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(Onze heures trente minutes)
Le Président (M. Gagnon): La commission de la
présidence du Conseil et de la constitution se réunit aux fins
d'étudier les crédits du ministre délégué
à la Science et à la Technologie.
Sont membres de cette commission: MM. Baril (Arthabaska), Brassard
(Lac-Saint-Jean), Leduc (Fabre), Brouillet (Chauveau), Levesque (Bonaventure),
Paré (Shefford), Mme Harel (Maisonneuve), MM. Paquette (Rosemont), Ryan
(Argenteuil), Scowen (Notre-Dame-de-Grâce).
Les intervenants sont: MM. Bisaillon (Sainte-Marie), Brouillet
(Chauveau) remplacé par Baril (Arthabaska). Je n'ai pas la liste
complète, MM. Marquis (Matapédia), Desbiens (Dubuc), Dean
(Prévost), Gratton (Gatineau), Perron (Duplessis), Rivest (Jean-Talon),
Saintonge (Laprairie).
Mme Dougherty: Mon nom n'est pas là.
Le Président (M. Gagnon): Votre nom n'est pas
là.
Mme Dougherty: Je crois que, lorsqu'on a choisi les membres de la
commission, on a peut-être oublié que je pourrais remplacer
n'importe qui.
Le Président (M. Gagnon): Vous remplacerez M. Marx (D'Arcy
McGee).
Mme Dougherty: D'accord.
Le Président (M. Gagnon): C'est bien?
Mme Dougherty: Le député de Chapleau sera ici pour
une partie de l'après-midi.
Le Président (M. Gagnon): Mme
Dougherty (Jacques-Cartier).
Avez-vous des mots d'introduction au début, M. le ministre?
M. Paquette: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): D'abord, excusez-moi.
M. Paquette: J'ai appris avec surprise qu'on disposait de quatre
heures de travaux à cette commission. On n'en avait pas
été informé. J'avais pris un certain nombre d'engagements
cet après-midi.
Le Président (M. Gagnon): Peut-être pourrait-on
aller un peu plus vite.
M. Paquette: Je voudrais savoir si l'Opposition serait d'accord
pour qu'on essaie de terminer nos travaux à 13 heures. Est-ce
possible?
Mme Dougherty: J'avais planifié mon travail pour au moins
quatre heures, parce que j'ai reçu l'appel d'un permanent de notre parti
qui m'a dit qu'il y avait deux ou trois heures au début...
M. Paquette: On nous avait dit que nos travaux ne dureraient que
l'avant-midi, soit environ une heure et demie. J'avais donc planifié mon
agenda autrement pour l'après-midi.
Mme Dougherty: Ce matin, le leader a dit que nous avions quatre
heures. On pourrait peut-être poursuivre nos travaux un autre jour.
Est-ce possible?
M. Paquette: Oui.
Le Président (M. Gagnon): Compte tenu que nous sommes dans
la période du règlement de fin de session et que...
Mme Dougherty: Oui, mais...
Le Président (M. Gagnon): ...les horaires de tout le monde
seront assez chargés, si on poursuivait nos travaux un autre jour, on
pourrait désorganiser les travaux de l'Assemblée nationale.
Avant de vous laisser la parole, M. le ministre, je voudrais savoir qui
sera rapporteur de la commission.
M. Paquette: Je propose M. le député de
Shefford.
Le Président (M. Gagnon): Le député de
Shefford sera donc rapporteur de la commission.
M. Paquette: Est-ce qu'on pourrait s'entendre pour terminer
à l'heure du souper après la pause?
Mme Dougherty: On pourrait avoir une
heure et demie avant le lunch et on recommencerait à 15
heures.
M. Paquette: On pourrait recommencer de 15 heures à 18
heures?
Mme Dougherty: Oui, cela suffirait.
Le Président (M. Gagnon): Cela ferait trois heures et
demie.
M. Paquette: Cela fait à peu près quatre
heures.
Une voix: On peut recommencer à 14 h 30 aussi.
Mme Dougherty: Oui.
M. Paquette: Oui.
Mme Dougherty: Je serais prête à recommencer
à 14 h 30. On aura donc deux heures et demie après...
M. Paquette: Cela nous mènerait à 17 heures. On
pourrait terminer à 17 heures. Cela tombe bien, cela me permettrait
d'éviter d'annuler une des activités que j'avais
prévues...
Mme Dougherty: D'accord.
Le Président (M. Gagnon): Donc, on se rendrait
jusqu'à 13 heures pour reprendre à 14 h 30 jusqu'à 17
heures.
M. Paquette: Exact. Est-ce que cela vous va, M. le
Président?
Le Président (M. Gagnon): Cela me va. M. Paquette:
Très bien.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
Science et Technologie
Remarques préliminaires
M. Gilbert Paquette
M. Paquette: M. le Président j'ai préparé
une déclaration d'ouverture qui permettra, j'espère, de situer la
commission.
D'abord je pense qu'on constate qu'en 1982-1983 l'année aura
été marquée par une extraordinaire prise de conscience
face à la nécessité pour le Québec de miser
à fond sur l'excellence scientifique et technologique. Cette prise de
conscience aura atteint tous les milieux, autant les milieux scientifiques que
les milieux d'affaires, autant les faiseurs d'opinion que le grand public en
général.
Ce que l'on oublie trop souvent cependant, c'est que cette entrée
du Québec dans l'ère scientifique et technologique qui se dessine
sur le plan international aura été préparée de
longue main. Déjà, dans le discours inaugural du 8 mars 1977, le
premier ministre du Québec identifiait comme prioritaire "la
définition d'une politique scientifique".
Après une vaste consultation, en 1978 et 1979, le ministre
Camille Laurin, alors responsable du dossier, rendait publique cette politique
au début de 1980 dans un document intitulé "Un projet collectif".
L'énoncé misait, là, je cite: "d'abord et avant tout sur
le développement de notre potentiel humain, sur la
démocratisation du savoir et sur la détermination
concertée de nos priorités de recherches scientifiques." Il
conviait "tous les Québécois à une reprise en main de leur
devenir scientifique et technique, cet élément moteur de toutes
les sociétés qui ont un projet collectif à
réaliser". Et, de façon à réaliser justement ces
objectifs, le gouvernement créait par la suite - donc en 1980 - le
Secrétariat au développement scientifique, ancêtre de
l'actuel Secrétariat à la science et à la technologie,
dont nous allons étudier les crédits, et le Conseil de la
politique scientifique et il réorganisait et augmentait les budgets des
fonds subventionnaires à la recherche, notamment, le fonds FCAC et
lançait un premier programme de soutien à l'emploi
scientifique.
Deux ans plus tard, en mai 1980, il y a donc un an, le ministre Bernard
Landry publiait la politique économique gouvernementale, Le Virage
technologique, où il affirmait: "La nécessité du virage
technologique saute aux yeux. On ne doit pas se cacher qu'il s'agit là
d'un défi difficile qui exigera un dépassement de tous,
chercheurs, chefs d'entreprises, ingénieurs, ouvriers, financiers,
agents commerciaux et autres. Ce n'est en effet que par des efforts constants
et soutenus que le Québec réussira à s'imposer dans les
industries électroniques et dans les biotechnologies, comme dans les
transports, l'électrochimie ou l'électrométal-lurgie."
Quelques mois plus tard, le 9 septembre 1982, le premier ministre
nommait pour la première fois au Québec un ministre à
temps plein délégué à la Science et à la
Technologie. Cette nomination reflétait, selon les termes du premier
ministre, à ce moment-là, "la volonté ferme du
gouvernement d'inscrire dans les faits le virage technologique que doit
emprunter notre développement économique".
Par la suite, divers mandats m'étaient confiés
au-delà de la mise en oeuvre de la politique scientifique, dont
notamment celui de coordonner l'implantation des quelque 200 mesures du Virage
technologique et plus particulièrement la réalisation des plans
d'action en biotechnologie et en
informatique, ainsi que la mise sur pied de centres de recherche
appliquée.
Dans le budget 1983-1984, le gouvernement se propose d'injecter plus de
200 000 000 $ pour la réalisation des diverses mesures du Virage
technologique. Il propose également d'augmenter de 2 600 000 $ ce qui
était le budget de l'année dernière, à 20 300 000
$. Également, le dernier budget adoptait des mesures d'incitation
fiscale destinées aux entreprises qui s'engagent dans la
recherche-développement.
De plus, lors du message inaugural, le 23 mars dernier, le premier
ministre confirmait la priorité qu'accorde le gouvernement à
l'excellence scientifique et technologique. Il annonçait. Et je cite:
"De façon à assurer la cohérence des actions
gouvernementales dans ces domaines prioritaires, le gouvernement soumettra
à l'Assemblée nationale, dès ce printemps, une loi-cadre
sur la recherche scientifique et la technologie."
On assiste donc progressivement à une évolution de plus en
plus rapide qui conduit naturellement aux objectifs de la Loi favorisant le
développement scientifique et technologique du Québec, qui a
été présentée hier à l'Assemblée
nationale.
Je rappelle ces objectifs brièvement: 1- identifier clairement
les responsabilités d'un ministère de la Science et de la
Technologie, qui puisse orienter l'action gouvernementale d'ensemble et assumer
des initiatives d'appui au développement scientifique et technologique;
2- assurer une meilleure coordination de l'effort financier du gouvernement et
augmenter les ressources de façon à accélérer le
développement; 3- favoriser le décloisonnement entre les milieux
scientifiques et économiques; 4- donner une permanence et une
transparence accrue aux organismes centraux de la politique scientifique et
technologique comme le ministère, le conseil, les fonds
subventionnaires, la fondation et l'agence, de façon à favoriser
la démocratisation des choix politiques et la sensibilisation du
public.
Il faut savoir, M. le Président, qu'actuellement il n'y a aucun
organisme qui existe autrement que par décret gouvernemental dans le
domaine de la science et de la technologie. Il s'agit en quelque sorte de faire
sortir ce dossier des catacombes. Il s'agit d'une loi organique qui vise
à définir un système et non seulement la création
d'un ministère. Un système où oeuvrent plusieurs
intervenants gouvernementaux. La loi distingue trois types d'intervenants
gouvernementaux:
D'abord, sous la responsabilité directe du ministre
délégué à la Science et à la Technologie, on
retrouve outre le ministère et le Conseil de la science et de la
technologie deux nouveaux organismes que la loi propose de créer: la
Fondation pour le développement de la science et de la technologie et
l'Agence québécoise de valorisation industrielle de la recherche.
Ensuite quatre autres organismes qui jouent un rôle relativement central
dans la politique scientifique et technologique également sont
légèrement modifiés, demeurent dans leur environnement
sectoriel mais leurs directives sont préparées conjointement par
le ministre concerné et le ministre délégué
à la Science et à la Technologie. Il s'agit du Fonds
Marie-Victorin qui s'appelle jusqu'à maintenant le fonds FCAC sous la
responsabilité du ministre de l'Éducation, du Fonds de recherche
en santé du Québec, du Fonds de recherche de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation et du Centre de recherche industrielle du
Québec.
Enfin, plusieurs autres organismes gouvernementaux et
paragouvernementaux participent au développement scientifique et
technologique dans des secteurs très particuliers et, face à ces
organismes, la loi stipule que le ministère de la Science et de la
Technologie aura un rôle de coordination, qu'il procédera
notamment à l'évaluation périodique de leur programme, de
leur budget, de leur plan de développement, qu'il favorisera leur
concertation avec les autres organismes publics et privés et
également des personnes intéressées à la recherche
et à la technologie.
En somme, le projet de loi no 19 établit le rôle central et
moteur du nouveau ministère de la Science et de la Technologie tout en
évitant de concentrer toutes les activités au sein d'un seul
ministère, ce qui, à mon avis, serait illusoire et desservirait
le développement scientifique et technologique du Québec puisque
beaucoup d'activités doivent demeurer intimement liées à
leur environnement sectoriel.
Si je fais le sommaire des activités en 1982-1983, outre la
préparation de cette loi fondamentale, des mesures annoncées dans
le budget 1983-1984 sur lesquelles je reviendrai un peu plus tard, nous avons
travaillé à la réalisation de divers projets au cours de
l'année qui s'est terminée le 31 mars dernier à l'aide des
quelques outils qui étaient alors à notre disposition et qui
étaient très modestes.
En matière de promotion de l'emploi scientifique, le programme
expérimental de soutien à l'emploi scientifique,
créé lors du dépôt de la politique en 1980, s'est vu
doté d'un caractère permanent et comporte maintenant quatre
volets. Il s'adresse au milieu industriel et au milieu universitaire et il
implique les scientifiques et les techniciens. Trois nouveaux programmes de
création scientifique ont été mis au point dans la
foulée du plan d'action des
programmes de création d'emplois, de l'effort gouvernemental: le
programme de création d'emplois en entreprise pour des
diplômés en science et en technologie que nous administrons
conjointement avec le MIC, le programme d'étudiants stagiaires en
science et en technologie dans les entreprises et le programme de
création d'emplois dans des organismes sans but lucratif oeuvrant dans
le domaine de la science et de la technologie qui sont administrés
conjointement avec les centres de main-d'oeuvre du Québec.
Nous avons aussi procédé, dans certains cas, à des
bilans et, dans d'autres cas, à l'élaboration de plans d'action
sectoriels. Autant que la politique économique du gouvernement
procède d'une approche sectorielle, il nous semblait que la politique de
développement scientifique et technologique également aurait
avantage à procéder d'une façon sectorielle. Et dans ce
domaine, une consultation effectuée en 1981-1982 aura donné
naissance au programme d'intervention pour le développement de la
recherche en biotechnologie. Publié sous le titre "À l'heure des
biotechnologies", en octobre dernier, ce programme planifie la mise en oeuvre
d'une série de mesures visant d'une part à assurer le
développement des ressources humaines dans l'ensemble des
biotechnologies et, d'autre part, à faciliter et organiser le transfert
des connaissances des laboratoires au monde de la production et de la mise en
marché.
Par ailleurs, aux fins d'orienter les biotechnologies dans des
applications bioindustrielles, des dispositions ont été prises
afin d'inciter les sociétés d'État et les
ministères sectoriels les plus concernés par ce domaine à
augmenter leurs investissements en recherche-développement. Comme vous
le savez, c'est déjà fait dans le cas de la Société
générale de financement et bientôt la Société
québécoise d'initiatives agro-alimentaires s'engagera - enfin,
elle demande l'autorisation à l'Assemblée nationale - à
créer une filiale dans ce domaine également, pour les
applications au secteur agro-alimentaire.
Dans le secteur informatique-électronique, on m'a confié
récemment la présidence d'un comité ministériel
regroupant six autres ministres et ministères en vue de préparer
une table de concertation avec les agents socio-économiques, qui se
réunira à quelques reprises au cours de 1983-1984. Un état
de la situation, une démarche et une synthèse des actions
projetées par les différents ministères sont en cours
d'élaboration pour dépôt à différentes
étapes des travaux de cette table de concertation. (Il h 45)
Diverses initiatives d'envergure ont toutefois déjà
été prises et annoncées: l'introduction, au cours des cinq
prochaines années, de 43 000 micro-ordinateurs dans les écoles,
la mise sur pied de centres de diffusion des technologies de production
automatisée et l'élaboration d'un politique de la bureautique au
gouvernement. Enfin, nous avons travaillé avec la SODICC et le
ministère des Communications pour dégager un appui financier aux
nouvelles entreprises de plus en plus nombreuses qui s'engagent dans la
production de logiciels d'application.
Du côté de la recherche pharmaceutique, de multiples
interventions ont été faites en vue de relocaliser au
Québec les chercheurs concernés par la fermeture des laboratoires
Ayerst, le plus important laboratoire au Canada, qui regroupe 228 chercheurs et
scientifiques. Il y a eu la création d'un groupe de travail avec mandat
de proposer des solutions pour relocaliser les scientifiques. Ce rapport m'a
été remis en janvier. Financement d'une étude
d'implantation d'une société à but lucratif où
pourrait se regrouper une partie du personnel concerné; c'est une des
recommandations du groupe de travail. Cette étude a été
financée conjointement avec le gouvernement fédéral et
nous en avons eu les résultats récemment. Nous sommes en train
d'analyser les suites à y donner.
Finalement, requête auprès du gouvernement
fédéral aux fins d'amender la Loi canadienne sur les brevets de
façon à mieux protéger les entreprises qui effectuent au
Québec de la recherche et du développement. Il s'agissait
là de la principale cause du départ de la compagnie Ayerst et de
certaines autres, ou du retard de certains développements dans le
domaine. Finalement, après beaucoup de pression, le ministre
fédéral responsable du dossier a annoncé récemment
qu'il allait procéder à une révision de la Loi sur les
brevets.
D'autre part, nous avons poursuivi la préparation de rapports de
conjoncture qui, là, sont beaucoup plus au niveau des bilans et des
orientations de la recherche dans certains secteurs. Cette activité,
dont les ministères sectoriels demeurent maîtres d'oeuvre et
à laquelle le Secrétariat à la science et à la
technologie a apporté un appui technique et financier, porte sur
l'état de la recherche et du développement dans différents
secteurs. S'ensuivra une consultation à la suite de laquelle ces
rapports serviront de base pour la préparation de programmes
d'intervention ou de mesures pour le soutien à la recherche.
Le rapport de conjoncture sur le secteur des communications a
été publié en avril 1982 sous le titre Bâtir
l'avenir et le ministère des Communications en assume le suivi. Il y a
d'ailleurs un sommet des communications en cours qui s'inspire largement de ce
document dans son volet recherche et développement.
Dans le domaine des forêts, des transports et de
l'agro-alimentaire, les
rapports sont en voie de réalisation. En fait, j'ai rendu public
récemment le rapport sur les transports en compagnie du ministre des
Transports et une consultation est prévue à l'automne. Nous
ferons bientôt de même pour celui des forêts; celui de
l'agro-alimentaire devrait nous arriver plutôt vers la fin de
l'été. Une démarche analogue a été faite
dans le secteur de l'environnement. Nous sommes au tout début dans ce
cas. Or, c'est une opération qui prend à peu près un an et
demi.
Développement régional. Grâce à l'action du
Conseil de la politique scientifique, un bilan régional en science et
technologie a été préparé par une table de
concertation représentative de la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Ce bilan identifie les forces et les faiblesses sur le
plan de la science et de la technologie, dégage les orientations en vue
de projets de développement. Une action analogue est actuellement en
cours dans la région de la Mauricie et des Bois-Francs. On a eu un
rapport préliminaire la semaine dernière. Le rapport
définitif sera publié en septembre, M. le Président. La
même démarche sera entreprise dans les autres régions en
1983-1984. De plus, nous avons apporté notre contribution aux documents
de consultation que le ministre responsable a préparés en vue de
dégager une politique de développement régional. Nous
avons également visité chacune des régions du
Québec pour identifier des projets susceptibles d'être
valorisés, notamment, des projets de centres de recherche ou de
développement technologique.
Dans le domaine des études et des recherches, au cours de
l'exercice 1982-1983, le secrétariat a poursuivi ses travaux de
façon à permettre au gouvernement de se doter des outils
nécessaires pour promouvoir un développement harmonisé de
la recherche scientifique. C'est ainsi que dans le domaine de la recherche
gouvernementale, enfin, des différents fonds et des dépenses
gouvernementales, il a quantifié les ressources investies par le
gouvernement du Québec en activités scientifiques et techniques
et plus particulièrement en recherche et développement, en vue de
permettre une répartition des ressources plus conforme aux
priorités. Cette opération nous a permis d'ailleurs d'augmenter
substantiellement la part du budget gouvernemental affectée à la
science et à la technologie. Cette étude n'est pas
étrangère aux mesures que vous avez pu constater dans le dernier
discours sur le budget et dans le dernier discours inaugural.
Dans le domaine de la recherche industrielle, le Bureau de la science et
de la technologie a continué à répertorier les
activités de recherche et de développement
réalisées par l'entreprise privée et à mesurer
l'importance de ces activités ainsi que le niveau et la quantité
des ressources impliquées. Dans le secteur de la recherche
universitaire, des indicateurs ont permis de comparer les niveaux
d'activités des universités québécoises entre elles
et avec celles d'autres provinces. Certaines recherches statistiques du Bureau
de la science et de la technologie ont été publiées,
d'autres le seront en 1983-1984.
Du côté de la culture scientifique, les efforts se sont
poursuivis de façon à favoriser la diffusion de la connaissance
scientifique. Ainsi, des groupes de travail ont été formés
en vue de définir une politique de muséologie scientifique, de
formuler des recommandations, notamment quant à l'avenir du site
fossilifère de Miguasha - c'est un des sites reconnus sur le plan
mondial - et d'étudier les possibilités de réalisation
d'une maison de la science et de la technologie à Montréal.
Le deuxième concours de journalisme scientifique a
été lancé, à la suite des résultats probants
de la première expérience l'année dernière et de la
publication du Bulletin de la science et de la technologie a également
été continuée.
Par ailleurs, plusieurs initiatives ont pu être soutenues
grâce au Fonds spécial d'incitation. Il y a des mesures d'aide au
développement de laboratoires de recherche industrielle dans certains
cas, des subventions à des projets d'édition de travaux
scientifiques en langue française, l'appui financier à des
activités de loisir et de vulgarisation scientifique, notamment une aide
financière à l'Expo-science au Salon de la science et de la
technologie et également à Hebdo-Science.
En matière de relations extérieures, du côté
fédéral-provincial, nous sommes intervenus à plusieurs
occasions pour faire connaître les positions et les intérêts
du Québec à propos de dossiers de nature scientifique et
technique, notamment en ce qui a trait à l'insuffisance des
dépenses et des investissements de recherche effectués par le
gouvernement fédéral au Québec ainsi qu'à
l'établissement, à Montréal, d'un Centre international de
génie génétique et de biotechnologies. Certains
succès ont été obtenus de ce côté.
Enfin, en ce qui a trait à la coopération scientifique et
technique, un protocole de coopération en biotechnologies a
été signé avec la France et d'autres axes de
coopération sont présentement explorés, notamment en
informatique. Mentionnons également que, sur ma recommandation, le
ministre des Affaires intergouvernementales a nommé un conseiller
scientifique et technique à Paris, à la Délégation
générale.
J'en arrive au Virage technologique. Aux fins de l'implantation du
programme d'action économique 1982-1987, Bâtir le
Québec II, on m'a confié la responsabilité directe
de la réalisation d'une quarantaine de mesures à contenu
scientifique et technologique. Je dois également assurer le suivi de
l'implantation de toutes les autres mesures du Virage technologique et faire
périodiquement rapport sur l'état d'avancement des travaux. Je
tiens à souligner que ces rapports seront rendus publics.
Dans le respect des responsabilités propres à chacun des
ministères concernés, un dispositif a été mis sur
pied de façon à animer et coordonner la progression des
différents dossiers. Un bilan de la première année
d'implantation sera bientôt rendu public. D'ores et déjà,
on peut affirmer que le virage est bien amorcé dans les 17
ministères et sociétés d'État chargés de
réaliser les quelque 200 mesures contenues dans le Virage
technologique.
Pour 1983-1984, il nous reste à concilier certains chiffres avec
le chevauchement des années financières et à distinguer
les crédits des mesures fiscales et des investissements
intrabudgétaires; cependant, une première évaluation nous
indique un effort financier additionnel de l'ordre de 200 000 000 $ dans les
secteurs prioritaires du Virage technologique.
Je tiens à souligner que, lorsqu'on évalue l'aide
fédérale et les projets annoncés par le gouvernement
fédéral de 700 000 000 $ en deux ans, à l'échelle
du Québec, cela constitue un effort deux fois plus intense que celui que
le gouvernement fédéral a annoncé.
Dans le domaine des biotechnologies et de la santé, nous aurons
des dépenses d'environ 20 000 000 $, incluant les dépenses
découlant du plan triennal "À l'heure des biotechnologies", les
investissements de la Société générale de
financement, par sa filiale BIO-MÉGA, le démarrage d'un centre de
fractionnement sanguin à l'Institut Armand-Frappier et d'autres
initiatives sont en cours. C'est un minimum de 20 000 000 $ qui sera
dépensé cette année.
En informatique, nous avons réussi finalement à contribuer
au démarrage du projet Vidacom. Il s'agit d'une innovation technologique
extrêmement importante. Nous avons également environ une dizaine
de millions de dollars à investir dans les centres de diffusion
technologique. Le premier a été annoncé il y a environ un
mois dans le domaine de la conception et de la fabrication assistée par
ordinateur, ce qu'on appelle la CAO-FAO. À même l'enveloppe de mon
ministère, nous investirons environ 6 000 000 $ la première
année pour l'achat d'équipement dans ce domaine. Dans le domaine
de l'informatique, nous pouvons, en tenant compte de l'introduction des
micro-ordinateurs dans les écoles et les achats de bureautique - en
somme, à la fois crédits et investissements - évaluer
à environ 50 000 000 $ l'effort du gouvernement du Québec.
Dans le domaine de l'énergie et des ressources, le projet d'une
usine expérimentale de méthanol va démarrer, la
décision a été prise. On note aussi un accroissement assez
considérable des crédits de l'Institut de recherche en
énergie du Québec, l'IREQ. Il y a également des
investissements à prévoir dans le domaine de l'hydrogène.
On note une augmentation de 30% du budget pour un centre de recherche
minérale et un certain nombre d'autres mesures pour un minimum de 40 000
000 $.
Nous investirons en outre un minimum, là aussi, de 50 000 000 $
dans l'aide à la recherche industrielle. Il y aura un accroissement
assez considérable des budgets du Centre de recherche industrielle du
Québec, l'extension de trois nouveaux programmes à la
Société de développement industriel du Québec, et
une mesure fiscale d'aide à la recherche industrielle qui coûtera
au minimum 26 000 000 $ en crédits d'impôt.
Dans le domaine de la formation et de l'emploi scientifique, nous avons
dégagé des crédits pour financer des clientèles
additionnelles dans les universités, dans les secteurs prioritaires du
Virage technologique, et pour favoriser la mise sur pied de centres
spécialisés dans les collèges d'enseignement
général et professionnel. Nous affecterons également,
à même les budgets de mon ministère, 4 000 000 $ pour la
création d'environ 1000 nouveaux emplois scientifiques et
technologiques. Je m'excuse, il y a ici une petite erreur, ce n'est pas
à même les budgets de mon ministère totalement, car il y en
a une partie qui émarge au budget du ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu dans l'ensemble des 250
000 000 $. Il y a deux des programmes qui émargent au budget de mon
ministère pour environ 2 500 000 $ et 1 500 000 $.
Mme Dougherty: ...scientifique.
M. Paquette: Le soutien en emploi scientifique - c'est dans les
crédits du ministère - et le programme d'étudiants
stagiaires également, n'est-ce pas, M. le sous-ministre?
Au niveau des subventions directes à la recherche scientifique,
il y aura une augmentation d'environ 10 000 000 $ dans les crédits des
divers fonds subventionnaires et la mise sur pied d'une fondation qui
recueillera notamment les fruits d'une partie de l'impôt sur les
successions, tel que le ministre des Finances l'a annoncé
récemment.
Cela m'amène à dégager un certain nombre
d'orientations et d'objectifs que nous
poursuivrons notamment en 1983-1984. D'abord, favoriser l'introduction
des nouvelles technologies. Par nouvelles technologies, on entend bien
sûr la micro-électronique, qui se diffuse rapidement depuis
quelques années déjà, et les biotechnologies dont les
principales applications sont encore à venir, mais d'autres aspects de
l'explosion scientifique et technique doivent également figurer en bonne
place: énergies nouvelles, aérospatial, océanographie, les
lasers de puissance en mécanique, etc. Nous avons déjà
mentionné les efforts déployés pour soutenir l'industrie
électronique et les bio-industries. Ces efforts doivent être
accrus et d'autres mesures seront bientôt dévoilées ou
mises en place.
Le développement de ces nouvelles industries ne doit cependant
pas faire oublier qu'une modernisation des industries en place est autant
à l'ordre du jour. Plusieurs mesures du Virage technologique abordent la
modernisation des pâtes et papiers, la consolidation des secteurs
traditionnels comme le meuble, le vêtement, l'industrie du bois de
sciage. Les exemples ne manquent pas où l'accent sur les nouvelles
technologies doit être présent encore plus qu'il ne l'était
dans le passé. Pour assurer cet arrimage, beaucoup de moyens peuvent
être utilisés; le soutien financier de l'État,
l'admissibilité aux programmes d'aide de même que la
révision graduelle de la réglementation et de la
législation qui doit être poursuivie.
Un outil important, bien sûr, est la politique d'achat de
l'État québécois qui doit servir à
l'éclosion et au développement d'entreprises
génératrices de produits de haute technologie et de forte valeur
ajoutée. Deux exemples récents où l'on s'efforce de faire
jouer à ce levier le rôle qu'on doit en attendre: les
micro-ordinateurs dans les écoles et l'équipement bureautique au
gouvernement du Québec. Il s'agit d'un marché de 150 000 000 $ en
cinq ans dans le premier cas, simplement dans le matériel, et d'environ
40 000 000 $ à 50 000 000 $ dans les trois prochaines années dans
le cas de la bureautique, dans les services du gouvernement.
Ces cas tests nous permettront d'affiner nos objectifs,
d'améliorer nos façons d'acheter pour faire en sorte qu'une
politique globale et efficace soit mise en oeuvre dans les meilleurs
délais. Tout en respectant leur autonomie, une telle politique pourrait
faire le lien avec celle des partenaires du gouvernement dans un esprit de
concertation. (12 heures)
Deuxième objectif: Il faut augmenter l'effort global de
recherche-développement. Il faut reconnaître qu'un vaste effort de
rattrapage est nécessaire en matière de
recherche-développement. Des gestes récents, comme les nouvelles
mesures fiscales, la création d'une fondation pour le soutien et la
recherche scientifique prévue au projet de loi no 19 et plusieurs autres
mesures prises en 1982-1983 témoignent de notre volonté
d'accroître les crédits à la
recherche-développement.
S'il s'agit de continuer d'accroître et de stimuler l'aide
à la recherche universitaire et d'accroître encore plus
considérablement le soutien à la recherche-développement
industrielle, des priorités doivent être clairement
identifiées et maintenues. Il ne saurait en être autrement alors
que les investissements requis sont d'une ampleur telle qu'elle interdit de
promouvoir l'excellence avec autant de vigueur dans tous les domaines à
la fois. Des lignes de conduite se dégagent facilement de ces
constatations: éviter la dispersion des moyens, concentrer les efforts,
concerter davantage ces mêmes efforts en bannissant toute forme de
cloisonnement. Enfin, le gouvernement fédéral devra amorcer
sérieusement le rattrapage du retard que le Québec connaît
par rapport aux investissements fédéraux consentis en Ontario,
notamment: pour 1 $ dépensé au Québec, le gouvernement
fédéral dépense 3 $ en Ontario.
Troisième objectif: Assurer la valorisation industrielle de la
recherche. Cet effort accru de recherche ne saurait être un but en soi.
Il n'a de sens que dans la mesure où il crée les conditions
immédiates ou lointaines de développement économique,
social et culturel de notre société. Cela signifie, en d'autres
mots, que la recherche doit féconder l'activité dans le but de
créer de nouveaux procédés techniques et de nouveaux
produits, notamment. Il incombe à tous les acteurs engagés dans
le processus de recherche et de développement de faire sauter les
cloisonnements qui les séparent et qui, en fin de compte,
stérilisent l'effort que consent la collectivité dans ce domaine.
Cela est vrai des chercheurs qui se désintéressent trop souvent
des conséquences et des applications industrielles de leurs recherches.
Cela est vrai également des entrepreneurs qui, souvent
préoccupés par le court terme et la crise économique,
n'accordent qu'une place trop exiguë à la recherche dans leurs
entreprises. Cela est vrai aussi de l'État qui, dans le passé,
n'a pas su jeter les passerelles adéquates entre le chercheur et
l'entrepreneur, entre le laboratoire et l'industrie.
Pour sa part, le gouvernement québécois s'apprête
à prendre les moyens nécessaires. En premier lieu, le projet de
loi sur la science et la technologie prévoit la mise sur pied d'une
Agence de valorisation industrielle de la recherche dont la tâche
première sera justement de favoriser le transfert de la recherche et sa
valorisation au sein de l'industrie. À ce jour cette tâche n'est
accomplie de façon systématique par
aucun relais totalement ou partiellement destiné à cette
fin.
D'autres moyens sont à envisager qui peuvent concourir au
même but, mais de manière différente. On peut penser
notamment au développement de l'emploi scientifique dans les
entreprises, à la mise sur pied de centres de recherche conjoints
université-industrie spécialisés dans des secteurs
où le Québec possède d'indubitables avantages comparatifs.
Enfin, il faut favoriser un tel effort de valorisation de la recherche partout
où, dans les organismes de recherche existants, une contribution
intéressante est prévisible.
Quatrièmement: Développer les ressources en science et
technologie. J'ai indiqué l'extension de nos programmes de soutien
à l'emploi scientifique et l'adaptation de la formation des
étudiants aux besoins du marché du travail. On aurait pu
mentionner également le programme UNI-PME qui a été
reconduit, les efforts du Centre de recherche industrielle dans le soutien
technique aux entreprises, des aménagements qui sont en cours
d'élaboration dans les universités et les industries pour mettre
à la disposition des entreprises des ressources qui y existent.
Également, ces dispositions, comme le stipule une des mesures du Virage
technologique, pourraient se faire avec avantage face aux organismes
gouvernementaux qui pourraient augmenter leurs liaisons avec l'entreprise.
À ces efforts, on peut envisager d'ajouter d'autres moyens qui
favorisent l'établissement de passerelles entre le personnel des
différentes institutions où s'effectue de la recherche
jusqu'à l'élaboration d'une véritable politique de la
main-d'oeuvre scientifique. Je pense que c'est un dossier majeur qui devrait
être entrepris en 1983-1984. Il faut prendre ce problème et cette
question dans une optique d'ensemble, à la fois la dimension des emplois
disponibles dans les universités, dans les entreprises, l'immigration de
compétences scientifiques... Il faudrait peut-être arrêter
d'exporter des cerveaux et en importer aussi. Donc, il y a de multiples
dimensions et la responsabilité nous en est d'ailleurs donnée
dans le projet de loi de la science et de la technologie qui est à
l'étude à l'Assemblée nationale.
Cinquièmement, et c'est peut-être le plus important, il
faut que l'innovation sociale accompagne l'innovation scientifique et
technologique. En ce sens, il faut miser aussi sur la recherche en sciences
humaines dans ce domaine-là mais également l'intervention de tous
les agents socio-économiques.
Partout dans le monde, on s'inquiète de l'impact des nouvelles
technologies sur l'emploi et la qualité de vie au travail. On tente
d'accoucher d'un nouveau mode d'organisation du travail rendu nécessaire
par la crise économique et la révolution technologique qui
l'accompagne.
On pense à la mise en place du travail partagé pour
contrer la diminution de l'emploi, à la rotation des postes de travail
pour secouer le caractère un peu aliénant parfois du travail
posté, à l'élargissement et l'enrichissement des
tâches qui confèrent plus de responsabilités aux
travailleurs et aux travailleuses et à la constitution de groupes de
travail davantage autonomes.
Dans la même ligne de pensée, le récent document de
l'Association des manufacturiers canadiens, qui regroupe environ 10 000
entreprises, recommande notamment le recyclage des travailleurs pour qu'ils
s'adaptent à l'évolution technologique, une participation des
travailleurs à la prise des décisions dans l'entreprise et
surtout une attitude nouvelle quant aux relations du travail.
En fait, cette attitude nouvelle constitue sans doute la première
des innovations à considérer et sans laquelle le virage
technologique servirait mal les hommes et les femmes du Québec.
Voilà pourquoi, avec mes collègues de la Main-d'Oeuvre et
de la Condition féminine principalement, nous envisageons la mise sur
pied d'une commission publique, qui nous permettrait d'identifier les
conséquences des changements technologiques sur les personnes au travail
et de prévoir les mesures concertées qui s'imposent pour mieux
répartir l'emploi et améliorer la qualité de vie au
travail.
En conclusion, toute cette nomenclature de mesures, de programmes et de
projets imprégnés par la révolution technologique en cours
nous rappelle que notre société, plongée dans la crise
économique, est en proie à une mutation économique,
sociale et culturelle profonde.
Nous ne faisons que commencer à prendre en compte tous les
tenants et aboutissants de cette période de changement qui s'annonce
d'ores et déjà gigantesque. Nous ne faisons aussi que commencer
à agir sur les conditions d'apparition d'une nouvelle
société porteuse d'un nouveau modèle de
développement économique, de nouvelles habitudes sociales et
culturelles.
Il est certain aussi que nous prenons graduellement conscience que notre
tâche, en tant que gouvernants, n'est pas, n'est plus de gérer
frileusement la décroissance, mais plutôt de gérer
lucidement la période de changement qui sépare un vieux
modèle de développement pas tout à fait
dépassé et un nouveau modèle de développement en
émergence.
C'est ma conviction, en regardant d'autres sociétés qui se
tirent parfois mieux que nous de la crise actuelle, que l'avenir du
Québec passe par la concertation. Il faut rompre nos habitudes sociales,
d'abord en
abattant les cloisonnements stérilisants entre patrons et
employés, entre secteur privé et secteur public, entre chercheurs
et entrepreneurs.
Il faudrait que l'on se dise que nous ne sommes pas d'abord et avant
tout en compétition entre nous, mais en compétition sur le plan
international, avec les autres peuples, avec les autres nations, avec les
autres sociétés.
Pour réussir pleinement un virage technologique absolument
nécessaire pour relever le défi également de l'excellence
scientifique et technologique, il nous faut cette solidarité dont notre
peuple a toujours su faire preuve face aux grands défis.
Voilà les quelques remarques, M. le Président, que j'avais
à faire au début des travaux de cette commission. J'espère
ne pas avoir été trop long.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre.
Mme la députée de Jacques-Cartier.
Mme Joan Dougherty
Mme Dougherty: C'est un vaste programme, M. le ministre
délégué. Je suis heureuse que vous ayez de larges
épaules. Je suis très heureuse d'avoir l'occasion de participer
comme - j'ai une copie ici, je peux vous la remettre si vous le voulez parce
que cela établit pour moi une espèce d'ordre du jour des
questions que j'aimerais soulever - porte-parole de notre formation politique
à l'étude des crédits du ministre
délégué à la Science et à la
Technologie.
Même si les crédits consacrés à ce budget ne
représentent qu'un petit pourcentage du budget gouvernemental, le
défi d'un développement scientifique et technologique qui
s'impose à notre société représente un défi
énorme qui dépasse le mandat d'un seul ministère. C'est un
défi qui devrait forcément impliquer tous les ministères
et tous les citoyens du Québec parce que au coeur du défi
réside la question: Comment peut-on réorienter nos
énergies, nos activités, nos institutions publiques,
parapubliques et privées pour qu'elles puissent favoriser l'excellence?
Comment peut-on favoriser l'excellence de nos ressources humaines, l'excellence
de notre performance, l'excellence des idées, produits et services que
nous offrons à notre société au monde entier?
Il est maintenant largement reconnu que nous sommes dans une guerre
mondiale, une guerre de "survival of the foetus" où les gagnants seront
ceux qui manifesteront les meilleures idées, les meilleures
capacités créatrices, la plus grande adresse à exploiter
les idées à des fins utiles. Notre qualité de vie en
dépend. J'irai jusqu'à dire que notre survie collective et
individuelle en dépend.
C'est une véritable révolution des valeurs qui s'impose.
C'est une révolution qui demande qu'on mette plus l'accent sur la
qualité de nos actions plutôt que sur leur quantité. C'est
une révolution qui soulève de sérieuses questions sur le
rôle du gouvernement face à l'individu dans notre
société, au rôle et aux objectifs de nos institutions
d'enseignement, au rôle et à l'importance du secteur privé
dans notre poursuite de l'excellence, ainsi qu'aux relations entre travailleurs
et employeurs dans notre société. C'est une révolution qui
demande qu'on fasse notre possible pour libérer et maximiser notre
potentiel. C'est dans ce contexte que j'aimerais aborder la discussion
aujourd'hui. Si mes questions et mes commentaires sont durs, c'est parce que je
suis convaincue que notre engagement et notre volonté de prendre le
virage technologique ne se réaliseront que si on a le courage de
remettre en question les valeurs sociales, économiques et politiques qui
sont la base même de notre société.
