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Commission permanente des institutions
financières,
compagnies et coopératives
Etude des crédits du ministère
des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives
Séance du mardi 15 avril 1975
(Dix heures quarante minutes)
M. Séguin (président de la commission permanente des
institutions financières, compagnies et coopératives): A
l'ordre, messieurs!
Pour la séance de ce matin, les membres de la commission des
institutions financières, compagnies et coopératives sont les
suivants: M. Ostiguy (Verchères), M. Beauregard (Gouin), M. Bellemare
(Johnson), M. Bonnier (Taschereau), M. Burns (Maisonneuve), M. Chagnon
(Lévis), M. Harvey (Charlesbourg), M. Harvey (Dubuc), M. Léger
(Lafontaine), M. Marchand (Laurier), M. Picotte (Maskinongé), M. Roy
(Beauce-Sud), M. Tetley (Notre-Dame-de-Grâce), M. Tremblay (Iberville).
Je constate qu'il est 10 h 45, à cause du fait que l'horloge, ici,
n'indique pas l'heure juste.
Messieurs. Le député de...
M. Léger: Le député de Beauce-Sud nous aviit
demandé, M. le Président, de revenir à
l'élément 2 du programme 1. Je pense que nous sommes d'accord
pour continuer là-dessus.
Courtage immobilier (suite)
M. Roy: D'accord, à moins que la question ait
été soulevée à une séance
antérieure.
J'aimerais demander au ministre, ici, s'il a pris connaissance du projet
de loi qui est déposé actuellement devant le Parlement
fédéral. Il s'agit du projet de loi C-2, qui est une loi qui
modifie la Loi relative aux enquêtes sur les coalitions et la Loi sur les
banques, et abrogeant la loi ayant pour objet la modification de la Loi
modifiant la Loi relative aux enquêtes sur les coalitions et le code
criminel.
Il appert que cette loi, si les amendements sont adoptés tels
quels, va déranger énormément les activités des
courtiers en immeuble, et la chambre d'immeuble a justement fait part de
sérieuses réserves et a demandé que, si le gouvernement
fédéral entend sévir contre ceux qui transgressent la loi,
le gouvernement le fasse en matière civile et non en vertu du code
pénal. Il semble aussi que, toujours selon les courtiers en immeuble du
Québec du fait que les courtiers en immeuble peuvent fixer leurs taux
eux-mêmes et, de ce fait...
M. Tetley: La question a été posée par le
député de Lafontaine.
M. Roy: La question a été posée par le
député de Lafontaine. J'aimerais avoir, quand même, la
réponse du ministre.
M. Tetley: La réponse encore...
M. Léger: Un peu plus courte que celle que vous m'avez
donnée, si possible. C'est pour la résumer. Vous l'avez
déjà donnée.
M. Tetley: Mais oui. Votre question était plus courte
aussi.
Comme j'ai répondu, nous avons préparé un document
pour Ottawa, et je suis allé voir le ministre à Ottawa, il est
venu me voir, et une délégation d'Ottawa vient cette semaine,
à Québec, afin de discuter des lois du fédéral et
le fait, comme vous l'avez noté, par exemple, pour les courtiers en
valeurs immobilières, que ceux-ci pourraient être affectés
par une telle loi.
M. Roy: Là, il s'agit de courtage immobilier.
M. Tetley: C'est cela.
M. Roy: Du courtage immobilier surtout. Le document que le
ministre a fait parvenir à Ottawa, le ministre l'a-t-il rendu
public?
M. Tetley: Non, c'est un document interne.
M. Roy: Serait-ce trop vous demander que d'avoir une copie de ce
document?
M. Tetley: Aussitôt que le document sera rendu public, vous
aurez la première copie.
M. Roy: Oui, mais si le document est rendu public, nous n'en
avons pas besoin, à ce moment-là.
M. Tetley: Ce document est privé. La plupart des documents
au gouvernement sont privés.
M. Roy: C'est pour cela que je demande au ministre s'il est
possible et s'il a l'intention de déposer ce document. Le ministre nous
assure que, cette semaine, il va y avoir une rencontre entre les
représentants du gouvernement fédéral et du gouvernement
provincial à cette fin. C'est cela que le ministre vient de nous dire,
si j'ai bien compris...
M. Tetley: C'est cela.
M. Roy: ...et que les intérêts du Québec...
Le ministre va faire le nécessaire pour tâcher que ce qui est
actuellement de compétence et de juridiction provinciales ne devienne
pas de compétence fédérale par des détournements ou
des subtilités dans un projet de loi comme celui qui est
déposé actuellement à Ottawa. Le ministre peut nous donner
la certitude que toutes les démarches à ce sujet seront faites
telles quelles.
M. Tetley: Oui.
M. Roy: La réponse est très courte. Je veux quand
même faire remarquer au député de Lafontaine que le
ministre a donné une réponse excessivement courte. On va suivre
l'affaire de près et s'il y a lieu d'intervenir à nouveau...
Le Président (M. Séguin): Réadopter.
M. Roy: Non...
Le Président (M. Séguin): Elément 2 du
programme 2.
Création et modification de personnes
morales
M. Léger: M. le Président, au programme 2,
concernant la création et modification de personnes morales, est-ce que
le ministre pourrait nous dire combien de compagnies n'ont pas remis leur
rapport annuel en 1974?
M. Tetley: Je n'ai pas les chiffres. Je les aurai cet
après-midi.
M. Léger: Vos conseillers n'ont pas cela?
M. Tetley: Non, pas ici. C'est encore une question qui se trouve
dans un rapport annuel, mais le rapport annuel, première question...
M. Léger: L'année dernière, vous aviez
annulé 11,852 chartes.
M. Tetley: C'est une autre question. Les compagnies doivent
produire leur rapport le 30 septembre, si ma mémoire est bonne et
après, il y a une procédure d'annulation de charte; mais avant
l'annulation, il y en a sans doute d'autres qui envoient leur rapport annuel
pour cette année, juste avant l'annulation. Mais avant, combien de
compagnies jusqu'à maintenant...
M. Léger: Le rapport annuel de 1974. Combien de chartes
auraient été annulées par ce ministère?
M. Tetley: Pardon, encore une fois. La deuxième question,
je n'ai pas...
M. Léger: Combien de chartes ont été
annulées par le ministère à cause de cela?
M. Tetley: Je vais vérifier. Jusqu'à maintenant
c'est...
M. Léger: Quelles sont les conséquences des
amendements à la loi sur les renseignements des compagnies votés
en décembre dernier? Qu'est-ce que cela a amené de plus, de mieux
ou de moins bien?
M. Tetley: Les conséquences sont les suivantes. Une
compagnie qui fait affaires avec le gouvernement a deux ans pour faire la
demande que la charte déjà annulée... parce que la
compagnie n'a pas produit son...
M. Léger: Pour faire affaires avec le gouvernement ou pour
faire affaires, tout court?
M. Tetley: La compagnie qui avait deux ans, qui fait affaires
avec le gouvernement, qui a un permis du gouvernement ou qui a...
M. Léger: Une charte provinciale.
M. Tetley: Non, pas tout simplement une charte provinciale, il
faut avoir un contrat avec le gouvernement ou plutôt un permis d'une
société de la couronne comme la Société des
alcools.
Toutes ces compagnies ont droit à deux ans de délai avant
de faire la demande au gouvernement pour que leur charte, qui est
annulée, soit mise en vigueur encore une fois.
M. Léger: Combien de compagnies se sont prévalues
de ce droit?
M. Tetley: Quatre ou cinq.
M. Léger: Quelle est la méthode de fonctionnement
pour faire disparaître ou faire effacer une charte provinciale? Je vous
pose cette question parce qu'à mon bureau, la semaine dernière,
il m'est arrivé une personne qui avait une charte et la compagnie
était disparue depuis déjà quatre ou cinq ans. Elle avait
envoyé à votre ministère les renseignements disant que la
compagnie ne fonctionnait plus, c'était terminé, et chaque
année, elle recevait encore le fameux dossier disant: Voulez-vous
remplir cette feuille? L'intéressé l'a remplie l'année
dernière. Cette année il reçoit encore le même avis
et là, un troisième actionnaire, minoritaire le genre de
compagnie à 98%, une personne et une action et une autre action de
l'autre personne ces autres personnes ont reçu un avis de votre
ministère disant de bien vouloir remplir la formule. Il a
déjà dit que cela ne marchait plus depuis trois ou quatre ans.
Comment se fait-il que cela se répète?
M. Tetley: II y a deux moyens d'annuler les chartes. Il y a le
moyen formel, c'est par une formule, une demande, une réunion des
actionnaires, une réunion des administrateurs, l'adoption d'un
règlement, un rapport des comptables, la préparation des
formules, le tout envoyé au gouvernement. C'est l'annulation de charte
ordinaire et formelle. Un deuxième moyen, c'est de ne rien faire, en
vertu de la loi des renseignements sur les compagnies, c'est-à-dire ne
pas remplir le rapport annuel pendant au moins un an. La charte, en vertu de la
loi, est annulée. Le nom de la compagnie est publié dans la
Gazette officielle de Québec et, éventuellement, la compagnie est
annulée. Il y a donc deux moyens. Je voudrais quand même adopter
une autre procédure plus efficace qui existe déjà en
Ontario. Ils ont une formule signée par un directeur ou par la compagnie
selon laquelle ce n'est pas leur intention d'exploiter plus longtemps la
compagnie et qu'on veut que la charte soit annulée, au lieu de passer
par un avocat et tout cela.
M. Roy: Ce serait beaucoup plus simple et on éviterait des
frais.
M. Tetley: Exactement. Nous allons adopter cet amendement, je
l'espère, lors de la refonte de la Loi des compagnies qui n'aura
peut-être pas lieu cette année, j'attends des rapports des avocats
depuis deux ans. Ils ont fait plusieurs rapports, mais ils
veulent l'incorporation par dépôt, ils veulent toutes
sortes de changements dans la loi.
M. Léger: M. le Président, en ce qui me concerne,
l'élément 2...
M. Tetley: Un instant. Il y a un autre moyen d'annuler une
charte, c'est par liquidation en vertu de la Loi des faillites. C'est
fédéral.
M. Roy: Vous avez manifesté...
M. Tetley: II y a aussi une loi provinciale des liquidations,
mais c'est très rare.
M. Roy: Vous avez manifesté l'intention de modifier, cette
année, ce qui fait partie de vos projets pour l'année 1975/76, la
loi des renseignements sur les compagnies. Vous nous dites que vous avez
l'intention également, d'ici deux ans, de modifier complètement
la Loi des compagnies comme telle. A propos de cette intention de modifier la
loi des renseignements sur les compagnies, est-ce que vous pouvez nous dire de
quelle nature seront ces modifications?
M. Tetley: Je veux tout d'abord donner à tout citoyen le
droit d'annuler sa charte au bout de deux ans, pas simplement les compagnies
qui font affaires avec le gouvernement du Québec. Deuxièmement,
je veux la procédure d'un avis d'annulation comme cela existe en
Ontario. Troisièmement, le plus important, je voudrais un système
où les renseignements demandés ne sont pas les renseignements qui
existent depuis presque des siècles, depuis 50 ans ou 75 ans.
Aujourd'hui, on ne demande pas simplement la capitalisation, mais aussi la
valeur de tous les immeubles de la compagnie. Est-ce important? Nous ne le
croyons pas. Nous voulons tout simplement certaines informations. Nous allons,
en effet, réduire les informations demandées.
M. Roy: Dans cette intention de réduire les informations
demandées, n'y a-t-il pas danger de placer certaines institutions ou
certaines entreprises à l'abri de la population pour leur permettre de
faire certaines opérations ou d'avoir certaines activités qui
pourraient faire l'objet d'un examen public.
Il y a un danger de restreindre les informations des entreprises. Par
contre, je comprends qu'une certaine discrétion est essentielle. Il y a
une ligne de démarcation dont il faut quand même tenir compte,
mais jusqu'à maintenant, je ne sache pas que les renseignements qu'on
peut obtenir sur les compagnies sont trop vastes et que le ministère va
trop loin. C'est pourquoi je m'interroge et m'inquiète lorsque le
ministre nous dit: Voici, on veut faire en sorte d'amender la loi de
façon à restreindre les renseignements des compagnies. C'est
qu'au cours de l'été dernier nous nous sommes adressés
à plusieurs reprises au ministère des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives. Il y aurait eu des
renseignements d'intérêt public à obtenir et nous n'avons
pu les obtenir parce que le ministère ne détenait pas ces
renseignements.
