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(Seize heures dix minutes)
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): La commission des
affaires sociales et de l'éducation se réunit pour
procéder à l'étude du programme 6, prestations d'aide
sociale, du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
Sont membres de cette commission: Mme Bélanger
(Mégantic-Compton), M. Bissonnet (Jeanne-Mance), M. Blouin (Rousseau),
M. Bordeleau (Abitibi-Est), M. Boucher (Rivière-du-Loup), M. Champagne
(Mille-Îles), M. Champagne (Saint-Jacques), M. Charbonneau
(Verchères), M. Dauphin (Marquette), Mme Dougherty (Jacques-Cartier), M.
Gravel (Limoilou), M. Laplante (Bourassa), M. Lavigne (Beauharnois), Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Leduc (Fabre), M. Leduc (Saint-Laurent), M. Marquis
(Matapédia), M. Martel (Richelieu), M. Middlemiss (Pontiac), M. Paradis
(Brome-Missisquoi), M. Paré (Shefford), M. Payne (Vachon), M. Rochefort
(Gouin), M. Ryan (Argenteuil) et M. Sirros (Laurier).
Il nous fait plaisir d'accueillir Mme la ministre de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu et je vais lui demander si elle a
quelques remarques préliminaires à faire à la
commission.
Mme Marois: Merci, Mme la Présidente. Il serait
peut-être plus approprié de présenter les gens qui
m'accompagnent et qui, à un moment ou à un autre, pourront
intervenir en réponse à des questions ou autrement.
À ma droite, M. Pierre Sarault, sous-ministre en titre au
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu;
M. Henri-Paul Chaput, directeur général de la planification et,
M. Emile Dubois, directeur des politiques de sécurité du
revenu.
À l'arrière, M. Pierre-Yves Vachon, sous-ministre adjoint
à l'administration; M. Jean-Marie Lalande, sous-ministre adjoint,
responsable du réseau Travail-Québec; M. André Roy,
responsable des programmes et systèmes; Mme Jacqueline Noël-De
Tilly, secrétaire du ministère; M. Paul Matte, directeur des
ressources financières; M. Roger Grenier, chef du service de
relèvement socio-économique et, enfin, deux fonctionnaires qui
sont à la direction des programmes sociaux du Conseil du trésor,
MM. Roy et Côté.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux):
Bienvenue à tout le monde.
Mme Marois: Je vais effectivement faire une introduction, dans le
sens suivant. On m'avait informée que j'avais environ 20 minutes pour
faire une présentation; je ne sais pas si ces règles ont
été acceptées à cette commission.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je pense, Mme la
ministre, que vous auriez même droit à plus de 20 minutes, mais je
vous encouragerais - je pense que cela serait le désir des membres de la
commission - à vous en tenir à 20 minutes, compte tenu que,
maintenant, il nous reste à peine 1 heure et 45 minutes pour discuter
d'un programme assez complexe. Nous l'apprécierions.
Exposés préliminaires Mme Pauline
Marois
Mme Marois: Je vais tenter de le faire dans le temps le plus
court possible.
Comme c'est une commission mixte et que l'on commence l'étude des
crédits, je pensais faire avec vous - très rapidement cependant -
un peu le tour de la mission du ministère, mais en accentuant
évidemment les efforts particuliers que le ministère a faits
l'année dernière et par les années passées -
l'année dernière en particulier, quant à ses programmes
d'aide à l'emploi -et l'effort qu'il compte faire dans l'année
qui vient, dans une perspective d'intégration de son action et de la
mission qu'il a assumée particulièrement vis-à-vis du plan
de relance adopté par le gouvernement du Québec.
On pourrait simplement se rappeler quand même que ce
ministère a changé ou s'est modifié progressivement au
cours des ans pour passer du travail et de la main-d'oeuvre à la
main-d'oeuvre et en y ajoutant la sécurité du revenu. En fait on
doit dire, et c'est peut-être important de le rappeler aux membres de la
commission, que c'est depuis décembre 1982 que le ministère est
constitué tel qu'il est maintenant c'est-à-dire avec ses
variables quant à la main-d'oeuvre et à la
sécuritué du revenu. Ce qui est peut-être
intéressant à souligner, je l'ai fait, je le sais, à
quelques reprises, soit à l'Assemblée
nationale ou au cours d'autres débats, c'est la capacité
qu'a le gouvernement, malgré sa lourdeur, à s'adapter aux
conjonctures ou aux situations nouvelles qui sont vécues par les
populations par lesquelles on nous a élus et pour lesquelles on a
à assumer un certain nombre de services ou un certain nombre de
responsabilités. Évidemment, la modification du ministère
faisant en sorte que nous assumions maintenant la sécurité du
revenu repose beaucoup sur l'analyse qu'on a faite des modifications qui
s'étaient passées dans les programmes généraux de
la sécurité du revenu.
Le plus gros programme en particulier est évidemment celui de
l'aide sociale, qu'on étudiera aujourd'hui. Il y a un certain nombre
d'années, la proportion des personnes bénéficiaires de
l'aide sociale se constituait de 70% de gens considérés comme
inaptes au travail ou inaptes à une réinsertion au travail alors
que 30% étaient en situation temporaire de bénéficiaires
de l'aide sociale, mais aptes au travail. Dans les dernières
années qu'on vient de vivre, la proportion s'est inversée de
telle sorte qu'actuellement, et évidemment, selon les moments, parce que
c'est en évolution constante, la proportion des personnes aptes au
travail et bénéficiaires de l'aide sociale varie autour de 70%
alors que celle des personnes dites inaptes, parce que, là encore, on
pourrait avoir des discussions autour de cette question, varie autour de
30%.
La perspective a donc été de faire en sorte
d'intégrer la vocation que nous avions, la mission que nous avions
à accomplir au sein du gouvernement comme ministère relativement
à la main-d'oeuvre. Cette mission est soit de préparer la
main-d'oeuvre à entrer sur le marché du travail, soit de
s'assurer que, lorsqu'elle y est, elle puisse bénéficier d'un
certain nombre de services si elle est placée devant des
difficultés. Elle est encore, de façon peut-être plus
large, de s'assurer que notre main-d'oeuvre soit informée quant aux
conditions générales du marché du travail, quant aux
services pouvant être rendus comme des services de placement. Quant
à la formation professionnelle, on l'abordera, j'imagine, à un
autre moment des travaux de notre commission.
L'ensemble de cette responsabilité qu'on a vis-à-vis de la
main-d'oeuvre en général et qu'on assume à
l'intérieur du gouvernement, il s'avérerait quasi essentiel et
crucial qu'on puisse l'assumer à l'égard de l'une des
clientèles ou de l'un des groupes de population vis-à-vis
desquels le gouvernement a une lourde responsabilité. Ce sont les gens
qui étaient sans emploi depuis un certain temps, puisqu'ils se
retrouvent à l'aide sociale, de telle sorte qu'en intégrant la
vocation de main-d'oeuvre et de la sécurité du revenu, il y avait
évidemment la perspective de permettre aux gens
bénéficiaires de l'aide sociale de s'inscrire le plus rapidement
possible dans une démarche d'autonomie. Fondamentalement, je ne pense
pas qu'il y ait aucune société ou aucun gouvernement qui cherche
à garder les gens dans une situation de dépendance, mais au
contraire à mettre tous les efforts qu'il est possible d'imaginer de
mettre dans une perspective de réinsertion et donc de recherche
d'autonomie.
À cet égard, je pense que notre ministère a su
s'adapter à l'intérieur de l'appareil gouvernemental. Dans ce
sens, je dirais que les décisions gouvernementales ont fait en sorte
qu'on a réagi assez rapidement aux évolutions des situations et
aux problèmes vécus dans la population. J'aimerais
peut-être m'arrêter particulièrement aux efforts qu'on a
faits depuis les dernières années autour des programmes d'aide
à l'emploi où, avec la brisure de l'économie qu'on a
connue, qu'on a vécue, avec la très mauvaise conjoncture à
travers laquelle on est passé, on a rapidement réagi pour
soutenir directement l'emploi, alors qu'un ministère comme le
nôtre, à mon point de vue, dit être un accompagnateur, aider
des personnes vivant des difficultés particulières avec, à
ce moment-là, l'adoption de mesures très précises pour
amener ces personnes à se réinsérer sur le marché
du travail. Dans les dernières années, on est
littéralement allé vers la création d'emplois et on y a
assumé, je dirais complètement, les salaires des personnes qui se
retrouvaient dans l'un ou l'autre des programmes qu'on a mis en place. Cela a
été vrai pour un bon nombre de ces programmes.
Je dirais que, maintenant, avec la réorientation qu'on prend, on
se situe là, plus carrément, dans la vocation du ministère
qui est d'être un accompagnateur, un soutien, à l'égard de
la main-d'oeuvre, de façon générale dans le cadre de
grandes politiques et, de façon particulière, à
l'égard de la main-d'oeuvre qui présente des difficultés
plus précises.
Regardons l'évolution sur un certain nombre d'années. Dans
les années 1980-1981, on avait par exemple au ministère un budget
de l'ordre de 33 000 000 $ en aide à l'emploi. Si on progresse dans le
temps, on est passé, en 1982-1983, à 131 000 000 $.
L'année dernière, au moment où c'était très
pénible, où on a vu le pourcentage des personnes
bénéficiaires d'aide sociale augmenter de façon
dramatique, le gouvernement a fait un effort majeur par l'intermédiaire
du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu pour offrir des programmes de création d'emplois directs ou
d'aide à l'emploi. On y allouait, à ce moment-là, soit en
1983-1984, un budget de l'ordre de 276 000 000 $.
J'aimerais peut-être prévenir immé-
diatement un certain nombre de questions qui pourraient venir, puisqu'on
a beaucoup fait état du fait qu'un certain nombre de crédits
avaient été périmés au niveau du budget d'aide
à l'emploi. On parlait de sommes assez importantes allant quasi
jusqu'à la moitié du budget, ce qui n'est pas le cas. Je voudrais
tout de suite rassurer les membres de la commission à cet égard.
Nous avons périmé des budgets - et je pourrai cependant, sur
question, répondre à des choses plus précises - et nous
croyons périmer, puisque les livres ne sont pas fermés à
ce moment-ci, environ 50 000 000 $ dont quelque 10 000 000 $ le seraient au
PECEC. Vous savez qu'il faut connaître la façon dont est
libellé ou normé le PECEC. On doit prévoir d'une
année à l'autre: si, cette année, on s'engage dans un
projet exigeant un investissement de l'ordre de 500 000 $ mais qu'on
prévoit le faire, en 1984, pour 250 000 $, il faut quand même
avoir dans nos budgets l'ensemble de la somme, même si la deuxième
partie du versement, les 250 000 $ ne se fait que sur l'année 1984-1985.
Ceci fait que PECEC, en soi, en arrive toujours à périmer un
certain montant, de par la structure même du programme. À cet
égard, si on regarde la performance, c'est autour de 39 000 000 $ qu'on
périmerait dans les programmes d'aide à l'emploi, ce qui veut
dire qu'au total, sur un budget de 276 000 000 $, c'est 226 000 000 $ qu'on
aurait injectés au niveau de l'aide à l'emploi ou du soutien
à l'emploi. Si on regarde l'état de l'économie, les
difficultés qui ont été vécues, il faut dire qu'un
grand nombre de ces emplois... Pensons, entre autres, à l'aide à
l'emploi par l'intermédiaire du bon d'emploi ou par le programme du
retour au travail: ces programmes ne s'appuyaient que sur l'entreprise, que sur
le dynamisme et la volonté des jeunes à se trouver un travail
dans le cas du bon d'emploi; sur une aide, dans le cas du programme de retour
au travail, un petit peu plus spécifique parce que ces personnes
présentaient des difficultés particulières. Mais encore
fallait-il que l'économie soit apte à recevoir ces
gens-là? Il fallait qu'il y ait de la place, et, à cet
égard, cela m'apparaît relativement normal qu'il y ait ce montant
de crédits périmés puisque, pour l'ensemble des programmes
-vous pouvez poser des questions tout à l'heure, si vous le souhaitez ou
plus tard au cours de nos travaux - où on a eu à intervenir
directement, on est allé jusqu'au bout des budgets, et que, même
pendant l'année, on a procédé à certains virements
pour faire en sorte qu'il y ait moins de crédits périmés
qu'on aurait pu le prévoir en cours d'année.
