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Etude des crédits du ministère
du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche
(Seize heures quarante minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs!
Tout d'abord, je voudrais m'excuser de mon retard, parce que j'ignorais
totalement que je présidais cette commission.
Séance de la commission de l'industrie et du commerce, du
tourisme, de la chasse et de la pêche, chargée d'étudier
les crédits du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche. Les membres de la commission pour la séance d'aujourd'hui
seront: M. Cordeau (Saint-Hyacinthe) en remplacement de M. Biron
(Lotbinière); MM. Bordeleau (Abitibi-Est), Desbiens (Dubuc), Duhaime
(Saint-Maurice), Fallu (Terrebonne) et remplacement de M. Godin (Mercier); M.
Grenier (Mégantic-Compton), Mme Leblanc (Iles-de-la-Madeleine), M.
Verreault (Shefford) en remplacement de M. Mackasey
(Notre-Dame-de-Grâce); MM. Mailloux (Charlevoix), Marcoux (Rimouski),
Marquis (Matapédia), Mercier (Berthier), Michaud (Laprairie),
Pagé (Portneuf), Perron (Duplessis), Raynauld (Outremont) et Tremblay
(Gouin).
Je pense qu'à ce stade-ci, il y aurait lieu de désigner un
rapporteur pour la commission.
M. Pagé: Le député de Matapédia.
Le Président (M. Vaillancout, Jonquière): Est-ce
que le député de Matapédia accepterait?
M. Marquis: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): De
consentement unanime, le député de Matapédia, M. Marquis,
est désigné rapporteur de la commission.
Pour le bénéfice des membres de la commission, comme j'ai
l'habitude de le faire avant chaque commission, je pense qu'il serait dans
l'ordre que M. le ministre nous fasse un exposé général,
que l'Opposition officielle, également, fasse un exposé
d'ensemble, de même que l'Opposition reconnue. Ensuite, tous les
députés qui voudront bien intervenir, pour faire un exposé
général sur la politique du ministère, pourront le
faire.
Par la suite, on pourra procéder à un ensemble de
questions générales qui pourraient déblayer le terrain,
pour plus tard. Finalement, on pourrait entreprendre l'étude des
programmes un à un, de même que chaque élément.
Si cette politique convient à l'ensemble des membres, je
demanderais à M. le ministre de prendre la parole.
Exposé préliminaire du ministre
M. Yves Duhaime
M. Duhaime: Merci, M. le Président. Vous me permettrez de
vous présenter d'abord mon sous-ministre, M. Michel Duchesneau, qui est
à ma gauche. Je vais nommer les quatre autres sous-ministres adjoints,
par ordre alphabétique: M. Champagne, sous-ministre adjoint à
l'aménagement; M. Guy Langlois, aux finances; M. Moisan, à la
conservation de la faune et M. Prévost, au tourisme.
M. le Président, le budget du ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche comporte, à son total, sept
éléments pour un montant global de $106,6 millions,
comparativement à $98,2 millions pour l'exercice 1976/77.
Nous aurons l'occasion, bien sur, de revenir sur chacun des postes et
des éléments de programmes.
Cependant, je voudrais dire tout de suite que, cette année, en
dehors des considérations de crédits, nous allons d'abord
travailler c'est déjà presque en route; on est au stade de
bâtir et de constituer des comités de travail pour
qu'à la fin de l'année 1977, on puisse publier trois livres
verts, un sur le tourisme, un autre sur la faune et un sur le plein air.
Le deuxième volet qui va retenir notre attention cette
année, c'est, bien sûr, la mise en place de la
réorganisation du ministère: il s'agit d'une
décentralisation vers les régions. La réorganisation
majeure m'apparaît être que, dans chacune des régions, nous
aurons un administrateur qui aura autorité sur les trois secteurs
traditionnels du ministère.
Cette année également et d'une façon
spéciale, bien sûr, à cause de tout le contexte
économique que nous traversons actuellement, il m'est apparu que
l'occasion était souhaitable que l'on puisse mettre sur pied un
programme d'emploi. Au budget, vous allez retrouver un montant de $6 millions
qui vont nous permettre de créer temporairement 1200 emplois et qui nous
permettront aussi de commencer ou de terminer des travaux d'infrastructures,
principalement dans les réserves et les parcs déjà
existants.
Un autre point majeur qui est déjà en route et qui sera
accentué au cours des mois qui viennent, c'est la réorganisation
complète de toute la promotion touristique du Québec, tant
à l'intérieur du Québec qu'à l'extérieur. Je
vous dis à titre d'exemple que nos amis de l'Ontario sont
présents à Los Angeles alors que nous n'y sommes pas, qu'ils sont
présents à Hambourg alors que nous n'y sommes pas et je pourrais
vous citer peut-être une quinzaine d'endroits dans le monde où
l'Ontario fait sa propre promotion touristique, sans aucun doute parce qu'il
n'est pas plus heureux que nous du travail que fait l'Office du tourisme
canadien.
J'ai eu l'occasion, cet après-midi, de rendre publique une
décision du gouvernement de pousser de l'avant et de réaliser un
centre international des congrès à Montréal. Je pense que
tout le monde comprend qu'on ne peut pas exposer, pour éviter que la
faune traditionnelle se mette à nous faire l'enchère sur les
terrains... Je pense que Montréal, c'est vaste et il y a plusieurs
endroits où cela peut s'implanter, mais j'entends bien mener
à
bien ce projet cette année, c'est-à-dire sa mise en
chantier.
Un autre point majeur que le ministère envisage cette
année cela fait parler beaucoup de monde depuis au moins dix ans,
sinon plus c'est tout le programme d'accessibilité aux
ressources. A ce sujet, un groupe d'étude a été
formé au ministère pour que l'on puisse voir comment mettre en
application ce programme d'accessibilité en tenant compte des
différentes modalités qui pourraient être retenues en cours
de route, en tenant compte aussi d'un calendrier, mais en tenant compte surtout
de la conservation et de la protection de la faune.
M. le Président, je pense vous avoir brossé un tableau
rapidement en retenant les éléments majeurs de ce que nous ferons
cette année au ministère. C'est la première fois que je
viens défendre les crédits d'un ministère. Je me fie sur
ceux qui sont en face de moi pour m'aiguillonner...
M. Pagé: Vous n'êtes pas mal jusqu'à
maintenant. Cela va bien.
M. Duhaime: Je ne vous dis pas que je les suivrai partout, mais
je suis prêt à tenir compte de l'expérience qu'ils ont
accumulée. Alors, on pourra procéder plus tard, programme par
programme, ensuite par élément de programme.
M. Pagé: Oui, il est généralement de mise
que chacun des partis officiellement reconnus fasse une déclaration et
que, par la suite, on dresse ensemble un tableau général ou qu'on
puisse poser des questions d'ordre général sur l'ensemble des
activités du ministère avant d'aborder chacun des programmes
particuliers.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Portneuf.
Remarques de l'Opposition M. Michel
Pagé
M. Pagé: Merci, M. le Président. D'abord, je vais
dire un peu comme le ministre, c'est la première commission
parlementaire que je fais de ce côté et je voudrais profiter de
cette occasion qui m'est offerte, parce que c'est quand même la
première tout le monde est un peu nouveau, sauf mon
collègue de Charlevoix . Je voudrais tout d'abord profiter de
l'occasion qui m'est offerte pour remercier c'est la première
occasion qu'on a pour remercier particulièrement les
fonctionnaires du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche pour la bonne et valable collaboration qu'ils nous ont toujours
offerte pendant les six ans qu'on a tenu, avec beaucoup de doigté, les
rênes du pouvoir au Québec. Je parle de ceux qui travaillent
chaque jour dans nos parcs, dans nos réserves, dans nos postes
d'accueil, de ceux qui oeuvrent sur le terrain même pour que les
objectifs du ministère du Tourisme puissent se réaliser. Tous
ceux qui sont ici à Québec aux différentes direc- tions,
les directeurs généraux, leurs collaborateurs, leurs adjoints,
les sous-ministres adjoints, M. le sous-ministre, qu'on connaît bien, qui
nous a toujours donné une bonne collaboration. Je voudrais, au nom de
l'Opposition officielle, les remercier pour ce qui s'est fait entre 1970 et
1976.
On a peut-être eu, à certaines occasions, des petits
différends, que ce soit des différences de conception, que ce
soit entre la volonté politique d'action, d'une part, et l'expression
administrative, mais quand même, somme toute, on peut dire que cela a
été un travail serein, un travail valable, positif et
concluant.
M. le Président, il y aura déjà six mois que le
Parti libéral m'a confié la responsabilité de surveiller
l'évolution du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, secteur tourisme, loisir qui, comme on le sait, a connu une
expansion très rapide de 1970 à 1976. A ce sujet, nous n'avons
qu'à nous référer aux activités de loisir et de
tourisme elles-mêmes et aussi à l'effort qu'a
déployé l'ancien gouvernement à ce chapitre.
Le nouveau titulaire du ministère aura constaté que mon
attitude, en tant que critique de son ministère, s'est toujours voulue
positive, et c'est à ce titre que j'aimerais m'associer à la
philosophie et à l'approche du nouveau ministre, comme l'avait
d'ailleurs fait le député de Saguenay, M. Lessard, lorsque nous
formions le gouvernement.
Cette attitude contributive a comme objet strictement d'exprimer, de la
part de l'Opposition officielle, cette volonté bien arrêtée
que le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche soit
doté des instruments dont il a besoin pour réaliser les grands
objectifs qui lui ont été dressés par les ministres
précédents, que ce soit M. Loubier, Mme Casgrain ou M. Simard,
bien sûr, pour répondre à une demande évidente, et
en progression fulgurante des citoyens de la province de Québec
vis-à-vis des services que nous pouvons et devons leur offrir.
Cependant, M. le Président, je demeure très sceptique, car
le ministre actuel nous donne fort peu d'objet de satisfaction et de
réjouissance. Après déjà six mois d'administration,
en effet, celui-ci semble avoir beaucoup de difficulté à saisir
la dimension de la mission sociale qu'il accomplit, qu'il doit accomplir depuis
le 26 novembre 1976, mission qui s'inscrit dans un long cheminement et que,
pour atteindre les sommets voués à ce secteur d'activité,
il faut, dis-je, pour un ministre, être en mesure de s'assurer de la
collaboration de toutes les forces vives oeuvrant dans le secteur.
C'est cette attitude du nouveau ministre qui me force à exprimer
mon scepticisme. C'est à cause de cette attitude que nous devons
proposer au ministre certaines projections. C'est afin d'éviter les
effets négatifs de cette attitude, souventes fois surprenante, pour ne
pas employer un autre mot... On pourrait en parler, notamment après ce
qui s'est passé en Chambre cet après-midi qui, selon moi,
témoigne d'un désarroi qui n'est pas admissible. Je disais que
nous serons contraints de le suivre pas à pas dans chacune de ses
actions.
Depuis sa nomination, M. le Président, celui qui voulait
être le ministre de l'Agriculture s'est surtout attaché au secteur
spécifiquement touristique du ministère qu'il dirige. J'ai,
jusqu'à il y a quelques minutes encore, cherché à trouver
un élément nouveau de politiques dans ses déclarations,
que j'ai longuement analysées.
Heureusement, à ce chapitre d'exposé de nouvelles
politiques, le ministre devrait exprimer beaucoup de timidité, car si ce
n'est que de la réquisition de plusieurs études, de plusieurs
rapports le ministre y a d'ailleurs fait allusion dans sa
déclaration d'ouverture et une lointaine promesse de livre blanc
qui se transforme aujourd'hui en une promesse de trois livres verts, le bilan
des six premiers mois n'est pas très riche. Ce qui, toutefois, est aussi
grave, c'est cette habitude du nouveau ministre de vouloir, dans certains cas,
ridiculiser et minimiser ce qui s'est fait et ce que ses
prédécesseurs ont fait avant lui, cette facilité à
parler de marchés touristiques étrangers aussi
éloignés que ceux de l'Allemagne, d'Angleterre, de Los Angeles,
sans se soucier des objectifs actuels des stratégies de
commercialisation de son ministère et sans se préoccuper de
l'inconvénient qu'il peut y avoir à trop disperser les modestes
budgets dont il dispose encore pour les fins de commercialisation.
Le ministre ignore-t-il que la stratégie de commercialisation qui
a été conçue par les officiers de son ministère, en
collaboration avec ceux du gouvernement canadien, tient compte de nos
potentiels propres, des clientèles les plus susceptibles,
scientifiquement vérifiées, qui peuvent être
intéressées par ce produit et finalement par la
nécessité de concentrer notre action afin de la rendre encore
plus efficace?
Au contraire, le ministre actuel se transforme en une espèce de
Don Quichotte qui voit, un peu partout dans le monde vous y avez
d'ailleurs fait allusion dans votre déclaration et souventes fois
le plus loin possible, un client pour le marché québécois.
Votre attitude, M. le ministre, elle est dangereuse. Elle risque de nous faire
considérer le tourisme seulement comme un moyen d'expansion
économique et, dans ce contexte, la stratégie de
développement économique que vous pourriez élaborer risque
de tenir compte des seuls aspects économiques, telle la
nécessité de combler le déficit de la balance des
paiements d'un Québec indépendant, comme vous l'avez
déjà déclaré.
M. Duhaime: Si vous avez compris cela, c'est vrai!
M. Pagé: Une prise de position semblable risque de placer
le Québec sous la dépendance des clientèles
extérieures qui peuvent, à tout moment, se
désintéresser du produit québécois, surtout en cas
de crise économique, comme nous pouvons le prévoir si
l'affrontement avec les autres provinces canadiennes devait se poursuivre. M.
le ministre, il n'est pas suffisant de parler du tourisme social pour en faire.
Il faut considérer le tourisme comme un loisir et l'accès au
loisir comme une nécessité commune d'intérêt public.
C'est cette politique que votre prédécesseur avait
proposée à la population du Québec en faisant suite aux
recommandations en ce sens de l'organisation pour la coopération et le
développement économique et en proposant à
l'Assemblée nationale le projet de loi numéro 1 de l'année
1976.
C'est cette politique que vous devez préconiser, M. le ministre.
C'est d'ailleurs cette attitude que recommandait le rapport Sotar de 1967,
quand il disait que le tourisme est organisé par et pour les nationaux,
à leur image et leur ressemblance, suivant leurs besoins propres et
leurs différences spécifiques. L'affirmation de cette
personnalité ne peut qu'accentuer le contraste touristique et attirer
davantage un tourisme international.
C'est cette attitude que nous proposait votre prédécesseur
lorsqu'au début de la dernière commission parlementaire, il nous
proposait une action concertée du gouvernement et dans le secteur du
tourisme et dans le secteur du loisir.
Je le cite: "Le loisir a toujours permis la
régénération des facultés intellectuelles, il
permettra toujours le repos physique; le tourisme, instrument
privilégié de régénération du capital humain
évolue vers la prise de conscience de toutes les collectivités
qui peuplent notre globe". Il est probablement, disait-il, le meilleur
instrument de paix pour notre univers.
C'est cette attitude, M. le ministre, que vous devez adopter et nulle
autre, et chaque fois que vous vous en éloignerez, je me ferai, et mes
collègues également, un devoir de vous rappeler tantôt un
passage du programme du Parti québécois, tantôt un passage
du programme de notre formation politique et le plus souvent, je vous
rappellerai l'évolution même de la pensée collective en
cette matière.
J'aurai certainement l'occasion de préciser notre pensée
en cette matière tout au long de cette commission parlementaire. Il est
important que vous compreniez bien, M. le ministre et peut-être vous
éviterez-vous des critiques du type de celle que je lisais dans le
Soleil du 31 mars dernier, sous la plume de M. André Bellemare, lequel
vous reprochait d'investir inconsidérément des millions de
dollars pour faire la promotion touristique dans des pays étrangers et
attirer ici plus de touristes, alors qu'on ne répond même pas,
actuellement, aux aspirations et aux besoins des citoyens du Québec.
Cette critique, M. le ministre, elle est forte. Elle met en doute, et nous
croyons avec raison, le choix de vos priorités; mais au fait, en dehors
de vos déclarations, en ce qui a trait au domaine touristique, je
devrais dire économie du tourisme, nous ne retrouvons, encore une fois,
aucun énoncé de politique de votre part. Proposez-vous
l'abolition des clubs privés comme l'a mise de l'avant le Parti
québécois? Proposez-vous une meilleure gestion des territoires
publics en fonction des ressources cynégétiques et halieutiques?
Proposez-vous d'achever la mise en place d'un programme de crédit
touristique tel qu'on l'avait amorcé, tel qu'on l'avait
élaboré?
Proposez-vous l'abolition du ministère du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche au profit de la création, éventuellement,
d'un ministère des ressources? Souscrivez-vous à la
volonté exprimée à l'intérieur de votre
ministère de faire de nos parcs des sanctuaires où les
activités de chasse et de pêche seraient ramenées à
leur plus stricte expression? Souscrivez-vous aux activités de certains
membres de votre cabinet qui donneraient, à droite et à gauche,
des directives concernant l'engagement et le congédiement des
employés et enfin, l'adoption de certaines politiques d'opération
que même, dans certains cas, à ce qu'on me dit, vos fonctionnaires
considèrent comme allant dans le sens contraire d'une saine gestion des
parcs?
M. le ministre, je regrette d'être forcé d'y revenir, mais
je crois qu'en acceptant le poste de titulaire et de ministre du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche, vous avez accepté les
responsabilités qui en découlent. La responsabilité
principale, à notre sens, est d'assurer à tous les citoyens du
Québec, la possibilité de fréquenter leur territoire et
d'en profiter. Je me dois d'ailleurs de vous référer sur ce
thème à la pensée que développait votre
prédécesseur le 14 novembre dernier quand il proposait aux
membres de la Fédération de la faune notre politique: Perspective
pour tous. Votre prédécesseur avait acquis et je souscris
à cette conviction que ce que les citoyens de la province de
Québec recherchent, c'est la possibilité de pratiquer leur
activité de plein air préférée le plus souvent
possible à un coût proportionnel aux revenus de chacun.
Nous pensons qu'il est important de nuancer cette affirmation, M. le
ministre, puisque trop souvent dans le passé, les désirs des
Québécois ont été interprétés, dans
certains cas, avec une certaine démagogie, pour ne pas dire
galvaudés, qui en créant ces fantasmes, ont par le fait
même créé des besoins artificiels auxquels le ministre fait
fréquemment allusion quand il parle d'accessibilité.
Ce que nous voulons, c'est savoir où et à quel prix nous
pourrons pratiquer nos activités de plein air
préférées, mais ce que nous voulons pardessus tout, c'est
assurer à nos enfants un Québec aussi beau et si possible mieux
aménagé que celui légué par nos pères.
M. le ministre, c'est sur vos épaules que repose la lourde
responsabilité de mener à bonne fin la planification et la
gestion des ressources fauniques qui a été commencée sous
le précédent gouvernement. J'ose espérer et j'ose croire
que vous saurez vous montrer à la hauteur de la situation et que les
documents de planification qui nous avaient été promis par le
sous-ministre Duches-neau dans l'interview qui'il livrait à
Québec Chasse et Pêche, en décembre dernier, et que nous
avait promis précédement le ministre Simard, j'espère que
ces documents pourront refléter le désir de nos compatriotes. Je
vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Fernand Grenier
M. Grenier: M. le Président, permettez-moi, M. le
ministre, de vous féliciter de ce poste avant l'étude de vos
crédits. Le pape des journalistes vous qualifiait au début de la
semaine de ministre compétent, à la hauteur de la situation. On
sera en mesure de le juger au cours de la présente étude des
crédits, il avait l'air de trouver que vous auriez même pu faire
un superministre.
M. Duhaime: Ryan m'a accordé un sursis.
M. Grenier: Pardon?
M. Duhaime: J'ai un sursis au Devoir.
M. Grenier: Est-ce vrai?
M. Duhaime: Oui, j'ai vu ça.
Une Voix: C'est dangereux.
M. Grenier: II faudra faire attention.
Maintenant, comme vous avez présenté vos fonctionnaires et
que l'Opposition officielle les a déjà félicités,
j'ai l'habitude et la réputation de me charger d'envoyer les pots. Je ne
voudrais pas que les fonctionnaires aient peur de ces articles publiés
ces derniers temps qui disent que ces derniers prennent plaisir à
défaire des députés. Ce n'est pas à vous que
ça s'adressait, c'était dans d'autres ministères, dans des
buts très précis et très directs.
Cependant, je sais, pour avoir fait un court séjour au tourisme
qui a duré l'espace d'un matin, soit de janvier 1970 à la nuit
tragique du 29 avril 1970, comme député
délégué au Haut-Commissariat... j'ai reconnu quelques
figures qui étaient là à ce moment-là, mais mon
passage a été si court que je n'ai même pas pu retenir tous
les visages.
Soyez assurés que notre parti comprend le rouage gouvernemental
et voudrait collaborer avec le ministre, bien sûr, à la
réalisation de son programme dont on fera état dans quelques
minutes et il compte sur votre participation large et connue, et de votre
compétence au niveau du ministère du tourisme.
Le grand intérêt que porte l'Union Nationale au secteur du
tourisme, de la chasse et de la pêche est connu. Depuis 1966, l'Union
Nationale s'était engagée dans un processus de
démocratisation du secteur visant à assurer à tous les
Québécois l'accessibilité aux richesses fauniques du
territoire québécois, de même qu'elle inaugurait des
programmes modernes de protection et de conservation de ces richesses.
C'est également en vertu de cet intérêt qu'à
la même époque, l'Union Nationale donnait un virage moderne et
jeune au ministère, en lui insufflant un dynamisme nouveau quant
à la promotion touristique au Québec et à
l'étranger.
L'Union Nationale avait compris l'importance grandissante de ce secteur
dans l'évolution de ce
qu'il est convenu d'appeler la civilisation du loisir et le rôle
primordial qu'il devait tenir sur la scène des activités
gouvernementales, car tout en étant un secteur de services, le tourisme
est aussi une industrie, une industrie qui doit, tout à la fois, tenir
non seulement compte d'aspects économiques, mais aussi d'aspects
culturels, sociaux et politiques.
Le principe premier qui a toujours guidé l'action de l'Union
Nationale dans le secteur touristique est le principe de la concertation de
tous les éléments concernés: la population, l'entreprise
privée et le gouvernement.
Sous une telle concertation, les objectifs que l'on se doit d'atteindre
ne peuvent qu'être réalisés. La régionalisation des
activités et la décentralisation administrative du
ministère du Tourisme, ont toujours été les objectifs vers
lesquels a tendu la politique touristique de l'Union Nationale, en vue de
démocratiser le secteur et en favoriser l'accessibilité à
l'ensemble de la population.
C'est en gardant ces grands thèmes en tête que nous allons
étudier les crédits 1977/78 du ministère du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche. Nous nous attacherons également à
obtenir du ministre sa conception d'une politique globale du tourisme au
Québec.
