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Commission permanente de la justice
Etude des crédits du ministère de la
Justice
Séance du vendredi 5 avril 1974
(Dix heures cinquante-deux minutes)
M. BRISSON (président de la commission permanente de la justice):
A l'ordre, messieurs!
Nous étions rendu au programme 3 et je pense que
l'élément 5 a été adopté.
M. BURNS: Oui, le programme 3 a été adopté.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le programme 3 a été
adopté en entier.
M. BURNS: Oui, on commençait le programme 4.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Tout a été adopté,
même les éléments 6 et 7.
Programme 4: Protection de la société, des citoyens et de
leurs biens, élément 1: Présence policière
générale.
Protection de la société des citoyens et
de leurs biens
Paris illégaux
M. BURNS: M. le Président, il y a à peu près un an,
presque jour pour jour, dans la Presse on trouvait un article qui était
titré comme ceci: En 1972, les paris illégaux ont atteint $50
millions à Montréal. Je ne sais pas si le ministre avait vu cet
article sous la signature de M. Bernard Morrier.
Je n'ai évidemment pas les statistiques de ces soi-disant paris
illégaux, à Montréal, pour l'année 1973, mais si la
tendance se continue, c'est évident que c'est une tendance vers le haut.
Par contre, on se rend compte que, devant les tribunaux, les gens qui sont
amenés là pour tout ce qui concerne le jeu... Evidemment, je sais
que le ministre de la Justice n'a pas à dicter les sentences aux juges,
ce n'est pas son rôle, mais on se rend compte que ces sentences sont
très souvent très légères; exploiter une maison de
jeu, par exemple, c'est très léger.
On a le cas assez récent, d'ailleurs, du Victoria Sporting Club
où, dans un cas, le premier des accusés qui a été
trouvé coupable je ne me souviens pas de son nom.
M. CHOQUETTE: Zabartani.
M. BURNS: Zabartani, je pense que c'est une amende de $1,000, quelque
chose comme cela, ou de $2,000.
M. CHOQUETTE: Dans le cas de Zabartani, le juge Chaloux a imposé
une sentence de trois mois de prison plus une amende. Cela a été
la plus forte sentence jamais rendue au Québec en matière de
maisons de jeu. Mais je crois que le député de Maisonneuve fait
allusion à d'autre causes plus récentes...
M. BURNS: Oui, au mois d'octobre.
M. CHOQUETTE: ...dans le domaine du jeu, où le juge a le droit
d'imposer $1,000 et un jour de prison.
M. BURNS: Dans le cas auquel je me réfère, il y avait
quatre accusés en même temps dans cette cause. Ce n'est
peut-être pas la cause de Zabartani. Est-ce qu'il n'y avait pas un
dénommé Batista, ou quelque chose comme cela?
M. CHOQUETTE: C'est possible. Je connais quelques causes récentes
qui sont passées devant la cour des Sessions de la paix à
Montréal, en particulier devant le juge Fabien, où il s'agissait
de jeu, de pari illégal. Je pense que le juge a pensé imposer une
sentence assez vigou-reuss, en fait, chacun est libre de l'apprécier. Je
ne voudrais pas faire de commentaires sur la sentence du juge.
M. BURNS: Non, je le juge.
M. CHOQUETTE: Je crois que le député de Maisonneuve a
raison de mettre le doigt sur le fait que les tribunaux, dans le passé,
ont été trop mous, à mon sens, sur les questions de pari
illégal; parce que par l'expérience vécue, ceux qui
organisent le pari illégal craignent énormément les
sentences de prison, même une sentence de prison assez modeste, comme
quinze jours, une semaine, peut-être un mois. C'est une chose qui,
vraiment, les fait reculer dans leurs activités ultérieures dans
le domaine du jeu. Je crois que, même si parfois le pari illégal
nous paraît assez anodin au fond comme activité, les cours
devraient prendre conscience que le jeu illégal, souvent, est une source
très importante de revenu pour les magnats de la pègre, pour
l'organisation criminelle, et que même, si au niveau du citoyen, on peut
dire ce n'est pas si grave que d'être trouvé dans une maison de
jeu ou autrement, ce n'est pas si grave d'organiser une barbotte ou autrement,
il faut quand même prendre en considération le fait que tout cela
se passe dans un ensemble, dans une organisation criminelle et soutenue par une
organisation criminelle et je crois que les tribunaux devraient
démontrer plus de sévérité qu'ils ne l'ont fait
dans le passé.
M. BURNS: Le ministre a-t-il l'intention de donner instruction aux
substituts du procureur général de demander au moins, même
si o'n ne peut pas imposer aux tribunaux une nouvelle règle sinon par
l'amendement de lois, d'insister dans ces cas pour avoir des sentences plus
lourdes, disons?
M. CHOQUETTE: Je l'ai fait dans un certain nombre de cas. En fait, on a
attiré leur attention sur les aspects que je viens de mentionner tout
à l'heure, le rôle du jeu au point de vue de la source des revenus
du crime organisé.
Nos procureurs vont, sans aucun doute, se montrer plus
énergiques. D'ailleurs, ils ont commencé à le faire
à l'occasion de certaines sentences.
M. BURNS: D'autre part, est-ce que le ministre a l'intention de
communiquer avec son "monologue" fédéral, selon le beau lapsus du
député de Verdun pour... Remarquez que dans le cas où le
député de Verdun avait parlé de "monologue",
c'était véritablement cela.
M. CARON: C'est la raison pour laquelle je l'ai dit. Le ministre
était au courant avant.
M. BURNS: Est-ce qu'il a l'intention de demander, par exemple, au
procureur général du Canada d'amender peut-être le code
criminel en vue... Parce que comme le ministre le disait tantôt, si j'y
attache un peu d'importance, c'est l'aspect de la source de revenus au monde
interlope que cela...
M. CHOQUETTE: D'accord. C'est principalement cet aspect qui nous
intéresse. J'ai soulevé la question à la conférence
des procureurs généraux tenue au mois de mai 1973 à Ottawa
et les procureurs généraux, ainsi que le ministre
fédéral de la Justice ont été unanimes à
reconnaître qu'il fallait que le code criminel soit amendé pour
introduire une sentence minimum au cas de tenancier de maisons de jeu. Et
j'avais suggéré qu'il y ait sentence minimum de quinze jours en
me fondant sur cette constatation que les "gamblers" professionnels je
ne parle pas de ceux qui font du jeu pour leur propre compte les
organisateurs du jeu illégal craignent énormément les
sentences de prison. Le ministre fédéral de la Justice a
indiqué, par ce qu'il a dit, qu'il abondait dans ce sens, et d'ailleurs,
j'ai eu unanimité des procureurs généraux autour de cette
proposition.
M. BURNS: Es-tu intéressé au jeu illégal,
Camille?
M. SAMSON: Non.
M. CHOQUETTE: Je l'ai appris par les journaux, comme vous.
M. SAMSON: Ils ne m'ont pas invité.
M. CHOQUETTE: Heureusement. Un souper-bénéfice...
M. SAMSON: A $100.
M. CHOQUETTE: ... à $100 pièce dont il est question dans
les journaux ce matin.
M. SAMSON: Je ne sais pas où ils ont pris cette idée.
M. CHOQUETTE: Peut-être ont-ils importé cela de certains
partis politiques américains.
M.SAMSON: Ah! C'est de là que cela provient.
M. BURNS: Pendant qu'on est dans ce domaine du jeu, je pense que le
ministre avait également fait des pressions auprès du
gouvernement fédéral pour permettre l'établissement de
casinos légaux au Québec. Où est-ce que c'est rendu
cela?
M. CHOQUETTE: II y a eu des pourparlers entre le gouvernement
fédéral et notre propre gouvernement quant à certains
amendements à apporter au code criminel en rapport avec la
légalisation de certaines formes de jeu. D'après ce que je
comprends, à l'heure actuelle, rien n'empêcherait le gouvernement
du Québec d'autoriser ou d'organiser lui-même, soit directement ou
soit par une corporation qui serait une émanation de la couronne, des
casinos dans lesquels on pourrait jouer certains jeux, dont la roulette qui est
un des jeux les plus courants dans les casinos qui existent aux Etats-Unis ou
en Europe. Il y a cependant certains jeux qui ne pourraient pas être
joués dans l'état actuel des choses. A ce sujet, il faut se
référer au code criminel pour les jeux interdits. Je ne me
souviens plus de ces jeux. Je me rappelle qu'il y en a trois: le "punch-board",
je crois, le "numbers games" et la roulette verticale, si je me rappelle bien,
et il y a un autre jeu. Ces jeux ne pourraient pas être joués.
Actuellement, rien n'empêcherait le gouvernement du Québec
d'autoriser la tenue et l'organisation de maisons de jeux, appelés
casinos.
M. BURNS: Est-ce que c'est l'intention du ministère de...
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas le ministère, je crois qu'il s'agit
d'une décision véritablement gouvernementale. Il y a plusieurs
secteurs de l'administration publique qui sont concernés. Il y aurait le
ministère du Tourisme, il y aurait le ministère de la Justice, il
y aurait le ministère des Finances. Je puis dire que nous y
réfléchissons. La politique gouvernementale n'est pas
définitivement fixée sur le sujet. Personnellement, je ne serais
pas antipathique à l'organisation de maisons comme celles-là,
surtout si elles sont adéquatement contrôlées, si leur
organisation ne permet pas l'infiltration de la pègre et si on assortit
cela d'autres conditions qui pourraient être pour l'établissement
peut-être de la solvabilité personnelle de ceux qui sont admis
dans ces maisons. On sait que c'est une disposition qui existe à Porto
Rico et même dans certains pays européens, où les gens de
l'endroit ne sont admis que s'ils ont établi leur solvabilité et
peut-être aussi que ce soit instauré ou installé dans des
milieux touristiques.
Je ne dis pas que ce sont des idées arrêtées de ma
part. J'admets qu'il y a une partie sur laquelle je ne suis pas prêt
à m'engager de façon définitive. Mais ce sont des choses,
certainement, qu'on pourrait examiner.
M. BURNS: Surtout que, si on se rend compte de ce qui s'est passé
à la suite de la loi, par l'entremise de Loto-Québec, des
loteries, on s'est rendu compte que parallèlement à cela
ce qui n'était peut-être pas tellement grave dans le cas des
petits billets de loterie qui circulaient les autres loteries nationales
telles que l'irlandaise et une autre qui circulaient, c'est quasiment disparu
du marché même si c'était illégal à ce
moment-là. Cela aurait peut-être le même effet si on
légalisait un certain nombre de casinos et qu'on voyait à ce
qu'ils soient bien tenus, de façon responsable. Cela aurait
peut-être l'effet secondaire de diminuer les revenus de ce qui est
illégal. Il me semble que n'importe quel individu a la réaction
normale suivante de dire: Si j'ai le goût de jouer et qu'il y a une place
où cela se fait légalement, je vais préférer aller
à cet endroit-là plutôt que d'aller à une place
illégale. L'individu normal va faire cela. Alors, j'ai l'impression que
cela pourrait avoir cet effet secondaire assez intéressant.
M. CHOQUETTE: Sûrement. Il y a aussi des aspects de
rentabilité qu'il faudrait examiner à l'occasion d'une telle
politique parce que les casinos québécois, s'ils devaient
être instaurés, seraient, d'une certaine façon, en
concurrence avec d'autres endroits en Amérique du Nord tels que Las
Vegas, Porto Rico, Freeport où le jeu légalisé est permis
à certaines conditions. Or, dans ces endroits, en plus d'offrir le jeu,
on offre des spectacles fantastiques avec les meilleurs artistes, les
meilleures troupes; les boissons alcooliques sont servies...
M. BURNS: Le ministre m'a l'air d'un connaisseur.
M. CHOQUETTE: Non. Je ne suis pas connaisseur, mais j'en ai entendu
parler.
