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Etude des crédits du Conseil exécutif
(OPDQ)
(Onze heures trente-neuf minutes)
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, messieurs!
La commission de la présidence du conseil, de la constitution et
des affaires intergouvernementales est réunie pour poursuivre
l'étude des crédits budgétaires du Conseil
exécutif.
Les membres de la commission sont: MM. Bertrand (Vanier) remplacé
par Desbiens (Dubuc); Biron (Lotbinière) remplacé par Cordeau
(Saint-Hyacinthe); Bisaillon (Sainte-Marie) remplacé par Mercier
(Berthier); Burns (Maisonneuve), Fontaine (Nicolet-Yamaska); Forget
(Saint-Laurent) remplacé par Mailloux (Charlevoix); Garneau
(Jean-Talon), Gosselin (Sherbrooke), Johnson (Anjou), Laberge (Jeanne-Mance),
Levesque (Bonaventure); Martel (Richelieu) remplacé par Rancourt
(Saint-François); Morin (Louis-Hébert); Morin (Sauvé)
remplacé par Léonard (Laurentides-Labelle); Paquette (Rosemont),
Raynauld (Outremont), Roy (Beauce-Sud), Samson (Rouyn-Noranda), Vaugeois
(Trois-Rivières).
Il nous restait à étudier les programmes 4 et 5. Nous
avions convenu que le programme 6, même s'il était adopté,
pouvait faire l'objet de discussions ou de questions et commentaires. Je vous
propose de commencer par le programme 4.
M. le ministre.
Exposé préliminaire du ministre, M.
Jacques Léonard
M. Léonard: Je voudrais d'abord faire quelques
commentaires à la suite des remarques qu'ont faites les
différents partis la semaine dernière. Je tiens à
remercier le chef de l'Opposition officielle et le chef de l'Union Nationale de
l'attitude positive et de l'appui qu'ils ont déclaré être
prêts à donner à l'OPDQ et à son ministre,
particulièrement le chef de l'Opposition officielle, qui n'a jamais
été un aussi bon défenseur de l'OPDQ.
M. Levesque (Bonaventure): II est méchant! M. Mailloux:
C'est un reproche?
M. Léonard: II a parlé d'une équipe à
laquelle il fallait faire confiance, cela est déjà fait; j'ai
rencontré des gens en qui on pouvait, on devait faire confiance.
L'enfer, a-t-il dit, est pavé de bonnes intentions. L'OPDQ a
effectivement vécu des jours sombres depuis sa création. Le chef
de l'Opposition officielle est bien placé pour savoir que l'OPDQ a
souvent été en enfer; j'ose espérer que nos bonnes
intentions mutuelles éloigneront l'OPDQ de toutes les flammes.
M. Mailloux: II va rester au purgatoire.
M. Léonard: Oui, à peu près.
Le chef de l'Opposition officielle a longuement parlé du Fonds de
développement régional, fonds qu'il a réussi, et c'est
tout à son honneur, à créer il y a deux ans et demi. Il a
mentionné la baisse apparente des sommes inscrites au Fonds de
développement régional. Effectivement, d'après le livre
des crédits, les sommes affectées au fonds sont passées de
$40 054 000, en 1976/77, à $19,7 millions en 1977/78. Pour être
juste, toutefois, il faut mentionner que sur ces $40 054 000 le Conseil du
trésor avait, dès avant le début de l'exercice financier,
affecté spécifiquement $19 554 600 à des programmes
réguliers bien précis qui, en somme, venaient grossir le fonds de
développement
Ainsi, en réalité, en 1976/77, il y avait exactement $20
500 000 d'argent. Pour l'exécution de la mission Yamaska, $9 500 000; la
mission Charlevoix, $4 millions, et la réalisation de programmes
prioritaires à préciser en cours d'année, $7 millions. Il
m'aurait été offert cette année de relever
artificiellement le fonds en y ramenant des enveloppes et programmes
déjà prévus à d'autres ministères, comme
cela s'est fait l'an dernier, que je pense que j'aurais refusé.
Je ne voudrais pas laisser croire à l'Opposition et à la
population que nous avons des sommes très considérables inscrites
au fonds de développement régional, alors que nous avons dû
nous serrer la ceinture comme tous les autres organismes de l'Etat ont dû
le faire cette année. J'assure cependant le chef de l'Opposition de ma
vigilance et de mon opiniâtreté pour que ce fonds devienne
graduellement l'instrument par excellence d'interventions concertées de
l'Etat québécois.
Je voudrais maintenant éclairer, dans la mesure du possible, le
chef de l'Union Nationale qui était ici la semaine dernière
qui est maintenant remplacé par M. Cordeau qui m'a-t-il
paru, n'a pas saisi précisément les techniques budgétaires
complètes, je l'avoue sans peine, qui sont utilisées dans le cas
de l'OPDQ. Lorsque l'OPDQ signe des ententes sectorielles de
développement avec le ministère de l'Expansion économique
et régionale d'Ottawa, les budgets afférents peuvent se retrouver
soit au budget de l'OPDQ, soit au budget du ministère qui administre le
secteur en question, soit en partie au budget de l'OPDQ et au budget du
ministère sectoriel.
Cette année, pour la première fois l'histoire de l'office,
tout le budget 1977/78 des ententes sectorielles qui sont signées se
retrouvent dans les budgets des ministères, comme suit: dans le cas de
l'entente sur les axes routiers prioritaires, c'est au ministère des
Transports, pour $34 485 000. Dans le cas de l'entente sur l'accès aux
ressources forestières, c'est aux Terres et Forêts, pour $8
millions. Dans le cas du développement agricole, à l'Agriculture,
pour $10 millions; développement minéral, aux Richesses
naturelles, pour $6 238 000; dans le cas de l'entente sur la Dono-
hue à Saint-Félicien, à Industrie et Commerce
toutes les autres d'ailleurs sont à Industrie et Commerce
pour $17 millions; pour les infrastructures industrielles, $14 600 000 et, pour
les parcs industriels et commerciaux aéroportuaires, à Industrie
et Commerce également, pour $2 345 000, ce qui fait un total de $92 668
000 au titre des ententes sectorielles qui sont dans d'autres
ministères.
De plus, une partie des budgets de l'entente de l'Est du Québec
est inscrite au budget des ministères qui auront à
réaliser des programmes en vertu de cette entente. Ces ministères
sont les suivants, je peux vous les donner: Affaires municipales, $700 000;
Affaires sociales, $1 million; Agriculture, $350 000; Education, $200 000;
Industrie et Commerce, $1 824 000; Tourisme, Chasse et Pèche, $500 000;
Richesses naturelles, $100 000, et Transports, $2 180 000, pour un total de $6
854 000.
Dans le cas...
M. Levesque (Bonaventure): C'est tout ce qui reste sur quasiment
$411 millions.
M. Léonard: C'est le solde, oui. Cela explique pourquoi,
comme je le disais, on ne peut comparer le budget de cette année avec
celui de l'an dernier. Il y a deux ou trois ans, l'ensemble des montants que je
viens d'identifier, soit $92 668 000, plus les $6 854 000, pour un total de $99
552 000, se serait ajouté au programme 4 de l'OPDQ, pour un grand total
de $125 302 000. L'an dernier, une partie seulement de ces $99 552 000 se
serait ajoutée au budget de l'OPDQ.
L'expérience montre qu'il y a deux avantages à inscrire
l'ensemble des montants des ententes sectorielles au budget des
ministères concernés. Premièrement, l'OPDQ n'a pas
à virer par voie de CT, de bons du Conseil du trésor, ces
montants en faveur des ministères en cours d'année.
Deuxièmement, cela respecte davantage la responsabilité
ministérielle, car, en définitive, c'est le ministère qui
réalise les projets et il en conserve la responsabilité devant
l'Assemblée nationale.
Le rôle de l'office vis-à-vis de ces sommes peut être
décrit comme suit: premièrement, par le visa de conformité
qu'il appose, il assure que la dépense envisagée se fait bel et
bien dans le cadre de la programmation établie conjointement avant le
début de l'année. Deuxièmement, il assure la
récupération de la part du gouvernement du Canada.
Troisièmement, par le biais de la provision au programme 4,
élément 2, il récupère des sommes des
ministères où le rythme de dépense est plus lent que
prévu pour les réaffecter à un programme qui se
réalise plus rapidement qu'anticipé ou encore en faveur d'un
programme nouveau dont les intervenants reconnaissent le bien-fondé en
cours d'exercice. Donc, une provision d'ajustement.
Il y a donc là un élément de souplesse et de
dynamisme absolument fondamental dans des opérations de ce genre. Je
pense que ces explications sont de nature à éclairer le chef de
l'Union Nationale et à le rassurer sur les mécanismes qui sont en
place pour que les sommes soient vraiment dépensées aux bons
endroits, comme il l'a dit.
Je tiens à lui dire aussi que les programmations que j'ai
soumises à Ottawa constituent réellement des priorités du
Québec. Il n'est évidemment pas question, pour rependre ses
termes, que l'office soit un appendice du ministère de l'Expansion
économique régionale. Il a parlé aussi, au cours de son
allocution, d'une seule planification. Evidemment, je n'ai pas besoin de lui
dire que, s'il votait oui au référendum, c'est ce qui se
produirait.
Pour répondre également à sa demande, il m'est
agréable de faire part des ententes qui sont en négociation
actuellement avec le MEER. Cependant, pour respecter un accord avec ce
ministère, je ne donnerai pas le détail encore sur ces projets.
Je me limiterai donc à certains chiffres globaux par secteurs et par
régions administratives.
Je voudrais donner à chacun d'entre vous un tableau sur ce qui a
été demandé. Je le répète: Cela porte sur
les priorités du Québec et je recherche une participation du MEER
dans le cadre des ententes.
Par ailleurs, lorsqu'il s'agit des subventions que le MEER accorde
à des entreprises en vertu de sa loi des subventions au
développement régional, il le fait généralement de
façon unilatérale selon son propre schéma, lequel
schéma risque de venir en contradiction avec les vues du Québec.
J'ai fait parvenir, il y a quelque temps, au ministre du MEER, des
recommandations sur ces taux de subventions de même sur le territoire
désigné. Je n'ai pas encore eu de réponse bien claire
là-dessus. Je crains que dans ce domaine, comme il sera
décidé, il voudra garder toute sa marge de manoeuvre avec le
risque que ces interventions aillent à rencontre de celles du
Québec. Nous espérons que non. Ce n'est véritablement que
l'indépendance du Québec qui nous assurera une cohérence
certaine dans l'ensemble des interventions gouvernementales en matière
de développement économique comme dans toute autre
matière.
