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Etude du projet de loi no 41
(Seize heures quarante minutes)
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de l'industrie et du commerce, du tourisme, de
la chasse et de la pêche se réunit pour procéder à
l'étude, article par article, du projet de loi no 41 intitulé Loi
modifiant la Loi concernant l'établissement par SIDBEC, d'un complexe
sidérurgique intégré et pour entendre certaines personnes
relativement à ce projet de loi.
Les membres de la commission pour aujourd'hui sont: M. Biron
(Lotbinière), M. Bordeleau (Abitibi-Est), M. Desbiens (Dubuc), M. Landry
(Fabre) en remplacement de M. Duhaime (Saint-Maurice); M. Godin (Mercier), M.
Dubois (Huntingdon) en remplacement de M. Grenier (Mégantic-Compton);
Mme Leblanc (Iles-de-la-Madeleine), M. Mackasey (Notre-Dame-de-Grâce), M.
Mailloux (Charlevoix), M. Marcoux (Rimouski), M. Marquis (Matapédia), M.
Mercier (Berthier), M. Michaud (Laprairie), M. Pagé (Portneuf), M.
Perron (Duplessis), M. Garneau (Jean-Talon) en remplacement de M. Raynauld
(Outremont); M. Tremblay (Gouin).
Ya-t-il d'autres remplacements? Le député de
Verchères remplace le député des Iles-de-la-Madeleine.
Alors, M. Charbonneau (Verchères) en remplacement de Mme Leblanc
(Iles-de-la-Madeleine).
Ya-t-il d'autres remplacements? Messieurs, au moment où nous
avons ajourné les travaux de cette commission sine die vendredi dernier,
nous en étions toujours à la période de questions par les
députés de l'Opposition officielle aux représentants de
SIDBEC.
Avant de continuer cette période de questions j'accorde
immédiatement la parole au ministre de l'Industrie et du Commerce au cas
où il aurait des précisions nouvelles.
M. Tremblay: Je n'ai pas de précisions nouvelles, à
l'exception peut-être que nous avions discuté de la
possibilité de déposer les états
déconsolidés de SIDBEC-NORMINES. Les messagers sont à
faire des photocopies qui seront distribuées aux membres de
l'Opposition, tel que convenu vendredi dernier.
M. Garneau: M. le Président...
Le Président (M. Clair): Le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Concernant les états consolidés, je
n'étais pas présent lors de cette rencontre. Si cela a
été discuté, je ne veux pas faire un débat
là-dessus, mais, pour quelles raisons les états consolidés
de SIDBEC-FERUNI n'ont-ils pas été déposés? Est-ce
que c'est tout simplement un oubli ou s'il y a une raison
particulière?
M. Tremblay: Non. Je demanderais au président de SIDBEC de
fournir la raison. C'est une raison de concurrence internationale.
Le Président (M. Clair): Brièvement, M. Gi-gnac,
étant donné que nous avons...
Concurrence internationale
M. Gignac: Tous nos compétiteurs dans ce
domaine-là, particulièrement Associated Metals et Fers et
Métaux, qui est à 50% à STELCO et à 50% à
INTERMETCO sont compris dans des états consolidés.
Ce serait être un peu naïf que de déposer des
états déconsolidés de SIDBEC à l'avenir et de les
donner à des concurrents.
Le Président (M. Clair): Le député de
Lotbinière.
M. Biron: M. le Président de SIDBEC, je ne crois pas que
les membres de cette commission parlementaire soient des concurrents de SIDBEC.
Je ne voudrais pas être considéré comme un de vos
compétiteurs. Au contraire, je suis plutôt ici pour vous aider et
collaborer avec vous.
M. Gignac: Ce n'est pas cela que j'ai voulu dire. J'ai
parlé des concurrents dans le domaine de la ferraille.
M. Biron: Si mes renseignements sont exacts, M. le
Président, vendredi dernier, le ministre a dit: Les états
déconsolidés seront déposés, à condition que
les membres de la commission gardent ces états confidentiels. Est-ce
exact?
M. Tremblay: Oui, c'est exact, sauf qu'il fallait consulter les
dirigeants de SIDBEC qui s'étaient opposés à la toute fin
de notre séance à ce que nous les déposions pour les
raisons que le président vient de donner.
Par contre, en ce qui concerne les états de SIDBEC-NORMINES, ils
ont été retirés et ils vont être
déposés. De mon côté, je n'aurais pas eu d'objection
à déposer tous les états consolidés, mais si, selon
le président de SIDBEC, cela pouvait causer un préjudice
sérieux à l'entreprise... Je crois que les membres de
l'Opposition comprendront que nous ne sommes pas ici pour mettre l'entreprise
en difficulté avec ses concurrents, mais pour l'aider à
résoudre ses problèmes.
Le Président (M. Clair): Le député de
Lotbinière.
M. Biron: Je suis d'accord avec vous, M. le ministre. Les membres
de la commission sont ici
pour aider l'entreprise à résoudre ses problèmes et
je crois qu'au moment précis où on demande l'aide du
gouvernement, donc de la population du Québec, on est en droit d'exiger
des chiffres précis, de savoir exactement où on s'en va. Si cette
entreprise ne dépensait pas des sommes d'argent considérables
qui, en fait, viennent de la population québécoise, je
comprendrais facilement, mais, à l'heure actuelle, on est dans une
situation difficile, délicate, à SIDBEC et je comprends la
situation. Je pense bien que tous les membres de la commission comprennent la
situation. On veut pouvoir juger au meilleur de notre connaissance, avec les
chiffres qu'on pourra nous fournir, la situation exacte. Alors, si on nous
cache des chiffres, c'est bien difficile pour nous de pouvoir juger et d'aider,
avec nos connaissances respectives, une entreprise telle que SIDBEC.
Dans ce cas, M. le Président, je demande au ministre de
reconsidérer sa décision là-dessus et de fournir ces
chiffres aux membres de la commission, confidentiellement...
Pour ma part, je m'engage à garder ces états
confidentiels, mais, au moins, on pourra, à l'intérieur de cette
commission de travail d'élus de la population québécoise,
essayer le mieux possible de questionner les officiers et de suggérer
aux officiers de SIDBEC des alternatives possibles pour que cette entreprise
arrête de dépenser des sommes considérables des
Québécois.
M. Tremblay: M. le Président, je crois que nous avons avec
nous les dirigeants de SIDBEC. Si le chef de l'Union Nationale a des questions
particulières à soulever sur les opérations de
SIDBEC-FERUNI, je crois qu'il pourra obtenir les renseignements de M. Gignac,
à l'exception peut-être des données qui seraient
confidentielles, mais là, on en discutera, s'il s'agit d'une question
qui porte sur une donnée confidentielle.
M. Gignac: Je n'ai aucune objection à cela.
Le Président (M. Clair): Le député de
Jean-Talon.
SIDBEC-NORMINES
M. Garneau: M. le Président, j'ai relu la transcription du
journal des Débats de la rencontre de la semaine dernière. Le
ministre de l'Industrie et du Commerce proposait d'étudier d'abord ce
qui faisait l'objet du projet de loi en termes de variation dans les
coûts et d'aborder, dans un deuxième temps, d'autres questions
reliées à SIDBEC. Je crois que vous proposiez trois sujets. Je
voudrais m'en tenir au premier sujet concernant l'augmentation des coûts,
puisque le projet de loi 41 ne commence pas de nouveaux projets, mais est
là pour compléter la phase 1974-1978, la phase d'investissement
d'Outremont, M. Raynauld, M. le président de SIDBEC, vous avez
indiqué que le montant de $108 millions était composé
d'une augmentation dans les pertes prévues pour la société
de $9 millions à $36 millions, que le coût des installations de
Contrecoeur est passé de $165 millions à $178 millions et que,
pour le projet SIDBEC-NORMINES, les coûts passaient de $540 millions
à $625 millions, compte tenu, évidemment, de la partie
financée qui est de $45 millions, mais il y a une partie, 35%, qui est
financée par le capital-actions, le reste par emprunt; compte tenu du
fait que SIDBEC a 51%, vous arrivez à $23 millions de plus en besoin de
capital. Je voudrais demander, dans le cas du projet SIDBEC-NORMINES, quels
sont les principaux points qui amènent $45 millions de
dépassement. Vous avez fait très rapidement allusion aux
problèmes de la construction, de l'inflation. Est-ce que ce sont
là les seules causes et dans quelle proportion? Est-ce qu'on pourrait
avoir un peu plus de détails? Vous avez indiqué que plusieurs des
contrats avaient des clauses escalatoires. Je voudrais savoir dans quelle
proportion tout cela joue, parce que...
M. Gignac: Pour ce qui est des clauses escalatoires, ça
faisait partie des contrats depuis le tout début de la construction.
Pour ce qui est des dépassements de $545 millions à $625
millions, ce qui représente, en fait, une augmentation de $80 millions,
on pourrait faire le "breakdown" suivant: Les coûts qui sont...
M. Garneau: Quand vous dites $80 millions, M. Gignac, vous
passez...
M. Gignac: $80 millions divisés par deux, ça fait
$40 millions.
M. Garneau: Mais $540 millions à $625 millions...
M. Gignac: $645 millions.
M. Garneau: Ah! C'est $645 millions?
M. Gignac: $545 millions.
M. Garneau: Ah! dans les...
M. Gignac: ... à $625 millions.
M. Garneau: D'accord.
M. Gignac: Le coût associé à la grève,
incluant certains règlements sur plusieurs contrats, $22,9 millions;
l'intérêt additionnel, principalement associé aux
délais dans notre programme de construction, $18,7 millions;
équipement de dépoussiérage additionnel, qui n'avait pas
été prévu et qui a été exigé par le
ministère de l'environnement, $8 millions; frais de mise en marche,
baisse dans le niveau d'opération de la mine à cause du retard du
programme de construction de l'usine de bouletage, $10,1 millions; divers
imprévus et autres sujets, $20,3 millions, pour un total de $80
millions.
M. Garneau: Dans le premier élément de $22,9
millions, je m'excuse, je n'ai pas saisi l'ex-
plication que vous aviez donnée avant de donner le chiffre, le
premier chiffre que vous avez donné...
M. Gignac: Le coût associé à la grève,
incluant certains règlements sur plusieurs contrats de construction,
j'entends.
NI. Garneau: Dans le cas des frais de mise en marche, vous vous
référez à $10,1 millions. Ce sont des frais additionnels
à ceux qui avaient été prévus lors du lancement du
projet, à cause du retard?
M. Gignac: Oui. Je dis: Baisse dans le niveau d'opération.
Actuellement, on prévoit mettre la mine en marche, pas la mine, mais
l'usine de bou-letage en marche au 1er novembre. Cela veut dire que le niveau
d'opération pour l'année 1977 va être beaucoup plus bas
qu'il avait été prévu au départ. Je pense qu'on
avait prévu au départ une mise en marche pour juillet ou
août, quelque chose du genre.
Plus on retarde, ces choses-là, surtout l'intérêt
sur la construction et les frais de mise en marche sont comprimés sur un
plus petit nombre de tonnes.
M. Garneau: Quand on regarde le retard dans la cédule
d'opération, je comprends que ce retard est relié presque
uniquement à la grève de la construction. Y a-t-il eu d'autres
raisons pour ces retards?
M. Gignac: II y a eu d'autres retards qu'on a dû subir,
oui, principalement à cause des problèmes que nous avons eus sur
le chantier de Port-Cartier.
M. Garneau: Des problèmes reliés aux relations de
travail ou des problèmes techniques?
M. Gignac: Non, des problèmes de relations de travail,
spécialement avec les électriciens.
M. Garneau: Tout le retard est dû à des
problèmes de relations de travail et non pas à des
difficultés techniques dans l'exécution des travaux telle que
prévue. Le PERT aurait marché convenablement si cela n'avait pas
été des relations de travail.
M. Gignac: Je ne veux pas me faire accuser, mais disons qu'on a
subi, comme tous les autres, un arrêt de travail de 81 jours,
généralisé dans la province de Québec et en plus de
cela, on a subi, non pas des arrêts de travail, mais des ralentissements
de travail dans certains corps de métier, dont les électriciens
particulièrement.
M. Garneau: Dans les frais que vous nous donnez dans le cas de
SIDBEC-NORMINES qui sont reliés à ces retards de travail, y en
a-t-il qui sont reliés à des bris d'équipement ou sont-ils
reliés uniquement à une productivité faible ou encore
à un arrêt de travail de différents corps de
métiers?
M. Gignac: Non. On a eu des problèmes de bris
d'équipement, mais cela n'a pas retardé notre programme de
départ. Comme question de fait, on a eu des pièces
d'équipement, qui nous ont été envoyées
elles venaient des Etats-Unis et qui étaient en bien mauvaise
condition, qu'il a fallu réparer. C'étaient des
problèmes... qui ont été inventés aux Etats-Unis,
non pas au Québec et au Canada.
M. Garneau: Mais ici même, il n'y a pas eu, comme il y en
avait eu au chantier olympique ou à la baie James, des bris de cette
nature?
M. Gignac: II y a eu des bris d'équipement, mais on ne
peut pas considérer que cela...
M. Garneau: Est-ce une des raisons d'augmentation dans les
coûts?
M. Gignac: Non. Cela a peut-être été de
l'ordre de $100 000.
M. Garneau: Dans le projet original, si ma mémoire est
fidèle, les boulettes d'oxyde de fer superconcentré à
être utilisées par SIDBEC. On avait indiqué, dans le temps,
que le coût de ces boulettes représentait un écart entre $6
et $8 la tonne à comparer au prix international de ces boulettes de fer.
Avec l'augmentation des coûts de SIDBEC-NORMINES, est-ce que vous pouvez
conclure que l'avantage comparatif sera encore existant entre le coût de
la production de SIDBEC-NORMINES et le marché international?
M. Gignac: Je pense qu'on avait fait la comparaison, M. Garneau,
plutôt vis-à-vis, à ce moment-là, des bas prix du
lac Erié.
M. Garneau: Oui, je pense que c'est cela.
M. Gignac: Depuis le temps où on a discuté de ce
problème, en 1974, ce prix qui était plus bas que le prix
mondial, est devenu plus haut que le prix mondial. En d'autres mots, les
boulettes d'oxyde du Brésil ou même de la Suède ou des pays
de ce genre sont passées d'un maximum à un minimum. C'est plus
bas que le prix des Grands Lacs.
M. Garneau: Avec l'augmentation, maintenant, d'environ $80
millions du projet SIDBEC-NORMINES, comment se situerait, d'après vos
calculs, cette différence?
M. Gignac: La différence est la même parce que le
prix des Grands Lacs a encore augmenté cette année, de 5%.
M. Garneau: Mais les proportions de ces augmentations: je ne sais
pas quel est le prix aujourd'hui...
M. Gignac: $0.345 par unité de fer.
M. Garneau: Et celui de SIDBEC-NORMINES va garder ces mêmes
relations d'une différence
d'environ $8 comme vous le mentionniez, lors d'une commission
parlementaire.
M. Gignac: $8, c'est cela.
M. Garneau: Sur les coûts de Contrecoeur, qui passent de
$165 à $178, cela veut dire $12 millions ou $13 millions en chiffres
ronds, est-ce que les coûts sont également reliés et
uniquement au retard causé par les relations de travail dans la
construction?
M. Gignac: En fait, cela représente une augmentation
d'à peu près 7%. On a un "breakdown" de cela aussi. Je pense que
la plus grosse partie de ces coûts, ce sont les intérêts sur
la dette à long terme.
M. Garneau: Sur les retards à obtenir la production que
vous êtes obligés de capitaliser, avant que cela produise.
M. Gignac: Pour l'argent investi, c'est cela. Ce sont les plus
gros coûts. Les autres...
M. Garneau: Oui, $165 millions à 10%, cela fait...
M. Gignac: Cela fait $16 millions.
M. Garneau: Dans le montant demandé pour combler les
déficits plus élevés de 1976 et le coût de
Contrecoeur et de NORMINES, il y a également ce que vous appelez la
perte éventuelle de 1977, si j'ai bien compris la transcription du
journal des Débats. Dans quelle proportion ce point compte-t-il?
M. Gignac: Vous voulez dire la perte prévue au budget de
$9 millions qui passe à $36 millions?
M. Garneau: Non, je parle de celle de 1977. J'essaie de retrouver
ça dans la transcription. 16,5%. Je me réfère à
celle de 1977; j'essaie de trouver le texte.
M. Gignac: En fait, c'est une perte qui est
budgétisée pour 1977.
M. Garneau: Oui, c'est ça.
M. Gignac: C'est causé, en grande partie, par
l'économie...
M. Garneau: On est maintenant rendu au mois de juillet, est-ce
que vous pensez que ce chiffre est assez réaliste?
M. Gignac: Je pense que le chiffre est réaliste. En fait,
on doit revoir, très prochainement, les chiffres pour les derniers six
mois de l'année 1977, à moins que M. Talbot ici à
mes côtés me dise le contraire ou ne soit pas d'accord. On
ne voit pas de reprise fascinante pour les six prochains mois de l'année
1977 dans le domaine de l'acier, surtout celui qui nous concerne.
M. Garneau: Dans l'ensemble, M. le Président, je ne veux
déborder le champ de l'ordre du jour qui a été
suggéré par le ministre. Je ne sais pas si on peut aborder les
questions qui débordent le coût et qui sont reliées
à l'approvisionnement de SIDBEC et à l'utilisation des boulettes
de fer par le superconcentré à être utilisé par
SIDBEC elle-même. Si c'est votre directive, j'attendrai un peu plus tard,
parce que, sur les coûts, pour le moment, je n'ai pas d'autres questions,
suivant en cela le premier point de l'ordre du jour.
Le Président (M. Clair): Je pense qu'il y aurait lieu de
passer immédiatement à deux autres députés sur le
même sujet. Je pense que le chef de l'Union Nationale et le
député de Verchères ont manifesté le désir
de poser des questions sur ce sujet.
M. Charbonneau: Je voulais demander au député de
Lotbinière si c'est sur SIDBEC-NORMINES ou si... Je prendrai la parole
après.
Le Président (M. Clair): Le député de
Lotbinière.
M. Biron: Vous nous parlez d'un montant de $20,3 millions en
divers et imprévus, un montant quand même extraordinaire.
Est-ce que vous pourriez nous donner un peu plus de détails
là-dessus?
M. Gignac: Même si le budget de SIDBEC-NORMINES est
examiné par les trois participants, SIDBEC, British Steel et QCM, on
pourrait quand même vous donner certains détails. Mais il y a une
portion d'imprévus que je ne pourrai sûrement pas vous
détailler.
Un des problèmes, c'est que, dans les ententes que nous avons
faites, il a fallu mettre une espèce de maximum au montant qui serait
dépensé dans SIDBEC-NORMINES. On calcule que $625 millions
devrait être un maximum. On n'est pas obligé de l'atteindre, mais
il ne faudrait pas le dépasser. C'est un peu ce que cela veut dire.
M. Biron: Est-ce qu'il y a une participation de British Steel et
de Quebec Cartier Mining aussi élevée dans les
dépassements, proportionnellement à SIDBEC?
M. Gignac: La même chose.
M. Biron: La production a commencé, si j'ai bien vu les
nouvelles, au début de juillet ou au début de juin. On a
chargé une première livraison?
M. Gignac: De concentré.
M. Biron: De concentré. C'est la première livraison
qui arrivait de SIDBEC-NORMINES?
M. Gignac: De Fire Lake.
M. Biron: De Fire Lake, d'accord, mais qui appartenait à
SIDBEC-NORMINES.
M. Gignac: D'accord.
M. Biron: Depuis ce temps-là, cela continue à une
allure, à un rythme normal, ou...?
M. Gignac: On a vendu à peu près 250 000 tonnes de
concentré jusqu'à maintenant, ce pour l'année 1977. Ort va
sûrement avoir un inventaire de l'ordre de 1,5 million à 2
millions de tonnes de concentré pour commencer l'année 1978. Cet
inventaire va diminuer dès que l'usine de bouletage de Port-Cartier va
être en marche.
M. Biron: Vous jugez que 1,5 million à 2 millions de
tonnes de concentré c'est normal comme inventaire?
M. Gignac: Non. C'est trop élevé. M. Biron:
C'est trop élevé? M. Gignac: Oui.
M. Biron: Qu'est-ce qui fait que votre inventaire est si
élevé que cela à la fin de l'année?
M. Gignac: La grève. Si on avait démarré
notre usine de bouletage plus tôt, on aurait pu utiliser notre
concentré, on aurait donc eu moins d'entreposage. Je pense qu'on
considère qu'un entreposage d'à peu près trois mois est
normal, donc, environ 200 000 tonnes.
M. Biron: 200 000 tonnes.
M. Gignac: Cela dépend des périodes de
l'année. L'hiver, il faut que ce soit un peu plus élevé;
l'été, ce peut être un peu plus bas. L'hiver, quelquefois,
le minerai gèle et il y a toutes sortes de problèmes techniques
qui se posent.
NI. Biron: Vous prévoyez expédier 6 millions de
tonnes au total, avec SIDBEC-NORMINES, dont 50% est la responsabilité de
SIDBEC. Vous avez des ouvertures de marché pour votre surplus de
production, bien sûr, parce que SIDBEC elle-même a besoin de 1,3
million de tonnes?
M. Gignac: 1,5 million.
M. Biron: 1,5 million. Est-ce que vous avez un marché
potentiel pour l'autre 1,5 million ou si vous devrez le sacrifier à
n'importe quel prix sur le marché mondial?
M. Gignac: Sacrifier à n'importe quel prix, c'est beaucoup
dire. Mais on va sûrement essayer de le vendre. Ce qui n'était pas
un problème il y a trois ans en est devenu un maintenant.
C'est sûr que, pour l'année 1978, on va sûrement
avoir plus de difficultés à le vendre qu'en 1979 ou en 1984, mais
on est en train actuellement, au moment où je vous parle,
d'étudier ce problème et d' étudier les acheteurs
éventuels. Le premier, si on peut dire, c'est British Steel, parce qu'il
y a là un potentiel de 600 000 à 800 000 tonnes. Tous les
utilisateurs, c'est-à-dire ceux qui ont le procédé midrex
ou des procédés de réduction sont aussi des utilisateurs
possibles. Je pourrais mentionner plusieurs pays qui sont
intéressés à acheter notre produit, mais, de là
à passer à une vente signée sur papier et livrée,
souvent, comme vous le savez peut-être, c'est différent.
M. Biron: Prévoyez-vous que vous devrez sacrifier une
partie importante de votre prix de vente pour pouvoir disposer de cela? On sait
que cela se vend à peu près $30 la longue tonne.
M. Gignac: En longue tonne, je ne sais pas, mais en unité
de fer, cela se vend actuellement $0.44 à peu près par
unité de fer, $0.45, alors que le prix du lac Erié est à
peu près de $0.52 par unité de fer.
M. Biron: Cela fait combien la tonne, cela, ce que vous appelez
l'unité de fer dedans?
Une Voix: Cela dépend de la composition. M. Gignac:
Environ...
M. Biron: Je crois que c'est $33 ou $34 la tonne de 2240 livres,
si mes informations sont justes. Est-ce que cela se peut?
M. Gignac: Pour le lac Erié, c'est à peu
près $39 la tonne.
M. Biron: Cela veut dire $33 ou $34 à Port-Cartier ou
quelque chose comme cela?
M. Gignac: Cela dépend où ça s'en va.
M. Biron: A quel prix croyez-vous pouvoir vendre 1,5 million de
tonnes additionnelles dont vous n'aurez pas besoin?
M. Gignac: Au mieux, au prix mondial. M. Biron: Qui est de
combien aujourd'hui? M. Gignac: A peu près $0.44 par unité
de fer. M. Biron: Cela veut dire... M. Gignac: 20% de moins.
M. Biron: En partant, avec SIDBEC-NORMINES, on est sûr de
perdre, l'an prochain, en admettant que tout va parfaitement bien et qu'on
produit nos 6 millions de tonnes, quelque chose comme $10 millions, seulement
sur le surplus de production qu'on va avoir là-bas?
M. Gignac: SIDBEC-NORMINES ne souffrira pas, c'est SIDBEC qui va
souffrir.
M. Biron: Qui achète de SIDBEC-NORMINES à... SIDBEC
est assurée, à l'avance de perdre $10
millions, en admettant que le prix du marché demeure le
même et en admettant qu'on produise nos 6 millions de tonnes.
M. Gignac: Par contre, on fait un profit dans SIDBEC-NORMINES. Si
on vendait 6 millions de tonnes, on ferait un profit dans SIDBEC-NORMINES. On
ne peut pas jouer avec cela comme on joue avec des osselets. Il y a un jeu de
prix. D'abord, SIDBEC-NORMINES, en soi, c'est une entité, donc, la
moitié est consolidée dans SIDBEC-DOSCO; là on vous l'a
déconsolidée, mais du fait même qu'elle est
consolidée dans SIDBEC-DOSCO pour 50,1%, si elle fait des profits parce
que nous achetons à X cents par unité de fer, évidemment,
cela se retrouve dans SIDBEC-DOSCO, mais cela ne veut pas dire que c'est
nécessairement un bon "deal", que c'est une bonne affaire qu'on fait;
mais c'est mieux cela, si on peut le vendre, c'est mieux de vendre que de ne
pas produire.
M. Biron: A l'heure actuelle, étant donné que ce
n'est pas encore en boulettes, SIDBEC ne peut employer de...
M. Gignac: Je ne pense pas, M. Biron, qu'on puisse
réellement, dans un... C'est mon opinion personnelle, je ne demande
à personne de la partager, mais je ne pense pas qu'on puisse juger une
entreprise aussi grosse que SIDBEC-NORMINES sur une période de six mois,
un an ou même deux ans. Je pense qu'au bout de cinq ans, les choses vont
être assez replacées. Je pense qu'on ne peut pas juger cela sur
une période de... Il va y avoir les frais de démarrage dont on
n'a pas parlé. Si vous en parlez, on pourra en parler, mais on pense que
cela va coûter tant. Il y a beaucoup d'inconnues dans des choses comme
cela. Là où il y en a le moins, c'est probablement à la
mine, parce qu'à la mine, il y a beaucoup d'expérience, il y a
beaucoup de "know-how " alors qu'à l'usine de bouletage il y en a
moins.
Si vous vous rappelez ce qui s'est produit à Iron Ore of Canada
il y a un an et il y a deux ans, cela n'a pas été un cadeau. On
espère faire mieux que cela, mais il y a le démarrage, la mise en
marche, si vous voulez, le rodage de tous les équipements et la
vente.
Je dis que ce ne sera pas avant deux ans qu'on pourra passer des
jugements valables sur cela. Est-ce que cela va coûter $10 millions ou
$40 millions? Je ne sais pas. Enfin, j'ai l'air de dire cela d'une façon
détachée, mais je ne peux pas être prophète. Ce sont
des grosses entreprises.
M. Biron: Vous avez un budget pour produire 6 millions de
tonnes.
M. Gignac: Oui.
M. Biron: 6 millions de tonnes en concentré, SIDBEC ne
peut l'employer. SIDBEC peut employer seulement des boulettes, c'est bien cela?
Quand prévoyez-vous atteindre le rythme de pro- duction de 6 millions de
tonnes en boulettes? On sait que la mine va produire.
