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(Dix-sept heures trente minutes)
Le Président (M. Paré): À l'ordre,
messieurs! Je déclare la séance de la commission de l'industrie,
du commerce et du tourisme ouverte. Cette commission a pour mandat
d'étudier le projet de loi no 29, Loi modifiant la Loi sur la
Société des alcools du Québec et d'autres dispositions
législatives.
Les membres de la commission sont: MM. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Biron (Lotbinière), Ciaccia
(Mont-Royal), Dubois (Huntingdon), Dussault (Châteauguay), Mme Harel
(Maisonneuve), MM. Lavigne (Beauharnois), Lincoln (Nelligan), Fortier
(Outremont), Marquis (Matapédia), et Payne (Vachon).
Les intervenants sont: MM. Beaumier (Nicolet), Bisaillon (Sainte-Marie),
Blais (Terrebonne), Champagne (Mille-Îles), Mme Dougherty
(Jacques-Cartier), MM. Grégoire (Frontenac), Mailloux (Charlevoix),
Rocheleau (Hull), Tremblay (Chambly).
À ce moment, il faudrait désigner un rapporteur à
la commission.
M. Biron: M. Dussault.
M. Fortier: M. le ministre va être obligé de faire
le rapport tout seul.
Le Président (M. Paré): Le rapporteur à la
commission sera M. Dussault (Châteauguay).
J'invite maintenant le ministre à faire ses commentaires sur le
projet de loi 29.
Remarques préliminaires
M. Biron: Les commentaires sont très courts puisqu'en
deuxième lecture - on l'a d'ailleurs constaté - l'Opposition nous
a appuyés dans notre volonté de libéraliser davantage la
production, l'embouteillage et la vente des boissons alcooliques.
J'apprécie grandement d'ailleurs le rôle de l'Opposition dans ce
débat de deuxième lecture de même que les interventions
fort positives que les membres de l'Opposition ont faites. Je dis à
l'intention du député d'Outremont que nous sommes acquis à
cette volonté de procéder par étapes pour donner une
chance aux entrepreneurs québécois de taille plus petite que les
grandes entreprises oeuvrant aussi dans ce domaine, de donner une chance
à ces entrepreneurs québécois d'apprendre, au cours des
prochaines années, à vivre avec cette volonté d'une plus
grande libéralisation du commerce des boissons alcooliques. Ceci dit, je
suis prêt à passer à l'étude article par article du
projet de loi.
Le Président (M. Paré): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Je voulais excuser mon collègue de Mont-Royal,
mais il arrive à l'instant. Quant à nous, nous avons
soulevé quelques questions lors de l'étude du projet de loi en
deuxième lecture à l'Assemblée nationale. Si le ministre
voulait collaborer, on pourrait, dans un premier temps, soulever certaines
questions qui nous permettraient d'aller beaucoup plus rapidement lorsqu'on
procéderait à l'étude article par article.
J'ai soulevé...
M. Biron: Je remarque, M. le député d'Outremont,
que votre brillant collègue dont vous venez de saluer l'arrivée
quitte déjà.
M. Fortier: Peut-être que...
M. Ciaccia: Si vous me permettez M. le Président.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Mont-Royal.
M. Ciaccia: On travaille en équipe de notre
côté. J'ai d'autres devoirs pour le moment. Ce n'est pas par
manque de respect envers le ministre ou par manque de respect quant à
l'importance du sujet. Je veux assurer le ministre que lorsque la séance
va reprendre, à 20 heures, je serai ici pour continuer les travaux et
l'étude article par article du projet de loi.
M. Biron: Avant que vous quittiez M. le député,
est-ce qu'on peut s'entendre pour travailler jusqu'à minuit sur ces
travaux si nécessaire? Si on termine avant, tant mieux. Si on en a
besoin, je pense...
M. Fortier: On est convenu, de part et d'autre, qu'on finirait ce
soir, je crois qu'il n'y a pas de difficulté.
M. Biron: D'accord. Merci.
Le Président (M. Paré): J'appelle donc l'article
1.
La mission sociale de la SAQ
M. Fortier: Attendez. On était convenu qu'il y avait deux
ou trois sujets qu'on voulait aborder avant d'étudier article par
article si le ministre est d'accord. On a l'intention de collaborer pour
l'adoption du projet de loi.
La première chose qui a été soulevée lors de
la discussion en deuxième lecture, c'était la mission sociale. On
fait état du fait que, dans le rapport de la SAQ, l'an dernier, le
président, M. Germain Léger, soulevait ou réitérait
certains énoncés que vous aviez faits lors de la table ronde et
faisait état des différentes missions de la SAQ. Bien sûr,
la mission fiscale tout le monde la connaît. On n'insistera pas
là-dessus. On y reviendra peut-être à un autre
tantôt.
La mission économique qui fait le sujet, dans une très
grande mesure, du projet de loi comme tel, on aura l'occasion d'en discuter
plus à fond. Mais la SAQ a une mission sociale. Bien sûr, on
aperçoit à la télévision ces annonces... Quel est
le thème déjà?
M. Biron: La modération a bien meilleur goût.
M. Fortier: La modération avant toute chose, oui. Bon!
Cela, c'est une dimension de la mission sociale. Certaines personnes qui se
préoccupent de l'alcoolisme peuvent voir dans cette
libéralisation de la vente de l'alcool certains aspects favorables du
point de vue économique mais, par ailleurs, elles voient que cette vente
pourrait aggraver l'alcoolisme au Québec, un phénomène ou
une maladie sociale assez aiguë chez les jeunes et chez d'autres membres
de la société. J'aimerais demander spécifiquement au
ministre s'il reconnaît à la Société des alcools une
mission sociale. Quels sont les montants d'argent ou quelles sont les actions
que la SAQ a entreprises? On sait que certaines brasseries, dans le
passé et présentement, ont cherché à
s'intéresser à la question et se sont engagées
vis-à-vis des mouvements qui luttaient contre l'alcoolisme. Alors,
j'aimerais savoir quels sont les efforts qui sont faits par la SAQ proprement
dite et si des directives ont été données à la SAQ
d'avoir un rôle limité de ce côté. De quelle
façon le ministre se préoccupe-t-il de cette mission sociale qui,
à mon avis, doit exister ou devrait exister.
M. Biron: M. le député, je crois que les prix de
vente des produits ont un effet très régulateur sur la
consommation des boissons alcooliques. L'an dernier, les ventes totales, en
particulier en spiritueux, ont atteint 27 900 000 000 de litres.
C'étaient les plus basses ventes de spiritueux des cinq dernières
années. Or, c'est l'alcool, le gin, le scotch, le rye, etc.
Peut-être qu'à cause de la conjoncture économique, les gens
ont changé leurs habitudes pour boire du vin ou de la bière -
vous trouvez cela à la page 9 - en tout cas, vous avez peut-être
des indications. Les chiffres sont très précis et comparatifs.
C'est probablement à cause de la régulation et du prix de vente,
qui a augmenté, me direz-vous, à cause de la mission fiscale de
la SAQ et du gouvernement du Québec. Les ventes de vin ont
diminué légèrement, soit 60 600 000 litres en 1982-1983,
mais elles étaient quand même un peu plus élevées
qu'en 1978, 1979, 1980 et 1981. Si on pouvait faire le relevé de la
situation avant la venue du vin dans les épiceries, vous verriez qu'il y
a eu une augmentation considérable des quantités de vin
consommé au Québec.
Tout cela pour dire qu'on a beau faire des programmes pour sensibiliser
les gens, comme on le fait à la télévision, on va les
sensibiliser jusqu'à un certain point, mais personnellement, je crois
que le plus grand régulateur, c'est encore la capacité de payer
des gens. On s'aperçoit avec ces chiffres que lorsqu'on augmente trop
rapidement le prix, la consommation coupe d'une façon assez importante.
Théoriquement, il s'agirait de doubler encore le prix des spiritueux et
vous pourriez couper vos ventes à peut-être 15 000 000 de litres.
Or, c'est dire que c'est très important dans la consommation de
spiritueux. Cela n'empêche pas d'avoir une responsabilité sociale
et de continuer d'informer les gens en disant qu'il faut une certaine
modération. À l'intérieur même de la SAQ, on a un
comité du conseil qui travaille sur l'alcoolisme; cela, c'est pour les
cadres, les travailleurs et les travailleuses de la SAQ. Mais tout de
même, je pense qu'on donne l'exemple à ce niveau.
M. Fortier: Ce que le ministre nous dit, c'est bien sûr ce
que l'on savait déjà, c'est qu'avec l'accroissement des prix
dû à la ponction fiscale qui est de plus en plus
élevée, il y a une diminution de la consommation. D'ailleurs,
cela a un effet sur la rentabilité fiscale de l'entreprise dans une
certaine mesure.
Mais ma question était plus spécifique. Vous me dites
qu'il y a un comité. Ma question était à savoir, si, dans
le plan quinquennal de la SAQ, c'était une mission qui était
retenue d'une façon explicite. Est-ce que le conseil d'administration,
en plus d'avoir un comité, a arrêté des politiques
très précises? Est-ce qu'il donne des subventions à des
associations qui oeuvrent dans ce milieu ou si les sommes d'argent qui
deviennent des surplus, des profits
d'opération passent en entier à l'actionnaire principal
qui, lui, par son ministère des Affaires sociales, se charge de ce
problème? Ce que j'essayais de savoir, c'est ceci: Est-ce que la SAQ
comme telle dépense de l'argent ou exerce une influence précise
dans ce secteur ou si elle ne fait que suivre l'évolution du dossier
d'une façon très générale sans intervenir
précisément pour tenter de comprendre le problème de
l'alcoolisme? Car, étant le principal agent de vente au Québec,
on peut dire qu'elle est certainement une cause directe de ce qui arrive au
Québec. Est-ce qu'elle assume cette responsabilité ou si le
gouvernement lui a demandé de ne pas s'en occuper, parce qu'il y avait
un autre ministère qui s'en occupait?
M. Biron: Je ne crois pas que ce soit la responsabilité de
la SAQ, dans le fond, d'aider ou de subventionner des groupes ad hoc qu'il y
aurait un peu partout au Québec pour essayer de solutionner le
problème de l'alcoolisme. La responsabilité de la SAQ est
d'importer, de produire, d'embouteiller, d'acheter et de revendre des boissons
alcooliques. C'est sûr qu il faut être prudent. Si la
quantité de nos ventes de spiritueux et de vin augmentait d'une
façon considérable, de ce côté, je
m'inquiéterais. Mais je dois dire que lorsque je regarde les ventes
totales en spiritueux, en vin et même en bière au cours de la
dernière année, je constate que la consommation d'alcoo. au
Québec n'a pas augmenté au cours des cinq dernières
années.
On peut dire que a consommation est trop haute. D'autres gens diront
qu'elle n'est pas assez haute. Lorsqu'on garde à peu près le
même niveau... En 1978-1979, le total des spiritueux et des vins vendus
était de 90 000 000 de litres. En 1982-1983, il y a encore 90 000 000 de
litres vendus. Je me dis que c'est à peu près les mêmes
quantités. Donc, le problème n'est pas plus grave. Il est
demeuré le même qu'il était. Il y a un peu plus de gens
adultes, donc il y a un peu moins de consommation per capita.
Ce qu'on fait quand même présentement, c'est qu'on essaie
d'encourager des comités de gens pour qu'ils sensibilisent les gens
à une meilleure qualité de vin: prendre peut-être un peu
moins de vin, mais du vin de meilleure qualité. Dans ce sens, ce sont
peut-être des connaissances de la qualité du produit qu'on peut
apporter. Mais ce n'est pas à la SAQ, je pense, d'intervenir dans le
problème de correction de l'alcoolisme au Québec. Cela revient
beaucoup plus à d'autres ministères, en particulier le
ministère des Affaires sociales.
M. Fortier: Mais bien sûr, s'il y a une baisse du volume,
cela peut nous indiquer que le problème n'est pas aussi
considérable. Mais il reste que les gens que j'ai consultés nous
disent qu'il y a des problèmes d'alcoolisme au Québec et d'une
façon plus aiguë chez les jeunes.
Si la SAQ était une entreprise privée, je pense que chacun
d'entre nous, ici, à l'Assemblée nationale, dirait qu'il faut que
cette entreprise privée qui fait des profits très importants,
comme en fait la SAQ, assume une responsabilité sociale.
Ce que vous nous dites, dans le fond, c'est que la mission sociale de la
SAQ est réduite à peu près à zéro. Si c'est
là une décision du gouvernement, je remercie le ministre de nous
en faire part. C'est donc dire que la mission sociale de la SAQ se limite
à ces slogans publicitaires, qu'il faut boire modérément.
Elle s'arrête là. Le gouvernement ne voit, dans la SAQ, qu'un
agent fiscal et économique. Sa mission sociale a un rôle
très limité. Je crois que c'est ce que j'ai compris de
l'intervention du ministre. Je le remercie de son information. (17 h 45)
M. Biron: Le rôle premier, dans le fond, de la SAQ, est un
rôle à la fois économique et fiscal. Je crois qu'il revient
beaucoup plus à d'autres organismes directement sous la
responsabilité de mon collègue des Affaires sociales de faire en
sorte de corriger des problèmes d'alcoolisme. Il est sûr que si la
SAQ brisait les actions de l'autre ministère, il faudrait intervenir par
une directive auprès de la SAQ. Mais tant et aussi longtemps que les
quantités sont à peu près les mêmes, on peut dire
que l'action de la SAQ ne contribue pas à accentuer le problème
de l'alcoolisme au Québec.
M. Fortier: II est vrai que la SAQ a un rôle dans le sens
où elle doit faire respecter la loi ou les règlements en ce qui
concerne la vente aux mineurs, j'imagine. Je ne sais pas ce que la loi dit
spécifiquement là-dessus mais c'est quelque chose comme: Dans les
magasins de la SAQ, vous ne devez vendre qu'à des gens âgés
de plus de 18 ans, j'imagine?
M. Biron: Je pourrais...
M. Fortier: Oui, ce serait peut-être une dernière
question. En ce qui concerne la vente des boissons alcooliques dans les
magasins de la SAQ, la SAQ a une responsabilité directe. J'imagine que
dans les épiceries, à venir jusqu'à maintenant, vous aviez
une responsabilité partagée puisque les vins et les boissons qui
étaient là n'étaient qu'en dépôt. Donc,
c'était votre propriété. Peut-être nous direz-vous
que le statut de la marchandise va changer plus tard, mais, à venir
jusqu'à maintenant, c'étaient vos produits qui étaient en
étagère. J'imagine donc que la SAQ avait une certaine
responsabilité de voir à ce que la vente ne
se fasse pas à des mineurs, d'une façon
générale. J'aimerais que vous m'éclairiez à savoir
dans quelle mesure la SAQ met en application la loi qui défend la vente
des boissons alcooliques aux mineurs, du moins dans ses magasins et, par
extension, dans les épiceries qui vendent à titre d'agents de la
SAQ proprement dite?
M. Biron: D'accord. Dans les magasins de la SAQ, les directives
sont très strictes à l'égard de nos employés.
L'âge est de 18 ans et plus. Donc, nous ne vendons pas de spiritueux ni
de vin ni de boissons alcooliques aux mineurs. Quant aux épiceries, ces
gens détiennent leur permis de la Régie des permis des boissons
alcooliques. La régie est un tribunal judiciaire qui a à faire
respecter les permis qu'elle émet. Il est sûr que si quelqu'un
était pris à ne pas respecter le permis, il serait susceptible de
perdre son permis. Je pense que c'est assez sévère
là-dessus pour forcer tout le monde jusqu'ici à respecter assez
bien les directives de ce côté-là.
M. Fortier: Nous dites-vous que, dans le cas des
épiceries, la SAQ n'a pas de mandat? C'est la régie qui a le
mandat comme tel.
M. Biron: Elle n'a pas de mandat. Comme d'ailleurs pour les
restaurants ou pour les salles à manger.
M. Fortier: D'accord. Mais le mandat de la SAQ, en ce qui
concerne la vente aux mineurs, se limite à ses propres magasins?
M. Biron: Oui.
M. Fortier: C'est un sujet sur lequel nous reviendrons
certainement. Je voulais connaître l'étendue de la SAQ,
l'étendue de ses responsabilités à ce sujet. Je vais
passer à un autre sujet. Je m'excuse si...
M. Biron: Là-dessus, je m'engage à trouver une
statistique qui est très importante et très intéressante
lorsqu'on compare l'Ontario et le Québec au point de vue consommation
per capita de boissons alcooliques. On s'aperçoit qu'en Ontario il y a
une très forte consommation de spiritueux comparativement au
Québec. Au Québec, la consommation de vin est beaucoup plus
élevée.
M. Fortier: II y avait un article dans la Presse,
dernièrement, à ce sujet, qui dénotait des modifications
ou des variations substantielles dans les différentes provinces du
Canada, quant au type de consommation alcoolique. Oui, j'ai pris
connaissance...
M. Biron: Exact. D'accord.
M. Fortier: ...de la nature des boissons alcooliques qui sont
vendues au Québec. Il y a des variations dans le goût ou dans les
habitudes qui sont assez considérables.
Je m'excuse d'aller du coq à l'âne car c'étaient des
sujets qui n'avaient pas nécessairement de relation entre eux mais cela
va nous permettre d'avancer un peu plus rapidement par la suite.
Les agences de distribution
Le deuxième sujet, que je voulais aborder, tenait à des
représentations qui ont été faites au ministre par
l'Association du Québec des agences de vin et de spiritueux.
Corrigez-moi, si je fais erreur. Ce que j'ai compris, non seulement de la loi
mais des règlements qui seront promulgués, et dont nous n'avons
pas copie comme d'habitude, les importateurs ou les agents qui
représentent les marques européennes d'une façon
générale, peuvent importer des vins par l'entremise de la SAQ et
peuvent même importer en vrac ces vins et les faire embouteiller ici.
Jusqu'à maintenant, ils pouvaient les faire embouteiller par la SAQ.
Vous me corrigerez si j'ai tort, mais je crois qu'à l'avenir ils
pourront les faire embouteiller par un agent privé.
M. Biron: Exact.
M. Fortier: Ces gens ont fait part au ministre - c'est là
que vous avez reçu ce mémoire du 19 avril, dont j'ai eu copie -
de cinq recommandations qui avaient été faites lors de la
réunion de février 1982. Ils se disent en désaccord avec
la décision du gouvernement, à la page 4, que je cite: "Par
contre, nous devons vous dire que nous sommes loin d'être en accord avec
la décision qui semble avoir été prise à
l'égard de l'accès au réseau des épiceries du
Québec, non seulement parce que la mesure atteindrait nos membres de
plein fouet, non seulement parce qu'elle appliquerait un système de deux
poids deux mesures qui est, dans une société où l'on croit
encore à la libre entreprise, une injustice flagrante, mais
également parce qu'elle instituerait un régime où
régnerait en maître l'arbitraire."
J'aimerais que le ministre nous explique le sens de sa décision
qui ferait que dans les épiceries on ne retrouverait que des vins
importés par les fabricants. Le mot "fabricant" deviendrait à ce
moment-là synonyme d'importateur, puisqu'il semblerait qu'à
l'avenir ces gens fabriqueraient beaucoup moins qu'ils ne le faisaient
jusqu'à maintenant puisqu'ils auraient la permission de mettre dans
leurs bouteilles jusqu'à 99% ou 100% de vins importés. J'aimerais
que le ministre nous explique pour quelles raisons ces gens seraient
importateurs et pourraient vendre dans les épiceries alors que les
autres
importateurs n'auraient pas le droit de vendre leurs produits dans les
épiceries. Est-ce que l'accusation de deux poids deux mesures serait
juste, compte tenu que le ministre, semble-t-il, veut développer une
certaine concurrence dans cette industrie? S'il veut établir un
système de concurrence propre à la libre entreprise, ne croit-il
pas qu'il devrait permettre à tous d'entrer en concurrence? Cela aurait,
d'une part, l'avantage d'adopter la même mesure pour tous - donc, une
certaine équité dans la décision gouvernementale - et, par
ailleurs, cela permettrait à ceux qui veulent faire des mélanges
de vins ou mettre en vente des vins sous une étiquette qui serait la
leur de concurrencer d'autres vins, les vins français, et d'affronter la
concurrence ici même avant d'aller l'affronter dans des pays voisins.
Autrement dit, si on veut que nos fabricants produisent ici des vins
sous une étiquette particulière aux fabricants du Québec,
est-ce qu'on ne devrait pas les mettre en concurrence dès le
départ avec d'autres fabricants de vins, des vins français ou des
vins européens, pour qu'ils puissent s'aguerrir face à cette
concurrence et connaître de plus près les goûts de la
clientèle et leur permettre d'affronter la clientèle
québécoise avant d'aller affronter celle des États-Unis,
par exemple?
M. Biron: C'est un problème qui a été
étudié à fond à la suite de la présentation
des agents promotionnels. Vous avez la lettre. Ce que nous recherchons, dans le
fond, c'est le maximum de retombées économiques pour le
Québec; c'est ce que nous recherchons. Si on permet à des gens
d'importer et de faire embouteiller au Québec sous des marques autres
que des marques québécoises, d'abord, premièrement, le
profit de marque n'est pas au Québec, il est ailleurs. Notre
embouteilleur aura tant la bouteille pour embouteiller, point à la
ligne, pas autre chose. Si c'est sa marque, si cela s'appelle Portneuf,
Lotbinière, Outremont, etc., là, il va faire un profit sur sa
marque. Dans ce domaine, il y a un profit de marque et c'est important pour
l'entreprise qui veut développer de nouveaux produits, qui veut
moderniser ses chaînes de production.
Deuxièmement, il est faux de dire que nous allons essayer de
conquérir d'autres marchés parce qu'on va embouteiller au
Québec des grandes marques françaises, italiennes ou autres.
Nous, nous disons que lorsque la marque sera bien établie au
Québec, on pourra conquérir d'autres marchés avec des
marques québécoises parce que le profit de marque appartiendra
à des entreprises québécoises. Le jour où on se
sert de notre producteur québécois comme d'un simple
embouteilleur - c'est-à-dire qu'on dit: Tu vas embouteiller à tel
prix la bouteille et, après cela, on vend cela dans les épiceries
- pour aller vendre sur le marché américain on n'a pas besoin de
passer par le Québec. On peut passer directement de l'Italie à
New York ou de France à New York et ainsi de suite.
Finalement, peut-être que pour un petit bout de temps on aura un
petit marché pour l'ouvrir parce que c'est plus accessible de se servir
du Québec comme porte d'entrée en Nouvelle-Angleterre, mais, avec
le temps, on perdra complètement, car le producteur
québécois n'a aucun levier sur l'importateur ou sur l'agent de
promotion. Dans ce sens-là, on a décidé qu'on se servira
des épiceries pour permettre à des producteurs
québécois -à propriété au moins à 51%
québécoise - de développer des marques
québécoises, de faire du profit de marque avec ces
marques-là et de conquérir des marchés extérieurs
avec des marques québécoises si elles le veulent.
Je pense qu'en faisant ainsi - on a l'impression en tout cas et c'est ce
qu'on vise - on va maximiser les chances pour les entreprises
québécoises de s'installer solidement sur ce marché.
M. Fortier: Vous avez mal compris mon argumentation. Ce que je
disais, c'est que, dans un marché captif, comme celui des
épiceries... Sans vouloir préjuger de qualité de ces vins.
Certains d'entre nous ont des goûts un peu plus poussés et
cherchent à acheter des vins ayant une qualité supérieure.
J'espère que le débouché fait par le ministre va augmenter
cette qualité. Ces vins, de l'avis de certains experts - dont je ne suis
pas - sont de qualité bien ordinaire, ne permettent pas d'espérer
que, lorsqu'ils iront sur des marchés étrangers, ils auront un
grand succès. Étant donné qu'il s'agissait d'un
marché captif et que l'habitude s'est prise chez certaines personnes
d'acheter une bouteille de vin, c'était plutôt une habitude de
dire: Je prends une bouteille de vin - et si l'étiquette comme vous le
dites portait la marque Portneuf, c'était bon, etc.
Lorsque ces mêmes fabricants vont vouloir exploiter le
marché des États-Unis, le succès qu'ils auront eu ici
même au Québec ne sera pas déterminant puisqu'il viendrait
d'un certain marché captif qui pourrait leur faire croire qu'ils
produisent un vin très acceptable, mais qui viendrait d'un certain
monopole de fait. Lorsque ces gens voudront vendre ces vins aux
États-Unis, ils se rendront compte, à ce moment-là, que
leurs vins ne sont peut-être pas au même niveau d'excellence que
ceux des marchés étrangers comme celui que les États-Unis
pourraient exiger.
Tout simplement, je faisais allusion, plus tôt, au fait que, dans
l'intérêt même de ces exportateurs futurs, ils devraient
affronter une concurrence dès maintenant qui ferait que les vins qu'ils
produiraient sous leurs étiquettes maison seraient des vins
d'une excellence certaine puisque, de toute évidence, un jour ou
l'autre, ils auront à concurrencer d'autres vins. Je crois que lorsqu'on
parle en termes d'exportation, on pense surtout au marché
américain et que la qualité des vins d'exportation devra
certainement égaler la qualité des vins de la Californie et tout
cela, bien sûr, avec un certain marketing, avec une certaine
stratégie de vente.
L'argumentation que j'apportais en était plutôt une de
concurrence qui permettait même à ceux qui voudraient exporter
dans l'avenir, de développer des mélanges de vins ou de
développer une qualité de vin qui leur permettrait à
l'avenir, de concurrencer d'autres vins aux États-Unis ou ailleurs.
S'ils veulent affronter une concurrence dans l'avenir, ils seraient aussi bien
d'y faire face maintenant, ici même au Québec.
M. Biron: Vous dites qu'au Québec ce serait un
marché captif à compter de l'adoption de la loi ou en septembre.
Les firmes privées et la SAQ ensemble vont mettre en marché une
possibilité de 70 marques différentes de vin dans les
épiceries.