Alors, c'est l'année 1983-1984 qu'on vient de vivre. Cependant,
à partir des analyses qu'on a pu faire de la réalité qui
est vécue par un grand nombre des personnes inscrites à l'aide
sociale, et dans une perspective aussi comme gouvernement, on a tenté de
réévaluer la situation pour s'inscrire de la façon la plus
harmonieuse et la mieux intégrée possible dans une perspective de
relance, si on veut, de l'économie, sachant que cela se fait quand
même lentement mais, je dirais, assez sûrement.
On est tenté de revenir, c'est-à-dire qu'on a
tenté, avec les nouveaux programmes qu'on a mis en place, de revenir
à la mission fondamentale du ministère, qui est de soutenir,
d'accompagner ou de définir des grandes politiques d'encadrement
général quant à l'aspect de la main-d'oeuvre et, d'autre
part, de soutenir une main-d'oeuvre qui est plus en difficulté ou un
certain nombre de personnes qui souhaitent se réinsérer mais qui
ont au départ des handicaps très sérieux. Je n'avais pas
l'intention - on pourra le faire sur question -de prendre ici les trois mesures
que nous avons adoptées dans le cadre du programme de l'aide sociale et
qui s'inscrivent maintenant dans les programmes d'aide à l'emploi pour
les montants versés. On en a largement parlé, évidemment,
lors des débats sur le projet de loi 65 qu'on vient de terminer.
Ces programmes ne sont pas une génération, ils ne sont pas
nés parce que quelqu'un, dans le fond d'un bureau, s'est dit que ce
serait sans doute intéressant finalement que l'on fasse quelque chose
avec les jeunes qu'on retrouve en nombre très important
bénéficiaires de l'aide sociale. C'est vraiment à partir
d'une analyse de la clientèle qui est à l'aide sociale et de
l'évolution de la conjoncture. Cette analyse de la clientèle nous
dit entre autres que la moitié de nos bénéficiaires aptes
au travail et âgés de moins de 30 ans n'ont pas, par exemple,
terminé un secondaire V. Ils ont peu ou pas d'expérience de
travail, ils souhaitent largement participer effectivement au monde du travail
dans une perspective d'emploi durable, d'emploi permanent, d'emploi à
long terme.
Donc, à partir de cette analyse et à partir de la mission
que nous avons à assumer à l'égard de l'aide à des
personnes en difficulté, soit temporaire ou à long terme, pour
les amener à réintégrer le marché du travail,
à se réinsérer dans la société
québécoise, ce qu'on a tenté d'adopter, ce sont des
mesures répondant d'une part aux attentes de ces personnes et à
leur besoin réel. Les trois mesures qu'on a devant nous et, je dirais
particulièrement les deux premières, que la loi que nous avons
votée la semaine dernière nous permet de mettre en oeuvre, se
situent essentiellement dans une perspective de recherche d'autonomie, de faire
en sorte qu'on augmente la capacité d'être employées de
ces personnes, et ceci, d'une part, par le rattrapage scolaire
évidemment, parce qu'on dit que 50% de la clientèle n'a pas
terminé le secondaire V. On fait des efforts dans ce secteur-là.
Je sais déjà, puisqu'on en a longuement discuté, qu'on va
me dire que l'effort qui est fait n'est pas suffisant à ce moment-ci
compte tenu qu'on permettra finalement à 10 000 jeunes de terminer leur
secondaire V ou de s'inscrire dans un processus de terminaison d'un premier
diplôme de secondaire V.
Cependant, il faut bien voir que cela est sur une base
expérimentale et que dans cette perspective, 10 000 jeunes, c'est
monumental, quand on connaît l'importance qu'il faudra accorder à
un certain nombre d'entre eux. Certains pourront s'inscrire rapidement dans le
cours normal, je dirais, d'un processus de formation alors que, pour d'autres,
il faudra bâtir des programmes très spécifiques d'aide
à la formation.
La deuxième mesure évidemment, les stages en entreprise
permettant à des jeunes d'aller acquérir expertise et
participation à un monde réel du travail et d'obtenir au bout du
compte évidemment une certaine reconnaissance de ce qu'ils auront acquis
par cette expérience qu'ils seront allés chercher en entreprise,
ceci leur permettra également de faire valoir cette expérience
à leur entrée dans le monde du travail. (16 h 30)
Enfin, la troisième mesure vise davantage à maintenir le
niveau d'accès à l'emploi des jeunes, à maintenir une
certaine capacité à participer à un monde organisé
qui comporte ses règles, qui est aussi un monde du travail et qu'on a
voulu inscrire en même temps dans une perspective de réponse de la
société à un certain nombre de besoins qu'on peut avoir ou
que d'autres groupes peuvent avoir dans notre société, donc dans
une perspective de service et de travail communautaire.
Comme je l'ai dit d'ailleurs à maintes reprises, ces trois
mesures pourraient paraître un peu incongrues, si on les prenait en soi
sans les inscrire dans une perspective d'ensemble, où, comme
gouvernement, il y a des efforts énormes - je dirais gigantesques -ce
qu'on fait pour aider à appuyer la relance et à faire en sorte
que des emplois durables et permanents se créent dans l'ensemble de la
société québécoise. À cet égard, il
serait peut-être intéressant de simplement regarder les mesures
qu'on retrouve d'ailleurs ramassées un peu aux renseignements
supplémentaires du livre des crédits pour le budget
1984-1985.
Si on fait une lecture attentive du plan d'action adopté par le
gouvernement pour intensifier la relance, on constatera qu'un grand nombre de
mesures au niveau soit de l'aide à l'investissement ou du financement
des entreprises, de l'encouragement à l'entrepreneurship, du reboisement
de la forêt ou de l'aide au secteur de la construction, sont des mesures
qui devraient avoir un impact direct sur la création d'emplois durables.
Même la mesure consistant à augmenter le niveau des
investissements publics, pour parer à la désuétude de
certains édifices dans le secteur public ou parapublic, on sait fort
bien que, dans le secteur de la rénovation ou de la réparation,
elle a un effet d'entraînement très important sur l'emploi.
À cet égard, les mesures qu'on a adoptées à
notre ministère s'inscrivent dans une perspective d'ensemble et nous
ramènent, à mon point de vue, davantage à la mission qu'on
a à assumer comme ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu au sein du gouvernement.
Je terminerai ici ma présentation, Mme la Présidente.
Simplement, comme on va s'occuper particulièrement du programme 6, le
programme majeur de transfert de ce ministère et du gouvernement au
niveau de l'aide sociale, je soulignerai d'abord que l'augmentation de notre
budget global au ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu est prévue évidemment, car les
livres ne sont pas non plus fermés pour 1983-1984. Ce qui est
prévu, c'est une hausse de 4,6%.
Cependant, au programme 6, on prévoit une hausse de l'ordre de
9,7%, dont 5,7% sont prévus dans une perspective d'inflation où,
évidemment, on indexe nos barèmes d'aide sociale, et 4% sont
prévus dans une perspective où il pourrait y avoir hausse de la
clientèle - on prévoit 4% à ce moment-ci.
Cela termine pour moi, Mme la Présidente, la présentation
globale de mon ministère ou de son action et de son orientation pour
l'année qui vient. Je suis prête à répondre aux
questions que vous voudriez poser ou que les membres de la commission
voudraient amener au programme 6.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux):
Merci, Mme la ministre. Je vois que vous êtes rendue
disciplinée: 20 minutes exactement!
Mme Marois: C'est bien, n'est-ce pas? J'apprends.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-ce que le
député de Laurier désire avoir la parole?
Mme Marois: Cependant, puisque je voulais le faire et que je me
rends compte que je suis en train de l'oublier, vous aviez soulevé, au
moment où l'on a adopté le projet de loi en commission
parlementaire, une question concernant la comparaison avec les autres
provinces. Si vous êtes d'accord,
j'ai, en nombre suffisant pour les membres de la commission, des copies
de cette comparaison. Je dois vous dire que j'ai donné une mauvaise
information aux membres de la commission puisque, effectivement, ce que l'on
disait, c'est que probablement que c'est au Québec que les
barèmes sont les plus bas pour ce qui est des
bénéficiaires d'aide sociale de moins 30 ans. Or, ce n'est pas le
cas, parce que, dans certaines provinces, il n'y a pas d'aide du tout, selon
que l'on réside ou non chez ses parents, ou que le niveau d'aide est
encore plus bas que celui que nous connaissons ici, et, dans certains cas
même, l'aide, dans une province en particulier, n'est possible pour des
personnes seules et ce, jusqu'à 55 ans ou 50 ans, disons, pour
éviter que je fasse une erreur, seulement, on ne peut recevoir de l'aide
que pour deux mois quand on est une personne seule et à un niveau de
barème très bas. Par la suite, si l'on veut recevoir à
nouveau de l'aide, il faut d'abord avoir des preuves de recherche d'emploi et
de tests de besoin, ou des preuves de besoin qui sont très exigeants, ce
qui fait que l'on retrouve à ce moment-là une proportion de
bénéficiaires, jeunes, seuls. Cette province, il s'agit de
Terre-Neuve, va quand même jusqu'à 50 ans, et on y retrouve des
portions infimes de bénéficiaires d'aide sociale seules inscrites
à l'aide sociale.
Nous pourrons, à la consultation de ce document, si vous le
souhaitez, y revenir.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): On peut le déposer
aux membres de la commission, s'il vous plait?
M. le député de Laurier.
M. Sirros: Permettez-moi de dire que cela fait bien changement
par rapport aux années antérieures, où nous avions la
ministre en face, tandis que, là, semble-t-il, elle est à la
barre.
Mme Marois: Je ne déteste pas cela, soit dit en
passant.
M. Christos Sirros
M. Sirros: Parfait, nous autres non plus.
Je n'ai pas de discours d'ouverture comme tel, Mme la Présidente,
mais j'aimerais faire quelques commentaires généraux, si vous me
le permettez.
Une des raisons pour lesquelles je n'ai pas préparé de
discours, c'est que je m'attendais que la ministre nous donne un peu
aujourd'hui les orientations qu'elle va donner au ministère,
étant donné qu'elle est nouvellement nommée et que c'est
la première occasion que nous avons finalement de savoir de sa part
quels sont les grands dossiers qu'elle veut mener à l'intérieur
du ministère, quelles sont les orientations qu'elle veut donner. Est-ce
qu'il y aura des changements par rapport aux années antérieures
en termes de perspective du ministère. J'ai cru avoir
décelé qu'il y en a un effectivement, d'une certaine
façon, que finalement le ministère dorénavant va se
limiter - ce n'est peut-être pas le bon mot, il me manque - se limiter
par rapport au mandat qu'il avait assumé dans les années
antérieures. L'impression qui s'est dégagée, selon moi en
tout cas, de ses propos, c'est que le ministère prend une approche comme
si la situation était moins dramatique. Je ne sais pas trop comment je
peux la qualifier, mais l'impression qui se dégageait des paroles de la
ministre, c'est que finalement le ministère regarde la situation et, se
disant qu'il y a inséré des mesures gouvernementales qui sont en
cours, le ministère revienne à un certain mandat qui est, je
pense, d'appuyer, d'accompagner, de soutenir la main-d'oeuvre et puis les
personnes finalement, ce qui fait en sorte que le ministère jouera
dorénavant, si j'ai bien compris, un rôle moins de premier plan
comme tel, par rapport aux personnes qui sont dans la situation que l'on
connaît en termes d'assistés sociaux, de chômeurs, de
personnes qui dépendent finalement en grande partie pour leur
subsistance et leur avenir, du gouvernement.
Je dois vous dire que cela me déçoit quelque peu,
étant donné que je n'estime pas que la situation ait vraiment
changé dramatiquement par rapport à l'an passé par
exemple, ou l'année avant cela, quant au nombre de personnes qui sont
encore aux rôles de l'aide sociale, quant au nombre de personnes qui sont
en chômage et qui risquent à un moment donné de devenir des
assistés sociaux. Je considère que le gouvernement et que la
ministre sont à l'heure actuelle bien optimistes par rapport à ce
changement et qu'il y a lieu de maintenir la même préoccupation
majeure par rapport à l'ampleur du problème que nous avons devant
nous. Nous avons parlé, lors de l'étude du projet de loi 65, du
projet de loi 65, bien sûr, mais aussi également de l'ensemble de
la question de l'aide sociale. Ceci étant la première occasion
qu'on a de vraiment échanger de façon plus approfondie,
peut-être serait-il utile, de part et d'autre, de faire ce débat
sans nous limiter à nos 20 minutes et sans que chacun se cache
derrière la "procédurite".
