient avoir lieu.
Vos questions, non pas qu'elles soient sans importance, mais là,
il faudrait bien me comprendre, devront être discutées à
fond et je tiens à vous dire, au nom du gouvernement, qu'elles le
seront, et le gouvernement n'empêchera jamais de discussion de fond sur
ces choses, mais en temps et lieu appropriés.
Actuellement, ce que nous essayons de faire, c'est d'examiner les
mécanismes globaux qui peuvent nous amener éventuellement
à mettre en place un système référendaire. Dans ce
sens, on nous a indiqué qu'il serait inapproprié de commencer
à discuter d'un référendum en parti-
culier, parce que j'ai l'impression, et il faudra peut-être se le
dire, que ce serait à ce moment mettre la charrue avant les boeufs. Dans
ce sens, nous voulons mettre en place l'outil, une fois que l'outil sera mis en
place un peu comme le Barreau nous le recommandait, il y a deux jours
pour que, une fois que, dégagés de toute
émotivité et les mécanismes mis en place, nous puissions
nous embarquer dans des problèmes émotifs, comme vous le soulevez
aux pages 6 et 7. Vous m'excuserez, ce n'est pas par manque de respect à
votre endroit, ce n'est pas par manque de respect non plus pour l'importance
des questions que vous soulevez, mais beaucoup plus parce que je me dis: On va
commencer à mettre les boeufs en place et on va attacher la charrue par
la suite. C'est dans ce sens que je ne me référerai pas à
cela, et d'ailleurs, suivant les directives du président, je tiens
à dire...
M. Grenier: M. le Président, un instant! Je m'excuse
auprès du ministre...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui?
M. Grenier: Je voudrais m'assurer immédiatement, alors
qu'on commence la période des partis reconnus, au départ, avant
qu'on fasse une répartition de temps, si cela devait être le cas,
si les jeunes sont prêts a revenir ce soir à 20 heures?
Mlle Bédard: Oui.
M. Grenier: D'accord, il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Burns: Je vais essayer, d'ailleurs, pour permettre à
nos collègues d'intervenir, comme je l'ai fait dans d'autres cas, de ne
pas prendre tout le temps qui reste d'ici la suspension des travaux à 18
heures. Je veux simplement vous rassurer, quant à votre première
page, et si vous avez pris connaissance de la déclaration que j'ai faite
lors de l'ouverture de nos travaux, le gouvernement entend respecter toutes les
règles du jeu. Je pense que c'est un engagement. Je le prends, à
ce moment, non pas comme Robert Burns, député de Maisonneuve, je
le prends en tant que membre du Conseil des ministres. Je vous livre, à
travers cet engagement, Mlle Bédard et vos collègues, une
décision bien arrêtée du gouvernement. Celui-ci est
convaincu d'une chose, mais il faudrait peut-être se le dire, si le
gouvernement essaie de faire passer des choses pas tout à fait correctes
et pas tout à fait claires vis-à-vis d'une option comme celle qui
semblait vous préoccuper plus que d'autres ou vis-à-vis de
n'importe quelle option, c'est le gouvernement lui-même qui va en payer
les frais, éventuellement. C'est lui qui va régler la note, en ce
sens que je ne pense pas que la population québécoise soit
inconsciente à ce point de ne pas se rendre compte qu'elle se fait
passer un sapin ou qu'elle se fait passer un Québec, selon l'expression
populaire.
Habituellement, l'expérience, c'est une chose qui joue contre
ceux qui, ayant le pouvoir, détenant la force nécessaire, au
point de vue de la majorité gouvernementale, par exemple, pour l'exercer
je pense que le 15 novembre en est une belle preuve la population
n'accepte pas de se faire passer des sapins de façon claire et nette
comme celle-là. Je vous dis, bien au contraire, que la grande
préoccupation du gouvernement sera d'agir, visière levée
et en toute honnêteté à l'endroit de cela. Cela va
être trop important, ce référendum auquel vous pensiez, ou
quelque référendum que ce soit. Le gouvernement et
l'Assemblée nationale songent que c'est assez important pour avoir et
tenir une consultation populaire.
Je tiens à vous rassurer sur cela. C'est une préoccupation
normale et vous faites bien de la soulever et de nous le rappeler
également. Quant à nous, cette requête que vous nous faites
en première page de votre mémoire, je tiens à vous dire
qu'elle figure dans nos préoccupations les plus directes.
J'ajouterais simplement que, si, d'une façon ou d'une autre,
quelque gouvernement que ce soit, le nôtre ou un autre, tentait de
truquer un référendum, j'ai l'impression que nous donnons
suffisamment de garanties dans le livre blanc si, éventuellement,
c'est traduit par un projet de loi que l'opinion publique pourrait
s'insurger contre ça. Et tout est là, vous savez. Il y a eu des
projets de loi... Moi, j'ai connu la période... Certains de mes
collègues ici, le député de Saint-Louis, le
député de Laval, le député de Beauce-Sud, en
particulier, puisqu'ils étaient là à ce moment...
M. Bertrand: Pas de ce bord...
M. Burns: Je regarde mes collègues...
M. Lavoie: ... même pas au monde.
M. Burns: On est tellement content de ce sang neuf, remarquez,
mais je pense que les députés que je viens de mentionner se
souviennent qu'à certains moments une minuscule opposition a
réussi à faire reculer le gouvernement. Je vous donne ça
simplement à titre d'exemple. Je n'essaie pas de faire de la politique,
M. le député de Laval. Je vous vois faire des rictus, mais...
M. Lavoie: Je doute de vos efforts, parfois.
M. Burns: Ce n'est pas dans ce sens-là que je le fais. Je
dis que j'ai remarqué qu'à certaines occasions je suis
là pour en témoigner avec mes autres collègues qui
siégeaient à l'Assemblée nationale une minuscule
opposition, devant un gouvernement très fortement majoritaire, a
réussi à faire passer son message dans l'opinion publique et que
c'est par ce biais que l'opinion publique a réussi à convaincre
le gouvernement. Moi, je suis convaincu que si jamais il y avait un
référendum truqué, soit dans la phraséologie de la
ques-
tion, soit dans le moment choisi, soit dans les règles
établies pour tenir tel ou tel référendum, peu importe le
sujet, je suis sûr que ça ferait, comme l'expression courante le
dit, "boomerang" sur le gouvernement et que ce gouvernement se ferait
sérieusement rabrouer par la population. C'est à ce
point-là qu'on a le respect de l'opinion de la population et qu'on est
conscient je tiens à vous le dire de ce
phénomène. Je tenais à vous le dire, en tout cas. Ce sont
les deux remarques que je voulais faire dès le départ.
Maintenant, j'ai une ou deux questions à vous poser. Il semble,
tout au cours de votre mémoire et je pense bien que votre
mémoire n'est pas, en général, favorable au livre blanc;
je ne vous en tiens pas noise...
Une Voix: Je ne vous en cherche pas noise.
M. Burns: Je ne vous en cherche pas noise à cet
égard. Je reconnais votre droit le plus strict de ne pas être
d'accord sur le livre blanc et j'aimerais que mes questions soient comprises
dans ce sens, mais je vous souligne simplement un cas que vous nous amenez
à la page 5 de votre mémoire.
Comme le sujet concerne toute la population du Québec, il
s'avère nécessaire que la question présentée au
référendum soit acceptée à l'unanimité
parlementaire.
Je vous demande si vous croyez que cette suggestion soit
véritablement réaliste. Pensez-vous que, quelle que soit la
question qui soit posée, il soit imaginable, à un moment ou
à un autre, sur quelque sujet que ce soit, que vous ayez une
unanimité parlementaire, tout en vous disant qu'il s'agit là de
consultations populaires qu'un député à l'Assemblée
nationale pourrait bloquer? Un seul député pourrait dire: Je ne
veux pas que le gouvernement consulte la population. J'aimerais que vous me
donniez une couple d'explications à ce sujet pour justifier votre
désir d'unanimité relativement à la tenue d'un
référendum à l'Assemblée nationale.
Mlle Bédard: Merci, M. le ministre. Avant de
répondre à la question, je ne sais pas si M. le Président
me permettrait de faire une remarque au sujet des pages 6 et 7 qui ont l'air
d'avoir été mal comprises. Puis-je me permettre deux mots?
M. Lavoie: Vous avez toute la liberté de vous
exprimer.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En fait,
je ne connais pas encore vos mots. Allez-y. Je verrai après.
Mlle Bédard: On ne pense pas que ces questions qu'on pose
au gouvernement à qui on demande de répondre soient seulement des
questions d'émotivité. On pense que c'est la préoccupation
des gens, la plus stricte décence. Le gouvernement devrait pouvoir
répondre à ces questions. Ce n'est pas seulement au point de vue
émotif.
M. Burns: Au cours de cette commission parlementaire?
Mlle Bédard: Non.
M. Burns: Ah! Eventuellement. Oui. Je peux vous assurer que le
gouvernement va y répondre ou, en tout cas, va tenter d'y
répondre.
Mlle Bédard: On vous les reposera.
M. Burns: J'espère.
Mlle Bédard: Nous vous les reposerons.
M. Burns: J'espère.
M. Bertrand: On s'en doute.
M. Burns: On s'en doute d'ailleurs.
M. Charbonneau: Espérons que vous serez
intéressés aux réponses.
M. Burns: Mais j'aimerais, Mlle Bédard, que vous me
donniez ce commentaire additionnel. Connaissant ce qu'est l'Assemblée
nationale, connaissant la diversité de représentation, et c'est
souhaitable d'ailleurs... Je souhaite, en tout cas, comme ministre d Etat
à la réforme électorale, je ne souhaiterai jamais qu'un
parti à l'Assemblée nationale détienne tous les
sièges, même si j'aimerais, comme partisan, que tous les membres
de mon parti soient élus, mais je trouve que cela serait très
mauvais pour la démocratie. Une fois ce postulat posé, je vous
pose la question tout simplement: Comment pensez-vous que cela soit
réalisable, dans les faits, sachant qu'en principe, il n'y aura jamais
de parti en tout cas, ce n'est pas souhaitable qui aura tous les
sièges à l'Assemblée nationale?
Mlle Bédard: La question acceptée à
l'unanimité fait référence au projet de
référendum sur l'indépendance du Québec. On
considère que c'est un sujet qui est trop important pour que cela soit
seulement l'objet du gouvernement, finalement.
On désire que la question du référendum soit
acceptée au niveau de tout le Parlement, pour que cela représente
vraiment la volonté de tous les gens, de toute la population du
Québec. Sûrement que notre idée d'unanimité ne sera
pas acceptée partout le monde...
M. Burns: Je respecte votre opinion. Remarquez que je n'essaie
pas de vous poser des pièges. Je respecte votre opinion et je la prends
en considération, mais je vous demande si vous croyez
véritablement que ce soit réaliste d'une part et d'autre part
réalisable dans les faits. C'est la question que je vous pose. Sans
entrer dans le débat, M. le Président, et je m'adresse à
mes collègues et je leur demande la plus grande clémence
là-dessus, je vais vous donner simplement le cas, sans discuter du fond,
qui s'est présenté hier. Il fallait avoir
l'unanimité de l'Assemblée nationale pour féliciter
le premier ministre pour son discours en France. On n'a pas eu cette
unanimité. Je n'ai pas à discuter des raisons, mais je vous dis
que ce sont des faits, cela arrive régulièrement à
l'Assemblée nationale.
Imaginez-vous que n'importe quel député, de façon
unique et de façon indépendante même de son parti, pourrait
arriver et dire au gouvernement: Non, vous ne poserez pas cette
question-là, parce que je ne souscris pas à l'unanimité
que vous recherchez. C'est cela qui m'inquiéterait. A ce
moment-là, on met de côté le processus de la consultation
populaire au complet. C'est, dans les faits, dire que la consultation populaire
n'aura lieu que dans des cas extrêmement exceptionnels. C'est ce que vous
êtes en train de nous dire?
Mlle Bédard: Oui.
M. Burns: Etes-vous d'accord sur cela? Dans le fond, je vous pose
une question, Mlle Bédard, qui est beaucoup plus simple que cela, qu'on
pourrait ramener à une phrase: Est-ce que vous êtes d'accord ou
pas d'accord que nous ayons recours à cet instrument que l'on appelle
les référendums? Etes-vous d'accord?
Mlle Bédard: Nous sommes d'accord sur la question
d'indépendance, mais pour tous les sujets du monde, à tous les
temps donnés, nous ne sommes pas d'accord.
M. Burns: Je comprends votre point de vue et soyez certains d'une
chose, c'est que n'importe quel gouvernement n'y aura pas recours de
façon intempestive, parce que cela coûte quelque chose de tenir un
référendum.
Mlle Bédard: Cela coûte des sous et on peut se
demander ce qu'on fait de la responsabilité ministérielle, parce
qu'un gouvernement faible pourrait toujours rester au pouvoir.
M. Burns: Mais ce n'est pas contradictoire. C'est
complémentaire à la responsabilité
ministérielle.
M. Mackay (Robert): J'aimerais simplement dire, à propos
de l'unanimité, que c'est certain...
M. Burns: Voulez-vous vous identifier pour le journal des
Débats?
M. Mackay: Robert Mackay, je ne suis pas attaché de
presse.
M. Burns: Je m'aperçois de cela, vous n'êtes pas en
France.
M. Mackay: A propos de l'unanimité de la question, c'est
peut-être au niveau des principes, je vois qu'on est probablement
d'accord. Ce qui est important surtout là-dedans, c'est que la question
soit acceptée par une partie de l'Opposition ou une grande
majorité de l'Opposition. Quelle espèce de
crédibilité peut avoir un référendum où
c'est seulement le gouvernement, qui, dans votre cas, représente 41% de
la population, qui a accepté et est d'accord sur la question, quand
l'Opposition entière n'est pas d'accord sur la question?
M. Burns: Là-dessus, M. Mackay, c'est une question que
nous ramenons entre les mains de la population.
Si vraiment le gouvernement a erré totalement en décidant
de tenir un référendum sur tel et tel sujet, il y a des moyens de
s'en rendre compte dans les faits, dans le résultat, sur la
majorité, par exemple, en faveur d'une position ou d'une autre, sur le
taux de participation. Si quelqu'un dit: Ce n'est pas sérieux, c'est un
gouvernement qui n'est pas sérieux de nous demander ce qu'on pense de
ça. Cela ne nous intéresse même pas, qu'il
légifère. Vous aurez un taux de participation très
bas.
Ce sont des faits qui sont faciles à constater. Evidemment, la
presse, avec la vigilance que je lui connais, que ce soit la presse
électronique ou la presse écrite, va sûrement avoir
l'occasion de lever les boucliers là-dessus, comme l'ensemble de la
population.
M. Mackay: Je suis d'accord avec vous sur un sujet. Si la
population n'est pas intéressée à être
consultée sur un sujet précis, ce n'est pas là-dessus que
j'en suis, c'est sur le fait de poser une question tout à fait
honnête, qui représente ce que la population pense du
problème. Vous ne voulez pas qu'on parle d'un référendum
en particulier, mais je suis obligé de prendre l'exemple du
référendum sur l'indépendance. La question doit
certainement être claire, ne faire aucune équivoque quant à
ce que vous pensez faire après l'adoption de la question et ce que la
population pense que vous allez faire après l'adoption de la
question.
M. Burns: C'est sans doute à cause de ça que votre
mémoire, M. Mackay, à la page 9, nous dit: Nous croyons que le
gouvernement, par l'imposition de telles mesures restrictives, ne veut
aucunement faire confiance à la maturité et au sain jugement de
la population. C'est peut-être à cause de ça que vous nous
dites ça?
Mais on vous dit, au contraire, que les règles que nous voulons
mettre en vigueur, ce cadre référendaire que nous voulons mettre
en application est un cadre référendaire qui recherche justement,
selon votre expression, je pense que je n'ai pas un mot à y changer,
recherche au contraire le recours à cette maturité, en laquelle
nous avons foi, et au jugement de la population.
Autrement, on ne ferait pas de référendum. On dirait:
Ecoutez, le monde n'est pas assez intelligent pour se prononcer. Ce serait
bête pour un gouvernement qui vient de se faire élire de dire
ça, soit dit en passant.
Ecoutez, c'est tout à fait le contraire. Comme je l'ai
mentionné lors d'autres interventions, je pense, au contraire, que
déjà, au sein du programme du gouvernement actuel, comme parti,
il y a un recours général, qui est suggéré, au
réfé-
rendum, justement parce qu'il a toi en cette maturité et en ce
jugement de la population. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise
là-dessus?
M. Mackay: On se demande... La crédibilité, si on
veut faire un référendum qui est crédible un peu, je me
demande pourquoi ne pas se fixer des normes et aller se chercher, tout au moins
une majorité dans l'Opposition, pour qu'on soit d'accord. On trouve que
50% plus un, vous pourriez présenter...
M. Burns: D'accord, M. Mackay, c'est exactement notre but, c'est
exactement le but recherché. Quand vous nous dites: Pourquoi ne pas se
fixer des normes? C'est exactement ce qu'on essaie de faire aujourd'hui, avec
le livre blanc. Les normes, on essaie de les fixer de façon tellement
objective que personne ne va nous dire: Vous voulez manipuler ce
référendum ou tel autre référendum. Alors qu'on
risquerait de se faire dire très facilement d'ailleurs, et je pense
qu'on prêterait le flanc à cela, si, de référendum
en référendum, on changeait les règles du jeu, on nous
dirait: Ah! Ah!, celui-là, vous voulez le perdre. Celui-là, vous
voulez le gagner! Ah bon! Voilà! On vient de découvrir votre
jeu.
Là, au contraire, on essaie d'établir des normes
générales. Pas plus un gouvernement ne serait crédible de
changer les règles de la loi électorale d'élection en
élection, pas plus, à mon avis, un gouvernement ne serait
crédible de changer les règles de référendum en
référendum. C'est cela la clé de toute l'affaire.
Je vais vous donner un exemple je m'excuse auprès de mes
collègues, mais évidemment, je vais être obligé de
me répéter et je pense bien que mes collègues aussi vont
me pardonner là-dessus, parce qu'eux aussi vont se répéter
au cours des travaux de la commission que j'ai donné au tout
début de nos travaux.
En Grande-Bretagne, il y a eu un modèle que nous suggérons
dans le livre blanc, qui a été utilisé lors du maintien de
l'appartenance de la Grande-Bretagne au Marché commun. Ce modèle
de référendum est celui qu'on suggère mutatis mutandis, en
l'adaptant à ce qui se passe au Québec.
Mais il y a deux autres référendums qui vont arriver
bientôt, relatifs à l'autonomie, ou à une plus grande
autonomie de l'Ecosse, et l'autonomie ou une plus grande autonomie, je ne le
sais pas, je ne peux pas précéder la question, du Pays de
Galles.
Et aussi bizarre que cela puisse paraître, le gouvernement de
Grande-Bretagne, actuellement, s'apprête à déposer, au
cours du mois qui vient, deux projets de loi relatifs à ces deux cas
qu'on appelle là-bas "devolution", qui, très techniquement, est
considéré par les juristes là-bas.
Mais on va utiliser les mêmes règles, même s'il n'y a
pas de loi générale. C'est cela le processus qui nous a assez
littéralement surpris.
Une Voix: Ce sont des lois spéciales.
M. Burns: Oui chaque fois, ils vont faire des lois
spéciales additionnelles qui vont être exactement les mêmes
que la première loi. Ils vont additionner constamment les lois. Ils ne
changent pas les règles. A ce moment-là, nous, on dit: Pourquoi
faire des lois spéciales les unes après les autres, si on ne
change pas les règles? Pourquoi ne pas faire une loi-cadre, une loi
générale, qui va s'appliquer à tous les
référendums? Dans chaque cas, le problème de la question,
le problème des mécanismes particuliers, on ne devrait pas les
discuter de façon spécifique à l'Assemblée
nationale, avec possibilité d'amendement, avec tout ce que comporte
l'opinion publique comme pression sur le gouvernement qui prend l'initiative
parce que c'est une initiative gouvernementale de recourir
à l'opinion de la population. C'est cela qu'on vous pose comme
question.
M. Samson (Alain): M. le ministre, trouvez-vous qu'il serait
peut-être plus prudent de faire une loi pour un référendum,
de l'essayer, de voir si les Québécois préfèrent
cette forme de consultation, s'ils l'acceptent aussi, et ensuite d'apporter des
modifications à cette loi et en faire une loi-cadre, dans l'avenir? Il
serait peut-être plus prudent d'essayer cette formule, d'en voir les
conséquences et de voir si les Québécois aimeraient cette
formule. Il n'y a rien qui nous dit que les Québécois vont adorer
cette formule. Peut-être qu'il ne l'aimeront pas, qu'ils vont la
négliger. Ce sont des interrogations que l'on peut se poser.
M. Burns: M. Samson, je pense qu'en démocratie, il serait
tout à fait inattendu, en tout cas, inhabituel et cela me surprendrait
énormément, qu'une population qui fonctionne avec un cadre
démocratique assez précis, et je pense que, depuis 1960, cette
démocratie a marqué des points au Québec, surtout depuis
1960, je ne dis pas que ce n'était pas démocratique avant, mais
cela l'est plus, depuis 1960, dis-je, la démocratie a marqué des
points, cela me surprendrait beaucoup, je le répète, que la
population dise: Non, on ne veut pas être consultés. Les grands
problèmes de l'Etat ne nous intéressent pas.
Au contraire, on voit, par l'attention que les gens ont accordée
entre autres à la loi 101, qui a été discutée tout
au cours de l'été, alors que ce n'est pas, je vous avoue, le
moment le plus propice pour alerter l'opinion publique, que tout le monde est
en vacances, il reste que cette attention qui a été
dirigée sur le problème de la Charte de la langue
française au Québec, peu importe si on était pour ou
contre, est un indice.
Tout ce qui tourne autour de l'évolution actuelle de l'avenir
constitutionnel du Québec fait partie d'une préoccupation
constante de la population. Cela me paraîtrait tout à fait anormal
comme présentation que la population dise: Non, on n'est pas
intéressés à être consultés. On vous a
élus pour gouverner. Sur les grands problèmes de l'Etat, on n'est
pas intéressés à se prononcer. Cela m'étonnerait
beaucoup.
M. Samson (Alain): Peut-être pas dans sa valeur
intrinsèque, mais quand même dans ses modalités.
M. Burns: Dans ses modalités, bien oui. A ce moment, une
loi-cadre est justement faite... s'il y a quelque erreur que ce soit qui se
glisse dans les modalités, elle pourrait être amendée. Je
vous cite le cas, par exemple, sous le gouvernement précédent, de
la Loi de l'évaluation foncière. M. Samson, je vous prierais de
m'écouter là-dessus, parce que c'est un très bel exemple.
La _oi de l'évaluation foncière, qui avait été
présentée à l'époque par M. Tessier, n'a jamais
été mise en application avant d'être amendée deux
fois. On se rendait compte que les modalités, justement,
n'étaient pas applicables. C'est arrivé à deux reprises,
dans ce cas.
M. le Président, je pense qu'il est 18 heures. Je m'excuse. J'ai
pris peut-être beaucoup plus de temps, mais je trouve que c'est une
discussion qui est valable. Je ne mets pas de côté, loin de
là, les arguments qui me sont soumis, mais, par contre, je
présume que le groupe qui se présente devant nous ne met pas de
côté non plus la possibilité du ministre de défendre
les grandes lignes de son livre blanc.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): On se
reverra ce soir?
M. Burns: Je vous donne rendez-vous à 20 heures.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de la commission sont suspendus jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
Reprise de la séance à 20 h 11
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs!
Je voudrais rappeler aux membres de la commission qu'il s'agit de la
même séance, légalement parlant, et qu'en
conséquence ce sont les mêmes membres qu'au début de la
séance de cet après-midi.
Je rappelle que le prochain intervenant après les Jeunes
libéraux de la région de Québec sera le Parti communiste
du Québec. Par la suite, si le temps le permet évidemment,
puisque nous ajournerons à 11 heures, ce sera les Fils du Québec
et le magazine Ici Québec.
Est-ce que je pourrais savoir si ces intervenants sont ici: Le Parti
communiste du Québec? Oui. Les Fils du Québec également?
Le magazine Ici Québec? D'accord.
Oui, mademoiselle.
Mlle Morin: J'aimerais faire une mise au point, si vous le
permettez, pour situer au juste le cas de la rédaction de notre
mémoire. Je pense que c'est nécessaire à ce stade-ci pour
mieux vous expliquer pourquoi on a rédigé notre mémoire
sous cette forme. Est-ce que c'est possible?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
Mlle Morin: Bon!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Pour
autant que vous respectiez la directive que j'ai émise cet
après-midi.
Mlle Morin: Oui, très bien.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord.
Mlle Morin: Disons que c'est seulement pour bien situer le cas de
notre mémoire, pour vraiment nous replacer, si vous voulez, pour voir
qu'on n'était pas de mauvaise foi.
Si on se souvient lors des élections de 1976, le Parti
québécois avait mis en veilleuse l'option d'indépendance
et il avait promis alors de soumettre à la population un
référendum sur l'indépendance du Québec. Est-ce que
nous sommes les seuls, M. le Président, qui avons présenté
un mémoire dont l'orientation traite spécifiquement de
l'indépendance du Québec et propose même une formulation de
questions pour ce même référendum?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que vous n'êtes pas les seuls, puisqu'il y a d'autres intervenants qui
sont venus ici et qui ont parlé des référendums. On se
rendait compte également qu'ils avaient à l'esprit un
référendum en particulier. Le sens de la directive, c'est de ne
pas prendre position ou de ne pas argumenter sur le fond de la question.
Mlle Morin: Bon!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Tout en
tenant pour acquis que nous avons un document qui s'appelle le Livre blanc sur
la consultation populaire au Québec, mais, comme je le disais ce matin,
il est bien évident qu'on peut se servir d'exemples...
Mlle Morin: D'exemples.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): On peut
se servir d'exemples concrets; en cas de doute, je donne, comme on dit en
termes de baseball, la chance au coureur; mais si je me rends compte que les
membres de la commission ou les intervenants embarquent sur le fond d'une
question, que cela soit dans le domaine, par exemple, de la
souveraineté, de l'indépendance ou du fédéralisme,
à ce moment, je me permets d'intervenir pour ne pas que cela devienne un
forum pour ou contre un sujet en particulier. D'accord?
Mlle Morin: J'aimerais mentionner autre chose. A l'ouverture de
la commission, vous avez émis des directives, lesquelles
n'étaient nullement connues auparavant de la part des organismes
présentant des mémoires.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
malheureusement, on vient de me faire... un autre intervenant qui va avoir
à intervenir plus tard me fait le même reproche. Remarquez
que...
Mlle Morin: Ce n'est pas un reproche. C'est une constatation.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Remarquez que je le prends. Normalement, évidemment, ce n'est pas moi
qui détermine le mandat. Je n'ai pas ici l'avis de la Gazette
officielle, mais cette dernière devait faire mention des mémoires
sur le livre blanc sur la consultation populaire au Québec, mais
étant donné tout cela, comme je l'ai dit ce matin, le
débat est passablement large. J'essaie de faire preuve de la plus grande
souplesse possible. Je pense en avoir démontré en entendant votre
mémoire et en ne vous en interrompant en aucune façon, sauf que
la seule limite absolue, le seul cadre absolu qu'il ne faut pas
déborder, c'est qu'il ne faut pas que cela devienne un forum. Autrement
dit, il ne faut pas que cela soit la campagne référendaire qui
aura lieu à un autre moment. On sait que tout le monde va y
participer.
Mlle Morin: Donc, M. le Président, vous comprendrez qu'il
était tout à fait impossible pour nous de prévoir les
balises de la discussion. Il est donc clair que nous étions de
très bonne foi. Si vous prenez le livre blanc à la page 11, par
exemple...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II faut
dire que votre mémoire respecte intégrale- ment, sauf
peut-être les pages 6 et 7, la directive que j'ai émise ce
matin.
Mlle Morin: Si on prend...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Intégralement.
Mlle Morin: ... la page 11, où bien des fois on a
été... S'il y avait des ambiguïtés... Et que les
directives n'étaient pas émises quand on a cité notre
mémoire, c'est un peu pour cela. Si on lit le troisième
paragraphe de la page 11 du livre blanc, la question soumise au
référendum et tout cela, ce sont toutes des choses dans le livre
blanc qui nous ont portés à croire qu'on pouvait faire notre
mémoire portant un peu sur l'indépendance du Québec.
Disons qu'on s'en excuse...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Pour
répondre à votre question, vous n'êtes pas les seuls.
D'autres organismes, dont le Barreau du Québec... Tous les autres
organismes avaient en tête ce référendum.
Mlle Morin: J'aimerais terminer les mises au point. Après
cela, on discutera. C'est pour cela que lors de la rédaction de notre
mémoire, cela nous a laissé sous-entendre que notre
mémoire serait opportun à la commission.
Pour revenir à la question de l'unanimité parlementaire,
parce que c'est là qu'on a commencé la discussion. Elle suppose,
en notre esprit, surtout et d'abord l'idée d'associer l'Opposition
à la formulation de la question, M. Burns. Les deux tiers ne sont donc
pas suffisants comme garantie de crédibilité du
référendum, cela supposerait seulement le parti au pouvoir. C'est
pour cela qu'on... En fait l'unanimité, ce n'est pas
nécessairement que tous les députés disent oui, s'il y en
a un qui dit non, cela ne marche pas. C'est justement pour que ce soit
suffisant comme garantie de crédibilité, pour que ce ne soit pas
seulement le Parti québécois qui décide de la question, en
fait, c'est le but de la question d'unanimité parlementaire. Ici,
j'aurais une question à poser à M. Burns: Si l'Opposition ne se
ralliait pas à la formulation de la question proposée par le
gouvernement, iriez-vous jusqu'à procéder unilatéralement
dans la formulation de la question et dans son acceptation? En fait, c'est
surtout à ce niveau notre interrogation.
M. Burns: Jusqu'à maintenant, évidemment, il est
question de majorité parlementaire, donc pas nécessairement
d'unanimité ni même de consensus. Ce que j'ai
déclaré au début des travaux de la commission, c'est que
possiblement on puisse en sortir un peu comme on l'a fait dans le cas de la Loi
sur le financement des partis politiques, avec une espèce
d'unanimité. Ces lois, il n'y a aucune espèce de doute qu'elles
garantissent une meilleure application, si tous les partis politiques
concernés participent à leur mise en application.
Actuellement, on est au stade d'un livre blanc, je n'ai pas de mandat du
Conseil des ministres
pour vous dire qu'il faudrait une majorité des deux tiers, qu'il
faudrait une majorité d'au moins deux partis en Chambre, etc. Nous
sommes encore à l'étape ou au stade de l'exploration.
D'accord?
Mlle Morin: Oui.
M. Burns: Je tiens à vous dire, Mlle Morin, que je ne
mettais pas en doute mais loin de là la bonne foi avec
laquelle vous vous êtes adressés, comme jeunes libéraux de
la région de Québec, à la commission parlementaire, pas du
tout; je tentais avec vous d'explorer, d'ailleurs il y a certains de vos
collègues avec qui j'ai eu l'occasion de parler pendant la
période d'interruption qui savent fort bien avec quel esprit j'aborde
votre mémoire, comme n'importe quel autre mémoire. Ce n'est pas
du tout parce que vous êtes des libéraux notoires...
Mlle Morin: Nous l'espérons!
M. Burns: Vous vous affirmez comme tels, en tout cas ...
que j'aurais plus de réticence à écouter votre
mémoire, je pense à dire cela au départ et je pense que
c'est important.
