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Commission permanente
de l'industrie et du commerce,
du tourisme, de la chasse et de la pêche
Projet de loi no 20
Loi modifiant la charte
de la Société générale de
financement
du Québec
Séance du mardi 18 décembre 1973
(Vingt heures et vingt-quatre minutes)
M. BRISSON (président de la commission permanente de l'industrie
et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche): A l'ordre,
messieurs!
Article 1?
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, comme je l'ai mentionné
durant le discours de deuxième lecture, peut-être qu'avant
d'aborder l'article 1 de ce projet de loi, il serait pertinent pour tous les
membres de la commission, compte tenu de la présence ici ce soir du
président directeur général de la Société
générale du financement, M. Yvon Simard, d'avoir un bref
exposé de deux ou trois minutes de sa part sur l'ensemble de la SGF et
que, par après, les membres de la commission lui posent des questions
sur les points particuliers, compte tenu du contexte du projet de loi que nous
avons devant nous.
Alors, sans plus de formalité, M. le Président, je ferais
motion pour qu'on puisse entendre M. Yvon Simard qui est assis à ma
droite et que, par après, les députés, tant
ministériels que de l'Opposition, se sentent bien à l'aise de lui
poser des questions sur la SGF et sur chacune de ses filiales, s'ils le jugent
à propos.
LE PRESIDENT (M. Brisson): D'accord! Avant je voudrais signaler que M.
Saindon, député d'Argenteuil, remplace M. Houde,
député de Fabre et M. Roy, de Beauce-Sud, remplace M. Samson, de
Rouyn-Noranda.
M. LESSARD: Est-ce qu'on pourrait savoir qui est prévu au nom du
Parti québécois, comme premier et deuxième?
LE PRESIDENT (M. Brisson): C'est vous-même. Il y a M. Morin,
député de Sauvé et M. Lessard.
M. LESSARD: D'accord!
LE PRESIDENT (M. Brisson): C'est par ordre alphabétique. M. Yvon
Simard.
Activités de la SGF
M. SIMARD (Yvon): Messieurs, je veux vous dire que je suis heureux
d'être parmi vous d'abord pour vous exposer un peu la philosophie de la
SGF et pour vous renseigner, en répondant à vos questions. J'ai
préparé un petit texte que je vais vous lire, avec votre
permission, comme introduction. Je pense que cela va faire le
démarrage.
Messieurs, je veux d'abord répéter ce que j'ai souvent dit
au cours de ma première année à la présidence de la
Société générale de financement du Québec,
sur mon interprétation de la définition du rôle que doit
jouer la Société générale de financement comme
instrument financier de développement industriel de notre province.
Notre société doit utiliser ses ressources
financières uniquement dans des situations où il y a une
possibilité de développement industriel. Il peut s'agir
d'expansion d'industries déjà existantes, ou d'implantation de
nouvelles industries.
En plus de ce critère indispensable de développement, il
faut bien sûr que la SGF considère, dans l'évaluation de
ses investissements, les autres critères normaux de rentabilité
et de marché que tout investisseur se doit d'analyser.
La SGF étant une société de financement, elle se
doit de s'associer à des partenaires possédant la technologie et
la compétence pour administrer sainement une entreprise.
De plus, nous considérons qu'une fois la phase de
développement terminée, la SGF doit tenter de retirer son
investissement en vendant sa participation à ses partenaires ou à
d'autres intérêts privés.
Ceci lui permettra de réaliser, dans certains cas, des profits
sur son capital et dans tous les cas de retrouver ses fonds pour les utiliser
dans d'autres opérations de développement industriel.
Nous avons, depuis un an, analysé la situation des
sociétés dans lesquelles nous avions des placements afin de
déterminer quelles étaient les entreprises où notre
rôle de développement était terminé et où
nous devions chercher les moyens de retirer notre mise de fonds.
Nous avons constaté qu'en pratique la chose n'était pas
facile, surtout dans les cas où, à cause de la situation
financière de ces filiales, il nous faudrait subir des pertes
importantes sur notre investissement.
Nous avons donc décidé de faire des efforts
d'assainissement de ces filiales et il nous a fallu nous résigner au
fait que certaines situations vont mettre plus de temps que nous
l'espérions à se rectifier.
Toutefois, si nous avons appris qu'il nous faudra être patients,
nous avons aussi appris que nous pouvons être optimistes et que si nous
savons ne pas ménager nos efforts, nous atteindrons la
rentabilité dans l'ensemble de nos filiales.
A ce moment, nous serons en mesure de retirer avantageusement nos
capitaux pour les utiliser dans la création ou le développement
d'autres industries. Nous aurons aussi réussi à
rétablir la crédibilité indispensable pour avoir
des rapports fructueux avec le gouvernement et les milieux financiers et
industriels.
Nous ne pouvons malheureusement pas promettre de rentabilité en
1974 puisque notre plus importante filiale sera occupée à
terminer un contrat désavantageux et ne sera certainement pas en mesure
de faire des profits.
Nous pouvons regretter un déséquilibre aussi important
entre notre plus fort investissement et la moyenne des autres investissements,
ce qui a pour effet de nous rendre dépendants de notre principale
filiale pour le succès de nos opérations. Les $25 millions dont
il est question dans le projet de loi que vous étudiez ce soir seront
utilisés de la façon suivante: $10 millions pour combler le
déficit du fonds de roulement de Marine Industrie; $3 millions de
nouveaux investissements dans Soma si nos négociations de la
société allemande MAN aboutissent à un accord de
participation dans une usine d'autobus urbains; $1 million d'investissements
additionnels dans le groupe Cégélec pour une
réorganisation et une consolidation. Les autres $11 millions seront
utilisés pour des projets futurs dont un projet important d'expansion de
la compagnie Donohue. Le reste nous permettra, en même temps que nous
finissons notre période de transition dont je parlais plus haut, de
commencer des discussions sérieuses en vue d'implantations
intéressantes.
J'ai essayé, messieurs, de façon succincte, de vous
exposer la philosophie de la direction de la SGF et les problèmes
auxquels elle a à faire face. Je serais heureux de répondre
à vos questions.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Beauce.
M. ROY: M. le Président, d'abord, je voudrais dire à M.
Simard que je veux saluer d'une façon toute particulière, parce
que...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Ecoutez, c'est parce que le
député de Beauce a demandé la parole le premier.
M. LESSARD: J'invoque un point de règlement.
M. ROY: M. le Président, je n'ai aucune objection si...
M. LESSARD: M. le Président, j'invoque un point de
règlement. Lorsque nous étions ici trois partis de l'Opposition,
on avait tout simplement l'habitude de permettre d'abord à l'Opposition
officielle de faire son exposé. Ensuite, il n'y a aucune opposition pour
permettre au député de Beauce.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Je suis d'accord avec vous, s'il n'y a pas
d'objection de la part du député de Beauce.
M. ROY: Je n'ai pas voulu...
LE PRESIDENT (M. Brisson): C'est parce que le député de
Beauce a demandé la parole et aucun des membres du Parti
québécois ne l'avait fait. Voilà pourquoi je lui ai
donné le droit de parole.
M. ROY: Je n'ai pas voulu, M. le Président, en ce qui me
concerne...
M. MORIN: M. le Président, on ne doit pas être
réduit à se surveiller comme chien et souris ou chien et...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Ce n'est pas une question de surveillance.
C'est simplement une question... Si vous n'avez rien à dire, vous ne
parlez pas.
M. MORIN: Vous devez reconnaître l'Opposition après le
gouvernement. Je me tournais vers le gouvernement pour voir si le ministre
n'aurait pas quelque chose à ajouter comme c'était normalement le
cas...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Alors, vous désirez la parole. Est-ce
que le député de Beauce a objection?
M ROY: Je ne veux pas faire d'histoire du tout. J'avais une question
à poser; je pensais que les autres préféraient attendre
tout simplement. Je ne veux pas faire d'histoires ni de tempête
là-dedans. Je ne suis pas susceptible à ce point.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Sauvé.
Philosophie de la SGF
M. MORIN: Merci. M. Simard, je voudrais d'abord vous souhaiter la
bienvenue. Vous connaissez sans doute la prédilection du Parti
québécois pour les entreprises du secteur public et pour les
sociétés d'économie mixte. Nous pensons que vous avez
relevé un défi considérable en acceptant le poste que vous
avez accepté à la SGF. Vous avez parlé tout à
l'heure, au début de votre exposé, de philosophie. C'est
là-dessus que je voudrais faire porter ma première question. Sans
doute avez-vous eu l'occasion de vous familiariser avec la philosophie de vos
prédécesseurs, qu'il s'agisse de M. Filion ou plus
récemment, dans son rapport de 1971, avec la philosophie qui se
dégage du message du président, M. Jean Deschamps.
Est-ce que vous avez eu vous-même l'occasion de préciser
votre pensée, non seulement sur la philosophie générale
comme vous venez de le faire, mais sur un certain nombre d'objectifs qui
relèvent de la philosophie de la SGF? Par exemple, en particulier,
est-ce que vous êtes
d'accord pour continuer dans la perspective des trois secteurs
privilégiés, que discernait votre prédécesseur sous
l'administration précédente, je veux dire notamment l'industrie
lourde, les appareils électro-mécaniques et, si ma mémoire
est bonne, le papier journal, ou, est-ce que vous favorisez d'autres
secteurs?
Ce serait ma première question et il y en a d'autres qui en
découlent.
M. SIMARD (Yvon): M. Morin, je n'ai pas tout à fait la
philosophie des trois grands secteurs comme mes prédécesseurs, et
ce n'est pas un jugement de la leur, j'expose la mienne. Je pense que le
critère qui nous guide, c'est de n'être pas une compagnie de
gestion ou un "holding" comme c'était plutôt le cas dans la
philosophie précédente, c'est pour cela qu'ils voulaient se
concentrer sur ces secteurs, mais c'est d'utiliser nos fonds dans des
situations intéressantes pour l'industrie du Québec et entrer et
sortir le plus rapidement possible pour pouvoir utiliser de nouveau nos fonds
le plus souvent possible.
M. MORIN: Justement sur ce point-là, vous m'avez un peu
intrigué, parce que je crois que vous vous éloignez un peu de la
philosophie de vos prédécesseurs. Est-ce que vous ne courez pas
un risque en appliquant une philosophie comme celle-là? Si je vous ai
bien compris peut-être pouvez-vous préciser votre
pensée une fois qu'une entreprise est lancée, ou une fois
que vous l'avez remise sur des bases solides, vous vous en défaites,
soit que vous la vendiez à l'entreprise privée, évidemment
en arrondissant peut-être, en faisant un profit sur la vente, soit que
vous la vendiez à d'autres sociétés du secteur public, je
ne sais trop. Est-ce que vous ne courez pas le risque de vous ramasser
perpétuellement avec des industries plus ou moins solides, plus ou moins
branlantes? Est-ce que vous ne serez pas toujours le perpétuel
renfloueur? Parce que finalement, cet après-midi, nous avons eu
l'occasion de voter une somme de $25 millions, dont $11 millions seront
finalement du renflouement. Est-ce que vous ne serez pas pris
perpétuellement devant un tonneau des Danai'des dans lequel vous serez
obligés d'injecter du capital, toujours d'injecter du capital
jusqu'à ce que, peut-être, ultimement ce soit rentable, cela
puisse voler de ses propres ailes? Est-ce que ce n'est pas un risque
considérable que vous prenez avec cette philosophie-là?
M. SIMARD (Yvon): Evidemment, je ne le crois pas, sans quoi je n'aurais
pas cette philosophie. Ce que nous espérons, en faisant ce que nous
voulons faire, soit d'entrer et de sortir, c'est justement de faire une
appréciation de capital, si nos jugements de base et originaux sont
bons, pour, en fait, augmenter notre capital pour être de moins en moins
dépendants du gouvernement pour alimenter notre caisse.
Cela, c'est la grande philosophie. Il restera notre habileté
à juger les situations et à sortir au moment opportun.
