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Commission de l'Industrie et du commerce
Crédits du ministère
Séance du 15 avril 1969
(Seize heures, dix minutes)
M. SIMARD (président de la Commission de l'Industrie et du
commerce): A l'ordre!
M. BEAUDRY: M. le Président, nous allons étudier à
cette commission de l'Assemblée nationale les estimations
budgétaires du ministère de l'Industrie et du Commerce. Avant
dépasser à des commentaires plus précis sur les
estimations elles-mêmes, j'aimerais souligner ici le travail formidable
qui a été accompli par tous les employés du
ministère. Sans leur dynamisme et leur esprit de dévouement, il
m'aurait été difficile de remplir pleinement la tâche qui
m'incombe.
Ce n'est pas, M. le Président, que je veuille faire croire que
tout est parfait et qu'il n'y a plus de problèmes. Au contraire! Mais je
puis vous assurer que tous ont donné le maximum d'eux-mêmes.
Quant à moi, j'ai bien l'intention de continuer à
travailler d'arrache-pied pour faire progresser l'économie
québécoise. C'est un objectif majeur du présent
gouvernement et ce dernier ne recule devant rien pour l'atteindre, comme il l'a
prouvé depuis son arrivée aupouvoir.
J'ai eu l'occasion de le souligner dernièrement, la situation
économique du Québec, même si elle a ses
difficultés, ne donne aucunement raison de s'alarmer. L'évolution
de cette situation, au cours de l'exercice financier qui se termine, peut se
comparer avec avantage à celle des autres provinces du Canada. Certains
pourront me reprocher de procéder par comparaison. Mais je crois que
c'est la seule façon de se faire une juste idée d'une situation.
C'est un fait reconnu que la valeur d'une chose ne peut se déterminer
qu'en fonction d'autres choses, et qu'une situation ne s'analyse que par une
étude comparative.
Comparant, par exemple, l'augmentation du produit national brut du
Québec en 1968 avec celui du Canada, cette augmentation a
été de 7.4% au Québec et de 7.9% au Canada. Ce
léger écart s'explique par l'augmentation plus rapide des prix
dans le cas du Canada.
Dernièrement, on annonçait que le taux de chômage du
Canada a augmenté de la mi-janvier à la mi-février alors
qu'au Québec il est demeuré le même. La situation relative
du Québec s'est donc améliorée par rapport à l'en-
semble du Canada. En 1968, l'évolution des investissements
manufacturiers a été plus favorable au Québec que dans
l'ensemble du Canada ou de l'Ontario.
Je pourrais continuer ainsi dans les autres secteurs. Mais je crois, M.
le Président, que vous avez pu prendre connaissance de ces
données par l'exposé de la situation économique au
Québec que je faisais en janvier dernier.
Les activités de mon ministère ont été
nombreuses au cours de l'exercice financier qui s'achève et nos
prévisions pour le présent exercice visent à soutenir le
mouvement qui est amorcé.
La direction de l'industrie. Loi de l'aide au développement
industriel régional (bill 23).
J'ai eu l'honneur de présenter la Loi de l'aide au
développement industriel régional qui a été
adoptée par la Chambre et qui est connue sous le nom de bill 23. Cette
loi accorde des primes à l'investissement en tenant compte des
différentes régions du Québec Grâce à cette
loi, les entreprises désirant investir pour la construction ou
l'agrandissement d'usines ou de manufactures et pour l'achat de machinerie
d'outillage ou d'équipement destinés à l'exploitation
d'usines ou de manufactures peuvent bénéficier de primes en
argent pouvant atteindre $500,000 par projet. Jusqu'à ce jour, le
ministre de l'Industrie et du Commerce, responsable de l'application de cette
loi, a reçu 350 demandes officielles représentant selon les
estimations un montant total de $210 millions. De ces demandes, 39 ont
reçu l'approbation leur permettant ainsi de commencer des
investissements de l'ordre de $68 millions, ce qui représente des primes
de $à,180,000 à être versées après le
début des opérations commerciales de chacune de ces
entreprises.
Encore là, j'aurais des détails additionnels à vous
présenter à l'article 4, si la commission le désire.
Le bill 24.
Je rappelle en passant le bill 24 qui modifie la loi de l'impôt
sur l'incorporation dans certaines conditions et ce, afin de stimuler le
développement industriel. La mise en application de cette loi permet des
dégrèvements fiscaux assez importants pour toute entreprise qui
désire augmenter sa production en réinvestissant. Cette loi
relève plus spécialement du ministère du Revenu.
Le Conseil général de l'industrie.
Dernièrement encore, J'avais le plaisir d'annoncer la
création du Conseil général de l'industrie et vous avez pu
remarquer, par la liste des membres de ce conseil, qu'aucun effort n'a
été ménagé pour que ce soit un conseil formé
de
gens sérieux et compétents qui sont tous bien au courant
du monde économique.
Si J'en juge par les délibérations à la
première réunion, Je peux vous dire que les membres du conseil
général de l'industrie prennent leur rôle au sérieux
et qu'ils ont tous à coeur l'essor du Québec.
La direction du commerce. Campagne de promotion.
La direction du commerce de mon ministère a entrepris, pour la
première fois au Québec, une vaste campagne de promotion des
produits du Québec. Les résultats que nous avons obtenus
jusqu'ici nous laissent présager que ce sera un succès.
Les détaillants, les grossistes, les associations de
consommateurs, les syndicats ouvriers, professionnels et étudiants, les
mouvements agricoles, les chambres de commerce, les clubs sociaux ont tous
été sensibilisés à cette campagne. Toute la
population semble bien y répondre. Je compte que le succès de
cette campagne favorisera l'essor économique du Québec
Le bill 89.
Le projet de loi concernant les heures d'ouverture et de fermeture des
établissements commerciaux est présentement à
l'étude en comité. Les représentations faites à la
commission et les recommandations de la commission formeront la base des
modifications que nous proposerons à l'Assemblée nationale.
Les pêcheries.
Qu'il me soit permis de souligner pour le moment, qu'en 1968 et 1969, la
situation de la pêche au Québec, au secteur primaire, a
été satisfaisante en général. Les prix ont
augmenté de 20% par rapport à l'année
précédente et la valeur au débarquement a augmenté
de 10%.
La situation est moins intéressante aux secteurs secondaire et
tertiaire, du moins pour ce qui est des poissons de fond: mourue, plie et
sébaste. Les prix de vente à l'exportation se sont maintenus
à un bas niveau et plusieurs de nos producteurs ont accusé des
pertes sensibles. Il nous a fallu, pour cette raison, maintenir diverses formes
d'assistance dont les paiements de compensation et les garanties additionnelles
aux banques et aux caisses populaires.
En 1969 et en 1970, il faudra prévoir la continuation et
l'augmentation de cette assistance. C'est pourquoi, en plus de venir en aide
à nos pécheurs de la Gaspésie, des Iles-de-la-Madeleine et
de la Côte-Nord, nous avons prévu, pour cette année, une
augmentation de plus de $2 millions pour les pêcheries à notre
poste budgétaire 9: subventions.
L'Exposition universelle d'Osaka
Le budget global de la participation du Québec à
l'Exposition universelle d'Osaka, au Japon, se chiffre par $3,200,000. Les
plans du pavillon du Québec à cette exposition sont
complètement terminés et la construction en est
déjà commencée.
Le pavillon du Québec à l'Exposition universelle d'Osaka
est très bien situé parmi la représentation canadienne.
L'Exposition d'Osaka étant la première exposition universelle qui
suit l'Expo 67 de Montréal, la représentation du Québec
à Osaka constitue donc une suite logique à l'Expo 67. C'est en
outre une façon profitable qui nous permet de présenter
l'ensemble du visage du Québec à l'Extrême-Orient en
touchant l'Individu et en étant, en même temps, au sein de l'une
des sociétés industrielles les plus avancées.
En décembre 1968, la loi consacrait l'existence du parc
industriel de Bécancour afin d'utiliser les terrains
réservés par le gouvernement et d'en profiter pour créer
un pôle d'attraction pour le centre du Québec. En janvier, cette
année, j'avais le plaisir d'assister à l'assermentation des
administrateurs du parc industriel. Les rapports qui me sont parvenus
dernièrement m'indiquent que des entreprises ont déjà
manifesté leur intérêt de venir y investir.
L'action que nous avons prise à
l'étranger
Le Québec est représenté dans d'autres pays et les
postes de conseiller économique dans les délégations
générales du Québec à Londres, Paris et New York
ainsi qu'au bureau de Milan sont remplis par des employés de mon
ministère.
Un nouveau bureau du Québec a été
créé à Chicago. Dans ce bureau comme dans les autres que
nous projetons d'ouvrir aux Etats-Unis, il y a un conseiller économique
du ministère de l'Industrie et du Commerce qui a la
responsabilité du bureau avec l'assistance d'une secrétaire.
Nous avons l'intention d'ouvrir, dès cette année, des
bureaux semblables à Boston, Los Angeles, à Dallas au Texas et a
Dusseldorf en Allemagne.
Le service de la normalisation travaille à l'établissement
scientifique de normes industrielles et Il rédige des
spécifications qui sont mises à la disposition des organismes
publics pour leur approvisionnement.
Le travail s'effectue en coopération avec les professionnels, les
associations et les organismes de normalisation déjà
établis tant au Canada qu'à l'étranger. Ce service vient
en aide au consommateur en ce qu'il peut réaliser des économies
importantes du fait de la rationalisation de ses achats en tenant compte des
normes établies par le service de normalisation. Le producteur, pour sa
part, peut sa baser sur les spécifications fixées par ce service
et s'assurer ainsi un meilleur produit. Il peut également en tirer
avantage pour l'application ordonnée des résultats de recherches
industrielles et l'organisation rationnelle de la fabrication, lui permettant
un accroissement de productivité et un abaissement du prix de
revient.
L'Office du crédit industriel du Québec a pour but de
favoriser le développement d'entreprises manufacturières. La loi
stipule que l'office ne peut prêter qu'à une entreprise
manufacturière qui offre des garanties de compétence et
d'efficacité. L'aide financière qui peut être
accordée par l'office doit donc servir à favoriser
desdéveloppements d'entreprises prometteuses et bien
administrées.
Depuis sa création en 1967, l'Office du crédit industriel
a approuvé, au 1er mars 1969, cent cinq prêts pour un montant
global de $10,349,200. J'aurai d'autres détails à donner quand
nous serons à l'article 10.
Parmi les projets que mon ministère veut réaliser au cours
de cette année, se place la création du Centre de recherches
industrielles. Inutile de vous expliquer bien longuement la
nécessité d'un tel centre pour le développement de
l'industrie du Québec. Pour être opérante et qu'elle
réponde bien aux exigences du Québec, la recherche ne peut se
faire d'une façon désordonnée. C'est pourquoi le Centre de
recherches industrielles sera un outil de première valeur pour permettre
de développer de nouveaux produits.
Nous sommes à mettre sur pied, également, un programme de
services techniques plus appropriés et mieux adaptés aux besoins
des petites et moyennes entreprises. Des fonds sont prévus à
l'article 8 honoraires professionnels pour ce programme. Le
ministère aidera les petites entreprises à défrayer le
coût des services professionnels d'experts en vue d'améliorer la
gestion et la productivité.
Voilà en bref, M. le Président, l'exposé que j'ai
voulu porter à l'attention de cette commission avant de procéder
plus en détail à l'étude du budget des dépenses du
ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. LE PRESIDENT: Avant de procéder à l'étude des
crédits du ministère de l'Industrie et du Commerce, j'aimerais
que nous nous entendions sur l'avantage qu'il y aurait à procéder
article par article, à moins que l'unanimité se fasse dans
certaines exceptions; de cette façon, dans l'ordre nous pourrons, tous
ensemble, en harmonie faire avancer sensiblement les travaux.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Je suis d'accord, M. le Président. Si
vous me le permettez, j'aimerais simplement ajouter quelques mots de
portée générale aux remarques que vient de formuler le
ministre de l'Industrie et du Commerce.
S'il y a quelqu'un qui croit en l'importance du rôle du
ministère de l'Industrie et du Commerce c'est bien celui qui vous parle.