Si on veut restreindre davantage à ce moment, il y a risque que
de petites entreprises, peut-être locales, pourront, elles, plus
facilement être exploitées au vu et au su de tout le monde, mais
il peut y avoir aussi certaines entreprises, à un certain moment, avec
cette restriction, dont on ne puisse pas obtenir les renseignements voulus et
les renseignements nécessaires pour tâcher de faire la
lumière, par exemple et en particulier, sur les véritables
propriétaires d'une entreprise.
M. Tetley: Oui.
M. Roy: ...le siège social de l'entreprise, sa
capitalisation. Je pense que ce sont des choses qu'il est essentiel de pouvoir
connaître lorsque nous en manifestons le désir. Je pourrais citer
par exemple toute la question du conflit d'intérêts dont on parle
à l'heure actuelle. S'il y a beaucoup moins de renseignements
disponibles au ministère des Institutions financières,
Cornpagnies et Coopératives, comment pourra-t-on faire la
vérification qui s'impose de façon à nous assurer que dans
le cas de telle entreprise qui fait affaires avec le gouvernement, il n'y ait
pas certains membres du gouvernement comme tels qui se trouvent en conflit
d'intérêts parce qu'il y a un propriétaire ou un
copropriétaire de telle ou telle entreprise.
C'est pour cela que je voulais avoir des précisions du ministre
à ce sujet.
M. Tetley: Le seul renseignement que je voudrais obtenir du
rapport annuel est celui de la valeur des immeubles. Je sais qu'en Ontario on
ne demande que sept ou huit renseignements. Le Québec demande 32
renseignements. Il y a un avantage pour les compagnies de l'Ontario. Ce n'est
pas si compliqué. D'autre part, il y a un avantage pour la population du
Québec. Nous avons plus de renseignements, mais il faut que ces
renseignements soient d'une certaine valeur et je n'ai pas encore reçu
le rapport final des renseignements.
De plus, je veux que la formule soit plus moderne, que la formule entre
dans un dactylographe; en somme, je veux un certain système beaucoup
plus moderne que ce qui existe aujourd'hui.
Maintenant, nous envoyons l'original et la copie avec un duplicata, mais
je veux un système plus moderne encore afin d'aider le citoyen.
M. Roy: Je pense qu'il y a un minimum de renseignements qui
doivent faire partie de l'information à laquelle le public peut et doit
avoir accès entre autres, les véritables propriétaires
d'une entreprise. Le ministre penche la tête, mais...
M. Tetley: C'est difficile. S'il y en a 2,000...
M. Roy: Non. Pas pour les véritables propriétaires
d'une entreprise. Quand je parle des propriétaires, je ne parle pas de
la liste de tous ceux qui détiennent une ou deux actions dans une
entreprise. Je pense qu'on peut se comprendre très bien
là-dessus. Si, par exemple, vous avez une entreprise qui a cinq, six,
sept ou huit propriétaires, coaction-
naires, c'est une chose. S'il y a une propriété, par
exemple, dont vous demandez la liste de tous ceux qui détiennent des
actions, comme dans Bell Canada, c'en est une autre. Ce n'est pas de cela que
je parle. Je parle d'une entreprise, par exemple, qui est établie dans
la province de Québec, mais une entreprise qui a une
propriété à l'étranger, en territoire
américain, dans d'autres provinces, II est important que nous puissions
savoir le nom du président, du vice-président, des
administrateurs de l'entreprise.
Et si l'entreprise comporte un nombre limité d'actionnaires, je
dis qu'on devrait connaître les noms et les adresses des actionnaires
ainsi que le nombre d'actions qu'ils détiennent et aussi être en
mesure de savoir la valeur de cette entreprise.
Si on ne peut avoir ces renseignements au ministère des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives, à
quel endroit le public pourra-t-il avoir ces renseignements? Cela est un
point.
M. Tetley: II faudrait quand même un débat au sujet
des compagnies privées. Au sujet des compagnies publiques, vous pouvez,
comme actionnaire, aller voir toute la liste et vous avez le rapport: mais
c'est parfois très difficile de devenir actionnaire d'une compagnie
privée, parce que c'est privé. Est-ce votre droit de
connaître, si ma famille ou si j'ai une compagnie avec deux
frères, qui est le vrai propriétaire, la valeur réelle,
les parts d'un frère en comparaison avec l'autre? Est-ce du domaine
public?
M. Roy: J'aurais dit qu'il y a toute une évolution
à ce sujet. Si nous nous référons et reculons
àilyaà peu près 25 ans, alors que les activités
gouvernementales étaient beaucoup moins grandes que celles que nous
connaissons à l'heure actuelle, la question se pose moins, mais
actuellement on sait une chose: L'administration publique s'étend
partout. Les budgets augmentent chaque année d'une façon assez
considérable. Actuellement, à la suite de tout ce qui a
été dit depuis un an au sujet des conflits
d'intérêts, des gens qui ont un poste dans l'administration
publique, au niveau du gouvernement provincial, au niveau municipal ou encore
au niveau scolaire et du fait que ces gens, par la fonction qu'ils occupent,
sont en même temps propriétaires d'une entreprise qui fait de
grosses affaires avec le pouvoir public, le gouvernement doit
considérer, à cause de cette évolution, qu'il est de la
plus haute importance et qu'il est d'intérêt public que nous
sachions à qui nous avons affaire et que le public puisse en être
informé.
C'est la raison pour laquelle j'émets de sérieuses
réserves sur les intentions que le ministère a actuellement de
modifier la loi des renseignements des compagnies de façon que le public
soit moins informé, qu'il y ait des renseignements qu'on ne puisse
obtenir.
M. Tetley: Ce n'est pas mon intention et j'ai gardé depuis
longtemps depuis cinq ans des renseignements beaucoup plus
nombreux que les autres provinces et même le fédéral,
lorsque les autres ont modernisé, ont apporté une soi-disant
modernisation de leurs renseignements et de leurs formules. Non, je suis de
votre avis.
M. Léger: Elément 2. Adopté. Le Président
(M. Séguin): Adopté. Associations coopératives
M. Léger: A l'élément 3 sur le
contrôle et la surveillance des associations coopératives, le
ministre pourrait-il nous dire quels montants ont été
versés au Conseil de la coopération?
M. Tetley: Oui. Les chiffres se trouvent dans votre dossier.
M. Roy: Ici, il y a un montant de $20,000 ainsi qu'un montant de
$7,000, mais après le montant de $7,000, il y a une parenthèse
qui suit l'information que les coopératives forestières du
Nord-Ouest québécoisauraient bénéficié de la
deuxième partie.
M. Tetley: En 1974/75, nous avons donné une subvention au
Conseil de la coopération du Québec, soit une somme de $20,000
plus un montant de $7,000 qui était plutôt pour les
coopératives forestières du Nord-Ouest québécois,
mais sous la charge et le contrôle du Conseil de la Coopération.
De plus, il y avait un montant de $11,400 au conseil pour une étude sur
les coopératives d'habitation, que nous croyons et je suis
certainement avec vous être un sujet très important.
M. Léger: Ce n'est pas l'étude commandée
à M. Roland Parenteau?
M. Tetley: Ce n'est pas commandé par M. Parenteau...
M. Léger: Non, faite par M. Parenteau.
M. Tetley: Par M. Parenteau, c'est une étude plutôt
par le conseil des ministres au sujet du coopératisme dans tout le
gouvernement. Parce que nous croyons, encore une fois, j'en suis sûr avec
vous, que le mouvement coopératif est attaché à presque
tous les ministères, pas simplement le nôtre qui est le
ministère du contrôle et aussi d'incitations, mais il faut que
l'esprit coopératif se trouve dans tous les ministères du
gouvernement, les Terres et Forêts, par exemple, l'Agriculture est un
autre exemple d'un ministère où il faut adopter de plus en plus
la forme coopérative. L'Industrie et Commerce, les Finances et le
Revenu, même les Affaires sociales sont très au courant. En
conséquence, le gouvernement a décidé qu'il fallait une
étude et c'est ça l'étude dont vous venez de parler.
M. Léger: C'est pour le projet d'une société
de développement coopératif.
M. Tetley: Quoi, M. Parenteau?
M. Léger: Oui.
M. Tetley: Son mandat est très large.
M. Léger: C'est en réalité une étude,
tel que je le vois dans le "clipping", pour bâtir un outil, la
société de développement coopératif et expliciter
un plan de développement des coopératives?
M. Tetley: Je me demande d'où vient votre citation, je
crois que c'est erroné.
M. Léger: C'était une déclaration de M.
André Fiset, "au Québec, il n'y a pas encore de mouvement
coopératif comme tel et le Conseil de la Coopération qui regroupe
toutes les institutions travaille à bâtir un outil, la
Société de développement coopératif et à
élaborer un plan de développement des coopératives".
M. Tetley: C'est beaucoup plus vaste que ça, beaucoup plus
vaste.
M. Léger: Mais est-ce que le ministre peut nous dire,
seulement dans un cas particulier je vois ici qu'il manque des chiffres
est-ce que le gouvernement avait l'intention de donner une somme
à la coopérative de tomates de Manseau et pour quelle raison n'en
a-t-il pas donnée, je vois qu'on n'a rien mis ici, Coopérative
ouvrière de production de produits maraîchers en serre de Manseau?
Pour quelle raison est-ce qu'il n'en a pas donnée?
M. Tetley: Elle n'a pas fait la demande. Nous n'avons pas
donné des sommes à Manseau et la décision a
été ma décision. Je ne le cache pas.
M. Roy: Est-ce que le ministre peut nous dire quelles sont les
raisons...
M. Tetley: Les raisons ont été données par
mes conseillers, qui sont les plus sympathiques aux mouvements
coopératifs. J'ai posé la même question parce que j'ai
accepté, je crois entièrement, leur suggestion. Il y a
peut-être quelques changements, mais c'était leur suggestion de ne
pas donner à la Coopérative de Manseau parce que, pour une
raison, Manseau n'a pas fait la demande cette année.
Deuxièmement, Manseau n'a jamais mentionné, dans toute sa
publicité, l'aide d u gouvernement, soit en argent, soit sous formes de
conseil, ce qui était énorme.
M. Léger: Aide technique. Mais il a été dit
ici par la présidente de la Coopérative ouvrière de
produits maraîchers, Mme Yvonne Lavoie, qui avait affirmé qu'une
somme de $10,000 avait été promise par votre ministère et
qu'il semblait que c'était retenu quelque part, soit au Conseil du
trésor ou...
M. Tetley: Nous avons payé, en 1973/74, $10,000.
M. Léger: Et en 1974, c'est parce qu'elle n'a pas fait de
demande que vous n'avez pas donné une subvention?
M. Tetley: Non, ça, c'est une raison. Elle n'a pas fait la
demande. De plus, elle n'a jamais parlé de l'aide financière du
gouvernement de Québec, elle a plutôt parlé contre le
gouvernement de Québec. Elle n'a jamais mentionné l'aide
précieuse que le gouvernement leur a accordé, sur le plan
théorique et pratique.
Donc, nous avons cru que nous n'en avions pas besoin, parce que
c'était... Moi, j'ai visité Manseau, pas simplement une fois,
deux fois. J'ai trouvé cela impressionnant. Mais, quelquefois, ils
avaient plutôt l'intention de faire de la publicité que de
produire des tomates. En tout cas, ils n'ont pas fait la demande.
M. Léger: Le ministre doit quand même admettre que
près de 90% des tomates proviennent de l'extérieur. Vous avez un
projet ici et le groupe s'attendait à une participation gouvernementale
d'environ $122,000, pas nécessairement en subvention, mais en
participation.
M. Tetley: C'est le projet qu'ils préparent pour cette
année. N'oubliez pas que l'année financière est
terminée le 31 mars et nous préparons nos subventions pour le 1er
avril 1975. Ils ont une proposition qu'ils enverront, je présume, et que
nous allons étudier.
M. Roy: M. le Président...
M. Léger: Je veux terminer avec ça. Est-ce que ce
n'est pas parce que... Je pense que c'est une décision qui,
malheureusement, pourrait devenir politique, cette subvention.
M. Tetley: ...subvention est politique.
M. Léger: La retenue aussi peut être une
décision politique. Est-ce que ce n'est pas parce que la
Coopérative de Manseau a peut-être des idées
différentes de celles émises dans la méthode de
fonctionnement du gouvernement?
