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Commission permanente de la justice
Etude du projet de loi no 84 Loi concernant les
juges
Etude du projet de loi no 200
Loi concernant le Conseil de sécurité
publique
de la Communauté urbaine de
Montréal
Séance du vendredi 27 décembre 1974
(Onze heures quinze minutes)
Etude du projet de loi no 84
M. HOUDE, Limoilou (Président de la commission permanente de la
justice): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente de la justice étudiera le projet de loi
no 84, Loi concernant les juges.
Les membres de la commission sont les suivants: M. Bellemare (Johnson);
M. Seguin (Pointe-Claire) remplace M. Bienvenue (Crémazie); M. Burns
(Maisonneuve); M. Choquette (Outremont); M. Assad (Papineau) remplace M.
Ciaccia (Mont-Royal); M. Desjardins (Louis-Hébert); M. Goldbloom;
(D'Arcy McGee) remplace M. Levesque (Bonaventure); M. Bédard
(Chicoutimi) remplace M. Morin (Sauvé); M. Faucher (Nicolet-Yamaska)
remplace M. Pagé (Portneuf); M. Samson (Rouyn-Noranda); M. Ostiguy
(Verchères) remplace M. Springate (Sainte-Anne); M. Sylvain
(Beauce-Nord) et M. Côté (Matane) remplace M. Tardif (Anjou).
Article 1?
M. CHOQUETTE: M. le Président, je suggère que le
rapporteur soit le député de Louis-Hébert.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): II est adjoint parlementaire.
M. CHOQUETTE: II n'a pas le droit?
UNE VOIX: Le député de Nicolet-Yamaska.
M. CHOQUETTE: Excellente suggestion. Je suggère que cela soit le
député de Nicolet-Yamaska qui soit le rapporteur de cette
commission.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors, M. Faucher,
député de Nicolet-Yamaska, est nommé rapporteur de la
commission. Adopté?
DES VOX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 1?
M. CHOQUETTE: A l'article 1, avant d'aborder la discussion, je voudrais
y apporter un amendement pour faire en sorte que l'indexation du traitement des
juges soit conforme aux principes et aux modalités de l'indexation qui a
été appliquée dans le cas des députés,
question qui a fait l'objet d'une discussion hier à la commission
parlementaire de l'Assemblée nationale.
Je suggérerais donc de biffer dans le premier alinéa les
mots "... du pourcentage que représente le rapport, etc.." jusque et
incluant les mots "... Loi sur la statistique", et de remplacer ces mots par
"... de façon que le traitement, pour chaque année, soit
égal au montant du traitement pour l'année
précédente multiplié par le salaire de base pour
l'année précédente et divisé par le salaire de base
pour l'année antérieure à cette dernière. "Le
salaire de base pour une année est la moyenne arithmétique des
traitements et salaires hebdomadaires pour l'ensemble des activités
économiques au Canada, tel que les publie Statistique Canada en vertu de
la Loi sur la statistique, pour chacun des douze mois de la période se
terminant avec le mois de juin de l'année.
Ces traitements et salaires, pour chacune des deux années
précédant celle pour laquelle l'indemnité est
calculée, sont ceux apparaissant dans la première publication de
Statistique Canada contenant ceux pour le mois de juin précédant
immédiatement l'année pour laquelle l'indemnité est
calculée.
Lorsque le produit du calcul selon le premier alinéa n'est pas un
multiple de dix, le montant forfaitaire est porté au plus proche
multiple de dix.
L'article 1 continue avec l'autre alinéa qui est
déjà au projet de loi: "Le montant forfaitaire visé au
premier alinéa, etc..."
Je crois que l'amendement que je suggère est en conformité
avec le principe adopté hier à la commission parlementaire de
l'Assemblée nationale, sauf évidemment que dans le cas des juges,
il ne s'agit que du paiement d'un forfaitaire pour l'année 1975,
forfaitaire indexé de la façon mentionnée
précédemment et qu'il n'engage pas sur le plan législatif
quant à l'évolution future des traitements des juges.
Pour le moment, M. le Président, je voudrais proposer cet
amendement que je vais vous remettre et que vous pourrez remettre par la suite
au rapporteur afin de faire son rapport.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): D'accord.
M. CHOQUETTE: Je regrette, je n'ai pas de copie mais je peux vous le
montrer.
UNE VOIX: Je n'ai pas vu l'autre, hier.
M. SAMSON: II serait peut-être bon qu'on en ait une
photocopie.
M. CHOQUETTE: Cela ne se photographie pas comme ça.
M. BURNS: Alors, M. le ministre, que faites-vous? Vous adoptez la
même méthode de calcul que celle qui a été
adoptée hier puisqu'ils ont réussi à se rendre à
l'article 5 à la commission de l'Assemblée nationale, formule qui
s'applique, dans le projet de loi no 87, au traitement des
députés avec la restriction suivante que vous faites pour les
juges. C'est qu'elle ne s'applique que pour cette année et que, pour les
années à venir, vous ne réglez pas le problème.
M. CHOQUETTE: Si je ne règle pas le problème pour les
années subséquentes, c'est que la question du traitement des
juges est une question qui est à l'étude à l'heure
actuelle au ministère de la Justice. Ce n'est pas que j'en ai contre une
formule d'indexation pour l'avenir ainsi qu'on l'a adoptée pour les
députés. Mais, dans le cas des juges, il faut prendre en
considération les pensions qui sont actuellement versées aux
juges, les pensions qui sont versées à leurs veuves, les pensions
qui sont versées à leurs enfants, les bénéfices
marginaux que les juges ont droit d'avoir en vertu de leur fonction actuelle.
Tous ces aspects n'ont pas fait l'objet d'un examen en profondeur de telle
sorte qu'il soit possible au gouvernement d'arriver aujourd'hui avec une
formule définitive quant aux conditions de travail des juges en
général.
C'est la raison pour laquelle je me propose, au cours de l'année
qui vient, d'élaborer une formule qui aura une valeur stable et qui
pourra probablement guider l'Assemblée nationale dans les
décisions qu'elle aura à prendre à l'avenir. Mais je
n'exclus pas du tout, au contraire, une formule d'indexation s'appli-quant au
traitement des juges comme d'ailleurs à leur pension et aux autres
bénéfices marginaux auxquels ils ont droit.
Mais, pour le moment, je trouverais un peu prématuré
d'apporter une formule qui soit définitive, ainsi qu'on l'a fait pour
les députés. C'est la raison pour laquelle je me contente
d'apporter une amélioration à leur situation actuelle en fonction
de l'augmentation du coût de la vie.
M. BURNS: Comme je l'ai mentionné l'autre soir à
l'Assemblée nationale lorsqu'on a discuté le projet de loi en
deuxième lecture, l'objection que nous avons fait valoir à
l'endroit de ce projet de loi est de la même nature et ne concerne pas la
valeur du travail accompli par les juges, ni quoi que ce soit, pas plus que nos
objections, quand on discute du traitement des députés, ne
concernent sûrement pas la valeur du travail effectué par le
député. Nos objections sont d'un tout autre ordre et je n'ai pas
l'intention de toutes les redire ici.
Qu'il soit simplement enregistré pour les fins des Débats
que notre objection, dans le cas des juges comme dans le cas des traitements
des députés, selon nous, est qu'il est prématuré,
en ce sens qu'il y a d'autres catégories de la société
je ne veux pas faire de démagogie en disant cela qui
mériteraient qu'on s'occupe de leur sort avant de s'occuper du sort des
juges.
Je vais même plus loin que cela. Je vais dire que maintenant que
l'article 5 du projet de loi no 87 est adopté, dans une autre
commission, celle de l'Assemblée nationale, j'aurais même
été favorable, moi, que le problème d'indexation du
salaire des juges pour l'avenir soit réglé définitivement,
qu'on n'ait pas, à chaque année, à réévaluer
le salaire des juges comme on réévalue de la marchandise. Je
trouve cela aussi malheureux qu'on soit obligé de refaire cela
d'année en année, de soupeser à nouveau le travail des
juges et souvent de les mettre, eux qui n'ont pas de voix sur la place
publique, dans des positions difficiles.
Le ministre me dit que l'ensemble des problèmes concernant le
traitement des juges va être réexaminé, que c'est dans ce
sens qu'il ne veut pas aller plus loin que cette année, dans le
traitement des juges. J'accepte cette condition qui se défend
logiquement. S'il doit y avoir des changements importants dans leur formule de
rémunération, dans leurs avantages sociaux, leur système
de retraite, j'accepte cet argument comme étant parfaitement
défendable. Vous pourrez me l'opposer peut-être l'année
prochaine, quand on reviendra à discuter du salaire des juges, mais je
pense que cela aurait valu la peine, si on avait eu suffisamment d'informations
sur l'ensemble du traitement des juges, de l'indexer définitivement.
J'espère que, dans les solutions recherchées
éventuellement quant au traitement des juges, on tâchera de
trouver la formule analogue, peut-être plus adaptée, en ce qui
concerne les juges mais une formule analogue à celle qui, actuellement,
est en train de se discuter pour les députés. Même si on
est contre, cette formule a quand même l'avantage de sortir des mains de
l'Assemblée nationale le salaire de ces catégories
d'employés, si je peux dire, du gouvernement, et d'enlever ce petit
côté indécent qu'il y a et pour les députés
de se voter leur salaire, et pour les députés de voter les
salaires des juges, jusqu'à un certain point de les garder à
notre merci au point de vue des salaires. Si on peut réussir à
trouver une formule objective, et quand je parle de formule objective, je veux
dire une formule sur laquelle nous n'avons pas à intervenir.
La formule de comparaison de la hausse du salaire moyen au Canada est
une formule objective qui est facilement détectable, qui ne peut pas
être manipulée, puisque les indices nous viennent de Statistique
Canada. L'échantillonnage est tellement vaste, quand on parle de
l'augmentation du salaire moyen au Canada,
que c'est évident qu'on ne peut pas jouer sur ce salaire.
Tout en étant contre pour les raisons que j'ai
mentionnées, je suggère pour l'année prochaine qu'on
envisage la possibilité pour les juges de trouver une formule analogue
à celle qu'on a trouvée pour les députés.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je suis content d'entendre le
député de Maisonneuve s'exprimer dans le sens qu'il vient de le
faire. Je pense que l'esprit des Fêtes l'a gagné finalement. Ce
n'est pas qu'il veuille faire des cadeaux inconsidérément,
je ne dis pas ça mais il a délaissé son style
inflexible habituel et je suis content de la souplesse...
M. BURNS: Je suis obligé d'être...
M. CHOQUETTE: ... de la compréhension, et, enfin, de l'ouverture
d'esprit qu'il manifeste et qu'il vaut la peine de souligner. Je dois dire que
j'abonde non pas dans tout ce qu'il a dit, mais je dirais dans l'essentiel. Je
prends acte de son intérêt pour une formule d'indexation pour le
traitement des juges.
M. BURNS: Tout en espérant que le gouvernement aura trouvé
une formule pour régler le problème des autres classes de la
société d'ici ce temps-là.
M. CHOQUETTE: Oui, je note cela et vous pouvez être sûr
aussi que, sur ce plan-là, je n'ai aucune réserve à
l'égard des propos du député de Maisonneuve. Je ne veux
pas être en reste sur les porpositions qu'il fait à l'effet que
nous devons nous intéresser à toutes les classes sociales qui
souffrent de l'inflation et qui voient leur revenu entamé par
l'augmentation des prix.