Votre contribution est valable à mes yeux et aux yeux de la
commission, je pense bien, sur le même pied que si jamais en tout
cas, je ne l'ai pas vu dans la liste le Parti québécois de
Maisonneuve, par exemple, venait déposer un mémoire. C'est
exactement sur un même pied qu'à ce stade-ci, nous prenons vos
recommandations et que nous voulons explorer vos réflexions
là-dessus. D'accord? C'est dans ce sens-là que nous voulons
aborder le problème.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que vous avez d'autres questions à poser, M. le ministre?
M. Burns: Je n'ai, M. le Président, que quelques autres
questions. Je pense qu'on a un peu passé au travers des questions
relativement à la technique du référendum; sur la
loi-cadre, je connais la position du groupe qui vient ici aujourd'hui. Je
voudrais simplement aborder un autre point de vue avec ces gens. Est-ce qu'il
vous apparaît difficile d'accepter je n'ai pas, en tout cas, senti
clairement dans votre mémoire votre opinion là-dessus
est-ce qu'il vous apparaît difficile d'accepter que la Loi
électorale, comme telle, les principes, les grandes lignes de la Loi
électorale, soient purement et simplement appliquées, même
sans modification, à une consultation référendaire? Je
m'adresse à Mlle Bédard, mais s'il y a quelqu'un d'autre qui aime
mieux y répondre...
M. Samson (Alain): On apportait quelques modifications. La Loi
électorale, dans certains points, peut s'appliquer fort bien. Nous
sommes de cet avis. Par contre, en ce qui concerne la page 8 de notre
mémoire, au sujet du droit de vote, nous sommes d'accord avec le
gouvernement pour dire qu'il n'est pas nécessaire d'abaisser, pour seule
fin du référendum, l'âge de la majorité politique.
Nous sommes d'accord là-dessus. C'est la même chose qu'une
élection. Deuxièmement, lorsque vous mentionnez...
M. Burns: M. Samson, simplement une question brève. Vous
n'iriez pas jusqu'à dire, même si vous représentez les
jeunes libéraux de la région de Québec, qu'il faille
descendre à 16 ans l'âge minimum pour avoir la possibilité
de voter?
M. Samson (Alain): Non. Nous jugeons que l'âge d'une
majorité...
M. Burns: On garderait cela à 18 ans.
M. Samson (Alain): ... politique et d'une majorité
légale est à 18 ans, tel que cela a toujours été
depuis quelques années pour les élections, et que ce soit celle
pour le référendum.
M. Burns: Je vous le dis tout de suite, et d'ailleurs, je l'ai
dit hier, ce n'est pas l'intention du gouvernement, en tout cas, pas à
ce stade-ci, de se rendre à ça, mais comme vous êtes un
groupe représentant des jeunes, ça m'intéresserait d'avoir
vos commentaires là-dessus. Pourquoi ne croyez-vous pas qu'on doive
diminuer à 16 ans le cens électoral? Est-ce que vous avez des
raisons particulières ou est-ce une décision d'ordre
général?
M. Samson (Alain): 18 ans, c'est l'âge des
élections, c'est l'âge de la majorité légale. Nous
n'avons pas senti, dans nos milieux de jeunes, que ce soit des amis, nos
frères ou nos soeurs, un mouvement de jeunes qui voudraient avoir
l'âge de voter pour le référendum. Cela n'a pas l'air
d'intéresser, d'après ce qu'on a entendu, dans nos milieux, les
jeunes de 16 ans et de 17 ans. Ils ne se sont pas montrés
particulièrement intéressés à se prononcer par voie
de référendum. Il nous a semblé qu'ils acceptaient, M.
Burns, comme normal l'âge de la majorité politique.
M. Burns: Votre groupe, qui est désigné comme les
jeunes libéraux de la région de Québec, accepte comme
membres des gens de quel âge à quel âge?
Mlle Bédard: De 16 à 25 ans.
M. Burns: De 16 à 25 ans. Et vous ne pensez pas qu'une
partie de vos membres vont réprouver l'attitude que vous... Remarquez
que je ne prends pas position, je fais juste me poser des questions.
M. Samson (Alain): Vous vous faites l'avocat du diable.
M. Burns: Oui, c'est ça. Je me fais l'avocat du
diable.
M. Lavoie: II est toujours comme ça d'ailleurs.
M. Burns: II y a même des fois où le
député de Laval pense que je suis le diable lui-même.
M. de Bellefeuille: Etant donné que le
député de Laval est l'archange.
M. Burns: Ecoutez, j'explore cette chose, parce qu'hier je peux
vous dire que je me suis fait l'avocat du diable dans le sens inverse, alors
que le Mouvement national des Québécois est venu nous
suggérer cette chose. J'aimerais bien, puisqu'on est là pour
essayer de se renseigner, avoir les positions, surtout que vous êtes
probablement le seul groupe de jeunes attirés par la politique et
impliqués dans la politique. Cela m'intéresse beaucoup d'avoir
vos réactions là-dessus.
Mlle Morin: Si on se souvient bien, quand il y a eu écho
que le référendum pourrait être accessible aux jeunes de 16
ans, il y a eu au niveau de la crédibilité du
référendum un certain "down", si on peut dire.
La plupart des parents, en tout cas, les impressions que j'ai eues de
mon père, de ma mère, etc., ils disaient: S'ils sont rendus
à faire cela, ils vont chercher le vote des jeunes qui ne sont pas
nécessairement connaissants, qui peuvent voter juste par
émotivité.
Ce qui fait qu'on a mis cela dans notre mémoire, c'est justement
une perte de crédibilité de votre référendum. Ce
que le Mouvement national des Québécois propose, c'est son
opinion, mais la nôtre, surtout à ce niveau-ci, concerne la
crédibilité du référendum et l'impression des
personnes d'un certain âge face à cette demande.
Je pense que vous en avez eu un écho quand c'est venu à
l'oreille de tout le monde. C'est pour cela qu'on l'a mis en majorité
dans notre mémoire.
M. Burns: Mais vous, en tant que groupement très
caractérisé au point de vue politique, en tant que groupement de
jeunes, quelle est votre opinion là-dessus? Je ne vous demande pas
l'opinion que vous sentez chez les personnes d'un âge plus
élevé. Mais comme groupement de jeunes libéraux, donc, de
jeunesse politique, quel est votre point de vue là-dessus? Je l'ai pas
vu dans votre mémoire, sauf pour dire: On accepte que les règles
actuelles s'appliquent.
Mais, sur ce point-là en particulier, qu'est-ce que vous en
pensez?
Mlle Morin: Je pense qu'il y a des gens de 20 ou de 25 ans qui ne
sont absolument pas politisés, qui ne s'occupent absolument pas de
politique. On pense qu'à 16 ou 17 ans, les jeunes ne sont pas assez
politisés. Il y en a qui, à 20 ou à 25 ans, ne sont pas
plus politisés. Mais 16 ou 17 ans, on trouve cela un peu jeune pour
demander une réflexion sur une question primordiale.
Les jeunes libéraux qui ont 16 ans ou 17 ans, sûrement
qu'il y en a qui seraient aptes à voter sur le référendum,
peut-être aussi des jeunes péquis-tes de 16 ans ou 17 ans. Mais on
pense que la majorité des gens de 16 ans ou de 17 ans ne sont pas assez
politisés, ne sont pas assez intéressés, informés.
Je pense que c'est là le problème. Il y en a sûrement qui
sont aptes à voter. Par contre, je crois que la majorité n'est
pas apte à voter sur ce point. C'est notre point de vue.
M. Burns: Vous pensez, en général, que les gens de
16 à 18 ans ne sont pas aptes à se prononcer, lors d'une
consultation électorale ou lors d'une consultation populaire par voie de
référendum?
Mlle Morin: En majorité, oui. Si à 16 ans, ils
peuvent voter, alors à 16 ans ils peuvent aller dans les brasseries, ils
peuvent aller partout.
M. Mackay: A un moment donné, il faut être logique.
Si on donne la majorité à 18 ans dans la province de
Québec, il faudrait peut-être la respecter aussi dans les lois
qu'on se donne et dans tous les appareils où on fixe un âge
minimum. Je ne le retrouve pas exactement dans le mémoire, mais c'est
clairement dit: Si vous voulez abaisser l'âge pour voter au
référendum à 16 ans, abaissez la majorité à
16 ans. C'est tout simplement cela. Si toutes les lois stipulent que 18 ans,
c'est la majorité, à un moment donné, il faudrait
être logique avec nous-mêmes et dire que 18 ans, c'est l'âge
minimum requis pour voter au référendum.
M. Bums: Je prends note de votre recommandation. Je n'ai pas
l'intention de la discuter. J'en prends avis. Si je comprends bien, en
général, vous voulez que soient utilisées les grandes
règles de la Loi électorale pour les appliquer aux
mécanismes d'une consultation référendaire. Je pense bien
que c'est assez clair.
J'aimerais cependant, avant de quitter ce sujet, que vous nous disiez en
quoi vous pensez qu'à l'occasion d'une consultation, on doive exclure,
parce que j'ai cru comprendre cela, dans votre mémoire, à la page
8, entre autres, les personnes on ouvre cette possibilité
qui seraient soit des juges, des procureurs de la couronne, qui n'ont
actuellement pas droit de vote, ou encore des personnes confinées dans
des établissements pénitentiaires. Y a-t-il des raisons
particulières pour lesquelles vous croyez devoir exclure ces gens qui
sont des citoyens au Québec? Même si j'étais détenu
aujourd'hui à Orsainville, j'espérerais qu'un jour je puisse me
promener en toute liberté dans la société, que cette
société puisse m'intéresser et que je puisse avoir un mot
à dire sur l'avenir de cette société, puisqu'on a
parlé du problème de l'avenir du Québec. Mais, dans tout
autre cas, imaginez-vous si, à un moment donné, j'étais
placé dans une situation à me demander, comme prisonnier, si je
dois être en faveur ou contre la peine de mort. Je pense que j'ai un
intérêt assez précis, assez direct, assez immédiat.
Je me demande si vous vous êtes penchés sur cette question, pour
des catégories de citoyens du Québec qui, techniquement, n'ont
pas le droit de vote actuellement. Je cite ces trois cas. On a simplement
cité celui des juges à qui, pour garder leur
crédibilité et leur indépendance à l'endroit des
partis politiques, on a enlevé le droit de vote; la même chose
pour les procureurs de la cou-
ronne et la même chose pour les détenus, mais pas pour la
même raison.
Evidemment, cela se touche tellement, tout ce monde; il y en a un qui
s'occupe de les faire condamner, l'autre les condamne et l'autre est
condamné, mais il reste quand même une chose, c'est que ce sont
des gens qui, en période électorale, n'ont pas droit de vote. On
se demandait si, en période référendaire, ils n'auraient
pas droit de vote. J'aimerais avoir votre réaction là-dessus.
M. Samson (Alain): D'accord. On pourrait peut-être
commencer par le cas des juges et des procureurs de la couronne. On n'est pas
catégorique là-dessus, mais, quand même, comme on le
mentionne dans notre troisième paragraphe de la page 8... Si vous le
permettez, je pourrais le relire: "Nous comprenons mal comment
l'intégrité des juges pourra être protégée,
si ceux-ci peuvent se prononcer ouvertement et prendre part activement à
la campagne référendaire". Je pense, M. Burns, que c'est quand
même assez clair, comme énoncé. Il s'agit de
protéger l'intégrité de notre appareil judiciaire dans des
cas de possibles poursuites ou d'infractions à la loi sur les
référendums. Alors, je pense que, dans le domaine des juges, cela
correspond... On comprend mal comment l'intégrité des juges
pourrait être protégée et l'appareil judiciaire.
M. Burns: C'est la même chose dans le cas des procureurs de
la couronne, j'imagine.
M. Samson (Alain): Procureurs de la couronne et tout l'appareil
judiciaire.
M. Burns: Dans le cas des prisonniers?
M. Samson (Alain): Maintenant, dans le cas des prisonniers, nous
ne prenons pas une position catégorique. Si vous permettez, je pourrais
lire le paragraphe: "Le livre blanc mentionne que les personnes détenues
dans un établissement pénitentiaire et y purgeant une peine pour
quelque infraction pourraient avoir le droit de voter lors du
référendum. Ces individus peuvent-ils quand même exercer ce
droit, même s'ils ont perdu certains privilèges?
M. Burns: M. Samson, je vais vous poser la question suivante.
M. Samson (Alain): Oui.
M. Burns: Demain, vous vous faites coller par la police de
Québec une contravention pour stationnement illégal sur la rue
Saint-Jean. Vous décidez de ne pas payer votre contravention. On fait,
ce que vous connaissez peut-être déjà, tout le processus.
On vous envoie un avis. Vous ne répondez pas. Votre billet de $5 se
retrouve à $18.20 dans le cas de Québec, j'en sais quelque
chose, c'est exactement cela...
M. Samson (Alain): Vous ne payez pas vos comptes?
M. Burns: Sauf que je les paie.
M. Bertrand: A $18.20, par exemple.
M. Burns: Non, $18.10.
M. Samson (Alain): Ce serait dommage que vous alliez en prison
pour cela.
M. Burns: Bon! C'est ça. Mais si je ne les paie pas, je me
retrouve en prison. Je n'ai pas le droit de voter, d'après vous? Je suis
en dehors de la société à ce moment-là.
M. Samson (Alain): Non, vous n'avez pas le droit de voter.
M. Burns: Disons que le référendum a lieu pendant
les huit jours que la cour m'impose à ce moment-là.
M. Samson (Alain): Ce serait bien de valeur pour vous, M. Burns,
que vous ne puissiez pas exercer votre droit de vote, mais c'est la loi, M.
Burns, je considère que, en tant que prisonnier...
M. Burns: Mais...
M. Samson (Alain): Oui?
M. Burns: ... vous ne trouvez pas que c'est un peu... Non, c'est
très sérieux, ça.
M. Grenier: ...
M. Lavoie: Voyons! Ecoutez! Il y a trois ou quatre
organismes...
M. Roy: M. le Président, sur un point de
règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Roy: Sur un point de règlement. Je ne veux pas brimer
les droits du leader et du ministre responsable du livre blanc, mais il y a une
chose quand même...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Quelle
est la question de règlement?
M. Roy: Question de règlement, sur le temps de parole.
M. Lavoie: II n'y en a pas.
M. Roy: Non, un instant! Est-ce que j'ai le droit de
m'expliquer?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
n'étiez pas ici cet après-midi; il a été question
du droit de parole.
M. Roy: Je m'excuse. S'il en a été question cet
après-midi, j'étais à l'Assemblée nationale. Ce
ma-
tin, j'ai assisté à l'ouverture d'une usine dans mon
comté. C'est peut-être condamnable?
M. Lavoie: Est-ce qu'il y en a une d'ouverte?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre!
M. Roy: On en a quatre d'ouvertes, mais on a demandé au
gouvernement... On ne lui a pas demandé de l'aide; on lui a
demandé de ne pas nous nuire.
Non, mais sur le point de règlement, j'aimerais tout simplement
vous signaler, M. le Président, qu'en vertu des règles de
pratique et de la tradition qui prévaut dans nos commissions
parlementaires, il est normal qu'il y ait un temps de parole raisonnable de
réparti à chaque membre.
M. Burns: II n'y en a pas.
M. Roy: II n'y en a pas actuellement, mais j'aimerais quand
même signaler que, pour éviter qu'à un moment donné
on en vienne à accuser l'Opposition, ça fait quand même
trois quarts d'heure que l'honorable ministre responsable de la loi, une
demi-heure avant le souper et plus de quinze minutes, ici, ce soir...
M. Lavoie: Cela fait une demi-heure...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! A l'ordre!
M. Roy: Plus près d'une heure que de trois quarts d'heure,
peut-être que lui n'a pas trouvé le temps long. Je ne veux pas
dire qu'on l'a trouvé long, nous non plus, mais, quand même,
j'aimerais qu'on reste dans des questions intelligentes. Quand on est rendu
à parler des prisonniers pour savoir s'ils doivent voter ou pas, on n'a
pas de temps à perdre. On n'est pas ici pour s'amuser.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. de Bellefeuille: C'est sérieux, ça!
M. Jolivet: Ce sont des droits fondamentaux de la personne.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! S'il vous plaît! A l'ordre!
M. Burns: Les prisonniers vont être bien contents
d'entendre ce que vous venez de dire là.
M. Grenier: Ses amis ne sont pas en prison.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grenier: Cela ne le dérange pas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Tout ce
que je peux vous dire, M. le député de Beauce-Sud, c'est qu'il y
a actuellement...
M. Roy: ... des droits qui prévalent ailleurs.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Beauce-Sud, s'il vous plaît! Actuellement, il n'y
a aucune limite de temps. Il est censé y avoir une rencontre demain
matin, à 9 h 30, entre les leaders des différents partis
politiques. Espérons que le problème pourra être
réglé à ce moment-là, mais, actuellement, au moment
où on se parle, je demanderais la collaboration de tous, afin qu'ils
prennent un temps raisonnable, compte tenu du fait qu'on a encore trois
intervenants à entendre et qu'il est neuf heures moins vingt, mais vous
comprendrez que je ne peux, en ce qui me concerne, comme il n'y a pas de limite
de temps, enlever le droit de parole à quelqu'un.
M. Roy: M. le Président, on en prend bonne note. Soyez
assuré qu'on en prend bonne note.
M. Lavoie: Est-ce que le ministre pourrait me permettre une
courte question?
M. Burns: Certainement, M. le député.
M. Lavoie: Considérant qu'il y a encore trois organismes,
je n'ai pas d'objection à ce que vous abordiez ce sujet.
M. Burns: Je ne le ferai pas longuement.
M. Lavoie: Brièvement, parce que ce n'est quand même
pas le fond de la question.
M. Burns: Je sais que ce n'est pas le fond.
M. Lavoie: Donnez l'occasion aux autres partis de s'exprimer
quand même.
M. Burns: M. le Président, et à l'endroit du
député de Laval et, je pense, par respect pour le mémoire
qui nous est soumis actuellement par les jeunes libéraux de la
région de Québec, je vois, à la page 8: Le livre blanc
mentionne que les personnes détenues dans un établissement
pénitentiaire, etc., devraient avoir droit de vote. Bon! Vous
suggérez le contraire. Je suis en train de...
M. Samson (Alain): On se pose la question. Mlle Morin: On
se pose la question. Mlle Bédard: On se pose la question.
M. Burns: Ces individus peuvent-ils? La question m'apparaît
comme une question qui amène un non dans le cadre de votre
mémoire. Ces individus peuvent-ils quand même exercer ce droit,
même s'ils ont perdu certains privilèges? C'est pour cela que je
vous pose la question...
M. Samson (Alain): M. Burns, si vous me...
M. Burns: ... et je suis dans le cadre du droit des personnes
qui, en vertu de la loi électorale...
M. Samson (Alain): Maintenant, M. Burns, si... M. Burns:
... peuvent avoir le droit de voter.
M. Samson (Alain): ... vous permettez, je vais continuer ma
pensée parce qu'elle s'inscrivait dans une suite logique. Maintenant,
comme on posait la question ici, peuvent-ils exercer ce droit, même s'ils
ont perdu certains privilèges? On se pose la question, mais on ne se
prononce pas.
Par contre, on dit qu'ils auraient...
M. Burns: Vous n'êtes pas contre alors?
M. Samson (Alain): Pardon. Un instant. Je vais nuancer.
M. Burns: Ah bon!
M. Samson (Alain): S'ils ont le droit de vote, comme on le dit
dans le deuxième paragraphe, il serait plus logique quand même de
faire participer au débat tous les Québécois qui,
temporairement, demeurent à l'extérieur de la province, à
l'intérieur du Canada, afin qu'ils puissent, eux aussi, s'exprimer sur
l'avenir du Québec dans le Canada.
M. Burns: Je prends bonne note de votre suggestion
là-dessus. Elle est claire, sauf que vous admettrez avec moi que votre
premier paragraphe n'est pas tellement clair et c'est pour cela que je vous
posais une question.
M. Samson (Alain): On pose la question et on répond quand
même dans le deuxième paragraphe avec une autre comparaison.
M. Burns: Bon. Je vais...
M. Samson (Alain): Si on donne le droit de vote aux
prisonniers...
M. Burns: ... M. le Président et M. Samson, avec votre
permission, je ne veux pas brimer les droits des membres de la commission
loin de là et depuis le début, j'ai plutôt
démontré mon désir de permettre au plus grand nombre de
gens possible d'intervenir et de ne pas bloquer les travaux de la commission
loin de là mais je vais vous poser une dernière question
et je l'adresse à Mlle Bédard qui la dirigera à quelque
collègue qu'elle désignera, ou elle répondra
elle-même, comme le dit mon collègue de Deux-Montagnes.
Etes-vous contre le fait qu'il y ait dans un livre blanc qui,
éventuellement, pourrait être traduit dans un projet de loi, une
forme de contrôle des dépenses et du financement des options au
cours d'un référendum?
M. Mackay: Je pense qu'au niveau du contrôle des
dépenses, c'est un problème certain. Je pense qu'on était
d'accord sur le principe de limiter les contributions à $3000...
M. Burns: Selon la loi 2.
M. Mackay:... par personne ou selon la limite. Il n'y a pas de
problème. Quant à l'histoire des compagnies, encore là, on
ne s'est pas prononcé là-dessus. Ce qui est important
là-dedans, c'est que pour nous, on ne peut pas obliger M. X, Y ou 2
à s'intégrer à un groupe et dépenser de l'argent
pour faire valoir ses idées. C'est clair et catégorique.
M. Burns: Je ne vous parle pas de cela M. Mackay.
Je vous demande simplement si vous êtes d'accord qu'il y ait une
formule de contrôle des dépenses au cours d'une campagne
référendaire, comme il y a une façon de contrôler
les dépenses au cours d'une période électorale?
M. Mackay: Certainement, en autant qu'on s'assure que les
personnes qui fixent un maximum pour ces dépenses et c'est une
opinion tout à fait personnelle ne fixent pas ce maximum
vis-à-vis des fonds qu'elles prévoient avoir pour cette
campagne.
M. Burns: Alors vous n'avez pas d'objection au contrôle des
dépenses en période référendaire.
M. Mackay: Pour autant qu'il soit assez large pour permettre une
possibilité d'expression à tout ceux qui veulent se
prononcer.
M. Burns: Je prends bonne note de votre suggestion. Est-ce que
vous vous opposez j'ai cru comprendre que oui, mais si tel est le cas,
est-ce que vous pourriez élaborer votre pensée? c'est ma toute
dernière question est-ce que vous vous opposez au système
des comités ad hoc que propose le livre blanc relativement au
regroupement des gens au sein d'une, deux ou trois ou quatre options, peu
importe le nombre d'options qui seront offertes, lors d'une consultation
référendaire?
Mlle Bédard: Au sujet des blocs, on est pour les
comités ad hoc, et de la façon suivante: on est pour une certaine
direction, une cohésion, plutôt si c'est possible dans ce cas-ci,
de chaque groupement, mais on ne peut pas accepter le fait que les gens soient
obligés, pour faire je ne sais pas si je peux dire de la propagande,
mais parler au sujet d'une option ou d'une autre, d'adhérer à un
de ces groupes. On trouve que c'est brimer la liberté des citoyens, de
toute la population.
M. Burns: Est-ce que vous avez une autre solution à nous
offrir, pour, d'une part, contrôler les dépenses avec,
apparemment...
Mlle Bédard: Mais, est-ce qu'il faut...
M. Burns: ... un point de vue avec lequel vous semblez être
d'accord et d'autre part, rendre fonctionnels et protéger un certain
nombre de droits que vous soulignez actuellement?
M. Samson (Alain): Sans aller quand même dans des
technicités, c'est l'objectif qu'on pourrait faire ressortir de ce
sujet. Si on prend la page 8 au titre: Campagne référendaire,
deuxième paragraphe, nous sommes en principe d'accord sur la
reconnaissance de groupes officiels afin qu'ils reçoivent, et c'est le
sens de la nuance que nous apportons à vos deux comités ad hoc,
la contribution de l'Etat, des électeurs et des partis politiques.
D'ailleurs, il n'est que simple justice que les deux groupes officiels aient
les moyens financiers un mot a été oublié
malheureusement et égaux d'informer adéquatement les
citoyens et qu'ils aient les chances minimales de faire valoir leur point de
vue à tous les Québécois. Le but, l'objectif est d'assurer
que chaque Québécois ait en main une information égale
d'un point de vue et l'autre pour prendre sa décision le plus
honnêtement possible, pour une option ou pour l'autre. Si vous comprenez
bien ma pensée, c'est uniquement pour le financement. Comme le disaient
Robert et Marie, nous ne sommes pas d'accord sur le fait que, pour exprimer un
point de vue, nous devrions faire partie d'un groupe ou de l'autre. Je pense,
pour continuer leur pensée, que c'est brimer quand même certaines
libertés fondamentales d'expression et d'affiliation.
M. Burns: Mais, comment faites-vous le contrôle, si on
n'utilise pas ce moyen?
M. Samson (Alain): Vous parlez de contrôle financier ou de
contrôle humain?
M. Burns: De contrôle financier.
M. Samson (Alain): De contrôle financier. Je l'ai
mentionné, pour ce qui concerne les dépenses financières
des deux groupes, eux seuls seront appelés à remettre au
gouvernement leurs livres ou à les faire vérifier quant à
leurs sources de financement.
Mais je viens de penser à un sujet. Vous me parlez probablement
d'un individu qui achète une annonce publicitaire dans un journal. Vous
parlez de ces gens-là, probablement.
M. Burns: Je parle d'un organisme qui voudrait, à un
moment donné, participer à une campagne
référendaire dans un sens ou dans l'autre, et qui se voit refuser
c'est possible cela aussi l'accession à une des
organisations, mais qui veut quand même le faire, qui veut quand
même faire des dépenses. Qu'est-ce que vous feriez dans ce
cas-là?
M. Samson (Alain): C'est son choix et c'est sa liberté
d'engager des énergies humaines et financières. Par contre, il
nous apparaît quand même inadmissible en poursuivant la
pensée de Robert que certains groupe d'individus je ne
parle pas d'individus seuls bénéficieraient de montants
à outrance pour faire de la propagande pour une option ou pour l'autre.
Il serait peut-être loisible, pour le gouvernement, d'établir une
certaine norme d'acceptation des dépenses. C'est-à- dire qu'un
groupe qui voudrait engager des dépenses en haut de $5000, c'est un
exemple, pourrait être soumis à des contrôles de l'Etat. Je
pense que ce serait quand même un consensus.
M. Burns: J'aurais encore beaucoup de questions à vous
poser, Mlle Bédard, M. Samson, Mlle Morin, M. Mackay, mais je vais
laisser la possibilité à mes collègues de
l'Assemblée nationale de continuer. Je suis absolument certain qu'on
posera les questions qui feront sortir les autres réponses que j'aurais
voulu obtenir. Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Laval.
M. Lavoie: Merci, M. le Président. Je comprends et je
crois que le ministre responsable a accordé une certaine indulgence aux
invités que nous avons actuellement, du fait que leur mémoire
traite, d'une manière spécifique, du référendum
avec un grand "R". D'ailleurs, ils ne sont pas les seuls. Le groupe qui les a
précédés, le MNQ, le Mouvement national des
Québécois, leur mémoire était uniquement sur la
question.
M. Burns: Pas du tout, c'est le contraire.
M. Lavoie: Ils nous ont entretenus ce matin et hier...
Une Voix: A cause de vos questions.
M. Lavoie: Ecoutez, je ne vous ai pas interrompu, quand
même.
M. Burns: C'est le contraire. Ecoutez, il ne faut pas dire des
choses fausses.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lavoie: Messieurs, s'il vous plaît! Soyez un peu plus
tolérants, voulez-vous? Voulez-vous être tolérants?
M. Charbonneau: Soyez honnêtes.
M. Lavoie: Je n'ai jamais vu cette intransigeance qu'il y a du
côté...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Raynauld: Arrêtez donc de parler chaque fois qu'il y a
quelqu'un qui parle...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député d'Outremont, vous n'êtes pas membre. A l'ordre!
M. Burns: C'est faux. Ce n'est pas vrai. Je lui dis à
lui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Burns: Ce n'est pas vrai.
M. Lavoie: Je n'ai jamais vu ce sectarisme.
M. Mackasey: ... philosophy, we would like to hear a little about
the brief too.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lavoie: Je pense que pendant au-delà d'une heure
personne ne vous a interrompu, M. le ministre. Demandez donc à votre
collègue cette maturité de parlementaire que vous pratiquez quand
même, mais que d'autres n'ont pas encore eu l'occasion de pratiquer ou
d'expérimenter. On n'est pas ici pour se lancer des fleurs, on est ici
pour émettre des opinions et ce qui est le plus sain c'est que les
opinions soient contraires justement.
M. Burns: On n'est pas ici pour dire des faussetés par
exemple.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! Est-ce qu'on pourrait revenir à l'objet
de la discussion?
M. Lavoie: Je vais dire ce que j'ai à dire, interrompu ou
non. C'est compris? J'ai eu l'occasion, comme la plupart des membres de cette
commission, de parcourir les 26 mémoires que nous avons et vous savez,
ceux qui les ont parcourus que la majorité d'entre eux traitent, d'une
manière spécifique, d'un certain référendum qui
doit se tenir sur l'avenir constitutionnel du Québec.
Je pense qu'on n'a pas à demander aux gens qui font l'information
ou aux gens qui font les sondages, mais on sait qu'actuellement, au
Québec, la majorité des gens ne sont pas préoccupés
par une loi-cadre sur les référendums. Ils sont
préoccupés par un certain référendum. Il ne faut
pas se mettre la tète dans le sable à ce point-là, le mot
"référendum", au Québec, est devenu synonyme de
référendum sur l'avenir constitutionnel du Québec.
Il est vrai que le ministre a pris des engagements et il est
invité, non seulement par les membres de la commission, non seulement
par les membres de l'Opposition officielle de la commission, mais constamment
par les témoins que nous avons eus, à prendre, d'une
manière continue, des engagements. Il en a pris encore ce soir, des
engagements de clarté, de probité, de limpidité dans cette
question du référendum.
D'ailleurs, c'est notre troisième mémoire et vous serez
invité encore à en prendre, parce que vous parcourrez les
mémoires, ceux de la Société Saint-Jean-Baptiste, de la
CSN, de la FTQ. On a parcouru, déjà, les mémoires du MNQ,
du Barreau et la Société nationale des Québécois.
Tous et chacun se posent des questions sur l'opportunité d'une loi-cadre
ou d'une loi spéciale. La plupart des mémoires nous soulignent
l'importance d'une question claire, précise, nette, sans bavure.
D'autres nous disent que la population ne devrait pas répondre par un
oui ou par un non, mais par un X devant un oui ou un non.
Vous serez invité à prendre de tels engagements.
Là, je ne veux faire de politicaillerie d'aucune façon. Mais,
chez les gens au Québec, autant certaines personnes qui sont favorables
à l'idée d'indépendance, de séparation, autant ceux
qui veulent rester dans le statut fédéraliste, je pense qu'il y a
soif de la grande majorité de la population de pouvoir s'exprimer d'une
manière claire lors de ce référendum. Oui ou non. Votre
question est un modèle un peu dans ce sens-là: Est-ce qu'on doit
conserver le lien fédéral oui ou non?
J'inviterais le... Qu'est-ce que vous avez à rire?
M. Charbonneau: On vous expliquera après, après,
après.
M. Lavoie: Sortez donc du parlement et allez donc dans vos
comtés. C'est ça que vos commettants veulent savoir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, à l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Charbonneau: J'ai des petites nouvelles pour vous, moi.
M. Mackasey: ... ils sont déjà
séparés.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, à l'ordre!
