Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures sept minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre! La
commission élue permanente de l'industrie, du commerce et du tourisme se
réunit encore ce matin pour entendre les représentations des
personnes intéressées au projet de loi 59, Loi modifiant la Loi
sur les heures d'affaires des établissements commerciaux.
Les membres de cette commission sont: MM. Lachance (Bellechasse), Biron
(Lotbinière), Fortier (Outremont), Dubois (Huntingdon), Dussault
(Châteauguay), Mme Harel (Maisonneuve), MM. Baril (Arthabaska), Rocheleau
(Hull), O'Gallagher (Robert Baldwin), Laplante (Bourassa), Tremblay
(Chambly).
Les intervenants sont: MM. Beaumier (Nicolet), Bisaillon (Sainte-Marie),
Blais (Terrebonne), Champagne (Mille-Îles), Mme Dougherty
(Jacques-Cartier), MM. Lafrenière (Ungava), Mailloux (Charlevoix),
Rocheleau (Hull), Tremblay (Chambly).
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que vous avez...
Le Président (M. Laplante): Oui?
M. Bourbeau: ...le nom de Bourbeau (Laporte) quelque part?
Le Président (M. Laplante): Bourbeau? Est-il ici? On va
regarder cela pour voir à quelle place on peut l'inscrire!
M. Bourbeau: Je voudrais quand même avoir le droit de
parole, si vous n'avez pas d'objection.
Le Président (M. Laplante): Je vous l'aurais donné
quand même!
M. Bourbeau: À la place de M. O'Gallagher.
Le Président (M. Laplante): Bon, à la place de M.
O'Gallagher, ce sera M. Bourbeau (Laporte). C'est embêtant.
M. Bourbeau: Et mettez donc M. O'Gallagher à la place de
Mme Dougherty.
Le Président (M. Laplante): À la place de Mme
Dougherty, intervenante, ce sera M. O'Gallagher (Robert Baldwin). Pas d'autres
corrections?
Maintenant, voici les groupes qui seront entendus aujourd'hui; à
10 heures, l'Association des marchands détaillants de pièces,
d'accessoires et de pneus d'automobiles du Québec; est-ce qu'ils sont
présents?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Laplante): Merci. De plus, il y aura
Serge Parent Pharmacien; est-ce que M. Parent est ici? Merci, monsieur.
Ensuite, l'Association des petits détaillants québécois.
Merci, monsieur. Les pharmacies Cumberland, est-ce qu'ils sont ici?
Une voix: Ils vont rentrer un peu plus tard.
Le Président (M. Laplante): Ils vont rentrer un peu plus
tard. L'Association du Parti québécois de Maisonneuve?
Une voix: Ils vont arriver plus tard.
Le Président (M. Laplante): Ah, ce sont des
péquistes, ils sont encore en retard!
Une voix: Cela est triste.
Le Président (M. Laplante): Maintenant, il y aura un
mémoire pour dépôt seulement, la Ligue pour les droits de
l'homme de B'nai B'rith, Canada.
Maintenant, pour vous orienter, ceux qui sont dans la salle,
actuellement, les nos des mémoires sont 40, si vous voulez les prendre
en note, 21, 30, 39, 29; et le no 35, pour dépôt. Maintenant,
j'appelle l'Association...
M. Bourbeau: Dans l'ordre ou dans le désordre, ce que vous
venez de lire?
Le Président (M. Laplante): Ah, je les ai donnés
dans l'ordre; on ne m'a rien donné pour les changements. Maintenant,
j'appelle l'Association des marchands détaillants de pièces,
d'accessoires et de pneus d'automobiles du Québec. Si vous voulez,
monsieur, vous identifier, votre organisme et les personnes qui vous
accompagnent, s'il vous plaît.
Association des marchands détaillants
de pièces, d'accessoires et de pneus
d'automobiles du Québec
M. Boulianne (Michel): Mon nom est Michel Boulianne. À ma
droite, j'ai le président, M. Robert Blanchard, et le
secrétaire-trésorier, M. Albert Simard.
Le Président (M. Laplante): Allez-y.
M. Boulianne: L'Association des marchands détaillants de
pièces, d'accessoires et de pneus d'automobiles du Québec
regroupe principalement les détaillants Canadian Tire de la province de
Québec, c'est-à-dire un minimum de 75 établissements, qui
font, comme le secrétaire-trésorier vous le précisera tout
à l'heure, un chiffre d'affaires impressionnant. Ils regroupent
au-delà de 6000 employés.
M. le Président, M. le ministre, MM. les membres de la
commission, je m'excuse tout d'abord du retard à déposer notre
mémoire. Par inadvertance, évidemment, nous avions manqué
ce que j'appelle un entrefilet dans le journal. Vous allez me dire que la
Gazette officielle est un acte qui fait foi de tout et qu'on aurait dû le
voir. Nous sommes habitués à surveiller les décrets de
l'automobile et non pas dans l'industrie et le commerce. Cela nous a
échappé.
Je lirai le mémoire rapidement parce qu'il ne compte que cinq
pages, et nous avons déjà fait parvenir un exposé
au printemps. De plus, j'aborderai certains points qui sont d'un
intérêt commun et qui ont déjà été
abordés au cours des interventions antérieures.
L'Association des marchands détaillants de pièces,
d'accessoires et de pneus d'automobiles du Québec, à la suite du
mémoire qu'elle a présenté lors de la consultation du
printemps dernier par le ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme,
désire faire part brièvement de certains commentaires
additionnels plus précis sur le projet de loi à l'étude
aujourd'hui.
Tout d'abord, notre association est fort heureuse de l'initiative prise
par le ministre de restructurer la loi actuelle en y apportant, en premier
lieu, les précisions qui permettent d'identifier clairement les
véritables cas d'exception et, en second lieu, en incorporant dans cette
loi des dispositions à caractère coercitif de nature à
décourager les contrevenants par l'importance des amendes et le
caractère progressif desdites amendes.
Il n'en demeure pas moins, toutefois, que notre association, à
l'instar de la majorité des autres intervenants, est sans restriction
pour le maintien du statu quo pour les raisons que nous avons
déjà exprimées le printemps dernier.
À l'article 2, notre association est satisfaite de voir, dans un
texte provincial, l'inclusion de la prohibition d'ouverture des commerces le
dimanche. En effet, ceci permettra d'éviter des situations confuses dont
pouvaient se prévaloir certains commerces en état d'infraction et
assurera une homogénéité de pensée entre les divers
paliers de gouvernement. Nous appuyons également le regroupement des
fêtes de la Saint-Jean-Baptiste et de la Confédération le
lundi, bien que ceci n'apparaisse pas comme tel au projet de loi 59, pour les
raisons qui ont déjà été mentionnées devant
cette commission. Il s'agirait là d'une solution pratique, efficace et
qui, à notre avis, aurait l'assentiment non seulement des
commerçants, mais de l'ensemble des consommateurs.
À l'article 3, nous sommes tout à fait contre la
prolongation des heures d'ouverture jusqu'à 18 heures le samedi et
jusqu'à 21 heures les six jours précédant le dimanche de
Pâques. En ce qui concerne les quatorze jours précédant le
24 décembre, nous croyons qu'une distinction doit être faite en ce
qui concerne le samedi et que le statu quo devrait être maintenu durant
cette journée, parce que ce n'est pas clair dans l'ensemble du projet de
loi si, lorsqu'on dit quatorze jours, cela va exclure le dimanche et le samedi
jusqu'à 21 heures. Évidemment, il y a un flottement qui existe
à ce moment-là, mais notre position, à l'heure actuelle,
c'est de maintenir les principes établis, celui du dimanche et celui du
samedi, à 17 heures, mais ouvrir les quatorze jours. Concernant la
fermeture à 18 heures les 24 et 31 décembre, nous sommes
plutôt pour la fermeture à 17 heures, dans la même ligne de
pensée que notre demande de maintien du statu quo.
À l'article 5, où au 16e paragraphe vous avez ce principe
général, nous sommes conscients que cette clause - parce que je
sais que certains ont demandé qu'elle n'y soit pas - d'exclusion
générale additionnelle est une clause normale dans un projet de
loi pour donner ouverture à d'autres cas d'exception. Cependant, notre
association désire rappeler au ministre que cette clause devrait
être interprétée d'une façon tout à fait
restrictive en gardant toujours à l'esprit qu'il s'agit de cas
d'exception.
En ce qui concerne les trois derniers paragraphes de l'article 5, bien
qu'ils ne concernent pas directement le genre de commerce que nous exploitons,
nous croyons qu'il faudrait que le texte de loi et la réglementation qui
suivra soient beaucoup plus précis afin de s'assurer qu'on ne puisse
passer outre aux dispositions de la loi par une simple fiction
matérielle sans véritable fondement juridique. Bien que cela
semble paradoxal de parler de fiction et de parler de matériel, je
reviendrai sur ce sujet, si vous me le permettez, un peu en obiter dictum,
même si ce n'est pas un jugement que nous rendons. J'aurai quelques
explications à donner là-dessus. Le texte devrait être
extrêmement clair et ne pas revêtir tous les caractères
d'une clause échappatoire.
Aux articles 7, 8 et 9, bien que nous soyons conscients de la
difficulté de faire appliquer la future loi et ses règlements
sans augmenter le personnel préposé aux vérifications,
soit les inspecteurs, nous croyons qu'il faudrait trouver un moyen pour
utiliser les ressources d'inspection distinctes par les policiers municipaux et
même la Sûreté du Québec de façon à
faire respecter dès le début - nous insistons là-dessus -
et d'une façon non équivoque les dispositions de cette loi. Il ne
sert à rien à une telle loi d'avoir des dents si elle ne mord
pas. Je réponds un peu à un problème qui a
été soulevé, ce n'est pas seulement l'importance des
amendes qui pourrait inciter la force policière à intervenir,
mais il faudrait également une incitation et une directive
appropriée à cet effet émanant du gouvernement
lui-même, soit que ce soit adressé aux municipalités ou
à ses organismes de contrôle.
En terminant, M. le ministre, nous croyons que le présent projet
de loi constitue un pas en avant et nous vous en félicitons. Toutefois,
nous croyons qu'il est sage de faire preuve d'une extrême prudence
plutôt que d'avoir à regretter les effets néfastes d'un
geste trop rapide. Je prenais connaissance du journal de l'Association des
consommateurs du Québec, qui a fait des représentations en
disant: On peut faire une tentative et revenir. Il est toujours
extrêmement difficile avec une loi de rétrograder et de dire: On
est allé trop loin. Mieux vaut y aller par petits pas, quitte à
augmenter - je voyais mardi sur le journal: On a eu 38,5 heures, ce n'est pas
beaucoup, etc. J'aime mieux 38,5 heures parce que, socialement, cela
représente un changement énorme.
Pour vous informer un peu de ce qui se passe, par exemple, vous avez le
cas de nos magasins Canadian Tire et il y en a d'autres qui vivent cela. Vous
avez Sears, vous avez Woolco, un paquet d'autres magasins de ce genre où
vous avez, par exemple, des décrets qui vous donnent une fenêtre
d'ouverture de 9 à 17 heures. Nos magasins relèvent à la
fois du commerce au détail et des différents décrets de
l'automobile qui nous obligent, par contre, à payer du temps
supplémentaire en dehors de la semaine d'ouverture de 40 heures et de 9
à 17 heures, cinq jours par semaine. Le samedi, vous en avez un autre
qui vient s'appliquer et certains décrets vont même jusqu'à
demander que, dès qu'une personne fait 18 heures, il faut qu'elle ait
une semaine complète de travail. Vous n'êtes pas capable de leur
donner ces heures.
Il est évident que le consommateur est roi et maître. Si
vous lui permettez de faire son épicerie à 5 heures du matin
lorsqu'il vient de terminer une soirée, il va être d'accord. Il
n'aura pas besoin de sortir le lendemain matin. Mais ce n'est pas sûr,
c'est notre opinion, qu'il y a des travailleurs qui seront prêts à
travailler sept jours par semaine et, s'ils ne le font pas, que d'autres sont
prêts à ne travailler que le dimanche, à moins de vouloir
un surplus de revenus. Il y a ce problème des décrets au niveau
du droit du travail et au niveau de la réglementation qui va venir. Cela
semble extrêmement important.
Un des cas qui ont été soulevés, c'est celui des
cloisonnements. Il n'y a aucun doute qu'on est pour que les dépanneurs
soient ouverts. Mais si, par ce que j'appellerais une fiction
matérielle, vous permettez qu'une entité juridique, par un simple
geste posé qui est un cloisonnement, puisse créer deux commerces,
c'est une phrase dangereuse; vous considérez comme un commerce un autre
commerce s'il y a une cloison. Vous pouvez avoir des gens qui sont sur le
même "payroll" et il y en a seulement deux qui sont dans le secteur de
l'épicerie. Tout ce qu'on a à faire c'est de poinçonner
une carte différente. La Régie des alcools, l'ancienne commission
de contrôle, a vécu ce problème. Quand quelque chose n'est
pas clairement défini, on risque que ce soit mal
interprété. Voici un exemple - c'est dommage parce que je pense
que le ministère n'a pas été consulté
là-dessus, vous auriez dû l'être - c'est celui qui vient
d'arriver dans le cas des Steinberg où un organisme gouvernemental a
voulu définir ce qu'était la trame urbaine en disant: Un commerce
qui est seul est en trame urbaine. S'ils sont plusieurs, cela devient un centre
commercial. Ceux qui sont familiers avec Québec savent qu'on a
refusé à Steinberg, au centre commercial de la Canardière,
un permis alors qu'ils sont à un carrefour important et sur un coin de
rue. Ils ne peuvent pas avoir le permis parce qu'on les considère en
trame urbaine, ils sont dans leur bâtisse à eux.