Maintenant, le problème des juges est particulier, il faut bien
l'admettre, dans le tout. Comme je l'ai dit, pour le moment, je ne pourrais pas
arriver, je crois, avec une formule vraiment satisfaisante, mais je compte
qu'au cours de l'année il me sera possible de le faire. Je crois
qu'à ce moment-là nous pourrons peut-être trouver une
formule qui enlèvera un peu de cet comment pourrais-je dire, je
cherche le mot juste élément déplaisant qu'il y a
pour nous de discuter des traitements des juges à période assez
régulière à l'Assemblée nationale, malgré
que ceci s'est fait, sans aucun doute, depuis cent ans et que ça s'est
toujours produit comme ça. Mais, si on pouvait trouver une formule
définitive qui réglerait le problème en toute
objectivité, ce serait sûrement souhaitable. Je compte pouvoir
apporter une formule qui soit satisfaisante à ce point de vue
là.
M. BURNS: Je veux simplement ajouter ceci à une des remarques du
ministre qui voyait dans mes remarques un esprit des Fêtes et un esprit
beaucoup plus généreux que celui que j'avais
démontré l'autre soir en deuxième lecture. C'est que je
suis obligé d'être logique avec moi-même. Je sais, j'ai une
connaissance judiciaire presque, j'ai une connaissance législative, en
tout cas, que l'autre commission a déjà adopté la formule
qui était un des éléments de base de notre contestation.
Je serais donc très malvenu, maintenant que je sais que la commission de
l'Assemblée nationale a adopté la formule pour le traitement des
députés, d'arriver et de faire des juges une espèce de
catégorie à part alors que nous-mêmes, malgré notre
objection, à nous de l'Opposition, nous nous sommes accordé une
formule qui est semblable à celle que l'on propose pour les juges. C'est
pour cela que vous me voyez beaucoup plus complaisant à l'endroit de
votre projet de loi aujourd'hui que je ne l'étais avant-hier lorsque cet
article 5 du projet de loi no 87 n'était pas adopté.
M. CHOQUETTE: Aussi, je crois que dans les prises de position du
député de Maisonneuve ce matin, il importe de prendre en
considération ses prises de position dans des milieux plus secrets, tel
que le conseil national de son parti où le député de
Maisonneuve...
M. BURNS: Est-ce que vous y étiez?
M. CHOQUETTE: ... ne s'est pas fait, disons donc, le porte-parole de
solutions mesquines.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ne commencez pas un débat.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Pointe-Claire.
M. SEGUIN: M. le Président, une question qui se rapporte
peut-être plus ou moins directement au projet, qui porte sur la question
de l'indexation des salaires. On pense toujours en relation à
l'augmentation du coût de la vie. Je présuppose qu'il est
sous-entendu qu'advenant une crise économique ou autre chose, quand cela
baissera, les salaires ou les montants forfaitaires ou autres seront
diminués dans les mêmes proportions. Est-ce que le
thermomètre fonctionne des deux côtés ou si ce n'est qu'en
montant?
M. CHOQUETTE: Dans le cas qui nous occupe, en ce qui concerne les juges,
j'attire l'attention du député de Pointe-Claire sur le fait qu'il
ne s'agit que d'un forfaitaire pour une seule année, l'année
1975. Je ne crois pas qu'il soit prévu par aucun économiste ou
aucun gouvernement que le coût de la vie va baisser durant l'année
qui vient. Au contraire, toutes les prévisions sont à l'effet que
le coût de la vie va augmenter, de telle sorte que je crois qu'en
pratique le problème soulevé par le député de
Pointe-Claire ne se pose pas.
Cependant, si on parle de politique d'indexation en
général, j'admets très bien qu'on puisse tenir compte du
point de vue exprimé par le
député de Pointe-Claire, c'est-à-dire que si on
devait subir une crise genre 1929, avec une dégringolade des prix
à la consommation, eh bien il ne faudrait pas qu'il y ait des
catégories sociales qui bénéficient au maximum de cette
inflation par un maintien artificiel de leur niveau de traitement
antérieur.
Mais je crois qu'en pratique le problème ne se pose pas, au moins
en ce qui concerne les juges, étant donné qu'il ne s'agit que
d'une solution s'appliquant à une seule année.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, je prends note de la
promesse qui a été faite par le ministre de la Justice à
l'effet qu'il emploierait ses efforts à trouver une formule d'indexation
valable pour les autres catégories de travailleurs dans la
société.
Je suis parfaitement d'accord sur l'essentiel des propos qui ont
été tenus par le leader de l'Opposition. Je crois qu'il est
nécessaire qu'on trouve au plus vite une formule adéquate qui
puisse permettre qu'à chaque année ne revienne pas toujours cette
évaluation du salaire des juges ou du salaire des députés,
évaluation qui est toujours difficile à faire et qui a toujours
un petit caractère difficile si on se place par rapport à la
perception de l'opinion publique.
Je voudrais quand même poser une question au ministre. Je voudrais
savoir quels sont les motifs qui lui ont fait choisir la moyenne des
traitements et salaires hebdomadaires au Canada, plutôt que de choisir
peut-être le pourcentage de la hausse de l'indice des prix, par exemple,
à Montréal, car il me semble que cela rejoindrait plus l'objectif
qui est poursuivi lorsqu'on parle d'indexation, à savoir celui de
rattraper le pouvoir d'achat perdu. A ce moment, il me semble que la hausse de
l'indice des prix est plus conforme pour représenter la véritable
hausse du coût de la vie que la hausse des salaires hebdomadaires moyens
au Canada.
M. CHOQUETTE: Je pense que le député va admettre avec moi
qu'il y a intérêt à ce que les formules adoptées
à l'égard des députés soient identiques aux
formules adoptées à l'égard des juges et qu'il n'y ait pas
des régimes différents d'indexation.
Je crois que c'est un premier point de vue, peut-être
préliminaire, mais c'est un point de vue qui vaut sûrement la
peine d'être mentionné.
M. BEDARD (Chicoutimi): N'est-ce pas un motif de concordance...
M. CHOQUETTE: Oui.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... avec l'article 5 de la loi des...
M. CHOQUETTE: C'est cela. Deuxièmement, je pense bien qu'on
admettra que l'accroissement des traitements au Canada reflète, d'une
certaine façon, l'accroissement du coût de la vie, et je pense que
nous en tenons compte de cette façon.
M. BEDARD (Chicoutimi): Quelle est la raison de se référer
à Statistique Canada? Je comprends que c'est normal à partir du
moment où on prend la hausse du salaire hebdomadaire moyen au Canada,
mais n'aurait-il pas été possible de prendre plutôt une
formule qui tienne compte de la hausse de salaire hebdomadaire au
Québec, puisque dans le fond, nous sommes en quelque sorte, j'imagine,
solidaires de l'économie québécoise? Si elle
s'avère meilleure que celle du reste du Canada, il serait normal que
nous en ressentions les conséquences, et de la même
manière, si elle s'avère moins élevée que celle du
reste du Canada, il serait normal, également, d'être solidaire de
la situation de l'ensemble des Québécois.
M. CHOQUETTE: Je crois qu'à la commission de l'Assemblée
nationale où ces problèmes ont été discutés,
on a cherché un indice qui soit assez représentatif de
l'évolution des traitements et des salaires au Canada, des indices du
coût de la vie, et qu'on est arrivé avec ce barème
statistique, qui est quand même assez réaliste et qui
représente d'assez près l'évolution de la situation
économique dans son ensemble.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Y a-t-il d'autres commentaires sur
l'article 1? L'article 1 est amendé: A la onzième ligne du
premier paragraphe de l'article 1, après le chiffre 1975, biffer le
reste du paragraphe et le remplacer par ce qui suit: "De façon que le
traitement pour chaque année soit égal du traitement pour
l'année précédente multiplié par le salaire de base
pour l'année précédente..."
M. SAMSON: M. le Président, vous avez oublié un mot. "...
soit égal au montant du traitement..."
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): "... soit égal au montant du
traitement pour l'année précédente multiplié par le
salaire de base pour l'année précédente et divisé
par le salaire de base pour l'année antérieure à cette
dernière. Le salaire de base pour une année est la moyenne
arithmétique des traitements et salaires hebdomadaires pour l'ensemble
des activités économiques au Canada tels que les publie
Statistique Canada en vertu de la Loi sur la statistique pour chacun des douze
mois de la période se terminant avec le mois de juin de l'année.
Ces traitements et salaires pour chacune des deux années
précédant celle pour laquelle l'indemnité est
calculée soit ceux apparaissant dans la première...
M. DESJARDINS: "... sont ceux..."
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): "... sont ceux apparaissant dans la
première publication de Statistique Canada contenant ceux pour le mois
de juin précédant immédiatement l'année pour
laquelle l'indemnité est calculée. Lorsque le produit du calcul,
selon le premier alinéa, n'est pas un multiple de dix, le montant
forfaitaire est porté au plus proche multiple de dix". Adopté tel
qu'amendé? Article 2.
M. BURNS: Adopté sur division, pour les raisons que j'ai
mentionnées.
M. BEDARD (Chicoutimi): Avec votre permission, simplement une question
d'information. On dit, à l'alinéa 3: "Le présent article
ne s'applique pas aux juges considérés en congé sans
traitement". Cela peut concerner...
M. CHOQUETTE: C'est parce que nous avons des juges qui sont
présidents ou membres de commissions et qui, en plus de leur traitement
de juge, ont un montant additionnel en tant que présidents ou membres
d'organismes quasi judiciaires. Par conséquent, il ne fallait pas
ajouter aux sommes qui sont déjà, d'ailleurs, indexées et
qui dépendent aussi de certaines politiques de la fonction publique.
C'était pour ne pas donner un montant déraisonnable.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ceux qui occupent de telles fonctions sont
déjà sujets à certaines règles de la fonction
publique qui régissent ces commissions.
M. CHOQUETTE: Ils ont leur traitement de juge ou de juge en chef, selon
le cas, et, en plus de cela, ils ont un montant additionnel qui est
fondé sur certaines règles de la fonction publique et qui varie
d'année en année.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 1, adopté tel
qu'amendé. Article 2? Adopté.
Le projet de loi no 84, Loi concernant les juges, adopté sur
division.
M. BEDARD (Chicoutimi): Adopté. M. BURNS: C'est ça, M. le
Président.
Etude du projet de loi no 200
LE PRESIDENT (Houde, Limoilou): Projet de loi no 200, Loi concernant le
Conseil de sécurité publique de la Communauté urbaine de
Montréal.
Article 1?
M. CHOQUETTE: L'article 1, M. le Président, traite du conseil
consultatif formé des maires des municipalités, du
président du Conseil de sécurité, etc. Je pense qu'il n'y
aura pas de difficulté quant à l'adoption de cet article. Je
voudrais quand même faire un petit amendement à l'alinéa
207 b). Je voudrais remplacer les mots "problèmes que rencontrent les
municipalités relativement au service de police" par les mots suivants:
"questions qui concernent la protection policière et la lutte contre la
criminalité dans les municipalités". Le paragraphe continuerait
par la suite exactement suivant les mêmes termes qu'il a: "et de faire au
Conseil de sécurité publique toute recommandation qui lui
paraît appropriée pour améliorer le service de police".
