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Étude des crédits du ministère
des Affaires intergouvernementales
(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Marcoux): À l'ordre,
messieurs!
La commission de la présidence du conseil, de la constitution et
des affaires intergouvernementales est réunie pour poursuivre
l'étude des crédits budgétaires du ministère des
Affaires intergouvernementales. Nous en étions à l'étude
du programme 1, élément 2, coopération interprovinciale.
M. le ministre.
Alors, le député de Bonaventure.
Coopération interprovinciale
M. Levesque (Bonaventure): M. le ministre veut-il faire le point
sur l'état des accords de coopération avec les autres provinces?
Je pense qu'il y a l'accord Québec-Nouveau-Brunswick, l'accord
Québec-Ontario. Y a-t-il un accord Québec-Manitoba?
M. Morin (Louis-Hébert): Je réponds à tout
cela. En ce qui concerne l'Ontario et le Nouveau-Brunswick, je vais vous donner
à l'instant, on en a des copies, l'état de la coopération
interprovinciale d'abord pour l'année passée 1976/77. Vous avez
là-dedans des renseignements pas mal complets sur nos relations quant
à la coopération avec un certain nombre de provinces, notamment
celles que vous avez mentionnées. Alors je vous distribue cela, je
dépose ce document 1976/77.
Pour ce qui est de 1977/78, je vais faire la même chose, je vais
vous donner un document qui est moins long, évidemment, parce que
l'année est en cours dans lequel vous allez trouver, en annexe,
le communiqué de presse qui a été émis lorsque j'ai
été, le 15 avril dernier, à Winnipeg faire une
conférence auprès des francophones de la région, mais
aussi au cours de laquelle, visite, j'ai rencontré le premier ministre
Edward Schreyer, du Manitoba.
M. Schreyer et moi, suite à des discussions qui avaient eu lieu
avant que nous nous rencontrions, en sommes arrivés à un accord
de principe sur un projet de coopération; cet accord de principe a
donné lieu à un communiqué de presse que je vous joins
ici. Je peux bien le lire, si vous voulez, mais je pense que ce n'est pas
essentiel. Alors, il n'y a pas, au moment où je parle, d'accord formel
entre le Manitoba et le Québec, mais il y a un accord éventuel ou
potentiel qui se dessine, d'autant plus que, de part et d'autre, on a
nommé des fonctionnaires devant s'occuper de la mise en oeuvre de ce
communiqué de presse, en quelque sorte.
M. Raynauld: Quels sont les objectifs que vous poursuivez dans
une coopération interpro- vinciale? Est-ce que ce sont surtout des
accords de type culturel que vous recherchez ou si vous voulez également
favoriser, je ne sais pas, les solutions de problèmes
économiques?
M. Morin (Louis-Hébert): On part du principe que quoi
qu'il advienne, dans la situation politique actuelle au Canada et au
Québec, on va quand même avoir des voisins. C'est de la
géographie, ce n'est pas du réalisme, c'est de la
géographie.
Dans cette perspective, donc, on pense utile, comme cela a
déjà été commencé, de poursuivre des
activités de coopération avec les provinces.
Nous avons identifié quatre objectifs qui sont d'assurer le
rayonnement culturel du Québec dans les autres provinces.
Deuxièmement, de favoriser la connaissance réciproque des
Québécois et des résidents des autres provinces.
Troisièmement, de permettre des échanges de vues et d'expertises
entre le Québec et les autres provinces. Finalement, d'aider la
francophonie canadienne à l'extérieur du Québec, ce qui
était d'ailleurs l'objet de mon séjour à Winnipeg
où j'ai fait un discours devant la société
franco-manitobaine.
Vous avez posé la question sur le plan économique: Est-ce
qu'il y a des coopérations entre le Québec et les autres
provinces? Je dirais qu'il n'y a pas de coopération strictement
économique, celle-là se faisant au niveau des entreprises
privées et au niveau parfois technique d'ordre formel entre des
ministères comme ceux de l'Industrie et du Commerce ici et ailleurs.
Par ailleurs, on a tout de même un bureau du Québec
à Toronto qui vient récemment de déménager et
d'avoir des locaux plus étendus. J'ai participé à
l'inauguration à Toronto de ce bureau, je ne me souviens pas de la date,
il n'y a pas très longtemps, le 6 mai. C'est en gros à quoi se
réduit cette coopération dite économique.
M. Raynauld: M. le Président, pour poursuivre en cette
voie, je suis un peu surpris que les objectifs de la coopération
interprovinciale se réduisent à la culture et à la langue.
Cela n'entre pas dans vos préoccupations, par exemple, d'essayer, et
souvent cela ne coûte pas cher, d'harmoniser les politiques? Je fais
allusion ici en particulier à la politique d'achats du nouveau
gouvernement du Québec, à laquelle il attache beaucoup
d'importance.
Il est certain que cette politique d'achats serait beaucoup plus
efficace si elle était coordonnée, cela la rendrait
peut-être même inutile, si on était certain que les
provinces avaient des politiques plus ouvertes vis-à-vis des autres
provinces. Je suis surpris qu'un objet de préoccupation comme cela ne
soit pas beaucoup plus important dans vos vues. La politique d'achats n'est
qu'un exemple, il y en a beaucoup d'autres où cette harmonisation est
souvent indispensable. Peut-être y aurait-il lieu d'envisager des
activités beaucoup plus larges dans ce domaine économique.
Je ne parle pas de la coordination avec les entreprises privées,
mais entre les gouvernements. Cette coopération est nécessaire.
Cela me surprend qu'il y ait très peu de choses, compte tenu de toutes
les conférences interprovinciales qui existent.
M. Morin (Louis-Hébert): Je voudrais qu'on précise
quelque chose ici. Ce dont je vous ai parlé jusqu'à maintenant
la question posée conduisait à cela ce sont,
à toutes fins utiles, les programmes d'échanges que nous avons
entre le Québec et les autres provinces. Cela, j'en ai parlé.
Mais au-delà de ça, et d'une façon peut-être encore
plus intense et nombreuse, il y a des conférences interprovinciales et
des conférences fédérales-provinciales au cours
desquelles, justement, ce genre de question est abordée. Je n'en n'ai
pas parlé parce que c'est tout le domaine de la direction
générale.
Par ailleurs, vous parlez de la politique d'achats. C'est une politique
d'achats qui vient d'être définie ici et qui ne peut donc faire
partie d'accords qui ont été établis entre le
Québec et l'Ontario, il y a plusieurs années.
Cependant, la Commission de coopération Québec-Ontario a
maintenant une sous-commission qui se penche sur ce problème de la
politique d'achats en particulier, et dont je ne connais pas l'aboutissement
parce que c'est nouveau.
Il faut ajouter, en ce qui concerne la politique d'achats, qu'on est
peut-être à cet égard plus franc c'est
peut-être une erreur de la part du gouvernement du Québec
que ne le sont certains autres gouvernements, parce que tout le monde fait
cela.
Il ne faudrait pas tomber dans l'illusion qu'on est les seuls à
vouloir pratiquer une politique qui va donner une chance à nos
entreprises et à nos institutions québécoises.
Cela étant dit, il y a d'une part les conférences
interprovinciales, les conférences fédérales-provinciales
et le sous-comité dont je viens de vous parler au sein de la Commission
de coopération Québec-Ontario.
M. Raynauld: Évidemment, vous n'êtes pas sans savoir
qu'il y a eu une conférence l'automne dernier sur les politiques
d'achats entre les provinces. Chaque province et, dans certains cas, un groupe
de provinces ont fait état de leur politique d'achats. On aime dire ici,
au Québec, que les autres provinces ont des politiques
préférentielles beaucoup plus sévères que les
nôtres. On aime, également, penser que ce sont souvent des
politiques cachées. J'ai vu dans ces documents qui ont été
distribués l'automne dernier que les politiques d'achats, des
principales provinces, y compris celle de l'Ontario et, à l'heure
actuelle, celle du gouvernement du Québec qui ressemble beaucoup
à celle de l'Ontario, à l'exception qu'au Québec on
insiste davantage sur le contenu québécois tandis qu'en Ontario
on insiste sur un contenu canadien...
M. Morin (Louis-Hébert): Je voudrais dire quelque chose
là-dessus...
M. Raynauld: ... en sachant que la structure économique
est plus favorable...
M. Morin (Louis-Hébert): ... en sachant que la structure
économique du Canada étant telle qu'elle est, ce qui est canadien
est ontarien.
M. Raynauld: Je ne veux pas nier cela du tout, mais je veux
revenir à mon point principal.
Il me semble que, dans un cas comme celui-là, c'est un exemple
où la coopération et l'harmonisation des politiques sont
avantageuses, parce qu'elles évitent à des gouvernements de
donner des subventions à des entreprises qui sont inutiles, lorsque
personne n'en donne. C'est ce qui me préoccupe à l'heure
actuelle. Sur cette harmonisation des politiques, même le Parti
québécois a fait adopter une résolution, à son
dernier congrès.
M. Morin (Louis-Hébert): C'était bon. J'aimerais
vous entendre dire que c'est bon.
M. Levesque (Bonaventure): Au congrès de l'avortement.
M. Morin (Louis-Hébert): On est en train de parler de
coopération économique.
M. Raynauld: J'ai voulu féliciter le ministre de
l'Industrie et du Commerce qui, apparemment, a piloté cette motion. Je
n'ai pas encore eu l'occasion de le faire, mais je le ferai certainement, parce
que c'est la plus belle déclaration fédéraliste que j'aie
vue depuis des années.
M. Morin (Louis-Hébert): II y en a qui sont tellement
obsédés par le fédéralisme qu'ils en voient
partout.
M. Raynauld: Sur la politique d'achats.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a eu une conférence,
vous dites, à l'automne. Je ne sais pas si c'était avant qu'on
arrive ou après; cela devait être avant, certain, parce que je
l'aurais su.
M. Raynauld: En octobre.
M. Morin (Louis-Hébert): On se penche sur le
problème.
M. Russell: C'était pendant les élections. Une
voix: Je n'ai pas entendu.
M. Morin (Louis-Hébert): Je n'ai pas dit grand-chose.
M. Raynauld: Ce n'est pas nouveau.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, je ne voudrais pas
entreprendre une discussion, même si cela
pourrait être intéressant. J'ai des vues bien
précises sur la nécessité ou non pour les gouvernements
quels qu'ils soient de donner ou non des subventions à des entreprises
privées. Il y a des écoles de pensée. Vous le savez comme
économiste et moi aussi, je le sais comme économiste. Je ne
voudrais pas entrer là-dedans. Ce que je sais, et cela est plus
immédiat, c'est que tout le monde a des politiques d'achats. Il n'est
pas exclu qu'on se nuise mutuellement, sauf que, dans ce domaine, il faut quand
même ne pas être trop naïf et surveiller ses
intérêts parce que, par définition, les autres ne le feront
pas à notre place, si nous ne le faisons pas. Il faut essayer de ne pas
s'enfarger et se nuire mutuellement. Il faut, en somme, que l'avantage
collectif de ces diverses politiques ne soit pas réduit par la
présence même de ces politiques.
M. Gratton: Si le député me le permet... Vous ne
voulez pas que je vous pose de questions?
M. Morin (Louis-Hébert): Non. Je posais une question
technique.
M. Gratton: Tous les députés ont le droit de parole
aux commissions parlementaires sur les crédits.
M. Morin (Louis-Hébert): Certainement.
M. Gratton: M. le Président, l'aspect de la politique
d'achats dont j'aimerais entendre parler le ministre, c'est celui-ci, dans une
région frontalière comme l'Outaouais, par exemple, il y aurait
sûrement avantage à ce que des négociations et des
discussions aient lieu.
J'imagine qu'elles sont déjà commencées. On devra
éviter qu'une politique d'achats chez nous soit perçue, de la
part de nos voisins de l'Ontario, de façon négative, compte tenu
des implications que cela peut avoir pour un très grand nombre il
y a quelque 6000 résidents du Québec qui gagnent leur vie dans
l'entreprise privée du côté ontarien et suscite une
réaction de la part des Ontariens qui ferait en sorte
qu'éventuellement on finisse par en subir des conséquences
négatives. Je demande au ministre si c'est toujours le même
comité qui discute de ces choses avec l'Ontario. Ce n'est pas seulement
dans le cas de la politique d'achats, c'est aussi dans le cas de la
réciprocité sur l'immatriculation des véhicules
commerciaux, la taxe sur l'essence, la possibilité d'employer des
Ontariens dans le domaine de la construction. Ce sont toutes des choses qui
font partie des négociations du ministère des Affaires
intergouvernementales avec le gouvernement de l'Ontario en particulier.
J'aimerais savoir du ministre quelle préoccupation on accorde
à cet aspect particulier de la politique d'achats dans les
régions frontalières?
M. Morin (Louis-Hébert): II y a deux choses dans votre
question. La première, la politique d'achats et la façon dont
elle tient ou non compte de ce qu'on appellerait les zones frontalières.
L'autre chose, ce sont les diverses discussions qui peuvent survenir entre le
Québec et l'Ontario, par exemple, pour un tas de questions fort
concrètes, d'intérêt pour les deux gouvernements. Sur la
deuxième question, cela fait des années qu'il y a, normalement
on n'a même pas connaissance qu'elles ont lieu, dans bien des cas
des discussions entre le Québec et l'Ontario sur des questions
comme la largeur des routes, les véhicules automobiles, les amendes
perçues d'un côté ou de l'autre, il y a tout le
problème de la taxe de vente. Je ne veux pas entrer là-dedans,
c'est depuis toujours que cela existe.
Donc, il y a des conversations constantes au niveau des fonctionnaires
et souvent aussi au niveau des hommes politiques sur ces matières
d'intérêt commun. Je n'ai pas de détails autres que cela,
mais cela existe, j'en ai vu je ne sais pas combien. Il y a tellement de choses
qu'on n'arrive pas à suivre tout cela à l'intérieur du
ministère. Quant au premier sujet que vous avez mentionné, la
politique d'achats, elle tient compte actuellement, vous le savez probablement,
du problème posé par les zones frontalières, exactement
celui que vous avez mentionné, celui de la région d'Ottawa. Nous
avons précisé que lorsqu'il y avait des soumissions, par exemple,
à certaines conditions, des compagnies situées de l'autre
côté, pourvu qu'elles ne soient pas à l'autre bout de la
province de l'Ontario, peuvent soumissionner pour la région de Hull.
C'est moi-même qui ai proposé cet amendement, qui était
d'ailleurs conforme à l'esprit de la politique d'achats, et cela a
été accepté par le cabinet. J'en ai fait part, d'ailleurs,
aux gens de l'Outaouais que la question intéressait.
M. Gratton: Est-ce que vous me parlez de l'arrêté en
conseil qui touchait surtout l'usine d'épuration?
À ma connaissance, cela accorde la permission ou la
possibilité aux entreprises de l'Ontario de soumissionner sur ce projet
spécifiquement. Mais, que je sache, cela ne s'applique pas à
toute la politique d'achats.
M. Morin (Louis-Hébert): Faisons une distinction. Au
moment où cette histoire s'est produite, la politique d'achats
n'était entièrement ni élaborée, ni adoptée.
