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Commission de la justice
Crédits du ministère
Séance du mercredi 4 juin 1969
(Seize heures sept minutes)
M. BERGERON (président de la commission de la justice): A
l'ordre, messieurs!
Nous allons commencer l'étude des crédits du
ministère de la Justice. Comme par les années passées,
nous allons, au tout début de la séance, laisser le Solliciteur
général faire son exposé général. Ensuite,
ce sera la réplique du député de Verdun; par la suite,
j'imagine, nous procéderons article par article.
M. WAGNER: M. le Président, je n'ai pas d'objection à ce
que le Solliciteur général nous fasse un exposé. H n'est
pas question de réplique de ma part. Nous avons certaines observations
à faire lors de l'étude des prévisions budgétaires
du ministère de la Justice. Je n'ai pas l'intention que les observations
soient longues. Elles seront brèves, mais j'espère qu'elle seront
au point. Elles concerneront quelques aspects particuliers de l'administration
de la justice. Avant que nous abordions le premier poste budgétaire
connu sous le nom d'administration, j'ai l'intention de faire quelques
remarques d'ordre général, mais je ne les ferai qu'après
les remarques du Solliciteur, s'il veut en faire lui-même.
M. MALTAIS (Limoilou): Je crois que nous sommes prêts à
collaborer pour faire avancer la marche de nos travaux le plus rapidement
possible et je serais bien prêt à céder
immédiatement la parole à l'honorable député de
Verdun.
M. LE PRESIDENT: Le député de Verdun.
M. WAGNER: Merci, M. le Président. Nous désirons formuler
quelques observations d'ordre général qui constituent, en somme,
une analyse de la situation qui prévaut actuellement au ministère
de la Justice. Je n'irai pas par quatre chemins. Je vous dis que le
ministère de la Justice, actuellement, ne rassure pas la population. Et
c'est avec regret que je le dis. Et c'est avec regret que je constate,
actuellement, l'impuissance du ministère â protéger, de
façon adéquate, les biens et les personnes dans la province de
Québec.
Cette impuissance se traduit, notamment, par une absence de leadership
perceptible à tous les niveaux de l'administration du ministère.
Absence de leadership qui s'explique, évidemment, n y a bien des
facteurs qui contribuent à l'expliquer. Mais, comme il est clair que
l'histoire jugera du calibre d'un gouvernement par le sort que le gouvernement
aura fait â l'administration de la justice, il est urgent que nous
soulignions les failles de l'administration de la justice, actuellement.
Je pourrais reprendre d'une autre façon ce que le
vice-président du Conseil exécutif disait hier, quand il
déclarait publiquement: II est temps que le gouvernement gouverne. Je
dirais : n est temps que le ministère de la Justice administre la
justice.
Pourquoi se rend-on compte, dans la population, que le ministère
n'accomplit pas le travail qu'il devrait accomplir? Parce qu'il existe,
actuellement, une politique de laisser faire dans la justice. Et cela est
grave, infiniment grave.
Une politique d'abandon au gré des événements. On
semble aller de crise en crise. S'il y a une épidémie
d'évasions, on sursaute; s'il y a une épidémie de vols, on
prend certaines mesures; s'il y a une épidémie de
règlements de compte, on ne prend aucune mesure, et ainsi de suite.
Une politique de laisser faire qui s'explique d'abord par le fait qu'il
n'y a jamais eu, au ministère, de ministre de la Justice
àtempsplein. Et cela, ce n'est pas faire injure â celui qui occupe
le poste de ministre de la Justice, ni â celui qui occupe le poste de
Solliciteur général, parce que nous ne doutons pas de leur bonne
foi, nous ne doutons pas de leur bonne volonté. Mais, dans le domaine de
la justice, ni la bonne foi, ni la bonne volonté ne suffisent
aujourd'hui.
Le ministre de la Justice fut, au début, en même temps que
ministre de la Justice, ministre de l'Education. Puis, il est devenu premier
ministre et chef du parti. Il est évident que ce flottement â
l'intérieur même du ministère a contribué pour
beaucoup â Instaurer cette atmosphère de laisser aller qui, je
vous l'expliquerai dans quelques instants, se manifeste dans divers domaines.
Elle se manifeste dans divers domaines, y Inclus la Sûreté
provinciale. La Sûreté provinciale où, d'après les
faits que je vous donnerai, il semble que le moral soit à son plus bas.
Et il semble, malheureusement, d'après les informations que j'ai, que la
politique s'immisce dans le travail policier et qu'il en est
résulté des cas flagrants où des enquêtes
policières menées par la Sûreté provinciale ont
dû cesser, ou ne pas se rendre aux conclusions normales d'une
enquête, parce que les enquêtes avaient révélé
la participation de certaines personnes plus ou moins près du parti au
pouvoir. Au poste: Sûreté
provinciale, je reviendrai sur ces faits-là. Je demanderai au
solliciteur général de bien vérifier auprès des
officiers supérieurs de la Sûreté provinciale et de porter
une attention particulière sur certains dossiers qui se trouveraient aux
quartiers généraux de Québec et de Montréal,
dossiers qui toucheraient des membres du parti de l'Union Nationale. Et, s'il y
a lieu, je demanderais au Solliciteur général qu'une
lumière plus complète soit faite sur ces dossiers, s'il y a lieu,
que l'on convoque ces officiers devant la commission de la justice afin qu'ils
nous expliquent ce qui est arrivé au cours de ces enquêtes,
pourquoi les enquêtes ont été subitement
terminées.
Cette politique de laisser faire semble exister en dépit du fait
qu'on ait mis l'accent sur les cadres, sur les structures. C'est ainsi qu'on a
créé une commission de police dont nous reparlerons. On a
présenté une loi de probation. Et d'autres initiatives ont
été prises. Mais tout cela au mépris de la
sécurité, de la flexibilité et de l'efficacité
à l'intérieur du ministère de la Justice.
Par exemple, au sein du ministère de la Justice et je
parle des hauts fonctionnaires que je ne veux pas accuser, bien au contraire,
et dont je reconnais le mérite et l'effort louable en dépit des
circonstances personne ne connaît véritablement le milieu
judiciaire de Montréal. Montréal constitue le district judiciaire
le plus important du Canada et représente presque un tiers de la
population du Québec. Aucun sous-ministre n'a été
nommé à Montréal pour succéder au sous-ministre que
nous y avions placé avant 1966, et cela en dépit des pressions
réitérées de la part du Barreau de Montréal, de la
part de la magistrature, notamment du juge Challies qui, à maintes
occasions a dit tout haut et j'imagine tout bas dans des lettres au
ministère à quel point il est essentiel qu'il y ait sur
les lieux, à Montréal, un sous-ministre ayant tous les pouvoirs
d'un sous-ministre, capable de prendre des décisions, capable d'assurer
la coordination de l'appareil judiciaire de Montréal. Je ne comprends
pas pourquoi on a hésité à tel point jusqu'à
présent, encourageant ainsi l'attentisme dans le domaine de la justice.
L'attentisme peut peut-être se justifier dans certaines politiques, mais
certainement pas dans la justice.
On a donc l'impression c'est une remarque générale
qui, je l'espère, sera confirmée lorsque nous étudierons
les différents postes du budget que l'âme s'est
détachée du corps administratif. Cela conduit aux
conséquences suivantes: Premièrement, dans le domaine des
procureurs permanents, les fonctions ont été multipliées.
Dans plusieurs districts judiciaires on a nommé deux procureurs pour
faire le travail d'un procureur qui existait là auparavant. Dans
plusieurs districts judiciaires, les procureurs permanents ont à peine
du travail pour les occuper durant trois jours par semaine. Et cependant, on a
si on se fie aux journaux je ne sais pas si c'est fait on a
haussé le traitement des procureurs permanents ou on a
l'intention de le faire de 20% à 25%, c'est-à-dire qu'ils
passeront du maximum de $16,000 à $21,000. On me dit qu'à
Montréal le procureur chef aura $24,000, ce qui sera supérieur au
traitement d'un juge. On se poserait la question: Est-ce que, par le fait
même, grâce à la hausse de traitement, grâce à
la permanence, le travail est plus efficace, le rendement est meilleur? Quand
on regarde un peu ce qui se passe et f en reviens à Montréal,
particulièrement, on s'aperçoit qu'au contraire on n'a jamais
autant piétiné, il n'y a jamais eu autant d'acquittements et de
« mistrials » au palais de justice de Montréal que depuis
quelques années. Les statistiques sont là. Et c'est le
témoignage des juges qui, eux, sont de bonne volonté et doivent
se résigner devant le fait accompli.
Actuellement le gouvernement nous mentionne dans son rapport annuel
qu'il a augmenté le nombre des procureurs permanents à 52
ils n'étaient que 30 au cours de l'année 67/68 et il est
prévu qu'il s'établira à 70, à la fin de l'exercice
69/70.
Je pense, M. le Président, que le moment est venu de signaler au
gouvernement qu'en agissant ainsi, qu'en continuant l'instauration du
système de permanence, il fait fausse route. Et j'en arrive à
douter de l'efficacité et de la rentabilité du maintien d'un tel
système de procureurs permanents. Je suis fort à l'aise pour le
faire parce qu'à la suite des procureurs généraux qui
m'ont précédé, j'ai cru aussi que c'était là
la solution; que les avantages étaient nombreux, particulièrement
la sécurité des gens qu'on y nommait, l'indépendance,
l'impartialité, mais je me rends compte actuellement que les
désavantages sont également nombreux.
Je me rends compte qu'en beaucoup d'endroits les procureurs de la
couronne sont devenus des fonctionnaires de 9 à 5; que nous n'avons pas
le travail que nous pouvions avoir auparavant d'équipes d'experts qui
n'hésitaient pas à travailler le soir et les fins de semaine, qui
n'hésitaient pas à collaborer avec les forces policières,
à se mettre à leur disposition et ainsi à faciliter la
bonne marche des affaires judiciaires.
Nous constatons de plus qu'avec le nombre croissant des procureurs
permanents une cer-
taine duplication existe et, d'autre part, malgré le nombre
croissant, ils ne suffisent pas à la tâche. Ainsi, lorsque nous
passerons au chapitre des faillites frauduleuses, j'aurai l'occasion de vous
signaler, M. le Président, qu'aujourd'hui on ne trouve pas de procureurs
qualifiés à Montréal et pouvant accepter de mener ces
causes de faillites frauduleuses. Nous donnerons des exemples concrets.
Cette situation des procureurs permanents, évidemment nous ne
sommes pas les seuls à l'apprécier, il y a un autre
élément de la société qui l'apprécie aussi.
Pour les criminels, c'est une heureuse aubaine. Pour la magistrature, c'est une
déception. Et comme on doit présenter prochainement une loi
touchant les substituts du procureur général, j'ai cru bon de
signaler immédiatement au solliciteur général que, quant
aux procureurs permanents, il y faudrait y regarder deux fois. Il faudrait
peut-être revenir à un système où nous aurions un
heureux mélange de procureurs permanents qui pourraient assurer une
continuité et de procureurs à temps partiel qu'on pourrait aller
chercher à cause de leur compétence, à qui on paierait un
salaire annuel fixe. Et vous comprendrez que c'est la une distinction avec des
procureurs ad hoc, qui sont payés tant de la pièce. A ce
moment-là, les procureurs à temps partiel, on pourrait quand
même les choisir en dehors de la partisanerie politique rien ne
s'y oppose, même s'ils ne sont pas permanents et ils pourraient
agir comme de précieux conseils pour les plus jeunes procureurs
permanents qui ont une tâche difficile à remplir dans les
différents palais de justice.
C'est le premier article que nous allons examiner tout à l'heure
et sur lequel nous allons insister. Le deuxième article concerne la
Sûreté provinciale. Nous constatons qu'au sein de la
Sûreté provinciale il y a actuellement une multiplication
inouïe d'exigences, de rapports, de contrôles, ce qu'un juge de la
cour des Sessions, le juge Laganière appellerait des paperasses. Comme
conséquence, l'efficacité et la souplesse sont disparues.
Et cela nous amène à des conséquences
énormes au point de vue de la justice, parce que les hommes d'action
il y en a très peu à l'intérieur de la
Sûreté provinciale, dans les escouades spécialisées,
sont paralysés dans leur travail. Ils le disent à qui veut
l'entendre. Les équipes spécialisées sont
paralysées.
Il est évident que les jeunes policiers entrent en plus grand
nombre, mais le nombre ne remplacera jamais l'expérience des policiers
plus âgés à qui il faudrait assurer un minimum
d'autorité et de responsabilités et ne pas leur atta- cher les
mains. Nous avons des indications à l'effet que le moral de la
Sûreté est à son plus bas et cela n'est pas une
condamnation, au contraire, du directeur général qui, je sais,
fait tout son possible. Ce n'est pas non plus une condamnation de celui qui l'a
précédé et à qui je veux rendre hommage. C'est un
état de fait qui existe.
Ce moral bas explique tant de causes non résolues, tant d'efforts
épars sur des sujets de moindre importance. On s'occupe de sujets de
moindre importance et dans la lutte contre le crime, cela laisse
énormément à désirer. Nous en reparlons encore.
Je regrette de constater M. le Président que,
particulièrement dans le district de Montréal et dans la
banlieue, la lutte contre le crime organisé se fait beaucoup plus par la
Sûreté de Montréal que par la Sûreté
provinciale.
Je vous rappelle que, pendant des mois et des mois, alors
qu'éclataient des bombes dans la Province de Québec surtout
à Montréal, la Sûreté provinciale n'avait à
sa disposition comme escouade antiterroriste qu'une escouade formée de 4
à 6 membres. Et cela, jusqu'à ce qu'éclate la 57eme ou la
58eme bombe. C'est tout à fait ridicule. C'est une situation
inexplicable. Et on aura beau, comme dans le budget actuel, augmenter de
quelque huit millions les salaires, les prévisions pour les salaires de
la Sûreté, cela ne règle pas le problème.
On me dit également qu'à la Sûreté
provinciale le ministre pourra me corriger si je suis dans l'erreur
un lieutenant, par exemple, a un salaire moins élevé qu'un
caporal. C'est fantastique. Le lieutenant qui donne des instructions au caporal
reçoit un salaire moins élevé que celui à qui il
donne des ordres. Ce n'est pas de nature à inspirer le respect de la
part du caporal. On m'indique également qu'à la
Sûreté provinciale, le surtemps n'est pas
rémunéré en argent, mais en heures de congé.
Comment peut-on s'attendre à ce que des officiers de police
mènent une enquête l'après-midi et le soir, la nuit comme
cela se faisait, comme cela doit se faire dans certaines occasions, alors
qu'ils savent déjà que leurs dépenses seront
limitées, c'est-à-dire qu'ils ne pourront recevoir comme
dépenses qu'un montant fixe pour le repas et que les heures
supplémentaires leurs seront données en heures de
congé.
Si cela est exact, je trouve cela incroyable. Si c'est inexact
j'aimerais qu'on me corrige immédiatement. Ce sont là des
facteurs qui expliquent le sentiment d'insécurité qui
prévaut au sein de la Sûreté provinciale, et c'est le
ministère de la Justice qui est premièrement et d'abord
responsable de cette force policière
québécoise. Nous soulignerons évidemment
l'étude de l'article « Sûreté provinciale » en
disant: Absence de coordination. Cette absence qui semble exister avec la
Sûreté de Montréal. Ces jours derniers, une
déclaration du chef Gilbert nous apprenait que, lors de la
Saint-Jean-Baptiste, le premier ministre du Canada aurait été la
cible possible d'un attentat. C'est incroyable.
M. THEORET: C'est épouvantable! M. WAGNER: C'est incroyable!
M. THEORET: Ils n'ont même pas pris cela au sérieux
à Ottawa, mon cher ami. Continuez.
M. EAGNER: Ce qui est incroyable...
M. THEORET: C'est de vous l'entendre dire.
M. WAGNER: Ce qui est incroyable surtout, c'est d'entendre...
M. THEORET: Il y a longtemps que vous avez entrepris la chasse aux
sorcières, continuez.
M. WAGNER: M. le Président, ce qui est incroyable, c'est
d'entendre le premier ministre et le ministre de la Justice dire,
immédiatement après, qu'ils ne sont pas au courant de cela, que
la Sûreté n'était pas au courant de cela, et je m'explique
mal que la coordination n'ait pas existé entre la Sûreté
provinciale et la police de Montréal.
M. PAUL: Est-ce que mon honorable ami me permettrait une question?
M. WAGNER: Oui, oui.
M. PAUL: Est-ce qu'il verrait un avantage à inviter la commission
de police à faire une enquête sur la déclaration du chef
Gilbert?
M. WAGNER: M. le Président, le gouvernement est libre de faire
toutes les enquêtes. Je demande au gouvernement de l'action, de l'esprit
de décision; je lui demande de cesser de piétiner, de cesser de
laisser faire dans le domaine de la justice. S'il y a là matière
à enquête, qu'il fasse enquête! Il n'a pas besoin d'une
demande de l'Opposition. Mais ce fait révèle de façon
flagrante qu'il y avait évidemment absence de coordination entre les
deux forces policières.
M. PAUL: Il reste à savoir si les déclarations du chef
Gilbert sont exactes. C'est un autre point.
M. WAGNER: Jusqu'à preuve du contraire, je suis obligé de
les croire. Si mon honorable ami peut m'établir que le chef Gilbert
s'est trompé...
M. PAUL: Non.
M. WAGNER: ... je croirai mon honorable ami.
M. PAUL: Non, mais j'ai beaucoup confiance en la Sûreté du
Québec.
M. WAGNER: Oui.
M. PAUL: J'ai beaucoup confiance en mes collègues qui s'occupent
de l'administration de la justice, à partir des ministres et des
sous-ministres.
M. WAGNER: Mais si la Sûreté du Québec
n'était pas au courant, cela ne veut pas dire que cela n'a pas
existé.
M. PAUL: La Gendarmerie royale n'était même pas au
courant.
M. WAGNER: Est-ce qu'elle a répondu, la Gendarmerie royale?
M. PAUL: Je ne sais pas.
M. WAGNER: Non. Nous n'avons pas entendu parler de la Gendarmerie
royale.
Le troisième domaine auquel nous toucherons, M. le
Président, concerne l'administration du ministère lui-même
avec la nomination des nouveaux sous-ministres, le départ de certains
sous-ministres sur lesquels nous demanderons des explications de la part du
Solliciteur général. Nous aimerions connaître les
circonstances qui ont entouré le départ subit du sous-ministre
chargé des affaires criminelles, et sa nomination comme juge. Je
voudrais également savoir, si cela est possible, comment il se fait que
lui, citoyen de Québec, ait été nommé juge à
Montréal. Je m'étonne également qu'ayant été
nommé juge à Montréal, il n'ait pas de résidence
à Montréal. Je voudrais savoir si un arrêté en
conseil a été passé pour changer la résidence du
juge, contrairement à la règle générale, et s'il
est exact que l'arrêté en conseil aurait été
passé pour que le juge, qui est nommé à Montréal,
siège à Montréal et ait une résidence à
Québec. Nous sommes
intéressés à savoir si les dépenses
quotidiennes de voyages à Montréal pour aller siéger
seront remboursées par le gouvernement.