Je voudrais vous assurer que je n'ai pas l'intention de jouer le jeu
partisan ici. Pour moi, le défi du développement scientifique est
trop important pour notre avenir collectif. Au cours des derniers mois, j'ai
suivi les déclarations du ministre délégué avec
beaucoup d'intérêt et j'aimerais souligner que je partage son sens
de l'urgence et même son impatience, ainsi que ses objectifs pour la
plupart tels qu'il les a énoncés. Cependant, j'ai des
inquiétudes à bien des égards. Premièrement, je
suis convaincue que le rôle du gouvernement n'est pas de gérer -
et j'emploie ici le mot gérer dans le sens de gouverner - le
développement scientifique et technologique du Québec. En fait,
je suis persuadée qu'aucun gouvernement ne peut gérer le
développement scientifique et technologique. Pour moi, c'est une
contradiction des termes. Étant donné que notre capacité
d'innover, que notre capacité créatrice est le véritable
moteur de notre développement scientifique et technologique, et donc
économique, il me semble que le rôle du gouvernement est de
créer, de faciliter et de nourrir un climat propice à
libérer le potentiel créateur de nos citoyens.
Je crois que le rôle du gouvernement est d'équiper nos
citoyens des meilleurs outils pour survivre et de leur donner la plus grande
marge de manoeuvre possible pour réaliser leurs propres objectifs. Je me
demande sérieusement s'il est réaliste de s'attendre qu'un
gouvernement interventionniste, centraliste et bureaucratique, voué au
protectionnisme tant sur le plan économique que sur le plan culturel,
linguistique et politique, ait la capacité de faire volte-face afin de
créer les conditions fiscales et sociales essentielles pour favoriser le
virage scientifique et technologique, ce virage qui est indispensable pour
assurer notre santé
économique future. (12 h 15)
Chaque jour, on lit dans les journaux des témoignages d'hommes
d'affaires, de chefs d'entreprises de haute technologie, d'ingénieurs,
de scientifiques et d'investisseurs qui déplorent les conditions
fiscales, la surréglementation, les contraintes linguistiques,
l'instabilité politique, l'esprit de confrontation qui règnent au
Québec, toutes les conditions qui découragent l'esprit
d'entrepreneurship qui est la clé de notre développement et qui
nous rendent incapables de maintenir et d'attirer la main-d'oeuvre
spécialisée et les investissements dont nous avons tellement
besoin.
Je sais que le ministre délégué à la Science
et à la Technologie n'est pas le seul responsable, mais en tant que
coordonnateur et peut-être leader, parmi les ministres responsables de
l'implantation du virage politique et technologique, je crois qu'on ne peut
ignorer ces facteurs négatifs dans la discussion qui se
déroulera.
Deuxièmement, j'ai de sérieuses questions sur la faiblesse
de l'éducation dans le domaine des sciences et des mathématiques
dans nos écoles. Il me semble que la philosophie même qui est
à la base de notre système d'éducation publique diminue le
climat d'excellence qu'on veut nourrir. L'accent sur l'égalitarisme
risque de mener à la médiocrité. Pis encore, j'ai peur que
le nouveau régime pédagogique aille institutionnaliser la
médiocrité. Le régime qui met l'accent sur l'acquisition
des connaissances selon les objectifs minimaux jouera contre nos meilleurs
étudiants, nos esprits créateurs, nos futurs leaders dans la
révolution scientifique et technologique. Même si l'intention du
ministre de l'Éducation est bonne, à savoir l'augmentation des
standards de fond en comble, je prévois des résultats graves pour
ceux qui aspirent au défi de l'excellence. Il est grand temps, à
mon avis, qu'on revalorise l'élite de notre société -
quand je parle d'élite, je ne parle pas des riches, je parle de ceux qui
ont de la "bolle", des plus compétents, des esprits créateurs -
et qu'on leur donne tout notre appui et tout l'honneur qu'ils méritent
ainsi que toute la marge de manoeuvre dont ils ont besoin.
Troisièmement, les universités. Il est évident
qu'il existe deux problèmes majeurs. D'abord, le niveau
général de financement de nos universités en est rendu au
point où on risque de sacrifier leur mission primordiale, la poursuite
de l'excellence. Toutes nos universités ont coupé leurs
activités au strict minimum et maintenant, le gouvernement cherche
encore 20 000 000 $ en dépit du fait que le secteur universitaire ait
déjà subi au cours des récentes années les plus
graves coupures par rapport aux autres secteurs de l'éducation. À
ce problème, il faut ajouter notre manque d'infrastructure pour la
recherche, situation "catch 22" en ce qui concerne les subventions
fédérales. C'est une situation malheureuse qui est longuement
analysée dans le récent rapport du Conseil des
universités.
Il est urgent que nous nous intéressions à ce
problème. Il s'agit d'une priorité. J'espère que le
ministre délégué à la Science et à la
Technologie insistera auprès du Conseil des ministres sur l'importance
primordiale d'appuyer nos universités à tout prix. Je crois que
le pouvoir d'une nation repose sur ses citoyens et non sur son gouvernement. Un
gouvernement qui voudrait nourrir l'excellence devrait établir comme
première priorité la qualité de ses ressources humaines.
Dans la révolution technologique, ce sont les connaissances qui nous
donneront le pouvoir: "Knowledge is power". Si on sacrifie nos
universités et nos autres organismes éducatifs, on risque de
manquer le bateau, faute de compétence pour relever le défi de la
révolution des connaissances technologiques.
Quatrièmement, j'ai des inquiétudes dans le domaine de la
main-d'oeuvre où nous avons tellement besoin de programmes de recyclage,
de programmes pour les décrocheurs et de programmes pour les femmes qui
seront les plus touchées par les changements provoqués par les
nouvelles technologies.
J'ai pris note dans une de vos déclarations, et encore
aujourd'hui, M. le ministre, que vous aviez l'intention de mettre sur pied une
commission publique pour discuter de l'impact des changements technologiques au
travail et des mesures qui s'imposent. Je vous en félicite. Le
défi de trouver la volonté et les moyens de s'ajuster d'une
façon continue à un marché de travail flou et
imprévisible est complexe, et je ne voudrais pas en minimiser la
difficulté. Mais ce qui m'inquiète, ce sont les
difficultés fabriquées par le gouvernement même qui
ajoutent inutilement au problème. Je soulèverai seulement un
exemple. Les fonds disponibles du gouvernement fédéral sous le
National Training Act sont de 179 000 000 $ pour le Québec et ils ne
sont pas dirigés vers nous, bien que nous en ayons grandement besoin. Il
semble plutôt que nous n'en faisions pas la demande. Je sais que le
gouvernement fédéral a déjà approuvé des
dizaines de millions de dollars pour des projets dans d'autres provinces, des
projets en micro-électronique pour les jeunes, des cours techniques pour
les femmes et de nouveaux laboratoires au niveau collégial. J'ai
soulevé cette question avec le ministre de l'Éducation pendant
l'étude des crédits de l'Éducation et le ministre a mis
à l'écart le problème en disant que les priorités
du gouvernement fédéral ne sont pas les mêmes que celles du
Québec.
M. le Président, je considère une telle attitude de la
part de notre gouvernement tout à fait inacceptable. Le gouvernement se
plaint, d'une part, de ne pas recevoir sa juste proportion des fonds
fédéraux et, d'autre part, en même temps, il refuse
d'exploiter ces fonds à des fins urgentes, pour des raisons enfantines.
Je crois que les citoyens du Québec en ont assez de ces querelles
politiques dont ils sont toujours les innocentes victimes. J'espère, M.
le ministre, que vous pourrez encourager vos collègues à
s'élever au-dessus de ce genre de débat pour le bien de nos
citoyens.
Cinquièmement, j'aimerais souligner en passant une autre
situation qui évolue pour le pire, à mon sens, situation qui va
rendre le gouvernement incapable de promouvoir le virage technologique d'une
façon positive. C'est le dédoublement des responsabilités
ministérielles, la diffusion et la confusion des mandats, la dilution de
l'imputabilité de chaque ministère qui provoquent
inévitablement des chicanes interministérielles et assurent une
administration paralysée et incompétente. Nous aurons une autre
occasion d'en discuter lors de l'étude du projet de loi que crée
votre ministère. Donc, je n'ai pas l'intention de poursuivre
là-dessus aujourd'hui.
J'en arrive à d'autres sujets que j'aimerais ajouter à
notre ordre du jour pour les prochaines heures.
Premièrement, les politiques et les priorités d'action du
gouvernement en ce qui concerne la science et la technologie. J'ai lu
soigneusement vos déclarations et je vois mal un focus clair. Avec des
ressources illimitées, on peut vaincre le monde, mais, pour être
réaliste, il me semble qu'il faut faire des choix. J'aimerais savoir
où vous en êtes rendus dans l'élaboration de la politique
scientifique.
Deuxièmement, l'implantation de l'informatique dans les
écoles, les cégeps et les universités. J'aimerais
connaître votre rôle dans ce secteur et savoir quels sont les
problèmes que vous envisagez.
Troisièmement, les centres de recherche que vous avez souvent dit
que vous aviez l'intention d'établir. Vous les avez mentionnés ce
matin dans votre discours. J'aimerais avoir quelques précisions. Quel
genre de centres envisagez-vous? En collaboration avez qui? Où? Qui
paiera? D'où vient la main-d'oeuvre pour chacun? Quels sont leurs
mandats respectifs?
Quatrièmement, l'industrie pharmaceutique, concernant
principalement la question des brevets et l'avenir des chercheurs de la
compagnie Ayerst.
Cinquièmement, la biotechnologie, qui est un secteur vaste et
prometteur. Il y a un centre de recherche annoncé par Ottawa, il y a le
Bio-Endo mis sur pied il y a quelques mois et sur lequel j'aimerais avoir
quelques renseignements. Il y a d'autres dimensions que j'aimerais soulever:
par exemple, le potentiel de la biotechnologie en agriculture. Je crois que
nous aurons le projet de loi no 30 sur la protection de l'environnement. Il y a
eu une politique préparée pour le gouvernement, suivie de la
réaction et des recommandations du Conseil de la politique scientifique
et j'aimerais avoir des précisions sur le cheminement de ce vaste
projet.
Relativement aux mesures annoncées récemment par le
gouvernement pour soutenir les chercheurs scientifiques et l'emploi
scientifique, il y a déjà quelques renseignements, mais j'aurai
besoin d'autres précisions, surtout sur les budgets de chacun.
À quel stade en est rendue l'élaboration de la politique
d'achat qui pourrait être un outil important pour le développement
de nos industries à haute technologie? Où en est-on avec les 10%
de ristourne sur les dépenses salariales pour fins de recherche et de
développement annoncés par le ministre des Finances dans son
discours sur le budget? On offre aux gens de maintenir et d'attirer des
spécialistes, des scientifiques et des technologues de classe mondiale.
Cette question traite du "brain drain" et des mesures que vous envisagez pour
le renverser.
Dixièmement, la question de la langue. La langue française
en science et en technologie implique la loi 101 ainsi que l'apprentissage de
l'anglais comme langue seconde.
Onzièmement, la non-compétitivité de nos industries
traditionnelles du textile. J'aimerais connaître votre opinion sur la
stratégie que le gouvernement devrait favoriser dans ce secteur.
Douzièmement, si le temps me le permet, j'aimerais aborder la
question des relations travailleurs-employeurs que vous avez soulevée et
qui n'est sûrement pas le sujet le moins important pour le virage
technologique. Comme il s'agit d'un sujet qui trouvera d'autres forums, on ne
peut le soulever que de façon préliminaire ici.
Finalement, l'idée d'un musée scientifique, dont vous avez
parlé à plusieurs reprises.
Le Président (M. Gagnon): Merci, Mme la
députée de Jacques-Cartier. Est-ce qu'il y a d'autres remarques
préliminaires ou si M. le ministre veut apporter tout de suite...
Réplique du ministre
M. Paquette: Je ne sais pas si mes collègues voudraient
faire une intervention. Peut-être une première réaction
très brève avant qu'on aborde les questions un peu plus
particulières. Tout d'abord, j'aimerais dire à la critique
officielle de l'Opposition que la prise de conscience au sujet de
l'importance
de l'excellence scientifique et technologique pour notre
société a très certainement atteint l'Opposition. Je la
remercie de son exposé largement - je ne dis pas totalement mais
largement - non partisan, et même lorsqu'il se faisait partisan, je pense
que les divergences d'opinions sont davantage au niveau de l'idéologie
que de la politique partisane. En ce sens, j'aimerais peut-être
réagir à quelques remarques en laissant les sujets plus
particuliers pour cet après-midi et, à ce moment-là, on
pourrait y aller plus dans le détail.
À la page 3 de la déclaration de la critique de
l'Opposition, on lit cette affirmation: "Je suis convaincue que le rôle
du gouvernement n'est pas de gérer le développement
scientifique." Je pense que vous avez même parlé à un
moment donné "de gérer le changement, ce n'est pas une question
qui se gère." Il faut s'entendre. Il va de soi que la recherche
scientifique et l'innovation ne peuvent être administrées, prises
en charge totalement ou même majoritairement par quelque gouvernement que
ce soit. Là où je suis d'accord, c'est qu'il faut d'abord
stimuler, favoriser l'éclosion des projets d'innovation,
l'éclosion et l'appui, et les soutenir, ces projets. Cependant, quand on
parle de gérer le changement, gérer le développement
scientifique et technologique, il s'agit d'une transformation des rapports
entre le gouvernement et les divers agents socio-économiques. (12 h
30)
Un exemple de mesure où je dirais qu'on gère le
développement scientifique et technologique, c'est lorsqu'on
décide de mettre sur pied une table de concertation en informatique
électronique. On fait appel aux différents agents
socio-économiques de façon à stimuler une prise de
conscience et voir une réorientation des attitudes qui devra être
fondamentale. On sent un changement vital, notamment, sur ce dossier de
l'informatisation et de l'emploi.
On sent une prise de conscience tant du côté des centrales
syndicales que du côté de certains organismes patronaux qu'au
niveau de certaines entreprises particulières où patrons et
employés s'entendent. On voit des employés qui réclament
des mesures pour faire face au changement technologique, qui réclament
des congés d'éducation, des mesures de recyclage, de
réorientation professionnelle. On voit des patrons qui prennent
conscience de la nécessité d'une gestion participative. C'est
cela que j'appellerais gérer le changement. Le rôle d'un
gouvernement c'est de s'assurer que cela se fasse et là où je
vais tomber d'accord avec la députée de Jacques-Cartier, c'est
lorsqu'elle dit que ce n'est pas d'abord une question de quantité,
même s'il faut des budgets importants dans certains projets.
C'est d'abord une question de qualité, de changement d'attitude,
d'évolution rapide. Il va falloir qu'on se comprenne très bien
sur le terme "gérer le développement scientifique et
technologique".
Là où on arrive à une divergence d'opinions
fondamentale... Ce n'est pas vraiment une divergence d'opinions, dans le fond,
c'est un jugement de valeur que la députée de Jacques-Cartier
porte sur le gouvernement, quand elle dit: Le gouvernement interventionniste,
centraliste, bureaucratique, voué au protectionnisme tant sur le plan
économique, culturel, linguistique que politique. Je pense qu'elle fait
appel à une vision que partagent d'ailleurs un certain nombre de
personnes, notamment le premier ministre canadien, qui ont gardé du
mouvement souverainiste québécois et du parti que nous
représentons de ce côté-ci de la table, une vision un peu
comme si nous étions les porteurs du nationalisme d'antan, d'un
Québec fermé sur lui-même.
Or, c'est justement pour que le Québec participe davantage au
monde que nous misons sur son intégrité linguistique et
culturelle, parce qu'un peuple qui ne peut miser sur ses valeurs, qui ne peut
trouver sa cohérence, qui est dispersé entre des appels provenant
de diverses cultures, qui doit utiliser tantôt sa langue, tantôt
une langue d'adoption, un peuple qui ne peut pas trouver sa cohérence
interne participera mal à l'évolution qui se fait sur le plan
mondial.
D'autre part, dans ce dossier particulier de la science et de la
technologie il est particulièrement évident que le fait que nous
devions, pour la majorité de nos relations extérieures et de nos
relations économiques extérieures, passer par un gouvernement
central alors que nous sommes dans un monde où les idées
circulent vite, où les échanges entre nations, entre entreprises,
entre équipes de recherche sont tellement importants, nous
défavorise, donc nous empêche de participer pleinement à
l'évolution qui se fait sur le plan international.
Par conséquent, cette critique-là, on ne peut pas
l'accepter. En fait, c'est tout le contraire; je pense c'est tout le sens de ce
projet d'excellence scientifique et technologique, de faire en sorte que le
Québec puisse interréagir avec les autres peuples et les autres
nations sans contrainte, sans le carcan de la dépendance politique que
nous impose le régime fédéral canadien.
D'autre part, interventionniste, je dirais plutôt volontariste. On
nous demande de toutes parts d'agir, nous n'allons pas rester inactifs. Je ne
ferai pas l'injure à la députée de Jacques-Cartier de dire
que de son côté elle est accrochée à une vision
dépassée du libéralisme qui veut qu'on laisse faire, dans
une période aussi importante de l'évolution de notre
société, qu'on laisse faire les divers
agents et qu'on se contente d'appuyer le développement ici,
d'appuyer un peu le développement là. Il est très
important de créer des conditions, de travailler avec les divers
intervenants, mais il faut que le gouvernement se donne les moyens aussi
d'intervenir. Je pense qu'on doit le juger sur la façon dont il
intervient et non sur le fait qu'il intervienne, sur le fait qu'il soit
interventionniste; je préfère le terme volontariste.
D'autre part, la députée de Jacques-Cartier parle un peu
plus loin - j'en suis à relever les commentaires plus politiques avant
qu'on entre plus dans le détail des dossiers particuliers - du
problème d'attirer ici des investisseurs et des innovateurs. Je pense
que c'est un problème qui est important parce que, bien sûr, il
faut d'abord viser à ce que les innovateurs et les investisseurs
naissent au sein de notre société, mais aucune
société dans le monde actuel ne peut prétendre à
l'autarcie: il faut exporter et importer à la fois des idées, des
produits, des ressources financières. Je prends le domaine de
l'informatique et de l'électronique qui est particulièrement
probant à ce point de vue. On exporte 80% de notre production au
Québec et on importe 90% de nos besoins. Donc, ce dossier est
extrêmement important.
J'ai aussi entendu bien sûr les critiques, la trilogie, à
savoir que le Québec ne peut attirer d'investissements et d'innovations
à cause de ses lois linguistiques, parce qu'il est administré par
un gouvernement souverainiste et parce que le niveau des taxes et le
régime fiscal sont trop élevés. Je dirais que le
problème vient beaucoup plus de la publicité négative que
l'on fait à un gouvernement, à une société qui est
en évolution rapide et qui veut changer l'ordre traditionnel des choses,
le problème vient beaucoup plus de l'image que du fond. Lorsque la
compagnie IBM a investi à Bromont, lorsque CGE l'a fait
également, lorsque Pechiney s'en vient à Bécancour,
lorsque Reynolds étend son aluminerie, elles savent pertinemment qu'il y
a au gouvernement du Québec un parti politique qui est au pouvoir et qui
vise à la souveraineté du Québec. Elles le savent
pertinemment et elles investissent. D'ailleurs, de 1976 à 1981, le taux
d'investissement au Québec avant la crise a été beaucoup
plus... Le rythme d'augmentation des investissements a été deux
fois plus rapide au Québec qu'en Ontario. Par conséquent, on peut
se demander si les faits ne démentent pas cette assertion.
Quant à la langue, justement parce qu'on est dans un domaine
international extrêmement tourné vers les relations
extérieures, les entreprises sont habituées à fonctionner
dans plusieurs pays, à avoir des relations avec les nations les plus
dynamiques. Or, les nations les plus dynamiques ne parlent pas anglais. C'est
assez intéressant. À l'exception peut-être des
États-Unis, les nations les plus dynamiques, le Japon, l'Allemagne, la
Suède, enfin, tous les pays Scandinaves, à peu près tous
les pays qui nous ont dépassés en termes de richesse par habitant
ne parlent pas anglais. Évidemment, on néglige de
présenter du Québec cette image extrêmement positive qu'il
est un des rares pays au monde à financer deux systèmes
d'enseignement, de la maternelle à l'université, qui sont
largement ouverts d'ailleurs aux innovateurs et aux investisseurs qui peuvent
venir travailler au Québec quant à leurs enfants, parce qu'il y a
des exceptions dont on ne parle jamais à la loi 101, notamment, quant au
fonctionnement des sièges sociaux et des centres de recherche et quant
à cette disposition qui permet d'accueillir les enfants pendant une
période de six années dans le réseau anglais sans frais,
aux frais de la collectivité, sans compter les ressources qu'offrent les
écoles privées et le projet d'école internationale qui est
en voie de développement.
Sur le plan des taxes, on parle toujours de l'impôt sur le revenu
qui, bien sûr, est plus élevé ici, au Québec, qu'en
Ontario notamment, et dans les autres provinces. Pour les salariés
à haut revenu, évidemment, c'est dû au fait qu'on a eu au
Québec des gouvernements progressistes, un gouvernement
social-démocrate depuis 1976 et avant, un gouvernement libéral au
pouvoir qui a bien changé, mais qui, dans le temps, pensait qu'il
fallait réduire les écarts de revenus dans la
société, donc adopter une échelle progressiste au niveau
des revenus avec le résultat que les salariés à bas revenu
paient moins d'impôt au Québec qu'en Ontario et les
salariés à haut revenu paient plus d'impôt qu'en Ontario.
Cependant, il faut analyser l'ensemble de la situation. Au Québec, on ne
paie pas de taxe de vente sur les produits essentiels, l'impôt foncier
est moins élevé qu'en Ontario, le coût de la vie, le
coût d'achat d'une maison est moins élevé à
Montréal qu'à Toronto. Quand on tient compte de tous les
facteurs, non seulement la taxation, mais le niveau de revenu, le niveau de
taxation de toutes sources, de toutes provenances, comme l'a fait
récemment l'étude de l'Union des banques suisses, on se rend
compte que, sur le plan international, par exemple, Montréal se situe
parmi les villes les moins chères, les plus avantageuses sur le plan
financier, même pour les gens à haut revenu.
Ce que nous ferons là-dessus au Secrétariat de la science
et de la technologie, c'est que nous préparerons à l'intention de
tous les milieux de recherche et les milieux d'entreprise une brochure
explicative, basée sur des faits indiscutables que nous soumettrons
à beaucoup de
personnes pour s'assurer que les faits sont bien là et qu'ils
sont objectifs.
Ce que je demanderais à l'Opposition, c'est de nous aider
à combattre cette image négative qu'on a projetée parfois,
parce qu'on était engagé dans une bataille politique et qu'on
avait à Québec un gouvernement qui ne faisait pas notre affaire.
On a projeté une image négative du Québec qui nuit
à tout le monde et, en particulier, à ceux qui s'en sont fait les
promoteurs. Je pense qu'il faut que tous ensemble, on combatte cette image
négative; comme je le répète, c'est beaucoup plus une
image qu'une réalité.
En ce qui concerne la question du dédoublement des
ministères, cela m'apparaît une question de nature assez
générale. Il va de soi que l'activité humaine est
extrêmement complexe dans nos sociétés modernes et,
malheureusement, elle ne se laisse pas découper en secteurs comme ceux
sur lesquels sont basés nos ministères. On arrive, par exemple,
avec un projet d'introduction des micro-ordinateurs dans les écoles. On
dit: Voilà un geste prioritaire à poser. Les écoles
relèvent du ministre de l'Éducation. La technologie que l'on peut
utiliser et introduire dans les écoles, je pense qu'on a un rôle
premier à jouer là-dedans. S'il s'agit de faire produire le
matériel ou le logiciel, il y a des ministères en nature
économique qui peuvent être intéressés, notamment le
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. Qu'est-ce qu'on a
fait? On s'est dit qu'on essaierait de respecter les responsabilités de
chacun. On créera un comité interministériel de
coordination où il y aura le fonctionnaire responsable de ce dossier
dans chacun des ministères et ce sont eux qui assureront
"l'interface".
Quand il s'agit d'introduire les ordinateurs dans les écoles, de
déterminer ies meilleures conditions pédagogiques et de
déterminer le rythme et où cela ira... J'ai mes idées
là-dessus parce que je connais très bien ce domaine; j'y ai
oeuvré personnellement. Mais en tant que ministre, je suis obligé
de dire que c'est au ministre de l'Éducation à voir comment cela
se fera. C'est ainsi que cela se passe aussi; c'est le ministère de
l'Éducation qui a déterminé les besoins. C'est le
ministère de l'Éducation qui mettra en route des programmes de
perfectionnement des maîtres. C'est le ministère de
l'Éducation qui s'assurera qu'il y a une aide pédagogique offerte
aux enseignants, c'est son rôle, c'est sa mission. (12 h 45)
II s'agit maintenant, à l'autre bout du spectre, de se demander
ceci: II y a un marché de 150 000 000 $ dans le matériel et il y
a un marché aussi important pour les cinq prochaines années dans
le logiciel, de quelle façon peut-on avoir les retombées
économiques maximales? Quelles sont les entreprises qu'on devrait
favoriser dans ce dossier? Vous pouvez dire que c'est du protectionnisme, parce
que tous les États en font dans des secteurs de technologie de pointe.
On peut se demander si ce sont seulement les entreprises
québécoises. Est-ce qu'on ne devrait pas insérer dans un
consortium une entreprise étrangère qui va nous permettre
d'ouvrir des marchés à l'extérieur? C'est là qu'on
rejoint peut-être un peu plus les préoccupations d'ouverture sur
le commerce extérieur.
Voilà un dossier qui intéresse d'autres collègues
économiques. Lorsqu'il s'agit de déterminer les tendances
technologiques intéressantes, par exemple, vous êtes
peut-être au courant que l'ordinateur basé sur un système
à huit bits pour être technique, c'est dépassé. On
s'en va de plus en plus vers les seize bits. Il y a même des entreprises
qui font 32 bits, ce qui donne énormément de possibilités.
Je pense que, lorsque vient le moment de poser des exigences technologiques
comme celles-là à partir des tendances technologiques
internationales, c'est à nous à le faire pour assurer que le
projet va se faire dans des conditions maximales de succès et qu'une
fois que le contrat sera terminé, on laissera derrière des
entreprises compétitives axées sur les tendances technologiques
internationales et qui peuvent continuer à se développer. C'est
notre rôle. Voilà un exemple concret où on a réussi,
non sans heurt, parce qu'il y a toujours des zones grises, ce n'est pas facile,
certains veulent jouer des rôles plus importants. On finit par progresser
quand même dans un dossier comme celui-là. Lorsqu'on fera les
dossiers un à un, vous allez constater que, très souvent, je
pense que c'est normal pour un ministère de la Science et de la
Technologie, on est en interaction avec d'autres ministères. Je pourrai
vous dire à chaque occasion comment cela se passe exactement.
Je vais terminer mes remarques ici. Je vois qu'il y a certains de mes
collègues qui veulent intervenir. On reviendra sur les points de
détail cet après-midi, si vous êtes d'accord.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Fabre ou Mme la députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: J'ai deux ou trois autres choses, mais,
allez-y.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Fabre.
Discussion générale
M. Leduc (Fabre): M. le Président, j'ai quelques
commentaires par rapport à certaines affirmations faites par Mmela
députée de Jacques-Cartier relatives à la faiblesse
de l'éducation dans le domaine des sciences et des mathématiques
dans nos écoles. On pourrait sans doute y revenir et Mme la
députée pourrait peut-être nous préciser à un
moment donné ce qu'elle entend par une conception plus élitiste
ou plus marquée par l'élitisme dans nos écoles, mais, ce
qui me semble assez grave, c'est la remise en question, finalement, du nouveau
régime pédagogique dans nos écoles qu'on retrouve dans ses
propos, alors que le nouveau régime pédagogique vise
précisément à améliorer l'enseignement des
mathématiques et des sciences dans nos écoles. Je vais simplement
donner un exemple: auparavant, avec l'ancien système, les
étudiants pouvaient accéder au collégial sans avoir suivi
un cours en sciences. C'était possible dans l'ancien système, et
c'était le cas, je sais qu'il y a environ 50% de nos étudiants du
secondaire qui accédaient au collège sans avoir suivi de cours en
sciences, alors qu'avec le nouveau régime pédagogique, obligation
est faite à tous nos étudiants de suivre au moins un cours pour
obtenir leur diplôme d'études secondaires. Alors, c'est un exemple
d'amélioration. Par exemple, si on compare ce qui se fait au
Québec et ce qui se fait en Ontario, on a des chiffres très
précis qui montrent que, dans le domaine des mathématiques au
secondaire, de la septième à la onzième année, au
Québec, il se fait par année 600 heures d'enseignement.
Globalement, un étudiant aurait suivi 600 en mathématiques au
Québec par rapport à 460 heures en Ontario. En sciences, un
étudiant au Québec aurait suivi 300 heures alors qu'en Ontario il
aurait suivi 370 heures, donc plus d'enseignement des mathématiques au
Québec, plus d'enseignement des sciences en Ontario.
Il y a des variantes comme cela qui tiennent compte de certaines
caractéristiques de l'enseignement dans chacune des provinces. Cela
varie ainsi d'une province à l'autre mais il n'y a pas une province, M.
le Président, qui suit tout à fait la même politique quant
au nombre d'heures pour les étudiants en mathématiques et en
sciences, mais je pense que le Québec se compare avantageusement avec ce
qui se fait dans les autres provinces quant à l'enseignement des
mathématiques et des sciences.
Il faut tenir compte également que, par rapport aux autres
provinces, nous avons un réseau collégial. En Ontario, c'est
certain qu'il se donne des cours en mathématiques et en sciences au
niveau de la treizième année par exemple. Mais on sait que la
treizième année fait partie du secondaire en Ontario, alors que,
notre treizième année, au Québec, fait partie du
réseau collégial. Il faut tenir compte de ces variantes
également quand on parle de l'enseignement des mathématiques et
des sciences au Québec.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le
député.
Mme la députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: J'aimerais ajouter brièvement quelques
remarques à celles du ministre délégué à la
Science et à la Technologie. Quand je dis que le rôle du
gouvernement n'est pas de gérer, je suis d'accord que le gouvernement a
un rôle de leadership, un rôle de catalyseur. Je ne suis pas contre
les tables de concertation, la publicité, la diffusion des
connaissances, etc., on peut encourager toutes sortes de choses. Mais, quand on
parle à l'industrie dans le secteur privé, on entend le
même message partout. Tout le monde dit la même chose. Il y a trois
problèmes ici au Québec. Ce n'est pas le manque d'argent, ni le
manque de subventions du gouvernement, ce n'est pas du tout cela. D'abord, il
faut établir une certaine stabilité, vous pourriez dire que c'est
une image, mais quand le gouvernement du Québec menace ou parle
constamment de l'indépendance, c'est un facteur négatif. Cela a
une influence négative sur notre image. C'est positif pour vous, mais
négatif pour l'investisseur. Tout le monde sait que l'investisseur
cherche un milieu stable où il y a la plus grande marge de manoeuvre
pour obtenir des résultats maximaux. Les investisseurs jouent sur le
plan mondial. Ils vont en Californie, aux États-Unis, en Suisse ou
n'importe où afin de trouver un climat favorable pour nourrir leurs
investissements.
Deuxièmement, la question de la loi 101. Vous pourriez dire que
c'est une question d'image encore. Mais ce n'est pas uniquement une question
d'image. C'est une partie du problème. J'aimerais vous donner un
exemple. Je suis sûre qu'il y a des centaines de personnes qui ont le
même problème. Lundi, cette semaine, j'ai reçu un appel du
président de la compagnie Saint-Laurent. Elle fabrique des "photocells".
Il y a une centaine d'employés, est-ce que vous connaissez la
compagnie?
M. Paquette: Non, non. Je ne pense pas.
Mme Dougherty: On m'a téléphoné et on m'a
dit qu'on était tellement découragé. Elle a un
marché formidable, 95% hors du Québec, surtout dans les pays
espagnols - je ne sais pas pourquoi - elle songe à doubler sa
capacité, à construire une autre bâtisse mais, à
cause de la menace de l'indépendance, du harcèlement de la
"police de la langue" ("language police")...
M. Paquette: Les six personnes qui s'occupent de faire respecter
la langue française dans le Québec.
Mme Dougherty: L'Office de la langue
française...
M. Paquette: La police linguistique.
Mme Dougherty: Ces gens sont là souvent dans son...
M. Paquette: Ils sont là souvent? Mme Dougherty:
Ils sont là souvent.
M. Paquette: Ils ne doivent pas s'occuper du reste du
Québec.
Mme Dougherty: Les gens de l'Office de la langue française
insistent pour qu'elle produise toutes sortes de brochures publicitaires en
français. Son marché n'est pas ici, il est ailleurs. Elle est en
train de produire de l'information dans plusieurs langues, plusieurs autres
langues.
M. Paquette: Oui, très bien.
Mme Dougherty: Ces gens sont découragés, parce
qu'ils pensent qu'ils n'ont pas d'avenir stable ici. Apparemment, les
employés sont majoritairement anglophones. On perd des employés,
quelques-uns chaque semaine. La compagnie n'a pas réussi à
attirer des spécialistes pour les raisons que j'ai citées: il y a
la question des taxes, la réglementation. Elle est donc au point
où elle devra prendre une décision dans les prochaines semaines:
ou rester ici ou aller à Ottawa pour doubler sa capacité et
rallier le groupe des manufacturiers de haute technologie qu'il y a à
Ottawa. Ce sont des Montréalais, ils ne veulent pas partir. C'est un
exemple...
M. Paquette: Est-ce que vous connaissez des exemples de
sociétés étrangères qui, au contraire,
décident de s'installer ici?
Mme Dougherty: Je sais qu'il y en a quelques-unes.
M. Paquette: II y en a.
Mme Dougherty: C'est un exemple. Je crois qu'il y a des choses,
des conditions... Pour moi, le rôle du gouvernement est
d'établir... Même avec tout ce vaste programme, on n'a pas
touché au problème clé pour les industries, et je crois
que le gouvernement doit concevoir ses conditions clés, ses conditions
sociales comme l'instruction en anglais pour les enfants de ces
spécialistes de classe mondiale. Si j'étais un spécialiste
et si j'avais l'intention de venir ici, je serais très heureuse de
mettre mes enfants à l'école française, mais les gens le
choix d'aller à Toronto ou ailleurs et il y a aussi l'époux et
l'épouse de ces spécialistes...
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée, je
m'excuse. On pourrait continuer...
Mme Dougherty: Une minute...
M. Paquette: Je pourrais vous donner un exemple qui va exactement
à l'opposé du vôtre.
Le Président (M. Gagnon): II reste une minute à
votre... C'est bien, allez-y.
Mme Dougherty: Je crois que vous pouvez dire que c'est une image,
mais l'image est importante, parce que, pour plusieurs, c'est la
réalité. Il faut se pencher sur ce problème parce que...
(13 heures)
M. Paquette: Très brièvement, M. le
Président, je partage votre opinion, mais si l'image est le
problème, plutôt que la réalité, il ne faut pas
changer la réalité, mais changer les perceptions. Je vous le dis,
nous avons la volonté de le faire. Cependant, pour paraphraser le
premier ministre récemment, je pense qu'il y a un facteur qui peut
"désinciter" les entreprises à venir ici. Ce n'est pas tellement
le fait de la langue ou des taxes, mais la très mauvaise gestion du
gouvernement fédéral qui est reconnu comme le gouvernement le
plus inefficace du monde occidental par le Fonds monétaire
international, notamment, qui a des politiques incohérentes, peu
accueillantes, peu tournées vers le développement scientifique et
technologique.
D'autre part, je pense qu'il faut travailler à changer cette
image. Je pense que c'est une question de perception. Vous pouvez avoir un
homme d'affaires qui ait cette perception. Si on ne peut pas se parler, on ne
pourra pas combattre l'image. Par contre, à côté, vous avez
des entreprises qui viennent de divers pays, qui s'installent au Québec.
Je vous donne un exemple, la société ASEA, qui a sa filiale
nord-américaine ici au Québec en robotique, dans un secteur de
pointe. Ce sont des Suédois. C'est peut-être parce que
c'étaient des Suédois qu'ils ne s'attendaient pas à avoir
des services en anglais ici.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre. Sur ce,
nous allons suspendre nos travaux pour les reprendre à 14 h 30.
(Suspension de la séance à 13 h 02)
(Reprise de la séance à 14 h 51)
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission poursuit ses travaux.
Lorsque nous avons suspendu pour le dîner, je pense que le
député de Shefford avait demandé la parole.
M. Paré: Oui, M. le Président, ce sera bref. J'ai
hâte qu'on commence à parler vraiment de l'étude des
crédits. Je trouve que cela est quelque chose de positif qui vient
s'ajouter aux possibilités de développement économique du
Québec mais, ce matin, on a surtout parlé d'autres choses. C'est
sur cela que je voudrais prendre juste quelques minutes.
Entre autres, on a parlé de la loi 101 et des
désavantages. Ce que je considère être le problème,
ce n'est pas que la réalité au Québec est d'être
francophone; c'est une réalité, qu'on le veuille ou qu'on ne le
veuille pas. Le problème, c'est qu'on veut en faire un problème,
à mon avis. La preuve qu'on veut en faire un problème, c'est
qu'aujourd'hui on s'en vient parler de développement, d'avenir, de
virage technologique, de haute technologie, de chances et d'atouts de plus
à offrir justement aux Québécois et aux étrangers
aussi pour venir développer le Québec économiquement et on
s'arrête sur quelque chose qu'on veut considérer comme
négatif. Mais on ne peut pas considérer une réalité
comme quelque chose de négatif, on doit plutôt vivre avec cela et
l'utiliser. C'est ce qu'on ne fait pas. C'est surtout ce que ceux qui sont
contre un Québec français utilisent de façon
négative, spécialement à l'étranger, et je peux
vous le dire pour être allé en Californie et l'avoir vécu.
Finalement, on dit: C'est effrayant, c'est français, le Québec,
alors que c'est complètement le contraire qu'il faut dire. Oui, il y a
une réalité qui fait que le Québec, c'est français.
Donc, vous avez aussi cette chance d'être en terre biculturelle, on est
obligé de le reconnaître. On est aux confins des deux plus grandes
cultures du globe qui se rencontrent, qui convergent et qui se
développent au Québec. On offre quelque chose d'unique au monde.
Pour les étrangers, il faut dire qu'on est ouvert sur quelque chose
d'extraordinaire, c'est la francophonie, dont la France est un des pays les
plus développés au niveau technologique. Pour les gens qui
veulent voyager, les gens qui veulent essayer une expérience nouvelle en
terre d'Amérique, c'est quoi le plus grand potentiel? C'est
Montréal, c'est le Québec.
Ce n'est pas à repousser des gens qu'on va développer
l'économie mais on les attire justement parce qu'au niveau francophone,
on est un peu la Suisse d'Amérique. On est des francophones
nord-américains. En plus du marché nord-américain, parce
qu'on est dans un bassin de population de 100 000 000 d'habitants au nord-est
du continent américain, en plus du Québec et des provinces
canadiennes qui nous entourent, car on est donc géographiquement
très bien placé, on offre aux Américains tout ce
marché et on leur offre en plus l'ouverture qu'on a sur le monde,
étant donné que justement on est une province différente
et qui offre quelque chose de différent. Donc, le fait d'être
francophone, ce n'est pas un point négatif quand on ne veut pas le
vendre comme un point négatif; c'est un point positif sur lequel on peut
justement insister.