Lorsqu'on songe qu'un épicier habituellement en tient 30 en
stock, c'est que le marché n'est pas aussi captif que vous le dites. Si
l'indépendant ou la firme privée, parmi les onze qui ont des
permis, ne produit pas au moins une ou deux bonnes sortes de vin, il ne vendra
absolument rien dans les épiceries avec le temps parce que
l'épicier ne sera pas obligé d'acheter. L'an prochain, cela est
augmenté à 10. Donc, on va augmenter à un minimum de 120
marques le choix possible pour les épiciers. Dans deux ans, ce sera
ouvert complètement. Ce n'est pas un marché captif. Dans le fond,
les lois du libéralisme économique vont jouer à la fois
pour le prix et la qualité. (18 heures)
M. Fortier: Entre les onze producteurs et la SAQ, cela fait douze
producteurs.
M. Biron: Étant donné que cela est ouvert.
Jusqu'à maintenant, chaque producteur pouvait produire - ce n'est pas ce
qui est arrivé - de la piquette, si on veut, parce que l'épicier
était obligé d'en prendre deux marques sur trois. Mais dans deux
ans, il ne sera pas obligé de rien prendre. Alors, cela force les
producteurs à produire de la qualité. D'abord, le marché
va se faire compétitif ici. Il faut se dire que le marché sera
très compétitif ici, mais cela lui permet d'améliorer la
qualité de ses produits et de conquérir un certain marché.
Ce ne sont pas les onze producteurs qui vont être capables de
conquérir le marché extérieur, probablement trois ou
quatre, parmi les meilleurs. Dans le fond, c'est la loi du libéralisme
économique. Les gens ont décidé de le jouer et je pense
que cela est sain pour l'économie québécoise.
M. Fortier: Juste une précision. Vous avez dit: dans deux
ans. Est-ce que les règlements disent que ceci va se faire d'une
façon évolutive? Par ailleurs, pouvez-vous me préciser si
les règlements, en ce qui concerne les dispositions, le genre
d'étagères, est-ce que tout cela va disparaître pour
laisser une indépendance d'action aux épiciers pour qu'ils
puissent bâtir les étagères qu'ils veulent et disposer de
la façon qu'ils veulent: mettre sur l'étagère du haut le
vin qu'ils préfèrent, et ainsi de permettre à la
concurrence de jouer pleinement et non pas d'être dictée par
quelqu'un qui, au ministère, déciderait que tel vin va être
sur la tablette numéro 1 et tel autre vin sur la tablettte numéro
2? Vous avez parlé d'un délai de deux ans, je me demandais ce
à quoi vous faisiez allusion?
M. Biron: Parce qu'on ne veut pas qu'une entreprise, mettons le
plus grand fabricant de vin au Québec puisse dire: Je mets 25 marques
sur le marché et je vais conquérir tout le marché. Alors,
dès septembre, l'épicier a le choix, mais chaque producteur est
limité à 5 marques, pas plus; à 10 marques en septembre
1984 et complètement ouvert en septembre 1985. Cela pour donner un laps
de temps de deux ans aux plus petits producteurs québécois afin
qu'ils s'ajustent à travers cela. L'épicier n'est plus
obligé, en septembre, d'acheter deux sur trois, comme cela était
avant, ou deux sur cinq. Alors, déjà, en septembre, il y aurait
un choix qui va se faire vis-à-vis de la qualité des produits. On
sait que les épiciers ne tiendront pas plus qu'une trentaine de marques
en moyenne; peut-être les grandes épiceries vont-elles en tenir
plus, mais on sait qu'en moyenne, cela va être 30.
Deuxièmement, il n'y aura plus d'obligation d'avoir un
présentoir de telle ou telle façon, telle affiche
là-dessus et tant de bouteilles. L'épicier va être libre de
changer son présentoir.
M. Fortier: Je crois qu'il est 18 heures. J'ai encore des
questions, mais on pourrait continuer la discussion à 20 heures, M. le
Président.
Le Président (M. Paré): Tel qu'entendu, nous
reprendrons les travaux à 20 heures. La commission suspend ses travaux
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 03)
(Reprise de la séance à 20 h 16)
Le Président (M. Paré): À l'ordre! La
commission de l'industrie, du commerce et
du tourisme reprend ses travaux dans le but d'étudier le projet
de loi no 29. Je vais nommer à nouveau les membres et les intervenants,
étant donné qu'il y a eu des changements.
Les membres de la commission sont: MM. Marquis (Matapédia), Biron
(Lotbinière), Ciaccia (Mont-Royal), Dubois (Huntingdon), Dussault
(Châteauguay), Blouin (Rousseau), Tremblay (Chambly), Lincoln (Nelligan),
Fortier (Outremont), Champagne (Mille-Îles), Payne (Vachon).
Les intervenants sont: MM. Beaumier (Nicolet), Bisaillon (Sainte-Marie),
Biais (Terrebonne), Mme Dougherty (Jacques-Cartier), MM. Grégoire
(Frontenac), Mailloux (Charlevoix), Rocheleau (Hull).
Lorsque nous avons suspendu les travaux, nous en étions encore
aux discussions préliminaires. La parole est à vous, M. le
ministre.
M. Fortier: Pourriez-vous me rappeler le sujet qu'on avait
abordé juste avant de partir?
Une voix: Les agences de distribution. M. Biron: Les
agents...
M. Fortier: Nous parlions des agences de distribution. Vous avez
fait allusion... On parlait du mérite de la concurrence au niveau local
et du fait que les agences importatrices de vin européen seraient
exclues de la vente dans les épiceries. Vous avez fait allusion au fait
qu'il y aurait quand même une concurrence d'ici à deux ans alors
que les fabricants auraient l'avantage de vendre et d'être en concurrence
véritablement. Vous disiez qu'il y aurait de facto une certaine
concurrence. Vous avez fait allusion à une période de deux ans.
Vous avez fait allusion à cette réglementation. Est-ce que cette
réglementation est disponible présentement? Est-ce qu'elle
pourrait être étudiée par l'Opposition? Est-ce qu'elle est
assez précise? Elle est très importante si on regarde le projet
de loi. C'est en fait la réglementation qui va déterminer la
gouverne générale du projet de loi. À quel moment
pourrait-on la consulter? Est-ce qu'on pourra effectivement la consulter?
M. Biron: La réglementation n'est pas
complétée encore. Les parties essentielles de la
réglementation apparaissent dans le discours de deuxième lecture
que j'ai fait. J'ai fait retaper ce discours-là avec des points
précis, des points importants qui sont numérotés
jusqu'à 26. Je voudrais vous remettre une copie, deux copies de ce
discours. Vous pourrez retrouver à l'intérieur de cela les plus
importants changements. À l'intérieur de cela, il y a, bien
sûr, une partie de réglementation, l'autre partie est de la loi.
Il faut que vous sachiez qu'aujourd'hui, chaque producteur est autorisé
à produire trois marques qu'on peut offrir dans les épiceries et
l'épicier est obligé de prendre deux des trois marques pour
mettre sur ses tablettes. Même s'il n'a qu'une bouteille de ces deux
marques, il est obligé d'en prendre pour les mettre sur ses tablettes.
Ce qui fait qu'un producteur donné pourrait produire du vin de
très pauvre qualité et vendre quand même quelques-unes de
ces marques parce que l'épicier est obligé d'en prendre. Nous ne
voulons plus limiter à trois. On s'est entendu pour libéraliser
ce commerce, donc, obtenir une concurrence qui serait plus saine. Augmenter
éventuellement à autant de marques qu'un producteur voudrait
économiquement produire. On veut y aller par étapes pour ne pas
pénaliser les petits producteurs. La première étape c'est
tout de suite cette année, à compter de septembre, dire à
chaque producteur: Tu es autorisé à lister - disponible pour les
épiciers - cinq marques de vin au lieu de trois. Mais en retour,
l'épicier n'est plus obligé d'acheter une seule de ces cinq.
M. Fortier: Quand on parle de producteurs, on parle de 55.
M. Biron: 55 plus la SAQ qui a quinze marques. L'an prochain, on
monte à dix marques par producteur. Il n'y a pas beaucoup de producteurs
qui vont se rendre à dix, mais quand même la partie de la
réglementation fait qu'il faut adopter une réglementation qui
fait cela temporairement et au bout de deux ans il n'y a pas de limite. Le
règlement concernant le nombre de marques tombe automatiquement.
M. Fortier: Ce qui veut dire qu'il y aurait une certaine
concurrence. Quelle est la politique qui sous-tend cette action? Vous
espérez que les producteurs, en important du vin européen, vont
faire le marketing des vins sous étiquette québécoise et
quels sont les objectifs? J'imagine qu'avec une stratégie comme
celle-là - vous avez un changement assez important dans la gestion de la
vente des vins au Québec - cela ne s'est pas fait sans une certaine
préparation, une certaine stratégie. Pour convaincre le cabinet
d'un changement aussi substantiel vous avez dû définir des
objectifs à long terme. Est-ce que vous avez fait des études?
Est-ce que vous pourriez nous communiquer des objectifs que vous fixez?
Certainement que vous fixez des objectifs économiques. Est-ce que vous
pourriez nous faire part de ces objectifs? Est-ce que vous avez une
étude que vous pourriez nous remettre sur le sujet? Quels sont les
objectifs que vous poursuivez, disons, dans cinq ans d'ici, en termes de volume
ou de marketing, en termes de pénétration de
marché à l'étranger?
M. Biron: Les objectifs, c'est d'établir une marque de
qualité pour les vins québécois. À l'heure
actuelle, un producteur peut importer 30% de son vin. Il est forcé de
mélanger avec du produit du moût, du concentré ou des
raisins qu'il achète à l'extérieur et qu'il est
obligé de mélanger à 70% le vin qui serait
prétendument fait ici. On ne produit pas de raisin ici. C'est bien
difficile de dire que c'est du vin québécois. Ce qui nous a
impressionnés, jusqu'à un certain point, c'est l'exemple de
l'Allemagne qui réussit à vendre d'excellents vins, même
à l'extérieur de l'Allemagne, alors qu'elle ne produit pas de
raisin ou à peu près pas. Les producteurs importent du raisin de
différents pays et ils font le mélange du vin en Allemagne et ils
le revendent sous une marque allemande. On croit que nos producteurs
québécois sont ou capables de produire leur propre vin s'ils le
veulent à partir de concentré, de moût ou de vin, ou ils
sont capables d'importer du vin de différents pays ou de
différentes régions d'un pays donné, et de faire le
mélange de ces vins pour finalement développer une marque de
qualité qui serait un mélange, mais purement et strictement
nord-américain selon le goût des gens de l'Amérique du Nord
et qui serait produit au Québec.
Si on réussit à faire cela avec une certaine
qualité de vin, un mélange de vins qui proviendront d'ailleurs,
nous sommes assurés de leur fournir les bouteilles, les
étiquettes, l'emballage, les caisses et tout cela, la main-d'oeuvre pour
l'embouteillage et après cela conquérir certains marchés
en Amérique du Nord. C'est sûr qu'on ne produira pas du vin ici
pour la réexpédier en Europe. On ne se contera pas d'histoire
avec cela. Il y a des marchés disponibles en Amérique du Nord
pour du vin de qualité. Dans ce sens, en enlevant le plafond de 30% de
maximum de vins importés en vrac ou prêts à embouteiller,
nous croyons que nous donnons l'occasion à des producteurs
québécois de produire une plus haute qualité de vins.
M. Fortier: En termes économiques, d'une part, j'imagine
que la SAQ ou le gouvernement espère maintenir sa marge fiscale. D'autre
part, en termes de mission économique, vous espérez qu'en plus de
la valeur ajoutée pour la partie qui va être faite ici, il va y
avoir des pénétrations de marché. En termes de volume,
est-ce que vous avez des expectatives, disons, dans cinq ans ou dix ans d'ici?
Si vous avez étudié l'exemple de l'Allemagne, j'imagine que vous
devez avoir une idée du genre de pénétration que vous
espérez qu'on puisse réaliser dans quelques années d'ici,
bien sûr, par l'entremise du secteur privé. Ce ne sera pas
l'État qui le fera; ce sera surtout l'entreprise privée comme
telle, mais j'imagine que vous avez défini des objectifs lointains.
M. Biron: D'ailleurs, dans mon discours, je parlais de ces
objectifs et particulièrement des objectifs du marché
américain dans le nord-est des États-Unis. On a fait faire une
étude par la SAQ du marché du vin dans le nord-est des
États-Unis et cette étude a été remise à
chacun des producteurs privés en lui disant: Voilà le potentiel
de ce marché. Si vous pouvez y aller, tant mieux, c'est à vous de
regarder ce que vous êtes capables de faire, ce qui ne défendra
pas à la SAQ de tenter sa chance, elle aussi, sur les marchés
à l'extérieur du Québec. C'est tout à fait normal.
On va vivre en régime de libre concurrence, mais nous voulons surtout
encourager les entreprises privées parce que nous savons que chaque
entreprise veut un plus grand marché pour elle, un plus grand chiffre
d'affaires. Il n'y a pas moyen de le prendre au Québec, ce plus grand
chiffre d'affaires. La tarte, au Québec, est au maximum. On a vu que
depuis cinq ans il n'y a pas plus de marché. Ou on en tasse un ou on
conquiert un nouveau marché à l'extérieur. Notre
stratégie c'est de conquérir des marchés à
l'extérieur. Si on ne faisait que doubler le chiffre d'affaires qu'on
fait au Québec - je crois que c'est raisonnable d'y penser; dans le
nord-est des États-Unis il y a 100 000 000 de personnes alors qu'il y en
a 6 500 000 au Québec - si on doublait tout simplement le marché
québécois, ce serait passablement d'argent.
M. Fortier: En combien d'années espérez-vous faire
cela?
M. Biron: D'ici à quelques années. Si nos
producteurs sont efficaces et peuvent établir des marques de
qualité, nous sommes capables, d'ici à cinq ans, de
conquérir, dans le nord-est américain, un marché qui
serait disponible. Mais encore là c'est de la qualité que cela
prendra pour aller là.
M. Fortier: Est-ce que l'étude de marketing à
laquelle vous faites allusion serait disponible? Est-ce qu'on peut en avoir une
copie? Est-ce un renseignement confidentiel?
M. Biron: Non. On pourra en remettre une copie à
l'Opposition. On en a remis une copie à chacun des producteurs. On n'a
pas voulu la sortir à l'extérieur des producteurs existants, des
onze qui avaient des permis, parce qu'on croyait que ce n'était pas
juste et qu'il fallait au moins la donner à ceux qui ont des permis. Si
vous voulez la garder comme document de travail, à l'Opposition,
je n'y vois pas d'objection.
M. Fortier: Étant donné qu'il s'agit d'un
changement substantiel dans l'orientation de la SAQ ou de la vente des vins,
cela nous permettrait de mesurer l'effort demandé au secteur
privé et, dans une certaine mesure, ce qui peut légitimer le
changement d'orientation. Si on se retrouvait finalement avec des
retombées économiques pas plus importantes que celles qui
existent présentement, on pourrait toujours se demander pour quelles
raisons le gouvernement a changé l'orientation de la SAQ, quoique en
favorisant le secteur privé ici... Je crois que la seule façon de
le justifier, c'est par une augmentation des ventes à l'étranger;
autrement c'est assez difficile de le justifier.
M. Biron: Dans le système actuel c'est à peu
près impossible pour une entreprise privée de vendre à
l'étranger. Il fallait passer par la SAQ et cela était
compliqué pour rien. Là, au moins, n'importe qui, même un
entrepreneur privé, pourrait avoir une commande pour livrer aux
États-Unis et tout simplement acheter le vin. Il n'a même pas
besoin de notre permission pour cela, faire transiter le vin par le
Québec, l'embouteiller et le retourner aux États-Unis. Pourvu que
nous puissions constater à l'arrivée et au départ que le
vin a transité par le Québec et qu'il a été
transformé là, c'est parfait. Aujourd'hui ce n'est pas possible
de le faire.
M. Fortier: M. le ministre, vous avez fait allusion au fait que
c'était une première étape et qu'on verrait à
l'expérience les résultats à l'avenir. On peut percevoir
que les fabricants, ceux qu'on appelle ainsi, vont importer et peut-être
fabriquer dans une certaine mesure, ou ne pas fabriquer, mais de toute
façon faire le marketing de ces marques, les marques maison, assurer un
niveau de la qualité. Il est assez facile d'imaginer que le rôle
de la SAQ pour ce marché, qui sera dans un premier temps dans les
épiceries du Québec et éventuellement pour le
marché extérieur, sera plutôt un rôle de papier.
J'imagine que les fabricants vont négocier eux-mêmes à
l'étranger, vont assumer la responsabilité des taux de change.
Ils vont assumer la responsabilité des marchés qu'ils vont
conclure en Europe, ils vont assumer la responsabilité de
l'embouteillage, les difficultés de préserver la qualité
du vin. Éventuellement ce sera vendu à des grossistes. Les
grossistes vont assurer l'entreposage de ces vins, la vente aux
détaillants. On peut prévoir que, dans l'avenir, des compagnies
aussi considérables que Provigo ou IGA ou d'autres vont engager du
personnel pour faire le marketing à l'intérieur même de
leurs épiceries, qu'ils auront certainement un rôle à jouer
qui influencera la pénétration de tel vin par rapport à
tel vin. Eux-mêmes auront leurs propres efforts de marketing, j'imagine.
(20 h 30)
Dans une optique comme celle-là, on peut facilement
prévoir que dans l'avenir, ou même très rapidement, pour
cette partie du marché qui ne sera pas faite directement par la SAQ -
étant donné que les règlements seront changés,
comme vous l'avez dit, pour laisser libre cours aux règles du
marché de jouer - le rôle de la SAQ sera plutôt un
rôle sur papier. Autrement dit, quant au vin qui sera importé, ce
sera la SAQ qui interviendra pour s'assurer que les bouts de papier
réglementaires soient signés. Mais, éventuellement, le vin
ne transitera pas physiquement par la SAQ et va être acheminé,
embouteillé, dans les entrepôts des grossistes et
éventuellement vendu aux détaillants.
Dans l'avenir, si on extrapole à partir de ce régime, on
peut facilement prévoir qu'on s'en ira dans une direction où la
SAQ aura un rôle important, mais plus limité, puisqu'elle n'a que
350 magasins, alors que les épiciers en ont environ 1000, un nombre
certainement quatre ou cinq fois plus élevé. Vous allez dans les
régions où vous voulez donner des agences au secteur
privé.
Donc, on peut s'acheminer très rapidement, au Québec, vers
un système très différent. On le verra tout à
l'heure. Mon collègue de Mont-Royal et moi même - on était
justement un peu en retard et on s'en excuse - discutions des modalités
de ces changements. On a des questions à poser sur la façon dont
cela se fera. Dans le moment, j'extrapolais uniquement dans le domaine de la
macro-économie pour voir vers quoi on s'achemine. C'est donc dire que,
dans l'avenir, dans cinq ans ou dans dix ans, si, comme vous le signalez, les
ventes à l'étranger sont importantes, si le secteur privé
joue son rôle qui ne sera plus qu'un rôle de revente en partant de
la SAQ, mais plutôt un rôle assez déterminant dans le
domaine des importations et de la stimulation des ventes de certains produits
dans les épiceries, on peut facilement conclure que le rôle du
secteur privé sera très important.
J'imagine que vous avez envisagé toutes ces possibilités
et que vous acceptez les conclusions ou les modalités qu'il faudra
apporter plus tard pour assurer que le système se perpétue
puisque vous avez indiqué qu'il y aurait une évolution certaine
de ce système et que, éventuellement, on fera les modifications
nécessaires pour s'ajuster au nouveau mode de marché qui sera
favorisé par le projet de loi qui nous est déposé.
M. Biron: La SAQ a vraiment trois identités. La
première identité est celle
d'embouteilleur. Elle achète du vin ou des spiritueux en vrac,
l'embouteille et le revend. Donc, elle a une identité d'embouteilleur
sur le même pied que les onze autres producteurs québécois.
C'est une fonction importante, puisque la quantité de vin
embouteillée par la SAQ est à peu près la même,
peut-être un peu moins, que les onze producteurs réunis. Donc,
c'est déjà très important de ce côté.
Tout cela est acheminé vers un grossiste de première
distribution qui est la SAQ, section grossiste, où on décide de
prendre la marge fiscale décidée par le ministre des Finances.
Mais tout doit transiter par le grossiste de première distribution,
à la fois les onze producteurs privés et la SAQ, section
embouteillage. À partir du grossiste de première distribution,
c'est redistribué pour vente au détail, soit dans les 300
magasins de la SAQ ou dans les 10 000 points de vente chez les épiciers.
Donc, c'est redistribué chez les épiciers à travers un
grossiste...
M. Fortier: 10 000.
M. Biron: 9000 et quelques centaines.
M. Fortier: Ah mon Dieu!
M. Biron: C'est distribué à travers des grossistes
- Provigo et tous ces groupes -qui, eux, redistribuent à leurs
épiciers. Tandis que la SAQ grossiste distribue directement à ses
magasins. Là, il y a un profit d'exploitation sur les magasins comme
Il y a normalement un profit d'exploitation à l'embouteillage.
Mais le gros du profit de la SAQ - si on peut appeler cela profit, c'est un
profit fiscal - est pris au niveau de la SAQ, section grossiste. Donc, SAQ
grossiste demeurera toujours. Les magasins de vente au détail
demeureront aussi, quoiqu'on limite quand même le nombre de magasins de
détail en allant dans des agences privées, dans des
régions plus éloignées, de même qu'en faisant de
plus en plus confiance aux épiceries.
La vente de vin dans les épiceries se fait à peu
près en même quantité que la vente de vin en succursale,
à peu près la même quantité cette année,
peut-être un petit peu moins dans les épiceries que la vente
totale dans les succursales. Nous voulons que la SAQ, secteur embouteillage,
puisse être en compétition directe avec les entreprises
privées et sur la même base. Plus l'entreprise privée va
être efficace, dynamique et productive, plus cela va forcer la
SAQ-embouteillage à être efficace et productive. Autrement, elle
va tout simplement débarquer du marché. Pour cela, il faut
permettre à la SAQ-embouteillage de concurrencer aussi sur les
marchés extérieurs du Québec. Si on peut avoir beaucoup
d'embouteillage là-bas, tant mieux pour ceux et celles qui travaillent
là.
M. Fortier: Étant donné les investissements que la
SAQ avait faits dans le domaine de l'embouteillage en particulier, qui lui
permettaient d'accroître considérablement le marché - je
crois que c'est un des arguments que vous avez fait valoir - le fait qu'on
limite maintenant le nombre de marques maison qu'elle peut vendre, est-ce que
ceci va indirectement ajouter aux frais généraux qu'elle devra
assumer à partir d'un marché moindre? Est-ce que ceci n'aura pas
comme conséquence secondaire, étant donné la ponction
fiscale qui est faite par le ministre des Finances, d'augmenter les coûts
aux contribuables et, d'une façon plus générale, compte
tenu de l'importance des décisions du ministre des Finances - on y
reviendra tout à l'heure parce que c'est un sujet extrêmement
important - est-ce que cette mission économique, dont on prévoit
les conséquences dans cinq ou dix ans, est réalisable, compte
tenu justement des décisions du ministre des Finances qui, lui, ne
considère pas du tout la mission économique? Autrement dit, ce
que j'essaie de dire est que la mission économique de la SAQ me semble
une nouveauté totale, qui semble en contradiction flagrante avec la
mission fiscale qui a été celle de la SAQ à venir
jusqu'à maintenant. De quelle façon voyez-vous une conciliation
de ces deux missions? Est-ce que votre mission économique est possible
si le ministre des Finances continue à exercer sa mission fiscale d'une
façon tellement prépondérante?
M. Biron: Oui, c'est possible. Je crois que ce qui va arriver
d'ici à cinq ans - il est quand même difficile de voir dans des
boules de cristal - je prétends que la part du marché
québécois va rester sensiblement la même entre les
entrepreneurs privés et la SAQ-embouteillage. Mais si on peut avoir une
meilleure compétition sur le marché québécois, le
fait d'ouvrir la concurrence est sain, je pense. Enfin, tout le monde
reconnaît qu'une saine concurrence fait du bien à tout le monde.
Donc, en ouvrant la compétition sur le marché
québécois, cela va nous forcer à améliorer notre
qualité, notre service et nos prix. Cela pourrait aussi nous permettre
de conquérir d'autres marchés à l'extérieur.
En fait, tout le processus consiste à se donner les outils
nécessaires pour conquérir d'autres marchés en disant que
les parts respectives de marché vont rester sensiblement les mêmes
et que la quantité de spiritueux, de vin et de bière vendue sur
la marché québécois restera sensiblement la même au
cours des prochaines années. Donc, il n'y a pas d'agrandissement de la
tarte québécoise ni de meilleure répartition de
cette tarte. La seule chose est qu'on met dans les mains de la SAQ et
dans les mains des privés des possibilités pour conquérir
des marchés à l'extérieur du Québec, donc, pour
agrandir la tarte à l'extérieur.
M. Fortier: Comme vous l'avez dit vous-même, la tarte
québécoise a elle-même diminué depuis un an ou
deux.
M. Biron: Elle ne bougera pas.
M. Fortier: S'il y a plus grande concurrence, on pourrait
prévoir une conclusion néfaste: que la SAQ fasse moins de profits
dans l'avenir. Là-dessus, je crois que mon collègue de Mont-Royal
voudrait aborder la question fiscale d'une façon plus
particulière, entre autres choses. Je vais lui laisser la parole et je
vous remercie.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président.
Premièrement...
M. Biron: M. le député de Mont-Royal, je voudrais
seulement vous faire remarquer que vous êtes tellement important aux
commissions parlementaires qu'il y a même un coprésident qui
préside aujourd'hui cette commission.
M. Ciaccia: J'espère qu'il ne fera pas la même chose
qu'à l'autre commission parlementaire à laquelle j'assistais.
