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Etude du projet de loi no 48
(Dix heures neuf minutes)
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, messieurs!
Ouverture de la commission parlementaire de l'industrie et du commerce,
du tourisme, de la chasse et de la pêche réunie pour
l'étude du prpjet de loi no 48, Loi sur les stimulants fiscaux au
développement industriel. Membres de cette commission: M. Biron
(Lotbinière), remplacé par M. Dubois (Huntingdon); M. Bordeleau
(Abitibi-est), M. Desbiens (Dubuc), M. Duhaime (Saint-Maurice); M. Godin
(Mercier) remplacé par M. Rancourt (Saint-François); M. Grenier
(Mégantic-Compton), Mme Leblanc (Iles-de-la-Madeleine), M. Mackasey
(Notre-Dame-de-Grâce), M. Mailloux (Charlevoix); M. Marcoux (Rimouski)
remplacé par M. Boucher (Rivière-du-Loup); M. Marquis
(Matapédia), M. Mercier (Berthier), M. Michaud (Laprairie); M.
Pagé (Portneuf) remplacé par M. Caron (Verdun); M. Perreault
(Duplessis), M. Raynauld (Outremont), M. Tremblay (Gouin) et M. Forget
(Saint-Laurent), vous remplacez M. Mackasey?
M. Forget: Non, c'est M. Mailloux.
Le Président (M. Laplante): Vous remplacez M.
Mailloux.
M. Forget: M. Mailloux.
Le Président (M. Laplante): M. Mailloux remplacé
par M. Forget (Saint-Laurent).
M. Dubois: M. le Président, M. Grenier est remplacé
par M. Goulet.
Le Président (M. Laplante): M. Grenier est remplacé
par M. Goulet. M. Jacques Brassard remplace Mme Leblanc. Avez-vous un
rapporteur à proposer? M. Michaud (Laprairie).
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Le projet de loi no 48, M. le
ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. Tremblay: M. le Président, comme je l'ai indiqué
hier soir lors de l'adoption du projet de loi en deuxième lecture, nos
contacts avec le monde des affaires, après le dépôt en
première lecture, et les interventions de différents
députés de l'Opposition...
M. Dubois: M. le Président...
M. Tremblay: Est-ce que c'est mieux?
M. Dubois: Oui, c'est mieux.
M. Tremblay:... ont amené le gouvernement à
proposer certaines modifications. La plupart de ces modifications sont des
modifications techniques de clarification. Certaines modifications, certains
amendements visent à élargir encore davantage le projet de loi.
Ces amendements portent sur les articles 1, 10, 13, 17, 21 et 28. Certains de
ces amendements impliquent plusieurs articles. C'est pour cela que je les ai
énumérés, mais ils portent essentiellement, comme je l'ai
dit, sur des modifications techniques et sur un élargissement de
certaines dispositions du projet de loi.
Donc, je dépose, M. le Président, ces amendements et je
demande votre avis à savoir si nous devons les étudier tout de
suite ou lorsque nous étudierons le projet de loi article par
article.
Le Président (M. Laplante): II est coutume, les
amendements que vous proposez, qu'on en prenne connaissance article par
article.
M. Tremblay: Très bien, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont, c'est vous qui parlez au nom de l'Opposition officielle. S'il vous
plaît, avez-vous des commentaires?
M. Raynauld: M. le Président, si on procède
immédiatement article par article, j'ai en effet des commentaires sur
l'article 1.
Interprétation
Le Président (M. Laplante): Faites les commentaires
généraux, si vous en avez. Si vous n'en avez pas, on va commencer
article par article.
M. Raynauld: Je n'ai pas de commentaires généraux,
sauf pour dire qu'en général je voudrais essayer, si
c'était possible, d'élargir l'application du projet de loi no 48.
J'aurai un certain nombre de propositions ou de suggestions parce que,
dans certains cas, je ne pourrai même pas faire des amendements
à faire au gouvernement pour que de son côté il propose des
amendements de façon à rendre cette loi plus efficace en
s'ap-pliquant à un plus grand nombre de cas en ayant un peu moins de
restrictions. Ce serait l'orientation générale des commentaires
que je voudrais faire ensuite, article par article.
Le Président (M. Laplante): Au tout début de cette
commission, vu l'importance du projet de loi no 48, tout amendement en vertu de
chaque article, je voudrais l'avoir par écrit au préalable, pour
empêcher toute ambiguïté, pour essayer d'être le plus
efficace possible.
Maintenant, est-ce que vous êtes prêts? Excusez.
M. Raynauld: Sur cette dernière remarque que vous venez de
faire, on a des services, en été,
qui sont assez réduits dans l'Opposition; je ne sais pas si c'est
comme cela au gouvernement.
Une Voix: Ils ont tout ce qu'il faut.
M. Raynauld: Dans l'Opposition, on a de très grandes
difficultés même à faire photocopier des choses. Je vous
avoue franchement que je voudrais bien être aussi précis que
possible, mais les amendements écrits, je ne peux pas vous les donner
sous une forme matérielle, ce matin.
Le Président (M. Laplante): C'est que...
M. Raynauld: Peut-être qu'on pourrait s'arranger...
Le Président (M. Laplante): Pour le bon fonctionnement de
la commission, il me faudrait absolument les amendements par écrit. Si
vous avez un carnet de notes ici, même si c'est un brouillon que vous
nous donnez si...
M. Raynauld: Je vais vous donner ce que j'ai...
Le Président (M. Laplante): On peut faire faire une
photocopie de ceux-là.
M. Raynauld: En tout cas, quand on y arrivera, tout à
l'heure, je vous demanderais un peu d'indulgence dans l'application de votre
principe.
Le Président (M. Laplante): II n'y aura pas de
difficulté de ce côté. Etes-vous prêts à
procéder à l'article 1? Article 1.
M. Tremblay: Tel que je l'ai mentionné tout à
l'heure, pour l'article 1, j'aimerais proposer l'amendement suivant. Il est
proposé de mofidier la définition "entreprise
manufacturière", à l'article 1, en supprimant ce qui suit, au
quatrième alinéa à partir du mot "prescrite", à la
sixième ligne, jusqu'à la douzième ligne
inclusivement.
Il est aussi proposé de remplacer l'article 21 par l'article 21
qui incorpore ce qui a été retiré dans l'article 1.
Ces deux modifications étant liées l'une à l'autre,
je demanderais qu'on les considère dès maintenant,
c'est-à-dire la modification à la définition d'une
entreprise manufacturière, à l'article 1, et la
réintroduction de la partie retirée dans l'article 21. Je peux
fournir les raisons de cet amendement, elles ont déjà
été mentionnées lors du débat en deuxième
lecture.
Le but du projet de loi est d'encourager les investissements
manufacturiers. D'autre part, nous voulons exclure du projet de loi les
investissements qui portent sur le secteur primaire, qui sont rattachés
soit à de la matière première, soft à une
localisation géographique particulière du Québec. Par
contre, nous ne voulons pas empêcher une entreprise qui oeuvre dans le
secteur primaire d'investir dans le secteur secondaire et de se
prévaloir de la loi. Il y avait une certaine confusion dans la
définition de l'entreprise manu- facturière présente dans
l'article 1; la modification exclut cette confusion alors que l'article 21
devient plus précis et reflète davantage l'objectif poursuivi par
le projet de loi.
Si vous me permettez, je pourrais faire la lecture du nouvel article 21
qui incorpore la modification, et nous pourrions nous prononcer sur ces deux
amendements.
M. Raynauld: Je pense qu'il faudrait mentionner où se
trouve l'amendement proposé, à la sixième ligne; c'est au
quatrième paragraphe, n'est-ce pas?
M. Tremblay: Oui.
Le Président (M. Laplante): Oui. Oui.
M. Raynauld: Ce n'est pas du tout la sixième ligne de
l'article 1. C'est en page 2, troisième paragraphe. Ce ne sont pas les
mêmes lignes.
M. Tremblay: On parlait de la définition de l'entreprise
manufacturière.
M. Raynauld: Oui, mais ce n'est pas à la sixième
ligne de l'article 1.
M. Brassard: A la sixième ligne, de la définition
de l'entreprise manufacturière, à l'article 1.
Le Président (M. Laplante): Vous voulez relire l'article
1, tel que modifié, pas au complet, mais au paragraphe où vous
l'avez modifié, au quatrième paragraphe?
M. Tremblay: "Entreprise manufacturière signifie une
entreprise dans laquelle sont groupés et coordonnés les facteurs
de production qui concourent à la réalisation d'une
activité de fabrication ou de transformation prescrite". Point-virgule
en l'occurrence.
Le Président (M. Laplante): Et la suite se lirait? Cela
arrête là.
M. Tremblay: Cela arrête là, point-virgule.
Le Président (M. Laplante): Alors, on enlève tout
le reste du paragraphe?
M. Tremblay: Justement, on supprime ce qu'il y a après le
mot "prescrite", soit de la sixième ligne jusqu'à la
douzième ligne.
M. Raynauld: "Ne comprend pas une entreprise de
transformation".
Le Président (M. Laplante): "Mais ne comprend pas une
entreprise", cela n'existe plus?
M. Tremblay: Jusqu'au mot "pétrole".
M. Forget: M. le Président, j'aurais une question.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Ayant si bien été dans la suppression de
mots inutiles, je me demande pourquoi le ministre conserve la
désignation de l'activité prescrite. Je comprends qu'il veut
publier des règlements pour en préciser le sens, mais est-il bien
nécessaire que des règlements puissent intervenir pour
restreindre davantage la notion d'activité d'entreprises
manufacturières?
M. Tremblay: Le projet de loi établit d'ailleurs, pour le
fonds de relance industrielle, un nombre d'activités admissibles qui est
très vaste, qui est très grand, parce qu'il comprend
l'investissement dans les bâtiments, l'investissement dans les
équipements, l'investissement dans les circuits de distribution, dans la
recherche et le développement, dans les efforts d'exportation.
Donc dans le cadre du premier volet du projet de loi, les
activités prescrites sont très nombreuses.
D'autre part, dans le cadre du programme d'encouragement au
développement industriel régional, les investissements sont
vraiment ceux que l'on retrouve dans la définition normale
d'investissement, c'est-à-dire des investissements dans
l'équipement et les investissements dans les bâtiments et les
usines et ne comprend pas toutes les autres dépenses admissibles dans le
cadre du fonds de relance industrielle.
Il est nécessaire qu'il y ait une surveillance de ces
dépenses pour voir si elles sont admissibles parce que le but du projet
de loi vise à encourager les investissements et non pas à
dilapider les fonds qui découlent de cette baisse d'impôt. Donc,
il est nécessaire qu'il y ait, par règlement, une prescription;
mais, comme je le dis, dans le cadre du fonds de relance industrielle, un
très grand nombre de dépenses sont admissibles.
M. Forget: M. le Président, si le ministre sait tout cela
à ce moment-ci, pourquoi ne met-il pas dans la loi, plus clairement, I3S
catégories respectives de dépenses d'investissements qui se
qualifient...
M. Tremblay: Elles le sont dans les autres articles de la loi.
L'article 1 vise uniquement à donner une définition
générale. Il est évident qu'il faut mentionner que ce sont
des activités qui sont prescrites. Elles sont définies plus
précisément par les autres articles et confirmées par des
règlements surtout en ce qui concerne l'exclusion. Il y aura
confirmation par règlement. J'ai un amendement pour l'article 21 qui
précise ces choses pour la deuxième partie du projet de loi.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je voudrais peut-être
faire quelques remarques un peu plus générales sur cet article 1
et essayer de voir s'il n'y aurait pas lieu de réserver aux
définitions dans l'article 1 les passages qui s'appliquent à
l'ensemble du projet de loi.
Il y a des définitions, à l'heure actuelle, qui sont
données et qui ne s'appliquent qu'au chapitre 2, d'autres
définitions qui ne s'appliquent qu'au chapitre 3. Il me semble que le
projet de loi serait structuré d'une façon beaucoup meilleure si,
dès le départ, on ne retenait de ces définitions que ce
qui s'applique à l'ensemble du projet.
Il y aurait probablement lieu à ce moment, si on acceptait ce
principe, peut-être de supprimer certaines définitions qui
apparaissent là, un peu dans le même esprit, je pense, que le
ministre le fait pour l'entreprise manufacturière, l'amendement qu'il
propose et qu'il veut, évidemment, retrouver à l'article 21. A
l'heure actuelle, il y a vraiment des choses qui sont ambiguës à
cause de cela. Simplement pour m'en tenir à unseul exemple: Les zones I
et II. Cela s'applique au chapitre III seulement. On voit cela au tout
début et ensuite au chapitre III, dans ce cas particulier, on n'y
revient pas; cela serait sous forme de règlement, si je comprends bien,
qu'on définirait les zones I et II.
Il me semble que ce serait mieux si on réservait les
définitions qui concernent les chapitres particuliers à ces
chapitres, plutôt que de les mettre au tout début. Ensuite, j'ai
un embarras assez considérable, c'est que j'ai l'intention de proposer
un certain nombre d'amendements par la suite; mais, si on ne change pas les
définitions dans l'article 1, dès le départ, il sera plus
difficile ensuite d'y revenir. Un exemple de cela c'est l'expression
"corporation liée". J'ai l'intention, un peu plus tard, de proposer un
amendement de façon à supprimer ce terme de "corporation
liée" et la réalité que cela représente. Je trouve
que, là encore, c'est une restriction abusive qui va forcer, par
exemple, les sociétés à présenter des bilans
consolidés pour savoir si elles sont admissibles aux avantages de la
loi.
Il me semble que ce n'est pas indispensable et, là encore, cela
ne s'applique qu'au chapitre II, cette notion de corporation liée. Dans
la perspective où on allait proposer ces amendements, je voulais
proposer de supprimer un certain nombre de dispositions dans l'article 1 et
j'ai donné au président copie de ces choses. C'est pour cela que
tout à l'heure je disais qu'il faudrait être un peu indulgent pour
les amendements écrits. Mais il arrive que je n'ai pas pu les faire
dactylographier, les faire polycopier ce matin.
M. Tremblay: Est-ce que je peux vous poser une question de
règlement? J'ai proposé un amendement à l'article 1.
Normalement, on devrait disposer de mon amendement. Là on tombe dans des
discussions générales. Est-ce que vous pouvez me donner un avis
sur cela?
Le Président (M. Laplante): Je vais vous répondre
tout de suite là-dessus. Les amendements que vous apportez ce matin, je
les considère comme faisant partie du projet de loi.
Si vous aviez le privilège, ce matin, d'arriver avec des
amendements ou des corrections, cela s'appelle pour nous des corrections venant
du ministre. Les partis d'Opposition ont tout le loisir de proposer les
amendements voulus, après le dépôt final de votre projet,
ce matin, article par article.
M. Tremblay: On considère...
Le Président (M. Laplante): Ce matin, c'est pour enlever
toute ambiguïté que je vous ai demandé tous les amendements
que vous aviez à proposer aux articles de votre loi, pour ne pas enlever
à l'Opposition la chance de faire des amendements venant article par
article.
M. Tremblay: C'est cela.
M. Raynauld: Ceci étant dit, je pense que M. le ministre
n'aime pas les discussions générales. Je vais proposer assez
directement, assez précisément, les changements que j'envisage
dans l'article 1.
A la deuxième ligne, on lit: "Dans la présente loi et dans
les règlements, à moins que le contexte n'indique un sens
différent..." Je n'y tiens pas absolument, mais je proposerais de
supprimer ce bout de phrase. Ensuite, dans le même paragraphe, tout de
suite après 1972, chapitre 23, je propose de supprimer "l'expression
"corporation liée' a le sens que lui donnent les articles 12 à 16
de ladite loi..." puisque dans les articles 12 à 16 de ladite loi, j'ai
l'intention de proposer d'enlever ce concept. J'enlevais cette
référence.
Ensuite, je supprimais tout le paragraphe suivant, parce que ce
paragraphe s'adresse à une partie de la loi et non à l'ensemble,
quitte à y revenir dans la partie qui va s'y appliquer. Je propose
également d'enlever "dépense admissible" avec le sens que lui
donne l'article 13, parce que dans ce cas-ci, "dépense admissible" a un
sens différent, suivant qu'il s'agit du chapitre II ou du chapitre III.
Ce ne sont pas les mêmes dépenses admissibles. A ce moment, on
pourrait le supprimer là puis le préciser dans l'article 13 et
après, dans l'autre partie de la loi, dire ce qu'on entend par
"dépense admissible".
En ce qui concerne le paragraphe suivant, je le laissais tel quel.
Evidemment, ensuite, juste après le paragraphe qui s'applique à
"l'entreprise manufacturière", le paragraphe suivant définit le
mot "fonds". Je le laisse là. Je propose d'enlever "investissement
admissible" avec le sens que lui donne l'article 21. Là encore, pour la
même raison, c'est que le sens diffère suivant qu'il s'agit du
chapitre II ou du chapitre III.
Donc, on le définira dans les articles pertinents. Enfin, j'en
arrive au bas de la page, les zones I et II; là aussi, je propose de
définir cela dans la partie II de la loi, là où les zones
I et II s'appliquent.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre. M.
Raynauld: Est-ce que je continue?
M. Tremblay: J'aimerais faire des commentaires sur cela. On peut
commencer à jouer sur des chiures de mouche, etc., mais chacune des
définitions est établie au début d'un projet de loi, parce
que c'est normal qu'elles le soient à ce moment. Lorsqu'elles
s'appliquent à une section du projet de loi, c'est identifié
très clairement dans chacun des cas. Je ne vois pas du tout cette mesure
de diversion que le député d'Outremont essaie de faire intervenir
au début de l'étude du projet de loi. Je pense que les choses
sont très claires, il n'y a aucune confusion; la seule confusion, je
pense, est dans l'esprit des membres de l'Opposition. On ne commencera pas
à changer, à triturer ce projet de loi uniquement pour des
caprices de sémantique.
M. Raynauld: Je constate que le ministre n'est pas de bonne
humeur ce matin! S'il commence à parler de caprices, on va avoir une
longue session et un été chaud!
M. Tremblay: On est prêt!
Une Voix: On est prêt. Vous avez remarqué qu'on
était prêt?
M. Tremblay: Vous êtes prêt à faire de
l'obstruction, faites-en; il n'y a pas de problème.
M. Raynauld: II y a quand même des limites! Dès le
départ, dire que ce sont des caprices quand je propose, ici, de changer
un concept comme "corporation liée" pour étendre le projet de
loi. Vous appelez cela un caprice, vous?
M. Tremblay: On le discutera lorsque cela viendra aux articles 12
à 16.
M. Raynauld: Vous appelez cela un caprice, vous?
M. Tremblay: C'est un caprice parce que vous ne comprenez pas le
sens de la loi. Lorsque vous arriverez aux articles 12 à 16, on en
discutera.
M. Raynauld: On ne peut pas en discuter aux articles 12 à
16; on est au premier article. Dans le premier article, on parle de corporation
liée. Je propose de l'enlever et vous appelez cela un caprice?
M. Dubois: J'invoque une question de règlement. Le
ministre a mentionné, tout à l'heure, l'Opposition; j'aurais
aimé qu'il dise l'Opposition officielle parce que je n'ai
suggéré aucun amendement encore. Il a mentionné tout
à l'heure que l'Opposition était capricieuse; cela veut dire
toute l'Opposition. J'aurais aimé qu'il mentionne l'Opposition
officielle. D'accord?
M. Michaud: On avait compris, M. le député.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont, j'ai à juger de la recevabilité de votre motion.
Avez-vous quelque chose à ajouter?
M. Raynauld: Pardon?
Le Président (M. Laplante): Avez-vous d'autre chose
à ajouter sur votre amendement?
M. Raynauld: Je n'ai pas entièrement terminé. Je
voulais savoir comment on allait procéder. Est-ce qu'on va se prononcer
sur chacune des modifications que j'ai proposées ou si vous
préférez que je me rende jusqu'à la fin de l'article 1? Il
y a déjà plusieurs amendements.
Le Président (M. Laplante): Je crois qu'on est mieux de
prendre un par un les amendements que vous avez à apporter.
M. Raynauld: Le premier amendement de fond, c'est celui qui
s'applique à l'expression "corporation liée" qui a le sens que
lui donnent les articles 12 à 16 de ladite loi. Ici encore, je voudrais
peut-être demander une directive au président. Moi, je n'ai pas
d'objection à attendre aux articles 12 à 16 pour discuter sur le
fond de cela, mais, à ce moment-là, je voudrais avoir le loisir
de revenir à l'article 1.
Une Voix: On peut suspendre son adoption jusqu'à ce qu'on
ait discuté les articles 12 à 16.
M. Raynauld: On peut suspendre son adoption jusqu'aux articles 12
à 16, je n'aurais pas d'objection à cela.
Le Président (M. Laplante): Beaucoup de vos amendements se
rapportent aux articles 12 à 16 aussi; ce n'est pas le seul
actuellement. Si on suspendait l'article 1 pour commencer l'article 2 et,
lorsqu'on sera arrivé aux articles 12 à 16, si on revenait
à l'article 1, est-ce que cela vous irait, M. le député
d'Outremont?
M. Raynauld: Je n'aurais pas d'objection à procéder
de cette façon. Puisque les définitions dépendent du
contenu du projet de loi, je n'aurais pas d'objection à passer aux
discussions de fond sur des articles, quitte à revenir à
l'article 1 s'il y a lieu.
Le Président (M. Laplante): Est-ce le voeu des membres de
la commission?
M. Tremblay: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Je vous le dis tout de suite,
je pense que ce serait une façon élégante et très
pratique de procéder à ce moment-ci, mais vous êtes les
maîtres de la situation.
M. Tremblay: Je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Laplante): Pas d'objection. L'article 1
est suspendu.