M. Mackasey: Ils n'ont pas besoin d'un référendum,
ils pensent qu'ils sont déjà séparés. Ce n'est pas
fait encore.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, M. le député de Laval; s'il vous plaît,
un instant.
Puis-je demander la collaboration de tout le monde, s'il vous
plaît?
M. Lavoie: Ce doute, M. le Président, existe, à la
suite des propos d'hommes publics responsables comme le premier ministre du
Québec qui a dit, aujourd'hui ou hier, à Paris que, dans quelque
temps, un pays souverain va naître sur la carte du monde.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Laval, s'il vous plaît.
M. Lavoie: Ce sont des doutes...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
comprends que vous avez dit tout à l'heure je ne suis pas
intervenu que vous interviendriez, vous avez le droit de le faire
pendant le temps que vous voudrez, mais je vous rappelle simplement les
directives que j'ai émises et que les intervenants eux-mêmes ont
intégralement respectées, comme je l'ai dit tout à
l'heure. Alors, je vous inviterais également à les respecter.
La population du Québec, actuellement, est sensibilisée
à ce problème constitutionnel et cette
population veut s'exprimer en toute liberté et en toute
clarté, autant ceux qui sont favorables à l'appartenance
fédéraliste que ceux qui ne le sont pas. Ils veulent
s'exprimer.
J'inviterais justement, à cause... Cela va revenir à
chaque mémoire que nous aurons. Ces doutes vont subsister, vous serez
obligés de répéter vos mêmes engagements. On vous
demande d'arrêter de tourner autour du pot...
M. Burns: On va les répéter.
M. Lavoie: ... et de donner votre position. Vous dites que c'est
un livre blanc. Un livre blanc, vous avez fait la distinction ce matin, c'est
l'engagement gouvernemental. Je voudrais vous demander, à ce stade-ci,
s'il y a des choses qui sont encore négociables, selon le
gouvernement.
Vous nous avez dit que c'était un livre blanc, en opposition avec
un livre vert. Un livre blanc, lui, détermine la position
gouvernementale. Est-ce que c'est encore négociable et vous
pourrez me répondre le fait qu'on ait une loi spécifique,
au lieu d'une loi omnibus, d'une loi-cadre sur cette question? Est-ce que c'est
négociable qu'on puisse obtenir qu'il n'y ait qu'une seule question
claire et précise, comme c'est demandé par la très grande
majorité des groupes qui vont se faire entendre? Est-ce que c'est encore
négociable que le gouvernement s'engage ce qui n'est pas dit dans
le livre blanc à la volonté populaire exprimée lors
d'un tel référendum? Est-ce que c'est encore négociable
qu'il y ait des rajustements à vos comités ad hoc? Je vous
permettrais de répondre immédiatement, si c'est encore
négociable.
M. Burns: J'ai dit, et je le répète, que tout le
livre blanc est une suggestion que nous espérons acceptable, autour
duquel nous souhaitons un consensus, mais qui est adaptable à quelque
situation que ce soit.
J'ai manifesté tout à l'heure mon ouverture d'esprit en
m'adressant au groupe qui est actuellement devant nous en lui demandant: Est-ce
que vous avez une autre solution à tel ou tel problème? Si nous
avons d'autres solutions qui nous apparaissent meilleures, du point de vue de
ce que nous voulons atteindre par ce livre blanc, à ce moment-là,
on est tout à fait ouvert. Je vais être obligé de le
répéter chaque fois, peut-être tous les jours. Tant mieux
si je suis obligé de le répéter tous les jours,
peut-être qu'à un moment donné cela va faire son chemin,
non seulement dans la population, mais peut-être auprès des
députés de l'Opposition qui ne veulent pas comprendre cela. Et
cela ne vise pas tous les députés de l'Opposition,
évidemment.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de la commission sont suspendus jusqu'à l'expiration du vote
enregistré qui va se tenir en Chambre dans quelques minutes.
(Suspension de la séance à 20 h 58)
Reprise de la séance à 21 h 14
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de Laval.
M. Lavoie: M. le Président, je m'adresse à nos
invités. Je crois que le ministre d'Etat et leader parlementaire du
gouvernement je ne voudrais pas me tromper de chapeau, il en a plusieurs
a soulevé, à juste titre, la difficulté de la
suggestion que vous avanciez ou de l'idée que vous émettiez selon
laquelle la question devrait avoir la majorité absolue de
l'Assemblée. Je crois qu'au point de vue technique ce serait difficile
d'avoir une condition de la sorte. Mais n'avez-vous pas voulu dire, en somme,
que cette question claire que vous proposez puisse, un peu comme en Angleterre
lors du référendum de 1975 sur l'appartenance au Marché
commun... D'ailleurs cette question avait fait l'objet de consultations avec
les partis de I Opposition, avant l'impression du livre blanc, du "white
paper". Elle était contenue dans le livre blanc et, par la suite,
libellée dans la loi spéciale sur le référendum de
la manière suivante: Etes-vous favorable, oui ou non, au maintien de la
Grande-Bretagne dans la communauté européenne, le Marché
commun?
Est-ce que vous ne vouliez pas, au lieu de cette majorité,
obtenir le consensus ou que cette question claire et précise obtienne
d'emblée, en somme, l'approbation de l'Assemblée, du Parlement
et, qu'elle ne fasse pas uniquement l'objet d'une décision
unilatérale d'un clan politique ou d'un parti politique?
M. Mackay: II est évident qu'on veut que la question soit
comprise et acceptée d'emblée par le Parlement. Ce qui est
surtout important là-dedans, dans ce geste, c'est que, dans la
population, il n'y aura aucun doute et que cela va être précis
pour la population, et, en plus de cela, il n'y aura personne dans la
population qui va pouvoir se dire: La question était truquée, on
n'a pas aimé la question, ils nous ont joué un tour avec la
question. C'est pour cela qu'on veut que la question soit adoptée
à l'Assemblée nationale pas avec une majorité du Parti
québécois, parce que, deux tiers à l'Assemblée
nationale, vous pouvez les ramasser facilement avec la majorité du Parti
québécois. C'est une majorité aussi des partis
d'opposition, autant de l'Union Nationale que du Parti libéral. Je pense
que...
M. Lavoie: Ecoutez, je voudrais faire une correction, parce que,
justement, le Parti québécois n'a pas les deux tiers à
l'Assemblée nationale. Il manque deux ou trois têtes de pipe
à peu près.
M. Bertrand: Avec les transfuges qui s'en viennent, cela va
arriver.
M. Mackay: De quel côté vont-ils?
M. Lavoie: II y en a qui rêvent en couleur, c'est
épouvantable!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lavoie: Ne trouveriez-vous pas, comme moyen terme, à
cette occasion d'un certain référendum, de procéder comme
nous procédons actuellement à l'Assemblée nationale,
lorsqu'il y a des nominations importantes, où on doit choisir des gens
à certains postes en toute objectivité? Nous avons des exemples,
plusieurs même, le Protecteur du citoyen, le vérificateur des
comptes, les membres de la Commission des droits de la personne, un autre dans
une loi tout à fait récente, la loi 2, le directeur du
financement des partis politiques. Je pense qu'il y avait un bien-fondé
à cela. D'ailleurs, c'est une loi qui a été votée
dans le Parlement actuel. Le gouvernement s'est donné cette contrainte
d'obtenir les voix des deux tiers de l'Assemblée nationale. Cela veut
dire la participation non seulement du côté ministériel,
mais d'au moins un autre parti politique d'Opposition. Est-ce que cela ne
pourrait pas être une formule que, sur le libellé de la question,
on puisse obtenir les deux tiers? Au moins, ce serait déjà un
élément de dépolitisation pour la sortir de la
partisanerie un peu.
Mlle Bédard: Nous avons pensé à cela, avec
les deux tiers pour les nominations de certains hauts fonctionnaires. On a
demandé l'unanimité, parce qu'on croyait que le mémoire
traite d'un certain référendum. La question, pour nous,
était très importante. Alors, on se dit: Est-ce plus important de
poser une question précise? Est-ce que cela mérite encore plus
que les deux tiers des gens de l'Assemblée nationale finalement? On
croit que la question est plus importante encore que la nomination de certaines
personnes.
M. Lavoie: Je vais vous donner une expérience personnelle
que j'ai faite dans ma région, un sondage qui s'est fait à 120
000 portes. La question du référendum, la question qu'on a
posée, c'était: Désirez-vous un référendum
dans un délai assez rapide, disons un an, et plus tard, trois ou quatre
ans? Les réponses, je peux le dire, ont été
majoritairement pour un référendum assez rapide. Mais je pense
qu'il y a 7% ou 8% de ceux qui ont répondu qui ont dit: On n'en veut pas
du tout, de référendum. Vous comprenez? C'est pour ça que
ça peut se refléter, ces 7% ou 8% pourraient être
représentés à l'Assemblée nationale par un ou deux
députés qui n'accepteraient aucune question et diraient: On ne
veut pas entendre parler de référendum et le meilleur moyen, s'il
faut obtenir l'unanimité... Je pense que l'unanimité, c'est
illusoire.
M. Mackay: A titre personnel là-dessus, je verrais
mieux... C'est parce que les deux tiers, selon la composition du Parlement,
peuvent être significatifs ou non significatifs. Quant à nous ou
quant à moi, parce que je m'exprime personnellement là-dessus,
j'aimerais mieux voir une norme parlant de la majorité de l'Opposition.
Si on veut éliminer certains députés qui ne veulent
absolument rien savoir du référendum, je suis d'accord
là-dessus, mais je veux parler d'une majorité ou d'une
participation de l'Opposition, parce qu'on sait que les deux tiers, selon la
formation ou l'élection, peuvent être représentatifs de
tous les partis ou ne peuvent pas l'être, selon que le parti au pouvoir a
plus des deux tiers des députés. Si le Parti
québécois ou, dans le temps, le Parti libéral avait deux
tiers, 80 députés, les deux tiers n'auraient plus aucune
signification.
M. Lavoie: C'est la raison pour laquelle on peut peut-être
revenir à une loi spéciale sur le référendum au
lieu d'une loi-cadre. Vous savez, avec une loi spéciale, elle pourrait
être adoptée au point de vue de cette majorité souhaitable
à l'occasion d'un Parlement précis. Bon! De toute
façon...
Mais c'est sûr, à mon point de vue, que, s'il y avait moyen
d'obtenir une question précise, qui pourrait rejoindre
l'unanimité, comme c'est pas mal arrivé en Angleterre... Parce
que la question était tellement claire en Angleterre qu'à ma
connaissance, elle a rejoint tous les parlementaires, autant du Parti
conservateur que du Parti travailliste. Personne ne pouvait s'opposer,
justement parce que la question était tellement claire: Voulez-vous
continuer l'appartenance au Marché commun ou non? Il n'y a personne qui
pouvait s'opposer à ça. C'était l'objet du
référendum, et c'est la raison pour laquelle j'appuie tout
à fait votre question. Si tout le monde était de bonne foi et si
tout le monde pouvait je n'accuse personne en arriver à un
consensus et réaliser quel est le point de sensibilisation des
Québécois actuellement... Je crois que c'est en grande
majorité qu'ils veulent savoir, comme vous le dites dans votre question:
Le Québec doit-il, oui ou non, se retirer du système
fédéral canadien? Je pense que ça ne pourrait pas
être plus clair et que les gens qui désirent la
souveraineté ou la séparation pourraient dire oui et ceux qui
sont contre pourraient dire non. Mais c'est un voeu que j'émets, de
toute façon.
Vous voulez encore des questions embrouillées? C'est ça
que vous voulez prêcher?
M. Mackasey: Tout allait bien.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! A l'ordre! Cela va bien encore, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce. Cela va très bien.
M. Mackasey: Vous n'avez pas d'autre chose à faire dans
l'autre Chambre?
M. Lavoie: Au début de votre mémoire, vous avez des
doutes, justement, sur l'utilité des référendums, d'une
loi-cadre ou des référendums multipliés. Là, je ne
voudrais pas répéter ce que j'ai déjà dit, à
savoir qu'il ne faut pas s'imaginer qu'on va avoir des
référendums à tous les ans, même si c'est le voeu du
gouvernement, parce que, à ma connaissance, depuis 15 ou 20 ans, moi, je
me
demande s'il y a eu deux ou trois occasions où il y aurait eu
lieu d'aller à la population pour consulter, aller en démocratie
directe. Il y aurait quoi? La ceinture de sécurité? Cela peut
être un sujet, quant à ça, mais ça devient assez
dispendieux, ces exercices de démocratie directe, de $8 millions
à $10 millions pour aller consulter la population, et je vous rejoins en
disant que notre position, c'est qu'on préférerait une loi
spéciale, surtout à cause de l'importance de la question.
En somme, vous préféreriez, si je vous ai bien compris,
parce que vous avez donné comme exemple l'élection de 1962, alors
qu'un certain gouvernement avait pris la décision de nationaliser
l'électricité et est allé devant la population en
disant...
C'est un peu dans notre système parlementaire, électoral
également, de tradition britannique de dire: Nous prenons telle position
et nous voulons être endossés par la population lors d'une
certaine élection comme cela s'est produit en 1962 lors de
l'élection prématurée sur la question de la
nationalisation de l'électricité.
Cela veut-il dire, en somme, que vous préféreriez que le
gouvernement actuel prenne la position claire qu'il a prise après le 15
novembre comme vous l'avez mentionné et qu'il avait mise
en veilleuse avant le 15 novembre, claire après le 15 novembre à
la lecture de ce qui a paru autant dans le Devoir ou dans les discours de New
York ou de Paris actuellement, à savoir que c'est inéluctable,
que la séparation est faite, que c'est uniquement une question de
modalités ou de temps, et que le gouvernement dise: On prend cette
option souverainiste, d'indépendance et nous déclenchons une
élection. Si vous voulez faire l'analogie avec 1962, s'il gagne
l'élection, il pourra négocier avec Ottawa et s'il perd, ce sera
au successeur de négocier toute autre entente. Est-ce cela que vous
vouliez dire dans votre mémoire?
Mlle Morin: Disons que dans notre mémoire, on avait...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! Je pense, M. le député de Laval, que cette...
J'avais laissé passer...
M. Lavoie: Ce n'est pas aux pages 6 et 7.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non,
mais je n'étais pas pour répéter...
M. Lavoie: C'est dans le mémoire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Lavoie: C'est au début, à la page 2.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
connais votre expérience. Vous êtes un notaire qui avez
pratiqué depuis de nombreuses années et qui pratiquez
peut-être encore. J'ai laissé passer, par nos intervenants,
certaines choses, et je n'étais pas limitatif aux pages 6 et 7,
même si je n'ai pas été très précis, mais
j'estime que la dernière question est strictement politique. Je pense
que vous admettrez avec moi qu'elle va à l'encontre de la directive,
peut-être bien de la seule directive générale qui doit nous
guider dans nos travaux. J'aimerais, s'il vous plaît...
M. Lavoie: Je vais la formuler autrement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je ne
voudrais pas par là que vous essayiez de faire de façon
détournée quelque chose qui est strictement défendu,
mais...
M. Lavoie: Je vais la poser et si vous jugez qu'elle n'est pas
recevable, vous la refuserez.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Essayez-la!
M. Lavoie: Au lieu d'avoir un référendum qui soit
nécessairement consultatif, préféreriez-vous que le
gouvernement épouse, défende une position et aille devant
l'électorat pour se faire sanctionner ou pour... En somme, mettre sa
tête sur le billot pour une question et prenne la responsabilité
de ses politiques devant l'électorat à l'occasion d'une
élection?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Laval, j'ai fait beaucoup d'efforts.
M. Lavoie: Je n'ai pas parlé d'indépendance.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non.
J'ai fait beaucoup d'efforts.
M. Mackasey: Le mot indépendance, ce n'est pas la fin du
monde. Personne n'a peur de ce mot.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, ce n
est pas une question de mot.
M. Mackasey: Personne n'a peur de ce mot.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! S'il vous plaît!
M. Mackasey: ... question.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'ai
fait beaucoup d'efforts personnels pour essayer de voir la différence
fondamentale entre la première et la deuxième question et je dois
vous avouer bien sincèrement que je ne puis arriver...
M. Lavoie: M. le Président...
M. Mackasey: Puis-je vous poser une question. M. le
Président? Une question positive?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît!
Est-ce une demande de directive?
M. Mackasey: Oui, sûrement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Quelle
est la directive que vous voudriez avoir?
M. Mackasey: Attendez la question, s'il vous plaît.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
c'est cela. Quelle est la directive?
M. Mackasey: Quand nous avons invité l'organisme de ce
soir, la CSN et les autres, a-t-on dit à l'avance: Ne préparez
pas de mémoire qui touche la substance et toute la question...?
Sérieusement, a-t-on averti à l'avance...
M. Lavoie: Sur la question de règlement, M. le
Président.
M. Mackasey: C'est important.
M. Lavoie: Nos témoins et beaucoup de témoins
mettent en doute la valeur d'une loi-cadre du référendum dans
notre système traditionnel, d'élection, de système
parlementaire et de responsabilités ministérielles, et c'est
quand même le fond du livre blanc qui est un livre blanc sur la
consultation populaire qui est du droit nouveau, qui est un
élément nouveau et je fais le parallèle avec notre
système actuel. C'est uniquement cela et si je demande à nos
témoins s'ils préfèrent conserver notre système
traditionnel de partis politiques... devant l'électorat et qui rend
compte de son mandat, ou si on peut diminuer cela ou amender cela par un autre
système de démocratie directe. C'est tout.
M. Bertrand: Question de règlement, M. le
Président.
M. Lavoie: Je pense bien que c'est tout à fait
raisonnable.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Une
dernière intervention sur la question de règlement. M. le
député de Vanier.
M. Bertrand: Je pense, M. le Président, que cette question
qui tient très à coeur au député de Laval, à
savoir une loi-cadre, une loi spéciale ou un autre type de consultation
qui pourrait être fait en même temps que des élections, je
pense qu'on peut le laisser facilement aller dans ce genre de question qui,
dans le fond, répond à ses angoisses métaphysiques
personnelles.
M. Lavoie: A mon atavisme du parlementarisme.
M. Bertrand: Cela m'apparaît correct, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! C'est-à-dire que la dernière
intervention m'apparaît correcte également. D'ailleurs, j'ai
toujours dit que je permettrais les discussions sur les lois-cadre ou les lois
spéciales, mais la première question et la deuxième
question ne...
M. Lavoie: La troisième est meilleure.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui, la
troisième était meilleure et ne portait pas sur une loi
spéciale.
M. Bertrand: Quand vous vous essayez souvent, cela devient
meilleur.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mais si
vous parlez d'une loi spéciale ou d'une loi-cadre...
M. Burns: il comprend vite, mais il faut lui expliquer longtemps.
C'est cela le problème.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! M. le député de Laval, s'il vous plaît!
M. de Bellefeuille: Et quand on est pour, cela l'intéresse
moins.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A la
troisième question.
Mlle Morin: C'est laquelle? Vous avez parlé de 15 000
affaires.
M. Burns: Répondez par oui ou par non.
M. Lavoie: Même pas, par un X. En somme, c'est le
début de votre mémoire où vous apportez certains doutes
sur la nécessité d'avoir une loi-cadre sur les
référendums en opposition avec notre système traditionnel
de responsabilité du gouvernement qui met sa tête au jeu sur
certaines politiques.
Mlle Morin: Si je peux employer le terme, pour le
référendum sur l'indépendance du Québec, on
aimerait mieux que ce soit une loi spécifique. Mais advenant une
consultation populaire sur l'uranium, sur l'hydraulique versus l'énergie
nucléaire, je pense que ce serait à la population à
décider et non à une thèse inscrite à
l'intérieur d'un programme de parti qui est au gouvernement. Je pense
qu'on n'est pas contre le fait que le gouvernement du Parti
québécois dise: On a à prendre une grave décision,
disons sur l'énergie nucléaire ou sur l'hydraulique, on va
consulter la population. Dans ce sens, on n'est pas contre un
référendum, mais on aurait préféré une
loi-cadre pour le référendum sur l'indépendance du
Québec.
M. Lavoie: Une loi-cadre ou...
Mlle Morin: Une loi spécifique sur l'indépendance
du Québec. Pour ce qui est des questions qui sûrement un jour
seront posées à la popula-
tion, que ce soit sur l'énergie nucléaire ou
l'hydraulique, il serait bon qu'il y ait une consultation du gouvernement
comparable à celle de l'Angleterre sur le Marché commun, par
exemple.
M. Lavoie: Une dernière question. Quant au libellé
de la question, est-ce que vous seriez favorables à ce que la question
soit strictement unilin-gue ou bilingue ou...
Mlle Bédard: Comme on désire que la question soit
claire, précise, je crois qu'il faut tenir compte, comme on le dit dans
notre mémoire, qu'il y a plusieurs minorités, qui sont au
Québec, qui sont québécoises. On désire que la
question soit posée en français et en anglais. Même par la
loi 101, finalement, il y a une exclusion d'application qui a été
faite pour les Inuit, alors on pourrait la poser dans cette troisième
langue aussi. Ce serait clair, tout le monde comprendrait.
M. Lavoie: Pour le moment, ce sont les seules questions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Merci, M. le Président. Nos invités de
ce soir ont appris pas mal de choses sur les politiciens qui sont autour de la
table. Vous avez appris que, quand c'est la dernière question d'un
politicien, ce n'est jamais la dernière. Il y en a plusieurs autres qui
suivent.
M. Lavoie: Moi, j'ai dit que c'était la dernière et
il y en a eu seulement une.
M. Grenier: Je ne fais pas d'allusion à vous. C'est parce
que la dernière question...
M. Lavoie: J'ai l'impression que vous ne savez pas compter. J'ai
dit que c'était la dernière et j'en ai posé seulement
une.
M. Grenier: Ne vous fâchez donc pas, ce n'est pas de vous
que je parle.
M. Bertrand: Cela pourrait tellement s'adresser à lui
qu'il se pensait visé.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonouière): A
l'ordre!
M. Grenier: C'est parce que la dernière question avait
commencé à 5 h 25.
M. Lavoie: ... tranquille ici, c'est moi. M. Bertrand:
Vous vous reprenez.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît, M. le député de Vanier!
M. Grenier: Bien rapidement, je ne vous féliciterai pas
cette fois-là parce que je m'en suis re- penti l'autre jour. Vous
êtes déjà venus devant moi et cela avait ressorti ailleurs
que vous aviez eu même l'appui de l'Union Nationale. Mais je vais vous
dire que cela vous demande pas mal de courage pour venir devant une commission
comme celle-ci. J'apprécie votre geste qui n'est peut-être pas le
geste d'un jeune libéral mais d'un jeune tout court, qui vient devant
une commission.
Je pense que vous apportez encore une fois une bouffée de
fraîcheur à ces commissions qui sont agréables à
entendre.
J'aimerais savoir une chose, au départ: dans votre
exécutif, est-ce que vous comptez beaucoup de membres qui ont entre 16
et 18 ans?
Mlle Morin: Cela va peut-être sembler bizarre au
gouvernement du Parti québécois, depuis l'élection du
Parti québécois, beaucoup de jeunes se sont posé des
questions. De 16 ans à 18 ans, pas tellement, les jeunes y ont moins
tendance, mais, de 18 ans à 25 ans, on a connu un essor certain; dans la
région de Québec, on est au-dessus de 500, là-dessus, il y
en a qui sont très actifs et qui s'occupent beaucoup de ce qui se passe
à l'Assemblée nationale. Beaucoup de jeunes s'inquiètent
de l'indépendance du Québec, cherchent à s'impliquer au
niveau d'un parti et beaucoup s'impliquent au niveau du Parti libéral.
Je ne sais pas s'il y en a chez vous qui s'impliquent au niveau de l'Union
Nationale, mais il y en a beaucoup au Parti libéral; de plus en plus, on
a des demandes et les jeunes, récemment, ont tenu un colloque au mont
Saint-Sacrement; il y avait des jeunes qui nous ont dit: On vient ici parce
qu'on était inquiet, c'est tout.
M. Grenier: Chut! A l'ordre! c'est intéressant, ce n'est
pas à vous que je fais allusion, c'est aux deux leaders du Parti
libéral et du Parti québécois, qui s'intéressent
entre eux.
Mlle Morin: De plus en plus, on a des jeunes qui adhèrent
au Parti libéral.
M. Grenier: A l'exécutif, chez ceux qui prennent des
responsabilités, vous n'en avez pas tellement entre 16 ans et 18 ans qui
acceptent des responsabilités?
Mlle Morin: La jeune représentante conseillère, au
niveau de la région de Québec a 17 ans. Je pense qu'il y a
beaucoup de... On essaie de plus en plus d'impliquer les jeunes qui ont entre
16 ans et 18 ans à des postes et à les informer.
M. Grenier: Vous avez des jeunes de 16 ans qui deviennent
membres?
Mlle Morin: Oui.
M. Grenier: J'imagine, oui. Vous n'en avez pas de 14 ans? Votre
parti ne le permet pas?
Mlle Morin: Non.
M. Grenier: Vous n'en avez pas de douze ans, non plus?
Mlle Morin: Non. Ils vont peut-être se décider un
jour, mais...
M. Grenier: C'est parce que cela a été dit à
une commission ici, hier, que c'était même possible à 12
ans.
Mlle Morin: Non.
M. Grenier: Parce qu'on a le droit de se marier, à 12 ans,
pour les jeunes filles, et les garçons aussi, à 14 ans. Cela a
été mentionné hier et on a même fait une approche
assez sérieuse de ça hier, durant la journée. On a entendu
hier des adultes nous dire que ce serait acceptable. Cela a même
été proposé par le leader du gouvernement. Il a même
dit, pas clairement, que, pour le référendum, ça ne serait
peut-être pas prévu, mais que, pour une élection, cela
n'était pas à rejeter.
Mais vous continuez de témoigner que le vote à 16 ans,
même dans une élection générale...
M. Bertrand: M. le député de
Mégantic-Compton, vous venez de dire quelque chose. Je voudrais
seulement avoir une précision, est-ce que vous avez dit que le leader
parlementaire aurait dit hier qu'on pourrait accorder le vote
éventuellement à des jeunes de 14 ans et 12 ans?
M. Grenier: Non, vous n'avez pas suivi. M. Bertrand: C'est
ça que j'essayais...
M. Grenier: J'ai dit à la table de la commission, on a
parlé de gens de 12 ans qui avaient assez de sérieux pour se
marier et, à 14 ans, c'était autre chose, à 16 ans,
c'était assez vieux pour pouvoir... l'esprit de la rencontre, même
si ce n'est pas dit dans ces termes...
M. Bertrand: Le leader parlementaire...
M. Grenier: Le leader du gouvernement a dit hier qu'on ne
rejetait pas l'idée. En tout cas, c'est ce qui s'est
dégagé, peut-être pas dans ces termes, qu'à
l'occasion d'une élection générale, les jeunes de 16 ans
pourraient y participer comme votants.
M. Burns: J'ai dit exactement le contraire; j'ai dit que, pour le
moment, il n'était pas question de changer les règles.
M. Grenier: Ce n'est pas le contraire que vous avez dit, ce n'est
pas le contraire, je m'en souviens, c'est encore tout frais à ma
mémoire.
M. Bertrand: Voyons donc! Dans le livre blanc, c'est écrit
en toutes lettres.
M. Grenier: La discussion d'hier, M. le Président, je
regrette... d'ailleurs, ce n'est pas au leader que je m'adresse, c'est aux
jeunes libéraux qui sont ici.
M. Burns: II ne faut pas dire des faussetés non plus,
parce que vous les mettez sur une mauvaise piste. J'ai dit exactement le
contraire hier, j'ai dit qu'il n'était pas possible, du moins pas
à ce stade-ci...
M. Grenier: C'est ça.
M. Burns: ... envisageable pour le gouvernement...
M. Grenier: C'est ça.
M. Burns: ... avant qu'un certain référendum ait
lieu, que les règles du jeu puissent être changées en
réduisant par exemple le cens électoral à 16 ans.
M. Grenier: Une restriction faite pour le
référendum, mais pas pour la prochaine élection. C'est
ça que je voulais dire, moi.
M. Burns: J'ai dit qu'à ce moment-là, ce genre de
modification se faisait par voie de consensus et que si j'avais un consensus de
part et d'autre de l'Union Nationale, du Parti libéral, possiblement du
PNP et du Ralliement créditiste, ce serait peut-être plus facile
à faire. Pour le moment, ce n'est pas l'intention du gouvernement de le
faire.
M. Grenier: On reviendra là-dessus.
Simplement pour vous signaler ça, dans le moment, comme d'autres
partis politiques, vous avez une participation des jeunes; la
responsabilité n'est toutefois pas majoritairement prise par des jeunes
de 16 ans à 18 ans, mais par des jeunes de 18 ans à 25 ans, comme
cela se rencontre ailleurs.
Mlle Morin: Oui.
M. Grenier: A la page 9, vous avez un paragraphe qui semble se
contredire. J'aurais aimé vous voir donner un peu plus d'explications.
Remarquez bien que je ne veux absolument pas vous mettre en boîte, je
suis assez raisonnable pour comprendre que des jeunes qui s'intéressent
à la politique n'ont pas tous les rouages de la politique, il y a
peut-être des questions auxquelles vous ne pourrez pas répondre.
Je ne vous en voudrai pas, soyez en sûrs.
Dans ce dernier paragraphe, vous dites que le référendum
devrait être dévoilé au niveau provincial. Et à la
fin de votre paragraphe, vous laissez entendre que les résultats de ce
référendum pourraient être connus boîte par
boîte. Il est bien évident que, le lendemain matin, tout le monde
va savoir comment a voté tel comté. Comment pouvez-vous
m'expliquez ce paragraphe qui semble se contredire?
Mlle Bédard: Dans notre esprit, c'est clair. C'est très
clair. On veut éviter les sentiments ré-gionalistes. Est-ce que
chaque citoyen va aller fouiller pour comparaître... Je ne pense pas que
les gens vont voir, chaque jour, dans le rapport du directeur
général des élections, quelle section de vote a
voté pour qui, pour quel parti.
M. Grenier: Mais le journaliste va être là le
lendemain matin, lui.
Mlle Bédard: Nous, c'était pour les recher-chistes,
peut-être, et également pour les journalistes, pour qu'on puisse
quand même savoir ce qui s'est passé.
M. Grenier: S'il n'y avait pas de huis clos sur ces boîtes,
il est évident que ceux qui seraient intéressés d'abord,
le lendemain matin, ce seraient les media d'information qui iraient chercher
les renseignements dont ils ont besoin et cela viendrait à la
connaissance publique.
Je comprends quand même ce qui sous-tend tout cela, vous aimeriez
avoir un comptage de vote au niveau régional ou à un autre
niveau. Vous aimeriez que ce soit comme cela, pour éviter, comme vous le
dites...
Mlle Bédard: Mais qu'on puisse quand même se
procurer les données.
M. Samson (Alain): Le résultat serait
dévoilé au niveau provincial.
M. Grenier: Oui, et au niveau régional,
peut-être.
M. Samson (Alain): Le résultat des "oui" et des "non" au
niveau provincial donne cela. Cela ne serait pas dans le même style
qu'une élection, comté par comté. Cela serait uniquement
au niveau provincial. Les résultats publics seraient
dévoilés, à la télévision, pour les media
d'information, au niveau provincial.
Par contre, il serait loisible à tout citoyen, même aux
media d'information, aux recherchistes, de pouvoir analyser le vote d'une
façon plus précise. Bien entendu, nous ne posons pas cela comme
une condition sine qua non. Mais, quand même, dans le rapport du
directeur général des élections, que les résultats
par boite, ou par comté, ou par région, puissent être
disponibles.