Aux deux autres coins de rue à côté d'eux, il y a
deux gros magasins d'alimentation qui eux sont considérés comme
étant dans un centre commercial. Ils vont avoir le droit de vendre de la
bière et du vin. Ils sont considérés comme étant
dans un centre commercial, mais on dit à l'autre: Vous, vous êtes
en trame urbaine. Ils n'ont pas eu le permis. C'est parce qu'il n'y a pas de
définition dans la loi de ce qu'est une trame urbaine et de ce qu'est un
centre commercial. C'est la même chose que vous a dit l'Association des
marchés publics. Un marché public peut fort bien devenir un
centre commercial. Prenez un exemple, celui qui nous a été
donné, celui qui existe dans la région de Québec, les
Halles de Sainte-Foy; avec la loi, le charcutier n'aura pas le droit d'ouvrir
le dimanche. Mais, si un jour un marché public fermé se retrouve
avec 200 magasins, cela va être un centre commercial dans le fond. Si
vous dites, par le biais d'un marché public, vous allez avoir le droit
com-
me marché public d'ouvrir le dimanche, cela veut dire que toutes
ces boutiques à l'intérieur vont avoir le droit d'ouvrir le
dimanche.
La solution n'est pas facile. Vous allez trouver le moyen terme, je ne
le sais pas. Mais, quand vous allez avoir à le trouver, il va falloir
une réglementation extrêmement précise et des
définitions. C'est cela qui nous fait peur. C'est un peu les remarques
additionnelles que nous avions à formuler. Le président et le
secrétaire-trésorier sont à votre disposition et
moi-même, si vous avez des questions sur notre position.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Biron: Je vous remercie du dépôt de votre
mémoire et de votre intervention. Vous nous avez parlé de
Canadian Tire, et c'est un des membres de votre association. Est-ce que vous
pourriez nous nommer les principaux membres de l'association, afin d'avoir une
idée des gens que vous représentez?
M. Blanchard (Robert): Nous représentons les magasins
Canadian Tire de la province de Québec. Si nous ne sommes pas
identifiés comme tel, c'est que nous avons choisi de laisser la porte
ouverte à d'autres établissements semblables qui voudraient se
joindre à nous. Mais nous représentons les magasins Canadian Tire
pour les fins de ce mémoire.
M. Biron: D'accord. Est-ce que vous ne vendez qu'au détail
ou si vous vendez également à des commerçants, à
des garagistes? En d'autres termes, est-ce que vous vendez à des clients
qui, en retour, revendent à d'autres?
M. Blanchard: Nous vendons au détail. Il peut arriver -
c'est l'exception... Nous ne vendons pas en termes de grossiste comme vous
semblez vouloir dire. Nous sommes un magasin de détail.
M. Biron: II y a des gens qui travaillent dans le domaine de la
ferronnerie en particulier qui nous ont dit: On veut être certain de
pouvoir ouvrir à 7 heures le matin au moins pour des détaillants,
des clients à qui nous vendons et qui revendent. Donc, ils agissent
à la fois comme détaillants et grossistes. Dans votre cas, vous
n'agissez que comme détaillants.
M. Blanchard: Nous n'agissons que comme détaillants.
M. Biron: D'accord. Si j'ai bien compris votre mémoire,
vous êtes pour les grandes actions du projet de loi 59. Vous nous faites
certaines revendications, par exemple, pour le samedi et pour quelques autres
fêtes.
Nous avons également eu certaines suggestions du Conseil
québécois du commerce de détail en particulier et d'autres
qui nous ont dit: Le samedi, de 17 heures à 18 heures, on ne fait pas de
commerce; cela ne donne rien; par contre, on apprécierait avoir une
demi-heure de plus - un groupe nous a dit: Une heure de plus - les jeudi et
vendredi soir, parce que le client qui arrive vers 20 heures se sent un peu
bousculé et, si on veut qu'il fasse un achat convenable, il faut lui
laisser un peu plus de temps. Quelle est votre réaction à cette
suggestion?
M. Blanchard: Nous serions favorables à cette initiative,
parce qu'effectivement le consommateur qui fait son magasinage le jeudi ou le
vendredi soir n'a que trois heures pour le faire et prolonger la période
jusqu'à 21 h 30 serait sûrement favorable à tout le monde,
beaucoup mieux, en tout cas, que le samedi parce que la journée
complète du samedi peut être employée à cette fin
alors que, le vendredi soir et le jeudi soir, ce n'est pas tout à fait
cela. Si le consommateur se déplace d'un centre à un autre, cela
lui donne encore plus de temps pour ce faire. Nous serions favorables à
cet amendement.
M. Biron: Vous êtes favorables au fait d'ajouter une
demi-heure les jeudi et vendredi soir plutôt que d'ajouter une heure le
mercredi ou le mardi soir.
M. Blanchard: C'est cela, M. le ministre.
M. Biron: Je pense que c'est assez clair dans votre
présentation. Je n'ai pas d'autres questions.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, il devient de plus en plus
difficile, à mesure que les jours passent, d'être original en ce
qui concerne les questions, parce qu'on a l'impression que tout a
été dit. Dans votre cas, je pense que le mémoire est
très clair. Vous faites valoir les points qui ne vous satisfont pas et
ceux qui vous plaisent. Je vous poserai une seule question au sujet de vos
commentaires sur les articles 7, 8 et 9. C'est peut-être l'aspect
original, en ce qui nous concerne, de votre mémoire. Vous dites: Nous
croyons qu'il faudrait trouver un moyen pour utiliser les ressources
d'inspection existantes comme les policiers municipaux et même la
Sûreté du Québec. Est-ce que vous pourriez expliciter de
quelle façon vous pensez que cela pourrait se traduire dans les
faits?
M. Boulianne: J'ai entendu certaines remarques cette semaine - je
ne sais pas par qui - où on laissait entendre que probablement les
policiers n'intervenaient pas parce que les amendes étaient trop
minimes. C'est bien dommage. Mais, si c'était la raison, je me demande
en vertu de quoi ce sera aux policiers de décider juridiquement qu'ils
n'interviendront pas, parce qu'ils n'ont pas de chance de gagner ou parce que
les amendes sont trop minimes. Si l'amende était trop minime, elle reste
trop minime et ils se devaient d'intervenir. Dans un premier temps je ne sais
pas par quel processus administratif ou législatif - je suis convaincu
que le gouvernement peut, en accord avec les municipalités, imposer un
devoir additionnel. Évidemment, ce n'est pas comme faire du radar sur
les routes. Il peut y avoir cette inspection et cette surveillance par les
policiers municipaux. Ce que je veux dire, c'est que s'il y a une incitation de
la part du gouvernement - quand je dis une incitation, c'est autant juridique
que législatif - il y a sûrement un moyen, je ne sais pas... Ce
qui existe à l'heure actuelle a augmenté, d'autant plus que
quelqu'un - je pense que c'est M. Fortier qui l'a fait ou quelqu'un d'autre - a
soulevé la question, à savoir qu'il y a déjà 20 000
inspecteurs additionnels - je ne sais pas qui a dit cela -qui sont les
consommateurs, qui gravitent autour de ceux-là, qui vont être les
premiers à dénoncer. Je pense qu'il n'y aura pas de grands
problèmes pour les policiers. Ils n'auront pas à faire de la
patrouille et à se cacher près des centres commerciaux pour en
prendre un. J'ai l'impression qu'il va y avoir un téléphone et
ils vont déjà avoir assez de difficultés à
répondre. Les commerçants vont dire: Écoute, M. Untel est
ouvert et il vend. La semaine passée, il a ouvert. J'ai fait une
enquête. Je suis prêt à faire une dénonciation si
vous allez voir. Vous avez eu la même dénonciation sur les
enseignes français-anglais; il y a eu un paquet de dénonciations
par des individus qui, pour quelque motivation que ce soit, étaient
toujours prêts à faire une dénonciation.
Concernant les inspecteurs actuels, on pourrait faire comme on a fait
à la régie des permis d'alcool, où on a annulé le
service d'inspection; mais il est fait par la Sûreté du
Québec. Évidemment, vous allez me dire que c'est un peu plus
mathématique. Les gars de la Sûreté du Québec
n'aiment pas compter les "cans de beans" quand ils vont voir si le gars a
l'inventaire de l'épicerie qu'il faut mais ce sont eux maintenant qui
font les inspections pour le contrôle des permis d'alcool. Ceci se fait,
je pense, en douceur. C'est un devoir additionnel. Cela a été un
déplacement des tâches. Je ne sais pas par quel processus cela
pourrait se faire. Je suis convaincu que cela ne représenterait pas la
moitié de ce que cela peut représenter dans le cas des permis
d'alcool.
M. Bourbeau: D'autant plus qu'on voit assez souvent, dans les
municipalités, les policiers qui se promènent le soir et qui
sondent les portes des établissements commerciaux. On les voit dans les
centres commerciaux qui passent et qui vérifient les portes pour
être certains qu'il n'y a pas de vol, etc. Il serait probablement
très facile pour les mêmes policiers, en même temps qu'ils
vérifient si les établissements commerciaux sont bien
fermés, qu'il n'y a personne à l'intérieur, de
vérifier également si la loi est respectée sur la
fermeture des établissements commerciaux. C'est tout ce que j'avais
à vous dire pour ce matin. Merci beaucoup pour votre mémoire.
Sûrement que c'est une contribution originale, intéressante pour
nos travaux.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Merci. Je voudrais d'abord féliciter les
propriétaires des Canadian Tire. Vous êtes un groupe très
progressiste. J'en connais plusieurs de vous autres qui, actuellement, sortent
de leur domaine et qui font de la fabrication. Vous êtes associés.
On peut vous féliciter de cette expansion. Maintenant, il y a juste une
question que je veux vous poser. Le projet de loi, comme il est là, quel
impact aurait-il sur la création d'emplois?
M. Blanchard: La création d'emplois serait très
difficile à évaluer parce que d'abord allonger les heures
d'ouverture, comme notre procureur l'a indiqué, créerait
énormément de difficultés. Vous avez d'abord les
employés actuels qui eux ne veulent pas travailler le dimanche. Si vous
allongez ces heures, vous allez employer des gens à temps partiel pour
une journée ou à peu près. Très peu de gens sont
intéressés à ne travailler qu'une journée et vous
avez aussi le fait que, comme le procureur l'a indiqué, les
différents comités paritaires et autres organismes tentent
d'influencer l'allongement des heures de travail qui garantiraient une semaine
de travail à un employé. Nous ne croyons pas que la
création d'emplois serait significative. D'autre part, cela pourrait
obliger à restructurer les horaires actuels des employés et les
échelonner de façon différente. Alors que vous avez
présentement des employés qui travaillent une semaine
régulière de 40 heures, peut-être seriez-vous
obligés d'avoir trois groupes d'employés qui ne travailleraient
que 20 heures chacun.
La création d'emplois nette ne serait sûrement pas
significative.
M. Boulianne: Je peux vous dire que,
chez nous, c'est la minorité que vous pouvez réussir a
faire faire des heures additionnelles le samedi. Il faut un autre groupe de
travail que vous faites entrer le jeudi, le vendredi et le samedi. Les
employés permanents qui font une semaine complète de travail vont
souvent préférer faire du travail additionnel ailleurs; le faire
directement chez l'employeur, c'est la minorité qui est prête
à faire cela. (10 h 30)
Le Président (M. Desbiens): Merci. S'il n'y a pas d'autres
interventions, je remercie le groupe de sa participation. J'invite M. Serge
Parent à s'approcher, s'il vous plaît.
Serge Parent Pharmacien
M. Parent (Serge): M. le Président, M. le ministre,
messieurs, voici l'historique de la pharmacie Cloutier. La pharmacie Cloutier
fut fondée il y a environ 30 ans. Dès 1972, une bâtisse
d'environ 30 000 pieds carrés, érigée au coût de
près de 1 000 000 $, en faisait la plus grande pharmacie d'escompte au
Québec, avec une superficie de vente de 10 000 pieds carrés.
La pharmacie Cloutier fut le chef de file au chapitre de la livraison,
possédant plus de 30 voitures afin de desservir le territoire du nord et
de l'est de la ville de Montréal ainsi que la ville de Laval au grand
complet. Elle fut également la première pharmacie au
Québec à implanter un système d'ordonnancés sur
ordinateur. La pharmacie Cloutier est celle qui exécute le plus grand
nombre d'ordonnances au Québec.
En 1977, Serge Parent Pharmacien se porte acquéreur de cette
gigantesque entreprise qu'il réorganise complètement. Serge
Parent planifie dès lors l'expansion qu'il pourrait apporter à
cette entreprise.
Les investissements de Serge Parent Pharmacien. Au cours des trois
dernières années, Serge Parent Pharmacien a investi près
de 3 000 000 $ en coûts de construction et est devenu l'unique
propriétaire de cinq pharmacies et d'un centre de distribution. Cinq de
ces établissements sont situés sur l'île de Montréal
et le sixième à Fabreville, dans la ville de Laval.
En 1983, 275 personnes sont à l'emploi de Serge Parent Pharmacien
soit deux fois plus qu'au moment de l'acquisition de la première
pharmacie en 1977. 138 de ces personnes sont des employés
réguliers, alors que 137 sont des employés à temps
partiel. Ces derniers sont majoritairement des étudiants qui demeurent
dans les environs de chacune des pharmacies.
Serge Parent Pharmacien a investi des sommes importantes, au cours des
dernières années, de manière à offrir à sa
clientèle un service encore plus complet. Ainsi, aujourd'hui, il offre
à sa clientèle plus de denrées alimentaires que n'en
offrait la pharmacie Cloutier avant qu'il ne l'acquière. En effet,
certaines denrées alimentaires se vendent, depuis de nombreuses
générations, dans les pharmacies du Québec dont, entre
autres, le lait pour bébés, la nourriture pour
bébés, les boîtes de chocolat, les bonbons, les essences de
liqueur, la moutarde en poudre, etc. Depuis les trois dernières
années, Serge Parent Pharmacien offre à sa clientèle plus
de diversité dans les denrées alimentaires.
Les heures d'ouverture. Les pharmacies de Serge Parent sont ouvertes
sept jours par semaine, de 9 heures à 22 heures et jusqu'à 23
heures dans l'une des succursales, ce qui représente entre 91 et 98
heures d'opération par semaine. Le pharmacien et son équipe sont
disponibles en tout temps, durant ces heures d'ouverture, afin d'assurer le
service essentiel et professionnel d'exécution d'ordonnances
médicales. Chacune des pharmacies de Serge Parent Pharmacien, sauf celle
qui est localisée dans un centre médical à Ville
Saint-Laurent, ne peut normalement fonctioner sans un minimum de huit
employés en même temps pour en assurer le fonctionnement.