Chaque fois où j'essayais de poser une question, elle était
irrecevable. À la fin, vous savez...
M. Fortier: Vous voyez où cela nous mène...
M. Ciaccia: Ils invoquaient le règlement.
M. Biais: Si vos questions sont intelligentes, elles seront
reçues.
Le Président (M. Paré): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Ciaccia: Le ministre venait à la rescousse des
témoins.
M. Fortier: Ici, cela va être plus facile.
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais faire quelques
remarques. On en est encore aux remarques préliminaires. Si vous me
permettez, je veux premièrement m'excuser de n'avoir pu assister pour
faire mes remarques au cours de la deuxième lecture, mais j'étais
occupé dans une autre commission parlementaire que nous
considérions assez importante.
Une voix: II faut que cela dure!
M. Ciaccia: Premièrement, je dois déplorer le fait
qu'un projet de loi qui est très important, qui affecte les
activités non seulement de la Société des alcools du
Québec mais qui peut affecter l'économie de secteurs très
importants au Québec, soit déposé juste avant la date
limite, le 1er juin, qu'on le discute à toute vitesse parce qu'on n'a
pas vraiment le temps de discuter de ce projet de loi de la même
façon que s'il avait été déposé, comme
plusieurs commentateurs s'y attendaient, au mois d'avril ou au mois de mai.
C'est la première remarque que je voudrais faire. C'est un projet de loi
qui va affecter l'avenir de plusieurs agents économiques.
Dans les deux dernières semaines de la session - je pense que le
ministre sera d'accord avec moi - il sera difficile d'aller au fond, de faire
le débat sur le fond des différentes missions de la SAQ, de voir
lesquelles de ces missions auront priorité sur les autres, quelle sorte
d'équilibre il y aura entre les différentes missions. Juste pour
donner un exemple, il y a eu des télex qui vous ont été
envoyés aujourd'hui, M. le ministre, par des gens qui voudraient
vraiment être entendus, qui voudraient vous faire des
représentations. Il y a l'Association des détaillants en
alimentation, l'Association des épiciers en gros, l'Association
Collabore qui vend en gros aux petits indépendants, aux
dépanneurs, et le Comité des vins. Je pense que ces
gens-là auraient eu le droit normalement de se faire entendre en
commission parlementaire, de donner leur point de vue. Je ne dis pas que tous
les points qu'ils auraient soulevés auraient été
acceptés par le gouvernement - parce que le gouvernement doit faire des
choix - mais au moins de les entendre. Ils ont des problèmes qui sont
assez particuliers et le fait que nous soyons à deux semaines de la fin
de la session, c'est peut-être difficile d'entreprendre ce processus.
C'est là le premier point que je voulais soulever, de déplorer le
fait que le gouvernement - ce n'est peut-être même pas la faute du
ministre, il y a peut-être eu des raisons de stratégie encore plus
déterminantes au Conseil des ministres - nous amène ces
différents projets de loi, des projets de loi très importants. Je
parle de celui-ci, je ne veux pas enfreindre le règlement, M. le
Président, mais je pourrais parler de la SGF dont on va discuter jeudi
et vendredi. On va dépenser 400 000 000 $ ou 500 000 000 $ et on nous
amène cela à la dernière minute. Celui-ci est important.
C'est important pour les intervenants, pour les agents qui sont affectés
par le projet de loi. Je pense qu'ils auraient eu le droit d'avoir un peu plus
de temps pour porter leurs préoccupations à l'attention du
gouvernement.
M. Biais: ...M. le Président...
Le Président (M. Paré): M. le député
de Terrebonne.
M. Biais: Est-ce qu'il serait possible de demander aux
intervenants, étant donné que nous n'avons pas beaucoup de temps
pour en parler, de parler du projet de loi et non du fait qu'on n'a pas le
temps d'en parler. On gagnerait du temps pour en parler.
Le Président (M. Paré): On viendra bientôt
sur l'étude du projet de loi article par article. Nous sommes aux
questions préliminaires. Il faudrait rester à l'intérieur
du projet de loi, sauf qu'on est toujours dans les débats
préliminaires.
M. Ciaccia: M. le Président, dans le temps de Socrate et
de Platon, il y avait des philosophes qui s'appelaient des sophistes. Les
sophistes disaient des demi-vérités. Je crois que 2000 ans
après Socrate et Platon, le sophisme continue même au
Québec.
M. Biais: II y a encore le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: C'est vrai que cela est une
demi-vérité. Il n'y a aucun cloute que si je prends le temps de
souligner certaines choses, cela laissera moins de temps à la commission
parlementaire mais pour moi, il est important de souligner cet aspect de la
stratégie et de la position que le gouvernement prend. (20 h 45)
Deuxièmement, je voudrais arriver à la question de
l'aspect fiscal.
M. Biron: C'est la Palice. M. Ciaccia: Pardon. M. Biron:
C'est la Palice. M. Ciaccia: C'est la quoi?
M. Biron: C'est la Palice ce que vous venez de dire
là.
M. Fortier: C'est un français. Ce qui va sans dire va
encore mieux en le disant.
La mission fiscale
M. Ciaccia: Exactement. M. le Président, si je ne l'avais
pas dit ceux qui m'ont demandé de faire cette représentation
à la commission parlementaire me l'auraient reproché. Je ne veux
pas me faire faire des reproches par ceux qui m'ont fait ces
représentations.
Deuxièmement, il y a l'aspect fiscal. Je voudrais vraiment faire
appel au bon sens du ministre. Je voudrais solliciter vraiment son opinion sur
l'aspect fiscal de la SAQ. Le ministre des Finances l'a déjà dit,
le ministre des Finances a déclaré, dans son dernier budget le 25
mai dernier - je cite le Journal des affaires du samedi 21 août 1982
qu'il fallait que le gouvernement du Québec obtienne 275 000 000 $ de la
Société des alcools du Québec. Je trouve cette approche un
peu aberrante et je voudrais avoir les commentaires du ministre.
Un monopole comme la SAQ a une certaine raison d'être pour des
questions de distribution, sociale, de qualité, de prix uniforme. Comme
tout monopole il y a des limites. Quand un monopole commence à
déborder ses limites il devient moins économique. C'est pour cela
que nous avons la loi "anticombine" la loi antimonopole parce que cela affecte
la mission économique.
Comment le ministre peut-il accepter du ministre des Finances de se
faire dire cette année vous allez me chercher 275 000 000 $? L'an
prochain on a commandé 335 000 000 $. On est dans une
société économique libre. Le ministre des Finances n'a
même pas eu l'audace de dire à Hydro-Québec vous allez
aller me chercher tant d'argent? Il a dit des dividendes d'un certain
pourcentage peut-être ils vont être réalisés et
peut-être que non. En tant qu'agent économique, comment peut-on
dire à une compagnie - ce serait dans l'entreprise privée et ce
serait absolument inacceptable et ce n'est même pas possible de dire
c'est l'argent que vous allez chercher en taxes ou en dividendes. On ne le dit
pas à Hydro-Québec mais pourquoi le ministre permet-il de se le
faire dire?
Quand le ministre des Finances dit on ira chercher 275 000 000 $ dans
les poches de la SAQ c'est vraiment une taxe qu'il impose au lieu de dire dans
son budget on augmente les impôts ou bien on augmente la taxe de vente,
même la taxe sur les cigarettes. C'est un certain pourcentage. On peut
dire c'est du luxe car ce n'est pas une nécessité. La boisson
c'est un luxe et non une nécessité. On impose une taxe. La
population sait le pourcentage qu'elle doit payer.
Vous allez me corriger si je me trompe mais je pense que la SAQ est la
seule société d'État où le gouvernement, où
le ministre des Finances oblige un certain rendement c'est-à-dire 275
000 000 $. Comment le ministre peut-il accepter cela parce qu'il y aura des
conséquences négatives sur l'industrie et sur l'économie.
Je cite votre rapport d'activité de 1982-1983 où vousfaites état de l'augmentation des revenus. Curieusement, je pense
que c'est le seul endroit, la seule industrie - je ne dirai pas au
Québec, mais presque au monde - où les revenus augmentent et le
volume diminue.
Quand le volume diminue, M. le ministre, ce sont des gens au
Québec qui ne vendent pas leur produit, qui n'augmentent pas leur
production. Le volume diminue pour les importations mais il va diminuer aussi
éventuellement pour les producteurs du Québec. Il va diminuer
pour ceux qui vont embouteiller. Vous voulez leur donner le droit
d'embouteiller mais il va diminuer pour les embouteilleurs. L'activité
économique va diminuer, l'activité fiscale va augmenter, mais
à quel prix?
Est-ce qu'on peut permettre qu'un gouvernement tienne toute une
population en otage? C'est ce que vous faites. C'est ce que le ministre fait.
Il dit qu'on a ici une population de 6 000 000 d'habitants et qu'on va
récupérer 275 000 000 $ de la Société des alcools
du Québec.
M. Tremblay: Vous êtes très constant.
M. Ciaccia: Alors votre société est obligée
de faire des pirouettes, de faire son possible pour récupérer cet
argent. Elle va augmenter les prix. Je ne sais pas ce qu'elle fera aux
salaires, mais je pense que la masse salariale a quand même
augmenté. Cela va créer des pressions artificielles, non pas des
pressions de marché libre. Cela va obliger la société
à prendre des mesures qui vont aller à l'encontre d'un
développement économique sain.
Je voudrais avoir la réaction du ministre à une telle
approche. J'aimerais que le ministre, même le gouvernement adopte la
position de dire qu'on va imposer une taxe d'un certain montant et,
éventuellement, si la taxe n'est pas aussi élevée que le
veut le ministre... Par exemple, prenons la taxe sur l'essence. On avait besoin
de beaucoup plus d'argent. Le ministre n'a pas dit à Petrocan, à
Imperial Oil et à Esso qu'il avait besoin d'un montant X. Il a
imposé une taxe, et c'est honnête. C'est une approche
honnête. Nous sommes contre cette taxe parce que c'est quelque chose qui
va au détriment de notre économie mais, au moins, l'approche de
dire qu'on impose une taxe de 40% est honnête car tout le monde sait que,
lorsqu'il achète un litre d'essence, il paie 40% de taxe, mais quand il
achète une bouteille de vin, de scotch ou de gin, il ne connaît
pas le pourcentage de la taxe. La SAQ s'est fait dire 275 000 000 $. Mais c'est
malhonnête. C'est une taxe cachée. C'est une taxe
déguisée.
M. Tremblay: M. le ministre, on devrait mettre le...
M. Ciaccia: Je veux avoir la réaction du ministre. Parce
qu'on n'a pas tout le temps voulu, je ne voudrais pas citer le ministre de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme quand il était chef de
l'Union
Nationale, dans l'Opposition. Que disait-il contre la SAQ? Je ne
voudrais pas vous citer mais vous étiez dur envers elle. Vous exigiez
certaines performances de la SAQ. Je sais que vous ne pouvez pas aller aussi
loin que cela. Je le sais parce que, quand on est chef d'un parti de
l'Opposition, on peut se permettre certaines déclarations, certaines
affirmations, certaines approches qu'on ne peut se permettre comme ministre. Je
suis assez réaliste pour le réaliser, mais aller
complètement à l'opposé et imposer des profits... Vous
étiez dans l'entreprise privée. Est-ce que dans l'entreprise
privée on peut dire à une compagnie qu'on lui impose de faire
tant de profits? C'est impossible. Si vous avez un exemple, je voudrais bien
l'avoir aussi. Quelle autre société d'État se fait imposer
le pourcentage de ses profits? S'il n'y en a pas d'autres, je ne vois pas
pourquoi, dans ce domaine-ci, la SAQ devrait se le faire imposer.
Quand on parle des ventes, les résultats financiers augmentent.
Je peux citer certains commentateurs là-dessus. Même aujourd'hui,
dans la Presse, M. Guy Pinard dit qu'il y a près de 500 000 000 $ en
taxes payées par la Société des alcools du Québec.
Là, vous ne pouvez pas blâmer le gouvernement
fédéral; le fédéral ne prend que 144 000 000 $ ou
145 000 000 $.
Une voix: Ce n'est pas marqué, par exemple.
M. Tremblay: Ils sont bien bons.
Une voix: Ce n'est pas marqué sur la facture.
M. Ciaccia: C'est vous qui prenez cela en taxes. Mais si vous
voulez le prendre en taxes, dites-le, que ce sont des taxes. N'imposez pas un
degré de profit. Je ne vais que citer quelques extraits de l'article de
Guy Pinard: "En effet, au cours de l'année financière qui vient
de se terminer, le gouvernement du Québec a reçu de la SAQ 495
500 000 $ sous forme de dividendes de la taxe de vente perçue en son nom
et des droits perçus sur les ventes aux détenteurs de permis. Il
s'agissait là d'une augmentation de 15,2% par rapport à l'an
dernier et de 95,8% par rapport à 1974-1975." En 1974-1975,
c'était un gouvernement libéral. Pendant ce temps, le
gouvernement fédéral touchait, sous formes de droits de douanes,
d'accise et de taxes de vente, quelque 144 400 000 $.
M. Tremblay: Des grenailles, des grenailles!
M. Ciaccia: Plus loin dans l'article, on lit: "Les dividendes
exigées par M. Parizeau ayant grimpé de 72%, soit de 160 000 000
$
à 275 000 000 $ depuis 1979-1980 - c'est seulement en l'espace de
trois ans - 72%. Je pense que c'est le consommateur qui en paie le prix, c'est
l'économie qui en paie le prix.
Une voix: Ce n'est pas trois ans.
M. Ciaccia: Les taxes ne sont pas des agents économiques,
elles n'aident pas l'économie. Les taxes sont absorbées par le
gouvernement pour payer les déficits. Les agents économiques,
c'est quand le volume augmente. C'est même dans votre rapport
d'activité de 1982-1983.
M. Tremblay: M. le Président, question de
règlement. Le député est en train, malgré lui,
d'induire la commission en erreur et je ne voudrais pas le laisser aller comme
ça.
M. Ciaccia: Voulez-vous mettre mon siège en jeu?
M. Tremblay: Non, non. Je veux juste vous avertir, je sais que
vous allez retirer cela. Vous êtes en train de dire que les taxes ne
servent qu'à payer les déficits. Dans le budget d'un
gouvernement, il n'y a pas que des déficits, il y a autre chose aussi.
C'est malgré lui qu'il est en train d'induire la commission en
erreur.
M. Ciaccia: M. le Président...
M. Tremblay: II n'a pas dit toute la vérité.
M. Ciaccia: Quand vous avez un déficit de 3 000 000 000 $,
je ne sais pas à quoi les taxes servent.
Une voix: Démission!
M. Tremblay: C'est grave, ça!
M. Ciaccia: Elles ne suffisent même pas à payer le
déficit. Vous avez un déficit de 3 000 000 000 $. Je n'ai
même pas dit tout ce que j'aurais pu dire.
M. Tremblay: Vous avez dit "les taxes". M. Ciaccia: Oui,
oui.
M. Tremblay: Vous n'avez pas dit "cette taxe-là", vous
avez dit "les taxes".
Vous voyez comme c'est bête? On peut glisser...
M. Ciaccia: M. le Président, je ne serai pas trop long. Je
voudrais citer le rapport d'activité pour démontrer que
même si les ventes augmentent, le volume baisse. À la page 13 du
rapport de la SAQ, pour les ventes de spiritueux en volume, il y a eu une
diminution de 8,2%. Les ventes de vin ont enregistré, pour la
première fois en 1982-1983, une baisse de volume. Il va venir un moment
où les taxes seront "contreproductives" car elles vont réduire
l'activité économique. J'aimerais entendre le ministre sur ce
point. Puisqu'on parle des propos et des commandes du ministre des Finances,
dans son discours sur le budget, à la page 53, on lit ce qui suit: "Les
prix de gros de la SAQ seront fixés en appliquant sur le coût des
ventes un taux de majoration inférieur de 20 points de pourcentage au
taux utilisé pour les mêmes catégories de produits vendus
dans les succursales. Cette méthode, basée sur le coût des
ventes corrige le défaut du système actuel dans lequel la SAQ
distribue à ses partenaires commerciaux 22.5% des majorations
utilisées dans la détermination des prix de vente au
détail. Je voudrais que le ministre deuxième point - nous
explique ce que cela veut dire. Il y a beaucoup de gens qui ne semblent pas
comprendre exactement - et quand je dis des gens, ce sont des gens du milieu -
qui demandent ce que le ministre des Finances a voulu dire exactement, quelle
est la conséquence spécifique de cet aspect du budget. (21
heures)
Dans mes remarques préliminaires, je vais me limiter à cet
aspect fiscal. J'ai demandé les commentaires du ministre. Je voudrais
savoir comment le ministre accepte cette façon de procéder. En
termes de conflit d'intérêts, on va soulever, au fur et à
mesure de l'étude du projet de loi, d'autres conflits
d'intérêts que nous voyons entre les différents aspects:
les relations du ministre avec la SAQ, pas les relations personnelles, la
question de votre rôle, le rôle du ministre, le rôle de la
SAQ, le rôle de différents agents; aussi on va soulever la
question de la réglementation discrétionnaire que le ministre a
imposée dans ce projet de loi.
Juste pour faire un autre point sur l'aspect fiscal qui est vraiment une
question de fond, on a de la difficulté à accepter ce principe
parce qu'il me semble que si vous dites que la SAQ a quatre missions, sociale,
économique, fiscale - trois, il me semblait qu'il y en avait une
quatrième, c'est trois? -il semble que la seule mission qui a
priorité et qui va vraiment mettre de côté les deux autres,
c'est l'aspect fiscal. Car si vous pouvez permettre au ministre des Finances de
vous commander le montant de dividendes qui va être perçu, je
pense qu'il va falloir que la SAQ, de nécessité, laisse tomber,
diminue sensiblement les deux autres missions parce que c'est sur
celle-là qu'ils vont se concentrer. Je pense que c'est un aspect
fondamental du projet de loi.
M. Biron: J'aurais aimé que le député de
Mont-Royal, sans lui faire de reproche,
ait été ici sur la fin de l'après-midi, alors que
votre collègue d'Outremont s'inquiétait de la mission sociale de
la SAQ en disant que si la SAQ faisait en sorte d'augmenter les
quantités de vin et spiritueux sur le marché, cela pouvait causer
des préjudices à la population québécoise, en
particulier à celle qui souffre d'alcoolisme. Bien sûr, il faut un
régulateur entre les différentes missions de la SAQ. Même
si la Société des alcools payait de la publicité partout,
à coût de dizaines de millions de dollars, pour inviter les gens
à la modération, cela n'aurait pas autant d'effet qu'une
augmentation du prix des spiritueux et du vin. J'ai d'ailleurs moi-même
soulevé la question cet après-midi pour votre collègue
d'Outremont: on s'aperçoit que lorsqu'on augmente assez le prix du
produit, cela agit un peu comme régulateur. C'est exact, parce que cette
année, les ventes de spiritueux ont diminué en volume de
près de 10%; c'est la plus basse quantité de spiritueux vendus au
Québec au cours des cinq dernières années. Cela veut dire
qu'en augmentant le prix nous limitons, en quelque sorte, le marché et
nous faisons en sorte que la mission sociale de la SAQ soit remplie, en tout
cas une partie, parce qu'on limite les quantités de spritueux
consommés par les Québécois. La même chose
vis-à-vis du vin où on a une légère baisse cette
année comparativement à l'an dernier. Il faut aussi
présumer que des augmentations de prix ont un effet régulateur
sur les quantités de boissons alcooliques consommées par les
citoyens et finalement, une partie de la mission sociale est remplie. S'il
fallait baisser le prix de 50% demain matin, vous vous imaginez qu'il y aurait
beaucoup plus de vin et de spiritueux de consommés à mon point de
vue. Il y aurait problème social à quelque part que votre
collègue, le député d'Outremont, à bon escient, cet
après-midi soulevait.
Dans ce sens, il faut vraiment avoir un équilibre entre la
mission sociale et la mission fiscale et aussi la mission économique qui
est corrigée par ce projet de loi et qui fait en sorte que finalement,
la SAQ deviendra forcément un partenaire économique important
pour les onze autres producteurs québécois dans ce sens.
Vous avez mentionné l'aspect fiscal longuement, donc, le
rendement fiscal de la SAQ en disant qu'il y aurait peut-être lieu de
faire comme sur l'essence, d'imposer une taxe et de dire: Si la taxe n'est pas
assez élevée, on l'augmente. Nous avons aussi
considéré cette possibilité, M. le député de
Mont-Royal, mais c'est beaucoup plus compliqué dans 2200 marques-formats
que nous avons présentement, donc une liste de prix de 2200, soit en
pourcentage, soit à tant le gallon ou à tant le litre.
Finalement, nous avons cru que la méthode la plus efficace et la plus
simple pour le ministre des Finances était non pas de décider
lui-même qu'il y aurait 1 $ sur une sorte de vin et et 1,25 $ sur une
autre sorte et 4 $ sur un spiritueux ou 6 $ etc. La méthode la plus
efficace, c'était pour le ministre des Finances de confier la
responsabilité aux administrateurs de la SAQ, d'établir d'une
façon la plus juste possible en pourcentage vis-à-vis de certains
produits la marge fiscale qu'ils devraient prendre sur chacun des produits
donnés, mais en arrivant à la fin de l'année pour fournir
les impôts nécessaires au gouvernement du Québec. Sur
l'essence, je vous rappelle qu'il y a trois ou quatre produits
différents. C'est beaucoup plus facile pour le ministre des Finances de
contrôler et de décider. Tandis que sur 2200 marques-formats, cela
devient déjà plus difficile. Cette façon de percevoir des
taxes pour le gouvernement du Québec, c'est la même façon
dans toutes les autres provinces canadiennes. On n'a pas innové cela.
Tout ce qu'on a fait, on a fait exactement la même chose au Québec
que dans les autres provinces canadiennes ou les autres provinces canadiennes
ont fait la même chose que le Québec, mais il semble que c'est la
façon la plus facile possible et la plus efficace de faire confiance aux
administrateurs de la Société des alcools dans ce sens.
La mission économique, vous l'avez mentionné aussi, elle
est importante et nous ne voulions pas que la SAQ se comporte comme un monopole
à tous les paliers de la production et de la vente. Dans ce sens, au
point de vue de la production ou de l'embouteillage, la SAQ devient exactement
sur le même pied que tous les autres producteurs québécois.
Un état détaillé des activités est fourni chaque
année au ministre responsable afin qu'il puisse juger si le rendement de
la section embouteillage est au moins un peu profitable et au moins un peu
comparable au rendement des autres industries du secteur privé.
Là où nous prenons la marge fiscale, c'est au niveau de la SAQ
grossiste de première distribution et c'est là qu'il est le plus
facile d'ailleurs de la prendre. Les magasins de la société se
comporteront comme d'excellents concurrents et de bons concurrents
honnêtes pour les épiceries qui, elles, seront mandatées
pour vendre à 10 000 points de vente - et c'est beaucoup - et vendre au
détail comme aux magasins de la SAQ mais pour la part des
épiciers, donner un meilleur service à la population.
Percevoir la marge fiscale, c'est beaucoup plus facile au plan de la SAQ
grossiste. Je répète que pour moi il y a vraiment trois
entités dans la SAQ ou trois responsabilités d'administration:
l'embouteillage ou la fabrication, grossiste de première distribution et
détaillant. La première et la dernière fonction sont en
compétition avec l'entreprise privée, donc,
doivent avoir des états financiers séparés et ne
pas se servir de la marge fiscale du ministre des Finances pour faire la
compétition aux entreprises privées. Or, je pense que le projet
de loi nous permet de le faire d'une façon efficace et honnête
pour nos compétiteurs.
Vous avez aussi mentionné certaines représentations faites
aujourd'hui en commission parlementaire. Je vous ferai remarquer qu'il y a eu
de nombreuses consultations depuis un an et demi. Vous avez mentionné
tout à l'heure M. Pinard, de la Presse, qui a eu d'excellentes critiques
depuis un an sur l'attitude du gouvernement vis-à-vis de la
Société des alcools et du commerce des boissons alcooliques. Sa
critique majeure, au cours des dernières semaines, a été
que le projet de loi prenait trop de temps à être adopté et
qu'il aurait dû être adopté avant. Cela a pris un peu de
temps, c'est exact et je le reconnais, parce que nous avons voulu consulter,
reconsulter et "rereconsulter" tous les principaux intervenants dans ce
domaine. C'est sûr qu'on n'a pas répondu à 100%, comme vous
l'avez mentionné tout à l'heure, aux demandes de ces
intervenants, mais on a essayé le mieux possible de respecter la
philosophie de départ et le principe qu'on s'était donné.
D'ailleurs, l'Opposition a collaboré à l'occasion de
l'étude en deuxième lecture en disant: Nous apprécions la
direction qui a été prise par le gouvernement dans ce secteur,
c'est-à-dire de libéraliser davantage le commerce des boissons
alcooliques. Or, on a consulté beaucoup et on a voulu respecter cette
question de principe de libéraliser au maximum tout en respectant notre
mission sociale et notre mission fiscale et, en même temps aussi, de
permettre aux entrepreneurs québécois de vivre le mieux possible
ou de s'adapter le mieux possible à cette libéralisation du
commerce des boissons alcooliques.
J'assure le député de Mont-Royal qu'on continuera dans
l'application de cette loi, comme on l'a fait pour d'autres lois depuis que je
suis là, de discuter à fond les problèmes avec les
partenaires du secteur privé. Le projet de loi n'est pas voté
pour éliminer qui que ce soit mais, au contraire, pour faire en sorte
qu'on ait plus de retombées économiques ou le maximum de
retombées économiques du commerce des boissons alcooliques au
Québec, tout en respectant la mission fiscale et sociale du gouvernement
et de la Société des alcools.