M. LESSARD: Est-ce que, dans ces circonstances, la Société
générale de financement ne devient pas strictement une
société de dépannage ou de financement d'entreprises qui
sont plus ou moins rentables? Dans cette optique, comment concilier, à
un moment donné, le fait qu'on doit essayer de structurer, au niveau de
la Société générale de financement, un certain
nombre d'organismes intégrés?
M. SIMARD (Yvon): Non, M. Lessard. Je pense que je me suis mal
expliqué parce que nous n'avons pas du tout l'intention d'être des
dépanneurs.
Nous voulons nous impliquer quand il y a du développement. Alors
développer ne veut pas dire dépanner, ça veut dire prendre
une société qui a une bonne base, qui connaît son
métier, mais qui manque de capital, pour aller à l'étape
suivante de son développement ou encore une nouvelle entreprise qui veut
se lancer. Il n'est pas du tout question de dépanner des choses qui sont
en mauvaise posture. Nous ne considérons pas cela comme du
développement industriel, nous voulons vraiment faire des choses qui
vont dans le nouveau, c'est-à-dire dans le développement.
M. LESSARD: En ce qui concerne une société qui manque de
capital, est-ce que ça n'entre pas dans les objectifs de la
Société de développement industriel?
M. SIMARD (Yvon): Oui, peut-être. Je ne veux pas parler pour la
Société de développement industriel...
M. LESSARD: On a différentes sociétés d'Etat qui
sont là pour aider au développement industriel. Mais on en a une
qui est la Société générale de financement, qui est
un genre de "holding"; il ne faut pas qu'elle vienne en concurrence avec la
Société de développement industriel ou parallèle
à la Société de développement industriel.
M. SAINT-PIERRE: Si le député de Saguenay me le permet, je
pense que le mot clé dans ça, c'est celui de
développement. Même si le président de la SGF a
indiqué, dans un passage de son discours, qu'une fois qu'une entreprise
a obtenu sa vitesse de croisière et que le moment est opportun parce
que, parfois, la vitesse de croisière est atteinte, mais le moment n'est
pas opportun de vendre, soit parce qu'il y a une bonification de capital ou
soit parce que la conjoncture est difficile, mais je pense que le mot
clé est développement. C'est-à-dire que dès que
vous faites démarrer quelque chose et que ça va bien, que vous
êtes capable de substituer au capital-actions que vous apportez
quelqu'un
qui est autochtone, soit une caisse d'entraide économique ou
quelqu'un dans le milieu qui est prêt à reprendre la
relève, là, vous avez des fonds additionnels, comme l'indiquait
M. Si-mard, soit avec des entreprises existantes, soit de nouvelles entreprises
pour repartir dans un autre sens. Le mot clé dans ça, c'est la
création d'emplois, c'est le développement, c'est de faire des
choses qui ne seraient pas...
Quant à la possibilité de conflit avec la SDI, il faut se
rappeler que, dans une large mesure, la loi empêche la SDI d'avoir plus
que 30 p.c. du capital-actions et que, forcément, elle n'a qu'un
rôle complémentaire à quelque chose qui se passe alors que,
dans le cas de la SGF, on voit si, au bout d'un certain temps, on peut
développer une expertise pour bien analyser ces nouveaux projets. C'est
surtout un rôle moteur, c'est-à-dire que vous tentez de susciter
dans une région donnée quelque chose dont vous êtes
convaincu vous-même, qui devrait subsister et vous passez beaucoup plus
à l'action.
Or la SDI, de par la loi, étant limitée à pas plus
de 30 p.c, est obligée d'avoir un rôle essentiellement
réceptif, c'est-à-dire de recevoir des propositions de
financement ou de capital-actions et de réagir à des initiatives
du secteur privé québécois, alors que la SGF, elle, dans
son idée, voyant une occasion et ayant des fonds disponibles pour faire
du développement, peut plus facilement passer à l'action.
M. LESSARD: Donc, la Société générale de
financement va toujours être un éternel recommencement,
c'est-à-dire que, si une entreprise commence à être
rentable et qu'elle envisage des profits, elle peut aussi, par le fait
même, envisager une accumulation de capital, en tout cas, un profit de
capital, en vendant l'entreprise pour se lancer ailleurs. Est-ce que, par
exemple, il ne serait quand même pas nécessaire pour la
Société générale de financement de se créer
un certain nombre d'entreprises qui vont être rentables, les conserver
et, par l'autofinancement ou par les profits qu'elles pourront faire dans ce
secteur ou dans ces secteurs, que ce soit Donohue, par exemple, ou que ce soit
Forano, est-ce que, justement, ces profits ne pourraient pas être
utilisés pour le développement d'autres sources?
M. SIMARD (Yvon): II faudrait alors que la base financière de la
SGF soit beaucoup plus grande pour faire ce que vous dites. Nous trouvons qu'au
lieu d'aller chercher l'argent du public pour avoir une grande base pour nous
permettre d'avoir des revenus qui feraient de l'autofinancement, nous pouvons,
si nous sommes assez habiles ce n'est pas prouvé que nous serons
assez habiles, mais, en fait, il faut partir d'une philosophie pour essayer de
faire quelque chose si nous pouvons faire des profits de capital
importants ou constants sur nos investissements en entrant et en sortant des
situations, nous allons accomplir la même chose avec une base
financière moins grande.
M. LESSARD: Dans cette optique, est-ce que vous auriez l'intention de
vous départir bientôt de Marine Industrie?
M. SIMARD (Yvon): Je n'ai pas, ce soir, l'intention de me
départir de Marine Industrie parce que je pense que Marine Industrie a
encore du développement à faire.
M. LESSARD: II ne semble pas que ce soit la politique de M. Filion.
M. SIMARD (Yvon): Comment?
M. LESSARD: II ne semble pas que ce soit la politique de M. Filion.
M. SIMARD (Yvon): Ecoutez, je ne le sais pas. Je ne suis pas là
pour commenter la politique de M. Filion.
M. MORIN: M. le Président, l'un des buts initiaux de la SGF a
été tout de même, il ne faut pas se le cacher, de faire en
sorte que les francophones du Québec reprennent en main une partie du
secteur industriel si possible.
C'est pour cela que je m'interroge beaucoup sur cette philosophie qui me
prend un peu de court, cette idée de revendre une fois que vous avez mis
une entreprise sur pied. Parce qu'il se peut très bien que le plus fort
enchérisseur, le meilleur acquéreur qui se présente soit
une société multinationale ou une société
américaine. Alors, qu'aurez-vous fait, sinon remonter une affaire pour
la mettre entre leurs mains?
Je m'inquiète franchement de vous entendre là-dessus.
M. SIMARD (Yvon): Ne vous inquiétez pas. Je vais calmer vos
inquiétudes en vous disant qu'à la SGF nous sommes tout de
même conscients que nous sommes un organisme du gouvernement de la
province de Québec et quand nous allons remettre à des industries
la portion que nous avons dans les mains, nous allons le faire dans les mains
d'industriels québécois, à moins que la situation soit
impossible. Je pense que cela fait partie de notre rôle de
développer non seulement des industries, mais de développer aussi
des industriels.
Je pense que la répétition de nos investissements va
peut-être nous permettre d'avoir une plus grande base d'hommes qu'on
appelle les industriels qui pourront s'impliquer dans des situations comme
celles-là. Justement, M. Morin, ce n'est pas une critique que je
voudrais faire. C'est difficile de trouver des gens qui veulent
s'intéresser, au Québec, dans des situations industrielles. Je
pense que la SGF doit aider les gens, encourager les gens à faire
justement cela et ça fait partie de notre rôle. Nous
espérons que nous allons sortir de cent situations en 1974-1975 et que
nous allons y placer cent industriels québécois. Parce que nous
allons alors faire une tradition industrielle qui fera du Québec quelque
chose qui se tiendra
au point de vue économique, au point de vue industriel et,
justement...
M. MORIN: Si c'est cela que vous voulez faire, je pense qu'on vous
tirera un fameux coup de chapeau, mais le fait est que, quand vous vendez, vous
perdez le contrôle de ce qui va se passer. Je me demande si vous n'auriez
pas intérêt, et peut-être l'avez-vous envisagé,
à adopter des formules peut-être un peu plus subtiles, comme non
pas la cession de la totalité de vos intérêts, mais d'une
partie de vos intérêts dans une société dont vous
vous êtes porté acquéreurs quelques années
auparavant. Il me semble qu'il serait peut-être un petit peu plus subtil
de garder un doigt dans l'engrenage...
M. SIMARD (Yvon): Je n'ai pas dit que nous ne le ferons pas. Je n'ai pas
dit non plus que nous allons sortir le plus rapidement possible, parce qu'une
des conditions est qu'il n'y ait plus de développement industriel
à faire. Ceci est une des conditions. Nous sommes dans Donohue et nous
ne sommes que des actionnaires, présentement. Nous ne sortons pas et
nous avons 50 offres de nous sortir de cette situation. Mais nous ne sortons
pas, parce que nous savons qu'il y a encore du développement industriel
à faire là et nous allons y rester jusqu'au jour où nous
serons convaincus qu'il n'y en a plus.
J'ai donné des conditions qu'il ne faut pas oublier. Il ne faut
pas que vous ayez cette inquiétude de penser qu'aussitôt qu'on va
être entré, on va commencer à regarder la porte de sortie.
Ce n'est pas cela. Nous voulons jouer le rôle de "développeur"
industriel. Nous voulons jouer ce rôle. Nous voulons aussi savoir que le
jour où nous considérerons que ce rôle est fini on
ne veut pas étonner les gens nous voulons sortir nos capitaux
avec un profit, pour aller refaire ce rôle dans d'autres domaines, dans
d'autres secteurs. Et c'est le rôle que nous, que moi, en tout cas, je
prête à la SGF.
M. MORIN: M. le Président, j'ai d'autres questions, mais je
voudrais peut-être donner une chance au député de
Beauce-Sud de poser quelques-unes de ses questions.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Beauce-Sud.
M. MORIN: Je pourrai revenir par la suite.
M. ROY: M. le Président, je voudrais, à mon tour,
souhaiter la bienvenue à M. Simard à cette séance de la
commission parlementaire, bien que je déplore les circonstances et le
moment où cette commission parlementaire est convoquée. Je l'ai
dit cet après-midi et je le répète parce que je veux que
ce soit bien inscrit dans le journal des Débats de la commission
parlementaire à l'effet qu'il aurait été plus normal de
pouvoir avoir présents à cette commission parlementaire les
dirigeants de certaines entreprises, qui sont affiliées à la
Société générale de financement, afin que nous
puissions faire un examen, si vous voulez, un tour d'horizon beaucoup plus
complet.
Nous avons appris vers quatre heures cet après-midi...
M. SAINT-PIERRE: Sur ce point, me permettez-vous...
M. ROY: Je n'ai pas terminé, M. le ministre, je ne voudrais pas
que vous vous inquiétiez trop de mes propos, mais j'aimerais quand
même vous dire que c'est cet après-midi seulement que nous avons
appris que là commission parlementaire siégerait ce soir...
M. SAINT-PIERRE: Si vous me permettez, sur un point, sur l'ensemble des
douze mois de l'année 1973, le parti que vous représentez a
inscrit au feuilleton des demandes pour que plusieurs commissions
parlementaires soient convoquées, je les ai comptées, il y en a
57 ou 59, mais aucune de celles-là ne touchait la SGF et je pense que,
si en 1974, vous voulez formuler la demande qu'on entende le président
de la SGF pour expliquer l'organisation des filiales, on aura au moins...
M. ROY: Le ministre fait des déclarations gratuites. Nous n'avons
jamais inscrit de motion pour demander la convocation de 58 ou 59 commissions
parlementaires.
M. SAINT-PIERRE: Comptez-les.
M. ROY: D'abord elles ne sont pas aussi nombreuses que cela. Nous en
avons demandé, à plusieurs reprises, sur des questions
pertinentes, à l'occasion de motions que vous avez inscrites au
feuilleton. Mais j'ai déjà exprimé l'opinion,
l'année dernière, que les entreprises gouvernementales ou
paragouvernementales puissent venir, chaque année, devant la commission
parlementaire, de façon que les parlementaires puissent les interroger
et savoir un peu ce qui se passe dans ces sociétés.