M. Gignac: On prévoit, si on démarrait vers le 1er
novembre, atteindre le rythme de production de 6 millions de tonnes vers le
mois de mai ou juin 1978.
M. Biron: C'est-à-dire au rythme de 500 000 tonnes par
mois ou à peu près.
M. Gignac: C'est cela, 500 000 tonnes par mois.
M. Biron: Est-ce que vous n'êtes pas un peu optimiste en
parlant de six mois ou à peu près pour atteindre un rythme de
production de croisière, normal?
M. Gignac: Disons que...
M. Biron: On sait que Iron Ore a dû prendre plusieurs
années à Sept-lles, je crois?
M. Gignac: Oui. Evidemment, on essaie de se servir des erreurs
des autres pour ne pas faire les mêmes. Le procédé qu'on a
employé est très différent de celui d'lron Ore Company. Ce
sont des disques qu'on a. C'est un procédé qui fonctionne bien
avec le minerai de la région de Port-Cartier. Ce n'est pas
nécessairement le procédé qui serait bon pour un autre
minerai, mais pour ce minerai, c'est le meilleur procédé. Je ne
voudrais pas non plus passer un jugement ici, mais je pense qu'lron Ore Company
a eu des problèmes avec ses équipements, mais elle a aussi eu des
problèmes avec ses minerais. Là, cela semble être
replacé. Cela a duré au moins une couple d'années, si ma
mémoire est fidèle. Alors, on essaie de se servir de l'histoire
pour ne pas répéter les mêmes erreurs.
M. Biron: Vous croyez que, lorsque vous atteindrez, en tout cas,
votre rythme de production de 500 000 tonnes par mois pour vos 6 millions de
tonnes par année, avec les prix de vente prévus, cela devrait au
moins commencer à atteindre le "breakeven" comme on dit.
M. Gignac: Ce n'est pas prévu qu'on perde le "cash". Je ne
pense pas que SIDBEC-NORMINES... Enfin, j'espère que SIDBEC-NORMINES ne
viendra pas demander de l'argent à SIDBEC. Il se peut qu'on fasse des
pertes d'exploitation, mais après la dépréciation, etc.,
je ne pense pas qu'on fasse de perte liquide à SIDBEC-NORMINES. C'est
tout ce que je peux vous dire à ce moment.
M. Biron: D'accord. A présent, quelques dernières
questions sur votre potentiel de production. En admettant que vous preniez
trois ans, je suis peut-être pessimiste un peu, à atteindre votre
rythme de six millions de tonnes, est-ce que les achats de SIDBEC sont à
50% de la production, ou si c'est trois millions de tonnes?
M. Gignac: C'est 50% de la production.
M. Biron: Donc, si vous produisez guatre millions de tonnes l'an
prochain, vous n'aurez à vendre sur le marché mondial que 500 000
tonnes ou quelque chose comme cela. Vous aurez deux millions de tonnes ou 500
000 tonnes.
M. Gignac: C'est à-dire que... Oui.
M. Biron: Est-ce que c'est possible avec SIDBEC-NORMINES de
produire quatre millions de tonnesj'en viens à cette question
sans perdre d'argent, sans faire de profit, mais sans avoir de
pertes?
M. Gignac: Je ne me souviens pas où le "breakeven" pointe.
Il faudrait qu'on ait les chiffres de SIDBEC en main. Si ma mémoire est
fidèle, le "breakeven", c'est 4,8 millions de tonnes ou 4,5 millions de
tonnes.
M. Biron: Mon point, c'est que si SIDBEC doit perdre de l'argent
sur 1,5 million de tonnes à vendre à l'extérieur, SIDBEC
doit être la seule enfin à perdre de l'argent parce que British
Steel ou Québec Cartier Mining ont peut-être besoin... C'est
peut-être mieux de faire produire au ralenti, SIDBEC-NORMINES, afin qu'au
moins, les pertes soient compensées à 50% par les autres
entreprises, en autant qu'on ne perd pas tellement, et d'essayer de voir que
les surplus de production soient limités au minimum.
M. Gignac: Dans le marché présent, on peut dire que
la British Steel Corporation, comme d'autres, comme toutes les
sidérurgies américaines, sont pénalisées
vis-à-vis du prix mondial. Etant donné la complexité des
ententes qu'on a entre les trois participants, je ne pourrais pas vous dire
exactement ce qui se passerait. Mais il y a quelque chose de certain.
Actuellement, au prix que le British Steel doit acheter ses boulettes,
c'est-à-dire le prix des Grands Lacs, moins le transport, ça lui
coûterait meilleur marché d'aller acheter ses boulettes au
Brésil.
En d'autres mots, il faut que tout le monde essaie de respecter le bout
de son entente.
M. Biron: Cela veut dire que ça coûterait aussi
meilleur marché à SIDBEC d'acheter ses boulettes au
Brésil.
M. Gignac: Je l'ai dit 25 fois. Je peux vous le dire une autre
fois.
M. Tremblay: II faudrait peut-être faire remarquer...
M. Gignac: Dans le moment. Ce n'était pas le cas il y a
deux ans.
M. Tremblay: J'aimerais faire remarquer au leader de l'Union
Nationale que nous avons discuté de cette question en profondeur
vendredi.
M. Biron: Je sais...
Merci. Cela termine mes questions sur SIDBEC-NORMINES.
Le Président (M. Clair): Le député de
Verchères.
M. Garneau: II y a une question à laquelle M. Gignac n'a
pas répondu, une question que le chef de l'Union Nationale a
posée à M. Gignac. Je ne sais pas si elle a été mal
saisie, mais dans le fond, on voulait savoir parce que j'allais la poser
moi aussi s'il y a possibilité, pour SIDBEC-NORMINES c'est
comme ça que j'ai interprété la question de M. Biron
de ne pas produire à pleine capacité s'il y avait un
surplus momentané, ou encore si le prix de SIDBEC-NORMINES était
plus élevé que le prix international. Est-ce qu'une entente vous
oblige à aller au maximum? Parce que je sais que la rentabilité
est censée être atteinte à six millions de tonnes.
M. Gignac: II y a des ententes entre actionnaires, M. Garneau,
vous le savez très bien, et je pense que, si tout le monde s'entend pour
produire moins, on va produire moins. Mais, par contre, il faut produire assez
pour satisfaire les prêteurs, respecter les échéances,
etc.
Le Président (M. Clair): Le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Si j'ai bien
compris le député de Jean-Talon, on en est aux raisons des
dépassements des coûts et...
Le Président (M. Clair): A SIDBEC-NORMINES. En
général, mais plus spécifiquement là-dessus.
M. Charbonneau: En général... Ce que j'avais
compris, c'est que c'était en général, que le
député de Jean-Talon avait terminé sur les raisons du
dépassement des coûts. Lui, il s'était concentré
à SIDBEC-NORMINES, mais je pense que...
M. Garneau: Non, j'avais parlé aussi de Contrecoeur.
M. Charbonneau: Oui, c'est ça, également.
Dans ce sens-là, je vais commencer par une ou deux questions sur
SIDBEC-NORMINES et je voudrais aborder d'autres points qui touchent aux raisons
du dépassement des coûts, mais dans d'autres secteurs.
Si j'ai bien compris l'analyse des documents, le pourcentage de
participation de Quebec Cartier Mining dans SIDBEC-NORMINES, c'est d'environ
8%. C'est exact?
M. Gignac: Oui.
M. Charbonneau: Est-ce que vous pouvez me dire quels sont les
contrats de gérance et de génie
qui ont été obtenus par Quebec Cartier Mining ou par la
maison mère US Steel?
M. Gignac: II y a Canadian Met-Chem. J'imagine que c'est ce que
vous voulez dire. Canadian Met-Chem a eu tous les contrats qui se rattachent
à la mine et à toute la manutention du minerai entre l'usine de
Port-Cartier et le port. L'autre contrat, cela a été le contrat
de Dravo Engineering.
M. Charbonneau: La question que je me pose vous me
corrigerez si j'ai tort c'est: Est-ce qu'il n'aurait pas
été avantageux pour SIDBEC d'opérer seule les
activités qui ont été confiées à Quebec
Cartier Mining, c'est-à-dire, par exemple, l'opération de la mine
Fire Lake, l'opération du concentrateur à Gagnonville, le
transport du minerai et l'opération aussi des installations portuaires?
Est-ce qu'il y a eu des études comparatives pour montrer que,
finalement, SIDBEC était gagnante en donnant ces activités
à Quebec Cartier Mining qui, elle, pour un minimum d'investissement de
8%, frappait le gros lot, c'est-à-dire qu'elle avait l'occasion de faire
des profits considérables sur différentes activités?
M. Gignac: Tous ces points ont été
étudiés et, pour le meilleur ou le pire, on a
décidé, au moins pour les cinq premières années,
étant donné l'ampleur des responsabilités qui incombaient
à SIDBEC-NORMINES pour démarrer et faire marcher l'usine de
bouletage avec une main-d'oeuvre entraînée sur place, qui
était tellement lourde, qu'il valait mieux se servir du "know-how" de
Quebec Cartier Mining pour exploiter l'usine, la mine de Fire Lake et le
concentrateur de Gagnon. De toute façon, ces gens les connaissent
très bien, les ayant exploités pendant quinze ans.
M. Charbonneau: Vous dites pour le meilleur ou le pire...
M. Gignac: Bien, pour le meilleur ou le pire, c'est parce que
lancer de front deux opérations comme cela, la mine dans laquelle on n'a
aucune espèce d'expérience et l'usine de bouletage non plus, cela
ne se part pas tout seul, cela prend du personnel et il faut
l'entraîner.
Alors, étant donné que les effectifs de Quebec Cartier
Mining sont déjà là à cause de la mine du lac
Jeannine, qui est maintenant fermée, on a pensé que cela serait
moins lourd pour SIDBEC-NORMINES de confier la direction à Quebec
Cartier Mining pour ce qui est de l'exploitation de la mine et du concentrateur
Gagnon et que SIDBEC-NORMINES exploite elle-même l'usine de
bouletage.
M. Charbonneau: Par ailleurs, est-il exact qu'il y a eu un achat
considérable de wagons de chemin de fer pour le transport de minerai oui
ont été recommandés par la Quebec Cartier Mining à
SIDBEC?
M. Gignac: Pour transporter le minerai entre Fire Lake et le
concentrateur du lac Jeannine.
M. Charbonneau: Mais ils ne sont pas encore utilisés par
SIDBEC-NORMINES actuellement?
M. Gignac: Oui. Ils sont là. M. Charbonneau: Est-ce
que... M. Gignac: Ils sont utilisés.
M. Charbonneau: Depuis quand sont-ils utilisés?
M. Gignac: Depuis que la mine est commencée, depuis le
mois d'avril à peu près.
M. Charbonneau: 1977? M. Gignac: Oui.
M. Charbonneau: Mais n'est-il pas exact qu'ils ont
été en usage depuis l'été 1976 mais au profit de la
flotte de la Quebec Cartier Mining?
M. Gignac: Je ne les ai pas vus.
M. Charbonneau: Quand les avez-vous achetés?
M. Gignac: On les a achetés en 1976. Cela a
été fait à Marine Industries.
M. Charbonneau: Quel mois?
M. Gignac: Ecoutez, je ne le sais pas. Je pourrais vous le
dire...
M. Charbonneau: Je trouve que...
M. Gignac: Ces wagons ont été achetés
exclusivement pour les travaux de SIDBEC-NORMINES. Ils n'ont pas
été utilisés pour le mont Wright, si c'est cela que vous
voulez dire.
M. Charbonneau: On m'a laissé entendre qu'ils auraient
été utilisés par Quebec Cartier Mining dans sa flotte,
pendant plusieurs mois, jusqu'à ce qu'ils servent pour SIDBEC-NORMINES,
c'est-à-dire au printemps 1977. Cela signifie que la
société d'Etat aurait payé des wagons pour...
M. Gignac: Je peux vérifier, mais je peux vous assurer que
c'est faux.
M. Charbonneau: Je l'espère.
M. Gignac: Si ce n'est pas faux, je vous !e dirai.
M. Charbonneau: Je l'espère aussi. Par ailleurs, quels
sont les besoins actuels, en termes de boulettes d'acier, de SIDBEC?
M. Gignac: Actuels? M. Charbonneau: Oui.
M. Gignac: Ou dans six mois?
M. Charbonneau: Est-ce de l'ordre de 200 000 tonnes?
M. Gignac: Non. C'est plus que cela. C'est à peu
près 600 000 à 700 000 tonnes, 650 000 tonnes.
M. Charbonneau: Avant l'ouverture? M. Gignac: C'est ce que
je veux dire.
M. Charbonneau: Mais, en avril 1977, ne se serait-on pas rendu
compte qu'on avait acheté trop de boulettes? On avait acheté,
semble-t-il, 800 000 tonnes, il a fallu aller négocier après
pour...
M. Gignac: On a acheté des boulettes en 1973. Quand on
achète des boulettes sur le marché mondial, on est obligé
de les acheter par contrat de cinq ans. Alors, 1973 plus 5, cela fait 1978. Ces
contrats viennent à échéance en 1978 et, actuellement, on
est en train d'essayer de diminuer les quantités qu'on a achetées
et qu'on peut avoir, évidemment, en trop pour l'année 1977 et
l'année 1978. Il y a plusieurs contrats qui viennent à
échéance en 1977. Il y en a à peu près deux qui
vont continuer en 1978. On est en train de négocier pour répartir
cela sur une période donnée ou tout simplement les annuler. Je
pense qu'il y en a deux qui ont été annulés jusqu'à
maintenant.
M. Charbonneau: Le nombre d'annulations est-il
considérable?
M. Gignac: Deux.
M. Charbonneau: Deux?
M. Gignac: Sur à peu près sept.
M. Charbonneau: Combien cela donne-t-il en millieurs de tonnes,
ce qu'on a annulé?
M. Gignac: II y en a un qui est à peu près de 100
000 et l'autre de 60 000. A peu près 160 000 pour les deux.
Approvisionnement en gaz naturel
M. Charbonneau: Bon. Seulement une petite seconde, parce que j'ai
des notes. Il y a eu aussi des achats de gaz naturel également. Vous
avez acheté, semble-t-il, des quantités considérables de
gaz naturel?.
M. Gignac: Oui, on a un contrat de gaz naturel.
M. Charbonneau: Semble-t-il qu'en novembre 1976, vous
étiez prêts à en acheter, mais on se serait aperçu
que la capacité réelle était moindre que celle
prévue, c'est-à-dire 4 000 pieds cubes au lieu de 8 000 pieds
cubes. Est-ce exact?
M. Gignac: Je ne comprends pas votre question. Si je peux vous
donner une réponse, quand on passe un contrat de gaz naturel...
M. Charbonneau: Oui.
M. Gignac: ... du moins c'est la coutume au Canada, ce n'est pas
nous qui établissons les règles, c'est l'Office national de
l'énergie. Les contrats de gaz sont accordés tous les 1er
novembre de chacune des années en cours. Je pense que votre question,
c'est: Avait-on l'intention d'accorder un contrat supplémentaire de gaz
naturel le 1er novembre 1976? La réponse est oui. Quand on a vu qu'on
était obligé de retarder de trois ou quatre mois la mise en
marche du module de réduction de Contrecoeur à cause de la
grève, on a décidé d'attendre.
M. Charbonneau: Quelle grève?
M. Gignac: La grève de la construction.
M. Charbonneau: Ah bon! Vous avez été
obligés...
M. Gignac: On a retardé le contrat.
M. Charbonneau: Mais est-ce que la clause du contrat ne disait
pas que si le puits ne pouvait pas produire plus qu'une certainte
quantité, il n'y avait pas d'obligation à produire plus que le
puits ne pouvait produire?
M. Gignac: Non.
M. Charbonneau: Vous avez, semble-t-il, signé une entente
avec une firme, Connecticut Exploration, pour un puits d'une capacité
supposée de 8 000 pieds cubes de gaz naturel. On s'est rendu compte
finalement que...
M. Gignac: Je sais à quoi vous voulez en venir. Tous nos
contrats, quelle que soit la provenance du gaz, passent par TransCanada
PipeLi-nes, Gaz Métro. Ces contrats sont des contrats... On peut passer
soit un contrat de gaz "interruptible", soit un contrat de gaz fixe, 90% en
français "take or pay". Le premier contrat qu'on a signé, qu'on a
encore d'ailleurs, et qui a alimenté notre premier module de
réduction, est un contrat pour alimenter notre première usine de
réduction, 400 000 tonnes. Alors, si vous multipliez 400 000 tonnes par
12 000 pieds cubes de gaz, vous obtiendrez ce qu'on achète par
année.
Pour être en mesure d'amoindrir, si possible, à l'avenir
les 90% c'est une contrainte assez difficile à respecter
on a acheté du gaz de puits d'Alberta dont on peut se servir à
volonté. C'est à cela que vous voulez faire... C'est le
même gaz, ce gaz, même si on l'achète dans le fond du puits,
on est obligé de passer par le même processus, c'est-à-dire
par TransCanada PipeLines et Gaz Métro.
M. Charbonneau: Ce que je veux dire, c'est quand vous achetez en
Alberta...
M. Gignac: On peut le prendre quand on veut, par exemple.
M. Charbonneau: D'accord, mais quand vous achetez, vous devez
faire des études pour vérifier la capacité des puits que
vous achetez...
M. Gignac: Non. On nous dit: C'est tant de gaz et on tire le gaz
jusqu'à épuisement, mais on ne paie pas plus que le gaz qu'on
peut retirer du puits.
M. Charbonneau: Oui, mais, semble-t-il que dans certains cas,
avec la firme Connecticut Exploration, des puits étaient prévus,
par exemple, pour 8 000 pieds de gaz naturel. On avait signé...
M. Gignac: Non. Tout cela a été fait par SOQUIP. On
n'est pas qualifié, nous, pour faire ces études-là. On a
fait faire toutes les études par SOQUIP. Ce sont eux qui ont fait les
transactions, mais c'est nous qui payons la note, si on le prend.
Si on ne le prend pas, on le vend à Pan-Alberta au même
prix qu'on le paierait. Même chose. Là-dedans, il n'y a eu ni
perte ni profit jusqu'à maintenant. On n'en prévoit pas.
Régie interne et relations de travail à
Contrecoeur
M. Charbonneau: Par ailleurs, selon les organigrammes officiels
de SIDBEC, chaque contrôleur doit "se rapporter" au gérant
d'usine. Est-ce exact?
M. Gignac: Chaque contrôleur de quoi?
M. Charbonneau: Chaque contrôleur d'usine.
M. Gignac: Vous voulez dire chaque chef d'atelier. On a quatre
usines, il y a un contrôleur...
M. Charbonneau: Ce que je veux dire, c'est que, dans les faits,
chaque contrôleur "se rapporte" au gérant d'usine, alors que,
selon les organigrammes officiels, les contrôleurs ne "se rapportent" pas
au gérant d'usine, Est-ce que c'est exact?
M. Gignac: Prenons Contrecoeur. Vous avez une usine, un module de
réduction qui est ce que j'appelle un atelier. Vous avez
l'aciérie, le laminoir à fer chaud, le laminoir à froid,
la maintenance, le laminoir à barre. Est-ce que vous voulez dire les
contrôleurs de ces ateliers?
M. Charbonneau: Oui. Le contrôleur du "plant".
M. Gignac: Normalement, il "se rapporte" au gérant du
"plant".
M. Charbonneau: Normalement. M. Gignac: Oui.
M. Charbonneau: Selon les organigrammes officiels, ce n'est pas
le cas. Je ne le sais pas, je vous pose la question.
M. Gignac: Je n'ai pas les organigrammes officiels, je ne peux
pas vous le dire, mais ça me semble normal que le contrôleur "se
rapporte" au gérant.
La question ne se pose même pas, un contrôleur "se rapporte"
au gérant, partout.
M. Charbonneau: Et ces gérants "se rapportent" à
qui? Est-ce qu'il y a un contrôleur général pour
l'entreprise?
M. Gignac: Au gérant de l'usine en général,
avec un grand U. En d'autres mots, vous avez cinq ateliers et un gérant
pour ces cinq ateliers.
M. Charbonneau: II y a un contrôleur pour chaque
atelier?
M. Gignac: Oui, et il y a un contrôleur pour tout
l'ensemble.
M. Charbonneau: Est-ce que le contrôleur pour l'ensemble
coordonne aussi le travail des contrôleurs d'atelier? C'est-à-dire
que les contrôleurs ont deux patrons, les gérants d'usine et les
contrôleurs?
M. Gignac: Ils ont un patron.
M. Charbonneau: Lequel?
M. Gignac: Le gérant d'usine.
M. Charbonneau: Le gérant d'usine.
M. Gignac: Oui.
M. Charbonneau: Le directeur des achats de la corporation, selon
certaines informations, n'aurait aucune autorité sur les responsables de
l'achat dans les usines, contrairement à ce qui est indiqué dans
les organigrammes de l'entreprise. Est-ce que cela est exact?
M. Gignac: Je ne comprends pas votre question. Il y a une
procédure d'achat qui est établie et vérifiée. Si
on parle d'achat de boulettes, normalement, ce n'est pas fait par le service
des achats de Contrecoeur, mais par le service des achats du bureau
administratif. Si on parle des essieux ou des clés anglaises de sept
pouces, c'est fait par l'usine. Mais il y a des règles établies.
Je ne peux pas vous les donner, il y en a tout un paquet et chacun a son
domaine.
En d'autres mots, le jour à jour, le quotidien, est fait,
normalement, par l'acheteur de l'usine.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Verchères, je vous souligne que j'ai de plus en plus de
difficulté à relier vos questions au thème actuel du sujet
1, Raison de dépassement des coûts.
M. Charbonneau: C'est-à-dire que dans ce sujet, raison de
dépassement, il y a des raisons extérieures, comme certaines
décisions ou indécisions gouvernementales; il y a aussi des
raisons au niveau du marché. J'essaie d'approfondir au niveau interne.
Si on répond bien à mes questions, il n'y a pas de
problème.
Le Président (M. Clair): Je vous permets de continuer,
c'était simplement une invitation.
M. Gignac: ...de répondre à toutes vos
questions.
M. Charbonneau: Je pense qu'on est ici pour voir... On a
abordé la semaine dernière...
M. Gignac: Quand ça va trop dans les détails, je
m'excuse...
M. Charbonneau: Moi non plus, je ne suis pas un
spécialiste de l'acier. Cela viendra peut-être avec le temps,
étant donné que je suis député du comté
où il y a l'usine de Contrecoeur.
Je voudrais vous citer, concernant ce dont on discutait la semaine
dernière en termes d'inventaire, une déclaration de l'ancien
ministre du Travail. J'aimerais avoir vos commentaires à ce sujet. En
parlant de conflits de travail, de relations d'inventaire, je vous cite un
texte publié dans la revue "RND": "Prenez le cas de SIDBEC où il
y a eu six mois de lock-out. Ce que les patrons auraient voulu, c'est une
grève.
Je comprends qu'ils aient voulu un arrêt de travail pendant lequel
ils n'auraient pas eu à payer de salaire. Ils avaient des inventaires
pour deux ou trois ans d'avance. A la première fausse manoeuvre des
employés, qui a été de faire une espèce de
ralentissement de travail, les patrons en ont profité pour
décréter le lock-out".
Cette déclaration de M. Cournoyer, qui a été faite
au mois de mars 1977, cela confirme effectivement ce que vous avanciez la
semaine dernière, qu'il y a eu un ralentissement de travail. Par
ailleurs, selon son affirmation, cela aurait été plus ou moins
désiré par SIDBEC, parce qu'on avait des inventaires pour deux ou
trois ans d'avance.
M. Gignac: Cela n'a aucun rapport, de près ou de loin,
avec nos inventaires. C'est bien évident que pendant les cinq ou six
mois d'arrêt de travail qu'on a eus, on n'a pas expédié une
tonne de ce matériel. On est arrêté... Tout ce qui
s'appelle lingots, boulettes, etc., c'est resté là. Il n'y
a pas eu de...
NI. Charbonneau: En fait, ce que vous dites, c'est que même
s'il y avait des inventaires...
M. Gignac: Ils sont restés exactement à l'endroit
où ils étaient. Cinq mois après, ils étaient encore
là.
M. Charbonneau: II n'y a eu aucune vente de ces inventaires?
M. Gignac: Non.
M. Charbonneau: On a parlé la semaine dernière, et
on s'était promis mutuellement de revenir sur le sujet, des relations
humaines et de la gestion du personnel à l'intérieur des usines..
Comme je vous l'ai indiqué la semaine dernière, je ne connais pas
la situation dans les autres usines, mais je connais un peu la situation dans
l'usine de Contrecoeur. Lorsque je l'ai visitée, c'était bien
évident qu'il y avait un problème de relations humaines assez
senti. Vous allez me dire que c'est normal après six mois d'un conflit,
qu'il y ait des cicatrices, des blessures qui ne se soient pas encore
cicatrisées.
Mais j'aimerais, par ailleurs, connaître les projets de SIDBEC
quant à l'amélioration des conditions au niveau des relations
humaines.
M. Gignac: Les relations de travail à Contrecoeur...
M. Charbonneau: Je pense que cela peut avoir un impact, comme
vous l'avez d'ailleurs souligné, sur les dépassements
passés ou futurs des coûts qui...
M. Gignac: Les coûts à Contrecoeur, 6% de
dépassement, si vous comparez cela à COJO, ce sont des "peanuts".
Si on parle des relations de travail, je vous dirai que depuis quinze ans, les
relations de travail à Contrecoeur sont pourries. C'est dix fois pire
que vous pensez.
M. Charbonneau: Je pense qu'on est d'accord sur cela.
M. Gignac: C'est dix fois pire que vous pensez. On a
étudié la situation, indépendamment de d'autres qui l'ont
étudiée et on en est venu à la conclusion qu'on s'est fait
un plan de travail pour recommencer exactement à zéro à
Contrecoeur. C'est en marche depuis deux mois. Cela marche aujourd'hui, cela va
marcher demain et j'espère que cela va marcher dans 24 mois.
J'espère que sur une période de cinq ou six ans, on va pouvoir
avoir, à Contrecoeur, comme dans les autres usines, d'ailleurs, des
relations de travail qui sont plus harmonieuses, plus humaines, afin que les
gens soient moins frustrés.
Les relations de travail, à Contrecoeur, ce n'est pas nous qui
les avons inventées. On les a achetées, en 1969 et on a
essayé de vivre avec elles. On a vu ce que cela a donné. On s'en
est rendu compte et on est en train d'essayer de redresser la situation. Mais
je ne m'attends pas de régler cela le mois prochain. Cela va prendre
plusieurs années avant de le faire. Mais on est bien intentionné.
On a bien l'intention... C'est impossible d'opérer un complexe comme
celui de Contrecoeur, avec des relations de travail comme celles qu'on a
présentement. On est parfaitement conscient de cela. On est en train de
mettre le paquet pour que cela se fasse.
Comme vous le savez, les relations de travai, ou les relations
ouvrières, c'est une rue à deux directions, autant de la part de
la partie patronale que de la partie syndicale, avec tous les problèmes
que cela peut encourir sur une période de temps.
