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(Douze heures six minutes)
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, mesdames et
messieurs!
La commission permanente des institutions financières et
coopératives est réunie ce matin aux fins d'étudier les
projets de loi privés no 230, Loi concernant la Solidarité,
Compagnie d'assurance sur la vie et L'Unique, Compagnie d'assurance-vie; no
237, Loi concernant la "Congrégation des Petits Frères de Marie"
dits "Frères Maristes"; no 248, Loi concernant l'Union Saint-Joseph de
Notre-Dame de Beauport; no 263, Loi concernant la Coopérative agricole
régionale de Papineau; no 253, Loi concernant le Groupe Prêt et
Revenu.
Les membres de la commission ce matin sont: Mme Bacon (Chomedey), M.
Blais (Terrebonne), M. de Belleval (Charlesbourg), M. French (Westmount), M.
Gravel (Limoilou), M. Guay (Taschereau), M. Lafrenière (Ungava), M.
Lincoln (Nelligan), M. Maciocia (Viger), M. Parizeau (L'Assomption), M.
Tremblay (Chambly).
Peuvent aussi intervenir: M. Grégoire (Frontenac) qui remplace M.
Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue); M. Bordeleau (Abitibi-Est), M.
Cusano (Viau), M. Dean (Prévost), M. Forget (Saint-Laurent) - il y a
erreur sur notre liste - M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges), M. Martel
(Richelieu), M. Rocheleau (Hull), M. Vaugeois (Trois-Rivières). Est-ce
qu'il y a des changements?
M. Beauséjour: Je remplacerais comme intervenant M. Martel
(Richelieu).
Le Président (M. Rochefort): Alors, M. Beauséjour
(Iberville) remplace M. Martel (Richelieu) comme intervenant. D'autres
changements à cette liste? M. Baril (Arthabaska) remplace M. Vaugeois
(Trois-Rivières) comme intervenant. M. le député de
Westmount.
M. French: Nous remplaçons Mme Bacon (Chomedey). On fait
ça pour la journée au complet? Donc, nous remplaçons Mme
Bacon (Chomedey) par M. Ryan (Argenteuil).
Le Président (M. Rochefort): Alors, M. Ryan (Argenteuil)
remplace Mme Bacon (Chomedey). Ensuite?
M. French: Nous remplaçons M. Lincoln (Nelligan) par M.
Dubois (Huntingdon).
Le Président (M. Rochefort): Alors, M. Dubois (Huntingdon)
remplace M. Lincoln (Nelligan).
M. French: Nous remplaçons M. Maciocia (Viger) par M.
Mailloux (Charlevoix).
Le Président (M. Rochefort): M. Mailloux (Charlevoix)
remplace M. Maciocia (Viger).
M. French: Nous remplaçons M. Cusano (Viau) par M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys).
Le Président (M. Rochefort): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys) remplace M. Cusano (Viau) comme intervenant. Ça
va? Alors, je demanderais maintenant aux membres de la commission de
désigner un rapporteur.
M. Guay: M. le Président, si cela ne fait pas l'objet
d'autres suggestions de la part de l'Opposition, le député de
Limoilou serait sans doute très heureux de rapporter les débats
de la commission.
Le Président (M. Rochefort): Alors, M. le
député de Limoilou, rapporteur; ça va?
Une voix: Est-ce qu'il boit de la bière, par exemple?
Le Président (M. Rochefort): Adopté. J'appelle
maintenant le projet de loi no 230. M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: Non, ministre des Institutions financières,
M. le Président, en tout cas pour cette commission.
Le Président (M. Rochefort): Je vous connais plutôt
sous l'autre appellation.
M. Parizeau: Je suggérerais que nous abordions les projets
de loi dans le sens suivant. Si la commission est d'accord, nous commencerions
par le projet de loi no 253, c'est-à-dire le Groupe Prêt et
Revenu; ensuite, ce serait le projet de loi no 263, concernant la
Coopérative agricole régionale de Papineau; le projet de loi no
237, concernant les Petits Frères de Marie, dits "Frères
Maristes"; le projet de loi no 230,
concernant la Solidarité, Compagnie d'assurance sur la vie et
L'Unique, Compagnie d'assurance-vie, et nous terminerions par le projet de loi
no 248, concernant l'Union Saint-Joseph de Notre-Dame de Beauport.
Étant donné qu'à l'égard de ce
cinquième projet il y a un certain nombre d'ajustements à faire,
ça nous permettrait de dégager tous ceux qui assistent à
la commission, ce matin, pour se réserver un peu plus de temps pour le
projet de loi no 248.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): D'accord? Alors, cet ordre
est adopté, j'appelle le projet de loi no 253, loi concernant le Groupe
Prêt et Revenu. J'inviterais le parrain du projet de loi, M. le
député de Taschereau, à nous le présenter.
Projet de loi no 253
M. Guay: M. le Président, je voudrais souhaiter la
bienvenue - j'en suis sûr, au nom de tous les membres de la commission
-au procureur du Groupe Prêt et Revenu, Me Jacques Flynn, l'honorable
Jacques Flynn, leader de l'Opposition au Sénat, à Ottawa. C'est
avec beaucoup d'honneur et beaucoup d'estime que nous recevons cet honorable
sénateur dans cette ancienne Chambre haute du Parlement
québécois, qui a perdu sa vocation, non pas que je suggère
qu'il doive en être de même à Ottawa, bien au contraire. Je
voudrais profiter de l'occasion non seulement pour saluer, en la
présence de l'honorable sénateur Flynn, celle d'un grand
parlementaire sur la scène fédérale, mais aussi, j'en suis
sûr, là aussi, au nom de tous les membres de l'Opposition,
quelqu'un qui, encore tout récemment et depuis toujours -mais d'une
manière encore plus marquée dans le récent débat
qui a eu lieu à Ottawa -s'est fait, à l'instar de son chef et de
son parti, de manière générale, le défenseur des
intérêts du Québec sur le plan constitutionnel. Je pense
que tous les membres de la commission, reflétant en cela tous les
membres de l'Assemblée nationale, lui sont particulièrement
gré de cet effort qu'il a tenté pour faire entendre raison sur un
projet qui est marqué quelque peu au coin de la déraison.
Enfin, je ne veux pas qu'on reparte sur ce débat aujourd'hui.
Nous allons donc revenir à Me Flynn, procureur du Groupe Prêt et
Revenu, qui est accompagné de M. Archer, directeur du contentieux et de
quelqu'un d'autre... Me Flynn va sûrement vouloir nous présenter
les personnes qui l'accompagnent.
Il s'agit d'un projet de loi très bref, comme on l'aura
remarqué. Il a trois articles à caractère tout à
fait technique. Je laisse le soin à Me Flynn non seulement de nous
présenter les personnes qui l'accompagnent, mais aussi de nous en
expliquer la portée.
Je signale que j'ai fait parvenir aux membres de la commission,
avant-hier, je crois, un texte que Me Flynn m'avait remis et qui
déjà expliquait les tenants et aboutissants du projet de loi, si
bien que ce projet de loi n'a plus aucun secret pour les membres de la
commission.
M. le Président, sur ce, je vous inviterais à céder
la parole à Me Flynn, qui nous expliquera le but du projet de loi et
nous présentera les personnes qui l'accompagnent.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le
député de Taschereau. J'invite les requérants à
s'identifier, à nous présenter le projet de loi et, par la suite,
s'il y a des opposants dans la salle, je leur demanderai de faire de
même. Me Flynn.
M. Flynn (Jacques): M. le Président, M. le ministre, MM.
les membres de la commission, je voudrais d'abord vous présenter le
président du Groupe Prêt et Revenu, M. Jean-Paul Tardif, qui est
à ma droite, et M. Robert Archer, dont le nom a été
mentionné par M. Guay.
Je voudrais ensuite dire à M. Guay que je le remercie pour son
aimable présentation. Je ne le suivrai pas, parce que moi aussi je suis
content que le débat soit ajourné, au moins pour quelque
temps.
Le projet de loi - tel que vous avez pu vous en rendre compte dans le
mémoire que M. Guay s'est chargé aimablement de vous distribuer -
est très simple. Il s'agit en somme de faire en sorte que le Groupe
Prêt et Revenu, qui est une compagnie de gestion régie par la
partie II de la Loi sur les compagnies, à cause de lois
antérieures et à cause d'une incorporation par loi
spéciale, puisse être continué sous la partie la de la Loi
sur les compagnies. (12 h 15)
Je disais que ce Groupe Prêt et Revenu est, depuis 1967, une
compagnie de gestion purement et simplement qui est régie par la partie
II parce que les compagnies antérieures, les compagnies dont elle
"descend", si vous voulez, ont été incorporées par une loi
spéciale, sauf cette dernière disposition qui applique la partie
II à cette compagnie. Cette compagnie est dans la même situation
que toute autre compagnie de gestion incorporée par lettres patentes en
vertu de la partie I de la Loi sur les compagnies. Les modifications
apportées à la Loi sur les compagnies par le chapitre 31 des lois
de 1979 ont eu pour effet principal d'introduire dans cette loi la nouvelle
partie IA, calquée en gros sur ce qui s'est fait ailleurs, dans d'autres
juridictions, et qui assouplit à maints égards le mode de
constitution, la capacité, la nature, le changement du
capital-actions et le mode d'administration des compagnies incorporées
ou régies en vertu de ladite partie IA.
Comme je le mentionnais, cette partie IA prévoit qu'une compagnie
incorporée sous la partie I, c'est-à-dire sous l'ancienne loi,
puisse demander d'être continuée en vertu de cette nouvelle partie
IA. La plupart des compagnies, suivant en cela le désir du gouvernement,
se prévalent de cette disposition pour pouvoir bénéficier
des avantages certains que prévoit la partie IA. À cause des
dispositions de l'article 7 de la loi de 1955, loi spéciale qui
assujettit le Groupe Prêt et Revenu à la deuxième partie de
la Loi sur les compagnies, ce Groupe Prêt et Revenu ne peut demander
d'être continué en vertu de la partie IA. C'est à cause de
cette disposition que la compagnie doit obtenir par une loi spéciale le
pouvoir de demander d'être continuée sous la partie IA.
Évidemment, toute l'histoire du Groupe Prêt et Revenu est
récitée dans le mémoire que M. Guay vous a fait parvenir.
Je suis bien prêt à en discuter si c'est utile, mais je crois que
ce n'est pas pertinent au problème que l'on vous soumet et qui, en
somme, est très simple. Nous disons: Si nous étions
incorporés en vertu de la partie I, on pourrait faire ça, mais
puisque nous sommes régis par la partie II nous demandons de pouvoir
faire la même chose que si nous étions régis par la partie
I de la Loi sur les compagnies.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie. Avant
d'entreprendre la période des questions, est-ce qu'il y a des opposants
à ce projet qui aimeraient se faire entendre? Non? M. le ministre des
Institutions financières.
M. Parizeau: M. le Président, M. le sénateur,
j'aurais un certain nombre, en fait, trois amendements à proposer
à l'égard de ce projet, dont deux portent sur la préambule
et un sur l'article 1. Il ne s'agit pas d'amendements majeurs, mais
d'amendements qui nous semblent, au ministère des Institutions
financières, un peu plus corrects quant à la nature du projet que
nous avons devant nous. Est-ce que je pourrais les faire distribuer?
Le Président (M. Rochefort):
Certainement.
M. Parizeau: II ne s'agit de rien de vraiment fondamental, mais
de modifications dans la présentation du projet. Nous allons attendre
que la distribution soit faite et on peut peut-être examiner les
amendements eux-mêmes. Pourriez-vous en remettre aux
requérants?
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre, sur la
première proposition d'amendement.
M. Parizeau: Nous sommes au préambule, deuxième
paragraphe. "Que, depuis quelques années, ses affaires ont pris un essor
considérable et que, pour assurer la continuité de son
développement et faciliter son administration et ses opérations,
- et c'est là où il y a une phrase un peu contentieuse - il
devient nécessaire de changer sa constitution." Ce n'est pas vraiment
nécessaire. C'est avantageux, mais elle pourrait continuer ses
opérations autrement. Ce que je propose, c'est d'ajouter après
"ses opérations," "il serait" - je m'excuse, le papillon que vous avez
devant vous indique "il sera" mais ce serait plus français dans ces
conditions de dire "il serait" - avantageux qu'elle soit régie par la
partie IA de la Loi sur les compagnies."
Deuxième proposition d'amendement, mais qui est liée
à la première, que le troisième paragaphe, dans ces
conditions, soit supprimé. Le troisième paragraphe indique
"qu'à ces fins, il serait avantageux qu'elle soit régie par la
partie IA...". Donc, on enlèverait le troisième paragraphe et
dans le deuxième, après "ses opérations," on dirait "il
serait avantageux qu'elle soit régie par la partie IA de la Loi sur les
compagnies". Je pense que ce serait plus correct.
M. Flynn: On enlève aussi "il devient nécessaire de
changer sa constitution".
M. Parizeau: Oui, c'est cela. "Il serait avantageux qu'elle soit
régie par la partie IA de la Loi sur les compagnies" remplace "Il
devient nécessaire de changer sa constitution."
M. Flynn: C'est cela.
Le Président (M. Rochefort): Des interventions sur cette
proposition d'amendement?
M. French: Non.
Le Président (M. Rochefort): Puis-je les déclarer
tous les deux adoptés?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Le
deuxième paragraphe du préambule du projet de loi no 253 se
lirait donc comme suit: "Que, depuis quelques années, ses affaires ont
pris un essor considérable et que, pour assurer la continuité de
son développement et faciliter son administration et ses
opérations, il serait avantageux qu'elle soit régie par la partie
IA de la Loi sur les compagnies." Deuxièmement, le troisième
paragraphe du préambule est biffé. L'amendement est-il
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Merci. M. le
ministre, deuxième proposition d'amendement sur l'article 1
maintenant.
M. Parizeau: Troisième proposition d'amendement...
Le Président (M. Rochefort): Troisième, pardon.
M. Parizeau: ... et dernière. Il s'agit de l'article 1. Il
se lit: "Malgré l'article 123.131 de la partie IA de la Loi sur les
compagnies, Groupe Prêt et Revenu peut demander la continuation de son
existence en vertu de cette partie." Cet article 1 réfère
à une demande, alors qu'aucune demande n'a été
adressée au directeur chargé de l'administration de la partie IA
en cas de continuation. Il n'y a pas de demande dans un cas comme
celui-là. Pour donner la même portée, cependant, à
l'article 1, on suggérerait de le reformuler de la façon
suivante: "Malgré l'article 123.131 de la Loi sur les compagnies et
toute autre disposition inconciliable, la compagnie Groupe Prêt et Revenu
peut continuer son existence sous la partie IA de la Loi sur les compagnies et,
à cette fin, les articles 123.132 à 123.139 de cette loi lui sont
applicables." C'est-à-dire les articles qui indiquent comment se fait la
continuation.
M. Flynn: Aucune difficulté.
Le Président (M. Rochefort): Cela va? L'amendement est
adopté. L'article 1 du projet de loi no 253 se lira maintenant comme
suit: "Malgré l'article 123.131 de la Loi sur les compagnies et toute
autre disposition inconciliable, la compagnie Groupe Prêt et Revenu peut
continuer son existence sous la partie IA de la Loi sur les compagnies et,
à cette fin, les articles 123.132 à 123.139 de cette loi lui sont
applicables."
J'appellerai donc maintenant l'article 2 du projet de loi.
Adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Article 3,
adopté?
M. French: Tel que modifié.
Le Président (M. Rochefort): Ce n'est pas
modifié.
M. French: Je m'excuse. D'accord. C'est l'article 1.
Le Président (M. Rochefort): C'est cela. Le
préambule du projet de loi tel qu'il a été amendé
est-il adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Je peux déclarer le
projet de loi no 253 adopté tel qu'amendé. Je vous remercie.
M. Flynn: Merci beaucoup, M. le Président, merci, M. le
ministre, pour vos excellentes suggestions qui améliorent certainement
le texte et merci à vous tous, MM. les membres de la commission. C'est
un plaisir de revenir dans cette salle en si bonne compagnie.
Le Président (M. Rochefort): Merci.
Alors, j'appelle donc maintenant le projet de loi no 263, Loi concernant
la Coopérative agricole régionale de Papineau. J'inviterais
immédiatement les requérants et, s'il y en a, les opposants
à prendre place à la table. Je demanderais au
député d'Arthabaska de nous présenter le projet de loi no
263.
Projet de loi no 263
M. Baril (Arthabaska): M. le Président, il me fait plaisir
de saluer la présence de M. Alain Garneau, de M. Marquis, de M. Malette
et de M. Quévillon, représentants de la Coopérative
agricole régionale de Papineau. Ce projet de loi est très simple.
Vu l'implication ou le champ d'action grandissant du mouvement
coopératif au Québec, la coopérative de Papineau a
acheté d'autres usines coopératives dans la région et elle
veut simplement changer le nom qu'elle porte maintenant pour que le nouveau
définisse mieux l'implication ou le champ couvert par la
coopérative. Je laisserai à M. Garneau les explications
supplémentaires à ce projet de loi. À la suite de son
étude, j'inviterais bien entendu les membres de la commission à
accepter ce projet qui est tout à fait dans l'ordre des choses.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le
député d'Arthabaska. Je demanderais donc au requérant de
s'identifier et de présenter le projet.
M. Garneau (Alain): Alain Garneau, avocat de la
Coopérative agricole régionale de Papineau, ainsi que M.
Quévillon, le président, et M. Lussier, le directeur
général.
M. le Président, brièvement, le problème, c'est que
cette coopérative est actuellement régie par la Loi sur les
sociétés coopératives agricoles. Or cette loi
prévoit, pour faire une autre coopérative, des mentions
très précises qui empêchent cette coopérative de
choisir le nom qu'elle
voudrait. Le but de la coopérative est d'avoir un nom beaucoup
plus représentatif pour deux raisons; d'abord, le mot agroalimentaire
pour la raison suivante: il s'agit d'une coopérative impliquée
dans la transformation et le lait, pour assimiler à la notion
d'agroalimentaire; deuxièmement, par rapport aux régions, c'est
une coopérative qui, à l'aide de fusion, est devenue de plus en
plus importante. Elle regroupe des producteurs d'un immense territoire, de
telle sorte que le nom Papineau ne représente qu'une partie du
territoire qu'elle couvre actuellement. Alors, c'est dans le but d'avoir
puisqu'elle retrouve des sociétaires producteurs dans une très
grande région - un nom représentatif pour que chaque
région dans son nom soit représentée. Également, il
y a eu une consultation générale et c'est à
l'unanimité que l'assemblée des sociétaires de cette
coopérative a émis le souhait d'avoir un nouveau nom tel qu'il
est présenté. J'aimerais vous rappeler que cette façon de
procéder a déjà fait l'objet de précédent,
si on se rappelle, par exemple, la coopérative Agropur qui avait
dû recourir à un bill privé pour pouvoir changer son
nom.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce qu'il y a des
opposants dans la salle qui aimeraient se faire entendre sur ce projet?
Alors, M. le ministre des Institutions financières.
M. Parizeau: II y a un amendement qui doit être fait
à l'attendu du préambule, il s'agit d'une coquille. On a
préparé des papillons, des avis d'amendement, mais étant
donné qu'il s'agit de quelque chose de relativement simple et de presque
automatique, peut-être qu'on peut ne pas en tenir compte. Il s'agit de la
dernière parenthèse, (L.R.Q., chapitre non pas S-25 mais S-24)
c'est une erreur de dactylographie. Alors, je proposerais donc qu'on remplace
S-25 par S-24, parce que c'est le chapitre idoine.
Le Président (M. Rochefort):
L'amendement est adopté?
Adopté.
Alors le préambule du projet de loi est-il adopté tel
qu'amendé?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Article 1,
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Article 2?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Article 3?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté.
Alors le projet de loi no 263, Loi concernant la Coopérative
agricole régionale de Papineau, est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Je vous
remercie. (12 h 30)
M. Garneau: M. le Président, j'aimerais remercier cette
commission de l'attention particulière portée à la
Coopérative agricole régionale de Papineau.
Le Président (M. Rochefort): Merci.
J'appelle maintenant le projet de loi no 237, Loi concernant la
"Congrégation des Petits Frères de Marie" dits "Frères
Maristes". J'inviterais le député d'Iberville à
présenter le projet de loi.
Projet de loi no 237
M. Beauséjour: M. le Président, au nom des membres
de la commission, je voudrais souhaiter la bienvenue à Me Michel
Goudreau - sur l'ordre du jour, c'est indiqué Gaudreau - procureur,
ainsi qu'à MM. Gilles Poitras et Yvon Bédard, des Frères
Maristes. Je laisserai au procureur le soin de préciser les raisons de
ce projet de loi.
M. Goudreau (Michel): Mon nom est Michel Goudreau, à ma
droite, M. Bédard et M. Poitras. La congrégation a
été incorporée par loi spéciale en 1887 et,
à l'époque, dix personnes ont été
constituées en corporation. Il appert que les dix personnes qui ont
été constituées en corporation ne se sont jamais
réunies pour procéder à l'organisation initiale de la
corporation, ce qui, au niveau juridique, peut causer certains
problèmes, du fait que les règles de régie interne, les
mesures posées par les conseils d'administration, etc., peuvent
être mises en doute par des tiers, en raison du fait qu'initialement, on
n'a jamais adopté de mesures de régie interne, qu'on n'a jamais
non plus nommé un conseil d'administration, etc.
L'article 1 du projet de loi vise évidemment à confirmer
que la congrégation existe, nonobstant le fait qu'il n'y ait pas eu
d'organisation initiale. L'article 2, quant à lui, vise à
régulariser le statut de la corporation vis-à-vis des tiers en
raison de l'absence d'une organisation initiale au sein de la
congrégation. L'article 3 est une espèce de mesure transitoire
visant à confirmer qui sont aujourd'hui les membres
du conseil d'administration de la corporation. L'article 4 est
également une mesure transitoire qui vise essentiellement à
confirmer qui sont les membres de la congrégation. L'article 5 vise
à régulariser le statut de la congrégation au niveau
interne, c'est-à-dire à confirmer les mesures et les gestes qui
ont été posés de façon interne par la
congrégation. L'article 6 vise à changer le nom en celui de "Les
Frères Maristes (Iberville)".
Le Président (M. Rochefort): Cela va? Merci.
Est-ce qu'il y a des opposants au projet qui aimeraient se faire
entendre? Non.
M. le ministre des Institutions financières.
M. Parizeau: M. le Président, j'aurais, à l'article
2, deux amendements à proposer. Nous pourrions les faire distribuer. Il
y a un amendement aux articles 2 et 5.
Commençons par les modifications proposées à
l'article 2. Il s'agit de remplacer, à la quatrième et à
la cinquième ligne, les mots "l'ont été validement, que la
corporation ait ou non agi" par les mots "l'ont été aussi
validement que si la corporation avait agi"; de toute façon elle a agi;
ma dernière phrase était un commentaire. D'autre part, à
la septième et à la huitième ligne, supprimer les mots
"soit sous son nom corporatif" et là, je corrige mon propre papillon;
par concordance, il faut enlever le "ou" qui suit, "soit sous son nom
corporatif ou", de supprimer cela, parce que, si elle a agi sous son nom
corporatif, on n'en a pas besoin dans le texte de loi, le problème ne se
pose pas.
Est-ce que je passe tout de suite à l'article 5?
Le Président (M. Rochefort): Non, on va disposer des
amendements à l'article 2. Est-ce qu'il y a des commentaires?
M. Gaudreau: Oui, à la première ligne, je voudrais
remplacer le cinquième mot, "le", par "la".
M. Parizeau: Pardon?
Le Président (M. Rochefort): À quel article
êtes-vous?
M. Goudreau: À l'article 2.
M. Parizeau: Oui, effectivement, il y a une coquille: Les biens
acquis par "la" corporation et non pas par "le" corporation.
M. Goudreau: C'est cela.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: A-t-on adopté le préambule ainsi que
l'article 1?
Le Président (M. Rochefort): Non, on va disposer des
amendements et, par la suite, on y reviendra.
Est-ce qu'il y a des commentaires sur les deux propositions
d'amendements ou les trois incluant la coquille à l'article 2?
M. French: Non.
Le Président (M. Rochefort): Cela va. Adopté?
M. French: Un instant.
Le Président (M. Rochefort): Non, les amendements sont
adoptés. Donc, l'article 2 est-il adopté tel
qu'amendé?
M. French: Je voudrais poser une question. Mon rôle ici est
de poser des questions naïves, pour ne pas dire innocentes. Voici ma
question quant à l'article 2: Est-ce qu'il y a eu des causes, des
problèmes spécifiques où les intérêts de
certaines personnes qui ont transigé ou qui ont fait partie de la
congrégation ont été mis en cause par le manque
d'infrastructures légales de la congrégation? Est-ce que ce
seraient ces événements qui ont provoqué la
nécessité de cette loi privée?
M. Goudreau: Non, ce n'est pas encore arrivé. Maintenant,
à titre de conseillers juridiques de la corporation, on a
suggéré de faire ce qu'on appelle du droit préventif.
Avant que la situation se produise, qu'elle soit soulevée par un tiers,
on a préféré soumettre un projet de loi privé qui
corrigerait la situation. Mais, effectivement, on n'a pas connaissance,
à moins que je ne me trompe, de personnes qui ont soulevé cela ou
dont des intérêts seraient atteints du fait que l'on corrige cette
situation-là.
Le Président (M. Rochefort): Cela va? Alors, l'article 2,
je vous en fais la lecture, tel qu'amendé pour que nous puissions
procéder à son adoption: Les biens acquis par la corporation, les
actes et gestes qu'elle a posés, les contrats qu'elle a passés,
les engagements qu'elle a pris et les transactions qu'elle a faites
jusqu'à la date de la sanction de la présente loi l'ont
été aussi validement que si la corporation avait agi en vertu des
décisions prises légalement par un conseil d'administration
légalement en fonction; les titres, actes, contrats et documents
signés par et pour la corporation sous tout autre nom qui n'était
pas exactement son nom corporatif ont la même valeur légale que
s'ils avaient été signés sous son véritable nom
corporatif.
Cet article tel qu'amendé est-il adopté?
Adopté tel qu'amendé.
Nous passons à la deuxième proposition d'amendement qui
concerne l'article 5 et nous reviendrons aux autres par la suite. M. le
ministre.
M. Parizeau: Je propose, pour clarifier les choses dans l'article
5, l'amendement suivant. On remplacerait, à la sixième et
à la septième ligne, tout ce qui suit le mot "corporation" par ce
que je vais lire: "ne sont pas entachés de nullité ou
illégaux du seul fait qu'il n'a jamais été
procédé à l'organisation initiale de la corporation.".
Le Président (M. Rochefort):
Commentaires?
M. Goudreau: Aucun commentaire.
Le Président (M. Rochefort): Pas de commentaires. Cet
amendement est-il adopté?
M. Parizeau: Adopté. M. French: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Alors, l'article 5 tel
qu'amendé se lirait comme suit: "Suite à sa constitution par le
chapitre 29 des lois de 1887, la corporation est réputée avoir
été et être dûment structurée et
organisée et, jusqu'à la date de la sanction de la
présente loi, les règlements, règles, résolutions,
décisions, mesures, nominations ou autres actes ayant trait, de quelque
façon que ce soit, à la régie interne de la corporation ne
sont pas entachés de nullité ou illégaux du seul fait
qu'il n'a jamais été procédé à
l'organisation initiale de la corporation."
L'article 5 tel que lu et amendé est-il adopté?
M. Parizeau: Adopté. M. French: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Nous revenons
au préambule du projet de loi, est-ce qu'il est adopté?
M. Parizeau: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. L'article 1
est-il adopté?
M. Parizeau: Adopté. M. French: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): L'article 1 est
adopté. Nous avons procédé tantôt à
l'adoption de l'article 2 tel qu'amendé.
L'article 3 est-il adopté?
M. Parizeau: Adopté. M. French: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. L'article 4
est-il adopté?
M. Parizeau: Adopté. M. French: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. L'article 5 a
été adopté avec amendement.
L'article 6 est-il adopté?
M. Parizeau: Adopté. M. French: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. L'article 7
est-il adopté?
M. Parizeau: Adopté. M. French: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté.
Je déclare donc le projet de loi no 237, Loi concernant la
"Congrégation des Petits Frères de Marie" dits "Frères
Maristes", adopté tel qu'amendé. Je vous remercie.
M. Goudreau: Au nom des Frères Maristes et en mon nom
personnel, je tiens à vous remercier.
Projet de loi no 230
Le Président (M. Rochefort): Messieurs, j'appelle donc
maintenant le projet de loi no 230, Loi concernant La Solidarité,
Compagnie d'assurance sur la vie et L'Unique, Compagnie d'assurance-vie. Je
demanderais aux requérants et aux opposants, s'il y a lieu, de s'avancer
et je demanderais au député de Limoilou...
M. Dean: De Taschereau...
Le Président (M. Rochefort): ...de Taschereau, ah! excusez
moi...
M. Dean: II n'y a pas de quoi, c'est voisin.
Le Président (M. Rochefort): ... je ne suis pas au bon
projet de loi, sur ma feuille. Je demanderais donc au député de
Taschereau de nous présenter le projet de loi.
M. Guay: M. le Président, j'ai le plaisir de
présenter à cette commission quelqu'un qui est déjà
avantageusement connu au ministère des Finances et Institutions
financières, M. Fernand Paré, président de La
Solidarité, qui est également membre du conseil d'administration
de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Ce n'est pas
une personne inconnue, bien au contraire, qui se présente devant nous
aujourd'hui. M. Paré voudra sans doute, tantôt, nous
présenter les personnes qui l'accompagnent. Essentiellement et
là-dessus, aussi, j'imagine que les intervenants vont vouloir
élaborer - il s'agit d'un problème analogue à celui qu'a
eu cette commission il y a quelque temps, un projet de loi que j'avais
parrainé, également, concernant La Laurentienne,
c'est-à-dire la fusion d'une compagnie mutuelle avec une compagnie
à capital-actions. Dans les deux cas, le cas de La Laurentienne
précédemment et ce cas-ci aujourd'hui, cela a
nécessité un projet de loi privé.
Pour le reste, je laisse à M. Paré, outre le soin de nous
présenter ses deux collaborateurs, celui d'élaborer, si besoin
est, sur la nature du projet de loi.
Le Président (M. Rochefort): J'invite M. Paré
à présenter ceux qui l'accompagnent et à nous
présenter le projet de loi.
M. Paré (Fernand): M. le Président, M. le ministre
et MM. les députés, je suis accompagné, à ma
gauche, par Me Bruneau Bernard, procureur du bureau Amyot, Lesage, Bernard et
Drolet; à ma droite, par Me Claude Cardinal, conseiller juridique
à La Solidarité. (12 h 45)
Je pense que M. le député de Taschereau a bien
exposé l'objet du projet de loi. Essentiellement, il s'agit de fusionner
deux compagnies d'assurance-vie, La Solidarité, compagnie d'assurance
sur la vie, et L'Unique, compagnie d'assurance sur la vie et, pour fusionner
ces deux compagnies, d'autoriser, dans un premier temps, l'achat par La
Solidarité des actions de L'Unique, afin de pouvoir, dans un
deuxième temps, ou simultanément, procéder à la
fusion. Alors, si les membres de cette commission ont des questions à
poser, je serais très heureux d'y répondre.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Parizeau: Alors, M. le Président, le ministère
des Institutions financières n'a pas d'amendement à proposer
à ce projet de loi. Dans ces conditions, je ne peux qu'offrir la
bénédiction au mariage.
Le Président (M. Rochefort):
J'appellerai donc le préambule du projet de loi. Est-ce qu'il est
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Article 1?
Adopté. Article 2? Adopté. Article 3?
M. Parizeau: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Article 4?
Adopté. Article 5? Adopté. Article 6? Adopté. Article 7?
Adopté. Article 8? Adopté. Article 9? Adopté. Article 10?
Adopté. Article 11, M. le député de
Vaudreuil-Soulanges?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, au
deuxième paragraphe, c'est simplement une question de
phraséologie. J'essayais de voir, dans la façon dont c'est
exprimé, si c'était incomplet ou analysable, si on veut, dans la
mesure où l'on demande que le nombre de mandats, qui sont de deux ou
trois ans et qui arrivent à expiration annuellement, soit aussi
égal que possible. Je m'étais ajouté une note: Aussi
égal que possible à quoi? Dans ce sens-là,
évidemment, d'une année à l'autre, s'il y a 20
administrateurs qui ont des mandats de trois ans, on veut pourvoir par
règlement à ce qu'il y ait sept administrateurs, puis sept autres
et, finalement, six, dont le terme de trois ans devient renouvelable et ce,
à chaque assemblée annuelle. Je me demandais si on ne pouvait pas
plutôt dire: Si les mandats sont de deux ou trois ans, les
règlements doivent pourvoir aux mécanismes nécessaires
pour que ceux qui arrivent à expiration annuellement soient en nombre
aussi égal que possible d'une année à l'autre. Je ne veux
pas ajouter de redondance ou quoi que ce soit, s'il y a des
précédents, si c'est la terminologie habituelle, on ne peut pas
tout changer ce qui se fait depuis 100 ans. Par ailleurs, j'essayais de le voir
simplement en français correct.
Le Président (M. Rochefort): Vous pouvez
répéter, s'il vous plaît, votre proposition?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je suggère qu'on la
lise.
Le Président (M. Rochefort): Votre suggestion, c'est
cela.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Alors: Si les mandats sont de
deux ou trois ans, les règlements doivent pourvoir aux mécanismes
nécessaires pour que ceux qui arrivent à expiration annuellement
soient en nombre aussi égal que possible d'une année à
l'autre.
M. Bernard (Bruneau): Si on me permet?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je vous en prie.
M. Bernard: C'est copié textuellement, en somme, sur
l'article 92 de la Loi sur les assurances. Je puis m'y référer
immédiatement: "Si les mandats sont de deux ou trois ans, les
règlements doivent pourvoir aux mécanismes nécessaires
pour que le nombre de ceux qui arrivent à expiration annuellement soit
aussi égal que possible." On l'a copié textuellement sur la Loi
sur les assurances.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On va changer la loi. On va
soumettre ça au conseil.
M. Parizeau: M. le Président, ce que je suggérerais
peut-être...
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre
M. Parizeau: ...c'est que, comme la Loi sur les assurances est
amenée périodiquement à des révisions, on pourrait
peut-être retenir la proposition du député de
Vaudreuil-Soulanges pour amender la Loi sur les assurances, parce que je pense
qu'effectivement sa formulation est meilleure. Mais, étant donné
que la Loi sur les assurances comporte déjà cette clause, on
pourrait peut-être la laisser dans le cas d'un bill privé.
Le Président (M. Rochefort): On s'entend là-dessus?
Alors, article 11, adopté tel que présenté au projet de
loi? Adopté. Article 12? Adopté. Article 13? Adopté.
Article 14? Adopté. Article 15? Adopté. Article 16?
Adopté. Article 17? Adopté. Article 18? Adopté. Alors, le
projet de loi no 230, Loi concernant La Solidarité, Compagnie
d'assurance sur la vie et L'Unique, Compagnie d'assurance-vie, est
adopté tel que présenté. Je vous remercie.
M. Paré: M. le Président, M. le ministre, MM. les
députés, mes plus sincères remerciements.
Projet de loi no 248
Le Président (M. Rochefort): Alors, j'appellerais
maintenant le projet de loi no 248, Loi concernant l'Union Saint-Joseph de
Notre-Dame de Beauport. J'inviterais les requérants et les opposants,
s'il y a lieu, à prendre place. J'inviterais aussi le
député de Limoilou à nous présenter ce projet de
loi. M. le député de Limoilou.
M. Gravel: Merci, M. le Président, je serai très
bref vu l'heure avancée.
Ce fut un plaisir pour moi de parrainer le projet de loi no 248,
concernant l'Union Saint-Joseph de Notre-Dame de Beauport. J'ai eu l'occasion
de rencontrer M. Rainville et je vais lui demander de nous présenter les
personnes qui l'accompagnent. Je sais aussi qu'il y a quelques modifications
à apporter au projet et étant donné que l'heure est assez
tardive - je pense que M. Rainville avait un mémoire à nous
présenter, malheureusement il n'en avait que quatre copies - je pourrais
peut-être lui demander de nous donner seulement un résumé
du mémoire qu'il a à nous présenter.
Voudriez-vous nous présenter les personnes qui vous accompagnent,
M. Rainville?
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le
député de Limoilou. J'inviterais maintenant M. Rainville à
nous présenter les personnes qui l'accompagnent et à nous faire
la présentation du projet de loi no 248.
M. Rainville (Michel): M. le Président, M. le ministre et
MM. les membres de la commission parlementaire, je tiens à mentionner au
départ que notre président, M. Rosario Bourré, est absent
pour cause de maladie. J'ai, à ma gauche M. Raymond Boutet,
vice-président, et, à ma droite, M. Albert Hains, administrateur
du conseil d'administration provisoire.
Cela dit, disons que nous allons raccourcir le mémoire un peu. La
loi constitutive, tout le monde a une idée de sa formation.
Essentiellement, notre projet est pour permettre à la
société de se moderniser, d'être un peu plus de notre
temps. Cela implique tout simplement un changement de nom, des amendements
relatifs à l'approbation des règlements et quelques points
couverts par la Loi sur les assurances, pour se mettre en règle avec la
Loi sur les assurances.
Je pense que c'est à peu près tout. Maintenant, notre
principal point est au sujet du nom de la société ou le
changement de raison sociale.
Nous croyons que nous avons des droits acquis. Le nom que nous
suggérons, la Vigilance mutuelle-vie, semble assez contredire la Loi sur
les assurances, mais, si vous regardez l'article 106, on dit bien, au dernier
paragraphe: "Le présent article ne s'applique pas aux corporations
constituées avant le 20 octobre 1976". Comme la corporation existe
depuis longtemps auparavant, nous croyons - c'est notre interprétation -
que nous ne serions pas assujettis à cette directive, du fait de nos
droits acquis, et nous croyons qu'en vertu du troisième paragraphe de
cet article, nous y avons droit, quoique nous sachions qu'il y a une certaine
réticence à ce sujet, réticence qu'il y aura
peut-être lieu de discuter.
Quant aux autres points au sujet de l'approbation des règlements,
nous voulons être sur le même pied que les autres
sociétés ou groupes semblables à nous, que nous
n'ayons pas une procédure qui soit trop lourde, fastidieuse, sans savoir
comment ça va aboutir. Il y a parfois beaucoup de discussions qui ne
mènent à rien.
M. le Président, je remercie les membres de la commission de
l'attention qu'il m'ont portée.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie. Est-ce
qu'il y a, dans la salle, des opposants qui aimeraient se faire entendre? Non,
alors, M. le ministre.
M. Parizeau: M. le Président, j'ai effectivement - comme
le député de Limoilou l'a annoncé tout à l'heure -
quatre amendements à proposer à ce projet de loi et je
demanderais qu'ils soient distribués.
Le Président (M. Rochefort): J'inviterais M. le ministre
à présenter le premier amendement.
M. Parizeau: Le premier amendement a trait au changement de nom
qui est proposé. Ce qu'on nous demande, c'est de transformer le nom
Union Saint-Joseph de Notre-Dame de Beauport par une corporation qui
s'appellerait La Vigilance mutuelle-vie. Or, en vertu de la Loi sur les
assurances et compte tenu des opérations de la société que
nous avons devant nous, le nom devrait être le suivant: La Vigilance,
société de secours mutuel. En vertu de la loi, les
opérations correspondent à ce nom. Une mutuelle-vie, c'est autre
chose. Je comprends ce qui nous était exprimé tout à
l'heure quand on disait que l'on a respecté, en vertu de l'article 106,
je pense, de la Loi sur les assurances, des droits acquis. C'étaient des
droits acquis pour des sociétés qui existaient sous un nom et
l'ont gardé à l'occasion d'une demande de changement de nom, on
peut difficilement invoquer le droit acquis. Il n'y a pas de droit acquis
puisqu'on demande un nouveau nom. Garder un ancien nom, c'est une chose,
demander un nouveau nom, là il n'y a pas de droit acquis à
proprement parler. Si c'est un nouveau nom, ce nom doit correspondre aux
dispositions de la loi. C'est pourquoi nous suggérons un amendement qui
se lirait ainsi, à la dernière ligne de l'alinéa 1 du
paragraphe 2: La Vigilance, mutuelle-vie remplacée par La Vigilance,
société de secours mutuel.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que vous avez des
commentaires, M. le député de Vaudreuil-Soulanges?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): À moins que je l'aie
manqué, mais il s'agit évidemment de l'article 2 du projet de loi
no 248.
Le Président (M. Rochefort):
Effectivement, sur les notes qui nous ont été transmises,
il faudrait plutôt lire que c'est l'article 2...
M. Parizeau: Oui, excusez-moi, bien sûr.
Le Président (M. Rochefort): ... du projet de loi no 248
qui est remplacé par l'amendement proposé par le ministre des
Finances tel que le député de Vaudreuil-Soulanges vient de le
souligner. Des commentaires? M. le député de Chambly.