En ce qui regarde les prévisions des dépenses, nous
interrogerons le ministre sur ce qu'il entend faire exactement avec son budget,
pour insuffler une vie réelle à son ministère,
au-delà des simples activités. Par exemple, affecter quelques
centaines de milliers de dollars à des travaux au parc du mont
Sainte-Anne, en prévision de la tenue des championnats mondiaux junior
de ski nordique en 1979, parc qui nous tient particulièrement à
coeur, puisque c'est nous, à l'époque où nous formions le
gouvernement, qui l'avions conçu; affecter, toujours au mont
Sainte-Anne, plusieurs centaines de milliers de dollars aux travaux de
construction du condominium et d'une hôtellerie; affecter plusieurs
centaines de milliers de dollars aux travaux de réfection du manoir
Richelieu, à Pointe-au-Pic, lequel doit devenir un centre mondial pour
la tenue de congrès; et, enfin, affecter plusieurs centaines de milliers
de dollars aux travaux d'aménagement du nouveau parc provincial
Frontenac, ce qui m'intéresse personnellement au plus haut point,
étant donné que ce parc se situe en très grande partie
dans ma circonscription.
J'interrogerai, bien sûr, le ministre, sur la possibilité
d'ouvrir à la pêche plusieurs lacs supplémentaires dans les
parcs et réserves, sur la possibilité de "déclubber"
plusieurs rivières à saumon, sur la possibilité
d'éliminer les clubs privés et les rendre accessibles à la
population.
Je rappellerai au ministre qu'il existe chez lui des travaux d'urgence
à faire dans les parcs et réserves et lui demanderai comment il
entend s'acquitter de ses responsabilités pour rendre habitables les
chalets qui ne sont plus en état d'accueillir les visiteurs, pour ouvrir
les voies d'accès et fournir aux sportifs les aménagements des
centaines de lacs actuellement inaccessibles, pour dé- mocratiser
l'accès de nos richesses fauniques et en assurer le maintien et la
conservation, pour augmenter le nombre d'agents de conservation de la faune et
leur fournir les équipements adéquats, pour faire la lutte et si
possible enrayer le braconnage, pour assurer le respect de l'environnement et
du patrimoine faunique québécois.
Au chapitre de la promotion touristique à l'étranger, je
l'interrogerai longuement sur sa conception et celle de son gouvernement du
marketing touristique québécois et après, au terme de nos
travaux, j'espère que j'aurai pu obtenir tous les
éclaircissements sur la façon dont il entend concrètement
satisfaire aux aspirations des Québécois.
Je m'en voudrais de ne pas prévenir le ministre que, tout au long
de nos travaux, je comparerai tout ce qu'il nous proposera comme programme
d'action à ce qu'il proposait aux Québécois durant la
dernière campagne électorale.
Puis-je ici rappeler au ministre les éléments du programme
du Parti québécois en matière de tourisme, de chasse, de
pêche, de protection de la nature et de l'environnement? Le Parti
québécois s'engage, disait-on sur les tribunes au cours du mois
d'octobre et du début de novembre, à établir une loi-cadre
assurant le développement du tourisme dans une double perspective,
l'accessibilité pour les Québécois à toutes les
formes de loisirs qu'offrent le territoire et l'attrait du Québec pour
les étrangers; à assurer l'essor du tourisme social en rendant
les voyages accessibles à tous les citoyens, spécialement aux
groupes défavorisés, et en étendant à d'autres
clientèles le programme qui s'adresse à la jeunesse;
deuxièmement, établir dans le cadre du plan, avec la
participation des agents impliqués, un programme global subdivisant le
territoire en zones, selon leur vocation et leur attrait touristique
particulier, et déterminant les besoins d'investissement;
troisièmement, augmenter les investissements publics, notamment dans le
réseau routier et d'hébergement; créer des
villages-vacances, un réseau d'auberges du citoyen,
particulièrement pour les familles à faible revenu; abolir
immédiatement les clubs privés de chasse et de pêche en
prévoyant toutefois les cas particuliers des pourvoyeurs. C'était
beau, une campagne électorale, j'ai hâte de voir si cela se
réalisera au cours des quatre prochaines années, des trois
prochaines années.
M. Duhaime: C'était une belle campagne. M. Grenier:
Pardon?
M. Duhaime: C'est vrai que c'était une belle campagne.
M. Grenier: Elle est finie cependant, c'est le temps de l'action.
Sauvegarder le milieu écologique en s'appuyant sur un personnel
spécialisé et en établissant un programme
d'éducation populaire à l'intention des citoyens et des touristes
étrangers; interdire l'appropriation par des intérêts
étrangers d'espaces de grand intérêt touristique et
récréatif; agrandir, après consultation avec la
population, les organismes locaux, le territoire actuellement constitué
en parcs; rendre ceux-ci inviolables et accessibles gratuitement à tous
les citoyens québécois et distinguer quatre types de parcs: a)
des parcs naturels où seront protégées de façon
permanente les portions du territoire représentatives des principales
régions écologiques ainsi que les sites naturels
présentant des caractéristiques hors de l'ordinaire et où
seront interdites toute exploitation forestière, minière ou
hydroélectrique des ressources ainsi que la chasse et la pêche; b)
les parcs historiques établis pour préserver de façon
permanente certains milieux géographiques de haute signification
historique; c) des sanctuaires de faune dans le but de protéger
certaines espèces fauniques rares; enfin, d) les parcs de chasse et de
pêche; mettre en oeuvre un programme d'embellissement et de
réglementation de l'affichage et fournir l'assistance financière
nécessaire aux fins de restauration ou de préservation; former et
employer des équipes spécialisées dans les divers secteurs
d'activité touristique et, pendant la haute saison touristique, former
et employer à ces tâches, ainsi qu'à l'accueil des
touristes, des équipes d'étudiants.
C'est sur la foi de son programme et de celui de son parti que ce parti
s'estv u confier le pouvoir par l'électorat. En ma qualité de
député de l'Opposition, je faillirais à la tâche et
manquerais à mes devoirs envers le peuple du Québec si je ne
surveillais pas à la lettre l'application de ce programme que l'actuel
parti ministériel s'engageait, l'automne dernier, à
réaliser point par point.
A partir de ce moment, M. le Président, il me fera plaisir
d'intervenir sur chacun des articles du programme et de suivre de près
les crédits et d'assurer, bien sûr, le ministre que, dans ce
programme qui est élaboré, là où notre parti,
là où l'Union Nationale trouvera des aspects positifs, vous
pourrez compter sur notre franche et sincère collaboration.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
Réplique de M. le ministre
M. Duhaime: Je remercie mes collègues
députés de leur intervention. Je pense que ces offres de
collaboration sont vraiment d'une ampleur délirante et j'espère
qu'elles seront fondées. On pourra le vérifier en cours
d'année.
Je voudrais cependant corriger une affirmation que vous avez faites, M.
Grenier, concernant le condominium et l'hôtel au mont Sainte-Anne, pour
que tous les gens ne partent pas avec cette idée. Il est hors de
question qu'il y ait un seul sou du ministère du Tourisme qui aille
s'investir dans un condominium ou dans un hôtel au mont Sainte-Anne.
Ce que j'ai fait, cependant, puisqu'on parle du mont Sainte-Anne, c'est
qu'il y avait, bien sûr, ce programme déjà établi
quand je suis arrivé au ministère, de tenir des épreuves
de ski nordique junior pour 1979. Là, on voulait y engager, et
c'était programmé, la somme de $3,8 millions. La première
chose que j'ai faite en y arrivant, cela a été d'arrêter
cela et de faire réviser le programme en faisant une coupure de $2,6
millions sur cette programmation prévue et de collaborer avec des
promoteurs de sport internationaux pour arriver à réaliser quand
même l'épreuve en dépensant $1,2 million dont la plus
grande partie consiste en des investissements d'infrastructures qui pourront
être utilisées par toute la population du Québec
après la tenue de ces épreuves.
Mon collègue du comté de Portneuf a beaucoup
insisté sur ma préoccupation économique en matière
de tourisme. Je pense qu'il est temps que quelqu'un s'en préoccupe. Tout
le monde sait qu'un dollar dans le tourisme, en termes de devise, cela a un
effet multiplicateur. Il y en a qui nous parlent de 2, 4, moi je retiens 2. A
l'heure où on se parle, ce qu'on peut chiffrer, en tout cas et
là, on a un point un peu obscur, parce qu'on n'a pas les chiffres
précis et contrôlables sur le tourisme intracanadien sans
crainte de se tromper, on peut dire qu'on est en déficit touristique
dans un ordre de grandeur de $180 millions à $200 millions chaque
année. Si on tient compte du coefficient, je pense que l'activité
économique québécoise aurait drôlement besoin qu'on
se rattrape. Mon ambition n'est pas d'arriver avec un surplus de $200 millions,
pour ceux que la balance de paiements peut préoccuper, mais simplement
d'essayer d'atténuer ces $200 millions, parce que cela m'apparaît
aussi valable de travailler là-dessus que de travailler à de
l'implantation industrielle.
Je pense également que vous ne lisez pas tous les mêmes
journaux, sûrement, mais j'aurais aimé entendre mon
collègue de Portneuf souligner que les agences de publicité au
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche sont maintenant
choisies après un concours par jury, avec une recommandation qui est
faite au ministre. Dès cette année, la campagne
d'été, par exemple, a été faite avec ce processus.
J'ai suivi la recommandation du jury qui a été formé.
M. Pagé: On va en parler de cela, M. le ministre. On va en
reparler, certainement.
M. Duhaime: J'aurais aimé également qu'on mentionne
on va en parler, certainement ce que j'appelle modestement le
début d'une politique d'embauche au ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche. Je comprends que dans certaines régions du
Québec, cela peut être le monde à l'envers, parce que
d'après la perception que j'en avais et la confirmation que j'en ai eue,
il semblait que le cabinet ministériel, de même que les
secrétariats de comté, étaient fort actifs pour s'occuper
de l'embauche, bien sûr, sur des listes privilégiées.
J'aurais aimé également qu'on puisse reconnaître au moins
qu'en si peu de temps, sur le plan social, on a quand même
décidé d'ouvrir le manoir de Montmorency dès cet
été; précisément, le 22 juin, on aura l'occasion et
le plaisir de vous transmettre une invitation. Cela me paraît quand
même assez fantastique que le ministère du Tou-
risme se soit porté acquéreur et ait payé la maison
Montmorency, à l'époque, la mirobolante somme de $1 060 000 et
qu'on n'ait pas eu suffisamment d'imagination en deux ans, par la suite, pour
savoir ce qu'on en ferait. Le manoir Montmorency sera ouvert le 22 juin
jusqu'en octobre; ensuite, on va procéder à des
réparations majeures, dans certains cas. La vocation du manoir sera la
suivante: Le manoir va être mis à la disposition des personnes
âgées du Québec, non seulement celles de la région
immédiate de Québec, mais de toutes les régions, afin que
ces gens puissent venir dans la capitale à des coûts non
prohibitifs. C'est une de mes préoccupations de faire en sorte que dans
le Québec, on puisse avoir un réseau. Je suis content d'entendre
parler mon collègue de l'Union Nationale, M. Grenier, qui nous dit: II
faudrait aussi penser à des auberges pour les jeunes. Je ne sais pas si
c'est l'expression que vous avez employée, mais je peux vous dire
là-dessus qu'on va être d'accord.
Peut-être qu'on aurait pu mentionner aussi que tout
récemment, le ministère s'est porté acquéreur de la
baie de la Vallière dans le domaine de la faune. Cela s'inscrit, bien
sur, dans le projet beaucoup plus grand du fleuve et du parc à
l'intérieur de ce grand projet dont on a tant parlé, le couloir
fluvial.
Je pense que, en tout cas, même si on fait un bilan sommaire, en
si peu de temps et en si peu de mois, on a fait quand même pas mal de
choses, et soyez assuré que ce rythme de croisière sera maintenu.
Il est bien sûr que l'apprentissage du début peut paraître
long, à certains experts, mais moi, pour ma part, sans donner un
satisfecit à tous ceux du ministère du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche, et moi le premier, je pense qu'on peut dire que ce qui a
été fait jusqu'à maintenant a été
amorcé rapidement, a été mis en route rapidement et, avec
les indications que je vous donnais tout à l'heure, je pense qu'on a du
pain sur la planche pour pas mal de mois en avant de nous.
Je voudrais simplement remercier M. Grenier de nous avoir rappelé
les grands points, même que vous avez donné le menu détail
du programme du Parti québécois pour ce qui est du tourisme, de
la chasse et de la pêche. J'espère que ça deviendra votre
livre de chevet et, qu'à l'occasion, ça pourra vous inspirer.
M. Grenier: Cela pourra même m'empêcher de
dormir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
qu'il y aurait d'autres députés qui voudraient faire un
exposé sur la politique du ministère du Tourisme, de la Chasse et
de la pêche? M. le député de Charlevoix.
Discussion générale
M. Mailloux: M. le Président, je voudrais simplement faire
deux observations. La première a trait à l'annonce que vient de
faire le ministre du Tourisme, selon laquelle la maison Montmorency, reconnue
d'ailleurs comme un site historique connu de tous les Québécois,
pour ne pas dire des étrangers ou des Canadiens, sera ouverte dans le
cours de l'été, soit le 22 juin, et qu'on y invitera
principalement des personnes âgées.
Il y a eu une interrogation assez profonde de la part du
précédent gouvernement quant à l'affectation d'une telle
construction. Je pense que l'actuel ministre, quand il dit qu'à compter
du 22 juin prochain, on pourra héberger des personnes âgées
à cet endroit et d'autres groupes, si le site est incontestablement
historique, je me demande quelle protection on pourra accorder principalement
à des personnes âgées dans une construction essentiellement
en bois, datant de plusieurs décennies, qui n'offre pas toutes les
garanties en cas d'incendie ou d'autre problème semblable... je me
demande si le ministère du Travail est prêt à accepter une
recommandation sans que des transformations assez importantes y soient
apportées.
Deuxième observation que je voudrais faire, c'est que,
tantôt, le ministre est revenu avec emphase sur le fait que, dans le
passé, l'ensemble de ceux qui, comme occasionnels ou autrement,
étaient engagés au ministère, l'étaient
principalement sous la directive des députés
ministériels.
Je voudrais simplement faire remarquer, sans malice, au ministre du
Tourisme, qu'il y a un lieu dans Charlevoix, qui est bien connu des gens de la
province de Québec, qui s'appelle le mont Sainte-Anne, qui fait partie
du nouveau Charlevoix, et je représente ce comté depuis 1973. Je
me rappelle avoir été au mont Sainte-Anne à une seule
occasion en présence du ministre, du sous-ministre et de
l'administrateur du centre, et je mets au défi le ministre de trouver
une seule recommandation qu'a pu faire le député de Charlevoix
pour l'embauche à ce centre, qui emploie quand même passablement
de personnel.
Il faudrait quand même qu'on arrête de chercher la
bête noire chez chaque député qui contrôlait
l'ensemble de l'embauche des occasionnels, et ce serait le temps qu'on parle de
la directive actuelle, à qui je souhaite la meilleure chance possible.
On sera en mesure, d'ailleurs, de faire des commentaires d'ici la prochaine
année. Mais quand je constate la procédure qu'on a établie
pour le renouvellement des contrats de ceux qui ont la gérance de clubs
gouvernementaux, quand je regarde plus particulièrement mon
comté, je ne sais pas si, dans l'esprit des fonctionnaires ou du
ministère, on a cru que les gens qui, annuellement, pouvaient faire des
réservations à ces clubs, pouvaient laisser faire du braconnage
inacceptable par des gens qu'ils connaissaient mieux.
Mais quand je m'aperçois qu'on a complètement
bousculé l'ensemble des gardiens, prenant celui du lac Sainte-Anne,
l'envoyant sur le boulevard Talbot, prenant celui du Partageur et l'envoyant au
Merika... cela va être la confusion la plus totale tantôt dans
l'ensemble de ces parcs et cela n'a même pas été fait pour
des considérations politiques parce que je vois actuellement que des
gens qui ont voté à deux mains pour le Parti
québécois ont été les plus bousculés de
ceux-là. Je comprends mal comment il se fait qu'on ait pu agir de cette
façon. Si on avait des preuves que
des gérants de clubs aient laissé persister le braconnage
par des invités, on n'avait qu'à les mettre simplement de
côté. La rotation qu'on a faite chez l'ensemble de ces
gens-là va être complètement nocive à la protection
de la faune sur l'ensemble du territoire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): D'autres
députés. Alors, on peut maintenant passer aux questions d'ordre
général en suivant la politique traditionnelle,
c'est-à-dire l'Opposition officielle.
M. Duhaime: M. le Président, je pourrais peut-être
répondre tout de suite aux deux interrogations du député
de Charlevoix...
M. Mailloux: Qui sont faites sans malice.
M. Duhaime: Qui sont?
M. Mailloux: Qui sont faites sans malice.
M. Pagé: II n'y a pas de malice de notre
côté.
M. Duhaime: Du député de Charlevoix. D'abord pour
ce qui est de l'embauche, je suis très heureux de constater, je suis
prêt à admettre qu'il y a des exceptions qui sont venues confirmer
une règle... Deuxièmement, votre question portait sur la
sécurité des personnes âgées susceptibles
d'être reçues au manoir Montmorency. Soyez assuré, M. le
député, que c'est la première question que je me suis
moi-même posée. Je me suis rendu, si profane suis-je, pour avoir
une idée et évaluer les lieux. J'ai constaté, de mes deux
yeux vu, qu'il y avait un système de gicleurs et nous avons de plus
obtenu, après une demande d'inspection, un accord du ministère du
Travail qui est généralement chargé de vérifier
l'état de ces bâtisses et de statuer sur la sécurité
en cas d'incendie, surtout pour ce genre de construction.
M. Mailloux: La question que je me pose est la suivante. Le
service de l'hôtellerie, comme c'est son droit d'ailleurs, fait
actuellement certaines difficultés au renouvellement de permis
d'hôtels construits en bois où la clientèle est quand
même plus jeune que les personnes âgées. J'imagine que,
même s'il y a des gicleurs, comme le dit le ministre... je me rappelle
qu'ici même dans le Québec métropolitain, le feu a pris
dans des bâtisses en béton possédant des gicleurs et il
n'en est resté que très peu de cendres.
Et c'est l'hésitation qui avait amené le
précédent ministre avant d'affecter une telle construction
à des personnes ne pouvant se déplacer très
facilement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Je ne reprendrai
par les termes, ce dont a fait état le ministre du Tourisme, dans sa
réplique; on aura l'occasion d'en discuter dans chacun des programmes
res- pectifs lors de l'étude pour approbation, que ce soit la balance
commerciale, l'activité du ministère ou l'orientation que le
ministre veut donner au secteur tourisme de son ministère, et toutes les
autres questions dont il a fait état.
La première question est bien concrète; elle se pose au
début de tous les travaux. Le ministre est-il disposé à
nous faire lecture de la liste des personnes qui travaillent à
l'intérieur de son cabinet?
M. Duhaime: Avec grand plaisir.
M. Pagé: Avec leur salaire, leur date d'entrée en
fonction, l'examen, le numéro de concours et tout cela?
M. Duhaime: Si vous demandez le numéro d'assurance
sociale, cela va aller au moins à 8 heures ce soir.
M. Pagé: Je ne demande pas le numéro d'assurance
sociale ni le nom de leur femme. Je demande la date d'entrée en
fonction.
M. Duhaime: Je peux vous donner tout de suite leur nom, quant aux
sous-questions qui s'y rapportent, je pourrai vous fournir la réponse au
cours de l'étude des crédits. Je dois d'abord dire qu'ils sont
tous très valables.
M. Mailloux: Tous québécois?
M. Duhaime: On a déjà entendu cela.
Une Voix: M. le Président, je pensais que
c'était...
M. Grenier: Avant d'aborder les questions
générales, c'est une question spécifique concernant la
politique d'embauche, à laquelle a fait allusion le ministre, je pense,
dans sa réponse, j'ai eu connaissance des appels d'offres. Est-ce que
c'est une politique qui va être acceptée maintenant, à
votre ministère également, que de faire des appels d'offres pour
toute fonction disponible à votre ministère dans la province, non
seulement ici au ministère, à Québec, mais dans la
province, pour tous travaux manuels? Est-ce que c'est une politique qui va
être acceptée, qui va être adoptée globalement
à votre ministère?
M. Duhaime: Cela donne quand même une bonne idée de
l'orientation qu'on veut prendre. Pour les détails de la politique
d'embauche, peut-être que M. Gauvin, directeur du personnel, qui est ici,
pourrait vous en donner les grandes lignes. Cela va être bien plus
simple. J'ai référé le tout au bureau du personnel.
M. Pagé: M. le Président, on pourra faire cela au
programme 7 ou immédiatement. Je n'y vois pas d'objection, mais...
M. Grenier: J'ai seulement fait une mise en garde. On a
vécu cela...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En fait,
pour que les délibérations aillent très bien, je pense
qu'il faut comprendre qu'avant même d'entrer dans le programme 1, je vais
permettre des questions d'ordre très général sur la
politique du ministère, mais il ne faudrait pas entrer dans des cas trop
particuliers parce qu'il est bien évident que toutes les questions
d'ordre général que vous allez toucher vont revenir par la suite
dans les programmes. Le but de tout cela, c'est peut-être de
débloquer un peu la discussion.
M. Pagé: M. le Président, il a toujours
été de mise, au début des travaux de chaque
commission...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non, je
ne parle pas de votre question précise. Je l'ai entendue plusieurs fois
depuis deux semaines.
M. Pagé: Merci, M. le Président.
M. Grenier: Est-ce que cette politique d'embauche, pour
compléter... Nous venons de vivre, il y a un mois et demi, deux mois,
cet appel d'offres qui a été fait dans les journaux par le
ministère des Transports, qui a été une
monstruosité dans nos comtés, qui a été
épouvantable, chaque lundi matin, et cela a duré deux mois. Pour
obtenir 25 postes, on lançait un appel dans les journaux et là,
il y en avait 1200 qui offraient leurs services. Il fallait faire une
présélection, une "repréprésélec-tion" et
une autre et une autre et, finalement, il y en avait 1200 qui étaient en
maudit et il y en avait 40 qui avaient la "job". Si c'est pour être le
système, je vous demanderais bien de le voir à deux fois. C'est
recommencé dans votre ministère, chez nous encore. On vient juste
de finir avec les Transports et on vient de commencer à cause du parc
Frontenac. Ce n'est pas beaucoup mieux. Je vous demanderais de venir faire du
bureau une demi-journée dans notre circonscription pour voir ce que cela
donne, la politique d'embauche dans les journaux.
M. Duhaime: Moi aussi, j'en fais du bureau.
M. Grenier: Vous n'êtes peut-être pas... Oui, vous
devez avoir votre part, mais j'aimerais que vous veniez séjourner
là où les appels d'offres sont faits dans les journaux. C'est
affreux.
M. Duhaime: Je pense là-dessus que je peux confirmer avec
vous que l'ampleur de la réponse prouve qu'il y a des
Québécois qui veulent travailler, parce que je pense que c'est
rendu chez nous à 80 000.
M. Pagé: II y a beaucoup de chômage.
M. Duhaime: Oui, mais on est parti à 260 000
chômeurs, quand on est arrivé. Cela n'embarquera pas dans
cela.
M. Pagé: Vous êtes parti à un pourcentage
inférieur à ce que vous avez actuellement.
M. Mailloux: On est rendu à 330 000.
M. Duhaime: Pour répondre à votre question, M. le
député de Portneuf, mon chef de cabinet s'appelle Marcel
Belhumeur, mon secrétaire de comté s'appelle Raymond Roy;
Jean-Pierre Guay est attaché de presse, Luc Roy est secrétaire
particulier adjoint et Paul Larramendy est secrétaire particulier
adjoint.
M. Pagé: Paul?
M. Duhaime: Larramendy. Cela s'écrit comme cela se
prononce.