II n'y a pas de miracle, il y a beaucoup de travail à faire, de
part et d'autre. Je pense qu'on peut y arriver. Si on est capable de construire
des affaires comme SIDBEC-NORMINES, des mines et des modules de
réduction, on devrait être en mesure de transiger aussi avec des
êtres humains.
M. Charbonneau: J'aurais une question avant cela.
Exceptionnellement, à Contrecoeur, est-ce que c'est exact qu'un
travailleur qui est nommé contremaître et qui ne fait pas
l'affaire, ne peut pas revenir dans l'unité de négociations?
M. Gignac: C'est un parmi les milliers de problèmes qui
existent. C'était un problème, parce qu'à la
dernière convention, on a pu régler un peu ce problème.
Auparavant, c'était le problème. Comme c'est de l'histoire
ancienne, disons que ce problème est réglé par le biais de
la convention collective.
M. Charbonneau: Est-ce qu'il y a maintenant un
vice-président au personnel à SIDBEC?
M. Gignac: II n'y a jamais eu de vice-président à
Contrecoeur. Vous voulez dire à SIDBEC?
M. Charbonneau: Oui, à SIDBEC.
M. Gignac: Non, pas dans le moment. On a le directeur
général des relations ouvrières. Le directeur
général des relations ouvrières a été pris
du bureau administratif et envoyé à Contrecoeur pour s'occuper du
problème de Contrecoeur d'une façon spécifique.
M. Charbonneau: Ce poste de directeur des relations
ouvrières, est-ce un poste récent, qui a été
créé récemment?
M. Gignac: Oui, il a été nommé il y a deux
ou trois mois, environ trois mois ou quatre mois.
M. Charbonneau: Est-ce que, à votre avis, le fait que ce
poste n'existait pas, le fait que les relations...
M. Gignac: Excusez-moi, il y avait un service du personnel
à Contrecoeur.
M. Charbonneau: A Contrecoeur, mais pour l'ensemble de...
M. Gignac: Ah oui! Il y a un service des relations
ouvrières et un service du personnel au bureau administratif et,
à Contrecoeur, il y a un service du personnel en relations
industrielles.
M. Charbonneau: Oui, mais, dans la direction, il n'y avait
personne qui était particulièrement responsable de ce secteur,
jusqu'à récemment?
M. Gignac: Le phénomène qui s'est produit, c'est
que le bureau des cadres, du personnel des relations ouvrières à
Contrecoeur s'est vidé en l'espace de six mois. On a pris notre bureau
du personnel de Montréal et on l'a envoyé à Contrecoeur.
Comme c'est arrivé exactement au moment où on entrait en
négociation, on n'avait pas tellement de choix, sinon de faire cela.
M. Charbonneau: Par ailleurs... J'avais d'autres questions, mais
je vais laisser la chance à d'autres députés de poser des
questions et je reviendrai un peu plus tard.
Le Président (M. Clair): Le député de
Huntingdon.
Pertes prévisibles pour 1977
M. Dubois: Vous avez mentionné, tout à l'heure, des
pertes prévisibles de $17 millions pour cette année,
c'est-à-dire pour l'année 1977. A l'intérieur de ces
pertes, est-ce qu'il y en a une partie qui se rattache à la production
et à la vente de métaux finis?
M. Gignac: Si ma mémoire est fidèle... Elle ne
l'est pas.
M. Dubois: Peut-être que vous auriez plutôt le
montant des pertes.
M. Gignac: Pour autant que je me souvienne, dans le montant des
pertes pour 1977, il y a $17 millions de ce montant qui se rattachent aux
produits plats et il y a $1 million... Si vous avez un crayon, je vais vous
donner cela, je vais vous donner un petit sommaire intéressant.
Ce qu'on prévoit pour les produits plats, c est une perte,
après amortissement, ou, si vous voulez, une perte avant amortissement
de $9 261 000, après amortissement de $6 148 000. Cela fait une perte,
avant intérêts, de $15 409 000.
Pour ce qui est des autres produits, c'est-à-dire ce qui concerne
tous les produits qui sont fabriqués soit par le biais du laminoir
à barre ou dans les autres usines comme Montréal, Truscon,
Etobicoke, il y a un gain, un bénéfice avant amortissement de $6
319 000, après amortissement de $7,8 millions, cela devient une perte
avant intérêt de $1,5 million, ce qui fait en tout une perte
totale de $17 914 000 avant intérêt. Les intérêts
totaux payés sont de l'ordre de $37 067 000, moins les
intérêts capitalisés, $17 536 000, pour un total de $19
531000, ce qui fait donc une perte de $36 445 000.
M. Garneau: Vous parlez de 1976?
M. Gignac: 1977. C'est le budget de 1977.
M. Dubois: Ce sont les pertes totales de SIDBEC
présentement, prévisibles pour 1977, c'est cela? A
présent, si on part du bouletage, à la fabrication de
métal fini, est-ce qu'il y a une perte dans ce secteur qui est
prévisible?
M. Gignac: Là, on a fait le budget en fonction des
boulettes qu'on avait achetées.
M. Dubois: Que vous avez achetées?
M. Gignac: Oui.
M. Dubois: D'accord.
M. Gignac: Le budget de 1978 n'est pas fait.
Le Président (M. Clair): Le député de
Laprairie. Je vous demanderais, M. le député de Laprairie,
d'être le plus bref possible, dans le but de permettre au chef de l'Union
Nationale de pouvoir poser des questions, parce que je dois avouer que,
jusqu'à maintenant, l'Union Nationale n'a peut-être pas eu droit
à tout le temps qui lui revient, en vertu des habitudes de la commission
parlementaire. Le député de Laprairie.
M. Michaud: S'ils ont des questions.
Le Président (M. Clair): II est déjà en
liste depuis un bon moment.
M. Garneau: M. Gignac vient de donner, en réponse à
la question du député de l'Union Nationale, le chiffre des pertes
prévues pour 1977, de $36 millions et quelques centaines de mille
dollars.
M. Gignac: Si vous retournez aux chiffres que je mentionnais
hier, dans la demande de fonds, cela fait partie des demandes de fonds.
M. Garneau: C'est parce que, tout à l'heure, vous
m'avez...
M. Gignac: C'est la partie liquide de la demande de fonds.
NI. Garneau: Tout à l'heure, j'ai cru comprendre qu'il
s'agissait, quand je vous ai demandé la partie des $45 millions, il me
semble que vous m'aviez dit $16 millions ou $17 millions. A ce moment, vous
vous référiez à la perte de 1976. Si j'ai mal saisi...
parce que j'avais d'autres questions tout à l'heure que je voulais
poser, mais là, je suis complètement
désorienté.
M. Gignac: Hier... Pas hier, excusez-moi. M. Garneau:
Vendredi!
M. Gignac: J'ai travaillé quand même hier. Vendredi,
j'avais trois têtes de chapitre, A, B, C.
M. Garneau: Oui.
M. Gignac: Le A était de $28 346 000...
M. Garneau: C'est cela.
M. Gignac: ... était attribuable à 1976.
M. Garneau: C'est cela.
M. Gignac: Le B était attribuable...
M. Garneau: A l'usine de Contrecoeur?
M. Gignac: Non. C'était le dépassement dans les
coûts de construction à Contrecoeur.
M. Garneau: C'est cela.
M. Gignac: Le C, c'était SIDBEC-NORMINES... M. Garneau:
Oui.
M. Gignac: ... $22 806 000. Par après, M. Raynauld ne l'a
peut-être pas noté, on avait mentionné une perte liquide
pour 1977 là, je vous ai donné la perte totale
...
M. Garneau: Oui.
M. Gignac: Là, ce que je vous donne, c'est la perte
liquide. C'est $16 571 000.
M. Garneau: C'est pour 1977? M. Gignac: 1977, oui. M.
Garneau: D'accord.
M. Gignac: Ensuite, des dépenses en immobilisation, de $10
123 000. Ensuite, l'augmentation du fonds de roulement pour $18 141 000, pour
un total de $44 835 000. Si vous additionnez cela avec A, B et C, cela vous
donne un total de...
M. Garneau: D'accord. Il y a les besoins de "cash flow" et vous
parlez en termes du bilan. D'accord.
M. Gignac: Là, je voudrais...
Le Président (M. Clair): Le député de
Laprairie.
M. Michaud: Une question d'information très rapide, M.
Gignac.
Dans quelle proportion utilisez-vous les boulettes et les rebuts
métalliques?
M. Gignac: Cela dépend des produits qu'on fait, mais,
normalement, c'est 67/33. Cela dépend des produits qu'on fait.
M. Michaud: 67 pour les boulettes...
M. Gignac: 67 pour les boulettes, 33 pour la ferraille.
M. Michaud: ...et 33 pour la ferraille. Etant donné la
grosse différence de prix, parce que les boulettes, c'est environ $110
la tonne, je crois...
M. Gignac: Pardon?
M. Michaud: Le coût des boulettes est d'environ $110 la
tonne?
M. Gignac: Non, je pense que c'est un petit peu plus bas que
ça.
M. Michaud: Les rebuts métalliques, environ $50. Etant
donné la grande différence entre les deux, n'y aurait-il pas
moyen, pour des économies assez importantes, de forcer l'utilisation des
rebuts métalliques?
M. Gignac: D'abord, ce n'est pas $110 la tonne, je m'excuse,
c'est pas mal plus bas que ça.
M. Michaud: C'est combien, environ?
M. Gignac: J'aime autant ne pas vous le dire...
M. Michaud: Merci.
M. Gignac: ...c'est beaucoup moins que $110 la tonne, c'est plus
que $50 la tonne qu'on paie pour la ferraille, ou $45 la tonne qu'on paie pour
la ferraille...
M. Michaud: Oui.
M. Gignac: Mais, de toute évidence, à partir du
moment... On est pris de la même façon que les aciéries
avec les hauts fournaux et les convertisseurs à oxygène; une fois
que vous êtes pris dans un engrenage où vous utilisez du minerai,
vous êtes obligés de l'utiliser. Si Stelco pouvait acheter, demain
matin, ou US Steel pouvait faire de l'acier seulement avec de la ferraille, il
y aurait un manque à gagner sur le marché de la ferraille et les
prix rebondiraient droit en l'air.
Ce qu'on essaie de faire, c'est un mélange 1), le plus
économique et 2), qui puisse aussi donner des produits de
qualité, parce que les boulettes, ce n'est pas seulement le coût
qui est important, c'est aussi la qualité du produit. On ne peut pas
aller en bas de 50% de boulettes.
M. Michaud: Mais est-ce qu'il y a un effort de fait pour
réduire les 67% jusqu'aux 50%?
M. Gignac: II y a des fois où ça peut être
50%-50%. Si on fait de l'acier d'armature... On a plusieurs contraintes qui
nous forcent à utiliser nos boulettes. Le monsieur parlait du contrat de
gaz, tout à l'heure, qui est un 90% "take or pay contract". On est
obligé d'acheter du gaz. C'est la même chose pour
l'Hydro-Québec. On a un contrat avec l'Hydro-Québec qui nous
force à acheter de l'électricité. Une fois qu'on s'est
commis dans une branche, il faut utiliser nos produits. S'il se produit une
montée en flèche des prix de la ferraille dans deux ans d'ici,
comme ça s'est produit en 1974, à ce moment-là, les
boulettes étaient quasiment le double... elles étaient le double,
en fait, du prix de la... La ferraille était le double du prix de nos
boulettes. Là, on gagne. C'est chacun son tour.
Ceux qui sont dans les mini-mills et qui utilisent seulement de la
ferraille s'amusent.
Production de SIDBEC-FERUNI
M. Michaud: Merci.
Le Président (M. Clair): Le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Je vous remercie de ne pas acheter trop de ferraille et
d'en laisser sur le marché pour les autres fonderies
québécoises.
M. Gignac: Est-ce qu'on vous en vend... Si on vous en vend, elle
est de qualité, je peux vous assurer de ça.
M. Biron: Quelquefois. Parce qu'on traite de ferraille, à
SIDBEC-FERUNI, est-ce que vous vendez à beaucoup d'autres entreprises
à l'extérieur de SIDBEC?
M. Gignac: Je ne pourrais pas vous donner le nombre, mais on vend
à plusieurs entreprises à l'extérieur de SIDBEC. On vend
aussi, entre parenthèses, des boulettes réduites à
plusieurs fonderies. C'est un marché qu'on a découvert tout
à coup.
M. Biron: Par SIDBEC. M. Gignac: Oui.
M. Biron: Mais pas par FERUNI. FERUNI se contente...
M. Gignac: Par FERUNI, oui...
M. Biron: Mais SIDBEC-FERUNI a 25% ou 50% de ses ventes à
l'extérieur de SIDBEC où...? En moyenne?
M. Gignac: Cela dépend. FERUNI n'a pas une histoire qui
est tellement longue. Elle a démarré en 1975. On a eu une
grève en 1976, mais la capacité de production de SIDBEC-FERUNI
à l'usine est aux environs de 200 000 à 225 000 tonnes. Si on
calcule qu'on doit utiliser à peu près 60%, en moyenne, 65% de
boulettes et 35% ou 40% de ferraille, cela justifie à mon sens son
existence, mais... Je ne sais pas si cela répond à cette partie
de votre question.
M. Biron: A ce rythme, cela veut dire que vous produirez à
peu près 800 000 tonnes totales par année avec SIDBEC, pas plus
que cela, si vous employez, supposons, 25% ou 30% de ferraille.
M. Gignac: Les quatre fours de Contrecoeur sont destinés
à produire un million et demi de tonnes.
M. Biron: C'est cela que je vous demandais tout à l'heure.
Si vous produisez 200 000 ou 225 000 tonnes au maximum avec SIDBEC-FERUNI, cela
ne représente que 15% à peu près de votre production
totale.
M. Gignac: Oui, mais SIDBEC-FERUNI achète aussi des
"dealers", des marchands de ferraille...
M. Biron: Oui.
M. Gignac: ... une quantité assez considérable de
ferraille. En fait, toute la ferraille utilisée à l'usine de
Montréal une grande partie du
moins provient des "dealers ". Je ne connais pas le mot
français. Vous savez ce que je veux dire. En d'autres mots,
SIDBEC-FERUNI n'y touche pas. Cela veut dire 165 plus 225, cela fait à
peu près 400 000 tonnes, plus la ferraille que nous-mêmes
générons. On s'en va rejoindre les 400 000, 425 000 tonnes.
M. Biron: Très bien. Ma question, tout à l'heure,
était aussi: Vendez-vous beaucoup à l'extérieur avec
SIDBEC-FERUNI? Vendez-vous aux autres fonderies québécoises avec
SIDBEC-FERUNI?
M. Gignac: On vend à tous ceux à qui on peut
vendre.
M. Biron: A peu près combien de pourcentage de vos
ventes?
M. Gignac: Actuellement, je dirais que c'est à peu
près ... En ce moment, depuis 1975, ce n'est pas valable. C'est à
peu près 50%-50%.
M. Biron: SIDBEC-FERUNI génère-t-elle des profits
ou des pertes pour SIDBEC?
M. Gignac: Actuellement, SIDBEC-FERUNI n'a pas de profit.
M. Biron: Elle n'a pas de profit.
M. Gignac: Non.
M. Biron: Avez-vous des pertes appréciables?
M. Gignac: Pas pour le chiffre d'affaires qu'elle fait. En
d'autres mots, si vous divisez le nombre de tonnes par les pertes qu'elle fait,
cela peut rajouter $1.00 ou $1.50 la tonne, $2.00 aussi. Je pourrai vous le
dire tout à l'heure.
M. Biron: D'accord, mais je veux seulement voir si c'est
véritablement rentable pour SIDBEC d'avoir SIDBEC-FERUNI. On nous a
rapporté beaucoup d'autres choses sur SIDBEC-FERUNI.
M. Gignac: C'est rentable à l'envers, M. Biron, en ce
sens-ci. Rentable à l'envers, c'est une façon de dire. Quand on a
pris possession de Dominion Steel and Coal Corporation en 1969, on était
à la merci d'un fournisseur, comme vous le savez très bien. Il
s'est avéré qu'on n'a pas trouvé des dossiers des
années précédentes concernant la ferraille. Ils sont
peut-être quelque part, mais on ne les a pas trouvés. Pendant deux
ans, on a acheté d'un fournisseur, c'était le principal
fournisseur au Québec, de la ferraille et on a établi une feuille
de route. On a réalisé qu'on payait de $6 à $7 la tonne de
plus sur le marché québécois pour la même ferraille
que nos compétiteurs payaient en Ontario. On n'a pas
décidé de créer SIDBEC-FERUNI à ce
moment-là, mais on a décidé, à ce moment-là,
d'établir un prix. Cela s'est produit en 1971. On a décidé
notre contrat était fini avec le fournis- seur en question
qu'à partir d'une date donnée, qui est le 16 juillet 1971, SIDBEC
ne payait pas plus que tant pour sa ferraille. On a réussi à
faire descendre le marché de la ferraille, mais on a eu de la
difficulté à en avoir. On en a eu. La décision de
SIDBEC-FERUNI est venue après, parce qu'on a constaté et
établi, après avoir fait une étude, que la ferraille
serait toujours une matière première dont SIDBEC aurait besoin,
même si elle avait toutes les boulettes qu'elle voulait. Sur le plan
technique, pourrais-je dire, elle a besoin de ferraille, parce qu'il y a de
l'énergie contenue dans la ferraille et cela aidait aux fours
électriques. Ayant décidé cela, on a décidé
d'avoir au moins une usine qui pouvait nous approvisionner d'une façon
régulière en ferraille de bonne qualité.
M. Biron: Aujourd'hui, vous achetez votre ferraille de
SIDBEC-FERUNI au même prix que vos compétiteurs de l'Ontario.
M. Gignac: Ou moins cher, cela dépend. Cela varie
quasiment toutes les semaines, mais, dans le fond, on essaie de mettre notre
prix à peu près au même niveau que celui des ferrailleurs
américains.
M. Biron: Mais, une fois que vous avez calculé la perte de
SIDBEC-FERUNI, qui est payée par SIDBEC, est-ce que cela augmente votre
prix de la tonne de 10%, de 20% ou...
M. Gignac: Non. Cela peut varier entre 5% et 10%, ça
dépend beaucoup de la demande. Si, tout à coup, il se produisait
une demande effarante sur le marché, à ce moment-là,
contrôlant notre matière première, notre prix demeurerait
stable.
M. Biron: Est-ce que ça voudrait dire que ça vous
coûte aussi cher qu'autrefois, mais que vous contrôlez un peu plus
votre marché?
M. Gignac: Mutatis mutandis, ça nous coûte moins
cher qu'autrefois.
M. Biron: On nous a...
M. Gignac: Ou il va falloir que quelqu'un me prouve pourquoi on
aurait payé $6 de plus la tonne pendant deux ans. J'ai souvent
posé la question, mais jamais personne ne m'a donné de
réponse. Je dois dire que les intermédiaires vendaient à
meilleur compte.
M. Biron: Je ne vous cache pas que dans ce domaine, il y a deux
écoles de pensée totalement différentes: la
première, d'acheter d'un seul vendeur, comme vous le faisiez autrefois
et la deuxième, d'acheter d'une entreprise comme SIDBEC ou n'importe
quelle autre fonderie québécoise, ou d'acheter directement de 150
ou 200 autres. On me rapporte qu'une formule vaut l'autre, tout dépend
de la personnalité.
M. Gignac: Sur le marché québécois, vous
êtes sûrement au courant... D'abord, il y a les Ita-
liens qui sont venus s'installer, Associated Steel and Metals,
Côte Sainte-Catherine. Il y a aussi Fers et Métaux, 50-50 avec
STELCO et un autre monsieur que vous connaissez bien. Si on n'avait pas eu
SIDBEC-FERUNI, on aurait le nez à l'eau actuellement. Je pense bien
qu'on aurait des petits problèmes.
M. Biron: On nous a rapporté aussi que vous aviez
acheté de très grandes quantités de ferraille de
SIDBEC-FERUNI, que cette ferraille avait été entreposée
dans le port de Montréal et que vous aviez dû revendre cette
ferraille à perte. Est-ce que c'est le cas?
M. Gignac: A ma connaissance, d'habitude quand on entrepose dans
le port de Montréal, c'est pour expédier à
l'extérieur du pays. C'est un endroit qui est assez bien situé
pour charger les bateaux, mais à ma connaissance, on n'a jamais
exporté à perte. On a vendu à profit. C'est sur la
variation, sur le marché local pour nos propres besoins qu'on souffre de
la variation des prix.
M. Biron: C'est normal pour SIDBEC de faire le commerce de la
ferraille au Québec et de vendre sur d'autres marchés?
M. Gignac: Quand on est soumis à un petit marché,
ce n'est pas normal. En 1973-1974, quand les Etats-Unis ont mis un embargo sur
la ferraille, on a été forcé d'acheter de la ferraille
à un prix qui dépassait les normes.
M. Biron: M. le Président, je propose la suspension des
débats jusqu'à huit heures. Huit heures quinze?
Le Président (M. Clair): Vingt heures, puisqu'il est
exactement dix-huit heures.
La commissions suspend ses travaux jusqu'à vingt heures ce
soir.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
Reprise de la séance à 20 h 8
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente de l'industrie et du commerce, du tourisme, de
la chasse et de la pêche est réunie pour continuer l'étude,
article par article, du projet de loi no 41 et pour entendre certaines
personnes relativement à ce projet de loi. Au moment où nous
avons suspendu nos travaux à 18 heures, ce soir, la parole était
au chef de l'Union Nationale. M. le chef de l'Union Nationale.
Relations de travail à Contrecoeur
(suite)
M. Biron: M. Gignac, vous avez mentionné avant le
dîner, à la suspension de la séance, que les relations
ouvrières, à SIDBEC, à Contrecoeur en particulier,
étaient pourries depuis quinze ans. Je suis prêt à accepter
vos dires, mais je trouve quand même curieux qu'on ait attendu de 1968
à 1976 avant de faire quelque chose de concret. Cela peut faire partie
d'une baisse de la productivité chez vous, mais pourquoi avez-vous
attendu 1976 ou 1977 avant d'agir concrètement pour essayer de replacer
des relations ouvrières déjà pourries lorsque vous
êtes arrivé là?
M. Gignac: M. Biron, je ne pense pas qu'on ait attendu 1976 avant
d'essayer de replacer les choses. Je dirais que l'éclosion...la bombe
à retardement est arrivée en 1976. On a fait des efforts pour
essayer de replacer les relations ouvrières ou nos relations avec nos
employés. Les succès ont été très
mitigés. La preuve, c'est l'arrêt de travail de cinq mois et demi
que nous avons eu en 1976.
Tout ce que je peux dire, à partir de ce moment-là, c'est
que j'espère que l'histoire va nous aider à reconstruire un
service à Contrecoeur, non seulement un service, mais un climat plus
vivable, plus sain, que nous avons connu dans le passé. Nous avons
reconnu les problèmes, dès que nous avons pris possession de
l'entreprise, en 1969, mais ce que j'ai voulu dire par là, c'est que ce
n'est pas nous nécessairement qui les avons tous
créés.
M. Biron: Je comprends ce point de vue et c'est pour cela que je
vous demande quand même pourquoi avoir attendu sept ans avant d'agir.
Est-ce que le "lock-out" de l'an dernier faisait partie du scénario pour
essayer de recommencer à zéro ou est-ce que cela a
été accidentel?
M. Gignac: Non, cela ne faisait partie d'aucun scénario,
pas plus qu'une grève d'ailleurs. Pour n'importe quel arrêt de
travail... Je pense qu'il n'y a personne, ni d'un côté ni de
l'autre, qui souhaite avoir un "lock-out" ou une grève de six mois,
même dans un climat pourri au point de vue économique ou à
n'importe quel point de vue. Je ne crois pas que ce soit une façon
humaine de régler des problèmes.
M. Biron: Croyez-vous que le fait que vous ayez
décidé de faire un lock-out comme cela pen-
dant une période d'un peu plus de cinq mois... Est-ce que cela a
contribué à nettoyer le climat ou si cela n'a pas
changé?
M. Gignac: Cela fait seulement quelques mois qu'on a repris le
travail. J'ai mentionné cet après-midi que cela prendrait plus
qu'un mois, plus qu'un an et peut-être plus que deux ans pour commencer
à avoir quelque chose de potable au point de vue des relations
industrielles. Je maintiens ce que j'ai dit. Cela va prendre plus que deux ans.
Ces choses, cela ne se fait pas du jour au lendemain. Il va falloir qu'on se
comprenne et qu'on se parle. Un dialogue, c'est facile à dire, mais ce
n'est pas toujours facile à faire, comme vous devez le savoir.
M. Biron: J'ai parlé avec beaucoup de vos travailleurs,
à Contrecoeur en particulier, surtout l'an dernier, dans le temps du
lock-out. Je ne vous cache pas que le respect des travailleurs pour la
direction de SIDBEC, ce n'était pas haut. C'est pour cela que je me
demande je ne veux pas trop critiquer le passé si cela a
été une bonne décision.
M. Gignac: Si les travailleurs n'ont pas de respect pour la
direction de SIDBEC, je dois dire que j'ai beaucoup de respect pour les
travailleurs.
M. Biron: Même le rapport Griffin, en tout cas, citait ce
que je vous avance là, aussi.
M. Gignac: Je n'ai rien à dire sur le rapport Griffin.
M. Biron: Je ferai questionner le ministre tout à l'heure
sur le rapport Griffin. Je reviendrai là-dessus un petit peu plus
tard.
M. Gignac: Pour le moment.
Comparaison de productivité
M. Biron: A présent, au sujet de votre productivité
à l'heure actuelle, au cours des dernières années,
comparée à la productivité de vos compétiteurs de
l'Ontario qui ne sont pas tellement loin de chez nous, comment se compare la
productivité d'un travailleur à Contrecoeur avec celle d'un
travailleur à Hamilton en Ontario?
M. Gignac: C'est assez difficile à comparer, parce qu'on
compare un peu des choux à des oranges. Disons que c'est assez difficile
de comparer la productivité d'un employé dans l'usine de
réduction, étant donné qu'à Hamilton, en Ontario,
on n'a pas d'usine de réduction. Cependant, ce que je peux vous dire,
c'est que dans la plupart des usines ou des ateliers, comme l'usine de
réduction, l'acierie, les laminoirs à chaud, les laminoirs
à froid, les laminoirs à fil et barre, les taux de production
prévus sont atteints par les travailleurs, enfin par ceux qui
travaillent aux équipements. En d'autres mots, ce qu'on prévoyait
produire, on le produit.
M. Biron: Est-ce que vos taux de production sont comparables aux
taux de production de l'Ontario, pour prendre ces taux?
M. Gignac: M. le chef de l'Opposition, je m'excuse, M. Biron, on
ne peut pas comparer nos taux de production d'un laminoir Stekel avec un
laminoir en continu qui fait trois millions de tonnes par an, c'est
impossible.
Ce que je peux vous dire, cependant, c'est que nos taux de conversion
sont nécessairement beaucoup plus élevés, parce que, les
coûts fixes étant ce qu'ils sont, on a beaucoup moins de tonnes
pour absorber les coûts fixes.