M. Tremblay: J'ai l'impression que dans ce cas, il faudrait faire
la concordance avec l'article 1.
M. Parizeau: Oui, évidemment, il faudra que la concordance
soit faite. À toutes fins utiles, ce que cela veut dire, c'est qu'il
faut changer les deux, c'est-à-dire Loi concernant La Vigilance
mutuelle-vie dans l'article 1 doit être transformé par Loi
concernant La Vigilance, société de secours mutuel, et, au
paragraphe 2, alinéa 1, La Vigilance mutuelle-vie est à nouveau
remplacé par La Vigilance, société de secours mutuel.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Une question d'ordre
général. J'essaie de trouver un précédent, sans
doute qu'il y en a un, à savoir que la modification du titre d'une loi
constitutive qui remonterait à 1877 peut être changée. On
change le titre de la loi de 1877 afin de donner effet à des
dispositions qui sont contenues dans cette loi. J'essaie de voir pourquoi le
projet de loi no 248, dans son article 1, tend à changer le titre d'une
loi qui date d'un peu plus de 100 ans, alors que ce qu'on cherche à
faire, c'est qu'à partir de la sanction de cette loi, la
société sera connue sous un autre nom par voie de modification du
contenu de la loi de 1877, chapitre 34. J'essaie tout simplement de voir quels
sont les précédents.
M. Parizeau: C'est-à-dire qu'en tout état de cause,
M. le Président, il faut que le titre corresponde au contenu. J'allais
dire la nécessité d'amender l'article 1, c'est la concordance par
rapport au contenu.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je cherche un
précédent, c'est tout.
M. Parizeau: Je ne suis pas certain que je comprenne la nature de
l'objection. Parce que, enfin, la loi doit porter un titre. Alors ce serait la
loi concernant quelque chose. Jusque-là on se suit.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui.
M. Parizeau: Alors, la loi concernant La Vigilance,
jusque-là ça va. Mais si on met mutuelle-vie, là on va
contredire ce qu'on mettrait dans le paragraphe 2, c'est-à-dire que le
nom exact est: La Vigilance, société de secours mutuel, en vertu
de la Loi sur les assurances existante. (13 heures)
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II y a des concordances,
évidemment, entre le titre de la loi de 1877 et l'article 1 de cette
loi...
M. Parizeau: C'est cela.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ...de 1877 et ses 30e et 31e
lignes.
M. Parizeau: Par concordance.
Le Président (M. Rochefort): Cela va? Aviez-vous un
commentaire, M. Rainville?
M. Rainville: Justement. Actuellement, si on comprend bien le
terme légal, juridique, c'est bien une société de secours
mutuel, mais une société de secours mutuel, à part ceux
qui sont réellement impliqués dedans, dans la population, cela ne
veut pratiquement rien dire. Pour nous, à ce compte-là, je crois
qu'on devrait rajouter un vocable pour indiquer que c'est bien de
l'assurance-vie. Nous suggérerions à ce moment-là "La
Vigilance assurance-vie, société de secours mutuel", dans le but
d'établir au point de vue pratique ce que cela veut dire, parce que pour
les gens, une société de secours mutuel, regardez dans le
dictionnaire, comme c'est indiqué dans le mémoire, cela
n'existait même plus, ce terme.
En France, on dit que c'était le nom qui existait auparavant, en
1945. Nous sommes rendus en 1981. Alors, les gens vont chercher cela dans le
dictionnaire et ne sauront pas ce que c'est, une société de
secours mutuel. C'est bien bon de dire qu'au point de vue légal,
juridique, c'est son statut, mais cela ne représente rien pour les gens.
Comme l'assurance ne s'adresse pas nécessairement aux juristes et aux
gens les plus versés dans le domaine, le but de la société
est de s'adresser à la population. C'est un des fondements d'ailleurs
pour lesquels nous changeons de nom pour que ça veuille dire quelque
chose. Avant, l'Union Saint-Joseph, on disait: l'Union. Pour commencer, le
terme "union" était un peu contradictoire. Des unions, il y en a de
toutes sortes. L'Union Saint-Joseph, on pensait que c'était une
confrérie, quelque chose de semblable, une union de prières. On
veut éliminer cela pour éviter la contradiction et, comme on dit,
que les gens s'adressent à nous pour des raisons qui... Nous sommes
obligés de les retourner. Notre but est d'avoir quelque chose qui
indique bien ce que c'est et non pas, au point de vue légal, tout ce que
cela peut représenter. Nous comprenons bien cela, mais le
problème est là, et c'est pour cela que nous allons chercher nos
appuis dans la Loi sur les assurances. Si vous regardez les définitions,
au point de vue de la langue française, une mutuelle peut sous-entendre
n'importe quoi, mais c'est ce qui est là. Si vous sous-entendez toujours
quelque chose, il faut que ce soit clair. Du moins, nous aimerions ajouter les
mots "assurance-vie" après "La Vigilance, société de
secours mutuel" pour établir réellement notre statut du point de
vue juridique et du point de vue de la population, des gens.
Le Président (M. Rochefort): Merci. Avant de donner la
parole au ministre des Finances, je comprends que nous avons le consentement de
tous les membres de la commission pour dépasser 13 heures?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Rochefort):
Consentement?
M. Blank: M. le Président...
Le Président (M. Rochefort): Un instant! II y avait le
ministre des Institutions financières qui m'avait demandé la
parole. Je vous reconnaîtrai ensuite, M. le député de
Saint-Louis. M. le ministre.
M. Parizeau: S'il s'agit spécifiquement de cela...
M. Blank: C'est sur la question du nom. La question que je veux
poser est d'ordre pratique, comme avocat. Si, à un moment donné,
j'ai un cas qui s'applique dans La Vigilance société mutuelle de
vie, je ne sais pas quoi, comment vais-je trouver cela dans nos lois si le
titre de cette loi se réfère à l'ancien nom seulement dans
l'index? Comment vais-je le trouver? Dans nos statuts, c'est seulement ce nom
dans le titre de la loi. Vous ne trouverez jamais La Vigilance.
M. Parizeau: Suggéreriez-vous de...
M. Blank: Peut-être changer le titre de la loi...
M. Parizeau: Modifier le titre.
M. Blank: ...concernant le changement de nom de tel nom à
tel nom. Au moins, là, on a une chance de le trouver.
M. Parizeau: Effectivement, je pense que c'est une proposition
utile, c'est-à-dire que le nom de la loi porte à la fois la
mention de l'ancien nom et du nouveau, quel que soit celui qu'on adoptera, mais
du nouveau.
M. Blank: Oui, c'est cela.
M. Parizeau: Je pense que oui, c'est une proposition utile.
Revenons-en à la question, M. le Président...
Le Président (M. Rochefort): Nous allons retenir cette
proposition.
M. Parizeau: Oui.
Le Président (M. Rochefort): Nous allons disposer du nom
et, ensuite, nous apporterons les corrections au titre. M. le ministre.
M. Parizeau: La question du nom est embêtante pour la
raison suivante: Tout en étant assujettis aux dispositions de la Loi sur
les assurances, les requérants, dans leurs opérations, ne font
pas à proprement parler de l'assurance-vie. Ils sont assujettis à
la Loi sur les assurances, mais cela ne veut pas dire que leurs
opérations sont de l'assurance-vie. Mettre cela dans le nom de la
compagnie n'est donc pas vraiment conforme aux opérations qu'ils font.
Et dans la Loi sur les assurances, les opérations de la
société en question correspondent à la définition
que la loi donne d'une société de secours mutuel. Et c'est aussi
bien dans ce cas que dans les trois autres dont j'aurai à parler tout
à l'heure. C'est qu'on ne peut pas, par une loi privée,
contrevenir aux dispositions de la loi générale, aller à
l'encontre clairement de la loi générale sur les assurances. Tout
en reconnaissant que, dans notre milieu, l'identification de ce qu'est une
société de secours mutuel pose des problèmes j'imagine que
celui qui irait regarder dans le dictionnaire le Petit Robert aurait de la
difficulté à trouver cela - d'un autre côté, on ne
peut pas aller vraiment à l'encontre à la fois de l'esprit et de
la lettre de la Loi sur les assurances qui ne décrit pas les
opérations faites par La Vigilance comme étant vraiment de
l'assurance-vie. Et c'est dans ce sens-là que cela me paraît
difficile qu'on accepte la proposition qui nous est présentée par
La Vigilance, assurance-vie, secours mutuel. En un certain sens, au point de
vue de la loi, c'est presque contradictoire, ces deux choses-là.
M. Rainville: C'est bien vrai, M. le ministre, mais, si c'est le
cas, il y a des précédents. Si vous regardez dans le rapport
annuel du surintendant, vous allez en voir plusieurs, les noms se donnent,
après cela assurance-vie, société de secours mutuel; nous
ne sommes pas les premiers.
M. Parizeau: Je comprends que c'étaient des
sociétés qui avaient ces noms avant.
M. Rainville: Non, pas du tout.
M. Parizeau: Ce sont des modifications?
M. Rainville: Je peux vous en donner plusieurs. L'Entraide,
assurance-vie, société de secours mutuel; vous avez l'autre, les
Assurances La mutualité, société de secours mutuel. Vous
avez deux cas à Québec.
M. Parizeau: M. le Président, ce que je suggérerais
peut-être, dans la mesure où les précédents sont
invoqués ici, c'est qu'on suspende les travaux jusqu'au moment où
la commission doit reprendre, à 15 heures. On va laisser les gens du
ministère des Institutions financières examiner ces
précédents avec les requérants. Ils nous feront rapport
à 15 heures et je pense qu'en quelques minutes, on pourrait...
M. French: Vous êtes certain qu'en quelques minutes, on
serait capable d'en disposer?
M. Parizeau: Je pense, oui, parce que c'est seulement une
question de vérifier s'il y a des précédents. S'il y a des
précédents, évidemment, c'est autre chose.
M. French: La question que je me pose, c'est si on va vraiment
être capable de régler la question aujourd'hui, vu la nature du
projet et toutes les questions soulevées. Mais, en tout cas, je suis
prêt à essayer cela.
M. Parizeau: On pourrait, M. le Président, s'entendre de
la façon suivante: à 15 heures, on réexamine la question
et on voit si, en quelques minutes, on peut régler les choses.
M. French: Comme vous voudrez, M. le Président, c'est
parce qu'on s'est engagé à coopérer dans la mesure du
possible sur la loi 40. Je pense qu'il ne faudrait pas laisser cela aux
calendes grecques non plus, je ne veux pas faire cela à 2 heures du
matin.
M. Parizeau: On s'entend bien, M. le Président, avec le
député de Westmount pour qu'on dispose de cela, dans un sens ou
dans l'autre, en quelques minutes à 15 heures. Je pourrais
peut-être suggérer une chose, en me référant
à un péché mignon collectif...
Une voix: ...
M. Parizeau: Oui, je regarde partout y compris du
côté de la présidence. Est-ce qu'on peut commencer à
15 heures juste?
M. French: Parfait.
Le Président (M. Rochefort): Cela va. La commission
suspend ses travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 09)
(Reprise de la séance à 15 h 08)
Le Président (M. Boucher): À la suspension, nous en
étions au projet de loi no 248, à l'article 1, sur
l'amendement.
S'il vous plaît, si vous voulez prendre place.
M. le ministre.
M. Parizeau: M. le Président, quand nous avons suspendu la
séance tout à l'heure, les requérants invoquaient un
précédent, en particulier celui qui a trait à L'Entraide
assurance-vie, qui aurait reçu cette appellation "assurance-vie"
après l'adoption de la Loi sur les assurances en 1976, qui ne permettait
plus ce type d'association. Vérification faite depuis 13 heures, ce qui
semble apparaître, c'est qu'effectivement il y a eu ce
précédent deux jours après l'adoption de la loi
générale des assurances, c'est-à-dire le 22 octobre 1976,
alors que la loi a été adoptée le 20 octobre 1976.
On comprendra que, dans ces conditions, le précédent
m'impressionne un peu moins. Quand nous savons dans quel ordre sont
adoptées les lois, un décalage de 48 heures ne me paraît
pas très probant. D'autre part, vérification faite aussi des
opérations de La Vigilance ou de l'Union Saint-Joseph de Notre-Dame de
Beauport, elle ne peut vraiment pas être considérée comme
une compagnie d'assurance-vie au sens propre du terme. Je reviens donc à
la proposition que nous avions faite ce matin, c'est-à-dire que la
raison sociale de cette société soit La Vigilance
société de secours mutuel. Je comprends qu'au cours des deux
dernières heures, les requérants ont semblé accepter cette
proposition.
M. Rainville: C'est bien cela, M. le Président.
Après une rencontre avec le représentant du service d'assurance,
les membres ont accepté à l'unanimité la proposition du
service d'assurance.
M. Parizeau: Dans ces conditions, je proposerais que la raison
sociale telle qu'elle apparaît à l'article 1 et aussi à
l'article 2, soit La Vigilance, société de secours mutuel.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. French: Oui, M. le Président. Je voudrais mentionner
quand même qu'il reste le problème du titre du projet de loi.
M. Parizeau: On pourrait peut-être expliquer au
président ce dont il s'agit.
M. French: Face aux besoins d'un avocat qui chercherait la loi
pertinente à cette nouvelle société sous une nouvelle
raison sociale, on a besoin d'un titre un peu plus informateur que celui que
nous avons actuellement. Maintenant, je ne suis pas suffisamment versé
dans la procédure d'une commission parlementaire pour dire si on fait le
titre sur une motion d'amendement. Comment cela se change-t-il?
Le Président (M. Boucher): On peut amender le titre comme
n'importe quel article de loi.
M. French: Je me demande...
M. Parizeau: Est-ce que je peux faire une proposition?
Le Président (M. Boucher): Oui, s'il vous plaît!
M. Parizeau: Je pense que ce qui a été
soulevé par l'Opposition est tout à fait pertinent et je
suggérerais que cela devienne quelque chose comme: Loi concernant
l'Union Saint-Joseph de Notre-Dame de Beauport devenant La Vigilance,
société de secours mutuel; je pense que cela répondrait
aux objections que le député de Saint-Louis avait ce matin.
Le Président (M. Boucher): Alors, dans les faits, ce
serait?
M. Parizeau: On ajouterait au titre actuel: Devenant La
Vigilance, société de secours mutuel.
Cela va comme titre?
Le Président (M. Boucher): Oui, ça va. L'amendement
est-il adopté? Adopté.
M. Parizeau: J'ai maintenant trois amendements qui sont tous du
même ordre. D'abord, à l'article 1, le troisième
alinéa se lirait: Par le retranchement, aux quarante-huitième,
quarante-neuvième et cinquantième lignes, des mots "lesquels
règlements ne prendront force et effet que lorsqu'ils auront
été approuvés par le lieutenant-gouverneur en
conseil".
L'article 1, quatrièmement: Par le retranchement, aux
cinquante-troisième et cinquante-quatrième lignes, des mots
"sujet toutefois à l'approbation du lieutenant-
gouverneur en conseil".
L'article 3 du projet de loi est modifié par le retranchement,
aux treizième, quatorzième et quinzième lignes, des mots
"pourvu toujours que lesdits règlements soient approuvés en la
manière ci-dessous mentionnée".
Essentiellement, ces trois règlements visent à rendre le
projet de loi privé que nous avons devant nous conforme à la Loi
sur les assurances.
Le Président (M. Boucher): Alors, le premier amendement
est-il adopté?
M. Parizeau: Je comprends que les requérants sont d'accord
avec cela.
M. Rainville: Justement, nous avons accepté le titre de la
loi et le premier amendement.
Le Président (M. Boucher): Le premier amendement est-il
adopté?
M. French: Adopté. M. Parizeau: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article 1 tel
qu'amendé est-il adopté? (15 h 15)
M. Parizeau: Nous en sommes à l'article 2 de la loi.
L'article 2 dit: L'article 1 de cette loi est modifié, sujet aux
amendements dont nous venons de parler.
M. Tremblay: Est-ce que vous pourriez nous lire les articles tels
qu'amendés, s'il vous plaît, pour le bénéfice des
gens qui font la rédaction?
Le Président (M. Boucher): À l'article 2, on dit:
L'article 1 de cette loi est modifié: "1° par le retranchement, aux
quarante-huitième, quarante-neuvième et cinquantième
lignes, des mots "lesquels règlements ne prendront force et effet que
lorsqu'ils auront été approuvés par le
lieutenant-gouverneur en conseil": "3 par le retranchement, aux
cinquante-troisième et cinquante-quatrième lignes, des mots
"sujets toutefois à l'approbation du lieutenant-gouverneur en
conseil".
Alors l'article 1 et l'article 2 sont adoptés tels
qu'amendés?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): À l'article 3, est-ce
que l'amendement est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 3 est adopté
tel qu'amendé. L'article 4?
M. Parizeau: Adopté.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 5?
M. Parizeau: Adopté.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 6?
M. Parizeau: Adopté.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Alors, le projet de loi no 248,
Loi concernant L'Union Saint-Joseph de Notre-Dame de Beauport, devenant La
Vigilance, société de secours mutuel, est adopté tel
qu'amendé?
M. Parizeau: Adopté. M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Je prierais le rapporteur d'en
faire rapport à l'Assemblée nationale au nom des membres de la
commission.
Je remercie les intervenants au nom de tous les membres de la
commission.
M. Rainville: M. le Président, M. le ministre et tous les
membres de la commission, au nom de la société, il me reste
à remercier tous les participants ainsi que, pour leur collaboration, le
service des assurances et le service de la législation. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Boucher): Merci. Nous allons suspendre
quelques instants pour reprendre le projet de loi no 40...
M. Parizeau: En fait, en amorcer l'examen.
Le Président (M. Boucher): En amorcer l'examen.
(Suspension de la séance à 15 h 17)
(Reprise de la séance à 15 h 22)
Projet de loi no 40
Le Président (M. Rochefort): La commission permanente des
institutions financières et coopératives est réunie pour
étudier article par article le projet de loi no 40, Loi sur les
sociétés d'entraide
économique et modifiant diverses dispositions
législatives, le projet de loi no 38, Loi sur
l'asurance-dépôts et le projet de loi no 32, Loi concernant les
emprunts scolaires.
Les membres de la commission sont: M. Ryan (Argenteuil), qui remplace
Mme Bacon (Chomedey); M. Blais (Terrebonne), M. de Belleval (Charlesbourg), M.
French
(Westmount), M. Gravel (Limoilou), M. Guay (Taschereau), M.
Lafrenière (Ungava), M. Dubois (Huntingdon) remplace M. Lincoln
(Nelligan); M. Mailloux (Charlevoix), qui remplace M. Maciocia (Viger); M.
Parizeau (L'Assomption), M. Tremblay (Chambly).
Les intervenants: M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue)
remplacé par M. Grégoire (Frontenac); M. Bordeleau (Abitibi-Est),
M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys) remplace M. Cusano (Viau); M. Dean
(Prévost), M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges), M. Beauséjour
(Iberville) remplace M. Martel (Richelieu); M. Houde (Berthier) remplace M.
Rocheleau (Hull); M. Baril (Arthabaska) remplace M. Vaugeois
(Trois-Rivières).
M. le ministre.
M. Parizeau: M. le Président, nous avons eu l'occasion
d'examiner ensemble les principes généraux de cette loi à
notre dernière séance. Je suggérerais simplement qu'on
commence maintenant l'examen article par article. Il y a un certain nombre
d'amendements qui ont été communiqués aux
députés de l'Opposition. D'autre part, je m'étais
engagé à l'Assemblée nationale à faire état
des commentaires de la Commission des valeurs mobilières sur un certain
nombre des articles. Je viens de faire distribuer une copie de ces
commentaires, ceux de la Commission des valeurs mobilières, aux
députés. Nous pourrons examiner ces commentaires mais, il faut
bien comprendre dans quel esprit ce sera fait. Nous n'avons, ni d'un
côté ni de l'autre, à nous sentir liés par ces
commentaires. La Commission des valeurs mobilières est un organisme
quasi judiciaire qui a à appliquer les lois et les règlements
passés par le gouvernement. Elle peut, d'autre part, faire des
propositions, des recommandations ou des avis mais, il n'y a rien dans ces avis
qui nous lie ni d'un côté ni de l'autre. On s'entend bien
là-dessus. Ce sont des commentaires disponibles pour nous faire
réfléchir conjointement et solidairement.
D'autre part et dernière question, M. le député de
Westmount m'avait demandé comment, caisse par caisse, s'appliquerait
cette espèce de règle générale qu'environ un quart
des dépôts serait transformé, excusez-moi, du capital
social actuel serait transformé en actions et comment ça
s'appliquerait précisément de caisse en caisse, soit en moins,
soit en plus. Je constate que la règle générale ou les
principes généraux de ça n'ont pas été
rédigés. Lorsque nous arriverons à cette question, je
demanderai tout simplement qu'on reporte ça à un peu plus tard.
Je pense qu'on devrait en arriver à une espèce de note
méthodologique sur la façon de procéder dans le courant de
nos délibérations. Mais plutôt que de ne pas
présenter de commentaires oraux, j'ai demandé ce que j'aurais
peut-être dû demander plus spécifiquement la dernière
fois que nous nous sommes rencontrés, c'est que ceci soit établi
par écrit, de façon que nous puissions regarder ça avec
une plus grande précision.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Westmount.
M. French: Ce que nous voulons effectivement serait au moins
d'être capables de saisir de façon sommaire comment se fait ce
calcul. De ce côté-ci, je pense qu'il n'y en a peut-être
qu'un parmi nous qui soit au niveau des fonctionnaires pour faire tous les
calculs de façon détaillée, mais on voudrait savoir, en
termes généraux, comment ça se fait. Deuxièmement,
nous remercions le ministre d'avoir déposé les observations de la
Commission des valeurs mobilières ainsi que pour ses précisions
quant au statut de ces commentaires devant la commission. Je voudrais aussi lui
faire part de notre intérêt, à savoir quand les calculs de
ratio de transformation seront disponibles et s'il y en a déjà
qui ont été faits. On a entendu certaines rumeurs au sujet de
certaines caisses et ça devient un sujet d'intérêt
très vif pour certains comtés et certains députés.
Alors, serait-il possible de clarifier un peu cette
échéance-là, aurait-on les ratios de transformation bien
avant, tôt dans le mois de janvier, fin décembre ou le 29 janvier.
Il serait intéressant de le savoir.
M. Parizeau: Alors, compte tenu de ça, M. le
Président, je suggérerais qu'on commence l'étude article
par article, sous réserve de tout ce que nous venons de dire des deux
côtés.
Application
Le Président (M. Boucher): Alors, d'accord? J'appelle
l'article 1? M. le député de Charlevoix.
M. Mailloux: Une seule question au ministre des Institutions
financières, auparavant. Je comprends qu'on n'est pas en mesure de
répondre à toutes les questions qu'a posées mon
collègue de Westmount quant au portrait qu'aura à analyser
chacune des caisses, mais voici ce que je voulais demander au ministre des
Institutions financières: Présentement, le ministère
des
Institutions financières, je ne sais pas si c'est en
collaboration avec la Commission des valeurs mobilières, est à
établir le bilan du passif et de l'actif de chacune des caisses, ce qui
lui permettra ultérieurement d'imposer les critères des sommes
qui devront être gelées partiellement et quel sera le pourcentage.
Ce que je voulais donc demander au ministre, c'est ceci: Mon collègue
dit l'intérêt de certains députés de connaître
le prorata qui sera exigé, j'en conviens, on constate que,
présentement, à travers les caisses d'entraide économique,
il y a quand même des transactions qui se continuent, des transferts
d'hypothèques d'une société à l'autre par la Banque
fédérale de développement et ça pourrait, dans les
jours qui suivent, améliorer ou empirer la situation d'une caisse ou
l'autre. Je vous donne un exemple en particulier. Je parlais privément
ce matin d'un prêt que je ne nommerai pas, qui avait été
fait par une caisse d'entraide, qui additionnait sur son passif et,
j'étais informé tantôt par téléphone, que,
d'ici à quelques semaines, le montant, qui est quand même
important, lui serait intégralement remboursé, améliorant
d'autant, évidemment, la situation d'une caisse en particulier. Ceci
peut arriver également dans d'autres caisses. Ma réflexion finale
est la suivante: Est-ce qu'avant de définir maintenant et de
façon radicale la décision qu'auront a prendre le 28 janvier les
sociétaires, il ne serait pas préférable que ce soit
retenu quelques jours afin que, lorsqu'on imposera le pourcentage, que ce soit,
peut-être dans quelques jours, mais après une étude
approfondie de chacun des cas s'il y a modification en cours de route, est-ce
que des critères qui auraient pu être établis aujourd'hui,
hier ou avant-hier, pourraient être modifiés avant le 28 janvier,
au moment où les gens auront à décider? (15 h 30)
M. Parizeau: Normalement, quand les avis, les notes d'information
vont partir pour les sociétaires, elles vont comporter
littéralement tout ce que nous avons jusqu'à ce moment-là.
Nous n'en sommes pas, par exemple, à établir les états
financiers de ces caisses à l'heure actuelle, nous les avons
déjà; le travail est très avancé. On est en mesure
d'indiquer aux sociétaires de chaque caisse dans quel état se
trouve leur caisse et quel est le plan de redressement et de relance qui leur
est proposé en date des derniers renseignements disponibles.
Ce qui pourrait se produire, au cours des trois dernières
semaines, c'est-à-dire entre le moment où les avis sont partis et
le moment de l'assemblée... Effectivement, le député de
Charlevoix a parfaitement raison, il peut se produire des choses pendant trois
semaines. Là, ce serait normalement au conseil d'administration qui,
j'imagine, aurait introduit ces changements, à l'occasion de
l'assemblée, de mettre au courant les membres des derniers
développements.
Nous aurons d'ailleurs - c'est prévu par la loi - suffisamment de
surveillance, à l'occasion de ces assemblées, pour cependant
éviter que des renseignements de dernière minute ne soient que
des rumeurs, parce que cela peut se produire qu'à la dernière
minute, on donne un crédit considérable à ce qui ne serait
que des rumeurs. J'espère pouvoir vendre au pair telle créance
qui n'était pas très bonne, que cela ne puisse pas être dit
aux sociétaires sans qu'une vérification
élémentaire ait été faite à l'occasion de
l'assemblée, quand cette annonce sera faite. C'est le danger que les
gens prennent leurs espoirs pour des réalités à la
dernière minute, et nous avons les mécanismes nécessaires
pour effectuer une surveillance à cet égard.
D'autre part, il peut y avoir... Je vais vous en donner un exemple...
Dans un certain sens seulement, cela m'a un peu surpris et cela peut se
produire; cela peut se produire jusqu'à la dernière minute. C'est
la raison pour laquelle il faut qu'on surveille jusqu'à la
dernière minute. C'est l'offre de la Banque d'épargne à la
Caisse d'entraide de Chauveau dont nous venons de prendre connaissance et dont
les journaux ont fait état. Je vous avouerai que je n'y croyais plus;
j'en avais parlé aux intéressés il y a déjà
plusieurs mois. C'était devenu vraiment une rumeur, ce n'était
pas accrédité et pourtant on constate que cela se produit.
Alors, il faut être en mesure de suivre cela jusqu'à la
dernière minute et d'être absolument certain, quand
l'assemblée arrive, qu'ils aient d'abord tous les renseignements
disponibles et vérifiés trois semaines avant et,
deuxièmement, que les déroulements, dans l'intervalle entre le
moment où ils reçoivent les renseignements et la date de
l'assemblée, qu'on soit en mesure de faire en sorte que les conseils
d'administration locaux, encore une fois, ne prennent pas leurs rêves
pour des réalités. Mais, d'un autre côté, s'il y a
vraiment du changement réel, juste en faire état.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. French: M. le Président, il faut qu'on examine cela, il
me semble extrêmement difficile de s'opposer à l'article 1.
Le Président (M. Boucher): Article 1, adopté.
L'article 2?
Projet de transformation
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article 3, il
y a un papillon.
M. Parizeau: Les commentaires de la Commission des valeurs
mobilières. Je vais les lire. Article 3: "Le projet de transformation
d'une caisse, dit la loi. doit contenir..." Et alors on passe à "3 , le
montant du capital social souscrit au 22 août 1981;" Fin de la citation
de la loi.
Le commentaire des valeurs mobilières est le suivant: La mention
du capital social souscrit au 22 août 1981 ne correspond à aucune
réalité et ne saurait être significative à moins
d'ajouter: "à sa disposition et payé au 1er octobre 1981."
À tire d'exemple, nous soulignons que, selon les renseignements
disponibles au 31 juillet 1981 - je m'excuse, il y a une inversion de pages, la
page 2 a été brochée après la page 3 - le capital
social souscrit pour l'ensemble des caisses était de 1 423 056 000 $,
alors que le capital social payé était de 816 396 000 $.
Donc, le papillon que nous présentons fait en sorte que cette
proposition tombe. D'ailleurs, je pense que la Commission des valeurs
mobilières avait raison, mais ce que nous proposons comme amendement se
trouve à rendre cette observation caduque, tout en reconnaissant son
bien-fondé. Le papillon se lit ainsi: Au paragraphe 3 de l'article 3, on
remplacerait "le montant du capital social souscrit au 22 août 1981" par
"le montant du capital social versé le 30 novembre 1981, en distinguant
la partie de ce montant qui a été souscrite avant le 23
août 1981."
J'ajoute simplement un autre amendement, qui n'était pas
souligné par la Commission des valeurs mobilières. Au paragraphe
5, on lisait: "Le nombre de parts sociales dont chaque membre est
titulaire...". Les mots "dont chaque membres est" seraient remplacés par
les mots "détenues par chaque". C'est plus français, ça
n'a pas la même portée.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que ces deux amendements
sont adoptés?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a des
commentaires sur l'article 3?
M. French: Je voudrais que le ministre - il me corrigera si ce
n'est pas l'article pertinent pour soulever ce sujet - nous explique la
situation d'un sociétaire qui, lui, veut calculer - à partir de
ce qui lui revient ultimement comme renseignements sur le projet de
transformation - sa propre situation avant et après la décision
de continuer en société d'entraide économique. Je voudrais
savoir précisément... On doit parler des articles 5 et 6
essentiellement.
M. Parizeau: À mon sens, c'est à l'article 6 que la
question se pose. L'article 3 est probablement beaucoup plus intéressant
pour le ministère que pour le membre, alors que l'article 6 porte sur
les renseignements.
M. French: Donc, en quelque sorte, chaque projet de
transformation ou chaque avis qui parvient aux sociétaires est
personnalisé à partir du sous-article 6?
M. Parizeau: Oui... Personnalisé, non, mais, enfin, il
s'applique à chaque caisse, ce sera le même pour tous les membres
d'une même caisse.
M. French: Donc, il y a un bilan; les 5000 ou 10 000 titulaires
d'une caisse donnée vont être inscrits dans le projet de
transformation.
M. Parizeau: Et, d'autre part, ils recevront une sorte de
méthode pour faire en sorte que, compte tenu de leurs parts sociales,
ils puissent traduire pour eux-mêmes.
M. French: Où cette méthode est-elle prévue
dans la loi?
M. Parizeau: Vraiment à l'article 6. L'article 6
établit la méthode et, dans la circulaire qui est envoyée,
on fournit les renseignements nécessaires. C'est dans la circulaire que
la traduction des dispositions de l'article 6 se trouve.
M. French: II y a un calcul type pour chaque caisse, et le
titulaire dit: Moi, j'ai 100 parts sociales, donc, j'inscris ça dans la
formule...
M. Parizeau: Exactement, et voici ce que ça donne.
M. French: Et ce sera très vulgarisé, exposé
en des termes populaires?
M. Parizeau: Cela ne vaudrait vraiment pas la peine de ne pas
rendre ça simple et compréhensible après avoir
dépensé tellement d'efforts...
M. French: D'accord. Il faudrait dire, par exemple, selon les
renseignements qu'on a reçus jusqu'ici - et je n'ai pas le document ici
à la portée de la main - qu'il y a lieu quand même de
s'inquiéter quant aux renseignements qui seraient envoyés aux
sociétaires. Ce n'est pas très clair ce brouillon, cette
ébauche de circulaire qui nous est parvenue, qui nous a
été envoyée. C'est pourquoi j'insiste tant
là-dessus.
M. Parizeau: M. le Président, je prends ces remarques
volontiers. Étant donné tout l'accent que nous avons mis sur le
projet de loi, je dois dire que c'est compréhensible que je n'aie pas
commencé à analyser les
documents que les membres recevront. Je dois le faire incessamment,
après l'adoption du projet de loi, mais j'ai reçu des
propositions; je suis tout à fait d'accord avec le député
de Westmount qu'ils doivent être aussi clairs, aussi vulgarisés
que possible. Immédiatement après l'adoption du projet de loi, il
va falloir que je regarde les documents qui doivent être envoyés
aux membres. J'ai la même préoccupation que le
député de Westmount. À cet égard, je suis tout
à fait d'accord qu'on ne peut pas mettre la circulaire dans le projet de
loi, mais je m'engage à regarder la circulaire tout à fait dans
l'esprit qu'il indique.
M. French: D'accord.
M. Parizeau: Le membre personnellement doit être capable de
faire la traduction de la loi en des termes aussi clairs que possible pour
savoir ce que ça veut dire, le placement qu'on lui demande de faire,
combien cela lui rapporte, qu'est-ce que ça lui donnera par rapport
à ce que ça lui donne actuellement? Dans ce sens, je ne peux pas
être plus d'accord avec lui.
M. French: C'est tout simplement parce que souvent, le
modèle qu'on adopte, en concevant une telle transformation, c'est
souvent un modèle capitaliste avec tout ce que cela peut impliquer de
sophistication et de moyens, de ressources intellectuelles, professionnelles
d'avocats, de comptables, etc., qu'on peut déployer dans une telle
transformation dans le monde des affaires. Dans cette situation-ci, on traite
à peine d'une telle situation. C'est une situation tout à fait
différente qui exige, je pense - et je ne veux pas insister trop
là-dessus - qu'on prenne des moyens, des mesures exceptionnelles et que
nous ne nous basions pas nécessairement sur le modèle
capitaliste.
M. Parizeau: M. le Président, je dirai au
député de Westmount à cet égard que je suis
à ce point conscient de ce genre de problème que, tout en
maintenant le secret qu'il faut parfois garder dans le cas de documents comme
ceux-là, quand il s'agit de documents qui vont dans le public, j'ai
l'habitude de présenter la dernière version des documents
à des gens qui m'entourent et qui sont placés dans le même
ordre de secret, mais qui ont aussi comme caractéristique de ne rien
connaître de la question. Si eux ne comprennent pas, je fais reprendre la
rédaction. C'est la seule façon vraiment d'être capable de
procéder parce que je reconnais que, quand on a beaucoup
travaillé sur un projet de loi et ses règlements, on finit par
développer un sens inévitablement technocratique des expressions,
des mots, du libellé, ce qui fait qu'on comprend, mais que le public
peut fort bien ne rien comprendre du tout. Dans ce sens, on n'a d'autre test
à faire que de prendre des gens qui n'y connaissent rien, leur faire
lire ça en disant: Est-ce que vous comprenez? Je comprends que c'est
élémentaire comme test, mais c'est habituellement le
meilleur.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: Une question. Quand vous dites que le capital social
souscrit au 22 août 1981 ne correspond en aucune réalité au
capital crédit au 1er octobre 1981, au moment où les gens auront
à décider du gel de leurs actions, cela sera quant au capital non
pas souscrit, mais payé au moment de la dernière
évaluation, parce qu'on constate quand même que des gens qui
avaient souscrit ont cessé de payer depuis déjà un certain
temps. Ce sera quant au capital payé et non pas souscrit.
M. Parizeau: Cela veut dire qu'il y en a qui ont continué,
d'autres pas; alors, il faut tenir compte de ce qui est payé.
M. Mailloux: La dernière évaluation que vous en
ferez.
M. Parizeau: C'est ça.
Le Président (M. Boucher): L'article 3 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. French: J'ai envisagé une autre possibilité.
S'il y avait une autre option de soumise aux sociétaires, aux membres,
dans quelle mesure ce qui est exigé pour le projet de transformation,
dont cet article, s'appliquerait-il aux autres options possibles? Je pense que,
légalement, ces exigences ne s'appliqueraient pas. (15 h 45)
M. Parizeau: C'est très difficile de répondre
à ça parce que cela dépendrait de ce qui serait
adopté à la place. C'est la raison pour laquelle nous sommes
à ce point souple dans l'article qui a trait à la promulgation,
à la fin du projet de loi. Je pense qu'il faut être ici
très réalistes. Nous sommes placés dans une situation
où, advenant que dans les jours qui viennent une proposition serait
considérée comme acceptable par toutes les parties
intéressées, on pourrait avoir à promulguer certaines
choses et pas d'autres. Je fais cela seulement de façon
hypothétique, mais imaginons qu'une solution soit trouvée
à court terme pour maintenir les caisses d'entraide dans un
réseau coopératif. Il y a plusieurs des articles dont nous
parlons qui ne s'appliqueront pas. Je pense qu'il faut être assez
réalistes pour le reconnaître.
M. French: Mais le ministre se donne à la fin du projet de
loi toute la flexibilité nécessaire pour décréter
ou ne pas décréter les articles!
M. Parizeau: Forcément.
Le Président (M. Boucher): L'article 3 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: J'avais une question à poser, M. le
Président, mais avant je voulais demander une chose. Ceux qui
détiennent des parts sociales dans les caisses d'entraide
économique se trouvent-ils en conflit d'intérêts s'ils
posent des questions à cette commission?
M. Parizeau: Oh non, M. le Président! Nous avons
constaté, à l'occasion d'une séance antérieure, que
plusieurs des membres qui intervenaient avaient en commun qu'ils
détenaient des parts sociales dans des caisses d'entraide.
M. Grégoire: Oui, mais...
M. Parizeau: Cela a été pris, je pense, des deux
côtés de cette commission comme quelque chose qu'on
reconnaît comme capacité à tous les députés
qui siègent ici.
M. Grégoire: Très bien. M. le Président, je
voudrais demander au ministre si la circulaire doit contenir des dates
d'échéance de paiement des parts sociales converties en
dépôts à terme. Y a-t-il des dates d'échéance
qui doivent être fixées dans les...
M. Parizeau: II va y avoir des appariements, c'est-à-dire
que, dans la transformation d'une partie des parts sociales en
dépôts à terme, les termes vont correspondre aux
échéances de divers remboursements de prêts.
Inévitablement, dans ce sens, les dépôts en question vont
être débloqués au fur et à mesure des
échéances de prêts à venir. Donc, ce ne sont pas des
dépôts à terme dans le sens habituel où on peut
retirer son argent contre une pénalité. Cela va être: Telle
partie de vos dépôts peut être libérée d'ici
tel moment, parce qu'on n'avait pas à les payer compte tenu des
échéances de prêts. Pour telle autre partie des
dépôts, cela couvre des prêts à plus longue
échéance. Quand ils viendront à échéance, on
peut vous rembourser. Il y aura donc un appariement des échéances
de dépôts et des échéances de prêts.
M. Grégoire: Dernière question sur l'article 3. Le
ministre peut-il nous dire s'il a été mis au courant, pas
nécessairement dans les détails, mais, à peu près,
des délais maximaux de ces appariements avec les prêts
déjà consentis par les caisses d'entraide économique? Y
a-t-il des prêts dans cela qui sont sur une base ferme de 15 ans, 20 ans
ou...
M. Parizeau: Non, non. Ce dont nous parlons, ce sont des
prêts de... Un bon nombre de prêts viennent à
échéance dans un an, deux ans ou trois ans, quelques autres,
quatre ans, cinq ans. Dans l'ensemble, l'essentiel est réglé au
bout de trois ans à peu près.
M. Mailloux: ...
M. Parizeau: C'est-à-dire qu'on va toujours trouver des...
Je m'excuse, je ne sais pas si on doit appeler cela des "aberrations", mais il
y a toujours des... Seulement, il faut bien comprendre que l'essentiel au bout
de trois ans est réglé. Compte tenu de la très grande
diversité dans l'administration des caisses d'entraide jusqu'à
maintenant, je ne peux pas garantir... Je dois dire, d'ailleurs, que je n'ai
pas vérifié quel était le prêt le plus long, mais il
va sûrement y en avoir un quelque part parmi les 67 caisses qui est
très long.
Le Président (M. Boucher): L'article 4 est-il
adopté?
M. Parizeau: C'est-à-dire l'article 3.
Le Président (M. Boucher): L'article 3 est-il
adopté tel qu'amendé?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): On l'avait adopté.
Article 4.
M. Parizeau: J'ai un commentaire de la Commission des valeurs
mobilières sur l'article 4. Là encore, je vais lire le texte de
la loi qui est pertinent à la remarque et ensuite, la remarque. Article
4: "Le ministre peut cependant exempter la fédération de
préparer un projet de transformation pour une caisse: "1° si une
requête conjointe en vertu de l'article 98 de la Loi sur les caisses
d'épargne et de crédit lui a été soumise par la
caisse pour la confirmation d'un acte d'accord en vue d'une fusion."