M. Pagé: Cela fait combien de temps que ce personnel est
engagé? Les derniers qui sont entrés en fonction le sont depuis
quand?
M. Duhaime: M. Larramendy a remplacé quelqu'un, depuis
deux semaines.
M. Pagé: Tous sont citoyens canadiens? M. Duhaime:
II y en a cinq. M. Pagé: Cinq en tout?
M. Duhaime: Cinq au cabinet, à part le personnel de
soutien, bien sûr.
M. Pagé: D'accord. Est-ce que tous les membres de votre
cabinet sont citoyens canadiens?
M. Duhaime: Oui.
M. Pagé: Est-ce que la dernière personne que vous
avez citée, M. Larramendy, est citoyen canadien?
M. Duhaime: Je pense que oui. J'avoue franchement que ce n'est
pas le genre de question que je pose quand je rencontre quelqu'un.
M. Pagé: Non, mais est-ce que vous l'affirmez, est-ce que
vous êtes prêt à vérifier?
M. Duhaime: On va s'informer.
M. Pagé: Vous allez vérifier; d'accord.
M. Duhaime: J'espère que vous l'êtes, vous, en tout
cas.
M. Pagé: Je suis fier de l'être à part cela.
M. Duhaime: On va vérifier cela.
M. Pagé: Et vous allez déposer de plus, tel que
convenu, la date d'entrée en fonction, les salaires, tout.
M. Duhaime: On va prendre cela. La date d'entrée...
Une Voix: Vous n'avez pas un secrétaire?
M. Duhaime: La date d'entrée en fonction, leur salaire et
ensuite?
M. Pagé: Leur curriculum vitae.
M. Duhaime: Mon Dieu, il y a au moins une partie sur laquelle je
peux répondre tout de suite. C'étaient de bons militants du Parti
québécois.
M. Pagé: ... mais j'aimerais que ce soit quand même
inscrit.
M. Duhaime: Ils sont là, d'abord et avant tout, parce
qu'ils sont compétents. Vous comprendrez que cela va de soi.
M. Pagé: Je l'espère pour vous. Au niveau du
personnel de soutien, combien avez-vous de personnes? Cela pourrait être
inclus dans le document que vous déposerez.
M. Duhaime: D'accord. Voulez-vous avoir un bilan comparatif? On
va le donner aussi.
M. Pagé: On pourra comparer. Ce serait peut-être bon
pour la gouverne du député de Laviolette.
M. Duhaime: D'accord. Dans le bilan comparatif, personnel de
soutien.
M. Pagé: M. le Président, le ministre, dans sa
déclaration, a fait état qu'il s'apprêtait à mettre
sur pied différents comités de travail qui auraient comme but de
rédiger trois livres verts, dont un particulièrement sur le
tourisme, un autre sur la faune et un sur le plein air. Il a parlé, de
plus, de la réorganisation de son ministère.
M. Duhaime: Je ne suis pas certain si j'ai mentionné plein
air, mais c'est loisir et plein air... parcs et plein air, pardon.
M. Pagé: Parcs et plein air, d'accord. Il a, de plus, fait
état de la réorganisation de son ministère; il avait
préalablement parlé dans une déclaration qui remonte, je
crois, à décembre, de la possibilité d'un livre blanc. A
l'étude des crédits du mois de décembre dernier, suite
à des questions de la part de l'Opposition officielle, le ministre avait
fait part à la Chambre qu'il était sensible à cette
question de l'orientation de son ministère et que, d'ailleurs, des
comités à l'intérieur du Conseil des ministres
siégeaient sur cette question.
Dans un premier temps, étant donné que le ministre du
tourisme a quand même un tuteur, un ministre qui a à chapeauter
les différentes activités du ministère, il y a notamment
le ministre d'Etat à l'aménagement. Cette question s'inscrit dans
le cadre d'une question globale formée de plusieurs questions auxquelles
vous pourrez répondre et sur lesquelles on pourra échanger.
J'aimerais, d'une part, savoir quels sont les dossiers qui sont
présentement étudiés par le ministre d'Etat à
l'aménagement et qui sont relatifs au fonctionnement, à
l'orientation ou à l'organisation du ministère du tourisme.
M. Duhaime: Je ne sais pas si je saisis bien votre question, mais
l'organisation, l'orientation du ministère du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche, c'est moi qui m'en occupe. Les dossiers qui sont
discutés au comité ministériel permanent de
l'aménagement, entre autres, je vais vous en donner un exemple, le
couloir fluvial qui était à l'OPDQ, cette partie, pour
étude, a été ramenée au comité
ministériel permanent à l'aménagement. Je vous dirai aussi
que le projet "Un fleuve, un parc" y est également traité, parce
que ça engage nécessairement des préoccupations
d'environnement et, là-dessus, je pense qu'on fait équipe, cela
va de soi, ça touche l'interministériel, bien sûr.
En dehors de ça, quant à l'orientation du
ministère, son organisation est traitée au ministère. Je
pourrais peut-être ajouter que sur le plan de la réorganisation,
déjà, un directeur à la planification a été
nommé, M. Ronald Clark, qui est en fonction. Le directeur de la
planification est M. Pierre Lefebvre, M. Clark étant affecté aux
opérations régionales.
M. Pagé: Vous avez fait état de discussions,
d'échanges et de participation du ministère de l'environnement
à un dossier particulier qui est "Un fleuve, un parc". Est-ce que le
ministère de l'environnement a collaboré avec les
autorités du ministère du Tourisme à d'autres dossiers que
celui-là?
M. Duhaime: Non, pas que je sache.
M. Pagé: Vous affirmez qu'il y a seulement un dossier
auquel travaille l'environnement?
M. Duhaime: J'aimerais peut-être avoir une réserve,
mais à brûle-pourpoint..
M. Pagé: A votre connaissance, il y a seulement le dossier
"Un fleuve, un parc" et on a décidé de ramener ce dossier au
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Bien sûr
qu'au comité interministériel, il y a des gens de l'environnement
qui s'y trouvent.
M. Pagé: D'accord.
M. Duhaime: II y a peut-être aussi un élément
qui est actuellement discuté, c'est la décision de
l'Hydro-Québec sur la ligne LG2 Chénier, Châteauguay, USA
dans l'optique de l'ordonnance rendue par l'Office national de
l'énergie.
Sur ce dossier également, on a eu une discussion; avec mes
collègues de l'aménagement, de l'environnement, de l'Agriculture,
des Affaires municipales, etc., il y a eu discussion. Il y a même une
réunion vendredi soir.
M. Pagé: D'accord. Jusqu'où les services du
ministre d'Etat à l'aménagement et ceux de l'environnement
sont-ils consultés et jusqu'où ceux-ci participent-ils au dossier
des unités d'aménagement? En fait, on y reviendra
concrètement et plus spécifiquement lors de l'étude,
programme par programme; on l'a déjà discuté aux
crédits du
mois de décembre, que toute cette question de
l'aménagement et de la gestion du territoire, vous la remettiez en cause
et que vous aviez des comités qui travaillent là-dessus.
Je voudrais savoir jusqu'où ces deux ministères, ces deux
ministres, ces deux titulaires entre autres, un qui est un ministre
tuteur, dont vous êtes sous la juridiction je voudrais savoir
jusqu'où ceux-ci sont impliqués dans ce processus d'analyse et de
consultation que vous êtes en train d'élaborer.
M. Duhaime: Ecoutez. Bien sûr que dans le gouvernement, je
m'en suis rendu compte très très rapidement, j'en avais une bonne
idée avant, le secteur interministériel est très vaste,
surtout dans un domaine comme le tourisme, la chasse et la pêche.
Vous me parlez précisément des unités
d'aménagement. Je pense que cela rejoint directement les questions de
territoires et d'aménagement de territoires. Si c'est ce à quoi
vous faites référence, là aussi, à
l'aménagement, on a eu des discussions mais très
préliminaires. Au sujet de ces dossiers, il est certain qu'avec mes
collègues des autres ministères, on aura à faire
équipe et le cas échéant, former des comités, non
pas une série de comités interministériels, mais bien des
comités où se regroupent des fonctionnaires des ministères
qui peuvent avoir une pertinence sur le sujet à traiter.
M. Pagé: D'accord. Alors, le ministre d'Etat à
l'aménagement et ses services ne sont pas encore directement
particulièrement au boulot dans ce dossier? Il est prévu qu'ils
seront assurément consultés, qu'ils auront a travailler à
l'élaboration de votre dossier. Mais au moment où on se parle,
ceux-ci ne sont pas dans le dossier?
M. Duhaime: Bien sûr, on ne peut pas dissocier les
unités d'aménagement prévues, ou à prévoir,
ou à bâtir, avec ce que mon collègue Jacques Léonard
annonçait, une loi-cadre d'aménagement du territoire. C'est dans
ce sens-là qu'on va travailler ensemble.
M. Pagé: D'accord.
M. Duhaime: On n'établira rien de contradictoire dans la
mesure où, à chaque quinze jours, peut-être même
davantage, on se rencontre pour traiter de ces dossiers.
M. Pagé: Alors, vous avez demandé au ministre
d'Etat à l'aménagement sa consultation pour l'implantation de
votre politique d'unité d'aménagement. Vous êtes
consulté? Le ministre du Tourisme est-il consulté dans le projet
que le ministre Léonard est à écrire ou à
élaborer, dans le projet de toute la question de l'aménagement du
territoire au Québec? Le ministère du Tourisme est-il
consulté dans cela?
M. Duhaime: Très certainement. Il l'est et il le sera.
M. Pagé: D'accord. Vous avez fait état que le livre
vert porterait sur le loisir. Dans une déclaration de récente
date, avril 1977, Loisirs Plus, on fait état d'une entrevue du ministre
délégué au Haut-Commissariat aux loisirs, M. Claude
Charron. Celui-ci fait état qu'un livre vert sera rédigé
et déposé éventuellement et je le cite: "Le livre vert
sera un effort d'éclaircissement, un exposé du gouvernement sur
le loisir québécois."
En quoi le ministère du Tourisme est-il consulté, d'une
part, parce que de par ce que vous citez dans votre déclaration,
à savoir que vous avez des attributions particulières au niveau
du loisir et c'est ce qu'on croit en quoi êtes-vous
consulté et jusqu'où participez-vous dans l'élaboration du
livre vert dont a fait état le ministre délégué au
Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports?
M. Duhaime: Ecoutez. Vous me rappelez un souvenir, lorsque j'ai
étudié Henricus Grenier, Saint-Thomas d'Aquin. Vous me demandez
presque la definitio définitionis.
M. Pagé: Ecoutez, c'est quand même très
sérieux, compte tenu de l'orientation à donner à votre
ministère.
M. Duhaime: Je vais vous répondre. Il n'y a rien de plus
sérieux dans ce que je vais vous dire. Je vous dis que si on avait ici
aujourd'hui la définition du mot "loisir", je pourrais vous donner une
réponse avec beaucoup de détails. Ce que je peux dire, cependant
pour répondre... Je vais répondre directement à votre
question...
M. Pagé: Je veux bien que vous me compreniez, bien
particulièrement, parce que depuis le 26 novembre et surtout
aujourd'hui, avec l'annonce de la politique du Centre international des
congrès, j'en perds mon latin.
M. Duhaime: Etes-vous contre cela, le Centre international des
congrès?
M. Pagé: Non, ce n'est pas cela, mais comme je vous l'ai
dit, cet après-midi, c'est une preuve de désarroi.
M. Duhaime: II a peut-être pu dire que vous étiez
d'accord sur cela, que vous avez travaillé là-dessus pendant
trois ou quatre ans et que vous n'avez pas été capable de prendre
une décision. Vous auriez peut-être pu dire cela. Il est bien
certain qu'à partir du moment où on parle de parcs et de plein
air, on est dans le loisir. Je pense que c'est l'évidence
même.
M. Pagé: Oui.
M. Duhaime: Si La Palice était ici, je pense qu'il serait
d'accord avec nous autres.
M. Pagé: Je présume.
M. Duhaime: II est certain que je vais éviter de faire
double emploi d'énergie. J'ai eu l'occasion de parler avec mon
collègue, Claude Charron, avec qui mon ministère entretient les
rapports les plus cordiaux et, j'ai demandé sa collaboration aux
comités qui vont travailler sur les trois livres; j'ai demandé
également que des gens du Haut-Commissariat viennent avec nous
travailler sur le volet parcs et plein air. Nous en sommes à
établir de quelle façon le ministère du Tourisme sera
également partie prenante dans l'élaboration des livres verts sur
les loisirs. C'est aussi simple que cela.
M. Pagé: D'accord. C'est probablement ce à
quoi...
M. Duhaime: Si vous cherchez une chicane, il n'y en a pas.
M. Pagé: Non, je ne cherche pas de chicane, je veux
connaître vos attributions et quelle sera l'orientation de votre
ministère par rapport à ce chapitre. Dans la même entrevue,
le ministre d'Etat au Haut-Commissariat dit: "II a été bien
entendu entre le ministre du Tourisme et moi que ce geste législatif ne
comporterait rien d'irréversible et de susceptible il parle de la
Loi sur les parcs, le projet de loi 19 que vous avez déposé
pour contrevenir aux politiques de plein air que le Haut-Commissariat
développera à la suite des livres verts".
M. Duhaime: C'est un champ de juridiction concurrentielle sans
prépondérance pour aucun des ministères à l'heure
où on se parle.
M. Pagé: D'accord, peut-être au moment où on
se parle, parce qu'en fait vous êtes à étudier...
M. Duhaime: C'est cela.
M. Pagé: ... à vous consulter entre vous, mais
jusqu'où l'orientation de votre ministère sera-t-elle
modifiée, compte tenu des différentes intentions exprimées
tant par le ministre d'Etat à l'aménagement, que par le ministre
délégué au Haut-Commissariat, le ministre des Terres et
Forêts et le ministre délégué à
l'Environnement?
M. Duhaime: Ecoutez, si vous me demandez de rendre un jugement
avant même qu'on ne commence...
M. Pagé: Quand même, dans la perspective que vous
entrevoyez pour l'orientation de votre ministère, il y a le secteur de
l'environnement, le secteur du loisir sous la juridiction actuellement du
Haut-Commissariat; le secteur de l'aménagement et le ministère du
Tourisme. Jusqu'où, les différentes études, les livres
verts il y a plusieurs livres, des livres verts, des livres blancs
s'inscrivent-ils dans l'orientation que vous, en tant que ministre, avec
vos collaborateurs, voulez donner au ministère du Tourisme, de la Chasse
et de la pêche?
M. Duhaime: Peut-être que parfois les choses les plus
claires et les plus simples passent inaperçues, mais à moins de
ne rien comprendre a ce que vous dites, il est entendu que l'environnement,
l'aménagement, l'Agriculture, les Affaires municipales et le
ministère des Affaires culturelles, tous ont affaires ou à peu
près... incluant le ministère d'Etat au développement
économique avec celui du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche,
c'est certain.
J'ai même entendu quelqu'un dire récemment que tout
était culture. A partir de là, on peut aller loin.
Précisément sur votre question, le ministre
délégué au Haut-Commissariat travaille sur des livres
verts et nous aussi. Ce que veut éviter mon collègue Charron et
moi-même, c'est qu'on fasse le même travail deux fois.
Je ne sais pas, je ne veux pas vous prêter d'intentions, mais si
vous craignez qu'on ne se marche sur les pieds, on s'en est rendu compte de
cela, nous aussi, et on va essayer de l'éviter, pour ne pas retarder le
dépôt de ces livres et pour ne pas retarder non plus
indûment une discussion et une consultation qu'on aura dans la population
là-dessus.
M. Mailloux: Si le ministre actuel avait été dans
le précédent cabinet, il aurait vu que la chicane, cela fait
longtemps que cela dure. La meilleure réponse qu'il pourrait donner,
c'est qu'il contrôlera les loisirs pour autant que les autres voudront
céder chacun leur part, mais il va y avoir des réserves
sérieuses partout.
M. Duhaime: Grâce au ciel, je n'ai jamais fait partie de
l'ancien gouvernement.
M. Mailloux: Oui, mais vous allez faire partie de celui-ci. La
meilleure réponse que vous pourriez donner, vous allez arriver
exactement au même résultat, et vous allez voir que les champs,
ils ne cèdent pas facilement.
M. Duhaime: Alors, on va se souhaiter bonne chance.
M. Mailloux: Je vous souhaite bonne chance. Une Voix:
Toujours sur le même sujet...
M. Duhaime: Alors, je prends acte que vous me souhaitez bonne
chance.
M. Mailloux: Je vous souhaite bonne chance.
M. Pagé: Je voudrais que le ministre prenne acte aussi de
mon admission quand je veux lui souhaiter bonne chance, parce que c'est quand
même un dossier important pour l'avenir du ministère du Tourisme.
Si le ministre est capable de dire: On ne se marchera pas sur les pieds dans
l'étude de nos livres verts respectifs on sait quel champ de
juridiction étudier chacun de notre côté si vous
êtes capable de nous dire cela, vous êtes capable de faire
état dans quel cadre d'orientation cela s'inscrit.
M. Duhaime: M. Mailloux vient de me jeter un regard que
j'identifierais à de la désespérance.
M. Mailloux: Je viens de vous donner la réponse.
M. Duhaime: Je vous avoue que mon approche des choses est en
général très optimiste. Je pense que, dans ce secteur, on
devrait être capable de trouver un modus vivendi, une fois qu'on aura
trouvé et bien arrêté la définition des choses. Ce
n'est pas en badinant tantôt que je vous parlais de la définition
de la définition, parce que tout le monde à cette table va
l'admettre, et je le donne en mille, celui qui est capable de me définir
le loisir cet après-midi, je vais lever mon chapeau devant lui.
M. Pagé: D'accord, M. Mailloux a suscité des
commentaires, mais vous n'avez pas répondu à ma question, M. le
ministre. Si vous êtes capable d'établir chacun vos juridictions,
parce que, comme vous l'avez déclaré, on ne veut pas se marcher
sur les pieds, on aura chacun nos affaires dans nos livres verts respectifs, si
vous êtes capable d'établir cela au départ, vous êtes
capable d'établir quelle orientation prendra chacun de vos
ministères respectifs. C'est là-dessus que je vous souhaite bonne
chance, mais on veut le savoir.
M. Duhaime: Si je peux m'exprimer, transposer cela dans la
formule la moins politique possible, je suis prêt à affirmer
péremptoirement qu'il y aura la souveraineté des parcs et du
plein air dans le loisir.
M. Pagé: Au ministère du Tourisme?
M. Duhaime: Oui, pour autant qu'on est concerné, à
l'heure où on se parle, aujourd'hui.
M. Pagé: Vous affirmez que le ministère du Tourisme
aura la souveraineté dans les parcs et loisirs?
M. Duhaime: Je vous dis ce qui existe.
M. Pagé: Oui, d'accord. Je sais ce qui existe, M. le
ministre, mais je veux bien qu'on se comprenne. Qu'est-ce que c'est, votre
orientation? Vous avez fait état d'orientation, de
réorganisation. Vous avez des études qui s'inscrivent dans le
cadre d'une réorientation. Quand on parle de réorientation, on
parle de ce qui s'en vient, des approches à venir et tout, des
attributions à venir et tout. C'est là-dessus que je vous pose la
question.
M. Duhaime: Ecoutez, je vais vous répondre bien
simplement, il ne s'agit pas de se barrer les pieds dans le ciment. En
Belgique, le Transport et le Tourisme, c'est un ministère. Au niveau
fédéral, l'Industrie et le Commerce englobent le Tourisme. En
Ontario, c'est l'Industrie et le Tourisme. Alors, ce n'est pas parce qu'on part
d'une situation institutionnelle arrêtée que le Touriste se
promène. Il s'est promené dans le passé je pense
que M.
Mailloux peut le confirmer suivant les personnes, bien souvent.
Je me dis que ce n'est peut-être pas la façon la plus
sérieuse de voir les choses. Je répète ce que je vous
disais tantôt. Nous allons travailler en étroite collaboration
avec le Haut-Commissariat pour tenter de cerner le plus près possible la
réalité du loisir et du plein air et voir ensuite comment on va
réorganiser cela. Peut-être que ce qui existe actuellement est
l'idéal. Je pose la question purement et simplement. Alors, on est
à peine à pied d'oeuvre.
M. Pagé: D'accord. Les délais que vous vous
êtes fixés...
M. Duhaime: Si j'étais au gouvernement depuis six ans au
lieu de six mois, peut-être que je vous donnerais la réponse
là-dessus. Mais ça ne prendra pas six ans avant que je vous la
donne, je vous le jure.
M. Pagé: Je l'espère. De toute façon, c'est
pas mal long, six ans, vous savez.
M. Duhaime: Cela peut paraître court, parfois, ça
dépend.
M. Pagé: II y a peut-être de gros changements qui
arriveront avant.
M. Duhaime: Cela peut paraître court. Parfois, on trouve
que ça passe vite.
M. Mailloux: Cela paraît surtout court à ceux qui
détiennent le pouvoir.
M. Duhaime: Cela dépend de quel côté on est.
Moi, je peux vous dire que j'ai trouvé ça long, le
désert.
M. Pagé: Les délais que vous vous êtes
fixés, M. le ministre, sont de quel ordre?
M. Duhaime: On envisage raisonnablement décembre de cette
année.
M. Pagé: Vous envisagez décembre, tant de la part
du Haut-Commissariat que du ministère du Tourisme?
M. Duhaime: Je ne peux pas parler pour le Haut-Commissariat, mais
je peux parler pour le ministère du Tourisme. On envisage
décembre comme étant un objectif, comme date sérieuse pour
être capable de les déposer tous les trois.
M. Pagé: D'accord. Une dernière question, M. le
Président, avant de céder la parole à mon collègue
de l'Union Nationale...
M. Mailloux: Est-ce qu'un avocat a une dernière
question?
M. Pagé: Souvent, vous savez, cela en entraîne
d'autres.
M. Duhaime: II y a des cas où ce n'est pas la
meilleure.
M. Pagé: Elle va être pas pire, celle-là.
Une Voix: On verra.
M. Pagé: Vous avez parlé de la
possibilité... Vous avez dit que, dans certains cas, le ministère
du Tourisme était rattaché à un autre ministère et
tout. Si je vous pose ces questions, c'est qu'on a des inquiétudes, je
pense, assez fondées. Si on se réfère à ce qu'on
pourrait appeler des hypothèses, des rumeurs qui se promènent,
qui sont rapportées de bouche à oreille si je veux
utiliser une expression chère au député des
Iles-de-la-Madeleine. Ce serait particulièrement dans les couloirs des
mandarins de l'Etat. On donne à croire que le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche serait possiblement et que
c'est étudié actuellement par le gouvernement tout
simplement aboli par une loi, et que ses services soient divisés ou
attribués à d'autres ministères. Le ministre d'Etat
à l'aménagement aurait une responsabilité
particulière qui est actuellement dévolue par la loi au ministre
du Tourisme. Le ministre de l'Industrie et du Commerce pourrait
éventuellement prendre une partie des activités notamment, le
tourisme et tout l'aspect économique, l'hôtellerie et tout. Le
ministère de l'Environnement aurait possiblement, toujours selon les
hypothèses qui sont formulées et des informations qu'on a, lui
aussi une partie des responsabilités. Cela nous inquiète. Je
pense que ça devrait inquiéter, si c'est le cas, le ministre du
Tourisme. C'est dans ce sens que la production de livres verts, à gauche
et à droite, où, comme vous en faites état, il y a des
sujets qui sont un peu sur la clôture entre les deux ministères,
quand on voit la déclaration du ministre du Haut-Commissariat, qui dit
que le loisir restera au Haut-Commissariat, je pense qu'on est peut-être
un peu en droit de se poser cette question. Je ne demande pas au ministre s'il
peut infirmer ou confirmer l'hypothèse ou la rumeur qui circule. Ce
n'est pas ce que je lui demande. Mais je lui demande son opinion
là-dessus. Quelles sont vos considérations sur cette question?