M. Biron: Cela veut dire que vous n'espérez jamais pouvoir
concurrencer les entreprises de l'Ontario, en particulier?
M. Gignac: Je n'ai jamais dit cela. J'ai dit que,
peut-être, actuellement dans l'état où sont nos laminoirs
à plat, particulièrement les laminoirs à chaud et les
laminoirs à froid, on ne pourra jamais les concurrencer, de la
façon dont on est installé maintenant.
Pour ce qui est du laminoir à barre et fil, on concurrence
très bien nos concurrents de l'Ontario.
M. Biron: Comment cela se traduit-il dans votre part de
marché vis-à-vis de ces produits en particulier que vous
concurrencez bien? Est-ce que vous avez 50% du marché
québécois à comparer à 20% pour les autres choses
ou...
M. Gignac: Vous n'étiez peut-être pas là
quand je l'ai dit, mais j'ai dit qu'on a toujours fait des profits dans toute
la partie des laminoirs à barre et fil, depuis 1969.
M. Biron: Oui, mais est-ce que votre part de marché du
Québec on ne va parler que du marché du Québec
dans ces items, justement, vous faites du profit, mais est-ce qu'il est
à 20% ou s'il est à 50%, comparé aux autres secteurs qui
sont environ à 20%?
M. Gignac: Sans vous répondre, parce que c'est quand
même assez délicat, quand on parle de marché, disons que,
dans le domaine de tout ce qui touche les laminoirs à fil et barre,
c'est nous qui avons la plus grosse part du marché
québécois.
M. Biron: Ce sont des secteurs qui sont rentables pour
SIDBEC?
M. Gignac: Oui.
M. Biron: Est-ce qu'il y a possibilité d'augmenter votre
propre marché dans ces secteurs, qui sont toujours très
rentables?
M. Gignac: Certainement.
M. Biron: Qu'est-ce que vous faites pour augmenter votre part de
marché?
M. Gignac: II faut investir dans les tréfileries.
M. Biron: C'est-à-dire que vous vendez le maximum de votre
capacité de production, si je comprends bien, et vous dites: La seule
façon d'augmenter notre part de marché, c'est de produire
plus.
M. Gignac: Dans le produit final... M. Biron: Oui.
M. Gignac: A l'usine de Contrecoeur, on fait ce qu'on appelle du
fil machine. Ce fil est ensuite expédié à l'usine de
Montréal ou à celle d'Etobi-coke; on l'y étire et on y
fait du fil fin ou peut-être, 50 sortes de fils différents. Si on
augmente la capacité de la tréfilerie de Montréal et qu'on
peut fournir à la demande à partir de notre fil machine, venant
de Contrecoeur, à ce moment-là, c'est plus profitable.
M. Biron: Ce à quoi je veux en venir, ce n'est pas pour
vous embêter, mais s'il y a des secteurs particuliers, des articles
où c'est très rentable pour SIDBEC et je me demande pourquoi on
produit certains articles où on va perdre 100%. On est peut-être
mieux de produire des articles où on fait 10% de profit.
Alors, c'est pour cela que je me demande si vous pouvez faire un effort
additionnel de marketing pour augmenter votre part de marché dans ces
domaines précis où déjà SIDBEC fait du profit.
M. Gignac: On ne peut pas vendre plus que nos laminoirs de
tréfilerie produisent à Montréal.
M. Biron: Et vos laminoirs de tréfilerie produisent
à pleine capacité de ce temps-là?
M. Gignac: Non. Actuellement, ils ne produisent pas à
pleine capacité. C'est la première année depuis neuf ans
qu'ils ne produisent pas à pleine capacité, mais, cette
année, je pense bien... S'il fallait que tout le monde fasse des
projections en se basant sur l'année 1976-1977, il n'y a pas une
aciérie qui se construirait au monde.
M. Biron: Diriez-vous que votre part de marché a
reculé un peu à cause de votre fermeture de l'an dernier, que
cela vous a fait perdre quelques clients qui sont difficiles à
reprendre?
M. Gignac: On ne les a pas tous récupérés
jusqu'à maintenant, semble-t-il, mais c'est là qu'on en a quand
même récupéré le plus, comparativement, par exemple,
aux produits plats.
M. Biron: Et, dans les produits plats, c'est là que vous
perdez le plus d'argent?
M. Gignac: C'est là qu'on perd de l'argent.
Pas à l'aciérie tel qu'il a déjà
été mentionné dans votre rapport Griffin.
M. Biron: Pour celui-là, vous croyez le rapport Griffin
sur ce sujet en particulier.
M. Gignac: Non, tel que mentionné. Contrairement...
M. Biron: Qu'est-ce qu'on fait à SIDBEC, de ce
temps-là, pour essayer de rentabiliser ce domaine particulier de
production?
M. Gignac: On vient voir le gouvernement pour essayer d'expliquer
le problème et pour nous appuyer dans nos demandes financières
afin de tenir le coup et être en mesure de préparer un plan
quinquennal qui est en marche actuellement afin de voir de quelle façon
on peut se sortir de cela. Le dernier plan quinquennal, il va sans dire, est
désuet et cela prend quand même huit, neuf ou dix mois pour faire
un plan quinquennal sérieux. C'est ce qu'on a commencé à
faire et je pense que, vers la fin de l'année, on devrait être en
mesure de présenter quelque chose d'intéressant et de
sérieux au gouvernement.
M. Biron: On veut collaborer avec vous, mais c'est parce qu'on se
pose des questions sur la part du marché, en particulier dans des
articles rentables, et vous dites: C'est difficile de se prononcer
là-dessus. Je comprends peut-être votre point de vue. Vous dites:
On ne veut pas donner de publicité à cause de nos concurrents,
mais cela devient quand même difficile pour tous ceux qui sont autour de
la table d'essayer de juger bien honnêtement vos demandes.
M. Gignac: Oui, je comprends votre...
Relations de travail à Contrecoeur
(suite)
M. Biron: Vous avez aussi mentionné, un peu plus tôt
cet après-midi, que les cadres du bureau du personnel à
Contrecoeur... Le bureau s'était vidé complètement depuis
six mois. Cela m'a surpris un peu...
M. Gignac: Pas depuis six mois, enfin, depuis une couple
d'années.
M. Biron: Depuis une couple d'années. Y a-t-il des raisons
spécifiques pour lesquelles ces gens-là, qui sont en relation
directe, qui représentent l'entreprise auprès des travailleurs ou
les travailleurs auprès de l'entreprise, sont partis de Contrecoeur?
M. Gignac: Je pense que les principales raisons sont probablement
que ces gens ont trouvé qu'il était plus facile d'aller oeuvrer
dans ce département dans d'autres compagnies qu'à
Contrecoeur.
M. Biron: Qu'est-ce que vous avez fait d'une façon
spéciale pour obtenir quand même un bureau de cadres du personnel,
comme vous l'avez mentionné, je pense que c'est important? Ce sont ces
gens-là qui peuvent le mieux représenter les travailleurs ou
l'entreprise, en tout cas, qui peuvent avoir de meilleures relations de travail
avec les entreprises. Si vous me dites: Cela ne valait peut-être pas la
peine de les garder, on était peut-être mieux de les changer, mais
je vais vous dire avec...
M. Gignac: On ne les a pas changés, ils sont partis,
monsieur Biron.
M. Biron: Oui, c'est cela, mais avec le problème que vous
avez eu, je vais dire: Oui, je suis peut-être d'accord; mais si vous me
dites: lis sont partis, mais ils étaient bons, cela est plus
difficile.
M. Gignac: II y en a qui étaient bons, mais il y en a
d'autres qui étaient moins bons. Il y en a qui se sont fait
écoeurés, etc., il y a toutes sortes de raisons personnelles pour
lesquelles ces gens sont partis. Quand quelqu'un part de SIDBEC, n'importe qui,
il y a toujours un rapport qui est fait, qui spécifie les raisons pour
lesquelles ces gens partent. Je ne les ai pas avec moi, mais, d'une
façon générale, disons que, d'une façon
spécifique, au service du personnel, c'est devenu à un moment
donné une espèce de cercle vicieux et c'est devenu presque
impossible de retenir notre monde. C'était difficile pour eux de
travailler. Le climat était extrêmement malsain. Quand je dis que
le service s'est vidé, il s'est littéralement vidé. Il a
fallu repartir à neuf, je dirais à zéro. C'est ce qu'on a
fait.
M. Biron: Quand vous dites que ces gens-là ont
été écoeurés, ils ont été
écoeurés par quoi ou par qui? C'est important de le savoir, je
pense, dans une entreprise d'Etat.
M. Gignac: II peut y avoir des conflits de personnalités,
il peut y avoir des conflits entre les officiers de syndicats et le directeur
du personnel. Il peut y avoir toutes sortes de conflits, tous les conflits
inimaginables. Enfin, je n'ai pas à vous apprendre cela. Même dans
les petites entreprises, cela existe. A un moment donné, quand les gens
deviennent incompatibles à cause de certains problèmes qui
surgissent, et si ces problèmes ne se règlent pas, il faut que
l'abcès crève. Dans notre cas, si les gens sont compétents
et qu'ils peuvent se trouver du travail à l'extérieur, ils le
font. Mais on les remplace, cela ne règle pas nécessairement le
problème.
M. Biron: Ce n'est pas ce que je vous ai demandé. J'ai
demandé par qui ou par quoi. Vous m'avez donné des
hypothèses. Je vous en remercie. J'aimerais savoir plus
précisément...
M. Gignac: J'ai un rapport ça d'épais, c'est
confidentiel, qui regroupe tout ça. Je pense que ça ne serait pas
utile pour la commission. Je pourrais vous faire une liste de raisons de dix
pages. Cela se produit ainsi. Après l'ouvrier de métier
syndiqué sur le plancher, il y a un contremaître; ensuite, il y a
un autre contremaître, un surintendant général et un
gérant d'usine. Tout ça devrait travailler comme une
unité. S'il n'y a pas une certaine harmonie à tous ces paliers,
aussitôt qu'on a la moindre petite mésentente, pour vous donner un
exemple, un grief part du plancher directement pour aller au département
du personnel, ce qui n'est pas normal, d'après moi, d'après ce
que j'ai vécu dans mes 30 petites années d'expérience
industrielle, 98% des griefs devraient se régler au niveau des
contremaîtres.
A une compagnie comme DOFASCO, c'est là que ça se
règle; chez STELCO, un peu moins, mais c'est à peu près
là que ça se règle aussi. Si des griefs, pour des raisons
de stratégie, de tactique, inventez la raison que vous voudrez, partent
directement du plancher pour aller au département du personnel et, que
dans une année, vous en avez 300, 400 ou 500, je pense que ça
suffit pour écoeurer un gars qui est au personnel.
M. Biron: Qui dirige l'entreprise, c'est vous? M. Gignac:
Ce n'est pas moi qui fais les griefs.
M. Biron: Vous ne pouvez pas régler une politique
cohérente à l'intérieur du bureau du personnel en tout
cas?
M. Gignac: Ecoutez, quand je vous dis qu'il faut partir à
zéro, c'est ça que je veux dire. On va essayer de s'y prendre
d'une autre manière.
M. Biron: Vous voulez dire que les dirigeants du personnel ont
été écoeurés par les travailleurs qui faisaient
trop de griefs?
M. Gignac: Je ne veux pas nécessairement dire ça,
je ne veux pas être spécifique à ce point-là. Une
chose est sûre: l'action, à l'aciérie de Contrecoeur, ne se
passe pas au bureau administratif de Montréal, ça se passe sur le
plancher.
M. Biron: Je suis d'accord avec vous, mais le rapport Griffin
notait aussi qu'il y avait des relations avec le personnel, une mauvaise
gérance de personnel, on s'aperçoit que c'est peut-être la
faute de l'un ou de l'autre, mais que c'est vrai.
M. Gignac: Ce n'est jamais toujours la faute de l'un ou toujours
la faute de l'autre, comme vous savez très bien. Il y en a des deux
côtés.
M. Biron: Vous nous dites que, depuis quelques mois, il y a des
directives émises, de nouvelles directions, du nouveau personnel, mais
on tend à essayer de corriger ces problèmes.
M. Gignac: On ne peut pas dire qu'on est passé à
l'action avec un régiment, mais au moins, on a cerné les
principaux problèmes, je le pense, du moins, et on est passé
à l'action d'une façon logique et intelligente, du moins. C'est
ce qu'on
espère faire. Si on ne le fait pas, cela ne se réglera
jamais. C'est notre intention très ferme.
Il y a aussi un autre phénomène qu'il faut comprendre.
C'est peut-être important de le mentionner. Quand on a pris possession de
la Dominion Steel and Coal Corporation en 1969, à Contrecoeur, on avait
à peu près 600 employés. Aujourd'hui, c'est à peu
près trois fois cela, au moins deux fois et demie. A Contrecoeur, on est
passé de 648, au maximum, à 1537 en 1974; c'est presque trois
fois plus.
Le seul fait de passer, dans une période de quatre ou cinq ans,
de 648 à 1537, ce seul fait est suffisant pour créer une
très forte perturbation. Les gens qui viennent à Contrecoeur,
d'abord, il faut les entraîner. Il y en qui sont d'anciens cultivateurs
ou des fils de cultivateurs; il y en a d'autres qui viennent de la ville, etc.;
c'est un mélange quasiment parfait. Ce n'est pas facile. La croissance,
souvent, c'est dur et ça fait mal. C'est un des phénomènes
qui a fortement contribué à ce que vous avez demandé tout
à l'heure, soit pourquoi, en 1969, nous n'avons pas réglé
ces problèmes. Un des problèmes qu'on a eu, c'est qu'à
mesure qu'on en réglait un, on s'en créait d'autres, parce qu'on
avait de nouveaux équipements et cela prenait du monde. On ne suffisait
pas à la tâche. C'est aussi simple que cela.
M. Biron: Concernant le rapport que vous m'avez cité tout
à l'heure, est-ce que vous vous opposeriez à en déposer
une copie?
M. Gignac: Oui.
M. Biron: Vous vous y opposez ou vous ne vous y opposez pas?
M. Gignac: II n'est pas question qu'on dépose cela. C'est
un rapport, c'est un document de travail dont on va se servir comme base pour
essayer de faire évoluer cette partie de nos relations ouvrières
qui fonctionne mal.
M. Biron: Vous êtes sûr que ce rapport est
confidentiel?
M. Gignac: Oui.
M. Biron: II n'y a pas de journalistes qui en possèdent
à l'heure actuelle? J'ai vu beaucoup de rapports que les
relations...
M. Gignac: Nous, nos rapports, ils sont confidentiels.
M. Biron: J'ai vu beaucoup de rapports que les relations
ouvrières...
M. Gignac: Je peux vous assurer que celui-là, vous ne
l'avez pas.
M. Charbonneau: La fonction publique est moins grosse à
SIDBEC qu'au gouvernement.
M. Gignac: C'est strictement une question de décence,
à mon avis.
Capacité et variété de la
production
M. Biron: M. Gignac, j'aurais quelques questions maintenant pour
revenir à votre part du marché et à ce qu'on a pu faire
vis-à-vis de certaines lignes de production. Si je comprends, vous
m'avez dit tout à l'heure que vous aviez des tréfile-ries, le
fil, les produits plats. Avez-vous d'autres items en particulier? Je suppose
que vous classez votre production dans quatre ou cinq grandes lignes de
production, cela va se résumer à peu près à
cela.
M. Gignac: Ah non! C'est-à-dire qu'on a à peu
près 4000 ou 5000 produits. En grandes lignes de production,
peut-être que M. Talbot pourrait vous donner cela.
M. Talbot (Guy): A Contrecoeur, il y a deux voies
différentes de production, une qui passe par les laminoirs à plat
et l'autre qui passe par la production de billettes et le laminoir fil machine
et barre. Au laminoir à plat, on fournit une gamme assez complète
de laminés à chaud et laminés à froid, ce qui
représente une capacité de production présentement
d'environ 300 000 tonnes par année. A la production de billettes, les
billettes se dirigent vers le laminoir fil machine et barre qui produit des
ronds à béton et des barres rondes et du fil machine. Le fil
machine, en petites quantités, est vendu à d'autres
manufacturiers, mais en grande partie, il est dirigé vers notre
tréfilerie de Montréal et d'Etobicoke en Ontario où on le
transforme en fils de toutes sortes.
M. Biron: La capacité de production est de combien, dans
ce que vous venez de noter là?
M. Talbot: La capacité de production peut varier selon le
mélange, parce que si on produit de l'acier d'armature, cela se fait
à un rythme du double du fil machine. Grosso modo, je peux vous donner
la capacité de nos laminoirs.
Pour le laminoir fil machine et barre, la production maximale qu'on a pu
sortir à été de 323 800 tonnes, en 1974.
M. Biron: Vous avez 300 000 tonnes au laminoir à plat,
cela veut dire que vous avez une capacité, à l'heure actuelle.
Avez-vous d'autres grandes lignes de production à part cela?
M. Talbot: En plus de cela, à l'usine de Montréal,
en plus des produits qui sont fabriqués ou transformés à
partir des laminoirs fil machine et des laminoirs à chaud, le laminoir
à chaud alimente la tuberie et le laminoir fil machine alimente la
boulonnerie et les tréfileries; mais, en plus de cela, on a des
laminoirs marchands à l'usine de Montréal qui sont
alimentés à même la fournaise électrique de cette
usine.
Or, les laminoirs, à l'usine de Montréal, ont
une capacité de production d'environ 165 000 tonnes par
année.
M. Biron: Ce sont vos trois grandes lignes de production?
M. Talbot: C'est cela.
M. Biron: Cela se résume à cela.
M. Talbot: C'est cela.
M. Biron: Cela fait une capacité de production de 800 000
tonnes par année, à l'heure actuelle.
M. Talbot: A peu près, oui, le produit fini.
M. Biron: Le produit fini, à l'heure actuelle. Vous
espérez augmenter cette production à 1,5 million de tonnes,
à 1,2 million avec les rejets.
M. Gignac: 1,5 million de tonnes, c'est de l'acier primaire.
M. Biron: Oui, c'est cela que j'ai dit, 1,2 million avec les
rejets?
Une Voix: Divisé par...
M. Gignac: 1,1 million, à peu près.
M. Biron: 1,1 million de tonnes.
M. Talbot: C'est-à-dire à peu près un autre
300 000 tonnes, si vous voulez.
M. Biron: Ces 300 000 tonnes additionnelles de production, vous
allez faire quoi pour qu'elles prennent le marché, pour vendre ces 300
000 tonnes additionnelles?
M. Talbot: Des 300 000 tonnes, on espère que la
moitié va provenir de la production additionnelle de fil machine sur le
laminoir fil machine de Contrecoeur. Augmenter la capacité de production
d'environ 140 000 tonnes par année nécessiterait,
évidemment, des investissements. Cela pourrait être dirigé
vers nos tréfileries qui, elles, on l'espère, pourront être
modernisées et augmentées. On pourrait ensuite diriger cette
production vers des marchés où on a une excellente
réputation. Notre produit est d'une qualité excellente et on a
toujours réussi à fonctionner de façon rentable.
M. Biron: A l'heure actuelle, vous n'avez pas les
équipements pour produire ces 140 000 tonnes additionnelles?
M. Talbot: Non.
M. Biron: Dans vos demandes de $108 millions... Vous n'avez pas
demandé de sommes d'argent pour augmenter votre production?
M. Talbot: Non, monsieur.
M. Biron: Donc, le coût ou l'investissement additionnel
sera de quel ordre?
M. Gignac: Une des raisons pour lesquelles on est en train de
faire un plan quinquennal, c'est pour rationaliser les investissements qu'il
faut faire en aval pour utiliser l'acier qu'on fait à l'aciérie
actuelle et pour augmenter la capacité en amont. Je pense bien que ce
serait irresponsable de dire, avant que le plan quinquennal ne soit fait et
terminé: C'est ceci ou cela qu'on va faire. On veut prendre tout le
temps qu'il faut pour étudier le problème d'après, non
seulement les marchés du Québec, mais aussi de ce qu'on appelle
les marchés de l'Est du Canada. On veut aussi voir ce qu'on peut faire
de nos laminoirs à plat pour pouvoir les rentabiliser. C'est un travail
assez vaste, assez complexe. Il a fallu qu'on s'associe, en fait, des
spécialistes du métier qui puissent nous aider à faire ce
plan quinquennal.
M. Biron: Si je suis votre raisonnement, cela veut dire que vous
ne produirez pas plus de tonnes, tant et aussi longtemps que le plan
quinquennal ne sera pas prêt et qu'il n'y aura pas des décisions
d'investissements nouveaux? .
M. Gignac: C'est-à-dire que cela va nous permettre
sûrement, surtout s'il y a une reprise du marché, de remplir
à pleine capacité nos laminoirs en aval de l'aciérie et
ceux de nos usines de Montréal, Truscon, Etobicoke. Cela va nous forcer
à vendre sur le marché mondial de l'acier primaire, soit des
billettes ou des brames.
M. Biron: Où, actuellement, il n'y a pas beaucoup de
demandes.
M. Gignac: Où, actuellement, il n'y a pas beaucoup de
demandes, mais où nous espérons fortement être en mesure de
vendre à cause de la qualité de notre acier.
M. Biron: Dans les fils, en particulier, et dans les
billettes.
M. Gignac: Dans l'acier primaire. M. Biron: Dans l'acier
primaire.
M. Gignac: C'est-à-dire les billettes et les brames.
M. Biron: Vous parlez de la qualité de l'acier. Le rapport
Griffin, en particulier, disait que SIDBEC faisait de l'acier de mauvaise
qualité. Est-ce que cela va avec ce que vous dites? Y a-t-il certaines
qualités... certains secteurs de l'acier, en particulier, pour lesquels
vous avez des problèmes et y en a-t-il d'autres pour lesquels vous n'en
avez pas?
M. Gignac: Disons que la déclaration qui disait que SIDBEC
faisait de l'acier de mauvaise qualité est une déclaration que je
qualifierais de "Moelleuse", au minimum. SIDBEC fait de l'acier
d'excellente qualité. Les produits qu'elle livre sur le
marché sont d'excellente qualité, même les aciers
plats.
M. Biron: Je vous pose la question, parce que c'est important;
cela a paru dans les journaux...
M. Gignac: Non... Oui, c'est pour ça que je tiens à
vous le dire.
M. Biron: ... c'est un rapport de fonctionnaires du gouvernement
provincial.
M. Gignac: Un instant! Il faut que ce soit bien
interprété. Je pense que c'est un rapport de fonctionnaires du
gouvernement, mais il ne faut pas que ce soit trop interprété par
les journalistes, parce qu'à ce moment-là, on peut avoir des
petits problèmes.
L'acier qui sort de SIDBEC est de bonne qualité. Qu'on soit
obligé, dans le cas de la tôle, de l'examiner de plus près
avant de la livrer, c'est vrai, à cause de la nature même des
équipements qu'on a. Mais la qualité, actuellement, qu'on met sur
le marché et qu'on vend à nos clients, est comparable à
celle de Stelco et DOFASCO. Je pense que c'est assez clair, ça. Vous
pouvez aller voir nos clients et le leur demander. Maintenant, à cause
de la minutie qu'on met à examiner nos produits, parce qu'on sait fort
bien qu'un Stekel mill, un moulin Zenzimir, ça ne peut pas produire la
même qualité qu'un laminoir en continue à cause de
ça, on manque de fiabilité dans nos livraisons. Cela ne me semble
pas normal, mais c'est la nature même de nos laminoirs qui nous force
à faire ça. Tant qu'on aura pas amélioré, d'une
façon ou d'une autre, ces laminoirs, ça va toujours être
comme ça.
Pour ce qui est du laminoir fil et barre, là, il n'y a pas de
problème. La qualité est bonne. Je dis qu'il n'y a pas de
problème. Je dis ça comme ça. Cela nous a pris cinq ans
à former une main-d'oeuvre qui fait actuellement à peu
près toutes les nuances d'acier que nos concurrents peuvent faire.
Enfin, si vous ne nous croyez pas, vous pouvez aller le demander à
environ 25 pays qui sont venus nous visiter pour savoir comment on faisait pour
faire de l'acier de cette qualité en coulée continue.
Le rapport Griffin
M. Biron: Je suis prêt à vous croire, mais le
rapport Griffin... Enfin, on en a eu des parcelles par les journaux. On
aimerait bien l'avoir sur la table. Je crois que le ministre va le
déposer prochainement pour qu'on puisse savoir exactement... Finalement,
on posera des questions qui répondront mieux aux besoins réels
d'aujourd'hui.
M. Tremblay: M. le Président, est-ce que je peux faire une
remarque sur ce sujet? Je crois que le président de SIDBEC a
soulevé certains points et certains doutes concernant ce document de
travail, qui est un document de travail de fonc- tionnaires. Je dois dire que
nous avons mis sur pied, en février, un comité
interministériel pour étudier l'industrie de l'acier et aussi le
fonctionnement de SIDBEC.
Nous avons commandé différents travaux, parce que nous
avons réalisé, premièrement, que c'était une
question complexe et, deuxièmement, qu'il existait relativement peu
d'études en profondeur de cette industrie et de SIDBEC en particulier,
même s'il y avait eu des demandes dans le passé, notamment l'an
passé, en 1976. Nous n'avons pas trouvé tellement d'études
techniques au niveau du gouvernement, de sorte que nous avons pris les mesures
pour être bien renseignés sur le fonctionnement de SIDBEC, et nos
fonctionnaires se sont mis à l'oeuvre.
Par contre, le comité interministériel n'a pas produit
lui-même de rapport, et il y a eu uniquement des études
techniques. Or, avec ces études techniques, nous avons pu rencontrer la
direction de SIDBEC et le conseil d'administration de SIDBEC et nous avons
constaté que, même si certains de ces rapports nous donnaient des
renseignements factuels extrêmement intéressants comme
gouvernement, ces rapports n'avaient pas été faits, par contre,
par des spécialistes dans le domaine c'étaient surtout des
fonctionnaires et des spécialistes financierset qu'il y avait
énormément d'imprécision technique dans ces rapports.
Comme nous n'entérinons pas ces rapports, je pense qu'il serait
injuste pour SIDBEC de produire un rapport qui porte des accusations qui ne
sont pas fondées ou, du moins, ne sont pas prouvées, de sorte
que, même s'il y a eu des fuites nous n'avons pas l'intention de publier
ce document de travail qui est uniquement ce qu'il est: un document de travail
et non pas un rapport du gouvernement.
M. Biron: Là-dessus, s'il y a des journaux qui ont pu se
procurer une copie du rapport Griffin, je me demande pourquoi les membres de
l'Assemblée nationale ne seraient pas aussi responsables que les
journaux du Québec et que les membres de l'Assemblée nationale ne
pourraient pas avoir une copie de ce rapport.
M. Tremblay: Je ne suis pas responsable, et le gouvernement n'est
pas responsable des Suites qui peuvent se produire. Il y a des milliers de
rapports à l'intérieur du gouvernement. Ces rapports sont faits
pour informer le gouvernement, mais tant qu'ils ne sont pas approuvés
par le gouvernement, nous n'entendons pas les rendre publics pour
protéger préjudice à une entreprise, qui, même si
elle fait face à des difficultés, n'est pas coupable
d'accusations comme celles que vous avez relevées à savoir que
l'entreprise produirait du mauvais acier, etc., ce qui n'est simplement pas
prouvé.