La même remarque s'applique à Mirabel qui préoccupe
à bon droit le député de Lotbinière. L'office a eu
une petite équipe mandatée pour coordonner l'ensemble des
interventions concernant Mirabel. Malgré sa compétence et des
efforts soutenus pour que les retombées économiques de Mirabel
soient optimales pour la région de Montréal, cette équipe
n'a pu percer le mur du mystère entourant les intentions du
fédéral vis-à-vis de cette importante infrastructure.
Devant cette situation, en accord avec mon collègue du
ministère des Transports du Québec, j'ai accepté de
transférer ces personnes à ce ministère. M. Lucien Lessard
commencera avec cette équipe à constituer une véritable
expertise en transport aérien international avec la contribution
d'experts étrangers, au besoin, de sorte que le Québec puisse
contrôler et planifier le devenir de Mirabel, une fois
l'indépendance acquise.
M. le Président, tel que je l'avais annoncé
vendredi dernier, il me fait plaisir de remettre à chacun des
membres de la commission la liste des travaux et des études actuellement
en cours à la Direction générale de la planification de
l'OPDQ.
Coordination du développement économique
et régional
M. Levesque (Bonaventure): J'aimerais demander au ministre si le
tableau du document 1 représente les demandes...
M. Léonard: Oui.
M. Levesque (Bonaventure): ... non pas ce qu'on a
réalisé comme négociation ou comme entente?
M. Léonard: Non pas encore. Ce sont, effectivement, les
demandes et la part du MEER correspondant à ces demandes. On est au
niveau des demandes.
M. Levesque (Bonaventure): Le ministre a mentionné
récemment, en vertu de l'entente-cadre, que trois ententes auxiliaires
seraient rouvertes. On aurait convenu d'augmenter certaines sommes qui
étaient déjà affectées aux axes routiers
prioritaires, aux mines, aux ressources forestières et à
l'agriculture.
M. Léonard: C'est cela. Ce sont les trois premières
qu'il y a là pour une somme de $200 480 000, je crois.
M. Levesque (Bonaventure): Se trouvent-ils dans le tableau dans
le sens que, lorsqu'on parle de programmation globale, cela inclut celle qui
avait déjà été signée ou est-ce que ce sont
des sommes nouvelles qui sont demandées?
M. Léonard: Ce sont des sommes nouvelles qui sont
demandées.
M. Mailloux: Pour cinq ans.
M. Levesque (Bonaventure): Cela dépasse les $200 millions
puisqu'aux axes routiers, simplement, on a $364 millions.
M. Léonard: Attendez un peu! La programmation, disons les
$364 500 000 sont l'ensemble des projets.
M. Levesque (Bonaventure): Nouveaux?
M. Léonard: Nouveaux.
M. Levesque (Bonaventure): Demandés.
M. Léonard: Demandés et la part du MEER
là-dessus qui est demandée, en fait, c'est $178 700 000.
D'accord? C'est la programmation globale du projet.
M. Levesque (Bonaventure): Lorsque le mi- nistre a dit,
récemment, qu'on en était venu à une entente dans ces
trois domaines de l'agriculture, des axes routiers et des accès aux
ressources forestières, relativement aux nouvelles demandes, comment
concilie-t-il ces déclarations avec ce qu'il nous dépose
aujourd'hui comme étant simplement des demandes et non pas des sommes
qui font l'objet d'une entente? Est-ce qu'il y a eu, effectivement, un accord
de principe?
M. Léonard: Nous pensons signer l'entente
vraisemblablement le 22 juin, bien que ce ne soit pas encore définitif.
Nous attendons et là-dessus j'aurai peut-être un mot
à dire à M. Mailloux, le député de Charlevoix
à l'heure actuelle que toutes les procédures soient
passées au niveau du gouvernement fédéral.
M. Levesque (Bonaventure): Je serai très bref parce que je
dois moi-même quitter la réunion. Je voudrais simplement m'assurer
que dans ces trois cas l'accès aux ressources forestières,
$114 millions, programmation globale, l'agriculture, $85 millions, les axes
routiers, $364,5 millions cela ferait l'objet d'un accord de principe.
Cela veut dire que les sommes elles-mêmes ont été
acceptées quant à l'apport du MEER pour le gouvernement
fédéral.
M. Léonard: Pas au complet, cependant. Sur l'apport du
MEER, vous avez presque $300 millions dans cela, il y a $200 millions, deux
tiers à peu près.
M. Levesque (Bonaventure): $68 millions pour les ressources
forestières, plus $51 millions pour l'agriculture, cela fait $120
millions, plus $178 millions.
M. Léonard: Cela fait $300 millions globalement et nous
avons $200 millions là-dessus, de sorte que nous devons actuellement
réajuster la programmation globale des montants.
M. Levesque (Bonaventure): Et également, dans ce cas, vous
devrez retourner au document no 2 et réduire d'autant.
A moins que vous ne vouliez apporter de l'argent strictement provincial,
strictement québécois, vous devrez, dans ce cas, rajuster les
sommes qui apparaissent au document 2 pour chacune des régions.
M. Léonard: Sauf que nous avons convenu, en ce qui
concerne les régions-ressources, que nous voulions donner une
priorité et, à ce moment, ce seraient les dernières
à être affectées en fait. Dans la mesure du possible, parce
que ce n'est pas toujours possible, mais dans la mesure du possible, c'est cela
que nous ferions.
M. Mailloux: Est-ce que j'ai bien compris au sujet des $757
millions en cause, dont tant pour cent par le fédéral ou le
provincial, que le montant total n'a pas été fixé
encore?
M. Léonard: Non, parce que, d'une part, il faut ajuster
cette programmation selon les projets auxquels participera le MEER. Si le MEER
nous donne moins, il reste qu'on pourra moins dépenser. D'autre part, il
y a, M. le député de Charlevoix, trois ententes qui ne sont pas
terminées, sur lesquelles il n'y a pas eu encore d'accord de principe,
qui sont: infrastructure industrielle, développement minéral,
tourisme et affaires culturelles.
M. Levesque (Bonaventure): Maintenant, avant d'aborder la
prochaine question, vous avez ici comme demande de relever le plafond de la
programmation et, deuxièmement, de prolonger la durée. Est-ce que
c'est relever le plafond de la programmation qui apparaît ici,
d'abord?
M. Léonard: Non. Vous avez les ententes actuellement
signées. Relever la programmation, c'est ajouter ceci en plus...
M. Levesque (Bonaventure): D'accord. Lorsque vous parlez de
prolonger la durée...
M. Léonard: Et prolonger la durée, c'est qu'il y a
des ententes qui arrivent à échéance, finalement, et on en
signe d'autres sous forme d'amendements à l'entente-cadre de mars
1974.
M. Levesque (Bonaventure): Une autre question qui sera ma
dernière. Pourquoi le gouvernement du Québec n'a-t-il pas
insisté pour avoir, dans ces régions-ressources, des ententes
régionales pour une programmation intégrée, comme ce que
nous avions connu dans le passé, plutôt que de suggérer des
ajouts, si on veut, aux ententes auxiliaires sectorielles? Je pose la question
simplement parce que je trouvais, personnellement j'ai insisté
moi-même là-dessus, et le gouvernement fédéral avait
accepté ce point de vue que la région avait une meilleure
protection, les politiques étaient mieux intégrées et
qu'on pouvait, à l'intérieur de la région, selon les
besoins, faire certains virements, tandis que présentement, nous n'avons
pas, à part la parole du ministre je suis bien prêta la
prendre ces garanties.
Pourquoi, dans le cas des régions-ressources, ne pas avoir
négocié plutôt dans le sens d'ententes régionales
que d'ententes sectorielles?
Je voudrais simplement ajouter une autre chose; lorsque l'on parle des
priorités, je suggère au ministre qu'il retourne à
l'entente-cadre et qu'il dise à l'occasion au gouvernement
fédéral que l'entente que j'avais signée avec M. Jamieson
avait comme l'une des premières considérations et des
premières conditions que les priorités étaient celles du
Québec. Ce n'était pas au gouvernement fédéral de
déterminer nos priorités. Si on retourne à l'entente-cadre
de développement, on retrouvera qu'il faut respecter les
priorités du Québec.
M. Léonard: Dans l'entente-cadre, mais pas
nécessairement dans l'entente régionale.
M. Levesque (Bonaventure): Non, mais dans les ententes
auxiliaires, on a dit tout à l'heure que peut-être le
gouvernement...
M. Léonard: Dans les ententes auxiliaires.
M. Levesque (Bonaventure): Oui, c'en est, cela. C'est parce que
ma question a deux volets. Le premier, c'est parce que le ministre a
mentionné, tout l'heure, qu'il avait des difficultés avec le
gouvernement fédéral selon certaines priorités. Je veux
lui rappeler simplement que, dans l'entente-cadre que nous avons signée,
pour la détermination des priorités, ce sont celles du
Québec.
Deuxièmement, la question que je posais: Pourquoi maintenant ne
pas avoir c'est une tout autre question procédé
plutôt par ententes régionales?
M. Léonard: Quand vous parlez d'entente-cadre, c'est
encore cela, ce sont les priorités du Québec. C'est ce que nous
faisons présentement. Lorsque nous déposons notre programmation,
c'est nous qui la fixons par grands secteurs d'activités et non pas le
gouvernement fédéral. Nous présentons une programmation et
le MEER décide s'il est intéressé à financer tel ou
tel projet à l'intérieur de cette programmation. Donc, au
départ, c'est nous qui fixons les priorités.
Maintenant, je voudrais simplement aussi relever une chose; quand je
parle de difficultés pour le reste, je pense qu'il s'agit d'une
négociation normale et de discussions présentement. Je pense
qu'il y a eu, effectivement, certaines difficultés au départ,
mais, maintenant qu'elles sont bien résorbées, il n'y aura pas de
problème. Au fond, il s'agit d'une négociation qui suit son
cours. Pourquoi une entente-cadre plutôt que régionale?
M. Levesque (Bonaventure): Sectorielle.
M. Léonard: Une entente sectorielle plutôt que
régionale. Je pense que le fait qu'on dise que nous ne signons pas des
ententes régionales avec le gouvernement fédéral ne
signifie pas qu'il n'y aura pas de programmation intégrée pour
les régions. Pas du tout.
M. Levesque (Bonaventure): A même le budget
régulier?