Personnellement, je n'ai pas l'intention de le faire. Je sais qu'il y en
a d'autres qui ont le désir d'intervenir. Je sais aussi que c'est une
commission mixte jusqu'à 18 heures. Pour faciliter le travail des
commissions, finalement, des affaires sociales et de l'éducation,
étant donné que les gens de l'éducation ne seront pas ici
après 18 heures, on pourrait peut-être revenir sur l'ensemble de
la question des généralités, si
vous voulez, en termes de l'aide sociale et du ministère et,
après, passer peut-être aux aspects qui intéressent plus
particulièrement les membres de la commission de l'éducation,
soit, selon les informations que j'ai, les trois nouveaux programmes qui ont
été adoptés avec la loi 65. On pourrait peut-être
passer directement à cela, quitte à revenir, après 20
heures, sur d'autres sujets.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux):
Merci, M. le député de Laurier. Je vous donnerai la
parole, Mme la ministre, le député de Laurier a
suggéré de ne pas le faire trop rigoureusement, de ne pas
s'encarcaner dans une limite de 20 minutes. Il faut quand même se donner
au moins une règle de départ parce qu'on risque, à un
moment donné, de frustrer les uns ou les autres, ou d'être
injustes envers les uns ou les autres.
Comme c'est une commission mixte et qu'on n'a pas travaillé
ensemble avant, comme règle de départ, lorsque quelqu'un pose des
questions, ce serait un maximum, de toute façon, de 20 minutes pour les
questions et pour les réponses de la ministre, en invitant les membres,
peut-être, à réduire cette période de temps pour
donner un peu plus de temps. Mais, au bout de 20 minutes, si vous êtes
d'accord, les gens seront rappelés à l'ordre. Est-ce que cela
vous va?
Des voix: D'accord.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Vous vouliez dire quelque
chose, Mme la ministre?
Mme Marois: Je veux juste souligner, peut-être, qu'on
revient cependant, pas en commission mixte, d'après ce que j'ai compris
de l'horaire de notre commission, à la commission de l'éducation,
vendredi, c'est-à-dire demain matin, je crois, pour voir les programmes
9 et 10 de formation professionnelle.
M. Sirros: C'est cela. Ce soir, on est en commission des affaires
sociales.
Mme Marois: D'accord, cela va.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux):
Alors, M. le député de Verchères.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: Merci, Mme la Présidente. Finalement, la
raison pour laquelle les membres de la commission de l'éducation
voulaient faire l'étude, conjointement avec la commission des affaires
sociales, du programme 6, c'est que, comme l'a souligné le
député de Laurier, les nouvelles orientations qui ont
été prises par le gouvernement et qui se sont traduites par la
loi qui a été adoptée la semaine dernière
amènent maintenant le programme d'aide sociale à être aussi
un programme de formation professionnelle et un programme de main-d'oeuvre
à plusieurs égards.
C'est à l'égard de ces programmes que j'aurais un certain
nombre de questions préliminaires à poser à la ministre,
parce que, finalement, on l'a vu un peu dans le débat sur la loi 65, le
choix qui a été fait, c'était de ne pas choisir de faire
la parité avec les prestations d'aide sociale pour les moins de 30 ans
mais plutôt d'avoir une augmentation conditionnelle. Néanmoins, il
serait peut-être utile de savoir à la fois combien il y a de
jeunes gens aptes au travail et recevant actuellement l'aide sociale, de moins
de 30 ans, et quel aurait été le coût d'une demande qui est
encore formulée. Je lisais des revues de presse encore cette semaine sur
des revendications qui sont faites par beaucoup d'organismes qui demandent la
parité pour les moins de 30 ans avec les plus de 30 ans. Cela voudrait
dire quoi en termes de crédits, si le gouvernement avait choisi de
prendre cette voie, d'une part? D'autre part, ce que je fais, pour me conformer
un peu aux propositions de ma collègue, la présidente de la
commission des affaires sociales, je vais vous donner une série de
questions et, peut-être que, par la suite, la ministre pourrait tenter de
nous apporter un certain nombre de réponses. En regard de l'ensemble des
trois programmes, qui vont être mis en oeuvre par le ministère de
la Main-d'Oeuvre, il serait intéressant, pour nous de connaître
quels sont les moyens et les mesures que vous avez pris ou que vous entendez
prendre pour faire en sorte que, finalement, la marchandise soit livrée.
(16 h 45)
Vous l'avez, vous-même signalé et je me rappelle avoir
signalé aussi en Chambre, que c'était un gros contrat à
livrer, les objectifs que vous vous étiez donnés. Est-ce qu'il y
a des moyens particuliers pour tenir compte de chacun de ces programmes qui ont
été mis en oeuvre, pour s'assurer, dans la mesure du possible,
que les échéanciers seront respectés et qu'on livrera la
marchandise attendue et promise à bien des égards?
D'autre part, il m'intéresserait de connaître les moyens
d'encadrement que chacun de ces programmes va prévoir. J'imagine qu'on
ne laissera pas les jeunes adultes s'engager dans des processus de stage en
entreprise ou de services ou de travaux communautaires sans qu'il y ait une
espèce d'encadrement particulier. J'avais signalé, justement lors
du débat sur le projet de loi 65, qu'il y avait une certaine confusion
ou un certain risque de confusion qui pourrait éventuellement survenir
et que, comme députés, nous aurons à affronter dans
nos
bureaux de comté, entre le programme - je ne sais si c'est le no
3 ou le no 1 - des services communautaires, et le programme des jeunes
volontaires administré par le Secrétariat à la
jeunesse.
Est-ce qu'il y a des mesures particulières pour faire en sorte
qu'on distingue bien les deux types de services communautaires qui seront
à la disposition des jeunes? Est-ce qu'on cible, d'une façon
particulière, l'un ou l'autre? Est-ce que, par exemple, au niveau de la
main-d'oeuvre, on vise plus particulièrement les jeunes adultes, et
est-ce qu'on va réserver les vieux adolescents - les 16-18 - comme
jeunes volontaires, ou si les deux programmes s'adresseront à la
même clientèle?
Je lisais dans le Devoir d'aujourd'hui, au sujet du programme des stages
en entreprise, que, déjà, apparaissent des difficultés ou
des défis particuliers, qui sont la réaction de certaines
centrales syndicales, de certains syndicats et du monde patronal
également. À cet égard, peut-être que la ministre
pourrait nous apporter quelques précisions additionnelles, parce qu'on
n'en trouvait pas beaucoup dans les propos qui ont été
rapportés dans les journaux aujourd'hui. Est-ce que les syndicats,
d'après les contacts que vous avez déjà entrepris, vont
offrir la collaboration nécessaire pour ces stages en entreprise ou si
on peut s'attendre à des réticences particulières?
Il y a aussi le problème de la sélection. Il est
évident - je ne sais le nombre et vous allez sans doute me donner le
chiffre -compte tenu du nombre de jeunes de moins de 30 ans aptes au travail,
qu'il ne semble pas que les objectifs globaux de clientèle que vous
voulez rejoindre vont permettre de le faire pour l'ensemble de ces jeunes.
Comment se fera la sélection? Est-ce que ce sera: premier arrivé,
premier servi? Y aura-t-il une sélection particulière compte tenu
de certains critères qui feront en sorte qu'on rejoindra les jeunes
d'une façon particulière?
Peut-être une dernière question - cela en fait
déjà plusieurs - est-ce qu'il y a des mécanismes d'accueil
ou d'information particulière? Est-ce que ce seront les modules jeunesse
qui feront le travail ou d'autres mécanismes d'accueil et d'information
qui seront mis en place, pour chacun de ces trois programmes particuliers?
Une petite question, rapidement, en terminant - je sais que cela a fait
sourire la ministre tout à l'heure quand j'ai souligné le
problème de vocabulaire - est-ce que vous avez finalement
réglé ce problème de vocabulaire? Le terme de "travaux
communautaires" - j'ai eu l'occasion de vous le souligner à plusieurs
reprises - crée des problèmes, parce que cette expression est
déjà utilisée par des organismes communautaires qui
oeuvrent à la réinsertion ou à l'aide à des jeunes
contrevenants. Il y a des organismes qui s'appellent: Travaux communautaires de
l'Outaouais, ou Travaux communautaires de la Rive-Sud, qui oeuvrent
auprès des jeunes, pour des mesures de compensation, de
réparation. On a déjà eu un problème de vocabulaire
avec "Chantiers-Québec", "Chantiers-jeunesse" et "Mouvement
québécois des chantiers". On risque encore d'avoir des
problèmes de vocabulaire. Je sais que vous êtes déjà
au courant du problème, mais est-ce que vous avez pu apporter une
solution particulière à ce problème qui risque
également d'en être un de compréhension dans le public et
chez les jeunes qui sont impliqués?
La Présidente (Mme Lavoie-Roux):
J'aimerais rappeler à la ministre qu'elle n'a pas plus de treize
minutes pour répondre.
Mme Marois: Combien? Dites-le moi.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux):
Treize minutes.
Mme Marois: Treize. Parfait. Vous surveillez tout cela et vous
m'arrêtez quand on sera rendu à treize.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux):
D'accord.
M. Charbonneau: On vous paiera le reste tantôt!
Mme Pauline Marois (réplique)
Mme Marois: D'accord. Juste quelques remarques quant aux propos
du député de Laurier quand il mentionnait le fait que je semble
atténuer la situation ou la percevoir moins dramatiquement qu'elle ne
l'est dans les faits et qu'il disait: Le ministère ne
délaisse-t-il pas le rôle de premier plan qu'il a joué
à l'égard des programmes généraux d'aide à
l'emploi, d'après ce que j'ai pu comprendre de son intervention.
Je dois vous dire que, fondamentalement, ce n'est pas une question de
jouer ou non un rôle de premier plan, c'est d'assumer le rôle qu'on
a à assumer, ou d'assumer la mission que le ministère a à
assumer à l'intérieur d'une approche gouvernementale
intégrée. À cet égard, si le ministère a
été amené à jouer un rôle d'aide directe
à l'emploi aussi important que celui qu'on a eu dans les deux
dernières années, je pense qu'on suppléait à ce
moment et qu'on n'assumait pas fondamentalement la mission. On l'assumait par
suppléance, si on veut, mais on déviait un peu de notre mission
fondamentale, qui est effectivement beaucoup plus une perspective de s'assurer
qu'il y ait de grandes politiques de main-d'oeuvre ou d'emploi qui soient
clairement énoncées, de grandes règles du jeu qui soient
bien dites et
bien comprises, que nous soutenions l'ensemble des milieux
présentant des besoins et, particulièrement, évidemment,
les personnes présentant des difficultés à l'emploi ou
ayant besoin de soutien.
À cet égard, c'est l'une des premières missions
qu'on a comme ministère. Quant aux changements majeurs ou aux grandes
orientations qu'on songe à prendre pour l'année qui vient,
effectivement, il y a à cet égard de grands défis à
relever, si je pense à l'opérationalisation de la politique
d'éducation permanente et de formation professionnelle, à la
révision qu'on a à faire de certains mandats à
l'égard de la qualification professionnelle, si on songe à une
politique de main-d'oeuvre bâtie avec des partenaires et dans laquelle
ils auront un certain nombre de choses à dire et de pierres à
poser aussi, comme une maison qui se construit, parce que chacun a
décidé d'assumer sa responsabilité.
À cet égard, je pense donc qu'il y a des projets
très emballants qui vont s'opérationaliser, se réaliser ou
s'engager dans l'année qui vient, mais, eu égard à notre
mission de fond, je dirais à l'égard de la main-d'oeuvre et,
évidemment, de son volet de la sécurité du revenu.
Je reviens maintenant à des questions très précises
que le président de la commission de l'éducation a
posées.
M. Charbonneau: Je remarque d'ailleurs - c'est une nouvelle pour
tout le monde -qu'à la suite d'une décision de la commission de
l'Assemblée nationale, c'est maintenant la commission de
l'éducation et de la main-d'oeuvre, pour que la commission porte bien le
nom qui couvre son champ d'intervention.
Mme Marois: Bravol D'accord. On charrie beaucoup de chiffres
quand on parle d'aide sociale. C'est toujours difficile de s'y retrouver.
Même moi, à l'occasion, j'en perds mon latin - un peu comme je le
dis, pour ce qu'il me reste de latin. Ceci étant dit, à la
première question que vous souleviez, il en coûterait environ 250
000 000 $ pour arriver à la parité pour les personnes seules de
moins de 30 ans par rapport aux personnes seules âgées de plus de
30 ans.