Fonds de relance industrielle Constitution
Le Président (M. Laplante): On y reviendra lors de
l'étude de 12 à 16. Article 2, chapitre de fonds de relance
industrielle, section 1. Est-ce que vous aviez, M. le ministre, une
modification inscrite? Non. M. le ministre, article 2.
M. Tremblay: Je n'ai pas de commentaires.
Le Président (M. Laplante): Pas de commentaires. M. le
député d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je voudrais faire
précéder mes remarques par une remarque un peu plus
générale, si vous me le permettez. J'avais compris qu'en
commission parlementaire on essayait d'améliorer les projets de loi et
de le faire d'une façon positive.
Si, chaque fois que je propose quelque chose, on me répond par
des invectives, je pense que ce sera difficile pour moi de continuer à
proposer des choses. Et ici, c'est un cas, je voudrais que ces suggestions, ces
amendements qui sont proposés soient faits dans un esprit où on
puisse en discuter. Je ne prétends pas avoir la vérité
absolue, mais est-ce qu'il serait possible, lorsque je suggère un
amendement, qu'on en discute plutôt que de dire que ce sont des caprices
de ceci ou de cela? J'ai un exemple, je vais vous le donner tout de suite,
c'est à propos du dernier paragraphe, article 2. Au dernier paragraphe,
on dit: "Ce fonds est géré par le ministre des Finances et la
comptabilité en est tenue par le ministre du Revenu en ce qui concerne
les sommes y accumulées pour le bénéfice de chaque
corporation".
J'aimerais que ce fonds soit géré en vérité
par la Caisse de dépôt et placement qui en assure la
comptabilité. C'est une institution qui est spécialisée
dans ce domaine. Je n'ai pas d'objection à ce que la
responsabilité ou le contrôle soit encore celui du ministre du
Revenu, mais étant donné qu'on va également revenir un peu
plus loin avec la possibilité de redonner des bonis aux corporations,
donc il faudrait ajouter ici que l'administration va aussi se rapporter aux
revenus afférents aux sommes qui seront déposées dans le
fonds. Il me semble que ce serait une amélioration sur la situation
actuelle. Comme la Caisse de dépôt, à ma connaissance, est
déjà sous la responsabilité du ministre des Finances, cela
ne contreviendrait pas nécessairement à la formulation qui est
là. J'avais à l'esprit un amendement, et encore une fois, je ne
le présente pas d'une façon dogmatique, d'une façon comme
étant vraiment la réponse finale, mais il me semble que ce serait
une amélioration à apporter au projet de loi que ce fonds soit
géré par la Caisse de dépôt et placement.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Tremblay: M. le Président, la formule que propose la
député d'Outremont aurait pu être ac-
ceptable, c'est une des voies que nous avons considérées
de confier à la Caisse de dépôt et placement la
gérance du fonds de relance. Par contre, comme nous entendons
élargir le rôle de ce fonds de relance pour en faire un
instrument, à l'avenir, qui soit non seulement un instrument de
stimulation des investissements pour les petites et les moyennes entreprises,
mais aussi un instrument de politique conjoncturelle et que la politique
fiscale conjoncturelle est appliquée par le ministère des
Finances et on en voit un élément à l'article 19
qui permet au ministre des Finances d'accroître un boni pour les
entreprises qui ont des fonds dans ce fonds de relance industrielle, et ceci
pourrait s'accompagner d'autres mesures fiscales lors d'un budget il
devient important que le ministère des Finances soit très
près du fonds pour pouvoir jouer ce rôle de compensation
conjoncturelle cyclique. Donc, c'est la raison principale pour laquelle nous
avons choisi de donner au ministère des Finances la gérance du
fonds plutôt que de la donner à un organisme neutre de
l'extérieur. Ceci n'exclut en rien la possibilité que le
ministère des Finances place ces fonds auprès de la Caisse de
dépôt pour placements.
Le Président (M. Laplante): L'amendement est recevable,
est-ce qu'il y en a d'autres qui veulent parler là-dessus?
Est-ce que vous voulez le mettre aux voix, M. le député
d'Outremont?
M. Raynauld: J'aimerais le mettre aux voix, s'il vous
plaît.
Le Président (M. Laplante): Vous faites appel, s'il vous
plaît...
M. Tremblay: C'est assez enfantin, si vous voulez mon
opinion.
M. Raynauld: Vous trouvez cela mineur?
Le Président (M. Laplante): Non, ce n'est pas la question.
Je ne voudrais pas que cela aille sur ce genre de réflexion.
M. Raynauld: Franchement.
Le Président (M. Laplante): C'est un projet de loi
important et chaque amendement je vais...
M. Forget: M. le Président, vous nous avez invités
à faire des commentaires avant que le vote soit pris sur cet amendement.
Considérant les propos du ministre de l'Industrie et du Commerce, ce
dernier n'est pas conscient ou fait mine de ne pas être conscient que la
méthode qu'il a retenue dans la rédaction de la loi pour
l'administration de ce fonds se prête à plusieurs
interprétations.
L'interprétation qu'il a fournie en est une parmi d'autres qui,
particulièrement, est inoffensive, l'idée qu'il doit y avoir une
certaine proximité entre le ministre des Finances et le fonds qui est
ainsi constitué. Mais connaissant les pratiques du ministre des Finances
je ne parle pas de la fonction, mais de l'individu relativement
à la façon d'envisager les responsabilités de sa fonction,
on peut facilement imaginer que la solution qui a été retenue est
plutôt dictée par des considérations de financement
à court terme du gouvernement.
Il est évident que si la Caisse de dépôt et
placement du Québec administre ces fonds, ils sont non seulement dans la
loi, mais, de façon très visible, maintenus en
disponibilité pour les fins pour lesquelles la loi les destine.
Il est également évident que, si le ministre des Finances
dispose de ces fonds comme une espèce de petite caisse, les fins pour
lesquelles la loi a été créée sont beaucoup moins
visibles. Ceci, à la limite, à supposer que le gouvernement donne
suite, un jour, à la suggestion que vient de faire le ministre de
l'Industrie et du Commerce, soit de l'utiliser pour des fins conjoncturelles,
pourrait causer certains problèmes; c'est-à-dire l'utilisation
comme petite caisse en quelque sorte pour le financement à court terme
est susceptible de rendre plus difficile la réalisation de l'objectif
qu'il lui a donné.
On a eu d'autres exemples depuis quelques mois du grand désir du
gouvernement de modifier certaines règles de jeu dans le financement
gouvernemental de manière à réduire en apparence ses
emprunts. On assiste, dans le fond, au même phénomène et
l'amendement suggéré par le député d'Outremont vise
à créer une situation où, pas seulement dans la lettre de
la loi, mais dans la réalité des choses, ces fonds sont maintenus
en disponibilité.
Il est très évident qu'ils ne le seront pas si c'est le
ministre des Finances qui en dispose directement. Il va considérer cela
comme une addition à son fonds de roulement. Si ces fonds devenaient
importants, autrement dit si la loi avait du succès on peut se
permettre d'en douter avec toutes les prescriptions et les restrictions qui
l'affectent mais malgré tout si la loi avait du succès, si
ces sommes devenaient importantes, étant donné qu'elles seraient
utilisées pour financer les opérations courantes du gouvernement,
il pourrait y avoir des difficultés de liquidité nouvelles qui
seraient créées pour le gouvernement à cause d'une
règle comme celle-là.
L'amendement qui est présenté par mon collègue
d'Outremont vise à placer le gouvernement devant l'alternative de donner
vraiment suite dans les faits aux intentions déclarées dans le
projet de loi. Loin-d'être un détail, cela manifeste assez bien
l'esprit qui devrait présider à la mise en place d'une loi comme
celle-là.
M. Brassard: C'est un procès d'intention.
M. Forget: Sans aucun doute, c'est un procès d'intention,
mais il faut que vous vous habituiez à l'idée des procès
d'intention qu'on fait continuellement au gouvernement. D'ailleurs, c'est sur
ses intentions qu'on le juge et je présume bien que c'est seulement par
ses intentions qu'il s'est fait élire puisqu'il n'avait rien d'autre
à mettre de
l'avant. Donc, ce sont par ses intentions qu'il va être
jugé une fois après avoir pris le pouvoir.
M. Brassard: Ce sont des intentions que vous avez
inventées.
M. Forget: Oui, mais il n'y avait peut-être pas d'autre
chose que des intentions, donc c'est cela qu'on juge dans le moment. De telle
sorte que je crois que c'est un amendement assez important. Je serai heureux de
voter pour cet amendement et je ne voulais pas rater l'occasion de souligner
que pour une. fois il y a un cas concret d'un amendement présenté
dans un esprit positif. On a vu que le ministre peut à peine se
départir de sa condescendance bien connue. Ce n'est pas très
productif dans le contexte de l'étude article par article et je
l'inviterais à revenir à de meilleurs sentiments.
Le Président (M. Laplante): Je vais lire l'amendement tel
que proposé par le député d'Outremont à l'article
2, troisième paragraphe.
M. Raynauld: Est-ce que je pourrais le lire moi-même parce
que j'ai apporté une petite correction?
Le Président (M. Laplante): Vous me le direz au moment
opportun. Le troisième paragraphe se lirait comme suit: Ce fonds est
géré par la Caisse de dépôt et placement du
Québec qui en assure la comptabilité sous la
responsabilité et le contrôle du ministre du Revenu en ce qui
concerne les sommes y accumulées et les revenus afférents
à ces sommes pour le bénéfice de chaque corporation. Il y
a un mot à changer, monsieur?
M. Raynauld: Oui. Je le lirais comme suit: Ce fonds est
géré par la Caisse de dépôt et placement du
Québec qui en assure la comptabilité et la gestion en ce qui
concerne les sommes y accumulées et les revenus afférents
à ces sommes pour le bénéfice de chaque corporation. Je
supprime quelques mots. Vous voulez que je le relise? Ce fonds est
géré par la Caisse de dépôt et placement du
Québec qui en assure la comptabilité et la gestion en ce qui
concerne les sommes y accumulées et les revenus afférents
à ces sommes pour le bénéfice de chaque corporation.
Le Président (M. Laplante): Vous enlevez le ministre du
Revenu.
M. Raynauld: Oui, parce que la Caisse de dépôt
relève du ministre des Finances et je ne tiens pas à enlever cela
au ministre des Finances.
M. Tremblay: M. le Président, me permettez-vous de faire
quelques commentaires sur le nouvel amendement modifié?
Le Président (M. Laplante): Allez-y, M. le ministre.
M. Tremblay: II y a un commentaire technique qui montre qu'il est
difficile d'improviser des amendements sur le bout de la table, dans un projet
de loi aussi complexe. Etant donné que c'est un projet de loi qui repose
sur la fiscalité, il est évident que le ministère du
Revenu doit maintenir une comptabilité très serrée de tout
ce qui se fait. En proposant que la Caisse de dépôt soit aussi
responsable de la comptabilité, on fait un dédoublement de la
comptabilité et on complique encore davantage le processus, ce que vous
avez dénoncé dans votre discours en deuxième lecture comme
quoi le projet de loi était déjà très complexe.
D'autre part, j'ai mentionné la raison fondamentale qui nous
incitait à placer le fonds de relance sous la gérance du
ministère des Finances. Gérance financière, j'entends
bien. Il y a une raison de flexibilité et de vitesse d'opération.
Aussitôt que le ministère de l'Industrie et du Commerce
émet un certificat à une entreprise qui lui permet de retirer de
son fonds de relance les sommes nécessaires, c'est le ministère
du Revenu qui émet le chèque. Ces chèques sont toujours
signés par le ministre des Finances. Si on est obligé de
retourner à la Caisse de dépôt pour obtenir
cechèque, on ajoute encore une instance additionnelle.
D'autre part, je dois mentionner deux autres éléments qui
ont trait au projet de loi et qui simplifient la gestion du fonds lorsqu'il est
au ministère des Finances. Le premier élément, c'est que
ces fonds, ces impôts ne deviennent admissibles pour le financement d'un
investissement que si l'entreprise fait des investissements. Après une
période de cinq ans et six mois, ces impôts reviennent au fonds
consolidé du gouvernement, de sorte que nous simplifions la
procédure pour le retour de ces fonds au fonds consolidé.
D'autre part, il est possible, aussi, que le ministère du Revenu
veuille diminuer les fonds inscrits au nom d'une entreprise selon l'article 6
du projet de loi. S'il y a eu de fausses déclarations, par exemple, si
l'entreprise s'est prévalue d'arguments non conformes a la Loi de
f'impôt ou à la loi 48, impliquer une tierce partie dans tous ces
procédés compliquerait et alourdirait indûment le projet de
loi sans accroître son efficacité. De sorte que je suis contre cet
amendement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, il ne me paraît pas que
cette motion puisse améliorer de beaucoup le projet de loi. La raison,
c'est que je crois que la Caisse de dépôt est un portefeuille. A
cause de la nature des mouvements de fonds ils s'énervent
souvent, c'est très fréquent je crois qu'on compliquerait
le projet de loi au lieu de l'améliorer. Je serais contre cette
motion.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants?
M. Raynauld: M. le Président, est-ce que je pourrais
ajouter quelques mots?
Le Président (M. Laplante): C'est votre droit de
réplique que vous prenez.
M. Raynauld: Oui, si vous voulez.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Raynauld: Je n'avais pas épuisé mes vingt
minutes, de toute façon.
Le Président (M. Laplante): Non, mais là, parce que
personne ne se présente, c'est, si vous voulez, un droit de
réplique.
M. Raynauld: Oui, appelons ça le droit de réplique,
si vous voulez.
L'intention qui présidait à cette suggestion d'amendement,
c'était de ne pas multiplier indûment les fonds, les structures,
les institutions. Il existe une institution, qui s'appelle la Caisse de
dépôt et placement du Québec, qui a été
créée pour gérer des fonds. C'est une institution qui est
spécialisée dans la gestion des fonds. C'est une institution qui
reçoit toutes les contributions du Régime de rentes du
Québec. C'est une institution qui a été faite pour cela.
Il me semble que non seulement ce ne serait pas plus compliqué, mais que
ce serait bien moins compliqué que de créer encore une autre
structure pour faire gérer des fonds. Je ne pense pas que ce fonds de
relance industrielle soit tellement différent d'autres fonds, comme
celui de la Régie des renies ou d'autres organismes semblables qui
remettent des fonds à la Caisse de dépôt pour être
gérés. Ce sont des fonds qui, dans bien des cas, pourront rester
là quelques années, peut-être trois ou quatre ans; cela
peut aller jusqu'à cinq ans et six mois. Si on était capable
d'élargir la portée de la loi peut-être que le
gouvernement lui-même voudra l'élargir, sinon cette année,
peut-être l'année prochaine cela pourrait donner lieu
à des fonds considérables. C'est cela qu'on espère, qu'il
y ait des fonds qui soient utilisés par ces corporations. Mais,
entre-temps, ce sont des fonds qui sont à la disposition du
gouvernement.
Il m'a semblé que ce serait plus simple d'utiliser une
institution existante plutôt que d'en créer une autre. J'ai
toujours pensé qu'il était évident que le ministre du
Revenu conservait une comptabilité peut-être de ces fonds;
étant donné que c'est tiré des déclarations
fiscales, c'est sa responsabilité. J'avais à l'esprit un
organisme qui gérerait les fonds. C'est cela que j'avais à
l'esprit. Ensuite, comme le député de Saint-Laurent l'a dit tout
à l'heure, c'est quand même une institution qui est autonome, la
Caisse de dépôt, et cela garantirait une utilisation de ces fonds
pour les fins de la loi plutôt que le contraire.
Le Président (M. Laplante): Le nouvel amendement va se
lire comme suit, à l'article 2, troisième paragraphe: "Ce fonds
est géré par la Caisse de dépôt et placement qui en
assure la comptabilité et la gestion en ce qui concerne les sommes y
accumulées et les revenus afférents à ces sommes pour le
bénéfice de chaque corporation." C'est bien cela?
M. Raynauld: C'est cela.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous voulez un vote
enregistré ou à main lavée?
M. Raynauld: Un vote enregistré.
Le Président (M. Laplante): Vote enregistré. M.
Dubois (Huntingdon), pour ou contre?
M. Dubois: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Bordeleau
(Abitibi-Est)?
M. Bordeleau: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Desbiens (Dubuc)?
M. Desbiens: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Duhaime (Saint-Maurice), M.
Godin (Mercier), M. Rancourt (Saint-François)?
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Grenier
(Mégantic-Compton) remplacé par M. Goulet (Bellechasse)?
M. Goulet: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Brassard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Brassard: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Mackasey
(Notre-Dame-de-Grâce)?
M. Mackasey: Pour.
Le Président (M. Laplante): Pour.
M. Mackasey: Pour l'amendement.
Le Président (M. Laplante): M. Forget (Saint-Laurent)?
M. Forget: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Boucher
(Rivière-du-Loup)?
M. Forget: Pour, excusez-moi.
Le Président (M. Laplante): On n'a pas le droit
d'influencer.
M. Boucher (Rivière-du-Loup)? Absent. M. Marquis
(Matapédia)?
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Mercier (Berthier)?
M. Michaud (Laprairie)?
M. Michaud: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. Caron (Verdun)?
M. Caron: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. Perron (Duplessis)?
M. Perron: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Raynauld (Outremont)?
M. Raynauld: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Tremblay (Gouin)?
M. Tremblay: Contre.
Le Président (M. Laplante): Dix contre, quatre pour.
L'amendement est rejeté. Article 2. Adopté?
M. Raynauld: Article 2, adopté.
M. Forget: Avant de compléter l'adoption de cet article 2,
étant donné le sort fait à l'amendement de mon
collègue, le député d'Outremont, je crois qu'il devient
assez évident dans le fond, c'est le sens qu'il faut donner
à la fois à nos interventions précédentes et
à la réaction du ministre que quand on dit qu'un fonds est
créé, sous l'appellation dé "fonds de relance
industrielle", on jette essentiellement de la poudre aux yeux. Il n'est pas
question de créer un fonds, c'est une formule qui est assez habile de la
part du gouvernement de donner l'impression de créer un fonds,
c'est-à-dire de consacrer des deniers publics à la constitution
d'un fonds.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent, je voudrais que ce soit considéré plutôt
comme un privilège que je vous accorde, après l'adoption d'un
article, que vous continuiez à parler là-dessus. Je vous donne
encore une minute de plus.
M. Forget: L'article 2 est-il adopté?
Le Président (M. Laplante): II est adopté, par vote
inscrit, à part cela.
M. Forget: N'est-ce pas sur l'amendement?
Le Président (M. Laplante): J'ai demandé s'il
était adopté et tout le monde a dit oui. Après cela, vous
avez dit: J'aimerais ajouter un petit mot.
M. Forget: Non, j'ai dit: Avant que vous jugiez que l'article est
adopté. On n'a pas parlé sur l'article...
Le Président (M. Laplante): Je vous laisse finir.
M. Forget: ...on a parlé seulement sur l'amendement,
n'est-ce pas?
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Forget: De toute façon, les mêmes remarques
pourraient être faites à l'article 3, mais elles sont plus
appropriées à l'article 2. Ce qu'il est important de souligner,
c'est l'intention gouvernementale de créer l'impression qu'une certaine
partie des fonds de l'Etat était utilisée pour des fins de
relance industrielle. En disant qu'un fonds est créé,
normalement, on s'attend que l'Etat y contribue quelque chose. On se rend
compte qu'à cause des dispositions qui viennent d'être
confirmées par le vote sur l'amendement, il n'y aura pas de fonds. Ce
qui se passe effectivement, il y a des dispositions législatives qui
prévoient un impôt remboursable. L'impôt est perçu
par le ministère du Revenu et, par un artifice de langage, on dit: Une
certaine partie de cet impôt, même si vous l'avez payée, va
être placée dans un fonds. Mais le fonds n'étant pas
administré indépendamment, c'est essentiellement le gouvernement
qui va se servir de ce fonds de la même façon que s'il s'agissait
du produit d'un impôt habituel. C'est seulement au moment où le
certificat va être délivré par le ministère de
l'Industrie et du Commerce qu'une partie de cet impôt va devenir
remboursable aux contribuables, à l'entreprise en question.
Donc, il n'est pas question d'un fonds, le fonds n'existera jamais, sauf
par une fiction juridique. Le produit des impôts, comme avant, va aller
au fonds général de l'Etat, va être administré pour
financer le gouvernement de façon générale, il n'y aura
pas d'administration spécifique de ce fonds; il va y avoir une
entrée aux livres purement pour la forme, cela ne modifiera en rien le
"cash-flow" du gouvernement, ce sera comme avant. Au moment où le
certificat sera émis, ce qui peut être dans trois, dans quatre ou
dans cinq ans, à ce moment-là, une partie de l'impôt
payé cette année sera remboursable.
En fait, le titre de cet article porte à confusion, induit
l'opinion publique en erreur. Il ne s'agit pas de créer, en particulier
au chapitre 2, un fonds de relance industrielle, il s'agit d'avoir des
dispositions permettant de rembourser une partie de l'impôt payé
par certaines entreprises.
M. Tremblay: M. le Président, je crois
que-l'interprétation...
M. Forget: C'est la raison pour laquelle, étant
donné qu'on a rejeté cet amendement de mon collègue, pour
une représentation exacte de ce qu'on va faire, il faudrait toute une
série d'amendements de concordance pour supprimer la
référence à un fonds. Dans certains pays, on a
effectivement des fonds, mais ils ne sont pas fusionnés aux fonds
généraux de l'Etat pour le fonctionnement des dépenses
gouvernementales, ils sont administrés par la banque centrale ou par des
organismes analogues à la caisse de dépôt. On a ici une
désignation absolument artificielle d'un fonds qui n'existe pas, c'est
un impôt remboursable en partie, à certaines
conditions et dans un délai déterminé. Ce n'est pas
du tout un fonds de relance industrielle. C'est la raison pour laquelle je
crois que l'article 2 mériterait d'être révisé de
fond en comble parce qu'il porte à erreur, il crée une fiction
juridique qui n'a aucune correspondance avec la réalité.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Tremblay: M. le Président, très rapidement, sur
ces commentaires qui sont à mon avis tout à fait erronés
et relèvent d'une interprétation qui est contraire à la
réalité, le fonds sera administré par le ministère
des Finances, mais il s'agit d'un fonds séparé, avec une
comptabilité bien distincte. D'autre part, si on avait lu le projet de
loi avant de le commenter article par article, on aurait pu constater
qu'à l'article 4 l'opinion du gouvernement est que les sommes qui sont
déposées dans le fonds demeurent la propriété de
l'entreprise.