Dans ce domaine de l'administration du ministère, nous aurons
l'occasion de toucher à certaines enquêtes, notamment
l'enquête qui concerne le ministère des Travaux publics. Nous
voulons également savoir ce qui arrive de certains membres du
ministère qui ont été mis à l'écart. En
particulier, j'aimerais bien que le ministre nous dise si M. Jacques Lapointe,
qui était sous-ministre chargé des affaires civiles, a
démissionné de ses fonctions. S'il n'a pas
démissionné de ses fonctions, est-ce qu'il conserve toujours son
titre de sous-ministre en charge des affaires civiles? Si oui, pourquoi a-t-on
passé un arrêté en conseil le nommant conseiller de cadre
au lieu de sous-ministre? Ce sont des questions auxquelles je sais que le
Solliciteur général est prêt à fournir des
réponses.
M. le Président, le quatrième domaine sur lequel nous nous
arrêtons touche aux structures qui ont été mises en place
par le ministère de la Justice, particulièrement la commission de
police formée de gens de bonne volonté, mais à qui on a
donné un budget paralysant un budget qui ne lui permettra pas de faire
les enquêtes qu'elle doit faire. Et on se demande ensuite pourquoi la
commission existerait.
Nous parlerons de la commission d'enquête Prévost,
évidemment, qui jusqu'à maintenant a publié deux rapports.
Nous toucherons à la loi de probation et enfin au conseil consultatif de
la justice.
Le cinquième domaine auquel nous avons l'intention de nous
attarder concerne particulièrement la lutte contre le crime. C'est tout
de même un aspect de l'administration de la justice. C'est tout de
même un aspect qui devrait être prioritaire, mais qui ne l'est
plus. Le crime est à la hausse. Les statistiques de la
Sûreté provinciale nous l'indiquent, d'ailleurs. Les
règlements de compte se font en grand nombre. On en est rendu à
66, je crois. Le dernier règlement, c'était ce matin alors
qu'à Laval on aurait trouvé un nommé Michel Massicotte,
ancien membre de la FLQ, avec une balle dans la tête. Il n'y a pas de
jour qui se passe sans que ces règlements ne surviennent, et sans aucune
arrestation.
Qu'on ne me réponde pas que ces règlements de compte,
c'est à l'intérieur de Montréal, donc sous la juridiction
de la police de Montréal, donc le ministère s'en lave les mains.
Ces règlements de compte touchent aux banlieues de Montréal,
touchent à d'autres quartiers de la province de Québec. Qu'on ne
vienne surtout pas, au ministère de la Justice, nous dire: Tant mieux si
les bandits s'entretuent! Cela nous débarrasse, cela nous facilite le
travail. Cest un argument qui porte à faux, c'est un argument empreint
de cynisme qui fait oublier qu'un jour ou l'autre, entre les feux, c'est une
victime innocente, un citoyen innocent qui tombera sous les balles de ces
gens.
Ce qui me surprend, c'est que la sûreté provinciale,
malgré l'aide des communications électroniques, pour lesquelles
on a dépensé des millions et des millions, ne réussit pas
à mettre un terme à cette épidémie.
Nous reviendrons dans ce domaine de la lutte contre le crime et je
m'attarderai assez longuement sur la question des faillites frauduleuses. Je
vous avoue, M. le Président, que je n'ai pas le scandale facile, mais
quand je constate dans le rapport annuel 1968 du ministère de la Justice
que dans ce domaine des faillites on dit ce qui suit, et je lis à la
page 53: « Cependant, on peut affirmer que le nombre de faillites a
sensiblement diminué dans le Québec au cours de l'année
1968, même si les pertes semblent avoir augmenté. Je vous
donnerai des chiffres, tout à l'heure, pour vous établir que les
pertes ont augmenté d'au-delà de 200%, ce qui commence à
être appréciable. Et on continue dans ce rapport: « II
existe, au sein du ministère de la Justice, un comité de
conseillers juridiques dont la principale fonction est de déceler les
cas de fraude en matière de faillite. Au cours de l'année 1968,
il y a eu quelques arrestations, à la suite d'enquêtes
commencées par le service des faillites et continuées par ce
comité de juristes. »
Ce n'est pas là, M. le Président, un témoignage
bien rassurant sur l'effort que peut faire actuellement le ministère de
la Justice dans le domaine des faillites.
Toujours dans ce chapitre de la lutte contre le crime, j'aimerais bien
que le Solliciteur général nous fasse part de l'entente ou de la
mésentente qui peut exister entre le ministère de la Justice
comme tel et la sûreté de Montréal. J'aimerais qu'il
s'attarde sur l'exemple assez typique de la manifestation à
l'université McGill. Manifestation à McGill, alors que les
policiers montréalais protégeaient la sûreté
provinciale qui, elle, était à l'intérieur de la
bibliothèque de McGill.
On pouvait voir des officiers de la Sûreté provinciale
montés sur les épaules de leurs confrères regarder par les
fenêtres comment se déroulait la manifestation. Cela,
évidemment, sans douleur, sans crainte et sans risque. Je me pose des
questions sur la coopération active entre les deux forces
policières.
Il sera également question de la création du
centre de renseignements provincial. Enfin, après trois ans de
réclamations de notre part. Nous avons chaque année exigé
que s'établisse une coordination entre les forces policières du
Québec et la Gendarmerie royale et que se crée un comité
où on pourrait échanger les renseignements de nature à
faciliter une lutte intelligente contre le crime, et il y a quelques mois
seulement le ministère de la Justice nous avise qu'un centre provincial
de renseignements a été créé. Je me demande
d'abord: Pourquoi ce centre provincial de renseignements est-il
parallèle à celui d'Ottawa? Pourquoi ne l'a-t-on pas
fusionné comme tous les autres centres du pays? Je n'ose croire, M. le
Président, que l'éternelle excuse de l'autonomie provinciale ait
pu avoir quelque importance dans ce domaine.
M. le Président, voilà les principaux chapitres que nous
étudierons à fond. Vous constaterez que plusieurs postes du
budget seront à peine regardés puisque, apparemment, il n'y a pas
trop de problèmes dans les bureaux d'enregistrement ou chez les
greffiers.
Tout ceci nous amène à une conclusion claire et nette:
avec cette mentalité de laisser faire au ministère de la Justice,
les conséquences sont graves au niveau administratif de la justice. Il
ne devrait pas être permis d'agir en dilettante, même si les
officiers se sentent aux prises avec une machine gigantesque et qu'ils ne
savent pas trop comment l'utiliser. Parce qu'avec cette
mentalité-là on aboutit aux faits suivants: 1) On aboutit
à des genres d'affaires comme l'affaire « Sonny » Coe
où la vérité a été arrachée bribe par
bribe et péniblement à force de questions pendant des semaines
pour finalement faire éclater le scandale Judiciaire de l'année.
Vérité confirmée ces jours derniers par le premier
ministre lui-même qui a admis, enfin, la fameuse lettre qui fut
envoyée par les autorités de la ville de Montréal au
procureur de la couronne, invitant la couronne à s'objecter au
cautionnement de « Sonny » Coe et à refuser le marchandage
qui a été accepté dans cette affaire-là. 2)
Deuxième conséquence, entre autres, les meurtres sans solution,
ici et là dans la province. Ces jours derniers, je recevais un appel des
parents d'une des victimes une jeune fille, victime d'un meurtre dans le
Bas-du-Fleuve qui me demandaient: Qu'est-ce qui arrive? Pourquoi les
enquêteurs ont-ils cessé leur travail? Pourquoi le
ministère de la Justice ne veut-il pas continuer? C'est vrai qu'un
accusé a été libéré, mais ça ne
résoud pas le crime. Je n'ai pu répondre mais je leur ai promis,
par exemple, de poser des questions au
Solliciteur général lors de l'étude de ses
crédits.
Une autre des conséquences, c'est qu'actuellement il y a
certaines enquêtes qui ne sont pas menées à bonne fin et je
parlerai tout à l'heure de l'affaire des Travaux publics à
Montréal qui résulte de l'incendie d'un édifice du
ministère de la Santé au cours du mois d'octobre 1966, et je vous
Indiquerai, avec affidavit à l'appui, que plusieurs hauts fonctionnaires
de ce ministère des Travaux publics semblent s'être
appropriés le bien public pour le passer a des intérêts
privés. Et que fait la Sûreté? Nous l'ignorons. Mais nous
savons cependant que, si l'affaire a-vance un peu, c'est grâce aux
plaintes qui ont été faites à la police de
Montréal. Et j'aimerais que le Solliciteur nous dise, lorsqu'il aura
tous les faits, dans quelques instants, ce que le ministère de la
Justice entend faire.
Cette politique de laisser faire dans un domaine aussi délicat
aboutit, par exemple, à la conséquence suivante: alors que l'on
crie sur tous les toits le désir des autorités d'humaniser la
justice, en même temps on constate des cas assez accablants comme, par
exemple, qu'à la prison de Bordeaux et à la prison des femmes
à Montréal, qu'on appelle la prison Tanguay, des enfants sont
incarcérés. Moi, je considère que c'est un scandale.
L'information que j'ai, c'est qu'à la prison de Bordeaux, par exemple,
les enfants qui viennent de la cour du Bien-Etre il y aurait entre dix
et quinze jeunes garçons sont actuellementi
ncarcérés à Bordeaux, soit avant leur procès, soit
pour fins d'examen mental; à certains moments, dernièrement, 38
jeunes filles en bas de seize ans seraient détenues à la prison
des femmes, parce que, prétend-on, le centre d'accueil qui normalement
héberge ces jeunes enfants ne veut plus en recevoir. Peut-être y
a-t-il là un manque de coordination entre le ministère de la
Famille et du Bien-Etre et le ministère de la Justice. Il faudrait quand
même que quelqu'un s'occupe de ces enfants-là. Si ce n'est pas
exact, qu'on me le dise. Je n'ai pas raison de douter des sources qui m'ont
fourni ces renseignements-là. C'est une autre conséquence d'une
politique de laisser faire.
Il y en a une cinquième. On a vu, dernièrement, au
Commissariat des incendies à Montréal, lors de l'affaire
Geoffroy, comment une commission quasi judiciaire où le ministère
de la Justice était représenté pouvait abuser de ses
pouvoirs. Je n'ai personnellement absolument aucune sympathie pour les gens qui
placent des bombes et qui en font éclater. Mais lorsqu'on a
découvert un coupable, ou lorsque l'enquête policière a
dévoilé des faits suffi-
sants permettant de traduire un coupable devant les tribunaux, je
m'élève contre une habitude d'amener ces personnes devant le
commissariat et d'en faire une affaire de cirque. A certains moments
l'enquête était publique, a certains moments l'enquête est
devenue à huis clos. Pourquoi? Tout cela parce que, dès que le
nommé Geoffroy eut été arrêté, le premier
ministre et également ministre de la Justice a déclaré en
Chambre: Nous ferons une enquête publique. Mais l'enquête publique
qui devait être faite, cela devait être, à ce
moment-là, de traduire l'individu devant les tribunaux pour que son
enquête préliminaire soit publique et que son procès soit
public.
Au contraire, on a voulu utiliser le stratagème du commissariat
des incendies pour amener cet individu dans la boîte, pour amener
d'autres policiers et tenter ainsi de pacifier la population aux abois. C'est
une autre des conséquences à laquelle on en arrive.
Une autre conséquence et c'est la dernière que je veux
souligner à ce moment ici dans ce regard à vol d'oiseau, si vous
voulez, ou général sur le ministère de la justice.
L'affaire Gagnon, un nommé Gagnon qui, avec son com-gnon
Vallières, aurait été impliqué dans des affaires
judiciaires. Il y a dans cette affaire-là, et je donnerai des dates, des
statistiques, je ferai des remarques, je donnerai des extraits de dossiers de
cour pour vous indiquer qu'il y a là une injustice flagrante
causée consciemment ou inconsciemment par les hauts fonctionnaires du
ministère de la Justice qui systématiquement, pendant deux ans et
demi, lui ont refusé le droit à son procès. Ils l'ont
gardé dans les cellules. Encore une fois, M. le Président, je
vous souligne que je ne partage pas la motivation politique de ces gens. Mais,
« justice égale pour tous » c'est un principe qui fait fi de
la motivation politique.
Voilà, en résumé quelques remarques
préliminaires, si le solliciteur général veut
répondre à quelques-unes de ces remarques-là, nous allons
l'écouter avec intérêt.
M. MALTAIS (Limoilou): M. le Président, je voudrais, pour une
compréhension de l'administration Je crois que c'est
extrêmement important passer très sommairement sur les
commentaires généraux de façon à dégager la
politique globale du ministère. Je ne ferai pas de rhétorique, Je
donnerai surtout des chiffres et des faits.
Pour l'année 69/70, le ministère a adopté une
nouvelle classification budgétaire qui donne effet aux divisions
administratives apparaissant à l'organigramme. Pour une meilleu- re
compréhension des prévisions de l'année 69/70, il est
opportun de faire une revue rapide de l'activité financière du
ministère pour l'année 68/69, donc l'année
écoulée au 31 mars. Les dépenses: le budget original
déposé et approuvé par l'Assemblée, l'an dernier,
s'élevait à $66 millions. Ce budget a été
augmenté par un budget supplémentaire et de virement du
ministère des Finances de telle façon qu'au 30 septembre 1968,
date de base pour la préparation des budgets 69/70, les crédits
68/69 avaient été portés à $67 millions. Un autre
budget supplémentaire de $35,000 et de nouveaux virements dus au
ministère des Finances pour un total de $133,000 ait porté les
prévisions totales à $68 millions. Les dépenses
réelles pour l'année 68/69, selon une estimation récente,
s'établiront à $65,377,200. L'écart d'environ $2,500,000
entre les prévisions et les dépenses réelles
prévues s'explique par les raisons principales suivantes.
Il n'a pas été possible de recruter tout le personnel
additionnel qui avait été prévu pour l'année 68/69
de telle sorte qu'au 31 mars 1969 il y avait encore 798 vacances à
l'effectif du ministère. Voici les raisons principales de cet
état de choses: difficultés dans le recrutement du personnel
policier, 88 vacances au 31 mars 1969; retard dans l'ouverture du centre de
détention de la rue Fullum; difficultés dans le recrutement du
personnel professionnel principalement chez les conseillers juridiques;
difficultés générales dans le recrutement des
fonctionnaires; le roulement du personnel; retard dans l'ouverture de
l'Institut de police du Québec, laquelle avait été
prévue pour le 15 septembre 1968. En plus de ne pas avoir recruté
tout le personnel, il y a également eu un délai dans le
recrutement du nouveau personnel qui a pu être embauché et du
remplacement du personnel ayant quitté le service. Ce facteur a
également contribué à la réduction des
dépenses. Même si cette situation avait été
prévue en partie lors de la préparation du budget, la
réduction des dépenses a cependant été plus forte
que prévue.
Les dépenses autres que les traitements ont eu tendance à
se stabiliser au niveau de l'année précédente ou tout au
moins à progresser en rythme moins accéléré que par
le passé. L'écart le plus important, environ $1,100,000 entre les
prévisions et les dépenses réelles prévues, se
localise à l'article de la Sûreté du Québec.
Il est dû à une diminution des frais de voyage ou au retard
de l'installation d'équipement additionnel pour le service de
télécommunications et à la réduction du coût
des uniformes, de l'équipement et des accessoires de police et
d'identité judiciaire.
Certaines réalisations, en bref, au cours de cette année
finissant le 31 mars. Nous avons eu la Loi concernant les enquêtes sur
les incendies, la formation de la commission de police, le travail de
l'organisation de l'Institut de police, le réseau de
télécommunications de la sûreté
l'aménagement du réseau a été
complété durant l'année mandat accordé pour
l'implantation d'un système d'informatique de la sûreté,
mise en traitement des greffes complétée. Il n'y aura pas lieu de
mettre à salaire les huit cours provinciales de comté encore
à honoraires. Mise en traitement de douze bureaux d'enregistrement,
prolongement du service de probation, mécanisation des opérations
du code de la route. L'émission des avis sommaires se fait actuellement
par le service de mécanographie du ministère des Transports et
des Communications. Renouvellement du contrat de travail de la
Sûreté provinciale. Il y a toute une série de constructions
qui ont été complétées ou mises en chantier. Mise
en place de nouvelles structures administratives dans les districts judiciaires
de Québec et étude des structures administratives du district
judiciaire de Montréal.
Quelques commentaires également très brefs sur les
estimations budgétaires de l'année 69/70. Les dépenses
budgétaires prévues pour 69/70 s'élèvent à
$77,313,300, à rapprocher de $67,850,700 pour 68/69, soit une
augmentation de $9,462,600. L'augmentation de $9,462,600 se distribue comme
suit: Budget a) $6,876,900, budget b) $2,585,700 pour un total de $9,462,600.
L'augmentation de $6,876,900 dans le budget a) se compose de $6,600,000 pour
les traitements et les salaires et de $276,900 pour les autres dépenses.
L'augmentation dans les traitements et salaires provient pour une grande partie
des nouvelles conventions collectives intervenues en 1968. Fonctionnaires et
ouvriers, 19 juillet 1968; agents de la paix, 25 octobre 1968; professionnels,
le 5 novembre 1968. Des augmentations des traitements accordées aux
membres de la Sûreté du Québec pour le contrat de travail
intervenu le 11 mars 1969 entre le gouvernement du Québec et
l'Association des policiers provinciaux du Québec n'ont pas
été prévues au budget de l'année 69/70. Une demande
de budget supplémentaire a été transmise au
ministère des Finances pour couvrir ces augmentations de traitements qui
se totalisent à $2,914,070 pour 69/70. L'effectif prévu pour
69/70 passe de 8,954 à 9,427. L'augmentation se produit principalement
à la Sûreté du Québec où l'effectif des
policiers autorisé sera augmenté de 200 membres.
M.WAGNER: Est-ce que le ministre pourrait me dire si ce budget
additionnel a été prévu dans le budget du ministre des
Finances?
M. MALTAIS (Limoilou): Un instant... M. WAGNER: Les $2 millions.
M. MALTAIS (Limoilou): J'aimerais saisir très bien, les $2
millions, c'est-à-dire l'augmentation des salaires de la
Sûreté; ce n'est pas prévu, c'est un budget
supplémentaire, mais la demande a été faite. Cela avait
été convenu, lors de la préparation, que nous ne pouvions
pas à ce moment-là avoir un montant approximatif, il fallait
attendre.
M. WAGNER: Je soupçonnais qu'il y avait des choses qui
n'étaient pas prévues dans ce budget-là; cela me confirme,
c'est admis.