Le choix qu'on a fait cependant n'est pas de dire qu'on va agir par des
mesures alternatives qui s'inscrivent dans une perspective qui soit plus de
moyen terme et d'aide en profondeur au niveau des stages en entreprise ou de
rattrapage scolaire. Ce n'est pas en guise de substitution, c'est vraiment un
programme qu'on a tenté de bâtir dans une perspective de
réponse à un besoin réel vécu par les
bénéficiaires de l'aide sociale.
Cependant, nous ne sommes pas insensibles au fait que ceux et celles de
moins de 30 ans reçoivent des prestations diminuées et, à
cet égard, dans un premier temps, nous avons réservé ces
mesures pour ces jeunes pour lesquels d'ailleurs, le besoin est plus grand,
compte tenu de leur situation dans l'ensemble du marché du travail. Si
l'on regarde la proportion des personnes en chômage de moins de 30 ans,
elle est très élevée évidemment, par rapport
à une proportion qui va en diminuant pour les personnes qui ont 35 ou 40
ans. À cet égard-là, c'est vraiment à partir d'une
analyse de la situation. Vous dire d'autre part que nous ne souhaiterions pas
modifier ces barèmes pour les améliorer ou peut-être
changer la perspective dans laquelle nous les traiterions, c'est une question,
je dirais, que l'on se pose de façon continue au ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. Je pense, comme
présidente de la commission et comme membre d'un comité de
députés qui a travaillé avec M. Marois, celui qui m'a
précédée au poste que j'occupe maintenant, qu'il y a
différentes solutions alternatives qui ont été
envisagées et qui sont évidemment toujours là mais qui
font en sorte qu'on ne peut imaginer que l'on va injecter, encore des fonds en
sus de l'argent que l'on alloue déjà, soit plus de 2 250 000 000
$.
Il a des façons de procéder évidemment, et puis il
s'agit de regarder les tableaux que je vous ai passés tout à
l'heure et de voir dans les autres provinces comment l'on procède. Pour
les 18-20 ans, par exemple, si on prend l'Ontario, si l'on vit chez ses
parents, l'on ne reçoit rien, à moins que le parent soit
lui-même bénéficiaire de l'aide sociale, et là, il y
a une légère prestation qui est versée à la
famille. Dans certaines provinces, l'on reçoit de l'aide pendant un
temps très limité; c'est soit une allocation plus basse que celle
que nous avons ici ou qui est une allocation plus importante, mais, elle n'est
que pour une durée de deux mois. J'imagine qu'ici ce serait la
révolution, si l'on faisait des choses comme celles-là. Il y en a
des solutions alternatives à cet égard. À ce
moment-là, on pense aux jeunes qui résident chez leurs parents ou
dans la famille une prestation moindre que pour les autres, on augmente un tant
soit peu la prestation. Cette interrogation, je dirais qu'on l'a de
façon régulière chez nous. Il y a un certain nombre de
choix ou d'hypothèses qui sont envisagés. Si on compare cela au
régime de prêts et bourses par exemple, pour un jeune qui est en
activité de formation à temps plein, une fois que
l'étudiant a payé ses frais de scolarité, son transport,
on arrive au même montant pour ce qui est de la subsistance, pour des
jeunes qui s'inscrivent dans une institution d'enseignement que pour les jeunes
qui sont bénéficiaires de l'aide sociale. Nous avons fait les
comparaisons de façon systématique à cet égard.
Venons à l'autre série de questions qui touchait les trois
mesures.
M. Sirros: Mme la Présidente, avant que la ministre passe
à d'autres questions, est-ce que je pourrais poser deux autres questions
sur ce qui vient d'être dit?
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-ce que les membres de
la commission sont d'accord?
M. Charbonneau: D'accord. Vos trois premières minutes,
c'est en réponse au député de Laurier, cela ne compte pas
sur mes 20 minutes.
Diverses questions
M. Sirros: Premièrement, sur les 250 000 000 $ que cela
coûterait pour la parité, quelle partie viendrait du Conseil du
trésor québécois? Est-ce que c'est la totalité ou
la moitié, selon l'entente?
Mme Marois: Évidemment, c'est la moitié, compte
tenu du régime canadien, du RAPC.
M. Sirros: Est-ce que c'est exact, à ce moment-là,
de dire que le coût pour l'État québécois pour la
parité serait de 125 000 000 $ et non pas 250 000 000 $?
Mme Marois: C'est exact, puisque vous savez que tout le
régime d'aide sociale est à frais partagés dans le cadre
du....
M. Sirros: Je voulais rétablir les faits. J'étais
conscient que c'était cela.
Mme Marois: Si le ministre des Finances était à
côté de moi, il me l'a expliqué un jour, il m'a dit que, de
toute façon, à partir du moment où il y a de la
récupération que nous faisons ici, que l'on améliore ou
que cela coûte moins cher ou plus cher, on finit toujours par se
rattraper si l'on veut sur d'autres programmes ou dans d'autres mesures par
l'intermédiaire des transferts. C'est donc souvent le gouvernement du
Québec qui casque, dans certains cas, ou qui assume cette
dépense. Mais enfin, cela serait partageable en moitiés, si l'on
veut. (17 heures)
M. Sirros: La deuxième question est peut-être un peu
plus large. J'écoutais la ministre parler du problème des
personnes qui ont moins de 30 ans. Ce que j'aimerais savoir, est-ce qu'on peut
dire que la ministre, à l'heure actuelle, cherche une solution à
ce problème? Est-ce qu'on peut tenir pour acquis que les trois mesures
qui ont été présentées seront les seules mesures
à être présentées dans l'année qui vient
concernant les moins de 30 ans bénéficiaires de l'aide
sociale?
Mme Marois: Nous songeons effectivement à un certain
nombre d'autres mesures. Je l'ai un peu dit à l'Assemblée
nationale lorsqu'on a discuté du projet de loi. Il y a sûrement du
travail, et on le fait de toute façon, puisqu'il y a aussi une
distinction qu'on fait pour les moins de 30 ans entre les aptes et les inaptes
temporaires ou même les inaptes permanents qui ont, à ce
moment-là, le plein barème. Alors, il y a du travail qui se fait
au ministère. Je dois vous dire aussi que, dans le cadre des discussions
que nous avons actuellement sur le livre blanc sur la fiscalité, il y a
un certain nombre de discussions qui ont lieu autour des programmes de
transfert et ces questions se posent actuellement. Ces analyses ou ces
possibilités de réorientation du programme pour les moins de 30
ans et même pour d'autres bénéficiaires de l'aide sociale
sont toujours des sujets d'étude, de recherche, ou pouvant permettre que
des orientations différentes ou nouvelles se prennent pendant
l'année qui vient.
M. Sirros: Ce à quoi je veux en arriver c'est de savoir si
les solutions recherchées mènent, à un moment
donné, à une parité en termes de prestations d'aide
sociale, peut-être sur une base différente que celle qu'on
connaît actuellement comme le programme, mais est-ce que le but ultime de
la recherche - d'ailleurs on m'avait répondu à peu près la
même chose l'année dernière que oui, on cherche - est
finalement d'avoir un système paritaire, si vous voulez, et
égalitaire?
Mme Marois: II pourrait y avoir parité. Écoutez,
à ça il y a toutes espèces d'hypothèses. Il y en a
une où il pourrait y avoir une parité. Je vous dis que s'il y a
une parité parfaite, compte tenu du nombre de personnes qu'on a
maintenant, cela coûte tant. Je vous dis: Nous ne pouvons assumer un tel
coût. Mais, à partir de là, il se développe d'autres
hypothèses. Est-ce que, par exemple, pour un jeune qui réside
chez ses parents ou dans sa famille, on ne reste pas à un barème
plus bas, est-ce qu'on ne le rapproche pas, ou est-ce qu'on le laisse au
même barème qu'on a maintenant et qu'on améliore les
prestations seulement des personnes autonomes ou des couples en situation
d'autonomie? Est-ce qu'on tranche l'âge à un moment
différent? Je vous donne un exemple, une perspective ou une philosophie
que, moi, je tends à soutenir, je pense qu'on a cela aussi comme
responsabilité, je pense qu'on doit avoir comme orientation, je pense
qu'il est toujours plus rentable pour qui que ce soit et pour toute une
société que des jeunes soient le mieux informés possible.
Donc, il importe que ces jeunes restent à l'école le plus
longtemps possible pour obtenir le plus haut diplôme qu'il soit
possible d'obtenir pour ces jeunes. À ce moment-là, est-ce qu'on
dit qu'on tranche l'âge à 25 ans ou à 24 ans, alors que des
jeunes sont normalement aux études jusqu'à 23 ou 24 ans, de telle
sorte qu'on n'incite pas des jeunes à sortir des études? Cela a
un effet immédiat sur le décrochage ou sur la
désincitation pour rester à l'école. Est-ce qu'on tranche
à cette âge-là, réaffirmant d'autre part le fait
qu'on souhaite que les jeunes restent à l'école le plus longtemps
possible et qu'on ne ramène la parité que pour les gens de plus
de 24 ans ou de plus de 25 ans? Il y a une hypothèse comme
celle-là. Tenir compte du fait qu'ils demeurent ou non chez leurs
parents, c'en est une autre hypothèse. Alors, c'est très
précis comme analyse et comme hypothèse. C'est évident
qu'on a tellement retourné ces programmes de tous bords et de tous
côtés qu'on les a regardés à l'endroit, à
l'envers et autrement et ce n'est pas plus agréable pour moi de vivre
dans une situation où il y a effectivement des pressions de la part de
jeunes qui vivent des situations dramatiques et auxquelles je ne peux pas faire
autrement que d'être sensible comme membre du gouvernement.
M. Sirros: La question que je posais était aussi de savoir
si on peut s'attendre concrètement, dans l'année qui vient - il
reste un an ou un an et demi jusqu'aux élections, si vous voulez, deux
ans au maximum - est-ce qu'on peut s'attendre, de façon réaliste,
d'ici ce temps-là, à des propositions concrètes en termes
de projet de loi dans le sens que vous venez de décrire comme une des
hypothèses? Par exemple, abolir la descrimination, peut-être pas
à partir de 18 ans étant donné l'incitation à un
certain décrochage scolaire que cela pourrait causer, mais
peut-être à partir d'un autre âge où l'aspect
scolaire commence à être moins important et où l'aspect de
la recherche de l'autonomie commence à être beaucoup plus
important. J'ai toujours trouvé...
Mme Marois: C'est imaginable, mais je ne peux pas dire...
M. Sirros: ...que faire catégorie avec des personnes entre
18 et 30 ans et considérer celui qui a 29 ans au même titre que
celui qui a 20 ans est une chose pour le moins un peu douteuse. Alors, est-ce
que, concrètement, dans l'année qui vient, on peut s'attendre
qu'il y ait des actions concrètes du gouvernement dans ce sens?
Mme Marois: C'est imaginable qu'il puisse y avoir des
propositions de déposées dans ce sens-là dans le cours de
l'année. J'ai toujours été là-dessus le plus claire
possible partout où je vais, peu importe les interventions que j'ai
à faire. Habituellement, lorsque je m'engage à faire des choses,
je le fais. Dans ce cas-ci, je vous dis qu'il y a encore de nombreuses
discussions. Nous avons commencé à travailler un peu dans ce
sens-là, mais vous répondre oui, ce ne serait pas honnête
à ce moment-ci.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Bon! Mme la
ministre...
Mme Marois: Je n'avais pas fini de répondre aux questions
de M. Charbonneau. Il est en train de perdre le temps qui lui était
alloué.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Nous allons être
plus généreux, Mme la ministre.
Mme Marois: Vous allez être plus généreux.
Bon. D'accord.
Ceci n'est pas perdre son temps, parce que ce que l'on discute ici est
intéressant et cela semble du moins intéresser les membres de la
commission, mais perdre le temps qui était alloué à M.
Charbonneau...
À partir de là, le président de la commission de
l'éducation semblait avoir deux questions sur la marchandise à
livrer, puis une autre question qui concerne l'appellation "travaux
communautaires". Je dois dire qu'il m'a amené ce
problème-là il y quelques semaines. On était
déjà à ce moment-là engagés dans le
processus de préparation du projet de loi, les décisions avaient
été prises pour ce qui était du Conseil des ministres
quant à cette loi qui allait être déposée. Je dois
dire qu'au début on voulait parler de services communautaires et
là, le Secrétariat à la jeunesse est venu rapidement
m'interpeller, me rencontrer et me voir pour me dire: écoutez, cela
risque...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux):
Excusez-moi, Mme la ministre, on me demande si on peut suspendre pour
quelques minutes car il y a un problème technique.