Car j'ai eu l'occasion, comme le ministre actuel, de travailler dans chacun des
services du ministère, d'apprécier le travail qui se faisait.
Je me joins aux remarques faites par le ministre, à l'effet qu'il
est entouré d'un groupe de fonctionnaires de haute qualité.
J'aime me rappeler le travail d'équipe que nous avons accompli lorsque
j'avais la responsabilité du ministère. Je suis convaincu que le
ministre actuel bénéficie du travail, du dynamisme et des sages
conseils de ceux qui l'entourent.
Je suis convaincu qu'à mesure que nous étudierons les
divers articles du budget nous aurons encore l'occasion de nous apercevoir que
le ministre est bien entouré et qu'il sortira de sa serviette un travail
bien fait pour chaque sous-article et article, comme c'est devenu une tradition
au ministère de l'Industrie et du Commerce, en particulier.
Cependant, le ministre a cédé, jusqu'à un certain
point, à une tentation qui est de plus en plus plaisante à ceux
qui s'engagent dans la voie politique. La première partie de ses
remarques laissait percer quelques sentiments qui frisent la partisanerie, et
je ne voudrais pas le suivre sur ce terrain, car je serais obligé de lui
rappeler que la province de Québec connaît encore une situation
déplorable au point de vue économique, que nous avons encore 40%
des chômeurs du Canada, que l'on s'accroche peut-être à un
petit 1/10 de plus ou de moins, sur le pourcentage du chômage, mais le
pourcentage du chômage continue i monter. Le ministre ne nous a pas
parlé des derniers chiffres qui ont été publiés sur
les investissements prévus pour 1969 alors que la province de
Québec, prédit-on, connaîtra une augmentation d'environ 3%
ceci, en chiffres absolus, n'est pas une augmentation du tout
alors que la province voisine, l'Ontario, connaîtra une augmentation de
16%, les Etats-Unis,
14%, et les provinces Maritimes. Il%. C'est-à-dire que tout
autour de la province de Québec, on connaîtra une augmentation
sensible par les investissements, alors qu'au Québec la situation va
demeurer sensiblement la même.
Il y a là de quoi nous inquiéter. Si je rappelle ces
choses, ce n'est pas par plaisir. C'est simplement pour dire que le
ministère de l'Industrie et du Commerce a beaucoup à faire. Je
serais injuste si j'attribuais au ministère de l'Industrie et du
Commerce seul la responsabilité de ce qui arrive dans le monde des
investissements, dans le monde des affaires, dans la situation du
chômage.
Je crois que c'est le gouvernement qui doit supporter toute cette
responsabilité. Que tout le gouvernement soit solidaire devant le climat
qui, présentement, se détériore au Québec, je suis
convaincu que le ministre de l'Industrie et du Commerce est le premier à
souffrir de cette situation.
J'ose croire et j'ose espérer que l'on tâchera de
rétablir ce climat. Je ne sais pas si le gouvernement actuel y
réussira.
Car on sait que des déclarations contradictoires des
collègues du ministre sont de nature, non pas à aider le
ministre, mais à lui rendre la tâche encore plus difficile. Il
peut être assuré que je sympathise beaucoup avec lui. Alors
qu'à certains moments il a fait des déclarations qui semblaient
vouloir rassurer l'industrie et les investisseurs, quelques heures ou quelques
jours plus tard, il y avait toujours un de ses collègues qui, pour faire
la manchette ou peut-être aussi pance qu'il croit à ces
idées-là, arrivait pour détruire justement ce que voulait
guérir, partiellement du moins, le ministre de l'Industrie et du
Commerce dont je ne doute pas de l'objectivité et de
l'honnêteté intellectuelle.
C'est simplement ces quelques mots d'introduction que je voulais faire.
Non pas seulement ces mots-là, car on dirait peut-être que je suis
un peu négatif. Je voudrais que, durant l'étude de ces
crédits, nous puissions trouver ou aider à trouver, même si
ce ne sont pas des solutions, au moins des objectifs, au moins une direction
générale. A cette fin, le ministre et ses collaborateurs peuvent
compter sur la collaboration la plus entière de l'Opposition.
Nous voulons voir le ministère de l'Industrie et du Commerce
progresser, prendre sa place parmi les grands ministères du
gouvernement. Nous aimerions que les crédits encore modestes qui sont
mis à la disposition du ministère ce n'est pas nouveau,
cela a toujours été comme cela mais disons que ce n'est
pas encore suffisant. Le ministre parlait, par exemple, des honoraires de
l'ordre de $400,000 pour aider la petite industrie. Evidemment, il ne pourra
pas aller bien loin avec un montant de cette envergure-là. Ce qu'il a
à déplorer, j'ai eu à le déplorer également.
Les montants ne sont pas suffisants, mais disons qu'il y a une
amélioration et espérons que les gouvernements continueront
à se pencher sur cette question qui est la question primordiale,
à mon sens la question économique et donneront au
ministère moteur, celui de l'Industrie et du Commerce, les fonds
nécessaires pour réaliser ses objectifs.
Evidemment, le ministère n'est pas seul. Il y a d'autres
ministères à vocation économique Je l'ai souvent
dit et je le répète il y a le ministère des Terres
et Forêts, il y a le ministère des Finances, il y a le
ministère de l'Agriculture et de la Colonisation, il y a tous les
ministères qui s'occupent des richesses naturelles. Enfin, tous ces
ministères doivent et je ne veux pas oublier le ministère
de l'Education et le ministère du Travail appuyer dans leur
action, le ministère de l'Industrie et du Commerce.
J'aurai l'occasion, avec mes collègues, de discuter
peut-être plus à fond chacun des articles du budget, mais qu'il me
soit permis de terminer ces quelques remarques en soulignant l'importance des
pêcheries au ministère de l'Industrie et du Commerce. Les
pêcheries du Québec constituent, pour les régions
mentionnées par le ministre, c'est-à-dire la Côte-Nord, la
Gaspésie et les Iles-de-la-Madeleine, l'industrie de base, une industrie
très importante pour cette partie de l'est du Québec
Malgré que cette industrie soit bien localisée, je crois
que c'est tout le gouvernement qui doit donner de plus en plus d'importance
à ces problèmes, car ils touchent la vie quotidienne de milliers
et de milliers de citoyens du Québec qui se fient justement aux
politiques du ministère de l'Industrie et du Commerce afin de vivre
mieux ou du moins d'une façon convenable.
C'est là-dessus que je termine ces quelques remarques que je
voulais faire au début de l'étude de ces crédits.
M. LE PRESIDENT: AprSs l'entrée en matière, de part et
d'autre, J'aimerais appeler le poste budgétaire 1: Administration,
article 1: Traitements et indemnités.
M. BEAUDRY: Est-ce que vous aimeriez connaître le nombre
d'employés?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Non, le nombre est indiqué ici,
à l'administration. Je crois que si J'avais une question à poser,
ce serait sur l'article 7: les comités. Il y a là un mon-
tant de $150,000 qui semble nouveau cette année, et le ministre
pourrait peut-être nous donner quelques explications 3 ce sujet. Si mes
collègues sont d'accord...
M. LE PRESIDENT: Donc, les articles 1 à 6 seraient
adoptés.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui.
M. BEAUDRY: Poste budgétaire 1, article 7: Comités.
Les estimations du coût d'opération du Conseil
supérieur de l'industrie: $150,000. Il y a des traitements pour $110,000
qui comprennent ceux d'un directeur général, d'un directeur
général adjoint, de deux publicistes et recherchis-tes, de deux
employés de secrétariat, tous engagés par contrat. Frais
de voyage et de représentation du directeur général et du
directeur général adjoint: $25,000. Frais de bureau: $5,000.
Divers et imprévus: $10,000. Pour un montant de $150,000.
L'arrêté ministériel de l'engagement du directeur
général a été passé le 26 février
1969. M. Paul Ouimet CR, de Montréal, qui était à l'emploi
de la compagnie Iron Ore, est le directeur général.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Il est président et directeur
général?
M. BEAUDRY: Oui, monsieur.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Son salaire est de...?
M. BEAUDRY: Il est de $27,500.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Qui est l'adjoint?
M. BEAUDRY: L'adjoint n'est pas encore nommé. Aucune personne
n'est encore nommée.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Et quelle sera la distribution des...
M. BEAUDRY: M. Ouimet à l'autorisation d'engager son personnel,
étant donné que c'est seulement pour trois ans. Alors, M. Ouimet
a le privilège d'engager son personnel.
M. PICARD (Olier): Quelle sera la rémunération de
l'adjoint?
M. BEAUDRY: Pour l'adjoint, ce sera entre $15,000 et $20,000.
M. PICARD (Olier): Entre $15,000 et $20,000. M. LEVESQUE (Bonaventure):
Maintenant...
M. PICARD (Olier): Est-ce que c'est prévu dans les $150,000?
M. BEAUDRY: Dans les $150,000.
M. PICARD (Olier): C'est prévu dans les $150,000?
M. BE AUDRY: Oui, monsieur.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Maintenant, est-ce que ces gens sont choisis,
sélectionnés ou recrutés selon les mêmes normes que
celles de la Fonction publique?
M. BE AUDRY: Peut-être trouverez-vous que nous les payons un peu
plus cher, mais ces personnes-là n'ont pas les mêmes
privilèges qu'à la Fonction publique.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Alors, elles ne relèvent pas...
M. BEAUDRY: Elles ne relèvent pas de la Fonction publique.
M. PICARD (Olier): Ces personnes sont engagées, dites-vous, par
contrat?
M. BEAUDRY: Par le directeur général..
M. PICARD (Olier): Par contrat?
M. BEAUDRY: Par contrat.
M. PICARD (Olier): Par contrat.
M. BEAUDRY: Pour une période de trois ans.
M. PICARD (Olier): Et la nomination du directeur général
est aussi pour une période de trois ans?
M. BEAUDRY: Oui, monsieur.
M. PICARD (Olier): De même que l'adjoint lorsqu'il sera
nommé?
M. BEAUDRY: Oui, monsieur.
M. PICARD (Olier): Alors, c'est seulement pour une période de
trois ans, pour toute l'organisation?
M. BEAUDRY: Oui, monsieur.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Quant au service de bureau...
M. BEAUDRY: Cela ne veut pas dire que cette organisation-là ne
peut pas se renouveler.
M. PICARD (Olier): D'accord, d'accord.
M. LEVESQUE (Bonaventure): ... est-ce que...
M. BE AUDRY: Au service...
M. LEVESQUE (Bonaventure): de bureau?
M. BEAUDRY: Oui, c'est la même chose, monsieur.
M. LEVESQUE (Bonaventure): La même chose que?
M. BEAUDRY: Pour tous les employés du Conseil supérieur de
l'Industrie.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Ils sont tous choisis par M. Ouimet,
rémunérés à la discrétion de M. Ouimet?
M. BEAUDRY: Oui, mais avec l'approbation du ministre.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui, oui, mais si ce genre d'organisation se
répétait un peu, est-ce qu'il n'y aurait pas danger qu'il y ait
des différences assez marquées entre les traitements des gens
faisant la même chose que ces personnes-là? Des gens qui
travaillent dans les bureaux du gouvernement? Et parce qu'ils sont dans une
organisation comme celle-là, pourraient-Ils recevoir des traitements
supérieurs ou des avantages supérieurs?
M. BEAUDRY: Il ne peut pas y avoir un avantage réellement
supérieur, mais Il peut y avoir une différence étant
donné que c'est un temps limité, étant donné, M. le
député de Bonaventure, que cet organisme était un
organisme qui ne voulait avoir aucun lien avec un organisme gouvernemental.
Alors les hommes d'affaires ont tenu à ce que ce
comité-là... Et en plus de cela, l'an prochain, je trouverai une
formule pour que tout le montant soit défrayé par
eux-mêmes. Vous ne pouvez pas déplacer des employés sans
fonds de pension, sans une légère compensation.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Non. Si les dépenses étaient
absorbées par le conseil lui-même et par les industriels
eux-mêmes, je ne poserais pas la même question.