Par contre, la chose fondamentale, c'est que les résultats
apparaissent au niveau provincial et non pas comté par comté.
C'est la nuance qu'on veut apporter.
M. Grenier: Accepteriez-vous un résultat de façon
régionale, par exemple? Les Cantons de l'Est? L'Outaouais? Le
Saguenay-Lac-Saint-Jean? Le Bas-du-Fleuve? Regroupant huit comtés?
Est-ce que vous vous êtes interrogés là-dessus?
M. Samson (Alain): D'une façon, dans le groupe, on avait
certaines divergences d'opinions, ce qui est bien normal. Pour ma part, je
préférerais au niveau provincial, et, comme je viens de
l'expliquer, avec la possibilité de rechercher ensuite l'information
nécessaire.
Mais au niveau purement régional, comme vous le mentionnez, je ne
vois peut-être pas... il y aurait une certaine utilité, mais la
portée, je la mesure moins que si elle était au niveau
provincial.
On veut que le résultat soit dévoilé uniquement au
niveau provincial.
Par contre, s'il y a des journalistes ou des analystes qui veulent faire
des analyses, ce qui est très logique, ce qui est bien normal, dans une
démocratie, qu'ils puissent sortir des résultats, peut-être
au niveau de certains comtés, peut-être au niveau de certains
quartiers, peut-être au niveau de certaines régions. Mais que les
résultats officiels soient compilés au niveau provincial, les
données comme telles. C'est une façon de voir.
M. Grenier: A vos pages 6 et 7, ce sont des termes tabous dont on
ne peut pas parler.
M. Lavoie: Ils sont à l'index. Mile Bédard:
On les a jetés.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): On ne
peut que les regarder.
M. Grenier: C'est comme les actrices de Hollywood, regardez avec
vos yeux seulement.
M. Burns: Ce sont des méchantes choses. M. Bertrand:
C'est presque un "Penthouse".
M. Grenier: Le professeur me disait dans le temps: Bene quereris,
sed extra viam; vous avez un bon texte, mais vous n'êtes pas dans le bon
sujet. Je vous conseillerais fortement de conserver ces deux pages, elles vont
devenir importantes.
Mlle Bédard: On les conserve.
M. Grenier: Oui, conservez-les. Ne les conservez pas loin. Elles
n'auront pas le temps de jaunir.
M. Samson (Alain): Sûrement pas.
M. Grenier: Auriez-vous une date à recommander pour un
référendum qui pourrait venir, qui ne serait peut-être pas
le premier?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton, j'ai refusé cette
question...
M. Lavoie: Consentement unanime, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II n'y a
pas de consentement unanime là-dedans; j'ai refusé une question
à peu près identique au député de
Notre-Dame-de-Grâce et je pense que cela serait faire preuve d'illogisme
que de la permettre au député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je ne reviens pas là-dessus, je pensais qu'on
aurait pu y répondre.
M. de Bellefeuille: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Deux-Montagnes, il n'y a pas de question de
règlement.
M. de Bellefeuille: C'est dommage parce que...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Deux-Montagnes, s'il vous plaît! J'ai
déclaré cette question...
M. Mackasey:... demain matin, je veux l'écouter
encore.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! S'il vous plaît! Ne soulevons pas de question de
règlement lorsqu'il n'y en a pas.
M. Mackasey: Why not?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'avais
déjà déclaré cette question irrecevable, question
analogue ou identique, cet après-midi. C'est la même
décision.
M. Grenier: Cela n'a pas bien tourné non plus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
pouvez vous essayer, le député de Laval s'est essayé tout
à l'heure.
M. Lavoie: J'ai réussi aussi.
M. Grenier: Ce n'est pas mon habitude. Vous avez parlé
dans votre mémoire d'unanimité en Chambre pour déterminer
les questions des référendums. Je reviens là-dessus, parce
que c'est un sujet qui est un peu "touchy". J'ai aimé l'intervention de
M. Mackay là-dessus qui a trouvé autre chose, peut-être
parce qu'il a vécu l'ancien gouvernement de plus près. Si on
avait alors parlé des deux tiers, l'ancien gouvernement avait les deux
tiers en Chambre et l'Opposition aurait pu ne pas être consentante et le
gouvernement l'aurait adopté quand même. C'est peut-être
pour cela que vous avez parlé d'un autre moyen qui n'était pas
les deux tiers de la Chambre, parce que l'ancien gouvernement avait plus que
les deux tiers, on comptait 102 députés sur 110.
M. Mackay: Exactement.
M. Grenier: Vous avez trouvé une autre formule en disant
"avec une certaine participation de l'Opposition". Vous aimeriez voir
là-dedans une participation de l'Opposition. Je m'excuse s'il s'est dit
autre chose que je peux avoir manqué, mais vous n'avez pas donné
de moyens pour arriver à cela.
M. Mackay: Les moyens, je ne le sais pas. Est-ce qu'il y a
moyen...
M. Grenier: Cela m'intéresse énormément de
trouver un moyen comme cela.
M. Mackay: Personnellement, je pourrais tout simplement dire que
cela prend la majorité des membres qui ne font pas partie du
gouvernement, tout simplement, la majorité de l'Opposition au complet ou
un pourcentage de l'Opposition au complet. Le pourcentage est à retenir.
J'aimerais mieux une majorité, mais si on dit 40%, ou un tiers, ou les
deux tiers de l'Opposition... De toute façon, si la motion est
présentée par le gouvernement, on est sûr qu'elle va avoir
l'appui des députés ministériels.
M. Grenier: On s'attend à cela au départ,
excepté que l'unanimité est difficile à avoir. Le leader
du gouvernement a dit qu'hier il y avait eu une motion qui n'avait pas
reçu le consentement unanime. Il y en a eu une autre aussi le 1er
juillet qui n'a pas reçu le consentement unanime non plus, à peu
près dans les mêmes circonstances.
M. Jolivet: ... mesquin. Il est mesquin.
M. Grenier: Cela devient difficile d'avoir des votes unanimes en
Chambre, parce que les positions ne sont pas les mêmes. Vous avez
également mentionné, Mlle Bédard, qu'il y avait eu une
élection en 1962 qui portait sur... On a fait allusion au fait qu'il y
avait eu une élection qui était un peu référendaire
en 1962 sur la nationalisation de l'électricité, faite par le
chef du gouvernement, qui était, à ce moment-là, ministre
dans le gouvernement libéral. En 1962, même si cela portait
là-dessus, êtes-vous d'accord, vous autres, que, même si la
question semblait bien précise, toute question
référendaire ne devrait pas... Est-ce que vous avez
mentionné que cela pourrait, à l'occasion, être compris
dans des élections générales?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton, c'est à peu
près, à peu de choses près en tout cas, la première
question du député de Laval tout à l'heure, qui s'est
repris et qui a posé une autre question. J'ai dit tout à l'heure
que les intervenants avaient parlé de ce sujet-là, que je les
avais laissé faire parce qu'ils étaient nos invités, mais
que c'était l'un des éléments que je... En tout cas, la
question telle que posée m'apparaît semblable à celle du
député de Laval.
M. Grenier: Vous allez me comprendre, M. le Président. Je
ne parle pas du tout d'un référendum éventuel, je parle de
référendums qui pourraient venir. Je parle, par exemple, de
zonage agricole.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui, je
vous comprends.
M. Grenier: Je pense que cela ressemblerait
énormément à la nationalisation de
l'électricité, à ce moment-là. Cette question
peut-elle être posée, bien honnêtement et sans faire
allusion à quoi que ce soit? Il me semble que c'est enchevêtrer un
projet important dans des élections. Il me semble que cela a
été soumis tout à l'heure à la table que,
quand on adopte une loi sur les référendums, si des gens
suggèrent cela... Pour ma part, je n'ai pas la conviction... En 1962,
j'ai vu cette question fort discutée et il me semble que cela aurait
dû faire l'objet d'un référendum et non pas
d'élections. On peut se poser la question, ici autour de la table. On
vote une loi dans le moment. S'il y avait eu une question qui aurait dû
être posée en dehors d'élections générales,
il me semble qu'on aurait dû le faire à ce moment-là.
J'aimerais savoir de la part de nos invités et je poserai à
nouveau la question à d'autres groupes qui viendront plus tard... Il me
semble qu'une question de cette importance, qui ne revêt pas l'importance
d'un éventuel référendum que je ne nommerai pas, parce que
c'est tabou...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non, ce
n'est pas tabou.
Une Voix: Ce n'est pas tabou.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grenier: J'aimerais savoir l'opinion de ces jeunes et cela se
pose. C'est honnête. Cela se pose et ils peuvent me répondre. Ils
ont fait allusion à cela dans leur texte.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Un
instant avant cela. M. le député de Vanier.
M. Bertrand: M. le Président, je vous demanderais
d'être assez "libéral", dans le bon sens du mot, dans le sens non
partisan du terme. Je pense que la question que soulève le
député de Mégantic-Compton a son importance. Il parle
d'une consultation populaire. On est quand même sur le plan des
mécanismes de consultation. On n'est jamais sur le plan du contenu, je
pense, quand on parle du recours à une élection pour consulter la
population. Je pense qu'il faudrait quand même permettre d'établir
qu'il puisse y avoir une différence entre une consultation populaire au
sens référendaire et une consultation populaire au sens
électoral du terme. Cela me paraît être un débat qui
entre dans le cadre de notre discussion.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
peut-être parce que j'avais cru voir une question semblable à
celle du député de Laval. S'il y a une différence, je ne
l'ai peut-être pas perçue.
M. Grenier: Si vous permettez, M. le Président, en 1962,
mademoiselle le disait tout à l'heure, et je ne sais pas dans quelle
région, probablement que vous avez dit la région de
Québec, en tout cas, les personnes qui ont donné des
références pour votre mémoire, qui vous ont
"briefés" comme on dit ici, étaient peut-être d'une
région différente de la mienne. Je peux vous dire que, sur un
référendum comme cette élection de 1962 qui portait sur
l'étatisation de l'électricité, je ne pense pas que ce
soit cela qui ait fait élire ou battre les députés dans ma
région. C'est autre chose. C'est mêlé à une campagne
électorale. Il y a la personnalité des candidats, à ce
moment. Dans une région un peu éloignée des grands
centres, je peux vous dire que cela prend une couleur tout à fait
locale. J'aimerais que vous vous penchiez sur une question comme cela un peu
plus. La loi va être déposée et
déférée par votre parti, qui est ici
représenté, qui est l'Opposition officielle. Et si cela vient
comme recommandation, vraiment, vous pensez qu'une question aussi importante
que l'étatisation de l'électricité ou, par exemple, le
zonage agricole pourrait faire partie d'un référendum
spécial, et non pas entrer dans une élection
générale, j'aimerais le savoir de vous. Cela
m'intéresserait, parce que vous avez affirmé une chose que je ne
suis pas prêt à partager. Je ne suis pas prêt à dire
qu'en 1962, l'élection ait été gagnée uniquement
sur cela, même si c'était un thème majeur, parce que, chez
nous, je peux vous dire qu'en 1962, c'est peut-être la
personnalité des candidats qui a prévalu et que ce thème
était peut-être assez loin des électeurs. Pour parler d'un
thème majeur au Québec, il me semble que cela peut difficilement
entrer dans le cadre d'une élection. Personnellement, dès qu'on
parle d'un thème majeur qui couvre une forte partie de la province de
Québec, il me semble que, déjà, on devrait le tirer d'une
élection générale et en faire un référendum
particulier. Si vous n'avez rien à ajouter à cela, j'aimerais que
vous vous penchiez sur cela et nous le fassiez savoir par vos porte-parole qui
sont ici, en Chambre, lors du dépôt d'une loi.
M. Mackay: On peut...
M. Grenier: Oui, M. Mackay.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, je ne veux pas faire preuve de discrimination. Je comprends
qu'on me demande d'être plus...
M. Lavoie: Libéral.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
libéral dans le sens d'être plus souple...
M. Grenier: Positif du mot.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... mais
comme j'ai déjà...
Une Voix: Plus transparent.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Déclaré irrecevable une question analogue, et je pense qu'elle
est analogue, je ne permets pas de réponse là-dessus, simplement
pour avoir une certaine logique avec une décision déjà
prise antérieurement.
M. Grenier: On a beaucoup de questions, j'imagine bien, mais
à la fin, les mémoires seront
épluchés par le gouvernement, et le vôtre l'a
été largement ce soir par l'Opposition officielle. Je laisse
à d'autres le soin d'intervenir. Je vous remercie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Vanier, et, après, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Bertrand: D'abord, je voudrais remercier, au nom des membres
de la commission, les jeunes libéraux de la région de
Québec qui font cet effort normal dans une société
démocratique de citoyens qui prennent conscience de leurs
responsabilités et qui viennent tenter d'apporter leurs
réflexions et leurs conseils. Je pense qu'on peut aussi se faire
conseiller par des gens qui sont plus jeunes que soi et qui peuvent, à
l'occasion, avoir des choses...
M. Mackasey: Vous ne savez pas mon âge.
M. Bertrand: Je n'ai pas parlé. Je ne comprends pas
pourquoi le député de Notre-Dame-de-Grâce s'est senti
visé.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Mackasey: Vous n'avez pas saisi.
M. Bertrand: J'ai mal entendu, effectivement.
M. Mackasey: Quand vous aurez mon âge, vous saisirez.
M. Bertrand: Je pense que vous apportez une contribution.
D'ailleurs, les questions qui vous sont posées, manifestent qu'il y a un
intérêt certain dans le mémoire que vous avez
présenté. Je vous avouerai qu'il y a une question qui
m'intéresse énormément dans votre mémoire, c'est
celle de votre approche des référendums. Je prends la page 2,
entre autres, et je relis quelques-unes des lignes que vous avez
écrites. A la fin du premier paragraphe, vous dites: "D'ailleurs nous,
les jeunes libéraux de la région de Québec, trouvons
inutile de légiférer sur les référendums, surtout
si ceux-ci n'ont qu'un caractère purement consultatif. Il nous
apparaît inconcevable qu'un gouvernement élu par le peuple pour
diriger les destinées de l'Etat se dérobe à ses
responsabilités en consultant la population chaque fois qu'il
hésite à mettre sa tête à prix, surtout s'il sait
que les mesures envisagées seront impopulaires auprès de la
population."
Je crois sentir à travers ça vous me direz si je me
trompe que vous êtes extrêmement sceptiques sur
l'utilisation du référendum ou de la consultation populaire comme
outil, comme instrument de participation de la population à la prise des
décisions et comme moyen de faire en sorte que la démocratie
représentative qu'on connaît, telle qu'exercée par des
députés, devienne directe au moment où la population
participe à la prise de décision.
J'aimerais savoir comment, sur le plan de la philosophie politique, vous
approchez cette idée des référendums et de la consultation
populaire?
M. Samson (Alain): On peut peut-être prendre la page 2, la
dernière phrase du premier paragraphe où l'on mentionne que nous
trouvons inutile de légiférer sur les référendums,
et on mentionne pourquoi: Surtout si ceux-ci n'ont qu'un caractère
purement consultatif.
Nous trouvons quand même, à cause des coûts qu'une
consultation populaire engage, à cause des efforts qui sont mis en place
au niveau de la société pour répondre aux questions... Si,
chaque fois que le gouvernement fait une consultation populaire, qu'il consulte
la population, il dit ensuite: Les résultats ne sont que purement
consultatifs et on ne s'engage pas à respecter la volonté
populaire, il nous vient à l'esprit qu'il est tout à fait inutile
de légiférer, si on part avec l'idée que la réponse
que la population a donnée ne fait pas l'affaire et qu'on la
lègue tout simplement dans un tiroir. Finalement, si on prend la peine
de vouloir consulter la population, si on prend la peine de vouloir consulter
les Québécois, il faut quand même dire aux
Québécois, avoir cette honnêteté: D'accord, votre
réponse, peu importe qu'elle soit oui ou non ou autre, on la prend en
considération et on va la mettre en application.
M. Bertrand: Je voudrais vous donner une information, monsieur,
qui nous a été fournie par le Barreau l'autre jour, lorsque nous
l'avons entendu, à savoir que, si le référendum avait un
caractère délibératif, en d'autres mots, que la
décision populaire avait, en tant que telle, un caractère
décisif dans le sens où elle engage légalement parlant, il
risquait, à ce moment-là, d'y avoir des problèmes de
reconnaissance sur le plan de la constitution-nalité du recours au
référendum. Cela, c'est une information qui nous a
été fournie.
M. Samson (Alain): Oui, M. Bertrand, si vous me permettez de
répondre à ça, de nuancer davantage ma réponse, je
suis entièrement d'accord avec la position du Barreau au niveau
constitutionnel, c'est vrai. Par contre, nous souhaiterions que le
gouvernement, lors de référendums, se sente moralement lié
à la décision, comme ce fut le cas en Grande-Bretagne.
M. Bertrand: D'accord. Maintenant que nous avons apporté
cette précision sur le caractère délibératif
c'est la raison pour laquelle on ne retient, pour l'instant, que le
caractère consultatif venons-en à cette question de se
sentir lié par le résultat de la décision populaire.
Je vous demande, à vous, qu'est-ce que vous entendez, très
précisément, très concrètement, quand vous dites:
II faut que le gouvernement se sente lié par la décision qui a
été prise par la population d'une façon
démocratique et majoritaire?
Prenons un exemple: Supposons que le référendum a lieu sur
l'avortement et qu'on demande à la population: Etes-vous pour ou contre
l'avortement libre sur demande? Et que cela ait été fait
à
l'initiative du gouvernement. Le gouvernement, dans son programme de
gouvernement, disait avoir l'intention, un jour, de proposer à la
population cette question de l'avortement, mais de soumettre la question
à un référendum. Il le fait, la question est bien
formulée, l'Assemblée nationale donne son accord. On va devant la
population, la population dit, à 65%, nous sommes contre l'avortement
libre et sur demande. Qu'est-ce que ça veut dire concrètement,
pour vous, un gouvernement lié par cette décision?
Mlle Bédard: Je peux répondre?
M. Bertrand: Je mets immédiatement une question secondaire
qui vous aidera sans doute à préciser: Est-ce que ça veut
dire qu'un gouvernement ne pourrait plus, dans un avenir X, revenir devant la
population pour poser de nouveau la même question?
M. Samson (Alain): C'est clair que pour une question... Lorsqu'on
mentionne le référendum avec un grand R, il est bien clair que le
gouvernement, s'il est honnête quand même avec la décision
des citoyens du Québec à ce sujet ne doit présenter qu'une
consultation par génération.
Je veux dire qu'il ne faut quand même pas revenir consulter la
population tous les ans ou tous les deux ans sur un sujet sur lequel la
population s'est déjà prononcée, il faut quand même
être conséquent avec... Si on a quand même ce respect de
vouloir consulter la population, il faut se sentir moralement lié
à la décision et l'accepter pour un certain nombre
d'années, une génération ou deux, selon le cas de la
situation. S'il y a des événements majeurs qui interviennent, il
serait loisible, à l'Assemblée nationale et au gouvernement, de
revenir devant le peuple et de présenter un autre
référendum, mais uniquement s'il y a de nouveaux...
M. Bertrand: Je l'aborde sous un autre aspect.
M. Samson (Alain): ... éléments qui entrent en
ligne de compte.
M. Bertrand: Je l'aborde sous un nouvel aspect. Est-ce que vous
considérez qu'une fois un référendum tenu et une
décision donnée par la population cela m'apparaît
presque curieux de poser la question est-ce qu'il vous apparaît
que la dynamique politique continue? Que l'évolution des espoirs se
poursuit? Que les mentalités peuvent évoluer? En d'autres mots,
dans le cas de Terre-Neuve, par exemple, on a tenu un deuxième
référendum l'année suivante. Dans le cas d'un parti
politique qui se présente à une élection en 1970 et qui
recueille, supposons, 20% du vote, je ne pense pas qu'on puisse dire que, parce
que la consultation populaire électorale ne lui a pas donné
raison, il doit s'empêcher de revenir devant l'électorat en 1973
ou en 1976. En d'autres mots, ce que je voudrais qu'on comprenne bien et
je pense que, là-dessus je voudrais être clair autant je
peux être d'accord avec le principe qui veut qu'une décision prise
par la population mérite d'être respectée, autant je pense
qu'il faut quand même être assez perspicace quant à l'avenir
et aux possibilités d'évolution de la population pour admettre
qu'un jour, les gens puissent être consultés sur une même
question, tant il est vrai que les choses ne sont pas gelées ou
fixées dans la glace éternellement, indéfiniment, et qu'il
n'y ait pas place pour une nouvelle consultation.
M. Mackay: Je suis parfaitement d'accord; au niveau des
principes, c'est parfait, mais c'est dans l'application; encore là,
toute personne, un gouvernement peut dire: On va faire un
référendum chaque fois qu'on est élu ou à tous les
deux ans parce que la situation évolue. Il y a un juste milieu
là-dedans et il faudrait faire confiance au gouvernement
là-dessus. C'est très important et je pense que le gouvernement
est capable de le faire, mais que le gouvernement n'utilise pas cet argument
pour faire des référendums à répétition.
Deuxièmement, j'aimerais parler du référendum
à Terre-Neuve. Il faudrait peut-être ne pas trop charrier le monde
là-dessus parce qu'à Terre-Neuve, c'était
décidé qu'il y aurait deux référendums. Les
questions étaient aussi décidées avant, ce n'est pas du
tout pertinent, l'exemple que vous avez donné.
M. Bertrand: D'accord, j'admets avec vous que, dans le premier
référendum, il y avait trois options qui étaient
proposées et on avait retenu deux options pour la seconde, mais ce que
je voulais simplement souligner, c'est que, sur le plan des principes, sur le
plan de la philosophie des référendums, vous n'êtes tout de
même pas contre le fait qu'il puisse, un jour, y en avoir un autre. Je
vous fais même une proposition pour la tester auprès de vous.
Soyez bien certains d'une chose, c'est que, si jamais, dans un
référendum ou dans un autre, un gouvernement perd, il est bien
clair qu'on n'empêchera jamais ce gouvernement ou un autre gouvernement
qui pourrait venir par la suite, quel qu'il soit et quelle que soit sa
philosophie politique, de tenir une consultation sur une question
identique.
L'Union Nationale et cela me fait plaisir de le souligner parce
qu'il y a quand même des choses bonnes qui viennent de l'Opposition; il
faut savoir le reconnaître a fait une proposition, l'autre jour,
qui m'apparaît extrêmement intéressante, et qui consisterait
à dire qu'il n'est pas possible de tenir plus d'un
référendum, sur une même question, durant un même
mandat de gouvernement et je m'explique: Supposons que le Parti libéral,
devenant le gouvernement en 1988...
M. Lalonde: En 1980.
Une Voix: En l'an 2000.
M. Bertrand: Prenons 1988 comme exemple...
M. Burns: Ce n'est pas 1988, c'est 2088.
M. Grenier: II y a juste de la place pour l'Union Nationale
là-dedans.
M. Lavoie: J'ai entendu des libéraux qui ont dit cela il
n'y a pas tellement longtemps. Attention!
M. Mackasey: ... elle n'a pas encore le courage de
répondre à la question: Etes-vous pour ou contre
l'indépendance... Il y aura encore des nuances.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... M.
le député de Notre-Dame-de-Grâce, de grâce.
M. Burns: Notre-Dame-de-Grâce, de grâce.
M. Bertrand: He is so obsessed about it. Too much obsessions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bertrand: Supposons, pour faire plaisir au
député de Notre-Dame-de-Grâce, cela va lui faire plaisir,
que, pour le référendum auquel le député de
Notre-Dame-de-Grâce rêve chaque nuit au point que cela en est
devenu un cauchemar...
M. Burns: II met son réveille-matin pour se
réveiller pour y penser.
M. Bertrand: J'aimerais vous demander: Supposons qu'en 1980,
environ, le gouvernement actuel tient un référendum dans lequel
il propose à la population du Québec d'accéder à la
souveraineté politique et que la population, à 55%, 60% ou 63%
dit non, vous apparaîtrait-il valable, sur le plan des principes, qu'aux
élections suivantes, en 1981, supposons, ce gouvernement, qui n'a pas
réussi à obtenir le consentement de la population sur cet
objectif, avoue, au moment même de cette campagne électorale,
avant que les gens votent pour le gouvernement, que c'est peut-être son
intention, qu'il est même de son intention, dans le prochain mandat, s'il
est réélu, de tenir une consultation populaire sur la même
question? Est-ce que cela vous apparaîtrait respecter des principes
d'éthique, d'honnêteté face à la population?
M. Mackay: Je pense que, dans notre mémoire, il faudrait
peut-être aller à la page la question n'est pas venue, je
pensais qu'elle allait venir quand on parle, à un moment
donné, pour que la solution à un référendum soit
retenue, il faut qu'on ait une majorité très importante. On a
développé cela et on a raisonné ainsi. On s'est dit: Si
jamais le gouvernement, le PQ, faisait un référendum sur
l'indépendance et qu'il gagne ou perde, admettons l'hypothèse
qu'il ait perdu, cela me fait plaisir. Supposons qu'il ait perdu à 40%.
J'imagine que le gouvernement du Parti québécois ou le prochain
gouvernement devra renégocier le système fédéral.
Quand il va renégocier son système fédéral, il va
falloir qu'il tienne compte de ces 40% de sorte que le système
fédéral devra répondre aux aspirations ou aux
désirs d'un système fédéral plus
décentralisé. Il va falloir qu'on trouve une façon de
contenter ou de satisfaire le plus de gens possible.
M. Bertrand: Vous ne répondez pas à ma question. Je
vous demande simplement si vous considérez qu'un gouvernement
pourrait... Dans le fond, je ne parle même pas du contenu, je ne parle
même pas si c'est pour ou si c'est contre. Dans le fond, je prends la
situation contre, parce qu'effectivement un gouvernement qui favoriserait
toujours cette option et qui serait réélu va continuer de se
battre pour cette option. Ne nous mettons pas le doigt dans l'oeil
jusqu'à coude. Il est bien clair qu'un gouvernement qui est né
sur la base même d'une option à laquelle il croit...
M. Lalonde: Est-ce possible d'être aussi
entêté?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bertrand: Soyez donc un peu tranquille.
M. Mackay: Je comprends ce que vous voulez dire, mais il y a une
question importante là-dedans. En analysant les résultats du
référendum, si un groupe ou l'autre gagne avec 51% ou 55% de la
population, ce n'est pas un mandat pour imposer à 45% de la population
toutes leurs voix et tous leurs désirs. Dans ce contexte, si le
gouvernement ou si celui qui aura présenté le
référendum se trouve à essayer de satisfaire le plus de
gens possibles, à ce moment-là, j'imagine que la période
à laquelle vous pensez sera beaucoup plus éloignée. On
n'aura pas à le représenter un mandat après, parce que les
gens vont être satisfaits. Le plus possible de gens vont être
satisfaits.
M. Samson (Alain): M. Bertrand, l'objectif ce n'est pas, à
notre avis, de gagner une bataille pour un oui ou pour un non. L'important,
c'est de satisfaire la population dans ses désirs. Si le
référendum sur l'indépendance du Québec
était battu à 47%, les "non" auraient gagné, mais la
question serait encore posée, c'est-à-dire qu'il y aurait encore
un problème, il y aurait encore un malaise dans la population.
Ce n'est pas en gagnant un oui ou un non ou en essayant de l'arracher de
force avec plusieurs référendums qu'on va régler la
question. C'est ça finalement l'important.
M. Bertrand: Je ne veux pas poursuivre ce débat, j'ai
l'impression qu'on n'est pas tout à fait, vous et moi, sur la même
longueur d'onde. On ne parle pas exactement des mêmes choses. Je
m'excuse, je ne vous en tiens pas rigueur, c'est peut-être mon
problème aussi, je vous dis tout simplement...
M. Mackay: Comprenez-vous ce qu'on vous dit?
M. Bertrand: ... que je ne sens pas la communication très
bien. Je passe à autre chose, de toute façon. On pourrait en
discuter indéfiniment. Je voulais simplement avoir votre sentiment pour
savoir si, en principe, vous étiez d'accord pour que, d'une
façon, un gouvernement se sente lié, mais que ça ne
l'engage pas pour les cent années à venir.
M. Samson: Finalement, l'objectif n'est pas de gagner par un oui
ou par un non, l'objectif est de régler un problème.
M. Bertrand: Ecoutez, vous admettrez avec moi que si une
population dit oui, si une population dit non, c'est ça qui tient lieu
de décision?
M. Samson: Oui, majoritairement.
M. Bertrand: Exact. C'est ce que je dis.
M. Samson: Très majoritairement et clairement
exprimé.
M. Bertrand: Majoritairement, on va commencer par respecter la
règle démocratique qui est celle de tous les pays où de
tels types de référendum existent. Votre "très
majoritairement", je commence à saisir où vous voulez en venir,
étant donné l'option que vous avez, le mot "très" peut
vouloir dire toutes sortes de choses, entre 51% et 70%.
M. Lalonde: Question de règlement. Je pense que la
solution, je l'ai, il s'agirait de battre ce gouvernement, ce serait la
solution. A ce moment-là, il n'y aurait plus
d'ambiguïté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, à l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bertrand: Mais...
M. Burns: C'est sur quoi, votre question de règlement?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, à l'ordre!
M. Bertrand: Je veux simplement revenir à la question tout
à fait initiale que je vous posais et, en ça, pour
répondre au député de Laval qui, dans le fond, n'est pas
un homme qui aime beaucoup consulter la population, il disait
tantôt...
M. Lavoie: M. le Président, voulez-vous demander à
ce jeune troupion de se taire un peu?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Charbonneau:...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, M. le député de Verchères!
M. Lavoie: Pensez-vous que je vais accepter de me faire insulter
par un rejeton de la sorte?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Charbonneau: Godfather! Godfather! Il vient de parler. El
Padreno!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, M. le député de Verchères! Tous les
députés, à l'ordre!
M. Lavoie: Vous savez que la science politique n'est pas
héréditaire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, M. le député de Laval, s'il vous plaît!
M. Charbonneau: Gardez vos insultes vous aussi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, M. le député de Verchères! J'ai été
assez large au cours des quelques dernières minutes. Je vous demanderais
de revenir au débat, tout en demeurant à l'intérieur du
cadre prescrit.
M. Bertrand: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
De part et d'autre.
M. Bertrand: M. le Président, le député de
Laval ne s'en cache pas, je pense qu'il n'affectionne pas
particulièrement le principe même de la consultation populaire. Il
l'a dit...
M. Lavoie: M. le Président, je vais invoquer l'article 99
et je vais demander au député de Vanier de retirer ses paroles,
il n'a pas le droit de m'imputer de tels motifs.
M. Burns: Ce ne sont pas des motifs indignes.
M. Lavoie: De ne pas consulter, je suis aussi démocrate et
beaucoup plus, je n'ai pas de leçon à recevoir de vous au point
de vue de la démocratie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: Ce n'est pas indigne, ça.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Qu'est-ce que vous savez...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Qu'est-ce que vous savez là-dedans, sur la
présidence du député de Laval?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, à l'ordre, à l'ordre!
M. Lalonde: Vous étiez où à ce
moment-là.
M. Lavoie: Est-ce que vous êtes au courant que votre parti
m'a demandé de revenir comme président?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, à l'ordre!
M. Lalonde: C'est votre chef qui l'a demandé. M.
Lavoie: Etes-vous au courant de ça?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, à l'ordre!
M. Lalonde: Vous n'êtes sûr de rien.
M. Mackasey: Sois gentil, donne-lui une chance.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
serais porté à dire, comme le président de
l'Assemblée nationale a dit hier en Chambre...
