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(Onze heures quarante-huit minutes)
Le Président (M. Champagne): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Madame, messieurs, la commission élue permanente de la
présidence du conseil et de la constitution se réunit pour faire
l'étude article par article du projet de loi 19, Loi favorisant le
développement scientifique et technologique du Québec.
Les membres de la commission sont: MM. Dussault (Châteauguay),
Brassard (Lac-Saint-Jean), Paré (Shefford), Brouillet (Chauveau),
Lincoln (Nelligan), Leduc (Fabre), de Bellefeuille (Deux-Montagnes), French
(Westmount), Paquette (Rosemont), Ryan (Argenteuil), Mme Dougherty
(Jacques-Cartier).
Les intervenants sont: MM. Bisaillon (Sainte-Marie), Charbonneau
(Verchères), Ciaccia (Mont-Royal), Gratton (Gatineau), Perron
(Duplessis), Rivest (Jean-Talon), Saintonge (Laprairie).
Madame est-ce que... M. le ministre.
M. Paquette: M. le Président, je voudrais simplement
donner une réponse à une question qui avait été
soulevée par la députée de Jacques-Cartier, hier, au sujet
des chartes des universités relativement à la définition
d'organisme public que nous donnons à l'article 1 de la loi, que nous
avons adopté hier d'ailleurs: Les chartes font de toutes les
universités du Québec, sauf de l'Université du
Québec, des corporations privées.
Mme Dougherty: L'Université du Québec est un
organisme clairement...
M. Paquette: ...est un organisme public, défini; c'est une
corporation publique créée par une loi. Il existe une Loi sur
l'Université du Québec. Les autres universités sont des
corporations privées, cependant leur financement est public. Sur le plan
strictement légal, nous avons un avis informel, à savoir que
l'article 1 de la loi ne définit ces universités comme organismes
publics qu'aux fins de la présente loi. Cela ne modifie en rien la
portée de leurs chartes. D'autre . part, comme elles ne sont
définies comme organismes publics qu'aux fins de cette loi et que cette
loi ne leur crée aucune contrainte, à plus forte raison, n'y
a-t-il aucun problème de superposition des pouvoirs entre ceux qui sont
conférés aux universités à titre de corporations
privées par leur charte et les pouvoirs qui pourraient être
définis à l'un ou l'autre ministre du gouvernement par cette loi.
Cela semble bien clair, bien formel.
Mme Dougherty: Merci.
Le Président (M. Champagne):
J'appelle l'article 35.
La Fondation pour le développement
de la science et de la technologie
M. Paquette: M. le Président, l'article 35 institue une
fondation pour le développement de la science et de la technologie. Il
s'agit d'un instrument nouveau, essentiellement pour lever des fonds
privés au profit de la science et de la technologie, et en appui, en
appoint aux ressources consacrées par l'État à ce
domaine.
On sait que la fondation devra redistribuer toutes les sommes mises
à sa disposition entre les trois fonds sectoriels prévus par la
loi. Cette fondation procurera donc - et c'est son rôle principal - des
revenus d'appoint aux fonds sectoriels.
Je lisais ce matin un éditorial dans le Devoir où l'on
parle de structures bureaucratiques. On dit " le ministre réclame
déjà 5 000 000 $ du gouvernement". Ce n'est pas de cela dont il
s'agit, M. le Président. Tout d'abord, si la fondation avait 5 000 000 $
à sa disposition, ce n'est pas pour son fonctionnement interne, c'est
pour redistribuer aux fonds sectoriels et donc, par l'entremise des fonds
sectoriels, aux équipes de recherche dans les universités.
D'autre part, M. le Président, cette fondation est tout à
fait nécessaire. Dans son discours sur le budget de 1983-1984, le
ministre des Finances déclarait ceci à l'Assemblée
nationale: "J'ai aussi l'intention de prévoir une modalité
additionnelle quant au paiement des droits successoraux. À partir de
maintenant, toute personne qui veut éviter à ses héritiers
de payer ces droits pourra, en tout temps jusqu'à son
décès, procéder à des dons à l'une ou
l'autre des deux fondations qui seront créées et dont la
première sera consacrée à la recherche et au
développement, et la seconde, aux arts et à la culture. Ces dons
permettraient aux héritiers d'obtenir un crédit de 90% contre
leurs droits successoraux". Et ceci est aussi
important: "Toute liberté sera laissée au testateur de
choisir le domaine dans lequel seront affectées ces contributions".
Voilà pourquoi l'on fait allusion aux conditions dans certains
articles. C'est que la fondation recevra des fonds à certaines
conditions. Par exemple, un testateur pourra indiquer qu'il veut que le don
aille à la recherche médicale. Il faudra alors que la fondation
pose les mêmes conditions dans sa distribution aux fonds sectoriels. Ce
n'est pas du tout dans une optique dirigiste ou de mainmise sur les
fonds...
Mme Dougherty: Autrement, on ne recevra pas de dons.
M. Paquette: Bien oui, c'est ça... Mme Dougherty: Sans
conditions.
M. Paquette: Les gens, généralement, veulent que
leur don aille à tel ou tel endroit. Il faudra favoriser des
mécanismes, comme pour n'importe quelle fondation. Lorsqu'un testateur
nous dit: Je donne 100 000 $ à la fondation à la condition que
cet argent aille à la recherche sur le cancer, il faudra aussi trouver
une façon de valoriser les choses dans l'institut qui sera choisi,
probablement dans ce cas-là par le Fonds de recherche en santé
puisque la fondation n'administre aucun programme. Ce n'est pas elle qui va
décider exactement à quelle équipe de recherche ou
à quelle institution vont aller les fonds.
Et je continue à citer la déclaration du ministre des
Finances. "C'est ainsi, par exemple, que l'on pourra choisir parmi tous les
secteurs de la recherche l'une ou l'autre de plusieurs disciplines
scientifiques. Chacun de mes deux collègues, le ministre
délégué à la Science et à la Technologie et
le ministre des Affaires culturelles, publiera bientôt les
règlements applicables à chacune de ces fondations".
Par conséquent, M. le Président, nous avons besoin de cet
instrument, ne serait-ce que pour mettre cette mesure en application. Certains
peuvent se poser des questions sur l'efficacité de la mesure. Je tiens
à vous dire que l'impôt sur les successions représente
environ 45 000 000 $ de rentrées fiscales pour le gouvernement cette
année. Cependant, il serait illusoire de penser qu'on pourra aller
chercher 45 000 000 $, que tous se prévaudront de cette disposition qui,
évidemment, n'est pas avantageuse pour les petites successions puisque
celles-ci sont exemptées, jusqu'à un certain montant, de
l'impôt sur les successions et cela devient plus avantageux dès
qu'elles dépassent ce montant.
Pour les successions moyennes et élevées, cela peut
devenir très avantageux. À ce moment, des 100 000 $ qu'un
testateur pourrait céder à la fondation, cela donnera 90 000 $ de
plus à ses héritiers. Les 100 000 $ qu'on aurait probablement
été obligé de payer, dans certains cas, au gouvernement
demeureront à 90% entre les mains des héritiers. C'est donc
très avantageux.
Combien pouvons-nous espérer récupérer de cette
façon? Certainement pas 45 000 000 $, soit le total de l'impôt sur
les successions. Après un certain temps, même pas la
première année, mais après un certain temps on peut
espérer quelque chose comme 20 000 000 $, peut-être 15 000 000 $.
Ce montant doit être réparti entre deux fondations, une pour les
arts et la culture et l'autre pour la science et la technologie, d'où le
chiffre approximatif de 5 000 000 $ qui pourraient éventuellement
aboutir dans les coffres de la fondation et être redistribués
entre les fonds sectoriels. Je ne pense pas que cela constitue un
élément déterminant dans l'orientation des fonds
sectoriels. Cependant, cela pourrait être une source d'appoint qui
permettrait aux fonds sectoriels d'initier de nouveaux programmes pour lesquels
ils n'auraient pas eu de fonds de leur ministère sectoriel.
Au-delà de cette disposition prévue par le ministre des
Finances, j'aimerais tabler sur l'imagination des membres de la fondation. Il
est fort possible - nous en avons évoqué quelques-unes, lors de
nos discussions, lorsque nous avons préparé cette loi - que les
membres de la fondation découvrent de nouvelles modalités, de
nouvelles activités qui permettraient d'alimenter, d'orienter certains
fonds privés vers la recherche.
Là-dessus, je pense que cette fondation aura une infrastructure
très légère. Au début, pour la première
année, nous allons l'assumer à même les budgets du
ministère. Nous allons assumer locaux, équipements, personnel.
Par conséquent, il est faux de dire que c'est une structure
bureaucratique. Quand on veut faire des choses, cela prend
nécessairement des instruments. Cela ne veut pas dire qu'on bâtit
de la bureaucratie. Il faut quand même se donner un minimum
d'instruments. C'est la raison pour laquelle nous croyons utile de créer
cette fondation.
Le président du fonds FCAC est revenu quelque peu sur sa position
puisqu'il m'avait affirmé, lors d'une conversation que nous avons eue il
y a quelques semaines, qu'il était d'accord avec cette idée d'une
espèce de centraide à la recherche qui distribuerait à ces
fonds sectoriels. Il revient avec cette idée de créer trois
fondations, de transformer chacun des fonds sectoriels en fondation avec un
comité de coordination. Si ce comité de coordination vise
à coordonner la levée des fonds pour les fonds sectoriels, on se
retrouve exactement avec la même idée. Si ce n'est pas le cas, on
se retrouve
avec la situation d'Ottawa. Il y a un comité de coordination des
fonds sectoriels. Je pense que le député de Westmount conviendra
avec moi que c'est un mécanisme qui est tout à fait inefficace et
inutile.
S'il y a trois fondations, comment répond-on aux objections des
universités qui disent: Vous venez en concurrence avec nos
sollicitations? C'est encore pire. Ici, nous avons une fondation qui,
grâce à la collaboration du ministre des Finances, pourra tabler
sur un moyen inédit, qu'aucune des universités n'aurait pu mettre
sur pied et dont l'argent ira aux universités. Je pense que, compte tenu
de tous ces facteurs, une telle fondation, légère, non
bureaucratique, qui distribue son argent entre les fonds sectoriels, s'impose.
(12 heures)
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a des
questions à poser? Mme la députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Vous avez justifié l'idée de la
fondation par la nécessité de créer un organisme qui peut
recevoir des dons qui vont réduire les taxes de succession. D'abord,
j'aimerais signaler que c'est une mauvaise façon vraiment de
réduire les taxes de succession. Je me demande si le gouvernement a
toujours promis une réduction graduelle de la taxe de succession. Si un
jour on n'a pas de taxe, est-ce que les fondations recevront des dons? Est-ce
que l'incitatif disparaîtra? Ou est-ce qu'on va continuer de maintenir un
incitatif, des ristournes aux contribuables? Cette une question
hypothétique, mais c'est important, je crois.
M. Paquette: C'est une question hypothétique à
laquelle nous, politiciens, avons l'habitude d'éviter de
répondre. Je pense que dans ce cas-ci il est important d'y
répondre. D'une part, si jamais, d'ici deux ans, trois ans ou cinq ans,
un gouvernement décidait d'abolir l'impôt sur les successions, il
va de soi que les droits acquis aux crédits d'impôt pour les gens
qui auraient souscrit à la fondation se poursuivraient. C'est un
élément. Il y a une garantie absolue qui est donnée par le
discours sur le budget, je pense, aux contribuables qui se prévaudraient
de cette disposition et qui verseraient des fonds dans la fondation. Il va de
soi aussi, il me semble, que la situation créée par la fondation
aurait un fort effet de persuasion morale sur tout gouvernement à
remplacer cette source de financement qui se tarirait par une autre. À
ce moment, on pourrait imaginer très bien le ministre des Finances
disant: Cette année, j'abolis l'impôt sur les successions, je vais
trouver un autre mécanisme de crédit d'impôt de
façon qu'on continue d'alimenter cette fondation.
Le principe est important. C'est en quelque sorte mettre sur la place
publique la nécessité que chacun, en échange d'avantages
fiscaux, bien sûr, contribue au développement scientifique et
technologique. C'est un principe intéressant qui va nous amener,
évidemment, à devoir faire un peu d'effort de publicité.
Ces efforts de publicité vont être intéressants en
eux-mêmes parce qu'ils vont permettre à des gens de se
sensibiliser à cette question. Dans un premier temps, il s'agit de
publicité extrêmement restreinte. On va procéder par les
bureaux de notaires essentiellement: on va leur envoyer des dépliants et
lorsqu'ils auront à discuter avec des gens qui ont des fortunes à
léguer, ils leur expliqueront ces possibilités qui sont offertes.
Je trouve que c'est un mécanisme intéressant de sensibilisation
de la population.
Le Président (M. Champagne): Mme la
députée.
Mme Dougherty: Je vais rester dans les grands principes parce
qu'on va discuter de tous les détails dans les articles. Je crois qu'il
faut explorer un peu la raison d'être de cette fondation. Dans le projet
collectif, le livre blanc, on a fait, je crois, la suggestion mentionnée
dans le communiqué du fonds FCAC, de transformer les trois fonds en
fondation comme une autre étape dans leur évolution,
commencée il y a dix ans, vers de plus en plus un statut d'autonomie et
toutes les indications, les déclarations du ministre de
l'Éducation, même celles du ministre Godin, étaient dans le
même sens que, graduellement, on va donner de plus en plus d'autonomie
aux trois fonds de sorte que, éventuellement, ce sera une fondation
inspirée par le statut des fonds subventionnaires à Ottawa.
D'accord?
M. Paquette: Non...
Mme Dougherty: C'est mentionné là et cela a
été soulevé plusieurs fois. J'ai cherché dans le
projet collectif pour cette référence, j'admets cependant que je
ne pourrais pas trouver le mot "fédéraux", je ne suis pas
certaine. Mais le ministre Godin en a certainement parlé et cela a
été discuté plusieurs fois; c'était aussi
mentionné dans le communiqué du fonds FCAC. Pendant les
auditions, il y a plusieurs groupes qui ont suggéré la même
idée; on va évoluer vers la situation des fonds
fédéraux.
Je vois mal pourquoi la loi insiste sur une fondation attachée
par voie de ces contributions aux trois fonds. Pourquoi avez-vous
abandonné cette idée, cette évolution qui semble
être naturelle, vers de plus en plus d'autonomie pour les trois fonds,
éventuellement fondation? Parce que c'est là la crainte,
l'existence même de la fondation n'est pas sérieuse. Si c'est une
autre source pour appuyer la recherche, pourquoi pas?
La crainte qui est soulevée c'est que, vu qu'elle est
attachée aux fonds, il y a un risque - peut-être pas aujourd'hui
ou l'année prochaine - qu'à l'avenir la fondation brime ou ait la
capacité de brimer l'autonomie des trois fonds. Si la fondation
réussit à ramasser, de toutes sources, un montant qui est
beaucoup plus grand que les montants des fonds, le gouvernement pourrait en
disposer à volonté, on pourrait réduire les fonds parce
qu'ils sont, dépendants des ministères et de contributions qui
viennent du gouvernement. Éventuellement, on peut arriver à une
situation où on dirait: pourquoi avoir des fonds quand on a une
fondation qui peut avoir 100 000 000 $? Pourquoi avoir les trois petits fonds?
On peut peut-être justifier d'une façon machiavélique leur
disparition.
M. Paquette: D'accord, très bien.
M. le Président, tout d'abord, il est bon de relire le passage du
livre blanc qui dit ceci: "II pourra s'agir de fonds clairement
identifiés à l'intérieur de certains ministères et
gérés par des comités directeurs spécialement
institués..." En fait on est allé plus loin que cela. Ce ne sont
pas seulement des comités-directeurs, ce sont des conseils très
autonomes. Je pense que le but du projet de loi n'est pas de réduire
l'autonomie, c'est de la confirmer par la loi, de façon que le
gouvernement ne puisse plus modifier ce statut d'autonomie sans revenir devant
le Parlement, puisque, actuellement, les fonds sont institués par
décret. Alors, nous avons consacré cette autonomie, mais on
étudiera sans tarder la possibilité de faire
éventuellement de ces fonds de véritables fondations. Nous avons
assumé ce mandat, nous l'avons étudié et nous arrivons
à la conclusion qu'il serait plus efficace, plutôt que d'instituer
trois fondations avec des moyens restreints, des moyens réduits et
certainement pas des moyens aussi efficaces que l'appui, dans le discours sur
le budget, de mesures fiscales qui permettront d'alimenter une partie de
l'impôt sur les successions dans une fondation. Donc, nous avons
pensé que c'était plus efficace et que cela attirerait davantage
de fonds privés.
L'objectif de transformer un fonds en fondation, c'est de permettre au
fonds de recevoir des dons, des legs et d'ajouter à un financement qui
est surtout public un peu de financement provenant d'autres sources que le
gouvernement, ce qui a pour effet également d'impliquer les citoyens.
C'est un excellent principe.
Nous nous sommes posé la question... Au strict plan de
l'efficacité, il aurait fallu regrouper les trois fonds sectoriels,
quitte à faire intervenir quand même les ministres au niveau des
programmes et des ministères pour les laisser dans leur environnement
sectoriel. On aurait eu une seule fondation et un seul fonds. Le système
aurait été beaucoup plus simple et beaucoup moins complexe. Nous
nous sommes dit: Cela risquerait de trop sortir de fonds de leur environnement
sectoriel, il faut les laisser essentiellement dans leur environnement
sectoriel.
D'autre part, j'aurai quelques amendements à apporter aux
articles 50, 51 et 52 pour encore mieux arrimer cette fondation et la faire
apparaître comme un service aux fonds sectoriels plutôt qu'une
superstructure ayant des objectifs de centralisation. Cette fondation est tout
aussi autonome par rapport au gouvernement que le sont les fonds. Elle a un
conseil. Ce n'est pas une structure de mon ministère, il y a un conseil
d'administration qui a son personnel propre et qui, au lieu de faire un plan
triennal d'activités, fait un plan de répartition des ressources
entre les trois fonds sectoriels. C'est essentiellement son rôle:
recueillir des fonds et les répartir entre les fonds sectoriels. Elle
n'a aucun contact avec les universitaires; elle ne se mêle pas
d'évaluer des équipes de recherche et de dire que cela doit aller
à tel endroit et à tel autre, elle fait simplement une
répartition. Elle est tout aussi...
Mme Dougherty: Selon quels critères? Qui viennent
d'où?
M. Paquette: Selon des critères qu'elle va se
donner...
Mme Dougherty: Selon les critères du Conseil du
trésor, par voie du ministre de la Science et de la Technologie.
M. Paquette: Absolument pas.
Mme Dougherty: Cela, c'est ma crainte.
M. Paquette: Je ne sais pas où vous voyez cela dans le
projet de loi. Tout ce que le ministre de la Science et de la Technologie
pourra faire, c'est ceci. Pendant que la fondation prépare son plan de
répartition des revenus, ce plan doit tenir compte - c'est l'amendement
que je vais proposer tout à l'heure - des directives que le ministre
peut, le cas échéant, donner à la fondation sur ses
objectifs et ses orientations et non pas des directives dans le genre: Vous
donnerez tant d'argent à tel fonds et tant d'argent à tel autre
parce que tel fonds a été gentil et l'autre a été
moins gentil. Pas du tout. D'autant plus que les présidents des fonds
siègent au conseil d'administration de la fondation. Ils sont là
pour défendre les intérêts des fonds.
Ces directives sont préparées par le ministre de la
Science et de la Technologie, en collaboration avec les ministres responsables
de chacun des fonds pour les parties qui les concernent. Voilà un
autre
contrepoids très important pour s'assurer que la fondation n'ait
pas un pouvoir contraignant. Encore une fois, la fondation, ce n'est pas le
ministre, c'est un organisme indépendant et aussi autonome par rapport
au ministre de la Science et de la Technologie que les fonds sectoriels le sont
par rapport à leur ministre sectoriel.
En terminant, M. le Président, j'aimerais simplement dire que si
on avait, au niveau du gouvernement fédéral, le même genre
de pouvoirs sur les provinces qu'a la fondation sur les fonds sectoriels nous
serions en régime de souveraineté-association. Nous serions bien
heureux.
Mme Dougherty: J'aimerais donner une chance à mes
collègues, mais vous avez soulevé un point très important,
je crois, qui ne justifie pas votre conclusion. Vous avez dit que la fondation
n'aura aucun contact avec les universités.
M. Paquette: C'est-à-dire que... (12 h 15)
Mme Dougherty: Excusez-moi un instant. Je crois, selon tout ce
que j'ai lu ici dans le rapport annuel du fonds FCAC et le témoignage de
M. Cliche, leur force, une de leurs raisons d'être, c'est de
rapprocher... Ils ont un contact très étroit avec les
universités, parce que les priorités viennent de la base.
M. Paquette: Exactement.
Mme Dougherty: C'est leur philosophie.
M. Paquette: Alors que leur philosophie, si vous me le
permettez...
Mme Dougherty: Pour une fondation, être
détachée de la base comme cela, pour ramasser de l'argent, cela
va.
M. Paquette: Elle a une autre base, elle est
intéressée à ceux qui peuvent amener des fonds.
Mme Dougherty: Comment vont-ils décider? Sur quels
critères vont-ils baser leurs décisions de répartition?
C'est là le danger.
M. Paquette: Non, au contraire. C'est une garantie que la
fondation n'ira pas se donner son propre système parallèle
à celui des fonds sectoriels. À ce moment-là, l'input du
milieu à la fondation va être donné par qui? Il va
être donné par les trois présidents des fonds qui
amènent les projets de leur conseil d'administration, lesquels sont
issus du dynamisme du milieu. Le président du FCAC, le président
du FRSQ et le président du FRAPA arrivent au sein de la fondation et
disent: Voici, on prévoit recevoir tant de notre ministère
sectoriel; on a des projets; on a des projets beaucoup plus nombreux que le
financement qu'on nous donne; et on soumet à la fondation tel et tel
projet. Chacun des présidents de fonds va faire cela et la fondation va
faire l'arbitrage. Alors, il est important que la fondation ne concurrence pas
les fonds dans ses contacts avec les universités.
Mme Dougherty: Mais d'où viennent ces projets? Qui va
suggérer ces projets? Si je comprends bien, les montants
distribués par la fondation seront conditionnés. Ils seront pour
tel ou tel projet.
M. Paquette: Bien oui.
Mme Dougherty: Un projet, je ne sais pas si c'est un secteur, un
vrai projet. D'où viennent les suggestions pour ces projets? Si les
fonds étaient libres de faire la distribution selon leurs
critères, la seule décision de la fondation porterait sur le
montant, la proportion de l'argent qu'elle va distribuer aux fonds, on aurait
une situation différente. Mais si la fondation dit au fonds FCAC:
Voilà 20 000 000 $ pour tel ou tel projet, le fonds FCAC n'a rien
à dire sur ce projet. Donc, le fonds FCAC aura deux mandats: d'abord, de
suivre les mandats qu'il reçoit de la fondation et l'autre mandat, qu'il
a maintenant, de distribuer ces montants...
M. Paquette: M. le Président.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre.
M. Paquette: Mme la députée de Jacques-Cartier
demande d'où viennent les projets. D'abord, il faut s'entendre. Ce ne
sont pas des projets ponctuels. Ce sont des programmes. Un projet, ce peut
être une demande d'une équipe de recherche dans un centre
hospitalier qui dit: Bien, on travaille dans la recherche sur le cancer et on
voudrait étendre nos activités. C'est un projet.
Mme Dougherty: D'accord.
M. Paquette: Ce que vont nous présenter les fonds... La
fondation va donner tant d'argent pour la recherche médicale,
peut-être en disant qu'il y en a une partie qui doit aller dans les
recherches sur le cancer et une autre partie à d'autres. Comment
va-t-elle arriver à cette décision? Autrement dit, de quoi
s'agit-il quand on parle des conditions affectées au versement par la
fondation à l'un ou l'autre des fonds sectoriels? Les conditions
viennent d'abord des donateurs. Les donateurs peuvent mettre des conditions.
Alors, il faut les respecter,
sans cela on n'aura pas de fonds privés. On va en avoir moins en
tout cas. Les conditions viennent des donateurs.
Deuxièmement, les programmes, l'évaluation des besoins est
faite par les fonds sectoriels. Je pense que c'est la dynamique. C'est pour
cela que les trois présidents y sont et c'est pour cela que la fondation
n'a pas son propre système pour aller chercher les besoins. C'est pour
cela que je dis que c'est important qu'elle n'ait pas en ce sens-là de
contact avec les universités. La fondation va faire un arbitrage. Elle
va tenir compte des orientations, des priorités de recherche, de la
politique scientifique du gouvernement. Elle fera l'arbitrage de tout cela et
elle préparera un plan de répartition entre les trois fonds.
C'est le seul rôle qu'elle a face aux fonds sectoriels. Maintenant, les
fonds sectoriels sont libres d'accepter. Ils ne sont pas obligés de les
accepter.
Mme Dougherty: Sinon?
M. Paquette: Sinon, ils travailleront avec les montants fournis
par leur ministère sectoriel et...
Mme Dougherty: Et la fondation va garder...
M. Paquette: ...ils ne seront pas pires que maintenant. Ils
auront le même argent que maintenant. C'est aussi simple que cela.
L'objectif est de faire en sorte qu'on ait davantage de fonds et qu'on ait une
autre source pour alimenter la recherche et les équipes sans mettre de
côté le système qui existe maintenant. L'autre solution
aurait été de donner cette responsabilité à chacun
des fonds pour les transformer tous les trois en fondations mais on aurait eu
moins de moyens pour canaliser des fonds non gouvernementaux et on aurait eu
trois organismes en concurrence qui montent chacun une structure pour essayer
de solliciter. Cela aurait été beaucoup plus menaçant face
aux universités et en même temps, beaucoup plus inefficace. C'est
la raison pour laquelle nous en arrivons à une fondation qui, encore une
fois, n'est pas un organisme gouvernemental, c'est pour cela qu'il y a un
chapitre dans la loi. C'est un organisme aussi autonome par rapport au ministre
délégué à la Science et à la Technologie que
les fonds sectoriels le sont par rapport à leur ministre sectoriel.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a d'autres
questions M. le député d'Argenteuil?
M. Ryan: Je m'excuse, parce que j'ai manqué la
première partie des travaux de la commission hier. Si les questions que
je pose sont des redites, on me le dira.
M. Paquette: Si vous ne revenez pas sur le ministère et le
conseil, il n'y a pas de problème.
M. Ryan: J'ai pris connaissance, ces jours derniers, d'une
déclaration qui avait été faite par le président du
FCAC indiquant les dangers qui pouvaient découler de la création
de la fondation, suggérant plutôt que les deux fonds existants et
le troisième devant être créé soient
érigés en fondations et qu'une structure de coordination soit
instituée entre les trois. Je ne sais pas si vous avez eu l'occasion de
commenter ces suggestions et, si cela a été commenté
hier.
M. Paquette: Non, je l'ai fait avant que vous arriviez ce
matin.
M. Ryan: Si vous voulez, j'irai plus loin d'abord, et il y aura
peut-être des aspects qui n'auront pas été touchés.
Il y a deux obstacles que je vois qui peuvent être dangereux. On dit que
la fondation pourra obtenir des revenus de trois sources différentes:
sollicitation de dons - cela veut dire qu'elle peut faire une campagne de
financement comme celle qu'a faite l'Institut de recherche sur la culture
québécoise, l'an dernier...
M. Paquette: À laquelle nous avons d'ailleurs
accordé notre appui.
M. Ryan: On n'a jamais eu de rapport, mais cela ne fait rien.
M. Paquette: Non, cela n'a pas l'air d'être fort, fort.
M. Ryan: Deuxième source possible: des legs, des
héritages, des dons faits spontanément par des particuliers ou
des personnes morales; troisièmement...
M. Paquette: Le gouvernement.
M. Ryan: ...les subventions gouvernementales. Il y a cela d'un
côté. Pour les fonds, il y a des subventions gouvernementales au
titre de leur ministère respectif. Il y aura les revenus en provenance
de la fondation. Est-ce que les fonds se verraient interdire l'acceptation de
dons en provenance de source extérieure au gouvernement? Par exemple,
supposez que la FCAC se voie offrir un montant de 5 000 000 $ par la Fondation
Rockefeller ou la Fondation Carnegie ou le Fonds de recherche en santé -
cela est peut-être encore plus vraisemblable - est-ce qu'il y aurait
seulement un organisme qui serait habilité à recevoir des
montants de source extérieure?
M. Paquette: Techniquement, oui, vous avez raison. Cependant, je
prends votre exemple. Si la Fondation Rockefeller décide de mettre 5 000
000 $ en vue d'une distribution pour la formation de chercheurs dans les
universités, ce qui est la mission propre, telle que définie dans
cette loi du fonds FCAC, j'imagine qu'elle y mettra une condition. À ce
moment-là, c'est versé à la fondation, mais comme il y a
une condition rattachée à la souscription, cela doit aller dans
le fonds FCAC. Dans ce cas-là, c'est une boîte aux lettres.
M. Ryan: Alors, est-ce qu'il n'y avait pas un article...
M. Paquette: II y a aussi, si vous permettez.
M. Ryan: Oui.
M. Paquette: II y a aussi l'article 88 qui dit qu'un fonds peut,
avec l'autorisation du gouvernement, conformément à la loi,
conclure une entente avec un gouvernement autre que celui du Québec,
l'un de ses ministères, une organisation internationale ou un organisme
du gouvernement ou de cette organisation en vue de l'exécution de ses
fonctions. Ce n'est pas tout à fait cela. Mais, dans le cas d'un montant
de cette importance, peut-être y aurait-il lieu d'avoir une entente en
vertu de l'article 88 de sorte que le fonds pourrait le faire dans ce
cas-là. Lorsqu'il s'agit de grenailles, je pense qu'il est plus efficace
et plus sain que ce soit regroupé au sein d'un organisme qui redistribue
par la suite.
M. Ryan: On va avoir l'occasion de le voir quand on arrivera
à ces articles-là, mais c'est pour éviter qu'on pose des
questions en dehors du champ de discussion. Je crois me souvenir qu'il y avait
une disposition indiquant que la fondation ne pouvait pas accepter des dons
sous des conditions déterminées par le donateur. Est-ce que c'est
le fruit de mon imagination? Est-ce qu'il y a quelque chose qui...
M. Paquette: Oui, il y a un article, mais...
M. Ryan: Est-ce que vous avez quelque chose de cette nature? Il
me semble que...
Mme Dougherty: "Suivant les conditions
déterminées..."
M. Ryan: Oui, oui, oui, c'est cela. Cela contredit un peu ce que
disait le ministre tantôt.
M. Paquette: Quel article?
M. Ryan: L'article 50, quatrième alinéa: "Dans
l'exercice de ses fonctions prévues au paragraphe 1..."
M. Paquette: Oui.
M. Ryan: "...la fondation ne peut accepter de dons, legs,
subventions ou autres contributions auxquels est attachée une charge ou
une condition, que dans les cas et suivant les conditions que le gouvernement
peut déterminer par règlement". Alors, l'exemple que je vous
mentionnais tantôt tomberait sous le coup de cette disposition, me
semble-t-il. On reprendra cela tantôt quand on arrivera à ces
articles-là, M. le Président. Vous n'avez pas d'objection
à ce qu'on réserve la discussion?
M. Paquette: On pourra en discuter au moment de cet
article-là.
M. Ryan: Oui.
M. Paquette: Mais, il y a des raisons bien précises pour
cela.
M. Ryan: II peut y en avoir. Mais, peut-être la formulation
ouvre-t-elle la porte à autre chose qu'on aimera moins par exemple.
M. Paquette: En tout cas, il faudra le regarder quand on y
sera.
M. Ryan: Oui. J'essaie de voir l'économie de toute cette
structure qu'on propose. Je continue mon exploration. J'avais mis d'un
côté pour la fondation les sources de revenus des sollicitations,
des legs, des héritages, des dons spontanés ou volontaires,
ensuite des subventions gouvernementales. Du côté des fonds,
subventions gouvernementales, fondations et je crois comprendre que vous
excluez - il y avait l'article que vous avez mentionné: peut conclure
des...
M. Paquette: Des ententes lorsqu'il s'agit des gouvernements, des
organismes...
M. Ryan: Mais cela ne mentionne pas la perception de fonds par
exemple? C'est seulement pour l'exécution...
M. Paquette: Non, mais cela pourrait s'appliquer à...
M. Ryan: Voulez-vous me rappeler quel numéro?
M. Paquette: L'article 88.
M. Ryan: II me semble qu'à l'article 88 - ce n'est pas que
je veuille être tatillon -il est évident, d'après le
contexte, que vous parlez, soit d'un autre gouvernement, soit
d'une organisation internationale intergouvernementale et non pas
privée comme peuvent être les fondations dont nous avons
parlé.
M. Raquette: Cela peut être étendu,
peut-être.
M. Ryan: Oui, très bien. Pour l'instant, par
conséquent à "possibilité d'autres sources", je vais
mettre l'article 88, d'accord? Le point où je veux en venir est le
suivant: la principale source de revenus du FCAC continuerait d'être,
peut-on présumer, la part qui lui est réservée
annuellement dans le budget du ministère de l'Éducation. Ce
serait même sa source de revenus majeure, substantielle, centrale.
M. Paquette: Oui.
M. Ryan: Qu'est-ce qui le garantit dans le texte de la loi?
Est-ce qu'il y a des choses qui garantissent cela clairement? J'essaie de voir
et cela m'amène au deuxième problème que j'avais
mentionné au cours de la discussion, en commission parlementaire, la
semaine dernière. C'est le danger des vases communicants en vertu
desquels il pourrait arriver que les fonds spécialisés soient
vidés progressivement de leur principale source de revenus originale au
profit d'une fondation de plus en plus centralisatrice, qui pourrait vouloir
orienter les ressources communautaires dans une tout autre direction.