M. BEDARD (Chicoutimi): Question qui concernent?
M. CHOQUETTE: "Question qui concernent la protection policière et
la lutte contre la criminalité dans les municipalités, et..." La
raison pour laquelle je voudrais faire cet amendement, c'est qu'à
proprement parler ce ne sont pas les municipalités qui rencontrent des
problèmes de service de police; c'est plus la population de ces
municipalités qui a des problèmes de protection policière
et de lutte contre la criminalité. C'est dans le sens de mieux exprimer
les objectifs du conseil consultatif. Même si les problèmes de
service de police font l'objet de représentations par les maires des
diverses municipalités au sein du conseil consultatif, ce sont, à
proprement parler, des questions de protection policière et de lutte
contre la criminalité qui sont l'objectif des discussions au sein du
conseil consultatif. Je ne crois pas que cela change fondamentalement
l'article, mais je crois que cela le dit d'une façon plus claire.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Pointe-Claire.
M. SEGUIN: Dans l'article 207 a) ma question s'adresse au
ministre il y a un personnage qui brille par son absence à ce
comité consultatif, c'est le président de la CUM. Est-ce
intentionnel de ne pas l'inclure ou si on a voulu l'exclure?
M. CHOQUETTE: II n'y avait pas d'intention de l'exclure, mais je ne
croyais pas que c'était la place du président de la
communauté urbaine d'être au conseil consultatif, parce que la
gestion du corps de police appartient au Conseil de sécurité. Le
président de la communauté urbaine ne joue pas de rôle,
d'après la Loi de la Communauté urbaine de Montréal, au
point de vue de l'administration de la police. Je pensais donc qu'il ne fallait
pas venir mêler les cartes en introduisant un autre personnage dans ce
conseil consultatif que ceux qui sont directement visés par le
problème en question, c'est-à-dire les maires des diverses
municipalités et le président du Conseil de
sécurité publique.
M. SEGUIN: Je n'ai pas à défendre le président de
la CUM. C'est qu'au sein ou au niveau du comité exécutif de la
CUM, on aurait une situation où les membres, surtout ceux qui sont
maires, y compris le maire de Montréal, auraient tous accès aux
délibérations de ce comité consultatif. A ce
moment-là, le seul qui n'aurait pas l'information, en
réalité, serait le président de l'exécutif. Ce
serait le moins renseigné de tous.
M. CHOQUETTE: Mais il n'y a rien dans la loi qui dise que les
délibérations de ce conseil consultatif sont secrètes. En
fait, elles peuvent être publiques. Cela dépendra de la
volonté des participants. Vous savez, j'ai toujours maintenu dans mes
prises de position antérieures l'autonomie de la gestion du Conseil de
sécurité publique sur le corps de police, ceci afin de donner
à l'administration de la police toutes les garanties
d'impartialité et d'objectivité.
C'est la raison pour laquelle j'hésite à introduire de
nouveaux personnages dans l'ensemble de la gestion du corps de police,
excepté ceux qui sont directement intéressés.
M. SEGUIN: Je n'ai pas l'intention d'argumenter bien longtemps
là-dessus. Je pense que la réponse me satisfait comme
explication. On passe encore peut-être sur une question de principe ici,
malgré que c'est mentionné, à l'article 207B, qu'on
examine... Ce comité doit étudier "les problèmes que
rencontrent les municipalités relativement au service de police" et les
problèmes qui existent. On exclut toute allusion ou tout commentaire en
ce qui concerne les problèmes budgétaires et financiers. On s'en
tient tout simplement ici à ce qui peut arriver dans une
municipalité ou dans une autre où on fait des recommandations
basées là-dessus, sur ce qu'on rencontre. Mais je pense que l'un
des grands problèmes de base a toujours été cette question
de financement et que ce comité consultatif n'a même pas le droit,
d'après ce projet de loi, d'y songer. N'y a-t-il pas...
M. CHOQUETTE: Je note avec intérêt les propos du
député de Pointe-Claire et j'attire son attention sur le fait que
j'ai proposé un changement à la phraséologie, au texte de
l'article 207B...
M. SEGUIN: Oui.
M. CHOQUETTE: ... qui ne me semblerait pas fermer la porte à des
discussions entre les maires des municipalités et le Conseil de
sécurité publique, en disant: Vous dépensez trop d'argent
dans tel domaine ou vous n'en dépensez pas assez dans tel secteur, et
ainsi la protection policière est trop considérable dans tel
secteur et insuffisante dans un autre secteur. Je pense qu'il n'y a rien,
d'après le texte amendé que j'ai soumis, qui empêche le
conseil consultatif de soulever auprès du Conseil de
sécurité des questions qui concernent l'administration
financière, malgré que sans doute le but principal de ce conseil
consultatif est de faire en sorte que les citoyens de toutes les parties de
l'île puissent faire connaître au Conseil de sécurité
leurs critiques, leurs revendications, leurs suggestions à
l'égard du service unifié de la police.
M. SEGUIN: C'est que les deux problèmes se rattachent, ils sont
très près. C'est dire qu'on peut critiquer la qualité d'un
service rendu et cette critique, dans le moment, doit être
apportée sans considération des frais et des coûts d'une
amélioration possible. Maintenant, en prenant connaissance des
coûts que pourrait entraîner une amélioration à un
service d'ordre dans des municipalités ou une municipalité, que
ce soit Montréal ou une autre, il me semble que la recommandation serait
plus logique de la part du comité s'il avait effectivement,
d'après la loi, le droit de regard sur les coûts. Vous dites que
ça semble être sous-entendu, mais on n'interprète jamais la
loi de cette façon, vous le savez. Vous avez beaucoup plus
d'expérience que moi. Et l'expérience que j'ai eue au Conseil de
sécurité dans la communauté urbaine, c'est que lorsqu'on
le veut, on s'en tient au texte et à la lettre de la loi.
Ordinairement le président de la CUM, du conseil de la CUM, s'en
tient à la lettre et au texte. Alors ce serait assez difficile de faire
admettre qu'il est sous-entendu qu'on puisse regarder. On va dire : Non, je ne
vois pas que ce soit dans la loi, messieurs. Il s'agit ici d'un
problème, ce problème peut sous-entendre un problème
financier mais, en réalité, cela ne vous donne pas un droit de
regard sur les coûts.
M. CHOQUETTE: Par contre, je crois que le député de
Pointe-Claire va admettre que lorsque la Communauté urbaine ou le
conseil de la communauté dépose le budget annuel auprès du
conseil de la communauté, comprenant le budget de la police, tous les
éléments du budget de la communauté et du budget de la
police peuvent faire l'objet de discussions au conseil de la
communauté.
Je ne voudrais pas aller créer un forum additionnel où on
pourra discuter de tous les problèmes financiers qui concernent le
service de police en plus des problèmes de la protection
policière alors qu'il y en a déjà un qui existe de par la
loi, celui du conseil de la communauté.
Il faudrait quand même, avec un conseil consultatif, ne pas
être à cheval sur les mots et ne pas être plus étroit
qu'il ne le faut en disant, par exemple, qu'une discussion sur le
côté financier est interdite au conseil consultatif; mais ce n'est
pas l'objet principal du conseil consultatif.
Si je donnais suite, peut-être, à une suggestion du
député de Pointe-Claire dans ce sens, je craindrais que le
conseil de la communauté
puisse nous dire: Mais vous avez déplacé le débat
quant aux discussions budgétaires vers le conseil consultatif et vous
allez faire du conseil de la communauté un organisme dont
l'autorité juridique va subir un empiétement de par l'existence
du conseil consultatif.
Je voudrais simplement, aussi, dire au député de
Pointe-Claire que le conseil consultatif proposé par la loi actuelle
résulte de rencontres avec les maires, qui ont manifesté de
l'intérêt pour un organisme de type consultatif qui leur permette
de signaler à l'attention du Conseil de sécurité les
problèmes en rapport avec la protection policière dans les
diverses municipalités. Je suis parti de cela pour préparer ce
texte et je ne voudrais pas créer un autre organisme parallèle et
équivalent au conseil de la communauté.
M. SEGUIN: II ne faut pas se méprendre et comprendre que je
veuille établir un autre niveau ou un autre échelon
d'étude ou d'examen de toutes sortes de choses. C'est que, au conseil de
la Communauté urbaine, les membres du conseil de la Communauté
urbaine ont droit de regard sur les coûts de la police,
c'est-à-dire sur le contenant mais ils n'ont pas le droit, ils n'ont pas
le privilège de discuter du contenu dans ses détails.
Je me disais tout simplement que, si ce comité pouvait avoir une
espèce de droit de regard sur le contenu de ce que proposerait
éventuellement la Communauté urbaine, il serait dans une
meilleure position pour comprendre la raison de certaines dépenses que
beaucoup prétendent, et moi compris, exagérées de temps
à autre.
Je pense, si le ministre n'a pas l'intention de le spécifier dans
la loi, que ces commentaires ont fourni ce qu'on pourrait appeler une certaine
jurisprudence. Et on pourra se référer au journal des
Débats peut-être pour interpréter justement l'intention du
législateur lorsqu'il a adopté cette loi. N'incluant pas
Percé, on dit de toute façon ici que oui, si nécessaire,
on aura un droit de regard sur le côté financier. S'il s'agissait
là d'améliorer le service de police, on pourrait s'informer du
coût, à savoir ce que cela peut coûter que d'apporter ces
améliorations, si on en a réellement besoin, etc. Est-ce dans ce
sens que vous avez commenté?
M. CHOQUETTE: Oui.
M. SEGUIN: C'est cela. Oui? C'est cela.
M. BURNS: M. le Président, le ministre devrait peut-être
avertir le député de Pointe-Claire que ce n'est pas ici le
"filibuster"!
DES VOIX: Ha! Ha!
M. SEGUIN: ... minutes pour...
M. SAMSON: Pour faire changement, un "filibuster" gouvernemental!
M. SEGUIN: Bien oui.
M. BEDARD (Chicoutimi): II pourrait faire...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'article 207 b) est modifié,
à la deuxième ligne, en remplaçant les mots
"problèmes que rencontrent les municipalités relativement au
service de police" par les suivants: "questions qui concernent la protection
policière et la lutte contre la criminalité dans les
municipalités."
L'amendement est-il adopté?
Adopté. Article 1, adopté tel qu'amendé.
Article 2.
M. BURNS: Relativement à l'article 2, c'est celui contre lequel
je me suis élevé principalement l'autre soir, en deuxième
lecture. Dans sa réplique, le ministre a tenté, en vain, de me
convaincre qu'il ne s'agissait pas d'une intervention de l'Exécutif dans
le pouvoir judiciaire. Je pense qu'on n'a qu'à lire le texte actuel de
l'article 53 pour se rendre compte qu'il en est, tout au contraire, d'une
intervention du législatif dans un processus judiciaire.
Autrement, comment pourrais-je interpréter les dispositions de
l'alinéa 4 de l'article 53, alinéa qui se lit comme suit: "La
Commission de police entend les parties. Au besoin, elle convoque le Conseil de
sécurité. Par sa décision, une décision qui
est prise la commission approuve, avec ou sans modifications, la
décision du Conseil de sécurité". Et troisième
alinéa: "II n'y a pas d'appel de la décision de la Commission de
police".
C'est évident que c'est un processus au moins quasi judiciaire
qui, dans mon esprit, n'est pas différent du processus, par exemple,
d'un tribunal d'arbitrage où la seule question est une question
administrative, très souvent.
Très souvent, dans le cas des policiers, par exemple, au cours
des négociations ou au cours des étapes antérieures
à l'arbitrage, comme la conciliation, vous pouvez avoir
réglé tous les problèmes mécaniques de la
convention collective, les problèmes normatifs, et arriver avec une
décision que le tribunal d'arbitrage ait à prendre uniquement sur
la hausse salariale. Ce n'est pas rare. Maintenant, je me demande, dans le cas
où le lieutenant-gouverneur en conseil veut absolument intervenir, s'il
ne faudrait pas amender l'article 53 pour enlever ce processus quasi judiciaire
tout simplement et qu'il intervienne au niveau de la décision
administrative, ça je l'admets, du Conseil de
sécurité.