M. Mackasey:... comme le député de
Verchères, donne-lui une chance d'apprendre quelque chose, Noël,
maudit! Il est jeune encore.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, merci beaucoup. Je
serais porté à dire que nos institutions parlementaires sont
très fragiles, elles seront toujours ce que les membres de
l'Assemblée nationale et des commissions voudront bien qu'elles soient.
Je me rends compte qu'un président a beau crier 25 fois: A l'ordre!
fortement ou avec une voix calme, tant que les membres ne veulent pas
collaborer, pendant ce temps-là, il y a trois invités qui
attendent et il est 22 h 15. Je me rends compte du bien-fondé de
l'affirmation du président en Chambre hier. Je demanderais à tout
le monde de faire en sorte que cette fragile institution qui est basée
sur la collaboration de tous puisse continuer à opérer en
fonction des règlements qui nous guident.
M. Bertrand: M. le Président, tantôt, le
représentant de l'Opposition officielle disait, à un certain
moment: Les référendums, ça coûte cher, de $8
millions à $10 millions, disait-il, et que si on avait tenté de
trouver beaucoup de sujets au cours des quinze dernières années
sur lesquels on aurait pu tenir des référendums, on en aurait
trouvé très peu et que, quant à lui, bien plus qu'une
loi-cadre sur les référendums, ce qui l'intéresse, c'est
une loi spécifique sur le référendum auquel il pense
continuellement et qui est celui qui s'attache à la question de l'avenir
du Québec.
D'abord, on pourrait lui souligner que le principe même de la
consultation populaire, dès lors qu'il est accepté, suppose qu'on
met des fonds pour qu'il puisse être tenu. Il y a des gens qui ont tenu
trois élections en l'espace de six ans. Ils auraient pu en tenir deux en
l'espace de huit ans. Cela aussi coûte cher.
Ce que je veux savoir de vous, c'est, indépendamment de ce
référendum, si vous êtes favorables ou pas à ce
qu'un gouvernement consulte la population?
Mlle Morin: Tout à l'heure, je crois, je l'ai
mentionné. Au niveau du problème de l'énergie
nucléaire ou de l'hydraulique, ou de l'uranium, on n'est pas contre
cela. Je pense que c'est bien clair dans notre esprit et je pense qu'on a bien
répondu à cette question tout à l'heure.
M. Bertrand: Et vous dites que, quant à vous, vous seriez
portés à croire qu'il est préférable d'avoir une
loi spécifique sur ce référendum auquel vous pensez plus
particulièrement et que, même, il pourrait y avoir une loi
spécifique sur chaque sujet de référendum qu'on pourrait
proposer à la population.
Est-ce que je peux savoir, dans votre esprit, par exemple, entre une loi
spécifique sur le référendum pour l'avenir du
Québec, et une loi spécifique pour un référendum
portant sur la nationalisation de l'électricité, ou portant sur
la question de l'avortement, quelles seraient les règles qui pourraient
être différentes entre l'une et l'autre?
M. Samson (Alain): M. Bertrand, ce n'est pas à nous
à établir les règles qui devraient être contenues
dans les lois, mais c'est bien à l'Assemblée nationale d'y
inclure ces dispositions.
M. Bertrand: D'accord, mais vous dites que vous
préféreriez c'est un de vos paragraphes une loi
spécifique sur le référendum qui porterait sur l'avenir du
Québec, plutôt qu'une loi-cadre.
M. Samson (Alain): Oui, d'accord.
M. Bertrand: Supposons deux sujets de référendum
différents, quelles pourraient être les règles qui seraient
différentes d'un référendum à l'autre?
M. Samson (Alain): Pourquoi est-ce qu'on mise davantage sur une
loi spécifique, sur chaque consultation populaire? Il faut partir d'un
postulat de base, c'est qu'on veut que soient incluses dans cette loi, la
question qui devrait être posée lors de la consultation populaire,
et, dans un deuxième temps, les modalités, s'il y a changement ou
adaptation particulière, pour chacune des consultations, et, dans un
troisième temps, la date ou période à laquelle la
consultation populaire aurait lieu. Ceci différencierait, règle
générale, les différentes lois sur les consultations
populaires au Québec.
M. Bertrand: Vous n'avez pas l'impression qu'en faisant cela
à l'occasion de tout référendum ou toute consultation
populaire, on ne mêle pas à la fois les mécanismes qui, de
toute façon, pourraient être permanents d'un
référendum à l'autre, les mêmes d'un
référendum à l'autre, et le sujet particulier d'un
référendum?
En d'autres mots et c'est la remarque que le Barreau du
Québec nous avait faite il serait, quant à lui très
nettement préférable que l'on dégage un
référendum particulier de toute cette infrastructure de
règles, de normes, de procédure qui, en fait, ne varierait pas
d'un référendum à l'autre, et cela l'amenait justement
à dire: II faut être capable, indépendamment d'une question
particulière, de définir ces grands principes qui sont immuables
d'un référendum à l'autre. Cela ne vous apparaît pas
une démarche qui, intellectuellement, permet davantage de distinguer les
oranges des oignons?
M. Samson (Alain): Mais, M. Bertrand, je viens de vous
répondre que ce qui faisait la différence entre
différentes lois sur différentes consultations populaires, c'est
que nous partons d'un postulat de base, c'est que la question devrait
être incluse à l'intérieur de chacune des lois, ainsi que
les modalités particulières et ainsi, je le répète,
la date ou période à laquelle le référendum devrait
avoir lieu, comme ce fut le cas en Grande-Bretagne. Et, dans un pays hautement
démocratique comme la Grande-Bretagne, on s'aperçoit qu'on veut y
faire des lois particulières pour chacune des consultations
populaires.
M. Bertrand: Dans le fond, je pense que ce que vous dites, quand
vous parlez de la question des délais et des détails
spécifiques à un référendum, dans le fond, va, de
toute façon, faire l'objet, même avec une loi-cadre, d'une motion
ou d'une loi particulière. Mais c'est déjà inclus dans le
livre blanc.
M. Samson (Alain): M. Bertrand, vous considérez que la
question, c'est un détail?
M. Bertrand: Non, non.
M. Samson (Alain): Est-ce que j'ai mal compris?
M. Bertrand: Faites attention. En tout cas, je vais me retenir.
Je n'ai pas dit que la question est un détail. Je pense même que
c'est la chose la plus importante dans tout le référendum.
Ce que j'ai dit, c'est que dans la loi ou dans la motion, en dehors de
la loi-cadre dont on parle en ce moment, il y aura, de toute façon, ou
une motion ou une loi au moment où va se discuter un sujet particulier.
Là-dedans vont être inclus, la question, les délais et
quelques détails dont ne fait pas partie la question, détails
quant à certains éléments les plus particuliers qui ont
trait à des choses qui tiennent à ce référendum en
particulier mais qui n'ont rien à voir avec la question.
En d'autres mots, il y a deux étapes qu'il faut bien distinguer,
la loi-cadre et ensuite, au moment d'un référendum particulier
sur une question particulière, une motion ou une loi faisant état
de la question, des délais, de certaines procédures intimement
liées à la question qui est soumise.
M. Samson (Alain): Dans ce cas, M. Bertrand, je vous renverrais
la question pour éclairer ma lanterne. Je voudrais savoir,
d'après vous, pourquoi, en Grande-Bretagne, ils ne fonctionnent pas de
la façon que vous mentionnez?
M. Bertrand: Parce que la Grande-Bretagne est un des pays qui a
décidé d'avoir une loi spécifique. Cependant, je vous
dirai... Je n'ai malheureusement pas la liste ici avec moi, telle que je
l'avais hier; mais lors de notre première séance, j'avais
donné la liste au député de Laval de tous les pays
où existait une loi-cadre des référendums. Il ne faudrait
pas s'imaginer que le Québec fait du droit nouveau quand il inscrit la
notion d'une loi-cadre. En Australie, en France, au Danemark, en Italie, en
Irlande, en Suisse, en Nouvelle-Zélande et dans plusieurs Etats
américains, ils ont une loi-cadre qui définit les principes
généraux un peu immuables qui sont respectés
indépendamment de la question soumise...
M. Samson (Alain): Dans notre système parlementaire de
type britannique, le système...
M. Bertrand: Australie et Nouvelle-Zélande sont aussi, je
pense, d'inspiration britannique.
M. Samson (Alain): II faut se référer à des
systèmes qui se réfèrent le plus possible au nôtre
ou qui ressemblent le plus possible au nôtre. C'est le cas pour le
Grande-Bretagne, l'Australie et la Nouvelle-Zélande... Oui, mais, quand
même!
M. Mackay: De toute façon, ce qui est important aussi,
c'est qu'il y a un élément. On ne s'était pas
penché exclusivement là-dessus, mais je prends seulement comme
exemple, celui où vous dites que les partis politiques peuvent
transférer jusqu'à $0.25 par électeur aux organismes. Dans
le cas du référendum dont on ne peut pas parler...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non,
monsieur. Je pense que vous interprétez mal ma directive. Vous pouvez en
parler, vous pouvez dire le nom, ne vous gênez pas.
M. Mackay: Ah bon!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je ne
veux pas que vous preniez position, même si...
Une Voix: Sur l'avenir politique.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Evidemment, j'ai lu votre mémoire, je l'ai entendu tout à
l'heure, mais je ne veux pas que cela devienne un forum pour ou contre, mais
vous pouvez le dire. Ne vous gênez pas, il y en a d'autres qui l'ont dit
avant vous.
M. Mackay: Sur le référendum.
M. Mackasey: Vous êtes chanceux d'avoir le droit d'en
parler, ne vous plaignez pas.
M. Mackay: Sur le référendum sur
l'indépendance, j'imagine que le Parti québécois aura
intérêt à transférer le plus de ses fonds possible,
jusqu'à la limite de $0.25 par électeur, à un organisme ou
au bloc pour. Mais dans le cas d'un référendum sur l'avortement
où le Parti québécois lui-même est divisé,
comment l'exécutif du Parti québécois pourrait-il se
sentir mandaté pour donner $0.25 par électeur? De toute
façon, les gens qui ont donné de l'argent au Parti
québécois, ce n'est certainement pas pour l'avortement. Ils ont
donné cela pour que le parti roule. Ils n'ont pas donné cela pour
le bloc pour ou contre de l'avortement libre sur demande. C'est un exemple qui,
à mon avis... On peut peut-être le démolir, mais, quant
à moi, c'en est peut-être bien un.
M. Bertrand: Cela demeure une décision de régie
interne. C'est au parti à décider ce qu'il fait avec ses
fonds.
M. Laberge: Je voudrais simplement ajouter, pour votre
compréhension...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Jeanne-Mance...
M. Lavoie: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaîtl M. le député de Laval, je le sais.
M. Bertrand: Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Merci beaucoup, M. le Président. Vous dites
à la page 10, si je me rappelle bien... Je la cite avec votre
permission: "Dans notre esprit, tous les citoyens du Québec, peu importe
leur couleur, leur langue, leur race ou leur religion sont
Québécois. Ils peuvent être différents les uns des
autres, mais ils sont tous égaux, ils possèdent tous les
mêmes droits et la même liberté".
Je vous dis merci comme un Québécois d'expression
anglaise, surtout pour la confiance que vous avez démontrée tout
à l'heure quand vous avez répondu que le bulletin, si vous
voulez, devrait être imprimé, pas dans une langue, pas dans deux
langues, mais dans trois langues. Je pense que c'est une expression des
Québécois qui ont du courage pour l'avenir. Cela me donne du
courage. Je vais profiter de votre mémoire, si vous me donnez la
permission de le faire imprimer dans le Montreal Star, journal que vous
connaissez bien, qui veut l'unité canadienne et qui semble très
sympathique aux problèmes des Québécois. C'est sûr
qu'il sera content d'imprimer ce mémoire, parce qu'il y a trop de
Canadiens en dehors du Québec qui pensent que tous les jeunes sont des
séparatistes. Ce mémoire, c'est justement le contraire. C'est une
réflexion de jeunes Québécois qui ont confiance, qui
peuvent faire face à des problèmes, même aux injustices de
temps en temps, pour l'avenir de notre pays.
Vous avez souligné, à la page 6, et je ne suis pas pour
parler de tout, de la vingtaine de questions que vous avez posées, je
n'ai pas le droit. C'est défendu, comme vous le savez, de vous demander
quel serait le système économique, que ce soit le système
socialiste ou l'entreprise privée. C'est défendu de vous demander
lequel est le meilleur. Il y a eu au moins 20 questions ici. J'aimerais bien,
si j'en avais la chance, parler des prestations d'assurance-chômage dont
j'étais malheureusement l'auteur, comme vous le savez. Comme nous nous
attendons à un niveau de chômage de 15% cet hiver...
M. Bertrand: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Vanier.
M. Mackasey: J'ai le droit de donner...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît! Question de règlement
de la part du député de Vanier.
M. Mackasey: Quel règlement, M. le Président,
est-ce que j'ai...
M. de Bellefeuille: La pertinence du débat.
M. Bertrand: Question de règlement! Je m'excuse, je n'ai
pas encore pris la parole sur ma question de règlement.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît! Si vous voulez bien
écouter la question de règlement de M. le député de
Vanier, vous saurez de quoi il est question.
M. Bertrand: M. le Président, je pense que le
député de Notre-Dame-de-Grâce... Dans le fond, on le
connaît bien le député de Notre-Dame-de-Grâce. On
sait qu'il affectionne, particulièrement, cette possibilité qu'il
a, avec beaucoup d'habileté, de glisser doucement, mais sûrement,
sur les questions qu'il sait fort bien, parce que la présidence a
émis des directives, ne pas être pertinentes au débat que
nous avons...
M. Mackasey: M. le Président...
M. Bertrand: Je n'ai pas terminé, M. le
Président.
M. Mackasey: Je pense que le député de
Vanier...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît! Voulez-vous laisser terminer
la question de règlement, s'il vous plaît?
M. Lalonde: C'est déjà évident, M. le
Président, qu'il va à rencontre du règlement.
M. Bertrand: M. le Président, je veux simplement que le
député de Notre-Dame-de-Grâce sente bien que je ne lui en
veux pas, c'est un homme que je respecte, il a ses idées, je les
respecte, mais j'aimerais tellement que, comme l'ensemble des collègues
de cette commission, il accepte les directives du président et joue les
règles du jeu telles qu'elles ont été définies.
M. Mackasey: M. le Président... M. Bertrand: Pas
plus.
Le Président (M. Dussault): D'accord. J'ai compris la
question de règlement, M. le député de Vanier.
M. Mackasey: Quelle est la question de règlement?
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît! La question de
règlement était que vous étiez en dehors du sujet. J'avais
constaté depuis quelques minutes que c'était dans ce sens. Je
vous demanderais, s'il vous plaît, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, de vous en tenir à la pertinence de la
question.
M. Mackasey: M. le Président, je parle du sujet qui est
dans le mémoire qui est devant nous. Nous sommes ici pour discuter du
mémoire. Si j'ai un conseil de vieillard à donner à mon
ami de Vanier, c'est que, peut-être, la tête du
député est trop élargie depuis qu'il a paru à la
télévision deux ou trois fois. Il devient un petit peu arrogant.
Quand nous devenons arrogant...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, ce que vous êtes en train de dire n'est pas
pertinent non plus à la question...
M. Lalonde: Non, mais c'est pas mal vrai.
M. Bertrand: Ai-je été arrogant dans la
façon dont j'ai soulevé ma question de privilège?
M. Lalonde: La différence entre la vérité
et... M. Mackasey: Vous n'êtes pas le président.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, je vous
prie, s'il vous plaît...
M. Bertrand: Vous savez fort bien que vous allez venir me dire
tantôt, dans 15 minutes, que vous ne pensiez pas ce que vous disiez.
M. Mackasey: M. le Président, j'invoque le
règlement. Est-ce que c'est une menace que le
député...
M. Bertrand: Non. C'est parce que je vous connais.
M. Mackasey: ...
M. Bertrand: C'est parce que je vous connais.
M. Mackasey: Est-ce qu'il me fait des menaces, oui ou non, M. le
Président?
M. Bertrand: Je vous connais. Cela fait cinq fois que cela m'est
arrivé.
M. Mackasey: Je parle au président, vous n'êtes pas
le président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît!
M. Mackasey: J'invoque le règlement. Allez chercher les
gendarmes, parce qu'il m'a menacé. Il m'a dit ici, il y a quinze
minutes, que quelque chose arriverait. Je suis craintif; j'ai peur. Allez
chercher les gendarmes, si vous voulez.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce...
M. Mackasey: Ils s'en viennent. ...
Le Président (M. Dussault): ... je n'ai pas compris ce
genre de propos comme vous l'avez compris. Je vous demanderais d'en revenir
à la question de fond...
M. Mackasey: Oui...
Le Président (M. Dussault): ... telles que les directives
du président avaient été émises, s'il vous
plaît!
M. Mackasey: D'accord. Je vais retourner...
Une Voix: Pendant que le chat n'est pas là, les souris
dansent.
M. Mackasey: M. le Président, je n'ai pas parlé de
la substance. Je n'ai pas parlé du tout de la question de
l'assurance-chômage, si on nous sépare. J'ai dit que le niveau du
chômage serait peut-être de 15% cet hiver. Je n'ai même pas
eu la chance de dire à travers le Canada ou seulement au Québec.
J'ai dit que le niveau de chômage serait peut-être de 15%. Je n'ai
pas dit ça seulement au Québec, car il sera probablement de 25%
ici, à Québec, avec ce gouvernement. C'est une autre chose,
complètement.
M. Bertrand: M. le Président, le député de
Notre-Dame-de-Grâce ne respecte pas vos directives et ne respecte pas la
présidence. Vous ne respectez pas la présidence.
M. Mackasey: C'est vous qui ne respectez pas la
présidence, ce n'est pas moi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ecoutez
un peu la présidence! A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre, s'il
vous plaît! Pourtant, je ne suis parti que cinq minutes.
M. Mackasey: Je voulais dire, M. le Président...
Une Voix: La morale...
M. Lavoie: La morale, c'est que vous auriez dû partir au
moins trente minutes.
M. Mackasey: Oui, quand vousétiezen avance.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Mon épouse aurait été encore plus contente si je
lui avais parlé 30 minutes. M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît...
M. Mackasey: Oui, je n'ai qu'une chose à dire dans ma
langue maternelle: When you are chasing lions, you do not get diverted by
rabbit tracks.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Que
dis-je? De grâce, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît, essayez d'éviter
certaines pages du mémoire et de vous conformer aux directives. Cela va
très bien depuis 8 heures...
M. Mackasey: Alors...
M. Bertrand: The rats and the rabbits.
M. Mackasey: Oui, ... avec vous...... siège. N'ayez pas
peur, M. le député de Vanier, ça va bien. C'est correct;
ça va aller. Je vais suivre votre conseil que vous m'avez
suggéré ce matin. Il avait suggéré, pendant que
vous étiez parti...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Pas
seulement ce matin, mardi matin, mercredi matin.
M. Mackasey: ... de publier ce mémoire dans le Montreal
Star pour mon ami, le député de Deux-Montagnes.
Il y a 20 questions ici. Je pense que, dans le livre blanc, le
gouvernement suggère seulement 25 heures pour régler toutes ces
questions. Pensez-vous que c'est possible? Je pense que c'est une question
modeste.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce...
Une Voix: C'est correct.
M. Bertrand: C'est correct.
M. Mackasey: Voulez-vous dire au président, s'il vous
plaît...
M. Bertrand: Vous voyez que je suis objectif.
M. Mackasey: Le président n'est pas sûr.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Vanier, s'il vous plaît!
M. Mackasey: Non, mais votre conseiller ici...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que je pourrais savoir à quelle page sont les 20 questions?
M. Mackasey: Aux pages 6 et 7, mais je ne parle pas des questions
ni de la substance des questions. Je demande si le gouvernement, durant les 25
heures, parce que ce n'est pas ici, selon votre directive, qu'on va toucher
à la substance; c'est à l'Assemblée nationale. Durant 25
heures, nous sommes obligés de traiter de 20 questions ici, à
part, traiter de la différence entre les mots séparation,
indépendance, souveraineté ou dépendance...
M. Lalonde: C'est la même chose.
M. Mackasey: C'est la même chose? Je m'excuse. Il n'y a
plus de problème.
M. Lalonde: ... le député de Vanier avait
décidé... Il a banni du dictionnaire, le mot
indépendance.
M. Mackasey: Le premier ministre a dit que c'est la même
chose, c'est à la page 161 des débats de l'Assemblée
nationale le 16 mars. Il doit accepter ça parce que c'est un document
public.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce...
M. Mackasey: Mais, pensez-vous que les 20 questions, dans votre
mémoire... Est-ce que c'est possible, à l'Assemblée
nationale, qu'on puisse traiter de ces 20 questions durant une période
de 25 heures?
M. Bertrand: II le sait qu'il enfreint le règlement, M. le
Président; il le sait.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! A l'ordre!
M. Bertrand: Vous le savez!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Mackasey: Pour quelle raison?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Bertrand: Vous le savez que vous enfreignez le
règlement.
M. Jolivet: II en jouit.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
Une Voix: Vous pouvez changer d'idée...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce...
M. Mackasey: Une directive, M. le Président, parce
que...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, je connais votre
expérience parlementaire, qui date de plusieurs années, que ce
soit au Parlement fédéral ou à l'Assemblée
nationale...
M. Bertrand: Son problème, c'est qu'il est allé
à Ottawa.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
...et vous savez fort bien de quoi...
Une Voix: ...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! S'il vous plaît! A l'ordre!
M. Mackasey: Voulez-vous vous occuper des enfants? Envoyez-les
à l'Assemblée nationale, on a des sièges en masse pour
eux.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Mackasey: II y a de la place en masse là-bas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, vous savez fort bien quel
sera le contenu des discussions à l'Assemblée nationale, peu
importe le nombre d'heures qui seront consacrées, et vous savez fort
bien que les questions qui se trouvent aux pages 6 et 7, comme le service
postal...
M. Mackasey: A la page 7... Je suis un expert là-dedans.
Je peux vous aider dans cette question.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...le
service postal... Excusez-moi. Bon! D'accord! Merci. S'il vous plaît,
à l'ordre!
M. Mackasey:... immédiatement.
M. Bertrand: Cela, c'est une question à laquelle on a
réponse: Jamais les postes ne seront si bonnes qu'à cette
époque.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Mackasey: Vous avez la bonne grandeur pour être
envoyé pour $0.12.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que vous avez autre chose à vous dire?
M. Mackasey: Non, je voulais juste...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
saviez fort bien et vous savez fort bien qu'il ne sera pas question, lors des
dicussions à l'Assemblée, ou plutôt qu'il ne sera question
que du livre blanc sur la consultation populaire au Québec et non pas de
toutes les questions qui se trouvent aux pages 6 et 7. Cela fera partie d'une
autre campagne qu'on appellera la campagne référendaire.
M. Lavoie: Ah bon! vous semblez être pas mal au
courant?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
présidence est censée avoir lu le...
M. Mackasey: C'est la première information que nous avons
depuis trois mois...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bertrand: Est-ce un membre de la commission?
Une Voix: Oui.
Une Voix: Pourriez-vous nous donner des renseignements du caucus
parce que...
M. Lalonde: M. le Président, question de directive s'il
vous plaît?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Bertrand: Est-ce qu'il est membre de la commission? Non,
laissez faire, je pense qu'il est membre.
M. Lalonde: M. le Président j'ai une question de
directive, parce que vous venez de nous dire, si j'ai bien compris, qu'à
l'Assemblée nationale on ne pourra pas traiter de questions semblables
à celles qui sont contenues aux pages 6 et 7, à moins que vous
me...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non.
M. Jolivet: II remplace qui ce soir?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Est-ce que c'est la façon...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
peut-être une mauvaise interprétation que je donne, mais ce que je
voulais dire ou ce que je veux dire, c'est que cette commission parlementaire
n'a pas pour but de savoir quel sera le système économique ce
qu'il adviendra de la dette publique, pour donner des exemples que je ne
permets pas au député de Notre-Dame-de-Grâce...
M. Lalonde: Non, mais, M. le Président, vous vous
êtes référé à l'Assemblée nationale. A
l'Assemblée nationale, il ne sera pas question de...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non,
mais, en fait, ce n'est pas à moi de décider remarquez
bien ce n'est pas cela que j'ai voulu dire...
M. Lalonde: Ah bon! D'accord, parce que je peux vous dire tout de
suite qu'à l'Assemblée nationale, toutes ces questions, on va les
poser.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui et
vous pouvez les poser, mais ce que je voulais dire, c'est qu'ici, en commission
parlementaire, il n'est pas question de discuter quel sera le service postal ou
le système postal, ce qu'il adviendra de la dette économique, ce
n'est pas le but de la présente commission. C'est pour cela que j'ai
permis à nos intervenants de lire les pages 6 et 7, mais...
M. Mackasey: Je n'ai pas parlé de
l'assurance-chômage, j'ai parlé du chômage, c'est une autre
chose, mais...
Une Voix: C'est bien la seule chose dont vous n'avez pas
parlé.
M. Mackasey: Non, écoutez, c'est sérieux, pas pour
vous, mais quand on est prêt à tuer un pays, pour moi, c'est une
question sérieuse.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît!
M. Mackasey: Non, mais qu'il ne fasse pas de remarque et je
n'aurai pas de réponse, c'est très simple. Laissez-moi poser mes
questions... En voilà un autre qui arrive... En tout cas, j'ai des
questions à poser, M. le Président, vous me direz d'abord que ces
questions ne sont pas les questions qu'on va poser à l'Assemblée
nationale durant les 25 heures. Je cite...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non, je
viens de dire au député de Marguerite-Bourgeoys que ce
n'était pas en commission parlementaire qu'on devait discuter de ces
sujets, et il ne m'appartient pas de décider de ce dont il va être
question à l'Assemblée nationale du tout; vous le savez fort bien
d'ailleurs.
M. Mackasey: Non, d'accord, alors les questions que j'ai
posées il y a des témoins par exemple ne font
aucune référence à ces 20 questions. Est-il possible de
discuter les 20 questions, par exemple, les frontières du Québec,
etc., dans l'espace de 25 heures à l'Assemblée nationale?
Pensez-vous que cela prend 50 heures, 50 semaines? C'est une question...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce!
M. Mackasey: C'est compris, M. le Président, dans le
mémoire et dans le livre blanc, on dit ceci: peut-être
pouvez-vous m'aider "La question soumise au référendum
sera donc présentée à l'Assemblée nationale sous la
forme d'une motion du gouvernement qui, à l'instar du discours inaugural
et du discours du budget et cela est important, le discours du budget
parce que nous avons beaucoup de latitude fera l'objet les trois
ou quatre référendums reviendront au même prix d'un
débat privilégié d'une durée maximale de 25
heures.
M. Bertrand: C'est effrayant! M. le Président, question de
règlement.
M. Grenier: Question de privilège.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! Tout d'abord, M. le député de Mégantic-Compton,
il n'y a pas de question de privilège en commission parlementaire.
M. Grenier: Question de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'avais
reconnu, sur une question de règlement, au préalable, le
député de Vanier.
M. Bertrand: M. le Président, le paragraphe que vient de
lire le député de Notre-Dame-de-Grâce, à la page 11,
au chapitre de la formulation de la question, dit correctement et clairement
que le débat de 25 heures va porter sur la formulation de la question,
elle ne portera pas sur: Est-on pour? Est-on contre? Elle va porter sur le
débat. Il est en train de poser la question aux gens qui sont en face de
nous: Est-ce qu'on va avoir le temps, en 25 heures, de se poser les questions
ayant trait à la dette publique, au service postal, au chômage,
etc. alors que ce ne sera pas l'objectif du débat?
M. Mackasey: Vous venez justement... M. Bertrand: Voyons
donc!
M. Mackasey: M. le député de Vanier, justement,
vous m'avez épargné le trouble...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, sur la question de
règlement, j'avais, après, reconnu le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, il est de toute
évidence que le député de Notre-Dame-de-Grâce viole
le règlement et j'aime à vous le dire immédiatement,
à 10 h 40...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grenier: ... ce soir, M. le Président, au début
de la commission, demain, je déposerai ma motion, qui est
déjà déposée d'ailleurs, et nous allons en
discuter...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je le
souhaite ardemment.
M. Grenier: ... pour mettre fin aux discussions stériles
qu'on a depuis 20 heures ce soir.
M. Lalonde: C'est cela quand on est un tiers parti, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: M. le Président, j'invoque le
règlement. Le ministre avait, avec raison, commencé à
parler ici de 5 h 30 jusqu'à six heures et il a recommencé de
huit heures à 9 h 50. Cela fait exactement dix minutes que j'ai pris la
parole pour la première fois aujourd'hui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Posez
vos questions et je jugerai de la recevabilité.
M. Mackasey: J'essaie, mais je ne sais pas si...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Mackasey: ... le député de Vanier va me laisser
poser mes questions, s'il va suivre vos directives.
M. Vanier: Si vous êtes dans l'ordre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! Je vous remercie énormément. Les
remarques que j'ai faites tout à l'heure ont porté fruit.
M. Mackasey: Les questions posées par les témoins
sont des questions importantes. Je ne pense pas, et je ne parle pas du fond que
le gouvernement ou l'Assemblée nationale demanderait, par exemple, un
référendum, même si nous avons une loi-cadre, avant de
connaître les résultats ou les répercussions, si vous
voulez. Si, par contre, la réponse est oui ou non sur la question que
vous avez posée, je pense que c'est à la page 4, question qui
est: Le Québec doit-il oui ou non se retirer du système
fédéral canadien? Vous donnez cela comme un exemple, supposons
qu'on répondra oui, toutes les autres questions sont importantes et, je
pense, beaucoup de Québécois voudront savoir...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, pour la dernière
fois, nos intervenants ont respecté cette demande que je leur avais
faite. Tous les autres députés l'ont également
respectée. Je vous demande, pour la dernière fois...
M. Mackasey: De faire quoi?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): De
respecter ce que tous les autres ont respecté depuis le début de
cette soirée.
M. Mackasey: C'est quoi? J'ai écouté le dé-
puté de Vanier parler des questions de fond depuis 20 minutes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît! A
l'ordre! Veuillez respecter tout simplement la directive de ne pas toucher au
fond de la question, mais de s'en tenir au mandat de cette commission
parlementaire, ce que tout le monde, du moins nos intervenants ont fait ce
soir. Je les en remercie d'ailleurs.
M. Mackasey: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je ne
peux pas en dire autant, par exemple, de tous les membres de l'Assemblée
nationale. Vous n'êtes pas le seul à ne pas avoir respecté
cette directive. Il y en a de tous les côtés de la table,
malheureusement.
M. Mackasey: Je veux absolument, M. le Président, suivre
vos recommandations et vous avez ma pleine coopération, je vous l'assure
encore, je ne traite d'aucune question ici qui devrait être
étudiée et discutée à l'Assemblée nationale.
Ce n'est pas ici qu'on va décider de l'avenir du Québec dans le
sens de l'indépendance. Je suis complètement d'accord avec vous.
J'ai posé une simple question au témoin qui a posé cette
question, pas moi. Je ne leur ai pas demandé leur opinion sur cette
question. J'ai tout simplement posé une question très simple.
Pensez-vous que c'est important de savoir si on demandera aux
Québécois, lors d'un référendum... Jusqu'à
maintenant, c'est correct? D'accord. ... lors d'un référendum, de
se prononcer avant de savoir les effets du vote? Si la majorité est pour
ou contre, est-ce que les Québécois n'ont pas au moins le droit,
comme citoyens, de savoir exactement quelles seront les répercussions de
leur vote. Qu'en pensez-vous? Ne vous gênez pas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
connaissez la directive, je vous demande de la suivre.