Le commentaire qu'a à faire la Commission des valeurs
mobilières est le suivant: Les articles 94 à 102 de la Loi sur
les caisses d'épargne et de crédit prévoient le cas de
fusion de deux ou plusieurs caisses, et par le fait même, la disparition
de celles-ci. La dispense accordée à la fédération
quant à la préparation d'un projet de transformation pour
lesdites caisses devrait donc être automatique. Cependant, on devrait
préciser qu'un projet de transformation doit
être préparé par la caisse résultant de la
fusion, puisque l'acte d'accord qui a été signé en vertu
de l'article 95 de ladite loi ne contient pas les informations requises en
vertu de l'article 3 du présent projet.
Ce qui est en cause ici, c'est le fait que cela devrait être
automatique, que la fédération n'ait pas à préparer
un projet de transformation. Je vous avouerai qu'il me semble ici que -
j'hésite à ce que, compte tenu des circonstances, cela soit
automatique je préférerais quand même que la
fédération demande l'autorisation de ne pas présenter un
projet de transformation. Mon impression, c'est qu'il n'y a rien de
véritablement automatique là-dedans. Quant à savoir s'il
faut une transformation ou non, il serait probablement meilleur que la
fédération s'adresse au ministère, demande autorisation de
ne pas présenter de projet de transformation et qu'on sache pourquoi et
qu'elle s'explique un peu. L'idée que cela puisse être simplement
automatique me paraît, dans les circonstances actuelles, un peu
imprudente.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Westmount.
M. French: Par contre, il me semble qu'il y a aussi un certain
conflit d'intérêts là-dedans pour la
fédération elle-même. On sait, par exemple, que le
vice-président de la Fédération des caisses d'entraide
économique a déjà dit que la fédération ne
prévoyait pas qu'aucune de ces caisses ait l'autorisation de la
fédération de se désaffilier. Il me semble que si une
caisse locale, elle, veut prendre l'initiative de présenter une
alternative, la fédération risque d'être un peu
rébarbative à une telle option. Faire passer une caisse par le
biais de la fédération, si j'ai bien compris, pour soumettre au
ministre de ne pas préparer un projet de transformation me paraît
aussi un peu imprudent. Peut-être que mon diagnostic de la situation
politique au sein de la fédération et des relations que la
fédération peut avoir avec une certaine caisse locale n'est pas
bon.
M. Parizeau: Si je comprends le député de
Westmount, ce qu'il voudrait dire, c'est qu'une caisse qui dirait: Je ne veux
pas me transformer, ne serait pas certaine que la fédération va
transmettre le message correctement au ministère. C'est cela?
M. French: Sans vouloir...
M. Parizeau: Non, mais j'essaie d'intervenir...
M. French: II faut constater quand même qu'il y a une masse
critique de caisses viables que la fédération peut vouloir garder
pour continuer sa vie et sa vocation à elle, et que la décision
ou le désir d'une caisse de se désaffilier ou de trouver une
option autre qu'un projet de transformation, tel que prévu dans une loi,
ou principalement prévu dans une loi pourrait nuire aux ambitions de la
fédération.
M. Parizeau: Oui, je comprends ce que le député de
Westmount veut dire. Mais, ce que la Commission des valeurs mobilières
me propose, c'est de donner une sorte d'exemption automatique à la
fédération, ce qui me semble augmenter encore ses pouvoirs par
rapport au ministère. Si c'est automatique, comme la Commission des
valeurs mobilières le veut, cela donne à la
fédération, dans le sens de ce que dit le député de
Westmount, un pouvoir de blocage extraordinaire. Là, au moins, elle doit
venir voir le ministère. Si on entend dire qu'une caisse ne veut pas se
transformer, parce que la fédération doit nous parler, on peut
lui demander pourquoi elle ne veut pas présenter de demande en son nom?
Alors que si c'est automatique, on n'a même pas de pouvoir
d'intervention. Si la fédération veut ou ne veut pas, c'est elle
qui décide automatiquement.
M. French: D'accord, je voudrais...
M. Parizeau: Cela va bien plus loin comme pouvoir, je pense,
que...
M. French: D'accord. C'était plutôt pour comprendre
moi-même ce que cela impliquait. Ce que le ministre me dit, c'est que,
dans tous les cas, si une caisse locale veut se désaffilier ou veut
envisager un autre avenir que celui prévu dans la loi, le ministre
lui-même ou le surintendant prévu par la loi va être au
courant, quelle que soit l'attitude de la fédération
là-dessus.
M. Parizeau: C'est cela, en particulier, à partir de
l'article 39, et donc, il pourra, si la fédération ne demande pas
de plan de transformation, dire: Pourquoi ne le demandez-vous pas ou pourquoi
le demandez-vous? Alors que, si c'est automatique, on donne un pouvoir
prodigieux de blocage à la fédération. On ne peut pas
intervenir. Dans ce sens, je ne suis pas certain que la Commission des valeurs
mobilières ait très bien interprété, si je peux me
permettre, le sens de ces articles. Un certain membre disait que je
reconnaissais trop de pouvoirs à la fédération. Dans ce
cas, j'ai l'impression qu'on leur en donnerait trop si on suivait la Commission
des valeurs mobilières.
Le commentaire suivant de la Commission des valeurs mobilières
porte sur l'alinéa 3. "Si les membres ont décidé la
liquidation de la caisse, conformément à l'article 106 de cette
loi", la dispense accordée à la fédération devrait
être
automatique - on revient toujours à la même idée -
puisque les dispositions dudit article prévoient qu'une caisse peut
décider sa liquidation par le vote affirmatif des trois quarts des
membres présents à une assemblée générale
convoquée à cette fin.
Là encore, c'est la même idée. Je ne veux pas donner
un pouvoir automatique à la fédération. Par exemple, la
caisse de Sainte-Agathe actuellement est en liquidation, imaginez qu'il y a eu
débat entre la fédération et la caisse de Sainte-Agathe
quant au pouvoir de la caisse de Sainte-Agathe de se liquider. J'aurais voulu
être capable de conserver le pouvoir de la caisse membre de faire ce
qu'elle veut.
Quatrièmement, je cite toujours le projet de loi: "Si les
pouvoirs de son conseil d'administration, du conseil de surveillance ou de la
commission de crédit sont suspendus conformément à
l'article 103 de cette loi, pour cette assemblée, tous les membres
présents ont droit de vote, sauf les mineurs âgés de moins
de 16 ans." C'est plus intéressant, c'est autre chose. "Les porteurs de
parts sociales - c'est un commentaire de la Commission des valeurs
mobilières - âgés de moins de 16 ans devraient pouvoir
exercer leur droit de vote". Excusez-moi, j'ai sauté une page.
Troisièmement. Je retire ce que je viens de dire quant au
quatrièmement, M. le Président, il y avait inversion des pages 2
et 3, et quelque chose que je trouvais intéressant n'apparaît pas
dans cet article. On y reviendra plus tard. Autre commentaire de la Commission
des valeurs mobilières: "Cette dispense ne devrait pas être
accordée; la caisse visée étant toujours en existence, le
projet de transformation est nécessaire. En effet, l'application des
articles 103 et suivants de ladite loi n'a pas d'effet sur l'existence de la
caisse, puisqu'on y prévoit seulement la nomination par le ministre d'un
administrateur suite à la suspension des pouvoirs du conseil
d'administration." Au fond, c'est le même principe. Ce qu'on demande
là-dedans, c'est le pouvoir d'aller regarder la situation
particulière de la caisse et de ne pas laisser à la
fédération un pouvoir de blocage en chemin. Ce n'est pas
automatique comme dans les deux cas précédents, mais c'est le
même principe.
Finalement, au cinquième alinéa de cet article, le texte
de la loi dit: "Si la caisse a reçu conformément à
l'article 110 de cette loi l'avis préalable à un décret de
dissolution" - commentaire de la Commission des valeurs mobilières - "la
dispense accordée à la fédération devrait
être automatique, puisque l'avis du ministre prévu audit article a
pour but de décréter la dissolution de la caisse."
Fondamentalement, les commentaires de la Commission des valeurs
mobilières sont sur l'article 4, ils sont les suivants: "Donner des
pouvoirs une fois pour toutes à la fédération de prendre
les dispositions nécessaires quant aux plans de transformation qui ne
doivent pas se faire". Je ne suis pas prêt à donner cela. Cela me
paraît, dans l'état actuel des choses, donner trop de pouvoirs
à la fédération dans cette phase transitoire. Étant
donné les rapports qui se sont établis jusqu'à maintenant
entre certaines caisses et la fédération, surtout à cause
de tout ce qui s'est produit depuis un an, je veux avoir la possibilité
de regarder les avis de transformation et de ne pas les accorder
automatiquement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Charlevoix. (16 heures)
M. Mailloux: M. le Président, je ne voudrais pas errer.
Relativement à des fusions possibles, non pas avec le Mouvement
Desjardins ou d'autres institutions, mais d'une caisse à l'autre, comme
la fusion de deux caisses, est-ce que je dois comprendre que le seul laps de
temps qui resterait où une discussion est possible, ce sont les tout
prochains jours, parce qu'il faudrait forcément qu'à ce moment,
le ministre des Institutions financières revoit l'ensemble des ententes
prises entre les deux caisses, le bilan, les actifs et les passifs des deux
caisses. Est-ce que, devant une fusion qui serait tentée dans les jours
prochains par quelque caisse que ce soit, les mêmes dates doivent
être respectées pour la nouvelle caisse qui prendrait la fusion
des deux ou si, avec le peu de temps qu'il nous reste, qu'il reste à
écouler avant le 15 janvier où les avis doivent être
envoyés, il n'est quasiment plus possible de penser à une
fusion?
M. Parizeau: Ce que je souhaite, et je ne pense pas que ce soit
déraisonnable de la façon que cela évolue, c'est
qu'à l'occasion de ces assemblées, les membres aient le choix
entre plusieurs choses. Une de ces possibilités, c'est une fusion;
là, il y a deux types de situation possibles. La première, c'est
que ce soit une sorte de fusion générale, par exemple avec le
Mouvement Desjardins, toutes les caisses d'entraide fusionnent à
l'intérieur du Mouvement Desjardins. Cela est évident qu'il ne
reste que quelques jours pour des discussions de cette portée-là.
Il faut quand même que les membres sachent à quoi s'en tenir.
Est-ce que les caisses d'entraide, comme mouvement, se transformeront, est-ce
qu'on va leur proposer de se transformer en sociétés dans le sens
du projet de loi ou d'être incorporées dans l'ensemble dans le
Mouvement des caisses Desjardins? Évidemment, il y a quelques jours et
il faut quand même aboutir là-dessus, parce qu'il va falloir
envoyer des avis, des notes d'information à tous les membres.
D'autre part, il y a la fusion
individuelle et c'est cela que recouvre l'article 4. C'est qu'une
semaine avant l'assemblée - prenons cela seulement comme scénario
possible - une caisse d'entraide se fasse offrir par une institution
financière autre que le Mouvement Desjardins... On va prendre quelque
chose dont on a parlé dans les journaux, la Banque d'épargne. Une
autre caisse d'entraide se fait offrir une fusion par une compagnie de fiducie.
Il faut que ce soit possible d'amener cela à l'assemblée en
disant: Vous pouvez, il y a le plan Dugal, d'une part, mais, pour cette
caisse-là en particulier, telle institution financière offre tel
genre de fusion. Pourquoi pas? Très bien.
M. Mailloux: Ma préoccupation est dans le sens de deux
caisses d'entraide, disons, de la région du Lac-Saint-Jean qui
voudraient évidemment fusionner avant.
M. Parizeau: ...
M. Mailloux: C'est cela, oui.
M. Parizeau: C'est à l'occasion des notes d'information
envoyées aux membres que ça doit apparaître. La
fédération doit se prononcer. La fédération a un
certain nombre d'idées, d'ailleurs, à cet égard-là,
s'il y en a qui doivent fusionner. Comme on le disait, il y en a qui doivent
être liquidées. Alors, à l'occasion des notes
d'information, il y a un certain nombre de messages à faire passer
à cet égard.
Quant aux fusions entre deux caisses d'entraide, ça doit
apparaître normalement -les délais qu'on a, c'est jusqu'au
début de janvier - la première semaine de janvier, pour
l'expédition.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 4 est
adopté? Adopté. L'article 5?
M. Parizeau: Le 5, c'est le pouvoir que le ministre se donne de
demander tout renseignement qu'il juge pertinent au dossier. La situation des
caisses d'entraide est à ce point différente de l'une à
l'autre qu'il faut être en mesure, lorsqu'on entend parler de quelque
chose ou lorsqu'on entend dire que tel ou tel prêt pourrait être en
péril ou ne serait pas conforme, être capable de
téléphoner, d'exiger le renseignement rapidement.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. French: Non, je voudrais poser une question, je n'ai pas
l'intention de m'opposer du tout à l'article, mais c'est peut-être
aussi bien ici qu'ailleurs.
L'impact des activités de la fédération sur la
situation financière dans chaque caisse sera-t-il précisé
dans le projet de transformation, dans le résumé du projet?
Autrement dit, la partie des problèmes de chaque caisse qui sont
dus à la fédération d'abord, et ce serait
reflété inévitablement dans les...
M. Parizeau: Cela va se voir.
M. French: II n'y a pas de doute. Est-ce que ce sera
spécifié, d'une façon ou d'une autre...
M. Parizeau: Non, cela sera au conseil d'administration de la
caisse...
M. French: De faire valoir...
M. Parizeau: Imaginons que dans les états financiers
présentés aux membres on dise: Bien, écoutez, nous avions
jusqu'à maintenant une provision pour créances douteuses de 2%
des comptes. Tel compte, on ne pourra pas le récupérer ou on
récupérera 0,50 $ dans le dollar parce que la
fédération nous a demandé, il y a trois ans, de placer de
l'argent dans tel projet et que cela a mal tourné. Cela est au conseil
d'administration de le dire clairement à ses membres. Je ne peux pas
jouer à Dieu et sonder les reins et les coeurs à savoir quelle
pression la fédération, il y a trois ans, a mise sur telle caisse
locale pour prêter de l'argent pour tel ou tel genre de projet. Si
j'essayais de faire cela, je me tromperais sûrement parce qu'à un
moment donné cela devient de l'archéologie... Qui a fait pression
sur qui il y a six ans pour faire telle chose il y a trois ans? je ne peux pas
être juge de cela. "It would be to play God." C'est au conseil
d'administration à prendre ses responsabilités, à dire:
Écoutez, si ce prêt de 400 000 $ a mal tourné, c'est pour
telle ou telle raison.
M. French: Je dois comprendre que l'article 5 donne au ministre
le pouvoir de demander non seulement les documents et les renseignements
pertinents au projet de transformation de caisse en société
d'entraide, mais aussi à toute autre option qui peut se présenter
devant les membres de cette caisse. L'article 5 couvre tout cela, ce n'est pas
du tout limité à une transformation en société
d'entraide. Le ministre dit oui...
M. Parizeau: Et c'est fondamental, effectivement, que j'aie ce
pouvoir, pour la raison suivante. Je n'ai pas besoin de vous dire que des
présidents d'institutions financières autre que Desjardins ou les
caisses d'entraide qui s'intéressent à telle caisse,
inévitablement, vont téléphoner au ministère pour
savoir si on a des objections, cela va de soi. Nous, on doit être en
mesure, dans l'hypothèse où cela paraît intéressant,
d'avoir tous renseignements utiles des deux côtés. Cela me
paraît être, pour
augmenter au maximum le choix des membres, une clause très
importante.
M. French: Je voulais juste m'assurer que les mots "à
l'égard de chaque caisse", n'éliminaient pas les renseignements
à l'égard d'autres institutions qui voulaient fusionner, aider,
acheter, je ne sais pas quoi, de cette caisse...
M. Parizeau: Je ne pourrais pas me donner des pouvoirs dans la
loi à cet égard.
M. French: Mais, en principe, vous auriez l'intention d'inclure
tous les renseignements...
M. Parizeau: Ah, grand Dieu! bien sûr! M. French:
... que vous avez.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 6.
M. Parizeau: Là on revient à certaines questions
quant au projet de transformation que soulevait le député de
Westmount, c'est-à-dire ce que doit comprendre le projet de
transformation. C'est là, vraiment, que les caractéristiques du
projet de transformation doivent apparaître.
Chaque membre va recevoir un résumé du projet de
transformation. Il faut bien comprendre, quand on parle du résumé
dans l'article 6, que c'est ce que chaque membre va recevoir. Le projet de
transformation a été envoyé au ministère et un
résumé est présenté au ministre pour qu'il regarde
cela et dise: Puisque cela va à chaque membre, est-ce que cela comprend
non seulement les renseignements suffisants, mais est-ce que c'est
présenté d'une façon telle que chaque membre comprenne de
quoi il s'agit, est-ce que cela est suffisamment vulgarisé? Il faut bien
comprendre, dans l'article 6, quand on parle du résumé, que c'est
le document qui va à chaque membre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Justement, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Nous avions, à
l'occasion de la commission parlementaire, entendu certaines personnes des
caisses d'entraide et des caisses populaires mettre en doute l'utilité
que des renseignements de nature financière, les états financiers
des différentes caisses soient soumis aux sociétaires, je devrais
plutôt dire aux membres. Je ne vois pas encore que ces dispositions font
partie de la loi, je crois comprendre qu'elles feront partie
nécessairement de tous les renseignements additionnels que pourra exiger
le ministre, probablement, mais j'aimerais savoir comment la loi prévoit
cette exigence fondamentale.
M. Parizeau: Merci, c'est en vertu des règlements de la
Commission des valeurs mobilières. On ne peut pas passer à
côté du problème que soulève le député
de Vaudreuil-Soulanges, c'est la Commission des valeurs mobilières qui
l'exige. Dans ce sens-là, dans un cas comme celui-là, nous nous
plions aux exigences de la Commission des valeurs mobilières, on ne peut
pas faire autrement. Ce ne sont pas des avis que nous donne la Commission des
valeurs mobilières, elle nous les impose en vertu de la loi qu'elle
administre. Là, je n'ai pas le choix, je n'ai pas de discrétion
là-dessus. La Commission des valeurs mobilières dit: Voici ce que
les membres doivent avoir à titre de renseignements. Moi, tout ce que je
peux dire, c'est: Oui, monsieur, c'est un tribunal quasi judiciaire, il
interprète sa propre loi.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Étant donné que
la commission a déclaré qu'il s'agit d'une transaction
équivalant à un échange de valeurs mobilières,
c'est exactement ça.
Le Président (M. Boucher): Article 6, adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
J'ajouterais avant de dire que c'est adopté, que cela me
paraît un cas unique où une loi qui permet la constitution d'une
société à capital-actions, ou une transaction qui touche
les valeurs mobilières d'une société à
capital-actions, ne prévoit pas que dans un cas comme celui-là,
les renseignements, les états financiers sont envoyés aux
actionnaires; les états financiers ne font pas partie intégrante
de quelque documentation que ce soit destinée aux membres ou aux
détenteurs d'actions, dans le cas qui me préoccupe. Je pense
à la Loi sur les sociétés commerciales, à la Loi
sur les compagnies et à d'autres lois dans d'autres juridictions qui ont
le même objet, à toutes fins utiles, que ce que le titre 1 tente
d'atteindre.
M. Parizeau: M. le Président, je pense qu'on ne saisit pas
tout à fait. Évidemment, les états financiers seront
envoyés en vertu des exigences de la Commission des valeurs
mobilières. Ce qu'on met dans l'article, ce sont des aspects, des choses
qui ne seraient pas nécessairement couvertes par la Commission des
valeurs mobilières. C'est en sus de... La Commission des valeurs
mobilières exige que j'expédie les états financiers
à tout le monde. Les exigences de la Commission des valeurs
mobilières, c'est une sorte de plancher. Il y a des choses en
plus. Par exemple, la Commission des valeurs mobilières n'a pas
nécessairement à demander que la nature des appariements
apparaisse dans le résumé. Là, on se force à le
faire, les appariements vont apparaître ici. Il faut absolument qu'ils
apparaissent, autrement, justement à cause de la nature spéciale
de la transaction, les gens ne comprendraient pas très bien. Il faut
leur expliquer ce qu'est un appariement, quelles conséquences cela aura
sur les échéances de leur dépôt, etc. Donc,
comprenons-nous bien. Évidemment, les états
vérifiés au 30 septembre de chaque caisse seront envoyés
à chacun des membres. Quant à la Commission des valeurs
mobilières, prenez ses exigences comme étant une sorte de
plancher. Il n'y a aucun moyen pour moi de me soustraire a ça, c'est
l'application de la loi générale, tout l'esprit de ça,
c'est d'en mettre plus plutôt que moins. Je ne veux pas lésiner
sur les renseignements. Plus ils en auront, mieux ça sera.
M. French: On a des amendements à cet égard.
Le Président (M. Boucher): L'article 6, adopté?
Adopté. Article 7?
M. French: Nous avons une interrogation et deux amendements.
L'interrogation, c'est au sujet du deuxième paragraphe, dernier
alinéa. L'accès du membre à tous les renseignements
prévus, etc... dans la mesure où ces renseignements le
concernent. Le ministre peut-il nous donner des exemples de renseignements qui
sont couverts par le paragraphe en question et qui ne concerneraient pas le
membre? C'est une question de curiosité plus qu'autre chose. (16 h
15)
M. Parizeau: II serait un peu difficile de fournir à
chaque membre des renseignements au sujet, par exemple, des parts sociales
détenues par son voisin, par un de ses amis ou par la femme d'un de ses
amis. Je pense que ce serait assez incorrect. Vous comprenez ce que je veux
dire, on peut demander des renseignements parce qu'on est directement
intéressé et on peut demander des renseignements simplement par
curiosité, je ne dirais pas malsaine, mais il y a des choses qu'on ne
doit pas s'engager à fournir.
M. French: M. le Président, qui rendrait le jugement en
question?
M. Parizeau: Normalement, ce sera le secrétaire de la
caisse qui déterminera dans quelle mesure il s'agit de renseignements
qu'il doit avoir comme investisseur et dans quelle mesure ce sont des
renseignements qui relèvent simplement de la curiosité. En fait,
le critère fondamental est probablement les renseignements qui le
concernent par opposition à des renseignements sur ce dont les autres
membres disposent dans la caisse en question; j'imagine que la règle
passe là.
M. French: L'article aurait pu être rédigé
ainsi, plutôt que de donner à un secrétaire, à un
directeur général ou même à un conseil
d'administration, qui peuvent avoir un certain intérêt quant
à l'avenir de la caisse, de déterminer les renseignements
auxquels un membre devrait avoir accès.
M. Parizeau: M. le Président, on me met sous les yeux un
exemple des parts sociales qui va être envoyé à chaque
membre. Vous remarquerez que, dans cette formule, on met "titulaire" - donc le
nom du titulaire des parts sociales - "nombre de parts sociales détenues
le 30 novembre 1981", "nombre de parts souscrites avant le 23 août 1981",
"nombre de parts souscrites à partir du 23 août 1981", "montant
représenté par les parts souscrites avant le 23 août 1981",
etc. Dans ce registre, tenu par le secrétaire de la caisse, chacun va
pouvoir avoir la ligne qui le concerne. Si quelqu'un dit: Oui, mais
pourriez-vous me montrer ce que mon voisin a? On lui dit: Non, tout ce que vous
pouvez voir c'est votre dossier; le dossier qui apparaît ensuite dans le
registre, ça ne vous concerne pas.
Alors, il y a donc une part d'arbitraire relativement faible; je ne peux
d'ailleurs pas m'assurer qu'un secrétaire ne dira pas: Je vais quand
même vous montrer ce qu'a votre voisin. Mais, c'est relativement simple,
il n'y a pas beaucoup d'arbitraire, compte tenu de la façon dont le
registre est tenu.
M. French: Je comprends très bien l'intention de celui qui
a rédigé la loi, c'est tout simplement que je suis, tout comme le
ministre, très préoccupé par les renseignements qu'auront
les sociétaires. Je pense que le ministre lui aussi est
préoccupé, mais peut-être pas autant que moi. J'ai eu
l'occasion récemment de rencontrer plusieurs épargnants
insatisfaits, mécontents et extrêmement méfiants à
l'endroit de l'administration de leur caisse locale, alors qu'ils voient leurs
administrateurs en train de mousser une opération de sauvetage qui
ferait en sorte que le projet de transformation passe. Ils sont
évidemment payés à même les intérêts
des placements de ces membres dissidents et, dans la mesure où une
phrase dans la loi s'apprête à être exploitée contre
un membre dissident d'une caisse, je me pose des questions. Je n'ai aucune
difficulté à défendre le principe que M. A n'a pas le
droit d'avoir des renseignements sur les parts de M. B, ça ne me
préoccupe pas du tout, sauf que ce n'est pas ça que la loi dit;
la loi est beaucoup plus élastique et laisse beaucoup de
discrétion, beaucoup de pouvoirs entre les mains d'un
administrateur local qui peut, lui, avoir un conflit d'intérêts
et, j'irais plus loin, je dirais qu'il a un conflit d'intérêts en
quelque sorte parce qu'il doit préserver son propre poste, donc il est
intéressé à ce que la caisse d'entraide devienne une
société d'entraide.
Nous avons certains amendements qui auraient peut-être
changé ça, mais tout ça pour dire que je trouve que c'est
rédigé d'une façon très générale dans
le moment. Je pose tout simplement la question: Le ministre partage-t-il mes
préoccupations ou si je suis préoccupé par quelque chose
finalement de très minime, tout en sachant que j'accepte la proposition,
encore une fois, du droit de la vie privée de mes voisins si je suis
sociétaire? II n'y a pas un chat de ce côté-ci qui le
mettrait en question.
M. Parizeau: M. le Président, si le député
de Westmount pense qu'on peut resserrer le texte et s'il a des amendements
à cet égard, je serais tout à fait disposé à
en discuter. Je comprends ce qu'il veut dire. Je pense qu'on a le même
genre de préoccupations. Si on peut resserrer le texte, je n'ai pas
d'objection particulière, au contraire.
M. French: J'ai deux amendements à proposer. Je vais
demander en même temps qu'un de mes collègues, peut-être y
a-t-il possibilité de changer ça, selon l'attitude du ministre et
de la commission... Quant aux amendements, on pourrait peut-être en
parler par la suite, on va revenir à cette question. Le premier
amendement concernant l'article 7, je vais le faire distribuer.
M. Parizeau: M. le Président, nous nous entendons sur ce
qui est nécessaire de faire et de ne pas faire. Si on peut avoir une
formulation plus adroite, je n'ai pas d'objection.
M. French: Je dois dire au ministre que ma préoccupation
découle du fait que j'ai été très
intéressé au niveau fédéral et maintenant au niveau
provincial à la Loi sur le libre accès à l'information
gouvernementale. Je sais comment un administrateur peut exploiter une phrase
aussi générale.
Je pense que tout le monde a la motion d'amendement concernant l'article
7: Que le second alinéa de l'article 7 soit modifié par le
retrait du mot "également" à la troisième ligne et
l'addition, à la fin de la phrase suivante - et on verra qu'on fait un
papillon à notre amendement: Le membre doit obtenir les renseignements
généraux suivants, sur toutes les autres caisses d'entraide
visées par des projets similaires de transformation. 1. La proportion du
capital social à transformer en capital-actions et celle à
transformer en dépôts à terme. Le fameux ratio de
transformation. 2. Les renseignements prévus par les paragraphes 9 et 10
de l'article 3.
La motion a évidemment pour effet de situer le sociétaire
avant sa prise de décision contre la performance des administrateurs de
sa caisse par rapport aux performances des administrateurs d'autres
caisses.
M. Parizeau: M. le Président, je ne comprends pas
très bien pourquoi "peut" est remplacé par "doit"; parce que si
on dit "doit", ça pourrait vouloir dire une circulation de papier
énorme à tous les membres. Si je comprends bien, quel est
l'esprit de l'article? N'importe qui qui veut savoir ça doit être
capable de le savoir.
M. French: Je pense que l'esprit était un peu plus que
ça, M. le Président. Je suis souple. On est tout prêt
à entendre les arguments du ministre à cet égard, mais
peut-être que je me trompe sur le volume de renseignements, je ne veux
sûrement pas inonder l'épargnant de chiffres qu'il ne comprendrait
jamais. J'avais prévu ça comme étant une espèce de
tableau comparatif. Donc, il y aurait trois, quatre chiffres pour chaque caisse
qui permettraient à l'épargnant de voir comment le projet de
transformation de sa caisse locale se compare au projet de transformation des
autres caisses.
M. Parizeau: La difficulté que je vois, M. le
Président, c'est ceci. Chaque membre, c'est-à-dire 300, je ne
sais pas, 50 000 membres reçoivent les 76 projets de transformation.
Là, U-Haul va faire de l'argent. C'est le volume.
M. French: Ce n'est pas du tout ce qu'on avait prévu; si
c'est ce qui est exigé par l'amendement, on est prêt à
amender l'amendement.
M. Parizeau: Voici ce qui est embêtant ici. Prenons, par
exemple, ce qui est prévu à l'article 9, les taux
d'intérêt sur les dépôts. Cela n'a pas de
signification d'envoyer un taux d'intérêt pour la caisse 34 sans
dire pourquoi. Imaginons celui qui reçoit, sa caisse a reçu son
plan de transformation, un taux d'intérêt relativement bas, 6%
pendant un an, mais montant la deuxième année, alors qu'il
constate que pour la caisse 34 -lui, il est dans la caisse 8 - c'est le
contraire. Il a un bon rendement la première année, mais
très bas la deuxième. Tout seul, cela n'explique rien. Il faut
expliquer qu'il y a un mauvais compte sur lequel il faut prendre une grosse
provision qui vient à échéance la première
année, dans un cas, et la deuxième année, il faut prendre
une grosse provision sur un compte qui devient
échu seulement la deuxième année. Il faut tout
expliquer, autrement, le fait de lui donner une série de chiffres ne va
rien lui dire de particulier. Effectivement, pour que ce soit intelligible, la
comparaison des taux d'intérêt de 76 caisses, il faut expliquer
pourquoi c'est le plan de transformation. Là, on vient de les inonder,
elles ne s'y retrouveront plus, si on leur envoie épais comme cela de
papier, alors qu'au contraire...
Une voix: ...
M. Parizeau: Si vous me permettez, alors qu'au contraire, je
trouverais cela intéressant, cette proposition, si on songe à un
mécanisme en vertu duquel un détenteur de parts sociales,
apprenant que, dans une autre caisse, la caisse voisine ou une caisse où
se trouvent certains de ses amis, a l'air de donner davantage que chez lui, il
puisse avoir accès à toute l'information pertinente, s'il veut
l'avoir. C'est tout à fait autre chose, parce que vous avez quand
même - il ne faut pas non plus pousser les choses trop loin - quelqu'un
qui a 20 000 $ dans une caisse d'entraide et peut vouloir aller très
loin dans la comparaison d'autres caisses.
M. French: On en a rencontré, M. le ministre.
M. Parizeau: Celui qui a 200 $, on s'imagine qu'il ne va pas se
battre dans les autobus. Compte tenu du fait qu'on a une marge de 350 000
clients, il faut quand même faire attention à la façon dont
on va noyer cela de paperasse. Dans ce sens, je trouve intéressante
l'idée qui est reflétée dans le paragraphe, mais je n'en
ferai pas une obligation à l'égard des 350 000 membres.
Autrement, cela va devenir quelque chose de gigantesque comme
opération.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, je pense que cela ne nous
mènerait pas loin, mais j'avais une interrogation à l'esprit. On
parle d'informer le plus valablement possible chaque sociétaire au
moment où, le 15 janvier, le ministère fera parvenir à
chaque sociétaire l'état des contraintes auxquelles il devra
faire face. J'imagine qu'au moment où les renseignements parviendront
à chaque sociétaire, le ministère des Institutions
financières et la caisse d'entraide en question auront fait
l'évaluation du portefeuille, auront fait, en pensant à des
créances douteuses qui pourront venir en cours de route, l'appariement
requis dans ce sens. C'est le portrait global, forcément, du bilan de
chaque caisse avec la meilleure évaluation possible des gens du milieu
et des institutions financières, si je comprends bien. Les
sociétaires qui auront à décider sur ce bilan qui leur
sera proposé ne connaîtront pas à ce moment-là
l'ensemble des prêts qui sont consentis par une caisse donnée. Ce
que je veux dire par là, c'est que, probablement... Je ne conteste pas
la valeur des méthodes de contrôle, d'évaluation et
d'expertise qu'a le ministère des Institutions financières, loin
de là, mais parfois, dans un milieu donné, soit au
Lac-Saint-Jean, en Abitibi ou ailleurs, s'il fallait que chaque
sociétaire connaisse l'ensemble des prêts qui sont répartis
sur un an, deux ans et cinq ans, il y en a qui se diraient: Quand on nous fait
tel appariement, il est fort possible que l'appariement n'ait pas prévu,
évidemment, une situation catastrophique ou des pertes plus visibles
dans un milieu donné qu'elles ne sont visibles pour les administrateurs
qui ont été en cause d'ailleurs et pour le ministère des
Institutions financières, nonobstant sa bonne volonté. Je pense
bien que même si je souligne tout cela, il est parfaitement impossible
que la divulgation des prêts soit rendue publique à chaque
sociétaire, pas plus qu'on n'a le droit de dévoiler le nombre de
parts sociales qui appartiennent à chaque individu, sauf pour son propre
intérêt. Je pense que ce serait aller un peu loin de demander un
portrait tout aussi complet que cela, que la valeur du portefeuille soit rendue
publique à l'intention de... On devra se baser sur l'évaluation
que le ministère en a faite. (16 h 30)
M. Parizeau: M. le Président, compte tenu des observations
qu'on vient de faire, que penserait le député de Westmount du
compromis suivant? "Le membre - on ajouterait cela comme amendement - doit
pouvoir avoir accès auprès de sa caisse au plan de transformation
des autres caisses." C'est qu'on s'entendrait pour que chaque caisse ait les
plans de transformation de toutes les caisses.
M. French: Moi, je serais d'accord, M. le Président, si on
ajoutait aussi...
M. Parizeau: Ou au résumé plutôt; on me dit
au résumé, parce qu'on dit que des plans, cela va être
encore énorme.
M. French: Au résumé, d'accord. Je serais d'accord
si on pouvait aussi accepter le principe qu'au bilan de toutes les caisses pour
lesquelles il y a des projets de transformation, il y aurait un tableau des
relation de transformation du capital social en capital-actions et en
dépôts à terme, pour que ce soit disponible à la
demande de chaque épargnant.
M. Parizeau: Mais dans sa caisse. C'est-à-dire qu'il va au
comptoir et il dit:
Passez-moi le résumé de la caisse 34.
M. French: Ce ne serait pas distribué automatiquement.
Non, je voudrais qu'il y ait un tableau de préparé pour toutes
les caisses. Vous pouvez le faire une fois pour toutes et le distribuer dans
toutes les caisses: Voici le ratio pour toutes les caisses.
M. Parizeau: On ne s'entend pas tout à fait sur le sens
des termes. Le résumé dont nous parlions à l'article 6
comporte ce que le député de Westmount veut avoir. On pourrait
faire en sorte que, dans chaque caisse, il y ait des résumés de
toutes les autres caisses et que chaque membre d'une caisse puisse avoir
accès à ce qu'il veut là-dedans.
M. French: Je dois avouer, M. le Président, que cela a
été une longue discussion pour décider si on voulait
changer 6 ou 7 et finalement, on a choisi 7.
M. Parizeau: C'est-à-dire que ce que je suggérais,
c'est que, si on s'entend sur ce qu'on veut, on laisserait les gens du
contentieux rédiger quelque chose qui corresponde à cela et ils
nous reviendraient dans quelques minutes, un peu plus tard, avec une
rédaction appropriée. Si on s'entend bien pour dire que
l'idée fondamentale, c'est que, dans une caisse, un membre puisse aller
voir la caisse et dire: Écoutez, en vertu de la loi, je dois avoir
accès au résumé des autres caisses; il y a trois autres
caisses qui m'intéressent et je veux savoir ce qu'elles ont, dans quelle
situation elles sont, quelle est la proportion capital social et
dépôt, quels appariements elles ont faits, etc., et que l'on
puisse lui sortir le résumé, au sens de l'article 6, qui
correspond à la situation d'autres caisses, à sa demande.
M. French: Je trouve cela tout à fait acceptable et on
serait très content de l'avoir. Sauf que je pose la question au ministre
et je pose la question par votre entremise, M. le Président, et par
l'entremise du ministre à ses fonctionnaires. Le rendement de
l'année 1, de l'année 2, de l'année 3 peut être
trompeur, peut être mêlant et comprend une foule de chiffres que ne
comprendraient la plupart des sociétaires. Si c'est aussi le cas pour la
proportion du capital social transformée en capital-actions et en
dépôts à terme ou si, par contre, la proportion plus
élevée du capital social transformée en capital-actions,
la gestion de la caisse par les administrateurs a été moins
efficace dans le passé... Si cette hypothèse est correcte, ce
n'est pas utile, ce ne serait pas intéressant pour un épargnant
d'avoir un tableau de toutes les 76 caisses avec les proportions, uniquement
les proportions présentées devant lui. Si, à ma caisse
à moi, on transforme 19% de mes parts sociales en capital-actions et si
je vois une autre caisse où on en transforme 29%, je peux conclure, que
ma caisse a été mieux gérée que l'autre. Donc,
c'est intéressant pour moi. Si, par contre, c'est l'inverse,
évidemment... Encore une fois, ce sont ces renseignements qui seraient
valables lors de l'assemblée spéciale à la fin de
janvier.
M. Parizeau: La difficulté, M. le Président, c'est
que ce n'est pas simplement à cause de l'administration de la caisse que
la proportion du capital social converti en actions va être basse ou
autrement. Cela dépend aussi, par exemple, de l'équilibre actuel
entre les parts sociales et les dépôts à terme. Il y a
plusieurs facteurs qui entrent là-dedans. Dans ce sens-là, il
faut faire attention de ne pas avoir un tableau trop simple qui non seulement
n'aiderait pas à la compréhension, mais risquerait de lancer des
gens sur des fausses pistes. Il vaut mieux, dans la mesure où ils ont
compris leur propre résumé applicable à leur propre
caisse... Il faut que, s'ils veulent faire des comparaisons avec d'autres
caisses, ils aillent voir les résumés des autres caisses. Ne pas,
à cet égard-là, établir une distinction entre la
compréhension qu'ils ont de leur caisse et une sorte d'illusion qu'ils
auraient à l'égard des autres.
M. Mailloux: Sans vouloir blanchir aucune administration de
certaines caisses en difficulté, j'hésiterais à fournir ce
renseignement-là. Je vais vous donner une raison. On imputerait
immédiatement, directement aux administrateurs en cause, que ce soient
les précédents ou ceux-là, d'avoir une administration de
la caisse... Alors qu'on sait pertinemment que la fédération a
souvent obligé des caisses à faire des prêts auxquels elles
ne voulaient pas consentir, et cela a été fait, je ne dirais pas
avec pression, mais avec une sollicitation qui était quand même
assez incompréhensible. Je suis bien prêt à blâmer
ceux qui le méritent, mais souvent ça va plus loin que les gestes
administratifs. J'aime autant ne pas élaborer.
M. French: Évidemment, M. le Président, il y a une
foule de facteurs qui entrent en ligne de compte, mais je ne suis pas convaincu
que la proportion historique entre le capital social et les dépôts
à terme n'est pas un aspect de la gestion de la caisse. Je ne vois pas
comment c'est arrivé. C'est arrivé par hasard? Non, ce n'est pas
arrivé par hasard. C'est arrivé à cause de la
compétence ou de la non-compétence des administrateurs dans le
passé. C'est arrivé à cause de l'équilibre qu'ils
ont su ou n'ont pas su établir entre l'activité des
recruteurs,
l'égoïsme des recruteurs et les besoins réels de la
caisse. Cela fait partie de toute cette bouillabaisse de pratique qui n'est pas
conforme aux autres pratiques des institutions financières, mais qui
finalement laisse l'épargnant dans une situation où il est tout
à fait dépourvu d'indicateurs réels de sa situation
actuelle par rapport aux autres caisses.
À moins qu'on ne me fournisse d'autres explications, je persiste
à me demander s'il ne serait pas utile de fournir ce tableau comparatif
à tous les épargnants, à tous les membres, au moins pour
le ratio de transformation.
M. Parizeau: Non, M. le Président... Cela revient un peu
à certaines des discussions que nous avons dans bien d'autres domaines
dans le champ politique où on sait très bien ce qui se passe au
Québec, pas trop mal ce qui se passe au Canada et assez peu ce qui se
passe à l'étranger. Après avoir passé des mois et
des semaines de discussion sur un projet - c'est arrivé à chacun
d'entre nous - quelqu'un tire invariablement un lapin du chapeau en disant: En
Suède, c'est comme ça.