M. MALTAIS (Limoilou): Nous sommes ici pour faire la clarté.
M. WAGNER: C'est cela.
M. MALTAIS (Limoilou): Dans le secteur des prisons, pour permettre
à ce service d'avoir le personnel requis lors de l'ouverture de la
nouvelle prison de Charlesbourg et du centre de réhabilitation de
Waterloo ainsi que pour prendre la responsabilité, jusqu'ici
assumée par la Sûre-té du Québec, du transfert des
prisonniers dans toute la province, c'est en tout 159 agents de la paix
additionnels. Les mises en traitement à être effectuées en
69/70 dans les bureaux d'enregistrement, soit 49 fonctionnaires additionnels.
Toutefois dans l'effectif en place au 31 mars 1969, comme cet effectif
était de 8,156, le ministère devra au cours de 69/70
procéder au recrutement de 1,271 nouveaux employés. Les
initiatives prévues: nouvelles constructions, mise en traitement de 14
bureaux d'enregistrement; à la Sûreté du Québec,
augmentation de l'effectif des policiers de 200 membres, ouverture des cours
à l'Institut de police de Nicolet prévue pour juin; assistance
judiciaire; il est prévu $50,000 pour Québec et $265,000 pour
Montréal.
Poursuite de la politique de mise en traitement des procureurs de la
couronne, mise en vigueur de la loi concernant les enquêtes sur les
incendies, augmentation de l'effectif du service des institutions
pénales pour permettre à ce service de prendre la
responsabilité du transfert et du transport des prisonniers, pour
l'ouverture des centres de Charlesbourg, de la prison de Québec et de
Waterloo; augmentation de l'effectif du service de probation; en
prévision également, comme initiative nouvelle au
ministère, un bureau de recherche, un bureau
d'information et une direction générale en matière
constitutionnelle.
Voilà un bref exposé ou des commentaires
généraux sur les deux années financières. Je
voudrais, très brièvement, à ce moment-ci, apporter
quelques commentaires à la suite de l'intervention de l'honorable
député de Verdun. Je lui dirai, au départ: Je dois
convenir que je suis le Solliciteur général au ministère,
qu'il aurait pu peut-être insister pour que le ministre de la Justice
vienne ici; je tiens à le remercier d'avoir accepté que je sois
ici pour discuter avec les membres de ce comité des crédits
budgétaires du ministère de la Justice.
Le député de Verdun a critiqué l'administration de
la justice, je ne m'attendais pas à autre chose de sa part, à
vrai dire, c'est un peu le rôle du mandat qu'il détient et
sûrement le rôle de l'Opposition de critiquer de bonne foi
l'administration de façon à tenter qu'elle apporte les
améliorations nécessaires à la bonne marche de
l'administration de la justice. J'ai cru comprendre à travers toutes ces
remarques de l'honorable député qu'il ne met pas en cause la
bonne fol de ceux qui sont à la tête de l'administration de la
Justice actuellement.
M. WAGNER: Certainement pas.
M. MALTAIS (Limoilou): On a parlé de l'impuissance du
ministère à protéger les biens et les personnes. Dans
toutes administrations de la justice et peut-être par les temps qui
courent plus qu'en n'importe quel moment auparavant dans l'histoire des hommes,
il faut convenir que nos lois ne correspondent peut-être pas totalement
à la réalité et qu'elles doivent évoluer.
Nos instruments doivent se mettre à la page. L'outil
administratif doit constamment être à l'avant-garde, et ce n'est
pas toujours facile.
Il faut admettre que nous vivons dans une situation où
l'évolution est considérable dans tous les domaines. Dans une
société où tout est remis en valeur, où tout est
remis en question, à partir des valeurs les plus fondamentales, ce qui
n'existait pas il n'y a pas tellement longtemps, du moins, chez nous, dans
notre société.
Ceci a des conséquences jusque dans les effets de
l'administration de la justice, Il n'est pas aussi facile de saisir l'erreur et
le mal avec l'administration de la justice aujourd'hui peut-être que ce
ne l'était dans une société alors qu'on se disait en
possession tranquille de la vérité. Je pense que c'est un premier
constat qui se dégage. Non pas en matière de justification, mais
simplement pour tenter d'établir des notions claires.
Absence de leadership? Bien mon Dieu! c'est une question qui
reçoit beaucoup de publicité aujourd'hui. Absence de leadership?
C'est une question qui est traitée à l'occasion de toutes les
grandes campagnes électorales qui se déroulent à travers
le monde entier.
M. le Président, j'ai été l'homme le plus surpris
du monde lorsqu'à l'occasion des troubles de mai et juin 1968, on avait
osé mettre en doute le leadership du général de Gaulle.
C'est pour vous dire qu'en ce domaine...
M. BLANK: C'est peut-être pour cette raison qu'il est disparu.
M. MALTAIS (Limoilou): ... il ne faut pas trop se surprendre...
Absence de leadership. Je ne le pense pas. Le député de
Verdun a attribué ce problème, en ce qui concerne le
ministère de la Justice, au fait qu'il n'y avait de ministre de la
Justice à temps plein, dit-il; je ne pense pas que cette raison soit
valable, et il est quand même délicat pour moi, je n'insisterai
pas, de traiter le problème. Je crois bien qu'il en conviendra. Je ne
pense pas que cela soit valable, parce qu'en fait il y a un ministre de la
Justice, il y a également un Solliciteur général dont le
mandat est assez clair en vertu de la loi en ce qui concerne, à tout le
moins, les matières en vertu du code criminel; en ce qui concerne les
autres matières, il procède par voie de délégation
de pouvoirs.
Le député de Verdun a insisté pour parler de la
Sûreté provinciale. C'est peut-être ici qu'il a porté
sa plus forte accusation. Je ne peux comprendre sur quoi il se base pour porter
une semblable accusation. Le député de Verdun dit que le moral de
la Sûreté est à son plus bas. M. le Président, je ne
partage pas cet avis du député de Verdun. Et je devrai lui dire
ici que, s'il existe une administration de la justice quelque part en ce pays
qui a fait beaucoup pour relever le moral de la Sûreté, si tant
est que ce moral était affecté, et s'il l'était, ce
n'était pas à cause de l'attitude administrative. C'était
pour une série de facteurs qui ont pu mettre en cause, à certains
moments et je n'évoquerai rien ici de précis pour ne pas
faire de publicité plus qu'il n'y en a eue, hélas, en certaines
matières, et le député de Verdun sait fort bien à
ce moment de quoi je veux parler mais je suis conscient qu'au
ministère de la Justice, tout a été tenté, et avec
succès, pour apporter notre meilleure collaboration à notre
Sûreté provinciale, cet instrument si essentiel dans
l'administration de la justice. A preuve, cette convention collective
intervenue entre, d'une part, l'Association et, d'autre part,
le gouvernement, qui, je crois même si je ne suis pas un
expert en matière de droit ouvrier peut être citée
comme une convention modèle dans notre pays et probablement dans bien
des pays étrangers.
J'estime que du fait que nous avons revalorisé, en vertu de cette
convention, le rôle du policier dans le Québec, nous avons
contribué et c'était là un des moyens que nous
pouvions employer à relever considérablement ce moral si,
toutefois, il était atteint comme semblait l'insinuer le
député de Verdun.
Ce dernier souligne que ce moral était affecté du fait que
la politique s'immiscerait dans le travail de la justice et, pour toucher la
Sûreté, il faudrait qu'elle s'immisce et qu'elle aille s'immiscer
jusque dans les enquêtes de la Sûreté provinciale.
Politique partisane, sans doute, a-t-il voulu dire. Et il me demande de
bien vérifier auprès des membres de la sûreté, s'il
n'y aurait pas, par hasard, selon lui, concernant quelques enquêtes
actuellement en cours, et qui n'avanceraient pas, quelques membres du parti de
l'Union Nationale qui seraient en cause et qui seraient la cause des
retards.
M. le Président, je suis absolument à l'aise pour lui
répondre, quant à moi. Je dois lui dire qu'en cette
matière, je suis d'un scrupule extraordinaire. Et je ne sache pas que
celui qui est le ministre de la Justice ait un scrupule moindre en ces
matières. Je vérifierai sûrement. Je ne demande pas mieux.
Et s'il arrivait, ce dont je doute infiniment je le dis au
député qu'il se trouve quelques-uns de ces cas ou un seul
de ces cas, je peux lui donner ma parole que cela ne restera pas là.
M. WAGNER: J'apprécie ces commentaires du ministre. J'ajouterai
même qu'il m'est arrivé, dans le passé récent, en
Chambre, de porter certaines accusations au cours de la grève de la
Régie des alcools et je m'étais entendu avec le premier ministre
pour lui dévoiler les noms de personnes. Le premier ministre a obtenu
les noms et il a fait l'enquête désirée, à sa
satisfaction.
Dans le cas présent, je suis satisfait que le ministre veuille
faire son enquête, qu'il vérifie auprès des officiers de la
sûreté provinciale et qu'il s'assure, si tel n'est pas le cas,
s'il n'y a pas des cas où des enquêtes ont été
commencées, où des noms de partisans sont venus à la
surface au cours des enquêtes et que les enquêtes ont subitement
pris fin à cause d'interventions de membres du parti. Je me hâte
de souligner que ni le ministre de la Justice personnellement, ni le
solliciteur général ne sont en cause d'aucune façon.
Si le ministre n'est pas satisfait de son enquête, je m'engage
à lui dire privément, concernant qui et à quelles
occasions de telles enquêtes ont été faites et ont
été subitement interrompues.
M. MALTAIS (Limoilou): Je remercie le député de Verdun de
sa collaboration en la matière. Il peut être assuré que,
comme en toute autre circonstance, il saura trouver des personnes responsables
et conscientes de la gravité sous-jacente, je dirais, aux propos qu'il
vient de tenir.
Je ne m'attarderai pas tellement longtemps afin de passer poste par
poste, mais il y a quand même quelques autres commentaires sur lesquels
je voudrais revenir.
Le député de Verdun, évidemment, semble dire que
les fonctionnaires avaient beaucoup de mérite en dépit des
circonstances. J'admets qu'il ne nous a pas trop glorifiés, en tant que
ministre de la Justice et Solliciteur général en ce moment, mais
je dois lui dire qu'en dépit de ce fait, j'ai, pour ma part, beaucoup
d'estime pour l'équipe qui travaille avec moi et que j'aurais voulu vous
présenter, mais que le député de Verdun connaît
très bien. Je pense que je puis m'en exempter.
M. PEARSON: J'allais justement vous le demander, M. le Ministre, parce
que nous sommes quelques-uns qui ne les connaissons pas et...
M. MALTAIS (Limoilou): Avec plaisir.
M. PEARSON: Je me demande s'il vous serait possible de...
M. MALTAIS (Limoilou): II me fait grand plaisir de vous présenter
le sous-ministre Du-bé qui a remplacé Me Julien Chouinard, comme
vous le savez, au poste de sous-ministre de la Justice.
J'ai à mes cotés M. Larose, qui est le sous-ministre
à l'administration. J'ai le nouveau sous-ministre, également,
chargé des affaires criminelles, Me Boisvert qui a remplacé
Melville Dionne. Le sous-ministre chargé des affaires civiles,
également, que vous connaissez, un avocat de Québec, M.
André Desjardins. Tout le monde le connaît bien, je crois.
André Desjardins, avocat de Québec, est au
ministère depuis quelques mois à peine.
M. WAGNER: Y a-t-il des sous-ministres de Montréal, par
hasard?
M. MALTAIS (Limoilou): Nous en reparle-
rons tout à l'heure.
M. Saint-Pierre, qui est le directeur de la Sûreté
provinciale.
UNE VOIX: Où demeure-t-il, M. Saint-Pierre?
UNE VOIX: Dans Rosemont.
M. MALTAIS (Limoilou): M. Tellier, qui est l'assistant de M.
Saint-Pierre. M. Noël, qui est l'administrateur chargé du budget.
M. Dufour, qui est le directeur du bureau d'administration du code de la route.
M. Beauchamp, qui est comptable et contrôleur, comme vous le savez, M.
Boisvert. M. le juge Roger Gosselin, président de la commission de
police. M. Gauthier, qui est le directeur du service de probation et des
maisons de détention. Me Gérard Doyon, qui est le directeur du
bureau de la Régie des alcools. Vous avez également Jean-Marie
Dussault, qui est le directeur du service des affaires civiles. Me Paul-Emile
Crépeau, de l'Office de revision du code civil. Me Crépeau,
excusez-moi, je ne vous avais pas vu. Me Crépeau, qui est le
président de l'Office de revision du code civil et qui était
justement ici ce matin à nous entretenir du bill 10, la deuxième
séance.
M. HOUDE: ... membre de l'Union des artistes.
M. MALTAIS (Limoilou): M. Lacouline, qui fait partie du service de
l'équipement avec M. Lemelin. Il y a un sous-ministre qui est absent,
c'est M. Claude Rioux, à la législation. Il y a également
M. Lemelin qui est le chef ou le directeur ou l'un des administrateurs du
service de l'équipement. Alors, ce sont les membres de l'équipe
avec lesquels nous travaillons jour après jour. Je dois dire que nous le
faisons dans une très grande harmonie, dans une très grande
compréhension. Je les remercie ici, incidemment, de la collaboration
magnifique qu'ils apportent au service de l'administration de la justice.
Quant au sous-ministre à Montréal, disons si cela
peut faire plaisir au député de Verdun que la question
n'est pas éludée. Mais avec la structuration un peu nouvelle des
procureurs permanents, avec la loi nouvelle, avec la nouvelle convention de
travail si on peut l'appeler ainsi qui est intervenue
créant un statut un peu spécial pour les procureurs ce
qu'on appelle la justice debout disons qu'à cause du statut
spécial et considérable qu'on a donné, comme en convient
le député de Ver- dun, à celui qui est procureur-chef de
la couronne à Montréal, Me Louis Paradis, et en présence
de certaines autres recherches qui se font également dans ce domaine...
Nous avons eu également le rapport de la Société
Ducharme.
M. WAGNER: Je voudrais justement poser des questions sur le rapport
Ducharme.
M. MALTAIS (Limoilou): Oui. Disons que ce sont autant de raisons qui ont
retardé, du moins jusqu'à maintenant, la prise en
considération de la nomination d'un nouveau sous-ministre pour le
district de Montréal.
M. WAGNER: Le ministre est-il fermement convaincu que ces raisons
justifient le refus du gouvernement de nommer un sous-ministre à
Montréal?
M. MALTAIS (Limoilou): Je voudrais dire que le ministre en ces
circonstances consulte énormément ses fonctionnaires
Immédiats et c'est à la suite des lumières que ces
derniers apportent qu'il peut prendre une décision. Disons qu'il ne se
sent pas suffisamment éclairé pour prendre une décision,
dans ce sens-là, pour le moment.
M. WAGNER: C'est bien.
M. MALTAIS (Limoilou): Il y a eu également le problème du
dédoublement des procureurs permanents. Le député de
Verdun a soulevé toute la question de la permanence des procureurs.
Evidemment, c'est une politique qui servait à dépolitiser,
à mon point de vue, c'était un objectif louable, en tout cas, que
nous avions et que nous avons conservé. Ce n'est pas nous qui l'avons
inauguré, c'est son gouvernement. Nous avons continué vers le
même objectif, vers la même tendance. Je crois que, comme
idéal, c'est sûrement un bel idéal au point de vue de
l'administration de la justice, surtout en matière criminelle que de
dépolitiser cette fonction du procureur permanent.
Et avec la nouvelle politique qui s'instaure de demander aux procureurs
de la couronne d'aller plaider, non seulement dans un endroit particulier, mais
de se déplacer d'un district à l'autre, je crois que ça
peut, à ce moment-là, donner encore plus de stabilité
à leur fonction.
Je sais qu'il peut y avoir des avantages à ce moment-là.
Le député suggère qu'il y ait des procureurs qui soient
également nommés à temps partiel et qu'on
établisse, à ce moment-là, à la lumière de
son expérience... Il nous fait
une suggestion qui est peut-être... Evidemment, le problème
existe à l'heure actuelle, et nous avons en fait des procureurs à
temps partiel. Faudrait-il qu'il y ait dans certains districts où nous
avons presque exclusivement des procureurs permanents, qu'il y ait à
côté, une équipe plus ou moins restreinte de procureurs
à temps partiel pour obvier aux difficultés ou aux
désavantages qu'il a lui-même soulignés? C'est
peut-être une possibilité de concevoir une nouvelle politique dans
ce domaine, une nouvelle orientation. Disons que je ne mets pas de
côté ses suggestions en ces matières. Elles sont toujours
les bienvenues, les suggestions du député de Verdun.
Quant à la Sûreté, je ne voudrais pas m'attarder
longuement sur cette question, j'ai dit ce que j'en pensais tout à
l'heure. Au point de vue de l'administration de la Sûreté, qu'il y
ait ce qu'on appelle du « red tape » de la paperasse, beaucoup de
pas à accomplir avant d'en arriver à une action concrète
dans bien des cas, c'est possible. Mon sous-ministre me fait remarquer que dans
cette matière, évidemment, il y a également le rapport
Ducharme. La société Ducharme a été appelée
à faire une étude des structures et de l'efficacité au
point de vue administratif. Il est possible qu'à la suite de ce rapport,
qui est à l'étude à l'heure actuelle, nous puissions
arriver quand même à éliminer bien de ces tracasseries
administratives qui, dans bien des cas, s'avèrent préjudiciables
aux justiciables.
Quant aux questions de salaires, disons que nous y reviendrons plus
rapidement. Le député a posé certaines questions, il s'est
étonné du fait qu'un lieutenant gagnerait moins qu'un caporal. Je
pourrai quand même lui faire connaître immédiatement les
échelles. Prenons les sergents, par exemple. Vous avez l'agent, le
caporal. Pour l'agent, le salaire proposé en vertu de la convention
actuelle, je crois que c'est le salaire qui est devenu en vigueur. J'ai une
échelle dans la convention qui correspond...
M. WAGNER: Je comprends que la revision des salaires est en train de se
faire, tout ce que je voudrais savoir, est-ce exact...
M. MALTAIS (Limoilou): En vertu de la revision...
M. WAGNER: Non, avant.
M. MALTAIS (Limoilou): Ah! avant la revision.
M. WAGNER: Est-ce exact que le lieute- nant est moins payé que
son subalterne? Moins bien payé.
M. MALTAIS (Limoilou): Bien, moi ici, j'ai: capitaine et lieutenant,
$9,378...
M. WAGNER: Caporal?
M. MALTAIS (Limoilou): ... jusqu'à $9,678. Caporal: $7,627
à $7,927. Le sergent $8,451 à $8,751.
M. WAGNER: Oui, mais c'est proposé, cela.
M. MALTAIS (Limoilou): Non, c'est le salaire actuel. Salaire
proposé. Je voudrais bien que nous nous comprenions. En vertu de la
convention signée, du contrat de travail intervenu...
M. WAGNER: M. le Président, je ne suis pas tellement
intéressé à la convention. Je veux simplement savoir si
les faits sont exacts, actuellement, sans la convention, sans parler de ce
qu'elle propose. Est-il exact que le lieutenant a un salaire moins
élevé que le caporal à qui il donne des ordres? C'est
simplement cela. Je ne voudrais pas faire mentir le lieutenant.