Je ne sais pas comment vous pouvez résoudre ce problème
à ce stade-ci. Il me semble que la création surtout d'une
fondation, cela suppose quand même quelque chose d'important, qui va
occuper une place centrale sur l'échiquier. Vous parlez d'une fondation
avec un conseil de neuf membres. J'apprécie que les présidents
des trois fonds soient là. Je pense que c'est très bien, mais les
autres ne voudront pas y aller siéger pour rien. S'ils
s'aperçoivent qu'ils ne sont qu'un petit organisme d'appoint pour des
fonds qui sont vraiment la réalité principale, ils vont
peut-être dire: Est-ce qu'on a besoin de créer une fondation pour
cela? C'est le dilemme que je veux porter à votre attention, où
la fondation n'aura qu'un rôle complémentaire et
supplémentaire et, alors, est-elle nécessaire?
Ne serait-il pas préférable que le gouvernement
libère chaque année, pour les fins du ministre, une somme
raisonnable qu'il pourra ensuite employer à soutenir ou à
stimuler l'action de l'un ou l'autre des fonds, moyennant les avis qu'il aura
reçus de son Conseil de la politique scientifique, et où la
fondation sera une chose importante. Comment va-t-on éviter le danger
qu'elle ne vienne chapeauter, peut-être même encarcaner des fonds
spécialisés? C'est le dilemme qui se pose à l'esprit de
l'observateur. Si vous avez des bonnes réponses à cela, cela va
m'intéresser.
M. Paquette: D'accord, j'ai deux très bonnes
réponses. Au-delà des mécanismes prévus par la loi
concernant l'implication des ministres sectoriels dans la répartition
des fonds de la fondation et, également au-delà de la
présence des responsables, des présidents des fonds au conseil
d'administration de la fondation, au-delà de ces mécanismes, il y
en a d'autres qu'on pourra regarder au fur et à mesure. Ce qui est le
plus important, c'est deux choses.
Premièrement, il y a actuellement au Canada un certain nombre de
fondations. La plus importante a 10 000 000 $ à sa disposition. La
plupart ont moins de 1 000 000 $ à leur disposition.
M. Ryan: En revenus dérivant de leurs placements.
M. Paquette: En revenus qu'elles peuvent distribuer. Par
conséquent, notre fondation ne sera pas exceptionnelle à ce point
de vue. Dans ce sens-là, les membres du conseil d'administration
pourraient difficilement avoir le sentiment qu'ils ne font pas oeuvre utile.
À ce moment-là, pourquoi tous les autres membres des conseils
d'administration de d'autres fondations perdraient-ils du temps a y travailler?
C'est le premier argument.
Le plus important, c'est ceci. Un ministre de la Science et de la
Technologie qui voudrait appuyer des projets ponctuels -j'en ai un certain
nombre en tête pour l'année qui vient, on a eu l'occasion d'en
discuter au moment de l'étude des crédits -n'aurait pas avantage
à demander au gouvernement d'investir ses fonds, ou la majeure partie de
ses fonds dans la fondation. Que pourrait faire la fondation par la suite?
Arbitrer, en quelque sorte, des demandes des fonds sectoriels. L'un dirait: Je
veux prendre 5 000 000 $ de cet argent; l'autre voudrait 3 000 000 $, l'autre 2
000 000 $, à la suite de quoi il n'y a plus aucun contrôle
gouvernemental et c'est très bien comme cela aussi. Les fonds sectoriels
évaluent les projets à leur disposition. On ne sait absolument
pas où les fonds vont aller. Cela dépend de l'évaluation
des équipes de recherche, des centres, des individus qui font de la
recherche; cela dépend de leur efficacité, de leurs publications.
C'est évalué par un jury de pairs et c'est seulement à la
fin qu'on sait où l'argent est allé. Un ministre qui voudrait
orienter la recherche aurait un très mauvais outil à sa
disposition s'il décidait de mettre, je ne sais pas, 20 000 000 $, 30
000 000 $, 50 000 000 $ dans la fondation qui est décrite ici. Cela ne
peut être autre chose qu'un mécanisme
d'appoint au service des fonds sectoriels. En même temps, cela va
favoriser une certaine concertation des fonds sectoriels dont les mandats
peuvent parfois chevaucher un peu.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Westmount.
M. French: Vous avez terminé, M. Ryan?
M. Ryan: J'avais une question supplémentaire à
poser.
Le Président (M. Champagne): Allez-y.
M. Ryan: J'apprécie la réponse qu'apporte le
ministre. Je lui dis que s'il pouvait inscrire cette réponse de
manière plus nette dans le texte même du projet de loi, je pense
que cela aiderait à dissiper bien des interrogations, des
inquiétudes. Je ne sais pas comment. Peut-être qu'un peu plus tard
on aura des suggestions à faire là-dessus. Si le ministre pouvait
regarder cela de son côté également, il me semble que c'est
un point de fond. Les derniers propos que vous avez tenus surtout, je pense
qu'ils sont intéressants de ce point de vue, mais on ne les retrouve pas
dans les textes qu'on a devant nous.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Westmount. Mme la députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Sur le même point. On a parlé du
budget et des conditions. Je crois qu'il y a une contradiction importante ici
dans le budget. À la page 27, le budget dit: Toute liberté sera
laissée au testateur de choisir le domaine auquel seront
affectées ses contributions. D'accord? On dit: C'est ainsi, par exemple,
qu'on pourra choisir parmi tous les secteurs de la recherche l'une ou l'autre
parmi plusieurs disciplines scientifiques... D'accord. Page 49, 2
alinéa, on dit: Par ailleurs, chacune de ces fondations - on parle pour
la culture -pourra identifier des domaines particuliers d'activités
auxquelles les donateurs pourront affecter leurs donations. Si chaque don
-naturellement, il y aura, je sais, quelques dons sans condition - si tous les
dons ont un secteur attaché, un secteur spécifique, comment la
fondation dont nous parlons pourra-t-elle identifier les domaines particuliers?
C'est tout décidé par les donateurs. C'est une contradiction ici
dans le budget qui montre qu'il y a peut-être une confusion
d'idées ici.
M. Paquette: Non, je pense que cela démontre très
bien la principale source de revenus de la fondation; en tout cas, nous allons
essayer honnêtement ce mécanisme, lui faire donner le maximum de
rendement. Il proviendra de ce mécanisme de l'impôt sur les
successions. Je pense que cela démontre très bien que la
fondation ne peut, d'aucune façon, être un mécanisme
d'orientation des fonds sectoriels. Et je pense que si on veut que le
mécanisme soit efficace il faut permettre aux donateurs d'indiquer dans
quels secteurs ils souhaitent que leurs souscriptions s'orientent. Maintenant,
cela ne peut pas non plus être trop pointu. C'est pour cela qu'à
ce paragraphe de l'article 49, on dit que chacune des fondations pourra
identifier des domaines particuliers d'activités. Cela fait
référence au règlement dont on parle à la page 27
du budget, où on dit: "Chacun de mes deux collègues, le ministre
délégué à la Science et à la Technologie et
le ministre des Affaires culturelles publieront bientôt les
règlements applicables à chacune de ces fondations."
Vous allez être obligés de nous faire confiance. On va
essayer de ne pas tarir la source, sans que ce soit trop pointu, de
façon à laisser une marge de manoeuvre à la fondation. Il
y a un certain arbitrage à faire. Si on est trop vague dans les
catégories, on va avoir moins de fonds. Si on est trop précis, on
va limiter la marge de manoeuvre de la fondation. Il y a une espèce
d'équilibre à trouver là.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Westmount.
M. French: M. le Président, le ministre pourrait-il nous
dire quel genre de ressources humaines et financières il va allouer
à l'avenir à l'administration et au fonctionnement de la
fondation?
M. Paquette: En 1983-1984, aucune autre ressource que celles
prévues dans mes budgets tels que votés à
l'Assemblée nationale pour 1983-1984, c'est-à-dire.
M. French: ...
M. Paquette: Ce sera deux ou trois personnes. En rythme de
croisière cela ne peut jamais dépasser, à notre avis, une
dizaine de personnes. Si c'est une dizaine de personnes cela voudrait dire
qu'on engagerait des gens pour faire la sollicitation dans certains milieux.
Cela m'étonnerait qu'on en arrive là.
M. French: J'espère que non.
M. Paquette: Cela dépend, si cela pouvait amener beaucoup
de fonds dans la recherche.
M. French: Le ministre des Finances... M. Paquette: On
pourrait faire faire la
sollicitation à contrat aussi.
M. French: Oui, d'accord. Le ministre des Finances a consenti des
abris fiscaux intéressants ou un abri fiscal intéressant quant
aux droits successoraux, extrêmement intéressant d'après
l'exemple qu'a donné le ministre, soit des retombées de 90% d'un
legs fait à la fondation. Je ne veux pas m'interroger plus longuement
là-dessus; il me semble extrêmement généreux, mais
en tout cas, supposant que c'est le cas. Le ministre a avancé des sommes
de 15 000 000 $ à 20 000 000 $ par année qui pourraient
ultimement tomber entre les mains des administrateurs, soit pour les arts et la
culture, soit pour la science et la technologie, dont, une estimation
conservatrice par rapport à ce chiffre de 15 000 000 $ à 20 000
000 $: 5 000 000 $ pour la recherche sur la science et la technologie. Si j'ai
bien compris, d'après le ministre, ce serait la source principale des
ressources financières que la fondation aurait à administrer. Il
y a une certaine question qui plane encore sur les relations entre les
directions des donateurs ou des défunts...
M. Raquette: Des futurs défunts!
M. French: C'est cela en effet, des futurs défunts. De
l'autre côté, le genre de règlements que le gouvernement
donnerait à la fondation quant à l'acceptabilité de ces
conditions. Mais ultimement, si j'ai bien compris le ministre, le gouvernement
n'aurait pas d'intérêt à mettre un règlement trop
contraignant puisque qu'alors les donnateurs diraient: Tout ce que je fais
c'est de financer l'État, je ne suis pas intéressé
à financer l'État indirectement, je suis aussi bien de
déménager à Toronto, si je veux éviter les droits
successoraux.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que vous avez une
question?
M. French: Excusez.
M. Paquette: Est-ce que vous avez une question?
M. French: Non, j'ai l'habitude de ne pas parler alors que le
ministre parle, c'est simplement cela.
M. Paquette: Je m'excuse, c'est un bon principe!
M. French: Le point qui me trouble quelque peu - laissons de
côté le problème des dons - en ce qui a trait aux dons,
c'est que la fondation est... J'ai utilisé l'expression "coquille
légale", que le ministre lui-même a adoptée, au moins cela
rendait son intention d'une institution légère qui n'aurait pas
de pouvoir dirigiste et qui ferait une espèce d'arbitrage entre les
trois fonds récipiendaires. Les deux autres sources de financement de
cette fondation me préoccupent davantage. C'est-à-dire que, dans
la mesure où on a besoin d'une entité légale pour la
réception et la redistribution des héritages, personnellement je
n'ai pas tellement de problèmes avec cela, mais je suis très
troublé par le problème de la sollicitation de dons et de
contributions. On en parlera quand on sera rendu là, mais je voulais
simplement signaler au ministre que la fondation sollicite les héritages
à partir d'un abri fiscal, j'en suis. Mais que la fondation sollicite,
avec les ressources qu'elle peut avoir et avec les subventions
gouvernementales, les contributions des entreprises, les contributions des
particuliers, cela m'inquiète beaucoup. Cela m'inquiète beaucoup
pour des raisons que j'évoquerai lorsqu'on sera rendu là. Je ne
demande pas au ministre de répondre, à moins qu'il ne veuille
amorcer le débat tout de suite, mais cela m'inquiète
beaucoup.
M. Paquette: M. le Président, je pense, pour
l'efficacité de nos travaux, qu'on aurait peut-être avantage
à adopter l'article 35, quitte à ce qu'on examine de très
près les modalités qui ont été soulevées par
les membres de la commission au moment où nous arriverons aux articles
concernés.
Le Président (M. Champagne): Alors, est-ce qu'il y a une
autre question sur l'article 35?
M. French: Ah non! Un instant, M. le Président. J'accepte
ce que dit le ministre quant à attendre d'arriver à l'article,
mais je veux soulever les questions qui touchent l'économie du
fonctionnement de la fondation. J'ai attendu le débat et j'ai des
questions à poser. Je ne veux pas me faire presser.
Le Président (M. Champagne): D'accord. M. le
député de Westmount, la parole est à vous.
M. French: L'autre source de financement de la fondation, c'est
des subventions gouvernementales alors qu'on sait que les fonds, eux aussi,
peuvent recevoir des subventions gouvernementales. J'aimerais savoir du
ministre dans quelle mesure ce serait avantageux pour le gouvernement. Dans
quelles circonstances le gouvernement préférerait-il
subventionner les fonds via la fondation plutôt qu'une subvention directe
aux fonds? Je ne comprends pas cela. Il est possible qu'il y ait une
explication, mais ce n'est pas évident.
M. Ryan: Est-ce que le député pourrait
répéter sa question? Je n'ai pas bien saisi.
Le Président (M. Champagne): Alors pour l'information du
député d'Argenteuil, pourriez-vous répéter la
question?
M. French: La fondation a le droit de recevoir des subventions
gouvernementales. Elle en recevra peut-être. Les fonds, naturellement,
tous les ans, ont été financés par le gouvernement, et ce
qui me préoccupe un peu, c'est ce double canal. La question que je pose
au ministre c'est: Dans quelles circonstances serait-il avantageux pour le
gouvernement de financer ces fonds via la fondation, c'est-à-dire par
des subventions indirectes plutôt que directes?
M. Paquette: D'une part, il pourait y avoir des cas où les
budgets nécessaires aux fonds sectoriels pourraient sembler a priori mal
reliés aux préoccupations sectorielles. On pourrait vouloir
subventionner un programme de recherche dans les universités dans le
domaine des transports ou de l'énergie, et que ce ne soit pas
nécessairement parmi les préoccupations immédiates des
trois ministres concernés. On pourrait décider de confier ces
fonds-là à la fondation pour qu'elle fasse un appel d'offres.
Dans ce cas-là, ce serait probablement le FCAC qui pourrait le mieux
assumer un tel programme plus spécifique.
D'autre part, le mécanisme de l'impôt sur les successions -
parce que ma préoccupation c'est qu'il y ait le maximum de fonds qui
aillent à la recherche universitaire - qui peut donner de bons
résultats, parce que, comme vous l'avez dit, il est extrêmement
avantageux, non seulement accorde des déductions - je le souligne en
passant - de 90% sur la succession mais également au niveau de
l'impôt sur le revenu au moment où le donateur vit et, par
conséquent, paie des impôts - c'est presque une condition de la
vie? Il y a donc des déductions accrochées à ce don. Mais
au cas où cela ne fonctionnerait pas, je voudrais pouvoir me retourner
auprès de mon collègue le ministre des Finances et lui dire: le
mécanisme dont nous avons convenu est moins efficace que prévu,
nous attendions un rendement d'environ 5 000 000 $ et on n'a eu que 500 000 $,
pourriez-vous combler la différence? Je pense qu'en multipliant les
points d'ancrage, même à l'intérieur de l'appareil
gouvernemental, on peut canaliser des fonds à la recherche
universitaire, pour autant que ces fonds soient distribués par des fonds
sectoriels branchés sur le milieu universitaire. Je pense qu'on a une
soupape de sécurité qui nous assure que les fonds vont augmenter.
Si jamais la fondation posait des conditions inacceptables ou jugées
inacceptables par les fonds sectoriels, ils n'auront qu'à refuser les
sommes qu'on voudrait mettre à leur disposition.
M. French: M. le Président, le ministre a répondu
sur deux plans. Le premier est invraisemblable, selon moi, c'est-à-dire
que les fonds n'émettent pas le genre de subventions que le gouvernement
voudrait les voir émettre. Donc, au lieu de leur donner une enveloppe et
leur dire de la dépenser, on est obligé de passer par la
fondation.
M. Paquette: Si M. le député me le permet, je
voudrais préciser que dans les fonds mis à la disposition, par
exemple, du ministère de l'Éducation, le ministère doit
faire un arbitrage. Il doit décider combien il investit dans le Fonds
FCAC, dans l'aide aux étudiants et dans les autres programmes qui sont
sous sa responsabilité. Une année, il pourrait y avoir un besoin
de recherche bien spécifique identifié par tout le monde que le
ministre de l'Éducation, tout en veillant à la croissance normale
du Fonds FCAC, ne voudrait pas assumer. Par exemple, le Fonds FCAC investit 94%
de ses fonds dans la recherche fondamentale, la recherche libre et à peu
près 6% dans la recherche orientée. À un moment
donné, le gouvernement pourrait dire: Nous avons besoin d'un programme
de recherche orienté vers les universités. Ce serait fort utile
pour débroussailler certaines questions liées au domaine de
l'énergie. Il pourrait confier à la fondation le soin
d'administrer ce programme.
M. French: Oui, mais...
M. Paquette: Je ne vois pas quelle crainte une telle
éventualité pourrait susciter.
M. French: Non, non, ce n'est pas cela qui, en soi, suscite des
craintes, bien que cela ne me semble pas avoir beaucoup de bon sens au plan
administratif. Si le gouvernement fonctionne de façon indirecte, c'est
son droit, mais ce qui me préoccupe davantage...
M. Paquette: La préparation du budget, c'est un arbitrage
entre divers ministères...
M. French: D'accord.
M. Paquette: Je ne peux pas uniquement me fier à tel ou
tel ministère pour m'assurer que les fonds à la recherche
universitaire augmentent le plus rapidement possible. Il peut y avoir des
besoins qui n'auront pas été comblés par les
ministères sectoriels. Je voudrais avoir une soupape où on peut
canaliser davantage les fonds vers les universités. C'est tout
simplement cela.
M. French: S'il y avait des garanties que c'était le seul
et unique objectif d'avoir
ces canaux un peu curieux entre les fonds directement liés au
gouvernement et ceux indirectement liés au gouvernement par l'entremise
de la fondation, je n'aurais pas d'objection. L'inverse me trouble. On
assistera, dès que le projet de loi sera adopté, à la
situation suivante: en termes absolus, les ressources financières qui
sont actuellement allouées à la recherche libre aux
universités seront effectivement gérées et toutes les
augmentations passeront par la fondation avec des conditions pas mal
contraignantes qui hausseront effectivement le pourcentage de fonds pour la
recherche appliquée aux universités. Je n'ai pas d'objection que
la recherche appliquée se fasse, mais j'ai une objection que cela se
fasse sous le couvert de ce qui est supposé être un programme de
recherche libre administré, par exemple, par le Fonds FCAC. Si vous
voulez faire de la recherche appliquée, je recommanderai que cela soit
fait par contrat ou par subvention dans les ministères. À ce
moment-là, on aurait deux enveloppes: une enveloppe pour la recherche
libre, où tout le monde saurait ce que c'est, et une série
d'enveloppes pour la recherche appliquée dirigée par les
ministères ou par le ministre lui-même et son ministère. Je
n'ai pas d'objection à cela, mais il ne faudrait pas mêler,
d'après moi...
M. Paquette: M. le Président, là n'est pas la
question. Cette loi n'amène aucune option - je l'ai
répété souvent - face à tel ou tel type de
recherche ou à tel ou tel secteur de recherche. Il s'agit de
prévoir des mécanismes multiples, je pense. C'est un organisme
où il faut prévoir des mécanismes multiples. La
Conférence des recteurs et des principaux des universités du
Québec est venue dire devant cette commission qu'elle souhaitait que
l'on maintienne le système de la multiplicité des sources
auxquelles les universitaires peuvent faire appel. Quelqu'un de l'Opposition
lui a demandé: Est-ce que vous pensez que ce projet de loi réduit
ces sources? Le recteur de l'Université McGill nous a dit: Non, j'ai
l'impression qu'il les augmente, et c'est très bien comme cela. Alors,
je ne vois vraiment pas le problème ici. Il n'y a pas de
problème. Il pourrait même y avoir une saine émulation
à la limite, à savoir que le ministère de
l'Éducation dirait: Bon, le gouvernement a donné 2 000 000 $
à la fondation, je ne veux pas être en reste et je vais m'arranger
pour qu'il y ait 2 000 000 $ de plus que ce que j'avais prévu dans le
Fonds FCAC. Tout ce que cela va faire, c'est que cela va augmenter les
ressources disponibles pour la recherche scientifique, qui est notre
objectif.
M. French: M. le Président, je ne veux pas souscrire
à l'interprétation que donne le ministre de l'échange que
j'ai eu avec la
CREPUQ au sujet de la diversité des sources. Je lui signalerai
que si la CREPUQ était d'accord avec son projet de loi et les
mécanismes qu'il prévoyait, c'était curieusement indirect
son appui.
M. Paquette: II faudrait aller lui poser la question aujourd'hui.
Elle aurait peut-être une autre idée.
M. French: C'est justement ce qu'on voulait faire, mais vous avez
refusé. Alors, comment voulez-vous qu'on lui pose la question?
M. Paquette: Le téléphone, cela existe.
M. French: M. le Président, le ministre blague. Je
voudrais poser deux questions de détail. Concernant l'estimation de 15
000 000 $ à 20 000 000 $, est-ce que les études sont disponibles?
Est-ce qu'on peut avoir des chiffres, un document qui nous expliquerait
pourquoi on... Non.
M. Paquette: II n'y a pas d'études, M. le
Président.
M. French: Donc, c'est une estimation un peu...
M. Paquette: Ah oui! M. French: ...arbitraire.
M. Paquette: Écoutez! Quand on lance un nouveau
mécanisme comme celui-là, on regarde... Écoutez! C'est une
innovation cette affaire-là.
M. French: D'accord. Je ne critique pas le ministre...
M. Paquette: Cela n'existe nulle part. Alors, on n'a aucune
base.
M. French: J'accepte cela, M. le Président. Je voulais
simplement demander où cela en était.
M. Paquette: On fait des estimations, mais on pense qu'au
maximum, quand on aura eu 10 000 000 $ dans les deux fondations, on pourra dire
qu'on a bien travaillé.
M. French: D'accord, M. le Président. Je voulais
simplement savoir quelle était la base des chiffres qu'a donnés
le ministre.
Il y aurait six membres dans la fondation et ils fonctionneraient avec
des critères de répartition.
M. Paquette: Oui.
M. French: Est-ce que ces critères de
répartition seraient publics?
M. Paquette: Absolument, M. le Président. D'ailleurs,
c'est pour cela qu'on impose, à l'article 52, que le plan de
répartition entre les fonds soit soumis à l'approbation du
gouvernement - à ce moment-là, les ministres sectoriels y sont et
les autres ministres aussi - et déposé à
l'Assemblée nationale dans les quinze jours de son approbation par le
gouvernement. Alors, le plan de répartition va être public. Un
plan de répartition, ce n'est pas simplement de dire qu'on a
donné tel montant à tel fonds et tel montant à tel autre.
C'est de dire les critères qui ont présidé à la
répartition. Sans cela j'imagine que vous allez jouer votre rôle
d'Opposition à l'Assemblée nationale et que vous allez protester
de façon véhémente.
Le Président (M. Champagne): S'il n'y a pas d'autres
questions...
M. French: II y a d'autres questions, M. le Président.
Une voix: II est 13 heures.
M. French: Si le président veut invoquer qu'il est 13
heures, c'est une autre paire de manches.
Le Président (M. Champagne): II reste quelques
minutes.
M. French: Je pense, d'ailleurs, que je pourrai terminer mes
questions dans le temps qu'il nous reste.
Le Président (M. Champagne): Parce qu'on a d'autres...
J'ai reconnu aussi le député d'Argenteuil.
M. Paquette: Alors, on ne siège pas cet après-midi,
semble-t-il, parce qu'il n'y a pas consentement de l'Opposition.
Le Président (M. Champagne): Non. On siège ce soir,
à 20 heures.
M. Paquette: M. le Président, simplement une brève
remarque. J'aimerais beaucoup qu'on puisse éviter...
Une voix: L'intervention des leaders.
M. Paquette: ...l'intervention des leaders. Je me demande, quitte
à suspendre certains articles, si on ne devrait pas aller aux articles
clés le plus rapidement possible, sans brimer le droit de parole des
députés. Je pense que le député a encore... Je
parle pour la période de ce soir où nous aurons quatre heures
à notre disposition, de 20 heures à minuit.
Mme Dougherty: Je voudrais suggérer qu'on suspende
quelques articles parce que nous revenons, cet après-midi, n'est-ce
pas...
Le Président (M. Champagne): Non.
Mme Dougherty: Nous ne revenons pas cet après-midi.
M. Paquette: Cela prenait le consentement du leader de
l'Opposition et nous ne l'avons pas eu.
Mme Dougherty: Mais nous revenons ce soir.
Une voix: Oui. M. Paquette: Oui.
Mme Dougherty: Si je comprends bien, nous revenons lundi.
M. Paquette: Oui, nous revenons lundi également.
Mme Dougherty: On va continuer toute la journée et le
soir.
M. Paquette: Oui. C'est ce qu'on m'a dit.
Mme Dougherty: La date limite, c'est lundi, à minuit.
Donc, je crois que nous avons assez de temps. Est-ce qu'on pourrait continuer
cette discussion après le lunch?
Le Président (M. Champagne): Non, on ne peut pas. Enfin,
on continuera la discussion ce soir, à 20 heures.
Mme Dougherty: Ce soir.
Le Président (M. Champagne): Oui.
M. Paquette: Oui.
Mme Dougherty: D'accord. On peut considérer comment on
veut agir...
M. Paquette: Le problème, c'est que nous ne pouvons nous
réunir que sur un ordre de la Chambre. La Chambre nous a ordonné
de nous réunir ce matin jusqu'à 13 heures. Par un consentement,
on pourrait toujours poursuivre jusqu'à 14 heures et je n'aurais pas
d'objection. Ensuite, la Chambre nous fait l'obligation de nous réunir
de 20 heures à minuit, ce soir, et, ensuite, lundi toute la
journée. (13 heures)
M. French: Si je peux, M. le Président.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Westmount.
M. French: Je ne sais pas ce qu'en pense le député
d'Argenteuil. Je comprends que c'est frustrant pour le ministre de se faire
poser une foule de questions à l'article 35. Cela, je le comprends. Je
pense qu'il reconnaît volontiers par exemple qu'on s'adresse à
l'économie de la fondation, à l'occasion de...
M. Paquette: Cela peut permettre d'accélérer
la...
M. French: C'est cela. Si on passe à travers les choses
maintenant...
M. Paquette: D'accord.
M. French: ...on n'aura pas à passer à travers plus
tard.
M. Paquette: Très bien.
M. French: Si on veut me permettre une dernière question:
À l'avenir, alors que la fondation aura atteint son rythme de
croisière, le ministre est-il en mesure d'indiquer à la
commission quel pourcentage des ressources financières totales des fonds
passerait par la fondation et quel pourcentage passerait directement du
gouvernement à la fondation? Je pense que les inquiétudes que
nous avons entendues dont j'ai déjà dit qu'elles étaient
un peu exagérées découlent effectivement de la crainte que
la fondation devienne l'instrument qui va créer une distorsion dans les
objectifs des fonds quant au financement de la recherche universitaire vers la
recherche appliquée de façon étroite et
systématique. C'est cela, la crainte. Et, s'il y avait moyen dans la loi
d'alléger ou d'enlever cette crainte, ce serait très valable pour
tout le monde.
M. Paquette: Écoutez, cela dépend de
l'efficacité de cette mesure fiscale sur l'impôt sur les
successions. Si elle est aussi efficace que nous le pensons, la proportion va
probablement être autour de zéro. Si on peut réussir
à aller chercher 5 000 000 $ -peut-être pas en 1983-1984, mais en
1984-1985 - on n'aura pas besoin d'un apport de fonds publics. De toute
façon, je pense que dans un proche avenir, cela ne dépassera pas
les 5 000 000 $, quelles que soient les sources de financement. Par
conséquent, l'apport relatif est faible puisqu'il y a à peu
près 60 000 000 $ dans les trois fonds sectoriels et 5 000 000 $
à la fondation.
M. French: Dont 43 000 000 $ à...
M. Paquette: 32 000 000 $ au Fonds FCAC, 23 000 000 $ à
FRSQ et 3 000 000 $ au Fonds de recherche agricole.
Le Président (M. Champagne): On dépasse l'heure et
il faudrait un consentement. Il y avait seulement le député
d'Argenteuil qui avait une courte question?
M. Ryan: C'est seulement une question d'information qui ne touche
pas au contenu. Quand le ministre a demandé tantôt que nous
passions le plus vite possible à certains articles plus importants,
est-ce qu'il pourrait dire ce qu'il voulait signifier exactement?
M. Paquette: L'impression que j'ai, après avoir
écouté attentivement les groupes qui nous ont
présenté des mémoires, les réactions de
l'Opposition, les discours de deuxième lecture, à mon avis - je
ne sais pas si les autres membres de la commission seront de cet avis - il y a
vraiment dans ce qu'il reste à parcourir, au-delà des
détails de fonctionnement, du quorum, des choses personnelles qui
peuvent parfois être importantes, mais c'est vraiment de la cuisine, de
la plomberie. Il y a vraiment, je dirais, trois ou quatre groupes
d'articles-clés. Il y a les articles 50, 51 et 52 qui sont très
reliés et qui concernent la mécanique, l'interrelation entre la
fondation, le gouvernement et les fonds. Il y a les articles - il n'y a plus
l'article 83 parce qu'on l'a supprimé, mais l'article 84,
essentiellement, concerne l'interrelation entre les fonds et le gouvernement.
L'article 86 aussi est très important. Il s'agit des
règlements que peut adopter un fonds. Il y a évidemment,
concernant l'agence de valorisation industrielle, l'article - cela commence
à 99, mais il y a en fait l'article 115 qui en décrit les
fonctions et qui, à mon avis, est la clé et peut-être un ou
deux autres articles dans l'agence. Le reste, dans les dispositions
transitoires, vous allez constater que ce sont vraiment des mécanismes
de détail.
M. French: Lorsqu'on sera rendu à l'agence, on va avoir le
même genre de discussion qu'on vient d'avoir.
M. Paquette: De fond, oui. Cela, c'est tout à fait
indiqué, je pense.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que cela répond
à votre question, M. le député d'Argenteuil?
M. Ryan: Oui et non. Ce que j'allais dire au ministre
là-dessus, c'est que finalement, une méthode ou l'autre va
conduire au même résultat. Autour de l'article 35, nous abordons
bien des questions qui se rattachent aux articles 50, 51, 52. Et, si nous les
discutons de manière sérieuse, je pense que quand nous allons
arriver aux articles 50, 51 et 52, cela va aller plus vite; vice versa, si on
prend 50 séparé, on risque
d'être obligé de prolonger...
M. Paquette: Je voudrais simplement souligner aux membres de la
commission que, dans le fond, même s'il y a beaucoup d'articles dans ce
projet de loi, on n'a vraiment que deux ou trois discussions de fond encore
à tenir sur certains articles, de sorte que cela ne m'apparaît pas
impossible qu'à minuit, lundi soir, nous ayons terminé et que
nous puissions éviter l'intervention des leaders; ce qui serait
préférable...
M. Ryan: Ce n'est pas du tout impossible.
M. Paquette: ...pour tout le monde, dans le fond.
M. Ryan: C'est à vous de persuader votre leader.
M. Paquette: II en est persuadé, mais il demande certaines
assurances du vôtre.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'on peut
présumer que l'article 35 est adopté?
Mme Dougherty: Non, ce n'est pas adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Champagne): Alors, la commission
élue permanente de la présidence du conseil et de la constitution
suspend ses travaux jusqu'à ce soir, 20 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 06)
(Reprise de la séance à 20 h 16)
Le Président (M. Champagne): À l'ordre, s'il vous
plaît, madame et messieurs les membres de la commission! La commission
élue permanente de la présidence du conseil et de la constitution
poursuit l'étude article par article du projet de loi 19, Loi favorisant
le développement scientifique et technologique du Québec.
Les membres de la commission sont: MM. Dussault (Châteauguay),
Brassard (Lac-Saint-Jean), Paré (Shefford), Brouillet (Chauveau),
Lincoln (Nelligan), Leduc (Fabre), de Bellefeuille (Deux-Montagnes), French
(Westmount), Paquette (Rosemont), Ryan (Argenteuil), Mme Dougherty
(Jacques-Cartier).
Les intervenants de la commission sont: MM. Bisaillon (Sainte-Marie),
Charbonneau (Verchères), Ciaccia (Mont-Royal), Gratton (Gatineau),
Perron (Duplessis), Rivest (Jean-Talon) et Saintonge (Laprairie).
Nous étions à l'article 35.
Mme la députée, est-ce que vous aviez des choses à
ajouter?
Mme Dougherty: Nous ne sommes pas du tout contre une fondation en
soi. Le problème que nous y voyons; c'est que la fondation est
rattachée, par voie des contributions, aux trois fonds et
peut-être à d'autres fonds à venir. Donc, par rapport
à leur statut, leurs pouvoirs, leur autonomie, même si l'an
prochain ou dans deux ans il n'y a pas de changement, ce que nous voulons
protéger, c'est l'avenir des trois fonds qui ont développé
un rapprochement avec la base, c'est-à-dire de véritables
rapports avec les chercheurs.
Nous voulons également protéger la liberté des
trois fonds en songeant peut-être à leur orientation future, ce
qui n'est pas un mythe. Il y a vraiment des possibilités parce qu'il y a
différentes théories, idées ou philosophies sur la
façon dont on doit encourager ou favoriser la recherche. Quand j'ai
entendu le président du Conseil du trésor, je me suis dit alors
que les craintes sont peut-être justifiées. On ne peut pas compter
sur la bonne volonté du ministre délégué à
la Science et à la Technologie mais il faut penser aux autres ministres
dans l'avenir. Parce que leurs idées seront différentes et
même si leurs intentions sont bonnes leur impact sur les
universités pourrait être négatif. Donc, nous cherchons une
façon de détacher un peu, de déconnecter la fondation des
trois fonds. Un de mes collègues a suggéré ce soir, pas un
collègue présent ici mais un autre: pourquoi pas, pour la
fondation, créer un trust privé avec une compagnie. On peut
créer toutes sortes de fondations pour ramasser, recevoir des fonds, des
dons, des legs qui pourraient être distribués selon les
priorités du ministre ou du sous-ministre. Le ministre pourrait
créer un petit comité qui pourrait le conseiller. Pourquoi pas?