Comme je savais d'avance que le principe de notre politique d'achats est de
tenir compte de ces régions frontalières, l'arrêté
en conseil spécifique dont vous faites mention a été
adopté pour le projet précis de l'usine d'épuration, mais
il est conforme à l'esprit de l'ensemble. C'est une précision
anticipée de la politique d'achats que l'arrêté en conseil
a formulée.
M. Gratton: On pourra compter sur ce genre de dispositions dans
la politique générale d'achats?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui. C'est un domaine dont je
suis encore obligé de dire qu'il ne relève pas de moi, il
relève de M. Bernard Landry
qui travaille à la question de la politique d'achats. Je ne sais
pas si vous en avez parlé déjà, à l'occasion de la
discussion des crédits ou autrement. Quoi qu'il en soit, nous
envisageons des accommodements pour les régions frontalières,
parce que autrement cela risque d'être fort artificiel et de nous nuire.
C'est sûr qu'on y a pensé.
M. Gratton: Un dernier point, M. le Président, si vous me
le permettez. Le ministre a fait allusion, lui-même, à divers
domaines où il doit y avoir des échanges et où on a
présentement des difficultés dans la région de
l'Outaouais. Il a mentionné la question de la taxe de vente, la
disparité de la taxe de vente, bien entendu, les heures d'ouverture des
magasins, tout cela rentre en ligne de compte. Lorsque le Parti
québécois parle d'association après la
souveraineté, je me demande si ce ne serait pas un excellent endroit
pour faire la preuve que cela peut fonctionner. Si on pouvait, du
côté du gouvernement du Québec, amorcer une discussion
globale, pour la région de l'Outaouais en particulier, et faire la
preuve éclatante qu'une association avec un autre gouvernement peut se
faire sur toutes ces questions: services hospitaliers...
M. Morin (Louis-Hébert): Vous avez l'air d'accord avec
nous.
M. Gratton: Moi, peut-être pas, mais peut-être bien
que vous en convaincriez un certain nombre, parce que vous avez besoin d'en
convaincre tout un paquet dans l'Outaouais. Vous savez que la décision
de ne pas accorder je ne voudrais pas revenir là-dessus le
contrat de l'usine d'épuration à une firme de l'Ontario, la
politique d'achats qui n'est pas vous l'admettez vous-même
tout à fait encore élaborée, donc très claire pour
les gens de l'Outaouais, cela préoccupe énormément les
gens de la région.
M. Morin (Louis-Hébert): Je veux dire une chose ici qui
est importante. Je l'ai répété plusieurs fois, je le
répète ici: La décision qui a été prise
relativement à l'usine d'épuration d'eau ce n'est pas à
cause de la politique d'achats, mais de vices de forme des soumissions qui
avaient été présentées. Je voudrais qu'on s'entende
là-dessus. C'est tellement vrai d'ailleurs que, quand est arrivé
le renouvellement de soumissions, nous avons tenu compte de la région
frontalière; ce n'était pas à cause de la politique
d'achats. Cela a été compris comme cela, il y en a je ne
veux nommer personne qui ont montré aux gens là-bas
combien on avait une politique d'achats effrayante, alors que ce n'était
pas le cas. Ce n'était pas pour cela que cela a été
décidé.
M. Gratton: Je ne veux pas engager un débat avec le
ministre là-dessus, mais...
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas un débat,
c'est une précision quant aux faits.
M. Gratton: La précision que vous apportez, c'est bien
malheureux, mais je ne l'accepte pas. Des subtilités techniques dans une
soumission... J'ai fait assez longtemps de soumissions pour savoir qu'on peut
toujours en trouver si on veut en trouver. Le député de
Brome-Missisquoi, qui a lui-même été ministre des Travaux
publics, sait fort bien que, quand on veut ne pas confier un contrat à
quelqu'un et qu'on a des raisons quelconques, on n'est pas obligé
d'invoquer les raisons qu'on a. De toute façon, moi, je ne l'accepte pas
et ce n'est pas à moi d'en juger.
Ce que je voudrais savoir du ministre, c'est ceci: Est-ce que ce ne
serait pas un excellent endroit, dans l'Outaouais, pour faire une amorce
d'association avec l'Ontario?
M. Morin (Louis-Hébert): Entendons-nous sur le sens du mot
"association". Compte tenu de l'esprit que je crois percevoir je ne veux
pas attribuer d'intentions à qui que ce soit, mais enfin, il faut quand
même que je dise ce qui me frappe dans votre intervention, pour
vous, une politique d'association avec un autre, est bonne dans la mesure
où on ne crée pas de problème à l'autre. En
d'autres termes...
M. Gratton: Non, dans la mesure où on ne se crée
pas de problème à nous-mêmes. C'est dans ce sens que je
l'entends.
L'important à retenir, c'est qu'on a 19 000 résidents de
l'Outaouais québécois qui travaillent au gouvernement
fédéral. On va laisser ceux-là de côté et on
n'en parlera pas, mais on va parler des 6 000 résidents de l'Outaouais
québécois qui gagnent leur vie dans l'entreprise privée en
Ontario. Je vous prédis, pour en avoir discuté, d'ailleurs, avec
certains membres du cabinet de M. Davis, que si, par hasard, à
l'élection de l'Ontario on a un gouvernement majoritaire conservateur,
il y a de fortes chances qu'il se fasse une réaction à certaines
des mesures que le gouvernement du Québec emploie dans le moment pour
faire en sorte, par exemple, de contrôler l'immatriculation des
véhicules commerciaux. On les arrête au pont, dans le moment, en
vertu d'une réglementation qui date d'avant le présent
gouvernement. Il demeure qu'on semble prendre un plaisir fou à harceler
les commerces ontariens qui envoient leurs véhicules du
côté québécois de la région.
On fait la même chose au niveau de la taxe sur l'essence. On fait
la même chose en défendant à des personnes qui
résident en Ontario de venir travailler dans l'industrie de la
construction du côté québécois. Il y en a 6 000
Québécois qui font cela du côté de l'Ontario.
À un moment donné, les gens de l'Ontario vont être
tannés et c'est là mon inquiétude. Ce n'est pas le fait
que cela déplaise ou pas au gouvernement ontarien ou aux personnes de
l'Ontario. Ce qui me préoccupe, c'est que cette réaction
négative, de la part des entreprises aussi bien que du gouvernement de
l'Ontario, fasse en sorte qu'on renvoie chez eux les résidents
québécois qui gagnent leur vie là présentement,
comme une sorte de réaction aux mesures employées par le
gouvernement du Québec.
C'est ce que je voudrais éviter, parce que c'est
l'intérêt des gens de l'Outaouais québécois, des
vrais Québécois, du vrai monde comme tous les autres qui,
malheureusement, risquent de perdre leur emploi à cause de situations
semblables. Je voudrais entendre le ministre nous dire qu'il est conscient de
cela et qu'on va agir en conséquence.
M. Morin (Louis-Hébert): Bien sûr qu'on est
conscient de cela. Dans la mesure où il y a, l'un à
côté de l'autre, deux territoires gouvernés par des
gouvernements différents, ce genre de difficultés peut survenir,
que ce soit ici entre le Québec et l'Ontario ou aux États-Unis
entre l'État de New York ou le New Jersey, en Europe aussi. Alors, cela
est courant, naturel, normal et quasi universel, ce genre de petits
problèmes qui sont sérieux pour des individus. Une multitude,
donc, de petits problèmes de cette nature peuvent, à un moment
donné, être autant d'instruments qu'on peut utiliser pour faire du
chantage l'un contre l'autre. Cela, on le sait très bien. D'ailleurs,
les questions dont vous venez de parler sont justement, au moment où on
parle, en train d'être discutées entre le Québec et
l'Ontario pour éviter des complications qui seraient ridicules pour les
uns et pour les autres. On en est conscient de part de d'autre, c'est bien
sûr.
Maintenant, il peut y avoir de temps en temps des menaces faites par des
politiciens. Cela ne m'impressionne pas autant que cela m'a déjà
impressionné. Cela fait trop longtemps que j'en vois, des politiciens.
Alors, il est bien possible qu'on dise cela, mais, vous savez, j'en prends et
j'en laisse. Cela, c'est la première réponse. Dans la
deuxième réponse, je reviens à l'idée
d'association. Nous, ce qu'on recherche, c'est une association dans la
dignité et non dans la soumission. C'est sûr que, si on recherche
une association dans la dignité, il y a, dans certains cas, des
pratiques qui existent qu'il va falloir corriger et qui vont déranger
ceux qui bénéficient du statu quo, c'est sûr. Alors on
mesurera tout cela et on verra, mais on n'en est pas là encore.
Si vous voulez qu'on commence tout de suite une politique de
souveraineté-association avec l'Ontario, dans la région de Hull,
vous allez, je m'excuse, à l'encontre du mandat qu'on a reçu. Il
faudrait peut-être que vous vous entendiez avec le chef de l'Opposition
quant à ce qui devrait être notre mandat réel.
M. Gratton: Au contraire, il s'agira d'être un bon
gouvernement et d'agir en fonction des vrais intérêts des
personnes du Québec.
M. Morin (Louis-Hébert): Mais un bon gouvernement pour
vous, est-ce un gouvernement tranquille ou un gouvernement dynamique?
M. Raynauld: Ce sont des mots creux, M. le ministre. Cessez de
raconter des histoires pareilles! La dignité et la soumission! Chaque
fois qu'on propose quelque chose, vous dites: Est-ce qu'on va être des
soumis, puis est-ce qu'on va être des esclaves devant le gouvernement
fédéral? Vous nous avez dit la même chose hier.
Extraordinaire!
M. Morin (Louis-Hébert): C'est effrayant ce que j'entends
ici. Hier, vous avez essayé de nous démontrer que le pouvoir
politique, ce n'était pas important, puis là vous nous montrez
que la dignité, ce n'est pas important. Écoutez, je trouve cela
grave.
M. Raynauld: Oui, cela existe, mais ce n'est pas ce dont on
parle. Je ne vous dis pas que ce n'est pas important, la dignité.
Écoutez, je parle de politique.
M. Gratton: Vous avez parlé de dignité tantôt
en répondant à ma question. Je n'ai jamais demandé qu'on
se soumette à quoi que ce soit.
M. Morin (Louis-Hébert): On est d'accord, très
bien.
M. Gratton: Je demande simplement qu'on s'entende au lieu de
créer des affrontements. Je commence à avoir l'impression qu'on a
l'intention de se servir de la région de l'Outaouais comme une
espèce de laboratoire ou de cobaye, si vous voulez, pour des
affrontements...
M. Morin (Louis-Hébert): Bien non!
M. Gratton: ...avec tous et chacun, pour faire la preuve que
seule l'indépendance est la solution véritable.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, non. Non on ne fera pas cela
sur le...
M. Gratton: J'espère que ce n'est pas cela.
M. Morin (Louis-Hébert): Bien non! Non, cela, c'est
sûr. Si vous dites que vous êtes d'accord pour une association dans
la dignité je m'excuse d'utiliser ce mot inacceptable pour le
député d'Outremont je suis d'accord avec vous. Maintenant,
je continue pour préciser ma première question. À partir
de demain, il y a une réunion de la commission de coopération
Québec-Ontario. M. Tremblay qui est ici, de même que M. Lebrun
partent aujourd'hui justement pour cette réunion, puis c'est le genre de
questions qu'ils vont certainement discuter avec leurs collègues
ontariens. Je ne sais pas si cela résout tous vos problèmes, mais
je peux vous dire qu'on est conscient de cela et qu'on en discute
régulièrement avec les autres gouvernements. Ah oui! juste
maintenant. Ce ne sont pas des politiciens; ce sont des fonctionnaires.
Le Président (M. Marcoux): M. le député
d'Anjou.
M. Russell: Cela peut changer.
M. Johnson: Nous sommes toujours sur l'élément 2:
Coopération interprovinciale. Je voudrais savoir si les échanges
de jeunes et d'étudiants entre le Québec et les autres provinces
du Canada font l'objet d'accords spécifiques au ministère ou si
le fonds est simplement administré par le Haut-Commissariat.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a effectivement un programme
et d'autre part des subventions sont accordées. M. Tremblay va
répondre à cela. En ce qui concerne les échanges de
jeunes, effectivement il y a un programme en cours déjà plusieurs
années. C'est un programme qui fonctionne assez bien, qui ne met pas
nécessairement en cause des masses très considérables,
mais les choses sont organisées de façon systématique.
Elles font partie des programmes que la commission permanente
Ontario-Québec étudiait au cours de ses rencontres. Justement,
c'est un sujet à l'ordre du jour de la rencontre de demain.
M. Johnson: La raison pour laquelle je pose cette question c'est
que, d'abord, au niveau du fonds, cela m'apparaît extrêmement
important, vous me permettrez de l'évoquer ici, M. le Président,
en commission, que plus que jamais dans le passé de plus en plus de
Québécois se rendent à l'extérieur du Québec
pour visiter les provinces canadiennes et, inversement, que de plus en plus de
jeunes Canadiens des neuf provinces du Canada viennent voir ce qui se passe au
Québec et peut-être, en même temps, rassurer certains des
membres de l'Opposition sur nos attitudes qui ne sont pas isolationnistes, au
contraire.
Je voudrais savoir spécifiquement si le ministère des
Affaires intergouvernementales entend se prévaloir des dispositions
relevant du commissaire aux langues, les programmes que M. Keith Spicer a mis
sur pied. Je vous dis cela parce que j'ai eu l'occasion de rencontrer M. Spicer
à quelques reprises, depuis le 15 novembre. Si j'ai bien compris,
l'essentiel de ces programmes vise à permettre aux provinces
d'administrer elles-mêmes des programmes, qui peuvent être massifs
même, d'échanges de jeunes dans le cadre, entre autres, de
l'enseignement de la langue seconde, et le fédéral paie la note.
Je voudrais savoir dans quelle mesure on va se prévaloir de ces
ententes.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a deux types de programmes
qui impliquent des jeunes. Il y a d'abord des programmes qui se
déroulent sur une base strictement interprovinciale et essentiellement,
donc, entre le Québec et l'Ontario, programmes qui découlent de
l'accord, qui impliquent de plus en plus d'autres provinces. Mais le gros des
échanges se fait entre le Québec et l'Ontario. C'est strictement
interprovincial.
Il y a d'autres types de programmes auxquels nous participons et qui
impliquent, en plus d'une province, le gouvernement fédéral. Il y
a déjà, par exemple, des programmes du Secrétariat
d'État visant à échanger des jeunes, par exemple, des
Québécois qui vont enseigner le français langue seconde en
Ontario. Ces programmes sont financés par le Secrétariat
d'État, en partie, sont administrés par les provinces, et c'est
souvent par le biais du Conseil des ministres de l'Éducation que cela se
fait. Donc, on participe à deux types de programmes.
Quant aux nouvelles suggestions de M. Spicer, elles ont
été discutées partiellement au Conseil des ministres de
l'Éducation, mais il n'y a pas de décision de prise encore quant
à la participation du Québec, à la mise en oeuvre de tels
programmes.
M. Johnson: Une dernière question. Cela implique à
peu près combien est-ce que vous pouvez me donner les chiffres ou
me les faire parvenir de personnes, les deux types de programmes
actuellement en cours, à savoir l'interprovincial et celui dans le cadre
fédéral du Secrétariat d'État?