M. BEAUDRY: Vous comprendrez que, cette année, nous avons
formé ce conseil qui, nous croyons, va apporter beaucoup à la
province. Par exemple, cette année, le club des Expos de Montréal
va jouer aux Etats-Unis. Nous sommes en train d'organiser des
conférences qui seront données par ces conseillers aux
Etats-Unis. Ces personnes défraient leurs propres dépenses et
sont sans rémunération. Cette année, nous avons cru bon,
pour lancer ce comité, qu'un montant de $150,000 n'était pas
exagéré, si vous pensez à ce que cela nous rapportera. Au
cours de l'année, je ferai tout ce qui est possible pour essayer de
trouver une formule pour qu'à n'en coûte pas un sou au
gouvernement, l'an prochain.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Si on veut parler du Conseil de l'industrie,
est-ce que le ministre pourrait préciser si c'est le gouvernement qui a
créé le conseil ou si ce sont les industriels qui ont
demandé d'être réunis pour conseiller le gouvernement?
M. BEAUDRY: Non, c'est le ministre qui, après deux ans de
réunions avec ces gens-là, a essayé de trouver une formule
afin de promouvoir le Québec à l'étranger, formule qui ne
serait pas trop dispendieuse pour le gouvernement et qui serait très
rentable. Donc, le ministre a pressenti individuellement chaque personne qui
compose le comité.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Il a été écrit
récemment que ce sont les industriels eux-mêmes qui avaient
formulé le désir d'être incorporés de telle
façon qu'ils puissent conseiller le ministre.
M. BEAUDRY: Des milieux d'affaires ont peut-être formulé le
voeu qu'il y ait une organisation semblable, mais ce ne sont pas les membres
qui ont formulé le voeu.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Est-ce que cela n'aurait pas
été mieux de prévoir une subvention de l'ordre de $150,000
que le gouvernement aurait versée au conseil? Ainsi le conseil aurait
été entièrement autonome sauf pour la subvention.
M. BEAUDRY: Oui. Mais, M. le député, cela
ne veut pas dire que les $150,000 vont être dépensés
totalement. Je ne puis pas vous le dire. C'est une expérience pilote que
nous avons faite cette année. Nous avons prévu que, pour la bonne
marche des affaires du conseil, il nous fallait $150,000. Je ne suis pas
certain si nous emploierons tout le montant...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Ce n'est pas tellement sur le montant, mais
c'est sur le principe! Est-ce qu'il n'aurait pas été mieux que le
conseil soit absolument indépendant du gouvernement et ne reçoive
même pas de subvention? J'ai compris que le ministre avait dit que,
peut-être l'an prochain. Il n'y aurait pas de subvention au Conseil
supérieur de l'industrie et que le conseil pourrait se financer
lui-même.
M. BEAUDRY: Je vous al dit qu'au cours de l'année j'essaierai de
trouver une formule pour faire financer ce montant-là, que ce soit par
les corporations elles-mêmes ou par un autre moyen. C'est mon intention
de trouver la formule. Quelle formule? Je ne l'ai pas actuellement.
Je crois, comme vous le mentionnez, que ce n'est pas tellement le
montant de $150,000. Pour avoir tous les services que nous pouvons avoir d'un
groupe de personnes de ce calibre, je crois que, pour la première
année si vous vous imaginez que même ces personnes,
à l'occasion, vont donner peut-être des dîners à 7 ou
8 personnes, il faut qu'elles remboursent tous ces dîners-là
elles-mêmes il me semble que $150,000, c'est bien raisonnable. Si
l'an prochain, je venais à bout de trouver la formule pour qu'il n'y ait
aucune dépense, j'en serais heureux.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Il serait peut-être
préférable, à ce moment-ci, de bien déterminer les
objectifs du conseil. Si c'est pour faire de la promotion industrielle et
recevoir les gens qui nous visitent au Québec ou profiter des voyages
à l'étranger afin de faire certains contacts, c'est là un
objectif très louable mais qui est différent de celui, par
exemple, de conseiller le ministre en matière économique ou de
conseiller le gouvernement; ou, par exemple, comme il a été
mentionné quelque part, de faire parader certains ministres,
collègues du ministre de l'Industrie et du Commerce, pour savoir le fond
de leurs pensées en matière économique et en
matière constitutionnelle. Il s'agirait, je crois, de bien
déterminer les fonctions du conseil de l'industrie.
M. BEAUDRY: Le conseil a été formé pour promouvoir,
provoquer et raffermir les liens entre le ministère de l'Industrie et du
Commerce ainsi que les hommes d'affaires et entreprises du Québec et
leurs collègues des autres provinces et de l'étranger, de mieux
faire connaître, à l'étranger et dans le reste du Canada,
les avantages offerts par le Québec, tant au point de vue des ressources
naturelles et humaines qu'au point de vue de la législation et des
services rendus par les différents mini stères; renseigner le
ministère et ses fonctionnaires sur l'évolution de l'opinion du
monde des affaires sur le Québec; suggérer des moyens pour
orienter cette option ou la modifier; le cas échéant, assister
les conseillers économiques et agents de développement industriel
dans l'accomplissement de leurs démarches auprès des hommes
d'affaires ou des investisseurs éventuels, compte tenu de
l'expérience déjà acquise par les membres du conseil;
faire au ministre des suggestions susceptibles de l'aider dans
l'élaboration des politiques du ministère ou guider ce dernier
dans son activité.
La création du comité consultatif de l'industrie est une
conséquence logique des objectifs de promotion économique et
industrielle du Québec poursuivis par le ministre de l'Industrie et du
Commerce. Dans le climat qui prévaut actuellement, la mise sur pied d'un
tel organisme est devenue une nécessité et aidera le
Québec à raffermir ses relations avec les investisseurs
éventuels.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Combien de réunions le conseil a-t-il
tenues jusqu'à maintenant?
M. BEAUDRY: Nous en avons tenu une au mois d'avril, à la fin de
mars ou au début d'avril, et la seconde aura lieu le 8 mai.
M. BOURASSA: A l'inauguration? M. BEAUDRY: Oui, monsieur.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Quel était le pourcentage de
présences?
M. BEAUDRY: Nous avions, je crois, 34 présences sur 47. Les
treize étant retenus à l'étranger ou en voyage.
M. BOURASSA: Lorsque la photo a été prise? Les 26 que nous
voyons sur la photo?
M. BEAUDRY: Lorsque la photo a étéprise, il a pu y avoir
des absents mais 34 ont assisté à l'assemblée.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Est-ce qu'on peut connaître les sujets
traités à la première réunion?
M. BEAUDRY: Nous avons parlé en général des
problèmes de la province de Québec, des suggestions qu'il fallait
faire afin d'amener les investisseurs chez nous. De plus, nous avons
été d'accord pour dire qu'avant d'amener des investisseurs
étrangers, il fallait aider les investisseurs qui sont
déjà établis, prendre les moyens pour qu'ils puissent se
développer.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Est-ce qu'il a été question
qu'on profiterait d'une réunion prochaine pour convoquer certains
ministres?
M. BEAUDRY: Aucunement, en aucun temps.
M. SEGUIN: M. le Ministre, est-ce qu'on a remis à plus tard cette
question de parade officielle?
M. BEAUDRY: Il n'a jamais été question de ça, en
aucun temps.
M. BOURASSA: Un article a été publié, dans le
journal La Presse, disant que le ministre de l'Education et le ministre des
Affaires culturelles pourraient être convoqués.
M. BEAUDRY: Il y a eu plusieurs articles écrits dans les
journaux.
M. SEGUIN: Pensez-vous, M. le Ministre, qu'il y aurait lieu de faire une
convocation semblable? Cela pourrait peut-être éclaircir les
choses. Je ne veux pas être méchant, vous me connaissez assez.
M. BEAUDRY: Pour moi, tout est très clair. Pour la
majorité des Québécois, tout est clair.
M. SEGUIN: Tout est bon?
M. BE AUDRY: Tout est bon. En aucun temps, à cette
réunion-là, il n'a été question de faire parader
des ministres. Par contre, et en cela vous serez d'accord, si nous voulons que
ces gens puissent agir et être au courant des certaines activités
de tous les ministères. Il est bon, à l'occasion, que le ministre
des Finances ou un ministre d'un autre ministère, probablement, aille
expliquer à ces gens quel produit ils auront à vendre à
l'étranger.
UNE VOIX: C'est cela.
M. BEAUDRY: C'est dans ce sens que, probablement, à l'occasion,
certains ministres, s'ils le désirent...
M. SEGUIN: Je pense bien qu'il est avantageux aussi de connaître
un peu la route en avant de soi, n'est-ce pas, ce qu'on doit suivre ou ce
à quoi on peut s'attendre au point de vue d'accidents, enfin de
commentaires et tout cela. Mais cette réunion n'a pas eu lieu,
d'après ce que vous dites?
M. BEAUDRY: Non.
M. SEGUIN: La réunion des ministres?
M. BEAUDRY: Il y a une réunion qui a eu lieu...
M. SEGUIN: Où il n'y a pas eu de convocation?
M. BE AUDRY: Aucune convocation.
M. PICARD (Olier): Vous avez mentionné tantôt, lorsque vous
nous avez donné le détail de ce budget de $150,000, qu'il y avait
un montant de prévu pour les frais de représentation. Nous
n'avons pas ces chiffres ici. Est-ce que vous pourriez me redonner ce
montant?
M. BE AUDRY: C'est $25,000, monsieur.
M. PICARD (Olier): Etant donné... Par contre, tout à
l'heure...
M. BEAUDRY: Voyages et représentation. M. PICARD (Olier):
Voyages? M. BEAUDRY: Et représentation.
M. PICARD (Olier): Et représentation. Par contre, tout à
l'heure, vous nous avez mentionné que tous les chefs d'industrie...
M. BEAUDRY: D'accord.
M. PICARD (Oller): ... payaient leurs propres dépenses.
M. BEAUDRY: C'est réel.
M. PICARD (Olier): Alors qui...
M. BEAUDRY: Mais ces dépenses sont pour le directeur
général et son adjoint.
M. PICARD (Olier): Et son adjoint? M. BEAUDRY: Oui.
M. PICARD (Olier): Ce seront les deux seules personnes qui seront...
M. BEAUDRY: Nous avons deux publicistes et recherchistes mais
probablement qu'il y aura certaines dépenses qui iront dans les frais de
voyage pour les deux publicistes.
UNE VOIX: Ce ne sont pas les chefs d'industrie qui...
M. BEAUDRY: Nous avons $5,000 pour des frais de bureau. Des
imprévus pour $10,000. Peut-être n'y en aura-t-il pas pour plus de
$4,000 ou $5,000? Nous avons pensé que nous pourrions en avoir pour
$10,000.
M. SEGUIN: M. le Ministre, est-ce que vous me permettrez de poser des
questions? Je reviens sur cette question de comité ou de comité
conseil au point de vue du développement économique, de ce
comité que vous avez formé. Vous avez été
responsable de sa formation.
Est-ce que dans ce comité on voudrait se subdiviser en
sous-comités? Est-ce qu'il y aurait un groupe de ces gens, par exemple,
qui serait particulièrement intéressé, disons, à la
recherche, un autre groupe qui serait particulièrement
intéressé au développement ou un autre groupe encore qui
serait intéressé soit a la totalité de la structure ou de
l'expansion économique de la province? Est-ce qu'il y a des
sous-comités qui seront formés dans ce
comité-là?
M. BEAUDRY: Ce sont d'ailleurs, premièrement, des gens qui feront
de la promotion et de la vente. Deuxièmement, si vous remarquez, ces
gens viennent de secteurs différents et de régions
différentes autant que possible.
M. SEGUIN: Oui.
M. BEAUDRY: Disons que votre suggestion est bonne. Je pourrai la
formuler.
M. SEGUIN: Je ne faisais pas une suggestion. Je posais une question.
M. BEAUDRY: ... lors d'une assemblée. Mais nous ne sommes pas
rendus à ce stade.
M. SEGUIN: Ah, bon!
M. LEVESQUE (Bonaventure): Je profitais de l'occasion pour dire que,
même si nous posons certaines questions précises non pas seulement
sur les objectifs mais sur la compositions du conseil et sur d'autres sujets
connexes, il n'y a aucun doute que, si nous considérons la liste des
membres du conseil, il y a certainement une source d'inspiration très
précieuse pour le ministre. Je crois que le ministre devrait utiliser
cet instrument sans réserve. Je crois qu'il y a là des gens qui
sont dans le bain, si on peut dire, qui sont dans le domaine des affaires, dans
le domaine pratique des affaires et qui peuvent. Il n'y a aucun doute, rendre
des services immenses à la province.