Mme Marois: Bon! D'accord. (Suspension de la séance
à 17 h 8)
(Reprise de la séance à 17 h 11)
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): À l'ordre, s'il
vous plaîtl M. le député de Verchères, à
l'ordre, s'il vous plaît'. Mme la ministre, vous aviez la parole et,
après avoir fait tous les calculs, il vous reste huit minutes pour
répondre au député de Verchères.
Travaux communautaires Mme Marois: D'accord, Mme la
Présidente. Bon, j'en étais aux travaux communautaires. On
les appelait au départ services communautaires. Le Secrétariat
à la jeunesse a fait un certain nombre de représentations en
disant: Cela ressemble davantage à jeunes volontaires. Finalement, on
s'est arrêté sur le terme de travaux communautaires.
Actuellement, tout ce qui est préparé, les documents
d'information et tout le reste sont dans ces termes. Je n'ai pas d'objection
à ce qu'on y regarde, parce qu'on y a déjà regardé,
sauf que ce qui se fait dans les travaux communautaires, par
l'intermédiaire, par exemple, de la protection de la jeunesse où
des jeunes contrevenants, il faut bien s'entendre, ce sont des mesures plus
spécifiques pour un nombre beaucoup moindre de jeunes que la perspective
qu'on peut avoir; d'abord là, on prévoit atteindre 10 000 jeunes.
J'ai dit assez clairement que s'il y avait nécessité d'ouvrir
plus largement ce programme, il y avait à ce moment-ci quasi accord de
principe quant aux membres du gouvernement pour faire en sorte d'accueillir
plus de jeunes si les projets présentés étaient
intéressants et permettaient des choses un tant soit peu emballantes
pour les jeunes qui voudraient participer à cette mesure. Pour
l'instant, c'est demeuré travaux communautaires.
D'autre part, la marchandise à livrer. Nous avons
travaillé, évidemment, très rapidement, avec promptitude,
à rendre ces mesures opérationnelles. Il était impossible,
tant que la loi n'était pas adoptée, d'abord que je fasse adopter
la réglementation par le Conseil des ministres, qu'ensuite je fasse
cribler mes normes par le Conseil du trésor et, par la suite, qu'on en
informe les gens du réseau Travail-Québec qui ont à
appliquer ce programme.
Toutes ces étapes sont faites et, concurremment à ces
étapes, particulièrement à celle des normes, on s'est
assuré que, dans l'ensemble du réseau Travail-Québec, on
faisait de la formation et, sur tout le territoire, on s'est assuré
qu'au niveau du bureau régional et dans la majorité des centres
de Travail-Québec, les gens soient formés et
préparés pour répondre à la clientèle; et
que, si, dans un centre ou l'autre, personne n'était prêt
concrètement, on puisse avoir quelqu'un au régional à qui
on pourrait s'adresser pour répondre aux personnes qui allaient se
présenter.
Je dois vous dire que c'est depuis les trois dernières semaines
qu'on a engagé ce processus et qu'il est quasi terminé. D'autre
part, tant que nous n'avions pas non plus les normes, les ministères qui
avaient des projets et pour lesquels ils comptaient sur un certain nombre
d'organismes ne pouvaient pas faire état des normes aux organismes tant
que ces normes n'étaient pas adoptées. Maintenant, on sait qu'il
y a près de six ministères, me disait-on ce matin, qui, soit par
l'intermédiaire des organismes avec lesquels ils travaillent, soit par
l'intermédiaire d'institutions, sont prêts à
présenter des projets à nos centres de Travail-Québec pour
que des jeunes puissent participer au travail communautaire. D'accord? Alors,
d'ici le 1er mai, effectivement, des projets vont s'engager sur le terrain,
concrètement. Préalablement, évidemment, il faut que les
jeunes soient rencontrés, que leur situation soit analysée et que
l'on puisse privilégier avec eux la mesure qui répond davantage
à leur situation et à leurs besoins. Alors, à cet
égard, effectivement, ce sont les modules jeunesse qui ont
développé une certaine expertise vis-à-vis des jeunes, une
certaine approche, où on a des pilotes de dossiers entre autres, soit
dit en passant, qui reçoivent ces jeunes, font une évaluation
avec eux de leur situation et les incitent, les amènent ou les invitent
à s'inscrire à l'une ou l'autre des mesures.
Vous allez me dire que, pour quelqu'un qui voudrait faire du rattrapage
scolaire, par exemple, la mesure ne démarre qu'à l'automne. Soit,
mais entre-temps, s'il souhaitait participer à un projet de travaux
communautaires dans son milieu, il pourrait le faire, on s'entend, dans le sens
où il peut participer à une mesure pour un an, mais il peut
participer à du travail communautaire pendant quelques mois et, ensuite,
s'inscrire à la mesure du rattrapage scolaire ou, de la même
façon, au stage en entreprise. Ce n'est pas ce qu'on souhaite, ce n'est
pas la façon dont on voudrait que l'ensemble des programmes puissent
s'opérationaliser mais c'est d'une souplesse qu'on croyait
nécessaire.
Stages en entreprise
Sur l'encadrement - particulièrement pour l'une des mesures qui
s'appelle le stage en entreprise - je dois vous dire qu'il y a un certain
nombre d'instruments qui sont à se construire actuellement et qui, je
pense, vont être très intéressants.
Les travaux communautaires, d'abord. On va être vigilant avec les
organismes qui vont recevoir des jeunes. On va les suivre. Il faudra d'abord
que ce soient des organismes officiels, reconnus soit par nos lois ou par nos
ministères, si on prend le secteur, par exemple, des organismes
bénévoles, qui est un secteur important pour le ministère
des Affaires sociales, et, pour certains autres ministères, le domaine
du loisir, le domaine de la culture, etc. Ce sont donc des organismes
officiels, qui ont déjà des expertises et qui, souvent, sont
déjà intégrés dans leur communauté. Quand il
s'agit des municipalités, là encore, pour autant qu'elles
respectent les normes qu'on a établies et
qu'elles se situent dans les perspectives qu'on a définies
généralement, on s'imagine qu'elles ont un certain
intérêt à faire en sorte que le travail confié ou le
type de service offert s'inscrive bien dans les perspectives et qu'il y ait une
certaine forme d'encadrement.
La mesure la plus préoccupante, évidemment, est celle des
stages en entreprise. Vous posiez la question tout à l'heure à
savoir quel type de difficultés on avait avec les syndicats, par
exemple. Une des craintes des syndicats, c'était d'abord qu'on entre
dans certains métiers réglementés et pour lesquels il y a
des systèmes d'apprentissage très précis, très
serrés qui existent, ce qu'on ne fait pas; on n'entrera pas, par
exemple, dans les secteurs des métiers de la construction où, de
toute façon, on sait qu'il y a, actuellement, un trop-plein de
main-d'oeuvre prêt à entrer sur le marché du travail.
Alors, il y a un certain nombre de métiers réglementés qui
vont être exclus des stages en entreprise.
On craignait beaucoup la substitution d'emplois ou le remplacement des
listes de rappel par des jeunes qui seraient en situation d'apprentissage.
Là-dessus, d'abord, les normes du programme, telles qu'on les a soumises
pour l'instant au Conseil du trésor, je croyais qu'on les avait
acceptées, mais cela va se faire la semaine qui vient, mardi prochain,
prévoient des règles qui font en sorte qu'on doit respecter la
liste de rappel de l'entreprise et qu'on doit aussi remonter dans le temps
quant aux effectifs d'une entreprise pour ne pas faire en sorte qu'on licencie
des travailleurs ou des travailleuses pour les remplacer par des jeunes qui
vont être en apprentissage.
Cela, je pense, rassure un peu. Maintenant, ce que je dis et ce que je
leur ai dit, je pense qu'on a d'abord une responsabilité: eux, comme
groupes, que ce soit le patronat, les entreprises et les syndicats, et nous,
comme gouvernement, on a une responsabilité vis-à-vis de ces
jeunes qui sont en train de se détériorer de façon
lamentable et pour lesquels bientôt il n'y aura plus rien à faire,
dans certaines situations. On a une responsabilité à assumer, et
il est possible qu'au bout de la ligne il y en ait, dans certains cas, de la
substitution, pas voulue, mais parce qu'on aura trouvé des trous ou
parce qu'on aura trouvé des moyens de passer à
côté.
Nous, de notre côté, on a mis toutes les balises en place
pour faire en sorte qu'il n'y en ait pas, mais il peut y en avoir. Est-ce qu'on
va pouvoir vivre avec cela? La réponse, jusqu'ici, semble
positive. Évidemment, il y a l'encadrement. D'abord il y a aura des
professionnels pour encadrer ces stagiaires, on a prévu une personne
par trente stagiaires. On a prévu des contrats d'entreprise
où sera très clair le type de tâche, le type
d'apprentissage ou le type d'expertise que pourront aller chercher les jeunes
dans l'entreprise, où sera précisé le temps où ils
seront effectivement en situation où ils acquièrent des
techniques et précisé le temps où ils seront en formation
plus structurée, plus formelle, puisqu'il y a une portion du temps
prévu pour cela. Ce contrat sera signé entre l'entreprise et le
stagiaire et il y a obligation de consulter, avant que le stage ne
démarre, l'association d'employés, qu'elle soit syndicale ou
simplement une association d'employés ou de travailleurs et de
travailleuses qui oeuvrent dans l'entreprise. D'autre part, cette mesure va
être surtout assumée par les commissions de formation
professionnelle où on retrouve paritairement des employeurs et des
travailleurs et des travailleuses dans les conseils consultatifs
régionaux, de telle sorte que, là encore, il y a - non pas une
certaine surveillance - mais, à la limite, une certaine
prévention et une certaine planification qui peuvent se faire, tenant
compte de la situation réelle vécue quotidiennement par les
entreprises dans les différentes régions du Québec et par
les travailleurs et les travailleuses de ces mêmes entreprises dans ces
mêmes régions. Donc, les balises qu'on a mises en place ou qu'on a
définies sont, je pense, rassurantes mais, comme je le disais, en fin de
compte, il y aura sûrement des écueils et des difficultés.
Qu'on se rajuste en cours de route, pour moi, c'est possible, c'est imaginable.
Que, d'autre part, on assume que cela puisse être possible, moi, je pense
qu'on n'a pas le choix non plus comme société, si on veut pouvoir
faire en sorte qu'on offre un peu d'espoir et de lumière à des
jeunes qui n'en ont pas actuellement. J'imagine que mon temps est
écoulé...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui, Mme la ministre. Je
vous remercie. Je voudrais simplement dire aux membres de la commission, avant
de donner la parole au député d'Argenteuil, que la commission des
affaires sociales a prévu d'examiner les règlements de la loi 65.
Il nous fera plaisir à ce moment peut-être de former une
sous-commission mixte ou une autre commission mixte pour qu'on puisse les
examiner ensemble. Je pense que ce sont vraiment les règlements qui vont
faire foi de tout. Alors, M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Merci, Mme la Présidente. Je voudrais tout
d'abord féliciter la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu de ces initiatives qui seront prises par le
gouvernement pour venir en aide à cette catégorie de citoyens qui
sont les plus affectés par les difficultés que présente
l'économie. Il y en a beaucoup qui disent que des programmes de ce
genre, on devrait y mettre fin parce qu'ils ne conduisent pas
nécessairement à des emplois permanents. Je
pense que certains programmes du gouvernement qui étaient
très valables ont été supprimés au nom de cet
argument. Je ne partage pas l'opinion qui a inspiré ces
décisions. Je pense que, sur la masse budgétaire qui est mise en
circulation par le gouvernement, il faut un certain pourcentage de fonds qui
seront affectés à des initiatives à caractère un
peu plus social comme celles qui sont mentionnées ici. Je voudrais vous
dire que, sur le principe de ceci, je suis fondamentalement d'accord. Je
voudrais vous adresser une critique en même temps, vous vous y attendez
sans doute.
Mme Marois: Évidemment,
M. Ryan: Avant de vous poser surtout des questions, soyez bien
à l'aise. Je trouve que, dans le cahier explicatif qu'on nous a fourni,
il n'y a pas les renseignements auxquels nous aurions eu droit. C'est trop
sommaire. On est obligé de se référer pour comprendre aux
communiqués que vous avez publiés il y a un certain temps et que
j'ai devant moi d'ailleurs. Je pense que, si l'année prochaine, avec vos
collaborateurs, vous pouviez corriger cette lacune de manière qu'on ait
une information beaucoup plus substantielle que celle qu'on avait pour
préparer les rencontres, cela serait peut-être plus profitable
à tous.