À la fin de l'année 1983, M. Rodrigue Biron, ministre de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, présentait le projet de loi 59,
intitulé Loi modifiant la Loi sur les heures d'affaires des
établissements commerciaux. Les notes explicatives du projet de loi
mentionnent, entre autres, que le projet de loi vise à augmenter les
catégories d'établissements exclus de l'application de la Loi sur
les heures d'affaires des établissements commerciaux.
Il nous fait plaisir de vous mentionner que nous sommes totalement
d'accord avec ce but poursuivi par le projet de loi qui respecte le principe de
la liberté de commerce. Toutefois, nous doutons que ce but soit atteint
par la rédaction de l'article 3 du projet de loi. C'est pourquoi nous
vous proposons certaines modifications comme suit. Je sauterai l'article de
loi, je pense que tout le monde le connaît.
Comme mentionné en introduction, l'entreprise que Serge Parent
Pharmacien exploite vend des denrées alimentaires en plus des produits
caractéristiques de son type d'établissement. Il s'agit d'un
service que Serge Parent Pharmacien rend à sa clientèle. C'est,
en fait, un accessoire à la pharmacie, puisque les denrées qui
sont vendues sont des denrées dites fondamentales (lait, beurre, oeufs).
Les aliments sont, par ailleurs, vendus à des prix très bas, plus
bas que ceux d'un dépanneur, puisqu'ils sont escomptés,
contrairement au dépanneur, au même titre que chacun des autres
produits que l'on retrouve dans la pharmacie. Ces ventes de denrées
alimentaires accompagnent généralement la vente d'autres
produits
pharmaceutiques, d'hygiène ou de beauté. Ces ventes
représentent une partie appréciable des chiffres d'affaires
globaux des pharmacies de Serge Parent.
Toutefois, au cours des dernières années, et comme
mentionné en introduction, des investissements importants ont
été effectués de manière à offrir ce service
à la clientèle. C'est ainsi que les locaux ont été
aménagés et des équipements coûteux, tels
congélateurs, réfrigérateurs et autres, ont
été acquis pour la mise sur pied et le fonctionnement
opérationnel de ce service. Nous croyons posséder certains droits
acquis relativement à la vente des denrées alimentaires puisque,
historiquement, dans les pharmacies du Québec on a toujours
retrouvé des denrées alimentaires de tout type.
D'ailleurs, depuis 1969, soit à l'occasion de l'adoption de la
loi actuellement en vigueur, les pharmacies ont le droit absolu d'offrir en
vente des produits alimentaires ou menus articles, en plus, naturellement, des
produits phamaceutiques, hygiéniques et sanitaires.
D'autre part, chacune des pharmacies que Serge Parent Pharmacien
exploite, à l'exception de celle de Saint-Laurent, ne peut fonctionner
sans la présence de beaucoup plus que trois personnes en même
temps pour en assurer le fonctionnement.
Modifications proposées. Nous vous proposons de modifier le
deuxième alinéa du nouvel article 5 de la loi proposé par
l'article 3 du projet de loi, de manière à exclure totalement les
pharmacies de cet alinéa ou, à tout le moins, à ne limiter
la restriction du nombre maximal de trois personnes pour assurer le
fonctionnement de la pharmacie qu'à la partie de celle-ci qui est
consacrée à la vente des denrées alimentaires.
Ce deuxième alinéa se lirait comme suit, selon la
deuxième éventualité: "Toute tabagie, pâtisserie,
confiserie ou pharmacie qui vend, en outre des produits caractéristiques
de son type d'établissement, diverses denrées alimentaires
demeure exclue de l'application de la présente loi si, à chaque
jour d'ouverture, il n'y a jamais plus de trois personnes en même temps
pour assurer le fonctionnement de la partie de son établissement qui est
consacrée à la vente de ces denrées alimentaires".
Malgré le fait que le quatrième alinéa de cet
article mentionne qu'aux fins de cet article une partie distincte et
cloisonnée d'un établissement commercial est
réputée être un établissement commercial, Serge
Parent Pharmacien ne peut envisager ni économiquement ni pratiquement
d'effectuer des rénovations afin de se conformer à cet
alinéa. Cette éventualité est à exclure.
De plus, si le type d'établissement commercial que Serge Parent
Pharmacien exploite n'était plus exclu de l'application de la loi, le
projet de loi irait à l'encontre d'un de ses buts qui est d'augmenter le
nombre de catégories d'établissements commerciaux exclus de la
loi. Présentement, les établissements commerciaux que Serge
Parent Pharmacien exploite sont exclus spécifiquement de l'application
de la loi. Le projet de loi, s'il était adopté tel quel, loin de
respecter les droits acquis de cette entreprise, empêcherait Serge Parent
Pharmacien d'exploiter ses établissements commerciaux.
D'autre part, comme mentionné en introduction, les
établissements que Serge Parent Pharmacien exploite emploient à
temps partiel 137 personnes, les soirs de la semaine ainsi que les samedis et
les dimanches. Ces personnes, majoritairement des étudiantes et
étudiants, se retrouveraient donc sans emploi advenant le cas où
le projet de loi serait adopté tel quel. L'impact économique ne
serait pas sans importance, d'autant plus que les employés susceptibles
d'être affectés par la diminution des heures d'ouverture des
pharmacies sont des étudiantes et étudiants à qui,
souvent, ces emplois permettent de poursuivre leurs études. Ceux-ci, qui
perdraient ainsi leur emploi, pourraient difficilement trouver dans les
environs de leur résidence d'autres entreprises commerciales leur
offrant du travail à temps partiel tout en leur permettant de poursuivre
leurs études.
Conclusion. Nous désirons vous souligner qu'il est essentiel que
les pharmacies soient ouvertes les soirs de la semaine et le dimanche puisque
le service de pharmacie est un service essentiel que la population du
Québec a le droit de recevoir. Les pharmacies ont toujours vendu durant
les années passées des denrées alimentaires tel que nous
vous le mentionnions précédemment alors que les épiceries
et les dépanneurs, au fil des années, ont commencé
à vendre tous les produits pharmaceutiques brevetés tels les
aspirines, les pastilles et les sirops, en plus des produits d'hygiène
et de beauté qui ont déjà été vendus
exclusivement par les pharmacies.
Si le projet de loi était adopté tel quel, les entreprises
de Serge Parent Pharmacien seront mises en péril et plusieurs de ses
employés se retrouveront sans travail.
En conclusion, Serge Parent Pharmacien demande respectueusement à
la commission parlementaire de l'industrie, du commerce et du tourisme de
reconsidérer les dispositions de l'article 3 du projet de loi qui
modifie l'article 5 de la loi afin que les pharmacies qu'il exploite soient
exclues de l'application de la loi, telles qu'elles le sont
présentement.
Le Président (M. Desbiens): Merci. M. le ministre.
M. Biron: M. Parent, je vous remercie du dépôt de
votre mémoire et surtout d'avoir fait l'effort de suggérer
certaines solutions très pratiques. En fait, ce qu'on propose dans le
projet de loi c'est de vous dire: Il y aurait une partie cloisonnée qui
serait pour l'alimentation et cette partie pourrait être
considérée comme un dépanneur tant que vous ne
dépassez pas trois personnes en même temps sur le plancher. Vous
dites: Il y a lieu d'évaluer cela d'une façon différente
parce que le fait de cloisonner peut nous causer des problèmes, et vous
nous faites une autre forme de suggestion.
Cela vous cause vraiment des problèmes le fait de cloisonner? On
s'entend, on ne vous forcera pas à mettre un mur de ciment de huit
pouces d'épaisseur. Je veux vous entendre là-dessus.
Deuxièmement, est-ce que vous pouvez nous dire à peu près
combien de pieds carrés dans votre pharmacie sont réservés
à l'alimentation? S'il y avait, en parlant de cloisonnement, un maximum
de pieds carrés - cela a été discuté hier ou
avant-hier en commission parlementaire pourriez-vous vous conformer à
une telle surface de pieds carrés?
M. Parent: M. le ministre, la loi régissant les pharmacies
nous oblige déjà à séparer les produits
pharmaceutiques des autres produits. C'est un inconvénient majeur et je
verrais mal d'être obligé de séparer une division, dans les
10 000 pieds carrés, d'une autre division, même si elle devait
être, au pis aller, dans le style de celle que l'Ordre des pharmaciens
nous impose. Ensuite, là où cela devient très difficile de
répondre à votre question, c'est relativement au nombre de pieds
carrés, parce que les établissements commerciaux que j'exploite
ont tous, règle générale, entre 10 000 à 12 000
pieds carrés vendant. Le merchandising ne peut pas se faire, de sorte
qu'on mettrait, dans un coin, des aliments et, dans un autre coin, des
cosmétiques. Les parties qu'on a voulu diviser, qu'on a voulu
séparer, sans nuire à la commercialisation, l'ont
déjà été. Dans les pharmacies, vous entrez toujours
dans un secteur non pas séparé, mais dans un secteur
différent qui est celui des cosmétiques, qui exige un service
personnel, un service spécial. Ensuite, il y a un autre
département qui est séparé, professionnel, où le
pharmacien donne des conseils pertinents. J'exploite quand même dans la
province de Québec, comme indépendant, une des pharmacies les
plus grosses au Québec, celle qui exécute le plus de
prescriptions par jour. Ce service professionnel, je dois le rendre et c'est
à cette pharmacie qui est ouverte 98 heures par semaine. Je dois
continuer à perpétuer ce service.
Comme tous les autres, je dois vous dire qu'il y a des heures qui sont
des heures de dépannage. Quand on ouvre à 9 heures le matin, il
n'y a pas affluence. Quand on ferme à 23 heures le soir, il n'y a pas
affluence. Mais quand quelqu'un m'appelle entre 22 heures et 23 heures, parce
que le petit ne dort pas, qu'il tousse, ou parce qu'un accident lui est
arrivé et qu'il revient d'un centre hospitalier, s'il vient à la
pharmacie, il est drôlement bien servi et il est heureux qu'on soit
là, que ce soit un samedi soir ou un dimanche soir également.
Déjà, du fait d'avoir cloisonné ces
secteurs-là, je ne vois pas quoi vraiment répondre à la
question quel est le pourcentage vraiment réservé à la
partie dépannage en alimentation, d'autant plus qu'elle doit varier
selon les marchés. Dans une de mes pharmacies située à
Fabreville, si une consommatrice mère de famille, qui vient
généralement avec le carrosse ou à bicyclette, vient
chercher la prescription pour son bébé, elle va repartir avec une
pinte de lait. Elle va partir avec un pain. Elle va partir avec une confiserie.
Elle va partir avec des produits d'hygiène. Je me verrais difficilement
en train de dire à la dame: Écoutez! On va faire l'encaissement
de votre pinte de lait à la caisse spéciale et on va faire
l'encaissement de votre prescription à l'autre caisse et vous allez
passer dans un autre service. Cela devient très compartimenté. La
grande surface, c'est justement de faire un tout uniforme dans lequel le
consommateur circule librement.
M. Biron: M. Parent, en plus de vendre des produits
d'alimentation sous forme de dépannage, comme vous dites, et de vendre
des produits pharmaceutiques comme les cosmétiques et les produits de
beauté, est-ce que vous vendez d'autres articles comme des souffleuses
à neige ou des caméras très dispendieuses ou si vous ne
touchez pas à ces articles-là?
M. Parent: Le marché de la caméra, chez nous, ce
sont uniquement des appareils Kodak. Alors, ce sont des Instamatic, des
articles de 20 $ et moins. La demande est là et je n'aurais pas avantage
à faire concurrence pour des produits qui sont trop
spécialisés pour nous. Pour réussir dans ce marché,
cela prend vraiment des spécialistes et on ne pourrait pas le
rentabiliser.
M. Biron: D'accord. Ma dernière question, c'est: Si,
demain matin, vous ne pouviez pas vendre des produits alimentaires qui
consistent quand même en un revenu d'appoint - ce n'est pas votre revenu
principal, mais c'est un revenu qui vous aide probablement à exploiter
votre commerce -est-ce que vous pourriez exploiter vos pharmacies sur une aussi
longue période? (10 h 45)
M. Parent: Je perdrais toute rentabilité.
II y a eu 3 000 000 $ investis dans trois ans et je suis quand
même jeune pharmacien dans le secteur. Dans ma première pharmacie,
en 1972, je ne pouvais me payer qu'un employé. Après cela, j'ai
pu me payer un livreur. Aujourd'hui, j'ai 275 employés. Cela a
été des investissements majeurs. Ces dernières
années, j'ai donné un coup parce que vraiment la consolidation
s'était faite, des investissements se sont faits. Les
établissements ont 10 000 pieds carrés et, si un bon pourcentage
est réservé à l'alimentation ou à un
dépannage quelconque, je ne vois pas comment je pourrais rentabiliser le
tout. Cela devient aberrant.
M. Biron: D'accord. Je vous remercie de votre dépôt
de mémoire et de votre intervention. Je vais essayer de
réfléchir le mieux possible sur la façon de
résoudre à la fois vos problèmes et les problèmes
des autres.
Le Président (M. Desbiens): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: M. Parent, il y a une question qu'on n'a pas
abordée encore et c'est plutôt pour mon information personnelle.
La Loi sur la pharmacie vous oblige déjà à un
cloisonnement. Vous y avez fait allusion. Le projet de loi 59 parle d'un
cloisonnement. Est-ce la Loi sur la pharmacie, ou son interprétation, ou
le code d'éthique, ou je ne sais quel règlement de l'Ordre des
pharmaciens qui vous oblige à avoir un cloisonnement? En plus d'avoir un
cloisonnement, est-ce que, sur le plan administratif, on vous oblige à
avoir une caisse séparée? Est-ce qu'en fait vous devez tenir ce
cloisonnement de l'aspect commercial sur une base différente de l'autre
côté de la pharmacie qui s'occupe plutôt des produits
pharmaceutiques, des produits parapharmaceutiques? Autrement dit, au sens de
l'Ordre des pharmaciens, quel est le genre de cloisonnement que vous devez
avoir et quels sont les critères commerciaux qui vous sont
imposés?