M. French: C'est parfait, la Suède...
M. Parizeau: J'imagine qu'on a tous été
exposés à ce genre de chose.
M. French: On ne citera pas d'exemple en particulier!
M. Parizeau: Cela impressionne toujours sur le coup,
jusqu'à ce qu'on aille voir les raisons, que nous connaissons bien par
rapport à chez nous, les raisons historiques, ce qui s'est passé,
etc. Sans ces explications, on voit à certains moments des affrontements
de formules qui n'existent pas du tout.
Là, c'est un peu la même chose. Il faut comparer
résumé avec résumé, avoir le même niveau
d'information. Je n'ai aucune objection, au contraire, je pense que c'est une
excellente idée que n'importe quel membre qui a reçu son
résumé puisse aller à sa caisse et demander: Pour les
caisses environnantes, qu'est-ce que ça donne? Quel est le projet de
transformation et quels sont les différents ratios qu'il y a chez elles,
et qu'il puisse obtenir ces informations sur demande. Je pense que c'est tout
à fait normal. C'est une heureuse adjonction au texte de loi tel que
nous l'avons devant nous.
Mais sortir un tableau, sortir l'obligation d'envoyer 76
résumés à 350 000 membres, je pense que, simplement sur le
plan de la manipulation, ça va trop loin.
Quant à sortir simplement un tableau de comparaison d'un chiffre
pour 76 caisses, soit un grand tableau en longueur avec 76 colonnes et un ratio
sans autres explications, ça va amener plus de confusion qu'autre
chose.
M. Mailloux: De toute façon, le 15 janvier, par la voie
des journaux, on va apprendre quel va être le prorata qui sera
demandé dans chaque région du Québec.
M. Parizeau: C'est évident et, de toute façon, il
va y en avoir partout. Ce que je veux dire, c'est qu'un seul tableau à
76 colonnes avec un seul chiffre dans chaque colonne, pour moi, c'est
créer plus de confusion qu'autre chose, par rapport à celui qui a
le résumé de sa caisse, qui connaît bien sa caisse, qui
comprend bien sa caisse, qui ne comprend pas les autres et qui réagit
simplement à un chiffre. Cela va simplement entraîner des
dénonciations et des engueulades sans nom entre les gens; des conseils
d'administration vont être placés dans la situation de
défendre leurs ratios l'un par rapport à l'autre. Il serait bien
mieux à cet égard de dire: Dans chaque caisse, un membre qui veut
savoir ce qui s'est passé dans les autres caisses peut avoir
accès au résumé, le regarder, le consulter et
comparer.
M. Grégoire: M. le Président...
M. French: Si le député de Frontenac le permet,
j'aimerais poursuivre le point avant que...
M. Grégoire: ...
M. French: Je m'excuse.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Si chaque caisse, lorsqu'elle a construit son
résumé de projets, l'envoie aux 75 autres caisses, à ce
moment, chaque caisse n'en a que 75 copies à envoyer, et chaque caisse,
disposant des 75 résumés de projets de relance, pourra les
montrer ou en donner une photocopie aux membres qui en exprimeront le
désir. À ce moment-là, il s'agit simplement de demander
à chaque caisse d'envoyer un résumé aux secrétaires
des 75 autres caisses.
M. French: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Westmount.
M. French: ... d'abord, j'accepte toujours la proposition du
ministre de nous faire des propositions à savoir que, sur demande, un
membre intéressé peut avoir accès au résumé
de projets des autres
caisses. Je ne peux pas accepter l'idée que l'économie
politique de la Suède et l'économie politique du Canada ou du
Québec ne sont pas plus différentes, beaucoup plus
différenciées que les conditions entourant la caisse d'entraide
de Sherbrooke et celle de Jonquière. Il me semble que c'est un exemple
intéressant, mais peu convaincant. Dans le fond, tout est basé
sur le même modèle de la révolution de l'épargne
qu'on connaît très bien et le sort, la situation de chaque caisse
individuelle reflète quand même ce qui a été fait
dans le passé, ce qui était bon et ce qui n'était pas bon.
Je suis prêt à dire qu'il ne faudrait pas inonder les membres de
renseignements qu'ils ne peuvent pas utiliser. J'accepte cela, mais je
n'accepte pas l'idée que, en tant que membre ou sociétaire
intéressé, je sois obligé de fouiller 76
résumés de projets sans qu'il y ait un résumé des
résumés ou une tabulation des résumés ou des points
essentiels du résumé de disponibles. Cette tabulation pourrait
être faite par le surintendant ou sous son autorité, sous ses
auspices, distribuée à toutes les caisses et rendue publique ou
rendue accessible aux membres, pas rendue publique, je m'excuse.
Quels seraient les commentaires du ministre sur cette
possibilité? J'essaie de trouver un via media entre la
nécessité de fouiller 76 résumés de projets et la
nécessité de simplifier à un point tel, comme l'a
évoqué le ministre, qu'on mêle les cartes plus qu'on ne
clarifie la situation.
M. Parizeau: C'est un travail énorme, avoir une sorte de
tableau comparatif des 76 résumés. Si on veut que ce soit
vraiment significatif, c'est un travail considérable de
préparation au ministère. C'est considérable. Le
problème d'être trop simple, si le député de
Westmount n'aime pas mes comparaisons entre pays, on va faire des comparaisons
entre provinces. Si vous regardez la dette directe de la Colombie britannique,
du gouvernement de la Colombie britannique, c'est presque nul. Il y a quelques
années, c'était zéro. Si on faisait une comparaison pour
seulement un chiffre, la dette directe du Québec, de l'Ontario, de la
Nouvelle-Écosse, de la Colombie britannique, pour la Colombie
britannique, c'était zéro. Pourquoi? Parce que M. Bennett dans le
temps - pas son fils, mais Wackey, le père - avait décidé
qu'il ne voulait pas que son gouvernement ait de dettes. Il faisait emprunter
les commissions scolaires et les municipalités à sa place. Il
avait créé un office des autoroutes qui empruntait pour la
voirie. Il faisait emprunter les hôpitaux. Il faisait emprunter tout le
monde et lui, il n'empruntait pas. Les derniers titres de dettes de la Colombie
britannique ont été mis au moment de leur échéance
dans une grande barque, comme chez les Vikings, et ont été
brûlés dans l'océan Pacifique devant le parlement. Dette
nette: zéro. Tableau: Dominion Securities ou Aims, - c'était Aims
qui faisait cela dans le temps - dette directe des gouvernements de province,
des montants partout. Pour la Colombie britannique: zéro. On regardait
cela et on disait: Dieu que la Colombie britannique est bien
administrée, alors que toute la dette avait été
roulée dans les autorités locales. C'est ce qu'il faut
éviter. S'il s'agit de faire un tableau comparatif de 76 données
comme cela, de données relativement simples, cela crée beaucoup
plus de confusion que cela n'aide.
M. Mailloux: Je pense que le ministre des Finances a pris exemple
sur le père Bennett. (16 h 45)
M. Parizeau: Non, disons que la dette directe du gouvernement du
Québec n'est pas zéro. Tout cela pour dire que si on veut faire
une sorte de synthèse au ministère de 76 résumés,
c'est un travail considérable. Il faut bien se rendre compte de ce que
cela veut dire. Pour que ce soit significatif, intelligible et
compréhensible, ce sont des mois de travail. Établissons une
distinction entre celui qui a 200 $ là-dedans, que cela
n'intéressera pas particulièrement et celui qui a entre 20 000 $
ou 30 000 $ qui entend parler de certaines choses, qui est au courant que dans
telle ou telle caisse cela va beaucoup mieux, que cela va être moins
onéreux etc., et qui dit à son secrétaire de caisse:
Veux-tu me passer les états financiers de cinq, six ou sept caisses
voisines, que je regarde un peu le résumé pour voir de quoi cela
a l'air. Cela me paraît plus raisonnable. Une synthèse
intelligible et détaillée de 76 projets de transformation, c'est
un gros travail de la part du ministère.
M. French: M. le Président, dans la mesure où c'est
difficile pour les fonctionnaires, cela va l'être d'autant plus pour les
épargnants. Si on me dit que c'est impossible, je suis prêt
à accepter cet argument essentiellement technique, je suis prêt
à l'accepter. Mais, je veux souligner que c'est beaucoup plus facile
pour les instances publiques, pour les fonctionnaires du ministère, pour
le surintendant que ça ne l'est pour l'épargnant typique. Ce
qu'on essaie de faire, c'est de créer une certaine économie
d'échelle dans cet exercice d'analyse quant aux données
élémentaires. Si on me dit que les données
élémentaires ne sont pas totalement trompeuses dans la même
mesure que la dette publique de la province de la Colombie britannique est
trompeuse, je suis obligé d'accepter cela, mais j'accepte mal cela. Je
l'accepte mal, parce qu'il ne me semble pas que la situation de la Colombie
britannique et celle du Québec soient comparables à la
situation
entre deux caisses d'entraide. Si le ministre pouvait me donner un
exemple qui n'était pas extérieur, un exemple concret entre deux
caisses d'entraide. Comment est-ce que cela peut différer? Je comprends
qu'il y en a certaines qui ont été bien gérées et
d'autres mal gérées, et c'est cela que je vise actuellement. Mais
dans quelle mesure est-ce qu'il y a d'autres aspects qui font en sorte que les
statistiques sont nécessairement trompeuses?
M. Parizeau: II faudrait tenir compte, par exemple, du fait que,
dans la caisse X, 20% de tous les prêts de la caisse ont
été faits à un seul administrateur. Béni soit le
ciel qu'il n'y en ait qu'une qui soit dans cette situation. Il est
évident que ce qui va ressortir de cette caisse, par opposition à
une caisse bien gérée qui ne s'est jamais mise dans une situation
pareille, a besoin d'être longuement expliqué. Je m'excuse, je
suis brutal, je prends le plus beau cas, enfin le plus beau cas dans le sens
où les médecins parlent d'un beau cas de cancer. C'est le plus
beau cas que j'ai vu. 20% de tous les prêts d'une caisse à une
seule personne qui est administrateur de la caisse. Comparez cela à une
caisse qui a été prudente dans ses prêts, parce que quand
même il y en a qui ont été administrées
correctement, qui ont assuré la diversification. Comment voulez-vous
faire une analyse correcte de cela sans tenir compte de circonstances tout
à fait différentes?
Si je comprends bien ce que le député de Westmount veut,
c'est qu'il veut que les membres aient le plus de renseignements comparatifs
possible. Mais il faut bien comprendre une chose, c'est que le membre n'a pas
le choix entre être membre de sa caisse ou s'affilier à une autre
caisse ou passer à une autre caisse. Il a le choix entre le plan de
relance, peut-être autre chose, peut-être la liquidation de sa
caisse. Il est pris. On peut essayer de lui fournir le plus de renseignements
possible, mais cela serait invraisemblable de dire: Ces gens-là
attendent leur argent et une solution depuis des mois, et des mois. Et, pour
être en mesure de leur donner un état comparatif
intéressant sans doute, mais jusqu'à un certain point
académique pour eux... Ce n'est pas la caisse d'à
côté dont ils sont membres, c'est la leur; la décision il
faut qu'il la prenne chez eux. La solution n'est pas de passer dans la caisse
d'à côté, c'est de savoir si la caisse se relance, si elle
fusionne avec un autre mouvement financier ou si cela se liquide. Je ne me
sentirais pas capable de dire: On va refouler ces gens-là de plusieurs
mois dans leur décision simplement pour qu'ils puissent faire des
comparaisons intraprovinciales. Cela me paraît aller trop loin.
M. French: Intercaisse. M. Parizeau: Intercaisse.
M. French: M. le Président, le ministre ne devrait pas
s'excuser d'avoir choisi un exemple, parce que l'exemple est extrêmement
pertinent. Le ministre ne soutiendrait pas que la gestion de cette caisse
était carrément pourrie. Dans la mesure où les
statistiques paraissent mal, elles devraient bien paraître mal, et
l'épargnant, le sociétaire doit présumer que
l'administrateur en question n'est plus là, il devrait se demander
pourquoi il devrait faire confiance aux autres, autour de cette situation, qui
ont accepté cela.
M. Parizeau: Enfin, les gens qui sont pris dans la caisse en
question, quelle consolation cela va-t-il leur donner de savoir qu'il y a
d'autres caisses où cela ne s'est pas produit? Quant aux gens des autres
caisses, en quoi cela va-t-il leur aider à prendre une décision
de savoir qu'il y a une caisse qui est placée dans cette
situation-là? Ce que je veux dire, c'est qu'il y a des fois où le
mieux est l'ennemi du bien. À vouloir ramasser des études et
à faire énormément d'études, à la limite,
tout ce que cela fait, c'est une sorte de blocage où les gens ne
pourront plus se décider. Parce qu'il va falloir reporter les
échéances indéfiniment jusqu'à ce que des
études comme celle-là soient faites. Ce que je veux dire, c'est
que la comparaison véritable, intelligible de ce qui s'est passé
dans la caisse A par rapport à la caisse B par rapport à la
caisse C, c'est un travail gigantesque, parce que là ça devient
une sorte d'interprétation comparée des situations.
Il nous a déjà fallu des mois pour connaître la
situation précise de chaque caisse, avoir un projet de transformation;
à cet égard-là, j'ai d'ailleurs des renseignements qui
viennent de m'être donnés et je pense qu'ils sont pertinents
à notre discussion. La circulaire de renseignements doit être
complétée au plus tard le 22 décembre. Les états
financiers vérifiés, au 30 septembre, doivent être remis
à l'imprimeur au plus tard le vendredi 18 décembre. Mais cela va,
on les a tous. Plus de 50% des résumés des états
financiers pro forma devront être remis à l'imprimeur au plus tard
le 5 janvier et l'autre moitié des résumés et des
états financiers pro forma, le 8 janvier. C'est là
l'échéancier.
M. French: Donc, on accepte que sur le plan technique, c'est
impossible. Est-ce que le ministre est en mesure de nous proposer une forme de
mots pour l'accessibilité au résumé de projet par chaque
membre dans sa caisse?
M. Parizeau: Oui, on est en train de travailler sur un
libellé, on pourrait peut-être ajourner sur cet... on pourrait
suspendre l'article.
M. French: J'ai un autre amendement à l'article 7.
M. Parizeau: Oui, d'accord.
M. French: Si vous voulez procéder à cela et on va
revenir avec...
M. Parizeau: Non, peut-être dans une heure, on pourrait
continuer les autres articles et quand le libellé sera prêt, on
viendra à l'article 7 pour l'amender.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: Tantôt mon collègue de Vaudreuil m'a
fait part d'une réflexion que venait de faire le ministre. C'est vrai
qu'on a connu des situations aussi aberrantes qu'un président qui
réussissait par le biais de ses compagnies à se prêter le
pourcentage qu'a mentionné le ministre et c'est peut-être vrai que
dans des situations semblables on a vu un tel "pistolet" même embarquer
une partie de sa fortune; il demeure quand même que des situations comme
celle-là, si je l'identifie, les gens la connaissent très bien,
et en profondeur...
M. Parizeau: Bien sûr.
M. Mailloux: On n'identifie pas la caisse.
M. Parizeau: On peut peut-être regarder puisqu'on travaille
l'article 7, cependant le deuxième amendement.
M. Mailloux: Oui, le deuxième amendement, on va le faire
distribuer...
Le Président (M. Boucher): Pour clarifier, est-ce que vous
retirez votre premier amendement?
M. French: Je retire l'amendement à la suite de
l'assurance du ministre qu'un substitut serait fourni par ses
fonctionnaires.
Le Président (M. Boucher): D'accord. Deuxième
amendement.
M. French: Deuxième amendement qu'on va distribuer tout de
suite.
M. le Président, le deuxième amendement proposé
à l'article 7 vise les mêmes objectifs que le premier: Que soit
intercalé après l'article 7, l'article 7.1 suivant: "À
partir du 1er janvier 1982, tout membre qui en fait la demande peut obtenir la
liste a jour des membres de sa caisse d'entraide avec leur adresse et leur
numéro de téléphone, si ces renseignements sont
disponibles, à un coût raisonnable déterminé par le
ministre."
M. Parizeau: M. le Président, je comprends pourquoi le
député de Westmount demande cela, c'est juste le risque. Il y a
déjà eu d'autres débats dans d'autres contextes sur la
question de fournir des listes avec des numéros de
téléphone à cause des dangers d'intimidation et de choses
comme cela que cela représente. C'est une arme à deux tranchants,
c'est, d'une part, intéressant pour savoir effectivement quelles sont
les ventes, d'autre part, cela ouvre des portes à toute espèce de
sollicitation. Je vous avouerai que je suis "I am of two minds". Est-ce qu'on
pourrait expliquer un peu davantage le sens de cela?
M. French: Discutons-le, voulez-vous y aller, M. le
député de Vaudreuil-Soulanges?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
D'abord, au point de vue des précédents,
évidemment, en matière de droit corporatif, c'est une disposition
normale lorsqu'il y a possibilité d'un changement substantiel où,
en tout temps, de toute façon, il y a accès de la part d'un
actionnaire à la liste de ses coactionnaires à la condition - en
général, c'est la disposition qu'on peut lire dans les lois - que
cela ne serve pas à des fins autres qu'à des fins corporatives.
Cela veut dire qu'il ne peut pas s'en servir pour faire un "mailing list", pour
vendre des brosses à dents ou... cela, c'est entendu...
M. Parizeau: C'est cela, ou vendre la liste des vendeurs...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ... et évidemment le
requérant de la liste d'actionnaires doit fournir sous serment un
engagement que c'est précisément pour les seules fins de la
société, ou de la caisse, en l'occurrence, qu'il veut avoir
accès à cette liste. C'est évidemment dans le but de
permettre une organisation un peu plus large de la discussion, je devrais
plutôt dire une participation plus organisée de la discussion,
étant donné qu'on va vraiment retrouver au cours des
assemblées de transformation des groupes distincts, des groupes
d'intérêts, des groupes de sociétaires, de membres, qui ont
des objectifs différents les uns les autres mais qui peuvent se
retrouver en groupe. Je pense que, pour avoir une meilleure expression de la
démocratie, il est sans doute souhaitable que les membres aient
l'occasion de contacter leurs comembres afin de faire valoir lors de
l'assemblée les points de vue qu'ils ont en commun. À ce moment,
les différentes thèses pourront s'affronter un
peu plus ouvertement et plus complètement. C'était
là le but de l'amendement que nous proposons, les
précédents existent évidemment dans d'autres contextes.
Quant au numéro de téléphone, nous sommes parfaitement
disposés à retirer ces quelques mots de la motion
d'amendement...
Le Président (M. Boucher): Écoutez, pour la bonne
marche des travaux de notre rapporteur, si j'ai bien compris, nous avons
suspendu l'article 7 et nous étudions un nouvel article, 7.1, par
l'amendement du député de Westmount.
M. Parizeau: Ce serait un autre paragraphe de l'article 7.
M. French: Oui.
Le Président (M. Boucher): D'accord.
M. Parizeau: M. le Président, est-ce que, dans le cas des
registres d'actionnaires de compagnies, ce qui est prévu, c'est qu'on
n'ait pas accès aux registres? Il me semble qu'une compagnie n'est pas
forcée de fournir la liste de ses actionnaires; n'importe quel
actionnaire peut aller à une compagnie et dire: Montrez-moi le registre.
Cela, oui.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, d'une part, mais moyennant
- je ne me souviens plus du numéro de l'article paiement des frais
raisonnables, ordinaires, réguliers, n'importe qui a accès
à une liste d'actionnaires, il peut s'en faire tirer une copie chez le
registraire des transferts à condition de fournir l'engagement que j'ai
décrit tout à l'heure. (17 heures)
M. Parizeau: On m'indique qu'il y a une distinction nette entre
la loi fédérale des compagnies et la loi provinciale des
compagnies. Effectivement, selon la loi fédérale des compagnies
on peut consulter le registre, mais, dans notre droit, cela n'existe pas. Mais
d'un autre côté, dans la Loi sur les caisses d'épargne et
de crédit, on indique que chaque caisse doit faire tenir et conserver
à son siège social des livres ou registres distincts dans
lesquels sont inscrit: a) son règlement et toutes modifications, b) les
procès verbaux, etc., c) les nom, prénom, adresse et occupation
ou profession de chaque membre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Pour compléter, M. le
ministre, l'article 3, quatrième paragraphe, prévoit que le
projet de transformation lui-même contient ces renseignements-là,
c'est-à-dire les nom, prénom et adresse de chaque titulaire de
parts sociales. Évidemment, le résumé ne peut pas en tenir
compte, mais je présume que le projet de transformation - je devrais
peut-être le demander - sera éventuellement du domaine public et
c'est simplement pour fins de ...
M. Parizeau: Ça va être...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): faciliter les envois par la
poste, etc., que c'est un résumé qu'on envoie aux membres. Mais
le projet de transformation lui-même contient ces renseignements.
M. Parizeau: Loi sur les compagnies de la province de
Québec, 106. Les livres et registres mentionnés aux articles 104
et 105 peuvent être consultés tous les jours au siège
social de la compagnie, les dimanches et jours de fêtes exceptés,
pendant les heures raisonnables d'affaires, par les actionnaires, les porteurs
d'actions ordinaires et privilégiées, les créanciers de la
compagnie ainsi que par le représentant et par tout créancier
ayant un jugement contre un actionnaire. Il est permis à l'actionnaire
et au créancier ou à leur représentant d'en faire des
extraits. C'est-à-dire que la loi fédérale permettrait de
tirer des copies; la loi provinciale, ce qu'elle dit, c'est que vous entrez au
bureau de la compagnie, vous regardez, vous faites vous-même vos
extraits. Si vous voulez copier ça, allez-y.
M. Houde: Comme à un bureau d'enregistrement.
M. French: M. le Président, j'espère que le
ministre, par contre, ne s'apprête pas à utiliser un
précédent qui a été établi dans le cas d'une
transformation, dans des circonstances tout à fait uniques, d'une prise
de décision tout à fait unique et, essentiellement, transitoire.
Je voudrais indiquer au ministre que, veux, veux pas, il y a un certain groupe
d'intéressés, je les ai déjà évoqués
devant la commission. C'est un groupe d'intéressés qui ont
accès à la liste et il y a un autre groupe
d'intéressés qui, sans un amendement comme celui-ci, n'auraient
pas accès à la liste, dans beaucoup de cas.
M. Parizeau: M. le Président, attention, je n'ai aucune
espèce d'objection à l'accès.
M. French: C'est la question des copies.
M. Parizeau: C'est la question des copies, ça sert
à tellement de choses, ces histoires-là. Il y a un immense
avantage à l'accès seulement. C'est que là, on est
à peu près moralement assuré que ceux qui vont travailler
dans les registres le font parce qu'ils ont des intérêts
corporatifs, comme le disait le député de Vaudreuil-Soulanges.
Mais que, sur simple demande, on commence à envoyer des listes comme
ça partout, avec
les adresses et à plus forte raison avec les numéros de
téléphone - je comprends que le numéro de
téléphone, on peut l'enlever - là, ça devient... On
ne sait pas à quoi ça peut servir. Ça peut servir à
des fins qui nous intéressent. Pourquoi ne pas simplement utiliser notre
Loi sur les compagnies et mettre un amendement là-dedans qui indiquerait
simplement que n'importe quel détenteur de part sociale a accès
aux registres en tout temps, aux heures normales d'affaires?
Il paraît qu'en vertu de la Loi sur les caisses d'épargne
et de crédit, il y aurait déjà ce droit-là.
M. French: Sauf, M. le Président, qu'on a
déjà vu le ministre lui-même tenir à ce que soient
spécifiées dans la loi certaines choses qui sont
déjà, en principe, touchées dans la loi en question.
Deuxièmement, le ministre - je reviens à la première
interrogation que j'avais sur l'article 7 -avait possibilité de refus
dans la mesure ou ces renseignements le concernent. Il y avait des
possibilités qu'un administrateur décide que certains
renseignements ne concernent pas un membre ou un sociétaire. Donc, pour
ces deux raisons-là, d'abord parce que le ministre lui-même a
établi le précédent de spécifier dans cette loi les
choses déjà apparemment spécifiées dans la Loi sur
les caisses d'épargne et de crédit et, deuxièmement, parce
que l'article qui touche l'accès à certains renseignements par le
membre laisse un échappatoire aux administrateurs et,
troisièmement, pour la raison de fond qui est que les administrateurs
sont des parties intéressées dans la transformation. C'est
essentiel qu'on le spécifie dans la loi. Il est essentiel aussi qu'on
spécifie qu'il y a possibilité d'avoir une copie - en payant pour
celle-ci - quitte à ce qu'on amende l'amendement à nouveau, pour
spécifier que l'accès à la copie devrait être pour
les fins de la prise de décision prévue dans la loi, etc. Cela
impliquerait la signature d'un engagement de celui qui veut y avoir
accès qu'il n'utilise les copies en question que pour ces fins.
M. Parizeau: La question de l'accès ne pose pas de
problème. Amender l'article 7 pour permettre l'accès aux
registres, ça me paraît élémentaire; aucun
problème avec ça. C'est juste la question des listes. Qu'on en
fasse des extraits, il n'y a pas de problème là non plus.
M. French: Le ministre ne serait-il pas prêt à
demander à ses fonctionnaires de trouver une phraséologie qui
permettrait l'accès à une liste qu'on puisse sortir physiquement
de la caisse, mais qui impliquerait un engagement légal, formel, une
signature du membre quant à l'usage d'une telle liste?
Je le fais, M. le Président, parce que l'échéance
est extrêmement courte. Le ministre nous a dit ça, on l'a
accepté, sur le plan technique, certaines de nos exigences créent
des problèmes énormes pour ses fonctionnaires. Mais imaginez, M.
le Président, le problème que ça crée pour
quelqu'un qui veut véhiculer des idées dissidentes ou des
idées autres que le projet de transformation au sein de sa caisse, du
1er janvier au 30 janvier. C'est un problème énorme. Entre
l'accès à une copie et l'obligation de passer une semaine
à écrire les noms et les adresses inscrits dans le registre de la
caisse, je pense qu'il y a une grande différence. Il est important, pour
que les gens soient confiants qu'ils vont avoir la possibilité de
s'organiser en fonction de leur propre optique sur l'avenir de la caisse,
qu'ils aient accès aux copies, quitte à ce qu'il y ait toutes
sortes d'engagements légaux nécessaires; là, on est tout
à fait d'accord.
M. Parizeau: La difficulté est: Comment patrouille-t-on
ça? Comment police-t-on de pareilles dispositions? Vous avez un
très grand nombre de commerçants membres de caisses d'entraide.
S'ils se servent de ces listes pour vendre des produits ou des trucs du genre,
comment sait-on si de la vente sous pression faite par certains d'entre eux
viole un engagement qu'ils auraient pris? Quand on commence à
prévoir des interdictions dans une loi, il faut prévoir des
sanctions et, quand on prévoit des sanctions, il faut prévoir un
mécanisme de surveillance. Comment fait-on ça? Il y a des
milliers et des milliers de commerçants dans ces boîtes-là.
Au moins celui qui a intérêt à faire apparaître, soit
un groupe de dissidents... C'est à ça qu'on songe, on veut que
toutes les opinions puissent s'exprimer à l'occasion de
l'assemblée générale, donc, s'il y a des gens qui se
sentent dissidents et qui veulent avoir accès aux listes, il faut leur
donner la possibilité de ne pas se trouver devant un blocage, devant un
mur de brique. Je comprends très bien cela, d'accord. Celui qui va
prendre la peine d'aller passer - peut-être pas des semaines - toute une
journée à recopier des noms, ça va, au moins on sait qu'il
est suffisamment intéressé pour passer ce temps là, mais
si c'est un commerçant qui doit payer 50 $ pour avoir la liste des
membres, comment fait-on si la liste sert à des fins qui
n'étaient pas du tout prévues? Comment police-t-on ça?
Comment applique-t-on des sanctions? Moi, ça me laisse...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, encore
une fois, on pourrait s'inspirer du précédent qui existe en droit
fédéral des corporations dans la mesure où ce ne sont pas
des interdictions d'utilisation,
dans le fond, donc pas de nécessité de prévoir des
amendes, des contraintes ou peu importe - des pouvoirs de police, comme le dit
le ministre - mais plutôt un engagement. Cela donne une certaine forme
à tout ça, et l'avoir vécu comme dépositaire
théorique de 10 000 ou 12 000 actionnaires, ça n'arrive
même pas une fois par année. Étrangement, le cas où
ça arrive le plus souvent, c'est justement lorsqu'il y a des
échanges de valeurs mobilières qui sont prévues, des "take
over" ou des choses du genre, et c'est le cas patent ici qui...
M. Parizeau: Voici, c'est d'une nature différente. Dans le
cas d'une compagnie comme celle à laquelle fait allusion le
député de Vaudreuil-Soulanges, on ne voit pas très bien
quel genre d'intérêt il y aurait à obtenir des copies
autrement que dans les cas qu'il mentionne. Mais là, ce sont des gens
qui vivent au même endroit, dans la même ville, ils sont tous
regroupés. Je peux songer tout de suite à dix, douze, quinze ou
vingt cas où cela peut être utile d'avoir une liste comme cela et
qui n'ont rigoureusement rien à voir avec le programme de relance des
caisses d'entraide. Ce sont des gens qui vivent tous au même endroit,
dans la même ville, qui sont des clients les uns des autres et des
fournisseurs les uns des autres. J'ai vaguement l'impression que la liste va
être consultée plus d'une fois de temps à autre. Cela
devient un registre assez étonnant.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Je comprends bien les objections du ministre,
mais je me dis, d'un autre côté, qu'il y a peut-être des
caisses où les administrateurs ont intérêt à
contrôler un peu l'assemblée du mouvement de relance et, si
quelqu'un veut arriver, si un groupe assez important de dissidents veulent
essayer d'amorcer une dissidence, comment peuvent-ils se préparer s'ils
n'ont pas la liste des membres ou s'ils ne savent pas qui a droit de vote et
qui a été invité, à moins de le savoir lors de la
réunion et risquer peut-être qu'une centaine de membres ne soient
pas là, qu'ils auraient pu convoquer autrement pour les mettre en garde.
Là, il y aurait peut-être deux dangers à comparer: le
danger qu'il y en ait qui puissent s'en servir pour des objets autres que ceux
qui sont mentionnés maintenant et le danger qu'un mouvement de
dissidence ne soit pas en mesure de se faire valoir, n'ayant pas en main les
armes voulues. C'est une comparaison entre les deux.
M. Parizeau: M. le Président, je vais vous demander de
suspendre aussi là-dessus. On va y repenser un peu dans les heures qui
viennent. Il faut équilibrer les choses. Je comprends très bien
les arguments. Il faut, advenant qu'il y ait un groupe de dissidents, qu'ils
puissent être équipés correctement pour manifester leur
droit à la dissidence. D'un autre côté, je veux
éviter de monter des interdictions qu'on ne peut policer.
Peut-on prendre un peu de temps? On suspend l'article 7 pour les deux
amendements et on essaie de trouver quelque chose.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Pourrais-je ajouter que ce serait à la lumière, je
présume, d'une réponse à notre préoccupation sur la
façon dont le deuxième paragraphe de l'article 7 est
rédigé, c'est-à-dire qu'il laisse un peu de pouvoirs
discrétionnaires même s'il a accès spécifiquement
à tous les renseignements contenus et décrits à l'article
3 de la part de chaque membre et créancier?
M. Parizeau: Oui.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est dans ce sens qu'on veut
être bien sûr que l'article 3, paragraphe 4, contient des
renseignements que personne ne peut empêcher un membre d'une caisse de
consulter.
M. Parizeau: Je pense qu'au point où nous en sommes dans
l'examen de l'article 7 on pourrait probablement... Mais on y reviendra tout
à l'heure quand on reviendra sur l'article dans son ensemble. Ma
première réaction, c'est que le premier paragraphe, cela va, le
deuxième paragraphe, on pourrait l'accepter tel quel et ajouter un
troisième et un quatrième paragraphes commençant par "en
outre". En outre, il y aurait d'abord l'accès au résumé
des 76 caisses dans le sens de ce qu'on disait tout à l'heure et, en
outre aussi, il y aurait accès à une forme à
définir aux listes de membres avec l'adresse, enfin, les documents qu'on
tient habituellement dans ces registres. Il y aurait donc deux paragraphes
à ajouter et le troisième paragraphe actuel deviendrait le
cinquième paragraphe. On suspend...
Le Président (M. Boucher): On suspend l'article 7 et les
amendements qui ont été proposés.
M. Parizeau: ... on garde cela et on voit comment on peut entrer
ces deux dispositions.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon, vous aviez demandé la parole. Est-ce sur l'article 7?
M. Dubois: Sur l'article 8.
Assemblée de transformation
Le Président (M. Boucher): Sur l'article 8? D'accord.
Article 8.
M. Parizeau: II y a un amendement à l'article 8. Nous
n'avons pas de commentaires, de la Commission des valeurs mobilières sur
l'article 8. Ce sera au plus tard, non pas le 15 janvier 1982, mais le 18
janvier 1982 et il y a simplement une coquille au troisième paragraphe
du 3e alinéa de 8: "Copie d'un exemplaire des avis de convocation qui
seront transmis aux membres de chaque caisse est également transmise
sans délai au ministre." C'est une correction de faute d'orthographe.
Donc, le seul amendement véritable, - il y en a deux, oui, mais le seul
qui ait une portée, c'est le 18 janvier au lieu du 15.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que... M. Dubois:
Sur l'article 8.
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le député
de Huntingdon. (17 h 15)
M. Dubois: Quelques commettants de mon comté qui sont
membres de la caisse d'entraide m'ont fait des représentations sur la
date de l'assemblée générale. Les deux avis que j'ai eus
avancent que cette date est beaucoup trop tôt. Il y aurait des raisons
pertinentes pour que cette date soit repoussée quelque peu,
peut-être un mois. Il faudrait comprendre que, dans des régions
comme chez nous, il y a 4000 membres. Les membres sont énormément
dispersés, c'est-à-dire que la caisse de Napierville comprend des
membres auxiliaires de Montréal, de Sherbrooke et même un petit
peu plus loin. Cela serait plus équitable au moment de
l'assemblée et pourrait favoriser jusqu'à un certain point le
regroupement de certains membres qui voudraient s'opposer à une formule
qui serait offerte. Nous sommes aussi dans la période des fêtes.
C'est l'hiver, il y aura possiblement des tempêtes ici et là. Je
pense que la marge de manoeuvre est mince pour les comités qu'on appelle
dissidents; pour moi ce ne sont pas des dissidents, ce sont des gens qui
veulent prendre en main leurs responsabilités. Je trouve que la date est
tellement courte qu'on ne favorise pas ces gens-là pour défendre
adéquatement leur point de vue, s'organiser, se rencontrer,
suggérer entre eux une méthode d'opposition à une formule
quelconque.
Je pense que l'échéance est tellement courte que cela
empêche l'action d'autres groupes. Par exemple, si les caisses populaires
voulaient intervenir dans un dossier, comme par exemple la caisse dans ma
région; son intervention arriverait dans la dernière semaine de
janvier, et c'est sûr qu'elle serait écartée, parce qu'elle
n'aurait pas le temps de suggérer un dossier qui pourrait être vu
par les membres, examiné et considéré. Dans ce
sens-là, je demande au ministre s'il ne croit pas que c'est un peu
inquiétant pour les membres, surtout dans les régions rurales
où ils sont bien éparpillés et surtout à ce
moment-ci de l'année, où l'organisation et les rencontres sont
plus difficiles qu'en d'autre temps de l'année. Je pense qu'un
amendement a été préparé par mes
collègues.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon, on va disposer d'abord d'un amendement qui est proposé
à l'article 8 par le ministre.
Une voix: Accepté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. À votre
question, M. le ministre.
M. Parizeau: M. le Président, il y a deux types de
considération à intervenir ici. Il y a, d'une part, la
compréhension de ce qui va se passer du plan de relance, et de l'appui
juridique que donne le projet de loi 40 au plan de relance. Le plan de relance
lui-même a été discuté dans chacune des caisses
depuis des mois, par toute espèce de réunions,
d'assemblées de groupe. Ceux qui ne sont pas d'accord avec le plan de
relance sont au travail eux aussi depuis des mois; enfin des mois,
j'exagère peut-être, mais un mois et demi au moins. D'autre part,
les membres attendent depuis maintenant très longtemps. Il faut quand
même faire attention de ne pas confondre la situation de certains groupes
ou de certains - appelons-le comme cela - "establishment" avec
l'intérêt des membres; eux, cela fait des mois qu'ils attendent,
cela fait très longtemps.
L'impression que j'ai des réactions majoritaires des gens que je
rencontre à cet égard-là, elle est exactement l'inverse de
celle du député de Huntingdon. Les gens disent: Enfin, quand
est-ce que vous allez vous brancher? Aboutissez. Cela fait des mois qu'ils
discutent cela entre eux. Dans ce sens-là, j'avouerai - nous l'avons
déjà dit d'ailleurs en commission avant - que je ne vois pas
l'utilité fondamentale de déplacer la date du 30.
Néanmoins, il peut y avoir des circonstances où il faut la
déplacer. Par exemple, on prévoit une mécanique en vertu
de laquelle on peut automatiquement déplacer au lendemain s'il n'y a pas
quorum le 30. Cela peut tomber dans telle ou telle région, dans une
bordée de neige épouvantable ou de toute façon
l'assemblée ne peut pas être tenue. L'article 36, un peu plus
loin, dit: "Le ministre peut en tout temps proroger tout délai ou fixer
toute autre date déterminée en vertu du présent
titre".
Donc, en vertu de cela, j'ai la latitude de faire face à des
circonstances locales si cela se présente. Il faut la prévoir, ce
serait imprudent de ne pas avoir une clause comme celle de l'article 36. Mais,
de là à utiliser cela dans des circonstances
particulières, c'est une chose. L'utilisation urbi et orbi à
l'ensemble des caisses pour commencer à tout redéplacer, je vous
avoue que je n'en vois pas beaucoup l'intérêt à l'heure
actuelle, au contraire. Après tout ce qui s'est dit, tout ce qui a
été discuté, tout ce qui a été
expliqué longuement, il faut bien se comprendre, la
fédération des caisses d'entraide, la nouvelle équipe a
quand même très longuement discuté de ces choses-là,
alors elle nous dit: Pour l'amour du saint ciel, voulez-vous accoucher de votre
loi afin qu'on sache exactement à quoi s'en tenir sur le plan juridique
et qu'on puisse aboutir. Je ne vois pas ce qu'un mois de plus pourrait donner
à cet égard.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, j'accepte bien les remarques
du ministre d'une part en ce qui a trait aux administrateurs d'une caisse; ces
derniers seront prêts pour le 30 janvier, parce qu'ils savent dans quelle
direction ils veulent aller.
D'après les représentations que j'ai eues, les membres de
la région n'ont aucun document. Premièrement, ils n'ont pas de
plan le relance en main, ils auront en main des documents vers le 15 janvier.
Alors, pour eux, le temps est tellement limité que ça ne se
compare même pas avec les administrateurs de la caisse. Vous dites que de
part et d'autre on peut s'organiser, mais comment peut-on s'organiser quand on
n'a même pas un plan de relance ni aucun document en main?
D'autre part, les administrateurs de la caisse ont en main la liste des
membres. Par contre, même si un membre de la région aimait
regrouper certains de ses collègues membres, il n'y a aucun moyen parce
qu'il ne les connaît pas; il peut en connaître quelques-uns, mais
si on prend 4000 membres, dans une région, tous éparpillés
à 50 milles à la ronde, c'est pas mal difficile de former un
groupe de travail qui pourrait s'asseoir et étudier les documents; les
intéressés n'ont même pas de documents ni liste de membres.
Alors je ne pense pas qu'il y ait beaucoup d'équité entre les
deux groupes.
Si on dit que l'on veut être démocratique, l'on veut
favoriser la démocratie, jusqu'au 15 janvier, aucun membre ne pourra
dire avec preuve à l'appui qu'il appuie telle formule. Il n'a pas de
document, il ne sait pas où il s'en va, il est aveugle
complètement vis-à-vis de ce qui va être offert suite aux
documents qu'il aura le 15. Alors, moi, je ne pense pas qu'il y ait
équité vraiment entre les deux groupes; c'est le sens des
représentations que j'ai reçues. C'est bien beau, on dit que
c'est discuté, le plan Dugal, d'accord, mais ce n'est pas la seule
formule qui va exister; s'il y a d'autres offres qui sont
étudiées par les caisses, par les administrateurs, les membres ne
les auront pas en mains. Alors, je crois que c'est vraiment pousser les choses
au plus tôt possible et cela favorise certainement les administrateurs
qui veulent bien passer une formule particulière si c'est la formule qui
les favorise, si ça leur permet de garder leur emploi. En tout cas, il y
a un élément de favoritisme qui n'est peut-être pas voulu,
mais qui est apparent à la face du projet de loi.