M. Charbonneau: Le chef de l'Union Nationale me permettrait-il
seulement une question à propos uniquement du rapport Griffin et des
conséquences qu'il a eues dans les journaux, en particulier,
peut-être dans le Soleil où je pense que cela a été
la grosse manchette?
Les dirigeants de SIDBEC et le président pourraient-ils nous
indiquer quelles sont les conséquences pour l'entreprise de la
publication d'un rapport qui, semble-t-il, selon les dires mêmes du
ministre de l'Industrie et du Commerce, contient des failles importantes et
dont l'interprétation est pour le moins sujette à caution?
Quelles sont les conséquences que peuvent avoir, par exemple, les
manchettes où on prétend que l'acier est de mauvaise
qualité? Cela peut-il avoir des répercussions assez
négatives, et d'une façon considérable, sur l'entreprise
et son marketing actuellement?
M. Gignac: II est évident que des déclarations
aussi fracassantes ne sont pas de nature à avoir un impact positif sur
nos clients. C'est le moins que je puisse dire.
M. Charbonneau: Avez-vous eu effectivement des
répercussions de vos clients à la suite de cet article?
M. Gignac: On a eu des observations et on a eu des
réactions. Deuxièmement, et cela va peut-être vous..., non
cela ne devrait pas vous surprendre, cela a eu un impact extrêmement
négatif sur tous les employés de la compagnie SIDBEC et
SIDBEC-DOSCO, du président jusqu'au dernier des syndiqués, et il
y a des syndiqués en arrière, et s'ils ne sont pas d'accord, je
ne comprends plus rien, parce que ce sont eux qui font cet acier, ce n'est pas
nous. Mais, après avoir travaillé pendant autant d'années
pour mettre sur pied une aciérie électrique qui, à mon
sens, est la plus moderne au monde, celle qui fonctionne le mieux au monde,
où on a fait les plus grandes innovations dans le domaine de l'acierie
au monde, se faire dire des choses aussi irresponsables par un journal qui est
censé l'être, cela me dépasse complètement. C'est le
moins que je puisse dire.
M. Biron: Sur ce point particulier, je déplore quand
même que le ministre ne veuille pas déposer à
l'Assemblée nationale une copie de ce rapport parce que, lorsque les
députés de l'Assemblée nationale ont à juger d'un
rapport quelconque, il faut se fier sur ce que les journaux nous rapportent.
Lorsque le journal nous dit: C'est la mauvaise qualité de l'acier
produit par SIDBEC qui fait que c'est la source même des problèmes
de SIDBEC, et que les députés de l'Assemblée nationale
n'ont même pas une copie du rapport, il faut bien se fier à ce
qu'on voit et on dit: Le Soleil a obtenu copie de ce rapport. On se fie
à ce qui paraît, malheureusement, c'est malheureux pour SIDBEC et
aussi pour le gouvernement, et c'est peut-être malheureux pour tout le
monde, mais les députés sont obligés de juger avec les
informations qu'ils ont.
M. Gignac: M. Biron...
M. Tremblay: Je pense, M. le chef de l'Union Nationale, que le
président de SIDBEC a fait la mise au point. Selon lui, c'est une sorte
de libelle, non pas le fait qu'il y ait de l'acier qui soit refondu etc., c'est
normal dans toute acierie, mais d'aller dire que c'est un mauvais acier qui est
produit par SIDBEC, c'est un libelle. Je pense qu'on a la mise au point du
président de SIDBEC et le gouvernement n'a pas l'intention d'ajouter
à ce genre d'accusation parce que ce sont des accusations qui, à
notre avis, ne sont pas fondées et nous n'entendons pas entériner
un document de travail qui n'est qu'un document de travail parmi tous les
documents de travail que le gouvernement utilise pour prendre ses
décisions.
M. Garneau: Sur le même sujet, M. Gignac, je comprends
votre état d'esprit à la lecture des journaux. Je n'ai pas voulu
faire personnellement de commentaires là-dessus, à peu
près pour les mêmes raisons que vous venez de mentionner, sauf
que, étant donné que c'est maintenant public, à travers
les journaux, comment entendez-vous autrement que par une... je serais bien
surpris évidemment de voir votre déclaration prendre autant
d'importance dans les journaux que ce qu'a été l'accusation, j'en
sais quelque chose. Envisagez-vous des façons quelconques de contrer
cette chose? Je serais personnellement porté à croire que le
rapport Griffin n'est pas fondé et je suis prêt à le croire
personnellement dans le cadre de ce que je connais de l'entreprise, en termes
de qualité de l'acier, mais quelle attitude entendez-vous prendre pour
combattre ces choses? Considérez-vous que vos clients vous connaissent
suffisamment pour ne pas vous en tenir rigueur dans les commandes à
venir? Comment entendez-vous réagir auprès des marchés que
vous seriez tentés par votre marketing d'aborder? Comment comptez-vous
vous y prendre pour combattre cela? Peut-être que le mieux, ce serait de
le déposer, le mardi rapport, et là les gens pourraient le
démolir facilement?
M. Gignac: Disons que le rapport n'est d'abord pas un rapport de
SIDBEC, c'est un rapport qui a été...
M. Garneau: Non, je comprends...
M. Gignac: Au point de vue de SIDBEC, je dirais que la grande
majorité de nos clients n'achètent pas nécessairement pour
nos beaux yeux, ils achètent pour avoir la qualité d'acier qu'on
leur fournit et, ma réponse à la question que vous vous posez,
c'est un peu comme Frontenac: Je vais répondre par la bouche de mes
canons. Si je suis capable et si SIDBEC est capable de vendre des billettes ou
du fil machine en très grande quantité d'ici deux ans, à
ce moment-là, vous saurez que l'on fait de l'acier de bonne
qualité, surtout s'il n'est pas vendu au Canada.
M. Charbonneau: Sur le même sujet...
M. Garneau: En fait, c'est de vous croire sur parole...
M. Gignac: Ah non! C'est plus que des paroles que je vous dis
là.
M. Garneau: Mais il reste que c'est fort embarrassant. Qu'est-ce
qui est arrivé, comment se fait-il que le rapport soit sorti? C'est
toujours la même question. On ne sait jamais. On le sait cinq ans
après...
M. Gignac: Ce n'est pas mon problème.
M. Garneau: Je sais que ce n'est pas votre problème, sauf
que le problème que cela vous crée, comment allez-vous le
combattre? Vous dites: En augmentant nos ventes et, une fois que nos ventes
seront augmentées...mais, entretemps... Est-ce la première fois?
Je n'ai pas vu dans les media une réplique à cela, en tout cas
certainement pas de l'importance de la nouvelle qui est sortie. Est-ce que
vous... Je ne sais pas comment...
M. Gignac: D'une façon générale, quelques
clients nous ont contactés et nous ont passé leurs propres
remarques et, étant donné que ce sont eux qui achètent
notre acier et qui l'utilisent, ce serait assez difficile ici de traduire leurs
sentiments, parce que c'était assez radical. Mais, d'une façon
générale, quand je dis que ce n'est pas de nature à
inciter nos clients, je devrais plutôt dire à inciter des gens qui
ne sont pas nos clients à venir acheter chez nous, parce que nos clients
connaissent notre acier. On ne peut pas vendre 600 000 tonnes ou 650 000 tonnes
d'acier en produits finis, si l'acier n'est pas de bonne qualité. C'est
impossible. Je pense que le fer est allé assez loin dans la plaie et ce
serait être masochiste de ma part et de la part de tout le monde de
vouloir s'éterniser sur des niaiseries semblables.
Marketing
M. Charbonneau: Mais sur la question d'impact au niveau du
marketing, je me suis laissé dire qu'indépendamment du rapport
Griffin, SIDBEC avait eu pendant un certain nombre d'années et, encore
jusqu'à tout récemment, vous me corrigerez, si j'ai tort de
penser cela, des problèmes de marketing, et si c'est exact et si ces
problèmes ne sont pas complètement résolus, cela va
être d'autant plus difficile de faire un bon marketing pour des produits,
surtout avec le genre d'affirmation qu'on a actuellement.
M. Gignac: Disons que les problèmes de marketing sont
toujours moins apparents que les problèmes de relations de travail,
surtout quand on réussit, de toute façon, à vendre. Dans
les années creuses, c'est toujours difficile pour tout le monde,
même avec un bon marketing, de vendre que ce soit du papier ou de
l'acier. Par contre...
M. Charbonneau: Est-ce que c'est exact, l'affirmation... en fait,
les informations qu'il y a eu des problèmes...
M. Gignac: C'est-à-dire que j'ai dit, l'an dernier
à la commission parlementaire, en toutes lettres je peux vous le
lire qu'on avait une réorganisation à faire au marketing.
Cette réorganisation, on a commencé à la faire et elle va
continuer à se faire. Quand on est une compagnie qui vend 500 000 ou 600
000 tonnes d'acier, ça prend une certaine forme de marketing. Quand il
faut en vendre 1 million ou 1 200 000, ça en prend une autre. On est en
train de s'organiser actuellement pour être en mesure de faire face
à la musique éventuellement.
M. Charbonneau: J'imagine que si vous parlez de
réorganisation, c'est que vous avez un plan de réorganisation.
Est-ce qu'on peut savoir, à ce moment-ci, où vous en êtes
rendu dans ce plan de réorganisation du marketing? Est-ce que c'est
parachevé, à moitié engagé? Est-ce que c'est rendu
aux trois quarts, plus que ça ou moins?
M. Gignac: C'est M. Talbot qui en est responsable. Il pourrait
peut-être vous dire pour combien de mois ou d'années il en a.
Personnellement, je pense que ça va nous prendre à peu
près deux ans avant d'organiser le marketing d'une façon telle
que SIDBEC puisse faire face à ses obligations vis-à-vis de ses
clients. Si M. Talbot a autre chose à dire.
M. Charbonneau: Est-ce que je pourrais vous demander, M. Gignac
ou M. Talbot, si ça va vous prendre deux ans, depuis combien de temps
vous avez décidé d'entreprendre ce redressement du marketing?
M. Talbot: On a commencé au mois de février...
M. Charbonneau: 1977?
M. Talbot: Oui. C'est devenu évident pour tout le monde au
mois de février 1977, quoiqu'il y avait une certaine planification
commencée au début de l'automne dernier, je pense bien. Vous
savez, le marketing, ce n'est pas juste un vendeur dans son automobile. Le
marketing, c'est tout cet effort global de produire quelque chose et de le
livrer au client à sa satisfaction. Alors, il ne s'agit pas seulement
d'une question de service de vente ou quoi que ce soit, c'est un effort global
de sensibilisation de toute l'organisation opérationnelle en vue d'une
plus grande sensibilité vers le service à la clientèle. Et
évidemment, une meilleure fiabilité, une gamme de produits plus
large va sûrement nous aider à augmenter notre
pénétration du marché.
Nous avons réalisé aussi qu'un effort plus grand doit
être déployé pour avoir une plus forte
pénétration des marchés du Québec même et
c'est maintenant notre premier objectif.
M. Charbonneau: Remarquez que c'est seulement depuis
février 1977, et avant d'aborder un autre sujet, je redonnerai
plutôt la parole au dé-
puté de Lotbinière, pour ne pas le priver de ses autres
questions.
Il y avait non un vieil adage mais une remarque assez ironique de la
part de beaucoup de gens à SIDBEC concernant le marketing,
peut-être que c'était avant février 1977, qui disait que
les vendeurs de SIDBEC avaient l'habitude de jouer au golf entre eux au lieu
d'aller jouer au golf avec les clients. Est-ce que vous pouvez me dire si cette
remarque un peu ironique, un peu vicieuse, était malgré tout,
d'une certaine façon, fondée dans le passé?
M. Talbot: Disons que les vendeurs qu'on avait au Québec
n'étaient pas assez nombreux pour faire un "foursome".
M. Charbonneau: Je vais passer la parole au député
de Lotbinière et je la reprendrai après.
M. Biron: Pour $90 millions ou $100 millions de vente, en 1975,
vous n'aviez que trois ou quatre vendeurs au Québec?
M. Talbot: Exactement.
Le Président (M. Clair): M. le chef de l'Union Nationale,
le député de Rimouski, juste avant, attendait patiemment son
tour, pour une question concernant, je pense, la qualité de l'acier.
Etes-vous toujours...
M. Biron: La qualité de l'acier?
M. Marcoux: Je pense que j'ai eu réponse à ma
question.
Le Président (M. Clair): Vous avez eu réponse
à votre question.
M. Marcoux: J'aurais voulu savoir de M. Gi-gnac si, de son
côté le ministre avait indiqué qu'il n'entendait pas
rendre public le rapport de M. Griffin il aurait
préféré que ce rapport soit carrément rendu public,
plutôt qu'il soit sorti comme il l'est actuellement, au moins des parties
du rapport Griffin?
NI. Gignac: Je n'ai aucun commentaire à faire
là-dessus. Je pense que M. Tremblay vous a donné une
réponse. Ce rapport ne nous appartient pas. Il appartient au
gouvernement. J'ai toujours personnellement considéré que le
gouvernement devait s'en servir comme outil de travail.
Je vais vous faire un autre commentaire.
M. Marcoux: Est-ce que vous avez pris connaissance du
rapport?
M. Gignac: Je l'ai lu, oui. Je l'ai lu, oui. Je n'ai pas fait
d'indigestion. Je vais vous dire une chose. Je pense qu'il faut que les membres
de cette Chambre réalisent une chose qui est extrêmement
importante et que j'ai mentionnée. Je me suis peut-être mis dans
le bain à ce moment-là, mais en tout cas...
Au mois de janvier, si mon souvenir est bon et je pense que je
peux le dire, si M. Tremblay ne s'y oppose pas il y a eu une
réunion au plus haut niveau, une des ministres et du premier ministre,
une réunion des présidents de sociétés d'Etat. Je
pense que cela a été mentionné dans les journaux, c'est
donc d'intérêt public. J'ai été, pour le mieux ou
pour le pire, celui qui a dit que le dialogue, à toutes fins pratiques,
entre les sociétés d'Etat et le gouvernement n'existait pas.
Donc, cela n'a pas été inventé d'hier, le manque de
dialogue entre la société d'Etat d'une façon
générale, et le gouvernement. Pour ma part, j'ai oeuvré
dans deux sociétés d'Etat: HydroQuébec et SIDBEC.
Pour ce qui est de SIDBEC, mes alter ego ou ceux avec qui je discutais,
dans le temps de M. Johnson c'était M. Johnson; dans le temps de M.
Bourassa, cela a été M. Bourassa pour un bout de temps, et cela a
été M. Garneau pour quatre ou cinq ans; ensuite, cela a
été M. le ministre Saint-Pierre. Maintenant, aujourd'hui, c'est
M. Tremblay.
C'est impossible qu'un ministre ou un premier ministre puisse absorber,
avec la somme de travail qu'ils ont, vous aussi et tout le monde, des
commentaires spécifiques, très élaborés et
complexes qui peuvent provenir d'un président ou même d'un
vice-président d'une société d'Etat telle que SIDBEC.
J'ai suggéré à ce moment-là qu'on essaie
d'établir le travail avait été commencé
dès l'année 1976, je crois des critères de
performance pour chacune des sociétés d'Etat, des critères
de performance propres à la société d'Etat. Il fallait
commencer quelque part. Je pense je ne suis pas sûr que
l'intention du gouvernement était tout simplement de commencer le bal.
Mais, du même coup, j'ai dit aussi à cette même
réunion que cela prendrait plus qu'un mois, même plus que deux
ans, avant d'établir un dialogue véritable entre la
société d'Etat et le gouvernement. Je ne savais pas du tout et je
ne le sais pas encore aujourd'hui, de quelle façon cela va se faire.
Il y a une chose qui est assez intéressante et que je peux vous
dire, si vous me le permettez. Cela va me prendre quelques minutes. J'ai eu
l'occasion, il y a à peu près trois semaines ou un mois, de
présider un colloque international sur les sociétés d'Etat
où huit ou dix pays étaient représentés, soit la
Suède, l'Angleterre, les Etats-Unis, l'Australie, l'Allemagne, l'Italie,
la France, etc.
Assez curieusement, on a découvert tous ensemble qu'on avait
exactement les mêmes problèmes. Les problèmes de dialogue
entre le gouvernement et les sociétés d'Etat, je pense qu'on peut
dire qu'on ne les a pas inventés. On ne les a pas résolus non
plus. Dans chaque pays, chacun avec ses propres caractéristiques, il
faut trouver des moyens. Il y a des sociétés d'Etat qui existent,
il y a des points de repaire qui existent dans certains pays. En France, par
exemple, il y a la Cour des comptes, qui est une société
indépendante du
gouvernement, qui fait le joint entre la société d'Etat et
le gouvernement. La Cour des comptes, en France, a été
établie en l'an 1350, donc elle a une certaine tradition et c'est un
organisme intouchable.
D'autres pays, comme la Suède, ont aussi un organisme de ce
genre. En Suède il est né seulement en l'an 1258.
Vous comprenez qu'ici au Québec, on a du chemin à faire
avant d'organiser cette espèce de dialogue, de se comprendre et de
parler un peu des oranges quand on veut parler des oranges et de parler des
choux quand on veut parler des choux. J'ai constaté... D'ailleurs, il y
avait des représentants du Québec qui étaient à
cette conférence. Il y aura un rapport de produit, un rapport public.
Cela me fera plaisir de vous le faire parvenir pour que vous puissiez constater
qu'on n'est pas les seuls à avoir ce problème-là.
Rapport Griffin (suite)
M. Marcoux: Si je comprends bien, vous avez fait ce commentaire
à la suite de la question que j'ai posée sur le fait de rendre
public ou non public le rapport Griffin. Est-ce que c'est parce que vous
trouvez que le type d'étude ou de recherche qui a été
commandé par le gouvernement sur SIDBEC n'est pas
précisément la meilleure façon d'enclencher les rapports
entre une société d'État et le gouvernement?
M. Gignac: Mon rôle ici n'est pas d'accuser quelqu'un.
J'essaie d'établir la position de SIDBEC vis-à-vis du
gouvernement, ou j'essaie plutôt d'expliquer les problèmes de
SIDBEC, mais cela me semble assez évident que ce n'est pas le
rôle, par exemple, des fonctionnaires, ce n'est même pas dans leurs
attributions de faire le genre d'étude qui a été faite par
M. Griffin. Ce n'est pas moi qui vais blâmer M. Griffin d'avoir produit
le rapport. Réellement, pour produire des rapports de ce
genre-là, cela prend des spécialistes, et des
spécialistes, dans le domaine de l'acier au Québec, il y en a
à SIDBEC; à part cela, il n'y en a pas tellement. Il y en a un
peu à Stelco, à Contrecoeur, mais les autres, il faut aller les
chercher à l'extérieur du Québec.
Le Président (M. Clair): M. le chef de l'Union
Nationale.
M. Biron: Merci de l'information que vous nous donnez, M. Gignac.
Vous nous parlez des spécialistes qu'il y a à Contrecoeur,
à Stelco. Vous parlez de spécialistes qu'il y a à Stelco
ou ailleurs à SIDBEC. SIDBEC, on le sait, détient 20% du
marché québécois ou quelque chose comme cela; dans le
domaine de l'acier, 25%, dans vos spécialités, 20% dans le
total.
M. Gignac: Pour notre marché à nous, c'est 25%.
M. Biron: Quels sont vos concurrents? Est-ce surtout Stelco qui
est de Québec?
M. Gignac: Stelco et DOFASCO.
M. Biron: DOFASCO qui ne produit pas au Québec.
M. Gignac: Oui. Elle ne produit pas au Québec, d'accord.
Elle fournit au Québec, mais elle ne produit pas.
M. Biron: Stelco produit au Québec même quelle
partie de sa production ou des ventes du Québec? 5% ou 10%?
M. Gignac: De sa production à elle? M. Biron: De
son marché du Québec? M. Gignac: De 5% à 10%.
M. Biron: 10% au maximum. Cela veut dire qu'il y a 35% de l'acier
qu'on dépense au Québec qui est produit au Québec; les
autres 65% nous viennent, parce qu'il n'y a pas d'autres producteurs
québécois...
M. Gignac: II y en a qui sont près du Québec. A
L'Orignal, il y a un producteur; en Ontario, il y a Burlington...
M. Biron: Ce n'est pas au Québec. Cela veut dire qu'il y a
65% de l'acier qui est dépensé au Québec qui vient de
l'extérieur du Québec; c'est bien cela?
M. Gignac: Oui, peut-être moins; au moins cela, enfin...
Disons 65% pour dire un chiffre, aux environs de cela.
Marketing (suite)
M. Biron: Au point de vue de la mise en marché, est-ce
que, vous ou M. Talbot, vous avez pensé à quelque chose, à
une façon de faire du marketing pour convaincre les
Québécois, les acheteurs québécois d'acheter plus
d'acier produit au Québec, ou est-ce que vous n'avez pas encore
trouvé la formule?
M. Talbot: Evidemment que notre objectif, comme je vous ai dit
tout à l'heure, c'est d'augmenter notre pénétration du
marché québécois. Il y a une forte concurrence, comme on
vous a dit, même si, dans les aciers plats, par exemple, qui sont
fabriqués à Hamilton, les moulins de Hamilton égalisent le
prix au Québec. Le fait que ces concurrents ont une gamme de produits
plus large leur permet de faire des entrées chez des manufacturiers
où on ne peut pas produire la gamme complète. Evidemment qu'ils
exigent d'être encouragés sur la gamme complète. Il faut
donc mettre des limites raisonnables de participation. On ne peut pas exiger
d'un manufacturier québécois, aussi bon Québécois
qu'il puisse être, même s'il nous aime beaucoup, d'acheter à
100% chez nous; ce n'est pas, comme vous le savez, une décision d'homme
d'affaires.
Par contre, on doit augmenter notre pénétration et cette
pénétration doit se faire d'abord par un effort un peu plus
constant de vente et, ensuite, nous l'espérons, en étant un
fournisseur plus fiable qui aura moins d'arrêts de travail et qui n'aura
plus de bris d'équipements, comme on en a connu dans le
passé.
Graduellement, de façon raisonnable, on va gruger, on
espère, une partie un peu plus importante du marché du
Québec.
M. Biron: Vous produisez d'après les chiffres que
j'ai, en tout cas à peu près 80% des produits que vous
pouvez vendre au Québec.
M. Talbot: A peu près, oui.
M. Biron: Est-ce qu'il n'y aurait pas possibilité
d'acheter de l'extérieur les 20% qui vous manquent, et de faire la mise
en marché, incluant tous vos produits, pour finalement empêcher
certains clients d'acheter de l'extérieur sous prétexte que vous
ne fournissez pas 20% de leurs ventes?
M. Talbot: De qui voulez-vous parler? En Europe ou...
M. Biron: Des fournisseurs d'Ontario; d'ailleurs ou d'Europe,
non.
M. Talbot: Les fournisseurs d'Ontario, évidemment,
viennent vendre au Québec. Ils considèrent que c'est autant leur
marché que celui d'Ontario, comme nous, on considère que
l'Ontario, c'est autant notre marché que celui du Québec. Pour
compléter notre ligne, il faudrait aller s'approvisionner, je ne sais
pas, en Europe, au Japon, aux Etats-Unis... Pour le moment, on n'a pas retenu
cette possibilité.
M. Biron: Les fournisseurs d'Ontario ne seraient-il pas
prêts à vous vendre 20% de vos demandes? Si Stelco vous demandait
de lui vendre 100 000 tonnes, vous les lui vendriez. Peut-être qu'elle
aussi serait prête à vous vendre 100 000 tonnes de certains
produits?
M. Talbot: Non, je ne crois pas.
M. Biron: Est-ce que cela a déjà été
fait, M. Gignac?
M. Gignac: Oui.
M. Talbot: Remarquez qu'il y a certaines... On se rencontre et on
se parle. On essaie, de temps à autre, de s'entraider. Cela se fait.
M. Biron: Si je comprends bien, le prix d'une tonne d'acier
d'égale qualité est à peu près le même au
Québec, en Ontario ou dans l'Ouest?
M. Talbot: C'est-à-dire que les manufacturiers livrent FAB
leur usine. Alors, si on fabrique à Contrecoeur et que Stelco fabrique
à Hamilton, on va vendre FAB Hamilton et FAB Contrecoeur. On ne
facturera pas le transport. Donc, on égalise les concurrents a
l'usine.
M. Gignac: Je m'excuse, pour les produits que nous faisons. Pour
les produits que nous ne faisons pas, on vend FAB Hamilton, que ce soit $10
à $15 de plus la tonne.
M. Talbot: Oui.
M. Biron: Je comprends cela. C'était le but de ma question
de tout à l'heure. Quand même, la tonne d'acier de barre d'un
pouce se vend le même prix à Toronto qu'elle se vend à
Montréal. C'est bien cela?
M. Talbot: Oui, c'est cela.
M. Biron: C'est excellent. Maintenant, concernant votre bilan de
l'an dernier, 1976 comparativement à 1975, je vois que vos ventes ont
diminué considérablement à cause du lock-out de votre
usine et que, l'usine ayant été fermée pendant cinq ou six
mois, vos frais d'administration ont monté de $2,4 millions. Est-ce que
vous jugez cela normal, bien qu'on ait fermé et qu'il n'y ait eu que
très peu d'activités? Le bilan 1975/76... Pour les frais
d'administration et vente, en 1975, vous aviez $10,4 millions, et en 1976,
$12,8 millions, bien qu'en 1976 les usines aient été
fermées pendant au-delà de cinq mois.
M. Gignac: On a retenu notre personnel aux bureaux
administratifs. Deuxièmement, il y a eu des augmentations de salaires
statutaires. Là, je n'ai pas le "breakdown" de cela. On a le "breakdown"
de cela. Je ne l'ai pas...
M. Biron: Non, je vous demande seulement si vous trouvez cela
normal. Les travailleurs ayant été en lock-out, les frais
d'administration et de vente ont augmenté de 25% ou quelque chose comme
cela. Je trouve que...
M. Gignac: On a retenu tous nos gens aux bureaux administratifs.
Il n'y a personne qui a été mis en lock-out aux bureaux
administratifs. On a retenu nos gens et ils ont eu des augmentations
statutaires normales. Cela peut représenter, c'est difficile à
dire... Il y a peut-être eu des rajouts.
Je sais que dans certains domaines, peut-être celui de
l'informatique ou d'autres, il y a eu des augmentations aux bureaux
administratifs. Je pourrais vous donner en détail la liste de ça,
mais je ne l'ai pas.
M. Biron: Cela veut dire tout simplement que les travailleurs des
usines ont été pénalisés par lock-out, mais que
tous les autres travailleurs n'ont pas été
pénalisés. C'est ça?
M. Gignac: Oui, c'est ce que je dis. M. Biron:
D'accord.
M. Garneau: Est-ce que les frais de la négociation
collective font partie de ça?
M. Gignac: Si ça fait partie... M. Biron: Les frais
d'administration. M. Garneau: Les frais d'administration. M. Gignac:
Oui.