De plus, vous avez posé une question qui m'amène aussi sur
ce point de libéralisation: les conséquences de l'aspect du
budget des 20 points de pourcentage. Autrefois et jusqu'à aujourd'hui,
les grossistes et les détaillants avaient une commission sur le prix de
détail: 6% du prix de détail pour le grossiste et 16,5% pour le
détaillant. Si on accepte le principe de libéralisation,
c'est-à-dire la marge brute du grossiste et du détaillant, on ne
devrait pas s'en mêler. Si on va jusqu'au bout de la
libéralisation, on dit: Cela regarde l'entreprise privée. Ne nous
en mêlons pas. Vendons à un prix X au grossiste privé et
laissons-le prendre ses 3%, 6% ou 10%, comme il veut prendre. Automatiquement,
le marché interviendra et limitera jusqu'à un certain point la
profitabilité de l'entreprise. On sait que l'entreprise privée,
avec la concurrence, est obligée de se limiter jusqu'à un certain
point dans sa marge de profit brut. C'est la même chose pour le
détaillant. Pourquoi forcerais-je un détaillant à prendre
16,5% s'il veut prendre 15% ou 20%? Je pense qu'on doit le laisser libre
d'ajuster sa marge de profit brut en conséquence de ses coûts
d'exploitation. Mais cela, c'était notre première
décision, donc, vendre à un prix net à un grossiste de
première distribution en lui disant: Nous ne nous occupons pas de ta
marge de profit brut d'exploitation. Nous ne voulons pas nous occuper non plus
de la marge de profit brut et d'exploitation du détaillant. Mais
après avoir discuté avec plusieurs de ces gens, on nous a dit:
Mettez au moins un plafond minimal. Qu'on ne puisse pas descendre en bas de
quelque chose qu'on juge au moins essentiel parce qu'on a peur que certaines
gens pourraient faire des "loss leaders" avec le vin, en quelque sorte un
"dumping" pour s'approprier d'autres marchés. Alors, c'est à la
suite de ces suggestions qui nous sont venues de l'entreprise privée que
le ministre des Finances a fixé à 20 points de pourcentage le
minimum de prix de vente sur le marché des boissons alcooliques.
C'est-à-dire qu'on force, en quelque sorte, l'épicier et le
détaillant à ne pas vendre les vins au prix coûtant, donc,
de les vendre au moins avec 20 points de pourcentage sur le prix de gros de la
SAQ. (21 h 15)
M. Ciaccia: Voulez-vous, on va prendre un exemple. Suppossons
qu'un vin se vend 2 $. L'épicier détaillant, avant cet
énoncé dans le budget, l'achetait pour 1,55 $, 22,5% de moins.
D'accord?
M. Biron: Oui.
M. Ciaccia: II l'achète 1,55 $. Il le vend 2 $. Certains
détaillants sont même obligés - je pense que c'est le cas
des dépanneurs qui restent ouverts plus longtemps - de le vendre 2,05 $
pour payer leurs dépenses. Est-ce que cet énoncé dans le
budget...
Une voix: On parle du prix de gros.
M. Ciaccia: Est-ce que la même chose existera ou bien si
cela voudra dire... L'interprétation de certains est que
plutôt
que la bouteille de 2 $ coûte 1,55 $, elle coûtera 1,80 $.
Qu'est-ce que c'est exactement? Est-ce que vous nous dites que c'est la
même situation qui existera?
M. Biron: Sa bouteille, coûtera la même chose, sauf
que le prix de vente est limité à un minimum de 20 points de
pourcentage. Il n'y a pas de maximum. Il peut prendre la marge de profit qu'il
veut.
M. Ciaccia: Cela veut dire que si on achète une bouteille
1,55 $ de la Société des alcools du Québec, 20%, qui est
le minimum qu'elle peut être vendue, sera...
M. Biron: Non, c'est 20 points de pourcentage. C'est
considéré sur le prix de gros plus la marge fiscale. Supposons
qu'on prenne la moyenne qui est de 100% de marge fiscale, incluant le profit du
détaillant et du grossiste de même que les coûts
d'exploitation - le profit brut, il faut s'entendre - du détaillant et
du grossiste et le coût d'exploitation de la SAQ dans ses magasins de
détail. Un vin qui vaut 1 $, on lui ajoute un autre dollar pour la marge
fiscale, et les coûts d'exploitation du grossiste et du détaillant
d'une part, qui vont au détail, de même que les coûts
d'exploitation de la SAQ détail qui sont d'environ 15% ou 16%.
M. Ciaccia: Quel est le changement entre ce que le ministre a dit
et la situation actuelle avant cet énoncé? Actuellement, il y a
6% au distributeur et 16,5% au détaillant pour un total de 22,5%.
M. Biron: Exact.
M. Ciaccia: Cela veut dire que l'épicier l'achètera
à 22,5% moins...
Une voix: Pas l'épicier, le distributeur.
M. Ciaccia: Le distributeur ou le détaillant.
M. Biron: À l'heure actuelle, le distributeur
n'achète pas. Vous verrez les changements dans la loi.
M. Ciaccia: Est-ce que c'est la même situation?
M. Biron: Non. À l'heure actuelle... M. Ciaccia:
Quel est le changement?
M. Biron: ...le grossiste n'achète pas. Il est payé
à commission, une commission de 6%. Lui, il vend au nom de la
Société des alcools à l'épicier et perçoit
de l'épicier. La Société des alcools du Québec le
paie 6% de même que la SAQ diminue le coût de l'épicier de
16,5%.
M. Ciaccia: Quelle est la nouvelle façon?
M. Biron: La nouvelle de façon de procéder, c'est
que la bouteille de vin se vendra le même prix - moins les
déductions - au grossiste qui, lui, l'achètera, cela deviendra sa
propriété, comme il achète n'importe quelle autre
marchandise. Le grossiste Provigo, par exemple, achètera. Il se
retournera et revendra à son détaillant au prix qu'il veut, avec
la marge bénéficiaire qu'il veut. Il est impossible qu'il garde
ses 6%. Selon moi, il gardera 5% ou 6%.
M. Ciaccia: Quel est le minimum?
M. Biron: À l'heure actuelle, le minimum fait en sorte que
le détaillant ne pourra pas vendre en bas d'un prix plancher, mais il
pourra vendre en haut. C'est-à-dire que nous ne voulons plus donner de
commission aux grossistes et aux détaillants. On se dit: Si on vit dans
un régime de libre entreprise, vendons à un prix net au grossiste
qui, lui, en retour, vendra au prix qu'il veut au détaillant qui, en
retour, vendra le prix qu'il veut au consommateur.
M. Ciaccia: En pratique, qu'est-ce qui va arriver aux 6% du
grossiste?
M. Biron: En pratique, on prévoit que le grossiste va
garder 5% ou 6%, mais il est libre de garder 4% s'il le veut, de même que
de prendre 8%; mais s'il prend 8%, son client va chialer, on sait cela
d'avance.
M. Fortier: M. le ministre, prenons une chaîne comme
Provigo qui est grossiste et détaillant. Mettons-la dans la même
boîte pour faciliter la compréhension. À venir
jusqu'à maintenant, ils avaient ensemble 22.5%.
M. Biron: Exact.
M. Fortier: Là, maintenant, on a essayé de
comprendre le paragraphe qui dit: Le prix de gros de la SAQ sera fixé en
appliquant sur le coût des ventes du taux de majoration - c'est le prix
de gros de la SAQ - inférieur de 20 points. On parle de 20%, les prix de
gros seront fixés en appliquant sur le coût des ventes, ce n'est
pas le prix de vente, c'est le coût des ventes. Alors, on parle de 20%
qui s'applique à quoi? Le paragraphe qui est ici parle du prix de gros,
il ne parle pas du prix de détail.
M. Biron: Non, car le prix de détail, ce n'est pas nous
qui allons le fixer.
M. Fortier: Comment expliquez-vous
ce paragraphe qui dit que les prix de gros seront fixés - le prix
de gros dans le système actuel, pour la bouteille de 2 $, c'est 1,55
$...
M. Biron: II n'y a pas de prix...
M. Fortier: Ce qu'on essayait d'établir à l'aide de
ce paragraphe, pour la même bouteille qui devrait se vendre 2 $, quel est
le prix de gros?
M. Ciaccia: Le coût, aujourd'hui, pour une bouteille de 2 $
est 1,55 $.
M. Biron: Exact.
M. Ciaccia: D'après cet article ici, quel sera le prix du
détaillant? Le 1,55 $ du grossiste, qu'est-ce qu'il va payer?
M. Biron: À mon point de vue, le prix payé par le
grossiste sera sensiblement le même que si le prix était
payé aujourd'hui par le grossiste et détaillant. Le ministre des
Finances ou la SAQ ajustera sa marge fiscale en conséquence au niveau
des SAQ grossistes pour donner au ministre des Finances le montant qu'il
exige.
M. Ciaccia: Cela va venir en plus, d'abord. Il ne pourra plus
vendre pour 2 $, il ne pourra plus avoir la même marge de profit, il va
falloir qu'il vendu plus cher.
M. Biron: Non, parce que cela va être le même
prix.
M. Ciaccia: Si c'est la même chose, pourquoi faire un
changement dans le budget? Il aurait pu laisser la même chose.
M. Biron: Non, c'est cela que je vous dis, cela sera le
même prix, à mon point de vue, sauf que si le détaillant et
le grossiste décident de couper le prix, ils auront droit de couper le
prix, alors qu'actuellement, ils n'ont pas le droit. C'est juste cela. On se
dit, nous, si on vit dans le système de libéralisme
économique, arrêtons de garantir des profits à ces gens,
qu'ils contrôlent eux-mêmes leurs profits, comme ils font dans le
domaine de la bière. Il n'y a personne qui garantit un profit à
l'épicier dans ce domaine. Il n'y a personne qui garantit un profit au
grossiste sur la distribution de la bière.
M. Ciaccia: II y a garantie d'un profit sur la SAQ, car c'est le
ministre qui l'impose. Toutes les autres n'ont pas de garantie de profit et on
ne s'en attend pas. Peut-être...
M. Biron: Même la garantie de la SAQ, on ne peut pas dire
que c'est un profit, c'est une perception d'impôt.
M. Ciaccia: Peut-être qu'on ne comprend pas,
peut-être que mon collègue le comprend mieux que moi, il peut...
Moi, je ne comprends pas la différence entre cela. Quelles vont
être les conséquences? Quelle est la signification? Vous dites
d'après vous, mais d'après le ministre des Finances, qu'est-ce
que cela veut dire ce paragraphe?
M. Fortier: M. le ministre, j'aimerais simplement dire que
j'avais dit qu'en deuxième lecture on était d'accord sur le
principe de la libéralisation et de la commercialisation par
système privé, on est d'accord. D'ailleurs, je viens justement de
recevoir des copies des télégrammes que vous avez reçus
aujourd'hui. Je m'aperçois que la Chambre de commerce du Québec
et que l'Association des épiciers en gros, l'Association des
détaillants en alimentation, tous ces gens disent: on est d'accord sur
le principe, mais... Je comprends pourquoi ils disent cela, ces gens, je ne les
avais pas consultés avant de parler en deuxième lecture, ils ont
dit la même chose: On est d'accord sur le principe, mais c'est quand on
commence à lire les détails que là on ne se comprend plus
et ces gens vont jusqu'à dire: Reportez l'adoption du projet de loi en
deuxième lecture article par article parce qu'on ne comprend pas et on
voudrait comprendre. C'est cela qu'on essaie de comprendre. Je pense bien que
la chambre de commerce fait allusion... Vous voulez libéraliser la vente
des vins par un système privé, mais vous allez adopter une
réglementation tellement compliquée à comprendre que dans
le fond, c'est quasiment une antithèse. C'est le système
privé, mais c'est une réglementation qui fait qu'on ne se
comprend pas entre nous autres.
M. Biron: C'est le dada de la chambre de commerce qui parle
toujours de réglementation lorsqu'on en fait de moins en moins de
réglementation. Elle ne peut critiquer la réglementation, elle
n'est pas faite encore. La seule chose, par exemple, si on vit dans
l'entreprise privée, on va respecter les lois de l'entreprise
privée. On parle de libéralisme économique, ce n'est pas
au gouvernement à garantir des profits aux grossistes et aux
détaillants. À mon point de vue, ils feront exactement ce qu'ils
font pour n'importe quel autre produit vendu dans leurs épiceries ou
leurs entreprises de grossistes. Nous, tout ce qu'on a à faire, c'est de
leur vendre à un prix net et leur dire: À compter de maintenant,
votre profit, c'est votre affaire. Ce n'est plus notre affaire à nous.
Ou on arrête de vivre en libéralisme économique et
l'État va dicter ses volontés partout.
M. Ciaccia: Le ministre des Finances vous a sûrement
consulté avant d'écrire ce paragraphe? Qu'est-ce que signifie,
quelle est la différence entre ce paragraphe et ce qui se produit
aujourd'hui? Si vous pouviez me donner un exemple.
M. Biron: D'accord.
M. Ciaccia: Prenez l'exemple du vin qui se vend aujourd'hui 2 $
la bouteille et qui coûte aux détaillants 1,55 $. Au taux
d'intérêt de 22,5%, cela revient à 1,55 $. Avec le nouveau
budget, quels seront les nouveaux chiffres?
M. Biron: Le chiffre sera de 1,55 $, sauf que le prix de vente
n'est plus assuré. Le profit brut de vente n'est plus assuré
alors qu'autrefois il l'était. Nous, on dit: II est possible que
l'épicier vende à 2 $.
M. Ciaccia: Mais il peut vendre moins cher ou plus cher.
M. Biron: II peut vendre moins cher ou plus cher.
M. Ciaccia: C'est la seule signification?
M. Biron: À l'heure actuelle, oui, sauf qu'il ne peut pas
vendre à moins de 20 points de pourcentage. Il ne peut pas vendre moins
de 1,80 $. C'est le minimum. Il pourra vendre 2 $ ou 2,25 $ ou n'importe quel
prix. Il y a un plancher pour dire que le détaillant ne pourra pas
couper le prix pour en faire un "loss leader".
M. Ciaccia: II peut aller aussi bas que 1,80 $?
M. Biron: II peut couper jusqu'à 1,80 $ et si cela ne
rapporte pas assez au ministre des Finances, ce qui va arriver, c'est que toute
la série de vins va être augmentée à 1,60 $, c'est
tout, autant pour le magasin de la SAQ que pour le détaillant ou le
grossiste et le détaillant ensemble.
M. Ciaccia: Si je comprends bien...
M. Biron: II n'y a plus de profit garanti.
M. Ciaccia: ...l'achat va être le même: 1,55 $. Mais,
au lieu d'être obligé de vendre à 2 $, il peut vendre
à 1 80 $ jusqu'à... plus.
M. Biron: Plus. En pratique, ce qu'on prévoit, c'est que
le prix de vente va être sensiblement le même. Mais, c'est fort
possible qu'à cause de la concurrence dans certaines régions du
Québec, le prix de vente descende à 1,80 $.
M. Ciaccia: Quand vous avez dit que l'une des raisons pour
lesquelles le projet de loi est retardé - vous le déposez
à la fin de mai ou au début de juin, juste avant le 1er juin -
c'est que vous aviez été obligé de consulter certains
organismes. Est-ce que vous avez consulté effectivement l'Association
des épiciers en gros, l'Association des détaillants en
alimentation, Collabore et le Comité des vins?
M. Biron: Je n'ai pas été obligé de
consulter, je me suis cru obligé de consulter. Et, j'ai consulté
beaucoup depuis un an et demi. Je pense qu'il n'y a pas un projet de loi
où il y a eu autant de consultations avec les différents
intervenants. D'abord, avant de présenter mon mémoire au Conseil
des ministres sur le principe. Deuxièmement, après avoir fait
accepter le principe de libéralisation au Conseil des ministres, j'ai
fait encore une autre consultation complète et j'ai consulté
à plusieurs reprises ces gens-là pour savoir comment ils voyaient
l'application du principe. Et, en fonction de tout cela, on est arrivé
aujourd'hui avec ce projet de loi. Ils ont tous été
consultés.
M. Ciaccia: Les quatre associations que je vous ai
mentionnées ont-elles été consultées?
M. Biron: Oui.
M. Ciaccia: Pourquoi aujourd'hui vous enverraient-elles un
télex dans le but d'être entendues avant de voter la loi?
M. Fortier: Ces différents intervenants sont bien clairs
dans le texte du télex: "Aucune des associations n'a été
consultée de façon formelle sur le texte du projet de loi et
encore moins sur le règlement".
M. Biron: Je n'ai pas déposé le texte du projet de
loi entre les mains des associations avant de le déposer en Chambre
entre les mains des parlementaires y compris l'Opposition. Vous m'auriez
critiqué si je l'avais fait et avec raison. En fait, le projet de loi
traduit exactement le résultat de nos consultations. Il est sûr
qu'on ne peut pas accepter leurs recommandations à 100%. Si on nous dit:
On libéralise le commerce et en même temps on dit: Garantis-nous
notre profit, cela je ne suis pas capable de le faire. Ou on accepte un
principe ou non. Une fois que le principe est accepté et qu'on s'en va
dans une direction, je pense qu'on ne s'en ira pas dans une autre direction
pour une partie du projet de loi. Autrement, vous allez critiquer et avec
raison. Alors, on essaie d'être le plus logique possible avec un principe
qui est d'ouvrir la concurrence au secteur privé et lui permettre
d'occuper la place qu'il veut occuper ou qu'il peut
occuper, considérant le marché. (21 h 30)
M. Fortier: Mais, de toute évidence, en lisant les
télégrammes des trois ou quatre associations, dont vous avez eu
copie, ce qui les inquiète beaucoup, c'est la réglementation.
D'ailleurs, les parlementaires, comme vous le savez, sont tous très
inquiets de toutes les recommandations et de toutes les lois. Un comité
spécial étudie en particulier ce problème, mais il est
bien évident que dans le présent cas, la réglementation
définira, de façon très précise, l'intention du
projet de loi. Surtout dans un domaine économique comme celui-là,
qui subit l'impact du ministre des Finances par la ponction fiscale dont mon
collègue de Mont-Royal a discuté, ces personnes se posent des
questions à savoir quelles seront les conséquences.
Même si vous leur avez peut-être dit, privément,
quelles étaient... Vous avez mentionné, dans un communiqué
de presse, certaines déclarations ou intentions en ce qui concerne la
réglementation. Ces personnes ne la connaissent pas. Jusqu'à
maintenant, elles ont vécu un système et je ne pense pas qu'on
puisse reprocher aux gens qui ont vécu dans un système qui a
été voulu par le gouvernement de se poser des questions et
d'être inquiets d'une nouvelle façon de procéder.
Même s'ils sont d'accord avec le principe, ils aimeraient bien maintenant
connaître la réglementation, qui est très
discrétionnaire par définition. C'est le gouvernement qui
décrète les conditions. Vous nous dites que
l'interprétation de la déclaration du ministre des Finances est
telle et telle... Vous dites que c'est votre interprétation.
Les gens disent que ce n'est pas clair. C'est loin d'être clair.
Je le lis d'une certaine façon. Je veux bien prendre votre parole, mais
il reste que c'est loin d'être clair. Vous avez bien soin de dire que
c'est votre interprétation en tant que ministre de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme. On n'a pas ici l'assurance, parce que le ministre des
Finances n'est pas présent, que c'est son interprétation. Il
reste toutefois que les gens qui bénéficieront du système,
en particulier les grossistes et les détaillants, se posent de
nombreuses questions et disent qu'ils aimeraient bien être entendus avant
que le projet de loi soit adopté, article par article.
C'est ce qui m'inquiète un peu. Comme lorsque le gouvernement
adopte un projet de loi favorable à un secteur de l'industrie,
normalement, les seuls télégrammes reçus auraient du
être des messages de félicitations disant: "Merci beaucoup, c'est
exactement ce que nous demandions". Mais, présentement, les
télégrammes indiquent une certaine inquiétude, une
certaine nervosité, puisque les personnes concernées se rendent
bien compte que les modalités idéales, que vous avez
définies dans votre discours de deuxième lecture, ne se
répercuteront dans la réalité qu'autant que le
gouvernement, ou le Conseil des ministres, et le ministre des Finances, qui a
un poids considérable, comme mon collègue de Mont-Royal l'a
signifié, approuvent les règlements que le ministère
développera. Alors là, c'est toute la concurrence qui existe
entre la mission fiscale et la mission économique. C'est ainsi qu'on
peut constater que la mission fiscale peut avoir un impact considérable
sur la mission économique. On ne peut pas reprocher à ces gens,
compte tenu du poids que détient le ministre des Finances jusqu'à
maintenant, d'être inquiets du résultat final de
l'opération. Je comprends qu'ils veuillent être entendus pour
faire valoir certains points de vue.
Un moyen de corriger leurs appréhensions ou plutôt une
suggestion que je ferais serait que, même sans attendre les
résultats de la commission spéciale du député de
Trois-Rivières et du député de Westmount, qui travaillent
sur les questions de la réglementation, le ministre s'engage, pour
régler ce dilemme, à faire accepter par le cabinet une clause
dans le projet de loi qui stipulerait qu'il ne sera pas adopté tant et
aussi longtemps que la réglementation ne sera pas déposée
en commission parlementaire. À ce moment-là, il n'y a aucune
difficulté, on pourrait procéder à l'étude du
projet de loi. Nous pourrions éventuellement étudier la
réglementation plus en détail et si vraiment c'est aussi clair et
limpide que le communiqué de presse du ministre, je ne crois pas que
nous aurions des difficultés. Si les prix de gros sont exactement tels
que l'a mentionné le ministre, il n'y aura aucune difficulté.
Je pense bien qu'on doit comprendre que le secteur privé, qui
aura à vivre avec certaines décisions, s'inquiète de
celles qui ne sont pas sous le contrôle du ministre. C'est difficile,
à ce moment-ci, de s'en tenir à la parole du ministre parce qu'on
sait qu'un autre ministre a toujours été très important
à la Société des alcools du Québec et que la
réglementation doit finalement être approuvée par le
cabinet. Conséquemment, je comprends les appréhensions qui
existent. C'est donc la raison pour laquelle je prétends qu'il serait
peut-être possible, sans surseoir à l'adoption du projet de loi,
de donner raison quand même à ces gens du secteur privé qui
bénéficient du nouveau projet de loi en lui ajoutant un article
qui demanderait que la réglementation soit déposée et
discutée en commission parlementaire.
M. Biron: M. le député d'Outremont, je peux vous donner la
garantie qu'avant que la réglementation finale soit
déposée et adoptée par le Conseil des ministres, je vais
rencontrer chacun des groupes encore une
fois pour discuter avec eux du ou des points qui les inquiètent
un peu. À mon sens, à la lecture de ce télégramme,
il y a un seul point qui les inquiète. Ils disent: Libéralisez,
mais protégez-nous. C'est un peu incomplet ou, en tout cas, contraire.
Ce sont deux paradoxes. Il faut absolument, à mon point de vue, si nous
libéralisons, dire: Vous allez jouer le jeu de l'entreprise
privée comme vous le jouez pour tout le reste et vous déciderez
vous-mêmes de la marge de profit brut que vous désirez. Mon
collègue, le ministre des Finances, a fait un bout de chemin dans leur
direction en disant: On va quand même limiter à un prix plancher
le prix de vente dans vos épiceries. Quant à moi, mon choix
aurait été de libéraliser complètement et dire
à l'entreprise privée: J'ai confiance en votre jugement pour ne
pas vendre trop bas ou en dessous du prix coûtant. C'est un peu ridicule
lorsque vous pouvez faire un profit brut raisonnable à la fois pour vos
commerces de grossiste ou pour vos commerces d'épicerie... C'est le
point qui les inquiète, mais je pense qu'il faut leur donner l'assurance
morale qu'ils auront eux-mêmes à décider. Et c'est ce que
je m'attends de faire vis-à-vis d'eux.
M. Ciaccia: M. le ministre, vous ne trouvez pas qu'il est un peu
difficile de demander à l'industrie de jouer le jeu de l'entreprise
privée quand la SAQ ne le joue pas?
M. Biron: M. le député de Mont-Royal, la SAQ va
jouer le jeu de l'entreprise privée à la fois avec la section de
l'embouteillage et la section de la vente au détail. Seule la section
SAQ grossiste, qui est un agent de perception de marge fiscale pour le
gouvernement, a bien sûr un rôle à remplir comme percepteur
de marge fiscale. Elle perçoit la taxe et elle la remet au
gouvernement.
M. Ciaccia: Ne soyons pas naïfs. Il y a plus que cela. Il y
a le fait que vous êtes producteur, distributeur, que vous faites
l'embouteillage. C'est vous qui fixez certains prix, c'est vous qui allez
déterminer les inventaires dans les magasins, c'est vous qui
déterminez quels produits vont être vendus dans les
épiceries, quels produits vont être vendus à la SAQ.
M. Biron: Ce n'est pas vrai.
M. Ciaccia: Ne me dites pas que la SAQ est une entreprise
privée. Voyons! Vous faites imposer par le ministre un certain profit.
Seulement ce point-là vous met à part de l'entreprise
privée. N'essayez pas d'avoir deux poids, deux mesures en disant: II ne
faut pas que les entreprises privées nous demandent certaines choses. La
raison pour laquelle elles vous demandent ces choses-là, c'est parce
qu'il y a des règlements, des conditions que la SAQ impose, qui les
obligent à vous demander cela. Il y a deux poids, deux mesures. Si
c'était l'entreprise privée libre, je serais d'accord avec vous.
Écoutez, on n'est pas ici pour encourager des monopoles et encourager
des situations artificielles. D'un côté, vous l'avez, la situation
artificielle et à eux, vous dites: Non, non, comportez-vous...
M. Biron: M. le député de Mont-Royal, lorsque vous
dites qu'on va obliger l'épicier à garder tel ou tel produit,
à faire telle ou telle étagère, j'ai dit, avant le souper,
à votre collègue, que ce n'est pas vrai...