M. Parent: J'ai été un des derniers à me
soumettre à l'Ordre des pharmaciens quant au cloisonnement, pour une
raison bien simple. C'est qu'une de mes entités sur la rue Fleury avait,
au tout début, été un pionnier en séparant le
laboratoire comme tel. C'est la raison pour laquelle ma pharmacie est la
pharmacie qui exécute le plus grand nombre d'ordonnances au
Québec. On donnait un aspect professionnel. Vous rentriez dans la
pharmacie, vous voyiez une équipe de pharmaciens qui travaillaient avec
ordinateur et tout le monde était en sarrau blanc, etc. Cela
équivalait un peu à l'esprit que vous retrouvez dans une
pharmacie dans un centre hospitalier. Le syndic du Collège des
pharmaciens était venu me voir et m'avait mentionné: Tu
fonctionnes en dehors. Tu n'a pas de mur de cloisonnement du côté
pharmaceutique. Je lui ai fait valoir le point que je viens de vous donner.
Évidemment, j'ai dit: Je n'ai pas un cloisonnement au niveau de
l'aspirine, je n'ai pas un cloisonnement au niveau des sirops, mais tout a
été regroupé et le mur qui était fait était
presque un mur de soutien qui demandait un investissement de 125 000 $. Je
n'avais pas les moyens purement et simplement de le faire et ce n'était
pas mon intention non plus. Le syndic a toujours été
tolérant. Il a dit: D'accord. L'an passé, le syndic change et un
nouveau syndic s'adresse à moi et il me dit: Écoute, tu n'as pas
de division pharmaceutique, il faut que tu procèdes. Je lui ai fait voir
les données. Il dit: II n'y a rien à faire, il en faut un, aussi
aberrant que cela puisse sembler.
Là où je remplissais mes ordonnances, il y avait une
caisse enregistreuse. Toutes les recettes de la partie professionnelle
étaient perçues dans ce service. Là j'ai fait une division
pharmaceutique semblable à chacune de celles qu'on retrouve dans les
autres pharmacies. Un mur de plexi qui ne choque pas l'oeil, qui ne trompe pas
et qui se rapproche du laboratoire pour être facilement accessible au
pharmacien. Évidemment, ces personnes ne viennent pas faire leur
encaissement des médicaments qui sont achetés à la caisse
du laboratoire, mais vont venir faire leur encaissement au niveau des caisses
en avant. Pour dire que ce serait facile de demander à toutes les autres
unités... J'ai une caisse au niveau du pharmacien quand vous faites
remplir votre ordonnance. Mais la Loi sur la pharmacie n'exige pas que
l'encaissement des produits parapharmaceutiques, sauf ceux sur ordonnance, y
soit fait. Même ceux sur ordonnance pourraient, à la rigueur,
être encaissés en avant.
M. Fortier: En pratique, à la pharmacie où je vais
dans Outremont, à la caisse où on paie les médicaments on
peut également payer les autres produits.
M. Parent: Évidemment, il va nous faire plaisir de le
faire, mais cela devient un problème, parce que c'est le pharmacien qui
vous sert généralement. Alors, pourquoi prendre un salaire
onéreux pour lui imposer la tâche de percevoir de l'argent sur
divers produits?
M. Fortier: Est-ce que vous dites qu'il s'agit d'un
règlement de l'Ordre des pharmaciens? De quoi s'agit-il exactement?
Est-ce une ordonnance de l'Ordre des pharmaciens?
M. Parent: Oui.
M. Fortier: Si vous ne la respectez pas, que vous
arrive-t-il?
M. Parent: Effectivement, je me suis fait prendre par le syndic
et j'ai perdu ma cause. Cela m'a coûté une amende de 600 $.
M. Fortier: Bon, 600 $...
M. Parent: On a été tolérant. Ils ont
manqué de bonne foi, parce que, lorsque le syndic est venu me dire: II
faut que tu le fasses, Serge, il n'y a pas d'autre solution, je lui ai dit:
D'accord, donne-moi un certain temps, deux mois, et cela sera fait. Quand
l'inspecteur est venu, deux mois plus tard, les bâtons étaient
montés, mais nous n'avions pas reçu le plexi; il était
"back-order". Je ne suis pas allé défendre ma cause. J'aurais eu
gain de cause, possiblement, mais j'ai jugé bon de dire: D'accord, je
suis pris.
M. Fortier: Mais vous me dites que l'Ordre des pharmaciens
demande une espèce de cloisonnement non étanche qui, sur le plan
de la comptabilité, ne vous oblige pas à tenir une
comptabilité séparée pour les médicaments, d'une
part, et pour les produits non pharmaceutiques comme tels, d'autre part.
M. Parent: Non, c'est cela.
M. Fortier: Alors, c'est un cloisonnement plutôt pour
l'oeil.
M. Parent: C'est cela.
M. Fortier: C'est pour l'apparence des choses plutôt que
pour la réalité des choses.
M. Parent: C'est plus que cela quand même; dans chacune des
pharmacies, vous savez, en entrant dans la partie séparée, que
vous êtes du côté professionnel. Le pharmacien est
situé à proximité de cela. Il sera consultant à ce
niveau, particulièrement quand vous entrez dans une pharmacie à
Mont-Royal, le pharmacien est juste derrière. Vous voulez des vitamines,
un sirop, des aspirines, un analgésique ou un antiacide, votre
première réaction sera: M. le pharmacien, que me
conseillez-vous?
Par contre, je ne sens pas du tout, au niveau de l'alimentation, que ce
serait mon devoir de faire cela. Je pense que le professionnel qui est
là le fera drôlement bien, il vous suggérera des vitamines
appropriées ou le bon sirop.
M. Fortier: Le sens de mes questions était d'essayer de
voir quel genre de cloisonnement pourrait être imposé par le
projet de loi 59. Vous dites que ce serait un cloisonnement additionnel
peut-être différent du cloisonnement imposé par l'Ordre des
pharmaciens. Cela implique des frais administratifs.
M. Parent: Quant à moi, il n'y a pas de
nécessité d'avoir un cloisonnement, puisque tout ce que je fais
est légal.
M. Fortier: D'accord.
M. Parent: Au niveau du dépannage, je n'ai pas l'intention
de mettre quelqu'un pour vous conseiller sur la sorte de café à
acheter ou de lait à vous procurer. Vous n'avez pas besoin d'un
professionnel pour cela. La Loi sur la pharmacie l'a fait, parce qu'un
professionnel est derrière pour vous suggérer, mais, lorsque vous
allez chez un dépanneur et que vous achetez un sirop pour le rhume, il
n'y a pas de professionnel, il n'y a personne pour vous dire que vous avez pris
un antitoussif plutôt qu'un expectorant. La sécurité
manque.
M. Fortier: Je vous remercie.
Le Président (M. Desbiens): S'il n'y a pas d'autres
interventions, je remercie M. Parent de sa participation à nos travaux
et j'invite l'Association des petits détaillants québécois
à s'approcher, s'il vous plaît! M. Dumont, si vous voulez
présenter les personnes qui vous accompagnent et procéder
à la lecture de votre mémoire.
Association des petits détaillants
québécois
M. Dumont (Guy): Guy Dumont, président de l'Association
des petits détaillants québécois. À ma droite,
Martial Gilbert, directeur général et directeur
général de la maison A.M. Perron grossiste Ltée, dans le
comté de notre ministre. À ma gauche, Robert Grimard, premier
vice-président et directeur du conseil d'administration de la maison
A.M. Perron grossiste Ltée.
Comme première intervention, je voudrais remercier le ministre de
nous avoir convoqués. Je voudrais donner un bref historique de ce qu'est
l'association fondée en 1979 par une trentaine de marchands. Nous avons
représenté au Québec jusqu'à 1800 marchands. Nous
sommes présentement un peu plus de 1000, après avoir fait un tri
à même nos membres, et nous envisageons de finir l'année
1984 avec 2000 membres. Nous nous sommes portés acquéreurs - les
membres et non pas l'association - hier après-midi, d'un deuxième
grossiste. C'est tout à l'honneur des petits qui veulent se
débrouiller et essayer de parvenir à quelque chose.
Maintenant, notre mémoire a cheminé à la commission
permanente. On a essayé de le faire aussi bref et aussi explicatif
que
possible, mais avant de passer à cela, j'aimerais vous rappeler
que ce document nous a été présenté par le ministre
pour faire un travail préparatoire avant de venir présenter ici
aujourd'hui. Le document était très bon, mais je retiens quelques
lignes de celui-ci concernant les objectifs de la loi. Il dit: Cette loi
cherche à maintenir un équilibre optimal entre les trois groupes
dont les intérêts sont touchés: les consommateurs, les
commerçants et les employés de commerce. Le législateur
veut ainsi assurer un service approprié au consommateur, la
rentabilité des commerces et une concurrence équilibrée
entre les petits et les gros commerçants, le droit des
propriétaires des petits commerces et de leurs employés de
participer à la société.
À partir de là, nous avons produit un document qui se lit
comme suit: Selon un document de consultation publié en 1983, les
objectifs de cette loi cherchaient à maintenir un équilibre
optimal entre les trois groupes intéressés. Nous sommes tous
d'accord sur le premier point, c'est-à-dire un service approprié
au consommateur. Sur le deuxième point, soit la rentabilité des
commerces et une concurrence équilibrée entre les petits et les
gros commerçants, nous tenons à remercier en premier lieu le
législateur de vouloir ainsi assurer les petites entreprises familiales
que sont nos tabagies et magasins d'accommodation qu'elles sont
considérées comme membres à part entière de la
grande famille du marché de détail dans notre province.
Cependant, pour conserver l'esprit de la loi de 1969 et assurer une
continuité de l'idée et du sens de cette même loi, il nous
est apparu, et nous en avons fait mention au ministre dans le passé, que
de changer la teneur de cette loi en modifiant de façon subtile et
à intervalles plus ou moins distancés certains articles qui
peuvent paraître inoffensifs et sans conséquences fâcheuses
dans l'immédiat pourrait éventuellement poser préjudice
aux membres de notre groupe. Ainsi, nous demandons au ministre et à la
commission de maintenir le statu quo sur l'article 3 (1969, c. 60, A.3). Nous
croyons, au risque de nous répéter, que les chaînes
essaient de venir chercher morceau par morceau, si petit soit-il, la partie des
heures que le législateur nous avait accordées en 1969 en ayant
pour objectif l'équilibre entre les petits et les gros
commerçants.
Pour ce qui est du no 5 de l'article 5 concernant les pharmacies et de
l'article 16 visant aussi les pharmacies, nous demandons au ministre et
à la commission permanente de bien vouloir peser toute action qui
désavantagera nos commerces au profit des pharmacies. Ainsi donc, nous
prions nos dirigeants d'analyser le rôle très important que le
pharmacien apothicaire se doit de remplir auprès des consommateurs de
par sa vocation. Nous avons constaté jusqu'à ce jour que
certaines pharmacies tiennent lieu de bazar et de magasin général
privant ainsi le consommateur de la qualité à laquelle il doit
s'attendre, privant aussi les petits détaillants de revenus substantiels
découlant de la vente de certains articles et avilissant, par le fait
même, la profession de pharmacien. Découlant de plusieurs
rencontres avec nos membres regroupés dans tous les coins de la
province, notre association a retenu les points suivants:
Attendu que les pharmacies ont été exemptées de
cette loi en tant que pharmacies;
Attendu que dans le vécu plusieurs pharmacies vendent, en plus
des prescriptions, des produits pharmaceutiques, beaucoup de produits comme de
l'épicerie, de la bijouterie, de la ferronnerie, de l'huile à
moteur, etc., et ceci à toute heure du jour et du soir.
L'Association des petits détaillants québécois
demande instamment et avec vigueur: a) que seules les pharmacies vendant des
produits pharmaceutiques et parapharmaceutiques soient exemptées de la
loi; b) que toutes autres pharmacies soient mises en demeure de se
départir de tous les articles, à l'exception de ceux
précités au paragraphe a), dans un laps de temps très
restreint à la suite de l'adoption de ce projet de loi.
Nous croyons fermement que de cette façon l'esprit de la loi tel
que conçu par le législateur sera respecté et assurera une
protection adéquate et nécessaire à tous les marchands
détaillants dans toutes les sphères du marché au
détail. Nous sommes assurés, en nous reportant aux paroles du
président du Collège des pharmaciens, que ceux-ci n'ont pas
besoin de vendre d'autres produits que ceux qui sont propres à leur
profession pour réussir à gagner leur vie honorablement. (11
heures)
J'aimerais aussi citer ce qui est hors texte, un article qui a paru dans
la Presse, en date du - je vais mettre mes lunettes parce que c'est
écrit petit - 19 mars 1980, l'en-tête était: Fin de la
castonguette, fin du bazar et prix uniformes dans les pharmacies. C'est un
rapport qui disait ceci: Du côté des pharmaciens, le rapport
formule deux recommandations préalables au changement de portée
générale qui se résument comme suit: l'élimination
du bazar dans les pharmacies qui ne vendraient que des médicaments, des
produits pharmaceutiques et parapharmaceutiques.
On se permet de rappeler à la commission que nos membres, les
petits détaillants, à 90%, ce sont des entreprises familiales, ce
qui permet aux parents d'inculquer aux enfants le goût du travail, en
premier, et cela permet de les instruire, de
les éduquer un peu plus loin. On peut se permettre d'envoyer nos
enfants à l'université maintenant. Il faut aussi rappeler au
ministre et à la commission que nous sommes le seul groupe dans le
commerce au détail dont les profits sont réinvestis à 100%
dans l'entourage immédiat du commerce. Nos profits ne vont pas à
l'étranger. Nos profits restent dans nos quartiers, dans nos petits
villages ou dans nos villes. Il y a un danger imminent. J'entendais tout
à l'heure quelqu'un parler d'erreurs commises par la
Société des alcools dans les permis. C'est rendu que n'importe
qui peut se permettre de venir chercher nos permis. On a un garage, à
Lachute, présentement qui demande un permis pour vendre de la
bière et du vin. Si on va à un enregistrement mécanique au
palais de justice de Montréal, il y a deux ans, en m'opposant à
l'émission, aux pharmacies Jean Coutu, d'un permis pour vendre de la
bière et du vin, j'ai dit: Très bientôt, les garages vont
demander des permis. Il y a deux façons de consommer un mets: un ogre va
le manger en une bouchée et un fin gourmet va y goûter une petite
bouchée à la fois, mais il va parvenir à tout manger quand
même. Notre ministre Garon me l'a prouvé quand il m'a
invité à manger de l'agneau avec lui!
