Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente de la présidence du
Conseil
Crédits du ministère du Conseil
exécutif
Séance du vendredi 3 Juillet 1970
(Quatorze heures vingt-cinq minutes)
M. VEILLEUX (président de la commission permanente de la
présidence du Conseil); A l'ordre, messieurs!
Office de planification
M. BOURASSA: Si l'ancien ministre me permet, je vais juste donner
quelques notes sur le rôle de l'Office de planification et de
développement. Il a très bien connu l'Office de planification et
de développement. Il a participé à sa croissance.
L'objectif prioritaire de cet office, je l'ai souligné à
maintes reprises, est la relance économique. Tous les mécanismes
de l'Etat et toutes les institutions qui en dépendent doivent apporter
leur contribution à la réalisation de cet objectif qui nous
permettra de revenir à une situation économique normale.
Parmi ces mécanismes dont dispose le gouvernement pour agir
à court terme et à long terme sur le développement
économique, l'Office de planification et de développement
apparaît comme l'un des plus importants. Selon la loi qui l'a
créé, l'office remplit deux fonctions majeures. D'une part, 11
doit préparer les plans, programmes et projets de développement
économique et social d'aménagement du territoire. D'autre part,
11 doit assumer la direction et assurer l'exécution des plans,
programmes et projets qui lui sont confiés par le gouvernement, parce
que leur mise en oeuvre requiert une liaison particulièrement
étroite et continue entre plusieurs ministères et organismes du
gouvernement.
L'OPDQ est un mécanisme essentiellement interministériel.
La direction de l'OPDQ est assurée par les sous-ministres des
différents ministères qui siègent soit au bureau de
direction même, soit à la commission interministérielle de
planification et de développement. Au surplus, l'OPDQ a
créé l'atelier des directeurs généraux de
planification, où se trouvent regroupés les responsables de la
planification dans chaque ministère. Cet atelier s'est donné
comme l'un de ses objectifs d'élaborer une première esquisse des
perspectives de croissance économique et d'évolution de l'emploi
à moyen terme au Québec. La communication continue entre l'office
et les ministères rend possible une concertation permanente des
orientations ministérielles. Elle assure ainsi une plus grande
cohérence à l'ensemble des programmes gouvernementaux.
La planification des actions gouvernementales, tel doit être
l'objet premier des préoccupations de l'office dans l'immédiat.
Avant de planifier le secteur privé de l'économie, le
gouvernement doit d'abord rationaliser ses propres interventions. Il s'agit
là d'une opération majeure dont il ne faut pas sous-estimer le
poids sur l'économie, en particulier au Québec. Les
dépenses gouvernementales, à la fois celles du gouvernement du
Québec, des gouvernements municipaux ou scolaires et du gouvernement
fédéral, représentent en effet au-delà de 35% de
notre produit national brut alors qu'en d'autres parties du Canada, en Ontario
plus particulièrement, cette proportion est nettement moindre.
Une telle planification des actions gouvernementales à tous les
niveaux ne peut cependant se faire sans l'existence de schémas de
référence qui nous permettent de fixer des objectifs prioritaires
et de choisir des moyens privilégiés pour atteindre ces
objectifs.
Le défi majeur de la planification est d'établir la
liaison entre, d'une part, des objectifs qui souvent peuvent paraître
lointains et, d'autre part, nos gestes quotidiens qui sont souvent des
réponses à des urgences de court terme. Il est nécessaire
que l'OPDQ agisse à ces deux niveaux, celui de la détermination
des objectifs prioritaires et celui de la programmation des actions annuelles
de l'Etat de façon qu'entre ces deux niveaux s'établisse une
liaison organique et efficace. Une telle liaison entre la conjoncture
immédiate et le moyen ou le long terme doit se réaliser non
seulement au palier de l'ensemble du Québec, mais aussi au palier des
régions qui le composent. Aussi, l'office doit-il participer
également à la coordination des opérations de
planification et de programmation régionale.
Effectivement, à l'heure actuelle, c'est à ces paliers que
se situe le gros des actions de l'office aussi bien en matière de
planification proprement dite qu'en matière de développement.