Ce n'est qu'après cinq ans et six mois qu'ils redeviennent la
propriété de l'Etat, si un investissement n'a pas
été effectué pour s'en prévaloir, de sorte que les
commentaires du député de Saint-Laurent, à mon avis, ne
s'appliquent pas à l'article 2.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre- Dame-de- Grâce.
M. Mackasey: M. le Président, je veux d'abord signaler le
fait que j'appuie le principe. Je félicite même le ministre, je
pense que c'est une initiative qui est nécessaire pour les petites
entreprises surtout, et je pense qu'on a démontré notre bonne foi
en deuxième lecture. On n'a certainement pas retardé le bill.
Mais le but de l'Opposition ici, c'est que, si nous adoptons le principe du
bill, c'est pour l'améliorer si possible. Comme le député
de Saint-Laurent a dit, logiquement, les clauses qu'on voulait amender
n'auraient pas dû être amendées si on ne parlait pas des
fonds. Du fait qu'une petite entreprise décrite par les
règlements ou par la loi comme une petite entreprise, moins de 200
employés si vous voulez, peut soit demain, dans un an, deux ans, trois
ans, jusqu'à cinq ans, décider d'acheter ou de s'agrandir,
à ce moment-là elle demande au gouvernement de rembourser une
partie des taux qu'elle a payés durant même les trois ans
déjà écoulés. Ce qu'elle demande, ce n'est que le
remboursement des taux. C'est la même chose, peut-être, que
quelqu'un qui demande une révision de ses impôts privés.
Alors si on partait sur le bon pied, parce que nous sommes tous d'accord avec
le concept, et ne parlons pas d'un fonds qui n'existe pas. Tout ce qui existe
ce sont les certificats qui disent vous avez payé durant trois ans $100
000 d'impôts. Et là vous voulez faire une expansion et, selon la
loi, vous avez le droit à une partie de ces $100 000. Et c'est
parfaitement logique, c'est un concept que j'accepte, je pense qu'il y a
beaucoup de possibilités si ce n'est pas trop limité ici et
là. On devrait partir sur le bon pied, regarder de façon logique
que c'est la manière de récupérer, si vous voulez, les
taux, alors qu'il n'y a aucun fonds. Si personne ne demandait, par exemple, de
prendre avantage de cette loi, je pense qu'il n'y aurait pas un cent de mis de
côté pour quand quelqu'un arrivera pour demander l'assistance
financière. Je ne peux pas parler d'un fonds qui n'existe pas. Si on
part du bon principe de base, it is related to a method of recuperating your
taxes that you have paid, it is a logical way of saying and a matter of
encouragement to pay number of dollars in taxes there for your business and
basically a sound business you want to expand. And the way we will encourage
you is to give you a tax rebate based on what you have already paid. So there
is no fund if in theory nobody were to ask for this privilege, this right under
the bill; there would be no money anywhere, there would not even be a
certificate. There would be no funds, just book entry, an intent on the part of
the government, une intention du gouvernement que, si quelqu'un arrive dans
trois ans et demande l'approbation du gouvernement d'étendre son
entreprise, le gouvernement prend en considération tous les faits et
décide, lui, si on va l'assister en remettant une partie des taux qu'il
a déjà payés.
It is not a creation of a fund, it is the extension of the concept of a
repay.
M. Tremblay: Les fonds que l'on paie en impôt appartiennent
quand même à celui qui les a versés et il peut les
récupérer en n'importe quel temps. Essayez de faire cela avec vos
propres paiements d'impôt.
M. Mackasey: Le ministre a raison, mais...
M. Tremblay: Quand les paiements d'impôt sont
versés, ils appartiennent au gouvernement.
M. Mackasey: Seulement pour établir l'esprit d'autres
amendements, le ministre veut-il mettre, par exemple, $100 millions quelque
part et dire: "Voilà un fonds pour les prochaines cinq
années?
M. Tremblay: Cela est déjà prévu à la
Société de développement industriel. Ce sont $100 millions
que nous avons dans le fonds.
M. Mackasey: $100 millions.
M. Tremblay: Oui, c'est cela.
M. Mackasey: Alors, vous les mettez à la disposition de
qui?
M. Tremblay: Cela est à la disposition des entreprises du
Québec, M. le député.
M. Mackasey: Oui, mais...
M. Forget: Qu'est-ce qui se passe dans cette situation?
M. Mackasey: ... cela existe déjà dans les livres.
There is a book entry.
M. Tremblay: On donne les subventions à chaque semaine, M.
le député.
M. Mackasey: Yes, I know. What I am referring to is the principle
of the bill. And the principle of the bill is that you can, under certain
conditions, get a tax rebate. That is the point. Si on partait de cette base,
tous les amendements que nous avons devant nous ne seraient même pas
nécessaires.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants sur l'article 2?
L'article 2 est adopté sur division.
L'article 3: "Le fonds est constitué et alimenté par les
sommes qu'y dépose le ministre du Revenu conformément à
l'article 4".
M. le ministre.
M. Raynauld: C'est un article de concordance auquel je n'ai pas
d'objection.
Le Président (M. Laplante): Adopté.
Dépôts
Section II, Dépôts, article 4: "Une corporation qui remplit
toutes les conditions mentionnées à l'article 6 pour une
année d'imposition peut choisir que le ministre du Revenu dépose
au fonds, pour le bénéfice de la corporation, une somme
égale à la moitié de l'impôt autrement payable de la
corporation pour l'année". Article 4, M. le ministre.
M. Tremblay: II s'agit de la procédure qui permet à
l'entreprise, lors du dépôt de son rapport d'impôt, de
verser 50% de son impôt dans le fonds de relance industrielle. Ces 50%
d'impôt, pour répondre au député de
Notre-Dame-de-Grâce, demeurent la propriété de l'entreprise
jusqu'à cinq ans et six mois, pourvu que l'entreprise s'en serve pour un
investissement admissible au cours de cette période.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont, avez-vous des commentaires?
M. Raynauld: Oui, M. le Président. Dans le même
esprit, afin d'essayer d'élargir l'application de cette loi qui, est-il
besoin de le souligner de nouveau, est bonne en principe, je voudrais voir s'il
ne serait pas opportun, pour simplifier les formalités administratives,
de rendre automatique ce dépôt par le ministre du Revenu.
L'amendement que je suggérerais ici se lirait comme suit: "Pour
toute corporation remplissant les conditions mentionnées à
l'article 6, pour une année d'imposition, le ministre du Revenu
dépose au fonds, pour le bénéfice de la corporation, une
somme égale à la moitié de l'impôt autrement payable
à la corporation pour l'année, à moins que la corporation
refuse expressément de se prévaloir des dispositions
prévues au présent chapitre".
Autrement dit, on renverserait la procédure de façon,
effectivement, que le ministre du Revenu déposerait au fonds, pour
toutes les corporations, la moitié de cet impôt autrement payable,
à moins que la corporation en question refuse expressément de se
prévaloir des dispositions de la loi.
Ceci faciliterait, il me semble, grandement l'administration de la loi.
Cela n'implique pas, il me semble, de difficultés
supplémentaires, mais cela évite une formalité.
Si le gouvernement veut vraiment faire cela, à ce moment il prend
acte que ce serait une bonne chose et il le fait de façon
automatique.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que M. le
député d'Outremont aurait un texte ou pourrait le relire
très lentement?
M. Tremblay: Oui, parce que vous allez comprendre que c'est
impossible de faire cela.
Le Président (M. Laplante): Vous allez le faire.
M. Tremblay: C'est impossible parce que c'est l'entreprise qui
sait si elle est admissible ou pas, si elle a suffisamment d'employés,
si elle a plus que 200 employés. C'est l'entreprise qui connaît le
nombre de ses employés pour savoir si elle est admissible; donc, le
ministère du Revenu ne peut pas décréter que telle
entreprise, dans telle ville, est admissible. A moins de compliquer les
déclarations d'impôt pour toutes les entreprises et d'avoir toutes
sortes de renseignements sur le nombre d'employés, sur la valeur des
actifs, etc. Donc, c'est l'entreprise qui doit déterminer si elle peut
se prévaloir de la loi.
D'autre part, l'entreprise demeure propriétaire des fonds qu'elle
verse. Donc, c'est à elle de décider si elle le verse dans le
fonds ou si elle ne le verse pas. Administrativement, il est impossible
d'appliquer votre amendement.
M. Raynauld: Evidemment, dans l'amendement qui était
proposé, je maintenais que les...
M. Tremblay: Ils vont faire un X sur la déclaration
d'impôt. Il n'y a rien de compliqué dans cela.
M. Raynauld: ... corporations devaient, évidemment,
remplir les conditions de l'article 6.
M. Tremblay: Ils vont faire un X, mais c'est à
l'entreprise elle-même de faire le X et non pas au ministère du
Revenu de le faire pour les entreprises, parce que le ministère du
Revenu n'a pas tous les renseignements nécessaires pour
déterminer si l'entreprise qui fait une déclaration d'impôt
est admissible. Dans la déclaration d'impôt, on ne mentionne pas
le nombre d'employés.
M. Raynauld: Mais pourquoi laissez-vous toujours que l'entreprise
peut choisir? J'essayais de simplifier les affaires. Je ne veux pas les
compliquer plus.
M. Tremblay: C'est automatique, elle va mettre le X, si elle se
croit admissible et cela sera
versé automatiquement. Mais ce n'est pas au ministère du
Revenu de mettre le X sur la déclaration d'impôt. Il faut que ce
soit l'entreprise elle-même.
M. Perron: La démocratie.
M. Raynauld: Non, n'utilisez pas toujours les mots pour des
affaires insignifiantes.
M. Perron: C'est insignifiant, la démocratie?
M. Raynauld: Non, justement ce n'est pas insignifiant.
M. Perron: Pour vous, peut-être, oui. M. Raynauld:
Ce n'est pas insignifiant.
M. Mackasey: En tant que minorité, nous sommes ici pour
essayer d'améliorer le bill, mais, si vous voulez commencer une chicane
partisane, c'est facile; on peut siéger tout l'été sur
chaque clause. Nous ne sommes pas arrivés ici avec cet esprit. Si vous
l'avez, vous êtes bien mieux de vous en aller; nous allons faire des
progrès. Vous ne voulez faire absolument rien de positif. Nous sommes
ici pour améliorer le bill, si possible. La réponse du ministre
est logique et valable. On ne demande pas des amendements. Nous sommes ici pour
demander des renseignements, pas autre chose, pas pour se chicaner.
M. Tremblay: Par contre, il s'agit d'un projet de loi,
étant donné qu'il touche à la fiscalité, qui est
complexe. Il est très difficile, je pense, de rédiger un projet
de loi semblable sur le bord d'une table et de faire des amendements comme
cela. Je n'ai pas d'objection à ce qu'on fasse de nombreux, amendements
pourvu qu'on accepte les raisons du refus des amendements de notre part. Comme
cela fait quand même sept mois qu'on travaille sur ce projet de loi, nous
le connaissons en détail et, à moins que vous ne vouliez faire de
l'obstruction systématique, je pense que vous devriez accepter les
explications que nous donnons.
M. Raynauld: Je n'ai pas d'objection. J'allais justement vous
dire là-dessus que je suis prêt à retirer l'amendement sur
la réponse que vous faites. Ne partez pas en guerre chaque fois. On
essaie c'est pour cela qu'on est en commission parlementaire de
voir comment les articles fonctionnent et on nous dit: II faut que vous
présentiez des amendements. On essaie d'en présenter pour
tâcher de susciter des réponses comme celles que vous faites. Si
vous me dites que cela n'a pas beaucoup de bon sens, cette histoire, parce que
l'entreprise va mettre un X sur sa déclaration d'impôt, je
l'accepte la réponse.
M. Tremblay: Très bien.
M. Raynauld: Je l'accepte et je suis prêt à accepter
l'article 4 comme il est. Je ne veux pas nécessairement faire des
batailles pour rien.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: J'ai une suggestion à faire au ministre sur
l'article 4 afin d'élargir le cadre de cette loi et de permettre aux
entreprises qui ne génèrent pas de profits de participer quand
même à un programme qui leur fera peut-être
générer des profits plus tard. A ce moment, elles pourront
participer dans l'impôt "cotisant à 50%". Je fais la motion
suivante: "Qu'il soit ajouté à la fin de l'article 4
l'alinéa suivant: La corporation dont l'impôt à payer est
nul et qui fera dans les trois prochaines années un investissement
admissible et qui remplit toutes les conditions mentionnées à
l'article 6 pour une année d'imposition pourra bénéficier
des avantages de cette loi, et ce pour trois ans à partir de
l'année d'imposition pendant laquelle l'investissement a
été réalisé.*
La corporation recevrait alors un crédit d'impôt
équivalant à 50% de l'impôt payable autrement, a condition
que ce montant ne dépasse pas 25% de la valeur totale de
l'investissement réalisé, en restant dans le cadre de la loi,
mais pour permettre aux compagnies qui ne génèrent pas de profits
immédiatement?
M. Tremblay: Oui. C'est déjà compris dans
l'amendement, la correction que j'ai apportée ce matin, à
l'article 17 qui permet à une entreprise de faire un investissement
dès maintenant, même si elle n'a pas de profit, et de recouvrer,
dans les deux années suivantes, les impôts qu'elle aurait
versés au gouvernement. Ceci va se faire de façon
automatique.
Vous, vous mentionnez trois ans, nous c'est deux ans. Parce qu'on tient
compte d'une année antérieure, dans notre cas, ce qui fait trois
ans aussi, plus deux ans à l'avenir. Dans la correction à
l'article 17.
M. Dubois: A quel article l'avez-vous apportée?
M. Tremblay: A l'article 17a.
M. Dubois: M. le Président, je retire mon amendement.
Le Président (M. Laplante): Vous retirez votre
amendement.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Je veux faire une observation au ministre, une
suggestion, si vous voulez. D'ici à la prochaine séance, vous et
vos fonctionnaires pourriez discuter au moins de la possibilité
d'écrire l'article section 4. Il n'y a aucune raison extraordinaire,
mais on dit, en anglais et en français: "Une corporation qui remplit
toutes les conditions mentionnées à l'article 6 pour une
année d'imposition peut choisir que le ministre du Revenu dépose
au fonds, pour le bénéfice de la corporation, une somme
égale à la moitié de l'impôt autrement payable de la
corporation pour l'année".
In English: "Otherwise payable for the year by the corporation be
deposited in the fund". In other words, to be used, it is not that I am trying
to get away from. Fund deposited, placed at the disposal of... by the minister
of Revenue something because, cela veut dire déposer dans un fonds qui
n'existe pas. Vous mettez des fonds à la disposition de l'entreprise.
That is a big difference. Est-ce que vous commencez, par exemple, avec un
montant, sauf que le ministre des Finances dit: Je suis prêt à
dépenser jusqu'à un tel montant des taux de ces demandes.
Naturally, it is going to reflect on your revenue. You got to have a limitation
that I appreciate and that is the limitation that you are talking about in the
fund. Le ministre ne crée pas un fonds. Le ministre des Finances dit:
Ecoutez, on ne peut pas rembourser tous les taux aux entreprises. Il faut
garder une mesure, on a d'autres dépenses. C'est pour cela qu'on a les
taux. On ne peut pas tout remettre aux entreprises. Il faut garder l'argent
pour d'autre chose. On a un ministre des Finances responsable et le ministre
est responsable, il faut décrire les paramètres, si vous
voulez.
C'est la raison pour laquelle on joue avec le mot "funds". Je pense
qu'il serait préférable de dire cela, qu'on n'a pas mis de
dépôt dans le fonds, le dépôt à la banque est
mis à la disposition des entreprises qui sont admissibles, selon
l'article 6, par exemple, mais ne parlez pas d'un fonds qui n'existe pas. That
is what was confusing.
M. Tremblay: M. le député nous venons d'adopter
l'article 2 qui crée un fonds de relance industrielle, c'est
déjà adopté.
M. Mackasey: Je demande qu'à la prochaine séance
"you study" la suggestion que j'ai faite objectivement. Ce n'est pas pour
retarder le projet de loi, au contraire.
Mais pour avoir un esprit constructif, je pense que le ministre devrait
appuyer cette initiative. Nous sommes tous ici pour la même chose, pour
aider les petits commerces, les petits commerçants et les petites
entreprises; donc, le principe est bon, mais, si on veut les aider, on doit
améliorer le projet de loi autant que possible. Qu'on parle de fonds qui
n'existe pas, c'est selon les recommandations du ministre des Finances ou selon
la largesse, si vous voulez, du ministre des Finances. Il peut dire que, dans
une année on ne peut pas dépenser plus, mais on est prêt
à remettre un certain montant.
Vous parlez d'un fonds qui n'existe pas, it will only cause you troubles
later, that is all I am thinking about.
M. Tremblay: M. le député, c'est évident que
le fonds n'existe pas tant que de l'argent n'y est pas versé. Au fur et
à mesure que les entreprises vont verser de l'argent, le fonds va
augmenter.
M. Mackasey: C'est une impression donnée même par le
titre du projet et certainement par l'article 1, l'impression, pour tous ceux
qui n'au- ront pas l'occasion d'étudier ce projet article par article,
qu'il y a quelque part un grand fonds à la disposition des petites
entreprises. Selon l'article 6, elles pourraient demander de l'argent de ce
fonds, mais ce n'est pas cela du tout. Quand on lit les critères
établis à l'article 6, ils demandent un remboursement d'une
partie de leurs propres taux et non pas les taux d'un autre. Je pense qu'on
devrait réétudier l'article 4; on pourrait non pas changer le
principe, mais, au moins, décrire exactement ce que fait le projet de
loi dans un esprit plus logique. Cela irait plus vite.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que le
député de Notre-Dame-de-Grâce aurait un amendement à
apporter?
M. Mackasey: Non, ce n'est pas un amendement, je le souligne dans
un esprit de collaboration. Jusqu'à présent, on a
considéré les amendements apportés, comme celui fait par
mon ami, à côté de moi, comme l'étant dans un esprit
partisan au lieu du contraire. C'est pour cela que j'ai fait des observations
au lieu de...
Le Président (M. Laplante): Cela fait au-delà de 20
minutes que vous parlez et à deux reprises, M. le député
de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Je ne parlerai plus.Ce n'était certainement
pas mon intention de parler 20 minutes là-dessus.
Le Président (M. Laplante): A deux reprises, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, vous avez parlé.
M. Raynauld: M. le Président, question de
règlement. Il a le droit de parler 20 minutes sur chaque article. Il a
parlé cinq minutes, au maximum.
Le Président (M. Laplante): Sur l'article 4, cela fait
deux fois qu'il prend la parole; une fois douze minutes et là, cela fait
au moins douze minutes encore qu'il parle.
M. Raynauld: Vous avez compté cela?
Le Président (M. Laplante): Je ne veux pas être
méchant, c'est juste pour rétablir les faits. Je voudrais qu'il
conclue ce qu'il a à dire.
M. Mackasey: S'il vous plaît, à la douzième
minute, ne m'interrompez pas. Quand j'arriverai aux 20 minutes, ce sera le
temps pour le président de dire: Vous êtes en train de
dépasser vos 20 minutes. Ne m'arrêtez pas à la
douzième minute pour me dire qu'il me reste seulement huit minutes.
Je n'ai pas autre chose à dire sur l'article 4, sauf des
observations. J'espère que le ministre reviendra, à la prochaine
séance, après en avoir discuté avec ses fonctionnaires,
avec une autre manière de décrire les principes du bill.
Le Président (M. Laplante): D'autres intervenants sur
l'article 4? Article 4, adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 5. M.
le ministre.
M. Tremblay: L'article 5 est uniquement un article de
définition de l'impôt admissible selon les lois de l'impôt
pour tenir compte des lois antérieures qui favoriseraient le
développement industriel. Il faut que les entreprises se
prévalent des dispositions de ces lois antérieures avant de
calculer leur impôt.
M. Raynauld: Je n'ai pas d'amendement à proposer sur
l'article 5. Je voudrais simplement attirer l'attention du ministre sur le fait
que cette loi s'applique, suivant l'article 5, après l'application des
articles 22 et 23 de la présente loi; c'est ce qu'il a contesté,
lorsque j'ai prononcé mon discours, quand il a dit qu'il n'était
pas possible pour une entreprise de bénéficier de la partie 2 de
la loi et de la partie 1.
M. Tremblay: Pas pour le même investissement.
M. Raynauld: Bien sûr, pas pour le même
investissement. Je n'ai jamais dit cela. Mais pour deux investissements
différents, c'est oui, la réponse?
M. Tremblay: Bien sûr, mais pas pour le même
investissement. Il n'y a pas cumul, autrement dit, des deux volets. C'est cela,
la confusion normale.
M. Raynauld: Les articles 22 et 23 prévoient qu'une
entreprise a bénéficié des exonérations fiscales en
vertu du chapitre III de la loi.
M. Tremblay: Pour un investissement.
M. Raynauld: Ensuite, on dit: On va calculer l'impôt
payable après...
M. Tremblay: Pour un autre investissement.
M. Raynauld:... qu'elle a bénéficié de
l'exonération.