Je suis heureux de la création du conseil mais j'espère
que le conseil ne sera pas simplement quelque chose sur papier mais quelque
chose qui sera suivi, où des réunions pourront être tenues
régulièrement et où l'on pourra faire appel à
toutes ces bonnes volontés.
M. BEAUDRY: Je remercie le député de Bonaventure de sa
bonne suggestion. Vous pouvez être assuré que j'ai eu l'occasion
d'appeler plusieurs de ces gens dernièrement et qu'à l'occasion,
dans des secteurs différents, il nous fait grand plaisir de les
contacter. Vous pouvez être assuré que je ne suis pas de ceux qui
croient avoir toutes les solutions. Alors, c'est pour cette raison que j'ai
essayé de m'entourer de gens qui sont devenus, en quelque sorte, des
spécialistes dans des domaines différents.
M. BOURASSA: Quelles sont les relations du conseil de l'industrie avec
le conseil de planification? Le conseil de planification doit nommer des
membres qui sont des membres...
M. BEAUDRY: Le conseil général de l'industrie a un seul
contact avec le gouvernement; ce contact, il l'a avec le ministre de
l'Industrie et du Commerce.
M. BOURASSA: Ce que je veux dire: il doit quand même y avoir des
relations qui s'établissent, puisque d'après l'office de
planification, d'après le bill 52, il y a des membres provenant de
l'industrie, des syndicats, de différents endroits qui vont conseiller
le gouvernement sur des questions économiques. Alors, je veux savoir
quelles peuvent être les relations entre, d'une part le conseil de
l'industrie qui se trouve à conseiller le ministère de
l'Industrie et du Commerce sur le développement économique, et
d'autre part, le conseil de planification qui fera la même chose?
M. BEAUDRY: Premièrement, le Conseil général de
l'industrie n'est pas chargé déconseiller. Il est chargé
d'essayer de vendre le Québec à l'étranger.
M. BOURASSA: Oui, mais je veux dire, ils sont chargés...
M. BEAUDRY: C'est un peu un genre d'ambassadeur pour essayer de nous
trouver un marché nouveau, pour notre production, ici au Québec,
et pour essayer de découvrir de nouveaux investisseurs. C'est le but
fondamental du Conseil général de l'industrie. Et de plus,
à l'occasion. Il doit certainement faire des suggestions au ministre
pour la direction de la bonne marche du ministère de l'Industrie et du
Commerce dont, en définitive, la population québécoise
tout entière profitera...
M. BOURASSA: Oui, oui, nous sommes d'accord là-dessus. Mais les
objectifs du conseil de l'industrie, si je me souviens bien de la
conférence de presse du ministre, c'est de créer 400,000 nouveaux
emplois. Est-ce que le ministre se souviens d'avoir dit que la raison
d'être du conseil de l'industrie c'était de créer 400,000
nouveaux emplois d'ici cinq ans?
M. BEAUDRY: C'est un des moyens.
M. BOURASSA: Alors, ceci veut dire que cela a trait au
développement économique. C'est clair, le ministre admet cela.
Or, je dis que c'est également le rôle du conseil de
planification. Je touche là un problème qui est celui de la
croissance du gouvernement, de la multiplication des structures et des cadres,
et je pense qu'il est important de voir à ce qu'ils puissent agir d'une
façon coordonnée. Alors, je demande au ministre quelles seront
les lignes d'autorité, quelles seront les relations entre d'une part, le
conseil de planification qui vise au développement économique, et
d'autre part, le conseil de l'industrie, qui a le même objectif.
M. BEAUDRY: Il pourra peut-être y avoir des personnes du conseil
de l'industrie qui seront au conseil de planification.
M. BOURASSA: Oui « il pourra peut-être y avoir »;
j'aimerais que le ministre me renseigne d'une façon plus précise
et plus pertinente sur une question qui se trouve à exprimer, à
sa façon, l'un des principaux problèmes actuels du gouvernement
québécois: la multiplication des structures qui se paralysent les
unes les autres.
M. BEAUDRY: U n'y a aucune multiplication des structures. Nommez-moi un
mouvement qui est parti du ministère de l'Industrie et du Commerce qui
prend une promotion industrielle à l'étranger, qui essaie
d'amener des investissements. C'est le but principal. Ces personnes doivent
créer un climat à l'étranger qui est plus favorable aux
investisseurs et faire de la promotion industrielle. Ce sont réellement
des vendeurs. Donc, premièrement, une promotion industrielle. C'est la
raison première pour laquelle le conseil a été
créé.
M. BOURASSA: Mais, comment vont-ils collaborer avec le conseil de
planification? Quel sera le genre de collaboration? Est-ce qu'ils se
consulteront? Est-ce qu'il y aura des avis qui seront émis de part et
d'autre?
M. BEAUDRY: M. Paul Ouimet est le directeur général du
conseil, il fait le lien avec le ministre. Et le ministre va assister à
toutes les assemblées du conseil. Le ministre assistera aussi au conseil
de planification, et le ministre ainsi que le directeur général
et ley dirigeants du ministère feront la coordination.
M. BOURASSA: Est-ce qu'il est acquis que le ministre responsable de
l'office de la planification va assister aux réunions du conseil de
l'industrie?
M. BEAUDRY: A l'occasion.
M. BOURASSA: A l'occasion? Quand vous dites « à l'occasion
», est-ce que ce ne serait pas inviter d'une façon...
M. BEAUDRY: Bien, quand il jugera nécessaire d'y assister.
M. BOURASSA: Je veux dire, s'il est question de développement
économique.
M. BEAUDRY: Evidemment, tout dépendra de l'ordre du jour.
M. BOURASSA: Alors, je dois constater, M. le Président, que le
ministre est plutôt vague dans ses réponses sur des organismes qui
ont les mêmes objectifs et qui appartiennent à des
ministères différents. Quand le ministre a annoncé que le
conseil de l'Industrie serait établi, il a mentionné, comme je le
signalais tantôt, 400,000 emplois nouveaux.
Ce n'est pas à moi de dire l'importance des emplois nouveaux,
surtout quand il y en a eu
seulement 3,000 l'an dernier... Combien faudrait-il d'emplois nouveaux
au cours de la présente année? Est-ce que je peux demander cela
au ministre? On disait 32,000 l'an dernier. Mais au cours de cette
année, quel est le nombre d'emplois nouveaux? 85,000 ou...
M. BEAUDRY: 400,000 ou 80,000 multiplié par à.
M. BOURASSA: Cette année, il faudrait 80,000 nouveaux
emplois.
M. BEAUDRY: Pas nécessairement. C'est une moyenne de
80,000...
M. BOURASSA: Le ministre doit savoir qu'avec un taux de
mortalité, un taux de natalité, un taux de retraite il y a
des études auxquelles j'ai collaboré le ministre doit
savoir qu'il y a une façon de déterminer le nombre d'emplois
nouveaux à créer au cours de l'année 1969. L'an dernier,
dans l'aperçu général, on a dit que c'était 32,000
à cause d'un caractère spécial de scolarité. Cette
année, quel est le chiffre? Est-ce que vous allez me
répondre?
M. BEAUDRY: J'ai dit une moyenne de 80,000 emplois pour les cinq
prochaines années.
M. BOURASSA: Donc, cela veut dire que cette année...
M. BEAUDRY: Cela peut être 76, cela peut être 84...
M. BOURASSA: Alors, nous pouvons dire environ 80,000 emplois nouveaux
à créer cette année.
M. BEAUDRY: En moyenne pour les cinq prochaines années.
M. BOURASSA: Mais, cette année, est-ce qu'il y a moyen d'avoir un
chiffre ou non? Si vous l'avez pour cinq ans, vous devez l'avoir pour cette
année.
M. BEAUDRY: Je ne peux pas l'avoir exactement parce que
différents facteurs entrent en ligne de compte. Comme vous savez, il y a
plusieurs usines où l'on essaie de s'automatiser au dernier
degré. Donc, je ne puis pas vous dire combien d'usines vont
réduire leur nombre d'employés à l'heure actuelle.
Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte...
M. BOURASSA: Oui, mais vous le savez pour cinq ans.
M. HAMEL: Cela peut varier d'une année à l'autre...
M. BOURASSA: Oui, mais Il y a eu 32,000 l'an dernier. Je ne peux pas
croire que l'on ne puisse pas faire une prévision pour cette
année... Le conseil économique en a fait jusqu'en 1980.
M. CHARBONNEAU: C'est une question de probabilité qui ne tient
pas debout.
M. BOURASSA: On peut admettre 3% d'erreur avec le gouvernement actuel.
Nous pouvons admettre une marge d'erreur de 3%.
M. HAMEL: Oui, mais vous lui demandez un chiffre... Les
prévisions étaient de 32,000 pour cette année.
Après cela, il vous dit une moyenne de 80,000 pour les cinq prochaines
années.
M. BOURASSA: Je lui demande si les 80,000...
M. BEAUDRY: Il y a eu une augmentation depuis les cinq dernières
années: 63/64: 2.à; 64/65: 3.6; 65/66: 4.6; 66/67: 3.8; 67/68:
1.4.
M. BOURASSA: A cause de la scolarité... M. BEAUDRY: C'est
ça.
M. BOURASSA: Est-ce que le ministre trouve que ma présomption
n'est pas fondée si je dis que, l'an prochain, ce sera environ 80,000
emplois nouveaux?
M. BEAUDRY: Cela peut être à n'importe quel endroit, entre
1.4 et 4.6 d'augmentation.
M. BOURASSA: Disons que si on prend 400,000, cela fait 80,000. Si c'est
75,000 cette année, ce sera 85,000... Je demande au ministre quelles
sont les étapes concrètes étant donné l'importance
du défi... On a parlé tantôt de la chute des
investissements au Québec. J'en al parlé, il y a quelques jours
à la télévision. Si l'on regarde les chiffres mêmes,
d'une façon plus précise, l'on voit que, dans le secteur
manufacturier, vous avez 31% d'augmentation en Ontario en 1969, contre 2% au
Québec, dans le secteur manufacturier. Nous allons laisser le
sous-ministre répondre.
M. BEAUDRY: Il y avait une baisse de 18% en Ontario, en 1968. Ici, il y
avait une augmentation de 2%.
M. BOURASSA: M. le Président, je peux donner les chiffres...
L'Ontario a dans le secteur manufacturier, une augmentation considérable
en valeurs absolues, par rapport au Québec.
M. le Président, vous avez, en Ontario, des investissements
prévus pour 1969, dans le secteur manufacturier, de $1,316,000,000. Si
je mentionne ces chiffres, c'est que le ministre, à la fin de
l'année, a manifesté un optimisme en citant certaines
statistiques à l'aide de prévisions qui avaient été
faites au mois de septembre et qui ont été revisées au
mois d'avril. Le ministre, dans une conférence de presse, m'a
attaqué personnellement le ministre s'en souvient, je n'ai pas
besoin de lui rappeler ce qu'il a dit comme quoi j'étais trop
pessimiste.
Or, pour contredire le pessimisme, qui à mon sens me paraissait
Justifié, quand il n'y avait que 3,000 nouveaux emplois qui
étaient créés, le ministre a cité des chiffres
comparant la croissance des investissements au Québec et en Ontario. Le
ministre est-il au courant que les chiffres révisés se trouvent
à contredire partiellement, parce qu'en 1968, les chiffres
revisés sont de $587 millions dans le secteur manufacturier?
Alors le sous-ministre peut consulter ses documents. Je n'ai pas attendu
que le ministère m'envoie une copie, je m'en suis procuré
une.
M. BEAUDRY: C'est publié par le fédéral, M. le
Président.
M. BOURASSA: Pas publié par le fédéral. S'il vous
plaît, pourrions-nous avoir un argument plus sérieux que cela? Ce
sont des chiffres officiels qui n'ont jamais été
contestés...