Dans cette perspective, des équipes sont au travail dans la plupart des
régions, dans l'Est du Québec, au Saguenay-Lac Saint-Jean, dans
le Nord-Ouest, dans les zones spéciales de Sept-Iles,
Trois-Rivières et Québec, dans la région de
Montréal, où l'implantation du nouvel aéroport
international aura manifestement des implications d'envergure qu'il nous faut
canaliser au profit de toute l'économie québécoise.
La plupart de ces programmes régionaux sont
déjà au stade de l'exécution et de la mise en
oeuvre de projets concrets de développement. Nous aurons tous atteint ce
stade au cours du présent exercice. Quant aux régions non encore
couvertes, elles feront l'objet d'opérations et de programmation avant
la fin de l'année fiscale. Des études d'ensemble que poursuivra
l'office sur un schéma global d'aménagement du territoire
permettront d'assurer une cohérence entre ces plans
régionaux.
Au cours de l'année, l'OPDQ mettra un accent spécial sur
les programmes suivants:
Consolidation et mise en place définitive de la direction de la
recherche, qui aura pour tâche première d'établir, en
liaison avec les directions de planification des ministères, un
schéma des perspectives de développement économique et
social à moyen terme, au Québec, à la fois au palier
provincial et au palier régional. A cet égard, l'office devra
accorder une importance particulière à la coordination des
études et recherches qui se poursuivent actuellement de façon
dispersée dans les divers ministères ou organismes
gouvernementaux.
Participation à l'implantation de l'ensemble de l'administration
du système du budget-programme, en liaison étroite avec le
ministère des Finances.
Participation à l'évaluation des activités des
ministères et organismes paragouvernementaux, en fonction de l'objectif
de création d'emplois.
Renégociation de l'entente Canada-Québec pour le
développement de l'Est du Québec, dans le but de favoriser la
croissance des secteurs dynamiques de l'économie de cette
région.
Programmation des projets qui seront mis en oeuvre dans les zones
spéciales en 1971-1972 et au cours des années suivantes.
Mise en place de la commission de développement de la
région de Montréal, de façon à « maximiser
» les effets de l'implantation du nouvel aéroport international,
en collaboration avec les ministères ou organismes
fédéraux en cause.
Mise en place d'une mission de planification dans la région de
l'Estrie.
Création d'un bureau d'orientation du développement du
Nord québécois, qui permettra aux différents
ministères et organismes impliqués de coordonner la mise en
oeuvre de leurs projets d'aménagement des ressources naturelles.
Etablissement de modes de liaison avec les organismes de planification
et de développement actuellement en place dans la région de
l'Outaouais.
Création du conseil de la planification, organisme consultatif
rattaché à l'OPDQ, qui a pour but de lui fournir des avis sur les
principaux problèmes de développement socio-économiques et
d'aménagement du territoire au Québec. Ce conseil groupera des
représentants des conseils consultatifs sectoriels rattachés aux
différents ministères des conseils régionaux de
développement et des principaux corps intermédiaires
provinciaux.
Enfin, création d'une commission parlementaire du Plan. Cette
commission permettra aux parlementaires eux-mêmes, c'est-à-dire
aux premiers responsables auprès de la collectivité des actions
de l'Etat, de participer directement au processus de planification de notre
développement.
Voilà, en résumé, M. le Président, les
activités et les projets de l'Office du plan au Québec.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Le poste 3: Office de planification et de
développement du Québec, est-il adopté?
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, permettez-moi, tout
d'abord, de souligner et de m'en surprendre l'absence des membres
des autres partis de l'Opposition. Je constate que leur intérêt au
développement économique du Québec est négatif, du
moins pour ce qui est de leur présence, et j'espère que cet
intérêt n'est pas proportionnel à leur absence. Autrement,
il y aurait grand désavantage pour eux à préconiser des
développements économiques et d'être continuellement
absents des commissions parlementaires où on discute de ces choses.
Je veux, deuxièmement, remercier le ministre titulaire de
l'Office de planification et de développement du Québec du
rapport d'activités de l'ancien ministre qu'il vient de nous
énumérer. Je retrouve là-dedans toutes les choses qui ont
été faites ou qui sont envoie de se faire. Je ne remarque pas,
à moins que le ministre me le souligne, de projets nouveaux ou
d'orientation nouvelle à l'Office de planification et de
développement du Québec. Ce sont là toutes des choses qui
ont été ou annoncées ou discutées par l'ancien
gouvernement. Et je suis bien heureux de voir que le nouveau ministre continue
la ligne d'orientation que nous avions voulu donner à l'Office de
planification et de développement du Québec.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Le poste 3, est-il adopté?