M. SAMSON: Vous n'êtes pas obligé de prendre avis de la
question.
M. CHOQUETTE: Ce que je sais c'est que dans ces endroits-là, on
satisfait tous les besoins du consommateur. Ceci pose nécessairement des
problèmes de rentabilité et de coûts. Est-ce qu'on pourrait
offrir des shows comme on en a dans ces endroits-là?
J'ai même rencontré un type qui a un hôtel à
Porto Rico, qui est autorisé à avoir un casino dans son
hôtel et qui m'a dit: Je ferme le casino parce que je ne peux pas
concurrencer les autres qui sont capables d'amener des troupes formidables,
américaines, françaises ou autres. C'est donc même sur le
plan de l'économique ou de la rentabilité de ces futurs casinos
qu'il faudrait que le gouvernement se pose des questions, ce ne serait pas
simplement le fait de les permettre qui, nécessairement, ferait que ce
seraient des entreprises rentables. Il y a la question de principe; moi, je
n'ai pas d'objection de principe, du tout. Il y a la question de
rentabilité aussi. Je pense bien que le gouvernement devrait et devra,
dans un avenir assez rapproché, se prononcer.
M. SAMSON : Je ne comprends pas tellement la question de
rentabilité. Il y a quand même une question que je me pose, s'il y
a tellement de gens qui sont prêts à courir le risque d'exploiter
ça de façon illégale, il faut quand même que ce soit
rentable. Il y a sûrement une possibilité de rentabilité,
à moins que le gouvernement aille jusqu'à en installer un dans
toutes les paroisses. Ce serait une exagération.
M. CHOQUETTE: Non, il ne s'agirait sûrement pas de ça.
M. SAMSON: S'il y avait une maison de jeu ou deux au Québec, bien
tenues, avec toutes les commodités touristiques que ça comporte,
je pense que...
M. CHOQUETTE: Vous voulez qu'on satisfasse à tous les besoins du
consommateur.
M. SAMSON: J'abonde un peu dans le sens du ministre, jusqu'à un
certain point. Est-ce que le ministre est en mesure de nous parler du projet de
casino dans le comté de Charlevoix, par exemple?
M. CHOQUETTE: Le comté de Charlevoix est un endroit qui est
certainement propice à un casino. On sait que c'est un endroit
touristique très renommé. Cela aiderait sans aucun doute
l'économie de cette région. C'est certainement un des endroits
où on peut envisager l'instauration d'un casino.
M. SAMSON: Est-ce qu'il y a d'autres projets du genre, à votre
connaissance?
M. CHOQUETTE: Ecoutez, on a parlé de Percé, de Charlevoix,
c'est-à-dire La Malbaie.
M. BOUTIN (Johnson): Est-ce qu'il n'avait pas été question
de Drummondville, vu les axes routiers?
M. CARON: II y avait l'île des Soeurs.
M. SAMSON: Cela ne vous intéresserait pas de penser à un
territoire non organisé?
M. BURNS: Quant à y être, je vais vous parler du
comté de Maisonneuve.
M. SAMSON: Si cela vous intéresse, sur un territoire non
organisé, on a de la place.
UNE VOIX: L'île des Soeurs.
M. SAMSON : La baie James.
M. CHOQUETTE: Je crois que c'est une matière de politique
générale. Je crois que le gouvernement devrait se prononcer d'ici
peu, mais tout dépend des autres ministres. Cela fait trop longtemps
d'ailleurs qu'on en discute.
M. SAMSON: Le point de vue du ministère de la Justice, en fait,
si je comprends bien, est que vous n'êtes pas défavorable...
M. CHOQUETTE: Non.
M. SAMSON: ... à cela du tout.
M. CHOQUETTE: Personnellement même je me suis déjà
prononcé favorablement à un casino, non sur l'île des
Soeurs, mais à Terre des hommes.
M. CARON: Oui, mais ils ne veulent pas avoir de stationnement. Nous,
nous pourrions permettre le stationnement d'autos.
M. CHOQUETTE: Cela ne veut pas dire que je maintiendrais
nécessairement cette position.
M. SAMSON: Est-ce que Terre des hommes est dans votre comté?
M. SPRINGATE: Non, c'est dans mon comté. Mais c'est dans la
municipalité de Verdun, où le député de Verdun est
conseiller aussi.
M. SAMSON: Bon.
M. CARON: Cela nous ferait des revenus additionnels aussi.
M. SAMSON: J'ai l'impression que vous avez réuni de bons
appuis.
M. CARON: ... de ces demandes.
L'affaire James
M. BURNS: Toujours au grand chapitre de la protection de la
société. Je n'ai pas encore vu l'article, mais on m'informe que
dans le Soleil d'aujourd'hui, je pense, on reprendra un article qui se
réfère à un article qui avait déjà paru le 9
mai 1972 et qui avait pour titre: "Le ministère de la Justice veut
savoir pourquoi Robert James possédait toute une série de
documents secrets"?
Vous vous souvenez de cette affaire? Je vous lis un extrait de
l'article: "Parmi ces documents, les policiers ont découvert...
M. CHOQUETTE: Oui.
M. BURNS: ... un rapport confidentiel, préparé par un
groupe d'avocats montréalais pour le ministère provincial de la
Justice, sur les meilleures façons de contrôler les faillites
frauduleuses au Québec". Ce rapport confidentiel n'a qu'une diffusion
très restreinte. Dix personnes, dans la province, en possèdent
des copies. C'était lors de l'arrestation de ce monsieur James que l'on
avait découvert chez lui ces fameux documents.
Est-ce que le ministre a pu, depuis ce temps, faire la lumière
dans cette affaire tout à fait incompréhensible?
M. CHOQUETTE: A l'époque nous avons fait enquête sur le
fait que M. James ait été trouvé en possession de certains
documents ou de certains renseignements qui semblaient venir du
ministère de la Justice. Je ne me souviens plus exactement du
résultat de cette enquête. Il m'a semblé qu'il s'agissait
d'un employé qui aurait été trop volubile ou qui aurait
donné des renseignements ou qui n'était pas
autorisé...
M. BURNS: II avait plus que de la volubilité, il avait des
documents.
M. CHOQUETTE: C'est parce que cela fait tellement longtemps que cela
s'est produit. D'ailleurs, cet employé a été
éloigné du ministère de la Justice.
M. BURNS: Est-ce que c'est lui qui aurait été...
M. CHOQUETTE: II a semblé qu'il... M. BURNS: ... l'instrument
pour...
M. CHOQUETTE: ... y avait un employé du ministère qui
aurait été à l'origine de ces fuites et il a
été, par la suite, éloigné du ministère de
la Justice, mais je ne peux pas me prononcer, parce que cette fuite date de
deux ans environ.
M. BURNS: Oui, cela date du mois de mai 1972.
M. CHOQUETTE: Oui.
M. BURNS: L'article où on en parle la première fois, c'est
en mai 1972.
M. CHOQUETTE: Exactement, c'est à peu près dans ce temps
que cela s'est produit et il y a eu une enquête interne de faite. Celui
qui semblait être à l'origine de cela a été
écarté.
Statut des fonctionnaires
M. BURNS: Autre question que j'aimerais poser au ministre, celle-ci
concerne le fameux règlement relatif à la preuve de statut. C'est
un règlement qui trouve son fondement dans l'article 4 d ) de la Loi du
ministère de la Justice qui se lit comme suit: "Le procureur
général au
paragraphe d) remplit les autres fonctions qui lui sont
assignées par le lieutenant gouverneur en conseil." Est-ce que vous avez
des statistiques de personnes fichées selon ce règlement?
M. CHOQUETTE: Seulement des fonctionnaires du gouvernement.
M. BURNS: Seulement des fonctionnaires.
M. CHOQUETTE: Ah oui! parce que le règlement n'a qu'une
application limitée aux fonctionnaires et aux gens qui, je pense bien,
ont peut-être accès ici au parlement comme peut-être les
journalistes. Je ne le sais pas...
M. BURNS: Les députés, les fonctionnaires.
M. CHOQUETTE : ... nous avons les cartes. Comme député,
comme ministre, nous avons des cartes.
M. BURNS: Cela se limite à cela. M. CHOQUETTE: Excusez-nous.
M. BURNS: Est-ce que le ministre est en mesure de nous dire quel en est
le coût?
M. CHOQUETTE: De ce programme? M. BURNS: ... de ce programme annuel?
M. CHOQUETTE: Oui, on peut vous le donner. Nous allons le chercher et je
vous le donnerai tout à l'heure.
LE PRESIDENT (M. Brisson): D'autres questions?
M. BURNS: Oui, par exemple, est-ce que la Sûreté du
Québec a accès à ces dossiers?
M. CHOQUETTE: Je ne dis pas que la Sûreté s'en verrait
défendre l'accès, advenant qu'il y aurait une enquête sur
un fonctionnaire qui serait soupçonné d'un acte illégal;
il est fort possible et même probable que la Sûreté, se
voyant chargée de cette enquête, pourrait venir chercher des
renseignements à l'intérieur du fichier, mais normalement le
fichier fonctionne en dehors du contrôle de la Sûreté.
M. BURNS: ... le coût?
M. CHOQUETTE: Mon sous-ministre me dit que le fichier en question ne
contient rien d'autre que ce qui est déjà connu au niveau des
services de personnel dans chaque ministère ou organisation
gouvernementale. Il ne s'agit pas de noter comment pourrais-je dire?
les activités politiques ou autres d'un fonctionnaire; c'est
strictement, en fait, sa fonction au sein du gouvernement qui est contenue dans
le fichier, son âge, sa fonction, son numéro d'assurance
sociale.
M. BURNS: Vous n'en n'êtes pas rendu aux empreintes digitales?
M. CHOQUETTE: Non.
UNE VOIX: Est-ce que vous le proposez?
M. SAMSON: Cela nous permettrait-il de savoir qui sort les documents du
gouvernement?
M. CHOQUETTE: Ecoutez. Moi, je ne suis pas prêt à instaurer
un système de contrôle absolu. Je ne crois pas à des
systèmes de contrôle absolu. Je ne crois pas qu'ils soient
nécessaires. Je pense qu'il y a certaines précautions à
prendre. C'est normal de la part du gouvernement et d'un organisme public. Je
ne voudrais pas multiplier les mesures de contrôle qui deviennent
extrêmement lourdes, tatillonnes, et à travers lesquelles souvent
il y a moyen même de passer.
M. SAMSON: Si je comprends bien, vous n'en n'êtes pas encore
arrivé à la conclusion de la carte d'identité obligatoire
avec preuve d'identification.
M. CHOQUETTE: Non.
M. BURNS: Maintenant, pendant qu'on est sur ce sujet, M. le
ministre...
M. CHOQUETTE: Oui.
M. BURNS: Je ne sais pas si ce dispositif de sécurité
relève de votre ministère ou pas. Les gens qui sont à
l'Assemblée nationale, préposés aux entrées, je ne
sais pas quel est leur titre, ce sont des agents de la paix, ils ont, je pense,
été intégrés au groupe des agents de la paix, en
tout cas, au syndicat des agents de la paix.
M. CHOQUETTE: Oui.
M. BURNS: Est-ce que ces gens relèvent de votre ministère
directement, ou de l'Assemblée nationale?
M. CHOQUETTE: Ils relèvent de l'Assemblée nationale. Ce
sont des agents de la paix, mais relevant du président de la
Chambre.
M. BURNS: Alors, ils ne sont pas sur votre budget à vous
autres?
M. CHOQUETTE: Non.
M. BURNS: Je demanderai cela au président de l'Assemblée
nationale.
M. CHOQUETTE: Tout le personnel qui gravite autour de l'Assemblée
nationale dépend du président.