M. BEAUDRY: C'est publié par le fédéral. Vous
pouvez l'obtenir. Nous, nous avons obtenu notre copie du
fédéral.
M. BOURASSA: Oui, mais le ministre peut-il expliquer par exemple, ce
qu'il a dit dans son discours, le 17 décembre, en disant que
l'augmentation était de $634 millions par rapport à $593
millions. Le ministre se souvient-il d'avoir dit cela?
M. BEAUDRY: Oui M. le Président.
M. BOURASSA: Alors, cela faisait une augmentation de $39 millions, je
crois, si ma mémoire est bonne. Or, dans les chiffres revisés du
secteur manufacturier, en 1968, quel est le montant?
M. BEAUDRY: Québec, Canada ou...?
M. BOURASSA: Québec.
M. BEAUDRY: $587.3 millions.
M. BOURASSA: Bon. Alors, le ministre a fait d'excellents discours en se
basant sur$634 millions. Le ministre m'a accusé de pessimisme en disant
qu'avec $634 millions contre $594 millions, tout allait très bien au
Québec. Or là, il dit que c'est $587 millions. Donc,
c'était une baisse et non pas une augmentation.
M. BEAUDRY: Les chiffres sont différents, mais en pourcentage. A
ce moment-là, c'était $ 634 millions, soit une hausse de 6% et,
en Ontario, c'était une baisse de 12%. Les chiffres
revisés...
M. BOURASSA: Ce n'est pas cela que vous aviez dit.
M.. BEAUDRY: Les chiffres revisés indiquent que nous connaissons
une baisse de 2% et qu'en Ontario ils connaissent une baisse de 17%, en
1968.
M. BOURASSA: Non, mais M. le Président...
M. BEAUDRY: Donc, en pourcentage, la différence reste à
peu près la même.
M. BOURASSA: Qu'avez-vous dit pour l'Ontario? Une baisse de combien?
M. BEAUDRY: De 17%
M. BOURASSA: C'est 2% que vous avez dit le 17 décembre. Ici j'ai
votre discours.
M. BEAUDRY: Oui, mais là vous parlez des chiffres nouveaux, alors
nous parlerons des chiffres nouveaux.
M. BOURASSA: Vous avez parlé tantôt des chiffres anciens.
Quels sont vos chiffres anciens?
M. BEAUDRY: 6.8% au Québec et 2.4% en Ontario.
M. BOURASSA: Oui, une chance que je viens de le trouver.
M. BEAUDRY: Moins 2.4%.
M. BOURASSA: D'accord. Alors, là...
M. BEAUDRY: Et l'Ontario, les chiffres revisés sont moins
17%.
M. BOURASSA: Moins 17%.
M. BEAUDRY: Les chiffres revisés.
M. BOURASSA: Au lieu de 2%.
M. BEAUDRY: Au lieu de moins 2.4%.
M. BOURASSA: Et le Québec, au lieu d'une augmentation de 6%,
c'est une réduction de 2%.
M. BEAUDRY: Exact.
M. BOURASSA: Il y a donc eu une réduction des investissements au
Québec.
M. BEAUDRY: Comme Il y en a eu une en Ontario de 17%.
M. BOURASSA: Non, mais nous parlons du Québec parce qu'eux ont 3%
de chômage et nous avons 8.à%.
Et, je veux simplement, sur la base...
M. BEAUDRY: C'est sur la base du chiffre...
M.BOURASSA: Non.
M. BEAUDRY: ... provisoire pour 1968.
M. BOURASSA: Mais là, nous avons les chiffres définitifs
pour 1968, les chiffres revisés.
M. BEAUDRY: Non, non.
M. BOURASSA: Revisés, par rapport au mois de septembre. Les
chiffres définitifs, disons...
M. BE AUDRY: Revisés, mais provisoires.
M. BOURASSA: D'accord, mais ils sont quand même revisés. Si
le ministre veut dire: Espérons que la deuxième revision ne sera
pas pire que celle que nous avons eue là. Parce que la première
revision...
M. BE AUDRY: S'il y a eu une baisse en pourcentage pour 1968, c'est
parce qu'il y a eu une revision pour 1967.
M. BOURASSA: Mais...
M. BEAUDRY: La revision vient de sortir dernièrement.
M. BOURASSA: ... comment le ministre explique-t-il qu'il avait
annoncé $634 millions d'investissements... C'est bien $634 millions, M.
le Ministre que...?
M. BEAUDRY: C'est $634 millions.
M. BOURASSA: Dans les chiffres revisés, c'est $587 millions.
D'accord? Est-ce que le ministre pourrait expliquer s'il est capable
évidemment, je comprends qu'un tas de données sont en cause
comment il se fait que cela a baissé de $634 millions a $587
millions? Je comprends que c'est une enquête qui est faite auprès
de 24,000 entreprises dans tout le Canada, mais est-ce que le ministre a une
idée?
M. BEAUDRY: C'est parce que le chiffre de 1967 a été
augmenté comparativement à celui de 1968.
M.BOURASSA: Non, je ne parle pas du pourcentage. Je parle de la baisse
en volume: $634 millions à $587 millions.
M. BEAUDRY: M. le Président, il y a des données que le
gouvernement fédéral produit à quatre reprises
différentes. Par exemple, les données prévisionnelles du
début de l'année, en ce qui regarde les investissements au
Canada, étaient de -10.9%; à la mi-année, elles
étalent de -7.4%; provisoires, en troisième lieu, de -13.7% et
définitives, -13.1%
M. BOURASSA: Est-ce que le ministre pourrait répéter le
début? Cela, c'est la chute des investissements en 1968? Je n'ai pas
compris la première phrase.
M. BEAUDRY: C'est parce...
M. BOURASSA: Ah oui, d'accord. Le fédéral les publie
quatre fois, les revisions.
M. BEAUDRY: Quatre fois. Des revisions différentes avec quatre
chiffres différents.
M. BOURASSA: D'accord, mais ce n'est pas la question que J'ai
posée au ministre. S'il n'y en a pas, disons que je n'insisterai pas
parce que ce n'est peut-être pas une chose facile à savoir. Mais
étant donné qu'il a annoncé $634 millions
d'investissements additionnels et il y en a seulement $587 millions, dans la
deuxième revision, le ministre peut toujours dire que la
troisième revision va être favorable, mais prenons les
chiffres que nous avons là.
M. BEAUDRY: M. le Président, nous avons cité les chiffres
que nous avions à ce moment là. Partout au Canada, les autres
chiffres démontrent qu'il y a eu baisse dans l'ensemble...
M. BOURASSA: Mais je ne parle pas des chiffres, M. le
Président.
M. BE AUDRY: Oui, mais nous avons pris le chiffre de $634
millions...
M. BOURASSA: Est-ce que le ministre...
M. BEAUDRY: ... et nous l'avons pris dans des prévisions, dans
les statistiques du fédéral. C'est là que nous l'avons
pris.
M. BOURASSA: Voici la question que je pose au ministre: Est-ce que le
ministre peut donner des raisons qui expliquent cette revision à la
baisse quand même substantielle ou ne peut-il pas en
donner? Ou préfère-t-il remettre ça?
M. BEAUDRY: C'est une revision statistique. Les projets qui ont
été annoncés, à ce moment-1à,
n'étaient pas plus confirmés statistiquement.
M. BOURASSA: C'est une chose qui arrive que plusieurs compagnies
pétrolières ont tendance c'est un fait sur le
marché international à annoncer, comme cela, des
investissements considérables pour prendre la place de concurrents
possibles ou éventuels. Cette baisse-là, à mon sens, est
importante et se trouve à affaiblir drôlement l'optimisme qu'a
claironné le ministre à plusieurs reprises à la fin et au
début de l'année. Est-ce qu'on ne peut pas expliquer cette baisse
par le fait que, peut-être, certaines compagnies, qui avaient
annoncé des projets importants, ont décidé d'annuler en
partie ou de retarder l'établissement ou l'application de ces projets?
Je suggère une réponse au ministre.
M. BEAUDRY: Nous ne pouvons pas tirer des conclusions avec les chiffres
que nous avons en main. Le député de Mercier, M. le
Président, Je crois qu'il est pessimiste, comme toujours, mais j'ai
confiance dans le Québec. Quoiqu'il en soit...
M. BOURASSA: Vous m'ouvrez la porte, on va parler de cela.
M. BEAUDRY: ... d'autres compagnies d'huile... Cela semble
déplaire au député Bou- rassa qu'une compagnie vienne
investir dans la région de Québec. Pourtant, c'est le
deuxième gros investissement depuis l'Anglo Pulp que nous
connaîtrons à Québec, Je l'espère. Nous avons eu des
annonces de la compagnie Fina pour $40 millions, je sais que la compagnie Gulf
va annoncer ces jours-ci une trentaine de millions et que la compagnie Imperial
Oil est sur le point d'annoncer des investissements. Dans les produits
pétrochimiques, nous avons annoncé que la compagnie BASF
investirait $30 millions dont $14 millions cette année. Alors, je ne
crois pas que la compagnie qui viendra s'installer dans la ville de
Québec puisse nuire aux compagnies qui sont déjà
existantes chez nous, puisque plusieurs d'entre elles ont déjà
annoncé des investissements majeurs pour l'année 1969.
M. BOURASSA: Le ministre a dit plusieurs choses que je vais reprendre
une à une. Mais avant que Je l'oublie, est-ce que M. André
La-garde est membre du conseil d'administration de Golden Eagle?
M. BEAUDRY: Je ne suis pas au courant.
M. BOURASSA: Est-ce que cela a été confirmé par le
Montréal-Matin?
UNE VOIX: Il ne faut pas se fier à cela.
M. BOURASSA: Le ministre n'est pas au courant si M. André
Lagarde...C'est parce que c'est le député de Laurier, si le
ministre se souvient qui a fait une déclaration le ministre
trouve que je suis pessimiste je ne sais pas si le ministre se souvient
des paroles du député de Laurier. Je pense que je reste
relativement modéré par rapport à lui. Il disait que le
gouvernement était un vieux gouvernement conservateur de broche à
foin. C'était l'expression du député de Laurier. Je ne
suis pas encore à dire cela, mais il a soutenu. Il a dit...
M. BEAUDRY: Une fois, j'avais mentionné; « des bineries
» vous m'aviez dit que cela n'appartenait pas à votre langage.
Alors « broche à foin, » ce n'est pas loin de «
binerie ».
M. BOURASSA: Je n'ai pas dit au ministre que je le disais. Il y a le
dictionnaire Larousse qui contient suffisamment d'expressions pour qualifier le
gouvernement actuel.
M. BEAUDRY: Mais après avoir utilisé le mot «
binerie », vous m'avez dit que cela n'appartenait pas à votre
vocabulaire, donc broche à foin...
M. BOURASSA: Non, mais je demande au ministre, est-ce que
M. LE PRESIDENT: Si vous me le permettez, nous nous éloignons pas
mal du sujet, de l'article 7.
M. BOURASSA: Nous sommes aussi bien de régler cela tout de suite.
Je réponds au ministre qui m'a accusé de continuer mon pessimisme
négatif. Alors je veux répondre là-dessus à
l'accusation du ministre quand même.
M. BEAUDRY: M. le Président, il a ajouté «
négatif ».
M. BOURASSA: Il y a des pessimistes positifs. Si le ministre veut me
faire des excuses, je n'ai pas d'objection. Est-ce que le ministre peut dire
je pense que je peux poser la question, il a eu à négocier
avec la compagnie Golden Eagle si oui ou non M. André Lagarde
fait partie du conseil d'administration?
M. BEAUDRY: Je connais M. Lagarde pour l'avoir rencontré à
quelques occasions. Je sais que c'est un homme d'affaires, mais je ne suis pas
au courant s'il était un membre du bureau de direction de la
compagnie.
M. BOURASSA: Non, c'est parce que c'est le député de
Laurier qui a dit la chose et il y a plusieurs personnes, quant à moi,
qui m'ont demandé, si c'était vrai.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs! Je me demande ce que cette
personne-là vient faire dans l'article 7.
M. BOURASSA: Alors, le ministre ne peut pas répondre à la
question?
M. BEAUDRY: Je ne connais pas les directeurs de la compagnie Golden
Eagle.