Mme Marois: Je prends bonne note de cette remarque que d'ailleurs
la présidente et le président m'avaient mentionnée avant
de commencer la commission. Je pense que c'est un engagement que je peux
prendre que le cahier soit plus complet pour la prochaine année.
Les programmes à l'intention des jeunes
M. Ryan: Je voudrais faire juste un raccordement pour commencer,
avant de vous adresser un certain nombre de questions. Dans le
communiqué que vous aviez publié le 12 mars, on lit: "Le
coût total prévu pour les deux ans à venir est d'environ
120 000 000 $ partagés moitié moitié par Québec et
Ottawa." Ensuite, quand on faisait le total des sommes prévues au titre
de chaque programme, cela donnait un total de 148 500 000 $ pour les deux
années 1984-1984 et 1985-1986. Quel montant devons-nous retenir?
Mme Marois: C'est celui de 148 000 000 $. D'accord?
M. Ryan: Merci, très bien. Cela étant
éclairci, voici un certain nombre de questions que je voudrais vous
poser.
Premièrement, pourriez-vous nous dire comment seront
partagées ces sommes, surtout pour l'année 1984-1985, de 84 800
000 $, disons 85 000 000 $, pour les fins de la concision, entre les
dépenses d'administration et les allocations qui seront effectivement
versées aux jeunes, les dépenses d'administration, d'encadrement
et d'organisation ainsi que les sommes qui seront versées aux jeunes
sous forme d'allocations?
Je vais vous poser mes questions toutes ensemble et ensuite vous pourrez
répartir le temps dont vous avez besoin pour me répondre à
l'intérieur de la limite de vingt minutes fixée par la
présidente. Je vous préviens qu'il y a un de vos collègues
qui répond seulement à une question et il en laisse tomber cinq
ou six en cours de route. C'est bien malcommode pour les députés
qui sont victimes de ce traitement. Alors je continue, moi, cela me prendra
moins de vingt minutes, s'il le faut.
Deuxièmement, je ne sais pas si vous pourriez nous
déposer, s'il y lieu, ou nous communiquer dans les plus brefs
délais le texte de l'entente que vous auriez établie avec le
gouvernement fédéral autour de ces trois programmes et, au besoin
également, si elle existe, la correspondance qui a été
échangée à ce sujet pour que nous soyons informés
de la manière la plus précise possible sur la nature exacte de
l'entente qui a été prise avec le gouvernement
fédéral dans ce domaine.
Troisièmement, j'aimerais que vous nous fournissiez des
précisions sur la répartition projetée des
bénéficiaires et des budgets entre les régions et les
comtés du Québec. Si cela a été établi,
j'aimerais que vous nous le donniez. Si vous ne l'avez point, vous ne pourrez
pas nous donner cela verbalement dans l'espace de temps imparti, mais si vous
nous dites: On va vous le donner par écrit demain ou
après-demain, cela fera amplement mon affaire. C'est qu'il est
arrivé des programmes de cette nature qui ont été mis en
oeuvre par le gouvernement et, même une fois qu'ils étaient
presque terminés, cela s'est avéré impossible d'obtenir du
ministre concerné les renseignements concernant la répartition
entre les régions et les comtés. Si vous pouvez nous donner cela
ainsi, au besoin, que des critères qui ont pu inspirer la
répartition, cela nous sera très utile.
Quatrièmement, pourriez-vous nous indiquer qui va gérer
ces programmes dans les régions? Est-ce que ce sera le bureau de
Travail-Québec ou si ce sera la commission de formation professionnelle?
Qui va gérer cela exactement?
Cinquièmement, les responsables de l'encadrement. D'abord,
combien y en aura-t-il? Je crois comprendre qu'il y aurait déjà
eu un arrêté en conseil autorisant l'engagement de 400 à
500, je ne sais trop, et qu'un autre se dessinerait dans quelques mois.
Pourriez-vous nous donner une idée de
l'ordre de grandeur de cela? Et qui sera leur employeur? Est-ce que ce
sera Travail-Québec, est-ce que ce sera la commission de la formation
professionnelle? C'est important pour nous de le savoir parce que si c'est la
commission de la formation professionnelle, cela ne paraîtra pas dans les
augmentations d'emplois dans le secteur public. Le ministre et président
du Conseil du trésor va pouvoir continuer à venir nous dire ici:
On a diminué les effectifs, on coupe partout. Mai si l'on multiplie les
emplois dans les organismes parallèles qui émargent
également au budget de l'État du Québec, cela revient au
même à toutes fins utiles et il faut le savoir clairement.
J'aimerais donc connaître les chiffres que vous pouvez nous communiquer
sur cela.
Par ailleurs, est-ce qu'on va utiliser dans cette opération, au
niveau de l'encadrement, les personnes qui oeuvrent actuellement à titre
de conseillers de formation en industrie dans les commissions scolaires? Il y a
environ cinquante professionnels qui sont exclusivement consacrés
à la formation en industrie dans les commissions scolaires. J'ai
posé la question à votre collègue de l'Éducation
hier, et il n'était visiblement pas au courant. De toute manière,
il n'a jamais répondu à cette question. Je voudrais savoir ce qui
va arriver de ces gens, parce qu'ils s'inquiètent beaucoup. Ils ont
reçu des avis officieux leur disant: Préparez-vous à
déménager vos pénates; préparez-vous à
devenir des disponibles. On leur a dit: Certains d'entre vous seront
peut-être transférés de l'autre côté mais,
comme vous le savez, il y a un problème de protection d'emploi qui se
pose actuellement. Je crois comprendre que les postes qui seront
créés pour l'encadrement seront des postes plutôt
temporaires, qui n'offriront pas de garantie de permanence. Je ne sais pas, on
aura l'occasion de se renseigner en d'autres occasions, mais je voudrais
être renseigné comme il faut sur ce point. (17 h 30)
Je ne sais pas si vous pourriez nous dire les mesures que vous entendez
prendre pour que les députés, au niveau de leur région
respective, soient informés dans les meilleurs délais concernant
toute la mise en oeuvre de ce programme, parce qu'il arrive souvent qu'on est
pris, qu'on n'est pas au courant à temps de ces choses et il y a une
planification à faire dans nos régions respectives pour que ces
services soient mis à la disposition de la population dans les
meilleures conditions d'équité. Est-ce qu'on entend non seulement
informer les députés, mais également les consulter dans
l'attribution des projets? Je pense que nous avons tous, dans nos
comtés, des projets qui ont été approuvés par des
bureaucrates pour qui j'ai de l'estime en temps ordinaire, mais on sort des
nues quand on apprend que le groupe a été le
bénéficiaire d'un projet. On se dit: S'il avait au moins
consulté, il se serait rendu compte que cela ne valait pas cher. Mais,
par la suite, c'est passé dans le "tordeur" et on ne peut plus rien
faire. Des fois même, si vous voulez demander des comptes, vous vous
apercevez qu'ils sont déjà déménagés dans
une autre région. Je ne sais pas si vous entendez prendre des mesures
pour assurer une liaison efficace avec les députés dans chaque
région. Dans ce genre de programmes, ce serait bien important que ce
soit assuré.
Finalement, je termine, pourriez-vous me donner avec précision
l'échancier qui est prévu pour la mise en oeuvre de chaque
programme?
Mme Marois: Combien de temps ai-je?
M. Charbonneau: Allez-y, je pense qu'il reste environ une
demi-heure. Il y avait onze minutes et... Il restait onze ou douze minutes.
Mme Marais: Je vais trouver une façon de le faire
déposer effectivement. D'abord c'est exactement 148 000 000 $ de
prévus pour les trois mesures. Il y a une ventilation de faite pour
1984-1985 et ce qui est prévu comme somme, c'est de l'ordre de 88 500
000 $. Dans les travaux communautaires, il y a 13 000 000 $ pour le besoin
spécial. Les frais de fonctionnement sont de l'ordre de 2 200 000 $,
parce qu'on a prévu de l'aide aux organismes qui vont encadrer ou
recevoir ces jeunes, et la contribution - s'il y a lieu, selon le type
d'organisme où on se trouvera, à la Commission de la santé
et de la sécurité du travail puique nous avions dit très
clairement que nous l'assumerions - sera de 800 000 $, ce qui donne 16 000 000
$ pour travaux communautaires. Pour les stages en milieu de travail, le besoin
spécial est de 24 800 000 $. Les frais de formation, dans ce cas, sont
de 9 400 000 $. Pour le personnel et le fonctionnement tant au ministère
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu qu'aux
commissions de formation professionnelle, on prévoit environ 21 000 000
$. Il y a toujours la CSST, des allocations aux ministères et le
ministère des Communications, cela forme un budget de 4 000 000 $
environ, les trois éléments ensemble. Pour les stages en milieu
de travail, ce qu'on prévoit, c'est donc 60 700 000 $. Pour le
rattrapage scolaire, le besoin spécial est de l'ordre de 9 400 000 $ et
les frais de scolarité sont de l'ordre de 2 300 000 $. Maintenant, si je
ne m'abuse, il n'y a pas dans cela des frais que pourrait encourir le
ministère de l'Éducation, par cette mesure, en utilisant son
infrastructure.
Une voix: Ce sont les frais à la marge.
Mme Marois: Ce sont les frais à la marge que nous avons
ici?
Une voix: Oui.
Mme Marois: D'accord. Alors, c'est 2 300 000 $ pour 11 700 000 $,
ce qui donne au total 88 500 000 $.
Le texte de l'entente, je pourrai le faire déposer, Mme la
Présidente, il n'y a pas de problème. Enfin, il y a
l'échange de lettres, car on a décidé de procéder
par échange de lettres et, essentiellement, les critères
généraux sont donnés.
Pour ce qui est de la répartition des bénéficiaires
et des budgets par comté ou par région, on a une ventilation par
région pour ce qui est de l'ensemble des bénéficiaires.
Nous avons - et je pourrai déposer des tableaux - une ventilation par
bureau de Travail-Québec du nombre de bénéficiaires.
À partir de là, ce qui se fait, c'est une prévision
générale par région, compte tenu du nombre de
bénéficiaires potentiels pouvant s'inscrire à l'une ou
l'autre des mesures. À ce moment, cela reste une ventilation qui est
plutôt basée sur le bassin global de clientèle, et ce par
mesure, et on le fait par région. Évidemment, on ne va pas aussi
loin que de le faire par comté, compte tenu que nos régions
recouvrent des limites parfois différentes des comtés.
Dans le cas des travaux communautaires...
M. Ryan: Est-ce que je pourrais vous poser seulement une
sous-question sur ce point-ci? Je comprends que vous ne fassiez pas cela par
comté, mais est-ce que vous seriez disposée à nous dire
que vous êtes prête à donner une directive à vos
bureaux régionaux de veiller, dans toute la mesure raisonnable, à
traiter tous les comtés sur un pied d'égalité?
Mme Marois: Je dois vous dire que c'est une règle qu'ils
ont déjà à respecter. Cela m'amusait et en même
temps je trouvais cela sérieux dans le sens où c'est
intéressant, quand vous dites essayer d'informer le plus possible le
député du type de projet qui est là ou qui est en voie de
se réaliser. Je peux vous dire que c'est aussi une préoccupation
des députés de notre parti dans le sens où les gens nous
disent: Parfois, il y a des projets qui sont acceptés et,
comparativement à d'autres projets, peut-être...
Écoutez, la difficulté dans cela c'est qu'on essaie de
rendre cela le plus objectif possible, basé sur des critères
qu'on a et des normes énoncées. À partir du moment
où les gens présentent des projets et qu'ils sont respectueux des
normes, on respecte finalement les moments d'entrée des projets.
Ce qu'on tente de faire - il y a des directives très claires dans
les bureaux de Travail-Québec - c'est que les députés
soient informés à partir du moment où il y a soit une
subvention ou un projet qui est accepté, de telle sorte que le
député soit préalablement informé de l'annonce qui
va être faite au groupe qui est concerné.
Je peux vous dire que, pour les programmes d'aide à l'emploi,
j'ai fait un relevé parce qu'on l'avait eu par comté, il y a un
équilibre entre les comtés selon les clientèles. Cela n'a
pas de référence à qui est député du
comté, qu'il s'agisse d'un député membre du gouvernement
ou d'un député de l'Opposition, les budgets se
répartissent de façon très équilibrée.