Vols de banque
M. BURNS: Un autre point, M. le ministre, toujours dans cette protection
de la société. Je sais que la Sûreté du
Québec a mis sur pied, je pense en novembre dernier, dans la
région de Québec, une méthode de travail qui vise à
réduire le nombre de vols de banque. Est-ce que le ministre est au
courant de cela? Je pense que c'est une opération qui avait le nom de
SEQUI.
M. CHOQUETTE: Le député, je crois, fait allusion à
une oération qu'on appelle l'opération 100, et qui autrefois
était désignée sous le nom d'opération Pierre, qui
s'applique dans diverses circonstances, mais entre autres, à l'occasion
de vols de banque. C'est un système préétabli en vertu
duquel, advenant un hold-up ou un autre incident du même genre, nous
pouvons mobiliser immédiatement les forces de police, soit la
Sûreté du Québec ou les forces de police municipale, de
façon à bloquer les issues dans un territoire donné. Cette
opération ou ce système a donné de très bons
résultats et nous a permis d'élucider un beaucoup plus grand
nombre de vols de banque, entre autres, que lorsque nous ne l'avions pas.
M. BURNS: Ce à quoi je me réfère, c'est à un
article qui a paru, le 22 novembre 1973, dans le Soleil, sous le titre: "La
Sûreté du Québec veut devancer les criminels". C'est
beaucoup plus une opération de prévention qu'une opération
comme celle que le ministre mentionne et c'est dans cet article qu'on parle
d'une opération SEQUI voulant dire "suivre"...
M. CHOQUETTE: L'opération à laquelle réfère
le député est une opération préventive qui met au
service de nos postes de la Sûreté du Québec des agents en
plus grand nombre, agents provenant surtout de nos unités d'urgence.
Supposons, par exemple, que, dans une région, on ait noté
beaucoup de vols avec effraction dans les maisons. De façon à
prévenir que la tendance se continue et à prévenir
d'autres vols, on va diriger vers ces postes et dans ces régions des
policiers faisant partie de nos unités d'urgence de façon
à patrouiller plus intensément, de façon à
rencontrer les citoyens et voir quelles sont, en fait, les faiblesses de la
protection publique dans ce secteur. On va concentrer de plus grands efforts et
de plus grandes ressources humaines au point de vue de la police dans une
région susceptible de voir des crimes se commettre.
M. BURNS: Est-ce que le ministre a des résultats concrets
déjà, même si cela ne fait pas tellement longtemps que
cette opération est en vigueur? Est-ce qu'on peut vérifier
statistiquement les résultats?
M. CHOQUETTE: Je crois qu'on peut dire oui. Les résultats de
cette action préventive semblent être bons. D'ailleurs, je peux
dire au député de Maisonneuve que les statistiques de la
Sûreté du Québec qui seront publiées incessamment
vont révéler que le crime au Québec, en
général, pour l'an dernier, a baissé de 2.29 p.c. Je crois
que c'est tout à l'acquis de la Sûreté du Québec que
d'arriver avec de tels résultats alors que partout le crime augmente. Je
pourrai donner plus de détails au moment de la publication du rapport
annuel de la Sûreté du Québec sur les différents
aspects de la criminalité, quelle a été l'évolution
dans les principaux crimes, surtout les crimes indices, mais l'ensemble de
l'évolution de la criminalité indique une régression l'an
dernier.
M. BURNS: Revenant à cette opération SEQUI, si je
comprends bien, elle n'est en vigueur que dans la région de
Québec. Non?
M. CHOQUETTE: Non. Elle a lieu dans tout le territoire
québécois.
M. BURNS: A travers le territoire? M. CHOQUETTE: Oui.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Est-ce qu'il y a d'autres questions?
M. BURNS: Oui. Toujours sur ce point, est-ce qu'il y a d'autres
méthodes de prévention des crimes, à part celle-là,
qui ont été mises en vigueur au cours de l'année?
M. CHOQUETTE : Je peux donner un exemple.
Dans le domaine des incendies criminels, nos analyses des endroits qui
ont été incendiés par suite d'une action criminelle, nous
ont amenés à certaines conclusions et nous pouvons dire
aujourd'hui quels sont les endroits les plus susceptibles d'être
incendiés criminellement de façon à frauder, soit les
créanciers ou soit les compagnies d'assurance. Je ne voudrais pas dire
quels sont ces endroits parce que je ne veux pas donner d'indications à
ceux qui peuvent pratiquer ce genre d'activités illégales, mais
nous pouvons prévoir, dans une large mesure, quels sont les endroits
susceptibles de faire l'objet d'incendies criminels. Par conséquent, la
police peut porter une attention plus particulière à ce genre
d'endroits, peut les patrouiller et peut voir, en somme, à
prévenir des incendies criminels et à attraper les coupables
là où il y a de tels crimes commis.
Il y a une foule d'autres mesures préventives qui sont prises,
par exemple la Commission de police a organisé tout un programme de
réunions des polices sur une base régionale, c'est-à-dire
polices municipales et Sûreté du Québec, dans le but
d'étudier les conditions propres de la criminalité dans chacune
des régions. Il y a des animateurs de la Commission de police qui voient
à diriger ces réunions et à coordonner l'action de la
police.
Police municipale
M. BURNS : Toujours dans ce domaine, il y a peut-être un cas plus
local. Le ministre se souviendra sans doute qu'en décembre dernier, un
groupe de citoyens de Préville, qui est un quartier de Saint-Lambert,
s'élevait contre le peu de protection que leur accordait la police
locale. Est-ce que le ministre a été saisi de ce problème
ou si cela en est resté au niveau municipal?
M. CHOQUETTE: Je n'ai pas été saisi personnellement de ce
problème. Je l'ignorais. Je n'ai reçu aucune demande, je
crois.
M. BURNS: Le ministère n'a pas été
approché?
M. CHOQUETTE: Je ne le crois pas. Maintenant, il faudrait
vérifier. C'est qu'actuellement, en vertu des lois qui existent, nous ne
pouvons pas prescrire un taux d'encadrement minimum de policiers pour des
populations. Les municipalités, malgré qu'elles soient tenues
d'avoir un corps de police, peuvent avoir un corps de police du nombre qu'elles
déterminent. C'est la raison pour laquelle, dans certaines
municipalités, on peut peut-être se plaindre de l'insuffisance de
la protection policière. Nous n'avons pas de pouvoirs légaux de
prescrire que le corps de police soit d'un nombre minimum par rapport à
la population à protéger.
M. BURNS: D'autre part, est-ce qu'au ministère, vous avez
établi une norme, si vous voulez, de policiers par habitant?
M. CHOQUETTE : Vraiment, non. Nous n'en avons pas établi, dans ce
sens que le député sait qu'il y a une obligation pour les
municipalités d'avoir des corps de police, à moins qu'elles
soient exemptées par suite d'une recommandation de la Commission de
police. Les normes, quant au nombre de policiers présents, sont
laissées, en fait, à la discrétion des conseils
municipaux. Les conditions d'ailleurs qui existent de municipalité en
municipalité sont très variables, je veux dire que la
criminalité à Montréal est un tout autre problème
que la criminalité dans une petite ville de la Gaspésie ou d'une
autre région du Québec. Alors, il n'y a pas de normes qui
s'appliquent à travers le Québec. Peut-être que ce serait
une initiative souhaitable que, soit la Commission de police, soit le
ministère de la Justice puisse prescrire quels sont les besoins au point
de vue du nombre des policiers.
M. BURNS: Au moins donner des normes comme guides, si vous voulez,
à certaines municipalités. Peut-être que ce serait
très utile. D'ailleurs, on a eu également le problème, je
ne sais pas encore si le ministre en a été saisi directement,
dans la Communauté urbaine de
Montréal, à la suite de l'intégration des forces
policières des différentes municipalités de la CUM. Je
sais qu'il y a certaines municipalités qui se plaignaient du fait que,
depuis l'intégration en question, ils semblaient avoir moins de
protection que lorsqu'ils avaient leurs propres services. Est-ce que le
ministre a des commentaires à nous faire là-dessus?
M. CHOQUETTE: Oui, il y a eu des municipalités qui ont
formulé des plaintes dans ce sens. Nous avons eu des classes de cadets
policiers devenus policiers qui ont été diplômés,
qui ont reçu des grades et qui ont été dirigés,
pour un certain nombre d'entre eux, vers les municipalités qui pouvaient
se plaindre de l'insuffisance de la protection policière.
Evidemment, dans l'état actuel des choses, nous opérons
dans le carcan de la loi de l'intégration de la police sur l'île
de Montréal qui empêche les autorités policières de
transférer, pour plus de sept jours, un policier d'une
municipalité où il était affecté avant
l'intégration a une autre municipalité. Par conséquent, la
flexibilité du système en souffre. Mais comme nous avons eu des
policiers additionnels qui sont venus s'ajouter à la police
intégrée, on a dirigé ces policiers vers les
régions et les villes où les besoins étaient les plus
criants. Je dois dire, d'un autre côté, que souvent ces
mêmes villes étaient responsables un peu de la situation qui a
prévalu après l'intégration parce que,
antérieurement à l'intégration, elles n'avaient pas pris
les mesures nécessaires pour recruter un nombre suffisant de policiers.
Elles n'ont pas perdu, en fait, de policiers existants, mais, si elles ne
s'étaient pas assurées d'une protection adéquate avant et
si par la suite on était pris dans les règles fixées pour
l'intégration et qu'on ne pouvait pas leur diriger de policiers
additionnels, on devait dépendre de l'accroissement de la force
policière intégrée par suite du recrutement de policiers
additionnels. C'était la seule marge de manoeuvre qu'on avait.
Je crois que nous avons largement calmé les plaintes, dans la
plupart des municipalités. Je sais qu'il y a mon ami et collègue,
le député de Verdun, qui se plaint de la protection qui est
donnée aux citoyens de Verdun. J'espère que cette protection va
s'améliorer dans un avenir rapproché. Il y a eu un changement
d'officier commandant pour le territoire de la ville de Verdun et sans aucun
doute aussi que l'adoption du plan d'allocation des ressources physiques et
humaines par la Commission de police va permettre de diriger nos effectifs
là où les besoins sont manifestes.
Police et syndicalisme
M. BURNS: Quant à l'élément 1, je n'ai plus
d'autres questions. A l'élément 2: Enquêtes
policières spécialisées. J'aimerais revenir sur une
question que j'ai posée au ministre hier en Chambre.
M. CHOQUETTE: Le député me permettrait peut-être une
interruption avant qu'il aborde un autre sujet. J'ai les chiffres au sujet du
coût du programme: Preuve de statut. En 1973/74, le coût a
été de $119,000 et en 1974/75, il sera de $96,400. Je crois que
la baisse du coût est attribuable au fait qu'une large partie du travail
a été faite dans les années passées.
M. BURNS : En somme cela n'a plus à être fait.
M. CHOQUETTE: Exactement, une fois que les détenteurs ont leur
carte, ils vont conserver leur carte et une grande partie du travail a
déjà été faite.
M. BURNS: Et ce programme a commencé en 1973 ou en... Il a
commencé avant cela, je pense.
M. CHOQUETTE: En 1972.
M. BURNS: Je reviens à ce que je disais tantôt avant que le
ministre me donne cette réponse. Hier, j'ai posé une question au
ministre en Chambre relativement à l'infiltration policière des
syndicats. Evidemment, la période des questions ne me donnait pas la
liberté d'en jaser avec autant de détente qu'on peut le faire
maintenant. J'aimerais revenir sur cette question. Cela m'a fasciné de
voir... J'ai été près d'une dizaine d'années dans
le syndicalisme et je pensais toujours que les gens, qui voyaient des policiers
grouiller partout dans nos rangs, étaient un peu paranoïaques, mais
là je me rends compte qu'ils sont de moins en moins paranoïaques.