M. Parizeau: M. le Président, pour ce qui a trait au plan
Dugal, à ses principes fondamentaux, les deux groupes, que ce soit le
groupe qui entoure comme ça existe l'administration de la caisse
d'entraide ou celui qui voudrait faire autre chose, sont exactement
placés sur le même pied en termes de temps; les dirigeants d'une
caisse d'entraide n'ont pas à l'heure actuelle le plan de transformation
dans les mains, et dès que le plan de transformation sera disponible, il
va l'être en même temps pour tout le monde. Sur ce plan-là,
ils sont sur le même pied.
Deuxièmement, c'est cela qui me tarabuste un peu à
l'égard de l'article 7, que le plus tôt possible les listes de
membres devraient être accessibles à tous ceux qui veulent en
prendre connaissance. Parce qu'à l'heure actuelle, c'est vrai que c'est
déséquilibré sur ce plan, l'administration d'une caisse
d'entraide connaît ses membres, sait où ils habitent et puis, ceux
qui voudraient organiser un autre groupe ne le peuvent pas. C'est pour cela que
sur le principe d'accès aux listes, je suis tout à fait d'accord,
on va trouver une formulation pour l'article 7; j'accepte cela.
Sur le plan des échéances quant au plan de transformation,
tout le monde va être placé exactement sur le même pied.
Quant à savoir si une proposition alternative peut apparaître, je
vais vous dire une chose: Plus vous déplacez des dates, plus en pratique
vous reculez les propositions alternatives. En fait, les propositions
alternatives, je vous assure que cela n'a pas évolué vite tant
que le projet de loi n'a pas été déposé en
première lecture; ça a commencé à
s'accélérer quand le projet de loi a été
déposé en première lecture. Cela s'accélère
d'autant plus que le projet de loi avance.
La meilleure des façons de faire aboutir quelque chose, c'est
justement d'avoir des échéances relativement serrées dans
ce domaine. Si vous retardez l'échéance d'un
mois pour provoquer de nouvelles alternatives, le signal va passer
partout: c'est beaucoup moins pressé qu'on le pensait. Il ne faut pas
non plus faire de l'angélisme dans ce domaine-là. Il arrive que,
la nature humaine étant ce qu'elle est, par un heureux jeu de pression,
le fait de reporter des dates reporte des pressions - je ne parle pas de
pressions venant du gouvernement - reporte le jeu normal des pressions entre
les groupes et entre les individus. La nature humaine étant ce qu'elle
est, on est toujours pris à la dernière minute dans ces
choses-là. Les dates provoquent des réactions, le report des
dates provoque des reports de réactions. Chaque année, M. le
député de Huntingdon, on se dit: À la session prochaine de
l'Assemblée nationale, on sera moins pressé dans les derniers
jours. Et qu'est-ce que vous pensez qu'il se passerait si on reportait du 21
juin au 1er juillet la fin de la session d'été? On serait tout
aussi en galopade, sauf que cela serait une semaine plus tard. Il faut prendre
les gens comme ils sont et ne pas chercher à faire de
l'angélisme. Reporter, annoncer aujourd'hui un report d'un mois, tout le
monde se dit: Ouf! Ah bon! on a un mois de plus!
M. de Belleval: M. le Président, il est presque 17 h
30.
M. Grégoire: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Frontenac a une question.
M. Grégoire: Est-ce que je pourrais ajouter un mot pour
rassurer le député de Huntingdon?
Je pense bien que les demandes qu'on a eues à ce sujet pour la
date, dans mon cas, cela a été plutôt de ne pas la
retarder, de ne pas la reculer. Cela vient surtout des actionnaires
eux-mêmes, non pas d'un groupe, soit les administrateurs actuels, soit
les dissidents, mais des actionnaires eux-mêmes qui sont pris à
l'heure actuelle et qui voudraient savoir quand cette affaire va se
décider. C'est le petit actionnaire qui voudrait que sa situation se
règle au plus vite. Je pense que cela ne serait pas une bonne affaire
pour l'actionnaire qui ne fera partie ni du groupe des administrateurs ni des
dissidents de voir à ce que la date soit reportée, cela ne serait
pas bon pour lui.
M. Dubois: Seulement dans un sens, actuellement, cela ne peut pas
se faire dans les deux sens parce que, d'une part, il y a un groupe qui a
toutes les informations et l'autre n'en a pas. Alors, quand on voit des
organisations, des groupes de citoyens, de membres qui veulent s'organiser, ce
n'est pas si facile que cela.
Le Président (M. Boucher): Comme l'a indiqué
l'ordre de la Chambre ce matin, nous devons suspendre nos travaux à 17 h
30. La commission suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 27)
(Reprise de la séance à 20 h 18)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, mesdames et
messieurs. Le bureau du leader m'informe qu'il y a eu, non pas une erreur,
mais, quand même, concernant le projet de loi no 32; il ne sera pas
étudié immédiatement à la commission. Dans le
mandat de la commission, on avait mentionné le projet de loi no 32, mais
ce projet ne sera pas étudié immédiatement.
M. French: Je me demandais pourquoi ça venait ici.
M. Parizeau: Moi, j'avais pourtant annoncé à
l'Assemblée nationale que ça allait à la commission des
finances. Ce n'est pas aux institutions financières.
Le Président (M. Boucher): C'est exactement ça, M.
le ministre. Alors, nous en étions à l'article 8 du projet de
loi; un amendement avait été adopté, à savoir de
remplacer, dans la première ligne du premier alinéa, le chiffre
"15" par le chiffre "18" et de remplacer, dans la deuxième ligne du
troisième alinéa, les mots "également transmis" par les
mots "également transmise". À la suspension, je n'ai pas
remarqué qui avait demandé la parole.
M. French: Je pense qu'on peut...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Westmount.
M. French: ... même être prêt à adopter
cet article.
Le Président (M. Boucher): L'article sera
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté tel
qu'amendé. Article 9.
M. Parizeau: Oui, avec amendement de la date.
M. Tremblay: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Article 9, M. le
député de Westmount ou M. le ministre.
M. Parizeau: II n'y a pas de commentaires, ça me
paraît assez explicite.
M. French: M. le Président, le ministre peut-il - c'est
une question simplement d'information - m'expliquer ce qu'est la
différence entre un membre et un membre auxiliaire?
M. Parizeau: Les membres auxiliaires sont des membres qui
viennent de l'extérieur de la zone où la caisse se trouve. Chaque
caisse, en somme, définit son champ d'opération sur le plan
géographique, mais peut accepter des membres auxiliaires qui viennent
d'ailleurs.
M. Tremblay: Ce ne sont pas les dames auxiliaires?
M. Parizeau: Ce ne sont pas les dames, il ne s'agit pas d'une
mesure sexiste mais géographique.
M. French: On connaît ça à Westmount, vous
savez. Il y en a un paquet. Donc les membres ordinaires jouissent des
mêmes privilèges et droits.
M. Parizeau: C'est exact. Parce qu'ils ont le même
intérêt financier.
M. French: Oui, dans le fond, on m'indique que c'est parce que le
recruteur va en fin de semaine chez ses beaux-parents et il vend des parts.
M. Parizeau: Exactement. M. French: Parfait.
Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 10?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 11?
M. Parizeau: Là encore ça me paraît
assez...
M. French: C'est un samedi soir, M. le Président, qu'on
envisage ces réunions-là?
M. Parizeau: Le 30 janvier est effectivement un samedi soir.
M. French: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 12?
M. French: Cela me fait hésiter un peu.
M. Parizeau: Je rappelle la teneur du résumé; le
résumé comporte à la fois le plan de transformation et
l'état financier pro forma...
M. French: M. le Président, est-ce que je peux proposer
qu'on revienne à l'article 7 pour le compléter avant de passer
à l'article 12?
M. Parizeau: L'article 12, bien sûr.
Le Président (M. Boucher): S'il y a consentement.
Alors, article 7.
M. Parizeau: Où sont les amendements de l'article 7? Je
viens de les recevoir, je vais les lire avant de les commenter.
Le premier alinéa. "Après approbation du projet de
transformation et du résumé de ce projet, le ministre en transmet
copies à la fédération et à la caisse
concernée". Et on ajoute: "II transmet également à cette
caisse les résumés du projet de transformation de toutes les
autres caisses".
Le troisième alinéa maintenant: "La caisse doit remettre
à tout membre ou créancier qui en fait la demande le
résumé du projet de transformation et lui permettre de consulter
le résumé du projet de transformation de toute autre caisse".
Cela confirme ce qui avait été dit au premier alinéa.
On ajouterait un quatrième alinéa qui se lirait ainsi: "La
caisse doit à cette occasion permettre aux membres de consulter la liste
des membres inscrits aux livres ou aux registres de la caisse." C'est assez
bien d'ailleurs. "À cette occasion", cela veut dire que c'est en ce
cas-là et pas à n'importe quelle occasion. La caisse doit
à cette occasion permettre aux membres de consulter la liste des membres
inscrits aux livres ou aux registres de la caisse.
M. French: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Westmount.
M. French: M. le Président, "à cette occasion" veut
dire quoi encore, je n'ai pas saisi?
M. Parizeau: C'est à dire à l'occasion de la
transmission du projet de transformation et du résumé.
M. French: M. le Président, je ne vois pas pourquoi on
impose une telle limite. Est-ce qu'on peut savoir pourquoi?
M. Parizeau: C'est à l'occasion de l'opération dont
nous parlons.
M. French: D'accord, ça veut dire que ce n'est pas le 30
août, mais ça veut dire que ce n'est pas le 1er janvier non plus
et c'est ça qui me rend un peu insatisfait.
M. Parizeau: D'accord, M. le Président, j'accepterais de
mettre "le 1er janvier" plutôt que "à cette occasion".
M. French: Parfait, merci. La caisse doit, à partir du 7
janvier, permettre aux membres de consulter la liste des membres, etc. Est-ce
que ça va?
Le Président (M. Boucher): Pourrait-on formuler le
sous-amendement à l'amendement, si c'était possible?
M. Tremblay: ... du 1er au 30 janvier?
M. Parizeau: Ce serait peut-être une idée.
Là, je ne sais pas si on en est rendu au "sous-sous-amendement", mais il
y a une idée intéressante qui vient d'être exprimée
autour de la table, c'est-à-dire inscrire "du 1er au 30 janvier".
M. French: Ce qui nous préoccupe c'est que...
Le Président (M. Boucher): Le sous-amendement pourrait se
lire comme suit: "La caisse doit à cette occasion, soit du 1er au 30
janvier...
M. Parizeau: Non, on remplacerait "à cette occasion", si
je comprends bien. Là, peut-être que je ne suis pas tout à
fait protocolaire, mais je ramasserais le "sous-sous-amendement" et le
sous-amendement ensemble en mettant: La caisse doit, du 1er au 30 janvier,
permettre aux membres de consulter la liste des membres inscrits au livre des
registres de la caisse.
M. French: Sur le sous-amendement, c'est adopté.
La deuxième question concerne une copie de la liste des membres.
Le ministre a toujours sa crainte que les entrepreneurs, membres des caisses,
puissent exploiter la possibilité d'avoir une copie?
M. Parizeau: À un point, M. le Président... Depuis
une couple d'heures, j'ai encore eu l'occasion d'y penser et d'en discuter.
Dans des milieux où tout le monde se connaît, le danger
d'utilisation de ces listes est très grand entre concurrents et entre
fournisseurs. Il est évident que je ne pourrais pas, au nom de l'horreur
qu'a le milieu québécois des tickets modérateurs, demander
500 $ pour la publication d'une telle liste; il faudra, presque par
définition, que ce soit un honoraire modeste, c'est-à-dire que,
pour 20 $, on fournit littéralement à tous les commerçants
du coin la possibilité d'aller chercher la liste. Cela me paraît
très différent de par sa nature. Remarquez qu'on fait même
des pressions sur moi pour que je n'accepte pas ça au nom du fait que,
nulle part dans une banque à charte, dans une institution de
dépôts, on ne permet à un déposant de
connaître les dépôts des autres. Mais, là...
M. French: Les noms des autres.
M. Parizeau: Même les noms des autres. On ne pourrait les
avoir dans une banque; dans une compagnie par actions, on peut. Là, on
se trouve devant - si vous me passez l'expression - un animal mitoyen où
j'essaie tout simplement, comme d'habitude, de trouver un compromis à
l'anglaise -comme on dit en français - qui ménage la
chèvre et le chou ou qui n'aille pas trop loin dans une direction et pas
trop loin dans l'autre.
Si on considérait ça comme une institution de
dépôts on répondrait: Non, un déposant n'a jamais le
droit d'avoir la liste des autres déposants. Si on parle d'une compagnie
par actions, on peut et, dans la loi fédérale, on peut même
demander la liste.
Mais, compte tenu du milieu dont on parle, j'ai l'impression que si on
demande un honoraire modeste pour avoir les listes, les listes vont être
utilisées à des fins qui n'ont aucune espèce de rapport
avec le projet dont nous parlons. C'est le sens de l'amendement que je propose,
ça me paraît être-Comment dit-on chez les juges? La balance
des inconvénients! (20 h 30)
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, dans le contexte de cet
amendement, j'aimerais que le ministre nous définisse le sens
réel du mot "consulter", le sens qu'on veut lui donner. Consulter, c'est
strictement, d'après moi, regarder, voir, mais ne pas photocopier, ne
pas inscrire des noms qui sont inscrits sur une autre feuille.
M. Parizeau: Ah oui! Cela n'exclut pas les extraits.
M. Dubois: Cela n'exclut pas cela? Je ne sais pas, mais c'est
parce que... Quelle interprétation sera donnée par le directeur
d'une caisse d'établissement qui aura à recevoir un membre de
cette caisse? La loi est là, le texte est là et la
définition du mot "consulter" pourra être laissée à
la libre interprétation de la personne qui sera en charge, le directeur
ou le secrétaire de cette caisse. Supposons que je suis
décidé de former un groupement d'opposition. Supposons
que je veux m'opposer à la formule Dugal, par exemple. Je
regroupe quelques membres autour de moi, mais je veux consulter la liste des
membres, parce que cela m'intéresse de savoir qui est membre dans ma
région et qui je peux amener avec moi. Si je consulte la liste, je n'ai
même pas le droit d'inscrire sur le document les membres qui
m'intéressent dans ma région administrative. Je ne suis pas
membre, remarquez bien, je n'ai pas d'intérêt, mais c'est une
question qui m'a été posée aussi. L'interprétation
du mot "consulter" est laissée librement à celui qui est en
charge de cette caisse ou qui doit recevoir la personne. Consulter, cela veut
dire exactement quoi? On permet quoi, dans le mot "consulter"? Regarder, voir,
inscrire et photocopier?
M. Parizeau: Passer autant de temps qu'on veut à prendre
toutes les notes.
M. Dubois: Mais si une personne vient pour prendre des notes et
qu'on lui dit: Non, vous avez seulement le droit de consulter et ne pas
inscrire de notes, qu'arrive-t-il?
M. Parizeau: Ce serait totalement illégal. Il n'y a rien
qui empêche de prendre des notes. A partir du moment où on peut
consulter, rien n'empêche de recopier autant qu'on veut.
M. Dubois: M. le ministre, je respecte l'interprétation
que vous pouvez donner au mot "consulter", mais quelle interprétation
sera donnée par le secrétaire ou le directeur de
l'établissement qui recevra un membre? Peut-être saura-t-il aussi
que le membre s'oppose à ce que cette caisse vive. Je ne suis pas
d'accord avec la disparition des caisses ou des sociétés. Loin de
là. Je pense qu'elles ont une place dans notre société
économique, mais il reste, seulement par respect de la
démocratie, par respect de l'équité, qu'on laisse la
liberté à la personne qui sera en charge d'une caisse de
définir le mot "consulter" à sa façon. Dans ce sens, je me
pose certaines questions. Je ne sais pas si mes collègues ont des
remarques là-dessus ou si vous pensez que je suis complètement
hors du sujet ou si je dépasse peut-être...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: J'ai deux préoccupations que je voudrais vous
soumettre. Je ne sais pas si je tire dans la bonne direction.
Premièrement, il y a un aspect qui m'agace depuis le
début. Jusqu'à quel point les membres des caisses d'entraide
seraient volontaires eux-mêmes pour que leur nom soit divulgué et
est-ce implicite, lorsqu'on devient membre d'une organisation comme
celle-là, qu'on s'attende à ce que la liste comprenant son nom va
être distribuée? D'autre part, j'ai essayé de voir comment
cela pourrait être utilisé, par exemple, par un groupe qui
voudrait amener des gens à penser comme lui. C'est une opération
qui serait extrêmement dispendieuse si on pense, par exemple, à
des caisses où il y a 5000 membres. Ce n'est pas rare. Il y en a pas
mal. J'ai essayé de regarder cela comme une campagne électorale,
par exemple, où il y a 30 000 citoyens qui sont concentrés dans
un territoire donné qui est un comté et il y en a à toutes
les portes. À 5000 dans un vaste territoire, dans une région,
cela veut nécessairement dire qu'ils sont éparpillés qu'il
n'y en a pas à toutes les portes. Donc, l'opération pour
rejoindre ces 5000, à mon avis, c'est une opération d'environ 50
000 $. Je me dis donc qu'on risquerait, en ce faisant, de ne pas permettre
vraiment ce qu'on vise faire, c'est-à-dire de permettre à des
groupes de s'organiser et que cela ouvrirait la porte, d'autre part, à
des gens qui voudraient l'utiliser à d'autres fins, parce que s'il y a
5000 membres dans cette caisse-là qui ont droit d'aller chercher cette
liste-là, cela veut donc dire qu'il y a certainement des gens parmi ces
5000 qui ont un intérêt à aller chercher la liste pour
l'utiliser à d'autres fins. Ce sont mes deux préoccupations.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: II y a une chose qu'il faut quand même
concevoir. C'est que 10% des membres d'une caisse particulière forment
quorum dans une assemblée. 7,5% de ce 10% dirigent le sens de la
volonté des membres de cette caisse-là, ce qui veut dire que 7,5%
des membres d'une caisse vont se prononcer sur le but ultime que veulent
atteindre ces 4000 ou 5000 membres. Dans ce sens-là, si on ne laisse pas
l'occasion aux membres qui voudront être présents à
l'assemblée de pouvoir eux-mêmes diriger, non pas diriger
l'assemblée, mais faire valoir leur opinion d'une façon aussi
forte que pourraient le faire les administrateurs de la caisse, puisqu'ils ont
tous les outils en main... Actuellement, ils ont la liste des membres, ils
sauront sûrement dans quel sens se dirige l'assemblée, se dirige
la volonté de l'assemblée avant l'assemblée,
malheureusement. Parce qu'ils auront beaucoup plus d'outils en main qu'un
simple membre de la caisse.
Je pense qu'on ne doit pas dire le contraire. Parce que je regarde dans
une caisse particulière la façon dont les choses se dirigent, il
est évident que quand on est administrateur d'une caisse, on a des
outils en main que de simples membres n'ont pas. Si on dit: On veut ouvrir
largement la
démocratie, l'équité, la responsabilité qu'a
chacun des membres à se prononcer, je pense qu'il faut quand même
leur donner des outils en main et si on refuse de leur donner des outils, on
dit qu'on est des complices, peut-être, à ceux qui veulent
manipuler. Alors, si on ne veut pas être complices de ceux qui veulent
manipuler ou qui voudraient manipuler... je ne dis pas qu'il y aurait des
manipulateurs, mais si quelqu'un voulait manipuler à l'intérieur
d'un bureau d'administration, les outils sont quand même là et je
ne pense pas qu'un membre individuel d'une caisse puisse présentement
posséder les mêmes outils qu'un administrateur.
Il faut quand même comprendre que les caisses appartiennent aux
membres, elles n'appartiennent pas au bureau d'administration, ni aux
administrateurs. Les caisses sont la propriété exclusive des
membres. C'est un exercice, je pense, qui n'a jamais été vu au
Québec où 350 000 actionnaires doivent définir leur avenir
bientôt et j'espère qu'ils auront les outils pour le
définir à leur goût, selon la façon qu'ils le
veulent. C'est là ma conclusion.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Westmount.
M. French: Peut-être que je vais céder la parole au
ministre, parce que je voudrais entendre sa réponse. Je pense que le
point qui est soulevé par le député de Huntingdon ne
s'inscrit pas dans un contexte légal, là où tout le monde
est représenté par un avocat etc. Mais dans le contexte de quelle
construction, un administrateur d'une caisse locale quelconque peut faire sur
le mot "consulter"... Je ne sais pas si le ministre serait susceptible
d'accepter une substitution de mots comme "une voie d'accès", qui est
peut-être plus claire ou "à en avoir des extraits" qui seraient
encore plus claires, ou si, quant à lui, c'est impensable que ces mots
soient exploités par un administrateur d'une caisse quelconque...
M. Parizeau: M. le Président, mon problème est d'un
ordre différent. Ces caisses sont encore, avant qu'elles n'aient
décidé de se transformer, des coopératives
d'épargne et de crédit. Ce droit-là, dans les
coopératives d'épargne et de crédit, n'existe nulle part.
C'est cela qui me tarabuste à l'heure actuelle. La Loi sur les
coopératives d'épargne et de crédit a des dispositions
très explicites sur la façon dont les registres doivent
être tenus et qui y a accès.
Nous sommes en face d'un organisme qui relève clairement de la
Loi sur les coopératives d'épargne et de crédit, et ce que
nous sommes en train de discuter sur le plan du droit des coopératives
d'épargne et de crédit au Québec est donc un droit
exorbitant par rapport à la loi générale. Cela me trouble
passablement.
M. French: Je soumettrai humblement au ministre que, s'il veut
voir quelque chose d'exorbitant, il devrait voir le genre de réaction
qu'ont déjà ceux qui ont en toute confiance déposé
leur argent dans les caisses d'entraide; on ne traite pas du tout d'une
situation qui peut être conçue comme étant typique, qui
peut être conçue comme étant...
M. Parizeau: C'est juste.
M. French: Je crois que c'est dans ce contexte-là, et je
crois que ce que nous entendons du député de Huntingdon, c'est un
échantillon de ce qu'il entend chez les gens de son comté et chez
les gens aux prises avec des situations qui sont pour eux catastrophiques,
tragiques, je dirais même les situations les plus graves de leur vie que
ces gens aient connues quant à leurs économies, leurs finances,
leurs épargnes, etc. Dans ce contexte, je dois vous avouer que je ne me
préoccupe guère des précédents quant à une
loi quelconque, lorsqu'on sait qu'on fait une loi transitoire, qui vise un
objectif très étroit et bien spécifique et qui ne se
répétera pas tous les jours. Le ministre ne serait donc pas aux
prises avec des précédents avec lesquels il va lui falloir vivre
pour le reste de son mandat ou avec lesquels ses successeurs se trouveraient
aux prises et le même problème ne se produirait pas.
M. Parizeau: Je vais suggérer, M. le Président, un
autre compromis, en proposant d'ajouter l'alinéa suivant: "La caisse
doit, entre le 1er janvier et le 30 janvier 1982, permettre aux membres de
consulter la liste des noms des membres de façon qu'il soit très
clair qu'il ne s'agit pas d'aller chercher le montant qu'ils ont investi...
M. French: D'accord.
M. Parizeau: ... la liste des noms des membres inscrite aux
livres ou tout autre registre de la caisse et d'en prendre des extraits".
Le Président (M. Boucher): Si j'ai bien compris, M. le
ministre, on a fait une proposition de sous-amendement: "La caisse doit, du 1er
au 30 janvier 1982, permettre aux membres de consulter la liste des membres
inscrite aux livres ou aux registres de la caisse", et vous ajoutez à la
phrase "et d'en prendre des extraits"?
M. Parizeau: C'est cela. "La caisse doit, entre le 1er janvier et
le 30 janvier 1982, permettre aux membres de consulter la liste des noms des
membres inscrite aux
livres ou aux registres de la caisse et d'en prendre des extraits". (20
h 45)
M. Mailloux: Comme ce qui est suggéré semble en
contradiction avec les prescriptions de la loi régissant les
coopératives, pour parer à toute requête ou action qui
pourrait être intentée par une personne si la loi n'est pas
observée, une proclamation du lieutenant-gouverneur pourrait couvrir
l'article en question pour lui donner force de loi. Est-ce que ce serait
légal?
M. Parizeau: Je pense, M. le Président, que ça ne
pose pas de difficulté parce que la loi sur les coopératives
d'épargne et de crédit n'interdit pas ce genre de
démarche, elle est seulement muette à ce sujet.
M. French: À part ça, M. le Président, je
pense que c'est établi en loi que, lorsqu'on légifère sur
une situation plus précise que les situations globales prévues
dans une autre loi, on supprime immédiatement cette provision plus
globale en ce qui a trait à la situation précise.
M. Dubois: M. le Président, je voudrais remercier le
ministre de son ouverture d'esprit.
Le Président (M. Boucher): Si on reprend au complet
l'amendement qui est proposé à l'article 7, on lit ce qui suit:
"Ajouter, dans la dernière ligne du premier alinéa, ce qui suit:
"II transmet également à cette caisse les résumés
du projet de transformation de toutes les autres caisses." "Ajouter, dans la
dernière ligne du troisième alinéa, après le mot
"transformation", ce qui suit: "et lui permettre de consulter le
résumé du projet de transformation de toute autre caisse" et,
enfin, ajouter l'alinéa suivant: "La caisse doit, du 1er au 30 janvier
1982, permettre aux membres de consulter la liste des noms des membres inscrite
aux livres ou aux registres de la caisse et d'en prendre des extraits."
Est-ce que cet amendement est adopté?
M. French: II est entendu que la liste des membres comprendrait
les adresses, mais ça ne comprendrait pas les montants. Mais les
adresses seraient accessibles. Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Est-ce que
l'article 7, tel qu'amendé, est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Nous avions
adopté l'article 8, nous en étions à l'article 12. Les
amendements proposés par l'Opposition sont considérés
comme retirés?
M. French: L'amendement qui est encore sur la table est
retiré, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci. Il y en avait deux,
n'est-ce pas?
M. French: II y en avait un qui était déjà
retiré et on retire le deuxième.
Le Président (M. Boucher): Oui, il y en avait un qui avait
été retiré et l'autre est retiré. Merci. Article
12. M. le député de Westmount.
M. French: M. le Président, on voudrait proposer une
motion d'amendement à l'article 12 et je voudrais demander que cette
motion d'amendement soit distribuée, s'il vous plaît.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): À ce moment-ci, M. le
Président, en introduisant cet amendement, nous tentons de boucler la
boucle logique de la préoccupation que nous avons exprimée,
c'est-à-dire qu'après avoir donné un peu plus
d'accessibilité aux membres des caisses pour connaître ceux de
leurs comembres avec qui ils pourraient communiquer afin de voir si des
propositions autres que celles qui seront devant eux en vertu de la loi ne
pourraient pas être examinées et discutées, il est
évidemment opportun à ce moment-là de prévoir une
façon dont ces gens pourraient saisir l'assemblée de cette
alternative. Encore une fois, la meilleure façon est évidemment
de les en saisir par avis préalable. Évidemment, les
mécanismes d'avis sont reliés à l'avis de convocation qui
doit être envoyé à tous les membres dans les délais
impartis par la loi avant la tenue de l'assemblée spéciale
à laquelle la transformation sera considérée.
C'est dans cet esprit qu'à la demande d'un groupe de membres
d'une caisse d'entraide on puisse leur permettre à tout le moins d'avoir
accès aux mêmes renseignements financiers que ceux qu'à
toutes fins utiles la direction a en sa possession afin de pouvoir
élaborer dans chaque cas une proposition, de pouvoir chiffrer une
certaine proposition et de la soumettre par voie de l'avis de convocation et du
résumé du projet de transformation à tous les autres
membres afin de pouvoir en discuter en connaissance un peu plus complète
de cause lors de l'assemblée de transformation.
M. Parizeau: Je dois dire que je suis vraiment très
surpris de cet amendement. La plupart des caisses ont des milliers de
membres. Rien n'empêche une assemblée
délibérante de prendre en compte toute proposition. J'imagine
que, sur le plan financier, le moindrement que quelque chose apparaît
comme étant intéressant, une assemblée ne va pas refuser
d'examiner une proposition d'ordre financier qui lui est soumise par les voies
régulières. Là, il faut bien se rendre compte qu'un groupe
de 50 personnes peut, à toutes fins utiles, imposer son ordre du jour
aux autres. Cela paraît extraordinaire. Ce n'est plus seulement une loi
transitoire. Par rapport à tout l'esprit de nos lois, cela n'existe pas,
que 50 personnes sur plusieurs milliers puissent imposer un ordre du jour,
imposer un avis de convocation. C'est exorbitant de toutes nos lois. Je
m'excuse, mais je n'arrive pas à saisir exactement ce droit
énorme qu'on donne à 50 personnes sur 4000, 5000 ou 6000 de dire:
À 50, nous exigeons que ce soit porté à l'ordre du jour.
Je ne sais pas où cela existe où que ce soit ailleurs, ce genre
de préoccupation.
Je comprends que dans n'importe quelle assemblée, dans n'importe
quel congrès, pour ne pas parler de choses récentes, un groupe de
50 personnes sur 2000 pourrait vouloir imposer un ordre du jour et un avis de
convocation. Je ne sache pas, je m'excuse, mais je n'ai jamais vu
l'équivalent de cela où que ce soit. Là, comme disait le
père Ubu, c'est énorme avec un h, c'est "hénaurme".
M. de Belleval: Avec deux "h".
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, par
analogie encore une fois, avec certaines occasions qu'ont des actionnaires
dissidents de faire inclure leur opposition ou leur motion, une motion qu'ils
entendent proposer à l'intérieur d'un avis de convocation
à une assemblée d'actionnaires, dans des cas de transformation ou
de changements fondamentaux à la constitution d'une compagnie, à
ses affaires, si c'est le chiffre qui embarrasse le ministre, évidemment
il ne s'agit pas d'imposer un avis de convocation et un ordre de
déroulement de l'assemblée; c'est une occasion, à un point
de l'ordre du jour, de demander à l'assemblée de
considérer une proposition faite par des membres.
M. Parizeau: Oui, mais à faire cela normalement. M. le
Président, dans toute assemblée, il y a au départ un
moment où on demande l'adoption de l'ordre du jour et quiconque est
dûment appuyé peut proposer une modification à l'ordre du
jour. Toutes nos assemblées se sont toujours tenues comme cela, que ce
soit dans le domaine des affaires ou autrement. Là, c'est un droit
extraordinaire qu'on demande, c'est de pouvoir imposer dans l'avis de
convocation l'examen d'une question, lorsqu'un groupe de 50 personnes le
demandent. Je ne connais pas de tels exemples je ne sais pas tout.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Charlesbourg.
M. de Belleval: II y a d'autres aspects à cette
proposition-là qui m'apparaissent étranges. On ne dit pas, par
exemple, dans quel ordre la proposition faite par le groupe serait mise
à l'ordre du jour. Théoriquement ou pratiquement, cela pourrait
aller à la fin de l'ordre du jour, une fois que les autres questions ont
été étudiées; cette question-là pourrait
devenir sans objet.
Au fond, quand on regarde cela, c'est remettre en cause
complètement toute l'économie des dispositions qu'on est en train
d'étudier. C'est ce que cela veut dire et, à ce moment-là,
en adoptant l'article 12 tel que modifié par l'Opposition, cela
supposerait, pour aller au bout de cet amendement, d'aller beaucoup plus loin,
d'introduire de multiples autres modifications, de changer, comme je le disais,
complètement l'économie du projet de loi. Alors, dans un sens,
cet amendement va beaucoup trop loin, comme le ministre des Finances ou le
ministre des Institutions financières vient de le souligner. Il ne
ressort aucune disposition similaire qu'on peut retrouver dans des organismes
semblables. Il va très loin et, dans un sens, il ne va pas assez loin
parce que, tel qu'il est dans sa sécheresse, je ne vois pas trop comment
il pourrait être effectif de toute façon. Cela m'apparaît un
assemblage curieux et improvisé, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Alors, pour le journal des
débats, vous m'excuserez, M. le député de Charlevoix, je
dois lire l'amendement proposé. Il se lit comme suit: "Que l'article 12
soit modifié en y ajoutant l'alinéa suivant: À la demande
conjointe faite au ministre d'au moins 50 membres d'une caisse d'entraide,
ceux-ci ont accès aux livres et documents financiers. Le plus tôt
possible avant la date de l'assemblée spéciale. Toute proposition
autre que le projet de transformation visé par cette loi que ce groupe
de membres pourrait formuler apparaît à l'ordre du jour de
l'assemblée spéciale. L'avis de convocation est accompagné
d'un résumé de ces autres propositions et, si cet avis a
déjà été émis, un autre est émis pour
communiquer ces informations."
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Charlevoix, sur l'amendement. (21 heures)
M. Mailloux: M. le Président, avant de dire un mot de
l'amendement, je lis l'article 12: "L'avis de convocation de cette
assemblée doit être accompagné de l'ordre du jour et
du résumé du projet de transformation ainsi que des documents et
renseignements que le ministre peut déterminer". Quand je regarde
l'amendement qu'apportent mes collègues, j'ai beau chercher comment il
pourrait se faire que 50 personnes, dans des caisses où la moyenne est
de 3000, 3500 à 4000, pourraient arriver à faire une suggestion
semblable, c'est presque impossible. Mais ce n'est pas cela qui est ma
préoccupation. J'ai besoin d'un éclaircissement.
Dans l'article 12, avant l'amendement qui est proposé, il est dit
que la proposition par laquelle l'assemblée est convoquée devra
contenir l'ordre du jour. L'ordre du jour, j'imagine, ce sera d'abord
l'ensemble des documents dont chaque membre a besoin pour se prononcer sur le
plan de relance ou toute autre indication qui aurait été
donnée sur une fusion avec le mouvement Desjardins ou d'autres
sociétés prêteuses; je pense que c'est dans ce sens.
Je voudrais savoir ceci au sujet des caisses à qui vous pourriez
imposer un gel à vie; on m'a dit qu'il y en avait 32%, 34% ou 35%. La
première question que je pose est la suivante: Vous m'avez dit qu'il y a
des caisses qu'il fallait dissoudre. Est-ce que malgré l'avis de
dissolution il y aurait été permis par le ministère des
Institutions financières, dans l'avis de convocation du 15, qu'elles
aient le droit de se réunir quand même le 30 pour étudier
l'avis qui leur est donné et l'indication qui leur est fournie?
Les membres présents, à 75% et au-delà,
après avoir étudié la situation difficile dans laquelle
est leur caisse, et se demandant où les mène l'avis de
dissolution devant 30% ou 35% qui seraient gelées à vie, devant
60% ou 65%... Là ça disparaît, parce qu'à ce
moment-là s'il y a dissolution, c'est la liquidation. Si la liquidation,
dans l'esprit de ces gens-là, signifie ce qui normalement est
récupéré, est-ce que certaines caisses qui seraient dans
cette position ne seraient pas placées dans l'optique suivante? Elles se
diraient: On n'a pas le droit de participer au plan Dugal, on recommande des
liquidations, mais les liquidations nous mènent dans un cul-de-sac
où on va retirer 0,15 $ 0,20 $ 0,25 $ de la piastre au bout de la
course. Quant à voir les autres être gelées pour 25% 30% ou
35% à vie et, suivant l'appariement, pour sept, huit ans, nous autres on
prend le risque. Qu'est-ce qui arrive à ce moment-là si une
assemblée décidait - on dit qu'une assemblée est toujours
maîtresse de sa décision malgré l'invitation qui lui serait
fournie à ce moment-là, à très forte
majorité de contester l'avis qui lui serait donné? Comment
fonctionnera-t-elle, simplement suivant les lois constituantes?
M. Parizeau: C'est la raison pour laquelle je ne voulais pas, cet
après-midi lorsqu'on en discutait, d'avis automatique donné
à la fédération. Dans le mode de calcul qu'on distribuera
tout à l'heure de la part d'actions à souscrire, il pourrait
être pensable qu'une assemblée décide de transformer -
là je vous donne des choses purement hypothétiques - 50% de son
capital social en capital-actions. On l'accepte. On sait que pendant plusieurs
années on n'aura pas de rendement là-dessus et qu'on va
éponger des pertes considérables dans ses actions, mais
néanmoins on le veut, c'est cela qu'on veut.
A ce moment-là, je ne vois pas d'autres solutions, pour le
ministère des Institutions financières, que d'avoir à
porter un jugement quant à la nature des pertes qui sont connues: oui,
on vous laisse aller, ou non, on ne vous laisse pas aller. C'est la raison pour
laquelle je ne voulais pas que la fédération ait un pouvoir
automatique dans un tel article 4. Cela peut se présenter, ce que le
député de Charlevoix souligne, ça peut arriver, les gens
tiennent à leur caisse, acceptent un pourcentage très
élevé de capital-actions par rapport à leurs parts
sociales; ils disent: Très bien, on va éponger à
même nos actions les pertes qui ont été encourues. À
ce moment-là, c'est au ministère de juger si, compte tenu de
cela, l'opération est faisable.
M. Mailloux: On rencontre de drôles de conceptions pas
seulement chez nous, mais ailleurs également. J'ai vu des conceptions
où on dit: Même si on ne retirait que deux cents dans la piastre,
vous nous avez assez "fourrés" que vous allez le vider. C'est une
conception. Il y a évidemment une autre conception qui se rebiffe
catégoriquement à voir ses actions ou son capital social rouler
pour longtemps et, forcément, être obligé d'avoir des
pertes d'intérêts parce que la performance n'est pas terrible.
Ceux-là se posent la question: Qu'est-ce qui arrive au moment où
il y aurait un désir exprimé dans une région?
Malgré les pertes à encourir d'une manière ou d'une autre,
on veut continuer.
M. Parizeau: M. le Président, depuis le début de
cette opération, j'ai toujours soutenu que l'assemblée de la
caisse...
M. Mailloux: Demeure maîtresse.
M. Parizeau: ... doit déterminer ce qui va arriver. Et
c'est exactement en fonction de ça que l'amendement qu'on nous propose
me fait un peu sursauter, parce que, là, 50 membres, sur 4000 ou 5000,
peuvent littéralement imposer un ordre du jour, imposer que telle
proposition soit mise de l'avant.
M. French: Non.
M. Parizeau: Oui, c'est ce que ça veut dire; ils imposent
un ordre du jour, ils imposent la discussion de tel ou tel projet. Cela me
paraît exorbitant comme pouvoir donné, compte tenu du nombre de
membres qu'il y a par caisse, ça me paraît...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, si vous
me permettez...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II ne s'agit pas d'imposer un
ordre du jour, il s'agit de prévoir un mécanisme qui permette de
donner avis préalable à l'assemblée que des propositions,
autres que celles qui sont prévues dans le projet de transformation,
seront discutées à l'initiative d'un groupe de gens. Si le
ministre a objection au nombre de gens, on l'augmentera.
Il ne s'agit pas non plus de modifier l'ordre du jour à tel point
que, comme le disait le député de Charlesbourg, la contemplation
ou l'étude même de cette proposition nouvelle pourrait être
sans objet. Je présume que, à ce moment-là, le
député de Charlesbourg lui-même présumerait qu'un
vote aurait été pris sur une autre proposition. Il est
évident que les gens ne peuvent pas être pour quelque chose et
contre la même chose, ni pour deux choses différentes, entre
lesquelles ils doivent choisir. Il est entendu qu'on en arriverait à
considérer une proposition qui est sans objet si une autre a
été retenue préalablement, mais elle aura toujours son
objet si les gens ont voté contre celle qui précède.
À ce moment, ce sont des termes mutuellement exclusifs que les gens vont
considérer. Je ne pense pas qu'on liquide, s'il y a deux propositions
entre lesquelles obligatoirement les gens doivent choisir, à l'ordre du
jour d'une assemblée, ou c'est le plan Dugal ou c'est autre chose. Ils
ne peuvent pas voter pour deux de ces trois-Ià, ni pour les trois,
à plus forte raison. Les gens ne peuvent pas être en faveur de
trois choses en même temps ou de deux choses en même temps si elles
s'excluent les unes les autres.
J'en reviens au point initial. Le ministre, devant une opposition au
principe même de soumettre une proposition avec un avis préalable
de sa considération ou si c'est le mécanisme qui accroche...
Est-ce que c'est justement la complication possible que le ministre
entreverrait de gérer le flot de papier qui s'ensuivrait ou si
simplement - je le répète - le principe même de permettre
à un groupe de membres d'une caisse d'entraide de donner avis
écrit à tous les autres membres qu'ils ont une autre solution et
que, l'ayant préalablement décrite, ils entendent la soumettre
à l'assemblée...
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Parizeau: M. le Président, je pense que le
député de Vaudreuil-Soulanges n'est pas tout à fait
aligné sur le texte de la proposition dans ce qu'il a dit.
Le texte de la proposition dit: "Toute proposition autre que le projet
de transformation visé par cette loi que ce groupe de membres pourrait
formuler apparaît à l'ordre du jour de l'assemblée
spéciale - donc, ils dictent l'ordre du jour -et l'avis de convocation
est accompagné d'un résumé de ces autres propositions et
si cet avis a déjà été émis, un autre est
émis pour communiquer ces informations."