C'est pourquoi je dis et je répète encore aujourd'hui que
c'est à la toute dernière minute que nous avons été
informés que la commission parlementaire allait siéger et il est
évident qu'on a demandé à M. Simard de venir et il est
seul.
J'aurais des questions à poser à M. Simard, plusieurs
petites questions indiscrètes, je ne voudrais pas qu'il pense que c'est
personnel, c'est en tant que représentant de la Société
générale de financement. Il est normal que nous posions toutes
ces questions.
D'abord, M. Simard, étant donné votre nom, y a-t-il une
parenté avec la famille Simard de Marine Industrie? Je vous ai dit qu'il
y avait des petites questions indiscrètes.
M. SIMARD (Yvon): Non, il n'y en a pas.
M. TREMBLAY: C'est un petit Simard.
M. ROY: C'est quand même un monsieur Simard.
M. SIMARD (Yvon): J'ai ri, M. Roy, parce que cela fait à peu
près mille fois qu'on me le demande depuis que je suis au monde, vous
êtes le mille et unième.
M. ROY: Disons que je le savais, mais je voulais que vous
répondiez de façon officielle pour que tout le monde le sache
dans un document officiel de l'Assemblée nationale.
Combien y a-t-il de directeurs?
M. MORIN: ... de temps à autre.
M. ROY: Combien y a-t-il de directeurs à la SGF actuellement et
qui sont-ils?
M. SIMARD (Yvon): II y en a sept.
M. SAINT-PIERRE: Lors de l'étude du projet de loi en
deuxième lecture, on les a nommés tous les sept avec le poste
qu'ils occupaient.
M. SIMARD (Yvon): Je vais essayer de vous les nommer de mémoire,
M. Roy.
M. LESSARD: M. Simard, M. Lavoie, M. Gratton, M. Godbout, M. Latraverse,
M. Pari-zeau.
M. SAINT-PIERRE: C'est cela.
M. LESSARD: M. Parizeau, c'est... Non pas Jacques, Philippe
Parizeau.
M. SAINT-PIERRE: M. Philippe Parizeau de la Coopérative de
Granby.
Filiales Marine Industrie
M. ROY: M. Philippe Parizeau de la Coopérative de Granby.
Mes autres questions concernent les filiales que vous avez
actuellement.
Est-ce que vous pouvez nous donner, ce soir, une vue d'ensemble des
opérations de l'année présentement en cours, de
l'année qui va se terminer le 31 décembre?
Dans le cas de Marine Industrie, par exemple, quelles sont vos
prévisions pour l'année en cours?
M. SIMARD (Yvon): Mauvaises. M. ROY: Mauvaises.
M. SIMARD (Yvon): Pour l'année en cours, nous prévoyons
une perte d'environ $9 millions pour Marine Industrie seule, pour Marine
consolidée, environ $7 millions.
M. ROY: Marine consolidée, $7 millions.
M. SIMARD (Yvon): Oui.
M. ROY: Quelles en sont les causes?
M. SIMARD (Yvon): H y a une cause unique, c'est la performance sur les
contrats des navires français.
M. ROY: En somme, on fait des cadeaux aux Français.
M. SIMARD (Yvon): C'est une façon détournée de
faire des cadeaux aux Français, si vous voulez.
UNE VOIX: Ce n'était pas le but.
M. SIMARD (Yvon): Ce n'était pas le but.
M. MORIN: Vous n'en aviez pas six d'abord et une autre commande pour
six?
M. SIMARD (Yvon): Non. Nous en avons sept en tout.
M.MORIN: Alors la deuxième commande ne s'est pas
concrétisée.
M. SIMARD (Yvon): Non.
M. ROY: Sur ces navires français, ce contrat ne se termine pas
cette année. Ce contrat va se continuer l'an prochain. Le contrat est
d'une durée de combien de temps?
M. SIMARD (Yvon): Le contrat va se terminer en 1975.
M. ROY : Est-ce que ce contrat comporte les mêmes clauses à
l'heure actuelle, les mêmes normes et vous aurez les mêmes
problèmes au cours des prochains mois, au cours de l'an prochain, au
cours de 1974?
M. SIMARD (Yvon): Non. La perte que je vous signale prend en
considération les prévisions de pertes sur les navires pour les
années à venir, c'est-à-dire que la façon dont ils
font leurs estimations, ici, que la façon dont la comptabilité de
Marine Industrie est faite est que toute perce prévue est tout de suite
comptabilisée tandis que les profits...
M. ROY: Toute perte prévue.
M. SIMARD (Yvon): Les pertes qui sont prévues. Ceci comporte les
pertes sur les contrats en cours quand ils seront terminés, les
prévisions de pertes.
M. ROY: Parmi les facteurs, quels sont les responsables de cette grande
perte? Vous avez parlé de la maigre performance. Il doit y avoir quand
même des facteurs déterminants. Est-ce une question de salaires?
Est-ce qu'on a été obligé de rajuster les salaires
après la signature des contrats?
M. SIMARD (Yvon): Si vous voulez, je peux vous donner, grosso modo, les
raisons de la perte. On peut dire que 30 p.c. de la perte vient des frais
financiers.
M. ROY: Les frais financiers.
M. SIMARD (Yvon): Les frais financiers.
M. ROY: Ces frais financiers comprennent les emprunts, les emprunts
à court terme, les...
M. SIMARD (Yvon): Ce sont les emprunts pour le financement. Le contrat a
été fait de manière que les armateurs payaient le navire
seulement sur livraison. Il faut donc le financer pour la période de
construction.
M. ROY: Cela n'avait pas été prévu lorsque les
soumissions ont été préparées?
M. SIMARD (Yvon): C'est sûr que ma réponse est non parce
que, si cela avait été prévu, M. Roy, je ne vous dirais
pas qu'il y a une perte de $4,250,000 qui est due aux frais financiers.
C'est-à-dire qu'on avait prévu, mais on n'avait pas prévu
assez.
M. LESSARD: Comment se fait-il que, dans ce contrat qu'on a
accepté, on n'ait pas prévu? Est-ce le taux bancaire qu'on n'a
pas prévu, le taux d'intérêt qu'on devait payer?
Si on savait, par exemple, que le paiement se faisait à la fin de
la construction des navires, il me semble que, normalement je ne suis
pas un homme d'affaires bien poussé dans les calculs du coût
des bateaux, on aurait dû calculer ce financement des...
M. SIMARD (Yvon): II y a deux facteurs, M. Lessard, il y a d'abord
l'augmentation des taux bancaires depuis le début...
M. LESSARD: Oui.
M. SIMARD (Yvon): ... qui est significative, n'est-ce pas?
M. LESSARD: De 8 p.c. à 4 p.c, à peu près,
autour...
M. SIMARD (Yvon) : Je pense qu'originellement, quand ce contrat a
été pris, ils étaient environ de 6 3/4 p.c. à 7
p.c, ils sont maintenant de 10 p.c. à 10 1/4 p.c. Pour Marine Industrie,
ce doit être 101/2 p.c, peut-être même 11 p.c, parce que les
taux primaires sont... Alors, c'est significatif. La deuxième chose,
c'est certain qu'il n'y a aucune excuse à dire qu'il y a eu un mauvais
calcul de ce côté-là. Tout ce que je vais vous dire, ce
sont de mauvais calculs. S'il y avait eu un bon calcul, on n'aurait pas de
pertes à signaler. Il y a quelqu'un qui a mal...
M. ROY: Les 30 p.c. des pertes seraient dues aux frais financiers.
M. SIMARD (Yvon): Oui. M. ROY: Les autres 70 p.c...
M. SIMARD (Yvon): Environ 18 p.c. sont causés par la
dévaluation du dollar vis-à-vis des monnaies
européennes.
M. ROY: Cela n'avait pas été prévu non plus au
moment de la signature du contrat.
M. SIMARD (Yvon): Non. M. ROY: Le reste des 52 p.c?
M. SIMARD (Yvon): Environ 12 p.c. viennent d'une augmentation de
main-d'oeuvre au-delà de ce qui avait été prévu
lors du dernier contrat de travail. Le reste est un dépassement en
heures sur le contrat lui-même.
M. ROY: Je connais des industriels à l'heure actuelle qui ont de
la difficulté à s'approvisionner au point de vue de l'acier. Ils
ont même dû remercier de leurs services temporairement une certaine
quantité de leurs travailleurs. Est-ce que Marine Industrie
connaît ce problème à l'heure actuelle?
M. SIMARD (Yvon): Non.
M. ROY: Marine Industrie s'approvisionne-t-elle au point de vue de
l'acier par SIDBEC ou si...
M. SIMARD (Yvon): Non, Marine Industrie s'approvisionne en Allemagne
pour son acier.
M. ROY: Entre les prix payés en Allemagne et les prix que SIDBEC
pourrait fournir, est-ce que vous pouvez nous donner des détails
à ce sujet?
M. SIMARD (Yvon): Je ne suis pas un technicien, mais je peux vous dire
que la raison pour laquelle elle achète en Allemagne, c'est que le type
de navires que Marine Industrie va construire presque en série, pour les
Français, comporte des boules ou des bulbes sur le devant. Cet acier ne
peut être traité que par les Allemands. Les Allemands exigeaient
aujourd'hui je suis sûr qu'ils regrettent leur geste que
tout l'acier soit acheté d'eux, si on voulait l'avoir ainsi.
M. ROY: Au niveau de l'acier, est-ce que les prévisions qu'ils
avaient faites au niveau des coûts de l'acier en Allemagne, selon les
estimations qu'on a faites pour les appels d'offres en vue du contrat sont
justes?
M. SIMARD (Yvon): Oui, cela n'a pas été un
problème.
M. ROY: Cela n'a pas été un problème à ce
niveau et il n'y a aucun problème autrement dit, d'approvisionnement de
retard dans les livraisons?
M. SIMARD (Yvon): Le problème d'approvisionnement a
été très minime.
M. ROY: Prévoyez-vous des retards dans la livraison des
navires?
M. SIMARD (Yvon): Non...
M. ROY: Jusqu'à ce jour, l'échancier...
M. SIMARD (Yvon): Nous avons eu un retard quant au premier navire,
à cause d'une grève que vous connaissez à Marine
Industrie...
M. ROY: D'accord.
M. SIMARD (Yvon): ... mais après cela, je pense que le reste va
suivre d'une façon normale; je ne pense pas qu'il y ait de
problème de ce côté.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Sur Marine Industrie, est-ce que le
député d'Iberville avait des questions?
Le député de Laporte.
M. DEOM: Pas sur Marine Industrie.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Alors, l'honorable député
d'Iberville sur Marine Industrie.
M. TREMBLAY: M. Simard, vous me permettrez de vous saluer, de vous
souhaiter la bienvenue à la commission parlementaire de l'industrie et
du commerce. J'ai quelques petites informations à vous demander. Sur le
contrat des navires français, le gouvernement fédéral
a-t-il subventionné et pour quel montant?
M. SIMARD (Yvon): Le gouvernement fédéral a
subventionné ce contrat, comme tout contrat de construction navale au
Canada, à 17 p.c. du contrat.
M. TREMBLAY: C'était un montant initial global pour les douze
navires ou pour les sept qui sont en construction?
M. SIMARD (Yvon): Non. Pour les sept, seulement ceux que nous
construisons.
M. TREMBLAY: C'est en vertu d'une loi fédérale, n'est-ce
pas?
M. SIMARD (Yvon): C'est en vertu d'une loi d'encouragement à la
construction navale au pays.
M. TREMBLAY: Ce n'est pas un passe-droit...
M. SIMARD (Yvon): Non.
M. TREMBLAY: ... comme certains pourraient le penser. Je voulais vous le
faire dire. Maintenant, M. Simard, vers quelle date ce contrat pour les navires
français fut-il signé? Je me rappelle, cela a été
annoncé à grand renfort de publicité que douze navires
seraient construits à Marine Industrie, etc.