Donc, une entreprise est capable d'avoir les exonérations en
vertu de la deuxième partie de la loi, et s'il reste encore des
impôts payables, elle peut, à ce moment-là, invoquer le
fonds de relance. Donc, une même corporation peut avoir les deux, pas
pour la même dépense, bien sûr.
M. Tremblay: Oui, c'est ce qu'il est important de
préciser, que ce n'est pas pour les mêmes dépenses...
M. Raynauld: Bien sûr que ce n'est pas pour les mêmes
dépenses.
M. Tremblay: ...mais il faut que ce soit une PME,
évidemment, pour aller dans...
M. Raynauld: Oui, d'accord. Je voulais simplement mentionner
cela, parce qu'il semblait y avoir une contestation sur l'interprétation
de la loi. Je le note simplement et je n'ai pas d'amendement à proposer
à l'article 5. En ce qui me concerne, cela va.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article 5?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 6, M.
le ministre.
M. Tremblay: L'article 6, comme on y faisait allusion tout
à l'heure, établit les critères d'admissibilité de
l'entreprise et les critères auxquels elle doit se conformer. Il faut
que ce soit une entreprise qui tire au moins 50% de son revenu
d'activités de production et non pas d'activités tiertiaires, du
secteur tiertiaire. Cela n'exclut donc pas le secteur primaire. Il faut que ce
soient des activités de production. Il faut aussi que l'entreprise,
selon les définitions que nous avons retenues, soit une petite ou
moyenne entreprise, c'est-à-dire qu'elle ait 200 employés ou
moins et des actifs nets de $7,5 millions. Donc, ce sont les critères
d'admissibilité au fonds de relance industrielle.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, ici, dans ce cas, je
voudrais parler d'une façon un peu plus générale, parce
que je n'ai pas le droit de proposer d'amendement en tant que tel. J'aimerais
essayer de convaincre le gouvernement ou le ministre en particulier, si c'est
possible d'élargir l'application de cette loi 48. C'est à cet
article 6 évidemment qu'on trouve les critères de base. On dit
d'une part qu'il faut que l'entreprise ait 200 employés ou moins au
total et des actifs inférieurs à $7,5 millions au total.
Je note au point de départ que l'entreprise, la corporation doit
satisfaire aux deux critères en même temps. Il me semble qu'une
des façons par lesquelles il aurait été possible de
simplifier les choses et en même temps peut-être d'élargir
l'application de la loi, parce que ces deux critères peuvent être
incohérents l'un par rapport à l'autre, selon les industries,
aurait été d'exiger qu'un seul des deux critères
s'applique pour que la corporation bénéficie des avantages de la
loi. Je dis que ces deux critères peuvent être incohérents,
étant donné que, suivant les activités, suivant les
industries particulières dans lesquelles les entreprises se trouvent,
les actifs peuvent être beaucoup plus élevés o.u plus ou
moins élevés que le nombre d'employés pour une
activité donnée. Ici, on parle d'actifs, donc de $7,5 millions ou
moins et, encore une fois, dans certaines industries on peut avoir un rapport
beaucoup plus élevé des actifs par
rapport aux employés que dans une autre industrie.
Donc, on peut pénaliser de façon indirecte certaines
industries qui sont à plus haute intensité de capital en
requérant l'application des deux critères plutôt que d'un
seul. Il me semble qu'on restreint, en faisant cela, la portée de la
loi, d'une part, et, d'autre part, étant donné qu'on introduit
les deux, on peut introduire vraiment des anomalies dans l'application de la
loi. Certaines entreprises satisfaisant aux critères des 200
employés ou moins, mais ne satisfaisant pas à celui des actifs,
on pénalise qui? On pénalise donc les industries à plus
haute intensité de capital.
Si on a l'inverse, une entreprise dont les actifs sont faibles, mais
où il y a un très grand nombre d'employés, donc une
industrie à haute intensité de travail, à ce
moment-là, on va empêcher cette industrie d'en
bénéficier. Donc il m'aurait semblé opportun, pour
éliminer ces anomalies possibles, d'appliquer un seul des deux
critères plutôt que les deux à la fois. C'est ma
première observation.
M. Tremblay: Est-ce que je pourrais faire un commentaire tout de
suite sur cela?
M. Raynauld: Oui.
M. Tremblay: Finalement, votre intervention porte vraiment sur le
principe du projet de loi, puisque nous voulions limiter l'accessibilité
au fonds de relance à la PME. Or, justement pour éviter ces
anomalies auxquelles vous faites allusion, il nous faut utiliser les deux
critères. Le critère du nombre d'employés est un
critère universel qui est utilisé dans la plupart des pays. On a
fait des études sur cela. Quant au critère des actifs, il
s'applique, pour vous donner un exemple, à une entreprise qui ne serait
pas du tout une PME, mais qui aurait très peu d'employés, avec
énormément de capitaux. L'exemple, c'est l'investissement de CIL
de $100 millions, qui utilise 80 employés. Même si c'est seulement
une entreprise séparée pour cet investissement de $100 millions,
personne ne croira que c'est une PME. Une raffinerie, par exemple, où il
y a très peu d'employés et des capitaux énormes, ce n'est
pas une PME.
On a fait une classification des actifs nets des entreprises dont le
personnel variait entre 185 et 215 employés. Cela se situait
habituellement dans les environs de $6 millions. On a mis $7,5 millions pour
que ce ne soit pas restrictif, mais c'était justement pour éviter
les anomalies où il y aurait eu certaines entreprises qui n'étant
pas des PME bona fide, auraient pu, par le nombre d'employés,
s'insérer dans le fonds de relance industrielle.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Je remercie le ministre d'avoir apporté ces
précisions. Je conçois que, si on applique un seul des deux
critères, cela puisse permettre à d'autres entreprises d'en
bénéficier. On sait que les définitions de PME sont
arbitraires, quand on dit que ce n'est pas une PME parce qu'elle est ceci ou
cela. On essaie de trouver des définitions d'une PME. C'est une
définition parmi bien d'autres.
M. Tremblay: Avec la définition qu'on a, on inclut un
très grand nombre d'entreprises au Québec, soit au-delà de
6000, alors que les grosses entreprises, celles qui sont 200 à 500
employés, on en a 283. Celles qui ont 500 employés et plus, il y
en a 94. On exclut à peu près 400 entreprises. Toutes les autres
sont incluses dans le fonds.
M. Raynauld: Oui, j'ai ce tableau dont vous citez les chiffres.
Evidemment, ce qui m'intéresse davantage, c'est l'emploi et le chiffre
d'affaires plutôt que le nombre d'établissements. Le nombre
d'établissements, ce serait une bonne raison pour essayer
d'élargir cela parce que ça prouverait rien qu'une chose: cela
prouverait qu'il y a peu d'entreprises impliquées. Par
conséquent, ce ne serait pas tellement compliqué de le faire. Par
ailleurs, à ce moment, on appliquerait vraiment cela à des
entreprises dont le nombre d'employés est relativement
élevé et surtout le chiffre d'affaires que j'ai ici et, par
conséquent, probablement les actifs aussi. Mon intention
c'était l'objet de mon deuxième commentaire sur l'article
aurait été justement d'essayer de vous convaincre d'appliquer
cela à des entreprises un peu plus grandes où on aurait pu mettre
300 employés et moins ou $10 millions d'actifs pour essayer justement
d'aller chercher des entreprises qui donneraient plus d'efficacité
à la loi.
La chose qui m'intrigue beaucoup peut-être le ministre aura
l'occasion de me répondre sur ce sujet c'est que les entreprises
qui sont censées entrer dans ces catégories, 6000 entreprises de
5 employés à 200, qui seraient censées avoir 54% de la
main-d'oeuvre, paieraient très très peu d'impôt, si je
comprends bien. En effet, vous avez estimé vous-même que cela ne
dépasserait pas, pour les deux parties de la loi je ne rappelle
plus pour le fonds de relance en tant que tel combien est impliqué
là-dedans sous forme d'impôt, à peu près $30
millions à $35 millions par année lorsque le système sera
en marche.
On sait que les corporations paient $580 millions d'impôt sur les
sociétés en 1977/78; donc, une proportion très très
faible des impôts payés.
Etant donné que ces petites entreprises ne semblent pas payer
d'impôt et, par conséquent, ne bénéficieront pas de
la loi, je me disais: Peut-être qu'on pourrait en élargir
l'application de façon qu'on touche vraiment les sociétés
qui paient les impôts et que le fonds de relance soit efficace, que le
fonds de relance s'applique à un plus grand nombre d'entreprises. Je me
rends compte que je n'ai pas le droit de proposer d'amendement sur une affaire
comme cela, parce que cela implique des pertes de recettes gouvernementales.
Donc, je n'en fais pas un amendement, mais il me semble que c'est une
suggestion valable dans cette perspective de rendre le fonds de relance
industrielle applicable d'une façon plus générale que ce
n'est
le cas à l'heure actuelle, en lui donnant plus
d'efficacité.
Bien sûr, cela impliquerait des pertes d'impôts plus
élevées, mais je voudrais bien mentionner que ce ne sont pas des
vraies pertes d'impôts. En effet, si les entreprises font des
investissements et que ces investissements sont productifs, le gouvernement
entend bien récupérer sous forme d'impôts, les
années suivantes, les bénéfices qui seront faits avec les
pertes d'impôts de la première année. Ce n'est pas une
véritable perte d'impôts pour le gouvernement; c'est une mesure
qui favorise en réalité une augmentation des
bénéfices des entreprises à la suite de ces
investissements et devrait entraîner une hausse des impôts
payés par les sociétés les années
ultérieures.
M. Tremblay: Je crois que le projet de loi est très
original et très imaginatif.
M. Raynauld: Je n'ai jamais contesté la validité du
projet de loi. C'est pour cela que vous m'avez tellement surpris tout à
l'heure quand vous avez commencé à me dire que j'étais un
capricieux et que je m'occupais simplement des...
M. Tremblay: L'un n'exclut pas l'autre.
Une Voix: C'est un bon projet de loi, mais il n'est pas
parfait.
M. Raynauld: Mais aussitôt qu'on essaie de dire, d'une
part, que le projet est bon, vous applaudissez des deux mains et vous dites:
Regardez si on est bon. Aussitôt qu'on vous fait une critique sur un
article, même la plus petite critique, là vous montez dans les
rideaux et vous dites qu'on est des imbéciles.
M. Tremblay: Non, je regrette, M. le Président, je n'ai
jamais traité aucune personne d'imbécile et je n'ai pas
l'intention de le faire.
M. Raynauld: Non, vous nous traitez de chi-queux de guenille et
de faire des affaires qui n'étaient pas importantes.
M. Tremblay: J'ai utilisé le verbe et non pas l'adjectif
chiqueux de guenille.
M. Raynauld: C'est cela. Quoi qu'il en soit, je maintiens dans ce
cas-ci que c'est un bon projet de loi, puisqu'il va créer effectivement
des investissements à condition qu'il s'applique à des
entreprises qui font des bénéfices et à condition que la
loi soit assez large pour qu'effectivement cela se produise. A l'heure
actuelle, j'ai peur que cela ne se produise pas du tout. Vous-même, vous
dites: La première année, cela va coûter combien au
trésor, $3 millions ou $8 millions? $8 millions pour les deux parties de
la loi. Ce n'est vraiment absolument rien. Même pour les années
ultérieures, $30 millions ou $35 millio.hs. C'est quoi le chiffre pour
le fonds de relance? $18 millions, $15 millions par année?
M. Tremblay: Plus vite on va l'adopter, évidemment, plus
vite les entreprises vont pouvoir s'en prévaloir.
M. Raynauld: On n'en est pas à une journée
près.
M. Tremblay: Lorsqu'on adopte un projet de loi, cela prend un peu
de temps avant que les entreprises s'en prévalent. Normalement, le fonds
de relance industrielle qui est un fonds permanent c'est un point qui
n'est pas soulevé; on n'a pas besoin de revenir devant la Chambre pour
renouveler ce fonds de relance, c'est un fonds de relance permanent
lorsque sa vitesse de croisière sera atteinte, il impliquera des
montants de $30 millions et plus par année. C'est très difficile
de prévoir pour les années à venir, mais normalement ce
devrait être de $30 millions à $40 millions d'ici cinq ans,
annuellement.
En ce qui concerne l'autre mesure, elle ne dure que trois ans,
même si l'entreprise a cinq ans pour s'en prévaloir, cela devrait
impliquer un montant de $30 millions à peu près pour l'ensemble
du programme. Donc, comme je l'ai mentionné, on s'attend que le fonds de
relance implique des déboursés d'à peu près $150
millions pour les cinq prochaines années et le programme d'encouragement
au développement industriel régional, à peu près
$30 millions. Mais, dans le cas du fonds de relance, contrairement au volet du
développement industriel régional c'est là
l'originalité du projet il incite l'entreprise à investir
$3 pour chaque dollar que le gouvernement verse, de sorte que ce n'est pas $150
millions d'investissements que nous allons avoir de plus, mais c'est $600
millions d'investissements.
Or, comme on sait que les petites et moyennes entreprises n'investissent
pas plus de $400 millions à $500 millions par année, il s'agit
d'un stimulant énorme pour les petites et moyennes entreprises. C'est
pour cela qu'elles devront être suivies par la Société de
développement industriel et par le service d'aide aux entreprises pour
qu'elles ne fassent pas d'expansion trop rapide et que cette
générosité du gouvernement les place dans des situations
de gestion ou de marketing difficiles. Ce projet a été
très bien conçu pour tenir compte de toutes ces
éventualités dans le but de vraiment permettre à la petite
et à la moyenne entreprise de connaître une croissance
équilibrée.
M. Raynauld: Je trouve cela exorbitant, M. le Président,
que le ministre dise que c'est un stimulant extraordinaire, lorsqu'il parle de
restrictions aux corporations.
M. Tremblay: Mais quelles restrictions?
M. Raynauld: Vous dites la restriction que l'entreprise doit
verser $3 pour chaque crédit d'impôt de $1 qu'elle reçoit.
Vous appelez cela un stimulant.
M. Tremblay: C'est le stimulant à l'investissement. C'est
un énorme stimulant.
M. Raynauld: Pas un stimulant, c'est une restriction.
M. Tremblay: Non.
M. Raynauld: Elle bénéficie de $1 puis il faut
qu'elle remette $3. De toute façon, on y reviendra, si vous voulez, un
peu plus tard, parce que c'est un autre article qui s'applique à
cela.
Mais alors, est-ce que je conclus...
M. Tremblay: En plus des autres aides du MEER et de la SDI; il ne
faut pas croire que les entreprises ne sont pas choyées ici au
Québec. Je pense qu'elles le sont passablement.
M. Raynauld: Je comprends tout cela, mais...
M. Tremblay: Si vous voulez qu'on fasse la somme de toutes les
aides, on peut la faire.
M. Raynauld: Mais, étant donné que le fonds de
relance industrielle, de toute façon, cela ne dépassera pas
vous ne m'avez pas donné le chiffre encore juste pour le
fonds de relance industrielle...
M. Tremblay: J'ai dit à peu près $30 millions par
année. De $30 millions à $40 millions.
M. Raynauld: Pour les deux parties de la loi? M. Tremblay:
Non, l'autre... ■M. Raynauld: Seulement pour...
M. Tremblay: L'autre c'est d'environ $30 millions pour le
programme lui-même.
M. Raynauld: Disons $30 millions. Il y a $30 millions qu'on va se
trouver à créer par année quand l'ensemble des
investissements privés au Québec c'est $6 milliards. Donc on
s'aperçoit que...
M. Tremblay: Pas les investissements manufacturiers. Il ne faut
pas jouer quand même avec les chiffres comme cela. Quels sont les
investissements manufacturiers au Québec?
M. Raynauld: C'est vous qui voulez faire la restriction aux
investissements manufacturiers.
M. Tremblay: Non, mais...
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Ce que j'aimerais là...
M. Tremblay: C'est un programme pour l'industrialisation de
secteurs secondaires, ce n'est pas pour la baie James.
Le Président (M. Laplante): Je ne voudrais pas que ce soit
un dialogue. Il faudrait que le dé- puté d'Outremont finisse de
dire ce qu'il a à dire. Après cela, si vous avez une
réplique à donner, M. le ministre, je crois que ce serait dans
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Raynauld: Nous ferons des monologues, M. le
Président.
Pour continuer mon monologue, je disais qu'il serait souhaitable
d'essayer d'élargir l'application de cette loi comme elle est, à
l'heure actuelle, en ce qui concerne le fonds de relance industrielle. Je
trouve que cela s'applique à une somme infinitésimale de
crédits d'impôt de $30 millions par année et il me semble
que ce serait une bonne suggestion d'essayer d'élargir l'application de
cette loi à des entreprises un peu plus grosses que celles
prévues dans le projet de loi.
On a convenu que cette définition des petites et moyennes
entreprises est une définition de toute façon arbitraire; on
aurait très bien pu choisir 300 employés et moins plutôt
que 200. Il n'y a personne qui aurait contesté que ce n'était
plus un projet de loi aussi bon. Au contraire. Mon intention en faisant cette
suggestion c'est simplement, encore une fois, de rendre le projet de loi plus
accessible, pour qu'il se fasse plus d'investissements.
Maintenant, la restriction au secteur manufacturier, c'est une
restriction imposée qui est volontaire et d'ailleurs elle n'est pas
seulement pour le secteur manufacturier; si j'ai bien compris, le fonds de
relance peut être appliqué également à d'autres
types d'activité. Donc, il n'y a pas lieu non plus de dire que c'est
seulement pour l'industrie manufacturière. C'est pour cela, probablement
d'ailleurs, que le ministre a apporté un amendement pour élargir
un peu la notion d'industrie manufacturière.
Ceci dit, je n'ai pas envie d'éterniser le débat sur ce
sujet.
M. Tremblay: Je vais répondre à cela, parce
qu'infinitésimale et des termes semblables...
M. Raynauld: Oui, vous répondrez.
M. Tremblay: On se rapproche des chiures de mouches lorsqu'on
parle d'infinitésimale.
M. Raynauld: Je dis que les $30 millions de crédit
d'impôt qui sont prévus par le projet de loi sont
infinitésimaux par rapport aux investissements privés qui
s'élèvent à $6 milliards. C'est cela que j'ai dit. Quand
vous répondez que ce n'est pas $6 milliards qu'il faut prendre comme
point de référence, je prends les investissements, parce qu'il
s'agit d'essayer de favoriser les investissements dans la province de
Québec. Les restrictions supplémentaires que vous apportez sont
votre décision du gouvernement, ce ne sont pas les miennes. Je dis donc
que c'est un montant relativement petit. Si vous n'aimez pas le mot
"infinitésimal", je dirai "négligeable", par rapport aux
investissements totaux. Je maintiens cette affirmation et j'essaie, dans cet
article 6, de vous convaincre
d'élargir la portée de la loi. Bien entendu, comme vous
avez le dernier mot, je vais vous laisser l'avoir.
M. Tremblay: II y a énormément de commentaires
à faire à ce propos. En ce qui concerne la définition de
la PME, une telle définition ne peut pas se faire indépendamment
de la structure industrielle de l'économie dans laquelle nous nous
trouvons.
Au Québec, la majorité de nos entreprises sont des PME qui
ont moins de 200 employés. Il y en a très peu qui sont
très grosses ou grosses. Comme le projet de loi est orienté vers
les PME et que nous voulions établir une concordance avec
différents autres projets de loi, y compris celui sur les SODEQ qui
utilise la même définition, je pense que nous pouvions
difficilement faire autrement.
Par contre, lorsqu'on parle d'élargissement, dans ce
cas-là, il s'agit d'une certaine myopie de la part du
député d'Outremont lorsqu'il dit que c'est un projet de loi qui
n'a pas d'envergure, etc. Un gouvernement ne peut considérer qu'un seul
projet de loi; il doit considérer toutes les mesures existantes qui
portent sur l'objet en question. Or, dans le domaine industriel, il existe
déjà toute une série de mesures, à la fois au
niveau du gouvernement du Québec et au niveau fédéral. Il
deviendrait indécent, après un certain temps, d'ajouter aux
ajouts pour encourager les investissements.
Regardons ce qui se passe. On a le fonds de relance industrielle qui,
bien sûr, est limité à la petite et à la moyenne
entreprise. Par contre, le programme de développement économique
et régional s'adresse à toutes les entreprises, y compris les
multinationales. On a justement voulu avoir un deuxième volet pour ne
pas exclure des investissements qui impliqueraient de grandes entreprises, mais
avec beaucoup moins de largesse dans les critères. Dans le cas du fonds
de relance, pratiquement tous sont admissibles, on ne pourra pas dire que c'est
limitatif. Qu'est-ce qui se retrouve dans le fonds de relance? Pratiquement
tout, pourvu que ce soit justifié. On ne veut pas qu'il se contruise des
condominiums en Floride à même les 50% de réduction
d'impôt. Le moindre qu'on puisse attendre d'un gouvernement, c'est qu'il
soit responsable des fonds. On n'abaissera pas les impôts de 50% sur les
corporations alors que les impôts sur les revenus des particuliers sont
très élevés.
Donc, le projet de loi est très généreux pour les
entreprises, surtout si vous le comparez à l'ancienne loi 21 que le
gouvernement libéral avait adoptée. Là, on
prévoyait un dégrèvement de 3,6% de 6% et de 12% au
maximum, selon la région la plus éloignée, alors que nous
arrivons tout de suite avec un dégrèvement admissible de 25% pour
un même investissement. Comme l'a dit l'ancien ministre des Finances, M.
Garneau, hier, c'est extrêmement généreux. Il connaissait
sa loi 21. Peut-être que vous ne connaissiez pas la loi 21, mais
l'ex-ministre des Finances la connaissait et en est arrivé à la
conclusion que le projet de loi est très généreux.