J'aimerais savoir s'il y a une escouade spécialisée à la
Sûreté ou quelque chose qui s'occupe en particulier de cela ou si
c'est, ce que bien des gens appellent l'escouade spéciale, l'escouade
antisubversive qui s'occupe de cela? Est-ce que le ministre peut nous donner
plus de détails là-dessus?
M. CHOQUETTE: Non. Je crois qu'il ne faut pas tomber dans la psychose de
l'infiltration policière au niveau syndical. Je voudrais quand
même situer les choses dans leur perspective exacte.
Le député, hier, m'a interrogé en particulier sur
le cas de United Aircraft. C'est exact qu'il y a eu des enquêtes faites
par la Sûreté du Québec autour de cette grève et
ceci dans le but d'être plus renseignée et d'éviter ou
permettre plutôt à la police de faire face à des actions
violentes éventuelles. Mais ce n'est pas une politique de la
Sûreté que de s'infiltrer dans le monde syndical et je tiens
à rectifier le député de Maisonneuve. Je crois qu'on
aurait tort, dans le mouvement syndical, de s'imaginer qu'on est
infiltré partout, ce n'est pas le cas du tout. Mais ça n'exclut
pas non plus que, dans certaines circonstances particulières, la police
puisse vouloir obtenir des renseignements parce qu'il y a des syndicats qui
sont plus susceptibles que d'autres, à cause de gestes passés,
à cause de conditions qui peuvent prévaloir, à cause du
climat de conflit et de contestation qui peut régner dans un secteur
particulier, que ça puisse amener la police à dire qu'il faudrait
peut-être s'intéresser à ce secteur de plus près
pour prévenir des actes violents.
On aurait bien tort, dans le milieu syndical, de s'imaginer que le
gouvernement ou que la police cherche à savoir tout ce qui se passe dans
le mouvement syndical; nous admettons parfaitement le droit des syndicats
d'exister, d'une part, d'être autonomes dans la gestion de leurs
affaires, de prendre des attitudes et d'avoir des politiques et des
stratégies qui n'ont pas à être connues par les
autorités publiques parce qu'elles sont nécessairement, comment
pourrais-je dire, situées dans un cadre qui est propre au syndicalisme,
et je crois que le gouvernement actuel veut laisser le syndicalisme se
déployer avec toute la liberté possible.
Par contre, il se peut qu'il y ait à craindre dans des secteurs
et nous avons des raisons légitimes de croire qu'il peut se produire de
la violence; à ce moment-là, nous avons le devoir de prendre des
précautions et de nous renseigner sur le milieu en question sans
intervenir dans l'action syndicale d'aucune façon. Il faudrait quand
même porter un jugement beaucoup plus nuancé que certains
syndicalistes sont portés à le faire sur l'action de la police en
rapport avec le milieu syndical. Ce que je dis là s'applique non
seulement au milieu syndical, il pourrait s'appliquer à tout autre
milieu de la société québécoise. Si, à un
moment donné, il y avait des milieux d'affaires, non pas qu'on aurait
à craindre tellement la violence de leur côté, mais
ça pourrait être des conspirations au niveau de la
criminalité économique ou ça pourrait être des
activités de cet ordre, je pense que la police aurait alors le devoir de
faire enquête et de prévenir, dans une certaine mesure, pour
autant que nous le pouvons, la commission des crimes.
Je veux dissiper toute impression que l'on pourrait avoir selon laquelle
nous sommes dans un Etat policier: On ne l'est pas du tout. Même la
police est plutôt, en fait, réservée dans son infiltration,
ses interventions et ses enquêtes. Elle fait, je crois, ce qu'elle doit
faire sans faire d'excès de zèle et surtout sans déborder
son rôle propre de chercher à maintenir l'ordre et la paix sans
verser dans un système où on chercherait à
s'enquérir des intentions syndicales au point de vue de la
stratégie syndicale proprement dite. Je puis dire, par exemple quand MM.
Pépin, Laberge et Charbonneau étaient incarcérés
à la prison d'Orsainville, que jamais nous n'avons cherché,
d'aucune façon, à savoir ce qu'ils pouvaient dire à leurs
conseillers juridiques, à nous enquérir des dispositions qu'ils
pouvaient avoir avec d'autres collègues ou leurs subalternes dans le
mouvement syndical, parce que nous respections leurs droits à
être
traités comme des hommes libres dans leurs responsabilités
syndicales. Notre intérêt dans le mouvement syndical est
exclusivement en raison des possibilités de violence qui peuvent
résulter de l'activité dans ce secteur.
M. BURNS: Dans le cas auquel se réfère le ministre, cela
me fait drôle de l'entendre dire que vous les laissiez se comporter comme
des hommes libres.
M. CHOQUETTE: Dans une certaine liberté. M. BURNS: Ils
étaient à Orsainville!
M. CHOQUETTE: Je veux dire que, pour autant que nous pouvions les
considérer comme des hommes libres, nous les avons
considérés comme des hommes libres, et je considère le
syndicalisme québécois comme un mouvement qui doit être
libre. Je crois que le climat sera meilleur et la discussion sera plus franche,
même s'il y a des conflits entre le gouvernement et le mouvement syndical
à certaines occasions, si nous n'avons pas cherché à
brimer des droits légitimes du côté syndical et que tous
les avantages que l'on pourrait penser retirer d'une politique d'espionnage du
mouvement syndical seraient faux et ne se prouveraient pas dans la
réalité. Je veux situer le tout dans ce contexte.
M. BURNS: Si je comprends bien le ministre, en somme, parce que vous
parlez d'enquêtes, c'est beaucoup plus, a posteriori, quand il y a eu des
choses qui peuvent être soupçonnées d'être
illégales, disons, qui se sont passées, que la police
intervient?
M. CHOQUETTE: Oui, c'est beaucoup plus, comme le dit le
député de Maisonneuve, c'est beaucoup plus après la
commission d'un crime ou d'une action illégale que nous faisons
enquête. Cependant, s'il y a une série d'actions, mettons, ou si
nous avons vraiment des raisons légitimes de croire, en nous fondant sur
des expériences passées, qu'il peut se produire d'autres actions
qui découlent du passé, nous cherchons alors à obtenir des
renseignements de façon à prévenir, mais c'est
exclusivement dans ce cadre.
M. SAMSON: Est-ce que je dois comprendre, à titre d'exemple, que,
lorsqu'une manifestation est annoncée et que vous avez des raisons de
croire que cela peut tourner à la violence, vous prenez certaines
précautions? Je vais citer un exemple: le premier mai chaud que l'on
nous annonce. Cela voudrait dire que, dans une circonstance comme
celle-là, si je comprends bien, vous prenez certaines précautions
qui ne sont pas provocatrices, mais vous prenez certaines
précautions?
M. CHOQUETTE: Oui. Nous prenons des précautions, mais je tiens
à dire que nous sommes, vous savez, assez expérimentés et
que nous ne prenons pas toute menace, disons, littéralement. Même
si on nous annonce qu'il va y avoir une grande manifestation, cela ne veut pas
dire que cette manifestation va être violente. Ils ont le droit de se
réunir et de manifester. Ce n'est pas pour nous une raison d'aller
nous...
M. BURNS: II y en a eu une le premier mai, l'année passée,
qui a été...
M. CHOQUETTE: Qui a été très paisible.
En fait, à l'heure actuelle, on n'a pas à se plaindre des
manifestations organisées par le mouvement syndical ou quelque autre
mouvement au Québec.
M. SAMSON: C'est ce que je voulais dire. Ce ne sont pas des
précautions provocatrices. Ce sont des précautions, dans le sens
que vous avez quand même un devoir à remplir.
M. CHOQUETTE: Justement, s'il y a une manifestation, par exemple, nous
avons assez de services d'ordre pour faire en sorte que, s'il y avait violence,
nous pourrions intervenir, mais nous n'allons pas intervenir d'avance pour
provoquer les manifestants.
M. SAMSON: C'est cela.
M. CHOQUETTE: Je suis bien d'accord avec le député.
M. BURNS: Je pense que les milieux policiers ont beaucoup appris de la
manifestation du 29 avril 1971, à la Presse, à Montréal,
où c'était véritablement et carrément de la
provocation. Evidemment, c'était dans un autre cadre aussi.
C'était l'époque où notre bon maire Drapeau
considérait que son règlement antimanifestation était
égal. Je me souviens d'avoir vu, en descendant la rue Saint-Denis, des
contingents, et le mot n'est pas trop fort, de policiers massés à
toutes les rues transversales et, nécessairement, cela ne peut que
servir de provocation.
M. CHOQUETTE: Est-ce que je peux ajouter deux choses à
l'intervention du député de Maisonneuve et à celle du
député de Rouyn-Noranda?
J'ai demandé à la Commission de police de réunir
les principaux corps policiers pour étudier le problème du
contrôle des manifestations et la Commission de police a mis sur pied un
comité qui a étudié toutes ces questions et qui en est
venu à certaines conclusions, qui a fait des recommandations aux corps
policiers, de façon à nous permettre de contrôler d'une
façon paisible des manifestations qui, normalement, doivent être
paisibles. Je crois que ceci a été très sain.
Il y a un deuxième aspect que je voulais faire remarquer et qui
me reviendra peut-être tout à
l'heure je l'ai oublié sur la question des
manifestations.
M. BURNS: Du contrôle des manifestations.
M. CHOQUETTE: Oui, il y a eu cet aspect. Ah oui! l'autre aspect, c'est
le suivant, et ceci s'adresse plus au mouvement syndical lui-même. Le
mouvement syndical, je suis persuadé, veut être
considéré comme un mouvement respectable. Le mouvement syndical,
s'il veut continuer à avoir une action en faveur des travailleurs et
améliorer leurs conditions de travail, doit lui-même faire le
ménage à l'intérieur de ses rangs. Ce n'est pas le
gouvernement qui peut faire ce ménage.
Je crois que les chefs syndicaux ont de grandes responsabilités
à ce point de vue. C'est bien plus à eux de voir à ce que
leur action se passe légalement et qu'on éloigne les
éléments discutables et les éléments qui peuvent
simplement venir troubler l'activité normale sur le plan syndical. Je
crois que c'est ceci qui ressort un peu de tout ce qu'on connaît à
l'heure actuelle.
M. BURNS: Je ne sais pas si cela peut rassurer le député
de Rouyn-Noranda, mais je peux lui dire, quand il y a des manifestations qui
sont organisées du style United Aircraft ou du style 1er mai, que les
centrales syndicales et je le sais, parce que je l'ai vu de mes yeux
ont leur propre service d'ordre, c'est-à-dire qu'elles ont des
syndiqués et des militants syndicaux qui, de l'intérieur, tentent
de faire le travail que les policiers devraient normalement faire de
l'extérieur, si jamais la manifestation devenait
incontrôlée. C'est évident, comme le ministre le dit, que
les centrales syndicales n'ont aucun intérêt à passer aux
yeux de la population comme un repaire de bandits, c'est évident. C'est
d'ailleurs dans ce sens que je suis en mesure de savoir que, dans ces
occasions, elles prennent toutes les précautions voulues pour
éviter que quelqu'un, parfois un agent provocateur venant de
l'extérieur, puisse causer une ribambelle de violence.
Toujours dans le domaine policier, eu égard au syndicalisme
et je ne veux pas parler des résultats qui vont être
traités autrement, soit par les tribunaux, soit par la grande commission
d'enquête que le gouvernement a annoncée la semaine
dernière est-ce que, dans le cas précis de la baie James,
il y avait eu, du côté policier, sachant ou se doutant que ce
milieu pouvait devenir effervescent à un moment donné, un travail
de prévention? Est-ce qu'il y avait des policiers, par exemple, qui
avaient été envoyés sur les lieux depuis un bout de temps
à cette fin, non pas juste de façon à maintenir l'ordre
simplement?