J'ai d'ailleurs fait parvenir à chacun des députés,
tant du gouvernement que de l'Opposition, le sommaire des programmes d'aide
à l'emploi dans chacun de leurs comtés respectifs. Vous avez
dû avoir cela, peut-être est-ce à votre bureau de
comté. Je crois que cela avait été... Ah! Vous le remettez
aux réunions. Je m'excuse.
J'ai fait convoquer les attachés politiques de vos bureaux de
comté dernièrement en deux réunions, l'une à
Québec et l'autre à Montréal, de telle sorte qu'on puisse
les informer de la réorientation de nos programmes et qu'ils puissent
savoir effectivement comment cela va fonctionner concrètement sur le
terrain, de telle sorte que dans vos bureaux respectifs de comté -je
l'ai fait évidemment aussi pour les membres du gouvernement - chacun de
vos personnels puisse savoir quand vont arriver les mesures, à qui elles
vont s'adresser. On les a aussi informés sur certaines façons de
communiquer avec le bureau régional lorsqu'on avait des cas de
bénéficiaires d'aide sociale qui présentaient des
difficultés particulières qui se présentaient dans nos
bureaux de comté, de telle sorte qu'on puisse accélérer,
si on veut, le processus de règlement ou de solution qu'on pouvait
apporter ou proposer.
À cet égard, j'ai la même préoccupation que
le député d'Argenteuil de m'assurer que les
députés, de façon générale et pour toutes
les personnes au Québec qui ont une responsabilité d'information
et de communication avec leurs concitoyens et concitoyennes puissent avoir
l'information la plus adéquate possible.
Je sais qu'il y a une rencontre pour ce qui est d'un certain nombre de
bureaux de comté de votre parti cette semaine - c'est mercredi qu'il y
en avait une - et il y en a une la semaine prochaine. D'accord? Pour les
autres, je pense que, comme vous êtes de la région de
Montréal, cette rencontre aura lieu la semaine prochaine.
M. Ryan: D'accord. Est-ce qu'elle a été
convoquée? Oui?
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-ce qu'on peut savoir
les dates?
Mme Marois: Pardon?
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): C'est mercredi
prochain...
M. Ryan: Cela n'a pas été convoqué par
écrit?
Mme Marois: Cela a été convoqué par mon
cabinet.
J'ai demandé à une attachée politique de mon
cabinet de réunir les gens des différents bureaux de comté
pour d'abord faire le point un peu sur l'aide sociale et les informer des
mécanismes soit de révision, ou encore, lorsqu'on avait des
questions qui nous étaient posées par des
bénéficiaires de l'aide sociale dans nos bureaux de comté,
pour qu'on puisse les référer rapidement au bureau
régional pour trouver des solutions à la personne et lui donner
la bonne information. Evidemment, quand on a des difficultés importantes
et qu'on ne trouve pas la réponse au bureau régional de
comté, on appelle à mon cabinet, à ce moment-là.
Aussi, on appelle soit au bureau local, soit au bureau régional, sans
trop savoir à qui il faut s'adresser. Ce qu'on a tenté de faire,
c'est d'instrumenter les bureaux de comté en ce qui a trait aux
problèmes vécus à l'aide sociale.
D'autre part, ce qu'on a fait, c'est de présenter les nouvelles
mesures pour que vous ayez effectivement l'information la plus à jour
possible ou la plus complète possible.
Il y avait d'autres questions que vous m'aviez posées.
M. Ryan: Les programmes dans les régions.
Mme Marois: Alors pour ce qui est de la répartition des
bénéficiaires et des budgets, comme je l'ai dit, c'est fonction
des clientèles. Il n'y a pas de problème, cela va.
Qui va gérer les programmes en région ou l'ensemble des
programmes?
Prenons-les les uns à la suite des autres et, en même
temps, je vais vous donner l'échéancier de réalisation.
D'abord, il faut peut-être partir d'une première chose de base. La
clientèle est reçue ou suivie par les intervenants des bureaux de
Travail-Québec. C'est là qu'est inscrite la clientèle qui
pourra bénéficier de l'une ou l'autre de nos mesures. Ce sont
évidemment les bureaux de Travail-Québec qui ont à faire
soit la promotion, soit l'information de ces mesures auprès des jeunes.
Ce sont eux qui ont à les recevoir et à évaluer avec
chacun des jeunes la mesure qui s'avérerait la plus intéressante
pour répondre à leurs besoins.
Aux travaux communautaires: cela peut être soit des organismes de
culture, des organismes sociaux des municipalités ou d'autres types
d'organismes qui présentent des projets à Travail-Québec
à partir d'un encadrement général par le ministère
sectoriel concerné, qu'il s'agisse des ministères des Affaires
sociales, des Affaires municipales, du Loisir, etc. Donc, les projets sont
présentés dans nos bureaux de Travail-Québec et nous, ce
que nous faisons, c'est de référer les jeunes à ces
projets selon la liste d'inscription, d'entrée où ils ont
demandé à participer à la mesure, s'il s'agit de travail
communautaire.
Tout cela est toujours inscrit, parce qu'on a des termes très
précis pour définir cela et particulièrement lorsqu'on a
des difficultés avec Mme Bégin. On a déjà eu
à s'entendre sur cela. Ce sont des plans de relèvement, dans le
langage de l'aide sociale, des relèvements qui sont faits avec les
jeunes, parce que cela s'inscrit dans des mesures spéciales de besoins
et cette possibilité existe dans la loi. Donc, on fonctionne à
l'intérieur d'un plan de relèvement.
Dans le cas des stages en entreprise, c'est toujours le même
processus pour ce qui est de la référence des jeunes. Ce seront
les commissions de formation professionnelle qui auront à assumer
l'opérationalisation de la mesure, qui seront responsables des contrats
des employeurs. Donc, la définition de chacun des stages est de
superviser le déroulement du stage et de prendre les ententes avec le
ministère de l'Éducation pour ce qui est du volet de la
formation. Ce sont les commissions de formation professionnelle.
Vous posiez une question tout à l'heure sur l'ajout de personnel
qu'on fait pour encadrer ces stagiaires. Nos prévisions sont de l'ordre
de 1000 personnes, puisqu'on a prévu 30 000 jeunes et que le taux
d'encadrement est à une personne responsable pour 30 jeunes. On a donc
prévu que ces gens oeuvrent à l'intérieur des commissions
de formation professionnelle. Cependant, ils seront payés par notre
ministère et à titre d'employés occasionnels. (17 h
45)
On en a déjà, effectivement, 430 d'acceptés, dont
environ 300 sont déjà sélectionnés et en processus
de formation, parce qu'il faut bien comprendre qu'il y a quand même un
travail à cet égard assez important à faire. Cependant, on
a une certaine tradition au niveau du choix d'occasionnels, entre autres, dans
nos bureaux de Travail-Québec, qu'on a utilisés de façon
régulière pour les programmes d'aide à l'emploi, tout en
respectant cependant les listes ou les inscriptions de gens qui ont
donc quand même un minimum de connaissances de ce type de milieu
de travail. Alors, ils seront payés par nous, mais ils oeuvreront dans
les commissions de formation professionnelle.
La mesure commencera à être en vigueur à partir de
juin. Cela est l'objectif qu'on s'est fixé. Est-ce que c'est le 1er
juin? C'est ce que je souhaiterais. Est-ce que ce sera le 15 juin? C'est
possible. Est-ce que ce sera le 30 juin? C'est ce que je ne voudrais pas, mais
c'est ce qui peut arriver aussi. D'accord? Mais c'est juin qu'on s'est
fixé comme objectif.
Vous posez une question sur les conseillers de formation en industrie,
qui sont dans les commissions scolaires ou dans les cégeps. D'abord, il
faut bien dire que ces conseillers vont continuer à avoir sûrement
plein de boulot et plein de travail, parce qu'on continue de rendre ce type de
cours aux gens qui en ont besoin, et il est prévu -comment dirais-je
cela - que, sur le terrain, selon les beosins que l'on pourra identifier en
termes de formation, il y a des ententes entre les commissions de formation
professionnelle, les commissions scolaires, les cégeps, ou d'autres
types d'institutions pour assurer la formation nécessaire aux jeunes qui
participeraient aux stages en entreprise, selon les proportions sur lesquelles
on se sera entendu. Cependant, il faut bien voir que, lorsque l'on parle de ces
conseillers, c'est dans la foulée entre autres de la politique
d'éducation permanente et de la formation professionnelle et que
là on se préoccupera de revoir le type de rattachement de ces
personnes, de le confirmer ou de le modifier. Mais ces personnes, ce n'est pas
le boulot qui leur manque; il est évident que leur statut ou leur
rattachement pourrait se modifier dans le temps, mais nous sommes actuellement
à discuter des mesures de fonctionnement en ce qui a trait à la
politique d'éducation permanente.
Évidemment, cela s'entend aussi - mon sous-ministre me le
soulignait - dans la foulée de l'opérationalisation de la
politique d'éducation permanente, si ces gens n'avaient plus à
assumer la fonction qu'ils avaient assumée au sein du ministère
de l'Éducation, ils seraient, à ce moment-là,
transférés aux commissions de formation professionnelle ou au
ministère de la Main-d'Oeuvre, selon, évidemment, leurs
fonctions, leurs responsabilités ou le travail qu'ils ont à
accomplir.
En ce qui a trait...
Le Président (M. Charbonneau): Cela fait beaucoup de
questions et de réponses, Mme la ministre.
Mme Marois: C'est parce que je réponds aux questions.
J'essaie...
Le Président (M. Charbonneau): Non, non, cela va. Je veux
juste savoir combien il en reste.
Mme Marois: Là, je termine avec le rattrapage scolaire,
qui devrait démarrer au début de l'automne, en septembre.
D'accord. On tente de se coller sur le calendrier scolaire. Cependant, on a
prévu qu'un jeune pourrait s'inscrire à un moment ou l'autre de
l'année à la mesure de ce rattrapage scolaire. C'est
Travail-Québec qui fait la référence. C'est le
ministère de l'Éducation qui, essentiellement, est en charge de
l'application de cette mesure, et, selon les différentes institutions,
mais comme on s'adresse au secondaire, ce sera davantage à ce niveau
qu'on aura le travail à faire.
Quand je disais, dans une entrevue, dernièrement, que ce
n'était pas fini d'arrimer, c'est dans le sens où il y a un
travail très concret qui doit se faire actuellement et que fait le
ministère de l'Éducation pour prévoir cette arrivée
des jeunes, cette définition du type de profil ou du type d'aide qu'on
devra leur apporter parce qu'il y aura, à certains moments, des choses
complètement sur mesure pour certains groupes ou pour certains jeunes
qui ont, comme je le disais un peu dans les débats qu'on a eus à
ce jour, derrière eux un certain bagage qu'on ne peut pas ignorer. Comme
on a aussi dans la politique d'éducation permanente une perspective de
reconnaissance des acquis, il faudrait commencer à être capable de
l'expérimenter. Je pense que cela fait le tour; si j'en ai
oublié, on pourra revenir.
Le Président (M. Charbonneau): Je voudrais
enchaîner, Mme la ministre, justement pour reposer certaines des
questions auxquelles vous n'avez pas eu l'occasion de répondre
tantôt. Une des nouvelles questions que j'ajouterais, c'était
justement sur la reconnaissance des acquis. Est-ce qu'on envisage de
reconnaître la valeur entre autres des services communautaires ou des
travaux qui vont être faits éventuellement dans les programmes qui
sont envisagés, d'une part? D'autre part, je vous rappelle que je vous
avais demandé à partir de quels critères de
sélection va se faire finalement le choix des candidatures? Je vous
offre l'occasion de nous donner cette précision. Vous disiez
tantôt qu'il y a six ministères qui vont collaborer ou qui sont
prêts à collaborer à la mesure de travaux communautaires,
si on veut utiliser le jargon que vous avez adopté. Au niveau de la
mesure des stages en entreprise, est-ce qu'il va y avoir aussi des
possibililtés pour des jeunes de faire des stages dans l'appareil
gouvernemental? Finalement, je voudrais terminer par deux suggestions, la
première, c'est que, s'il est trop tard pour changer
l'expression "travaux communautaires", le minimum, c'est que le
ministère pourrait faire ce qu'il n'a pas fait dans le cas des
Chantiers-Québec, c'est au moins de contacter les organismes qui
utilisent déjà cette expression ou qui sont même
déjà incorporés avec le nom "travaux communautaires" et
peut-être s'entendre avec eux? Cela serait au moins une mesure qui serait
appréciée par de ces organismes.