M. Tetley: Non, vous pouvez vérifier la liste et vous
verrez des gens qui ont des tendances et des idéologies
complètement différentes des miennes.
M. Léger: Est-ce que vous les avez mis en quarantaine pour
une année, comme vous avez fait pour les ACEF parce qu'ils avaient
critiqué le gouvernement?
M. Tetley: Non, chaque année, j'ai augmenté les
subventions de l'ACEF.
M. Léger: II y a une année où vous n'en avez
pas donné.
M. Tetley: Pas moi, pas moi. Il y avait M. Cas-tonguay...
M. Léger: C'est-à-dire que, pendant ce temps, vous
avez dit que c'était le ministère des Affaires sociales qui
devait le faire, vous vous êtes renvoyé la balle et ils ont
passé une année.
M. Tetley: M. Castonguay, une année, avait donné
plus de $100,000 pour une seule enquête au sujet du crédit. Il ne
les a pas donnés pour l'administration des ACEF, mais c'était
pour une enquête, pour un projet spécial.
Après ça, il a décidé de couper les
subventions et c'est cette année-là que j'ai commencé
à les subventionner moi-même.
M. Léger: Où est-elle, cette année,
l'augmentation des ACEF? S'il y a une augmentation cette année.
M. Tetley: Nous avons terminé cette étude, c'est
adopté. C'était $30,000 et $30,000.
M. Léger: II n'y a pas eu d'augmentation cette
année. Est-ce que le ministre...
M. Tetley: Ce n'est pas coupé.
M. Léger: ...pourrait nous dire pour quelle raison vous
n'avez pas donné une subvention autre que celle qui n'est pas une
demande officielle, puisque les journaux ont publié justement que les
mouvements s'attendaient à avoir une subvention du gouvernement?
M. Tetley: Les subventions sont données, la plupart du
temps, durant l'année; durant l'été, nous préparons
nos subventions. Avant d'accorder les subventions, j'attends évidemment
les recommandations de la commission parlementaire et aussi des
députés gouvernementaux. Si vous avez des suggestions, c'est
possible que nous accordions une subvention à Manseau. N'oubliez pas que
nous avons, encore cette année, le même montant, $139,200.
M. Léger: Ce n'est pas une augmentation, ça.
M. Roy: Mais là, M. le ministre, je suis obligé de
vous dire une chose. Remarquez que je suis bien d'accord, parce que je ne suis
pas satisfait du critère qui a semblé vous guider pour refuser
une subvention à Manseau. L'an dernier, ils n'ont pas fait de
publicité pour le gouvernement. Ecoutez, c'est le dernier argument
auquel je serais en droit de m'attendre.
M. Tetley: Ils n'ont pas fait la demande, je suis presque certain
qu'ils n'ont même pas envoyé une lettre d'accusé de
réception.
M. Roy: S'ils n'ont pas fait de demande, c'est une autre
chose.
M. Tetley: Ils n'ont pas noté l'importance de la...
M. Roy: Je peux vous dire qu'à la suite de toute la
publicité qu'il y a eue dans les journaux et les démarches qui
ont été faites, je serais bien surpris s'il n'y avait pas eu de
demande qui aurait été faite de quelque part. C'est public. Ils
ont demandé et ils ont redemandé de l'aide du gouvernement. Ils
ont essayé de rencontrer le gouvernement à plusieurs reprises.
Ils sont venus ici même au Parlement, à l'Assemblée
nationale. Ils sont venus nous rencontrer. Ils nous ont demandé notre
collaboration et notre appui pour tâcher que le gouvernement du
Québec leur accorde une subvention. Le ministre nous dit: Voici, on ne
leur accorde pas de subvention parce qu'on croit qu'ils ne l'ont pas
demandée, d'une part, mais d'un autre côté, ils n'ont
jamais souligné l'aide qu'ils ont eue du gouvernement. Ce sont des
critères qui sont plus que discrétionnaires à ce moment,
cela devient du chantage. Je m'excuse, M. le Président.
M. Tetley: Ce n'est pas la seule raison. Nous avons $139,200, ce
n'est pas $20 millions comme d'autres ministères. Ce n'est pas $50
millions comme celui de l'Industrie et du Commerce.
M. Léger: Mais vous savez $20,000, cela vaut de l'argent
pour d'autres.
M. Tetley: II fallait décider si c'étaient les
fédérations et les magasins Coop ou l'Association
coopérative forestière régionale de la Gaspésie,
etc. Pour ajouter ici, il fallait donner ailleurs.
M. Léger: Vous n'avez pas demandé assez de
crédits au ministre des Finances.
M. Tetley: J'en ai demandé.
M. Léger: Je ne conçois pas que le ministère
fasse faire des études sur le coopératisme, justement parce qu'il
a l'intention d'aller dans ce domaine, et, par la suite, un organisme, parce
qu'il n'a pas manifesté sa gratitude l'année d'avant, que le
ministre prenne une décision politique et dise: Ils ne m'ont pas
demandé comme tel... C'était dans les journaux partout.
M. Tetley: Non, mais il fallait... La liste a été
préparée par les fonctionnaires gui sont, incidemment, pas
nécessairement politises ou de mon allégeance politique non plus.
J'ai coupé peut-être ici et là. J'oublie... Je crois que la
liste de subventions que j'ai devant moi, et que vous avez devant vous, est la
meilleure liste de...
M. Léger: La meilleure... Il n'y a rien pour Manseau...
Est-ce que le ministre peut me répondre franchement?
M. Tetley: Je vais vous donner un autre exemple. Aux
Iles-de-la-Madeleine, j'ai coupé...
M. Léger: Oui, mais ils en ont eu d'autres ailleurs,
suffisamment.
M. Tetley: Un instant. Savez-vous pourquoi?
M. Léger: Grâce au député de Saguenay.
C'est le député de Saguenay qui l'a demandé.
M. Tetley: Un instant, j'ai coupé les
Iles-de-la-Madeleine, parce que je n'ai pas aidé vos amis, et je n'ai
pas aidé mes amis de l'autre côté...
M. Léger: Ce ne sont pas mes amis. Le ministre vient de
parler d'une décision politique quand il y a une subvention
gouvernementale.
M. Tetley: Ce n'est pas une décision politique. M.
Léger: Vous avez dit cela tantôt.
M. Tetley: Je n'ai pas dit politique. J'ai dit que chaque action
d'un ministre est politique. Je crois que...
M. Léger: Pourquoi dites-vous que ce sont mes amis
d'abord?
M. Tetley: Parce que vous n'ayez pas soulevé la question
de Louis-Philippe Lacroix...
M. Léger: Je vais conclure qu'actuellement, si vous n'avez
pas donné de subvention... vous venez de dire que c'est parce que c'est
une décision politique, une subvention, et que, parce qu'ils n'ont pas
manifesté de gratitude, ce sont vos amis. Est-ce que vous faites une
différence entre votre façon de percevoir le coopératisme
et la façon dont ils fonctionnent pour qu'ils aient une subvention?
M. Tetley: Vous m'avez accusé d'avoir fait un acte
politique. L'action politique, c'est ma vie politique; je crois que c'est aussi
élevé que la vie d'un curé ou d'un prêtre, ministre
du culte. Je n'ai jamais reçu un cadeau à Noël ou autrement.
Je n'ai jamais accepté...
M. Léger: Vous avez affirmé tantôt que toute
subvention était une décision politique.
M. Tetley: Un instant! Ma décision... Le Président
(M. Séguin): A l'ordre!
M. Léger: Est-ce que vous retirez les paroles de
tantôt?
M. Tetley: Non. Pour moi, une action politique est la meilleure
action au monde. Le mot "politique" vient du mot grec "polis", the city state,
l'Etat urbain. Pour moi, une action politique est aussi élevée
que... C'est une action chrétienne. C'est une action civique. J'ai pris
la liste de tout lemonde. J'ai dit: Comment diviser cela? Nous nous sommes
arraché les cheveux, sauf moi, pendant des semaines. Finalement, il y
eut cette liste, je peux la défendre. Prenez les
Iles-de-la-Madeleine...
M. Léger: Ce que vous perdez en cheveux, mais vous le
gagnez en front.
M. Tetley: Peut-être. En tout cas, regardez, $880
Coopérative forestière de Témiscamingue, je voudrais
donner $8,000 ou $80,000, mais j'ai donné $800. C'est un petit montant.
Au moins, c'est un commencement.
M. Léger: Cette année, qu'est-ce que vous attendez?
Attendez-vous que la Coopérative de Man-seau vous demande
précisément un montant à genoux devant...
M. Tetley: Non, au moins une lettre.
M. Léger: Vous n'avez pas eu de lettre. Alors, je pense
que le message est fait. La Coopérative de Manseau sait maintenant
qu'avec une lettre elle aura une subvention du ministre. Est-ce que je peux
accepter cette façon de voir du ministre? Si la Coopérative de
Manseau vous demande, par lettre, une subvention dans les délais
normaux, elle va recevoir une subvention cette année.
M. Tetley: Non, pas du tout. Je vais regarder la liste. Je vais
regarder le montant qui est le même cette année...
M. Léger: Votre budget est déjà fait. M.
Tetley: Non.
M. Léger: Oui. Il n'y a rien.
M. Tetley: C'est cela. J'attends vos recommandations. Si le
député de Lafontaine est aussi intelligent qu'il veut nous le
suggérer, qu'il prépare la liste, qu'il m'envoie une liste.
M. Léger: Ecoutez, je ne peux toujours pas faire le
travail du ministre.
M. Roy: Un instant, M. le Président.
M. Léger: Je vous soumets les end roits où vous
avez péché par absence l'année dernière...
M. Harvey (Charlesbourg): Je comprends que vous n'êtes pas
capable.
M. Léger: Avez-vous corrigé cela cette
année?
M. Roy: Je m'excuse, M. le Président, si on me permet un
mot...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud.
M. Roy: On est en face d'une situation. Malgré je
voudrais que le ministre en prenne note une augmentation des
dépenses gouvernementales de $800 millions, malgré $800 millions
d'augmentation, il n'y a pas un seul dollar de plus pour les subventions qui
sont accordées aux institutions coopératives, compte tenu de
l'importance de leur rôle actuellement au Québec et compte tenu du
rôle qu'elles pourraient jouer si elles avaient eu l'assistance
gouvernementale dans l'intérêt de la population de la province.
Pas un cent de plus malgré $800 millions d'augmentation
budgétaire, c'est honteux. Le ministre vient, par-dessus le
marché, demander à l'Opposition de préparer une liste de
subventions. Si on me demande de préparer une liste de subventions
je m'excuse auprès de mon collèguedans le cas des
$139,000, et si j'estime que Manseau devrait avoir un minimum de $10,000 de
subvention, qui vais-je soustraire de la subvention? Quels sont les organismes
coopératifs que je vais pénaliser pour tâcher d'accorder
quelque chose à Manseau? Je dis que le ministre a fait une erreur grave,
une erreur sérieuse, celle de ne pas avoir insisté pour que le
budget accordé sur le plan des subventions aux cooperatives, aux
mouvements coopératifs, aux associations coopératives du
Québec ne soit pas plus élevé pour ouvrir la porte et
permettre que de nouveaux mouvements coopératifs, de nouvelles
associations, dans quelque secteur donné, puissent cette année
avoir une subvention.
Il y a le cas de Manseau qui en a déjà eu. Il y a d'autres
secteurs, d'autres coopératives qui n'en ont jamais eu et qui
probablement, cette année, mériteraient d'en avoir une. Alors, il
n'y a aucune possibilité. Le ministre s'est placé dans cette
situation lui-même, dans un étau. Il dit: Si j'en donne à
Manseau, je vais être obligé d'en enlever aux autres, parce qu'on
n'a pas prévu, au niveau du ministère, dans la préparation
du budget, un montant qui aurait pu tenir compte d'une augmentation
proportionnelle à l'augmentation du budget de la province, de
façon que le ministre soit placé dans une situation telle qu'il
puisse accorder des subventions à Manseau et à d'autres
coopératives, sans pénaliser les autres. Le ministre vient le
demander à l'Opposition.
M. le Président, je regrette. Mon collègue de Lafontaine
fera bien ce qu'il voudra, mais, en ce qui me concerne, je ne vous ferai pas de
liste. Je vais vous dire ceci aujourd'hui, c'est qu'il faut absolu-
ment que la Coopérative de Manseau, cette année... C'est
une expérience dans la province de Québec, qui doit être
répétée ailleurs, elle doit compter sur l'assistance
gouvernementale pour tâcher de permettre à des producteurs
québécois de produire sur le plan alimentaire ce qu'on pourrait
produire avantageusement dans la province de Québec et qui
contribuerait, autrement dit, à rehausser, à revaloriser notre
économie québécoise, surtout sur le plan alimentaire.