M. BOURASSA: Vous ne connaissez aucun directeur de la compagnie Golden
Eagle?
M. BEAUDRY: J'en connais un.
M. BOURASSA: Vous en connaissez un?
M. BEAUDRY: Dans la personne de M. Paul Boyd.
M. BOURASSA: M. Paul Boyd, le directeur général. Mais vous
n'êtes pas au courant des autres membres du conseil d'administration, il
n'est pas venu à l'esprit du ministre...
M. BEAUDRY: J'ai reçu à mon bureau une personne que le
député Bourassa connaît très bien. Il m'a dit qu'il
était directeur de cette compagnie-là. C'était M.
Simard.
M. BOURASSA: Son frère. M. BEAUDRY: M. Simard.
M. BOURASSA: D'accord. Mais ce que je demande au ministre... Il n'est
pas question de Léon ou de Jean Simard ici.
M. BEAUDRY: Vous m'avez demandé si j'en connaissais d'autres.
Alors j'ai eu l'occasion de rencontrer...
M. BOURASSA: Non, non, Je le demande au ministre, et que M. Simard soit
membre du conseil d'administration, ça ne m'empêchera certainement
pas de poser des questions sur la compagnie Golden Eagle.
M. BEAUDRY: Vous me demandez si Je connaissais...
M. BOURASSA: D'accord. Mais il n'est pas venu à l'esprit du
ministre quand il a vu dans le Journal Montréal-Matin, qu'il doit lire,
et c'était dans la Presse, sur un huit colonnes, qu'André
Lagarde était directeur de la compagnie Golden Eagle il n'est pas
venu à l'esprit du ministre de vérifier, parce que, moi,
ça m'est venu à l'esprit, étant donné qu'on m'a
questionné beaucoup.
M. BEAUDRY: Pourquoi...
M. BOURASSA: Cela n'est pas venu à son esprit, il a dit: C'est
faux, au départ.
M. HAMEL: M. le Président, on en voit tous les matins des huit
colonnes.
M. BOURASSA: Non, mais ce n'est pas moi qui al abordé la question
de Golden Eagle. M. le Président, c'est le ministre qui a
interprété une de mes remarques comme étant hostile
à l'établissement de la compagnie de Golden Eagle. J'ai
simplement dit que la chute des investissements ou la revision à la
baisse - très importante qui a été faite pouvait
être due au fait que des compagnies pétrolières annoncent
des investissements qu'ils reportent par la suite ou qu'ils annulent.
C'est ce que j'ai dit, et le ministre a enchaîné avec la
compagnie Golden Eagle et il refuse de me dire si André Lagarde est
membre du conseil d'administration.
M. BEAUDRY: M. le Président, toutes les annonces dans le domaine
pétrolier ont été faites après l'annonce de
l'investissement de la compagnie Ultramar.
M. BOURASSA: Pardon?
M. BEAUDRY: Après l'annonce de l'investissement de la compagnie
Ultramar.
M. BOURASSA: Non, mais je posais la question d'une façon
générale au ministre, parce que ça arrive...
M. BEAUDRY: Je suis certain que le député de Mercier est
au courant, toutes les annonces ont été faites après
l'annonce que la compagnie Ultramar viendrait s'établir au
Québec
M. BOURASSA: Alors on téléphonera à M. Paul Boyd
pour avoir la liste des membres du conseil d'administration, ou on pourrait le
demander à d'autres directeurs.
M. BEAUDRY: Si vous voulez, M. le Président, on peut
peut-être la lui demander pour le député de Mercier et la
lui fournir s'il tient à l'avoir. Nous pourrons peut-être la
demander au président.
M. BOURASSA: Oui, Je pense que ça pourrait intéresser les
députés de voir qui est membre du conseil d'administration de la
compagnie Golden Eagle.
Je voudrais répondre d'une façon assez explicite à
l'accusation de pessimisme qu'a faite le ministre à mon endroit; mais,
auparavant, on me dit qu'il y a d'autres questions sur le conseil de
l'industrie. Alors je vais laisser la place à mes collègues.
M. SEGUIN: Mes questions se résument à très peu.
Lorsque le comité aviseur a été formé, il n'en a
pas été question en Chambre, ç'a été
décidé au niveau du ministère, et je n'ai que des
félicitations à faire au ministère, pour ne pas ajouter
que c'est probablement le geste le plus positif que le gouvernement de l'Union
Nationale aurait posé depuis 1966. Je n'en connais pas d'autres, mais au
moins c'en est un Alors on doit se réjouir de ce geste positif qui a
été fait de regrouper la représentation de l'industrie et
du commerce dans le pays pour essayer non seulement de tirer les marrons du
feu, mais pour replacer la province sur une base un peu plus solide et sur une
nouvelle route, qui nous a fait défaut, si vous voulez, depuis quelques
années. En repassant la liste des représentants de ce
comité, je me rends compte qu'il y a une représentation assez
large. A peu près toutes les industries sont représentées
là-dessus. Le ministre pourrait-il nous dire de quelle façon on a
procédé pour faire la sélection? Est-ce par
accréditation, est-ce par demande de la part des industriels de former
ce comité? De quelle façon en est-on venu à former ce
comité?
M. BEAUDRY: Je pense que vous étiez...
M. SEGUIN: J'étais peut-être absent. Alors passez si c'est
déjà dans le rapport...
M. BEAUDRY: Non, ce n'est pas dans le rapport, M. le
député de Baldwin. Nous avons essayé de choisir ces
personnes-là par secteurs et par régions. Evidemment, le nombre
que vous voyez sur cette liste n'est pas complet puisque toutes les
régions n'ont pas été couvertes, comme vous pouvez vous en
apercevoir, étant donné que nous n'avons pas encore trouvé
la personne voulue pour représenter un secteur tout
désigné, dans une certaine région, c'est-à-dire
dans un certain secteur. Alors nous avons procédé par secteurs et
par régions.
M. SEGUIN: Je regarde, par exemple, du côté de l'aluminium.
La province de Québec est reconnue pour sa production qui se fait au
Lac-Saint-Jean, avec Alcan et les développements qui en suivent. Nous
avons, comme le ministre le sait fort bien, dans la province de
Québec...
M. BEAUDRY: Vous n'avez pas un M. Beaubien qui représente
l'Alcan?
M. SEGUIN: Alcan, oui. Alors c'est la production brute de l'aluminium.
Nous n'avons pas sur cette liste-là, par exemple, une compagnie comme
si vous voulez que je le mentionne la Hunter-Douglas...
M. BEAUDRY: Nous avons...
M. SEGUIN: ,.. qui a une réputation internationale dans la
fabrication de différents produits à base d'aluminium,
justement.
M. BEAUDRY: A quelle compagnie est-il attaché?
M. SEGUIN: Pardon?
M. BEAUDRY: C'est de la compagnie Hun-ter-Douglas que vous voulez
parler?
M. SEGUIN: Eh bien, je mentionne une compagnie à titre
d'exemple...
M. BEAUDRY: Oui.
M. SEGUIN: ... disant que voici une organisation qui est établie
dans la province de Québec depuis un an ou deux au niveau international.
C'est-à-dire que son siège social international est établi
dans la province. Eux se servent du produit, l'aluminium, pour en fabriquer
différents produits qui sont vendus non seulement au Canada, mais aux
Etats-Unis et ailleurs.
Je me demande si une telle compagnie ne serait pas bien vue dans un
organisme du genre pour compléter ce que nous avons déjà
avec M. Beaubien qui représente l'industrie de l'aluminium en
général, soit la production de base, la production
première. Mais, la production secondaire qui serait
représentée par Hunter-Douglas, par exemple, pourrait très
bien être représentée dans un comité du genre. Parce
qu'il y a d'autres problèmes lorqu'on arrive au niveau de la vente et de
la production de différents articles fabriqués avec l'aluminium.
Je n'irai pas plus loin, j'en mentionne un. Il y en a d'autres.
M. BEAUDRY: Je remercie le député de Baldwin...
M. SEGUIN: Reynolds Aluminum. En voilà d'autres encore qui sont
de base ici,
M. BEAUDRY: ... pour la suggestion et je la transmettrai sûrement
au directeur général.
M. SEGUIN: Et vous avez encore eu en fin de semaine, sans que je la
nomme, l'occasion d'être présent à l'inauguration d'une
nouvelle entreprise qui semble vouloir se propager dans la province. Je ne la
mentionnerai pas pour ne pas faire de publicité.
M. BEAUDRY: Oui, oui.
M. SEGUIN: Des organisations du genre qui sont vouées au
développement électronique, à la haute technique et qui,
dans les années à venir, devront multiplier leurs
opérations au centuple, il me semble, encore ici, qu'il y aurait un
geste positif à poser, à inviter ces gens à faire partie
avec d'autres de leurs concurrents qui y sont déjà...
Je suis peut-être mal placé pour parler de concurrence,
à ce moment. Le ministre me comprend.
M. BEAUDRY: Oui. Je remercie le député de Baldwin de sa
suggestion et j'en ferai part au directeur général. Certes, nous
n'avons pas couvert tous les domaines.
M. SEGUIN: Non. Cela n'a pas été limité à
cette liste-là. Vous pouvez ajouter...
M. BEAUDRY: Nous avons pu faire des erreurs.
M. SEGUIN: Oui.
M. BEAUDRY: Si nous avons commis des erreurs, nous allons essayer de les
corriger.
M. SEGUIN: Parce que dans l'ouest de l'île, on cherche toujours,
vous savez, envers et contre tous, à attirer le plus d'industries
possible. Alors, j'ai une espèce d'esprit paroissial quand il s'agit de
parler de...
M. BEAUDRY: D'accord.
M. SEGUIN:... l'expansion de ce comité-là.
M. BOURASSA: C'est parce que le ministre aurait dit tantôt
je pense bien que sans vouloir prolonger le débat, je suis quand
même forcé de répondre à mon endroit, le
ministre des Finances a été plus loin en disant en Chambre
j'étais absent à ce moment-là que c'était
à cause de mon pessimisme que les investissements quittaient le
Québec; affirmation complètement ridicule. Le premier ministre a
parlé dans le même sens.
Je demande au ministre de me fournir des éléments qui
puissent me permettre d'être optimiste. Si nous examinons la situation,
juste pour résumer, si nous regardons, par exemple, la faiblesse
relative du Québec sur le plan des investissements qui ont
été publiés tout récemment je l'ai dit
à la télévision la semaine dernière
où nous avons seulement, au Québec, 3% d'augmentation alors que
la hausse des prix peut être de 4% et tous nos voisins, que ce soient les
Etats-Unis avec 14%, l'Ontario avec 16% et les Maritimes avec Il% ont au moins
3 ou 4 fois plus que nous.
Si nous considérons, en plus, le nombre d'emplois qui a
été admis par le ministre, le nombre d'emplois nouveaux à
créer au cours de la présente année, 80,000, alors que
l'an dernier, on a créé seulement 3,000 nouveaux emplois, au
Québec, et qu'il en faut 80,000 de plus et qu'au surplus, on a
déjà un chômage de 8.4%; si nous considérons, au
surplus, qu'il n'y a
rien ni dans les politiques gouvernementales, ni, disons, dans
l'attitude générale du gouvernement, qui nous permette de voir un
effort vigoureux et énergique nous pourrons en discuter aux
différents postes budgétaires du ministère de l'Industrie
et du Commerce et même, à l'occasion, d'autres ministères,
que ce soit le ministère des Richesses naturelles ou le ministère
des Finances ou l'office de planification il n'y a rien qui nous
permette ou qui puisse satisfaire des gens de l'Opposition, comme mol, que le
gouvernement est concrètement et réellement décidé
à s'attaquer au chômage.
Je comprends que la tâche n'est pas facile. Je l'admets.
Mais les résultats sont tels que je ne vois pas comment celui qui
est un peu responsable des questions économiques dans l'Opposition, je
ne vois pas comment nous pouvons, avec la situation actuelle, nous dire que
nous sommes optimistes. Ou je suis d'accord avec le ministre sur son optimisme,
et je me considère ridicule en face de la situation extrêmement
sérieuse que nous connaissons actuellement sur le plan des
investissements, sur le plan du chômage et aussi sur le plan financier.