M. SIMARD (Yvon): En 1971, si ma mémoire est fidèle.
M. TREMBLAY: Etiez-vous en fonction à ce moment-là comme
président de la SGF?
M. SIMARD (Yvon): Non.
M. TREMBLAY: Alors, on est bien à l'aise pour vous parler des
problèmes de Marine Industrie pour lesquels, vous,
personnellement...
M. ROY: Je m'excuse, mais vous parlez de la date...
M. TREMBLAY: Vous me permettez de continuer, monsieur?
M. ROY: C'est parce que vous parlez de la date où il est
entré en fonction. Est-ce que c'est bien le 22 novembre 1972 que vous
êtes entré en fonction?
M. SIMARD (Yvon): Je suis entré en fonction le 1er janvier 1973.
J'ai été élu le 22 novembre.
M. ROY: Je m'excuse, c'était tout simplement le point que je
voulais...
M. TREMBLAY: Je voulais en arriver là avec ma question. Je lui
demandais si, au moment de la signature des contrats avec... Ce n'est pas le
gouvernement de la France, c'est une société française.
C'est un contrat d'intérêt privé?
M. SIMARD (Yvon): D'intérêt privé, absolument.
M.TREMBLAY: Alors, vous n'étiez pas en fonction à ce
moment-là et nécessairement, vous n'avez pas
présidé comme président de la SGF. Vous n'avez pas
supervisé les fameuses choses qui n'ont pas été
prévues à ce moment-là
et vous ramassez un peu, sans vouloir jeter de blâme comme vous le
dites vous-même, les erreurs des autres.
M. SIMARD (Yvon): Non, mais je souhaiterais que cela allège le
problème, mais malheureusement, cela...
M. TREMBLAY: Non. Cela n'allège pas le problème, mais tout
de même cela nous enlève au moins l'odieux de vous faire des
reproches.
M. SIMARD (Yvon): Vous pouvez m'en faire, je les accepterai.
M. TREMBLAY: A ce niveau-là, je parle.
M. SIMARD (Yvon): A tous les niveaux. Parce qu'en fait c'est la
société et je représente la société. C'est
la société en somme qui n'a pas fait son travail, alors, je
pense...
M. TREMBLAY: A toutes fins utiles, vous ne faisiez pas partie de la
société à ce moment-là.
M. LESSARD: De toute façon, ce n'est pas le directeur
général de la Société générale de
financement qui a eu, même à ce moment-là, M.
Beauchamp...
M. SIMARD (Yvon): Deschamps.
M. LESSARD: ...c'est-à-dire Deschamps, excusez ... qui a eu
à signer le contrat entre la société française et
Marine Industrie. C'est le directeur de Marine Industrie qui est M.
Gérard Filion, je crois, qui normalement a eu à signer ces
contrats-là en 1971.
M. SIMARD (Yvon): Oui.
M. LESSARD: M. Filion est encore le directeur général de
Marine Industrie.
M. SIMARD (Yvon): Pour être plus précis...
M. SAINT-PIERRE: Mais sans faire le partage des responsabilités,
il faut bien admettre cependant que, comme actionnaire majoritaire dans Marine
Industrie, il est représenté au conseil d'administration.
Présumément, on peut établir que la Société
générale de financement a quand même une
responsabilité de ce qui se passe dans les filiales. On ne peut pas
complètement dire: C'est le président d'une filiale qui a
signé cela.
M.TREMBLAY: Est-ce que effectivement vous siégez au conseil de
Marine Industrie?
M. SIMARD (Yvon): Oui.
M. TREMBLAY: Vous êtes membre du conseil d'administration.
Etes-vous le seul de la SGF?
M. SIMARD (Yvon): Non. Nous avons des représentants. Nous
contrôlons je ne le diraipas trop fort le conseil
effectivement.
M. LESSARD: Sur combien?
M. TREMBLAY: Est-ce que c'est nouveau depuis votre accession à la
présidence?
M. SIMARD (Yvon): Oui. J'ai vu à ce que nous contrôlions le
conseil. Je pense que c'est...
M. LESSARD: Combien de membres sur combien? Combien y a-t-il de membres
au conseil d'administration?
M. SIMARD (Yvon): Ecoutez, je pense que nous sommes douze, nous en
contrôlons...
M. LESSARD: La majorité.
M. SIMARD (Yvon): ... mais, effectivement, nous avons le contrôle
parce qu'ils savent que, s'ils vont trop contre nos idées, nous pouvons
changer de conseil parce que nous avons la majorité.
M. LESSARD: Mais vous avez aussi le contrôle financier, vous avez
la majorité des actions?
M. SIMARD (Yvon): Oui.
M. MORIN: Est-ce qu'on doit juger que c'est un accident de parcours?
C'est $7 millions cette année ou bien est-ce que vous allez continuer
d'être intéressés par la construction maritime?
M. SIMARD (Yvon): C'est presque un voeu pieux que je vais faire en
répondant à votre question, mais c'est un accident de parcours.
Parce que Marine Industrie n'a jamais perdu d'argent dans sa construction
navale et nous allons continuer dans la construction navale, sans aucun doute.
Nous avons obtenu des contrats pour des navires grecs du même type que
les navires que nous construisons pour les Français. Nous allons faire,
je l'espère bien, des profits sur ces contrats.
M. LESSARD: En se basant sur ces choses, juste pour continuer je
vous permettrai tantôt vous croyez que les perspectives de Marine
Industrie sont assez bonnes malgré ce déficit de $9 millions?
M. SIMARD (Yvon): Tout à fait.
M.TREMBLAY: M. Simard, il y a une section dans Marine Industrie qui est
très importante et qui ne semble pas être très connue du
public en général parce que, quand on parle de Marine
Industrie, on parle toujours de la construction de navires c'est la
division de construction des wagons de chemin de fer. Est-ce que vous
pouvez nous parler un peu des opérations de cette section, on dit que
c'est très rentable et très bon?
M. SIMARD (Yvon): Oui, je peux vous en parler en fait, en
théorie. Je peux aussi vous citer des chiffres, si ça vous
intéresse.
M. TREMBLAY: Justement, oui.
M. SIMARD (Yvon): Nous avons trois activités à Marine
Industrie, en fait. Nous avons l'activité de la construction navale,
nous avons l'activité de la construction de wagons de chemin de fer et
nous avons l'activité de grosses machines tournantes, comme des turbines
et...
M. TREMBLAY: Pour les projets hydroélectriques.
M. SIMARD (Yvon): ... les condensateurs pour les projets
hydroélectriques.
M. ROY: Maintenant, est-ce que ces occupations sont publiées,
est-ce qu'il y a des rapports séparés de faits?
M. SIMARD (Yvon) : II y a des rapports séparés pour la
construction de wagons de chemin de fer. Mais la construction de grosses
machines tournantes et la construction navale sont combinées dans Marine
Industrie.
M. ROY: Est-ce que la construction de ces grosses machines se fait sur
une base rentable?
M. SIMARD (Yvon): Oui.
M. ROY: Cela veut dire que le déficit maritime, le déficit
de la construction navale serait beaucoup plus élevé?
M. SIMARD (Yvon): Le déficit de la construction navale ne serait
pas tellement plus élevé en 1973 parce que nous avons fait peu de
grosses machines tournantes, c'était un creux dans
l'hydroélectrique. Alors, ce ne serait pas significatif, en fait. Nous
avons fait des profits dans ça, mais ce n'est pas... Si nous avions eu
des activités aussi importantes dans les grosses machines que nous en
avons eu dans la construction navale, nous serions arrivés à
zéro à la fin, parce que nous faisons notre marge de profit.
M. ROY: Quel est le montant des contrats de construction des navires
pour la France? Le montant global?
M. SIMARD (Yvon): $72 millions. M. ROY: $72 millions.
M. LESSARD: Combien d'employés y a-t-il à Marine
Industrie?
M. SIMARD (Yvon): A Marine Industrie, nous avons 3,300
employés.
M. TREMBLAY: Est-ce qu'on pourrait passer à...
M. ROY: Je voulais passer justement à ça.
M. TREMBLAY: Je voulais que M. Simard nous donne juste un aperçu
des activités de construction de wagons de chemin de fer et le chiffre
d'affaires réalisé dans la grosse machinerie
hydroélectrique?
M. SIMARD (Yvon): Je ne peux pas vous donner ça, ce n'est pas
séparé de la Marine Industrie.
M. TREMBLAY: C'est avec la Marine Industrie.
M. SIMARD (Yvon): Dans la construction navale, cette année, pour
les neuf premiers mois, ç'a été une petite année,
nous avons vendu $3 millions, parce qu'il y a eu un creux là aussi; les
gens se sont fait une concurrence un peu plus forte et le profit n'a
été que de 2 p.c. sur ça, environ.
M. TREMBLAY: Pour les chemins de fer?
M. SIMARD (Yvon): Pour les wagons de chemin de fer. Mais c'est
inhabituel, parce que, d'habitude, c'est plus fort que ça.
M. ROY: Dans le cas de SOGEFOR, vous avez un montant...
M. TREMBLAY: M. le Président, j'aurais juste deux autres
questions...
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député d'Iberville
et après cela ce sera l'honorable député de Laporte.
M.TREMBLAY: M. Simard, est-ce que, par définition
peut-être que je n'ai pas bien compris votre exposé du
début la SGF est la société mère ayant droit
de regard sur ses filiales, en somme?
M. SIMARD (Yvon): Tout à fait. Nous essayons d'agir comme des
actionnaires majoritaires agiraient normalement.
M. TREMBLAY: Dans quelle proportion la SGF est-elle actionnaire dans
Marine Industrie?
M. SIMARD (Yvon): Nous avons 57 p.c. des actions de Marine
Industrie.
M. MORIN: C'est dans le rapport.
M. SIMARD (Yvon): Oui, c'est dans le rapport.
M. TREMBLAY: Le reste des actions est-il détenu par le public ou
quoi?
M. SIMARD (Yvon): Le reste des actions n'est pas détenu par le
public, ce sont des intérêts privés qui le
détiennent.
M. TREMBLAY: Je vous remercie.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Laporte.
Autres sociétés
M. DEOM: Moi, M. Simard, je suis bien d'accord sur votre philosophie qui
consiste à lancer des entreprises qui ont une certaine chance de
réussite, puis de vous départir graduellement de votre
participation parce que je pense que, dans le régime économique
où on vit encore, c'est la meilleure façon pour une
société d'Etat de participer au développement. Il y a une
question, une simple demande d'information. Si c'est d'ordre privé, vous
n'êtes pas obligé de répondre, mais vous devez vous
être fixé des objectifs quand même parce que des
sociétés vont toujours être en développement. Cela
voudrait dire que vous ne vous départiriez jamais de ces
sociétés. On ne peut pas admettre qu'une société va
arrêter son développement. Est-ce que vous vous êtes
fixé une politique quand vous avez atteint par exemple un taux de
rendement sur votre investissement je ne le sais pas moi de 10
p.c, 12 p.c, 15 p.c, 20 p.c? Là, vous commencez à vous
départir, ou, est-ce que vous jonglez encore avec ce
problème?
M. SIMARD (Yvon): Non, nous ne nous sommes pas fixé de "return in
investment" comme on le dit. Pour répondre à votre suggestion
qu'il y a toujours du développement, c'est sûr qu'il y a toujours
du développement dans une industrie; mais il y a deux sortes de
développements: il y a des grands développements qui demandent
des mises de fonds importantes et il y a un développement qui peut se
faire par l'autofinancement d'une entreprise si elle est bien rentable et si
ses paliers peuvent être moins grands et sont nécessairement moins
grands. C'est alors que nous considérons notre rôle comme
terminé si la société peut, par ses propres moyens,
continuer son expansion.
M. DEOM: Juste une autre question pour mon information. Est-ce que
peut-être que cela a été écrit dans les
journaux les actions détenues par le public dans la
Société générale de financement ont toutes
été rachetées?
M. SIMARD (Yvon): Oui.
M. DEOM: Et les obligations, elles?
M. SIMARD (Yvon): Pour les obligations, nous respectons les
échéances des obligations et les fonds d'amortissement qui...
