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(Onze heures vingt-huit minutes)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente des institutions financières et
coopératives est réunie pour étudier, article par article,
le projet de loi no 85, Loi sur les valeurs mobilières.
Les membres de la commission sont: M. Blais (Terrebonne), M. French
(Westmount), M. Gravel (Limoilou), M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges); M. Payne
(Vachon) remplace M. Lafrenière (Ungava); M. Lincoln (Nelligan) remplace
M. Mailloux (Charlevoix); M. Martel (Richelieu), M. Parizeau (L'Assomption); M.
Fortier (Outremont) remplace M. Rocheleau (Hull); M. Bordeleau (Abitibi-Est)
remplace M. Tremblay (Chambly); M. Marquis (Matapédia) remplace M.
Vaugeois (Trois-Rivières).
Les intervenants sont: M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue), M.
Bisaillon (Sainte-Marie), M. Bourbeau (Laporte), M. Dean (Prévost); M.
Lalonde (Marguerite-Bourgeoys) remplace M. Mathieu (Beauce-Sud); M. Polak
(Sainte-Anne) remplace M. Middlemiss (Pontiac); M. Doyon (Louis-Hébert)
remplace M. Paradis (Brome-Missisquoi)?
M. French: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Westmount.
M. French: M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce) remplace M.
Bourbeau (Laporte).
Le Président (M. Boucher): Ah bon! M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce) remplace M. Bourbeau (Laporte). À la fin de
nos travaux, hier, nous en étions à l'article 33, je pense. M. le
ministre.
Projet de loi no 85 Appel public à
l'épargne (suite)
M. Parizeau: M. le Président, au moment où nous
nous sommes arrêtés à l'article 33, hier, nous nous
demandions dans quelle mesure il y avait divergence entre la loi de l'Ontario
et le projet de loi que nous avons devant nous quant à la période
de placement. Vérification faite, hier soir, on se rend compte que ces
deux lois sont essentiellement les mêmes à l'égard de
l'article 33. Parce que le prospectus est obligatoire en Ontario,
inévitablement les douze mois courent à partir du prospectus
provisoire puisqu'il est obligatoire. Au Québec, le prospectus
provisoire n'est que facultatif. Donc, s'il y en a un, les douze mois courent
à partir du prospectus provisoire et, s'il y en a pas, c'est à
partir du prospectus définitif. Substantiellement, les deux lois sont
identiques et je pense que dans ces conditions il n'y a pas de raison
d'envisager un amendement. (11 h 30)
Le Président (M. Boucher): Alors, l'article 33 est-il
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 33 est adopté.
L'article 34.
M. French: Maintenant, M. le Président, vous étiez
ailleurs, je crois. Vous étiez retenu par des responsabilités
importantes, ailleurs. Nous avons suspendu à l'article 4.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Westmount, j'étais membre, hier.
M. French: Ah! Je m'excuse.
Le Président (M. Boucher): Je remplaçais. J'ai
commencé le cours.
M. French: En tout cas, je vous fais mes excuses.
M. Fortier: ... versatile.
M. French: II s'agit maintenant, il me semble, de reprendre
l'article 4. C'est un débat que nous nous proposions de faire dans la
fraîcheur du matin plutôt que dans la noirceur. Nous sommes
prêts. Je ne sais pas si le ministre a quelques remarques
préliminaires à faire pour bien situer l'article 4 qui est quand
même important.
Le Président (M. Boucher): J'appelle l'article 4.
Champ d'application et interprétation
(suite)
M. Parizeau: M. le Président, la raison pour laquelle nous
avons suspendu l'article 4, c'est que le député de
Vaudreuil-Soulanges avait, je pense, une intervention à
l'Assemblée nationale.
M. Fortier: Vous avez parfaitement raison.
M. Parizeau: Alors, je suis tout à fait disposé
à revenir à l'article, dans la mesure où cela ne pose pas
de difficulté à nos amis d'en face. Oui, j'aurais un certain
nombre de remarques préliminaires à faire, mais avant de les
aborder, je voudrais simplement signaler qu'il y a un papillon - n'est-ce pas?
et que nous aurons l'occasion de le reprendre tout à l'heure,
après ces remarques préliminaires.
La question de la divulgation par des mandataires du gouvernement,
jusqu'au dépôt de ce projet de loi au début de
l'été, se présentait partout au Canada de la façon
suivante: Nulle part, dans aucune loi de province ou au fédéral,
dans la Loi sur les compagnies, les mandataires des gouvernements
n'étaient astreints à des règles de divulgation. Ils
pouvaient donc posséder 5% et de là, 20%, 40% ou 100% des actions
d'une société sans être astreints juridiquement à
quelque règle de divulgation que ce soit, et encore une fois, il n'y
avait pas d'exception. En pratique cependant, la plupart des mandataires
provinciaux ou fédéraux acceptaient de divulguer; en somme, ils
s'astreignaient volontairement aux règles qui existaient pour le secteur
privé et qui apparaissaient soit dans des lois de valeurs
mobilières, soit dans la loi fédérale sur les compagnies;
pas toutes, cependant. Dans ces conditions, cela laissait une porte ouverte
à tel ou tel mandataire de décider de lui-même de ne pas
s'astreindre et rien n'empêchait que, pendant un certain temps, un
mandataire s'astreigne volontairement aux règles de divulgation et que,
d'autre part, à d'autres moments, il décide de ne pas le
faire.
Au moment où nous préparons ce texte de loi, cette
révision de la loi nous avons eu de notre côté à
nous brancher et nous l'avons fait dans une atmosphère où il
était clair qu'un des mandataires du gouvernement du Québec,
c'est-à-dire la Caisse de dépôt et placement du
Québec, avait décidé de ne pas s'astreindre volontairement
aux règles de divulgation. Elle ne l'avait pas fait au Québec;
elle refusait de le faire en Ontario et elle refusait de le faire à
l'égard de la Loi fédérale sur les compagnies et cela a
donné lieu d'ailleurs au procès où finalement la Caisse de
dépôt et placement du Québec a gagné son
procès et où le juge a reconnu qu'il n'y avait pas d'obligation
juridique à la divulgation.
Bien que la cette position de la Caisse de dépôt et
placement du Québec ait été maintenant renversée -
et on sait que la Caisse de dépôt et placement du Québec
accepte la divulgation volontaire - il reste que, puisque nous
présentions un nouveau projet de loi, nous avions à
décider dans ce projet de loi si, pour la première fois au
Canada, on imposerait légalement la divulgation. La décision qui
a été prise a été qu'il y aurait des règles
de divulgation pour la première fois dans un texte de loi au Canada
à cet effet dans ce que nous avons présenté au
début de l'année. C'est l'article 4.
Je crois qu'il est important que les mandataires soient astreints, mais
on n'a pas besoin de plaider avec moi le principe que les mandataires du
gouvernement doivent être astreints à la divulgation par une voie
de caractère juridique, et non pas par une acceptation volontaire.
Remarquez que décider de présenter dans notre projet de
loi une obligation de divulgation analogue à celle de l'article 4
n'était pas une décision facile en ce sens qu'il fallait aussi
éviter qu'un autre mandataire, d'un autre gouvernement, en concurrence
avec un mandataire du gouvernement du Québec pour l'achat d'une tierce
compagnie, puisse plus facilement acquérir cette tierce compagnie
à partir de Toronto qu'à partir de Montréal. Ce qui aurait
été vraiment paradoxal. Un exemple: Petro-Canada et SOQUIP
seraient hypothétiquement en concurrence l'une avec l'autre pour acheter
une compagnie pétrolière privée ou un bloc d'actions dans
une compagnie pétrolière privée. Il fallait faire
très attention de ne pas faire en sorte que Petro-Canada trouve beaucoup
plus facile d'agir à partir de Toronto, où il n'y aurait pas
d'obligation juridique à la divulgation, que SOQUIP à partir de
Montréal, où il y en aurait, et de strictes. Alors, c'est avec
une certaine appréhension que nous avons pour la première fois
ouvert une règle dans le texte de loi que nous avons devant nous, ouvert
une règle légale, une obligation juridique de divulgation de la
part des mandataires. Mais, cette règle de divulgation de l'article 4
n'est pas la même que celle qui s'applique aux entreprises
privées. Elle n'est pas identique. Je suis le premier à le
reconnaître. C'était un premier pas dans cette direction. Je
voulais savoir ce qui se produirait ailleurs.
Depuis ce temps, depuis que nous avons le projet de loi devant nous,
c'est-à-dire depuis le début de l'été, le
gouvernement de l'Ontario a introduit des règles de divulgation dans le
projet de loi 176 qui amende la Loi sur les valeurs mobilières de
l'Ontario. Il ne s'agit pas d'une refonte, comme nous, il s'agit d'amendements.
Ces gens ont incorporé, dans le projet de loi 176, des règles de
divulgation. Je dois reconnaître qu'elles sont plus astreignantes que les
nôtres. Elles ne sont pas tout à fait identiques à celles
qui s'appliquent aux entreprises privées là-bas, mais elles sont
plus astreignantes que les nôtres. Mon
problème est le suivant. Cette loi sur les valeurs
mobilières de l'Ontario est en deuxième lecture. Là-bas,
la session se termine. Un nouveau président de la Commission des valeurs
mobilières a été nommé qui, très normalement
d'ailleurs, va revoir la loi 176 avec le gouvernement de l'Ontario. À
l'heure actuelle, nous ne pouvons pas savoir quand cette loi sera
adoptée. Il est possible qu'elle meure au feuilleton et qu'elle soit
réintroduite sous la même forme ou sous une autre forme. Il est
probable - je dis simplement qu'il est probable, comme nous le savons ici,
c'est toujours un peu difficile de projeter ces choses - que la loi 176, en
tout état de cause, telle quelle ou modifiée, ne soit
probablement pas adoptée avant le printemps, en Ontario, vers les mois
de février ou mars.
Nous, au contraire, avons à nous brancher actuellement au sujet
de notre loi. On peut difficilement reporter de quelques mois, parce que la
modernisation de cette loi a suffisamment traîné. On ne va pas
arrêter tout l'exercice pour un article. D'un autre câté, je
reconnais que, advenant que l'Ontario persiste dans les règles de
divulgation qu'ils ont incorporées à leurs amendements, il n'y
aurait pas d'objection, en ce moment, que nos règles de divulgaton
soient alignées sur les leurs. Je pense qu'il n'y aurait aucune
espèce d'objection particulère. Advenant, cependant, que les
règles de divulgation que les Ontariens ont incorporées dans leur
projet de loi ne réapparaissent pas au printemps, là, aller
au-delà de l'article 4 tel qu'il est rédigé ici peut
être risqué. Il y a des fois où le mieux est l'ennemi du
bien. C'est un peu le dilemme dans lequel je suis placé à cet
égard. Il est tout à fait clair dans mon esprit qu'il faut des
règles de divulgation juridiques. Je pense qu'on ne peut pas se fier
simplement aux bonnes volontés épisodiques de chacun des
mandataires du gouvernement. Ce n'est pas une façon de procéder
correcte. C'est la question de savoir, quand on est les premiers à
s'avancer dans un champ, jusqu'où on va avant de voir si on est suivi ou
pas. Voilà les remarques que je voulais faire au départ, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Merci, M. le Président.
Je remercie le ministre d'avoir réaffirmé pendant nos
délibérations ce qu'il a fait valoir en d'autres lieux, à
d'autres moments. J'ai cru comprendre que le ministre dans le fond se
félicite, à bon droit, d'avoir, dans le cours de la modernisation
de notre loi des valeurs mobilières, fait ce que nulle part ailleurs
encore au Canada n'avait été fait. C'était là selon
lui une marque de progrès dans le sens que la confiance que le
président de la Bourse a évoquée hier, qui doit
régner dans les marchés boursiers, se trouverait quelque peu
améliorée avec des dispositions qui permettraient aux
investisseurs sur le marché, aux épargnants, de constater que les
gros joueurs dans la partie à laquelle ils sont tous conviés sont
astreints effectivement à des règles qui ressemblent un peu plus
à celles qui s'appliquent aux acteurs, si on veut, du domaine
privé.
La distinction que le ministre persiste à mettre de l'avant a
trait essentiellement aux différences qui pourraient exister ou ne pas
exister entre les différents mandataires, les différentes
sociétés d'État selon leur lieu de constitution, selon la
province où elles sont formées, selon la province pour le compte
de laquelle elles agissent, y compris la juridiction fédérale. Il
me semble que, fondamentalement, si on regarde la façon dont on peut
améliorer la confiance qui règne sur les marchés
financiers, ce n'est pas tellement cette distinction qui est importante. Ce
n'est pas pertinent quand on regarde le fonctionnement du marché
financier comme tel et non pas les avantages comparatifs que les
sociétés d'État peuvent avoir entre elles selon leur lieu
de constitution. Il me semble que ce n'est pas cette distinction qu'il faut
retenir. Il me semble qu'il faut plutôt retenir qu'à
l'intérieur d'une même juridiction, tous les agents qui sont
appelés à jouer un rôle sur les marchés financiers,
à agir sur les marchés financiers doivent être, eux, soumis
aux mêmes règles. Il me semble que ce n'est pas sous
prétexte que BCRIC, en Colombie britannique, ou d'autres
sociétés d'État qui sont formées en dehors du
Québec sont soumises, elles, à des règles
différentes de celles que nous souhaitons de ce côté que
l'activité de nos sociétés d'État qui
relèvent du gouvernement du Québec en serait si perturbée
qu'il faille éviter cette différence, justement, qu'il y aurait
dans les contraintes auxquelles ces différentes sociétés
sont assujetties, en regard du coût que les épargnants
québécois encourent en termes, je le répète, de la
confiance qu'on peut avoir dans le marché financier, en termes
d'ouverture du marché à des gens qui s'y adresseront et qui s'en
serviront, si on veut, en toute connaissance de cause, pour que tous les
acteurs soient traités également de la même
façon.
Il n'est pas étranger à la situation qu'on vit que les
sociétés d'État ont pris une ampleur extraordinaire, que
leurs actions sont beaucoup plus substantielles quant à leurs effets
qu'elles ne l'étaient autrefois. À titre d'exemple,
évidemment, on peut bien dire aujourd'hui, je pense,
légitimement, que la Caisse de dépôt et placement est
aujourd'hui tellement plus grosse qu'on n'a jamais pensé qu'elle
deviendrait, lorsqu'elle a été formée,
juste à cause des perturbations certaines, lorsque cet agent
n'est pas soumis à des obligations de divulgation, notamment en
matière de prise de contrôle, auxquelles, obligations par
ailleurs, les autres investisseurs, eux, sont astreints.
Il me semble, précisément, que c'est déjà un
pas. On va admettre que c'est un pas, à l'article 4, dans les
obligations de divulgation. Il n'en reste pas moins que cela ne s'adresse pas
encore au problème de fond, étant donné l'ampleur des
activités des sociétés d'État au Québec. Le
problème de fond qui est de savoir si, dans des transactions de prises
de contrôle des entreprises, ce n'est justement pas là, au fond,
que les véritables exigences de divulgation ne devraient pas porter.
C'est précisément là où on a un véritable
marché, un véritable encan public, lors d'une prise de
contrôle, qu'on peut vraiment permettre à tous ceux qui pourraient
être intéressés de faire valoir, sur la place publique,
qu'ils pourraient acheter telle ou telle action de telle ou telle entreprise,
à tel prix, à la suite d'un encan. (11 h 45)
Mais il n'y a pas d'encan, lorsqu'il y a un des acteurs qui fait des
soumissions privées, sous scellés, à toutes fins utiles,
sans le dire à qui que ce soit. On découvre, évidemment
beaucoup plus tard, les transactions auxquelles on a assisté à la
Bourse, a posteriori. Elles n'ont pas fait l'objet du véritable encan
qui doit être, s'il doit être efficace, s'il doit
véritablement refléter la réalité, notre
marché financier.
C'est dans ce sens qu'il me semble qu'il y a une lacune dans le
raisonnement du ministre, en voulant se limiter, comme il le fait, à des
comparaisons entre les régimes qui s'appliquent aux différentes
sociétés d'État, au Canada, plutôt que de convenir
avec nous que c'est bien plutôt l'équité pour les
épargnants, l'égalité qui devrait exister entre tous les
intervenants dans notre marché financier qui est la véritable
question pertinente.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Parizeau: Je ne nie pas que si on vivait totalement
isolés du reste du monde, le principe soulevé par le
député de Vaudreuil-Soulanges n'aurait pas un mérite
considérable, mais justement ce n'est pas le cas. Si on pouvait
s'entendre au Canada en général, mais disons entre l'Ontario et
le Québec, parce que c'est là où vraiment c'est important,
d'avoir les mêmes règles de divulgation à l'égard
des mandataires qui soient les mêmes règles qui s'appliquent au
secteur privé, je ne disconviens pas que ce serait la meilleure des
solutions. Il n'y a pas l'ombre d'un doute dans mon esprit que ce serait la
meilleure des solutions. Sauf, qu'on ne le sait pas encore.
Or, dans ces conditions, je dois tempérer d'une part le
désir que j'ai de voir qu'il y ait des règles de divulgation et
cela j'y tiens. D'autre part, une certaine prudence, en tenant compte du fait
que ces sociétés d'État sont de plus en plus nombreuses un
peu partout au Canada, que même des gouvernements comme ceux de l'Ontario
qui, jusqu'à récemment, étaient peu entrés dans le
domaine de l'acquisition de sociétés industrielles et
commerciales, commencent à s'y activer. L'opération Suncor
représente un virage très important pour le gouvernement de
l'Ontario, personne n'en disconvient. À ce moment-là, il faut
d'une part, préserver un principe de divulgation et d'autre part,
exercer un minimum de prudence quant aux transactions ou des mandataires de
gouvernements différents peuvent être en concurrence un avec
l'autre. C'est cela que je cherche à équilibrer dans l'article 4.
Encore une fois, dans la mesure où l'Ontario accepterait des
règles de divulgation qui apparaissent dans le projet ontarien 176, je
les adopterais. Cela changerait tout. Je ne disconviens pas que cela change
tout dans mon esprit. On est forcé inévitablement de tenir compte
de ce qui se passe en Ontario et c'est pour cela que je dis avec l'article 4,
allons-y avec une certaine prudence. Maintenant, si le projet 176 effectivement
passait tel qu'il est rédigé à l'heure actuelle, je pense
qu'il faut revenir. Je vous avouerai que ça ne me dérangerait
absolument pas de présenter un amendement en Chambre en disant on
s'enligne sur le projet 176 ontarien sans histoire. Dans l'intervalle, je
plaide simplement la prudence.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
J'aimerais remettre sur la table, d'une façon encore plus simple,
plus claire, la protection de l'épargant québécois.
J'aimerais demander au ministre comment il croit que les citoyens qui
désirent transiger sur les marchés financiers au Québec y
trouvent leur compte dans la disposition de l'article 4, compte tenu du
coût qu'ils continuent à encourir, étant donné que
les sociétés d'Etat au Québec ne sont pas soumises aux
mêmes exigences que les sociétés privées en
matière, notamment, de prise de contrôle? Parce que c'est de cela
dont on parle. On parle de dispositions qui affectent la relation de confiance
que doivent entretenir les gens qui veulent transiger sur les marchés
financiers - les individus - et les sociétés au Québec -
compte tenu du nouveau cadre qui est créé. Il y une absence
totale de dispositions aujourd'hui. Ce que nous
prétendons c'est que ce n'est pas l'article 4 qui va
améliorer un tant soit peu la confiance que les autres agents qui sont
sur la Bourse - en termes simples - pourraient constater.
M. Parizeau: II y a quand même dans l'article 4 des
protections nouvelles pour l'épargant, qui n'existaient pas avant. La
situation idéale, encore une fois, serait que les règles soient
les mêmes pour les secteurs privé et public, par une
conformité volontaire de ces règles. Un mandataire peut
réaliser cela. Dans la mesure où volontairement il ne veut pas
s'astreindre aux mêmes règles, alors l'article 4 s'applique. C'est
quand même une amélioration considérable. Il faut bien
remarquer que c'est la première fois...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II n'y a pas de discussion
là-dessus.
M. Parizeau: ... qu'un mandataire possédant plus de 10%
des actions d'une compagnie est obligé de le dire. Cela paraît
étonnant que cela n'ait jamais été le cas jusqu'à
maintenant - pas seulement au Québec, partout au Canada. Au moins, pour
la première fois, quand une société d'État prendra
plus de 10% des actions d'une compagnie, elle sera obligée de le dire.
Dans ce sens-là, par rapport à la situation juridique actuelle
partout au Canada, c'est une amélioration importante. Ce bout de
chemin-là - je tiens encore une fois à le dire - le premier
gouvernement qui a fait cela c'est le nôtre. C'est le premier texte
législatif qu'on a au Canada sur le sujet. Ce n'est quand même pas
rien. Vous me direz: Faites un pas de plus. J'aimerais bien voir ce que font
mes voisins et être certain qu'ils bougent. C'est très joli de
dire qu'au nom de la vertu et de la pureté on doit aller jusqu'au bout.
Je regarde à gauche et à droite et je voudrais savoir si je suis
le seul dans le régiment à marcher au pas. J'aimerais bien voir
le reste du régiment se mettre en branle. À un moment
donné, la pureté peut devenir une preuve de naïveté
prodigieuse. Je fais un bout, un bon bout sur le plan législatif. Bien
là, qu'on bouge donc un peu.
Le problème est infiniment plus sérieux qu'on le pense.
Prenons l'argumentation du ministre des compagnies - quel est le titre exact de
M. Ouellet?...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges) ... des
Corporations.
M. Parizeau: ... qui nous dit: J'ai présenté le
S-31 parce que le gouvernement fédéral avait perdu un
procès contre la Caisse de dépôt quant à la
divulgation. On sait très bien qu'il n'y a aucun rapport. Le fait qu'ils
aient perdu un procès sur la divulgation ne justifie pas le S-31. Cela
on le sait. Je ne reviens pas là-dessus.
Mais revenons au fait que le gouvernement fédéral ait
perdu ce procès. Ils l'ont perdu parce qu'ils exemptent les mandataires
dans la loi des corporations. Imaginons que le gouvernement
fédéral présente un amendement, retire le S-31, revienne
à l'argument de M. Ouellet et fasse adopter un amendement à la
loi fédérale sur les compagnies pour astreindre les mandataires,
est-on certain de la constitutionnalité de ça? Ce serait loin
d'être certain que ce soit constitutionnel. S'il y a des doutes sur la
constitutionnalité d'un geste comme celui-là, d'un amendement
comme celui-là venant du gouvernement fédéral, il y a une
façon de faire disparaître la contestation, c'est que les
provinces se mettent d'accord avec le gouvernement fédéral et
disent: Écoutez, modifiez votre loi, astreignez les mandataires. Je n'ai
aucune opposition à avoir des conversations avec le gouvernement
fédéral là-dessus. Je pense, d'ailleurs, que ce serait une
excellente chose qu'il y en ait. Qu'on se pose la question de savoir si, en
fait, la loi fédérale ne devrait pas être amendée
dans ce sens-là.
Encore une fois, ce n'est pas évident que quand je veux
astreindre dans l'article 4, puis que j'ai un organisme mandataire du
gouvernement du Canada ou d'une province canadienne, est-on à ce point
certain - je sais que ça va s'appliquer aux mandataires du gouvernement
du Québec - que je peux imposer ça à un mandataire du
Canada? Je le mets dans la loi, mais ce n'est pas évident. Alors, cela
veut dire que, dans ces règles de divulgation où on peut avoir
des problèmes constitutionnels plus musclés qu'on pense, je fais
un bon bout dans un texte de loi et je me retourne vers les autres et je dis:
Vous ne pourriez pas bouger vous aussi? Et, quand on aura tous bougé, on
essayera de réaliser l'espèce d'idéal dont parle - et qui
m'apparaît important - le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le ministre, je vais poser
la question en termes encore plus simples. Je veux aller au fond de la raison
de l'existence de la loi 85. Est-ce que la Loi sur les valeurs
mobilières est destinée à protéger les
épargnants québécois ou à devenir une occasion de
mesurer les avantages comparatifs qu'il y a pour les sociétés
d'État au Canada à agir ouvertement ou secrètement sur le
marché financier?
M. Parizeau: M. le Président, il y a 350 articles
là-dedans, destinés à protéger les
épargnants et il y a un premier article, qui est une première
dans la législation canadienne, destiné à les
protéger infiniment
mieux à l'égard des mandataires des gouvernements qui
n'ont jamais été dans quelque loi que ce soit au Canada
jusqu'à maintenant. C'est ça la réponse.
Le Président (M. Boucher): M. le député
Nelligan.
M. Lincoln: M. le ministre, je pense que nous sommes d'accord
qu'il faut qu'il y ait une interaction tout au moins entre l'Ontario et le
Québec en vue de la relation entre les marchés boursiers et
toutes les constatations du marché. Là, nous avons cette loi de
l'Ontario qui est en seconde lecture et vous-même vous acceptez que, si
la loi no 176 était adoptée en Ontario, vous avez l'intention
d'ajuster votre article 4 pour qu'il soit conforme à celui de l'Ontario.
Est-ce qu'il en voudrait la peine, parce que c'est sûrement à
l'avantage de l'Ontario même de faire une concertation avec vous pour
empêcher toutes sortes de fuites et pour empêcher un
décalage par rapport aux différents articles qui ne concordent
pas tout à fait, d'attendre jusqu'au printemps comme vous l'avez
suggéré - ce ne serait pas trop tard? C'est pourquoi vous voulez
passer à l'article 4 tout de suite? Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen de
savoir des Ontariens, s'ils ne veulent pas, pour les raisons mêmes que
vous avez axé votre article 4 sur le leur s'ils le savent, aller plus
vite et faire adopter leur loi en même temps que la nôtre, par
exemple. C'est autant à leur avantage qu'au nôtre.
M. Parizeau: M. le Président, la question est excellente.
Je comprends qu'à l'heure actuelle, ce qui les empêche de
procéder avec la célérité qu'ils voudraient...
Remarquez encore une fois que l'urgence pour eux est moins forte que pous nous,
en ce sens que nous présentons vraiment une révision
complète de la loi alors que chez eux, c'est surtout un certain nombre
d'amendements. Une des raisons pour lesquelles ils ne sentent pas le même
degré d'urgence, c'est qu'ils viennent de changer de président.
Inévitablement, quand un nouveau président arrive, le ministre
responsable du projet de loi le consulte, pas nécessairement sur des
grands principes généraux comme ceux-là, mais sur toute la
plomberie qu'il peut y avoir dans des amendements de cet ordre. Alors, cela
devient un peu gênant -comment dire? - pour le gouvernement de l'Ontario
de dire: Voici à quelle date nous nous engageons à adopter le
projet de loi.