Alors, qu'on demande un budget supplémentaire à ce moment, de
façon à ne pas réduire les montants versées aux
associations coopératives qui ont déjà une subvention qui
n'est pas augmentée parce qu'elles aussi ont à faire face
à l'augmentation du coût de la vie et ont à faire face
à l'inflation. Si on fait une comparaison par rapport à
l'année dernière, c'est une diminution de 12% qu'on a au niveau
des subventions gouvernementales accordées au secteur coopératif.
C'est cela. C'est une diminution de 12% par rapport à l'an dernier.
M. Tetley: Le député de Beauce-Sud parle du
mouvement coopératif et de l'intérêt du gouvernement. Notez
que si les subventions ne sont pas augmentées, nous avons
augmenté quand même le budget du service des associations
coopératives d'à peu près de 25% à 30%, ce qui est
très important.
J'ai eu apparemment la plus grande augmentation de tous les
ministères, en pourcentage. De plus, notre action cette année,
cela a été pas nécessairement de subventionner les
coopératives, cela a été de travailler avec les
coopératives et les aider.
Le ministère des Terres et Forêts nous a envoyé
plusieurs éloges concernant notre travail dans ce domaine. Le
ministère de l'Agriculture nous a envoyé plusieurs éloges.
Notre ministère a aidé dans bien des domaines les
coopératives et pas tout simplement par des subventions qui ont une
certaine valeur et qui, d'autres fois, n'ont pas de valeur.
C'est pourquoi nous avons modifié les subventions. N'oubliez pas
qu'au début, lorsque je suis arrivé au ministère, les
subventions étaient allées, en très grand pourcentage, aux
caisses populaires.
Notre travail s'effectue avec les coopératives et avec les
mouvements. Prenez le cas de la Fédération des magasins Coop,
elle avait certaines difficultés; c'est notre ministère qui a
aidé au règlement du problème, qui a trouvé la
solution.
Certaines questions des caisses populaires Desjardins, c'est notre
ministère qui a préparé l'incorporation d'investissement.
C'était notre plan.
C'est par ces moyens que nous allons travailler. De plus, nous avons
eu... et il y a une étude afin de forcer le gouvernement et les
fonctionnaires, même l'Opposition, le grand public et le mouvement
coopératif, à comprendre leur rôle, leur vrai rôle,
qui est d'aider la population entière du Québec. Cela se fera par
le vrai coopératisme; c'est par les rapports, comme celui de Parenteau,
et le Conseil de la coopération que nous aurons un vrai mouvement
coopératif au Québec.
Moi, j'aimerais un budget plus élevé, tout le monde
voudrait un budget plus élevé, mais c'est très difficile.
Ce sont les ministères qui ont les syndiqués, les émeutes,
qui ont les augmentations, c'est clair.
M. Léger: Et les traitements.
M. Bonnier: Je l'ai demandé avant l'intervention du
ministre, mais je m'aperçois que ce que je vais faire, c'est d'appuyer
le ministre, dans le fond, parce qu'il a dit ce que je voulais dire.
Je pense que les députés de cette commission doivent tenir
pour acquis que l'objectif qui est important, c'est le plus possible, le
développement du secteur coopératif.
Or, le développement d'un secteur, ce n'est pas
nécessairement sous forme de subvention. Cela peut l'être, rien ne
l'empêche, mais ce n'est pas nécessairement sous cette forme.
Je voudrais, à cet effet, rappeler aux députés de
cette commission, la participation. Le ministre a insisté sur la
participation technique qui a été apportée et c'est un
fait. Il a souligné la Fédération des mouvements
coopératifs, dans le domaine de la consommation. Je voudrais rappeler
aux députés de cette commission l'immense effort qui a
été fait, conjointement par le ministère des Institutions
financières et par le ministère des Terres et Forêts dans
le redressement de la situation des chantiers coopératifs de l'ouest
québécois et la participation financière de quelque $6
millions qu'on ne retrouve pas ici, sous forme de subventions, mais qui,
à mon avis, permet de garder dans ce domaine, non seulement
l'idéologie coopérative, mais la formule même
coopérative, ce qui est essentiel; parce que si, tant au
ministère desTerres et Forêts qu'ailleurs, il n'y avait pas eu un
esprit coopératif qui animait certaines personnes, le risque
était grand. Il y a eu une faillite et la disparition de ce secteur
coopératif dans le domaine des forêts.
Je pense que cela est un actif et qu'on ne peut pas juger des
préoccupations d'un gouvernement pour le développement
coopératif simplement à partir de subventions. Je pense bien que
ce n'est pas non plus l'intention des députés de l'Opposition de
nous faire croire cela, mais le danger, à l'heure actuelle, c'est de se
limiter à cela, alors que je pense que c'est beaucoup plus global.
Je voudrais également faire remarquer au député de
Lafontaine que nous avons ici un tableau des subventions passées et non
pas à venir. Les suggestions qu'ils ont faites...
M. Léger: ...l'année prochaine.
M. Bonnier: ...globalement, mais vous savez qu'il y a toujours,
possiblement, dans des ministères, des crédits
supplémentaires. A ce moment-là, je pense que l'étude de
M. Parenteau, qui est essentiellement axée sur les relations entre le
gouvernement et le secteur coopératif je pense que le premier
ministre l'a très bien dit et le ministre l'a souligné
c'est en vue d'aider au développement du secteur coopératif. Ce
n'est pas une étude qui est faite simplement parce qu'un matin quelqu'un
se réveille et dit: II faudra faire une étude. C'est en vue
d'aider.
Là aussi, on poursuit un objectif. Cela suppose que, s'il y a des
considérations qui amenaient le ministère des Institutions
financières à augmenter son aide, soit sous forme technique, soit
autrement, le ministère serait d'accord pour faire davantage.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Lafontaine.
M. Roy: Est-ce que je pourrais poser une question?
M. Léger: J'avais la parole et j'ai été
interrompu à côté.
M. Tetley: Oui, un instant, je veux que...
M. Léger: J'avais la parole tantôt et j'ai
été interrompu. Je voudrais bien continuer mon point sur la
Coopérative de Manseau. Ce que je trouve inacceptable, c'est que,
l'année dernière, le ministre avait avec la Coopérative de
Manseau, des relations qui étaient à leur meilleur. Il a
même fait des louanges du fonctionnement de la Coopérative de
Manseau...
M. Tetley: ...seulement une louange.
M. Léger: Je répète ce qu'il disait
l'année dernière dans le débat: La nouvelle étape
est de procéder au développement. Je vous donne un exemple, la
Coopérative de tomates de Manseau. Je vous fais part des éloges
que M. Adrien Rioux a reçu du magasin Coop et il y avait vraiment un
mouvement. Est-ce que c'est assez? Je sais que le député de
Taschereau il parlait de vous à part cela croit qu'il faut
doubler et tripler nos efforts. Vous avez simplement fait disparaître la
subvention cette année.
M. Tetley: Un instant!
M. Léger: Je ne comprends pas le ministre. Il a cru bon
d'aider la coopérative à partir et il lui a donné une aide
technique, il lui a même donné une subvention l'année
dernière. Comment se fait-il que, cette année, les relations se
soient dégradées? Comment se fait-il, cette année, qu'on
n'ait pas les mêmes impressions, les mêmes intentions
qu'auparavant?
Je trouve que, si l'on veut aider le mouvement coopératif,
spécialement celui-ci, qui est une expérience qui a reçu
les louanges du ministre l'année dernière, il y a comme objectif,
il ne faut pas l'oublier , que le mouvement coopératif doit demeurer
quand même le maître d'oeuvre, tout en ayant besoin de subventions
gouvernementales. Pour quelles raisons tout à coup, change-t-on
complètement d'idée, qu'on ne donne pas de subvention, qu'on se
sert de faux-fuyants en disant: Ils ne m'ont pas demandé?
Les journaux publiaient les demandes de ces gens-là. Je pose la
question au ministre: Puisque c'était bon l'année dernière
et même s'il dit que ce sont mes amis je ne le sais pas, je ne les
connais pas d'ailleurs les mouvements coopératifs,
espérons-le, sont nos amis communs, est-ce que le ministre, cette
année, à la suite d'une demande, puisqu'il sait que c'est une
bonne chose, il a félicité la coopérative l'année
dernière, à la suite d'une demande, va les subventionner,
même s'il a gardé le même budget que l'année
dernière?
M. Tetley: Evidemment, je vais étudier cette demande et
les demandes des autres institutions.
Mais il faut que le député de Lafontaine comprenne
l'oeuvre du ministère. Il y a plusieurs moyens d'aider une
coopérative ou le mouvement coopératif, c'est par les
études ou par l'aide technique, comme Adrien Rioux et ses assistants ont
fait dans le cas de Manseau et aussi la Coopérative forestière du
Nord-Ouest québécois, par exemple, ou certaines
coopératives d'agriculture.
Elles ont aussi des subventions, mais c'est minime. Il y a aussi le
travail avec le Conseil de la coopération. Il y a aussi certains travaux
par les fonctionnaires avec les chefs, non pas une documentation, mais tout
simplement des conseils, au téléphone ou autrement.
Il y a un autre moyen d'aider. C'est difficile pour moi d'en parler. Je
remercie le député de Taschereau d'avoir mentionné les
sommes énormes payées à la Coopérative
forestière du Nord-Ouest québécois. C'était
à notre demande, c'est nous qui je ne dis pas avons tout
arrangé évidemment deux autres ministères
étaient impliqués, les ministères des Terres et
Forêts et de l'Industrie et du Commerce.
C'est difficile pour moi, le ministre, de me vanter du travail...
M. Léger: Ce n'est pas difficile.
M. Tetley: Parfois, parce que l'autre ministère doit avoir
un certain honneur. Il paie la note au moins. Si je peux convaincre un
ministère ou le Conseil des ministres... Dans certains cas, dans des
budgets supplémentaires, on paie des sommes énormes. Je suis
content d'avoir une plaque à mon nom quelque part à notre
ministère, mais c'est un autre fait. Il faut trouver une solution, au
gouvernement, pour tout le mouvement coopératif et c'est pourquoi nous
avons insisté sur l'enquête Paren-teau et sur son étude,
parce que je crois que le grand problème, aujourd'hui, c'est qu'il y a
un ministère qui connaît le problème des
coopératives. Mais le public et les autres ministères ne sont pas
ignorants, mais ne sont pas au courant de...
M. Léger: Ne sont pas préoccupés...
M. Tetley: Ne sont pas préoccupés, c'est cela le
mot.
M. Léger: C'est pour cela que j'ai dit que le ministre
était le ministre préoccupé des coopératives et des
problèmes des consommateurs. Il n'est pas responsable, puisqu'il n'a pas
pu avoir une augmentation de budget là-dedans. Vous les avez
lancés et vous les avez abandonnés par la suite.
M. Tetley: Non, nous avons eu une augmentation l'an dernier.
C'était notre désir et notre plan, je ne le cache pas,
d'augmenter l'intérêt des autres ministères. Je vous ai
parlé de l'intérêt des Communications dans la protection du
consommateur. Le ministère des Communications nous a aussi aidé
dans les coopératives, mais ce sont les autres ministères qui
nous ont vraiment aidé ainsi que le Conseil
exécutif au sujet de certaines grandes subventions au mouvement
coopératif.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Lafontaine.
M. Léger: Le minisrre nous dit-il qu'à la suite
d'une demande officielle, il va leur donner une subvention en étudiant
le domaine? Cela lui est-il possible, cette année, avec le budget qu'il
a? C'est parce qu'il ne faut pas se leurrer.
M. Harvey (Charlesbourg): ...écrire une lettre.
M. Léger: J'ai dit au ministre: Vous avez le même
budget que l'année dernière. L'année dernière, dans
votre budget, vous n'en avez pas donné. Cette année, vous avez le
même budget. Est-ce que, même si on fait une demande, vous
êtes capable de leur donner une somme?
M. Tetley: Nous allons étudier leur demande, comme je vous
ai dit, et les autres demandes.
M. Léger: ...des problèmes financiers dans...
M. Tetley: Nous allons faire l'impossible pour aider Manseau que
j'aime beaucoup. L'idée de Manseau est la conception d'une
coopérative agricole qui est très importante. Incidemment, elles
sont rares, les vraies coopératives agricoles. Manseau en est un bel
exemple. J'espère l'aider, mais je ne vais pas faire de promesse.