M. Bourbeau: Est-ce que le ministre était l'ogre ou le
gourmet?
M. Dumont: Je vais répondre comme à la CECO: Je
refuse de répondre à cette question parce qu'elle pourrait
m'incriminer!
Je termine...
M. Bourbeau: On se doute de la réponse.
M. Dumont: ...en disant que nous remercions le ministre, M.
Biron, de l'intérêt que, depuis deux ans, le ministère
apporte à notre secteur, le marché de l'alimentation. Nous
espérons continuer à gagner du terrain parce que, je maintiens ce
que j'ai dit tout à l'heure: cela permet à nos membres, 90%
d'entreprises familiales, de continuer d'exister. Merci.
Le Président (M. Desbiens): Merci. M. le ministre.
M. Biron: M. Dumont, je vous remercie beaucoup pour votre
mémoire et du bon mot à l'intention du ministère. Je vous
remercie des suggestions que vous nous faites. Et pour passer à quelques
commentaires et quelques questions, je demanderais à mon
collègue, le député de Châteauguay, qui a
travaillé un peu plus sur votre mémoire, de s'adresser à
vous.
M. Dussault: Alors, merci, M. le ministre et M. le
Président. Bonjour, messieurs. Dans votre mémoire, vous faites
quelque peu un caucus sur la question des pharmacies. Alors, vous ne serez pas
étonnés que je commence par là.
Je ne ferai pas beaucoup de commentaires parce que je pense que vous
avez dû entendre parler de ce qui s'est passé à la
commission depuis le début. On en est rendu à un point où
on commence à se répéter un peu. Alors, vous avez entendu
parler de la solution qui est préconisée à travers le
projet de loi 59 pour ce qui est des pharmacies. J'ai bien compris votre point
de vue de tout à l'heure. Il est relativement radical. Vous dites: Ce
n'est pas compliqué, ce qui ne relève pas de la pharmacie doit
être fermé. C'est ce que j'ai compris tout à l'heure. Mais,
dans une recherche d'équilibre on sait qu'avec le temps les choses
changent et, parfois, on est forcé de chercher un nouvel
équilibre pour tenir compte de certaines réalités - si on
devait chercher à appliquer aux pharmacies la solution des deux temps:
d'un côté, la pharmacie et ce qui est carrément connexe
à la pharmacie et, d'un autre côté, la partie alimentation
qui relève de la notion de dépanneur et qui serait, à ce
moment-là, assujettie à la règle des trois, si on devait
en arriver à cette solution-là, est-ce que vous arriveriez
à vous en accommoder?
M. Dumont: Le genre de chose dont on va devoir s'accommoder,
c'est que, si le bazar continue dans les pharmacies, nous allons ouvrir une
pharmacie et nous allons nous livrer au même genre de travail que les
pharmacies. On entendait tout à l'heure, juste avant nous, sans lui
causer de préjudice, un pharmacien dire qu'il vendait des articles de
dépannage et d'épicerie à des prix de rabais, mentionnant
même à meilleur marché que les dépanneurs. Si nous
ouvrions une pharmacie et que les 20 000 petits détaillants que nous
sommes au Québec se cotisaient à 1 $ par mois, on pourrait
facilement vendre tous les produits phamaceutiques au prix coûtant et
cela lèverait peut-être le voile sur certaines activités au
Québec. S'il le faut, on va se rendre là.
M. Dussault: Cela introduit bien la question suivante que je
voudrais vous poser parce que cela me semble relever d'une perception que l'un
et l'autre avez empiété sur le terrain de l'autre, un
empiétement mutuel. Tout à l'heure, un pharmacien qui
représente - vous étiez présent, vous l'avez entendu - les
pharmacies Cloutier, dans son mémoire, en conclusion, disait: Les
pharmacies ont toujours vendu durant les années passées des
denrées alimentaires, tel que nous vous le mentionnions
précédemment, alors que les épiceries et les
dépanneurs, au
fil des années, ont commencé à vendre tous les
produits pharmaceutiques brevetés tels les aspirines, les pastilles et
les sirops en plus des produits d'hygiène et de beauté qui ont
déjà été vendus exclusivement par les pharmacies.
Du côté des pharmacies, on dit: On a toujours vendu certains
produits qui sont revendiqués exclusivement par les marchands
d'alimentation tandis qu'eux ils n'en ont pas toujours vendu, ils ont
commencé plus tard à en vendre. Est-ce que vous partagez cette
analyse?
M. Dumont: Non, on ne partage pas du tout cette analyse. La
preuve, c'est que j'ai même un marchand qui s'est fait arrêter, il
y a deux semaines, pour avoir vendu du Vicks formule 44, un sirop
breveté. On a le droit de vendre de l'aspirine, mais on peut s'en
procurer n'importe où. Ce qu'on n'a pas le droit de vendre, c'est de la
strychnine et tous les noms qui finissent par la quinine parce qu'on n'a pas
les capacités ni les connaissances voulues pour mélanger cela
adéquatement et empoisonner ou soigner, un des deux.
Pour dire que les pharmacies ont toujours vendu de l'épicerie,
j'ai peut-être le désavantage ou l'avantage - prenons-le comme on
veut - d'avoir été élevé en campagne, mais le
pharmacien qu'on avait était de Sherbrooke et il ne vendait aucune
épicerie dans le temps. C'est par la suite que des chaînes de
pharmacies sont arrivées et se sont mises à offrir de
l'épicerie. Maintenant, je me permets de faire un biais, du
coq-à-l'âne un peu, mais je pense que cela va éclairer la
commission: le petit détaillant a toujours été la cerise
sur le "sunday" de tout le monde dans la province. On va prendre comme exemple
- sans leur causer de préjudice non plus - la Société des
loteries et courses. Quand on a voulu lancer Loto Canada, Loto-Québec et
la mini-loto, on est passé par les petits dépanneurs. On se
fendait en quatre pour venir nous voir et nous dire: Aidez-nous, cela va
rapporter à la province; on l'a fait. Aujourd'hui, un petit
dépanneur qui veut avoir une valideuse, il est obligé de faire
des acrobaties énormes pour se faire dire: Tu n'as pas l'achalandage
voulu. Mais toute pharmacie peut obtenir une valideuse, n'importe quel gros
dépanneur à chaîne peut obtenir une valideuse et le petit
qui a aidé à créer cela... D'ailleurs, vous pouvez vous
procurer un extrait du discours que j'ai prononcé devant la Chambre de
commerce de Mont-Laurier. On m'a approché pour écouler 25 tonnes
de truites annuellement pour la culture de la truite à Mont-Laurier. Je
leur ai dit: Allez-vous faire comme toutes les instances au Québec, la
faire lancer sur le marché par nous et, ensuite, aller la vendre aux
pharmacies à prix de rabais, ne plus nous en vendre à nous et
qu'on ne soit plus capable d'avoir des prix compétitifs? C'est cela
qu'on déplore.
Dans le mémoire, vous verrez, on n'a pas touché à
aucun superdépanneur, on en a fait notre deuil. Il nous reste à
nous protéger contre les pharmacies. Par expérience, il y a des
représentants d'une chaîne énorme qui m'ont approché
pour aller développer un système de petites boutiques à
l'intérieur d'un supermarché. Vous allez l'avoir sur les bras
très bientôt, messieurs, et les législateurs vont
être obligés de surveiller cela. On va contourner toutes les lois
en créant des petites boutiques. On m'a approché pour
développer cela et j'ai refusé parce que j'ai un groupe de
marchands à m'occuper. Je vous le dis: Le législateur, avec la
loi 59, va être obligé d'être très sage parce qu'il y
a des choses énormes qui vont se brasser dans cela.
M. Dussault: Si je comprends bien, vous ne partagez pas l'analyse
que font les pharmaciens dans le sens que vous avez, à toutes fins
utiles, commencé cette concurrence "déloyale" à leur
égard.
M. Dumont: Qu'un pharmacien vienne prouver à la commission
qu'on vend des produits brevetés présentement qui sont vendus par
eux comme médicaments; je cite le mot apothicaire. S'ils peuvent nous
prouver qu'on fait cela, à ce moment, j'accepterai les plaidoyers, mais
on ne vend rien de cela. On vend des shampooings, s'ils considèrent que
c'est de la pharmacie... On vend du sirop Lambert - avec l'annonce qu'on fait
près de l'autobus, ce n'est pas trop vendable non plus - on vend des
choses comme cela. On vend des papiers-mouchoirs, mais ce ne sont pas des
produits pharmaceutiques, c'est du parapharmaceutique. Il ne faut pas
mélanger.
M. Dussault: D'accord. Dans un autre ordre d'idées - en
fait, c'est un peu le même modèle, je pense bien - j'ai
été étonné que, dans votre mémoire, vous ne
parliez pas des marchés publics, un phénomène sur lequel
on s'est penché hier, je ne dirai pas avec animosité, mais, en
tout cas, le moins qu'on puisse dire, cela a été
mouvementé. Je voudrais savoir si vous regroupez certains des marchands
qui sont installés dans les marchés publics.
M. Dumont: Non, aucunement, et on se refuse à les
regrouper parce que ce sont des marchands saisonniers; ils vont ouvrir
près d'un lac, là où il y a des chalets ou des roulottes
l'été. Ils vont ouvrir un marché aux puces.
M. Dussault: Ah non, excusez. Je ne parle pas des marchés
aux puces. Je parle des marchés publics.
M. Dumont: Le marché public, encore là, on ne peut
pas le regrouper parce que c'est un déguisement pour contourner la loi
qui empêche les chaînes de faire certaines choses. À notre
avis, on ne peut pas regrouper ces marchands-là, on n'en a pas.
M. Dussault: Vous dites qu'ils sont nés, les
marchés publics, pour concurrencer spécifiquement les centres
commerciaux.
M. Dumont: Non, je n'ai pas dit cela. M. Dussault:
Non.
M. Dumont: J'ai dit: C'est pour contourner la loi qui
empêche...
M. Dussault: Oui.
M. Dumont: ...les centres commerciaux de faire certaines choses,
mais c'est pour nous concurrencer, autant que les chaînes.
M. Dussault: D'accord. Donc, cela vous cause certains
problèmes. Est-ce que vous vous êtes penchés sur leur
fonctionnement, sur leur existence?
M. Dumont: Si vous dites en vue du projet de loi 59, on n'a pas
eu le temps d'approfondir le sujet. Ce qu'on a approfondi, ce sont les
pharmacies. Sur les marchés publics, on n'a pas eu le temps de se
pencher là-dessus. C'est un événement qui est tout
nouveau. On va voir quelle orientation ils vont prendre.
M. Dussault: Donc, si je vous demande: Est-ce que vous êtes
d'accord pour qu'on leur applique la règle des trois employés et
qu'on fasse en sorte qu'ils ne vendent pas en dehors des heures permises les
produits qu'ils vendent présentement, vous ne sauriez pas me
répondre parce que vous n'avez pas suffisamment réfléchi
à cette question.
M. Dumont: On serait d'accord pour vous dire d'appliquer le statu
quo tel qu'il est là vis-à-vis de tout le monde, les incluant
également.
M. Dussault: Oui. Donc, cela veut dire leur statu quo à
eux.
M. Dumont: Non, non.
M. Dussault: Hier, notre analyse était qu'ils avaient un
fonctionnement qui n'était pas strictement légal au sens de la
loi actuelle, qu'il y avait un certain empiétement sur un domaine qui ne
leur appartient pas, ce qui n'est pas facile à régler parce qu'il
y a du monde qui a pris des habitudes dans ce genre de chose. Alors, est-ce que
vous êtes d'accord pour que ce soit leur statu quo ou le statu quo de la
loi actuelle?
M. Dumont: Je parle du statu quo qui est contenu dans cette
loi-là, qui dit, à l'article 4: "Un client ne doit pas être
toléré dans un établissement commercial plus de trente
minutes après l'heure au-delà de laquelle il est interdit d'y
admettre des clients en vertu de l'article 3." Je dis de maintenir l'article 3
tel quel.
M. Dussault: D'accord, je vous remercie, c'est clair.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. M. Dumont, vous
êtes accompagné, si j'ai bien compris, de deux
représentants de la maison A.M. Perron grossiste Ltée, du
comté de Lotbinière. Je me demande si c'est un hasard qu'il y ait
deux des trois représentants qui viennent du comté de
Lotbinière dans votre délégation. Est-ce que c'est parce
que vous voulez susciter...
M. Biron: C'est un comté...
M. Bourbeau: ...un préjugé favorable auprès
du ministre?
M. Dumont: Je pourrais lever une question de privilège
là-dessus. M. Gilbert est de Saint-Constant; M. Grimard est de L'Acadie;
je suis de Saint-Hubert et je suis président du conseil d'administration
de la maison A.M. Perron grossiste Ltée aussi.
M. Laplante: ...un des meilleurs députés...
M. Bourbeau: Je vous en félicite. M. Dumont: Qui
cela?
M. Bourbeau: Le but de ma question, ce n'est pas vraiment de vous
en faire reproche. C'est simplement pour introduire ma question suivante, c'est
que dans la description de ce que vous avez dit tout à l'heure, j'ai cru
comprendre que vous aviez environ 1000 membres.
M. Dumont: Oui.
M. Bourbeau: Enfin, j'ai cru comprendre que ces membres sont des
grossistes ou viennent du domaine des grossistes. Si M. Gilbert et M. Grimard
sont de A.M. Perron grossiste, je présume que vous représentez
des grossistes. Est-ce que je me trompe?