Ce que je veux dire, c'est que cela aussi je l'ai vécu par
expérience, par des exemples concrets, des exemples qui non seulement
datent de pas très longtemps, mais qu'on vit. Je parle de ceux que je
connais, je parle de ce qui se passe à Bromont. La Compagnie
générale électrique et la compagnie IBM sont des
réalisations où cela fonctionne en français et,
présentement, ce sont les administrateurs de la Compagnie
générale électrique et de la compagnie IBM à
Bromont qui sont les meilleurs ambassadeurs du Québec en ce qui a trait
aux entreprises. Je vais vous donner l'exemple de Bell Helicopter. Bell
Helicopter est intéressée à s'en venir ici. On a
joué de façon négative justement avec la loi 101; les
fonctionnaires fédéraux ont joué de façon
négative en utilisant cela comme quelque chose qui était
nuisible, quelque chose qui était même déplaisant. Les gens
ont été obligés de considérer ce fait, sauf
qu'après des rencontres avec l'Office de la langue française, ils
se sont aperçus que ce n'était pas si mal que cela et même
que c'était extraordinaire, que cela leur permettait de découvrir
quelque chose. Que cherchent les investisseurs, que cherchent les
Américains, les multinationales et toutes les entreprises? Ils ne
cherchent pas toujours à parler anglais, tout le temps, partout. Ils
cherchent à faire de l'argent, à se développer, à
conquérir des marchés; si le Québec leur offre plus de
possibilités que d'autres, ils vont venir chez nous. Ce qu'on est en
train de leur donner comme possibilités justement, c'est la loi 19 et
les crédits dont on est censé discuter ici aujourd'hui.
C'est donc un plus qu'on leur donne et la loi 101 n'est pas
négative parce que les administrateurs de Bell, entre autres, se sont
laissé convaincre. Par qui? Par les administrateurs de la Compagnie
générale électrique et IBM, qui sont nos meilleurs
ambassadeurs et qui leur ont montré que non seulement ce n'était
pas négatif, mais que c'était même intéressant. Cela
leur permettait justement, parce qu'elles étaient à
l'extérieur, de se sentir un peu comme elles sont à
l'extérieur tout en étant en Amérique du Nord, tout en
étant proches de leur mère patrie, les États-Unis.
Ces gens, autant de IBM que de la Compagnie générale
électrique, disaient la même chose il y a quelques années
ou quelques mois, qu'ils ne viendraient pas à
cause de la loi 101, et ils sont ici. Ce sont maintenant des gens qui
vont expliquer qu'ils se sont aperçus que la loi 101 leur permettait
d'envoyer leurs enfants à l'école anglaise et qu'eux aussi
avaient droit à toutes sortes d'institutions, ce qu'on leur offre comme
possibilités, sinon comme privilèges, si on veut utiliser un mot
parce que finalement c'est acquis et concrétisé. Donc, ils
l'ont.
Ces gens n'ont rien trouvé de négatif et Bell non plus ne
trouve rien de négatif là-dedans parce qu'elle s'aperçoit
d'une chose elle aussi, comme le disait tantôt la députée
de Jacques-Cartier: Si elle s'en venait au Québec ou dans un autre pays,
ses employés enverraient leurs enfants à l'école
française, si le milieu était francophone. Ces gens-là
aussi, sauf qu'on ne le fait pas de façon brusque et brutale, la loi 101
leur donne jusqu'à six années.
Donc, si les enfants ont déjà commencé
l'école, ils vont terminer leurs études dans une école
anglophone. Sinon, cela leur donne six années pour vivre avec les gens
qui sont autour de l'usine et qui sont les travailleurs de l'usine, les gens
qu'ils côtoieront tous les jours. C'est donc à peu près
tout ce qu'il y a de plus civilisé comme loi linguistique. C'est une loi
qui impose des choses au niveau linguistique et je pense que cela a
été reconnu un peu partout. Qu'on vienne en parler dans un projet
de loi qui, finalement, est complètement à côté...
Je ne pensais pas qu'on en aurait parlé et je me sens obligé d'en
parler justement parce qu'il va falloir qu'on arrête de considérer
cela comme un point négatif. C'est un atout pour le Québec. C'est
sa différence, c'est son atout, c'est son ouverture sur les autres
continents, sur les pays francophones. Si c'est vrai que cela peut amener
certaines contraintes, on a par contre d'autres avantages et, si on le prend
même au niveau linguistique, c'est un avantage.
Qu'on arrête donc de le dire avec une espèce d'air qui fait
en sorte que cela semble déplaisant, semble dire qu'on ne voudrait pas
le reconnaître comme une réalité. La réalité,
c'est l'italien en Italie, c'est le français en France, c'est le
français au Québec et c'est l'anglais ailleurs en Amérique
du Nord. Donc, il faut vivre avec cela. Même si on voulait l'enlever,
même si on voulait le changer, on viendrait justement faire en sorte de
ramener un autre problème dont on parlait tantôt, cette fameuse
stabilité, ce fameux climat d'accueil. Parce qu'aujourd'hui on a reconnu
qu'il y avait une majorité, on a réglé un problème.
C'est sain au Québec. Les gens vivent bien et on n'est pas dans un
climat de dispute, d'intolérance. Au contraire, cela va bien, les gens
ont accepté, sauf les gens qui, politiquement, le critiquent. Mais dans
la population, c'est accepté, c'est un problème
réglé.
Si on le demandait à l'ensemble de la population, je pense que
les gens préfèrent la loi 101 aux problèmes qu'on a
vécus à la fin des années soixante et au début des
années soixante-dix. On a amené cette fameuse
sécurité, cette fameuse stabilité, cette atmosphère
qui doit être accueillante. Nous, on dit qu'on est accueillants et qu'on
est prêts à recevoir les gens. À preuve, on a parlé
aux gens de la Compagnie générale électrique, de IBM et de
Bell, et maintenant ces gens comprennent très bien que c'est une
réalité et une réalité qui peut être
plaisante si on accepte de vivre avec elle au lieu de toujours la combattre.
Qu'on arrête d'en parler, qu'on arrête de la combattre, qu'on
commence à en profiter et on va commencer à aider à
l'économie.
Donc, c'est un point que je voulais faire pour qu'on commence à
parler vraiment du projet de loi comme tel, qu'on commence à parler des
crédits, parce que c'est cela qu'on va offrir et qui va faire en sorte
que, s'il y a certains petits inconvénients, il y aura des avantages qui
seront drôlement plus payants et qui vont les attirer. Donc, la loi 101,
pour moi, en tout cas, c'est réglé et on ne devrait plus en
parler.
On a parlé aussi du fardeau fiscal. Bien, cela, c'est partout. Il
est partout et, si on commence à faire des comparaisons, on va
s'apercevoir que, si on taxe à certains niveaux, à d'autres, au
niveau de l'habitation ou du coût de la vie, on offre des avantages - on
l'a dit tantôt, je veux juste le répéter rapidement - qui
font en sorte que, finalement, ce n'est pas vrai que les gens ne sont pas
intéressés à venir ici parce que cela coûte plus
cher et qu'ils ont moins de chances, comme individus, d'avoir des gains
appréciables. (15 heures)
Cela aussi a été dit tantôt, je voulais seulement en
parler moi aussi comme cela. Dans ce qu'on a annoncé dans le discours
sur le budget, il est vrai qu'ici nous sommes plus taxés qu'ailleurs au
niveau des taxes provinciales, mais il ne faut pas oublier que, partout dans
les autres provinces, au moment du budget, les taxes ont été
augmentées alors qu'au Québec on ne les a que maintenues. Cela
est donc positif, parce que la différence s'amoindrit toujours. Je pense
que le climat sera sain pour autant que tous ceux qui sont payés, tous
ceux qui ont accepté de travailler, les élus comme les autres qui
ont des charges administratives, vont vouloir utiliser des choses positives et
parler de façon positive du Québec et arrêter d'en parler
de façon négative. Finalement, la réalité a
prouvé que, depuis 1976 jusqu'au début de la crise, on avait le
potentiel pour se développer. Ce qu'on fait maintenant est d'essayer de
déclencher, d'accélérer la reprise, parce qu'on a encore
tout ce potentiel. On en a même plus, parce
qu'on s'est donné des outils depuis les années soixante -
et cela a toujours été en augmentant - et qu'on continue à
s'en donner. On a donc tout le potentiel et la collectivité est de plus
en plus instruite. On parle maintenant du virage technologique, on en parle
avec tout le monde et tout le monde est intéressé à
embarquer là-dedans. Je pense que ce qu'on offre exactement, ce n'est
pas la terre promise, c'est évident, parce qu'il y a toujours quelque
chose à faire, mais nous avons un potentiel qui nous permet de nous
développer pour autant qu'on va vouloir bâtir et non pas
détruire. C'est tout ce que je voulais apporter, je reviendrai
tantôt sur les crédits, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): Merci. M. le ministre.
Caisse d'accroissement des compétences
professionnelles
M. Raquette: Je pense qu'on est rendu au point d'aborder point
par point les sujets qui intéressent les membres de la commission. J'ai
convenu avec la députée de Jacques-Cartier d'aller un peu en
fonction de la liste de sujets qu'elle a établie dans son allocution,
aux pages 10, Il et 12, en y ajoutant toutefois dans un premier temps les
questions qui étaient dans le corps de son allocution et qui concernent
l'éducation, l'université, la Caisse d'accroissement des
compétences professionnelles. Je vais commencer par ce dernier
point.
Dans son discours, la députée de Jacques-Cartier dit
notamment - il faudrait que je retrouve l'endroit - "Je soulèverai
seulement un exemple, les fonds disponibles du gouvernement
fédéral en vertu du "National Training Act", 179 000 000 $, qui
ne sont pas dirigés vers nous, bien que nous en ayons grandement
besoin." Voici ce qui s'est passé. Il s'agit d'une entente
fédérale-provinciale qui a été signée au
cours d'octobre ou de novembre et pour laquelle il y a effectivement plusieurs
dizaines de millions de dollars qui peuvent être dépensés
surtout dans l'acquisition d'équipements et d'instruments de laboratoire
pour favoriser la formation professionnelle. Dans un premier temps, nous avons
été informés très tard des fonds disponibles. C'est
environ au mois de janvier que le ministère de l'Éducation - je
signale que c'est d'abord une responsabilité qui relève du
ministère de l'Éducation - y a été
sensibilisé, de sorte que les informations sont arrivées
relativement tard dans les institutions d'enseignement. Peut-être est-ce
parce qu'au Québec, traditionnellement, malgré certaines
incohérences au moment de certains votes, on a tendance à
considérer que le gouvernement national est à Québec et on
voudrait qu'il fasse tout avec la moitié des budgets? Toujours est-il
qu'on est moins sensible à ce qui se passe à Ottawa dans les
différents milieux concernés. Lorsque les gens ont
commencé à se sensibiliser, notamment dans les cégeps,
pour élaborer des projets, la fin de l'année budgétaire
arrivait.
Cependant, rien n'est perdu puisqu'on a mis vraiment les bouchées
doubles au Québec. Je pense que c'est l'argent des contribuables
québécois qui est là dans le cadre d'une entente
fédérale-provinciale et il faut en profiter au maximum. Avec le
dernier budget fédéral, le programme sera prolongé de
trois ans. Je pense qu'il est bon de rappeler ici le déroulement du
processus décisionnel. L'ensemble des projets, autant ceux provenant des
institutions d'enseignement que ceux des corporations sans but lucratif, sont
d'abord soumis à un comité mixte. D'une part, Immigration Canada,
pour le gouvernement fédéral, et de notre côté, le
ministère de la Main-d'Oeuvre, le ministère de
l'Éducation, le ministère des Communautés culturelles et
de l'Immigration et le ministère des Affaires intergouvernementales.
Je dois dire que nous nous sommes insérés là-dedans
peu après les fêtes, parce que c'est seulement en septembre que
j'ai été nommé et cela a pris un certain temps avant de
faire le tour de tous les dossiers qui étaient intéressants. On
s'est donc inséré sur le tard, mais j'ai des rapports
réguliers qui me parviennent. Nous suivons cela de très
près. Lorsqu'on aura un autre rapport, peut-être la semaine
prochaine, cela me fera plaisir de le faire parvenir aux membres de la
commission. Je peux vous donner à peu près l'état du
dossier.
Je dois donc vous dire que c'est Emploi et Immigration Canada qui prend
la décision finale cependant, mais les projets sont d'abord soumis au
comité mixte qui formule ses recommandations. Il y a environ trois
semaines ou un mois, le comité mixte avait recommandé les projets
- il y en a pour 15 000 000 $ - du cégep Vanier, du cégep de
l'Outaouais, du cégep Lionel-Groulx - du cégep Lionel-Groulx,
d'ailleurs, il y a ce projet de centre d'ordinateurs, seulement là,
c'est 10 000 000 $ - au cégep de Matane et au cégep
André-Laurendeau. Il y a en plus des projets approuvés du
côté québécois et présentés pour
acceptation au comité mixte qui étaient en attente le 2 mai 1983.
Il y en a peut-être un certain nombre de réglés depuis ce
temps. Il y en a pour 20 000 000 $ de plus. Alors, il y en a déjà
16 qui sont devant Emploi et Immigration Canada pour acceptation; il y en a
pour 20 000 000 $ qui ont été présentés pour
acceptation au comité mixte, qui sont donc en train d'être
évalués du côté québécois; il y en
avait pour 28 000 000 $ qui n'avaient pas encore été
analysés par le comité mixte; il y a des avant-projets qui sont
annoncés
pour un montant additionnel de 6 000 000 $ et il y a seulement pour 8
000 000 $ de projets qui ont été refusés parce qu'on a
jugé que cela faisait double emploi, que cela se coordonnait mal ou que
les ressources demandées allaient tomber dans un mauvais contexte. De
sorte qu'on peut dire qu'il y a un potentiel de 70 000 000 $ en gros qui est
déjà devant Emploi et Immigration Canada ou qui est en cours
d'évaluation du côté québécois.
Donc, il y a eu un foisonnement assez extraordinaire de projets dans
différents cégeps. Je pense que c'est important de mentionner ce
point...
Mme Dougherty: Je suis heureuse d'apprendre que cela bouge parce
que, dans une conversation téléphonique avec son bureau sur un
autre sujet, M. Axworthy m'a dit qu'il s'inquiétait du manque de
demandes de la part du Québec, compte tenu que les autres provinces
bougent.
M. Paquette: Enfin, si on a des prévisions de 139 000 000
$ et qu'il y a 70 000 000 $ de projets qui leur arrivent, ils pourront amorcer
très sérieusement le rattrapage qu'ils ont à faire au
Québec dans leurs dépenses pour fins scientifiques. Je pense
qu'ils ont tout ce qu'il faut pour mettre 40% de leur fonds au Québec.
S'ils accordent en bas de 40% au Québec, ce n'est pas sérieux,
parce qu'il y a un rattrapage à faire. Pour chaque dollar
dépensé au Québec, il y a 3 $ dépensés en
Ontario traditionnellement depuis une dizaine d'années. Alors là,
on leur présente des projets...
Mme Dougherty: Vous parlez de la recherche...
M. Paquette: Oui, évidemment. Mme Dougherty: Je
parle des...
M. Paquette: Ce sont des investissements technologiques, parce
que ce sont tous des centres... Je regarde les projets: le cégep Vanier,
c'est CAO-FAO; le cégep de l'Outaouais, c'est la technologie des
systèmes, le génie chimique; le cégep Lionel-Groulx, c'est
le Centre ordinique; le cégep Trois-Rivières, c'est un projet en
commande numérique. Ce sont généralement des projets qui
vont servir dans le fond au développement techonolgique, puisqu'ils vont
servir à la fois à la formation des étudiants...
Mme Dougherty: Et le recyclage aussi.
M. Paquette: Et le recyclage, mais aussi l'aide aux
entreprises.
Mme Dougherty: Oui.
M. Paquette: De plus en plus, les cégeps sont
branchés et travaillent avec les entreprises, mettent des services
à leur disposition, vont faire de la formation sur mesure dans les
entreprises. Cela se fait de plus en plus. C'est un mouvement que le ministre
de l'Éducation, tous les autres intervenants et moi voulons
accélérer au maximum. De ce côté, si cela peut
rassurer la députée de Jacques-Cartier, je pense que cela va
assez bien.
D'autre part, en ce qui concerne l'enseignement des sciences, mon
collègue le député de Fabre, qui est aussi adjoint
parlementaire au ministre de l'Éducation, a amorcé la
réponse tout à l'heure. Je ne répéterai pas ce
qu'il a dit. Je pense que l'option qui a été prise au
Québec est de donner la formation générale en sciences, en
technologie et en mathématiques sur une base plus large, à tout
le monde, plutôt que...
Mme Dougherty: Allez-y.
M. Paquette: Oui. De façon que, lorsque les jeunes
arrivent au cégep, ils ne soient pas hypothéqués. Je dois
vous dire que cela posera un problème d'ajustement au niveau du
régime des études collégiales, mais nous l'aurons dans
trois ans, puisque la décision a été prise au
ministère de l'Éducation d'implanter le nouveau régime au
collégial seulement quand le régime pédagogique au
secondaire aura terminé son implantation. Cela monte d'année en
année. Dans trois ans, ce seront les diplômés du secondaire
qui entreront au cégep.
Je pense que c'est une option qui est valable. Cependant, il faut
s'assurer que, tant en qualité qu'en quantité de l'enseignement
des sciences et de la technologie, ceux qui se spécialisent et qui
veulent en faire une carrière et aller loin là-dedans aient la
possibilité de prendre tous les cours supplémentaires à
option qui leur permettent d'avoir une formation de qualité.
À cet effet, nous avons mis sur pied, conjointement avec le
ministère de l'Éducation, un groupe de travail. Ce que je vous
donne ici comme information est un rapport très préliminaire, qui
date de la semaine passée, mais on pense être en mesure d'avoir un
état complet de la situation en septembre. Je pense que cela ira en
septembre. Mais on travaille également sur ce dossier, très
étroitement, avec le ministère de l'Éducation.
Mme Dougherty: Sur ce dossier, M. le Président, la semaine
dernière, vous avez peut-être vu un article dans le Devoir qui
faisait le point sur le problème. Vous savez que le Conseil des sciences
du Canada est en
train de faire une étude...
M. Paquette: Oui, cela n'est pas encore
complété.
Mme Dougherty: J'ai vu les résultats préliminaires.
Parce que ces gens sont très conscients que l'enseignement des sciences
est très faible partout au Canada. Nous ne sommes pas les seuls. Ils
sont à l'étape où ils consultent les gens dans chaque
province pour exposer leurs résultats préliminaires.
J'étais vraiment étonnée de voir l'attitude du
représentant du MEQ. Je n'aimerais pas le nommer, mais son nom est ici.
Cela démontre le problème. Il a dit: II serait
déraisonnable d'exiger des élèves qu'ils
réussissent plus d'un cours de sciences dans les écoles
secondaires. Les taux bruts de réussite sont si faibles dans ces cours
qu'on risque d'avoir un amoncellement d'échecs à la fin du cours
secondaire. D'accord?
Je ne veux pas citer tout l'article. C'est un article datant du 28 mai,
la semaine dernière.
M. Paquette: C'était pendant une conférence de
l'ACFAS, je pense? L'Association canadienne...
Mme Dougherty: Je pensais aux sciences... Non, ce n'est pas
l'ACFAS.
M. Paquette: Non? C'était un colloque... (15 h 15)
Mme Dougherty: C'était une réunion convoquée
par le Conseil des sciences du Canada...
M. Paquette: Ah oui, d'accord, très bien.
Mme Dougherty: ...pour consulter certains groupes qui sont
impliqués dans l'enseignement des sciences. Le gouvernement du
Québec a été sévèrement critiqué pour
ses politiques, pour l'affaiblissement de celles-ci et surtout sur les examens.
Je crois que l'affirmation du représentant du MEQ a mis le point sur le
problème, parce que tout est orienté vers l'examen. Le but du MEQ
est d'augmenter le nombre de réussites à tout prix.
Premièrement, je crois qu'il faut avoir des objectifs
différents pour des capacités différentes. Il y a quelques
années, on a reconnu ce principe, puis on a abandonné ce
principe. Chaque réforme a nivelé les enfants. On a
supprimé d'abord les voies enrichies, on a supprimé les
défis propices aux élèves doués et, avec chaque
réforme, on a sacrifié l'excellence aux principes
d'égalitarisme.
Le député de Fabre a dit que le régime
pédagogique allait améliorer la situation. Il y a des
éléments positifs dans le régime pédagogique. On va
au moins avoir un standard minimal pour tout le monde, mais un standard pour
tout le monde ne suffit pas. C'est là le problème, parce que si
on parle de virage technologique, on parle des plus brillants et il faut
présenter un défi propice pour nos créateurs, nos
scientifiques futurs.
Pour compléter le désastre, vous avez parlé
cégep, le MEQ a l'intention de diluer les cours au cégep pour
accommoder les faiblesses du secondaire. Les professeurs au niveau du
cégep sont vraiment fâchés de ce développement. Je
crois que ce dont nous témoignons ici en est le résultat. J'ai
parlé de la mentalité centralisatrice et bureaucratique qui veut
offrir le même programme à tout le monde. Je crois qu'il faut
abandonner cette idée. Oui, il faut éduquer tout le monde, faire
notre possible pour tout le monde, mais on ne reconnaît pas les
différences. Il faut retourner un peu à la philosophie de
l'individualisme. L'éducation, c'est d'éduquer chacun, pour
l'aider à réussir, à développer ses propres
possibilités.
Pour le virage technologique, je crois que la philosophie qui
règne et qui devient de plus en plus mauvaise, à mon sens, dans
nos écoles publiques doit être remise en cause pour les meilleurs
étudiants. Je ne sais pas si vous êtes d'accord, mais si on veut
prendre le virage technologique, il faut commencer au commencement. Le
commencement, c'est l'école. Si nous n'avons pas les ressources requises
pour prendre le virage, on n'arrivera jamais.
Promotion de la culture scientifique
M. Paquette: M. le Président, je vais indiquer ma
réaction à cela parce que je pense que si l'éducation
relève de mon collègue de l'Éducation, il va de soi que la
culture scientifique générale de la population que nous voulons
favoriser et également la formation des spécialistes dont nous
avons besoin en science et en technologie nous intéressent au plus haut
point. D'ailleurs le projet de loi qui est devant l'Assemblée nous donne
le mandat et le devoir de nous y intéresser. Alors, nous nous y
intéressons et nous travaillons très étroitement avec le
ministère de l'Éducation dans ce domaine intersectoriel, si je
peux m'exprimer ainsi.
Je pense que, partout, on déplore la faiblesse de l'enseignement
des sciences et de la technologie. Vous l'avez dit vous-même, dans les
autres provinces également, le conseil...
Mme Dougherty: C'est la même chose aux
États-Unis.
M. Paquette: Et c'est la même chose
aux États-Unis. C'est la même chose un peu partout et c'est
peut-être lié au fait que, trop longtemps, c'est un domaine qu'on
a négligé, marginalisé, qui semblait être l'affaire
de quelques spécialistes, des gens qui avaient la bosse des
mathématiques et des sciences. Les sciences et les mathématiques,
ce n'était pas pour tout le monde. Maintenant, on assiste à une
prise de conscience de l'importance de ces questions pour l'avenir d'une
société, partout dans le monde et, au Québec en
particulier, bien sûr. Donc, je pense qu'il faut une évolution de
ce côté. Sur quelles bases, maintenant? Écoutez, M. le
Président, je partage en partie - en tout cas, sur le fond je dirais -
les orientations de la députée de Jacques-Cartier, mais
j'aimerais y apporter quelques nuances. Là où je suis d'accord,
c'est qu'il faut personnaliser davantage l'enseignement des sciences et de la
technologie, en ce sens qu'il faut donner la chance à chaque jeune de
réaliser au maximum son potentiel. Il faut lui permettre de progresser
au maximum et à son propre rythme à partir des connaissances
qu'il a, des besoins affectifs et des motivations qu'il peut avoir. Et
celles-ci sont différentes d'un élève à l'autre.
Autrement dit, le cas du professeur qui fonctionne dans un cours magistral et
qui voudrait que tous ses étudiants aient vu la même
matière pendant une période de cours, c'est surtout cela le
problème. C'est un problème de méthodes
pédagogiques. Les méthodes pédagogiques ne sont pas
suffisamment orientées sur la personnalisation de l'enseignement.
Là ou je suis moins d'accord, c'est lorsqu'on affirme que, par la
suppression des voies, on a sacrifié l'excellence. Je suis en
désaccord total avec cette opinion, et je ne pense pas que c'est en
ajoutant des voies qu'on va personnaliser davantage l'enseignement. On peut
très bien faire des voies allégées, des voies
régulières, des voies enrichies, des classes pour l'élite.
Mais, si on a la même pédagogie strictement centrée sur le
groupe où tout le monde doit évoluer au même rythme et
qu'on n'ajoute pas cette dimension de personnalisation de l'enseignement, on
n'aura pas de meilleurs résultats. On va avoir des résultats
pires. On a fait l'expérience avec une classe d'allégés
aux États-Unis - où, je pense, on est bien documenté en
pédagogie - au début de l'année et on leur a dit - ils
provenaient de différentes classes allégées, en fait -
Vous êtes parmi les meilleurs de votre classe; on vous fait franchir une
étape cette année, vous n'êtes plus dans la voie
allégée...
Mme Dougherty: ...self-fulfilling prophecy.
M. Paquette: Exactement.
Mme Dougherty: Oui, je sais.
M. Paquette: Et ils ont réussi aussi bien que les autres
qui étaient en voie enrichie l'année précédente. Ce
qui montre qu'il y a un caractère aliénant à
séparer les gens dans des groupes. C'est pour cela qu'on a aboli les
voies. Cela ne veut pas dire qu'on veut niveler par le bas. Ce qu'il faut
faire, à mon avis, c'est donner aux enseignants non pas la
méthode pédagogique idéale, mais la batterie de
méthodes nécessaires pour faire face à la diversité
qui est devant eux, dans leur classe. C'est un défi extrêmement
exigeant sur le plan pédagogique. On espère que les technologies
éducatives pourront y contribuer avec le temps. L'ordinateur à
l'école n'est pas la panacée, mais c'est un instrument important
d'individualisation qu'on a là, un instrument interactif où le
travail personnel de l'élève est valorisé, où il
peut aller à son rythme. Il y a d'autres méthodes: il y a des
fiches de travail, il y a toutes sortes de méthodes qui existent. Je
pense que c'est cela qu'il faut faire.
D'autre part, vous avez raison de dire que, au-delà de cela -
parce que c'est nécessaire pour assurer la culture scientifique de base
à tout le monde - si on veut intéresser les jeunes à aller
plus loin... Vous utilisez le terme d'élite, moi je parlerais
plutôt de spécialisation, parce qu'on peut être élite
dans un domaine et pas dans un autre. Il y a place pour beaucoup
d'orientations.
Mme Dougherty: Oui, oui. Sur le plan des compétences?
M. Paquette: Sur le plan des compétences, relativement au
secteur de la science et de la technologie ou dans divers secteurs, je pense
que c'est en bonne partie par d'autres moyens, que l'on a appuyés
d'ailleurs: vous retrouverez certaines subventions qu'on a données dans
les crédits, notamment aux expo-sciences, aux loisirs scientifiques. Il
y a un travail assez extraordinaire qui se fait également au
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Également
par le biais des mass médias: il faut démarginaliser la science.
Il faut donner l'occasion aux gens d'aller à fond là-dedans.
Mme Dougherty: Je suis d'accord.
M. Paquette: Vous voyez que nos orientations ne sont pas
très éloignées mais je ne suis pas d'accord qu'on
recloisonne les gens par catégories. Là, vous avez un
système bureaucratique. Vous avez des gens qui sont casés au
début du secondaire et on leur dit que c'est la voie
légère. C'est très difficile d'en sortir. La voie
descendante est
facile mais, pour la remonter, c'était extrêmement
difficile quand on avait des voies séparées. Je pense qu'on se
rejoint quand vous dites qu'il faut par contre lutter contre
l'égalitarisme. Tous les êtres humains sont différents et
il faut les aider à réaliser leur potentialité propre. Je
pense que c'est beaucoup plus un problème de qualité. Il y a
aussi un problème de quantité d'heures de cours car il faut
s'assurer quand même que le compte y est et qu'il y a suffisamment
d'activités scientifiques et technologiques à l'école.
Mais le défi de la qualité est encore plus important.
Mme Dougherty: Un dernier mot sur ce sujet. Dans cet article, je
crois qu'on a critiqué les examens. On a dit qu'il n'y aurait pas
d'amélioration dans la pédagogie tant et aussi longtemps...
M. Paquette: Qu'il y aura des examens uniformes.
Mme Dougherty: ...qu'il y aura de ces examens. Il faut qu'il y en
ait qui favorisent une certaine habileté dans la mémorisation et
dans l'application des mathématiques de formules, etc. Je crois qu'il
vaut la peine d'examiner l'impact des examens sur la nature et la
qualité de l'enseignement.
M. Paquette: Oui, Mme la députée. Lorsque
j'étais dans le système d'enseignement, j'étais un de ceux
qui se battaient contre les examens uniformes du ministère de
l'Éducation. Je pense justement que cela va à contre-courant de
la personnalisation de l'enseignement. Quand vous avez un examen
pan-provincial, il y a d'autres moyens de s'assurer qu'il y ait une
qualité minimale à l'école. Je pense que c'est le
rôle d'un État et d'un ministère de l'Éducation de
s'assurer d'une qualité minimale à l'école et que certains
standards minimaux sont respectés. Au-delà de cela, il faut
donner de la liberté. Quand même, je dois dire qu'il y a eu une
évolution énorme. On a éliminé les examens communs
presque partout. Il en reste très peu et ce n'est plus le seul facteur
qui cote les étudiants. On a assoupli considérablement. C'est
pour cela que j'accepte mal le reproche de centralisme que vous faites à
ce gouvernement. On n'est pas à l'étude des crédits du
ministère de l'Éducation, car, si on y était, le ministre
de l'Éducation pourrait vous donner les données précises
mais, à titre d'ex-adjoint parlementaire au ministère de
l'Éducation, j'ai suivi tous les travaux de la commission depuis six
ans. Je dois vous dire que c'était une question qui, personnellement, me
préoccupait. Je revenais à la charge très souvent. Il y a
eu une évolution considérable de ce côté-là
et je partage cette opinion que le rôle de l'État est de
simplement s'assurer qu'il y ait une qualité minimale. Il vaut
peut-être mieux évaluer les enseignants que d'évaluer les
étudiants de la part d'un ministère.
Mme Dougherty: Oui. M. Paquette: D'accord.
Mme Dougherty: C'est simplement pour soulever le problème
parce que je crois que c'est un élément clé dans Le virage
technologique.
M. Paquette: Effectivement.
Mme Dougherty: Maintenant, sur la question des collèges,
si on traite uniquement d'institutions ou d'organismes éducatifs, on a
versé certains fonds pour la recherche aux collèges, n'est-ce
pas?
M. Paquette: Le programme ACSAIR au fonds FCAC.
Mme Dougherty: Est-ce que ces fonds proviennent du fonds
FCAC?
M. Paquette: Le fonds FCAC.
Mme Dougherty: Oui. Si je comprends bien, il n'y a que 250 000 $
du fonds qui sont versés aux collèges. Est-ce que le programme
est un succès? Est-ce qu'on va améliorer ce programme et verser
plus de fonds l'an prochain? Est-ce que le problème soulevé au
début, à savoir la compétition entre les
universités et les cégeps, est réglé ou est-ce
qu'il y a encore une tension qui bloque le programme?
M. Paquette: J'ai eu l'occasion d'en discuter très
longuement, notamment avec le Conseil de la politique scientifique. Je vois que
vous avez le document sur la recherche dans les cégeps.
Mme Dougherty: Oui.
M. Paquette: Nous en avons discuté très longuement.
Je leur ai donné une réaction écrite à ce document.
En gros, j'épouse presque totalement les orientations du conseil de la
politique dans ce domaine. Des représentations ont été
faites au ministère de l'Éducation. J'ai rencontré la
présidente du Conseil des collèges à cet effet. (15 h
30)
L'option qui a été prise de développer la recherche
dans les collèges, je suis certain que mon collègue de
l'Éducation la partage puisque c'est lui qui était responsable de
l'élaboration de la politique scientifique en 1980, un projet collectif.
C'est dans ce document que, pour la première fois, on a
décidé d'identifier une vocation de recherche qui n'est
pas dans la Loi sur les collèges d'enseignement général et
professionnel actuellement. Il n'y a rien légalement, on n'a pas
changé encore la loi. Il y a un certain nombre de problèmes
techniques autour de cela, mais ceci a amené justement la
création de ce programme d'appui aux chercheurs des collèges et
des chercheurs sans affiliation institutionnelle, l'ACSAIR, qui est un des neuf
ou dix programmes du fonds FCAC. Il y avait seulement environ 250 000 $
l'année dernière, mais c'était la première
année. Cette année, les fonds seront augmentés, ils seront
plus que doublés dans les crédits 1983-1984. Ce budget se
retrouve au programme 10 des crédits du ministère de
l'Éducation.
Mme Dougherty: Je n'ai pas eu l'occasion de poser ma question.
Est-ce qu'il y a une proportion précise de gardée
spécialement pour les cégeps...
M. Paquette: Oui.
Mme Dougherty: Est-ce que c'est une concurrence entre les
universités et...
M. Paquette: Cela se fait au moment des directives au fonds FCAC
et, lors de l'attribution du budget au fonds, le fonds demande une augmentation
de ses crédits mais en les quantifiant par rapport à ses
programmes. Ce montant est l'un des programmes. Par conséquent, on peut
très bien contrôler. Est-ce qu'on met plus d'argent là
plutôt qu'ailleurs? L'option qui a été prise, c'est
d'accélérer considérablement ce programme parce qu'il
suscite beaucoup d'intérêt. D'ailleurs, il y a de plus en plus de
gens détenteurs d'une maîtrise et d'un doctorat qui enseignent
dans nos cégeps parce que les postes sont relativement plafonnés
dans les universités.
Mme Dougherty: Oui.
M. Paquette: II commence à y avoir pas mal de
compétences dans nos cégeps, des gens qui peuvent faire de la
recherche et souvent de la recherche plus appliquée, plus
branchée sur le milieu parce qu'on a des cégeps répartis
partout dans les régions. Pour nous, c'est un dossier auquel on attache
énormément d'importance.
Mme Dougherty: Cela va.
Maintenant, en ce qui concerne les universités, comme j'ai dit
dans mon discours, c'est évident qu'il y a deux problèmes:
d'abord le Bureau général de financement de nos
universités et le problème des fonds pour la recherche.
Dans son récent rapport, le Conseil des universités a
évalué à 275 000 000 $ la réduction des
dépenses que les universités auront à absorber entre
1979-1980 et 1983-1984, l'année courante, soit l'équivalent de
32% de l'enveloppe de l'année courante. J'ai pris cette citation d'un
sommaire du rapport préparé par le Conseil des
universités. Ce rapport démontre que le coût par
étudiant est en dessous de la moyenne canadienne et il se retrouvera en
1983-1984 même sans la compression de 20 000 000 $ annoncée par le
ministre de l'Éducation à 3% au-dessus de celui prévu en
Ontario. C'est leur analyse, ce n'est pas mon analyse.
Les compressions annoncées ne peuvent donc se justifier par un
coût par étudiant comparativement élevé étant
donné l'impact des coupures budgétaires successives sur
l'état des bibliothèques universitaires, c'est encore plus grave
pour la recherche et les activités de recherche. Le ratio
étudiants-professeur est très élevé par rapport aux
universités d'ailleurs. Cela a un impact grave aussi sur la recherche.
Où êtes-vous placés vis-à-vis des recommandations du
conseil? Il a fait trois recommandations au ministre de l'Éducation: de
ne pas appliquer la compression annoncée de 20 000 000 $, de
réserver les crédits provenant de la non-application de la
coupure de 20 000 000 $ pour financer des projets de rationalisation, etc., et
d'ajouter à l'enveloppe des universités de 1983-1984 les
crédits nécessaires au financement des nouvelles
clientèles de cette année.
J'aimerais savoir si vous êtes d'accord avec les recommandations
du conseil. Est-ce que vous avez fait des démarches auprès du
Conseil des ministres pour voir à ce qu'il y ait une suite à ces
recommandations?
Les universités et la recherche
M. Paquette: Prenons tout d'abord le problème que vous
soulevez. Quand on parle des dépenses de subventions au fonctionnement
de base des universités dont une partie se répercute sur les
activités de recherche, parce que les universités ont un mandat
de recherche, on calcule qu'il y a environ 25% des dépenses de
fonctionnement des universités, salaires des professeurs, etc. qui
servent à supporter en fait des activités de recherche. Dans ce
sens, il est vrai de dire que les compressions budgétaires qui se sont
fait sentir, surtout en 1981-1982 et 1982-1983, parce que je pense que ce sera
un peu moins grave cette année, ont possiblement eu un effet. Cependant,
lorsqu'on regarde les subventions directes aux universités, aux
équipes de recherche, on est certain que cela s'en va à des
équipes jugées excellentes par les fonds subventionnaires ou
encore à qui les différents ministères confient des
contrats. Simplement les deux principaux fonds subventionnaires du gouvernement
du Québec, FCAC et FRSQ, sont
passés de 52 000 000 $ à 58 000 000 $, donc une
augmentation d'à peu près 12%, et c'est comme cela depuis quatre
ans. Depuis quatre ans...
Mme Dougherty: De quels fonds parlez-vous?
M. Paquette: Je parle du fonds FCAC... Mme Dougherty: Ah!
FCAC. M. Paquette: ...et du fonds FRSQ... Mme Dougherty:
D'accord.
M. Paquette: ...qui subventionne, dans le domaine de la
santé, les centres de recherche médicale.
Et on a regardé en arrière. Depuis quatre ans, le
gouvernement du Québec a augmenté ses subventions directes
à la recherche, je ne parle pas d'infrastructures, à un
rythme...
Mme Dougherty: Oui, mais les infrastructures ont faibli...
M. Paquette: Attendez un peu. Cela s'est fait à un rythme
moyen d'à peu près 12% à 13% par année, à un
point tel qu'au niveau des subventions directes la part de notre financement
externe à la recherche universitaire est passée, de 1977 à
1981, de 12% à 22%. Depuis 1981, cela s'est maintenu, c'est une
augmentation de 12% par année. Donc 12% à 22%, alors que
l'Ontario ne finance que 17% des dépenses équivalentes de ses
universités. Il fallait bien compenser le manque à gagner du
fédéral. Alors, je pense qu'il faut regarder l'ensemble du
dossier, l'ensemble du portrait. Il y a eu un certain impact des compressions
générales du gouvernement au réseau universitaire dans les
infrastructures de base et, parce que les conventions collectives
n'étaient pas terminées, les universités ne pouvaient pas
couper le salaire des professeurs. Elles étaient obligées de
couper dans des dépenses d'équipement, dans les
bibliothèques.
Mme Dougherty: Oui, je sais. Je sais.
M. Paquette: Alors, c'est cela le problème. À ce
point de vue, nous avons donné mandat au Conseil de la politique
scientifique d'entreprendre de mettre sur pied un comité, un groupe de
travail sur l'information scientifique et technique dans les
bibliothèques. C'est un mandat qu'on a donné avant la parution de
ce document; cela fait à peu près deux ou trois mois. Et
j'attends du Conseil de la politique des universités d'ici quelques mois
des propositions pour redresser la situation quant à l'information, la
documentation scientifique et technique dans les bibliothèques des
universités, d'une part.
D'autre part, en ce qui concerne les infrastructures
générales des universités, nous avons cette année,
avec le ministre de l'Éducation, réussi à dégager -
nous l'avons appuyé bien sûr dans cette démarche -6 000 000
$ additionnels pour le financement des clientèles additionnelles dans
les secteurs prioritaires au virage technologique. Il y a eu - comme je le
disais tantôt - une augmentation substantielle des fonds d'aide à
la recherche, un effort qui se poursuit depuis cinq ans et qui a
été poursuivi même pendant la crise économique. Je
pense que, globalement, on peut dire qu'il y a plus d'argent pour la recherche
dans les universités. Il y a cependant un problème au niveau des
postes. Le corps professoral vieillit, les postes sont bloqués, les
jeunes terminent une maîtrise ou un doctorat ou souvent se disent qu'ils
ne termineront pas la maîtrise ou le doctorat parce qu'il n'y a pas
d'ouverture dans les universités. Voilà pourquoi nous avons mis
tellement d'efforts dans le programme de soutien d'emplois scientifiques cette
année et voilà pourquoi il faut créer de nouveaux lieux de
recherche, des centres de recherche appliquée, des
sociétés à but lucratif axées sur la recherche et
le développement - cela existe ailleurs, mais il y en a très peu
au Québec -développer de nouveaux projets à l'aide d'une
agence de valorisation industrielle de la recherche et en arriver - je pense
que cela doit être un sujet de travail important au cours de la prochaine
année - à une politique de la main-d'oeuvre scientifique au
Québec. Je pense que le phénomène le plus
inquiétant est celui des compressions dans les universités que la
conjoncture économique et les coupures du gouvernement
fédéral ont imposées. Cela a été
appliqué dans les universités de la façon qu'elles ont pu
le faire, c'est-à-dire sur ce qui dépassait les masses
intouchables qui étaient dans les conventions collectives. On a
essayé de compenser le mieux qu'on a pu, mais je pense que maintenant on
est à l'étape où on peut vraiment, les universités
ayant enlevé le gras, ajouter les ressources où cela est
important.