M. Léger: De toute façon, il faut que vous aidiez
le domaine des tomates si vous voulez recevoir des louanges et non pas des
tomates.
M. Tetley: C'est vrai.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, je veux quand même noter,
ici, qu'au ministère des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives, pour tout ce secteur, les associations
coopératives, il y a un montant global de $444,000 de
dépensé. Je ne suis pas de ceux qui préconisent et qui
insistent pour augmenter la dépense gouvernementale. Mais, si on regarde
le rôle joué par le mouvement coopératif actuellement au
Québec, si on regarde les activités économiques,
contrairement à bien des entreprises qui se préoccupent de la
question sociale, parce que les coopératives qui ont été
formées s'occupent beaucoup plus de la question sociale que d'autres
organismes qui ont été créés uniquement dans le but
de faire du profit... Les mouvements coopératifs ont justement
été créés pour donner des services aux gens. Un
groupe de personnes utilisent, se servent de la formule de la
coopérative pour tâcher de se donner des services. Il n'en
coûte que $440,000 au gouvernement.
Il n'y a pas un seul secteur de l'activité économique au
Québec qui ait reçu si peu du gouverne- ment. Je comprends que le
futur ministre, le député de Taschereau, notre collègue, a
parlé de l'argent qui a été consacré au secteur
coopératif, aux chantiers coopératifs. Oui, je suis bien
d'accord.
Il y a différents aspects dans le dossier. On pourra y revenir,
lors de l'étude des crédits du ministère des Terres et
Forêts, sur ce dossier, d'une façon particulière. Mais
qu'on examine bien ce qu'il en coûte au gouvernement de la province,
actuellement, pour le secteur coopératif, comparativement à ce
que cela coûte ailleurs et qu'on regarde ce que cela a coûté
au trésor public pour rendre immensément de services à la
population du Québec.
C'est pour cela que je dis, M. le Président, que c'est
décevant de constater, cette année, le fait que le gouvernement
ne s'est pas préoccupé de pouvoir faire davantage pour le
mouvement coopératif. Même si ce n'eût été que
d'une augmentation, au niveau des subventions, qui aurait seulement enu compte
de l'augmentation du coût de la vie, qui a été fixée
à 12% au cours de l'année. Même pas cela. C'est une
diminution qu'on a, par rapport à ce qu'il y avait l'an dernier.
M. Tetley: Pour les subventions, mais pas pour tous les
secteurs.
M. Roy: Pour les subventions, pas pour tous les secteurs...
Lorsqu'il arrive, par exemple, qu'on engage du personnel additionnel au
ministère, je suis bien d'accord qu'il faut du personnel au niveau des
ministères, mais le personnel qu'il y a au niveau du ministère et
les activités qui s'y font, c'est surtout pour permettre au
ministère d'avoir des données statistiques, pour surveiller les
opérations des coopératives. Ce n'est pas pour en faire la
promotion. Je le dis et j'insiste.
M. Tetley: Non.
M. Roy: Ce n'est pas pouren faire la promotion.
M. Tetley: Vous vous trompez...
M. Roy: M. le Président, qu'on me prouve le contraire!
J'aimerais bien qu'on me dise, de façon positive, actuellement, au
niveau du ministère des Institutions et Coopératives, ce que se
fait au niveau de la promotion du secteur coopératif. J'aimerais qu'on
me le dise, M. le Président. On augmente les budgets. D'accord! Mais on
reçoit des plaintes, aussi, du mouvement coopératif selon
lesquelles on est en train, encore, lui comme tous les autres secteurs de
l'activité économique, de les embourber dans de la paperasserie
et de faire des rapports et des formules. M. le Président je le
dis à l'intention du ministre, parce que cela a coûté
quelque chose au gouvernement on a demandé, en quelque sorte, de
tout examiner, les hypothèques qu'il y a dans les caisses populaires
cela s'est fait au niveau des caisses d'établissement
particulièrement examiner toutes les hypothèques, une par
une, de façon à remplir des formules dans chaque cas, pour
envoyer au gouvernement, au ministère des Institutions
financières...
Je me demande sérieusement, en procédant de cette
façon, si on ne fait pas que compliquer l'administration et faire en
sorte que l'institution coopérative comme telle soit obligée
d'engager du personnel additionnel pour satisfaire les exigences, je dis bien,
les exigences du ministère des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives.
Il y a toute une question philosophique qui se dégage à ce
moment-là, et au ministère des Institutions financières,
je suis obligé de dire, M. le Président, pour avoir
travaillé pendant des années dans le secteur coopératif,
qu'il ne se fait rien au niveau de la promotion...
M. Tetley: Non.
M. Roy: ...je dis bien, au niveau de la promotion...
M. Tetley: Vous charriez.
M. Roy: ...du secteur coopératif.
Au niveau des caisses d'établissement, en tout cas, on leur a
interdit d'en fonder d'autres. Quand on est arrivé dans d'autres
domaines et qu'on a interdit de fonder d'autres secteurs...
M. Tetley: M. le Président...
M. Harvey (Charlesbourg): ...mettre de l'ordre
là-dedans.
M. Roy: Mettre de l'ordre... Vous savez, on a un supersavant ici.
Je me demande comment cela se fait qu'il n'a pas eu une bourse, lui, pour faire
une étude particulière pour tâcher...
M. Harvey (Charlesbourg): Vous n'êtes pas un exemple quand
vous parlez de votre mouvement coopératif, vous l'avez amené
à la faillite, votre coopérative.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! M. Roy:
Pardon?
M. Harvey (Charlesbourg): Vous n'êtes pas un exemple
à suivre là-dessus... je parle d'un contrôle et d'un temps
d'arrêt. Cela s'impose. Les caisses d'entraide économique, c'est
un exemple dans le recrutement. Il fallait mettre de l'ordre
là-dedans.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Harvey (Charlesbourg): II faut mettre de l'ordre dans nos
affaires.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! Une Voix:
...de la promotion.
M. Léger: ...mettre de l'ordre dans leurs affaires.
M. Tetley: Permettez-moi de répondre, parce qu'il a
soulevé certaines questions intéressantes.
M. Roy: Je ne veux pas laisser passer quand même les
affirmations du député de Charlesbourg. Lorsqu'il dit, par
exemple, qu'il fallait mettre de l'ordre, qu'il fallait éviter des
faillites...
M. Harvey (Charlesbourg): C'est cela.
M. Roy: ...il ne faut pas oublier une chose...
M. Harvey (Charlesbourg): C'est malheureux...
M. Roy: ...c'est que je m'inquiète de la philosophie du
gouvernement, et je tiens à le dire, à ce moment-ci. Si on avait
eu les mêmes exigences qu'on a aujourd'hui vous avez le mouvement
coopératif il ne serait jamais né, le mouvement
coopératif, parce que lorsqu'il a été créé,
il n'était pas solvable et n'était pas rentable. Le ministre le
sait. Je pourrais citer des exemples, M. le Président, de
coopératives qui ont été fondées avec quelques
dollars de capital social souscrits par quelques personnes et que, le lendemain
matin, on se lançait dans des opérations, il était
évident que ce n'était pas rentable. Mais seulement, avec le
bénévolat, avec le concours de la population ainsi qu'avec sa
participation, il y a des coopératives qui sont devenues très
solvables aujourd'hui et qui jouent un rôle économique important.
Si on regarde le même critère au mouvement actuellement et
j'ai un jugement assez sévère ce matin; je pense que c'est mon
devoir de l'avoir, ce jugement assez sévère à l'endroit du
ministère des Institutions financières concernant les mouvements
coopératifs, de ne pas fermer la porte... Il y a d'autres initiatives,
il y a d'autres secteurs où on devra développer les
coopératives, actuellement, au Québec. Actuellement, avec la
philosophie qui anime le ministère, ou peut-être devrais-je dire
l'absence de philosophie qui anime le ministère à ce niveau, il
n'y aura pas d'autres secteurs qui vont se développer dans le secteur
coopératif. Je suis inquiet, personnellement.
Nous avions la Loi des syndicats coopératifs qui permettait
d'organiser des coopératives dans tous les secteurs, dans tous les
domaines. Les caisses d'établissement sont nées de la Loi des
syndicats coopératifs. Les caisses d'économie sont nées de
la Loi des syndicats coopératifs. Les caisses populaires sont
nées de la Loi des syndicats coopéraifs. Les chantiers
coopératifs, dont on a parlé tout à l'heure, sont
nés de la Loi des syndicats coopératifs, les coopératives
de pêcheurs et autres. C'était une loi simple, une loi souple, une
loi universelle qui permettait à la population du Québec de se
donner une structure coopérative pour être capable d'oeuvrer dans
le secteur. C'est entendu qu'il fallait aller plus loin, qu'il fallait
moderniser les lois, rajuster les lois, mais j'ai toujours
déploré qu'en élargissant les lois et en modernisant les
lois, on ferme la porte, sous prétexte de rentabilité et de
sécurité. C'est là, M. le Président, que je dis
que, si les deux mêmes critères, qui aujourd'hui semblent
être la Bible du ministère des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives, avaient été la Bible du
gouvernement dans le
temps, il n'y aurait pas eu de mouvement coopératif dans la
province de Québec.
M. Tetley: Un instant. M. le Président, le
député a fait un tollé d'affirmations gratuites et...
M. Roy: ...gratuites, mes affirmations. J'ai vécu le
mouvement et j'ai vécu ces expériences personnellement.
M. Harvey (Charlesbourg): ...le mouvement coopératif.
M. Tetley: Un instant! Je n'ai pas interrompu le
député de Beauce-Sud. Il a fait un tollé d'affirmations
gratuites et je vais prouver que ces affirmations sont erronées. Tout
d'abord, il parle du développement des associations coopératives.
C'est tout simplement le service de développement. Nous avons à
l'article 15.9.3, Inspections et enquêtes, $1,152,000. C'est pour les
enquêtes dans le ministère, y compris et surtout le mouvement
coopératif, les caisses populaires et les caisses d'épargne et de
crédit. Donc, il a complètement mêlé la question d u
développement et la question du contrôle et de la surveillance. Il
est très important que les coopératives soient
contrôlées, c'est clair, mais c'est aussi important de les
développer. L'an dernier, nous avons aidé l'incorporation de
combien de nouvelles coopératives? 70; agriculture 5; consommation 25;
habitation 7; transport 1 ; enseignement 1 ; récréation de
loisirs 3; édition 1 ; immeuble 1 ; production et travail 10, etc. Il y
avait des fusions et nous avons aidé les fusions qui étaient
très importantes dans plusieurs cas.
M. Roy: Combien de fusions?
M. Tetley: Deux fusions dans le secteur de la consommation et une
autre dans l'habitation et trois autres dans les pompes funèbres, les
étudiants et coopérative agricole. Dans le secteur agricole, le
service a procédé à la formation de cinq nouvelles
coopératives de consommation. L'année a été
marquée par la création de 19 nouvelles coopératives de
consommation. Coopérative étudiante, très difficile. Nous
avons dépensé beaucoup de temps avec les étudiants parce
que c'est une forme d'éducation autant qu'une forme de mouvement
coopératif. Les coopératives du Nouveau-Québec au nombre
de onze regroupées dans une fédération qui a son
siège social à Montréal. Les coopératives du
Nouveau-Québec ce comparent avantageusement avec les coopératives
du sud malgré leur courte existence. Les coopératives
forestières sont regroupées en quatre région, le
Nord-Ouest, la Gaspésie, le Saguenay-Lac-Saint-Jean, Québec et la
Côte-Nord. Dans le secteur des pêcheries, nous avons aidé
énormément ce secteur. Le secteur de l'habitation, une autre
aide.
Dans le domaine, les coopératives funéraires dont
l'intérêt est toujours grandissant chez les citoyens, se font les
aînées du progrès dans les services à apporter dans
l'assistance de ces coopératives. Je le sais parce que j'ai souvent les
chefs dans mon bureau.
Coopératives de transport. C'était difficile à
cause de la nouvelle réglementation gouvernementale qui était
nécessaire. Nous avons aidé plusieurs coopératives, par
exemple la coopérative du camionnage de la Côte-Nord,
expérience pilote c'est adapté aux nouveaux besoins
coopérative ouvrière de production, de travail et de garage,
mouvement coopératif au Nouveau-Québec, intégration des
coopératives de pêcheurs, fédération des chantiers,
coopérative de l'ouest québécois, développement de
clubs coopératifs, coopératives de communication, relations avec
le conseil de la coopération du Québec et le gouvernement,
relations très étroites. J'ai reçu les chefs à une
réunion, à un dîner. Je n'ai reçu que leurs
remerciements, leurs éloges et leurs espoirs. Nous avons
préparé une mission d'études sur les coopératives
de consommation.