On donne à un groupe un pouvoir qui nulle part... Encore une
fois, il n'y a pas de parallèle dans nos lois sur des choses comme
ça. Jamais on n'a reconnu à un groupe comme celui-là le
droit d'imposer un ordre du jour. L'assemblée doit normalement, à
l'occasion de l'adoption de l'ordre du jour, déterminer exactement ce
qu'elle veut retenir et ne pas retenir et les gens vont s'expliquer. Alors
l'assemblée détermine ce qu'elle garde et ce qu'elle ne garde
pas, ce sur quoi elle va discuter et ce sur quoi elle ne discutera pas.
M. le Président, autant j'acceptais volontiers une sorte
d'adaptation quelque part entre la Loi sur les caisses d'épargne et de
crédit et la Loi sur les compagnies, tout à l'heure, quand il
s'agissait de l'ouverture des registres, parce qu'effectivement, c'était
une coche mal taillée, et on pouvait soit s'inspirer de l'un, soit
s'inspirer de l'autre, autant, dans ce cas-là, c'est absolument sans
parallèle, et je ne suis pas du tout certain... C'est un principe
énorme de dire: Si 50 personnes sur un groupe de 7000 décident
que telle chose doit être inscrite à l'ordre du jour, ça
l'est. Là, il faut renverser la situation. Il faudrait, par exemple, que
l'assemblée, par un vote majoritaire, décide d'enlever de l'ordre
du jour quelque chose qu'un groupe minoritaire a imposé. Je m'excuse, je
ne sais pas d'où cela vient, ce genre de... Je ne comprends pas la
logique même de cela.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Comme précédent, M. le Président, il me semble
qu'en matière d'échange ou d'achat de valeurs mobilières,
on conserve à l'endroit d'actionnaires minoritaires ou plutôt pas
minoritaires, mais qui sont des dissidents d'une proposition qui est
formulée par un groupe dans une société... un groupe
d'actionnaires peut exiger dans certaines circonstances - vos adjoints pourront
peut-être nous donner précisément les
références exactes d'articles et de sous-articles en
cause - des circulaires de renseignements d'actionnaires dissidents qui
sont possibles comme pendants aux circulaires de renseignements de la direction
dans certaines transactions de valeurs immobilières à l'endroit
de valeurs mobilières.
M. Parizeau: Mais pas d'imposer. Je ne connais pas de tels cas.
L'article impose. Il n'indique pas qu'un groupe peut présenter des
propositions et faire circuler des papiers. Il impose. Je ne connais pas de
parallèle à cela. C'est très sérieux. C'est une
obligation de à la demande d'un groupe qui se considère comme
minoritaire.
M. de Belleval: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Charlesbourg.
M. de Belleval: ... il me semble, en ce qui concerne
l'économie des lois applicables, que l'on est absolument exorbitant. Je
ne sais pas, le député de Vaudreuil-Soulanges me corrigera, si je
vais trop loin, mais, au fond, ce qu'on ferait par le projet de loi, serait de
bouleverser toute l'économie générale des
assemblées générales d'entreprises, de caisses populaires
ou d'institutions. C'est-à-dire qu'on permettrait, si on suit une telle
logique chaque fois qu'il y a des difficultés ou tout autre
problème dans une entreprise ou dans une institution coopérative,
de constituer une espèce de nouveau principe qui dirait:
L'assemblée générale des membres ou le conseil
d'administration n'est pas souverain à l'intérieur des lois, mais
on institue une espèce de droit comme cela à n'importe quel
groupe, quel que soit le nombre qu'on met, de bouleverser complètement
ces principes qu'on a toujours admis.
Ensuite, il y a un autre aspect. Quant à une proposition de
transformation, comment pourrait-on s'assurer que c'est d'abord conforme aux
lois, entre autres à la Loi sur les valeurs mobilières? Un projet
de transformation comme cela ne peut pas se faire de n'importe quelle
façon. Il y a des règles à suivre en vertu de la Loi sur
les valeurs mobilières. Qui donnerait son appréciation à
savoir si ces lois ont été suivies, si c'est conforme à la
loi? Si personne ne le fait et que c'est ensuite jugé illégal,
parce que non conforme à la Loi sur les valeurs mobilières,
où cela nous amène-t-il? Il me semble que cela introduit un
principe absolument d'instabilité et d'incertitude dans tout le
processus des assemblées générales. Le
député de Vaudreuil-Soulanges va peut-être me
répondre que c'est une situation exceptionnelle, etc., et que, par
conséquent, il faut prévoir des règles exceptionnelles.
Mais il me semble que c'est de nature à foutre la pagaille -excusez
l'expression - dans tout le processus de cette assemblée
générale. Je ne voudrais pas être membre de cette
assemblée générale quand elle va se réunir avec de
pareilles dispositions. On parle d'un groupe d'au moins 50 membres, il pourrait
y en avoir 2, 3 ou 4, je ne le sais pas. Avec quelle assurance de la rigueur de
ces propositions-là et de leur légalité? En tout cas, je
ne pense pas que ce soit de nature à favoriser la tenue d'une
assemblée ordonnée. (21 h 15)
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
D'abord, M. le Président, le député de
Charlesbourg, qui dramatise considérablement, a commencé son
énoncé en disant: Je ne peux pas croire qu'à chaque fois
que quelque chose va aller un petit peu mal dans une caisse... Effectivement,
comme il l'a lui-même souligné, ce n'est pas de cela qu'on parle.
Ce n'est pas d'ériger en principe que, chaque fois qu'il va y avoir une
assemblée des membres, ces choses-là vont être permises. Ce
que nous continuons de tenter de faire, c'est de permettre, je le
répète, je pense bien, pour une troisième fois au
député de Charlesbourg, à un groupe... Si c'est, encore
une fois, le chiffre ou le pourcentage du nombre de membres qui accroche, on
modifiera. Mais le principe même est-il irrecevable, c'est-à-dire
qu'on doit permettre à des gens de donner avis préalable des
propositions autres que le plan Dugal en clair, avant l'assemblée, aux
autres membres?
Maintenant, si le principe est irrecevable, on va en discuter tout de
suite, il sera irrecevable et évidemment le gouvernement n'est pas
prêt à adopter quelque amendement que ce soit qui
refléterait ce principe-là. C'est une chose et on va continuer.
Alternativement, si le ministre nous indique qu'il n'est pas impossible - on
verra le nombre et ainsi de suite - de permettre aux comembres d'avoir l'avis
préalable qu'ils entendent soumettre une proposition autre que le plan
Dugal à l'assemblée, on pourrait suspendre la séance. Si
c'est la rédaction et certains des aménagements importants qui
font la difficulté, on pourrait suspendre l'étude de l'article
12, on passerait à autre chose.
M. Parizeau: Moi, M. le Président, je dois dire que c'est
vraiment le principe même de l'amendement qui m'effraie. Je n'arrive pas
à accepter cela. En somme, un groupe de membres qui aurait
amorcé... Soyons très concrets, parce que c'est comme cela que
cela va se produire. Un groupe de membres dans un quartier a amorcé une
discussion avec la caisse pop du coin, le gérant n'a pas
été trop négatif et a dit: On pourrait peut-être
fusionner. Ils ont le droit
de faire inscrire cela sur la base d'une conversation et cela devient
obligatoirement partie de l'ordre du jour et de l'avis de convocation.
Un autre groupe a été voir la Banque nationale de l'autre
bord de la rue et la Banque nationale leur a dit: Avec 25% d'escompte, je
serais prête à acheter vos actifs. Et le gérant a ou n'a
pas l'autorisation du siège social. On verra cela plus tard. Mais 50
personnes se ramassent autour de cela et font mettre cela dans l'ordre du jour
et dans l'avis de convocation.
Un troisième groupe trouve qu'on peut vendre les actifs à
la Continental Bank, parce que le beau-frère de quelqu'un a des contacts
à la Continental Bank. Tout cela apparaît sur l'avis de
convocation, avec le fait que certaines choses sont assez solides, d'autres
moins solides, d'autres le résultat des contacts avec un
beau-frère et, tout cela est dans l'avis de convocation.
Le membre, les 2950 autres membres regardent cela: projet de vente
d'actifs à la Banque nationale, projet de fusion avec la Continental
Bank, projet d'absorption par la caisse pop de l'autre bord de la rue. Et il
n'y a pas de détail, c'est juste l'ordre du jour et l'avis de
convocation. Chaque groupe rédige l'état de la question tel qu'il
le voit avec les groupes avec lesquels il a pris des contacts. Cela va
être une pagaille sans non. Je ne sais pas comment vous présidez
une assemblée comme cela.
Je dois dire, M. le Président, que vraiment le principe
même de donner un pouvoir obligatoire à un groupe minoritaire de
présenter sa proposition sans que personne n'en juge, sans qu'on n'ait
aucune idée du degré de développement de cela, cela me
paraît énorme, cela me paraît non opérationnel. Il
serait quand même étonnant que, dans une crise... Ce n'est pas la
bonne foi des gens que je mets en cause là-dedans, mais il est
évident que, quand vous avez 4000 membres et que vous êtes dans la
crise qu'on a connue dans ce domaine, trouver trois, quatre, cinq groupes
minoritaires qui s'abouchent avec quelqu'un pour essayer de trouver quelque
chose - c'est normal que cela se fasse comme cela - c'est évident, on va
arriver à une pagaille sans nom. En dépit de tous les efforts et
de toute la bonne volonté que je peux avoir, je dois dire que le
principe même de cet amendement, je ne peux pas l'accepter.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Charlevoix, sur l'amendement.
M. Mailloux: M. le Président, ce que semble viser mon
collègue de Vaudreuil-Soulanges est déjà couvert dans le
projet de loi, à mon sens, comme profane. Si 50 personnes, comme il est
dit dans l'amendement, qu'elles soient membres d'une caisse d'entraide
économique ou qu'on ne dise pas qu'elles sont membres, si 50 personnes,
voyant une caisse pour laquelle un avis de liquidation a été
donné, décident de faire une proposition, elles ont accès,
à compter du 1er janvier, à toutes les informations pertinentes.
Si ce sont des gens qui n'appartiennent pas à la caisse d'entraide, des
gens qui ont de la finance et qui sont prêts à acheter à
0,35 $ 0,40 $ dans la piastre qui font une proposition, si c'est une
proposition parmi les propositions, je ne vois pas ce qu'on ajoute avec cela,
parce que cela peut être permis pour ces gens-là de faire une
proposition parmi d'autres lors d'une assemblée. Il n'y a rien qui les
empêche de faire une proposition, mais il n'est pas obligatoire que les
gens soient étiquetés, qu'ils soient membres de la caisse
d'entraide. Cela peut être 50 membres de la caisse d'entraide qui se sont
réunis pour faire une proposition parmi d'autres, mais c'est couvert
dans le projet de loi. Toute société prêteuse ou autre, ou
groupe qui veut faire une proposition contraire au plan Dugal, j'ai
l'impression que le projet de loi lui permet de la présenter devant
l'assemblée, qui est maîtresse de sa décision.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'on est prêt
à voter?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, je vais vous expliquer
pourquoi. Les exemples que le ministre a soulevés sont extrêmement
concrets, ils ont été également fort probants. Par
ailleurs, il n'en reste pas moins que dans l'esprit du rédacteur, dans
notre esprit naturellement, cette initiative, l'inclusion du nombre 50, est
peut-être un hameçon, un appât très gros. Les
initiatives de propositions autres, dans notre esprit, ne viendraient pas d'un
paquet de monde, comme à un regroupement pour une option politique, des
choses comme cela. Cela viendrait plus de façon réaliste d'autres
institutions financières comme celles qui sont dans le portrait dans
diverses régions, qui ne sont pas toujours les mêmes, incidemment.
C'est dans ce sens-là que cela aurait créé un
véhicule pour que des institutions tout aussi sérieuses
soumettent de façon organisée et complète à
l'assemblée, avec avis préalable, leur proposition afin qu'elle
ne soit pas négligée, parce que c'est extrêmement
différent de discuter en assemblée, lors d'une assemblée
générale où ça chauffe, des propositions
extrêmement complexes. À moins qu'on nous réponde que
l'assemblée peut toujours s'ajourner à une date
ultérieure, sujet à ce que les proposeurs fournissent à
tout le monde des explications par écrit, etc. Il demeure que dans cette
atmosphère-là il est plus facile de discuter plus intelligemment
de propositions compliquées dont on a avis préalable, et
c'était ce que nous cherchions
à faire.
Maintenant, au niveau des exemples pratiques que le ministre a
soulevés et qui peuvent venir compliquer les choses de façon
invraisemblable, il n'en reste pas moins qu'il est manifeste, d'après le
ministre et ses gens, que tout simplement au point de vue du fonctionnement
même de tout le processus d'ici le 30 janvier, ça pose des
difficultés réelles. Étant donné ces constatations
sur lesquelles nous remercions le ministre d'avoir attiré notre
attention, nous serions disposés à retirer tout simplement cet
amendement.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 12 est
adopté?
M. le député de Huntingdon.
M. Dubois: Strictement à titre d'information, je voudrais
que le ministre nous indique quels seront les mécanismes retenus pour la
bonne conduite de ces assemblées. Est-ce qu'il y aura une indication du
ministre ou une façon précise de conduite d'assemblée qui
sera indiquée par le ministre, soit le code Morin ou je ne sais
quoi?
M. Parizeau: II y a déjà dans le projet de loi une
série d'indications assez précises de ce qui doit être fait
et par qui. J'attire l'attention là-dessus. On pourrait peut-être
regarder ça quand on arrivera à l'article 20, tout à
l'heure.
Le Président (M. Boucher): L'article 12 est-il
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 13, il y
a un amendement.
M. Parizeau: Avant que nous abordions l'amendement, M. le
Président, j'aimerais lire le commentaire de la Commission des valeurs
mobilières. Le texte de loi dit: "L'ordre du jour de l'assemblée
spéciale doit notamment prévoir un item indiquant que le conseil
d'administration pourra donner son avis sur le projet de transformation."
Alors, commentaire de la Commission des valeurs mobilières:
"Considérant l'importance du projet de transformation pour les membres
et le fait que le conseil d'administration de chaque caisse n'a aucune
responsabilité quant à la préparation du projet de
transformation et de son résumé, ou quant à la convocation
et à la tenue de l'assemblée spéciale, le conseil
d'administration devrait être dans l'obligation de donner son avis sur le
projet de transformation. En effet, le projet de transformation peut être
assimilé à une offre publique d'échange; il serait alors
normal que le conseil d'administration de la caisse visée soit dans
l'obligation de donner son avis."
Voilà, l'amendement ne portait pas là-dessus, je
reviendrai tout à l'heure à l'opinion de la Commission des
valeurs mobilières. L'amendement, lui, consiste simplement à
franciser le texte de l'article, "item" n'est manifestement pas français
dans ce sens-là et on suggère de le remplacer par le mot "point".
C'est une correction de pur style.
Quant au fond, quant à la réflexion de la Commission des
valeurs mobilières, compte tenu du fait que certains conseils
d'administration sont dans une situation très délicate par
rapport à ce qui s'est passé, il est possible que leur demander
un avis soit, dans certains cas, saugrenu. J'imagine qu'en tout état de
cause les membres vont demander de toute façon au conseil
d'administration: Qu'est-ce que vous en pensez? Alors, transformer ça en
obligations ne me paraît pas très réaliste.
Le Président (M. Boucher): Alors, est-ce que l'amendement
à l'article 13 est adopté.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article 13
adopté tel qu'amendé. Article 14?
M. Parizeau: On revient, vous vous en souviendrez, au
caractère automatique dont on a parlé à l'article 4. Ici,
il s'agit de la précision qui est apportée. On a renoncé
à ce caractère automatique cet après-midi; ce soir,
à l'article 14, on indique seulement que "le ministre peut, pour les
raisons prévues par l'article 4, permettre que l'assemblée
spéciale d'une caisse ne soit pas tenue."
Le Président (M. Boucher): Adopté? M. French:
Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 15?
Adopté?
M. French: M. le Président, je regrette que je n'aie pas
suivi toute la réponse que le ministre a donnée tout à
l'heure au député de Huntingdon quant à la bonne marche
des assemblées. Mais, vu ce que le ministre vient de nous dire au sujet
du rôle de certains conseils d'administration, je me demande s'il serait
en mesure de partager avec nous ses réflexions sur la question du
conflit possible entre la fonction de président de l'assemblée
et, si vous voulez, l'histoire que le président apporte naturellement
avec lui lorsqu'il assume la présidence de l'assemblée.
M. Parizeau: M. le Président, on ne peut pas
généraliser dans ce domaine-là, mais on doit
reconnaître quand même cette règle assez fréquente
que le président d'une
institution, lorsqu'il n'y a pas de distinction entre président
et président du conseil d'administration, préside les
assemblées, c'est son rôle. En un certain sens, c'est un peu
superfétatoire; on aurait pu ne pas le mettre parce qu'automatiquement
ça serait fait. Compte tenu des circonstances, cependant, on a
pensé préférable d'indiquer qu'on confirme en somme le
président de la caisse dans son rôle de président des
assemblées. C'est moins le premier paragraphe qui m'intéresse ici
que le second. Dans l'hypothèse où dans l'une ou l'autre des
caisses, pour toute espèce de raisons, il ne veut pas se montrer,
à ce moment, il faut prévoir une procédure. Là
encore, il faut faire attention de ne pas généraliser; quand
même, sur les 76 caisses, tous les présidents ne sont pas
placés dans une situation délicate. (21 h 30)
M. French: Non, d'accord.
M. Parizeau: II faut seulement prévoir si l'un se sent
placé dans une position délicate et qu'il n'y va pas, comment on
procède pour le remplacer. D'un autre côté, pour tous ceux
où cela a fonctionné correctement, ce serait embêtant de ne
pas consacrer le rôle normal qu'ils ont, c'est-à-dire de
présider les assemblées.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: Je n'en ferai pas une proposition d'amendement sauf
qu'il est vrai que, dans certaines caisses, le président ou le
vice-président peuvent être visés pour les actions
passées. On constate par contre, même dans les caisses où
il y a eu des problèmes, que les conseils d'administration, dans les
mois ou l'année qui viennent de s'écouler, ont été
passablement transformés. La suggestion que je fais est la suivante; si
on me dit qu'elle n'est pas retenable, je n'en serai pas offusqué. Dans
de nombreuses caisses, l'administrateur de la caisse - je ne sais pas si c'est
ce titre qu'il a ou si c'est le gérant - est une personne qui,
financièrement, est souvent mieux informée que le
président et le vice-président. Je connais plusieurs cas
où l'administrateur qui est là depuis six mois, neuf mois ou un
an, on ne peut pas lui reprocher des erreurs passées. Il est plus en
mesure de donner des renseignements qui auraient une meilleure
crédibilité auprès du public. Est-ce qu'il ne pourrait pas
être dit: le président, le vice-président ou
l'administrateur? Devant la foule qui les soumettra à de nombreuses
questions possiblement, il faut quand même que ce soit quelqu'un
susceptible de donner des renseignements suffisamment valables.
Est-ce que cela ne pourrait pas être ajouté...
M. Parizeau: La seule difficulté, c'est que normalement le
directeur général n'est pas élu, c'est un fonctionnaire
à la caisse. Dans ce sens, il n'y a pas l'ombre d'un doute, si le
président ne se montre pas, ni le vice-président, cela
m'apparaît évident que les gens vont élire le directeur
général. Je reviens, si vous voulez, à la
déposition de M. Tremblay, quand il a passé devant nous,
où il nous disait - peut-être pas aussi clairement que je vais le
dire, je caricature peut-être un peu sa pensée - les directeurs
généraux...
M. French: C'est impossible!
M. Parizeau: ... dans l'ensemble, ils sont très bons.
Quant à certains conseils d'administration, c'est autre chose. Enfin,
c'est comme cela que j'ai compris le message. Il me paraît clair que si
le président ne se présentait pas, et le vice-président
non plus, l'assemblée élirait le directeur général;
il serait élu pour cela. La plupart des directeurs
généraux n'ont pas été élus, ils sont
nommés, ce sont des fonctionnaires. On ne peut pas dans ce sens, devant
la loi, les nommer à un poste qui est normalement un poste
élu.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 15 est
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 16?
M. Parizeau: Vous voyez, à partir de maintenant, M. le
Président, nous entrons dans la façon - pour soulever la question
que soulignait le député de Huntingdon - dont les
assemblées sont tenues; d'article en article cela se précise.
À l'article 20, cela complétera. Là il s'agit,
essentiellement, du quorum et de la façon dont il est
déterminé.
M. French: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Westmount.
M. French: Je crois que mon collègue, le
député de Huntingdon, a des questions de fond sur les chiffres en
question, peut-être...
M. Dubois: À l'article 20; là, je n'en ai pas.
M. French: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Alors, l'article 16?
M. French: Je voudrais moi-même toucher une autre question.
Si j'ai bien compris, c'est le président qui va faire
l'exercice mécanique de déterminer si oui ou non il y a
quorum. Ce n'est quand même pas tout à fait négligeable
comme exercice d'établir un quorum lorsque l'on fait face à une
assemblée de quelques centaines de personnes et la question de calcul
risque d'être compliquée dans une grande caisse. Je ne
soulève pas le point strictement dans le contexte de l'article 16, mais
beaucoup plus dans le contexte que j'ai soulevé dans la question de
présidence, c'est que l'option -je ne le suggère pas, je voudrais
entendre parler le ministre là-dessus - serait de faire fonctionner les
assemblées sous quelqu'un nommé par le surintendant ou par le
ministre. Je ne dis pas que c'est une bonne chose, j'aimerais entendre les
opinions du ministre là-dessus.
M. Parizeau: Lorsque nous aborderons l'article 20, on verra que
là, le ministre a, quant à la tenue de ces choses-là, au
déroulement de l'assemblée, des pouvoirs très vastes. Il
est évident que j'aurai, à un moment donné, à
envoyer un certain nombre de précisions, quant à la façon
dont des choses comme celle-là sont vérifiées. Il est
évident, par exemple, qu'il faut éviter simplement un
décompte approximatif fait par le président en avant de la salle
ou des choses comme ça, il y aura probablement des inscriptions à
la porte, pour s'assurer que... Tout ça est couvert par l'article 20. Je
suggérerais qu'on en discute à ce moment là. Là, on
voit quel est le quorum à l'article 16, alors comment on
l'établit, comment on le vérifie, à l'article 20, on
pourra en discuter davantage, parce qu'on verra que, justement, le ministre
s'est laissé dans la loi des pouvoirs qui permettent d'envoyer une
directive en disant: Voici comment ça doit être fait.
Le Président (M. Boucher): Article 16 adopté?
M. French: M. le député de Huntingdon.
Le Président (M. Boucher): M. le député, il
a mentionné qu'il voulait parler à l'article 20.
M. French: Ah oui, à l'article 20, je m'excuse.
Adopté.
Le Président (M. Boucher): Alors, l'article 17?
M. Parizeau: Là, on voit qu'à titre d'observateur,
le ministre peut désigner une personne pour assister à
l'assemblée spéciale. Donc, le moindrement que ça semble
indiqué, et même tout à fait à la dernière
minute si on s'enterre à un endroit ou à un autre, il faut aller
observer sur place comment ça se déroule, le droit de nommer un
observateur est là. En tout temps, comme on le notera, il n'y a pas de
date pour la nomination d'un observateur. Ça peut se faire si, à
un moment donné, il y avait quelque chose qui s'en venait dans une
caisse en particulier.
M. Dubois: II n'y aura pas nécessairement un observateur
à chaque caisse.
M. Parizeau: Non, pas nécessairement.
M. Dubois: C'est-à-dire, à chaque
assemblée.
M. Parizeau: Non, pas nécessairement. C'est comme toujours
dans des choses comme celles-là, il y en a où il n'y a pas de
raisons de croire, puis il y en a d'autres où il y a des raisons de
croire. Il ne faut pas s'engager à ça, mais il faut se donner le
pouvoir, par exemple, de les envoyer si on en a besoin.
M. Mailloux: 76 en même temps, cela a dû être
dur à trouver?
M. Parizeau: Sur 300 000... Encore que, quand il faut!
M. French: Le député de Vaudreuil-Soulanges et
moi-même sommes toujours prêts à assister pour fins
d'éducation.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 17 est
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 18, il y
a un amendement?
M. Parizeau: Oui, remplacé l'article 18 par le suivant.
Excusez-moi, j'ai été distrait par autre chose. Tout l'article,
donc 18.1, 18.2, 18.3, la totalité de l'article est remplacé par:
"Afin d'adopter le projet de transformation, approuvé par le ministre,
un projet de règlement de transformation doit être soumis aux
membres, lors de l'assemblée spéciale." Ils n'ont qu'un projet de
règlement de transformation qui est soumis aux membres lors de
l'assemblée, ils approuvent ce règlement et, après
ça, le projet de transformation, s'il est approuvé par
l'assemblée, peut être consacré. C'est plus simple que
18.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 18, adopté tel
qu'amendé. Article 19?
M. Parizeau: L'article 19, M. le Président, j'ai un
commentaire de la Commission des valeurs mobilières. Le texte de loi se
lit: "Le règlement de transformation doit être adopté par
au moins les trois quarts des voix exprimées par les membres
présents à l'assemblée spéciale, convoquée
à cette fin. Pour cette assemblée, tous les membres
présents ont droit de vote sauf les mineurs âgés de moins
de 16 ans. Le commentaire de la Commission des valeurs mobilières est le
suivant: "Les porteurs de parts sociales âgés de moins de 16 ans
devraient pouvoir exercer leur droit de vote par l'intermédiaire de la
personne ayant signé la demande d'adhésion auprès de la
caisse. Une telle mesure favoriserait un vote universel."
À cet égard, M. le Président, dans notre droit
coopératif, c'est 16 ans qui est normalement l'âge où on
exerce un droit de vote. Je vous avouerai que j'aurais plutôt le
goût, en dépit des propositions de la Commission des valeurs
mobilières, de me tenir à peu près au texte de loi tel
qu'il est. Cela me paraît un élargissement un peu
considérable du droit de vote. J'admets, cependant, que c'est là,
largement une question d'appréciation, mais il faut quand même
tracer la ligne quelque part.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 20? M. le
député d'Huntingdon.
M. Dubois: La question que j'ai posée il y a quelques
instants est en ce qui a trait au mécanisme retenu par le ministre pour
la bonne conduite de l'assemblée. Si je lis l'article 20, cela a trait
plutôt au mode de vote, aux règles qui prévaudront au
moment du vote, mais ma question a été reportée à
l'article 20, c'est pour cela que je la soulève. J'ai eu quelques
représentations et des craintes formulées par quelques membres
sur le noyautage qui pourrait exister dans une telle assemblée.
Précédemment, je vous avais indiqué que les
administrateurs d'une caisse ont en fait tous les outils en main -je ne dis pas
qu'ils vont le faire et je n'accuse personne - s'ils ont des craintes sur la
bonne marche de l'assemblée, pour noyauter cette assemblée,
peut-être même limiter le droit de parole jusqu'à un certain
point. Si on noyaute une assemblée, si on noyaute un microphone par
exemple et qu'on s'organise pour que des membres qui seraient contestataires ou
qui seraient dissidents ne puissent avoir un droit de parole absolu, ce sont
des choses qui se voient assez couramment dans des assemblées. Que ce
soit sur un vote d'offre salariale d'un patron ou dans le syndicalisme, on
s'aperçoit parfois que la démocratie ne règne pas
totalement. On m'a soulevé certaines craintes à l'effet de savoir
si les membres auront un droit de parole absolu et s'il y aura quand même
des règles du jeu bien précises établies par le ministre.
C'est le sens de ma question, je ne sais pas quels seront les mécanismes
retenus...
M. Parizeau: M. le Président, le député de
Huntingdon a raison là-dessus. L'article 20 est vraiment très
étroitement limité au mode de scrutin. Ce qui est en train, en
pratique, de se faire actuellement, c'est que la fédération a
demandé à un bureau d'avocats très connu de
Montréal de préparer une sorte de règlement de tout le
déroulement de l'assemblée. Mais il est vrai qu'à lire
l'article 20, même si la fédération a fait préparer
ce règlement de déroulement, y compris le scrutin, si je vais
avoir à l'approuver, il reste que le texte de l'article 20 ne parle que
du mode du scrutin. Alors, il y aurait peut-être lieu d'apporter un
amendement. Est-ce qu'on me donnerait deux minutes ici, pour essayer de voir
comment on peut élargir?
Le Président (M. Boucher): Suspension pour deux
minutes.
M. Parizeau: Disons que ça peut se régler
très rapidement si on me donne...
(Suspension de la séance à 21 h 46)
(Reprise de la séance à 21 h 47)
M. Parizeau: On pourrait reprendre la discussion
là-dessus?
Une voix: D'accord.
M. Parizeau: Ce qu'on m'indique - il y a un certain mérite
à cela - c'est que les caisses d'entraide, individuellement, ont
déjà des règlements quant à la tenue de leur
assemblée. La fédération fait préparer une sorte de
modèle, mais jusqu'à maintenant on ne s'est pas, comme
législateur, inséré dans le processus de
déroulement de l'assemblée, dans la mesure même où,
par rapport à toute espèce d'autres organismes privés du
même genre, on ne le fait pas habituellement. C'est toujours le
problème qu'on a à l'égard des syndicats, par exemple. On
peut discuter à savoir comment le scrutin secret dans un syndicat doit
être pris - c'est cela que reflète l'article 20 - mais quant
à la façon dont se déroule une assemblée dans un
syndicat, je ne connais pas un gouvernement qui ait jamais voulu toucher
à cela, à partir du principe que c'est vraiment de la
régie interne. C'est cela un peu le débat. Quant à la
façon dont le scrutin doit être pris, des règles, oui, bien
sûr, mais quant au déroulement, est-ce que, par
exemple, on ne va pas trop loin en disant que le ministre pourrait
démancher complètement les règlements internes d'une
caisse d'entraide quant à la façon de dérouler ses
assemblées? Je comprends qu'on veut aller loin, mais cela me
laisse...
M. French: Est-ce qu'on comprend...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Westmount.
M. French: M. le Président, le ministre ne va-t-il pas
proposer un amendement à l'article 20?
M. Parizeau: Je ne suis pas certain que je ne veux pas
déposer d'amendement. Je comprends la nature des interrogations et je me
demande simplement dans quelle mesure, à un moment donné, on
n'entre pas dans l'abusif clair. Est-ce qu'on pourrait le garder en suspens,
celui-là, pour me permettre d'y repenser un peu?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: J'aimerais seulement indiquer que c'est un cas tout
à fait particulier. Il est question de 350 000 actionnaires, il est
question d'un milliard et quelques centaines de millions. On ne peut pas dire
que c'est un cas courant, que c'est une démarche courante qu'on
entreprend ce soir, parce que cela n'arrive pas souvent qu'il y ait 350 000
actionnaires pris dans la même situation. Une inquiétude m'a
été rapportée par deux personnes. Je ne dis pas que c'est
une foule, deux personnes, parce que remarquez bien que, siégeant
à Québec depuis un mois d'une façon assez intensive, je ne
rencontre pas mes commettants à tous les jours. Alors, il reste quand
même qu'il y a dans ma région, 4000 membres de cette caisse et on
a soulevé cette question deux fois. Est-ce qu'on aura droit de parole?
Quels seront les mécanismes? Est-ce que cette assemblée sera
démocratique? Dans le passé, j'imagine que ces gens ont
vécu des expériences désagréables dans des
assemblées dûment convoquées. Il n'est pas question ici de
lancer la balle à qui que ce soit ni d'attaquer personne, mais il reste
quand même que c'est une décision très importante. Je pense
qu'il serait important que les mécanismes de conduite qui
prévaudront lors de cette assemblée soient quand même
indiqués par le ministre. Cela serait important.
Je pense que le ministre est aussi intéressé à la
démocratie, à l'équité, qu'on peut l'être de
ce côté-ci. Je suis à 100% de cet avis et j'en suis
persuadé, mais c'est une crainte qui est soulevée. Si le ministre
faisait une consultation auprès de certains membres, ce serait les
mêmes demandes qu'on lui formulerait, à l'effet d'être bien
certain que chacun aura un droit de parole quand même et que le
microphone ne sera pas noyauté par un groupe organisé, parce que
cela s'est fait dans d'autres domaines et cela peut se faire là aussi.
Étant donné que la décision est très importante et
même vitale, c'est dans ce sens-là que je propose cela au
ministre. Je suis bien prêt à lui laisser tout le temps qu'il veut
pour s'interroger sur cette question, afin d'en arriver à une solution,
mais je pense que c'est important d'y penser sérieusement, parce qu'une
fois la loi sanctionnée il sera trop tard.
M. Parizeau: J'aimerais mieux laisser cela en suspens
jusqu'à ce que j'aie pu consulter la fédération sur la
nature de l'opération qu'elle a entreprise avec ce bureau d'avocats,
pour faire établir une sorte de déroulement à chacune des
étapes de l'assemblée. Je comprends que c'est quelque chose de
relativement détaillé, mais je n'ai pas tellement de
renseignements à ce sujet. Est-ce qu'on pourrait laisser cela en
suspens? Je préférerais consulter la fédération et
on pourrait y revenir.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: Est-ce qu'on me permettrait une observation sur le
même sujet?
M. Parizeau: Je comprends la nature de l'interrogation du
député de Huntingdon. Je pense qu'elle est tout à fait
valable, mais je voudrais prendre...
M. Mailloux: Parmi les sociétaires des caisses d'entraide
économique, on rencontre deux groupes. On rencontre l'épargnant,
qui n'est pas un emprunteur, et on rencontre aussi le type
emprunteur-prêteur. Tout emprunteur des caisses est normalement membre de
la caisse et doit verser mensuellement. Alors, ce sont des gens qui vont dans
des directions un peu opposées. Quand on regarde le déroulement
des assemblées, je me demande, à moins que le ministère ne
délègue des gens représentant des personnes sans voix, les
60% qui ont 1000 $ et moins qui sont un peu sans voix et qui voudraient bien
que leurs épargnes soient conservées, soient garanties...
Comment pourrait-on faire en sorte qu'une assemblée... J'ai
assisté à deux assemblées dans deux comtés
différents, cela a duré 4 heures; au bout de 4 heures, une partie
des gens avaient pu se faire entendre, des emprunteurs ou des prêteurs.
On constate par contre que les emprunteurs sont plus présents au micro
que les autres, parce qu'ils
ont un intérêt peut-être un peu plus marqué.
Normalement, dans une assemblée délibérante, le
président reconnaît des gens qui s'approchent du micro et il fait
le partage. Il ne sait pas si le gars est un petit épargnant, un gros
épargnant ou un emprunteur. À moins que vous n'apportiez un
amendement, le groupe le mieux organisé, qu'est le groupe d'emprunteurs,
va se faire entendre assez valablement. Lui, il n'a pas trop de craintes
à ce sujet-là, mais il faudrait que le ministère
délègue quelqu'un pour parler au nom de la masse des petits
prêteurs, pour qu'ils puissent également faire entendre leur voix.
Je ne vois pas comment cela pourrait se faire, car, après 4 heures, on
constate que ce n'est jamais terminé. On est rendu au 30 janvier, au 1er
février...
M. Parizeau: L'observation du député de Charlevoix
me paraît tout à fait pertinente, mais je reviens encore à
ce que je disais tout à l'heure. J'aimerais voir ce que la
fédération a fait préparer par le bureau d'avocats comme
déroulement pour voir justement dans quelle mesure cela répond
à ce genre d'interrogation et comment cela pourrait se traduire dans un
texte juridique. Est-ce qu'on peut simplement suspendre et me laisser le temps
de procéder?
Le Président (M. Boucher): L'article 20 est suspendu.
L'article 21.
M. French: Juste une autre observation, M. le Président,
à ce même titre. Le ministre pourrait toujours au moins
considérer l'hypothèse que la fédération lui
propose des règles pour l'assemblée et il aurait la
responsabilité de les approuver. C'est une suggestion.
M. Parizeau: Ce serait dans le sens de ce qui est indiqué
à l'article 20 sur le plan du scrutin proprement dit, parce que c'est
cela dans le cas du scrutin. Mais là, ce serait élargi.
M. French: C'est cela, ce ne serait pas plus compliqué que
cela.
Le Président (M. Boucher): Article 21.
M. Parizeau: M. le Président, avant que nous abordions
l'article 21...
Le Président (M. Boucher): Article 21.
M. Parizeau: Article 21, excusez-moi. Je n'ai pas
arrêté de la journée. Cela arrive que, pour des fins
humanitaires, on permet à un membre de s'absenter pour un maximum de
trois minutes. Est-ce que ce serait faisable? Si cela ne dérange pas, on
pourrait peut-être demander ou bien de poursuivre ou encore de suspendre
pendant ces trois minutes.
Le Président (M. Boucher): Vous voulez faire rapport?
M. Parizeau: Non, je ne ferai pas rapport. Je remercie la
commission de sa compréhension.
Le Président (M. Boucher): On suspend pour trois
minutes.
Une voix: Cinq minutes.
Le Président (M. Boucher): Cinq minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 57)
(Reprise de la séance à 22 h 03)
Le Président (M. Boucher): Reprenons. Article 21?
M. Parizeau: Non, il n'y a pas de commentaires de la Commission
des valeurs mobilières sur l'article 21. Avec pleine compensation
financière...
M. French: C'est ça notre idée. Est-ce qu'on a
repris nos travaux? Le ministre n'a jamais, à moins que je ne me trompe,
que je sache, répondu, pas plus d'ailleurs que la caisse d'entraide
elle-même, lorsque le représentant était ici il y a
quelques jours, sur ce problème des membres minoritaires qui auraient
voté contre le projet de transformation qui aurait été
quand même adopté par la majorité nécessaire des
membres. Ce n'est pas "on record" quant au sort de ces gens-là. Le
principe est important. Ultimement, la façon dans laquelle la transition
se fait est passablement critique pour l'avenir des institutions. C'est
important qu'il fasse le point sur sa philosophie quant à cette fameuse
question de la constitution de l'épargne.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Parizeau: M. le Président, je comprends très
bien le problème que soulève le député de
Westmount, sauf qu'il faut bien, à l'occasion de gestes comme
ceux-là, indiquer quel genre de minorité bloque le projet,
d'autre part, quel genre de majorité l'établit pour tous. Toutes
nos lois ont toujours reconnu cela, à l'égard, par exemple, des
compromis ou des arrangements dans le cas des lois des compagnies, des lois du
Québec, à l'égard des lois de faillites. Les pourcentages
peuvent varier. Par exemple, sauf erreur, dans le cas de la Loi sur les
faillites, 90% des gens sont engagés;
les autres sont considérés comme étant
acceptés, même s'ils étaient violemment opposés.
C'est-à-dire que ce n'est pas un principe nouveau; je comprends qu'on
peut discuter sur le fait de 75%, que ça ne devrait pas être plus,
que ça devrait être moins. J'ai eu à peu près autant
d'échos de gens qui disaient que ça prendrait plus que de gens
qui disaient que ça prendrait moins. Dans un certain sens, c'est
l'inconvénient d'être placé dans la situation d'avoir
à trancher mais, enfin, c'est une responsabilité que je ne peux
pas éviter, quand on entend des échos de chaque
côté. Encore une fois, il faut comprendre cependant que, sur le
principe même de l'opération, ce n'est pas inédit. Mettons
ça en termes généraux: chaque fois que des
difficultés financières impliquent des transformations, dans une
compagnie; ou des liquidations, dans le cas de la faillite, des dispositions de
ce genre existent toujours, aussi bien dans les lois provinciales que
fédérales.
J'imagine que toutes les lois de ce genre-là qui ont
été faites aboutissent toujours aux mêmes conclusions et il
est éminemment regrettable de dire: Un groupe de minoritaires
établi par un pourcentage est lié par la décision de la
majorité, mais c'est la seule façon d'aboutir.
Regardons l'alternative. L'alternative, c'est que les minoritaires,
mettons 20% à un endroit, disent: Nous sommes minoritaires, nous
n'acceptons pas la décision de la majorité, rendez-nous nos
billes. Alors, pour pouvoir leur rendre leur argent, il faut procéder
à une sorte de liquidation très rapide d'un certain nombre
d'actifs; on compromet donc tout le reste. C'est pour ces raisons, en gardant
l'alternative, qu'encore une fois, les lois qui concernent les arrangements,
les compromis, les faillites, etc., arrivent toujours au même principe,
et je ne vois pas, pas plus d'ailleurs que bien des législateurs qui
sont passés avant nous, comment on peut éviter ça. Je ne
dis pas que ça se fait avec un enthousiasme délirant. Il est
clair, cependant, qu'on a cherché à aménager une petite
porte de sortie, qui dure un mois. Nous y reviendrons tout à l'heure et
on verra, en examinant cette petite porte, que même cette petite porte de
sortie pose exactement le même genre de problème. Il faut
permettre à ceux qui veulent sortir de sortir et, d'autre part, il faut
éviter qu'il y ait une sorte d'opération de "shylocking"
où des gens qui pourraient en tirer un avantage fiscal
considérable rachètent à rabais important tout
espèce de part sociale. Par contre, c'est la même chose, il faut
équilibrer les inconvénients et maintenir les options.