Là, à ce moment-là, vous n'avez pas, au niveau du
Conseil de sécurité, une décision qui a un
caractère quasi judiciaire comme la décision qui, à toutes
fins pratiques est une décision en appel de la décision
administrative du Conseil de sécurité.
Il me semble qu'à ce moment-là, si le ministre veut
être logique, s'il veut absolument intervenir, s'il veut que le
lieutenant-gouverneur
en conseil intervienne, qu'on enlève la commission de police dans
le processus. Il faut avoir le courage de ses actes, il faut accepter les
conséquences des gestes qu'on pose. Autrement, je trouve que, sous ce
premier angle, en tout cas, on fait un accroc très sérieux au
principe, que j'énonçais l'autre soir, de l'indépendance
des trois grands pouvoirs dans notre société, législatif,
exécutif et judiciaire. C'est ma première remarque
là-dessus.
Maintenant, il y a un deuxième aspect qui me préoccupe
davantage et, sans doute, qui en préoccupe d'autres aussi. Je vois des
gens de la Fraternité des policiers de Montréal, ici, qui suivent
de près, depuis que le ministre de la Justice a déposé son
projet de loi no 200, l'évolution de cette loi. Comment tout ça
va être compatible avec des droits qui existent, soit dans les
conventions collectives, soit dans le code du travail, que ce soit pour les
associations? Je souligne la Fraternité des policiers de
Montréal, mais il y a aussi le syndicat des fonctionnaires municipaux de
Montréal qui ont, je pense, aussi un intérêt dans ces
décisions-là.
Il me semble qu'on devrait tout au moins, si le ministre veut laisser
son texte de loi tel qu'il est actuellement présenté,
protéger les droits de ces gens dans ce même texte. Ce qui me
motiverait, M. le Président, à vous proposer un amendement: Qu'on
ajoute au paragraphe l'alinéa 9, suivant: "Toute décision rendue
en vertu du présent article ne peut affecter les droits d'une
association de salariés en vertu du code du travail, ni ceux d'un
salarié régi par une accréditation émise en vertu
dudit code tel que prévu dans une convention collective de travail ou
dans ledit code du travail".
Il me semble qu'on mettrait au moins des bornes à une telle
décision de la Commission de police et on mettrait aussi des bornes
à une décision de veto du lieutenant-gouverneur en conseil, en
disant: Bien, au moins, quelles que soient les décisions qui seront
prises en vertu de l'article 53 au sujet de cette allocation des ressources
humaines, elles ne devront pas affecter les droits des associations, et des
salariés. Par exemple, je ne sais pas si cela s'applique
si par hasard le Conseil de sécurité ou la Commission de police
décidait que, dans les cas où actuellement les policiers font la
patrouille à deux, ce soit réduit à un pour l'avenir, je
pense qu'on brimerait les droits des policiers qui fonctionnent dans ces
conditions de travail actuellement. Il y a quelques années, je pense que
c'est en 1965, l'honorable juge Albert Mayrand, de la cour Supérieure de
Montréal, avait émis contre la ville de Laval une injonction,
lorsque celle-ci avait voulu, pour des questions d'économie, des
questions purement administratives encore, réduire le nombre de
policiers sur les autos-patrouille de nuit de deux à un. L'injonction
avait été émise je m'en souviens très bien
parce que c'est moi qui l'avais plaidée au nom de la Fraternité
des policiers de Laval contre la ville de Laval, lui enjoignant de ne
faire aucune modification à des dispositions de convention collective;
en l'occurrence il s'agissait de réduire le nombre de policiers
je vous cite ce cas sur les autos-patrouille.
On peut imaginer un tas de décisions qui pourraient être
prises dans cette fameuse étude de l'allocation des ressources humaines,
qui pourraient affecter les droits et des fonctionnaires reliés au
service de police de la communauté urbaine et des policiers
eux-mêmes. Même si je suis encore aussi contre le fait qu'on
introduise ce principe du droit de veto de l'exécutif dans une
décision que je continue à croire quasi judiciaire, ou que je
considère comme un processus quasi judiciaire, il me semble que,
malgré mon objection, déjà j'aurais un peu moins
d'inquiétude si on acceptait un amendement, soit le mien ou un autre,
qui apporte des atténuations à la possibilité
d'intervention dans les relations de travail. D'ailleurs le ministre va se le
rappeler, lors de l'étude du projet de loi no 281 cela a
été un des problèmes qui ont sous-tendu constamment cette
éventuelle intégration des forces policières sur
l'île de Montréal.
Pendant que des gens de la Fraternité des policiers de
Montréal sont ici, je ne sais pas si la commission consentirait à
les entendre. Je ne sais pas, d'ailleurs, s'ils ont quelque chose à nous
dire. J'aimerais, moi, entendre leurs réactions à l'endroit de ce
texte. C'est un pouvoir que la commission a d'entendre des témoins
lorsque la commission est d'accord. Je me demande s'il n'y aurait pas lieu
qu'on demande au vice-président de la Fraternité des policiers de
Montréal, qui est ici, s'il aurait quelque chose à nous dire pour
exprimer son point de vue ou le point de vue des policiers de Montréal
devant l'amendement que le ministre propose, à l'article 2 plus
particulièrement, d'ajouter à l'article 53 de la loi par
l'alinéa 9. C'est une suggestion que je fais à la commission; je
ne sais pas si elle est d'accord qu'on demande à M. Custeau de nous dire
ce qu'il en pense au nom de sa fraternité.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, je serais favorable personnellement
à la suggestion faite par le député de Maisonneuve,
d'abord, pour que la commission entende les représentants de la
Fraternité des policiers de Montréal sur la question posée
à l'article 2. Egalement, je suis intéressé à
entendre le point de vue de la Fraternité des policiers de
Montréal concernant l'amendement qui nous est proposé par
l'honorable député de Maisonneuve. Bien entendu, je
conçois que ce n'est pas là une procédure
régulière, c'est par dérogation que cela pourrait se faire
et avec le consentement unanime des membres de la commission.
A l'occasion d'autres projets de loi étudiés en
commission, il nous est arrivé il y a des
précédents que l'on peut citer de permettre
d'entendre des parties après l'étude en deuxième lecture
à une commission parlementaire. Peut-être pourrions-nous fixer un
délai de quelque 15 minutes ou 20 minutes pour entendre le point de vue
de la Fraternité des policiers, après quoi nous pourrions
continuer l'étude de l'article 2. Je serais d'accord, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Je tiens à ajouter que le
mandat de la commission actuellement est d'étudier le projet de loi no
200 article par article. Maintenant, si les membres de la commission sont
d'accord, je ne voudrais pas créer de précédent, mais si
les membres de la commission sont d'accord...
M. SAMSON: Je m'excuse, M. le Président, j'invoque le
règlement. Il n'est pas question de créer un
précédent, il y en a déjà des
précédents. Nous l'avons permis, à l'occasion de
l'étude de la Loi de la commission de contrôle des permis d'alcool
l'été dernier. C'est d'ailleurs le même ministre qui avait
accepté de bonne grâce qu'on entende les représentants
d'une association d'hôteliers, de deux associations d'hôteliers,
même, à cette occasion, et cela ne serait pas créer un
précédent.
Je pense que c'est en toute objectivité que cela est
suggéré. Cela permettrait peut-être d'apporter dans le
débat un éclairage nouveau. Le point de vue de la
Fraternité des policiers est très important relativement à
l'amendement qui est proposé par le député de
Maisonneuve.
M. BURNS: Sur la question de règlement, M. le Président,
je vous cite l'article 154 de notre règlement, dont le premier
alinéa dit qu"'en commission plénière ou élue,
après la deuxième lecture, on ne peut discuter que les
détails d'un projet de loi et il ne peut y avoir audition publique que
devant une commission élue pourvu que celle-ci y consente." C'est cela
que je demande: le consentement de la commission. Ce n'est pas un
précédent si la commission y consent. Chaque cas est un cas
d'espèce. Actuellement, les représentants de la Fraternité
des policiers sont ici et démontrent leur intérêt constant
pour le projet de loi depuis qu'il est déposé. Pendant que l'on a
des gens qui sont immédiatement visés, je ne vois pas pourquoi on
ne prendrait pas une dizaine ou une quinzaine de minutes de nos travaux pour
les entendre.
M. CHOQUETTE: Je voudrais simplement dire que si on doit entendre la
Fraternité, on peut se demander si on ne devrait pas entendre les
municipalités, si on ne devrait pas entendre le Conseil de
sécurité.
UNE VOIX: Ils ne sont pas ici.
M. CHOQUETTE: Je comprends qu'il ne sont pas ici, mais est-ce que les
commissions vont s'ouvrir à chaque fois qu'il arrive du monde pour dire
qu'ils sont prêts à se faire entendre? L'on a peut-être fait
des exceptions lorsqu'on a étudié la Loi de la commission de
contrôle des permis d'alcool l'été dernier, parce qu'il est
arrivé des gens qui avaient quelque chose à dire sur certains
points. Ce n'est pas que je veuille empêcher la Fraternité
d'exprimer son point de vue; je m'interroge simplement sur la procédure
qui est suivie, la façon d'agir, dans ce sens que là, nous allons
entendre une partie et qu'on n'entendra pas les autres.
D'autant plus que l'article proposé peut justement être un
moyen de protection pour la Fraternité des policiers. Je pourrais
très bien ne pas présenter cet article 2 du projet de loi et la
Fraternité des policiers serait obligée de vivre avec la
décision de la Commission de police, quelles qu'en soient les
conséquences sur sa convention collective.
Peut-être que la Fraternité des policiers viendra me voir
dans quatre, cinq ou six mois pour me dire, à titre de membre du conseil
des ministres: M. Choquette, nous sommes très heureux que vous ayez
adopté le paragraphe 9 de la loi parce que c'est peut-être la
manière de sauver certaines parties de notre convention collective.
M. BURNS: C'est cela que j'aimerais les entendre dire.
M. CHOQUETTE: Je crois que la Fraternité des policiers... Je
souligne...
M. BURNS: ... eux autres, voyez-vous, le demandent.
M. CHOQUETTE: ... cela en passant, cette disposition d'appel, en somme,
au lieutenant-gouverneur, n'est pas nécessairement antipathique aux
intérêts de la Fraternité des policiers de Montréal.
Au contraire, elle pourra peut-être venir à leur rescousse au
moment opportun. Je veux simplement signaler cela. Et même, dans mon
discours de deuxième lecture, j'ai souligné
l'intérêt qu'il y avait pour un corps élu ou un corps
représentatif, tel que le conseil de ministres, de statuer en
définitive sur le plan d'allocation des ressources humaines et physiques
à cause de ses conséquences financières, à cause de
ses conséquences fiscales.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'autres facteurs qu'il faut
prendre en considération, parmi lesquels il y a sans doute les
conditions de travail des policiers de la Communauté urbaine de
Montréal.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'autres aspects qu'il nous faut
considérer; par exemple, le besoin de protection policière au
sens large. A ce point de vue, je pense que, ultimement, le
lieutenant-gouverneur en conseil est responsable de la protection
générale donnée à la population sur l'île de
Montréal. Si, par hasard, la Commission de police devait faire des
erreurs à
ce point de vue, pourquoi empêcher le lieutenant-gouverneur en
conseil d'intervenir, autant pour assurer une protection policière
adéquate sur l'île que pour assurer que les contribuables ne
subiront pas de hausse d'impôt trop considérable par suite de la
mise en place d'un plan d'allocation qui aura, nécessairement, des
répercussions financières? Pourquoi ne pas permettre au
lieutenant-gouverneur d'intervenir, justement, peut-être pour sauvegarder
certains éléments qui pourraient échapper à la
Commission de police dans son analyse des conditions de travail des
policiers?