M. Mackasey: La directive, je n'ai pas parlé du fond.
C'est une question que je vous pose sérieusement, pensez-vous que les
Québécois devraient connaître au moins les
répercussions d'un vote sur le référendum? Je ne parle pas
d'indépendance, le référendum, lundi, mardi, mercredi, ce
monsieur avec les cheveux rouges peut travailler. C'est une question qu'on peut
poser.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que notre invité veut répondre.
M. Mackay: C'est sûr que pour n'importe quelle question
traitée lors d'un référendum, il est important que la
population soit informée sur les implications de son vote lors de ce
référendum. C'est primordial, je pense qu'on ne peut quasiment
pas en discuter, c'est fondamental.
M. Mackasey: Avant le vote?
M. Mackay: Très certainement.
M. Mackasey: Alors, tout ce que j'avais suggéré
tout à l'heure, à savoir que c'est important qu'on fasse une
discussion à l'Assemblée nationale sur ces points importants
avant le référendum, je peux le demander. J'ai demandé si
c'était possible de le faire pendant 25 heures, et le président
m'a assuré qu'on va le faire après le référendum.
Vous pensez que c'est mieux avant le référendum?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, pour la xième fois,
vous avez lu le livre blanc sur la consultation populaire. Je remercie monsieur
qui vient de répondre de l'avoir fait de façon objective,
conformément à la directive que j'avais émise.
M. Mackasey: Je ne poserai plus de questions, M. le
Président. J'ai trop de respect pour vous...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je vous
demanderais de relire la page 11.
M. Mackasey: ... je sais que le député de Vanier
vous a tellement tenté tout à l'heure. Vous avez eu de la
patience avec lui, je ne peux pas vous déranger plus. Je sais que mes
questions sont réglementaires, vous avez parlé de mon
expérience. Je n'ai pas demandé une fois aux témoins de
parler du fond, si ce serait préférable de faire ça ou
ça, pas un mot; je n'ai pas même mentionné les vingt
questions, sauf les nombres. Je n'ai pas demandé aux témoins si
c'était préférable de faire ceci ou cela, on laisse
ça à l'Assemblée nationale. Vous me dites que mes
questions sont à rencontre du règlement. Quand même, vous
êtes président et je vais suivre votre conseil. Je n'ai pas
donné l'occasion à mon collègue ou à un autre de
poser des questions. Mais n'oubliez pas, c'est la clôture, n'oubliez pas
ça.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est la
quoi?
M. Lavoie: 25 heures, c'est la clôture, c'est une
clôture.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
qu'il y a d'autres intervenants qui veulent poser des questions à nos
invités?
Mesdemoiselles et messieurs, je vous remercie beaucoup de votre
collaboration à cette commission parlementaire.
M. Burns: M. le Président, j'aimerais me joindre à
ces remerciements que vous venez d'adresser à Mlle Bédard, Mlle
Morin, M. Samson, M. Mackay et à tous les collaborateurs qui ont permis
de nous adresser ce mémoire. Il y a évidemment différents
points de vue, il y a des divergences de vue, c'est tout à fait normal,
le contraire m'aurait étonné. Mais je tiens à vous dire
que nous tien- drons compte des recommandations que vous nous faites et
ça fera partie justement de cette espèce de discussion
préalable à la préparation du projet de loi
concerné et au dépôt éventuel du projet de loi que
je souhaite pour la mi-décembre. Merci infiniment.
M. Lavoie: Très brièvement, M. le Président,
en ce qui nous concerne, nous avons bien apprécié la teneur de
votre mémoire et également, d'une manière tout à
fait particulière, en dehors de votre mémoire, les explications
additionnelles que vous nous avez présentées. Vous connaissez
très bien votre dossier, je vous en félicite et j'espère
que vos suggestions, vos recommandations, la bonification du livre ou de la loi
éventuelle que vous proposez seront considérées
sérieusement par le gouvernement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, deux secondes avant de
terminer, pour vous remercier d'être venus et vous encourager à
continuer cette bataille que vous faites souvent sur différents
terrains. Cela fait deux fois qu'on vous voit ici. Soyez sûrs que, d'un
côté ou de l'autre de la table, on apprécie votre
présence aux commissions parlementaires. On aime que des jeunes se
mêlent aux problèmes que nous discutons journellement ici, mais
vous, vous prenez de votre temps pour venir nous rencontrer et nous expliquer
votre point de vue. C'est fortement apprécié des deux
côtés de la table, je le pense, et je vous en remercie au nom de
mon parti.
M. de Bellefeuille: Et dépêchez-vous de prendre
votre parti en main!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
justement le genre de remarque qui est à l'encontre de ma directive.
M. Lavoie:... au député de Deux-Montagnes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
J'inviterais maintenant le Parti communiste du Québec et ses
représentants à venir nous présenter leur mémoire.
Je pense qu'on pourra l'entendre ce soir, quitte à reporter les
questions à demain matin. Merci beaucoup encore.
Je vais vous poser une première question. Après vous
êtes présentés, est-ce que vous pourriez nous dire si vous
allez pouvoir revenir demain pour la période des questions?
M. Fuyet (Hervé): Justement, M. le Président, je me
demandais si, compte tenu de l'heure tardive...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Pourriez-vous vous identifier auparavant, s'il vous plaît?
M. Fuyet: Hervé Fuyet, Parti communiste du
Québec.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Et ceux
qui vous accompagnent?
Mme Walsh (Jeannette): Jeannette Walsh. M. Bilodeau (Julien):
Julien Bilodeau.
M. Fuyet: Jeannette Walsh et Julien Bilodeau. Mais toutefois,
avant c'était la raison pour laquelle je souhaitais intervenir
avant de présenter les membres de notre délégation,
je me demandais si, compte tenu de l'heure tardive, il ne serait pas plus
opportun pour nous de lire notre mémoire et de répondre aux
questions que la commission voudra nous poser demain plutôt que de le
faire ce soir. Naturellement, je laisse cela à votre libre
décision.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Si les
membres de la commission le veulent, il n'y a pas de problème. S'ils y
consentent. Il y a consentement unanime?
M. Grenier: M. le Président, cela nous mettrait plus dans
le courant demain, avec le mémoire présent à l'esprit.
M. Burns: Croyez-vous qu'il soit possible, d'ici onze heures, de
nous livrer votre mémoire qui est substantiel, je l'ai lu au complet,
mais qui est quand même suffisamment court? Peut-être qu'on peut en
disposer d'ici onze heures? Il comporte cinq cages, si je ne me trompe pas.
Cela pourrait peut-être, pour les fins du journal des Débats, pour
les fins de la connaissance que les députés pourraient en
prendre, être inscrit ce soir, quitte à ce que, demain, nous nous
réservions les questions, après la période des affaires
courantes à l'Assemblée nationale.
Je vous fais cette suggestion, je ne sais pas si...
M. Fuyet: Je me rends à votre désir, bien que nous
aurions préféré, pour des raisons évidentes, que ce
soit différemment, mais puisque vous le préférez ainsi,
nous nous plions à votre recommandation.
M. Burns: Je ne vous l'impose pas, c'est une suggestion que je
vous fais.
M. Fuyet: Je voudrais que le président décide.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En fait,
la fin normale de nos travaux est prévue pour 23 heures. A moins du
consentement unanime des membres de la commission pour terminer à 22 h
50, je dois, faute de ce consentement, demander que le règlement soit
respecté et qu'on finisse à 23 heures. Remarquez que, si votre
mémoire n'est pas terminé à 23 heures, je vous allouerai
les minutes supplémentaires, avec le consentement des membres, pour que
votre mémoire ne soit pas divisé en deux parties.
M. Fuyet: Je vous remercie.
M. Grenier: Pendant l'audition des mémoires de la loi 101,
il est arrivé à plusieurs reprises qu'on ait un mémoire
comme celui-là. On avait seulement le temps de le lire ou pas. Pour une
meilleure compréhension du mémoire, je pense qu'il serait
préférable d'attendre pour qu'il fasse partie de la
journée de demain.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Etant
donné qu'il n'y a pas consentement...
M. Burns: M. le Président, malgré ma suggestion, il
semble, après un court tour de table, par des regards beaucoup plus que
par des consultations, que ce soit le voeu de la commission de nous rendre
à la suggestion des représentants du Parti communiste, qu'on
commence demain avec le mémoire et qu'on passe ensuite aux questions
pour une meilleure compréhension sans doute de tout ce qui peut se
passer autour de cela.
Sur ce, avant de faire ma motion d'ajournement, je veux m'excuser de
vous avoir gardés ici. Je pense que toute la commission se joint
à moi pour s'excuser, mais nous sommes au début des travaux de
cette commission et je pense que vous allez le comprendre. Il y a toutes sortes
de problèmes de procédure qui se présentent et on
espère qu'avec le temps ils vont s'affiler, s'aiguiser et s'amenuiser.
Avant de demander l'ajournement de nos travaux, sine die, je signalerais
à nouveau à nos collègues de l'Opposition que j'ai
mandaté le député de Vanier pour me représenter
demain, à 9 h 15 à mon bureau, pour tenir cette réunion
que désirait le député de Mégantic-Compton.
Personnellement, je souhaiterais, et je pense que la commission le souhaite,
que chaque parti soit représenté, même si les leaders
désignés, le député de Laval, le
député de Richmond et moi-même, ne serons pas disponibles
nécessairement.
Une Voix: ... en personne.
M. Grenier: Je me suis délégué avec voix
décisive, non pas consultative.
M. Burns: Je vous livre, M. le député de Laval, au
député de Vanier.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Avant
d'ajourner...
M. Lavoie: Est-ce que je pourrais amender votre proposition pour
remplacer le député de Vanier par le député de
Deux-Montagnes?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Avant
d'ajourner les travaux sine die, s'il vous plaît...
M. Grenier: Qui serait plus conciliant.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
j'aimerais m'excuser, à cette heure, auprès des membres de la
commission...
M. Bertrand: On va dire qu'on était pour s'aimer, vous et
moi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Vanier, s'il vous plaît!
M. Grenier: Je n'ai pas de tendance de ce côté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
Une Voix: Lui non plus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Puis-je
m'excuser auprès des membres de la commission, car, pensant que la
commission parlementaire ne siégerait pas demain, j'ai accepté un
travail dans le cadre de ma profession à Jonquière. Je serai donc
remplacé par M. Patrice La-plante, député de Bourassa,
à compter de demain, à 11 heures. Je m'en excuse, parce que je
pensais réellement... Cela démontre, M. le député
de Laval, qu'il n'y avait aucune mauvaise foi dans le mauvais renseignement que
je vous ai donné, puisque j'ai accepté d'aller travailler
à Jonquière demain. Je m'en excuse. Je ne peux pas remettre cette
affaire. D'autre part, je demanderais évidemment toute votre
collaboration afin que les quelques heures ou l'heure et demie que vous
passerez en compagnie de celui qui me remplacera soient fructueuses dans le
travail que vous accomplirez.
M. Burns: M. le Président, on va s'ennuyer de vous, on va
vraiment être privés de vos lumières, mais je pense que les
lumières...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que le pot s'en vient ou si ce sont seulement les fleurs?
M. Burns: Non. Je pense que les lumières que le
député de Bourassa pourrait nous apporter seront sûrement
équivalentes à ce que vous êtes capable de nous donner au
cours de cette commission. Je me pose, cependant, avant l'ajournement officiel
de la commission, la question relativement aux deux autres groupes,
c'est-à-dire le groupe Ici-Québec, et le groupe Les Fils du
Québec, qui étaient convoqués. Qu'est-ce que,
véritablement, on va dire à ces gens? Est-ce qu'on les invite
demain? C'est un peu...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
l'ordre qui était établi pour demain.
M. Burns: Je m'attendais qu'on n'ait pas le temps de passer et le
Parti communiste du Québec et les Jeunes libéraux, que nous avons
entendus tout à l'heure, et les deux autres groupes, Ici-Québec
et Les Fils du Québec. Je m'attendais à cela. C'est pour cela que
j'ai demandé que la commission siège demain matin. Je pense que,
demain matin, nous n'aurons peut-être pas la possibilité
d'entendre qui que ce soit d'autre que le Parti communiste du Québec,
car, demain, je vous signale que nous commençons nos travaux à 10
heures, mais que la période de questions, en principe, devrait se
terminer vers 11 heures, peut-être à 11 h 15, on ne sait jamais,
ce sont des choses qu'on ne peut pas prévoir d'avance. A ce moment, nous
pourrions vous recevoir immédiatement après, jusqu'à 13
heures.
Cela permettrait, possiblement, de libérer les gens du Parti
communiste du Québec avec leur mémoire et avec toute l'attention
que mérite ce mémoire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ils
pourront être de nouveau convoqués probablement aussi.
M. Burns: Je demande à la commission maintenant: Est-ce
que nous libérons les gens de Ici Québec et les gens des Fils du
Québec? Moi, je pense que oui, mais...
M. Lavoie: Pour les convoquer à nouveau à une autre
date.
M. Burns: Pour les convoquer à nouveau à une autre
date, comme un autre groupe déjà, le North American...
M. Lavoie: Labour Party.
M. Burns: ... Labor Party, qui n'a pu être entendu cette
semaine, sera convoqué à nouveau éventuellement.
M. Lavoie: Est-ce que vous pourriez nous indiquer quels sont les
groupes pour mardi?
M. Burns: Oui, dans l'ordre que nous avons actuellement
tenté d'établir...
M. Fuyet: II ne me reste plus qu'à vous remercier pour
votre courtoisie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord. Merci et à demain.
M. Burns: Pardon? Merci beaucoup et à demain matin.
M. Lavoie: Vers 11 heures.
M. Burns: Nous avions, M. le Président, à
l'origine, envisagé la possibilité d'entendre le Northern Quebec
Inuit Association, mardi. Nous avons je n'ai pas devant les yeux le
numéro du mémoire reçu une information, à
savoir qu'ils ne pourraient pas être là. Nous pensons remplacer ce
groupe pour mardi, par la Société Saint-Jean-Baptiste de
Montréal. Pour mercredi prochain...
M. Lavoie: Un seul groupe mardi?
M. Burns: Oui.
M. Lavoie: Seulement deux heures...
M. Burns: Le matin seulement, parce que l'après-midi, il y
a une autre commission qui va siéger.
M. Lavoie: On ne siégera pas mardi après-midi, mais
mardi soir.
M. Burns: Pas mardi après-midi; mardi matin seulement.
M. Lavoie: ... la charte de la ville...
M. Burns: Le bill 45, la Charte de la ville de Montréal
et, sauf erreur, il y en a un troisième. Je n'ai pas mon dossier. Si le
projet de loi no 67 n'est pas fini demain, ça continue en Chambre,
à ce moment-là.
M. Grenier: M. le Président, puis-je demander de ne pas
faire de jasette... Cela a l'air que la commission continue.
M. Burns: Ecoutez, on pourra peut-être régler
ça entre nous, mais, dans les grandes lignes, mardi, nous ne pensons pas
pouvoir entendre plus qu'un mémoire, en espérant toujours que le
Parti communiste du Québec puisse nous livrer son mémoire et que
les questions puissent être terminées demain.
Mercredi prochain, nous envisagions d'entendre le Conseil du patronat et
l'Office des droits des détenus. Le Conseil du patronat nous a
avisés qu'il ne pouvait pas être présent mercredi prochain.
L'Office des droits des détenus, tout en voulant être
présent, s'est vu aviser du fait que, et le leader de l'Opposition et le
leader du gouvernement et, sans aucun doute, le whip de l'Union Nationale
seraient retenus à la commission de l'Assemblée nationale, de
sorte que nous avons demandé à l'Office des droits des
détenus de remettre à plus tard son intervention.
M. Lavoie: D'accord!
M. Burns: La commission ne siégera pas mercredi prochain,
mais c'est la commission de l'Assemblée nationale qui siégera, en
vue de ne pas faire de concurrence, ce sont les mêmes personnes qui sont
prises aux deux commissions. Quant au reste, il semble qu'il n'y ait pas de
sérieux problèmes pour le jeudi 10 novembre, qui est jeudi
prochain; nous envisageons, et les convocations sont faites pour le
Comité d'action positive, Québec-Canada,
Participation-Québec, Conseil pour l'unité canadienne,
Décision-Canada.
M. Lavoie: Dans la même journée.
M. Burns: Dans la même journée.
M. Lavoie: Voyons! Cela n'a pas de sens.
M. Burns: Pourquoi cela n'a-t-il pas de sens?
M. Lavoie: Cela nous a pris une journée pour en passer un,
comme le Barreau, cela nous a pris... Vous en convoquez six dans la même
journée.
M. Burns: Cinq.
M. Lavoie: Cinq. Cela n'a pas de sens, c'est rire du monde.
Voyons, cela n'a pas de sens.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
qu'il n'y aurait pas lieu, messieurs les leaders, à votre rencontre de
demain, de discuter de cela?
M. Burns: M. le Président, là-dessus, je dois
aviser le leader de l'Opposition, le député de Laval
qu'effectivement, ces groupes, dans la plupart des cas, se sont entendus pour
présenter des points communs et, par la suite, présenter des
particularismes qui les concernent directement et cela est tout à fait
leur droit. Cela nous apparaissait comme possible de passer ces cinq groupes
jeudi, ce qui veut dire de 10 heures à 13 heures, possiblement de 16
heures à 18 heures et, par la suite, de 20 heures à 23
heures.
Si nous n'y arrivons pas, nous devrons nous rajuster encore comme
aujourd'hui. Mais ce n'est pas dans le but de forcer ces gens-là, et je
pense que l'expérience des trois derniers jours nous le prouve, ce n'est
pas dans le but de forcer ces gens à se clore le bec. C'est plutôt
dans le but d'améliorer l'efficacité des travaux de la
commission. C'est dans ce sens uniquement que nous faisons cette
proposition.
Le mardi, 15 novembre je précède de beaucoup
il y aurait un certain nombre de sociétés nationales du
Québec, dont celle du Centre du Québec, de l'Est du
Québec, de Lanaudière et de l'Outaouais, quatre groupes, qui
viendraient nous présenter leur mémoire. Finalement, le mercredi
16 novembre, il y a quand même certaines incertitudes, mais, au moment
où je vous parle, nous aurions soit la CSN, soit encore l'Office des
droits du détenu qui, normalement, devait être entendu
aujourd'hui. Pour le reste, nous aurons à réaménager notre
calendrier pour tenir compte du fait que le Conseil du patronat, la FTQ,
l'Avant-garde française d'Amérique n'ont pas encore
été entendus et qu'une date ne leur a pas été
clairement, carrément et définitivement indiquée.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Là-dessus, les travaux de la commission sont ajournés sine
die.
(Fin de la séance à 23 h 5)
ANNEXE A
Mémoire du Montreal Board of Trade
La Maison du Commerce 1080, côte du Beaver Hall Montréal,
P.Q. H2Z 1S9
Le 28 septembre 1977
Commission permanente de la Présidence du Conseil, de la
Constitution et des Affaires intergouvernementales Hôtel du Gouvernement
Québec "La Consultation populaire au Québec" Livre blanc
sur les référendums Messieurs,
Le Montreal Board of Trade, qui représente quelque 2900
entreprises de la région montréalaise, tient à faire part
à votre commission des observations qui suivent au sujet du Livre blanc
sur la consultation populaire au Québec.
Alors que ni le Board ni les entreprises qui en sont membres ne font
partie de l'électorat québécois comme tel, il pourrait,
à notre avis, survenir des situations à l'égard desquelles
des référendums visant à établir la ligne de
conduite gouvernementale pourraient avoir une incidence profonde sur
l'économie québécoise.
Aussi estimons-nous qu'aux seules fins d'informer à fond
l'électorat québécois de tous les aspects de la question,
aucun des éléments constituants de la collectivité ne
devrait être empêché de participer à une campagne
référendaire à titre d'entité distincte.
Le fait d'obliger des intérêts divers, comme le propose le
Livre blanc, à se combiner en vue de constituer un front commun pour ou
contre un aspect quelconque d'une question à l'étude est peu
souhaitable en ceci qu'au mieux, il pose une entrave à l'information
entière du citoyen. Il brime en outre la liberté d'organismes
volontairement constitués et financés, tels que le Board,
d'exprimer leurs opinions dans des secteurs particuliers de la
collectivité, comme ceux des affaires, de la fabrication, du
bien-être, de l'enseignement, etc.
Refuser à une association le plein droit de participer à
une campagne référendaire, c'est refuser aux entités
juridiques et aux personnes morales le droit de s'organiser en vue de faire
valoir au mieux leurs points de vue et opinions quant aux moyens à
prendre en vue d'atteindre un but, moyens qui pourront différer de ceux
préconisés par d'autres à la recherche des mêmes
fins, mais par des voies différentes.
Nous soumettons respectueusement à votre attention les
observations qui précèdent et vous prions d'agréer,
Messieurs, l'assurance de notre considération distinguée.
Le Président,
Reginald K. Groome
ANNEXE B
La consultation populaire au Québec
Mémoire présenté à la
commission parlementaire de la réforme électorale et
parlementaire
par Mme Francine Vachon
Je me présente devant cette commission parlementaire non pas
comme spécialiste de la technique référendaire, mais comme
simple citoyenne désireuse de faire valoir son opinion sur un sujet qui
touche tous les citoyens de ce pays.
Je crois important d'intégrer le processus
référendaire à nos moeurs politiques. Ce serait
peut-être le meilleur moyen de modifier une vieille mentalité qui
croit que la démocratie ne se pratique qu'une fois tous les quatre ans.
Déjà les changements se font jour, mais une consultation
populaire élargie pourrait en accélérer la marche et
montrer aux citoyens du Québec qu'ils ont une importance réelle
dans le processus de prise des décisions qui gouvernent leur vie.
Je viens ici apporter mon appui à une décision
gouvernementale si heureuse. Cependant, j'ai l'intention d'apporter aussi
quelques petites suggestions que j'espère être utiles à
votre travail.
1-
Des référendums de
consultation
La constitution actuelle ne nous permet que des
référendums de consultation. Cependant, tout le monde
connaît l'importance et le poids de l'opinion publique sur un
gouvernement démocratiquement élu. Ce serait un suicide
politique, pour un tel gouvernement, que de ne pas en tenir compte.
Il est dit en page 7 du livre blanc: "Et un gouvernement peut toujours
s'engager explicitement à accepter le résultat d'un
référendum".
Je le lui conseille fortement.
2-
Le droit d'initiative
Je suis consciente que le fait que le processus
référendaire ne fasse pas partie de nos moeurs politiques pose un
certain problème au niveau de l'instauration du droit d'initiative.
D'autant que, d'après ce qu'en dit le livre blanc, les
référendums s'adaptent mieux aux régimes
présidentiels qu'aux régimes parlementaires.
Cependant, le Québec et les Québécois ont
prouvé qu'ils sont capables d'innovations, de primeurs importantes
même. L'accélération subite de son évolution pendant
ce qu'on a appelé la "Révolution tranquille" le prouve. Et le
vaste réseau hydro-électrique présent et futur...
Je suggère de continuer dans la même veine. Ce qui ne veut
pas dire qu'il faille tout faire d'un seul coup. Mais je suis convaincue que
notre potentiel peut nous permettre une évolution relativement rapide,
tout en respectant le cheminement de la population. Les
référendums existent déjà au niveau des
municipalités. Les citoyens de ces municipalités en ont donc une
certaine expérience. Par conséquent, nous avons une base, si
minime soit-elle.
Le modèle suisse est peut-être compliqué, mais il
est intéressant au sujet du droit d'initiative. Il est important, je
crois, que tôt ou tard, la population ait autant ce droit que le
gouvernement.
3-
La formulation de la question
II est tout à fait normal qu'en démocratie, ce soit les
représentants élus qui décident de la formulation de la
question, et non quelque instance qui n'ait pas de comptes à rendre aux
citoyens.
Le fait de limiter la durée des débats en chambre est une
excellente idée. Cela éviterait que le sujet porté au
référendum ne soit dépassé par le temps à
cause, peut-être, d'une opposition ou d'une obstruction
systématique qui ne ferait que nuire au processus démocratique.
Après tout, si un sujet est porté en référendum,
c'est qu'il est considéré comme ayant une très grande
importance pour le gouvernement et la population.
Les débats en Chambre, débats qui sont publics,
permettraient à la population de se tenir en éveil, de mieux se
préparer. Cela lui donnerait le temps de faire part des diverses
opinions pouvant émaner de son sein et constater ainsi si les
élus en tiennent vraiment compte. Les citoyens pourraient juger de la
pertinence des débats et du respect qu'ils sont en droit d'avoir de la
part de tous les députés, y compris ceux de l'opposition. Il
faudrait cependant que l'information soit largement diffusée.
Au sujet du référendum qui s'est tenu en Grande-Bretagne
en 1975, c'est le gouvernement seul qui a décidé de la question
avant qu'elle ne soit discutée et votée par le Parlement. Nous
voulons tous plus de démocratie. Et en ce sens, le gouvernement du
Québec propose de tenir compte davantage de l'opposition en
présentant la question sous forme de motion sujette à
amendements.
Une dernière remarque au sujet de la question. Cette
dernière ne peut faire partie de la loi, comme ce fut le cas en
Grande-Bretagne en 1975, puisqu'il s'agit d'une future loi portant sur
l'ensemble des consultations populaires.
4-
Les préalables au scrutin
Des référendums tenus à la grandeur du
Québec seraient déjà quelque chose de nouveau. Je crois
donc bon, tel que le précise le livre blanc, que la campagne
référendaire soit conduite le plus possible selon notre processus
électoral, connu des citoyens.
Quant au droit de vote, je crois que l'âge ne peut être
au-dessous de 18 ans. Après tout, s'il faut 18 ans pour bien choisir nos
dirigeants, il les faut aussi pour bien orienter notre avenir collectif.
Au sujet de certains citoyens frappés d'incapacité de vote
lors des élections, je crois moi aussi que, s'ils ne doivent pas
participer à l'élection de nos représentants, ils sont
quand même touchés par les grandes décisions qui auront des
répercussions sur notre avenir. Ils devraient donc pouvoir se prononcer.
Cela exclut évidemment ceux qui sont directement impliqués dans
le processus référendaire au moment de son
déroulement.
5-
La campagne
référendaire
La durée de la campagne référendaire est
importante. La proposition du gouvernement d'une campagne de 35 à 60
jours est intéressante. Trente-cinq jours, ce n'est pas trop court,
trente jours non plus. Il y aura eu un débat de vingt-cinq heures, donc
de plusieurs jours, compte tenu des longueurs des travaux de l'Assemblée
nationale. Les citoyens auront donc eu le temps de se préparer.
Soixante jours au maximum, je crois que c'est vraiment la limite, car ce
qui dure trop finit par fatiguer et risquerait de désintéresser
la population.
Le regroupement en organisations ad hoc donne vraiment des chances
égales à tous, quels que soient leurs moyens financiers. Il ne
faut pas oublier qu'il s'agit ici d'une procédure générale
s'appli-quant à tous les référendums. De plus, un tel
regroupement respecte davantage les libertés individuelles et
collectives puisque, comme le mentionne le livre blanc, dans un même
parti ou une même organisation "traditionnelle", il pourrait y avoir
divergence d'opinion. On sait aussi que la manipulation de l'opinion publique,
ça existe. On a maintenant, peut-être, une chance d'éviter
cette manipulation.
Quant à la mise sur pied des organisations, la suggestion est
intéressante. Tous les citoyens peuvent s'impliquer dans une campagne
référendaire.
Le livre blanc sur la consultation populaire dit que "Seuls les
scrutateurs et les greffiers seraient rémunérés". Cela
présente plusieurs avantages. Au niveau des bureaux de scrutin, ces
personnes sont supposées être mieux informées et mieux
formées, et leurs responsabilités sont plus grandes que celles
des représentants. Et comme elles sont en nombre limité, il est
plus facile d'y veiller. De plus, l'expérience nous a prouvé
qu'un représentant payé peut ne travailler que pour l'argent, et
dans ce cas, il est moins intéressé à acquérir une
formation de base qui devrait, à mon avis, être obligatoire pour
tous, non seulement les greffiers et les scrutateurs, mais aussi les
représentants, afin de s'assurer que les droits de chaque organisation
soient respectés. Cette formation des représentants aux bureaux
de scrutin devrait être obligatoire aussi pour les élections.
Maintenant, parlons du financement d'une campagne
référendaire.
Je suis tout à fait d'accord pour que les principes de
financement qu'on retrouve dans la loi 2 s'appliquent ici, c'est-à-dire
que l'on exclut toute personne morale. Il est juste que ce soient les citoyens
qui décident de ce qui les touche. De plus, il serait vraiment ridicule
que l'Etat finance en partie les personnes morales pour une campagne
électorale ou référendaire.
La contribution de départ, égale pour tous, est plus
équitahle. En effet, cette contribution éviterait qu'une
organisation ne puisse faire valoir son opinion tout simplement parce qu'elle
n'a pas assez d'argent pour démarrer. Autre élément
important. Comment répartir les fonds entre les différents
groupes et partis qui partagent la même option? Qui donne combien et
à qui? Encore une fois, le regroupement par option est plus juste et
moins compliqué.
Le fait que l'Assemblée nationale fixerait le montant de la
contribution de l'Etat permettrait à l'opposition de faire valoir ses
idées.
Le contrôle serré des dépenses, autant lors d'une
campagne référendaire que lors d'une campagne électorale,
éviterait toutes ces orgies trop souvent déployées dans un
passé pas si lointain. Le citoyen mieux nanti aurait exactement les
mêmes chances, et pas plus, que le citoyen moins bien pourvu.
Le contrôle des revenus est tout aussi important. Quand on a
beaucoup d'argent, on est porté à en dépenser plus,
même "discrètement". Pour une plus grande justice, le
contrôle des revenus et le contrôle des dépenses sont
étroitement liés. Les trois sources de financement
proposées par le gouvernement me paraissent excellentes. Elles
éliminent les gros bailleurs de fonds et font place au citoyen.
6-
Le scrutin
Le décompte des suffrages devrait répondre, à mon
avis, de l'importance géographique du référendum. En
effet, il ne s'agit pas d'élire un député. Il s'agit, pour
les citoyens, de se prononcer sur un sujet précis. Par
conséquent, le décompte devrait se faire au niveau local s'il
s'agit d'une consultation locale, au niveau régional s'il s'agit d'une
consultation régionale, au niveau national s'il s'agit d'une
consultation nationale. Et ici, pour éviter toute confusion, la
consultation nationale est une consultation faite à travers tout le
Québec, et seulement le Québec.
Dans tous les cas de consultation populaire, quel que soit le niveau
concerné, il est normal que rapport soit fait à
l'Assemblée nationale.
En terminant, j'aimerais rappeler qu'il est normal pour un gouvernement
démocratiquement élu de désirer connaître l'opinion
publique sur certains sujets précis, même en dehors des
périodes électorales habituelles.
Consulter la population est, je crois, une très grande marque de
respect de la part du gouvernement élu à son endroit. Le respect
du verdict populaire en est le couronnement.
Le Québec vit une situation particulière. Il n'a pas, en
matière de référendum, à ne suivre qu'un seul
modèle. Je trouve l'expérience britannique intéressante,
ainsi que le modèle suisse. A partir de là, le Québec peut
inventer en tenant compte de son histoire, de son expérience, de la
mentalité de ses citoyens.
Une dernière remarque. Je trouve le livre blanc sur la
consultation populaire très bien fait en général, et
très concis, mais j'aurais aimé qu'il donne un peu plus de
détails, entre autres, sur le droit d'initiative.