Mme Dougherty: C'est pire que cela.
M. Paquette: Oui, dans certains cas peut-être.
Mme Dougherty: Spécifiquement sur cela, le ministre de
l'Éducation a signalé qu'il va ajouter des clientèles
informatiques aux universités mais les universités se plaignent
de la pénurie de professeurs, d'infrastructures, de laboratoires,
hardware, software, etc. Quelles sont vos intentions à cet égard
pour l'année qui vient? Que fera-t-
on avec - je ne sais pas quel montant, j'ai oublié - le nombre de
places mentionné par le ministre de l'Éducation qui s'ouvriront
pour les élèves en informatique?
M. Paquette: Pour les professeurs?
Mme Dougherty: Pour les élèves d'abord. Le nombre
des professeurs n'est pas adéquat. Je crois que vous avez eu une
rencontre à Laval là-dessus et les professeurs y ont
souligné ce problème.
M. Paquette: C'est un problème dont on est conscient. En
novembre - j'ai été nommé en septembre, et on avait
déjà commencé à regarder cela - on eu une rencontre
avec le ministre de l'Éducation. On a décidé de former une
mission conjointe qui est au travail depuis ce temps-là sur ce cas
spécifique des ressources en informatique. Le problème est que,
dans les crédits 1983-1984 - on arrivait en fin d'exercice
budgétaire - il était difficile de modifier les orientations.
Cependant, on s'est aperçu que le ministre de l'Éducation avait
déjà pris certaines mesures importantes permettant le
décontingentement des options en informatique. On sait qu'à
l'Université Laval et qu'à l'Université de Montréal
l'an dernier, ils ont été obligés de refuser 90% des
étudiants dans ces options-là tellement la demande était
forte. Les gens savent bien où est l'avenir et ils voudraient entrer. Il
faut donc leur donner la possibilité de le faire.
Pour ce qui est de l'équipement, le projet d'un centre de
production automatisée permettra dans les universités d'ajouter
des équipements extrêmement coûteux, des systèmes de
conception et de fabrication assistés par ordinateur qui peuvent
coûter environ 750 000 $. On va faire un certain nombre d'interventions
comme celle-là. Dans ces actions...
Mme Dougherty: On va les installer dans les
universités?
M. Paquette: II y en aura dans les universités. Il y en
aura dans les cégeps et il y en aura éventuellement dans les
entreprises. D'autre part, quand on parle de 43 000 micro-ordinateurs dans les
écoles, il y en a 5000 qui sont destinés aux universités.
Tout cela ne va pas à l'élémentaire et au secondaire. Il y
en aura dans les universités et ce, dès cette année.
Mme Dougherty: Mon inquiétude, c'est pour les ressources
humaines, pas du côté du hardware. (15 h 45)
M. Paquette: Effectivement, mais c'est un problème qu'on
partage avec toutes les sociétés. Je pense qu'il va falloir
former les gens sur le tas essentiellement. On peut faire venir des
professeurs à l'occasion de l'extérieur, mais à
l'extérieur, les autres sociétés ont les mêmes
problèmes. Il y a une pénurie de gens en informatique, parce que
l'évolution est tellement rapide. Alors, il faudra que des gens
réorientent leur carrière. Il y en a beaucoup qui le font. Il y a
des professeurs de physique qui sont rendus en informatique, voire des
professeurs de linguistique qui se sont orientés de ce
côté-là; des mathématiciens purs deviennent plus
pratiques et s'en vont du côté de l'informatique. Il n'y a pas
d'autres possibilités, à part quelques exceptions de
spécialistes qu'on peut importer.
Mme Dougherty: Une dernière question sur les
universités. Sur la question des fonds fédéraux pour la
recherche, quelle stratégie envisagez-vous, en collaboration, j'imagine,
avec le ministère de l'Éducation et le ministre des Affaires
intergouvernementales, pour assurer une meilleure canalisation des fonds
fédéraux aux universités du Québec? Je connais le
problème. J'ai lu le rapport du Conseil des universités.
M. Paquette: Alors, je trouve qu'il y a...
Mme Dougherty: Mais est-ce qu'il faut discuter les
critères peut-être avec le gouvernement fédéral?
M. Paquette: Ah, bien oui. On a déjà
commencé. J'ai rencontré mon vis-à-vis
fédéral, M. Donald Johnston, au mois de janvier dernier. On est
censé avoir une autre rencontre en juin. On a convenu de se rencontrer
à tous les six mois pour faire le point de nos activités
respectives et essayer d'harmoniser tout cela.
Mme Dougherty: Est-ce vous qui êtes responsable de ce
dossier ou est-ce le ministre des Affaires intergouvernementales? Qui est le
responsable de ce dossier?
M. Paquette: Alors, voilà, le ministère des
Affaires intergouvernementales...
Mme Dougherty: Les négociations avec le gouvernement
fédéral pour...
M. Paquette: ...assume son rôle général de
coordination des relations fédérales-provinciales,
c'est-à-dire qu'on l'informe régulièrement de façon
qu'il ait une vue d'ensemble de tous les dossiers et qu'il puisse intervenir
à l'occasion en fonction de la politique extérieure du
gouvernement du Québec face aux autres gouvernements. C'est son
rôle, c'est son mandat. Cependant, lorsqu'il s'agit de dossiers
particuliers, les rencontres se font librement, sauf qu'on fait rapport
à chaque fois au ministre des
Affaires intergouvernementales. Parfois, il y a un représentant
de son ministère qui y assiste. Cela ne pose pas de problème.
D'autre part, en ce qui concerne les fonds qui vont
spécifiquement aux universités, évidemment, le
ministère de l'Éducation est intéressé parce qu'il
voudrait que cela s'harmonise avec ses propres activités. Cependant, la
loi va nous donner un droit de regard conjoint avec lui sur les fonds
subventionnaires gouvernementaux. Alors, on pourra orienter davantage l'action
du gouvernement du Québec. Du côté fédéral,
c'est le ministre d'État chargé des Sciences et de la
Technologie, M. Donald Johnston, qui est ministre titulaire du CRSNG, le
pendant de la FCAC, qui est le principal organisme. Alors, en janvier, on a eu
une rencontre ensemble et on lui a soumis un certain nombre de problèmes
qui prouvent que le Québec est défavorisé dans
l'attribution des fonds fédéraux.
D'une part, les gens d'Ottawa ne tiennent pas compte du fait que nous
avons un niveau collégial qui est à cheval sur
l'équivalent du secondaire et de l'université dans les provinces
anglophones. En gros, la fin de notre collégial correspond à la
première année des universités dans les autres provinces.
Leurs règlements leur interdisent de subventionner les collèges
d'enseignement général et professionnel au Québec. On perd
donc, en gros - je simplifie la question - un quart de subventions, parce que
là-bas on a un universitaire de quatre ans et qu'ici on a un
universitaire de trois ans. Donc, il y a moins de professeurs qui sont à
l'université, parce que l'équivalent de la première
année dans les provinces anglophones est donné dans les
cégeps. On leur a demandé: Pouvez-vous corriger cela? Soit que
vous ouvriez vos subventions aux professeurs de collège ou, encore, que
vous nous fassiez un transfert de ressources équivalent à ce
qu'on perd. On va se charger de le redistribuer par nos fonds subventionnaires
dans les collèges. On m'a dit qu'on allait réfléchir
à cela.
On lui a également soumis d'autres problèmes liés
aux contrats fédéraux, les avis ne se font qu'en anglais, ils ne
sont jamais traduits. On a plusieurs cas précis de gens qu'on avait
incités à faire une demande pour les contrats de recherche que le
gouvernement donne, on s'est aperçu que les gens ne recevaient jamais
les appels d'offres parce qu'ils étaient inscrits comme francophones.
Comme, la plupart du temps, les contrats n'ont pas le temps d'être
traduits à Ottawa, on ne les reçoit pas. Le ministre
fédéral nous a dit qu'il allait regarder cela.
On lui a également demandé ...
Mme Dougherty: Cela m'étonne. Un problème de
traduction...
M. Paquette: On peut vous amener les pièces au dossier. On
a tout cela dans les dossiers.
Mme Dougherty: ...pour Ottawa, parce que...
M. Paquette: Je n'ai pas fait de publicité
là-dessus. Je lui donne le temps de le régler. Toutefois, si ce
n'est pas réglé, à un moment donné, il faudra
prendre d'autres moyens, parce que cette situation est intolérable.
Mme Dougherty: Oui, bien sûr. Je suis d'accord.
M. Paquette: D'autre part, on est en train d'examiner la
composition des jurys, non pas que les jurys soient de mauvaise foi, mais il y
a le problème suivant: quand vous vous adressez à un fonds de
recherche fédéral et que vous avez des chercheurs du
Québec qui ont eu le malheur de ne pas trop publier dans des revues
anglophones, la majorité des membres des jurys à Ottawa ne
connaissent pas les publications francophones et les considèrent,
évidemment, comme de seconde zone, de second ordre. Cela aussi
défavorise les universitaires québécois.
En plus, on a un problème de retard qui est lié au retard
général qu'on a sur le plan économique. Tout
s'enchaîne. On a 15%, en moyenne, des dépenses en subventions du
gouvernement fédéral aux universités, comme on a 15% des
subventions du fédéral dans les secteurs créateurs
d'emplois au Québec. On a 40% de l'assurance-chômage, mais on a
seulement 15% des bureaux fédéraux, des emplois
fédéraux et des subventions fédérales aux
entreprises. C'est comme cela dans tous les domaines. La recherche scientifique
ne fait pas exception. Donc, il y a un phénomène de
société qui joue.
Mme Dougherty: J'espère que vous allez, pour
l'année qui vient, au moins encourager les clientèles
universitaires à faire des demandes pour exploiter au maximum ces fonds.
Le problème, c'est qu'ils n'ont pas fait de demande. Ils ne sont pas
orientés. Je crois que le conseil, au fédéral, est
plutôt orienté vers le Québec.
M. Paquette: M. le sous-ministre, Gilles Bergeron... Enfin, je
précède un peu l'adoption de la loi. M. le secrétaire
général associé me dit que - c'est un fait que j'oubliais
- dans le bulletin de la science et de la technologie que nous publions
régulièrement, systématiquement, on fait cet appel aux
chercheurs. C'est envoyé dans tous les milieux de recherche. Vous voyez,
notre attitude est de dire: II y a une partie de nos fonds qui vont là.
Il faut aller les chercher au maximum. Il y a toutes sortes de facteurs
qui expliquent pourquoi on n'a pas notre part des fonds
fédéraux. Mais je refuse l'explication qui veut que nos
équipes de recherche soient de moins bonne qualité. C'est
toujours l'excuse qu'on donne quand il y a des problèmes de
système. Je pense qu'on a d'excellentes équipes, qui sont
reconnues sur le plan international dans plusieurs secteurs et qui n'ont pas
leur part des fonds de recherche fédéraux.
Mme Dougherty: D'accord. Maintenant, mon collègue, M.
Assad, est arrivé. Est-ce qu'on peut aborder la question de la politique
d'achat. Je ne sais pas quel en est le numéro. Ma question
précise ... sur la politique d'achat par rapport...
M. Paquette: Oui, c'est la catégorie 7. Mme Dougherty:
C'est la catégorie 7.
M. Assad: Avant de commencer à parler de la politique
d'achat, si vous me permettez, j'aurais quelques questions. J'ai là un
intérêt particulier, parce que je viens de la région de
l'Outaouais québécois, effectivement, en face de la ville
d'Ottawa, dans la région de l'Outaouais ontarien, la question de la
haute technologie y est très importante. Comme vous le savez, ce coin
est plus ou moins le Silicone Valley du Canada.
M. Paquette: On en est bien heureux pour les Ontariens.
M. Assad: Tout le monde parle dans le coin de la technologie et
comment réagit la Société d'aménagement de
l'Outaouais. Tout le monde est embarqué là-dedans. Tous veulent
avoir une partie de ce gâteau de la haute technologie. D'ailleurs j'ai lu
le reportage de votre visite dans notre coin. Effectivement, il y a cinq ou six
semaines, il y a eu une rencontre à l'hôtel Concorde des
professeurs et des directeurs des polyvalentes du Québec et de
représentants des compagnies comme Commodore, IBM, Apple. Tous
étaient là pour faire une exposition de leur marchandise. J'ai
rencontré un professeur d'informatique de l'Université de
Montréal qui m'a dit que la seule inquiétude qu'il avait, c'est
que, vu le retard qu'on a eu dans nos écoles pour les ordinateurs, on
aille un peu trop rapidement. Le virage technologique, d'accord, c'est
très important; car j'ai lu vos propos dans la région. Avons-nous
le nombre suffisant de professeurs au niveau collégial et même
dans les polyvalentes pour transmettre les connaissances voulues dans ce
domaine? Est-ce qu'il n'y a pas un danger d'essayer d'aller trop vite et de
dépasser nos moyens, nos capacités d'enseigner?
Je vous dis cela parce que le professeur de l'Université de
Montréal m'a dit que plusieurs professeurs dans le domaine informatique
sont rendus aux États-Unis parce qu'ils ont eu des offres qu'ils ne
pouvaient pas refuser. Il n'y a pas de doute que les compagnies
américaines qui sont en pleine expansion cherchent du personnel
compétent partout dans le monde. Au Québec, on n'est pas
épargné, il y en a plusieurs qui sont
déménagés pour trois ou cinq ans.
Finalement, avant d'arriver aux politiques d'achat, puis-je
préciser que, dans notre région, on est intéressé,
comme du côté ontarien, à bénéficier de ce
virage technologique. Déjà, j'ai rencontré des types dans
la région qui ont présenté un programme et ils voudraient
se lancer dans le domaine de l'informatique. Ils sont déjà du
côté d'Ottawa. Ils sont prêts à venir dans notre
région faire de l'enseignement, même dans le domaine manufacturier
et toute la gamme. Ils sont intéressés à savoir quelle
sorte d'aide ils peuvent attendre du gouvernement du Québec s'ils se
décident.
Ils m'ont dit qu'ils étaient prêts à entreprendre
leur action dans la ville d'Ottawa, puis de venir dans notre région.
M. Paquette: Sauf que "they go where the money is".
M. Assad: Évidemment, et c'est normal. Mme Dougherty:
Le climat est propice. Une voix: Est-ce qu'il parle
français?
M. Assad: Oui. C'est un Québécois. Il demeure
à Hull. Il a un associé allemand qui parle un peu français
et lui aussi demeure à Hull. Ils ont leur travail à Ottawa. Ils
m'ont donné un dossier qu'ils ont complété. Ils sont
prêts à offrir des services du training et tout ce que vous
voulez.
Quelle sera l'aide qu'on pourra leur apporter en général
pour commencer?
M. Paquette: Lors de ma visite dans l'Outaouais, tel que vous
l'avez mentionné, je suis allé faire un tour
d'hélicoptère payé par la ville de Gatineau et j'ai
survolé les deux côtés de la rivière. C'est
frappant; d'un côté, des parcs industriels de haute technologie
et, de l'autre côté, rien. C'est assez frappant comme symbole de
ce qui est en train de se préparer.
Je pense que la région de l'Outaouais doit se consacrer au
développement de l'informatique. Je pense que l'informatique doit se
développer des deux côtés de l'Outaouais. Je pense que cela
est possible. Il faut y mettre les encouragements nécessaires. C'est une
foule de choses. Je vais vous donner un exemple. (16 heures)
On a aidé à l'installation et peut-être au premier
transfert de compétences technologiques, d'un côté à
l'autre de la rivière en subventionnant une petite entreprise qui a
accompli une innovation fantastique dans le domaine des
télécommunications, de la micro-électronique
appliquée aux télécommunications, qui s'appelle
Computational Methods Limited. Elle a frappé à toutes les portes,
au gouvernement fédéral et chez nous. On n'avait pas, à
l'époque, d'agence . de valorisation industrielle de la recherche. On va
en avoir une bientôt si l'Assemblée nationale est d'accord. Mais,
on l'a aidée, on a fait évaluer le dossier par le CRIQ. C'est une
innovation technologique fort intéressante. Alors, on l'a
subventionnée ad hoc. On est allé au Conseil du trésor, on
a obtenu des fonds et on lui a donné une subvention. Elle est
établie; cela fonctionne, cela roule et on espère que cela va se
développer. C'est une forme d'aide qu'on peut répéter.
Lorsqu'il s'agit d'une entreprise déjà bien établie, il y
a des programmes réguliers, de multiples programmes à la SDI. On
vient de créer trois programmes: l'un d'aide à l'industrie
électronique, l'autre d'aide à la recherche et au
développement et, le troisième, d'aide au tertiaire moteur, qui
peuvent concourir, selon les cas et la situation particulière des
entreprises. Nous avons travaillé avec la SDI à la
préparation de ces programmes. Il y a un protocole d'entente entre la
SDI et nous pour que, dans ces cas-là, on puisse regarder le dossier,
leur donner notre opinion et regarder cela ensemble. Une autre façon,
évidemment la plus importante, c'est ce dont probablement vous voulez me
parler, ce sont les politiques d'achat.
M. Assad: Je vais revenir à cela après. Mais...
M. Paquette: On y reviendra après... M. Assad:
D'accord.
Politique d'achat de micro-ordinateurs
M. Paquette: ...mais, il va de soi que... Je suis allé
faire un tour du côté de l'Outaouais, rencontrer les
représentants, d'une entreprise, toujours à l'occasion de cette
visite. Ils n'étaient pas tellement intéressés au
Québec. Je leur ai demandé pourquoi ils avaient toutes leurs
installations en Ontario et ils m'ont expliqué tout cela. Je leur ai
dit: Vous êtes au courant qu'on va implanter 43 000 ordinateurs au cours
des cinq prochaines années. Ils ont dit: Oui, on est au courant et,
justement, on songeait à implanter une nouvelle usine. Je pense que
l'orientation de notre politique d'achat, le troisième
élément, est déterminante.
Quatrième élément, il faut établir des
réseaux de recherche de l'autre côté de l'Outaouais. Moi,
je crois beaucoup à ce projet qui est en cours par les intervenants du
milieu, d'un centre de recherche sur les logiciels, orienté
particulièrement dans le domaine des télécommunications,
de façon qu'on fasse de ce côté-ci de l'Outaouais un peu un
secteur d'excellence dans le domaine du logiciel par rapport à ce qu'on
fait de l'autre côté de la rivière, surtout dans le domaine
du matériel. Cela m'apparaît une vocation intéressante
également pour la région. De plus, un tel centre, s'il est
branché sur les entreprises, pourrait offrir des services des deux
côtés de l'Outaouais. Et, à ce moment-là, les liens
vont se tisser davantage et les entreprises ne considéreront plus la
rive francophone de l'Outaouais comme une terre inconnue et hostile
habitée par des païens qui ne connaissent rien à la science
et à la technologie. Il y a un phénomène culturel aussi
qui joue.
Je pense que c'est la volonté politique aussi qu'on va afficher
ici au Québec, la volonté d'utiliser tous les instruments.
L'instrument principal m'apparaît être la politique d'achat et
l'informatisation de notre société. L'introduction des
micro-ordinateurs dans les écoles est un exemple, mais le
développement de la bureautique gouvernementale en est un autre.
L'introduction des techniques de production automatisée dans les
secteurs traditionnels de l'économie, au fur et à mesure que cela
va progresser, cela devient intéressant pour les entreprises du domaine
de l'informatique d'être installées au Québec, parce
qu'elles savent que si elles sont au Québec, elles ont plus de chance
d'avoir les contrats que si elles ne sont pas du Québec. Et, dans
certains cas, il va falloir qu'elles soient au Québec pour avoir des
contrats.
M. Assad: Évidemment. À propos de la politique
d'achat, je crois que vous allez nommer un représentant à une
commission permanente et interministérielle des achats?
M. Paquette: Oui, c'est l'organisme qui s'occupe d'appliquer la
politique d'achat du gouvernement. C'est fait. On a nommé quelqu'un.
M. Assad: Et quelles sortes de directives avez-vous
données à votre représentant dans ce domaine?
M. Paquette: Les directives sont les suivantes: dès qu'il
s'agit d'un secteur de haute technologie, on retient le projet - on doit
être informé d'abord des divers organismes qui achètent -
on le regarde et on détermine si une procédure d'achat-
développement, où les règles seront un peu plus
strictes, ne devrait pas être appliquée. Il y a des cas où
cela ne passera même pas par ce comité parce que le contrat est
trop gros ou trop évident, mais, parfois, cela peut être une
société d'État ou un organisme parapublic qui
s'équipe et dont on n'en a pas entendu parler. On a pris la
décision. Cela nous arrive au Conseil du trésor et on nous
demande des fonds. Un mécanisme est prévu en vertu duquel cela
s'en va à la commission ministérielle des achats. Quand ce sont
des secteurs de haute technologie, on veut les voir de plus près de
façon à s'assurer que les retombées économiques et
technologiques seront maximisées au Québec. Ce sont les
instructions qu'on a données à notre représentant.
M. Assad: Quelle sorte d'entente avez-vous avec les commissions
scolaires quant aux achats? Est-ce que ce sont elles qui font les achats comme
tels?
M. Paquette: Le système établi est le suivant: le
ministère de l'Éducation définit ses besoins en appareils.
Le comité interministériel, dont j'ai parlé ce matin
lorsqu'on a soulevé cette question, est formé de
représentants de chez nous, d'un représentant du ministère
de l'Éducation et d'un représentant du ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. Il va faire ses recommandations sur
l'attribution des contrats. Il y aura une liste du matériel
autorisé. Si les commissions scolaires achètent des appareils,
inscrits sur cette liste, on leur rembourse à 100%.
M. Assad: Est-ce que ce mécanisme est défini
actuellement?
M. Paquette: Oui, oui, c'est défini. L'Ontario a
appliqué à peu près le même mécanisme mais
n'en finançait que 80%. Nous finançons les 100%. Donc, c'est
très incitatif. Evidemment, il faut respecter l'autonomie des
commissions scolaires aussi.
M. Assad: D'accord.
M. Paquette: Je pense que vous nous en feriez le reproche, si
nous obligions les commissions scolaires à acheter du matériel
inscrit sur la liste, de sorte qu'une commission scolaire qui veut utiliser ses
propres budgets d'immobilisations peut le faire librement, mais elle devra
payer la totalité des coûts.
M. Assad: Ah bon! Mais il n'y a pas de doute, dans ce
cas-là, qu'elles vont attendre les directives de votre...
M. Paquette: Pas toutes. Vous avez la Commission scolaire de
l'Outaouais qui a acheté récemment plusieurs micro-ordinateurs
pour ses écoles. Elle l'a fait tout à fait librement. Elle a pris
un peu d'avance sur d'autres régions du Québec à ce
moment-là. C'est très bien comme cela.
M. Assad: Sur ce plan, est-ce qu'il y avait un corps professoral
compétent pour...
M. Paquette: Là-dessus, je dois dire que le principal
retard du Québec n'est pas dans ce secteur, à mon avis. Il est
davantage dans le domaine des équipements, des ressources, des outils et
des conditions que l'on offre aux enseignants qui veulent s'impliquer dans
l'enseignement de l'informatique ou dans l'utilisation de l'informatique comme
outil d'enseignement.
M. Assad: Non, je ne doute pas que vous ayez...
M. Paquette: Cela fait déjà dix ans au
Québec qu'il y a des gens qui travaillent dans les écoles avec
des jeunes en utilisant des micro-ordinateurs. En 1974-1975, par exemple,
lorsque j'étais au service de la Télé-Université,
on a mis sur pied un programme à distance de formation des enseignants,
dans 75 centres répartis partout au Québec. Depuis ce temps, ces
gens-là, enfin, la plupart, sont demeurés dans la commission
scolaire et travaillent avec les étudiants. Ils ont réussi, avec
les moyens du bord, à se trouver des micro-ordinateurs. Il y a une
expertise maintenant qui nous amène à dire qu'on est rendu au
point où on peut se permettre progressivement, non pas partout en
même temps, mais progressivement, de généraliser le
phénomène et d'assurer à la jeune génération
les outils nécessaires pour se préparer dans le monde où
elle va vivre et qui est un monde fait d'informatique qu'elle devra pouvoir
utiliser couramment, que ce soit à la maison, au bureau ou dans les
divers services auxquels elle aura à faire appel dans sa vie de tous les
jours.
Je pense qu'on est rendu au point où on peut
généraliser. Vous me dites qu'on craint que ce soit trop vite.
J'aime mieux cela. S'il y a quelques mois, on nous disait craindre que ce soit
trop lent, là, nous dit maintenant qu'on craint que ce soit trop vite.
J'aime mieux cela et je peux vous dire qu'on ralentira au besoin, si c'est trop
vite. Si c'est trop lent, on accélérera. Ce n'est pas une
question d'argent. C'est une question - si vous me pardonnez l'expression
anglaise de "timing". Il s'agit d'ajuster le développement des
compétences humaines, des ressources didactiques, le perfectionnement
des maîtres, l'arrivée des micro-ordinateurs. Au pire, il va y
avoir trop de micro-ordinateurs pour le nombre d'enseignants formés et,
à ce moment, les jeunes qui n'auront pas eu la chance d'avoir
des parents qui ont pu leur en acheter aux fêtes iront dans un
local de l'école apprendre par eux-mêmes, ils sont très
bien capables de le faire. Si vous avez vu des jeunes qui s'intéressent
pour la première fois aux ordinateurs, ils commencent par jouer avec
l'ordinateur mais ils apprennent très vite aussi la programmation. C'est
le pis qui peut arriver.
M. Assad: Je sais que, dans quasiment toutes les commissions
scolaires au Québec, on a un surplus de professeurs de sciences et de
mathématiques.
M. Paquette: Oui.
M. Assad: C'est un prérequis, c'est ceux qu'on voudrait
voir se recycler dans le domaine des ordinateurs.
M. Paquette: Oui.
M. Assad: Quand on parle du temps, on pourrait d'ici cinq ans
avoir 43 000 ordinateurs dans les écoles; évidemment, il y aura
une évolution même dans ce domaine. Je crois qu'au fur et à
mesure que les années avancent...
M. Paquette: Cela va peut-être aller de plus en plus
vite.
M. Assad: Oui, il n'y a pas de doute. Mais est-ce que vous pensez
qu'à ce moment-là on va avoir eu assez de professeurs qui vont se
recycler pour répondre aux besoins?
M. Paquette: Écoutez, si j'en juge par la motivation des
enseignants, par les pressions que nous avons dans le milieu, mon
collègue de Fabre, qui est adjoint parlementaire à
l'Éducation, peut en témoigner aussi de son côté, au
ministère de l'Éducation, il y a énormément de
pressions, c'est incroyable!
M. Assad: Pour le recyclage?
M. Paquette: II y a beaucoup d'enseignants qui se sont
lancés dans les programmes que les universités s'empressent
d'ouvrir parce qu'évidemment c'est de la clientèle qui est
financée suivant des mécanismes réguliers. Il n'y a pas de
problème de ce côté. Il y a en plus la
Télé-Université qui a offert un programme d'enseignement
à distance, en septembre, pour les centres éloignés des
universités. Le ministre de l'Éducation a annoncé un plan
précis de perfectionnement des maîtres et notamment un recyclage
qui est offert à 1000 enseignants en disponibilité.
M. Assad: Dans ce domaine?
M. Paquette: Oui. Parmi nos 4000 ou 5000 enseignants, je ne me
rappelle plus trop, c'est environ 5000 notre maximum d'enseignants en
disponibilité cette année, il y en a 1000 qui auront la chance de
se recycler. L'année suivante, une autre cohorte, etc. De la sorte,
à la fin des cinq années, on peut penser qu'à peu
près tous les enseignants auront eu la chance. Ils peuvent
évidemment ne pas saisir cette chance, cela serait une erreur de leur
part, mais c'est le libre choix de chacun - de se recycler. À mon avis,
on n'a pas à être coercitif quand on constate le niveau de
motivation qui existe de ce côté actuellement.
M. Assad: Je ne dis pas. En ce qui concerne les cours de
perfectionnement, quelques-uns ont une durée d'un an, deux ans et trois
ans.
M. Paquette: II en faut.
M. Assad: II y a un rattrapage à faire. Quand on
regarde...
M. Paquette: Un rattrapage par rapport à quoi?
M. Assad: Un rattrapage dans le sens que...
Pardon?
M. Leduc (Fabre): Ils ne sont pas formés.
M. Assad: À l'heure actuelle... M. Paquette:
Non.
M. Assad: C'est cela que je veux dire. Même si on avait
à notre disposition les logiciels, etc., on ne serait pas
prêt.
M. Paquette: Ah non, on ne pourrait pas en installer 43 000 d'un
coup.
M. Assad: Non, non, évidemment beaucoup moins.
M. Paquette: C'est cela.
M. Assad: Avez-vous un rôle dans cette question de voir si
le perfectionnement va se faire ou si on va recycler des professeurs?
M. Paquette: C'est un rôle général de
coordination puisqu'on m'a confié la présidence du Comité
ministériel d'informatique et d'électronique. C'est une
responsabilité immédiate du ministre de l'Éducation. Notre
rôle - c'est peut-être le moment de le préciser, parce que
cela permettra en même temps à Mme la députée de
Jacques-Cartier de rayer une autre des questions de sa liste - notre
rôle, dis-je,
dans ce dossier a été de dire: Dans l'ensemble des choses
qu'on peut faire, voilà une priorité absolue. Quand j'ai fait
cette déclaration en décembre dernier, j'avais rencontré
au préalable mon collègue le ministre de l'Éducation et je
m'étais assuré qu'il partageait avec moi cet objectif. Donc c'est
un rôle de stimulation, je pense que c'est le rôle d'un ministre
délégué à la Science et à la Technologie,
même quand les dossiers sont largement dans le champ d'un autre
collègue, de jouer ce rôle de stimulation. (16 h 15)
Deuxièmement, cela nous intéresse du point de vue du
développement technologique qui peut être apporté dans les
entreprises du Québec parce que, dans les contrats qui vont être
accordés pour les appareils, on ne voudrait pas qu'on se contente de
faire des répliques de Commodore et Apple. On voudrait que les
entreprises qui vont soumissionner pour les contrats s'engagent dans une
évolution technologique qui va faire en sorte que, lorsque les contrats
seront finis, elles ne retomberont pas à zéro; qu'elles vont
pouvoir se maintenir et, sans être nécessairement à la fine
pointe de l'évolution parce qu'il y a beaucoup de concurrence sur le
plan international, qu'elles vont quand même pouvoir se maintenir
à un niveau acceptable. C'est là l'autre préoccupation que
j'ai.
La troisième - on est en train de regarder cela - c'est de voir
quelles ressources en termes de centres de recherche on peut apporter au
système pour qu'il y ait des produits originaux, à la fois sur
les plans informatique et pédagogique. Cela demande des équipes
interdisciplinaires qui se développent. Les entreprises dans le domaine
du logiciel vont faire leur part en termes d'instruments didactiques, mais je
pense qu'il y a toute cette ressource des enseignants eux-mêmes qui sont
dans le milieu et dont il faudra valoriser les résultats sur le plan
commercial. On est en train d'examiner ces mécanismes et on va soumettre
des propositions à la table de concertation dont j'ai parlé dans
mon exposé d'ouverture ce matin, dans l'informatique
électronique, en ce sens.
Donc, stimulation, développement technologique des entreprises et
appui en termes d'infrastructures de recherche et développement au
mouvement qui se fait. Quand il s'agit de perfectionnement des maîtres,
cela regarde le ministre de l'Éducation, de toute évidence, mais
on peut lui donner des avis.
M. Assad: C'est un élément... C'est parce que, en
fin...
M. Paquette: C'est sa responsabilité.
M. Assad: En fin de semaine passée, je crois que vous
étiez à Trois-Rivières. Il y avait un colloque à
Trois-Rivières des professeurs de sciences, de l'Association des
professeurs de sciences.
M. Paquette: C'est l'Association canadienne-française pour
l'avancement des sciences. C'est la plus importante association et elle
regroupe douze associations sectorielles, dont l'Association
mathématique, l'Association des profs de sciences du Québec, la
Société d'histoire. C'est une espèce de
fédération de toutes les associations professionnelles dans le
domaine scientifique. C'est vraiment l'organisme clé au Québec
dans ce domaine. Il y avait plusieurs colloques à l'intérieur de
ce congrès.
M. Assad: D'accord. Juste une dernière question sur le...
Est-ce que votre projet est bien défini dans le sens suivant, est-ce que
vous avez quelque chose d'écrit qu'on pourrait voir parce qu'en vertu de
la politique d'achat, à l'article 7... J'ai eu un peu
l'expérience avec le ministère des Travaux publics et de
l'Approvisionnement. C'est assez rigide et parfois c'est
interprété selon leurs besoins. Mais je pense...
M. Paquette: Voulez-vous me relire l'article 7? Je ne l'ai pas
à ma disposition.
M. Assad: C'est surtout l'article 5. Dans certains cas
particuliers et pour des raisons similaires, un soumissionnaire qui offre un
plus bas degré de contenu québécois ou un apport
économique plus important pour le Québec pourra être
favorisé même si sa soumission n'est pas la plus basse.
Les problèmes qu'on a vus dans le passé avec cela chez
différentes compagnies, c'est que leur soumission était la plus
basse, mais elle n'offrait aucun contenu québécois. Mais les
autres compagnies qui avaient soumissionné, dont les soumissions
n'étaient pas les plus basses, n'avaient aucun contenu
québécois non plus, pour cet article particulier. Mais le fait
qu'elles produisaient d'autres articles au Québec comme, par exemple,
une compagnie qui produisait des ampoules électriques, le fait que
c'était un produit complètement, a joué en leur faveur,
même si leur soumission n'était pas la plus basse.
Le problème a été interprété comme
cela et on a corrigé cette lacune, mais je veux savoir, dans
votre...
M. Paquette: Je vais vous dire que notre approche n'est pas de
commencer une dynamique avec les entreprises qui pourraient nous mener, comme
dans le cas des enseignants, à des conventions collectives de trois
pouces d'épaisseur, parce que cela
pourrait dégénérer facilement vers cela. Si on
commence à entrer dans les règles d'attribution et à dire:
Dans certains cas, il y a tel type d'entreprise... on va ajouter des articles
et cela va devenir un dédale bureaucratique qui va, à mon avis,
desservir les intérêts de tout le monde. Je comprends que les
entreprises veulent des règles claires - cela se comprend - mais il faut
garder les grands énoncés de la politique d'achat suffisamment
simples. Notre attitude n'est pas tellement d'augmenter ou de raffiner les
articles qui sont là mais de faire en sorte que tous les organismes
vivent la politique d'achat et que cela se réalise. Dans des secteurs
technologiques, on ne veut pas non plus avoir une attitude bêtement
protectionniste où le marché québécois serait
à peu près inaccessible aux gens de l'étranger. À
ce moment-là, on pourrait nous dire la même chose lorsque nos
entreprises vont solliciter des contrats à l'étranger.
L'important, c'est que, dans chaque contrat, les règles du jeu soient
claires.
S'il y a des problèmes d'application de la politique d'achat,
c'est une question qui relève du ministre de l'Industrie, du Commerce et
du Tourisme. Si, dans le cas de certains contrats de haute technologie, il y a
des problèmes particuliers et qu'on juge que les retombées
économiques et technologiques ne sont pas suffisantes, je peux vous dire
- sans être le seul - que j'en fais mon affaire, j'en fais une
priorité. C'est pour cela qu'on a établi ce mécanisme avec
la Commission ministérielle des achats. C'est pour cela que, dans les
gros contrats, on a une approche tout à fait particulière. Je
vous donne comme exemple le contrat des micro-ordinateurs dans les
écoles. Il y aura une réunion d'information où les 23
entreprises québécoises intéressées - il y en a 23
pour votre information, c'est surprenant - plus les entreprises
étrangères qui ont des filiales au Québec - il y en a
trois - IBM, Spar-Univac, Burroughs plus les entreprises
étrangères intéressées à faire consortium
avec des entreprises québécoises seront invitées. On leur
mettra sur la table les règles du jeu claires dans ce contrat
précis. Je préfère cette approche non bureaucratique.
L'important, pour les entreprises, c'est que les règles du jeu soient
claires au départ. Si on essaie de codifier tout cela, on n'en sortira
pas.
Mme Dougherty: M. le Président, une question encore sur
les ordinateurs dans les écoles. Est-ce que vous avez dit que les
besoins en ordinateurs - je parle du hardware - étaient
déjà définis par les commissions scolaires, par le
gouvernement, par les responsables de cette définition?
M. Paquette: II y a un document qui a été
préparé au ministère de l'Éducation qui
décrit les spécifications. Une consultation des millieux
scolaires a été entreprise et c'est en marche - c'est presque
terminé - et c'est cela qui nous a fait retarder la rencontre avec les
entreprises parce qu'on voulait leur mettre cela sur la table bien clairement.
En septembre, fort probablement, il y aura un minimum d'ordinateurs qui
devraient être achetés des compagnies qui sont déjà
sur le marché, sans modification, sans retombées
québécoises énormes...
Mme Dougherty: Mais est-ce que les ordinateurs qu'on
achètera pour la prochaine année scolaire répondront aux
spécifications établies par le ministère de
l'Éducation?
M. Paquette: Oui.
Mme Dougherty: Ah oui?
M. Paquette: C'est une des conditions.
Mme Dougherty: Est-ce que...
M. Paquette: C'est une des conditions qu'on pose aux
entreprises.
Mme Dougherty: Est-ce qu'on a déjà fait des
commandes? Il faut quelques mois pour livrer...
M. Paquette: Je suis tout à fait d'accord avec vous. Ce
que je suis en train de vous expliquer, c'est que la commande pour 1983-1984
sera subdivisée en deux sections. Une petite partie dont nous avons
besoin dès septembre pour étendre notamment le cours
d'informatique en secondaire IV et V à presque toutes les écoles
du Québec, cela est un petit nombre...
Mme Dougherty: Ils seront en place pour septembre?
M. Paquette: Oui, mais ceux-là, on va les acheter presque
certainement d'un fabricant qui peut les livrer tout de suite, qui pourrait les
livrer demain matin, si on le lui demandait. On est obligé de faire des
compromis comme celui-là. C'est ce que je vous expliquais tantôt.
Il y a une question de "timing" face aux enseignants et il y a une question de
"timing" face aux industries aussi. C'est pour cela qu'on va subdiviser le
contrat. La partie la moins importante du contrat va se faire auprès de
fabricants qui peuvent livrer tout de suite, parce qu'on a des besoins en
septembre, il y a un boom, tout le monde veut faire de l'informatique. On veut
répondre à ces besoins. On sacrifie les retombées
économiques sur un petit nombre d'appareils par souci de répondre
à la demande pédagogique qui est faite dans les réseaux
d'éducation. C'est en janvier que le reste de la commande serait
livré, d'après
les plans actuels.
Mme Dougherty: Et les..
M. Paquette: S'il y a d'autres difficultés, s'il y a plus
de gens qui disent: Vous ne nous avez pas assez consultés, cela va
retarder encore, c'est évident.
Mme Dougherty: Et avez-vous l'intention de vous conformer aux
critères de la politique d'achat dans les deux cas?
M. Paquette: Oui, sauf que, dans le premier cas, on pourra
être moins exigeant que dans le deuxième à cause des
délais que vous avez très bien soulignés.