De cela, nous pourrions en parler au cours du discours du budget.
Ou bien je ne dis rien, et je ne remplis pas ma fonction qui est de
faire bouger le gouvernement. Ou bien je m'oppose à l'optimisme du
ministre, à l'aide de faits bien cités et en faisant des
suggestions constructives. Alors, en quoi le ministre peut-il
répéter ce qu'il a répété cet
après-midi, ce que le ministre des Finances a dit en pleine
conférence de presse il y a au moins le tiers ou le quart de sa
conférence qui était faite sur mon dos à savoir que
j'étais pessimiste et que je citais seulement certaines statistiques
partielles? Je donne toutes les statistiques, mais celles qui
intéressent le Québec particulièrement.
En quoi le ministre peut-il dire qu'il y a un excès de pessimisme
dans cette attitude? Est-ce que cela n'est pas mon devoir de faire bouger le
gouvernement et de lui signaler les problèmes extrêmement
sérieux que nous connaissons et qui ont des implications non seulement
économiques, mais sociales?
M. BEAUDRY: M. le Président, J'admets que le député
de Mercier remplit très bien ses fonctions dans l'Opposition.
Au cours de l'année qui vient de s'écouler, je crois que
nos investissements se compa- rent favorablement à l'ensemble du Canada.
Je ne dis pas que ces investissements sont suffisants. Au contraire, je
déplore que nous n'ayons pas plus d'investissements. Mais par contre, si
nous comparons les nôtres, c'est la première fois que, dans
l'histoire de la province de Québec je crois qu'à une
autre occasion, il y a une dizaine d'années, en 1957 la
différence dans les investissements entre l'Ontario et le Québec
tend à diminuer.
M. BOURASSA: 16% et 3%...
M. BE AUDRY: Vous dire que la différence est suffisante... je
l'admets avec vous. Comme vous savez, au cours de l'année nous avons
pris des mesures qui, évidemment, si elles avaient été
prises trois ou quatre ans auparavant, auraient des effets aujourd'hui. Comme
mesure immédiate, nous avons lancé, sur le marché, «
Québec sait faire ». Nous croyons que « Québec sait
faire », c'est un moyen d'essayer de récupérer tout notre
pouvoir d'achat. Je ne dis pas que cette mesure réglera tous les
problèmes. C'est un ensemble de mesures qui, je pense, aidera.
De plus, nous avons apporté l'Office de crédit industriel,
nous avons présenté le bill 23: « Primes à
l'investissement », le bill 24: « Dégrèvement
d'impôt », nous avons créé le Conseil
général de l'industrie. Je pense, M. le Président, que le
ministère, cette année, a fait tout son possible pour essayer de
prendre des mesures qui, dans les mois à venir, apporteront de nouveaux
investissements au Québec. Et je suis sûr que si le gouvernement
précédent avait pris des mesures semblables, il y a quatre ou
cinq ans, probablement que nous ne connaîtrions pas la situation que nous
connaissons aujourd'hui, qui n'est pas déplorable. Mais, par contre,
nous savons que nous avons à travailler, et c'est ce que nous avons
compris. Nous avons apporté des mesures afin d'attirer chez nous les
investisseurs le plus tôt possible.
M. LEVESQUE (Bonaventure): M. le Président, avant d'aller plus
loin, je crois que le ministre a encore succombé à la tentation.
Je lui avais, au tout début de cette séance rappelé les
dangers qu'il courait lorsqu'il laissait libre cours à ses sentiments de
partisa-nerie. Et lorsqu'il dit; Si le gouvernement précédent
avait pris certaines mesures d'ordre économique... S'il y a un
gouvernement qui a pris des mesures d'ordre économique, c'est celui qui
a dirigé les destinées de la province de 1960 à 1966. Les
grandes réalisations éco-
nomlques, et Je ne veux pas commencer à citer la création
du Conseil d'orientation économique, la création de la
Société générale de financement, la création
de SOQUEM, la création de la Caisse de dépôt et placement
toutes des mesures d'ordre économique la création
d'un réseau routier moderne, les autoroutes entre Québec et
Montréal par la rive sud, par la rive nord, la création de
réseaux routiers qui comprennent l'autoroute des Cantons de l'Est, la
prolongation de l'autoroute du Nord, les jonctions entre l'Ontario et le centre
du Québec, tout ça, ce sont des réalisations d'ordre
économique qui ont permis que la situation ne soit pas pire qu'elle
l'est actuellement.
Je crois que, lorsque le ministre parle dans ce sens. Il s'expose
à ce que je prenne une partie très importante de la soirée
pour seulement énumérer. Encore le député de
Saint-Jean qui vient mettre son opposition. Je devrais lui rappeler les
industries que nous avons apportées dans son comté...
M. PROULX: Cela fait trois fois que vous m'en parlez de la Westinghouse,
c'est assez!
M. LEVESQUE (Bonaventure): Si nous voulons parler de Saint-Jean, le
député a parlé de Canadian Westinghouse, il faudrait
ajouter Dominion Rubbers, les Textiles Richelieu, des industries
extrêmement importantes pour la région de Saint-Jean, qui faisait
face à un chômage de plus en plus inquiétant. Je ne veux
pas me laisser emporter sur cette voie, mais Je rappelle au ministre
d'être très prudent et de ne pas trop succomber à la
tentation.
M. BEAUDRY: Tout cela, après six ans de pouvoir; nous, cela fait
trente mois et je crois que les mesures que nous avons...
M. BOURASSA: Trente-quatre...
M. BEAUDRY: Trente-quatre mois, excusez...
M. BOURASSA: Ah, mais ce sont des différences qui comptent...
M. BEAUDRY: Alors, imaginez-vous, lorsque nous aurons fait 72 mois,
combien nous allons dépasser nos prédécesseurs.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Je vois, M. le Président, qu'il
devient de plus en plus incorrigible. Je ferai remarquer au ministre que, s'il
a hérité d'un ministère structuré, s'il a
apporté certaines améliorations, et je le concède, c'est
que justement, un travail s'est fait depuis 1960 pour aider ce
ministère, qui avait grandement besoin d'être restructuré:
direction de l'industrie, cela n'existait pas au ministère de
l'Industrie et du Commerce; direction du commerce, cela n'existait pas au
ministère de l'Industrie et du Commerce; les
délégués régionaux, cela n'existait pas au
ministère de l'Industrie et du Commerce; les représentants
à l'étranger, cela n'existait à peu près pas au
ministère de l'Industrie et du Commerce. Si le ministre avait
hérité du ministère squelettique de 1960, il n'aurait pas
pu réaliser les quelques améliorations qu'il a
apportées.
M. BEAUDRY: Mon collègue de Bonaventure donne une grande
importance à la direction du commerce. Est-ce que vous pouvez me dire,
lorsque j'ai pris le service combien il y avait d'employés dans la
direction du commerce? Il y avait trois employés. Alors, j'imagine que
lorsque vous avez pris la direction du commerce, il ne devait pas y en avoir,
parce que je l'ai prise avec trois employés.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Il a dû y avoir plusieurs
démissions le jour où le ministre a pris la direction du
commerce, parce que je pense qu'il serait mieux de retourner poser certaines
questions à M. Jean-Louis Rameau qui est le directeur du commerce. Je
crois qu'il serait surpris d'apprendre qu'il y avait beaucoup plus
d'employés que cela. Ceux qui étaient là étaient
très dynamiques. Ils ont été d'ailleurs justement à
l'origine de l'enquête sur les heures de fermeture, entre autres travaux
qu'ils ont accomplis, sur les heures d'ouverture et de fermeture des
établissements commerciaux de la province. Ils ont été
à l'origine de ce rapport qu'on a intitulé le rapport Rameau. Ils
étaient présents lorsque nous avons préparé tous
les travaux de l'Expo. Lorsque nous avons préparé, justement, les
rencontres qui ont eu lieu en vue d'améliorer les conditions
économiques de la province. Pendant que j'étais titulaire du
ministère, ils ont organisé des missions commerciales à
l'étranger.
Non, M. le Président, je n'accepte pas les chiffres du ministre.
Je crois qu'il a été un peu imprudent à ce
moment-là.
M. BOURASSA: Le ministre a parlé tantôt du
rétrécissement dans les investissements de l'Ontario. Je reviens
sur la question des investissements parce que les derniers chiffres officiels,
qui ont été publiés la semaine dernière, ne peuvent
pas faire autrement que d'être une source de profonde inquiétude
pour le Québec.
Le ministre a parlé de rétrécissement. Comment
peut-il parler de rétrécissement quand, dans le secteur
manufacturier, c'est 2% d'augmentation pour le Québec et 31% pour
l'Ontario d'accroissements...
M. BEAUDRY: Ce sont des prévisions pour 1969... Ce sont des
prévisions, ce ne sont pas des chiffres. Les chiffres revisés
changent trois ou quatre fois... Alors, là, ce sont des
prévisions. Vous essayez de leurrer la population avec des
prévisions.
M. BOURASSA: Là, par exemple, le ministre va un peu loin.
M. le Président, nous sommes en 1969, ce qui est arrivé en
1968, c'est que les prévisions dont s'est servi le ministre, pour fonder
son optimisme, ont été revisées à la baisse. Il
s'en est servi, par exemple, durant ce temps-là. Quels chiffres le
ministre peut-il me fournir pour fonder son optimisme?
M. BEAUDRY: Vous aussi, vous savez les prévisions, à
l'heure actuelle.
M. BOURASSA: M. le Président, le ministre donne des cas
particuliers. Il dit: Telle industrie s'établit, telle autre
s'établit. Cela me rappelle l'ancien ministre de l'Industrie et du
Commerce, M. Beaulieu ou M. Duplessis qui disait: Il y a 200 nouvelles
entreprises au Québec. Il comptait les barbiers, il comptait tout le
monde. Je pense qu'il faut regarder les chiffres dont nous disposons. Les seuls
chiffres dont nous disposons actuellement, ce sont les prévisions qui
n'ont quand même été contestées par personne. Le
ministre dit: Ce sont des prévisions, cela ira mieux avec la revision.
Et si cela est pire, qu'est-ce que le ministre dira à ce
moment-là?
M. BEAUDRY: Nous avons apporté des mesures pour essayer de
corriger ce que vous essayez de démontrer, alors nous allons apporter
des mesures qui sont concrètes, réelles et qui existent.
M. BOURASSA: Oui.
M. BEAUDRY: Actuellement, nous avons 400 demandes, tout près de
400 demandes en ce qui a regard au bill 23 et...
M. BOURASSA: Dans la promotion commerciale, il y a 300,000 dossiers en
France nous pourrons en parler tantôt.
M. BEAUDRY: 300,000?
M. BOURASSA: Pardon. 300 dossiers de promotion industrielle. Ce qui
compte... c'est évident qu'il peut y avoir tant d'investissements dans
les Cantons de l'Est, c'est quand même le total. Le ministre me
blâme.
M. BEAUDRY: Nous avons 350 demandes excusez, ce matin 420
voyez-vous comment cela monte rapidement d'une moyenne de $450,000 par
projet.
M. BOURASSA: Ah, oui, ah, oui!
M. PICARD (Olier): Avez-vous les fonds nécessaires ou si les
fonds qui ont été votés au mois de décembre sont
déjà épuisés?
M. BEAUDRY: Ce n'est pas la même chose. M. PICARD (Olier): Le bill
23, cela?
M. BOURASSA: Non, c'est l'Office du crédit industriel qui
administre cela.
M. BEAUDRY: Nous parlons là du bill 23, M. Picard.
M. BOURASSA: Nous devons en discuter plus tard. Le ministre me
blâme de me servir des prévisions qui ont été
publiées la semaine dernière est-ce que Je comprends le
ministre pour examiner et porter un jugement sur la situation
économique? Est-ce que le ministre dit clairement que je ne dois pas me
servir de cela pour porter un jugement sur la situation économique?
M. BEAUDRY: Tantôt vous me blâmiez d'avoir pris celles du
mois de décembre et maintenant vous également, vous prenez les
prévisions.
M. BOURASSA: Je n'ai pas blâmé le ministre de se servir de
cela. C'est la seule...