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne suis pas en mesure de
répondre à la question, mais on pourrait rapidement faire...
M. Johnson: Un ordre de grandeur.
M. Morin (Louis-Hébert): J'aimerais peut-être
ajouter qu'il y a aussi des subventions qu'on verse qui impliquent des
échanges de jeunes; par exemple, à Québec, il y a trois
semaines, il y a eu un colloque de 500 jeunes Canadiens qui sont venus ici. Le
ministère a versé $20 000 pour la tenue de ce colloque. C'est une
autre forme de participation, de manifestations impliquant des jeunes par le
biais de subventions.
M. Russell: Est-ce avec chacune des provinces canadiennes ou si
c'est simplement avec l'Ontario?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est essentiellement avec
l'Ontario, mais il y a d'autres provinces qui sont également
impliquées; par exemple, avec la Nouvelle-Écosse, l'an dernier
nous avons échangé des postes pour l'été. Un
certain nombre de Québécois sont ailés travailler
là-bas et un certain nombre de gens de la Nouvelle-Écosse sont
venus ici. C'est la même chose avec le Manitoba, surtout depuis que le
ministre des Affaires intergouvernementales y est allé. On
élargit géographiquement et de plus en plus le champ de la
coopération interprovinciale.
Le Nouveau-Brunswick aussi, où il y a un accord formel.
M. Russell: Si je comprends bien il y a trois provinces où
il y a des ententes d'échange d'étudiants qui peuvent voyager en
coopération avec chacun des gouvernements provinciaux. Les autres
provinces ont-elles été pressenties pour faire ces
échanges?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est-à-dire qu'il y a eu
des discussions avec diverses autres provinces,
mais ce n'est pas aussi avancé. Bien sûr que l'Ontario et
le Nouveau-Brunswick sont nos voisins immédiats. Ce n'est pas aussi
avancé non plus que ce qui vient de se passer avec le Manitoba. Ce n'est
pas exclu, nous sommes d'accord.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Trois-Rivières.
M. Vaugeois: M. le député, voulez-vous approuver le
programme?
M. Levesque (Bonaventure): Non, mais j'ai pensé que vous
aviez l'occasion de poser vos questions régulièrement au
ministre.
M. Vaugeois: Vous allez comprendre le sens de celle-là, M.
le chef de l'Opposition.
M. le Président, je ne sais pas comment introduire mon
commentaire. Je le fais comme une question que je vous adresse. J'ai lu, dans
le compte rendu d'hier, une réplique ou une intervention du
député d'Outremont qui se réfère au pouvoir tout
court et au pouvoir constitutionnel qui serait la fin en soi d'un homme
politique actuel. Il ajoute: II y a des gens qui croient qu'il y a autre chose
qu'une société et des citoyens peuvent s'épanouir dans
beaucoup de régimes constitutionnels. Il n'y a pas seulement le
régime constitutionnel actuel qui peut faire cela. Le seul cas limite
où je dirais qu'il faut absolument changer de constitution...
M. Levesque (Bonaventure): Question de règlement, M. le
Président.
M. Vaugeois: Puis-je continuer, M. le Président?
Le Président (M. Marcoux): Je dois d'abord entendre la
question de règlement.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, on se
réfère au programme 1, élément 1, qui a
été adopté. Si on veut rouvrir, je suis d'accord. Nous
allons reprendre une discussion sur l'élément 1, programme 1,
mais tout le monde aura le droit d'y participer à ce moment. Je n'ai pas
d'objection à donner mon consentement. En même temps j'exige que,
si on revient à l'élément 1 du programme 1, on rouvre le
dossier.
M. Vaugeois: Je me réfère à
l'élément 2, M. le chef de l'Opposition. Tout à l'heure on
est revenu sur ces termes d'association...
M. Levesque (Bonaventure): À l'élément 2, si
je me rappelle, c'est bien la coopération interprovinciale.
M. Vaugeois: Oui, il a été question tout à
l'heure...
M. Levesque (Bonaventure): Tandis que, ce à quoi se
réfère, si je ne m'abuse, le député de
Trois-Rivières, c'est à une discussion qui a eu lieu hier dans le
cadre de l'élément 1 du programme 1.
Le Président (M. Marcoux): II n'y a pas de question de
privilège en commission parlementaire, mais on peut brièvement
rectifier les faits.
À moins que ce ne soit pour rectifier des faits, je dois donner
raison au député de Bonaventure.
M. Vaugeois: Je pense que cela donnera lieu à une
rectification en effet, parce que je voudrais être bien certain. Je
voudrais, là-dessus, rendre service au député d'Outremont
et m'assurer que ce texte rapporte fidèlement ce qui a été
dit. Je voudrais que le député d'Outremont nous le confirme ce
matin. Ce n'est pas très long, vous savez.
Le Président (M. Marcoux): À partir de ce que vous
dites, ce n'est pas une rectification des faits, il faut qu'il y ait
consentement des membres de la commission pour faire rapport. Est-ce qu'il y a
consentement des membres de la commission?
M. Levesque (Bonaventure): Non.
M. Russell: On ne peut pas revenir là-dessus. Si on
commence, on n'en finira pas.
Le Président (M. Marcoux): II n'y a pas consentement. M.
le député de Bonaventure.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le gouvernement du
Québec a des points précis à apporter à l'ordre du
jour de la prochaine conférence des premiers ministres des provinces qui
doit avoir lieu à Fredericton, je pense?
M. Morin (Louis-Hébert): À l'instant même, ce
matin, j'ai reçu la copie d'une lettre transmise par le premier ministre
de la province du Nouveau-Brunswick confirmant que la réunion aurait
lieu les 18, 19 et 20 août. Nous nous mettons là-dessus. C'est la
précision que je voudrais apporter, c'est arrivé ce matin. J'ai
pris connaissance ce matin d'une lettre datée du 1er juin que j'ai
dû recevoir hier ou lundi, mais que j'ai vue seulement ce matin.
M. Levesque (Bonaventure): Quelle importance le gouvernement
actuel apporte-t-il à cette conférence des premiers
ministres?
M. Morin (Louis-Hébert): Celle qui vient?
M. Levesque (Bonaventure): En général, à cet
événement annuel?
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais vous répondre
ceci. J'ai assisté à l'époque, comme sous-ministre,
à beaucoup de ces réunions de premiers ministres des
provinces.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre actuel n'a pas
été au début de cette initiative alors qu'il était
avec M. Lesage?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, c'est M. Lesage qui, comme
premier ministre, en 1960, a proposé cela, et je suis arrivé en
1963.
M. Levesque (Bonaventure): Avant l'arrivée du ministre
actuel.
M. Morin (Louis-Hébert): Ah oui! Il y a bien des choses
qui ont commencé avant que j'arrive.
M. Raynauld: L'histoire en particulier.
M. Morin (Louis-Hébert): Justement, mais c'est cela dont
j'aimerais que vous vous souveniez parfois. Je continue ma réponse. J'ai
assisté, à l'époque, à dix de ces
conférences et je n'en avais pas retenu une impression de pertinence
majeure, pour ne pas dire davantage. Il y a des moments, même, où
à peu près tout le monde se demandait unanimement quelle
était l'utilité de ces conférences des premiers ministres
des provinces. Depuis que je suis parti, il semble que cela a pris un peu plus
d'ampleur. En toute honnêteté, je ne sais pas quelle est
l'importance de la prochaine qui vient. C'est, par ailleurs, la première
à laquelle nous allons participer comme nouveau gouvernement ici,
à Québec. Cela lui donnera peut-être une distinction par
rapport aux autres, je l'ignore vraiment.
M. Levesque (Bonaventure): C'est à Fredericton.
M. Morin (Louis-Hébert): Je pense que c'est à
Fredericton, ou à Saint Andrews.
M. Levesque (Bonaventure): Ou à Saint Andrews. C'est
très agréable.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est ce que je peux
répondre ce matin. Je viens d'avoir une copie de la lettre, on va
commencer à s'en occuper.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre a l'intention
de suggérer à l'ordre du jour certains points précis?
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais vous parler très
franchement. Quand j'ai reçu cette invitation ce matin,
c'est-à-dire quand j'ai reçu la lettre ce matin, la
première idée qui m'a traversé l'esprit vous allez
trouver curieuse ma réponse, mais on est humain c'est que ces
dates m'embêtaient beaucoup parce que c'est le moment où je dois
partir en vacances. Je vous le dis. Pourquoi se cacher cela? Ce sont des choses
qui arrivent. On a toujours une pudeur ridicule à mentionner ces
éléments, je le dis. Donc, c'est à cela que j'ai
pensé ce matin, c'est aussi bête que cela. Je n'en suis pas rendu
plus loin dans ma réflexion ontologique sur la nature de la
conférence et sa portée. Je vais regarder cela cet
après-midi ou demain, quand j'aurai une minute.
M. Levesque (Bonaventure): Mais sachant, cependant, comme nous le
savions nous-mêmes, nous qui sommes moins renseignés,
évidemment, que le gouvernement et surtout que le ministre des Affaires
intergouvernementales à ce sujet, depuis quelques mois du moins que cet
événement aurait lieu dans les Maritimes vers le mois
d'août.
M. Morin (Louis-Hébert): Bien oui!
M. Levesque (Bonaventure): Le ministre a sans doute songé
avant aujourd'hui à la possibilité d'inscrire à l'ordre du
jour un, deux ou trois points précis.
M. Morin (Louis-Hébert): Les dates, on vient de les
apprendre, il n'y a pas terriblement longtemps. Deuxièmement, je me
souviens que d'autres conférences de premiers ministres des provinces,
je pense, ont eu lieu au mois de septembre, l'année passée ou
l'autre année avant. Il me semble que cela n'a pas toujours eu lieu au
mois d'août, parce que beaucoup de monde trouvait que c'était une
date qui ne convenait pas tellement. Cela avait été
suggéré par le Québec aussi que cela ait lieu au mois de
septembre. On vient d'apprendre, "je" viens d'apprendre je veux
être honnête, peut-être que d'autres le savaient que
c'est les 18, 19 et 20 août. Ce n'est pas une catastrophe ambiante; on va
s'en sortir, mais je vous réponds où j'en suis. Ce matin, j'ai
regardé cela et j'ai dis: Cela tombe sur mes dates de vacances, c'est
intelligent. C'est tout ce que j'en sais pour le moment. Cela étant dit,
une fois ma réaction humaine normale passée, je vais regarder
l'ordre du jour et on va établir quelque chose qui va être valable
comme cadre de discussions.
M. Levesque (Bonaventure): Si vous n'avez absolument rien
à l'esprit, est-ce que vous permettriez qu'on vous suggère
quelque chose?
M. Morin (Louis-Hébert): On est réceptif à
toutes les suggestions; vous allez nous permettre de ne pas
nécessairement les accepter.
M. Levesque (Bonaventure): Je ne parle pas des vacances du
ministre; je parle de l'ordre du jour.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, à propos...
M. Levesque (Bonaventure): N'y aurait-il pas lieu d'inscrire
à l'ordre du jour une suite à donner à la
conférence des 1 et 2 octobre 1976 à Toronto? Peut-être que
le premier ministre du Québec aurait intérêt à
entendre ce que ses partenaires des autres provinces ont à dire
justement à ce sujet et peut-être pourrait-il ajouter de son
propre cru au dossier.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est une façon indirecte
de revenir sur la question d'hier.
M. Levesque (Bonaventure): Non, c'est simplement parce que le
ministre semblait absolument...
M. Morin (Louis-Hébert): M. Raynauld semble dire oui, lui.
Faites attention de ne pas vous contredire.
M. Levesque (Bonaventure): À ce que je sache, le
député d'Outremont n'est pas intervenu à ce moment-ci.
Tout ce que je voulais dire, devant le silence du ministre, un silence qui
devient traditionnel au point qu'on le surnomme le sphinx du
gouvernement...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est curieux, ce que vous dites
là. Hier, j'ai relu le topo qu'on a fait ici dans la journée et
je trouvais que j'avais parlé beaucoup. Si vous aimez mieux que je parle
encore davantage, il ne vous restera plus beaucoup de temps pour vous
autres.
M. Levesque (Bonaventure): II ne faut pas se fier,
évidemment, à n'importe quel topo pour connaître la
quantité des paroles dites de part et d'autre. Le ministre doit
être au moins heureux et doit manifester de la gratitude pour ce qu'il a
reçu comme presse, à la suite de son silence hier. Cependant, je
dois revenir sur le sujet et d'une façon très modeste, comme
l'aime le ministre, d'une façon très objective, suggérer
au ministre de demander qu'on inscrive à l'ordre du jour cette question
que je lui suggère tout simplement.
M. Morin (Louis-Hébert): Je viens d'écouter votre
suggestion. J'en ai pris note et on verra ce qu'il conviendra de faire dans les
circonstances.
M. Russell: M. le Président, je voudrais...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: ... revenir un peu en arrière pour essayer de
comprendre le rôle du ministre dans les relations interprovinciales. On a
parlé tout à l'heure d'achats. Je pense que toutes les relations
interprovinciales doivent d'abord passer par celui qui est devant nous, ici,
pour discussion avant que chacun des services commence les discussions.
M. Morin (Louis-Hébert): En principe, il n'y a personne
dans le gouvernement du Québec qui peut parler à quelqu'un
d'autre, à l'extérieur sans m'en parler. En principe. Si on
faisait cela, cela vient de "jammer" tout le gouvernement du Québec.
On procède autrement, comme je l'ai dit hier, vous n'étiez
pas là, on essaie de décentraliser, autant que possible, les
discussions, de telle sorte que les ministres et les fonctionnaires puissent
quand même fonctionner. Nous avons plutôt comme méthode
ce n'est pas nous qui l'avons inventée, cela existait avant
de déléguer avec chaque groupe qui part pour une province
ou un autre pays, quelqu'un du ministère qui nous fait rapport ensuite
sur les discussions, d'une part, et qui, au cours de la préparation de
ces discussions, nous fait rapport en cours de route, de sorte qu'on sait
toujours ce qui se passe. Vous avez raison de dire que cela relève du
ministère.
M. Russell: M. le Président, je voudrais suggérer
simplement au ministre qu'il y aurait peut-être une étude qui
pourrait se faire sur les relations interprovinciales actuellement dans bien
des domaines: le domaine des transports qui est une intrigue constante pour
ceux qui ont du transport à faire des deux côtés des deux
frontières, pas seulement avec l'Ontario, mais avec le Nouveau-Brunswick
aussi. On a parlé d'achats, tout à l'heure, c'est une intrigue
qui est pas mal plus grave que le ministre et ses fonctionnaires peuvent le
penser. Il s'agit d'être dans le domaine pour le comprendre. Je ne dis
pas que cela dépend des politiciens, comme disait le ministre tout
à l'heure, cela dépend peut-être, dans certains domaines,
des fonctionnaires et l'interprétation d'entreprises privées qui
tentent une petite revanche sur certains énoncés de politiciens.