Je reconnais cependant qu'il y a probablement davantage de consultations
à faire en Ontario, d'ailleurs au niveau politique, pour pouvoir
répondre à la question que le député de Nelligan
posait. Je ne vous cacherai pas que, dans la mesure où nous devons
passer quelques jours là-dedans - c'est une affaire qui me
préoccupe depuis quelques jours, depuis que je sais qu'il y a un nouveau
président et qu'il y a des rumeurs que cela meure au feuilleton et que
ce soit réintroduit seulement à la prochaine session en Ontario -
je n'aurai aucune espèce d'objection à faire encore un certain
nombre de consultations en Ontario, au plan politique, pour pouvoir avoir des
réponses un peu plus serrées que celles dont je dispose à
l'heure actuelle. Dans ce sens, si on voulait reporter l'article 4 à la
fin de nos délibérations sur l'ensemble du projet de loi, cela me
donnerait peut-être un jour ou deux pour activer certaines conversations
là-bas.
M. Lincoln: C'est exactement ce que je voulais vous
suggérer: pour les gens de l'Ontario, la question de la divulgation
était une question primordiale et qui les a préoccupés
pendant assez longtemps. On a vu tout le débat sur la Caisse de
dépôt et tout ce qui s'est passé. Comme il n'y a pas de
litige entre l'Ontario et nous, on se concerte, je suis sûr que dans un
ou deux jours, avec votre influence, cela pourrait se faire.
Il y a une deuxième question que je voulais poser - c'est
très bref, après cela, je passerai à mon collègue -
très brièvement, peut-être que cela paraîtra un peu
farfelu. Vous parlez d'un organisme mandataire. Est-ce qu'il n'aurait pas
été plus sûr - c'est une question législative, je
suppose qu'elle est venue à l'esprit de vos juristes - de parler
simplement d'un mandataire? Un organisme... En fait, ce n'est pas
défini, un mandataire, dans la loi, si je ne me trompe pas. Par exemple,
est-ce un individu qui est mandataire pour un gouvernement? (12 heures)
M. Parizeau: Je m'excuse, M. le Président, mandataire a un
sens juridique très précis, défini normalement dans la loi
constitutive des organismes en question; c'est un agent de la couronne.
M. Lincoln: D'accord, mais là, on parle d'un...
M. Parizeau: C'est très précis sur le plan
juridique.
M. Lincoln: ... organisme mandataire. Est-ce qu'un individu
pourrait être un mandataire pour contourner cette section de la loi?
Non?
M. Parizeau: Non. Au sens juridique du terme, un individu... Oh!
Oui, autrefois. Attention! Là, je fais de la petite histoire, je vais
faire de l'anthropologie. Je pense que nous avons déjà eu des
percepteurs privés d'impôt au Québec, jusqu'à il y a
une trentaine d'années, qui devaient être des mandataires.
C'étaient des espèces de
fermiers généraux, comme on aurait dit en France
autrefois, qui percevaient certains impôts pour le compte du gouvernement
et qui remettaient cela au gouvernement par la suite, mais cela fait longtemps
que c'est disparu. Je fais de l'anthropologie.
M. Lincoln: Et il n'y a pas moyen là-dedans de contourner
la loi?
M. Parizeau: Non, non, c'est tout. C'est à peu près
la seule exception dont je pourrais me souvenir historiquement, mais de nos
jours, il n'y en a pas.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: M. le Président, je veux revenir sur le point
soulevé par mon collègue, le député de
Vaudreuil-Soulanges, sur sa déclaration selon laquelle le projet de loi
doit viser, d'abord et avant tout, à la protection de l'épargnant
québécois. Le ministre a dit: Je ne vois pas pourquoi, au nom de
la vertu et de la pureté, je doive aller plus loin que d'autres
personnes, que d'autres organismes. Je pense que je peux lui poser la question,
à savoir s'il a quelque chose contre la vertu et la pureté, parce
que je pense que ce sont deux éléments qui peuvent guider le
comportement d'un gouvernement et deux critères qui sont finalement des
critères assez satisfaisants pour tout le monde. C'est une question de
justice.
M. le Président, je prétends que c'est même plus
important que les mandataires d'un gouvernement soient clairs dans leurs
activités sur les marchés boursiers que les institutions ou les
acheteurs privés à certains égards. Je vais vous dire
pourquoi. Il sera nécessaire pour en faire la démonstration de
revenir un peu en arrière; je vais le faire parce que je soutiens que le
point est central.
On a une tradition ici au Québec et ailleurs. Lorsqu'un
gouvernement veut nationaliser une entreprise, il manifeste son intention et il
y a débat. C'est effectivement ce qui a été fait quand la
Caisse de dépôt et placement du Québec a été
créée et toutes les autres grandes sociétés
d'État que nous avons aujourd'hui, même la société
Asbestos, la Société nationale de l'amiante. Le gouvernement a
annoncé son intention et il a trouvé les moyens d'exproprier ou
d'acheter les actions de cette compagnie. Il y a eu débat ici et la
population a été renseignée sur les avantages et les
inconvénients. Cela a été fait. Bon gré, mal
gré, même si certaines personnes n'étaient pas d'accord,
elles ne pouvaient rien dire. On n'a pas eu la chance de s'exprimer, mais le
rôle de l'Opposition a été amplement rempli.
Je suis certain que le ministre sera le premier à l'admettre nous
sommes aujourd'hui, surtout depuis 1980, témoins d'un autre genre de
nationalisation. Je dois vous dire que je ne suis pas du tout contre ce nouveau
phénomène parce que cela fait partie de la réalité,
une réalité changée de nos jours. L'existence de certains
grands fonds dont la caisse est peut-être le plus important. Mais il est
évident que depuis 1980, depuis que le ministre a changé dans le
quotidien la politique de la Caisse de dépôt et placement du
Québec - encore à l'intérieur, j'admets ce qui est permis
dans la loi, mais il a changé de façon importante ses
orientations. Il l'a dit publiquement et le président l'a dit
publiquement - il n'y a pas eu de débat sur ce changement et il n'y
avait pas obligation à cela parce que c'était effectivement
à l'intérieur d'une loi existante, mais quand même. Depuis
ce temps, nous sommes dans une situation où les acheteurs, dans ces cas,
qui sont les contribuables, la population du Québec, se trouvent dans
une situation où un certain nombre de mandataires du gouvernement
prennent une position qui a pour effet de nationaliser totalement ou en partie
cette compagnie sans qu'il y ait de débats sur les avantages et les
inconvénients. Quand je dis "nationaliser", je le dis dans un sens
très précis. L'objectif d'une nationalisation directe ou
indirecte est de permettre à l'État, au gouvernement, à la
population, d'exercer une influence sur les comportements de la compagnie pour
des fins qui pourraient être autres que celles d'un acheteur
privé.
Si M. Des Marais ou M. Black ou M. N'importe-Qui qui décident
d'essayer de mettre la main sur une compagnie, les actionnaires comprennent,
normalement, les motifs qui incitent ces personnes. Il peut y avoir une
série de motifs. C'est une gamme de motifs qui sont connus et ils sont
tous d'ordre économique. Je pense qu'il va de soi - le ministre l'a
déjà confirmé publiquement et me l'a confirmé
officieusement - que les prises de contrôle des compagnies de la part de
la Caisse de dépôt ont très souvent des objectifs qui ne
sont pas seulement la rentabilisation à long terme, à moyen terme
ou à court terme de ces compagnies, mais qu'elles ont d'autres objectifs
sociaux, culturels ou politiques. Je le répète, le ministre l'a
dit, je pense que cela va de soi, c'est le sens même de l'idée de
nationaliser une société, de créer une
société d'État. On voit dans cet acte un geste qui va
permettre à cette société d'agir pour des raisons qui
dépassent la simple rentabilité à court, moyen ou long
terme. Je le répète: Le ministre me l'a déjà dit
dans un cas spécifique. Les actionnaires dans cette affaire savent
dès le départ que, si une société d'État ou
des mandataires du gouvernement mettent la main, indirectement
ou directement, par l'achat des actions, sur une société
et si, par la suite, ils mettent des personnes, soit au conseil
d'administration, soit à l'administration même de la compagnie,
ces mandataires peuvent avoir des objectifs qui ne sont pas les objectifs
normaux visés par les actionnaires d'une société qui est
cotée à la Bourse. Ils sont victimes - si vous voulez - d'une
prise en main de la part d'un organisme qui est étranger aux
règles du jeu, en partie, qui existent normalement.
Pour ces raisons, je trouve que, pour l'épargnant, le danger
existe qu'une telle prise en main de la part de mandataires amène plus
de retombées négatives possibles pour lui et qu'on peut faire le
raisonnement que, dans ces cas, il a droit même à plus
d'informations que dans le cas d'un achat, d'une prise de position par une
compagnie qui n'a que des objectifs qui suivent les règles du jeu du
marché. Il reste des choses à faire. C'est sûr qu'il faut
qu'on regarde les activités de nos sociétés d'État,
et surtout de la caisse, dans la perspective de l'acheteur. C'est cela, je
pense, que le ministre a accepté de faire à la suite d'une
demande de mon chef cette semaine. L'acheteur s'inquiète. On veut que
l'acheteur, le contribuable du Québec ait l'occasion de discuter
publiquement de cette question qui découle d'un changement dans la
situation. Mais, aujourd'hui, on ne défend pas l'acheteur... Cela, c'est
pour le mois de janvier ou de février. Aujourd'hui, on défend le
vendeur qui est souvent la même personne, un citoyen du Québec,
dans un autre ordre. Quand le ministre me dit, d'une façon un peu
sarcastique, qu'il n'est pas prêt à aller plus loin, tout
simplement au nom de la vertu et de la pureté, je dis: Au contraire,
vous êtes obligé d'aller plus loin justement au nom de la vertu et
de la pureté ou, si vous préférez un autre mot, la justice
envers nos citoyens.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Parizeau: M. le Président, à écouter le
député de Notre-Dame-de-Grâce, on peut avoir l'impression
qu'il a davantage de conversation avec M. Ouellet, le ministre
fédéral, qu'avec moi. Parce qu'un bon nombre de ses arguments, on
les a vus à l'occasion du projet de loi S-31 revenir depuis
déjà quelques jours et on va les reprendre les uns après
les autres.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce commence par
interpréter ma position comme étant que je ne veux pas aller plus
loin que d'autres organismes. Hé! Un instant! L'article 4 est unique au
Canada, il va bien plus loin que tous les autres. Je dis simplement que, quand
je suis en avant de tous les autres, je regarde quand même un peu en
arrière pour voir si je vais être suivi, ce n'est pas la
même chose. Revenons, faisons attention. Je ne dis pas... Oui, j'ai
noté la phrase dès qu'elle est apparue que...
M. Scowen: M. le Président, j'ai dit que le ministre a dit
qu'il ne voulait pas aller jusqu'au bout de cette affaire.
M. Parizeau: Non, monsieur.
M. Scowen: ... au nom de la pureté et de la vertu et c'est
la question que je lui ai posée.
M. Parizeau: M. le Président, je suis ravi de savoir que
le député de Notre-Dame-de-Grâce corrige sa phrase, mais je
l'avais noté. Il a commencé son intervention
là-dessus.
M. Scowen: Est-ce que vous pouvez me citer?
M. Parizeau: J'ai dit que je ne voulais pas aller plus loin que
d'autres organismes. Je vous dis: Oui, l'article 4 va plus loin que tous les
autres organismes du même genre.
M. Scowen: Ah! M. le Président, le ministre a dit dans son
allocution qu'il ne voulait pas aller plus loin que le projet de loi de
l'Ontario, au nom de la vertu et de la pureté.
M. Parizeau: Mais non. M. Scowen: Mais oui.
M. Parizeau: Enfin, M. le Président, je n'ai pas
interrompu le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Blais: C'est une troisième version.
M. Scowen: Le ministre a souvent interrompu beaucoup de monde
depuis son arrivée à l'Assemblée nationale du
Québec.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, vous avez la
parole et M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, je vous
demanderais d'attendre l'intervention du ministre, vous aurez l'occasion de
revenir.
M. Parizeau: Enfin, M. le Président, il y a quand
même quelque chose d'un peu extraordinaire. Le député de
Notre-Dame-de-Grâce fait allusion à des conversations
privées que j'aurais eues avec lui, ce que je trouve déjà
énorme parce que je n'ai jamais dit ces choses-là et j'aurai
l'occasion d'y revenir, mais, d'autre part, il m'interrompt quand je veux
interpréter les paroles qu'il a prononcées devant nous tous.
C'est quand même le bout du monde.
Je répète de nouveau que l'article 4 va plus loin que tout
ce qu'il y a à l'heure actuelle dans les lois canadiennes. Et quand nous
serons rendus en troisième lecture et qu'on aura adopté ce
projet, il sera unique au Canada. À ce moment, il n'y en aura pas
d'autre du même genre qui ira aussi loin. Je trouve déjà
que je rapporte.
Venons-en à la thèse du député de
Notre-Dame-de-Grâce qui déborde assez largement, d'ailleurs, je
dois dire, le projet de loi que nous avons devant nous, mais puisqu'il s'est
engagé dans cette voie, il est quand même important que je
précise un certain nombre de choses. Est-ce que le fait, pour un
mandataire du gouvernement, d'acquérir une position, un bloc d'actions
importantes dans une compagnie privée est une forme de nationalisation?
L'image peut sembler belle, mais il ne s'agit pas de cela. Nous avons, à
l'heure actuelle, non seulement la Caisse de dépôt et placement du
Québec, mais, des contributions conjointes au capital-actions dans une
foule de compagnies et d'organismes publics.
Je vous rappellerai, par exemple, qu'une des interventions classiques
courantes de la Société de développement industriel est de
prendre 49% des actions dans une compagnie et le propriétaire en garde
51%. C'est très très fréquent. Toute une série de
projets, surtout dans le domaine industriel au Québec, ont
été lancés, ont pris de l'expansion depuis quelques
années de cette façon. Un homme d'affaires ou un groupe d'hommes
d'affaires n'ayant pas suffisamment de capital pour être capables de
prendre l'expansion désirée se tournaient vers la SDI, lui
disaient: Nous allons vous vendre 49% des actions, vous allez émettre du
capital-actions de façon à avoir 49% des actions, nous aurons 51%
et, avec cela, on a les moyens d'aller emprunter davantage puisqu'on a
davantage d'équité et de procéder à l'expansion
à laquelle nous voulons procéder. Est-ce de la nationalisation?
Si on s'en va dire cela à un bon nombre d'hommes d'affaires du
Québec, entre nous, ils vont rire de nous. Parce que, bien sûr, un
organisme public a 49%, mais il faut voir comment les hommes d'affaires
eux-mêmes ont pourchassé la SDI pour être capables d'avoir
le capital-actions qui leur manquait. (12 h 15)
Nationalisation? Méfions-nous! Vous allez trouver qu'on a
probablement nationalisé des vingtaines de compagnies par cette forme.
Nationalisation à laquelle les propriétaires de ces compagnies ne
croient pas un instant.
Maintenant, est-ce que le fait d'acheter un bloc d'actions, dans des
compagnies cotées en Bourse, par un mandataire du gouvernement, implique
la nationalisation? Là encore, j'ai l'impression qu'on pourrait arriver
à des choses un peu drôles à cet égard. Est-ce qu'on
pense vraiment, par exemple, que les directeurs de Provigo vont
considérer qu'ils ont été nationalisés? À la
Caisse de dépôt et placement du Québec, nous avons 30% du
capital de Provigo. Mais mieux que cela. Depuis presque le départ, ce
doit être dans les mois qui ont suivi la création de la Caisse de
dépôt et placement du Québec, celle-ci avait acheté
des blocs d'actions dans trois groupes de vente au détail de produits
alimentaires au Québec. Bouvrette & Sauriol, si je me souviens bien,
Lamontagne et un troisième que j'oublie. C'est de ces actions prises par
la Caisse de dépôt, dans chacun de ces trois groupes, que la
Caisse de dépôt aura servi d'honnête courtier pour amener
l'apparition de Provigo. Provigo est née d'une fusion et d'une fusion
favorisée par un actionnaire minoritaire, mais important dans les trois
groupes qui était la Caisse de dépôt.
Si, à l'heure actuelle, Provigo est à peu près le
plus gros détaillant de produits alimentaires au Canada, cela vient de
la collaboration d'un certain nombre d'hommes d'affaires et de la Caisse de
dépôt, celle-ci ayant des blocs d'actions tout le long de cette
opération. Quand, à un moment donné, des batailles pour le
contrôle de Provigo ont éclaté avec Sobey's, si la Caisse
de dépôt n'avait pas été là, ceux qui
dirigent Provigo, à l'heure actuelle ne seraient peut-être pas
là où ils sont.
Alors, faisons très attention. Si on va dire, maintenant,
après quinze ans d'histoire de Provigo, aux directeurs de Provigo: Vous
savez, vous avez été nationalisés et vous ne le saviez
pas, il y a peut-être des chances qu'ils nous rient au nez et ils
auraient probablement raison.
Je comprends que l'on puisse considérer que l'opération
serait d'une nature différente si plusieurs organismes publics
achetaient, à un moment donné, 80% du capital-actions d'une
compagnie. Là, il est certain que les actionnaires minoritaires
pourraient probablement réagir de cette façon. J'imagine que
c'est de la réaction d'un certain nombre de ces actionnaires
minoritaires, dans le cas de Domtar, que la position du député de
Notre-Dame-de-Grâce apparaît. Mais tant s'en faut que ce soit
courant et fréquent. Les organismes publics ont, au total, à
l'heure actuelle, dans Domtar, moins de capital-actions que la SDI en a dans
une foule d'entreprises. Pourtant, comme je le disais tout à l'heure, on
ne s'en plaint pas.
Qu'est-ce qui fait, à l'heure actuelle, qu'on considère
que la Caisse de dépôt aurait profondément changé
son mode de fonctionnement? On dit depuis 1980? Pas autant. Les positions que
la Caisse de dépôt a, à l'heure actuelle, depuis 1980, dans
certaines compagnies, ne sont pas très différentes de celles
qu'elle avait dans
Câblevision Nationale, il y a plusieurs années, dans
Provigo, dont j'ai parlé tout à l'heure. La Caisse de
dépôt a eu plusieurs actions dans la compagnie Donohue, pendant
très longtemps. Il y a des années de cela. Qu'est-ce qui fait la
différence? C'est que l'argent qui s'est accumulé dans la Caisse
de dépôt a atteint un niveau tel que, maintenant, on commence
à entrer dans des blocs d'actions importants de très grandes
compagnies. C'est la taille qui surprend et qui amène ces attaques.
Tant que la Caisse de dépôt était assez petite, pour
avoir le même genre d'opérations, mais en dehors des
establishments traditionnels et dans ce qu'on pouvait appeler le folklore
local, par exemple dans Câblevision Nationale, ou encore Donohue, dans le
papier journal... Je n'ai pas besoin de vous dire que lorsque la Caisse de
dépôt avait des grosses positions dans Donohue, cela ne
gênait personne dans le domaine des pâtes et papiers au Canada.
Donohue n'était pas exactement un géant.
Tant que la Caisse de dépôt a été
folklorique, elle ne gênait pas. Elle avait les mêmes
opérations qu'aujourd'hui, mais elle ne gênait pas. Le jour
où elle est devenue considérable et importante, là un
establishment traditionnel s'est senti menacé et s'est mis à
alerter toute une série de gens en disant: Ces institutions publiques
québécoises ne sont jamais aussi belles que lorsqu'elles sont
petites. Mais éviter surtout qu'elles atteignent une taille telle
qu'elles puissent nous gêner.
Le député de Notre-Dame-de-Grâce disait: la prise de
contrôle de blocs d'actions plutôt, dans des entreprises par la
Caisse de dépôt n'a pas les mêmes objectifs que si ces
prises de position sont faites par des intérêts privés. En
particulier, on ne peut pas considérer que la caisse a des objectifs de
rentabilisation des entreprises à long terme. Allons donc! Et en vertu
de quoi? Qu'est-ce que serait cette idée à laquelle,
paraît-il, j'aurais contribué que, lorsque la Caisse de
dépôt prend un bloc d'actions quelque part, c'est pour des raisons
culturelles, politiques, sociales ou je ne sais quoi. Mais, alors, comment
interprète-t-on la décision qui vient d'être prise par
Domtar de fermer une usine de matériaux de construction à
Montréal qu'eux considéraient comme vétusté. Ils en
ont cinq à travers le Canada. Où est celle qu'ils ont
fermée? Elle est à Montréal. Pourquoi? Parce que c'est la
plus vieille. En vertu de quoi? C'est très joli de porter des
accusations comme celles-là.
La Caisse de dépôt a comme mandat d'avoir le meilleur
rendement possible sur les épargnes des Québécois et,
d'autre part, de favoriser le développement économique du
Québec. Ces deux buts sont dans son mandat. Comment peut-on juger les
coûts après quinze ans? Elle a un rendement meilleur que celui du
Canada Pension Plan. Oui, oui. Elle a un rendement meilleur que le Canada
Pension Plan.
Deuxièmement, les décisions auxquelles elle collabore
n'ont, à ma connaissance, jamais été attaquées
quant à la rentabilisation à long terme des entreprises dans
lesquelles elle s'intéresse. Si on a des cas, qu'on les nomme, Grand
Dieu. Mais moi, je n'ai jamais entendu quelque chose de concret contraire
à cela. Elle n'a pas la réputation de mettre de l'argent dans le
social, dans le culturel ou dans le politique. Dans un certain sens,
d'ailleurs, elle se fait parfois attaquer par des groupes qui justement
voudraient qu'elle fasse cela. Elle a toujours répondu non.
Pour être en mesure de réaliser cela, le président
de la Caisse de dépôt a une protection unique dans notre
système. Sur le plan juridique, il est protégé comme aucun
autre membre du secteur public peut l'être. À toutes fins utiles,
il a les mêmes protections dans sa loi que le président de la
Banque du Canada et pour les mêmes raisons: Être totalement
indépendant du pouvoir politique pour que la Caisse de
dépôt ne poursuive pas des objectifs autres que ceux d'obtenir un
rendement aussi élevé que possible et de favoriser autant qu'il
est possible l'expansion économique du Québec. Ce n'est pas un
organisme qui commence depuis un an ou deux, c'est un organisme qui fait cela
depuis des années. Ils n'ont aucune raison de croire qu'elle les aurait
changées de quelque façon que ce soit.
Va-t-on dire que vraiment un investissement dans le Canadien Pacifique
ou dans Alcan est un mauvais investissement. Bien, allons donc! On attaque,
à l'heure actuelle, la Caisse de dépôt en disant: Elle va
dans le Canadien Pacifique, elle va dans l'Alcan. On ne va tout de même
pas soutenir qu'elle va dans ces deux compagnies à des fins politiques.
Ce sont parmi les compagnies les plus solides au Canada. Je reviens à ma
thèse de tout à l'heure. Qu'est-ce qu'on voudrait que la Caisse
de dépôt fasse dans certains milieux? Qu'elle s'occupe de
bineries. Bien oui, parce que si elle s'occupait de bineries, elle ne
gênerait pas les establishments et les symboles de cet establishment
traditionnel. C'est cela le fond de la question.
Seulement la Caisse de dépôt a maintenant
énormément d'argent. Nous avons fait au Québec un choix
unique il y a quinze ans, unique au Canada. Personne d'autre au Canada a fait
cela. Tous les autres gouvernements ont préféré recevoir
l'argent du Canada Pension Plan qui leur soit prêté au taux des
obligations fédérales à long terme plus 0,25%. Ils ont
décidé de financer leur déficit au Canada avec l'argent de
la Régie des rentes. Nous, au Québec, on a dit: II y en a une
partie qui ira au financement
du gouvernement du Québec et le reste ira au financement des
entreprises. Cela a été unique. À cette époque, on
a trouvé cela génial, parce que ce n'était pas trop gros.
Cela a été salué partout au Canada comme une innovation
absolument remarquable. Aujourd'hui, on dit: Un instant, vous êtes trop
gros, vous commencez à gêner.
Le fond de la question est là, il n'y en a pas d'autre. Ce ne
sont sûrement pas des attaques contre la Caisse de dépôt
quant à la façon dont elle gère son portefeuille. Des
membres du conseil d'administration de la Caisse de dépôt, le
député de Notre-Dame-de-Grâce dit: Les membres du conseil
d'administration d'une compagnie qui serait nommée par la Caisse de
dépôt auraient des objectifs différents des autres. Bien
non! là encore j'aimerais savoir où, quand, comment, de quelle
façon? Beaucoup de membres des conseils d'administration nommés
par la Caisse de dépôt ne sont pas fonctionnaires, n'appartiennent
pas au secteur public, ont des réputations d'hommes d'affaires
impeccables. Dire que les membres d'un conseil d'administration nommés
par la Caisse de dépôt sont là pour des raisons, comment
dire? à cause de coloration politique, il y a des gens qui vont avoir
des surprises, car moi, tel que je connais les idées politiques de
certains des représentants de la Caisse de dépôt, ce n'est
pas exactement... On peut difficilement interpréter cela comme une sorte
d'orientation politique d'une nomination.
Cela vient de quoi? Il faut simplement reconnaître qu'à
notre époque le secteur public place en collaboration avec le secteur
privé des sommes considérables dans les entreprises. Cela se fait
partout dans le monde. Nous avons, au Québec, une solution originale.
Originale, en tous les cas par rapport au reste du Canada. Elle nous a
donné jusqu'à maintenant une aide très précieuse
pour le développement des entreprises. Ce n'est pas parce qu'on est
original et gros qu'on est nécessairement méchant, mal
administré et mal foutu. Dans ce sens, je n'accepte pas du tout la
thèse que défend le député de
Notre-Dame-de-Grâce, même si cela m'apparaît être un
peu à côté du texte de loi que nous avons devant nous.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: II est clair que le ministre n'a pas
écouté lorsque j'ai parlé. Je vais...
M. Blais: S'il vous plaît!
M. Scowen: Le ministre m'a demandé de ne pas
l'interrompre, ce que j'ai arrêté de faire
immédiatement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce. Question de règlement.
M. Blais: Nous avons 350 articles à étudier article
par article. Nous en sommes à l'article 4 et nous parlons de choses
extérieures à l'article 4, que, d'ailleurs, l'Opposition nous a
demandé de reporter à la fin. Je demande quelle est la pertinence
de ce que nous discutons actuellement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Terrebonne, nous en sommes à l'article 4 et c'est justement sur la
question de l'article 4 que le débat a commencé. Je n'ai pas
à trancher la pertinence du débat lorsqu'on attaque le fond de
cet article.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je vais me limiter brièvement à quelques
points soulevés par le ministre. Premièrement, je le
répète, je pense qu'il ne m'a pas écouté, parce
qu'il a dressé certaines cibles qui n'étaient pas du tout les
mêmes et il a essayé de les atteindre. Cela peut faire son
affaire, mais cela n'a rien à voir avec le débat que je voulais
mener avec lui. J'accepte en partie cette question de la prise de
contrôle par la Caisse de dépôt et les autres institutions
du Québec: c'est une bataille entre les establishments. Il y a
l'establishment des hommes d'affaires du Québec et du Canada avec leurs
amis et il y a l'establishment du gouvernement du Québec avec ses amis.