M. Léonard: A même nos budgets. Si c'est à la
suite, par exemple, des schémas régionaux établis par
l'OPDQ au cours de l'année, qui avaient été lancés,
d'ailleurs, sous votre gouverne, nous pourrons arriver à une
programmation intégrée substantielle assez rapidement. A ce
moment-là, il y aura véritablement une programmation
régionale. Le fonds de développement régional va
véritablement pouvoir alors jouer son rôle.
D'autre part, nous avons pensé qu'en étant dans le cadre
des ententes sectorielles, comme cela, nous pouvons aller chercher plus
d'argent du fédéral que par le biais des ententes
régionales. C'est déjà, jusqu'à un certain point,
prouvé d'après les dossiers que nous avons pris en main au moment
où nous sommes arrivés là.
M. Levesque (Bonaventure): Là-dessus, je demande au
ministre de se rappeler que nous avions convenu avec le gouvernement
fédéral, simplement dans l'Est du Québec, une
programmation d'au moins $175 millions, seulement sur la question de la route
132. Si on n'a que les deux tiers de ce qu'indiquent le document no 1 et le
document no 2, je ne vois pas quel progrès on a y réalisé,
au contraire.
M. Léonard: En ce qui concerne l'Est du Québec,
effectivement, vous aviez convenu pour la route 132, $175 millions, plus $75
millions, environ. On est à peu près au même niveau,
présentement, au niveau des demandes.
M. Levesque (Bonaventure): Au niveau des demandes, mais pas au
niveau de la conclusion d'un accord. C'est ce qui m'inquiète. Un accord
était intervenu, verbalement, entre le ministre de l'Expansion
économique régionale et moi-même, alors que nous
étions accompagnés des hauts fonctionnaires de part et d'autre,
même de ceux du ministère des Transports. Nous avions convenu, je
pense que c'est au mois d'octobre 1976, d'une somme qui équivaut
à vos demandes, comme vous dites, si ma mémoire est
fidèle, mais pas à ce qu'on apprend ce matin, soit que les
demandes seraient réduites d'un tiers... c'est-à-dire que les
demandes seraient réduites d'un tiers lorsqu'on arrivera à un
accord. Je trouverais que ce serait un recul assez sérieux.
M. Léonard: Non.
M. Levesque (Bonaventure): Pour cette région.
M. Léonard: Non. Là-dessus, en ce qui concerne les
régions, remarquez que de l'autre côté, quand vous regardez
le document 2, les demandes, sur ces régions, portent sur $425 millions.
J'ai dit qu'en priorité nous considérerions ces
régions-ressources. Vous ne pouvez pas, même ce matin, conclure
que dans l'Est du Québec ou dans une région en particulier on
puisse couper, qu'il y ait des diminutions substantielles. De toute
façon, nous pensons aussi, avec les programmations régionales
intégrées, combler pour les différences.
M. Mailloux: Entre le ministre et le chef de l'Opposition
officielle, l'Est du Québec, je pense que ce n'est pas la même
région.
M. Levesque (Bonaventure): Quand nous parlons de l'Est du
Québec, nous parlons du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie, la
route 132.
M. Léonard: Oui.
M. Levesque (Bonaventure): On ne peut pas ajouter d'autres
régions, lorsqu'on fait le calcul, autrement, on va se fourvoyer.
M. Mailloux: ... sur la Côte-Nord.
M. Léonard: Non, je ne vois pas votre objection,
présentement.
M. Levesque (Bonaventure): Lorsqu'on retourne au tableau
d'octobre 1976...
M. Léonard: Quand vous dites que ce n'est pas la
même région, c'est la même région.
M. Levesque (Bonaventure): Pas dans l'esprit des ententes.
Lorsqu'on parlait de l'entente de l'Est du Québec, on parlait de
l'entente qui touchait le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie et les
Iles-de-la-Madeleine, uniquement.
M. Léonard: Oui, c'est cela.
M. Levesque (Bonaventure): Cela ne touchait pas la
Côte-Nord, cela ne touchait pas le Saguenay-Lac-Saint-Jean.
M. Léonard: C'est-à-dire les $245 millions qu'il y
a là.
M. Levesque (Bonaventure): Dans votre document no 2, on indique
$245 millions, c'est cela. Mais, d'après ce que nous apprenons ce matin,
ce serait réduit d'un tiers, à moins que, et j'aimerais mieux
retenir votre deuxième suggestion, ce serait dans les autres que ce
serait pris et non pas...
M. Léonard: En tout cas, si les ententes verbales, comme
vous dites, ou officieuses que vous aviez faites auparavant portaient sur la
132 et sur une programmation globale, pour les quatre
régions-ressources, de $150 millions...
M. Levesque (Bonaventure): Alors, ce que je veux dire, c'est que
si...
M. Léonard: Même cela dans l'Est du
Québec...
M. Levesque (Bonaventure): ...le ministre respecte ce qu'il a dit
tout à l'heure, que le document no 2 quant aux régions-ressources
serait respecté, les chiffres seraient respectés, quels que
soient les résultats de vos négociations, je pense que là
vous suivez la ligne de pensée que nous avions. Mais vous marchez d'une
façon sectorielle plutôt que d'une façon régionale.
Nous avons toujours les mêmes objections, justement à cause de la
protection qu'on avait, lorsqu'on avait une entente régionale. On avait
d'abord la protection des sommes et, deuxièmement, on avait une
politique intégrée.
M. Léonard: J'ai déjà répondu en
Chambre là-dessus, et je voudrais ajouter une deuxième raison
pour laquelle nous voulons ces ententes sectorielles; c'est beaucoup plus
facile, plus rapide. Malgré le fait que vous vous étiez entendus
verbalement, officieusement, il reste que ce n'est pas tellement dans la
logique du gouvernement fédéral qui avait déjà
signé une entente-cadre; il aurait fallu tout reprendre et on ne serait
peut-être pas
rendu où on en est, si on était resté aux ententes
régionales.
M. Levesque (Bonaventure): Non, je m'inscris en faux contre
cela.
M. Léonard: D'autre part, M. le député de
Charlevoix, la semaine dernière, a dit que nous retardions la signature
des ententes. La programmation, en tout cas en ce qiii concerne les axes
routiers, a été déposée le 15 mars et elle n'a pas
varié depuis. Donc, nous attendons effectivement, depuis le 15 mars,
après le gouvernement fédéral, en ce qui concerne les axes
routiers prioritaires.
M. Levesque (Bonaventure): Si on me le permet, avant de quitter,
parce que je sais qu'on va parler de planification tantôt et le
député d'Outremont va s'occuper du dossier. Je voulais
simplement, en terminant, revenir à la protection qu'on avait avec
l'entente régionale. C'est qu'à un moment donné il va se
faire un retard, disons, dans les travaux sur la route 132. La première
affaire qu'on va savoir c'est qu'il va y avoir une route qui va partir dans le
comté de Laurentides-Labelle quelque part, je ne sais pas où,
puis on va dire: Qu'est-ce que c'est que cette histoire-là, d'où
cela vient? Ah! l'entente fédérale-provinciale.
M. Léonard: M. le chef de l'Opposition officielle, cela se
faisait dans votre temps, c'est ce que vous voulez dire, mais ce n'est pas
sûr que cela se fera maintenant.
M. Levesque (Bonaventure): Non, mais cela pouvait se faire,
c'aurait pu se faire...
M. Léonard: II y a des transferts et la région
était défavorisée vis-à-vis de cela. Moi, je pense
qu'on dit aux quatre régions-ressources qu'on leur garantit au moins ce
qu'elles auraient eu avec les ententes régionales c'est bien
notre intention le même montant qu'elles auraient eu.
M. Levesque (Bonaventure): Dans la même période de
temps.
M. Léonard: Oui, alors juste un instant. A ce
moment-là, elles ne perdaient pas au change. Cependant, je demande une
chose aussi; c'est qu'on puisse compléter le fonds de
développement régional si jamais, par le biais des ententes, on
n'avait pas suffisamment. C'est-à-dire là il commence à y
avoir un certain nombre d'éléments...
M. Levesque (Bonaventure): Nous allons être encore ici l'an
prochain j'espère, on pourra s'en reparler.
M. Léonard: ... Il va y avoir un certain nombre
d'éléments.
M. Mailloux: M. le Président, il m'est difficile... M.
Levesque (Bonaventure): En arrière, le député de
Rimouski écoute cela avec beaucoup d'attention. Une chance que l'on ne
vote pas parce qu'il voterait probablement de mon côté.
M. Léonard: Est-ce que vous voteriez contre cela?
M. Levesque (Bonaventure): Non, c'est pour la question des
ententes régionales et la protection que l'on demande.
M. Léonard: C'est triste pour la région de l'Est du
Québec. C'est très curieux comme attitude que l'on soit
strictement obligé, par des ententes régionales, de s'en
référer à une protection du gouvernement
fédéral finalement, c'est cela pour dire que l'Est
du Québec va se développer. Je pense qu'au Québec on est
capable de le faire.
M. Levesque (Bonaventure): Je pense bien que le ministre a
très bien compris. J'ai même donné un exemple qui
n'était peut-être pas juste, mais qui était possible.
D'ailleurs, le ministre ne restera peut-être pas là. On va
peut-être lui demander d'occuper une autre fonction dans le cabinet. Son
remplaçant peut avoir d'autres idées là-dessus. C'est pour
cela que, lorsqu'on a une entente fixe et ferme pour cinq ans, on a plus de
protection.
M. Mailloux: M. le Président, quand j'ai affirmé
à la commission précédente que le titulaire du
ministère avait dit en Chambre qu'il y avait eu avantage à
retarder les négociations, qu'en cours de route les montants seraient
augmentés, il y a des montants qui paraissent augmentés dans le
document A-1 qu'il vient de déposer, mais comme l'entente n'est pas
signée, je ne pense pas qu'il serait opportun de dire s'il y a eu
effectivement un gain durant ces négociations.
L'entente dont on parle effectivement c'est pour cinq ans? Si je dis
qu'il y aurait des pertes qu'on devrait quand même constater dans
l'immédiat, c'est qu'au sujet de l'entente que mon collègue se
proposait de signer durant la période électorale, je pense bien
qu'il y aurait des travaux, si l'entente avait été signée
avec le gouvernement libéral, qui auraient démarré
l'automne passé. Il n'y a pas d'entente de signée encore?
M. Léonard: Ce n'était pas signé à ce
moment-là.