M. LESSARD : Je reviens, M. le Président, à ce que disait
le député de Laporte tout à l'heure. C'était
justement une question qui m'intriguait. Je me dis: II y a deux choses. Ou bien
il y a encore du développement et l'entreprise est rentable et là
on peut vendre assez bien, ou bien on va chercher tout ce que l'on peut aller
chercher et quand on s'aperçoit c'est peut-être le cas de
Marine Industrie ou je ne sais pas quoi qu'on est rendu au maximum de
développement, on cherche à vendre. Dans cette deuxième
hypothèse, si on cherche à vendre, cela devient probablement
moins intéressant pour l'acheteur. Si, par exemple, la
Société générale de financement est allée
chercher dans ce secteur tout ce qu'elle pouvait aller chercher, c'est
là que je m'interroge sur votre politique de vente, quand vous
êtes rendus au maximum de développement.
Justement, cela rejoint un peu une analyse, en tout cas, que le rapport
De Coster faisait sur la Société générale de
financement et qu'avait cité en décembre 1972 et d'ailleurs
répété cet après-midi le ministre de l'Industrie et
du Commerce.
L'une des raisons qu'on soulignait de certains déboires de la
Société générale de financement pour ne pas parler
de faillite, c'était qu'on avait une diversification trop poussée
des investissements qui dénote l'absence... Je cite exactement ce que
disait le ministre de l'Industrie et du Commerce le 15 décembre 1972.
Parmi les raisons il disait: Quatrièmement, diversification trop
poussée des investissements qui dénote l'absence d'une politique
de développement rationnel et qui rend très aléatoire la
recherche de fins de taille et de complémentarité dans un
regroupement d'entreprises aussi disparates. C'est un peu cela, quand on
regarde Marine Industrie et qu'on parte avec LaSalle Tricot et qu'on s'en va
vers la fabrication de meubles et qu'on s'en va ensuite dans les conserveries
de légumes ou qu'on est allé dans les conserveries de
légumes, etc...
M. MORIN: ... ou centres éducatifs et culturels.
M. LESSARD: ... ou centres éducatifs et culturels. L'objectif de
la Société générale de financement, c'est de faire
du "développement", non pas du "développement" dans n'importe
quel secteur, je pense bien, mais du "développement" dans des secteurs
où le Québec est peut-être le moins bien structuré,
le moins bien organisé. En ce sens, en faisant un peu l'analyse de la
situation ou de la structure industrielle du Québec, il me semble qu'on
va s'apercevoir des secteurs où la structure est la plus faible. Il me
semble qu'on ne peut pas continuer, à mon sens, avec les capitaux
qu'on
a. La Société générale de financement ne
peut pas s'étendre sur autant de choses aussi disparates que le centre
culturel, LaSalle Tricot et David Lord. Vous sembliez dire tout à
l'heure: On ne précise pas de secteur, il s'agit de voir, ainsi de
suite. Il me semble que, si l'on veut rejoindre l'une des préoccupations
du rapport De Coster, ou de la société générale de
financement, il faut déterminer un certain nombre de secteurs à
l'intérieur desquels il est possible d'avoir une certaine liaison. Que
ce soit, par exemple, Dupan je ne sais pas où l'on est rendu on y
reviendra et Donohue, quand on parle d'une société
forestière intégrée ou que cela soit au niveau de
l'industrie lourde, Fora-no, il semble qu'il y ait possibilité de
déterminer vers quel objectif l'on s'en va. Il va y avoir des
problèmes, on va vous demander continuellement: Venez dans ce secteur,
venez dans un autre secteur, mais il faut déterminer un certain nombre
d'objectifs précis. La question est longue...
M. SIMARD (Yvon): Je vais essayer d'être aussi long dans ma
réponse. C'est certain que vous avez raison. Nous nous sommes
diversifiés.
Pour répondre à vos préoccupations, la
première limite que j'impose aux investissements nouveaux de la SGF,
c'est que cela soit purement dans l'industrie. Si vous regardez les placements
présents de la Société générale de
financement, quelques-uns ne sont pas dans l'industrie. Cela ferait
déjà une limite qui serait intéressante pour le
Québec si cela avait été concentré dans
l'industrie. Sûrement, quand nous regardons des investissements futurs,
nous allons essayer d'être assez intelligents pour ne pas nous
éparpiller. J'ai répondu à M. Morin, qui m'a posé
cette question: Nous n'avons pas, nous, identifié deux ou trois
secteurs. Cela ne nous empêche pas de nous concentrer à un moment
donné de notre histoire dans des choses que nous pouvons connaître
plus facilement, que nous pouvons marier plus facilement avec des
investissements déjà existants et qui peuvent être
intelligents.
La raison pour laquelle nous n'avons pas identifié nettement deux
ou trois secteurs, c'est que les conditions économiques changent. Le
papier n'était pas bon il y a trois ans, c'est maintenant excellent; le
bois, la même chose. Si vous regardez Dupan, par exemple, nous n'avons
pas fait cela. Je pense que c'est peut-être le rôle de votre
commission de faire des identifications et de dire à la SGF, en tant
qu'organisme gouvernemental : Pour les prochaines cinq années, nous
aimerions bien que vous regardiez surtout des sociétés de telle
nature.
Nous faisons nos limitations dans l'industrie.
Nous allons nous sortir rapidement de ce qui n'est pas industriel parce
que nous n'avons pas affaire là, dans les services, que ce soient des
éditeurs ou des choses comme ça, ce sont des services dans
lesquels nous ne voulons pas être.
Mais, pour le reste, nous prendrons des décisions sages, nous
l'espérons, pour essayer que ce soit rentable.
M. LESSARD: Mais, pour que ça ne soit pas trop aléatoire,
votre critère de développement, il me semble que, comme le
député de Laporte soulevait la question tout à l'heure,
vous devez avoir un certain objectif, ou bien votre objectif, c'est de vendre,
je ne sais pas, lorsque ça vous permettra de faire un meilleur profit
sur le capital. Votre affaire de développement est très
floue...
M. SIMARD (Yvon): C'est peut-être volontaire que ce soit flou,
parce que je pense que ce serait mauvais d'annoncer spécifiquement des
choses comme ça, tant pour le personnel qui est à
l'intérieur de ces organismes que pour les futurs acheteurs avec
lesquels nous aurons à négocier.
M. LESSARD: Alors, ce n'est certainement pas mauvais, ce n'est pas bon
d'annoncer...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Sauvé.
M. MORIN: Oui, je voudrais...
M. SIMARD (Yvon): Qu'est-ce que c'est ça...
M. LESSARD: ... la vente ou d'annoncer qu'on se... "En acquérant
des intérêts dans Marine Industrie, la Société
générale de financement aurait manqué le bateau."
M. SIMARD (Yvon): Je n'ai pas vu ça. Cela manque à mon
éducation.
M. MORIN: Etant donné l'amélioration des prix, dans le
secteur des contreplaqués, depuis quelque temps, je voudrais vous
demander, M. Simard, quels sont les espoirs de Dupan?
M. SIMARD (Yvon): Les espoirs de Dupan, les espoirs, en tout cas, de
l'actionnaire de Dupan, c'est que les prix restent au niveau où ils
sont.
M. ROY: Est-ce qu'il y a de l'espoir effectivement?
M. SIMARD (Yvon): Oui, il y a beaucoup d'espoir.
M. LESSARD: Mais, est-ce que justement, dans cet objectif, vous avez
l'intention de conserver Dupan ou si vous avez l'intention, par exemple, de
vendre à... Il y a eu deux offres bien particulières, il y a eu
MacMillan Bloedel et il y a eu la Coopérative...
M. SIMARD (Yvon): Je n'ai jamais eu d'offre. Je veux vous corriger, M.
Lessard, si vous le permettez, je n'ai jamais eu d'offre.
M. ROY: II n'y a jamais eu d'offre, vous n'avez jamais eu de rencontre
avec les gens de la coopérative et...
M. SIMARD (Yvon): J'ai eu des rencontres, mais je n'ai jamais eu
d'offre.
M. ROY: Ah bon!
M. MORIN: Et MacMillan Bloedel non plus.
M. SIMARD (Yvon): Non plus, nous avons eu des rencontres, mais nous
n'avons jamais eu d'offre.
M. ROY: Maintenant, est-ce que l'offre, sans aller à la SGF,
n'aurait pas été plutôt à Dupan directement?
M. SIMARD (Yvon): Comment?
M. ROY: Parce que, disons que j'ai rencontré certaines personnes
qui m'ont affirmé qu'il y avait eu des offres positives et qu'elles
attendaient la réponse.
M. SIMARD (Yvon): Non...
M. ROY: C'est pour cela que je suis un peu surpris de la réponse
que vous nous donnez. Je suis très surpris même.
M. LESSARD: On est tous surpris.
M. MORIN: Si vous trouviez un acheteur à vos conditions, est-ce
qu'à l'heure actuelle, vous considérez que Dupan est une
entreprise qui est en vente?
M. SIMARD (Yvon): Non, elle n'est pas en vente à l'heure actuelle
et, si vous me permettez, je ne répondrai pas à cette question.
Nous avons des employés, nous voulons sauvegarder leur
sécurité d'esprit et je ne pense pas qu'il soit utile que je
réponde à cette question.
M. LESSARD: Nonobstant les distances, il n'y a aucune possibilité
de pouvoir créer un complexe forestier avec Donohue et Dupan?
M. SIMARD (Yvon): Non, ce n'est sûrement pas possible de former un
complexe forestier avec Donohue. Ce serait peut-être possible si on
pouvait motiver le ministère des Terres et Forêts ou une compagnie
de papier dans le coin. Non, mais je ne veux pas ici dire... C'est une
région où c'est difficile, toutes les concessions
forestières sont déjà données. Je ne veux pas
être un forestier parce que je ne connais pas ce
métier-là.
M. LESSARD: Mais pourriez-vous nous dire si Dupan a obtenu une certaine
concession forestière, s'il y a un problème d'alimentation en
forêt actuellement?
M. SIMARD (Yvon): La réponse est non dans les deux cas. Nous
n'avons pas de concession forestière, nous transigeons avec les
producteurs indépendants de la région et nous n'avons pas de
problème d'approvisionnement parce que nous achetons des copeaux et des
planures de différents moulins.
M. LESSARD: Si ce n'avait été de la distance avec
Clermont, il aurait peut-être été possible d'avoir une
entreprise intégrée.
M. SIMARD (Yvon): Oui, cela aurait été idéal,
quoique Donohue ait eu aussi un problème d'approvisionnement qui est
beaucoup plus sérieux que Dupan, d'ailleurs. C'est peut-être
l'inverse qui se serait produit, c'était difficile, mais la distance
empêche de le faire.
M. LESSARD: Mais, pour le moment, à la lumière de
l'expérience, pour Dupan, étant donné l'augmentation du
prix du panneau de particules, la situation s'est améliorée
considérablement.
M. SIMARD (Yvon): La situation est excellente.
M. LESSARD: La situation est excellente.
M. SIMARD (Yvon): Nous avons eu la chance d'avoir des gens pour prendre
l'administration de l'affaire. La combinaison des deux a été
très salutaire.
M. LESSARD: Combien d'employés y a-t-il maintenant?
M. SIMARD (Yvon): Le nombre exact d'employés est de 100.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Sauvé.
M. MORIN: M. Simard, étant donné que le mandat qui vous
est donné par la loi consiste à susciter et favoriser la
formation et le développement d'entreprises industrielles, etc., est-ce
qu'on peut entrevoir qu'un jour viendra où vous pourrez vous lancer dans
des entreprises peut-être un peu plus considérables que celles que
vous détenez à l'heure actuelle? Par exemple c'est
peut-être une question légèrement hypothétique, mais
je vous la pose tout de même, pour voir jusqu'où peut aller votre
philosophie si on vous disait qu'il y a un marché en croissance
pour la pâte dissolvante tirée des forêts et si, d'autre
part, on vous disait: II faut, pour lancer cette affaire de pâte
dissolvante $150 millions, sur lesquels on peut obtenir des subventions
à gauche, à droite, pour une valeur entre $40 millions et $50
millions, vous voyez à quoi je fais allusion? Je suis en train de vous
demander, en somme, si on peut envisager qu'un jour viendra où la SGF
pourrait entre-
prendre la construction, le financement d'une entreprise comme
celle-là, avec la richesse naturelle québécoise qui est
là, avec la participation éventuellement d'épargnes
québécoises, ou est-ce que tout cela paraît appartenir aux
rêves en couleur?