Cela complique la vie à bien des hommes dans le commerce, qui commencent
de bonne foi et pour le grand bien de chacune des provinces. Actuellement, si
on ne fait pas attention, on est à gâter les relations d'une
façon complètement inutile.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous voulez dire à cause
du "tatillonnage" administratif?
M. Russell: "Tatillonnage" administratif et déclarations
inutiles qu'on fait d'un bord et de l'autre pour essayer de se créer du
prestige. Je ne sais pas si ce sont des ministres ou des députés
qui veulent se créer un certain prestige, mais je pense que certaines
déclarations causent des torts incalculables. On n'en voit pas de
reflets dans les journaux, mais ceux qui sont dans le commerce sentent les
contrecoups.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a peut-être des
déclarations qui ont été faites, mais il y a aussi des
interprétations qui ne sont pas nécessairement fondées sur
la bonne foi ou la connaissance de la réalité qui ont
été transmises par les moyens de communication, surtout du
côté anglophone. Il faut tenir compte de cela. Vous avez raison,
il y a des problèmes qui subsistent. Je répète ce que j'ai
dit tantôt, dans la mesure où vous avez des États contigus,
c'est sûr qu'il y a des discussions entre les deux, c'est sûr qu'il
peut y avoir, de temps en temps, même avec la meilleure bonne
volonté possible, des frictions.
Vous parlez des transports, à cet égard, dans le
comité Québec-Ontario, il y a un sous-comité sur les
transports, pour tâcher d'aplanir ces difficultés.
M. Russell: J'ai vécu un peu la vie d'un comité sur
le transport, et je me suis souvent demandé s'ils ne faisaient que
voyager. Cela n'avait pas l'air qu'ils agissaient tellement. Je me demande s'il
n'y aurait pas moyen d'accélérer un peu l'entente. Je vois une
politique qui est une entrave à la liberté de ceux qui sont dans
le domaine. Lorsqu'on ne
peut pas uniformiser une politique entre trois provinces parce
qu'on est trois provinces, en particulier, bien concernées, c'est le
Nouveau-Brunswick, le Québec et l'Ontario lorsque des hommes de
bonne foi ne peuvent pas trouver une formule pour uniformiser les lois sur le
transport, je pense qu'il y a un peu de mauvaise foi ou de mauvaise
intention.
M. Morin (Louis-Hébert): Je viens d'arriver comme
ministre, il y a six mois, je tiens compte de ce que vous me dites. Je ne
serais pas tout à fait d'accord, cependant, quand vous dites que ce sont
surtout des voyages qui se produisent et non pas des ententes. Je regarde les
rapports de ces voyages, souvent il y a des conclusions concrètes, sauf
que ce qui fait le plus souvent de nouvelles, ce sont les voyages et non pas la
conclusion de ces voyages. C'est normal, ce n'est pas la première fois
que cela se produit, c'est arrivé sous tous les gouvernements. D'accord,
je tiens compte de ce que vous me dites.
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Programme 1,
élément 2, adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Programme 2,
affaires internationales.
Affaires internationales
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre pourrait nous
dire la raison de l'augmentation du budget de quelque $4 millions?
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant, il faut que je trouve
ma feuille.
Une voix: Est-ce que c'est la coopération.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, ce sont les relations
internationales.
Cela passe de $19 millions à $23 millions, c'est cela que vous
voulez dire?
M. Levesque (Bonaventure): Oui.
M. Morin (Louis-Hébert): D'accord. Il y a une explication
technique. Je vais demander à M. Simon de la donner.
Notamment, à propos des services, ils passent de $425 000
à $5 millions. Il y a une raison technique. Voulez-vous l'expliquer?
C'est tout simplement suite à une décision du Conseil du
trésor. Les recrutés locaux à l'étranger vont
être payés dans la catégorie 4 comme contractuels au lieu
de paraître à la catégorie 1. Cela a impliqué un
transfert de crédits de la catégorie 1 à la
catégorie 4; c'est ainsi que cela fait un saut considérable.
M. Raynauld: II aurait dû baisser à 1, alors, pour
l'équivalent.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, mais, en plus de cela, il y
a eu l'augmentation des salaires. Donnez donc les chiffres.
Les ajustements de traitement, on a environ $400 000 de plus à la
catégorie 1.
Donnez-les parce que ce sont des abréviations et je vais me
mêler. Tout est explicable; mais, surtout pour des raisons d'ordre
technique, j'aime mieux que M. Simon vous les donne. Je les ai sur une
feuille.
Évidemment, c'est au niveau du programme, je les ai par
élément. Ici, ce qui paraît dans la colonne, c'est au
niveau de l'ensemble du programme. Vous voulez avoir les causes de
l'augmentation, en gros, de $19 millions à $23 millions.
On a des augmentations, d'abord, dans les programmes de l'ACDI qui sont
de $1,9 million; des ajustements de traitement, $400 000; des subventions qui
comptent pour $100 000, des subventions à l'ACCT, l'Agence de
coopération culturelle et technique; on a des mutations pour $400 000
environ; on a de la croissance mécanique pour tenir compte de la hausse
du coût des services pour $400 000 encore.
M. Raynauld: On peut l'avoir?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, on pourrait vous donner une
copie qui explique tout cela, sauf que c'est en abréviation. Oui, il n'y
a pas tellement d'abréviations. Je vais vous le donner pour l'ensemble
du ministère. C'est ce que j'ai commencé à dire, hier,
juste au début de la discussion des crédits. Vous allez
remarquer, par exemple je ne sais pas si c'est hier que j'ai dit cela
qu'il y a des programmes de l'ACDI qui sont plus nombreux, que nous
finançons mais qui sont remboursés, mais au gouvernement dans
l'ensemble, c'est-à-dire au fonds consolidé et non pas à
nous. Le résultat est que cela donne des augmentations artificielles.
C'est le ministère du Revenu du Québec, en quelque sorte, via le
fonds consolidé, qui reçoit les remboursements à 115% du
fédéral.
M. Levesque (Bonaventure): Si je comprends bien, c'est à
cause des imputations que de telles augmentations paraissent, mais en
réalité, relativement à l'an dernier...
M. Morin (Louis-Hébert): II n'y en a presque pas.
M. Levesque (Bonaventure): ...le budget est sensiblement le
même dans le contexte des affaires internationales. Est-ce exact?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est ce que je dirais. Je pense
qu'on n'a presque pas de postes nouveaux. C'est la croissance naturelle, la
croissance mécanique. Cela sera évident quand vous allez voir le
nombre, par exemple, de postes nouveaux très peu nombreux: 20 pour
l'ensemble du ministère.
M. Raynauld: Oui, ici, dans ce programme, il y en a dix.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, c'est cela.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre pourrait nous
faire une brève rétrospective de la situation des
délégations du Québec à l'étranger et des
maisons du Québec à l'étranger?
M. Morin (Louis-Hébert): Par rétrospective, vous
voulez dire quoi?
M. Levesque (Bonaventure): Le changement au niveau du personnel,
l'évaluation de la performance des maisons, les nouveaux projets
d'implantation qu'il peut avoir à l'esprit.
M. Morin (Louis-Hébert): D'accord. Je vais procéder
de façon aussi ordonnée que possible. Premièrement, cela a
déjà été annoncé par le premier ministre,
trois des quatre délégués généraux sont
remplacés. À Paris, M. Jean Deschamps, qui était à
Bruxelles, remplace, à partir de cet été, du mois de
septembre, M. Cloutier; à New York, M. Poliquin est remplacé par
M. Bergeron; à Londres, M. Fournier est remplacé par M. Loiselle.
Il me reste à combler le poste de Bruxelles.
M. Levesque (Bonaventure): Le ministre voudrait-il nous dire ce
qu'il advient de ces trois personnages qui sont remplacés?
M. Morin (Louis-Hébert): Exactement. Dans le cas de M.
Fournier et de M. Poliquin, à Londres et New York, ils seront
réaffectés au cours de l'été à d'autres
fonctions qui ne sont pas encore déterminées au moment où
je vous parle. Je leur ai écrit, ils vont se rapporter et nous allons
résoudre cela au cours de l'été.
En ce qui concerne M. Cloutier, vous le savez, en vertu d'un arrangement
qui a été établi avec l'ancien gouvernement, il n'est pas
un employé du ministère des Affaires intergouvernementales. C'est
le seul cas de délégué général qui ne l'est
pas. Il est plutôt, j'ai découvert cela en arrivant, conseiller
spécial à l'Exécutif, c'est-à-dire au Conseil
exécutif, de telle sorte que j'ai appris du premier ministre, l'autre
jour, que lorsque M. Cloutier aura terminé ses fonctions de
délégué général pour nous, il entrera dans
les effectifs du premier ministre. À ce moment-là, ma
responsabilité administrative se termine.
M. Vaugeois: II rentre comme premier ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Non ce n'est pas cela que je vous
dis. Quelles seront les fonctions qui lui seront confiées? Est-ce qu'il
décidera de rester ou non? Cela est une question qui n'est pas
tranchée encore au moment où je vous parle. Maintenant, Bruxelles
est encore vide. Nous sommes en train justement de compléter les choses
de ce côté-là. Ce sont là les
délégués...
M. Levesque (Bonaventure): Des gens ont-ils été
pressentis pour Bruxelles?
M. Morin (Louis-Hébert): Des gens ont été
suggérés pour Bruxelles. Il ne manque jamais de suggestions pour
ces cas-là.
M. Russell: II voyage, M. Bourassa, il est à
Bruxelles.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, M. Bourassa est à
Bruxelles. Il y a deux raisons qui font que cela ne se produira pas dans son
cas. Je ne pense pas, premièrement, qu'il accepterait;
deuxièmement, je ne pense pas qu'on le lui offrirait. Compte tenu de
cette impossibilité, il faut penser à d'autres candidats valables
qui pourraient...
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre a dit qu'il y
avait eu des gens de pressentis?
M. Morin (Louis-Hébert): Je veux être très
clair, là, puis je ne veux pas me tromper: de pressentis pour Bruxelles,
non; de suggérés pour Bruxelles, oui.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que ce sont des gens qui vous
ont offert des services?
M. Morin (Louis-Hébert): Ah oui! Ah, bon Dieu, oui! pour
toutes les délégations d'ailleurs. Cela oui, beaucoup. C'est
couru, c'est une fonction qui... Avez-vous des suggestions à faire de
votre côté?
M. Levesque (Bonaventure): Si le ministre manque de suggestions,
je serais heureux de participer, mais comme la réponse est qu'il
était submergé, alors je pense bien que cela ne sert à
rien.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, non, non on n'est pas
submergé. Non, non, ne charrions pas.
M. Johnson: Le chef de l'Opposition continue à
siéger comme chef de l'Opposition?
M. Morin (Louis-Hébert): On compte encore sur vous,
j'espère.
Cela ce sont là les délégués
généraux. Je vais continuer. Ce sont là les
délégations générales. En plus de cela, il y a une
douzaine d'autres établissements du Québec, des
délégations qui ne sont pas des délégations
générales, à l'extérieur, en plus des
délégations générales. Par exemple, je peux bien
les nommer, il y a Düsseldorf, Milan, Tokyo, Dallas, Los Angeles, Chicago,
Boston, j'oublie quelqu'un quelque part, La Fayette, Haïti, Toronto... Oui
cela c'est un projet. Bon, ce sont celles qui existent.
M. Levesque (Bonaventure): Lorsque vous dites Toronto, ce n'est
pas une délégation à l'étranger, faites
attention.
M. Morin (Louis-Hébert): J'ai pensé à cela,
je vous connais assez, j'ai pris la peine de dire à
l'extérieur.
M. Levesque (Bonaventure): D'accord, très bien.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, non, je commence à
vous connaître. Pour Toronto, j'attends une lettre incessamment contenant
des suggestions de la part du ministre de l'Industrie et du Commerce. Nous
allons nommer un délégué, un représentant du
Québec là, j'espère, pour le mois de septembre, parce que
M. Moorse termine son contrat et il sait déjà que nous allons
nommer quelqu'un à temps plein. Nous avons continué avec M.
Moorse jusqu'à ce que, justement, on arrive avec quelqu'un qui irait
à temps plein. Ce n'est pas décidé mais cela va
l'être, j'espère, pour le mois de septembre. En tout cas, on va
régler cela au cours de l'été.
Dans les autres cas, tout le monde a été vous me
corrigerez si je me trompe reconfirmé dans sa fonction. C'est
cela je pense. C'est exact. Maintenant, on a des projets, dont l'un a
été annoncé la semaine dernière; c'est l'ouverture
d'une délégation à Atlanta, qui est une ville en plein
progrès et dans laquelle il y aura à la fois des
intérêts économiques, des préoccupations
économiques et des préoccupations notamment touristiques, parce
qu'il y a beaucoup de touristes qui peuvent venir de cette région des
États-Unis.
M. Levesque (Bonaventure): Dans l'État de...?
M. Morin (Louis-Hébert): Géorgie, pour toute la
partie sud-est des États-Unis. Là, il va falloir établir,
c'est déjà fait d'ailleurs...
M. Levesque (Bonaventure): Incluant la Floride.
M. Morin (Louis-Hébert): Si vous voulez absolument qu'on
inclue la Floride, je me demande pourquoi vous me parlez de cela. Il n'y a pas
de délégation en Floride. Si vous suggérez qu'on fasse une
délégation en Floride, on va prendre votre avis, on va
étudier cela, mais on n'y a pas pensé, croyez-moi.
M. Raynauld: II y en a déjà...
M. Levesque (Bonaventure): Je n'ai jamais
suggéré qu'on ait une délégation en Floride, mais
je sais que, lorsqu'on ouvre un poste dans un État américain,
c'est censé couvrir les États environnants. C'est pour cela que
j'ai posé la question.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous avez parfaitement raison et
votre sagacité est bien fondée. Il y a des questions qu'on se
pose sur Dallas. On va voir ce que l'on fera avec Dallas au cours de
l'année qui vient. Il y a aussi des questions qu'on se pose sur
Haïti où nous avons un délégué et quelques
autres personnes. Je pense qu'il faudra réorienter l'action de cette
délégation. Je ne peux pas en dire davantage pour la raison qu'on
n'a pas terminé la réflexion à cet égard. On se
pose des questions.
Quant aux projets à plus long terme, on re- garde du
côté de l'Amérique du Sud et des pays arabes. C'est
à peu près tout ce que je peux en dire, parce que ce n'est
vraiment pas décidé. Il y a l'Afrique également, bien
sûr. J'ai oublié de mentionner Abidjan tantôt.
M. Russell: Est-ce que Haïti va demeurer une
délégation ou simplement un bureau d'immigration?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est ce qu'on se pose comme
question. Je pense que j'ai fait le tour de notre monde. Je vous ai
distribué hier la liste du personnel des délégations.
Alors, si vous voulez la consulter et s'il y a des problèmes, je serai
heureux d'y répondre.
M. Russell: C'est surtout le fonctionnement des
délégations, le rôle qu'elles remplissent.
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais profiter de votre
question pour dire des choses.
M. Russell: Si je voulais m'établir en Géorgie, je
pourrais passer par la délégation du Québec.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous établir comme
commerce? On aime mieux que ce soit des commerces de Géorgie qui
s'établissent ici en principe.
M. Russell: Je croyais que c'était pour aider ceux qui
veulent se retirer du Québec, et s'installer ailleurs.