Je dis que tout le monde y trouve son compte. Je fais cette
parenthèse pour expliquer dans quel esprit cet article est
apporté et je ne réponds pas tout de suite à la demande
d'entendre la Fraternité des policiers.
D'autre part, et avant de conclure, je voudrais dire que je ne peux me
rallier au point de vue exprimé par le député de
Maisonneuve que l'article signifie un accroc ou une entorse au principe
sacro-saint de l'indépendance des pouvoirs.
Je crois que le principe de l'indépendance des pouvoirs
législatif, exécutif, et judiciaire, qui date de Montesquieu et
qui a été repris dans la constitution américaine en
assurant le plus possible l'imperméabilité des trois pouvoirs
entre eux, ce principe s'applique d'une certaine façon, mais ne
s'applique pas d'une façon absolument intangible. Aujourd'hui, en
science politique, on admet qu'il y a quatre pouvoirs: L'exécutif, le
législatif, le judiciaire et l'administratif, parce qu'aujourd'hui les
gouvernements gouvernent par l'administration. Notre intervention telle qu'elle
se présente dans l'article 2, qui introduit l'article 9 dans la loi
précédemment votée, n'est au fond qu'une intervention
administrative du lieutenant-gouverneur en conseil dans certaines
décisions prises par un autre organisme administratif, en l'occurrence
la Commission de police. Lorsque cette dernière statuera sur le plan
d'allocation des ressources humaines et physiques elle ne fera pas autre chose
que de l'administration. Ce n'est pas une décision judiciaire qu'elle
prendra. Ce n'est même pas quasi judiciaire parce qu'elle ne tranche pas
dans les droits particuliers de certaines personnes, comme cela se fait, par
exemple, lorsque des tribunaux administratifs accordent ou refusent
l'émission de permis. A la Commission de contrôle, lorsqu'on
accorde ou lorsqu'on refuse un permis, il s'agit, à ce moment, d'un acte
quasi judiciaire parce qu'on juge et qu'on accorde des droits suivant certaines
normes préétablies.
Alors, je ne peux voir comment le député de Maisonneuve
peut soutenir, sérieusement et c'est un député
sérieux, incontestablement aujourd'hui qu'il s'agit ici d'une
intervention du pouvoir exécutif dans un domaine judiciaire ou quasi
judiciaire. Nous sommes dans du pur administratif. Je ne vois pas, sous
prétexte de dire que les trois pouvoirs en question sont intangibles
d'ailleurs ils sont devenus quatre pouvoirs maintenant, c'est admis
généralement comment ceci pourrait empêcher le
gouvernement, au fond, de contrôler les dépenses de fonds
publics.
Il cite, à l'appui de sa thèse, le cas de tribunaux
d'arbitrage qui rendent des sentences obligatoires, lesquelles accordent des
augmentations de salaire. C'est un fait que là on a peut-être,
dans ces circonstances, un tribunal de nature quasi judiciaire qui rend une
décision qui a des répercussions sur les finances publiques. Mais
ce n'est pas parce que le législateur prévoit cette forme de
détermination des conditions de travail et des revenus de certaines
catégories de ces employés auxquels il nie le droit de
grève, par ailleurs ce n'est pas parce qu'on a cette formule que
ceci empêche que, dans d'autres circonstances, le pouvoir exécutif
qui, après tout, résulte de la volonté populaire, ce n'est
pas parce que tant d'électeurs se sont prononcés favorablement
que ce gouvernement doit s'abstenir de gouverner dans l'intérêt
général. Je ne peux pas me rallier à cette
thèse.
Mais pour conclure, étant donné que j'ai beaucoup de
sympathie pour la Fraternité des policiers et que j'ai beaucoup de
sympathie pour les policiers de Montréal en particulier, je n'ai pas
d'objection à ce qu'ils nous fassent valoir leur point de vue ici,
à condition que ce soit bref. Mais cela ne veut pas dire que je me rends
à une thèse à l'effet qu'il va falloir que la convention
collective ou même que le code du travail soit un empêchement, pour
la Commission de police, de nous apporter sa contribution en fonction des
meilleurs intérêts de la population sur le plan de la protection
policière à Montréal. Cela ne veut pas dire, parce qu'il
existe des choses, que la Commission de police ne peut pas nous apporter un
rapport qui indique l'opportunité d'apporter certaines modifications
à des choses qui se passent actuellement. Il y aura, en vertu justement
de l'article qui se trouve au projet de loi, des garanties pour les
intéressés, autant pour la Fraternité des policiers que
pour les policiers eux-mêmes, que pour les municipalités, que pour
les citoyens de ces mêmes municipalités, garanties parce que le
lieutenant-gouverneur sera l'autorité ultime pour décider ce qui
doit être changé et ce qui ne le doit pas.
Je termine simplement en disant que peut-être la fraternité
viendra-t-elle féliciter le gouvernement dans quelque temps d'avoir
adopté cet article, plutôt que de venir se faire entendre ici,
à la barre, et vouloir, d'une certaine façon, protéger
d'une façon indue, d'une façon extrême, ses
intérêts dans certaines dispositions se trouvant à la
convention collective.
Je termine aussi en disant que l'analogie du député de
Maisonneuve à une injonction décernée par un juge à
l'égard des conditions d'une convention collective n'a pas d'application
parce qu'ici nous ne sommes pas dans le domaine judiciaire, nous sommes dans un
domaine admi-
nistratif. Il y a déjà un texte de loi qui permet
l'intervention du secteur administratif gouvernemental dans la
détermination d'un plan d'allocation des ressources. Tout ce que nous
venons faire, c'est ajouter certaines garanties selon lesquelles le plan
d'allocation peut être compatible avec les intérêts
légitimes de toutes les parties qui sont impliquées dans ce
problème et parmi lesquelles je compte sûrement la
Fraternité des policiers et les policiers de la Communauté
urbaine de Montréal.
Pour conclure, je n'ai pas d'objection, si on veut nous signaler
brièvement le point de vue de la Fraternité, qu'ils soient
entendus, si ceci est le désir de la commission.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Est-ce le désir de la
commission d'entendre la Fraternité...
M. SAMSON: M. le Président, est-ce qu'on peut établir le
temps qu'on leur accorde? Une quinzaine de minutes?
M. CHOQUETTE: On peut leur donner quinze minutes au plus, je pense que
ce sera amplement suffisant.
M. SAMSON: Quinze minutes, on est d'accord.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Quinze minutes.
Auriez-vous l'amabilité de vous présenter et de
présenter votre collègue, celui qui vous accompagne, s'il vous
plaît?
Fraternité des policiers de la
Communauté urbaine de Montréal
M. CUSTEAU: M. le Président, mon nom est Gilbert Custeau, je suis
vice-président de la Fraternité des policiers de la
Communauté urbaine de Montréal.
Je voudrais vous remercier, M. le Président, ainsi que le
ministre et les membres de cette commission, de nous donner l'occasion de nous
faire entendre en rapport avec le projet de loi que vous étudiez
présentement.
Je remercie le député de Maisonneuve qui souscrit
favorablement à l'amendement déposé par le
député de Lafontaine.
Je pense que le point que le député a soulevé est
un point, malheureusement, que nous avions élaboré, le
comité qui a travaillé sur le rapport Daigneault. Ce sont les
appréhensions de la fraternité en rapport avec cet article.
Je ne veux pas mettre en doute les motifs du ministre et des membres du
gouvernement quant aux aspects financiers et les implications du rapport
Daigneault. Toutefois, sur le principe, nous nous posons de sérieuses
questions, parce que cela remet tout en cause, selon nous.
Lorsque la Commission de police fera ses recommandations sur le rapport
d'intégration, c'est-à-dire sur le rapport Daigneault, et que le
lieutenant-gouverneur en conseil rendra ses décisions sur les aspects
financiers, nous prétendons que le rapport Daigneault, à ce
moment, n'aura aucune valeur.
Il reste qu'un plan, c'est un plan. Si on en retranche une partie, que
ce soit une partie du début ou de la fin ou du milieu, le plan ne tient
plus, je crois. Rien ne va plus. Je peux vous citer plusieurs exemples, mais je
vais en prendre un en particulier. Supposons que, dans les recommandations de
la Commission de police, on propose la construction d'un poste divisionnaire et
que le lieutenant-gouverneur en conseil, à cause des implications
financières, décide que la construction de ce poste devra
être reportée à une date ultérieure, je pense bien
que l'ensemble des recommandations, qui feraient en sorte que la construction
de ce poste amène une décentralisation ou une centralisation de
certaines sections, sont reportées. Alors, il n'y a plus de plan.
Est-ce qu'il va falloir demander au directeur Daigneault d'écrire
un autre plan d'intégration, un plan partiel? Faudrait-il que les
consultations au niveau des municipalités et des associations soient
reprises? Le lieutenant-gouverneur en conseil devrait-il se mettre à la
tâche et écrire un plan partiel d'intégration? Je ne le
crois pas. Alors, sur le principe, ce sont les appréhensions que nous
avons et que nous désirons vous citer ici.
Je ne sais pas s'il y a des membres de cette commission qui auraient des
questions additionnelles.
M. BURNS: Avez-vous d'autres exemples à l'esprit? Vous avez
cité le cas du poste divisionnaire. Y a-t-il d'autres exemples, disons,
où des décisions dans le processus qui est établi à
l'article 53 peuvent affecter les droits soit de vos associations ou des
salariés qui en sont membres?
M. CUSTEAU: Je pense que le député de Maisonneuve a
très bien illustré tout à l'heure les implications que
cela pourrait comporter. Certaines recommandations dans le rapport Daigneault
font en sorte que l'on suggère la création d'une certaine section
formée de constables qui feraient des enquêtes, avec un salaire
supérieur au salaire de constable. Alors, si le lieutenant-gouverneur en
conseil, par ses recommandations, pouvait dire: Nos moyens financiers ne nous
permettent pas d'accepter cette partie du rapport et de donner un salaire
supérieur à ces constables qui agiront à l'enquête
dans le domaine judiciaire. Ecoutez bien, cette recommandation du rapport, si
je vous la mentionne ici, ce n'est pas parce que je suis d'accord, nous ne
l'achetons pas du tout, mais je parle simplement d'un effet qui pourrait
occasionner la remise en question du rapport Daigneault.
C'est cet exemple qui me vient à l'esprit présentement. Il
y en a sûrement d'autres. Je pense que vous en avez illustré un
tout à l'heure. Parce qu'en fait, sur les aspects financiers, je
comprends que le gouvernement se pose de sérieuses questions, parce que
la Commission de police, suivant le rapport Daigneault, en profiterait pour
créer un service de police exemplaire en Amérique du Nord, avec
de l'équipement moderne. On sait qu'un service de police quand on
parle de police, on parle de coûts, de finance ça
coûte cher, cette protection. Le service est aussi touché par
l'inflation avec l'achat des véhicules et de l'équipement. Alors,
il reste que, selon nous, sur le principe, tout peut être remis en cause.