Effectivement, il est très généreux. Si j'avais une
argumentation à faire, je dirais qu'il est trop généreux,
surtout si vous le comparez aux autres programmes qui existent.
Regardons ce qui existe. La SDI, qui peut financer jusqu'à 12%
d'un investissement sous forme de subventions, et tous ces autres programmes ne
sont pas exclus à cause de l'existence du fonds de relance ou du projet
de loi actuel. Le MEER peut financer jusqu'à 25% d'un investissement et
ceci étant cumulatif, on est rendu à 37% d'un projet
d'investissement. Ajoutez nos 25% et nous sommes rendus à 62% d'un
investissement financé par les fonds publics. Ajoutez maintenant les
SODEQ, qui peuvent investir par le truchement d'un dégrèvement
d'impôt de 25%. C'est pourquoi, lorsque le chef de l'Union Nationale
proposait qu'on monte le dégrèvement d'impôt à 100%,
je me demandais: Qu'est-ce qu'on veut? Que le gouvernement finance, que les
gouvernements parce qu'il ne faut pas oublier qu'il y a deux
gouvernements qui financent les mêmes investissements dans ce
système financent à 150% les investissements? Voyons donc!
Il faut quand même que les capitalistes mettent un peu de capital s'ils
veulent retirer des fonds. Le gouvernement ne reçoit pas de dividende
à partir de ce dégrèvement.
Lorsqu'on dit que c'est un projet qui est peu généreux, je
pense qu'on charrie énormément. Je n'ose même pas qualifier
cela, à moins que cela ne vienne de l'ignorance. Lorsqu'on connaît
tous les programmes qui existent comme nous les connaissons, je crois que c'est
un programme extrêmement généreux. Si les entreprises ne
veulent pas investir dans des conditions aussi favorables, il n'y a
peut-être pas d'avenir pour le capitalisme dans notre monde. Si elles ne
veulent pas investir lorsque le gouvernement finance pratiquement 100% de leur
investissement.
M. Raynauld: II n'y en aura sûrement plus avec vous
autres!
M. Tremblay: Pardon?
M. Raynauld: II n'y aura sûrement plus d'avenir pour le
capitalisme avec vous autres.
M. Tremblay: Regardez les programmes du gouvernement
libéral précédent pour voir si on a proposé un
programme de relance industrielle aussi important. Lorsque vous mentionnez le
fait qu'on rend conditionnel ce dégrèvement d'impôt
à un réinvestissement des profits, je pense que c'est la moindre
des choses. On n'abaisse pas les impôts pour le plaisir d'enrichir
quelques personnes qui vont aller prendre leur retraire en Floride. On abaisse
les impôts parce qu'on considère que c'est un investissement
public pour relancer l'industrialisation et renforcer la structure
industrielle.
A moins d'être d'une générosité
obscène, il faut au moins accepter que le gouvernement pose ses
conditions et on le fait par les mesures fiscales. Comme le
député d'Outremont l'a dit, cela
simplifie les choses, parce que c'est l'entreprise elle-même qui
est la mieux placée pour décider si elle doit investir ou ne pas
investir. Au lieu d'avoir un appareil bureaucratique qui aurait eu un fonds,
comme le mentionnait le député de Notre-Dame-de-Grâce, le
ministre de l'Industrie et du Commerce qui aurait décidé de
donner telle subvention, on laisse aux entreprises le soin de décider de
s'en prévaloir ou de ne pas s'en prévaloir. Mais là, qu'on
ne vienne pas dire que c'est un programme qui n'est pas généreux.
Lorsqu'on fait la somme de tous ces efforts, je pense qu'un effet important se
fera sentir au niveau des investissements.
Maintenant, ce n'est pas ma faute si, au niveau du gouvernement du
Québec, nous possédons un taux d'imposition qui est de 12%, ce
qui représente à peu près 25% des taux de taxation globaux
sur les entreprises. Le gouvernement fédéral lui-même a une
puissance fiscale beaucoup plus forte que le gouvernement du Québec. Le
gouvernement fédéral, dans son dernier budget, fait un petit
effort qui se rapproche du nôtre. Il a reporté le
dégrèvement de 5% pour trois autres années. Il a
élevé ce dégrèvement à 7,5% pour l'ensemble
du Québec et à 10% pour la Gaspésie, ce qui va impliquer
des montants, si on veut parler de montants globaux de $105 millions venant du
gouvernement fédéral.
D'autre part, il y a un autre élément important qui doit
être mentionné et on n'a pas eu le temps de le mentionner lors du
débat en deuxième lecture. C'est que le gouvernement
fédéral, dans son dernier budget, accorde une déduction de
3% des revenus des entreprises à la suite d'une revalorisation des
stocks. Or nous avons décidé, comme gouvernement, et cela a
été déposé en Chambre, la semaine dernière,
avec le projet de loi 52, à l'article 16, d'uniformiser la Loi de
l'impôt du Québec pour accorder ce dégrèvement de
3%, ce qui va impliquer $30 autres millions que le gouvernement du
Québec va injecter dans les entreprises, surtout dans la région
de Montréal parce que la plupart des entreprises qui seront
admissibles à ce dégrèvement d'impôt sont
situées dans la région de Montréal de sorte que
lorsque l'on ajoute toutes ces subventions fédérales et
québécoises aux investissements, les gouvernements,
présentement, font le maximum.
Cela ne veut pas dire qu'au niveau de la politique du taux de change, de
la politique monétaire, l'administration est adéquate. Je pense
que c'est mal administré présentement, et ces effets de grande
politique sont beaucoup plus forts, ont des effets beaucoup plus
déterminants sur les investissements. La loi C-73, qui contrôle
les prix et les salaires, retarde plusieurs investissements. Mais en termes de
stimulants et d'aide financière aux investissements, on atteint, au
Canada, presque la limite du pourcentage des investissements qui sont
financés par les fonds publics.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laprairie.
M. Michaud: M. le Président, dans l'établisse- ment
des critères de base, le ministère a sûrement fait une
étude. Je voudrais savoir quel pourcentage des entreprises ou des
corporations du Québec vont pouvoir bénéficier du projet
de loi no 48, et quel pourcentage des PME vont pouvoir en
bénéficier, si c'est possible de le savoir, s'il vous
plaît?
M. Tremblay: Dans une publication du ministère de
l'Industrie et du Commerce, en date du mois de juin 1977, qui a pour titre: La
PME au Québec, situation et problèmes, à la page 25, on
donne des comparaisons et la classification des entreprises au Québec.
Comme je l'ai mentionné, les entreprises rendues admissibles par
l'article 6 dépassent les 6000 au Québec, alors que les grandes
entreprises, les grosses entreprises ne dépassent pas le nombre de 400.
De sorte qu'on retrouve pratiquement au-delà de 90% des entreprises
manufacturières qui sont admissibles selon le critère 6 de la
loi.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Excusez-moi, M. le ministre, seulement quelques
questions et je n'attends pas les réponses aujourd'hui. Le fonctionnaire
sans doute peut m'aider. Je sais naturellement et je suis d'accord avec vous,
...
M. Tremblay: De ma propre main dont je peux vous répondre,
mes fonctionnaires, ...
M. Mackasey: Excusez-moi.
M. Tremblay: Je peux vous répondre, M. le
député.
M. Mackasey: J'ai droit seulement à une heure sept
minutes. Ce n'est pas parce que... vous n'avez pas...
M. Tremblay: Non, ce ne sont pas les fonctionnaires qui vont vous
répondre.
M. Mackasey: Ce n'est pas parce que vous n'avez pas à
votre disposition les réponses. J'ai déjà
été dans cette situation, et mes réponses étaient
les réponses de mes fonctionnaires, comme le sont les vôtres. Ils
ne sont pas tous ici. Ils sont en arrière de vous.
D'ailleurs, ce n'est pas un reproche que je fais. C'est leur rôle.
Vous êtes le porte-parole des fonctionnaires. Je vais vous poser une
question. Vous avez calculé $30 millions à $35 millions comme un
rabais de taxe. Il faut avoir une limitation. Le ministre des Finances est
responsable. Il faut une limitation, c'est normal. Je ne suis pas contre les
contraintes dans le projet. Je suis d'accord avec le député
d'Outremont.
Combien d'entreprises, selon les chiffres à votre disposition,
représentent $30 millions ou $35 millions d'investissement ou de rabais
de taxe? Selon ces critères, combien d'entreprises prendront avantage,
pour arriver au montant que vous avez estimé à $30 millions ou
$35 millions.
M. Tremblay: II est impossible de répondre à cette
question.
M. Mackasey: Vous venez de dire que vous avez tous les chiffres
à votre disposition.
M. Tremblay: Nous connaissons le nombre d'entreprises qui sont
admissibles selon les critères, soit au-delà de 6000 entreprises.
Nous savons que la moitié des impôts sera versée. Quel est
le nombre d'entreprises qui vont décider de faire des investissements au
cours des prochaines années? Il est impossible de connaître
l'avenir et les décisions des entreprises.
M. Mackasey: Je suis d'accord. Comment cela se fait-il que vous
nous dites que cela va coûter $30 millions à $35 millions?
M. Tremblay: C'est parce que les impôts payés par
les entreprises en question se situent à peu près à $70
millions. Ces impôts vont s'accroître avec la croissance
économique.
M. Mackasey: Donc, vous dites que c'est possible que cela va se
rendre de $30 millions à $35 millions.
M. Tremblay: Je dis que c'est entre $30 millions et $40
millions.
M. Mackasey: Ceci est le paramètre. M. Tremblay:
C'est cela.
M. Mackasey: Alors il y a sans doute une raison pour laquelle
vous avez choisi cette formule. Ce n'est pas parce que cela représente
une petite entreprise, une entreprise qui était "capital intensive ou
level intensive". Cela représente, avec raison, dans l'esprit du
ministre des Finances, un moyen, si tout le monde en prend avantage, d'un
remboursement de $35 millions des impôts. C'est cela la limitation, au
lieu de ce qui est dit dans l'article 6.
Supposons, par exemple, que cela dépasse $35 millions, supposons
que l'année suivante, l'expansion économique de l'Amérique
du Nord reprend. Ce n'est pas la faute du Québec et du changement du
gouvernement, ce sont des problèmes à travers le
monde. Mais supposons comme plusieurs prévoient une augmentation dans le
domaine des finances, imaginons que le gouvernement soit obligé de
renverser plus que $35 millions, mais $50 millions ou $60 millions...
M. Tremblay: On sera heureux parce que cela voudra dire qu'il y
aura $200 millions d'investissements additionnels.
M. Mackasey: Alors pourquoi ne prenez-vous pas la suggestion du
député d'Outremont soit de réanalyser les limitations des
critères dans l'article 6? Si, par votre définition, la vraie
limitation, si vous voulez, c'est de former le trois pour un et non pas le
nombre d'employés et même pas le ...
M. Tremblay: On revient sur le principe de la loi. C'est quand
même un fonds de relance industrielle pour la petite et moyenne
entreprise. Je ne peux pas remettre en question ce principe qui a
été adopté, hier, en deuxième lecture.
Evidemment, c'est possible d'avoir un fonds de relance qui s'applique
à l'ensemble des entreprises, mais comme le deuxième volet
s'applique à l'ensemble des entreprises, le principe du fonds de relance
s'applique à la PME. C'est une politique du gouvernement.
M. Mackasey: Alors, en conclusion, cela peut coûter
jusqu'à $35 millions, si tout le monde en prend avantagé.
M. Tremblay: II est impossible de préciser
complètement.
M. Mackasey: C'est possible, mais ce n'est pas logique que tout
le monde va en prendre avantage immédiatement.
M. Tremblay: Nous allons faire énormément de
publicité parce que nous n'avons pas l'intention de cacher ce projet de
loi. Nous voulons que les entreprises s'en prévalent. Nous allons faire
toutes les démarches voulues pour que les entreprises s'en
prévalent.
M. Mackasey: Vraiment on peut dire que c'est un principe qu'on
adopte au lieu d'une somme.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Notre-Dame-de-Grâce a-t-il l'intention de revenir à la prochaine
séance ou avez-vous envie de finir cela tout de suite pour adopter
l'article 6?
M. Tremblay: Nous autres...
M. Mackasey: Je m'excuse, c'est l'heure du midi, on reviendra
à la prochaine séance.
Le Président (M. Laplante): On ajourne les travaux sine
die.
M. Raynauld: Je voudrais poser juste une petite question
d'information. Est-ce que le ministre aurait une distribution des impôts
payés selon la taille des entreprises? Parce qu'on parle toujours des
$70 millions. Peut-être qu'on pourrait déposer à la
commission cette information.
M. Tremblay: Je vais demander au ministère du Revenu de
vérifier.
Le Président (M. Laplante): Ajourné sine die. (Fin
de la séance à 12 h 1)
Reprise de la séance à 16 h 45
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'industrie et du commerce, du tourisme, de la chasse
et de la pêche est réunie pour étudier, article par
article, le projet de loi no 48, Loi sur les stimulants fiscaux au
développement industriel.
Les membres de la commission pour cet après-midi sont: M. Dubois
(Huntingdon) qui remplace M. Biron (Lotbinière); M. Bordeleau
(Abitibi-Est), M. Desbiens (Dubuc), M. Duhaime (Saint-Maurice); M. Rancourt
(Saint-François) qui remplace M. Godin (Mercier); M. Goulet
(Bellechasse) qui remplace M. Grenier (Mégantic-Compton); M. Brassard
(Lac-Saint-Jean) qui remplace Mme Leblanc (Iles-de-la-Madeleine); M. Mackasey
(Notre-Dame-de-Grâce); M. Forget (Saint-Laurent), qui remplace M.
Mailloux (Charlevoix); M. Marcoux (Rimouski), M. Marquis (Matapédia), M.
Mercier (Berthier), M. Michaud (Laprairie); M. Caron (Verdun) qui remplace M.
Pagé (Portneuf); M. Perron (Duplessis), M. Raynauld (Outremont), M.
Tremblay (Gouin).
M. Brassard n'y est pas, c'est Mme Leblanc (Iles-de-la-Madeleine)
à la place de M. Brassard.
A la suspension, la commission en était à l'article 6, et
M. Mackasey avait demandé la parole, je crois. En son absence, est-ce
que...
M. Raynauld: Nous sommes prêts à adopter l'article
6.
Le Président (M. Boucher): L'article 6 est adopté.
Article 7?
M. Tremblay: M. le Président, cet article s'applique
uniquement dans le cas des corporations liées et vise à
résoudre le problème du calcul de l'actif, lorsque les
années d'imposition des corporations liées ne se terminent pas au
même moment.
Afin d'éviter les délais, la corporation qui
présente sa demande de participation au fonds de relance industrielle
peut utiliser le bilan le plus récent des corporations qui lui sont
liées.
Le Président (M. Boucher): Article 7, adopté? Le
député d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, si vous me permettez, j'ai
soulevé ce matin, à propos de l'article 1 des définitions,
le problème des corporations liées. Je pense que c'est à
cet article-ci qu'on pourrait discuter du bien-fondé de cette
restriction qui est placée. On se rend compte que, si c'est
limité aux entreprises dont la totalité du groupe ne peut
excéder 200 employés, ou $7,5 millions d'actif, on restreint
considérablement la portée de ce projet de loi. Comme je suppose
que les corporations sont des sociétés autonomes juridiquement,
je voudrais proposer, si c'était possible, que le projet de loi
s'applique aux corporations tout court, qui sont reconnues juridiquement. Il y
a plusieurs raisons pour cela. La première est évidemment ma
raison générale d'essayer, encore une fois, de faire appliquer
cette loi au plus grand nombre possible d'entreprises. Il y en a une
deuxième. Il me semble que cette notion de corporation liée
introduit des difficultés assez considérables
d'interprétation. Qu'est-ce qu'une corporation liée? Quelle est
la définition qu'on va donner d'une corporation liée?
Comme on le sait, les corporations peuvent être liées avec
la totalité des actions qui sont détenues par une autre
société. Cela peut être aussi défini par un
pourcentage très peu élevé d'actions. On pourrait aussi
définir la corporation liée comme une corporation associée
à une autre, tout simplement parce qu'on vend ou on achète de
cette autre corporation, ou encore qu'il y a des liens financiers autres que
ceux des actions qui ont des votes, ou qui n'en ont pas. Il y a toute une
série de difficultés qui sont soulevées par l'introduction
de cette notion. Il me semble que, si on voulait élargir encore une fois
l'application de la loi, on pourrait probablement s'en passer.
Enfin, un troisième point. On a à l'esprit ici et
peut-être serait-il possible d'éliminer ces cas par d'autres
façons une petite entreprise de peut-être 25 ou 50
employés qui se trouve à être associée en
propriété complète d'une grande multinationale et on ne
veut pas faire appliquer ou donner les bénéfices de cette loi
à la corporation internationale.
Je voudrais faire remarquer là-dessus qu'il s'agit là,
évidemment, de cas extrêmes. Les cas moyens peuvent être
beaucoup plus acceptables, même en conservant le concept de petites et
moyennes entreprises. Les entreprises associées ne sont pas toujours une
petite entreprise associée à une très grande entreprise
multinationale. On peut avoir tous les cas intermédiaires. Il me semble,
encore une fois, à cause des difficultés d'interprétation
que cette notion va soulever, que cela rend très difficile à une
petite ou une moyenne entreprise qui peut être, à toutes fins
pratiques, indépendante, si on additionne toutes les restrictions, de
savoir si elle est admissible aux bénéfices de la loi.
Il me semblait que, dans ce cas-ci, on avait un beau cas ou on aurait
pu, où on pourrait encore élargir, encore une fois, l'application
de la loi.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Tremblay: M. le Président, je pense que deux points
sont soulevés. Il y a une question de principe, à savoir qu'elle
est la définition des PME? Dans notre esprit, évidemment, le
principe du projet est d'aider les PME, de sorte qu'on considère que les
corporations liées sont considérées comme ne formant
qu'une seule entreprise. Par conséquent, nous excluons les entreprises
qui sont de petites unités de production, mais dont le lien avec une
grande corporation fournit plus d'avantages aux grandes corporations.
Ceci est évident. On peut avoir des petites unités de
production, mais qui font appel à un fonds
financier, un holding financier, et cela devient une grande entreprise.
Je vais prendre l'exemple de Power Corporation, qui peut avoir des petites
filiales. Le principe de la loi est d'aider les PME.
D'autre part, le projet de loi lui-même n'invente pas une
définition de "corporation liée". Cela fait partie de la Loi de
l'impôt, article 14, alinéa c), où on définit
très clairement quelles sont les conditions pour que deux corporations
soient liées l'une à l'autre. Le projet de loi lui-même
n'invente pas ces définitions. Etant donné que notre projet de
loi est un projet de loi à incidences fiscales, il serait assez
désavantageux d'avoir une définition de "corporation liée"
dans le projet de loi 48 qui soit différente de celle de la Loi de
l'impôt. Le projet de loi présentement à l'étude
utilise donc la définition de la Loi de l'impôt. Je pourrais lire
la définition, mais je pense que cela serait assez fastidieux. C'est de
l'article 14 qu'il s'agit.
M. Raynauld: Pourriez-vous donner l'essentiel du
critère?
M. Tremblay: II y a six critères. Deux corporations
quelconques sont considérées liées entre elles, si elles
sont contrôlées par la même personne, ou le même
groupe de personnes. Si chacune d'elles est contrôlée par une
personne et si la personne contrôlant l'une d'elles est liée
à celle contrôlant l'autre, si l'une d'elles est
contrôlée par une personne liée à un membre d'un
groupe lié qui contrôle l'autre; si l'une des corporations est
contrôlée par une personne liée à chaque membre d'un
groupe non lié qui contrôle l'autre; si l'un des membres d'un
groupe lié contrôlant une des corporations est lié à
chaque membre d'un groupe non lié qui contrôle l'autre; ou si
chaque membre d'un groupe non lié contrôlant une des corporations
est lié à au moins un membre d'un groupe non lié qui
contrôle l'autre. C'est l'idée de "holding", à mon avis,
qui ressort clairement de la Loi sur l'impôt, et comme on voulait
éviter que le projet de loi serve à des grands "holding"
corporatifs, nous avons adopté cette définition de la Loi de
l'impôt.
M. Raynauld: Me permettez-vous une question
supplémentaire?
M. Tremblay: Bien sûr.
M. Raynauld: Je me souviens maintenant d'avoir lu cela, c'est
pour cela que je ne me souviens pas des critères, parce qu'on ne
définit pas le mot "contrôle", dans cela. Est-ce que le
contrôle, c'est 50% des actions? Est-ce 10%? Est-ce 100%? Une personne
qui contrôle l'autre.
M. Tremblay: Je crois que l'idée fondamentale, c'est le
contrôle effectif, de sorte que cela peut varier. Dans une très
grande corporation, un contrôle à 10% peut être un
contrôle.
M. Raynauld: C'est défini par règlement?
M. Tremblay: Je ne connais pas suffisamment la Loi de
l'impôt pour vraiment donner cette réponse. On sait qu'on peut
contrôler une entreprise avec moins de 50% des actions. Je pense qu'il y
a peut-être un élément d'appréciation, à
savoir quel est le contrôle effectif? Qui détient le
contrôle effectif d'une entreprise?
M. Raynauld: Avez-vous des renseignements sur le nombre
d'entreprises, de PME, qui seraient couvertes par cette loi, donc qui
satisferaient aux autres conditions, soit 200 employés et moins, parmi
les 6000 que nous avons, qui seraient liées à d'autres?
Connaît-on la portée de cette clause?
M. Tremblay: Non.
M. Raynauld: On ne connaît pas la portée de la
clause.
M. Tremblay: On ne connaît pas le nombre d'entreprises qui
pourraient être liées.