M. Garneau: Est-ce que ça expliquerait une partie?
M. Gignac: Cela n'explique pas $2 millions, mais ça peut
expliquer $50 000, $100 000. Si ça vous intéresse, on peut vous
procurer cette information. Il n'y a pas de problème.
M. Biron: Maintenant, sur les intérêts. Un peu plus
bas, vous avez plusieurs lignes d'intérêts. En 1975, vous aviez
$15 millions d'intérêt et, en 1976, vous avez tous ces
intérêts accumulés qui forment $31 millions:
Intérêts sur débentures, intérêts sur
emprunts, intérêts sur billets, intérêts sur
obligations, prêts de financement. Est-ce ce que vous jugez encore
normal?
M. Howison (Jean-Pierre): En fait, les intérêts
sont... Il faut aller à l'autre ligne que vous voyez plus bas: Moins
intérêts imputés pour les travaux de construction. Alors,
étant donné que, d'un côté, on construisait la
deuxième aciérie et l'usine de réduction, qui
représentait un investissement de l'ordre d'environ $160 millions et que
de l'autre côté, on faisait un investissement dans SIDBEC-NORMINES
et que la compagnie n'était pas en opération, on a
augmenté, de nécessité, tous nos emprunts et,
automatiquement, les intérêts ont aussi augmenté. Par
contre, il y a une partie de l'intérêt qui sera capitalisée
durant la période de construction.
Le gros de l'augmentation des intérêts est associé
au programme de construction et d'investissement dans SIDBEC-NORMINES.
M. Biron: Si je comprends bien, ça veut dire que les $20
millions d'intérêt que vous déduisez un peu plus loin,
seront capitalisés. Vous ne le passerez jamais aux dépenses
d'opération.
M. Howison: Exactement. Cela va passer aux dépenses
d'opération plus tard dans les années, par voie de taux
d'amortissement; parce que si on a un projet qui coûte $150 millions et
qu'on capitalise, disons, $20 millions d'intérêt au cours de la
période de construction, le projet total coûte $170 millions, et
c'est le montant qui est amorti sur une période de 25 ans.
M. Biron: D'accord. Je comprends. Cela veut dire que c'est de
là que proviennent les $20 millions d'intérêt que vous
n'avez pas passés aux dépenses dans le courant de
l'année.
M. Howison: C'est ça.
M. Biron: Mais qu'on devra payer au cours des années.
M. Howison: Absolument. M. Gignac: Ah oui!
M. Biron: D'accord. Vous prévoyez aussi que pour 1977
maintenant, les intérêts, ce sera exactement la même chose.
Allez-vous avoir encore un autre montant de $20 millions d'intérêt
quelque part qui sera non imputé aux travaux, aux dépenses de
l'année?
M. Howison: II va certainement y avoir un bon montant parce que
l'investissement dans SIDBEC-NORMINES va continuer à augmenter et
SIDBEC-NORMINES ne sera pas en opération avant la fin de l'année
1977. De la même façon, l'expansion de l'aciérie et de
l'usine de réduction n'a pas encore commencé à
fonctionner. Il va y avoir une période durant l'année où
les intérêts vont être capitalisés.
M. Biron: D'accord. Tout à l'heure, on a parlé des
stocks d'acier que vous aviez pendant le lock-out de 1976. On a aussi
rapporté quelque part que vous aviez acheté de l'acier en Ontario
pour le revendre sur le marché québécois pendant ce
lock-out. Est-ce que c'est le cas?
M. Talbot: Oui, c'est vrai.
M. Biron: On sait que les gens de Quebec Steel Products en
particulier disaient, eux, qu'ils pouvaient produire exactement le même
genre d'acier. Pourquoi ne pas l'avoir acheté au Québec au lieu
de l'acheter en Ontario?
M. Talbot: Bon! D'abord, je pense qu'il faudrait
déterminer les ordres de grandeur pour que les gens ne s'énervent
pas trop avec ça. On a acheté un grand total de 7000 tonnes
durant cette période de cinq mois et demi d'un laminoir de l'Ontario et
on l'a acheté pour deux raisons, en fait.
Premièrement nos clients, auprès de qui on avait des
engagements, la plupart exigeaient le service et le respect des commandes et,
légalement, à moins d'avoir des conditions tout à fait
spécifiques, surtout lorsqu'il s'agit d'un lock-out, on doit respecter
les engagements. Deuxièmement, il faut se rappeler que ces clients
étaient non pas simplement de futurs clients de Québec Steel,
mais ils étaient des concurrents, puisque la division QuéSteel,
le QSP, leur faisait concurrence à l'aide de sa subsidiaire Harris
Steel. On aurait été très mal vu de leur demander de se
jeter dans les bras d'un concurrent. On aurait pu leur suggérer tout
bonnement d'aller s'approvisionner en Ontario, ce qui aurait eu pour effet de
modifier leurs habitudes d'achat et cela aurait pu être difficile de les
rapatrier après la fin du conflit. Alors, comme on ne savait pas combien
de temps le conflit allait durer, on a tout simplement dit qu'on verrait
à ce que ces gens ne manquent pas d'acier pour ré-
pondre à leurs obligations auprès de leurs clients et
c'est pour cette raison qu'on a acheté 7000 tonnes d'acier
d'armature.
M. Biron: Tout à l'heure, vous m'avez dit que
c'était difficile de faire affaires avec l'Ontario. On s'aperçoit
que vous avez pu faire affaires alors qu'en même temps, au Québec,
on avait une mini-aciérie qui pouvait produire à peu près
les mêmes produits et, pour moi, une mini-aciérie qui s'appelait
QuéSteel, ce n'est pas un concurrent de SIDBEC, parce que SIDBEC doit
voir à promouvoir de nouvelles industries au Québec.
M. Talbot: On ne s'est pas attardé tellement à
philosopher sur le marché. Pour nous, QuéSteel, c'est un
concurrent comme Stelco ou DOFASCO. Stelco est à Contrecoeur depuis
très longtemps et c'est un concurrent.
M. Biron: Je comprends que c'est quand même...
M. Talbot: Stelco est au Québec et c'est un
concurrent.
M. Biron: Pour un secteur particulier ou pour un jugement
particulier, cela peut être un concurrent, mais, dans l'optique de
SIDBEC, qui est une entreprise d'Etat, vouée à la promotion des
entreprises du Québec, je crois que les entreprises du Québec ne
devraient pas être considérées comme des concurrentes,
elles devraient plutôt être considérées comme des
alliées, dans ce cas en particulier.
M. Charbonneau: Ce n'est pas nécessairement...
M. Talbot: Je ne partage pas votre avis.
M. Marcoux: Vous faites montre d'un nationalisme
d'affaires...
M. Biron: Je vous remercie. J'aurai peut-être quelques
questions un peu plus tard, mais je diffère d'opinion là-dessus
avec vous quand même.
M. Talbot: Moi aussi.
M. Biron: Je suis peut-être beaucoup plus nationaliste que
vous.
M. Talbot: Moi aussi, je diffère d'opinion. M. Gameau:
M. le Président...
Le Président (M. Clair): Le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Sur les besoins d'argent, tout à l'heure, au
début de la rencontre de cet après-midi, j'ai posé un
certain nombre de questions sur les différences de coût entre le
projet original et aujourd'hui, et, M. Gignac, vous m'avez donné un
certain nombre d'explications en ce qui regarde l'usine de Contrecoeur et
SIDBEC-NORMINES. On a repris un peu plus tard dans la discussion les questions
de perte liquide pour 1977 qui devait être comblée par des apports
en capitaux dès cette année pour permettre de compléter
les projets et fermer l'année 1977 de SIDBEC.
J'ai lu quelque part je ne sais pas si mes renseignements sont
exacts que vos prévisions de ventes pour cette année
dépassaient les $200 millions. Est-ce juste ou est-ce faux?
M. Gignac: Vous voulez dire le budget? C'est un budget qui a
été fait au mois de septembre et révisé
légèrement au mois de décembre et qui indique des ventes
de plus de $200 millions.
M. Gameau: Quand on regarde les ventes de 1974, on
s'aperçoit que vous avez vendu pour un chiffre d'affaires de 210 770 000
tonnes et, pour le premier trimestre de 1977, les chiffres qu'on a, qui nous
ont été transmis avant la commission, indiquaient que vous aviez
pour $39 millions de ventes du 1er janvier au 31 mars. Quand on les compare
à 1974/75, surtout 1974, qui a été une très bonne
année en tonnage, en chiffres et en dollars, cela m'apparaît une
prévision très optimiste, compte tenu du marché, parce
que, du 1er janvier au 31 mars 1974, il y avait eu des ventes pour $41 millions
et, cette année, vous nous avez dit à plusieurs reprises que la
situation de l'ensemble des aciéries, de l'industrie
sidérurgique, était en baisse, est-ce que, dans vos
prévisions de ventes, on est rendu au 11 juillet aujourd'hui, vous
êtes encore à jour?
M. Gignac: Non, je ne sais pas si vous étiez ici cet
après-midi.
M. Garneau: J'étais ici cet après-midi, j'ai lu
également les galées de la semaine passée, c'est
que...
M. Gignac: Non, j'ai dit vendredi, où j'ai dit qu'on
révisait au mois de juin, à la fin de juin, on va l'avoir
incessamment, le budget de l'année pour les ventes. Actuellement, la
compagnie fonctionne à un rythme d'environ 65% de sa capacité,
alors le budget de 236 millions de tonnes, ainsi que vous le voyez, est
optimiste, si l'on compare cela au taux actuel des opérations.
Maintenant, quelle va être la projection des derniers six mois? On ne le
sait pas encore, mais j'ai l'impression que cela va être plus bas que le
chiffre mentionné au budget.
M. Garneau: Le but de ma question, c'est d'essayer de faire une
relation entre le chiffre prévu de ventes et celui qui sera
éventuellement réalisé et votre besoin en termes de "cash
flow" de $16.5 millions dont vous nous avez parlé cet après-midi.
Evidemment, dans l'ensemble du projet de loi, et je voudrais revenir un peu
à cet objectif-là, ou cet objet, plutôt, de notre
discussion, si vos ventes de 236 millions de tonnes ne sont pas
réalisées, il y aura, j'imagine, un besoin
de "cash flow" qui sera plus élevé que $16.5 millions.
Dans ce sens, il y a une question que je me pose. Est-ce que les sommes
d'argent octroyées par le bill 41 seront véritablement
suffisantes pour régler le problème ou est-ce qu'on va devoir se
réunir en commission avant le 31 décembre 1977?
M. Howison: Même si des ventes sont ou seraient
inférieures aux prévisions budgétaires, je suis
personnellement d'avis, si je regarde les résultats des cinq premiers
mois de cette année, que la perte liquide anticipée, on va
être en mesure de la respecter.
M. Garneau: Même avec l'évolution de vos
inventaires?
M. Howison: Oui.
M. Garneau: On en a parlé beaucoup depuis le début
de l'évolution de ces inventaires. En tout cas, c'est votre opinion.
J'espère que vous allez...
M. Howison: Je vais essayer.
M. Garneau: ... réaliser votre point de vue.
M. Gignac: Cela ne veut pas dire qu'on ne viendra pas vous revoir
au début de l'année prochaine.
M. Garneau: Oui, je vais revenir sur cela. Ce sera la
deuxième partie de mes questions pour la deuxième partie de
l'année prochaine, parce que, évidemment, il est bien difficile
de tout prévoir à un cent près et c'est peut-être un
des problèmes d'une société d'Etat de fonctionner chaque
fois par des projets de loi parce que cela remet en cause évidemment...
J'ai relu tout le fascicule de l'année passée, lorsque vous aviez
témoigné ici devant la commission. Evidemment, personne ne
s'attendait à vous voir revenir pour des pertes de $36 millions pour
1976 et des augmentations de coûts. M. Howison, je suis prêt
à considérer votre optimisme.
M. Gignac: On ne s'attendait pas d'avoir une grève non
plus ou un lock-out, si vous aimez, ou un arrêt de travail.
M. Garneau: Mais il arrive toujours quelque chose dans de tels
projets.
M. Gignac: Oui, d'accord.
M. Howison: J'aimerais ajouter une chose. Bien souvent, dans des
projets comme cela, jusqu'à maintenant, on a été
obligé de maintenir très peu de flexibilité dans les
disponibilités de fonds, bien qu'on établisse nos budgets avec
autant d'attention que possible. S'il arrive des imprévus, on se sent
toujours dans une mauvaise posture.
M. Garneau: Mais vous êtes convaincu et c'est votre opinion
qu'avec ce projet de loi 41, vous aurez les fonds nécessaires pour
compléter l'année 1977?
M. Howison: Oui.
M. Garneau: Si on regarde pour 1978, et je relie cette question
à une série de questions que posait M. Biron tout à
l'heure, quand on parle de la part du marché de SIDBEC et des
investissements qui seraient nécessaires pour élargir votre
éventail de produits pour être en mesure d'avoir de nouveaux
clients, non pas uniquement dans ces nouveaux produits, mais également
dans les produits que vous avez déjà, vous parlez
d'investissement dans de l'équipement en aval, j'aimerais
connaître votre opinion concernant la QSP. On sait que cette usine est
fermée. Elle possède un équipement relativement neuf et
offre également une gamme de produits. Est-ce que ce ne serait pas pour
SIDBEC un avantage certain que de pouvoir compter sur de l'équipement
rodé et sur une main-d'oeuvre spécialisée et qui est en
chômage? Est-ce que ce ne serait pas une façon, pour SIDBEC, de
faire d'une pierre deux coups?
Vous auriez de l'équipement beaucoup plus neuf que celui que vous
aviez quand SIDBEC a acheté DOSCO et, en même temps, ça
réglerait une partie du problème d'un groupe de travailleurs de
Longueuil.
M. Gignac: Si on parle de l'équipement, en premier lieu,
c'est clair que le laminoir de Longueuil est moderne, c'est un laminoir neuf
qui a aussi ses contraintes, mais qui est relativement bon et nous sommes en
train d'étudier la question. Nous avons des équipes de
techniciens qui sont allés visiter les lieux, voir le laminoir, examiner
des détails et voir ce qu'il en coûterait, non seulement pour
l'acheter, mais aussi pour prévoir les marchés.
Le laminoir a une capacité ultime assez considérable et je
crois qu'avant qu'on puisse, sur une base régionale, j'entends le
marché de l'Est, y compris l'Ontario, écouler la capacité
du laminoir, ça va prendre quelques années. Que ce soit nous ou
que ce soit qui que ce soit qui achète ou qui prenne possession du
laminoir, je pense que ça va prendre au moins deux ou trois ans
on n'a pas encore fait d'étude approfondie parce qu'on n'a pas tous les
chiffres avant de pouvoir faire des profits ou rendre cet
équipement rentable, à cause du volume considérable
d'acier qu'il faudrait vendre sur le marché de l'Est du Canada pour
arriver à ces fins.
Pour ce qui est de la main-d'oeuvre, de la QSP, peut-être que M.
Talbot pourrait vous donner quelques renseignements qui pourraient aussi
être intéressants pour les membres de la commission.
M. Talbot: Nous avons évidemment examiné, par le
truchement d'un comité gouvernemental et un des cadres de SIDBEC en a
fait partie, cet aspect de l'intégration, si jamais certains
équipements nous étaient confiés, du personnel de pro-
duction de QuéSteel. Evidemment, comme a dit M. Gignac, les
marchés ne s'inventent pas et il ne faut pas croire qu'il serait facile
d'utiliser les équipements de la QuéSteel, de pouvoir
écouler économiquement les produits sur les marchés de
l'Est du Canada et de redonner du travail à tout le monde. Je pense que
ce serait utopique, surtout en ce qui a trait à l'aciérie
où la QuéSteel comptait énormément sur un seul
contrat avec un commerçant international.
Ledit contrat, je suppose, est mort avec la compagnie. Je pense que sans
ce contrat l'aciérie de QuéSteel n'aurait pas fonctionné
comme elle fonctionnait.
En ce qui nous concerne, notre responsabilité, à
Contrecoeur, est d'abord envers nos employés. Nous avons bien
l'intention d'utiliser d'abord nos équipements de Contrecoeur qui,
concernant les gammes qui y sont produites, sont plus efficaces que celles de
la QuéSteel.
Pour ce qui est de l'usine de Montréal, cela créerait
certaines perturbations qu'on a évidemment analysées. Quant aux
employés mêmes de la QuéSteel, nous avons transmis le
message au comité ministériel pour lui dire que nous sommes
prêts à inviter les employés de la QuéSteel à
poser leur candidature chez nous. Nous sommes même prêts à
faire des arrangements avec le syndicat pour les embaucher selon leur
ancienneté, s'ils le désirent. Au fur et à mesure du
démarrage de nos nouveaux équipements et compte tenu du roulement
normal du personnel, nous pourrons réintégrer ces gens-là
dans un délai relativement court.
M. Garneau: Pour l'ensemble de QuéSteel... A quel moment
serez-vous en mesure de faire une proposition au gouvernement?
M. Gignac: Ce n'est pas au gouvernement qu'on va faire une
proposition, ce sera probablement au syndic.
M. Garneau: Oui, mais j'imagine que...
M. Gignac: D'après les renseignements qu'on a eus tout
dernièrement, juste avant de venir témoigner à la
commission parlementaire, le syndic aurait l'intention de demander des
soumissions publiques dans les prochains jours et une décision
concernant les équipements de Québec Steel Products, ou de
QuéSteel, serait prise, semble-t-il, au mois de septembre ou octobre,
à l'automne.
Entre-temps, si on manifeste de l'intérêt il faudra faire
une étude de rentabilité, laquelle, soit dit en passant, on
intégrera au plan quinquennal qu'on est en train de faire de telle
façon que cela puisse s'harmoniser avec le plan quinquennal en question.
Un rajout de 250 000 tonnes d'acier, ou quelque chose du genre, sur le
marché du Québec, c'est quand même un montant assez
considérable dans les circonstances.
Si une décision doit être prise par le gouvernement ou par
nous, je pense qu'il faut que cela passe d'abord par les voies normales,
c'est-à-dire le conseil d'administration, le gouvernement, et
peut-être une autre commission parlementaire, je ne le sais pas... Il
faudra que cela se fasse d'ici le mois de septembre ou le mois d'octobre.
Mais le cheminement du dossier, c'est d'abord une étude par
SIDBEC, ensuite une recommandation par le conseil d'administration et puis la
transmission de cette recommandation au gouvernement.
M. Garneau: Dans le cas des équipements de
QuéSteel, à votre connaissance, est-ce qu'ils seront
liquidés en bloc ou par pièce d'équipement, ou les deux
types de soumission seront-ils demandés?
M. Gignac: Je n'ai aucune idée. C'est le choix du syndic.
J'imagine que si on nous demande de faire une soumission on ne l'a pas
encore mais ce qu'on a entendu dire, c'est qu'on nous demanderait de
faire une soumission pour les équipements en bloc. Mais je ne peux pas
vous en dire plus long, je ne le sais pas.
M. Garneau: Compte tenu du fait que le marché, comme vous
le dites, n'est peut-être pas suffisant en 1977 pour occuper 100% des
équipements de QuéSteel à Longueuil, c'est
également vrai pour toutes les entreprises qui sont
intéressées à acheter QuéSteel. On a
répété souvent depuis le début de la commission
qu'un des problèmes de SIDBEC, c'était la gamme de produits et
les équipements, dans certains cas, qui étaient vieillots. Est-ce
que ce ne serait pas une possibilité pour SIDBEC d'atteindre les deux
objectifs en même temps?
M. Gignac: II y a une partie seulement des équipements. Le
laminoir de QuéSteel pourrait remplacer une partie minime, je dois dire,
des produits qui sont faits à SIDBEC-DOSCO, à l'usine de
Montréal particulièrement, mais ce n'est sûrement pas
suffisant pour remplir le laminoir actuellement.
M. Garneau: Dans le cas de la main-d'oeuvre de QuéSteel,
un retard prolongé à prendre une décision, est-ce que cela
n'amène pas un déplacement de ces employés qui ne seraient
plus disponibles éventuellement, parce qu'ils auraient trouvé des
emplois ailleurs et, finalement, cela réintroduirait une
difficulté considérable dans la remise en marche de l'usine? Vous
dites que cela a pris...
M. Gignac: Ce n'est pas nous qui avons introduit la
difficulté. Je ne pourrais pas la réintroduire, si c'était
le cas. On regarde le problème d'une façon très positive
et je pense que s'il y a une lueur d'espoir, un moyen de régler deux
problèmes du même coup, on va le faire, mais cela ne sera facile
pour personne, ni pour nous, ni pour d'autres, parce que cela a
réellement apporté un surplus d'acier dans un domaine
déjà engorgé, si on peut dire, sur le plan des
marchés.
M. Garneau: Je pourrais revenir au problème des
liquidités de SIDBEC. Vous avez mentionné
tout à l'heure, je ne sais pas si c'est cet après-midi ou
vendredi qu'évidemment, la mise en production de vos deux lignes,
la ligne de superconcentré de Contrecoeur, qui viendrait d'ici
l'automne, si j'ai bien compris...
M. Gignac: Vous voulez dire à Port-Cartier?
M. Garneau: A Port-Cartier, oui. ... serait
complétée. Le rythme d'entrée des boulettes d'oxyde de fer
à basse teneur de silice, pour SIDBEC, sera de quel tonnage, en 1978?
Les prévisions sont de quel ordre de grandeur?
M. Gignac: Si mon souvenir est bon, je pense que c'est à
peu près 4 millions de tonnes.
M. Garneau: En tout?
M. Gignac: En tout.
M. Garneau: Réparties dans les deux lignes?
M. Gignac: A peu près 2 millions de tonnes.
M. Garneau: Pour...
M. Gignac: Pour SIDBEC.
M. Garneau: Vous avez parlé de contrats ou d'acheteurs
potentiels sur le marché international pour des boulettes en basse
teneur de silice. Vous avez également indiqué que cela ne courait
pas nécessairement les rues et qu'il y avait quand même d'autres
pays, d'autres entreprises qui utilisaient le procédé midrex de
réduction. Evidemment, quand SIDBEC s'est lancée dans ce
procédé, il y en avait très peu dans le monde.
Aujourd'hui, êtes-vous en mesure de nous dire combien il y a d'usines qui
ont des...
M. Gignac: A peu près 20 millions de tonnes.
M. Garneau: 20 millions de tonnes d'installées dans le
monde.
M. Gignac: On en prévoit à peu près 40
millions ou 50 millions en 1980.
M. Garneau: Quand je regarde les chiffres que vous avez
donnés tout à l'heure, cela veut dire que, dans une entrée
de deux millions de tonnes de superconcentré, en 1978, vous pourriez en
prendre à peu près 1,2 million, si j'ai bien compris tout
à l'heure les réponses que vous avez données à M.
Biron. Cela voudrait dire qu'il y aurait 800 000 tonnes qui seraient ou
disponibles sur le marché international, ou suivant le contrat de "take
or pay", qui nécessiterait des liquidités considérables
pour SIDBEC.
M. Gignac: Si on ne les vendait pas.
M. Garneau: Si vous ne les vendiez pas, mais j'ai une certaine
inquiétude là-dessus, parce que, l'an passé, en commission
parlementaire, cette question avait été soulevée
également. Elle est soulevée à nouveau cette année.
Il n'y a pas encore, semble-t-il, de preneur, d'une façon relativement
plus précise en juillet 1977 qu'il n'y en avait en 1976. J'ai une
certaine inquiétude de ce côté-là, parce que, si tel
était le cas, que vous deviez supporter, sur les 800 000 tonnes, 200 000
ou 300 000 tonnes, au niveau des liquidités, cela veut dire un joli
montant d'argent.
M. Gignac: Ah oui! C'est cet après-midi que j'ai
mentionné que c'est un problème qu'on est en train
d'étudier. On est en train de ratisser le monde entier pour vendre. Ceux
évidemment qui sont les plus intéressés à acheter
ces boulettes sont ceux qui ont des procédés midrex ou des
procédés du genre.
Actuellement, il y a des pays, l'Angleterre en est un, qui sont en train
d'installer des unités midrex, deux. Il y a d'autres pays, l'Iran,
l'Irak, le Venezuela, la Trinidad, l'Arabie Saoudite, qui sont en train
d'installer des unités de réduction.
C'est avec ces pays qu'on tente de faire affaire dans le moment.
Maintenant, dans le monde entier, il y a deux pays qui peuvent fournir,
à ce jour, le minerai requis pour le procédé midrex. Il y
a le Brésil, il y a nous. Alors, cela va être une...
M. Garneau: Quand une industrie sidérurgique nationale ou
privée décide d'investir dans un procédé midrex,
j'imagine qu'avant de commencer les investissements, elle s'est assurée
d'un approvisionnement. Se lance-t-elle comme cela sans avoir les
approvisionnements?
M. Gignac: Les gens qu'on connaît, ils se sont
lancés comme cela, comme vous dites, sans avoir d'approvisionnement,
comptant sur nous ou d'autres pour se faire approvisionner.
M. Garneau: Si tel est le cas, vous avez dû avoir, quand
même, des demandes?
M. Gignac: Oui, on a eu des demandes. On a eu des discussions
avec plusieurs pays sur la possibilité de les fournir en boulettes
d'oxyde à basse teneur en silice.
M. Garneau: Maintenant, ces demandes, est-ce qu'elles sont
toujours pour des contrats à moyen terme, de cinq ou dix ans, ou
si...
M. Gignac: Disons que le minimum qu'on peut donner pour un
contrat de ce genre, c'est cinq ans. Plus le contrat est long, plus c'est
facile à vendre, ou disons que c'est plus attrayant pour le pays en
question d'acheter.
M. Garneau: Sur un contrat de cinq ans, SIDBEC peut s'engager
uniquement pour 500 000 tonnes?
M. Gignac: Non, 1,5 million de tonnes.
M. Garneau: Excusez. 1,5 million de tonnes à 3
millions.
M. Gignac: Cela peut varier de 1,5 million à 1,7 million
ou 1,6 million. Cela dépendra des contrats.
M. Garneau: Ce problème ne semble pas vous
préoccuper du tout.
M. Gignac: Cela nous préoccupe sur un joli temps,
énormément. J'en parle peut-être d'une façon qui
semble détachée, mais les engrenages fonctionnent à une
vitesse très inégale à l'intérieur. C'est un peu un
problème qui est très préoccupant, qui est beaucoup plus
préoccupant que quand on a décidé de se lancer dans la
mine, je dois dire. D'ailleurs, je considère cela comme un
problème de tous les gouvernements. Je pense que tout le monde
était de bonne foi quand la question de la mine a été
réglée. Notre proposition, c'était d'investir au
Brésil pour nos besoins uniquement. De toute façon, je pense que
dans cinq ans, le problème sera liquidé, mais d'ici cinq ans, on
peut avoir des problèmes, surtout si on est obligé de vendre cela
à l'année, au lieu de le vendre sur des périodes de cinq
ans. Il y a toujours ce qu'on appelle des "spot sales", qu'on peut faire. On a
acheté des boulettes de cette façon. Il y a toujours quelqu'un
qui achète 200 000, 300 000 ou 400 000 tonnes. Donc, on peut vendre 200
000, 300 000 ou 400 000 tonnes, mais on aimerait mieux, évidemment, ne
vendre qu'à un client 1,5 million de tonnes. Je pense que cela va
prendre plus d'un client pour liquider le 1,5 million de tonnes dont je vous
parle. Cela peut prendre deux ou trois clients.