M. Mailloux: Non, je l'avoue, mais c'était quand
même au mois d'octobre qu'on discutait cela. S'il y avait eu
renouvellement de mandat, je pense bien qu'on aurait pu signer en novembre. De
toute façon, si vous vous apprêtez à signer une entente
prochainement, vous allez devoir confesser quand même qu'il y a eu,
presque une année de retard à négocier l'entente. Si vous
avez des projets qui sont prêts dans les régions où vous
voulez oeuvrer, il ressort quand même qu'avant que les appels d'offres
soient faits, avant que les travaux ne soient commencés, j'ai bien
l'impression qu'on sera rendu très tard en période d'au-
tomne. Il ne se dépensera pas beaucoup d'argent durant l'exercice
financier actuel.
Est-ce que le ministre me dirait, quant aux axes routiers qui
m'intéressent principalement, si cela concerne essentiellement des
routes ou si cela concerne d'autres vocations qu'a le ministère des
Transports: installations portuaires, installations aéroportuaires ou
autres, ou si cela concerne essentiellement le réseau routier?
M. Léonard: Dans les axes routiers prioritaires cela
concerne le réseau routier essentiellement.
M. Mailloux: Je comprends que le ministre ne peut pas
dévoiler les régions ou les routes qui seront impliquées
tant que l'entente ne sera pas signée.
M. Léonard: Je sais bien que tout le monde a un
numéro qui circule dans sa tête.
M. Mailloux: Non, pas dans la mienne. J'avais même
résilié, comme ex-ministre des Transports, la 138, qui m'est
chère, pour accommoder les gens des comtés d'Argenteuil, la 117
quelque chose comme cela.
M. Léonard: Ce que je peux dire, c'est que quand on a
révisé l'état des négociations, j'ai demandé
l'avis du ministère des Transports sur les routes prioritaires au
Québec et l'avis aussi de l'OPDQ.
M. Mailloux: C'est ma question. Est-ce que les ententes sur les
axes routiers concernant les réseaux de communications
interrégionales et ne concernent pas principalement des autoroutes? Cela
concerne les communications interrégionales, que ce soit la 117 ou la
132 ou que ce soit des routes à voie simple à améliorer,
qui conduisent d'une région à l'autre.
M. Léonard: Oui.
M. Mailloux: Quelle est la proportion des montants qui pourraient
être dépensés dans les quelque $300 millions concernant le
réseau routier?
M. Léonard: On me dit qu'il y en a qui sont
intrarégionales et d'autres régionales.
M. Mailloux: Ce ne sont pas des autoroutes. M. Léonard:
Pas toutes.
M. Mailloux: Pas toutes? C'est parce que, dans l'esprit du
gouvernement actuel, j'ai entendu votre collègue qui est au
développement économique dire que l'ère des autoroutes,
c'était terminé. Dans mon esprit, c'était également
assez terminé. On doit mettre l'accent sur le développement
routier pour l'industrie forestière, agricole ou touristique; c'est dans
ce sens que le ministre se dirige actuellement, je pense.
Vous me dites qu'il n'y a absolument rien pour les installations
portuaires et aéroportuaires.
M. Léonard: II y a une entente sur les axes routiers
prioritaires.
M. Mailloux: II y a eu une étude faite par l'OPDQ, si ma
mémoire m'est fidèle sur 60 aéroports pour lesquels le
gouvernement du Québec avait une préoccupation
particulière. On sait que ces aéroports ont été
conçus par le gouvernement fédéral, parfois avec la
contribution des municipalités, et qu'à un moment donné le
gouvernement fédéral s'en est
désintéressé.
Je parle d'aéroports secondaires, mais qui sont assez importants
pour des régions du Québec, par exemple dans la région
d'Amos, celles qui sont en périphérie, si vous voulez. Dans les
ententes, y a-t-il certains de ces aéroports qui recevraient de l'argent
suite à l'étude qu'avait faite l'OPDQ?
M. Léonard: Non, il n'y en a pas dans les ententes.
M. Mailloux: Non plus. Pour les études qu'a poursuivies le
ministère des Transports sur des ports dont se
désintéresserait également le gouvernement
fédéral, il n'y a absolument rien pour les cinq prochaines
années?
M. Léonard: Non. En ce qui concerne les ports, je ne
pourrais pas dire la même chose parce qu'il y en a au moins un.
M. Mailloux: Les Iles-de-la-Madeleine, j'imagine. Sur d'autres
ports québécois, il n'y a absolument rien qui soit inclus dans
ces montants?
M. Léonard: Non. La politique portuaire n'a pas encore
été établie. Il y a un rapport qui doit venir
prochainement, mais qui n'est pas encore remis. Il va l'être au cours des
prochains mois. Peut-être qu'à la suite de ce rapport le
gouvernement fédéral pourra être intéressé.
Cela veut dire qu'on se sera fait une idée sur la question, mais, pour
l'instant, je ne peux vraiment pas dire qu'il y a un effort particulier fait
pour les ports du Québec à l'intérieur des ententes.
M. Mailloux: M. le Président, en ce qui concerne les
questions que je voulais poser, quand on connaîtra les réponses
que devra donner l'autre gouvernement au gouvernement du Québec, on fera
des commentaires, s'il y a lieu. Tant mieux si les montants sont plus
importants dans la discussion que vous avez actuellement.
M. Léonard: Tant mieux si on est financé sur une
programmation de $758 millions. C'est ce que nous demandons.
M. Mailloux: Ce que j'ai oublié de dire tantôt, par
contre, c'est que le ministre des Finances ne veut pas augmenter la dette du
Québec.
Il ne veut pas augmenter les montants des emprunts, et j'ai hâte
de voir comment on pourra correspondre aux sommes qui ne paraissent pas dans le
budget actuel, à l'entente à signer, mais je pense que le
ministre des Finances se retrouvera,
comme dans les années qu'on vient de passer, avec un budget
supplémentaire de $500 millions à $600 millions
prochainement.
M. Léonard: Je vous ferai remarquer que...
M. Mailloux: A moins qu'on ne fasse pas de travaux cette
année.
M. Léonard: ...présentement quant aux $758
millions, c'est sur cinq ans, cette programmation et non pas sur une
année.
M. Mailloux: A moins que vous vouliez me dire qu'il n'y aura
absolument rien dans certains secteurs, comme celui des axes routiers, ou il y
aura un budget supplémentaire ou il n'y en aura pas.
M. Léonard: C'est une conclusion qui me semble un peu
exagérée de dire qu'il y aura un budget supplémentaire de
$600 millions.
M. Mailloux: Est-ce qu'on fait un pari tous les deux, quant aux
$600 millions?
M. Léonard: Ce n'est pas à causé des
ententes.
M. Mailloux: Après quinze ans, je parierais quant aux $600
millions, à cause des ententes et des coûts supplémentaires
des Affaires sociales et dans tous les secteurs d'activité.
M. Levesque (Bonaventure): Avec quelle hypothèse cela
avait-il été préparé? De combien?
M. Léonard: Vous parlez de l'hypothèse de
préparation des ententes?
M. Levesque (Bonaventure): Oui.
M. Mailloux: Du budget supplémentaire.
M. Levesque (Bonaventure): On a dû en discuter. On
s'attendait à quel montant?
M. Léonard: L'hypothèse elle-même, non. Il
n'y a pas eu de montant de fixé. Parlez-vous du budget
supplémentaire? Je parle des ententes, je ne parle pas du budget
supplémentaire. Vous poserez des questions au ministre des Finances et
il pourra vous répondre.
M. Levesque (Bonaventure): Dans le budget que nous devons
étudier aujourd'hui, il n'y a rien qui apparaisse pour correspondre aux
sommes dont vous avez besoin pour donner suite aux ententes que vous êtes
en train de négocier. Je trouve cela assez grave que c'est normal qu'on
dise: C'est bien beau négocier, mais allez-vous avoir l'argent
nécessaire? Et pour l'avoir, vous avez besoin d'un budget
supplémentaire. Or, avez-vous pris les dispositions nécessaires
avec le Conseil du trésor et le ministre des Finances afin de vous
assurer que le ministre des Finances verra à déposer un budget
supplémentaire qui soit adéquat pour l'année en cours?
M. Léonard: On verra à faire face aux obligations
qui vont découler de la signature des ententes.
M. Mailloux: Le ministre des Finances va faire le même tour
de passe-passe qu'il a fait l'année passée où il a
retourné $70 millions de crédits périmés. Il va
retarder les projets du budget actuel pour tâcher de faire face aux
obligations que vous allez rencontrer. Cela a été un fait lors de
la dernière année fiscale, $70 millions de crédits
périmés où il y a eu $70 millions adoptés...
M. Léonard: C'est là votre opinion. M. Cordeau:
J'aurais une question...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Matapédia.
M. Marquis: Juste une toute petite question. Dans l'entente sur
les axes routiers prioritaires, on mentionne évidemment la route 132.
Etant donné que la réfection de cette route est passablement
avancée dans le comté de Bonaventure, est-ce qu'on peut
espérer que le comté de Matapédia figurera en bonne
position concernant les montants qui seront affectés, en vertu de cette
entente sur les axes prioritaires?
M. Léonard: Je ne pourrais pas répondre de
façon précise. Vous pourrez poser la question au ministère
des Transports, à savoir de quelle façon, il va établir
l'échéancier; mais je constate que les travaux sont
commencés dans le comté de Bonaventure.
M. Levesque (Bonaventure): Mais il faut bien comprendre que, dans
le comté de Bonaventure comme dans les autres comtés, cela fait
déjà longtemps, parce que nous avons renégocié
l'entente de 1968 en 1971. Dans l'entente de 1968 qui était de $258
millions, il n'y avait rien pour la voirie, et lorsque nous sommes revenus au
pouvoir en 1970, nous avons dit à la population: Nous allons demander la
réouverture de cette entente pour y inclure des sommes.
M. Léonard: Je ne le regrette pas.
M. Levesque (Bonaventure): Non, je comprends. Nous avons
réussi à y introduire $20 millions par année pour cette
partie de la province, soit $10 millions payables par le gouvernement
provincial et $10 millions par le gouvernement fédéral.
Au bout de trois ans, le fédéral n'a pas continué
et nous avons, à ce moment, décidé de le faire uniquement
par les sommes du Québec et nous avons porté notre contribution
de $10 millions à $20 millions uniquement par le Québec. C'est
ainsi que nous avons investi plus de $100 millions dans le réseau
routier. Le député de Matapédia a raison de dire que les
travaux sont commencés, mais où je m'oppose c'est qu'ils sont
terminés. Au contraire, nous n'avons pu que faire à peu
près la
moitié, je pense, dans le comté de Bonaventure, de ce qui
était nécessaire. Je dis la moitié, c'est en étant
très généreux. Nous avons pris des sections prioritaires,
comme d'ailleurs, dans le comté de Matapédia, il se fait
présentement des travaux à même ces sommes. Il se fait
présentement des travaux dans le comté de Matapédia, tout
près du comté de Bonaventure, pour faire la jonction. Tout ce qui
se fait dans le comté de Matapédia aide le comté de
Bonaventure parce que nous devons passer par le comté de
Matapédia pour venir à Québec. Je n'ai aucune objection
à ce que le comté de Matapédia soit bien servi. Nous
sommes très heureux de cela, au contraire. Nous ne voulons pas,
cependant, que tout soit laissé en plan dans le comté de
Bonaventure, ni dans le comté de Gaspé: je parle pour mon
collègue du comté de Gaspé, si on me le permet. Lui aussi
c'est commencé, mais ce n'est pas terminé.