M. Raynauld: Les déclarations d'impôt sont faites
par les entreprises indépendantes ou par les entreprises liées
aux autres? Etant donné que, dans ce projet de loi, vous voulez baser
l'acceptabilité ou l'admissibilité d'une entreprise sur les
déclarations d'impôt, est-ce que ce seront les mêmes ou si
ce seront des déclarations d'impôt différentes,
étant donné qu'elles sont liées ou pas liées?
Est-ce qu'on connaît la portée de cela aussi?
M. Tremblay: Chacune des compagnies fait sa déclaration
d'impôt.
M. Raynauld: Indépendante?
M. Tremblay: Indépendante.
M. Raynauld: Qu'elle soit liée ou non? A ce moment, vous
ne pourrez pas, comme vous le disiez ce matin, vous fier simplement aux
déclarations d'impôt pour savoir si elles sont admissibles.
M. Tremblay: Dans les rapports annuels des compagnies, on donne
la liste des propriétaires, de sorte qu'on peut voir ce qui est
contrôlé. Le ministère du Revenu est habitué
à faire face à des situations semblables, puisque cela fait
partie de la Loi du revenu, loi qui n'est pas du tout administrée par le
ministère de l'Industrie et du Commerce. Seule une partie est
administrée par le ministère du Revenu.
M. Raynauld: Si je comprends bien, vous avez pesé le pour
et le contre et vous avez décidé que les corporations
liées étaient indispensables au projet de loi. Vous ne voyez pas
l'intérêt de changer cela?
M. Tremblay: Le contraire s'opposait au principe de cette partie
de la loi. Dans ce cas, on ne veut pas aider les grands "holdings" corporatifs,
mais vraiment des PME bona fide. C'est la raison.
M. Raynauld: Les "holdings" ne seraient pas admissibles, M. le
ministre, étant donné l'article 6.
M. Tremblay: Non, mais une petite entreprise qui a accès
aux ressources financières d'un grand "holding" n'est pas dans la
même situation qu'une vraie PME indépendante. Si vous êtes
la filiale contrôlée par Power Corporation, vous ne pouvez pas
comparer votre situation financière et votre capacité
concurrentielle avec une entreprise qui est une PME bona fide. Je pense que
cela va de soi.
Le Président (M. Boucher): Article 7, adopté. M.
Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 8? M. le
ministre.
M. Tremblay: L'article 8 précise que le choix de
l'entreprise s'effectue au moment de sa déclaration fiscale, afin de
faciliter au maximum la participation des entreprises au fonds de relance
industrielle. C'est le X auquel je faisais allusion
précédemment.
D'autre part, cet article autorise le ministre du Revenu à
communiquer au ministre des Finances et au ministre de l'Industrie et du
Commerce le solde des sommes déposées au fonds par une
corporation, puisque sont confidentiels, en vertu de l'article 69 de la Loi du
ministère du Revenu, tous renseignements obtenus dans l'application
d'une loi fiscale. Ceci vise à faciliter l'administration du programme,
à rendre possible une meilleure évaluation de l'impact de cette
mesure sur le développement des PME québécoises et
à permettre au ministre de l'Industrie et du Commerce de conseiller plus
adéquatement les PME sur leur plan d'expansion.
Donc, c'est un accroc à la confidentialité, du moins pour
cette partie de la déclaration d'impôt. Il ne s'agit pas de toute
la déclaration d'impôt, mais nous pouvons savoir le montant qui
existe pour chaque entreprise dans le fonds de relance dans le but de
contacter, justement, l'entreprise pour l'inciter à faire de l'expansion
et de la renseigner, par exemple, sur d'autres programmes d'aide qui, venant
s'ajouter au fonds accumulé, peuvent devenir une incitation très
forte à l'investissement.
M. Raynauld: M. le Président, je n'ai pas d'objection de
principe à l'article 8. Je voudrais simplement revenir sur le X.
Pourquoi est-il question, s'il s'agit simplement d'un X, d'une formule
prescrite par le ministre du Revenu? Ici encore, je pense bien que le ministre
doit être d'accord il l'a exprimé hier sur
l'intention que j'essayais d'exprimer de simplifier les procédures le
plus possible. Ici, on a effectivement deux formules qui doivent être
remplies.
A moins que je n'interprète mal, et c'est pour cela que je pose
ma question, la formule prescrite par le ministre du Revenu sera-t-elle une
formule spéciale par laquelle la corporation en question fera sa
déclaration ou si c'est bien le X dont vous parliez? C'est la
déclaration fiscale.
M. Tremblay: II s'agit vraiment d'une seule formule: la
déclaration fiscale selon l'article 732 de la Loi de l'impôt, avec
l'ajout d'un paragraphe, évidemment, pour permettre à
l'entreprise de se prévaloir de la loi 48.
M. Raynauld: D'accord. L'autorisation est indispensable,
étant donné que le ministère de l'Industrie et du Commerce
veut savoir à quoi ces fonds seront utilisés. Je n'ai pas
d'objection à l'article 8.
Le Président (M. Boucher): Article 8, adopté?
Adopté. Article 9?
M. Tremblay: L'article 9 vise à éviter qu'une
entreprise ne retire un montant d'impôt qu'elle n'a pas encore
payé au ministre du Revenu. Le dépôt au fonds de relance ne
peut se faire qu'à partir de la cotisation par le ministre du Revenu et
au moment où l'entreprise a effectivement payé son
impôt.
De plus, pour que le ministre du Revenu puisse déposer 50% de
l'impôt autrement payable d'une corporation dans le fonds de relance,
celle-ci doit avoir acquitté, au moment de la cotisation, tous les
droits, honoraires, prix ou coûts de licence, ou permis, taxes et autres
impôts et contributions en vertu de la loi fiscale dus au ministre du
Revenu. C'est une question de concordance de la loi avec les obligations de
l'entreprise à l'endroit du ministère du Revenu.
M. Raynauld: M. le Président, je n'ai pas de
déclaration à faire sur l'article 9.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, sur l'article 9...
Excusez-moi, c'est l'article 10, c'est l'article subséquent.
Le Président (M. Boucher): Alors, l'article 9 est
adopté? Adopté. Article 10? Je crois qu'il y a une modification
proposée à l'article 10.
M. Tremblay: II y a eu une correction qui a été
faite à l'article 10 ce matin.
Encore là, cet article complète l'article 9 parce que, tel
que rédigé, l'article permettra au ministre du Revenu de
récupérer toute somme excédentaire versée à
même un dépôt fait au fonds pour le bénéfice
d'une corporation qui n'y avait pas droit. Il est possible qu'une entreprise
fasse une fausse déclaration et que des montants soient versés
dans le fonds. Cet article permet au ministre du Revenu de corriger cette
fausse déclaration et de retirer les fonds, parce qu'il faut bien se
rendre compte qu'une fois que les fonds sont déposés ils
demeurent la propriété de l'entreprise. Mais, s'il y a eu une
fausse déclaration, l'entreprise est dans l'illégalité,
ces fonds ne lui appartenant pas. Le ministère du Revenu peut retirer,
avec l'article 10, des fonds qui ont été déposés
sous de fausses représentations.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Pour clarifier l'application de l'article 10, du moins
je pense que c'est le bon endroit, étant donné qu'on parle d'une
diminution du solde des sommes créditées en quelque sorte
à une corporation pour une année d'imposition. Si, dans une
année subséquente, la corporation en question réalise des
pertes, sans que rien ne soit modifié quant à l'année
d'imposition pour laquelle l'article 4 a été invoqué,
alors qu'on s'est prévalu de la possibilité d'inscrire les sommes
au fonds, il est normalement permis d'obtenir un remboursement d'impôt en
fonction des pertes réalisées dans une année, même
dans certains cas et selon certaines règles, des impôts
payés dans une année antérieure. Cela veut-il dire que la
perspective d'une perte, au sens de la Loi sur les impôts, dans une
année ultérieure, peut diminuer le solde disponible pour les fins
de l'application de cette loi?
M. Tremblay: Oui, avec cet article, justement, le ministre du
Revenu peut appliquer les autres articles de la loi du revenu qui ont
préséance en quelque sorte. Vous faites allusion à
l'égalisation des revenus pour une période, de sorte que des
sommes versées au fonds de relance peuvent être retirés par
le ministre du Revenu pour les redonner à l'entreprise, étant des
versements en trop d'impôt.
M. Raynauld: M. le Président, je pense que l'article 10
couvrait ce cas. Il me semblait qu'il couvrait plus ce cas que celui de fausses
déclarations.
Les fausses déclarations sont couvertes, il me semblait en tout
cas, par les articles où on dit que partout il n'est pas permis, par
exemple, qu'une firme réclame plus que la moitié de l'impôt
payé, des choses semblables. C'était déjà couvert
par les autres articles. On n'avait pas besoin d'un article spécial pour
dire que s'il y avait mauvaise foi...
M. Tremblay: Non, ce n'est peut-être pas de la mauvaise
foi, ce sont des déclarations erronées plutôt que de
fausses déclarations.
M. Raynauld: L'article 10 me semblait couvrir exactement le cas
qui a été soulevé où, à la suite d'une
nouvelle cotisation, on a changé l'impôt payable de l'année
précédente, mais que cela ne couvrirait pas le cas de
déclarations qui seraient fautives ou fausses.
M. Tremblay: Est-ce que vous avez la correction de ce matin? La
correction de ce matin ajoute, après le mot "impôt": afin de tenir
compte de l'invalidité d'un choix visé à l'article 4 fait
par la corporation à l'égard d'une année d'imposition pour
laquelle elle ne satisfaisait pas aux conditions mentionnées à
l'article 6. C'est là où une déclaration peut être
erronée.
M. Raynauld: Une autre façon de le dire c'était
qu'il ne me paraissait pas essentiel d'avoir cela, étant donné
que d'autres articles disent ce qui est permis et ce qui n'est pas permis. En
tout cas, je n'ai pas d'objection à ce qu'il soit là. Je ne
voudrais pas faire de débat là-dessus. Mais cela ne
m'apparaissait pas nécessaire.
M. Tremblay: La vraie raison, je pense, c'est parce que les
sommes une fois versées au fonds appartiennent à l'entreprise, de
sorte que le ministère du Revenu qui veut corriger une
déclaration erronée et retirer des fonds a besoin d'avoir
l'autorisation de le faire, étant donné que les fonds demeurent
la propriété de l'entreprise même s'ils sont dans le
fonds.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Une autre possibilité de diminution de ce
fonds, M. le Président, me semble résider dans le fait qu'une
entreprise qui correspond aux critères énumérés au
paragraphe b) de l'article 6, c'est-à-dire avoir moins de 200
employés ou $7 500 000 d'actif pour l'année d'imposition, au
moment où se fait le dépôt, ou des années
antérieures, peut cependant ne plus se qualifier dans des années
subséquentes; soit parce qu'elle devient la propriété
d'une entreprise, d'un holding, par exemple, soit parce que sa croissance
même lui fait dépasser le seuil de 200 employés ou $7 500
000 d'actif.
Supposons qu'on est dans la troisième année, à
partir de la mise en vigueur de ce programme, et qu'il y a comme cela un
changement de statut. Qu'est-ce qu'il advient des sommes qui ont
été soi-disant versées dans ce fonds. Est-ce que ce n'est
pas un des cas que prévoit l'article 10, c'est-à-dire que le
ministre de l'Industrie et du Commerce ou le ministre du Revenu ou je ne sais
qui, à ce moment, donne avis que les sommes il peut y avoir $1
million là-dedans, comme il peut y avoir $10 000, bien sûr
doivent être désormais soustraites des sommes
déposées au fonds au bénéfice de l'entreprise
puisque, même quand elle a contribué, elle se qualifiait et,
maintenant qu'elle est en perspective de pouvoir les utiliser, elle ne se
qualifie plus?
Ce n'est pas très clair parce qu'à l'article 6 on vise
essentiellement le moment où la contribution est faite plutôt que
le montant où elle est utilisée. A l'article 11, qu'on va voir
tantôt, on prévoit que la période de cinq ans s'est
écoulée. Je pense que c'est le bon moment pour poser cette
question étant donné qu'on est entre les deux.
M. Tremblay: II s'agit d'une question d'interprétation
effectivement. C'est que la restriction pour l'admissibilité au fonds se
fait lors du dépôt et l'entreprise qui est admissible lors du
dépôt, elle l'est toujours pour sortir le fonds pour un
investissement.
M. Forget: Ce qui veut dire que dans le fond la restriction que
le ministre a insérée tout à l'heure
en parlant de firmes liées ou de corporations liées ne
vise pas, strictement, à exclure du bénéfice de cette loi
des entreprises qui deviendraient des grosses entreprises.
M. Tremblay: Tout juste. La même chose pour les entreprises
qui fusionnent.
M. Forget: Mais ce sont seulement les entreprises qui au
départ sont des petites ou moyennes entreprises.
M. Tremblay: C'est avant qu'elles fusionnent; elles demeurent
admissibles. C'est pour encourager la fusion.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 10 tel que
modifié est adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 11.
M. Tremblay: M. le Président, cet article fixe à
cinq ans et six mois le délai accordé à une entreprise
pour retirer, suite à un projet de dépenses admissibles, les
sommes déposées au fonds. Puisqu'une corporation doit transmettre
la déclaration fiscale dans les six mois qui suivent la fin de son
entrée d'imposition selon l'article 732, paragraphe 2a de la Loi sur les
impôts, le délai pour retirer une somme déposée au
fonds a été porté à cinq ans et six mois.
Ce délai a pour but d'inciter les entreprises à
réinvestir, ce qui est l'objectif majeur de ce projet de loi. Sachant
qu'il perdra son dépôt s'il n'est pas utilisé dans cette
période, l'entrepreneur a une motivation à préparer un
projet de dépenses admissibles afin de récupérer les
sommes déposées.
M. Raynauld: Puis-je poser simplement une question d'information?
Pourquoi les six mois?
M. Tremblay: La déclaration à l'impôt doit se
faire six mois après la fin de l'exercice fiscal. Ceci peut se traduire
par la date du 30 octobre. Comme on voulait que chaque entreprise soit soumise
à la même date limite et que pendant ces six mois les entreprises
puissent choisir la date qu'elles veulent pour faire leur dépôt,
en établissant la période la plus longue, on se trouve à
couvrir toutes les entreprises et on n'a pas de jugement arbitraire de fait par
le ministre du Revenu. On a allongé la période de six mois, pour
tenir compte de cette éventualité.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Après la question de mon collègue sur
les six mois, j'ai envie de poser la question: Pourquoi cinq ans? Je peux
imaginer qu'il y a une théorie quelconque dans l'esprit du ministre
voulant que les cinq ans vont avoir un effet anticyclique favorable, à
supposer qu'on soit devant un cycle de profits de cinq ans qui fait que quand
on est au sommet de la courbe, on a beaucoup de profits, donc, beaucoup de
dépôts, dans le fond, et qu'on va donc avoir une incitation
maximale, cinq ans plus tard, pour ne pas perdre l'avantage de ces
dépôts relativement élevés et de les
dépenser, au plus tard, dans cinq ans. Est-ce ce genre
d'explication?
On pourrait aussi supposer qu'on veut accélérer, dans le
fond, le plus possible un programme de relance. A ce moment-là, on
pourrait plutôt penser à trois ans comme maximum. Il doit y avoir,
là-dessus, différents raisonnements, différents ordres de
grandeur des effets escomptés qui ont été
étudiés par le ministère.
M. Tremblay: Je dois dire, au début, qu'il s'agit d'un
programme permanent, donc, le fonds de relance est permanent. Par contre,
l'objet même de la création du fonds est d'établir une
pression sur les entreprises pour l'investissement, de sorte qu'il nous faut
quand même établir une limite temporelle d'admissibilité de
ces fonds pour financer les investissements. Cinq ans, c'est une période
qui est réconciliable avec d'autres programmes; par exemple, la
deuxième partie de la loi établit aussi la période
d'admissibilité à cinq ans.
D'autre part, j'ai fait allusion, ce matin, au fait que le ministre des
Finances, dans son discours du budget, pourra modifier cette loi dans les
modifications qu'il apporte à la Loi de l'impôt. Il pourra le
faire en bonifiant le fonds, en donnant davantage de fonds aux entreprises qui
investissent pendant la période, ou il pourra aussi modifier cette
période. Il pourra, dans une situation où il voudra encourager
les investissements, à la fois bonifier mais réduire la
période; dans une autre période conjoncturelle, où les
investissements privés sont abondants sans incitation additionnelle, il
pourra allonger la période sans accorder de boni. Nous
établissons cette limite à cinq ans parce qu'il nous faut une
limite, mais cette limite pourra varier à la suite d'une modification de
la politique conjoncturelle du ministre des Finances.
M. Raynauld: Sur ce plan, le ministre vient de dire que c'est
cinq ans pour la première partie et la deuxième partie aussi; la
deuxième partie, je pensais que cela s'arrêtait au 31 mars 1980,
suivant l'article 22.
M. Tremblay: Le programme dure trois ans, mais l'entreprise a
cinq ans pour se prévaloir du dégrèvement.
M. Raynauld: Elle a cinq ans pour se prévaloir du
dégrèvement? C'est curieux, je n'ai pas vu cela.
M. Tremblay: Oui. Le programme dure jusqu'en 1980, mais il y a
cinq ans pour s'en prévaloir.
M. Forget: Ce que le ministre vient d'indiquer, quant aux
possibilités de variation des règles de
jeu est une indication extrêmement importante qui
mériterait d'être soulignée.
Un chef d'entreprise qui doit prendre des décisions relativement
à l'attrait ou à l'absence d'attrait, selon les circonstances,
selon ses propres projets, serait sans doute extrêmement
intéressé de savoir que c'est non seulement, comme n'importe
quelle autre loi, une loi qui peut être modifiée cela se
fait de façon générale, les lois sont modifiées
continuellement mais que, dans l'esprit du gouvernement, on
prévoit déjà, et très explicitement, la
possibilité de variations.
M. Tremblay: Je m'excuse, M. le député. Je ne veux
pas présumer des politiques fiscales futures; j'ai simplement
soulevé cette possibilité. Dans l'article 19, on soulève
explicitement le versement de bonis, mais il n'est pas théoriquement
exclu que, dans le cadre d'une politique fiscale, le ministre des Finances
puisse bonifier le fonds et encourager les investissements par une modification
de la loi.
Je serais surpris, par contre il est très peu plausible
que cela aille en sens contraire qu'on essaie de rendre la loi plus
restrictive, parce que cela irait contre le sens de la loi. Mais, comme ce qui
limite peut être élargi, une loi semblable pourrait être
élargie dans le but d'encourager davantage les investissements.
M. Forget: On sait très bien qu'une loi peut être
élargie, mais elle peut être rendue plus restrictive. C'est un
facteur qui doit toujours être présent à celui qui prend la
décision.
M. Tremblay: II faudrait qu'il y ait une modification de la loi
48 elle-même pour la rétrécir.
M. Forget: II y aurait, sans aucun doute, nécessité
d'amender la loi, mais je crois qu'il y a énormément, enfin, un
certain nombre du moins, d'études qui ont été faites sur
des régimes de dégrèvement fiscal qui prennent une
multiplicité de formes. C'était, d'ailleurs, une formule
utilisée dans bien des pays. Il semble qu'on ait un certain
désenchantement à la suite d'expériences de certains pays
étrangers à cause justement de la variabilité des
mécanismes incitatifs.
Les chefs d'entreprise ne savent jamais, d'une année à
l'autre, quel élément va sauter, quel est celui qui va
s'élargir ou se rétrécir. Il est certain que cela peut
avoir un effet, des mécanismes d'incitation, mais encore faut-il que les
gens soient raisonnablement certains que les règles du jeu en vertu
desquelles ils prennent des décisions aujourd'hui vont continuer
à être valables dans un an et demi, deux ans, trois ans ou quatre
ans. Autrement, cela injecte un élément de risque tel pas
de risque de perte, mais on se donne bien du trouble pour rien qu'il est
possible que la mesure n'ait pas l'effet stimulant envisagé.
C'est la raison pour laquelle, à l'origine, j'ai posé la
question. Si on dit "cinq ans", ce doit être qu'on a un peu l'impression
que ces cinq ans donnent un horizon optimum pour les choix qui doivent
être envisagés et un effet stimulant optimum aussi avec la date de
son déclenchement. Le ministre me répond: Cela peut varier, on
peut l'enrichir. J'ajoute: On peut l'appauvrir. Cela va de soi, si on veut
être un peu optimiste et supposer qu'à un moment donné on
puisse avoir une inflation causée par une trop grande abondance
d'investissements, c'est permis à tout le monde de rêver et on
peut rêver de cette façon aussi. Donc, je me dis que le chef
d'entreprise qui va regarder cela va se dire: Ce fonds-là, tout à
coup, on peut bien dire: Pour le moment, on va le geler. On va avoir un
moratoire d'un an, vous n'y toucherez pas pendant un an; ce n'est pas cinq ans
qu'on va vous donner, c'est six ans parce qu'on tient compte du fait qu'on le
gèle pendant un an. On ne voudrait pas que vous l'utilisiez cette
année parce qu'il y a une surchauffe des investissements.
Ce ne sont pas des choses inouïes dans ce domaine; cela s'est
passé un peu partout comme cela. C'est pourquoi il y a une côte de
crédibilité beaucoup plus considérable pour les
gouvernements en 1977, que ce soit le gouvernement qu'on voudra, d'utiliser ce
chemin qui a été fréquenté passablement, un peu
partout, ce qui a engendré un certain cynisme. C'est pour cela que
j'espérerais que le gouvernement maintienne au minimum possible cette
question de dates et de modifications et, au départ, qu'il fasse la loi
la meilleure possible et qu'elle tienne compte de l'effet qu'il veut avoir.
L'effet principal, à ce moment-ci, c'est de stimuler le plus rapidement
possible les investissements. Il me semble que trois ans, cela serait
peut-être préférable à cinq ans.