Chacune essaie de gagner ou se garder pour lui-même le plus de pouvoir
possible.
Dans ce cas-ci, cela ne m'intéresse pas beaucoup. Je n'aime ni ne
déteste l'un ou l'autre. C'est le comportement normal de gens qui ont un
peu de pouvoir. Il y a aussi la question des contribuables et des
détenteurs d'actions au Québec. C'est en leur nom que j'aimerais
parler. Quand le ministre des Finances a soulevé, au début de sa
réplique, de ses commentaires, l'exemple de la SDI - comme un exemple de
nationalisation, selon mes critères - j'espère qu'il est
conscient qu'il s'agit d'un exemple très faible. Cependant, je suis
obligé de faire le point. Il sait aussi bien que moi que 49% des petites
ou moyennes entreprises au Québec sont au prises avec une
société dont le mandat est aussi clair que celui de la
Société de développement industriel, quand les
actionnaires principaux - normalement pas plus de 3 ou 4, souvent des membres
d'une même famille - en gardent le contrôle, les 49% sont compris
là-dedans précisément pour s'assurer que l'État ne
deviendra pas l'actionnaire principal de cette société. Cela n'a
rien à voir avec les questions qui nous touchent aujourd'hui et
j'accepte - et j'espère que le ministre l'acceptera - que cette
argumentation ne va pas au fond du
problème; je vais la laisser de côté de toutes
façons.
(12 h 30)
Ce qui m'intéressait dans les déclarations du ministre,
c'est sa définition du mot "nationalisme". Il a dit que lorsqu'on
achète 10% ou 15% d'une grande compagnie, c'est du nationalisme. Je ne
l'accepte pas, c'est farfelu. C'est possible. J'ai lu plusieurs livres
écrits par des gens qui s'occupent de la question nationaliste. Il y a
plusieurs définitions possibles. La définition que j'ai
proposée dans mes commentaires était la suivante - et je la
répète pour le ministre: pour moi le nationalisme veut dire qu'un
organisme, un mandataire du gouvernement prend le contrôle ou une partie
du contrôle dans le but de réaliser quelques objectifs nationaux.
Je fais la distinction entre les objectifs nationaux et les objectifs, si vous
voulez, purement économiques des gens qui achètent des actions
pour leur propre compte sur les marchés boursiers. S'il n'y a pas
d'objectifs nationaux dans les achats, je suis d'avis que le gouvernement ne
doit pas s'en mêler. Les objectifs nationaux, dont parle le ministre dans
le cas de la Caisse de dépôt, sont très bien définis
dans le mandat. Il n'y en a pas deux, il y en à trois. Le ministre a
oublié le troisième qui est - et s'il se réfère au
discours qu'il a écrit lui-même, je pense, pour M. Lesage il va le
voir - relié au rôle de la caisse comme source de fonds pour les
besoins du gouvernement, au moins pour équilibrer les besoins du
gouvernement. Les trois objectifs sont légitimes. Ils ont
été débattus; ils ont été adoptés,
ils existent et je suis d'accord.
Cependant, quand le ministre prétend que le seul objectif des
actionnaires, des membres du conseil d'administration nommés par
l'establishment du gouvernement québécois pour remplacer
l'establishment du secteur privé dans telle ou telle compagnie c'est la
rentabilité à long terme, il est en contradiction flagrante avec
la charte et le mandat de la Caisse de dépôt. Il a dit
lui-même que le premier objectif de la caisse c'est la rentabilité
de son portefeuille à long terme et le deuxième objectif est le
développement économique du Québec. On a
décidé, nous autres, que la rentabilité à long
terme n'était qu'un seul des objectifs et parfois on pouvait mettre de
côté, dans une certaine mesure, cet objectif pour le
deuxième qui est le développement économique du
Québec. Si les deux sont exactement identiques, il est clair qu'il n'y
aurait pas eu besoin du deuxième. Est-ce que c'est clair? Si le
développement économique du Québec est synonyme de la
rentabilité à long terme, pourquoi mettre le deuxième?
C'est évident. Il peut arriver des moments où on peut mettre de
côté, en partie, une considération de rentabilité
à long terme pour un autre objectif. C'est pourquoi cela a
été inscrit dans la loi.
Alors, parce que ce deuxième objectif existe, parce que les
personnes nommées par l'establishment gouvernemental pour remplacer les
gens de l'establishment du secteur privé sont prises avec ces deux
objectifs, au moins, elles peuvent essayer d'exercer des pressions sur
l'administration de la compagnie pour faire des choses qui sont voulues par
nous, voulues par la population, bonnes pour les Québécois,
souhaitées par l'Assemblée nationale, souhaitées par
moi-même, souhaitées par nous tous - nous sommes ici non pas pour
représenter les actionnaires du Canadien Pacifique, si vous voulez, ou
de Domtar, mais pour représenter la population - mais qui vont à
l'encontre des intérêts de ces personnes. Ce projet de loi, si je
comprends bien, a comme préoccupation principale -parce que souvent le
gouvernement est obligé de porter deux chemises - la protection des
épargnants du Québec.
En concluant, M. le Président, je répète que le
débat se situe autour d'une définition du mot "nationalisation".
Le ministre donnera une définition, mais il est évident que la
nationalisation du passé soit la prise de contrôle à 100%
d'une société par l'expropriation dans un projet de loi
adopté par l'Assemblée nationale, c'est une forme de
nationalisation. Aujourd'hui, on est face à un autre
phénomème qui, quant à moi, avec la définition que
je lui ai donnée, pourrait être appelé nationalisation et
pour les raisons que j'ai expliquées.
Je veux juste soumettre au ministre que tout ce que j'ai dit avant qu'il
ne fasse sa réplique, est aussi valide maintenant. Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Parizeau: Je vais essayer d'expliquer au député
de Notre-Dame-de-Grâce comment se traduit cet objectif de
développement économique du Québec, qui est un des
objectifs de la Caisse de dépôt, par un certain nombre de choses
concrètes. On aurait pu imaginer que la Caisse de dépôt en
administrant des régimes de retraite, fasse comme beaucoup de
régimes de retraite quand il s'agit de titres d'entreprises: ils
achètent des titres d'entreprises canadiennes ou américaines;
d'ailleurs, il y en a beaucoup qui font cela. Une des façons de remplir
cet objectif de développement économique de la caisse depuis sa
création a été de ne jamais acheter d'actions de
sociétés - comment dire? - à l'étranger. Ils n'ont
jamais transigé, enfin, à la Bourse de New York sur des actions
de compagnies américaines. Il était entendu que ce serait
concentré, que l'apport de capitaux au secteur de l'entreprise serait
concentré au Québec, bien sûr, mais aussi au
Canada. Évidemment, il y a beaucoup de compagnies qui sont
d'envergure canadienne.
Deuxièmement, depuis presque le début, la Caisse de
dépôt a fait une chose qui n'est pas fréquente chez les
institutions financières qui administrent des régimes de
retraite. Ils ont ouvert très largement sur le capital de risque
d'entreprises qui ne sont normalement pas d'une très grande taille ni
d'une taille qui attire l'attention des régimes de retraite. Cela a
toujours été un des problèmes, qui vient d'ailleurs, je
pense, de la difficulté qu'ont éprouvée beaucoup de
compagnies d'assurance-vie au Canada à la suite de la grande crise - je
pense en particulier à la Sun Life, à la crise qu'elle a connue
après 1929 - à limiter, dans ce qu'on appelle le "basket clauses"
de ces compagnies, des placements en capital de risque à très peu
de chose.
Un des problèmes majeurs que nous avons au Canada, c'est
l'absence de capital de risque venant de ces grands régimes de retraite.
En somme, après ce qui leur était arrivé dans les
années trente, ils ont joué au plus sûr. Cela a eu des
conséquences considérables sur tout le développement
économique du Canada que d'avoir, venant de ces grands régimes de
retraite qui après tout représentent des réservoirs de
capitaux énormes, si peu de capital de risque. La Caisse de
dépôt, presque dès le départ, a affecté une
partie des ressources qu'elle consacre au financement d'entreprises à ce
genre de chose. On appellait cela la liste spéciale, à la fin des
années soixante. Depuis quelques mois, on voit, par exemple, le
président de la Caisse de dépôt dire qu'il réservera
un certain nombre de dizaines de millions à ces fins. Cela prend
d'ailleurs habituellement la forme de placements privés parce que la
plupart de ces entreprises ne sont pas cotées en Bourse.
C'est par des gestes concrets comme ceux-là, des gestes
négatifs qui consistent à dire: Ce sont dans des entreprises
canadiennes, québécoises que nous investirons et non pas dans des
compagnies américaines, par exemple, ou bien par la création de
ces listes spéciales, de ces fonds affectés au capital de risque,
bien plus que d'autres régimes de retraite le font, que ce
deuxième objectif a été rempli, a été
atteint.
D'autre part, la Caisse de dépôt ayant
décidé, contrairement au Canada Pension Plan, de se
protéger contre l'inflation en allant dans des stocks de compagnies, au
début n'avait que de petits pourcentages, sauf que maintenant, c'est
devenu le plus gros portefeuille d'actions au Canada. Comme c'est le plus gros
portefeuille d'actions au Canada, il ne faut pas s'imaginer que c'est par des
transactions au jour le jour sur la Bourse qu'ils peuvent, en l'espace d'un an,
aller chercher ce qui est normal, c'est-à-dire quelques centaines de
millions de dollars de plus en actions d'entreprises. Les liquidités de
la Caisse de dépôt dépassent 2 200 000 000 $ par an, 2 200
000 000 $, ou 2 300 000 000 $. Imaginons que la Caisse de dépôt et
placement du Québec, comme beaucoup de fonds de retraite, a une sorte de
règle approximative du genre: un quart de l'argent qui rentre ira en
titres à valeurs variables en actions. Il y a beaucoup de fonds de
retraite qui le font et on n'accuse jamais ces fonds de retraite de je ne sais
quoi, de turpitude nationalisante. On dit simplement: Oui, ils mettent à
peu près le quart de leur liquidité en actions. La Caisse de
dépôt et placement du Québec fait la même chose, mais
un quart d'une liquidité de 2 000 000 000 $ ou de 2 200 000 000 $ ou de
2 400 000 000 $, qu'est-ce que cela fait, à chaque année, comme
ajout au portefeuille d'actions? Cela fait 400 000 000 $, 500 000 000 $ et 600
000 000 $ d'actions ordinaires. On ne peut pas imaginer que cela va s'acheter
au jour le jour par le "trading desk". Ce sont des montants qui sont trop gros.
Il était parfaitement normal et, d'ailleurs, quand on relit le discours
en deuxième lecture de M. Lesage, on voit bien qu'il avait tout vu et
qu'un bon jour, la taille même nécessiterait que des blocs
d'actions soient achetés, comme le font de très gros fonds de
retraite privés et de la même façon.
Ce que je n'arrive pas encore à saisir, c'est que, puisque l'on
reconnaît que des gros fonds de retraite fonctionnent de cette
façon, que trouve-t-on de surprenant quand la Caisse de
dépôt et placement du Québec fait la même chose? Ce
qu'on trouve de surprenant, c'est que cet organisme appartient à 2 700
000 Québécois, donc à tous ceux qui versent des primes
à la Régie des rentes du Québec ou à la
Régie de l'assurance automobile. Mais, sur le plan des règles de
fonctionnement, sur le plan des orientations fondamentales, c'est la même
chose. Qu'on veuille y voir, dans cette expansion du portefeuille d'actions,
des tentatives de nationalisation. Il n'y a pas de tentative de nationalisation
là-dedans.
Quel est l'intérêt, sur le plan de la Caisse de
dépôt et placement du Québec, à l'égard de
son portefeuille d'actions? Évidemment, la rentabilité à
long terme des entreprises dans lesquelles elle est en cause. Plus les
entreprises dans lesquelles elle est engagée vont se développer,
plus le développement du Québec sera assuré correctement.
Que la Caisse de dépôt et placement du Québec veuille avoir
des représentants quand elle a 10%, 15% d'un portefeuille d'actions -
soit dit en passant elles ne peuvent pas monter au-delà de 30%, il faut
toujours garder cela en tête; 30%, c'est le maximum de ce qu'elle peut
prendre - et dit: J'aimerais avoir deux membres du
conseil de l'administration. Y a-t-il quelque chose d'étonnant?
Pas du tout. Elle est parfaitement responsable en faisant cela. On a des
membres d'un conseil d'administration pour protéger la valeur
d'investissement qu'on a mis dans une compagnie. Tout le monde comprend cela.
À l'heure actuelle, on commence à voir apparaître -
jusqu'à maintenant, cela n'a pas apparu dans nos discussions, mais
j'imagine que cela peut l'être parce que cela apparaît souvent
-cette situation baroque de dire oui. Comme c'est très gros, on pourrait
peut-être permettre à la Caisse de dépôt et placement
du Québec de monter au-delà de 10%, qui sont prévus dans
le projet de loi S-31, à condition qu'elle ne vote pas ses actions. Cela
alors, c'est parfait! Entre nous, quand on dit à un investisseur:
Investis, mais ne vote pas, c'est que le droit de vote appartient à
quelqu'un d'autre. Si la Caisse de dépôt et placement du
Québec n'a pas le vote, il y a quelqu'un qui l'a. C'est là qu'on
revient à ma thèse.
Ce qu'on est en train de dire, à l'heure actuelle,
fondamentalement, à la Caisse de dépôt et placement du
Québec, c'est: Passez-nous donc votre pognon, on va le voter à
votre place. La Caisse de dépôt et placement du Québec se
conduirait de façon irresponsable en faisant cela. Si elle prend un
intérêt majeur... Quand vous prenez 10% dans le Canadien
Pacifique, cela vaut au-delà de 200 000 000 $. La chose normale à
faire est d'exercer son droit; c'est d'avoir des représentants au
conseil d'administration. Ce serait quand même surprenant qu'un organisme
responsable ne procède pas par les voies habituelles du milieu des
affaires et par les règles normales des affaires. Or c'est ce qui se
produit et cela n'a aucun rapport avec une quelconque nationalisation.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Westmount.
M. French: M. le Président, je soulignerais tout
simplement que je suis étonné que l'intérêt du
député de Terrebonne à voir se dérouler nos
débats avec la plus grande vitesse possible ne l'a pas inspiré
à intervenir pendant les derniers mots du ministre qui étaient,
je pense, aussi carrément antiréglementaires que tout autre
propos que l'Opposition aurait tenu lors de cette séance de la
commission parlementaire. M. le Président...
M. Scowen: C'est certain.
M. Parizeau: Je suis le premier à le
reconnaître.
M. French: Oui, je le savais fort bien. Voilà pourquoi,
sachant très bien que le ministre savait ce qu'il faisait, nous n'avons
pas voulu intervenir. J'ai voulu souligner cela pour le bénéfice
du député de Terrebonne qui est, aujourd'hui,
intéressé à l'interprétation la plus stricte des
règlements qui gouvernent nos commissions parlementaires. (12 h 45)
M. le Président, je pense effectivement que, malgré la
frustration qui règne de part et d'autre pendant les débats, on
éclaire quand même un certain nombre de choses. On expose un
certain nombre de questions importantes. Je pense qu'on a sorti un certain
nombre de questions qui sont vraiment essentielles et je n'ai pas l'intention
d'essayer de les vider aujourd'hui, mais je demanderais brièvement au
ministre - je sais que je suis antiréglementaire, alors je pose la
question tout de suite et le plus simplement possible - s'il voit dans ce
débat de fond qui, il l'avoue, devrait avoir lieu quant à la
Caisse de dépôt et qu'il trouve, de bon droit, que la commission
parlementaire n'est pas la place pour le faire, s'il va attendre que le
fédéral change, fasse des réformes, retire, laisse dormir
la loi S-31 ou s'il ne pense pas que cela serait utile de le faire en janvier
et février, ici, à l'Assemblée nationale, là
où il prétend que toute décision importante sur l'avenir
de la caisse devrait d'abord se prendre.
M. Parizeau: M. le Président, comme j'ai eu l'occasion de
le dire à l'Assemblée nationale, j'ai d'abord salué le
fait que le chef de l'Opposition a exprimé son opposition au projet de
loi S-31. Je pense que cela démontre au moins que nous sommes, tous
ensemble, disposés à protéger le fonctionnement de nos
institutions ici, de ces institutions économiques fondamentales. D'autre
part, je pense que, effectivement, il va être, à un moment
donné, nécessaire d'examiner les conséquences de ce que le
gouvernement fédéral entend faire et ce débat doit avoir
lieu ici, sous une forme ou sous une autre. Je pense que l'idée d'une
commission parlementaire est excellente. Le problème est simplement de
savoir, comme je l'ai dit à l'Assemblée nationale, quel est le
moment le plus approprié. On pourrait donner l'impression d'une
discussion sur le sexe des anges si, entre nous, on passait des heures à
chercher à faire le point et les conséquences, sur les
orientations de nos sociétés d'État, de telle ou telle
disposition du projet de loi S-31 pour apprendre, quinze jours plus tard, qu'il
est retiré ou, à plus forte raison, d'apprendre pendant nos
débats que c'est amendé. Si on comprend bien les signaux qui nous
viennent d'Ottawa, S-31 ou bien mourrait au feuilleton ou comporterait des
modifications considérables. Advenant qu'il meure au feuilleton, il
pourrait être introduit en janvier sous une autre forme. C'est dans ce
sens que j'ai dit à l'Assemblée nationale - il semblerait plus
approprié
d'envisager cela un peu dans le sens du député de
Westmount, quelque chose comme fin janvier, début février - je
pense que c'est quelque part par là qu'il serait le plus utile d'avoir
un débat comme celui-là. Enfin, c'est une question de jugement de
ma part à l'heure actuelle, mais je suis heureux de voir qu'en termes de
temps, le député de Westmount et moi voyons à peu
près cela de la même façon. Remarquez que ce n'est pas un
engagement de ma part. Il peut y avoir des soubresauts à Ottawa qui
amèneraient des modifications, mais je pense qu'au point où nous
en sommes, compte tenu de ce qu'on sait à l'heure actuelle, ce genre
d'horizon de temps semble être à peu près le plus
approprié, tel qu'on peut le déterminer actuellement.
M. Fortier: Très rapidement, là-dessus...
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: De la même façon que tout à
l'heure la ministre a dit: "Bon, je serais d'accord pour me concerter avec
l'Ontario sur l'article 4", est-ce qu'au lieu d'attendre que le gouvernement
fédéral nous arrive avec une nouvelle législation, il ne
serait pas préférable que justement, on se concerte entre nous et
que le ministre se concerte avec les autres provinces, qui de toute
évidence d'après les journaux ont un intérêt certain
par la loi S-31? Le Devoir de ce matin rapporte que la Colombie britannique,
l'Alberta et l'Ontario, je crois, ont un intérêt à discuter
de la chose. Il me semblerait qu'au lieu d'attendre que le gouvernement
fédéral nous arrive avec un autre projet de loi, peut-être
que le gouvernement du Québec devrait prendre l'initiative dans ce
dossier pour arriver avec une façon de faire, nous proposer une nouvelle
législation qui rencontrerait l'approbation de l'ensemble des provinces.
Mais peut-être qu'avant de faire cela, ce serait justement pertinent
d'avoir notre commission parlementaire pour savoir dans quelle direction on
devrait aller.
M. Parizeau: M. le Président, l'intervention du
député d'Outremont va me permettre de préciser quelque
chose qui me paraît fondamental dans ce dossier. Nous sommes en face de
deux questions tout à fait distinctes et qui, à cause de
certaines interventions d'un ministre fédéral récemment,
ont eu tendance à porter confusion. Mais là, il faut bien faire
attention de rétablir cette distinction. Il y a d'une part une
discussion un peu partout au Canada quant à la divulgation des
intérêts que des sociétés ou des mandataires du
gouvernement peuvent avoir dans des compagnies. Cela rejoint l'article 4, cela
rejoint le 176.
M. Fortier: Je ne mêlais pas les deux dossiers.
M. Parizeau: II y a cela, c'est évident. Là, les
consultations entre les différents intervenants, le
fédéral, l'Ontario, nous, sont très importantes. Pas
besoin de commission parlementaire pour discuter de cela. Il s'agit seulement
de savoir si les gouvernements pourraient s'entendre pour bouger ensemble. Je
pense qu'il n'est pas nécessaire de faire une commission parlementaire
pour se dire que des règles de divulgation appliquées aux
mandataires, cela doit exister dans notre législation.
M. Fortier: Je m'excuse, M. le Président. Je pense que
j'ai induit le ministre en erreur. Je disais, je prenais cela comme un exemple.
On met l'article 4 de côté, et là je viens avec le projet
de loi S-31. Je disais: Avant même que le gouvernement ne s'entende avec
d'autres provinces sur ce qui serait acceptable, ce serait peut-être bon
que les parlemntaires en discutent ici même avant que l'on puisse arriver
à une entente verbale ou autre avec d'autres provinces pour en faire une
recommandation au gouvernement fédéral.
M. Parizeau: Je comprends, mais je voudrais juste terminer si le
député d'Outremont le permet. S-31, c'est le vote des actions,
c'est tout à fait autre chose que la divulgation. Concernant S-31, il y
a plusieurs autres provinces qui commencent, effectivement, à dresser
l'oreille. Nous avons été certainement les premiers à
accrocher le grelot. En fait, c'est plus qu'un grelot que nous avons
accroché, j'ai eu l'impression d'accrocher une casserole à la
queue du chat qui voulait bouffer le canari, mais elle est bien
accrochée... Mais, d'autres provinces manifestement s'intéressent
à la chose.
Je ne sais pas jusqu'où va leur intérêt. Il est un
peu trop tôt à l'heure actuelle pour se prononcer
là-dessus. Pour certaines provinces, actuellement c'est un peu
théorique. Elles ne sont pas tellement intervenues dans le champ que
veut définir S-31, on a l'impression que c'est plutôt l'avenir
qu'elles cherchent à protéger, alors que le Québec est
directement visé et de façon immédiate. Si bien que, au
point où nous en sommes, je ne sais pas jusqu'où une consultation
ou une concertation avec d'autres provinces est possible. J'ai l'impression,
à la suite de la réunion des ministres des Finances, bien que
cela ne soit pas à l'ordre du jour mais enfin ce sont toujours des
endroits où on peut se rencontrer, que la réunion des ministres
des Finances, qui doit avoir lieu le 16 décembre, va peut-être
m'éclairer davantage quant à la
position de chacune des provinces.
Il est clair, par exemple, que d'ores et déjà l'Ontario et
la Colombie britannique ont suggéré, ont proposé une sorte
de conférence fédérale-provinciale avant même qu'on
n'aborde l'idée de S-31. Dans le cas de l'Ontario, c'était un peu
hypothétique. Non, est-ce la Colombie britannique ou l'Alberta? Je
m'excuse. Cela peut être l'Alberta ou la Colombie britannique, enfin une
des deux qui suggérait une conférence
fédérale-provinciale.
Tout cela est actuellement très très vague. C'est dans ce
sens que je pense que les prochains quinze jours, les prochaines trois semaines
vont nous dire a) si cela meurt au feuilleton et b) dans quelle mesure les
provinces sont disposées à se concerter. Pour le moment, je ne
peux pas aller plus loin que cela. Nous en sommes encore au stade des
impressions.
M. French: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Westmount.
M. French: Sur cette question, pour finir, je voudrais souligner
qu'il paraît à l'Opposition officielle que ce serait remarquable
et drôle si l'Assemblée nationale devait être saisie de
cette importante question qu'on peut caractériser d'étude, de
discussion et de débat sur le nouveau mode de fonctionnement - nouveau,
il faut s'entendre, je veux dire depuis un an et demi ou deux ans - donc, sur
le nouveau mode de fonctionnement de la caisse sous son nouveau
président, si ce débat s'étendait à cause de la
confusion évidente concernant la question au niveau
fédéral. Ce serait dommage. L'Opposition officielle soutient
qu'il est nécessaire d'avoir le débat, quitte à anticiper
d'autres gestes subséquents du gouvernement du Canada qu'il faudra
traiter en temps et lieu. Je ne demande pas nécessairement une
réponse du ministre. S'il veut répondre, parfait, mais...
M. Parizeau: Je veux souligner une chose. Entendons-nous. Dans
mon esprit, il n'est absolument pas question d'avoir une commission
parlementaire qui est destinée à examiner les changements des
règles de fonctionnement de la Caisse de dépôt depuis un an
et demi. Ce ne sera pas du tout cela. Si on fait une commission parlementaire,
ce n'est pas du tout dans ce sens-là qu'on va la faire. J'ai dit
clairement en Chambre qu'à un moment donné il va bien falloir
examiner, sur nos sociétés d'État, les conséquences
de certains gestes qu'Ottawa s'apprête à poser. C'est de cela
qu'il faut parler à l'heure actuelle, parce que c'est cela qu'il faut
régler.
Le fonctionnement de la Caisse de dépôt a donné
lieu, dans la mesure où c'est depuis 1980, dans l'esprit du
député de Westmount, que certains problèmes se poseraient,
cela a donné lieu à remarquablement peu d'intérêt
jusqu'à maintenant à l'Assemblée nationale de la part de
l'Opposition, à relativement très peu de questions.
Je suis toujours un peu étonné de voir le peu de questions
qu'il y a sur ces choses alors que le public en parle, que les journaux en
parlent. On va même jusqu'au Sénat. Entre nous, ne
commençons pas à... Rectifions juste un peu les faits. La seule
question que j'ai eue en Chambre sur le projet S-31, c'est une question de
notre côté, sauf erreur, jusqu'à l'intervention du chef de
l'Opposition, en fin de semaine. Avant cela, tout le monde en parlait, tous les
journaux en parlaient. On était en Chambre et on discutait de
Lavallée. Je trouve cela soudain, étonnant, cet
intérêt tout à coup. Pendant des jours et des jours,
j'attendais des questions. C'était en première page de tous les
journaux. C'était dans l'Argus tous les matins, l'histoire du S-31. Il y
avait des documents épais comme cela, mais il n'y avait pas de
question.
La première question qui m'a été posée sur
S-31, c'était par quelqu'un de notre côté, parce que cela
faisait quand même un peu étonnant que personne ne
s'intéresse à cela à l'Assemblée nationale.