En effet, à mon avis, je ne peux qu'être fier du service
des coopératives et du ministère. Le député de
Beauce-Sud a dit qu'il était déçu du budget du
gouvernement au sujet des institutions financières et, surtout, au sujet
du développement des associations coopératives. Il y a quelque
temps, à peu près deux mois, j'ai dîné avec un
rédacteur en chef d'un journal très important au Québec,
le rédacteur est très connu. Il avait lu, avant le repas, notre
budget de l'an dernier. Evidemment, il n'avait pas le budget de cette
année. Il a dit: M. Tetley, je comprends que votre budget est
très réduit, mais je dois vous féliciter sur deux plans:
Apparemment, le ministère est très efficace c'est lui qui
l'a dit de plus, vous dépensez votre argent pour la promotion,
plutôt que pour les "handles", si vous voulez, les subventions.
C'était notre optique. J'aurais aimé un budget beaucoup plus
élevé, mais je crois qu'on pourrait peut-être aider des
coopératives mort-nées, mortes à la naissance. Je crois
que chaque étape et chaque pas que nous avons faits ont
été utiles. Presque toujours, les fonctionnaires, y compris le
chef de service, Ad rien Rioux, avaient raison dans ses activités et ce
qu'il a fait. Je suis très fier du ministère. J'ai eu l'honneur
de comparer notre service avec le gouvernement de l'ouest où ils ont un
certain mouvement coopératif. Ils ont un budget élevé,
mais ils ne font pas le travail qu'on fait ici au gouvernement. Ils n'ont pas
la conception, même dans l'ouest où il y a un gouvernement
socialiste, l'idée de l'importance du gouvernement et du rôle du
gouvernement dans le mouvement.
Je crois que les critiques du député de Beauce-Sud sont
injustes, mais je crois que son désir et son intérêt pour
le mouvement coopératif sont très bien fondés. J'ai
appuyé cette partie de son discours. Pour le reste, je crois qu'il se
trompe magistralement, surtout parce que c'est à la page 15-9 que vous
trouverez la question d'inspections, d'investigations et d'enquêtes.
M. Roy: Vous dites que nous reviendrons plus loin, lors de
l'étude de ses crédits, sur ces questions. Je sais qu'il s'est
fait quelque chose au ministère des Institutions financières,
mais je ne veux pas revenir et répéter ce que j'ai dit. J'ai dit,
jusqu'à maintenant, qu'on ne fait pas suffisamment la promotion du
mouvement coopératif. Le ministre nous a donné une longue liste
de ce qui s'est fait...
M. Tetley: Vous ne parlez pas des caisses d'épargne et de
crédit. Je suis...
M. Roy: Je parle des associations...
M. Tetley: ...à la page 15-5, programme 2,
élément 3. C'est à la prochaine page qu'on parle de
contrôle et de surveillance des caisses d'épargne et de
crédit. C'est un autre budget de $425,000.
M. Roy: Je parlais de la promotion en général. M.
Tetley: Oui.
M. Roy: Le ministre nous a donné une longue liste de ce
qui s'est fait, des coopératives qui ont été
fondées au cours de l'année.
M. Tetley: Ce ne sont pas les caisses pop.
M. Roy: Non. Je suis bien d'accord avec tout cela. Mais il faut
bien admettre une chose au point de départ: C'est de par la
volonté de la population...
M. Tetley: Grâce à quoi?
M. Roy: ...que ces coopératives ont été
formées. C'est parce que des gens ont décidé de s'unir, de
se regrouper, de se donner la main, de travailler et de s'organiser une
structure en se servant de la loi, en vue de se donner des services et de faire
certaines activités économiques. S'il n'y avait pas eu le
désir de la population, il n'y aurait rien eu. C'est pourquoi je dis,
à ce moment-ci, qu'il faudrait c'est important que cela se fasse
qu'il y ait pi us de promotion au niveau du secteur coopératif.
Le type d'exemple, lorsque j'ai posé mon jugement sévère
sur le gouvernement, c'est que l'expérience de Manseau devrait
être répétée au Québec. C'est pour cette
raison que je déplore actuellement le fait qu'il n'y ait pas eu de
subvention l'an dernier. Je n'ai pas le dossier du ministère entre les
mains pour savoir ce qui s'est passé au juste, mais j'ai bonne
mémoire et je garde bonne mémoire des remarques du ministre au
tout début, lorsqu'il lui a reproché sévèrement de
ne pas avoir vanté le gouvernement, le ministre n'a pas employé
le mot "vanté", mais de ne pas avoir dit publiquement qu'elle avait
reçu l'aide du gouvernement.
M. Tetley: Non, mais...
M. Roy: Ce n'est pas un critère, je pense, que des gens
sérieux peuvent utiliser, dans de pareilles circonstances. Il faut
être au-dessus de cela. Le ministre a des responsabilités. Le
gouvernement a des responsabilités, et nous, comme
députés, nous avons nos responsabilités. Au niveau de
l'Opposition, le travail peut paraître ingrat à certains moments,
mais l'étude des crédits d'un ministère est l'occasion
idéale que nous avons de pouvoir examiner les politiques et
l'orientation que le gouvernement prend dans tel ou tel secteur.
M. Léger: M. le Président, l'année
dernière, à l'occasion des crédits, à ce stade-ci,
j'avais posé la même question que j'ai posée au ministre et
il me donne à peu près la même réponse.
L'année dernière, je lui avais dit, entre autres, que nous
avions augmenté...
M. Tetley: Je suis content d'avoir toujours donné la
même réponse.
M. Léger: Oui, mais vous n'avez pas agi, par exemple,
c'est la différence. L'année dernière, je vous avais dit
que vous aviez augmenté votre budget de surveillance vous l'avez
encore fait cette année et que vous ne sembliez pas
intéressé au domaine du développement
coopératif...
M. Tetley: Ce n'est pas vrai.
M. Léger: C'est ce que j'ai dit l'année
dernière, et le ministre m'avait répondu qu'il avait
réellement l'intention de le faire, puisqu'il avait
transféré voici ses paroles Les gens qui
étaient des inspecteurs, nous les avons enlevés et nous avons
engagé des gens pour le développement. Nous avons surtout, cette
année, décidé d'augmenter notre programme de
développement, parce que, depuis quatre ans, les gens de notre service
ont été presque des pompiers". C'est textuellement de
l'année dernière.
Cette année, je vous dis la même chose: Vous augmentez
encore le domaine de la surveillance, et, au niveau du développement, je
ne vois rien. Je pose la question suivante: Est-ce que le projet que vous aviez
l'année dernière et que j'espère que vous avez encore,
celui de la création d'une société de développement
coopératif, dépend uniquement de la terminaison de l'étude
de M. Parenteau? Autrement dit, est-ce qu'il ne se fera rien tant que M.
Parenteau n'aura pas soumis son rapport?
M. Tetley: C'est le Conseil de la coopération qui
prépare l'étude, qui nous a promis cette étude depuis
longtemps, au sujet d'une société de développement.
M. Léger: Mais est-ce que ce projet va se réaliser
indépendamment de l'étude de M. Parenteau ou si vous
attendez...
M. Tetley: Vous vous trompez. Il faut que je me
répète, vous vous trompez magistralement. Le problème de
Parenteau, c'est de trouver un moyen par lequel tout le gouvernement du
Québec peut travailler efficacement avec le mouvement coopératif
dans un vrai esprit coopératif et...
M. Léger: Oui, d'accord! On dit la même chose...
M. Tetley: ...un moyen, c'est peut-être une
société de développement.
M. Léger: Vous n'attendrez pas le rapport de M.
Parenteau...
M. Tetley: Non.
M. Léger: ...pour créer cette société
de développement. Mais, cette année, dans votre objectif, on ne
voit pas les chiffres dans votre budget. Est-ce que vous avez des sommes
précises pour le développement coopératif?
M. Tetley: Je réfère le député de
Lafontaine à la page 15-5, programme 2, élément 3,
contrôle, surveillance et développement des associations
coopératives, et le plus fort est pour le développement.
M. Léger: Quelle est la proportion de cette
somme-là? Ce n'est pas détaillé comme tel. Vous avez
$139,000 pour les subventions, les transferts, ce qui est la même chose
que l'année dernière et le reste, l'augmentation, est surtout
dans le domaine des traitements.
L'année dernière, vous avez annoncé: Nous avons
engagé des gens pour le développement. Qu'est-ce qui a
été fait cette année? Et quelle somme avez-vous mise
là-dedans?
L'année dernière, vous avez dit: Nous avons mis en place
un programme de développement économique. Quelle somme avez-vous
mise là-dedans?
M. Tetley: C'est très difficile de le dire. Tout le monde
qui... Pour l'inspection, vous verrez à la page 15-9, les gens qui
font...
M. Léger: Oublions l'inspection, je parle de...
M. Tetley: Ce sont ces gens-là qui font la surveillance ou
l'inspection, mais chaque fois qu'un inspecteur arrive, il donne des conseils
également, parce que c'est...
M. Léger: Ce n'est pas un programme de
développement.
M. Tetley: Aussi, nous avons six personnes, y compris le
directeur, qui s'occupent totalement du développement...
M. Léger: J'aimerais avoir les chiffres là-dessus.
Combien de personnes et quelle somme avez-vous affectée au
développement coopératif?
M. Tetley: Six personnes, y compris le directeur.
M. Léger: Oui et quelle somme?
M. Tetley: A part le directeur, six personnes s'occupent... Cinq
professionnels à $15,000, $20,000 chacun...
M. Léger: II s'agit là des salaires, d'accord, mais
c'est de l'aide technique uniquement. Vous n'avez pas des sommes, des
subventions de développement? Le programme de développement,
c'est quoi? C'est uniquement des personnes?
M. Tetley: Voici. Pour les hommes, il s'agit de $80,000 à
$100,000 pour les...
M. Léger: Ils ne font pas simplement cela?
M. Tetley: Non, non. Ils s'occupent tout simplement de cela, de
développement. Mais, dans les subventions, on m'a dit que $64,000 sur
$900,000 sont pour le développement. La vérification, c'est
$53,500, parce que nous donnons des subventions pour aider les gens à
payer les comptables ou l'inspection, avec l'aide de l'extérieur.
L'assistance technique, c'est $20,000.
M. Léger: Alors $64,000 pour le développement comme
tel, $53,000...
M. Tetley: ...et assistance, c'est encore $20,000. C'est
plutôt $85,000 et $53,000 pour la vérification.
M. Léger: Donc, cela fait $137,000 à peu
près? M. Tetley: $139,000. Vous avez la liste ici.
M. Léger: D'accord. En ce qui nous concerne,
l'élément 3...
Le Président (M. Séguin): Elément 3,
adopté? M. Roy: L'élément 3, cela va.
Le Président (M. Séguin): Elément 3,
adopté. Programme 3, élément 1.
Caisses d'épargne et de crédit
M. Léger: Au programme 3, élément 1, M. le
Président, concernant le contrat de surveillance des caisses
d'épargne et de crédit, je voudrais soulever auprès du
ministre certains problèmes que vivent, entre autres, les caisses
populaires.
Je sais que cette année, le ministre aura probablement un projet
de loi d'amendement à la loi de la fédération de
Québec des unions régionales des caisses populaires
Desjardins.
On sait que les unions régionales ont besoin d'une certaine
définition, puisqu'une caisse populaire fonctionne surtout en fonction
de son union régionale. Au départ, je veux demander au ministre
comment il peut aider les caisses populaires qui participent à des lois
que le gouvernement met de l'avant, mais qui sont obligées de
défrayer les coûts.
Je donne un exemple: La loi pour prêter des sommes aux
étudiants. L'année dernière, 57% des prêts
étudiants ont été passés par les caisses
populaires. Donc, les banques n'ont eu que 43% et les banques ont une charte
quand même différente de celle des caisses et elles ont des
avantages que les caisses n'ont pas, c'est-à-dire que le gouvernement a
des ouvertures de crédit pour faire des paiements. Donc, elles peuvent
jouir des sommes que le gouvernement leur remet, ce qui n'est pas le cas pour
les caisses populaires.