ANNEXE C
Comité Information Jeunesse Parti
Libéral d'Anjou
Mémoire présenté aux
membres
de la Commission Parlementaire
chargée d'étudier le Livre blanc
"LA CONSULTATION POPULAIRE AU QUEBEC "
Madame, Monsieur,
Le présent mémoire est le fruit de nombreuses heures de
travail entrepris par le Comité Information Jeunesse du Parti
Libéral d'Anjou. Ce comité, formé exclusivement de jeunes
libéraux, a cru opportun de présenter son point de vue sur le
Livre blanc "LA CONSULTATION POPULAIRE AU QUEBEC" afin de tenter de clarifier
certains points obscurs du débat.
Nous ne prétendons point représenter l'opinion ou les vues
du Parti Libéral du Québec sur le sujet; ne croyant pas non plus
être les porteurs de la Seule et Unique Vérité Universelle,
nous soumettons bien humblement ce travail à votre attention.
Issu de nombreuses discussions ainsi que de nombreuses lectures de
livres spécialisés en matière constitutionnelle,
d'articles de publicistes reconnus et d'avis d'éditorialistes
chevronnés, ce mémoire se veut avant tout une synthèse de
ces différentes interventions concordant avec nos vues et
aspirations.
Puisse-t-il vous être d'une certaine utilité dans
l'élaboration du rapport que vous soumettrez aux membres de
l'Assemblée nationale du Québec.
Vous remerciant pour l'attention dont vous saurez faire preuve à
l'égard de notre document, veuillez croire, Mesdames et Messieurs de la
Commission Parlementaire, en l'expression de nos sentiments les meilleurs.
Les membres du Comité Information Jeunesse Les membres du
Comité Information Jeunesse:
Michel Corbeil Daniel Diodati François Hébert Benoît
Larocque Josée Larocque Sylvain Larocque Robert Séguin
Les rédacteurs du présent mémoire:
Michel Corbeil
François Hébert "Comme jamais dans le passé nous
allons être terriblement "entre nous" ."
Gérard Bergeron Plan de présentation
Avant-propos
Introduction
I. La politique du referendum au Québec
II. La constitutionnalité du referendum
III. Les qualités du referendum
IV. Le programme du Parti Québécois
La consultation populaire au Québec
Conclusion
Une inspiration vraiment britannique?
Recommandations
Bibliographie
Avant-propos
Dialogue entre le Coeur et la Tête (1)
LE COEUR: Le réconfortant, c'est que de plus en plus de
Québécois commencent à l'avoir dans le ventre la question
de l'indépendance.
LA TETE: C'est aussi inquiétant. Une politique doit avoir un
autre fondement que viscéral. Au ras de nos journées, ce ne sont
pas les tripes seules qui dictent les mille et une décisions qu'on
prend. LE COEUR: Au niveau le plus élémentaire, une question
d'identité se pose: savoir qui l'on est pour déterminer ce qu'on
veut.
LA TETE: L'identité, elle, a toujours été assez
forte pour créer en notre pays un problème spécifique. On
nous a toujours reconnus comme différents lors même que nous
affirmions mal ou très mollement nos différences. Notre histoire
a été ponctuée par la reconnaissance d'une série de
"statuts particuliers". LE COEUR: C'est précisément cela qui doit
cesser: nous ne sommes pas une somme, une accumulation de "statuts
particuliers" qui ne nous étaient d'ailleurs pas tous
favorables.
La TETE: Se reconnaître en son identité propre, c'est aussi
prendre une mesure exacte de ses limitations. Mais je conviens bien qu'il ne
faut pas partir d'elles, ni d'elles seules.
LE COEUR: N'est-ce pas ce que nous avons toujours fait? Avons-nous
tellement pensé à nos capacités? LA TETE: Voilà que
vous arrivez sur le terrain du calcul des risques, de la rationalité de
la décision. LE COEUR: II y a une belle, une terrible rationalité
dans la décision d'être libre! LA TETE: "... belle..." mais aussi
"... terrible...", comme vous dites. Tout le problème consistant
justement à savoir si la beauté du risque peut compenser les
effets peut-être assez terribles qui en découleront. Une fois que
le bateau sera engagé sur la pente savonnée, il sera trop tard
pour savoir s'il peut prendre la mer, affronter les vagues, pour le jauger. Un
naufrage, ça se prévient. LE COEUR: Un naufrage, ça ne se
décrète pas non plus. Il y a la mer inévitablement
agitée, la force des vents, mais aussi la solidité du bateau dont
nous commençons à peine à faire les devis. LA TETE:
Laissons là cette métaphore marine.
LE COEUR: Revenons sur la terre ferme. Nous ne voulons plus constituer
un "problème spécifique" pour employer votre expression de
tout à l'heure par l'affirmation même de notre
identité. Au mieux, nous sommes condamnés à n'être
jamais qu'une minorité, alors que nous sommes une majorité chez
nous, au Québec.
LA TETE: Je vous concéderais volontiers que "les autres" n'ont
pas eu l'élégance de ne pas nous faire sentir que nous
étions une minorité. Voyez le CIVIL SERVICE d'Ottawa, le DOWNTOWN
MONTREAL, où tout ce qui était important se pensait, se disait et
s'exécutait en anglais.
LE COEUR: Et je m'empresse d'ajouter avant vous que tout cela est en
train de changer! Mais il y a fallu passablement de pétards après
un siècle de Confédération pour en arriver là. De
toute façon, c'est trop peu et trop tard.
LA TETE: Ceux d'en face, plus gros et plus forts, n'ont pas tellement
mauvaise conscience de l'inquiétude qu'ils ont besoin de plus petits
qu'eux. Sans nous, ils n'ont plus guère de raison d'être à
l'étage supérieur de l'Amérique du Nord.
LE COEUR: Je sens venir l'argument: sauvons-les, eux les plus gros, par
nous les plus petits! LA TETE: Ce n'est pas "l'argument". Il y a une
mobilité nouvelle dans l'aménagement du destin collectif
canadien. Il s'agirait de jouer à fond cette carte-là, la
dernière, avant de se précipiter tête baissée dans
l'aventure, de toute façon, fort risquée.
LE COEUR: D'autres peuples que nous, plus démunis et plus
malmenés par l'histoire, l'ont tentée cette aventure.
LA TETE: Mais elle ne se termine pas toujours bien. Tout est question de
contexte international, de voisinage immédiat, de consensus
intérieur suffisamment large pour tenter la grande aventure. LE COEUR:
Quant au consensus, il est en train de se forger. Lorsqu'il sera "suffisamment
large", il inversera les circonstances défavorables du contexte et du
voisinage.
LA TETE: Je voudrais partager ce WISHFUL THINKING. Mais j'avoue qu'on ne
peut pas, non plus, administrer la contre-preuve. Surtout à long
terme.
LE COEUR: En attendant, nous continuons à flotter en pleine
schizophrénie collective. "Canadien français" veut dire deux
moitiés d'être plutôt qu'un être double, ce qui
pourrait s'entendre comme un enrichissement.
LA TETE: Alors qu'il serait plus simple et vrai de se définir
comme "Québécois". Mais sans parler du cas des Canadiens
français d'outre-frontières pas tous voués à
disparaître (Acadie, Nord-Est ontarien), il y a encore celui des
Québécois non francophones qui ne seraient pas des OTAGES
faciles. LE COEUR: On n'est pas d'abord chargé de la
responsabilité des cousins éloignés ni des voisins
immédiats.
LA TETE: "le coeur a ses raisons... LE COEUR: "... que la raison ne
connaît pas"!
(1) Gérard Bergeron, "Dialogue entre le coeur et la tête",
LE MAGASINE MACLEAN, avril 1972
LA TETE: Je m'étonne que vous n'ayez pas encore invoqué le
seul argument objectif, et à ce titre irréfutable: nous n'avons
plus la force du nombre. Or je crois qu'aucun exemple historique ne
contredirait ce fait de logique élémentaire: un groupe ethnique
minoritaire, qui voit sa proportion diminuer dans un tout plus vaste qui
l'intègre, peut-il espérer maintenant l'influence relative qu'il
y a encore? LE COEUR: Je ne le vous fais pas dire. Vous évoquez le long
terme. C'est cela qu'il faut commencer à assurer pendant que nous en
avons encore les moyens. Ne trouvez-vous pas qu'il serait bon que nous
changions de "complexes"? Laisser tomber ceux du minoritaire
aliéné, PASSEISTE et fataliste, pour les remplacer par ceux des
Etats nouvellement indépendants. Après deux siècles,
ça nous changerait. LA TETE: Si l'aventure ne tourne pas mal, à
court; si l'opération est faisable; si nous avons les moyens moraux d'en
supporter les coûts divers pour cette génération et l'autre
qui suivra. LE COEUR: Nous risquons d'être encore plus malheureux si nous
n'essayons jamais. Il ne suffit pas "d'avoir de la tête"...
LA TETE: "... il faut aussi du coeur". Les deux sont même
nécessaires, ET EN MEME TEMPS, pour faire un HOMME.
Introduction
I. La politique du référendum au
Québec
En 1966, dans son programme électoral, l'Union Nationale
présentait une proposition concernant la consultation populaire soit:
"Convoquer une assemblée constituante mandatée par le peuple
québécois pour: a) reviser et compléter la constitution de
l'Etat interne du Québec, en y incluant une formule d'amendement qui
consacre la souveraineté du peuple québécois et son droit
d'être consulté par voie de référendum sur toute
matière qui met en cause la maîtrise de son destin..."
Onze ans plus tard cette question d'actualité revêt une
importance considérable suite au dépôt, le 24 août
1977, du Livre Blanc sur "LA CONSULTATION POPULAIRE AU QUEBEC". L'introduction
d'une telle forme de consultation modifie substantiellement les moeurs
politiques québécois en ce sens que le Livre Blanc du Ministre
d'Etat à la réforme électorale et parlementaire vise une
utilisation méthodique de ce mode en ne le limitant point au seul
référendum sur l'avenir constitutionnel du Québec; en
effet, le Livre Blanc est clair sur ce point: "La future loi de la consultation
populaire correspond à une conviction profonde du gouvernement en faveur
d'un élargissement progressif de la participation populaire aux affaires
publiques. C'est pourquoi les mécanismes que le gouvernement se propose
de mettre en place n'ont pas été élaborés EN
FONCTION D'UNE CONSULTATION POPULAIRE SPECIFIQUE, QU'ELLE QUE PUISSE ETRE SON
IMPORTANCE. Au contraire, ces mécanismes permettront de consulter la
population à chaque fois que cela sera nécessaire pour
éclairer le gouvernement dans l'accomplissement de son mandat."
Le référendum, ou consultation populaire, étant "le
procédé par lequel l'ensemble des citoyens se prononce
directement sur une question de gouvernement (...) au lieu que cette question
soit tranchée par les représentants des citoyens et les pouvoirs
constitués" (2) il est nécessaire de bien établir les
règles qui permettront aux principaux intéressés de faire
valoir librement et démocratiquement leurs opinions face aux
alternatives soulevées par la formulation de la question.
Le référendum, nous l'avons déjà
souligné, est un mode de consultation populaire par lequel le peuple
exprime son opinion ou ratifie une décision du gouvernement à
l'occasion d'une question soumise. Quant à son autorité, il peut
être libre ou contraignant; il est libre lorsque la décision de la
population ne lie en aucune façon le gouvernement et contraignant
lorsque le gouvernement doit tenir compte du verdict de la population. Suite
aux déclarations et propos tenus par quelques membres de l'équipe
gouvernementale, il est d'ores et déjà acquis que le
référendum à être tenu prochainement au
Québec, soit celui sur l'avenir constitutionnel de la province, sera
libre et consultatif car la population ne fera qu'exprimer son opinion et que
le gouvernement ne se sentira pas lié par le résultat de cette
consultation.
Puisque nous vivons à l'intérieur d'un régime dit
fédératif, le comité a cru bon d'aborder l'aspect
constitutionnel d'une telle loi.
(2) G. Bortoli, Sociologie du référendum dans la France
moderne, Paris, 1965
II.
La constitutionnalité du
référendum
L'Acte de l'Amérique du Nord Britannique de 1867 est silencieux
en matière de référendum. Si aucune de ses dispositions
n'en autorise l'usage, aucune ne le prohibe non plus.
Très peu courant au Canada, le référendum n'est pas
pour autant étranger aux institutions de type britannique. Même
s'il l'est en principe, il n'en demeure pas moins qu'en Australie le
référendum est inscrit dans le processus d'amendement de la
Constitution. La Grande-Bretagne, en 1975, a eu recours à ce mode de
consultation afin de prendre une décision quant à son avenir dans
le Marché Commun. Au Canada, Terre-Neuve a décidé d'entrer
dans la fédération canadienne après la tenue de deux
référendums en 1947.
La législature du Québec possède la
compétence législative exclusive de modifier la Constitution de
la province et ce, en vertu de l'article 92(1) de l'AANB. La législature
québécoise peut donc adopter une loi qui détermine les
conditions d'exercice du recours au référendum. Cependant cette
compétence de la province de modifier sa propre Constitution comporte
une limitation très précise: la législature provinciale ne
peut modifier "les dispositions relatives à la charge de
lieutenant-gouverneur". Cette limitation a d'ailleurs été
confirmée par le Conseil Privé, précisément en
matière de consultation populaire (3).
En effet, l'"Initiative and Referendum Act" de 1916 proposé par
le gouvernement du Manitoba fut déclaré ultra-vires parce qu'il
obligeait le lieutenant-gouverneur à soumettre certains projets de loi
à une partie de l'électorat. Lorsque ces projets de lois
étaient approuvés par la population, le lieutenant-gouverneur ne
pouvait plus alors exercer son pouvoir de réserve.
Ainsi, aucune législation en matière de
référendum ne doit avoir pour effet de faire échec aux
pouvoirs du lieutenant-gouverneur car ceci n'est plus du ressort
législatif de la province. Cette exigence qu'une loi-cadre en
matière de référendum doit respecter, est effectivement
présente dans le Livre Blanc sur "La Consultation Populaire au
Québec". "Rien n'empêche donc l'Assemblée nationale
d'organiser un référendum libre et facultatif, sur l'OPPORTUNITE
pour le Québec d'accéder à la souveraineté ou
d'adopter tel ou tel nouveau projet de Constitution. De toute façon,
l'ACCESSION même du Québec à la souveraineté ne
pourrait se réaliser ensuite qu'en vertu d'actes appropriés de la
part des Etats fédéral et québécois". (4)
III.
Les qualités du
référendum
Cette formule de consultation possède sans aucun doute un certain
nombre de qualités. Tout d'abord le référendum, par sa
nature même, permet l'expression claire de la volonté populaire.
Il permet à la population de se pencher sur une question soumise et de
fournir une réponse précise. Il est par conséquent un mode
d'expression moins équivoque qu'une élection puisque le sujet en
cause est généralement plus précisément
délimité.
Le référendum est également un moyen d'information
et d'éducation. Cette forme de consultation populaire requiert une
campagne d'information. Si cette campagne permet véritablement aux
diverses tendances et opinions d'être entendues, le
référendum devient l'occasion par excellence de renseigner la
population.
Il a également pour effet d'accroître la participation des
gouvernés à la chose publique. S'il est utilisé avec
MODERATION le référendum contribue à réveiller
l'intérêt public et devient du même coup un excellent
stimulant pour l'électorat.
Enfin, théoriquement, le référendum peut être
utilisé pour dépolitiser la discussion de certaines questions
importantes mais controversées. La vie du gouvernement n'étant
pas en jeu lors du référendum, il est concevable que ses membres
et ceux de l'opposition acceptent de mettre de côté leur
parti-sanerie afin d'aborder directement le fond de la question soumise. En
pratique, évidemment cette qualité du référendum se
réalisera plus ou moins selon le degré de maturité
politique des parties en cause.
IV.
Le programme du Parti
Québécois
Quant aux règles du jeu à être
édictées, la présentation du programme par René
Lévesque en janvier 1975 est éloquente à cet effet: "La
souveraineté nationale... En cours de route, la DEMARCHE QUI NOUS Y MENE
PEUT AVOIR A S'AJUSTER PLUS ADEQUATEMENT AUX EXIGENCES DE L'OPINION PUBLIQUE.
Rien là que de normal, puisqu'il s'agit d'un tournant que le
Québec NE PRENDRA JAMAIS QU'AVEC L'ASSENTIMENT MAJORiTAIRE ET
NON-EQUIVOQUE des Québécois eux-mêmes. L'important, c'est
de ne jamais perdre de vue l'objectif et de ne pas oublier que lui seul est
essentiel, tout en évitant de s'imaginer que l'indépendance
puisse être le fait d'une avant-garde soi-disant éclairée,
CAPABLE DE SE PASSER DU CONSENSUS POPULAIRE. Car ce tournant décisif, il
faut le répéter, ce n'est qu'avec sérénité,
compétence et SURTOUT EN SOLIDE CONNAISSANCE DE CAUSE que les
Québécois tels qu'ils sont accepteront de ne pas manquer..."
(3) In re The Initiative and Referendum Act (1919) A.C. 935, II Olmsted
103
(4)Jacques Brossard, L'accession à la souveraineté et le
cas du Québec, Les Presses de l'Université de Montréal,
1976
Les grands principes démocratiques énoncés dans ce
préambule sont rassurants certes mais loin d'être suffisants; tout
en reprenant le principe d'un régime démocratique à
l'intérieur duquel le peuple détient le pouvoir de décider
par le mécanisme de vote, le programme du Parti Québécois
spécifie que le gouvernement, avant de procéder
unilatéralement à la sécession du Québec,
s'assurera au préalable l'appui des Québécois par voie de
REFERENDUM.
Il serait inutile de relever ici tous les détails de la
dernière campagne électorale de 1976 mais il est important de
souligner dans ces quelques lignes l'importance que le gouvernement actuel a
accordée au référendum afin de contrer la propagande
anti-séparatiste; en 1976, le Parti Québécois a promis de
tenir un référendum sur l'indépendance parce qu'il savait
qu'il ne pouvait se faire élire sur cette question; c'est la raison pour
laquelle il s'est vu confier un mandat clair et non-équivoque de VRAI
BON GOUVERNEMENT PROVINCIAL. Ce seul mandat justifie pour le
référendum des mécanismes de réalisation
méthodiques et surtout, pleinement DEMOCRATIQUES.
C'est à partir des données énoncées
précédemment que nous aborderons l'étude du projet
gouvernemental sur la consultation populaire au Québec.
Dans le présent chapitre, nous étudierons le Livre blanc
du Ministre d'Etat à la réforme électorale et
parlementaire en suivant exactement le même plan de présentation
que celui du document gouvernemental
La consultation populaire au Québec
1).
Des référendums de consultation
Nous sommes d'avis que le caractère consultatif du
référendum ne doit en aucune façon permettre au
gouvernement de passer outre certaines dispositions spécifiques quant
à la majorité requise ainsi qu'au taux de participation des
citoyens à la consultation populaire.
Ainsi, sans ces précisions, le gouvernement pourrait
arbitrairement considérer que 51% des personnes s'étant
prévalus de leur droit de vote à un référendum est
un taux suffisant pour l'autoriser à entreprendre des démarches
en faveur de la réalisation de l'option concernée. Advenant ie
cas où 75% des citoyens se prévalent de leur droit de vote et que
51% de ceux-ci soient favorables à une option précise, nous
sommes en mesure d'affirmer qu'environ 38% de la population imposerait aux 62%
autres une option à laquelle ils s'objectent ou qu'ils ne
défendent point.
Nous sommes conscients qu'il s'agit là du lot quotidien de la
Démocratie mais il faut comprendre l'importance capitale que revêt
l'utilisation d'une telle méthode de consultation face à
certaines questions d'intérêt national comme par exemple l'avenir
constitutionnel du Québec.
Il est peut-être vrai que le caractère consultatif que
désire prêter le Livre blanc au référendum ne
justifie pas nécessairement de telles spécificités mais
nous ne souscrivons point à l'idée qu'elles soient inutiles. Bien
au contraire, les conséquences auxquelles donnera naissance le
référendum quant à certaines options de grande envergure
nous oblige à formuler de sérieuses réserves face à
l'absence de dispositions spéciales à l'égard de la
majorité requise et du taux nécessaire de participation.
Il nous apparaît donc ici important d'inclure de telles garanties
à moins de prévoir l'élaboration d'un second projet
gouvernemental qui concernerait cette fois les référendums
d'importance capitale parce que concernant des options fondamentales pour les
citoyens impliqués dans de tels enjeux nationaux.
2). Le droit d'initiative
L'initiative populaire étant un mécanisme permettant
à un nombre déterminé par la loi de citoyens d'exiger que
la législature examine un projet de loi qu'ils lui soumettent, elle
réalise donc la participation directe de la population à la
législation puisque le peuple peut véritablement orienter
l'action législative du gouvernement. Parce que "l'initiative populaire
permet au peuple de proposer la loi" il est évident que ce principe est
très attrayant et attirant en soi.
Nous sommes par contre d'avis qu'avant de pousser le principe de
l'initiative populaire plus loin dans le processus démocratique actuel,
il faudrait prendre le temps d'étudier les possibilités
d'application réelle et efficace de ce genre d'initiative. En ce sens
nous rejoignons l'idée du Livre blanc stipulant "qu'avant d'être
adoptée dans nos structures politiques, l'initiative populaire devra
être soumise à un sérieux examen."
Il est également vrai que ce principe "s'est toujours
avéré plus conciliable avec les régimes
présidentiels qu'avec les régimes parlementaires"; c'est la
raison pour laquelle nous sommes entièrement d'accord avec le choix du
gouvernement quant à l'initiative au sens large, c'est-à-dire
l'action concertée de l'Exécutif et du Parlement, comme c'est le
cas pour les projets de loi.
Il s'agit là selon nous d'une option réaliste,
basée sur un sens pratique très efficace et pondéré
quant à la juste continuité de notre système politique
moderne.
3). La formulation de la question
Le postulat de base énoncé par le gouvernement à
l'effet que "ce soit l'Assemblée nationale qui, à la suite d'une
proposition du gouvernement, décide de la formulation finale de la
question sur laquelle
la population aura à se prononcer" semble à prime abord
valable quoique nous aurions préféré voir dans le document
gouvernemental une proposition concrète à cet effet, afin de
stimuler d'intéressantes et utiles discussions sur cet aspect-clé
de la consultation. Il est peut-être difficile de refuser au gouver
nement la responsabilité de la formulation de la question. Il est normal
aussi que le Parlement ait le dernier mot. A prime abord valable parce que la
formulation de la question sur laquelle la population aura à se
prononcer devra être des plus concise et complète possible si l'on
désire que les citoyens optent clairement et sans équivoque pour
l'option de leur choix. Mais en réalité le gouvernement proposera
la question et en disposera lui-même, à cause de sa
majorité et de la discipline partisane. Nous sommes donc bien loin des
grands principes démocratiques que vise le Livre blanc.
Quatre solutions s'offrent à nous afin de pallier à cette
importante lacune du projet gouvernemental. 1.- La création d'un conseil
du référendum, formé de spécialistes non-partisans
et neutres qui auraient pour mandat de se pencher froidement sur la formulation
de la question; 2.- La formulation par le gouvernement des actes et des
démarches que ce dernier s'engagerait à entreprendre, ce
dépendant des options issues de la question, ce qui permettrait de
clarifier du même coup cette dernière; 3.- L'inscription, sur le
bulletin de vote, de chaque option préconisée par les
différents partis politiques reconnus et ce, en remplacement de la
question; 4.- Le remplacement, à l'Assemblée nationale, de la
majorité simple par celle établissant à deux tiers (2/3)
la majorité requise pour l'adoption de la question finale à
être posée lors du référendum;
La première solution, proposant la création d'un conseil
du référendum, est à première vue une des plus
efficaces. Le principal danger origine du risque de retrouver au sein du dit
conseil d'interminables débats qui ne remplaceraient somme toute que
ceux de l'Assemblée nationale; le problème ne serait alors que
remplacé par un autre.
La seconde, qui préconise la formulation des actes que le
gouvernement poserait face à l'option retenue, n'est point rentable: cet
engagement du gouvernement risque d'être aussi vague et de porter
à confusion la question elle-même; nous serions donc bien loin de
l'objectif premier de clarification des débats.
La troisième, visant à inscrire sur le bulletin de vote
l'ensemble des options défendues par les partis politiques reconnus,
risquerait d'aggraver la situation. Tous ne sont pas sans ignorer que les
partis politiques, dans une finalité strictement électorale,
seraient facilement enclins à jouer sur les mots et/ou
l'interprétation des résultats de la consultation. Les
participants, les partis d'opposition et le gouvernement pourraient à
dessein interpréter différemment les options, attitudes qui
fausseraient totalement le débat en lui niant tout simplement un
caractère démocratique.
Quant à la quatrième solution, préconisant une
augmentation du plafond de la majorité requise à
l'Assemblée nationale à deux tiers (2/3), elle nous semble
certainement la plus réaliste et efficace puisqu'elle obligerait le
gouvernement à clarifier la question proposée afin qu'elle puisse
être acceptée par les membres de l'Assemblée nationale.
Nous croyons qu'une telle démarche annihilerait toute
ambiguïté possible face aux débats entourant la formulation
de la question à être posée.
De plus, un débat de 25 heures au maximum sur la question qui
sera soumise à la population nous semble excessivement restreint si l'on
considère l'importance que revêtiront des
référendums concernant des options fondamentales quant à
l'avenir de la collectivité québécoise. Il est
nécessaire, et ce hors de tout doute, que la question à
être adoptée soit claire, concise et non-équivoque si le
gouvernement désire être réellement soucieux du respect de
la démocratie et de la population toute entière. Pour ce faire,
la question gagnerait à faire l'objet d'un débat où les
contraintes temporelles ne seraient pas aussi rigides.
Les 25 heures avancées par le Livre blanc nous apparaissent comme
équivalant à une ratification automatique par le gouvernement
d'une question formulée qui risquerait d'être
éventuellement à l'avantage certain des tenants de l'option du
parti au pouvoir.
4). Les préalables au scrutin a.le processus de
votation
Nous appuyons la proposition gouvernementale voulant que "la campagne
référendaire soit conduite le plus possible selon les
procédures prévues pour la tenue des élections". b.le
droit de vote
Nous appuyons également la proposition du Livre blanc à
l'effet de ne pas abaisser, pour les seules raisons d'un
référendum, l'âge de la majorité politique. Nous
souscrivons aussi à l'idée d'accorder le droit de vote à
certaines personnes qui en sont privées lors des élections et ce
tout en continuant à nier l'exercice de ce même droit au personnel
impliqué dans l'organisation et/ou la tenue du
référendum.
c. l'organisation du référendum
Nous croyons au bien-fondé du principe énoncé par
le Livre Blanc quant à la responsabilité du scrutin
référendaire qui serait assumée par le directeur
général des élections.
Cependant, en ce qui concerne la responsabilité du contrôle
des revenus à être transmise au directeur général du
financement des partis politiques, nous avons de sérieuses
réserves à émettre. Nous sommes en effet d'avis qu'aucune
raison sérieuse et logique puisse justifier le dédoublement de la
personne du directeur général des élections avec un autre
personnage à caractère politique.
Nous sommes conscients que de longs débats ont alimenté
cette question lors de l'examen du projet de loi numéro 2 sur le
financement des partis politiques, mais nous ne souscrivons aucunement à
cette thèse du dédoublement politique d'un haut fonctionnaire et
ce au nom d'une présumée "meilleure" démocratie. Cette
présomption est pour nous difficile de démonstration et
très ambiguë quant à son application neutre et responsable
surtout qu'elle concerne le libre exercice d'un droit fondamental de la
collectivité.
5). La campagne référendaire a.l'émission du
bref
Comme le bref serait le seul document annonçant officiellement la
date du référendum et qu'aussitôt émis la campagne
référendaire (variant de 35 a 60 jours) débuterait, nous
doutons fortement que l'organisation qui défendrait une option
opposée à celle du gouvernement puisse, en si peu de temps,
s'organiser. En effet, nous devons souligner l'avantage extraordinaire dont
bénéficie le gouvernement avant la mise en branle du processus de
consultation populaire, stratégiquement parlant; il nous faut
également insister sur le solide soutien de l'appareil gouvernemental
à l'option du parti au pouvoir, soutien qui selon nous nuirait au juste
équilibre des forces en présence si le temps alloué pour
la mise sur pied des organisations demeure aussi restreint. Le gouvernement
n'est pas sans savoir qu'il possède, outre les avantages
énoncés précédemment, l'initiative du jeu et qu'il
s'agit pour lui d'assurer à toutes les parties concernées une
égalité certaine des chances.
Nous estimons donc que le délai de 60 jours durant lequel la
campagne référendaire sera débattue est beaucoup trop
court compte tenu de la période préliminaire nécessaire
à l'organisation efficace d'un "comité ad hoc" réunissant
toutes les forces pro-fédéralistes. C'est pourquoi nous
suggérons au gouvernement d'annoncer officiellement au moins 2 mois
avant l'émission du bref (document débutant la campagne
référendaire), la date à laquelle la population aura
à se prononcer sur la question. Ainsi, les organisateurs pourraient
commencer a s'orienter au moins un mois avant le début de la campagne,
assurant donc un plus juste partage des chances.
Nous croyons que l'esprit et la formulation actuels du Livre Blanc
à cet égard sont totalement irrationnels et
anti-démocratiques. Nous espérons très fortement que le
gouvernement veillera à modifier substantiellement ces vices de fond
affectant le libre exercice d'un droit aussi fondamental pour la
collectivité. b.les participants
La proposition ayant trait aux participants quant à leurs
organisations respectives semble être très juste et noble parce
que chaque option aurait des moyens égaux de faire valoir leurs points
tout en permettant un contrôle efficace des dépenses
électorales.
Cela nous semble par contre du domaine de la pure spéculation et
de l'utopie.
La question à être posée attentant à la
doctrine fondamentale des deux principales parties concernées, le
problème ici concerne la philosophie de base de chacune d'elles. Un
exemple concret illustrera ce point.
Dans un cas, nous avons les tenants de l'indépendance du
Québec assortie d'une association avec le Canada; dans les autres, le
fédéralisme, avec un degré variable d'autonomie selon les
formations.
Comme le PQ est né d'abord et avant tout pour mener à
terme la réalisation de l'indépendance du Québec, il se
lancera immédiatement dans la campagne comme un bloc homogène et
solide déjà bien rodé par dix ans de campagne
indépendantiste.
Par contre, les autres partis, qui ont le principe
fédéraliste comme dénominateur commun et beaucoup de
divergences quant à la manière de l'appliquer au Canada, ne
réussiront certainement pas, à cause des multiples divergences
politiques (philosophiques) les divisant, dans un délai de 35 à
60 jours, à s'accorder réellement sur un style, une
stratégie, une argumentation et surtout, un leadership.
Il est également fort possible qu'un nombre égal (ou
à peu près) de députés de deux parties politiques
différents se retrouvent au sein de la même organisation; une
lutte pour prendre la tête de cette organisation pourrait s'engager
risquant ainsi de retarder ou d'empêcher éventuellement la
formation du "comité ad hoc".
Un parti pourrait aussi dominer totalement une organisation et ce aux
dépends de petits groupes minoritaires qui pourraient désirer
défendre une toute autre optique et employer une stratégie
différente.
Enfin des groupes aux idées complètement opposées
pourraient se retrouver au sein de la même fonction risquant
d'entraîner à coup sûr des scissions, situation qui ne
serait point crédible pour le comité ad hoc aux yeux de la
population. "Le tout se résume à ceci: du côté du
parti gouvernemental nous assisterons à une action unifiée,
ordonnée, rapide, efficace; du côté des partis, des
individus, des groupes fédéralistes forcés de s'unifier et
de s'entendre à la dernière minute, nous assisterons à une
confusion née des conflits de personnalités et de programmes
d'action, ce qui compromettra sérieusement leur efficacité.