M. Garneau: Dans l'état actuel du marché, ce que
vous appelez le "spot market",...
M. Gignac: "Spot sales", à ce moment.
M. Garneau: ...il est contre SIDBEC actuellement. Je prends
l'exemple de la pâte Kraft, il y a quelques années. A un moment
donné, les ventes isolées comme cela avaient des prix de fous.
Avec la baisse dans le domaine des papeteries, évidemment, la pâte
Kraft baisse également. Est-ce que c'est juste d'interpréter la
situation actuelle des boulettes de fer comme étant dans le bas de la
courbe, au lieu du haut de la courbe?
M. Gignac: Pour être dans le bas de la courbe, oui, c'est
un bas de courbe évasé.
M. Garneau: Sur le procédé midrex, le
problème d'approvisionnement en gaz a été rapidement
touché cet après-midi. Je voudrais le prendre peut-être sur
un autre aspect. En termes de coût, par rapport aux prévisions qui
avaient été faites au moment où le premier midrex a
été lancé, quelle est l'importance dans le coût de
production de midrex, de l'augmentation du prix du gaz? Quel est l'impact du
prix du gaz sur le coût final du produit?
M. Gignac: Le coût du gaz, cela a toujours
été un gros pourcentage.
M. Garneau: Parce que vous avez parlé de 12 000 pieds
cubes, mais je ne sais pas au juste... Cet après-midi, vous avez
lancé ce chiffre, mais je ne sais pas si c'est par tonne.
M. Gignac: 12 000 pieds cubes par tonne. M. Garneau: Par
tonne de minerai transformé.
Kl. Gignac: Le coût du combustible ou de l'énergie
dans le procédé midrex a toujours représenté un
pourcentage important. Mais ça, on le sait depuis le départ. Ce
que je peux dire, c'est que, ce qui nous importe, c'est le coût liquide,
c'est-à-dire le coût de l'acier liquide dans la poche, le
coût en poche. Si on veut se comparer, il faut qu'on se compare à
des concurrents qui le font d'une autre façon, en utilisant du charbon
métallique par exemple. Or, le coût du charbon métallique,
depuis les dernières années, a monté plus que le gaz.
Donc, si on fait une analogie entre le coût en énergie dans un
haut fourneau et le coût en énergie par le procédé
de réduction, on est peut-être un peu plus bas. Cependant, quel
sera le coût du gaz en 1980 ou 1985? Je ne le sais pas, mais je pense que
la tendance mondiale, actuellement, du moins c'est à ces
résultats qu'on semble devoir en venir, c'est que le coût du gaz
ou de l'énergie va se calculer en BTU, en coût pas BTU. Si vous
avez un procédé qui prend moins de BTU qu'un autre, ça va
vous coûter meilleur marché. Actuellement, notre façon de
faire les choses, c'est-à-dire en procédant par le
procédé midrex et par le four électrique, prend moins de
BTU que le procédé du haut fourneau convertisseur à
l'oxygène.
M. Garneau: Votre approvisionnement en gaz, pour le
deuxième midrex, actuellement, est assuré jusqu'à quelle
année? Je pense que c'est 1985. Je ne sais pas si je me trompe.
M. Gignac: Ce sont des contrats qui sont renouvelables, je
pense... Pour la deuxième unité, le contrat n'est pas encore
signé. Pour la première unité, je crois que cela allait
jusqu'en 1985, 1984 ou 1985 ou quelque chose du genre. Pour la deuxième
unité, on n'a pas encore signé de contrat, parce que
l'unité n'est pas en marche et ce n'est pas impossible qu'au lieu de
marcher sur un "take or pay contract ", un contrat "take or pay", on marche sur
de l'interruptible. Cela coûterait pas mal meilleur marché.
M. Garneau: A ce moment-là, est-ce que les
capacités de transport et les permis de transport vous sont
assurés?
M. Gignac: Pour la deuxième unité, oui.
M. Garneau: Pour la deuxième unité. Et quand vous
dites, je ne sais pas au juste le mot que vous avez employé, un contrat
interruptible, est-ce que vous payez ce que vous prenez?
M. Gignac: Oui.
M. Garneau: Vous êtes quand même obligés de
signer un contrat avec un fournisseur enfin de compte?
M. Gignac: Oui.
M. Garneau: Et ensuite avec TransCanada Pi-peLines.
M. Gignac: Non, c'est-à-dire qu'on signe un contrat avec
Gaz Métropolitain.
M. Tremblay: C'est un "take or pay".
M. Garneau: Non, mais un ou l'autre, de toute façon, c'est
le seul tuyau qui se rend chez vous.
M. Gignac: Oui.
M. Garneau: II n'y en a pas d'autres. Mais ce que je veux dire,
j'essaie de faire la distinction entre le contrat que vous avez... Parce que la
chicane de la répartition des quantités de gaz dans l'Est, si on
prend l'Ontario, on était dans l'Est, il faut quand même s'assurer
que ces gens en laissent passer suffisamment pour se rendre jusqu'au
Québec. Ce problème, vous considérez qu'il n'existe
pas?
M. Gignac: Ce problème, à mon sens, a
été réglé... Le contrat n'est pas signé,
mais l'accord de principe est...
M. Garneau: Est intervenu? M. Gignac: Oui.
M. Garneau: II n'y aurait pas de problème
d'approvisionnement en gaz pour...
M. Gignac: Non, là où on peut avoir... disons,
être en désaccord, ce sera sur les termes du contrat, la
façon dont le contrat va être fait. Parce qu'on trouve que 90%
"take or pay", c'est presque une camisole de force. Parce qu'à la
moindre défaillance ou au moindre arrêt, on paie pour du gaz qu'on
ne prend pas.
M. Garneau: Mais, en termes de volume, vous ne voyez pas de
difficulté pour le deuxième midrex?
M. Gignac: Non.
QuéSteel
M. Garneau: J'aurais quelques questions à poser au
ministre pour revenir sur la question de QuéSteel. Je voudrais lui
demander comment le gouvernement envisage la solution du problème de
QuéSteel, en particulier pour la main-d'oeuvre qui est là. Je
comprends que SIDBEC fait une étude. Est-ce que le ministère va
se lancer dans un deuxième rapport Griffin?
M. Charbonneau: M. le Président, sans vouloir interrompre
le député de Jean-Talon, je me demande si c'est conforme au
règlement de poser des questions sur Québec Steel Products alors
qu'on est en commission parlementaire pour étudier un projet de loi qui
vise à augmenter le capital-actions de SIDBEC.
On peut s'étendre sur SIDBEC, mais lorsqu'on sort
carrément de l'objet même du projet de loi qui est devant nous, je
me demande si cela ne va pas à l'encontre du règlement.
M. Garneau: M. le Président, je veux bien...
M. Charbonneau: Je conviens avec le député de
Jean-Talon que la question est importante, mais est-ce à ce moment-ci
qu'on doit en discuter?
M. Garneau: Si le ministre avait une proposition savante à
nous faire, je n'aurais pas d'objection à ce que le projet de loi 41
soit amendé et qu'au lieu d'avoir $126 millions, on en mette un peu plus
pour peut-être régler le problème des ouvriers de la
QuéSteel en même temps.
Le Président (M. Clair): Le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Tremblay: Je n'ai pas d'objection à répondre au
sujet de QuéSteel. Le même comité interministériel
sur l'acier étudie le problème de QuéSteel. Comme l'a dit
le président de l'Hydro-Québec, de SIDBEC...
M. Garneau: Est-ce un lapsus?
M. Tremblay: M. Gignac a déjà été
attaché à l'Hydro-Québec. Il y aura des soumissions le 15
août. Ce comité est en contact avec...
M. Garneau: Qu'entendez-vous par des soumissions, le 15
août?
M. Tremblay: Je crois que dans le cas de QuéSteel les
soumissions seront demandées le 15 août ou le 15 septembre.
M. Gignac: Je pense que les soumissions seront demandées
dans quinze jours, cette semaine peut-être.
M. Garneau: De la part du syndic?
M. Gignac: Du syndic, oui.
M. Garneau: Avec un délai de deux mois?
M. Gignac: D'à peu près deux ou trois mois
pour...
M. Tremblay: Si SIDBEC fait une recommandation au gouvernement,
nous l'étudierons, mais comme le président lui-même l'a
dit, il faudra que ce geste de SIDBEC s'insère dans son programme
d'expansion à long terme. Il ne faut pas corriger
un problème et en créer un autre. On vient de voir, avec
trois jours de session sur SIDBEC, que dans le passé des
décisions extrêmement optimistes ont été prises dans
le cas de SIDBEC et aujourd'hui, on se retrouve avec des excédents de
production et avec des problèmes financiers importants. Donc, si on a le
choix de soumissionner pour repartir les installations de QuéSteel, nous
allons exiger, comme gouvernement, que cela s'insère dans le programme
d'expansion de SIDBEC, de sorte que ce comité va travailler intimement
avec les intéressés au cours de l'été et de
l'automne pour trouver la meilleure solution pour toutes les parties en
cause.
M. Garneau: Cela veut dire qu'il ne vous reste que... On est le
11 juillet. Si les soumissions sont demandées d'ici quinze jours, cela
va donner de la fin juillet au 15 septembre... Il reste un mois et demi pour
compléter toutes les études et prendre une décision.
M. Gignac: On ne connaît pas encore... Je n'ai fait qu'une
extrapolation.
M. Garneau: Une hypothèse?
M. Gignac: C'est ce qui nous a été dit de vive
voix, mais on attend encore la décision du syndic. Je pense que cela
prendra au moins un mois et demi, peut-être deux mois, avant d'être
en mesure, qui que ce soit, de faire une soumission intelligente.
Le Président (M. Clair): Le député de
Rimouski, sur le même sujet.
M. Marcoux: Vous avez dit tout à l'heure que vous
étiez en train de refaire un plan quinquennal. Dans combien de temps ce
plan... Et le ministre, d'autre part, vient de dire que toute décision
à l'égard de QuéSteel, de la part du gouvernement, devrait
s'inscrire dans un plan global ou dans une réévaluation du plan
de SIDBEC... Quand votre plan quinquennal devrait-il être
terminé?
M. Gignac: La partie la plus importante de notre plan quinquennal
devrait être finie vers le mois de décembre. La partie totale du
plan quinquennal, c'est-à-dire ce qu'on va maintenant appeler le plan
maître, devrait être finie vers le mois de février, mais ce
qui nous sera remis vers la fin de décembre nous permettra de prendre
une décision.
Il ne faut pas toujours répéter les mêmes erreurs.
Cela fait trois plans quinquennaux que nous faisons depuis 1968. A la
lumière de ce qu'on a fait dans le passé, on s'aperçoit
qu'au bout d'environ trois ans, un plan quinquennal devient désuet. Il
faut le refaire.
Ce qu'on veut essayer de faire cette fois-ci, c'est de faire un plan qui
va s'appeler quinquennal, mais qui sera beaucoup plus flexible, qui nous
permettra de jouer avec... de jouer, c'est une façon de dire, disons de
faire des changements sans pour autant changer tout le reste du plan.
Alors, le plan maître doit être terminé vers le mois
de février, mais le plan quinquennal en soi doit être fini
à la fin de décembre. C'est un plan qui se fait d'une
façon continue et qui touche évidemment toutes les études
de marché et, une fois l'étude de marché faite, on en
vient aux questions d'équipement. Je pense qu'il y a des choses assez
évidentes dans SIDBEC, les équipements auxquels il va falloir
mettre beaucoup d'efforts, c'est dans ce contexte que je dis que
peut-être que l'usine de QuéSteel peut être
intéressante, mais on sait d'avance que ce ne sera pas facile de faire
des profits avec cette usine, quel que soit le prix payé, avant quelques
années.
M. Marcoux: Cinq ans, dix ans?
M. Gignac: Non pas dix ans, mais cela peut aller à cinq
ans. De trois à cinq ans, mais cela...
M. Marcoux: Mais, dans les analyses que vous faites actuellement,
est-ce que vous avez demandé à vos planificateurs de tenir compte
de la possibilité d'intégration estimée dans votre
équipement ou est-ce en dehors?
M. Gignac: Non, c'est dans le...
M. Marcoux: Vous fonctionnez comme si cela allait se
réaliser.
M. Gignac: Pas comme si cela allait se réaliser mais en en
tenant compte.
Le Président (M. Clair): Le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Le laminoir de Montréal, l'usine de
Montréal, est-ce une usine assez vieille ou...
M. Gignac: Elle a à peu près trois fois votre
âge.
M. Charbonneau: C'est déjà pas mal. Est-ce que,
dans ce sens-là, vous prévoyez des changements ou des
modifications aux installations à Montréal?
M. Gignac: II y a sûrement des améliorations
à faire pour une partie importante des équipements. A
Montréal, il y a principalement une usine, une tuyauterie d'une
capacité d'à peu près 50 000 tonnes, il y a des laminoirs
qu'on appelle le laminoir de 18 pouces et le laminoir de 10 pouces, il y a une
tréfilerie, il y a une clouterie ainsi qu'une usine d'attaches
industrielles et puis il y a une aciérie.
M. Charbonneau: Pour cela, il y a éventuellement des
projets de modernisation, de...
M. Gignac: C'est ce que nous sommes en train
d'étudier.
M. Charbonneau: Cela fait partie de...
M. Gignac: Cela fait partie de tout l'ensemble.
M. Charbonneau: Par ailleurs, concernant particulièrement
Contrecoeur, que je connais un peu plus, quelle est la proportion des
contremaîtres par rapport aux ouvriers syndiqués ordinaires qui
travaillent? Est-ce que le rapport de 1 par rapport à 3 serait...
M. Gignac: 1 à 3, cela me paraît
exagéré un peu.
M. Garneau: A moi aussi.
M. Talbot: On n'a pas strictement les contremaîtres...
M. Gignac: Cela me semble ici, d'après les chiffres que
j'ai, de 1 à 10.
M. Charbonneau: Moi, en tout cas, ce qu'on m'a indiqué, et
je vous ferai remarquer que vos chiffres ne sont pas particulièrement
précis, parce que vous me dites que...
M. Gignac: C'est parce qu'on ne les a pas...
M. Charbonneau: Cela vaut peut-être la peine de
vérifier, on me dit que c'était de 1 à 3, lors des
dernières négociations et actuellement, au niveau des
employés de bureau, c'est de 1 à 4.
M. Gignac: Celui qui vous a dit ça était dans les
prunes.
M. Charbonneau: Oui?
M. Gignac: Oui. En tout et pour tout, contre-maîtres
compris, à Contrecoeur, on avait à peu près 264 cadres et
employés non syndiqués et ça comprenait les
contremaîtres sur 1421. Ce sont des chiffres officiels du 15 mars
1976.
M. Talbot: Cela inclut le gérant, les
secrétaires.
M. Charbonneau: Cela fait 1 à 6, à peu
près.
M. Gignac: Ce ne sont pas les contremaîtres. Le
contremaître est celui qui est sur le plancher.
M. Charbonneau: Oui, je comprends.
M. Gignac: C'est pour ça que je vous ai dit à peu
près 1 à 10.
M. Charbonneau: Par ailleurs, est-ce qu'il est exact qu'à
Contrecoeur...
M. Gignac: Si vous voulez avoir l'information, on peut vous la
procurer.
M. Charbonneau: J'aimerais bien l'avoir, si ça ne demande
pas trop de travail. Je préfère que vous concentriez vos efforts
sur la préparation du plan quinquennal.
M. Talbot: On va déléguer ça, monsieur.
M. Charbonneau: Par ailleurs, est-ce qu'il est exact qu'on engage
encore des entrepreneurs généraux pour faire certains travaux qui
pourraient être très bien faits par des gens du plan à
Contrecoeur? Des firmes comme SIGAMA de Trois-Rivières ou il y a une
célèbre famille de Sorel qui...
M. Gignac: Disons qu'on a rapatrié une partie importante
du travail qui se faisait à l'extérieur quand on a
installé des usines pour tourner nos propres rouleaux, pour faire le
tournage de nos rouleaux. Cela emploie un certain nombre d'employés et
cela a représenté une grande partie du travail qui était
donné à l'extérieur, particulièrement à la
Dominion Engineering.
M. Charbonneau: On m'a parlé, par exemple, de trois
firmes; il y avait SIGAMA, John Collins, Tracy Métal qui étaient
des entreprises...
M. Gignac: Du Québec.
M. Charbonneau: Certainement du Québec. Mais le
problème, c'est que, semble-t-il et c'est toujours relié
à la question des relations humaines et au problème des
communications si on dit à des travailleurs qu'il n'y aura plus
d'entrepreneurs généraux qui vont être engagés et
qu'il y en a encore, il y a des gens qui se posent des questions. Surtout si on
ne leur donne pas d'explications. Il y a peut-être de bonnes raisons pour
lesquelles on a décidé de donner des sous-contrats ou des
contrats à ces entreprises, mais si on n'explique pas ces raisons,
comment voulez-vous que les gens...
M. Gignac: Je pense que ça ne doit pas représenter
des sommes énormes parce que les travaux de construction sont faits par
des firmes extérieures et des firmes de la région, autant que
possible.
M. Charbonneau: Dans le cas de Tracy Métal, c'est
carrément de la région, c'est exact.
M. Talbot: Je pense que c'est simplement une question de savoir
si on doit avoir une main-d'oeuvre continuelle qui attend une demande urgente
une fois de temps en temps ou si on doit recourir à des gens de
l'extérieur. Ce sont des contraintes administratives qui, dans le fond,
sont assez difficiles à commenter ici. Mais ce n'est pas notre habitude
de voler le travail de nos employés de Contrecoeur.
M. Charbonneau: Je comprends, mais ce que j'essaie de vous
illustrer par ce cas... On a parlé des relations de travail, le
président M. Gignac a admis que c'était un problème
énorme et grave, pas jeune de toute façon à Contrecoeur,
mais en arrière de ça, il y a un problème de
communication. En parlant aux gens de chaque partie, j'ai l'impression qu'on a
mutuellement des préjugés et des opinions sur la partie adverse
qu'il serait peut-être temps qu'on commence à...
M. Talbot: Remarquez que ça nous ferait plaisir d'utiliser
nos employés d'entretien pour aller faire des travaux d'entretien
à notre usine de réduction, mais ceux-ci refusent d'y aller, pour
des questions de juridiction d'un local à l'autre. C'est du travail
qu'eux manquent. Donc, c'est sûr qu'on va être obligé de
recourir à des entrepreneurs de l'extérieur, parce qu'on n'a pas
encore d'équipe d'entretien spécifiquement pour l'usine de
réduction; mais, c'est un problème local, de communication,
encore une fois.
M. Charbonneau: Par ailleurs, quelles sont les
possibilités de contrôle que la direction a dans chacune des
usines? Par exemple, je me suis laissé dire qu'à un moment
donné on a acheté une balayeuse qui coûtait $75 000 et qui
n'a jamais été utilisée à l'usine de
Contrecoeur.
M. Talbot: Je ne peux pas me rappeler exactement. Je ne sais pas
où vous allez chercher cela, mais je peux vous dire que des
dépenses semblables sont faites selon un procédé
très précis de demande d'appropriation pour dépenses qui
doit être approuvé par un comité de vice-présidents.
Si la dépense dépasse $100 000, cela doit aller au bureau de
direction. Ces dépenses ne se font pas sans l'approbation des bureaux
administratifs.
M. Charbonneau: Cela m'amène à vous demander s'il y
a un mécanisme à l'intérieur des usines de la SIDBEC, en
particulier celle de Contrecoeur, qui permette à des travailleurs qui se
posent des questions sur un certain nombre de choses qui peuvent paraître
douteuses, qui ne le sont peut-être pas dans les faits, mais qui, de
prime abord, peuvent paraître litigieuses, douteuses... Est-ce qu'il y a
un mécanisme qui fait que les gens peuvent poser des questions à
la direction et avoir des réponses claires et précises? Est-ce
qu'on peut connaître les raisons de telle chose plutôt que de telle
autre, au lieu d'entretenir une certaine méfiance? Est-ce qu'il existe
un mécanisme pour permettre aux gens d'aller chercher des
réponses?
M. Talbot: Le meilleur mécanisme, c'est la voie de la
parole. Je pense que les gens peuvent exprimer sérieusement leurs doutes
à la direction, si jamais il y a des choses. Il ne faudrait pas
exagérer dans ce sens-là et commencer à lancer des
accusations à gauche et à droite. Je pense qu'il doit y avoir un
certain respect de l'autorité, une certaine confiance dans
l'administration.
Je pense que dans tout ce problème de relations humaines, il y a
aussi le problème de la confiance. Nous, du moins...
M. Charbonneau: Je suis bien d'accord avec vous sur l'importance
de la confiance, mais vous et moi, et tout le monde ici, on sait très
bien qu'elle n'existe pas actuellement et on ne se l'est pas caché
mutuellement. Au lieu de demander de la confiance au départ, on est
peut-être mieux de trouver des mécanismes pour l'établir.
Lorsqu'elle existera, peut-être qu'il y aura des mécanismes qui
seront moins utiles, parce qu'un climat de confiance ou une relation de...
M. Talbot: Je retiens votre remarque. A mon prochain entretien
avec la direction de l'usine de Contrecoeur, on va voir ce qui s'est fait dans
ce sens-là. C'est justement un des projets les plus chers au nouveau
directeur général des relations de travail que de rétablir
une meilleure communication entre les employés syndiqués et
l'administration.
M. Charbonneau: Par ailleurs, il y a une question qui
préoccupe beaucoup de gens à Contrecoeur. C'est l'importance
qu'ont joué certains personnages qui ont eu des postes de commande
à l'usine de Contrecoeur et qui sont maintenant rendus à
Montréal, personnages qui ont, semble-t-il, amené dans leur
sillage beaucoup de gens de leur famille, de leur entourage.
Je ne veux pas nommer personne, mais si on m'y oblige, je pourrai le
faire. Je crois que, mutuellement, on sait...
M. Talbot: Non. J'aime mieux que vous ne vous laissiez pas
entraîner dans ce genre de chose.
M. Charbonneau: Est-ce que ces situations sont, non pas
corrigées, mais est-ce qu'on a conscience qu'actuellement, et dans un
passé très récent, ces situations ont été
parmi les éléments qui ont fait qu'il y a eu un certain climat,
un certain doute vis-à-vis de l'administration de SIDBEC de la part des
travailleurs, de la part des employés?
M. Talbot: Parlons du présent. Contrecoeur, c'est un petit
village et la région de Sorel, c'est un petit village. Il y a des
syndiqués qui ont une belle-soeur qui est secrétaire d'un
gérant, etc. Cela crée des problèmes, ces relations entre
le père, le fils, le cousin, le beau-frère. Cela existe dans
toute l'usine.
M. Charbonneau: Mais quand on va chercher des gens de Marine
Industries et qu'on les amène... C'était tous des gens de
l'extérieur qui venaient à SIDBEC et qui étaient
placés un peu partout.
M. Talbot: Les gens qui sont venus travailler à SIDBEC ou
à DOSCO, à partir de 1964 on a eu une augmentation de
personnel, surtout en raison de l'expansion d'après 1971 ces
gens-là travaillaient tous ailleurs. Ils travaillaient soit à
Marine Industries, à la Québec Iron ou à l'Atlas. Les
contremaîtres et ces gens-là sont venus de l'extérieur...
Evidemment, nous sommes allés chercher les gens là où on
pouvait les recruter et là où ils étaient disponibles. Ils
étaient consentants à venir.
Je ne vois pas de drame à ce qu'on ait engagé d'anciens
contremaîtres de Marine Industries. Au contraire, ce sont des gens
très compétents, qui possédaient une très grande
expérience.
M. Charbonneau: En tout cas, je vous signale que ce n'est
peut-être pas la compétence des individus qui est en cause, mais
lorsque les individus
entraînent dans leur sillage toute leur famille, on peut parfois
se demander quelles sont les raisons qui motivent ces décisions...
M. Talbot: Je doute de cela.
M. Charbonneau: ... si ce sont les gendres, les frères qui
travaillent là.
M. Gignac: Ce doit être de petites familles. M. Talbot:
Je doute de cela.
M. Charbonneau: On pourra s'en reparler. Je vous remercie.
Le Président (M. Clair): Messieurs, n'ayant pas d'autres
intervenants sur la liste, le député de Lotbinière a
d'autres questions.
M. Biron: Seulement en terminant.
Le Président (M. Clair): Je veux simplement vous indiquer
qu'il faudrait peut-être à un moment donné, passer à
l'adoption des articles, article par article.
M. Biron: M. le Président, je veux cinq minutes simplement
pour faire part de quelques commentaires en terminant. Je dois dire à M.
Gignac et à nos administrateurs de SIDBEC que si nous les avons
questionnés peut-être un peu plus que vous ne l'auriez voulu
qu'autrement, ce n'est certainement pas pour discréditer les
administrateurs de SIDBEC, mais, avec tout ce qui a paru partout dans les
journaux, mieux vaut voir clair dans toute cette histoire, surtout que les
élus du peuple à l'Assemblée nationale aient l'information
nécessaire.
J'aurai peut-être quelques commentaires ou suggestions très
brefs. Tout d'abord, pour le plan quinquennal, je suis d'accord, je suis
très heureux. Je voudrais aussi que les membres de l'Assemblée
nationale, si c'était possible, soient les premiers à en prendre
connaissance. Avant qu'on ne voie des nouvelles dans les journaux, j'aimerais
bien que les élus à l'Assemblée nationale puissent en
avoir une copie. Au moins, on saura quoi dire et quoi répondre lorsqu'on
verra certaines parties de ces plans ou de ces rapports paraître dans les
journaux. C'est la même chose sur le plan maître de février
1978.
J'espère qu'à l'intérieur de ce plan quinquennal,
nous aurons assez d'études de marchés, pour certains articles en
particulier que vous produisez, les budgets d'opérations, le pro forma
des profits et pertes au cours des cinq prochaines années et surtout ce
que vous avez mentionné tout à l'heure, la mini-aciérie de
QuéSteel, quand vous avez dit qu'il faudrait cinq ans avant que cela ne
devienne profitable. J'espère qu'on verra aussi le bilan de SIDBEC, un
minimum de cinq ans, avant que cela ne devienne profitable, pour qu'au moins on
arrête de perdre de l'argent avec tout cela.
J'aimerais savoir aussi, à travers tout ce rapport,
l'écoulement des surplus de SIDBEC-
NORMINES, où cela va aller et comment on va faire pour les
écouler, une fois que vous aurez vu, à travers les marchés
mondiaux, ce que vous pouvez faire avec cela. Seulement une question avant de
terminer. Je suppose que, chaque mois, vous savez l'état des
opérations, c'est-à-dire l'état des profits et pertes qui
doivent sortir sur ordinateur. Auriez-vous objection à ce qu'au moins le
comité permanent de l'industrie et du commerce puisse recevoir une telle
documentation chaque mois pour nous intéresser véritablement
à suivre les activités de l'opération, afin que lorsque
vous allez vous présenter devant nous dans six mois ou dans un an, on
n'aille pas recommencer tout ce qu'on a fait aujourd'hui, mais qu'on soit
véritablement au courant de l'évolution de l'entreprise.