N'exagérons pas trop à l'heure actuelle. Je pense
qu'effectivement il va falloir comme je l'ai dit au chef de l'Opposition
officielle, essayer de contrer ce qu'Ottawa cherche à faire et, à
cet égard, dans la mesure où une commission parlementaire semble
indiquée, je pense qu'il faut la tenir. L'horizon approprié,
c'était un peu celui auquel faisait allusion le député de
Westmount tout à l'heure. Sur le plan du temps, je pense qu'on s'entend
bien, tel que les circonstances se présentent actuellement.
M. French: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Pour en revenir à
l'article 4, est-ce que l'amendement proposé est adopté?
M. French: Nous n'avons pas l'amendement et nous n'avons pas
l'intention d'en discuter pour le moment, M. le Président. Cela doit
être parce que nous avons passé l'amendement et que nous l'avons
perdu nos papillons. Donc, nous apprécierions beaucoup avoir une
copie.
M. Parizeau: Vous n'avez pas le...
Le Président (M. Boucher): Vous n'avez pas l'amendement.
Le premier alinéa, les deux dernières lignes remplacer...
M. Parizeau: Excusez-moi. On peut vous en fournir.
M. French: Nous n'en discutons pas pour le moment.
Le Président (M. Boucher): Étant donné qu'il
est près de 13 heures, est-ce que vous voulez suspendre vos travaux
jusqu'à 15 heures?
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise de la séance à 15 h 18)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux. Nous en étions à
l'article 4. Est-ce que les membres ont pris connaissance de l'amendement ou si
on peut discuter?
M. French: Nous n'avons toujours pas l'amendement. Je
suggérerais que M. Paquin parle à notre recherchiste et on
aborderait cela en temps et lieu. Mais, entre-temps, si vous me le permettez,
M. le Président, je pense que de part et d'autre on s'est
éloigné quelque peu de l'essentiel de ce que nous étudions
ici. J'ai trouvé la formulation du ministre très géniale
quant aux responsabilités des dirigeants de la Caisse de
dépôt et de placement, lorsqu'il a dit que la
responsabilité c'est le rendement sur l'épargne des
Québécois ainsi que le développement économique du
Québec. Pas autre chose. Il l'a souligné. Je pense que je ne
déforme pas sa pensée ni ses paroles. Et c'est
précisément parce que le président actuel de la Caisse de
dépôt ne s'est pas occupé d'autre chose, qu'il y a quelque
peu cette urgence que le ministre a invoquée ici par rapport à
l'Ontario quant à cette question que nous étudions
actuellement.
Le ministre a dit que, dans d'autres juridictions canadiennes, il ne se
trouvait pas de dispositions quant aux responsabilités des mandataires
des gouvernements et que lui, dans la disposition qui est devant nous, devance
déjà quelque peu mais de façon importante ce qui se fait
dans d'autres juridictions. Mais c'est précisément parce que, il
me semble, le comportement normal même des mandataires gouvernementaux
dans d'autres juridictions respecte implicitement les responsabilités
qui incombent à un participant sur le marché financier, que ce
participant soit gouvernemental ou qu'il soit une entreprise privée, que
dans d'autres juridictions on ne sentait pas, en quelque sorte, vraiment le
besoin d'agir. Cela n'enlève rien au mérite du ministre et du
gouvernement actuel du Québec pour avoir fait les premiers pas; mais
cela explique pourquoi c'est un sujet important et pourquoi l'urgence est
probablement plus grande ici qu'elle ne l'est en Ontario.
Pourquoi se préoccuppe-t-on de ces questions au Québec? Je
ne voudrais pas revenir sur le débat de fond. Je voudrais essayer de
rester dans le cadre du projet de loi, de ce dont on parle, c'est-à-dire
la divulgation et les autres comportements des investisseurs responsables tels
qu'on les attend du participant dans un marché financier. La discussion
de ce matin à cet effet me faisait penser à la devise d'un des
mes premiers professeurs de sciences politiques: "Politics is about who gets
what from whom." La politique concerne qui reçoit quoi de qui. Je le
pense effectivement lorsque le ministre nous fait son discours, que nous avons
entendu plusieurs fois - cela n'enlève rien à notre plaisir de le
réentendre - au sujet de certains establishments qui brassent -
comprenez-vous? - lorsqu'on les bouscule. Il a très bien dessiné
les phénomènes qui se produisent, sauf que les
stéréotypes que le ministre a vécus à ce
moment-là me semblent quelque peu trompeurs, quelque peu simplistes.
D'après le ministre, il existe un establishment financier
à Montréal qui, à cause de son scepticisme à
l'égard du Québec, est responsable d'un paquet de
problèmes économiques que je n'énumérerai pas, mais
entre autres, est responsable pour la résistance qui se fait sentir
lorsque la Caisse de dépôt et placement devient assez grande pour
jouer dans les grandes ligues. Je pense que je ne déforme pas la
pensée du ministre là-dessus.
Si ce n'était que cela, si ces stéréotypes
rendaient bien la vérité, je pense que, inévitablement, il
y aurait des gens inquiets ici et là, mais je ne pense pas qu'il y
aurait le genre de brouhaha qu'on voit actuellement autour de la question du
comportement de la caisse et de certains autres mandataires du gouvernement du
Québec, mais principalement de la Caisse de dépôt.
Puisque effectivement, dans un projet de loi qui touche la
réglementation des marchés des capitaux, on se soucie de la
confiance qu'ont les gens dans l'accès à l'égalité
à l'intérieur des Bourses et des marchés financiers. En
fait, si les préoccupations en question sont souvent exprimées,
parce que le ministre aime les qualifier de nostalgiques, d'establishments
déphasés, ce ne sont pas uniquement ces gens-là qui sont
inquiets et ce ne sont pas uniquement les intérêts de ces
gens-là qui sont en cause.
Je trouve tout à fait inacceptable la notion de qualifier le
président actuel de la Bourse de Montréal de membre d'un
establishment qui ne comprend pas les besoins du Québec d'aujourd'hui et
qui est hostile à la caisse pour des raisons essentiellement
égoïstes, etc. Je pense que c'est injuste à son
égard. Je pense qu'il y a toute une communauté dans le monde
des
affaires, dans le monde de la comptabilité, du droit, etc., qui
s'opposerait aux arguments du ministre. Ce qui les préoccupe, c'est
l'espèce d'incertitude que crée un organisme extrêmement
grand lorsqu'il commence à jouer dans les ligues majeures sans qu'il y
soit contraint, sans qu'il soit vraiment contrôlé de la même
façon que les autres joueurs dans cette ligue. Ce n'est pas ici le
moment de faire le débat sur le mandat de M. Campeau, ce n'est pas ici
l'occasion de discuter de cette question-là. C'est quand même ici
qu'il faut discuter comment on va réglementer cette action. Je dis au
ministre qu'il ne s'est pas réellement occupé - même en mon
absence, parce que j'ai été absent pendant environ cinq minutes
au début du débat - de la protection des épargnants
investisseurs possibles lorsqu'il voit ce qui arrive à certains
actionnaires minoritaires. Lorsqu'il réagit à la violence qui est
faite, aux attentes légitimes de tous les participants dans les
marchés de finance, lorsque la caisse se comporte comme elle s'est
comportée depuis un ou deux ans, je dois dire que la notion qu'on fait
dans ce projet de loi est un exercice de protection des possibilités de
la caisse d'agir aussi irresponsablement que n'importe quel autre mandataire
gouvernemental, fédéral ou d'une autre province. Je vois
là une tentative de détourner la question, de laisser de
côté la question fondamentale qui est la confiance des
investisseurs potentiels dans les marchés financiers dans lesquels
jouent les mandataires du gouvernement du Québec.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Parizeau: M. le Président, je suis tout à fait
d'accord avec le député de Westmount lorsqu'il dit que la raison
pour laquelle je me sens forcé d'introduire l'article 4,
c'est-à-dire encore une fois, les premières règles dans la
législation canadienne de divulgation par des mandataires, c'est en
raison de la situation assez particulière du Québec à
l'heure actuelle dans ce domaine. Je pense qu'il a tout à fait raison.
Je ne peux pas ne pas reconnaître que le secteur public
québécois est à l'heure actuelle - je ne parle pas
seulement de la caisse ici; je parle de l'ensemble du secteur public
québécois - est actionnaire d'environ 400 compagnies. Si on tient
compte de tout, la Caisse de dépôt et placement du Québec,
la SDI, la SGF, la SOQUEM, la SOQUIP, etc., il y a environ 400 compagnies qui
ont le secteur public québécois comme actionnaire. Il est
évident que, dans ces circonstances, je pense qu'il ne serait pas
responsable de ma part de dire: Nous allons dans de tels cas, qui, maintenant,
sont fort nombreux, nous passer de règles de divulgation. Cela ne serait
pas raisonnable.
Dans ce sens, je reconnais tout à fait le bien fondé de ce
que dit le député de Westmount. Je pense qu'au Québec en
particulier, ce n'est pas un hasard que nous soyons la première
Législature au Canada à introduire des règles de
divulgation, parce que le phénomène que je viens de
décrire, on peut le retrouver à quelques exemplaires près
ailleurs au Canada, mais jamais sur l'échelle qui a été
atteinte au Québec. Donc, c'est ici que le problème se pose plus
nettement qu'ailleurs. Ce n'est pas par hasard que l'article 4 apparaît.
(15 h 30)
Cela étant dit, il y a des réactions. Au moment où
nous introduisons une disposition pareille, parce que nous présentons
une toute nouvelle Loi sur les valeurs mobilières, il s'adonne que, dans
le public ou dans un certain public, il y a un certain nombre de critiques
assez acerbes sur la place que ce secteur public québécois de
financement des entreprises commence à occuper. C'est là
où cette thèse d'un establishment traditionnel qui cherche
à ne pas être trop gêné, à mon sens, s'impose.
Pas, au fond, je pense, à cause d'une sorte d'establishment traditionnel
de Montréal. Je pense, à cet égard, que Toronto a
déjà pris davantage de place. D'autre part, je ne voudrais pas
laisser un instant l'impression que, quand je parle d'un establishment
traditionnel des affaires qui ne veut pas être gêné dans la
façon dont il conduit les affaires, cet establishment a
été - comment dire? - malfaisant à l'égard du
développement du Québec. Cela serait injuste de dire cela. Cela
n'est pas vrai. L'économie du Québec, telle qu'on l'a connue
jusqu'à récemment, a été largement construite par
ces gens.
On peut bien, à l'heure actuelle, dire: L'économie du
Québec, il y a des trous dedans, il y a des secteurs vieillis, il y a
certains types d'activité économique qui lui manquent. Je veux
bien. Mais il reste néanmoins que les gens dont on parle on
été traditionnellement, dans notre milieu, les bâtisseurs
des grandes entreprises que l'on connaît. C'est eux qui les ont faites.
Cela serait un peu aberrant, un peu ridicule, de commencer à comprimer
toute l'histoire du développement économique du Québec
entre les mains, fondamentalement, de cet establishment, si on prend cela sur
une vue de quelques générations, comme étant
marquée d'abomination et de désolation. Il y a des choses
manifestement fort importantes et cruciales qui ont été
construites. Il est clair aussi que, depuis 25 ans, un glissement s'est
opéré vers Toronto d'un bon nombre de centres de décision,
qu'on aime cela ou pas.
Certains, à l'heure actuelle, comptent d'année en
année les emplois qui pourraient être perdus à la suite de
déménagements vers l'Ontario. Je voyais récemment des
estimations pour les trois dernières années, je pense, de
nos amis d'en face à ce sujet.
M. French: M. le Président, je voudrais signaler au
ministre que j'essayais vraiment dans ma question de rester à
l'intérieur du projet de loi.
M. Parïzeau: Je vais essayer aussi, mais puisque on me
parlait des conceptions de l'establishment, je veux bien les établir. Je
rappellerai qu'à cet égard le seul déménagement de
la Canadian Car and Foundry de Thunderbay à Montréal, il y a
longtemps, a déplacé sur ce seul geste autant d'emplois que tous
ceux que nos amis d'en face cherchaient à compter, il y a quelques
jours, d'un seul coup. Et cela n'a rien à voir avec nous parce que nous
sommes au pouvoir. Cela s'est fait quand, au début des années
cinquante, ces déplacements? Cinq mille emplois d'un seul coup. Cela
fait longtemps que cela a commencé. Et alors, ce qui s'est produit au
Québec très normalement au long de ces vingt ans, cela a
été de voir apparaître un secteur public un peu
compensatoire, se disant: Ces centres de décision qui ont tendance
à filer, on va les voir réapparaître ici. Reconnaissons que
la réapparition de l'exploration minière au Québec est
très largement due à SOQUEM, qui a été
créée par les libéraux dans les années soixante.
L'exploration est repartie au Québec à cause de SOQUEM, en
association avec toutes espèces d'intérêts privés,
indiscutablement.
Donc, il s'est produit quelque chose de compensatoire au Québec,
qui à l'heure actuelle occupe une telle place que bien sûr il
gêne. Si je voulais être un peu méchant, je dirais que
beaucoup de ces gens qui se sont déplacés à Toronto,
veulent bien se déplacer à Toronto mais voudraient aussi
contrôler ce qui se passe à Montréal. Je les comprends. On
n'est pas forcé d'accepter cela. Quand le secteur public
québécois a atteint une taille importante, est associé
à 400 compagnies privées, on comprend d'une part que certains de
ces groupes se sentent un peu bousculés. On comprend, d'autre part, que
le secteur public québécois a atteint une taille telle dans le
domaine des entreprises qu'on ne peut plus pratiquer le vieux principe en vertu
duquel le gouvernement s'exemptait lui-même de ses propres lois. C'est
une longue tradition, cela, que les gouvernements au Canada s'exemptent de
l'application de leurs propres lois. C'est ce que nous avons eu avec notre
vieille loi de la Commission des valeurs mobilières. Mais moi, j'ai
connu un temps où le gouvernement s'exemptait de l'application de la loi
du salaire minimum et payait des salaires à ses employés civils
qui étaient inférieurs au salaire minimum qu'il imposait au
secteur privé. C'est une longue tradition dans les gouvernements
canadiens quels qu'ils soient que les gouvernements se libèrent de
l'application des lois qu'ils imposent au secteur privé.
Dans ce sens, j'ai donc l'impression qu'en introduisant l'article 4, je
fournis au public investisseur, de façon obligatoire quant au
fonctionnement du secteur public québécois, des renseignements
qu'il n'a jamais eus avant. C'est la première fois. Je suis très
conscient que nous représentons le premier gouvernement, au Canada, qui
bouge à cette fin.
Troisièmement, je reconnais, avec le député de
Westmount, qu'il est absolument normal que ce soit au Québec que cela
commence. Le sujet de notre débat, si je comprends bien, est qu'on me
dit: Quant à faire ce pas en avant, pourquoi ne le faites-vous pas
complètement? Pourquoi n'astreignez-vous pas tout le secteur public
québécois exactement aux mêmes règles que celles du
secteur privé québécois?
Ce que je répondais ce matin, essentiellement, à cet
égard, c'est que, si tant est que oui, on peut s'entendre avec quelque
gouvernement au Canada, le fédéral, l'Ontario et surtout nous,
pour assurer des règles de divulgation absolument les mêmes que
dans le secteur privé, ensemble, cela me paraît raisonnable et
normal qu'on le fasse. Mais, si tant est que je suis le seul, à l'heure
actuelle, à avoir un projet de loi qui doit être adopté
incessamment, sur ce plan, et qu'il n'y en a pas d'autres dans la même
situation, je fais un bon bout du chemin, en fait, la majeure partie du chemin
sur le plan de la divulgation et je laisse les autres me rejoindre un peu,
avant d'aller plus loin.
Si les gens de l'Opposition officielle me disent: II reste encore du
chemin à faire pour que la divulgation soit parfaite, en vertu de
l'article 4, je dis: D'accord. Si on me dit: Mais si l'Ontario assurait une
divulgation absolument identique, mandataire, public et entreprise
privée, est-ce que vous seriez disposé à aller
jusque-là? Je réponds: Oui, certainement, je serais
disposé à aller jusque-là. Dans l'intervalle, puisque nous
sommes les seuls à bouger, faisons la majeure partie du chemin, en
pensant justement à la protection de l'épargnant
québécois, mais en n'établissant pas un
déséquilibre trop grand, dans les règles du jeu, entre la
concurrence inévitable qu'il y a, à l'heure actuelle, entre les
mandataires de l'ensemble des gouvernements canadiens et,
singulièrement, les mandataires du gouvernement fédéral,
ceux de l'Ontario et les nôtres.
Il n'y a pas seulement concurrence entre le secteur privé et le
secteur public. Il y a concurrence entre les secteurs publics.
Déjà, en faisant adopter l'article 4, j'ai l'impression de
m'avancer beaucoup par rapport aux autres. Quand ils nous auront rejoints, je
me sentirai déjà rasséréné. S'ils
vont plus loin que moi, je suis prêt à les suivre. C'est
dans cette optique à la fois de protection, je pense, nécessaire
de l'épargnant et du renseignement que celui-ci doit recevoir et,
d'autre part, d'une certaine prudence quant à la façon dont les
mandataires d'autres gouvernements peuvent être traités, que je me
suis avancé jusqu'à l'article 4. Vous voyez, M. le
Président, que, conformément aux souhaits du député
de Westmount, je suis malgré tout resté dans mon propos.
M. French: Est-ce que le ministre est prêt à prendre
l'engagement d'aller aussi loin que la province de l'Ontario, si celle-ci le
devance au printemps prochain?
M. Parizeau: II est évident que je devrais retourner au
Conseil des ministres à cette fin parce qu'il s'agirait d'un changement
majeur au projet de loi que nous avons devant nous. Non seulement je suis
prêt à m'engager à le faire, à recommander qu'on le
fasse, mais je pense que c'est même une chose dont je dois discuter
rapidement au Conseil des ministres de façon que, si l'Ontario
effectivement allait au bout de ce qui s'appelle actuellement leur projet de
loi 176, nous puissions faire le bout de chemin tout de suite après eux.
Je pense que ce serait dire que je m'engage, moi personnellement, à
recommander cela au Conseil des ministres, bien sûr!
Certainement. D'autre part, je pense qu'il faut que le Conseil des
ministres soit avisé de cette possibilité-là
rapidement.
M. French: II y a fort à parier, je crois, que nous en
aurons terminé avec ce projet de loi avant que l'Ontario ne bouge. Dans
cette hypothèse, le ministre serait-il prêt à
présenter un amendement pour lequel il aurait la coopération de
l'Opposition, à la session du printemps, afin de rendre conformes les
pratiques dans les deux juridictions quant à cette question?
M. Parizeau: J'en avais parlé ce matin, je crois que le
député de Westmount ne devait pas être là.
Effectivement, c'est ce que je disais. Si on se rendait compte qu'en
février ou mars, ce qui semble être chose probable, l'Ontario
adoptait sa loi 176 et qu'elle comportait les dispositions actuelles du projet
de loi quant à la divulgation, je pense qu'il faudrait qu'on adopte un
amendement, ici, à la session du printemps, pour nous aligner
là-dessus. Je pense qu'il serait tout à fait raisonnable qu'on le
fasse et encore une fois, je suis tout à fait disposé à le
recommander au Conseil des ministres.
M. French: Je voudrais demander au ministre en quoi
précisément les exigences de l'article 4 diffèrent des
propositions ontariennes.
M. Parizeau: Les délais, surtout. Il y a deux choses
à cet égard dans la proposition de l'Ontario. Si on regarde le
projet de loi 176 tel qu'il est écrit, les mandataires sont assujettis
ou seraient assujettis à la Loi des valeurs mobilières de
l'Ontario, sauf un certain nombre de dispositions. Alors que dans l'article 4
on dit que les mandataires seront assujettis à de la divulgation. Il y a
donc un écart entre les deux. Quant à la divulgation, l'article 4
est différent du projet de loi 176 quant au délai. D'autre part,
le projet de loi 176 impose aux mandataires du gouvernement un certain nombre
d'obligations quant aux offres d'achat que nous ne retrouvons pas dans notre
projet de loi. Ce sont les principaux écarts.
M. French: Précisément, M. le Président, sur
le deuxième volet ou le dernier volet, en tout cas, les propositions
ontariennes contrôleraient-elles une concertation entre plusieurs
mandataires du même gouvernement visant à faire les offres
publiques d'achat qui ensemble créeraient une prise de contrôle
efficace de l'État? L'article 4 ne fait pas cela.
M. Parizeau: II ne fait pas cela. L'article 4 ne porte que sur la
divulgation.
M. French: Le ministre lui-même serait donc prêt,
dans ce domaine, à agir avec autant d'alacrité qu'il le ferait
avec n'importe quelle autre dimension des propositions du gouvernement ontarien
telles qu'il les comprend actuellement.
M. Parizeau: Je ne peux pas m'engager à l'avance quant
à la question des offres d'achat parce que les dispositions de la loi
ontarienne sont différentes des nôtres, de toute façon,
quant au secteur privé, et on sait que le gouvernement de l'Ontario, qui
est allé un peu loin dans ce sens, a plutôt tendance à
l'heure actuelle à vouloir revenir en arrière. Je ne voudrais pas
prendre un engagement sans savoir exactement à quoi je m'engage.
M. French: Je suis d'accord avec ça, M. le
Président. Je comprends les réserves du ministre, ou je crois les
comprendre, en tout cas. C'est en fait qu'il serait prêt à
assujettir l'ensemble des mandataires du gouvernement du Québec aux
mêmes contraintes, quant aux offres publiques d'achat, que celles qui
existent pour les autres intervenants dans les marchés
québécois. Que, dans ce cas-là, ce soit différent
de celles de l'Ontario, c'est une deuxième question. Est-ce que c'est
juste? (15 h 45)
M. Parizeau: Jusqu'à maintenant, j'avais parlé de
m'aligner avec l'Ontario, s'il bouge, sur la divulgation.
M. French: D'accord.
M. Parizeau: Sur la question des "follow-up offers", il me
semble, en fait, qu'il y aurait, à un moment donné, quelque chose
à faire dans cette voie, mais je ne m'engagerais pas d'une façon
aussi ferme quant à la façon dont les "follow-up offers" doivent
être établies. Pour cela, je veux voir d'abord. Je pense qu'il est
logique que les mandataires d'un même gouvernement, lorsqu'ils
achètent des actions à plusieurs et qu'on se rapproche d'une
prise de contrôle, puissent être assujettis à des
règles de "follow-up offers". Cela, sûrement. Je m'excuse de
l'interruption, M. le Président.
Qu'on ait à considérer, à un moment donné,
l'ensemble des mandataires d'un même gouvernement en fonction de
règles d'offres publiques d'achat en les considérant comme un
tout, comme un seul organisme...
M. French: C'était là ma question.
M. Parizeau: C'est là la portée de la question du
député de Westmount. Là-dessus, je ne suis pas encore
prêt à prendre d'engagements spécifiques à cet
égard parce que je veux être certain de ce que cela implique sur
le plan des activités pour, en particulier, les petites et moyennes
entreprises dans le cadre de la SDI, par exemple.
À l'heure actuelle, les règles des interventions du
secteur public ne sont pas à ce point fixées que je puisse
prendre aujourd'hui un engagement de cet ordre; je ne dis pas que je ferme la
porte à cela. Mais autant je suis très clair sur la question de
la divulgation, autant là-dessus, je ne serais pas disposé
à l'heure actuelle à prendre un engagement, pas tout de suite en
tout cas, même si je reconnais la nature du problème. Cela, je ne
le nie pas. Mais dans la Loi sur les valeurs mobilières, à
l'heure actuelle, je ne suis pas allé jusqu'au bout de cette
histoire.
M. French: M. le Président, pour ma part, je reconnais le
problème potentiel de la SDI et des petites et moyennes entreprises,
mais je pense que le ministre comprend bien que ce n'est pas vraiment... Je ne
dis pas que, juridiquement...
M. Parizeau: Un projet de loi, c'est un projet de loi.
M. French: ... cela peut entrer là-dedans, je suis
d'accord.
M. Parizeau: Mais quand on parle des mandataires dans un projet
de loi, il faut savoir exactement jusqu'où cela va.
M. French: Je suis d'accord avec le ministre là-dessus. Je
souligne quand même que, dans la mesure où l'on parle des grandes
ligues et dans la mesure où la caisse joue maintenant dans les grandes
ligues, ou la SGF également et certains autres intervenants, mandataires
du gouvernement du Québec, jouent dans ces ligues, le problème ne
sera jamais réglé tant et aussi longtemps que d'autres conditions
ne seront pas remplies, mais entre autres, ne seront pas régis
essentiellement comme une seule entité en ce qui a trait aux prises de
contrôle dans les marchés ouverts aux achats et aux offres
publiques d'achat, etc. C'est un volet essentiel, on ne peut pas le laisser
tomber; si on le laisse tomber, on est effectivement en train de
s'évertuer sur des cas individuels et d'oublier le fait que, ultimement,
ils peuvent fonctionner ensemble, chose qu'on ne ferait jamais par rapport aux
intervenants du secteur privé dans la même situation.
M. Parizeau: M. le Président, je reconnais
qu'éventuellement nous aurons un bon jour à prendre position sur
cette question. Par exemple, on ne peut pas considérer la SDI et la SGF
comme des personnes morales liées au même titre qu'une compagnie
et sa filiale ou que deux filiales appartenant à une même
compagnie; ce n'est pas comme cela que cela fonctionne. Il n'est pas du tout
exact que le Conseil de ministres dit à la SDI: Vous ferez ceci, et
à la SGF: Vous poserez tel geste complémentaire.
M. Fortier: La Caisse de dépôt est la SGF dans le
cas de Domtar.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Caisse de dépôt
SOQUIP, Caisse de dépôt SOQUEM, Caisse de dépôt
SOQUIA.
M. Parizeau: Oui, oui. Il y en a toute une série. Nous
avons des sociétés qui prennent un certain type de participation,
d'autres, un autre. D'autres entrent en association avec une compagnie
privée à une certaine époque et ensuite se retournent pour
un financement complémentaire à l'égard d'une autre
entreprise du secteur public.
M. Fortier: Mais là, c'est un plan d'ensemble.
M. Parizeau: Non, non, cela ne fait pas partie d'un plan
d'ensemble.
M. Fortier: Bon, c'est...
M. Parizeau: Non, il ne faut pas
s'imaginer que le Conseil des ministres est une sorte de conseil
d'administration d'une société ayant 14 filiales.
M. French: Si...
M. Parizeau: II y a sur le plan des compagnies privées...
Pardon?
M. French: Si on disait que l'ensemble n'est pas le Conseil des
ministres, il y aurait un ensemble pareil quelque part.
M. Parizeau: Écoutez, j'aimerais beaucoup à
certains moments que nos présidents de sociétés
d'État se parlent, je le souhaiterais vivement dans certains cas.
M. French: II y en a aussi qui aimeraient beaucoup qu'ils ne
parlent pas dans certains cas.