M. Morin (Louis-Hébert): II n'y en a pas tellement. Je
veux dire quelque chose à propos des délégations et des
établissements du Québec à l'étranger. Il y a une
certaine mythologie que j'ai rencontrée, qui n'est pas anormale,
concernant le fait que, par exemple, quelqu'un qui a été
placé à l'étranger pour s'occuper des
intérêts du Québec, mettons sur le plan économique,
considère qu'il n'a pas de fonctions politiques dans le sens large du
terme. Je pense que, dès que vous êtes à l'étranger,
que vous représentez un gouvernement, que ce soit en tourisme, pour
l'économie ou pour l'immigration, par la force des choses et cela
est vrai pour tous les gouvernements vous avez nécessairement une
fonction qui a des aspects politiques importants. Je ne veux pas dire partisan,
et c'est la distinction que je veux faire, mais politique, de telle sorte que
nous demandons à notre monde à l'étranger non pas de
prendre parti pour le gouvernement qui est en fonction, mais de décrire
la réalité québécoise telle qu'elle est. Le seul
fait de la décrire telle qu'elle est va créer pour le
Québec une meilleure image que certaines impressions que des articles
sensationnalistes ont pu donner sur nous.
Ils ont une fonction politique et je pense qu'il n'y a aucune honte
à la reconnaître. Il y a une sorte de puritanisme
héréditaire sur le plan administratif qui fait que, parce que
quelqu'un est fonctionnaire, d'une part, et qu'il est à
l'étranger, d'au-
tre part, il se désintéresse complètement de la
politique. Je pense que c'est une erreur. Cela, tout le monde le sait dans
l'univers. Encore une fois, je précise qu'il ne s'agit pas d'une action
partisane, mais d'une action politique. Pourquoi? Pour une raison bien simple.
Quelqu'un qui est, par exemple, délégué économique
du Québec dans une ville américaine peut très bien se
faire poser des questions sur les lois linguistiques. S'il répond
à son interlocuteur: Cela ne relève pas de moi, je n'ai pas de
compétence là-dedans et c'est une question politique, il faudrait
appeler Québec pour le savoir, il manque à son devoir.
Il doit, au contraire je pense que tous les gouvernements
devraient l'exiger sans prendre parti, expliquer ce qui se passe.
M. Russell: Si je comprends bien, il doit étaler la
vérité même s'il n'y croit pas.
M. Morin (Louis-Hébert): Dire la vérité
même s'il n'y croit pas. Votre phrase m'a l'air ambiguë.
M. Russell: Rapporter les faits tels qu'ils sont, qui est la
vérité.
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais vous donner un exemple.
Si quelqu'un dit: Le gouvernement du Québec est rempli de barbares, il
devrait expliquer qu'il n'y en a pas tant que cela, au moins cela.
M. Russell: Ou les énumérer.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous comprenez par la boutade ce
que je veux dire. Il n'a pas à se cacher sous une sorte de couverture de
neutralité totale d'ordre administratif pour ne rien
répondre.
M. Russell: Je suis bien d'accord avec le ministre dans ces cas.
Cela devrait être vrai pour chacun des fonctionnaires. On s'adresse
à un ministère et on patine une éternité
plutôt que de nous dire la vérité. Lorsque j'appelle dans
un ministère, c'est pour connaître les faits.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela.
M. Russell: Et étaler les miens. Je ne demande pas de me
faire de belles phrases je ne suis pas le gars aux belles phrases
j'aime avoir les faits. Si je m'adresse à un fonctionnaire du
gouvernement du Québec, qu'il soit en France, en Angleterre ou aux
États-Unis, j'aime bien connaître les faits.
M. Morin (Louis-Hébert): Bien sûr.
M. Russell: Cela ne veut pas dire qu'il y croit et que c'est son
opinion personnelle.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela, c'est une autre affaire.
C'est bien sûr. J'ai vu tout ce monde, je les ai rencontrés une
heure chacun dans mon bureau. Quand on a fait les nominations, vous allez
reconnaître qu'on ne les a pas faites à partir de considé-
rations politiques. J'ai reconduit tout le monde, sauf les quatre
délégués généraux. Dans bien des cas, cela
faisait des années qu'ils étaient là. Il fallait penser
à leur retour. Ce ne sont pas des considérations partisanes qui
nous ont guidés. Pas du tout, au contraire nous avons pris soin de
nommer des gens compétents.
Le critère que je demande aux délégués de
respecter est un critère double: premièrement, c'est la
compétence; deuxièmement, être Québécois.
Etre Québécois ne veut pas dire être partisan du Parti
québécois. Cela veut dire considérer qu'il est à
l'étranger pour défendre les intérêts du
Québec, pour représenter adéquatement ce qui se passe et
pour corriger des erreurs d'interprétation qui peuvent survenir à
l'extérieur quand on est loin de la réalité
québécoise. Cela lui demande aussi de comprendre ce qui se passe.
De ce fait, pour tout dire, cela lui demande, comme conséquence, de ne
pas être, a priori, hostile ou méprisant par rapport à ce
qui se passe ici.
M. Raynauld: Je suppose que cela va dans les deux sens aussi,
Vous nous avez parlé des faits et de la vérité, il y a eu
bien des cas où cela a été en sens inverse, où il y
a eu un peu trop de politique. Je ne veux pas dire les nominations.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela, je n'ai pas osé en
parler. Si vous entrez dans ce domaine.
M. Raynauld: II y a eu des déclarations dans les deux sens
aussi.
M. Morin (Louis-Hébert): Je parlais de l'attitude
politique. Je ne parlais pas des nominations.
M. Raynauld: Non.
M. Morin (Louis-Hébert): II est arrivé parfois
qu'on s'est servi des délégations pour envoyer là du monde
qu'on ne voulait plus voir à Québec. Je ne veux pas parler de
cela, mais c'est un fait. C'est une chose que je ne veux certainement pas
répéter à titre de ministre. Ces délégations
coûtent assez cher qu'il faut que cela serve dans le bon sens, de
façon objective, mais de façon réaliste.
Le Président (M. Marcoux): Programme 2,
élément 1...
M. Raynauld: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): Je pensais que vous vouliez
adopter...
M. Raynauld: Je voudrais poser des questions sur les conditions
d'emploi. C'est le ministre qui m'a rappelé mes intentions
premières de ce matin en disant que ce personnel coûte très
cher.
Je voudrais précisément savoir quelles étaient les
principales conditions d'emploi des fonctionnaires qui sont ici. Je ne parle
pas du personnel local recruté localement, mais du personnel d'ici qui
est envoyé à l'étranger. J'aimerais qu'on nous
dise, en plus des salaires qui sont payés, quels sont les
coûts de ces représentants que nous avons à
l'étranger. Je voudrais avoir une idée...
M. Morin (Louis-Hébert): Ce que vous voulez savoir, c'est
le salaire, d'une part, et les types d'allocations, d'autre part?
M. Raynauld: Les allocations, les dépenses
afférentes au maintien d'un poste à l'étranger. En
général les conditions d'emploi. Je sais que, dans ce domaine, il
y a beaucoup de contraintes extérieures, mais j'aimerais avoir une
idée des dépenses qui sont afférentes à ces postes
à l'étranger.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne pense pas qu'on ait ces
chiffres avec nous maintenant, mais il y a des arrêtés en conseil
qui existent, il y a des documents administratifs qui établissent le
régime d'emploi à l'étranger, c'est-à-dire quand
vous êtes à telle place et que vous avez tel salaire, vous avez
telle responsabilité, vous avez telle allocation. Nous avons tout cela
et on peut vous le donner. Je ne l'ai pas avec moi maintenant. Puis-je
considérer que c'est déposé?
M. Raynauld: Oui.
M. Morin (Louis-Hébert): On peut en parler davantage. Je
vais vous donner un exemple. Je ne voudrais pas donner le nom de personne.
M. Raynauld: Non, ce n'est pas cela que je demande non plus.
M. Morin (Louis-Hébert): J'ai la liste de tout le monde
avec les allocations, mais cela je ne veux pas le donner.
M. Raynauld: Non, je ne veux pas des noms.
M. Russell: Vous pouvez nous donner le salaire de quelques
postes, par exemple, le délégué à New York, son
salaire est de combien?
M. Morin (Louis-Hébert): On va donner les proportions.
Je vais demander à M. L'Heureux, qui est le directeur
général de l'administration, de répondre à cela.
Vous comprenez, ce n'est pas parce que ce sont des secrets d'État, c'est
parce que ce sont bien souvent des questions personnelles qui peuvent
être en cause, et je ne voudrais pas donner les noms et les salaires.
M. Russell: Je voudrais savoir aussi s'il y a encore un piano
à New York.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela, vous vous en souvenez. Non,
je ne pense pas qu'il y en ait encore, mais, ah mon Dieu! vous me rappelez des
souvenirs. On ne donnera pas de noms, hein, M. Russell!
M. Russell: Non.
M. Morin (Louis-Hébert): Je voudrais expliquer un exemple
type. Quelqu'un qui part de Québec, qui a un traitement d'environ $31
000, qui s'en va à l'étranger et qui bénéficie de
certaines allocations. Il y a allocations de frais de services à
l'étranger, première sorte d'allocations, allocations de
séjour, allocations de coût de vie attachées à un
indice qui varie basé à Ottawa, selon les villes, par exemple,
dans les différentes parties du monde, une allocation de logement
basée principalement sur le nombre de dépendants on
n'inclut pas, là-dedans, des allocations qui peuvent être
remboursées sur présentation de pièces justificatives
comme réceptions, etc. C'est ce qui est strictement rattaché et
obligatoire de payer lorsqu'on affecte quelqu'un à l'étranger.
Pour cette personne qui gagne environ $31 000 on arrive à un montant
total d'environ $50 000, si on inclut toutes les allocations dont je vous ai
parlé, ce qui veut dire qu'on passe de $31 000 à $50 000 pour le
coût total.
À peu près 60%, on peut dire, du salaire offert ici
correspondent à des allocations et autres versements à
l'étranger. J'ai pris l'exemple de quelqu'un qui serait marié
avec deux enfants et tous les coûts inhérents à son
affectation.
M. Raynauld: M. le Président, tout cela, c'est dans un
régime inscrit dans une réglementation.
M. Morin (Louis-Hébert): Ici, c'est un arrêté
en conseil on va vous le donner qui approuve ce règlement
qui contient différentes conditions. On prévoit même
beaucoup de conditions, c'est presque une convention collective pour notre
personnel à l'étranger, dans le fond.
M. Russell: Est-ce que c'est pour le délégué
et tout les autres fonctionnaires?
M. Morin (Louis-Hébert): Pour tout le monde,
c'est-à-dire que tout le monde a droit à des allocations à
l'étranger. On vient de vous donner un exemple, cela équivaut
à peu près à 60% du salaire. Ce n'est pas de l'argent
qu'il met dans ses poches, je voudrais qu'on se comprenne.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Trois-Rivières.
M. Vaugeois: M. le Président, pour bien comprendre ce qui
vient d'être dit, il faut faire valoir un principe au départ. Le
principe des allocations, c'est pour corriger une différence entre la
valeur du salaire ici et la valeur du salaire à l'étranger. Par
hypothèse, on pourrait avoir quelqu'un qui irait à
l'étranger là où le coût de la vie est
inférieur à celui d'ici; il y avait alors des allocations qui ne
joueraient pas. Si le logement était possible à des conditions
exceptionnelles, ce qui ne se rencontre jamais, on pourrait annuler la plupart
des allocations qui viennent d'être soulignées. En
général, le principe, par exemple, de l'allocation du coût
de vie c'est de corriger la proportion du salaire qui est affectée par
le fait qu'on
vit à l'étranger. C'est un correctif qui est basé
sur un indice qui est fourni, d'ailleurs, à toutes les ambassades,
à tous les corps diplomatiques.
En gros, toutes ces allocations visent un objectif, c'est de laisser au
salaire du fonctionnaire sa valeur à l'étranger qu'il avait ici.
Les allocations jouent pour des fonctionnaires québécois qui sont
en poste à l'étranger mais ne jouent pas pour des recrutés
locaux. Quelqu'un qui est recruté localement ne reçoit pas
d'allocations.
M. Raynauld: J'apprécie la précision qui est
apportée, mais je crains que ce ne soit pas complet parce qu'en plus de
cela, et je voulais demander si c'était compris dans ces allocations, il
y a beaucoup de services en nature qui sont donnés aux gens qui sont
à l'étranger, des voitures, par exemple, des chauffeurs...
M. Morin (Louis-Hébert): Non.
M. Raynauld: ... des bonnes pour le logement. Est-ce qu'on
achète l'équipement pour les logements, dans l'allocation des
logements, est-ce qu'on achète aussi tous les services? Est-ce qu'on
fournit les choses aux gens en nature en plus de ces allocations?
M. Morin (Louis-Hébert): Dans le cas d'autres choses qui
pourraient s'ajouter à ce qu'on a dit, il y a uniquement le cas des
délégués généraux que le gouvernement du
Québec loge.
M. Vaugeois: II n'y a pas d'allocation de logement, à ce
moment.
M. Morin (Louis-Hébert): II n'y a pas d'allocation de
logement, à ce moment.
M. Vaugeois: Les voitures sont pour les
délégations, non pour les individus. Ce sont des voitures de
service. Une voiture, par exemple, à Paris, sert au courrier et au
messager et la voiture du délégué général,
en principe, est pour le délégué dans l'exercice de ses
fonctions.
M. Morin (Louis-Hébert): Ou pour des visiteurs qui peuvent
arriver à un moment donné. Si M. Raynauld, par exemple, se
présente là-bas, je suis certain qu'on lui offrira de lui donner
un coup de main avec l'auto de la délégation.
M. Vaugeois: J'ajouterais, pour être bien précis,
que M. Deschamps, à Bruxelles, et M. Chapdelaine, à Paris,
avaient leur voiture personnelle et utilisaient leur voiture personnelle pour
leurs déplacements personnels.
Le Président (M. Marcoux): M. le député
d'Anjou... Vous n'avez pas fini?
M. Raynauld: Je n'ai pas terminé. C'est toujours sur le
même sujet.
Le Président (M. Marcoux): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: II y a 157 personnes à l'étranger
à l'heure actuelle, avez-vous dit, d'après le tableau que j'ai
ici.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas sûr. Il y a
101 permanents, c'est-à-dire Québécois et 57 ou 56
personnes recrutées localement.
M. Raynauld: Au total avec les autres ministères, il y en
a 205, cela j'en suis sûr. Ensuite, je n'ai pas fait l'addition. Enfin,
il y en a un certain nombre. Est-ce qu'on pourrait avoir le coût moyen
total, tout compris, y compris le logement et tout cela, par personne, le
coût moyen, pour les gens qu'on a à l'étranger? C'est quoi,
le coût moyen d'un poste à l'étranger?
M. Morin (Louis-Hébert): Si vous avez là-dedans les
employés locaux qui eux n'ont rien...
M. Raynauld: Non, j'exclus les employés locaux, seulement
nos gens, les fonctionnaires du gouvernement du Québec à
l'étranger. Est-ce qu'il y a eu déjà des calculs de faits
sur ce genre de chose?