M. Léonard: Vous voyez, le 15 novembre, cela a
continué même chez vous.
M. Levesque (Bonaventure): Cela a continué surtout dans le
comté de Matapédia.
Le Président (M. Marcoux): Le programme 4,
adopté?
M. Cordeau: Une question à poser.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, l'OPDQ annonçait
récemment, avec l'approbation du Conseil des ministres, que les conseils
de comté du Québec se verraient confier les pouvoirs
nécessaires afin de décentraliser certaines fonctions qui
étaient administrées par Québec jusqu'ici. Le ministre
pourrait-il préciser la nature de ces pouvoirs et sur le sens de cette
décentralisation?
M. Léonard: Oui. Pour reprendre des propos qui sont
déjà parus dans les journaux, d'ailleurs, c'est que dans le cadre
de la loi de l'aménagement nous réfléchissons
présentement à une hypothèse qui est celle de reprendre
les conseils de comté et les revaloriser. Nous voulons voir
jusqu'à quel point on pourrait se servir de cette structure politique
qui existe dans le paysage politique du Québec depuis 1840, qui
découle, en fait, du rapport de Lord Durham et qui a pris à peu
près, disons, pas sa teinte finale, mais à peu près
définitive vers 1855. Il y a eu différentes modifications. C'est
une structure politique qui est bien connue dans le monde rural
présentement, qui est connue aussi en Angleterre, qui fonctionne. Alors,
c'est une hypothèse de travail, présentement, dans le cadre de la
loi de l'aménagement, mais nous ne nous sommes pas engagés,
même vis-à-vis de cette loi, à la déposer cette
année. Cependant, nous allons faire le plus vite possible.
M. Cordeau: Les cités et villes ne font pas partie des
conseils de comté présentement, je crois?
M. Léonard: Non, cela leur est défendu même
par la loi.
M. Cordeau: A ce moment, est-ce que dans vos plans il serait bon
aussi d'inclure les cités et villes dans les conseils de comté?
Une certaine partie, toujours.
M. Léonard: C'est une partie de l'hypothèse. C'est
sûr que cela va avoir une implication sur la structure même du
conseil de comté parce que les cités et villes ont quand
même une certaine importance du point de vue de la population. Donc,
à ce moment, il va falloir examiner jusqu'à quel point il va
falloir refaire ou revoir le mode du vote à l'intérieur
même du conseil de comté, la suite de cela.
M. Mailloux: Avant de faire cela, vous allez questionner M. Davis
sur les gouvernements régionaux?
M. Léonard: Je crois que l'expérience des
gouvernements régionaux qui a eu lieu en Ontario est très
différente de celle que nous envisageons. Il s'agissait de gouvernements
régionaux de grandes régions, beaucoup plus que celle qui est
envisagée présentement.
M. Cordeau: Est-ce que vous prévoyez réaliser cette
hypothèse?
M. Léonard: Beaucoup plus que celle du conseil de
comté qui est une petite région, alors qu'en Ontario c'est la
très grande région. Ce n'est pratiquement peut-être pas
celle de la région administrative au sens de l'OPDQ présentement,
mais c'est une région qui est plus grande.
M. Cordeau: Quelle est votre programmation concernant cette
réalisation?
M. Léonard: Nous espérons, en tout cas, au
début de l'année prochaine au plus tard, pouvoir donner des
nouvelles. On comprendra que ce n'est pas facile non plus de le prévoir.
C'est sûrement une loi qui sera complexe.
M. Cordeau: C'est que les conseils de comté ne sont pas
inquiets, mais veulent savoir à quoi s'en tenir concernant ces...
M. Léonard: Pour l'instant, il n'y a rien qui change pour
eux.
M. Cordeau: ... politiques?
M. Léonard: Cela continue comme avant. Ce n'est pas le
moment de faire des modifications importantes de leur mode de fonctionnement.
Il y en a, d'ailleurs, qui fonctionnent bien, d'autres moins bien, et d'autres
pas du tout, il faut le dire.
M. Raynauld: Une question additionnelle, là-dessus. Est-ce
que cela va prendre la forme d'un livre blanc ou bleu, ou si c'est la loi telle
quelle que vous avez l'intention d'introduire?
M. Léonard: Ce n'est pas arrêté,
présentement.
Le Président (M. Marcoux): Programme 4, adopté?
Une Voix: Adopté.
Planification économique et
régionale
Le Président (M. Marcoux): Programme 5: Planification
économique et régionale, consultation et administration de
l'OPDQ.
M. le ministre.
M. Léonard: J'attends les questions sur le programme. J'ai
dis ce que j'avais à dire tout à l'heure. Là-dessus,
évidemment, probablement que, sur certains des points, il y aurait M.
Landry, le ministre d'Etat au développement économique, qui
pourrait répondre plus précisément, peut-être
même le président-directeur général de l'OPDQ, qui
pourrait discuter davantage.
M. Raynauld: M. le Président, je regrette beaucoup que le
ministre d'Etat au développement économique ne soit là,
parce que j'avais des remarques à lui adresser. Je le ferai
néanmoins car en ce qui nous concerne, nous avons l'intention de
terminer aujourd'hui les travaux de cette commission.
Je voudrais d'abord dire que j'ai été en contact avec les
fonctionnaires et les chercheurs de l'OPDQ pendant plusieurs années. Je
pense être un partisan de la planification depuis très longtemps.
Je crois qu'il faut des politiques plus cohérentes et des politiques
plus efficaces, plus rigoureuses, et c'est seulement par la planification qu'il
est possible d'y parvenir.
J'ai été assez surpris des remarques du ministre d'Etat au
développement économique, remarques qu'il a faites vendredi
dernier, je crois, à l'occasion de la réunion de cette
commission, sur la planification, sur l'approche d'une stratégie
sectorielle. J'ai trouvé qu'il employait un langage fait de superlatifs.
Souvent ce langage, à mon avis, résonne très fort, parce
que la plupart du temps, il sonne le creux.
Je voudrais faire allusion, ici, à toutes ces remarques sur la
conscience, sur les mentalités, comme si les consciences et les
mentalités se développaient dans un vacuum et qu'on pouvait
attendre des miracles de ce genre de réactions. Je pense, au contraire,
que les individus réagissent dans un cadre et que ce sont des politiques
qui les font agir. Ce n'est pas de la génération
spontanée. Si les gens sont enthousiastes, ils le sont parce qu'il y a
des politiques qui leur permettent de travailler. S'ils sont dans un
système qui ne leur permet pas d'exercer leurs initiatives, bien
sûr, à ce moment-là, ils seront passifs.
J'ai regretté que l'on en soit encore au niveau du langage et au
niveau du vocabulaire, plutôt qu'au niveau des politiques. Je n'ai pas pu
savoir, en lisant ces remarques, quelles étaient les politiques que le
nouveau gouvernement entendait met- tre sur pied et appliquer ces prochaines
années. J'ai été très surpris également de
la réaction du ministre aux remarques préliminaires du chef de
l'Union Nationale qui donnait son appui, en fait, à l'OPDQ et aux
travaux de planification. Avec une suffisance olympienne, le ministre d'Etat au
développement économique a répondu tout de suite que
c'était une erreur sur le plan technique, qu'il ne fallait pas utiliser
le mot planification, qu'il s'opposait à la planification et à
l'utilisation du mot, qui n'a rien à voir avec le PLAN technique, comme
il le disait. Il prétendait qu'il fallait s'opposer à la
planification ou à l'utilisation du mot planification parce qu'on est
une province, et que les décisions sont prises ailleurs.
C'est un refrain qu'on entend depuis très longtemps, mais qui est
absolument faux et absolument vide. Son opposition à l'utilisation du
mot, sinon à la réalité de la planification, est vraiment
fondée sur de mauvaises raisons parce qu'il y a toujours des
décisions qui sont prises ailleurs. Même dans un Québec
indépendant, il y aura toujours des décisions qui seront prises
ailleurs et qui seront bien plus importantes, parfois, que les décisions
prises par des gouvernements. Je fais allusion ici aux progrès
techniques. Ce n'est pas au Québec qu'on a inventé la
télévision; ce n'est pas au Québec qu'on a inventé
l'électricité et le téléphone. Pourtant, ce sont
des innovations qui ont transformé le monde, qui ont transformé
complètement notre mode de vie. Ce sont des décisions qui ont
aussi été prises ailleurs. Ce n'est sûrement pas à
cause de cela que l'on est dans l'impossibilité d'avoir des
politiques.
La planification, bien sûr, quand on veut être
réaliste, tient compte des circonstances. Je suis convaincu que les
planifications que l'on peut faire au Canada, que l'on peut faire au
Québec, que l'on peut faire en France, que l'on peut faire aux
Etats-Unis sont toutes des planifications différentes. Ce n'est pas
à cause de la structure gouvernementale; cela tient aux contraintes qui
sont différentes. Compte tenu des contraintes géographiques, des
contraintes souvent économiques, de la mobilité des gens, de
l'abondance ou de la rareté des capitaux, de la richesse ou de la
pauvreté d'un territoire en ressources naturelles, la planification va
être complètement différente.
Je n'ai jamais, de mon côté, été favorable
à une planification très poussée, très
détaillée, mais il me semble qu'on oppose l'idée de la
planification à des stratégies sectorielles, là où
il n'y a pas nécessairement d'opposition et là où il ne
devrait pas y avoir d'opposition. Une approche stratégique sectorielle a
des avantages incontestables, le problème qui se pose, c'est la
nécessité de l'intégrer à des objectifs globaux, il
faut que l'impact des mesures sectorielles qui sont prises soient
mesurées en fonction d'un cadre plus large que celui du secteur
considéré et l'on revient à l'idée de la
planification. Mais le ministre d'Etat au développement
économique, quand il parle de cohérence, il réduit cela de
façon absolument dérisoire à l'achat chez nous, au
Québec.