On oblige les caisses populaires à avoir une vocation sociale,
entre autres, de prêter aux étudiants, à des tarifs ou
à des taux de 51/2% à 6%, alors
que le coût de l'argent, pour les caisses populaires, est beaucoup
plus élevé.
Vous avez le même problème au niveau peut-être, c'est
un exemple, de la Loi du nantissement agricole, où il y a un taux
préférentiel, et où les dépôts des
sociétaires se situent parfois, selon le marché, à 10% et
11% qu'on doit payer, pour les sommes déposées, pour les gens qui
prêtent de l'argent. Ils perdent encore de l'argent. Comment voyez-vous
un correctif de ce côté pour permettre aux caisses populaires, qui
sont un attrait particulier pour les Québécois pour remplir leur
rôle social, de ne pas avoir de perte financière, parce qu'elles
doivent quand même rapporter des dividendes à leurs
sociétaires? Si elles sont obligées de prêter, comme dans
le cas des prêts aux étudiants, à 5 1/2% et 6% et qu'elles
sont obligées de payer elles-mêmes un intérêt de 9%,
10% et 11% à leurs prêteurs, aux déposants, comment
voyez-vous l'aide que vous pourriez apporter, puisque ce sont des lois du
gouvernement qui obligent à ne pas prêter à un taux plus
élevé que 5 1/2% et que les caisses absorbent la
différence? Comment voyez-vous un correctif de ce côté?
C'est un peu injuste pour les caisses populaires, ce qui n'est pas le cas pour
les banques, qui ont d'autres façons de se reprendre?
M. Tetley: Quelles sont les autres façons de se
reprendre?
M. Léger: Je viens de vous donner un exemple. Le
gouvernement a des ouvertures de crédit pour les banques. Quand un
ministère fait un paiement... Je prends un exemple, les organismes de
loisirs où les chèques viennent de la banque Toronto-Dominion
pour le haut-commissariat... J'ai trouvé cela un peu drôle. En
tout cas, la banque Toronto-Dominion avait des ouvertures de crédit pour
émettre les chèques que le gouvernement lui demandait de faire
pour des organismes de loisirs.
Donc, les banques peuvent exiger un intérêt du
gouvernement, puisque le gouvernement se trouve ni plus ni moins à avoir
une ouverture de crédit dans ces banques. Elles ont des retours
d'argent. Les caisses populaires n'ont pas cela. Comment pouvons-nous permettre
aux caisses populaires de se pénaliser elles-mêmes en suivant les
objectifs d'une loi faite par le gouvernement?
M. Tetley: Pour ma part, si c'est un problème, c'est un
problème des caisses. Souvent, les caisses reçoivent leur argent
de sources qui chargent moins cherque les banques ou les compagnies de
finance.
M. Léger: Elles doivent payer le taux du
marché.
M. Tetley: Parfois, leur marché ou leurs sources, ce sont
leurs épargnants. Souvent, les caisses reçoivent de l'argent
moins cher.
M. Léger: Je m'excuse, M. le ministre. Je pense que vous
faites une affirmation inexacte.
M. Tetley: Mais, parfois...
M. Léger: Je suis moi-même directeur d'une caisse
populaire et je vois les chiffres de la caisse. On est obligé
d'établir des taux concurrentiels avec les trois ou quatre banques qui
vont recevoir la même clientèle du même arrondissement.
Quand la caisse populaire est obligée de payer, dans des périodes
où c'est 10%, par exemple, pour une épargne stable ou pour des
certificats de prêts, ce sont des intérêts qu'elles sont
obligées de payer à leurs sociétaires qui ont
déposé leur argent à cet endroit. D'un autre
côté, le gouvernement adopte une belle loi. Cela a l'air
très bien. Cela aide les étudiants. On est d'accord. Mais
l'étudiant obtient son prêt à un taux tellement bas que la
caisse perd 3% à 4% pour chaque prêt consenti. Je comprends que la
caisse populaire a un rôle social à jouer. Elle veut le jouer,
mais le gouvernement ne devrait pas faire porter uniquement à la caisse
populaire le coût social que la loi adoptée par le gouvernement
l'oblige à subir. C'est sur ce point que je veux éveiller et
sensibiliser le ministre.
M. Tetley: Je vais faire enquête, mais je n'ai jamais eu de
plainte.
M. Léger: Oui, vous avez eu une plainte, parce que j'ai un
document.
M. Tetley: C'est une autre plainte que je n'ai pas
reçue.
M. Léger: Je m'excuse, j'ai des documents que le ministre
a eus. Je suis sûr de cela. J'ai un document ici que le ministre a
eu.
M. Tetley: D'accord, parfait.
M. Léger: Dans ce document, on explique ce
problème. Quand vous me dites que vous allez faire enquête, vous
n'avez pas eu le temps de lire le document ou... Mais, de toute façon,
cela existe...
M. Tetley: Quand l'avez-vous envoyé?
M. Léger: Je ne vous l'ai pas envoyé. J'ai eu ma
copie.
M. Tetley: Ah! Ah! Pardon.
M. Léger: C'est le document que le ministre a eu.
M. Tetley: Récemment?
M. Léger: Je l'ai eu il y a à peu près
quinze jours.
M. Tetley: Oui.
M. Giasson: ...par rapport aux banques de placement.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Léger: Elles ne sont pas privilégiées,
c'est l'inverse.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Giasson: Les banques ont les mêmes taux que les caisses
populaires sur des prêts étudiants.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Giasson: L'argument du député de Lafontaine,
c'est différent.
Le Président (M. Séguin): S'il vous plaît,
à l'ordre!
Je pense, en rapport avec les commentaires que le député
de Lafontaine veut faire, que la parole avait été demandée
par le député de Taschereau.
Le député de Taschereau.
M. Bonnier: M. le Président...
M. Léger: II y a une affirmation qui n'était pas
exacte.
M. Bonnier: Non, mais on va y revenir. M. Léger:
D'accord, allez-y.
M. Bonnier: M. le Président, vous avez apporté
quelques rectifications quant aux taux qui sont demandés; les taux qui
sont établis sur les prêts étudiants ont au moins le
même rendement que les obligations du Québec. Ils ont
été rajustés. Ce n'est plus 5% ou 6%.
M. Léger: Actuellement, c'est 5 1/2% et 6%. Ce sont les
derniers chiffres.
M. Bonnier: Non, pas actuellement. Ils sont actuellement plus
élevés que cela. Ils sont exactement le rendement des obligations
du Québec. Ils sont plus élevés que cela.
M. Léger: Non.
M. Bonnier: Je ne sais pas où vous avez pris vos chiffres,
mais il faudrait vérifier.
M. Léger: Directement de la caisse populaire qui fait des
prêts.
M. Bonnier: Je pense qu'il faudrait qu'elle vérifie.
M. Tetley: J'aimerais voir votre document parce que quelquefois
les documents sont distribués aux journaux, à tous les
administrateurs d'une fédération, d'un groupement, et, deux ou
trois semaines après, le ministre reçoit les documents; mais
j'aime-rais voir le document. Je vais vérifier si je l'ai vraiment
reçu.
M. Bonnier: C'est possible que la caisse ait été
mal informée.
M. Léger: C'est une grosse caisse quand même. M.
Bonnier: Mais ce n'est certainement pas 5%.
M. Tetley: C'est peut-être une grosse erreur.
M. Léger: Les chiffres que j'affirme là, je ne les
affirme pas... J'ai rarement l'occasion d'affirmer de faux chiffres.
M. Bonnier: Je ne mets pas le député de Lafontaine
en cause...
M. Léger: Ce que je voudrais noter... très,
très rarement.
M. Bonnier: ...mais peut-être que son information n'est pas
juste. Mais deuxièmement, je pense que le fond de son argument repose
sur le fait qu'effectivement le gouvernement du Québec a en
dépôt non pas une marge de crédit dans les
institutions bancaires un certain montant d'argent pour garantir le retrait des
chèques qu'il émet, le paiement des chèques qu'il
émet, tiré sur les banques. C'est normal, si je suis
commerçant, si j'émets des chèques, il faut quand
même que j'aie un dépôt. Ce qui est discuté,
ça va faire partie d'une des considérations du rapport Parenteau:
Est-ce qu'il serait possible, je sais que le ministre des Institutions
financières le sait, c'est un point d'interrogation de la part du
mouvement coopératif... est-ce que le gouvernement du Québec
serait autorisé ou pourrait déposer certains montants d'argent
également dans les institutions financières d'épargne et
de crédit, secteur coopératif?
M. Léger: C'est ça.
M. Bonnier: C'est sûr que le rendement de cet argent en
dépôt pourrait, jusqu'à un certain point, compenser le
manque à gagner qui existe.
M. Léger: On est complètement d'accord, c'est une
des solutions.
M. Bonnier: C'est une des solutions, c'est la question...
M. Léger: C'est ce que je vous disais tantôt. Le
problème est le suivant pour résumer pour le
député qui me posait la question le gouvernement permet
chaque année aux étudiants d'obtenir des prêts
auprès des organismes bancaires, autant des caisses populaires que des
banques. Mais il s'avère que l'année dernière, 57% des
prêts aux étudiants sont passés par les caisses populaires
et 43% pour le reste, des autres institutions bancaires. Comme les caisses
n'avaient pas la même facilité de liquidité que les autres
banques ont, parce que le gouvernement dépose là, et, en plus de
ça, il y a des ouvertures de crédit, parce que parfois le
gouvernement fait des dépôts en retard, pour des raisons de
fonctionnement, les banques réclament un intérêt au
gouvernement pour ces dépôts et ces périodes où la
somme n'est pas couverte, comme il y a une majorité qui va aux caisses
populaires, la question est de trouver une façon pour permettre aux
caisses populaires de ne pas être pénalisées parce qu'elles
ont un attrait auprès des étudiants, étant donné
que c'est
un organisme de chez nous, très local, très
québécois, il en a plus que les autres; mais les caisses n'ont
pas, en contrepartie, l'avantage que le député de Taschereau
mentionnait. C'est pour cela que je voulais qu'on mette de l'avant des
solutions permettant aux caisses populaires de remplir encore leur rôle
social et d'avoir au moins la participation du gouvernement pour se renflouer,
comme les banques l'ont. Je pense que le ministre va étudier la
question.
Le Président (M. Séguin): Le député
de... Non? M. Giasson: Je ne suis pas membre.
Le Président (M. Séguin): J'allais demander le
consentement de la commission.
M. Roy: Oui, consentement.
Le Président (M. Séguin): D'accord...
M. Léger: II m'en reste une autre, M. le
Président.
Le Président (M. Séguin): Voulez-vous
répondre maintenant?
M. Léger: Cela va être mieux. C'est encore avec la
caisse populaire. Si vous me permettez, c'est ma dernière.
Un autre problème que les caisses populaires ont et que les
banques n'ont pas, c'est celui du fait que dans leur charte, les caisses
populaires ne peuvent accepter comme sociétaires que des personnes qui
sont soit domiciliées dans le secteur de la caisse populaire ou qui
travaillent dans ce secteur.
Une personne qui déménage n'aurait plus le droit, selon
les règlements et la charte, de continuer à avoir son compte
là. On ne déménage pas un compte de banque ou un compte de
caisse comme on déménage des camions...
M. Bonnier: Rectification, on peut continuer... M.
Léger: ...comme on déménage le ménage.
M. Bonnier: Si le député de Lafontaine me permet,
ces gens ne sont pas membres, ils sont membres auxiliaires.
M. Léger: C'est-à-dire que c'est une permission
qu'on veut avoir, mais ce n'est pas tout à fait normal.
M. Bonnier: Oui, cela existe dans la loi.
M. Léger: C'est ce qu'on demande actuellement.
M. Bonnier: Ils peuvent garder le compte, mais ils n'ont pas le
droit de vote à l'assemblée.
M. Léger: Actuellement, c'est ce que veulent avoir les
unions régionales; elles ne l'ont pas encore.
M. Tetley: Nous avons reçu cette demande et d'autres
demandes des caisses populaires, des caisses d'épargne et crédit
pour la modification de la loi.
C'est une des demandes qui se trouve parmi leurs demandes dans leur
espèce de mémoire. Evidemment, je ne vois pas de problème.
Si on peut déposer dans une banque n'importe où, on peut
déposer dans une caisse n'importe où. Mais si le mouvement veut
ce changement, je crois que c'est valable. Il y a eu plusieurs demandes de
changement, mais cela a été une règle du mouvement depuis
longtemps parce que, autrefois, on ne voulait pas que des gens de
l'extérieur contrôlent une caisse locale et c'est pourquoi ils
n'avaient pas le droit de vote.