M. MALTAIS (Limoilou): Le député de Verdun a a la fois
raison et tort. Il a raison dans les faits. C'est-à-dire que pour une
partie, jusqu'au capitaine et au lieutenant, disons que la convention est en
vigueur. Quant à l'échelle de salaires, elle est en discussion
quant aux officiers supérieurs de sorte que, d'une part, vous avez le
salaire du caporal en vertu de la nouvelle convention, son salaire actuel est
de $8,800 à $9,200 et, d'autre part, parce que la négociation
n'est pas terminée aux échelons supérieurs, vous avez le
salaire actuel du capitaine de $9,378 et du lieutenant à $9,678. Alors,
on voit que la variante n'est pas considérable.
M. WAGNER: Cette revision-là va contribuer à
atténuer...
M. MALTAIS (Limoilou): C'est sûr.
M. WAGNER: ... les malaises à l'intérieur de la
Sûreté.
M. MALTAIS (Limoilou): Je pourrais l'indiquer immédiatement,
c'est que les prévisions ici seraient de $11,000 pour le capitaine et
$11,400 pour le lieutenant. Avec l'effet rétroactif pour ces
derniers.
M. WAGNER: Maintenant, peut-être pourrions-nous disposer
immédiatement de l'autre article. Quant au surtemps, est-il exact?
M. MALTAIS (Limoilou): La convention n'en prévoit pas.
M. WAGNER: La convention ne prévoit pas de surtemps. Est-ce que
le ministre ne croit pas que c'est là quelque chose d'essentiel. Comment
voulez-vous qu'un officier de police fasse du travail de 9 heures à 5
heures? Il arrive au milieu de son enquête, un meurtre survient, au
moment où il arrive à la porte du domicile de la pauvre victime,
il s'aperçoit qu'il est 5 heures, il dit: Je ne fais pas de surtemps
parce que je ne suis pas payé. Est-ce cela?
M. MALTAIS (Limoilou): Non, je ne le pense pas. Il faudrait que je
consulte, à ce moment-ci, le directeur de la Sûreté pour
avoir une réponse précise. Je ne voudrais pas m'engager...
M, WAGNER: En principe, cela me semble bien simple.
M. MALTAIS (Limoilou): En principe il n'y a pas de surtemps. Maintenant,
il semble que cela n'empêche pas en aucune façon l'officier de
continuer de compléter sa journée parce que ce serait du
surtemps, mais en fait ce n'en est pas.
M. WAGNER: Oui, je comprends, il faut se fier au zèle et à
la bonne volonté de l'officier de police. Est-ce que ce n'est pas lui en
demander un peu trop? On peut demander cela au Solliciteur
général, mais demander cela à tous les officiers de police
de faire dû surtemps sans être payés.
M. MALTAIS (Limoilou): Enfin, pour avoir accepté la clause telle
quelle, j'ai l'impression que des discussions ont dû intervenir en vertu
desquelles on s'est entendu sur un modus vlvendi qu'il n'était pas du
surtemps...
M. WAGNER: Est-ce qu'il y a des compensations?
M. MALTAIS (Limoilou): En temps.
M. WAGNER: En temps, c'est ce que je disais tout à l'heure.
M. PAUL: Des décorations futures.
M. BLANK: Il ne faut pas miser sur cela.
M. MALTAIS (Limoilou): Est-ce que cela répond à la
question?
M. WAGNER: Oui, cela confirme un autre point que j'avais soulevé
et qui semble avoir été une source de malaises à
l'intérieur de la Sûreté. Ce n'était pas du
qu'en-dira-t-on, c'était fondé.
M. MALTAIS (Limoilou): Le député m'apprend ce malaise
parce que je ne sache pas qu'il soit monté jusqu'au niveau de
l'administration.
Alors, le député de Verdun a aussi soulevé
différentes autres questions, nous pouvons peut-être passer
immédiatement à la partie plus aride peut-être des
prévisions budgétaires et je tenterai de lui apporter les
réponses les plus précises au fur et à mesure du
déroulement de nos discussions.
M. LE PRESIDENT: Alors, nous appelons immédiatement le poste
budgétaire 1: Administration.
M. WAGNER: Le Solliciteur pourrait-il nous dire quand le sous- ministre
chargé des affaires criminelles a quitté ses fonctions?
M. MALTAIS (Limoilou): Voici une suggestion que je fais à
l'Opposition, au député de Verdun et aux membres de la
commission. Nous pourrions peut-être passer, article par article, quitte
à revenir aux questions. Parce que cela nous amènerait aux
affaires criminelles immédiatement, si le député de Verdun
n'a pas d'objection. Je peux bien lui donner la réponse
immédiatement.
M. WAGNER: Si vous pouvez me donner cette réponse-là,
c'est probablement l'une des seules questions que nous avons à poser,
alors vous pourrez adopter le poste au complet.
M. MALTAIS (Limoilou): On me dit que ce serait le 6 mal.
M. WAGNER: Est-ce qu'il a démissionné de ses
fonctions?
M. MALTAIS (Limoilou): II a sûrement du donner sa
démission. La démission a sûrement dû être
acceptée puisqu'il a été nommé juge par la
suite.
M. WAGNER: Est-ce que le Solliciteur général peut nous
dire en quelles circonstances et pour quelles raisons? Parce que, si ma
mé-
moire est fidèle, M. Dionne n'avait été en fonction
que depuis un an à peu près, et d'après ce que J'avais
constaté, il faisait très bien son travail au ministère.
Nous étions à quelques semaines de l'étude des
crédits du ministère de la Justice, il a dû survenir
quelque chose pour l'amener à démissionner.
M. MALTAIS (Limoilou): Je vais enlever un premier doute qui pourrait
naître dans l'esprit du député de Verdun. C'est qu'il n'est
sûrement rien survenu entre, d'une part, le sous-ministre aux affaires
criminelles, M. André Dionne, et celui qui vous parle. C'est un bon ami
que j'estimais beaucoup et qui a fait un excellent travail pendant toute la
période qu'il a été là.
M. WAGNER: Entre le ministre de la Justice et M. Dionne?
M. MALTAIS (Limoilou): Je dois dire, justement à ce stade,
j'arrive à son interrogation. C'est qu'il sait lui-même
qu'à ces deux niveaux, peut-être je ne pense pas le lui
apprendre le poste de sous-ministre ainsi que la nomination du juge,
cela relève du ministre de la Justice. En ce qui concerne la nomination
de juge, cela relève du ministre de la Justice, mais en ce qui concerne
le poste de sous-ministre, cela relève directement du premier ministre
lui-même.
M. WAGNER: Je comprends tout cela. Je voudrais bien que ce soit clair.
Je ne pose pas cette question parce que je doute des capacités, au
contraire, je trouve que c'est une excellente nomination à la
magistrature, et la magistrature et la population s'en réjouiront.
D'autre part, il y a des circonstances qui nous semblent difficiles à
expliquer. La réponse du Solliciteur général ne nous donne
pas entière satisfaction.
M. MALTAIS (Limoilou): Non, mais, je suis obligé à ce
moment-ci...
M. WAGNER: S'il me dit: C'est dans l'intérêt public que je
ne le dévoile pas; alors j'accepterai.
M. MALTAIS (Limoilou): Si le député de Verdun aime les
ouï-dire, je peux lui donner une réponse. S'il n'aime pas les
ouï-dire...
M. WAGNER: Je veux la meilleure preuve possible.
M. MALTAIS (Limoilou): La meilleure preu- ve, à ce
moment-là, disons qu'il réservera sa question, il pourra
peut-être la poser directement au ministre de la Justice. Je suis
convaincu qu'il lui répondra très honnêtement.
M. WAGNER: Maintenant, est-ce que le Solliciteur peut expliquer comment
il se fait que ce juge a été nommé à
Montréal, avec juridiction à la cour Provinciale de
Montréal, alors qu'il était lui-même un expert en droit
criminel et qu'on se serait entendu pour qu'il soit nommé à la
cour des Sessions? Deuxièmement, ayant sa résidence à
Québec, il est nommé a Montréal avec résidence
à Montréal, et subsé-quemment, on lui transfère sa
résidence à Québec et on l'oblige à siéger
à Montréal, tout cela est curieux.
M. MALTAIS (Limoilou): On m'informe que c'est un domicile élu
temporairement à Montréal et ce fait ne peut en aucune
façon changer son statut si son domicile n'avait pas été
changé et s'il continuait à être à
Québec.
M. WAGNER: Est-ce que je comprends que le juge a maintenant élu
domicile à Montréal?
M. MALTAIS (Limoilou): On me dit que M. le juge Gold avait
insisté pour qu'il y ait un juge particulièrement attaché
à Saint-Jérôme oïl le besoin s'en fait
extrêmement sentir et que c'est à la suite de cette demande
répétée que nous avons cru bon de lui donner un domicile
temporaire à Montréal afin qu'il puisse immédiatement,
c'est-à-dire le plus tôt possible aller siéger à
Saint-Jérôme.
M. BLANK: A Saint-Jérôme, c'est le district de
Terrebonne.
M. MALTAIS (Limoilou): Bien, c'est le district de Terrebonne, maintenant
je crois qu'il y a des juges qui...
M. BLANK: Il y a des juges à Saint-Jérôme, mais
est-ce qu'on peut en avoir...
M. MALTAIS: Bien disons que j'ai parlé de temporaires.
M. WAGNER: Est-ce que le Solliciteur me dit que le juge a élu
domicile temporairement à Montréal? Lui a-t-on donné un
domicile temporaire à Montréal par arrêté en
conseil? C'est cela?
M. MALTAIS (Limoilou): Bien, par arrêté en conseil, autant
que...
M. WAGNER: Cela n'a pas été changé par la
suite.
M. MALTAIS (Limoilou): Je crois que par la suite cela a
été changé.
M. WAGNER: Bon, c'est cela...
M. MALTAIS (Limoilou): Egalement par arrêté en conseil,
c'est qu'on est revenu au domicile de Québec.
M. WAGNER: C'est cela. Alors le 7 mai 1969, on le nomme à la cour
Provinciale de Montréal, avec domicile dans la ville de Montréal?
La semaine suivante, le 14 mai...
M. MALTAIS (Limoilou): Un nouvel arrêté...
M. WAGNER: On lui donne, par un nouvel arrêté, un domicile
à Québec?
M. MALTAIS (Limoilou): Oui.
M. WAGNER: Mais, on le conserve à Montréal quand
même?
M. MALTAIS (Limoilou): Oui.
M. WAGNER: La question est celle-ci. Est-ce que le Solliciteur
général croit que c'est à l'avantage des contribuables,
des justiciables qu'un juge soit nommé à Montréal et qu'il
ait résidence à Québec?
Je ne parle pas du président de la commission de police.
M. MALTAIS (Limoilou): Disons que, par exception, je ne me formaliserai
pas personnellement à cette situation. Par exception et pour une
période temporaire.
M. WAGNER: Pourquoi l'exception et la période temporaire?
M. MALTAIS (Limoilou): C'est parce que nous avons besoin à ce
moment-ci, je pense bien, de juges itinérants en quelque sorte.
M. WAGNER: Est-ce qu'on a besoin d'un juge itinérant au point
d'obliger le trésor public à payer ses frais de voyages de
Québec à Montréal quotidiennement?
M. MALTAIS (Limoilou): En autant que je sache... Qu'est-ce que c'est la
véritable histoire?
M. WAGNER: N'y allons pas par quatre chemins.
M. MALTAIS (Limoilou): Je sais, Dieu sait si je n'ai pas de cachette
là-dedans! Je voudrais donner toutes les explications les plus
plausibles, mais les explications que je possède, qu'on me donne, c'est
qu'il va remplacer temporairement le juge Thinel qui est absent et qui
préside une commission. C'était d'abord en prévision.
C'était pour cela; le juge Côté n'est pas très bien
et puis, comme il n'y avait qu'une vacance possible, eh bien...
M. BLANK: C'est-à-dire qu'il y a deux juridictions.
M. MALTAIS (Limoilou): Pardon, oui bien l'autre a eu deux juridictions,
c'est-à-dire que le juge Dionne a les deux juridictions.
M. WAGNER: Qu'il y ait des raisons, là je ne pousse pas
davantage, mais je voudrais simplement que le Solliciteur général
nous assure que le ministère de la Justice ne sera pas appelé
à payer les frais de voyage d'un juge avec résidence à
Québec et qui va siéger à Montréal.
M. MALTAIS (Limoilou): Bien sûr que nonl Ce n'est que temporaire,
surtout en ce qui concerne la région de Montréal et le district
de Terrebonne.
M. WAGNER: Est-ce que cela veut dire que lorsque le juge Thinel aura
terminé son enquête, le juge Dionne reviendra siéger
à Québec, à la cour Provinciale?
M. MALTAIS (Limoilou): Bien je le pense. C'est que je ne voudrais pas
ici quand même dire qu'il ne se pourrait pas cela
empêcherait de ce fait que le juge, à l'occasion, suivant les
besoins, siège à Baie-Comeau ou même à Roberval ou
dans une autre partie du district de Québec, ou enfin dans la
région de l'Est du Québec.
M. WAGNER: Bien.
M. BLANK: Là, l'administration...
M. LE PRESIDENT; Poste budgétaire 1, article 1, adopté?
Article 2.
M. BLANK: La question du code de la route, il y a une augmentation des
honoraires de $245,000 à $600,000, cela a plus que doublé. Pour
quelles raisons?
M. MALTAIS (Limoilou): Je vais tenter de donner une explication
immédiate. L'augmentation prévue pour 69/70 de 30,000 causes,
à
$12 environ pour chacune en moyenne: $355,000. Alors, si vous voulez par
exemple, au sous-article 3 de l'article 2: Honoraires.
Ces honoraires sont payés aux avocats mandatés pour les
causes relatives à la loi du code de la route.
Prévisions pour 69/70: 50,000 causes à $12 en moyenne
chacune, soit$600,000, suivant les estimations budgétaires de
l'année en cours. Les prévisions pour l'année 68/69
avaient été de 20,000 causes, soit environ $245,000 à $12
en moyenne par cause. Donc, l'augmentation prévue en causes pour 69/70
est de 30,000 causes à $12 en moyenne chacune, pour un montant
additionnel de $355,000.
L'explication en est qu'à la suite de la mécanisation, la
majorité du temps travaillé par ce service le bureau de
code de la route a été consacré à l'envoi
des avis sommaires. Les poursuites ont donc
éténégligées pendant l'année 68/69. C'est
pour cette raison que le retard accumulé dans ce domaine sera
compensé cette année. Par conséquent, le ministère
prévoit une augmentation d'environ 30,000 causes dans ce domaine.
M. BLANK: Combien de cause d'après le code de la route y a-t-il
dans le district de Montréal? La raison pour laquelle je pose la
question c'est parce qu'à Montréal, de plus en plus, on a des
avocats de la couronne permanents; est-ce que ce n'est pas plus payant pour la
province de nommer un procureur permanent à Montréal et à
Québec pour les causes concernant le code de la route?
M. MALTAIS (Limoilou): Je dois dire au député
qu'actuellement nous ne sommes pas tellement renseignés quant aux
statistiques. Je le regrette. J'aurais aimé lui donner la
réponse, peut-être pouvons-nous l'avoir approximativement. Mais je
dois lui dire que c'est parce que le bureau a dû s'équiper
beaucoup à cause de la mécanisation, à cause d'un nombre
d'avis sommaires qui étaient pendants et à cause aussi du
très long délai au point de vue de la prescription de deux ans.
Tout cela fait en sorte qu'avec l'augmentation des infractions, il y eu une
accumulation d'avis sommaires à envoyer, et cela a paralysé en
quelque sorte pour établir des statistiques.
Si le député me le permet, je pourrai peut-être
retenir sa question et nous tenterons de lui donner satisfaction.
M. BLANK: Ce n'est pas seulement une question de chiffres. Il y a trois
ou quatre ans, nous avions le même système au
fédéral que nous avons maintenant au provincial pour le district
de Montréal; pour toutes les causes fédérales, cas mineurs
ou des cas d'importance, on a toujours nommé des avocats spéciaux
à $12 par cause. Depuis trois ou quatre ans, le gouvernement
fédéral a des avocats permanents à Montréal qui
s'occupent des grandes causes, mais aussi des causes mineures, n'importe quoi.
Je ne sais pas pourquoi le gouvernement provincial veut dépenser de
l'argent, inutilement quand il a des avocats permanents au palais de justice de
Montréal qui peuvent s'occuper des causes du code de la route. Dans ma
pratique, je suis souvent au palais de justice; je vous garantis que sur 95%
des causes concernant le code de la route on plaide coupable. A
Montréal, nous avons un système qui fait que ces causes sont dans
l'après-midi, pour les comparutions et je dois dire que la plupart des
avocats provinciaux de la couronne, sont libres dans l'après-midi, et ne
prendraient pas beaucoup de leur temps pour s'occuper des causes.
Je ne sais pas pourquoi nous ne pourrions pas faire la même chose
en dehors, dans les petites villes. Mais, dans les grands centres comme
Montréal et Québec, je ne vois pas pourquoi les avocats
permanents ne s'occupent pas de toutes les clauses qui viennent du
ministère de la Justice de Québec. On pourrait épargner
des millions. Parce que, maintenant, chaque ministère nomme des avocats
pour la chasse et la pêche, pour des infractions au code de la route,
pour des infractions à l'agriculture. On nomme des avocats qui ne sont
pas des spécialistes. On n'a pas besoin de spécialistes dans des
causes semblables. Peut-être pourrions-nous nommer des avocats de la
couronne, des jeunes, qui ne sont pas payés au même salaire que
les autres pour s'occuper de causes semblables? Même si on essaie de
faire plaisir à des avocats, les avocats ne sont pas tellement
intéressés à prendre des causes de $12.
Je me souviens que j'ai été nommé une fois par le
gouvernement fédéral pour des causes d'impôts. Il
m'envoyait des causes presque toujours contre les mêmes personnes, deux
fois par mois. Il me payait $15 par cause. Cela ne me paie pas de passer un
après-midi ou une matinée au palais de justice pour $15. C'est la
même chose ici. Le seul moyen, c'est de faire faire ce travail par les
avocats permanents de la couronne, dans les grands centres.
M, MALTAIS (Limoilou): Je suis content de la remarque du
député de Saint-Louis. D'abord, cela existe dans certains
districts où il y a, pour le procureur permanent qui n'est pas
surchargé de travail, le cumul de toutes ces
causes, également. Donc, ilI n'y a pas d'honoraires
spécifiques, en plus de payer pour ces causes. Je donnerai un exemple,
La Tuque.
A Montréal, je ne sais pas jusqu'à quel point il peut y en
avoir. A tout événement, on m'apprend qu'un procureur sera
nommé et on fera l'expérience dans la région de
Montréal, à cet effet.