Mme Dougherty: M. le Président, j'ai des
difficultés à concilier l'optimisme du ministre dans cette
affaire, car il me semble qu'il y a beaucoup de problèmes qui existent
encore. Le ministre de l'Éducation a parlé le 20 avril des
solutions à trouver, surtout sur la question des logiciels. Il a dit, et
je cite: "Tout le monde s'accorde sur la pénurie actuelle de logiciels
de qualité utilisables pour l'enseignement et l'apprentissage, situation
qui...
M. Paquette: Je suis d'accord avec cet énoncé.
Mme Dougherty: ...se révèle encore plus
déficiente du côté du matériel francophone."
Qu'envisagez-vous à cet égard? Avez-vous réglé ce
problème?
M. Paquette: D'abord, je dois vous dire, Mme la
députée de Jacques-Cartier, que je ne suis ni...
Mme Dougherty: Vous êtes coordinateur, pas
gérant.
M. Paquette: ...optimiste ni pessimiste. J'ai la ferme conviction
que nous sommes dans la bonne direction. J'ai surtout la volonté d'agir
le plus rapidement possible dans ce sens en tenant compte de toutes les
contraintes qui existent dans toutes les directions. On va faire tout ce qu'on
peut le plus vite possible, compte tenu des contraintes. À ce
moment-là, on ne peut pas se tromper.
Comme je vous le disais, le pire qui peut arriver, c'est qu'on ait de
petits problèmes d'ajustement. C'est qu'à un moment donné
il y ait trop d'ordinateurs à une place et qu'il n'y en ait pas assez
à l'autre. Les cas où il n'y a pas assez d'ordinateurs
m'inquiètent plus que ceux où il y en aurait trop pour le nombre
d'enseignants pouvant les utiliser.
En ce qui concerne les logiciels plus particulièrement, il y a
déjà une banque assez impressionnante au ministère de
l'Éducation qui existe, mais elle est insuffisante. Là, je
partage totalement l'opinion de mon collègue de l'Éducation sur
les logiciels de qualité. Cependant, toute cette question des logiciels
est liée à la façon dont on va utiliser l'ordinateur dans
les écoles. Si on se fixe un objectif et qu'on dit: C'est ce qui est
important, tout de suite, c'est d'utiliser l'ordinateur comme outil
d'enseignement, là, cela nous prend des logiciels et des didacticiels
et, pour une heure, cela prend 300 heures de travail pour produire une heure de
didacticiel. On a du pain sur la planche. On peut traduire ce qui a
été fait ailleurs aux États-Unis, on peut importer de
France, mais, avant de produire quelque chose d'original et conforme à
notre culture, cela va prendre du temps.
Tel n'est pas l'objectif de la première phase d'implantation de
l'ordinateur dans les écoles. Il faut que cela se prépare. Il
faut que cela commence à se faire. Il faut que les enseignants se
mettent au travail un peu partout. Beaucoup d'entreprises de logiciels se sont
créées depuis six mois parce qu'elles voient venir la
volonté gouvernementale de diffuser l'informatique à
l'école. Presque toutes les maisons d'édition se sont
lancées dans ce domaine. Récemment, une entente a
été signée entre l'une des plus importantes maisons
d'édition, la maison Le Nordet...
Mme Dougherty: La maison?
M. Paquette: Le Nordet et une filiale de Hachette en France,
Matra-Hachette, de façon à produire des deux côtés
et on vient d'augmenter le nombre de didacticiels qui peuvent être
intéressants. (16 h 30)
Je vous le dis comme je le pense, parce que je connais très bien
ce domaine. Cela va prendre trois ou quatre ans avant qu'on puisse dire qu'on a
un nombre adéquat de logiciels, peut-être pas encore dans toutes
les disciplines et peut-être pas dans toutes les matières. Mais
l'objectif n'est pas celui-là, l'objectif est, d'abord et avant tout,
non pas d'utiliser l'ordinateur comme outil d'enseignement, mais comme
objet d'étude et comme instrument de laboratoire. Ce sera un objet
d'étude, parce qu'il faut que la jeune génération apprenne
à se servir de cet outil et à faire des choses. Les jeunes n'ont
pas besoin de programme. Ils ont besoin de se mettre sur un ordinateur,
d'être guidés, pas nécessairement par un enseignement, cela
peut être un programme interactif, il y en a beaucoup pour apprendre les
langages et tout cela, mais aussi d'être guidés par un enseignant.
Ils ont besoin d'apprendre l'informatique - objet d'étude - et de voir
ce qu'on peut faire avec cela dans tous les domaines.
Deuxièmement, ils ont besoin de
l'ordinateur comme instrument de laboratoire. Là, cela demande un
peu plus de travail. Je dirais que c'est un plan de difficultés
intermédiaires. Il s'agit de faire des simulations, de simuler des
expériences de laboratoire qui seraient très coûteuses ou
impossibles à faire ou même dangereuses dans certains cas, des
programmes - par exemple - de balistique où on lance une fusée
vers la lune. Il y a des problèmes de gravitation, on peut faire des
cours de physique avec cela. Une espèce d'instrument de laboratoire
où on simule des conditions d'une expérience scientifique. Cela,
c'est une difficulté intermédiaire. Là, on a
peut-être un peu plus de "didacticiels" que dans le cas où on s'en
sert uniquement comme outil d'enseignement.
Vous voyez, notre approche est quand même très
réaliste, parce que, même s'il y avait un peu plus d'ordinateurs
l'année prochaine, cela prendra au moins un an pour que les jeunes
commencent à s'intéresser à cela. Les professeurs, s'ils
en ont dans les écoles, vont aller voir. Ils vont commencer à
travailler et vont se dire: Tiens, je prends un cours. C'est de cette
façon que cela se fera. C'est pour cela que, lorqu'on vous parle de 43
000 ordinateurs, c'est un objectif que nous avons sur cinq ans. Je pense qu'on
devrait normalement l'atteindre avec tout l'intérêt que suscite ce
sujet. Mais...
Mme Dougherty: M. le ministre...
M. Paquette: Je ne dirais pas que nous avons tous les
"didacticiels" et tous les logiciels.
Mme Dougherty: J'ai l'impression que vous êtes en train de
confirmer notre accusation que le gouvernement a décidé
d'implanter un programme "crash" sans préparation. On a mis...
M. Paquette: C'est-à-dire qu'on a décidé de
le cracher, de prendre de l'argent et de l'investir dans ce domaine.
Mme Dougherty: J'ai été un peu
étonnée de lire dans les remarques de votre collègue le
ministre des Communications, lors de l'étude des crédits des
Communications, que le gouvernement doit pouvoir formuler un
énoncé de politique relative aux logiciels. Cet
énoncé de politique n'existe pas encore. Y a-t-il un
comité qui travaille là-dessus? Quand peut-on s'attendre...
M. Paquette: II y a déjà eu une étude,
d'abord, qui a été faite par un comité du Conseil de la
politique scientifique et qui a soumis ses recommandations à titre
préliminaire à la consultation publique. Il va continuer à
travailler cela et nous le présenter bientôt.
D'autre part, avec les autres ministères impliqués dans le
comité ministériel informatique et électronique, nous
sommes en train de préparer - nous avons presque terminé - un
état de la situation, mais aussi une synthèse des actions
projetées par le gouvernement en déterminant la
responsabilité de chacun des ministères.
Entre-temps, cela ne nous a pas empêchés de poser des
gestes. On a passé une commande à la SODICC qui a financé
pour tout près de 1 000 000 $ en subventions pour aider au
démarrage d'entreprises dans le domaine du logiciel.
Voyez-vous, on a décidé de faire de la planification
interactive. On a une perspective. On a des objectifs qui sont clairs, d'abord,
qui sont définis dans la politique scientifique, dans le virage
technologique et dans les différentes orientations qu'on a
annoncées depuis ce temps dans le secteur informatique. Cela se
concrétisera vers le début de l'automne dans un document bien
précis qui se nommera "un plan d'action", comme on en a fait un pour les
biotechnologies. Ceci dit, on a une démarche interactive. On n'a pas
l'intention de dire aux gens: Vous avez un gouvernement qui a la science infuse
et vous avez un ministre de la Science et de la Technologie qui a la science
infuse. Avec ses fonctionnaires et tous les collaborateurs, on va
préparer, dans les quatre murs d'un ministère, la politique du
siècle. Il n'y aura pas d'erreurs, il n'y aura pas de bavures et on va
avoir pensé à toutes les dimensions. Je ne crois pas une miette
à cela. Je favorise l'action et on a beaucoup à faire.
L'important, c'est qu'on distingue le pragmatisme et la planification
interactive. Ce que je veux dire par là, c'est qu'on pose des gestes
lorsqu'on est sûr que ce sont des gestes qui vont dans la bonne
direction. Au fur et à mesure que l'on progresse, les gens font des
choses. Et pas seulement nous. Les gens du milieu également font des
choses et puis on rajuste le tir sans aucun orgueil en disant: Les gens vont
penser qu'on s'est trompé. Bien non, ce n'est pas qu'on se soit
trompé, c'est qu'il y a des gens qui ont travaillé et qui ont
découvert des choses nouvelles.
Je pense que c'est le rôle en particulier d'un ministre de la
Science et de la Technologie qui vise à développer une attitude
d'innovation, de créativité, de ne pas faire croire aux gens
qu'on peut tout planifier à l'avance dans des politiques et, en
même temps, penser qu'on ne pourra pas être bureaucratique et qu'on
va miser sur le milieu.
On veut poser des gestes structurants. Quand on pose un geste
structurant, ce n'est pas une improvisation, parce que cela procède de
deux documents sur lesquels on a mis beaucoup de temps. Par ces
orientations,
les perspectives d'ensemble pour les années à venir, une
politique scientifique, une politique économique, qui mettent en
évidence le virage technologique.
Mme Dougherty: Donc, votre promesse de 7000 ordinateurs dans les
écoles pour septembre était un peu optimiste,
prématurée.
M. Paquette: Un instant; Je n'ai jamais dit qu'il y aurait 7000
ordinateurs dans les écoles en septembre. J'ai dit que nous allions
commencer dès septembre à donner des ressources à tous les
enseignants qui étaient capables de travailler avec cela, et que nous
avions un objectif, sur un certain nombre d'années, de 70 000
ordinateurs dans les écoles. Au ministère de l'Éducation,
ils ont examiné cela et ils ont dit: On prend une première
tranche de 43 000 en cinq ans; notre objectif, c'est 43 000 en cinq ans. On a
dit: Très bien. Je peux me tromper, mais l'intuition que j'ai, c'est
qu'à la fin des cinq ans, on va avoir plusrs dans les écoles
parce que, dans trois ans, le que 70 000 ordinateus ordinateurs vont
coûter 50 $.
Mme Dougherty: Vous avez parlé de 70 000.
M. Paquette: Je me demande même si on va avoir à les
payer, parce que les étudiants vont arriver avec le leur sous le bras.
C'est un faux problème, à mon avis. L'important, c'était
de dire tout de suite aux gens: On a la volonté politique, on est
prêt à - c'est pour cela que je faisais ce jeu de mots - cracher
le nombre de millions qu'il faut pour que vous ayez les outils pour travailler,
puis allez-y. C'est ce que j'appelle un élément, un
événement structurant, et un gouvernement qui joue son rôle
- si on est d'accord tous les deux là-dessus - un gouvernement doit
d'abord jouer un rôle de catalyseur dans la société.
Mme Dougherty: Alors, j'aimerais terminer ce sujet sur une autre
citation qui m'a étonnée, qui est peut-être la preuve d'une
des inquiétudes que j'ai soulevées ce matin, dans mon discours
d'ouverture. C'est une autre citation qui vient de l'étude des
crédits du ministère des Communications. Il a dit: "C'est
évident que tout le dossier de l'informatique et ses
dérivés bureaucratiques, privatiques, télématiques,
politiques, etc.."
M. Paquette: Politiques.
Mme Dougherty: Politiques. Je cite: "causent un certain nombre de
problèmes de coordination à l'intérieur du gouvernement".
Je pense que ce serait mentir au député de Westmount, notre
porte-parole, que de ne pas lui dire très franchement que, par exemple,
il nous faut définir qui est le porteur de ballon dans le domaine des
logiciels, qui est le porteur de ballon dans le dossier de la privatique, qui
est le porteur de ballon dans le dossier de la robotique, qui est le porteur de
ballon dans le dossier de la conception assistée par ordinateur, dans la
fabrication assistée par ordinateur, et qui est le porteur de ballon
dans le domaine de la recherche scientifique.
Sur ce problème, je suis pour la concertation. Je suis pour la
collaboration mais, à la fin, quelqu'un doit prendre une
décision. Il me semble que, dans les structures mêmes, la
confusion qui règne dans les mandats des différents
ministères est bien manifestée dans ce problème de l'achat
des ordinateurs. J'espère que nous n'aurons pas de problèmes
similaires à chaque étape de ce virage technologique. Le
problème d'achat des ordinateurs est vraiment un problème
relativement petit par rapport aux autres problèmes du virage
technologique j'espère qu'on va trouver, entre ministères, une
façon de fonctionner plus efficace que ce qui existe à l'heure
actuelle.
M. Paquette: Écoutez, c'est la raison pour laquelle le
Conseil des ministres a créé un comité ministériel
en informatique et en électronique et qu'il m'en a confié la
présidence. Je pense que c'est mon rôle d'aider les
collègues à aplanir les difficultés et clarifier les zones
grises qui existent toujours entre les ministères parce que la
réalité ne se laisse pas saisir facilement dans des
catégories. Quand vous arrivez avec un dossier comme celui-là,
d'autant plus que les habitudes n'ont pas été prises - c'est un
dossier nouveau - les gens regardent cela avec leur lorgnette sectorielle et se
disent: Voilà mon champ d'activité. Et un autre regarde cela et
il y a des intersections. Alors, il faut trouver le moyen d'aplanir ces
difficultés. Cependant, cela ne m'inquiète pas trop parce que je
me dis que - tout en étant d'accord qu'il faut clarifier ces
difficultés -au pire, tout le monde va faire du développement
technologique en informatique, tout le monde va appuyer tous ceux qui veulent
faire des choses en informatique-électronique et tant mieux. Sauf qu'on
s'aperçoit que, quand on arrive sur un dossier concret, s'il y a deux ou
trois ministères qui peuvent être intéressés, cela
peut ralentir un peu les discussions et on perd du temps de cette façon.
C'est dans ce sens-là qu'il faut mettre de l'huile dans la machine. Je
pense que c'est l'un des rôles qu'on m'a confiés en me demandant
de coordonner l'implantation du virage technologique et, plus
particulièrement, de présider le Comité ministériel
en informatique et électronique auquel siègent le ministre des
Communications, le ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, le
ministre de l'Éducation, le
ministre du Commerce extérieur, le ministre de la Main-d'Oeuvre
et la ministre de la Condition féminine, ces deux derniers s'occupant de
l'innovation sociale dont on parlait ce matin et qui est aussi importante que
le reste; elle est même plus importante que le reste.
Mme Dougherty: D'accord. Est-ce qu'on peut...Nous avons
commencé à quelle heure, M. le Président?
Le Président (M. Paré): À 14 h 50.
Mme Dougherty: Donc, nous avons jusqu'à 17 heures à
peu près? Au chapitre 1, ici: les priorités, je ne veux pas
parler de tout, parce que j'ai d'autres questions à poser, mais le
projet collectif a été publié en 1979, je crois?
M. Paquette: En mai 1980.
Mme Dougherty: D'accord. J'avais l'impression que c'était
une espèce de livre blanc?
M. Paquette: Oui, c'est une politique gouvernementale
adoptée par le Conseil des ministres.
Mme Dougherty: II y avait des réactions de partout, de
certains organismes qui sont impliqués sérieusement dans la
recherche et les activités scientifiques.
M. Paquette: Oui.
Mme Dougherty: L'un de ces organismes... J'ai deux documents ici
qui contiennent des critiques assez importantes, je crois, et j'aimerais
demander si vous avez tenu compte de leurs critiques. Est-ce que vous avez
révisé cette politique? Vous parlez souvent de "notre" politique
scientifique...
M. Paquette: Oui.
Mme Dougherty: ...comme si c'était quelque chose de
fixe.
M. Paquette: Ah oui! Voici...
Mme Dougherty: Est-ce que cela a été
révisé à la lumière...
M. Paquette: Permettez-moi...
Mme Dougherty: ...des recommandations? (16 h 45)
M. Paquette: Permettez-moi de vous rappeler brièvement la
démarche. Dès le premier discours inaugural du gouvernement du
Parti québécois, en 1977, le premier ministre affirmait que
l'élaboration d'une politique scientifique était devenue une
priorité au Québec. En 1978 et en 1979, il y a eu d'abord la
publication d'un livre vert qui, comme tout livre vert, jetait des
hypothèses et était soumis à la consultation. Il y a eu
une vaste consultation. Le ministre responsable du développement
culturel à l'époque s'est promené dans toutes les
régions. On l'a entendu. Je ne sais pas si ces remarques sont survenues
à la suite de la consultation, mais ce qui est arrivé, c'est que,
après la consultation, on a essayé de tenir compte de toutes les
opinions qui avaient été émises et on a
rédigé - je dis "on a" parce que je faisais partie du
comité à ce moment-là, avec plusieurs fonctionnaires, dont
certains d'ailleurs sont au secrétariat de la science et de la
technologie actuellement - un document, un projet collectif qui, lui, est un
livre blanc. C'est une politique gouvernementale. Ce n'est plus soumis à
la consultation, ce sont les orientations qui guident le gouvernement depuis ce
temps-là. Ces orientations n'ont pas été remises en cause
sauf que, peut-être dans un an ou deux, on a déjà
prévu de regarder, d'actualiser la politique, parce que cela va faire
quatre ans. Ce sera peut-être le temps de poser un regard neuf
là-dessus. En ce sens-là, si vous avez des points à
soulever, cela nous intéresse, cela va de soi.
Mme Dougherty: J'aimerais soulever deux ou trois points. Le livre
vert a proposé deux choses sur la situation des chercheurs dans les
universités: premièrement, établir une séparation
entre les rôles des professeurs chercheurs et ceux des professeurs
enseignants, afin d'épargner aux chercheurs des tâches didactiques
et administratives qui entravent trop la recherche; deuxièmement,
prendre les mesures pour éliminer la double recherche et encourager les
professeurs à se consacrer à des recherches se rapportant aux
besoins du Québec. D'accord.
J'ai ici la réaction de l'université McGill à cette
époque. D'abord, elle était contre ces deux recommandations.
Premièrement, elle a dit: "L'incidence nette de l'enseignement sur la
recherche et de la recherche sur l'enseignement est positive. En fait, le monde
universitaire reconnaît que, souvent, les meilleurs professeurs font
aussi les meilleurs chercheurs." Je crois que ces réactions ont
été appuyées aussi par d'autres organismes. Sur le
deuxième point: "La plupart des progrès scientifiques ont
été réalisés par une poignée de chercheurs
hors pair. Par conséquent, il est plus rentable pour la
société de poursuivre l'excellence comme objectif premier que
d'exiger la pertinence telle que la perçoit un gouvernement ou un
comité."
Souvent, vous et les autres ministres parlez des priorités du
Québec. Je ne sais pas quelles sont ces priorités du
Québec. On
parle toujours très généralement du fonds FCAC, des
priorités du Québec. Le ministre de l'Éducation parle des
priorités de la recherche. Je n'ai jamais vu une liste de ces
priorités. Aussi, le Conseil de la politique scientifique, au
début, comme réaction à ce projet collectif, a
suggéré 17 priorités, il y a deux ou trois ans, en fait,
il y a deux ans seulement, parce qu'il n'existait pas avant.
Pour moi, ces deux points soulevés ici par l'université
McGill sont fondamentaux pour notre politique scientifique. J'aimerais savoir
si vous avez révisé votre pensée, compte tenu de ces
déclarations des universités. Je l'ai même vu aussi dans le
mémoire de l'École polytechnique de Montréal où on
dit la même chose.
M. Raquette: Voulez-vous me donner la date de ces documents, s'il
vous plaît?
Mme Dougherty: Juin 1979.
M. Paquette: Oui. Et l'autre aussi?
Mme Dougherty: L'autre est de juin 1979, le mémoire de
l'École polytechnique de Montréal. Est-ce qu'il y a une autre
version de la politique scientifique?
M. Paquette: Oui, c'est que ces documents sont arrivés en
réaction au livre vert. Donc la consultation n'était pas
terminée. Cela faisait partie de la consultation. C'est seulement
après, en mai 1980, donc à peu près un an plus tard, que
nous avons publié la politique scientifique sous le titre "Un projet
collectif", en tenant compte de ces commentaires et d'autres. Je dois dire que
l'opinion qui est donnée dans celui de l'Université McGill sur le
premier plan, à savoir qu'il ne faut pas dissocier...
Mme Dougherty: La recherche de l'information.
M. Paquette: ...la recherche de l'information, a
été retenue dans notre politique scientifique; elle ne s'est
jamais modifiée depuis ce temps. Effectivement, c'est la raison qui a
fait en sorte que, dans la loi sur la science et la technologie, le fonds FCAC
demeure la responsabilité du ministre de l'Éducation. Il n'y a
pas d'autre raison pourquoi ce serait ici la responsabilité du ministre
de l'Éducation et, à Ottawa, la responsabilité du ministre
d'État chargé des Sciences et de la Technologie.
Ce qu'on a trouvé comme mécanisme -je trouve cela
intéressant - c'est que nous allons préparer les directives
conjointement avec le ministre de l'Éducation: le ministre de
l'Éducation, se chargeant de cette dimension qui est au coeur de son
mandat face aux universités, c'est-à-dire l'interrelation,
l'interfécondation entre la recherche et l'information et nous, nous
occupant d'ouvrir les universités au milieu. C'est une des dimensions de
la politique scientifique d'augmenter les collaborations entre les chercheurs
et les entrepreneurs, de s'assurer qu'on apporte suffisamment d'attention aux
priorités du virage technologique. Notamment, l'année
dernière, il a été décidé dans l'ordre des
biotechnologies de créer un nouveau programme de prêts et bourses
en maîtrise et doctorat dans ce domaine. Alors, quand on parie de
priorités gouvernementales, voilà un exemple. On a demandé
au fonds FCAC. Pouvez-vous mettre sur pied et administrer un tel programme?
Mme Dougherty: Je crois, si je comprends bien, que le
deuxième point soulevé par l'Université McGill et
l'École polytechnique était inspiré par une certaine
crainte que le gouvernement veuille mettre trop d'accent sur la recherche
appliquée par rapport aux dépenses de la recherche pure.
Quelquefois, dans les déclarations du gouvernement, je vois encore une
espèce de mélange des deux buts. Je ne suis pas contre la
recherche appliquée - on en a besoin -mais est-ce qu'on reconnaît
officiellement le mérite et la différence entre les deux?
M. Paquette: Absolument! Écoutez, d'abord vous parlez
à quelqu'un qui a fait ses premières études
graduées...
Mme Dougherty: Je connais la différence.
M. Paquette: ...dans le domaine le plus pur...
Mme Dougherty: Je connais la différence.
M. Paquette: ...possible des mathématiques...
Mme Dougherty: Je connais la différence mais...
M. Paquette: ...qui est la logique mathématique.
Mme Dougherty: ...dans votre politique, est-ce que l'importance
des deux est reconnue clairement?
M. Paquette: Très certainement. Ici, je pense qu'il faut
bien faire cette distinction. Par exemple, dans la loi sur la science et la
technologie, quand on parle d'arrimer davantage le développement de la
recherche à l'évolution de la société, ce n'est pas
un parti pris en faveur de la recherche orientée, de la recherche
fondamentale ou de la recherche appliquée, parce qu'on peut
très
bien faire des recherches fondemantales et, c'est important d'en faire.
Il n'y a pas de recherche appliquée possible sans la recherche
fondamentale qui la sous-tend mais, en même temps, même la
recherche fondamentale devrait pouvoir servir à éclairer les
autres agents...
Mme Dougherty: ...oui.
M. Raquette: ...de la société et servir à
l'évolution et à l'augmentation de la qualité de la vie.
C'est pour cela que je voudrais bien faire cette distinction. Je vais vous
donner un exemple. Dans notre programme d'intervention à l'heure des
biotechnologies, il y a le passage suivant, même dans ce programme
très orienté en biotechnologie où on dit qu'on va donner
des bourses aux étudiants de maîtrise et de doctorat qui veulent
s'orienter de ce côté parce que c'est une priorité du
virage technologique. On dit ceci à la page 14: Au lieu de fixer
d'autorité des objectifs prioritaires pour la recherche, le gouvernement
soutiendra les efforts de développement et de structuration de la
recherche biotechnologique. Plutôt que de prétendre
décréter le lieu et la nature des innovations à faire
surgir, il tentera de faire en sorte que, là où des
percées surgissent en recherche, elles soient susceptibles d'une
exploitation économique, que ces percées soient perçues,
que leur transfert et leur développement industriel soient
facilités. Même dans la recherche appliquée, on n'a pas une
attitude directive. Évidemment, face à la recherche fondamentale,
on est parfaitement conscient qu'il faut d'une part s'assurer que toutes les
disciplines reçoivent un appui gouvernemental, parce qu'il y a un lien
à faire entre la recherche et la formation, et même quand la
recherche n'est pas une ressource de pointe sur le plan international, il faut
assurer la relève des jeunes scientifiques. On est conscient de cela. On
se dit: L'argent supplémentaire, on va le mettre dans des centres
d'excellence. Parfois, cela va être en recherche fondamentale, mais on a
un effort plus grand à faire du côté de la recherche
orientée et de la recherche appliquée. Je pense que c'est
évident. C'est évident que, contrairement à ce qui se
passe dans d'autres sociétés, notre recherche n'est pas
suffisamment branchée sur les besoins du milieu et qu'il n'y a pas
suffisamment d'interrelation. Il y a trop de cloisonnement entre les
universités et le milieu, en particulier les milieux économiques.
On va faire un effort particulier de ce côté. Cela ne veut pas
dire que nous minimisons l'importance de la recherche fondamentale. Pas du
tout.
Mme Dougherty: Merci. Sur les 17 priorités, c'était
une recommandation du conseil en février 1982. Dans un autre avis sur la
biotechnologie, je crois, il a recommandé que le gouvernement concentre
des efforts, compte tenu que nos ressources ne sont pas illimitées. Dans
votre programme, ici, c'est énorme, vraiment. Je ne suis pas contre
toutes les initiatives décrites ici, mais je crois qu'on a une tendance
à essayer de tout faire et on risque de faire très, très
peu. On a des sociétés, des comités... Quelle est votre
réaction là-dessus? Parce que le conseil a insisté
plusieurs fois sur le fait qu'on doit risquer de mettre tous ses oeufs dans le
même panier au lieu de diffuser les ressources partout.
M. Paquette: Ici, je pense qu'il faut distinguer le
développement technologique d'abord de la recherche scientifique. Dans
le domaine du développement technologique, oui, il faut que tous les
secteurs soient touchés. Dans le secteur des textiles, de la
sidérurgie, du vêtement, si ces secteurs traditionnels
n'intègrent pas les nouvelles technologies, ils vont perdre leur
compétitivité, ils vont fermer, on va perdre des emplois et on va
augmenter le niveau de chômage au Québec. Alors, en matière
de pénétration des technologies, oui, c'est tous azimuts, le plus
vite possible. Il va falloir y mettre les ressources; sans cela, le
problème du chômage va s'aggraver au Québec. Ceci dit, dans
les nouveaux secteurs technologiques, il faut être sélectif. Je
l'ai dit dans mon discours d'ouverture ce matin. Il faut être
sélectif, il faut définir des créneaux. Je regarde
au-delà des activités d'emploi scientifique, études et
recherches, développement régional, culture scientifique; vous
allez reconnaître que là on ne parle pas tellement de
priorités de recherche. C'est dans la section où je parle de
bilans et de plans d'action sectoriels qu'on retrouve les priorités. On
n'arrive pas à déterminer le secteur très, très
pointu où on va être compétent, même sur le plan
international, comme cela, parce qu'on a décidé de le faire. Je
pense que cela va par entonnoirs progressifs. Mais on fini par tomber sur les
créneaux intéressants.
Dans le domaine des biotechnologies on a commencé par regarder ce
qu'il y a au Québec. On a dit: Voici, on a d'excellentes équipes
sur le plan international en termes de recherche, dans quels secteurs? C'est la
biotechnologie appliquée à la santé, la biotechnologie
appliquée à la forêt, à l'énergie, à
l'environnement. À l'intérieur de cela, on est en train de
raffiner et de raffiner. On ne fera pas tout ce qu'il est possible de faire
d'application des biotechnologies à la forêt, mais on va en faire.
On sait qu'on va en faire dans ce domaine. (17 heures)
On sait qu'on va en faire dans le domaine de la santé, mais, on
n'en fera pas sous tous ses aspects.
C'est la même chose au niveau de l'informatique. Au niveau de
l'informatique, déjà se dégagent des secteurs d'excellence
sur lesquels il faut miser. La bureautique en est un. On a deux des plus
grandes entreprises sur le plan mondial, parmi les dix leaders mondiaux, qui
ont la majorité de leurs installations au Québec. Dans le secteur
de la micro-électronique, il y a certaines applications qu'on commence
à dégager. On a commandé des études de
faisabilité.
Dans le domaine du logiciel, le problème est un peu
différent parce qu'il y a déjà et qu'il va y avoir de plus
en plus un marché interne qui, même s'il est petit, peut soutenir
des entreprises au point de départ. Mais, il va falloir que les
entreprises, également, si elles veulent exporter, se
spécialisent de plus en plus, qu'elles favorisent cette
spécialisation.
Pour le reste, il y a le secteur des énergies nouvelles. Il y a
l'expérience de Nouveler, il y a l'usine de méthanol qui se met
en route, il y a le secteur de pétrochimie hydrogène. Encore
là, on table sur les ressources naturelles du Québec, on table
sur la forêt, on table sur l'énergie hydro-électrique.
Mme Dougherty: Je suis d'accord. Mais, je me demande si on doit
plutôt axer nos efforts dans les secteurs basés sur nos ressources
naturelles, sur l'application de la technologie au lieu de l'invention de la
technologie. Parce qu'on invente la technologie partout au monde. On peut
peut-être acheter la technologie des autres. J'ai lu un document
préparé par les ingénieurs canadiens pour le gouvernement
le fédéral ou pour certains organismes du gouvernement
fédéral dans lequel ils ont suggéré cette
orientation qui est plus profitable sur le plan économique. Je me
demande si on doit considérer cette orientation surtout dans les
domaines où nous aimerions exploiter nos ressources naturelles, parce
que la recherche et le développement sont très
coûteux...
M. Paquette: C'est très rentable aussi.
Mme Dougherty: ...surtout le développement. S'il y a des
technologies qui sont déjà développées et qu'on
peut appliquer ici, on peut en profiter à des coûts
moindres....
M. Paquette: Oui, je pense...
Mme Dougherty: ...de notre part.
M. Paquette: Oui.
Le Président (M. Paré): J'aimerais vous rappeler
que, selon l'entente, on devait finir à 17 heures. Alors, nous allons
devoir conclure assez rapidement parce que, selon ce qui est prévu, on
doit commencer à 17 heures - quand vous aurez conclu - l'étude du
progrqamme 8. Donc, il faudrait conclure.
Mme Dougherty: Oui, M. le Président, nous avons une
entente pour 17 heures, mais le ministre était quelques minutes en
retard cet après-midi. Je crois que j'ai au moins quinze minutes de plus
pour compléter nos quatre heures. Est-ce que le ministre...
M. Paquette: Écoutez, je n'ai pas d'objection,
personnellement.
Mme Dougherty: Est-ce que vous avez d'autres...
M. Paquette: Non, j'ai annulé... Mme Dougherty:
...engagements?
M. Paquette: ...tout ce qui était prévu cet
après-midi.
Mme Dougherty: Tout ce que je demande, c'est d'avoir...
M. Paquette: Personnellement, je n'ai pas d'objection, c'est pour
les collègues qui doivent nous remplacer.
Mme Dougherty: Tout ce que je demande, c'est d'avoir les quatre
heures qu'on a prévues au début.
Le Président (M. Paré): S'il y a consentement des
deux côtés. Juste un instant.
Mme Dougherty: Je n'aurais pas... M. Paquette: 17 h
15.
Mme Dougherty: ...l'occasion en quinze minutes.
Le Président (M. Paré): D'accord.
M. Paquette: Est-ce que quinze minutes vous iraient?
Le Président (M. Paré): On s'entend pour
conclure...
M. Paquette: Oui.
Le Président (M. Paré): ...à 17 h 15.
M. Paquette: Allons-y pour quinze minutes encore.
Mme Dougherty: D'accord. Merci.
La prochaine question, peut-être que je
devrais choisir...
M. Paquette: Si vous le permettez, M. le Président, c'est
parce que l'intervention de ma collègue est restée sans
réponse. Je voulais simplement préciser que, là-dessus, on
est sur la même longueur d'ondes. Je pense qu'il faut affecter beaucoup
plus de ressources à la pénétration des technologies
existantes ailleurs et qui ne sont pas toutes inventées au
Québec...
Mme Dougherty: Ou adapter les...
M. Paquette: Oui, les adapter. D'ailleurs, une grande entreprise
du Québec, Bombardier, a basé son développement
là-dessus. Elle a acquis à peu près tout ce qu'il y a de
technologies nouvelles partout dans le monde. Elle peut jouer sur une gamme de
produits qui lui permet de soumissionner sur tous les grands contrats qui se
font à l'échelle mondiale. C'est maintenant qu'elle songe
à faire de la recherche-développement de produit original. Ce
n'est pas bête comme approche dans un secteur comme celui-là. Je
pense qu'effectivement, il faut que la pénétration des
technologies existantes soit plus généralisée, qu'on y
consacre plus d'efforts. Dans la recherche-développement de produit
original, il faut se concentrer sur des idées prometteuses. À ce
moment-là, les investissements sont coûteux en
recherche-développement, mais ils sont extrêmement rentables. Il y
a des études qui montrent que, pour 1 $ investi dans la
recherche-développement, on a 10 $ de retombées
économiques en moyenne, pour autant, évidemment, qu'on ne se
disperse pas tous azimuts; il faut se concentrer. C'est ce qu'on essaie de
faire. Je vous dis simplement qu'à la limite, on y arrive projet par
projet. Dans le fond, où est l'innovation du siècle? C'est bien
difficile de le dire. Mais, il faut miser sur des idées qui paraissent
intéressantes. Quand quelqu'un nous arrive, comme dans la région
de l'Outaouais, avec un appareil électronique qui fait la même
chose que tous les concurrents à un coût trois fois moins
élevé et qu'on a pu l'évaluer au Centre de recherche
industrielle du Québec, on dit: Oui, voilà un secteur qui va
peut-être prendre de l'expansion, peut-être que cela va donner un
profit moyen, mais peut-être que cela va être très
rentable.
M. Leduc (Fabre): J'aurais une petite question en rapport avec la
dispersion dont vous parlez. On assiste, de ce temps-ci, à
l'implantation de centres de recherche du gouvernement fédéral,
subventionnés par le gouvernement fédéral, qui
relèvent également, de la politique des orientations du
gouvernement fédéral. Il y a un centre dont il a
été beaucoup question. Il s'agit du centre de biotechnologie qui
est implanté dans la partie ouest de Montréal. On sait... Mme
Dougherty: Qui va être implanté.
M. Leduc (Fabre): Qui va être implanté, dont on a
annoncé l'implantation. Par contre, on sait qu'il existe un centre de
biotechnologie à Laval, centre de biotechnologie que je connais
très bien, que j'ai eu l'occasion de visiter. On peut s'étonner
qu'il n'y ait pas eu, à ce que je sache - à moins que vous me
disiez le contraire - de coordination, qu'il n'y ait pas eu de rencontre, qu'il
n'y ait pas eu de concertation pour que ces deux centres de recherche qui vont
être dans la région métropolitaine collaborent,
coopèrent, s'organisent ensemble. Cela me semble être un bon
exemple de dispersion. Est-ce que j'ai raison?
M. Paquette: En partie, en ce sens que, depuis un an, nous avons
mené avec beaucoup d'énergie, avec les intervenants
montréalais, une campagne en faveur de l'implantation à
Montréal d'un centre international des biotechnologies et de
génie génétique de l'ONUDI. Le gouvernement
fédéral a plutôt opté pour un centre canadien.
À mon avis, il aurait été préférable que ce
soit un centre international. Ce projet n'est d'ailleurs pas exclu. L'un
n'exclut pas l'autre, au contraire, l'un devient un atout pour l'autre. Je
pense que ce qu'on est en train de faire à Montréal, avec le
développement qu'on fait à l'Institut Armand-Frappier, à
Laval, qui est une ressource importante au Québec, également avec
les équipes excellentes en biotechnologie que nous avons à
l'Université de Montréal, à McGill, notamment, non pas la
"Silicone Valley"...
Mme Dougherty: Faire un réseau.
M. Paquette: ...la "Biocel Valley" ou la "Biocel Island", mais un
centre de calibre mondial en biotechnologie. On va avoir une concentration
importante des ressources scientifiques de la planète, avec le temps.
Dans ce sens-là, ce n'est pas contradictoire, mais il va falloir, bien
sûr, harmoniser tout cela. Je me dis, des fois... On a peut-être
l'impression, on se donne peut-être trop d'importance, les politiciens,
parce que, dans le fond, l'initiative fédérale s'insère
très bien dans nos projets. À l'heure des biotechnologies, dans
nos documents. Ce sont des applications, surtout dans le domaine de la
santé. Il y en a aussi à l'Institut Armand-Frappier. On pourra
établir des secteurs d'excellence dans d'autres types d'applications par
la suite. Il n'y a pas de problème de ce côté. L'important,
c'est que ces gens travaillent ensemble. Quand je disais qu'on se donne parfois
trop
d'importance, les politiciens, c'est qu'une fois que ces gens vont
être en place, ils vont travailler ensemble et ils vont se définir
des secteurs d'excellence complémentaires. Il y a des entreprises qui
vont se greffer autour des premières. Cependant, je dois dire que
l'Institut Armand-Frappier a un rôle beaucoup plus diversifié que
le centre canadien. C'est à la fois un institut de formation au niveau
des deuxième et troisième cycles, c'est un centre de recherche
très tourné vers les applications - il y a quelques chercheurs
qui font de la recherche fondamentale - et, en plus, il commence à y
avoir des entreprises autour de l'Institut Armand-Frappier. C'est une vocation
qu'on espère développer, notamment, avec le projet de
relocalisation des chercheurs d'Ayerst.
Mme Dougherty: J'aimerais ajouter aussi que je crois que la
biotechnologie n'est pas une chose.
M. Paquette: Non, il y plusieurs domaines.
Mme Dougherty: On aura une société de
biotechnologie pour les applications en agriculture...
M. Paquette: Exactement.
Mme Dougherty: ...les pêcheries, l'énergie, la
chimie. Il y a toutes sortes de diversifications. Ce n'est pas une science.
D'accord? Je crois qu'il y a assez d'espace pour beaucoup d'activités.
Je suis sûre qu'elle fournira une espèce de réseau avec des
communications assez efficaces pour partager ses inventions et ses
découvertes.
M. Paquette: Je suis d'accord avec cela. Cependant, en accord
avec mon collègue de Fabre, j'aimerais dire aussi que c'est un peu
déplorable que cette décision ait été prise sans
consultation du gouvernement du Québec et des intervenants
montréalais quant à son contenu, quant à ce qu'on va y
faire et quant à sa localisation. On avait travaillé depuis un an
à ce dossier et, à la dernière minute, on modifie le
projet et on dit: On fait un centre canadien.
Mme Dougherty: Alors...
M. Paquette: C'est un peu embêtant.
Mme Dougherty: Ce n'est pas trop tard...
M. Paquette: À ma prochaine réunion...
Mme Dougherty: ...pour s'impliquer pour...
M. Paquette: On va essayer d'harmoniser par après. Cela
aurait été préférable d'hamoniser avant et de
préparer ce projet davantage ensemble.
Mme Dougherty: D'accord. À l'élément 3, les
centres de recherche - on n'a pas le temps de discuter - est-ce que je pourrais
avoir par écrit certaines précisions sur ceux qui sont
déjà en marche? Pas aujourd'hui, mais vous pouvez peut-être
m'envoyer une liste des centres que vous envisagez pour l'avenir.