M. Parizeau: Voilà. Et c'est essentiellement la raison -
je suis tout à fait d'accord - pour laquelle on ne peut
considérer les différents groupes du secteur public comme
étant des personnes morales liées au sens de la Loi sur les
compagnies. Qn ne peut pas considérer que ce sont des filiales d'une
même société mère, ce n'est pas vrai; ce n'est pas
comme cela que cela fonctionne. Les règles qu'on va établir pour
des filiales d'une société mère ne peuvent pas être
transportées dans le cas du secteur public sans aménagements ni
adaptations. C'est la raison pour laquelle je suis prêt, pour la
divulgation, à prendre certains types d'engagements comme je l'ai fait.
C'est pour ça que pour ce qui a trait aux offres publiques, je demande
encore à voir avant de m'engager là-dedans.
M. French: M. le Président, je signalerai au ministre que
les mandataires du gouvernement du Québec ne soient pas une compagnie
avec ses filiales - j'en suis -mais de les traiter comme des concurrents
éloignés dans un marché dominé par les entreprises
privées comme on le fait actuellement - on ne fait même pas cela
actuellement - mais de les traiter comme une institution indépendante et
concurrente, ce serait vraiment se leurrer aussi. Il y a une concertation qui
se fait dans les cas importants, et tant et aussi longtemps que cette
consultation est possible, tout à fait librement comme aujourd'hui, il y
aurait ce problème de confiance que j'ai évoqué.
M. Parizeau: Je suis en face à l'heure actuelle. On
comprendra que pour des raisons d'intérêt public, je ne peux pas
donner l'exemple concret tant qu'il n'a pas été résolu. Je
suis placé dans la situation où, à l'heure actuelle, deux
sociétés d'État sont en concurrence directe l'une avec
l'autre au sujet du même projet. Ce n'est pas exactement une binerie,
c'est un projet d'au-delà de 200 000 000 $. Nous nous trouvons dans
cette situation un peu baroque où les deux sociétés
d'État sont en concurrence directe l'une avec l'autre.
M. French: M. le Président. M. Parizeau: Et
c'est... M. French: Je m'excuse.
M. Parizeau: Je m'excuse. D'un autre côté, le
député de Westmount pourra me donner des cas où, au
contraire, deux sociétés d'État ont travaillé, si
l'on peut dire, ensemble vers le même objectif; prenons le cas de la SGF
et de la Caisse de dépôt dans le dossier de Domtar. Tout ce que je
plaide, ici, ce n'est pas que c'est tout blanc, tout noir. C'est que c'est
d'une nature suffisamment complexe pour que, en commission, en quelques
minutes, je ne prenne pas un peu à l'aveuglette une sorte d'engagement
général, alors que, du point de vue de la divulgation, c'est
beaucoup plus facile.
M. French: M. le Président, je comprends la réserve
du ministre face à un engagement ferme dans ce domaine-là. Je lui
signalerais tout simplement que la concurrence entre ces sociétés
d'État ne se ferait pas les voies du marché privé, elle se
ferait probablement par un arbitrage quelconque ou une autorité
quelconque qui peut bien lui ou un autre ministre ou le Conseil des ministres
ou un sous-comité des ministres ou quelque chose comme ça. C'est
parfait, mais ce n'est pas la concurrence comme on le comprend entre les
entreprises privées dans un marché libre. Donc, de dire qu'elles
sont en concurrence, cela ne veut pas dire que le problème est
résolu et réglé. Je pense qu'on commence à tourner
en rond. D'accord! Je ne veux pas prolonger le débat, mais il faut bien
s'entendre par ce que l'on veut dire par notion de concurrence.
M. Parizeau: Je ne peux pas être plus d'accord avec le
député de Westmount. C'est qu'il y a des dégrés
dans la concurrence comme il y a des degrés dans la concertation et que
nous avons, sur le plan des entreprises privées, un schéma
juridique intelligible bien connu, traditionnel que tout le monde comprend.
Quand il s'agit, au contraire, d'un secteur public aussi avancé que le
nôtre, aussi hétérogène, en un certain sens, que le
nôtre, on ne peut pas... C'est tout ce que je fais. Je ne vais pas plus
loin. On ne peut pas transporter le cadre juridique corporatif sur certaines
questions comme les offres publiques. Cela, c'est à transporter dans
adaptation. Encore une fois, sur le plan
de l'objectif comprenons-nous bien. Je ne pense pas que le secteur
public québécois puisse continuer à prendre l'importance
qu'il prend à l'heure actuelle sans être assujetti à des
règles précises.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Je pense que le député de Westmount a
traité du sujet que je voulais discuter. Je voulais justement parler du
holding avec ses 400 compagnies et de la place qu'il occupe dans le secteur
public et sur le marché et de la concertation. Même là, il
est évident que l'achat d'actions pourrait être fait de telle
façon par deux ou trois mandataires du gouvernement pour éviter
qu'il y ait divulgation. Alors, même si on s'entend sur le fait qu'il
s'agit d'un premier pas, je pense qu'on doit noter qu'il s'agit d'un premier
pas qui n'est pas aussi parfait qu'on l'avait souhaité à prime
abord et qui est même en deçà, compte tenu de la
concertation qui peut jouer et qui a joué dans le cas de Domtar en
particulier ou dans le cas de Gaz Inter-Cité ou dans le cas de Gaz
Métropolitain. Il est bien certain que la divulgation des 10% pourrait
être déjouée assez facilement par un gouvernement qui
voudrait agir dans un secteur donné sans que les intervenants normaux
puissent y voir clair, pendant un certain temps du moins. Étant
donné que le débat a été fait, je vais me limiter
à ces remarques.
Le Président (M. Boucher): A-t-on pris connaissance de
l'amendement?
M. Parizeau: C'est essentiellement une clarification, cet
amendement; ce n'est pas un amendement fou.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est-il
adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): L'amendement, oui.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Avant de passer à
l'appel de l'adoption, je présume, M. le Président, de l'article
4 tel qu'amendé, je me demandais si le ministre avait vraiment couvert
une question que j'avais à l'esprit. Dans la mesure où on peut le
reconnaître avec le ministre - il a réaffirmé qu'il n'est
pas disposé aujourd'hui à soumettre les organismes mandataires
aux mêmes dispositions que le secteur privé, pour utiliser
l'appellation simple, en matière d'offres publiques d'achat - quand
même, l'effet de l'article 4 était de permettre au public de
constater qu'il pouvait y avoir des offres d'achat graduelles ou
discrètes ou étapistes - je pense que je vais conserver ce mot,
il est plus familier au ministre - alors que, si on retourne à la notion
que le ministre a développée à l'égard de la
distinction qui doit être maintenue et qui existe dans les faits, selon
lui, entre les différents organismes gouvernementaux, on peut avoir la
situation où la même prise de contrôle étapiste peut
se faire par le biais effectivement de l'ensemble de sociétés
mandataires. On peut concevoir qu'il y a assez de sociétés
d'État qu'elles pourraient s'approprier tranquillement jusqu'à
9,999999% du capital-actions ou des actions votantes, peu importe, d'une
société sur la Bourse ou autrement et donc de ne pas divulguer
cette détention, cette emprise, ce contrôle qu'elles exerceraient
et qui éclateraient au grand jour à un moment donné par
voie de concertation, par voie d'entente ou autrement entre les
différents propriétaires mandataires du gouvernement. Je me
demandais donc, dans ce cas précis de divulgation... Parce que, si
l'idée est de mettre au grand jour des faits nouveaux, appelons-les
comme cela, d'une participation croissante de l'État dans une
société quelconque par le biais de l'article 4, s'il met cela au
grand jour, on ne le met pas au grand jour si on agit par
l'intermédiaire de différentes sociétés. Si la
caisse va jusqu'à 9,99% de quelque chose, SGF peut également le
faire, SOQÙIA peut également le faire. On a au moins un cas
où il y a trois... Il y a souvent deux sociétés
d'État, chose certaine, Provigo, Gaz Inter-Cité. Quand cela n'est
pas la caisse, c'est SOQUIP, c'est SOQOEM; c'est avec la SGF, avec SOQUIA. Dans
le cas de Provigo, c'est SOQUIA qui est dans le portrait, tout de suite en bas
de dix, d'ailleurs, dans ce dernier cas. Je me demandais si l'article 4 ne
gagnerait pas à être élargi et à introduire,
à la rigueur, la notion de personne reliée ou liée
à l'égard des organismes mandataires du gouvernement. Dans le cas
de la divulgation; on ne parle pas d'offres d'achat publiques, on parle de
divulgation. Je me demandais si le ministre avait des commentaires
là-dessus avant la suspension.
M. Parizeau: M. le Président, je comprends bien la
préoccupation du député de Vaudreuil-Soulanges, encore
qu'il faut noter qu'à ma connaissance - je peux me tromper
peut-être, mais, à ma connaissance, et pourtant je connais pas mal
les transactions de ce côté - dans le secteur public, je ne vois
pas de cas où il y a plus de deux sociétés d'État
dans la même société. Il faudrait vraiment imaginer une
sorte de complicité où, pour ne pas divulguer, plusieurs
sociétés d'État entreprendraient une sorte de collusion
pour rester à 9,95% chacune. Cela ne s'est jamais posé. Tenir
pour acquis qu'une collusion
comme celle-là pourrait survenir, cela m'apparaît
être prêter des intentions. Je comprendrais cependant... (16
heures)
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je ne prête pas des
intentions aux sociétés d'État, j'en prête au
ministre.
M. Parizeau: Que cela soit au ministre ou aux
sociétés d'État... Il faut bien comprendre: Plusieurs de
nos sociétés d'État sont complètement
séparées et la Caisse de dépôt, comme aucune autre,
ne l'est. Prêter des intentions au ministre, c'est plus que cela: c'est
prêter des intentions au ministre et accepter une sorte de soumission des
sociétés d'État dans ce qui est fondamentalement une
opération de collusion. C'est beaucoup. À toutes fins utiles,
c'est considérer que le secteur public dirigé, dans un cas
particulier par un ministre, chercherait à contourner la loi et sinon,
à en violer la lettre, en tout cas, à en violer l'esprit. C'est
un peu cela. C'est beaucoup. Je ne suis pas prêt, nécessairement,
à chercher des intentions à cela. Mais je comprends, cependant,
l'intérêt qu'il y aurait à trouver une définition
juridique, analogue mais différente, de "personne liée" dans le
cas du secteur public. Je pense que le député de
Vaudreuil-Soulanges comprendra que cela ne peut pas être la même
notion que "personne liée", que là on serait en droit
complètement nouveau. Je veux bien innover jusqu'à concurrence de
l'article 4, mais pas être le seul au Canada à inventer une
nouvelle définition de "personne liée" dans un secteur public.
Là, on est en droit complètement nouveau. Je vous avouerai que
j'aime bien l'originalité, mais pas poussée jusque là.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 4 tel
qu'amendé est adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sur division.
Le Président (M. Boucher): Sur division.
Étant donné que nous nous étions entendus pour
qu'à 16 heures nous passions à l'étude du projet de loi no
94 je tiens tout simplement à mentionner, pour l'information du journal
des Débats, que le Barreau du Québec, qui n'a pas
été entendu hier, a fait parvenir un télégramme que
nous avons déposé en commission.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Au sujet de l'entente,
j'ajouterai - je pense que nous sommes au courant - qu'étant
donné que les travaux de la Chambre ont été
décalés d'une demi-heure en raison d'un caucus des
députés ministériels, nous devrons reprendre à 16 h
30, avec mes collègues qui sont retenus une demi-heure de plus que
prévu à l'Assemblée nationale, à l'étude du
projet de loi no 94.
Le Président (M. Boucher): D'ailleurs, en Chambre on a
mentionné le fait qu'on pouvait poursuivre jusqu'à 16 h 30
l'étude du projet de loi no 85. Maintenant, le député de
Westmount me fait part qu'il devait partir à 16 heures.
M. Parizeau: M. le Président, on s'était entendu
avec le député de Westmount qui devait partir à 16 heures.
Dans ces conditions, je suggérerais que l'on suspende la séance
et que l'on passe à 16 h 30 à l'étude du projet de loi no
94.
Maintenant, il y a une chose qui n'est pas claire dans mon esprit quant
à l'entente. Est-ce que, ce soir, nous poursuivrons l'étude du
projet de loi sur les valeurs mobilières ou le projet de loi no 94?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le projet de loi no 94.
M. Parizeau: Le projet de loi no 94, ce soir. Parfait.
Le Président (M. Boucher): L'heure de la Chambre
était jusqu'à 18 heures et après, ce soir...
M. Parizeau: Passé 20 heures ce soir...
Le Président (M. Boucher): On avait dit que, ce soir, nous
poursuivrions l'étude sur les projets de loi privés ce qui...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela prend trente secondes,
c'est un changement de nom.
Le Président (M. Boucher): ... à ma connaissance,
ne durera que trente secondes. Alors, nous allons suspendre nos travaux
jusqu'à 16 h 30.
M. Parizeau: Jusqu'à 16 h 30. (Suspension de la
séance à 16 h 04)
(Reprise de la séance à 16 h 35)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission élue permanente des institutions
financières, compagnies et coopératives reprend ses travaux tel
que convenu par un ordre de la Chambre. Nous étudierons cette fois le
projet de loi no 94, Loi sur l'inspecteur général des
institutions financières et modifiant diverses dispositions
législatives. Les membres de la commission sont les mêmes que ce
matin, sauf M. Polak (Sainte-Anne) qui remplace M. Johnson
(Vaudreuil-Soulanges).
M. le ministre, est-ce qu'on doit nommer un autre rapporteur?
M. Parizeau: C'est un autre projet de loi.
Le Président (M. Boucher): C'est un autre projet de loi.
Est-ce que le député de...
M. Bordeleau: Je me porte volontaire.
M. Polak: II est totalement acceptable pour l'Opposition.
Une voix: Oui, alors merci M. le député de
Viau.
Le Président (M. Boucher): M. Bordeleau d'Abitibi-Est,
comme rapporteur. M. le ministre, est-ce qu'il y a des commentaires
préliminaires?
Projet de loi no 94
M. Parizeau: J'ai eu M. le Président, l'occasion en
deuxième lecture d'indiquer l'esprit de ce projet de loi. Il s'agit
d'une transformation majeure puisque nous supprimons un ministère et que
nous le remplaçons pour la majeure partie des fonctions, pour une bonne
partie des fonctions assumées par ce ministère jusqu'à
maintenant, par un inspecteur général des institutions
financières. Cet inspecteur général des institutions
financières répondra à l'Assemblée nationale par le
truchement du ministre des Finances, qui sera responsable de l'application de
la loi.
D'autre part, comme j'ai eu l'occasion de le dire, ce projet de loi ne
conclut pas cependant le travail de réorganisation du ministère
des Institutions financières, en ce sens que nous aurons à
prendre un certain nombre de dispositions pour restructurer les rapports qui
existaient jusqu'à maintenant entre le gouvernement et le mouvement
coopératif et que certaines fonctions assumées par le
ministère jusqu'à maintenant comme celles qui concernent
l'immobilier sont envoyées au ministère de l'Habitation et de la
Protection du consommateur.
Je pense que les propositions qui sont faites dans ce document, dans ce
projet de loi, devraient nous permettre d'en arriver à une application
des lois qui ont trait aux institutions financières, beaucoup plus
rigoureuse qu'elle n'a pu l'être jusqu'à maintenant et surtout
avec une structure comme celle-là, qu'on pourra assurer une
continuité et un suivi dans l'administration des lois, ce qui n'a pas
toujours été le cas dans le passé. Dans ce sens, cela me
paraît être une amélioration importante par rapport à
ce que nous avons eu jusqu'à maintenant.
Inspiré d'ailleurs, comme j'ai eu l'occasion de le dire, de
structures sans doute un peu différentes, mais qui participent au
même principe et que nous retrouvons au gouvernement
fédéral. Voilà les observations préliminaires que
j'avais sur ce projet de loi.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: Je n'ai pas de remarques sauf celle de dire, vous le
savez très bien, à la fin de la session, que nous ne recevons non
seulement une série de projets de loi, mais nous sommes supposés
les avoir étudiés en détail. Je vais être
très franc. J'ai examiné le principe de ce projet de loi et, en
bon avocat - ce que je pense être - je vais donc m'ajuster au fur et
à mesure en lisant les articles avec le ministre. J'espère que,
de temps en temps, si je pose des questions qui semblent être un peu
bêtes pour lui, toujours dans l'optique d'essayer d'obtenir des
réponses aux questions, afin d'améliorer le projet de loi, si
nécessaire, au moins recevoir des réponses qui expliquent le
pourquoi de tel ou tel article. Quant à moi, nous sommes prêts
à commencer dès maintenant.
Le Président (M. Boucher): Merci. Alors, j'appelle
l'article 1. M. le ministre.
Dispositions générales
M. Parizeau: L'article 1 prévoit la création de
cette fonction d'inspecteur général et décrit sommairement
son rôle et ses fonctions.
M. Polak: Pas de problème.
Le Président (M. Boucher): L'article 1 est-il
adopté?
M. Polak: Oui.
Le Président (M. Boucher): Article 2?
M. Parizeau: II y a un papillon à l'article 2. Nous
remplaçons le chiffre 10 par "dix", écrit en lettres. Donc, 10
est remplacé par "dix".
M. Polak: On ne remplace pas 5 par cinq?
M. Parizeau: Effectivement, cela avait l'air un peu baroque. Cinq
en lettres et dix en chiffres. Mais cela ne change rien quant à la
nature de l'article.
Le Président (M. Boucher): Alors, l'amendement est-il
adopté?
M. Polak: Oui. Juste une question à l'article 2. On dit
que le "gouvernement nomme". Vu qu'il s'agit d'une fonction qu'on n'a jamais
eue auparavant, une sorte de superfonctionnaire comme on pourrait dire en
termes laïcs, n'a-t-on pas pensé à la possibilité que
cette nomination devrait être ratifiée ou approuvée par
l'Assemblée nationale, comme on le fait, par exemple, dans le cas de
quelques autres hauts fonctionnaires?
M. Parizeau: La nomination de la personne en question est
plutôt considérée, comme une fonction de l'Exécutif.
Dans l'esprit de ce que nous faisons lorsque nous plaçons un
fonctionnaire sous l'autorité de l'Assemblée nationale, comme le
Protecteur du citoyen ou le Vérificateur général, ce sont
des fonctions où on croit que les citoyens peuvent avoir besoin de
recours contre le gouvernement, j'allais dire d'être
protégés contre le gouvernement. Quand il s'agit de tâches
d'exécution de mandat, cela relève de l'Exécutif et c'est
pour cela qu'on dit: "Le gouvernement nomme".
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Polak: Oui.
Le Président (M. Boucher): Article 3.
M. Polak: II n'y a pas de problème.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Polak: Oui.
Le Président (M. Boucher): Article 4.
M. Polak: Même chose.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 5.
M. Polak: Je n'ai pas de problème avec cela non plus.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 6.
M. Polak: On dit: "L'inspecteur général exerce ses
fonctions à plein temps". Y a-t-il quelque part dans la loi une
prévision qui dit qu'il ne peut pas détenir des actions dans
certains... Est-ce que cela est écrit plus loin?
M. Parizeau: Cela est écrit plus loin. Ce sont des
dispositions absolument essentielles pour éviter même le
soupçon d'un conflit d'intérêts. Nous aurons l'occasion de
les voir un peu plus tard.
Le Président (M. Boucher): Adopté? M. Polak:
Oui.
Le Président (M. Boucher): Article 7. M. Polak: II
n'y a pas de problème.
Le Président (M. Boucher): Adopté? M. Polak:
Oui.
Pouvoirs et devoirs
Le Président (M. Boucher): Article 8.
M. Parizeau: II y a des pouvoirs d'enquête, ici à
l'article 8, qui sont considérables, extrêmement étendus et
qui doivent exister si on veut que l'inspecteur général puisse
effectivement exercer son rôle. L'inspecteur général aura
en tout temps à s'assurer que les lois, les règlements seront
suivis. Comme finalement les institutions financières dont il s'agit ont
une importance capitale quant à la protection de l'épargne des
individus, il faut que l'inspecteur puisse -et les mots ici "de sa propre
initiative" sont particulièrement importants - s'il a des raisons de
croire que quoi que ce soit ne tourne pas rond, il doit avoir un pouvoir
d'enquête, une capacité d'entrer dans ces institutions
immédiatement.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 9.
M. Parizeau: II s'agit du droit de saisie.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Polak: Oui.
Le Président (M. Boucher): Article 10.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 11?
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 12?
M. Parizeau: Ce sont les pouvoirs des commissions d'enquête
qu'on donne à l'inspecteur général, mais,
évidemment, sans le droit de sanction, sans sanction pour outrage au
tribunal. Ce ne serait pas raisonnable, s'il y a des procédures à
intenter, que l'inspecteur général ait des
pouvoirs qui appartiennent aux tribunaux. M. Polak: Oui, oui.
M. Parizeau: Des pouvoirs d'enquête, mais pas de sanction.
Il ne va pas envoyer quelqu'un en prison. Si quelqu'un doit l'être, ce
sont des tribunaux qui le font et non pas lui.
M. Polak: Le deuxième paragraphe dit que "Les articles 307
à 309 du Code de procédure civile... s'appliquent aux
témoins entendus..." Cela veut donc dire qu'il y a une certaine
protection qui est encore accordée, c'est-à-dire qu'il n'est pas
forcé de s'incriminer lui-même. C'est ça. (16 h 45)
M. Parizeau: C'est exactement ça.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
13?
M. Polak: Oui.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
14?
M. Polak: Pas de problème.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
15?
M. Parizeau: Je pense que c'est une concordance que nous devons
établir à l'égard de la Loi sur l'accès aux
documents des organismes publics.
M. Polak: Oui, oui.
M. Parizeau: Les trois ans apparaissent dans cette loi.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
16?
M. Parizeau: C'est un article important dans la mesure où
passablement d'institutions financières fonctionnent dans plusieurs
provinces à la fois et où il peut être utile et important
que l'inspecteur général puisse passer des ententes avec ses
homologues d'autres provinces pour procéder à des enquêtes
conjointes ou se partager les enquêtes selon le cas.
M. Polak: Maintenant, y a-t-il une possibilité que
ça puisse ouvrir la porte aux problèmes constitutionnels avec le
gouvernement fédéral, qu'à un moment donné on
puisse être accusé d'aller sur un terrain qui lui appartient en
exclusivité? Ou est-ce que vous ne voyez pas ce problème?
M. Parizeau: Non, il n'y a pas -comment dire? - de
problèmes d'ordre constitutionnel qui puissent, se présenter en
vertu de cet article. En somme, il s'agit du droit de procéder à
une entente; par définition, si l'autre gouvernement n'est pas d'accord,
alors il n'y a pas d'entente.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 17.
M. Polak: Oui, d'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 18.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 19.
M. Polak: Oui. Ce sont vraiment des articles
généraux...
M. Parizeau: ... bateaux
M. Polak: ... qu'on trouve dans toutes les lois.
M. Parizeau: C'est cela, oui, c'est bateaux.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 20.
M. Polak: C'est la même chose.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 21,
est-ce qu'il est adopté?
M. Polak: Je vais le lire. Maintenant, le ministre des Finances
dépose le rapport, est-ce qu'il y a débat là-dessus
après? Est-ce qu'il y a une possibilité que ce rapport soit
discuté ou...?
M. Parizeau: Non, en soi, le dépôt dont nous parlons
ici, c'est le dépôt de tout organisme. De la même
façon qu'on dépose, je ne sais pas, le rapport annuel d'un
ministère, le rapport de la Caisse de dépôt, etc. des
organismes comme ceux-là; cela ne va pas plus loin. Normalement, c'est
à l'occasion de la défense des crédits que l'on pourrait
discuter du fonctionnement; maintenant, évidemment, c'est sujet à
ce qui adviendra de la réforme qui peut changer le mode de
défense des crédits; mais c'est dans ce cadre.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 22.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 23.
Inspecteur général et personnel
M. Parizeau: J'aurais quelques commentaires à
présenter ici.
M. Polak: Qui.
M. Parizeau: Traditionnellement au Canada, il y a un poste de
prévu dans la Loi sur les assurances, qui s'appelle un surintendant des
assurances et qui a des fonctions qui lui sont propres, à partir de la
Loi sur les assurances. Il s'est produit ici deux mouvements discordants, si
l'on peut dire. À Ottawa, le surintendant des assurances est devenu au
fur et à mesure où les années passaient celui qui inspecte
et qui contrôle toutes les institutions financières qui ne sont
pas des banques à charte. Il porte, en un certain sens, un faux nom. Il
est, en un certain sens, l'inspecteur général des institutions
financières dont bancaires, entre autres. Au Québec, au
contraire, le surintendant des assurances a gardé sa fonction stricto
sensu et est devenu, dans le ministère des Institutions
financières, une sorte de sous-ministre adjoint, mais dont le nom et les
fonctions continuent d'être décrits dans la Loi sur les
assurances. Ce que nous faisons ici, c'est essayer de combiner ces deux
mouvements discordants. Il y aura un inspecteur général qui aura
des fonctions d'inspection à l'égard de toutes les institutions
financières et qui aura à son tour deux adjoints, un surintendant
des assurances et un surintendant des institutions de dépôts. On
se trouve à remettre de l'ordre dans un cheminement historique qui
devenait de plus en plus baroque. Effectivement, il faut reconnaître que
notre surintendant des assurances avait un curieux statut, rang de
sous-ministre adjoint au ministère des Institutions financières
avec néammoins des fonctions décrites dans la Loi sur les
assurances. Alors, on remet de l'ordre en procédant de cette
façon. On clarifie la structure de commandement.
M. Polak: Maintenant, avez-vous l'intention de continuer à
vous servir du personnel qui est déjà disponible?
M. Parizeau: Je pourrais peut-être faire certaines
observations à ce sujet, M. le Président. Oui, effectivement,
sauf qu'il va nous en manquer. Là, je ne voudrais pas rouvrir des plaies
qui ont été assez ouvertes dans le passé. Mais, dans ce
ministère, tel qu'il existe à l'heure actuelle, il n'y a pas
suffisamment d'inspecteurs. Je pense que si, dans le passé, on en avait
eu davantage, ça aurait probablement été mieux. Il ne
s'agit pas d'augmenter les dépenses publiques. Je pense que la formule
qui doit nous guider, d'une façon générale, c'est de faire
en sorte qu'on inspecte, qu'on ait pour ça des services
nécessaires pour inspecter et qu'ensuite on cotise les institutions
inspectées. L'objectif, je ne dis pas qu'on va l'atteindre du premier
coup, ça va prendre quand même un certain temps, mais l'objectif,
en termes de personnel, c'est que l'inspecteur général et ses
services soient largement autofinancés.