M. Morin (Louis-Hébert): Nous n'avons pas fait le calcul
parce qu'il nous a semblé, étant donné la diversité
des fonctions, donc de rémunération et de tout ce qui accompagne
au fond l'exercice de la fonction, qu'une telle moyenne, comme le sait
très bien M. Raynauld, n'est pas tellement significative parce qu'il y a
des distances tellement considérables entre les deux extrêmes que
la moyenne ou médiane ne coïncide avec à peu près
rien dans l'ensemble. On n'a pas calculé une telle moyenne pour des
raisons purement techniques.
M. Raynauld: Avec la longue expérience que vous avez,
pourriez-vous suggérer une méthode qui pourrait donner une
idée de ce que coûte un poste qu'on crée à
l'étranger? C'est cela que je veux savoir au fond.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela coûte assez cher qu'on
y pense avant d'en créer. Cependant, ce dont nous faisons état en
ce qui concerne le Québec est exactement ce qui prévaut aussi
pour les autres gouvernements, que ce soit celui d'autres provinces ou celui du
Canada.
M. Raynauld: Je suis au courant de cela, c'est bien sûr.
C'est justement cela qui m'inquiète. Est-ce qu'il y a, par exemple, des
allocations spéciales pour l'éducation des enfants, leurs
déplacements, les changements d'école en cours d'année,
etc.? Il y a des gens à l'étranger qui passent leur temps
à changer d'école, trois fois par année, par enfant. Quand
ils en ont quatre et que c'est toujours payé par le gouvernement...
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas notre cas.
M. Raynauld: II n'y a pas tant d'enfants que cela.
M. Morin (Louis-Hébert): II n'y a pas tant de changements
dans les écoles.
M. Raynauld: Je voulais savoir, on n'avait pas parlé de
cela, s'il y avait des allocations. Est-ce que c'est compris dans les...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est une pratique du cas par
cas, bien que l'arrêté en conseil actuel prévoie que nous
pouvons payer les frais de scolarité jusqu'au niveau, si vous voulez, du
cégep pour quelqu'un qui est à l'étranger et qui doit
payer, parce que si la personne l'envoie dans le secteur public à
l'étranger, on ne doit pas payer. Comme on rembourse uniquement sur
présentation de pièces justificatives, pour un maximum
prévu pour chaque enfant, il y a, évidemment, cette limite, et
aussi la restriction que cela prend une pièce justificative
précisant que cela a coûté tant.
M. Raynauld: Vous avez des allocations spéciales et des
congés spéciaux pour l'acquisition de la langue? Quand, par
exemple, un type s'en va en Allemagne, vous lui donnez un congé d'un an
pour apprendre l'allemand avant de travailler?
M. Morin (Louis-Hébert): Non. M. Raynauld: J'ai vu
cela aussi.
M. Morin (Louis-Hébert): Au fédéral,
peut-être. Tout cela est intégré au programme de
perfectionnement régulier du ministère lorsque quelqu'un doit
suivre un cours particulier en prévision d'une affectation. Là,
on paiera le cours. Il n'a pas un an de congé. C'est arrivé
à Ottawa?
M. Raynauld: Tout arrive et cela va arriver ici aussi, ne vous
inquiétez pas.
M. Morin (Louis-Hébert): Avec l'excellent gouvernement
qu'on représente, il n'y a pas de danger.
M. Vaugeois: M. le Président, puisque cela
intéresse le député d'Outremont, je proposerais qu'on
dépose le cahier des normes qui affectent les fonctionnaires en poste
à l'étranger.
M. Raynauld: C'est cela qu'on va faire; cela a été
annoncé.
M. Vaugeois: II y a plus que les arrêtés
ministériels. Tout cela est contenu dans un cahier et, quand un
fonctionnaire se voit proposer un poste à l'étranger, il peut
prendre connaissance de toutes les dispositions qui l'attendent.
M. Raynauld: Cela va sur ce sujet.
Le Président (M. Marcoux): M. le député
d'Anjou.
M. Johnson: Puisqu'on a des responsables de l'administration avec
nous, au sujet des relations internationales, je voudrais poser une question au
sujet du per diem de ceux qui voyagent à l'étranger pour le
gouvernement du Québec, que ce soient des parlementaires ou des
fonctionnaires. Il semblerait je prends bien soin de dire qu'il
semblerait que des gens qui voyagent au nom du gouvernement du
Québec se voient accorder un per diem qui varie selon l'endroit
où ils vont. Il peut varier, si je comprends bien, entre $75 et $130?
Mais il semblerait que, dans certains cas, ces mêmes personnes, qui sont
ou des parlementaires ou des fonctionnaires, sont reçues toutes
dépenses payées par le gouvernement qui est hôte de ces
personnes, avec le résultat que les fonctionnaires ou les membres de
l'Assemblée nationale qui voyagent au nom du gouvernement reviennent
avec en poche ce que je pourrais me permettre d'appeler en termes
économiques, pour le député d'Outremont, un profit
net.
M. Raynauld: C'est une rente.
M. Johnson: Maintenant, je comprends, d'autre part,
qu'évidemment on ne peut pas dans toutes les circonstances planifier
exactement ce qui fera l'objet de déboursés personnels pour
quelqu'un qui est en mission pour le Québec. Il est possible, par
exemple, qu'un parlementaire ou un fonctionnaire se rende à
l'étranger. En principe, il est invité par le pays, la province
ou l'État qui est hôte de cette personne. Il peut arriver que la
personne soit quand même obligée de payer ses propres frais de
déplacement dans certains cas, des taxis, des repas et des choses comme
cela. Il ne faudrait pas, non plus, devenir tracassier. Cependant, pour un
parlementaire ou un fonctionnaire qui s'en va dans un pays africain, par
exemple, qui obtient un per diem de $130 par jour et qui n'a pas eu à
verser un seul sou de sa poche pour tous ses déplacements ou ses repas,
si de telles situations effectivement se présentaient, je me demande
s'il ne faudrait pas les corriger. Mais, encore une fois, il s'agit
d'hypothèses.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, c'est cela que je veux
relever; il y a des hypothèses là-dedans. Je vais vous donner la
règle générale. Un fonctionnaire qui va en mission
à l'étranger, dans un des voyages qu'on peut faire pour quelques
jours, reçoit un per diem de $50 ou de $65, selon les circonstances,
avec la possibilité, dans certains cas qu'on examine, d'accorder
davantage. D'ailleurs, vous n'arrivez pas à l'étranger avec $50,
je pense que c'est clair, mais il y a des cas où on accordera plus que
cela. Mais $130, on ne sait pas à quoi cela rime.
M. Johnson: Pas aux Affaires intergouvernementales. D'accord.
M. Morin (Louis-Hébert): J'ajouterais un détail.
Quand cela dépasse cette norme, c'est sur pièces justificatives.
Entre autres, la grande variable, c'est le coût de l'hôtel.
À certains endroits, cela mange presque le per diem, l'hôtel
seul.
Maintenant, pour les ministres, ce n'est pas
malin, c'est $100 par jour et cela comprend tout, c'est-à-dire la
chambre, les repas. Il y a une chose que cela peut ne pas comprendre: si,
à un moment donné, on est obligé de recevoir à
dîner dix personnes dans un restaurant où cela coûte cher,
là il peut y avoir, à ce moment, une dérogation, mais
c'est $100. Cependant, la règle qu'on suit maintenant et je l'ai
appliquée à moi-même et à l'adjoint parlementaire
quand nous sommes invités par un gouvernement étranger qui
paie notre séjour cela m'est arrivé quand j'ai
été invité par le gouvernement français en
principe, d'après la réglementation, j'aurais eu droit à
avoir pendant six jours, soit la période du séjour en France,
$100 par jour, en même temps que le gouvernement français m'aurait
payé mon séjour. Ce que j'ai fait, c'est que, pour les
journées où le gouvernement français a payé mon
séjour, j'ai déduit $100 de l'allocation à laquelle
j'aurais eu droit. Dorénavant, il sera impossible cela s'est
déjà produit dans le passé pour un ministre
à la fois de réclamer son per diem ici et de recevoir le logement
et les repas gratuitement pendant son voyage à l'étranger, parce
qu'il est invité officiellement du gouvernement.
M. Johnson: D'accord. Cela répond à ma question de
façon très claire.
M. Russell: M. le Président, en voyageant un peu, on
pourrait peut-être s'arrêter à Paris pour savoir ce que font
66 fonctionnaires à cette délégation.
M. Johnson: Ils travaillent.
M. Russell: À quoi? Est-ce pour remplir les deux
bâtisses que le gouvernement du Québec possède à
Paris?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est une question classique.
Qu'est-ce que fait tout le monde à l'étranger? Remarquez que je
me la suis posée moi-même en arrivant. On peut vous donner le
détail des fonctions.
M. Vaugeois: M. le Président, si vous me permettez, tout
cela va se clarifier passablement quand on va arriver au programme de
coopération parce que la plupart de ces gens travaillent sur des
dossiers de coopération. Quand vous verrez les budgets de
coopération, vous imaginerez le volume des opérations. Je pense
que la principale activité de ces fonctionnaires est d'être
impliqués dans les échanges concernés par les programmes
de coopération.
Le Président (M. Marcoux): Je suggérerais
peut-être de répondre aux questions immédiatement et on
adoptera en bloc le programme par la suite. Allez-y.
M. Morin (Louis-Hébert): Y a-t-il quelqu'un qui peut
donner la répartition des fonctions à Paris, pour prendre un
exemple?
M. Vaugeois: C'est simple. Il y a le ministère du
Tourisme, le ministère de l'Immigration et le ministère de
l'Industrie et du Commerce qui sont représentés, mais qui ne sont
pas directement touchés par les programmes de coopération, sauf
celui de l'Industrie et du Commerce par le programme ACTIM. Les autres
ministères, comme les Affaires culturelles et l'Éducation, sont
directement concernés par les programmes de coopération.
Actuellement, c'est leur travail.
M. Morin (Louis-Hébert): Et dans ce monde, vous avez
beaucoup de secrétaires et de personnel de soutien.
M. Vaugeois: On peut ajouter à cela que les effectifs de
Paris ont été réduits ces dernières années.
Ils ont déjà été de l'ordre de 80 et ils ont
été réduits progressivement au moment, entre autres,
où on a fait le regroupement des services sur Pergolèse. On
avait, au moment du regroupement, quatre endroits où il y avait des
fonctionnaires de la délégation, entre autres, Barbet-de-Jouy et
deux postes sur Aubert. Aubert a été fermé, Barbet-de-Jouy
a été fermé et tout le monde a été
regroupé sur Pergolèse, ce qui a permis des économies de
personnel, entre autres, à la réception, etc.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est un des rares cas
d'économie gouvernementale. Je suis toujours méfiant quand
j'entends les gouvernements qui disent qu'ils vont économiser, mais cela
a l'air que cela a été vrai dans ce cas-là. Ce n'est pas
nous autres, cela, c'est avant qu'on arrive. Êtes-vous contents que je le
dise?
M. Raynauld: Est-ce qu'il y a des analyses de faites de rendement
de ces activités à l'étranger?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est une question que je me suis
posée: Quelle est la rentabilité du monde qui est là?
L'idée générale sous-jacente à la question
n'étant pas, j'espère, qu'on est mieux de n'avoir personne.
M. Raynauld: Non, mais...
M. Morin (Louis-Hébert): Je veux qu'on s'entende.
M. Raynauld: ...je ne veux pas non plus me limiter à
savoir si les gens travaillent huit heures par jour ou cinq heures, ce n'est
pas la question. Qu'est-ce qu'on retire de ce genre d'activités à
l'étranger et est-ce qu'on a essayé d'évaluer cela, est-ce
qu'on a essayé de trouver des normes ou des critères?
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais prendre le cas de Paris.
Dans le cas de la plupart des gens qu'on vient de mentionner, ils ont des
fonctions reliées au programme de coopération,
c'est-à-dire à des échanges de monde; il y a des centaines
de personnes qui vont et qui viennent en vertu de programmes d'échanges
avec la France. Donc,
leur fonction est facilement identifiable, ils s'occupent de
l'administration de ces programmes d'échanges. Leur rentabilité
à eux est exactement la même que celle d'un fonctionnaire à
Québec qui fait fonctionner les programmes d'échanges. Cela
couvre le monde des Affaires culturelles, le monde de l'Éducation, une
partie du monde de l'Industrie et du Commerce.
Quant aux autres, je vais prendre un cas typique. Cette question a
été posée il y a plusieurs années: Qu'est-ce que
donne la présence, quelque part, d'un conseiller économique,
quelqu'un qui essaie de trouver des investissements pour le Québec ou
des programmes de coopération technique pour le Québec? Il n'y a
pas de réponse satisfaisante à cette question en ce sens qu'on
peut dire: Monsieur coûte $30 000 ou $50 000 par année, il
rapporte tant de milliers de dollars. Il n'y a pas de réponse
satisfaisante pas plus qu'il y en aurait là, je m'excuse de
prendre un exemple terre-à-terre si on essayait d'évaluer
la rentabilité d'une annonce de Coca-Cola, par exemple, qui est quelque
part dans une ville sous la forme d'un grand placard. Une chose est certaine,
s'il n'y avait pas d'annonce de Coca-Cola, il n'y aurait pas de Coca-Cola qui
se vendrait.
Maintenant, quelle est la rentabilité de cette annonce
précise à un endroit donné? Personne ne le sait. De la
même façon, si on n'avait personne à l'étranger, on
sait qu'il y a des choses qui n'arriveraient pas, on sait qu'il y aurait des
contacts qui ne se feraient pas, mais le fait d'en avoir permet ces contacts.
Mais quel fonctionnaire, en particulier, a réussi quoi, en particulier?
Ce sont des opérations de longue haleine auxquelles ils travaillent de
leur mieux et pour lesquelles il est difficile d'établir leur
rentabilité précise.
Une voix: II suffit d'ajouter un élément.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, M. Tremblay va ajouter un
élément.
Avec votre permission, M. le Président, j'ajouterais un
élément qui est de l'ordre de la méthode pour
répondre à cette question. Par exemple, un ministre, un
représentant québécois s'en va à Paris et vise
à engager des conversations destinées à aboutir à
tel résultat avec des interlocuteurs valables.
On a fait un effort considérable, depuis un certain temps, pour
tenter de rentabiliser des opérations de ce type, à la fois au
stade de la préparation de la visite, de façon que le programme
soit structuré et ne s'improvise pas sur place et, s'il ne s'improvise
pas sur place, c'est précisément à cause de la
présence des fonctionnaires dans les délégations.
Quelle est la rentabilité de cette amélioration de la
méthode? Évidemment, tout va dépendre en fin de course des
contenus des conversations qui auront lieu entre les interlocuteurs qui ont
été identifiés et les suites qui seront données. On
a également, dans cette partie d'opérations de ce genre,
veillé à ce que les suites à donner soient effectivement
données lorsqu'il s'en dégage. Mais il y a un
élément d'incertitude là-dedans; cela n'aboutit pas
toujours une conversation de ce genre. Cela prend le même effort que pour
une conversation qui aboutit véritablement. Je pense qu'il y a un
élément de rentabilité qui ne se mesure pas mais qu'on
peut évaluer intuitivement par la qualité de la méthode
qu'on a suivie pour que cela donne des résultats. Les résultats
sont ensuite difficiles à chiffrer cependant.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Trois-Rivières.