Le seul exemple de cohérence qu'il a donné, vendredi
dernier, c'était celui-là. A savoir, qu'on
favoriserait par exemple une stratégie sectorielle, dans la
mesure où il pourrait y avoir davantage d'interrelations entre certains
secteurs au sein de l'économie québécoise, dans la mesure
où, en amont ou en aval, il pourrait y avoir des achats, il pourrait y
avoir des échanges et toujours dans le cadre de la province de
Québec. Mais il y a des cohérences bien plus fondamentales, bien
plus importantes que cela et c'est une cohérence d'ententes.
Si on développe la pâte et le papier au Québec, sous
une certaine forme, en fonction d'une stratégie sectorielle, il va bien
falloir savoir quel est l'impact de cette stratégie sectorielle sur le
chômage dans l'ensemble de la province de Québec, il va falloir
connaître l'impact sur l'aménagement du territoire, il va falloir
connaître l'impact sur les investissements requis, il va falloir qu'on
sache si on est capable de les financer, compte tenu de tous les autres besoins
dans les autres secteurs, il va falloir qu'on sache si on a l'épargne
suffisante et d'où elle va venir cette épargne. Or, tout cela
veut dire planification.
Alors, je trouve que cette opposition, entre la planification et les
stratégies sectorielles, est un faux problème. Je voulais faire
précéder mes questions de ces quelques remarques
méthodologiques et pour en arriver, ou pour insister sur la continuation
d'un certain nombre de travaux qui ont été entrepris à
l'OPDQ...
M. Léonard: Avant que vous poursuiviez là-dessus,
j'aimerais quand même faire peut-être une petite mise au point, par
rapport à ce que vous dites. Quand on a parlé de planification,
cela ne signifie pas qu'on ignore toutes les grandes innovations techniques qui
peuvent exister dans le monde moderne. Le téléphone, il a
existé, et cela a changé non seulement les mentalités,
mais les modes de vie pour ne parler que de cela. C'est vrai, cela existe. Je
pense bien que le ministre Landry n'a pas ignoré cela, ce n'est pas du
tout ce qu'il a voulu dire. Ce qu'il a voulu dire, je pense, c'est qu'un Etat
qui a une structure, Etat qui a un Etat central, a déjà de la
difficulté à planifier. Il a parlé à ce
moment-là de la France qui est un Etat très centralisateur, enfin
qui n'a pas de provinces comme ici et qui a déjà de la
difficulté à planifier. Alors, vous vous imaginez ce que c'est
quand il y a deux paliers de gouvernement aussi forts l'un que l'autre, ou
pratiquement, au niveau du Québec. Cela devient encore beaucoup plus
difficile. Les décisions sont souvent contraires, contradictoires dans
leurs effets, dans leur problématique et cela pose des problèmes
au niveau de la confédération et au niveau du Québec
particulièrement.
Le ministre Landry a parlé de mettre l'accent sur des politiques
sectorielles cohérentes, c'est-à-dire qui tiennent compte de
l'impact de ces politiques sur l'ensemble de l'économie. Je ne crois pas
qu'il veuille signifier que cela interdise toute étude sur l'ensemble de
l'économie. D'ailleurs, il s'en poursuit présentement et il ne
les a pas arrêtées. Au fond, il en fait de la planification, mais
au lieu d'en parler comme on en parlait en 1960 on parlait de la
planification comme si cela devait régler tous les problèmes
on dit que peut-être faut-il aller plus dans le détail au
niveau de chaque secteur, par exemple. C'est un accent qui peut être mis.
Par ailleurs, je pense bien qu'il n'ignore pas du tout, disons, l'ensemble de
l'économie et la perspective d'ensemble. Là-dessus, je pense
qu'on en a une perspective.
M. Raynauld: Je suis certain qu'il ne l'ignore pas, mais je pense
qu'ici on essaie de découvrir quels sont les accents qui sont mis et
quelles sont les limites à ces accents. Je suis surpris qu'il oppose
cette approche de stratégie sectorielle à l'approche de
planification. Il n'est pas obligé de le faire. H aurait pu dire ses
approches sectorielles, il l'a fait plusieurs fois et à chaque fois il
minimise continuellement le besoin d'avoir un cadre général. Par
exemple, au sommet économique il a mentionné que la planification
était de la philosophie et qu'il ne voulait pas avoir non plus de
modèle économétrique. Le modèle
économétrique pour lui...
M. Léonard: Vous allez admettre qu'on a quand même
découvert des limites aux grandes techniques de planification qui ont eu
cours en Europe, par exemple en France, les grands plans quinquennaux. Cela a
eu du bon, mais il y avait des limites.
M. Raynauld: J'ai dit tout à l'heure que je ne voulais pas
de planification détaillée, sectorielle, indicative sur le
modèle français. Je suis opposé à ce genre de
planification. Ce à quoi je fais référence ici de
façon plus précise, c'est à la nécessité
d'avoir des objectifs globaux, des instruments globaux comme les objectifs de
croissance, les objectifs d'emplois, et ensuite, sur le plan des instruments,
des objectifs d'investissements, d'épargne et des contraintes qui sont
là. Je dis qu'il est absolument indispensable, si cette stratégie
sectorielle doit aboutir à quelque chose, qu'il faut que cette
stratégie setorielle soit basée sur des études d'impact du
secteur sur ces objectifs et ces instruments globaux pour que cela puisse
réussir.
Pour cela on a besoin de techniques économétriques. Je
pense que c'est un peu faire les gorges chaudes que de dire qu'on ne veut pas
de ce genre de chose, et c'est cela qui m'inquiète un peu. Je ne veux
pas entreprendre un débat, surtout avec un absent, sur cette question.
Vous me permettrez d'en arriver à des questions plus
particulières et qui vont vous concerner vous directement, M. le
ministre.
Ma première question a trait à la structure qui a
été adoptée récemment en vertu de laquelle vous
êtes responsable de l'OPDQ, mais c'est le ministre d'Etat au
développement économique qui est chargé, apparemment, de
définir la politique. Je trouve que c'est une structure très
curieuse, pour ne pas dire bâtarde. Je voudrais savoir quel est le
partage de vos responsabilités et dans quelle mesure cette
responsabilité qui a été confiée au ministre d'Etat
au développement éco-
nomique va interférer ou pas avec votre propre
responsabilité.
Votre responsabilité est-elle limitée à
l'administration de l'OPDQ? Comment se fait-il qu'on ne vous ait pas
donné en même temps la responsabilité de faire cette
politique de développement économique si vous êtes
responsable de l'office qui est chargé de l'exécuter?
M. Léonard: Au départ, nous avons fait une certaine
réflexion sur le rôle que l'OPDQ pourrait tenir. Cette
réflexion n'est pas terminée. En particulier en ce qui concerne
toute la direction du développement régional de l'OPDQ, il y
aurait des relations à y voir et à mettre aussi avec ce que nous
voyons présentement dans la loi de l'aménagement. On aura
à définir cela beaucoup plus précisément au fur et
à mesure que notre réflexion sur la loi de l'aménagement
progressera.
Par ailleurs, en ce qui concerne la planification économique, il
y a une relation beaucoup plus directe avec le comité de
développement économique et le ministre d'Etat au
développement économique. Il nous est apparu qu'il pourrait
travailler avec la direction de la planification à l'OPDQ, de
façon que les travaux de l'OPDQ servent directement au ministre d'Etat
au développement économique et à son comité
permanent. Là-dessus, il n'y aura pas de problème. Ce qui arrive,
dans le cas de l'administration, évidemment, c'est que cela prend un
ministre qui soit responsable administrativement de l'OPDQ. Je le suis, sur le
plan administratif, tant qu'on n'aura pas progressé davantage dans la
réflexion sur le rôle de l'OPDQ.
Dans ce contexte, c'est M. Landry, le ministre d'Etat au
développement économique, qui définit les orientations de
travail à la Direction générale de la planification.
Ce que cela signifie? Cela ne durera pas nécessairement tout le
temps. On verra à l'usage, au fur et à mesure que cela se
développera, ce qui arrivera exactement.
M. Raynauld: A première vue, on pourrait penser que l'OPDQ
se trouve divisé en deux, un côté qui va s'occuper du
développement régional... Est-ce que la direction de la
planification des études relève directement du ministre
chargé du développement économique?
M. Léonard: II définit les orientations de travail
de la direction générale.
M. Raynauld: S'il définit les orientations de travail,
cela veut dire que c'est lui qui va commander les travaux à ses
fonctionnaires sans passer par vous?
M. Léonard: Oui. On n'a pas des bureaux qui sont
très éloignés.
M. Raynauld: Cela veut dire en pratique que l'OPDQ est
divisé en deux. Une partie va s'occuper du développement
régional à l'intérieur du Québec, qui va relever de
vous et de la loi de l'aména- gement, éventuellement. Ensuite, la
planification générale va relever du ministre d'Etat au
développement économique. J'interprète cela comme une
division de l'OPDQ en deux.
M. Léonard: Sauf que les gens travaillent dans le
même endroit et qu'ils se parlent très fréquemment. Cela
veut dire...
M. Raynauld: Ah! cela je l'espère...
M. Léonard: C'est qu'au niveau des travaux, il y a des
relations entre les deux types de travaux.
M. Raynauld: II y a des relations entre les deux types de
travaux, mais c'est la seule interprétation qu'on peut donner à
cette division des tâches. Même si on dit que l'OPDQ est l'organe
historique comme le ministre de l'Etat au développement
économique le dit, la première chose qu'il fait, c'est de le
diviser en deux pour...
M. Léonard: Si cela avait été divisé
en deux, comme vous le dites, chacun serait parti avec son morceau, M. le
député.
M. Raynauld: ... de structure. Cela revient à cela, si le
ministre d'Etat au développement économique a un accès
direct à une division à l'intérieur de l'OPDQ sans passer
par vous, à ce moment-là le directeur général de
l'OPDQ n'a plus le contrôle sur ses propres troupes qui sont
censées relever de lui.
La deuxième question qui concerne également la structure
qui m'a toujours préoccupé, c'est la liaison entre l'OPDQ et le
CPDQ, le Conseil de planification et de développement économique.
Est-ce que vous avez des vues sur le rôle que peut jouer le Conseil de
planification et de développement du Québec dans cette
stratégie générale? Est-ce qu'il reste un rôle pour
le conseil? Est-ce que vous avez l'intention de renforcer son rôle? C'est
la question que j'avais laissée en réserve, qui faisait partie du
programme 6, M. le Président.
M. Léonard: En ce qui concerne, disons, le CPDQ, je dois
dire que mes réflexions sur le rôle du CPDQ n'ont pas
progressé beaucoup. Comme on l'a mentionné au tout début,
cela.fait un mois que j'ai la responsabilité du CPDQ qui est un conseil.