Cela fait quand même peut-être six mois que vous êtes
là, est-ce que vous avez vu, jusqu'à maintenant, poindre la
possibilité que cette hypothèse puisse être
éventuellement formulée comme étant une politique par le
nouveau gouvernement?
M. Duhaime: Ma foi, vous avez de ces inquiétudes qui,
j'espère, ne m'envahiront jamais. Non. Vous dites que c'est une rumeur.
Moi, je ne l'ai pas entendue encore, comme rumeur.
M. Pagé: Je ne vous parle pas de vous prononcer sur la
rumeur. Je vous parle...
M. Duhaime: Je ne l'ai pas entendue, que je vous dis. Alors, je
serais bien mal placé pour la commenter. J'en ai entendu une autre,
cependant, c'est...
M. Pagé: Je ne vous demande pas d'en lancer. M.
Duhaime: Alors, je me tais.
M. Pagé: J'ai parlé d'hypothèses, de rumeurs
qui circulaient.
M. Duhaime: Je ne l'ai pas entendue, cette rumeur; je
l'apprends.
M. Pagé: Alors vous pouvez confirmer à la Chambre,
aujourd'hui, en commission parlementaire parce qu'on est en quelque sorte la
prolongation de l'assemblée qu'il n'est aucunement question que le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche soit
affecté éventuellement dans les attributions qu'il a, soit au
niveau du tourisme, de la chasse, de la pêche et des loisirs en
général. C'est la dernière question.
M. Duhaime: M. le député de Portneuf avez-vous
pensé qu'une hypothèse...
M. Mailloux: C'est pour cela que Ryan disait qu'il est en
sursis.
M. Duhaime: Je vais vous en donner une hypothèse.
Avez-vous déjà pensé que le Haut-Commissariat à la
jeunesse, aux loisirs et aux sports pourrait s'en venir aux loisirs, chasse et
pêche? Cela aussi est une hypothèse.
M. Pagé: Vous la lancez?
M. Duhaime: Je ne la lance pas, je vous dis... ce n'est pas une
rumeur, c'est une hypothèse. Quant à en mettre, on va garder le
problème dans son ensemble...
M. Pagé: Ce que je veux savoir, c'est ce que vous en
pensez.
M. Duhaime: C'est le problème que vous avez vécu.
Je n'en pense rien je vous dis qu'on va le regarder.
M. Pagé: D'accord. Et le délai, c'est
décembre.
M. Duhaime: On a dit décembre? Parfait on s'en reparlera
en décembre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Très brièvement. Sentez-vous que les
superministres peuvent contribuer actuellement à rapprocher plusieurs
factions de ministères et aider? J'ai oeuvré à ce
ministère assez longtemps. Vous faisiez justement allusion au fait que
le Haut-Commissariat pourrait aller au tourisme. Vous n'êtes pas sans
vous rappeler qu'il a été là assez longtemps. Cela a
été le Haut-Commissariat (tourisme, chasse et pêche.)
Pensez-vous... Oui, sous M. Loubier en...
M. Duhaime: Ah! mon Dieu!
M. Grenier: C'était le bon temps.
M. Duhaime: Vous me rappelez des souvenirs
d'Unité-Québec. Cela fait longtemps qu'on n'a pas entendu parler
de cela.
Cela n'a pas duré longtemps d'ailleurs. Ça n'a pas
été votre meilleur coup. Cela ne dépend pas de moi si cela
s'est appelé comme cela...
M. Grenier: Je le sais. Je voudrais savoir si cela a
contribué à aider, parce que je vois le rôle
là-dedans, surtout de ces ministres d'Etat, peut-être que la
dénomination de ministre d'Etat qu'on avait avant... Un ministre d'Etat,
c'était un ministre qui était assistant d'un ministre en titre
tandis que là c'est un super.
M. Mailloux: Un ministre honoraire.
M. Grenier: Est-ce que cela contribue à briser ces murs
trop étanches entre les ministères. Je me rappelle fort bien,
pour ne citer que quelques exemples au Tourisme, Chasse et Pêche et
Haut-Commissariat, à ce moment-là on voulait en faire un
ministère. Cela a commencé sous l'Union Nationale qui voulait
créer un ministère du haut-commissariat des loisirs...
Les chemins de pénétration en forêt, est-ce une
question qui est réglée. A quel ministère cela
appartient-il?
M. Duhaime: En dehors des parcs et des réserves, cela
n'appartient pas au ministère du Tourisme, mais aux Terres et
Forêts. Et je ne serais pas surpris si, dans certains coins, ils
appartenaient aux Travaux publics.
M. Mailloux: Pas à l'intérieur des parcs.
M. Grenier: C'est une chose à démêler. Il y
avait le problème des haltes routières. C'est rendu au
ministère des Transports, je pense.
M. Duhaime: Je pense que c'est encore aux Transports.
M. Mailloux: Ce sont des loisirs. M. Duhaime: Ce sont des
loisirs. M. Mailloux: Le ministre des loisirs!
M. Grenier: Est-ce qu'il y a une approche? Cela fait quand
même six mois, il y a des supers et des jumbos, est-ce qu'ils ont
commencé une approche là-dedans? C'est surtout cela qu'on attend
de ces superministres, qu'ils mettent ensemble ce qui est loisir, ce qui est
voirie et transport ensemble. Sentez-vous que cela aide ou s'ils ont dû
se décourager?
M. Duhaime: J'espère que ce n'est pas péjoratif
quand vous parlez des ministres jumbos?
M. Grenier: Non.
M. Duhaime: Ce sont des ministres d'Etat, faute de mieux, je
pense, dans leur appellation. Je vais vous donner un cas concret. Prenez la
participation du gouvernement de Québec à l'attribution d'une
subvention à Terre des Hommes. Je pense que s'il y a un dossier dont, au
niveau ministériel on s'est parlé, c'est bien celui-là. On
s'est rendu compte qu'on a eu ces discussions en dehors de nos réunions
normales interministérielles, en ce sens que ce n'était ni du
développement économique, ni de l'aménagement, ni
culturel, ni social, mais on était sept ou huit ministres. On s'est
concerté et on est arrivé à la conclusion de donner un
coup de main à Terres des Hommes pour $1,5 million. Dans le
passé, il n'y avait aucune espèce... A mon point de vue, en tout
cas, j'ai eu l'impression que c'était décidé purement au
ministère des Finances et au bureau du premier ministre. Quand je dis
dans le passé, c'est avant le 15 novembre. Je pense que c'est
très avantageux de faire équipe au niveau des ministres d'Etat.
On sauve des délais incroyables, qui pourraient normalement être
des téléphones, de la correspondance, etc. On est en mesure
d'aborder un problème et de le situer dans une perspective ou dans un
encadrement dès le départ. Cela évite des chasses
gardées auxquelles faisait allusion tantôt le député
de Charlevoix. Je vois cela comme une formule très valable comme
structure de gouvernement et je vous avoue franchement que cela m'étonne
qu'on ne l'ait pas mise en place avant cela.
M. Grenier: C'est une politique qui était
déjà, quand le gouvernement a changé... en 1973,
c'était...
M. Duhaime: Cela avait été amorcé, je pense
qu'on pourra me le confirmer. Ce qu'on faisait, cependant, c'est que
c'était un ministre qui présidait un comité
ministériel. Tandis que, si vous prenez le secteur de
l'aménagement, les attributions du ministre d'Etat à
l'aménagement commencent à être très
précises.
M. Grenier: Dans un autre ordre d'idée, votre budget a
été augmenté de $12 millions, est-ce que c'est un chiffre
qui vous convient? Est-ce que vous vous êtes battu pour avoir plus que
ça, est-ce que...
M. Duhaime: Mes ambitions étaient pas mal plus grandes que
le chiffre qui était en bas de la page.
M. Grenier: Oui. On a vu, ce matin, que le ministre des Affaires
sociales avait vu son budget passablement coupé, il disait que
c'était ses objectifs. Cela veut dire que les relations entre le Conseil
du trésor et le ministère du Tourisme sont aussi
compliquées qu'entre le gouvernement du Parti québécois et
Ottawa. Vous êtes obligés aussi de faire des
génuflexions?
M. Duhaime: Je ne comprends pas ce que vous voulez dire.
M. Grenier: Je veux dire entre les objectifs et la
réalité...
M. Duhaime: Je suis prêt à admettre que c'est
compliqué, parce que je n'ai jamais vu un pipe-line semblable dans une
organisation gouvernementale.
M. Grenier: Pardon?
M. Duhaime: C'est un pipe-line absolument incroyable, le Conseil
du trésor, etc. Je vais vous dire là-dessus: il est bien certain
que dans l'attribution du budget, nos programmes en dossier auraient
très certainement pu avoir le double; je pense que c'est la même
chose pour ceux qui m'ont précédé à la tête
de ce ministère. Cependant je peux vous dire que les relations du
ministère avec le Conseil du trésor, tout en demeurant
compliquées, parce qu'à mon point de vue le système est
compliqué, sont excellentes et au beau fixe. Sans nuage.
M. Mailloux: Quant à l'augmentation de $94 millions
à $106 millions, est-ce que le ministre n'avouerait pas que c'est
très relatif, cette augmentation, si on pense que l'inflation pour un
ministère qui emploie passablement de monde prend 8% du budget pour les
salaires, matériaux, etc, et qu'en fait le budget actuel n'est que
comparable, dans sa totalité, à celui de l'an dernier?
M. Pagé: C'est le taux de croissance. M. Duhaime:
II y a un écart de 98,2 à 106... M. Mailloux: II y a
un écart d'environ 11%. M. Duhaime: Pardon?
M. Mailloux: II y a eu un écart d'environ 11%. Les
conventions de travail vont avoir 8% à peu près et l'inflation va
avoir presque autant pour les matériaux achetés, etc.
M. Duhaime: Je vous avoue que je ne peux pas contredire les
chiffres que vous avancez, parce que mes chiffres n'ont pas été
faits de cette façon. Je m'en tiens à l'augmentation brute.
M. Pagé: D'accord, mais qu'est-ce que vous faites de plus,
qui n'a pas été fait l'année dernière ou qui n'a
pas été prévu au budget du ministre l'an passé?
Qu'est-ce que vous faites de plus cette année avec votre budget, avec
les crédits qui vous ont été alloués?
M. Duhaime: Si vous le permettez, M. le député de
Portneuf, je pense que vous touchez au vif de chacun des programmes et des
éléments de programme.
Je peux vous dire qu'il y a un montant de $100 000, par exemple, qui
s'en va à l'Ashuapmuchuan cette année, qui n'y allait pas
l'année dernière.
M. Pagé: Cela fait partie du détail.
M. Grenier: Depuis que j'ai appris que le ministre a fait ses
études philosophiques dans Mgr Grenier, je vais vite comprendre...
M. Duhaime: En latin, en plus. M. Grenier: Pardon?
M. Duhaime: En latin, en plus. Le texte était en
latin.
M. Grenier: Depuis que je vois cela, je vais vite comprendre que
le ministre va être imbu de conservatisme qui va dénoter sur
l'ensemble du cabinet.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de la commission sont suspendus jusqu'à vingt heures.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
Reprise de la séance à 20 h 12
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, messieurs!
A la suspension de cet après-midi, nous étions encore aux
considérations d'ordre général et le député
de Portneuf avait demandé la parole. M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. On a, au cours des
travaux préliminaires de cet après-midi, posé des
questions d'ordre général et aussi d'ordre spécifique.
Vous vous rappellerez qu'il était toujours de mise et ce depuis
longtemps tout au moins depuis 1973 où j'étais membre de
la trentième Législature, où j'ai eu à assister
à des commissions parlementaires chaque fois, il était de
mise et il était normal, même explicable que les
députés de l'Opposition demandent au ministre concerné par
le sujet à l'étude, les crédits à l'étude,
de déposer la liste de son personnel qu'on peut qualifier de personnel
politique, du personnel qui l'entoure. C'est à ce titre que j'ai
demandé une réponse à laquelle celui-ci a souscrit; il a
dit oui, qu'il accepterait, dis-je, de déposer la liste de son
personnel.
Dans ce même ordre d'idées, M. le Président,
j'aimerais demander quelles sont, selon le ministre, les attributions. Est-ce
que le ministre pourrait me faire une description des fonctions de son chef de
cabinet?
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Duhaime: Je ne sais pas si on va briser ce que vous appelez
une tradition depuis 1973, mais il m'apparaît, en tout cas, que le chef
de cabinet d'un ministre, que ce soit celui de mon ministère ou celui de
n'importe quel autre ministre est très certainement la cheville
ouvrière, l'élément clef d'une jonction entre le personnel
politique du cabinet et l'administration du ministère. Il est bien
entendu qu'au départ, le chef de cabinet n'est pas un administrateur, ce
n'est pas un haut fonctionnaire, mais je pense que sa première fonction
est de faire la jonction entre les politiques arrêtées au niveau
du ministre et leur mise en application par l'administration publique.
C'est peut-être bien insignifiant et très classique comme
définition, mais je n'en vois pas tellement d'autres.
M. Pagé: D'accord. Est-ce que le ministre pourrait me
confirmer ou m'infirmer si le chef de cabinet a une responsabilité
particulière au chapitre ou au niveau du personnel du cabinet, s'il a
des relations tant avec le sous-ministre qu'avec les sous-ministres adjoints,
si ses relations s'étendent aux directeurs généraux de
différents services de votre ministère et si enfin ses relations
vont jusqu'à être en contact avec le personnel régional qui
dépend de votre ministère, le personnel dans les
régions?
M. Duhaime: II peut arriver, à l'occasion, bien sûr,
et cela me paraît parfaitement normal, que, pour des fins d'information,
le chef de cabinet de n'importe quel ministre communique avec la région,
de même qu'il est habilité à communiquer avec les
directeurs de service, avec les sous-ministres adjoints et avec le
sous-ministre également. Ce que sous-tend votre question, c'est de
savoir si c'est mon chef de cabinet qui s'occupe de l'embauche du personnel; la
réponse est non.
M. Pagé: Non, ce n'est pas cela, ma question.
M. Duhaime: Au cas où ce serait cela, toute la question de
l'embauche du personnel, que ce soit de rendre permanent du personnel
occasionnel ou encore d'embaucher du personnel occasionnel, j'ai
déféré le tout aux rouages normaux de l'administration,
c'est-à-dire au niveau du directeur du personnel, M. Gauvin.
M. Pagé: D'accord. Est-ce que le ministre pourrait
m'informer si, en plus de ses fonctions et de ses relations...
M. Duhaime: Cela a peut-être changé, remarquez.
M. Pagé: ... avec l'administration, le chef de cabinet
entretient des relations ou est-ce qu'il a à agir en votre nom dans les
communications du ministère avec les différents organismes qui
sont concernés par le secteur du tourisme?
M. Duhaime: Je ne comprends pas très bien ce que vous
voulez me dire.
M. Pagé: II y a différentes associations qui
existent, M. le ministre. Est-ce que votre chef de cabinet a ou est-ce que
c'est dans ses fonctions d'avoir des relations, de répondre à du
courrier, d'avoir des échanges, de rencontrer les différentes
personnes faisant partie de groupes qui ont à agir au niveau du
ministère du Tourisme, comme groupes de pression, consultants ou
autres?
M. Duhaime: Oui.
M. Pagé: Oui. Est-ce qu'il est de mise ou est-ce que c'est
un usage qui a été continué dans votre ministère
que les chefs de cabinet des différents ministères se
réunissent occasionnellement? Si c'est le cas, est-ce que votre chef de
cabinet, particulièrement, a eu à participer à de telles
rencontres?
M. Duhaime: Oui, je pense qu'il y a eu une réunion
hier.
M. Pagé: D'accord. Dans les relations que les membres du
Parlement ont avec le ministre du Tourisme, est-ce que votre chef de cabinet a
une responsabilité particulière à assumer dans cette
relation entre votre cabinet, vous, dans certains cas, parce que je
présume, comme bien d'autres, que vous ne pouvez lire de A
jusqu'à Z les nombreuses lettres que vous avez tous les jours et, dans
certains cas, même des lettres de membres
de cette Assemblée, est-ce que, dans cette relation, votre chef
de cabinet a à vous remplacer ou à agir en votre nom?
M. Duhaime: Oui, je dirai que j'ai demandé à mon
chef de cabinet d'entretenir des relations privilégiées avec tous
et chacun des membres de l'Assemblée nationale, quel que soit leur
parti. Je pense que c'est particulièrement vrai dans votre cas, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Est-ce que votre chef de cabinet a à vous
représenter dans certaines occasions? Je me rappelle que vous avez
été absent et ceci, c'était dans le cadre de vos
fonctions. Vous avez été absent pour une tournée aux
Etats-Unis, il y a quelque temps. Vous êtes revenu le 3 ou le 4 mai.
Précédemment, vous avez eu à vous rendre en Europe,
toujours dans le cadre de vos fonctions. Est-ce que votre chef de cabinet, dans
de telles circonstances, a, à l'occasion, à vous
représenter?
M. Duhaime: II a eu et il aura, très certainement
l'occasion de me représenter, parce que, d'après les rapports que
j'en ai eus, il s'acquitte de cette tâche d'excellente façon, et
ce que je voudrais donner comme exemple, c'est qu'on est en train de mettre sur
pied des organismes régionaux, avec les CRD, par exemple, et il
m'apparaît que mon chef de cabinet peut apporter un élément
moteur dans l'accélération de la construction de ces structures
régionales, qui, jusqu'à tout récemment, étaient
inexistantes.
M. Pagé: D'accord. Le ministre, dans les questions que
nous lui adressions cet après-midi, a accepté de déposer,
en plus de la liste de son personnel, la date d'embauche, le curriculum vi-tae,
le traitement. Est-ce que le ministre pourrait, de plus, dans ces documents
qu'il ne déposera peut-être pas demain, parce qu'on me dit que la
commission ne siégera pas, mais probablement mardi matin
j'espère, tout au moins, que ce sera mardi joindre à ces
informations, en plus du curriculum vitae, un exposé particulier sur la
formation de son chef de cabinet, les dernières fonctions que celui-ci a
occupées avant de devenir chef de cabinet, s'il a déjà
travaillé pour le gouvernement du Québec ou encore pour le
gouvernement du Canada? Est-ce que vous pourrez ajouter tout ça aux
questions que je vous ai posées cet après-midi?
M. Duhaime: Je vous dis oui tout de suite, sous réserve de
m'informer, s'il y a lieuparce que mes réponses sont
publiqueset si c'est d'intérêt public que le curriculum
vitae des gens qui sont à mon cabinet soit rendu public. Je vais
m'informer si, dans le passé, ça s'est fait et, même si
ça s'est fait, si c'est régulier.
M. Pagé: D'accord.
M. Duhaime: Mais, d'emblée, il n'y a aucun
problème.
M. Pagé: Si l'usage le confirme, vous acceptez.
M. Duhaime: Si?
M. Page: Si l'usage confirme l'habitude...
M. Duhaime: L'usage, à partir de 1970, j'ai des
réserves.
M. Pagé: De toute façon, j'attends votre
réponse mardi matin à ce sujet.
M. le Président, je pourrais, à ce stade-ci de nos
débats, soulever une question de privilège et vous savez, M. le
Président, vous connaissez très bien votre
règlementnul n'est censé ignorer la loi, et surtout pas le
Présidentque je serais peut-être en droit de poser une
question de règlement ici, ou, encore, de me servir de mécanismes
qui sont prévus par notre règlement et après l'avoir
consulté à l'heure du dîner, j'ai été
à même de constater qu'il y a peut-être deux articles du
règlement sur lesquels je peux m'appuyer.
Deux, sinon trois d'après lesquels la question que j'entends
soulever pourrait être débattue à l'Assemblée
nationale. Cela pourrait certainement entraîner un débat. Ce n'est
pas mon intention. Je résumerai cette question que j'ai à
formuler à l'égard du ministre à ceci, et l'incident sera
clos quant à moi.
M. le Président, nous avons terminé nos débats vers
18 heures, ce soir, et tout le monde s'est quand même quitté de
façon sereine en se saluant, et tout. Et j'ai eu l'occasion de
rencontrer quelques-uns des fonctionnaires qui collaborent avec le ministre et
discuter quelques minutes avec eux. M. le ministre et moi avons d'ailleurs eu
l'occasion d'échanger, à sa demande d'ailleurs, parce qu'on avait
une petite question particulière et bien concrète sur le
déroulement de nos travaux à régler tous les deux, en tant
que membre de l'Opposition, et de ministre. Et c'est à ce stade-ci que,
sans connaître le personnel politique qui est autour du ministre, une
personne qu'on m'a identifiée par la suite comme étant le chef de
cabinet a eu un comportement que je pourrais qualifier de cavalier et de
grossier qui témoigne d'un manque de savoir-vivre. Le ministre
accepte-t-il que son chef de cabinet tienne des propos disgracieux à
l'égard d'un membre de cette assemblée?
Vous savez qu'en plus du dénominateur d'être
député, un membre de cette assemblée a quand même
des droits, a quand même une protection particulière qui est
spécifiquement bien nommée dans notre règlement. On n'a
qu'à regarder ces articles de loi qui stipulent qu'un
député ne peut se voir adresser une sommation par exemple, on n'a
qu'à regarder les articles de la loi du Québec qui stipulent
qu'un député ne peut même pas être
arrêté ici sur le parquet de la Chambre, dans l'enceinte de
l'assemblée. Et toutes ces prévisions sont faites dans le but de
protéger l'intégrité de la fonction du
député. Parce qu'en plus d'être un homme assis dans un
fauteuil, il est aussi le porte-parole, l'étendard, la suite, la
prolongation
des 30 000 ou 40 000 électeurs de son comté. C'est
à ce titre que depuis déjà bientôt 5 ans, je remplis
mes fonctions de député à l'Assemblée nationale et,
depuis quelques mois, à titre de membre de l'Opposition. Ce statut
implique évidemment non pas seulement le droit, mais l'obligation pour
un membre de l'assemblée de participer étroitement aux travaux
des différentes commissions, aux travaux généraux de
l'assemblée parce que c'est intrinsèquement lié à
son mandat. Et je termine.
M. Duhaime: Question de règlement, M. le Président.
Je me demande de quoi on parle.
Le Président (M. Boucher): J'étais sur le point de
demander au député de Portneuf s'il se sent lésé,
s'il a été lésé quelque part, il peut soulever une
question de privilège à l'Assemblée nationale. Ce n'est
pas en commission parlementaire qu'on peut le faire.
M. Pagé: M. le Président, je termine
là-dessus... d'en arriver à là question... Mais vous me
permettrez quand même une dernière question au ministre.
Ma question est celle-ci: Est-ce que M. le ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche fait siens les propos que son chef de cabinet, qui
est en quelque sorte son alter ego, qui est en quelque sorte celui qui le
représente et le ministre fait état de toute l'envergure
des fonctions de son chef de cabineta eus à mon endroit pendant la
période entre six heures et huit heures, au moment où lui et moi,
on s'est rencontré et a fortiori parce que le ministre était
présent lors de cette rencontre et lors de cet échange qui, en
quelque sorte, a été très serein quant à moi, parce
que je me suis limité à dire que son chef de cabinet
n'était pas poli?