M. Vaugeois: M. le Président, j'aime ce genre de question
du député d'Outremont; j'aime mieux quand il tient ce langage que
quand il nous dit qu'on ne peut pas changer de constitution à moins
d'être des citoyens esclaves ou des gens qui n'ont pas de libertés
démocratiques, d'aucune sorte, mais pour expliciter un petit peu une
réponse qui vient d'être élaborée. Cela touche
surtout des programmes de coopération pour un domaine qui vous
intéresse particulièrement. Je vais vous donner les trois volets
de l'action par exemple des gens de l'Industrie et du Commerce.
Il va de soi que, pour le Tourisme, on n'a pas besoin de s'expliquer,
pour l'immigration non plus. Pour l'Industrie et Commerce il y a toujours la
recherche d'investissements. Il faut dire que, quand le bureau de Milan en cinq
ans réussit un bon coup, moi j'ai toujours pensé qu'ils payaient
alors le bureau de Milan pour une dizaine d'années. Chacun de nos
bureaux à l'étranger, de temps en temps, réussit comme
cela un bon coup, qu'on peut vérifier.
Outre la recherche d'investissements, il y a un aspect qu'on a
cherché à développer ces dernières années,
c'est la promotion des produits québécois. J'en profiterai pour
faire remarquer au député d'Outremont que ce n'est pas
d'hier.
Dans son intervention d'hier, il signalait que depuis 1960 on avait
commencé à être présent au monde. Le Québec,
depuis près de 100 ans, entretient des bureaux à
l'étranger. Quand on se réfère seulement à l'action
des délégations qu'on a eues à Londres ou à Paris
ou à New York. À Londres et à Paris au début du
siècle, ces bureaux faisaient déjà la promotion des
produits québécois. Maintenant ils mènent des actions de
coopération qui ont des retombées j'allais dire inattendues, mais
qui rentrent dans les objectifs des programmes. Une présence en Afrique
francophone, dans un secteur donné, peut à un certain moment nous
permettre d'identifier des contrats que les organismes internationaux
pourvoient dans ces pays. Depuis quinze ans, nous avons par nos programmes de
coopération favorisé la présence d'entreprises
québécoises dans des programmes de développement
internationaux financés par des organismes mondiaux, sans compter des
programmes de l'ACDI.
Je pense que c'est par le biais de notre présence dans des
organismes comme l'Agence de coopération culturelle et technique, dans
des organismes comme l'AUPELF et quelques autres, par la présence de nos
coopérants dans toutes sortes de programmes d'échanges que nous
en
arrivons à identifier les interventions possibles pour nos
entreprises. En bref, donc, il y a la recherche d'investissements, il y a la
promotion de nos produits, il y a aussi la possibilité d'aller chercher
des contrats nombreux. Il faut souligner là-dessus que les programmes
d'aide au développement sont de plus en plus importants et
véhiculent des sommes d'argent considérables.
Ce seul aspect nous justifierait d'être extrêmement
présent à l'étranger pour permettre à nos firmes
d'être preneurs dans ces contrats; d'autant plus que nous arrivons avec
des compétences indéniables et une dimension culturelle qui fait
que nous avons accès à certaines parties du monde plus facilement
que d'autres, comme nord-américains.
M. Russell: Dans un domaine économique, j'ai eu l'occasion
de fréquenter certaines délégations dans le passé
par le fait que j'ai voyagé un peu en Europe. J'ai été
bien déçu de connaître le peu d'information que ces agents
industriels avaient, de voir de quelle façon on s'orientait. J'ai
toujours pensé qu'il y avait peut-être une meilleure façon
d'orienter nos délégations économiques à
l'étranger.
D'abord, il faudrait qu'ils connaissent exactement ce dont a besoin le
Québec économiquement pour voir où l'on pourrait trouver
des gens intéressés à venir s'implanter au Québec
et travailler sur quelque chose de concret, plutôt que de rester vagues
et si, parfois, il y en avait d'intéressés, de leur indiquer le
peu qu'on pourrait leur offrir... C'est un peu cette façon vague de
travailler que je n'ai jamais appréciée de la part de ces
délégués.
Il y a deux choses qui arrivent: soit que ces gens ne reçoivent
pas de directives précises ou qu'ils ne comprennent pas le rôle
qu'ils doivent remplir à l'étranger. Je déplore ceci non
pas seulement pour les délégations en Europe. J'ai fait
déjà ces mêmes remarques pour des délégations
en Amérique du Nord, à New York, par exemple. Il y a eu certains
changements qui ne m'avaient pas tellement impressionné à un
moment donné. Malgré les remarques de certains
intéressés dans l'administration, il ne semble pas y avoir eu
tellement de changements dans les directives données à ces
délégations économiques. Je pense qu'à ce point de
vue on manque le bateau de beaucoup.
Je fais une proposition au ministre actuel, à savoir s'il y
aurait moyen de s'entendre avec son collègue de l'Industrie et du
Commerce peut-être que lui connaît les besoins du
Québec; sinon, il les connaîtra bientôt pour voir
à trouver des gens, soit en Amérique du Nord ou en Europe, qui
pourraient être intéressés à venir s'implanter ici
pour développer notre domaine industriel ou notre domaine
économique de façon plus rentable qu'actuellement.
M. Morin (Louis-Hébert): Pour terminer cela, je vais juste
dire un mot. Je prends en note vos suggestions intéressantes. On vient
de m'informer que le ministère de l'Industrie et du Commerce a mis sur
pied un programme de formation pour nos représentants à
l'étranger, les conseillers économiques, qui va justement viser
à atteindre cet objectif que vous mentionnez et qui est
nécessaire.
M. Vaugeois: M. le Président, je ne peux pas
m'empêcher d'ajouter un commentaire. La question du député
est nettement liée à ce que vient de dire M. le ministre au
niveau du programme de formation, qui se greffe à un plan de
carrière possible pour les gens qui vont à l'étranger. Je
pense que les nominations actuelles à l'étranger, que le ministre
a indiquées, touchent des gens de carrière qui ont
l'expérience de l'étranger. Quand on recommence en neuf avec
chaque nomination, vous comprendrez qu'il n'y a pas de continuité et que
le ministère de l'Industrie et du Commerce, malgré la meilleure
bonne volonté, ne peut pas faire de miracles.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Sherbrooke.
M. Gosselin: M. le Président, une réflexion
générale peut-être sur les organismes volontaires de
coopération internationale et les rapports qu'ils peuvent entretenir
avec le gouvernement du Québec, simplement pour signaler que les
organismes volontaires de coopération internationale assurent une large
part de la présence du Québec à l'étranger.
J'ignore si cette part a été évaluée, mais on sait
très bien la part des coopérants francophones du SUCO du
Québec dans un certain nombre de pays d'Afrique qui sont sûrement,
pour notre gouvernement, des voies d'entrées et des messagers
également de notre gouvernement pour la connaissance du Québec
par l'étranger.
Le même chose pour OXFAM. La même chose également
pour l'Association québécoise des Nations Unies.
À cet égard, je voudrais signaler qu'un certain nombre
d'associations pancanadiennes de coopération internationale ont
innové très radicalement ces dernières années
c'est un peu l'esquisse de l'avenir des relations internationales entre
le Québec et l'étranger qui se dessine à travers cela
en se dissociant ou en se créant des entités
québécoises, comme quoi la coopération internationale vue
du Québec et vue par les organismes canadiens a des connotations
très particulières. Le Québec désire
déjà, par le biais de ces organismes volontaires, jouer un
rôle spécifique, précis et très original dans le
champ de la coopération internationale.
Je veux citer l'exemple, notamment, d'OXFAM qu'on connaissait auparavant
sous le sigle OXFAM Canada et qui, depuis deux ans, s'est identifiée
comme OXFAM Québec et le cas de l'Association canadienne pour les
Nations Unies qui est devenue l'Association québécoise pour les
Nations Unies, qui participent à un certain nombre d'activités
internationales et qui sont des réalités
québécoises dans le domaine de la coopération
internationale ayant un statut d'organisation dans un pays quasi
indépendant.
À cet égard, je suis au courant qu'un regroupement
d'associations de coopération internatio-
nale a présenté au ministère un mémoire
quant à l'état souhaité des relations entre les organismes
volontaires de coopération internationale et le ministère des
Affaires intergouvernementales. J'aimerais savoir si le ministre a reçu
ce mémoire et quelles sont les intentions du gouvernement du
Québec en regard des recommandations qui sont faites dans ce
mémoire.
M. Morin (Louis-Hébert): Pour répondre à M.
Gosselin, je pense, effectivement, avoir reçu ce mémoire.
Le Président (M. Marcoux): II faut dire le
député de Sherbrooke.
M. Morin (Louis-Hébert): Je trouve cela ridicule, ces
règlements. Je le connais et il s'appelle... Je vois cela en Chambre, on
s'appelle M. le député de ceci ou de cela; je ne sais pas qui est
député de quoi. J'ai de la difficulté à savoir
à qui je parle. M. le député de Sherbrooke, je ne sais pas
qui a inventé cela, mais je ne comprends pas.
Le Président (M. Marcoux): C'est traditionnel. C'est le
parlementarisme. Cela existe depuis quelques siècles.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, bon c'est cela.
M. Russell: C'est au programme de la réforme
parlementaire.
M. Morin (Louis-Hébert): Bon, alors, je l'applique tout de
suite, la réforme. Donc, M. Gosselin nous parle d'un mémoire que
j'ai effectivement reçu la semaine dernière. C'est
préparé par un groupe d'associations? C'est cela. Je n'ai pas
encore eu le temps de l'examiner comme il convient. J'ai trouvé qu'il
était substantiel. Je l'ai reçu vendredi, je pense, il y a
très peu de jours. Je le regarderai avec intérêt.
Deuxièmement, je veux signaler aussi que ce que vous avez
mentionné concernant les associations privées est tout à
fait exact. Au niveau gouvernemental, on a tendance à oublier parfois
l'apport de ces groupes.
M. Gosselin: Je tiens à signaler que, de ce
côté, le mouvement coopératif africain et tout un ensemble
d'initiatives dans nombre de pays africains ont beaucoup été
inspirés par les expertises, par les liens de collaboration qui se sont
établis entre Québec, des stagiaires francophones, souvent par le
biais d'organismes volontaires et par le biais de certains plans de
coopération également entre nos gouvernements au niveau de la
formation des étudiants et autres. Donc, le Québec a
déjà joué un rôle international relativement
avancé précisément sur la question de la
coopération.
M. Morin (Louis-Hébert): D'accord, merci.
M. Levesque (Bonaventure): Je voudrais poser une question
à M. Morin.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, je suis d'accord.
M. Levesque (Bonaventure): Je ne voudrais pas que ma question
s'adresse au ministre de l'Éducation. Je parle de M. Morin,
Louis-Hébert.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela.
M. Levesque (Bonaventure): Ministre des Affaires
intergouvernementales. Est-ce que le ministre pourrait nous indiquer le sort
réservé au projet de loi que j'avais eu l'honneur de
déposer relativement aux privilèges et indemnités
diplomatiques?
M. Morin (Louis-Hébert): Dès que je suis
arrivé au ministère, c'était un des projets qui
étaient en suspens dont on m'a parlé. On m'en a parlé au
tout début, je pense que c'était au mois de décembre et
quasiment la première semaine, et, à ce moment-là,
j'étais un peu beaucoup débordé. Je l'ai vu, je l'ai
gardé en dossier, je ne l'ai pas annoncé comme devant être
déposé cette année, on en a parlé lorsqu'on
fabriquait le discours inaugural. Il est possible qu'il soit
déposé cette année, mais je veux le reprendre, je veux le
regarder. Il est bien possible que ce soit votre texte de loi qu'on utilise
comme tel, mais je ne voudrais pas aller plus loin que cela, je ne l'ai pas
repris depuis deux ou trois mois.
M. Levesque (Bonaventure): Comme on parle en même temps de
relations internationales et de coopération internationale, dans ce
dernier domaine, est-ce que le ministre pourrait nous indiquer si les ententes
et les pourparlers, du moins, que nous avions eus avec l'Iran ont porté
fruit?
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais demander à M.
Michailides qui s'apprête justement à repartir pour l'Iran d'en
parler.
Au sujet de l'Iran, vous savez très bien qu'il y a eu un
protocole d'accord signé entre M. Bourassa et M. Hoveyda, le 29 octobre
1975, M. Rivest était du voyage, d'ailleurs.
Il ne manque pas un voyage.
M. Levesque (Bonaventure): Si on veut parler de ceux qui
voyagent, on avait escamoté ce sujet.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a une chose que je dois
dire, étant donné que je suis le ministre des Affaires
intergouvernementales et que vous l'avez été vous-même, je
pense que tout le monde devrait reconnaître que c'est ma fonction,
à un moment donné et assez fréquemment, d'aller à
l'extérieur. Mais il y a une chose que je respecte comme règle de
vie, je pars souvent mais je ne m'absente jamais.
M. Levesque (Bonaventure): Lorsque j'avais évoqué
cela, je ne pensais pas au ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Vu que vous m'avez donné
l'occasion...
M. Raynauld: Cela coûte aussi cher.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, cela ne coûte pas
cher, vous seriez surpris de voir ce que cela coûte.
M. Raynauld: Etre en voyage et être toujours
présent.
M. Russell: Vous êtes les deux qui voyagez le plus.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, ce n'est pas une question de
quantité, c'est une question d'efficacité.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'on peut revenir à la
question?
M. Morin (Louis-Hébert): Certainement, monsieur.
M. Levesque (Bonaventure): Surtout la réponse.
M. Morin (Louis-Hébert): À la suite de ce
protocole, il y a eu au ministère des Affaires intergouvernementales
quelqu'un qui a été nommé coordonnateur
général des projets Iran-Québec, c'est le directeur
général des relations internationales qui s'adresse à
vous, et qui a travaillé en coopération avec le ministère
sectoriel impliqué, pour aboutir à la signature des contrats
relatifs aux projets sur lesquels les deux premiers ministres étaient
tombés d'accord en principe. Les résultats sont les suivants:
SOQUEM a signé un accord avec l'Iran, le Mining Fund of Iran, et il y a
quelqu'un de SOQUEM, un fonctionnaire qui se trouve là-bas, M. Fillion,
dans le cadre de l'accord.
L'Hydro-Québec a signé un accord de coopération
avec l'Iran qui devra être mis en oeuvre d'ici quelques mois. Le
ministère des Affaires sociales, en la personne du sous-ministre
adjoint, M. Fernand Hould, a signé aussi une entente avec le
ministère de la Santé en Iran. Il y aura une mission, d'ailleurs,
qui viendra ici dans le cadre de cet accord pour voir les modalités
d'une coopération dans le secteur médical.