M. Ciaccia: Je n'ai pas dit cela. Je n'ai pas dit cela.
M. Biron: Tout ce que nous faisons maintenant...
M. Ciaccia: Je n'ai pas dit cela.
M. Biron: ...c'est que nous disons: À l'heure actuelle,
l'épicier est obligé de prendre deux marques sur trois de chacun
des producteurs. Ce qu'on enlève par la loi, c'est l'obligation de
prendre deux marques sur trois. Vous avez le choix.
M. Ciaccia: Je vais vous arrêter tout de suite. Est-ce que
l'épicier a le droit de vendre ce qu'il veut?
M. Biron: Oui.
M. Ciaccia: Non, vous le limitez. Il y a certains produits qu'il
n'a pas le droit de vendre.
M. Biron: Non. L'épicier...
M. Ciaccia: Je vais vous donner un exemple.
M. Biron: Voulez-vous, on va terminer cela? L'épicier a le
choix parmi cinq marques de produits québécois fabriqués
ou embouteillés par chacun des producteurs, pour la première
année...
M. Fortier: Est-ce qu'il y a moyen d'ajouter notre mot?
M. Ciaccia: Ce n'est pas l'entreprise libre. Vous le limitez.
M. Biron: Laissez-moi terminer. Pour la première
année, il a le choix entre cinq marques de chacun des producteurs. Donc,
55 plus 15 de la SAQ, soit un choix de 70 marques. Pour la deuxième
année, M. le député de Mont-Royal, l'épicier a le
choix
entre 10 marques de chacun des producteurs, donc 110 plus 15 de la SAQ,
pour un total de 125 marques. La troisième année, il a le choix
parmi toute la gamme de produits fabriqués par les embouteilleurs ou les
fabricants québécois. C'est complètement libre, sauf que
les deux premières années, pour protéger les plus petits
de nos fabricants et de nos embouteilleurs, on n'a pas le droit d'ouvrir
complètement. Il faut leur donner le temps de s'ajuster en fonction de
la nouvelle loi. Je pense qu'on a été tout simplement raisonnable
sur ce point en donnant deux ans aux fabricants québécois pour
s'ajuster en conséquence. Au bout de deux ans, l'épicier est
totalement libre de choisir n'importe quel vin embouteillé ou
fabriqué au Québec.
M. Ciaccia: Est-ce que l'épicier va avoir le droit de
vendre les vins qui sont embouteillés au Québec, mais qui
proviennent de l'extérieur du Québec, qui sont identifiés
par une aire géographique.
M. Biron: Non.
M. Ciaccia: Ce n'est pas l'entreprise privée.
M. Biron: L'épicier va avoir...
M. Ciaccia: Vous avez le droit de les vendre, par exemple...
M. Biron: L'épicier va avoir le droit... Écoutez un
petit peu, M. le député de Mont-Royal. Cela est notre
responsabilité économique et je ne suis pas
intéressé à perdre des emplois au Québec et
à les exporter en France, en Italie, en Espagne, au Portugal ou
n'importe où à travers le monde...
M. Ciaccia: Vous les vendez. La SAQ les vend.
M. Biron: Mais les emplois...
M. Ciaccia: La SAQ les vend ces produits-là.
M. Biron: M. le député de Mont-Royal, les emplois
que nous visons, nous voulons les assurer au Québec. Nous voulons en
faire davantage. C'est dans ce sens-là que l'épicier sera libre
de choisir des vins de marque québécoise, embouteillés au
Québec par des fabricants québécois.
M. Ciaccia: Avec ce raisonnement, la SAQ ne devrait pas vendre de
ces vins non plus. Si vous voulez encourager l'entreprise
québécoise, pourquoi faire deux poids deux mesures en disant aux
épiciers qu'ils ne peuvent pas vendre ces vins quand la SAQ pourra les
vendre? Ce n'est pas la raison. C'est parce que vous voulez - soyons
honnêtes et réalistes - protéger toutes les SAQ qui vendent
ces produits parce que si vous donniez le droit aux épiciers de vendre
les mêmes produits, il se pourrait que les ventes de la SAQ baissent.
C'est cela l'entreprise libre.
M. Biron: M. le député de Mont-Royal, est-ce que je
peux vous dire qu'il y a 350, exactement 360 magasins de la SAQ? Il y a tout
près de 10 000 points de vente d'épiciers au Québec. Ce
n'est pas du tout la même chose. Le magasin de la SAQ, c'est un certain
service qu'on donne dans un grand arrondissement à la population
québécoise de pouvoir s'approvisionner en spiritueux, d'abord,
parce qu'ils ne sont pas vendus ailleurs, en vin importé d'une certaine
qualité et en vin de table comme il y en a partout, chez tous les
épiciers. Les gens ne vont pas exprès à la SAQ pour du vin
de table, ils vont à la SAQ pour autre chose. Le gouvernement, en tant
que responsable d'une société d'État, doit donner un
certain service à la population, et pour cela il utilise ses 360
magasins de la SAQ. Quant au grand marché de tout le monde, c'est la
liberté complète dans deux ans pour l'épicier d'acheter du
vin produit au Québec. Encore là, ma responsabilité
économique est d'assurer des emplois et d'assurer une certaine marge de
manoeuvre financière aux entreprises québécoises.
M. Ciaccia: Vous essayez de justifier quelque chose par de
mauvaises raisons. Les épiciers vendent 25% des vins...
M. Fortier: Ce sont les dépanneurs. M. Biron:
35%. M. Ciaccia: 35%.
M. Biron: On prévoit qu'en améliorant la
qualité des vins, cela pourra augmenter un peu. Je vous rappelle, M. le
député de Mont-Royal, que le gouvernement du Parti
québécois a été le seul gouvernement et le premier
dans le fond à donner la permission de vendre du vin dans 10 000 points
de vente au Québec. Avant, les gouvernements libéraux, ceux de
l'Union Nationale ou des conservateurs - sans les blâmer - n'ont jamais
voulu vendre le vin et les spiritueux en dehors des magasins de la
Société des alcools du Québec.
M. Ciaccia: Oui, c'est M. Rodrigue...
M. Biron: L'étape de la libéralisation de la vente
des boissons alcooliques au détail a été franchie, et
grandement, par le gouvernement actuel. Vous devriez le
reconnaître.
M. Ciaccia: Oui, c'est Rodrigue Tremblay qui a introduit ce
projet de loi. Je m'en souviens.
M. Fortier: Comme le disait mon collègue, Reed Scowen,
toute libéralisation est bienvenue.
M. Ciaccia: La seule chose qui ne va pas, c'est quand vous
essayez de justifier le fait que ce sont les règles de l'entreprise
privée qui s'appliquent. On n'en discutera pas durant toute la
soirée mais vous savez comme moi que ce ne sont pas les règles de
l'entreprise privée. Vous avez des raisons spécifiques. Vous
mettez des restrictions aux épiciers que vous n'avez pas
vous-même.
M. Biron: Pas sur les vins de table de marque
québécoise.
M. Ciaccia: Mais sur les autres vins.
M. Biron: Ah! Parfait! Parce qu'on ne veut pas laisser vendre des
spiritueux partout, parce que votre collègue d'Outremont va se
fatiguer...
M. Ciaccia: Les vins, même les vins. Non, non, pas les
spiritueux, les vins. Les vins qui sont embouteillés au Québec.
C'est une recommandation qui vous a été faite par...
M. Biron: ...les agents de promotion. Votre collègue en a
parlé avant le souper, M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: La fédération du Québec des
représentants de vins et spiritueux. Ils vous ont fait la recommandation
de pouvoir vendre dans les épiceries tous les vins qui sont
embouteillés au Québec. (21 h 45)
M. Biron: Ils ont le droit de le faire.
M. Ciaccia: Sauf pour ceux qui sont...
M. Biron: Sauf qu'ils doivent avoir des marques
québécoises. Le profit de marque est important là-dedans.
Si on veut conquérir des marchés à l'extérieur du
Québec il faut protéger nos producteurs.
M. Ciaccia: Je veux juste revenir sur un point et après
j'attaquerai un autre problème que nous voyons. J'avais mentionné
qu'il y avait quatre missions et il y en a effectivement quatre. Il y a les
missions commerciale, fiscale, économique et sociale. Je comprends que
le ministre essaie pour la solidarité ministérielle de justifier
ce que le ministre des Finances fait. Quand vous nous dites que cela fait
partie de l'aspect social, de vous imposer des profits, parce que cela
réduit la consommation, je pourrais peut-être vous croire si la
consommation au moins était au même niveau que l'accroissement de
la population. Vous voyez que la population augmente et que la demande baisse;
mais encore pis que cela, les profits de la Société des alcools
du Québec augmentent d'une façon spectaculaire. La seule raison
c'est que vous imposez une taxe déguisée -pas vous mais le
ministre des Finances - qui va chercher 500 000 000 $ au Québec dans la
poche des consommateurs. Pour l'année 1975, 494 000 000 $...
M. Biron: 275 000 000 $.
M. Ciaccia: 275 000 000 $ seulement en dividendes, à part
toutes les autres taxes. Je n'achète pas l'argument que cela fait partie
de l'aspect social. Je ne pense pas que le ministre des Finances soit vraiment
intéressé à l'aspect social. Il y a des déficits et
il faut qu'il les comble.
Maintenant, je voudrais revenir à une autre question.
M. Biron: Sur ce point-là, M. le député de
Mont-Royal, juste pour votre information... Vous dites que cela a
augmenté rapidement. Vous avez cité tout à l'heure un
article de M. Pinard, de la Presse, qui parle de 1979-1980. Il faudrait
peut-être noter qu'en 1979-1980 il y a eu une grève à la
SAQ et que les magasins ont été fermés passablement
longtemps. C'est ce qui a fait baisser la marge fiscale remise au gouvernement.
En 1978-1979, ce n'est pas 160 000 000 $, mais 215 000 000 $. Si vous partez de
1978-1979, à 215 000 000 $, et que vous y mettez l'indexation pour
l'inflation vous arriverez, en 1982-1983, à 315 000 000 $ que la SAQ
aurait dû donner au gouvernement alors qu'elle n'a donné que 275
000 000 $. On doit dire que de ce côté-là le ministre des
Finances a pris moins que l'inflation comme marge bénéficiaire
fiscale de la SAQ.
Prenez donc la page 10 en bas. Vous avez, en 1978-1979, 215 000 000 $ de
dividendes; en 1979-1980 vous en avez 160 000 000 $ à cause de la
grève et, en 1980-1981, vous avez 203 000 000 $ - ce sont les
résultats de la grève qui se continuaient - pour revenir, en
1981-1982, à 225 000 000 $ et 275 000 000 $.
M. Ciaccia: Cela ne change pas le raisonnement.
M. Biron: Oui.
M. Ciaccia: Je n'ai même pas cité les 160 000 000
$.
M. Biron: Vous avez cité, en lisant tout
à l'heure l'article de M. Pinard, 16D 000 000 $.
M. Ciaccia: Mais cela ne change pas le raisonnement que cela a
augmenté de 215 000 000 $ à 275 000 000 $.
M. Biron: C'est moins que...
M. Ciaccia: II y a eu une augmentation sur le volume des ventes
mais une baisse sur la vente des produits.
M. Biron: Ce que je vous dis, M. le député de
Mont-Royal...
M. Ciaccia: Cela ne change pas le raisonnement.
M. Biron: Oui, cela change parce que de 215 000 000 $ à
275 000 000 $, en cinq ans, c'est moins que l'inflation. Lorsque vous dites que
le ministre des Finances s'est enrichi aux dépens du monde, c'est moins
que l'inflation. L'inflation était plus que cela. Si vous comptez
seulement 10% d'inflation par année, vous arrivez autour de 315 000 000
$.
M. Ciaccia: Je pourrais accepter votre raisonnement si le volume
était resté le même, mais il a baissé. Ne me parlez
pas d'inflation avec le volume qui baisse. Prenez en considération la
baisse de volume. Voyons! Si vous vendez moins de produits et que vous avez
plus de profits, ne dites pas que 215 000 000 $ à 275 000 000 $ c'est
seulement l'inflation. Votre raisonnement serait exact si le volume avait
été maintenu. Quand le volume baisse c'est plus que
l'inflation.
M. Biron: M. le député de Mont-Royal, voulez-vous
prendre à la page 9, la cinquième ligne en haut de la page,
où vous avez les ventes totales en millions de litres. Alors, 90 400 000
litres en 1978-1979 et 90 100 000 en 1982-1983, c'est exactement la même
chose ou presque. Pendant ce temps-là, la marge fiscale a
augmenté de 215 000 000 $ à 275 000 000 $, donc moins que
l'inflation. Vous allez bien reconnaître que le gouvernement du
Québec a pris moins que l'inflation sur le profit fiscal de la SAQ.
Là-dessus, vous devriez faire une motion de félicitations
à l'endroit de mon collègue, le ministre des Finances.
M. Ciaccia: Non, parce que vous avez augmenté de 577 000
000 $ à 787 000 000 $, dans les ventes nettes.
M. Biron: En dollars. M. Ciaccia: En dollars.
M. Biron: Mais regardez la quantité.
M. Ciaccia: Et la quantité est restée la
même.
M. Biron: Exact.
M. Ciaccia: Alors, ne me parlez pas d'inflation. Vous pourriez
parler d'inflation si les quantités avaient augmenté.
M. Biron: Vous venez de dire le contraire, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Bien oui, mais elles ont même
diminué.
M. Biron: Je pense que vous devriez peut-être changer
d'article.
M. Ciaccia: Elles ont même diminué de 90 400 000
à 90 100 000. Elles ont diminué. Le volume a diminué. Il
n'est pas resté le même.
M. Biron: M. le député de Mont-Royal, je pense que
la commission parlementaire de l'énergie et des ressources vous a
affecté un peu. Vous étiez plus brillant que cela la
dernière fois que je vous ai vu en commission parlementaire.
M. Ciaccia: Non, non. Regardez l'évolution des ventes
à la page 11.
M. Tremblay: L'inflation fait augmenter le volume.
M. Ciaccia: Regardez l'évolution des ventes totales en
millions de dollars...
M. Tremblay: C'est fort:
M. Ciaccia: ... de 1978-1979 à 1982-1983.
Une voix: C'est l'inflation.
M. Ciaccia: Regardez le volume qui a diminué. Le volume
n'a même pas été maintenu, il a diminué.
M. Biron: M. le député, regardez donc les chiffres
de la SAQ. Les chiffres sont de 90 400 000 en 1978-1979 et de 90 100 000 en
1982-1983, en volume. Le volume est exactement le même. Les sommes
payées au gouvernement sont moins que l'inflation. Donc, la performance
fiscale s'est améliorée de la part du ministre des Finances. Il a
été beaucoup moins gourmand que vous le prétendez et que
l'inflation.
M. Ciaccia: Est-ce exact?
M. Biron: Bien sûr que c'est exact. On
devrait peut-être donner un cours à votre recherchiste.
M. Tremblay: C'est parce qu'il est pris dans des problèmes
d'inflation du volume.
M. Biron: Ce qui est arrivé, M. le député de
Mont-Royal, c'est que la vente totale des spiritueux - vous avez raison - a
diminué de 34 000 000 $ à 27 900 000 $, tandis que les vins, en
vente totale, ont augmenté de 54 000 000 $ à 60 000 000 $. Les
ventes de spiritueux ayant diminué, il est sûr que cela change
pour beaucoup dans les chiffres de vente, mais les chiffres de vente sur le vin
ont augmenté.
M. Fortier: À ce sujet-là, seulement pour expliquer
la différence que cherche mon collègue de Mont-Royal, lorsqu'on
parle des ventes, lorsque les journaux font état des pertes de vin dues
à une mauvaise manutention, etc., est-ce que ceci se retrouve dans les
ventes ou si cela se retrouve dans les dollars? J'imagine que les dollars
paient pour les volumes de vin qui ont été gâtés par
une mauvaise conservation.
M. Biron: Cela entre dans le coût des ventes.
C'est-à-dire que ce n'est pas dans les dollars de vente, c'est dans les
coûts d'exploitation.
M. Fortier: Est-ce que les chiffres qui sont là
représentent les ventes réelles ou si...
M. Biron: Les ventes réelles faites dans les magasins et
dans les épiceries.
M. Fortier: Les pertes entrent dans les coûts
d'exploitation.
M. Biron: Les coûts des ventes.
M. Ciaccia: Est-ce qu'on peut revenir un instant sur les chiffres
de 1978 à 1982, que vous citiez? Vous dites que le taux d'inflation...
Si vous regardez les chiffres par rapport à l'année
1974-1975...
M. Biron: Ah! Je n'ai pas ces chiffres-là.
M. Ciaccia: ...il y a une augmentation de 95,8%. C'est plus que
l'inflation. Mais c'est le principe auquel je m'attaque. Le principe qu'un
ministre des Finances puisse vous dire que, cette année, c'est X dollars
que vous devrez lui donner.
M. Fortier: Indépendamment du marché.
M. Ciaccia: Indépendamment de ce que le marché
sera. C'est sur ce principe. Je n'ai pas mis en doute les pourcentages
d'augmentation à savoir si c'est l'inflation, quoique, de 1974 à
nos jours, c'est plus que l'inflation.
M. Fortier: Ils devraient nous féliciter pour...
M. Ciaccia: Même, vous devriez nous féliciter de
porter cela à votre attention et de vous donner des arguments à
transmettre à votre ministre des Finances. Il s'en vient un peu
gourmand, votre ministre des Finances. En 1982-1983, il va vouloir 335 000 000
$.
M. Biron: Mais je vous dis que sa performance...
M. Ciaccia: Si le volume continue de diminuer et qu'il veut 335
000 000 $ et 275 000 000 $, que va-t-il arriver à votre industrie? Soyez
donc réaliste.
M. Biron: Je peux vous dire...
M. Ciaccia: L'inflation a maintenant diminué. Vous voulez
parler d'inflation, je vais en parler. Vous augmentez pour une année de
275 000 000 $ à 335 000 000 $. Or, le taux d'inflation vient de baisser,
il est beaucoup moindre à 10%, peut-être 7% ou 8%. Qu'est-ce qui
va arriver au taux d'inflation quant au montant exigé par le ministre
avec la baisse de volume de 8%?
M. Biron: M. le député de Mont-Royal, vous devriez
au moins noter la performance extraordinaire de 1978-1979 à 1982-1983.
Pour 1983-1984, si vous voulez, on le regardera ensemble un peu plus tard. Pour
le moment, essayons de faire la marge fiscale nécessaire au gouvernement
du Québec.
M. Ciaccia: Ce n'est pas cela, la question. La question, c'est le
principe. Pouvez-vous me donner l'exemple d'une autre société
d'État dont le ministre exige tel profit? Pouvez-vous m'en citer
une?
M. Biron: Voulez-vous vous enquérir auprès de
toutes les autres provinces canadiennes? C'est exactement la même
chose.
M. Ciaccia: Non, non, laissez faire les autres provinces. Quand
ça fait votre affaire, vous y référez.
M. Fortier: C'est un statut particulier.
M. Biron: M. le député de Mont-Royal, on n'exige
pas un profit de la SAQ, on exige de la SAQ qu'elle perçoive, en tant
que percepteur d'une certaine marge fiscale pour le gouvernement, une marge
fiscale décidée par le gouvernement, comme n'importe quelle
autre société d'État des autres provinces
canadiennes qui s'occupent aussi, en même temps, de vente et de
distribution ou d'embouteillage de boissons alcooliques. C'est exactement la
même chose.
M. Ciaccia: Je m'étonne de ce principe. Je me demande si
les autres provinces canadiennes exigent un montant fixe de profit. De 1976
à 1977 - vous parlez de 1979 et de 1980 - vous avez eu une augmentation
de 103 000 000 $. Si vous regardez 1983-1984, avec vos 335 000 000 $, c'est le
double de dividendes avec une baisse de volume. Au moins, n'essayez pas de le
justifier. Dites plutôt que vous allez faire des représentations
auprès du ministre des Finances pour qu'il soit plus raisonnable et
qu'il n'exige pas des montants si énormes.
Quand vous dites que vous ne pouvez pas fixer des taxes, je ne suis pas
d'accord avec vous. Si on a le temps, plus tard, on discutera de la question de
la majoration fiscale et de la majoration commerciale. Vous pourriez fixer un
montant et on saura quelle est votre augmentation commerciale et votre
augmentation fiscale. Comme cela, on saura le montant des taxes et le montant
de profit commercial. Mais vous ne le faites même pas.
M. Biron: Le profit commercial, c'est quelques millions de
dollars, pas plus que cela, alors que le profit fiscal est là, il est
demandé par le ministre des Finances chaque année.
M. Ciaccia: C'est une taxe déguisée.
M. Biron: II ne faut pas se dire que c'est un surprofit que la
Société des alcools fait; elle perçoit des taxes selon un
niveau décrété par le ministre des Finances.
M. Ciaccia: J'ai parlé tantôt de conflit
d'intérêts. J'en vois un entre la mission fiscale et toutes les
autres missions. Il y a priorité. Est-ce que vous ne voyez pas - ce
n'est pas quelque chose de personnel, c'est quelque chose d'institutionnel, je
ne parle pas de vous personnellement - un conflit d'intérêts entre
un ministre...
M. Fortier: Le pouvoir discrétionnaire.
M. Ciaccia: ...qui a un pouvoir discrétionnaire, comme
cette loi vous en donne un - vous allez avoir un pouvoir discrétionnaire
dans la réglementation - et le rôle du même ministre dans
une campagne de financement? Remarquez bien que cela n'a rien à voir
avec vous personnellement. Ce serait un autre ministre que je lui poserais la
même question. C'est le rôle du ministre qui a le pouvoir
discrétionnaire d'après la loi et c'est le même ministre
qui est chargé de faire une campagne de financement pour le parti
politique qu'il représente.
M. Biron: II n'y a pas de pouvoir discrétionnaire
accordé au ministre dans cette loi. Vous n'avez peut-être pas eu
le temps de lire la loi.
M. Ciaccia: J'ai eu le temps de la lire.
M. Biron: II n'y a pas de pouvoir discrétionnaire dans
cette loi, il y a un pouvoir pour le ministre responsable de donner des
directives ou de faire adopter des règlements par le Conseil des
ministres. Mais le ministre lui-même n'a aucun pouvoir
discrétionnaire. (22 heures)
M. Ciaccia: Ce ministre a des décisions à
prendre.
M. Biron: Les décisions que le ministre a à prendre
ne s'adressent pas directement à l'une ou à l'autre entreprise.
La décision de principe, c'était d'abord de décider si on
ajoutait d'autres permis d'embouteillage ou de producteur. On a
décidé que l'on n'en ajoute pas d'autres et il y a assez de
capacité de production. Cela aurait pu décider d'ajouter un ou
deux permis et là vous auriez peut-être pu dire: II y a eu une
discrétion dans ce sens. On a pris une situation de facto, nous allons
conserver cette situation. Après cela, c'est de donner des directives
à la SAQ, mais ce ne sont pas des directives qui disent à la SAQ:
Tu vas acheter de tel agent ou de tel fournisseur. La SAQ est totalement libre
d'administrer de la meilleure façon possible les achats et les ventes,
particulièrement les achats de la société. Il n'y a aucun
pouvoir discrétionnaire du ministre de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme dans cette loi.
M. Ciaccia: Dans la réglementation, il y a une certaine
discrétion. On en a signalé une, la question de la marge de
profit. C'est toujours comme une épée de Damoclès que vous
pourriez tenir sur certains agents dans cette industrie. L'article 35
lui-même de la loi dit: Les permis peuvent être suspendus ou
révoqués pour cause par le ministre de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme... C'est vrai, on dit: pour cause. Mais dans la
réalité des choses, vous pourriez essayer de faire une
défense qu'il n'y a pas de pouvoir discrétionnaire...
M. Biron: M. le député de Mont-Royal, vous devriez,
par exemple, lire tout de suite après l'article 36 qui donne un droit
d'appel justement pour se protéger contre un pouvoir
discrétionnaire qui aurait pu faire en sorte d'enlever, sans raison, un
permis industriel dans ce domaine. Il y a un droit d'appel dans
l'autre article qui suit. La décision du juge de la Cour
provinciale est sans appel. Il faudrait lire 35 avec 36.
M. Ciaccia: Une fois que la décision est prise, le pouvoir
d'appel, vous savez ce que j'en pense.
M. Biron: M. le député de Mont-Royal, un permis
peut être suspendu ou révoqué pour cause par le ministre de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, au moyen d'un avis écrit
indiquant les motifs de la suspension ou de la révocation. À part
cela, vous avez les deux motifs qui suivent dans le cas d'un permis industriel,
le ministre peut suspendre ou révoquer un permis, premièrement et
deuxièmement, et avec un droit d'appel. Les gens sont
véritablement protégés.
M. Ciaccia: Même dans la réglementation à
l'article 37, c'est vrai que c'est le gouvernement, mais le gouvernement va
agir selon vos recommandations. Il y a toute une série de situations
où vous pouvez faire des réglementations pour toutes sortes de
choses. Je sais que vous allez dire non, vous allez vous défendre. Vous
n'admettrez pas la position que je prends, évidemment. Je vous signale
que, d'après moi, vous êtes dans une situation très
difficile, ouverte à toutes les critiques possibles, à des
situations possibles de conflits d'intérêts, à des
pressions qui pourraient être indues. Parce que quand on lit: le
gouvernement peut, même dans l'ancienne loi, c'était le
gouvernement peut. Mais le gouvernement agit par l'entremise du ministre. Je
pense que, par prudence, j'aurais cru qu'un ministre responsable de la SAQ...
parce que non seulement il faut donner l'impression qu'un gouvernement est
juste et honnête, mais il faut agir aussi en conséquence, c'est
comme la femme de César. Je pense que vous vous êtes placé
dans une situation où existent des conflits possibles.
M. Biron: M. le député, si vous regardez le
règlement de l'ancienne loi ou de la loi actuelle, il y a très
peu de changements avec l'article 37 actuel, sauf pour être de
concordance avec le fond de la nouvelle loi. Quant au reste, vous avez à
peu près les mêmes modalités de règlement.