M. CHOQUETTE: Le député de Maisonneuve se rapproche
passablement d'un sujet qui est soumis à la commission d'enquête.
J'aimerais mieux, pour le moment, ne pas...
M. BURNS: C'est pour ça que je vous dis que je ne veux pas parler
des résultats des événements malheureux qui sont
arrivés. Je veux dire, antérieurement à ces
événements, c'est dans ce sens que je le demande.
M. CHOQUETTE: L'année dernière, j'ai fait certains
commentaires sur la violence en milieu syndical. Le député peut
toujours se référer à mes commentaires qui ont
été consignés ici à la commission parlementaire de
la justice, mais je ne voudrais pas, pour le moment, étant donné
que le tout est soumis à cette commission d'enquête, en dire plus
long à l'heure actuelle.
M. BURNS: Vous aviez quand même un certain nombre de policiers sur
les lieux.
M. CHOQUETTE: Je ne dis rien sur ce sujet, parce qu'il n'est pas dans
l'intérêt public, pour le moment, de révéler quoi
que ce soit.
M. BURNS: Est-ce qu'il est possible qu'il y ait eu des policiers qui
travaillaient, qui avaient l'air d'être des travailleurs à la baie
James?
M. CHOQUETTE: Je ne crois pas qu'il soit vraiment dans
l'intérêt public...
M. SAMSON: H y avait des travailleurs policiers.
M. CHOQUETTE: Je ne dis pas...
M. BURNS: Vous avez l'air d'un Américain qui se sert du "Fifth
Amendment".
M. CHOQUETTE: Je dois quand même me situer à deux plans,
premièrement, l'intérêt public et, deuxièmement, le
fait qu'il y a une commission d'enquête, à l'heure actuelle. Je ne
veux pas en dire plus.
M. SAMSON: M. le Président, je ne voudrais pas poser au ministre
des questions qui l'obligeraient à révéler des choses qui
pourraient quand même aller à l'encontre de l'intérêt
public, comme il le dit à ce moment-ci. Peut-être qu'on est au
courant de certaines choses.
Puisqu'on parle de ce cas de la baie James, j'aimerais bien savoir du
ministre s'il n'envisagerait pas que cette commission d'enquête ait un
mandat un peu plus élargi, que le juge Cliche puisse aller,
peut-être, un peu plus loin que ce qui a été
annoncé, dans le sens qu'on nous annonce une commission d'enquête
sur les libertés syndicales. C'est bien cela?
M. CHOQUETTE: Oui, mais le mandat est très large.
M. SAMSON: Ecoutez, c'est ce que je vous demande. Est-ce qu'à
l'intérieur de ce mandat vous considérez que la commission peut
aller beaucoup plus loin que cela, s'il y a d'autres cas particuliers qui
pourraient être des causes de la résultante, par exemple?
M. CHOQUETTE: D'abord, le mandat ne couvre pas seulement le chantier ou
les chantiers de la baie James; il couvre les chantiers de construction
à travers le Québec et couvre les chantiers de construction
depuis quelques années...
M. SAMSON: Oui, oui, je suis d'accord sur cela. Sur ce plan, je pense
que le fait qu'une commission d'enquête ait des pouvoirs permettant de
couvrir d'autres chantiers, ce n'est pas mauvais. Il y a peut-être un
élément où il serait important d'enquêter, qui n'est
peut-être pas, nécessairement, un élément syndical.
Ce ne sont peut-être pas, nécessairement, des choses qui peuvent
se produire sur des chantiers comme tels. En fait...
M. CHOQUETTE: Mais oui...
M. SAMSON: Je voudrais bien me faire comprendre par le ministre. Les
événements de la baie James ne sont peut-être pas,
nécessairement, des événements dus à un chantier de
construction. Il y a peut-être d'autres choses que cela...
M. CHOQUETTE: Mais, c'est évident...
M. SAMSON: ... qu'il serait intéressant de savoir.
M. CHOQUETTE: Mais, c'est évident. Je crois que le mandat de la
commission lui permet d'explorer en profondeur le problème des relations
de travail dans la construction, pas seulement l'aspect de la violence, mais
l'aspect de la législation en matière de relations de travail
dans le domaine de la construction, toutes les questions de permis de travail,
de bureaux d'embauche, de conflits entre CSN, CSD, FTQ, de politiques des
employeurs et des entrepreneurs, c'est-à-dire, des patrons. Le mandat de
la commission est très, très large, et je crois qu'il permet
d'aller au fond des choses sur tous les aspects.
M. SAMSON: Est-ce que cela voudrait dire, par exemple, que le mandat de
la commission lui permettrait d'enquêter sur des affirmations qui ont
paru dans les journaux selon lesquelles certains pots de vin ont
été versés pour empêcher des griefs syndicaux...
M. CHOQUETTE: Certainement, certainement.
M. SAMSON: ... de se rendre au bout, des choses comme cela? Est-ce
qu'aussi, du côté de la pègre, si vous le voulez, cela peut
aller aussi loin que de vérifier certaines affirmations voulant qu'il y
aurait un certain réseau de drogue installé dans ce
coin-là?
M. CHOQUETTE: Certainement, je ne vois pas...
M. SAMSON: Quoique je considère que la question est un peu
délicate, parce que ce genre d'enquête relève de la police
fédérale, de la Gendarmerie royale du Canada.
M. CHOQUETTE: Ecoutez. Moi, je crois que le mandat qui a
été donné par le gouvernement est très large, qu'il
couvre tous les aspects, mais s'il y en avait qui avaient été
omis, il n'y a rien qui empêche le gouvernement de donner une extension
au mandat donné aux commissaires.
M. SAMSON: Cela voudrait dire qu'en cours de route, si la commission
prend connaissance de certaines choses...
M. CHOQUETTE: Si un moment donné...
M. SAMSON: ... vous seriez, disposé en tant que ministre et le
gouvernement serait disposé en tant que gouvernement à donner une
extension de mandat, compte tenu des besoins.
M. CHOQUETTE: Sans aucun doute, mais la rédaction actuelle du
mandat me semble couvrir l'essentiel des problèmes dans le domaine de la
construction. S'il s'avérait utile et que les commissaires nous
suggéraient qu'il y aurait utilité à ce que le mandat soit
étendu pour couvrir tel aspect qui a été omis, je ne vois
pas ce qui empêcherait le gouvernement de donner un mandat plus
large.
M. SAMSON: Oui, d'accord. Est-ce que les dispositions sont prises ou
sont en voie d'être prises pour, compte tenu de ce qui s'est
passé, peut-être avoir une protection accrue dans cette
région?
M. CHOQUETTE: Oui.
M. SAMSON: Je pense qu'il faut comprendre que c'est quand même une
région très éloignée...
M. CHOQUETTE: En effet.
M. SAMSON: ... où il n'est pas possible d'avoir autant de
services de protection que dans les grands centres, mais il faut prendre en
considération le fait aussi que dans ce coin viennent des gens d'un peu
partout.
M. CHOQUETTE: En effet, nous avons pris des dispositions. La
Sûreté va dépêcher des agents sur les lieux,
là-bas, pour pouvoir assurer une présence policière plus
nombreuse et de façon à rétablir les travaux de la baie
James qui devront recommencer d'ici quelque temps.
M. SAMSON: II y a évidemment aussi ce fait que, sur le plan
psychologique, tous les citoyens appelés à se rendre dans cette
région ont besoin d'être rassurés qu'ils seront en
sécurité dans ce coin.
M. CHOQUETTE: Oui.
M. SAMSON: Je pense que c'est important.
M. CHOQUETTE: Oui. Mais le député peut être
assuré que M. Benoît a pris des dispositions pour
dépêcher des agents de la Sûreté du Québec qui
seront là à la reprise des travaux.
M. BURNS: L'an dernier, à une époque où le ministre
semblait moins bien disposé à l'endroit du syndicalisme, je me
souviens de l'avoir entendu parler d'une enquête sur le
gangstérisme dans les milieux syndicaux. Est-ce que le ministre est en
mesure de nous dire si cette enquête a donné des résultats,
s'il a l'intention d'en rendre publiques les conclusions, si elle est
terminée, évidemment?
M. CHOQUETTE: Les enquêtes que nous avons faites dans ce domaine
seront mises à la disposition de la commission d'enquête
présidée par le juge Cliche.
M. SAMSON: Lorsque le ministre me dit qu'il y aura une protection accrue
dans cette région, cela veut dire en termes de nombre d'agents sur le
territoire. Combien y en aura-t-il de plus environ? Vous n'en aviez pas une
trentaine?
M. CHOQUETTE: Je ne veux pas me lier à des chiffres précis
au point de vue des agents.
M. SAMSON: Même si vous n'avez pas les chiffres précis, si
vous me dites que le directeur de la Sûreté du Québec a
l'intention d'augmenter le nombre, vous avez au moins certaines
prévisions?
M. CHOQUETTE: Oui. Le directeur de la Sûreté du
Québec a des prévisions, mais je ne pense pas qu'il soit vraiment
dans l'intérêt public de divulguer le nombre de policiers que nous
allons avoir sur les lieux.
M. SAMSON: Mais on peut se fier au principe que vous émettez. Il
y aura une augmentation de protection.
M. CHOQUETTE: Oui.
M. BURNS: Cela me va pour ce programme.
M. CHOQUETTE: Très bien. M. le Président, pour le
programme, est-ce qu'on peut...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le programme 4 est-il adopté en
entier? Adopté. Programme 5 : Gestion interne et soutien à la
Sûreté du Québec. Elément 1: Direction et soutien
administratif.
Gestion interne et soutien à la
Sûreté du Québec
M. SAMSON: Au programme 5, j'aurais peut-être quelques questions
à poser qui peuvent se retrouver dans l'ensemble de ce programme.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Alors, nous allons discuter l'ensemble.
Est-ce que cela va?
M. BURNS: Oui. Je pense d'ailleurs que c'est très
constructif.
LE PRESIDENT (M. Brisson): C'est le meilleur moyen...
M. SAMSON: Plutôt que de cadrer à l'intérieur de
certains éléments.
LE PRESIDENT (M. Brisson): D'accord.
Sûreté du Québec à
Rouyn-Noranda
M. SAMSON: Dans l'ensemble du programme 5, la question que je pose peut
se retrouver à l'un ou l'autre des éléments. Il s'agit du
bureau de district régional de la Sûreté du Québec
à Rouyn-Noranda. Est-ce que vous êtes en mesure de nous dire si,
lors du présent budget, il y a des montants prévus pour permettre
l'installation, comme vous le savez, de locaux ou de services techniques qui
sont nécessaires? Je pense à Rouyn-Noranda parce qu'il y a le
bureau de district régional. Est-ce que cela devrait se faire
incessamment?
M. CHOQUETTE : Je ne comprends pas la question du
député.
M. SAMSON: Je pense que vous la comprenez peut-être trop. La
Sûreté du Québec à Rouyn, qui occupe un bureau de
district régional, a besoin de services. Il y a une installation
à faire, Je sais qu'il y a eu des études faites dans ce sens
je ne sais pas si c'est par le ministère de la Justice ou par le
ministère des Travaux publics et de l'Approvisionnement pour les
installer convenablement. Cela veut dire aussi des services techniques accrus
et c'est dans ce sens que je veux demander au ministre si on peut s'attendre
à ce que ces installations et ces aménagements soient faits
incessamment.
M. CHOQUETTE: Nous avons fait, auprès du ministère des
Travaux publics et de l'Approvisionnement, des demandes se chiffrant par $30
millions pour les immobilisations de la justice, comprenant des
améliorations dans nos postes de la Sûreté du
Québec, les palais de justice et les prisons. Mais, cette année,
le ministère des Travaux publics et de l'Approvisionnement n'a pu nous
donner que $5 millions pour des immobilisations.