Entente de coopération
Québec-Ottawa
M. MASSE (Montcalm): Si vous me permettez quelques petites questions de
détails,
en passant, avant d'adopter le budget. Une des priorités de
l'Office de planification et de développement du Québec, dans les
semaines et les mois qui viennent, c'est, entre autres, la renégociation
de l'entente de coopération entre le gouvernement du Québec et
celui d'Ottawa, pour ce qui est de l'aménagement du territoire du
Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des Iles-de-la-Madeleine. Est-ce
que le ministre aurait objection à nous faire un rapport des
activités en cours, actuellement, et de l'orientation qu'il entend
donner à cette renégociation?
M. BOURASSA: J'en ai discuté à plusieurs reprises depuis
que nous avons pris le pouvoir, notamment avec le ministre
fédéral responsable. Le député de Montcalm est
probablement au courant que nous avons fait une suggestion touchant la route de
ceinture.
Alors, le dossier technique achève d'être constitué.
Le conseil régional de développement s'est présenté
devant la commission interministérielle de planification pour exposer
les grandes lignes des propositions qu'il doit soumettre d'ici quelques jours,
au plus tard quelques semaines. Alors, le député est
sûrement au courant qu'une rencontre a eu lieu entre les
députés provinciaux et les députés
fédéraux. Le député est au courant, parce que c'est
lui qui l'a...
M. MASSE (Montcalm): Ah, dans notre parti, cela dépend toujours
de ce que le chef nous donne comme tâche, vous savez!
M. BOURASSA: Ah bon!
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, s'il n'y a pas d'autres
remarques concernant le secteur de la Gaspésie, on pourrait passer aux
autres.
M. BOURASSA: D'accord!
Secteurs d'aménagement
M. MASSE (Montcalm): Pour ce qui est des secteurs d'aménagement,
vous avez fait part de l'aménagement de certaines régions, enfin,
des missions de planification dans certaines régions.
M. BOURASSA: Oui.
M. MASSE (Montcalm): On ne reviendra pas là-dessus. Je suis bien
au courant.
M. BOURASSA: On en a dit quelques mots hier, justement.
M. MASSE (Montcalm): Des démarches avaient été
amorcées concernant les grandes régions urbaines,
particulièrement Montréal et Québec. Est-ce que, depuis le
changement de gouvernement, ces démarches ont été
poursuivies? Où en sommes-nous?
M. BOURASSA: Pour Montréal, j'ai un épais dossier dont
j'ai pris connaissance brièvement. Je dois en continuer l'étude
en fin de semaine. Il porte sur la question de l'aéroport. Un
comité du Conseil exécutif va être créé pour
qu'on soit à jour. En effet, du moins, d'après les informations
qui nous ont été fournies, on serait un peu en retard pour la
question de l'aménagement de l'aéroport. Pour ce qui a trait
à la région de Québec, est-ce que l'ancien ministre
pourrait préciser?
M. MASSE (Montcalm): L'idée qui avait été mise de
l'avant et je profite de l'occasion pour en informer le premier ministre
c'est que, s'il était bien d'aménager les régions
du Québec, les territoires extérieurs aux métropoles
vous avez parlé de l'Estrie; il y a déjà une
mission dans le Nord-Ouest québécois...
M. BOURASSA: Le Nord-Ouest, oui.
M. MASSE (Montcalm): ... il y a déjà le Grand Nord du
Québec, il y a déjà le Lac-Saint-Jean, il y a
déjà la Gaspésie cette relance économique,
dont vous parlez et que, nous également, nous avions
intérêt à faire, c'est l'évidence même,
était également basée sur l'aménagement des
ressources des zones urbaines, qui sont des facteurs moteurs de
développement économique pour l'ensemble du territoire...
Et voilà pourquoi nous avions avancé certaines formules
applicables à la grande région métropolitaine de
Québec ou de Montréal, à l'exclusion en soi, pour
Montréal, du problème de l'aéroport de Sainte-Scholastique
qui se greffe quand même sur la question d'aménagement. Est-ce que
ces idées sont poursuivies par le nouveau gouvernement?