M. Ciaccia: Oui, sauf que cela vous donne une
discrétion.
M. Biron: Étant donné que nos gens vont pouvoir
acheter du vin en grande quantité, il faut déterminer les
conditions d'achat et non pas les conditions de fabrication, comme cela
était autrefois. On laisse aussi la fabrication, mais on ajoute l'achat.
Les gens vont embouteiller, il faut déterminer les conditions
d'embouteillage. En fait, ce n'est que pour être de concordance avec le
fond des autres articles de la loi.
M. Ciaccia: L'article 37 paragraphe 10: "Prévoir toute
autre mesure utile à l'application de la présente loi". Cela vous
donne une marge de manoeuvre assez complète et assez grande.
M. Biron: Par exemple, si on est appelé à faire des
changements en vertu de la loi fédérale, il faut prévoir
cela, cela nous prend un article pour pouvoir faire certains changements en
vertu d'un changement qui sera fait à la loi fédérale.
Avec cela, on peut intervenir rapidement.
M. Ciaccia: Je ne critique pas l'article, je ne critique pas les
pouvoirs qu'un gouvernement doit avoir dans ce domaine. Ce que je
soulève, c'est qu'il peut y avoir un conflit d'intérêts -
la nature humaine, c'est la nature humaine - entre les pouvoirs que vous avez
et le rôle que vous avez comme responsable de la campagne de financement
pour votre parti.
M. Biron: Est-ce que je peux vous dire que la campagne de
financement du Parti québécois va très bien?
M. Ciaccia: Je n'ai aucun doute.
M. Biron: Les résultats seront annoncés en fin de
semaine prochaine. Lorsqu'on accepte une telle responsabilité, lorsqu'on
a fait cela pendant une campagne de financement, on n'en fait pas deux ou
trois, je peux vous l'assurer.
M. Ciaccia: Avez-vous les chiffres des gens qui sont du domaine
de l'industrie?
M. Biron: Je n'ai pas de chiffres. Tout dépend de ce que
nos comtés ont pu faire. Les comtés eux-mêmes ont vu
beaucoup de gens parmi les sympathisants, des militants. Cela a
été même surprenant comme résultat qu'on a pu avoir
en cours de route.
M. Fortier: À la SDI, on fournit de bonnes listes.
M. Ciaccia: Sans parler des autres, en tout cas. Cela ne vous
fait rien si je suis un peu sceptique. On va commencer l'étude article
par article.
Le Président (M. Champagne): On s'était entendu
dès de départ, à ce qu'on m'a dit, pour finir à
minuit. Alors, on va appeler les articles un par un.
M. Fortier: M. le Président, juste une question au
préalable. Notre porte-parole
indique qu'on va commencer. Voici une question que j'avais posée
en deuxième lecture. Je n'ai pas compris pourquoi le gouvernement qui
veut absolument mêler l'Opposition et la population nous présente
le projet de loi 26 qui modifie certaines lois. Un projet de loi...
M. Tremblay: Mêler l'Opposition, c'est facile.
M. Fortier: ...c'est le projet de loi 29 et c'est le projet de
loi 26. Pourriez-vous nous expliquer pouquoi vous n'avez pas mis cela ensemble?
Il aurait été plus facile pour nous de suivre les modifications
que vous faites au même projet de loi. Il y a deux ou trois projets de
loi qui sont modifiés... Il y a deux ou trois lois qui sont
modifiées par deux projets de loi tout à fait différents.
J'imagine que lorsque nous serons rendus là, il faudra poser des
questions sur l'autre projet de loi qui viendra plus tard proposé par le
ministre de la Justice?
M. Biron: Sur deux choses vraiment très
différentes, on a voulu respecter l'Opposition, c'est-à-dire
apporter ici en cette commission parlementaire de l'industrie, du commerce et
du tourisme les modifications à l'autre loi qui sont de concordance avec
des décisions prises en fonction de la loi 29. Mon collègue de la
Justice avec des changements, par une autre loi, veut aussi apporter des
modifications de concordance avec sa loi. Je crois que c'est pour la bonne
compréhension des parlementaires. Autrement, les deux seraient
arrivées en même temps et on aurait dit: Pourquoi fait-on des
modifications à cette loi? On ne sait pas trop pourquoi? Il aurait fallu
expliquer qu'à une autre commission parlementaire, on a discuté
d'autre chose. On a pensé qu'on allait être logique sur le fond
d'un sujet d'un bout à l'autre et l'autre commission parlementaire sera
logique sur le fond du sujet d'un bout à l'autre.
M. Fortier: Est-ce que le ministre peut me donner l'assurance sur
les 25 projets de loi qui ont été déposés le mardi,
31 mai, qu'il n'y a pas d'autres projets de loi qui touchent les lois
existantes? Ce sont les deux seuls projets de loi qui vont modifier les lois
qui sont discutées ici ce soir.
M. Biron: Je suis au courant de mes lois, mais on me dit qu'on
peut vous donner cette assurance qu'il n'y a rien d'autre de
modifié.
M. Fortier: Moi qui pensais que c'était mieux
coordonné. En tout casl
Étude article par article
Le Président (M. Champagne): J'appelle l'article 1. Y
a-t-il des questions ou des commentaires?
M. Biron: C'est un article de concordance et pour fins de
précision par rapport à ce qui va se passer un peu plus loin.
M. Ciaccia: Adopté.
M. Biron: En particulier, vous allez retrouver plusieurs articles
pour enlever les mots "cidre fort" parce que ce sont les mêmes
producteurs de cidre et de cidre fort. Au lieu de donner deux permis, on a
décidé de n'en donner qu'un.
Le Président (M. Champagne): Alors, l'article 1 est
adopté. J'appelle l'article 2.
M. Fortier: Ce sont les changements au conseil d'administration.
Est-ce que le ministre peut nous dire si c'est parce qu'il n'est pas satisfait
du présent conseil d'administration? Quelles sont les raisons politiques
pour lesquelles vous faites le changement?
M. Biron: Non. C'est tout simplement parce que la
Société des alcools prenant de l'importance et voulant aussi
essayer d'avoir des représentants à la fois du côté
vente au détail, donc consommateurs et du côté producteurs,
embouteillage, on a pensé devoir élargir un peu le conseil
d'administration et limiter le mandat du P.-D.G. qui passe de dix ans à
cinq ans. Autrefois, on avait possiblement jusqu'à dix ans et maintenant
on limite à cinq ans, de même que le mandat des autres membres qui
sera de deux ans au lieu de trois ans.
M. Fortier: Le président du conseil d'administration
est-il à temps plein?
M. Biron: II est à temps plein.
M. Fortier: II est à temps plein également?
M. Biron: Le président? Non. Ici, le nouveau
président du conseil d'administration n'est pas à temps plein.
C'est un poste à temps partiel pour présider les séances
du conseil.
M. Fortier: En plus du conseil d'administration, y a-t-il un
comité exécutif? Je ne le vois pas dans le projet de loi ici. Il
n'y a qu'un conseil d'administration comme tel.
M. Biron: Non, il n'y a pas de comité exécutif,
mais à l'intérieur du conseil d'administration, il y a...
M. Fortier: Des comités.
M. Biron: ...différents comités.
M. Fortier: Des comités comme dans toutes les
compagnies.
M. Biron: Oui.
M. Ciaccia: Y a-t-il une raison pour laquelle vous augmentez le
nombre d'administrateurs? La dernière fois que j'ai vu cela...
M. Biron: À cause des responsabilités...
M. Ciaccia: II n'y a pas un règlement hors cour
prévu?
M. Biron: Non.
M. Ciaccia: II n'y a pas de cause?
M. Biron: Non.
M. Fortier: La dernière fois, c'était à
Hydro-Québec. Vous voyez ce que cela a donné.
M. Biron: C'est ce qu'il y a de plus faible en nombre à
l'heure actuelle comme conseil d'administration. Toutes les
sociétés d'État ont plus que cela aujourd'hui.
M. Fortier: Excusez-moi. Je crois que la Loi sur
Hydro-Québec dit que le président du conseil était
l'intermédiaire privilégié entre la société
et le gouvernement. Ici, je ne le vois pas. Peut-être que j'ai mal lu.
Quel est le rôle du président du conseil? Est-ce que c'est le
président qui est l'intermédiaire avec le ministre? Est-ce que
c'est défini? Je m'excuse, peut-être que j'ai mal lu.
M. Biron: Non. Le président du conseil préside les
séances du conseil.
M. Fortier: Et celui qui est l'intermédiaire normal, qui
est-ce? C'est le président ou le président du conseil?
M. Biron: C'est le P.-D.G. avec certains rapports qui pourraient
venir du président du conseil vis-à-vis des grandes orientations
de la société.
M. Fortier: Alors le rôle du président du conseil
est assez limité.
M. Biron: C'est assez limité. M. Fortier: Vous
croyez que...
M. Biron: La plupart des entreprises privées maintenant,
sauf de très grandes entreprises où le président du
conseil est à temps plein, d'à peu près cette
taille-là, ont un président du conseil à temps très
partiel.
M. Fortier: Oui, mais dans le secteur privé, M. le
ministre, avec toute déférence, vous avez des actionnaires qui
élisent des administrateurs et, normalement d'ailleurs, comme dans les
très grandes boîtes, c'est un ancien président qui va
accéder à un poste de président du conseil. Il est
là pour s'assurer que les différents actionnaires par leurs
membres délégués ont droit à toute
l'équité requise. Mais dans ce cas, il n'y a qu'un seul
actionnaire. Le ministre donne des instructions très précises. Le
président du conseil, s'il n'est pas le porte-parole du gouvernement, ne
fait qu'appeler l'ordre du jour et s'assurer que le décorum est suivi.
Cela semble d'une utilité assez limitée pour assurer la fonction
économique que vous voulez lui assurer.
M. Biron: Sauf qu'il a aussi une fonction, comme on dit, sociale,
fiscale et commerciale. Or, je crois qu'il est utile d'avoir un
président du conseil qui est un peu comme un chien de garde à
l'intérieur de toute la boîte et qui peut faire certains rapports
au ministre responsable.
M. Fortier: Le président est nommé, je crois, par
le gouvernement.
M. Biron: Oui.
M. Fortier: Ce n'est pas le conseil d'administration qui
recommande...
M. Biron: Non, c'est le gouvernement qui nomme le
président.
Le Président (M. Champagne): Y a-t-il d'autres questions
sur l'article 2?
M. Fortier: Adopté. (22 h 15)
Le Président (M. Champagne): Adopté. L'article 2
est adopté. J'appelle l'article 3.
M. Biron: Je pense que c'est une peu comme la plupart des autres
sociétés d'État. On précise les conditions d'emploi
du P.-D.G. établies par contrat. L'article 13 aussi rend plus uniforme
la notion de conflit d'intérêts. Il y a un changement à
"conflit d'intérêts". C'est un peu comme ce que l'on retrouve dans
les autres sociétés d'État, que ce soit le CRIQ,
l'Institut national de productivité, le Palais des congrès,
REXFOR, SOQUEM, SOQUIP.
M. Fortier: Je suis d'accord avec le ministre là-dessus.
Mais dans d'autres sociétés d'État, on m'a indiqué
à plusieurs reprises que, entre autres aux filiales de la
SGF, le président-directeur général avait un
contrat avec une rémunération qui comportait un salaire et une
formule de motivation avec un pourcentage des ventes. Cela peut être
assez intéressant, d'ailleurs, à la SAQ si la personne est
payée d'après le pourcentage des ventes. Est-ce que vous avez un
système de motivation ou s'il s'agit d'un salaire forfaitaire qui
n'inclut aucune forme de motivation, en fonction des résultats ou des
dividendes du ministre des Finances? Peut-être que la
rémunération devrait être supérieure lorsque le
président-directeur général réussit à
satisfaire les exigences du ministre des Finances. Est-ce que le ministre de
l'Industrie et du Commerce est d'accord là-dessus?
M. Biron: Non. Je ne suis pas d'accord, parce qu'on ferait en
sorte que la SAQ entre directement en conflit avec l'entreprise privée
étant donné son monopole de première distribution. Il
serait assez facile d'entrer en concurrence là-dessus. On a voulu
intentionnellement que la SAQ ait un rôle important comme agent de
développement économique. Je crois que ce sera tout simplement
à salaire.
M. Fortier: Je crois que les journaux ont fait état que le
contrat de M. Wermenlinger venait à terme à la fin d'avril. Cela
m'a toujours surpris que, d'après les journaux, il y avait un
ingénieur. On pense qu'un autre ingénieur pourrait aller
là. Je ne sais pas si les ingénieurs ont une formation
particulière pour aller à la SAQ. Je ne suis pas candidat, de
toute façon. Est-ce que vous pouvez nous indiquer, à ce stade-ci,
si le contrat de M. Wermenlinger sera renouvelé ou si vous pensez
à quelqu'un d'autre à la suite du départ de M.
Wermenlinger à la fin d'avril?
M. Biron: Est-ce que votre entrée en matière
à propos des ingénieurs signifie que les ingénieurs sont
meilleurs en administration qu'en politique?
M. Fortier: D'après les résultats financiers, cela
semble peut-être être un rendement assez intéressant. Mais
j'oserais espérer que, en politique, ils aient un rendement encore
supérieur une fois au pouvoir. Mais on n'entrera pas dans ce sujet.
M. Biron: M. le député d'Outremont, le contrat du
président-directeur général actuel se terminait vers la
fin de mai. Je ne me suis pas encore arrêté pour savoir ce qui
arriverait avec les nominations à venir. Je voulais d'abord passer le
projet de loi. Il demeure en poste, comme pour toutes les autres fonctions,
tant et aussi longtemps qu'il n'a pas été renommé ou que
son successeur n'a pas été nommé.
M. Fortier: Comte tenu de la nouvelle orientation de la SAQ,
est-ce que vous avez en tête la possibilité de nommer quelqu'un
qui serait plus à même de s'adapter à la nouvelle
orientation de la SAQ? Est-ce que vous avez élaboré certains
critères pour le choix du candidat qui sera éventuellement
choisi?
M. Biron: On est en train d'élaborer certains
critères, mais je ne m'y suis pas arrêté et je ne veux pas
préjuger de la décision du Conseil des ministres.
M. Fortier: Est-ce que le choix se fait à partir d'une
recommandation du ministre de l'Industrie et du Commerce?
M. Biron: Oui, habituellement, c'est toujours le ministre de
tutelle qui propose.
M. Fortier: Merci.
Le Président (M. Champagne): L'article 3...
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Champagne): ...est adopté.
J'appelle l'article 4.
M. Biron: C'est pour clarifier le cas des agences en
région. En vertu de l'ancien article, nous pouvions nommer des agents.
On pouvait autoriser des personnes à vendre des boissons alcooliques
à titre d'agents de la Société des alcools du
Québec. Or, c'est pour rendre plus claire la fonction d'agent en
région.
M. Ciaccia: Pourquoi avez...
M. Biron: Pour que, finalement, les gens aient le droit d'acheter
au lieu de ne vendre qu'à commission. À l'heure actuelle, les
agents en région, comme Blanc-Sablon, demandent un certain pourcentage
des ventes, point à la ligne, cela finit là. Maintenant, ils
auront le droit d'acheter et de revendre avec la marge de profit qu'ils
voudront, comme n'importe quel autre distributeur.
M. Ciaccia: Là, vous ajoutez dans la nouvelle loi, dans le
projet de loi actuel, dans e) et même dans g) "aux conditions qu'elle
détermine". Cela est un autre pouvoir discrétionnaire, est-ce
qu'il y a une raison spéciale pour cela?
M. Biron: Parce que ce sont des contrats qui sont
négociés entre l'agent distributeur et la
société.
M. Ciaccia: Qu'est-ce qu'ils faisaient avant le nouveau projet de
loi, car ce n'était
pas cela. Je présume qu'ils faisaient affaires quand même,
ils n'avaient pas ce pouvoir discrétionnaire.
M. Biron: C'est ce que je viens de vous dire. Avant cela,
c'était à commission seulement, alors que là, on veut
permettre, comme on permet aux grossistes et aux épiciers dans la
question des épicieries, d'acheter et de revendre avec la marge de
profit qu'ils désirent. On veut maintenant leur permettre d'acheter et
de revendre.
M. Ciaccia: Ce n'est pas ce que vous dites.
M. Biron: Ils vont recourir aux soumissions publiques.
Finalement, c'est beaucoup plus clair maintenant.
M. Ciaccia: C'est moins clair, parce que "aux conditions qu'elle
détermine", cela peut être n'importe quoi, n'importe quelles
conditions. Cela ouvre la porte, encore une fois, à l'ingérence
du gouvernement, l'ingérence politique. Si vous vouliez spécifier
toutes les conditions que vous venez de mentionner, vous auriez pu inclure
toutes ces conditions dans le projet de loi.
M. Biron: D'accord, c'est pour clarifier, parce que d'une
façon ou d'une autre, nous déterminions les conditions avant de
recourir aux appels d'offres. Ce sera la même chose. La
société détermine ses conditions, on le faisait d'une
façon ou d'une autre.
M. Fortier: Vous avez parlé d'appels d'offres, M. le
ministre. Je crois, - je ne sais pas à quel endroit j'ai lu cela - que
vous demandez maintenant des appels d'offres à Blanc-Sablon et à
d'autres endroits éloignés. Est-ce vrai qu'il y avait un, deux,
ou trois mandataires dans une région donnée, et que maintenant
vous iriez en appel d'offres pour en avoir seulement un? On sait l'impact que
cela peut avoir dans une ville donnée, dans une région nordique,
d'être le vendeur de spiritueux, d'alcool et de vin. Cela peut vouloir
dire la faillite de celui qui n'aura pas la chance d'être le distributeur
officiel de la Société des alcools et la fortune de celui qui
pourra négocier et même celui-là pourra négocier
selon des termes très avantageux pour la société.
Quelqu'un pourrait obtenir de devenir agent dans une région nordique et
le simple fait que la clientèle serait accrue, parce qu'il vendrait des
vins spiritueux, il pourrait exiger de n'avoir aucun escompte et cela serait
à l'avantage de la régie. De quelle façon pouvez-vous
concilier cette formule que vous mettez de l'avant avec le fait que ce
changement pourrait avoir des répercussions néfastes sur ceux
qui, dans le moment, sont vos agents d'une autre façon?
M. Biron: C'est-à-dire, qu'on n'a pas, à l'heure
actuelle, des agents qui vendent des spiritueux. Les gens ne vendent que du vin
ou du vin fortifié. Là, maintenant, c'est une certaine
quantité de spiritueux, vraiment une quantité minimale, mais on
ne veut pas, non plus, ouvrir partout et avoir une couple de cents agents. Nous
avons essayé la première année avec 4 agents; cette
année, on va se rendre à 21 au total, c'est possible qu'on
dépasse un peu, mais on voudrait au moins regarder, justement, car nous
aussi on se préoccupe de ce qui va arriver, l'impact de l'environnement
économique des autres épiciers de la même place.
M. Fortier: On veut des exemples de noms des villes où
vous avez déjà procédé, où vous avez
l'intention de procéder et quelle est l'expérience de ceux qui
ont été les candidats chanceux et ceux qui ont été
les candidats malchanceux? Est-ce qu'il y a déjà eu des faillites
et des impacts extrêmement négatifs ou positifs pour ceux qui ont
été choisis?
M. Biron: Jusqu'à maintenant, on a trois
expériences, en particulier à Saint-Michel-du-Squatec et à
Saint-Paul-de-Montmagny, où on suit cela d'assez près. Cela a
augmenté le chiffre d'affaires de l'épicerie en question de 20%;
mais à ce jour, selon les enquêtes maisons qu'on a pu faire, cela
n'a pas dérangé d'autres compétiteurs de la même
place.
M. Fortier: Ils auront perdu dans la vente des vins, j'imagine.
Ils ont perdu le privilège.
M. Biron: Les autres continuent à vendre des vins. Le vin,
c'est différent.
M. Fortier: Ils ne perdent pas le droit qu'ils avaient
auparavant.
M. Biron: Non, ils ne perdent pas le droit, sauf que le gagnant
de la soumission obtient la permission de vendre des spiritueux, ce qui
n'était pas vendu auparavant dans la place.
M. Fortier: Et l'on procède par appel d'offres?
M. Biron: Oui par appel d'offres.
M. Fortier: Quels sont les critères qui prévalent
pour faire le choix et une fois la soumission accordée? Il y a
négociation? C'est ce que vous avez dit?
Autrement dit, l'appel d'offres ne définit pas les conditions
d'exploitation.
M. Biron: L'appel d'offres définit les conditions
d'exploitation et s'adresse à ceux
ou à celles qui détiennent déjà un permis de
vente de bière et de vin. Donc, si vous n'avez pas de permis, vous ne
pouvez pas répondre à l'appel d'offres.
Une première sélection a été faite selon
d'autres normes et le plus bas soumissionnaire obtient le permis pour deux
ans.
M. Fortier: Et à ce moment-là, vous vendez sur
escomptes. Ces escomptes seront donc différents de ceux auxquels mon
collègue de Mont-Royal faisait allusion précédemment. Il
s'agit donc d'escomptes en région.
M. Biron: Exact.
M. Fortier: Et ceci est défini par règlement ou
bien si vous avez déjà procédé parce que vous aviez
déjà le pouvoir de le faire à ce moment-là?
M. Biron: On avait le pouvoir de procéder et de poser nos
conditions sur l'appel d'offres. Les gens ont donc soumissionné à
X% et, finalement, la meilleure soumission a été acceptée
pour un contrat de deux ans.
Quoi qu'il en soit, on peut s'accorder la permission de le faire, on
continuera à élargir un peu cette année, mais avant
d'aller plus loin, nous voulons examiner très sérieusement la
situation pour ne pas nuire à d'autres entreprises ou à d'autres
commerces dans le secteur.
M. Fortier: Quel était l'objectif? Est-ce que, dans le
passé, vous aviez des magasins de la SAQ dans ces régions. Et si
vous n'en n'aviez pas, est-ce qu'il s'agissait d'obtenir des
débouchés mieux étoffés?
M. Biron: II n'y avait pas de magasins ni de roulottes. En un
mot, il n'y avait rien. Le critère est qu'il doit y avoir une distance
de 30 kilomètres d'un magasin de la SAQ.
Par exemple, dans le cas de Saint-Paul-de-Montmagny ou
Saint-Michel-du-Squatec, ces endroits n'étaient pas desservis à
moins de 30 kilomètres par un magasin de la SAQ. C'est le premier
critère de base. On ne veut pas remplacer un magasin de la
Société des alcools du Québec par une agence.
M. Fortier: Vous dites quand même que c'est pour permettre,
dans un premier temps, la vente de boissons alcooliques. Vous allez commencer
tranquillement et l'évolution amènera certainement une tendance
à se répandre dans les magasins généraux qu'on
connaissait en 1920. Je pense qu'on fait présentement le tour de la
boucle, 60 ans après la formation de la Commission des liqueurs, on
revient à l'état de faits qui existait dans le bon vieux temps.
Il est certain que ces magasins prendront plus d'expansion et que la gamme des
produits ira en s'accroissant dans 10 ou 15 ans. J'imagine que c'est
l'évolution que vous prévoyez et que, de fait, ceux qui
obtiennent ces agences pourront déterminer ou développer un
marché assez lucratif sur un nombre d'années.
M. Biron: Ce sont quand même des endroits où la
population n'est pas très forte, c'est-à-dire partout où
la population est le moindrement suffisante pour justifier la présence
d'une succursale de la SAQ, et que cette succursale est déjà
ouverte. Ce sont des populations très faibles où il ne serait
jamais rentable d'avoir un magasin de la SAQ, donc un minimum de 350 000 $ de
ventes peut justifier l'implantation d'une mini-succursale que nous appelons
une roulotte. Cela signifie que ces magasins atteindront un chiffre d'affaires
beaucoup inférieur parce qu'il s'agit de municipalités à
faible population. Ce service est accordé à des citoyens qui
habitent trop loin, à notre point de vue, d'un magasin de la
Société des alcools du Québec.
M. Fortier: Votre objectif est-il d'augmenter les ventes ou de
diminuer vos frais d'exploitation en n'ouvrant pas un magasin parce qu'il ne
serait pas rentable?
Je vous fais remarquer que je ne suis pas contre le principe. Je crois
que dans certaines régions des Laurentides que je ne vous mentionnerai
pas, si certains endroits étaient tenus par des gens du secteur
privé, à mon avis, ce serait aussi bien. Ce qui
m'inquiète, je vous l'avoue franchement, ce sont les modalités
et, pour revenir à ce que mon collège de Mont-Royal mentionnait,
dans quelle mesure le ministre peut-il influencer les choix et dans quelle
mesure le ministre peut-il influencer les négociations pour qu'on
revienne, en fait, au système qui existait dans les années 1935,
1940, 1945 ou 1950, alors que le ministre avait un pouvoir
discrétionnaire tellement illimité que la caisse du parti s'en
ressentait d'une manière assez appréciable.
M. Biron: Le ministre ne peut pas intervenir parce que l'on
procède par appel d'offres public. Ce système existe en Ontario,
et jusqu'à présent, ils en ont environ 69 ou 70 qui desservent
certaines régions. C'est beaucoup plus une préoccupation de
service au public québécois, car tout le monde a le droit
d'être servi à une distance raisonnable de son domicile. Et,
lorsqu'on parle de 30 kilomètres, cela faisait des distances assez
longues pour ces gens-là qui voulaient se procurer quelques bouteilles
de spiritueux. Or, c'est beaucoup plus un service à rendre à une
population qui est plus éloignée d'un magasin de la SAQ. (22 h
30)
M. Ciaccia: Est-ce que cela va être un monopole pour celui
qui va avoir le permis?
M. Biron: C'est un petit monopole dans sa région. Mais, on
sait que la possibilité de vente est très limitée.
M. Ciaccia: N'existe-t-il pas le danger que celui qui va obtenir
ce monopole ne vendra pas seulement des vins et des spiritueux?