Je ne suis pas contre cela. C'est la liberté des trois fonds qui est en
jeu. C'est notre problème. Le problème que nous envisageons.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre.
M. Paquette: M. le Président, très
brièvement. D'abord la liberté des trois fonds dont parle la
députée de Jacques-Cartier, c'est le gouvernement actuel qui l'a
créée. Il faudrait penser qu'il serait bien inconséquent
de la retirer alors que cette autonomie, cette liberté des fonds
sectoriels a donné d'excellents résultats. D'ailleurs le projet
de loi propose d'instituer un troisième fonds en le détachant de
son ministère. Il existe le CRESAC, le Fonds de recherche agricole. Il
est très intégré au ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. La loi propose de le détacher, de
la même façon que le fonds FCAC a été
détaché du ministère de l'Éducation, que le FRSQ a
été détaché du ministère des
Affaires sociales.
Par conséquent, nous partageons, il va sans dire, les mêmes
objectifs face à la liberté des fonds. Je soutiens que cette
liberté est augmentée si les fonds ont plus d'une source à
laquelle s'alimenter. Actuellement ils ne s'alimentent que des crédits
du ministère sectoriel dont ils relèvent. Par la loi ils pourront
s'alimenter également par la fondation et par d'autres moyens puisqu'ils
peuvent conclure des ententes avec d'autres organismes. Je pense qu'on augmente
la liberté des fonds.
Quant au Conseil du trésor, si vous craignez certaines attitudes
peut-être un peu trop étroitement économiques d'un Conseil
du trésor qui s'occupe d'économie, de budgets, de rationalisation
de dépenses, ce qui est son rôle et ce qui est normal, il vaut
mieux lui opposer davantage de contrepoids. Un ministre de la Science et de la
Technologie doté d'un certain nombre de pouvoirs que nous avons
adoptés ensemble à l'unanimité peut constituer un tel
contrepoids.
D'autre part, pour ceux qui craindraient qu'il y ait une avalanche de
fonds publics dans la fondation, lesquels viendraient en quelque sorte
transférer le balancier du sectoriel vers la politique
générale puisque la fondation relève du ministre de la
Science et de la Technologie, je pense que j'ai expliqué ce matin qu'il
serait étonnant qu'un ministre de la Science et de la Technologie qui
veut accomplir un virage technologique tout en continuant d'appuyer et
d'assurer le développement de toutes les formes de recherche, de la plus
libre à la plus appliquée... Un tel ministre qui voudrait
orienter les choses très étroitement, de façon très
dirigiste, ne passerait pas par la fondation, car il n'a aucun contrôle
sur le point d'aboutissement des fonds. Ces craintes sont injustifiées.
On peut bonifier le projet de loi. On peut s'en assurer.
Mme Dougherty: II passe par qui?
M. Paquette: Pardon? II passe par les fonds sectoriels. Ce sont
les comités des fonds sectoriels qui décident du point
d'atterrissage des subventions. Même les ministres sectoriels - et encore
moins le ministre de la Science et de la Technologie -ne sont pas directement
responsables des fonds sectoriels.
Comme je disais ce matin, voilà une forme de relation qui, si
elle existait entre le gouvernement fédéral et le gouvernement
provincial, nous rendrait bien heureux. Nous serions en régime de
souveraineté-association ou de Confédération très
décentralisée.
M. French: Ce n'est pas la façon de gagner l'Opposition,
M. le Président, ce genre de métaphore.
M. Leduc (Saint-Laurent): Laquelle? M. Ryan: La
Confédération.
M. Paquette: Oui parce que ce que vous souhaitez c'est le maximum
de liberté des fonds. Nous ce que nous souhaitons, c'est le maximum de
liberté pour le Québec.
Le Président (M. Champagne): M. le député
d'Argenteuil, vous avez demandé la parole.
M. Ryan: Oui, toujours dans la même veine. Il y avait deux
ou trois points que je voulais soumettre à l'attention du ministre. Tout
d'abord, j'ai du mal à comprendre pourquoi il faudrait donner à
la fondation le pouvoir de solliciter des dons. Le pouvoir d'en recevoir ou
d'en accepter, je pense que cela est une autre affaire, mais le pouvoir de les
solliciter, cela ouvre la porte à une foule de choses. Cela ouvre la
porte à des campagnes de souscription. Il me semble que ce n'est pas le
rôle du gouvernement que de faire cela. Si le gouvernement a besoin de
fonds, il ne va pas les solliciter, il les perçoit de droit. Il me
semble que c'est son statut propre et il a le pouvoir de taxation, il a le
pouvoir d'exemption fiscale également. Il peut très bien
décider, comme on l'a fait dans le dernier budget, que des exemptions
seront accordées afin de canaliser des fonds vers certaines fins
publiques comme la recherche, cela est très bien. Je ne crois pas que ce
soit de la nature de la puissance publique que de s'ériger en organisme
qui sollicite des fonds des citoyens. Si les citoyens veulent faire des dons,
j'ai eu des expériences de ce côté, qu'à un moment
donné des entreprises qui voulaient faire des dons... Il faut que je
vous conte un fait. Quand j'étais journaliste, il m'est arrivé
d'écrire au premier ministre actuel du Québec parce qu'un citoyen
m'avait adressé des fonds. Il trouvait à ce moment,
n'étant pas instruit par l'expérience, que sa cause était
bonne.
M. Paquette: C'est à la suite de ses rapports
étroits avec le premier ministre du Québec que le
député d'Argenteuil a appuyé notre parti en 1976.
Le Président (M. Champagne): Venons-en aux faits. Si vous
voulez donner votre exemple, M. le député, c'est trop
glissé sur...
M. Ryan: Tout de suite, ils sont nerveux.
M. de Bellefeuille: Je ne peux pas laisser passer une erreur
historique comme cela parce que le député d'Argenteuil, à
ce moment, c'était M. Zoël Saindon.
M. Ryan: Après l'élection et non point avant 1976,
j'ai reçu, un jour, une lettre d'un citoyen qui m'envoyait une somme
d'argent à l'intention du gouvernement parce qu'il avait confiance dans
le gouvernement à ce moment, très bien. Je ne savais pas quoi
faire avec cela. J'ai écrit au premier ministre lui transmettant la
somme et lui disant, c'est à vous d'en disposer pour le bien public. Il
m'a écrit me disant que ce n'était pas le rôle du
gouvernement d'accepter des contributions comme celle-là. J'ai
écrit au citoyen pour lui dire cela.
Je comprends qu'on peut toujours adopter une loi qui habilite un
organisme en particulier, c'est très bien. Cela pour illustrer que dans
le cours normal des choses, ce n'est pas dans la nature de la puissance
publique de solliciter des fonds. Deuxièmement, il y a une raison
particulière dans ce cas-ci, c'est que déjà dans le
secteur de la recherche, il y a un bon nombre d'organismes des secteurs public
et parapublic qui, eux, sont dans une situation où ils doivent envisager
maintenant de solliciter des fonds. Je pense aux universités, en
particulier, qui ont besoin de se donner une marge de liberté, de se
doter de fonds spéciaux pour être capables de s'adonner davantage
à la recherche ou développer tel ou tel service, à un
moment donné et tout cela.
C'est évident que si elles sont en concurrence avec un organisme
qui donne l'impression, à tort ou à raison, de chapeauter tout
cela, cela va tarir les sources pas mal. Il y a une troisième raison que
je vous donnerais sur ce point. C'est que déjà, avec le contexte
dans lequel est lancé le projet de loi, le contexte dans lequel il va
fort possiblement être adopté, j'ai l'impression qu'il va rester
et cela, le parti qui gouverne actuellement le sait parce qu'il est
passé maître dans l'art de l'image...
M. French: On serait aussi bon dans ce domaine, M. le
Président.
M. Paquette: Précisément notre image, semble-t-il,
au dire du député d'Argenteuil, n'est pas très bonne.
M. Ryan: Ce que je voulais dire, je ne voulais pas rester sur ces
excursus longtemps évidemment. Ce que j'allais dire, c'est que le
contexte dans lequel naît le ministère est un contexte qui risque
de laisser une image défavorable. Ils veulent centraliser, ils veulent
mettre la patte là-dessus et il y a toujours des bouts du projet
original qui pourront rester gravés dans la mémoire de l'un ou de
l'autre dans l'imagination populaire. Je pense que cela pourrait nuire beaucoup
pour les contributions que le gouvernement souhaiterait recevoir de cette
source parce que, en général, les organismes qui fournissent
l'argent, j'ai remarqué cela, ils veulent le fournir pour des fins
précises. Par exemple, on va en demander pour le développement de
tel institut pour tel projet particulier; il y en a un qui peut avoir des
souvenirs, parfois c'est son arrière-grand-mère qui est morte de
cette maladie et il va influencer son entreprise ou son institution à
donner pour cela. (20 h 30)
Je crois que ce point prête beaucoup à discussion, je ne
sais pas s'il y aurait moyen même de l'enlever, en tout cas il ne me
semble pas essentiel.
M. Paquette: M. le Président, je suis tout à fait
disposé à en discuter, cela arrive, je pense, à l'article
50.
M. Ryan: Oui, très bien.
M. Paquette: Lorsque nous y arriverons, je suis très
disposé à ce qu'on essaie de baliser cela.
M. Ryan: Une deuxième question que je voudrais poser au
ministre, parce qu'on a terminé là-dessus ce matin et je n'ai pas
saisi trop clairement ce que voulait dire le ministre, peut-être parce
que j'ai été distrait, peut-être parce qu'on n'avait pas
assez de temps. Je pense que M. le député de Westmount a
demandé combien d'argent frais le gouvernement envisage de mettre dans
cette fondation, disons au cours de la première année? Des fonds
additionnels frais qu'il viendrait injecter pour des fins de...
M. Paquette: Rien.
M. Ryan: Rien? C'est seulement le produit qui dériverait
de la mise en oeuvre des mesures fiscales annoncées dans le discours sur
le budget?
M. Paquette: Pour l'année en cours.
M. Ryan: Pour l'année en cours? Pour l'année
1983-1984.
M. Paquette: Exact.
M. Ryan: Pour les autres années, il n'y a rien
d'arrêté?
M. Paquette: Non, on va essayer de faire donner à ce
mécanisme concernant l'impôt sur les successions le maximum de
rendement. Pour cela, il va falloir en informer les premiers
intéressés, évidemment, et normalement c'est la fondation
qui devrait le faire. Ces frais de fonctionnement seront assumés
à même le budget de mon ministère dans la première
année.
M. Ryan: Est-ce que je dois
comprendre, M. le ministre, que la raison principale pour laquelle vous
envisagez une fondation, c'est justement pour attirer ces contributions qui
pourraient venir sous la forme de legs ou choses du genre? Dans le livre blanc
sur la politique de recherche, on avait parlé - chose curieuse, je ne
l'avais pas lu l'autre jour quand on a discuté de cela, je me suis
aperçu que les auteurs avaient une idée assez semblable à
celle que moi-même j'émettais l'autre jour, trois ans après
d'ailleurs, je n'ai pas de mérite - d'un fonds d'incitation qui serait
à la disposition du ministre. Mais est-ce que c'est justement pour
créer un canal plus formel, plus objectif pour l'acheminement de ces
contributions sous forme de legs, etc., que vous envisagez une fondation?
M. Paquette: Non, c'est un mécanisme additionnel puisque
j'ai à ma disposition un fonds d'incitation. Je pense que c'est
important que le ministre de la Science et de la Technologie, tel qu'on
l'explique dans la politique scientifique, ait à sa disposition des
fonds propres qui lui permettent d'encourager diverses initiatives dans le
domaine scientifique et technologique. On a discuté abondamment, au
moment de la commission des crédits, de l'utilisation que nous avions
faite de ces fonds. Nous pensons maintenir cette disposition au cours des
années. C'est tout à fait différent de la fondation. La
fondation est totalement au service des fonds sectoriels et elle vise à
mobiliser des sources additionnelles originales qui entrent le moins possible
en concurrence avec les autres sources de revenu, et à les injecter dans
les fonds sectoriels qui, eux, les dépensent. C'est là le
rôle de la fondation, pas autre chose.
Le Président (M. Champagne): Cela va? M. le
député de Westmount.
M. French: M. le Président, le ministre a dit qu'il
était prêt à revoir la question de la sollicitation. Je
pense que c'est important et on va en discuter lorsque nous serons rendus
là. Pour l'Opposition, qu'il y ait une structure d'accueil pour les
fonds qui arrivent au gouvernement, à la suite de l'abri fiscal,
là, d'accord. Restent les subventions gouvernementales et la
nécessité d'une fondation, avec des membres, avec toute une
structure et 35 articles. Pour ce qui est des subventions gouvernementales, je
n'arrive pas à comprendre. Lorsque le gouvernement veut qu'un fonds
quelconque fasse de la recherche appliquée subventionnée,
pourquoi passe-t-on par la fondation? Je pense que ce serait plus propre, que
ce serait plus clair et que ce serait plus honnête qu'une enveloppe, pour
la recherche appliquée dans un certain domaine, soit envoyée
directement au fonds sans passer par la fondation. On prétend qu'il y a
une espèce d'arbitrage non gouvernemental qui arrive en ligne de compte,
alors qu'on sait très bien d'où vient l'argent originalement.
M. Paquette: M. le Président, la fondation n'a pas parmi
ses objectifs de favoriser par exemple la recherche orientée par rapport
à la recherche fondamentale, sauf qu'on sait très bien que, dans
l'état actuel des choses, le fonds FCAC, par exemple, consacre à
peu près 6% de ses fonds à la recherche orientée. Je pense
que librement, simplement en constatant l'évolution de notre
société, les membres du fonds FCAC souhaitent faire un effort
additionnel dans ce domaine.
M. French: ...
M. Paquette: Oui. On pourrait très bien arriver, dans cinq
ou dix ans, à un point qui serait l'inverse: il n'y aurait pas
suffisamment d'espace pour la recherche libre et fondamentale. À ce
moment-là, la fondation pourrait jouer un rôle compensatoire.
C'est un mécanisme d'appoint pour les fonds sectoriels qui devrait,
à mon avis, jouer un certain rôle régulateur pour essayer
de combler les lacunes. Pour le moment, les lacunes sont surtout du
côté de la recherche orientée. Je pense que cela est bien
évident.
M. French: M. le ministre, pourquoi faut-il aller à un
groupe, à une corporation avec quelques membres nommés par le
gouvernement, avec un président à temps plein, pour donner de
l'argent pour la recherche, que ce soit de la recherche libre ou de la
recherche subventionnée? D'abord, on retire l'argent du fonds
consolidé...
M. Paquette: Pour rendre...
M. French: ...et là on le passe à une corporation
pour le passer à une autre corporation...
M. Paquette: M. le Président, très simplement pour
rendre la fondation tout aussi autonome par rapport au ministre
délégué à la Science et à la Technologie que
les fonds sectoriels le sont par rapport aux ministres sectoriels. C'est aussi
simple que cela.
M. French: Pourquoi le ministre ne voudrait-il pas que le
gouvernement dans sa sagesse prenne une décision collective alors qu'il
s'agit de débourser des sommes d'argent public et qu'il envoie une
enveloppe budgétaire au fonds en question et lui dit d'aller travailler
cela? C'est le rôle intermédiaire de la fondation dans le cas
des
subventions gouvernementales qui m'échappe encore.
M. Paquette: Quand il s'agit de fonds publics, cela pourrait
peut-être se défendre -encore une fois, il y a ce problème
d'autonomie dont je viens de parler - mais là il s'agit de fonds
privés. Nous pensons qu'une fondation avec un conseil d'administration
va inciter davantage les donateurs à se dire: nous ne donnons pas au
gouvernement, nous donnons aux universités et aux centres de recherche
médicale par l'intermédiaire d'une fondation que le gouvernement
appuie dans son infrastructure. On paie les dépenses de fonctionnement
de la fondation. Il n'y a donc pas un sou des fonds privés - il y a un
article très clair à cet effet dans le projet de loi - qui va au
fonctionnement de la fondation.
M. French: Est-ce que le ministre... Mon problème c'est
que je ne réussis pas... Pourquoi, si le gouvernement décide...
Laissons faire la question de l'argent qui vient de l'extérieur et
duquel on a déjà dit que, hormis la question de sollicitation
avec laquelle on est d'accord... Si vous décidez de faire plus de
recherche dans le transport mais de la recherche qui exige des ressources
humaines universitaires... Prenons un cas où la recherche doit
forcément être multisectorielle et non pas pour un
ministère en particulier: pourquoi le Conseil du trésor, le
gouvernement n'identifie-t-il pas, sous le stimulus du ministre
délégué à la Science et à la Technologie qui
l'annonce... Pourquoi passer par la fondation à ce moment-là?
M. Paquette: Nous avons également une disposition dans le
projet de loi qui permet à un fonds - si vous le permettez, c'est
très important - sectoriel d'administrer au nom d'un autre
ministère un budget de recherche. Cela se fait déjà. Le
FCAC administre, je pense, un programme de recherche avec le ministère
des Transports avec des budgets qui sont dans les budgets du ministre des
Transports. Plutôt que le ministère des Transports décide
de fabriquer une espèce de structure parallèle qui
évaluerait les équipes de recherche des universités, il
préfère se confier, confier ces fonds à l'organisme
compétent dans le domaine. Le ministre délégué
à la Science et à la Technologie pourrait également le
faire.
M. French: Directement, et non par le biais de la fondation.
M. Paquette: Directement, exactement.
M. French: M. le Président, je pense qu'on fait du
progrès. Les subventions gouvernementales qui vont à la fondation
sont uniquement pour l'administration.
M. Paquette: En principe.
M. French: Ah!
M. Paquette: Ce que je vous dis c'est...
M. French: Je m'excuse, M. le ministre, cela n'était pas
clair du tout.
M. Paquette: Oui, mais ce que je vous dis c'est que j'aimerais
garder la soupape par laquelle je pourrais compenser pour une faiblesse de
rentrées de la mesure sur l'impôt des successions, pour retourner
auprès de mon collègue, le ministre des Finances et lui dire:
Cela a donné un peu moins de rendement que prévu, ne
pourriez-vous pas nous donner 3 000 000 $ pour investir là-dedans pour
assurer des revenus d'appoint, pour faire un financement complémentaire
par rapport aux fonds sectoriels. Si on veut avoir un programme bien
spécifique de recherche orientée, il y a un article, l'article 90
dans le chapitre sur les fonds, qui dit qu'en plus d'exercer les fonctions
prévues à la présente section, un fonds met en oeuvre les
programmes d'aide financière qui lui sont confiés par une autre
loi ou avec l'autorisation du gouvernement et aux conditions que ce dernier
détermine, les programmes d'aide financière qui lui sont
confiés par un ministère ou par un organisme public. Le fonds
exerce alors ses fonctions conformément à la présente
sous-section, autant que faire se peut, parce que cela veut dire que tous les
articles ne peuvent s'appliquer dans ces cas-là. C'est donc possible,
par l'article 90, et de plus cela se fait déjà.
M. French: Le problème auquel je fais allusion c'est qu'il
y a présentement un budget pour la recherche libre ou, par exemple, 94%
de ce que le FCAC dépense. Ce que je ne voudrais pas voir, c'est que ce
budget-là soit gelé et que les augmentations systématiques
qui vont aller au FCAC y parviennent par le biais de la fondation et que cette
dernière rattache les conditions de façon continuelle, peu
importe la source de cet argent-là. Et que tous les montants provenant
du fonds consolidé aillent augmenter les montant disponibles dans les
fonds y arrivent par le biais de la fondation et avec les conditions qui s'y
rattachent de façon systématique.
Le ministre dit que ce n'est pas son intention et que l'essentiel de ce
que la fondation dépense va provenir du public selon les moyens que nous
discuterons dans quelques instants.
M. Paquette: C'est ça.
M. French: C'est ça et ce qui arrive par subventions
gouvernementales...
M. Paquette: Un ministère qui veut confier,
c'est-à-dire qui veut dépenser...
M. French: II le fait de façon directe.
M. Paquette: ...de l'argent directement auprès des
universités, il n'y a rien qui l'empêche de le faire actuellement.
Tous les ministères donnent des contrats de recherche aux
universités mais un ministère peut choisir s'il veut une action
plus ' large que cela, c'est-à-dire préparer un programme et
demander, par exemple, au FCAC s'il veut bien l'assumer. Le FCAC peut
évidemment refuser. Mais le fonds peut décider d'administrer,
avec ses comités, avec son infrastructure, avec sa connaissance du
milieu universitaire, ce qui est une bien meilleure solution. Il y a des
ministères qui commencent à le faire.
M. French: Le ministre a mentionné une autre chose qui me
semble importante. C'est qu'en nommant les membres additionnels, le ministre
espère donner une espèce d'allure de distance...
M. Paquette: Une crédibilité à la fondation,
oui.
M. French: Et en ce faisant, il espère encourager
davantage les gens à donner. Je dirais simplement qu'avec la
générosité de l'abri fiscal, cela va fonctionner ou non
sur une base plutôt de calcul...
M. Paquette: II peut y avoir d'autres motivations aussi. Comme le
disait le député d'Argenteuil, quelqu'un peut se dire: Moi, je
pense que c'est important que l'on accélère par exemple les
recherches sur le cancer. Et à ce moment-là, la personne voudra
s'assurer que l'ensemble des fonds qu'elle lègue, en plus des
bénéfices que ses héritiers et elle-même recevront
sur l'impôt sur le revenu, seront orientés là où
elle le veut bien, à l'abri d'une direction très précise
du gouvernement qui empêcherait cet argent-là d'y aller. Cette
personne veut aussi savoir que cette somme, son don ou, si vous
préférez, son legs n'ira pas dans les frais de fonctionnement
d'une fondation mais ira entièrement à ce à quoi il le
destine.
M. French: M. le Président, dans l'esprit du ministre - et
c'est ma dernière question - quel genre de questions serait
légitime? Est-ce que si, par exemple, moi je veux faire mon testament,
j'ai le droit d'indiquer que je fais un don à la recherche, tel que
déterminé par la fondation, aux universités McGill et
Sherbrooke? Est-ce que j'aurai le droit d'indiquer cela ou est-ce que ce serait
trop précis?
M. Ryan: Elles ne prennent pas de succession
déficitaire...
M. French: C'est dans l'hypothèse que je me retirerais de
la politique M. Ryan.
M. Paquette: M. le Président, je dois vous dire que c'est
une réflexion que nous ajouterons à celles que nous avons
déjà commencé à faire concernant le
règlement, toujours avec le souci d'équilibre auquel je faisais
allusion ce matin, c'est-à-dire des conditions pas trop pointues pour
laisser quand même une certaine marge de manoeuvre à la fondation
mais relativement précises pour que les donateurs se sentent
motivés à donner.
M. French: Par rapport aux universités, M. le
Président, ma question est extrêmement importante...
M. Paquette: Oui, mais je ne suis pas prêt à vous
répondre à ce moment-ci et la loi n'impose rien à cet
égard.
M. French: D'accord, sauf que dans la mesure où l'on nous
demande d'approuver une certaine démarche, il me semble que la question
devient extrêmement importante parce que les universités ont fait
valoir leurs préoccupations à l'effet de subir, à leur
sens, une concurrence injuste. Et à ce moment-ci, je pense qu'il serait
très raisonnable pour le législateur de s'interroger sur ces
possibilités-là.
M. Paquette: Mais il n'y aura pas de concurrence parce qu'elles
n'auront pas un cent et ne pourraient pas avoir un cent de l'impôt sur
les successions. Cela prend un mécanisme gouvernemental pour mettre cela
sur pied.
Le Président (M. Champagne): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Toujours concernant la fondation, si je saisis bien, il
y a deux dimensions capitales. Il y a tout d'abord les entrées de fonds
et il y a les sorties de fonds.
Pour ce qui est des entrées de fonds, le ministre nous dit que ce
sera surtout, dans l'état actuel, de la conception qu'on s'en fait, des
sommes qui viendront sous l'effet de mesures d'incitation fiscale. Apparemment,
on n'envisage pas d'autres sources importantes, sauf des subventions
gouvernementales pour fins administratives.
M. Paquette: II y en a une autre que l'on a examinée mais
que, pour des raisons techniques, on ne pourra pas appliquer cette
année: c'est celle d'un ou deux tirages à la loterie, par
exemple, qui pourraient être identifiés à ces fins. Le
gouvernement a des
moyens que les universités n'ont pas. Ce sont ces moyens qu'on
aimerait utiliser.
M. Ryan: Oui, mais cela a été exclu.
M. Paquette: Cette année? Cela demeure possible.
M. Ryan: En vertu de la loi telle que formulée, cela
prendrait un amendement quelque part, si cela peut se faire
administrativement.
M. Paquette: Non, parce que le ministre des Finances peut verser
des fonds; alors, il peut évaluer le montant que rapporte une loterie;
il peut inscrire sur le billet de la loterie que c'est destiné à
la recherche ou aux arts et à la culture; il peut verser une subvention
équivalant au montant qu'il a perçu par ce tirage particulier de
la Loto-Québec.
M. Ryan: En tout cas, là, cela crée un autre
problème parce que, tantôt, cela m'apparaissait plus limité
dans ce que vous avez dit. Là, vous ouvrez cette porte, qu'on avait
déjà vue entrouverte dans des projets antérieurs.
Maintenant, pour les sorties de fonds, en vertu de l'amendement que vous
avez déposé, elles se feraient toutes en direction de l'un ou
l'autre des trois fonds existants.
M. Paquette: Cela est très clair. Il y a un article
très clair dans le projet de loi à cet effet.
M. Ryan: II y a un amendement que vous avez déposé
depuis...
M. Paquette: Non, cela était déjà dans le
projet de loi.
M. Ryan: Ce n'était pas spécialement clair. En tout
cas, on verra cela...
M. Paquette: Si ce n'est pas assez clair, nous le
clarifierons.
M. Ryan: Très bien. Si, vous, vous voulez faire un geste
pour stimuler la recherche dans un domaine particulier qui ne serait pas
couvert par les fonds existants, là, vous avez votre budget
d'incitation.
M. Paquette: Oui.
M. Ryan: Votre budget d'incitation qui fait partie du budget
régulier de votre ministère.
M. Paquette: Exactement, c'est un fonds de transfert. C'est un
fonds complémentaire qui sert à subventionner la recherche, le
développement technologique lorsqu'il n'y a pas de programmes existants
qui peuvent remplir ces fins.
M. Ryan: Votre budget à vous, c'est cela?
M. Paquette: Dans l'esprit du livre blanc...
M. Ryan: On veut bien s'assurer - je pense que cela est un point
capital de notre côté - que la fondation, si elle doit garder
cette forme, ne viendra pas concurrencer l'action des autres fonds; cela ne
viendra pas créer un empire à côté. Si c'est
uniquement pour canaliser des sommes vers les fonds existants, je pense que
cela fait fondre au moins la moitié de la difficulté en
partant.
Mme Dougherty: Oui.
M. Ryan: Cela était une des grandes craintes qui
étaient issues du projet de loi, comme on l'a lu pour commencer. Alors,
cela est un point important. On va voir en avançant ces pratiques... Si
vous pouviez le préciser tout de suite, ce serait cela de pris à
mon esprit, en tout cas. Quand on arrivera là, cela simplifiera beaucoup
les choses. Ce que j'ai vu de plus clair, c'est votre amendement à
l'article 51. Il me semble qu'avec cela on est protégé.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'on pourrait
avoir... M. le député d'Argenteuil...
Mme Dougherty: Les articles 51 et 52.
M. Ryan: Les articles 51 et 52. On va y revenir tantôt. Je
crois...
Le Président (M. Champagne): C'est cela, est-ce qu'on
pourrait attendre qu'on y arrive?
M. Paquette: Cela se rattache davantage que dans le projet de loi
initial, effectivement.
M. Ryan: II me semblait aussi. C'est peut-être mieux de
faire des évocations maintenant parce que cela va
accélérer les choses quand on arrivera à l'étude
article par article. Autrement, si vous nous faites tout discuter en fonction
de deux choses, cela est très embêtant; on ne peut pas tout
retenir dans notre tête comme cela, on n'est pas assez fin pour cela.
Plus on dissipe d'appréhensions au stade exploratoire, plus cela
facilite les choses par la suite, sans préjuger de rien.
Le Président (M. Champagne): C'est pour cela que vous avez
toujours le droit de parole, M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: C'est cela. Je voulais m'assurer de cela auprès
du ministre. Je crois qu'avec cela, au point de vue des sorties de fonds, cela
règle le problème.
M. Paquette: On n'a jamais pensé à d'autres
mécanismes. Dès le départ, lorsqu'on est parti de
l'idée qu'on avait trois fondations, on s'est dit: Cela est inefficace,
on va éparpiller nos moyens. Â ce moment-là, les fondations
n'auraient pas plus de moyens que les universités, elles seraient quand
même en concurrence avec les universités avec les mêmes
moyens, les mêmes sources à solliciter. Elles seraient trois
à se concurrencer les unes et les autres, et à concurrencer les
universités. Ce serait pire et ce serait inefficace. Alors que,
là, on utilise notamment le pouvoir fiscal du gouvernement et
éventuellement d'autres moyens. J'ai mentionné les loteries, mais
on peut en imaginer d'autres et je compte sur le conseil de la fondation pour
en imaginer.
M. Ryan: Je ne veux pas entrer dans l'étude article par
article encore, mais si vous pouviez dire clairement dans le texte de la loi,
peut-être - en tout cas, il y a bien des endroits où on peut vous
suggérer de le mettre - que c'est un fonds de soutien aux fonds
existants ou un fonds complémentaire, je pense que cela aiderait
énormément, si c'était écrit clairement.
M. Paquette: Écrit dans les fonctions de la fondation,
possiblement.
M. Ryan: Oui. Il me semble que c'est là que j'envisageais
de le mettre. Oui, cela pourrait aller.
M. Paquette: Je suis bien disposé à accueillir un
amendement ou peut-être à en préparer un. On va regarder
cela.
M. Ryan: Oui, d'accord. On pourra vous en soumettre
également, mais si vous en préparez un de votre
côté...
M. Paquette: Certainement, certainement.
M. Ryan: II me semble que dans l'introduction de l'article 50,
cela irait très bien.
M. Paquette: Certainement.
M. Ryan: À ce moment-là, c'est clairement
indiqué dans le texte statutaire.
M. Paquette: C'est exactement la perspective d'une telle
fondation. C'est un soutien aux fonds sectoriels. C'est exactement cela.
Le Président (M. Champagne): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Vous avez mentionné plusieurs fois
l'idée de la loterie. Pourquoi avez-vous écarté cette
idée? Je l'ai vue dans l'avant-projet de loi, la version que j'ai
lue.
M. Paquette: Ah! C'est pour des raisons...
Mme Dougherty: Dans le projet collectif aussi...
M. Paquette: ...d'équilibre dans les rentrées
fiscales. Le ministre des Finances a préféré aller du
côté de l'impôt sur les successions en exerçant les
responsabilités qui lui sont propres, à savoir de préparer
le budget. Il a voulu ne pas hypothéquer les sources ou les
rentrées fiscales de Loto-Québec et plutôt miser sur ce
moyen, un peu plus risqué, mais qui peut peut-être rapporter plus,
à savoir l'impôt sur les successions. Nous ne détestons pas
le risque. En science et en technologie, il faut accepter le risque.
M. Ryan: S'il pouvait abolir l'impôt sur les successions,
cela aiderait énormément. C'est le gros obstacle que ne dissipera
pas cette mesure.
M. Paquette: L'article 35 est-il adopté?
Le Président (M. Champagne): L'article 35 est-il
adopté?
Mme Dougherty: Non, M. le Président. Je crois qu'il faut
avoir une vision claire de la fondation avant d'adopter son existence
même.
Le Président (M. Champagne): Je ne veux pas intervenir
d'une... Avez-vous encore des questions à poser sur l'article 35, ou si
c'est plutôt globalement que vous voulez le voir?
M. Paquette: M. le Président, je pourrais suggérer
aussi aux députés de l'Opposition de suspendre l'article 35 s'ils
ne veulent pas donner leur approbation de principe immédiatement. On
pourrait passer les articles l'un après l'autre et y revenir à la
fin, comme nous l'avons d'ailleurs fait pour l'article 1, lorsque nous avons
abordé l'étude du projet de loi.
Mme Dougherty: Mais si on suspend l'existence même de la
fondation et qu'on adopte d'autres articles sur la fondation, cela n'a pas de
bon sens.
Le Président (M. Champagne): Cela va être le
contraire. Si je peux vous éclairer, si vous acceptez les articles 36,
je ne sais pas,
jusqu'à X, en principe, cela veut dire que vous acceptez aussi le
principe lui-même. Enfin! C'est une proposition qui est avancée
par le ministre.
M. Paquette: M. le Président, s'il y a encore des
questions avant l'adoption de l'article 35, je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Champagne): D'accord. Allons-y pour
l'article 35.
M. Ryan: II y en a une que j'aimerais clarifier de manière
complète. En ce qui regarde les déboursés, dans mon
esprit, il n'y a pas de problème. Avec ce que le ministre dit, je pense
que ce sont des choses qui peuvent très bien s'arranger.
Deuxièmement, en ce qui touche le statut complémentaire de la
fondation, le ministre est prêt à ajouter des
éléments à un endroit comme l'article 50, par exemple,
qui, encore une fois, apporte des précisions qui disposent d'une grosse
partie du problème.
Il reste un point dans mon esprit que j'aimerais clarifier. Tout cela
étant dit, pourquoi la forme juridique d'une fondation? Si le ministre
pouvait nous donner cela clairement, le pourquoi de la forme juridique que
retient le gouvernement à une fondation... Par exemple, comme le
ministre l'a mentionné, je ne crois pas qu'une fondation soit
indispensable. Si on me prouve qu'elle est utile plutôt et bien
circonscrite, personnellement, je ne ferai pas de chicane jusqu'à la fin
de l'éternité là-dessus, mais là, je n'ai pas saisi
de manière complètement claire le pourquoi de la forme juridique
de la fondation.