M. SIMARD (Yvon): Non, cela n'appartient sûrement pas aux
rêves en couleur. Si nous ne réussissons pas à faire cela,
nous allons manquer le bateau. Il faut absolument se rendre là.
M. MORIN: Je ne vais certainement pas commencer un débat
politique ce soir, M. le Président, mais j'avais cru comprendre que le
gouvernement, récemment, nous avait dit que c'était tout à
fait du domaine de l'impossible ce genre de chose. C'est pour cela que je suis
très heureux de vous entendre dire que c'est quand même du domaine
du possible. A moins que le ministre veuille faire une déclaration ce
soir et dire que lui aussi envisage une possibilité comme
celle-là, éventuellement. Je serais très
intéressé à l'entendre.
M. LESSARD: Le ministre a toujours été un peu plus ouvert
sur cela que le premier ministre Bourassa.
M. SAINT-PIERRE: Le gouvernement n'a jamais déclaré qu'une
chose semblable était impossible. Mais je pense que ce que j'ai dit cet
après-midi, et que M. Simard soit bien à l'aise pour faire des
commentaires. S'il a des divergences à l'endroit de ce que je vais dire,
c'est qu'au niveau de la SGF, dans le moment, la pire chose qu'on pourrait
faire, ce serait de lui donner $200 millions. On risquerait de
répéter l'euphorie de 1962 et aussi de ne pas être capable
de digérer les $200 millions. On travaille ardemment pour tenter de
rétablir la crédibilité. J'ai mentionné que $25
millions, dans deux ans, comme contribution additionnelle des actionnaires,
c'est beaucoup dans une entreprise. Non seulement on ne demande pas de
dividendes, non seulement on réinvestit tous les bénéfices
qu'on peut faire à gauche et à droite et on n'exige rien de cela,
mais on ajoute, en deux ans, $25 millions dans le capital-actions. Je veux bien
croire que la province a des moyens, mais il me semble que c'est à peu
près tout ce que la SGF peut digérer dans le moment.
Si on traverse bien cette phase et que cela va bien et surtout si on
réussit à convaincre le député de Beauce que
l'Etat, dans le secteur économique, est capable de faire des
réussites et qu'on en est convaincu nous-mêmes, je pense que la
suggestion que vous faites...
M. ROY: Quand vous parlez je m'excuse parce qu'il a fait un peu
allusion à ce que je vais dire quand vous parlez de
digérer, j'ai le respect de constater qu'il y en a déjà
pas mal de digéré d'avance.
M. SAINT-PIERRE: Des quoi?
M. ROY: II y en a déjà beaucoup de digérés
d'avance, des $25 millions.
M. MORIN: M. le Président, pour être juste, les propos
auxquels je me référais n'étaient pas ceux du ministre de
l'Industrie et du Commerce, c'étaient plutôt les propos du
ministre Kevin Drummond et du premier ministre lui-même qui, lorsque j'ai
soulevé le problème de ITT sur la Côte-Nord, m'ont dit: "En
avez-vous des solutions de rechange"? J'en avais une par devers la tête,
je suis bien heureux de voir qu'elle est du domaine du possible. J'arrête
là mes constatations pour l'instant, parce que je ne veux pas lancer un
débat de politique générale là-dessus. Moi aussi,
je suis heureux de ce que vous venez de dire, M. Simard, parce que j'estime que
la SGF, si elle vaut quelque chose un jour, va pouvoir s'aventurer dans des
domaines comme ceux-là.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Laporte.
M. DEOM: Des $25 millions, M. Simard, à la fin de 1975 la
capitalisation va représenter quoi sur l'actif total?
M. SIMARD (Yvon): La capitalisation va représenter quoi sur
l'actif total? Vous voulez que je sois un comptable? Des $25 millions, je dois
vous signaler qu'il y a $14 millions que nous allons demander
immédiatement. J'ai dit, dans mon exposé, l'utilisation que nous
allions en faire. Pour les autres $11 millions, nous devrons présenter
des projets bien spécifiques pour obtenir que le gouvernement fasse sa
souscription en argent. Si, dans l'éventualité que nous aurions
des projets spécifiques d'ici la fin de 1975 et que le gouvernement ait
payé tous les $25 millions de sa souscription, le capital de la SGF, si
nous ne réussissons pas à faire des profits de capitaux
importants, en faisant ce que j'ai dit, sera d'environ $60 millions.
M. DEOM: C'est la capitalisation totale à la fin de 1975, $60
millions?
M. SIMARD (Yvon): Oui, environ. C'est sur la base actuelle, en tenant
pour acquis que nous ne ferons pas de profit de capital. Si nous en faisions,
cela s'ajouterait aux $60 millions.
M. DEOM: Vos profits de capital n'entrent pas dans votre
capitalisation.
M. SIMARD (Yvon): Si. Nos profits de capital vont venir s'ajouter.
M. DEOM: Ils vont entrer dans votre actif. M. SIMARD (Yvon): Du
côté passif.
M. DEOM: Je veux savoir combien le gouvernement va avoir souscrit?
M. SIMARD (Yvon): Nous allons avoir souscrit $55 millions.
M. DEOM: Et de combien est l'actif actuel?
M. SIMARD (Yvon): Est-ce que vous voulez l'actif ou la valeur de la
société? L'actif actuel est de $41,389,000.
M. TREMBLAY: Est-ce la participation de la SGF à toutes ses
filiales?
M. SIMARD (Yvon): C'est cela.
M. ROY: Comment se fait-il que votre actif ait diminué avec
l'année dernière? Il était de $46,955,000.
M. SIMARD (Yvon): L'actif a diminué parce que nous avons
payé $5 millions d'obligations qui devenaient dues au moins de mai.
Notre caisse a diminué de $5 millions.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Est-ce qu'il y a d'autres questions sur les
généralités, avant de passer à l'article 1 ?
M. ROY: Avant de passer à l'article 1, j'aimerais bien savoir,
dans le cas de SOGEFOR, où vous avez dû inscrire dans vos bilans,
l'année dernière, une perte de $96,000. Quelles seront les
estimations de pertes cette année? De pertes ou de profits?
M. SIMARD (Yvon): Je peux vous faire des estimations, si je retrouve mes
papiers. Je vais vous dire un peu ce que seront nos estimations de profits.
SOGEFOR, à la fin d'octobre 1973, avait un bénéfice
net de $856,000 et je pense que nous pouvons estimer que nous allons atteindre
environ $950,000 pour l'année.
M. ROY: Pour l'année en cours au niveau de SOGEFOR.
Ce changement de situation est-il dû à la hausse des
prix?
M. SIMARD (Yvon): A la hausse des prix et aussi, nous osons le croire,
à une administration un peu plus serrée.
M. ROY: Comme vous l'avez expliqué tout à l'heure.
M. SIMARD (Yvon): Oui. Mais la hausse des prix est sûrement le
facteur prédominant de la "profitabilité".
M. ROY: Dans le cas de SOMA, cette année, quelles sont vos
prévisions?
M. SIMARD (Yvon): SOMA n'est pas en exploitation depuis février
1971.
M. ROY: Tout de même, il y a des frais fixes que vous allez devoir
encaisser. Il y a quand même la publication d'un état financier
à la fin de l'année.
M. SIMARD (Yvon): Oui.
M. ROY: Dépréciation, salaire de certains administrateurs,
certains frais inévitables.
M. SIMARD (Yvon): II n'y a pas de salaire à des
administrateurs.
M. ROY: A des employés.
M. SIMARD (Yvon): Je n'ai pas les chiffres de SOMA ici. SOMA va faire
une perte surtout parce que nous avons dû payer des allocations de
séparation à tous les employés qui ont quitté SOMA,
mais je n'oserais pas vous dire les chiffres parce que je n'ai apporté
que les chiffres des sociétés actives.
M. ROY: Vous n'avez aucune idée. Vous ne pouvez pas dire si c'est
de l'ordre de $1 million, $2 millions ou de $500,000?
M. SIMARD (Yvon): Non. Si je peux le trouver, cela me fera plaisir de
vous le donner, mais je ne pense pas que je puisse le faire. Oui, je pense que
ce sera moins que $1 million.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Sauvé.
M. MORIN: Est-ce qu'on peut passer à Val-cartier Industrie,
entreprise dans laquelle, je crois, vous avez des investissements pour une
valeur de $450,000, deux classes d'actions? En tout, je pense que cela fait
$450,000. Est-ce que vous pourriez me dire tout d'abord combien
d'employés cette société possède à l'heure
actuelle? Je sais qu'il y a eu des mises à pied dernièrement.
Vous pourriez peut-être nous donner des chiffres là-dessus.
M. SIMARD (Yvon): Il n'y a pas eu de mise à pied récente.
Il y a eu une mise à pied au printemps quand nous n'avions pas de
contrat du gouvernement fédéral, mais tous les employés
sont au travail.
M. MORIN: Ah!
M. SIMARD (Yvon): II y en a 550 au travail. M. MORIN: II y en a 550
à l'heure actuelle. M. SIMARD (Yvon): Oui.
M. MORIN: Est-ce qu'on a étudié la possibilité de
reconvertir la production de cette société? J'ai vu quelque part
qu'on suggérait, par exemple, que cette société construise
des véhicules tout-terrain pour la défense civile et
des choses comme cela. Est-ce que c'est dans l'ordre des
possibilités à l'heure actuelle?
M. SIMARD (Yvon): D'abord, je veux vous donner un renseignement qui est
bien utile pour ne pas partir sur le mauvais pied.
M. MORIN: D'accord.
M. SIMARD (Yvon): Au mois de février ou de mars, nous avons
dû prêter $1 million à Valcartier Industrie et une des
causes de la déconfiture de Valcartier Industrie, c'était
justement qu'elle avait fait une diversification dans les passe-partout
on appelle incidemment passe-partout ces véhicules tout-terrain
et dans une autre aventure commerciale qui était une chenille pour les
gros tracteurs ou même les chars d'assaut militaires. Ces deux aventures
avaient été très coûteuses et continuaient
d'être une saignée. Nous avons arrêté ces deux
aventures et nous allons maintenant, au 31 mars 1974, ce qui est la fin de
l'année fiscale, faire un profit avec cette société, ce
qui ne s'est pas vu depuis très longtemps. Nous avons dans Valcartier
Industrie une obligation qui vient du contrat initial, quand la SGF s'y
était impliquée. C'est-à-dire que nous devons garder cette
usine en état de faire des munitions en tout temps et nous devons
maintenir toute l'exploitation en cas de guerre pour qu'elle puisse tout de
suite avoir une activité pour fournir des munitions aux troupes
canadiennes.
C'est une obligation qui a été contractée lors du
contrat original.
M.MORIN: Si je comprends bien, quelles que soient les pertes, vous devez
la faire fonctionner.
M. SIMARD (Yvon): Quelles que soient les pertes, non, le gouvernement
aurait compensé les pertes dans les munitions. D'abord, il fait un
contrat qui est déjà établi où il y a une marge de
profit. Si nous faisons des pertes dans des opérations commerciales qui
sont de nous, le gouvernement ne les compense pas. C'est pour ça qu'il
faut être bien prudent.
M. MORIN : C'est ça que je voulais dire, c'est vous qui assumez
les pertes.
M. SIMARD (Yvon): Pas dans les munitions.
M. MORIN : Oui, j'ai bien compris. Bon. Est-ce qu'on pourrait
peut-être vous poser quelques questions sur le projet MAN, le projet qui
doit, si je comprends bien, remplir les chaussures de SOMA? Est-ce que vous
avez une idée du nombre d'emplois qu'il pourrait créer?