M. Dumont: Ici, on ne représente aucun grossiste. M.
Grimard a un commerce, M.
Gilbert a un commerce au détail. On est ici au nom de
l'Association des petits détaillants québécois.
M. Bourbeau: Ah bon! J'avais cru comprendre que c'était
A.M. Perron grossiste.
M. Dumont: Non. On travaille pour A.M. Perron grossiste
Ltée, on est au conseil d'administration, mais ce matin on a
été convoqués ici en tant qu'Association des petits
détaillants québécois. Je voulais simplement les
présenter en disant qu'en plus de faire partie de l'association ils sont
au conseil d'administration d'une maison de groupe. (11 h 15)
M. Bourbeau: Ce sont des grossistes qui sont membres de
l'Association des petits détaillants ou, enfin, qui militent avec les
petits détaillants. Est-ce cela? Vous avez deux genres de commerce,
quoi?
M. Dumont: Non. C'est-à-dire que les membres de
l'association, ayant été à la merci des grossistes par le
passé, ont décidé d'acheter des grossistes. Ce sont des
membres qui se portent acquéreurs des actions de ces grossistes. Donc,
les deux messieurs qui sont avec moi sont actionnaires de A.M. Perron grossiste
Ltée et ils ont été élus au conseil
d'administration, mais ils sont commerçants.
M. Bourbeau: Alors, parmi vos petits détaillants, y en
a-t-il plusieurs qui ont des intérêts chez les grossistes?
M. Gilbert (Martial): On a environ près de 200 membres de
l'association qui se sont portés acquéreurs d'actions de la
compagnie A. M. Perron grossiste Ltée. Jusqu'à hier, une centaine
de nos membres s'étaient portés acquéreurs d'un autre
grossiste qui est à l'extérieur. Ce n'est pas la maison A. M.
Perron, ou un autre grossiste, ou un autre nom qui va détenir des
actions dans l'association. D'ailleurs, en tant que telle, l'association n'a
aucun droit ni aucun mot à dire dans les grossistes ou dans
l'organisation d'achat de grossistes. Ce sont strictement les membres de
l'association.
L'association a été fondée en 1979 -nous sommes les
plus vieux de l'association -pour démontrer à nos gens,
dépanneurs et tabagies - on sait qu'on a toujours critiqué ces
gens comme n'étant pas des gens d'affaires ou comme étant de
petites gens, en somme... Un des buts de l'association était de leur
montrer à être des hommes ou des femmes d'affaires. À venir
jusqu'à maintenant, après cinq ans, on a réussi à
démontrer ce point de vue dans le sens qu'on les a amenés
à prendre des actions et à avoir une participation directe dans
des grossistes dont on fait l'acquisition. C'est bien évident que par le
truchement de l'association... Quand on pense que certains de nos marchands ne
savaient même pas faire un bilan ou seulement le rapport d'impôt de
leurs affaires, on se rend compte aujourd'hui, après cinq ans, que ces
gens-là sont éduqués de telle manière qu'ils
peuvent aujourd'hui parler d'affaires pas mal plus importantes que celles
qu'ils ont présentement. On parle de grossistes et on parle de projets
futurs passablement plus gros. C'est pour cela qu'en tant que grossistes on
leur apporte un appui dans le sens de l'éducation dans les affaires.
L'association, c'est un regroupement d'information et d'aide mutuelle dans
toute la province de Québec. C'est pour cela qu'on s'implique davantage
parce qu'on siège aussi au conseil d'administration de l'association,
étant donné qu'avec M. Dumont, l'instigateur du groupement, on
s'entraide et on ne veut pas que nos marchands retombent 25 ans en
arrière. Bien sûr, avec l'implantation des pharmacies et des
grosses chaînes d'alimentation... Personnellement, j'étais dans
l'épicerie et je suis maintenant dépanneur par la force des
choses, étant donné que je me suis fait tasser par des plus gros.
Je ne veux pas comme propriétaire d'un dépanneur me faire tasser
par des pharmacies ou d'autres groupements de ce genre. Alors, c'est à
nous, les petits, de se regrouper et d'être plus forts qu'eux dans le
contexte d'aujourd'hui.
Ce sont des entreprises familiales qui emploient une moyenne de quatre
personnes par famille et qui regroupent environ 30 000 petits commerces dans la
province de Québec, et possiblement plus. Donc, cela représente
environ 120 000 personnes qui vivent à l'intérieur et qui
construisent ces petits commerces. M. Dumont a dit tantôt qu'avant ces
gens-là ne pouvaient même pas amener leurs enfants à
l'université et, aujourd'hui, c'est possible. Aujourd'hui, c'est
possible aussi de faire investir ces gens dans la province de Québec
chez les grossistes et éventuellement dans d'autres entreprises. Alors,
c'est pour cela qu'on se bat avec fermeté pour défendre nos
marchands. On va toujours continuer à le faire, parce qu'on est
là pour cela.
On parlait tantôt de cloisons dans les pharmacies.
Personnellement, je m'y oppose absolument et totalement pour la bonne et simple
raison que si on veut entrer l'alimentation... On voit même à
l'heure actuelle des fruits et légumes et, éventuellement, de la
bière dans les pharmacies. Je dis qu'aujourd'hui ces pharmacies ne sont
plus des pharmacies, des drugstores, comme on les appelait avant, ce sont ni
plus ni moins que de simples dépanneurs. Je les mets au même
niveau. C'est la raison pour laquelle on a un programme d'établi
à
l'heure actuelle pour un futur assez proche. On va établir
éventuellement nos propres magasins avec des produits pharmaceutiques,
avec pharmacien à l'intérieur, à des prix "discount",
à des prix de rabais qu'on va aller chercher pour les produits
pharmaceutiques et on vendra nos marchandises d'alimentation au prix qu'on les
vend présentement.
C'est bien évident que nous ne pouvons pas en tant que
dépanneurs ou marchands de dépanneurs donner un service
personnalisé à notre clientèle au point de vue
pharmaceutique. On n'a jamais eu de produits pharmaceutiques à vendre de
façon professionnelle, si on veut parler d'un renseignement à
donner à une cliente comme: Cette pilule ou ce médicament, vous
devez le prendre parce que c'est ce qui devrait être pris. On n'a pas la
formation pour le faire.
C'est bien évident qu'un produit comme Vicks formule 44, qui est
vendu sur les tablettes dans les pharmacies, n'importe qui peut vendre cela. On
ne l'a pas aujourd'hui pour la bonne raison qu'on nous l'a enlevé.
Même dans les garages, on vend des aspirines. Vous allez dans les
garages, vous allez acheter des aspirines en petits contenants de douze. Ils
vont en vendre. Vous avez même déjà vu des garages vendre
des pilules Madelon. Ce sont des produits qui sont ni plus ni moins
brevetés et qu'eux se permettent de vendre, alors que nous ne pouvons le
faire. On ne parle pas des aspirines, on les a présentement, mais il y a
déjà eu un litige à ce sujet.
C'est pour ces raisons que, si les autres secteurs veulent
empiéter sur un système déjà établi ou dans
des commerces déjà établis... On a parlé de droits
acquis. Je pense que les dépanneurs ont plus de droits acquis du point
de vue de l'alimentation qu'une pharmacie. À ma connaissance, en tant
qu'étudiant - lorsque j'étais étudiant, j'ai toujours
travaillé dans le domaine de l'alimentation et j'ai souvent
côtoyé des pharmacies parce que j'ai déjà fait de la
livraison pour des pharmacies - je n'ai jamais vu de pharmaciens vendre des
produits alimentaires. Je le dis personnellement. Peut-être y en a-t-il
d'autres qui l'ont vu, mais, pour ma part, je ne l'ai jamais vu.
C'est la raison pour laquelle au point de vue des heures et de la
réglementation des magasins, il faut qu'il y ait vraiment un ordre bien
établi dans ce sens. On représente environ 120 000 personnes dans
la province de Québec. Non seulement nos 1000 membres, on
représente 30 000 commerces qui représentent 120 000 personnes,
et c'est dans ce sens qu'on va toujours se diriger et qu'on va défendre
nos buts.
M. Bourbeau: Vous avez sûrement compris que le but de ma
question était de dissiper une certaine confusion qui s'est
glissée tout à l'heure, alors qu'on a un mémoire qui est
présenté par l'Association des petits détaillants et que
le mot grossiste revenait. Je dois avouer que personnellement j'étais un
peu mêlé dans cela et je présume que d'autres
l'étaient aussi. Je tenais à vous faire préciser ce qui en
était.
Maintenant, je pense que c'est assez clair. Vous avez décrit
d'une façon très éloquente ce que vous avez l'intention de
faire. Quant à moi, la conclusion que je tire depuis le début des
audiences, c'est qu'on s'en va certainement vers une certaine forme de
déréglementation. D'ailleurs, le projet de loi l'annonce dans ses
notes explicatives, peut-être timidement, mais je pense qu'on y va d'une
façon certaine. Ce que vous venez de nous dire indique que vous
êtes prêts à relever le défi et à vous
organiser.
Il m'apparaît que seuls ceux qui vont se regrouper vont pouvoir
survivre à l'avenir et ce n'est pas en fonctionnant d'une façon
isolée que chacun va pouvoir rendre service au consommateur. Il ne faut
pas oublier que, dans le fond, l'intéressé au premier chef
là-dedans, c'est le consommateur. Tout le monde doit faire en sorte de
tendre à donner au consommateur le meilleur service au meilleur prix. Je
pense que les marchands sont là pour servir les consommateurs, et non
l'inverse.
Dans ce sens, vous avez bien raison de penser qu'en vous regroupant, et
peut-être même en faisant l'acquisition de grossistes, vous allez
réussir à avoir de meilleurs prix pour vos produits et refiler
ces escomptes au consommateur. Je pense que c'est de bonne guerre et
j'applaudis à l'initiative que vous prenez.
Si on lit votre mémoire, je pense qu'on peut dire que c'est une
charge à fond de train contre les pharmacies. Je comprends que vous
n'êtes pas très heureux de la façon dont cette profession a
évolué au cours des dernières années. Certains des
gros pharmaciens qui sont passés ici nous ont dit essentiellement ceci:
Nous sommes des professionnels. Originalement, nous ne vendions que des
médicaments. Au cours des années, on nous a enlevé les
médicaments. Ce sont les compagnies pharmaceutiques qui les ont
fabriqués et la province de Québec nous paie des honoraires
très minimes pour l'acte pharmaceutique. Encore là, il faut qu'on
vende quelque chose pour pouvoir percevoir les honoraires, parce que, si un
client se présente, qu'il demande des conseils mais qu'il
n'achète rien, on ne peut pas lui charger d'honoraires. Ils nous ont dit
essentiellement: Puisque le service pharmaceutique est indispensable, que les
citoyens en ont besoin à toute heure du jour ou de la nuit, sept jours
par semaine, il faut donc que la profession des pharmaciens permette aux
citoyens d'avoir accès aux services pharma-
ceutiques. Mais comme, selon eux, ce n'est pas rentable, uniquement la
vente de médicaments, il serait impossible normalement de conserver ou
d'avoir des pharmacies ouvertes 24 heures par jour, sept jours par semaine, si
elles ne vendaient que des médicaments. Il semble y avoir un certain
consensus là-dessus. De cette façon, la vente d'autres produits
que la pharmacie, c'est un peu un subside qui permet de garder ouvertes les
officines pharmaceutiques. C'est un genre de subvention que le
côté commercial de la pharmacie apporte au côté
professionnel. Dans ce sens-là, on nous dit: Si vous nous forcez
à couper tout ce qui est autre que pharmaceutique, vous allez condamner
les Québécois à ne pas avoir de services pharmaceutiques
la nuit, les fins de semaine, etc. Je ne sais pas ce que vous avez à
répondre à cet argument qui, au départ, semble avoir pas
mal de bon sens.
M. Dumont: J'aimerais rappeler qu'un jour j'ai reçu un
appel téléphonique d'un professionnel à l'emploi du
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme me demandant si je
connaissais la proportion des restaurants au Québec, les gens à
qui ils appartenaient - parce que c'est un peu dans l'alimentation - et quelle
était la partie que les chaînes de restaurants américaines
étaient venues nous chercher dans l'alimentation. Après une
étude très sérieuse, on a dû arriver au chiffre
suivant: 67% des restaurants du Québec appartiennent à des
éléments étrangers grecs. Il y en a une autre partie qui
appartient à d'autres éléments étrangers. Il nous
reste à peu près 8% de restaurants québécois qui
appartiennent à des intérêts québécois.
Dans l'alimentation, le même phénomène se produit
présentement. Il y en a qui ont les yeux ronds, les yeux bleus, les yeux
verts, les yeux câilles, d'autres qui ont les yeux sur le travers et qui
s'introduisent dans les dépanneurs. Le phénomène du
dépanneur disparaît graduellement des mains des
Québécois francophones pour s'en aller dans les mains
d'intérêts étrangers. Il faut se rappeler aussi que,
même si on devient grossiste, on est à la merci des
multinationales. L'an dernier, j'ai voulu acheter, entre parenthèses,
2000 caisses de tomates d'une conserverie et on m'a demandé un
chèque certifié. Le lendemain, quand je suis arrivé avec
le chèque certifié, les tomates avaient toutes été
achetées par une "superchaîne". On est à la merci des
multinationales.
Que les pharmaciens viennent me dire qu'ils ne peuvent pas
réussir, je leur dis: Faites une étude sérieuse
auprès des pharmacies qui ne vendent que des produits pharmaceutiques ou
parapharmaceutiques et vous verrez qu'elles réussissent très
bien. Il y a un non-sens dans l'énoncé des "superpharms", comme
je les appelle, à savoir que l'alimentation leur permet de joindre les
deux bouts. Au prix où ces gens vendent, sachant les prix coûtants
des manufacturiers, ils ne font pas de profits. Ils se servent de cela pour
faire une marchandise d'appel pour étouffer tous les petits
détaillants indépendants qui existent et, après, si vous
tenez tellement à protéger le consommateur, quand il n'y aura
plus d'indépendants, de petits marchands du coin, les pharmaciens
détiendront un genre de cartel et ils chargeront le prix qu'ils veulent.