Pour l'instant, il est financé ici, en tout cas, à
l'intérieur des crédits, mais je n'ai pas de prise directe
là-dessus.
M. Raynauld: J'en ai fait partie moi-même de ce
conseil.
M. Léonard: Un conseil autonome?
M. Raynauld: Oui, mais qui n'a pas beaucoup de ressources
autonomes. Il a un budget de $400 000.
M. Léonard: $300 000.
M. Raynauld: Le problème est le suivant: le CPDQ
étant un conseil représentatif d'un certain nombre de gens de
l'extérieur du gouvernement, cela ressemble un peu au Conseil
économique du Canada où j'ai travaillé. Cet organisme
était censé pouvoir compter sur les ressources de l'OPDQ pour
être capable de donner des avis un peu significatifs au gouvernement.
Cette structure a toujours été assez bâtarde parce que
l'OPDQ a ses propres priorités; le conseil peut avoir ses propres
priorités. Une certaine collaboration qui existe, bien sûr, entre
les deux organismes.
M. Léonard: C'est consultatif, le rôle du CPDQ, de
toute façon.
M. Raynauld: Oui, c'est un rôle consultatif mais, du point
de vue du gouvernement, c'est un peu la même chose que pour n'importe
quel service d'un ministère; il est consultatif, il donne des avis
à son ministre. Ce n'est pas tellement cela qui est la distinction. Je
pense que vous avez déjà répondu à la question;
vous avez dit que votre réflexion n'était pas très
avancée sur ce sujet. Cela peut vouloir dire que vous n'avez pas de
politique, à l'heure actuelle, concernant le conseil et que cela va
continuer comme c'est là. Je pourrais vous demander si votre
réflexion est au moins suffisamment avancée pour savoir si ce
conseil va demeurer. Est-ce que vous êtes satisfait de l'activité
d'un organisme comme celui-là?
M. Léonard: Pour l'instant, il va demeurer. Il n'y a pas
eu de décision à l'effet qu'il ne se réunira plus; en
fait, il continue à fonctionner. Il y a eu une rencontre, je crois,
entre le premier ministre, vers la fin avril ou le début de mai, et le
conseil. Je suppose qu'à la prochaine réunion je pourrai
rencontrer les gens qui en font partie. A ce moment-là, nous discuterons
plus avant de son rôle et je prendrai un premier contact. Pour l'instant,
je n'ai pas eu de contacts encore avec le CPDQ.
M. Raynauld: Est-ce que les avis, les études qui sont
faites par l'OPDQ sont transmises à l'heure actuelle au conseil ou si
cela fonctionne un peu comme en 1971? C'était le conseil qui essayait de
donner des avis, lui en consultant l'OPDQ. Cela va-t-il dans les deux sens
aujourd'hui?
M. Léonard: Ce que j'en sais, c'est que les études
faites par l'OPDQ sont transmises aux membres du CPDQ, enfin, à moins
qu'on me corrige. A l'heure actuelle, M. le député, chaque fois
qu'on a des rapports préliminaires qui sont suffisamment bien
avancés, au niveau des orientations, nous les transmettons, au fur et
à mesure, au CPDQ. On lui demande, en fait, de nous faire part de ses
réflexions, sur ces rapports préliminaires, de façon
à en tenir compte pour la production du rapport final. D'autre part, le
CPDQ produit lui-même des travaux qu'il décide lui-même
d'entreprendre, qui paraissent être des priorités; c'est ainsi
qu'il y a deux semaines nous avons reçu du
CPDQ un rapport sur la conservation de l'énergie au
Québec. Cest un rapport qui recommandait au gouvernement du
Québec de prendre des mesures coercitives, au besoin, de façon
à conserver' au maximum l'énergie au Québec. Ce rapport,
nous l'avons transmis, avec nos recommandations, au ministère des
Richesses naturelles, direction de l'énergie, qui, justement,
prépare un livre blanc sur l'énergie et, sûrement, qu'il en
tiendra compte dans l'élaboration de son livre blanc.
M. Saindon: Toujours sur l'orientation des travaux, j'ai beaucoup
de sympathie pour mes collègues qui ont soulevé la question des
ressources et j'ai aussi de la sympathie, dans une grande mesure, pour la
priorité qui semble avoir été donnée aux
régions-ressources. Mais, étant Montréalais, au point de
vue allégeance politique, tout au moins, sinon moins formellement, et
plus profondément, on me permettra de poser des questions aussi sur
l'action que vous entendez prendre en ce qui concerne la région de
Montréal. J'ai déjà examiné ces questions et
j'avais trouvé qu'en ce qui concerne les ressources naturelles du
Québec, elles étaient relativement abondantes, et que ces
ressources pouvaient être développées; il ne fallait
évidemment pas que le gouvernement empêche ce
développement, mais que ce développement se ferait à peu
près indépendamment des volontés gouvernementales ou des
volontés publiques.
En ce qui concerne une région beaucoup plus diversifiée et
beaucoup plus fragile, au fond, comme celle de Montréal, je pense qu'on
a besoin de plus que, je ne sais pas, d'action, de réactions aux
événements et de plus aussi que d'action qui vise à
favoriser des choses. Si on veut préserver le dynamisme, pour ce qui en
reste, de la région de Montréal, au point de vue
économique, il va falloir des actions d'envergure. Je voudrais savoir si
cela entre aussi dans vos préoccupations au-delà des ententes qui
pourraient être faites avec le ministère de l'Expansion
économique régionale fédéral.
M. Léonard: Oui. Remarquez que, personnellement, je
considère important que la métropole du Québec et encore
du Canada soit dynamique économiquement. Il n'y a aucun problème
là-dessus, je pense que tout le monde va être d'accord.
Le tout, c'est de savoir quels sont les objectifs du ministère de
l'Expansion économique régionale avec lequel nous discutons,
parce que vous faites référence aux ententes. Par rapport
à ces ententes, au fond, il s'agissait d'aider des régions plus
faibles économiquement là où il y a le plus de
chômage maintenant qu'à Montréal même. Cela constitue
un peu leurs priorités et les nôtres dans ces régions.
Maintenant, comme problématique d'ensemble, il reste qu'à
l'heure actuelle j'ai un mandat sur la région de Montréal
où on veut définir l'orientation de nos investissements comme
gouvernement dans cette région. Cela comporte évidemment les
considérations sur le rôle et les fonctions de Montréal et
de la région de Montréal. Il y a eu des tra-
vaux qui ont été faits aussi par l'OPDQ là-dessus
qui vont aboutir à un document qui s'appelle "L'esquisse
préliminaire sur le schéma d'aménagement de
Montréal". Evidemment, ce sont des considérations importantes,
intéressantes.
J'ai aussi écrit au ministre Marcel Lessard, au ministère
de l'Expansion économique régionale sur l'extension de la loi sur
les subventions au développement régional, pour certaines de ses
parties, à la région de Montréal.
M. Raynauld: Est-ce que le gouvernement du Québec, de son
côté...
M. Léonard: Tout cela constitue un ensemble d'actions qui
fait qu'au fond on n'oublie pas Montréal là-dedans.
M. Raynauld: Mais, du côté du gouvernement du
Québec, est-ce qu'il y a des projets comme vous en avez pour les routes
d'accès aux régions-ressources, est-ce que vous avez des choses
en cours?
M. Léonard: En ce qui concerne les routes, M. le
député d'Outremont, il y en a déjà eu un certain
nombre à Montréal, il y en a même qui sont
arrêtées présentement pour certaines
considérations...
M. Raynauld: Je ne parle pas des routes...
M. Léonard: C'est parce que c'est vous qui en avez
parlé.
M. Raynauld: Non, je dis, pour les autres régions, il y a
des projets de routes. Est-ce qu'il y a des projets pour Montréal? Je ne
parle pas de projets de routes pour Montréal, je m'en fous des routes,
de toute façon.
M. Léonard: Je pense que je ne pourrais pas annoncer des
projets comme cela dans le cadre de l'OPDQ, ce matin.
M. Raynauld: Je ne demande pas que vous annonciez des projets, je
voudrais savoir s'il y a des réflexions qui se font là-dessus,
comme il y en a, évidemment, en ce qui concerne toutes les
régions-ressources. Je voudrais que vous nous en parliez un peu.
M. Léonard: Un des grands projets à l'étude
présentement est celui du centre de congrès de Montréal.
C'est un projet important qui peut amener des retombées
intéressantes pour la ville de Montréal et la région. Il y
a aussi un certain nombre de travaux ailleurs. Il n'y a pas que Montréal
même. Je pense que c'est ce que vous visez, Montréal, la ville de
Montréal. Dans la région même de Montréal, sur la
plan agricole, nous voulons faire un effort particulier. Il y a des choses de
prévues dans les ententes en ce qui concerne l'agriculture pour la
région de Montréal. Il y aurait peut-être l'Industrie et
Commerce...
M. Raynauld: Le schéma d'aménagement n'est pas
publié encore, je pense? Le schéma d'aménagement de
Montréal? Est-ce que cela va au-delà de l'aménagement
physique du territoire ou si on examine...
M. Léonard: II faut faire attention là-dessus. La
responsabilité de l'aménagement de Montréal appartient
à la CUM d'abord. Ce qui est fait à l'heure actuelle, c'est une
esquisse de schéma à l'OPDQ. Maintenant, je ne sais pas quand ce
sera terminé définitivement.
En ce qui concerne la préparation de l'esquisse
préliminaire du schéma de la région de Montréal, je
pense qu'on serait en mesure de diffuser ce travail préliminaire, d'ici
deux semaines. On envisage de le soumettre à la consultation des
députés concernés par ces travaux, de même qu'aux
associations comme la Chambre de commerce de Montréal, par exemple, le
Conseil régional de développement de
Laurentides-Lanaudière, la Société du progrès de la
Rive Sud. On a l'intention de le soumettre à des personnes
compétentes et à des gens venant du milieu pour avoir leur avis
de façon à en tenir compte dans le document final.
M. Raynauld: Est-ce que je peux demander si le schéma
d'aménagement, dans ce cas-ci, s'entend dans le sens très
restreint du terme ou si cela va plus loin?
M. Léonard: Non, c'est le développement et
l'aménagement.
M. Raynauld: C'est le développement aussi.
M. Léonard: Toute la question démographique est
prise en considération, de même que les emplois, tes objectifs en
termes de stratégie de développement industriel. L'ensemble des
secteurs économiques est pris en considération dans ce
travail.