Avec la disposition de l'article 21, c'est dur, mais inévitable.
On ouvre une porte de sortie mais, si on ferme cette porte de sortie, ça
rend l'article 21 encore plus dur.
C'est l'inconvénient de chercher à transformer en
société prospère, ayant beaucoup d'offres de capital
venant de toutes parts, faisant beaucoup de profits et ayant un bon
marché secondaire, de transformer en cela quelque chose qui n'est pas
ça du tout, un point de départ qui n'est pas cela,
inévitablement. "One cannot do instantly a good job out of a bad job."
Je serais peut-être prêt à faire autre chose, mais je ne
vois pas comment.
M. French: Je comprends ce que le ministre vient de dire, mais
pour être totalement clair, dans le cas où les minoritaires -
appelons-les ainsi - voudraient toucher leur argent à tout prix - par
"à tout prix", je comprends un taux d'escompte de liquidation absolument
minimal - même dans cette situation, la menace que représenterait
la liquidation de 15%, 18% des actifs pour la santé de l'entreprise
comme telle serait trop grande. Donc, il faut éviter même cette
espèce de vente de feu pour les membres, également pour la
caisse, il faut toujours éviter cela.
M. Parizeau: C'est que ce qui est le plus facilement, le plus
rapidement mobilisable...
M. French: C'est le meilleur. M. Parizeau: ... c'est le
meilleur
M. French: Mais cela veut dire quand même que ce n'est pas
ce qu'on vend qui est critique; c'est ce qu'on nettoie en tant que passif qui
est aussi critique. Si on ne donne que le taux d'escompte a partir d'une
liquidation entière de la caisse, on ne donne quand même pas un
gros cadeau pour ceux qui veulent retirer leur argent, mais on leur donne la
satisfaction de toucher cet argent et de se laver les mains de leur implication
dans les caisses d'entraide.
M. Parizeau: Oui, mais dans des conditions de gestion
extraordinairement discutables avec des possibilités de recours des
minoritaires quant à la façon dont la liquidation a
été faite ou alors, à l'opposé, des contestations
des majoritaires quant à la façon dont la liquidation a
été faite. Il est évident qu'à un certain prix on
vend n'importe quoi. N'oublions pas, si on veut laisser ces gens-là
sortir, qu'ils ne demandent pas leur argent dans six mois ou un an, par
définition, car de toute façon ils l'auraient, ils resteraient
dans le projet; ils le veulent tout de suite.
M. French: Ils font leur demande tout de suite; on peut toujours
prévoir qu'ils n'auraient pas leur argent avant six mois ou un an. Ils
font leur demande tout de suite;
ils disent: Moi, je ne veux plus faire partie de cette
entreprise-là et je suis prêt à avaler ma perte, je suis
prêt à attendre, mais quand même ce qu'il y a là, je
veux l'avoir et je veux tourner le dos à mon expérience dans les
caisses d'entraide, et je veux aller ailleurs avec ce qu'il me reste.
M. Parizeau: Enfin, les trois quarts, en moyenne, de ce qu'ils
ont vont être transformés en dépôts qu'ils pourront
de toute façon retirer avec des échéances du genre de
celles dont le député de Westmount parle.
M. French: Avec des échéances de six mois ou un
an?
M. Parizeau: Évidemment.
M. French: Dans les caisses en santé.
M. Parizeau: Non, il y a des prêts qui rentrent, il y a des
prêts qui ont moins d'un an d'échéance; il y en a d'un an
à deux ans, d'autres de deux ans à trois ans. C'est comme
toujours, il y a un espèce de...
M. French: Oui.
M. Parizeau: II y a donc le quart dont on parle et qui, lui, va
être gelé si on procède à une liquidation d'actifs
qui ne sont pas les meilleurs, les plus évidents, mais de toute
façon, sur le total, ils vont perdre cela. Si on prend une liquidation
d'actifs qui ne sont pas les meilleurs, qu'est-ce qu'on pense qu'on va avoir?
25% de perte ne paraît pas... Au moins, on leur laisse des actions qui
ont une chance de valoir éventuellement quelque chose. Dans l'autre cas,
ça serait une perte sèche à moins, encore une fois, de
réserver aux minoritaires les meilleurs actifs, les plus courts, les
plus liquides, mais, à ce moment-là, pour la majorité,
cela devient terriblement injuste.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 21 est
adopté?
M. le député de Vaudreuil-Soulanges. (22 h 15)
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je suis resté assez
surpris de voir que la Commission des valeurs mobilières n'avait aucun
commentaire sur cet article central, dans le sens où, pour les
sociétaires, c'est leur compréhension de ce que cette disposition
signifie pour eux qui va déterminer en grande partie la façon
dont ils vont voter. Encore en ce moment, je maintiens des réserves
sérieuses sur la qualité des renseignements qui seront transmis
à ces gens par l'envoi de ladite convocation, le résumé du
projet de transformation, etc. Il n'est pas impossible qu'aux articles 34 et
35, sur la fenêtre dont on a parlé tout à l'heure, j'aie
d'autres commentaires dans le même sens. Enfin, on est presque en train
de considérer ces deux choses en même temps. Ces réserves
existent, surtout si je regarde le projet de circulaire de renseignements, si
on veut, qui nous est parvenu je ne sais trop par quelle voie et qui est une
espèce d'ébauche de la façon que les gens vont être
renseignés sur les tenants et aboutissants du projet. Si on voit, par
exemple, la description du capital-actions qui va résulter de la
transformation, on affirme dans ce projet que, comme pour les actions
ordinaires de compagnies, les actions des sociétés donnent droit
à un vote par action, peuvent être librement vendues ou autrement
transférées et permettre à leur titulaire, etc... C'est
proprement surprenant de voir que ce texte, qui est provisoire, je le souhaite,
a été rédigé, alors qu'on sait pertinemment que
c'est justement cette préoccupation de voir l'épargne
gelée qui va animer en grande partie la façon dont le vote va
s'exercer chez ces gens.
Je cherche une façon, à ce moment-ci, M. le
Président, et nous cherchons tous une façon de nous assurer que
les membres des caisses d'entraide savent exactement ce qui leur arrive pour ne
pas se réveiller, dans les deux ou trois semaines suivant le 30 janvier,
dans une situation où ils vont pouvoir prétendre, je devrais
plutôt dire presque avec raison, qu'à la lumière des
documents qu'ils ont eus, des renseignements ou des résumés de
ces documents plutôt, parce qu'ils ne liront pas la loi 40 et ils ne
liront pas nos délibérations, c'est entendu, et je ne leur
souhaite pas un tel mal, ces gens vont dire: On ne nous a jamais dit qu'on
était pris avec ces actions pour longtemps. C'est surtout le 1er mars
qui m'inquiète, quand ils vont découvrir qu'ils ne peuvent plus
les vendre.
J'essaie de voir si c'est à ce moment-ci ou lors de
l'étude d'autres dispositions qu'on pourra préciser la nature des
renseignements. Étant rendu à ce moment-ci à l'article 21,
on a passé pas mal tout ce qui concerne le contenu de l'avis de
convocation, le résumé du projet de transformation, etc. Il n'est
certainement pas trop tard de toute façon pour indiquer dans l'article
21 l'effet qu'a sur un nouveau sociétaire le fonctionnement,
l'économie générale de la loi et l'objectif
recherché dans le plan de transformation.
J'aimerais simplement, à ce moment-ci, avoir du ministre
certaines assurances sur la qualité des renseignements dont disposeront
les sociétaires qui leur permettront de juger du véritable impact
de l'article 21 sur la finance et l'épargne personnelle.
M. Parizeau: M. le Président, il y a deux choses dans
l'intervention du député de Vaudreuil-Soulanges. Il y a d'abord
ce qui a
trait à sa surprise de voir qu'il n'y a pas de commentaire de la
Commission des valeurs mobilières sur l'article 21. Cela se comprend
dans la mesure justement de tout ce que je disais tout à l'heure; c'est
que, du point de vue de la Commission des valeurs mobilières, ce n'est
pas du droit nouveau. Elle a l'habitude de ce genre de restriction dans des cas
semblables. C'est pour cela qu'elle n'a pas remis de commentaires.
Il y a une deuxième observation qui a trait justement - on en a
discuté à plusieurs reprises - à la clarté des
renseignements, à la limpidité des renseignements, à leur
caractère de vulgarisation élémentaire. Là, par
exemple, je demanderais qu'on ne soit pas tout à fait injuste à
notre égard.
À la première réunion que nous avons, je dis: C'est
un projet tout à fait préliminaire. Vous me demandez de quoi cela
a l'air. Je dis: Ce n'est qu'une première ébauche. Je vous la
fournis. Vous revenez avec la première ébauche en disant: C'est
plein de trous. Oui, on le sait bien, parce que la Commission des valeurs
mobilières, justement - c'est assez intéressant à cet
égard - a fait exactement au ministère la même observation
que celle que le député de Vaudreuil-Soulanges vient de faire au
sujet de la même clause en disant: Ce n'est pas correct, il faut changer
ça.
La Commission des valeurs mobilières nous suit pas à pas,
justement pour s'assurer que le détenteur de parts sociales, saura
exactement, le plus clairement possible, ce qu'il lui arrive. Dans ce
sens-là, nous utilisons la Commission des valeurs mobilières
littéralement comme un chien de garde, avec réunions
périodiques, rédactions, etc... Depuis que j'ai remis cette
première ébauche, déjà la Commission des valeurs
mobilières nous a signalé un certain nombre de choses. Il doit y
avoir encore une rencontre immédiate avec la Commission des valeurs
mobilières pour regarder comment une deuxième ébauche doit
être faite, puis j'imagine qu'il y en aura une troisième.
Là, nous avons exactement le même objectif en tête. Il faut
que le membre sache le plus clairement possible ce qu'il lui arrive... je
m'excuse, juste un commentaire. On me signale qu'on ne pourra pas indiquer la
valeur marchande de l'action, il n'y a aucun moyen de le faire, pas plus pour
la Commission des valeurs mobilières que pour nous, on s'entend bien.
L'important, c'est qu'il comprenne. À cet égard, la Commission
des valeurs mobilières nous accompagne d'étape en étape
pour que, justement, la préoccupation qu'a le député de
Vaudreuil-Soulanges soit assurée le mieux possible.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 21 est
adopté?
M. French: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Sur division. Article 22. M. le
député de Westmount.
M. French: M. le Président, il y a deux endroits
maintenant, à l'article 21, deuxième paragraphe, et à
l'article 22, où on insiste beaucoup pour que le règlement ou le
projet de transformation, tel qu'approuvé, ne puisse être
modifié. Je n'ai pas d'objection de principe du tout, mais je serais
intéressé de savoir ce que le ministre avait à l'esprit
pour... Il m'a semblé qu'il y avait quelque chose qu'on
présumerait, je me demande pourquoi on le précise. S'il pouvait
nous donné un exemple du genre de pressions qui peut suivre la prise de
décision, de l'objectif qu'on vise, de ce qu'on vise à
empêcher par ces deux paragraphes-là...
M. Parizeau: M. le Président, c'est justement le projet de
transformation qui va être adopté par une assemblée
à laquelle nous accordons, tous ensemble, le plus grand soin quant
à ce déroulement, quant à l'assurance que c'est vraiment
ça que l'assemblée voulait. Des transformations qui seraient
négociées par la suite deviendraient littéralement une
négation de ce que l'assemblée a fait. On pourrait fort bien
comprendre que pour des gens qui ont voté pour un programme de
transformation dont justement on dit qu'il doit être clair, qu'il doit
être limpide, qu'il doit être approuvé par tout le monde,
qu'on doit surveiller l'assemblée, on ne va pas ensuite faire du "fling
flang" avec le projet dans les semaines qui suivent. Ce serait vraiment un
déni de justice pour ceux qui l'ont voté.
M. French: Bon, M. le Président, je pense qu'il n'y a
personne qui veut ça. Ce que je cherchais, c'était quelque chose,
peut-être qu'il n'y en a pas, on ne peut pas prévoir ce que
ça pourrait être... Est-ce que, par exemple, le ministre
prévoirait beaucoup de pressions politiques ou de pressions populaires
à la suite de ces réunions, de ces assemblées, et
voudrait-il avoir une espèce de raison, une espèce de protection
absolue, incorporée dans la loi, pour le mettre à l'abri de ces
pressions-là?
M. Parizeau: II y a indiscutablement de ça. L'exemple que
donnait tout à l'heure le député de Charlevoix
était très intéressant à cet égard. Il est
évident que les assemblées dont nous parlons vont avoir à
établir une sorte de compromis entre, disons, les deux grandes
catégories dont il parlait, les prêteurs et les emprunteurs. Que
l'on ouvre le moindrement la possibilité de commencer à changer
les plans de transformation dans les jours qui suivent ou les semaines qui
suivent, à la fois la direction des caisses, la fédération
et le ministère vont être harcelés par des groupes dont les
intérêts ont donné
lieu à un compromis à l'occasion de l'assemblée,
mais ne sont pas nécessairement à ce point convergents. Alors,
avec ça, ça donne le protection tout le long de la ligne,
à partir de l'administration de la caisse jusqu'au ministère qui
va dire: Écoutez, la loi l'interdit.
M. French: Adopté.
Requête de continuation
Le Président (M. Boucher): Adopté. À
l'article 23, il y a un amendement?
M. Parizeau: Oui. À l'article 23, il y a un amendement au
troisième alinéa. On doit remplacer ce troisième
alinéa par: "les nom, prénom, profession et adresse des premiers
administrateurs de la société qui sont les administrateurs de la
caisse"
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 23 est-il
adopté tel qu'amendé?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. 24?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. 25?
M. Parizeau: L'article 25 est remplacé en totalité
par un autre article qui se lit ainsi: "La requête demandant la
continuation de la caisse en société d'entraide économique
doit être faite par les administrateurs de la caisse et transmise au
ministre au plus tard le 10 février 1982. "La requête est
signée par un des administrateurs de la caisse."
M. French: M. le Président, je sais que c'est tout
à fait technique, mais je voudrais poser une autre question naïve
et innocente. Qu'arrive-t-il si la requête n'est pas envoyée au
ministre avant le 10 février 1982? Que prévoit-on?
M. Parizeau: L'article 36. C'est justement pour des cas comme
celui-là que l'article 36 est prévu, s'il y a une grève de
la poste, ou si quelqu'un a oublié, ou si cela a été mis
à la poste trop tard.
Le Président (M. Boucher):
L'amendement est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 25 est adopté
tel qu'amendé. Article 26?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 27?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 28?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
Article 29?
M. le député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): À ce moment-ci, n'est-ce
pas dans ces dispositions-là qu'on doit normalement prévoir que
s'il y a des poursuites engagées contre la caisse elle se continue sans
reprise d'instances et ainsi de suite contre la société? Dans le
fond, n'est-ce pas dans ce...?
M. Parizeau: On me dit que c'est une formulation juridique un peu
nouvelle, déjà adoptée sous d'autres juridictions. En
particulier, il paraît qu'au gouvernement fédéral le
concept s'est développé depuis quelques années et qu'il
consiste tout simplement, au sens juridique de la continuation, à ne
plus avoir cette avalanche de protection puisqu'il n'y a pas d'interruption
juridique. Donc, effectivement, on n'a pas à se protéger contre
des recours de nature juridique, la continuation implique qu'il n'ait pas de
hiatus.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Alors que si je me
réfère aux quatre ou cinq projets de loi que nous avions ce
matin, à cette même commission, la clause que j'évoque
était toujours présente.
M. Parizeau: Exactement.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): À ce moment-là,
c'étaient seulement des changements de nom. Dans plusieurs cas, ce sont
des changements de nom. Il y avait des continuations en vertu de IA, il y avait
un tas de choses, mais la clause s'y retrouvait et là on innove, on
rafraîchit.
M. Parizeau: Ce n'est pas qu'on innove, on se sert de la
jurisprudence établie récemment quant à la continuation.
On me signale également que ce concept-là est déjà
dans la partie IA de la Loi sur les compagnies.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 30. M.
le ministre.
Dispositions particulières
M. Parizeau: Si je voulais être un peu méchant, M.
le Président, je dirais que toute la profession juridique n'est pas
encore tout à fait au courant du sens de ce qu'on va faire, au fait, de
la capacité de ce concept d'éviter énormément de
rédaction.
Le Président (M. Boucher): Article 30? (22 h 30)
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): La date du dépôt
du projet de loi est le 30 novembre.
M. Parizeau: Le 30 novembre. On pourrait l'insérer tout de
suite. Cela est vrai. Cela a été déposé en
première lecture, je m'excuse, le 30 novembre. On n'a pas encore mis de
date, mais c'est le 30 novembre puisque cela a été
déposé à ce moment-là; on peut le mettre tout de
suite.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On peut l'amender en mettant le
30 novembre 1981.
Le Président (M. Boucher): Article 30, adopté tel
qu'amendé. Article 31.
M. Parizeau: Cela découle...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Même commentaire. La
caisse où on adopte le règlement suspend le remboursement des
parts sociales; encore une fois, c'est toujours central de la même
façon que 21, 34, etc., la qualité et la mobilité de
l'épargne, si on veut, du membre. J'exprime simplement, j'en profite, un
souhait; comme on le dit, je lui pique un petit drapeau rouge pour qu'au niveau
de la qualité des. renseignements qui parviendront aux membres cette
disposition soit clairement expliquée.
M. Parizeau: Très bonne suggestion. Le Président
(M. Boucher): Adopté? Des voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 32.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 33,
adopté. Article 34, il y a un amendement.
M. Parizeau: M. le Président, avant que nous passions
à l'amendement qui correspond à certaines des recommandations ou
suggestions de la Commission des valeurs mobilières, je pourrais
peut-être prendre 34 et 35, lire les commentaires de la Commission des
valeurs mobilières et voir de quelle façon l'amendement rectifie
certaines choses.
Article 34. "Toute personne - je lis le texte de la loi sans les
propositions d'amendement tel que nous l'avons devant nous - peut
acquérir, après le 31 janvier 1982 mais avant le 28
février 1982, des parts sociales d'un membre d'une caisse qui a
adopté le projet de transformation et devenir de ce seul fait membre de
la caisse."
Article 35. "Les transferts des parts sociales visées dans
l'article 34 doivent être enregistrés auprès de la
caisse."
Commentaires de la Commission des valeurs mobilières. De telles
dispositions risquent de fausser le vote à être tenu lors de
l'assemblée spéciale du 30 janvier 1982 puisque cela donne la
possibilité de faire miroiter aux membres qu'un acquéreur sera
disponible pendant la période visée, ce qui ne sera pas
nécessairement le cas. Le fait de permettre le transfert des parts
sociales pendant ladite période et l'avantage fiscal qui en
découle auront pour effet d'intéresser des personnes qui
n'étaient pas nécessairement membres de la caisse au 22
août 1981.
Alors, il y a deux éléments, je pourrais peut-être
indiquer quel amendement nous proposons et puis commenter ensuite ces
dispositions de la Commission des valeurs mobilières.
Alors, l'amendement proposé qui remplace 34 et 35 se lirait
ainsi: "Toute personne peut, après le 31 janvier 1982 mais avant le 28
février 1982, acquérir à leur valeur nominale des parts
sociales d'un membre d'une caisse qui a adopté le projet de
transformation et devenir de ce seul fait membre de la caisse. Les transferts
des parts sociales doivent être enregistrés auprès de la
caisse. Le registre des transferts doit faire état des parts sociales
qui seront, après leur conversion en actions d'une société
d'entraide économique, admissibles aux déductions prévues
aux articles 208 et 210."
Alors, il y a deux éléments dans les observations de la
Commission des valeurs mobilières. D'une part, l'élément
de présentation. La Commission des valeurs mobilières dit faire
miroiter la possibilité qu'il va y avoir un marché pour cela
pendant un mois. Cela est évident que c'est dans les renseignements
envoyés aux membres qu'il va falloir être très explicite;
ce n'est pas la loi qui peut dire cela, mais indiscutablement les documents
qu'on envoie aux membres, qui doivent être très explicites; ce
n'est pas un
marché secondaire organisé, ils en trouveront ou ils n'en
trouveront pas; il faut que ce soit très clairement indiqué.
La deuxième partie des observations de la Commission des valeurs
mobilières est d'un autre ordre. Elle se préoccupe du fait qu'il
pourrait y avoir des gens qui, n'étant absolument pas membres d'une
caisse d'entraide, ne l'ayant jamais été et n'ayant vraiment pas
le goût de l'être, sont cependant à un niveau d'impôt,
sur le revenu, enfin de taux marginal d'impôt où acheter des
actions comme celles-là est intéressant et où on pourrait
assister à quelque chose d'assez sérieux, dit la commission. Je
peux dire que j'ai eu le même genre de préoccupation. C'est que
des gens pourraient être tentés d'acheter à escompte, et
à un très fort escompte, du capital social de membres, pour
ensuite se retourner vers l'impôt et dire: Maintenant, donnez-moi les
avantages fiscaux qui viennent avec cela mais à la valeur au pair. C'est
absolument incontrôlable, cela se fait littéralement de la main
à la main, ce sont des transactions privées. Tu as 1000 $ de
parts sociales, je te les achète pour 600 $. Je me retourne vers le
gouvernement, je demande 1000 $ et là-dessus je demande le crédit
d'impôt.
C'est la raison pour laquelle nous avons pensé indiquer "à
leur valeur nominale" dans l'amendement. On ne peut pas s'assurer
qu'effectivement les transactions auront lieu à ce niveau, mais c'est le
mieux qu'on puisse faire, je pense. Si on veut, et c'est là que je
reviens à la balance des inconvénients dont je parlais avant, que
des gens puissent se dégager, il faut ouvrir une porte comme cela. En
ouvrant une porte comme celle-là, on peut ouvrir des problèmes de
nature différente qui tiennent plus à des questions
d'équité. Entre les deux, j'ai pensé qu'il valait mieux
garder ce créneau ouvert pour au moins permettre à ceux qui
veulent sortir de s'en sortir. Et, d'autre part, dans la mesure où la
loi dit "à leur valeur nominale", celui qui consent une transaction en
bas de la valeur nominale sait au moins qu'il fait quelque chose qui n'est pas
tout à fait correct, que ce n'est pas cela que la loi avait
prévu. Mais on ne pourra pas empêcher forcément des gens
de...
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, vous avez
mentionné, en lisant l'amendement à la dernière ligne, les
articles 208 et 210. Est-ce que c'est...
M- Parizeau: Non, excusez-moi, 208 à 210.
C'était un lapsus.
Le Président (M. Boucher): Bon!
M. Parizeau: Est-ce que, M. le Président, je pourrais
ajouter quelque chose? On me passe une note ici en indiquant qu'en mettant dans
la loi "à leur valeur nominale", la commission s'est
déclarée d'accord avec le but de l'article. C'est son commentaire
le plus récent.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Westmount.
M. French: Deux questions, M. le Président. Pourquoi
est-ce que le prix en question pour la fenêtre est si restreint?
M. Parizeau: Je suis en train de passer devant un problème
qui est inévitable. C'est qu'il faut envoyer des TP5.
M. French: C'est une autre raison pour ne pas retarder les
assemblées spéciales d'ailleurs.
M. Parizeau: C'est-à-dire que tout cela est un jeu de
dominos.
M. French: D'accord.
M. Parizeau: Si on veut réclamer l'avantage fiscal pour
l'année d'imposition, on n'a guère le choix. Je vous avouerai
d'autre part, M. le Président, que plus cela durerait de temps, ce
créneau, plus cela risquerait d'être gênant d'accentuer les
problèmes d'exportation dont on parlait tout à l'heure. Nous ne
voulons pas, à toutes fins utiles, organiser un vaste commerce durable
de ce genre de choses. On s'entend que, pour toute espèce de raisons,
certains peuvent vouloir s'en sortir, on leur laisse un créneau. Mais,
plus on le laissera là, plus cela me gênerait. Mais, en tout cas,
il y a des arguments fiscaux péremptoires.
M. French: M. le Président, je voudrais faire une autre
suggestion au ministre ou au moins sonder son opinion là-dessus.
Partage-t-il ma crainte que les recruteurs, maintenant les conseillers en
épargne, par exemple, ou d'autres personnes pourraient s'établir
comme courtiers par rapport aux transactions prévues dans l'article? Si
oui, serait-il d'accord pour demander à ses fonctionnaires d'ajouter une
phrase disant qu'aucune personne pourrait tirer avantage d'une commission
à partir de ces transactions ou s'agit-il d'une crainte qui n'est pas
fondée?
M. Parizeau: C'est toujours difficile de savoir si c'est
fondé ou non. Elle a été cependant exprimée
déjà. Cela relève très spécifiquement de la
Commission des valeurs mobilières qui elle-même est très
alertée à cela. Elle ne s'est même pas engagée; elle
s'est portée volontaire pour exercer une surveillance très
précise là-dessus. D'ailleurs, cela relève de ses
attributions, mais elle est
très alertée à cela. Elle ne peut pas savoir
davantage que nous si c'est une crainte fondée ou non, mais elle ne veut
pas courir de risque. Elle veut surveiller cela de très près.
M. French: II n'y a pas nécessité de l'inclure dans
la loi?
M. Parizeau: Non.
M. French: Serait-il possible que, dans les renseignements qui
seraient remis aux membres, cet aspect soit souligné. Je me rends compte
que ce n'est pas avant le projet de transformation, mais, par la suite, si des
circulaires d'information étaient distribuées aux membres, c'est
un aspect qui devrait être souligné, je crois.
M. Parizeau: Nous allons sûrement en parler à la
Commission des valeurs mobilières, justement dans la préparation
des documents. On me dit que la prochaine rencontre avec la Commission des
valeurs mobilières aura lieu vendredi. On va souligner cela pour voir
comment cela pourrait être traduit.
M. French: Je prends acte que la commission et le ministre sont
saisis du problème.
M. Parizeau: Oui.
M. French: C'est rassurant. Deuxième point, dans la mesure
où ceux qui voudraient vendre des actions - oui, cela devient des
actions en effet - sont informés par les instances publiques de leurs
droits et de leurs responsabilités et que cet aspect de ne pas se faire
prendre par un "courtier" soit souligné aussi.
M. Parizeau: Oui, la seule raison pour laquelle je suis un peu
évasif quant à la nature de l'engagement, c'est que je voudrais
d'abord consulter la Commission des valeurs mobilières au cas où,
par exemple, un agent d'un courtier en bonne et due forme...
M. French: Voudrait s'impliquer.
M. Parizeau: ... voudrait s'impliquer. Je voudrais voir avec la
Commission des valeurs mobilières quelle conséquence cela peut
avoir, parce que c'est vraiment elle qui réglemente l'exercice de cela.
Je comprends très bien la préoccupation; je la partage. Je pense
qu'effectivement les gens doivent être renseignés, mais je ne veux
pas prendre d'engagement à cette table-ci, parce que là vraiment
cela relève de la commission. On va lui souligner cela et voir comment
cela peut se faire.
M. French: D'accord, je remercie le ministre.
Le Président (M. Boucher):
L'amendement à l'article 34 est adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, un instant;
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je relis l'article 34 et je ne
vois pas ce que l'addition à la valeur nominale vient ajouter dans les
faits. Comme l'a souligné le ministre, il n'y a rien qui empêche
qui que ce soit de céder ses parts sociales à moins que la valeur
nominale. Il n'y a rien non plus qui, à sa face même,
prétend le ministre, empêche l'acheteur de prétendre, en
réclamant déduction fiscale, qu'il a versé la pleine
valeur nominale lors de l'achat de ses actions. Il me semble qu'on oublie qu'en
général, lorsque cette déduction serait
réclamée, il faut quand même démontrer d'une
façon ou d'une autre qu'on a versé de l'argent, qu'on a
versé une considération et qu'on tombe dans les questions de
preuves, je présume. C'est l'aspect purement fiscal. Cela ne
m'apparaît pas être un obstacle que ces mots soient absents.
Ces actions m'apparaissent, par ailleurs, - c'est le deuxième
point - un obstacle du point de vue des vendeurs éventuels. Dans la
mesure où on tente d'inciter les gens à faire ces transferts
à la valeur nominale, plutôt qu'à une valeur
escomptée, on a réduit automatiquement le marché des
acheteurs en augmentant le prix, mais on n'a pas...
Une voix: ...
(22 h 45)
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, précisément.
J'aurais cru que l'objectif de cette fenêtre était de permettre de
régler le problème très réel des milliers - on peut
dire des milliers - de sociétaires des caisses d'entraide qui
préfèrent véritablement, parmi les minoritaires, encaisser
tout de suite, même à perte, parce qu'ils en ont besoin purement
et simplement, une valeur quelconque, une valeur marchande, à un moment
donné, compte tenu de la valeur que cela peut revêtir pour un
acheteur qui, lui, est dans une tranche d'impôt supérieure. Il me
semble que ça réduit de beaucoup la flexibilité qu'on
prétend vouloir donner à ces gens-là de se sortir d'une
situation financière extrêmement difficile. J'aimerais avoir le
commentaire du ministre sur le premier point, c'est-à-dire sur la
difficulté d'application de la loi de l'impôt, la peur qu'on
semble avoir d'ouvrir une porte à des abus, autrement dit à des
réclamations pour déductions plus élevées que de
droit.
Deuxièmement, comment croit-il qu'à travers tout ce
mécanisme il permet véritablement à des gens, parce qu'il
a réduit le marché, de se sortir de l'impasse financière
où ils se retrouvent?
M. Parizeau: C'est ça que j'appelais la balance des
inconvénients, tout à l'heure. Il est évident qu'en
mettant ça à la valeur nominale il va bien falloir que celui qui
réclame de l'impôt indique combien il les a payées. Cela
peut modérer certains enthousiasmes d'avoir simplement à faire
une déclaration de ce genre-là. D'autre part, on ne veut pas, non
plus, que les enthousiasmes soient trop grands, et qu'une sorte de bourse
s'installe où on offrira de racheter ce papier-là à
cinquante cents dans le dollar, bien que l'on sache que quelques-uns vont
essayer.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Est-ce que le ministre
présume que ces gens-là vont réclamer une déduction
sur la base d'un achat présumé à un dollar ou à
cinquante cents?
M. Parizeau: Je ne présume rien. Je vois simplement qu'il
faut balancer deux choses: d'une part ouvrir un créneau; d'autre part,
on ne doit pas l'ouvrir trop grand. La Commission des valeurs mobilières
m'a dit: Vous l'ouvrez trop grand; alors, je l'ouvre moins grand. Le
député de Vaudreuil-Soulanges me dit: Vous ne pourriez pas
l'ouvrir un peu plus grand? Évidemment, c'est toujours une question de
jugement. Au fond, les commentaires qu'on voudrait se faire là-dessus ne
sont probablement pas imprimables, c'est-à-dire que la nature humaine
étant ce qu'elle est, il va y avoir des arrangements, c'est bien
sûr. Quand vous avez à balancer la nécessité de
stabiliser une partie du capital, la nécessité d'ouvrir un
créneau, la nécessité de respecter les lois fiscales et la
nécessité de respecter les scrupules tout à fait,
d'ailleurs, louables, de la Commission des valeurs mobilières, eh bien,
c'est ça que ça donne.
M. le Président, on me donne un autre aspect intéressant.
Je dois dire que je n'y avais pas pensé; enfin, ça peut alimenter
notre réflexion. C'est qu'à partir du moment où c'est
à sa valeur nominale, ça peut devenir une transaction aveugle,
c'est-à-dire que quelqu'un se présente à sa caisse, il
dit: Moi, j'aimerais bien pouvoir vendre ça, et quelqu'un d'autre se
présente à la caisse en disant: Je serais acheteur.
M. French: Ce n'est pas mauvais, ça.
M. Parizeau: J'avoue, à ma courte honte, que je n'avais
pas pensé à ça, mais c'est vrai. Alors, ça,
ça agrandit encore un peu le créneau.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 34 tel
qu'amendé est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 35, un
amendement?
M. Parizeau: Bon, comme nous avons pris l'ancien 35 et que nous
l'avons placé dans le 34 - c'est ce qui avait trait aux transferts et
à l'enregistrement - il y a un nouvel article 35 qui est tout à
fait nouveau et que je vais lire: "En cas de vacance, d'incapacité
d'agir ou de démission d'un administrateur d'une caisse pendant la
période comprise entre le 30 novembre 1981 et la date de
l'assemblée spéciale ou, si le règlement de transformation
est adopté, la date où le ministre refuse de délivrer les
lettres patentes, le ministre peut, si les administrateurs qui demeurent en
fonction ne forment pas quorum, nommer pendant cette période tout
administrateur requis pour former quorum après avoir consulté la
fédération et, le cas échéant, les administrateurs
alors en fonction."
Il s'agit simplement d'un trou de quelques jours, à supposer que
le quorum ne soit pas réalisé.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article 35 est
adopté tel qu'amendé. Article 36?
M. Parizeau: C'est celui auquel j'ai fait allusion à
plusieurs reprises quant au délai.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. French: On ne peut pas facilement s'opposer à
ça. Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 37?
Sociétés d'entraide économique
Administration
M. French: M. le Président, sous le titre II, en effet.
S'il n'y a pas de transformation d'une caisse donnée sous le titre I, il
n'y a pas d'application du tout du titre II, en fait. Le surintendant n'a pas
l'autorité...
M. Parizeau: Bien sûr.
M. French: Merci.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. French: Adopté.
M. Parizeau: M. le Président, il ne serait probablement
pas proclamé dans un cas comme ça.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II ne serait
probablement...
M. Parizeau: Pas proclamé. S'il n'y avait aucune
caisse.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ce n'est pas ça...
M. French: Ce n'était pas ça la question, par
exemple. C'était s'il y avait une caisse qui ne se transforme pas,
même si elle est encore en fonction...
M. Parizeau: Je m'excuse, j'avais mal compris la question. Elle
continue d'être régie par la Loi sur les caisses d'entraide
économique.
M. French: Et le surintendant n'aurait pas juridiction dans ce
cas-là.
M. Parizeau: Non, non.
M. French: C'était ça ma question.
M. Parizeau: Excusez-moi, j'avais mal compris.
Le Président (M. Boucher): 37, adopté. Article
38?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ... le ministre a
déjà répondu. Je crois qu'on n'assiste pas ici à
une nouvelle bureaucratie.
M. Parizeau: Bien sûr que non.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): À tel point que son
sous-ministre peut même agir comme surintendant.
M. Parizeau: Bien sûr.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Pauvre homme!
Une voix: ... chanceux.
M. Parizeau: Rien n'empêche qu'un ou plusieurs adjoints
soient des personnes déjà en exercice. Ce n'est pas
nécessairement du personnel nouveau.
M. French: Même dans cette Chambre en ce moment.
M. Parizeau: Vous savez, avec les compressions
budgétaires, nous prenons tous l'habitude de servir d'homme
orchestre.
M. French: II faut être polyvalent.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. 39?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. 40?
M. French: M. le Président, est-ce qu'il y a, dans un
autre article, une limite de temps pendant lequel l'article 40 ou tout autre
article semblable serait en vigueur? Est-ce qu'à 40, par exemple, qui
donne au surintendant des pouvoirs importants, il est nécessaire dans un
proche avenir... Est-ce que cet article-là durerait toujours?
M. Parizeau: Probablement pas d'une façon aussi lapidaire,
probablement plus encadrée, mais sur son principe, oui. On ne peut pas
éviter ça. N'importe quelle institution de dépôt qui
relève comme ça d'un surintendant ou d'un inspecteur ou ce qu'on
voudra doit normalement fournir tout renseignement que lui demande, quant
à la conduite de ses affaires, le surintendant en question. C'est...
M. French: Le surintendant des assurances, par exemple.
M. Parizeau: Le surintendant des assurances, l'inspecteur
général des banques, etc.; c'est la clause bateau. Très
souvent, cela prend quinze lignes pour dire la même chose, mais ça
revient toujours à ça.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. 41?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 42?
Définitions
M. Parizeau: Article 42, M. le Président, j'ai des
commentaires de la Commission des valeurs mobilières. Je lis le texte de
loi: "Dans la présente loi, sauf le titre I, à moins que le
contexte n'indique un sens différent, on entend par: "dirigeant": un
membre du conseil d'administration, du conseil de surveillance ou de la
commission de crédit, le président, le vice-président, le
secrétaire et son adjoint, le trésorier et son adjoint, tout
employé autorisé à consentir des prêts et tout
employé agissant sur le contrôle immédiat du conseil
d'administration."
Le commentaire, c'est: II y aurait lieu d'y ajouter l'expression "le
directeur
général". Là, je vous avouerai que je n'ai pas
préparé d'amendement particulier en fonction de cela parce que,
comme le texte de loi dit: "... tout employé agissant sous le
contrôle immédiat du conseil d'administration", il me semble que
c'est assez clair que cela couvre le directeur général. Je ne
vois pas quelqu'un qui est sous le contrôle plus immédiat du
conseil d'administration que, justement, le directeur général. Je
n'ai pas préparé d'amendement.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
Application
Article 43. Pas d'amendement. Adopté. À l'article 44, il y
a un amendement.
M. Parizeau: Et des commentaires de la Commission des valeurs
mobilières.
L'article 44 se lit ainsi: "Une société d'entraide
économique est une corporation à laquelle la partie I de la Loi
sur les compagnies s'applique compte tenu des changements nécessaires et
sous réserve de la présente loi. "Toutefois, la partie I doit se
lire comme si l'expression "le vote d'au moins les deux tiers en valeur des
actions représentées par les actionnaires présents" qui
s'y trouve y était remplacée par l'expression "au moins les deux
tiers des voix exprimées par les personnes présentes."
Commentaires: La Loi sur les compagnies exige, dans des cas très
exceptionnels et importants, l'expression d'un vote d'au moins les deux tiers
en valeur des actions représentant les actionnaires présents.
Considérant l'importance des sujets nécessitant un tel vote, nous
nous interrogeons sur l'opportunité de déroger au principe
général du droit des compagnies.
Alors, notre réponse à cela c'est effectivement de
supprimer le deuxième alinéa.
M. French: Le ministre peut-il nous dire ce que cela a comme
effet ce que la Commission des valeurs mobilières exige?
M. Parizeau: Non pas exige, recommande.
M. French: Oui. Le ministre n'était pas avec moi à
quatre heures hier matin à l'Assemblée nationale lorsque je
partageais avec la population du Québec qui attendait sans doute avec
énormément d'intérêt son opinion sur la loi 16...
Donc, il est mieux en forme que moi ce soir.
M. Parizeau: Je rattrape rapidement député de
Westmount.
M. French: On sait que lui aussi avait des responsabilités
très importantes.
Le Président (M. Boucher): Alors, est-ce que l'amendement
est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 44, adopté tel
qu'amendé. Article 45.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, c'est
une clause de prudence, cela, je présume, mais est-ce qu'il y a des
dispositions de la Loi sur les compagnies qui viendraient à l'esprit du
ministre ou de ses conseillers qui justifieraient qu'aujourd'hui, par
règlement, le ministre se donne des pouvoirs de déroger à
des dispositions de la loi générale?
M. Parizeau: Le cas le plus évident que je verrais c'est,
par exemple, l'interdiction de faire des prêts aux actionnaires. Cela
dénaturerait complètement le sens de l'opération. Il y a
toute une série de dispositions sur la façon de payer des
dividendes qui ne s'appliquent peut-être pas du tout. Il faut se laisser
un peu de latitude ici.
Le Président (M. Boucher): Adopté? Des voix:
Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 45,
adopté.
Article 46.
M. French: II s'agit de savoir ce que dit la section I de la Loi
sur les pouvoirs spéciaux des corporations. (23 heures)
M. Parizeau: Je peux vous la lire: "Toute compagnie, corporation,
1° Constituée en corporation par ou en vertu d'une loi
générale ou spéciale de la Législature de
l'ancienne province du Bas Canada ou de l'ancienne province du Canada, pour un
ou plusieurs des objets auxquels s'étend l'autorité
législative du Québec; 2 Constituée en corporation ou qui
le sera à l'avenir par ou en vertu d'une loi générale et
spéciale de la Législature;
A, a toujours eu, et aura, sujet aux restrictions contenues à cet
égard dans sa charte, la capacité d'acquérir, de
posséder, d'exercer, hors du territoire du Québec, les droits et
pouvoirs que lui reconnaissent ou confèrent les lois en vigueur dans
toute autre province ou dans tout pays étranger."
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 47.
Objets et dénomination sociale
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président,
j'aurais un commentaire général, sans prendre trop de temps pour
cela. Est-ce que le ministre pourrait nous faire part de sa vision de la
rédaction législative qui lui permet, dans des projets de loi
comme celui-ci, d'introduire des notions comme la définition d'une
mission pour une société, qui inclut la description des objets, y
compris favoriser l'éducation économique? À mon sens,
à défaut strictement d'appartenir exclusivement aux discours
politiques, cela trouverait certainement sa place davantage dans les
préambules, à l'occasion. Dans la mesure où aucune autre
espèce de disposition de la loi, aucun article de la loi ne se rapproche
de près ou de loin à la définition plus précise de
la façon dont une société continuée en vertu de
cette loi pourrait favoriser l'éducation économique, j'appelle
à ce moment-ci les commentaires du ministre sur cette habitude
relativement récente des projets de loi qui émanent de
l'Assemblée nationale du Québec de comporter des dispositions de
cette envergure.