M. Paquette: Envisager... Je ne suis pas capable, dans la plupart
des cas, de vous dire à ce moment-ci: Tel projet va aboutir à
telle date. Je vous donne un exemple.
Mme Dougherty: Non, non, non, non.
M. Paquette: Le Centre de recherche en logiciel dans l'Outaouais,
cela nous intéresse, mais les intervenants du milieu ont encore un peu
de travail à faire pour consolider le projet. On leur a affecté
quelqu'un de chez nous pour les aider à le préparer. Est-ce que
cela va aboutir au mois d'octobre, au mois de décembre? Est-ce que cela
va rentrer sur l'année budgétaire en cours ou seulement sur
l'année prochaine? C'est bien difficile à dire à ce
moment-ci. Il y a d'autres cas qui sont plus clairs. Le centre de
diffusion...
Mme Dougherty: D'accord, les renseignements...
M. Paquette: On peut vous donner cela.
Mme Dougherty: ...que vous pourriez me donner, j'aimerais les
avoir.
M. Paquette: Certainement. Je vais vous les faire parvenir.
Mme Dougherty: Je suis au courant de ce qui se passe pour les
brevets dans l'industrie pharmaceutique.
M. Paquette: Oui
Mme Dougherty: M. Ouellet a proposé trois options. Est-ce
qu'il vous a consulté?
M. Paquette: Cela s'est fait au niveau des fonctionnaires. M.
Pierre Coulombe, du secrétariat à la science et à la
technologie, qui est responsable du dossier, a rencontre les gens du
ministère de M. Ouellet. Nous leur avons soumis la proposition que
j'avais présentée publiquement.
Mme Dougherty: Est-ce que vous êtes optimiste et
croyez-vous qu'on peut trouver un compromis?
M. Paquette: Oui. Je suis optimiste de ce
côté-là. Je pense que le gouvernement fédéral
s'est rendu compte qu'il était en train de défavoriser
systématiquement toute la recherche-développement au Canada
laquelle, majoritairement, se fait au Québec dans ce secteur.
Mme Dougherty: D'accord. Une dernière question, c'est
seulement pour le statut des chercheurs de la compagnie Ayerst.
M. Paquette: Oui.
Mme Dougherty: Est-ce que cela fonctionne? Est-ce qu'il y aura
une autre compagnie attachée à l'Institut Armand-Frappier?
M. Paquette: On travaille très activement à ce
projet. On a commandé une étude de faisabilité qui a
été livrée à temps au début de mai. Il faut
modifier légèrement le projet. On travaille là-dessus
activement. J'ai rencontré les chercheurs il y a deux semaines et je
demeure très optimiste de ce côté. On va trouver une
solution.
Mme Dougherty: Ils vont rester ici. Ils ne sont pas
découragés. Ils ne vont pas déménager...
M. Paquette: Pas encore. Ils sont un peu inquiets.
Mme Dougherty: À la fin de l'année, le contrat...
(17 h 15)
M. Paquette: Avant la fin de juin, on va leur dire très
précisément ce qui va arriver.
Le Président (M. Paré): Alors, je rappelle aux
membres de la commission qu'il est...
M. Assad: Juste une dernière question, c'est juste un
renseignement.
Le Président (M. Paré): Une, rapidement.
M. Assad: Merci. Dans ma région, il y a des gens qui
veulent savoir s'ils peuvent avoir de l'aide financière. À qui
pourrais-je soumettre un dossier? Qui pourrait regarder et dire: À
première vue, on est intéressé à ce que cela se
développpe ou c'est à côté de notre objectif? Est-ce
M. Rafic Namour qui est en charge ou vous-même?
M. Paquette: Vous pouvez l'adresser à M. le
secrétaire général associé, M. Gilles Bergeron.
C'est son rôle de coordonner l'équipe chez nous; il va l'affecter
au fonctionnaire le mieux placé pour l'évaluer.
Ensuite, on a des réunions toutes les semaines. Tous ces dossiers
me reviennent et je les regarde avec les fonctionnaires.
M. Assad: D'accord, je vais en soumettre un demain, pour
voir.
Le Président (M. Paré): Est-ce que le programme 3
et ses cinq éléments sont adoptés?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Donc on
appelle maintenant le programme 8.
Les travaux sont suspendus pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 16)
(Reprise de la séance à 17 h 22)
Relations avec les citoyens et OPHQ
Le Président (M. Paré): La commission de la
présidence du conseil et de la constitution reprend ses travaux avec le
mandat de procéder à l'étude des crédits du
progamme 8.
Les membres de la commission sont: MM. Baril (Arthabaska), Brassard
(Lac-Saint-Jean), Gendron (Abitibi-Ouest), Lazure (Bertrand), Caron (Verdun),
Lévesque (Taillon), Mme Marois (La Peltrie), MM. Marx (D'Arcy McGee),
Gravel (Limoilou), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce).
Les intervenants de la commission sont: MM. Bisaillon (Sainte-Marie),
Brouillet (Chauvreau), Charbonneau (Verchères), Hains (Saint-Henri), de
Bellefeuille (Deux-Montagnes), Dussault (Châteauguay), Gratton
(Gatineau), Perron (Duplessis), Rivest (Jean-Talon), Saintonge (Laprairie).
La parole est à vous, M. le ministre.
M. Lazure: Merci, M. le Président, je voudrais...
Le Président (M. Paré): Je m'excuse, M. le
ministre, il faudrait qu'on nomme un rapporteur à la commission. M. le
député Gravel, de Limoilou, sera le rapporteur.
M. Gravel: Je vais essayer de bien faire cela.
L'Office des personnes handicapées
M. Lazure: Je voudrais présenter aux membres de la
commission Mme Laurette Champigny-Robillard, qui est la présidente de
l'Office des personnes handicapées, et qui est accompagnée de M.
Jean-Jacques Paradis, son secrétaire général. Je
présenterai aussi
M. Richard Dufour, qui est le secrétaire général
associé au Secrétariat des relations avec les citoyens.
Si je comprends bien, M. le Président, nous allons d'abord
commencer la partie qui touche les personnes handicapées et autres
sujets au choix de Mme la députée de L'Acadie et, dans un
deuxième temps, nous parlerons, avec la présence du
député de Verdun, des relations avec les citoyens. Je comprends
bien que c'est...
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie, M. le le ministre. C'est le
député de Verdun qui est responsable du dossier des relations
avec les citoyens mais, par contre, j'ai la responsabilité de l'Office
des personnes handicapées comme porte-parole de l'Opposition officielle,
de même que de ce qui a trait à la politique familiale; je
remercie le ministre que nous puissions omettre pour le moment les remarques
préliminaires qu'il aimerait faire en début de séance et
passer immédiatement à ces deux points particuliers, quitte
à ce que vous les repreniez avec le député de Verdun.
M. Lazure: Juste quelques remarques sur les personnes
handicapées.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, parfait! Remarques
préliminaires M. Denis Lazure
M. Lazure: Brièvement, on partait en 1982-1983 de
crédits de l'ordre de 20 500 000 $ et les crédits pour 1983-1984
sont de 24 600 000 $, donc une augmentation de près de 21% par rapport
aux crédits initiaux de 1982-1983. Il faut dire que, durant
l'année financière 1982-1983, nous avons eu un budget
supplémentaire, à l'Office des personnes handicapées, de
l'ordre de 2 500 000 $. C'est remarquable parce que, dans une période
où la plupart des ministères ou des organismes d'État ont
eu à restreindre leur budget, le gouvernement a continué à
augmenter le budget de l'Office des personnes handicapées et de quelques
autres organismes, tout simplement parce que, dans ce secteur de
l'intégration sociale des personnes handicapées, nous avons
encore beaucoup de rattrapage à faire. Les 2 500 000 $ du budget
supplémentaire avaient été utilisés de la
façon suivante: 1 500 000 $ pour la création de 6 centres de
travail adapté; 500 000 $ pour ajouter au poste "contrat
d'intégration professionnelle"; et 500 000 $ pour les subventions aux
associations. J'apporte une correction, M. le Président, ce ne sont pas
6 nouveaux centres de travail adapté, mais bien 10.
Je voudrais ajouter quelques autres remarques sur les principales
actions au cours des derniers mois, quitte à répondre à
des questions plus précises ensuite. L'office a travaillé
beaucoup en consultant, depuis un an et demi, plus de 3000 personnes à
travers le Québec. Vous vous rappellerez le Sommet
socio-économique de décembre 1981, à la fin de
l'Année internationale de la personne handicapée. Le gouvernement
avait donné le mandat à l'Office des personnes handicapées
de rédiger un projet de politique d'ensemble pour les personnes
handicapées. La bonne nouvelle, c'est que ce projet est
rédigé depuis quelque temps; il est maintenant rendu au Conseil
exécutif et il sera, dans les semaines qui viennent,
étudié par les différentes instances centrales du
gouvernement. Nous espérons que, d'ici peu de temps, il pourra
être soumis au grand public pour une consultation plus large.
La deuxième activité importante, c'est la mise en vigueur
de l'article 63 de la loi pour l'exercice des droits des personnes
handicapées. Nous avions retardé l'application de l'article 63
pour permettre à l'office et aux employeurs en particulier de se
préparer à se conformer à cet article qui dit que tout
employeur de 50 employés et plus doit présenter à l'Office
des personnes handicapées un plan d'embauche. L'article est entré
en vigueur. Cependant, les entreprises ont jusqu'en juillet 1984 pour
présenter leur plan d'embauche et l'office a jusqu'en 1985, une
année pratiquement, pour donner son approbation au plan d'embauche
soumis par chaque office.
La troisième activité concerne les levées de fonds,
les souscriptions publiques pour les personnes handicapées. Au sommet,
nous avions évoqué la probabilité qu'au gouvernement nous
prendrions l'initiative d'essayer de voir clair dans la multitude des
souscriptions publiques pour personnes handicapées qui se tiennent dans
tout le Québec. À cette fin, nous avons organisé un
colloque il y a déjà quelques mois. Un comité de personnes
représentant les associations qui sont actives à travers tout le
Québec et les associations régionales d'autre part, ainsi que
l'Office, ensemble, nous en sommes à l'étape finale et un code
d'éthique entrera en vigueur. Il y aura un comité permanent de
surveillance des levées de fonds. C'est un projet qui s'est bien
développé depuis un an, qui arrive à son étape
finale. Il s'agit à la fois de s'assurer que les fonds fournis par les
entreprises autant que par les individus sont bien utilisés par les
personnes handicapées. Il s'agit de faire en sorte qu'il n'y ait pas
trop de "pilage sur les pieds", pour ainsi dire, qu'il y ait une bonne
coordination, que les campagnes de souscription soient mieux ordonnées,
mieux coordonnées. Il s'agit aussi évidemment de s'assurer que
l'image que ces campagnes projettent de la personne handicapée soient
des images positives de la
personne handicapée et qu'on ne fasse pas, comme on l'a souvent
fait dans le passé, simplement appel à des sentiments de
pitié ou autres attitudes semblables. (17 h 30)
Le transport adapté
Le transport adapté est un des domaines où on a
progressé le plus vite après l'adoption de la loi en 1978. Nous
avons des chiffres tout récents qu'on pourra distribuer aux membres de
la commission. Le relevé est en date du 10 mai. Actuellement, le
transport adapté pour les personnes handicapées couvre 80% de la
population du Québec. Toutes les grandes commissions urbaines offrent le
transport adapté. Il y a toute une série de municipalités
qui se sont regroupées, région par région. On a fait des
copies pour les membres de la commission et c'est intéressant comme
document.
Les budgets au ministère des Transports ont plus que
doublé par rapport à 1981-1982 et la même chose en
1983-1984 par rapport à 1982-1983. Ce sont des budgets qui ont
doublé à chaque année depuis quelques années.
Récemment, Mme la présidente et moi avons rencontré le
président de la CTCUM à la suite de pressions de groupements de
personnes handicapées qui se plaignaient de ne pas avoir voix au
chapitre dans les critères d'admission au transport adapté pour
handicapés. Là aussi il y a du progrès, après
quelques réunions. Les autres commissions de transport ont ce qu'on
appelle dans le jargon un comité d'admissibilité au transport
adapté où siègent des personnes handicapées. La
CTCUM était la seule commission de transport qui n'avait pas un tel
comité et qui décidait toute seule sur le plan administratif de
l'admissibilité. On donne les derniers chiffres aux Transports. C'est
passé de 2 500 000 $ à Il 500 000 $ en trois ans. Il y a eu un
effort considérable qui a été fait par le ministère
des Transports.
Finalement, l'Office des personnes handicapées travaille de
façon très étroite avec d'autres organismes
gouvernementaux. Souvent, cela ne paraît pas au grand jour, cela
n'apparaît même pas dans les budgets. Je vous donne un exemple.
L'office partage des locaux avec la Régie de l'assurance automobile du
Québec. L'office a un représentant ou une représentante
dans chaque région du Québec et, au lieu de louer des locaux pour
l'office, nous partageons les locaux soit avec la RAAQ ou avec la Commission de
la santé et de la sécurité du travail. En plus, il y a
aussi des rencontres d'un comité permanent de trois. Ce comité
est animé par la présidente de l'office avec les deux autres
présidents, M. Sauvé, de la CSST, et Mme Sotiau, de la RAAQ, pour
augmenter la mise en commun des ressources entre ces trois organismes. Les
trois organismes ont jusqu'à un certain point des clientèles
semblables. Dans la Régie de l'assurance automobile du Québec en
particulier, il y a beaucoup de personnes handicapées. Il y en a aussi
un certain nombre à la Commission de la santé et de la
sécurité du travail.
Un dernier mot sur les plans services à la clientèle. La
loi a prévu cette modalité qui est fort intéressante et
c'est dans la philosophie de la loi de ne pas créer des services que
l'office ne crée pas de réseaux de services, mais qu'il utilise
au maximum les services qui existent déjà dans les
différents réseaux: le réseau des affaires sociales, de
l'éducation, des bureaux de main-d'oeuvre. Cependant, il arrive certains
cas où les programmes existants d'autres ministères n'apportent
pas la solution pertinente aux problèmes de tel ou tel individu, enfant
ou adulte qui se trouve handicapé. À Saint-Hyacinthe
récemment, il y a une famille de deux enfants, deux grands enfants
lourdement handicapés, gravement handicapés, où il fallait
faire des aménagements. Les parents voulaient les garder au lieu de les
placer en institution. Il fallait faire des aménagements. La formule du
plan de services personnels prévu dans la loi prévoit que
l'office peut débourser des sommes d'argent pour aménager un
logement lorsque d'autres programmes, comme Loginove, ne peuvent pas - parce
que cela ne répond pas aux critères - intervenir. On intervient
toujours lorsqu'on s'est assuré que personne d'autre ne pouvait le
faire. La même chose pour des appareils, des prothèses, que ce
soit pour les handicapés sensoriels ou des handicapés moteurs.
Cette activité du plan de service a été bien
développée depuis quelque temps et une partie du budget
supplémentaire y est allée aussi. Si bien que la liste d'attente
pour les plans de services est beaucoup moins longue qu'elle était. Mais
elle est encore trop longue; actuellement, elle est de sept ou huit mois et on
essaie de la baisser à deux ou trois mois, d'ici six mois
peut-être.
M. le Président, j'ai fait un survol très rapidement. Je
ne sais pas si Mme la présidente veut ajouter un mot ou si on va
attendre que les questions viennent.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre. M. le
député de Verdun.
M. Caron: M. le Président, est-ce qu'il y aurait moyen de
nous présenter votre personnel.
M. Lazure: Oui, c'est ce que j'ai fait, M. le
député de Verdun, avant votre arrivée.
M. Caron: Je m'excuse. Je suis venu et je suis reparti.
M. Lazure: Je vais le faire à chaque fois qu'il va arriver
un nouveau député.
M. Caron: Je m'excuse. Je suis venu tout à l'heure et je
suis reparti, car on m'a dit que ce n'était pas prêt et que cela
irait dans quelques minutes. La commission des affaires municipales
siégeait en haut.
M. Lazure: Vous êtes reparti à cause du changement
qu'on a fait dans l'horaire. D'accord, excusez-moi.
Mme Robillard, la présidente de l'Office. En arrière, M.
Paradis, qui est le secrétaire général de l'Office des
personnes handicapées, et M. Dufour, qui est mon sous-ministre au
Secrétariat des relations avec les citoyens. Voilà.
Le Président (M. Gagnon): Bon!
M. Lazure: Et les membres de mon cabinet qui sont ici.
Mme Lavoie-Roux: C'est lui qui arrondit les angles.
M. Lazure: Pardon?
Mme Lavoie-Roux: C'est lui qui arrondit les angles.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Verdun?
M. Caron: Non, c'est à Mme Lavoie-Roux, car on a eu une
entente. On est prêt à collaborer parce que je pense que, dans la
commission qui siège actuellement, on essaie de le faire sur une base
strictement d'affaires, non politisée. Je pense que Mme Lavoie-Roux
aussi bien que moi on va le faire - parce qu'avec les handicapés et la
protection aux citoyens, il n'est pas question de politiser le dossier - on va
essayer de le faire le plus possible dans l'intérêt de tous les
contribuables du Québec.
M. Lazure: M. le Président, j'apprécie...
M. Caron: ...je pense que vous allez aussi avoir la collaboration
de Mme Lavoie-Roux dans ce domaine. Nous, on est chanceux car on est
physiquement bien; peut-être pas à certains moments mentalement,
mais physiquement bien. Je pense que ce n'est pas notre but ici de vouloir
faire de la politique avec le dossier.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. J'aimerais quand
même que le ministre... du. point de vue du budget, vous aviez 20 488 000
$, selon les crédits annuels en 1982-1983, crédits auxquels se
sont ajoutés je pense 3 000 000 $...
M. Lazure: ...2 500 000 $ de budget supplémentaire.
Mme Lavoie-Roux: Alors, ceci veut dire que cela fait 22 500 000
$, cette année, si vous ajoutez 2 000 000 $.
M. Lazure: Nous passons à 24 600 000 $.
Mme Lavoie-Roux: Je veux dire que 2 500 000 $ ont
été ajoutés durant l'exercice financier 1982-1983.
M. Lazure: Oui, c'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Alors, de 1983 à 1984, c'est 2 000 000 $
que vous ajoutez.
M. Lazure: Pour le moment, jusqu'au budget supplémentaire,
il y a de bonnes chances qu'on puisse, comme l'an passé, comme il y a
deux ans, si les besoins sont toujours là, aller chercher des
crédits supplémentaires.
Centres de travail adapté
Mme Lavoie-Roux: Bon, parfait. Je m'excuse, car j'aurais
peut-être dû en prendre note, ces 2 500 000 $ ont été
utilisés pour la création des centres de travail adapté
surtout.
M. Lazure: Pas seulement pour cela, mais surtout pour cela, oui,
1 500 000 $; 500 000 $ pour les contrats d'intégration professionnelle;
500 000 $ pour des subventions aux associations. Nous subventionnons à
peu près 200 associations de personnes handicapées: locales,
régionales ou nationales. Pour être précis, 183.
Mme Lavoie-Roux: J'avais pris cette notion de 3 000 000 $ dans un
article du 29 septembre, où le ministre disait consacrer 3 000 000 $
à la création de neuf autres centres de travail adapté en
septembre 1982.
M. Lazure: Ce sont les 2 500 000 $ du budget
supplémentaire, plus des montants du budget régulier qui
étaient encore disponibles. Cela donnait entre 2 500 000 et 3 000 000
$.
Mme Lavoie-Roux: Vous venez de nous dire que, pour les centres
adaptés, c'est 1 500 000 $ que vous avez ajoutés.
M. Lazure: Qu'on a ajoutés d'argent neuf, oui.
Recommençons: dans les 2 500 000 $ de budget supplémentaire,
c'est 1 500 000 $ qui sont spécifiquement alloués
aux centres...
Mme Lavoie-Roux: ...pour les centres...
M. Lazure: ...de travail adapté. Il y avait d'autres
montants du budget courant qui étaient disponibles et qu'on a pu
utiliser. Ensemble cela fait une somme d'à peu près 3 000 000 $
pour les dix nouveaux CTA.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Écoutez, je reconnais un peu le
style du ministre. Il en met toujours un peu plus.
M. Lazure: Je pensais qu'on ne serait pas partisan, M. le
Président.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais il faut quand même voir la
réalité en face.
M. Lazure: C'est le gouvernement qui en a mis plus, ce n'est pas
moi. C'est le gouvernement par le budget supplémentaire qui en a mis
plus.
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est vous qui annonciez cela, 3 000 000 $.
On ne se chicanera pas sur ce point, cela ne changera pas grand-chose.
Maintenant, est-ce que ces 9 nouveaux centres de travail adapté
fonctionnent présentement?
M. Lazure: Mme la présidente, allez-y donc.
On est passé de 28 centres de travail adapté à 38
dans l'exercice financier qui s'est achevé au 1er avril.
La réponse est oui, ces centres fonctionnent actuellement.
Mme Lavoie-Roux: Ils sont en fonctionnement et ils accueillent
combien de personnes, les nouveaux?
M. Lazure: On est passé de 1200 places à 1355
places.
Mme Lavoie-Roux: Oui, alors...
M. Lazure: Donc, cela veut dire 155 nouveaux postes, qui ne sont
pas nécessairement occupés tous le même jour.
Mme Lavoie-Roux: Mais les 9 que vous avez
créés...
M. Lazure: C'était pour environ 155 nouvelles places.
Mme Lavoie-Roux: C'est encore un petit travers du ministre,
créant 200 emplois pour personnes handicapées. On est à
155, on est 25% en bas.
M. Lazure: On va y arriver aux 200 emplois, Mme la
députée. On commence par 150, mais c'est une PME. Il faut bien
comprendre. Il faut faire attention et ne pas faire comme pour la loi 20, il
faut bien regarder le projet en question. Un centre de travail
adapté...
Mme Lavoie-Roux: La loi 20...
M. Lazure: ...c'est une PME qui ne commence pas tout de suite
avec 100% de son fonctionnement. Elle peut commencer à fonctionner
aujourd'hui avec 25% de ses effectifs ou 50%. Et, au fur et à
mesure...
Mme Lavoie-Roux: Elle est en fonctionnement, mais pas tout
à fait au complet. C'est qu'on m'a dit qu'elle fonctionnait.
Évidemment, il faut qualifier. En fait, les centres sont en
activité...
M. Lazure: Ils ne sont pas encore rendus à leur vitesse de
croisière.
Mme Lavoie-Roux: Et, lorsqu'ils auront leur vitesse de
croisière, combien aurez-vous de places dans vos centres de travail
adapté, Mme la présidente?
M. Lazure: Actuellement 1355 places sont inscrites dans notre
budget. Il y a quand même eu aussi un grand nombre de contrats
d'intégration professionnelle qui se sont développés
parallèlement à cela. C'est très important, en termes
d'intégration, parce que ce n'est plus de l'emploi
protégé, ce sont des gens qui, généralement,
demeurent en emploi, une fois le contrat terminé.
Mme Lavoie-Roux: Quel est le nombre de personnes qui ont
été intégrées au cours de la dernière
année?
M. Lazure: C'est 450 personnes? Je l'ai ici devant moi, c'est 550
nouveaux emplois, plus 150 reconduits.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est peut-être pas la première
année où vous avez fonctionné, mais, depuis que vous avez
ces contrats d'intégration au travail, combien de personnes ont-elles
été intégrées? Combien sont sorties de ces
contrats, soit que leur contrat n'a pas été reconduit ou quelles
qu'en soient les raisons? Est-ce qu'on a des statistiques sur
l'évolution?
M. Lazure: J'ai un rapport très à jour que je vous
enverrai avec plaisir. Il est à jour aux deux semaines près.
Mme Lavoie-Roux: En général, la
persévérance est assez bonne. C'est de l'ordre de combien?
M. Lazure: C'est de l'ordre de beaucoup plus qu'on s'y attendait.
C'est
certainement plus que 65%. Ce qu'il y a comme phénomène de
très intéressant aussi dans ces contrats d'intégration
professionnelle, c'est que beaucoup des personnes qu'on place ont peu ou pas de
scolarité.
Dans le contexte actuel, c'est déjà extraordinaire. Ces
personnes ont des emplois dans l'entreprise de 50 salariés ou moins et
elles durent en emploi; pour autant qu'on peut analyser nos statistiques,
l'indice est que les gens persévèrent en emploi. Lorsque les
contrats sont reconduits, c'est parce qu'il y a encore un besoin de compenser
une moindre productivité.
Mme Lavoie-Roux: Combien y a-t-il de personnes handicapées
physiquement et de personnes handicapées mentalement parmi ces gens?
M. Lazure: J'ai le détail dans les statistiques que je
vous enverrai.
Si vous me le permettez, à la suite de ce que j'ai lu hier soir,
c'est moitié-moitié. À toutes fins utiles, c'est 50-50.
C'est que, dans une moitié, on inclut les déficients mentaux et
les anciens malades mentaux, ce qui donne un tout de 50. L'autre moitié
comprend les personnes handicapées physiques.
Mme Lavoie-Roux: L'an dernier, on avait fait état de
certains CTA qui avaient eu des déficits. Cette année, est-ce
qu'il y a encore des déficits, quels en sont les montants, de quel ordre
sont-ils et qui va les compenser?
M. Lazure: Je peux aussi vous envoyer un tableau à jour.
Il y a des données que je n'ai pas apportées malheureusement. Il
y a une nette amélioration de la productivité et de la
rentabilité de l'encadrement des CTA depuis la dernière
année.
Il y en a 3 ou 4 qui ont certaines difficultés dans le moment et
dans lesquels on va s'insérer plus près encore dans la gestion.
Par contre, il y en a d'autres qui ont augmenté considérablement
la valeur ajoutée de leur production et sont passés de 1,8%
à 2%, 3%, 4% et 5%. Ces données statistiques existent. Ce sont
des documents publics. (17 h 45)
Mme Lavoie-Roux: II serait intéressant de savoir
exactement le montant du déficit que l'office est obligé de
combler pour permettre au centre de continuer de fonctionner. Aussi, quel
serait le montant des bénéfices dans certains cas ou des
profits?
M. Lazure: Ce sont plutôt des surplus. Mme Lavoie-Roux:
Oui.
M. Lazure: Parce que les surplus sont réinvestis. Ce sont
des entreprises à but non lucratif.
Mme Lavoie-Roux: Alors, ils sont réinvestis.
M. Lazure: Dans le cas des déficits, on cherche surtout
à faire en sorte que la gestion puisse absorber son propre
déficit et se remettre elle-même à flot.
Mme Lavoie-Roux: II serait intéressant d'avoir cela.
M. Lazure: On peut fournir ces documents à Mme la
députée de L'Acadie. J'ai justement des chiffres tout
récents à ce sujet.
Mme Lavoie-Roux: Sur la question de la politique d'ensemble,
apparemment, on va avoir beaucoup de lecture à faire pendant les
vacances, parce qu'on aura la politique familiale...
M. Lazure: C'est cela. La politique d'ensemble...
Mme Lavoie-Roux: ...la politique pour les personnes
handicapées...
M. Lazure: II y a un document de consultation sur la
réforme majeure du Régime de rentes du Québec qui s'en
vient aussi.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Je ne l'aborderai pas aujourd'hui.
M. Lazure: C'était pour vous informer.
Le transport des handicapés
Mme Lavoie-Roux: Je ne succomberai pas aux tentations. Je vais
reprendre certains points que le ministre a touchés. Je pense à
la question du transport. On sait fort bien que - là, vous me dites que
vous avez eu une rencontre avec le président de la CTCUM et j'ai
moi-même reçu des plaintes, parce qu'on le ressent souvent dans la
population des personnes handicapées - le transport, finalement, subit
beaucoup de contraintes. Je vous donne des exemples, de mémoire - je
peux me tromper dans les détails mais j'essaierai d'être la plus
précise possible. Pourquoi, par exemple est-on obligé de demander
son transport une journée d'avance et, parfois, même plus que
cela, pour être sûr d'avoir son transport, et pourquoi les
périodes d'attente sont-elles très longues? Par "très
longues", je veux dire d'être prêt au moins une heure avant et
qu'on devra attendre avant d'être recueilli de nouveau pour le retour.
Enfin, je pense que
vous êtes au courant de tous ces détails.
Dans quelle mesure ces choses vont-elles être corrigées?
Apparemment, le problème est plus aigu dans la région de
Montréal.
M. Lazure: Mme la présidente pourra continuer
tantôt, mais c'est effectivement plus difficile dans la région de
Montréal. C'est pour cela que la présidente et moi avons
rencontré le président de la CTCUM, alors que je n'ai pas eu
à rencontrer les présidents des commissions de transport
ailleurs. Je suis content que le député maire de Verdun soit ici,
parce que cela le touche et cela touche également ses contribuables.
Encore une fois, une des différences et, à mon avis, une
des causes des malaises à la CTCUM, c'est que la commission n'avait pas
voulu jusqu'ici admettre des personnes handicapées dans son
comité de sélection. Toutes les autres commissions l'ont fait. Il
y a aussi, à notre avis, certaines erreurs qui ont été
faites de la part de la CTCUM et dont on espère qu'elle va les corriger
bientôt. Elle a misé sur un seul mode de transport adapté,
à savoir des minibus, de gros minibus, pour ainsi dire, et ce n'est pas
assez souple comme mode de transport, alors que la plupart des autres
commissions se servent aussi du taxi.
Le taxi est probablement l'instrument le plus commode pour le transport
des personnes handicapées, finalement, dans beaucoup de cas. Aussi, les
coûts sont plus élevés à Montréal. Toute
proportion gardée, la plupart des autres commissions transportent
beaucoup plus de personnes handicapées que la CTCUM ne le fait, beaucoup
plus, rive sud de Montréal, Québec, et on peut les nommer
toutes.
Alors, je pense qu'il y a beaucoup de travail à faire mais,
heureusement, c'est parti du bon côté. Mme Robillard peut
continuer. Quant aux délais d'attente, Mme Robillard pourrait
peut-être répondre sur l'histoire des 24 heures ou des 12 heures.
C'est 24 heures ou 48 heures ou même la semaine pour les
réservations de fin de semaine.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Verdun.
M. Caron: M. le ministre et madame, je me demande si le
président de la CTCUQ a compris que, s'il y avait une étude de
faite sur certaines catégories de handicapés, il serait rentable
de se servir des taxis à Montréal. Il serait meilleur
marché d'envoyer un minibus, appelez cela comme vous le voulez. J'ai eu
l'occasion ici, en voyageant entre l'aéroport et le parlement, de parler
à des chauffeurs de taxi qui, à certains moments, font le
transport de handicapés. Je pense que cela ne serait pas plus cher et
peut-être même meilleur marché. On pourrait donner un
service à ces gens-là plus vite que ce qui est demandé. Je
ne connais pas votre conversation avec le président, mais, moi aussi, je
dois le rencontrer pour certaines lignes d'autobus. Ce n'est pas toujours
facile parce qu'il le voit comme administrateur. Je pense que, dans le cas de
personnes handicapées, on devrait le voir d'une autre façon. Que
ce soit le gouvernement, la Communauté urbaine de Montréal ou
celle d'ailleurs, je pense que, pour les handicapés on doit faire plus,
même s'il en coûte plus cher. On est tous d'accord
là-dessus. Vous devriez revenir à la charge. Vous aurez
certainement notre appui pour cela.
M. Lazure: On m'informe que, lors de la commission parlementaire
sur le taxi, votre collègue de Sainte-Anne s'était montré
du même avis. Il préconisait qu'on utilise davantage le taxi pour
le transport des personnes handicapées. C'est ce que le ministre des
Transports, Mme la présidente et moi-même préconisons.
À Montréal, il y a dans le moment une amorce de
négociation avec la fraternité parce qu'il y a un problème
syndical relié à l'utilisation du taxi qui est plus aigu à
Montréal. Il y a une ouverture d'esprit de la part de la commission sur
l'utilisation du taxi.
M. Caron: J'espère que l'ouverture sera très
large.
Mme Lavoie-Roux: Tel que cela fonctionne à la CTCUM, je
pense que les coûts sont très, très... Quand vous me dites
que cela représente Il 000 000 $, il serait intéressant de voir
le pourcentage. Je pense que vous avez demandé qu'on nous en donne une
copie.
M. Lazure: Ce ne sont pas les coûts, c'est la liste des
municipalités desservies.
Mme Lavoie-Roux: Sur les
Il 000 000 $ dépensés, il serait intéressant de
savoir combien sont dépensés à Montréal par la
CTCUM.
M. Lazure: Cela aussi on peut l'obtenir, je ne le sais pas par
coeur. On peut vous l'obtenir, c'est certainement disponible.
Il y a 3000 personnes handicapées qui sont
véhiculées. Le voyage revient à 36 $ mais,
là-dessus, il y a tous les frais administratifs qui ne sont pas
calculés. Il n'y a pas de doute que cela est plus cher à
Montréal que n'importe où ailleurs.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que c'est peut-être pour cela que
la CTCUM a été réticente, compte tenu des distances et des
frais. Quand vous engagez un taxi, le taxi
fait son voyage à 1,50 $ ou 3 $ tandis que si c'est par le
truchement de la CTCUM, le transport des handicapés reste soumis
à toutes les conventions.
M. Caron: M. le ministre, moi, j'irais plus loin. Je pense que
s'il y avait une négociation avec les taxis à des heures mortes
ou moins occupées, peut-être que vous pourriez avoir des taux
préférentiels. S'il y avait une négociation dans ce
sens-là, je ne dis pas oui, mais je ne dis pas non, aux heures où
il y aurait des déplacements qui pourraient se faire. Il faudrait y
penser.
M. Lazure: Encore une fois, je veux juste rappeler que la loi met
l'obligation sur les commissions et non pas sur l'office. On joue le rôle
de chien de garde quand cela ne va pas bien.
Mme Lavoie-Roux: Au sujet du transport adapté pour les
handicapés, il y a eu un problème soulevé par la rive sud
de Montréal. C'est un mémoire qui a été
rédigé par un comité ad hoc formé de CLSC et
d'organismes bénévoles dans lequel on faisait état que le
système de transport actuel ne répondait que faiblement aux
besoins des différentes clientèles. Le système de
transport adapté de la rive sud étant débordé, il
est obligé de se limiter aux personnes qui correspondent à une
définition très légaliste du handicapé. De plus,
les organismes bénévoles qui font du transport sont seulement des
centres de dépannage. Il y aurait toute une clientèle qui serait
un peu laissée pour compte et qui peut-être ne rentre pas
rigidement dans le cadre des personnes handicapées. On mentionnait les
personnes âgées en perte d'autonomie qui doivent se
déplacer pour des traitements médicaux réguliers, des
personnes souffrant de troubles cardiaques et respiratoires sérieux, des
personnes recevant des traitements de chimiothérapie et des personnes
temporairement handicapées.
Ma question, je la globalise un peu. Est-ce qu'il est question
d'envisager un élargissement du transport adapté, surtout si on
tient compte que vous allez élargir la notion de handicapé ou
peut-être plus d'invalidité, en termes de couvrir d'autres
handicaps qui ne sont pas ceux qui sont très visibles ou qui peuvent
être reliés par exemple à...
M. Lazure: Bon, la position du gouvernement est claire. La
définition de personne handicapée, c'est celle qui est contenue
dans la loi. Dans la pratique, il est bien évident que les commissions
de transport, de concert avec l'office et le ministère, avaient
privilégié certains groupes de personnes handicapées qui
nous paraissaient encore plus mal prises que d'autres qui sont aussi
handicapées.
Autrement dit, on ne pouvait pas, du jour au lendemain, alors qu'il n'y
avait jamais eu de transport public pour les personnes handicapées,
répondre à toutes les demandes. Il y a eu un choix de fait par
les commissions, l'office et le ministère des Transports. On ne s'en
cache pas: on a privilégié les personnes handicapées, peu
importe l'âge, qui ont de gros handicaps physiques, moteurs pour
être plus précis.
Il reste qu'il y a des personnes âgées qui ont des
handicaps physiques moins apparents, moins graves, qui devraient aussi
bénéficier de transport. On est d'accord là-dessus.
Très prochainement, c'est lundi prochain pour être plus
précis, je ne peux pas dévoiler le contenu, parce qu'il y a une
conférence de presse à cet égard, car j'ai eu la
confirmation aujourd'hui du bureau de M. Michel Clair, le ministre des
Transports et moi-même allons rendre publique une politique d'admission
au transport adapté qui va être la même dans toutes les
commissions de transport.
La demande était venue au sommet de la personne handicapée
en décembre 1981. Pas longtemps après le sommet, l'office a mis
sur pied un comité groupant des personne handicapées
évidemment et aussi des représentants du ministère des
Transports.
On va répondre aux besoins des associations et des commissions
qui veulent avoir une définition claire et nette et qui va être
applicable à toutes les commissions.
Deuxièmement, il va falloir quand même que les commissions
fassent des choix avec l'aide de l'office et du ministère pour dire,
durant au moins un an ou deux encore, quelle clientèle va être
privilégiée par rapport à d'autres.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, peut-on nous dire
où on est rendu dans la fonction publique quant à
l'intégration des personnes handicapées?
M. Lazure: Oui, j'ai eu à assister il n'y a pas
longtemps... Prenons l'ensemble de l'appareil gouvernemental, qui
s'était fixé comme objectif 2%, il y a environ deux ans et demi.
À l'époque, le ministre de la Fonction publique et
moi-même, on avait annoncé l'intention du gouvernement de faire en
sorte que, dans l'ensemble de la fonction publique, on atteigne au moins 2%
d'employés qui souffrent de handicaps tel que définis par la loi.
On est rendu à 3,2% dans l'ensemble de la machine gouvernementale.
Il y a des ministères et des organismes qui sont très
avancés. L'office, c'est tout à son honneur, est loin en avant
des autres. Vous avez au-delà de 37% des employés de l'office,
qui compte une centaine d'employés, qui sont des personnes
handicapées. Il y a
certains ministères qui sont en-bas du 2%. On a écrit
à ces ministères pour les inciter à redoubler d'efforts.
Il y en a d'autres évidemment, loin en arrière de l'office, qui
sont pas mal au-dessus du 2%.
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse, comme il est 18
heures, je veux dire qu'il y a eu entente pour poursuivre les travaux.
Mme Lavoie-Roux: Si vous n'avez pas d'objection, j'en aurais pour
à peu près 15 minutes.
M. Caron: Je pense qu'on s'est entendu avec le chef de cabinet du
ministre.
Le Président (M. Gagnon): Alors, est-ce qu'on a la
permission de la commission pour continuer jusqu'à 19 heures? Vous allez
avoir un troisième président parce que je dois partir à 18
heures.
M. Lazure: Cela se peut. Avant...
Mme Lavoie-Roux: On a commencé à 17 h 30 et on
avait demandé deux heures.
M. Lazure: Comme vous le voulez, vers 19 heures.
M. Caron: Non, est-ce que vous voulez aller souper à 19
heures et revenir ou si vous voulez...?
M. Lazure: Vers 18 h 45 ou 19 heures. On souhaiterait continuer
jusqu'à ce qu'on finisse.
M. Caron: Cela peut passer 19 heures.
M. Lazure: Plus, si vous le voulez. (18 heures)
Le Président (M. Gagnon): Allons-y.
Mme Lavoie-Roux: Quant à la fonction publique, on peut
dire qu'on y a 3% de personnes handicapées, mais je dois vous dire qu'il
y a maintenant environ deux ans - si ce n'est pas l'an dernier, c'est
l'année précédente - on faisait circuler dans la fonction
publique un document dans lequel on demandait d'identifier le personnel
handicapé qu'on avait dans les différents ministères.
D'ailleurs, cela avait été porté à mon attention
par les personnes handicapées elles-mêmes qui jugeaient qu'elles
n'étaient pas des personnes handicapées.
M. Lazure: Qui faisait circuler le document?
Mme Lavoie-Roux: Le ministère de la Fonction publique.