M. Polak: Maintenant...
M. Parizeau: On aura le nombre d'inspecteurs qu'il faut.
Évidemment, on garde tout ce qu'on a, on n'en a déjà pas
suffisamment. On ajoute des inspecteurs et on cotise les institutions
inspectées de façon que l'objectif, à assez court terme
finalement, soit l'autofinancement des services de l'inspecteur.
M. Polak: Maintenant est-ce que cela pourrait avoir comme
conséquences que... Disons, par exemple, pour le rapport financier d'une
compagnie avec une charte du Québec qu'elle doit soumettre chaque
année, y a-t-il une possibilité que le tarif soit augmenté
pour financer une partie du personnel additionnel?
M. Parizeau: M. le Président, à l'heure actuelle,
nous sommes placés dans une situation qui, je le reconnais, est un peu
baroque. Les compagnies de fiducie, par exemple, sont cotisées pour le
plein montant de la surveillance que nous exerçons à leur
égard. Donc, il n'y a pas d'augmentation de coûts en perspective
pour des groupes d'institutions comme cela; sauf, évidemment,
l'augmentation normale des salaires ou quelque chose comme celle-là,
c'est tout. Pour d'autres groupes d'institutions cependant, il s'en faut de
beaucoup qu'elles soient inspectées correctement et par le gouvernement.
À partir du moment où on va mettre ces inspections en place,
elles vont recevoir des avis de cotisation dans certains cas pour la
première fois. Cela n'est pas tant une question d'augmentation qu'une
question de changement de système.
Une des choses que je suis à réexaminer me paraît
très importante là-dessus. Des conversations sont
engagées; on va voir comment cela évolue. C'est l'inspection des
caisses d'épargne et de crédit. Nous avons des accords
d'auto-inspection dans ces directions et le problème se pose à
savoir si on les garde comme elles ont fonctionné jusqu'à
maintenant. Selon la décision qui sera prise à cet égard,
il y aura
une cotisation ou elles continueront de payer leur propre service
d'inspection. Mais, c'est une décision à prendre.
M. Polak: Quand vous parlez de cotisation, vous parlez
plutôt de commencer avec des grandes institutions qui ont vraiment de
grosses sommes d'argent en vue. Cela ne touche pas directement le petit
commerçant ou...
M. Parizeau: Non, non, non. Pas du tout. Il s'agit
essentiellement de ceci. Je prends mon exemple des compagnies de fiducie. C'est
la même chose pour les compagnies d'assurances. Nous disons: Nous avons
fait tant d'heures d'inspection cette année. Ces heures d'inspection
nous ont coûté tant. Alors, selon vos actifs, nous vous envoyons
une partie de la facture. C'est pour les assurances et pour les compagnies de
fiducie, elles en ont l'habitude.
M. Doyon: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci. Je m'excuse de mon retard, M. le
Président. Concernant ce partage des coûts, il me vient à
l'idée une situation qui s'est produite ici à Québec et je
me demande si cette société, cette institution financière
était sous l'emprise de la vérification du ministère. Il
s'agit du cas où une institution financière fait faillite et est
dans l'impossibilité de faire face à un certain nombre
d'obligations et où, suite à cette faillite, il peut y avoir des
enquêtes de faites, un surcroît de travail et d'inspections; donc,
il y a des coûts additionnels qui sont occasionnés. Que se
passe-t-il dans ce cas? Le gouvernement devient-il un créancier de la
faillite? Y a-t-il des dispositions prévues pour que le gouvernement
tente de récupérer les fonds qu'il pourrait avoir
dépensés pour voir ce qui se passe dans une situation où
une institution financière est en difficulté?
M. Parizeau: Nous aurons maintenant les pouvoirs de le faire.
Avant cela, on ne les avait pas.
M. Doyon: Ces pouvoirs seront de quelle nature? De la nature de
créancier privilégié?
M. Parizeau: Non, non. Même dans la mesure où on
rend un certain nombre de services, il n'y a pas de raison qu'on ne les
récupère pas. Seulement, ce ne sont quand même pas les
services de l'impôt. L'impôt peut avoir une créance
privilégiée, mais il n'y a pas de raison qu'on en ait une.
M. Doyon: C'est un créancier comme les autres.
M. Parizeau: Bien sûr.
M. Doyon: Maintenant, puisqu'on en est sur ce point particulier
de certaines institutions financières qui peuvent être en
difficulté, parce que la chose peut se produire, je sais que,
probablement, vous avez passé à l'article 1 là-dessus, sur
le champ de compétences de l'inspecteur. Maintenant, je voudrais savoir
spécifiquement dans un cas comme celui - j'en disais un mot au ministre
l'autre jour en Chambre personnellement - du prêt hypothécaire de
Sainte-Foy qui a connu - j'ai ici des coupures de journaux, M. le
Président, je pourrai les envoyer au ministre - des difficultés.
C'est en date du 1er avril 1980: "Société financière
centenaire. Le prêt hypothécaire est en difficulté." On
faisait valoir que cette institution financière éprouvait des
difficultés à faire face à ses obligations. Est-ce qu'une
société semblable à celle-là tombe
nécessairement sous l'empire du contrôle et de la
vérification de l'inspecteur général dont on étudie
les pouvoirs et la loi actuellement?
M. Parizeau: Actuellement, M. le Président, nous n'avons
pas, au Québec, de lois sur les compagnies de prêt. Cela peut
paraître ahurissant, mais c'est comme cela. Si le député me
le permet, je vais lui faire une brève rétrospective des
changements apportés depuis un an et demi. On est allé au plus
rapide, c'est-à-dire les caisses d'entraide. On a été
amené à adopter deux lois. Il y avait une loi, dans tout le
travail législatif à reprendre sur les coopératives, qui
était prête depuis un certain temps et -le député de
Louis-Hébert s'en souviendra -elle a été adoptée.
Ensuite, nous avons voté des amendements nécessaires à la
Loi sur l'assurance-dépôts. Nous sommes en train de discuter de la
Loi sur les valeurs mobilières qui, elle aussi, a pris beaucoup de temps
et il était temps qu'on la vote. En fait, une fois que nous abordons
l'étude du projet de loi no 94, Loi sur l'inspecteur
général des institutions financières et modifiant diverses
dispositions législatives, il m'en reste deux dans le train de
législation: une réforme à la Loi sur les caisses
d'épargne et de crédit et une autre qui sera une nouvelle loi
s'appliquant aux compagnies de fiducie et de prêt. Actuellement, nous
avons une loi sur les compagnies de fiducie, mais on n'a pas de loi sur les
compagnies de prêt. C'est la dernière étape. Je mettrais
cela probablement quelque part au printemps. Mais, à l'heure actuelle,
il faut dire que, dans un cas comme celui que soulève le
député de Louis-Hébert, cela relèverait d'une loi
sur les compagnies de prêt, mais on n'en
a pas. Cela sera la dernière étape dans l'espèce de
train de législation qui aura duré un an et demi ou deux ans. (17
heures)
M. Doyon: M. le Président, je suis très heureux
d'apprendre qu'il y a des intentions de la part du ministère de
calfeutrer une brèche énorme qui existe actuellement. Est-ce
qu'il n'y aurait pas moyen législativement, présentement,
d'étendre le mandat de l'inspecteur général des
institutions financières à des institutions de la nature de
celles que je porte à l'attention du ministre en ce moment? Est-ce qu'il
y a une raison fondamentale qui ferait que, actuellement, ce serait contraire
à l'économie de la loi de soumettre des institutions qui,
finalement, recueillent des sommes considérables auprès des
épargnants, qui font confiance du fait même qu'elles existent. Il
faut comprendre les épargnants là-dedans. Du fait même que
ces institutions existent et fonctionnent au vu et au su de tout le monde,
qu'elles peuvent solliciter "des fonds", elles jouissent d'une
présomption de surveillance et de contrôle de la part du
gouvernement. Je me demande si le gouvernement, actuellement, s'acquitte de
cette obligation de faire correspondre la présomption qui existe, tout
simplement à cause de l'activité journalière quotidienne
de ces institutions avec l'obligation qu'il a d'assurer un contrôle et
une surveillance dans les faits.
Je comprends qu'éventuellement cela se fera, mais je me demande
si on pourrait parer au plus pressé actuellement et donner un mandat
à l'inspecteur général des institutions
financières. Il s'agirait peut-être de définir les
institutions financières autrement, je ne le sais pas. Mais je
soulève tout simplement la question parce que cela m'apparaît
être une lacune importante.
M. Parizeau: M. le Président, je voudrais dire d'abord
qu'il y a des pouvoirs d'inspection, à l'heure actuelle, qui
découlent de l'assurance-dépôts. Par
l'assurance-dépôts, on peut aller voir. Mais la difficulté
vient de ce que si on n'a pas de loi constitutive d'un certain type
d'institution, on peut bien inspecter, mais on ne peut pas dire: La loi
exigeait tel ratio entre telle partie de votre actif et telle partie de votre
passif. On peut inspecter, aller voir, on peut s'assurer que les transactions
sont faites honnêtement, mais on ne peut pas dire à l'institution:
Vous êtes délinquant par rapport à divers ratios que vous
devriez maintenir dans votre actif ou dans votre passif et parce que vous
êtes délinquant, on vous donne trois semaines, on vous donne un
mois pour vous ramener au coefficient. Et c'est dans ce sens où il faut
avoir à la fois des pouvoirs d'inspection. Ceux-là
évidemment, on en a de très larges par le nouveau projet de loi,
mais on en avait déjà par l'assurance-dépôts. Ce
qu'il nous faut, c'est aussi un cadre législatif, pour être
capable de dire aux institutions financières de chaque type:
Voilà où vous devez être par rapport à votre actif,
à votre passif, par rapport à chacun des postes. Nous avons
clairement là un trou dans notre législation.
M. Doyon: D'accord. Je comprends très bien l'argumentation
du ministre et je m'y rallie d'ailleurs. Mais je me dis: Ne pourrait-on pas, au
moins, avoir une obligation - je ne sais pas de quelle nature elle pourrait
être - que ces institutions financières qui fonctionnent et qui
recueillent des fonds qui, parfois, peuvent être menacés par le
fait que ces institutions soient dans l'obligation de dire qu'elles ne sont pas
soumises au pouvoir de surveillance et de contrôle de l'inspecteur
général des institutions financières, de telle
façon qu'une telle annotation servirait d'avertissement aux personnes
qui, librement, choisiraient d'y investir leurs fonds, parce qu'il y a une
espèce d'ambiguïté: nous, en regardant les lois qui
soumettent un certain nombre d'institutions financières, on a cela en
annexe des lois où l'inspecteur général du financement des
institutions financières va agir. Nous le savons sauf que les petits
épargnants, M. le Président, sont dans le noir, en ce qui
concerne cela et je pense que si - et là on ne changerait pas
grand-chose - on avait quelque part une obligation qui dirait tout simplement
que les institutions financières qui ne sont pas soumises au
contrôle et à la surveillance de l'inspecteur
général des institutions financières doivent
obligatoirement, quelque part, d'une façon ou d'une autre, de l'indiquer
et d'en avertir, soit sur le certificat de dépôt qu'ils remettent,
s'il s'agit d'un certificat de dépôt, soit au comptoir où
ils reçoivent des fonds ou, je ne sais pas de quelle nature ce pourrait
être, de faire savoir que ce pouvoir de surveillance et de contrôle
n'existe pas dans leur cas.
M. Parizeau: Nous avons à l'heure actuelle un certificat
qui existe pour des institutions comme celles que décrit le
député de Louis-Hébert et le certificat
d'assurance-dépôts. Chaque entreprise qui reçoit des
dépôts peut obtenir ce certificat. D'autre part, la quasi
totalité des institutions qui reçoivent ainsi des
dépôts et qui sont assurées relèvent de l'une ou
l'autre de nos lois. Si c'est une caisse populaire, cela relève de la
Loi sur les caisses d'épargne et de crédit, etc.
Le trou dont je parlais tout à l'heure -et c'est pour ça
que je ne sais pas si je soulèverais un problème de principe
à cet égard - dans notre législation s'applique aux
sociétés de prêt. Il y a quatre de ces
sociétés de prêt au Québec, dont trois sont des
succursales de banque et la quatrième
est celle dont parle le député de Louis-Hébert.
Dans ce sens, je pense qu'il a tout à fait raison. Cette institution
était une sorte de cas unique au Québec, qui avait
l'assurance-dépôts, qui était inspectée, mais qui
n'était assujettie à aucune loi constitutive. Je ne vous dis pas
que c'est ce qui a causé la faillite. Sûrement pas. Mais c'est
très gênant de se dire qu'il y a quand même une institution
qui a réussi - si je peux m'exprimer ainsi - à passer à
travers certaines mailles. C'est la raison pour laquelle il ne faut - et je
pense que c'est la seule façon d'y arriver - pas laisser les
institutions de dépôts de quelque nature que ce soit, fonctionner
au Québec, si elles ne sont pas assujetties à un cadre juridique.
Je pense que c'est la responsabilité et non pas un droit d'exception
qu'il nous faut. Il nous faut être certain que personne, ni aucune
institution financière ne ramasse des dépôts dans le public
sans être assujettie à un cadre juridique précis.
Dans ce sens, quitte, en un certain sens, à avoir des extensions
de définition, je voudrais, quand notre manoeuvre législative
sera terminée, qu'on ait l'assurance qu'on ne peut pas avoir une
institution, ramassant des dépôts au Québec qui soit dans
les limbes au plan juridique ou qui soit simplement assujettie à la Loi
sur les compagnies. Ce n'est pas raisonnable. On n'a pas le droit, on ne
devrait pas normalement avoir le droit de ramasser des dépôts sans
être juridiquement encadré. Je pense que c'est plutôt ainsi
qu'il faut fonctionner que de prendre cela à l'inverse. Les compagnies
qui échappent au cadre juridique, parce que le gouvernement n'a pas fait
son travail, il faut le reconnaître, dans des choses semblables,
pourraient dire: Nous ne sommes pas assujetties à la surveillance d'un
inspecteur général. Aucune institution qui reçoit des
dépôts ne devrait échapper au contrôle de
l'inspecteur général. On doit arranger nos lois de façon
qu'elles soient ainsi. Autrement, vous le savez, la déclaration
d'exception, il faut la connaître pour être capable de
l'imposer.
M. Doyon: Oui. Disons que la solution que je suggérais
était une solution essentiellement temporaire, qui visait à
régler peut-être plus un cas d'espèce qu'autre chose. Sauf
que mes fonctions antérieures m'ont appelé à être
mêlé de près à tout ce qui a eu trait aux
difficultés du prêt hypothécaire de Sainte-Foy. On s'est
retrouvé avec un organisme public qui a placé de l'argent, des
sommes considérables d'un fonds d'amortissement destiné à
rembourser des emprunts futurs, dans une société de la nature de
celle du prêt hypothécaire. Là, il y a eu des
requêtes en liquidation, des contestations. Apparemment, la Cour d'appel
est saisie de cela. Le versement des intérêts a été
suspendu. L'administration quotidienne se fait par un bureau de comptables ou
de syndics. Je ne sais trop de quelle nature cela se fait. Des frais
considérables sont donc encourus. On ne connaît pas la protection
assurée au capital là-dedans.
Tout le monde est embarrassé par cette situation. Peut-être
que tout le monde a agi de bonne foi, mais on est dans une situation où,
finalement, on est loin d'avoir l'assurance nécessaire que les
obligations, contractées par cette institution financière, que ce
soit par les organismes ou par des individus qui ont placé des fonds, on
ne sait pas ce qui va advenir de cela. Cela dure depuis le mois d'avril 1980.
Cela va faire trois ans, en avril 1983. Je comprends qu'ils ont glissé
entre les mailles quelque part, ils se sont faufilés de quelque
façon, mais il y a sûrement des gens qui seront perdants, en
commençant par un certain nombre de petits épargnants, pour ce
qu'ils auront pu investir de plus que 20 000 $, étant donné que
cela n'est pas couvert. Aussi, finalement, des municipalités et la
Communauté urbaine de Québec, à ce moment-là, ce
seront les contribuables qui en feront les frais.
C'est une situation qui ne devrait pas se produire, mais qui s'est
produite, malheureusement. Chacun a peut-être agi de bonne foi, sauf
qu'on se retrouve devant un état de fait dommageable pour tout le monde.
C'est tout ce que je voulais souligner.
M. Parizeau: Je comprends très bien les
préoccupations du député de Louis-Hébert. Tout ce
que je peux conclure à cet égard-là, c'est que des
accidents comme ceux-là n'ont qu'une seule bonne chose, c'est d'amener
les gouvernements à réexaminer le cadre juridique dont ils
disposent en se disant: Est-il suffisant ou faut-il aller plus loin? À
partir de l'exemple qu'a souligné le député de
Louis-Hébert, à partir de l'exemple considérable des
caisses d'entraide, l'an dernier, on est amené à modifier le
cadre juridique et, d'autre part, à donner infiniment plus de dents aux
dispositions de protection que notre loi comporte. C'est le seul avantage de
crises comme celles-là.
M. Doyon: En dehors de ce sujet, je voudrais savoir si
l'inspecteur général des institutions financières aura des
pouvoirs spécifiques pour s'assurer - et cela est hypothétique -
qu'il y a concurrence réelle entre les institutions financières?
Et je m'explique. Il est concevable que des institutions financières se
concurrencent avec des taux, avec des avantages connus au vu et au su de tout
le monde. Maintenant, est-ce que l'inspecteur des institutions
financières aura le droit de vérifier, s'il a des raisons de
croire que certaines
considérations non connues peuvent avoir été
consenties de façon à faciliter, à encourager ou à
favoriser de la part des épargnants ou de la part de certains organismes
qui ont des sommes considérables à placer, que ces
montants-là, ces fonds-là soient placés dans une
institution financière plutôt qu'une autre? Est-ce que le ministre
pourrait me dire si les pouvoirs de l'inspecteur des institutions
financières iraient, hypothétiquement et théoriquement,
jusque-là? Cela peut être important.
M. Parizeau: Le rôle de l'inspecteur général
est essentiellement de s'assurer que l'épargne est
protégée et que les règles de prudence qui apparaissent
dans nos lois sont observées avec rigueur. Il ne pourrait normalement
intervenir - dans le sens, par exemple, d'instructions de déplacement de
fonds dans le sens de ce que soulevait le député de
Louis-Hébert - que dans la mesure où il aurait des raisons de
croire que pour des raisons de solvabilité de l'institution, le
placement dans la direction A plutôt que dans la direction B n'est pas
prudent parce que A risque d'être dans une situation
d'insolvabilité. Mais c'est toujours à partir non pas du
critère de concurrence, mais du critère de prudence et de
protection de l'épargne.
La concurrence entre les institutions financières relève
normalement ou peut relever des politiques gouvernementales et non pas de
l'inspecteur. L'inspecteur n'a pas à modifier des lois ou à
concevoir des lois. Bien sûr, il conseille le gouvernement quant à
ces lois, mais c'est le gouvernement... Si, à un moment donné,
nous, au gouvernement, considérions que la concurrence entre les
institutions financières n'est pas suffisante au Québec et qu'il
faudrait, par exemple, décloisonner les pouvoirs entre deux types
d'institutions financières pour activer la concurrence, il faudrait
changer nos lois. À ce moment-là on se tournerait vers
l'inspecteur général en lui disant: Nous avons changé nos
lois pour activer la concurrence, dorénavant vous appliquerez cela
plutôt que les lois anciennes. L'inspecteur s'assure essentiellement que
les lois sont observées au nom de la protection de l'épargnant.
C'est une question de politique gouvernementale que de se demander s'il y a
suffisamment de concurrence sur les marchés financiers au Québec.
Est-ce que, sur le plan de la circulation de l'épargne, la concurrence a
fait suffisamment? Cela est une question de politique gouvernementale. Ce n'est
pas une question d'inspection. Je pense qu'il faut garder cela distinct. Il est
très important, à cet égard, que l'inspecteur applique les
lois et que les lois reflètent la politique que l'on veut voir
apparaître. Les deux rôles - le rôle de législation
dans ce domaine et le rôle d'application des lois et de surveillance -
sont deux fonctions bien distinctes. Cela me paraît important.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 23 est
adopté?
M. Doyon: Oui.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 24.
M. Polak: J'ai une question relative à l'article 24.
L'article dit que l'inspecteur général peut s'adjoindre les
experts qui lui sont nécessaires. Est-ce qu'il s'agit d'experts qui
travailleront à temps plein comme les fonctionnaires ou sont-ils
plutôt des contractuels? (17 h 15)
Deuxièmement, je comprends très bien l'idée de
cette inspection et qu'on a besoin de plus de personnes pour que ce soit
vraiment un bon contrôle, mais est-ce que, quelque part, dans le projet
de loi, on trouve une sorte de contrôle, afin d'éviter de
bâtir un appareil administratif lourd? Sauf que, l'inspecteur
général, je suppose, doit agir comme un bon père de
famille et bon administrateur. Mais, je ne voudrais quand même pas
qu'à un moment donné il y ait des centaines de personnes qui
soient engagées, qu'il y ait des inspecteurs partout à grands
frais qui devront être payés par quelqu'un.
M. Parizeau: M. le Président, la réaction du
député Sainte-Anne est tout à fait pertinente et c'est
pour cela qu'il y a l'article 24. C'est justement pour qu'on ne soit pas
obligé d'avoir un personnel permanent au niveau, j'allais dire, de nos
pointes, de nos crises. S'il avait fallu dans l'année qui s'est
écoulée - je n'ai pas besoin de vous dire, M. le
Président, que l'histoire des caisses d'entraide, on y a
goûté -affecter du personnel permanent au niveau
d'activités qu'on a eues pendant cette année-là, je ne
sais pas exactement ce qu'on lui ferait faire quand les temps sont calmes.
Alors, on veut être en mesure de dire: On ne veut pas d'employés
permanents au-delà de ce qu'il faut quand les temps sont calmes et quand
les temps sont, au contraire, agités, on va chercher des gens à
l'extérieur pour trois mois, pour six mois, pour quinze jours et une
fois l'agitation terminée on dit: Voilà, vos contrats sont
finis.
M. Polak: D'accord.
M. Parizeau: L'article 24 est en quelque sorte une soupape.
D'autre part, il est évident que dès qu'on aborde certaines de
ces questions financières très, très
spécialisées, il peut fort bien y avoir des cas où on a
besoin d'un expert de temps à autre et on n'aurait pas à occuper
une sorte de
conseiller permanent à temps plein, ce ne serait pas
nécessaire. Alors, il faut être en mesure d'aller chercher de
l'expertise.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Polak: Oui.
Le Président (M. Boucher): L'article 25?
M. Polak: Pas de problème.
Le Président (M. Boucher): L'article 25 est adopté.
L'article 26?
M. Polak: Bon là, on retrouve l'article que j'ai
mentionné tout à l'heure. Évidemment, sa femme peut avoir
toutes sortes d'intérêts.
M. Parizeau: Ah ça!
M. Polak: Quoi qu'on dise "un intérêt direct ou
indirect". Donc, peut-être que le mot "indirect" ouvre la porte pour
dire: Tu ne peux pas faire indirectement ce que tu ne peux pas faire
directement.
M. Parizeau: Cela m'apparaît... Le Président (M.
Boucher): Adopté? M. Polak: Oui.
Le Président (M. Boucher): L'article 26 est adopté.
L'article 27?
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): L'article 27 est adopté.
L'article 28?
M. Parizeau: L'article 28 est quelque chose d'un peu nouveau par
rapport à d'autres lois qui ont trait aux conflits
d'intérêts dans le sens suivant. Le fait de posséder des
actions dans une institution financière peut placer quelqu'un en conflit
d'intérêts, mais que l'inspecteur général ait un
très gros emprunt dans une institution financière, ça peut
l'attacher, au moins sinon davantage, que des actions. Dans ce sens-là,
il est donc tout à fait clair que ceci doit se savoir. Si un inspecteur
général a contracté un emprunt quelque part, il faut que
ça se sache.
M. Polak: II peut faire un emprunt pour acheter une automobile,
par exemple.
M. Parizeau: Oui et c'est...
M. Polak: II doit vous aviser de quelle sorte d'automobile il
s'agit et où il l'achète?
M. Parizeau: Oui. L'automobile c'est une chose, mais ce n'est pas
tellement à des choses comme ça qu'on pense. Si, à un
moment donné, un inspecteur général avait auprès
d'une banque ou plutôt d'une institution financière - parce que
des banques sont sous juridiction fédérale - un emprunt de 200
000 $, ce ne serait pas mauvais de le savoir.
Le Président (M. Boucher): L'article 28 est-il
adopté?
M. Polak: Oui.
Le Président (M. Boucher): L'article 29.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): L'article 29 est adopté.
L'article 30?
M. Polak: Correct.
Le Président (M. Boucher): L'article 30 est adopté.
L'article 31?
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): L'article 31 est adopté.
L'article 32?
Infractions
M. Polak: À l'article 32, les amendes minimales de 500 $
et de 5000 $ au maximum s'appliquent-elles à l'inspecteur
général lui-même et au personnel qui l'entoure? Qu'est-ce
qui se passe avec quelqu'un de l'extérieur qui essaie d'obtenir de tels
renseignements sachant que ce n'est pas permis? Est-ce qu'il y a un autre
article plus loin qui le prévoit? Disons que je possède une
compagnie et que je voudrais avoir certains renseignements, que je ne suis pas
autorisé à obtenir sur un concurrent. Est-ce que ce cas est
prévu?
M. Parizeau: Un instant! je pense que c'est couvert par l'article
14. Non, l'article 14 s'applique à l'inspecteur général:
Tout membre de son personnel et toute autre personne que l'inspecteur
général a autorisée à exercer les pouvoirs
visés. Eux sont donc liés par la confidentialité. Mais je
pense que ce que le député de Viau demandait, c'est autre chose,
c'est quelqu'un de l'extérieur...
M. Polak: Excusez-moi, M. le ministre, de Sainte-Anne.
M. Parizeau: Excusez-moi, M. le député de
Sainte-Anne! Je disais de Viau... Mes excuses, M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: C'est un petit district
ouvrier. C'est pour cela que... M. Parizeau: Excusez-moi.
M. Polak: ... j'interviens sur le projet de loi no 94, Loi sur
l'inspecteur général des institutions financières. Dans
notre comté, on commence à se lancer un peu là-dedans.
M. Parizeau: Toutes mes excuses au député, M. le
Président. Si je comprends bien, ce que le député de
Sainte-Anne demandait, c'est: Est-ce qu'une personne extérieure au
gouvernement...
M. Polak: C'est cela.
M. Parizeau: ... qui sait que la confidentialité doit
s'appliquer et qui chercherait néanmoins...