M. Paquette: La forme juridique, c'est simplement que la
fondation est une corporation. C'est une corporation qui est un mandataire du
gouvernement. C'est important que ce soit un mandataire du gouvernement, parce
que si elle ne l'était pas, elle ne pourrait pas recevoir de dons,
notamment par la mesure de l'impôt sur les successions, et par d'autres
sources et bénéficier de déductions fiscales. C'est la
seule raison. D'autre part, il y a aussi des raisons d'autonomie. Comme je le
disais tantôt, plutôt que de créer un comité
émanant du ministère de la Science et de la Technologie, je pense
qu'il est beaucoup plus sain de disposer d'un organisme aussi autonome par
rapport au ministre de la Science et de la Technologie que ne le sont les fonds
sectoriels par rapport à leur ministre responsable.
M. Ryan: Maintenant, à la rigueur... Je vous pose
simplement une question qui complète. J'ai noté ces
points-là. J'anticipe un peu mais, encore une fois, on va y revenir en
temps et lieu. À supposer que votre corporation, votre conseil
d'administration de la fondation... Vous prévoyez qu'il y aura neuf
membres. Cela fait naître la crainte d'un certain enveloppement ou
encerclement des trois fonds de base qui sont là.
M. Paquette: Cela fait neuf membres contre un maximum de
quarante-deux membres, parce que les fonds sectoriels peuvent avoir
jusqu'à quatorze membres à leur conseil.
M. Ryan: Je le sais bien, mais les autres ne sont pas là
quand les choses se décident à la fondation.
M. Paquette: Ah!
M. Ryan: La question que je voulais vous poser, c'est celle-ci.
Les fonctions de cette fondation ne seront pas énormes après
tout. Elle va prendre des décisions sur des grands ensembles, etc.
À supposer, par exemple, que vous ayez un conseil d'administration de
cinq membres, dont les trois présidents des fonds, et deux autres
personnes nommées par le ministre, dont le président, la crainte
que pourraient avoir les fonds sectoriels d'être noyés par
l'autre, écrasés par l'autre, etc., n'aurait plus sa raison
d'être parce que vous avez consacré leur place absolument centrale
dans l'appareil de recherche qui relève de la politique gouvernementale.
Je ne le sais pas. Ce que je ne voudrais pas faire, c'est multiplier les
postes. Il y en a neuf là et quatorze là et, finalement, cela
fait bien du monde avec des petits jetons. Ce n'est pas cela qui est la plus
grosse dépense, d'ailleurs. Mais il me semble que, dans la perspective
de complémentarité dont vous parlez, cela nous fera
peut-être accomplir des progrès dans la bonne voie et quand il ne
restera - mon objectif, M. le ministre, je vous le dis bien franchement - que
le mot, ce n'est pas cela qui va m'empêcher de dormir. Je ne le sais pas
mais, en tout cas, c'est juste une idée que je lance dans la voie de ce
que vous avez dit, je pense.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article...
M. Paquette: ...à regarder, à revoir la composition
de la fondation. On peut très bien examiner cela. Pour moi, c'est
relativement secondaire.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a d'autres
questions à poser à l'article 35 et concernant l'ensemble de la
fondation? S'il n'y a pas d'autres questions...
M. Ryan: Si vous voulez nous donner une minute. Nous
étions en train de nous
consulter. Cela va prendre une minute.
Le Président (M. Champagne): D'accord. Est-ce qu'il y a
d'autres questions à poser à l'article 35?
Mme Dougherty: M. le Président, nous sommes prêts
à adopter l'article 35, quant à l'existence même de la
fondation, mais pour ce qui est du concept, de la façon d'agir, de la
composition, etc., nous avons des réserves. Donc, nous allons discuter
chaque point, un à la fois. Mais nous sommes prêts à
adopter l'article 35 comme principe, quant à l'existence même de
la fondation.
M. Paquette: Très bien. Adopté.
Le Président (M- Champagne): L'article 35 est
adopté. J'appelle l'article 36.
M. Paquette: M. le Président.
Le Président (M. Champagne): L'article 36.
M. Paquette: L'article 36 dit que la fondation est une
corporation. Il s'agit donc d'un organisme doté d'une
personnalité morale dans les deux sens du terme avec la capacité
de contracter la responsabilité civile. (21 heures)
Le Président (M. Champagne): L'article 36 est-il
adopté?
Mme Dougherty: Pour ce qui est de la corporation, je ne vois
aucun problème. Mes collègues ont-ils...
Le Président (M. Champagne): Alors, l'article 36 est
adopté. Article 37.
M. Paquette: L'article 37 fait de la fondation un mandataire du
gouvernement. Ce qui signifie qu'à ce moment-là il n'y a pas de
maximum à la contribution déductible du revenu imposable. Dans le
cas d'un organisme de charité, le donateur ne peut déduire qu'un
maximum de 20% de son revenu imposable, comme on le sait quand on fait notre
rapport d'impôt, mais dans le cas où un don serait fait à
un mandataire du gouvernement, il n'y a pas de maximum à la contribution
déductible du revenu imposable. C'est donc un avantage pour le
contribuable de faire des dons à la fondation.
M. French: M. le Président.
Le Président (M. Champagne): Y a-t-il des questions? Oui,
M. le député de Westmount.
M. French: Donc, il ne s'agit pas uniquement d'un avantage par
rapport aux droits successoraux, mais aussi par rapport à
l'impôt?
M. Paquette: Oui, exactement. C'est cela. C'est très
important.
M. French: D'accord!
Le Président (M. Champagne): Cela va? Alors, l'article 37
est-il adopté? Y a-t-il des questions?
Mme Dougherty: Cela c'est important.
M. French: Non, non, je n'ai pas d'autres questions. Je voulais
seulement ne pas me faire brusquer par le député de Chauveau.
Le Président (M. Champagne): D'accord: Adopté?
Adopté. J'appelle l'article 38.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Champagne): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Vous alliez appeler l'article 38, n'est-ce pas?
Le Président (M. Champagne): Oui, c'est cela.
M. Ryan: Je n'ai pas du tout d'objection que vous appeliez
celui-là, mais j'aurais une suggestion à vous faire. Je ne sais
pas s'il n'y aurait pas intérêt à prendre les articles 50,
51 et 52 à ce moment-ci, parce qu'une fois qu'on va être un peu
plus fixé sur le genre de fonctions que la fondation doit assumer ou
exercer, il me semble que la mécanique... parce qu'on peut bien dire il
y en aura 3 ici et 4 là, si on ne s'est pas entendus sur les fonctions.
Il me semble que c'est cela qui est central. On tourne autour depuis le
début de la journée.
M. Paquette: C'est exactement ce que je vous ai dit ce matin.
M. Ryan: Oui, c'est bien. Cela nous prend un peu de temps pour
venir à votre point de vue, M. le ministre, mais vous voyez que c'est
toujours comme cela que cela finit.
Le Président (M. Champagne): Alors, s'il n'y a pas
d'objection, M. le ministre et les membres de cette commission, on
étudiera l'article 50.
M. Brouillet: Très bien, on est d'accord.
M. Paquette: Bien oui, M. le Président, il n'y a pas de
problème.
M. Brouillet: Depuis ce matin qu'on tourne autour du pot,
allons-y.
M. Raquette: Certainement. Faisons un grand bond en avant.
Le Président (M. Champagne): Alors, j'appelle l'article
50. M. le ministre, vous auriez peut-être...
Fonctions et pouvoirs de la fondation
M. Paquette: M. le Président, c'est justement l'article
qui a pour objet de définir les fonctions de la fondation. J'ai à
cet effet un amendement qui a été déposé jeudi
matin, d'ailleurs. Alors, l'article 50 est modifié par le remplacement
à la première ligne du deuxième paragraphe du premier
alinéa des mots "selon des proportions déterminées chaque
année" par les mots suivants "conformément au plan prévu
à l'article 52".
Le Président (M. Champagne): Alors, nous discutons de
l'amendement.
M. French: II n'y a pas d'autre amendement à l'article
52?
M. Paquette: Pour le moment, non. Alors, l'objectif de cet
amendement est bien simple. C'est qu'on ne voudrait pas qu'on puisse comprendre
qu'il y a deux façons de répartir l'argent, l'une à
l'article 50 et l'autre à l'article 52. Il n'y a qu'une façon de
répartir l'argent. La fondation ferait un plan de
répartition.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre, est-ce que
l'article 52 n'est pas modifié ou amendé, si vous...
M. Paquette: Oui, mais on est à l'article 50, M. le
Président.
M. French: C'est ce que je voulais demander, M. le
Président.
Le Président (M. Champagne): C'est justement
là.
M. French: Parce que vous avez évoqué... Ce n'est
vraiment pas dilatoire. Si le plan en question à 52 est modifié
par un amendement à l'article 52...
Le Président (M. Champagne): Oui, oui, c'est cela. Il
faudrait voir l'article 52.
M. French: Comprenez-vous, M. le ministre?
Le Président (M. Champagne): Alors, allons à
l'article 52, si vous n'avez pas d'objection.
M. French: Ce n'est pas nécessaire d'y aller, mais si
l'amendement en est un de forme ou mineur, cela va, on peut continuer à
l'article 51. Mais si c'est quelque chose de majeur...
M. Paquette: II y a un amendement substantiel à l'article
52. Il y en a un à l'article 51 mais qui n'implique pas l'article 50.
Bien, indirectement.
Le Président (M. Champagne): Alors, je pense qu'il serait
plus logique d'aller à l'article 52, considérant que l'article 50
réfère à l'article 52 comme amendement.
M. Paquette: Comme vous voulez, M. le Président.
Le Président (M. Champagne): L'article 52.
M. Paquette: L'article 52 est effectivement l'un des deux
articles importants qui expriment comment on répartit les fonds, les
sorties de fonds de la fondation, alors que l'article 50 parle davantage des
rentrées.
Le Président (M. Champagne): ...amendement.
M. Paquette: À l'article 52, l'amendement est le suivant.
L'article 52 est remplacé par le suivant totalement.
M. Ryan: On a intérêt à prendre d'abord
l'article 50...
Le Président (M. Champagne): M. le député
d'Argenteuil...
M. Ryan: Là, vous décrivez...
Le Président (M. Champagne): M. le député
d'Argenteuil, c'est que dans l'article 50, on réfère à
l'article 52. Mais, l'article 52 a un amendement. Alors, réglons
l'amendement de l'article 52 et ensuite on reviendra à l'article 50 qui
réfère à l'article 52. C'est à cause de cela. Et
c'est M. le député de Westmount qui posait la question.
Mme Dougherty: M. le Président.
Le Président (M. Champagne): Oui, Mme la
députée.
Mme Dougherty: Je crois que c'est plus logique de commencer avec
l'article 50, parce qu'il précise les fonctions, d'accord? L'article 52
parle des moyens de distribuer les fonds, d'accord? Donc, il faut
préciser les fonctions d'abord, je crois, et après, on peut,
même si le deuxième alinéa est modifié par l'article
52, je crois que c'est
plus logique de commencer au commencement: La fondation a pour
fonctions, etc. D'accord? Pour définir les fonctions d'abord.
M. Paquette: M. le Président.
M. French: M. le Président, c'est ma faute. C'était
seulement par souci de savoir... Je ne voulais pas nécessairement passer
à l'article 52; je voulais savoir s'il y avait quelque chose...
M. Paquette: Vous l'avez dans votre cahier d'amendement,
d'accord?
M. French: Oui, oui, cela je le sais.
M. Paquette: Le nouvel article 52, c'est...
Le Président (M. Champagne): Alors, cela veut dire qu'on
reviendrait à l'article 50?
M. Paquette: ...c'est l'amendement que j'ai proposé.
Le Président (M. Champagne): Vous n'avez pas d'objection?
Alors, revenons à l'article 50...
M. Paquette: Oui.
Le Président (M. Champagne): ...avec l'amendement et
l'esprit de l'article. Est-ce qu'il y a des questions à poser?
Mme Dougherty: L'amendement touche le deuxième paragraphe.
J'aimerais parler du premier paragraphe.
M. Paquette: M. le Président, j'ai présenté
un amendement. Si la députée n'a pas d'objection, on va d'abord
l'accepter...
Mme Dougherty: Non, non, parce que...
M. Paquette: ...ou le modifier ou le rejeter.
Mme Dougherty: ...il y a un premier paragraphe...
M. Paquette: Oui, mais...
Mme Dougherty: ...qui est plus important.
M. Paquette: Oui, mais...
Mme Dougherty: Est-ce qu'on peut passer à votre amendement
après?
M. Paquette: Quelle importance?
Le Président (M. Champagne): Voici: on pourrait prendre
1°, et 2° et y aller comme
Mme Dougherty: La première phrase parle de la fonction
même, d'accord?
Le Président (M. Champagne): Oui.
Mme Dougherty: "La Fondation a pour fonctions, en vue de
promouvoir le développement de la recherche... Je crois qu'on peut
résoudre possiblement notre problème dans cette première
phrase. Et mon collègue d'Argenteuil a une suggestion, je crois.
M. Ryan: Oui. Vous êtes bien indiscrète.
Le Président (M. Champagne): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Oui. En fait, c'est que nous discutons depuis une heure
et je pense que nous faisons des approximations qui nous permettent
peut-être d'entrevoir des façons de nous rapprocher. Tantôt,
j'ai demandé au ministre s'il avait objection à ce que nous
cherchions à inscrire au début d'un article comme l'article 50
l'idée de complémentarité qui a été
émise plus tôt dans la discussion. Dans cet esprit, nous
apprécierions l'insertion de quelque chose du genre de ceci, parexemple - je n'en fais pas tout de suite un amendement, je mets
l'idée sur la table. Si elle sourit au ministre, ce sera plus facile de
le déposer ensuite. Sinon, je suivrai les directives du
président: La fondation a pour fonction de soutenir l'action des trois
fonds de soutien à la recherche - on me dit qu'il y a un petit
problème linguistique, mais on pourra le résoudre. C'est
l'idée... Et, ensuite: "...en vue de promouvoir...
M. Paquette: Les trois fonds de soutien à la recherche
prévus à la section II du présent chapitre.
M. Ryan: Oui, exactement. Oui, oui, c'est cela. Les trois fonds
prévus à la section II, en vue de promouvoir le
développement de la recherche - c'est important de le garder parce que
c'est l'objectif général. Et, à cette fin, de...
M. French: Si vous me permettez, M. le Président. Pourquoi
pas: "promouvoir le développement de la science et de la technologie"
pour éviter de répéter le mot "recherche"?
M. Ryan: C'est encore mieux.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'on pourrait avoir
l'amendement écrit, s'il
vous plaît?
M. French: C'est qu'on en est à l'étape de la
discussion générale.
Le Président (M. Champagne): Pour trouver un texte.
M. French: D'accord sur cela.
M. Paquette: ...scientifique, on n'est pas du côté
du développement technologique.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Chauveau.
M. Brouillet: II y a une formulation possible. Ce n'est pas
mentionné "recherche" avant. On parle des trois fonds prévus
à.
M. Paquette: C'est encore possible.
M. Ryan: C'est prévu où cela? À quelle
section?
Mme Dougherty: Section II. M. Ryan: À la section
II.
Mme Dougherty: À la section II du chapitre IV, le
même chapitre.
M. Brouillet: Chapitre IV.
M. Ryan: À la section II. De promouvoir le
développement de la recherche, et à cette fin...
M. Paquette: M. le Président, l'idée du
député d'Argenteuil me sourit beaucoup. Il s'agit simplement
d'ajuster la formulation. 3e pense qu'on a quelque chose qui va bonifier le
projet de loi et rendre encore mieux l'intention que nous avons de faire de
cette fondation un mécanisme de soutien des fonds sectoriels. C'est
exactement cela qu'on veut.
Mme Dougherty: Est-ce que vous avez une autre formulation? Est-ce
que vous êtes satisfait de celle-ci?
M. Paquette: Si vous le permettez, on va la regarder. Sur le plan
juridique, il y a des personnes ici qui connaissent cela mieux que nous.
M. Ryan: Regardez, j'ai mis entre parenthèse des mots qui
étaient dans le texte d'origine mais qui ne sont pas vraiment
nécessaires, à mon humble point de vue. S'il y avait le reste, je
pense qu'on irait tout de suite au point.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'on pourrait la
lire?
M. Ryan: Si vous mettez cette idée clairement dans le
texte, surtout si c'était votre idée, de toute manière,
cela...
M. Paquette: Absolument.
Mme Dougherty: Cela pourrait beaucoup nous aider.
M. Paquette: II y aurait peut-être quelques petites
corrections linguistiques de nature à clarifier davantage, mais on peut
partir de la prémisse que l'idée est retenue.
Le Président (M. Champagne): Alors, cela va. Est-ce qu'on
pourrait aller au premièrement? L'article 50, tout en attendant
l'amendement au point de vue phraséologie. Est-ce qu'il y a des
questions à poser sur le paragraphe 1 ? M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Oui, je te promets un discours tantôt. Sur le
premier mot, il ne faut pas que tu t'avances trop.
Le Président (M. Champagne): II ne faut pas aller trop
vite. M. le député de Westmount.
M. French: Les deux premiers mots. M. le Président, vient
ici un problème qui en est un de fond. Ce n'est pas un grave
problème, mais c'est un problème de fond qui découle du
fait que nous avons, d'un côté, les avantages fiscaux, les abris
fiscaux importants à propos desquels nous n'avons aucune objection. Nous
avons une objection de principe, une objection de fond à l'idée
de faire, par le biais de la fondation, la sollicitation de dons, legs,
subventions ou autres contributions. C'est quelque chose de très
fondamental. Le gouvernement dit, d'un côté: Ce ne serait pas
très important, de toute façon, car il n'y aura pas beaucoup
d'argent là-dedans. Il annonce également la possibilité
d'engager à contrat des solliciteurs de fonds pour la fondation. Que le
gouvernement, en tant que gouvernement, annonce certains abris fiscaux et les
explique à la population, je n'ai aucune objection, mais qu'un
mandataire du gouvernement, qui s'appelle la fondation, engage du monde pour
aller faire de la sollicitation auprès des donateurs possibles, j'ai une
objection fondamentale. Nous voulons suggérer au ministre de retrancher
le mot "solliciter" totalement du 1 et, d'ailleurs, possiblement même
d'expliciter dans le projet de loi qu'aucun fonds public, aucun fonds de
donateur ou d'héritage ne devrait être voué à la
sollicitation active des fonds.
Je pense que je rends le sens de l'opinion de mes collègues. Cela
découle fondamentalement de notre préoccupation, à savoir
que les universités et les institutions
non gouvernementales, compte tenu du fait qu'elles ne jouissent pas de
bénéfices fiscaux ou jouissent de bénéfices moins
avantageux sur le plan fiscal, devraient avoir le champ libre pour faire de la
sollicitation active et des campagnes de financement.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre.
M. Paquette: J'imagine que le député de Westmount
aurait le même genre d'objection si on permettait aux fonds sectoriels de
solliciter et de recevoir des dons, legs, subventions ou autres
contributions.
M. French: Je pense que le ministre a mal compris.
M. Paquette: Solliciter.
M. French: Je ne parle pas de recevoir.
M. Paquette: Vous auriez objection à ce que même les
fonds sectoriels puissent solliciter.
M. French: Oui, j'ai objection d'ailleurs - je ne l'ai pas fait
valoir auprès de mon collègue d'Argenteuil, alors que l'institut
québécois s'est mis à faire ce travail... Je ne
soulèverai pas cette question. Oui, j'aurais des objections dans ce
sens.
M. Paquette: Est-ce que je pourrais demander au
député quelle est la différence entre une corporation
autonome, qui a son propre conseil d'administration, qui décide de
recevoir des dons et des legs et de ne pas se contenter d'un rôle passif,
mais de se donner un rôle actif pour les obtenir... Quelle est la
différence entre une telle attitude face au public et celle d'une
université, d'un organisme public, soit une corporation publique comme
l'Université du Québec ou une corporation privée comme
l'Université de Montréal ou l'Université McGill, qui
déciderait de le faire pour ses fins propres alors que la fondation le
fait pour l'ensemble des universités? Quelle est la position de principe
qui le rend aussi sensible?
M. French: Parce que les institutions en question sont des lieux
où on jouit de la liberté académique. La fondation ne sera
jamais responsable de ses propres activités d'une façon directe
parce que cela implique un lien au sein d'une communauté
académique, au sein d'une communauté géographique, entre
le donateur et l'institution et parce que les avantages fiscaux que le
gouvernement a consentis vont faire en sorte, encore une fois, qu'on va
centraliser et gruger l'autonomie des institutions locales, qu'on va encore une
fois homogénéiser tout le processus et le centraliser.
Je trouve cela très mauvais, je vous l'avoue. Il est clair que
c'est une question fondamentale entre le gouvernement et l'Opposition, je n'en
doute pas, parce que le gouvernement a plus de confiance dans les
mécanismes centraux, a plus de confiance dans les extensions du
gouvernement. L'Opposition est sceptique dès le départ, mais
particulièrement alors qu'un marché local existe; c'est un
marché hétéroclite qui est basé sur l'autonomie de
tous et chacun de participer avec les institutions locales. Avec les abris
fiscaux qui sont impliqués, cela va être grugé, va
être détruit par une sollicitation active. Cela va encore plus
loin dans le sens d'homogénéiser, de dépersonnaliser tout
le processus d'appui local aux institutions.
M. Paquette: Je pense que les activités de sollicitation
de fonds des universités sont tout à fait libres et ne sont
aucunement menacées par un article comme celui-là. Je pense que
c'est un phénomène tout à fait sain. Je ne vois pas
où le député trouve de si grandes différences entre
nos deux formations politiques. Je pense que ce qui nous sépare, ce
n'est pas l'autonomie et les dynamismes locaux, mais l'importance de
l'implication de l'outil collectif que nous nous donnons en élisant un
gouvernement. C'est là-dessus qu'on a des différences, mais pas
sur l'autonomie locale.
Ici, nous avons un mécanisme qui, à cause de certains
moyens particuliers, pourrait obtenir davantage de fonds pour la recherche
universitaire. Je pense que ce que les équipes de recherche veulent
c'est davantage de fonds. Tous les universitaires nous ont dit que les
fonds subventionnaires ne sont pas perçus comme des mécanismes
centralisés où se fait sentir le poids centralisateur de
l'État; ce sont essentiellement des mécanismes de coordination
qui permettent aux universités de faire ensemble - à l'aide de
fonds publics en bonne partie et même en totalité actuellement -
ce qu'ils pourraient difficilement faire seuls. C'est cela qui est le
principe.
D'autre part, je vais vous dire: J'ai beaucoup de réticence
à enlever ces mots, car je ne voudrais pas que, parce qu'on va faire de
la publicité pour essayer d'appliquer ces articles sur l'impôt des
successions, ces mesures, lorsqu'on se mettra à faire de la
publicité et à inciter des gens à utiliser le
mécanisme on nous reproche d'avoir fait de la sollicitation, que cela
devienne illicite de jouer un rôle pour amener des fonds dans la
recherche.
M. French: M. le Président.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Westmount.
M. French: Comme j'ai déjà dit au ministre: que le
ministère des Finances ou le gouvernement décide d'informer la
population quant aux abris fiscaux, c'est une chose; que la fondation engage du
monde pour faire le financement populaire, utilisant déjà les
abris fiscaux très avantageux, je trouve cela totalement inacceptable.
Car forcément l'argent qui va dans ce sens ne va pas aux institutions
locales, ne va pas bâtir une communauté d'intérêts
parmi disons les anciens d'une institution et l'institution; il va encore dans
le sens que le seul mécanisme que la société a pour
répondre à ses besoins, c'est le gouvernement, c'est un outil
collectif.
La différence entre l'autonomie locale du ministre, c'est que lui
croit en l'autonomie locale d'un groupe de personnes de venir frapper à
la porte du gouvernement et plaider pour avoir de l'argent.
M. Paquette: Pas du tout, M. le Président. Mais je ne
crois pas que, parce qu'une université ou l'autre a plus d'anciens dans
le monde des affaires, d'anciens qui ont des fortunes et qui peuvent contribuer
à leur aima mater, on doive s'interdire de créer d'autres sources
de fonds qui, elles, seront réparties au mérite des
équipes de recherche par l'intermédiaire des fonds sectoriels. Je
pense que c'est une attitude beaucoup plus saine.
M. French: M. le Président, il n'y a rien dans ce que j'ai
dit qui empêche le financement des groupes de recherche d'après le
mérite. Cela n'a strictement rien à faire avec ce que je dis. Je
parle de la sollicitation active, que je trouve néfaste dans un domaine
où on veut encourager autant d'initiatives que possible au sein des
institutions.
Si le ministre veut réduire l'initiative locale, s'il veut
décourager les institutions, l'UQAM qu'il vient tout juste de mettre
dans le marché, c'est très bien... Pourquoi aller concurrencer
ces efforts?
Le Président (M. Champagne): M. le ministre, la question
vous est posée.
M. Paquette: L'objectif, ce n'est pas de concurrencer, c'est de
s'assurer que certaines personnes, qui seraient moins sensibles aux liens
particuliers avec leur aima mater et qui préféreraient donner
leur souscription à une fondation, sachant qu'elle va être
répartie au mérite entre les équipes de recherche, elles
auront le choix de le faire. C'est le libre choix du canal par lequel on veut
faire en sorte que notre contribution serve au développement de la
recherche.
Quand on regarde ce qui se passe dans la société
actuellement, il n'y a pas beaucoup de campagnes de souscription qui se font
pour la recherche. Il y en a trop peu.
M. French: M. le Président.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Westmount.
M. French: Les campagnes de souscription pour les
universités, dans l'esprit du public, on ne dit pas si c'est pour la
recherche, si c'est pour ceci ou pour cela.
M. Paquette: Ils ne disent pas si c'est pour bâtir, si
c'est pour le béton ou pour le sport.
M. French: Non, mais si le ministre est contre le béton
je...
M. Paquette: Les souscriptions pour les universités ne
vont pas nécessairement à la recherche.
M. French: Oui, sauf que le ministre ne comprend pas que, dans la
mesure où la population contribue au sport, il y a de l'argent dans le
budget du gouvernement, dans le budget des fonds généraux qui va
à l'université et qui sert à d'autres fins. Si quelqu'un
donne à l'Université McGill un nouveau stade, je suis très
content, parce que cela veut dire qu'à ce moment-là,
l'université va avoir plus d'argent pour d'autres fins. Dans le fond,
tout est dans le même sac et si le gouvernement pense que les
priorités des universités ne sont pas les bonnes, il a d'autres
moyens pour les ajuster. Il ne s'agit pas de s'ingérer dans le libre
choix, le ministre connaît très bien.
M. Paquette: II ne s'agit pas de cela non plus.
M. French: II s'agit plutôt de jouer un rôle
d'accueil et non pas un rôle de sollicitation, un rôle de
réception et non pas un rôle de sollicitation. Si le ministre est
aussi convaincu de la valeur de cela, je me demande pourquoi tous les
intervenants ont été unanimes sur ce point. Ils craignaient cette
participation d'un bras du gouvernement dans le marché des dons
charitables.
M. Paquette: C'est parce qu'ils préfèrent avoir
l'argent à l'université et être sûrs... C'est
particulièrement le cas des universités auxquelles les anciens
peuvent particulièrement contribuer. Celles-là se disent: Si
jamais on nous enlevait quelque 100 000 $, au cas où ce serait
réparti auprès des universités qui n'ont pas de telles
traditions, qui n'ont pas de tels moyens et
qui n'ont pas de tels anciens étudiants de l'université
qui ont réussi en affaires ou qui ont de l'argent. Cela les
inquiète. Je pense que démocratiquement, cela peut être
intéressant, sans leur nier...
M. French: Graduellement.
M. Paquette: ...le droit de le faire.
M. French: Elle a le droit de le faire. C'est le droit de la
fondation. Ce n'est pas le droit de ces institutions.
M. Paquette: Par exemple, pourquoi n'y aurait-il pas un peu
d'argent privé qui irait à l'Université du Québec
à Trois-Rivières, par exemple, même si l'Université
du Québec à Trois-Rivières n'a pas une longue tradition,
n'a pas des anciens qui peuvent fournir à l'aima mater? Pourquoi ne
serait-ce pas possible, une telle fondation? Ce ne seront pas des fonds
énormes. Pourquoi ne serait-ce pas possible?
M. French: C'est possible, M. le Président. Ma suggestion
ne vise aucunement la redistribution des ressources au sein du système
universitaire. Si le ministre veut avoir un débat là-dessus, vous
avez les deux personnes de l'Opposition les plus prêtes à faire ce
débat sur les ressources à l'intérieur du réseau.
Je ne dis pas que ce que le ministre dit n'est pas vrai, d'ailleurs, mais cela
n'a strictement rien à faire avec une agence gouvernementale qui fait de
la sollicitation active dans le marché des dons charitables. Si le
ministre prétend que c'est pour mieux répartir les ressources
universitaires au sein du réseau, faisons-le, mais c'est à peine
ce que l'article 50 nous invite à croire.
M. Paquette: M. le Président, je pourrais bien biffer les
mots "de solliciter", sauf que si on met "recevoir des dons, legs ou
subventions", on peut difficilement empêcher la fondation d'essayer de
maximiser ces dons, legs et subventions qu'elle recevra.
M. French: Sauf, M. le Président, que...
M. Paquette: Pourquoi lui interdire, au départ, un
rôle actif, dont elle n'aura peut-être pas besoin puisque la source
principale -encore une fois - est la mesure concernant l'impôt sur les
successions, mais j'hésite à biffer ces mots, parce qu'on
pourrait en conclure que l'intention de cette Assemblée nationale a
été d'interdire à la fondation de jouer un rôle
actif pour maximiser les dons, legs, subventions et autres contributions
à sa disposition.
Le Président (M. Champagne): Oui, M. le
député de Westmount.
M. French: C'est exactement ce que je pense que la fondation doit
conclure, que la fondation existe et que son rôle principal est de
soutenir les fonds et non pas de les diriger, mais c'est un autre débat.
Ce n'est pas non plus son rôle d'aller se joindre à la file des
personnes qui font du porte à porte, des sources, des dons charitables
et des contributions. Ce n'est pas leur rôle de jouer une part active
dans ce marché. Que le gouvernement publicise, par la voie des
médias, les abris fiscaux, aucune objection. Que la fondation engage des
gens pour aller frapper aux portes, beaucoup d'objections. Je constate avec le
ministre que ces deux articles se rejoignent au milieu, mais je me demande s'il
ne pourrait pas faire un certain "give and take" au sein de ce débat,
parce qu'il me semble très clair que si l'État commence à
concurrencer le marché des dons charitables, ce sera très
néfaste pour la société.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Chauveau. Ensuite, je reconnaîtrai le député d'Argenteuil.
(21 h 30)
M. Brouillet: L'argument avancé par le
député de Westmount peut se justifier à partir de certains
présupposés. C'est à partir de ces
présupposés que j'aimerais m'interroger et peut-être lui
poser quelques questions. Il part de l'idée, de l'hypothèse que
le marché des dons est un seul et unique marché et le même,
identique. Il est bien évident qu'à partir de cette
hypothèse, si quelqu'un vient dans ce marché-là, il est
limité. Si quelqu'un en prend un morceau, il en restera moins pour les
autres, mais cela est hypothétique. Qu'est-ce qui nous assure que ce
marché est bien identifié, bien déterminé, bien
délimité? J'ai l'impression que le marché des dons est pas
mal fluctuant et est pas mal plus diversifié. Ce n'est pas sûr que
le marché qui est disponible pour une institution privée sera
nécessairement le même que pour un fonds un peu plus
général et vice versa. Un marché disponible pour une
université n'est pas le même marché que pour une autre
université. J'ai l'impression que le fait de reconnaître à
une nouvelle fondation la possibilité de solliciter, cela n'implique pas
nécessairement qu'elle fouillera dans le même marché de
dons disponibles pour les autres. C'est la question que je me pose. Ce n'est
pas sûr que, globalement, on peut avoir plus de dons qui
résulteront de cela. Il y en aura plus si on fait la somme des dons qui
seront donnés aux différentes fondations privées, les
différentes universités. Je ne suis pas sûr que,
globalement, on n'arrive pas au résultat où il y aura des sommes
beaucoup plus considérables qui seront disponibles pour
la recherche.
Autre chose. Disons que - M. le ministre a insisté sur cela -
c'est un peu difficile de reconnaître la possibilité de recevoir
des dons, de l'aide et des subventions et de ne pas reconnaître aussi une
certaine façon de faire connaître qu'on peut recevoir des dons.
Est-ce que c'est de la sollicitation, si on fait connaître, si on fait de
la publicité pour dire qu'on peut recevoir des dons? Où se
termine la sollicitation et où commence la sollicitation? Quand on
reconnaît le droit à un organisme de recevoir des dons, ce n'est
pas facile à...
M. French: M. le Président, si le ministre est prêt
à accepter un compromis selon lequel la fondation a le droit de faire la
publicité mais non pas d'engager des gens pour faire de la sollicitation
active, je suis prêt à écouter ses suggestions. Je voudrais
revenir au début de l'intervention du député de Chauveau.
Je pense que son impression selon laquelle il y a un marché qui n'a pas
été exploité dans le domaine des dons charitables, en
toute honnêteté, je pense que ce n'est que cela, c'est une
impression. J'ai travaillé au financement d'un théâtre
à Montréal, j'ai travaillé au financement de mon
université régulièrement et je peux lui dire que les
donateurs sont connus de tous. Tout le monde frappe aux mêmes portes.
C'est un marché infime. Il n'y a pas de millionnaires ici et là
qui s'attendent à ce que quelqu'un de la fondation frappe à leur
porte pour donner des sommes importantes. C'est très malheureux, mais
c'est un fait, et si le député parlait à son ex-recteur,
il lui confirmerait exactement la chose.
Est-ce que le ministre est intéressé, par exemple, par la
possibilité que la fondation ait le droit de faire de la
publicité mais non pas d'engager du monde aux fins de sollicitation? Il
me semble que c'est un compromis très digne qui commence à
s'approcher de la réalité.