M. Parizeau: M. le Président, dans la définition
des objectifs et des buts des caisses d'entraide, cela a toujours
été une dimension que ce mouvement considérait comme
importante pour lui-même que sa clientèle soit très
influencée par le développement et la réalisation
graduelle de cet objectif. Dans ce sens, d'une part, il nous demande de
considérer cela en un certain sens comme une forme de droit acquis, nous
l'avons toujours fait. Cela représente quelque chose auquel nous
tenons.
Deuxièmement, il faut bien reconnaître aussi que comme
attrait pour la clientèle existante, dont on a vu qu'une partie est
singulièrement fidèle, à partir d'une des réunions
antérieures, cela devient aussi un moyen de garder une sorte de
cohésion dans la clientèle actuelle. Je pense que l'argument a un
certain sens, compte tenu de ce qu'on nous a dit sur le nombre de gens qui,
jusqu'au 30 novembre, continuaient d'apporter de l'argent. Il est
évident que nous n'avons pas affaire seulement à quelqu'un qui se
pose la question à savoir s'il va acheter un peu plus d'actions de
Canadien Pacifique ou de Noranda. Il y a des éléments autres que
cela qui viennent s'ajouter. Donc, sur un certain plan, on peut peut-être
considérer que c'est plus émotionnel que le relevant des
affaires, mais cela définit néanmoins une clientèle.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président,
à titre, comme tous mes collègues, de législateur, ma
question avait précisément pour objet de demander au ministre
d'une façon encore plus précise pourquoi, à son sens, nos
lois devraient comporter dans leur corps même des dispositions qui
n'avancent en rien la discussion même de la façon dont tous les
articles s'imbriquent les uns avec les autres, pour voir comment une
société fonctionne, en l'occurrence, qui ne comporte aucune
espèce de pouvoir de police ou de pouvoir d'être soumise à
des contrôles ou de faire l'objet d'enquêtes, de renseignements ou
de quoi que ce soit.
Je reviens à mon point initial. À mon sens, ces
expressions appartiennent plutôt au préambule d'une loi et non
pas, encore une fois, au corps, à l'article 47, 48 ou 68 ou ce qu'on
voudra. Sans compter que, dans le cas précis qui nous préoccupe,
il me semble que les intervenants de l'autre jour, les gens des caisses
d'entraide nous ont indiqué - je ne pense pas que ce soit a l'occasion
d'une discussion même en commission - qu'à la suite d'un sondage
ils avaient découvert que 16% de leurs membres étaient
intéressés au développement économique
régional, alors que les deux tiers, comme dans toutes les autres
institutions financières, étaient plutôt
préoccupés par le rendement de l'épargne qu'ils confiaient
aux caisses d'entraide. Sans aller au-delà de la dénomination
sociale des caisses ou sociétés d'entraide économique avec
tout ce que cela comporte de connotations historiques depuis 15 ou 18 ans,
est-ce que cela ajoute vraiment quelque chose d'inscrire dans nos projets de
loi des dispositions fort généreuses et fort globales comme
celles qu'on voit à l'article 47, à titre de législateur
toujours?
M. Parizeau: M. le Président, il est évident qu'on
pourrait, si on suivait l'ordonnancement habituel des lois, songer à
faire sauter cela, mais nous en sommes à un chapitre qui parle des
objets. Si on doit en parler, c'est sûrement là. Si on l'enlevait,
ce serait pourquoi? Pour des raisons d'esthétique générale
par rapport à nos lois habituelles? Tel que placé là, cela
correspond manifestement au désir d'une partie de la clientèle
des organismes en question. Cela ne fait de tort à personne; cela
n'enlève rien à qui que ce soit. Cela leur permet de continuer
à faire appel au même genre de clientèle. Je ne vois pas
vraiment l'inconvénient. Si le député de
Vaudreuil-Soulanges me dit: Est-ce que des choses comme cela arrivent
fréquemment dans les lois? Non, mais cela n'a pas non plus valeur de
précédent à l'égard d'autres. Dans ce sens, il me
semble beaucoup mieux ici de traiter cela comme une sorte de droit acquis quant
à leurs objets et de refermer la porte, en me rendant très bien
compte que ce n'est pas usuel dans nos lois de procéder comme cela,
mais, encore une fois, cela n'a de conséquence défavorable pour
aucun tiers ou pour qui que ce soit.
Quant aux sondages, je voudrais
simplement apporter une sourdine à cela. Il est évident
que, dans l'état actuel des choses, le développement
régional chez beaucoup de membres n'a peut-être pas la
vivacité comme objet que cela pouvait avoir il y a deux ans. On le
comprend bien.
Le Président (M. Boucher): Adopté? M. le
député de Westmount.
M. French: M. le Président, ce qui me préoccupe
dans cet article - je ne parle pas pour mon collègue de
Vaudreuil-Soulanges -ce sont les pouvoirs extrêmement importants dont se
dote le ministre dans d'autres articles que nous n'avons pas eu encore
l'occasion de discuter. Le ministre des Institutions financières et
Coopératives se donne une raison pour l'utilisation de ces
sociétés comme une extension de l'aide de l'État aux PME,
aux entreprises régionales, etc., et cela, dans une situation où
certaines personnes, peut-être un nombre significatif, auraient
été conscrites dans l'entreprise. C'est la combinaison de ces
trois aspects qui me préoccupe: premièrement, un objectif global
que tout le monde accepte; deuxièmement, une série de pouvoirs
exceptionnels créés par une situation exceptionnelle;
troisièmement, la conscription de certains participants dans
l'aventure.
Si on traitait d'une situation où les consommateurs de
l'épargne, avec toute la liberté de choix dans un marché
extrêmement divers, prenaient ou ne prenaient pas la décision de
s'impliquer dans une société d'entraide économique, ce
serait une chose, mais ce n'est pas la situation. Je me demande si le ministre
pourrait nous livrer ses réflexions quant à cette combinaison
à notre sens menaçante, vu particulièrement les pouvoirs
du ministre quant à la catégorie de prêts, leurs termes,
etc. qui sont spécifiés dans les articles auxquels on arrivera
demain ou ce soir.
M. Parizeau: M. le Président, tout ce que je peux dire
ici, c'est que le seul danger qu'on pourrait craindre, en définissant
les objets de cette façon, c'est que, d'abord, la loi et ensuite le
ministre, puissent exercer une sorte de laxisme à l'égard de
telles institutions. Or, en un certain sens, c'est plutôt le contraire,
dont on dit à l'égard de la loi qu'elle a des dents, beaucoup de
dents et beaucoup d'éléments de contrôle, il n'y a rien
dans les pouvoirs que le ministre se donne qui permet de payer des subventions
ou de modifier la structure de l'entreprise pour favoriser l'éducation
économique. C'est le contraire, ce sont des moyens de contrôler et
de restreindre etc. le problème ne consiste pas à savoir si je ne
m'en donne pas assez ou si je m'en donne trop. Alors, je ne comprends pas
très bien le problème que peut causer le maintien d'un objet
comme celui-là. Il est évident que les pouvoirs du ministre et
ceux de la loi sont essentiellement financiers, essentiellement orientés
au fonctionnement de l'institution financière. Alors, je ne vois pas en
quoi l'introduction de critères, d'objets, comme l'éducation
économique, entre autres, pourrait soit gêner l'exercise de la loi
ou l'exercise à des fins de prudence et de protection
d'épargnants tel qu'exercé par le ministre.
M. French: M. le Président, le gouvernement a
intérêt à ce que les entreprises régionales soient
financées, compte tenu de l'aide. C'est un intérêt
légitime. Là aussi, il a intérêt à ce que
toute une série de personnes, prises dans une institution
financière qui ne fonctionne pas bien, soient protégées au
maximum, dans la mesure du possible. J'ai posé la question aux
intervenants, il y a une semaine, à savoir si le financement des PME
dans les régions était faisable par une institution
d'épargne avec toutes les autres exigences des épargnants que
connaît une telle institution. Là, je reviens un peu à la
même situation. Il me semble que le ministre, entouré d'autres
ministres, avec des soucis, encore une fois, légitimes quant à
l'essor économique des entreprises régionales etc. a certains
pouvoirs, quant à diriger l'exercise d'investissement, de placement, des
sociétés d'entraide économique. En plus, ne pas donner un
rendement maximum, ne pas protéger l'épargne des membres, ce qui
est quand même le problème principal des membres actuels... il
leur donne les objectifs de financement d'entreprises et le
développement économique régional. C'est un peu cette
problématique. Je dois vous dire que ce que j'attends le moins des
épargnants, c'est que le développement économique
régional passe en deuxième place, leurs préoccupations, ce
sont leurs épargnes, leur liberté d'investir où ils
veulent, bref, c'est de toucher leur argent dans le plus bref délai
possible. Dans ce contexte, je dois avouer que l'article 47 n'est pas en soi
néfaste, mais combiné avec d'autres articles et la philosophie
que véhicule le gouvernement dans certains de ses discours, quant
à ces combinaisons, est un peu inquiétant pour l'Opposition et
pour ces membres. (23 h 15)
M. Parizeau: M. le Président, ce sera le débat
éternel entre Montréal et le reste de la province. Que
voulez-vous, on n'en sort pas! Les Montréalais ont l'habitude - je
comprends ça un peu, je suis montréalais moi-même, il a
fallu que je me recycle péniblement - de considérer que les
placements rentables et solides sont là et que plus on s'éloigne
en région, plus ça devient problématique, moins payant;
qu'en somme, le fait de se choisir une vocation
régionale, c'est choisir une forme de rentabilité et de
sécurité moindre. Toute l'histoire des caisses d'entraide est
basée sur l'optique inverse, c'est-à-dire qu'un centre de
décision régional, sur le plan du crédit industriel et
commercial, est quelque chose d'important; que l'on peut trouver, sur le plan
régional, des possibilités de placement tout aussi
intéressantes - je parle de la petite et de la moyenne entreprise, je ne
parle pas de la diversité des grandes entreprises, cela va de soi - sur
le plan du prêt à la petite entreprise sur le plan industriel et
commercial, avec le même genre de sécurité de rendement que
l'on trouve ailleurs ou dans les grandes villes. Ce n'est, d'ailleurs, pas
fondamentalement sur ce plan-là que les caisses d'entraide ont eu des
problèmes. Cela a été effectivement dans le manque
d'appariement dans la gestion à la fois de l'argent qui rentrait et de
l'argent qui sortait, mais pas sur le plan de la nature des prêts
qu'elles ont faits.
Il y a une sorte de mentalité à faire évoluer parce
que la mentalité dans laquelle nous sommes tous apparus a retardé
considérablement le développement économique des
régions au Québec; on est tous d'accord là-dessus. Dans ce
sens, moi, ça ne me gêne pas du tout, ni sur le plan de la
protection de l'épargne, ni sur le plan du développement
économique, de dire de certaines sociétés: Savez-vous
pourquoi vous n'êtes pas Household Finance, en quoi vous êtes
différentes, quelque chose comme ça? C'est qu'effectivement un de
vos rôles importants, c'est de favoriser le développement
économique régional. Cela ne me gêne pas le moins du monde.
Il est temps qu'on apprenne ça au Québec comme on l'a appris
ailleurs peut-être plus rapidement que chez nous. Cela commence à
rentrer dans les mentalités depuis une quinzaine d'années. Pas
seulement à cause des caisses d'entraide, pour bien d'autres raisons. Il
y encore un chemin considérable à faire, mais là, assez
gentiment, je dirais au député de Westmount que lui et moi, on
doit se méfier de nos réflexes de Montréalais.
M. French: M. le Président, je saisis le sens de la
réplique du ministre, mais je veux lui demander de quelle région
vient Davis Forrest, de quelle région vient le comité de
défense des épargnants des caisses d'entraide économique?
Viennent-ils de Montréal? Viennent-ils tous de Montréal?
Viennent-ils même de la région montréalaise? Non, pas du
tout. Je suis prêt à faire, à une autre occasion, le
débat sur les régions par rapport à Montréal, etc.,
on en a, d'ailleurs, déjà discuté et c'est
intéressant, mais cela n'a strictement rien à faire avec ce que
j'essaie de lui poser comme problématique à ce moment-ci. Ce
n'est pas en évoquant le fait que le député de Westmount
vient de
Montréal qu'on va clarifier dans l'esprit des épargnants
pris dans les sociétés d'entraide économique que le but
que visent le ministre et le gouvernement dans l'exercice, c'est
primordialement leurs intérêts pour leurs épargnes.
M. Parizeau: M. le Président, je m'excuse, mais on change
complètement de sujet. Ce que M. Davis Forrest est venu nous dire, c'est
que, dans la réorganisation qui est en train, la protection de
l'épargnant doit venir tout à fait en haut et qu'on devrait avoir
des choix. C'est comme ça que j'ai compris ça. On n'a pas
discuté du tout de développement régional avec lui
à ma connaissance ou ce n'est pas dans mes souvenirs, on n'a jamais
abordé ça avec lui. Je ne sais pas du tout si le groupe qu'il
représente, ça l'intéresse un peu, beaucoup,
passionnément ou à la folie, le développement
régional ou pas du tout; on n'en a pas parlé. Ce dont on a
parlé, c'est: Comment peut-on protéger l'épargnant? On
prend toute espèce de mesures, à travers tout le projet de loi,
pour essayer de faire ça.
Quant à définir les objets des sociétés
d'entraide, on lance un nouvel animal qui s'appelle les sociétés
d'entraide. Quels sont leurs objets? Évidemment, par rapport à
tout le reste du projet de loi, la première chose à faire est de
protéger l'épargnant et leurs objets, ce n'est pas juste de
protéger l'épargnant, elles ont ensuite des opérations
à entreprendre, des opérations de quel genre? Elles font des
dépôts et des prêts. Après cela, il y a beaucoup de
gens qui reçoivent des dépôts et qui font des prêts,
des sociétés de tout genre, de tout poil. Qu'est-ce qui leur
donne une coloration particulière? La coloration particulière
dans l'exercice de leur action, c'est d'être destinées à
favoriser le développement économique régional. Je ne vois
aucune espèce d'opposition entre cela et, d'autre part, les demandes qui
nous sont faites par toute espèce de groupes de nous dire: Faites
attention à la protection de l'épargnant dans la
définition de vos choix, dans la rédaction de vos lois, dans les
dispositions que vous allez mettre dans ces lois-là, considérez
bien que la protection de l'épargnant est essentielle; je ne vois
absolument aucune espèce d'opposition à cela, entre ces deux
éléments-là.
M. Dubois: C'est du nationalisme économique, c'est
exactement cela.
M. Parizeau: À certains égards, pourquoi, à
partir du même raisonnement, les caisses populaires se sont-elles
toujours orientées en fonction de placements au Québec? Je ne me
souviens pas avoir entendu citer ce cas pour la caisse centrale, parce
qu'évidemment elles exploitent un
marché monétaire, je ne me souviens pas que les caisses
populaires ne soient jamais venues demander la possibilité d'utiliser
l'argent des caisses pop pour aller l'investir dans des obligations municipales
de l'Ontario, du Manitoba ou des États-Unis; elles n'ont même
jamais posé la question; il est clair que, pour les caisses pop, elles
ramassent l'argent des Québécois pour l'investir au
Québec, pour le placer, pour le prêter à des
Québécois. Cela a toujours été et personne ne s'en
est jamais offusqué, je pense...
M. Dubois: Je n'ai rien contre le nationalisme
économique.
M. French: En tout cas, je ne voudrais pas que le ministre
comprenne que je voudrais que les caisses pop aillent investir ailleurs qu'au
Québec.
M. Parizeau: Non, bien sûr. Le député de
Huntingdon ne voudrait pas cela non plus.
M. French: Pour résumer, le ministre pense que la
protection de l'épargnant, c'est compris dans la loi, qu'il n'est pas
nécessaire de le spécifier explicitement; c'est un point.
Deuxième point, il croit non seulement que la protection est
primordiale, mais que c'est tout à fait concluant, tout à fait
cohérent avec le développement économique
régional.
M. Parizeau: M. le Président, non seulement je crois cela,
mais je crois d'autre part que parler de la protection de l'épargnant
dans les objets de la société, c'est l'équivalent de dire
que cette société ne doit pas faire faillite; ça va de
soi, on n'a jamais mis dans les objets d'une société et cette
société a en commun comme un de ces objets de ne pas faire
faillite. Si elle ne fait pas faillite, l'épargne par définition
est protégée; parler de la protection de l'épargnant,
c'est parler d'éviter la faillite, c'est cela que ça veut dire.
Alors, on ne met pas cela dans les objets d'une société; l'objet
d'une société, ce n'est pas cela; il faut d'autre part que la
protection de l'épargnant soit assurée, c'est évident,
ça va de soi, c'est pour cette raison qu'on siège pendant des
heures.
M. French: M. le Président, aurait-on voulu que le
gouvernement du Québec ait agi de la sorte, est-ce que cela ne serait
pas nécessaire de mettre beaucoup de choses dans ce projet de loi qu'on
ne mettrait jamais dans un projet de loi d'une institution d'épargne
comme telle, si on était pour en inventer une? Je n'accepte pas, par
exemple, l'idée de dire que, pour protéger l'épargnant,
cela équivaut à dire: Est-ce que la société ne veut
pas faire faillite? Mais je constate avec le ministre la relation essentielle
entre la protection et toute la philosophie de réglementer des
institutions d'épargne. Si le gouvernement avait pris ses
responsabilités en 1978, on ne serait pas ici devant une loi qui, dans
le fond, le ministre lui-même l'a dit, a pour objet de créer une
institution essentiellement hybride, pour ne pas dire bâtarde, qu'on
n'inventerait jamais, si on recommençait à neuf. Je terminerai
là-dessus, et je ne veux pas retarder le débat, mais je dois dire
qu'il y a beaucoup d'épargnants qui ne partagent pas du tout la
présomption, l'hypothèse du ministre, qui est que les deux
objectifs sont complètement cohérents et réconciliables.
Je signale pour le ministre qu'il prend sur ses épaules et sur les
épaules du gouvernement, la responsabilité de faire la preuve. On
est extrêmement soucieux quant à l'exercice des pouvoirs pour que
le gouvernement ne soit jamais tenté d'utiliser ou d'exploiter la
synergie potentielle entre le pouvoir de réglementation
extrêmement poussé et détaillé et le
développement économique en région, au détriment
possible des intérêts des épargnants.
M. Parizeau: Je vais essayer de ne pas être irresponsable,
en effet, M. le Président. Je vois très bien ce que veut dire le
député de Westmount. Mais, quand on regardera les pouvoirs qu'il
y a là-dedans, je ne vois pas comment je pourrais les exercer dans ce
sens-là. Enfin, je reconnais, j'accepte les conseils du
député de Westmount sans autre commentaire.
Le Président (M. Boucher): Article 47, adopté.
M. French: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Sur division. Article 48.
M. French: Adopté.
Capital-actions
Le Président (M. Boucher): Article 49, un amendement?
M. Parizeau: Oui, M. le Président, le texte se lit ainsi:
Article 49: "Le capital-actions autorisé de la société est
constitué d'actions ordinaires avec valeur nominale..." Ce n'est pas
très français, je suggère de remplacer "avec" par "d'une",
d'une valeur nominale de sa valeur.
Le Président (M. Boucher):
L'amendement est adopté?
Article 49, adopté tel qu'amendé?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 50?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, je
présume qu'on pourvoit ici à l'émission d'actions de
nouvelles sociétés, au-delà évidemment des actions
qui résulteront de la transformation.
M. Parizeau: Bien sûr.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est une nouvelle classe de
capital social dont...
M. Parizeau: Non, ce n'est pas...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est la nouvelle...
M. Parizeau: Émission. Non, un quart des parts sociales en
moyenne sont transformées en actions et d'autres parts...
Évidemment, ils peuvent en vendre d'autres.
Le Président (M. Boucher): Adopté? M. French:
Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 51.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 52.
M. Parizeau: Je vais procéder comme d'habitude. D'autre
part, j'aurai des amendements. Mais la Commission des valeurs mobilières
a un certain nombre de commentaires sur les articles 52, 53, 54 et 55. Alors,
est-ce qu'on m'autoriserait à lire ces quatre articles, à
examiner et lire ensuite les suggestions, les observations de la Commission des
valeurs mobilières sur les quatre articles en même temps?
M. French: Bien sûr, M. le Président.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
D'accord.
M. Parizeau: "La société doit, au
décès d'un actionnaire qui a acquis des actions lors de la
continuation ou au décès d'un actionnaire qui a acquis des
actions de celui qui les a acquises lors de la continuation, acquérir
ces actions si les ayants droit de cet actionnaire lui en font la demande. "La
valeur des actions est celle fixée lors de la dernière
assemblée générale annuelle qui a fixé une telle
valeur. "Article 53. La société ne peut toutefois payer les
actions qu'elle a acquises en vertu de l'article 52 que si, après ce
paiement: 1° elle peut acquitter son passif à
échéance; 2 la valeur comptable de son actif est
supérieure au total de son passif et des sommes représentant la
contrepartie des actions émises de son capital-actions; et 3 son
endettement en dépôts est dans la limite qui lui est applicable en
vertu de la section II du chapitre XI. "Article 54. Les administrateurs qui
autorisent le paiement d'actions en violation de l'article 53 sont
solidairement tenus des sommes en cours non encore recouvrées. Le droit
d'action découlant du présent article se prescrit par 2 ans
à compter de l'acte reproché. "Article 55. La personne dont les
actions ont été acquises devient créancière de la
société et a le droit d'être payée aussitôt
que la société peut légalement le faire ou, dans le cas
d'une liquidation, d'être colloquée par préférence
aux actionnaires mais après les créanciers, y compris les
détenteurs des dépôts visés dans l'article 33, quant
à ces dépôts."
Voilà le texte de la loi que j'ai lu. (23 h 30)
Commentaires de la Commission des valeurs mobilières: "Nous nous
interrogeons sur la pertinence du rachat d'actions par la société
dans le cas du décès d'un actionnaire. En effet, ce principe
déroge à ceux établis en droit des compagnies et ne semble
aucunement justifié, puisque, dans les cas où le rachat d'actions
est permis, l'offre de rachat doit être faite à tous les
actionnaires de la catégorie d'action visée. De plus, si ces
dispositions devaient être adoptées, les actions ne devraient pas
être réputées acquises dans le cas d'un non paiement pas la
société, puisque les ayants droit de l'actionnaire ne pourraient
plus exercer le droit de vote afférent auxdites actions. Nous croyons
qu'il faut éviter - sauf dans le cas d'un non-paiement par la
société, puisque les ayants droit de l'actionnaire ne pourraient
plus exercer le droit de vote afférent auxdites actions - de
déroger à l'économie du droit des
sociétés.
Mes commentaires à ce sujet, M. le Président, sont les
suivants. Là, nous sommes tout à fait conscients de
déroger, par cette clause de rachat au décès, à
l'économie générale de la Loi sur les compagnies, mais il
reste que la dernière Loi sur les compagnies, enfin la version la plus
récente, permettait déjà à une compagnie de
racheter ses actions à certaines conditions, conditions analogues
à celles que nous posons ici. C'est la dernière version de la Loi
sur les compagnies, adoptée en 1980. C'est-à-dire que
déjà nous avons introduit un principe analogue à
celui-là dans notre loi de portée générale l'an
dernier.
Pour ces raisons, je me sens un peu moins coupable de ne pas suivre les
commentaires de la Commission des valeurs mobilières. Ce que nous
prévoyons au décès et la forme dans laquelle nous le
prévoyons est tout à fait compatible avec les amendements que
nous avons apportés lors de
l'adoption de la Loi sur les compagnies, l'an dernier.
Je m'excuse, il y a un amendement à l'article 52, mais il ne
porte pas sur ce que je viens de dire. Je vais le faire adopter tout de suite
cependant. Après les mots "une telle valeur" du deuxième
alinéa de l'article 52, ajouter les mots "ou, à défaut,
cette valeur est de 5 $".
Le Président (M. Boucher): Amendement adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Juste une chose. Du
côté technique, M. le ministre, si un actionnaire
décédait en février 1982, est-ce que la fenêtre est
toujours ouverte pour ses ayants droit ou non?
M. Parizeau: Non, ce sont des parts sociales encore. C'est le 1er
mars que la transformation a lieu. L'assemblée a lieu le 30 janvier,
mais le 1er mars, ce sont les parts sociales.
M. French: Mais en vendre en vertu d'une fenêtre...
M. Parizeau: Oui.
M. French: ... comme pour n'importe quelle autre succession?
M. Parizeau: C'est cela.
Le Président (M. Boucher):
L'amendement est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 52, adopté tel
qu'amendé. Article 53? Adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 54?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 55.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): À l'article 55, M. le
Président, la personne dont il est question est, je présume, dans
le sens des ayants droit ou de la succession?
M. Parizeau: Oui, on me dit que c'est celui qui possède
des actions, cela peut donc être l'héritier.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela couvre, dans
l'interprétation, les héritiers aussi, c'est d'accord.
M. Parizeau: Oui, cela peut être un groupe de
personnes.
Le Président (M. Boucher): Adopté? M. French:
Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 55, adopté.
Article 56?
M. French: Adopté.
Détention des actions
Le Président (M. Boucher): Adopté. À
l'article 57, il y a un amendement.
M. Parizeau: Oui, il y a un amendement. On propose de remplacer,
dans l'article 57, le mot "émises" par les mots "en circulation".
Le Président (M. Boucher):
L'amendement est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 57, adopté tel
qu'amendé. À l'article 58, il y a un amendement.
M. Parizeau: II y a deux amendements. D'abord, remplacer
"émises", 5% des actions émises, par "en circulation", comme tout
à l'heure. D'autre part, remplacer la dernière ligne du premier
alinéa par ce qui suit: "Vendre ou autrement aliéner les actions
détenues en violation de l'article 57", ce qui remplace "vendre ou
autrement aliéner ces actions", ce qui était un peu vague.
Le Président (M. Boucher): Les amendements sont-ils
adoptés?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 58, adopté tel
qu'amendé. Article 59, y a-t-il des amendements?
M. Parizeau: Au deuxième alinéa: "s'ils
deviendraient" et non pas "devenaient".
Une voix: S'ils deviendraient? On va consulter nos linguistes
pour mettre...
M. Parizeau: Cela fait curieux. Il semble, M. le
Président, y avoir une opposition entre les linguistes et l'usage; les
linguistes exigent "deviendraient", dans ce cas, c'est le conditionnel. Je me
permettrai quand même de vérifier dans une grammaire, mais puisque
les linguistes...
M. de Belleval: J'aurais juste une question rapide
là-dessus. Au fond,
théoriquement, quelqu'un pourrait avoir plus de 5% des actions et
ne pas faire enregistrer ces actions. De toute façon, au niveau du droit
de vote, le fait d'avoir beaucoup d'actions ou peu ne change pas le droit de
vote. Alors, pourquoi avoir mis ces dispositions-là?
M. Parizeau: II faut bien établir les règles dans
lesquelles ça va se faire.
M. de Belleval: Oui, dans le cas de certaines entreprises, on met
des limites parce qu'on ne veut pas qu'un actionnaire exerce une influence
qu'on ne veut pas lui consentir au niveau d'une entreprise, mais dans le
cas-ci, de toute façon, même s'il possédait beaucoup
d'actions, ça ne lui donne pas un droit de vote supplémentaire.
Le droit de vote n'est pas proportionnel au nombre d'actions, dans ce projet de
loi.
M. Parizeau: Je comprends, mais il faut quand même que la
limite que l'on veut apporter au nombre d'actions soit inscrite.
M. de Belleval: Pourquoi veut-on mettre une limite? C'est
ça que je ne comprends pas.
M. Parizeau: Un des problèmes majeurs dans certaines
caisses vient de ce qu'on considère que certains individus, sur le plan
des emprunts, en ont mené beaucoup trop large dans le passé, on
ne veut pas maintenant, à l'occasion de cette transformation, qu'ils
deviennent des actionnaires importants de la caisse et continuent d'y exercer
une influence indue sur le plan des prêts qui leur sont faits.
Deuxièmement, les avantages fiscaux sont d'une nature telle qu'on ne
veut pas non plus que ça devienne trop avantageux, il ne faut pas que le
crédit d'impôt d'épargne-actions dépasse quand
même les montants du raisonnable. Il y a deux raisons qui se
rejoignent.
Le Président (M. Boucher):
L'amendement à l'article 59 est adopté. Article 59,
adopté tel qu'amendé?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article 60, y
a-t-il des amendements?
M. Parizeau: Nous remplaçons en entier l'article 60. Je
propose qu'il se lise ainsi: "Un actionnaire, un fondé de pouvoir ou des
actionnaires associés ne peuvent exercer un nombre de droit de vote
supérieur à 5% de l'ensemble de ceux conférés par
les actions en circulation du capital-actions d'une société."
Le Président (M. Boucher): Adopté? Article 60
adopté tel qu'amendé. Article 61...
M. Parizeau: II n'y a pas d'amendement à l'article 61.
Le Président (M. Boucher): Pas d'amendement.
M. French: Le ministre pourrait-il nous expliquer quel genre de
critère il appliquerait ou quel genre de circonstance? C'est juste une
question de curiosité, question d'actionnaire associé, c'est une
prise de contrôle par une espèce de syndicat ou de cartel
volontaire.
M. Parizeau: Non, ça pourrait être des personnes qui
sont d'autre part associées entre elles dans une compagnie emprunteuse.
C'est-à-dire que, s'il y a sept associés dans une compagnie et
que, pour une raison ou pour une autre, une société d'entraide
devient intéressante comme réservoir d'argent, je ne veux pas que
chacun des associés prenne 3% ou 4% et, finalement, prenne le
contrôle de la caisse.
Une voix: Adopté.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sous réserve d'une
demande, n'y a-t-il pas des dispositions dans la Loi sur les impôts
ou...
M. Parizeau: Oui.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): celle des valeurs
mobilières, auxquelles on aurait pu tout simplement
référer...
M. Parizeau: Non, il faut les adapter.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): plutôt que de
créer un autre ensemble de règlements?
M. Parizeau: Sur la définition des personnes liées,
c'est ce dont on parle, il y a un mutatis mutandis à faire. Il est
évident qu'on va s'inspirer de ça mais il faut quand même
adapter. Ça ne s'applique pas automatiquement. On ne peut pas prendre
quatre paragraphes de la Loi sur les impôts et définir les
personnes liées au sens de l'impôt là-dedans. Il va falloir
faire des règlements.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Quelle horreur. C'est justement
là où je veux en venir, M. le Président. On n'aura pas
l'occasion de voir les règlements jusqu'à ce qu'ils soient dans
la Gazette officielle, etc., mais j'essaie de voir pourquoi on doit modifier ce
qui existe, par exemple, dans la Loi sur les valeurs mobilières, dans la
Loi
sur les compagnies, dans la Loi sur les impôts - sur ceci: les
personnes qui ne transigent pas à distance, les personnes
contrôlées par une même personne sont donc des personnes
liées. C'est relativement, comme disent les Anglais, "boiler plate".
M. Parizeau: Attention, c'est fait dans l'esprit où il ne
faut pas, sur le plan de l'impôt, que des fonds soient indûment
transportés d'une personne à une autre pour échapper aux
dispositions fiscales. Là, l'esprit est différent. Il faut
essayer d'empêcher des gens de se lier entre elles pour obtenir des
prêts, des avantages d'un tiers extérieur. Elles sont liées
mais elles ne sont pas liées aux mêmes fins. Certaines, du point
de vue de la Loi sur les impôts, sont liées quant au transfert
d'argent qui peut se produire entre elles et là, elles sont liées
à d'autres fins. Alors, il faut adapter.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): En fait c'est la notion de
contrôle commun. On veut voir, quant à ces gens qu'on appelle
actionnaires associés, quelles sont les relations qui les unit. Soit
qu'elles sont actionnaires, soit qu'elles contrôlent une compagnie qui,
elle-même, est contrôlée par une troisième, donc
elles sont associées, ainsi de suite. J'étais convaincu qu'il y
avait déjà dans nos lois des descriptions de cette
relation-là qui étaient fort claires, à tel point qu'on
les retrouve à travers le Canada, par exemple, en matière de
valeurs mobilières. C'est à peu près le mot-à-mot
dans les dix provinces et au fédéral.
M. Parizeau: Sur le plan de l'impôt, par exemple, il est
tout à fait clair qu'on va considérer comme personnes
liées des particuliers unis par les liens du sang, du mariage ou de
l'adoption. Je ne me suis pas encore fait une idée si je vais appliquer
ça intégralement dans ce cas-là. Y a-t-il un
inconvénient quelconque? C'est sûrement un inconvénient
bien moins grave que l'inconvénient de la situation que je
décrivais tout à l'heure.
D'autre part, si on adopte ça intégralement, il est
évident que, chaque fois qu'on change la Loi sur les impôts, on
change la Loi sur les caisses d'entraide. Je ne suis pas certain qu'on veuille
faire ça non plus.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je pense que l'exemple,
peut-être pas le mieux choisi... Ces 5% et cette notion d'actionnaires
associés, il me semble, n'ont rien à voir avec celle, sauf
à l'occasion de la déduction suite à la transformation,
à l'acquisition à l'intérieur de la fenêtre de 30
jours. Ces 5% ont surtout comme objet de limiter la prise de contrôle par
des personnes associées d'une caisse d'entraide.
M. Parizeau: Ce que je voudrais éviter c'est ceci: Le
père est épicier, il a 3% des actions; le fils est garagiste, il
en achète 3%. On dit: Attention, tous les deux, vous devez en prendre
seulement 5%. Je ne suis pas certain que je vais arriver à ça. En
vertu de la Loi sur les impôts, la définition de personnes
liées, ce serait clair. (23 h 45)
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Choisir la Loi sur les
impôts et les définitions dans la Loi sur les impôts qui ne
sont pas pertinentes...
M. Parizeau: Il y a des adaptations, il y a du mutatis mutandis
à faire là-dedans.
Conseil d'administration
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 62?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. 63,
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 64,
adopté?
M. French: Adopté.
Pouvoirs et devoirs
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 65.
M. Parizeau: Article 65. L'article de loi se lit ainsi: "Le
conseil d'administration doit notamment: 1- respecter et faire respecter les
normes établies par la fédération; 2- mettre à la
disposition du conseil de surveillance le personnel qu'il requiert pour
l'exécution de ses fonctions."
Les commentaires de la Commission des valeurs mobilières sont les
suivants: Les pouvoirs et devoirs du conseil d'administration de la
société sont beaucoup trop limités, les principes
généralement appliqués en droit des sociétés
sont ignorés. Le principal attribut que confère la
personnalité corporative à la compagnie est celui de former une
entité juridique distincte de celle de ses actionnaires; c'est aussi un
être moral et fictif sans existence tangible qui lui permet d'agir par
elle-même, il lui faut donc un mécanisme de représentation
par lequel elle posera ses actes. Ce mécanisme lui est fourni par la Loi
sur les compagnies qui prévoit la nomination d'un conseil
d'administration. Ce dernier ne doit subir aucune contrainte quant à ses
pouvoirs dans l'exercice de ses fonctions puisque, si tel était le cas,
ne serait-il pas un incapable
au même titre que l'incapable du Code civil?
De plus, l'expression "notamment" utilisée dans le texte
proposé ne correspond à aucune réalité lorsque nous
considérons les pouvoirs accordés au conseil de surveillance et
à la fédération, pouvoirs qui réduisent l'autonomie
que doit avoir un conseil d'administration. Il y aurait donc lieu de retrancher
toute disposition relative au conseil d'administration et de s'en remettre aux
dispositions du droit des compagnies.
Là encore, c'est une sorte d'équilibre qu'il faut
établir. Ces sociétés ont toujours -nous aurons l'occasion
d'y revenir un peu plus tard quand nous parlerons de la commission de
crédit - eu l'habitude de fonctionner dans leur ancien statut, dans leur
statut actuel, avec un comité de surveillance, commission de
crédit, qui avait des pouvoirs très considérables en vertu
de la loi des coopératives d'épargne et de crédit, ce sont
des pouvoirs qui vraiment son exécutoires dans certaines cas, je pense
en particulier aux recommandations de la commission de crédit. La
commission de crédit peut empêcher un conseil d'administration de
faire un prêt. Un conseil d'administration doit suivre, ce n'est pas
consultatif, les avis donnés par la commission de crédit.
D'autre part, ce sont des sociétés qui jusqu'à
maintenant dans leur forme actuelle ont fonctionné sous la direction
d'une fédération. C'est évident que dans la mesure
où on les transforme dans leur nouveau statut, si on voulait appliquer
à la lettre la Loi sur les compagnies, on n'aurait pas besoin de
préciser des choses relativement au conseil d'administration à
cet égard, je suis bien d'accord avec la Commission des valeurs
mobilières. Mais on s'entend sur l'utilité, la
nécessité de maintenir une fédération des
sociétés d'entraide. Déjà, cela en soi implique
qu'il faut adapter la Loi sur les compagnies.
Deuxièmement, la participation des membres à la gestion de
ces sociétés par le truchement des deux canaux, le conseil de
surveillance et la commission de crédit, doit être maintenue, doit
être gardée simplement, parce que ces gens-là ont
l'habitude de faire fonctionner cela, et savent comment s'en servir. Sauf que
là, je reconnais - ça se verra davantage au moment où l'on
discutera de la commission de crédit - qu'il ne faut pas, au nom des
principes évoqués par la Commission des valeurs
mobilières, réduire les pouvoirs du conseil d'administration au
point où on le fait dans les caisses populaires, par exemple. C'est la
raison pour laquelle, lorsqu'on abordera les commissions de crédit, vous
constaterez que là il n'y a pas de pouvoir décisionnel; il y a un
pouvoir rigoureusement consultatif. Je pense que c'est important de maintenir
l'implication des membres dans la commission de crédit, mais à
titre consultatif, parce que cela brimerait vraiment trop les pouvoirs du
conseil d'administration. C'est donc une sorte d'équilibre qu'on a
établi où le conseil d'administration garde tous les pouvoirs
essentiels. Donc, on accentue considérablement les pouvoirs par rapport
à un conseil d'administration de caisse pop. Mais, d'un autre
côté, nous n'allons pas jusqu'à l'identifier
complètement à un conseil d'administration tel qu'il
apparaîtrait normalement dans la Loi sur les compagnies. C'est une sorte
d'équilibre qui a été fait entre les deux tendances. Dans
ce sens-là, je comprends les réactions de la Commission des
valeurs mobilières, mais elle n'a pas à faire cet
équilibre-là; nous avons à le réaliser.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 66?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est, M. le Président,
l'expression de la règle du mandat apparent que tous les
employés, dirigeants ou administrateurs d'une société ont
à l'égard des personnes de l'extérieur avec lesquelles ils
transigent.
M. Parizeau: M. le Président, j'aurais bien de la
difficulté à répondre sur ce qu'est un mandat apparent ou
un mandataire apparent. Je peux demander ce que c'est, c'est quoi, le
concept.
M. le député soulève la question du mandat apparent
à l'égard de la responsabilité des administrateurs
vis-à-vis des tiers. Le fait de faire ici des administrateurs les
mandataires de la société a pour objet, justement, de lier les
administrateurs versus la société, non pas vis-à-vis des
tiers. On édicte leur statut juridique et l'étendue de leurs
responsabilités en les raccrochant au mandat du Code civil, chose qui a
déjà été faite en 1980, lorsqu'on a amendé
la Loi sur les compagnies dans la partie IA. Ces dispositions-là en sont
inspirées directement ou les reproduisent intégralement.
Le Président (M. Boucher): Adopté? Article 67?
M. French: Adopté. Réunion
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 68?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 69?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 70, il y
a un amendement.
M. Parizeau: J'ai un amendement à l'article 70 qui est
encore une question de correction de langage. "Un administrateur absent
à une réunion du conseil est présumé n'avoir
approuvé aucune résolution, ni participé" et non pas "ou
participé."
Le Président (M. Boucher): Amendement adopté?
M. French: Adopté. Révocation d'un
administrateur
Le Président (M. Boucher): Article 70, adopté tel
qu'amendé. Article 71?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 72?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 73?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 74?
Dispositions particulières
M. Parizeau: M. le Président, il y a un commentaire de la
Commission des valeurs mobilières à l'égard de ces trois
articles 74, 75, 76. Compte tenu de l'heure, est-ce qu'on pourrait songer
à ajourner ou si on passe à travers cela?
M. French: Comme le veut le ministre.
M. Parizeau: II nous reste quoi, trois minutes? Est-ce qu'il y a
consentement à ce qu'on ajourne immédiatement avant d'aborder cet
autre bloc des commentaires de la commission?
Le Président (M. Boucher): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 55)