Malheureusement, évaluer à ce moment-ci les conséquences,
c'est très difficile. Mais sur le point soulevé par le
député de Maisonneuve, il a bien touché tout à
l'heure, il a frappé dans le mille quand il a mentionné
qu'étant donné les aspects financiers le lieutenant-gouverneur en
conseil pourrait décider à l'avenir que la patrouille des
véhicules se ferait dans des véhicules avec un policier
seulement; c'en est une implication. Cela, c'est un droit qui nous est acquis
dans notre convention collective.
Je me pose de sérieuses questions quand le ministre de la Justice
mentionnait tout à l'heure qu'il se pourrait que les recommandations de
la Commission de police affectent la convention collective et notre
accrédition et qu'on devrait vivre avec cela. Je me pose de
sérieuses questions parce que présentement, en vertu du code de
travail et des lois qui nous régissent, nous avons des droits.
Ecoutez, si la Commission de police fait certaines recommandations, on
les négociera à la table des négociations, mais pas avec
des recommandations d'une commission quasi judiciaire et l'approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil. Remarquez bien, je ne veux rien imputer au
gouvernement, ni au ministre, mais, quand même, on est devant de telles
imprécisions et de telles conséquences pour évaluer,
à ce moment-ci, toutes les implications de cet amendement. Pour notre
part, nous prétendons que cela peut remettre en cause tout le rapport
Daigneault.
Dimanche dernier, je crois, j'ai demandé au directeur Daigneault
si une décision sur des aspects financiers dans son rapport, demandant
de reporter une des recommandations, cela affecterait l'ensemble de son
rapport. Il a dit: C'est sûr. J'ai dit: Est-ce que vous me permettez de
le mentionner? Il a dit: Certainement. Cela remet tout en cause. Ecoutez, un
plan, c'est un plan.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre de la
Justice.
M. CHOQUETTE: M. Custeau, laissez-moi vous poser une question. Supposons
qu'on n'adopte pas l'article 2, qu'on laisse la loi telle qu'elle est
actuellement, c'est la Commission de police qui va être capable de
décider de certains aspects qui peuvent modifier votre convention
collective.
M. BURNS: Elle ne peut pas excéder sa juridiction.
M. CUSTEAU: Je me demande, M. le Président...
M. CHOQUETTE: Non, non, attendez une minute. Le lieutenant-gouverneur
n'a pas plus de pouvoirs que la Commission de police là-dessus.
M. CUSTEAU: Je soumets respectueusement...
M. BURNS: Ce que vous faites, M. le Président...
M. CHOQUETTE: Un instant, pas tous à la fois. M. Custeau.
M. BURNS: Je pense que vous lui posez une colle au niveau légal.
Si la Commission de police excède sa juridiction, la Fraternité a
une possibilité d'utiliser certaines procédures devant les
tribunaux réguliers. Si le lieutenant-gouverneur en conseil vient
estampiller cette décision, ne trouvez-vous pas que c'est une
drôle de pression morale pour attaquer une décision, après
coup, devant les tribunaux?
M. CHOQUETTE: Pas nécessairement.
M. BURNS: Je sais bien que vous autres, vous n'avez pas le droit
d'entériner non plus une décision qui est faite en excès
d'une juridiction...
M. CHOQUETTE: Mais non.
M. BURNS: ... mais c'est une drôle de pression morale
vis-à-vis des tribunaux.
M. CHOQUETTE: Mais non.
M. BURNS: C'est une drôle d'intervention dans le processus
judiciaire.
M. CHOQUETTE: Le gouvernement perd des causes et il gagne des causes. Ce
n'est pas une pression morale parce que, comme vous l'avez dit, on a
l'indépendance du judiciaire et de l'exécutif.
Mais je dis simplement à M. Custeau, s'il craint les effets de
cet article, que la Fraternité sera peut-être contente que cet
article soit dans la loi, justement, pour protéger ses
intérêts légitimes.
D'autre part, dans son exposé, tout à l'heure, M. Custeau
a dit: Un plan, c'est un plan. Je suis parfaitement d'accord avec lui qu'on ne
dérange
pas facilement une partie importante dans une planification
générale parce que cela a des répercussions. Mais cela
pose un problème d'opportunité d'interventions sur certains
éléments d'un plan, qui peuvent être faites ou qui peuvent
ne pas se faire, à un moment donné, mais il est assez difficile
de porter un jugement de prime abord et dire: Un plan, cela ne peut jamais se
déranger. Le fait est que tous les plans se dérangent d'une
certaine façon. Il y a peut-être de mauvaises interventions dans
des plans existants et il y a peut-être de bonnes interventions mais il y
a souvent des interventions dans des plans existants.
Il ne faudrait pas que M. Custeau parte du point de vue que
nécessairement, l'intervention du lieutenant-gouverneur va être de
jouer avec un plan qui a une logique, qui a une valeur, parce que c'est une
prévision sur l'ensemble d'une situation qui est en voie de
développement. Je suis parfaitement d'accord avec lui, il faut faire
attention s'il y a des interventions dans un plan. Là, je crois que nous
avons un mécanisme de vérification avec la Commission de police
et nous avons un mécanisme ultérieur par le lieutenant-gouverneur
en conseil qui, lui, doit prendre en considération tous les aspects, les
aspects humains.
Je comprends très bien la Fraternité de défendre
ses policiers. Je ne suis pas insensible du tout à votre point de vue,
au contraire, mais il faut aussi nous occuper du contribuable qui va payer les
résultats.
C'est un peu pour tout cet aspect qu'on se dit qu'il faudrait trouver un
moyen, peut-être, à un moment donné, s'il y avait
nécessité d'une intervention, qu'on puisse au moins la faire par
le lieutenant-gouverneur.
Je dis à M. Custeau qu'il est même prévu dans la loi
qui existe actuellement que des plans partiels peuvent être mis en
vigueur. C'est déjà prévu dans la loi. Vous avez dit tout
à l'heure qu'on ne pouvait pas penser...
M. CUSTEAU: Si vous me permettez une intervention, la loi stipule que le
directeur peut soumettre des plans partiels mais, à ma connaissance, il
n'en a pas soumis.
M. CHOQUETTE: II n'en a pas soumis.
M. CUSTEAU: La commission est en face d'un rapport global, d'un rapport
d'intégration.
M. CHOQUETTE: Je suis d'accord, je suis d'accord, mais je veux dire
qu'il peut se faire qu'à un moment donné, pour un plan, on dise:
Tel aspect du plan, on va le mettre en vigueur, on va le mettre en place; pour
un autre aspect du plan, on va être obligé d'attendre, de donner
un délai, mettons, de deux ans, pour permettre aux gens de souffler
parce que cela a des conséquences financières. C'est ce qui me
préoccupe. Supposons que le rapport de la Commission de police... Et
remarquez que ces gens sont de bonne foi. Ils connaissent leur sujet et je
crois qu'ils vont se situer au niveau de l'idéal pour un service de
police sur l'île de Montréal et assurer la meilleure protection
policière à l'île de Montréal, mais combien les
citoyens peuvent payer cette protection policière idéale? C'est
la question qui me préoccupe.
Nous travaillons, dans le concret, dans la réalité. Nous
ne travaillons pas nécessairement dans l'idéal. Il faut que le
gouvernement tienne compte des incidences financières de tout ça;
c'est cette préoccupation que traduit l'article.
M. CUSTEAU: M. le Président, je pense bien que la
fraternité ne met pas en doute les inquiétudes du ministre et du
gouvernement quant à l'aspect financier, non plus qu'elle ne met en
doute la compétence de la Commission de police. Tantôt il y avait
une question à l'effet qu'un débat juridique me placerait
peut-être dans une situation difficile. Je ne veux pas prétendre
que je pourrais argumenter entre deux avocats mais juridiquement c'est possible
que la Commission de police ne puisse, par ses recommandations, modifier ce qui
nous est permis par d'autres lois. Mais il reste que dans les faits on serait
peut-être en face d'une bataille juridique à entreprendre avec
ceux qui auront à interpréter tantôt les décisions
de la Commission de police. C'est ce qui nous fait peur, M. le
Président; c'est ce qui nous inquiète.
M. CHOQUETTE: Je comprends que ça peut être un sujet
d'inquiétude et je vous remercie de venir le signaler à la
commission. Cela peut être un sujet légitime d'inquiétude,
M. Custeau, mais, vous savez, l'intégration de la police sur l'île
de Montréal ne s'est pas faite dans des conditions normales, elle s'est
faite à l'inverse de ce qu'aurait dû être le processus. Au
fond, avant de procéder à l'intégration je l'ai
toujours admis, le député de Pointe-Claire rit sous cape, mais je
l'ai toujours admis c'est qu'avant de faire l'intégration on
aurait dû avoir le plan et là la Fraternité des policiers,
les municipalités et les citoyens auraient su ce qu'impliquait
l'intégration. Mais, c'est la charrue qui a été mise
devant les boeufs dans cette affaire-là, on a commencé par une
intégration financière en 1969, sous l'Union Nationale,
intégration des budgets. Par la suite, le législateur a
été amené à intervenir pour dire: Cette
intégration financière n'est pas suffisante, il faut donner aux
citoyens les avantages d'un service de police unifié, avec toutes les
répercussions que ça comporte sur les intérêts
particuliers, dont ceux de la fraternité, dont ceux des
municipalités. Mais c'est un processus très difficile à
suivre parce que là les gens discutent sur des choses dont ils ne
connaissent pas le résultat, comme vous l'avez dit si bien tout à
l'heure, M. Custeau.
Je vous comprends mais nous avons été placés dans
des circonstances de fait où il nous faut procéder. Si vous aviez
complètement
raison, la solution qu'il faudrait adopter serait d'annuler
l'intégration, de recommencer à zéro et d'arriver avec un
plan et dire à tout le monde: Ecoutez, le plan d'intégration,
dites-nous s'il vous plaît ou pas. Ou avoir un organisme administratif
comme la Commission de police qui dirait: C'est ça le plan. Une fois que
ce plan serait adopté, le législateur pourrait passer à
l'action et dire: Le plan s'impose, il y a un service unifié. C'est le
processus qui devra probablement être suivi si nous devons avoir, au
Québec, des intégrations de corps de police dans l'avenir. Je ne
le nie pas, je ne l'ai jamais dit et même si le député de
Pointe-Claire s'amuse un peu de mes propos aujourd'hui...
M. BURNS: C'est parce qu'il se rappelle ce qu'il vous avait dit dans le
temps.
M. CHOQUETTE: Même s'il s'amuse de mes propos, je ne suis
pas...
M. BURNS: On va le dire pour lui qu'il l'avait dit.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce qui est certain c'est que le
député de Pointe-Claire avait vu clair.
M. SEGUIN: Non, le ministre revient à ses propos de 1969 à
ce moment-ci. Vous n'êtes pas en contradiction avec vos raisonnements
d'an tan.
M. CHOQUETTE: J'ai dit ces choses. En 1971, j'ai pas mal dit la
même chose mais j'ai été obligé d'accepter des
situations de fait, j'ai été obligé de m'incliner devant
des situations de fait. Là je suis aussi obligé de m'incliner
devant une situation de fait, c'est que je ne peux pas mettre fin à
l'intégration et faire machine arrière pour arriver avec un plan
et commencer les discussions et dire: On fera l'intégration suivant ce
plan si ç'a l'air d'être dans l'intérêt
général. Au fond, on arrive avec ce qui aurait dû
être en premier si on avait suivi un processus normal.
M. CUSTEAU: Malheureusement, M. le Président, c'est
peut-être ce qui va arriver.