Par conséquent, nous avons été assez limités
dans nos demandes. Nous ne prévoyons aucun changement en rapport avec
Rouyn-Noranda, c'est-à-dire que la Sûreté va continuer
à occuper
les lieux qu'elle occupe là-bas, mais nous ne prévoyons
pas d'agrandissement de nos services à cet endroit.
M. SAMSON: Je ne comprends pas trop votre réponse, M. le
ministre.
M. CHOQUETTE: Qu'est-ce que vous voulez savoir? Demandez-le donc
directement.
M. SAMSON : Je l'ai demandé directement. J'ai l'impression que
vous ne répondez pas directement.
M. CHOQUETTE: Mais qu'est-ce que vous voulez?
M. SAMSON: Je veux savoir si les installations qui ont été
envisagées vont se faire. C'est cela que je voudrais savoir.
M. CHOQUETTE: Non.
M. SAMSON : II y a des projets de location. M. le Président, on
va être obligé de soulever un débat. Il y a des projets de
location de locaux qui sont nécessaires, me dit-on.
M. CHOQUETTE: Oui, mais je n'ai pas l'argent.
M. SAMSON: Vous n'avez pas l'argent?
M. CHOQUETTE: Je n'ai pas l'argent.
M. SAMSON : Ce n'est pas une raison.
M. CHOQUETTE: Je n'ai pas les travaux...
M. SAMSON: Ce n'est pas une raison, cela. Une minute là!
M. BURNS : Quand on n'en a pas, on en fait.
M. SAMSON: Je vais vous aider, à part cela. Je pense que le
ministre, quand même, a assez d'influence auprès du gouvernement
pour obtenir les crédits nécessaires, compte tenu du fait...
M. CHOQUETTE: Pas toujours.
M. SAMSON: ... que, dans ce gouvernement, il y a quand même des
montants qui sont attitrés sous d'autres chapitres, si vous voulez, qui
sont peut-être moins urgents que le vôtre, à ce
moment-là. Je n'admets pas comme réponse: "Pas d'argent", M. le
ministre. Vous savez que ce n'est pas le genre de réponse qui donne
satisfaction. D'une part, vous venez de me dire que vous voulez faire des
efforts pour accroître la protection, la région de la baie James,
cela, c'est important.
M. CHOQUETTE: Oui.
M. SAMSON : D'autre part, dans notre ré- gion aussi, il y a des
besoins. Je sais que les officiers régionaux manifesteraient, s'ils ne
nous le disent pas... Je ne veux pas vous dire qu'ils sont venus se plaindre,
parce que cela ne serait pas vrai. On sent qu'ils ont de ces besoins. Pour
donner une meilleure protection à la région, il faut les
installer. Ecoutez, savez-vous où ils sont installés
présentement?
M. CHOQUETTE: Dites-le-moi.
M. SAMSON: Dans un ancien hôtel. Ce n'est sûrement pas
adéquat pour les services qu'ils ont à donner.
M. CHOQUETTE: Le député de Rouyn-Noranda plaide la cause
de son comté et de sa ville. Je ne le blâme pas de cela. Au
contraire, mon estime pour lui en est grandie. Mais que voulez-vous, nous
n'avons pas d'argent. La Sûreté est installée effectivement
dans un ancien hôtel, l'hôtel George. On me dit...
M. SAMSON: Savez-vous ce qui se passait là avant? Cela vous
gênerait de les voir loger là.
M. CHOQUETTE: Cela a été exorcisé.
M. SAMSON : Est-ce que le ministre peut me garantir que l'exorcisme a
été réussi?
M. CHOQUETTE: C'est ce qu'on me dit.
M. BURNS : De façon plus générale, relativement...
Si vous voulez...
M. SAMSON: M. le Président, je ne veux pas le lâcher comme
cela! Même si vous prétendez que c'est un endroit adéquat,
je continue à prétendre que cela ne l'est pas. Ce n'est pas
suffisant. Je pense que c'est quand même assez urgent qu'on les installe.
Si le ministre continue à me dire qu'il n'a pas d'argent, je vais
continuer à penser qu'il a l'idée derrière la tête
de changer cela de place...
M. CHOQUETTE : Je ne pensais pas que le député de
Rouyn-Noranda était si soupçonneux que cela.
M. SAMSON: Ecoutez, vous n'êtes pas habitué à cela,
les soupçons, dans votre domaine?
M. CHOQUETTE: Oui, mais pas à ce point-là, pas des
soupçons basés sur des...
M. SAMSON : A plusieurs reprises, je demande au ministre s'il peut nous
assurer que cela ne sera pas changé de place. Il me dit oui. Parfois, il
me dit oui, de façon timide.
M. CHOQUETTE: Vous voulez un oui plus ferme.
M. SAMSON: Oui. Il y a que, quand il est question de les installer,
aussi longtemps que
vous ne les aurez pas installés, on ne sera pas sûr de vos
intentions. Je pense que c'est assez clair.
M. CHOQUETTE: Vous n'aimez pas vivre dans l'incertitude?
M. SAMSON : Non, pas plus que vous. Je pense que vous comprenez la
situation.
M. CHOQUETTE: Je la comprends, mais je voudrais dire au
député de Rouyn-Noranda qu'actuellement nous ne pouvons pas faire
mieux. Nous sommes quand même obligés de travailler à
l'intérieur de certaines contraintes financières.
Actuellement, étant donné que le domaine de la
construction va tellement bien au Québec, au point de vue du nombre de
travaux qui se déroulent et du fait qu'il y a si peu de chômage
dans la main-d'oeuvre et dans le domaine de la construction, le gouvernement
avec beaucoup de bon sens et à ce point de vue, il faut quand
même trouver que le ministre des Finances et le ministre des Travaux
publics ont entièrement raison a décidé de
réduire, pour la période actuelle, ses immobilisations de
façon à ne pas créer une pression additionnelle dans le
domaine de la construction. Alors, nous sommes obligés de nous
restreindre dans nos travaux. Quant au problème sur lequel le
député de Rouyn-Noranda m'a déjà interrogé
à la Chambre, à savoir s'il est prévu que la
Sûreté du Québec doit quitter Rouyn-Noranda pour
s'installer à Val-d'Or, je lui réponds non. Ce n'est pas
prévu à l'heure actuelle. Je ne peux pas lui jurer que cela ne se
fera pas l'année prochaine. Je ne peux pas lui dire que, dans cinq ans,
une décision différente ne sera pas prise. Mais actuellement, il
n'y a pas de prévision pour changer la Sûreté
d'endroit.
M. SAMSON: M. le Président, je voudrais dire que, dans une
certaine proportion, je suis d'accord avec le ministre lorsqu'il dit que le
gouvernement, compte tenu du fait qu'actuellement, il y a certains
développements dans le domaine de la construction, qu'il ne veut pas
déranger ce développement, je suis d'accord partiellement avec ce
que vous dites là. Mais ce dont il est question, pour les installer, ces
gens, ce n'est pas une construction. Ce dont il est question, c'est une
location et je crois savoir, si mes renseignements sont bons, qu'il y a au
moins trois ou quatre locaux qui ont été
considérés.
M. CHOQUETTE: Le député veut qu'on délaisse
l'hôtel George pour louer ailleurs? C'est une question d'opinion. La
Sûreté me dit...
M. SAMSON: M. le Président, je pense que ce n'est pas tout
à fait cela que j'ai dit au ministre.
M. CHOQUETTE: C'est ce que vous semblez dire.
M. SAMSON: J'ai dit au ministre qu'il faut leur donner plus de services,
si on veut qu'ils remplissent mieux leur rôle. C'est cela que j'ai dit.
Le ministre est peut-être en mesure de le confirmer ou de le nier, si ce
n'est pas le cas, mais je crois savoir qu'il y a en projet, en collaboration
avec le ministère des Travaux publics et de l'Approvisionnement, au
moins trois ou quatre locaux de considérés. Quand je dis en
collaboration avec les Travaux publics, cela ne veut pas dire de vider
l'hôtel George. Ce n'est plus l'hôtel George évidemment.
Cela a été changé. Cela a été converti,
converti est peut-être le mot à ce moment-ci. Je crois savoir que
les Travaux publics utiliseraient ces locaux, qui sont actuellement
utilisés par la Sûreté du Québec, pour d'autres fins
et que la Sûreté du Québec pourrait y gagner en ayant de
meilleurs locaux, des locaux plus vastes et un meilleur stationnement. C'est
dans ce sens que je plaide la cause. Je ne suis pas un avocat, mais je plaide
quand même.
M. CHOQUETTE: Je note la suggestion du député de
Rouyn-Noranda. La cause est prise en délibéré.
M. SAMSON: Je voudrais que vous alliez plus loin que de noter la
suggestion. On note souvent. Ce n'est pas une construction, vous le comprenez
bien.
M. CHOQUETTE: Si on écoutait le député de
Rouyn-Noranda, on concentrerait toutes les ressources du gouvernement dans son
comté.
M. SAMSON: M. le Président, je n'en ai jamais demandé
autant que cela.
M. CHOQUETTE: Oui. Vous avez un appétit très
développé.
M. SAMSON: Non. Je n'ai jamais demandé qu'on aille chercher
ailleurs des choses pour les amener à Rouyn-Noranda. Mais là je
vais insister, pour que ce qu'il y a là, on n'aille pas le porter
ailleurs. Cela, c'est différent. Vous comprenez ce point de vue.
M. CHOQUETTE: Est-ce que vous craignez le député
d'Abitibi-Ouest?
M. SAMSON: Non. Je crains son patronage, c'est différent.
M. CHOQUETTE: Le vôtre, votre patronage, qu'est-ce que c'est?
C'est du bon patronage.
M. SAMSON: Ce n'est pas du patronage, c'est de la réclamation et
légitime, M. le Président. Vous allez le concevoir parce que,
vous, vous êtes peut-être moins politisé comme
président. Il y a quand même que Rouyn-Noranda est la capitale
régionale et cela, ce n'est pas moi qui l'ai décidé, ce
sont vos prédécesseurs sous le règne de l'honorable
Jean
Lesage. Cela a été décidé à la suite
de longues études. Personne n'a contesté cela. C'est
établi. Pourquoi vouloir la changer? J'ai l'impression qu'en certains
milieux gouvernementaux on veut remettre cela en question pour des raisons qui
ne sont peut-être pas des raisons d'ordre pratique.
M. CHOQUETTE: Je ne connais pas ces milieux auxquels se
réfère le député.
M. BURNS: Est-ce qu'on sort de Rouyn-Noranda?
M. CHOQUETTE: Le député peut être sûr que nous
allons prendre des décisions en toute objectivité et qu'il ne
devrait pas souffrir d'insomnie sous la menace du départ de la
Sûreté.
M. SAMSON: M. le Président, j'ai eu l'occasion de discuter avec
le ministre et il y a des autorités municipales, il y a des
autorités locales, il y a des groupements sociaux, il y a un paquet de
gens qui souffrent peut-être d'insomnie à ce moment-ci et vous
êtes peut-être celui qui peut les soigner le mieux.
M. CHOQUETTE: Je conseille au député de Rouyn-Noranda de
voir le ministre des Travaux publics.
M. SAMSON: Si je comprends bien, du côté de la Justice, si
les Travaux publics sont d'accord, vous êtes d'accord? Est-ce que c'est
ça que j'ai compris?
M. CHOQUETTE: Non, non.
M.SAMSON: Ecoutez, M. le Président, le ministre veut m'envoyer
voir un autre ministre pour se débarrasser de moi?
M. CHOQUETTE: Je ne veux pas me débarrasser de vous parce que
j'aime ça quand vous venez à la commission de la justice.