M. Duhaime: Je vous dirai, M. le Président, que je n'ai
pas entendu les propos ou l'échange de conversation que rapporte le
député de Port-neuf, mais je vais vous dire franchement, M. le
Président, après ce que j'ai entendu de la part du
député Bryce Mackasey, à l'Assemblée nationale
récemment, qu'il n'y a pas grand-chose qui pourrait me scandaliser.
M. Pagé: Vous ne faites pas vôtres les propos
du...
M. Duhaime: Je n'ai pas entendu.
M. Pagé: Vous étiez avec moi, pourtant. On se
servira d'autres moyens, M. le Président. J'aurais aimé, quant
à moi, que l'incident soit clos. Vous savez, je ne suis pas le genre
d'homme à faire des débats de cette nature, mais il appartient
quand même aux membres de cette Assemblée d'avoir des droits,
d'avoir des prérogatives. Je crois que c'est tout à fait
disgracieux, ce qui s'est passé entre six heures et huit heures.
D'ailleurs, le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche en a
été témoin.
M. Duhaime: Physiquement présent et je vous
répète, si vous avez des oreilles pour entendre, que je n'ai pas
entendu.
M. Pagé: On s'en reparlera.
Le Président (M. Boucher ): Alors, considérons que
l'incident est clos. Pour continuer les débats, est-ce que les membres
de la commission sont prêts à procéder?
M. Pagé: Toujours sur des questions d'ordre
général.
Le Président (M. Boucher): D'ordre général.
M. le député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, dans les
différentes réponses que le ministre formulait lors de
l'étude des crédits du ministère, en décembre
dernier, le ministre et moi, on a eu à échanger des propos, sous
forme de questions-réponses, à plusieurs reprises, sur toute
cette question de l'aménagement du territoire, de la gestion des
ressources, de l'utilisation du territoire. Le ministre, je me le rappelle
bien, lorsque j'avais soulevé la question des unités
d'aménagement et de ce qui allait advenir de cette approche ou de cette
politique mise de l'avant par le précédent gouvernement, le
ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche m'avait répondu:
II y a quelques semaines seulement que nous formons le gouvernement et je peux
garantir au député de Portneuf que, d'ici la fonte des neiges, je
serai en mesure de lui donner, de façon concrète et
particulière, la position du gouvernement et du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche sur cette question. M. le
Président, point n'est besoin pour moi de vous dire que la neige est
fondue déjà depuis quelques semaines et je présume
qu'à la lueur des différents comités qui ont eu à
étudier cette question, à la lueur aussi de différents
projets particuliers qui avaient été mis de l'avant par l'ancien
gouvernement concernant certains territoires du Québec, j'aimerais que
le ministre fasse connaître à cette commission la position
adoptée par lui et par son gouvernement sur toute cette question de
l'aménagement du territoire et de la gestion des ressources, tel que
convenu lors de l'étude des crédits de décembre
dernier.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, ce qui est soulevé par
le député de Portneuf, c'est toute la question de
l'accessibilité au territoire et particulière- ment aux
ressources des parcs, des loisirs, de la vie de plein air, des forêts,
des activités diverses, entre autres chasse et pêche.
Il est vrai que j'ai eu l'occasion de dire en décembre,
c'était très tôt en décembre, que j'aurais
l'occasion de rendre publique une politique très claire et très
nette là-dessus, également un calendrier de travail. Je dois
avouer, c'est à ma grande déception que je le fais, que c'est une
des premières choses que j'ai demandée aux hauts fonction-
naires du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, aussitôt que j'ai été assermenté dans
ces fonctions, à savoir quel était l'état des dossiers, ce
qu'il y avait comme projets en filière, quelles étaient les
commandes qui avaient été passées par les cabinets
ministériels précédents quant à
l'accessibilité du territoire, plus particulièrement quant aux
baux exclusifs de chasse et de pêche.
La réponse que j'ai obtenue a fait en sorte que j'ai dû
reconsidérer globalement ce problème parce qu'effectivement,
à part quelques actions sporadiques, suivant la pression, j'imagine, de
l'Opposition à l'époque ou encore de certains chroniqueurs de
chasse et de pêche, il n'y a jamais eu de politique d'ensemble pour
rendre accessible les territoires sous bail, entre autres.
Cela remonte au moins à 1967. Je dois dire également que
même l'ancien premier ministre du Québec, M. Bourassa,
s'était fermement engagé à "déclubber", suivant
l'expression consacrée, pour le 1er janvier 1976. Maintenant, je pense
que votre question est d'une ampleur beaucoup plus large.
Il s'agit de penser tout l'aménagement du territoire. Je pense
que cela ne peut pas se faire isolément, en fonction d'activités
de loisirs en forêt, de plein-air, de vie dans les parcs, de chasse et de
pêche. Je pense que ce sont des activités qui doivent se lire et
se décider dans un contexte d'ensemble.
Je rejoins la réponse que je vous faisais avant l'ajournement.
C'est très certainement le comité ministériel permanent
à l'aménagement qui aura à considérer le genre
d'unités d'aménagement, de même que les différentes
"sociétés d'aménagement", mais mon objectif est de
réaliser deux choses:
Rendre accessible, le plus rapidement possible, à l'ensemble de
la population, la grande forêt du Québec.
La deuxième chose, en rendant possible cette
accessibilité, je veux m'assurer que les ressources fauniques seront
à la fois conservées et protégées.
C'est dans ce sens-là que j'ai demandé que l'on forme un
comité ministériel, à l'intérieur du
ministère du Tourisme et que l'on prenne contact également avec
les régions, parce que le problème est bien différent
selon que l'on se trouve à Rouyn, â Montréal, à
Chicoutimi ou à Gaspé.
Mon approche sera très pratique, en ce sens que je n'exclus, au
départ, aucune formule de gestion ou de cogestion. Je n'exclus pas non
plus que l'on puisse même confier l'administration de territoires et de
blocs de territoires à des corporations municipales, de villes, de
villages ou même de paroisses. Je n'exclus pas non plus qu'on puisse
confier des territoires à des associations de chasse et pêche.
Ce que j'exclus, cependant, c'est une situation que tous les
gouvernements ont dénoncée par le passé, et depuis dix
ans, qui consiste à maintenir des privilèges exorbitants et
abusifs en forêt.
Dès que nous serons en mesure d'acheminer un calendrier de travai
et c'est là-dessus qu'on concentre nos efforts actuellement
et on aura aussi fait le pont avec l'ensemble de la population,
j'entends par là le public chasseur, pêcheur et le public qui
s'occupe aussi et qui est préoccupé par le loisir et le plein air
en forêt. C'est à peu près le cadre dans lequel on
travaille.
Il est bien sûr que, si les dossiers avaient été
plus avancés et plus engagés pour que l'on soit plus en mesure
d'évaluer toutes les conséquences des décisions
politiques, on aurait pu aller plus vite, mais je dois dire que, pour ce qui
est de l'accessibilité, pour ce qui est de l'organisation des
unités d'aménagement, il y a eu beaucoup plus de discours que de
gestes concrets de posés sur le plan administratif.
M. Pagé: M. le Président, cela m'amène
à quelques questions. Le ministre peut se targuer de dire qu'il y avait
des engagements qui avaient été pris par le
précédent gouvernement et c'est un peu ce à quoi je
faisais allusion dans ma déclaration, cet après-midi, quand je
parlais de cette attitude du ministre de vouloir minimiser tout ce qui s'est
fait avant lui. Le ministre acceptera quand même que cette approche
d'unités d'aménagement a été mise de l'avant, a
été conçue, a été planifiée à
titre expérimental dans certains cas par le précédent
gouvernement et c'est une approche que je considère d'ailleurs
très légitime. Le fait que le nouveau titulaire du
ministère y donne suite confirme, je pense, le fait que l'approche qui
avait été prise par le précédent gouvernement
était tout à fait légitime, était tout à
fait bien fondée.
M. Duhaime: II n'y a rien de miraculeux dans cela, on va se
comprendre. L'unité d'aménagement, c'est le découpage d'un
territoire, point.
M. Pagé: Oui, quand vous dites qu'il n'y a pas eu
grand-chose de fait et que c'était embryonnaire c'est ce que vous
avez voulu laisser sous-entendre à pareille date, quand
même, l'année dernière, vos services, M. le ministre,
étaient dans les régions, particulièrement au Saguenay
pour implanter une première unité d'aménagement
là-bas, le premier type de ce nouveau concept...
M. Duhaime: Vous en avez mis combien sur pied?
M. Pagé: ... de l'accessibilité.
M. Duhaime: Combien en avez-vous mis sur pied?
M. Pagé: C'est moi qui pose les questions, M. le ministre,
d'accord?
M. Duhaime: Oui, mais...
M. Pagé: Le principe est quand même là et on
avait commencé. Les questions ici, c'est moi qui les pose, M. le
ministre. Eventuellement, vous aurez à en poser.
M. Duhaime: Si vous le prenez sur ce ton, on va s'amuser.
Le Président (M. Boucher): Ce serait
préférable, dans les circonstances, de les poser au
président.
M. Pagé: D'accord, on va vous parler, M. le
Président, et on va vous regarder. On va vous parler, soyez-en certain.
M. le Président, j'aimerais que...
M. Duhaime: Baie-Trinité, cela doit être votre
projet.
M. Pagé: ... le ministre me fasse état... D'accord,
c'est beau de dire: C'est embryonnaire, il n'y a pas eu grand-chose de fait,
c'est à ses débuts...
M. Duhaime: Rien.
M. Pagé: ... mais qu'est-ce qu'il y a eu de fait
depuis?
M. Duhaime: Depuis, il y a eu une commande de passée, qui
n'avait jamais été passée, pour avoir un
échéancier. Cela m'apparaît important.
M. Pagé: Votre échéancier, c'est lequel?
M. Duhaime: On a demandé de sortir
l'échéancier. Je vais vous donner une réponse qui est
assez simple. D'année en année, on a prolongé des baux.
Pour votre information, l'an prochain, au dernier jour de mars, il y a 1115
baux qui viennent à expiration. Il me semble qu'on aurait
peut-être pu y voir un peu. Je ne vous pose pas une question, je fais une
constatation, après que même votre premier ministre ait fait des
déclarations solennelles là-dessus. Ce que je vous dis, c'est que
l'unité d'aménagement, ce n'est qu'un découpage de
territoire. On peut mettre pardessus cela une société
d'aménagement, une association, une coopérative, une corporation
municipale, n'importe quoi. Je vous dis que je n'exclus aucune formule au
départ. Je vous dis qu'il y a deux choses que je poursuis,
l'accessibilité et la conservation.
M. Pagé: Vous définissez le terme...
M. Grenier: Est-ce qu'on peut savoir du ministre si un plan est
prévu pour que tous ces lacs privés ou territoires
réservés deviennent chose publique ou s'il y a quand même
des réserves là-dessus?
M. Duhaime: Ce que j'ai demandé et ce qui est en
préparation, c'est en évaluer la portée; il faut
évaluer aussi les conséquences raisonnablement prévisibles
d'une décision politique. Ce que je veux savoir, c'est qu'actuellement,
le grand drame, si on veut, et la grande inquiétude, c'est à
l'intérieur des clubs privés qu'elle existe... Je pense que c'est
normal qu'elle existe, parce que cela fait des années qu'on reporte le
problème. Il n'est pas exclu, au départ, qu'on puisse trouver une
formule d'association quelconque, à la fois pour tenir compte de ce qui
s'est fait dans le passé et faire une projection pour l'avenir en vertu
des deux énoncés que j'ai faits quant à
l'accessibilité et à la conservation. Je pense que surtout dans
ce domaine, il faut que personne ne parte en peur et vire le monde à
l'envers, ou bien virer le bois à l'envers, si vous voulez...
M. Grenier: J'accepte bien et je trouve raisonnable...
M. Duhaime: J'ai commandé un calendrier et j'ai
demandé aussi des suggestions pour être capable de les mettre en
application le plus rapidement possible. J'ai commencé personnellement
à rencontrer les diverses associations de chasse et pêche, de
loisirs en forêt ou de plein air et je continuerai également de
les rencontrer à travers le Québec; mon chef de cabinet fera de
même lorsque je n'y serai pas.
M. Grenier: C'est toujours sous réserve que cela soit
confié, comme vous dites, à une corporation municipale, à
une association de chasse et de pêche et vous avez quand même
l'intention d'y aller par étape, pas tête baissée et
tout'bouleverser pour le plaisir de bouleverser; j'imagine bien. C'est ce que
je crois saisir. Maintenant, est-ce qu'il y a toujours une supervision faite
par le ministère, que ce soit une corporation municipale ou... Ce n'est
quand même pas le laisser-aller que vous permettez aux associations ou
aux corporations, parce que même là, c'est bien beau d'enlever
cela à un secteur privé ou à des gens favorisés,
mais le donner à une corporation qui n'est peut-être pas mieux du
tout ou à un club de chasse et pêche qui n'a peut-être pas
ce qu'il faut non plus pour administrer une telle chose... Ainsi, on peut
s'attendre qu'il y ait une supervision correcte de la part du
ministère.
M. Duhaime: Oui, et j'irai plus loin que cela. Il ne s'agit pas
tout simplement de déléguer l'administration d'un territoire. Le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche entend bien
rester associé dans la gestion, dans la conservation et pour des
programmes d'aménagement. Maintenant, je pense que la fin de semaine
dernière est peut-être devenue une espèce de symbole pour
le gouvernement actuel. Je pense qu'il y a lieu de faire nos foulées
franchement et de procéder par étape aussi.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Champlain, sur le même sujet.
M. Gagnon: M. le ministre nous a dit qu'aucune possibilité
n'était exclue pour remettre au public ces territoires qui ont toujours
été réservés à quelques particuliers. Est-ce
qu'on peut dire que jusqu'à maintenant, il se dégage une
possibilité plus qu'une autre? Par exemple, est-ce que des sondages ont
été faits auprès de certaines municipalités? Est-ce
que les municipalités montrent un certain intérêt pour
posséder, éventuellement, un territoire de chasse et
pêche?
M. Duhaime: M. le député de Champlain, je vous
répondrai là-dessus qu'effectivement, on a eu des propositions de
la part de corporations municipales pour des parties de territoires
actuellement sous bail et de superficie assez considérable.
Cette chose étant en pourparler, en discussion, j'imagine bien...
J'espère, en tout cas, qu'on pourra en venir à une entente
là-dessus. Quant à un sondage, non. Il n'y a pas eu de sondage de
fait auprès des corporations municipales. Cependant, il y a eu des
propositions qui ont été faites également et des demandes
de faites par un nombre de pourvoyeurs, et aussi par des associations de chasse
et de pêche. Un peu comme il y a des producteurs agricoles sans sol, il y
a des associations de chasse et de pêche sans lac. Ces gens-là ont
fait une démarche auprès du ministère et ce sont ces
formules qu'on est en train d'examiner actuellement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: C'était sur le même sujet?
Le Président (M. Boucher): C'est sur le même sujet,
M. le député de Mégantic-Compton?
M. Grenier: Oui, j'aurais voulu... Evidemment, je suis
peut-être loin du problème, parce que je n'ai pas touché
à ça de près depuis 1970, et il ne faut quand même
pas toujours se fier à ce qui est rapporté dans les journaux,
d'après ce qu'on en sait depuis quelques semaines principalement. Est-ce
qu'il y a une diminution des baux privés depuis 1970 et de quel
ordre?
M. Duhaime: Depuis 1970?
M. Grenier: Est-ce que c'est trop loin pour demander ça
ou, en tout cas...
M. Duhaime: Pour moi, c'est un peu loin, mais je vais demander...
Je ne sais pas si M. Moisan a cette réponse.
M. Pagé: On accepterait que votre collaborateur puisse
répondre, M. le ministre.
Le Président (M. Boucher): M. Moisan, vous pouvez
répondre.
M. Duhaime: Ce serait, semble-t-il, de 2% à 5% par
année depuis 1970.
M. Grenier: Depuis 1970. C'était commencé en quelle
année, déjà? En 1967, date à laquelle vous faisiez
allusion tout à l'heure? Il s'en fait depuis 1967 à peu
près. De 2% à 5% par année.
M. Duhaime: En fait, on est passé de près de 2200
ou 2300 en 1966...
M. Grenier: Oui.
M. Duhaime: ... à 1200 maintenant.
M. Grenier: A 1200. Est-ce que le ministre est satisfait de ces
changements qui sont apportés? Est-ce que ça n'a quand même
pas été trop rapide, pour qu'il n'y ait pas de bouleversement
là-dedans et qu'on ait quand même un contrôle? Est-ce que,
dans l'ensemble, on est satisfait de cette administration, qui est maintenant
à caractère provincial, de celle qu'on a enlevée au
secteur privé ou au secteur "clubbé", si vous aimez mieux?
M. Duhaime: Ecoutez! Cette question-là a été
très fortement discutée à l'intérieur des conseils
régionaux, des conseils nationaux et des congrès nationaux du
Parti québécois, de même que dans les vôtres, et je
puis dire que, sur ce point-là au moins, on a un programme en commun.
C'est que tous les partis politiques sont d'accord là-dessus. Il restera
à voir, maintenant que le gouvernement du Parti québécois
est au bâton, si on va laisser des hommes sur les buts. Je serais assez
embêté de vous dire si, oui ou non, je suis satisfait. Une chose
que je puis dire, c'est que je pense que, si on avait vraiment pris la
décision politique il y a six ans de s'occuper de ce
problème-là, il serait très certainement
réglé.
M. Grenier: Mais c'est peut-être une remarque... S'il y a
une diminution de cet ordre, qu'on vient de nous confirmer, je pense que, dans
un secteur comme celui-là, c'est peut-être prudent d'y aller
modérément et, avant d'enlever au secteur privé, au
secteur "clubbé", ces territoires, je pense bien qu'il y a
peut-être des habitudes à créer. Parce que le public, dans
l'ensemble ce n'est pas pour le blâmer est peut-être
mal habitué à utiliser ces réserves et c'est
peut-être bon d'y aller d'une façon pondérée. On a
tellement vu, dans d'autres secteurs, des chambardements brusques et qui n'ont
pas toujours été pour le mieux.
Je sais bien qu'il faut quand même permettre au ministre de faire
au moins une année dans ce secteur pour se rendre compte, faire le tour
et savoir si cela a été profitable à la province de faire
cela, si on peut continuer et si on peut accélérer le rythme ou
le mettre au ralenti.
M. Duhaime: Je n'ai pas de façon de voir radicale
là-dessus, ni même formaliste. Ce qui m'apparaît, c'est
qu'on parle d'associer aujourd'hui l'Etat à un peu toutes sortes de
choses; cela s'est fait dans le passé et je pense qu'on devrait
être capable de trouver la formule qui va s'ajuster, en tenant compte
d'habitudes de vie, en tenant compte d'une situation de facto, pour voir
comment on peut concilier le tout à une politique d'accessibilité
et en même temps de conservation, et cela, c'est important.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Le ministre a fait état tout à
l'heure qu'il y avait de la consultation dans le milieu et je
pense que cela va de pair avec sa volonté de définir les
concepts selon les besoins des régions. Celui-ci exposait que la
solution n'était peut-être pas la môme dans le
Bas-du-Fleuve, dans le Nord de Montréal, dans la région de la
Mauricie ou dans Portneuf. Pour saisir exactement les intentions du milieu,
être en mesure d'avoir le portrait le plus fidèle possible des
besoins de la population, le ministre entend-il mettre sur pied un
mécanisme de consultation quelconque ou s'il suffit pour lui
d'étudier, de discuter ou d'échanger avec les groupes
d'individus, les associations et organismes qui lui en font la demande ou qui
se montrent intéressés par cette question. Et si le ministre
entend mettre sur pied un mécanisme de consultation, j'aimerais savoir
quelle forme prendra cette consultation, qui sera consulté, avec qui on
discutera, comment cela se fera, s'il y aura une commission parlementaire, s'il
entend, comme son collègue du Conseil des ministres, faire une
tournée régionale ou des choses comme cela. J'aimerais que le
ministre précise ses positions là-dessus.
M. Duhaime: Une chose est certaine, c'est qu'il n'y aura pas une
nouvelle structure de créée. Je pense qu'il y en a suffisamment
en place à l'heure actuelle. Il y a d'abord un organisme qui existe, qui
s'appelle le Conseil de la faune, à qui j'ai demandé avis sur
cette question. Il y a aussi dans presque toutes les régions du
Québec des associations de chasse et de pêche. Il y a
également des organismes de loisir et de plein air. Je pense que c'est
à ce niveau, et il y en a d'autres, bien sûr, je pense, dans
certains secteurs précis où on pourra recevoir les avis de
corporations municipales, et c'est dans ce sens-là qu'on va
procéder à une consultation.
M. Pagé: D'accord. Le ministre a parlé
d'associations de chasse et pêche. Par la voix de M. Moisan, est-ce que
le ministre pourrait informer cette commission du nombre d'associations de
chasse et pêche au Québec qui ont un territoire sous leur
juridiction?
M. Duhaime: Du nombre d'associations? M. Pagé: Oui.
M. Duhaime: Du nombre d'associations de chasse et pêche qui
ont un territoire?
M. Pagé: Sous leur juridiction, qui ont un ou des lacs
sous leur juridiction. Vous avez parlé tantôt d'associations de
chasse et pêche sans lacs, d'autres avec lacs...
M. Duhaime: Je n'ai malheureusement pas de chiffres, mais c'est
sûrement très, très peu. Cela se compte sûrement sur
les doigts de la main. Peut-être les deux mains. Les sans-sol, les
sans-lac.
M. Pagé: Les sans-lac.
M. Duhaime: Dans les associations de chasse et pêche qui
ont des territoires, il y a un organisme que j'avais omis en les
énumérant. Il y a également, bien sûr, la
Fédération québécoise de la faune.
M. Pagé: Ce soir, étant donné que le
ministre ne prévoit pas de mécanismes particuliers pour consulter
les différentes fédérations, les groupes et tout, est-ce
que cette réponse est un appel que le ministre lance à ces
groupes, à ces associations, à tout groupe
intéressé, les municipalités, les associations de chasse
et pêche et tout, est-ce une invitation que vous leur faites de faire
part de leurs représentations ou de leur désir et de vous
informer s'ils sont intéressés par cette question combien
importante de l'aménagement et de l'accessibilité?
M. Duhaime: Je ne crois pas qu'on ait à lancer bien fort
le cri ou l'appel à la concertation là-dessus. La décision
qui a été prise au ministère, je pense que c'est le 22
décembre, de mettre en application des structures de
régionalisation du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche et un grand pas dans le sens d'aller rencontrer les gens et de leur
demander ce qu'ils pensent.
Je crois que cela va être une structure valable pour être
capable de recevoir et de susciter une consultation parmi la population. Mais
si vous avez à l'esprit un comité structuré ou encore une
commission parlementaire, la réponse que je vous fais aujourd'hui, c'est
non.
M. Pagé: D'accord. Ce processus de régionalisation
de votre ministère sera terminé quand, M. le ministre? M. le
Président, je demande cela au ministre, pour respecter votre
directive.
M. Duhaime: Si tout va bien, dans le cours de l'année
1977.
M. Pagé: Alors, jusqu'où, M. le ministre,
pouvez-vous...
M. Gagnon: M. le Président, est-ce que vous pourriez me
donner une information s'il vous plaît. Est-ce que vous permettez?