Mme Marois: On pourra peut-être aussi, avec de
l'imagination, et trouver que "travaux communautaires" dits...
Le Président (M. Charbonneau): C'est cela.
Mme Marois: ...quelque chose d'autre.
Le Président (M. Charbonneau): J'avais déjà
eu l'occasion, dans mon éphémère stage au
Secrétariat de la jeunesse, de rencontrer une association d'enseignants
qui s'appelle l'Association des enseignants de stage. Je suis convaincu, pour
avoir eu des contacts intéressants avec eux, qu'il y aurait beaucoup de
profit à tirer, pour le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, à prendre contact avec ces enseignants
qui ont été des innovateurs dans plusieurs cas de mesures
semblables dans beaucoup de régions du Québec. Je suis convaincu
qu'ils seraient les premiers intéressés à collaborer aux
travaux qui sont faits. Cela serait un peu dans la foulée de ce que le
député d'Argenteuil signalait tantôt des ressources qui
sont dans les commissions scolaires et qui pourraient être mises à
contribution et se sentir partie finalement à la mission sociale que
tous ensemble on s'est donnée par la loi 65.
Mme Marois: Bon, pour les travaux communautaires, je pense que
j'ai répondu, cela va. Je comprends très bien vos
préoccupations.
La reconnaissance des acquis. Il faut bien comprendre - je pense que
c'est important - de bien resituer ce que cela signifie, à quoi je
dirais c'est valable ou comment cela sert que la reconnaissance des acquis.
Dans un premier temps - c'est ce qu'on s'est donné comme défi
avec la politique d'éducation permanente - c'est de faire en sorte qu'on
évalue les expériences et le curriculum d'une personne dans une
perspective de retour aux études. On le fait d'ailleurs. Ce n'est pas
quelque chose qui n'existe pas déjà, sauf que ce n'est pas sur
une grande échelle et ce n'est pas systématisé. Il y a des
expériences cependant très intéressantes. On le fait
souvent par les services d'éducation aux adultes, dans les
universités ou dans les cégeps, où on évalue le
curriculum des personnes; on donne des crédits, si on veut, ou on admet
que certains cours n'ont pas à être suivis compte tenu des
expériences accumulées et qui font en sorte que ce serait
jusqu'à un certain point perdre son temps à la limite pour
certaines de ces personnes. La reconnaissance des acquis s'inscrit d'abord dans
la perspective que des expériences vécues ou des types de
formation obtenue d'une autre façon que dans le système scolaire
traditionnel et habituel puissent être reconnus lorsqu'on revient aux
études. La reconnaissance des acquis dans une perspective de
marché du travail, c'est une autre question, où on peut bien
nous, comme gouvernement, avoir à cet égard une politique qui
fait qu'on reconnaît les expériences passées des gens et on
leur donne une valeur. Comme femme, comme membre de ce gouvernement et comme
ex-ministre à la Condition féminine, si on regarde entre autres
le travail bénévole qu'ont fait de nombreuses femmes au
Québec, où souvent elles ont géré finalement de
petites entreprises dans certains cas, quand je regarde une présidente
comme la présidente de l'AFEAS ou même des cercles de
fermières, il faut qu'elles fassent la planification du contrôle
du budget de la programmation et souvent avec pas beaucoup de fric pour le
faire, si on veut. À ce moment, quand elles entrent sur le marché
du travail ou qu'elles veulent retourner aux études, toute cette
expérience accumulée, ces expertises qu'on a dans certains
secteurs ne sont pas reconnues. On peut bien, à cet égard, par
exemple, comme gouvernement employeur, inciter des employeurs privés
à avoir une politique de reconnaissance des expériences comme
cela se fait. On peut systématiser, si on veut, mais cela existe
déjà, la tendance de dire qu'une longue expérience dans
tel secteur compensera pour une formation de type scolaire.
Quand on le prend par l'autre biais, comme je le disais, cela se fait
déjà. Ce qu'on tente de faire maintenant, c'est de le
systématiser. Dans les travaux communautaires, ce sera une
expérience qu'on pourra inscrire au curriculum. Selon le type de
services rendus, il pourra, dans certains cas, avoir une valeur. C'est
peut-être celui qui est le stage en entreprise où -
évidemment le rattrapage scolaire ne se pose pas - on a comme
responsabilité à définir ou à bien identifier
comment cela pourra être par la suite reconnu selon le type d'entreprise.
Cela pourra toujours être reconnu au niveau d'un curriculum qui pourrait
être présenté à un employeur éventuel,
quelqu'un qui voudrait nous embaucher.
Par exemple, si on veut retourner aux études, comment faire en
sorte qu'on puisse en tenir compte? J'avoue que c'est à faire, à
bâtir, mais on a cette perspective, comme elle s'inscrit d'ailleurs dans
la foulée globale dans la politique d'éducation permanente et
on a des expériences accumulées. L'Université de
Sherbrooke, entre autres, a fait des expériences extrêmement
intéressantes d'évaluation des personnes et de leur bagage et
leur a fait parfois sauter une année complète
d'université, de telle sorte qu'elles ont pu s'inscrire tout de suite en
deuxième année universitaire avec peut-être un rattrapage
d'un cours ou deux pour ce qui était de la première
année.
À l'Université Laval, j'ai un cas très
précis chez moi, que je connais bien. Là encore, on y fait des
évaluations et quelqu'un qui n'a pas fait un collégial, par
exemple, va pouvoir entrer directement à la faculté de droit
à cause de l'expérience qu'elle a acquise et du type de travail
qu'elle a fait précédemment. Alors, cela existe. Dans le fond, il
s'agit de systématiser cela et de le développer de telle sorte
que cela puisse être possible pour plus de personnes et dans plus de
milieux de vie. On a cette préoccupation en ce qui a trait aux stages en
entreprise.
Le choix des candidats ou des candidates. On a mis dans nos normes ou
critères des notions de priorité pour qu'on ne se retrouve pas
avec des situations complètement aberrantes qui faisaient en sorte que
quelqu'un, par exemple, était à l'aide sociale depuis six mois
mais la mesure du rattrapage scolaire était absolument la réponse
à ses besoins sauf qu'on n'aurait pas pu participer à cette
mesure parce qu'on aurait dit, par exemple: II faut que vous soyez à
l'aide sociale depuis deux ans ou depuis un an et demi.
Dans le type de critères qu'on retient donc en ce qui a trait
à la sélection des candidats ou des candidates, c'est d'abord et
toujours celui des premiers inscrits ou des premiers arrivés, parce
qu'on doit respecter aussi le fait que les gens manifestent leur intention de
participer à l'une ou l'autre des mesures par un ordre de
priorité ou d'inscription.
À partir de là, il y a toute l'évaluation qui est
faite avec le jeune et le type de critères qu'on a mis c'est, par
exemple, pour le rattrapage scolaire, que la clientèle
considérée en priorité soit celle qui a laissé
l'école depuis au moins deux ans. Il ne fallait pas susciter du
décrochage, puisqu'on voulait faire en sorte qu'il ne la lâche
pas, au contraire, parce qu'on a une mesure pour qu'il fasse du rattrapage.
Donc, dans l'ensemble de telles mesures, on a prévu de
privilégier les gens qui avaient le plus de difficulté dans la
recherche d'un emploi ou pour leur intégration dans la
société.
Le Président (M. Charbonneau): Mme la ministre, si vous
pouvez m'excuser quelques secondes, si vous-même vous étiez
disponible pour une dizaine de minutes, on me dit qu'il y a encore du temps de
prévu, sauf que cela me prend le consentement unanime pour poursuivre
encore quelques minutes, si votre horaire vous permet de rester avec nous
encore cinq ou six minutes.
Mme Marois: Je le peux pour six minutes, mais j'ai un rendez-vous
prévu et il serait embêtant de l'annuler entre les deux.
Le Président (M. Charbonneau): Moi aussi, et je
présume qu'il y a aussi d'autres membres de la commission. Mais si vous
pouviez terminer, je pense qu'on l'apprécierait.
Mme Marois: D'accord. Cela ne sera pas très long de toute
façon. J'avais presque terminé.
Le Président (M. Charbonneau): Ah bon! Merci! (18
heures)
Mme Marois: J'en étais aux critères. Par exemple,
pour le rattrapage scolaire, dans un premier temps, on a prévu de
privilégier ceux et celles qui avaient laissé l'école
depuis le plus longtemps. Mais, comme on pourra s'inscrire à
différents moments et que, selon l'évaluation qu'on va faire des
besoins du jeune ou de la jeune qui va se présenter, on tente d'ajuster
le plus possible le choix de la personne avec la mesure à laquelle elle
pourra s'inscrire. À cet égard, il peut arriver que, en bout de
course, le type de personne qui se serait inscrite à l'une ou l'autre
des mesures ne soit pas nécessairement tout à fait ce qu'on
aurait souhaité. Par exemple, pour les stages en entreprise, il ne
faudra pas avoir terminé un diplôme secondaire ou un diplôme
collégial, parce que l'on sait que, à partir du moment où
on a terminé un premier diplôme, il est plus facile de s'inscrire
au marché du travail. Il ne faut pas avoir de diplôme
collégial ou universitaire, mais le détenteur d'un diplôme
secondaire pourra participer au stage en entreprise. D'accord?
On veut privilégier les gens qui sont depuis le plus longtemps
bénéficiaires d'aide sociale, toujours dans un sens de
priorité. Cependant, cela permettra de couvrir des gens qui
présentent des besoins spécifiques et qui n'entrent pas
nécessairement dans des barrières qu'on aurait fait tellement
étanches qu'on doive quasiment aller chercher son diplôme de
bénéficiaire pour pouvoir s'inscrire dans une mesure qui peut
être fort intéressante pour mieux s'équiper pour participer
à la société. Alors, on a tenté de faire cela
suffisamment souple, à cet égard.
D'autre part, vous soulignez l'Association des enseignants de stages. Je
ne connais pas cette association mais je connais, effectivement, des personnes,
dans différentes régions du Québec, qui oeuvrent
dans des organismes ou des institutions et qui sont des enseignants de
stages. La plupart, je dois vous dire, enfin ceux et celles que j'ai
rencontrés, sont en contact très étroit ou en liaison
très étroite, habituellement, avec les commissions de formation
professionnelle. Évidemment, ce sont ces commissions qui ont
assumé dans plusieurs cas la formation professionnelle d'un certain
nombre d'adultes. Et c'était essentiel, finalement, pour pouvoir faire
adéquatement son travail, que d'être en contact avec ces
commissions de formation professionnelle. J'ai un exemple, entre autres,
très précis dans la région de Sherbrooke, où,
effectivement, c'est un groupe de femmes qui supervise des stages, qui a une
longue expérience à cet égard, et qui travaille avec la
commission de formation professionnelle pour, d'une part, rendre disponible une
telle expertise et, d'autre part, qu'il y ait des échanges entre ce
groupe et la commission.
Le Président (M. Charbonneau): Juste la dernière
question à laquelle vous n'avez pas répondu, est-ce que les
ministères vont pouvoir aussi offrir des stages?
Mme Marois: Je m'excuse. Effectivement, nous avons - même
dans la discussion que j'ai eue avec Mme Bégin -tenté d'amener
Mme Bégin à accepter que le gouvernement fédéral
puisse recevoir des stagiaires et qu'on s'engage sur un nombre. Elle m'a dit:
Si cela s'avère possible dans certains cas, on pourra peut-être.
Mais il n'y a pas eu, finalement, d'engagement; sauf que nous avons
prévu qu'il y ait possibilité de 2000 stagiaires soit au
gouvernement ou dans des entreprises dépendant du gouvernement.
Le Président (M. Charbonneau):
Écoutez, sur cette réponse, je voudrais vous remercier
d'avoir participé à cette commission mixte, la première
d'ailleurs depuis la réforme parlementaire. Je dois dire maintenant que
cette commission mixte des affaires sociales et de l'éducation, ayant
finalement rempli son mandat, ajourne ses travaux sine die. Par ailleurs, la
commission des affaires sociales continuera l'étude du programme 6, ce
soir, dans cette salle, alors que la commission de l'éducation et de la
main-d'oeuvre poursuivra l'étude des crédits du ministère
de l'Éducation au salon rouge. Merci.
Mme Marois: Je vous souhaite bonne chance avec mon
collègue.
Le Président (M. Charbonneau): Merci. Sans
commentaire.
Mme Marois: Non, mais cela va très bien.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va très
bien!
(Suspension de la séance à 18 h 4)