M. Tremblay: Je voudrais, très rapidement, dissiper la
confusion qu'on a pu injecter en parlant de modifications. Il s'agit d'un
programme permanent, il s'agit d'un programme qui veut stimuler les
investissements. La limite de cinq ans, comme je l'ai dit, c'est pour inciter
les entreprises.
En réduisant la période, en la raccourcissant, quand il
s'agit de PME et qu'il faut du temps avant de planifier un investissement, on
se trouve à nuire à l'entreprise. De sorte que le programme
lui-même est clair et on pourra en parler lorsqu'on arrivera à
l'article 19. Comme c'est un programme qui vise à encourager les
investissements, il ne sera pas contrecarré par le ministère des
Finances qui viendrait modifier par la bande ce projet de loi pour
réduire les investissements. Quant à la possibilité qu'il
y ait un boom énorme des investissements, c'est possible, mais le
ministre des Finances, et surtout le ministre des Finances
fédéral, aura d'autres moyens de contrer cette poussée
inflationniste désastreuse.
M. Raynauld: N'y comptez pas trop.
M. Tremblay: Avec un projet comme le nôtre, cela peut
changer.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon, je m'excuse M. le député d'Outremont.
M. Dubois: Dans cet article, on a mentionné
qu'après cinq ans et six mois les sommes non réclamées
seront transférées au fonds consolidé du revenu. Etant
donné que le but ultime de ces fonds accumulés vise à
promouvoir quand même le développement des entreprises, aussi vous
avez indiqué ce matin que vous avez un projet de loi des plus originaux,
peut-être genre suédois, j'imagine, un peu quand même...
M. Tremblay: II est meilleur que le programme suédois.
M. Dubois: En ce qui a trait aux fonds accumulés au
bénéfice des corporations qui n'ont pas fait l'objet de
retrait...
M. Tremblay: Pour le gouvernement provincial surtout.
M. Dubois: ...j'émets la suggestion que ces fonds soient
transférés à la SDI, dans un compte de capital de risque
au lieu de retourner...
M. Tremblay: Je vais vous interrompre tout de suite. La SDI n'a
pas de limite de fonds.
M. Dubois: Elle n'a pas de quoi?
M. Tremblay: Elle n'a pas de limite de fonds. Ses seules limites,
ce sont les entreprises qui soumettent des projets. Le budget de la SDI est
toujours voté un an après que les dépenses ont
été faites, comme on l'a discuté en commission
parlementaire, de sorte que le ministre des Finances n'impose pas de contrainte
à l'aide financière qu'accorde la SDI. Parce qu'il n'y en a pas
de contrainte.
M. Dubois: Cela répond à ma question.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, les cinq ans et six mois, M.
le ministre a dit que cela s'appliquait aux deux parties de la loi et que cela
ferait un règlement...
M. Tremblay: Je m'excuse, non, dans l'article 23, on va y arriver
tout à l'heure, on permet à une entreprise, dans le cadre du
deuxième volet, d'avoir une période de cinq ans pour se
prévaloir des dispositions du dégagement fiscal, mais ce ne sont
pas les mêmes cinq ans et six mois. Dans un cas, c'est...
M. Raynauld: C'est l'article 23? J'aurais aimé cela que ce
soit un argument pour utiliser les cinq ans et six mois, mais je ne le pense
pas. L'article 23 ne s'applique pas à cela. Dans la deuxième
partie de la loi, j'avais compris que c'était un programme qui se
terminait le 31 mars 1980. Celui-là, donc, a trois ans. L'autre a cinq
ans et six mois. Ils n'ont pas cinq ans pour...
M. Tremblay: On peut discuter de l'article 23, mais dans le
deuxième programme, évidemment, l'entreprise doit faire un
investissement avant 1980. Mais elle peut recouvrer son 25% d'investissement,
cependant, en cinq ans. On pourra voir cette question lorsqu'on arrivera
à l'article 23.
M. Raynauld: Je soulève cela parce qu'un des
problèmes que je soulèverai un peu plus loin, ce sont justement
les différences qui existent entre ces deux programmes. Je voudrais
essayer de réduire cela au minimum.
M. Tremblay: II y en a un qui est permanent et l'autre est d'une
durée de trois ans. Cela fait donc une différence
considérable dans la durée.
M. Raynauld: II est permanent à cinq ans et six mois.
M. Tremblay: Non, il est permanent et dure... C'est un
convoyeur.
M. Forget: A chaque année, il s'ajoute une
année.
M. Tremblay: C'est justement. Il en perd une autre s'il n'a pas
investi. Sans cela, une entreprise pourrait accumuler, pendant 30 ans, des
fonds énormes.
M. Raynauld: D'accord.
M. Tremblay: On passerait à côté de la
question, c'est l'originalité du projet. Il n'y a pas lieu de faire un
cadeau aux industriels, mais les inciter à investir. On sait que la
productivité des PME est relativement basse. En incitant à
investir, pas seulement à investir dans la brique et dans le ciment,
mais dans la recherche, les développements et l'exportation, etc., on va
accroître leur productivité.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 11 est
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 12.
M. Tremblay: L'article 12, M. le Président, cet article
fait suite à l'article 4 en vertu duquel les sommes
déposées au fonds par le ministre du Revenu le sont pour le
bénéfice de la corporation. Cette disposition a pour but
d'éviter toute spéculation sur les sommes déposées
au fonds et de s'assurer que les objectifs visés par la loi seront
atteints.
M. Forget: Si une entreprise fait faillite, le ministère
du Revenu recouvre ses fonds.
M. Tremblay: C'est incessible et insaisissable.
M. Raynauld: Par les autres, mais pas par le ministre.
M. Tremblay: Sauf en ce qui concerne le ministre du Revenu. C'est
saisissable par le ministre du Revenu.
M. Raynauld: Le ministre peut toujours saisir.
M. Tremblay: II est toujours le premier créancier.
M. Raynauld: Oui, mais cela ne dit pas cela.
M. Tremblay: Oui, sauf en ce qui concerne le ministre du Revenu,
et seulement dans la mesure prévue par la présente loi.
Le Président (M. Boucher): Article 12, adopté.
Article 13?
Retraits
M. Tremblay: L'article 13 a été corrigé ce
matin, à la suite des recommandations des deux partis d'Opposition et de
nombreux hommes d'affaires. L'article a été élargi pour
tenir compte non seulement de l'achat à l'état neuf d'usines ou
d'équipements, mais aussi de l'achat d'usines existantes ou
d'équipements usagés de même que la location de ces
équipements.
En ce qui concerne l'article globalement, les dépenses
admissibles doivent être reliées à des activités
manufacturières, c'est ce qui ressort de notre projet de loi. Les
dépenses pFévues aux paragraphes a) et b) représentent
ties investissements visant à répondre à l'objectif
premier de ce projet de loi qui est de stimuler les investissements
manufacturiers.
Celles mentionnées aux paragraphes c) à g)
représentent les principales dépenses de l'entreprise
susceptibles d'entraîner une amélioration de ses performances
économiques et financières, c'est-à-dire celles qui
touchent à la productivité.
Le deuxième alinéa de l'article 13 prévoit la
fixation de critères pour les dépenses prévues aux
paragraphes a) et b) de plus de $100 000 et celles prévues aux
paragraphes c) à h), de manière à contrôler la
portée de l'article 13. C'est ici où on fait état de
toutes les dépenses admissibles, comme je viens de les mentionner:
usine, équipement, dépenses de recherche et de
développement, acquisition d'un brevet, d'une licence, etc. Pratiquement
toutes les dépenses qui visent à accroître la performance
de l'entreprise sont admissibles.
M. Raynauld: Je pense en effet, ici, qu'on arrive peut-être
au coeur de cette partie de la loi avec l'article 13. Cet article
définit, en effet, les activités admissibles, les investissements
ou dépenses admissibles.
Je suis heureux de l'amendement qui a été apporté.
Je le mentionne en passant. J'ai déjà mentionné que
j'aimais assez l'éventail des activités admissibles.
Il y a peut-être deux choses qui méritent d'être
dites à ce stade. La première, c'est que, comme on définit
les activités admissibles dans cet article 13, je me demande s'il y a
lieu de les définir de façon un peu différente dans
l'article 1. En second lieu, je suis très surpris qu'on puisse, à
la fin de l'article 13, après avoir défini six à sept
catégories de dépenses admissibles, ajouter: toute autre fin
prescrite. A ce moment, cela veut dire que c'est toute autre fin, cela veut
dire que n'importe quelle fin peut être prescrite par règlement. A
quoi cela sert-il d'avoir ceci dans la loi?
Il me semble que c'est vraiment un abus de règlement. A ce
moment, on peut passer outre à tous les articles qu'on a là, et
dire: On va faire un règlement et à ce moment on va aussi couvrir
d'autres activités, étant donné qu'il y en a
déjà une longue série. Si c'est l'intention, à ce
moment, on pourrait peut-être élargir tout de suite. Je suis en
faveur d'élargir, de mettre le moins de restrictions possible. Il me
paraît qu'une formule comme celle-là: "toute autre fin prescrite"
est vraiment un abus de règlement, par rapport à l'autonomie de
l'Assemblée nationale et des pouvoirs que nous avons de faire des lois
et de les adopter.
M. Tremblay: Puis-je répondre quand même tout de
suite à cela? Le paragraphe h) a justement pour but de permettre un
élargissement maximal.
Il est impossible de prévoir, de faire rénumération
de toutes les dépenses qui seraient susceptibles d'accroître la
performance d'une entreprise. C'est parce que certaines de ces dépenses
ne sont pas prévisibles maintenant et qu'elles pourraient être
incluses dans le règlement, qu'on s'assure que l'éventail des
dépenses admissibles est déployé à son maximum.
En ce qui concerne la définition des dépenses admissibles,
dans l'article 1, tout ce qu'on dit, c'est que l'expression "dépense
admissible" a le sens que lui donne l'article 13". Donc, il n'y a pas
contradiction puisqu'on fait référence spécifiquement
à l'article 13. Je ne vois pas de difficulté à
réconcilier les deux.
M. Raynauld: Oui, mais ensuite, vous avez "entreprise
manufacturière", ce qui n'est pas tout à fait la même
chose. Ici, il s'agit d'une "activité de fabrication ou de
transformation" et, ensuite, on se demande si l'activité
manufacturière s'appliquerait à l'article 13. Est-ce que cela
s'applique à la première partie de la loi ou si c'est simplement
pour la deuxième? C'est le genre de problème que j'ai
soulevé un peu ce matin à propos de l'article 1.
M. Tremblay: On parle des petites et moyennes entreprises, on ne
parle pas des entreprises manufacturières. Le programme, ici, s'applique
uniquement aux petites et moyennes entreprises telles que définies dans
un des articles, alors que le deuxième programme, lui, s'applique
à toutes les entreprises manufacturières telles que
définies dans l'article 1.
M. Raynauld: Cela s'applique à des activités de
fabrication et de transformation prescrites; cela veut dire prescrites par
règlement, je suppose.
M. Tremblay: Dans la deuxième partie de la loi?
M. Raynauld: Non, dans la première, à l'article
13.
M. Tremblay: Non, dans la première...
M. Raynauld: L'article 13, activités de fabrication.
M. Tremblay: ... le fonds s'applique aux PME, aux petites et aux
moyennes entreprises.
M. Raynauld: Oui, cela, on le sait, mais les activités de
fabrication ou de transformation prescrites, cela veut dire que c'est par
règlement?
M. Tremblay: L'article 6, justement, précise cela.
Lorsqu'on parle d'activités prescrites, c'est justement pour tenir
compte de cas problèmes qui, par définition, ne peuvent
être prévus que par règlement. C'est pour cela qu'on
retrouve dans les lois semblables le terme "prescription".
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Mon collègue soulève des cas
particuliers d'une utilisation du pouvoir réglementaire que l'on
retrouve dans cette loi. Même si ces propos ont déjà
été tenus, je crois qu'il est important de souligner, à
l'occasion de l'étude de projets de loi, qu'il est souhaitable, dans
l'intérêt même des citoyens et pour la protection des droits
des consommateurs, d'avoir des lois qui ne sont pas des textes qu'on doive
consulter avec un bottin téléphonique à la main,
pratiquement, pour essayer de comprendre chaque mot. Il est évident que
les ministères, surtout les ministères techniques qui
préparent des projets de loi, sont toujours tentés de s'ouvrir
toutes les portes possibles pour parer les erreurs qu'ils ont pu commettre au
niveau de la rédaction. Comme il y a beaucoup d'aspects techniques, il y
a beaucoup de possibilités d'erreurs et on s'en rend compte à
l'usage seulement.
Le rôle du législateur est de résister le plus
fortement possible à cette tendance de laisser les portes ouvertes. En
somme, on laisse la porte ouverte à quoi? On laisse la porte ouverte
à un arbitraire, à un pouvoir discrétionnaire de
l'administration de lire dans une loi ce qui lui semble avantageux et commode
de lire au moment où elle va l'appliquer. A ce moment-là,
à la limite, il n'y a plus besoin de loi. Il y a, dans cette loi-ci,
dans des endroits clés, énormément de portes ouvertes. On
reviendra, à la fin, à l'article 1; je présume qu'on l'a
laissé de côté un peu à cause de cela.
Dans la définition des activités de production, vous avez
toute une énumération de détails et, finalement, on dit:
Sauf tout ce qu'on va exclure par règlement. C'est commode. Autrement
dit, on n'a rien dit dans cette définition, parce que le
règlement pourrait, en faisant des distinctions savantes, la vider de
pratiquement 90% de son contenu, si on le voulait; le potentiel est là.
Donc, l'imprécision est presque totale.
Après, on dit: Une entreprise manufacturière, c'est une
entreprise qui fait des choses telles qu'on les décrit dans un
règlement. Finalement, cela revient à cela aussi, parce que cela
arrive comme une qualification. Quand on tombe dans des articles comme
l'article 13, on dit: Cela peut être consacré à n'importe
quoi et on le dira dans le règlement.
Finalement, on dit: Malgré tout ce qu'on a dit déjà
dans la loi aux paragraphes a), b) et c) à h), indépendamment de
ce qui peut être dit dans la loi, les règlements viendront
préciser quelles autres conditions sont nécessaires pour que tout
cela soit admissible. On dit, au dernier alinéa complet de l'article 13:
"De plus, les fins mentionnées aux paragraphes a) ou b) du premier
alinéa concernant une dépense de $100 000 ou plus donc, on
dit: La loi sera suffisante pour les petites dépenses, mais quand cela
devient important, attention " et celles mentionnées aux
paragraphes c) à h) dudit alinéa doivent être conformes aux
critères prescrits."
En plus de correspondre à ces définitions, on pourra leur
faire toutes sortes d'autres exigences, d'ailleurs, qui ne sont pas
spécifiées. A supposer qu'on veuille bien donner un pouvoir
réglementaire je serais le premier à dire qu'il est
probablement impossible de rédiger des lois sans ouvrir la porte
à certains règlements encore faut-il préciser qu'il
y a plusieurs façons de donner un pouvoir réglementaire. On peut
donner un pouvoir réglementaire comme on le faisait dans les anciennes
lois, les lois que le Québec a adoptées il y a une vingtaine
d'années et peut-être depuis moins longtemps que cela. Il y avait
toujours un pouvoir réglementaire, quelque part à la fin, qui
disait: Le lieutenant-gouverneur en conseil peut faire tout règlement
pour l'application de la présente loi. On y allait avec un grand pinceau
de six pouces et allez donc! On se donnait les pouvoirs de tout faire, sauf,
à la limite, d'abroger la loi, mais on pouvait faire cela même
indirectement par les règlements. On ne prenait pas grand risque.
Tout à coup, c'est devenu trop gros. Le jupon dépassait un
peu trop et on s'est dit: Non, on ne peut vraiment plus être aussi
indécent que cela. On va cacher cela un peu partout. On va en mettre
dans des définitions. On va en mettre dans tel article. Mais on oublie
qu'il est possible également d'avoir des pouvoirs réglementaires
où on dit: Le lieutenant-gouverneur en conseil, autrement dit le
gouvernement, peut faire des règlements pour telle fin et dans de telles
limites précises. Ce n'est pas ce qu'on retrouve dans ce projet de
loi.
Enfin, outre tout ce qu'on peut dire sur le pouvoir réglementaire
dans les lois ordinaires, il reste qu'il y a deux séries de lois, de
mesures législatives où, dans la tradition parlementaire, on a
toujours accordé une plus grande attention aux détails. D'une
part, il y a le droit criminel. Cela ne nous inquiète pas ici, parce
qu'il y a une tradition des cours qui dit qu'il n'y a pas de crime, à
moins qu'il n'y ait une loi qui dise qu'il y a un crime et
qu'elle le définisse de façon très explicite. On ne
peut pas faire cela par règlement. Je n'ai jamais vu de règlement
dans le Code criminel disant: Le lieutenant-gouverneur en conseil dira ce qui
peut être fait en termes de meurtre ou autre chose. Il y a des meurtres
ou il n'y en a pas. Ce n'est pas un pouvoir réglementaire.
Dans le cas des lois fiscales, on abuse probablement des
règlements, mais il y a, malgré tout, un principe à
l'effet qu'il n'y a pas d'impôt à moins qu'il n'y ait une loi pour
le justifier. Ici, on est dans une loi fiscale, parce que c'est une loi qui
détermine, dans le fond, jusqu'à quel point l'Etat va
s'approprier les fonds des corporations manufacturières, en plus ou en
moins. Il me semblerait qu'il y aurait avantage à être plus clair
pour rendre la loi plus efficace. Son efficacité dépend
très largement de la capacité de comprendre des gens ordinaires
qui administrent les petites et moyennes entreprises. Ce ne sont ordinairement
pas des gens qui ont un doctorat en comptabilité des coûts de
revient ou en vérification, etc. A un moment donné, il faut aider
ces gens à comprendre les lois qu'on leur destine. Donc,
l'efficacité de la loi dépend grandement de sa clarté.
Elle n'est pas claire. Aussi, de façon très
générale, quand il s'agit d'un domaine comme la fiscalité,
il me semble qu'on devrait calmer son enthousiasme un peu quand on en vient
à un pouvoir réglementaire.
Ce sont des propos que je tiens sans les adresser comme tels, dans le
fond, au gouvernement, mais plutôt à tout ce mécanisme
législatif que le gouvernement utilise et vis-à-vis duquel le
Conseil des ministères doit être particulièrement
vigilant.
Autrement, on tombe presque inévitablement dans ces
difficultés. J'ai eu, à d'autres époques des
difficultés considérables à obtenir l'élimination
dans les lois dont j'étais le parrain, avant même leur
présentation, de pouvoirs réglementaires qui étaient
excessifs. La tentation est toujours là. C'est pour cela que je fais
appel au ministre de l'Industrie et du Commerce pour qu'il passe au peigne fin
ces choses. Parce que dans le fond, l'imagination qu'on n'a pas aujourd'hui, il
n'y a pas de garantie qu'on va l'avoir dans six mois quand on viendra à
rédiger les règlements.
Si on prétend qu'on l'a il est plausible qu'on est probablement
capable de l'avoir, dans six mois, dans la Gazette officielle, pourquoi ne
l'a-ton pas tout de suite et ne mettons pas cela dans la loi? De toute
façon, si des modifications deviennent nécessaires, il est
toujours facile d'introduire un projet de loi mineur qui vient modifier tel
paragraphe technique parce qu'on s'est rendu compte que telle ou telle
disposition était trop large ou trop restrictive. Cela se fait presque
aussi rapidement, de nos jours, modifier une loi que modifier un
arrêté en conseil. Cela avantage la clarté. Cela avantage
que le consommateur de ces lois sait dans un même texte tout ce qui peut
se trouver, qu'il doit connaître pour l'application de la loi.
M. Tremblay: Ce que soulève le député de
Saint-Laurent, c'est un peu le dilemme dans lequel nous nous sommes
trouvés. Si nous avions limité la portée de l'article 13
aux nouveaux investissements dans les bâtiments et dans
l'équipement, les choses auraient été très simples.
Le problème, c'est que nous avons voulu faire, de l'article 13, un
article plus étendu, le plus large possible, y compris l'achat de
brevets, les dépenses pour la promotion des exportations. En
étendant dans des domaines où une analyse qualitative des
dépenses devient absolument nécessaire, par exemple, les
dépenses de promotion des exportations, qu'est-ce que cela veut dire?
Est-ce que c'est le billet d'avion? Est-ce que c'est le reçu des Folies
bergères à Paris? Est-ce que c'est le versement sur un
condominium en Arabie Séoudite, etc.? Parce qu'il y a toutes sortes
d'abus potentiels là?
A cause de notre volonté d'élargir les dépenses, on
se trouve dans l'obligation, comme responsable des fonds publics, d'au moins
avoir certains critères qualitatifs qui sont prévus, qui
étaient prescrits à la toute fin de l'article. Ce n'est pas dans
un but de réduire la portée de l'article puisque nous voulons
l'élargir au maximum. Nous voulons éviter que les fonds que la
population place, parce que ce sont quand même des fonds publics, dans
cet effort de promotion des investissements, ne soient pas utilisés
à mauvais escient. Mais là, il y a un "trade off". Ou on
réduit la portée de l'article et on a moins de critères
qualitatifs, ou on élargit au maximum, et on est obligé d'avoir
un minimum de critères qualitatifs pour certaines de ces dépenses
comme celle de la promotion des exportations où là c'est
très dangereux parce qu'il peut y avoir beaucoup d'abus.
M. Forget: M. le Président, je ne veux pas commencer un
débat là-dessus, je suis tout à fait d'accord avec ce que
le ministre vient de dire. Il reste que les exemples qu'il vient de donner
montrent à quels monstres on peut s'attendre en termes de
règlement. Parce que s'il veut, de façon spécifique,
exclure les billets des Folies bergères et le condominium en Arabie
Séoudite, ce ne sera pas beau comme règlement et cela va
être illisible. Entre nous, même nous on ne pourra pas le
comprendre, malgré tout et probablement qu'une bonne partie des agents
d'information du ministère vont devoir avoir des cours pour pouvoir
commencer à s'y retrouver.