À titre d'exemple, lisez le journal Le Droit de la semaine
dernière. En première page, le journaliste se pose la question
suivante: La Régie des alcools du Québec n'aurait-elle pas
erré en accordant un permis à la chaîne Steinberg parce
que, dans la ville de Hull, un magasin Steinberg vend sa bière 2,50 $ de
plus la caisse que les détaillants indépendants? Vous pouvez
acheter le journal. Je l'ai acheté à Hull en passant et il citait
un dépanneur du boulevard Saint-Joseph qui vendait sa caisse de
bière 12,45 $ pour 24, alors que Steinberg la vendait 14,95 $, donc,
2,50 $ de différence. Le journaliste posait une question avec un gros
point d'interrogation: Est-ce de cette façon que le législateur
veut protéger le consommateur? Il y a quelques années, le
consommateur, on l'appelait le "consommeilleur". Aujourd'hui, c'est un
consommateur averti avec l'aide de différents organismes qui le
renseignent, mais on ne peut pas aller plus loin que le renseigner. Si, une
journée, il est à la merci des chaînes de magasins et des
pharmacies, il ne reste plus de détaillants indépendants. (11 h
30)
Prenez le phénomène des grossistes, parce qu'on l'a
amené sur le tapis. Il y a dix ans, au Québec, il y avait plus de
400 grossistes; il en reste 81 et il y en a plus d'une quinzaine qui sont
contrôlés par la même chaîne de magasins. Donc, le
phénomène des grossistes disparaît lentement et le
détaillant est obligé de payer plus cher pour se procurer ce dont
il a besoin pour vendre au détail. Je vous donne un exemple frappant: un
bocal de café de dix onces qu'une chaîne d'alimentation vend 2,75
$ au détail, nous, en tant que détaillants, on le paie 4,50 $
dans le gros. C'est parce qu'on contrôle le produit à la base.
Comment peut-on le vendre en bas du prix de la chaîne d'alimentation
quand on le paie 4,50 $ et qu'elle le détaille 2,75 $?
Légalement, ces gens nous empêchent d'aller l'acheter chez eux
parce qu'ils marquent que le marchand se réserve le droit de limiter
à deux par client. Donc, il faut que la commission garde toutes ces
choses-là en mémoire avant de dire que les pharmacies sont en
danger d'extinction. Vous n'entendrez jamais un petit détaillant dire
devant la commission qu'il a investi 3 000 000 $ pour agrandir son
dépanneur et amener de l'achalandage. On vient à bout de
dépenser 300 $ et 350 $. Je vous l'ai dit tout à l'heure, 100%
des profits sont réinvestis dans la communauté immédiate.
On n'a pas ces moyens-là. C'est au législateur de protéger
le détaillant indépendant et de faire en sorte que la loi qui a
été rédigée en 1969 maintienne au moins la petite
partie des droits qu'on nous avait accordés à ce
moment-là.
M. Bourbeau: Je veux simplement terminer par un commentaire. Je
dois avouer que je ne partage pas votre opinion en ce qui concerne les
restaurants et les dépanneurs. Si j'ai bien compris ce que vous dites,
les Québécois francophones ne seraient plus capables de garder
leur place. Si plusieurs dépanneurs et restaurants sont la
propriété ou exploités par d'autres que des
Québécois francophones, pour reprendre votre expression, c'est
parce que les Québécois francophones ne sont pas
intéressés ou ne veulent pas le faire. Il n'y a absolument rien
qui empêche qui que ce soit de se lancer en affaires, que ce soit un
restaurant ou un dépanneur. Cela n'est pas si compliqué. Cela ne
prend pas un cours universitaire pour faire cela. Je refuse de penser que les
Québécois sont incapables de relever ce défi.
C'est comme la question des prix dont vous avez parlé. Bien
sûr, je conçois qu'un petit détaillant, seul sur un coin de
rue, ne peut absolument pas concurrencer, avec son pouvoir d'achat, avec des
grandes chaînes d'alimentation. Je pense que vous avez la solution. Vous
l'avez indiquée et je vous encourage fortement à continuer dans
ce sens-là. La seule façon de contrecarrer la concurrence, c'est
de s'organiser de la même façon que la concurrence. Si vous vous
regroupez et si vous regroupez votre pouvoir d'achat au sein d'associations
comme la vôtre, vous allez pouvoir obtenir des prix intéressants
que vous allez pouvoir refiler aux consommateurs. De cette façon, c'est
le consommateur qui va en bénéficier. On peut difficilement
justifier de fermer des commerces où l'on vend à des
consommateurs des produits moins chers que d'autres. Le consommateur
n'acceptera pas de payer plus cher pour des produits, parce que le
législateur fait fermer des portes. Je pense que l'intérêt
public bien compris, c'est à savoir qu'on doit laisser la concurrence
jouer, jusqu'à un certain point, au profit du consommateur. Je pense que
c'est à nous -nous, je me mets un peu avec vous - à s'organiser,
à se regrouper, pour faire face à la musique, pour faire face
à la concurrence et faire en sorte de réaliser des profits aussi
intéressants, même plus intéressants, tout en faisant
bénéficier les consommateurs des escomptes qui seront
trouvées de cette façon.
C'est la façon dont je vois cela. Si vous pouviez y arriver,
comme vous semblez bien décidés à le faire, je prends
à témoin votre vice-président qui, tout à l'heure,
dans ses propos... Je pense que tout cela, c'est dans le meilleur
intérêt des consommateurs et je dis bravo, continuez!
M. Dumont: J'aimerais, M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): M. Dumont.
M. Dumont: ...parce que c'était un commentaire du
député d'Outremont...
Une voix: Le député de Laporte.
M. Dumont: Je n'ai jamais... Je me suis peut-être mal
exprimé, mais je n'ai jamais dit que les Québécois
francophones n'étaient pas capables. Je sais très bien que dans
le New Jersey on se bat pour avoir des Québécois francophones
pour aller travailler dans la construction. Les Québécois
francophones, Gaétan Boucher nous en a donné l'exemple, peuvent
réussir beaucoup. Allez lire le journal à la même page que
je l'ai lu, le journaliste s'interroge: Pourquoi n'a-t-on pas aidé
Gaétan Boucher plus tôt? Je me dis: II ne faudrait pas que le
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme une journée
se pose la question: Pourquoi n'a-t-on pas aidé les petits
détaillants plus tôt? On a tous la capacité de
réussir. On a la volonté de réussir. J'ai dit dans mon
allocution tout à l'heure que le MICT nous avait aidés depuis
deux ans, et beaucoup. J'ai remercié le ministre. Il est intervenu dans
des points. On a des cours présentement qui nous sont offerts par le
MICT pour montrer à nos gens comment administrer les commerces, ce qu'on
ne savait pas avant.
Là-dessus, on... Mais, la mise en garde, je la maintiens. Les
pharmacies n'ont pas besoin de vendre de l'alimentation pour réussir et
je vous préviens, tout à l'heure on a vu des messieurs, avec des
avocats, de Canadian Tire venir intervenir. Je vous dis que d'ici deux ans ils
demanderont eux aussi un permis pour vendre de la bière et du vin et ils
pourront peut-être se porter dans le même sens que nous autres, ils
voudront vendre de la pharmacie. Ce seraient là de vrais bazars et c'est
cela qu'il faut surveiller. Je sais que le ministre est assez sage, avec la
commission, pour surveiller tout cela. Je vous remercie.
Le Président (M. Desbiens): Merci. M. le ministre.
M. Biron: J'aurais juste une question à vous poser. Dans
le projet de loi 59, comparativement à l'ancien, les dépanneurs,
vous savez que vous êtes touchés
directement dans le sens qu'autrefois vous aviez le droit à trois
personnes au maximum pour travailler pour le dépanneur, incluant le
patron. Je remarque, si j'ai bien écouté votre
vice-président tout à l'heure, que vous êtes
illégaux parce qu'en moyenne vous avez quatre personnes par
dépanneur au lieu de trois, selon les chiffres qui ont été
cités tout à l'heure. La nouvelle loi vous donne maintenant le
droit d'avoir trois personnes en même temps sur le plancher. Cela veut
dire qu'un dépanneur qui est ouvert seize heures par jour pourrait avoir
deux équipes de trois personnes. Le patron peut prendre une
équipe avec deux employés. La femme du patron avec le fils ou la
fille du patron peut prendre l'autre équipe avec l'autre employé.
Finalement, cela vous donne un peu plus de marge de manoeuvre.
J'aimerais savoir si cela répond à la demande de vos gens.
Je ne vous cache pas que, moi, j'ai dans ma vie visité plusieurs
dépanneurs pour toutes sortes de considérations de
dépannage alimentaire. À mon humble point de vue, il y avait
toujours plus que trois personnes dans le dépanneur, incluant le patron,
trois, quatre ou cinq. En fait, on va probablement légaliser un fait qui
fonctionne déjà.
M. Dumont: C'est à peu près la meilleure question
qui m'ait été posée à venir jusqu'à
aujourd'hui. Je remercie le ministre de l'avoir posée de cette
façon. M. le ministre, j'aimerais que vos techniciens et vos hommes de
science répondent à la question que j'ai posée à M.
Garceau. Comment allez-vous déterminer que les magasins La
Maisonnée vont avoir seulement trois personnes en tout temps quand ils
ont à peu près 200 personnes à l'aide technique qui
accomplissent tout le travail et qu'eux n'ont qu'à poinçonner la
caisse et encore? Tout leur merchandising, leur marketing, leurs achats, leur
comptabilité, leur mise en marché, c'est terrible; ils ont l'aide
de 200 personnes. On les fermerait tous. Les Provi-Soir, les magasins La
Maisonnée, les Perrette seraient tous fermés si on appliquait la
loi textuellement comme elle est entendue par le législateur.
Dans une entreprise familiale maintenant, c'est la partie
intéressante de votre question, M. le ministre. J'ai élevé
quatre enfants. Les quatre sont allés à l'université. Le
bébé est encore à l'université. Si je n'avais pas
eu de dépanneur, je n'aurais pas pu faire cela parce que cela
coûtait trop cher.
Maintenant, souvent le soir... Vous avez vu les hold-up qu'on a eus:
j'en ai eu six dans cinq semaines. On a même percé l'oreille de
mon fils avec un revolver en "twistant". On se tenait, quatre et cinq. Je
m'accotais sur le réfrigérateur à crème
glacée avec un 12 caché dans le coin. On me comptait comme le
propriétaire, j'étais le patron. Mon fils était debout
dehors dans la porte et il surveillait par les fenêtres pour voir s'il
n'y avait pas d'individu louche qui se promenait. Mes deux filles
étaient à la caisse. Ma femme, elle marquait les prix. Donc, on
était cinq dans le commerce. S'ils avaient appliqué la loi
textuellement... J'ai entendu un juge me dire un jour: M. Dumont, je ne suis
pas là pour interpréter la loi. Je suis là pour
l'appliquer. Mais il reste que c'est comme tout le monde, il faut avoir un peu
de bon sens. S'il fallait se rendre un jour devant un juge en Cour
suprême ou en Cour supérieure et demander aux chaînes de
venir expliquer comment le fonctionnement de trois employés en tout
temps peut arriver quand elles ont l'aide technique de 200 personnes en
arrière, je pense que vous allez tenir compte de cela aussi et qu'on ne
sera pas trop sévère dans les mesures pour les dépanneurs.
Je m'excuse. Quand M. Gilbert a dit quatre personnes, ce n'est pas en tout
temps. C'est que, pour la majorité, c'est le père, la mère
et deux enfants, mais des fois on est deux, trois dans le commerce. Aux heures
de pointe, je vais vous l'avouer, cela arrive qu'on soit quatre.
M. Biron: D'accord. À compter de maintenant, vous allez
pouvoir être légal plus facilement. Je vous remercie beaucoup de
vos explications et de votre mémoire.
M. Dumont: Nous vous remercions.
Le Président (M. Desbiens): Je vous remercie de votre
participation. Je demande aux pharmacies Cumberland...
Une voix: Ces gens ne sont pas arrivés.
Le Président (M. Desbiens): Ils ne sont pas
arrivés. Alors, l'Association du Parti québécois de
Maisonneuve, Mme Louise Gravel. Elle est arrivée, oui? Si vous voulez
vous approcher, s'il vous plaît. Madame Gravel, si vous voulez
procéder à la présentation de votre mémoire.
Association du Parti québécois de
Maisonneuve
Mme Gravel (Louise): M. le Président, mon nom est Louise
Gravel. Je suis employée de commerce à temps partiel et membre de
l'exécutif du Parti québécois de Maisonneuve. Dès
la parution du projet de loi 59, je me suis sentie concernée. J'ai fait
venir le projet, j'ai posé des questions, téléphoné
et retéléphoné à la commission des normes minimales
et au ministère. Et si je suis ici maintenant avec l'appui de mon
exécutif, c'est que j'ai décidé de m'en occuper. J'ai
pensé que, si je sortais d'ici rassurée, cela pourrait rassurer
d'autres
personnes, surtout des femmes qui sont comme moi des employées de
commerce à temps partiel.
Ce mémoire veut attirer l'attention des membres de la commission
parlementaire sur l'article 1 du projet de loi sur les heures d'affaires des
établissements commerciaux. L'article risque, à toutes fins
utiles, de porter préjudice à la majorité des
employés de ces établissements. L'article 1 autorise les
marchands à ouvrir leur établissement le 2 janvier, le 26
décembre, à compter de 8 h 30 au lieu de 13 heures, le lundi de
Pâques, de 8 h 30 à 18 heures; le 2 juillet de 8 h 30 à 18
heures si le 1er juillet est un dimanche, et le deuxième lundi
d'octobre.
Cette nouvelle réglementation a-t-elle pour effet de faire perdre
des congés payés auxquels les employés ont droit
actuellement dès qu'ils ont atteint la 61e journée de travail
pour le même employeur?