Il y a une autre chose qui pourra peut-être aider, aussi. C'est
une idée personnelle que je donne, j'en al parlé aux officiers du
ministère et je ne sais pas ce que le député de Verdun en
pense, aussi bien que le député de Saint-Louis et mes autres
collègues. Je crois que ceci aiderait peut-être les avocats. Le
député dit: Quand j'arrivais avec une ou deux causes, à
$15, c'est évident que ce n'était pas payant, aller perdre sa
journée au palais de justice pour attendre. Mais, il arrive, en vertu de
la prescription actuelle qui est tellement longue, que les avocats pouvaient
empiler les dossiers et, à un moment donné, se présenter
une journée avec une trentaine de causes. Là, ils trouvaient leur
compte.
Il y a peut-être un moyen d'obvier à cela, c'est de
réduire la prescription. Pour ma part, je trouve que la prescription de
deux ans est beaucoup trop longue. Je ne sais pas ce que le
député de Verdun en pense...
M. WAGNER: On peut la supprimer complètement, aussi!
M. BLANK: La prescription de deux ans ne donne aucune chance pour faire
une défense. Il n'y a personne qui puisse...
UNE VOIX: C'est juste.
M. BLANK: ... rouler ou passer, à un moment donné, sur la
route, près de Val-Alain où on a installé un radar...
Franchement, c'est toujours à la même place...
M. MALTAIS (Limoilou): Je dois vous dire que j'en ai parlé, entre
autres, avec le directeur, du bureau du code de la route, Me Dufour.
J'étais d'avis que cela devrait être d'une durée
égale à celle prévue par la loi de la Régie des
alcools. C'est quatre mois. Il m'a dit, à son point de vue, que cela
devrait être au moins six mois. Six mois, ce serait raisonnable.
Alors, de deux ans à six mois. Le bonhomme qui a commis une
infraction et qui reçoit, son avis un an et demi aprês.je n'ai pas
besoin de vous dire qu'à ce moment-là...
M. PEARSON: J'aurais une question à poser au ministre. Les villes
étant les créatures du gouvernement, je n'ai jamais compris
pourquoi il ne pourrait pas y avoir une espèce de coordination ou une
uniformisation soit des amendes, soit des montants à payer ou des genres
d'infractions au code de la route, par exemple, en classifiant les
différentes infractions. Pour une infraction au stationnement, partout
dans la province, une municipalité devrait exiger tel montant.
Même chose pour la vitesse, même chose pour les défauts
mécaniques pour éviter que quelqu'un qui se fait arrêter
pour vitesse ou qui brûle un feu rouge dans une municipalité ait
à payer tant de dollars d'amende et que, dans une autre, il doive payer
quatre fois plus.
Il faudrait également une uniformisation pour éviter que
ceux qui font une infraction au code de la route dans une municipalité,
s'ils sont à 200 milles de chez eux cela peut arriver
à ce moment-là le policier leur dit: Vous pouvez régler
ça tout de suite ou bien revenir seulement dans deux semaines. Je trouve
que ce sont des choses qui n'ont pas de sens. N'y aurait-il pas moyen d'avoir
une uniformisation à la grandeur de la province soit par la
sûreté provinciale, par exemple, pour que, dans toutes les
municipalités, il y ait quelque chose de raisonnable et
sensé.
M. MALTAIS (Limoilou): Je suis bien d'accord avec le
député, seulement il existe actuellement un comité
spécialement chargé d'étudier toute cette
législation du code de la route. Je crois que ce sera peut-être un
magnifique endroit... Je ne sais si le député de Fabre en fait
partie. Le comité n'a pas fini de siéger à l'heure
actuelle, et ce serait l'endroit pour faire une suggestion de cette nature. Il
n'y a aucun doute qu'idéalement parlant ce serait la meilleure des
choses. Il y a certaines infractions, dans mon esprit, à première
vue j'entends, par exemple, une défectuosité
mécanique à ce moment-là je ne crois pas que
ça puisse créer de problèmes majeurs à un endroit
plutôt qu'à un autre. Donc ça pourrait peut-être
traité sur un même pied et au même niveau de la marge. Quant
à d'autres sortes d'infraction, brûler un feu rouge, à
certains endroits disons que ça peut avoir plus de conséquences,
dans la ville de Québec par exemple, que dans une ville où les
rues sont très larges, etc. A ce moment-là, j'ai l'impression que
les municipalités y verraient des objections. Je suggère au
député de soumettre cettte question fort pertinente au
comité qui étudie actuellement toute la législation du
code de la route.
M. LE PRESIDENT: Le poste budgétaire 2, adopté. Le poste
budgétaire 3?
M. WAGNER: Au poste budgétaire 3, le ministre pourrait-il nous
dire si un conseil d'administration a été mis sur pied à
la Régie des alcools, qui en fait partie et quels sont les
traitements?
M. MALTAIS (Limoilou): Le conseil d'administration, je ne sais pas si
cela relève du ministère des Finances, c'est parce que c'est la
partie commerciale et je crois... Maintenant j'aimerais bien pouvoir donner le
renseignement au député, mais je ne crois pas que je l'aie ici.
C'est que les membres ne sont pas payés à même les
crédits budgétaires du ministère.
M. PEARSON: A ce sujet-là, j'aurais une question à poser.
Ce qui me surprend, c'est qu'il n'y a rien au sujet de la publicité. Je
suggérerais qu'on fasse un peu de publicité pour éduquer
le public parce que tous les députés, comme tous les hommes
publics, se font approcher un jour ou l'autre, comme cela m'est
déjà arrivé, les gens ont l'impression que, pour obtenir
un permis de la Régie des alcools, ça peut coûter $2,000 ou
$3,000 ou quelque chose du genre. Il y a des gens qui se spécialisent au
jeu suivant: aussitôt qu'ils voient publier une demande de permis
à la Régie des alcools, ils se dépêchent à
faire objection tout de suite à la demande de permis et vont rencontrer
le demandeur pour lui exiger un certain montant. Si nous faisions un peu de
publicité pour éduquer les gens en leur disant tout simplement,
premièrement, que ces objections-là ou que ces gens qui les
approchent n'ont aucune espèce d'influence sur la décision du
juge.
Encore récemment cela s'est produit, quelqu'un me disait: Je suis
prêt à donner $2,000 ou $3,000 pour un permis. Ce qui se produit,
c'est que si nous leur disons que ça ne coûte rien pour avoir un
permis si ce permis est justifié, vous allez l'avoir nous
passons pour des imbéciles et des naïfs. Les gens nous disent: Si
vous ne le prenez pas, ce sera un autre qui l'aurai Je crois que ce ne serait
pas de l'argent jeté à l'eau si nous incluions un peu de
publicité sous cet article-là, pour la Régie des alcools,
pour renseigner un peu les gens. Les gens ont l'impression qu'il faut que
ça se passe en dessous du tapis, ces choses-là. Y a-t-il des
normes d'établies pour l'obtention des permis?
M. WAGNER: II y a déjà de la publicité, il y a un
slogan qui s'intitule: « Mettez du plaisant! »
M. THEORET: Est-ce que le député laisse entendre: «
Mettez-y du foin »?
UNE VOIX: Certainement.
M. MALTAIS (Limoilou): Alors, voici réponse à votre
question. D'abord, le directeur de ce bureau de la régie, Me Doyon,
m'informe qu'actuellement il y a des enquêtes en cours au sujet de
certaines rumeurs à l'effet que des gens seraient obligés,
seraient en quelque sorte pénalisés parce qu'ils ne connaissent
pas la procédure pour aller devant la régie. Alors, il y a, d'une
part, une enquête en cours. D'autre part, on m'informe c'est le
sous-ministre qui me dit ça Me Dubé me dit qu'il a
demandé au président de la régie de codifier les
règles en vertu desquelles on peut se présenter ou obtenir un
permis de façon que ça puisse être publié, que tout
le monde soit averti et avisé en conséquence et sache à
quoi s'en tenir.
M. PEARSON: Ce serait excellent parce qu'en même temps, en somme,
les hommes publics... Quelqu'un obtient une licence, et quelquefois les gens
ont l'impression que c'est le député ou c'est tel homme public
sans aucune preuve, sans absolument rien qui obtient ça
parce qu'il se sert un peu de son influence.
M. MALTAIS (Limoilou): Très bien!
M. PEARSON: Alors le public n'est pas au courant. Ils sont sous
l'impression... ce n'est pas seulement pour la Régie des alcools, c'est
pour différentes autres régies, certains autres permis.
M. MALTAIS (Limoilou): Cela s'applique à bien d'autres cas.
M. LE PRESIDENT: Article 3, adopté. M. WAGNER: Article 3,
adopté.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 2: Affaires criminelles:
article 1: Contentieux criminel.
M. WAGNER: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 2: Procureurs de la
couronne.
M. WAGNER: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 3: Coroners et
commissaires-enquêteurs.
M. WAGNER: Non, honoraires n'est-ce pas? J'avais compris coroners. C'est
honoraires.
M. MALTAIS (Limoilou): Au sous-article 3, article 1, oui.
M. WAGNER: Ah, non, non! Lorsque je vous dis, M, le Président,
adopté c'est parce que je considère: Poste budgétaire 2;
Affaires criminelles; article 1: Contentieux criminel; sous-article 1:
Traitements et indemnités. Adopté. Sous-article 2: Frais de
voyage. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Très bien! Très bien! D'accord!
M. WAGNER: Sous-article 3: Honoraires. Adopté. Sous-article 4:
Matériel. Adopté. Poste budgétaire 2: Affaires
criminelles; article 2: Procureurs de la couronne. Là ce n'est pas
adopté tout de suite.
Il y a plusieurs questions que nous désirons soulever sous ce
chapitre. Nous avons constaté, en particulier, que chez les procureurs
de la couronne il s'est produit depuis deux ans une sorte d'exode des
procureurs les plus compétents. Non pas que ceux qui sont actuellement
en fonction ne le sont pas, bien au contraire, mais certains procureurs qui
étaient devenus experts dans leur domaine ont coup sur coup
quitté le contentieux criminel, abandonné leur poste de procureur
de la Couronne pour se diriger, soit dans la pratique privée, soit comme
conseillers à la Sûreté de Montréal ou ailleurs. Je
veux juste souligner quelques noms qui me viennent à l'esprit, par
exemple, MM. Rumaneck, Chadley, Melançon, Ledoux, M. Michel
Côté, tous des gens qui formaient équipe et qui ne
regardaient pas leurs heures de travail et qui se spécialisaient
particulièrement dans le domaine des faillites et qui étaient
accessibles à la population dans le domaine des poursuites. Or,
aujourd'hui, on se rend compte qu'à moins qu'une cause ne soit
déjà préparée par la Sûreté municipale
ou provinciale, la couronne ne l'accepte pas, particulièrement dans les
petites causes, les causes de fraude où les citoyens sont
lésés.
Si le citoyen s'adresse à la couronne, la couronne lui donne
comme conseil: Adressez-vous à un procureur, payez vous-même les
frais et allez-y! Nous, nous ne prenons que ce qui vient de la
Sûreté. Je trouve que c'est un peu extraordinaire et cela
amène des dénis de justice.
Dans ce chapitre, également, je voudrais toucher à
quelques articles, d'abord quant au crime ordinaire, nous vous avons
déjà souligné à quel point il est à la
hausse. Nous n'avons qu'à regarder les journaux. Je ne veux pas insister
plus qu'il ne serait juste. Dans la Presse, ces Jours derniers, on avait comme
titre: Une excellente année pour le banditisme au Québec. Et
c'est de cette façon-là qu'on résumait le rapport du
directeur général de la Sûreté provinciale et le
premier paragraphe se lisait comme suit: II y a eu 12.3% d'infractions de plus
en 1968 qu'en 1967 dans le territoire couvert par la Sûreté du
Québec en excluant les grandes villes. C'est ce qui ressort du rapport
annuel de la Sûreté du Québec au premier ministre
Jean-Jacques Bertrand, également ministre de la Justice.
A cette hausse s'ajoute le nombre de causes non résolues et il me
semble qu'il y a là matière à réflexion de la part
du ministère de la Justice. Je ne vais pas vous lire les rapports qui
ont été rendus publics à la suite de colloques de chefs de
police ou de colloques de chambres de commerce, par exemple. Il y a là
suffisamment de renseignements pour que le ministre nous dise si vraiment il
veut donner à l'administration de la justice, particulièrement au
procureur de la couronne, s'il veut leur donner un élan, un essor
nouveau et carte blanche pour qu'ils ne craignent rien, pour qu'ils
étudient toutes les causes qui leur viennent, qu'ils n'hésitent
pas à consacrer des heures supplémentaires, qu'ils soient
remboursés par le gouvernement pour le faire, qu'ils n'hésitent
pas à consulter les forces policières pour qu'en
réalité, dans ce domaine criminel, la population obtienne
satisfaction.
Deuxièmement, outre le crime ordinaire, il y a le crime
organisé. Moi, je voudrais bien savoir ce que le gouvernement fait au
sujet du crime organisé. Ces jours derniers, à Québec,
pour ne pas aller trop loin, on lisait des manchettes touchant une
déclaration du capitaine Gérard Maheux, officier responsable de
l'escouade de la moralité à la Sûreté de
Québec, à l'effet que la pègre internationale
s'implanterait à Québec. Ce n'est pas quelque chose qui les
surprend, je ne mettrais pas le conditionnel, je mettrais tout simplement que
la pègre internationale implantée au Québec
améliore ses chances de réussite. Ce qui nous surprend un peu
plus, c'est qu'aux Etats-Unis, par exemple, le président, qui n'est tout
de même pas le dernier venu, déclare une guerre contre la
delinquency et la criminalité, augmente son budget pour la
répression du crime organisé, le porte à $61 millions pour
l'année fiscale 1969-70, c'est-à-dire $25 millions de plus.
Je dis que si aux Etats-Unis, au sommet, un homme du calibre du
président Nixon est aussi sensibilisé à l'emprise que le
crime organisé exerce sur la société en
général, il semble que nous, dans notre petit patelin de la
province de Québec, ayant vu ce que nous avons vu dans le passé
récent, ayant constaté comment les tenta-
cules de cette pieuvre réussissent S. s'étendre non
seulement dans les grandes villes, mais même dans les petites villes,
dans les banlieues à ce sujet, nous pourrions avoir des
témoignages assez éloquents de la part du président de la
commission de police ainsi que le directeur général de la
Sûreté je me dis, dans ces circonstances-là, est-ce
que le gouvernement ne devrait pas utiliser son budget ou une partie
appréciable de son budget pour ajouter à ses moyens de
détection du crime organisé, ajouter également aux budgets
qui sont actuellement réservés aux forces policières et
continuer la lutte déjà commencée dans ce
domaine-là?
Il y avait autrefois des escouades spécialisées touchant
les incendies criminels, touchant les « hold-up », touchant les
faillites frauduleuses. Plusieurs de ces escouades ont été
démembrées à cause de certains événements
malheureux qui ont amené des policiers devant les tribunaux. Je ne vois
pas pourquoi ces escouades n'existeraient pas de nouveau. Et surtout, je ne
vois pas pourquoi, au sein de la Sûreté du Québec, on
n'aurait pas une escouade particulière contre le crime
organisé.
Je sais qu'à la police de Montréal, qui a un budget moins
élevé, qu'il existe ce que l'on appelle une escouade
spéciale de sécurité où des hommes
compétents et experts font le travail qui devrait être fait dans
toute la province par la Sûreté du Québec. Je
suggère au ministre que l'on copie ce qui se fait à la police
municipale et je suis certain qu'à ce point de vue-là, le
ministre recevra un encouragement substantiel de la part du directeur
général de la sûreté qui, lui, est au courant du
fonctionnement de l'escouade spéciale qui existe à la police de
Montréal.
Quant au centre de renseignements qui existe actuellement, et qu'on a
créé il y a quelques mois, je réitère la
proposition que j'ai faite il y a quelques instants, c'est une farce
monumentale. C'est une duplication de travail pour préserver l'autonomie
de la province. Pourquoi ne pas y aller carrément et se joindre au
centre fédéral de renseignements, participer avec le gouvernement
fédéral et toutes les provinces du Canada, participer aux
renseignements qui sont donnés, aux échanges de vues et ainsi,
assurer une meilleure coordination entre les forces policières.
Je veux bien que l'on attribue une petite gloire à une petite
organisation de chez nous qui s'appellera le centre de renseignements
provincial. Mais, il me semble qu'on exagère dans ce cas-là et
qu'on devrait consacrer le budget qui est là à un centre national
de renseignements pour faire une lutte intelligente contre le crime
organisé.
Je m'aperçois qu'il est déjà passé six
heures, M. le Président, est-ce que nous pouvons continuer?
M. LE PRESIDENT: Oui, je voulais informer les membres de la commission
que les membres de l'Opposition et du ministère se sont entendus pour
prolonger la séance jusqu'à sept heures et que possiblement les
crédits seraient adoptés dès ce soir. Si personne n'a
d'objection, évidemment.
M. WAGNER: Je voudrais rappeler dans ce domaine au Solliciteur
général le fait que le président des Etats-Unis ait
augmenté substantiellement ses budgets pour une lutte contre le crime
organisé. Je veux dire que les répercussions se feront sentir
chez nous. Nous avons déjà les déclarations du Solliciteur
général du Canada et celles du directeur de police de
Montréal, à l'effet que ces caïds ou ces rois de la
pègre seront repoussés vers Montréal,
outre-frontière, vers le Canada. Il y a donc là un argument
additionnel pour que le gouvernement ne tarde pas à mettre sur pied des
organismes nécessaires pour mener une lutte intelligente contre le crime
organisé.
On a mentionné les escouades antiterroristes et je voudrais bien
que le Solliciteur général, à même les
renseignements qu'il obtient de la sûreté, me dise pourquoi
jusqu'à la 58e bombe nous avons eu une escouade antiterroriste
formée de quatre à six membres dans la sûreté du
Québec. Il me semble que c'est là quelque chose qui frise le
ridicule.
Maintenant, sous ce chapitre également du contentieux criminel,
je voudrais attirer l'attention du Solliciteur sur un dossier assez troublant
touchant le ministère des Travaux publics. Je pense qu'actuellement un
procureur de la couronne s'occupe de cette affaire. Je crains que cela trade en
longueur. Et si j'attire l'attention du ministre, c'est parce qu'il y
aurgence.
Nous mettons à votre disposition les renseignements que nous
avons. Le petit dossier que j'ai ici indique qu'à l'intérieur de
la direction du ministère des Travaux publics, division de
Montréal, du moins jusqu'à ces temps derniers, il y aurait une
organisation qui groupe environ cinq ou six personnes qui ont pour la plupart
des postes de commande ou des responsabilités S. un échelon
supérieur.
En ce qui concerne les autres employés du ministère,
autres employés honnêtes, il semble qu'un régime de terreur
existe contre eux, et le sous-ministre que je vois devant moi, qui me fait des
signes d'approbation, peut facilement le vérifier auprès du
procureur de la couronne. Si
ces gens ne marchent pas dans la direction imprimée par ses
officiers conjoints du ministère des Travaux publics, ils sont
déplacés par interim sans augmentation de salaire. Ceci, dans le
but de se débarrasser des employés du gouvernement qui ne font
pas partie de l'organisation.