M. Paquette: M. le Président, ce que nous voyons dans un
proche avenir, c'est une forme de sollicitation mais d'abord et avant tout
auprès des bureaux de notaires. Nous voulons être sûrs que
les bureaux de notaires soient sensibilisés aux mesures fiscales
contenues dans le dernier discours sur le budget. Nous voulons nous assurer
qu'ils en informeront leurs clients, qu'ils auront une attitude positive face
à cette mesure et qu'ils suggéreront à leurs clients de
verser des dons à la fondation pour se prévaloir des dispositions
des mesures fiscales. C'est le principal objet. Je ne voudrais cependant pas
exclure pour l'avenir d'autres possibilités. Je pense qu'il serait
préférable plutôt que de faire comme si on était
d'accord et supprimer les mots "solliciter", de dire: La fondation, quand elle
verra qu'elle peut recevoir des dons, cela m'étonnerait qu'elle
décide d'être inactive. Cependant, quand viendra le temps
d'engager des gens pour faire la sollicitation, s'ils décidaient
d'engager cinquante personnes et de les répartir un peu partout,
là, il y aura un contrôle au niveau des crédits dans cette
Chambre.
M. French: M. le Président, je veux suggérer...
Excusez-moi, M. le député d'Argenteuil...
Le Président (M. Champagne): M. le député
d'Argenteuil demande la parole depuis vingt minutes. Alors, je vous reconnais,
M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Je ne suis pas pressé...
Le Président (M. Champagne): Vous n'êtes pas
pressé?
M. Ryan: Ma demande est là.
M. Paquette: M. le Président, mon idée est faite
sur cette question. Je regrette, on peut l'adopter sur division, si vous
voulez.
M. Ryan: Attendez un peu, on ne peut pas régler cela comme
ça, M. le ministre.
D'abord, je suis un peu déçu de la tournure que prend le
débat parce qu'il m'avait semblé plus tôt, après
avoir essayé de faire valoir au ministre les raisons pour lesquelles
l'idée de sollicitation ne devrait pas être là, qu'il avait
réagi de manière sympathique et qu'il s'orientait avec nous vers
une modification de ce côté-là. Maintenant, j'écoute
ses interventions depuis quelques minutes et j'ai l'impression qu'on est revenu
au point de départ.
Puisque nous sommes revenus au point de départ, si tel est le
cas, je voudrais revenir avec des arguments qui devraient infléchir
l'attitude du ministre et du gouvernement. Je ne répéterai pas
tout ce que j'ai dit il y a quelques instants. Je pense que j'avais
mentionné trois arguments principaux. D'abord, il ne m'apparaissait pas
être dans la nature d'un organisme gouvernemental - gouvernemental, il ne
faut pas l'oublier - de faire de la sollicitation de ce genre. Le
député de Westmount m'a fait un reproche tantôt à
propos d'un organisme auquel j'avais déjà associé mon nom,
à titre de patron d'honneur; il y eut beaucoup d'hésitation quand
je fis cette action et chez moi et chez mes collègues. Je l'ai fait
parce que je trouvais que c'était un organisme très très
particulier et que je ne voulais pas avoir l'air de le désapprouver,
mais ce n'est pas une action que je voudrais recommencer volontiers d'autant
plus que, comme on le disait, on n'a jamais eu les résultats de cette
affaire.
Deuxièmement - c'est une raison très
forte - le rôle de la puissance publique, c'est d'aller cueillir
des contributions sur une base d'égalité chez tous les citoyens
en tenant compte, évidemment, de la richesse de chacun.
Troisièmement, le champ très limité des sources
potentielles de revenus de ce côté-là ne doit pas
être sous-estimé. C'est un champ qui est très limité
et il ne faut pas que le gouvernement vienne empiéter sur un domaine
dont les institutions paragouvernementales, dont je dirai un mot ensuite, ont
absolument besoin.
Moi, je souscris entièrement à ce qu'a dit le
député de Westrnount. Le ministre s'inquiète de faire de
l'information auprès des sources possibles de dons ou de legs, en
conformité avec ce que disent les lois. Par exemple, si une loi fiscale
a été adoptée par le gouvernement et qu'elle touche les
contributions au fonds de recherche à la fondation, il y a quand
même un héritage éventuel. Si c'est de l'information, nous
l'avons toujours dit du côté de l'Opposition, l'information
objective, l'information factuelle, c'est l'une des fonctions du gouvernement
et des organismes qui agissent au nom du gouvernement. Il n'y a pas de
problème de ce côté-là et si le ministre voulait
envoyer un feuillet bien fait aux notaires, par exemple, étant
donné le rôle que ces derniers jouent auprès des citoyens,
expliquant qu'il est important qu'ils soient bien informés sur les
dispositions de la loi concernant tous les legs ou les dons qui peuvent
être faits par des particuliers à la fondation pour le
développement de la recherche scientifique, nous n'y voyons aucun
problème.
M. Paquette: C'est une sollicitation, M. le
député.
M. Ryan: Non, c'est une information. Ce n'est pas du tout de
même nature, à mon point de vue. Le notaire, lui, a cette
information et il en aura aussi du gouvernement fédéral. Il peut
même en avoir de la fondation privée de l'Université de
Montréal, où il pourrait avoir étudié, ou encore de
l'Université McGill. Il dit à sa cliente: Voici, on a
différentes choses pour préparer votre succession, cela se
comprend très bien. Il y a ceci et il y a cela. S'il veut pousser
davantage vers un don quelconque, c'est sa liberté la plus stricte. Il
peut avoir de très bonnes raisons de le faire, mais ce qu'on ne veut
pas, c'est que cette fondation-là - je pense que M. le
député de Westmount l'a bien dit - commence à engager des
gens, un directeur de campagne, un directeur de ceci ou de cela et, ensuite, il
lui faudra un adjoint, des recruteurs et de la propagande, de la
littérature de promotion, etc. Ce n'est pas ce que nous voulons. Ce
n'est pas compatible avec la nature de cet organisme qu'on veut
créer.
Là-dessus, moi aussi j'ai une certaine expérience qui
remonte à il y a bien des années en matière de
sollicitation. J'ai passé presque toute ma vie dans le secteur
privé qui vivait essentiellement de subventions et de contributions
volontaires. Les sources possibles de fonds pour une fondation comme
celle-là, ne sont pas très nombreuses dans une
société limitée comme le Québec. D'abord, à
cause du caractère exigu de notre société elle-même;
deuxièmement, à cause du fait qu'on n'a pas ici le quota de
centres de décision, de sièges sociaux, de lieux
décisionnels qui devraient normalement correspondre à
l'importance de notre population pour toutes sortes de raisons sur lesquelles
il serait trop long de s'attarder. C'est sûr, lorsqu'ils vont commencer
à faire une liste d'organismes à solliciter, il va y avoir la
"Bank of this" , la "Bank of that", l'Aluminum Company, les compagnies de
papier et de pâte. On a tout de suite fait le tour; on en nomme une
centaine, 150, 200 et on a fait le tour.
Les universités ont leurs campagnes aussi, et on en vient
à ce point-là. C'est un point que je veux souligner. Il y a une
différence qui a semblé être sous-estimée par le
ministre tantôt: les universités ont des besoins de ce
côté-là. Elles ne sont pas dans la même situation que
la fondation, contrairement à ce qu'a laissé entendre le ministre
tantôt. Voici pourquoi: Les universités, c'est vrai, retirent
disons 90% de leur fonds de fonctionnement de subventions gouvernementales.
Vous savez sans doute, M. le Président, que le budget des
universités n'est pas soumis à l'approbation du gouvernement,
même pas du ministre de l'Education. Le budget des universités est
un budget autonome, approuvé par le conseil d'administration de chacune.
Elles font ensemble des études de leurs besoins budgétaires et
là des recommandations sont soumises au ministre par
l'intermédiaire du Conseil des universités et un autre organisme
dont je ne me rappelle pas. Finalement, on décide qu'on va verser une
subvention per capita qui va être de tant par exemple. Ce n'est pas une
subvention directement budgétaire, cela a été conçu
comme cela justement pour assurer que les universités
échapperaient à la tutelle immédiate du gouvernement.
Le 10% qu'elles vont chercher, elles vont en chercher une partie, la
grosse partie, à même les frais de scolarité payés
par les étudiants. Elles ne peuvent pas aller chercher beaucoup d'argent
additionnel de ce côté parce que les frais de scolarité
sont gelés par le gouvernement depuis de nombreuses années. Le
gouvernement a dit: On ne veut pas que vous touchiez à cela.
Alors, si on veut que l'autonomie des
universités se développe un petit peu, je pense qu'il faut
permettre que se constituent des sources de revenu autonomes qui ne seront
jamais majoritaires dans leur fonctionnement. Je pense qu'on est pris, pour un
siècle à venir, avec des universités dont le gros des
revenus de fonctionnement viendra de subventions gouvernementales. Je pense
qu'il faut laisser cet espace pour le sain développement des
institutions universitaires, dont la liberté et l'autonomie,
mentionnées tantôt par le député de Westmount, sont
un élément absolument - là dessus, je pense que cela ne
sert à rien de faire de démonstration parce qu'on est
d'accord...
M. Paquette: D'accord.
M. Ryan: ...l'élément capital de leur contribution
à la vie de la société. Là, moi je le dirais
objectivement, seulement par la conception que je me fais du rôle de la
puissance publique. En plus, les représentants des institutions
universitaires sont venus, ici, dire clairement - on ne peut pas se
l'être fait dire plus clairement que par la Conférence des
recteurs des universités - que ce concept-là les inquiète
beaucoup.
En conséquence de tout cela, moi, j'insiste respectueusement
auprès du ministre pour qu'il considère la possibilité de
laisser tomber ces mots. Il y a une chose que je vais dire: S'il les laisse
tomber, il y a une zone grise, une marge grise que personne ne pourrait
définir avec une rigueur mathématique. Supposez qu'à un
moment donné le président de la fondation ait l'occasion d'aller
dîner avec le président de Carnegie Foundation ou Rockfeller
Foundation, le gars dit: Bien, j'aimerais discuter avec vous de la
manière dont on pourrait peut-être aider votre affaire; cela nous
intéresse le développement du Québec, cela est très
intéressant. Il va dîner avec lui, il vont discuter et il va dire:
Nous autres, on ne veut pas faire affaire avec le FCAC, on ne veut pas faire
affaire avec le fonds de recherche, on voudrait avoir une "overall
contribution"; Québec figure sur notre liste de priorités pour
dix ans à venir. Cela peut arriver, si cela est bien organisé et
qu'il n'y a pas de danger d'étatisation excessive...
Mme Dougherty: ...pour un but scientifique.
M. Ryan: ...ou rien de cela. Oui, justement, il y a d'excellentes
possibilités de ce côté.
Une voix: ...
M. Ryan: Non, cela prend des hommes de contact qui ne sont pas
des solliciteurs.
Seulement, si vous avez le président qu'il faut pour cela... Je
pense que cela va prendre un président qui va avoir...
Mme Dougherty: Pas de campagne. (21 h 45)
M. Ryan: Justement s'ils savent que ce n'est pas une "drive", une
campagne de ci et de cela, ils iront là et ils diront...
M. Paquette: C'est l'élimination des campagnes de
sollicitation.
Mme Dougherty: C'est cela. M. Ryan: C'est cela.
M. French: Et l'engagement des gens qu'il sollicite activement.
C'est cela.
M. Paquette: Là, c'est très différent.
M. Ryan: C'est l'élimination du ratissage, M. le
ministre.
M. Paquette: Là, je comprends.
M. Ryan: Le ratissage dans les compagnies, chez les gens qui ont
un peu d'argent, ils sont écoeurés de cela. S'ils voient que le
gouvernement vient s'ajouter en plus à tous ceux qui viennent
déjà. C'est facile de refuser à l'Université de
Montréal. Le gars dit: Je regrette, j'ai fait mes études à
McGill et j'encourage McGill. Avec le temps, j'espère qu'il y en a qui
vont dire: J'encourage l'Université de Montréal. Malheureusement,
je n'ai pas étudié à l'Université McGill. Je les
aime bien, mais j'ai étudié à l'autre. C'est mon cas.
M. Paquette: M. le Président.
M. Ryan: J'ai le problème, parce que j'ai deux enfants
à McGill, et ils disent qu'ils écrivent aux parents aussi, comme
vous le savez. Vous le savez, vous, parce que vous... Je termine; un dernier
argument, M. le ministre. Si une entreprise est approchée par une
fondation qui est le bras exécutif du gouvernement dans sa perception -
et dans la loi, ce n'est quand même pas loin du gouvernement; c'est quand
même un organisme mandataire du gouvernement, comme vous l'avez dit
vous-même - le gars a un problème à régler qui s'en
vient. Je prends un exemple qu'on a ces jours-ci; d'ailleurs, je le prends bien
gratuitement, parce que je pense qu'on en a disposé pas mal cet
après-midi. Disons que ce sont les compagnies de films, les compagnies
de cinéma. À un moment donné, il y a un gros
problème avec le gouvernement. Elles veulent garder leur affaire ici,
etc. Elles ne veulent pas se faire déloger. Elles disent:
Écoutez'. On a cette fondation-là; on est bien fous de
donner à McGill et à l'Université de
Montréal; on va mettre 500 000 $ dans la fondation du ministre Paquette
et ce sera un peu embarrassant de nous arriver avec cela. Cela va jouer
énormément, je vous le dis...
Des voix: Ah!
M. Paquette: C'est de l'imagination fertile.
M. Ryan: ...surtout si vous vous mettez dans la position que
votre président s'en va solliciter ces gens-là, etc. Je reviens
à l'idée de sollicitation encore. C'est que cela me semble
absolument incompatible avec la fonction gouvernementale. Cela dit, je pense
que j'ai fait le tour des...
M. French: Je pense que vous devriez lire les définitions
de...
Des voix: Ah!
M. Paquette: M. le Président, si vous me le permettez.
M. Ryan: Là, vous me citez... Je pense que je vais laisser
cela à d'autres; ce sera intéressant.
M. Paquette: Je pense qu'on en est rendu au dictionnaire. Alors,
si vous me le permettez, M. le Président.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre, vous avez la
parole.
M. Ryan: Si la conclusion est déjà prise dans le
bon sens, on va laisser faire le dictionnaire. C'est drôle...
M. Paquette: C'est assez étonnant, évidemment, de
voir qu'à certains moments, on utilise le livre blanc pour justifier
certaines positions et qu'à d'autres moments, on l'écarte aussi
facilement, puisque quand le livre blanc parlait d'étudier rapidement
l'éventualité de transformer les fonds en fondation, il pensait,
bien sûr, que fondation signifiait des sources d'appoint formées
de dons, de legs et autres contributions de personnes, donc des fonds
privés essentiellement qui allaient être canalisés et
apporter une source d'appoint aux fonds subventionnaires. Évidemment, la
fondation ne fait pas autre chose et j'imagine que les députés
auraient autant d'objection, si je comprends bien, à transformer les
fonds sectoriels en organismes capables de solliciter et de recevoir des dons
et des legs. Donc, ils seraient en désaccord avec le projet de loi
préparé, par exemple, par le fonds FCAC, là où on
lisait, notamment, ceci. On parlait de transformer le FCAC en fondation: "La
fondation peut solliciter et recevoir tout don, legs, subvention ou
contribution pour la recherche scientifique et en disposer selon les conditions
qui y sont prévues, le cas échéant." Ce qui est exactement
l'article, à peu de chose près, que nous avons repris dans notre
projet de loi. Vous seriez tout aussi opposés à ce genre de
mécanisme qu'à ce qu'on retrouve dans le projet de loi, si je
comprends bien. Vous n'êtes pas d'accord avec ce qu'il y avait dans le
livre blanc.
M. Ryan: On crée un projet d'amendement, je peux vous le
dire en toute liberté, qui va dans le sens de...
M. French: ...
M. Lincoln: J'aurais voulu suggérer...
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Nelligan, peut-être...
M. Ryan: ...transformer le FCAC en fondation.
M. French: Non. Si le ministre pense qu'il argumente contre une
tendance qu'on aurait à pousser la fondation aux fonds, ce n'est pas
cela du tout.
M. Paquette: Vous auriez la même objection si
c'étaient...
M. French: Oui.
M. Paquette: ...les trois fonds sectoriels qui se mettaient
à solliciter et à faire concurrence... Bon! M. le
Président, je pense avoir bien compris là le sens des objections,
à savoir qu'il s'agit beaucoup plus d'éliminer des campagnes
systématiques de sollicitation que d'empêcher la fondation de
jouer un rôle actif d'information auprès des principaux
intéressés, pour faire en sorte que les mécanismes
prévus, notamment dans le discours sur le budget, et d'autres qui
pourront peut-être être inventés par la suite donnent leur
plein rendement.
M. French: M. le Président, à ce sujet, si le
ministre me le permet.
M. Paquette: Oui.
M. French: Vous avez établi les abris fiscaux. Ils vont
dans deux domaines: la science et la technologie, et les arts et la culture. Je
vous suggère qu'il est beaucoup plus logique de faire la
publicité par le biais du ministère du Revenu ou par le
ministère des Finances pour tous les deux buts et de laisser les
donateurs potentiels prendre la décision à ce moment-là.
Que les deux fondations ne commencent pas à dépenser de l'argent
d'un côté et de l'autre pour se
concurrencer mutuellement. Cela me rappelle les efforts de marketing de
nos cégeps. Ils sont de toute beauté. Choisir un cégep,
c'est connaître l'objet de la vente d'un microordinateur. Pourtant, c'est
nous qui les payons. Comme cela on évite les deux fondations, une pour
les arts et l'autre pour la science et la technologie, de se concurrencer
mutuellement avec les campagnes actives de financement. Je trouve cela dommage
et cela n'est pas logique.
M. Paquette: Alors, M. le Président, je serais
disposé à proposer peut-être un amendement comme le
suivant: "de recevoir des dons, legs, contributions ou autres contributions et
d'informer la population à cette fin."
M. French: Qu'est-ce que cela veut dire exactement dans l'esprit
du ministre? Informer, cela voudrait dire un rôle actif. Quel genre de
rôle actif?
M. Paquette: Cela veut dire qu'il n'y a pas de campagne
systématique institutionnalisée, de campagne annuelle où
on met des dizaines de...
M. French: Ce serait par courrier ou par l'annonce
publicitaire...
M. Paquette: Par exemple.
M. French: ...mais pas plus que cela.
M. Paquette: Exactement.
M. French: II n'y aurait pas de campagne systématique avec
des petites formules ou des petits coupons que l'on remplit.
M. Paquette: C'est précisément la nuance qui existe
entre informer et solliciter. Cela n'enlève pas à la fondation
son rôle actif pour maximiser les mesures que l'on met à sa
disposition, parce que l'on ne voudrait pas en faire simplement des gens qui
attendent que l'argent tombe du ciel non plus.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre, si vous
voulez apporter votre amendement ici et si vous voulez le déposer, on va
en disposer.
M. Lincoln: Est-ce qu'on ne pourrait pas le mettre... Là
vous dites que c'est à rebours. Il faut tout d'abord les informer. Vous
dites qu'il y a quelque chose de fournir les informations appropriées
sur les biens et les legs qu'elle peut recevoir. Il me semble que cela fait
plus de sens de l'informer de son devoir.
M. French: M. le Président, je ne suis pas d'accord avec
mon collègue parce que l'activité qui est la plus importante...
Mais là on parle encore, M. le ministre, de question de forme, n'est-ce
pas?
M. Paquette: C'est de recevoir. M. French: C'est de
recevoir... M. Paquette: Certainement.
M. French: ...parce que si logiquement on commence avec les
informations...
M. Paquette: Si on pouvait recevoir sans informer, ce serait
extraordinaire.
M. French: On dit quelque chose à la fondation que moi, en
tant que législateur, je ne veux pas lui dire, c'est-à-dire
qu'informer, cela fait une partie importante de son mandat, alors que c'est une
partie très secondaire de son mandat. Son mandat, d'abord, c'est de
recevoir et de répartir l'argent.
Mme Dougherty: Voudriez-vous lire l'amendement?
M. Paquette: Oui.
Le Président (M. Champagne): Pour être clair, si sur
la table il y a quelques amendements, il faudrait en disposer. Peut-être
que l'article 50 dans son introduction on l'a laissé en suspens, il
faudrait peut-être commencer par l'article lui-même et ensuite on
arrivera au paragraphe 1er. M. le ministre, qu'apportez-vous comme amendement
à l'article 50 dans son introduction?
M. Paquette: Alors... Oui?
M. Ryan: M. le Président, je voudrais savoir seulement une
chose. Je comprends que vous êtes peut-être un peu pressé,
mais...
Le Président (M. Champagne): C'est parce que... Enfin.
M. Ryan: ...je vous dis que si l'on s'est entendu sur les deux
premières lignes, on n'a pas voté. Si on continue d'explorer le
reste, je pense que c'est plus judicieux que d'adopter une affaire et
après, en en adoptant une troisième, s'apercevoir que la
première n'était pas bonne et être obligé de
recommencer.
Le Président (M. Champagne): Cela peut être le
contraire. Si on adopte le 1er paragraphe et qu'on ne connaît pas
l'indroduction ou si on peut arriver à la
même...
M. Ryan: Mais là l'introduction nous la connaissons tous.
Il reste seulement à apposer une bénédiction au-dessus
d'un vote.
Le Président (M. Champagne): J'espère.
M. Ryan: Je ne pense pas qu'il y ait personne qui veuille rouvrir
cela.
Mme Dougherty: Mais pour nous informer, est-ce qu'on peut
demander au ministre les deux amendements suggérés pour que l'on
puisse avoir une...
M. Paquette: Enfin, je pense qu'on voit l'esprit. Le paragraphe
1° commencerait par les mots "de recevoir des dons, legs, subventions ou
autres contributions et d'en informer la population."
Une voix: D'informer la population.
M. Paquette: Enfin, on va trouver une formulation adéquate
ici, mais l'esprit serait celui-là.
Mme Dougherty: Les subventions sont là? Parce que la
première fois...
M. Paquette: Oui, oui, "recevoir des dons, legs, subventions ou
autres contributions".
Mme Dougherty: D'accord.
M. French: Dans l'esprit du ministre, cela élimine la
possibilité des campagnes de financement professionnelles soutenues.
M. Paquette: C'est cela, exactement.
M. French: Annuelles, etc.
M. Paquette: Exactement.
M. French: Cela va.
Mme Dougherty: Et le premier...
M. Ryan: Cela va avec le programme de création de
jobs.
Le Président (M. Champagne): Oui, oui, alors Mme la
députée demande...
M. Paquette: On va en créer plus en maximisant les fonds
dans la recherche.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre, Mme la
députée demande pour...
Mme Dougherty: Pour...
Le Président (M. Champagne):
L'introduction.
Mme Dougherty: Oui, l'introduction: La fondation a pour
fonctions... Est-ce que vous avez résolu cela?
Le Président (M. Champagne): Oui, on l'a demandé
tout à l'heure.
M. Paquette: Oui et votre collègue s'oppose à ce
que nous en parlions.
Le Président (M. Champagne): Oui, c'est cela. Enfin.
Mme Dougherty: C'est seulement pour avoir le cadre.
M. Paquette: Je vais vous le lire. M. le Président, le
paragraphe introductif se lirait comme suit. Article 50: "La Fondation a pour
fonctions de soutenir financièrement les fonds institués par la
présente loi et à cette fin..."
Le Président (M. Champagne): Proposé comme cela ou
amendé, est-ce que c'est accepté? Est-ce que c'est
adopté?
M. Ryan: On y est obligé.
Le Président (M. Champagne): D'accord.
L'introduction...
M. Paquette: C'est adopté?
Le Président (M. Champagne): ...est adoptée. Je
vais la relire pour que tous soient bien au courant: "La Fondation a pour
fonctions de soutenir financièrement les fonds institués par la
présente loi et à cette fin:" Cela va? C'est adopté. J'en
arrive maintenant au 1 de l'article 50...
Mme Dougherty: Est-ce qu'il est adopté?
Le Président (M. Champagne): II est adopté. Cela
va?
Mme Dougherty: Oui.
Le Président (M. Champagne): J'arrive au 1° ,
maintenant.
M. Paquette: Le 1° n'est pas prêt, M. le
Président, mais je pense qu'on a quelque chose qui fait consensus. On va
attendre un peu, si vous n'avez pas d'objection.
Le Président (M. Champagne): D'accord. Allons à
2°.
M. Paquette: À 2 , j'ai un amendement, qui est celui que
je vous ai lu tout à l'heure et qui a été
déposé hier. Il s'agit de
modifier l'article 50 par le remplacement, dans la première ligne
du deuxième paragraphe du premier alinéa, des mots "selon des
proportions déterminées chaque année" par les mots
"conformément au plan prévu à l'article 52".
Le Président (M. Champagne): Pour être bien
sûr, est-ce que cela va?
M. Paquette: C'est pour éviter...
Une voix: Oui, cela va.
Le Président (M. Champagne): D'accord.
M. Paquette: ...qu'on s'imagine qu'il y a deux façons de
répartir les sommes de la fondation entre les trois fonds.
Le Président (M. Champagne): Oui, d'accord pour ce que
vous proposez comme amendement. On me dit aussi qu'il y a un autre amendement
à 2°.
M. Paquette: Je propose également de supprimer, dans les
deuxième et troisième lignes du deuxième paragraphe du
premier alinéa, les mots "de soutien à la recherche
institués par la présente loi". La raison, c'est qu'on a dit dans
le paragraphe introductif qu'il s'agissait de ces fonds-là et qu'il
n'est pas nécessaire de le répéter.
Mme Dougherty: Adopté, naturellement sous réserve
de l'approbation de l'article 52.
Le Président (M. Champagne): Oui, oui, d'accord. Mais il
est adopté. Alors, le 2° de l'article 50 est adopté.
Mme Dougherty: Si on n'aime pas le plan?
Le Président (M. Champagne): II est adopté tel
qu'amendé.
M. Paquette: Je n'ai pas d'autre amendement, M. le
Président. Nous pourrions suspendre l'article 50 en attendant que
l'amendement au 1 nous arrive et passer au suivant.
Le Président (M. Champagne): Alors, est-ce qu'on
peut...
M. Ryan: Attendez un peu. Il y a l'alinéa 3.
M. Paquette: Ah! Vous avez quelque chose là?
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Champagne): Alors, est-ce qu'il y a des
questions sur l'alinéa 3?
M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: À l'alinéa 3, on lit: "Dans l'exercice de
ses fonctions prévues au paragraphe 1° - cela va - la Fondation ne
peut accepter de dons, legs, subventions ou autres contributions auxquels est
attachée une charge ou une condition que dans les cas et suivant les
conditions que le gouvernement peut déterminer par règlement." Je
vous dirai que je trouve cela un peu excessif. Il me semble qu'on devrait
laisser à la fondation une certaine latitude. Que le gouvernement puisse
établir des normes, ce n'est pas une chose inconcevable, mais que la
fondation ne puisse jamais accepter de dons auxquels serait attachée une
condition, à moins que ce cas-là n'ait été
approuvé par le gouvernement ou prévu par un règlement du
gouvernement, cela me paraît excessif. Je ne sais pas s'il y aurait une
formule plus...
M. Paquette: C'est la formule qu'on retrouve, par exemple,
à la loi créant l'Institut québécois de recherche
sur la culture. La raison en est qu'il pourrait très bien arriver que
quelqu'un décide de proposer à la fondation un don, legs,
subvention ou autre contribution en y attachant des charges pour l'avenir. Par
exemple, quelqu'un pourrait dire: J'investis 50 000 $ à condition que,
chaque année, le gouvernement mette 50 000 $ dans les cinq années
qui viennent. Il faut se prémunir contre ce genre de choses. C'est la
seule raison, je pense. Est-ce qu'il y en a d'autres? C'est exactement le
même article que l'article 24 de la loi créant l'Institut
québécois de recherche sur la culture. (22 heures)
Mme Dougherty: Excusez.
Le Président (M. Champagne): Oui, allez donc.
Mme Dougherty: M. le Président, j'aimerais demander au
ministre si l'autre fondation existe déjà; est-ce qu'il y a une
loi? Est-ce que l'autre fondation existe déjà?
M. Paquette: C'est l'Institut québécois de
recherche sur la culture, qui peut recevoir et accepter des dons, legs et
subventions. Donc, en réalité, à ce point de vue
là, c'est une fondation.
Mme Dougherty: La fondation dont le ministre des Finances a
parlé dans son discours sur le budget, c'est une nouvelle.
M. Paquette: C'est celle-là.
Mme Dougherty: Cela existe déjà.
M. Paquette: Non, il y a une fondation
pour la recherche dans la science et la technologie, qui est celle que
nous créons par cette loi.
Mme Dougherty: Vous parlez de deux fondations.
M. Paquette: II faudrait un organisme équivalent du
côté des arts et de la culture. Je pense que c'est la
Société de développement des arts qui jouera ce
rôle, si je suis bien informé.
M. Ryan: Juste une parenthèse. Les sciences sociales,
est-ce que cela va aller du côté des arts et de la culture ou du
côté de...
M. Paquette: Non, c'est ici. La recherche en sciences sociales,
en sciences humaines fait partie de notre définition de la science et de
la technologie. C'est de la recherche. D'ailleurs, le fonds FCAC actuellement
accorde, je pense, près de la moitié de ses sommes à la
recherche dans les sciences humaines.
M. Ryan: Maintenant, M. le Président, à propos de
cet article-ci je trouve que, d'un côté, le ministre invoque une
situation possible qui est vraisemblable. Il pourrait arriver par exemple
qu'une personne ou une entreprise dise: nous, on donne à la fondation
une somme de 500 000 $ qui pourrait être utilisée par elle
à des fins de recherche à condition que le gouvernement y mette 5
000 000 $. C'est normal que le gouvernement approuve l'acceptation d'un leg
comme celui-là avant de signer.
M. Paquette: C'est exactement ce genre de choses qu'il faut
mettre dans un règlement.
M. Ryan: D'autre part, cela serait couvert si vous
écriviez par exemple: "dans l'exercice de ses fonctions, la fondation ne
peut accepter des dons, legs, subventions ou autres contributions auxquels sont
attachés des charges financières engageant le gouvernement que
suivant les conditions que celui-ci détermine par règlement", je
comprendrais très bien.
À supposer par exemple...
M. Paquette: On progresse.
M. Ryan: Oui, toujours en cherchant.
M. Paquette: On progresse.
M. Ryan: À supposer par exemple qu'une entreprise dise -
disons que ce sont des produits pharmaceutiques Sharp Merck and Dohme - nous,
on donne à la fondation 1 000 000 $ devant être employés au
développement de la recherche en biochimie.
M. Paquette: À condition que nous soyons en
priorité, le premier vendeur dans tout contrat des réseaux
hospitaliers du gouvernement. Il n'y a pas de charge financière.
M. Ryan: C'est une charge financière.
M. Paquette: Non, cela ne coûte pas nécessairement
plus cher avec eux qu'avec d'autres. On ne le sait pas.
M. Ryan: En tout cas, c'est le genre de charge qu'il faut
soumettre à l'approbation du gouvernement. Nous vous le
concédons, M. le ministre.
M. Paquette: Ou encore que la recherche se fasse uniquement par
des individus de sexe masculin, ce qui serait discriminatoire par rapport
à la Charte des droits et libertés de la personne.
M. Ryan: Cela n'a pas besoin d'être approuvé par le
gouvernement. C'est même dangereux que le gouvernement ignore parfois
cette charte-là. Il vaut mieux se fier aux administrateurs.
M. Paquette: J'aimerais bien avoir des exemples de cela.
M. Ryan: Monsieur, la mémoire est courte.
M. French: II n'a pas voté pour la loi 111, M. Ryan. Le
ministre était absent à cette occasion-là.
M. Ryan: C'est vrai qu'il était absent. M. French:
Non, il n'était pas là.
Le Président (M. Champagne): Si vous voulez...
M. Paquette: Ce n'étaient pas les articles concernant la
discrimination qui étaient impliqués.
Le Président (M. Champagne): Si vous voulez en rester
à la loi 19, s'il vous plaît.
M. Paquette: Oui.
M. French: M. le Président, je regrette
énormément d'avoir dérogé.
M. Ryan: M. le Président, je crois que si nous trouvions
la possibilité de qualifier ces mots "une charge ou une condition", cela
pourrait apporter des éléments de solution. C'est formulé
de manière tellement générale que c'est presqu'une insulte
pour les futurs
administrateurs de la fondation.
M. Paquette: M. le Président, ce n'est pas une
insulte...
M. Ryan: Un manque de respect.
M. Paquette: Ce n'est pas un manque de respect puisque c'est un
article courant dans ce genre de situation. Si on se met sur un coin de table
à commencer à baliser cela, on va sûrement oublier des
situations auxquelles on n'aurait jamais pensé et que la sagesse des
temps a amené à inclure dans nos modes de législation sous
cette forme qui est maintenant standard, dans plusieurs projets de loi et les
balises qu'on peut mettre, de façon à laisser le maximum de
liberté de manoeuvre quand même à la fondation, peuvent
être faites par règlement.
M. Ryan: Le ministre ne peut pas parler de nombreux exemples dans
la loi parce que c'est la première fois qu'on légifère
dans ce genre-là. Il y a l'Institut québécois sur la
recherche, c'est tout, il n'y en a pas d'autre.
M. Paquette: Citer un article d'une loi et il y en a
sûrement d'autres.
M. Ryan: Je m'étonne. Il y a d'autres exemples...
M. Paquette: Dans la Loi du ministère des Affaires
intergouvernemntales concernant la situation où elle reçoit des
subventions.
M. French: Oui, mais vous n'avez pas de fondation
indépendante, à ce moment-là. Vous nommez six personnes et
vous n'en avez pas la responsabilité. Vous avez fait quelque effort pour
nous expliquer pourquoi...
M. Paquette: On ne peut pas être autonome et en même
temps remplacer le gouvernement dans ses responsabilités.
M. French: Le ministre a pris la peine de nous expliquer qu'au
lieu de transmettre cet argent directement du ministère des Finances au
fonds, il fallait créer une institution ou une agence...