M. CHOQUETTE: De quoi?
M. CUSTEAU: Si le plan d'allocation est remis en cause, si par une
décision du lieutenant gouverneur en conseil, sur les aspects
financiers, on remet en cause tout le rapport Daigneault, on reporte quand
même l'intégration finale...
M. CHOQUETTE: II y a un autre aspect, M. Custeau, que je vous mentionne
et c'est peut-être interne au gouvernement mais ça ne me fait rien
de vous le dire. C'est que, quand arrivera le plan Daigneault, on va voir
à quoi on est exposé financièrement. Je vais m'allier avec
mon collè- gue, le ministre des Affaires municipales, qui est à
ma droite, et nous allons dire aux autres ministres: Nous avons besoin d'argent
pour mettre ce plan-là en vigueur parce que les contribuables de
Montréal ne sont pas capables de supporter cela tout seuls.
M. CUSTEAU: J'aimerais poser une question.
M. CHOQUETTE: Là, je suis dans la politique financière du
gouvernement, combien il va subventionner, combien il va mettre d'argent dans
la police de Montréal. Comme je l'ai dit dans mon discours en
deuxième lecture, et je n'ai pas peur de le dire publiquement, tous les
gouvernements actuels en Amérique du Nord sont appelés à
venir à la rescousse financière des grandes agglomérations
urbaines parce qu'un des grands problèmes actuels c'est le crime dans
les grandes agglomérations urbaines, et la police a
énormément de difficulté à faire face à ces
phénomènes de criminalité montante. Les budgets augmentent
et les taxes foncières ne sont pas suffisantes pour supporter les
coûts de la police, parce que le pourcentage de croissance des taxes
foncières n'est pas suffisamment pour permettre aux contribuables locaux
de soutenir décemment des corps de police nécessaires dans les
grandes métropoles nord-américaines.
J'ai tout un travail à faire, avec la collaboration du ministre
des Affaires municipales, pour avoir de l'argent au niveau du gouvernement et
ainsi subventionner la mise en place de ce programme.
M. CUSTEAU: Est-ce que je...
M. CHOQUETTE: Voyez-vous dans quoi je me débats? J'ai beaucoup de
monde à surveiller, sans compter mon ami Warren Allmand, le solliciteur
général. Je n'en dis pas plus long à son sujet.
M. BURNS: Je vous transmets ses salutations d'ailleurs, je l'ai vu il
n'y a pas tellement longtemps.
M. CUSTEAU: Est-ce que vous me permettriez une question?
M. CHOQUETTE: Je trouve qu'au lieu de m'envoyer ses salutations, il
pourrait m'envoyer son chèque.
M. BURNS: C'est déjà mieux que rien. M. CUSTEAU: Est-ce
que je pourrais...
M. CHOQUETTE: Je le dis sans arrière-pensée.
M. CUSTEAU: Me permettez-vous une question, M. le ministre?
M. CHOQUETTE: Oui.
M. CUSTEAU: Serait-il faux de prétendre que, présentement,
avec la loi telle qu'elle existe, le gouvernement a quand même,
indirectement, le même pouvoir qu'il demande par cet amendement?
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas tout à fait exact. Actuellement, si je
lis le texte de la loi que le député de Maisonneuve a
mentionné tout à l'heure, le plan de la Commission de police
s'applique aussitôt qu'il est adopté et dans les conditions
où il est fixé.
M. CUSTEAU: Je disais "indirectement" parce que naturellement on ne
retrouve pas...
M. CHOQUETTE: Indirectement, ah! oui mais moi j'ai...
M. CUSTEAU: Bon, c'est comme les subventions que le gouvernement
décidera quand même...
M. CHOQUETTE: Bien voici... M. CUSTEAU: ... d'octroyer à la CUM.
M. CHOQUETTE: Ah! oui mais... M. CUSTEAU: Bon.
M. CHOQUETTE: ... les subventions ne guident pas nécessairement
le gouvernement parce qu'ainsi que la loi est faite à l'heure actuelle,
la Commission de police va vous entendre, va entendre les municipalités,
va entendre toutes les personnes qui ont fait des objections au plan
Daigneault. Et moi, je ne peux pas téléphoner au juge Gosselin ou
au juge Laperrière ou aux membres de la Commission de police et leur
dire: Messieurs, le plan, il faut que vous l'arrangiez pour arriver dans telle
entente. Vous savez ce que je veux dire; je ne me sentirais pas le goût
de faire cela et je ne le ferais pas, parce que je préfère
laisser à ces gens-là le soin de faire leur travail
objectivement.
Maintenant, je dois aussi me poser le problème
subséquemment mais qu'est-ce qui arrive sur le plan financier, comment
allons-nous supporter les coûts additionnels qui peuvent résulter
de ce plan d'intégration, sans compter les autres facteurs
inflationnaires dans le domaine de la police que vous connaissez bien?
M. CUSTEAU: C'est quand même de reporter à une date
ultérieure ce que vous...
M. CHOQUETTE: Pas nécessairement parce que...
M. CUSTEAU: En fait, M. le ministre, si vous ne le faites pas
immédiatement, tantôt lorsque la Commission de police fera ses
recommandations, vous devrez quand même le modeler selon les termes des
subventions que le ministre des Affaires municipales ou le gouvernement
décidera bien de donner à la Communauté urbaine de
Montréal. C'est à ce moment-là que vous devrez modeler le
plan.
M. CHOQUETTE: Je devrai tenir cela en considération.
M. CUSTEAU: Alors, c'est aujourd'hui ou tantôt.
M. CHOQUETTE: Oui, mais actuellement, vous savez, le plan
d'intégration va comment pourrais-je dire suivant sa
teneur définitive, suivant son aspect définitif, il va influencer
les finances publiques sur l'île de Montréal pour les dix
prochaines années. Alors, je ne peux pas vous dire à l'heure
actuelle quelles sont les conséquences financières, étant
donné que la Commission de police ne s'est pas encore
prononcée.
Mais une fois qu'elle se sera prononcée, il faudra
apprécier ses conséquences financières et dire: Bon, c'est
très bien le plan, mais qu'est-ce qu'on va faire pour les contribuables?
Comment va-t-on réussir, nous dans le domaine de la finance
gouvernementale, au niveau du gouvernement du Québec, dans le domaine
des finances sur le plan municipal, à rendre ce plan possible
financièrement? Et j'emprunte le langage familier au
député de Rouyn-Noranda. Là, il ne suffit pas d'avoir un
beau plan, il faut le rendre possible financièrement.
M. CUSTEAU: On a quand même certaines indications
présentement. Lorsque le directeur Daigneault a mentionné, dans
une entrevue à des journalistes, que le plan coûtera environ $43
millions, on a quand même certaines indications.
M. CHOQUETTE: Oui, mais $43 millions quand? La première
année, les années subséquentes? Il faut prendre tout cela
en considération.
M. CUSTEAU: Bien, en fait, si, dans le cheminement critique, on trouve
que l'intégration sera complétée dans les faits sur une
période de quatre ans et que cela coûte $43 millions, il faudrait
peut-être demander au directeur Daigneault si c'est le coût pour
l'ensemble du plan.
M. CHOQUETTE: Ecoutez, je ne nie pas les prévisions que vous avez
et qui peuvent être faites. Mais on sait ce qui arrive aux
prévisions faites sur les travaux de la baie James, on sait ce qui
arrive aux prévisions sur les travaux du COJO, par conséquant
toutes ces estimations que vous avez sont assez flexibles...
M. CUSTEAU: Et le gouvernement a de la misère.
M. CHOQUETTE: ... et on peut mettre un gros point d'interrogation
à la fin.
M. CUSTEAU: D'accord, à la baie James, on est parti avec une
forêt vierge, le COJO également, il n'y avait absolument rien. Le
service de police existe quand même depuis assez longtemps.
M. CHOQUETTE: Oui, mais les coûts de construction des postes de
police, vous le savez comme moi, on peut dire aujourd'hui que pour construire
un poste, cela va coûter $25 du pied carré. Mais on ne le sait
pas, dans deux ans, ce sera peut-être $50 du pied carré, à
tel point que les entrepreneurs qui soumissionnent actuellement dans les
travaux publics, me dit-on, exigent des conditions flexibles dans leurs
soumissions. Ils sont incapables de soumissionner pour des prix fixes parce
qu'on est dans une période d'inflation.
Alors, mettez-vous à notre place, M. Cus-teau, on a des
responsabilités vis-à-vis de vous, je suis d'accord,
vis-à-vis des gens que vous représentez, je suis bien d'accord,
mais on a aussi des responsabilités générales.
UNE VOIX: Etes-vous prêt à vous prononcer?
M. BURNS: Est-ce que ce ne serait pas justement une des façons
d'enlever les inquiétudes exprimées par M. Custeau au nom de la
Fraternité des policiers que d'adopter un amendement au texte? Je ne
tiens pas mordicus à la phraséologie que je vous, ai soumise,
mais je tiens mordicus à l'idée qu'il y a derrière cela,
que quelque décision qui intervienne dans le processus ne soit pas une
décision qui vienne brimer les droits des gens qui en ont, en vertu du
code du travail ou en vertu d'une convention collective. Tout à l'heure,
on citait le cas des autos-patrouille, mais, M. Custeau me corrigera si j'ai
tort, je sais que les policiers de Montréal ont des ententes avec la
ville à l'effet que certaines fonctions sont réservées
à la cour Municipale pour des policiers qui ont besoin, pendant une
période de temps, d'un travail léger ou de choses comme cela.
Dans le rapport, on dit que ces fonctions ne sont plus maintenant
détenues par des policiers, on va mettre les policiers au travail comme
des policiers. Je pense au gardiennage de la cour Municipale, par exemple, qui
est, en grande partie, assuré par des policiers, si je ne me trompe pas,
qui font du travail léger. Et qu'arriverait-il si, à un moment
donné, dans une de ces décisions, on disait qu'à l'avenir
ce seront des gens payés à un salaire inférieur, soit des
gens du local 301 ou encore des fonctionnaires, qui vont donner les indications
requises au public qui se présente à la cour Municipale ou encore
accompagner les gens qui montent au cinquième, aux cellules ou des
histoires comme cela? Ce sont justement des choses qui peuvent intervenir dans
le processus.
Qu'arriverait-il si, à un moment donné, on disait, par
exemple, que dans le service de circulation à Montréal, l'aspect
billet, l'aspect de mettre des "tickets" aux automobiles qui sont
stationnées en contravention, qu'à l'avenir cela ne sera plus
fait par des policiers, mais par des "metermaids" ou je ne sais pas trop
quoi?
M. CUSTEAU: Si vous me permettez, M. le Président, j'aimerais
informer cette commission que déjà, lors des dernières
négociations, l'employeur peut faire émettre des billets de
circulation par des personnes autres que les policiers, et cela s'est
décidé à une table de négociations en vertu des
droits qu'on a. C'est pour cela qu'on ne voudrait pas que la commission nous
enlève certains droits.
M. CHOQUETTE: II peut y avoir une foule de situations
intermédiaires et, moi, je pense que lorsque viendra le temps de prendre
des décisions de cet ordre, qui peuvent affecter certaines des
revendications de la Fraternité des policiers, il faudra prendre en
considération, non seulement les questions de principe et dire: A partir
d'aujourd'hui, il n'y a plus un policier blessé au travail qui peut
remplir telle fonction dans le bureau.