M. Raynauld: J'avais quelques questions sur des études
particulières. Je pense qu'il ne reste pas beaucoup de temps. Vous me
permettrez peut-être de poser une question sur un des plus gros projets,
une des plus grosses études que vous avez, je pense, par les fonds
engagés, c'est l'étude sur la futurologie.
M. Mailloux: la futurologie?
M. Raynauld: La futurologie, oui.
M. Mailloux: C'est quoi?
M. Raynauld: On se demande ce que c'est. Cela s'appelle la
"Prospective du système socio-économique du Québec,
étude du long terme". Est-ce que je pourrais demander, d'abord, quel est
le budget qui a été affecté à cela? Je pense que
c'est environ $1 million.
M. Léonard: M. le député, c'est un projet,
en fait, dont la réalisation était prévue sur trois
pha-
ses, au total, je pense que c'était $725 000 pour l'ensemble des
trois phases. Ce qui a été engagé à ce jour, au
niveau budgétaire, il y a un an et quart environ, c'est $350 000.
Maintenant, on a toujours dit que c'est à la suite de
l'évaluation de la première phase qu'on prendrait position
à savoir si on devait recommander au Conseil du trésor
d'entreprendre une deuxième et une troisième phases. En ce qui
concerne les rapports émanant de la première phase, cela fait
quatre ou cinq fois qu'on demande des corrections aux auteurs et nous pensons
que c'est au mois d'août finalement que nous aurons vraiment les rapports
finals de la première phase. On pourra en faire une évaluation
systématique de façon juger s'il vaut la peine de continuer.
M. Raynauld: Ce qui m'a frappé à propos de cela,
c'est que ce serait à comparer avec une autre étude dont, je
pense, vous aurez absolument besoin pour mesurer les impacts des politiques
sectorielles, qui est l'élaboration d'un modèle d'analyse
à moyen terme de l'économie du Québec. J'ai vu dans un
document quelque part qu'il y a $12 000 d'engagés là-dedans et
vous en avez engagé $350 000 sur un très long avenir.
M. Léonard: En fait, il y a un budget de consultation qui
est engagé pour l'étude économétrique. Alors, on
fait appel à des consultants périodiquement. Nous avons une
équipe aussi permanente à l'office, cinq personnes qui y
travaillent. Alors, le problème est un petit peu différent de
l'étude prospective qui, elle, justement a été entreprise
au moment où il n'y avait à peu près personne en
planification pour faire de tels travaux. D'ailleurs, on n'avait pas
d'expertise non plus. C'est pour cela que je ne voudrais pas qu'on juge,
justement, l'approche des deux études et aussi le coût des deux
études, parce qu'on a beaucoup plus de personnes sur le modèle
économétrique qu'à l'office. Oui si, on travaille en
coopération avec le BSQ pour le modèle
économétrique.
Je vous ferai remarquer que, même si vous trouvez cela gros, c'est
une étude qui a été commencée sous M. le chef de
l'Opposition officielle; il doit être très au courant de cette
étude.
M. Raynauld: Je pense que ce genre de réflexion ne
mène nulle part. Vous avez des décisions à prendre,
parce que c'est vous qui êtes le gouvernement et, sur des choses comme
celles-là, c'est à vous qu'on demande des comptes, ce n'est pas
à l'Opposition.
Je ne veux pas nécessairement mettre en doute la validité
des études entreprises à l'OPDQ. Je l'ai dit au début. Je
ne voudrais pas que, parce que je pose une question sur une étude, cela
veuille dire nécessairement que je n'y crois pas et que je trouve que
c'est de l'argent perdu. Ce n'est pas ce que je veux dire. J'essaie de poser
des questions pour savoir quelle est l'importance relative qu'on attache aux
unes et aux autres études. Je ne cache pas que j'ai l'impressipn que
cette étude sur le modèle économétrique d'analyse
du
Québec est une étude qui me paraît indispensable
pour faire ce que le gouvernement actuel veut faire et ce que le gouvernement
antérieur voulait probablement faire aussi. Je ne pense pas qu'il y ait
des oppositions politiques très fortes à ce niveau.
Cela me paraît très important de poursuivre ces
études et celles sur le long terme, au contraire, m'ont paru, mais
encore une fois je ne veux pas que ce soit un jugement qui soit porté
sur le fond, d'une utilité immédiate beaucoup moins
évidente. C'est pour cette raison que j'ai posé une question
à ce sujet.
Vous avez ici entrepris une étude sur les ports, $1,5 million, je
pense. Il y avait eu des études d'entreprises sur les ports. Il y en a
je ne sais pas depuis combien d'années.
M. Cordeau: $2,5 millions.
M. Raynauld: Quel est l'objectif plus immédiat de cette
étude et qu'ajoute-t-elle à ce que nous avions avant? Est-ce que
je pourrais avoir quelques explications là-dessus?
M. Léonard: En fait, c'est à la suite de demandes
répétées de la Chambre de commerce de Montréal,
durant les années 1973, 1974, 1975, qui était inquiète
devant la perte de vitesse des activités au port de Montréal par
rapport au port de Toronto, en particulier, que le gouvernement du
Québec a décidé de faire sa propre évaluation de la
situation et de l'avenir des ports québécois.
Parallèlement à cette situation qui était
vécue au port de Montréal, on observait que des ports se
construisaient, s'agrandissaient dans les provinces maritimes. Le gouvernement
de Québec s'est demandé s'il n'y aurait pas lieu de construire
des terminaux ce qu'on appelait il y a deux ans des superports
pour le vrac liquide et le vrac solide. Alors ceci a amené finalement le
gouvernement du Québec, il y a deux ans, à se demander pourquoi
ne nous donnerions-nous pas une véritable politique portuaire
québécoise qui en même temps verrait à examiner ce
qu'on pourrait faire pour le développement du port de Montréal,
celui de Québec, etc.?
C'est ce qui a donné lieu à l'élaboration des devis
pour s'attaquer à l'ensemble du problème portuaire. Une
étude a été confiée à des consultants pour
faire l'évaluation du projet d'un terminal de vrac solide. Une autre
étude a été donnée à d'autres consultants
pour l'évaluation, la pertinence des coûts envisagée pour
un terminal de vrac liquide. Une autre étude a été
confiée à d'autres consultants sur le marketing et les
infrastructures requises pour correspondre au potentiel du développement
du port de Montréal. C'est la même chose en ce qui concerne le
port de Québec. Une dernière étude a finalement
été faite pour couvrir l'ensemble des autres ports
intermédiaires.
L'ensemble de ces études a coûté environ $1,5
million. Il y a à l'heure actuelle au gouvernement du Québec six
comités interministériels qui évaluent ces rapports au fur
et à mesure qu'ils
sont déposés. Tout cela est coiffé par un
comité interministériel formé de sous-ministres qui est
présidé par l'OPDQ. Cela donnera finalement lieu à un
rapport que nous prévoyons présenter au comité
ministériel permanent de l'aménagement au cours du mois
d'août proposant une véritable politique portuaire, des
réponses à ces questions qu'on se pose: Est-ce qu'il y a lieu de
construire un terminal de vrac solide, liquide? Si oui, où? Combien cela
va coûter? etc.
M. Mailloux: Est-ce l'intention du ministre de déposer
à l'attention du public ces études prochainement?
M. Léonard: Au fur et à mesure qu'elles seront
prêtes. Il y en a qui le sont régulièrement. Je n'ai pas
l'intention de les retenir.
M. Mailloux: Je n'ai pas eu connaissance, M. le Président,
de tellement de dépôt d'études...
M. Léonard: Une étude a été rendue
publique il y a à peu près un mois sur l'analyse
structurelle.
M. le Président, il y a deux études qui ont
été déposées et rendues publiques. Il s'agit d'une
étude qui avait été faite par l'OPDQ relativement aux
avantages comparatifs des ports québécois par rapport aux ports
de l'Atlantique et de l'ensemble du Nord-Est américain. Cette
étude a été rendue publique. Une deuxième
étude qui a été rendue publique, c'est celle qui a
spécifiquement été faite sur le port de
Baie-Comeau-Hauterive. En ce qui concerne les autres, le président de
l'OPDQ a recommandé au ministre de ne pas rendre ces études
publiques avant que le Québec ait mieux apprécié la
pertinence de les rendre publiques.
En fait, dans ces rapports il est discuté d'avantages relatifs
d'une localisation comme Pointeau-Pic ou Pointe-au-Père par rapport
à Rimouski-Est, et le présent office considère que cela
pourrait susciter...
M. Raynauld: ... des appétits...
M. Léonard: ... des appétits...
M. Mailloux: ... assez durs à satisfaire.
M. Raynauld: Sur ces études des ports où, en
général, je pense, on a établi que la concurrence vient
surtout des ports de l'Est, je suggérerais d'inciter le ministre d'Etat
au développement économique de les lire avec beaucoup d'attention
parce qu'il fait beaucoup de déclarations de ce temps-ci. Il en a fait
aussi vendredi sur la Voie maritime. Je pense que, s'il lisait un peu plus les
études, il s'apercevrait que la Voie maritime n'a pas été
la trahison du Québec des années cinquante, et que la concurrence
vient beaucoup plus de l'Est que de l'Ouest dans ce domaine. En ce qui me
concerne, j'ai terminé mes questions.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Matapédia.
M. Marquis: Sur le même sujet, M. le Président,
est-ce qu'on peut demander si l'étude sur l'implantation d'un port de
transbordement de vrac solide est terminée? Si oui, est-ce que le
rapport sera déposé?
M. Léonard: Cette étude a été
déposée par les consultants. Par ailleurs, cette étude
devrait être appréciée par rapport aux autres études
qui se font, de façon qu'il y ait une cohérence dans l'ensemble
des recommandations qui sont faites. J'imagine que c'est lorsque le
comité interministériel aura soumis ses recommandations au
comité ministériel permanent de l'aménagement que les
ministres pourront apprécier s'il est pertinent ou non de rendre
publique cette étude.
Le Président (M. Marcoux): Le programme 5 est-il
adopté? Le programme 6 a été adopté. Programme 5,
adopté. La commission de la présidence du conseil de la
constitution et des affaires intergouvernementales a terminé
l'étude des crédits du Conseil exécutif. Le
député de... Qui avait été désigné
comme rapporteur?
M. Raynauld: Pour la partie de l'aide gouvernementale, est-ce que
c'est la même chose?... Ce n'est pas moi alors.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Trois-Rivières fera rapport à l'Assemblée nationale de nos
travaux et indiquera à l'Assemblée nationale que nous les avons
complétés. La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 h 10)