M. Gignac: M. Biron, depuis 1970, on fait parvenir tous les mois
au ministre tuteur les états mensuels de SIDBEC, SIDBEC-DOSCO,
l'état du statut des chantiers de construction, quand il y en a.
M. Biron: On pourra alors le demander au ministre, parce que cela
est publié, tout le monde connaît cela, mais un an
après.
NI. Gignac: C'est l'état annuel des pertes et profits.
M. Biron: Annuel. Je ne voudrais pas avoir tous les
détails des opérations au cas où il y aurait
peut-être des pertes, mais quand même l'état des revenus et
dépenses, au moins l'état des opérations, pour qu on
puisse suivre chaque mois l'évolution de SIDBEC et les efforts que vous
faites pour régler vos problèmes.
M. Gignac: Je n'y ai aucune objection, si M. le ministre n'en
voit pas, en fait, mais ce n'est pas facile à lire, je dois dire, parce
que...
M. Biron: On essaiera de faire l'effort pour le lire d'autant
plus...
M. Gignac: C'est une décision qui ne m'appartient pas.
M. Biron: D'accord, d'autant plus que je vois le
député de Verchères qui a ses gens qui sont là et
qui le questionnent. Peut-être que s'il pouvait dire aux travailleurs de
SIDBEC; Notre affaire s'améliore, les gars, faites donc un effort
supplémentaire ou quelque chose comme cela. C'est là qu'on aurait
une communication et une participation des travailleurs.
Là-dessus, je vous recommanderais de faire un examen de
conscience, sérieusement, du côté de vos travailleurs,
comme du côté de vos clients, de vos fournisseurs, un examen de
conscience sérieux. Je ne veux vous accuser de rien, dire que vous
faites mal ou que vous avez bien ou mal fait dans le passé. Je veux
seulement que vous fassiez un examen de conscience pour voir si on ne peut pas
faire mieux demain. C'est la seule façon d'ad-
ministrer une entreprise, surtout lorsqu'il y a eu des problèmes
du côté des travailleurs, du côté des clients, ou du
côté des relations publiques. Je crois que c'est important que les
dirigeants d'une entreprise dont en tout cas, tous les Québécois
devraient être fiers, fassent un examen de conscience bien sérieux
et mettent un peu plus de participation, de communication avec les
travailleurs, avec le grand public en général.
J'ai l'impression que SIDBEC va en profiter et que toute la province
elle-même va en profiter. Alors, M. le ministre, est-ce qu'on pourrait,
au moins, les membres de la commission parlementaire, recevoir chaque mois les
renseignements élémentaires.
M. Tremblay: Disons, M. Biron, que c'est une suggestion dont je
prends note. Je crois que s'il n'y a pas d'objection de la part de
l'entreprise, il nous fera plaisir de distribuer ce renseignement.
M. Biron: II n'y a pas d'objection, M. Gignac, comme vous m'avez
dit tout à l'heure?
M. Gignac: On peut en discuter. Vous me demandez cela à
brûle-pourpoint. Normalement, dans le monde de nos compétiteurs,
les étas financiers sont trimestriels, sont publiés tous les
trois mois. C'est une chose qui pourrait être faite.
M. Howison: J'aimerais certainement y penser un peu, parce que,
dans la préparation des états mensuels, on n'apporte pas le
même raffinement qu'à la fin de l'année. On ne regarde pas
les inventaires, les statistiques des inventaires au point de vue du
matériel désuet. Il y a des problèmes d'évaluation
d'inventaires qui, à un certain temps de l'année, quand on le
fait, apportent des modifications qui peuvent être appréciables
à l'état des profits et pertes. Ce sont des choses qu'on ne peut
pas faire mensuellement. Personnellement, j'ai une certaine réticence.
J'aimerais certainement que ce soit discuté.
M. Biron: Je comprends. J'en ai vu des états mensuels
énormément. Ce n'est pas parce qu'on va s'ingérer dans les
affaires de SIDBEC, mais j'ai l'impression que ce serait un signe de
participation, et que, véritablement, les dirigeants de SIDBEC ont
décidé de travailler avec les représentants du peuple
québécois pour voir si on ne peut pas faire quelque chose. C'est
tout simplement un signe tangible d'une volonté, d'une
démocratisation et d'une participation accrue de la part de SIDBEC.
C'est tout simplement cela, et on va prendre les chiffres au mérite. Je
m'engage, en tout cas, à ne pas les publier si les membres de la
commission parlementaire veulent faire la même chose. C'est important
qu'à la fois, les travailleurs, les députés, que SIDBEC,
que les ministres et le gouvernement fassent un effort ensemble
vis-à-vis de la population en général. C'est dans ce but.
Si SIDBEC dit: Nous autres, on n'a pas besoin de personne, pourquoi venez-vous
nous demander $125 millions? Vous êtes mieux de nous dire: On a besoin de
vous autres ou pas. C'est cela le but...
On veut que les travailleurs participent, eux aussi. On veut que les
travailleurs fassent un effort additionnel. Je le sais, M. Gignac a dit qu'il y
avait des problèmes, on le savait avant, mais, quand même, les
travailleurs n'aiment pas avoir des problèmes avec le chef d'entreprise.
Ils voudraient s'entendre. Je pense que si personne d'entre nous ne fait un
effort, il n'y a rien qui va se faire. Si chacun d'entre nous fait un petit
effort, beaucoup de choses vont se faire. C'est dans ce but, en particulier,
pas plus.
Le Président (M. Clair): Le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Seulement deux ou trois petites choses. D'abord,
je renchéris avec le député de Lotbinière pour
parler de fierté et pour dire que, j'ai rencontré les
travailleurs de SIDBEC à quelques reprises. Ce sont des gens et des
citoyens de Contrecoeur. J'ai rencontré également des cadres, et
je peux vous dire qu'il y a chez eux un sentiment de fierté profond mais
qui a peut-être, été affecté par les
événements des derniers mois, également peut-être
par la publication de certaines choses, récemment, mais c'est un des
éléments sur lesquels il faudrait compter, dorénavant, sur
cette fierté des travailleurs. Je pense aussi que les cadres
également sont fiers de SIDBEC. Cela fait mal à tout le monde, ce
qu'on a lu dans les journaux et je pense qu'il n'y a personne qui aime
cela.
Par ailleurs, au niveau des relations de travail, je pense qu'il va
falloir non seulement vouloir les améliorer, mais peut-être
inventer de nouveaux mécanismes d'innovation, étant donné
ce que vous avez dit, que le problème dure déjà depuis
plusieurs années. C'est un problème particulier qui est
peut-être différent à Contrecoeur des autres usines. Je
pense qu'il va peut-être falloir innover dans ce domaine. En terminant,
je vous signale une chose. Je n'en ai parlé à personne. Vous en
ferez ce que vous voudrez, mais il y a ici, dans la salle, des travailleurs de
SIDBEC, des représentants syndicaux, qui ne connaissent pas beaucoup les
gens, finalement, du conseil d'administration. Il serait peut-être temps
ce soir, dans la suite du sommet économique, de s'asseoir à une
table et de faire connaissance réellement. Je pense que, de part et
d'autre, il y aurait peut-être avantage à ce qu'on se connaisse
mutuellement. Je vous signale cela sans aucune agressivité, sans aucune
arrière-pensée. De toute façon, je n'avais prévenu
ni les syndiqués...
M. Gignac: J'étais pour demander si vous aviez
apporté des gants de boxe, mais c'est correct.
M. Charbonneau: Non, mais je pense que...
M. Gignac: Je ne veux pas me faire mettre knock-out.
M. Charbonneau: Non, mais je pense que, parfois, mieux vaut
éventuellement se donner des tapes sur la gueule dans une bonne
discussion et
on saura à quoi s'en tenir mutuellement, et peut-être qu'on
apprendra aussi à se connaître mutuellement. Ce sont des relations
humaines. Je pense qu'on n'a pas affaire à des machines ni à du
bétail. Il va peut-être falloir aller loin dans ce domaine, parce
que je peux vous dire que ce qu'on a vécu à Contrecoeur pendant
six mois, on n'a pas l'intention ni le goût de le revivre. J'ai
l'impression, honnêtement, que ni la direction ni les travailleurs
à Contrecoeur n'ont le goût de le revivre.
Le Président (M. Clair): Le député de
Rimouski et le député de Jean-Talon.
M. Marcoux: Je sens un peu le besoin d'ajouter mes commentaires
généraux, moi aussi, à la suite de ce que je viens
d'entendre.
Je suis bien d'accord pour qu'on ait insisté un peu, tout au long
des travaux de la commission, sur l'aspect des conflits de travail, mais je ne
pense pas que ça explique le fond et l'essentiel des problèmes
que peut vivre SIDBEC. Une sidérurgie, ça ne se monte pas en deux
et trois ans. Il faut avoir lu un peu sur le sujet et il faut en avoir
jasé. J'en ai jasé avec d'autres. Cela ne se monte pas en deux et
trois ans. Il ne faut pas s'imaginer que ceux qui ont cru, en mettant SIDBEC
sur pied, que ça pourrait être rentable au bout de quelques mois
ou de quelques années, et surtout avec la réorientation, quand on
a choisi d'en faire un complexe intégré... Moi, je trouve que ce
serait un peu malheureux que les travaux de la commission prennent fin en
donnant l'impression que c'est fondamentalement le problème des
relations de travail qui est l'alpha et l'oméga des explications des
problèmes de SIDBEC. Il y a eu des décisions d'investissement et
des non-décisions d'investissement il y a quelques années. Il y
en a encore qui vont se prendre ces jours-ci, peut-être dans quelques
mois, avec l'affaire de QuéSteel et tout ça; ce sont ces
décisions majeures. La formation d'une sidérurgie
intégrée, quand cela a été lancé,
personne... En tout cas, à moins de se prendre pour des poètes,
personne ne devait penser que ce serait rentable, mais on l'a fait en fonction
d'un ensemble de facteurs, de ce qu'on pensait qu'il devait y avoir au
Québec, ici, une industrie qui soit notre propriété. Je
pense que je suis bien d'accord pour que les dirigeants de SIDBEC rencontrent
les travailleurs et qu'ils améliorent le climat de travail et prennent
une bière ensemble, mais je pense que ce n'est pas la fin du
règlement des conflits...
M. Garneau: ... au caucus du PQ.
M. Charbonneau: ... au député de Rimouski
que...
M. Marcoux: Ce n'était pas spécialement pour
commenter les commentaires du député de Verchères...
M. Charbonneau: Non, mais je pense que le
député...
M. Marcoux: ... mais aussi ceux du député de
Lotbinière ou un peu les discussions qu'on a eues. On a parlé
peut-être la moitié du temps des conflits de travail, mais
d'autres explications qui ont aussi été données; il ne
faudrait pas les oublier.
M. Charbonneau: Non, pour ma part, je pense qu'aujourd'hui, on a
peut-être mis plus d'emphase sur des choses qu'on avait moins
abordées vendredi dernier, parce que, justement, on s'était dit
qu'on y reviendrait aujourd'hui. Mais, effectivement, je n'ai pas l'intention,
comme représentant du comté de Verchères et de
Contrecoeur, d'oublier les problèmes et les responsabilités qui
doivent être partagées.
On a dit, au départ, qu'il y avait des causes extérieures
à la SIDBEC, notamment des décisions gouvernementales, et il y a
aussi des causes internes. Si j'ai mis beaucoup d'emphase sur ce secteur, c'est
peut-être parce que, chez nous, dans notre comté, on a vécu
quelque chose qui était assez dramatique et qui a fait mal. Je pense
qu'une entreprise, c'est aussi des hommes. Il y a des causes extérieures
et il y a des causes internes, et c'est l'amalgame des deux qui va
peut-être faire qu'on... Dans cela, on ne se fait pas d'illusion. Cela ne
se fera pas demain matin.
Le Président (M. Clair): Le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: M. le Président, je ne veux pas faire de
sermon en terminant, sauf pour dire que, sur le plan des renseignements
demandés, je suis bien d'accord avec M. Howison de vouloir y songer et
d'en causer avec les membres du gouvernement. J'ai reçu, moi aussi,
pendant un certain nombre d'années, ces documents. Je ne pense pas qu'il
aurait été d'intérêt pour la société
SIDBEC que ces documents traînent et qu'ils soient publiés, parce
qu'il faut bien retenir que SIDBEC est dans un marché de concurrence; il
y a des gens qui luttent dans les mêmes marchés ou dans les
mêmes secteurs d'activités. En tout cas, je n'ai pas d'objection
si, finalement, c'est rendu public, mais je ne crois pas que ça
servirait, définitivement, dans la forme, que le ministre les
reçoit. J'imagine, c'est la même forme que celle que je recevais
dans le temps.
Il y a suffisamment d'informations là-dedans pour donner à
des concurrents à peu près à quel moment vous pouvez
être mal pris et à quel moment, vous pouvez ne pas l'être.
Je crois que s'il y avait des informations de données à la
commission, aux membres de la commission, on pourrait peut-être trouver
un format de transmission d'un certain nombre d'indicateurs pour suivre
l'évolution de SIDBEC sans nécessairement avoir le document
mensuel des états financiers de l'évolution des ventes, du
coût des ventes, etc.
Je serais bien d'accord si on envisageait la possibilité
d'établir un certain nombre de points de repère que l'on pourrait
suivre au cours des
années et je n'aurais pas d'objection. Au contraire. Je pense que
cela serait un élément positif.
M. Gignac: C'est ce que je veux dire quand on parle des
critères de performance. D'ailleurs...
M. Garneau: Là-dessus, je n'ai pas voulu soulever de
débat tout à l'heure pas plus que sur d'autres sujets parce que
je ne voulais pas que cela devienne un débat politique entre l'actuel
gouvernement et l'ancien gouvernement. Je ne pense pas qu'on aurait servi la
cause pour laquelle on est ici. Sur ces critères de performance, je
souscris si on peut en établir un certain nombre, également en
termes de relations avec le gouvernement, quoique je comprends pourquoi,
après avoir été responsable de la société
SIDBEC, c'est difficile d'établir ce type de relations entre n'importe
quel gouvernement et dans les autres pays aussi. J'en veux comme exemple et le
seul, le rapport Griffin et c'est un des problèmes, mais vous savez
aussi que cela se produit lorsque, dans un ministère comme celui de
l'Industrie et du Commerce, vous avez tout un groupe de fonctionnaires qui
pilotent des projets qui peuvent vous être concurrentiels. La
façon d'établir les relations entre le ministère et une
société d'Etat, c'est beau en parler, mais le temps où
cela sera concrétisé dans un va-et-vient d'informations qui
demeurent confidentielles là où elles doivent l'être
à cause de la nature de l'entreprise qui est sur un marché
concurrentiel, ce n'est pas pour demain Pâques. Il va y avoir un peu
d'eau qui va couler sous le pont. Mais en terminant, je veux souligner que si
on était capable, un peu dans le sens que le député de
Lotbinière le soulignait, d'établir un certain nombre de points
de repère qui pourraient nous être transmis, cela
éviterait, sans doute, des débats inutiles. Cela
améliorerait aussi toute la question de crédibilité dont
j'ai parlé dans mon discours en deuxième lecture, qui a ressorti
tout au long, que ce soit dans les relations de travail ou dans le domaine des
autres types de relation le député de Lotbinière
l'a soulevé avec des concurrents du secteur privé. Cela
nous aiderait certainement à poursuivre le travail dans ce domaine.
Quant à moi, je pense que dans l'ensemble, les décisions qui ont
été prises dans le passé comme celles qu'on
s'apprête à prendre, s'inscrivent dans le contexte de la raison
d'être de SIDBEC, c'est-à-dire au début, faire une
sidérurgie intégrée avec toutes les aléas du temps
et des problèmes. Cette deuxième phase d'investissements nous
donnera cette industrie, cette sidérurgie intégrée.
Je voudrais clore ici mes remarques. Je pense que cela ne servirait
à rien d'aller plus loin.
Le Président (M. Clair): Avant d'appeler l'article 1 du
projet de loi 41, je laisserai la parole au ministre de l'Industrie et du
Commerce pour remercier les gens de SIDBEC.
M. Tremblay: Si vous me permettez, M. le Président... Je
pense que nous avons eu une session extrêmement intéressante et
fructueuse sur le fonctionnement de notre société d'Etat parce
qu'en fait, il s'agit bien d'une société d'Etat qui n'appartient
pas au gouvernement, mais qui appartient au peuple du Québec.
Il est évident que le bon fonctionnement de cette entreprise est
une responsabilité, non seulement d'un gouvernement, mais aussi de tous
les parlementaires, quel que soit leur parti. C'est pour cela que je me
réjouis du niveau des discussions qui ont dépassé de
beaucoup la partisanerie.
Je pense que nous avons étudié à tête
reposée les difficultés que rencontrait l'entreprise et je crois
me faire l'interprète de tous les parlementaires pour remercier le
directeur général, le président de SIDBEC et son
équipe pour les témoignages qu'ils nous ont apportés et
pour les éclaircissements qu'ils nous ont donnés.
Je pense que SIDBEC est une entreprise à laquelle nous tenons
tous à coeur. C'est un démarrage du Québec dans
l'industrie lourde. Comme je l'ai dit dans le discours en deuxième
lecture, nous sommes partis passablement en retard au Québec dans ce
domaine.
Comme le soulignait le député de Rimouski, ce n'est pas en
quelques années que l'on peut rat-trapper un demi-siècle ou trois
quarts de siècle de retard dans ce domaine. D'autant plus que SIDBEC n'a
pas toujours eu comme mandat de fonctionner comme une entreprise capitaliste
dans le sens ordinaire du terme, je veux dire de maximiser ses profits à
court terme. Elle a eu la mission économique de stimuler l'industrie
secondaire au Québec et d'intégrer ses opérations qui,
comme nous l'avons vu, ne pouvaient pas, à brève
échéance, conduire à une rentabilité
immédiate.
Il est évident, par contre, quelle que soit la mission d'une
entreprise, qu'elle doit vendre pour vivre. La rentabilité à
moyen terme de l'entreprise demeure un objectif important du gouvernement et
les questions de tous les parlementaires au cours de ces sessions
reflètent les mêmes préoccupations qu'a le
gouvernement.
Le président de SIDBEC a fait allusion à plusieurs
reprises au besoin d'un dialogue continu avec le gouvernement, d'un dialogue
suivi. Je pense que comme nouveau gouvernement nous avons les mêmes
préoccupations. Je ne veux pas revenir sur le passé, mais, comme
vous l'avez dit vous-même, les relations se faisaient soit avec un
premier ministre, soit avec un ministre en particulier.
Nous mettons, dès cette année, des mécanismes pour
pouvoir suivre de plus près les entreprises d'Etat pour que le
gouvernement soit un actionnaire, oui, mais un interlocuteur bien
préparé pour pouvoir discuter de problèmes très
complexes avec chacune des entreprises d'Etat.
J'ai fait allusion au cours du débat en deuxième lecture
à un secrétaire associé au niveau du Conseil
exécutif qui va coordonner tous les programmes d'expansion des
sociétés d'Etat pour avoir une cohérence
financière. En ce qui concerne le ministère de l'Industrie et du
Commerce, nous avons, nous sommes à mettre sur pied un service
spécial pour pouvoir suivre techniquement les activités des
entreprises d'Etat,
non pas pour s'ingérer de façon impromptue dans le
fonctionnement des entreprises, mais pour justement permettre au gouvernement
d'être renseigné pour comprendre et apprécier les
recommandations que les sociétés d'Etat lui feront.
Il y a toujours un problème pour un gouvernement vis-à-vis
de ces sociétés d'Etat, parce qu'il est toujours confronté
à une alternative qu'il lui faut éviter. La première
possibilité, c'est une ingérence de tous les instants dans le
fonctionnement d'une entreprise d'Etat. Or, le gouvernement n'est pas le
gestionnaire de ces sociétés d'Etat, il en est l'actionnaire, il
en est le propriétaire au nom de la population, mais il n'en est pas le
gestionnaire, puisqu'il y a des dirigeants qui sont nommés pour diriger
les entreprises; ce sont les responsables. Il y a aussi les conseils
d'administration qui sont nommés par le gouvernement pour
apprécier le fonctionnement des entreprises, donc, du côté
de l'ingérence, il y a un danger pour un gouvernement de trop
s'impliquer. Pour les raisons entre autres qu'a mentionnées le
député de Jean-Talon, un ministère de l'Industrie et du
Commerce fait de la promotion industrielle, on l'a vu lors du débat sur
QuéSteel que dans le passé, il a pu y avoir ces
possibilités de conflits à l'intérieur du
gouvernement.
D'autre part, si un gouvernement ne se préoccupe pas du
fonctionnement de ces entreprises et ne les suit pas de près, on peut
facilement l'accuser de négligence. C'est entre ces deux extrêmes
qu'il nous faut trouver des formules qui nous permettent d'atteindre les
objectifs qui sont de protéger les intérêts de la
population et d'être un gouvernement qui stimule les activités et
la rentabilité de ces entreprises.
Le gouvernement vis-à-vis de SIDBEC a des préoccupations
que nous avons signalées lors du débat de deuxième
lecture. Elles sont revenues d'une façon détaillée au
cours des travaux de cette commission. Il est évident que dans le
contexte général actuel, SIDBEC étant une jeune
sidérurgie, elle éprouve des difficultés tout à
fait particulières, même si vous mentionniez tout à l'heure
que vous fonctionniez à 65% de capacité. C'est à ce
pourcentage que fonctionnent les aciéries européennes, 65% de
capacité. Mais il faut se rendre compte qu'une aciérie
localisée au Québec éprouve des difficultés qui
sont peut-être particulières par rapport à celles
qu'éprouvent d'autres aciéries canadiennes.
Le fait d'être à proximité d'un port de mer comme
celui de Montréal nous place en concurrence directe avec les producteurs
internationaux, de sorte que, lorsqu'il y a un ralentissement conjoncturel
comme celui que nous vivons, il est évident qu'une aciérie comme
SIDBEC est beaucoup plus touchée qu'une aciérie localisée
en Ontario ou au Manitoba. Je pense que c'est un facteur qu'on n'a pas
soulevé.
D'autre part, il y a le fait que notre industrie secondaire au
Québec est moins développés que celle de l'Ontario, moins
sophistiquée, le fait que les clients éventuels de SIDBEC ont
peut-être moins d'attaches techniques à notre sidérurgie et
peuvent plus facilement trouver des sources d'ap- provisionnement chez des
concurrents lorsqu'il y a des chutes de prix, lorsqu'il y a des ralentissements
économiques où la concurrence devient de plus en plus forte entre
les producteurs.
Je reviens à cette préoccupation de rentabilité. Il
est évident que nous avons discuté de bien des aspects qui
pouvaient avoir une incidence sur la rentabilité: les relations
ouvrières, l'encadrement, la qualité de la production, mais on a
donné à SIDBEC, dans le passé, un mandat qui était
très vaste, un mandat de faire de SIDBEC une entreprise
intégrée. Je pense que, dorénavant, pour le gouvernement,
étant donné que cette deuxième phase d'expansion est
terminée, il est évident que les considérations de
marché vont devenir importantes. C'est pour ça que je mentionnais
tout à l'heure qu'avant de donner son aval au plan quinquennal que
SIDBEC va produire, il est évident que les considérations de
marketing vont devenir très importantes. Parce qu'il ne s'agit pas
d'investir pour le plaisir d'investir et de se rendre compte, trois ou quatre
ans plus tard, que c'étaient de mauvaises décisions. Des
investissements de cet ordre doivent tenir compte de l'évolution des
marchés et de la demande et de la complémentarité qui doit
exister entre SIDBEC et les autres producteurs du Québec. Parce qu'on a
mentionné QuéSteel, mais il y a quand même FELCO et
d'autres producteurs de moindre importance au Québec, et c'est cette
complémentarité que nous souhaiterions voir s'établir au
Québec.
C'est pour cela que, même si ce plan quinquennal ne sera
prêt qu'au mois de décembre et terminé au mois de
février, nous avons déjà prévu une rencontre entre
le comité interministériel sur l'acier et les dirigeants de
SIDBEC pour le début de l'automne, et je pense que nous pourrons faire
le point sur les perspectives d'avenir dans le cadre des études et des
besoins d'investissement de l'entreprise.
Sur cela, je voudrais encore réaffirmer la foi du gouvernement
dans le succès d'une sidérurgie intégrée au
Québec. Je pense qu'il n'y a pas lieu d'être indûment
pessimiste, parce qu'il y a une mauvaise conjoncture présentement. Cette
entreprise, avec une modernisation en aval, a toutes les chances de devenir la
fierté du Québec et je pense que cette fierté, si elle est
au niveau du gouvernement, devra aussi se généraliser au niveau
des travailleurs mêmes de l'entreprise et au niveau de l'ensemble de la
population.
On a mentionné la part du marché que SIDBEC occupait au
Québec. Je pense qu'étant donné que SIDBEC a joué
un rôle important pour réduire les prix de l'acier au
Québec, qu'elle fournit des sources d'approvisionnement assurées
en cas de haute conjoncture, il faudrait aussi que les utilisateurs d'acier au
Québec réalisent l'existence même de SIDBEC et puissent
aussi contribuer à son succès; du moins c'est un souhait que je
formule.
Maintenant, M. le Président, je serais prêt à
appeler le premier article du projet de loi 41.
Le Président (M. Clair): J'appelle donc
immédiatement l'article 1 du projet de loi 41.
M. Garneau: Je ne ferai pas de longs débats sur le fait
qu'on demande à Sa Majesté de donner des fonds additionnels,
comme on en a déjà eus en commission. Je voudrais simplement dire
qu'après l'étude du projet de loi, je constate que la seule
différence dans la technique législative qui a été
utilisée est reliée à l'article 3. La technique
législative qui est utilisée à l'article 3, je n'y vois
pas d'objection, personnellement. On a décidé de donner les
montants au lieu de les exprimer sui-va/it les méthodes qui avaient
été utilisées dans IB^ projets de loi antérieurs.
En ce qui me concerne, je ne trouve pas que ce soit là une
difficulté de quelque nature que ce soit.
Quant à moi, je serais prêt à considérer les
cinq articles adoptés.
Le Président (M. Clair): Article 1...
M. Biron: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Lotbinière.
M. Biron: Je rejoins mon collègue, le député
de Jean-Talon, sur chacun des articles et moi aussi, je serais prêt
à considérer les cinq articles de ce projet de loi comme
adoptés.
M. Charbonneau: Egalement, du côté
ministériel.
Le Président (M. Clair): L'article 1, adopté.
L'article 2, adopté. L'article 3, adopté. L'article 4,
adopté. L'article 5, adopté. La commission permanente de
l'industrie et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche
termine donc ici l'étude article par article, du projet de loi no 41,
après avoir adopté sans amendement ledit projet de loi.
Je remercie les représentants de SIDBEC et chacun des membres de
la commission pour leur collaboration lors de ces travaux.
La commission ajourne donc ses travaux sine die et je rappelle au
député de Laprairie qu'il doit agir comme rapporteur de ce projet
de loi au moment opportun. Merci.
(Fin de la séance à 22 h 41)