Le Président (M. Boucher): Sur le même sujet?
M. Gagnon: Je me rends compte qu'on est en train de poser des
questions qui, normalement, à mon point de vue, devraient être
discutées au programme 6.
Le Président (M. Boucher): Dans les commissions
parlementaires, avant qu'on passe à l'étude des programmes, on
peut poser n'importe quelle question.
M. Gagnon: On peut faire le programme au complet avant.
Le Président (M. Boucher): Oui, monsieur.
M. Gagnon: C'est parce que notre tour ne viendra pas vite de
cette façon-là.
Le Président (M. Boucher): Quand on en sera là,
cela passera plus vite.
M. Gagnon: Je m'en doutais un peu à voir aller le
député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, il est dans les us et
coutumes des commissions parlementaires, au début de l'étude des
crédits, de...
M. Gagnon: Des us et coutumes qu'on devrait essayer de
changer.
M. Pagé: ... toucher des questions d'ordre
général et d'intérêt public et, dans ces
cas-là, il est d'ailleurs de mise de vider les questions. Par la suite,
lorsque le président le signale, très bien d'ailleurs, cela va
plus vite pour adopter les programmes.
Le Président (M. Boucher): Quand on arrive aux
éléments de programme qui en traitent, d'habitude, cela passe
plus vite.
M. Pagé: Mais là, vous avez failli me faire perdre
ma question.
M. Gagnon: J'aurais aimé cela. M. Jolivet: Une de
moins. M. Pagé: M. le Président...
M. Grenier: Le plan de régionalisation que vous...
Le Président (M. Boucher): Le député de
Mégantic-Compton. C'est sur le même sujet?
M. Grenier: Oui. La régionalisation, c'est cela? Vous
allez vous essouffler un peu. Cela fait trois quarts d'heure que vous avez la
parole, presque une heure.
M. Pagé: Allez-y.
Une Voix: Changer de voix, cela fait du bien.
M. Grenier: J'ai la voix pas mal éteinte. Comme je disais
dans ma campagne électorale: Ma voix diminue, mais mes voix
augmentent.
Dans la régionalisation que vous avez entreprise, est-ce que vous
tenez compte des régions économiques ou des régions du
ministère des Affaires sociales? Est-ce que c'est quelque chose de
connexe à cela ou si c'est un plan complètement
séparé?
M. Duhaime: On tient compte du découpage qui a
été fait. Je pense qu'on se retouve plus facilement en parlant du
ministère de l'Industrie et du
Commerce, les dix régions administratives. Là-dessus, je
pourrais peut-être ajouter, je l'ai mentionné avant la suspension
des travaux, que le directeur aux opérations régionales est
déjà en poste. Il s'appelle M. Ronald Clark et c'est un
canadien.
M. Grenier: Ce n'est pas parent avec Joe Clark!
M. Duhaime: Dans les autres cas, des appels d'offres ont
été faits pour les postes avec concours dans au moins quatre cas,
pour ce qui est des postes d'administrateurs régionaux.
M. Pagé: Est-ce que vous avez terminé, mon
honorable collègue?
M. Grenier: Oui. Cette structure est encore au niveau provincial.
Il n'y a rien de descendu encore dans les régions? Cette structure
régionale? Oui.
M. Duhaime: Je pense qu'à partir du moment où on a
fait les appels d'offres pour nommer les administrateurs régionaux dans
au moins quatre cas, on va attendre que ces gens-là prennent leur poste
et ensuite on va devenir effectif. Je penserais que, d'ici septembre ou octobre
de cette année, ce nouvel organigramme devrait être en place.
M. Grenier: Est-ce que ces personnes seront rattachées aux
agents de la faune qu'on a déjà dans nos régions? Ce sont
des gens qui collaboreront. C'est à peu près à ce niveau
que ce sera organisé?
M. Duhaime: Oui. C'est le patron de la région, en fait,
qui va être nommé comme administrateur régional et les
préposés à l'aménagement, à la conservation,
les biologistes, etc., tous ceux qui relèvent du ministère dans
une région précise seront sous la direction de l'administrateur
régional.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Portneuf est-ce que vous aviez terminé ou si vous voulez continuer?
M. Pagé: Non, M. le Président, j'avais ma
question.
Le Président (M. Boucher): Vous avez la parole.
M. Pagé: Merci. M. le Président, je voudrais savoir
du ministre si, compte tenu que la décentralisation, la présence
du ministère dans sa structure au niveau régional constituera,
selon ce qu'il a dit tout à l'heure, l'outil privilégié
pour mettre en branle et consulter les gens du milieu. Comment le ministre,
compte tenu que cette régionalisation sera terminée en septembre
ou octobre seulement, peut-il établir et même demander, de
façon particulière et précise un calendrier du
déroulement du dossier?
Cela voudrait donc dire qu'il n'y aurait pas de consultation ou
pratiquement pas, avant septembre ou octobre?
M. Duhaime: Non, pas du tout. Il n'y a rien d'incompatible
à ce. que ça se fasse de la même façon. Quand je
mentionne qu'on est en train de faire une régionalisation, je pense
qu'il ne faut pas confondre les choses. C'est beaucoup plus une
déconcentration des pouvoirs de décision. La
régionalisation, à mon point de vue, ne se résume pas
à retrouver dans la même bâtisse l'équipement et le
personnel, parce que cela n'a pas tellement de signification. En termes
réels de délégation de pouvoir, cela m'apparaît
important qu'on se bâtisse des régions qui puissent avoir une
marge assez large d'autonomie. Cela restera à définir en cours de
route. Mais le fait que dans telle région précise, il n'y ait pas
un administrateur régional nommé demain matin, qui serait
l'autorité du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche dans cette région précise, ça n'exclut
d'aucune façon qu'on puisse faire le contact avec les chefs de districts
qui sont déjà là par exemple et qui sont en poste et en
fonction.
M. Pagé: Dernière petite question, M. le
Président, avant de passer à l'étude programme par
programme, ce sera ma dernière question. Si les autres membres ont
d'autres questions...
M. Gagnon: Pas possible.
M. Pagé: Ecoutez, il faut quand même être
patient, on en a pour un bon bout de temps, on a plusieurs questions à
soulever et c'est légitime d'ailleurs. On est ici pour ça.
M. le Président, le ministre a dit cet après-midi qu'il ne
fallait pas demander quand même la définition de la
définition. Il a à plusieurs reprises cité le terme
accessibilité. Après déjà six mois
d'administration, étant donné que celui-ci semble avoir
défini les différentes méthodes d'approche dans plusieurs
de ses dossiers, j'aimerais qu'il fasse part à cette commission de la
définition qu'il se fait et des considérations qu'il a sur le
terme accessibilité. Comment est-ce que ça se définit?
M. Duhaime: Vous voulez dire comment ça va
s'appliquer?
M. Pagé: Votre approche, à vous, de
l'accessibilité? C'est quoi pour vous l'accessibilité et
jusqu'où ça va'?
M. Duhaime: Cela va aller... L'ensemble de la population du
Québec, personne en particulier, aura accès rapidement aux
ressources fauniques sur un territoire de forêt. Je pense que cela ne
peut pas être plus large comme définition.
M. Pagé: Tout le monde y aura accès dans la
définition que vous en faites. Si j'ai bien compris, tout le monde, tout
citoyen du Québec, dans le cadre de cette définition, devrait
avoir accès aux ressources fauniques, forestières, nos
forêts, tout ça.
M. Duhaime: J'espère que vous êtes d'accord avec
moi, parce que c'est dans votre programme.
M. Pagé: En fait, vous reprenez là ce qui
était énoncé clairement dans les actions qu'on a prises en
1970 et 1976, peu importent les commentaires que vous pouvez avoir sur cette
période.
M. Grenier: 1967.
M. Pagé: D'ailleurs, 1967 pour aller dans le sens de mon
collègue. Cela reprend d'ailleurs ce qui avait été
souventefois exprimé par votre prédécesseur et il l'avait
clairement indiqué dans son testament ou presque, dans son allocution du
14 novembre dernier.
M. Duhaime: Ecoutez, il y a une chose qui m'apparaît
ressortir très clairement de vos questions là-dessus, c'est que
c'est très certainement de date récente que vous vous penchez
là-dessus parce que vous en êtes encore à la recherche de
la définition.
M. Pagé: Je vous le demande.
M. Duhaime: Je vous dis une chose, purement et simplement:
Ça fait cinq fois que je vous le dis depuis quinze minutes,
l'accessibilité, si vous regardez dans le Larousse ou le Petit Robert,
vous allez voir que c'est facile, c'est rendre accessible quelque chose
à quelqu'un.
M. Pagé: M. le Président, le ministre peut faire
les allusions qu'il juge opportunes de faire, c'est son droit.
M. Duhaime: Je vais les faire certainement, je vous le jure.
M. Pagé: Ce que je voulais savoir, c'était son
approche à lui, sa définition à lui et il l'a
exprimée, purement et simplement.
M. le Président, on serait disposé, s'il n'y a pas
d'autres questions...
Le Président (M. Boucher): Tout d'abord, je demanderais
à ceux qui sont dans l'assistance de ne pas manifester.
Deuxièmement, le député de Terrebonne a demandé la
parole.
M. Fallu: M. le Président, loin de moi de vouloir brimer
les droits d'intervention de qui que ce soit, mais j'ai noté que le
député de Portneuf a dit qu'il avait posé sa
dernière question.
M. Pagé: D'ordre général.
M. Fallu: Justement, d'ordre général. Alors je
crains justement qu'en relançant le débat sur un autre sujet,
enfin, on verra bien, qu'il y ait des sous-questions.
M. le Président, il a été beaucoup question
d'accessibilité. Or, cela est assez courant dans notre
société québécoise, on privilégie, de
façon absolue, l'accessibilité à certains types de
ressources fauniques, à savoir des poissons dits nobles. On ne parle pas
moins que du grand brochet, que du saumon, que de la truite, la grise, etc., et
on oublie justement tous ceux qui s'appellent les petits pêcheurs
à la ligne.
Brutalement, on peut comparer les 12 000 permis de pêche au
saumon, émis l'an dernier, contre les et là, ils sont
beaucoup plus nombreux et de combien permis émis dans la
région de Montréal, par exemple, auxquels il faut ajouter tous
ceux qui pêchent sans permis.
La ressource faunique est proche, elle est accessible. Or, si elle est
accessible, d'une part, il n'est pas sûr, d'autre part, que
jusqu'à maintenant, les gouvernements précédents aient
favorisé son entretien et son expansion.
Je ne suis pas sûr du tout que dans l'état actuel des
choses, l'inventaire de l'ensemble des frayères de la région de
Montréal soit terminé. Quand je dis frayères, je dis
également les petites frayères, c'est-à-dire les plaines
d'inondation le printemps, notamment pour le brochet et le méné,
si important pour notre brochet.
Je ne suis pas sûr non plus que vraiment, on se soit,
jusqu'à maintenant, intéressé, au même titre que les
poissons nobles, à tous nos crapets soleil que nos enfants
pèchent sur le bord de la rivière, du fleuve, du lac Saint-Louis
ou du lac des Deux-Montagnes. Je ne suis pas sûr, non plus, que
l'inventaire complet de lieux non reconnus comme étant des lieux de
pêche, comme le canal Soulanges, ait été fait. Je ne suis
pas sûr non plus que nos délicieuses barbottes, à la
condition de les faire cuire au lait, de la rivière Saint-André,
aient été inventoriées.
Je veux signaler par là, par une certaine imagerie, que la
pêche, notamment, a été conçue de façon
privilégiée, alors qu'il y a un tas de monde qui aime la
pêche, notamment dans le milieu montréalais et le ministère
ne privilégie pas toujours ce milieu. Et pourtant, lui, il l'est,
accessible. Il est à deux pas de la maison.
Ma question effective, je la pose de la façon suivante: Est-ce
qu'il y a lieu de penser à une réorientation, j'allais dire quasi
intellectuelle, du ministère?
M. Duhaime: M. le député de Terrebonne, je vous
remercie de votre question. Cela va me permettre de nous féliciter, tout
le monde, qu'on ait limité la théorie de la noblesse, chez les
hommes seulement et heureusement, cela n'est pas encore introduit chez la faune
aquatique.
Je pense cependant que vous avez raison de dire que, pendant longtemps,
on a pensé que ces activités de pêche étaient
limitées à certains privilégiés. Mais en gros,
l'année dernière, il s'est émis 700 000 permis de
pêche au Québec.
Bien sûr, les pêcheurs de saumon sont en nombre beaucoup
plus restreint, à cause des coûts et à cause aussi de la
ressource.
Cependant, je peux vous assurer que l'inventaire des frayères de
la région de Montréal est à peu près
terminé, d'après l'information que j'ai à mon
ministère. Quant à une réorientation quasi intellectuelle
du ministère, je pense que je lui donnerais une extension beaucoup plus
vaste; je dirais que, d'une façon globale au Québec, on est en
train de faire cela, une réorientation intellectuelle à tous
points de vue, et je n'exclus pas le ministère du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche dans cette démarche.
Le Président (M. Boucher): Les membres de la commission
sont-ils prêts à passer à l'étude des
programmes?
M. Grenier: Cela va. M. Pagé: Oui, M. le
Président.
Maintien et amélioration de la faune
Le Président (M. Boucher): Programme 1: Maintien et
amélioration de la faune, élément 1. Inventaire et
recherche. M. le ministre.
M. Duhaime: Là-dessus, en termes de crédits pour
l'exercice 1977/78, tout le programme est de $6 504 000, comparativement
à $6 millions l'année dernière. Je pense que, pour votre
information, il y a un nouvel élément dans ce programme qu'il
m'apparaît important de souligner. C'est qu'avec la mise en chantier du
moulin à papier de Dono-hue, à Saint-Félicien, nous avons
mis sur pied un programme de recherche, bien sûr, et aussi de mise en
application d'un programme de protection de l'environnement et plus
particulièrement pour la ouananiche sur la rivière Ashuapmuchuan.
Dès cette année, nous y consacrerons la somme de $100 000. Je
pense que cela s'imposait. C'est la première phase d'un programme de
cinq ans.
Les autres éléments de ce programme consistent
essentiellement en des augmentations d'effectifs et en des augmentations
normales des salaires.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, le ministre a fait
état d'un programme nouveau, d'un élément nouveau dans ce
programme, la mise sur pied d'un comité de recherche,
particulièrement suite aux problèmes qu'on a connus dans le
Lac-Saint-Jean lors de l'implantation de l'usine de la Donohue et
particulièrement pour la ouananiche. Est-ce que le ministre peut me
confirmer que ce comité, ce groupe de recherche a été mis
sur pied suite à la visite d'un groupe de fonctionnaires
québécois à Vancouver pour étudier un
problème analogue que les gens avaient vécu là-bas sur la
rivière Fraser? J'aimerais savoir si ce rapport a été
déposé ou si le ministre entend déposer ce rapport, s'il
serait disposé à le déposer, et à quelle date les
gens de ce groupe de travail se sont rendus là-bas en
Colombie-Britannique.
M. Duhaime: Oui, effectivement, c'est à la suite d'un
déplacement des biologistes du ministère en Colombie-Britannique.
Un rapport a été préparé, mais vous allez le
retrouver au ministère de l'environnement.
M. Pagé: D'accord.
M. Duhaime: Si vous voulez d'autres détails,
peut-être que mon sous-ministre, M. Moisan, qui se charge plus
particulièrement de ce programme, pourrait vous fournir des
explications?
M. Pagé: C'est toujours au nom du ministre? M. Duhaime:
Pardon?
M. Pagé: C'est toujours en votre nom que M. Moisan
répondra?
M. Duhaime: Oui. M. Pagé: D'accord.
M. Duhaime: Vous parlez en mon nom, M. Moisan.
D'accord. L'équipe de travail et le programme ont
été préparés à la suite de la visite en
Colombie-Britannique.
Le groupe était constitué de spécialistes des
services de l'environnement du Québec, des services de l'environnement
fédéral, et des gens des pêcheries et du service de la
faune. Le rapport a été préparé conjointement, mais
c'est le ministère de l'environnement qui a sorti le rapport.
M. Pagé: D'accord. C'est sur la foi de ce rapport que
l'élément nouveau qu'on retrouve au programme 1 a
été...
M. Duhaime: C'est sur la foi de ce rapport que nos craintes ont
été confirmées.
M. Pagé: D'accord. Je présume que le ministre du
Tourisme ne voit pas d'inconvénient et je pose la question: Est-ce que
le ministre du Tourisme ne serait d'accord que le rapport n'a pas
été déposé chez lui? Est-ce qu'il serait
disposé à intervenir pour que le rapport puisse être
déposé ici, qu'on puisse en avoir une copie?
M. Duhaime: Je vais le regarder. En principe, non, je n'ai pas
d'objection. Seulement, avant de dire oui, j'aime autant garder la
réserve ministérielle habituelle afin de voir ce qu'il y a
dedans, au cas où il y aurait des éléments qu'il ne serait
pas d'intérêt public de dévoiler.
M. Pagé: D'accord. Je présume que vous en avez pris
connaissance?
M. Duhaime: Pardon?
M. Pagé: Je présume que vous en avez pris
connaissance?
M. Duhaime: Non, pas de ce rapport. M. Pagé: Pas de
ce rapport.
M. Grenier: Est-ce que le ministre peut nous dire si les
études qui se faisaient l'an dernier sur les arrosages contre la
tordeuse des bourgeons de l'épinette, ont été
complètement abandonnées? Je ne voudrais pas avoir l'air de
Dumont qui parlait des machines à pluie dans le temps, mais est-ce
qu'elles continuent?
M. Duhaime: Je vais demander à M. Moisan de vous donner le
status quaestionis.
M. Grenier: Comme dirait Mgr Grenier.
M. Duhaime: Les observations continuent à se faire. Il
existe dans...
M. Grenier: Je m'excuse, mais j'ai manqué le début
de la réponse.
M. Duhaime: J'ai dit que les observations continuent à se
faire. Il existe un comité interministériel formé des
ministères du Tourisme, Chasse et Pêche, des Terres et
Forêts, de l'Agriculture, du service de l'environnement, des Affaires
sociales pour la santé, par lequel on organise chaque année,
à partir d'un budget d'environ $500 000, des équipes qui vont sur
le terrain et qui observent si les arrosages ont des effets sur la faune, sur
les poissons, sur les oiseaux et sur les petits mammifères. Cette
surveillance se fait depuis quatre ans. Jusqu'à maintenant, il n'y a
jamais eu, en fait, d'observation de dommage mesurable, sauf au tout
début, à la première ou deuxième année,
où il y a eu un ou deux accidents au moment où les avions ne
possédaient pas encore les systèmes les plus sophistiqués
de navigation. Depuis qu'ils ont installé les nouveaux systèmes
de navigation qui assurent que l'avion ne passe pas deux fois au même
endroit, il n'y a pas eu d'accident.
M. Grenier: II est bien sûr qu'il y a des questions qui
devront être posées aux Richesses naturelles, principalement aux
Terres et Forêts là-dessus pour connaître les autres
résultats, mais de votre côté, vous n'avez pas vu de
conflagration. Vous n'avez pas noté non plus une baisse importante.
M. Duhaime: On n'a jamais observé, en fait, de dommage
mesurable encore.
M. Grenier: On sait que le Maine a eu un comité assez
important là-dessus, mais il a discontinué. Savez-vous pour
quelle raison cela a été fait?
M. Duhaime: II a discontinué quoi?
M. Grenier: On a discontinué l'arrosage
d'épi-nettes, à ce que j'ai vu dans un journal, remarquez
bien.
M. Duhaime: Je ne suis pas au courant. Je sais que la
Nouvelle-Ecosse...
M. Grenier: Ce n'était pas un comité en
participation avec le Québec. Il n'y avait rien en commun avec le
Québec.
M. Duhaime: Vous allez avoir plus de renseignements aux Terres et
Forêts.
M. Grenier: Aux Terres et Forêts.
Le Président (M. Boucher): Etant donné que le
député de Mégantic-Compton n'avait pas demandé la
parole, je suis obligé de la remettre au député de
Portneuf.
M. Pagé: On s'arrange bien.
M. Duhaime: Je peux ajouter là-dessus, M. le
député de Mégantic-Compton que mon sous-ministre, M.
Moisan, préside le comité interministériel pour ce qui est
des arrosages.
M. Grenier: Ah bon! On saura à quel numéro
appeler.
M. Pagé: Le ministre nous a fait part que les programmes
de recherches seraient particuliers pour la question du lac Saint-Jean. Est-ce
qu'à même les deniers requis ici, au montant de $100 000, il y a
d'autres cas au Québec où ces recherches seront
concentrées et affectées? Est-ce qu'il y a des cas particuliers
autres que le lac Saint-Jean?
M. Duhaime: II y a des recherches qui se poursuivent sur à
peu près toutes les espèces, le caribou, l'orignal, le chevreuil,
mais le programme de l'Ashuapmuchuan a été souligné cette
année à cause de l'effort qu'on y a mis tout simplement.
M. Pagé: Mais ma question concerne particulièrement
les lacs, les endroits qui sont affectés par les dépôts de
déchets d'industrie et les rivières aussi.
M. Duhaime: Toutes les questions concernant la pollution et qui
relèvent de la Loi des pêcheries sont sous la juridiction, depuis
trois ou quatre ans, par arrêté en conseil, des services de la
protection de l'environnement.
M. Pagé: Mais est-ce que le ministère est
consulté dans les politiques... D'accord, c'est placé sous la
juridiction des services de la protection de l'environnement, mais est-ce que
le ministère est consulté dans ces différents... Je
présume que oui.
M. Duhaime: Sûrement, et le ministère signale
évidemment chaque cas de pollution flagrante qu'il voit et demande aux
services de l'environnement de prendre les mesures pour l'arrêter.
M. Pagé: D'accord. J'aurais eu d'autres questions, mais ce
sera de mise de les soulever à l'environnement.
Le Président (M. Boucher): M. le député
de... Vous avez terminé?
M. Pagé: II me reste d'autres questions dans ce programme,
mais si d'autres membres ont des questions...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Terrebonne.
M. Fallu: M. le Président, relativement à la
recherche, on a vu progressivement la recherche, et c'est peut-être dans
le cadre de la dignité des poissons, se déplacer progressivement
depuis Montréal vers Québec. C'est ainsi. Ce sont les
approximations que je vais donner. Il y a un service de la recherche qui
comprenait, il y a quelques années, une quinzaine de personnes dans la
région de Montréal; il est maintenant extrêmement
restreint, pour ne pas dire endémique.
Je sais, par ailleurs ça, je l'affirme avec plaisir
que le service de recherche de la région de Québec a fait des
choses assez remarquables, notamment, dans l'étude du saumon, et entre
autres, les dernières découvertes sur le cycle du saumon, et je
dois souligner, puisque M. Moisan est ici, ce service a également
procédé à l'aménagement de certaines
rivières.
Maintenant, j'ai peut-être un peu l'impression que la chose s'est
faite au détriment de mes petits poissons, de mes petits
ménés. Vous m'excuserez, M. le Président, si j'y tiens
beaucoup, mais c'est que eux, ils sont accessibles.
Bref, je ne sais trop si c'est dans le cadre du
fédéralisme rentable de jadis, mais on a vu la recherche passer
concrètement à Environnement Canada. De plus en plus, donc,
Environnement Canada a assumé, conjointement ou autrement, des
programmes de recherche. De plus, il y a eu aussi une série de
transferts budgétaires, ce qu'on appellerait évidemment, des
mandats, sans doute, à des organismes pour faire des recherches.