M. SAMSON: D'ailleurs, vous allez me manquer si je suis obligé
d'aller à un autre ministère.
M. CHOQUETTE: Je ne vous envoie pas tout de suite, je vous dis que vous
n'avez pas à craindre et que nous prendrons les meilleures
décisions possibles. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise de plus?
Voulez-vous que je vous signe un document écrit, un engagement?
M. SAMSON: J'aurais aimé que vous me disiez de plus ce que vous
ne voulez pas dire. C'est ça que j'aurais aimé que vous disiez de
plus, que vous allez faire des efforts pour les installer.
M. CHOQUETTE : Oui, on va regarder le problème. Puisque vous nous
dites qu'ils sont mal installés, mais, d'un autre côté,
j'ai des gens de la Sûreté derrière moi qui me disent: Ce
n'est pas si mal. On va regarder le problème. Qu'est-ce que vous voulez
que je vous dise de plus?
M. SAMSON : Je n'ai pas pris connaissance de la communication.
M. CHOQUETTE: Ils me disent que ce n'est pas si mal; ce n'est pas
l'idéal, mais ce n'est pas si mal.
M.SAMSON: En tout cas, je prends votre parole que vous allez
l'étudier sérieusement.
M. CHOQUETTE: Certainement.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Maisonneuve.
Réorganisation de la
Sûreté
M. BURNS : On va sortir de Rouyn-Noranda pour parler d'un
problème plus général, c'est-à-dire celui de la
réorganisation de la Sûreté. Je pense que, durant la
dernière année, la Sûreté a été
réorganisée en huit grands secteurs, je ne sais pas si vous
appelez ça des secteurs...
M. CHOQUETTE: Régionaux, des districts.
M. BURNS: ... autonomes, oui, huit districts. Est-ce que le ministre
peut nous dire qui a amené le ministère à prendre une
telle décision? Est-ce que c'étaient des problèmes
particuliers qui justifiaient cette décision ou bien si, simplement, on
a pensé améliorer la situation ou quoi?
M. CHOQUETTE : Le programme de régionalisation de la
Sûreté a quand même commencé il y a quelques
années et il a été poursuivi par la suite et il a
été définitivement mis au point au cours de l'année
dernière. Les résultats sont très bons.
M. BURNS: Est-ce qu'il y a, j'imagine, un organisme de coordination?
M. CHOQUETTE: II y a l'état-major.
M. BURNS: C'est l'état-major qui sert d'organisme de
coordination. D'après vous, cela a amélioré
l'efficacité de la Sûreté?
M. CHOQUETTE: Cela a quand même comporté quelques
résultats imprévus qui n'étaient pas nécessairement
entièrement satisfaisants et le directeur de la Sûreté, M.
Benoît, est très conscient de ces problèmes.
M. BURNS: Qu'est-ce que vous voulez dire par des résultats
imprévus?
M. CHOQUETTE: Peut-être une surspécialisation de nos
agents. Vous savez, le policier d'autrefois était assez
généraliste. Il pouvait s'intéresser à
différents aspects de la criminalité. Avec le programme de
spécialisation qui a été mis en oeuvre à
l'intérieur des différentes régions ceci a amené
une tendance chez les policiers à se concentrer exclusivement sur le
domaine qui leur était accordé en titre et à cesser de
s'intéresser à d'autres aspects de la criminalité. Nous
sommes obligés de combattre maintenant en sens inverse et à faire
un effort pour que nos policiers demeurent des policiers complets.
M. BURNS: Ne me dites pas que vous en êtes rendus à avoir
des gens de l'escouade de vols qui peuvent voir commettre un meurtre et ne pas
s'en occuper?
M. CHOQUETTE: Je ne dirais pas que c'est jusqu'à ce
point-là, mais ça peut être un des défauts de la
spécialisation qui a été mise en place.
M. BURNS: Je pense qu'à un moment donné, vous envisagiez
de retirer les agents de la Sûreté des fonctions de gendarmerie
purement, c'est-à-dire le côté de la surveillance de la
vitesse sur les routes, etc.
M. CHOQUETTE: Nous ne pouvons pas parce que, vous savez, le
contrôle de l'automobile et de la circulation sur les routes du
Québec est nécessairement une fonction de la Sûreté
du Québec.
M. BURNS: Vous n'envisagez pas de remettre cette juridiction, par
exemple, au ministère des Transports?
M. CHOQUETTE: Absolument pas, malgré qu'aux Transports est
né un corps parapolicier pour contrôler les permis de transport et
les poids des véhicules, mais nous n'envisageons pas du tout de remettre
à ce corps des fonctions de contrôle de la circulation.
Achat d'automobiles
M. BURNS: J'ai l'impression que, pour la Sûreté, le
ministère de la Justice est un gros acheteur d'automobiles; je le
présume.
M. CHOQUETTE: Oui.
M. BURNS: J'aimerais que le ministre nous parle de la politique d'achat
de ces véhicules. Comment s'achètent-ils? A quel rythme les
remplace-t-on? Chez qui les achète-t-on? Qui fait l'entretien, la
réparation, etc?
M. CHOQUETTE: L'année dernière, nous avons acheté
un nombre assez considérable d'automobiles parce que beaucoup d'entre
elles étaient devenues vétustes. Quand une automobile de police
atteint 60,000 milles, elle est rendue pas mal au bout de la corde en raison du
traitement qu'elle reçoit pendant sa vie.
Il y a eu un moment, il y a quelques années, où nous avons
dû retarder les achats de véhicules parce que nous n'avions pas
les disponibilités financières et ceci entraînait des
coûts assez considérables au point de vue de la réparation
parce qu'un véhicule qui dépasse un certain millage commence
à coûter très cher au point de vue de la réparation.
L'année dernière, il y a eu un effort de fait du
côté de l'achat de nouvelles voitures de façon à
réduire un peu l'âge de la flotte.
M. BURNS: II y en a de combien, soit dit en passant, de véhicules
qui servent à la police?
M. CHOQUETTE: En tout et partout? M. BURNS: Oui.
M. CHOQUETTE: Nous avons, 1,312 automobiles, 47 motocyclettes, 38
motoneiges, 39 remorques, 2 bateaux et 2 hélicoptères.
M. BURNS: II n'y a plus de camion antiémeute?
M. CHOQUETTE: Le camion antiémeute dont le concepteur est ici
présent, le directeur adjoint, M. Tellier, qui l'a conçu sur les
ordres de cet ancien ministre de la Justice éminemment
éclairé, n'est-ce pas...
M. BURNS: C'est malheureux que le journal des Débats ne puisse
pas enregistrer le rictus que vous venez de faire.
M. CHOQUETTE: Vous pouvez l'inscrire avec plaisir.
M. Tellier s'est donc vu imposer la tâche, à
l'époque, de concevoir un véhicule de ce type n'est-ce
pas? qui correspondait à l'imagination du ministre de la Justice
du temps.
M. BURNS: Une chance que vous ne dites pas à l'image du ministre
de la Justice du temps.
M. CHOQUETTE: En bonne partie, oui.
Le véhicule a été démantelé;
d'après ce que l'on me dit, à l'heure actuelle, il a
été vendu pour la ferraille.
M.SAMSON: Ah non! Ah non! Ah non! Il creuse des fossés.
M. CHOQUETTE: Oui, il est au ministère des Transports et il
creuse des fossés.
M. BURNS: N'était-il pas question, en parlant de ce
véhicule, à un moment donné, que la Communauté
urbaine de Montréal était intéressée à le
récupérer?
M. CHOQUETTE: Non, il y a eu le gouvernement du Chili, par exemple; mais
voyant ce qui se passe là-bas, je suis très heureux que nous ne
l'ayons pas vendu à ce gouvernement.
Il y a eu des offres de faites, mais apparemment les offres
n'étaient pas très intéressantes et finalement il a
été décidé de le changer d'usage.
Pour ce qui est de l'achat des voitures et des véhicules, cela se
fait essentiellement par soumissions publiques.
M. BURNS: C'est toujours au plus bas soumissionnaire?
M. CHOQUETTE: Nécessairement au plus bas soumissionnaire.
Quant aux réparations et à l'entretien des
véhicules, cela se fait dans chaque région, je pense, suivant des
indications qui sont données par les supérieurs régionaux
de la police.
M. BURNS: Chez qui va-t-on dans chaque région?
M. CHOQUETTE: On va chez des garagistes qui, traditionnellement, ont
fait du travail pour la Sûreté du Québec.
M. SAMSON: Est-ce qu'il n'est pas coutume que vous alliez chez des
garagistes qui ont vendu la marque de voiture utilisée?
M. CHOQUETTE: II y a le facteur de garantie évidemment qui joue
sur les véhicules dans les premiers temps. Deuxièmement, le
remplacement des pièces, il est préférable de se les
procurer chez des concessionnaires de la marque d'auto dont il est question. Ce
sont des facteurs qui sont pris en considération.
M. SAMSON: D'ailleurs, M. le Président, ce n'était pas
pour faire un reproche au ministre que je posais la question. Je pense que
c'est absolument normal que cela se fasse comme cela, pour avoir le meilleur
service possible.
M. BURNS: Toujours sur ce point de réparation, est-ce que le
ministère n'a jamais considéré la possibilité
d'avoir, aux endroits où il y a une grosse concentration d'automobiles
comme Montréal et Québec, par exemple quand je dis
automobile, je veux dire n'importe quel véhicule ses propres
ateliers de réparation? Je pense, par exemple, à des
organisations comme évidemment, elles ont peut-être plus de
véhicules et c'est peut-être plus spécialisé comme
réparation à la CTCUM, entre autres, qui ont leurs propres
ateliers de réparation. Semble-t-il que c'est considéré
comme étant plus économique que de faire faire des profits
à d'autres gens à l'extérieur.
M. CHOQUETTE: On me dit qu'on a considéré
l'opportunité d'avoir un atelier ou un garage pour les fins des
véhicules de la Sûreté du Québec, mais que
l'idée a été rejetée, parce que cela coûte
très cher et c'est moins économique que d'aller dans les garages
et chez les concessionnaires de marques d'automobiles. Cela représente
plus d'avantages de ne pas avoir de garages qui nous appartiennent.
M. SAMSON : Est-ce qu'il a été considéré par
la Sûreté du Québec, pour les voitures à être
échangées, que soit utilisée une méthode qui, je
pense, est utilisée par d'autres corps policiers si mes
renseignements sont bons établissant que les voitures
usagées soient plutôt revendues à l'encan et que des
voitures neuves soient achetées sans échange. Je m'explique. Il y
aurait peut-être une possibilité d'économie, dans un sens,
parce qu'une voiture neuve vendue sans échange coûte toujours
moins cher. Dans un autre sens, il y aurait peut-être une question de
protection au consommateur. Je m'explique.
Lorsqu'une voiture est échangée et que le concessionnaire
remet cette voiture en vente, bien entendu, quand c'est une voiture de police,
comme on le dit en français, elle a toujours plus sorti qu'une autre
parce que, pour un an, quand on fait...
Le ministre a le mot juste, c'est une minou-ne. Quand, dans l'espace de
trois, quatre, cinq ou six mois, on fait 50,000 ou 60,000 milles, le
consommateur qui va être appelé à racheter cette voiture...
Remarquez bien que si le consommateur est conscient du fait qu'il achète
une voiture de police, c'est une chose, c'est son affaire, ce sont ses
problèmes, mais il arrive qu'en pratique ces voitures sont
camouflées. Je pense que c'est le mot juste.
M. BURNS: Justement, sur ce point, je pense, en tout cas, que les
anciens véhicules-taxis, quand ils sont revendus, doivent porter une
plaque spéciale. Je ne sais quel numéro, mais elles sont
identifiables par la plaque. Est-ce qu'il y a...