M. Lazure: Le ministère de la Fonction publique.
Mme Lavoie-Roux: Aujourd'hui, si j'avais eu une minute, je
l'aurais retrouvé. Mais il faudrait que je cherche dans toute ma
paperasse. Il ne faudrait peut-être pas se leurrer. On avait
l'impression, et c'était peut-être à cela que des personnes
s'opposaient, qu'on allait tout à coup créer des
catégories de personnes handicapées qui ne le sont pas, parce
qu'une personne qui claudique n'est pas nécessairement une personne
handicapée. Une personne dont le fonctionnement n'est pas amoindri ne se
considère pas une personne handicapée. Quand on dit qu'on a 3% ou
3,2% de personnes handicapées dans la fonction publique, s'agit-il
véritablement de personnes dont la capacité de travailler est
diminuée d'une façon quelconque, d'un pourcentage quelconque ou
s'il s'agit simplement de personnes dont on a découvert qu'elles
boitaient, qu'un doigt leur manquait, etc.?
M. Lazure: Je pense que c'est une mise en garde qui vaut
d'être relevée et je demanderais à Mme la présidente
de...
Mme Lavoie-Roux: Mais je vais retrouver ce document et je vais
vous l'envoyer. Je ne pense pas qu'il circule encore.
M. Lazure: Ce que nous avons toujours dit au ministère de
la Fonction publique est de se servir de la définition qui est dans la
loi.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais les questionnaires qui avaient
été envoyés étaient très larges.
M. Lazure: II y avait eu un questionnaire qui avait
circulé au ministère des Affaires sociales et sur lequel on est
intervenu.
Mme Lavoie-Roux: Celui-là, c'était à la
Fonction publique.
M. Lazure: En tout cas, il y a certainement eu un questionnaire
à tout le moins et sur lequel on est intervenu pour le faire corriger
parce que les questions portaient à ce genre d'abus.
Mme Lavoie-Roux: Quand je le retrouverai, je vous le donnerai. Si
les 3,2% étaient basés sur ce genre d'évaluation, cela ne
serait peut-être pas aussi bon qu'on le croirait.
M. Lazure: C'est toute la difficulté de faire un
inventaire quand on parle de personnes handicapées. Comment faire un
inventaire? Car on ne devrait pas devoir en
faire.
Accès aux édifices publics
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. De toute façon, peut-on me
dire où on en est rendu dans le programme du retrait, si je peux dire,
des barrières ou de la correction à apporter aux barrières
architecturales? Longtemps, on a tergiversé sur cette question, ce que
le ministère des Travaux publics donnait ou ne donnait pas. Y a-t-il un
ralentissement? Est-ce que le rythme se poursuit? Où en sommes-nous?
M. Lazure: II y a plusieurs choses là-dedans. Chaque
ministère, pour l'ensemble du gouvernement, avait un programme
d'adaptation de ses édifices et qui était le programme du
ministère des Travaux publics. D'après ce que j'en sais, il
continue; c'est un plan qui se déroule et qui est réalisé
en partie, mais selon les prévisions, pour autant que je le sache dans
les détails.
Par ailleurs, si vous parlez de l'accessibilité des
édifices publics et de l'entrée en vigueur des règlements
qui rendent ces articles applicables, ce règlement n'a pas encore
été publié. La responsabilité a été
transférée du ministère du Travail au ministère de
l'Habitation. J'ai eu dernièrement une lettre du sous-ministre qui me
dit que cela devient une de ses priorités et qu'il va voir à la
mise en application de ces articles, parce qu'il parle en même temps de
l'accessibilité aux nouveaux édifices. Cela veut donc dire,
j'imagine, un amendement au Code du bâtiment.
Mme Lavoie-Roux: Ce que je veux savoir, c'est si, dans le cas des
édifices neufs qui doivent être accessibles au public, les
articles ne sont pas encore en vigueur. Parce que, dans le cas des...
M. Lazure: Non, ce n'est pas exact. L'article est en vigueur.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais il ne s'applique pas.
M. Lazure: Comme Mme la présidente l'a dit, il ne
s'applique pas pour ce qui est de la rénovation, de l'aménagement
d'immeubles existants. Par contre, il s'applique intégralement pour les
nouveaux immeubles.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Caron: C'est une obligation.
M. Lazure: Si vous avez des exceptions, j'aimerais que vous les
soumettiez à la présidence de l'office ou à
moi-même. Quand on dit que le règlement n'est pas encore en
vigueur, il s'agit de l'aménagement d'édifices déjà
existants. L'une des raisons du retard, c'est le transfert de juridiction qui
s'est fait l'hiver dernier, en décembre, du ministère du Travail
et de la Main-d'Oeuvre vers le ministère de l'Habitation. Le
sous-ministre de l'Habitation vous a écrit récemment disant que
cela devenait sa priorité.
M. Caron: Je pense, M. le ministre, que, pour toute nouvelle
construction il n'y a pas à s'inquiéter. Là-dessus,
déjà pour le nouveau permis qui est demandé, cela a
été porté à mon attention qu'on demandait des
choses additionnelles et il y a certaines personnes qui n'aimaient pas cela
naturellement, parce que cela coûtait un montant additionnel, je pense
qu'il n'y a pas à s'inquiéter. Mon inquiétude, c'est
qu'à un moment donné on a octroyé des subventions pour des
édifices commerciaux qui étaient sous la juridiction des
municipalités. Je me demande s'il n'y aurait pas possibilité -
j'ai appris en commission parlementaire que le ministère des Affaires
municipales a approuvé un montant de 50 000 000 $ pour des programmes -
que le ministère des Affaires municipales ait une priorité pour
les municipalités qui n'ont pas eu la chance de s'adapter pour donner
les services aux handicapés, que ce ne soient pas des programmes qui
auraient priorité pour transformer les édifices ou les endroits
où les gens doivent se rendre. Je demande au ministre s'il ne pourrait
pas parler à collègue pour lui demander...son
M. Lazure: Oui.
M. Caron: ...que ce soit une priorité dans les programmes
qu'il va adopter.
M. Lazure: C'est une suggestion que je retiens...
M. Caron: Ce ne serait pas un montant énorme.
M. Lazure: ...mais il faudrait aussi demander à vos
collègues, M. le député de Verdun, d'en tenir
compte...
M. Caron: Oui, oui.
M. Lazure: ...parce que le ministre des Affaires municipales,
à l'intérieur de ce programme qui s'appelle PRIME, où il y
a une somme d'à peu près 50 000 000 $, reçoit des demandes
de municipalités pour des travaux.
M. Caron: Chez nous, cela a été fait.
M. Lazure: Et il n'y a rien qui empêche une
municipalité de dire: Nous, on va mettre l'accent sur
l'aménagement de
certains édifices municipaux pour les personnes
handicapées. Je vais faire le message au ministre des Affaires
municipales...
M. Caron: Je demanderais au ministre... M. Lazure:
...d'accorder la priorité...
M. Caron: ...de faire le message. Je puis vous dire que je donne
l'exemple. Au moment où on se parle, j'ai déjà fait une
demande.
M. Lazure: Bravo, M. le député de Verdunl
M. Caron: Dès la semaine dernière. M. Lazure:
Bravo!
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, on a dit tout à
l'heure, dans le cas des ministères, que ce qui relevait des Travaux
publics, tout cela a été fait. Est-ce que dans le cas de toutes
les écoles, cela a été fait? Dans le cas des
hôpitaux, en général, il y avait toujours...
M. Lazure: Dans le cas des écoles neuves ou non?
Mme Lavoie-Roux: Celles qui ne sont pas neuves.
M. Lazure: Non, ce n'est pas complété encore.
Mme Lavoie-Roux: Alors, quand vous parlez des ministères,
cela concerne strictement les édifices gouvernementaux? Même cela
n'est pas fait?
M. Lazure: II y a un plan qui est en réalisation, mais il
n'est pas complété parce qu'on...
Mme Lavoie-Roux: Mais n'y avait-il pas un
échéancier pour compléter ce plan?
M. Lazure: Oui, oui. Dans la loi.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Vous ne vous en souvenez pas? Vous
devriez.
M. Lazure: C'était autour de huit ou dix ans, parce que
les dépenses sont énormes et chaque ministère... On peut
vous fournir les chiffres. Vous pouvez voir, dans les budgets de chaque
ministère, que chaque année des sommes sont consacrées -
soit aux Affaires culturelles pour les musées, ou autre chose - à
l'aménagement. En général, les ministères y
consacrent quelques millions chaque année. Mais il est certain que cela
va prendre une dizaine d'années.
Mme Lavoie-Roux: Vous ne respecterez pas cet
échéancier, de la façon dont vous procédez.
M. Lazure: Cela dépend jusqu'à point les anciens
édifices sont abandonnés et remplacés par de nouveaux. Si
le gouvernement construit, par exemple, un musée d'art moderne à
Montréal, comme il en est question, il est évident que cela fait
un édifice de moins sur la liste de nos édifices actuels à
rénover d'ici dix ans, puisque le nouveau musée va être
automatiquement aménagé en conséquence.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais un musée, par rapport à
l'ensemble...
M. Lazure: Non, mais c'est la même chose pour les
écoles. Il y a beaucoup d'écoles qui sont abandonnées, qui
ne font plus partie du stock d'immeubles scolaires actuels et qui sont
remplacées par de nouvelles écoles.
Mme Lavoie-Roux: Je dois vous dire qu'à la CECM, cela se
faisait depuis 1970...
M. Lazure: Bravo pour la CECM et son ancienne présidente!
C'est beaucoup mieux que ce que fait le président actuel, à mon
avis.
Mme Lavoie-Roux: On ne donne jamais plus de mérite
à quelqu'un en en diminuant un autre.
M. Lazure: C'est moi qui le fais. Il y a une répartition
géographique des écoles accessibles dans le moment.
Mme Lavoie-Roux: II faudrait quand même que j'aille vite
parce que mon collègue de Verdun va trouver que je prends beaucoup de
temps.
M. Caron: Non, non, c'est une très bonne cause. On doit
prendre le temps, qu'il faut.
Services à domicile
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas des services de maintien à
domicile, c'est un problème aigu. Je vais le résumer.
Évidemment, cela chevauche les Affaires sociales et l'Office des
personnes handicapées. La réponse du ministre a été
qu'il ne prévoyait pas de budgets séparés pour chacun et
que c'était aux gens d'arbitrer cela localement. Le résultat,
c'est que l'accent m'apparaît être mis davantage... Evidemment, il
y a un manque de ressources dans les deux cas, et pour les personnes
handicapées et pour les personnes âgées. Il faut bien se
rendre à l'évidence, mais il
reste ceci: Je veux bien qu'on fasse de l'arbitrage, mais quelle sorte
d'équilibre assure-t-on dans cet arbitrage?
M. Lazure: Si on remonte à trois ou quatre ans, nous
avions émis, aux Affaires sociales, à l'époque, des
directives très claires aux conseils régionaux de la santé
et des services sociaux qui distribuaient une bonne partie de l'enveloppe
budgétaire de l'aide à domicile. On leur disait: II y a deux
clientèles que vous devez privilégier, les personnes
âgées et les personnes handicapées. Cela a
été dit en toutes lettres. Je pense que j'avais eu l'occasion de
déposer des copies de directives dans ce sens. Cela n'a pas
été suivi dans toutes les régions ou cela a
été suivi à des degrés moindres. Le cas de
Montréal est particulier, parce que c'est là qu'on a eu le plus
de difficultés... Peut-être que Mme Robillard pourrait nous donner
des renseignements plus frais.
Selon ce qu'on sait selon le nombre de cas lourds maintenus par des
services à domicile, avec des montants d'argent assumés par le
CRSSS de Montréal, personne ne sera en manque de services au 1er
juillet. On craignait qu'une quarantaine de personnes ne soient
réinstitutionnalisées. Le ministère a révisé
ses politiques pour toutes les sortes de clientèles. L'office et des
représentants de personnes handicapées y ont travaillé. On
demandait une enveloppe séparée mais, dans l'application et dans
le raffinement d'une politique pour répondre à des besoins qui
sont beaucoup mieux connus dans le moment, on a fait un grand bout de chemin.
Je ne sais pas s'il y aura de la place pour beaucoup de nouvelles personnes
qu'on pourrait désinstitutionnaliser et retourner à leur domicile
mais, selon ce qu'on sait dans le moment et de la façon qu'on s'oriente,
personne ne sera privé de services. Ce service était
assumé par l'office, après entente avec le conseil
régional qui reprenait après l'exercice financier. Ces ententes
ont été respectées.
Mme Lavoie-Roux: La remarque qui m'a été faite - je
ne sais pas si elle est fondée - était que si vous étiez
handicapé à telle date vous pouviez être satisfait des
services, mais pour les nouveaux cas ou les personnes qui requéraient
des services c'était très long avant d'en obtenir; on n'en
obtenait que d'une façon très partielle et il y avait encore une
grande rigidité quant aux horaires, etc., où des services
pouvaient être rendus. J'aimerais qu'on examine le bien-fondé de
cette...
M. Lazure: Je ne suis pas sûr que ce soit tout à
fait vrai...
Mme Lavoie-Roux: Exactement.
M. Lazure: Ce que je peux vous dire, c'est que les 81 personnes
qui ont ce service à Montréal sont des cas très lourds. Il
n'y a pas de compromission dans la qualité et dans la nature des
services.
Mme Lavoie-Roux: II y a 81 personnes qui sont servies.
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Mais il y a certainement plus que 81 personnes
dans tout Montréal qui requièrent des...
M. Lazure: C'est quand même un nombre assez important.
Il faut distinguer parce qu'il y a quand même beaucoup de
personnes qui sont handicapées pour une certaine période de
temps, ou même indéfiniment, mais à la suite d'un accident
d'automobile ou d'un accident de travail. À ce moment-là, ces
personnes peuvent voir leur service à domicile défrayé par
la Régie de l'assurance automobile ou la Commission de la santé
et de la sécurité du travail. Elles n'ont pas besoin de passer
par les services du conseil régional ou du réseau des affaires
sociales. Déjà, il y a de bons groupes qui sont
protégés parmi les nouveaux handicapés de la route ou du
travail.
D'autre part, chez les personnes moyennement handicapées,
à cause du transport adapté qui s'est développé, il
y en a un bon nombre maintenant qui n'ont plus besoin de rester à
domicile à longueur de journée. (18 h 15)
Ces personnes ont atteint une plus grande autonomie de mouvements.
L'aide à domicile sur une base régulière, il faut vraiment
qu'elle soit réservée à des grands handicapés,
autrement, c'est sûr qu'il n'y a aucun gouvernement qui peut avoir assez
de ressources pour subvenir à tous ces besoins, si l'on parle de tous
les degrés de handicap. Quand Mme la présidente parle de 80, il
s'agit probablement de personnes qui sont paralysées au point où
elles ne peuvent pas suffire à leurs propres besoins corporels et ont
besoin d'assistance régulière au jour le jour.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que la flexibilité des horaires
est assurée maintenant?
M. Lazure: Dans tous ces cas, oui, le soir et la fin de la
semaine, pour ces 80.
Mme Lavoie-Roux: Je regrette de le dire, la prochaine fois,
d'ailleurs, je vais envoyer au moins un nom, une adresse. L'autre chose, que je
voudrais vous dire, c'est que, dans certains cas - je ne parle pas
de la région de Montréal, je parle de la région de
Vaudreuil où des cas ont été portés à mon
attention - quand on fait un appel au CLSC, les délais sont
extrêmement longs; après cela, ce n'est pas sûr que ce soit
un cas dont on puisse s'occuper, c'est référé à
d'autres choses.
M. Lazure: À Vaudreuil, on tombe sur la rive sud de
Montréal.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: C'est une autre région administrative. Ce n'est
peut-être pas en contradiction avec ce que Mme la présidente vient
de dire.
Mme Lavoie-Roux: Je parle pour l'ensemble du Québec. On
est arrivé sur Montréal, mais je parle pour l'ensemble du
Québec.
M. Lazure: II n'y a pas de doute si on parle de l'ensemble du
Québec, qu'il y a encore beaucoup de personnes handicapées qui
devraient avoir des services à domicile et qui ne les ont pas
encore.
Il y a une concentration de demandes à Montréal et
à Québec qui est disproportionnée.
Mme Lavoie-Roux: Probablement qu'elles viennent à
Montréal à cause des...
M. Lazure: ...des services.
Mme Lavoie-Roux: ...services médicaux ou hospitaliers ou
ces choses.
M. Lazure: C'est cela.
Il faut aussi dire qu'avec le plan de services, dont M. Lazure parlait
tout à l'heure et l'aide matérielle qui s'ajoute à cela,
on a tout de même outillé des gens qui ont plus de facilité
à demeurer chez eux parce qu'on leur a fourni des cygognes ou des
perroquets - je ne me souviens jamais -pour faire le transfert de la personne
de sa chaise à son lit et il y a d'autres moyens que le service de
maintien à domicile continu qui peuvent compenser la rareté des
services.
Mme Lavoie-Roux: Je ne veux pas qu'on en fasse un
développement, mais toute la question des ressources en région,
non pas simplement pour le maintien à domicile mais pour d'autres types
de services, éducatifs ou autres, c'est encore très inégal
par rapport aux grands centres, que ce soit Montréal, Sherbrooke ou
Québec.
M. Lazure: C'est exact. Ce qui est encourageant, c'est qu'avec la
multiplication des associations de personnes handicapées dans toutes les
régions du Québec cette fois, non pas juste dans les grandes
villes, parce qu'il y en a partout maintenant, c'est autant de mouvements de
pression qui font que les réseaux, que ce soit l'éducation, les
affaires sociales ou d'autres, en tiennent compte de plus en plus et toujours
malgré des ressources limitées.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Verdun.
M. Caron: M. le Président, le code d'éthique pour
les permis de gens qui font de la sollicitation pour ces groupes, est-ce que le
ministre prévoit que ce soit aussi sévère que pour ceux
qui demandent des permis de bingo? Je crois que les gens veulent donner, je
crois que les gens sont assez larges d'esprit, mais à certains moments,
il y a des profiteurs qui s'infiltrent dans ces groupements pour se servir des
personnes handicapées et soutirer... J'espère, non pas demain
matin, que le ministre pense aussi à exercer une surveillance
très serrée au moment où on donnera des permis pour faire
de la sollicitation.
M. Lazure: Dans le comité de surveillance dont j'ai
parlé tantôt, qui sera mis sur pied à l'automne pour voir
au respect du code d'éthique, il y aura une personne représentant
l'Office des personnes handicapées, mais il y aura aussi une personne
représentant l'Office des consommateurs, parce que ce dernier a une
certaine expertise dans ces choses. On se rend compte qu'il y a à peu
près seulement la ville de Montréal qui oblige les gens à
obtenir un permis...
M. Caron: Nous autres aussi à Verdun.
M. Lazure: Verdun aussi? C'est pour cela que j'ai
été prudent, j'ai dit: On se rend compte qu'il n'y a à peu
près que Montréal, mais Verdun aussi.
M. Caron: Oui. Verdun aussi.
M. Lazure: Pourtant, j'ai souvent posé la question.
M. Caron: On fait faire une vérification par la police
avant d'émettre un permis. C'est pour cela que je vous dis...
M. Lazure: Je suis content de voir que si on a
échappé Verdun, on en a peut-être aussi
échappé d'autres. Il faudrait vérifier comme il faut,
parce qu'on dit toujours que ce n'est que Montréal. La plupart des
villes ne demandent pas de permis. Vous le faites, tant mieux! On va demander
aux municipalités de le faire...
M. Caron: Si je vous parle de cela, M. le ministre, c'est que,
après 22 ans de vie municipale, je pense avoir raison de dire qu'on est
près de la population. Les gens nous le disent à certains
moments; ils viennent sonner à la porte et, à certains moments,
ils ne savent plus si c'est oui ou non. On a vu, dans les journaux, un paquet
d'articles... On offre des tablettes de chocolat... Les gens sont inquiets. Je
pense que c'est une cause qui est très valable -comme je l'ai dit au
début de la réunion -autant d'un bord que de l'autre, on va le
faire de la façon la plus correcte possible.
Je vous dis qu'on devrait s'assurer, dans votre code d'éthique,
qu'il y ait une enquête de faite comme on le fait à la
Régie des loteries pour avoir des permis de bingo. On fait des
enquêtes en profondeur sur les gens avant d'émettre un permis,
pour être sûr. J'espère que vous vous rendrez là pour
donner confiance à la population de façon que, s'ils veulent
faire un don, ils puissent le faire et être sûrs que le don se
rendra à la bonne place.
M. Lazure: C'est certainement...
M. Caron: C'est une suggestion que je vous fais.
M. Lazure: Oui, c'est une suggestion qu'on retiendra. La
sollicitation est une des choses qu'on veut éliminer, la
sollicitation...
M. Caron: II y en a de cela...
M. Lazure: ...plus ou moins honnête, qui est juste à
la frontière de l'honnêteté.
M. Caron: ...pas uniquement dans ce domaine, mais dans bien des
domaines. Je pense, quand on le sait, qu'il faut essayer qu'il y en ait le
moins possible.
M. Lazure: D'accord.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, il me reste deux
questions. Pour encourager mes collègues sur la politique familiale, je
n'en parlerai pas, j'attendrai... Vous nous dites que cela peut probablement
être déposé avant la fin de juin. Ces deux questions
portent sur...
M. Lazure: Je vais essayer de le faire approuver par le Conseil
des ministres avant la fin de juin.
Mme Lavoie-Roux: À ce moment-là, il serait
déposé publiquement...
M. Lazure: Le plan est de faire la consultation à
l'automne, région par région. Il y a déjà un
comité formé de représentants...
Mme Lavoie-Roux: Oui, je le connais.
M. Lazure: ...des associations familiales qui va, de concert avec
quelques représentants de certains ministères touchés par
la politique de la famille, former une espèce de comité paritaire
pour organiser la consultation région par région. Bien sûr,
la consultation se fera à l'automne. Même si le projet
était approuvé à la fin de juin, il ne sera probablement
pas public avant le mois de septembre.
Mme Lavoie-Roux: J'aurais deux questions qui concernent toujours
les personnes handicapées. Au sujet du plan d'embauché, est-ce
que vous avez commencé à recevoir des plans des industries depuis
la proclamation des articles?
La deuxième question s'adressera au ministre.
M. Lazure: Les formulaires de plan d'embauche ne seront
postés que dans le courant du mois d'août. Il y a eu toutes sortes
de délais à cause des d'appels d'offres, des soumissions, de la
rédaction de textes et des consultations sur ces formulaires.
Mme Lavoie-Roux: Cela veut dire un certain retard, j'imagine?
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Parce que vous aviez...
M. Lazure: Les employeurs ont jusqu'au 1er juillet 1984 pour
répondre.
Mme Lavoie-Roux: Ah! Ils ont jusqu'au 1er juillet 1984.
M. Lazure: Ils auront un an pour répondre.
Mme Lavoie-Roux: Quelle est la réception des syndicats
à cette question?
M. Lazure: On a eu quelques échanges avec les syndicats
qui sont représentés au conseil d'administration de l'office. Il
y a une étude en cours à laquelle participent les trois plus
grandes centrales syndicales sur les barrières qu'on peut identifier
dans les conventions collectives par rapport à l'embauche et à
l'intégration professionnelle des personnes handicapées. Ce
travail d'étude permettra de mieux sensibiliser un plus grand nombre de
syndicats. M. Lazure a parlé d'une réunion à l'automne
où on inviterait les syndicats, comme on l'a fait avec les patrons,
à s'inquiéter de la question et aussi à se préparer
à intégrer les handicapés.
Quand on rencontre un syndicat en
groupe, généralement les travailleurs font un bout de
chemin et redeviennent aussi positifs que les employeurs.
Mme Lavoie-Roux: Là-dessus, on reposera des questions l'an
prochain, on verra où on en sera. Il reste quand même que cela a
été promulgué il n'y a pas tellement longtemps. À
quel moment avez-vous fait cela?
M. Lazure: Au mois de janvier.
Mme Lavoie-Roux: Alors on va être patient, on va attendre
et, si rien n'a fonctionné, en 1984, on verra.
La dernière question que j'adresse au ministre avait
été soulevée l'an dernier au sujet des CRA, et le ministre
me répondra que cela relève du ministère des Affaires
sociales. Il reste que ce sont des handicapés mentaux dont les
problèmes deviennent de plus en plus sérieux. On avait - et cela,
je tiens à le mentionner, avait été une bonne mesure du
gouvernement; quand il en fait, je tiens à les souligner -
"scolarisé" les enfants jusqu'à 21 ans. Mais il y a de moins en
moins de débouchés pour les handicapés plus
âgés que 21 ans. Il y a eu le cas de l'école de
Lanaudière, je crois, qui avait été soulevé l'an
dernier par mon collègue de Nelligan. Je ne sais pas s'il a
été résolu.
Cette année, j'ai un cas dans Québec où il manque
90 places.
Un autre cas m'a été soumis à Montréal
à l'école Cherrier où il manque 42 places, strictement
pour cette école.
On m'a également souligné un autre cas. De toute
façon, la demande est là, on a investi quand même beaucoup
de sommes pour garder ces enfants jusqu'à 21 ans et je pense que, ni
à l'un ni à l'autre de ces endroits, je n'ai à faire la
démonstration que, si on les laisse à la maison sur une chaise
berçante le moindrement longtemps, c'est un recul rapide.
J'ai été fort désolée de la réponse
du ministre des Affaires sociales qui m'a dit, lorsque je lui soumettais le
problème, parce qu'il est de son ressort: Si l'on regarde ce qui s'est
fait dans le passé, répondre à ces problèmes de la
même façon qu'on y répondait dans le passé
apparaît difficilement concevable compte tenu de la question des
coûts et aussi du nombre - je parle ici du ministre des Affaires
sociales, ce n'est pas moi qui parle - mais une orientation possible sur
laquelle le ministère aura à se pencher, c'est l'orientation des
plans individuels de services. Comment dit-on? Des plans individuels
adaptés. Parce qu'au bout du compte, si l'enfant demeure après 21
ans - et là il concédait ce que j'avais dit mais, de toute
façon, ceci s'est conclu par une réponse qui dit: On n'a pas
d'argent pour cela. Le ministre délégué aux
Relations avec les citoyens m'avait répondu, en juin 1982: Les
CRA relèvent du ministère des Affaires sociales; je veux bien
prendre note de la question - on connaît cela à peu près
par coeur - et j'essaierai de communiquer avec mon collègue parce que
vous étiez bien sensible à la question, etc.
Je dis que c'est pour des raisons administratives qu'on a
mentionné que les CRA relevaient du ministère des Affaires
sociales, que les CTA sont rattachés à l'Office des personnes
handicapées mais, qu'on le veuille ou pas, ce sont des personnes qui
sont handicapées à divers degrés, pour des raisons
différentes. Il ne s'agissait pas ici d'investir des millions, heinl
Bon, on est dans l'ordre - ils étaient venus me faire une
représentation, je parle de celui de Québec - 35 000 $. Le
ministre a dit que c'est 87 000 $. Admettons que c'est 87 000 $. À
Montréal, on m'avait dit que l'ordre de grandeur restait toujours
à l'intérieur de 100 000 $ ou 125 000 $. Je me dis que ce ne sont
quand même pas des sommes faramineuses et on va aller compromettre les
progrès qui ont pu être réalisés pendant qu'ils
étaient dans les institutions scolaires. On risque surtout de reprendre
le cercle vicieux, c'est-à-dire l'institutionnalisation.
Il n'y a pas seulement ceux qui sortent des écoles, comme dans le
cas de Cherrier, qui ne trouvent pas de place, mais il y aussi ceux qui sont
déjà dans des familles, des foyers d'accueil ou dans des
institutions qui auraient profit à s'en aller dans les CRA parce que les
institutions n'en ont pas.
Cela devient finalement un problème assez considérable. Je
sais que le ministre n'a pas de réponse à me donner aujourd'hui,
mais je m'étais engagée, et de plus j'y crois, à soulever
le problème partout où je pouvais le soulever.
M. Lazure: Moi aussi j'y crois et nous en avions discuté
l'an passé. À la suite de la commission l'année
dernière, j'avais écrit au ministre des Affaires sociales et il y
a effectivement un comité, je viens de vérifier auprès de
la présidente, qui a commencé à fonctionner depuis quelque
temps. Il s'agit d'un comité tripartite. Il y a le ministère des
Affaires sociales, par ce qui s'appelle maintenant là-bas un service
d'apprentissage des habitudes de travail, d'une part; le deuxième groupe
dans le comité est évidemment notre office et,
troisièmement, les CTA, les centres de travail adapté. (18 h
30)
Ce qui a manqué jusqu'ici, et ce qui manque encore, c'est une
bonne liaison entre les centres d'accueil, qui ont souvent la juridiction,
presque toujours sur les centres de réadaptation pour adultes, les CRA;
liaison entre eux d'une part et les centres de travail adapté, les 38 ou
40 qu'on a
maintenant. Une des façons d'améliorer les ouvertures,
c'est de faire en sorte que les centres de travail adapté soient
abouchés à un certain nombre de CRA. C'est cela qu'on est en
train de favoriser dans notre réseau de CTA, qu'ils aient des liaisons
continuelles avec quelques CRA, pour que les CTA préparent les
stagiaires qui sont aux CRA qui s'en viennent aux CTA et qu'il y ait un
roulement dans les CRA, que ces places d'apprentissage une fois
libérées permettent à d'autres d'y entrer. Il est certain
qu'on doit développer, parallèlement aux CTA, des CRA nouveaux et
augmenter les places en CRA. Vous avez raison de dire que ce n'est pas toujours
une question d'argent. Très souvent les centres d'accueil ont l'espace
voulu, le personnel voulu. Ce n'est pas nécessaire de créer une
nouvelle entité. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'on a fait
certains progrès depuis l'an passé. On va continuer de
travailler, à l'intérieur de ce comité, à trois:
les Affaires sociales, l'office et les CTA. Entre parenthèses, j'avais
répondu à votre collègue de Nelligan au mois de juillet
dernier à la suite...
Mme Lavoie-Roux: À ce moment-ci à peu près,
j'imagine, à l'étude des crédits.
M. Lazure: Je lui avais répondu au cours de
l'été. Je me souviens que j'avais répondu à sa
lettre.
Mme Lavoie-Roux: Mais les nombres augmentent. Il ne faut pas se
leurrer avec le retard.
M. Lazure: Le nombre de jeunes, hommes et femmes, qui deviennent
des candidats pour les CRA augmente, c'est sûr.
Mme Lavoie-Roux: D'abord, il y en a un grand nombre qui vivent
plus longtemps.
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: II ne faut pas se faire d'illusion, il y en a
qui ne seront jamais admissibles à un CTA.
M. Lazure: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Toutes choses étant prises en
considération, il y a un besoin de places en CRA.
M. Lazure: On est bien conscient de cela, et autant la
présidente de l'office que moi-même, même si la
juridiction relève directement du ministère des Affaires
sociales, nous nous en préoccupons beaucoup. On va essayer de faire
progresser les travaux du comité le plus vite possible.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie,
Mme Robillard et M. le président, de ces réponses.
M. Lazure: Merci è Mme la députée de
L'Acadie.
Le Président (M. Champagne): Le député de
Verdun.
M. Caron: Est-ce que le ministre aussi pourrait... Cela se fait
à ce jour, mais je me demande si le nombre est suffisant, dans les
logements à prix modique. Votre collègue, le ministre de
l'Habitation, a des critères pour les bâtisses pour certaines
personnes. Déjà cela se fait, remarquez bien. Il y a un exemple
chez nous, à Verdun, que je vous donne. On n'en a pas à ce jour,
mais on aura très bientôt - c'est en voie de se réaliser -
des logements pour familles à faible revenu. On en a actuellement pour
des personnes de 60 ans et plus. Entre 0 et 60 ans, il y a des gens qui sont
handicapés physiquement et qui n'ont pas de place. Je me demande si vous
pourriez contacter le ministre de l'Habitation pour lui suggérer
qu'actuellement on pourrait peut-être les placer avec des gens
âgés pour des cas urgents de personnes handicapées. Cela
viendra, les bâtisses...
M. Lazure: C'est déjà dans la politique du
ministère de l'Habitation.
M. Caron: On dit que c'est 60 ans et plus.
M. Lazure: La proportion c'est... Non, non.
M. Caron: Ce n'est pas nécessaire?
M. Lazure: Ce n'est pas nécessaire. Déjà, le
ministère de l'Habitation a à répondre dans une bonne
mesure...
M. Caron: Aux critères, c'est normal, oui.
M. Lazure: ...aux besoins de la population du milieu. Quand il
construit, par exemple, des HLM, des habitations à loyer modique pour
des familles, il peut aménager un certain nombre de logements pour des
handicapés, et cela se fait dans des municipalités; j'en ai vu,
Mme Robillard en a vu, vous en avez peut-être vu. Cela se fait
actuellement. De la même façon, dans un HLM pour personnes
âgées, il peut y en avoir et je vous dis que la proportion qui
devrait être la règle, c'est à peu près 10%, selon
le ministère. Dans les deux cas, HLM pour familles aussi bien que pour
personnes âgées, il est possible d'avoir des logements
adaptés aux personnes handicapées, mais il faut que le milieu en
fasse la demande.
M. Caron: Mais il n'est pas question d'âge, il n'y a aucune
restriction?
M. Lazure: II n'y a pas de limite d'âge, il n'y a pas de
restriction d'âge.
M. Caron: Parfait, vous m'éclairez dans un dossier que
j'ai en vue.
M. Lazure: II y a aussi le programme Loginove qui permet au
ministère de l'Habitation...
M. Caron: On a cela, oui.
M. Lazure: ...de rénover des logements pour des personnes
handicapées.
M. Caron: Je suis au courant de cela. Déjà, on en a
en marche aussi. (18 h 30)
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a d'autres
questions? Mme Robillard, au nom des membres, je vous remercie d'avoir
assisté aux travaux de la commission. Est-ce que le programme 8 et les
cinq éléments qui le composent sont adoptés?
M. Caron: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. M. le
député de Limoilou, vous devrez faire incessamment rapport
à l'Assemblée nationale.
Mme Lavoie-Roux: Le programme n'est pas adopté au
complet.
Le Président (M. Champagne): Un instant.
M. Caron: Non, on n'a pas fini... Mme Lavoie-Roux: On n'a
pas fini... M. Caron: Une partie est acceptée.
Le Président (M. Champagne): Excusez-moi. J'espère
que la transcription apportera une correction. Le programme n'est pas
adopté. On y reviendra. Je pensais que c'était fini.
Mme Lavoie-Roux: Les éléments 3, 4 et 5 ont
été adoptés.
Le Président (M. Champagne): Alors, les
éléments 3, 4 et 5 du programme 8 sont adoptés.
Mme Lavoie-Roux: Les éléments 3 et 4, attendez pour
l'élément 5, je ne suis pas certaine.
Le Président (M. Champagne): Vous n'êtes pas
certaine. On y reviendra, pour l'adoption.
Mme Lavoie-Roux: C'est parce que cela peut recouper autre
chose...
Le Président (M. Champagne): Oui.
Mme Lavoie-Roux: ...tandis que les éléments 3 et 4
sont nettement pour les personnes handicapées.
Le Président (M. Champagne): Vous m'excusez, je suis
arrivé en retard à cette commission. Je pensais que
c'était le dernier intervenant. Vous êtes M. Dufour.
Relations avec les citoyens
Remarques préliminaires
M. Denis Lazure
M. Lazure: M. Richard Dufour est secrétaire
général associé au Secrétariat aux relations avec
les citoyens.
M. le Président, si les membres de la commission me le
permettent, je voudrais faire un rapide survol des activités du
secrétariat depuis la création de ce poste en septembre dernier.
En septembre 1982, lors du remaniement ministériel, le premier ministre
créait cette fonction à la suite d'un engagement fait lors de la
campagne électorale. Celui-ci visait à améliorer les
rapports entre l'État et les citoyens. Les premiers mois, après
avoir recruté une petite équipe dirigée par M. Dufour, une
dizaine de personnes se sont occupées à faire un bilan le plus
complet possible de l'état des relations entre les divers
ministères ou organismes du gouvernement et les individus, les citoyens.
Cela s'est fait de nombreuses façons, par des rencontres avec beaucoup
de fonctionnaires, des rencontres avec des bureaux de députés,
par un courrier volumineux qui arrive au bureau du premier ministre.
À la suite de ce relevé, de ce bilan, j'ai eu l'occasion
de présenter un premier rapport d'étape qui a été
rendu public en février ou mars, dans lesquel on identifiait les
principales plaintes des citoyens vis-à-vis de l'appareil
gouvernemental. Le Conseil des ministres a adopté le premier rapport.
C'est mon intention de rendre publics de tels rapports à tous les six
mois. Ce rapport incluait des recommandations qui ont été
retenues par le Conseil des ministres. Les principales - je ne veux pas y
revenir une à une parce que cela a été rendu public et
vous avez peut-être même le document entre les mains - consistent
à amener chaque ministère à se donner les moyens de
prendre le pouls de la population sur le degré de satisfaction ou de
mécontentement par rapport aux services dispensés. Avec
l'aide
du Secrétariat aux relations avec les citoyens, on va aussi
obtenir de chaque ministère un plan d'humanisation des services aux
citoyens d'ici au 1er septembre. Je dis septembre, c'est la date limite, mais
les huit ministères ou organismes qui avaient été
identifiés dans le premier rapport du mois de mars comme étant
plus souvent que d'autres la cible des critiques de la population sont en train
de nous soumettre leur plan annuel d'humanisation, puisque
l'échéance était le début de juin. Il y a d'autres
recommandations, comme celle qui fait que, à l'avenir, les
employés de l'État, dans leur évaluation annuelle par leur
supérieur hiérarchique, seront annotés sur le genre de
relations qu'ils ont avec le public, la clientèle, les citoyens.
Autrement dit, le rapport entre le fonctionnaire, le cadre et la population
devient quelque chose qui a une valeur au dossier de l'individu, valeur
positive ou négative. C'est quelque chose qui sera pris en
considération.
Il y a aussi un système de prime qui sera très
bientôt mis en place pour reconnaître des contributions
particulières de fonctionnaires ou de citoyens qui sont de nature
à améliorer la qualité des services.
Un autre exemple de recommandation qui a été
acceptée, c'est qu'avant d'émettre de nouveaux formulaires pour
le public, les ministères devront expliquer au secrétariat par
écrit comment ils ont procédé pour faire des tests
préliminaires sur les formulaires pour s'assurer que le ministère
ne rendra pas officiel un formulaire sans qu'il ait été
testé par des citoyens et des citoyennes pour être bien sûr
qu'il est compréhensible et clair.
J'ai moi-même fait beaucoup de visites depuis l'automne dernier.
Je continue de faire des visites non annoncées, puisque j'ai aussi
été autorisé par tous mes collègues à rendre
visite à leurs bureaux non seulement à Québec et
Montréal mais aussi en province, dans toutes les régions, des
visites non annoncées, dis-je, qui permettent de rencontrer les
gens, les clients et les clientes qui attendent afin d'avoir leur point de vue
sur le genre de services dispensés par tel ou tel bureau. Ces visites
permettent de parler aussi aux fonctionnaires qui travaillent à cet
endroit pour mieux savoir quelles mesures seraient de nature à
améliorer leurs services à la clientèle.
Il y a des ministères avec lesquels on a travaillé d'une
façon plus étroite que d'autres, soit le ministère de la
Fonction publique, cela va de soi, le ministère des Communications
aussi. J'ai un exemple de réalisation très concrète, parce
que, dans les efforts qu'on fait pour humaniser les services gouvernementaux,
il faut viser des objectifs à court terme et d'autres à plus long
terme.
À court terme, je vous cite l'exemple suivant: il y a quelques
mois, on s'était aperçu que, dans l'édifice G du
gouvernement, où il y a à peu près 3000 fonctionnaires et
huit ou neuf ministères, il n'y avait pas de poste d'accueil et de
renseignements. Il y avait seulement un agent de sécurité.
C'était extrêmement frustrant pour les gens, pour le public qui
venait soit au ministère de l'Éducation ou à d'autres
ministères qui sont logés dans la tour. Au secrétariat, M.