En ce qui concerne les employés à temps partiel, le jour
de congé doit coïncider avec une journée de travail
habituelle. De plus, ils ne sont pas assurés que cette journée de
congé payée soit automatiquement remplacée par une
journée de travail rémunérée, l'employeur pouvant
décider de ne pas faire travailler son employé cette
journée-là, d'où un déficit net possible pour le
revenu de plusieurs employés.
M. le Président, j'aimerais vous apporter quelques exemples
concrets de contradictions qui peuvent se présenter dans l'application
du projet de loi en regard des normes minimales de travail. La fête de
Dollard est une journée fériée selon les normes du
travail, mais non avec les heures des établissements commerciaux; mon
employeur, un commerçant, a déjà
téléphoné à la Commission des normes du travail
pour savoir si la fête de Dollard était une journée
fériée. On lui a répondu que non pour les commerces et
ajouté qu'aucune autre disposition n'était prévue pour les
employés d'établissements commerciaux puisque les commerces
pouvaient être ouverts. J'ai parlé avec d'autres employés
d'établissements commerciaux pour savoir si la fête de Dollard
avait été pour eux une journée fériée,
chômée et payée, ou encore s'ils avaient reçu un
congé compensatoire payé. On m'a répondu non. On craint
présentement qu'il arrive la même chose avec les journées
fériées qui ne sont pas au calendrier du projet de loi 59.
Pour vous donner un autre exemple, la fête du 1er juillet pour la
loi régissant les heures d'affaires des établissements
commerciaux est une journée fériée selon le projet de loi
59, mais pas au sens de la loi sur les normes minimales du travail. Alors,
l'employé va être en congé mais non payé. Cette
journée de congé peut porter préjudice à
l'employé et nous sommes des gens qui ne pouvons nous permettre de
perdre une journée de travail.
Dans la loi sur les normes minimales du travail, le vendredi saint,
l'Action de grâces, la fête de Dollard sont des journées
fériées, chômées et payées mais pas pour le
projet de loi 59 qui prévoit que les magasins sont ouverts ce
jour-là. Par ailleurs, dans le projet de loi 59, le 1er juillet est une
journée fériée, mais pas dans la loi sur les normes
minimales du travail. Alors que les commerces seraient ouverts le vendredi
saint, à la fête de Dollard, à l'Action de grâces et
que ces journées-là ne sont plus des journées
fériées pour l'employeur, les employés auraient toutes les
difficultés du monde à se faire indemniser. (11 h 45)
M. le Président, les gens dont je vous parle, ce sont des gens au
salaire minimum qui n'ont aucune autre protection que celle des lois. Bien
souvent, ce sont des gens qui travaillent à temps partiel pour aider
à boucler leur budget familial. C'est un milieu, bien souvent, où
les employés et les employeurs ne sont même pas au courant de
leurs droits et de leurs obligations.
En conclusion, nous avons besoin d'être informés pour faire
valoir nos droits. II faut des lois claires, simples et faciles d'application
pour la majorité de ces employés. Je vous remercie de m'avoir
écoutée.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Biron: Je voudrais d'abord vous remercier d'être venue
ici aujourd'hui déposer ce mémoire et de l'avoir
préparé. Je veux vous donner une information avant de demander
à ma collègue, Mme la députée de Maisonneuve, de
faire la première intervention puisque vous êtes de son
comté. C'est sûr qu'il n'y a aucune perte, à notre point de
vue, pour les employés, mais le fait que vous ayez déposé
ce mémoire d'ailleurs, d'autres en ont traité aussi - il y aura
lieu d'être certain qu'à travers notre projet de loi, on fasse la
concordance avec la Loi sur les normes du travail. En d'autres termes, vous
avez une journée payée, par exemple l'Action de grâces, et
s'il y a travail, on aura le salaire additionnel en plus de la journée
payée. C'est dans notre esprit, mais on va s'assurer que ce soit
très clair dans la loi puisqu'il semble que plusieurs intervenants comme
vous nous ont dit que ce n'est pas tellement clair et qu'il faudra
véritablement qu'il y ait concordance entre les deux lois.
J'aurai une question à vous poser un peu plus tard, mais je
demanderais à ma collègue, Mme la députée de
Maisonneuve, de faire son intervention.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Évidemment, cela me fait vraiment plaisir
qu'une employée à temps partiel dans un commerce se soit sentie
à ce point concernée par le projet de loi, qu'elle ait voulu
aller plus à fond, parce que je pense qu'il n'y a que le ministre qui
puisse la rassurer. Je ne suis pas en situation de le faire. La rassurer, c'est
d'une certaine façon aussi par-delà elle-même rassurer des
milliers de personnes. Ce sont surtout des femmes qui sont embauchées
à temps partiel dans les commerces. Cela peut sembler, en regard de
l'ensemble d'un projet de loi, des dispositions qui ont des incidences
secondaires, mais pourtant, pour l'application de ce projet en regard des
personnes qui travaillent dans ces établissements, c'est en règle
générale les seuls congés auxquels elles ont droit dans
l'année. Comme vous le savez, ces gens ne sont pas régis, pour la
très grande majorité d'entre eux ou d'entre elles, par des
conventions collectives. Alors, c'est beaucoup leurs conditions de travail que
détermine un tel projet de loi. C'est pour cela que c'est important. En
termes d'implication, c'est important que quelqu'un vienne nous le
rappeler.
M. Biron: Merci, Mme Harel. J'ai une question à vous poser
vis-à-vis des congés du 24 juin et du 1er juillet. On a eu
plusieurs intervenants qui nous ont fait la suggestion que ces fêtes qui
sont des fêtes mobiles, qui changent de jour dans la semaine, soient
reportées au lundi suivant ou au lundi précédent, en tout
cas, qu'on s'entende pour donner l'occasion aux employés de commerce et
aux propriétaires de commerce d'avoir une plus longue fin de semaine.
Alors, le 24 juin serait toujours le dernier lundi de juin et le 1er juillet
serait toujours le premier lundi de juillet. Alors, qu'en pensez-vous?
Pensez-vous que cela a du bon sens? Est-ce que cela vous permet d'avoir une
plus longue fin de semaine ou si vous dites: Non, il faut fêter cette
journée? Si cela tombe un jeudi, on arrête de travailler le jeudi,
mais on recommence à travailler le vendredi. Quel est votre point de
vue?
Mme Gravel: Mon point de vue est le même que celui des gens
qui sont venus précédemment, parce qu'une fin de semaine un peu
plus longue que la normale, c'est rare qu'on en a. En temps partiel, supposons
que la Saint-Jean-Baptiste arrive le lundi, pour l'employé cela peut lui
donner une fin de semaine de quatre jours. Au lieu de briser un congé,
cela l'augmente. Pour la famille, c'est toujours plus plaisant parce que ce
sont des fêtes en été.
M. Biron: Ce qui pourrait régler un des points sur
lesquels vous êtes intervenue, pour le 1er juillet, si cela tombe un
dimanche, on fête le 2. Finalement, cela serait automatique si on
acceptait cette proposition. Ce serait toujours un lundi. Il y aurait donc
toujours une journée de congé certain à cause de ces
fêtes.
Mme Gravel: Oui. Mais, est-ce que ce seraient des congés
chômés payés?
M. Biron: Les normes du travail devraient s'ajuster en
conséquence. C'est pour cela que les suggestions nous ont
été faites dans ce sens. C'est sûr qu'il ne faut pas
pénaliser non plus les travailleurs qui bénéficient
déjà d'une journée chômée et payée.
D'accord?
Mme Gravel: Oui, ce serait parfait.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, il me fait plaisir de saluer
la représentante de l'Association du Parti québécois de
Maisonneuve et de saluer également l'arrivée de la
députée de Maisonneuve. Cela fait plaisir d'avoir des gens qui
viennent nous encourager comme cela, enfin.
Vous faites valoir un point de vue intéressant, celui des
employés, surtout dans votre cas, à temps partiel qui sont un peu
craintifs de voir, peut-être, la loi qui retranche des jours de
congé et qui pourrait également retrancher des avantages
déjà acquis et chèrement acquis.
D'après les renseignements qu'on a ici, d'après la Loi sur
les normes du travail, parmi les jours qui seraient "en danger", il y aurait le
lundi de Pâques qui, par exemple, est une journée
chômée et payée d'après le décret sur les
normes du travail, qui était protégée en vertu de la loi
actuelle mais qui ne le serait plus en vertu du projet de loi; il y a le
deuxième lundi d'octobre qui est dans la même situation. Le projet
de loi ne retient pas cette date comme étant une journée
chômée; également, il y a la fête de Dollard ou la
fête de la reine. Dans les autres cas, semble-t-il, il n'y aurait pas de
problème.
Vous avez soulevé une question intéressante: La question
de la fête nationale, le 24 juin. On sait que, jusqu'en 1978, on pouvait
déplacer le 24 juin jusqu'au lundi suivant pour donner aux
employés une fin de semaine plus longue et des journées de
congé à la suite. Or, je note que c'est le gouvernement du Parti
québécois qui a changé cela et qui, en 1978, a fait en
sorte que la fête doit se fêter le 24 juin et non pas le lundi
suivant pour donner aux employés une fin de semaine plus longue et
plusieurs journées à la suite. Je présume que
vous êtes particulièrement bien placée pour faire en
sorte de revenir à ce qui existait sous les régimes
précédents.
Quant à nous, si c'était un voeu du Parti
québécois de revenir à un système où on
pourrait fêter la fête nationale et avoir une journée de
congé de plus le lundi, la fêter le lundi, je pense bien qu'il n'y
aurait pas de problème, mais il faudrait peut-être que vous en
parliez en premier lieu à votre députée qui, de toute
façon, est très influente au sein de son parti, et au ministre
après coup. Je ne pense pas que de notre côté il y aurait
un gros problème parce que c'était comme cela au moment où
nous avions quelque chose à dire dans le gouvernement.
Au nom de l'Opposition, je vous remercie beaucoup de votre
intéressante présentation. Je pense que le ministre nous a
déjà donné certaines assurances, en ce sens que les
précautions vont être prises pour qu'il n'y ait pas d'injustice
créée à l'endroit des employés salariés.
Merci.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Simplement une remarque. Des précautions,
dit-on, seraient prises. De quel ordre seront-elles, en termes d'application?
Si, par exemple, des journées ne sont pas fériées et que
les établissements sont ouverts, il est donc vraisemblable que ces
journées doivent être payées en temps
supplémentaire, si tant est que les normes minimales de travail
prévoient que ces journées sont donc fériées,
chômées et payées.
J'imagine que, si le projet de loi prévoyait que les commerces
sont ouverts ce jour-là, si j'ai bien compris, à ce
moment-là, cela pourrait ouvrir à une rémunération
supplémentaire. J'imagine que la difficulté est dans
l'application d'une telle disposition. Il est difficile pour des
employés de commerce, surtout des employés à temps
partiel, de recouvrer parfois le temps supplémentaire. Dans la mesure
où ces journées sont fériées, je pense que cela
simplifie beaucoup l'application. Je ne sais si c'est suffisant, en fait, de
maintenir le fait que... Le fait que ce soit payé en temps
supplémentaire peut être très théorique, si tant est
que ces journées ne sont pas chômées et
fériées.
Le Président (M. Desbiens): Cela va. Vous avez d'autres...
Oui, M. le ministre.
M. Biron: Merci. Je dois dire que là-dessus on a eu
plusieurs interventions au cours de la commission parlementaire. On
s'était tous dit, au départ, au début de cette commission,
qu'on écoutait les intervenants avec beaucoup d'ouverture d'esprit, des
deux côtés de la table et qu'on pourrait, après, essayer de
prendre la meilleure décision possible. Merci.
Le Président (M. Desbiens): Merci, Mme Gravel. Est-ce que
les représentants des pharmacies Cumberland sont ici?
M. Tremblay: Je pense qu'on pourrait déclarer, M. le
Président, que la commission est suffisamment informée.
Le Président (M. Desbiens): Attention, attention, parce
que... M. le ministre.
M. Biron: Je crois qu'on pourrait déposer le rapport et je
m'engage à rencontrer les représentants des pharmacies
Cumberland. Apparemment, ils sont en route pour Québec mais ils
pourraient être ici un peu plus tard. Il y a peut-être la
même ouverture de la part du député de Laporte,
c'est-à-dire de les rencontrer soit aujourd'hui ou à une autre
occasion. C'est peut-être plus facile pour lui de les rencontrer à
Montréal puisqu'ils sont de Montréal.
M. Bourbeau: D'accord.
Le Président (M. Desbiens): Consentement unanime. Alors,
M. le député de Bourassa, vous proposez le dépôt du
document...
M. Laplante: ...et de mettre fin à nos travaux aussi.
Le Président (M. Desbiens): ...des pharmacies Cumberland.
Il y a également un autre mémoire qui est pour dépôt
seulement, celui de la Ligue pour les droits de l'homme de B'nai B'rith,
Canada. Est-ce que vous avez des commentaires supplémentaires, en
terminant la commission?
M. Biron: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Biron: ...je veux remercier les membres de la commission pour
l'excellent travail que tous ensemble nous avons fait au cours de ces trois
jours.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, j'aimerais simplement dire
qu'il nous a fait plaisir de participer aux travaux de cette commission. Je
pense que l'ensemble des recommandations qui ont été faites par
les participants vont faire que le ministre et le gouvernement vont
certainement apporter des modifications à son projet de loi. D'ailleurs,
le ministre a déjà donné des indications dans ce
sens-là.
Alors, je souhaiterais que ces modifications soient connues le plus
tôt possible, en tout cas de l'Opposition sinon du public en
général, de sorte que nous puissions avoir le temps de les
évaluer et de porter un jugement avant qu'on appelle ce projet de loi en
deuxième lecture à l'Assemblée nationale. Merci.
Le Président (M. Desbiens): Alors, la commission de
l'industrie, du commerce et du tourisme a rempli son mandat, qui était
d'entendre les représentations des personnes intéressées
par le projet de loi 59, Loi modifiant la Loi sur les heures d'affaires des
établissements commerciaux. Je remercie tous les membres de la
commission pour leur collaboration. La commission ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 11 h 58)