M. SAMSON: C'est toujours identifiable par la plaque.
M. BURNS: ...quelque chose, du moins, dans l'année qui suit?
M. SAMSON: C'est toujours identifiable par la plaque quand la plaque
reste maintenant avec le nouveau système...
M. BURNS : Je ne parle pas de la plaque "T", je dis que lorsqu'on
enlève la plaque "T" sur un taxi, je pense qu'on met une autre plaque,
mais une plaque qui démontre que c'est un ancien taxi. Cette plaque est
identifiable.
Cela peut être 8M, ou 6X, ou je ne sais pas quoi. Est-ce qu'on
fait cela?
M. SAMSON: En pratique, cela ne se fait pas.
M. BURNS: Cela ne se fait pas?
M. SAMSON: Non. Il y a des méthodes de rafraîchissement de
voitures qui font que celui qui ne le sait pas...
M. CHOQUETTE: Qu'en termes élégants ces choses-là
sont dites! Rafraîchissement de voitures, cela veut dire "to doctor up".
Lui donner une nouvelle jeunesse.
M. SAMSON: Vous trouvez cela chez certains vendeurs de voitures
usagées, par exemple, qui rachètent ces voitures de
concessionnaires qui, eux, ne veulent pas prendre le risque de perdre leur
réputation. Finalement, il y a quand même que, au niveau du
consommateur qui sera appelé à acheter une voiture de la
Sûreté, aussi bien qu'une voiture de taxi, s'il ne le sait pas, en
bon français, il se fait attraper comme il faut. Il y a des
méthodes, comme vous le savez, reculer l'odomètre, repeinturer,
refaire le dedans, etc., nettoyer le moteur, cela a l'air d'une voiture
neuve... Oui, je connais cela. J'ai été dans le métier, je
n'en ai pas vendu, j'ai été dans le métier. M. le
Président...
UNE VOIX: On a failli l'avoir!
M. CHOQUETTE: Cela me fait penser à un placard que j'ai vu aux
Etats-Unis. On voit le président Nixon avec, en dessous, "Would you buy
a second hand car from this man"?
M. SAMSON: M. le Président, quand même, je pense que la
question que je pose est assez sérieuse, même si cela
entraîne certains éclats de rire, ce que je trouve un peu normal
dans la circonstance, c'est quand même sérieux. Je pense que vous
devriez le considérer. Je sais que, dans d'autres domaines, cela se fait
comme cela. On vend des voitures usagées à l'encan, tout
simplement. On achète une voiture neuve, de sorte que quand ces voitures
usagées sont revendues, là, elles sont vendues en lot et elles
sont considérées comme des voitures de police ou comme des
voitures de taxi.
M. CHOQUETTE: La suggestion du député de Rouyn-Noranda est
à l'étude au service des achats, me dit-on. Je ne peux pas en
dire plus sur cela à l'heure actuelle.
Maintenant, M. Tellier me dit aussi qu'il ne faut pas croire que, parce
que la Sûreté vend une voiture qui a 55,000 milles
nécessairement, c'est une voiture en mauvais état. Elle peut ne
pas correspondre à ce que, nous, nous exigeons pour les fins, par
exemple, de poursuite de criminels à très grande vitesse, comme,
par exemple, 100 milles à l'heure. Elle peut quand même être
relativement en bon état pour un usage normal par un conducteur
normal.
M. SAMSON: Oui, d'accord, M. le Président, mais quand même,
si on achète une voiture de 60,000 milles et qu'on paie pour une voiture
de 15,000 milles, le consommateur est quand même brimé dans ses
droits.
M. CHOQUETTE: Oui, oui.
M. SAMSON: II y a aussi que, sur le plan pratique, même si je
considère et j'accepte ce que vous me dites, elles sont peut-être
mieux entretenues, ces voitures, qu'une voiture d'un particulier le serait. Il
demeure que, quand même, elles sont plus battues qu'une voiture d'un
particulier le serait aussi...
M. CHOQUETTE: ... changement de conducteurs fréquent.
M. SAMSON: Peut-être que le ministre ne rencontre pas toujours
certains "cowboys" de la Sûreté provinciale dans les voitures,
mais il y en a qui pèsent là-dessus.
M. CHOQUETTE: Oui. C'est vrai.
M. SAMSON: Un policier peut être très bon policier, mais il
ne peut pas toujours être bon chauffeur. C'est dans le domaine du
possible, cela.
M. CHOQUETTE: A part cela, les voitures de la Sûreté
roulent 24 heures sur 24 pratiquement...
M.SAMSON: Oui, oui.
M. CHOQUETTE: ... il y a des changements fréquents de conducteurs
et puis...
M. SAMSON: Tout ce que je demande d'être pris en
considération, en fait, c'est que le consommateur qui aura à
racheter ces voitures sache que c'est une voiture qui a déjà
servi pour des fins policières. Qu'il ne paie pas une voiture de 60,000
milles le prix d'une voiture de 15,000 milles. C'est tout simplement cela. Si
on achète une voiture de 60,000 milles, on est conscient qu'elle a
60,000 milles. On est d'accord. On est content. Si c'est indiqué 15,000
milles sur l'odomètre... Cela arrive souvent.
M. CHOQUETTE: Très bien.
M. BURNS: M. le Président, il est midi trente.
LE PRESIDENT (M. Brisson): II est midi trente. Nous ajournons à
lundi, quatre heures. Cela vous va?
M. BURNS: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Vers quatre heures. Nous continuerons
l'étude du programme 5.
M. CHOQUETTE: Est-ce que...
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre, messieurs!
M. CHOQUETTE: Est-ce que vous avez d'autres questions sur le programme
no 5? S'il y avait d'autres questions...
M. BURNS: Si vous voulez terminer le programme no 5, je
m'aperçois que je n'en ai pas tellement. Deux ou trois questions, si
vous voulez.
M. CHOQUETTE: Si on essayait de le terminer et si on pouvait adopter le
programme cela pourrait...
M. BURNS: ... cela éviterait de ramener les gens de la
Sûreté du Québec.
LE PRESIDENT (M. Brisson): La commission n'a pas ajourné ses
travaux.
M. BURNS: On reprend.
LE PRESIDENT (M. Brisson): On continue le programme no 5.
Hélicoptères
M. BURNS: II y a deux choses que je veux savoir. Relativement aux deux
hélicoptères, je pense que ce sont des achats assez
récents.
M. CHOQUETTE: Oui.
M. BURNS: Quelle est l'utilisation qu'on en fait? Est-ce qu'ils sont
d'abord utilisés pour des fins de secours dans des régions
éloignées? En somme, à quoi les utilise-t-on?
M. CHOQUETTE: Les deux hélicoptères de la
Sûreté du Québec servent principalement à des fins
policières. Par exemple, poursuite des criminels qui peuvent avoir
commis des vols de banque ou à l'occasion de l'Opération 100 que
nous décrivions tout à l'heure. Ils peuvent servir
également à des fins de contrôle de circulation sur les
routes. Ils sont également disponibles pour des fins humanitaires
lorsque la demande en est exprimée; par exemple, le transport de malades
à partir de certaines régions, malgré que le
ministère des Transports assure déjà un service dans ce
sens par les avions du gouvernement, mais nos hélicoptères
pourraient être utilisés pour ces fins. Ils ont été
utilisés récemment à l'occasion d'inondations à
Sainte-Clothilde. Ils sont disponibles pour des fins de catastrophe.
M. BURNS: Ils ne servent pas pour des fins de circulation,
vérification de vitesse sur les routes?
M. CHOQUETTE: Oui. Ils peuvent...
M. BURNS: Est-ce qu'ils sont généralement utilisés
pour cette fin ou...
M. CHOQUETTE: Parfois.
UNE VOIX: Faire la preuve d'identité...
M. BURNS: Non. Il y a une radio là-dedans. Ils peuvent toujours
avertir les voitures qui sont en bas.
M. CHOQUETTE: On me dit que, pour ce qui est de la circulation, ils
servent surtout sur les routes à grande circulation où il peut y
avoir des embouteillages, par exemple, sur le boulevard Métropolitain
à Montréal. Du haut des airs, il est possible à celui qui
dirige ou conduit l'hélicoptère, de donner des instructions par
radio à des voitures de police, de dire où et comment se diriger
vers un endroit où il peut y avoir un embouteillage ou obstruction de la
circulation.
M. BURNS: Maintenant, une dernière question là-dessus.
Où sont-ils normalement stationnés ces deux...
M. CHOQUETTE: Un est stationné à Montréal et
l'autre est stationné à Québec.
M. BURNS: D'accord.
M. SAMSON: Est-ce qu'ils sont utilisés de façon
régulière ou si...
M. CHOQUETTE: Oui, ils sont utilisés régulièrement.
Je peux dire que la première fois qu'ils ont été
utilisés, si on me permet de relater cette anecdote, il s'agissait d'un
vol de banque. Les présumés voleurs se sauvaient par motonei-ge
dans la forêt. L'hélicoptère de la Sûreté
s'est approché d'eux et a réussi à les arrêter dans
leurs mouvements et à faire en sorte qu'on puisse procéder
à des arrestations.
Augmentations
M. BURNS: Juste une dernière question. C'est sur les chiffres
eux-mêmes. Dans la ventilation des crédits du programme 5, on
retrouve des augmentations assez importantes par rapport à
l'année dernière. J'aimerais que le ministre nous dise ce qui
justifie ces augmentations. Vous avez à la catégorie 6, loyers,
une augmentation d'au-delà de 50 p.c, c'est-à-dire qu'on a
doublé le montant de $41,000 à $102,000. A la catégorie 7,
fournitures, on est passé de $622,500 à $994,400. Enfin, dans la
catégorie 8, équipement, on est passé de $188,800 à
$418,900. Ce que j'aimerais que le ministre nous dise: Qu'est-ce qui justifie
cette année une si forte augmentation dans ces trois
catégories?
M. CHOQUETTE: Pour les loyers, c'est-à-dire la catégorie
6, l'augmentation est attri-buable au coût des photocopies, en raison du
fait que, à la suite de l'ouverture de quatre
nouveaux districts, chacun d'eux fut équipé d'une machine
à photocopie. Pour les fournitures, il s'agit du coût des
uniformes et pièces d'uniformes pour les effectifs policiers
additionnels de la Sûreté, coûts additionnels de papeterie
pour la mise en marche du CRPQ et diverses autres augmentations. Pour le
matériel et équipement, il s'agit du coût d'achat d'armes
de service pour les effectifs policiers additionnels.
M. BURNS: Vous en avez acheté, des revolvers avec cela. C'est
cela qui justifie cette augmentation?
M. CHOQUETTE: Non. Attendez une minute.
M. BURNS: Cela fait du "stock", comme on dit, $418,000 de revolvers.
M. CHOQUETTE: II y a l'augmentation générale du coût
de l'essence.
M. BURNS: D'accord. Vous, votre revolver, M. le ministre, l'avez-vous
vendu?
M. SAMSON : II ne marche pas au gaz?
M. CHOQUETTE: Non. Pour ce qui est des fournitures, la plus grande
partie de l'augmentation est attribuable au fonctionnement des véhicules
automobiles, c'est-à-dire essence, pneus et lubrifiants.
M. BURNS: Et l'équipement? Vous ne voulez pas acheter une autre
voiture antiémeute avec cela?
M. CHOQUETTE: Cela représente le coût d'achat de 87
véhicules additionnels en raison de l'augmentation des effectifs.
M. BURNS: D'accord. On peut ajourner, M. le Président. Je n'ai
plus d'autres questions.
M. CHOQUETTE : Alors, ce programme peut être adopté?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Programme no 5, adopté.
La commission ajourne ses travaux à lundi, 4 heures.
(Fin de la séance à 12 h 38)