Aujourd'hui, je suis membre de plusieurs caisses et j'ai le droit de
vote dans une seule.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud.
M. Roy: Le premier point est la question soulevée par le
député de Lafontaine que le gouvernement dépose son propre
argent dans les caisses populaires. C'est une suggestion à laquelle je
souscris entièrement. Il n'y a rien de plus normal que le gouvernement
le fasse et je pense qu'on peut même se poser des questions pourquoi le
gouvernement ne l'a pas fait jusqu'à maintenant.
De toute façon, comme on ne peut pas corriger le passé, je
pense que c'est l'occasion idéale aujourd'hui d'insister sur ce point et
je pense que, sur ce plan, le ministre des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives pourrait en discuter avec ses
collègues de façon que cela puisse faire dans les meilleurs
délais.
En ce qui a trait à la deuxième suggestion qui a
été faite, que des personnes ne résidant pas dans un
territoire donné puissent voter dans n'importe quelle caisse populaire,
y déposer des sommes d'argent, elles ont le droit de le faire comme
membres auxiliaires. Il n'y a jamais eu de problème de ce
côté. A élargir la loi de façon que les gens
puissent avoir le droit de vote et être membres à part
entière, je pense qu'on fausse le mouvement coopératif qui dit:
Un membre, un vote. J'aurais certaines réserves de ce
côté.
M. Tetley: Mais, comme membre auxiliaire, je reçois quand
même avis de toutes les réunions annuelles, j'y ai même
assisté et, je crois que j'ai même voté, personne ne s'y
est opposé.
M. Léger: Vous n'avez pas le droit.
M. Tetley: Je crois que les gens le savent.
M. Léger: C'est cela que j'allais dire. Les habitudes...
Qu'est-ce que cela peut faire?
M. Tetley: C'était mon premier
"télégraphe".
M. Giasson: ...Pour les coopératives, cela me fait rire.Je
suis membre de différentes coopératives.
J'ai le droit de vote à toutes les coopératives dont je
suis membre...
M. Tetley: Vérifier la charte.
M. Giasson: ...de ma Fédération, de la
coopérative agricole, de la Coopérative d'épargne et de
crédit, et personne ne m'empêchera de voter parce que je suis
membre de différentes coopératives.
M. Roy: Ce n'est pas de cela qu'on parle. On parlait au niveau
d'une personne qui serait membre, par exemple, de cinq caisses populaires. A
cause justement...
M. Giasson: Si vous allez à plusieurs magasins
coopératifs au Québec, vous voulez avoir le droit de vote dans un
seul magasin coopératif?
M. Roy: Tout dépend exactement de la charte de la
coopérative...
M. Giasson: Exactement.
M. Roy: ...et de son territoire. Pour avoir le droit de vote, il
faut demeurer dans le territoire.
M. Giasson: Allez dans une coopérative, c'est un homme, un
vote. Allez dans un magasin coopératif, c'est un homme, un vote et dans
les coopératives d'épargne et de crédit, un homme, un
vote. C'est le système.
M. Tetley: Vous verrez dans les chartes de vos caisses, mais il
n'y a pas d'objection parce que je crois que j'ai voté dans plusieurs.
Pour faire cela, cela a toujours été unanime.
M. Roy: Contrôle et surveillance des caisses. J'aimerais
avoir u ministre si on me permet une question additionnelle s'il
est prévu que plusieurs caisses d'épargne et de crédit
pourront être créées au cours de l'année. Quels sont
les projets qui existent de ce côté? On se rappelle qu'au niveau
des caisses d'entraide économique, il y a eu certaines restrictions de
la part du ministère. On m'a dit qu'il y en avait eu également du
côté des caisses d'établissement. Alors, j'aimerais savoir
si, actuellement, les restrictions sont levées par le ministère
et quelles sont les possibilités de création de nouvelles caisses
dans ce domaine?
M. Tetley: II faut tout d'abord que les caisses d'entraide
économique suivent non pas les restrictions, mais suivent la loi. Au
sujet des caisses d'établissement, le fonctionnaire en question n'est
pas encore arrivé, parce que je ne croyais pas qu'on pourrait
procéder aussi vite. Je vous remercie de votre rapidité. Mais, de
mémoire, il y a encore certains problèmes qui ne sont pas encore
réglés et je sais pertinemment que je n'ai pas donné ordre
d'ouvrir de nouvelles caisses d'établissement. Pas encore. Mais si le
tout a été réglé, je ne sais pas. Si toutes les
exigences de la loi ont été remplies, je ne le sais pas.
M. Roy: Au niveau des caisses d'entraide économique
parce que c'est ma première question; je reviendrai à la
deuxième, au niveau des caisses d'établissement, tout à
l'heure le ministre nous avait déclaré, l'année
dernière, qu'il n'y avait pas de fondations de nouvelles caisses
envisagées et que le ministère ne semblait pas d'accord. Je n'ai
pas, ici, le texte de la déclaration du ministre à ce sujet. Je
me réfère de mémoire, simplement. J'aimerais savoir, de ce
côté, cette année, s'il y a des restrictions ou si la
fédération des caisses d'entraide économique peut
procéder.
M. Tetley: La fédération des caisses d'entraide
économique doit remplir toutes les obligations, les exigences de la loi
avant que nous accordions le droit de fondation d'une seule nouvelle caisse.
Elle a fait la demande pour fonder certaines caisses, mais nous voulions que la
loi soit suivie quant à certaines questions de fonds, de mauvaises
créances, etc. L'an dernier, vous savez que nous avons amendé la
loi. Les caisses n'ont pas encore eu le temps de prouver qu'elles avaient suivi
la loi. Certaines terminent leur année financière vers le 30
juin, d'autres même plus tard, d'autres de bonne heure. En tout cas, nous
n'avons pas les résultats du travail des caisses d'entraide
économique, pas encore.
M. Roy: Cela veut dire que, tant que vous n'aurez pas ce
résultat, le ministère n'accordera sa
bénédiction...
M. Tetley: Probablement, c'est vrai.
M. Roy: ... pour fonder de nouvelles caisses.
M. Tetley: Je ne veux pas de règle stricte, mais c'est mon
intention, à l'heure actuelle.
M. Roy: Est-ce uniquement à cause de la rentabilité
au niveau des caisses?
M. Tetley: C'est à cause de la protection du public, la
protection de l'investisseur, parce que, n'oubliez pas que nous avons de
nouvelles exigences, parce que ces caisses sont maintenant assurées
à l'assurance-dépôts. Le gouvernement a déjà
des responsabilités à ce sujet. Donc, c'était la
Régie de l'assurance-dépôts, qui est un groupement de
fonctionnaires et de gens de l'extérieur non pas
nécessairement des fonctionnaires de notre ministère, incidemment
qui a exigé certaines pratiques des caisses d'entraide
économique; il faut voir si elles ont rempli ces exigences.
M. Roy: Le ministre vient justement de Souligner le point sur
lequel j'avais insisté tout à l'heure pour faire les observations
sévères que j'avais faites: la protection du public. Je pense
bien, M. le Président, qu'on ne peut pas être en désaccord
sur le fait qu'on protège le public. Je reviens sur le premier point que
j'ai souligné tantôt, parce qu'on y retouche à ce
moment-ci. C'est que, si on exige des rapports de rentabilité et de
sécurité du public, lors-
qu'une coopérative prend naissance quelque part et que les
critères sont sévères, il n'y a pas de création de
nouvelles coopératives. Je m'explique, M. le Président.
Qu'on me trouve une seule coopérative au Québec qui a
été en mesure d'offrir ces deux critères durant les
premiers six mois de ses opérations, qu'on m'en cite une. Justement,
à cause du fait que ces difficultés et que ces questions sont
inévitables, c'est justement la raison pour laquelle les
coopératives, quelles qu'elles soient, se sont donné des
fédérations. Il y a des services d'entraide qui existent et il y
a des structures qui sont mises en place lorsqu'il y a des difficultés
qui peuvent se présenter dans une caisse par rapport à une autre,
parce que, à ce moment, el les sont toutes interdépendantes par
le fait que, si cela va mal dans une caisse, il y a, à un moment
donné, toute la question de l'opinion publique qui entre en ligne de
compte.
Or, aujourd'hui...
M. Tetley : Elles ne sont pas toutes indépendantes.
M. Roy:... il ne faut pas oublier que les caisses
d'épargne et de crédit ont été fondées au
Québec alors qu'il n'y avait pas cette sécurité que le
gouvernement offre aux caisses aujourd'hui, l'assurance-dépôts.
C'est une sécurité additionnelle, une chose très bien qui
est venue s'ajouter, qui a permis et qui permet au secteur coopératif de
pouvoir se développer.
Mais lorsqu'une nouvelle caisse est fondée, il ne faut pas
oublier une chose, c'est que l'administration de chaque caisse est
indépendante l'une de l'autre. Pour quelle raison priver une
région du Québec c'est la question que je pose au ministre
de la possibilité de s'organiser une coopérative dans un
secteur donné, une caisse d'épargne et de crédit dans un
secteur donné, parce que, dans une autre région du Québec,
il y en a une qui connaît des difficultés? Quand les
administrateurs auront affilié leur caisse à la
fédération, celle-ci, de concert avec le ministère des
Institutions financières, sera en mesure de fournir l'assistance
technique pour lui permettre de se développer. La
fédération, avec les autres caisses et une caisse centrale et
avec les dispositions qui prévalent au niveau de la Régie de
l'assurance-dépôts, sera capable d'offrir au public cette
sécurité dont le public a besoin. C'est une question
fondamentale. Pourquoi priver les gens d'une région?
M. Tetley: Vous avez posé une question, à savoir
pourquoi priver les gens d'une région d'avoir une caisse parce que les
gens d'une autre région, de la même fédération,
n'ont pas rempli certaines exigences? La raison est la suivante: C'est parce
que les deux caisses ne sont pas liées. Si une caisse fait faillite,
elle n'est pas obligée d'aider ces gens. Les déposants sont
protégés par la fédération. Si la
fédération n'a pas assez de fonds, pas assez de liquidité,
pas assez de provisions pour les mauvaises créances, etc., à
cause d'une caisse déficitaire, nous ne sommes pas prêts à
donner à cette fédération le droit de fonder une autre
caisse, parce que cette fédération n'est pas prête à
protéger le public. Dans le cas des caisses d'entraide
économique, nous nous sommes rendu compte qu'il n'y avait pas assez de
liquidité.
Ceci me fait penser à une remarque faite il y a deux ans d'un de
vos membres, un ancien député du Parti créditiste, il a
dit: M. le ministre, vous vous trompez lorsque vous parlez de liquidité.
Nous avons un autre système de liquidité dans notre caisse
je ne mentionne pas le nom c'est la liquidité à long
terme. C'est il y a vingt ans. Si Mme Unetelle se présente à la
caisse et qu'elle demande son argent et que cette caisse est en
difficulté et qu'une autre vient d'être fondée, la
fédération n'a pas assez de liquidité, elle n'a que de la
liquidité à long terme, bien, ce sera une faillite. La
définition d'une faillite n'est pas que votre actif soit moindre que
votre passif, mais c'est plutôt que vous êtes incapable de payer
vos dettes lorsqu'elles sont dues. C'est le problème. On peut être
insolvable sans un avoir net. C'est exactement pourquoi on ne peut pas
accorder, à certaines fédérations, le droit de fonder de
nouvelles caisses avant d'avoir mis de l'ordre au sein de leur
fédération ou de leurs autres caisses. Elles ont
déjà peut-être assez d'obligations sans en accepter de
nouvelles.
M. Roy: M. le Président, j'aurais encore beaucoup à
dire sur ce point. Nous nous étions entendus pour terminer à 12 h
30, alors je propose la suspension de la séance.
M. Tetley: Un instant! J'avais une réponse à donner
au député. Service des compagnies, annulations pour 1974/75:
8,739. Mais, à part ces 8,739, il y a 14,000 dossiers à
l'étude. Cela veut dire que certaines compagnies, ont peut-être
des problèmes avec le fisc et celui-ci ne veut pas accorder l'annulation
avant que les problèmes ne soient réglés ou cela peut
être d'autres problèmes avec d'autres ministères.
M. Roy: D'accord.
Le Président (M. Séguin): Messieurs, je constate
qu'il est midi trente. Nous ajournons nos travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 25)