M. Paquette: Je suis obligé de conclure qu'en entrant dans
des détails qui vraiment ne nous font pas avancer, l'Opposition est en
train de poursuivre, je pense, ce qu'on appelle un "filibuster". Vraiment on
n'est plus dans l'état de recherche. On est rendu au point où
chacune des virgules, chaque mot est scruté, même dans les
dispositions les plus bénignes du projet de loi. J'ai peine à
croire que nous réussirons à étudier les articles pourtant
extrêmement importants de ce projet de loi où il y a
matière à choix politique. Là je pense que je comprendrais
l'Opposition de s'attarder très longuement, comme elle l'a fait
d'ailleurs, sur le début de ce paragraphe. J'accepte très bien,
je comprends très bien. Quand on arrive à ces questions qui sont
relativement accessoires, il faut que le gouvernement se prémunisse
contre des abus possibles c'est normal d'avoir cet article, ce paragraphe. Si
on continue à faire cela toute la soirée...
Mme Dougherty: M. le Président...
M. Paquette: ...nous ne pourrons pas éviter ce que nous
disions tous vouloir éviter, c'est-à-dire l'intervention des
leaders. Nous n'aurons pas étudié les articles où nous
aurons des choix politiques à faire.
Le Président (M. Champagne): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Ce n'est pas un filibuster du tout. Nous essayons
d'analyser des opinions différentes des deux côtés d'une
façon satisfaisante pour le bien de la recherche scientifique au
Québec. Les articles 50, 51, 52 ont été
suggérés comme articles clés par le ministre
lui-même, ce matin, et ce sont ces articles que nous étudions.
M. Paquette: C'est dans le but d'en arriver à vous
permettre d'exercer vos choix politiques pour contribuer au projet de loi.
Mme Dougherty: Après avoir approuvé, mot par mot
peut-être, ces articles, on pourrait attaquer les autres beaucoup plus
facilement, j'en suis certaine.
M. Paquette: Je ne sais pas si on pourrait considérer que
l'article 50 est suspendu sous réserve du premier alinéa dont la
rédaction s'en vient, mais sur lequel, je pense, nous avons un accord
quant au contenu.
Le Président (M. Champagne): II y a beaucoup de choses qui
sont un peu en suspens. Il faudrait peut-être se retrouver à la
fin.
M. Ryan: J'ai une chose à vous proposer, M. le
ministre.
Le Président (M. Champagne): C'est parce qu'on est un peu
mêlé nous aussi. Est-ce qu'on pourrait suspendre tout simplement
pour quelques minutes pour trouver le texte?
M. Ryan: C'est peut-être une idée pour que le
ministre y pense pendant que vous serez en train de mettre de l'ordre dans les
textes. Cela va peut-être disposer de tout l'article 50, si on peut
s'entendre là-dessus.
D'abord, je ne voudrais pas que le ministre s'impatiente. Je comprends,
parce que cela n'est pas facile de faire ce qu'il fait là. Je viens de
sortir d'un exercice qui a duré 25 heures à propos d'un projet de
loi et le ministre nous a dit à la fin qu'il devait courir prendre son
avion parce qu'il allait faire un discours. Il était bien content
d'annoncer que cela marchait. Il nous a dit: Je vous remercie de l'apport
extraordinaire que vous avez donné, c'est la première fois que je
vois cela.
Mais il y a eu deux ou trois moments où il a eu des paroles comme
celles que vous avez dites, et vous savez très bien que la
dernière chose qui va nous influencer c'est l'idée de guillotine.
On aimerait que le gouvernement passe la guillotine, c'est parfait. Mais on ne
veut pas... On essaie d'aider et je veux vous assurer qu'en réglant les
questions fondamentales - on vient d'en régler une couple - cela va
aider énormément pour la tuyauterie et on ne passera pas autant
de temps sur beaucoup d'autres articles.
Sur celui-ci, mon collègue de Westmount a émis une
suggestion à mon oreille, que j'ai complétée de l'autre
côté en l'écoutant. On arrivera peut-être à
quelque chose qui vous sera acceptable, M. le ministre. Ce serait quelque chose
comme ceci: Dans l'exercice de ses fonctions, la fondation ne peut accepter de
dons, legs, subventions ou autres contributions auxquels est attachée
une charge ou une condition que dans les cas et suivant les conditions qu'elle
détermine par règlements approuvés par le
gouvernement.
Mme Dougherty: Donc, c'est la fondation...
M. French: C'est la fondation qui propose et le gouvernement qui
accepte ou n'accepte pas.
Mme Dougherty: ...
M. French: Oui, cela donne un rôle aux présidents de
fonds. Cela bonifie le râle indépendant de la fondation.
M. Paquette: Je pense que la fondation ne propose pas un tel
règlement.
M. French: Elle est obligée de le proposer.
M. Paquette: Voulez-vous me relire la formulation encore une
fois?
M. Ryan: Très bien, parce que autrement on ne peut pas les
accepter: "La fondation ne peut accepter de dons, legs, subventions ou autres
contributions auxquels est attachée une charge ou une condition que dans
les cas et suivant les conditions qu'elle détermine par
règlements approuvés par le gouvernement."
M. French: ...qu'elle détermine par règlement. Ces
règlements doivent être approuvés par le gouvernement.
M. Paquette: M. le Président, cette formulation nous
agrée, je pense qu'elle correspond à l'esprit qu'il faut donner
à cette loi, c'est-à-dire l'initiative des organismes autonomes
que nous créons, nous sommes tout à fait d'accord.
M. French: C'est ce que j'essayais d'expliquer, alors que le
ministre a perdu patience un peu. Je m'en allais là.
M. Paquette: Très bien.
Le Président (M. Champagne): Ce que je veux vous
suggérer, c'est qu'on reprenne tout cet article 50. Nos légistes
vont le rédiger avec tous les amendements et je pense qu'on va y voir
plus clair.
M. Paquette: C'est cela, nous allons récrire tout
l'article en intégrant tous les amendements et en faire un seul
amendement qui remplacera l'article; ce sera beaucoup plus simple. Nous
pouvons, je pense, suspendre l'article 50 pour le moment, en attendant qu'on le
rédige...
Le Président (M. Champagne): D'accord.
M. Paquette: ...en intégrant tout ce qu'on a dit depuis le
début.
Le Président (M. Champagne): On l'acceptera
globalement.
M. Paquette: On l'acceptera par la suite.
Mme Dougherty: Au quatrième paragraphe, "un
règlement adopté en vertu", on va garder cela, naturellement.
M. Paquette: Oui, bien sûr, il faut que ce soit
publié à la Gazette officielle du Québec, "ou à
toute date ultérieure..." Oui, c'est cela, il faut le garder.
Le Président (M. Champagne): On va suspendre l'article et
on y reviendra lorsque les légistes nous auront présenté
le texte avec toutes les corrections. J'appelle l'article 51.
M. Paquette: M. le Président, cet article 51 parlait des
directives que le ministre de la Science et de la Technologie peut donner
à la fondation. (22 h 15)
Dans un premier temps, nous avons biffé cet article puisque cette
question de directive reviendra dans la nouvelle formulation de l'article 52,
mais mieux intégrée à l'initiative justement que la
fondation doit avoir en préparant son plan de répartition entre
les fonds. Nous l'avons remplacé par un autre article qui parle d'autre
chose, mais qui est très important également. Donc, je propose
que l'article 51 soit remplacé par le suivant: "La Fondation ne peut
utiliser les sommes provenant de dons, legs, subventions ou autres
contributions, à l'exception de celles votées annuellement par le
Parlement, que pour l'exercice de ses fonctions prévues au paragraphe 2e
du premier alinéa de l'article 50 à moins que ces sommes ne
fassent l'objet d'un placement en vertu de l'article 55. Il en est de
même pour les revenus qui en découlent." Cet article a pour objet,
M. le Président, de s'assurer que les dons provenant des particuliers
serviront au financement de la recherche et non au fonctionnement de la
fondation.
M. French: Voilà! Pouvez-vous nous expliquer cela? C'est
important.
M. Paquette: Le nouvel article 51 que je propose, parce que ce
n'est plus du tout le même contenu que ce qu'il y avait là...
M. French: D'accord.
M. Paquette: Cela signifie que la fondation ne pourra utiliser
les sommes provenant du public que dans la répartition entre les fonds
sectoriels et qu'elle ne pourra utiliser les fonds provenant du public pour son
fonctionnement. Les frais de fonctionnement seront assumés par le
gouvernement.
M. French: Très bien.
M. Paquette: D'autre part, il faut également mentionner
que les fonds obtenus du public seront soit répartis entre les trois
fonds sectoriels ou, si cela se révélait impossible pour toutes
sortes de raisons, ils pourront également être placés en
vertu de l'article 55, accumuler des intérêts, et les revenus qui
en découleront, eux, seront soumis au même mécanisme,
c'est-à-dire qu'ils ne pourront être utilisés pour des
frais de fonctionnement et devront être répartis entre les trois
fonds ou placés de nouveau.
Une voix: Adopté.
Mme Dougherty: Just a minute!
M. Ryan: S'il n'y avait que des députés
ministériels'.
Des voix: Ah! Ah!
Le Président (M. Champagne): Y a-t-il encore des questions
à poser là-dessus, sur cet article 51?
M. French: C'est un problème de trouver une formule qui va
dire...
M. Paquette: Ce n'est pas facile de le dire, parce que c'est
itératif, cette affaire-là.
M. French: Je pense que le fonds reste là. C'est...
Mme Dougherty: Cela remplace toute la question des
directives.
M. French: Les directives, c'est dans un autre article.
M. Paquette: Dans un premier temps, nous avons biffé
l'article 51 et, après, nous avons pensé que cette disposition
était tout à fait essentielle pour rassurer les donateurs.
Le Président (M. Champagne): Cela irait?
Mme Dougherty: Cette idée n'était pas... C'est une
nouvelle idée. Ce n'est pas ici...
M. Ryan: Mme la députée de Jacques-Cartier voudrait
garder l'idée de directives.
M. French: Elle est très inquiète que cela
disparaisse. Les directives sont disparues. Cela l'achale beaucoup.
M. Ryan: Cela l'inquiète.
Mme Dougherty: L'idée représentée dans
l'amendement est une addition, en fait.
M. Paquette: Oui, exactement. Mme Dougherty: Alors,
adopté. M. Paquette: Adopté.
Le Président (M. Champagne): L'article 51 est
adopté.
M. Ryan: Excusez-moi. Seulement une chose. J'avais une
intervention à faire.
Le Président (M. Champagne): J'ai entendu "adopté"
par la députée de Jacques-Cartier. Ai-je bien compris?
M. Ryan: Oui, oui, c'est un lapsus.
Le Président (M. Champagne): Ah! C'est un lapsus?
M. Ryan: Elle n'est pas encore complètement bilingue. Elle
s'en vient très bien.
Le Président (M. Champagne): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je voudrais que le ministre m'explique quelque chose
encore une fois. C'est écrit ici: "À l'exception de celles
votées annuellement par le Parlement".
M. Paquette: Oui.
M. Ryan: C'est son budget de fonctionnement?
Le Président (M. Champagne): Oui, oui, c'est cela.
M. Ryan: Vous ne voudriez pas le dire. M. Paquette:
Pardon?
M. Ryan: Vous ne voudriez pas le dire. Tel que formulé,
cela peut comprendre également les sommes versées par le
Parlement...
Mme Dougherty: Pour la recherche.
M. Paquette: Oui, oui, mais cela ne pose pas de
problème...
M. Ryan: Non?
M. Paquette: ...parce que le début de la formulation de
l'article précises "La Fondation ne peut utiliser les sommes provenant
de dons, legs, subventions ou autres contributions, à l'exception de
celles votées par le Parlement, que pour l'exercice de ses fonctions
prévues au paragraphe 2e..." On parle de répartir entre les fonds
ou encore de faire un placement. L'objet de l'article est de dire ce qui
arrivera avec l'argent du public et non pas ce qui arrivera avec l'argent du
gouvernement. Ce qui arrivera à l'argent du public c'est qu'il sera
entièrement réparti entre les fonds sectoriels ou encore, une
option que la fondation peut prendre, un placement. On applique la même
chose aux revenus qui découlent de ces placements.
Mme Dougherty: Donc, si le gouvernement donnait des
crédits...
M. Paquette: ...donnait des crédits au-delà des
frais de fonctionnement...
Mme Dougherty: ...de 5 000 000 $, cela fait partie...
M. Paquette: ...cela ne concerne pas l'article 51. Cela concerne
d'autres articles.
Mme Dougherty: ...des subventions. M. Paquette:
Pardon?
Mme Dougherty: "La fondation ne peut utiliser les sommes
provenant des dons...
M. Paquette: Non, écoutez...
Mme Dougherty: ...et des subventions..." Est-ce qu'on parle ici
des subventions du gouvernement?
M. Paquette: Oui, c'est cela, "...votées annuellement par
le Parlement". Il s'agit des crédits que nous votons annuellement chaque
année et qui sont proposés par le gouvernement.
Mme Dougherty: Autrement, il n'y aura pas de subventions
d'ailleurs, seulement celles qui viennent du gouvernement...
M. Paquette: II peut...
Mme Dougherty: ...ou des autres ministères...
M. Paquette: Oui, oui, il peut y en avoir. À ce
moment-là, on n'a pas limité les choses de façon
excessive. Il y a d'autres articles qui s'occupent de cela.
M. Ryan: ...par exemple des organismes subventionnaires
fédéraux. Il n'y a rien qui empêche en principe que...
Mme Dougherty: C'est vrai.
M. Paquette: Ce serait une bonne façon d'effectuer le
rattrapage au Québec.
M. Ryan: Si je comprends bien, M. le ministre, ce que vous voulez
dire c'est que la fondation ne peut pas sortir d'argent si ce n'est pour les
trois fonds de soutien qui sont prévus. Deuxièmement, vous faites
une exception, pas une exception mais une nuance. Vous dites: "...à
même les sommes votées annuellement par le Parlement," là
il y a une partie qui pourra aller au budget de fonctionnement. C'est cela que
ça veut dire.
M. Paquette: L'important dans l'article c'est que tout le budget
de fonctionnement vient du gouvernement.
M. Ryan: C'est cela, très bien.
M. Paquette: C'est cela l'objectif de l'article.
M. Brouillet: Et tout ce qui vient du gouvernement ne sert pas
exclusivement...
Le Président (M. Champagne): C'est
adopté tel qu'amendé, de toute façon. L'article 51
est adopté tel qu'amendé. J'appelle l'article 52.
M. Paquette: M. le Président, à l'article 52 j'ai
un amendement qui consiste à remplacer l'article par le suivant: "La
Fondation doit, chaque année, à la date que le ministre fixe, lui
transmettre un plan pour la répartition de ses revenus. Ce plan doit
tenir compte des directives que le ministre peut, le cas échéant,
donner à la Fondation sur ses objectifs et ses orientations. Ces
directives sont préparées par le ministre en collaboration avec
les ministres responsables de chacun des Fonds pour les parties qui les
concernent. "Le plan indique séparément les montants
prévus pour les dépenses d'administration de la Fondation. Il
indique, le cas échéant, les conditions relatives a l'utilisation
par un Fonds des sommes qui lui sont versées par la Fondation. "Le plan
est soumis à l'approbation du gouvernement sur la recommandation du
ministre de la Science et de la Technologie et préparé en
collaboration avec le ministre responsable d'un Fonds pour la partie du plan
qui le concerne. "Le plan est déposé à l'Assemblée
nationale dans les quinze jours de son approbation par le gouvernement si
l'Assemblée est en session ou, si elle ne siège pas, dans les
quinze jours de l'ouverture de la session suivante ou de la reprise de ses
travaux."
Ce que cela change par rapport à l'article 52, c'est d'une part,
la participation des ministres responsables des fonds, qui n'était pas
prévue dans le projet de loi initial et qui donne une garantie
additionnelle que la fondation - je pense qu'il n'y a plus personne qui peut
soutenir cela sérieusement - prendrait trop de poids par rapport aux
fonds sectoriels... En éliminant l'article 51 qui parlait des
directives, on met les directives dans un contexte beaucoup plus modeste qui
est lié au plan de répartition des responsabilités, on le
limite aux objectifs et aux orientations et non pas aux détails de la
disposition des fonds. On retrouvera un article similaire dans le cas des fonds
sectoriels.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a des
questions sur l'amendement proposé?
M. French: Je n'ai pas de question. Je veux faire une
observation. C'est exactement le genre de choses qu'avec une nouvelle
commission parlementaire on devrait discuter avec le ministre responsable. La
commission peut en prendre l'initiative. Le ministre disait toujours que les
directives allaient être déposées, mais il n'y aura pas de
motion sur une directive ou un plan de répartition des fonds, etc. Il
faut bien comprendre que la publicité, c'est bien, mais il ne faut pas
prétendre que l'Assemblée nationale va être saisie, en tant
qu'Assemblée nationale, de ces affaires-là; la commission
parlementaire pourrait le faire.
M. Paquette: Bien sûr, et tous les députés
auront toute l'information à leur disposition pour bien préparer
ce débat qu'ils pourront choisir de faire à un moment de leur
choix.
Mme Dougherty: II y a une autre idée que vous avez
suggérée. C'est que le ministre prépare les directives en
collaboration avec le ministre responsable de chacun des fonds. C'est une autre
idée nouvelle.
M. Paquette: Oui.
Mme Dougherty: À l'article 51, c'est le ministre de la
Science et de la Technologie lui-même, sans nécessairement une
collaboration...
M. Paquette: Exactement. Et cela implique que la fondation est
vraiment au service des fonds sectoriels. Même les ministres peuvent
harmoniser leurs directives aux fonds avec celles que le ministre de la Science
et de la Technologie donne à la fondation.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Si je comprends bien, il y a des directives, mais des
directives seulement si la fondation n'a pas émis un plan. Quand vous
dites "le cas échéant"...
M. Paquette: À l'occasion de la préparation d'un
plan, on peut émettre une directive. Cela ne nous oblige pas à en
émettre chaque année. Évidemment, je pense que cela peut
difficilement être plus qu'annuel. Il y a de nouveaux besoins qui
surgissent pendant l'année accompagnés de nouveaux fonds, ce qui
nécessiterait... Ce sont des directives sur les objectifs et les
orientations, de toute façon.
Le Président (M. Champagne): M. le député
d'Argenteuil, est-ce que vous avez une question?
M. Ryan: Oui, j'ai une question. "La fondation doit, chaque
année, à la date que le ministre fixe, lui transmettre un plan
pour la répartition de ses revenus. Ce plan doit tenir compte des
directives." Cela va bien; il n'y a pas de problème là-dessus,
pour moi, pourvu que les directives portent sur les
objectifs et les orientations et non pas sur des choix particuliers. Je
pense que cela va très bien. La question qui m'embarrasse un peu, c'est
la suivante: jusqu'où doit aller l'obligation de donner des
précisions sur la répartition projetée des revenus? Disons
que la fondation soumet, à la fin de l'automne ou au début de
l'année, son plan pour la répartition de ses revenus pour
l'année qui commence le 1er avril. Elle ne pourra pas connaître
tous les détails. Elle va connaître un certain nombre de choses,
mais il faut qu'elle se réserve une marge pour des décisions
pendant l'année. Il peut arriver qu'au cours de l'été,
elle soit saisie de projets importants. Voudriez-vous que tout soit
arrêté jusque dans le détail dès le stade de la
répartition, de la présentation de ce plan
détaillé? Est-ce qu'il faudrait qu'il soit détaillé
au point d'indiquer,.. C'est la fondation, d'un autre côté. Si
c'est seulement... Jusqu'où cela doit-il aller?
M. Paquette: Écoutez! C'est pour la bonne administration
des fonds sectoriels. Les fonds sectoriels, je pense, ont besoin de
connaître, à un moment bien précis, l'ensemble des sommes
dont ils vont disposer. La majeure partie de ces sommes provient des budgets du
ministère dont ils relèvent. L'autre partie, provenant de la
fondation, aurait avantage à être connue à peu près
en même temps. Je pense qu'il va falloir ajuster ces
choses-là.
M. Ryan: Le contenu de ce plan, ce serait déterminé
par un règlement ou une directive du ministre ou par la pratique tout
simplement?
M. Paquette: Par la pratique, M. le Président. On va
laisser l'initiative à la fondation et si le plan n'était pas
suffisamment précis ou explicite, on lui demandera de le préciser
avant son adoption par le gouvernement.
Le Président (M. Champagne): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Le Fonds FCAC a insisté sur un plan
quinquennal, à long terme.
M. Paquette: Nous avons retenu cette idée.
Mme Dougherty: Vous avez, chaque année... Je me demande
s'il y a un conflit entre leurs perspectives et... (22 h 30)
M. Paquette: Non. Justement parce que la fondation a un
rôle de soutien des fonds sectoriels. Il est suffisant que les fonds
sectoriels fassent une planification à plus long terme et la fondation,
comme elle amène un revenu d'appoint aux fonds sectoriels, doit
s'ajuster. À ce moment-là il nous apparassait suffisant de parler
de plans de répartition des revenus d'année en année,
parce que ce n'est pas un plan d'activités. La fondation n'a pas ses
propres programmes de subventions; alors elle n'a pas besoin de planifier
à long terme. Elle a simplement à se demander, chaque
année: de quelle façon est-ce que je pourrais, compte tenu des
contraintes que j'ai, au mieux répartir mes fonds, compte tenu du plan
triennal de chacun des trois fonds et des orientations du gouvernement?
Mme Dougherty: Mais, est-ce que le plan quinquennal... On a
suggéré trois années, je crois.
M. Paquette: Oui, je trouve cela trop long un plan
quinquennal.
Mme Dougherty: Y a-t-il un montant désigné? Le
gouvernement s'engage-t-il à lui donner X dollars par année ou
est-ce plutôt un plan de priorités d'orientation? Parce que si
elle compte sur un certain montant d'argent pour les trois prochaines
années, la fondation "should be in tune with that program"...
M. Paquette: Exactement.
Mme Dougherty: Donc, la question reste: Pourquoi chaque
année? Car peut-être qu'au début elle aura des
problèmes, mais après plusieurs années, elle pourra voir
l'avenir un peu.
M. Paquette: M. le Président, quand nous arriverons
à l'article 84, qui parle du plan d'activités des fonds, nous
constaterons qu'il s'agit d'un plan triennal mais dont les crédits ne
sont approuvés que pour un an. La raison en est bien simple, c'est qu'il
y a un mécanisme au gouvernement qui s'appelle la revue des programmes.
Le gouvernement peut difficilement figer l'évolution des revenus pour
trois ans à venir sans connaître toutes les conditions. Par
conséquent, cela ne pose absolument pas de problème que le plan
de la fondation soit annuel.
Le Président (M. Champagne): L'article 52 est-il
adopté tel qu'amendé?
Mme Dougherty: I think it is a big improvement. Vous avez un
problème?
M. Ryan: "You always say yes. We have to follow the orders.
Mme Dougherty: Non, non.
M. Ryan: Très bien.
Mme Dougherty: D'accord?
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Champagne): Est-il adopté tel
qu'amendé?
M. Paquette: Grâce à la docilité du
député d'Argenteuil.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 53.
M. Paquette: M. le Président, je ne sais pas si on doit
continuer l'article 53 ou si on a...
M. Ryan: M. le Président.
M. Paquette: On n'a pas l'article 50 encore?
Mme Dougherty: On pourrait peut-être revenir.
M. Ryan: Vous pourriez peut-être revenir au
début.
M. Paquette: D'accord! Revenir où on était.
Institution et organisation
Le Président (M. Champagne): D'accord! J'appelle l'article
37.
M. Paquette: M. le Président, l'article 37 avait
été adopté. Nous étions à l'article 38.
Le Président (M. Champagne): Non, voici, il n'est pas
adopté.
M. Paquette: Oui, oui, on avait bloqué sur le siège
social, M. le Président.
Le Président (M. Champagne): Bon, je vais le rappeler.
M. Paquette: Bon, enfin, revenons à l'article 37.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article 37 est
adopté? Selon le ministre, il est adopté. Je n'avais pas mis
adopté.
M. Paquette: Ah bon!
Le Président (M. Champagne): Article 37.
Mme Dougherty: L'article 37?
Le Président (M. Champagne): Oui.
Mme Dougherty: Nous n'avons pas soulevé de
problème, je crois.
Le Président (M. Champagne): D'accord'. Alors, l'article
37 est adopté. J'appelle l'article 38.
M. Paquette: Le siège social, M. le Président.
M. Ryan: Là il y a des problèmes, M. le
Président. Il peut y avoir deux... here to have it in Québec. We
want it in Montréal. I think we should put a fight for that.
M. French: II le veut à La Tuque.
M. Ryan: Joan wants it in the West-Island.
Mme Dougherty: I couldn't care less where it is.
Le Président (M. Champagne): Un peu de sérieux.
Mme Dougherty: I only care what it does. I don't care where it
does it.
M. Ryan: I care where it is. Mme Dougherty: D'accord,
allez-y.
Le Président (M. Champagne):
Mesdames et messieurs, un peu de sérieux, s'il vous plaît!
L'article 38.
M. Ryan: Le ministre a déjà indiqué, je
crois, que le siège social va vraisemblablement être...
M. Paquette: On n'a pas pris de décision à cet
égard.
Une voix: Le ministre est de Montréal.
M. Paquette: Québec est la capitale, mais Montréal
est le centre des activités scientifiques et technologiques...
M. French: Et l'est de Montréal a besoin des institutions
d'apprentissage supérieur...
M. Ryan: Pour rivaliser avec...
Mme Dougherty: Les sièges sociaux des fonds sont-ils tous
à Québec?
M. Paquette: II y a des articles analogues... Oui, attendez. FRSQ
est à Montréal, FCAC est à Québec et l'autre,
évidemment, fait partie du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, il est à Québec.
M. Ryan: Si vous ne prenez pas d'engagement ferme, nous serons
submergés par le gouvernement fédéral, à
Montréal.
C'est très inquiétant, effectivement. M. Ryan:
C'est très dangereux. M. Paquette: C'est très
inquiétant.
M. Ryan: Vous ne faites rien. Ce sont des
généralités. Blague à part, cela va.
Le Président (M. Champagne): L'article 38 est-il
adopté?
M. Paquette: Oui, M. le Président. Adopté.
Mme Dougherty: Oui.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 39.
M. Paquette: Cet article détermine la composition du
conseil d'administration. Il prévoit également la nomination
d'observateurs.
Le Président (M. Champagne): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Je me demande pourquoi il y a les six autres
membres. Les trois présidents des fonds, c'est normal, je crois, mais si
c'est un organisme qui n'a pas une fonction d'évaluation et de
distribution, sauf aux trois fonds, je vois mal... Je crois qu'un conseil
beaucoup plus léger serait suffisant.
M. Paquette: M. le Président, c'est une question de
représentativité, d'une part. On pense que le fait de nommer six
autres membres en plus des trois présidents de fonds permet de nommer un
certain nombre de personnalités bien connues dans divers milieux qui
donneront davantage confiance aux donateurs que leurs fonds seront bien
administrés, seront administrés sagement.
D'autre part, il y a des problèmes d'arbitrage qui vont
inévitablement se présenter. Il serait un peu embêtant de
laisser à un ou deux membres, outre les présidents de fonds, le
soin de trancher possiblement entre des demandes contradictoires. Cela ne nous
semblait pas exagéré. Il ne faut pas oublier que ces personnes ne
sont pas payées. Elles ont, bien sûr, des frais de
déplacement et une allocation de présence, je pense, aussi.
Peut-être pas. Je pense qu'elles ont simplement des frais de
déplacement. Ce n'est pas particulièrement coûteux d'avoir
neuf membres. Cela nous apparaissait indiqué, par contre, qu'il y ait
moins de membres qu'aux conseils d'administration des fonds qui, eux, ont des
sommes plus considérables à gérer et ont plus
d'activités à assumer.
Mme Dougherty: Vous avez dit qu'il était important qu'ils
soient représentatifs. Représentatifs de quoi?
M. Paquette: Du public, parce qu'ils gèrent les fonds du
public. Ils ne gèrent pas surtout des fonds gouvernementaux. Ils
gèrent des fonds du public.
Mme Dougherty: Comme ils ne distribuent pas l'argent, ce n'est
pas important qu'ils soient représentatifs des milieux universitaires ou
des milieux de la recherche. Ce sont surtout les milieux où on va
trouver de l'argent, j'imagine, mais...
M. Paquette: C'est l'idée.
Mme Dougherty: ...être représentatif, c'est quoi? Il
y a seulement certains endroits où on va trouver des legs et des dons
substantiels. Je vois mal la nécessité d'avoir plus que
peut-être deux ou trois membres.
M. Ryan: C'est comme tantôt. Nous avons déjà
discuté ce point. J'avais cru comprendre qu'on était tout
à fait à la veille d'être d'accord là-dessus. Il me
semble que deux ou trois ici... En plus, le gouvernement a deux observateurs
qui vont avoir un gros poids, si le gouvernement décide d'y envoyer le
sous-ministre de la Science et de la Technologie.
M. French: C'est important, par exemple!
M. Paquette: Ah oui! C'est dangereux.
M. Ryan: Supposons qu'il envoie le sous-ministre de
l'Éducation également. Cela fait quand même deux grosses...
facilement une couple de laïcs là-dedans. On ne pourra pas avoir
trop d'officiers d'université, parce qu'ils vont presque tous être
en conflit d'intérêts. Il me semble que si on mettait:
"...administrée par un conseil d'administration formé des trois
présidents des fonds institués par la présente loi et de
trois autres membres, dont un président nommé par le
gouvernement, lequel aurait voix prépondérante en cas de partage
des voix", vous auriez quelque chose de fort.
M. French: Le président a déjà
prépondérance par un autre article.
M. Ryan: Je n'ai pas d'objection.
M. French: Faisons-le.
M. Lincoln: Je pense qu'il faudrait...
M. Ryan: Les deux observateurs du gouvernement, je pense que
c'est important qu'il y en ait parce que, après tout...
M. Paquette: Habituellement, il y a un nombre impair. Je ne vois
pas tellement l'avantage de réduire le nombre. Il y a quand même
des décisions, des arbitrages à effectuer et c'est toujours plus
sage, sans tomber dans l'inefficacité, d'avoir un peu plus de gens
autour de la table.
Le Président (M. Leduc, Fabre): M. le député
de Chauveau.
M. Brouillet: Je crois que le principe, c'est qu'il y ait
suffisamment d'autres membres que les trois présidents pour pouvoir
fournir un arbitrage vraiment éclairé. Il faut bien voir que les
trois présidents qui proviendront des trois fonds vont tenter de faire
valoir l'intérêt respectif de chaque fond. Ils vont être
beaucoup plus là pour défendre leur fonds que pour apporter un
éclairage adéquat quant à la répartition des fonds.
Il va falloir qu'il y ait suffisamment de membres, en plus des trois, pour
apporter un éclairage vraiment profond et intéressant pour
arbitrer un peu la répartition des fonds. Je ne sais pas, si on n'en met
que trois autres à part égale, si cela va être
suffisant.
M. French: M. le Président, encore une fois, je fais appel
à mon expérience dans le domaine de ce genre d'institution. La
triste réalité est la suivante. Un homme d'affaires de
Montréal ou un administrateur universitaire de Trois-Rivières
arrive à une réunion comme cela pour faire face à trois
présidents de fonds, un président à temps plein et deux
observateurs, donc cinq personnes dont la vie professionnelle tourne autour du
sujet discuté. Qu'il y ait six, deux ou seize autres personnes, il n'y
aura pas d'égalité. C'est malheureux, mais c'est le cas. Alors,
l'arbitrage va se faire par le président. Il ne faut pas se faire
d'illusion. Il va être profondément influencé par les
sous-ministres ou les observateurs nommés et le reste c'est du "window
dressing", M. le Président. Je ne suis pas contre un peu de "window
dressing" pour les fins que le ministre a évoquées,
c'est-à-dire de donner une allure d'indépendance, de
neutralité, de distance du gouvernement à la fondation afin de
créer une confiance chez les donateurs potentiels. Mais, imaginer
qu'avoir six personnes de l'extérieur plutôt que deux, c'est mal
comprendre le fonctionnement de ce genre d'institution.
M. Paquette: M. le Président, je ne pense pas qu'on
devrait s'éterniser sur cet article.
Le Président (M. Leduc, Fabre): M. le
député, voulez-vous écrire votre amendement?
M. Paquette: Je ne sais pas. On n'a pas nécessairement un
consensus là-dessus. Je ne vois pas pourquoi on devrait avoir une
fondation dont le conseil d'administration serait moins nombreux. Je ne pense
pas que ce soit un nombre excessif de personnes.
M. Ryan: Je vais seulement refaire l'argumentation en faveur du
changement proposé. Ensuite, on va proposer un amendement. Je pense que
c'est ce qu'il y a de mieux à faire. Je ne veux pas éterniser la
discussion non plus. Mais, l'idée n'est pas un caprice. Depuis le
début, nous soutenons qu'il faut éviter que la fondation ait
l'air de venir chapeauter les trois fonds. Et on a fait du cheminement ensemble
là-dessus. Je pense qu'on a apporté des précisions qui
sont intéressantes. La fondation a pour objet de servir de soutien aux
trois fonds et ce, dans un esprit non pas de mise en tutelle ou de chapeautage,
mais d'association. Alors, vous êtes déjà dans la bonne
voie de ce côté-là. Vous invitez les présidents des
trois fonds à siéger au conseil d'administration de la fondation.
Je serais porté à vous dire que si ces présidents
siègent au conseil d'administration des trois fonds, sur un pied
d'égalité avec trois autres personnes qui sont nommées par
le gouvernement et qu'en plus, il y a deux personnes qui... (22 h 45)
M. Paquette: Les présidents des fonds sont aussi
nommés par le gouvernement, soit dit en passant.