Troisième point, concernant les matérieux,
spécialement le bois et la plomberie, il n'y a apparemment aucun
contrôle de fait dans le ministère des Travaux publics à
cet endroit. Lorsqu'un travail doit être exécuté, on
procède par réquisition, mais le matériel n'est pas
contrôlé. Lorsqu'un travail est terminé et qu'il y a un
surplus de matériel, on le fait entreposer dans un endroit discret,
habituellement dans un édifice du gouvernement autre que celui où
il doit être normalement retourné. Et après un certain
temps, on en dispose pour des fins personnelles. Les amis de ces cinq ou six
personnes qui forment en somme une conspiration dans le ministère des
Travaux publics, les amis vont se servir, l'entrepreneur en plomberie va se
servir pour des milliers de dollars, l'entrepreneur-constructeur va se servir
à son tour et ainsi de suite.
Les dirigeants ne donnent pas d'ouvrage à. leurs employés
et, vers la fin de la journée, la journée étant presque
terminée, ils font appel à des entrepreneurs privés pour
faire exécuter le travail qui n'a pu être fait par les
employés du gouvernement. Et ce travail est donné sans soumission
et le terme employé pour les dirigeants pour ces contrats, je vous donne
le terme exact, le terme employé, c'est « contrat à babines
».
La direction donne l'ordre à ce moment de déclarer un
surplus de marchandise, prétextant qu'il y a un surplus. Cette
marchandise est alors vendue par soumissions à un prix dérisoire.
Ceci permet aux dirigeants d'acheter d'autres marchandises et ainsi obtenir une
commission en dessous de la table, sur les nouveaux achats. Les dirigeants sont
promus par un système de protection. Personne ne veut prendre ses
propres responsabilités, et c'est à celui qui en sortira le plus
du ministère, en somme c'est à celui qui volerait le plus le
gouvernement et le public. Il y a même certains de ces dirigeants qui ont
fait exécuter des travaux personnels par des employés du
ministère, ceci avec les matériaux et l'outillage du
ministère.
J'ai évidemment devant moi des noms, les noms de ces personnes,
j'ai des photostats de contrats à l'appui de ce que Je viens de
révéler et j'ai également des affidavits. Je dois dire que
ces renseignements ont été apportés à la
connaissance de la police de Montréal qui en a prévenu, je crois,
la Sûreté du Québec.
Une perquisition a été faite et beaucoup de
matériel a été saisi. Et j'en profite pour dire que c'est
à ce moment-là qu'on s'aperçoit des difficultés que
peut entraîner la paperasse. Il semble que le matériel a
été retrouvé à un moment donné dans un
garage, la Sûreté du Québec a été
avisée. Mais, avant que l'officier en charge de la Sûreté
puisse obtenir, lui, de son supérieur la permission d'entrer dans le
dossier et que son supérieur puisse vérifier avec les hauts
fonctionnaires du ministère et qu'eux en retour puissent vérifier
avec le sous-ministre à Québec, il s'est passé plusieurs
heures avant que la décision finale ne soit rendue, disant: Oui, vous
pouvez collaborer, allez-y! Cela est un aparté! Mais tout cela
révèle un système de fraude qui existe.
Que fait le gouvernement là-dedans? Depuis que ce système
a été éventré si je puis dire c'est
entre les mains de la couronne. Je ne crois pas que des plaintes aient
été portées. Peut-être que la preuve n'est pas
suffisante encore. Je l'ignore. J'aimerais bien que le Solliciteur
général puisse consulter ses officiers et me dire où cela
en est rendu, ce que le gouvernement entend faire. Est-ce qu'il a vraiment
l'intention de pousser plus loin ou s'il a l'intention de tout laisser
tomber?
M. MALTAIS (Limoilou): Je pense que la question ne devrait même
pas être posée. Le député de Verdun me connaît
assez pour savoir...
C'est sous enquête, et les instructions du sous-ministre ont
été données de façon que l'enquête continue,
et sans aucun ménagement, quelles que soient les personnes
impliquées. Il y a là une matière sujette à
caution, pour une fois pour toutes vider la question. Il n'est pas question d'y
aller en douce. Il faut que lumière se fasse et que la
vérité éclate et c'est cela que nous cherchons.
Par ailleurs, le député de Verdun a souligné
certains à-côtés qui rendaient cette enquête
particulièrement difficile, et mon sous-ministre m'informe que c'est un
fait. Mais, cela ne veut pas dire pour autant que toutes les énergies ne
seront pas déployées pour arriver à des résultats.
D'ailleurs, la Sûreté est chargée de mener ces
enquêtes à bonne fin, et je ne doute pas qu'elle emploie toutes
ses ressources afin d'y arriver.
M. WAGNER: Très bien, mais je voudrais également que le
Solliciteur général songe au fait que l'incendie criminel qui se
serait produit à cet édifice du ministère de la
Santé, au mois d'octobre 1966, n'a pas été résolu.
Et nous sommes à presque trois ans de cette chose.
M. MALTAIS (Limoilou): Si le député de Verdun me permet
une observation, je ne savais pas qu'il y avait eu un incendie; le pot aux
roses a éclaté il n'y a pas tellement longtemps, deux mois
peut-être à peu près.
M. WAGNER: Oui.
M. MALTAIS (Limoilou): Les premières nouvelles que j'en ai
sues...
M. WAGNER: Mais les premières plaintes ont été
faites depuis déjà longtemps concernant l'incendie criminel.
M. MALTAIS (Limoilou): Sur l'incendie du centre de mécanographie
du Bien-Etre social.
DES VOIX: Non, non. M. BLANK: A Montréal.
M. WAGNER: Saint-Hubert et Demontigny. Si le ministre avait un
sous-ministre à Montréal, il le saurait.
M. MALTAIS (Limoilou): Pour compléter ma réponse, je puis
dire à ce moment-ci, que des plaintes seront portées très
bientôt en ce qui concerne la question des Travaux publics, les biens qui
auraient été subtilisés d'une manière ou d'une
autre que j'ignore.
M. WAGNER: Est-ce qu'également des plaintes seront portées
ou du moins est-ce que l'enquête sera poussée plus avant
concernant l'incendie criminel du mois d'octobre 1966 dans un édifice du
ministère de la Santé au coin de Saint-Hubert et Demontigny?
M. MALTAIS (Limoilou): Dans ce cas, il est évident que
l'enquête se poursuit toujours, que la preuve est extrêmement
difficile à obtenir et que nous serons probablement obligés de
procéder par préenquête, en dernier ressort.
M. WAGNER: M. le Président, au même chapitre je voudrais
tout simplement donner quelques détails. Je me demande si c'est
nécessaire. J'ai déjà indiqué au Solliciteur
général que le cas de Charles Gagnon constitue, à mon
avis, un exemple parfait d'une justice trop lente qui se transforme rapidement
en injustice.
J'ai devant moi la chronologie des comparutions et des remises
j'en aurais pour deux pages au moins qui va du 20 mars 1967 à ces
jours derniers, une série ininterrompue de remises à la demande,
la plupart du temps, de la couronne. Et entre-temps, refus continuel d'octroyer
un cautionnement à cause des objections formelles soumises par la
couronne.
Quelle que soit la nature des plaintes, quelles que soient les
circonstances, quels que soient les buts, politiques ou non, est-ce que le
Solliciteur général peut justifier un tel retard à amener
devant les tribunaux un individu? Est-ce qu'il n'y a pas là une lacune
absolument scandaleuse?
M. MALTAIS (Limoilou): Disons qu'à première vue je ne
prendrais pas sur moi de justifier des retards, quels qu'ils soient, quand il y
a des retards. Et il arrive, malheureusement, qu'il peut y avoir des retards
qui ne sont pas explicables, c'est-à-dire qu'ils sont dus à de la
négligence ou enfin...
Mais dans le cas précis...
M. WAGNER: II ne faut pas oublier que, dans le cas précis, il y a
quantités de lettres envoyées au ministre de la Justice, au
ministère de la Justice, lettres rendues publiques dans les journaux,
dont nous avons tous pris connaissance. En dépit de ces mises en
demeure, en dépit de ces requêtes, remise par dessus remise...
D'autre part, on a des individus avec un long dossier criminel qui sont
libérés prestement, à l'enquête préliminaire,
en criant lapin.
M. MALTAIS (Limoilou): Disons que l'explication... une explication, pour
aller au tond des choses, il prendrait un peu de temps à la donner. Cela
peut soulever des interprétations différentes sur un sujet
donné et, en particulier, sur celui-là. Des remises, c'est
évident qu'il y en a eues. D'autre part, Gagnon a été
condamné et il purge actuellement une peine.
M. WAGNER: II est actuellement en appel de la peine...
M. MALTAIS (Limoilou): Cest cela.
M. WAGNER: ... qu'il purge...
M. MALTAIS (Limoilou): Qu'il purge.
M. WAGNER: ... avant d'y être finalement condamné.
M. MALTAIS (Limoilou): On me dit que Gagnon n'est pas en appel. Le
député de Verdun comprendra que je ne me risquerais pas, sans
vérification, à m'aventurer dans des explications qui pourraient
embrouiller davantage la
situation. Mais il est bien reconnu qu'actuellement il purge quand
même une peine.
M. WAGNER: Sur le même chapitre, seulement un mot, M. le
Président.
Dernièrement, M. P. Louette, gérant régional de la
Credit's Men Association, faisait une conférence où il
résumait un peu le sentiment des hommes d'affaires à
l'égard du ministère de la Justice dans le domaine de la lutte
contre les faillites frauduleuses.
La citation que j'ai devant moi, qui coiffe l'article où l'on
rapporte les déclarations de M. Louette, se lit comme suit: « Cela
ne fonctionne plus depuis 1965 ». Et on lit, en particulier, «
Qu'advient-il de la lutte contre les faillites frauduleuses? Depuis 1965, cela
ne fonctionne plus comme cela fonctionnait, a déclaré samedi M.
P. Louette, gérant régional de la Credit's Men Association qui
participait à un colloque sur les faillites frauduleuses sous les
auspices de l'Association des chefs de polices et de pompiers du Québec.
M. Louette, qui a cité de nombreuses statistiques et des cas très
précis, a démontré que les faillites frauduleuses
faisaient plus que jamais partie du crime organisé et que les pertes
devenaient de plus en plus importantes ».
A ceci j'ajoute la déclaration que faisait à peu
près en même temps, au même colloque je crois, l'officier de
police chargé de la sécurité sociale de Montréal,
M. Talbot, qui disait ceci: « Sur réception d'une plainte, nous
procédons à la vérification des allégations qui y
sont contenues et, s'il s'avère que la plainte est fondée, nous
effectuons une enquête complète. Lorsque l'enquête est en
bonne voie, nous avons besoin des conseils d'un procureur pour nous aider
à construire nos éléments de preuve. Nous avons aussi
besoin des conseils pour savoir si nous procéderons en vertu du code
criminel ou en vertu de la Loi des faillites, puisque les fraudes en faillites
peuvent, dans la plupart des cas, être poursuivies selon l'un ou l'autre
empire. A cause des nombreux milieux qui sont affectés ou
impliqués dans les faillites frauduleuses, les conseils judicieux d'un
avocat se révèlent de première importance.
Mais, malgré toute notre bonne volonté, et tous les
efforts déployés pour enrayer les fraudes en faillites, un
problème majeur subsiste toujours, le manque de procureurs pour mener
nos causes à bonne fin. Nous rencontrons d'immenses difficultés
à obtenir un procureur pour procéder dans nos causes. Lorsque
nous réussissons, le procureur exige un rapport complet de la cause,
rapport que nous ne sommes pas en mesure de lui fournir, puisque dans la
plupart des cas les causes ne sont pas terminées. Nous évoluons
donc dans un cercle vicieux. Il se produit donc qu'assez
régulièrement, lorsque nous avons besoin de ces procureurs, nous
recevons réponse qu'ils sont présentement trop occupés
pour nous venir en aide. Avant de lire cette dernière phrase, j'aurais
dû lire la précédente qui dit: Depuis quelque temps
déjà, le ministère de la Justice a assigné quelques
procureurs pour nous assister dans nos causes de faillites. Cependant ces
procureurs doivent aussi accaparer un rôle régulier. C'est pour
ça qu'ils sont trop occupés pour venir en aide dans les causes
spéciales. « Il nous apparaît, toutefois, que les
procédures en faillites pourraient être suffisantes pour justifier
des procureurs permanents en la matière. »
A ceci, M. le Président, je voudrais ajouter les statistiques
publiées par Dunn and Bradstreet en rapport aux pertes subies en
faillites dans le Québec, c'est ce qui nous intéresse: Au
Québec, en janvier 1968, les pertes subies en faillites se chiffraient
par $3,355,000; en janvier 1969, les pertes subies en faillites dans la
province de Québec s'élevaient à $7,408,000,
c'est-à-dire une augmentation de $3,853,000 ou près de 211%.
Pourquoi? Pourquoi dans ce domaine des faillites ne réussit-on pas, ici
dans la province de Québec, à trouver des procureurs permanents
ou à temps partiel qui puissent aider à la bonne marche des
affaires judiciaires? C'est inoui! Je pose la question au ministre.
M. MALTAIS (Limoilou): Je voudrais revenir très rapidement en
arrière en ce qui concerne les procureurs de la couronne, les pro-cueurs
permanents. Je ne sache pas qu'il y ait eu des directives qui leur ont
été données de n'accepter que des causes qui seraient
à l'avance préparées, disons, par les enquêteurs de
la Sûreté du Québec. Que le problème soit
soulevé à ce moment-ci, disons que nous en ferons un cas de
recherche afin de bien nous informer quant aux autres causes et que,
normalement, il est logique, lorsque des faits sont rapportés et qu'ils
justifient une plainte, que la plainte soit prise, indépendamment du
fait qu'il y ait enquête et qu'il n'y ait pas eu enquête au
préalable de la part de la sûreté.
Dans la plupart des cas, lorsqu'il s'agit de cas d'importance, il est
clair que nous faisons appel, plus souvent qu'à leur tour, aux services
spécialisés de la Sûreté pour compléter
l'enquête et amener au procureur de la Couronne une preuve qui se tient,
une preuve fondée.
En ce qui concerne cette matière de faillite, je dois dire que le
député a raison d'Insister sur ce problème parce que c'est
un véritable
problème chez nous, problème au point de vue
économique, sans aucun doute, problème au point de vue de
l'administration de la justice, au point de vue de la justice. Le
député est au courant qu'il y a eu une espèce...
Là-dessus je reviens sur une chose sur laquelle il a insisté lors
d'un autre sujet tout à l'heure en ce qui a trait à la question
des rivalités constitutionnelles. II admettra avec moi que nous ne
pouvons quand même pas faire abstraction de certains droits en
matière constitutionnelle. Lorsqu'il s'agit particulièrement, en
matière de lutte contre le crime, d'établir la meilleur
collaboration possible au moyen de tous les mécanismes entre les
différentes Sûretés, les différents gouvernements,
nous en sommes. Seulement, il peut arriver que l'empiètement de
juridiction crée des problèmes plus grands encore que ceux qui
existaient auparavant.
Je pense que le député de Verdun, en matière de
faillite, a touché là un point qu'il a déjà
soulevé de façon fort opportune et de façon très
pertinente à l'Assemblée nationale. D'ailleurs ce grief a
été soulevé par M. Paul Devost qui était notre
séquestre officiel, et qui l'est encore à Montréal, mais
qui, à toutes fins pratiques et c'est lui-même qui le dit
n'est plus que le régistraire aux faillites. Pourquoi? Parce que
graduellement il a été supplanté à mon sens,
il s'agit là de questions constitutionnelles aussi, mais passons
par ce qu'on est convenu d'appeler aujourd'hui six séquestres officiels
fédéraux, lesquels, d'après M. Devost lui-même, ne
procèdent pas avec la méthode qu'il avait réussi à
perfectionner au cours des ans et qui s'était avérée
fructueuse. Là où, peut-être, M. Devost n'avait pas tout
l'appui voulu, c'est qu'il manquait d'hommes. Il manquait de procureurs de la
couronne, de procureurs permanents affectés spécialement à
la faillite, à ce domaine extrêmement complexe, très
difficile, dans lequel entre bien souvent une énorme comptabilité
et où les problèmes sont souvent inextricables à cause
précisément de la difficulté comptable. Il est clair qu'il
nous faut de la main d'oeuvre.
Nous sommes conscients du problème, je peux en assurer le
député de Verdun. Je puis lui dire que nous reconnaissons que
nous n'avons pas assez de quatre procureurs qui s'occupent, même à
temps plein, de la question des faillites. Et c'est notre intention ferme d'en
doubler leur nombre incessamment. Je dois aussi lui dire que non seulement
c'est notre intention, mais qu'un service d'amélioration en
matière comptable et d'enquêtes, c'est-à-dire
constitué d'enquêteurs spéciaux, de comptables
spécialisés particulièrement en matière de
faillite, est actuellement à s'organiser au sein de la
Sûreté du Québec. Ce corps de spécialistes
enquêteurs et comptables, en collaboration avec une équipe de
procureurs spécialement consacrés à ces causes, devrait
donner des résultats.
Sur le plan strictement constitutionnel en ce qui concerne la question
du séquestre, cette question n'est pas liquidée. Toute la loi de
faillite est de juridiction fédérale et il existe actuellement
je crois que le projet existe, je ne l'ai pas vu personnellement, je
n'ai pas eu le temps un projet de loi, il est actuellement en
discussion, il fait l'objet de nombreuses discussions. C'est donc un projet de
loi amendé, rénové, renouvelé en quelque sorte qui
s'en vient en cette matière. Et j'informerai le député de
Verdun au sujet de la question qu'il me posait l'hiver dernier concernant le
séquestre officiel. Après avoir rencontré les officiers
des autorités fédérales: les ministres, les sous-ministres
et les officiers du ministère concerné et
intéressé, particulièrement M. Tassé elles
en sont venues à la conclusion que cette question des séquestres
officiels n'était pas pour autant réglée et qu'il y aurait
possibilité de discuter de façon à en arriver à un
règlement qui prévoirait que l'administration totale en cette
matière passerait comme avant, avec le séquestre officiel, aux
autorités provinciales, sauf peut-être en matière de biens
et d'enquêtes sur les biens, sur la masse des biens.
D'autres enquêtes seraient aussi faites en collaboration, soit par
la Gendarmerie royale, soit par les inspecteurs au service du gouvernement
fédéral. A ce moment-là, disons que la masse des biens
serait détenue par le service administratif qui aurait droit de regard
et de contrôle, mais que, par ailleurs, quant à ce qui garde tout
l'ensemble de l'administration, tout le reste, c'est l'administration
provinciale qui aurait droit de regard, comme dans les autres matières,
l'administration criminelle.
Cest donc dire que nous sommes conscients et pour dire au
député qu'il avait raison à un moment donné de
soulever le problème. Dans le Petit Journal, par exemple, de la semaine
du 28 janvier 1969, j'ai découpé un article. C'était le
troisième article sur la faillite frauduleuse. On y disait que
c'était Ottawa qui avait engendré une confusion judiciaire et que
les fraudeurs jubilaient. Cela rejoint en quelque sorte, cela illustre en
somme, dans ce texte préliminaire, ce que M. De Gaulle lui-même,
qui est abondamment cité, disait. C'est qu'on a pas suffisamment tenu
compte, à tout événement, indépendamment des
changements de structures, des méthodes qu'il avait réussi
à déployer de façon très efficace.