Ma question s'inscrit, en fait, dans le sens du préambule que
j'avais fait lors du débat inaugural. Est-ce qu'on a l'assurance que,
dans une politique de décentralisation, notamment, un véritable
service de recherche pourra être, je dis carrément, remis sur pied
à Montréal, pour pouvoir desservir non seulement les postes
traditionnels, par exemple, ceux de Pointe-des-Cascades sur le lac Saint-Louis,
mais également étendre son champ d'action vers, par exemple, des
rivières un peu oubliées comme la rivière des
Mille-Iles?
M. Duhaime: Je pense que ça peut être vu ainsi de
l'extérieur. En fait, le groupe de recherche comme tel, à
Montréal, a diminué en quantité. Il a commencé
à diminuer à partir du moment où le bureau de district de
l'aménagement de la faune a été augmenté.
Dès qu'on a fermé l'ancien bureau
de district à Saint-Faustin et qu'on a amené ces gens
à Montréal, la plus grande partie des travaux qui se font autour
de Montréal sont maintenant faits par le groupe d'aménagement de
la faune qui, lui, a progressé continuellement.
D'un autre côté, je pense qu'on peut dire que, depuis deux
ou trois ans, il s'est fait plus de recherches dans les lacs autour de
Montréal et dans le fleuve que jamais auparavant, dans le cadre de
l'étude sur le fleuve qui est formée d'un consortium des services
de l'environnement, d'Environnement-Canada...
M. Fallu: D'Environnement-Canada surtout.
M. Duhaime: Du ministère chez nous, et c'est de cette
façon qu'on a pu faire les travaux qui ont été
publiés tout récemment, le rapport préliminaire sur le
fleuve. C'est comme cela qu'on a fait l'inventaire des herbiers de la
région de Montréal, qu'on a fait l'inventaire des frayères
du fleuve et des grands lacs. En fait, l'emphase est passée du groupe de
recherche au groupe d'aménagement, mais les mêmes travaux se
continuent.
Quant au programme de régionalisation dont on a parlé tout
à l'heure, il faut dire qu'il est difficile de penser à des
groupes de recherche distribués ici et là. La recherche,
contrairement à ce que vous souhaitez peut-être, va être
plutôt centralisée que régionalisée.
M. Fallu: Une sous-question, si vous le permettez, M. le
ministre. Quand vous parlez de centraliser, parlez-vous uniquement de
centraliser à Québec?
M. Duhaime: Oui. Ce qui n'exclut pas des équipes ou des
cellules qui travaillent à l'extérieur. Mais il y aura un groupe
de recherche, un service de la recherche uniquement, qui sera divisé, ce
qui n'a jamais été fait auparavant. C'est une direction de la
recherche biologique dans le nouvel organigramme, avec deux services, un
service en recherche en biologie aquatique et un autre en biologie terrestre.
Le ministère est très conscient de l'intérêt, de
l'importance, et de la richesse des eaux de la région de Montréal
et c'est pour cela qu'on s'acharne maintenant à essayer de sauver les
grosses frayères qu'on peut identifier, étant donné qu'on
en a déjà perdu tellement.
Le Président (M. Boucher): Sur le même sujet, M. le
député de Mégantic-Compton?
M. Grenier: Sur l'inventaire des recherches, oui.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Matapédia. M. le député de Matapédia.
M. Marquis: Cela se rapporte à un sujet qui a
été traité tantôt lorsqu'on a parlé de
l'usine de Saint-Félicien. Cela concerne le projet d'implantation d'une
usine de pâtes et papiers tout près du lac Matapédia, car
on sait que le lac Matapédia est la source de la rivière
Matapédia, dont on enten- dra probablement parler au cours de
l'étude de ces crédits. Quand il y a une étude d'impact
qui est faite, parce que c'est ce qu'on recommande avant d'implanter une
nouvelle usine, c'est très nouveau comme politique, on nous a dit que ce
sont les services de protection de l'environnement qui s'en chargent, mais quel
est le rôle à ce moment-là des biologistes du
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, parce qu'aux
services de l'environnement je ne sais pas s'il y a des biologistes
attitrés? J'aimerais savoir du ministre quel est le rôle que son
ministère joue à ce moment-là.
M. Duhaime: C'est une autre addition qui a été
faite dans le courant de la dernière année au service de la
recherche biologique, qui s'appelle maintenant le groupe d'étude
d'impact. Nous avions la mauvaise habitude d'arriver après coup dans les
cas de construction de moulins, et dans d'autres cas de développement
important. Nous avons maintenant formé ce nouveau groupe de deux
biologistes spécialistes avec des techniciens qui prévoient
maintenant les coups. Ils sont là dès que les projets sont
annoncés et même avant; or, nos biologistes étaient
toujours demandés à la dernière minute par les services de
protection de l'environnement pour donner la version de la faune sur le
problème. Maintenant, nous entrons dans le dossier dès le
début et quelquefois avant les services de protection de
l'environnement, de sorte que, lorsque le problème est soulevé,
nous sommes prêts pour faire part de nos inquiétudes et de nos
recommandations.
M. Marquis: Une question qui se rapproche de cela. Dans le cas
que je viens de citer, est-ce qu'on vous a passé une commande, est-ce
qu'une demande a été faite à votre ministère pour
cela? C'est le moulin de Val-Brillant.
M. Duhaime: Je ne crois pas qu'il y ait eu d'études
spéciales. Nous avons participé à celui de Cabano et c'est
à peu près le même cas. A ce moment-là, nous devons
nous fier au service de protection de l'environnement qui nous dit que la
qualité de l'eau qui va sortir du moulin va être aussi bonne que
quand l'eau y est entrée. J'ose espérer que ce sera la même
chose dans le cas de Val-Brillant. Nous n'avons pas été
consultés encore dans ce dossier.
M. Pagé: M. le Président, je suis d'accord que
l'environnement a le gros de la responsabilité, si on peut utiliser
l'expression, mais est-ce que le ministère procède à une
inspection pour prévenir quand même ou est-ce qu'il agit seulement
lorsqu'une réquisition est faite par les gens du milieu ou les gens
touchés par un problème comme celui-là?
M. Duhaime: Jusqu'à maintenant, nous arrivions dans le
portrait un peu tard et c'est ce que nous voulons faire maintenant avec ce
groupe spécialisé d'impact qui est en contact, par exemple, avec
le ministère du Transport, quand on
construit une nouvelle route, sur le trajet de la nouvelle route et avec
l'Hydro-Québec constamment pour la construction des lignes. Lorsqu'on
est au courant qu'un projet se dessine pour un moulin ou quelque chose comme
cela, on va embarquer immédiatement.
M. Pagé: On a fait état tout à l'heure du
rapport qui était déposé à l'environnement. Est-ce
que cette étude, qui a été menée par le
gouvernement du Québec à Vancouver, s'appliquait et avait pour
objet, particulièrement, le Lac-Saint-Jean ou si elle avait comme objet
de s'appliquer à tous les problèmes qu'on peut avoir à ce
chapitre? J'aimerais savoir, avant de terminer, la date à laquelle le
rapport a été déposé.
M. Duhaime: Je ne me souviens pas de la date exacte, mais le
rapport dont il est question, c'est un rapport sur les observations qui ont
été faites pendant ce voyage.
M. Pagé: D'accord, mais...
M. Duhaime: Elles s'appliquaient strictement au cas de
l'Ashuapmuchuan parce que les usines qui ont été visitées
en Colombie-Britannique étaient des usines de la même compagnie et
qui étaient censées utiliser les mêmes
procédés.
M. Pagé: D'accord.
M. Duhaime: C'est Donohue avec BC Forest. C'est pour cela que
c'est en Colombie.
M. Pagé: Mais quand même, les conclusions de cette
étude peuvent servir dans d'autres cas.
M. Duhaime: Bien sûr.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Très brièvement. Est-ce qu'il y a
d'autres études qui sont subventionnées? Je pense à des
espèces de clubs qui existent au niveau des écoles secondaires
où on fait l'étude des petits animaux, des choses comme cela.
Est-ce que du côté de la recherche il y a quelque chose de
subventionné ou si c'est au niveau du ministère de l'Education,
à ce moment-là?
M. Duhaime: II y a beaucoup de petits projets qui sont
subventionnés par des projets PIL, mais pas par notre
ministère.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Toujours dans le but d'aider à conserver les
petits poissons du député de Terrebonne, on sait que le sport de
la pêche sur la glace, depuis un certain nombre d'années, prend
beaucoup d'ampleur, non seulement à Sainte-Anne-de-la-Pérade,
mais sur les lacs comme le lac Champlain, le lac des Deux-Montagnes, les lacs
autour de Montréal, Mégantic aussi. Je me demande s'il y a des
études de faites pour conserver la variété et la
quantité de poissons qui se trouvent dans ces lacs quand on voit la
quantité de pêcheurs qui sont là le dimanche. Et, est-ce
qu'on voit, non seulement à conserver ou à préserver les
frayères, mais à remplacer le poisson ou à faire un
inventaire, du moins, des poissons qui sont pris dans ces lacs?
M. Duhaime: II y a eu des observations, des mesures de faites
pendant plusieurs années. Cela paraissait dans les journaux le lundi
matin, combien on avait pris de perchaudes, au lac Saint-Louis, combien on
avait pris de dorés. Ces études ont été
arrêtées parce qu'on s'est rendu compte que le rendement
était constant. La pêche en hiver sur les lacs, nous la
permettons, mais pas n'importe où et pas n'importe quand. Elle est
permise dans les lacs que nous appelons polyvalents, c'est-à-dire qui
contiennent des espèces qui se reproduisent très rapidement.
On ne peut pas épuiser les grands lacs autour de Montréal
de perchaude, à condition qu'on s'assure que les frayères
où elles peuvent aller se reproduire au printemps sont
préservées. Notre préoccupation n'est pas le nombre de
poissons qui est pris, mais c'est de s'assurer qu'ils pourront aller en
produire d'autres le printemps suivant.
Mais nous ne permettons pas la même chose dans les lacs à
truite ils ne peuvent pas supporter ce genre de pression.
M. Gagnon: Est-ce que vous avez aussi la même
préoccupation vis-a-vis du tort qu'on peut faire à
l'environnement, les gens qui vont à la pêche sur la glace, pour
ne pas qu'il arrive la même chose que l'on a pu voir à
Sainte-Anne-de-la-Pérade. Lorsqu'on s'est aperçu qu'on
était en train de polluer de façon presque
irrémédiable la rivière Sainte-Anne, on a agi. Compte tenu
que c'est tout de même une pêche qui débute et qui semble
vouloir s'accentuer, est-ce qu'on a des préoccupations pour
protéger l'environnement autour de ces lacs et sur les lacs?
M. Duhaime: Ce n'est que par l'éducation qu'on
réussira à le faire. Dans le cas de
Sainte-Anne-de-la-Pérade, cela a réussi lorsque les gens se sont
aperçus que leur rivière était en train de se ruiner et
ils se sont eux-mêmes organisés. Maintenant, il y a du ramassage
de déchet commercial qui se fait constamment de sorte que le milieu va
être préservé pour l'avenir.
M. Gagnon: Lorsqu'on parle d'éducation, est-ce que dans ce
programme-ci, ou dans un autre programme, le ministère du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche voit à faire une certaine forme
d'éducation? On en a parlé aussi au niveau de l'environnement,
alors on parle toujours d'éducation, mais est-ce qu'on met l'importance
voulue justement pour faire l'éducation du public, pas seulement pour
ces lacs, mais aussi l'éducation vis-à-vis de la protection de la
faune et de l'environnement en forêt? Est-ce qu'il y a un budget
prévu pour ça?
M. Duhaine: II n'y a pas de budget prévu comme tel, sauf
que dans toutes nos publications, nos posters, on essaie de toujours mettre les
gens devant les faits, c'est-à-dire leur montrer la laideur d'un milieu
pollué. Nous avons quand même c'est dans le programme 2, on
pourra en reparler un service ou une division de l'éducation et
de la sécurité par lequel nous essayons de convaincre les gens
d'être prudents et en même temps de respecter l'environnement.
M. Gagnon: Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de travailler en
coopération avec le ministère de l'Education? Il me semble que
dans les écoles comme l'éducation commence à la base, on
devrait accentuer cette forme d'éducation et de protection de
l'environnement. Est-ce qu'il y a des ministères comme celui du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche qui pourraient collaborer avec le
ministère de l'Education pour élaborer un plan semblable?
M. Duhaime: Je reçois avec beaucoup de satisfaction la
suggestion qui m'est faite par le député de Champlain. Je pense
qu'on a raison de dire que c'est à l'école qu'on doit commencer,
ce que j'appelle tout simplement, le civisme en forêt. Certainement, en
tout cas, en cours d'année, on va examiner la possibilité, avec
le ministère de l'Education, de programmer, que ce soit à
l'intérieur de cours d'histoire naturelle ou peu importe la formulation
que ça pourra prendre, mais il m'apparaîtrait important qu'on
commence très tôt chez les jeunes. J'irais même plus loin,
je pense qu'il faudra aussi examiner la possibilité, si ce n'est cette
année, du moins l'an prochain, de faire un certain travail
d'éducation populaire, un peu de la même façon qu'en a
parlé mon collègue, Marcel Léger, à
l'environnement, avoir six millions de gardiens de l'environnement. Il avait
peut-être à l'esprit que ça incluait la faune.
Là-dessus, je pense que et je dirais même que ça
s'imposerait et que ça se fasse.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: A ce sujet, M. le Président, je souscris
pleinement à ce qui est demandé par le député de
Champlain et ce à quoi le ministre souscrit lui aussi.
Déjà, par contre, des cours se donnent dans nos écoles,
particulièrement au niveau du secondaire I, en écologie. Mais je
pense qu'il faudrait peut-être que le ministre, avec ses collaborateurs,
songe à la possibilité, tout au moins de demander au Conseil du
trésor, lors d'un prochain budget ou d'un budget supplémentaire,
que des sommes y soient affectées.
C'est très important, M. le Président. Je trouve que c'est
un sacrilège de voir sur un lac, flotter une canette de bière ou
d'eau gazeuse. Pourtant, c'est strictement un problème
d'éducation populaire. C'est strictement une question de comportement
individuel. J'abonde dans le même sens que le député de
Champlain et j'incite le ministre à continuer ses efforts dans ce sens,
avant de passer à une autre question, M. le Président.
M. Duhaime: Je voudrais corroborer tout à fait votre
affirmation, cependant, vous rappeler qu'il faut quand même
protéger le principe d'Archi-mède: les bouteilles et les canettes
vides ne restent pas en surface, elles descendent au fond et c'est là
que c'est dramatique.
M. Pagé: J'en ai déjà vu flotter, et ce
n'est pas beau.
M. le Président, s'il n'y a pas d'autres questions sur le sujet,
j'aurais une autre question sur le programme 1.
Le Président (M. Boucher): Vous avez la parole, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, au cours de
l'année, le ministre a certainement pris connaissance de nombreux
articles faisant état de la pollution du poisson,
particulièrement par le mercure, le PCB et le mirex.
Est-ce que le ministre pourrait préciser la position du
ministère sur cette question?
M. Duhaime: Sur les questions de pollution,
particulièrement par le mercure, je pense que je vais demander à
M. Moisan de vous donner l'arrière-plan technique là-dessus.
D'abord, je ne crois pas que nous ayons trouvé de mirex au
Québec.
M. Pagé: Tant mieux.
M. Duhaime: Nous avons du mercure et des PCB.
La position du ministère, depuis plusieurs années... Le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, parce qu'il
travaille dans le poisson, en particulier, a été un des premiers
à identifier la présence de mercure dans les poissons.
A ce moment-là, on a cru bon de prendre les mesures qui
s'imposaient, c'est-à-dire défendre, arrêter la pêche
commerciale des espèces qui sont les plus contaminées, parce que
ce ne sont pas tous les poissons qui sont contaminés; ce sont les
poissons prédateurs.
M. Grenier: Quelle sorte?
M. Duhaime: Les poissons prédateurs, ceux qui mangent
d'autres poissons, c'est-à-dire le doré et le brochet surtout. La
truite n'est pas polluée, n'a pas encore de mercure, que je sache. A ce
moment-là, on a arrêté la pêche commerciale et on a
averti les gens qu'il y avait du mercure dans ces poissons.
Lorsque la crise du mercure s'est accentuée l'an dernier, le
ministère n'a pu prendre d'autre position que de dire: Nous savons qu'il
y a du mercure, nous avons des rapports qui l'indiquent. Mais lorsqu'il s'agit
de santé publique, nous ne sommes pas experts pour dire si les gens
peuvent en manger, et combien ils peuvent en manger.
Le ministère des Affaires sociales, qui s'y connaît
beaucoup mieux, a dit, à ce moment-là, après avoir fait
les consultations: Quand vous pre-
nez de ces poissons dans le fleuve, II ne faut pas en manger plus que
deux repas par semaine, par exemple. Notre rôle s'est limité,
ensuite, à publier les résultats, chaque fois que nous en avons
eu, pour indiquer en particulier les endroits les plus critiques. Ce n'est pas
facile.
Si on prend un lac, comme le lac Saint-François, dans la
région de Montréal, il y a certaines baies où le poisson
est plus pollué qu'ailleurs. On indique précisément
où les poissons ont le plus de mercure. Mais nous avons toujours
pensé que notre rôle s'arrêtait là.
M. Pagé: D'accord.
Mais sur la foi des relevés que vous faites, comme
ceux-là, et la détection que vous faites, est-ce que le
ministère entend faire une carte descriptive des plans d'eau qui
seraient affectés par le mercure et le PCB? Ce plan d'eau, d'ailleurs,
fait l'objet d'articles. Je me rappelle un article de la Gazette.
M. Duhaime: Vous avez peut-être pris connaissance du
volumineux rapport qui a été produit sur le nord-ouest du
Québec, où notre contribution a été de
collectionner les poissons, de les ramasser partout; le ministère de
l'environnement et des Affaires sociales, ont formé un comité
auquel participait le docteur... enfin le spécialiste au
ministère de l'environnement et un rapport a été
publié qui indique justement, par lac et par espèce, la teneur en
mercure. C'est justement le programme que le ministre de l'environnement a
annoncé, il y a quelque temps.
On veut étendre maintenant ce programme, cet inventaire à
toute la province.
M. Pagé: D'accord.
M. Duhaime: Notre contribution encore là, cela va
être de fournir le poisson.
M. Pagé: Mais, comme cela, vous ne croyez pas que le
ministère du Tourisme devrait participer plus étroitement
à cette information à donner au public, en publiant, en faisant
de la publicité sur les différents plans d'eau qui sont
affectés? Entre autres, cela vous a déjà été
demandé, non pas seulement par nous, mais par des journalistes qui en
ont fait part dans des articles. Je me rappelle un article de la Gazette, que
j'ai ici, du 7 avril dernier, de M. Phillips.
M. Duhaime: Nous avions promis, l'an dernier, chaque fois que
nous avions des informations, de les publier. Quand nous les avons eues, nous
les avons publiées. Il y en a eu une fois, parce que c'est très
long, cela ne sort pas rapidement ces trucs-là.
M. Pagé: D'accord, mais vos informations sont quand
même compilées. Ce serait quand même possible de faire de la
publicité, à un moment donné, en faisant état de
cela dans tout le Québec.
M. Duhaime: Ce sont des rapports très volumineux, ces
rapports-là.
M. Pagé: Oui.
M. Duhaime: Celui sur le fleuve Saint-Laurent qui est sorti il y
a un mois ou deux, c'est un rapport de 200 pages. Il y a peut-être
cinquante pages strictement sur le mercure, sur les PCB, sur la distribution,
seulement dans le fleuve Saint-Laurent à partir de Cornwall
jusqu'à Montmagny.
M. Pagé: Oui, mais des informations comme celles-là
se font déjà dans d'autres ministères. Par exemple, aux
Terres et Forêts, il y a de la publicité qui a été
faite à un moment donné concernant la tordeuse de bourgeons
d'épinettes. Je prends l'exemple d'une région donnée qui
est affectée, dont certains lacs sont affectés. Il pourrait
peut-être y avoir de la publicité dans les journaux
régionaux faisant état de ce problème, strictement au
niveau de la région. Je suis d'accord que cela n'intéresserait
peut-être pas les gens de mon comté de savoir que, dans tel
secteur autre que ceux où ils vont habituellement à la
pêche... Mais, quand même, dans les différentes
régions du Québec cela pourrait être fait et cela ne
coûterait pas une fortune.
M. Duhaime: II faut dire, comme je le disais tout à
l'heure, que cette contamination se produit chez le doré et le
brochet.
M. Pagé: Oui.
M. Duhaime: On va la retrouver où il y a du doré et
du brochet.
M. Pagé: Oui, mais on pourrait en faire état
là.
M. Duhaime: Le doré et le brochet sont dans le fleuve
Saint-Laurent, dans le Nord-Ouest de la province.
M. Pagé: Oui.
M. Duhaime: Dans le Nord-Ouest de la province il y a un
volumineux rapport dont tout le monde est au courant et dans la région
du fleuve Saint-Laurent, il y a un autre rapport aussi dont tout le monde est
au courant. On fait de la publicité, en particulier dans les grands lacs
autour de Montréal, pour indiquer les endroits très précis
où il fallait être très prudent.
M. Pagé: D'accord. Quant à nous, on pense et on
vous soumet respectueusement, M. le ministre, qu'il serait peut-être
opportun quant à nous, cela le serait qu'une publication
de cette nature puisse être faite par le ministère du
Tourisme.
M. Grenier: Ouvrir peut-être des restaurants où on
ne servirait que du poisson au mercure pour envoyer nos belles-mères
souper.
Une Voix: J'ai d'autres questions, mais allez-y.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je n'ai pas autre chose.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Terrebonne.
M. Fallu: J'aimerais savoir si les recherches auxquelles on fait
allusion ont été faites par Environnement Canada ou par le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
M. Duhaime: Cela a été fait par tout le monde
ensemble. Tout le monde y met du sien. La participation la plus importante
d'Environnement Canada, c'est de faire les analyses, parce qu'il possède
le laboratoire le plus raffiné et cela prend des méthodes
très sophistiquées pour faire des analyses précises. Le
fédéral a ce laboratoire à Lon-gueuil. Tout le monde s'en
sert. On ne voit pas pourquoi il faudrait dédoubler ce laboratoire. La
participation majeure d'Environnement Canada, c'est de faire les analyses.
M. Fallu: Oui, je veux bien, sauf que historiquement, le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche avait lui aussi
ses laboratoires et c'est progressivement que l'initiative est partie vers
Environnement Canada.
M. Duhaime: Le ministère du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche n'a jamais eu de laboratoire capable de faire des dosages de
mercure et de PCB. On a eu des laboratoires de biologie pour identifier des
poissons, les disséquer, mais pas de laboratoire de chimie, en fait,
sophistiqué au point de pouvoir faire des analyses de mercure et de
PCB.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Matapédia.
M. Marquis: M. le Président, toujours sur la recherche,
est-ce que c'est le cas qu'une étude récente sur l'orignal aurait
tendance à démontrer...
M. Pagé: Excusez-moi, on n'a pas terminé
là-dessus. On va en arriver à l'orignal tantôt. Une
dernière petite question.
M. Cordeau: Une question additionnelle à celle du
député de Terrebonne.