N'y a-t-il pas là une contrainte grave aux droits d'association
et d'expression? Sans parler du droit de participation démocratique qui
est pourtant le principe en vertu duquel le gouvernement a introduit la
consultation référendaire.
Est-il acceptable que le gouvernement issu d'un parti
indépendantiste dont il veut faire triompher l'objectif fondamental au
cours du référendum, soit celui qui contraint les partis, les
groupes et les individus qui combattront son option, à défendre
la leur de la manière restrictive et tâtillonne qu'il aura
déterminée?"(6)
Ainsi, la proposition qui à l'origine semblait accorder la
même chance aux deux organisations a pour principale conséquence
de faire pencher la balance du côté gouvernemental et c'est la
raison pour laquelle nous la dénonçons vivement.
Il est irrationnel de croire que tous les courants d'idées qui se
véhiculent au sein d'une société moderne aussi libre que
la nôtre, puissent soudainement, sur simple avis gouvernemental, se
fondre en un seul courant homogène et continu. c. la mise sur pied des
organisations
Nous sommes d'avis que le délai de trois jours permettant la
constitution du "comité ad hoc" regroupant les tenants de la
thèse opposée à celle du gouvernement est simpliste,
irréaliste et frôle le ridicule.
De plus, pour limiter le plus possible un risque d'équivoque et
d'incompréhension de la population face à la question
posée, nous suggérons de limiter à un choix précis
entre deux options le contenu de la question.
Nous sommes d'accord avec les propositions du gouvernement quant
à la surveillance du scrutin ainsi que l'aide financière de
l'Etat, mais nous pensons que ces deux paragraphes du Livre Blanc gagneraient
beaucoup à être explicités. f.le contrôle des
dépenses
Quant à leur limitation lors de la campagne, ce contrôle
semble à prime abord bénéfique afin de contrer un afflux
disproportionné de fonds de groupes intéressés et
puissants qui voudraient défendre la thèse opposée
à celle du gouvernement, cette dernière ne jouissant pas toujours
d'un tel soutien financier.
Mais l'exercice du pouvoir a ses avantages et qui empêchera le
gouvernement d'utiliser les innombrables canaux afin de répandre sans
arrêts ni limites sa propagande? g.le contrôle des revenus
Nous sommes en faveur de l'établissement des deux
premières sources; la troisième n'est pas justifiable selon nous
car nous n'acceptons aucunement l'idée d'un regroupement des tenants des
thèses en présence; de plus, nous croyons que ces transferts de
sommes d'argent des partis aux formations risquent de poser de très
sérieux problèmes internes quant à l'application des
sommes accordés par les partis concernés.
Quant aux règles d'organisation et de déroulement du
référendum, elles nous apparaissent beaucoup torp rigides et
restrictives. Elles restreignent dangereusement les libertés
d'expression et d'association, privilégient l'option du parti
gouvernemental et rendent extrêmement difficile l'action de ceux qui
défendront l'option opposée.
(6) Marcel Adam, Les règles référendaires et le
"fair play", La Presse, septembre 1977
CONCLUSION
I.
Les dangers du
référendum
Un des principaux dangers du référendum est qu'il peut
permettre aux gouvernants d'échapper à leurs
responsabilités. Lorsqu'une question difficile se présente elle
est soumise à la population. Les gouvernants adoptent par la suite une
solution qui respecte l'opinion de la majorité. Si cette solution
subséquemment se révèle mauvaise, les gouvernants peuvent
rejeter le blâme sur la population en invoquant que celle-ci a
été consultée. Les gouvernants s'appuient alors sur le
mandat précis qui leur a été confié afin de se
dégager de toute responsabilité.
D'autre part, les gouvernants peuvent également utiliser la
population pour justifier leurs politiques déjà
déterminées. Il suffit de convaincre la population du
bien-fondé de telle politique, de la soumettre à
l'électorat, par voie de référendum pour fins de
ratification et ensuite de s'appuyer sur le verdict de la population pour la
défendre.
Le référendum peut avoir également comme effet
néfaste de réduire substantiellement le rôle de
l'opposition. Les partis d'opposition se trouvent souvent dans une position
précaire lors d'un référendum. Le gouvernement a
généralement sondé l'opinion publique avant de soumettre
la question à la population.
Enfin, il y a tous les dangers inhérents à toute forme de
consultation populaire. Il y a d'abord la possibilité que tout le
mécanisme même de la consultation populaire soit faussé. A
la lumière de normes psychologiques et sociologiques, il est possible de
prédire la réaction de la population. Ainsi, la
phraséologie employée est minutieusement étudiée.
Le moment où la population est consultée fait l'objet
d'études attentives qui tiennent compte des hausses et des baisses de
popularité du parti au pouvoir. Ces divers éléments
permettent aux gouvernants de prévoir, avec une faible marge d'erreur,
le verdict de la population sur une question donnée.
Un autre danger inhérent aux consultations populaires est
l'inaptitude de la population à considérer certaines politiques.
Cette inaptitude ne découle pas nécessairement de l'ignorance des
masses mais plutôt de la nature même des consultations populaires.
Certaines questions ne peuvent faire l'objet d'un référendum,
soit à cause de leurs nombreuses répercussions
imprévisibles, soit à cause de leur ampleur.
De plus, le référendum n'offre aucune possibilité
à celui qui est consulté de nuancer sa réponse. La formule
oblige donc souvent à rejeter ou en endosser globalement une proposition
sans faire les distinctions qui souvent s'imposent.
Il nous faut également, à ce stade-ci, reprendre un
extrait très révélateur d'un editorial de Marcel Adam (La
Presse, septembre 1977) à cet effet: "En 1969, M. Jean Lesage, alors
chef de l'Opposition, avait signalé les dangers de la politique
référendaire dans une société biculturelle comme la
nôtre. Il y voyait le danger d'une dictature de la majorité, qui
peut s'exercer d'une façon plus implacable par la voie d'un
référendum, où tout se tranche par un oui ou par un non,
que les voies ordinaires du parlementarisme, lequel est basé sur la
discussion approfondie et les solutions de compromis qui tiennent compte de
tous les aspects de la réalité sociale.
M. Lesage soulignait ces dangers en fonction d'une situation politique
"normale". Or, ces dangers ne sont-ils pas encore plus grands avec un
gouvernement qui se dit ouvertement ethnocen-trique, qui a été
créé et mis au monde pour défendre et promouvoir les
intérêts de la majorité francophone contre le dynamisme
envahissant de sa minorité anglophone, et pour contrer la
menaçante majorité anglo-canadienne au moyen de
l'indépendance?".
Nous croyons nécessaire d'insister particulièrement sur
les dangers de la pratique référendaire parce
quedésireuxd'"associerdirectementlesélecteursàlagouvernede
l'Etat", elle risque sérieusement de faire de ce principe populiste un
semblant de réforme pas nécessairement progressiste.
II.
Les problèmes plus particuliers du
Livre blanc
Puisque la présente partie sera suivie de recommandations bien
précises nous inscrivons ici quelques remarques générales.
"Presque toujours le problème se pose dans la formulation de la question
qui peut être maladroite ou truquée. Comme le pouvoir a
généralement l'initiative du jeu et de la fixation des
règles; comme, de plus, il a au départ l'immense avantage d'avoir
tous les dossiers pertinents et le soutien d'un gros appareil gouvernemental;
comme il jouit d'une tribune nationale d'où il peut distiller longtemps
et sans contrôle sa propagande, laquelle s'ajoutera à celle que
son parti aura le droit de répandre sous contrôle durant la
campagne, tout cela fait que le gouvernement qui a décrété
le référendum possède au départ un grand avantage
sur les opposants à l'option qu'il veut faire triompher." (7)
(7) Marcel Adam, Le gouvernement responsable, ou presque La Presse,
septembre 1977
Depuis le 15 novembre dernier, chaque fois qu'un de ses membres s'est
trouvé sur une tribune ou devant les media, le gouvernement
Lévesque n'a pas hésité à passer son message. Qui
l'empêchera de continuer à répandre sans limite aucune et
parfois sans "fair play" ce message et ce, jusqu'à la veille même
du scrutin alors que de tels moyens et instruments de promotion sont absents et
même inexistants chez les partis d'opposition.
Le maintien d'une saine et véritable Démocratie semble
être soudainement remis en cause par l'instauration d'un mécanisme
a priori hautement démocratique. Le paradoxe est très grand, bien
présent et difficile à résoudre. Le Livre blanc, c'est un
fait depuis longtemps acquis, ne vise aucunement le seul
référendum sur l'avenir constitutionnel du Québec. "Alors
à quoi serviront les éventuels référendums? De
toute évidence, à résoudre les questions sur lesquelles le
gouvernement doit prendre une décision, mais qui pourraient
l'embarrasser électoralement auprès d'un large secteur de la
population. Il faut reconnaître, en effet, qu'un gouvernement doit, en
maintes occasions et dans l'intérêt de l'ensemble de la
population, prendre des mesures qui vont à l'encontre des
intérêts de certains groupes. Cette institution du
référendum pourra donc servir de justification à des
politiques électoralement peu rentables. Le référendum
sera ainsi beaucoup plus un subterfuge qu'une "démocratisation du
pouvoir". (8)
C'est pourquoi nous sommes d'avis que le gouvernement devrait
réviser complètement sa position et la reconsidérer pour
l'instant uniquement face au seul référendum sur l'avenir
constitutionnel du Québec, consultation à être tenue sous
peu.
Le parti gouvernemental serait très mal venu de constater un
triomphe référendaire si ce dernier devait être
considéré comme le résultat d'une malversation. Les
règles du jeu annoncées dans l'actuel Livre blanc laissent
présager une telle malversation; les seules références au
référendum tenu en 1975 en Grande-Bretagne, nous l'avons vu
précédemment, ne sont point le gage de l'anéantissement de
cette éventuelle malversation.
Un éditorialiste d'un quotidien francophone à très
fort tirage affirmait récemment: "La Démocratie, c'est comme le
fisc: tout le monde reconnaît sa nécessité, mais chacun
cherche à s'y soustraire".
Le malheur du Livre blanc est qu'il concrétise cette franche
affirmation. Les règles qu'il énonce sont trop lourdes de
conséquences pour ne pas l'assimiler à une parodie de
démocratie; advenant le cas où certaines modifications majeures
n'y seraient pas apportées à très court terme, le projet
gouvernemental risque de devenir une duperie flagrante et honteuse. "Le Livre
blanc de M. Burns devait préciser une foule de choses en ce qui touche
le futur référendum. On constate au contraire que la plupart des
grandes questions reliées au référendum demeurent pour
l'instant sans réponse. On ignore quand aura lieu le
référendum. On ignore aussi complètement la ou les
questions qui sera ou seront adressée (s) aux électeurs. Au plan
des structures concrètes d'organisation, le Livre blanc
québécois est souvent plus précis que ne l'était le
Livre blanc britannique. Il s'agit cependant, dans bon nombre de cas, de
précisions dont l'on se fût volontiers passé. Elles
semblent en effet devoir souvent restreindre dangereusement la liberté
des débats et des interventions. Contrairement aux élections
régulières, maintes restrictions pourront en outre beaucoup plus
difficilement donner lieu à des vérifications ou à des
correctifs.
Enfin, il reste à préciser la valeur et la portée
qu'aura pour le gouvernement le résultat du référendum.
S'il ne doit s'agir que d'un référendum à valeur
consultative, l'expérience n'aura pas le poids que l'on souhaiterait. Si
ce doit être davantage, il faudra que le gouvernement le dise sans
équivoque et que l'on sache sans détour qu'il sera le premier
à se sentir lié par l'expression qu'il aura sollicitée de
la volonté populaire.
On invoque en somme l'exemple de la Grande-Bretagne, parce que cela fait
rassurant dans le contexte. Mais souvent le Livre blanc québécois
s'écarte du modèle qu'il prétend suivre et, dans la
plupart des cas, la comparaison plaide plutôt pour le livre du
maître que pour la copie de l'élève". (9)
Tel que formulé, le Livre blanc, véritable
épée de Damoclès pour des droits fondamentaux, n'est
certes pas, lui non plus, la "trouvaille du siècle".
(8) Ivan Guay, La conception péquiste de la démocratie La
Presse, septembre 1977
(9) Claude Ryan, Le Livre blanc de Robert Burns, Le Devoir, 16/09/77
Puisque les rédacteurs du Livre blanc ont cru opportun de faire
constamment référence au référendum tenu en
Grande-Bretagne le 5 juin 1975, nous tenterons de rétablir certains
faits mal saisis ou certaines omissions majeures qu'ils ont pu faire
peut-être involontairement.
Cette partie portera donc uniquement sur le référendum
britannique afin de ramener le débat à un niveau acceptable de
crédibilité. Ces constantes références risquent de
fausser dangereusement et complètement la compréhension
véritable et profonde du Livre blanc si certaines ne sont pas rapidement
rétablies. "A beau mentir qui vient de loin" affirme un proverbe
fréquemment cité.
"La consultation populaire au Québec", une inspiration
vraiment britannique?(10) Le déroulement du scénario "En
Grande-Bretagne, les événements se déroulèrent
selon le calendrier suivant: -janvier 1975: première déclaration
officielle du gouvernement annonçant la tenue d'un
référendum; -février 1975: dépôt du Livre
blanc sur le référendum; -11 mars 1975: débat sur le Livre
blanc aux Communes et adoption d'une résolution approuvant la tenue d'un
référendum; -18 mars 1975: le cabinet approuve les nouvelles
conditions de l'affiliation de la G.B. au Marché
Commun; -9 avril 1975: les Communes approuvent les nouvelles conditions
négociées par le gouvernement re: affiliation au Marché
commun; -10 avril 1975: la loi du référendum est adoptée
en deuxième lecture par les Communes; -6 mai 1975: la loi du
référendum est approuvée par la Chambre des Lords; -14 mai
1975: le gouvernement annonce que le référendum aura lieu le 5
juin 1975; -5 juin 1975: tenue du référendum. 65% des
électeurs inscrits participent. Les partisans du main- tien du lien
européen l'emportent par 68% contre 32%.
Au Québec, la plupart des dates demeurent encore inconnues.
Aucune précision n'a percé jusqu'à ce jour quant à
la date où le gouvernement envisage de tenir le
référendum." "C'est de ce référendum britannique
que veut s'inspirer le gouvernement québécois dans la
préparation de son propre référendum." La seule profession
de foi du gouvernement en faveur de la longue tradition britannique quant
à la démocratie et au "fair play" ne suffit cependant pas. Il
importe de vérifier si elle est confirmée par la conduite de ses
auteurs. Or, une comparaison entre la façon dont fut
réalisée l'expérience britannique et celle que l'on a
commencé à mettre en oeuvre au Québec révèle
de nombreuses et profondes différences entre les deux conceptions qui
ont présidé à chacune. Dans bien des cas, ces comparaisons
ne sont guère à l'avantage de la conception mise de l'avant dans
le Livre blanc québécois". "Le référendum
britannique, tout compte fait, fonctionna très bien. On s'était
néanmoins rendu compte à l'expérience qu'il cadrait
plutôt laborieusement avec le régime de gouvernement parlementaire
responsable. Aussi de manière générale n'y avait-il
après le référendum aucune inclination le moindrement
prononcée à recommencer l'expérience.
Le Livre blanc québécois s'écarte à cet
égard de l'expérience britannique. Déjà, ce n'est
pas seulement une série d'indications nécessaires sur le
référendum à venir qu'il fournit. C'est aussi, assez
explicite, une théorie qui va beaucoup plus loin et parie
d'institutionnaliser en permanence une formule dont on n'a pas encore fait
l'essai...
Avant même qu'on ait fait l'expérience d'un
référendum, le gouvernement envisage déjà une
législation de caractère général et songe
sérieusement à instituer sur une base permanente la formule du
référendum. Voilà une première différence
significative entre la conception québécoise et celle dont elle
affirme s'inspirer au premier chef. A Québec, on ne semble pas
soupçonner les nombreuses implications à long terme que peut
avoir pour l'équilibre de notre système de gouvernement
l'institutionnalisation sur une base permanente de la formule du
référendum." "Mais, chose curieuse, et contrairement à ce
qu'on trouvait dans le Livre blanc britannique, on ne dit nulle part dans le
document québécois que le gouvernement prend effectivement et
dès maintenant, dans le cas du référendum sur
l'indépendance politique, l'engagement de respecter la volonté
populaire et de sentir lié par par elle."
(10) Ce chapitre est uniquement composé de larges extraits d'un
article de Claude Ryan intitulé "Le Livre blanc de Robert Burns"; cet
article, paru en deux tranches les 15 et 16 septembre 1977, est le fruit d'une
étude comparative entreprise par l'auteur et ce à la
lumière d'un ouvrage de Butler et Kitzinger intitulé "The 1975
référendum Act" (Editions Macmillan -1976)
"En Grande-Bretagne, vu les profondes répercussions que devait
avoir le référendum, le gouvernement, avant de rédiger et
de publier son Livre blanc, prit soin de consulter les partis politiques et les
grandes organisations nationales faisant campagne pour le maintien ou
l'annulation de la participation britannique au Marché commun. "Les
partis politiques représentés au Parlement, de même que les
organisations majeures faisant campagne pour ou contre l'abandon du lien avec
la CEE, ont été consultés", écrit le Livre
blanc.
Au Québec, on ne trouve ni mention, ni trace de semblables
consultations préalables, ni sur le référendum au sujet de
l'avenir politique ni sur l'institution permanente de la formule du
référendum. Le gouvernement a par contre prévu que le
Livre blanc ferait l'objet d'un examen en commission parlementaire et que les
organismes intéressés pourront se faire entendre par cette
commission." "En Grande-Bretagne, il n'y eut pas d'équivoque, ni de
finasserie. Dès le stade du Livre blanc, publié cinq mois avant
la tenue du référendum, on savait à quoi s'en tenir au
sujet des intentions du gouvernement. Le Livre blanc contenait en effet,
très clairement explicitée, la question qu'on projetait de
soumettre aux électeurs. Elle se lisait ainsi: "Le gouvernement a fait
connaître les résultats de la renégociation des conditions
de l'appartenance de Royaume-Uni à la Communauté
européenne. Pensez-vous que le Royaume-Uni devrait rester dans la
Communauté européenne? "Les débats au Parlement permirent
d'ajouter une précision mineure; l'on inscrivit entre
parenthèses, après la question, les mots "Marché commun".
Mais ce fut tout. Dès le début, on sut par conséquent
à quoi s'en tenir au sujet de la question. La question allait tout
droit, et simplement, au coeur du problème, sans bavure ni
jésuitisme. Dans le Livre Blanc québécois, rien de tel. On
s'engage à soumettre la question à l'approbation de
l'Assemblée nationale, sous la forme d'une motion du gouvernement qui a
l'instar du discours inaugural et du discours du budget, "ferait l'objet d'un
débat privilégié d'une durée maximale de vingt-cinq
heures". On va de même, un peu plus loin, jusqu'à laisser entendre
que la question pourrait contenir plus de deux options. On ne fournit cependant
aucune indication sur la nature précise de la question qui sera soumise
aux électeurs. On prévoit apparemment qu'il suffira d'un
débat de vingt-cinq heures pour disposer de cet aspect-clé de
l'opération. C'est, par comparaison avec l'expérience
britannique, faire très peu de cas du jugement des citoyens et d'une
certaine maturation qui doit intervenir dans l'évolution des esprits
à ce sujet."
Quant à la procédure déjà établie
pour les élections régulières "... il y eut cependant deux
exceptions notables: 1) II fut décidé que le gouvernement
nommerait un directeur du décompte des voix pour chacune des grandes
régions suivant lesquelles les résultats du vote seraient
compilés et remis au public. On jugea en effet qu'il ne serait pas bon,
vu qu'il s'agissait d'une consultation nationale, que les résultats du
vote soient compilés et publiés selon les circonscriptions.
Celles-ci furent regroupées dans des unités plus larges; 2) Au
plan local, on décida de recourir aux mécanismes administratifs
prévus par la loi des gouvernements locaux plutôt qu'à ceux
que prévoit la loi des élections nationales. Ceci permit
vraisemblablement de contourner les difficultés qui eussent pu surgir
autour de la représentation des partis dans la conduite du scrutin. "En
Grande-Bretagne, on optera pour les solutions les plus libérales
possibles. "Le gouvernement, lit-on dans le Livre Blanc britannique, s'est
demandé si des dispositions spéciales devaient être prises
afin de limiter ou faciliter les activités d'organismes
extérieurs et d'individus visant à informer le public de leurs
vues sur les enjeux du référendum. Les mesures en vigueur en
matière d'élections parlementaires sont peu utiles à ce
sujet, vu qu'elles visent surtout à contrôler toute dépense
encourue pour obtenir l'élection d'un candidat. En outre, il n'existe
pas de contrôle sur les dépenses des organisations nationales des
partis, qu'on ne saurait relier à l'élection d'un candidat
particulier. Le gouvernement aborde cette question difficile sans aucun
désir de limiter la traditionnelle liberté de parole mais
plutôt avec le désir de faire en sorte que les deux points de vue
opposés soient connus du public et que l'on suscite
l'intérêt du public pour les enjeux du référendum."
... On aurait aussi voulu dans certains milieux limiter le droit des journaux
d'accepter des messages payés en faveur de l'un ou l'autre point de vue.
"Le point de vue du gouvernement, lit-on dans le Livre Blanc britannique, est
qu'une telle interdiction restreindrait de façon inacceptable l'exercice
d'une liberté normale et pourrait avoir un effet défavorable sur
l'impact de la campagne et le taux de participation au scrutin."... ... on est
à des centaines de lieues de l'expérience britannique...
Dès qu'on refuse d'accepter au départ le principe de
l'égalité de tous les intervenants possibles et qu'on choisit la
voie des mesures restrictives, il semble qu'on se voue à multiplier les
inégalités." "Dans une campagne référendaire
où les choix proposés ne correspondent pas nécessairement
à la division des opinions selon les partis, des regroupements
inédits s'imposent. Aussi le concept d'organismes-parapluie
évoqué dans le Livre Blanc québécois n'a-t-il rien
en soi d'étonnant, encore moins d'hérétique. Mais il n'y a
pas que le principe. Il y a aussi la manière. A ce sujet, la conception
québécoise s'écarte sensiblement, une fois de plus de la
conception britannique.
Dans l'un de ces "understatements" dont les Britanniques ont le secret,
on dit dans le Livre Blanc anglais que le gouvernement serait disposé
à fournir à chaque campagne assistance financière
limitée, devant être également répartie entre les
deux, "s'il est possible d'identifier deux organisations représentant de
manière adéquate ceux qui font campagne pour le maintien du lien
européen et ceux qui font campagne contre". On parle de regroupement
comme d'une condition pour l'accès à une aide financière
qui sera, de toute manière, plutôt modeste en comparaison du
budget global dont disposeront les forces pro-européennes. On n'oblige
nulle part quiconque ou quelque organisation à s'affilier à un
tel organisme de regroupement ou à se plier à ses ordres. Tout
cela est laissé, comme il se doit à l'initiative des citoyens et
des groupes...
Les subventions... pourront comporter des exigences précises de
divulgation au chapitre des dépenses faites par chaque organisme et des
sources de revenus de chacun. C'est là la seule mention que l'on trouve
dans la loi, au sujet des organismes-parapluie. Le Livre Blanc n'en contenait
pas d'autre que celle qui a créée à quelque organisme
d'appartenir ou de s'affilier à un organisme de chapeautage. Citoyens et
organismes, partis compris, furent laissés entièrement libres de
définir les structures dont ils auraient besoin pour conduire la
campagne...
Plus il y aura d'options, plus le danger de confusion sera grand. Plus
sera réel aussi le danger de tripotage ou de manipulation de la part du
gouvernement et de sa majorité, dans la formulation des
différentes options..."
Quant au regroupement en comités "ad hoc", "... Rien de commun
entre cette vision des choses et celle qui inspira l'expérience
britannique. Ceux qui conçurent cette dernière avaient un respect
beaucoup plus poussé de la vie et des organismes que leurs imitateurs
québécois." "On s'inquiète, écrivaient dès
février 1975, les auteurs du Livre Blanc britannique, de ce que les
organisations favorisant une option disposeront de ressources plus
considérables que les organisations favorisant l'option contraire". Mais
à cette inquiétude, le Livre Blanc apportait la fin de
non-recevoir suivante: "II est déjà clair qu'un
déséquilibre de cette nature, s'il existe, n'empêche pas
les deux côtés d'obtenir une large diffusion de leurs vues. Le
gouvernement est conscient que toute tentative visant à limiter les
dépenses totales des deux camps serait impraticable, entre autres parce
qu'elle ne pourrait prendre effet qu'après que la loi aurait reçu
la sanction royale.". Le gouvernement Wilson considérait par contre que
le public avait le droit de connaître les sommes dépensées
par chaque camp, ainsi que la provenance de ces sommes. Aussi
inséra-t-il dans le projet de loi de 1975 des dispositions à
cette fin...
Et il y a lieu de se demander si les restrictions qui peuvent se
justifier afin d'empêcher qu'une personne obtienne un poste par des
méthodes indues peuvent tout simplement être transposées
dans une campagne où les enjeux seront très différents et
encore plus fondamentaux. La Grande-Bretagne, en tout cas, fit montre à
cet égard d'une grande prudence, d'une circonspection très
poussée, qu'on ne retrouve pas dans le Livre Blanc
québécois." "Sans restreindre le droit d'intervention de toute
personne ou de tout organisme intéressé, le gouvernement
britannique jugea en vue du référendum sur le lien
européen devoir prendre certaines dispositions afin d'assurer que les
citoyens seraient minimalement informés de l'enjeu ainsi que des
principales positions en présence. Trois mesures spéciales furent
prévues à cette fin: a) une brochure gouvernementale
décrivant la nature et la procédure devant être suivie,
ainsi que la position du gouvernement comme tel, serait acheminée
gratuitement à tous les foyers par les services de la poste royale: b)
une brochure exposant le point de vue des partisans du maintien de
l'affiliation européenne serait de même acheminée vers tous
les foyers, à titre gratuit, par les services de la poste royale; c) une
brochure exposant le point de vue des partisans de l'abandon du lien
européen serait également acheminée vers tous les foyers,
à titre gratuit, par la poste royale.
Ces trois objectifs furent réalisés sans difficulté
apparente... En outre, la couverture des activités de la campagne ne
donna lieu, selon Butler et Kitzinger, à aucun déploiement
extraordinaire de la part des réseaux de radio et de
télévision.
Recommandations du comité 1) Nous souhaitons vivement que
le projet gouvernemental ne s'écarte pas des principes qu'il a
énoncé quant à la démocratisation de nos
institutions politiques; 2) Nous souhaitons également que le projet
gouvernemental suive rigoureusement les principes démocratiques contenus
dans la présentation du programme du Parti québécois de
1975; 3) Nous recommandons l'inclusion de dispositions spécifiques
à la majorité requise ainsi qu'au taux de participation des
citoyens à la consultation populaire; 4) Nous recommandons très
fortement de soumettre le principe de l'initiative populaire à un
très sérieux examen avant de le mettre en application, parce que
lourd de conséquences sur l'efficacité de nos institutions
politiques;
5) Nous recommandons le remplacement à l'Assemblée
nationale de la majorité simple par celle établissant à
2/3 celle requise pour l'adoption de la question à être
posée lors du référendum; 6) Nous recommandons que
l'Assemblée nationale consulte des spécialistes en droit
constitutionnel et science politique lors de l'élaboration
définitive de la question à être posée, afin que ces
spécialistes puissent exprimer un avis juridique face à cette
question; 7) Nous recommandons que le débat de 25 heures sur la question
qui sera soumise soit substantiellement augmenté en temps afin d'amorcer
une discussion claire et efficace sur cet aspect-clé de la consultation;
8) Nous recommandons de ne point abaisser, pour les seules fins d'un
référendum, l'âge de la majorité politique; 9) Nous
recommandons que le droit de vote soit élargi i.e. reconnu à
certaines personnes qui en sont privées lors des élections et ce,
tout en continuant à ne pas le reconnaître au personnel
impliqué dans l'organisation ET/OU la tenue du référendum;
10) Nous souscrivons à l'idée de suivre la procédure
établie pour les élections du déroulement du scrutin
référendaire; 11)Nous recommandons d'abolir le
dédoublement politique de la personne du directeur général
des élections et de laisser à lui seul la responsabilité
du scrutin référendaire ET celle du contrôle des revenus;
12) Nous suggérons au gouvernement d'annoncer officiellement au moins 2
mois avant l'émission du bref la date à laquelle la population
aura à se prononcer sur la question; 13)Nous lui recommandons de
reconsidérer sa position face à la création de
"comités ad hoc" pour chaque option apparente et de laisser la libre
expression ainsi que le droit d'association de tout individu ou groupe
désireux d'intervenir dans le débat sur la consultation
populaire; 14) Nous recommandons au gouvernement d'élargir
considérablement la période de trois jours accordée pour
la mise sur pied des différentes formations impliquées par le
référendum; 15) Nous recommandons au gouvernement de
reconsidérer TOTALEMENT sa position quant aux contrôles des
dépenses en tenant compte cette fois de l'avantage certain qu'il
possède quant à l'appareil gouvernemental, la diffusion de son
message par les canaux réguliers ainsi que la stratégie
vis-à-vis la fixation presque unilatérale des règles du
jeu; 16) Nous recommandons au gouvernement d'abolir la troisième source
prévue de financement des organisations i.e. le transfert des partis
politiques à celles-ci de sommes ne devant pas dépasser, au
total, $0.25 par électeur; 17) Nous recommandons au gouvernement de bien
analyser les conséquences de l'instauration de mécanismes de
consultation populaire avant d'aller plus loin en ce sens; 18) Nous
recommandons au gouvernement de reconsidérer COMPLETEMENT son Livre
blanc afin de l'orienter uniquement vers le référendum sur
l'indépendance du Québec; 19) Nous prions le gouvernement de
revoir également toutes les règles énoncées
jusqu'à maintenant parce qu'elles sont selon nous irrationnelles,
rigides, anti-démocratiques et qu'elles restreignent dangereusement les
droits d'expression et de libre association; 20) Nous recommandons finalement
au gouvernement de suivre l'exemple de la Grande-Bretagne quant à la
tenue et à l'organisation du référendum afin de faire
preuve d'un véritable "fair play" au lieu d'imposer bêtement des
règles totalement irréfléchies. Les seules
références au référendum tenu en 1975 en G.B.
n'apparaissent à l'heure actuelle que comme un habile camouflage d'une
bien triste réalité démocratique québécoise;
21) En ce qui a trait au référendum sur l'indépendance
politique du Québec, nous recommandons très fortement au
gouvernement de considérer la majorité requise pour
déclarer adoptée l'une des options préconisées
à 2/3 des électeurs inscrits sur la liste électorale.
Bibliographie 1. Le Programme, l'Action Politique, les Statuts et
Règlements du Parti québécois, Montréal 1975
2.Journal des Débats Assemblée nationale du Québec
Deuxième session 31ème Législature 3. L'accession
à la souveraineté et le cas du Québec, Jacques Brassard,
Les Presses de l'Université de Montréal 1976 4. Droit
Public Fondamental Henri Brun et Guy Tremblay Les Presses de
l'Université Laval Québec 1972
5.Nouveau dictionnaire de Droit et de Sciences Economiques Raymond
Barraine
Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence
Paris1974 6.Articles et éditoriaux parus dans les quotidiens
FRANCOPHONES de la région métropolitaine depuis septembre
1977