M. WAGNER: Pour compléter le dossier, je voudrais quand
même signaler au ministre la clause de Canada Woodstock Limited. Canada
Woodstock Limited est une compagnie américaine qui groupe une foule de
gros marchands de bois américains qui se sont lait rouler pour des
sommes considérables. Il y a quelques années, nous avions
rencontré beaucoup de faillites dans le domaine du bois, il y a eu des
poursuites et je pense que cela a été réglé. Cela
revient sous une nouvelle formule actuellement. Canada Woodstock Limited a
été obligée de porter des plaintes à
Montréal, d'engager les services d'un procureur privé à
Montréal, un confrère d'ailleurs du ministre, parce qu'à
la suite du travail fait par la police de Montréal, malgré la
longue enquête, ils n'ont pas réussi à obtenir que la
couronne s'en occupe. Je trouve que c'est malheureux surtout qu'il s'agit d'une
compagnie américaine qui devra maintenant débourser des milliers
de dollars, évidemment, pour faire sa preuve elle-même et obtenir
justice après avoir été fraudée ici dans la
province de Québec.
M. MALTAIS (Limoilou): Maintenant, je dois dire que je donne la
réponse qui m'arrive à l'instant, c'est que le sous-ministre
m'informe qu'après avoir consulté notre procureur chef à
Montréal, il dit qu'en fait, ce n'est pas exact, que la couronne, en
aucune façon et en aucun temps, n'a refusé ses services à
cette ques-tion-là. Voici l'information.
M. WAGNER: Nous avons des renseignements contradictoires.
M. PEARSON: J'aurais juste une suggestion à faire. Je ne suis
certainement pas le premier à la faire. Je ne sais pas si la suggestion
que je vais faire arrive bien selon l'ordre de l'étude des
crédits. Je suggérerais qu'on étudie les modalités
pour essayer d'effacer un dossier judiciaire ou d'envoyer ce fameux
dossier-là à une espèce de fichier central où
légalement il serait pratiquement inexistant, particulièrement
pour les jeunes qui, disons à cause de certaines pécadilles
comme exemple pressant, les contestataires à Sir George Williams
ou les gens qui ont également contesté lors de la
Saint-Jean-Baptiste sont obligés de traîner ce dossier
presque toute leur vie. Après un certain nombre d'années de bonne
conduite, sauf peut-être pour certaines choses graves comme par exemple
tentative de meurtre ou hold-up ou quelque chose du genre, est-ce qu'on
étudie actuellement ces modalités-là pour essayer
d'arriver à un système où quelqu'un pourrait quand
mê- me ne pas voir traîner derrière lui, pendant toute sa
vie, un dossier judiciaire pour une pé-cadille ou une bagatelle? Les
deux exemples que j'ai donnés sont absolument récents.
M. MALTAIS (Limoilou): Déjà, c'est une question qui fait
l'objet d'études sans aucun doute parce que nous avons de nombreuses
réclamations de toutes sortes des gens qui font des suggestions à
l'effet soit de faire disparaître les effets d'une pécadille,
d'une infraction, d'une peine ou d'un manquement quelconque à la loi,
qui entraînent des conséquences surtout en matière
criminelle.
Je dois dire que, la semaine dernière, pendant que j'étais
à Ottawa, le problème a été abordé
très sommairement et très rapidement. Mais assez pour que je
sache qu'actuellement le gouvernement fédéral par son ministre de
la Justice, l'honorable M. Turner, étudie la question de façon
à pouvoir trouver le moyen peut-être dans certains cas, d'aider
les mineurs du moins, pour les débuts. On pourrait peut-être fixer
une période à l'intérieur de laquelle la peine serait
suffisamment purgée à l'intérieur peut-être
de cinq ans et ensuite procéder non pas jusqu'à dire faire
disparaître toutes traces, mais enfin de faire disparaftre les
conséquences sociales d'un dossier qui demeure.
M. PEARSON: Qu'on l'envoie à un dossier central spécial,
autrement dit, qui serait mis à part. Légalement, la personne en
question ou celle qui a été coupable pourrait dire: Bien moi, je
n'ai pas de dossier.
M. MALTAIS (Limoilou): Je comprends très bien.
M. PEARSON: Et qu'une compagnie ou qui que ce soit, recherche le
dossier, ne le trouverait pas. Et la Sûreté du Québec
aurait une section spéciale et cette section-là dirait: Il n'y a
pas de dossier, comprenez-vous? Il y a des modalités.
M. MALTAIS (Limoilou): Nous prenons note de la suggestion.
M. WAGNER: J'ai deux points brièvement, juste pour terminer.
Premièrement, est-ce qu'il est exact qu'avant la hausse de 25% qui vient
d'être accordée aux procureurs de la couronne, certains procureurs
de la couronne à Montréal ont menacé de faire une
grève et ont commencé à faire une grève?
M. MALTAIS (Limoilou): Je ne sais pas si
l'on peut parler des journées pédagogiques, disons,
juridiques.
M. WAGNER: Oui, il y a bien des termes à cela. Oui, c'est exact.
Parce que certains juges m'ont demandé s'ils ne pourraient pas avoir
recours au même stratagème.
M. MALTAIS (Limoilou): J'en al entendu parler.
M. WAGNER: Deuxième point, pour que la justice fonctionne bien,
nous avons besoin de procureurs de la couronne, de juges et de jurys. Or, il
appert que des directives nouvelles ont été données par le
sous-ministre de la Justice concernant le paiement du jury. Et contrairement
à ce qui existait auparavant, le jury aura droit, d'après les
nouveaux règlements, à une indemnité de perte de temps,
à la condition expresse qu'ils signent une déclaration
assermentée rédigée dans les termes suivants et je cite:
Je, soussigné, le juré convoqué, assigné dans la
présente cause, étant dûment assermenté,
déclare que le fait d'être présent en cour comme
Juré, m'entraîne une perte de gain.
Or, le ministre sait très bien avec quel scrupule les gens
observent le serment et comme ils hésitent beaucoup à
prêter le serment qui veut dire, qu'ils assurent le gouvernement ou la
cour que leur absence a entraîné une perte de gain. Plusieurs
jurés refusent de se présenter. Et il s'ensuit une pénurie
de jurés surtout dans les districts ruraux.
Alors, je me demande si le Solliciteur général ne pourrait
pas examiner cette question ou bien justifier cette directive, ou bien la
résilier afin que les jurés ne soient pas obligés de
signer une assermentation semblable. Que voulez-vous, quand un cultivateur, par
exemple, est absent une demi-journée, comment, peut-il dire que pour
cette demi-journée-là il a perdu $10? Quand un agent d'immeubles
ou un vendeur d'automobiles est absent, il a peut-être manqué une
vente de $3,000 cet après-midi-là, mais il n'a peut-être
rien fait du tout. Et nos gens sont scrupuleux sur cela.
M. MALTAIS (Limoilou): Le sous-ministre de l'administration me dit qu'il
ne pense pas que ces directives s'adressent aux jurés en fonction, mais
il s'agirait d'admettre qu'ils seraient convoqués, qu'ils seraient
excusez l'expression sur le « stand by », si vous
voulez.
M. WAGNER: C'est la directive du 25 février 1969, une lettre
addressée par M. Jean-Paul
Dionne, directeur du service des greffes, aux protonotaires et aux
greffiers, qui dit: « Vous trouverez sous pli les exemplaires du nouveau
tarif concernant les indemnités payables aux jurés, tant en
matière civile que criminelle, etc. Voici les directives
préliminaires que nous vous donnons sur l'application de ce nouveau
tarif. » Et, on rapporte bien ce que j'ai lu tout à l'heure. Et,
tout cela, évidemment, fait suite à un arrêté en
conseil.
M. MALTAIS (Limoilou): Il faudrait peut-être vérifier
l'arrêté en conseil.
M. BLANK: Dans la définition d'un arrêté en conseil,
vous dites, vous-même: Cette indemnité ne sera pas versée
aux jurés en disponibilité et aux jurés choisis, dans tel
cas.
M. WAGNER: L'arrêté en conseil numéro 302 du 5
février.
M. MALTAIS (Limoilou): Oui c'est cela, je l'ai ici.
M. BLANK: Vous avez une définiton qui y est attachée.
C'est dans la définition que vous le trouverez: deuxième
paragraphe, A.
M. WAGNER: C'est un détail qui a son importance.
M. MALTAIS (Limoilou): Nous tenons compte de l'observation. On me dit
que probablement il y a un conflit d'interprétation, mais c'est $25 par
jour.
M. WAGNER: Mais le texte est clair.
M. MALTAIS (Limoilou): Moi, je crois que le texte est...
M. WAGNER: Alors, tant que le texte existe, il faut ou bien l'amender ou
le respecter. Et, si on le respecte, cela conduit à un déni de
justice. J'attire l'attention du sous-ministre sur le district de Terrebonne;
il semble qu'a Saint-Jérôme, en particulier, il y ait une
pénurie de Jurés ft cause de cette directive. Mais cela ne m'a
pas été souligné par des fonctionnaires du
ministère.
M. MALTAIS (Limoilou): Alors, je note.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BLANK: Adopté.
M. WAGNER: Article 3; Coroners.
M. LE PRESIDENT: Article 3: Coroners et commissaires-enquêteurs
sur les incendies. Sous-article 1: Traitements.
M. MALTAIS (Limoilou): Disons que nous allons examiner la situation. Je
remercie le député de Verdun d'avoir attiré notre
attention.
M. WAGNER: 3, adopté.
M. LE PRESIDENT: Alors, Affaires civiles.
M. WAGNER: Sur le chapitre des affaires civiles, J'aimerais bien que le
ministre nous dise si le sous-ministre M. Jacques Lapointe est encore en
fonction et S quel titre.
M. MALTAIS (Limoilou): II est encore en fonction. Son titre exact:
conseiller de cadre.
M. WAGNER: Est-il conseiller de cadre et en même temps
sous-ministre.
M. MALTAIS (Limoilou): II n'est pas sous-ministre.
M. WAGNER: Y a-t-il un arrêté en conseil le
démettant de ses fonctions de sous-ministre?
M. MALTAIS (Limoilou): Apparemment pas textuellement, de sorte que
peut-être a-t-il la prérogative de se servir de son titre de
sous-ministre.
M. WAGNER: Alors, le Solliciteur n'admet-il pas que M. Lapointe est
toujours sous-ministre, mais qu'on ne lui permet pas d'exercer ses fonctions de
sous-ministre s'il n'y a pas eu d'arrêté en conseil modifiant ses
fonctions?
M. MALTAIS (Limoilou): J'aimerais bien revenir &
l'arrêté en conseil. Apparemment, quant à
l'arrêté en conseil, il y a une interprétation...
M. WAGNER: Est-ce qu'on ne garde pas ce qu'on a a moins qu'on ne nous
l'enlève?
M. MALTAIS (Limoilou): Il y a deux interprétations. A moins qu'on
le lui enlève... peut-être qu'on peut l'enlever indirectement en
donnant une fonction dont la rémunération est
équivalente.
M. WAGNER: Est-ce que le sous-ministre qui n'a pas été
démis de ses fonctions, a été remplacé par un autre
sous-ministre?
M. MALTAIS (Limoilou): Effectivement, il y a un nouveau sous-ministre,
Me André Desjardins, aux affaires civiles.
M. WAGNER: Comment le Solliciteur explique-t-il qu'on ait pu nommer
quelqu'un à la place de quelqu'un qui n'a pas démissionné
de ses fonctions?
M. MALTAIS (Limoilou): Je veux être bien clair. Dans notre esprit,
au moment où nous avons nommé Me André Desjardins, c'est
clair qu'il n'y avait pas de sous-ministre et nous nommions un sous-ministre
aux affaires civiles. Nous avons nommé Me Jacques Lapointe conseiller de
cadre.
On me dit qu'il n'y aurait pas illégalité à ce
qu'il y ait deux sous-ministres.
M. WAGNER: Mais est-ce qu'il n'est pas préférable que tout
cela soit régularisé par un arrêté en conseil
clair?
M. MALTAIS (Limoilou): Oui, je le pense. Je dois dire que je connais
très bien M. Lapointe et Je dois vous dire ici... Je remercie le
député de me donner l'occasion de lui rendre hommage pour les
services qu'il a rendus. C'est un avocat brillant, c'est un avocat
compétent et nous le connaissons. Seulement, je dois dire
également et je crois que le député est au courant, c'est
connu, il a été affecté, pendant ces derniers temps, ces
dernières années, dans sa santé à quelques
reprises. Etant donné qu'il y avait une restructuration en voie
d'accomplissement à ce service, nous avons cru qu'il était plus
humain d'agir comme nous l'avons fait. Etant donné le surcroît de
travail à brève échéance que cela amenait à
la fonction, nous avons cru que c'était plus humain. Je dirai au
député que c'est sous le seul signe de l'humanité que nous
avons agi dans les circonstances.
M. WAGNER: Est-ce qu'il a acquiescé à cela?
M. MALTAIS (Limoilou): Je l'ai personnellement rencontré et, au
moment où je l'ai vu, je l'ai informé de la décision
à laquelle nous en étions arrivés. Il ne m'a pas
semblé, à ce moment-là, que cela était de nature
à lui causer préjudice, pourvu qu'évidemment on respecte
la dignité des services rendus et des services considérables
qu'il peut rendre encore. Etant donné qu'il n'y avait en aucune
façon, de changement dans les émoluments, dans les traitements,
nous avons pensé que c'était une façon humaine de
régler le problème.
Je ne sache pas que cela ait soulevé de difficultés. A
tout événement, je suis prêt à
examiner cela, sûrement, parce que je ne voudrais, en aucune
façon, qu'un fonctionnaire de cette importance puisse avoir à se
plaindre de procédés ou d'attitudes que, dans le meilleur de
notre conscience, nous avons eus dans la circonstance actuelle.
M. WAGNER: C'est bien. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Alors, poste budgétaire 3, adopté.
M. WAGNER: C'est-à-dire poste budgétaire 3, article 1,
adopté.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 3, article 1,
adopté.
M. WAGNER: Article 2 adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 2 adopté.
M. WAGNER: Article 3 adopté.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 4: Commission de police du
Québec.
M. WAGNER: La seule remarque que je désire faire, c'est que j'ai
pu me rendre compte, personnellement, de quelle immense utilité
était la commission de police et quel excellent travail le
président et ses commissaires font actuellement. Je tiens à leur
rendre hommage.
D'autre part, je considère que leur travail est trop essentiel
pour qu'il soit paralysé par un budget. Or j'ai l'impression qu'avec ce
qu'on leur octroie ici, $291,000 dont $203,000 pour traitements et
indemnités, cela est nettement insuffisant. Je me demande combien
d'enquêtes ils pourront faire au cours de la nouvelle année avec
un budget semblable à moins que le ministère ne veuille
présenter un budget additionnel.
M. MALTAIS (Limoilou): II y a environ douze nouveaux employés qui
devront être engagés au cours de l'année. Suivant les
prévisions budgétaires des administrateurs compétents en
la matière, du sous-ministre en descendant, il arrive, je crois,
qu'habituellement, dans des organismes comme celui-là à tout le
moins, environ 12 nouveaux employés entrent dans le budget sur une
période de six mois. C'est cela, M. Larose? Sur une période de
six mois. Ce qui veut dire qu'il y aura quand même du renfort... Disons
que je suis bien d'accord pour que, lorsqu'on crée un organisme de cette
importance, il est important de regarder quel est le budget affecté
à cet organisme pour pouvoir évoluer et travailler avec
efficacité.
On s'aperçoit c'est ce qu'on me dit et c'est vrai
que déjà, je pense que le rôle des enquêtes en cours,
en ce qui concerne la commission, se rend jusqu'au mois de novembre
actuellement. Ceci veut dire qu'il faudra procéder pour que ces
enquêtes aient lieu, quand même, puisqu'on a la commission de
police. Donc, on ne peut pas faire de blocage systématique.
M. WAGNER: Alors qu'allez-vous faire?
M. MALTAIS (Limoilou): Disons que nous essayerons, à ce
moment-là, d'étudier la possibilité d'aller au budget
supplémentaire tel que nous le suggère le député de
Verdun.
C'est la première année d'activités et disons que
c'était assez difficile d'établir des prévisions en ce
moment.
M. WAGNER: Bien.
M. MALTAIS (Limoilou): Nous n'avons pas l'intention de mettre des
bâtons dans les roues de l'efficacité de la commission.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 5: Institut de police du
Québec.
M. WAGNER: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté au complet. Poste budgétaire 6:
Sûreté du Québec.
M. WAGNER: Les principales remarques ayant déjà
été faites et dûment notées, nous adopterons ce
poste.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 7: Institut de médecine
légale et de police scientifique.
M. WAGNER: Je ne sais pas si le ministre a reçu une lettre d'un
employé de l'Institut de médecine légale et de police
scientifique énonçant certains griefs qui m'apparaissent assez
importants. Je n'ai pas l'intention de lire cette lettre ni de la
déposer, mais je voudrais savoir si le ministre a pu enquêter sur
le bien-fondé de ces griefs? Si oui, qu'est-il arrivé?
M. MALTAIS (Limoilou): Si le député préfère,
je pourrai lui donner une copie de la réponse.
M. WAGNER: Ah, bon! J'ai une copie de la lettre.
M. MALTAIS (Limoilou): Si le député de Verdun le
préfère, je lui donnerai une copie des informations que nous
avons eues et qui constituent une réponse à chacun des arguments.
Je crois que c'est le Dr Jean-Marie Roussel, directeur de l'Institut
médico-légal. Alors, il me fera plaisir de donner une copie de la
lettre...
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 7 adopté?
M. WAGNER: Poste budgétaire 7 adopté, oui.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 8: Cours d'Appel,
Supérieure, Prpvinciale et des Sessions de la Paix.
M. BLANK: Durant les discussion qui ont eu lieu en Chambre concernant le
bill qui apporte des changements au code de procédures, avec les
nouvelles causes qui seront maintenant devant la cour Provinciale,
c'est-à-dire les causes jusqu'à $3,000, cela augmentera le nombre
de causes. Durant la discussion, le ministre de la Justice a fait part à
la Chambre qu'il veut que les salaires des juges provinciaux soit au même
niveau que ceux des juges fédéraux. Allons-nous avoir un budget
additionnel pour donner ces augmentations?
M. MALTAIS (Limoilou): On me dit que le ministre de la Justice a
donné des instructions au sous-ministre de rencontrer la
Conférence des juges ou le président de la Conférence pour
en discuter d'ici une quinzaine de jours.
M. BLANK: Cela veut dire que nous aurons de bonnes nouvelles pour nos
jugesl
M. MALTAIS (Limoilou): On me dit qu'il ne faudra pas de budget
additionnel parce que ça se fait automatiquement.