M. Biron: Non, parce qu'il faut déjà qu'il ait un
permis de vente de bière et de vin. Cela veut dire qu'il faut qu'il ait
déjà une épicerie.
M. Ciaccia: Alors, est-ce qu'il va y avoir un danger que celui
qui va avoir ce monopole puisse soumissionner presque au prix coûtant,
sans profit, parce que cela va lui attirer une clientèle additionnelle
au détriment de ses concurrents dans ce domaine-là?
M. Biron: Cela pourrait être possible théoriquement.
Mais, en pratique, on n'a pas vu cela encore. Dans le fond, il lui faut
aménager un certain espace à l'intérieur de son magasin.
Pendant ce temps-là, cela coûte de l'argent, cela demande un
certain service à la clientèle. Non, je pense qu'en fait, c'est
sûr que c'est intéressant pour la personne qui détient un
commerce et qui obtient ce permis-là: cela lui donne un avantage
marqué sur ses concurrents, mais, tout le monde a la même chance,
parmi ceux qui ont des permis, de participer aux soumissions publiques, dans
une région donnée.
M. Ciaccia: Est-ce qu'on peut avoir les noms des endroits
où vous avez déjà accordé ces permis-là?
M. Biron: On en a trois jusqu'à maintenant avec lesquels
on a une expérience et on en a dix-huit autres qui commencent.
M. Ciaccia: Est-ce que vous pourriez nous donner la liste?
M. Biron: Oui, on peut déposer la liste des endroits.
M. Fortier: Ce qui nous intéresserait, ce serait de savoir
quel escompte vous avez négocié avec ces gens-là.
M. Ciaccia: Je vais vous faire part de ma préoccupation.
Supposons que vous avez deux ou trois épiciers dans un village. Celui
qui va soumissionner, il va le faire au prix coûtant. Il est prêt,
lui, à ne pas faire de profit sur les vins ou la boisson, parce que cela
va attirer la clientèle pour ses autres produits. Vous parliez
auparavant de la loi du marché libre. Là, on tronque un peu cette
loi-là. Cela donne un avantage à celui qui va obtenir ce monopole
au détriment des autres, un monopole purement artificiel. Ce n'est pas
la même chose de dire: On va procéder par soumissions avec un
magasin qui va vendre strictement du vin et des spiritueux. Celui qui va
soumissionner, il va falloir qu'il aille d'après les règles
économiques. Il va falloir qu'il voie un avantage pour lui et qu'il juge
son profit strictement sur les produits qu'il va vendre parmi les vins et les
spiritueux. Mais, une fois que vous mélangez les épiciers, le
danger c'est que l'individu qui veut vendre ses autres produits soumissionne au
prix coûtant et ait un avantage qui n'est pas tout à fait
équitable vis-à-vis de ses concurrents parce que lui, il aura un
monopole sur quelque chose que les autres n'ont pas le droit d'avoir, qui
affecte d'autres secteurs. Si vous donniez un monopole strictement pour les
vins et spiritueux, ce serait compréhensible. Mais, cela va affecter les
autres secteurs de l'industrie. Avez-vous eu des plaintes à ce
sujet?
M. Biron: Non, à venir jusqu'à maintenant, on n'a
pas eu de plainte et dans le fond, on a copié le système qui
existait en Ontario avec quelques années de retard. C'est sûr que
lorsqu'on fait des soumissions publiques, il y en a seulement un qui a le
contrat, que ce soit le contrat d'une construction, ou de la vente
d'équipement, ou de vente d'automobiles ou autre chose. Ce sont des
soumissions publiques. Celui qui fait le meilleur prix a le contrat. Si on
enlevait à certaines personnes la permission de soumissionner, je
comprendrais qu'il y ait une critique. Au départ, tout le monde est sur
le même pied. C'est celui qui fait la meilleure soumission, comme
n'importe quel transporteur... Je ne peux pas soumissionner sur du transport en
camion si je n'ai pas de permis, mais les autres qui ont des permis ont le
droit de soumissionner. C'est celui qui a le meilleur prix qui l'emporte. Les 5
autres ou les 18 autres qui ont soumissionné et qui ont perdu le
contrat, ils l'ont perdu. Ils se reprennent à la prochaine
soumission.
M. Ciaccia: Vous n'avez pas envisagé des soumisssions
strictement pour des magasins qui vont vendre seulement des vins et des
spiritueux.
M. Biron: Cela ne serait pas rentable. Si ce n'est pas rentable
pour un magasin de la Société des alcools du Québec, ce ne
sera pas plus rentable pour un individu qui vendrait peut-être pour 100
000 $ de spiritueux. Il n'y a pas de profit à faire.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
M. Fortier: On parlait du sous-paragraphe c. À quoi
s'applique le sous-paragraphe g?
M. Biron: Le sous-paragraphe g est l'ancien qui est
reformulé pour ne viser que la livraison des boissons alcooliques pour
le compte de la SAQ.
M. Fortier: ...
M. Biron: Lorsqu'on engage des transporteurs privés pour
leur donner le permis au lieu de se servir des camions de la SAQ.
M. Fortier: Et le sous-paragraphe h: "d'autoriser, aux conditions
qu'elle détermine, toute personne à acheter de la
Société, d'une autre personne autorisée en vertu..."
M. Biron: Le changement qu'on apporte est de permettre aux
grossistes d'acheter au lieu de vendre à commission.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Alors, l'article 4 est
adopté. J'appelle l'article 5.
M. Fortier: Si je comprends bien l'article 5, présentement
la limite est de 100 000 $ et tout achat doit passer par le Conseil du
trésor. Cela doit être assez onéreux en termes de temps, de
procédure et d'approbation. J'imagine que des contrats de 100 000 $ vous
en avez pour des millions et des millions par année.
M. Biron: C'est surtout la location d'immeubles, de locaux. Le
montant de 100 000 $ a été mis là en 1971. Cela veut dire
qu'en 1983, 300 000 $...
M. Fortier: Est-ce que toutes les autres formes d'achat, comme
l'achat des vins, doivent passer par le Conseil du trésor ou si on parle
seulement d'immeubles?
M. Biron: Non, l'achat des vins est une exception. Les autres
achats passent par le Conseil du Trésor à l'heure actuelle. Il y
a plusieurs contrats qui, dans le fond, prennent du temps pour rien. Je pense
que le montant de 100 000 $ ayant été fixé en 1971...
M. Fortier: Mais l'article 5 ne touche que l'article 20. "La
Société ne peut, sans l'autorisation du Conseil du trésor,
conclure un contrat relatif à des biens meubles ou immeubles...
M. Biron: C'est cela.
M. Fortier: "...en considération d'une somme
supérieure à 300 000 $."
M. Biron: Achat de biens meubles, de bâtisses ou de
location ou immeubles...
M. Ciaccia: ...et produits en dehors du cours normal de leurs
affaires.
M. Biron: Cela concerne surtout les baux des magasins.
M. Ciaccia: L'article 20...
M. Biron: On enlève le sous-paragraphe c: "contracter un
emprunt qui porte à plus de 500 000 $ le total des sommes
empruntées par elle et non encore remboursées..." D'une
façon ou d'une autre, avant de faire des emprunts importants, il faut
passer par le Conseil du trésor. Ils sont toujours, à cause de
leur marge de crédit, au-dessus de 500 000 $.
M. Fortier: D'autant plus qu'ils doivent payer des dividendes
assez élevés.
M. Ciaccia: L'article 20.1, c'est pourquoi cela? Pourquoi
avez-vous ajouté cet article-là?
M. Biron: Si la société décide - parce que
ce serait possible que la société décide de prendre une
participation dans une entreprise privée du domaine des boissons
alcooliques - un producteur québécois de s'associer en disant: On
va prendre 30%, si on a une offre raisonnable, pour les actions. Avant que la
société ne décide... la société peut
négocier mais il faut qu'elle obtienne la permission du
gouvernement.
M. Ciaccia: Avant ce projet de loi-là, qu'est-ce que la
société devait faire dans un cas semblable?
M. Biron: Elle n'a pas à demander de permission au
gouvernement. Elle peut le faire elle-même à la condition que cela
coûte moins de 100 000 $.
M. Ciaccia: Cela veut dire qu'elle ne peut pas le faire.
M. Biron: Cela veut dire qu'elle ne peut pas le faire sans
demander la permission au gouvernement. En augmentant à 300 000 $,
on...
M. Ciaccia: Non, non. Je ne parle pas de l'article 20. Je parle
de l'article 20.1.
M. Biron: Aujourd'hui, elle a le droit de le faire.
M. Ciaccia: "...acquérir des actions ou des parts d'une
autre entreprise." Est-ce qu'aujourd'hui, la société a le droit
d'acquérir des actions ou des parts d'une
autre entreprise? J'ai l'impression qu'elle n'a pas le droit de le
faire. Je vais vous dire le danger que je...
M. Biron: On me dit ici que des actions sont
considérées comme des biens meubles, donc elle a le droit de le
faire pour moins de 1DQ 000 $; pour plus de 100 000 $, il faut qu'elle obtienne
l'autorisation du Conseil du trésor.
M. Ciaccia: Je vais vous dire le danger que je vois dans 20.1.
Achetez les actions ou les parts d'une autre entreprise pour 100 000 $ ou
même 300 000 $, dans ce domaine, il n'y a pas une grosse entreprise.
Effectivement, en pratique, elle n'a pas ce droit. Elle l'a en théorie
jusqu'à 300 000 $ mais à part cela, elle ne l'a pas.
Dans le vin, vous parlez des biens meubles ou immeubles en
considération d'une somme supérieure à 300 000 $. Vous ne
parlez pas d'acquérir des actions ou des parts d'une autre entreprise.
Selon la loi actuelle existante, la SAQ n'aurait pas le droit, même avec
la permission du Conseil du trésor, de faire cette acquisiton.
M. Biron: Les actions en droit, ce sont des biens meubles, les
actions d'une autre entreprise.
M. Ciaccia: Oui, jusqu'à 300 000 $. Là vous allez
un peu plus loin que cela. Vous donnez une autorisation implicite, vous
élargissez les pouvoirs de la société. Vous dites qu'elle
peut acquérir des actions ou des parts d'une autre entreprise avec
l'autorisation du gouvernement. Est-ce que ce n'est pas une façon
d'élargir le rôle de la SAQ sans être obligé de
revenir à l'Assemblée nationale?
M. Biron: Non, aujourd'hui, si on considère que des
actions d'une autre entreprise sont des biens meubles, la société
pourrait pour une somme inférieure à 100 000 $ et,
supérieure à 100 000 $, elle doit passer par le Conseil du
trésor. Avec la nouvelle loi, la société ne peut pas
même pour 50 000 $. Une entreprise dont on dirait qu'il y a 20% du
capital-actions à vendre pour 50 000 $, la société ne peut
pas, sans l'autorisation du gouvernement. On restreint un peu les droits de la
société.
M. Fortier: Je pense, M. le ministre, que vous avez fait allusion
au fait que, je ne sais pas à quel moment, avec le développement
de la nouvelle politique du gouvernement vous verriez des "joint venture", des
coentreprises entre le secteur privé et la société dans le
domaine de l'embouteillage. Est-ce que ce genre de coentreprise est couvert par
cela ici? Est-ce que c'est cela que vous visez?
M. Biron: Oui, c'est couvert par cela. En fait, ce qu'on voit
beaucoup plus facilement, ce n'est peut-être pas pour le marché
québécois, c'est qu'il pourrait y avoir un consortium entre la
société et un ou deux embouteilleurs privés pour
conquérir un marché donné en Floride, admettons. Pourquoi
la société irait seule? Elle pourrait peut-être former une
filiale ou un consortium avec d'autres et avec l'autorisation du gouvernement
elle pourra le faire, mais sans l'autorisation du gouvernement, elle ne
pourrait pas le faire.
M. Ciaccia: Avec tous les pouvoirs que détient la SAQ,
est-ce qu'il n'y a pas de danger de créer des pressions sur certaines
entreprises pour les acheter? Il doit y avoir une raison pour laquelle vous
avez ajouté 20.1 car ce n'était pas dans l'ancienne loi. Vous
avez amendé 20 de 300 000 $.
M. Biron: Si je ne mettais pas cet article 20.1, la
société pourrait peut-être faire des pressions pour acheter
pour 295 000 $ sans permission du gouvernement, tandis que là elle ne
peut pas.
M. Ciaccia: L'article 20.2, quand on parlait des pouvoirs
discrétionnaires du ministre, n'est-il pas un exemple parfait? "La
société doit se conformer aux directives du ministre de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme concernant les objectifs et
l'orientation de la société, dès que celles-ci sont
approuvées par le gouvernement." (22 h 45)
La question est: Est-ce que c'est pour limiter la Société
des alcools du Québec qu'on donne ces pouvoirs au ministre? Si c'est
évidemment pour la limiter, est-ce que c'est parce qu'il y avait des
abus dans le passé? Quelle est la raison de 20.2?
M. Biron: C'est d'abord le pouvoir de directive qu'on retrouve
dans toutes les sociétés d'Etat maintenant. Exemple, si le
gouvernement décidait de dire à la société: Vous
allez faire de la recherche et du développement pour trouver des
méthodes afin de faire pousser des vignes au Québec, on pourrait,
par une directive, leur dire: Vous allez mettre tel pourcentage de vos
revenus... C'est comme toutes les autres directives des sociétés
d'État. Exactement la même chose.
M. Ciaccia: Cela ne veut pas dire nécessairement...
M. Biron: II faut que ce soit accepté par le gouvernement
et déposé devant l'Assemblée nationale dans les quinze
jours.
M. Ciaccia: Vous savez comme moi que cela n'arrive pas et si
l'Assemblée nationale
ne siège pas, c'est comme ex post facto.
M. Biron: M. le député de Mont-Royal, chaque fois
que j'ai donné une directive, elle a toujours été
déposé devant l'Assemblée nationale.
M. Ciaccia: C'est trop tard à ce moment-là. Une
fois que vous l'avez déposée que voulez-vous qu'on fasse avec? On
va regarder cela et après? M. le Président, l'article 5, sur
division.
Le Président (M. Champagne): L'article 5 est adopté
sur division. J'appelle l'article 6.
Les permis
M. Biron: La section concernant les permis industriels a
été remplacée. Les articles modifiés ont
été regroupés. Vous allez trouver dans cette section un
peu de changements parce qu'on a remplacé toute la section qui demandait
à être remplacée. L'article 6 s'adresse à l'article
24, en particulier. L'article 24 a été modifié pour
regrouper le permis de fabricant de cidre fort et le permis de fabricant de
cidre léger dans un permis unique de fabricant de cidre tel que je vous
le disais tout à l'heure. C'est plus technique et il y a maintenant un
seul permis.
M. Fortier: Vous dites 1, 2, 3, 4 et après cela vous
dites: "Un permis d'entrepôt peut être délivré en
vertu de la présente loi." Pourquoi ne pas avoir dit 1, 2, 3, 4, 5?
M. Biron: Les quatre premiers, c'est le ministre, tandis que le
cinquième permis peut être délégué. Les
premiers, c'est important de les avoir et une fois qu'on détient un des
quatre, on peut facilement demander un permis d'entrepôt.
M. Fortier: Tout à l'heure, on parlait de la limitation
des permis de fabrication de vins du Québec qui sont limités
à onze présentement. Est-ce que les autres permis sont
limités comme les permis des brasseurs. À ma connaissance, c'est
très limité. Est-ce qu'il y a des permis de distillateur? Est-ce
que tous ces permis sont limités à toutes fins utiles?
M. Biron: Les brasseurs et les distillateurs ne sont pas
limités à l'heure actuelle, mais, en pratique, cela coûte
tellement d'argent pour s'installer. Là où cela coûte un
peu meilleur marché, ce sont les fabricants de vin. C'est pour cela
qu'on a voulu limiter parce que les capacités d'embouteillage sont
occupées à 25%, 30%.
M. Fortier: Quand on parle de limitation, c'est une
décision du cabinet ou une décision du ministre?
M. Biron: C'est une recommandation du ministre contenue dans la
décision du cabinet.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Champagne): N'oubliez pas, il y a 25, 26
et 27 aussi. D'accord.
M. Fortier: Appelez-les un à un.
Le Président (M. Champagne): L'article 24 de l'article 6.
J'appelle l'article 25 de l'article 6.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. Article 26,
adopté.
M. Fortier: Un instant. C'est le permis de distillateur,
d'accord.
Le Président (M. Champagne): Article 26 adopté.
J'appelle l'article 27.
M. Fortier: 27. 4°, je pense que c'est le changement
clé. On dit: "Le permis de fabricant de vin autorise,
conformément aux règlements, la personne qui le détient:
4°, à acheter ou à embouteiller des vins dans les cas
prévus par règlement." On parle de quoi là?
M. Biron: C'est que, aujourd'hui, vous ne pouvez pas, avec un
permis, embouteiller du vin d'appellation contrôlée. Mais
maintenant, on pourrait le faire. Dans le cas d'un Pisse Dru, par exemple, un
fabricant québécois pourrait conclure une entente avec la
compagnie et embouteiller sous l'étiquette Pisse Dru du vin au
Québec.
M. Ciaccia: Est-ce que des représentations vous ont
été faites parce que, quand on importe des produits en vrac pour
les vendre comme des produits de France, du Portugal, de l'Espagne ou de
l'Italie, ils sont embouteillés ici, au Québec, mais il n'y a pas
de moyen pour que ces pays puissent contrôler la qualité? Quelles
représentations vous ont été faites pour s'assurer qu'il y
ait un contrôle ou possiblement même pour interdire l'importation
en vrac et l'embouteillage ici d'un produit de tel pays?
M. Biron: On est justement en train de terminer ce dossier. On a
beaucoup parlé avec l'industrie et on a obtenu toute la collaboration de
l'industrie pour avoir un contrôle. Les gens s'inquiétaient. On ne
peut pas inscrire sur la bouteille "Vin de France embouteillé au
Québec" lorsque c'est du vin
du Maroc ou d'ailleurs. Cela ne veut pas dire qu'il n'est pas aussi bon,
mais on veut éviter la fausse représentation. On est en train de
compléter notre règlement là-dessus, notre entente avec
les producteurs et je pense qu'on pourra avoir quelque chose qui va se tenir,
qui ne créera pas trop de bureaucratie, mais qui sera très clair
tout en donnant la garantie au client, à l'acheteur, qu'il a vraiment ce
qui est inscrit sur la bouteille. C'était une de nos
préoccupations et celle de l'industrie et du pays vendeur aussi.
M. Fortier: En relation avec cela, je croyais que vous aviez dit
que les vins de marque maison n'auraient pas droit à une identification.
Selon ce que vous venez de dire, ils auraient droit à une certaine
identification du pays d'origine...
M. Biron: Du pays d'origine.
M. Fortier: ...mais pas de la province comme Bordeaux,
Bourgogne...
M. Biron: Non, du pays d'origine. Vous pourriez avoir sur une
bouteille de vin de table "Vin de France embouteillé au Québec"
de marque Mont-Royal.
M. Fortier: Mount-Royal.
M. Ciaccia: Ce serait un vin d'Italie, assurément.
M. Biron: Un vin d'Italie, excusez-moi, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Avez-vous eu des représentations des pays
producteurs qui s'inquiètent?
M. Biron: Oui, il y a des pays producteurs qui
s'inquiètent.
M. Ciaccia: Ce sont eux qui vous ont fait ces
représentations?
M. Biron: Aussi, mais l'industrie s'en inquiétait de
même.
M. Ciaccia: Dans la question des prix, est-ce qu'il y a un taux
de majoration identique ou différent pour les vins importés et
embouteillés au Québec et pour les produits importés en
bouteille?
M. Biron: II y a un taux de majoration différent. Pour les
vins embouteillés au Québec, il y a un certain produit
québécois qu'il faut encourager. Deuxièmement, il y a un
coût supplémentaire à garder en inventaire des vins
importés en bouteille. Habituellement, on est obligé d'avoir des
quantités un peu plus grandes ou qui vont durer un peu plus longtemps.
Cela rencontre à la fois un excédent de coût et une
préoccupation de retombées québécoises.
M. Ciaccia: Est-ce que des représentations vous ont aussi
été faites pour essayer de maintenir le même taux de
majoration pour le produit importé en vrac et embouteillé au
Québec et le produit importé en bouteille?
M. Biron: Oui, des représentations nous ont
été faites là-dessus. Notre réponse a toujours tenu
compte de notre préoccupation des retombées
québécoises, elles sont importantes. En plus, la deuxième
condition est aussi importante. Il faut considérer l'excédent des
coûts à la Société des alcools du Québec,
donc au gouvernement, pour maintenir en inventaire un stock qui va durer un peu
plus longtemps et qui coûte plus cher à maintenir.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Champagne): L'article 27 est
adopté. Article 28.
M. Fortier: Adopté.
M. Biron: Comme information, l'article 27 nous permet de donner
la permission à un fabricant d'importer du vin et d'exporter ce vin,
même s'il n'est pas au répertoire de la Société des
alcools du Québec.
M. Fortier: L'article 28 touche le cidre.
Le Président (M. Champagne): Le ministre faisait une
remarque sur l'article 27.
M. Fortier: Bon, d'accord.
Le Président (M. Champagne): Article 28.
M. Fortier: Adopté.
M. Biron: C'est technique.
Le Président (M. Champagne): Adopté. Article
29.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. Article
30.
M. Fortier: Article 30: "Les permis sont délivrés
par le ministre de l'Industrie, du Commerce..." Cela revient à la
question qu'on posait tout à l'heure. Le nombre de permis est
déterminé dans certains cas; dans d'autres cas, il est
arbitraire, j'imagine. Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. Article
31.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. Article
32.
M. Ciaccia: Article 32. Quelle est la raison de cet article? Y
a-t-il une raison spécifique?
M. Biron: On va prendre un exemple. Supposons que Métro ou
Provigo, un gros distributeur, un important grossiste décidait d'acheter
un permis de fabricant et de ne faire embouteiller par lui que du vin, le seul
vin qui pourrait être distribué dans toute la chaîne
Provigo, alors les dix autres auraient beaucoup de difficulté. C'est
pour cela qu'on a dit que celui qui a un permis de grossiste, de distributeur
autorisé, n'a pas le droit de détenir un intérêt
dans un permis.
M. Fortier: Autrement dit, vous ne permettrez pas de faire dans
le domaine du vin ce que le gouvernement fait présentement dans le
domaine du sucre.
M. Biron: Est-ce que le sucre entre dans les boissons
alcooliques?
Le Président (M. Champagne): L'article 32 est
adopté. L'article 33?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Champagne): J'appelle 34.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
35.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
36.
M. Biron: C'est technique, cela aussi. M. Ciaccia:
Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
37.
Règlements
M. Fortier: Dans 37, 4°, on dit: "définir, dans le cas
du vin, en indiquant leur composition et leur volume d'alcool, les
catégories suivantes: vin de table, vin fortifié, vin
aromatisé et vin appéritif." On m'indique que ces
définitions sont assez arbitraires. Ce qu'on appelle vin de table en
France est une chose et j'imagine que, vous, vous allez le
définir d'une autre façon. Pour quelle raison voulez-vous
définir ces différentes classes et dans quelles mesures cela est
complémentaire de la législation fédérale? On
m'indique que la législation fédérale est assez bonne en
ce qui concerne les spiritueux, un peu moins bonne en ce qui concerne les vins.
Est-ce que c'est comme complément à la législation
fédérale que... Ce qui m'inquiétait était la
définition que l'on donnait à vin de table. J'imagine qu'elle est
différente en France de ce qu'elle est au Québec.
M. Biron: Les définitions sont a peu près
identiques, à ce qu'on me dit, avec ce qui existe au
fédéral, mais elles sont conformes avec à ' peu
près toutes les législations, tous les qualificatifs que l'on
peut donner aux pays producteurs habituellement.
M. Fortier: Est-ce que le vin de table va être le vin
produit par les fabricants québécois sous des marques
québécoises? C'est cela que vous appelez vin de table? En France,
c'est une...
M. Biron: Ici, j'ai comme définition: le vin de table est
la boisson obtenue par la fermentation alcoolique du jus de raisin, du jus de
raisin reconstitué ou d'un moût de raisin qui contient, sans
addition d'alcool, au moins 6% et pas plus de 15% en volume; tandis que le vin
fortifié, c'est la boisson fabriquée à partir d'alcool, de
vin contenant au moins 10% d'alcool en volume, auquel est ajouté du
concentré de raisin ou du sucre solide et qui, par fermentation ou
par addition d'alcool, contient au moins 15% et pas plus de 20% d'alcool
en volume.
M. Fortier: Ce que je veux vous dire, c'est qu'on a parlé,
tout à l'heure, du vin importé d'Europe par appellation
contrôlée et du vin de marque maison. Là, vous apportez une
nouvelle définition qui recouvre et l'appellation contrôlée
et le produit maison québécois. Cela touche aux deux.
M. Biron: Non. C'est du vin de table qui pourrait à la
fois être...
M. Fortier: Pourrait être une appellation
contrôlée ou non.
M. Biron: Non, appellation contrôlée, vous avez
à 3 une définition générique: qui peut venir d'un
pays ou d'une région à l'intérieur, mais qui n'est pas une
appellation contrôlée donc, qui est reconnu comme un bon vin, mais
sans appellation contrôlée. (23 heures)
M. Fortier: La seule raison pour laquelle vous en faites
l'énumération ici... Je
me demandais s'il y avait une raison particulière pour laquelle
vous mettiez cela dans la loi. Il ne me semble pas évident que ce serait
très utile de le faire parce que vous auriez pu dire...
M. Biron: On a annoncé des règlements
là-dessus.
M. Fortier: À 6°, vous mentionnez des
étiquettes numérotées, ce qui signifie que toutes les
personnes qui achèteront une bouteille, à l'avenir, trouveront un
numéro de référence et que ce sera une forme de loterie de
la SAQ. On gratte l'étiquette pour gagner un million à la fin de
l'année ou quoi?