Maintenant, quant aux gros projets, le projet des quinze unités
semi-mobiles qui s'élève à environ $38 millions est sur le
point d'aboutir. Le contrat va être présenté au Conseil des
ministres iraniens pour être approuvé. Suite à cela, il
sera signé. On s'attend que la signature ait lieu sous peu. Je ne peux
pas vous fixer de date parce que vous comprenez que les décisions
prennent du temps dans certains pays. Quant au projet de maisons
préfabriquées et de l'usine de maisons
préfabriquées, projet qui s'élève à $150
millions, le 2 juillet prochain nous poursuivons les négociations sur le
coût de ces unités de maisons préfabriquées et nous
espérons aboutir à un accord et à la signature d'un
contrat. Le contenu du contrat du point de vue technique est prêt, mais
il s'agit de s'entendre encore sur les coûts par mètre
carré. Il y a là-dessus une discussion qui est sur le point
d'aboutir. Un autre projet d'envergure...
M. Levesque (Bonaventure): Quelles sont les maisons
québécoises qui sont impliquées?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est la compagnie Ircobec, qui
est l'ancienne compagnie Sigesco qui, elle, mène, qui a la
maîtrise d'oeuvre et, à l'intérieur, il y a une
série de sous-traitants dans Canam, dans Supersteel, Cargyl et plusieurs
autres. Ce sont toutes des firmes québécoises. Enfin, il y a le
grand projet de l'école normale d'enseignement technique
supérieur. À la suite de plusieurs aventures, ce projet est
maintenant fermement, disons, confirmé par les Iraniens et c'est un
projet qui va s'élever à environ $30 millions, $35 millions,
alors que jadis on pensait que cela s'élèverait à $10
millions, $12 millions. Actuellement, nous sommes à la phase de
négocier les contrats pour les travaux préparatoires parce que
cela prend énormément d'argent pour faire ces travaux
préparatoires, en vue, finalement, d'une soumission et d'un contrat.
On peut dire que les rapports avec l'Iran ont été
fructueux, que plusieurs projets sont soit sur le point d'aboutir, soit en voie
d'aboutir, et que le ministère des Affaires intergouvernementales a
suivi l'affaire régulièrement en coopération avec tous les
autres ministères sectoriels et en coopération avec les
autorités iraniennes.
M. Russell: M. le Président, au point de vue de la
coopération, quelle est la politique du ministère au point de vue
des relations avec les gouvernements étrangers? Est-ce qu'on choisit la
forme de gouvernement, est-ce qu'on va conclure des ententes avec des
gouvernements socialistes, communistes, dictatoriaux, sans restriction, ou s'il
y a une certaine politique d'établie?
M. Morin (Louis-Hébert): Votre question est très
vaste. Actuellement, nous avons des ententes formelles avec le gouvernement de
la France, que vous connaissez. Nous avons divers autres projets, plusieurs en
Afrique, par exemple, via l'ACDI et quelques-uns strictement
québécois. Nous en avons aussi sous une forme juridique
différente avec la Grande-Bretagne des échanges de
même qu'avec des universités américaines. Nous n'avons pas
encore débordé tellement cet univers. Donc, la question que vous
avez mentionnée, faisant allusion aux pays dictatoriaux ou autres, ne
s'est pas en fait posée jusqu'à maintenant.
M. Russell: En somme, il n'y a pas eu de politique ferme
d'appliquée pour dire: À certain genre de gouvernement on ne
touchera pas, on est ouvert à toute possibilité de
coopération, indépendamment du genre de politique qui est
appliquée.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce qu'on regarde comme
critères, d'une part, c'est l'intérêt
québécois. D'autre part, nous tenons compte du fait que nous
sommes quand même malheureusement,
pour le moment encore, une province fédérée qui n'a
pas toutes les coudées franches qu'il lui serait utile d'avoir pour
établir les relations qu'elle souhaiterait avec certains pays. Donc, on
a une limitation de ce côté. Troisièmement, nous tenons
nécessairement compte de l'accueil sympathique ou non que certains
autres pays peuvent faire à des propositions que nous aurions à
leur formuler. C'est ce qui caractérise la première
démarche du gouvernement du Québec avant même
d'établir des contacts. Est-ce que le pays est sympathique? Est-ce qu'on
peut lui parler sans se faire tomber dessus? Est-ce qu'on est
intéressé?
Cela étant dit, pour le moment, on s'en est tenu aux pays que je
vous ai mentionnés, c'est-à-dire qu'on n'a pas, depuis
l'élection, établi de nouveaux programmes de coopération
avec des pays inédits. Nous sommes très ouverts de ce
côté et nous serions heureux, en principe, d'aller beaucoup plus
loin sur le plan des échanges que ce que nous avons maintenant. Il y a
là aussi des questions budgétaires qui entrent en ligne de
compte. C'est l'autre facteur, le quatrième, que je devrais
mentionner.
M. Russell: À Haïti, est-ce que le gouvernement a
l'intention de retirer sa délégation ou de l'augmenter?
M. Morin (Louis-Hébert): Je l'ai dit tantôt, nous
sommes en train de ce n'est pas nous qui avons établi une
délégation à Haïti, c'est le gouvernement
précédent réévaluer la dimension que devra
avoir la délégation là-bas et de repenser à sa
vocation.
M. Russell: En somme, le régime n'est pas un facteur
d'évaluation?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, vraiment pas dans ce cas.
Parce que peu importe le régime politique, il y a quand même des
êtres humains derrière, et il y a peut-être, par notre
présence, n'importe où, des services qu'on peut leur rendre. Il
ne faut pas oublier cela aussi.
Il ne faudrait pas punir les populations à cause des
régimes qu'elles ont.
M. Russell: Même si le gouvernement fédéral
était opposé à une certaine politique, est-ce que le
provincial déciderait quand même de faire de la coopération
avec certains pays?
M. Morin (Louis-Hébert): II n'est sûrement pas
opposé à Haïti puisqu'il...
M. Russell: Non, je parle en général.
M. Morin (Louis-Hébert): ...y a déjà une
ambassade là-bas.
M. Vaugeois: Celui de Pinochet, peut-être? M. Russell:
Pardon?
M. Vaugeois: Le régime de Pinochet au Chili,
peut-être?
M. Russell: II y en a quelques-uns. On arrive dans
différents pays où on a différentes politiques ou
nationalités. Je veux savoir dans quel domaine on peut se diriger et
quel en est le risque.
Une voix: Le Cambodge?
M. Vaugeois: II faut dire là-dessus que la plupart de nos
délégations à l'étranger ne sont pas reconnues par
les pays et on n'a pas à reconnaître, nous autres non plus, leurs
gouvernements. On va à l'étranger le plus souvent comme une
compagnie va à l'étranger, en ouvrant un bureau.
M. Morin (Louis-Hébert): Le cas ne s'est pas encore
présenté. Ce qui nous concerne en premier lieu, c'est
l'intérêt québécois, nos disponibilités
budgétaires et les possibilités qu'on a d'agir. Comme cela n'est
déjà pas facile dans le système actuel d'établir
des contacts avec l'étranger, on ne le fera pas exprès de choisir
des pays compliqués.
M. Russell: II n'y a pas de danger d'aller en Russie pour le
moment?
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas à cela que je
pensais. Trouvez-vous que c'est le pays le plus dictatorial ou si vous pensez
qu'il y en a d'autres?
M. Russell: Non, c'est parce qu'on a des
délégations au Japon, on en a partout dans les grands pays. La
Russie est un grand pays et peut-être qu'on aura une
délégation là-bas.
M. Morin (Louis-Hébert): On aurait peut-être
intérêt à en avoir une.
M. Russell: Oui.
M. Morin (Louis-Hébert): Je comprends! Bien sûr.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre pourrait me
dire s'il a entrepris des pourparlers avec le ministère des Travaux
publics relativement à des demandes que pourrait envisager le
ministère des Affaires intergouvernementales quant à ses
installations à l'étranger ou à l'extérieur?
M. Morin (Louis-Hébert): Réponse: Oui. Je vais vous
dire ce qui en est carrément. On n'a pas besoin, dans ces cas-là,
de se faire d'histoires. Le problème des hommes politiques, c'est qu'ils
ne disent pas toujours ce qu'ils pensent. Alors, je vais le dire. On a un cas
précis; cela concerne l'établissement de notre
délégué général à Paris. On doit
changer, actuellement, le logement du délégué
général, parce que celui que nous avons maintenant à Paris
n'est pas fonctionnel compte tenu de la famille du
délégué, et de la localisation du lo-
gement dans la ville de Paris. Donc, on cherche un autre logement.
La question s'est posée: Est-ce qu'on loue un logement ou si on
achète un immeuble, comme cela a été fait par votre
gouvernement pour Bruxelles et comme cela a été fait aussi pour
Londres par l'autre gouvernement précédent, le gouvernement
libéral en 1965, je pense, ou aux environs? Voilà donc que le
problème se pose: Est-ce qu'on achète un immeuble ou si on loue?
Quand on veut louer à Paris, il arrive ceci. C'est une ville où
les appartements bien placés et bien organisés sont
recherchés.
Recherchés par qui? Très souvent par un certain groupe de
millionnaires internationaux, nouveaux millionnaires ou anciens millionnaires,
enfin des gens très riches qui se font des pied-à-terre et qui
n'hésitent pas à payer des milliers de dollars par mois pour
avoir des logements bien situés. Nous, lorsque nous voulons un logement
pour un représentant officiel d'un gouvernement, on est quasiment
obligé d'être en concurrence avec des gens qui ont beaucoup plus
d'argent que nous, qui sont prêts à payer n'importe quel prix, de
telle sorte que le prix des logements à Paris est extraordinairement
élevé pour le genre d'établissement que nous souhaiterions
avoir.
Ainsi, par exemple, celui de M. Cloutier coûtait un peu plus que
$3000 par mois pour le loyer direct, en plus d'autres dépenses. Alors,
à cause de cette dépense qui équivaut à peu
près à $40 000 par année, la question se pose: ils n'ont
pas construit parce que c'est difficile, mais est-ce qu'on n'est pas mieux
d'acheter un immeuble, ou d'acheter un appartement? Là il y a des
propositions qu'on a regardées, qui ont été faites, $800
000 a été le prix qui nous a été mentionné
pour acheter un immeuble, le plus bas prix. Il y en a de bien plus cher que
cela, je n'ai pas besoin de vous le dire.
Techniquement et économiquement, c'est ce qu'il faudrait faire,
parce que le logement va augmenter de prix. À Bruxelles, vous avez
payé, l'ancien gouvernement, $600 000, et la maison, l'immeuble vaut
maintenant $900 000. Ce qui veut dire que c'est avantageux. À Londres,
le même phénomène s'est produit, je n'ai pas les chiffres,
c'était $300 000 ou $400 000, maintenant c'est beaucoup plus que
cela.
Donc, est-ce qu'on doit acheter à Paris pour loger le
délégué général ou bien si on va prendre un
loyer ordinaire? Techniquement et économiquement, ce serait une
opération avantageuse. Sur le plan politique, là je le dis devant
vous autres, je me vois mal, moi, aller proposer $800 000 ou $1 million pour
acheter un logement ou une maison à Paris, dans les circonstances
actuelles. En conséquence de quoi, on va être obligé de
décider de louer simplement, parce qu'il y a des difficultés qui
ne sont pas du tout techniques ni économiques. On pourrait le payer, ce
n'est quand même pas la fin du monde, ce serait avantageux, on pourrait
le revendre éventuellement si, selon les souhaits implicites de M.
Raynauld, on fermait tout cela. Là, je suis méchant, je m'amuse
un peu à la fin de cette matinée.
Vous faites de l'argent, donc, en le revendant. Conséquence de
tout cela, on va relouer à Paris et on n'aura pas d'immeuble qui va nous
appartenir, ce qui est dommage, dans un sens, parce que cela aurait
été réglé une fois pour toutes, qu'est-ce que vous
voulez.
Alors, vous m'avez posé la question, je vous donne toute la
réponse.
M. Levesque (Bonaventure): Et c'est le seul cas?
M. Morin (Louis-Hébert): Actuellement, oui. Je pense que
oui. Oui, oui, c'est le seul cas.
M. Raynauld: À l'heure actuelle, pour vous rassurer, M. le
ministre, vous pourriez calculer le taux de rendement que cela vous
représenterait. Même à $40 000, cela représente un
rendement de 5% sur un investissement de $800 000. Il n'y a pas beaucoup
d'hésitation sur le choix. Vous êtes bien mieux avec un loyer,
même à $40 000.
M. Morin (Louis-Hébert): On a calculé tout
cela.
M. Raynauld: Après cela il y a la question de
l'appréciation de l'immeuble, il y a un risque là-dedans. Vous
supposez que c'est sûr que cela va monter, c'est peut-être un bon
jugement à faire, mais sur le plan actuel, si vous avez à choisir
entre $40 000 et $800 000, à mon avis c'est une décision presque
de type individuel. Vous loueriez, vous, dans des conditions comme cela, si
vous aviez ce choix?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est parce que je vous ai
parlé du coût direct du logement. Il y a aussi toutes sortes de
frais indirects qui équivalent à 50% ou 60% de ce montant, mais
c'est beaucoup plus cher.
M. Vaugeois: II faudra faire cette suggestion au gouvernement
fédéral, qui a l'habitude d'acheter.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a un problème de ce
côté.
M. Russell: M. le Président, la question de Paris a
été étudiée, j'ai vécu ce passage. Je pense
qu'avoir notre propre bâtisse bien organisée là-bas ce
n'est pas une mauvaise chose. Quand on est rendu à avoir quelque 60
employés dans cette ville on a une délégation qui
coûte les yeux de la tête.
M. Morin (Louis-Hébert): On ne parle pas de la
délégation, mais de la résidence...
M. Russell: Un instant, le tout pourrait être
réglé ensemble. Je pense qu'on ferait une économie. Si le
gouvernement ne veut pas investir là-bas il n'a qu'à faire comme
dans bien d'autres cas, avoir une bonne construction qui se tient, qui est
fonctionnelle et donner un bail de 10 ou 20 ans et le louer. Ce sera beaucoup
plus économique que ce que l'on fait présentement.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est finalement ce que l'on va
faire.
M. Russell: On est étendu à Paris et il n'y a rien
qui fonctionne.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, on n'est plus étendu
à travers Paris comme c'était le cas avant. Vous avez
parlé de 60 employés, et je veux juste préciser; en fait,
il y en a 66 dont 28 Québécois. Les autres sont des
employés locaux. J'ai oublié de le dire tantôt. Je
m'excuse, vous m'avez donné une porte et je l'ai prise. C'est cela le
problème.
M. Russell: Je n'en donnerai plus.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas bien dommageable
d'avoir dit cela. Cela précise des choses que le public a besoin de
savoir. C'est le problème. La question m'a été
posée, est-ce qu'il y a eu des démarches avec les Travaux
publics? La réponse c'est oui et je vous ai donné l'état
de la question.
Le Président (M. Marcoux): Programme 2,
éléments 1 et 2, adopté? Adopté.
Programme 4, gestion interne et soutien, adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. La commission de
la présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales a terminé l'étude des crédits
budgétaires du ministère des Affaires intergouvernementales. Le
rapporteur de la commission, le député d'Outremont, fera rapport
de nos travaux à l'Assemblée nationale. La commission ajourne ses
travaux sine die. Merci.
(Fin de la séance à 12 h 10)