UNE VOIX: On aurait assez d'argent. C'est statutaire.
M. WAGNER: A ce poste budgétaire, je voudrais brièvement,
pendant deux minutes, discuter de quelques points qui peuvent peut-être
se rattacher ailleurs, mais autant en disposer maintenant.
A la cour des Sessions de Montréal, le juge en chef a émis
des directives nouvelles dernièrement, touchant une procédure en
matière de cautionnement, dans le district de Montréal. Je pense
que cette directive a été acceptée par la
Sûreté du Québec.
La directive est à l'effet que, à compter du 5 mai 1969,
les cautionnements obtenus sur appels téléphoniques sont abolis.
Le juge disait qu'il considérerait cette pratique, comme
illégale. Il donnait des instructions aux différents corps
policiers de procéder à l'avenir par voie de sommation dans tous
les cas qu'il énumérait. Parmi les cas, il y avait l'article 150,
matière obscène, les maisons de jeux, les loteries, les
négligences criminelles, les conduites en état d'ivresse,
être trouvé dans la maison de débauche, assauts simples,
ventes de boissons alcooliques, etc.
Il faut reconnaître, M. le Président, que cette
procédure constitue une amélioration. Par ailleurs, en mettant
fin au système des cautionnements par appels
téléphoniques, elle crée d'autres abus qu'il y aurait lieu
de corriger. Par exemple, qu'arrive-t-il dans le cas du vol d'un objet dont la
valeur excède $51? A ce moment-là pas de cautionnement par appel
téléphonique, pas de discrétion, c'est clair, c'est net.
Je pose cette question-là surtout dans le cas où le
prévenu n'a pas d'antécédent judiciaire. S'il est
arrêté le vendredi soir, s'il n'a pas d'antécédent
judiciaire, et qu'il est accusé d'avoir volé $52, son avocat ne
peut pas appeler un juge. Il reste en prison jusqu'à sa comparution le
lendemain matin ou le surlendemain. Qu'advient-il dans le cas d'un recel, par
exemple? Si l'arrestation est faite un samedi matin, le recel n'est pas
prévu dans la liste soumise par le juge, le prévenu devra
séjourner en cellule jusqu'au lundi matin. Les instructions ont-elles
été données aux membres de la Sûreté du
Québec qui travaillent dans le district de Montréal concernant
l'arrestation d'individus après les heures normales de travail?
Comme solution, je propose ceci: pour éviter l'abus, pour
éviter la discrimination qui peut s'exercer quand on donne une liste
précise d'offenses, n'y aurait-il pas lieu de nommer, dans le district
de Montréal, un juge pour recevoir les comparutions ou accorder les
cautionnements par appels téléphoniques entre 19 h et 23 h 30.
C'est simple, à tour de rôle, par rotation, les juges pourraient
se remplacer. Il y aurait toujours un juge en permanence.
De cette façon, cela assurerait une justice à tous les
citoyens, également cela éviterait aux policiers le risque de se
servir d'une discrétion peut-être exagérée et de
porter une plainte qui, elle, serait prévue dans la liste
mentionnée par le juge, au lieu d'une plainte qui ne serait pas
mentionnée. De cette façon, nous éviterions de la
discrimination. Est-ce que le Solliciteur général trouve que la
suggestion a du bon sens?
M. MALTAIS (Limoilou): Oui, c'est une excellente suggestion, et on
m'Informe qu'un juge
a déjà été nommé, M. Morand, et qu'un
deuxième doit être nommé incessamment.
M. WAGNER: Je sais que le juge Morand est aux comparutions ou aux
cautionnements de jour. Mais, j'ignorais que c'était à partir de
7 h du soir jusqu'à minuit. Est-ce que c'est cela.
M. MALTAIS (Limoilou): Oui.
M. WAGNER: Est-ce que c'est le soir?
M. MALTAIS (Limoilou): Le mandat est à l'effet de couvrir toutes
les comparutions.
M. BLANK: Oui, mais il y a un problème, je pense que cela fait
des semaines que le juge en chef de Montréal a refusé à un
juge de siéger après cinq heures parce que les fonctionnaires ne
veulent pas travailler après cinq heures suivant la convention
collective.
M. MALTAIS (Limoilou): Oui, d'accord, je comprends que, sur le plan de
l'administration, cela peut soulever des problèmes, mais au point de vue
de la juridiction cela n'en soulève sûrement pas.
M. BLANK: Pour avoir une comparution, il faut avoir le greffier. Est-ce
que cela veut dire que nous aurons ce qu'il y a aux Etats-Unis, une «
night court» ?
M. MALTAIS (Limoilou): Non, non, nous ne sommes pas rendus si loin.
M. BLANK: Il y a un autre problème dans la ville de
Montréal. La grande majorité des petites causes que vous annexez
fi cette liste sont inscrites par la police municipale, et les juges de la cour
municipale ne sont pas tenus de suivre la directive. Ce qui veut dire qu'il y a
un citoyen qui a peut-être volé pour $5 à l'étalage,
et il doit rester en prison parce que c'est la ville de Montréal qui
dirige la cour municipale et la cour des Sessions... Bien entendu, cela
dépend où il est arrêté. S'il est
arrêté à la ville d'Anjou, il peut automatiquement sortir
sous caution. S'il est arrêté dans la ville de Montréal,
pas de caution.
M. MALTAIS (Limoilou): Le député a raison, mais il y a des
discussions qui existent actuellement à ce niveau.
M. BLANK: Ce n'est pas tellement un gros problème, le juge parle
des maisons de débauche, mais nous donnerons une caution de $50 qui a
été trouvée. Mais nous avons une autre loi, la loi du
ministère de la Santé qui dit qu'on ne peut pas sortir sous
caution avant de passer un examen médical. Comment peut-on y
remédier? Et seulement pour les femmes. Les hommes sont chanceux, ils
peuvent sortir sous caution sans examen médical. Si Madame Casgrain
était ici, elle serait fâchée fi cause de
l'égalité des femmes.
M. WAGNER: Un dernier point, M. le Président. Puisque nous
parlons de cour d'Appel, de cour Supérieure, je voudrais dire un mot du
palais de justice de Montréal qui est en construction. Les juges de la
cour des Sessions de la Paix aimeraient bien être logés comme les
autres dans le nouveau palais de justice. Si la cour criminelle demeure
actuellement au palais de justice, la Place de la justice, lorsque le nouveau
palais sera terminé, aura apparemment huit étages de disponibles.
Si les cours criminelles sont transférées à ce nouveau
palais de justice, la Place de la justice aura alors six étages de
libres, ou cinq étages si nous réduisons les calculs.
D'autre part, la rénovation du palais de justice actuel ne le
rendrait jamais fonctionnel, il y aurait impossibilité de faire des
corridors, des allées. Donc les juges continueraient, comme fi
présent, fi côtoyer les prisonniers et les amis des prisonniers.
Il y aurait également une dépense énorme de la part du
gouvernement pour rendre le présent palais de justice fonctionnel.
En fusionnant dans un même édifice toutes les cours, on ne
crée pas de précédents, parce qu'ailleurs, fi Toronto, fi
Québec, fi Chicago, fi Los Angeles, on a des palais de justice contenant
toutes les juridictions. Même si le palais de justice actuel était
rénové, il semble d'après les architectes experts et les
ingénieurs qu'il ne pourrait plus suffire aux besoins en 1980.
Pour toutes ces raisons, malgré que le barreau s'oppose et
s'oppose avec vigueur apparemment, j'aimerais plaider enfaveur des juges de la
cour des Sessions et demander au Solliciteur général de faire
pression sur ses collègues afin que la justice soit une, qu'elle soit
logée au même endroit, avec les mêmes facilités, avec
légalité pour tous, et pour les juges et pour les
justiciables.
Est-ce que le Solliciteur répond avec enthousiasme à ma
plaidoirie?
M. MALTAIS (Limoilou): Nous sommes très conscients du
problème que soulève l'ancien ministre de la Justice, qui est
bien au fait de la
situation, je dois l'avouer, beaucoup mieux que moi-même
évidemment, parce qu'il connaît les lieux de l'ancien palais de
justice et du nouveau palais de justice pour y avoir pratiqué, et la
Place de la justice.
Disons qu'actuellement on ne croit pas que cette discussion soit de
nature je le dis sous réserve, quitte à me faire corriger
par le sous-ministre à l'administration quel que soit
l'état de son évolution, soit dans le sens indiqué par le
député de Verdun ou dans un autre sens, on ne pense pas que cette
discussion soit de nature à empêcher l'avancement des travaux.
M. WAGNER: On me dit que la décision devra être prise d'ici
quinze jours; autrement il sera trop tard.
M. MALTAIS (Limoilou): D'ici un mois. M. WAGNER: D'ici un mois, oui.
M. BLANK: II y a aussi un petit problème pas tant pour les juges
que pour les avocats. Les avocats doivent porter leur toge dans les deux
édifices. Ils ne peuvent pas avoir normalement deux toges, une dans
l'édifice de droit civil et l'autre dans l'édifice de droit
criminel. Ils doivent traverser la rue, en toge, en hiver c'est...
M. LE PRESIDENT: On va abolir la toge.
M. BLANK: C'est un petit problème et non pas un gros
problème pour les avocats. Peut-être veut-on que seulement
certains avocats pratiquent le droit criminel, mais cela n'arriverait pas, il y
a des avocats qui pratiquent dans les deux cours. Ils ont besoin d'avoir une
toge aux deux places plutôt que de traverser la rue en toge. C'est le
problème.
M. MALTAIS (Limoilou): C'est un problème auquel je voudrais bien
pouvoir apporter une solution intéressante à ce moment-ci, mais
la solution est loin d'être finale. Il y a la question du barreau. Il
faut encore bien des discussions et bien des rencontres pour tenter d'en
arriver à une solution qui serait équitable.
M. WAGNER: Pour éviter qu'on se mette à creuser un tunnel
entre la Place de la justice et le nouveau palais de justice, qui va être
fait à un coût considérable.
M. BLANK: II y en a un qui existe.
M. WAGNER: Le tunnel qui existe actuellement est entre le vieux palais
de justice et le nouveau palais de justice; il ne nous mènera pas
à la Place de la justice.
M. MALTAIS (Limoilou): Je peux dire que pour les juges il est
évident que nous allons les traiter sur le même pied, quelle que
soit la solution approuvée.
M. WAGNER: Oui, je veux bien qu'ils soient sur le même pied, mais
j'aimerais qu'ils soient aussi sous le même toit.
M. MALTAIS (Limoilou): Et au même niveau.
M. WAGNER: Une dernière remarque également en ce qui
concerne les juges. Je suis très heureux de l'annonce du Solliciteur
général à l'effet que le ministre de la Justice doit
rencontrer la conférence des juges au sujet du traitement. Il y a
d'autres points outre le traitement, il y a la pension des juges. Des
amendements ont déjà été suggérés
à la commission Prévost, des modifications à apporter
à la loi ont été suggérées et j'aimerais
bien que le gouvernement se penche favorablement sur ces requêtes de nos
juges. Il y a également toute la question des présidents de
commissions d'enquête qui reçoivent des émoluments outre
leur salaire de juge, question qui a été soulevée
dernièrement lors de l'étude d'un projet de loi. De nombreux
juges ne se cachent pas pour admettre qu'ils président des arbitrages
pour augmenter leurs traitements et en même temps ils obligent leurs
collègues à assumer un fardeau additionnel. Je pense que ce n'est
pas juste et j'aimerais bien que le gouvernement trouve un moyen de donner
à tous les juges un salaire raisonnable qui, d'après moi, serait
la parité avec les juges de la cour Supérieure.
En retour, les juges offriraient de servir à tour de rôle
sur les différentes commissions d'arbitrage et les différents
comités d'enquête.
M. MALTAIS (Limoilou): La proposition que vient de faire l'ancien
ministre de la Justice, l'honorable député de Verdun, fera
sûrement plaisir à beaucoup de gens et je ne doute pas que c'est
dans le meilleur esprit possible que le gouvernement, et
particulièrement le ministère de la Justice entreprend
actuellement, et entreprendra d'une façon encore plus active dans une
quinzaine de jours, des discussions concernant tout ce problème dont
nous somme très conscients.
M. WAGNER: Un dernier point, M. le Président, est-ce que Je
pourrais attirer l'atten-
tion du Solliciteur général sur un cas assez particulier?
Le cas de Mlle Lucille Thibault, qui agissait, apparemment comme protonotaire
ou assistante du protonotaire, ici, au palais de justice, à
Québec, qui est membre du barreau et dont les qualifications ne font pas
de doute. Apparemment, elle a plusieurs diplômes et brevets et doctorats
de la faculté de Droit, de la faculté de Philosophie de
l'université Laval, de la faculté des Arts et Lettres, de la
faculté de Droit de l'université Laval, ainsi que des
diplômes post-universitaires. Or, il semble que, dernièrement,
elle a été obligée d'accepter une mutation à
Montmagny, avec le résultat que, malgré sa compétence et
ses qualifications, elle assume des fonctions qui lui donnent à peu
près le même salaire, mais elle doit voyager environ cent milles
par jour, pour se rendre et revenir à Québec.
C'est une demoiselle qui a, apparemment, de longues années de
services au gouvernement et qui mériterait un sort plus sympathique. Y
aurait-il possibilité que le service du personnel regarde son cas de
façon plus précise? Je sais que cela a déjà
été porté à l'attention du Solliciteur
général. Je pense qu'elle peut rendre d'excellents services, ici,
à Québec, comme en font foi les requêtes signées par
nombre d'avocats de la ville de Québec.
Pour toutes ces raisons, il me semble que la justice serait mieux servie
si Mlle Thibault reprenait ses fonctions au palais de justice de
Québec.
M. MALTAIS (Limoilou): Je suis parfaitement au courant du cas. Je dois
dire au député de Verdun que c'est ma consoeur de la
faculté de Droit de Laval. C'est une personne que j'estime beaucoup, qui
est très qualifiée, très compétente. Elle travaille
à s'instruire et à se documenter. C'est une recherchiste
très qualifiée. Disons que, pour une période temporaire et
à l'essai, nous avons voulu lui confier ce poste qui comporte quand
même, en soi, une responsabilité assez grande. On m'informe que
c'est sa région natale.
M. WAGNER: Natale, oui, mais elle demeure actuellement à
Québec, avec sa vieille mère dans un petit appartement. Alors, il
faudrait peut-être prendre ceci en considération.
M. MALTAIS (Limoilou): Nous sommes très sympathiques au cas et
nous ne manquerons pas d'y apporter notre meilleure attention.
M. WAGNER: Merci. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire numéro 9: Cours du
bien-être social.
M. WAGNER: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Poste budgétaire numéro
10: Bureaux d'enregistrement.
M. WAGNER: J'ai déjà reçu une lettre d'un notaire
de la région du Saguenay me signalant que les taux avaient
été augmentés au bureau d'enregistrement et me priant de
soulever cette question-là, afin qu'on ne croit pas que ce sont les
notaires qui exigent davantage, mais que c'est bien le gouvernement. Alors,
j'ai fait mon devoir!
M. LE PRESIDENT: Adopté, poste budgétaire numéro
11: Institutions pénales et service de probation.
M. WAGNER: C'est encore à l'état embryonnaire.
M. MALTAIS (Limoilou): Avec projection.
M. WAGNER: Avec projection, alors, adopté.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire numéro 12: Office de
revision du code civil, adopté?
M. WAGNER: Nous sommes particulièrement heureux du travail
effectué par le président de la commission de revision du code
civil et ses associés, les commissaires, les juges à qui il a
confié certains travaux. Cela ne veut pas dire que nous acceptons sans
réserve les conclusions de la commission, particulièrement quant
au régime des acquêts, mais nous faisons confiance à la
commission et nous adoptons avec plaisir le budget présenté.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire numéro 13: Commission
d'enquête sur l'administration de la justice en matière criminelle
et pénale.
M. WAGNER: Nous aurons l'occasion d'en reparler. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire numéro 14: Honoraires et
subventions.
M. WAGNER: Est-ce que ce poste-là comprend l'assistance
judiciaire?
M. MALTAIS (Limoilou): Oui, je le pense.
M. BLANK: Seulement un mot dans cette section-ci. Est-ce que le
gouvernement fait des études sur les questions que l'on appelle les
« public defenders » du côté criminel?
C'est-à-dire avoir des avocats pour les accusés, avec une
équipe d'enquêteurs.
M. MALTAIS (Limoilou): II y a différentes propositions en la
matière qui ont été faites, entre autres par le conseil
consultatif de la justice, la commission Prévost et le barreau,
également. Et actuellement il y a un comité qui est en train
d'étudier la question en même temps que la question de la
sécurité judiciaire.
M. BLANK: Parce que l'assistance judiciaire du côté civil
et du côté criminel, c'est complètement différent.
Seulement pour payer un avocat pour défendre un accusé, ce n'est
pas assez. Il faut plus que cela.
M. MALTAIS (Limoilou): II faut plus que cela, j'en conviens. Il y a les
enquêteurs, les experts, etc.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire numéro 14,
adopté?
M. WAGNER: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire numéro 15:
Dépenses diverses ou imprévues.
M. WAGNER: Ce sont les dépenses du sous-ministre!
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. WAGNER: Adopté. Est-ce que c'est le conseil consultatif?
M. LE PRESIDENT: Juges de la cour Provinciale.
M. MALTAIS (Limoilou): Oui, c'est ça.
M. THEORET: M. le Président, je vous fais remarquer que les
montants qui sont statutaires n'ont pas besoin d'être adoptés ni
votés. Nous pouvons en discuter, mais ma journée à la
présidence de la Chambre m'a permis d'apprendre quelques
règlements.
M. BLANK: On peut mettre de côté ces quatre postes
budgétaires, les questions des traitements des juges et les questions
des pensions. Je pense que mon confrère, le député de
Verdun, a déjà traité de ces sujets; on me dit que l'on
discutera cela d'ici quinze jours avec le conseil des juges et je pense que les
juges seront satisfaits. Je l'espère.
M. LE PRESIDENT: Alors, ceci termine l'étude des crédits
du ministère de la Justice. Je tiens à remercier tout le monde de
la coopération accordée. Le président est enchanté,
cela a été facile et agréable pour tout le monde.
M. MALTAIS (Limoilou): Permettez-moi de remercier, à mon tour,
l'ancien ministre de la Justice, l'honorable député de Verdun,
ainsi que le député de Saint-Louis, de leur collaboration. Je
crois que nous avons fait de la bonne besogne. Alors, je vous remercie, de
même que tous les membres de la commission et également tous ceux
qui ont bien voulu m'accompagner et qui sont de l'administration, à
partir des sous-ministres, des directeurs généraux, enfin tous
ceux qui ont voulu participer à nos délibérations.
M. WAGNER: Je remercie le Solliciteur général. Je
m'associe aux remerciements qu'il adresse à tous les officiers du
ministère de la Justice. Et, quant à moi, j'ai bien hâte
à l'étude du prochain budget, quel que soit le rôle que
j'exercerai à ce moment-làl
(Fin de la séance : 19 h 26)