M. Ryan: C'est vrai, c'est vrai. Mais, une fois qu'ils sont
nommés, ce sont des gens à temps plein. Ce sont des
professionnels qui ont une expérience spéciale et tout, qui
d'ailleurs va généralement être déterminante dans
les décisions de la fondation, à moins qu'ils soient en chicane
les uns avec les autres de manière invincible, ce qui devra être
évité. Il me semble que si vous partez dans cet esprit, cela va
créer un meilleur équilibre que si vous en ajoutez encore six.
C'est toujours un gros problème. Que de fois, quand il faut faire
approuver cela par les deux tiers de la Chambre, le gouvernement vient voir
l'Opposition. Ce n'est pas le cas ici, remarquez bien. On regarde le bassin de
noms qu'ils ont recueilli, souvent ce n'est pas impressionnant, vous savez. Ce
n'est pas facile.
On peut bien en mettre six ici, huit là, mais les trouver, c'est
une affaire bien plus difficile, il est vrai. Tandis que si vous commencez avec
trois, dont un qui a votre confiance, qui a un vote prépondérant,
il y a vos deux observateurs qui sont là en plus, je pense que c'est le
principe de fond derrière cela. Ce n'est pas une affaire de vie ou de
mort, évidemment. Il me semble qu'en bonne...
M. Paquette: Je voudrais simplement
amener un contre-argument auquel le député d'Argenteuil
sera probablement sensible. Si on réduisait à trois le nombre des
autres membres, nous aurions les trois présidents de fonds qui sont,
à toutes fins utiles, des fonctionnaires à temps plein
là-dedans. Avec les deux observateurs et peut-être le
président de la fondation,. ils se retrouveraient en majorité
entre fonctionnaires à temps plein.
Si on veut une fondation qui ait davantage d'autonomie,
d'indépendance face à l'appareil gouvernemental, il
m'apparaît plus intéressant d'avoir six autres membres qui ne sont
pas des fonctionnaires. On a un peu de recul, face à tout cela.
M. French: M. le Président, encore une fois je pense que
le ministre s'illusionne sur l'impact de ces personnes à temps partiel.
Elles ne sont pas équipées pour faire le débat. Elles ne
seront pas capables d'apporter un article intéressant dans ce
domaine.
M. Paquette: Au Conseil de la science et de la technologie, tous
les membres sauf le président-directeur général sont des
personnes qui viennent travailler largement bénévolement, pour
des allocations de présence, bien sûr, qui compensent leurs frais.
Elles fournissent un apport inestimable aux travaux du conseil.
M. French: Je n'en doute pas, M. le Président, mais les
fonctions du conseil de la politique scientifique et ces fonctions-ci ne sont
vraiment pas comparables.
M. Paquette: Non. Il y a des principes qui vont être en
cause dans les discussions du conseil d'administration de la convention.
J'imagine que des gens intéressés à contribuer au
développement de la recherche pourraient être
intéressés à siéger à un tel conseil
d'administration.
Le Président (M. Leduc, Fabre):
Maintenez-vous l'amendement?
Mme Dougherty: Ce que nous voulons faire, c'est alléger
cette fondation le plus possible.
M. Paquette: Je peux vous suggérer de l'alléger au
niveau du personnel.
Mme Dougherty: Peut-être que nous pouvons suggérer
quatre autres personnes, comme compromis.
M. Paquette: Quatre au lieu de six? Le problème, M. le
Président, c'est que le quorum va être de quatre, j'imagine.
À la limite, on peut se retrouver avec deux présidents de fonds
ou les trois présidents de fonds et Je président de la fondation
qui vont régler cela entre eux. Je ne sais pas, cela m'apparaît un
peu plus sécuritaire d'en avoir six. C'est tout. Ce n'est pas la fin du
monde.
M. Ryan: On avait suggéré pour le cinéma une
régie de trois membres. On trouvait que cela aurait été
bien mieux cinq. Le ministre nous dit que trois c'est assez.
M. Paquette: Vous voyez, vous devriez vous entendre plus
facilement avec le ministre de la Science et de la Technologie.
M. Ryan: C'est pour cela qu'on a toujours été
autour de cinq. On a une position constante.
M. Brouillet: Je crois que dans le cas de la régie du
cinéma, il n'y avait pas cette dimension, je dirais, de conflit
d'intérêts. À mon sens, au niveau de la fondation, on va
retrouver les trois membres qui sont en concurrence.
M. French: Oui, de toute façon, je suis 100% d'accord avec
le député que les trois présidents de fonds vont venir
prêcher pour leur paroisse. Cela ne fait pas de doute. Le problème
c'est de s'illusionner sur l'idée que les six, sept, huit, seize ou deux
autres vont être capables d'arbitrer de façon efficace devant eux.
Ce n'est pas le cas. Ce sera le président, le ministre, l'observateur
qui est le sous-ministre ou le sous-ministre adjoint de la Science et de la
Technologie et le sous-ministre de l'Éducation qui vont faire
l'arbitrage. Ce n'est pas l'homme d'affaires de Montréal ni le chercheur
de Chicoutimi qui va faire la différence. Ils ne vont pas être
équipés parce qu'ils arrivent froids dans ces questions qui ont
déjà été discutées et ont circulé
dans les rouages administratifs. C'est cela. Ce n'est pas un gros point.
M. Paquette: Est-ce qu'on peut passer à l'article suivant?
Je pense qu'on devrait en rester là.
Le Président (M. Leduc, Fabre):
L'article 39.
Mme Dougherty: Nous sommes encore six. On va vous donner le
6.
M. Ryan: On aurait pu demander un vote, mais on s'aperçoit
que vous êtes mal équipé. S'il y a des gens...
M. French: On voit que vous allez perdre le vote, alors...
M. Paquette: Nous sommes toujours majoritaires et très
intéressés aux travaux de cette commission. Je pense que le
député
n'est pas inscrit à la commission.
M. French: C'est le député de Nelligan. Je pense
que vous êtes très fatigué, vous ne reconnaissez pas le
député de Nelligan.
Le Président (M. Leduc, Fabre): Adopté.
Mme Dougherty: Sur division.
Le Président (M. Leduc, Fabre): Sur division.
M. Paquette: Sur division, d'accord.
Le Président (M. Leduc, Fabre): Article 40.
M. Paquette: Cet article concerne la désignation d'un
vice-président.
M. French: Cela va être une élection
intéressante. J'imagine mal comment cela va être
réglé. Il faudrait, évidemment, trouver un
vice-président parmi les six autres membres qui ne serait pas capable de
prendre les responsabilités et les fonctions parce qu'il ne serait pas
à temps plein.
M. Paquette: Je peux vous suggérer que, à l'instar
d'Ottawa, ce soit le gouvernement qui nomme les vice-présidents.
M. French: En tout cas, je suis tout à fait
indifférent. Je pense que cela va être arrangé à
l'avance, de toute façon, si ce n'est pas une préélection.
Ce ne sont jamais de vraies élections.
Le Président (M. Leduc, Fabre):
L'article 40 est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Leduc, Fabre): Article 41.
M. Paquette: Cet article concerne la durée du mandat des
membres du conseil d'administration. C'est trois ans. Il y a une rotation.
Mme Dougherty: C'est un conseil roulant.
M. Paquette: Oui, c'est cela, il y a une rotation. Cela va?
Adopté?
Le Président (M. Leduc, Fabre):
Adopté? Article 42.
M. Paquette: Cet article concerne le renouvellement du mandat des
membres du conseil d'administration.
Une voix: Adopté.
M. Paquette: II y a toujours cet article intéressant: "Le
mandat du président et des autres membres ne peut être
renouvelé consécutivement qu'une fois." C'est de façon
à amener des idées neuves.
M. French: Qu'est-ce qui arrive? Est-ce qu'on a les mêmes
exigences pour les présidents des fonds?
M. Paquette: On verra à ce moment là. Je ne me
rappelle pas.
M. French: Je ne veux pas retarder les débats. On ne peut
pas avoir cette exigence, non pas un parallélisme pour les
présidents de fonds.
Mme Dougherty: Cela existe pour les fonds aussi, n'est-ce
pas?
M. Paquette: Ce doit être la même chose.
Mme Dougherty: C'est la même chose pour les fonds.
M. Paquette: Cela doit être la même chose.
M. French: C'est ce que je vous ai demandé. Si je suis
assuré, pas de problème.
M. Paquette: C'est l'article 71.
Mme Dougherty: C'est un conseil de direction "rotating" et un
mandat renouvelé une fois. Même chose. Adopté.
Le Président (M. Leduc, Fabre): Adopté. Article
43.
M. Paquette: Cet article pourvoit au remplacement d'une vacance
parmi les membres. Lorsque quelqu'un démissionne en cours de mandat, il
faut le remplacer.
Le Président (M. Leduc, Fabre):
L'article 43 est-il adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Leduc, Fabre): Article 44.
M. Paquette: La députée de Jacques-Cartier aura
considérablement amélioré son français à la
fin de cette commission. L'article 44 concerne les fonctions et la
rémunération du président.
Une voix: Adopté.
Mme Dougherty: Croyez-vous qu'il soit nécessaire d'avoir
un président à temps plein à la fondation?
Peut-être, je ne suis pas
certaine. Il y a une prévision pour le personnel ici, n'est-ce
pas? Est-ce qu'on parle du personnel? Si on a besoin d'un président
à temps plein - j'ai oublié - est-ce qu'il y a une
prévision pour du personnel, un secrétariat, une
secrétaire ou quelque chose? C'est tout à fait différent;
ce n'est pas du tout la même situation que président d'un fonds.
Pouvez-vous m'expliquer pourquoi, parce qu'il n'est pas seul, on parle d'une
secrétaire et d'autres membres du personnel?
M. Paquette: M. le Président, c'est bien sûr que,
lorsqu'on lance un nouvel organisme, je pense que cet organisme va être
relativement léger, j'ai eu l'occasion de l'expliquer à plusieurs
reprises. Il est bien sûr qu'il est difficile de prévoir
exactement, dans les moindres détails, le personnel dont la fondation
aura besoin. Je serais tout à fait disposé à inclure, dans
les dispositions transitoires, un article qui ferait que, au début, la
fondation - car ce sera la réalité en tout en 1983-1984 - n'aura
pas de personnel qui lui soit propre.
Voulez-vous lire l'article 160? À l'article 160, on a
postulé que le fonds de recherche en agriculture, pêcherie et
alimentation, en tout cas dans les premières activités, n'aura
probablement qu'un fonds d'environ 3 000 000 $ à administrer. Les
équipes de recherche universitaires, les institutions universitaires qui
pourront soumettre des projets au fonds sont beaucoup moins nombreuses que dans
le cas du Fonds FCAC ou du FRSQ. Alors, nous avons prévu cet article qui
dit: "Le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation -
le responsable du fonds - est autorisé à conclure une entente
avec le Fonds de recherche en agriculture, en pêcheries et en
alimentation relativement au personnel, au soutien administratif et aux besoins
en équipements et en locaux du Fonds. "Le présent article cessera
d'avoir effet à la date qui sera fixée par le gouvernement."
Je serais tout à fait disposé à introduire une
disposition transitoire analogue pour la fondation.
Mme Dougherty: Je trouve que c'est une bonne idée,
mais...
M. Paquette: Cela prévoit des articles normaux, mais cela
ne prévoit pas qu'ils entreront en vigueur immédiatement.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article...
M. Paquette: Je pense, M. le Président, que cela prend au
moins une personne à temps plein, on peut dire cela.
Mme Dougherty: Si on a besoin d'autre personnel, on pourrait
introduire...
M. Paquette: On pourrait introduire une disposition transitoire
qui ferait en sorte que le gouvernement fournit le personnel, le service de
secrétariat au président, les locaux et les équipements
nécessaires à son fonctionnement et au fonctionnement de la
fondation. Cela nous permettrait d'éviter qu'on lance une bureaucratie
qui se révélerait, par la suite, excessive par rapport aux
besoins. (23 heures)
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article 44 est
adopté.
Mme Dougherty: Oui, adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 45.
Mme Dougherty: L'article transitoire pourrait être
rattaché à l'article 49.
M. Paquette: Oui, mais il faut le mettre dans les dispositions
transitoires, à ce moment-là. Je le mettrais immédiatement
à la suite de celui concernant le Fonds de recherche agricole.
Mme Dougherty: À la fin.
M. Paquette: À 160 et quelque.
Le Président (M. Champagne): L'article 45 est
adopté. Ah non! J'ai dit: D'accord. J'avais entendu quelqu'un dire:
"D'accord." C'est pour cela. Un instant.
M. Paquette: Vous n'étiez pas ici quand on a fait la
discussion.
M. French: On est à l'article 45 maintenant. J'ai compris
45.
M. Paquette: L'article 44 est adopté.
M. French: Je m'excuse, M. le ministre. Je pensais qu'on venait
de demander si l'article 45 était adopté.
M. Paquette: Non, on est rendu à l'article 45. L'article
45 prévoit que les autres membres du conseil ne sont pas
rémunérés, mais qu'ils ont droit à une allocation
de présence et au remboursement des frais.
M. French: M. le Président.
Le Président (M. Champagne): Oui, M. le
député de Westmount.
M. French: Si on lit l'article littéralement, il me semble
qu'il y a des
jetons de présence pour les présidents des fonds.
M. Paquette: Ce ne sont pas les présidents, mais les
membres du conseil d'administration ici.
M. French: Bien, là...
Mme Dougherty: "...outre que le président..." on ne parle
pas des présidents de fonds parce qu'ils sont membres.
M. French: Ils sont membres. Mme Dougherty: II est
évident... M. French: Que je sache, les...
Mme Dougherty: ...qu'il faut clarifier cela, sauf les...
M. Paquette: Je comprends. Je pense que cette question pourrait
être prévue par règlement du gouvernement.
M. French: M. le Président, pourquoi ne pas le
régler tout de suite, c'est un problème effectivement. À
moins que le ministre ait une explication, on peut suspendre l'article, mais
c'est le travail d'un légiste de prévoir ces choses-là.
Cela n'a pas de bon sens de...
M. Paquette: Voyons! Mais voyons doncl
Mme Dougherty: Cela ne change pas l'idée. "Les membres
autres que le président..."
M. Paquette: Mais vous...
M. French: Est-ce que le président d'un fonds devrait
avoir un jeton de présence?
M. Paquette: Mais non!
M. French: Alors, mettez-le dans la loi, il n'y aura aucun
problème.
M. Paquette: Cela va être prévu par
règlement. Quand ce sont des employés
rémunérés, il y aura un règlement qui va être
fait.
M. French: Sont-ils membres ou non? M. Paquette: Ils sont
membres. M. French: Mais alors...
M. Lincoln: Si ajoutait: "le président et le
président du fonds..."
M. Paquette: D'accord. Je n'ai pas d'objection. C'est plus
clair.
Le Président (M. Champagne): Alors, qu'est-ce qu'on
ajoute, M. le ministre?
M. Brouillet: "Les membres autres que le président et les
présidents de fonds..."
M. Paquette: ...ne sont pas rémunérés",
d'accord?
Le Président (M. Champagne): "Les membres autres que le
président et les présidents...
M. Brouillet: ...des fonds.
Le Président (M. Champagne): ...des fonds..." Alors,
l'article est-il adopté tel qu'amendé? Adopté. J'appelle
l'article 46.
M. Paquette: L'article 46 est un article qu'on va retrouver
à quelques endroits dans ce projet de loi, c'est un article qui concerne
les conflits d'intérêts. Il revient régulièrement
dans plusieurs lois. C'est un article standard, clause usuelle. C'est une
clause usuelle dans le cas des organismes subventionnaires.
M. French: M. le Président... Mme Dougherty: C'est
vraiment...
M. French: Je suis bien sûr en faveur de la
réduction des conflits d'intérêts possibles, mais je me
demande si le mot "entreprise" cerne toute la réalité qu'on
voudrait cerner. Je constate volontiers que c'est un problème de
rédaction difficile. Imaginons un président qui est un professeur
ayant la sécurité d'emploi dans une université, est-ce
qu'on crée un problème oui ou non avec cet article? Il est en
congé sans solde...
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Westmount, d'accord?
M. French: J'ai terminé.
M. Lincoln: Moi, il y a un autre point qui me frappe, M. le
ministre, c'est celui-ci: Quand on parle du président, je comprends que
c'est un conflit d'intérêts, je suis tout à fait d'accord
avec cela, mais quand on dit: "Toutefois, cette déchéance n'a pas
lieu si un tel intérêt lui échoit par succession ou par
donation, à condition qu'il y renonce ou en dispose avec diligence."
Moi, je crois que si un président reçoit, par succession
ou par donation, quelque somme d'argent qui n'a rien à faire et qu'il
n'est pas en conflit d'intérêts, je ne vois pas pourquoi un
citoyen, à plein titre, serait obligé d'y renoncer ou d'en
disposer avec diligence. Je me demande si on n'aurait pas pu couvrir cette
possiblité de conflit
d'intérêts en prévoyant une mesure dans la loi
disant qu'il est obligé de le révéler à la
fondation et au gouvernement. Disons qu'on a un président qui
reçoit une succession et qu'il préfère investir son
placement...
M. Paquette: En ce qui concerne la fondation, c'est surtout dans
le cas où la fondation placerait une partie de ses revenus dans une
institution financière en favorisant par exemple celle du
président ou celle d'un de ses membres.
M. Lincoln: Si, par exemple, il obtenait l'autorisation
l'obligeant à renoncer. Supposons un président qui recevrait une
succession personnelle de sa famille ou autres, le forcer à y renoncer
immédiatement parce qu'il est le président -c'est le cas
notamment de nous tous - cela ne me semble pas tout à fait juste.
Mme Dougherty: C'est une clause normale.
M. Paquette: C'est une clause usuelle...
Mme Dougherty: Oui, pour cette fonction...
M. Paquette: Dans tous les cas d'organismes subventionnaires et
même des sociétés...
Mme Dougherty: Oui, mais c'est une fondation et il se peut que le
président soit un homme d'affaires, par exemple, et qu'il ait
différentes formes d'intérêt partout...
M. Paquette: II faut que son intérêt
personnel...
M. French: Oui, mais qu'est-ce que vous voulez faire, voulez-vous
ôter l'intérêt personnel?
Mme Dougherty: Non, mais je crois que c'est trop rigide et que ce
n'est pas réaliste.
M. Paquette: II faut que son intérêt personnel soit
en conflit avec celui de la fondation. Cela va se présenter très
rarement ici. Je vois seulement les cas de placements dans une entreprise
financière qui peuvent se présenter, à part cela...
M. Lincoln: Le cas de déchéance dont on parle, dans
la seconde phrase, c'est seulement lorsqu'il y a un conflit
d'intérêts.
M. Paquette: Bien oui. Et puis, déchéance de sa
charge. Il n'y a pas d'autre sanction.
M. Lincoln: II semble qu'il s'agit de conflit
d'intérêts.
M. Paquette: C'est beaucoup plus un mécanisme dissuasif au
fond pour que les gens...
M. Lincoln: Non, moi j'avais mal compris la seconde phrase.
M. Paquette: ...fassent attention à ce genre de
choses.
M. Lincoln: Si c'est volontaire... M. Paquette: Cela va?
Très bien.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article 46 est
adopté?
Mme Dougherty: Oui, mais l'autre question, c'est lorsqu'il
s'agit, pas du personnel, mais d'une personne, par exemple, qui vient du milieu
universitaire, et lors de la distribution aux fonds qui, à leur tour,
distribuent aux universités...
M. Paquette: II n'y a pas de conflit personnel à ce
moment-là puisqu'il s'agit de sommes globales qui sont
distribuées entre les fonds sectoriels.
Mme Dougherty: Oui.
M. Paquette: Et un membre de la fondation n'a aucun moyen de
savoir où va exactement atterrir la subvention...
Mme Dougherty: Mais c'est plutôt par secteur...
M. Paquette: ...puisqu'elle est distribuée par FCAC ou
FRSQ. Puis, quand FCAC distribue, par exemple, il le fait de pair avec ses
comités qui évaluent les projets. Alors, il n'y a pas de
possibilité de conflit d'intérêts dans ces cas-là.
Adopté?
Mme Dougherty: D'accord.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article 46 est
adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): L'article 46 est
adopté. J'appelle l'article 47.
M. Paquette: Cet article concerne le lieu des séances de
la fondation et le quorum du conseil d'administration et il accorde au
président une voix prépondérante dans le cas
d'égalité ou de partage des voix.
Mme Dougherty: Le quorum, cela veut dire les deux tiers. Est-ce
normal ou est-ce la même chose pour les autres.
M. Paquette: C'est parce qu'on ne
voudrait pas se trouver dans une situation où il y a seulement
les présidents des fonds qui sont là.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article 47 est
adopté?
M. Paquette: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 48.
M. Paquette: M. le Président, cet article concerne la
nomination, les conditions de travail du personnel de la fondation et c'est
fixé par règlement...
M. French: Excusez, vous êtes à l'article 49, je
pense.
M. Paquette: Je m'excuse.
Le Président (M. Champagne): C'est l'article 48. S'il n'y
a pas de questions...
M. Paquette: Je ne l'ai pas ici.
M. French: Non, mais un instant là. On n'a pas eu
d'explications du tout.
M. Paquette: Article 48. C'est une disposition usuelle, ça
aussi.
M. French: Si c'est une disposition usuelle, M. le ministre, il
ne faudrait pas que cela devienne une habitude. Il n'y a pas possibilité
de dire: "...sur une base exceptionnelle,".
M. Paquette: Je ne sais pas. Voyez-vous un problème
à cela? Ce n'est pas un précédent. On me dit que, dans la
réforme du Code civil, au niveau du droit des corporations, c'est un
article qui est proposé. C'est une règle de base.
M. Lincoln: Cela pourrait porter sur la question de distribuer
des fonds, cela pourrait porter sur une décision signée,
n'importe quel document signé. Il n'y aurait pas de réunion, pas
de discussion. C'est difficile de voir comment...
M. Paquette: Oui, mais il faut que ce soit signé par tous
les membres sans exception. C'est un peu plus contraignant. Il faut que ce soit
signé par tous les membres. Ce n'est pas nécessairement
plus commode qu'une réunion.
M. French: Cela est un point, sauf que, parfois, on prend une
décision en réalité et on l'endosse deux mois
après. Si le ministre est satisfait...
M. Paquette: Cela ne me dérange pas.
Le Président (M. Champagne): L'article 48 est
adopté? Est-ce que l'article 48 est adopté?
Mme Dougherty: Oui.
Le Président (M. Champagne): Adopté. Article
49.
M. Paquette: L'article 49 concerne la nomination et les
conditions de travail du personnel de la fondation. Comme je viens de le dire
pour l'information des autres membres qui n'étaient pas là, nous
allons introduire une disposition transitoire selon laquelle le personnel de la
fondation pourrait être assumé par le budget du ministre, de sorte
que... Je ne pense pas que cet article doive s'appliquer dans un premier
temps.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a des
questions ou des commentaires?
Mme Dougherty: II n'y aura pas de référence
à cet article transitoire.
M. Paquette: L'article transitoire en lui-même va assurer
cela.
Mme Dougherty: D'accord.
Le Président (M. Champagne): Cela va? L'article 49 est
adopté?
Mme Dougherty: Oui.
Le Président (M. Champagne): Adopté.
M. Paquette: J'ai la rédaction de l'article 50, M. le
Président.
Fonctions et pouvoirs de la fondation (suite)
Le Président (M. Champagne): Article 50. On a
demandé la rédaction du nouveau texte avec les amendements qui
étaient déjà sur la table pour que cela soit plus
clair.
M. Paquette: L'amendement se lit comme suit: "La Fondation a pour
fonctions de soutenir financièrement les Fonds institués par la
présente loi et, à cette fin: 1 de recevoir des dons, legs,
subventions ou autres contributions et d'informer la population sur les
avantages qui y sont reliés; "2 de répartir, conformément
au plan prévu à l'article 52, tout ou partie de ces revenus entre
les Fonds. "Dans l'exercice de ses fonctions prévues au paragraphe 1 du
premier alinéa, la Fondation ne peut accepter de dons, legs, subventions
ou autres contributions auxquels est attachée une charge ou une
condition que dans les cas et suivant les conditions qu'elle peut
déterminer par règlement.
"Un règlement adopté en vertu du deuxième
alinéa est soumis à l'approbation du gouvernement. Il entre en
vigueur le dixième jour qui suit celui de sa publication à la
Gazette officielle du Québec ou à toute date ultérieure
qu'il indique."
M. French: Est-ce qu'on a juste à inclure,
conformément au plan prévu à l'article 52, dans le
2°?
M. Raquette: Oui.
Mme Dougherty: J'ai entendu les mots: "...suivant les conditions
qu'elle peut déterminer..." Si elle ne détermine pas de
conditions, on est laissé sans condition? (23 h 15)
Non, non, il faut... On dit: Elle ne peut accepter de dons...
M. Paquette: Elle ne peut accepter que dans les cas et suivant
les conditions qu'elle peut déterminer par règlement - la
fondation - et ensuite ce règlement adopté par la
fondation...
Mme Dougherty: Avez-vous dit...
M. Paquette: ...en vertu du deuxième alinéa est
soumis à l'approbation du gouvernement.
M. Ryan: II y aurait seulement un point dans ce... Seulement dans
les cas et aux conditions qu'elle détermine par règlement,
"qu'elle détermine" plutôt que "qu'elle peut déterminer",
parce qu'il faut qu'elle ait un règlement pour guider ses
décisions. Je pense qu'il n'y a pas de problème
là-dessus.
Mme Dougherty: C'est cela. M. Paquette: Cela va.
Le Président (M. Champagne):
D'accord?
M. Paquette: "Qu'elle détermine par règlement".
Mme Dougherty: II faut enlever le "peut".
M. Paquette: Oui, oui, si vous voulez.
Le Président (M. Champagne): Cela irait comme cela?
L'article 50 est-il adopté tel qu'amendé?
M. French: M. le Président...
Le Président (M. Champagne): Oui ou non? C'est non?
M. Paquette: Est-ce adopté?
M. French: Cela va être adopté.
Le Président (M. Champagne): D'accord. C'est vous.
Allez-y.
M. Paquette: M. le Président...
M. French: Non. Allez-y, M. le ministre.
M. Paquette: Non, c'est sur un autre article. Est-ce que cela va,
l'article 50?
M. French: Pour ma part, cela va. Joan, cela va, pour l'article
50?
M. Paquette: Cela va, l'article 50? Mme Dougherty: Oui,
cela va. Adopté.
Le Président (M. Champagne): L'article 50 est
adopté tel qu'amendé dans la nouvelle proposition
déposée. J'appelle l'article 53.
M. Paquette: M. le Président, nous allons devoir revenir
à l'article 45, parce que nous avons fait un petit amendement un peu
trop rapidement.
Le Président (M. Champagne): J'appelle l'article 45.
M. French: Oh oui! C'est vrai.
M. Paquette: On fait dire à l'article quelque chose qui
n'a pas d'allure. À l'incitation de l'Opposition, j'ai accepté
l'amendement suivant, qu'on dise que les membres autres que le président
et les présidents des fonds ne sont pas rémunérés.
Or, les présidents des fonds sont rémunérés...
M. French: Sont rémunérés.
M. Paquette: ...en vertu d'autres articles et j'espère
qu'ils vont l'être. D'autre part, ce qu'on voulait faire, c'est de les
exclure des allocations de présence, je crois, et des frais
raisonnables, mais je pense que ce cas va être prévu par
règlement.
M. French: Si le ministre est prêt à me dire que les
légistes sont satisfaits du fait que vous défaites cela avec un
règlement...
M. Paquette: Ah oui! Il n'y a pas de problème. Oui, il n'y
a vraiment pas de problème.
M. French: Non. Honnêtement, M. le ministre, il y a un
problème. Le sous-ministre ne me convainc pas. Je veux savoir des
juristes si c'est la façon de légiférer.
Le Président (M. Champagne): Adressez-vous votre question
aux juristes?
M. French: J'adresse ma question à vous, M. le
Président.
Le Président (M. Champagne): D'accord, mais c'est parce
qu'on peut aussi demander leur opinion, qu'ils viennent s'exprimer.
M. Lincoln: Est-ce qu'on aurait pu faire une abstention et dire
que les membres autres que le président ne sont pas
rémunérés? On retire les trois présidents.
Après, on dit: "Les membres autres que le président et les trois
présidents des fonds...
M. French: Ont toutefois droit. M. Lincoln: ...ont
toutefois droit..."
M. French: C'est clair. Ce n'est pas compliqué.
M. Lincoln: D'après moi, c'est clair.
M. French: Les légistes sont faits pour composer ces
textes, M. le Président.
M. Paquette: Oui, oui, d'accord. C'est cela.
M. French: Je vous suggère, puisque nous sommes d'accord
sur le fond, de suspendre l'article et de le retourner aux légistes pour
avoir leurs suggestions, parce que je pense qu'ils comprennent nos
intentions.
M. Paquette: Oui, on va le suspendre. On a fait quelque chose
qu'il faut toujours éviter de faire, c'est-à-dire faire un
amendement sur le coin de la table. On va suspendre l'article 45 et on y
reviendra lorsqu'on aura une formulation précise.
Le Président (M. Champagne): D'accord.
M. French: Sauf que je voudrais signaler au ministre, M. le
Président, que si on l'a fait, c'est par souci, justement de faire les
choses comme elles devraient être faites dans la loi.
M. Paquette: On peut reprendre les articles, M. le
Président, et on reviendra à l'article 45 un peu plus tard.
Le Président (M. Champagne): D'accord. On peut poursuivre
avec l'article 53. Pour être bien sûrs, on suspend l'article 45. Je
vais l'écrire ici. J'appelle l'article 53.
M. Paquette: Cet article autorise la fondation à
créer une catégorie de membres honoraires.
Mme Dougherty: M. le Président, le ministre peut-il
expliquer les raisons pour justifier cet article?
M. Paquette: L'objectif, c'est que cette disposition peut servir
d'incitation pour les donateurs et appuyer l'entrée de fonds dans la
fondation. Remarquez que ce n'est pas...
Mme Dougherty: Les fonds ont-ils des membres honoraires?
M. Paquette: Non, parce qu'ils ne recueillent pas d'argent du
public...
Mme Dougherty: C'est parce que je pense avoir vu cela
ailleurs.
M. Paquette: ...ils n'ont pas besoin de membres honoraires.
Le Président (M. Champagne): L'article 53 est-il
adopté?
M. Paquette: Cela va pour l'article 53. Le Président
(M. Champagne): Adopté? M. French: Adopté.
Le Président (M. Champagne): L'article 53 est
adopté. J'appelle l'article 54.
M. Paquette: L'article 54 a pour objet de définir les
pouvoirs d'emprunt et de contrats de la fondation ainsi que leurs limites. J'ai
un amendement qui est le suivant: L'article 54 est modifié par
l'addition, à la fin, du paragraphe suivant: "3° acquérir des
immeubles, les céder à bail ou autrement en disposer." Le but de
cet amendement est de faire en sorte que la fondation puisse accepter un don
testamentaire qui serait constitué par un immeuble, et non pas qu'elle
achète des immeubles, parce que, à l'article 55, on va exclure le
fait qu'elle peut acheter des immeubles. On ne voudrait pas l'empêcher
d'en recevoir à titre de don testamentaire.
Le Président (M. Champagne): Cela va? Y en a-t-il qui
veulent intervenir sur l'amendement?
Mme Dougherty: C'est coûteux d'exploiter un immeuble.
M. Paquette: Un peu. J'imagine que la fondation peut refuser des
dons qu'elle considérerait coûteux, mais...
Mme Dougherty: Ce n'est pas toujours un cadeau d'avoir...
Une voix: Non, non.
M. Paquette: Alors, ce sera laissé au bon jugement de la
fondation.
M. Lincoln: Pouvez-vous m'expliquer, encore une fois, pourquoi on
dit deux fois "ne pas acquérir un immeuble".
M. Paquette: Non, non, ici on dit qu'elle peut acquérir.
"La Fondation ne peut, sans l'autorisation du gouvernement, acquérir des
immeubles, les céder à bail ou autrement en disposer."
M. Lincoln: Là, avec l'autorisation du gouvernement, elle
peut, n'est-ce pas?
M. Paquette: Oui, justement.
M. Lincoln: Ce serait plus logique de dire à l'article 55:
La Fondation ne peut acquérir un immeuble, excepté avec
l'autorisation du gouvernement. Il me semble que l'on répète la
même chose. Cela a l'air contradictoire. Comment peut-on dire avant, avec
l'autorisation du gouvernement, qu'elle peut acquérir un immeuble et,
après, à l'article 55, on dit: "La Fondation ne peut
acquérir un immeuble."?
M. Paquette: Parce que nous allons modifier l'article 55 pour
supprimer le premier alinéa.
M. Lincoln: Ah bon! C'est cela.
M. Paquette: D'accord? J'arrive avec un amendement à
l'article 55 tout de suite après.
Le Président (M. Champagne): Alors, est-ce que
l'amendement du 3 en addition à l'article 54 est adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): L'article 54 tel
qu'amendé est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 55.
M. Paquette: Cet article a pour objet de déterminer les
placements autorisés de la part de la fondation. J'aimerais
présenter un amendement à cet article. L'article 55 est
modifié: premièrement, par la supression du premier
alinéa. Je vous signale que le premier alinéa c'est: "La
Fondation ne peut acquérir un immeuble." Deuxièmement, par le
remplacement du mot "elle" dans la première ligne du deuxième
alinéa par les mots "la Fondation". Ce qui donne: "La Fondation ne peut
faire aucun placement sauf:" et, troisièmement, par le remplacement du
mot "deuxième" dans la première ligne du troisième
alinéa par le mot "premier", parce qu'on a supprimé un
alinéa. C'est vraiment de la concordance.
C'est un article de concordance par rapport à ce qu'on vient de
faire à l'article 54.
Une voix: Très bien.
M. Paquette: C'est un amendement de concordance. L'amendement
est-il accepté?
Le Président (M. Champagne): Justement, est-ce que
l'amendement proposé est accepté? La suppression du premier
alinéa.
M. Paquette: Cela va.
Le Président (M. Champagne): Cela va. L'amendement, tel
que proposé, est adopté.