M. SIMARD (Yvon): Oui, environ 200 emplois.
M. MORIN : Bien, on a eu un peu la réponse cet après-midi.
Si j'ai bien compris, il y a $3 millions sur les $25 millions qui ont
été votés en deuxième lecture qui sont
destinés à ce projet, est-ce que c'est l'étendue de votre
participation, M. Simard, $3 millions, en gros?
M. SIMARD (Yvon): Oui.
M. ROY: Je m'excuse, les $3 millions dont on nous a parlé
n'étaient pas pour SOMA.
M. SIMARD (Yvon): Non. C'est la même chose.
M. MORIN: C'est la même chose.
M. ROY : Ce sont les mêmes $3 millions.
M. SIMARD (Yvon): C'est la même chose: SOMA et le projet MAN dont
parle M. Morin, c'est le même projet. MAN viendrait s'associer avec
SOMA.
M. MORIN : Ils chaussent les bottes de SOMA, quoi.
M. SIMARD (Yvon): Si vous voulez savoir un peu l'utilisation des $3
millions, notre participation originale dans le capital serait de $1,400,000
c'est-à-dire 70 p.c. de $2 millions et le reste est pour, possiblement,
faire un prêt à long terme à SOMA pour le
développement dans la deuxième phase de l'opération.
M. MORIN: Ces autobus, est-ce qu'on peut vous demander s'ils sont
destinés au marché d'ici ou au marché européen?
M. SIMARD (Yvon): Non, non, ils sont destinés au marché
canadien.
M. MORIN: Au marché canadien.
M. SIMARD (Yvon): Oui, au marché nord-américain.
M. MORIN: Est-ce que vous prévoyez des subventions, de quelque
ordre que ce soit, de quelque provenance que ce soit, j'entends des subventions
gouvernementales?
M. SIMARD (Yvon): Non. Nous n'en prévoyons pas nous
espérons, mais nous n'en prévoyons pas parce que l'usine
de SOMA étant à Saint-Bruno, elle n'est pas dans une zone qui
peut obtenir une subvention du ministère de l'Expansion
économique régionale.
M. MORIN: J'aurais peut-être une autre question, qui touche encore
à la philosophie, à vous poser. C'est un peu revenir au
départ. Est-ce que vous ne pensez pas que les activités des
diverses sociétés que la SGF possède en "holding"
pourraient connaître une intensification considérable si le
gouvernement du Québec
avait une politique d'achats qui serait destinée à
favoriser l'expansion de vos sociétés, en achetant, par exemple,
une partie de la production de ces sociétés?
M. SIMARD (Yvon): Je n'ai pas à me plaindre de la collaboration
des services d'achats du gouvernement présentement. Nous n'avons pas de
produits, dans la plupart de nos usines, que nous pouvons vendre au
gouvernement où nous n'avons pas entière collaboration, je parle
de Marine Industrie, où nous vendons tout ce que nous pouvons produire
en matière hydroélectrique à Hydro-Québec. Si
Hydro-Québec n'avait pas été là, nous n'aurions pas
de section de grosses machines tournantes; ça nous a permis d'être
à l'avant-garde dans les grosses machines tournantes. Si nous faisons
je ne dis pas que nous allons le démarrer parce que je n'ai pas
fini mes négociations avec les Allemands le projet SOMA, ça
va être grâce à la politique d'achats du gouvernement de la
province de Québec...
M. MORIN : Et des municipalités.
M. SIMARD (Yvon): ... et des municipalités.
M. MORIN : Parce que, dans mon esprit, le niveau municipal est
important.
M. SIMARD (Yvon): Je n'ai qu'à me féliciter de la
collaboration du gouvernement de la province de Québec. Je pense que,
là-dessus, ce serait de l'ingratitude flagrante que de dire le
contraire.
M. ROY: Mais c'est une collaboration à venir.
M. SIMARD (Yvon): Non, quant à Marine Industrie, ce n'est pas une
collaboration à venir, c'est une collaboration du premier instant
où Marine Industrie a décidé de prendre un permis de
fabrication de turbines et de compensateurs.
M. MORIN: C'est vrai pour toutes vos sociétés?
M. SIMARD (Yvon): C'est vrai, en tout cas, pour celles qui, à
notre sens, peuvent vendre au gouvernement. Nous avons, par Valcartier
Industrie, fait faire les plaques d'immatriculation, cette année, des
véhicules automobiles, ce qui a aidé Valcartier Industrie
évidemment. C'est peut-être notre faute, plutôt que la faute
du gouvernement. Ils n'ont peut-être pas su offrir leurs produits aux
organismes d'achats du gouvernement, aux différents ministères;
mais je me promets et je vous promets que je vais être un vendeur.
M. MORIN: Je pensais à SOMA en particulier. Evidemment, ce n'est
pas sous votre règne, si vous me passez cette expression. Je pense bien
que SOMA a eu à pâtir en particulier sous ce chef-là.
M. SAINT-PIERRE: On a tellement mentionné cela, mais je pense que
vous serez d'accord avec moi que même si le gouvernement avait
acheté toutes ces voitures... Là, il y a tout le problème,
non pas des performances, mais jusqu'à quel point la voiture qui
était construite à Saint-Bruno pouvait correspondre aux normes de
la Sûreté du Québec en matière de voitures qui
étaient l'essentiel des achats du gouvernement. Cela n'aurait pas
sauvé SOMA.
M.MORIN: II ne me restait qu'une seule question. M. le Président,
si vous me le permettez. C'est au sujet de LaSalle Tricot. Quelle est
l'étendue de l'intérêt de la SGF dans cette entreprise?
Vous avez dit que vous vouliez vous restreindre à l'industrie, mais
évidemment le tricot est aussi une industrie. Ce n'est peut-être
pas de l'industrie lourde, mais c'est aussi une industrie.
M. SIMARD (Yvon): C'est une industrie.
M. MORIN: Est-ce un secteur qui vous intéresse? Est-ce que vous
songez à entrer davantage là-dedans?
M. SIMARD (Yvon): Pas particulièrement, non, je pense que dans le
Québec... C'est une industrie, pour répondre à votre
première question, c'est sûr. Nous détenons 100 p.c. du
capital-actions de cette société. Quant au textile, au
Québec, comme LaSalle Tricot le pratique, je pense qu'il y a assez
d'industries; nous n'apportons rien de nouveau et nous ne développerons
rien de nouveau en nous intéressant à cela. Je ne pense pas que
les fonds publics soient particulièrement bien utilisés.
Là, je pense qu'ils pourraient être utilisés à
meilleur escient dans d'autres domaines.
Rapport annuel
M. MORIN: J'ai une dernière question. C'est en même temps
une observation, mais elle se termine par une question. En ce qui nous
concerne, dans l'Opposition, je pense que nous sommes heureux de la nouvelle
situation créée par le bill 75, l'année dernière,
qui a fait que le "holding" est maintenant devenu purement gouvernemental,
purement public. Je crois que probablement, cela créera moins de
confusion dans les objectifs à poursuivre. Mais, est-ce que vous ne
croyez pas, M. Simard, maintenant que vous êtes devenu une entreprise
strictement publique, qu'il y aurait lieu pour vous de soumettre un rapport
annuel au gouvernement, à l'Assemblée, comme le fait
désormais REXFOR? Je ne crois pas que vous soumettiez de rapport annuel,
j'entends, au gouvernement.
M. SIMARD (Yvon): Nous n'avons pas encore fini une année en
étant la propriété du gouvernement.
M. MORIN: Oui.
M. SIMARD (Yvon): Nous avons fait un rapport annuel à nos
actionnaires. Nous nous proposons de faire un rapport à notre
actionnaire qui est le ministre de l'Industrie et du Commerce. Je pense que
notre actionnaire décidera où et quand il veut que ce rapport
soit présenté.
M. MORIN: En fait, ce serait normal dans votre esprit que
désormais la SGF présente un rapport annuel au ministre de
l'Industrie et du Commerce.
M. SIMARD (Yvon): Absolument, ce n'est non seulement naturel, je pense
que c'est essentiel.
M. MORIN: Bien. Je vous remercie, M. le Président, je n'ai plus
de question.
M. ROY: Moi, j'ai quelques autres questions. Revenant à LaSalle
Tricot, quelles sont les prévisions pour cette année?
M. SIMARD (Yvon): LaSalle Tricot, cette année, va faire une perte
d'environ $100,000.
M. ROY: $100,000 de...?
M. SIMARD (Yvon): Perte.
M. ROY: ... perte encore cette année.
M. SIMARD (Yvon): Environ et c'est "très" environ.
M. ROY: Est-ce que vous pouvez me donner des explications concernant ces
pertes-là? Parce que, l'année dernière, il y avait quand
même $172,000 de perte également.
M. SIMARD (Yvon): Je pense que c'est dû à l'approche
fondamentale qu'a eue cette industrie vis-à-vis de son marché et
qu'il faut complètement renverser la vapeur et lui donner une autre
philosophie sur l'approche du marché dans le domaine où elle
oeuvre. Ces gens ont essayé d'être des gens qui vendent bon
marché, dans un domaine et ils ont affronté la concurrence
des importations étrangères qui les ont battus sur le
marché et cela a été la cause.
M. ROY: Est-ce que les perspectives semblent meilleures?
M. SIMARD (Yvon): Oui. Elles semblent meilleures.
Il va falloir apporter des correctifs que nous avons presque
décidés et dont je ne veux pas discuter ici, mais c'est sûr
qu'elles sont meilleures.
M. ROY: Dans ce genre d'entreprises, est-ce que vous avez songé
au niveau de la SGF à faire en sorte d'intéresser les
travailleurs à devenir actionnaires de ces entreprises et à
participer? Je pense qu'on a un cas présentement, celui de TEMBEC
où les résultats sont quand même assez intéressants
pour le peu de temps. On a intéressé les employés, on a
intéressé les cadres de l'entreprise et, selon les derniers
rapports des journaux, c'est très encourageant. Est-ce qu'au niveau de
la SGF vous avez songé à ce genre de participation pour
intéresser davantage les Québécois à investir dans
l'entreprise, être responsables dans l'entreprise et être
également des travailleurs copropriétaires?
M. SIMARD (Yvon): Ce n'est pas vraiment le rôle de la SGF. Nous
n'avons pas d'objection à cela, parce que, comme je l'ai dit, nous
recherchons les associés qui vont nous apporter la technique et la
compétence pour faire le "management".
Si ce sont les employés, nous n'avons aucune objection de
principe, mais notre rôle est le développement industriel et je
pense que ce seront les gens qui prendront notre relève qui
décideront de la forme de collaboration, de participation de leurs
employés.
M. ROY: Mais...
M. SIMARD (Yvon): Nous n'avons pas d'objection en fait.
M. ROY: ... vous êtes d accord pour dire que l'un n'empêche
pas l'autre. On peut nécessairement faire en sorte, du moins, à
un certain moment d'intéresser les ouvriers à être
propriétaires de l'entreprise...
M. SIMARD (Yvon): Oui.
M. ROY: ... sans pour cela négliger les points que vous avez
soulevés.
M. SIMARD (Yvon): Oui. Je vais vous préciser M. Roy, que tout ce
que je vous dis c'est que notre préoccupation est d'abord le
développement industriel.
M. ROY: Mais c'est une possibilité...
M. SIMARD (Yvon): Si, à l'intérieur de cela, il y a une
participation des ouvriers, nous n'avons aucune sorte d'objection.
M. ROY: Mais seriez-vous prêts à la favoriser, même
à la permettre dans certains cas, pour faire certaines
expériences qui pourraient, à mon sens, s'avérer
extrêmement valables?
M. SIMARD (Yvon): Je n'ai jamais pensé à cela.
M. ROY: Est-ce qu'on peut vous faire la suggestion?
M. SIMARD (Yvon): Je voudrais y penser. Faites-moi la suggestion et je
vais y penser.
M. ROY: Enfin, je vous fais la suggestion et lorsque vous nous
reviendrez devant la commission parlementaire...