On peut dire que cela serait bon en principe, sur le plan financier, que
cela soit du personnel civil qui remplisse certaines fonctions au lieu d'avoir
un policier à $15,000 qui remplit cette fonction. On peut dire cela, en
principe, mais il reste qu'il y a derrière cela des situations humaines
existantes. Il y a, actuellement, certains policiers qui remplissent ces
fonctions. Va-t-on les prendre et les mettre dehors?
M. BURNS: Je comprends très bien ce que vous dites.
M. CHOQUETTE: Je dis que...
M. BURNS: Permettez-moi seulement cette interruption. Il y a des
situations humaines qui existent et je suis convaincu que, dans toute
administration, on en tient compte, mais plus la machine devient grosse
la Communauté urbaine de Montréal, cela commence à
être gros...
M. CHOQUETTE: Oui.
M. BUNRS: ... plus le centre de décision est
éloigné de la personne qui en est affectée et moins le
phénomène des relations humaines intervient. C'est le danger. Si
j'étais policier à Montréal, je présume que
j'aurais les mêmes inquiétudes que celles exprimées par M.
Custeau et ses collègues. Quand vous voyez que le centre de
décision est loin, loin de l'endroit où...
M. CHOQUETTE: II n'est pas si loin que ça de M. Custeau et de M.
Marcil. M. Marcil que je salue en passant parce qu'il vient de prendre sa
retraire; il n'est pas dans l'image à l'heure actuelle. Je dirais ceci:
Un certain nombre de ces décisions, probablement, devront être
prises, des décisions de cet ordre, visant, supposons, à
augmenter le personnel civil, à faire en sorte que le personnel qui
coûte plus cher fasse du travail de police pour lequel il est
payé, mais il y a des périodes de transition qui devront
être ménagées. Il y a dans l'application de ces mesures un
côté où il faudra tenir compte, justement, des situations
qui existent à l'heure actuelle. Je pense que tout cela devra se faire
d'une certaine façon, sur une période donnée, et non pas
d'une façon absolument tranchée. Je ne peux, à ce
moment-ci, entrevoir toutes les situations qui peuvent exister.
M. BURNS: Je ne vous demande pas de les entrevoir toutes. Je vous
demande simplement de protéger, par un texte comme celui que je vous
soumets, les parties concernées, les policiers concernés et les
fonctionnaires qui peuvent être concernés. Je l'ignore, il y a
peut-être même des membres, cols bleus, qui, dans des cas assez
rares, pourraient aussi être affectés.
Je ne vous demande pas de prévoir toutes les situations. Je vous
demande au moins de donner l'assurance à ces gens que les
décisions qui vont se prendre dans le processus... Et là, je
comprendrais que vous vous agissiez le lieutenant-gouverneur en conseil
comme dernière police d'assurance de cela, à un certain
moment. Là, je comprendrais et je suivrais le raisonnement du ministre
lorsqu'il veut s'ajouter, comme pouvoir, un droit de veto sur des
décisions qui ont été prises. Mais, tant et aussi
longtemps que cette assurance n'est pas donnée aux associations de
salariés concernées, je me pose de très sérieuses
questions sur ce droit de veto que vous vous laissez.
M. CHOQUETTE: II est possible, si le rapport de la Commission de police
était trop draconien, supposons, à l'égard de certaines
situations auxquelles vous avez fait allusion et auxquelles M. Custeau a fait
allusion, que M. Custeau soit très heureux de venir voir le ministre de
la Justice et de dire: M. le ministre, ils ont adopté telle conclusion
et nous pensons sincèrement que cela met en cause telle situation
acquise, telle façon de procéder, la situation d'un certain
nombre de nos policiers.
On serait très reconnaissant s'il y avait moyen d'étaler
cela dans le temps, ou même de refuser cette conclusion, parce qu'elle
n'est pas suffisamment justifiée. C'est dans cet esprit que je le dis,
mais aller me geler en fonction de plusieurs conventions collectives
existantes, c'est une chose que je ne peux pas réellement faire. C'est
une chose que je ne peux pas faire.
M. BURNS: C'est une garantie minimale que vous devez leur donner.
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas nécessairement un minimum. Je ne crois
pas que je puisse leur donner cette garantie minimale, excepté que je
peux leur dire et je vous le dis que dans l'implantation de ce
plan d'allocations, nous n'avons pas l'intention de mettre en péril des
situations humaines légitimes, des situations où il y a des
arguments qui sont véritablement convaincants, du point de vue du
passé et de la situation actuelle.
M. BURNS: M. le ministre, vous qui êtes compréhensif, vous
qui avez la politique de la porte ouverte avec les policiers dans des cas comme
cela, comme vous venez de l'exprimer, vous ne serez peut-être pas
toujours ministre de la Justice. Peut-être que ce sera quelqu'un d'autre
qui aura à mettre en application certaines choses. Peut-être qu'il
n'aura pas, lui, cette philosophie. Je vous le dis sans aucune arrière
pensée ni méchanceté, la personne qui aura à mettre
en application les dispositions de ce texte peut très bien ne pas
être vous. Qu'est-ce qui arrive? Quelle garantie, quelle
sécurité les policiers ont-ils à ce moment que cette
personne, votre successeur, aura la même politique d'esprit ouvert
à l'endroit des réclamations que les policiers et les
fonctionnaires peuvent faire dans ces cas? Quelle garantie ont-ils que ces
droits de base qu'ils ont arrachés en négociation ou en
arbitrage, il ne faut jamais l'oublier... Beaucoup des droits qui paraissent
dans une convention collective ne sont des droits qui, très souvent,
n'ont pas été gagnés avec beaucoup de facilité.
Souvent ils ont été obtenus en échange d'autres
concessions que les policiers ont pu faire ou que les fonctionnaires ont pu
faire. Vous savez que la technique du "give and take" dans la
négociation, elle existe . Très souvent, pour obtenir telle ou
telle disposition, une association de salariés peut laisser de
côté certaines de ses demandes légitimes pour obtenir celle
à laquelle elle accorde une priorité.
M. CHOQUETTE: Le député de Maisonneuve fait allusion au
"give and take" qu'il y a dans une négociation. Je sais très bien
que cela se passe comme ça, mais je pourrais lui dire aussi que
même à l'occasion de l'adoption du projet de loi en question, il y
a eu du "give and take", dans le sens suivant: la Fraternité des
policiers, de par l'intégration de la police, a gagné 1,000 ou
1,500 membres de plus. Cela n'a pas appauvri la fraternité.
M. BURNS: Elle a gagné 1,000 problèmes de plus.
M. CHOQUETTE: Je comprends, mais je veux dire que la fraternité,
elle, n'a pas été diminuée comme syndicat
représentant les policiers, de par l'intégration.
M. BURNS: Bien non.
M. CHOQUETTE: Donc, il y a eu des
éléments favorables dans l'intégration, même
si M. Marcil, M. Custeau et leurs collègues savaient que
l'intégration pouvait quand même mettre en péril certaines
des choses peut-être acquises auprès de la ville de
Montréal antérieurement. Ils le savaient. M. Marcil, nous avons
eu l'occasion d'en discuter dans le temps, je pense, a été
suffisamment homme d'Etat pour dire: Je ne peux pas penser strictement à
ce qui est acquis, je dois penser à la protection policière sur
l'île de Montréal, et je vais essayer de m'en tirer avec le
ministre et avec le gouvernement pour sauver l'essentiel de nos revendications
syndicales. Il a pris la question comme cela.
Je pourrais donner un autre exemple au député de
Maisonneuve. Quand la Communauté urbaine de Montréal est venue
avec un bill, au mois de juin dernier, il y avait un certain nombre de choses
qui clochaient dans le bill, justement, sur l'intégration de la
police.
M. BURNS: Relativement au régime de retraite.
M. CHOQUETTE: Retraite, déplacement des policiers d'un secteur
à l'autre, etc.
M. Marcil est venu me voir et m'a dit: M. Choquette, nous avons besoin
de ces choses-là, même si le plan d'intégration n'est pas
voté, parce que c'est le bon sens qui le dit. J'ai donc fait passer les
amendements en question et je pense que la fraternité a
été très contente. Alors, aujourd'hui, ils sont un peu
moins contents parce qu'ils sont .en terrain un peu moins connu. Qu'ils fassent
donc confiance et je crois qu'il faut nous situer au point de vue de
l'intérêt général. Je peux leur donner des
assurances qu'ils ne seront pas plus maltraités qu'aucun autre groupe de
la population montréalaise. Mais je ne peux sincèrement pas,
même si j'en avais le goût, donner suite à la suggestion du
député de Maisonneuve de mettre des garanties des conventions
collectives existantes dans la loi. Je ne peux pas.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors, l'amendement du
député de Maisonneuve est rejeté sur division?
M. BURNS: Je demande le vote, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors, l'amendement du
député de Maisonneuve se lit comme suit: En ajoutant après
le sous-article 9 le paragraphe suivant: "Toute décision rendue en vertu
du présent article ne peut affecter les droits d'une association de
salariés en vertu du code du travail ni ceux d'un salarié
régi par une accréditation émise en vertu dudit code tel
que prévu dans une convention collective de travail ou dans ledit code
du travail". Quels sont ceux qui sont en faveur? Je vais dire les noms, cela va
être plus simple.
M. Bellemare (Johnson). M. Séguin.
M. SEGUIN: Contre.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. Burns.
M. BURNS: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. Choquette.
M. CHOQUETTE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. Assad. M. Desjardins.
M. DESJARDINS: Contre.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. Goldbloom.
M. GOLDBLOOM: Contre.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. Bédard (Chicoutimi).
M. BEDARD (Chicoutimi): En faveur.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. Faucher.
M. FAUCHER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. Samson.
M. SAMSON: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. Ostiguy. M. Sylvain.
M. SYLVAIN: Contre.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. Côté.
M. COTE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Contre: 7. Pour: 3. L'amendement est
rejeté. L'article 2 est adopté sur division.
M. BURNS: Sur division, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 3. Adopté. Le projet
de loi numéro 200...
M. SEGUIN: Juste une précision sans me rattacher à un
article mais en faisant allusion par exemple aux références
à 207 c) et 207 d). Est-ce qu'on suit la procédure normale que le
premier nommé est l'officier qui convoque la première
assemblée quitte ensuite à réorganiser leurs structures?
Est-ce dans ce contexte? On dit: Le comité se rencontrera aussi souvent
que nécessaire.
M. CHOQUETTE: Ils vont se fixer une procédure.
M. SEGUIN: Mais qui va faire la première...
M. CHOQUETTE: C'est M. L'Ecuyer, le président du conseil...
D'ailleurs, ils ont déjà tenu une réunion, je
pense, justement dans Westmount, parce qu'il y avait des problèmes
pressants.
M. SEGUIN: II y a eu une réunion.
M. CHOQUETTE: Ils ont commencé un peu avant le texte de loi, mais
c'est dans le même esprit.
M. SEGUIN: Est-ce qu'il y avait une raison bien spécifique de
dire "aussi souvent que nécessaire", au lieu de préciser, disons,
quatre assemblées statutaires par année?
M. CHOQUETTE: Je trouve qu'il serait assez difficile pour nous de les
obliger à tenir tant d'assemblées. On préfère
laisser le conseil consultatif décider.
M. SEGUIN: Ils pourront établir cela dans la régie interne
du comité.
UNE VOIX: Par règlement. M. CHOQUETTE: Exactement. M. SEGUIN:
Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors, projet de loi no 200, Loi
concernant le Conseil de sécurité publique de la
Communauté urbaine de Montréal, adopté, tel
qu'amendé, sur division.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 56)