M. Tremblay: Le ministère a une expérience de
cela.
M. Forget: C'est comme cela, les règlements.
M. Tremblay: II ne faut pas dramatiser. Le ministère est
habitué, on a le programme APEX qui finance l'un...
M. Raynauld: Le ministère, oui, mais c'est l'entreprise
à l'autre bout à laquelle on pense. Le ministère et les
fonctionnaires sont capables de sortir des règlements hauts comme cela
et ils vont toujours se comprendre. Mais ce sont les autres. Ils ne sont pas
faits pour les fonctionnaires, ils
sont faits pour les autres, les petites entreprises et...
M. Tremblay: Si elles pensent honnêtement, cela sera
admissible. Si l'entreprise est sincère dans ses dépenses de
promotion, elles seront admissibles. Mais si elle s'en sert pour d'autres
fins...
M. Raynauld: Imaginez, mettez-vous à la place d'une petite
entreprise qui voit cela, toutes autres fins prescrites. Est-ce que je suis
admissible?
M. Forget: II faut s'abonner à la Gazette officielle,
premièrement, pour suivre les changements que vous allez faire à
tous les trois mois.
M. Tremblay: Vous présumez qu'il y aura une pile de
prescriptions, alors que cela existera pour exclure certaines dépenses
frivoles qui avaient des abus patents.
M. Raynauld: Ce sera clair.
M. Tremblay: Je pense que c'est inévitable à moins
qu'on restreigne le...
M. Forget: Ou alors la discrétion. Il y a une autre
possibilité, M. le Président, c'est que le ministre dise tout
simplement: Ecoutez, dans l'application de cette loi, il peut y avoir des abus,
je réclame la discrétion. C'est presque aussi simple, mais cela a
le mérite d'être plus expéditif. Je veux dire que le
ministre a un pouvoir discrétionnaire. D'ailleurs c'est la même
chose. On va prendre le détour de la publication d'un règlement,
mais les règlements vont être faits à la pièce, au
fur et à mesure que des exemples concrets vont démontrer qu'il y
a un trou dans ceux qui existent. On va sortir un amendement au
règlement. Quand on va être rendu au 27e, il y a seulement les
experts qui vont s'y retrouver.
Alors, cela revient à la discrétion ministérielle,
finalement!
M. Tremblay: Non, je viens même d'élargir le projet
de loi pour inclure les équipements usagés; donc, l'entreprise a
le droit de disposer de ces fonds pour financer l'équipement
usagé et l'équipement neuf. Il n'y a pratiquement pas de
restrictions. La PME pourra sortir ces fonds; il faudra qu'elle fasse des
efforts énormes pour ne pas s'en servir. Il faudrait qu'elle s'en serve
pour des fins abusives; si elle s'en sert pour faire la promotion de son
entreprise, elle est admissible.
M. Raynauld: Toujours dans cette veine, mon collègue a
cité le dernier alinéa de l'article. Celui-là se rapporte
vraiment à l'article 16. N'y aurait-il pas lieu, justement pour
éviter une confusion, au lieu de dire "doivent être conformes aux
critères prescrits" dire "doivent être conformes à
l'article 16"? Les paragraphes a) et b) s'appliquent et on y fait
référence dans l'article 16, ensuite; on n'y fait pas
référence ici. C'est ce que j'ai compris.
M. Tremblay: Non, pas nécessairement. M. Raynauld:
Non?
M. Tremblay: Cela peut s'appliquer sur les alinéas
précédents, sur les dépenses admissibles qui exigent un
critère qualitatif, une analyse qualitative.
M. Raynauld: J'ai compris, moi, que c'était à
l'article 16.
M. Tremblay: A l'article 16?
M. Raynauld: On dit ici, dans l'article 16: "Une demande de
certificat visée à l'article 14 ayant pour objet une
dépense admissible de $100 000 ou plus et mentionnée aux
paragraphes a) ou b) du premier alinéa de l'article 13 ou une
dépense mentionnée aux paragraphes c) à h) dudit
alinéa doit contenir, en plus des renseignements prévus au
premier alinéa, un plan d'expansion de la corporation en la forme
prescrite".
Moi, j'ai compris qu'on voulait être bien clair qu'à
l'article 13, en plus de tout cela, il fallait aussi que l'entreprise respecte
l'article 16. D'abord, ce n'est pas nécessaire, puisque c'est
marqué à l'article 16. On pourrait bien s'en passer, de
celle-là.
M. Tremblay: L'article 16 est la forme et l'article 13 est la
substance.
M. Raynauld: Oui, mais c'est parce que le critère
prescrit, vous vous rendez compte qu'on pense à des règlements.
Ce ne sont pas nécessairement des règlements, c'est l'article
16.
M. Forget: Ou bien on va exiger un plan d'expansion et ce plan,
ce ne sera pas suffisant d'en produire un. En plus des autres choses
prescrites, il va falloir qu'il soit en la forme prescrite par
règlement. On n'a rien échappé.
M. Raynauld: N'est-ce pas exact que ce dernier alinéa se
rapporte à l'article 16?
M. Tremblay: II se rapporte au même sujet, c'est
évident, mais l'article 16 touche à la forme alors que l'article
13 touche au fond. Comme je le mentionnais tout à l'heure, c'est le seul
aspect limitatif qu'on retrouve dans l'article 13, c'est de pouvoir avoir des
critères de prescription qui empêchent les abus. Si on enlevait
cela de l'article 13, presque toutes les dépenses que soumettrait
l'entreprise deviendraient éligibles et on ne veut pas que cela devienne
un trou sans fond, sans contrôle des abus.
M. Raynauld: Si je comprends bien, les critères prescrits
que vous avez à l'esprit ne sont pas ceux de l'article 16, ce sont
d'autres règlements?
M. Tremblay: Oui. M. Raynauld: Bon.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Merci, M. le Président. Au paragraphe a), on
définit les activités admissibles en ce qui a trait à
l'achat de terrains, plus particulièrement. On dit aussi "l'utilisation
dans un délai raisonnable". C'est quoi, un délai raisonnable? Je
crois qu'on pourrait être plus spécifique en parlant d'un certain
nombre d'années.
M. Forget: On pourrait dire "dans le délai prescrit".
M. Tremblay: C'est encore un autre exemple où il faut
qu'il y ait une certaine latitude parce que des variations sont possibles.
M. Forget: Pourquoi ne pas dire six mois, bon Dieu? Cela
crée tellement d'incertitudes!
M. Tremblay: Ailleurs, on dit un an, mais avec
possibilité, pour le ministre, de reporter ce délai. On veut que
ce projet de loi soit le moins limitatif possible. En mettant six mois, le
député de Saint-Laurent aurait fait une longue harangue pour dire
que c'était terrible d'avoir une limitation temporelle aussi courte qui
comprime les entreprises dans une phase de planification très
étroite et que cela deviendrait un projet administrativement lourd.
Nous voulons permettre plus de flexibilité au projet de loi et
c'est pour cela qu'on évite d'inscrire une période de six mois ou
sept mois.
M. Dubois: Trois ans ou quelque chose comme cela, non?
M. Tremblay: Tout ce qui est précis devient limitatif, par
définition. C'est évident qu'on peut mettre 100 ou 99 ans. Il
faut un délai. C'est aussi pour éviter la spéculation.
Cela permet l'achat ou la location d'actifs immobiliers. Si l'entreprise ne
s'en sert pas pour des fins de production, cela devient de la
spéculation.
On se trouve à avoir un dégrèvement d'impôt
pour financer la spéculation. On dit un délai raisonnable. Cela
peut être un an, un an et demi, mais si, après cette
période, l'entreprise n'a pas fait d'investissement, on retirera le
certificat.
Le Président (M. Boucher): L'article 13 est-il
adopté?
M. Raynauld: Adopté. Le Président (M. Boucher):
Adopté. M. Tremblay: Article 15, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Article 14. M. Tremblay:
Article 14.
Le Président (M. Boucher): L'article 13 est adopté
avec l'amendement proposé.
M. Tremblay: On n'a pas besoin de le mentionner, c'est la
correction qu'on a faite ce matin.
Donc, à l'article 14, l'exigence d'une demande de certificat au
ministère de l'Industrie et du Commerce avant la réalisation
d'une dépense apparaît comme une condition nécessaire pour
que l'incitation financière soit vraiment déterminante dans la
décision de l'entreprise. La demande préalable dans les cas
importants, pour les dépenses de $100 000 et plus, permet au
ministère d'établir un contact avec l'entreprise au moment
où le projet est encore à sa phase de planification.
L'émission du certificat permet au ministre du Revenu de faire parvenir
directement à l'entreprise les sommes déposées au
fonds.
D'autre part, le seuil de $20 000 est un minimum pour éviter les
transactions ne portant que sur des dépenses de routine. Lorsqu'on
considère les 25% de cette somme, ceci implique des montants de $5000.
L'absence de minimum pourrait donner lieu à un trop grand nombre de
transactions. Les montants seront versés avant que les entreprises
n'effectuent leurs dépenses admissibles afin de réduire les
problèmes de liquidité des PME, en plus de faciliter le
financement des projets. Comme vous voyez, M. le Président, nous avons
pensé pratiquement à tout parce que la dernière phrase le
dit très clairement, nous voulions éviter que l'entreprise ait
des problèmes de liquidité. De sorte que le montant sera
versé avant même que des dépenses admissibles soient
réalisées, toujours dans le but de faciliter à la PME son
programme d'expansion et ses investissements.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Comment se fait-il qu'on ait $20 000 comme
dépenses minimales, dans la première partie de la loi, et $50 000
dans la deuxième?
M. Tremblay: On pourra en parler lorsque nous aborderons la
deuxième partie. Dans ce cas-ci, les dépenses admissibles sont
beaucoup plus élargies que dans le deuxième projet. Le
deuxième projet concerne les usines d'équipements. Pour les
investissements, ici, il s'agit de dépenses admissibles tel que
définies, et non pas à des investissements. Or, il faut avoir un
plancher qui soit plus bas pour permettre le plus grand nombre de
dépenses, mais il faut avoir une limite. On ne veut pas d'un monstre
administratif où une entreprise demande un certificat pour
dépenser $100 à telle place, etc. Ainsi, avec $20 000, en tenant
compte de la règle des 25%, cela veut dire qu'il s'agit d'un seuil de
$5000 pouvant être puisé à même le fonds. Le seuil
atteint le montant de $5000 à partir du fonds.
Dans le cas du deuxième projet, l'ancienne loi 21 avait
fixé le maximum à $150 000. Donc, pour des arguments de
simplification de la loi, auxquels le député de Saint-Laurent est
très sensible, nous l'avons abaissé à $50 000 pour
élargir davantage le programme. C'est pour cela que l'ex-ministre des
Finances, hier, disait que c'était un programme
qui était très généreux par rapport à
l'ancienne loi 21. Là aussi on était limité par des
considérations de lourdeur administrative. On a voulu éviter une
surpopulation de fonctionnaires pour administrer le programme. $20 000 nous
apparaît être le "minimum minimorum".
M. Forget: J'aimerais féliciter le ministre, M. le
Président, pour avoir mis $20 000. On aurait pu craindre qu'il mette un
montant prescrit ou un montant raisonnable.
M. Tremblay: L'expérience des lois passées nous a
été salutaire pour éviter cette discrétion
ouverte.
M. Forget: Pas entièrement. On voit qu'il y a encore des
progrès à réaliser.
Le Président (M. Boucher): L'article 14 est-il
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 15?
M. Tremblay: L'article 15, M. le Président,
spécifie qu'un retrait ne doit en aucun cas excéder 25% de la
dépense admissible en vertu de laquelle il est effectué ou le
solde des sommes déposées au fonds par l'entreprise, si la solde
est de 25% de la dépense admissible. D'une part, nous voulons
éviter que l'entreprise retire davantage que ce qu'elle y a
versé. D'autre part, parce que le projet vise à encourager le
réinvestissement des profits et à encourager la promotion des
investissements, nous avons cet effet de levier qui devrait s'accompagner d'une
augmentation des investissements.
Comme je l'ai mentionné ce matin, les autres programmes d'aide du
gouvernement, à la fois fédéral et
québécois, sont disponibles pour l'entreprise, de sorte qu'elle
peut se servir de 25% de ses dépenses à partir de son fonds; elle
peut obtenir une subvention de la SDI égale à 12%; elle peut
obtenir une subvention du MEER égale à 25% et elle peut obtenir
des fonds sous forme de capital de risque des SODEQ, qui sont elles-mêmes
dégrevées d'impôt, de sorte que cela nous a paru être
très généreux. Comme je le mentionnais aussi ce matin,
comparé à l'ancienne loi qui limitait le pourcentage dans
certaines régions, à 3,6%. Les 25% vont très loin,
à mon avis.
M. Raynauld: M. le Président, je me suis
arrêté assez longuement à cette clause. J'y ai fait
allusion dans mon discours de deuxième lecture. D'après les
informations et les réactions que j'ai eues des hommes d'affaires
impliqués dans ce genre d'affaires et qui seraient susceptibles de
bénéficier de la loi, il semble que ce soit la limite la plus
restrictive de tout le projet de loi. Chaque fois que je posais la question
afin de savoir quelle était leur réaction face à ce projet
de loi, s'ils trouvaient que c'était bon, ils disaient: Oui, c'est un
bon projet de loi, mais nous ne pourrons pas en bénéficier
à cause des 25% de dépenses admissibles.
Encore ici, il faut bien se mettre dans la tête qu'il s'agit de
petites et de moyennes entreprises. Il ne s'agit pas de grandes multinationales
qui ont déjà des sources de liquidités
considérables. La question qui se pose pour le gouvernement, c'est de
savoir s'il préfère pouvoir dire que, pour chaque dollar
d'impôt qu'il a remis à une corporation, il a obtenu trois ou
quatre fois la somme qu'il a investie lui-même dans ces investissements
privés ou s'il veut des investissements.
Si le gouvernement veut des investissements, je ne vois pas pourquoi il
apporterait une restriction comme celle-là. Bien sûr, il y a
d'autres lois auxquelles les mêmes entreprises peuvent faire appel. Il
reste que, dans chacune de ces lois, il y a aussi des restrictions de toutes
sortes. La question que je me pose vise à savoir quelle est vraiment la
raison majeure au-delà de dire que c'est un projet
généreux et plus généreux que l'ancienne loi, ce
que j'accorderai au ministre, mais ce n'est pas un argument très fort,
je vous le dis tout de suite, à mon avis qui empêcherait le
gouvernement d'examiner ou de réexaminer au besoin cette clause pour
envisager d'autres façons de procéder. Je voudrais en
suggérer une ici; je ne sais pas si j'ai le droit de la proposer sous
forme d'amendement. Je pense que non, parce que cela impliquerait, là
aussi, des retraits probablement plus élevés de la part du
gouvernement. Si je n'ai pas le droit, je voudrais au moins le suggérer.
Par exemple, n'y aurait-il pas lieu d'envisager que cette règle soit
différente suivant la taille des entreprises couvertes, de la
façon suivante? Je simplifie, je vais prendre seulement le nombre
d'employés. Que pour les entreprises de 100 à 200 employés
on applique la formule 25% des dépenses admissibles, mais que, pour les
entreprises de 50 à 100 employés, on applique une formule d'un
tiers et que, pour les plus petites entreprises de 5 à 50
employés, ce soit un pour un, 50%.
A ce moment, il me semble qu'on tiendrait compte davantage des
réalités auxquelles on fait face que cette clause le fait. Bien
sûr, si on était sûr que cela marcherait, je serais d'accord
pour avoir $1 pour $3. Je serais d'accord, si on était sûr que
cela marche, mais il y a tellement de conditions économiques, pas des
conditions dans le projet de loi, qui peuvent faire que les entreprises ne le
feront pas. Je fais seulement allusion à une en particulier: encore
faut-il que l'entreprise fasse des bénéfices, par exemple. Si
c'est une mauvaise année et qu'elle ne fait pas de
bénéfices, elle ne peut pas faire grand-chose avec le projet de
loi.
A ce moment, si on veut des investissements, cela ne coûte pas
plus cher à l'Etat de le faire. Pourquoi n'envisagerait-on pas de
relâcher un peu cette restriction du un pour trois?
D'après les consultations que j'ai eues auprès des hommes
d'affaires, on m'a dit que c'était une restriction très
sévère pour eux. Je ne le sais pas et peut-être que vous ne
le savez pas non plus, mais c'est ce qu'on m'a dit. Il y en a une demi-
douzaine qui m'ont dit la même chose. Ils m'ont dit: C'est une
restriction considérable.
Ce que je vous demande, c'est: Pourquoi faites-vous cela? Est-ce juste
pour avoir le plaisir de dire que pour $1 il va y en avoir trois de
générés, $600 millions au lieu de $150 millions? Ce qu'on
veut, ce sont des investissements. On ne vous fera pas de reproches si le
projet aboutit à $500 millions au lieu de $600 millions. Cela a l'air
d'une restriction presque gratuite, cette histoire. Encore une fois, cela ne
donne pas d'avantages à l'entreprise.
Vous dites à l'entreprise: On vous donne $1, vous devez en mettre
$3. Pourquoi imposer cette obligation? Est-ce que cela coûte plus cher
à l'Etat? Non, vous leur donnez le même montant qu'avant, vous
leur donnez $1. C'est limité à 50% de l'impôt payé,
cela ne coûte pas un cent au gouvernement d'élargir la
portée de cela. Ce que je veux savoir, c'est s'il y a une bonne raison
pour faire cela. Je n'en vois pas, de bonne raison, sauf si on était
sûr que cela marcherait.
M. Tremblay: II y en a plusieurs.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, nous sommes
à l'heure de l'ajournement.
M. Tremblay: Est-ce qu'on me permettrait de répondre
à ce propos?
Le Président (M. Boucher): Les membres sont-ils d'accord
pour que le ministre donne sa réponse?
Des Voix: Oui, oui.
Le Président (M. Boucher): D'accord, allez-y.
M. Tremblay: Je comprends que les entreprises
préféreraient que ce soit financé à 100%, comme l'a
mentionné le chef de l'Union Nationale, que 100% d'un investissement
puissent être financés à partir du fonds; par contre, j'ai
mentionné tout à l'heure qu'il y avait quand même un aspect
de justice sociale dans cette question. Lorsqu'on fait la somme de toutes les
sources de financement et de subvention pour un investissement, on peut se
rapprocher de ces 100% d'un investissement qui seraient financés par les
fonds publics, mais je pense que cela deviendrait pratiquement
indécent.
Etant donné que nous élargissons aussi la
définition des stocks d'inventaire pour pouvoir gonfler les profits
d'une entreprise, ce qui va coûter encore $30 millions au gouvernement,
je pense qu'il y a une question de justice sociale qui ne nous permettrait pas
d'aller beaucoup plus loin. C'est quand même 25%, le double de
l'impôt qui est de 12%. Donc, on se permet d'aller à 25% de
l'investissement.
M. Raynauld: Non, restez à c). On ne relève pas le
niveau avec cela, pas du tout. Ces commentaires ne sont pas pertinents. Je ne
demande pas qu'on relève le plafond du crédit d'impôt, il
reste à 50%.
M. Tremblay: Oui, c'est l'autre pendant. M. Raynauld: Ce
n'est pas pertinent.
M. Tremblay: L'autre aspect important, c'est l'aspect
économique. Compte tenu des contraintes budgétaires dans
lesquelles nous tentons de produire et nous recherchons la façon de
créer un impact maximal sur les nouveaux investissements. On veut
inciter l'entreprise à utiliser ses propres ressources ou des
épargnes empruntées, parce qu'une entreprise n'est pas
obligée de toujours disposer de ses propres ressources sous forme de
capital-actions, elle peut émettre des obligations auprès de
SODEQ pour pouvoir investir en vue d'obtenir un impact magnifié sur
l'emploi et sur les investissements.
Donc, ces deux considérations, l'efficacité
économique du programme et la justice sociale je pense que cette
considération est importante nous ont amenés à
fixer le pourcentage de 25%. Cela ne veut pas dire que dans l'avenir, à
la suite de l'évaluation de l'impact du programme, on ne modifiera pas
ces 25%. Mais je doute qu'on les modifie dans le sens que vous le souleviez, en
compliquant encore davantage la surveillance administrative d'un programme
où, là, on couperait encore les entreprises en petits groupes
avec des pourcentages différents et le programme serait plus difficile
à expliquer. Je n'exclus pas, pour ma part, la possibilité
d'augmenter ces 25%, mais je le mentionne peut-être pour la
première fois nous avons l'intention de modifier la loi de la SDI
au cours de l'automne, spécifiquement dans le sens des petites
entreprises, pour élargir surtout le critère 3c et le
critère 2b pour permettre à la SDI d'être un prêteur
de dernier recours pour les petites entreprises.
L'Opposition regarde le projet de loi comme tel, mais nous, nous
regardons tout le tableau, nous savons ce qui s'en vient. Ces 25%, pour une
première expérimentation, nous paraissent être passablement
généreux. C'est évident que les entreprises
préféreraient obtenir davantage, mais disons que je fais le
maximum, présentement.
Le Président (M. Boucher): Y aura-t-il d'autres questions
sur l'article 15 ou si on peut l'adopter tout de suite?
M. Forget: Oui, j'aurai une question, M. le Président,
mais cela ira à demain matin.
Le Président (M. Boucher): La commission ajourne donc ses
travaux sine die.
M. Tremblay: Je pense qu'il y a eu avis en Chambre pour que ce
soit à 10 heures demain matin.
Le Président (M. Boucher): Dix heures, demain matin.
(Fin de la séance à 18 h 5)