M. SIMARD (Yvon): Vous me poserez la question.
M. ROY: Je vais vous poser la même question.
Dans le cas des Industries Valcartier, quelles sont les perspectives de
cette année au point de vue du résultat financier?
M. SIMARD (Yvon): J'ai dit que nous bud-gétions un profit
d'environ $400,000 au 31 mars 1974, ce qui est la fin de l'année
fiscale.
M. ROY: Bon. Dans le cas de CEGELEC, est-ce la même chose? Est-ce
que vous prévoyez des bénéfices ou si vous prévoyez
des pertes?
M. SIMARD (Yvon): Pour CEGELEC Entreprises, nous prévoyons des
bénéfices. CEGELEC Industrie évidemment a passé par
une période assez difficile. Elle a eu une grève assez longue et
ses activités ont repris maintenant, mais je ne sais pas si nous pouvons
escompter un bénéfice en 1973, j'en douterais.
M. ROY: Sur le dernier point, sur les bilans, sur l'administration des
filiales, dans le cas de Donohue Brothers, quelles sont les perspectives cette
année? Prévoyez-vous des bénéfices, des pertes?
M. SIMARD (Yvon): Donohue connaît une excellente année.
Comme vous le savez, le papier journal est rendu à $175 la tonne, alors
Donohue va faire une excellente année. Il ne semble pas y avoir de
problème à l'horizon pour cette société dans le
marché actuel.
M. ROY: Maintenant, pouvez-vous nous donner, sans indiscrétion,
l'ampleur des bénéfices que la société peut
faire?
M. SIMARD (Yvon): Je peux vous donner les bénéfices qui
ont été publiés. C'est une société publique.
Je serais malhonnête vis-à-vis des actionnaires de faire des
prédictions si elles ne se réalisaient pas, je pourrais
être accusé d'encourager un certain vice qu'on appelle... Mais je
peux vous dire ce que sont les résultats au dernier rapport qui date de
septembre, peut-être que j'ai celui du mois d'octobre.
Oui, j'ai les chiffres à la fin d'octobre 1973. Le
bénéfice, après impôt, à cette date,
était de $3,184,000.
M. ROY: Je vous remercie pour cette information. Dans le cas de Donohue,
vous avez un projet d'expansion. Pouvez-vous nous donner des détails sur
ce projet et sur la somme de $11 millions dont les investissements ne sont pas
fixés de façon définitive sur la somme de $25 millions que
l'on demande à l'Assemblée nationale? Quels sont les montants que
vous prévoyez investir dans le cas de Donohue?
M. SIMARD (Yvon): C'est un peu prématuré, M. Roy, pour
vous répondre, parce que nous avons là-dessus de dures et de
longues négociations à faire et je ne voudrais pas
révéler ce que nous avons dans la main aux gens qui seront assis
à la table de négociation avec nous.
M. ROY: Maintenant, dans le cas des autres projets, sans les nommer,
avez-vous d'autres projets bien arrêtés au niveau de
l'investissement?
M. SIMARD (Yvon): Je pense que les projets bien arrêtés que
nous avons ont été mentionnés dans la demande que nous
avons faite. Il s'agit du projet de la réouverture de SOMA, il s'agit du
projet que nous envisageons pour Donohue. Je pense que, à part mettre
Marine Industrie comme il le faut sur ses rails, nous en avons plein les bras,
pour l'instant, si nous faisons cela comme il le faut.
M. ROY: Cela va.
LE PRESIDENT (M.Brisson): Le député d'Iberville.
M. TREMBLAY: M. Simard, je vous entends dire que, comme président
de la SGF, vous en avez plein les bras, je n'en doute aucunement. C'est
justement une question que je voulais vous poser, pour notre information.
Quelle sorte de délégation de pouvoir avez-vous auprès de
chaque conseil d'administration de toutes ces firmes? Finalement, vous
n'êtes pas un surhomme, vous ne pouvez pas être partout à la
fois. Quel genre de structure, de relations avez-vous avec chaque conseil
d'administration de chaque filiale? Cela peut nous donner une bonne
idée.
M. SIMARD (Yvon): C'est une relation purement d'actionnaire. Vous avez
un conseil d'administration, c'est-à-dire que nous avons des
délégations au conseil d'administration. Comme tout actionnaire,
nous élisons un conseil d'administration, nous laissons le conseil
élire un président qui a la responsabilité de
l'opération et nous nous réservons le droit, comme actionnaire,
si nous ne sommes pas satisfaits, de changer le conseil d'administration et de
changer le président.
M. TREMBLAY: Mais pour être satisfaits ou non, il faut
nécessairement que vous y mettiez
beaucoup de temps afin d'évaluer cette situation, comme
président, j'entends.
M. SIMARD (Yvon): Je ne sais pas si nous devons y mettre beaucoup de
temps, mais nous devons écouter beaucoup d'excuses, souvent. En fait,
c'est la rentabilité et la croissance, que les gens se conforment aux
budgets et aux objectifs qu'ils s'étaient fixés.
M. TREMBLAY: Merci.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Avant de passer à l'article 1, il y
aurait lieu de nommer un rapporteur. Le député des Mille-Isles
accepterait-il de faire rapport à l'Assemblée nationale?
M. ROY: Avec le consentement des membres de la commission.
LE PRESIDENT (M. Brisson): II n'y a pas de rapport à faire parce
que c'est une commission...
M. MORIN: Qu'on demande le consentement de l'Opposition dans ce cas.
Adoption des articles
LE PRESIDENT (M. Brisson): D'accord, je m'excuse. Il n'y a aucun rapport
à faire puisque c'est considéré comme une assemblée
plénière de la Chambre.
Projet de loi no 20, article 1. Adopté?
M. MORIN: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Article 2?
M. MORIN: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Adopté.
M. MORIN: Un instant, M. le Président. Après l'article 2,
puis-je proposer l'article suivant qui porterait le numéro 3, l'autre
puisqu'il n'y en a qu'un autre devenant le numéro 4.
L'article 3 se lirait comme ceci: "Que ladite loi soit amendée en
insérant, après l'article 17, l'article suivant." Nous avons
choisi cet endroit, après l'article 17, donc l'article 18, parce que
justement cet article 18 a été abrogé. Il y a un trou dans
la loi. Alors, cela nous paraissait un endroit comme un autre pour
insérer l'article suivant: "La Société doit, au plus tard
le 30 juin de chaque année, faire au ministre de l'Industrie et du
Commerce un rapport de ses activités pour son année
financière précédente."
Vous pouvez constater que ceci est inspiré directement de REXFOR.
J'en dirai quelques mots par la suite. "Ce rapport doit contenir tous les
renseignements que le ministre prescrit ainsi que ceux que la Loi des
compagnies oblige les administrateurs à fournir annuellement aux
actionnaires. Ce rapport est déposé devant l'Assemblée
nationale si elle est en session, ou, si elle ne l'est pas, dans les trente
jours de l'ouverture de la session suivante. La Société doit, en
outre, fournir en tout temps au ministre de l'Industrie et du Commerce tout
renseignement qu'il requiert sur ses activités." M. le Président,
je ne sais pas si j'ai la parole pour expliquer le pourquoi, les tenants et
aboutissants de cette proposition.
M. SAINT-PIERRE: Nous l'acceptons à sa face même.
M. MORIN: Vraiment, à sa face même. C'est de la
collaboration, M. le ministre. Voici, le texte. Je vous permets de le...
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'article 3 se lirait comme suit: "Que ladite
loi soit amendée en insérant, après l'article 17,
l'article suivant: 18. La Société doit, au plus tard le 30 juin
de chaque année, faire au ministre de l'Industrie et du Commerce un
rapport de ses activités pour son année financière
précédente. Ce rapport doit contenir tous les renseignements que
le ministre prescrit ainsi que ceux que la Loi des compagnies oblige les
administrateurs à fournir annuellement aux actionnaires. Ce rapport est
déposé devant l'Assemblée nationale si elle est en session
ou, si elle ne l'est pas, dans les trente jours de l'ouverture de la session
suivante. La Societé doit, en outre, fournir en tout temps au ministre
de l'Industrie et du Commerce tout renseignement qu'il requiert sur ses
activités." Est-ce que cette motion est adoptée?
M. ROY: Adopté.
M. SAINT-PIERRE: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'article 3 devient l'article 4.
Adopté.
M. ROY: Adopté sur division. M. SAINT-PIERRE: Sur division.
LE PRESIDENT (M. Brisson): La commission ajourne ses travaux sine
die.
M. ROY: Avant l'ajournement de la commission, j'aimerais tout simplement
revenir à la charge pour dire que je regrette énormément
que les dirigeants de certaines sociétés affiliées
à la SGF ne soient pas ici présents pour rendre compte de leur
administration.
Je formule le voeu et je demande au ministre de l'Industrie et du
Commerce de prendre ses précautions à l'avenir pour que, lorsque
la commission reviendra devant l'Assemblée nationale, ces gens viennent
rendre compte de leur administration devant ceux qui ont reçu le mandat
de la population. Alors, si vous voulez qu'on regarde les projections, je pense
que ce
serait tout simplement normal que ces gens se présentent et je
pense que ce serait même un gage de sécurité pour
eux-mêmes, étant obligés de comparaître au moins une
fois par année devant la commission parlementaire. Ceci inciterait
à beaucoup plus de prudence et je pense qu'à ce moment-là
on aiderait énormément le travail du président de la SGF,
M. Simard.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Sauvé.
M. MORIN : Je ne suis pas en désaccord total sur ce que dit le
député de Beauce-Sud. Au contraire, j'aurais eu un malin plaisir,
ce soir, à retourner un homme comme M. Filion, par exemple, sur le gril.
Je dois dire qu'en ce qui me concerne, j'ai trouvé que M. Simard se
tirait fort bien, fort élégamment d'affaire, et je le remercie
d'être venu. Si ses collègues voulaient en faire autant ou si le
ministre voulait consentir à les convoquer pour que nous puissions les
interroger, nous le ferions, je pense, avec la même amabilité.
Pour peu qu'ils se donnent la peine de répondre à nos questions,
nous aurions tout lieu de les féliciter, comme je le fais à votre
endroit, à la fin de la séance.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député d'Iberville.
M.TREMBLAY: M. le Président, c'est un voeu que je formule
également. J'aimerais demander à M. le ministre, si toutefois il
convoque ces présidents de filiale, s'ils devraient venir
témoigner à la commission en présence du président
de la SGF?
M. SAINT-PIERRE: Enfin, je pense qu'en l'absence...
M. TREMBLAY: Oui.
M. SAINT-PIERRE: Je pense que oui. Je n'ai pas d'objection de principe
à la chose, il y a bien des initiatives désirables que le
gouvernement pourrait prendre. Le problème, c'est qu'il y a 24 heures
dans une journée, il y a sept jours dans une semaine, il y a douze mois
dans l'année, mais je vais essayer de faire l'impossible au cours de
l'année 1974 pour trouver un moment qui ne soit ni la fin de session, ni
près de Pâques, ni près de Noël, ni près de la
Trinité, où on pourrait en toute quiétude voir le
président de la SGF et les présidents des filiales, où
nous avons plus de 50 p.c. du capital-actions, répondre à des
questions.
M. ROY : Je voudrais remercier également à mon tour...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Autres remarques?
M. SAINT-PIERRE: Moi de même, je veux remercier M. Simard
et...
M. ROY: ... et je veux tout simplement lui dire que si nous mettons
notre dissidence sur la nature de ce projet de loi, ce n'est pas en raison d'un
blâme personnel qu'on veut lui faire. Il a reçu presque un cadeau
de Grec au moment de sa nomination comme président de la SGF.
Je sais qu'il a eu un défi de taille à relever, mais je
pense que M. Simard, quand même, nous donne ce soir l'espoir que, l'an
prochain, on pourra avoir des résultats bien meilleurs.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce à dire que votre refus n'est pas
doctrinaire ou idéologique? Vous voulez vous faire convaincre de la
rentabilité...
M. ROY: Nous sommes toujours objectifs, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Alors, la commission ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 22 h 9)