M. Polak: ... essaie de contacter... C'est cela.
M. Parizeau: Le problème là-dedans, c'est que comme
la loi ne le vise pas - la loi ne vise pas le public ici, elle vise
l'inspecteur général, ses employés, etc. - je ne vois pas
comment... Il faudrait procéder autrement; on ne peut pas
procéder par cette loi, c'est clair.
M. Polak: Non, mais j'imagine que cela pourrait être
couvert par une autre loi générale.
M. Parizeau: Ah! bien oui, des tentatives de corruption, ce qu'on
veut, des choses comme celles-là sont couvertes par d'autres lois.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que c'est
adopté?
M. Polak: Oui.
Le Président (M. Boucher): Article 33.
M. Polak: D'accord.
Dispositions financières
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 34.
M. Polak: Maintenant, on dit à l'article 34 que les livres
sont vérifiés par le Vérificateur général.
J'imagine qu'il inclut cela dans son rapport annuel et qu'il fait ses
commentaires là-dessus.
M. Parizeau: Effectivement, cela fait partie de son mandat de
vérificateur.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 35.
M. Polak: J'ai juste une question sur l'article 35. Dans les
commentaires, on parle, par exemple, des frais pour l'émission de
lettres patentes, permis et certificats. Je voudrais souligner ici que
peut-être ce serait bon de temps en temps d'avoir l'opinion de quelqu'un
qui travaille, disons, comme avocat et qui incorpore souvent de petites
compagnies. Il y a toujours le problème d'une charte provinciale ou
fédérale et il y a beaucoup de clients qui regardent le point de
vue financier. Maintenant, il n'y a aucun problème parce que cela
coûte aussi cher au fédéral qu'au provincial, mais il ne
faudrait pas dire ici, par exemple, qu'on augmentera les frais du gouvernement
de centaines de dollars parce que cela forcera les gens à se chercher
une charte fédérale. Je voudrais qu'on reste en concurrence tout
le temps avec le fédéral.
M. Parizeau: II y a plus que cela, c'est que, d'autre part, en
raison... C'est un des à-côtés que cela relève du
ministre des Finances. Le ministre des Finances a décrété
aussi un certain nombre de règles antiinflationnistes quant aux prix
administrés. Il serait mal venu que cela ne s'applique pas aux domaines
dont il est responsable. Ce serait vraiment le comble du paradoxe.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
M. Polak: Oui.
Dispositions diverses et transitoires
Le Président (M. Boucher): Article 36. M. Polak:
Pas de problème.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 37.
M. Polak: À l'article 37, je trouve ce dont j'avais
parlé, que le personnel...
M. Parizeau: Voilà! C'est ce que j'allais dire.
M. Polak: ... continue.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Polak: Oui.
Le Président (M. Boucher): Article 38.
M. Polak: J'ai juste une remarque sur l'article 38, au paragraphe
2. On dit que malgré le délai fixé à l'article 2 de
la loi sur la preuve, l'inspecteur général peut détruire
tous les dossiers. Il n'y a ici aucun délai pour dire après une
période de six mois ou un an. Théoriquement, quand on lit
textuellement le paragraphe 2, cela voudrait dire que l'inspecteur a un
document et que le lendemain, après en avoir fait une photocopie, il
peut le détruire. Est-ce qu'on ne devrait pas retenir l'original pendant
au moins quelque temps?
M. Parizeau: En pratique, il faut comprendre l'énorme
quantité de paperasse que l'inspection des institutions
financières produit. On peut, dans le cas de certains documents
juridiques, considérer que l'original doit être gardé, mais
quand il s'agit de camions de papiers de vérifications, je vous avouerai
que le microfilm épargne beaucoup d'argent.
M. Polak: Oui.
M. Parizeau: II faut comprendre la quantité de paperasse
qui passe par un organisme comme celui-là, à moins de vouloir
vraiment des entrepôts.
M. Polak: Le ministre vient de faire une distinction que je ne
retrouve pas dans le texte de l'article. Il y a tout de même un document
juridique de cette nature. On parle ici des dossiers et autres documents. Cela
inclut vraiment tout. Est-ce qu'on ne devrait pas faire une distinction? Je
comprends très bien que sur 95% de l'ensemble de ce document, il n'y a
aucun problème. Mais il y a tout de même certaines
catégories de documents qui devraient être exclues de ça
pour au moins une période de temps. Vous-même semblez faire une
distinction pour certains documents.
M. Parizeau: II s'agit d'autres lois. Est-ce qu'il n'y a pas
d'autres lois qui exigent que les originaux soient conservés? M. le
Président, on me dit qu'effectivement les pratiques ont changé et
que maintenant dans toutes les nouvelles lois que nous adoptons, on se
débarrasse de la nécessité de garder les originaux pendant
un certain temps. On me donne comme exemple une loi que nous sommes en train de
discuter, celle du ministère du Commerce extérieur où le
même genre de disposition apparaît. Il semble que maintenant on
branche le pilote automatique là-dessus. Chaque fois qu'un projet de loi
est présenté devant cette Chambre, la même disposition
revient. J'imagine que l'amélioration des techniques de photocopie et
les microfilms a fait que maintenant...
M. Polak: Cela touche donc tous les documents.
M. Parizeau: Maintenant, ce sont tous les documents. Autrefois,
il y avait distinction mais il n'y en a plus.
M. Polak: Cela va.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 39.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 40.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 41.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 42.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 43.
M. Polak: C'est ça. On reste dans le même local, on
change juste...
M. Parizeau: Pas de dépenses inutiles. M. Polak:
Très bon. Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 44.
M. Polak: À propos de l'article 44, le
député de Vaudreuil-Soulanges a attiré mon attention sur
le fait qu'on peut, encore ici, par règlement... On a toujours peur du
mot "par règlement". Mais de la manière dont je lis le texte
à chaque fois que l'ancien terme se retrouve, on peut tout simplement le
remplacer par le nouveau terme. Je pense que ça c'est une
idée.
M. Parizeau: Essentiellement. Moi, j'ai écouté
attentivement ce que le député de Vaudreuil-Soulanges disait
à cet effet. Là, il faut bien comprendre le sens
spécifique de cet article. Nous sommes allés aussi loin que
possible pour changer les titres. Seulement, tant que nous ne sommes pas
absolument certains que, dans chaque paragraphe et dans chaque loi, ces
titres-là n'ont pas été corrigés, imaginons la
situation qu'on trouve,
à un moment donné, qu'un de ces titres apparaisse, par
exemple, dans un projet de loi privé et qu'on découvre ça
et que ça fasse allusion au ministre des Institutions
financières. Il n'y en a plus de ministre des Institutions
financières. Qu'est-ce que l'on fait? Mais ce sont essentiellement des
libellés, enfin des titres.
M. Polak: D'accord.
M. Parizeau: Rien de plus.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 45.
M. Polak: Même chose pour l'article 45. Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 46.
M. Polak: Évidemment, il faut lire l'article 46 dans le
contexte comme le ministre vient de le dire. C'est que la remarque concernant
l'autofinancement d'inspections... Mais, ici, c'est simplement pour la
gérance interne...
M. Parizeau: C'est ça essentiellement. Voici, il y a une
autre raison pour l'article 46. Normalement, quand nous adoptons un projet de
loi qui nécessite le déboursé de certaines sommes, au
cours de la première année, les fonds nécessaires sont
statutaires de par cette loi; ensuite, une fois que c'est écoulé,
là apparaissent les crédits à voter à partir des
années subséquentes. Par exemple, en 1982-1983, les budgets sont
fermés. Je n'ai pas d'autres possibilités que de procéder
à partir du fonds consolidé du revenu. Cela devient statutaire.
(17 h 30)
Les engagements d'inspecteurs vont se faire sur 18 à 24 mois.
Alors, ce qu'on dit ici c'est 1983-1983, 1983-1984, ce sera statutaire;
après cela, cela rentrera dans la procédure normale des
crédits. Il n'y a pas de précédent ou d'exception
là. Chaque fois que nous avons une nouvelle loi qui implique des
crédits, on procède toujours avec un article de ce genre.
M. Polak: M. le Président, les sommes d'argent qui sont
disponibles pour les ministères qui existent actuellement sont-elles
suffisantes pour continuer à couvrir cette nouvelle activité ou
avez-vous besoin d'ici le 31 mars de demander des sommes additionnelles pour
engager du personnel additionnel?
M. Parizeau: D'ici le 31 mars, non. Mais il est évident,
pour les raisons que je disais tout à l'heure, qu'à partir du
moment où on va commencer à avoir des inspecteurs en poste, il va
falloir des crédits additionnels pour ces inspecteurs et, ensuite, il va
falloir une opération de cotisation pour plus tard. Je pense que
l'opération devrait normalement être complétée sur
une période d'un an et demi, deux ans. On aura les inspecteurs et les
avis de cotisation auront été agencés en
conséquence. Mais, pour 1982-1983, d'ici le 31 mars, les crédits
actuels sont suffisants.
Loi sur les accidents du travail
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 47.
Une voix: Adopté.
Loi sur l'acquisition d'actions
de certaines propriétés de
prêts hypothécaires
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 48.
M. Parizeau: Oui.
M. Polak: Oui. On tombe dans...
M. Parizeau: M. le Président, à partir de
maintenant, sauf pour ce qui aura trait à la Régie de
l'assurance-dépôts un peu plus loin, on entre dans les articles de
concordance l'un après l'autre.
Le Président (M. Boucher): L'article 48 est adopté.
Article 49.
M. Polak: Article 49... D'accord.
Le Président (M. Boucher): L'article 49 est
adopté.
Article 50.
Loi sur l'assurance automobile
M. Polak: La seule chose que je dois vous faire remarquer est
que, de temps en temps, nos recherchistes travaillent même mieux que le
gouvernement parce que, lorsqu'on reçoit des commentaires, ils nous
donnent en même le texte de l'article qui est amendé. Pour moi,
savoir que l'article 1 de la Loi sur l'assurance automobile est modifié
par la suppression du paragraphe 27, c'est bien beau, mais cela ne me dit rien
à moins d'avoir le texte. Je comprends que, je suis de bonne foi et le
ministre aussi, et comme vous dites, ce sont des articles de concordance. Mais,
de temps en temps, on frappe une petite affaire où c'est
préférable d'avoir le texte. Vous rappelez-vous? C'est
arrivé avec le vin au restaurant,...
M. Parizeau: Oui, oui, oui. Ah oui!
M. Polak: ... le changement à l'article, personne ne
l'avait vu tel quel, sauf qu'on aurait dû avoir le texte. C'est une
suggestion pour la prochaine fois peut-être.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 51.
M. Polak: Oui.
Loi sur l'assurance-dépôts
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 52.
M. Polak: Pas de problème.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Il y a un
amendement à l'article 53, M. le ministre.
M. Polak: La même chose.
M. Parizeau: L'article 53, M. le Président, c'est la
question de la Régie de l'assurance-dépôts. C'est
très important, cela n'est pas de la concordance. Nous allons en
discuter. D'abord, nous avons un amendement, n'est-ce pas?
Le Président (M. Boucher): Article 40.3.4.
M. Parizeau: Le paragraphe 2 de l'article 40.3.1 est
remplacé par le paragraphe b et non pas 2 de l'article 40.3.3.
C'était seulement une erreur, qui est ainsi corrigée.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est-il
adopté?
M. Polak: Oui, oui. Je vais seulement lire l'article.
Pourriez-vous m'expliquer en quelques mots, M. le ministre, ce que veut dire
cet article 40.3.1 de la régie? juste en quelques mots.
M. Parizeau: Mes commentaires pourraient passer à la fois
pour les articles 53 et 54, pour les articles qui concernent
l'assurance-dépôts. Voici en deux mots de quoi il s'agit. Lorsque
nous avons amendé la Loi sur l'assurance-dépôts l'an
dernier, un des amendements consistait à dire: Jusqu'à
maintenant, l'assurance-dépôts au Québec a
été gratuite, c'est-à-dire que les institutions
financières voyaient leurs déposants assurés
jusqu'à concurrence de 20 000 $ par dépôt et ces
institutions financières ne payaient rien. Cela existait depuis 1967 et
c'était tout à fait différent de ce qui avait
existé à
Ottawa, où l'assurance-dépôts est à peu
près contemporaine de la nôtre et où les institutions
financières ont toujours payé une prime pour cette assurance, la
prime ayant été, pendant la plupart de ces années, de 1/30
de 1% des dépôts. L'argent s'est accumulé à Ottawa
et, à l'heure actuelle, les autorités fédérales
considèrent qu'il y a suffisamment d'argent, de primes payées,
compte tenu des sinistres qu'ils ont connus, pour commencer à baisser la
prime. Nous n'avons rien de tout cela. L'an dernier, j'ai eu besoin de faire
emprunter la Régie de l'assurance-dépôts pour faire des
prêts aux caisses d'entraide, comme on le sait. La Régie de
l'assurance-dépôts, utilisant une entente passée avec
Ottawa il y a quatorze ou quinze ans, a demandé à la Régie
de l'assurance-dépôts du Canada de lui faire un prêt. Ce qui
fut fait. Regardez la situation un peu baroque dans laquelle on se trouve
où un organisme qui n'a aucun revenu emprunte d'un autre organisme
d'assurance-dépôts...
M. Polak: Par exemple...
M. Parizeau: II n'a pas le moindre revenu. Cela m'a
décidé à faire une chose à laquelle je pensais
depuis quelques années et qui me paraissait vraiment nécessaire.
D'abord, "there is no such thing as a free lunch." Une assurance donnée
gratuitement, en soi, je trouve cela baroque. Cela vient peut-être du
milieu familial d'où je sort, mais enfin, l'assurance gratuite, je ne
comprends pas ce que cela veut dire. D'autre part, il fallait quand même
donner une certaine armature financière à la Régie de
l'assurance-dépôts du Québec qui fonctionnait comme un
OSBUL. Bon! Alors, nous avons décidé, à l'occasion de cet
amendement, d'établir une prime, analogue à celle qu'on a connue
tellement longtemps au fédéral, de 1/30 de 1% sur tous les
dépôts des institutions financières qui sont assurés
par la Régie de l'assurance-dépôts du Québec. Nous
avons exempté, à ce moment-là, les institutions... On a
appliqué cela à toutes les institutions financières, mais
on a exempté celles qui étaient déjà
assurées par Ottawa, c'est-à-dire les banques à charte,
certaines compagnies de fiducie, etc. Ceci se met à rouler et nous
recevons, de certaines institutions financières
québécoises, une protestation, à mon sens, tout à
fait justifiée. Les institutions financières en question, c'est
le mouvement Desjardins, ce sont les caisses populaires, qui nous disent:
Écoutez, nous avons, au fur et à mesure des années,
monté chez nous les caisses populaires. Nous avons un fonds de
sécurité qui, à toutes fins utiles, est la première
ligne de défense au cas où l'une ou l'autre de nos caisses aurait
un accident. Nous nous cotisons tous pour alimenter ce fonds de
sécurité. Nous payons déjà de l'argent, nous,
dans ce fonds de sécurité. C'est-à-dire que nous
assurons une sorte d'autoprotection avant de recourir aux services de la
Régie de l'assurance-dépôts. C'est vrai. Ils ont
parfaitement raison, il le font, alors que d'autres institutions
financières n'ont pas cela.
C'est ce que je voulais dire à l'Assemblée nationale quand
je parlais de la distinction qu'on veut faire par les amendements que nous
avons devant nous aujourd'hui. Établissons une distinction qu'on
établirait de toute façon entre une maison qui a une police
d'assurance contre l'incendie et devant laquelle il n'y a pas de borne-fontaine
par opposition à la prime d'assurance qu'on demanderait à
l'égard d'une maison qui est placée en face d'une borne-fontaine.
On sait bien que la prime d'assurance ne serait pas la même. De la
même façon, quand il y a un fonds de sécurité,
n'exigeons pas la même prime que quand il n'y en a pas.
Évidemment, il ne faut pas que cela soit n'importe quel genre de fonds
de sécurité, mais un fonds de sécurité qu'on
considère satisfaisant. Dans ces conditions, on ouvre, par ces
amendements à l'assurance-dépôts, la possibilité
d'avoir, non pas une seule prime de 1/30 de 1%, mais des niveaux de primes
différents selon les institutions financières. À l'heure
actuelle, ce qui est envisagé, c'est d'avoir, à l'égard du
mouvement Desjardins, une prime de 1/60 et une prime de 1/30 ailleurs.
M. Polak: Vous avez parlé tout à l'heure du plafond
de 20 000 $. Cela existe encore maintenant?
M. Parizeau: Toujours.
M. Polak: Au fédéral, quel est le plafond? Est-ce
qu'il est plus élevé?
M. Parizeau: Non, c'est le même montant au gouvernement
fédéral. Je n'ai pas besoin de vous dire, M. le Président,
que cela n'a pas changé depuis quinze ans et que, compte tenu de
l'inflation, cela apparaît nettement insuffisant. Maintenant, comme on
entend des bruits de réévaluation possible venant d'Ottawa -
à un moment donné, j'imagine que les deux gouvernements vont
avoir à se concerter pour voir à quel niveau on
réévalue cela parce que 20 000 $ -je reconnais que, après
quinze ans d'inflation, il est temps qu'il y ait un réajustement.
M. Polak: Parfait.
Le Président (M. Boucher): Article 53, adopté tel
qu'amendé. Article 54.
M. Polak: Maintenant à 54, dans le système vous
expliquez que dans le cas où il y a déjà une sorte
d'auto-assurance on peut réduire le prix de la moitié; est-ce
qu'il y a des possibilités de négocier avec différentes
institutions à différents tarifs jusqu'à 50% ou est-ce que
les 50% s'appliquent dans tous les cas où une telle auto-assurance
existe? Ou est-ce qu'on peut dire qu'on donne à un tel une
réduction de 20%? Par les caisses populaires Desjardins, par exemple,
c'est 50%.
M. Parizeau: Je tiendrais à éviter des
espèces de négociations qui n'en finiraient plus groupe par
groupe. Ce que je dis là c'est qu'il y aura deux taux. Parce que...
Le Président (M. Boucher): Adopté? M. Polak:
Adopté.
Le Président (M. Boucher): À l'article 55, il y a
un amendement?
M. Parizeau: II y a un papillon, M. le Président,
insérer dans la première ligne du deuxième alinéa,
après les chiffres "40.3.1", "ou 40.3.2".
Le Président (M. Boucher): L'amendement est
adopté?
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 55, adopté tel
qu'amendé?
M. Polak: 55, simplement, je veux dire, comment le système
marche avec cette réduction...
M. Parizeau: Pour l'année en cours, nous avons à
assurer la transition.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 56.
Loi sur les assurances
M. Parizeau: De 56 à 82, il s'agit essentiellement de
transfert des pouvoirs, comme je l'ai expliqué tout à l'heure, du
surintendant des assurances à l'inspecteur général des
institutions financières. Il y a certaines modifications qui
réaménagent le partage des pouvoirs entre le ministre et
l'inspecteur général. Non pas pour ramener davantage de pouvoirs
au ministre, M. le Président, au contraire. Il y a des documents que je
signe, depuis que je suis ministre là-dedans, que je ne veux plus voir
car ils ne paraissent pas relever des responsabilités
ministérielles.
M. Polak: Mais le surintendant des
assurances, il travaille vraiment sosu les ordres de cet inspecteur
général?
M. Parizeau: Oui.
M. Polak: C'est lui qui est le boss.
M. Parizeau: L'inspecteur général devient ce que le
surintendant des assurances à Ottawa est devenu sans changer son titre.
Et le surintendant des assurances au Québec, qui était devenu une
sorte d'adjoint du sous-ministre des Institutions financières, devient
là un adjoint de l'inspecteur général. Donc, il y a des
réaménagements de pouvoirs envisagés.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 57.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 57, adopté.
Article 58.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 58, adopté.
Article 59.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 59, adopté.
Article 60.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 60, adopté.
Article 61.
M. Polak: Ce sont tous des articles vraiment où on prend
la nouvelle terminologie, disons.
Le Président (M. Boucher): Article 61, adopté.
Article 62.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 62, adopté.
Article 63.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 64.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 65.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 66.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 67.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 68. (17
h 45)
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 69.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 70.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 71.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 72.
M. Polak: Donc, à l'article 72, je pense qu'on voit un
exemple de plus de contrôle et d'inspection. On dit: préparer un
état de ses opérations", etc. Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 73.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 74.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 75.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 76.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 77.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 78.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
Article 79.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 80.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 81.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 82.
M. Polak: Adopté.
Loi sur les caisses d'entraide
économique
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 83.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 84.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 85.
M. Polak: Adopté.
Loi sur les caisses d'épargne et de
crédit
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 86.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 87.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 88.
M. Polak: On peut voir, par cet article, que le ministre des
Finances aura beaucoup de temps disponible désormais.
M. Parizeau: M. le Président, c'est un des buts de
l'exercice. Depuis que je suis ministre des Institutions financières, je
me demande parfois à quoi peuvent servir les signatures que la loi
exigeait du ministre. L'inspecteur général s'occupera de
l'administration de ces lois. Il y a de la paperasse qui cessera de monter chez
moi.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 89.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 90.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 91.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 92.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 93.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 94.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 95.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 96.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 97.
M. Polak: Maintenant, à l'article 97, on dit: "Le ministre
peut, après avoir pris l'avis de l'inspecteur général,
décréter la dissolution d'une caisse." J'imagine qu'une caisse
voudrait avoir la possibilité de faire des soumissions. Elle dirait:
S'il vous plaît, ne me coupez pas la tête. C'est prévu,
j'imagine, dans la loi...
M. Parizeau: ... dans la Loi sur les caisses d'épargne et
de crédit. Question de pouvoir être entendu.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 98.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 99.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 100.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 101.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 102.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 103.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 104.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 105.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adapté. Article 106.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 107.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 108.
M. Polak: Adopté.
Loi sur les chemins de fer
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 109.
M. Polak: Qu'entend-on à l'article 109 par la Loi sur les
chemins de fer? C'est du domaine fédéral, mais j'imagine qu'ils
soumettent déjà leur rapport.
M. Parizeau: Nous avons des lois sur les chemins de fer du
Québec pour les chemins de fer internes.
M. Polak: Ah bon!
M. Parizeau: Ce que l'article indiquait, c'est que ces rapports
devaient être déposés chez le ministre, disait la loi. On
envoie cela chez l'inspecteur général.
M. Polak: Je comprends. C'est parfait.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 110.
M. Polak: Adopté.
Loi sur les clubs de chasse et de pêche
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 111.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 112
M. Polak: Adopté.
Loi sur les clubs de récréation
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 113.
M. Polak: Adopté.
Code de procédure civile
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 114.
M. Polak: Adopté.
Code du travail
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 115.
M. Polak: Adopté.
Loi sur la Communauté urbaine de
Montréal
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 116.
M. Polak: Adopté.
Loi sur la Communauté urbaine de
Québec
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 117.
M. Polak: Adopté.
Loi sur les compagnies
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 118.
M. Parizeau: À partir de l'article 118, il s'agit de
modifications à la Loi sur les compagnies. Articles 118 à 139.
Dans l'ensemble, il s'agit de prendre les pouvoirs et les fonctions du ministre
des Institutions financières et Coopératives ou du directeur des
compagnies et d'envoyer tout cela chez l'inspecteur.
M. Polak: J'espère qu'on se servira du vieux "stock" avant
de commencer à faire imprimer toutes sortes de nouvelles formules.
M. Parizeau: C'était prévu. Il y a un article
à ce sujet qu'on a vu.
M. Polak: C'est bon.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 119.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 120.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 121.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 122.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 123.
M. Polak: J'imagine qu'on garde l'aspect de flexibilité
qu'on a maintenant pour l'incorporation des compagnies. Je trouve que cela est
un élément très important.
M. Parizeau: C'est une des choses intéressantes qui ont
été faites jusqu'à maintenant.
M. Polak: C'est une nette amélioration. On ne renoncera
pas en devenant trop exigeant. Cela peut nous nuire.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 124.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
Article 125.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 126.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 127.
M. Parizeau: II y a un papillon.
Le Président (M. Boucher): À l'article 128.
M. Parizeau: Excusez-moi.
M. Polak: J'avais une note ici sur l'article 127 de la part du
député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Doyon: Je m'excuse. Seulement une minute. J'ai une note...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Oui. Simplement, M. le Président,
peut-être que le ministre pourrait m'éclairer un peu. On indique
que la modification proposée dans les notes qu'il nous a remises est de
concordance. Quelle est la nature de cette concordance? Et c'est avec quelle
loi? Il pourrait nous dire de quoi il s'agit?
M. Parizeau: II s'agit simplement de remplacer les mots
"directeur des compagnies" par "inspecteur général".
M. Doyon: Si je comprend bien, M. le Président, en aucun
moment ça n'affecte d'autres pouvoirs que ceux qui étaient
déjà prévus?
M. Parizeau: D'aucune façon. M. Doyon:
D'accord.
Le Président (M. Boucher): L'article est
adopté?
M. Doyon: Oui, adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. À
l'article 128, il y a un amendement?
M. Parizeau: Oui. On propose en amendement de supprimer le
deuxième alinéa. Il semblait y avoir un problème de nature
juridique ici, de concordance, et finalement il n'y en a pas, alors ce n'est
pas nécessaire.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est
adopté?
M. Doyon: Oui.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 128 tel
qu'amendé est adopté?
M. Doyon: Oui.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 129.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): L'article 129 est
adopté. L'article 130.
M. Polak: Oui, il y a un changement...
M. Parizeau: M. le Président, je suis un peu
désolé pour le député de Louis-Hébert. Il
entre dans la grande phase de concordance. Il arrive dans un exercice un peu
ennuyeux.
M. Doyon: Oui, ce n'est pas très excitant;
M. Polak: Mais il trouve même dans les articles de
concordance le sujet de grands débats.
M. Doyon: Non, pas du tout. Je n'ai pas fait de grands
débats.
Le Président (M. Boucher): Alors, l'article 130.
M. Polak: À l'article 130, il y a une sorte d'appel d'une
décision de l'inspecteur à un juge de la Cour provinciale. "Toute
personne qui s'estime lésée par une décision de
l'inspecteur général..." Est-ce qu'on n'ouvre pas la porte ici?
Parce qu'à venir jusqu'à maintenant, si une personne se sentait
lésée par une décision du ministre des Institutions
financières et des Coopératives, il n'y avait aucun appel.
M. Parizeau: M. le Président, dans la Loi sur les
compagnies telle qu'elle existe -nous sommes en train de l'amender, mais enfin
telle qu'elle existe jusqu'à maintenant -l'article 123.145 se lisait
ainsi: "Toute personne qui s'estime lésée par une décision
du directeur - là ce ne sera plus le directeur, c'est l'inspecteur
général - ... peut en appeler à un juge de la Cour
provinciale du district." Cela existe déjà. Justement, quand on
parle d'amendements de concordance, c'est cela qu'on veut dire. Tout ce qu'il y
a de changé vraiment, c'est qu'on enlève le mot "directeur" pour
dire "inspecteur général".