Le Président (M. Boucher): Additionnelle à celle du
député de Terrebonne. Oui, M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Je tiens à féliciter le service de
recherche du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche de
collaborer avec Environnement Canada. Cela démontre que, de ce
côté, il y a des choses valables du côté du Canada.
Alors, je félicite ces gens de collaborer, c'est très
positif.
M. Pagé: Vous pourriez demander au président ce
qu'en pense le ministre.
M. Duhaime: C'est un laboratoire qui est déjà en
place. Lorsque le moment sera venu...
M. Cordeau: En attendant?
M. Pagé: On a parlé de la pollution du
Saint-Laurent et tout cela. Est-ce que ce problème de la pollution ne
remet pas en cause toute la question de l'émission des permis de
pêche commerciale sur le fleuve Saint-Laurent?
M. Duhaime: Les permis de pêche, actuellement...
M. Pagé: Particulièrement en ce qui concerne
l'anguille et l'esturgeon.
M. Duhaime: Les permis de pêche commerciale qui sont
émis actuellement sur le fleuve Saint-Laurent, c'est pour la carpe, la
perchaude, la barbotte...
M. Pagé: Ils ne sont pas affectés par...
M. Duhaime: ... l'anguille à deux ou trois endroits. La
perchaude et la barbotte ne sont pas affectées. L'anguille est
affectée, mais on me dit qu'on la vend surtout à des pays qui
sont prêts à manger du mercure.
M. Pagé: Oui, M. le Président...
M. Duhaime: Les pays qui n'ont pas beaucoup de richesses
naturelles.
M. Pagé: M. le Président, sérieusement, vous
ne croyez pas que ce serait légitime je suis d'accord que c'est
sérieux de cesser l'émission de permis de pêche
commerciale, notamment dans le cas de ces poissons, parce que...
M. Duhaime: En fait, c'est...
M. Pagé: ... je voudrais savoir aussi dans quels pays
c'est vendu, parce que cela m'inquiète.
M. Duhaime: Cela peut sembler étrange, mais l'anguille est
vendue en Allemagne où il n'y a aucune limite sur le contenu en mercure
des poissons.
M. Pagé: II n'y a pas de problème. Les Allemands ne
se préoccupent pas de cela. La race pure. M. le Président,
j'avais des questions sur le chevreuil, mais mon collègue a
soulevé la question de l'orignal. Alors, on pourra vider la question de
l'orignal et je pourrai revenir au chevreuil, si vous le permettez.
M. Marquis: M. le Président, je fais
référence à un article de journal où on parlait
d'une étude qui avait été faite sur l'orignal. Cette
étude aurait tendance à démontrer que la politique qui a
pour ef-
fet de protéger la femelle orignal est en application depuis plus
de dix ans et qu'on se serait trompé. Il aurait fallu plutôt
protéger les vieux mâles, parce que c'est beau d'avoir de belles
et grandes femelles, mais les jeunes mâles qui restent ne seraient pas en
mesure de bien remplir leurs obligations et la survie de l'espèce aurait
été plus assurée en employant une politique inverse;
exactement l'inverse de ce qu'on connaît depuis une dizaine
d'années.
M. Duhaime: Là-dessus, je vous dirai que je pense que cela
rejoint le statut matrimonial de l'orignal qui reste mal défini.
Contrairement au loup, par exemple, où on est certain que c'est un
animal qui est monogame, on est en train de se demander si l'orignal ne serait
pas ou bien monogame ou polygame. De là découlent, bien
sûr, ces études qui se font où, pendant tant
d'années, on recherchait des panaches et on permettait seulement
l'abattage ou la chasse du mâle. Je ne le sais pas encore, mais on va
certainement regarder cela de près. J'espère que ce n'est pas une
école byzantine de pensée, mais on nous évoque aujourd'hui
la possibilité qu'il faudrait qu'on protège les mâles et
qu'on permette la chasse aux femelles seulement.
Cela étant dit, je vais demander à M. Moisan, qui est plus
familier avec ce dossier technique, de vous donner des explications.
C'est une déclaration qui a été faite à
Chicoutimi, il y a deux ou trois semaines. C'est plus qu'une étude. En
fait, nous avons, au ministère, un groupe de spécialistes qu'on
appelle le comité sur l'exploitation de l'orignal, qui coordonne
à la fois les recherches qui se font au service de la recherche
biologique et celles des biologistes dans les districts qui étudient
l'orignal à longueur d'année...
Deux ou trois personnes de ce comité se sont rendues dans l'Ouest
du pays, il n'y a pas longtemps, pour une conférence sur l'orignal
où on a pu échanger des idées et où on a pu aussi
confirmer des hypothèses qu'on commençait à poser.
On retrouve au Québec, parce qu'on commence à avoir pas
mal de renseignements, d'analyses, des données de chasse depuis
maintenant une quinzaine d'années où on se rend compte qu'il y a
une relation entre le pourcentage de mâles dans la population et le taux
de productivité. C'est un peu choquant, parce que, quand on se rend
compte que le pourcentage de mâles est moins de 40% à peu
près, le taux de productivité de la population descend aussi, ce
qui nous amène à nous poser des questions sur les anciennes
politiques de la chasse du mâle seulement; on sait que quand les
populations baissent un peu, tout le monde suggère de tuer les
mâles seulement. Nos observations actuellement indiquent qu'il y a
déjà 40% de mâles dans la population de 40% à
45% de sorte que nous devons nous demander quoi faire.
Nous nous retournons, à ce moment-là, vers la
Suède, qui a un record très enviable d'"aménagement" de
l'orignal et qui, elle, a un taux de pro- ductivité beaucoup plus
élevé que le nôtre; elle procède, depuis plusieurs
années, selon ce système, c'est-à-dire dire de tuer
ça va sûrement scandaliser les gens si jamais on y arrive
des veaux et de tuer de jeunes orignaux d'un an, des femelles et des
mâles, mais de garder les mâles adultes, parce que le mâle ne
se reproduit pas, semble-t-il, avant trois ou quatre ans. Il peut se
reproduire, mais il doit dominer les autres avant de pouvoir se reproduire,
parce qu'il y a un peu de concurrence là-dedans.
C'est comme en politique.
On en est là actuellement. C'est ça qui a
été dit de sorte que pour les spécialistes, en tout cas,
ça élimine carrément la possibilité de changer nos
règlements, si jamais on a des problèmes avec l'orignal pour
revenir à l'abattage du mâle seulement.
Cela résume un peu cette déclaration.
M. Grenier: Est-ce qu'on a le programme 2 ensuite, M. le
Président?
Le Président (M. Boucher): Sur le même sujet, le
député de Champlain.
M. Grenier: Je m'excuse, juste une minute...
Le Président (M. Boucher): On est à
l'élément 1 du programme 1.
M. Grenier: Oui, mais quand on parle d'amélioration de la
faune, ce n'est pas l'élément 2 qu'on a pris?
M. Pagé: Non.
Le Président (M. Boucher): On a parlé de
recherche.
M. Grenier: D'accord.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: M. le Président, ce n'est pas sur l'orignal;
c'est sur le caribou. Est-ce qu'on peut traiter du caribou en même temps
que de l'orignal?
M. Pagé: Est-ce qu'on pourrait terminer l'orignal? Avant
de passer au chevreuil, on passera au caribou.
M. Gagnon: Je vous laisse l'orignal.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'on va passer tous les
animaux de la création ou bien si...
Une Voix: On va se retrouver dans l'Arche de Noé.
M. Boucher: Moi je pense que, comme bibites, ça se
ressemble un peu, le caribou et l'orignal. On pourrait peut-être traiter
de ça en même temps.
M. Pagé: C'est parce qu'il y a des questions
spécifiques que je voulais poser, qui sont bien brèves.
M. Gagnon: C'est simplement une question. Je sais qu'on a fait
des expériences, il y a quelques années je ne sais pas si
les expériences se poursuivent dans le parc des Laurentides
où on a apporté du caribou. On a essayé de le faire se
reproduire. Je pense que l'expérience n'avait pas été trop
valable. Est-ce qu'on continue cette expérience actuellement?
M. Duhaime: Nous considérons cette expérience comme
un succès.
M. Gagnon: Oui?
M. Duhaime: Les chiffres hypothétiques qui avaient
été avancés sur la croissance du troupeau étaient
très hypothétiques. En fait, le troupeau croît lentement et
nous sommes sûrs d'avoir au moins 60 caribous dans le parc, qui se
tiennent à un ou deux troupeaux pendant tout l'hiver. Cela prend
beaucoup de temps à démarrer, une population comme ça,
mais nous pensons que d'ici quelques années, ça va croître
beaucoup plus rapidement.
M. Gagnon: Est-ce que, actuellement, les caribous semblent
s'être acclimatés?
M. Duhaime: Absolument, oui. M. Grenier: M. le
Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: On change de bibites, oui?
M. Duhaime: On est toujours dans les orignaux?
M. Grenier: Non, je tomberais dans les animaux qui ont deux
pattes et demie.
Le Président (M. Boucher): Vous reviendrez avec les
orignaux, parce qu'il n'y a pas d'autres questions sur les orignaux, je
pense.
M. Pagé: Est-ce qu'on finit les orignaux?
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'on peut passer aux
orignaux tout de suite? D'accord. Allons-y pour les orignaux. M. le
député de Portneuf.
M. Grenier: Merci, M. le Président.
M. Pagé: J'aimerais connaître l'impact de la
nouvelle politique de zonage pour la chasse à l'orignal, parce que
l'année dernière, aux crédits, on nous avait dit que le
ministère réévaluerait toute sa politique sur cette
question et qu'il y avait possibilité de modifier le plan de zonage, la
politi- que de zonage. Qu'est-ce qui a été fait depuis les
derniers crédits là-dessus?
M. Duhaime: II y a une nouveauté pour l'automne prochain.
C'est un début de contrôle des chasseurs, dans le sens que nous
avons actuellement deux zones au Québec où l'orignal nous cause
des inquiétudes particulières, l'une est la Gaspésie, la
zone D, et l'autre est la zone de l'Outaouais, qui s'appelle F-4. Dans ces deux
zones, nous n'avons pas limité le nombre de permis, mare nous avons
émis un permis spécial pour ces deux zones-là.
C'est-à-dire que les chasseurs qui vont à la chasse ailleurs ne
peuvent pas aller là ensuite. Ce qui nous a permis de mettre la chasse
plus tard pour essayer de sauver des mâles.
M. Pagé: D'accord.
M. Duhaime: Parce que la chasse sera après la
période du rut seulement.
M. Pagé: En fait vous confirmez l'affirmation que faisait
M. Stanley George, un biologiste au service de l'aménagement de la faune
à Rimouski, voulant que la situation de l'orignal en Gaspésie
était alarmante.
M. Duhaime: La situation est d'autant plus alarmante que le
braconnage en Gaspésie a atteint un niveau alarmant. Nous avons saisi,
l'automne dernier, 123 collets à orignaux dans deux semaines à
peu près.
M. Grenier: Maintenant qu'ils ont un curé comme
député cela va se moraliser.
M. Pagé: M. le Président, il y a eu des
augmentations de tarifs pour la chasse. Pourquoi une augmentation de 8%, par
exemple, dans le parc de la Vérendrye, de 20% dans les parcs des
Laurentides et de Matane et 33% dans Portneuf?
M. Duhaime: Les augmentations varient je pourrais mieux
vous répondre quand on parlera des parcs, parce qu'on aura des chiffres
à ce moment-là parce qu'à certains endroits, il y a
des guides, dans d'autres, il n'y en a pas; ici, il y a des chalets, et
là, il n'y en a pas. C'est seulement pour ces raisons.
M. Pagé: On pourra revenir à cette question
à l'étude des parcs.
M. Duhaime: On pourra y revenir.
M. Pagé: J'ai plusieurs articles de journaux ici qui font
état d'un carnage, et c'était vraiment une orgie qu'il y a eue au
lac Mistassini. Elle s'était soldée par le carnage de 400
orignaux.
M. Duhaime: C'est dans l'autre programme, le 2, Protection de la
faune.
M. Pagé: Je voudrais savoir ce qui a été
fait. Cela fait quand même partie de l'amélioration, on pourrait
vider cette question-là.
Le Président (M. Boucher): L'élément 1 n'a
pas encore été adopté, si vous voulez passer à
l'élément 2 on va adopter l'élément 1.
M. Pagé: On le retiendra. Je suis prêt à
passer aux phoques.
Le Président (M. Boucher): Oui. On pourrait y aller avec
le phoque. Le député de Mégantic.
M. Duhaime: Pour ce qui est des phoques, M. le
député de Mégantic-Compton...
M. Pagé: Je l'ai gardé pour la fin de la session
cela me rappelle Brigitte pour aller me coucher... Sérieusement, quel
est le problème dans cela? On a vu tellement de choses. Quand le
gouvernement provincial s'est mêlé à ces
études-là, ce sont toujours des déclarations qui venaient
du ministère de l'Industrie, à Ottawa... Le Québec a-t-il
quelque chose à dire sur cette question et quel est le vrai
problème?
M. Duhaime: C'est un problème strictement émotif.
Les spécialistes très compétents et reconnus mondialement
comme étant compétents ont assuré que les populations de
phoques étaient en excellente condition, qu'il fallait en exploiter une
bonne partie parce qu'autrement il y en aurait trop. Malheureusement on a
publié des photos d'un jeune phoque avec de magnifiques yeux noirs, sur
des couvertures de magazine. C'est évidemment très joli. Ce fut
le commencement d'un mouvement strictement émotif qui a défendu
de tuer ces animaux. Mais il n'y a aucune espèce de danger au point de
vue biologique pour le phoque. Ce qui me surprend, c'est ceux qui ont fait
l'Indochine qui en parlent le plus.
M. Grenier: Ceux qui ont fait? En fait, vous corroborez la
déclaration que M. Trudeau a faite, je ne sais pas où, en
Allemagne.
M. Cordeau: Ils sont tous pour l'avortement, mais ils veulent
sauver les phoques.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laviolette, vous aviez un animal préféré?
M. Pagé: M. le Président, sur la question du
phoque, j'inviterais le député de Mégantic-Compton
à regarder le film qui a été tourné par les
étudiants du CEGEP de Jonquière, qui a été
rapporté dans une émission à Radio-Canada
récemment.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, en fait, cela a rapport
à l'ensemble des animaux à fourrure. Les trappeurs de notre
région parlent de...
M. Grenier: Vous savez de quoi vous parlez.
M. Jolivet:... la disparition, de plus en plus, de ces animaux
dans le secteur du coin de La Tuque, de Parent et de toute la région qui
me concerne. On a fait mention, à un moment donné, de
l'arrêt de trappage pour un bout de temps. Quel est, à ce
niveau-là, l'impression des gens du ministère?
M. Duhaime: S'il y a une diminution des animaux à
fourrure, elle ne vous est sûrement pas connue. Les captures d'animaux
à fourrure ont même augmenté. Evidemment, elles ont
probablement augmenté à cause du prix des fourrures qui a atteint
un niveau jamais atteint auparavant, mais nous n'avons, à ma
connaissance, aucune indication à l'effet que les animaux à
fourrure diminueraient où que ce soit au Québec.
M. Jolivet: Même dans les régions où l'on dit
qu'à cause du manque de gens pour surveiller la chasse, comme les
gardes-chasse, cela occasionne, au niveau des gens qui, depuis des
années, sont des trappeurs de père en fils et qui connaissent un
peu l'ensemble de la chasse... Ils disent, eux, que malheureusement cela se
fait de plus en plus rare, en termes de faune de ce type-là.
M. Duhaime: Les données qu'on possède sur les
captures d'animaux à fourrure n'indiquent rien de semblable,
actuellement. Au contraire, on a beaucoup de régions où nous
avons identifié une sous-exploitation des animaux à fourrure.
M. Jolivet: Vous parlez de l'exploitation comme telle, par les
animaux qui sont tués.
M. Duhaime: Non, par les trappeurs.
M. Jolivet: Mais au niveau de ce qui reste, est-ce qu'il y a une
enquête qui permet de dire que la mortalité, l'utilisation de la
chasse, à ce niveau-là, fait en sorte qu'il y a de moins en moins
d'animaux et qu'il y a risque que d'ici cinq ans, on parle de disparition de
certaines espèces?
M. Duhaime: Nous n'avons rien qui indique cela actuellement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mégantic.
M. Grenier: M. le Président, il y a des questions, avant
la séance, qu'on me pose à cause du sommet économique de
la semaine prochaine. On a plusieurs députés qui doivent faire du
bureau de bonne heure demain, qui sont appelés à
l'extérieur et s'il y avait lieu d'ajourner une heure plus tôt,
cela accommoderait pas mal de monde.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que tous les membres
sont...
M. Pagé: Je suppose que le ministre veut aller à
Montréal.
M. Duhaime: On pourrait finir le premier
élément.
M. Pagé: J'ai beaucoup de questions sur le chevreuil. On
fera plus vite mardi. On reviendra avec le chevreuil mardi matin.
M. Duhaime: De toute façon, vous êtes au sommet?
M. Grenier: Moi je n'y suis pas, mais je suis obligé de
remplacer à des commissions. Je sais qu'il y en a qui s'absentent. Si
cela allait, je serais prêt à accepter l'élément 1.
C'est cela que vous avez dit.
M. Pagé: J'ai des questions sur le chevreuil. On n'y est
pas revenu encore.
M. Grenier: On peut terminer l'élément 1, cela ne
me dérange pas. Une dizaine de minutes de plus et on ajourne
après.
M. Pagé: C'est parce que j'ai des questions, M. le
Président, sur le chevreuil. Alors, je souscris à la
requête de M. le député de Mégantic-Compton.
M. Duhaime: Etant donné que le député de
Portneuf m'avait proposé un ajournement à 10 h 30...
M. Pagé: J'avais parlé de 10 h 30.
M. Duhaime: Ce à quoi j'avais acquiescé
d'emblée.
M. Pagé: Par accommodement, parce que le ministre ne peut
pas siéger demain, on s'était entendu sur cela. Mais étant
donné que mon collègue de Mégantic-Compton a un dossier
important, vous avez une rencontre importante demain, vous devez être en
Chambre cette semaine, je suis d'accord.
M. Grenier: ... ce soir.
M. Duhaime: Je n'aurais pas d'objection à ce qu'on traite
du chevreuil dans l'élément 2, dans l'amélioration de la
faune. On pourrait au moins dire qu'après une séance intense et
sans ajournement, en deux étapes, on a un élément
d'adopté.
M. Pagé: Un élément d'adopté.
M. Grenier: Alors, on adopte l'élément 1.
Le Président (M. Boucher): Alors, l'élément
1 est-il adopté?
Des Voix: Oui.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Elément
2.
M. Pagé: Avec le fait qu'on revient au chevreuil à
l'élément 2. D'accord?
M. Duhaime: Oui.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Terrebonne.
M. Fallu: Avec la permission du député de l'Union
Nationale, j'aurais seulement une question à poser, puisque je
m'étais inscrit à cette commission précisément pour
l'élément 1 et l'élément 2. Avant tous les
préambules et autres choses, vous permettez que je la pose?
M. Pagé: On consent à ce que vous la posiez mardi
ou tout de suite.
M. Grenier: Est-ce à l'élément 2?
M. Fallu: Je suis venu précisément à la
commission et uniquement pour le programme 1. Ma question est relative aux
animaux à fourrure, il ne s'agit pas de recherche, il s'agit de prix. On
constate en effet qu'il y a une augmentation dans les captures, il y a
également une augmentation dans la valeur du marché. Je veux bien
compatir avec les trappeurs eux-mêmes, qui ont des frais
supplémentaires eux aussi, et qui travaillent très fort.
Néanmoins, il m'apparaît que notre mode d'évaluation de la
valeur de la redevance par unité de fourrure est plutôt
archaïque. Si vous permettez, je vais tout simplement citer quelques
exemples. C'est ainsi que le lynx du Canada a une redevance de $1 alors qu'en
Ontario, l'an dernier, il y a eu une redevance de $11.60. De la même
façon, le lynx roux qui a ici une redevance de $0.50 a en Ontario une
redevance de $5.15. Il y a donc des distorsions terribles dans ce domaine. Je
crois que c'est dû essentiellement à la méthode
d'imposition des redevances. L'Ontario impose une redevance au pourcentage
alors que le Québec a toujours une redevance fixe. Je ne suis pas
remonté très haut, mais les écureuils à $0.01 sont
encore à $0.01 et ça fait très longtemps qu'ils sont
à $0.01 puisqu'il est difficile de baisser en bas de $0.01.
Les belettes sont toujours à $0.05 et ce, depuis que je frappais
moi-même. Elles étaient alors à $0.05. Je pose la question.
A mon avis, il y aurait lieu de revoir la méthode d'application des
redevances, tout en tenant compte évidemment d'un marché qui est
relativement captif au Québec. Je dirais que, depuis la Compagnie des
cent associés, Montréal est le pôle international de la
fourrure. Il faut voir à le conserver, d'une part, mais il faut
également et décemment voir à prélever une taxe qui
soit pour le moins raisonnable dans les circonstances.
M. Duhaime: Je vous répondrai là-dessus qu'a
priori, votre suggestion d'accrocher le tarif des redevances avec ce qui se
passe, comme vous nous le dites et on est au fait de cette situation qui existe
en Ontario, m'apparaîtrait normale. Quand on parle d'écureuils
à $0.01, ça ne m'apparaît pas sérieux, mais ce qui
me frappe surtout, c'est la belette qui est restée à $0.05.
Durant les mois d'oc-
tobre et novembre 1976, on a parlé entre autres du rat, de la
belette et du petit lapin dans mon comté.
Une Voix: C'est à la campagne, cela?
M. Duhaime: Sans badiner, je pense que si on veut être
réaliste dans l'établissement de ces redevances, il
m'apparaîtrait normal que cela aussi suive le cours normal vers la
hausse, tout en gardant, bien sûr, une tarification d'indice
raisonnable.
M. Cordeau: J'ai une petite question sur cela.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Combien de redevances ont été
perçues l'an passé, concernant ces redevances de $0.01, $0.05 et
$1.
M. Fallu: $93 342.50
M. Duhaime: Pour l'exercice 1976/77, $115 000, en chiffres
ronds.
Le Président (M. Boucher): Du consentement de tous les
membres de la commission, nous ajournons nos travaux sine die, possiblement que
la reprise se fera mardi matin.
M. Duhaime: Juste avant l'ajournement, je voudrais apporter une
précision sur une des ques- tions qui ont été
posées par le député de Portneuf, au sujet de la
composition des membres du cabinet...
M. Pagé: La commission est ajournée. Si j'ai des
questions supplémentaires à poser...
M. Duhaime: C'est parce que cela va nous éviter de faire
des recherches. La même question est actuellement inscrite au feuilleton
de l'Assemblée nationale.
M. Pagé: Vous pouvez y répondre quand même,
avec tout ce qui a été demandé.
M. Duhaime: Je pense que... Demain, c'est vendredi, vous avez
samedi, dimanche et lundi. Je doute qu'on puisse l'avoir pour mardi. Si on l'a
au cours des travaux de la commission, je pourrai la déposer à
l'Assemblée nationale. Je pense que cela pourra satisfaire.
M. Pagé: Vous vous étiez montré disposer
à la déposer la semaine prochaine.
M. Duhaime: II n'y a pas de problème. Je voulais vous
informer que la question avait été posée à
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Boucher): Alors, bonne fin de
semaine.
(Fin de la séance à 22 h 11)