M. Biron: II s'agit aussi d'un contrôle fiscal.
M. Fortier: Mais je vous donne une bonne suggestion.
M. Tremblay: L'alcool ajouté au "gambling". Cela
marcherait, ce petit marketing, ce serait parfait.
M. Fortier: Et le 7° revient au pouvoir de
réglementation où vous voulez édicter quels vins seront
vendus dans les épiceries ou non. On touche donc à la
réglementation dont vous parliez il y a quelques instants.
M. Biron: D'accord, ce seront des catégories.
Le Président (M. Champagne): L'article 37 est
adopté. Cela veut dire que l'article 6 est adopté. J'appelle
l'article 7 parce que tous les autres étaient des sous-articles.
Maintenant, passons à l'article 7.
M. Fortier: Peut-on savoir de quel alinéa il s'agit?
Lorsque l'on mentionne "alinéa", j'aimerais en connaître la
signification. Est-ce qu'il s'agit du paragraphe commençant par
"Toutefois"?
M. Biron: Le 2e alinéa de l'article 38 est
supprimé.
Une voix: Ça va, adopté.
Le Président (M. Champagne): L'article 7 est
adopté. J'appelle l'article 8.
M. Biron: L'amende est augmentée considérablement,
mais elle est en ligne maintenant avec ce qui existe au gouvernement
fédéral là-dessus. Quand nous nous adressons aux
entreprises, je pense que ce sont des gens responsables qui connaissent la loi
et qui n'ont qu'à la suivre.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté.
M. Ciaccia: Quelle est l'amende présentement?
Une voix: Quel est le nombre d'amendes qui ne sont pas
indexées, par exemple?
Une voix: Cela n'existe pas.
M. Ciaccia: Tu es aussi brillant ici que tu l'étais
à la commission de l'énergie.
M. Tremblay: II est expert dans tout, lui.
M. Biron: II y a une amende générale qui est de
2000 $, à l'heure actuelle.
Le Président (M. Champagne): L'article 8 est
adopté. J'appelle l'article 9.
M. Biron: C'est la même chose. L'amende qui était de
100 $ peut être maintenant fixée à un montant situé
entre 100 $ et 1000 $.
M. Ciaccia: Adopté.
M. Fortier: L'article 9 dit: "Quiconque entrave ou gêne,
dans l'exercice de ses fonctions, un officier de police, un
enquêteur..."
M. Biron: Cela s'adresse aux individus, c'est pour cette raison
que l'amende ne dépasse pas 1000 $, alors que l'autre s'adresse aux
entreprises.
M. Fortier: Ici, dans l'autre loi qui s'adresse,
c'est-à-dire l'article 45 ...
M. Biron: C'était l'article 39.
M. Fortier: Dans le projet de loi 26...
M. Ciaccia: Y aurait-il une contradiction?
M. Fortier: "Quiconque entrave ou gêne une personne
autorisée en vertu de l'article 125"... Ce ne sont pas les mêmes
personnes, je présume.
M. Biron: Ce ne sont pas les mêmes personnes.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Champagne): L'article 9 est
adopté. J'appelle l'article 10.
M. Biron: II y avait certains problèmes
à prouver, à monter une cause dans quatre mois, lorsque
les gens trouvaient des méthodes techniques pour retarder et, au bout de
quatre mois, tout tombait. On veut donc s'accorder un délai plus long.
Il est proposé de porter le délai à un an.
Le Président (M. Champagne): Adopté. L'article 10
est adopté. J'appelle l'article 11.
M. Fortier: Mais ce n'est pas la même loi.
M. Biron: Là, on change de loi.
Le Président (M. Champagne): Ah! Loi sur les infractions
en matière de boissons alcooliques.
M. Biron: Là, il était question de cidre
léger, de cidre ordinaire et de cidre fort. On supprime la notion de
cidre fort. Il y a donc le cidre léger qui sera fixé de 1,5%
à 7% d'alcool. Il était question de fixer le pourcentage maximal
de cidre par règlement par la suite. On enlève une
catégorie de cidre.
M. Fortier: ...
M. Biron: C'est 1°, 2° et 3°; à 4°, l'on a
simplifié la définition et rendu le mot "spiritueux" plus
conforme à la réalité.
M. Fortier: Vous définissez le mot "vin" ici. Est-ce qu'il
s'agit de la même définition que celle dont on a parlé il y
a quelques instants? J'espère.
M. Biron: La définition 5°, c'est cela.
M. Fortier: Adopté en ce qui me concerne.
Le Président (M. Champagne): L'article 11 est
adopté. J'appelle l'article 12.
M. Biron: C'est technique.
M. Fortier: Attendez une minute. D'accord, allons-y.
Le Président (M. Champagne): L'article 12 est
adopté. J'appelle l'article 13.
M. Ciaccia: L'article 13? Peut-être que ce serait...
M. Biron: C'est pour enlever le titre.
M. Ciaccia: Je vais la poser à ce moment-ci, cette
question-là. Je pense bien qu'elle n'entre pas dans l'article 13,
mais... Les brasseries qui sont fermées le dimanche, je sais que cela
n'entre pas à l'intérieur de l'article 13, mais on va le glisser.
Cela parle de vendre ou de livrer au Québec des boissons
alcooliques.
M. Tremblay: On va donner notre consentement pour sortir de la
pertinence, M. le député.
M. Ciaccia: Merci beaucoup, M. le député.
J'apprécie beaucoup votre coopération.
Quelle est la position du ministre sur les heures d'ouverture des
brasseries qui sont fermées le dimanche? Je pense qu'il y a eu des
représentations à savoir que ceux qui veulent rester ouverts
devraient avoir le droit de le faire. Quelle est votre position?
M. Biron: Cela relève de mon collègue, le ministre
de la Justice, qui est responsable de la Régie des permis d'alcools du
côté juridique. Ma sympathie irait à un
élargissement en général, pas simplement à
l'endroit des brasseries, mais à un élargissement du commerce au
détail incluant les brasseries. Jusqu'à quel point? Je suis en
train de faire de nombreuses consultations sur l'élargissement possible
du commerce au détail, mais c'est mon collègue, le ministre de la
Justice, qui s'occupe de ce problème-là.
M. Ciaccia: Est-ce que la juridiction du ministre de la Justice,
ce n'est pas dans l'application de la loi une fois que les heures d'ouverture
sont déterminées? Je ne pense pas que ce soit la
responsabilité du ministre de la Justice. Est-ce que ce l'est?
M. Biron: C'est sa responsabilité vis-à-vis des
boissons alcooliques.
M. Ciaccia: Est-ce que, en prenant cette décision, il
consulte votre ministère?
M. Biron: Vous savez que notre administration est toujours
collégiale, mon cher ami.
M. Ciaccia: Oui. Il est tard pour commencer un vrai débat
là-dessus. Franchement, je suis fatigué.
Alors, si je comprends bien, votre position serait d'appuyer les
représentations qui ont été faites disant que ceux qui
veulent rester ouverts le dimanche le pourraient, sans imposer l'obligation de
rester ouverts ou fermés à qui que ce soit.
M. Biron: Vous connaissez mon ouverture d'esprit et mon
libéralisme habituel.
M. Ciaccia: Avec un grand "L" ou avec un petit "1"?
M. Fortier: Cela dépend si le
gouvernement change.
M. Ciaccia: II est malin, mon collègue.
M. Tremblay: Parce que nous autres, on est partis de là et
on a évolué.
M. Ciaccia: Vous avez évolué en descendant. Vous
avez évolué de reculons. Bon, l'article 13 est adopté.
Le Président (M. Champagne): L'article 13 est
adopté. J'appelle l'article 14.
M. Fortier: L'article 14 modifie l'article 91. L'article 91 dit:
Aucune boisson alcoolique ne peut être gardée ni
possédée au Québec.
Une voix: Vous allez trop vite là. M. Fortier: Oui.
L'article 14.
M. Biron: L'article 14 modifie l'article 83.
M. Fortier: L'article 83 de cette loi est remplacé par les
suivants: "83. Sous réserve du paragraphe i de l'article 91 et du droit
d'un détenteur de permis délivré en vertu de la Loi sur la
Société des alcools du Québec de posséder des
boissons alcooliques aux fins autorisées par son permis, il est
défendu de posséder...". Alors, je me réfère
à l'article 91 qui dit: Aucune boisson alcoolique ne peut être
gardée ni possédée au Québec, excepté: i par
une personne dans sa résidence pourvu qu'il s'agisse de bière, de
cidre et de vin de fabrication domestique et qui n'est pas gardée dans
le but d'en vendre.
Le problème que cela soulève, c'est qu'à ma
connaissance, quoique cela pose des difficultés, on a le droit d'aller
aux États-Unis, de revenir avec quelques caisses de boisson, de vin,
étant donné que cela coûte à peu près 50%
meilleur marché que dans les magasins de la Société des
alcools du Québec. À ce moment-là, l'article 91 ne nous
permet pas de les garder. Il y a un autre article sur le transport - l'article
92 -qui fait que c'est un crime de transporter des boissons alcooliques qui
n'ont pas été acquises dans les magasins de la SAQ. Ma
première question: Je me demandais si on n'allait pas un peu trop loin
pour pénaliser éventuellement des touristes qui viennent des
États-Unis ou qui viendraient de France. L'autre dimension...
M. Tremblay: ...trois caisses.
M. Fortier: Comme j'en ai fait part dans un discours en
deuxième lecture, des électeurs sont venus me voir pour constater
que, lorsqu'ils importaient quelques caisses de vin après avoir
visité la France ou un autre pays, c'était quasiment plus cher
que d'acheter cela dans un magasin de la SAQ. Je me demandais quel était
le motif de la SAQ et du ministre de pénaliser les touristes qui vont
dans les pays étrangers comme cela. De toute évidence, la
réglementation et la loi ont été écrites pour
assurer la ponction fiscale que le ministre des Finances veut avoir. S'il
voulait permettre une latitude un peu plus grande, une compétition
normale, on n'irait pas jusqu'à punir intensivement ceux qui, lorsqu'ils
sont touristes en pays étranger, rapportent 12 ou 24 bouteilles de vin.
Pour ceux qui viennent des États-Unis, la loi semble dire qu'ils n'ont
même pas le droit de rapporter cela des États-Unis. Ils n'ont pas
le droit d'en transporter et ils n'ont pas le droit d'en garder chez eux.
M. Biron: M. le député, la loi
fédérale dit que les quantités maximales permises sont
limitées à deux gallons impériaux par personne,
bière comprise. Cela veut dire une caisse de 24 bouteilles de 25
onces.
M. Fortier: 250 centilitres.
M. Biron: C'est la loi fédérale qui donne la
permission pour une caisse.
M. Fortier: De 24 bouteilles.
M. Biron: De douze bouteilles. Deux gallons impériaux par
personne. Un voyageur peut transporter cela avec lui. Il n'y a aucun
problème.
M. Fortier: La même chose s'applique au vin.
M. Biron: Oui. Il n'y a aucun problème.
M. Fortier: Jusqu'ici l'article 91 semble pénaliser la
résidence. Quelqu'un garde cela à sa résidence...
L'article 92 semble pénaliser ceux qui en font le transport.
M. Biron: L'article 91f donne la permission, dans les bagages
d'un voyageur, d'en transporter pour son usage personnel.
M. Tremblay: ...dans la valise. Je le sais par
expérience.
M. Fortier: Quant à la marge fiscale qui est prise chez
ceux qui importent du vin de France ou d'ailleurs en quantité
limitée, pour ceux qui arrivent à Mirabel avec deux caisses de
vin, ils paieront au fédéral quelques sous par bouteille, mais la
SAQ se charge de leur imposer une taxe qui est équivalente au prix
qu'ils auraient payé s'ils les avaient achetées à
Montréal. À ce moment-là, cela me semble réellement
une désapprobation de ceux qui ont l'audace d'importer deux caisses de
vin en visitant
une province de France. Je me demandais quel était le but de
cette rigueur intempestive.
M. Biron: II y a un tableau des taux des droits. Eau-de-vie,
c'est 0,15 $ l'once; vins mousseux et champagne, 0,15 $ l'once; autres vins...
M. Champagne, 0,15 $ l'once.
Le Président (M. Champagne): On proposait de monter
cela!
M. Biron: Autres vins, 0,10 $ l'once; la bière, 0,01 $
l'once. C'est perçu par le fédéral sur la première
caisse.
M. Fortier: Et après cela, la SAQ...
M. Biron: Après cela, la SAQ va percevoir sur la
deuxième caisse, mais, sur la première caisse, il n'y a rien.
M. Fortier: Ce que j'essaie de vous dire, c'est que de la
façon qu'ils procèdent, ils déterminent le prix auquel ils
vendraient ici et perçoivent la différence entre le prix qui a
été payé plus le transport, et la différence
devient la taxe de perception. Cela me semble un procédé assez
anormal si ce n'est pour préserver la marge fiscale du ministre des
Finances d'une façon très rigoureuse. On en prend acte. Je le
signalais au ministre en disant qu'un ou deux électeurs qui sont venus
me voir n'en croyaient pas leurs yeux lorsqu'ils ont vu la facture qu'ils
devaient payer à la Société des alcools du
Québec.
M. Biron: Dites-leur de revenir avec une caisse et il n'y aura
pas de problème.
M. Fortier: Même avec une caisse, ils vont payer.
M. Biron: Article 14.
Le Président (M. Paré): L'article 14 est
adopté?
M. Fortier: C'est cela.
Le Président (M. Paré): Article 15?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 15 est
adopté. Article 16?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 16 est
adopté. Article 17?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Paré): Article 17, adopté.
Article 18?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Paré): Article 18,
adopté.
M. Biron: C'est un article de concordance. C'est principalement
à cause de la disparition de l'expression "cidre fort".
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Paré): Article 18, adopté.
Article 19?
M. Biron: De concordance avec l'autre qu'on vient d'adopter.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Paré): Article 19, adopté.
Article 20?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Paré): Article 20, adopté.
Article 21? (23 h 15)
M. Biron: C'est de concordance avec l'article 17 qu'on a
adopté tout à l'heure à cause de la disparition de
l'expression "vin désigné". Cela s'appelle maintenant "boisson
alcoolique".
Le Président (M. Paré): Article 21, adopté.
Article 22?
M. Biron: Encore une fois, cela répond à
l'expression "cidre fort" et "vins désignés".
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Paré): Article 22, adopté.
Article 23?
M. Fortier: On change de loi, M. le Président.
Le Président (M. Paré): Oui. C'est maintenant la
Loi sur les permis d'alcool.
M. Biron: Oui. Cela aussi est de concordance. Remplacer
l'expression "vin désigné".
Une voix: Adopté.
M. Fortier: Attendez un instant. Vous dites "permis
d'épicerie", mais, dans les cas dont on parlait tout à l'heure,
en régions éloignées, est-ce qu'il s'agit d'un autre
permis en plus du permis d'épicerie et est-ce que vous leur permettez de
vendre des spiritueux?
M. Biron: Oui, c'est une autorisation de la SAQ.
L'épicerie agit comme agent de la SAQ.
M. Fortier: D'accord. Merci.
Le Président (M. Paré): Article 23, adopté.
Article 24?
Dispositions transitoires et finales
M. Biron: C'est transitoire. À l'article 24, ce sont le
président et les membres du conseil d'administration dont le mandat
n'est pas expiré qui terminent leur mandat.
Le Président (M. Paré): Article 24,
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Article
25?
M. Biron: C'est pour transférer au ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme le personnel du Service des permis
industriels de la société.
M. Fortier: On parle de combien de personnes?
M. Biron: De dix ou onze personnes.
M. Fortier: Cela crée un problème avec le syndicat?
Est-ce que c'est négocié?
M. Ciaccia: Quelle en est la raison?
M. Fortier: Parce que les permis, avant, étaient
donnés par la SAQ et sont maintenant donnés par le
ministère.
M. Biron: Aucun problème avec le syndicat
là-dessus.
Le Président (M. Paré): Article 25,
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Article
26?
M. Biron: C'est technique. L'ancienne loi demeure en vigueur
aussi longtemps que celle-ci n'est pas sanctionnée.
Le Président (M. Paré): Article 26,
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Article
27?
M. Ciaccia: Sur division.
Le Président (M. Paré): Article 27, adopté
sur division. Article 28?
M. Fortier: À l'article 28, j'ai fait une demande. Le
ministre m'a rassuré en disant que les personnes qui ont demandé
d'être entendues seront consultées plus tard. À la lecture
des télégrammes, tout de même, ces gens semblent disposer
de peu d'assurance, toute ministérielle qu'elle soit. Est-ce que le
ministre pourrait quand même insister davantage pour nous dire que ces
gens seront entendus? De fait, ces gens demandent d'être entendus en
commission parlementaire ou, tout au moins, ils veulent que la
réglementation soit déposée et qu'ils aient la chance d'en
discuter avant que la loi soit promulguée.
Je me demandais si on ne pourrait pas avoir l'assurance - on pourrait
l'inscrire ici -que cette loi n'entrera pas en vigueur tant et aussi longtemps
que la réglementation ne sera pas étudiée en commission
parlementaire ou toute autre proposition que le ministre pourrait nous faire,
et qui donnerait raison sur le principe de ce qui est soulevé par les
auteurs des télégrammes que nous avons reçus.
M. Biron: Je peux m'engager, M. le député, à
rencontrer les auteurs des télégrammes, d'ici quelques semaines.
Nous voulons que cette présente loi entre en vigueur possiblement en
juillet ou en août, pour être complètement en vigueur le 1er
septembre. Il y a peut-être certaines parties qu'il faudra mettre en
vigueur avant. Au cours des prochaines semaines, je vais rencontrer les gens.
Non pas cette semaine, à cause de la loi sur la 5GF, mais la semaine
prochaine j'aurai probablement le temps de rencontrer les gens qui nous ont
fait parvenir les télégrammes.
M. Fortier: Également, une autre assurance que nous
aimerions avoir. J'imagine qu'on ne passera pas à la troisième
lecture immédiatement? Serait-il possible que le ministre rencontre ces
gens avant qu'on adopte le projet de loi en troisième lecture, afin de
pouvoir faire le point à ce moment-là et vérifier leurs
craintes? Tout à l'heure, le ministre nous a donné une
interprétation du budget, mais c'était sa propre
interprétation et j'imagine que, d'ici ce temps-là, il pourra
avoir l'assurance du ministre des Finances sur l'interprétation
véritable qu'on peut y donner ou, du moins, la réglementation
devrait préciser ce genre de problème. Si, avant de passer en
troisième lecture, ce qui devrait se faire dans la toute dernière
semaine, c'est-à-dire à la fin de la semaine prochaine, vous
rencontriez - puisque nous sommes le 6, il
faudrait que ce soit avant le 18 - ces gens et s'ils étaient
satisfaits quant à la réglementation et à
l'interprétation à donner au budget et au contenu de la
réglementation ou, encore, si le ministre pouvait nous donner une copie
de la réglementation telle qu'elle est présentement - cela a
déjà été fait par d'autres ministres cela nous
permettrait de donner les assurances qu'il faut à ceux qui
s'inquiètent du changement de la loi et surtout de la
réglementation qui n'est pas encore publiée.
M. Biron: Là-dessus, vous pouvez dire à ceux qui
s'inquiètent que, le plus tôt possible, je vais les rencontrer. Je
ne veux pas prendre la place du leader du gouvernement qui appelle les lois
aussitôt qu'il est prêt à les adopter. Je pense bien que la
troisième lecture peut retarder un peu. Comme je vous le dis, cette
semaine, c'est à peu près impossible à cause de l'autre
loi sur la SGF; si c'est possible, la semaine prochaine, j'essaierai de
rencontrer ces gens. En tout cas, je peux vous donner l'assurance morale de les
rencontrer le plus tôt possible.
M. Fortier: Avant la troisième lecture, pour qu'on puisse
faire le point parce que je ne veux pas partir... Je suis sûr que mon
collègue de Mont-Royal collaborera avec moi parce que je pense qu'on
aimerait bien que le projet de loi réponde aux objectifs
véritables que le ministre s'est fixés, qu'il ne soit pas
contraint par le ministre des Finances à faire des choses qu'il ne
voudrait pas faire. Sans vouloir entreprendre un "filibuster" dans la
dernière semaine, on voudrait collaborer, mais on voudrait avoir
l'assurance que les craintes de ces intervenants seront prises en
sérieuse considération avant l'adoption du projet de loi en
troisième lecture.
M. Biron: M. le député, je prends l'engagement de
rencontrer ces gens le plus tôt possible. J'espère que ce sera
avant la troisième lecture et vous allez être heureux.
M. Fortier: Merci.
M. Ciaccia: Sur la question de la réglementation, il y a
un précédent dans d'autres lois où nous avons
demandé au ministre responsable de déposer les règlements
à l'Assemblée nationale avant l'adoption en troisième
lecture et je me souviens d'un projet de loi où nous avions fait une
motion spéciale à cet effet et le ministre s'était
engagé à le faire. Est-ce qu'il serait possible, parce que le
gouvernement se donne un pouvoir de réglementation assez large,
serait-il possible d'avoir, avant la troisième lecture, une copie des
règlements que vous avez prévus dans votre projet de loi, pour
qu'on ait au moins quelque chose pour nous permettre de nous prononcer en
troisième lecture?
M. Biron: Toutes les idées sont dans le discours que j'ai
remis à votre collègue. Je ne sais pas si vous avez une copie de
cela...
Une voix: Oui, j'en ai une copie.
M. Biron: Je vais essayer de voir si on pourrait terminer nos
règlements avant la troisième lecture. Je n'en suis pas
assuré moi non plus. On a quatre lois en marche présentement,
celle de la SGF, celle du crédit touristique, celle sur les SODEQ. J'ai
quand même mon contentieux qui doit aussi travailler sur les autres
lois.
M. Ciaccia: Même si c'est seulement un projet de
règlement. On comprend que les règlements peuvent être
modifiés en cours de route, mais au moins on aurait quelque chose sur
lequel on peut se baser, parce que c'est toujours difficile pour nous. On donne
un chèque en blanc au gouvernement: un pouvoir de réglementation.
On n'a aucune idée sur l'étendue des règlements que vous
avez l'intention d'adopter. Au moins, on en aurait une idée et on
pourrait se prononcer en toute connaissance de cause en troisième
lecture.
M. Biron: Je ne peux probablement pas vous donner la copie finale
des règlements avant la troisième lecture, mais je pourrais vous
donner au moins les grandes indications en disant que je ne peux pas me couler
les pieds dans le ciment là-dessus; il peut peut-être y avoir de
petits changements en cours de route. Au moins, vous allez avoir l'essentiel
des règlements qu'on s'attend d'adopter avant la troisième
lecture.
M. Ciaccia: Avant la troisième lecture. On aura
l'essentiel des règlements. Il y a une autre question que je voudrais
aborder avant qu'on termine nos travaux sur les annonces que vous faites.
Premièrement, quel est le budget de la SAQ concernant les annonces
publicitaires, la télévision, dans les journaux...
M. Biron: La modération a meilleur goût, c'est cela
que vous voulez savoir?
M. Ciaccia: II y en avait une qui concernait un bateau qui s'en
allait plein de vin. Franchement, je ne sais pas ce que cela faisait à
la TV.
M. Tremblay: Présentement, on est en train de sortir du
but de la commission, du mandat de la commission, cela prendra notre
consentement pour que le député puisse poser sa question.
M. Ciaccia: Je demanderais au député: Est-ce que je
peux poser cette question?
M. Tremblay: Je consentirai, M. le Président.
M. Ciaccia: Merci, vous êtes gentil. Merci beaucoup.
M. Fortier: Vous voyez l'importance des "backbenchers".
M. Biron: Notre budget là-dessus est de 1 600 000 $ pour
1983-1984.
M. Ciaccia: Quel est le but de ces annonces? Ce n'est
certainement pas l'aspect social, car on voit des bateaux qui s'en vont
à travers le monde. C'est un monopole. Vraiment, qu'est-ce que cela
donne, 1 600 000 $?
M. Biron: C'est important, je pense, pour notre production, pour
l'image de marque. C'est bon, dans le fond, que vous me posiez la question
parce que, de temps à autre, nous aussi, il nous faut nous arrêter
et nous dire: Est-ce que le montant de 1 600 000 $ pourrait être mieux
employé ailleurs ou par le ministère des Affaires sociales, vous
allez me dire, ou quelque chose comme cela? Nous aussi, on se questionne.
M. Ciaccia: La raison pour laquelle je la pose, c'est qu'on
reçoit des appels au bureau de comté. Des gens voient cela et,
franchement, ils sont presque scandalisés: Je n'ai pas de choix, moi, il
faut que j'aille à la Société des alcools du
Québec, je ne peux pas aller ailleurs pour acheter mes produits;
voulez-vous me dire pourquoi j'ai besoin de voir des bateaux qui s'en vont sur
l'océan pour la SAQ? Qu'est-ce que cela va faire pour moi? Ils voient
leurs taxes augmenter et tout le reste. Ce sont des dépenses
inutiles.
M. Fortier: Au lieu de recevoir de la publicité, ils
aimeraient mieux recevoir des bouteilles.
M. Ciaccia: Réduisez le prix du vin et cela va prendre la
place de la publicité.
M. Biron: Je reçois votre suggestion, M. le
député de Mont-Royal.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 28 est
adopté.
M. Fortier: Adopté avec les réserves et les
commentaires qu'on vient de faire.
Le Président (M. Paré): L'article 28 est
adopté. Les notes explicatives sont adoptées.
M. Fortier: C'est dans le rapport.
Le Président (M. Paré): Adopté. Est-ce que
le projet de loi 29 est adopté? Adopté.
M. Fortier: Adopté avec les commentaires et les
réserves que nous avons faits.
Le Président (M. Paré): J'inviterais le rapporteur
de la commission à faire rapport à l'Assemblée nationale
dans les meilleurs délais. La commission ayant rempli le mandat qui lui
était confié ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 27)