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): L'article 55, tel
qu'amendé, est-il adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 56.
M. Paquette: Cet article concerne le pouvoir de la fondation de
conclure une entente intergouvernementale ou internationale.
Mme Dougherty: Quel pouvoir? De recevoir de l'argent?
M. Paquette: II semble que cette disposition soit
nécessaire pour que la fondation puisse, notamment, accepter des dons de
l'extérieur. C'est un mandataire du gouvernement. Cela pourrait arriver;
on ne sait jamais. Une organisation internationale, par exemple,
offrirait...
Mme Dougherty: Même sans cet article, est-ce que la
fondation peut recevoir des dons d'ailleurs, hors Québec? Pourquoi pas?
Pourquoi cet article?
M. Paquette: La fondation peut accepter des dons de n'importe
qui, sauf d'un organisme gouvernemental ou d'un organisme international
à cause de la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales. C'est pour cela que nous avons besoin de cet article
pour lui permettre également de recevoir ce type de don, mais, à
ce moment-là, il doit y avoir une entente qui soit conclue. C'est la Loi
sur le ministère des Affaires intergouvernementales qui l'exige. On n'a
pas le choix. C'est un article nécessaire.
Le Président (M. Champagne): Est-ce
que l'article 56 est adopté?
Une voix: There is no problem. Mme Dougherty: Oui,
adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 57.
M. Paquette: Cet article concerne le règlement de
régie interne de la fondation et j'ai un amendement qui consiste
à supprimer le deuxième alinéa pour éviter
l'approbation par le gouvernement. Cela nous apparaît un mécanisme
lourd et compliqué. Cela va?
Le Président (M. Champagne): Cela va? Mme Dougherty:
Oui.
Le Président (M. Champagne): L'amendement est
adopté.
Mme Dougherty: N'y avait-il pas un autre article qui disait la
même chose?
M. Lincoln: Le conseil, c'est la même chose.
M. Paquette: Pardon? Oui, c'est cela. Systématiquement,
nous essayons d'éliminer l'approbation par le gouvernement des
règlements de régie interne.
Mme Dougherty: Mais on n'a pas mentionné cela...
M. Paquette: Oui, on l'a fait pour le conseil.
Mme Dougherty: Pour le conseil.
M. Paquette: Oui, il y avait un article analogue pour le conseil
et, dans ce cas également, nous avons accepté de supprimer le
deuxième alinéa.
Mme Dougherty: D'accord.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. Est-ce que
l'article 57 est adopté, tel qu'amendé?
Une voix: Adopté.
Dispositions financières
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 58.
M. Paquette: M. le Président, cet article a pour objet
d'autoriser le gouvernement à garantir un emprunt de la fondation ou
à y avancer tout montant nécessaire. Cela ne semble pas
présenter de problème particulier.
Le Président (M. Champagne): L'article 58 est-il
adopté?
M. French: On va vous demander un peu plus de temps. On n'a pas
de question nécessairement. On n'a pas pu en prendre connaissance.
Le Président (M. Champagne): Cela va.
M. Lincoln: Nous avons une question à l'article 58. Je
comprends que c'est un article qui autorise, mais, pour l'avoir mis dans cet
article, est-ce que vous prévoyez des cas où le gouvernement va
être obligé de prêter à la fondation? Si on commence
par créer une fondation qui va recevoir des subventions, des dons et des
legs et qu'ensuite, on garantit les prêts qu'elle va faire, est-ce qu'on
ne commence pas déjà à mettre le principe même d'une
fondation... Est-ce que vous pouvez nous dire ce que vous entrevoyez du point
de vue des prêts? Est-ce que la situation va être tout à
fait exceptionnelle? Est-ce que ce sera pour le fonds de roulement ou quoi? (23
h 30)
M. Paquette: Oui. Je pense que c'est cela. C'est assez
exceptionnel, mais il peut arriver que la fondation ait besoin d'emprunter
pendant quelques mois pour son fonds de roulement, pour équilibrer son
budget. À ce moment-là, le gouvernement pourra garantir aux
conditions qu'il détermine ces emprunts de la fondation, garanties qui
seraient probablement demandées, à ce moment, par l'institution
financière prêteuse puisque la fondation est un mandataire du
gouvernement.
M. Lincoln: Je ne veux pas faire de chichi, mais est-ce que c'est
nécessaire? Le gouvernement ne peut-il pas, de toute façon,
garantir les prêts de la fondation?
M. Paquette: Non, il faut le prévoir.
M. Lincoln: Le gouvernement a sûrement tous les pouvoir
de...
M. Paquette: II y a le 2 aussi: "autoriser le ministre des
Finances à avancer à la Fondation tout montant jugé
nécessaire pour l'exercice de ses fonctions." C'est l'un ou l'autre.
Cela ajoute de la souplesse. Je ne pense pas que cela pose de
problèmes.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a d'autres
questions relatives à l'article 58?
M. French: À l'article 58, je ne comprends pas la
situation qui va amener la nécessité d'un emprunt de la part de
la fondation. Cela m'inquiète. Je ne veux pas que le gouvernement
garantisse des emprunts. Je ne veux pas que la fondation emprunte. Je ne
comprends pas pourquoi on devrait permettre cela. C'est exactement le genre
d'inversion d'objectifs, de résultats "contre-intuitifs" auxquels on
assiste régulièrement avec les institutions gouvernementales.
Pourquoi les encourager?
M. Lincoln: Si, par exemple, nous n'avions pas l'article 58...
L'autre jour, on disait: Le gouvernement peut autoriser la formation de
corporations. Le gouvernement a tous les pouvoirs. Il me semble que si cela
n'était pas dans les dispositions de la loi, le gouvernement, s'il
voulait prêter à la fondation, on aurait notre...
M. Paquette: Ce n'est pas le gouvernement qui prête
à la fondation. C'est la fondation qui emprunte...
M. Lincoln: Non, non. Excusez-moi, je comprends très bien.
Le gouvernement garantit un prêt. Ce que je veux dire, c'est que si, par
exemple, il y avait un prêt de la fondation et que cette mesure
n'était pas prévue dans la loi pour obtenir cette mesure
sécurisante, vous seriez obligés de tenir une commission pour
demander, de faire une requête officielle. Tandis que là... Je me
demande quelle est l'idée de mettre cela dans les pouvoirs du
gouvernement. Cela existe déjà.
M. Paquette: Oui, mais il faut donner un peu de
flexibilité à la fondation si on ne veut pas l'étouffer
complètement. Il pourrait arriver que la fondation attende des dons et
des souscriptions. C'est signé, c'est promis, mais ce n'est pas encore
versé...
M. French: La personne n'est pas morte.
M. Paquette: Je ne sais pas... Ce n'est pas cela.
M. French: Des emprunts sur la foi, sur la sécurité
d'une série de testaments. On est mieux d'espérer que la
recherche médicale n'allonge pas indûment la durée de vie
des personnes.
M. Paquette: Le moment arrive où les fonds sectoriels ont
besoin d'obtenir des fonds de la fondation pour équilibrer leur budget.
La fondation pourrait avoir à emprunter temporairement des sommes
d'argent, sachant qu'il y aura, dans trois mois, des rentrées. La banque
ou l'institution prêteuse va demander les garanties à la
fondation. La fondation est un mandataire du gouvernement. Il faut habiliter le
gouvernement à le faire, sans cela il ne pourra pas le faire.
M. French: Sauf, M. le ministre, qu'il n'y a pas d'indication que
ces emprunts-là sont uniquement pour assurer le fonds de roulement. Ce
n'est pas cela nécessairement. Cela peut être des emprunts
à long terme, cela peut-être des obligations à long terme.
Je ne vois pas pourquoi... Je veux bien accepter les assurances du ministre,
sauf que la loi ne dit pas cela.
M. Lincoln: Si cela indiquait qu'il s'agit d'une situation
exceptionnelle, à ce moment-là, on comprend cela, mais le
rôle même d'une fondation est d'avoir de l'argent, de placer de
l'argent pour distribuer...
M. Paquette: M. le Président, c'est le gouvernement qui
peut, aux conditions qu'il détermine, à ce moment-là, je
ne pense pas que le ministre des Finances décide d'utiliser cette
fondation comme canal privilégié d'emprunt pour remplacer...
M. Lincoln: Je n'ai pas suggéré cela du tout, du
tout.
M. Paquette: Ce n'est absolument pas une pratique qui va avoir
tendance à prendre des proportions démesurées. Je ne
connais pas de gouvernement qui pourrait avoir une idée aussi
frivole.
M. Lincoln: Ce n'est pas du tout ce qu'on a
suggéré, excusez-moi. Tout ce qu'on a dit, c'est que le fait de
mettre cela suggère que des emprunts se feraient par la fondation. On
comprend peut-être un emprunt temporaire pour un fonds de roulement, mais
ce n'est pas ce que cela dit. Nous, ce qu'on voulait, on posait la question:
Est-ce que, dans une fondation, dont l'objet même, en fait, est de faire
de l'argent pour la distribution... On parle ici d'emprunts garantis par le
gouvernement. Je comprends cela dans le cas d'investissement de la SGF ou
quelque chose comme cela, mais dans le cas d'une fondation, dont le rôle
même c'est de recevoir de l'argent et de placer pour le distribuer... On
parle d'emprunts garantis par le gouvernement, cela ne m'a pas l'air
d'être logique du tout. Je comprends parfois que peut-être si vous
aviez un fonds de roulement de départ que le gouvernement garantirait.
Oui, là, cela se comprends peut-être, mais combien cela va
être dans une fondation, une fondation où vous avez un conseil
d'administration, peut-être un P.-D.G., peut-être une petite
boîte.
On ne peut pas concevoir le genre d'emprunt; cela prend peut-être
un roulement de départ ou quelque chose comme cela,
c'est difficile à prévoir. C'est pourquoi on
suggère que si cela n'était pas là, il y aurait un
contrôle plus strict sur une possibilité d'emprunt de la
fondation, où cela serait plus exceptionnel.
M. Paquette: II y a un contrôle strict et le gouvernement
peut, aux conditions qu'il détermine.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Chauveau.
M. Paquette: Le gouvernement n'est pas obligé de garantir
les emprunts de la fondation, mais il peut.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Chauveau.
M. Brouillet: Étant donné que le gouvernement peut
verser des sommes d'argent, des avances à la fondation - cela est admis
- plutôt que de verser, de ses propres fonds, des sommes d'argent qui
seraient nécessaires momentanément, que le gouvernement autorise
la fondation à les emprunter, je ne vois pas qu'il y ait tellement de
difficultés, que voulez-vous. Dans la mesure où c'est le
gouvernement qui doit l'autoriser à emprunter, de la même
manière que le gouvernement peut lui-même verser directement des
fonds, il peut bien dire: Écoute, plutôt que de verser tout de
suite une subvention temporaire, on t'autorise à l'emprunter et on
garantira ton emprunt et puis... Je ne vois pas que cela pose des
problèmes, dans la mesure où cela est contrôlé par
le gouvernement.
M. French: C'est cela, M. le Président, M. le
député de Chauveau a beaucoup de confiance dans le gouvernement
et l'Oppostion n'en a pas. Pas juste le gouvernement actuel, mais dans tous les
gouvernements. Je propose l'amendement de laisser tomber le premier
alinéa - est-ce ce qu'on dit au premièrement?
M. Paquette: On dit le premier paragraphe.
M. French: ...le premier paragraphe et de faire des changements
éditoriaux nécessaires afin de bien comprendre ce qui reste.
M. Paquette: Rejeté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Champagne): Voici, un instant, j'ai
été distrait pendant quelques secondes.
M. Paquette: II y a un amendement qui est rejeté sur
division.
Le Président (M. Champagne): L'amendement qui vient
d'être proposé est de...
M. French: ...de retrancher le 1er paragraphe.
Le Président (M. Champagne): Alors...
M. French: L'échange a eu lieu, M. le Président, ne
vous en faites pas. C'est fait. Je propose qu'on passe à l'adoption de
l'article 58.
Le Président (M. Champagne): Tel qu'il...
M. French: ...tel qu'il n'est pas amendé.
Le Président (M. Champagne): Alors, de cette façon
là, qu'est-ce qui arrive de toute façon? Est-ce que l'article 58
est adopté?
M. Paquette: Oui. Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté.
M. Lincoln: Je voudrais demander au ministre, de bonne foi, parce
qu'on était trois de ce côté et deux de l'autre. Vous
n'avez pas pu rejeter l'amendement. Cela est pour vous montrer qu'on est une
Opposition constructive.
M. Paquette: Mais le député de Fabre n'était
pas loin et le président est là.
Documents, comptes et rapports
Le Président (M. Champagne): J'appelle l'article 59.
Mme Dougherty: Le président a le droit de vote quand il y
a égalité, n'est-ce pas?
M. Paquette: Oui bien sûr!
M. French: Le président n'a pas le droit de vote à
moins que les deux parties soient égales.
M. Paquette: Alors, l'article 59 concerne les documents, comptes
et rapports. Il autorise du même coup, en un seul article, l'usage d'un
appareil automatique, ce qui est extraordinaire. C'est un article usuel. C'est
tout à fait bénin et banal.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a des
questions pour l'article 59?
Mme Dougherty: Une minute pour le lire.
M. Brouillet: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Cela va. L'article 59 est
adopté. J'appelle l'article 60.
M. Paquette: Voilà un autre article bénin et
banal.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article 60 est
adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): L'article 60 est
adopté. J'appelle l'article 61.
M. Paquette: Clause usuelle, M. le Président.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article 61 est
adopté?
Mme Dougherty: Nous avons un autre ministre là!
Le Président (M. Champagne): Est-il adopté?
M. French: ...
Le Président (M. Champagne): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Pourquoi avez-vous choisi le 31 mars? Je crois que
les fonds ont une autre date, le conseil a une autre date, pouvez-vous me dire
pourquoi? Juillet, c'est la date du dépôt de leur rapport
annuel.
M. Paquette: Oui, c'est exact. L'exercice financier, je pense,
dans tous les organismes - si ce n'est pas le cas en ce qui concerne les fonds,
on verra en y arrivant -devrait être à la fin de l'année
financière du gouvernement.
Mme Dougherty: Toujours au 31 mars. D'accord.
Le Président (M. Champagne): L'article 61 est
adopté?
Mme Dougherty: Oui, adopté, mais j'aimerais signaler que
le fonds est au 31 mai.
M. Paquette: La fin de l'année financière?
Peut-être.
M. Brouillet: La fin académique et la fin scolaire, quoi.
Avec les budgets universitaires et puis... C'est vrai, les budgets des
universités se terminent au 31 mai.
M. Paquette: Je ne le sais pas, on va vérifier cela.
Mme Dougherty: II faut qu'ils marchent en parallèle...
M. Brouillet: Et c'est comme la recherche universitaire, les
subventions de recherche aux universités, et tout...
Le Président (M. Champagne): L'article 61 est
adopté. J'appelle l'article 62.
M. Paquette: À l'article 62, on retrouve le 31 juillet
comme date de remise du rapport annuel de la fondation.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article 62 est
adopté?
M. Lincoln: II y a une remarque, M. le Président, que
j'aimerais...
M. Paquette: C'est une clause usuelle, les quatre mois de
délai sont compris entre la fin de l'année financière et
le dépôt du rapport.
Le Président (M. Champagne): Alors, ça va.
L'article 62 est adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): L'article 62 est
adopté. J'appelle l'article 63.
M. Paquette: C'est l'article qui concerne le dépôt
du rapport annuel à l'Assemblée nationale.
M. French: Un autre.
Le Président (M. Champagne): L'article 63 est-il
adopté?
Mme Dougherty: C'est le même délai pour tous les
organismes du secteur public, n'est-ce pas? C'est la même espèce
de... C'est normal?
Le Président (M. Champagne): Est-il adopté?
Mme Dougherty: Oui, adopté.
Le Président (M. Champagne): L'article 63 est
adopté. J'appelle l'article 64.
M. Paquette: Cet article concerne la vérification des
livres et des comptes de la fondation. Voilà un nouveau travail pour le
Vérificateur général.
Le Président (M. Champagne): Est-ce adopté?
Mme Dougherty: Non, est-ce que c'est normal aussi, on dit:
"...chaque fois que le décrète le gouvernement". Pourquoi est-ce
le
décret du gouvernement? Est-ce normal aussi?
M. Paquette: Non. Les livres et les comptes de la fondation sont
vérifiés chaque année par le Vérificateur
général et, en outre...
Mme Dougherty: Et, en outre, pourquoi?
M. Paquette: C'est qu'on peut souligner un problème au
gouvernement. Quelqu'un soulève, par exemple, que la fondation est mal
administrée. Alors, en plein milieu de l'année, le gouvernement
peut demander au Vérificateur général - et l'Opposition
aussi, j'imagine. Il faut que le gouvernement le décrète.
Mme Dougherty: But how many more time does have the
Vérificateur and...
M. Lincoln: No, no it keeps you... Mme Dougherty: Is that
no more? M. Lincoln: Sure...
M. Paquette: Bien oui, il peut y avoir des questions de
soupçon de fraude qu'il faut laver, par exemple...
Le Président (M. Champagne): Est-ce adopté Mme
Dougherty?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): L'article 64 est
adopté. J'appelle l'article 65.
M. Paquette: Alors, oui...
M. French: M. le Président, est-ce que je peux
suggérer que l'on revienne à l'autre article de la
première section, c'est-à-dire l'article qui a été
suspendu...non...
Le Président (M. Champagne): On a deux articles de
suspendus.
M. French: Ah bon!
Le Président (M. Champagne): L'article 12 est en suspens
et l'article 45 également.
M. Paquette: Est-ce qu'on pourrait y revenir plus tard?
M. French: Autrement dit, on n'est pas prêt pour l'article
45. D'accord.
M. Paquette: On est pas prêt pour l'article 45, il faut que
j'en discute.
Le Président (M. Champagne): Et je rappelle aussi que
l'article 12 est en suspens.
M. Paquette: L'article 12, on ne s'est pas encore fait une
idée.
Le Président (M. Champagne): On y reviendra...
M. Paquette: C'est sur la création de corporations.
Le Président (M. Champagne): ...lundi.
M. Lincoln: J'ai pensé, M. le ministre, que...
M. Paquette: Oui, je m'étais fait une idée, puis
j'ai eu d'autres informations après et l'on a recommencé à
en discuter. Alors, si vous voulez, on va attendre à lundi.
Fonds de soutien à la recherche
Le Président (M. Champagne): On va y voir lundi. J'appelle
l'article 65. (23 h 45)
M. Paquette: L'article 65, M. le Président, stipule que
nous instituons trois fonds et je vais proposer un amendement.
Mme Dougherty: Je m'excuse, M. le Président. Compte tenu
que M. Ryan sera ici lundi matin encore - il est parti pour Montréal -
est-ce qu'on peut faire autre chose et peut-être laisser les fonds...
Est-ce qu'on peut continuer...
M. Paquette: M. le Président, comme les articles
clés... J'imagine que l'Opposition ne s'oppose pas à la
création de fonds dans cette loi. Nous pourrions simplement regarder les
premiers articles. Il reste à peu près 15 minutes.
Le Président (M. Champagne): II reste 15 minutes.
M. Paquette: Les premiers articles ne sont pas les articles
clés. Les articles clés commencent autour de l'article 80. Alors,
ce sont plutôt des articles de fonctionnement. L'article 65 dit
simplement que trois fonds sont institués. Cela nous permettrait tout de
suite, si vous êtes d'accord, de changer le nom du Fonds
Marie-Victorin.
M. Lincoln: C'est de cela qu'on avait discuté.
M. Paquette: Pardon?
M. Lincoln: Oui, c'est de cela, nous aussi, qu'on devait...
M. Paquette: Alors, moi je propose un amendement qui est le
suivant. Le paragraphe 1 de l'article 65 est modifié par le remplacement
dans la première ligne des
mots "Marie-Victorin" par les mots "pour la formation de chercheurs et
l'aide à la recherche".
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a des
questions sur l'amendement?
Mme Dougherty: ...le Fonds Marie-Victorin, n'est-ce pas?
M. Paquette: Oui.
Mme Dougherty: II n'y a pas de problème, je crois.
M. Brouillet: Cela revient exactement à ce qu'il est
présentement, le fonds FCAC? Non, ce n'est pas tout à fait cela?
Fonds FCAC? Non, ce n'est pas tout à fait cela.
M. Paquette: Cela donne FCAR. M. Brouillet: Et de
recherche...
M. Paquette: Actuellement, FCAC, c'était "formation de
chercheurs et action concertée".
M. Brouillet: Et action, oui.
M. Paquette: C'est surtout action concertée. Il n'y avait
personne qui savait ce que cela voulait dire exactement.
M. Brouillet: Oui.
M. Paquette: Je sais que le président du Fonds FCAC avait
soumis comme nom le fonds d'aide à la recherche. J'en ai discuté
avec mon collègue de l'Éducation qui sera responsable de ce fonds
et il préfère le terme "Formation de chercheurs et l'aide
à la recherche"...
M. Brouillet: Oui, oui.
M. Paquette: ...parce que cela décrit beaucoup mieux le
programme et également la double mission doit être très
liée au niveau des universités et en bonne partie des
collèges aussi, mais surtout des universités, c'est-à-dire
la formation et la recherche. Alors,, on parle de formation de chercheurs et
d'aide à la recherche.
M. Brouillet: II y a aussi une partie du fonds qui consiste
à fournir des bourses d'excellence aux étudiants de
deuxième et troisième cycles qui sont en période de
formation.
M. Paquette: Exactement. Alors, on peut considérer qu'il
s'agit là de formation de chercheurs. La nouvelle désignation
sera beaucoup plus limpide que l'ancienne et également plus limpide que
celle qui était prévue ici dans le projet de loi.
Mme Dougherty: II y a une partie aussi qui appuie la publication
des articles scientifiques et tout cela...
M. Paquette: Oui, également.
Mme Dougherty: Le nom encore, M. le ministre?
M. Paquette: Le Fonds pour la formation de chercheurs et l'aide
à la recherche. Vous l'avez dans la série d'amendements que j'ai
déposés.
M. Lincoln: Le mot "Marie-Victorin" tombe
complètement?
M. Paquette: Oui, oui. Alors, on fera tous les amendements de
concordance ailleurs.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'amendement est
adopté? Je parle bien de l'amendement.
Mme Dougherty: Adopté.
M. Brouillet: Ce serait FCAR, pour s'habituer.
M. Paquette: Oui.
M. Brouillet: Le Fonds FCAR.
M. Paquette: Je ne sais pas si le fonds choisira de... C'est
cela, il n'est pas nécessaire de répéter... Le Fonds FCAR,
c'est cela.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article 65 est
adopté tel qu'amendé.
M. French: M. le Président, n'est-il pas possible
d'imaginer aussi un titre plus intéressant pour le fonds de recherche en
agriculture, pêcheries et alimentation. C'est tout un... cela.
M. Paquette: Je vois difficilement comment on pourrait trouver
une appellation plus courte qui décrirait la nature...
Mme Dougherty: C'est le titre actuel, n'est-ce pas?
M. Paquette: Non, actuellement, c'est le CRESAQ, le Conseil de
recherche et de service agricole du Québec.
Mme Dougherty: Ah! il y a un conseil. Si, à l'heure
actuelle, c'est un conseil, est-ce que cela change le statut?
M. Paquette: Oui, mais cela fait partie
d'une des conclusions du livre blanc qui est de mieux distinguer la
fonction conseil de la fonction fonds subventionnaire. Le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation a accepté de
faire la démarche qu'avait faite avant lui le ministère de
l'Éducation et le ministère des Affaires sociales. C'est un
progrès qui va dans le sens des objectifs et des orientations de la
politique scientifique.
M. Lincoln: Dans son cas, c'est un grand progrès.
M. Paquette: Oui, c'est un énorme progrès.
M. French: On a le critique des pêcheries ici. J'avais
oublié cela. Il va sûrement veiller à ce que le mot
"pêcheries" ne disparaisse pas du titre.
Mme Dougherty: En agriculture, c'est le CRESAQ, c'est la
même chose.
M. Paquette: Le CRESAQ est l'organisme actuel.
Mme Dougherty: Le conseil, c'est la même chose.
M. Paquette: Ici, ce sera le FRAPA. C'est malheureux comme
sigle.
Mme Dougherty: FRAPA. D'accord.
Le Président (M. Champagne): Cela va. Est-ce que l'article
65 est adopté tel qu'amendé?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 66.
M. Paquette: Les fonds sont des corporations. Il n'y a pas
d'autres commentaires à faire.
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): L'article 66 est
adopté. J'appelle l'article 67.
M. Paquette: Ce sont des mandataires du gouvernement. C'est tout
à fait analogue à ce qu'on a pour la fondation.
Mme Dougherty: C'est la même chose. Adopté.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article 67 est
adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 68.
M. Paquette: "Chaque Fonds a son siège social à
l'endroit déterminé par le gouvernement. Avis... à la
Gazette officielle du Québec."
M. Lincoln: Est-ce qu'il y a des discussions sur les
sièges sociaux, M. le ministre? Quelles seront les critères,
etc.?
M. Paquette: On attend les recommandations des fonds. J'imagine
qu'ils vont vouloir rester au même endroit. Ce sont des organismes
déjà existants.
M. Lincoln: Où est-ce qu'ils les ont maintenant? À
Québec?
M. Paquette: Oui.
M. Lincoln: Ils sont tous à Québec maintenant.
M. Paquette: FCAC est à Québec, FRSQ est à
Montréal, le CRESAQ est à Québec ou à Lévis
peut-être. Est-ce que c'est adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article 68 est
adopté?
Mme Dougherty: Oui.
Le Président (M. Champagne): Adopté. Article
69.
M. Paquette: Cet article détermine la composition du
conseil d'administration et prévoit également la nomination
d'observateurs. Maximum: quatorze membres.
Mme Dougherty: Vous avez changé le nombre de membres pour
FCAC. Je crois que FCAC a 18 membres à l'heure actuelle. Je me demande
pourquoi.
M. Paquette: Cela a été réduit un peu, je
crois.
Mme Dougherty: Est-ce qu'il y a une raison pour laquelle ...
M. Paquette: Économie, facilité de
fonctionnement.
Mme Dougherty: II me semble que 14 c'était assez.
M. Paquette: De toute façon, le fonds se donne des
comités d'évaluation. Il y a beaucoup d'animation autour.
Peut-être qu'un conseil d'administration de 14 membres cela
commence à être déjà assez lourd.
Mme Dougherty: Pour nommer, choisir ces membres, est-ce qu'il y a
une espèce de consultation auprès du milieu? Comment est-ce que
ces membres sont choisis? Est-ce qu'il y a des critères?
M. Paquette: Ils sont choisis par le ministre responsable
après consultation des milieux concernés. J'imagine que, dans le
détail des modalités sur les organismes consultés, cela
doit différer d'un ministère à l'autre. Je ne suis pas en
mesure...
Mme Dougherty: Est-ce qu'ils viennent du milieu
universitaire?
M. Paquette: Oui, dans le cas du Fonds FCAC, cela vient des
milieux universitaires et collégiaux.
Mme Dougherty: Je crois que la consultation est importante.
M. Paquette: Bien sûr.
Mme Dougherty: Pour éviter des préjugés, un
déséquilibre des milieux. Je n'ai pas un amendement
spécifique. Je crois qu'on doit spécifier que les membres sont
nommés par le gouvernement après consultation avec le milieu
scientifique, avec le milieu concerné. Est-ce que vous accepteriez cela?
Est-ce qu'il y a un effort, par exemple...
M. Paquette: Si les députés de l'Opposition veulent
s'aligner sur les conseils subventionnaires fédéraux, je leur
signale qu'il n'y a pas de telles dispositions dans la loi
fédérale. On dit simplement que les membres du conseil sont
nommés par le gouvernement.
Mme Dougherty: On peut peut-être améliorer la
situation à Ottawa.
M. French: Ce n'est pas nécessairement la science infuse
à Ottawa.
Mme Dougherty: J'aimerais ajouter les mots - je les ai dits -
"nommés par le gouvernement après consultation avec le milieu
concerné". Je vais laisser au ministre les mots à ajouter.
M. Paquette: M. le Président, je ne sais pas, mais cela
n'a pas l'air d'un article tellement contraignant, mais en même temps,
cela va de soi aussi. Écoutez, on peut bien l'examiner. On peut adopter
l'article sous cette réserve. On pourra y revenir. Je vais y repenser.
D'autre part, lorsqu'il s'agit d'amendements à des articles concernant
les fonds, puisque ces fonds sont sous la responsabilité d'autres
ministres, je préférerais les consulter comme je l'ai fait pour
le nom de la formation de chercheurs et l'aide à la recherche.
Mme Dougherty: Vous pourriez peut-être, lundi, nous
informer du système actuel? Est-ce qu'il y a une consultation?
M. Paquette: Oui. Certainement.
Mme Dougherty: Est-ce qu'il y a des critères?
M. Paquette: Le président du Fonds FCAC est dans la salle
et malheureusement, on ne peut pas lui demander de répondre à
cette question, mais comme il sera ici dans trois minutes, on pourra lui poser
la question.
M. Lincoln: On peut suspendre cet article jusqu'à
lundi.
M. Paquette: Si vous voulez. Je n'ai pas d'objection.
Mme Dougherty: D'accord. Le président peut peut-être
prendre note que nous allons...
Le Président (M. Champagne): On va suspendre l'article et
on y reviendra lundi. C'est la meilleure chose.
Mme Dougherty: Nous aurons plus de renseignements lundi.
Merci.
M. Paquette: On en aura probablement tout de suite sur un des
fonds, en tout cas.
Mme Dougherty: 69.
Le Président (M. Champagne): J'appelle l'article 70.
M. Paquette: Cet article concerne la désignation d'un
vice-président. C'est classique.
M. Lincoln: Est-ce que c'est un vice-président permanent,
un employé ou si c'est un...
M. Paquette: Non, ce n'est pas un employé. C'est quelqu'un
qui peut remplacer le président en cas d'incapacité d'agir.
M. Lincoln: À titre de renseignement simplement.
Le Président (M. Champagne): L'article 70 est
adopté. Adopté. J'appelle l'article 71.
M. Paquette: Cet article concerne la durée du mandat des
membres du conseil d'administration.
Mme Dougherty: II y a encore changement ici. Je crois que
c'était cinq ans. Vous avez réduit le nombre d'années.
Pourquoi? Je ne suis pas contre. J'aimerais avoir la raison.
M. Paquette: C'est probablement parce qu'on a recopié
l'article qui avait été préparé par le Fonds FCAC
et le ministre de l'Éducation. Exactement, c'était l'article 6
d'un projet datant du 28 mai 1982. Le président de la fondation - parce
qu'on parlait de transformer le FCAC en fondation, à ce moment - est
nommé pour au plus trois ans. Le mandat des membres ne peut être
renouvelé...
Mme Dougherty: Quel est le document que vous lisez? Est-ce que
c'est la situation actuelle? Est-ce que je me suis trompée?
Mme Paquette: C'est un document du ministère de
l'Éducation. C'est un projet duquel nous nous sommes inspirés. Un
projet de loi avait été préparé par le Fonds FCAC,
soumis au ministre de l'Éducation et nous nous en sommes inspirés
pour ces articles qui concernent beaucoup le fonctionnement du fonds. Nous
avons, en quelque sorte, recopié la plupart de ces articles.
Comme c'est un document interne du ministère, je ne voudrais pas
le distribuer.
Mme Dougherty: J'aimerais simplement connaître l'opinion de
M. Cliche parce que je ne sais si cela va améliorer ou diminuer
l'efficacité du fonctionnement du fonds. Je ne sais pas si la
continuité...
M. Paquette: Trois ans, c'est quand même un mandat
relativement long, qui est presque aussi long que celui d'un
député. C'est l'équivalent de celui d'un commissaire
d'école.
M. Lincoln: Moi, je suis d'accord pour trois ans. Vous vous
souvenez, quand le conseil en a discuté, je vous avais
suggéré de faire cinq ou trois ans. Je ne m'étais pas
rendu compte qu'il y avait trois ici. J'aimerais qu'il y ait une espèce
de critère...
M. Paquette: On peut peut-être revenir au conseil, puis
revenir à trois ans.
M. Lincoln: ...original. Parce que le conseil, je crois que c'est
ce qu'on devrait faire.
M. Paquette: Peut-être. On va y repenser d'ici à
lundi. Voulez-vous garder cela à l'esprit? Pour le conseil, on pourrait
aussi mettre trois ans.
M. Lincoln: C'est cela. Si vous vous souvenez, on a eu une
discussion à ce sujet.
Mme Dougherty: II y a un autre élément, ici. Je
suis plus au courant du fonctionnement...
Le Président (M. Champagne): Voici, Mme la
député de Jacques-Cartier...
Mme Dougherty: Oui.
Le Président (M. Champagne): ...on va suspendre l'article;
on y reviendra lundi si vous n'avez pas d'objection, d'accord?
Mme Dougherty: Est-ce que je pourrais soulever avant de terminer
un autre aspect du problème pour qu'on puisse intégrer cela dans
votre considération?
Le Président (M. Champagne): Oui, cela va.
Mme Dougherty: Au Fonds FCAC, ils ont un plan, ils
préparent un plan à long terme: trois ans; si le président
a aussi un mandat de trois ans, est-ce qu'il y a des avantages d'avoir un
président qui... C'est simplement une question.
M. Paquette: En fait, le plan, comme vous allez le constater en
relisant l'article 84, tel qu'amendé dans les amendements que je vous ai
remis, est triennal; le plan d'activité d'un fonds est triennal, mais il
est révisé chaque année. Il est révisé
chaque année, alors cela n'a plus d'importance, il n'y a plus de
problème d'interface qu'on mette trois ans ou cinq, c'est la même
chose. On peut juger ce problème sans tenir compte de la durée du
plan d'activité.
Le Président (M. Champagne): Alors, on suspend l'article
71.
La commission élue permanente de la présidence du conseil
et de la constitution ajourne ses travaux jusqu'au lundi 20 juin, à 10
heures, ici, dans la salle 81 À.
(Fin de la séance à 0 h 03)