M. Polak: Parfait.
Le Président (M. Boucher): Alors, l'article 130 est
adopté.
M. Polak: Oui.
Le Président (M. Boucher): Article 131.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 132.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 133.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 134.
M. Doyon: M. le Président, si vous me permettez simplement
à l'article 133, paragraphe 2, on voit qu'on remplace le mot "ministre"
par les mots "inspecteur général", est-ce que dans ce cas, le
ministre se voit décharger d'une partie de sa responsabilité?
Quel est l'effet réel de ce changement?
M. Parizeau: Voici, on en a discuté tout à l'heure
justement avant d'aborder la question des concordances, mais ce n'est
peut-être pas mauvais de reprendre cela. Voici ce que je voudrais dire au
député de Louis-Hébert qu'une de mes surprises, depuis un
an et demi que je suis devenu le ministre des Institutions financières a
été de me rendre compte du nombre de gestes rigoureusement
administratifs que le ministre doit poser. Cela n'a aucune espèce de
conséquence sur l'orientation du ministère, mais nos lois...
Remarquez que cela correspondait peut-être à un certain esprit du
temps où le ministre était considéré comme la bonne
à tout faire, où les lois prévoyaient que tout allait chez
le ministre, y compris des rapports, des papiers, de la paperasse etc.,
où on exigeait de lui des signatures pour à peu près
n'importe quoi. Là, puisque l'inspecteur général
administre la loi et administre ses lois, tous ces gestes administratifs, on
dit: Que l'inspecteur général les pose. Cela ne dégage pas
le ministre de sa responsabilité, mais cela évite un peu cette
espèce de fiction - parce que cela en est une - où le ministre
est censé recevoir des tas de papiers et, en fait, on comprend bien que
ce n'est pas lui qui les reçoit. J'aurais besoin d'un entrepôt
derrière mon bureau si cela était appliqué
régulièrement comme cela. Donc, pour toute une série, on
dit: L'inspecteur général administrera les lois et, dans ces
conditions, tous les gestes administratifs qui en découlent, bien qu'il
les pose.
Le Président (M. Boucher): L'article 133 est-il
adopté?
M. Polak: Oui.
Le Président (M. Boucher): Article 134.
M. Polak: C'est la même chose.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 135.
M. Polak: Si j'ai bien compris l'article 135, on envoie une copie
du rapport à la compagnie même, donc, au moins elle sait de quoi
il s'agit. D'accord, c'est correct.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 136.
M. Doyon: C'est la même explication que tout à
l'heure, j'imagine.
M. Polak: Oui, toujours.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 137.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 138.
M. Polak: C'est la même chose. D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 139.
M. Polak: C'est correct.
Loi sur les compagnies de cimetière
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 140.
M. Polak: Loi sur les compagnies de cimetière.
D'accord.
M. Parizeau: Prenez le cas de l'article 140, vous vous rendez
compte! Dans la Loi sur les compagnies de cimetière, je vous lis
ça un peu... Comment?
M. Polak: Cela me fait peur de parler de ça.
M. Parizeau: Vous vous rendez compte: "Le ministre des
Institutions financières et Coopératives peut délivrer
sous ses seing et sceau des lettres patentes à tout nombre de personnes
n'étant pas moindre que trois..." qui veulent organiser un
cimetière. Vraiment!
M. Polak: Au moins vous avez le choix.
M. Parizeau: C'est peut-être une question de paresse de ma
part mais je préfère envoyer tout ça chez
l'inspecteur.
M. Polak: D'accord. Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 141.
M. Polak: Adopté.
Loi sur les compagnies de
fédéicommis
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 142.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 143.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 144.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 145.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 146.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 147.
M. Polak: Ce sont tous des articles que vos fonctionnaires ont
trouvés et qu'on change tout de suite. Mais avec l'article "umbrella"
qu'on avait au tout début on avait un simple règlement pour toute
la série. Vous allez peut-être trouver des choses qu'on a
oubliées dans le règlement. Comme vous dites, des projets de loi
privés.
M. Parizeau: Possiblement, des projets de loi privés, ou
des choses comme cela. Cela a été fait avec l'ordinateur. On a
utilisé l'ordinateur et on est passé à travers toutes les
lois. C'est ce que donne cela au bout du compte. Mais enfin, les lois non
refondues ne sont pas encore sur ordinateur. Donc, il a fallu faire des
recherches spécifiques à cet égard, et il y a la question
des projets de loi privés. (18 heures)
M. Polak: C'est d'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 148.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 149.
M. Polak: La même chose, adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 150.
M. Polak: Adopté aussi.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 151.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 152.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 153.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 154.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Remarquez qu'il
est 18 heures. Est-ce que vous désirez...
M. Doyon: Un instant! M. le Président...
Le Président (M. Boucher): De toute façon, nous
devons revenir ce soir à vingt heures pour un bill privé, je
crois; un projet de loi sur le changement de nom d'une coopérative
agricole.
M. Polak: C'est M. French, ce n'est pas nous autres.
Le Président (M. Boucher): Simplement quelques secondes
d'explication.
M. Polak: Nous on pensait que si le reste, c'est vraiment toutes
des affaires de concordance...
M. Doyon: Cela ne semble pas causer beaucoup de problèmes,
alors...
M. Polak: On pourrait continuer une quinzaine de minutes et tout
finir. Cela dépend du ministre.
M. Parizeau: Moi, je suis à la disposition de l'Opposition
là-dessus. Je ne voudrais pas donner l'impression qu'on la "bulldoze" de
quelque façon que ce soit...
M. Polak: Non.
M. Parizeau: Je suis tout à fait disposé à
continuer si elle...
M. Polak: Non.
M. Parizeau: ... en fait la proposition. Il n'y a pas de
difficulté de notre côté? On peut continuer? Cela
irait?
Le Président (M. Boucher): Alors, nous pouvons continuer
jusqu'à...
M. Polak: On peut continuer. Cela marche très vite
maintenant.
M. Parizeau: C'est cela.
M. Polak: À moins qu'on bloque quelque part.
M. Parizeau: Si on bloquait, eh bien! on reviendra plus tard.
M. Polak: C'est cela.
Le Président (M. Boucher): Article 155.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 156.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 157.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 158.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 159.
M. Polak: Adopté.
Loi sur les compagnies de garantie
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 160.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 161.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 162.
M. Polak: Adopté.
Loi sur les compagnies de gaz, d'eau et
d'électricité
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 163.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 164.
M. Polak: Adopté.
Loi sur les compagnies de télégraphe et
de téléphone
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 165.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 166.
M. Polak: Adopté.
Loi sur les compagnies
étrangères
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 167.
M. Polak: J'ai toujours peur d'une telle méthode. À
un moment donné, il y aura un petit article qui dira que l'inspecteur
général a une résidence gratuite pour le restant de ses
jours.
M. Parizeau: C'est bien mal comprendre la parcimonie connue du
ministre des Finances.
Le Président (M. Boucher): Article 167, adopté?
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 168.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 169.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 170.
M. Polak: Adopté.
Loi sur les compagnies minières
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 171.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 172.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 173.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 174.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 175.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 176.
M. Polak: Adopté.
Loi sur le Conseil du statut de la femme
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 177.
M. Doyon: Là-dessus, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: On voit qu'on enlève, d'après ce que je
peux comprendre, le sous-ministre des Institutions financières et
coopératives ou son délégué de la liste des membres
d'office du Conseil du statut de la femme, et on les remplace, si je comprends
bien, par... Est-ce qu'on les remplace effectivement - est-ce le sens de
l'article? - par le sous-ministre des Communications? Est-ce qu'ils sont
déjà là, eux?
M. Parizeau: Tout ce que cela retranche dans le Conseil du statut
de la femme, on dit: "Le conseil se compose des membres suivants..." et on a
là une longue série et, dans cette énumération il y
a "... et le sous-ministre des Institutions financières et
Coopératives ou son délégué." Alors, on
enlève cela et on passe de "le sous-ministre des Communications ou son
délégué sont aussi d'office membres du conseil." Tout ce
qu'on a fait a été de
retrancher "le sous-ministre des Institutions financières et
Coopératives ou son délégué." Comme il n'y a plus
de sous-ministre des Institutions financières et Coopératives, on
peut le faire siéger.
M. Doyon: Simplement pour ma gouverne, la longue liste de membres
du Conseil du statut de la femme comprend les sous-ministres d'un certain
nombre de ministères, j'imagine?
M. Parizeau: Oui. Il y a des personnes recommandées par
les associations féminines et les groupes socio-économiques et,
quand on arrive au gouvernement, on donne: "le sous-ministre des Affaires
sociales ou son délégué; le sous-ministre de
l'Éducation ou son délégué; le sous-ministre de la
Justice ou son délégué; le sous-ministre du Travail, de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du Revenu ou son
délégué;" - j'imagine qu'il va y avoir un amendement parce
que maintenant il y a deux ministères - "le sous-ministre de la Fonction
publique ou son délégué; le sous-ministre des Affaires
culturelles ou son délégué; le sous-ministre des
Communications ou son délégué..." et, en dernier lieu,
venait le sous-ministre des Institutions financières et
Coopératives.
M. Doyon: D'accord.
M. Parizeau: Alors, j'imagine que l'esprit de cela était
probablement de mettre moins l'accent sur les institutions financières
que sur les coopératives. Quand nous aurons mis sur pied cette
espèce de nouvelle structure des rapports entre le gouvernement et les
coopératives, le fonctionnaire responsable là sera probablement
incorporé dans la liste.
M. Doyon: Est-ce que cela pouvait avoir aussi un rapport avec la
personne qui était titulaire de ce ministère à un moment
donné?
M. Parizeau: C'est une autre interprétation possible, M.
le Président, que je ne...
Le Président (M. Boucher): Adopté? M. Parizeau:
Oui. M. Doyon: Oui.
Loi sur les corporations de cimetières
catholiques romains
Le Président (M. Boucher): L'article 178.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
179.
M. Polak: D'accord.
Loi sur les corporations de fonds de
sécurité
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
180.
M. Polak: Aussi.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
181.
M. Polak: Aussi.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
182.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
183.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
184.
M. Polak: La même chose.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
185.
M. Polak: Aussi.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
186.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
187.
M. Polak: D'accord.
Loi sur les corporations religieuses
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
188.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
189.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
190.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
191.
M. Polak: D'accord. Loi sur les courtiers d'assurances
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
192.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
193.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
194.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
195.
M. Polak: D'accord.
Loi sur les déclarations des compagnies et
sociétés
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
196.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
197.
M. Polak: D'accord.
Loi sur les évoques catholiques romains
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article 198,
qui a un papillon?
M. Parizeau: Le papillon se lit ainsi: "Insérer dans la
troisième ligne, avant le mot "par" ce qui suit: "ou ministre". Alors,
cela se lirait donc: "La loi sur les évêques catholiques romains
est modifiée par le remplacement de l'expression "ministre des
Institutions financières et Coopératives" par l'expression...
Excusez-moi, ce sont les mots "ou ministre" dans l'amendement qui sont entre
guillemets.
M. Polak: C'est cela.
M. Parizeau: Donc, l'article se lirait ainsi: "La Loi sur les
évêques catholiques romains est modifiée par le
remplacement de l'expression "ministre des Institutions financières et
Coopératives" ou "ministre" par l'expression "inspecteur
général des institutions financières."
Le Président (M. Boucher): L'amendement est
adopté?
M. Polak: Oui.
Loi sur l'exécutif
Le Président (M. Boucher): Article 198 adopté tel
qu'amendé. Article 199.
M. Polak: Adopté.
Loi sur les fabriques
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 200.
M. Polak: Adopté.
Loi sur les impôts
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 201.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 202.
M. Polak: Adopté.
Loi sur l'instruction publique
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 203.
M. Polak: Adopté.
Loi sur la liquidation des compagnies
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 204.
M. Polak: Adopté.
Loi sur la mainmorte
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 205.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 206.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 207.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 208.
Loi sur le ministère des
Institutions financières
et Coopératives
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 209.
M. Polak: Bon article.
M. Parizeau: II n'est pas fréquent qu'on abolisse un
ministère.
M. Polak: Adopté.
Loi sur les ministères
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 210.
M. Polak: Adopté.
Lois sur les pouvoirs spéciaux des
corporations
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 211.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 212.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 213.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 214.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 215.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 216.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 217.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 218.
M. Polak: Adopté.
Loi sur les produits laitiers et leurs
succédanés
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 219.
M. Polak: Adopté.
Loi sur le régime de retraite des
fonctionnaires
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 220.
M. Polak: Adopté.
Loi concernant les renseignements sur les
compagnies
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 221.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 222.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 223.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 224.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 225.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 226.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 227.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 228.
M. Polak: Adopté.
Loi sur les services de santé et les services
sociaux
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 229.
M. Doyon: Un instant sur l'article 229.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Quelle était la situation...
M. Parizeau: Cela se lisait comme suit: "Le ministre des
Institutions financières et coopératives peut, avec
l'autorisation écrite du ministre" - le ministre, c'est le ministre des
Affaires sociales - "instituer par lettres patentes sous ses seing et sceau des
établissements publics de l'une ou de plusieurs des cinq
catégories suivantes: centre local de services communautaires; centre
hospitalier; centre de réadaptation fonctionnelle; centre de services
sociaux; centre d'accueil."
Nous allons remplacer cela par: "L'inspecteur général des
institutions financières, à la demande du ministre," - il s'agit
du ministre des Affaires sociales -"institue par lettres patentes sous ses
seing et sceau des établissements publics de l'une ou plusieurs des cinq
catégories suivantes." Voyez, en somme, c'est sur la demande du
ministre. Je pense qu'il ne serait pas raisonnable qu'un fonctionnaire ait un
droit d'initiative à cet égard. Il faut que ce soit vraiment le
ministre des Affaires sociales qui le fasse.
M. Doyon: C'est le but de l'article; d'accord, cela va,
merci.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
M. Doyon: M. le Président, on va vite et on continue de le
faire et le ministre nous a dit qu'il était disposé à
répondre à nos questions. Cependant, simplement pour ma gouverne
personnelle, c'est pour dire que pour une grande partie des questions qu'on ne
pose pas ici, c'est parce qu'on a une réponse dans le cahier qu'on est
en train de feuilleter. Je ne sais même pas si c'est possible, mais c'est
un peu comme si le ministre répondait d'avance sur ce qu'il en est de
l'article 230 et qu'il disait que la modification proposée
découle de l'orientation générale du projet. Alors, nous
prenons un peu ces réponses et je veux que cela soit enregistré
au journal des Débats parce qu'on peut avoir l'impression qu'il n'y a
pas de questions qui se posent sur les articles. Je profite de l'occasion pour
dire que nous avons devant nous un cahier qui reprend un à un des
articles et qui donne des explications qui, très souvent ou dans les
trois quarts des cas, sont suffisantes pour que nous n'ayons pas à poser
la question qui nous viendrait à l'idée et obtenir la
réponse qui serait de la nature de celle qui se trouve
déjà dans le cahier. C'est pour cela que nous procédons
comme cela, je veux tout simplement le dire ici pour que ce soit
enregistré et que nous puissions vérifier cela n'importe quand au
journal des Débats.
M. Parizeau: M. le Président, l'intervention du
député de Louis-Hébert à cet égard me
paraît d'autant plus importante que dans tous les cas où je
présente - cela fait déjà un certain temps que je pratique
cela - un projet de loi, je cherche à faire en sorte que non seulement
j'ai ce cahier qui est normalement préparé pour le ministre, mais
j'en transmets des copies à l'Opposition autant que possible assez
longtemps à l'avance de façon qu'ayant eu la possibilité
de le lire et de voir les explications qui sont dedans, je pense que cela
accélère considérablement nos débats.
M. Doyon: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Boucher): Merci. Alors, l'article 230 est
adopté.
M. Polak: Oui.
Le Président (M. Boucher): Article 231.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 232.
M. Polak: C'est correct.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 233.
M. Polak: D'accord.
Loi sur la Société d'habitation du
Québec
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 234.
M. Polak: D'accord.
Loi sur les sociétés d'entraide
économique
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 235.
M. Polak: Oui.
M. Doyon: Un instant!
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Louis-Hébert. (18 h 15)
M. Doyon: Je voudrais simplement qu'on s'entende bien, que cet
article confie qu'en ce qui concerne les sociétés d'entraide
économique, toute la fonction de l'inspectorat est confiée
à l'inspecteur général des Institutions
financières. Est-ce que cela a pour effet, M. le ministre, de
dégager, à toutes fins utiles, le ministre? Qui avait
cette responsabilité auparavant ou est-ce qu'elle existait?
M. Parizeau: Oui. Lorsque nous avons adopté la Loi sur les
sociétés d'entraide, nous avions créé un poste -
parce qu'on n'avait pas une loi sur l'inspecteur général -de
surintendant des sociétés d'entraide de façon que les
fonctions qu'aura l'inspecteur général, quelqu'un qui s'appellait
le surintendant des sociétés d'entraide les ait dès ce
moment, de façon à ce que l'inspection et la surveillance etc.
puissent se faire. Maintenant que nous aurons un inspecteur
général des finances, on dit: Les fonctions du surintendant des
sociétés d'entraide lui sont transférées. Ce poste
de surintendant des sociétés d'entraide a été dans
la Loi sur les sociétés d'entraide exclusivement parce que nous
n'avions pas, à ce moment, de structure idoine, d'individu qui aurait
des pouvoirs aussi étendus que l'inspecteur général des
institutions financières, alors on a créé un surintendant
temporairement. Maintenant que l'inspecteur général a les
pouvoirs qu'il a, on dit que les pouvoirs du surintendant lui sont remis.
M. Doyon: Ce surintendant des caisses d'entraide qui existe
depuis qu'il y a des caisses d'entraide exerçait effectivement ces
fonctions?
M. Parizeau: Oui.
M. Doyon: Est-ce qu'il a eu l'occasion d'agiter à un
moment utile le drapeau rouge de façon que l'on puisse voir venir ce qui
est arrivé et ce qu'on connaît tous? En d'autres mots, est-ce que
le ministre a eu des rapports de ce surintendant qui l'avertissaient des
difficultés qui s'en venaient?
M. Parizeau: Attention! Ce poste de surintendant des
sociétés d'entraide a été créé au
moment où nous avons adopté, il y a quelques mois, la Loi sur les
sociétés d'entraide. Une des choses qui m'a le plus
effrayé, lorsque la crise des caisses a commencé, a
été de voir à quel point nous étions - en termes de
pouvoirs - démunis. Nos lois sur les sociétés d'entraide
sont les premières qui donnaient au gouvernement, par le truchement d'un
surintendant, des pouvoirs véritables d'inspection et de surveillance.
Le surintendant des sociétés d'entraide a été -
depuis que le poste a été créé - le sous-ministre
des Institutions financières. Je n'ai pas de rapports quotidiens mais
extraordinairement fréquents. Le sous-ministre des Institutions
financières, à toutes fins utiles, a exercé ses pouvoirs
de surintendant des sociétés d'entraide et je n'ai pas besoin de
vous dire qu'il les a suivies à la piste.
M. Doyon: II n'y avait donc pas possibilité pour le
gouvernement - avant l'établissement de ce poste-là - de
légalement s'enquérir. Comment le gouvernement pouvait-il
procéder?
M. Parizeau: Par la Régie de
l'assurance-dépôts. Il y avait des pouvoirs d'enquête, il y
avait des pouvoirs d'inspection. Nous sommes revenus à plusieurs
reprises sur le fait que des signaux avaient été donnés.
J'ai toujours un peu hésité à revenir sur le passé
parce que j'ai été nommé ministre et, une semaine plus
tard, l'affaire m'éclatait dans la figure. On a eu l'occasion en Chambre
à plusieurs reprises de dire qu'il y avait eu des signaux à cet
égard. J'ai pris la situation telle que je l'avais quand je suis
arrivé à ce ministère-là. Nous avons adopté
des lois correctives d'un plan de relance, nommé un surintendant des
sociétés d'entraide. Depuis ce temps, ces sociétés
sont suivies avec une rigueur assez remarquable.
M. Doyon: Et qui va se continuer? M. Parizeau:
Sûrement. M. Doyon: Merci.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 235 est
adopté?
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 236.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 237.
M. Polak: Est-ce que ce pouvoir de suspendre les pouvoirs...
existait auparavant?
M. Parizeau: Oui.
M. Polak: C'est donc encore un article de concordance. Il n'y a
rien de nouveau là-dedans.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 238.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 239.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
Article 240.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 241.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 242.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 243.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 244.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 245.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article
246...
M. Polak: Excusez-moi. Je vais juste poser une question sur
l'article 245. "Le ministre des Finances doit, dans les 3 ans à compter
du 13 janvier 1982..." cela se trouvait dans la loi?
M. Parizeau: Voici de quoi il s'agit. C'est la Loi sur les
sociétés d'entraide. Nous avons dû faire très vite
au moment de la crise des caisses d'entraide et, en pratique, comme on le sait,
adopter deux lois. Il y avait une très grande urgence, pour permettre
à ce mouvement d'éviter ce qui lui pendait au bout du nez,
d'agir. Les membres de l'Opposition - malheureusement la mémoire me fait
défaut, je ne me souviens plus quels membres spécifiques de
l'Opposition - avaient suggéré que l'on mette dans l'un des
derniers articles de la loi l'obligation faite au ministre des Institutions
financières et Coopératives de faire rapport à
l'Assemblée nationale au bout de trois ans sur la façon dont la
loi aurait été appliquée. Je pense que c'était une
excellente suggestion. On avait accepté cet amendement à ce
moment-là parce que, quand on fonctionne sous pression de cette
façon, comme on l'a fait, il n'est pas mauvais -comment dit-on en
anglais - "to take stock" après trois ans et de se dire: Est-ce qu'on
est dans la bonne voie? Est-ce qu'il y a des amendements à apporter? Ce
n'est pas un "sunset clause", dans le sens propre du terme, mais c'est
l'obligation de revoir ce qui s'est passé et de voir si, de fait, la loi
correspond aux besoins. J'avais accepté très volontiers cette
proposition de l'Opposition parce que c'était très sage.
Le Président (M. Boucher): L'article 245 est...
M. Parizeau: Alors là, tout ce que fait l'amendement c'est
dire...
M. Polak: Oui, oui.
M. Parizeau: ... que ce n'est plus le ministre des Institutions
financières et Coopératives, parce qu'il n'y en a plus, c'est le
ministre des Finances qui a cette obligation.
M. Polak: C'est cela.
Le Président (M. Boucher): Alors, l'article 245 est-il
adopté?
M. Polak: Oui.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 246.
M. Polak: Oui.
Loi sur les sociétés d'exploration
minière
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 247.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 248.
M. Polak: D'accord.
Loi sur les sociétés de
développement de l'entreprise
québécoise
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 249.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 250.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 251.
M. Polak: D'accord.
Loi sur les sociétés de prêts et
de placements
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 252.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 253.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 254.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 255.
M. Polak: D'accord.
Loi sur les sociétés préventives
de cruauté envers les animaux
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 256.
M. Polak: D'accord.
Loi sur les syndicats professionnels
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 257.
M. Parizeau: M. le Président, la raison des rires c'est
l'article 1 de la Loi sur les sociétés préventives de
cruauté envers les animaux. Même le ministre est impliqué
dans cela.
Le Président (M. Boucher): Article 256, adopté.
Article 257.
M. Polak: Oui.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 258.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 259.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 260.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 261.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 262.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 263.
M. Polak: D'accord.
Loi sur les valeurs mobilières
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 264.
M. Polak: Oui.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 265.
M. Polak: D'accord.
Code civil du Bas-Canada
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 266.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 267.
M. Polak: D'accord.
Loi concernant la Confédération
des
caisses populaires et d'économie
Desjardins du Québec
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article 268 a
un papillon.
M. Parizeau: Dans la première ligne, remplacer "27.5" par
"27.4". C'était une erreur tout simplement.
M. Polak: Même l'ordinateur est humain.
Le Président (M. Boucher): Alors, l'amendement est
adopté. L'article 268, tel qu'amendé, est-il adopté?
M. Polak: Oui.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 269.
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 270.
M. Polak: D'accord.
Loi concernant certains placements des compagnies
d'assurance
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 271.
M. Polak: D'accord.
Loi concernant certaines caisses d'entraide
économique
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 272.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 273.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 274.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 275.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 276.
M. Polak: C'est très important l'article 276. La charte
des droits et des institutions financières! On ne veut pas commencer un
débat. Si c'était le président du Conseil du trésor
on aurait eu un débat de quinze minutes sur le plan constitutionnel,
mais avec le ministre des Finances cela ne marche pas comme cela.
M. Parizeau: Bon!
Le Président (M. Boucher): L'article est-il
adopté?
M. Polak: Oui.
Le Président (M. Boucher): Adopté. À
l'article 277 il y a un amendement?
M. Parizeau: Oui. Remplacer dans la deuxième ligne les
chiffres "52" par ce qui suit: "43, 45 à 52". Alors l'article 277 se
relirait ainsi: "La présente loi entre en vigueur le jour de sa sanction
à l'exception des dispositions des articles 1 à 30, 32 à
35, 37, 43, 45 à 52 et 56 à 273 et de l'annexe I, lesquelles
entreront en vigueur à toutes dates ultérieures fixées par
proclamation du gouvernement".
Le Président (M. Boucher): Alors, l'amendement à
l'article 277 est adopté tel qu'amendé. L'annexe est-il
adopté? M. Polak: Oui.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Le projet de loi
no 94, Loi sur l'inspecteur général des institutions
financières et modifiant diverses dispositions législatives,
est-il adopté tel qu'amendé?
M. Doyon: Adopté.
M. Polak: Sans amendement, mais avec beaucoup de discussions
intéressantes.
M. Parizeau: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Parizeau: Avant de terminer, je voudrais remercier mes
collègues du côté ministériel et les membres de
l'Opposition d'avoir passé à travers un exercice
particulièrement aride et leur exprimer ma reconnaissance que nous ayons
pu passer à travers ce projet de loi aussi rapidement.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre.
Alors, pour ce soir, on me dit que le projet de loi privé, cela
ne marchera pas; on le réserverait pour demain, à 15 heures.
M. Parizeau: M. le Président, nous revenons à 15
heures. Je comprends que se réunir ce soir pour ce projet de loi
privé seulement, cela me paraît un peu abuser de notre temps, on
pourrait simplement faire cela demain.
M. Polak: C'est un autre projet de loi privé, donc, on
laissera le député de Westmount...
Le Président (M. Boucher): Je prierais le rapporteur, M.
le député d'Abitibi-Est, de bien vouloir faire rapport à
la Chambre aussitôt que possible.
M. Polak: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci. La commission ajourne
ses travaux à demain 15 heures.
(Fin de la séance à 18 h 27)