Dufour et son équipe ont réussi à mobiliser, à
motiver les ministères qui sont dans la tour G, notamment ceux de
l'Éducation et des Communications, et le résultat, c'est que j'ai
pu remettre au ministre des Communications - parce que c'est lui qui en a la
gestion maintenant - il y a quelques semaines, un poste d'accueil où il
y a deux personnes en permanence, y compris à l'heure du lunch, qui
donnent des renseignements au public, et aussi aux fonctionnaires qui
travaillent dans cette tour. On a l'intention de faire la même chose
à place Desjardins, où il y a encore plus de fonctionnaires, et
où il n'y a pas un bureau de renseignements gouvernementaux. Quand vous
vous promenez au complexe Desjardins, vous vous rendez compte que c'est
très difficile de s'orienter. La signalisation n'est pas bonne. On a
donc un équilibre, un ensemble de mesures très concrètes
à court terme, avec des mesures à long et à moyen terme
comme, par exemple, le plan d'humanisation des services que chaque
ministère doit nous soumettre et qui sera révisé ensuite
d'une année à l'autre. (18 h 45)
Une dernière chose à mentionner - cela aussi, c'est une
décision du Conseil des ministres, car le premier ministre l'a
annoncée dans le discours inaugural d'ailleurs le ministère des
Communications, avec notre collaboration, va mettre sur pied dans chaque
région un groupe permanent de concertation des fonctionnaires venant de
chaque ministère, de chaque organisme. Et Communication-Québec,
en région, avec notre participation, va rencontrer les
représentants de tous les ministères une fois par deux mois pour
que ces gens deviennent nos alliés, région par région,
pour que ces personnes deviennent plus préoccupées par la
qualité des services gouvernementaux aux citoyens. J'ai commencé
à le faire. On a eu une avant-première dans la région de
Chicoutimi la semaine dernière. C'est la répétition de ce
qu'on a fait ici à Québec avec les maisons-mères, avec les
ministères. Depuis déjà quatre mois, on a formé une
espèce de comité permanent qui se réunit tous les deux
mois, toutes les six ou huit semaines. On a déjà eu deux
réunions; la troisième doit avoir lieu dans une semaine ou deux.
Ce sont des réunions que je préside avec mon collègue, le
sous-ministre, et qu'on anime ensemble toute une demi-journée. Les
ministères ont désigné un sous-ministre adjoint ou
quelqu'un de très
proche du sous-ministre qui devienne un peu le prolongement de nos
activités, qui constitue un répondant dans chaque
ministère ou dans chaque organisme. Il y a donc un personne en place
maintenant, un peu comme cela a été le cas pour la condition
féminine. Il y a dans chaque ministère une personne haut
placée qui est responsable de l'amélioration des services de son
ministère auprès de la population. En somme, si on doit aboutir
à des résultats positifs dans un an ou deux, il faut avoir la
pleine collaboration des ministères. Il est évident que notre
seule petite équipe d'une douzaine de personnes ne pourra pas faire de
miracles. Mais, avec la motivation qui se développe dans chaque
ministère, on pense qu'on pourra changer de façon
appréciable la qualité des relations avec les citoyens et les
citoyennes.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Verdun.
M. Lucien Caron
M. Caron: M. le Président, M. le ministre, j'ai
préparé quelques notes. Sur certains points, je ne serai
peut-être pas tout à fait d'accord avec vous. Mais, naturellement,
c'est un nouveau ministère. J'ai une grande confiance en vous, parce que
j'ai eu l'occasion de travailler avec vous depuis quelques années. Mais
je me demande si vous ne buterez pas contre un mur de ciment avec vos autres
collègues. Vous savez qu'on fait des coupures. Je peux vous donner un
exemple. À Montréal, sur le boulevard Maisonneuve, au coin de la
rue Amherst, est logé le Centre des services sociaux
métropolitain, au neuvième étage. Il n'y a là
personne pour nous accueillir. Il faut utiliser le téléphone pour
atteindre le service désiré. On a fait cela dans le but de faire
des coupures. Alors, j'espère que si vous donnez ces services ici... Le
blâme que je ferai dans mon exposé ne vous vise pas
spécifiquement. Je l'adresse à l'ensemble des ministères.
C'est un exemple et j'en aurais d'autres à vous signaler, mais
l'expérience étant nouvelle, j'ai toujours comme attitude de
donner la chance au coureur.
Cela dit, M. le Président, depuis sa création, le
ministère responsable des relations avec les citoyens a entretenu
à la fois des espoirs et à certains moments des doutes. En fait,
la population a espéré que ses relations avec l'administration
gouvernementale prennent un caractère plus souple et plus accessible.
Tel est le souhait de tous, un souhait bien légitime, que le
gouvernement a cru bon de reprendre en instaurant ce ministère. Investi
dans son râle de missionnaire, il est parti livrer une supposée
bataille contre l'appareil gouvernemental. C'est pour cela que je vous disais
tout à l'heure qu'il y a de l'espoir, mais également des doutes.
Car, même si le premier rapport d'étape présenté en
mars dernier nous indique que tout ne baigne pas dans l'huile dans les
ministères, on s'inquiète et, à juste titre, de l'impact
de ces belles paroles. Car le ministre doit pouvoir disposer d'une voix forte
au sein du Conseil des ministres pour réaliser ses voeux et cela, ce
n'est pas facile.
Même si les ministères ou organismes devront
préparer d'ici septembre un plan d'amélioration de la
qualité de leurs services, il est possible de se demander jusqu'à
point ce plan sera réalisé efficacement, à preuve
l'exemple du service téléphonique du ministère du Revenu,
décrit dans le rapport d'étape. Décelant des lacunes
sérieuses, le ministère a voulu y apporter des
améliorations en instaurant un nouveau service
téléphonique, en janvier dernier. Or, se pourrait-il que ce
nouveau système ne réponde pas aux besoins, puisqu'il fait
l'objet de critiques aussi nombreuses?
Il y a une question qu'on peut donc poser au ministre. C'est de savoir
si on peut être assuré que les mesures qui seront prises en ce qui
regarde les services aux citoyens seront efficaces et ne provoqueront pas
plutôt des dépenses inutiles, qui n'apportent pas de
véritables solutions. Finalement, le véritable souhait qu'on peut
apporter, c'est que les voeux théoriques formulés par le ministre
aient aussi des retombées pratiques sur l'amélioration des
services à nos citoyens.
Si je dis cela, M. le ministre, c'est qu'il est vrai qu'il y a eu une
grève et qu'il y a eu un vif désappointement parmi un grand
nombre de fonctionnaires aux premiers mois de l'année, à beaucoup
d'endroits. Je pense que cela a dû certainement vous arriver et à
vos collègues: on téléphonait, soit qu'on ne
répondait pas, que la ligne était occupée ou qu'on
décrochait les appareils téléphoniques. Cela s'est fait
pas seulement au ministère du Revenu, mais aux Affaires sociales et dans
d'autres ministères. Aux Affaires sociales, les gens
téléphonaient et on avait comme pratique de dire: Appelez votre
député. Si un ou des fonctionnaires peuvent faire cela, il y a
des critères à donner qui seront égaux pour tout le monde.
Il faudrait aussi qu'on fasse en sorte que le fonctionnaire ne renvoie pas la
balle au député. Quelle que soit la formation politique, les
critères doivent être respectés. C'est le Conseil des
ministres qui détermine combien touchera un assisté social.
Encore là, on lance la balle aux élus. Ce n'est pas leur
responsabilité. Nous, de l'Opposition, nous devons essayer de demander
au Conseil des ministres qu'il donne, et, d'un autre côté, il faut
être conscient que vous ne pouvez pas tout donner. C'est impossible. On
ne peut pas tout promettre et on ne peut
pas tout donner, quels que soient les gens qui sont au pouvoir. Je pense
que vous aurez aussi à vous pencher sur ces lacunes qui nous sont
garrochées et devant lesquelles, à certains moments, nous sommes
mal placés. Peut-être que certains de mes collègues
prennent des décisions ou disent des choses qu'on n'aime pas dire.
Alors, comme je vous le disais au début de mon intervention, ce
phénomène étant nouveau, je ne vous demanderai pas la lune
aujourd'hui. Je sais que ce ne sera pas facile, mais j'espère qu'au
Conseil des ministres, les 26 autour de vous seront conscients que votre
ministère est très important dans la machine gouvernementale. Le
rôle que vous avez à y jouer, c'est surtout un "trade mark" du
Parti québécois: La personne avant toute chose. C'est le temps
plus que jamais de demander à vos collègues de penser que la
personne, c'est le "trade mark" que je me rappelle en 1976. On entend un peu
moins parler de cela. C'est un nouveau style de gouvernement. J'espère
que vous renouvellerez cela à vos collègues, du moins, aux
nouveaux qui sont arrivés en Chambre.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre.
Réponse du ministre
M. Lazure: J'aurais seulement quelques réactions. Je
remercie le député de Verdun de donner la chance au coureur. Il
pose des questions intéressantes. Il me demande: Est-ce que vos
collègues trouvent que vous avez une voix assez forte au Conseil des
ministres? Ce n'est pas tellement ma voix, c'est la voix du premier ministre.
Cela n'a pas été ma décision de devenir ministre
délégué aux Relations avec les citoyens.
Mes collègues ont réalisé l'importance, la
priorité que le premier ministre accordait à cette
amélioration des services gouvernementaux. Ils l'ont
réalisée en même temps que moi, l'automne dernier,
lorsqu'il a fait cette nomination. Ils la réalisent très souvent,
parce que le premier ministre la rappelle très souvent. Il en a encore
parlé dans son discours inaugural il n'y a pas si longtemps.
C'est sûr qu'un collègue, une fois qu'il est sorti du
Conseil des ministres - parce que tout le monde est d'accord au Conseil des
ministres sur l'importance de cette chose - qu'il est rendu dans son
ministère et qu'il reçoit une lettre de moi ou que son
sous-ministre reçoit une lettre de mon sous-ministre attirant son
attention sur telle ou telle chose qu'il faudrait corriger dans son
ministère, il est humain que le collègue en question trouve cela
parfois un peu embêtant, surtout quand un rapport d'étape est
rendu public. Il est certain que cela peut être embêtant. C'est le
défi que notre équipe a à relever, d'être assez
habile et convaincante pour amener nos collègues ministres et
sous-ministres à endosser cette priorité.
C'est pour cela que les répondants qui ont été
nommés dans chaque ministère - si cela intéresse les
membres de l'Opposition, la commission pourra leur fournir la liste, il n'y a
aucun inconvénient à cela - deviennent des alliés pour
nous. Dans chaque ministère, tel sous-ministre adjoint, que ce soit aux
Transports ou ailleurs, répond à son ministre ou à son
sous-ministre s'il y a des pépins au point de vue des services aux
citoyens. Ils deviennent des alliés importants. Je vous expliquais
tantôt qu'on fait la même chose en région. Dans chaque
région, on aura un groupe permanent de chaque ministère qui
deviendra notre allié.
Vous avez utilisé le mot "bataille". C'est une bataille cordiale
avec mes collègues, si vous voulez. Il est évident que les
citoyens ont beaucoup à y gagner. C'est sûr que les élus
ont aussi à y gagner en même temps.
J'aurais une deuxième remarque. Le cas que vous avez
mentionné tantôt me permet de préciser - je ne l'ai pas
fait dans la présentation - qu'on a d'abord pris en priorité les
ministères et les organismes qu'on appelle directement rattachés
à la machine gouvernementale et non pas les réseaux. On reviendra
au réseau des affaires sociales et au réseau de
l'éducation dans un deuxième temps. J'ai quand même pris
note de cela. La remarque que vous faites est intéressante concernant le
CSSMM, le Centre de services sociaux du Montréal métropolitain.
Il relève du ministère des Affaires sociales. Ces gens ont fait,
à la suite de certaines restrictions budgétaires, ce que beaucoup
d'autres ministères ont fait.
Quand chaque ministère - et chaque organisme - se fait dire par
les autorités gouvernemantales, par la voix du Conseil du trésor:
Vous devez réduire de 2% vos effectifs, c'est le ministère qui
décide où il réduira. Malheureusement, on constate que,
dans beaucoup de cas, les ministères ont réduit dans des
catégories d'employés qui ont un contact direct avec la
clientère, des réceptionnistes, par exemple, ont
été remplacés par des appareils, ce qui est très
mauvais au point de vue des relations avec les citoyens. Ce n'est pas par
accident si -parce que cela devient un symbole en même temps - une de nos
premières réalisations pratiques est le poste d'accueil au
complexe G. Cela ne coûte pas cher, très souvent. Par exemple, je
pense que le poste d'accueil du complexe G nous a coûté environ
5000 $ ou 6000 $ seulement pour l'aménagement physique. Le personnel a
été fourni par les ministères qui sont dans la tour. On
fera la même chose à la place Desjardins. (19 heures)
Par conséquent, si les gens - d'ailleurs, ce n'est pas le cas -
dans les ministères répondaient: Oui, on pourra améliorer
la qualité de nos services aux citoyens le jour où vous nous
donnerez plus d'argent. Là, il ne faut vraiment pas accepter cette
affirmation, parce que ce n'est pas rattaché directement à une
question de gros sous. Il est bien sûr que cela prend un minimum
d'employés pour répondre au personnel, mais, dans la plupart des
cas, il y a suffisamment d'employés.
L'accès aux lignes téléphoniques est aussi une de
nos priorités. On a déjà commencé des rencontres
avec le Conseil du trésor, le ministère des Communications ainsi
que nous-mêmes, donc, à trois, puisqu'on a eu le mandat du premier
ministre de régler cette question. Je ne vous cache pas que, dans
certains cas, il y a des ministères qui ont fait une économie de
bouts de chandelle. Ils ont fait semblant d'économiser en
réduisant le nombre de lignes téléphoniques. Ce ne sont
pas de grosses économies, mais cela donnait l'impression de bien
administrer et d'économiser. Il est certain que des erreurs ont
été faites. Le ministre du Revenu lui-même a reconnu que le
nouveau système téléphonique qui a été
installé en décembre et qui devait résoudre les
problèmes n'a pas résolu ces problèmes. C'est donc une
priorité pour nous.
Finalement, un autre exemple d'action concrète à laquelle
on travaille aussi, ce sont les heures d'ouverture. Cela varie selon les
ministères et selon les régions, mais il y a des bureaux
gouvernementaux qui sont ouverts le midi et d'autres qui ne le sont pas. Dans
plusieurs cas, le fait de fermer un bureau le midi pénalise le citoyen
qui, au lieu de prendre son heure du lunch pour aller chercher un service
gouvernemental, que ce soit au ministère de l'Éducation ou
à n'importe quel autre, est obligé de perdre une heure ou deux de
son temps de travail. À Montréal et à Québec,
plusieurs bureaux sont ouverts, mais, en région, on s'aperçoit
que c'est l'inverse, la plupart sont fermés. On travaille actuellement
sur cette question non seulement de garder ouverts les bureaux le midi, mais
peut-être aussi d'avoir des heures plus souples. Peut-être que,
dans certaines régions, la solution à de meilleurs services aux
citoyens est d'avoir des horaires flexibles pour les fonctionnaires. Les
conventions collectives permettent cela.
Les conventions collectives permettent à un fonctionnaire, s'il
est d'accord avec son supérieur immédiat, surtout en
région, de ne pas travailler le lundi matin et de travailler le jeudi
soir, si on veut donner des services dans un centre commercial, où il y
a des bureaux gouvernementaux. En région, on voit cela souvent.
C'est le genre d'action concrète à laquelle on travaille
avec notre équipe. Il est certain qu'on a une grosse côte à
remonter parce que toutes les machines gouvernementales sont lentes à
bouger et il est difficile de changer les mentalités une fois que c'est
installé.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Verdun.
M. Caron: M. le Président, ce n'est pas chose facile et,
naturellement, dans des régions, comme vous le dites, il y a même
des hôtels de ville qui ferment à l'heure du lunch. Je pense que
c'est normal, car tout dépend du secteur, de l'environnement. Je vois
mal quelqu'un qui appelle ou qui se présente vers 15 h 50 ou 16 heures
dans un ministère - je dis "vers", cela peut être 16 heures comme
15 h 58 - et qu'il soit trop tard pour la journée. Là-dessus, je
pense que vos collègues des autres ministères peuvent
faire...
M. Lazure: Étant donné que tout ce qu'on dit est
enregistré et public, je vous engage, non seulement ceux qui sont ici,
mais ceux et celles qui lisent le journal des Débats, à nous
faire part de ces situations. Vous savez que, là-dessus, on a fait un
peu de progrès, car les fonctionnaires sont obligés de
s'identifier au téléphone depuis un an ou un an et demi. Je pense
qu'ils le font la plupart du temps, au téléphone. Aussi, ils sont
obligés de porter leur nom sur eux ou sur elles ou sur le pupitre quand
il y a un pupitre. Quand une personne constate qu'un employé de
l'État donne un mauvais service, la première chose à faire
est de prendre son nom et de le rapporter soit au supérieur
immédiat ou au Secrétariat aux relations avec les citoyens et
nous donnons suite aux représentations qu'on nous fait.
M. Caron: II faudrait qu'il y ait une certaine publicité,
afin que la population le sache. Mais il arrive certains cas où on se
fait dire, quand on a appelé à une telle place, vers les 16
heures, que cela commence à déranger. Je pense qu'il faudrait
aussi que le syndicat soit tolérant, quitte à ce que cela ne soit
pas toujours à la même personne de répondre après 16
heures. Je pense que, là-dessus, on doit se pencher surtout sur les gens
qui appellent au ministère du Revenu. Ce n'est agréable pour
personne de payer des impôts, mais les gens ont droit à des
renseignements; à tort ou à raison, ils sont cotisés, mais
ils ont droit à des renseignements.
M. Lazure: L'identification de l'employé de l'État
serait dans les deux sens, pour le mieux et pour le pire. Il n'y a pas de
semaine où je ne signe pas de lettres â des fonctionnaires qui ont
fait de bons coups.
M. Caron: Oui, oui.
M. Lazure: Ainsi, au kiosque d'information au complexe G, il y a
des fonctionnaires qui ont travaillé au-delà des heures
prescrites par la convention. Ils ont donné beaucoup de leur temps
bénévolement. Cela joue dans les deux sens.
M. Caron: Je pense que ce n'est pas pour les employés
eux-mêmes, c'est pour la population. C'est entendu que vous avez des
employés qui donnent 150% de leur temps. Par contre, vous en avez qui en
donnent moins. On le sait, on le vit, on travaille avec eux. Je suis conscient
de cela, mais c'est pour la population qui a à appeler ou à se
présenter à des bureaux gouvernementaux. Si c'est près de
la fin de la journée, la réception n'est pas la même, il
faudrait que cela soit vérifié.
M. Lazure: Si c'est près de la fin de la journée ou
près de la fin de la semaine, je fais souvent des visites le vendredi
après-midi à l'improviste dans des bureaux gouvernementaux, il
manque souvent du monde et en particulier des patrons. Par un beau vendredi
après-midi...
M. Caron: Ne vous en faites pas, on a cela aussi à
l'hôtel de ville. Là, les gens terminent à 16 h 30. Je vais
seulement vous donner un exemple. Aujourd'hui, on commence les heures
d'été. Je n'y pensais plus et, à 16 h 50 j'ai
téléphoné. Je vous assure qu'il n'y avait plus grand
monde, parce que je n'ai rejoint personne. Il faut essayer de travailler avec
eux. On fait comme on dit en anglais du "give and take". S'il y en a qui
commencent à travailler de bonne heure, ils se libèrent de bonne
heure et si d'autres entrent plus tard, qu'ils soient assez conscients de finir
les heures.
M. Lazure: Les employés de l'État vont y trouver
leur profit aussi parce que, au fur et à mesure que la qualité
des services sera améliorée, les citoyens vont le
reconnaître, l'image que le public a de l'employé d'État va
être valorisée beaucoup plus qu'elle ne l'est actuellement.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Saint-Henri.
M. Hains: Évidemment, je suis surtout dans les affaires
culturelles et dans l'éducation. Je suis venu ici pour rendre moins
pénible la solitude de mon collègue, M. Caron. J'admire beaucoup
le domaine dans lequel vous oeuvrez. Les relations avec les citoyens et le
service aux personnes handicapées sont vraiment des domaines qui me
touchent profondément. Comme M. Caron, je vous dis franchement que c'est
un chantier immense que vous avez entrepris et qui sera probablement
très dur à manoeuvrer, parce que, malheureusement, on a un petit
peu la réputation - peut-être autant nous que les autres
fonctionnaires - d'être des gens froids, secs et que les affaires passent
avant tout. J'admirais tout à l'heure vos trois objectifs: amener chaque
ministère à prendre le pouls de satisfaction de la population,
obtenir de chacun un plan d'humanisation et, en même temps, que les
employés de l'État soient annotés pour leur performance au
point de vue humanitaire. Je pense qu'avec cela, vous avez un très beau
programme. C'est juste en passant que je suis avec vous, mais je vous
félicite et je vous encourage à continuer dans ce beau
domaine.
M. Lazure: Je vous remercie, M. le député de
Saint-Henri.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
M. Hains: Si je prends la première page de l'étude
des crédits, c'est écrit ici en haut je ne sais pas si vous allez
vous y retrouver - Conseil exécutif page Il-19...
M. Lazure: Oui, cela va.
M. Hains: II y a une chose qui m'a frappé, si on regarde
les montants qui sont alloués à chacun. Au cabinet du ministre,
il y a 101% d'augmentation entre 1982 et 1983. De 262 500 $ on passe à
530 000 $.
Ensuite l'élément 2, n'existait pas en 1982. En 1983, vous
arrivez avec 640 000 $ pour le secrétariat, c'est très bien. Vous
allez voir là où je veux en venir.
À l'élément 3: Services aux adultes en travail
adapté, on remarque une faible augmentation de Il%. Ces deux choses
m'ont frappé.
M. Lazure: Continuez. À l'autre, vous avez une
augmentation importante de...
M. Hains: C'est cela. Soutien aux organismes de promotion, 38% et
Direction à l'administration, 47%. Je me demande si c'est un montant de
Il% qui est directement donné aux gens et aux citoyens. Cela me frappe
un peu dans tout cet amoncellement d'argent de 101%, 100% etc.
M. Lazure: Si vous voulez, on va commencer par la fin pour bien
se comprendre.
M. Hains: D'accord.
M. Lazure: Prenons les trois dernières lignes, en
commençant à: Services aux adultes en travail adapté,
Soutien aux organismes de promotion et Direction et
administration, tout cela concerne l'Office des personnes
handicapées du Québec.
M. Hains: Ah bon!
Direction et administration
M. Lazure: On a eu de longues discussions tantôt sur ce
sujet. Effectivement, il y a des progressions de 15 100 000 $ à 16 800
000 $, de 1 100 000 $ à 1 500 000 $ et de 4 200 000 $ à 6 000 000
$. La plus forte augmentation des trois résulte de la mise en
application d'un article qui n'était pas en vigueur dans la Loi sur les
personnes handicapées, l'article 63, qui demande à chaque
entreprise de plus de 50 employés de présenter un plan
d'embauche; on en parlait tantôt. Cela a voulu dire l'embauche d'une
quinzaine de personnes à l'office. Ce sont des augmentations qui sont
plus fortes que celles qu'on retrouve dans tous les autres ministères.
Depuis une couple d'années, vous savez qu'il y a très peu
d'augmentations et, s'il y en a à l'Office des personnes
handicapées, c'est justement parce qu'on a beaucoup de rattrapage
à faire.
Les deux premières lignes: cabinet du ministre
délégué... La colonne 1982-1983: 262 000 $, c'est
seulement une partie de l'année, c'est à partir du 9 septembre
seulement, la date où j'ai été nommé. Avant cela,
mon cabinet n'émargeait pas à ce budget. C'est trompeur, c'est
seulement pour septembre, octobre, novembre, décembre, janvier,
février et mars, à peu près la moitié de
l'année. Les 530 000 $ 1983-1984, c'est le montant normal qu'on retrouve
dans les cabinets de taille moyenne. Mon chef de cabinet me dit que, de toute
façon, il ne sera pas utilisé; on a quatre personnes au cabinet
et on dépensera à peine la moitié de cela. C'est une
enveloppe qui est allouée à chaque ministre pour son cabinet. Il
y en a qui l'utilisent au complet, d'autres aux trois quarts, d'autres à
moitié.
Quant au Secrétariat aux relations avec les citoyens,
l'explication est simple aussi. On a créé ce secrétariat
à l'automne, on a recruté une personne, deux personnes, M.
Dufour, et on y a maintenant un dizaine de fonctionnaires. On s'attend que cela
coûte aux environs de 640 000 $, c'est la première année
d'existence.
M. Hains: D'accord, cela se comprend bien.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Verdun.
M. Caron: M. le ministre, vous parlez du montant de 530 000 $ que
vous ne croyez pas devoir utiliser. Au moment où on prépare le
budget, on vous consulte, j'imagine, pour vous demander à peu
près le nombre de personnes et on discute avec vous. Pourquoi a-t-on mis
ce montant si vous ne l'employez pas? Où ira le surplus?
M. Lazure: Le surplus ira au fonds consolidé.
M. Caron: Au fonds consolidé.
M. Lazure: II n'y a pas d'erreur, cela retounera au fonds
consolidé. Comme je vous disais tantôt, c'est une enveloppe
maximale. On ne savait pas exactement combien de personnes on aurait dans le
cabinet. On nous a dit: Vous pouvez aller jusqu'à 530 000 $ au cours de
l'année mais pas au-delà. Selon nos prévisions
après quelques mois, on s'attend à utiliser peut-être 60%
ou 65% de cette somme.
M. Caron: Tant mieux si... (19 h 15)
M. Hains: Si je reviens à la page précédente
plutôt, ici, c'est inscrit sur la feuille que j'ai: Il-18. Est-ce que
cela se peut?
Le Président (M. Champagne): Oui, Il-18, les
éléments correspondent.
M. Hains: Cela va.
M. Caron: On peut faire le tour et on adoptera les crédits
globalement. J'ai moi aussi quelques questions là-dessus.
M. Hains: Je ne vous demanderai pas d'aller trop vite.
M. Caron: Étant nouveau, je ne passerai pas la nuit
là-dessus.
M. Hains: Là aussi, est-ce que cela va? Vous l'avez
trouvé?
M. Lazure: Oui, cela va.
M. Hains: À cette page-là, j'aimerais avoir des
explications sur certaines hausses qui sont un peu surprenantes, comme par
exemple: Autres rémunérations. Vous avez une hausse de 271%
à la deuxième ligne, catégorie 2. Autres
rémunérations, on passe de 87 000 $ à 323 000 $.
M. Lazure: M. le Président, juste un instant, si vous
voulez. Ce à quoi vous vous référez...
M. Hains: C'est à 11-18.
M. Lazure: C'est le sommaire. On fait une petite
consultation.
Le Président (M. Champagne): Est-ce
que vous aimeriez répéter votre question, M. le
député de Saint-Henri?
M. Hains: Je suis resté un peu surpris, comme je le redis.
À la catégorie 2, vous avez: Autres rémunérations.
On passe à une augmentation de 271%. Si je continue: Entretien...
M. Lazure: Au pourcentage, voulez-vous ajouter le chiffre s'il
vous plaît?
M. Hains: Le montant, vous l'avez à la catégorie 2;
on passe de 87 000 $ à 323 000 $. Je comprends cela, M. le ministre, et
peut-être même que ma question est superflue vu que c'est un
début de ministère que vous avez.
M. Lazure: C'est le sommaire de l'autre.
M. Hains: C'est cela.
M. Lazure: Si vous additionnez ces colonnes, vous allez retrouver
le chiffre de 530 000 $ qui correspond à 530 000 $ ce sont lescabinets.
C'est le détail de la page à droite. On va fournir
là-dessus les mêmes réponses.
M. Hains: Je comprends très bien.
M. Lazure: Donc Il-18 est le détail de Il-19 qu'on
discutait tantôt.
M. Hains: Je comprends que c'est un début et que c'est
tout naturel que vous ayez des augmentations semblables.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Verdun, une autre question?
M. Caron: Je voudrais demander au ministre si depuis le 1er avril
1982, vous n'avez pas fait effectuer de sondages?
M. Lazure: Vous parlez de 1982 ou de 1983?
M. Caron: Depuis votre arrivée.
M. Lazure: Ma nomination remonte à septembre 1982 à
ce poste.
M. Caron: Depuis votre nomination, est-ce que vous avez fait
faire des sondages?
M. Lazure: Non, on n'a pas fait faire de sondages.
M. Caron: Dans le but de savoir exactement ce que la population
du Québec veut.
M. Lazure: La réponse, c'est non. On n'a pas fait faire de
sondages. Il est possible qu'on en fasse faire dans les mois qui viennent;
probablement qu'on les ferait avec la collaboration de certains
ministères.
M. Caron: En même temps. Si cela se fait, est-ce que cela
sera public? Vous le déposerez.
M. Lazure: Oui, quant à moi, ce sera public, comme le
rapport d'étape l'a été.
M. Caron: Pour les contrats de moins de 25 000 $ octroyés
aux professionnels, de quelle façon procédez-vous?
M. Lazure: Vous faites allusion à des contrats
donnés par l'Office des personnes handicapées.
M. Caron: On le fait...
M. Lazure: ...oui, si vous le voulez...
Le Président (M. Champagne): D'accord.
M. Lazure: Ce sont des contrats donnés par les voies
habituelles c'est-à-dire par soumissions. L'Office des personnes
handicapées suit les mêmes procédures que les
ministères.
M. Caron: Les ministères ou les municipalités,
j'imagine.
M. Lazure: Oui. Il y a des appels publics d'offres qui sont
faits.
M. Caron: Pour l'année qui vient, est-ce que vous avez des
projets, à part la loi no 20? On aura l'occasion d'en parler en
troisième lecture. Naturellement, je vous ai dit dès le
début que je votais pour ce projet de loi. Je suis encore favorable.
C'est une bonne attitude sur le plan politique. Enfin, je ne veux pas parler de
la loi no 20 ici. Est-ce que vous avez des vues dans votre
réorganisation pour l'année qui vient? Est-ce que vous avez
planifié certaines choses? Je sais que vous allez essayer
d'améliorer des choses. C'est tout à fait normal. Mais, est-ce
qu'il y a quelque chose qui sortirait de l'ordinaire et que vous auriez
planifié pour l'année à venir, toujours dans le but
d'aider le citoyen?
M. Lazure: Tantôt, j'ai mentionné rapidement
certains exemples de recommandations qui avaient été
acceptées par le Conseil des ministres. L'une de celles-là
concerne un système de primes qui devait commencer cet automne pour les
employés de l'État, et aussi pour les citoyens et les citoyennes
qui nous feraient des suggestions en vue d'améliorations dans la
qualité du service. Associée à cela, on étudie la
possibilité pour l'an prochain, à l'automne ou
à l'hiver, d'avoir une semaine du citoyen. C'est la mode ces
années-ci d'avoir des semaines consacrées à
différents groupes de la société, surtout si des citoyens
font des suggestions pour apporter une plus grande humanisation dans les
services gouvernementaux. On pourrait faire un peu comme le ministre de la
Justice le fait une fois par année pour les gens qui se sont
distingués par des gestes particuliers, que ce soit sauver quelqu'un
d'un incendie ou porter secours à un accidenté de la route. Il y
a des mérites qui sont décernés une fois par année
par le ministre de la Justice pour souligner ces exploits de courage, de
dévouement. Nous, on étudie la possibilité de faire
quelque chose de semblable qui serait axé sur les personnes,
fonctionnaires ou non, qui ont contribué à humaniser les services
gouvernementaux. Ce serait à l'occasion de cette semaine du citoyen
qu'on reconnaîtrait publiquement aussi tous ceux qui ont fait des efforts
particuliers dans ce sens.
Comme autre activité principale au cours de l'année, on
compte beaucoup sur les groupes régionaux venant des différents
ministères qui vont être dirigés par
Communication-Québec et notre secrétariat. D'autant plus que j'ai
remarqué, depuis six mois que je fais ce travail, que, dans les
régions, quand on s'éloigne de Québec ou de
Montréal, les fonctionnaires sont encore plus motivés à
donner de bons services aux citoyens. Je pense que c'est un peu normal, le
fonctionnaire habite souvent dans la petite ville et tout le monde le
connaît.
M. Caron: Oui, il est près de la population.
M. Lazure: La qualité du service gouvernemental est, en
général, meilleure que dans les grandes villes. Par
conséquent, en rencontrant régulièrement ces
gens-là, je suis sûr qu'on va aller chercher des suggestions
intéressantes qui vont nous aider ensuite à transposer cela dans
les grandes villes.
Il y a aussi un autre projet concret qui va vous intéresser,
parce que vous êtes en partie député de cette
région-là, je parle de Terre des hommes. Votre comté
touche une partie de...
M. Caron: Pas vraiment, mais c'est près.
M. Lazure: La municipalité?
M. Caron: Non.
M. Lazure: Pas du tout?
M. Caron: Non, c'est Sainte-Anne.
M. Lazure: Ah, je confonds avec l'île des Soeurs.
M. Caron: II y a une vaste clientèle de Verdun qui se rend
là.
M. Lazure: C'est la circonscription de Sainte-Anne, oui. On a
actuellement un projet avec le ministère des Communications. Vous savez
peut-être qu'il y aura un pavillon du Québec à Terre des
hommes, cet été. Il va être principalement animé par
le ministère des Communications. Mais il y a aussi d'autres
ministères qui vont y participer. Le Secrétariat aux relations
avec les citoyens va y participer également. Nous aurons une
présence physique et aussi peut-être un kiosque d'exposition. On
est en train de travailler sur le genre de présence qu'on aura à
Terre des hommes, tout au cours de l'été. Si cela va bien, on
pourra aussi transporter cette même présence dans les
régions, parce qu'il y a souvent des foires d'été et des
expositions qui regroupent beaucoup de monde. Comme quelqu'un le disait
tantôt, ce n'est pas tellement connu. Il est vrai qu'il y a encore
beaucoup de gens qui ne savent pas que, dans le gouvernement, il y a un
ministre et une équipe qui s'occupent spécialement de cela.
Alors, on a un travail à faire...
M. Caron: C'est le temps qui vous fera connaître.
M. Lazure: Oui. Cela va nous occuper au cours de
l'été et, en particulier, à Terre des hommes.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que M. le
député de Saint-Henri...
M. Hains: Tout de suite.
Le Président (M. Champagne): Oui, enfin.
M. Hains: J'aurais une petite question à adresser au
ministre. Dans un article du Soleil, le 16 septembre dernier, vous disiez que
vos priorités seraient dans les ministères de la Justice, des
Affaires sociales et du Revenu. J'avais admiré votre petite phrase en
même temps dans laquelle vous disiez: "S'il y a des secteurs où il
est urgent d'agir, c'est là où les gens sont le plus en
détresse psychologique ou autre et lorsqu'ils vont chercher des
services".
Est-ce qu'on peut vous demander, d'après ce que j'ai cru entendre
tout à l'heure, pourquoi vous n'avez pas retenu définitivement
ces trois priorités jusqu'ici?
M. Lazure: Ah! Distinguons. M. Hains: Oui.
M. Lazure: Dans le cas du ministère du Revenu, cela fait
partie des huit ministères. Si vous relisez le premier rapport
d'étape, que j'ai rendu public au mois de mars, le ministère du
Revenu est un des huit ministères ou organismes dont on a fait nos
priorités. Donc, personne n'a contesté non plus ce choix.
M. Hains Non, je ne pense pas.
M. Lazure: Pour ce qui est du ministère de la Justice et
du ministère des Affaires sociales, j'en ai parlé dans un autre
contexte. Pour des raisons différentes, on travaille étroitement
avec ces deux ministères, principalement, parce que mes collègues
ministres, dans le cas de la Justice et dans le cas des Affaires sociales, nous
ont proposé des projets précis. Par exemple, aux Affaires
sociales, mon collègue nous demande de lui donner un coup de main pour
qu'on améliore les conditions de la vie quotidienne de personnes
âgées dans les centres d'accueil ou de personnes
handicapées dans les centres d'accueil pour personnes
handicapées. Alors, nous sommes en pourparlers avec le ministère
des Affaires sociales et nous allons bientôt rencontrer le Comité
provincial des malades, soit M. Claude Brunet et son groupe. Ainsi, on va
travailler avec les Affaires sociales et le comité des malades, qui a
maintenant des comités répartis un peu partout au Québec,
pour essayer d'améliorer la qualité des services à ces
citoyens handicapés ou âgés. C'est en ce sens que je disais
"surtout les gens qui sont vulnérables ou qui sont déjà
mal pris".
Au ministère de la Justice, on a pris passablement d'initiatives
depuis quelque temps pour humaniser les services. Par exemple, la semaine
dernière, quand j'étais à Chicoutimi, on nous
décrivait un nouveau service qui existe depuis environ un an. Il s'agit
d'un service d'accueil par des bénévoles au palais de justice
à Chicoutimi. Des hommes et surtout des femmes, des
bénévoles sont là pendant toute la matinée et
accompagnent des gens qui viennent pour des services au palais de justice.
Un ministère peut avoir notre attention prioritaire ou bien parce
qu'il est parmi les huit, desquels on reçoit le plus de plaintes de la
population, ou encore il peut être en dehors. Cela découle du fait
que le ministre ou les autorités du ministère nous demandent
notre collaboration sur certains projets précis.
M. Hains: Merci.
M. Caron: M. le ministre, n'y aurait-il pas lieu, quant aux
coupures - car, souvent, le ministre des Affaires sociales nous dit en Chambre
que les coupures n'ont rien dérangé, mais, je m'excuse, dans
certains cas, elles ont dérangé - au cours de votre
tournée de l'été où vous aurez certainement la
chance d'aller dans les hôpitaux ou dans des maisons
d'hébergement, de vous assurer que le ministre des Affaires sociales ne
vous trompe pas?
(19 h 30)
En ce qui concerne les personnes handicapées, il y a des coupures
qui peuvent se faire, on est conscient et on doit les accepter aussi, mais je
vois très mal que l'on coupe dans les Affaires sociales là
où il y a des handicapés. Quand on dit handicapé, c'est
grand ce mot, cela ne veut pas seulement dire être dans un fauteuil
roulant. Dans les coupures que l'on fait, ma collègue de L'Acadie, Mme
Thérèse Lavoie-Roux, l'a déjà souligné et je
vous le dis, car j'ai eu l'occasion de le constater, je circule moi aussi. J'ai
même rencontré le ministre dans son comté, Anjou, dimanche
dernier. On fait tous les deux de la bicyclette ensemble, cela pour vous dire
que, moi aussi, je circule dans la province. Je ne reste pas qu'à Verdun
malgré que cela prenne beaucoup de mon temps.
M. Lazure: Je vous invite dans mon comté, à
Boucherville.
M. Caron: Je vous disais tout à l'heure, à
première vue, qu'on peut peut-être penser que cela n'a pas une
grande importance, je peux vous dire que votre ministère a beaucoup
d'importance parce qu'il touche le peuple, les petits travailleurs. Celui qui a
de l'argent peut se permettre de se faire aider, d'engager une
infirmière, s'il se fait opérer, il peut se permettre un peu de
luxe. Mais celui qui n'a pas d'argent, M. le ministre?
Cette année, on passe peut-être plus vite vos
crédits parce que je vous ai dit qu'on donnait la chance au coureur. Si,
dans le courant de l'année, vos collègues n'acceptent pas vos
recommandations, l'an prochain, on sera peut-être plus dur à
votre égard. C'est à vous durant l'année de voir
à ce que certains de vos collègues soient conscients qu'eux, sont
chanceux. Ils ont un chauffeur, une limousine, je ne veux pas aller en
profondeur là-dessus, ils en ont besoin, parce qu'ils se
déplacent et travaillent quinze, seize et dix-sept heures par jour. Je
sais qu'un ministre qui veut faire son travail doit disposer de ces heures,
mais qu'ils pensent aux petits, aux malades, qu'ils se rappellent la devise que
votre parti avait en 1976: La personne avant toute chose, parce qu'on va vous
le rappeler. Je vous remercie.
M. Lazure: Merci du préavis. Je remercie les membres de la
commission pour leur collaboration.
Le Président (M. Champagne): On vous
remercie, M. Dufour, d'avoir accepté d'assister à la
commission parlementaire.
Est-ce que les membres de la commission sont prêts à
adopter le programme numéro 8 avec les 5 éléments qui le
composent?
M. Caron: Tout est adopté.
Le Président (M. Champagne): Tout est adopté.
La commission élue permenente de la présidence du conseil
et de la constitution ajourne ses travaux sine die, parce qu'elle a accompli le
mandat qui lui était confié.
(Fin de la séance à 19 h 34)