M. BOURASSA: Oui, certainement. C'est-à-dire que, pour ce qui a
trait à Québec, le ministre est au courant qu'on a
complété, qu'on a signé l'entente qui avait
été négociée par lui et son gouvernement. Autour de
cette zone spéciale, il n'y a certainement pas d'objection à ce
que le gouvernement puisse améliorer ou instituer une planification.
Je m'aperçois que les questions que pose l'ancien ministre sont
à peu près les mêmes
questions qui me venaient à l'esprit lorsque j'occupais le poste
vis-à-vis, alors que je...
M. MASSE (Montcalm): Sauf qu'à l'époque vous posiez les
questions et nous faisions les réalisations. Et là, je veux
savoir si vous avez d'autres réalisations depuis que je pose les
questions.
M. BOURASSA: Je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas copier ce
qu'il y a de bon dans l'ancien gouvernement.
M. MASSE (Montcalm): J'aime bien l'entendre dire. C'est doux aux
oreilles après tout ce qu'on a entendu.
M. BOURASSA: M. le Président, hier, j'ai admis, dans le cas de la
société pétrolière, que le projet avait presque
abouti avec M. Johnson. C'est-à-dire que je ne m'en suis pas
publiquement..
M, MASSE (Montcalm): C'est que vous avez une facilité d'admission
devant nous et que vous avez des oublis étranges à
l'extérieur.
M. BOURASSA: Oui, mais c'est à la face de l'opinion publique.
Quand même, hier, en Chambre, cela ne pouvait pas être plus
public.
M. MASSE (Montcalm): Je peux donc conclure que l'apparition de nos faces
vous protège des blancs de mémoire.
Dans les autres domaines encore là, c'est exactement ce
que le précédent ministre avait poursuivi il y a le
Conseil de planification et de développement du Québec. Le
député de Mercier, à l'époque, nous avait à
maintes reprises parlé de ce conseil de planification; des
démarches avaient été entreprises l'automne dernier
auprès des grandes centrales syndicales, auprès des corps
intermédiaires; le président directeur général de
l'office, M. Tremblay, avait même, à la demande du ministre,
approché une personne qui devait être nommée
président du conseil et je crois même que des lettres avaient
été expédiées à cette personne. Depuis ce
temps, depuis les élections je n'ai vu nulle part d'annonce ou de
communiqué de presse concernant cela. Est-ce que je dois comprendre que
le ministre abolit ces démarches ou s'il va les poursuivre?
M. BOURASSA: Non. Je me souviens, comme vient de le signaler le
député, d'avoir soulevé la question durant la discussion
des crédits l'an dernier, à savoir ce qu'on attendait pour nommer
les membres. Je serais donc très mal placé pour retarder la
nomination de ces membres. La personne que vient de mentionner le
député de Montcalm a certainement des qualifications et nous
allons poursuivre les démarches. Nous semblons être actuellement
aux trois quarts du chemin. Si le député veut nous donner
quelques semaines, nous allons compléter le dernier quart avec notre
vitesse habituelle.
M. MASSE (Montcalm): Je vais lui donner les quelques semaines qu'il
demande comme il m'avait donné les quelques semaines que j'avais
demandées.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Adopté.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je n'ai pas d'autres
remarques à faire. Je reviens aux deux remarques du début. D'une
part, je regrette l'absence des autres membres de l'Opposition et, d'autre
part, je remercie le ministre de poursuivre le bon travail qui avait
été entrepris par le ministre précédent à
l'Office de planification. Quant à moi, je suis prêt à
adopter les crédits.
M. BOURASSA: Merci, M. le Président. C'est un exemple d'une
discussion constructive et positive.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Poste 8? M. BOURASSA: Adopté.
UNE VOIX: Les autres vont avec le Conseil exécutif.
M. BOURASSA: Oui. Cela va avec le poste 8. Les crédits sont
adoptés.
UNE VOIX: Je félicite le député de Montcalm
pour...
M. BOURASSA: ... sa diligence.
M. MASSE (Montcalm): Ah, quand le député des
Iles-de-la-Madeleine ne se mêle pas au débat, ça va
bien!
Fin de la séance: (14 h 44)