M. BEAUDRY: Oui, vous m'avez blâmé d'avoir pris mes
prévisions du mois de décembre. Alors, là...
M. BOURASSA: Le ministre ne m'a pas compris.
M. BEAUDRY: Alors, vous vous basez également sur des
prévisions.
M. BOURASSA: Le ministre ne m'a pas compris. J'ai dit que c'était
la seule dont le ministre pouvait disposer, au mois de décembre.
J'ai dit que l'optimisme du ministre qui était basé sur
les chiffres...
M. BEAUDRY: J'ai confiance au Québec
M. BOURASSA: Vous me faites penser au député de Laurier
quand je lui pose des objections. Il ne faut pas avoir peur de l'inconnu.
M. BEAUDRY: Mais est-ce que le député de Mercier...
M. HAMEL: Le député de Mercier est souverainement
injuste.
M. BOURASSA: Oui, mais je pose des questions et j'ai confiance au
Québec. Il faut quand même élre sérieux.
M. HAMEL: Le ministre, au début de son allocution, a dit que tout
n'était pas parfait et qu'il y avait des choses à faire. Je pense
que le député de Mercier est injuste pour un des
prédécesseurs du ministre, l'honorable député de
Bonaventure.
Le ministre de l'Industrie et du Commerce ne dit pas que tout est
à refaire. Seulement le député de Bonaventure nous a dit
tantôt qu'il y avait eu des choses de faites. Il a nommé la Caisse
de dépôt, Soquem, la Société générale
de financement. Sidbec est arrivée après.
M. HOUDE: On vous dispense de nommer ce que vous venez de dire
là, ce serait trop long.
M. HAMEL: Alors, il y a eu quelque chose de fait, et le ministre le
sait.
M. SEGUIN: On n'avait qu'effleuré le sujet.
M. HAMEL: Oui.
M. BEAUDRY: Six ans pour faire ça!
M. HAMEL: Je pense qu'il est injuste envers le député de
Bonaventure et il est injuste envers l'honorable Beaudry qui, depuis son
arrivée au ministère, avec les officiers de son ministère,
travaille...
M. BOURASSA: Nous sommes d'accord sur ça. Il travaille
beaucoup.
M. HAMEL: Enormément. Et le député de Mercier, qui
est un économiste assez réputé, torpille des chiffres
à sa façon pour jouer son rôle dans l'Opposition. Mais vous
avez...
UNE VOIX: Torpille?
M. HAMEL: Au début, le ministre adonné... Comme le bill 23
et le bill 24, vous avez la direction générale de l'industrie, ce
sont des mesures de nature à attirer les investisseurs, ça! Il y
a des preuves, il y a des montants...
M. BEAUDRY: 420 demandes pour des projets de construction d'usines.
M. HAMEL: Et là le député de Mercier voudrait faire
dire à l'honorable ministre que rien ne se fait et qu'il n'y a pas de
programme au ministère pour attirer des industries. Bien, voyons donc!
C'est injuste envers le ministre qui travaille avec les officiers de son
ministère. Il a des preuves concrètes. Il y a des millions...
UNE VOIX: Bien oui.
M. HAMEL: Le ministre vous l'a dit tantôt.
M. BOURASSA: M. le Président, pour répondre au
député de Rouville, j'ai toujours dit, et je l'ai dit en Chambre
publiquement: Je suis convaincu que le ministre fait tout ce qu'il peut. Il
peut travailler 17 heures ou 18 heures, je le dis, et j'en suis convaincu,
même si je ne suis pas en mesure de le vérifier. Ce n'est pas cela
qui est en question là.
C'est qu'on a un problème très grave au Québec,
actuellement, et à mon sens c'est le plus grave: une
détérioration de la situation économique qui est
dramatiquement exprimée parles derniers chiffres de la semaine
dernière, les chiffres officiels. C'est ce que je soumets au ministre.
Le ministre dit: Je fais confiance au Québec et je ne crois pas à
ces prévisions-là. C'est cela que je n'accepte pas de la part du
ministre.
M. LEDUC (Laviolette): Est-ce que le député de Mercier a
pris en considération, dans ses études, le fait important,
à mon sens, parce que l'an passé il avait mentionné que
les compagnies de pâtes et papiers sont en meilleure posture cette
année qu'elles ne l'étaient dans les années
antérieures, depuis au moins les quatre dernières
années.
M. BOURASSA: Dans les industries de pâtes et papiers, M. le
président, d'après les chiffres...
M. BEAUDRY: Nous nous sommes débarrassés d'un peu de
surplus de production...
M. BOURASSA: De fait, en 1969, vous allez avoir $109 millions
d'investissements dans ce secteur-là contre $104 millions l'an dernier
et $139 millions en 1967. On pourrait, évidemment, élaborer assez
longuement là-dessus, sur l'agrandissement des usines ou l'accroissement
de la capacité dans les pâtes et papiers. On peut prendre tous les
secteurs, on va en voir d'autres qui ont baissé assez drôlement.
Il y a 21 domaines dans les secteurs manufacturiers. On peut prendre secteur
par secteur. Je ne pense pas que c'est ce que le député veut que
je fasse.
M. LEDUC (Laviolette): Non, non.
M. BOURASSA: Je prends le secteur manufacturier qui est le secteur le
plus important, qui est le secteur secondaire. Au point de vue de la croissance
économique, c'est l'un des principaux facteurs. Et je vois que l'Ontario
a $316 millions d'augmentation d'investissements alors que le Québec en
a $12 millions...
M. BEAUDRY: Ce sont des prévisions, ça. M. BOURASSA: Bien
oui, M. le Président... UNE VOIX: C'est ça,
M. BOURASSA: ... je pense que c'est une façon trop facile de
répondre et de dire: Ce sont des prévisions. Pour la simple et
bonne raison que les prévisions qu'a faites le ministre en
décembre ont été revisées à la baisse. Si la
tendance se poursuit...
M. BEAUDRY: Les autres peuvent l'être également.
M. BOURASSA: Bien oui, si les autres le sont également, la
proportion va rester la même. Mais je dis au ministre et je ne
veux pas lui imposer un contre-interrogatoire que ce sont ses
réponses qui me forcent à insister, en plus de l'importance du
problème. Je dis au ministre que je ne comprends pas ses réponses
quand je lui donne des chiffres. Ce sont des prévisions, d'accord, mais
c'est tout ce que l'on a comme document de travail. Les seules explications que
nous pouvons avoir sur la valeur des prévisions, c'est que les
dernières prévisions que nous avons eues étaient encore
trop élevées pour le Québec, et le ministre va invoquer
que ce sont des prévisions pour me répondre?
M. BEAULIEU: Pour répondre en Ontario. M. BOURASSA: Non, je dirai
au nouveau mi- nistre de l'Immigration que je le félicite en
passant pour sa nomination qu'il accepte une tâche difficile. Il
accepte une tâche difficile, il n'y a pas de doute là-dessus. Je
dirai au ministre de l'Immigration que c'est en proportion que le ministre
avait parlé de $634 millions au mois de décembre et que c'est
$599 millions qui a été le chiffre réel, du moins
d'après la revision qui a été là. Le sous-ministre
n'est pas d'accord, pourquoi?
M. BEAUDRY: Ce n'est pas le dernier chiffre.
M. BOURASSA: $587 millions, c'est encore pire.
M. BEAUDRY: C'est le dernier chiffre révisé, ce n'est pas
le chiffre réel.
M. BOURASSA: Vous jouez sur les termes « revisé » et
« prévisions », cela vous permet...
M. BEAUDRY: Le terme réel et revisé, ce n'est pas la
même chose.
M. BOURASSA: Mais dans quatre mois, qu'est-ce que vous allez dire? Si
cela a fait comme cela, si cela a continué abaisser? Vous allez dire:
S'il y a encore des prévisions, les chômeurs vont augmenter.
M. BEAUDRY: Selon nos responsabilités, nous avons pris des
mesures pour essayer d'enrayer cette lacune et nous avons de bons espoirs que
nos investissements augmenteront. Je vous en ai donné l'exemple, nous
avons actuellement 420 demandes...
M. BOURASSA: Qu'est-ce que cela veut dire? Nous pouvons en parler tout
de suite, si vous voulez. Nous allons en parler, de cela. Nous sommes aussi
bien d'attendre lors de la discussion, 400 demandes; ROYNAT en a
peut-être 2,000, Canadian Entreprise en a peut-être 800...
M. BEAUDRY: Ce ne sont pas des demandes de prêts, ce sont des
demandes...
M. BOURASSA: D'accord, de subventions.
M. BEAUDRY: ... d'expansion ou d'implantations nouvelles.
M. BOURASSA: Alors, d'accord, cela veut dire combien de subventions,
$7.à millions? L'an dernier, combien cette année? C'est le bill
23, ce sont des subventions?
M. BEAUDRY: C'est cela.
M. BOURASSA: Alors, cela veut dire combien?
M. BEAUDRY: Nous avons 420 demandes pour une moyenne par expansion ou
implantation moyenne. Voulez-vous le savoir ou si vous ne voulez pas le
savoir?
M. BOURASSA: Oui, dites-le, nous allons vous écouter.
M. BEAUDRY: Nous avons à ce Jour cela ne fait que 7 mois
que la loi a été passée 420 demandes
$450,000 par projet ce qui veut dire $205 millions qui vont se
réaliser au cours de l'année. Vous trouvez que ce ne sont pas des
mesures concrètes? Lorsque vous étiez là, quelles mesures
avez-vous apportées au ministère pour attirer des industries?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Un instant, M. le Président.
M. BEAUDRY: Combien de lois avez-vous passées dans six ans au
ministère? Combien de lois, en six ans?
M. LEVESQUE (Bonaventure): M. le Président, Je dois encore
intervenir.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PROULX: Vous savez que mon prédécesseur a
été le ministre du Commerce et de l'Industrie pendant 20 ans.
Chez nous, c'est la pérennité.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Je vois que le ministre a encore
succombé à une tentation de l'ordre de celle que Je lui avais
suggéré d'éviter afin que ses crédits puissent
être adoptés dans la plus grande sérénité.
Lorsqu'il pose la question: Quelles sont les mesures qui ont été
prises par le ministère pendant six années où nous avons
été au pouvoir? Je devrai encore lui faire une
énumération qu'il va trouver très fatigante car elle sera
très éloquente. Je lui dirai, pour simplifier, que durant le
temps que nous avons dirigé les destinés de la province et en
parti culier où j'étais titulaire du ministère de
l'Industrie et du Commerce, j'étais heureux à chaque année
d'Indiquer une amélioration qui était causée par les
politiques du gouvernement.
Nous demandons quelles sont les législations qui ont
été apportées par tous les ministères, par le
gouvernement en général. Des législations d'ordre
économique. Cela a été une période où l'on a
vu le leadership du gouvernement reconnu, non seulement au Québec, non
seulement au Canada, mais même en dehors des frontières. On
reconnaissait qu'il y avait ici un vent nouveau qui soufflait sur la province
de Québec. On voyait, pour une fois, que les investisseurs se tournaient
vers le Québec et pouvaient investir ici avec confiance. On avait
reconnu un nouveau dynamisme au Québec. On voyait là un climat
nouveau et toutes les revues et journaux d'affaires avaient des pages pleines
pour indiquer ce nouveau dynamisme au Québec. Les investisseurs
étaient très nombreux pour venir faire des investissements
importants au Québec. Nous avons vu le taux du chômage se
réduire chaque année, d'une façon considérable, et
nous avons vu le nombre des investissements s'accroître. Le nombre des
emplois nouveaux non seulement était suffisant pour satisfaire la
nouvelle population sur le marché du travail, mais absorbait une partie
de la population qui avait été auparavant en chômage. Ce
sont des effets concrets. Ce que nous recherchons aujourd'hui, ce sont des
solutions dans ce genre-là; recréer au Québec ce climat de
confiance pour les investisseurs; diminuer le chômage. Même si on
faisait tous les chiffres, si on apportait toutes les législations, si
elles n'ont pas les effets que l'on recherche, eh bien, on a des questions
à se poser! Et ce sont ces questions que pose aujourd'hui
l'Opposition.
M. BOURASSA: M. le Président, le ministre a parlé de $209
millions d'investissements, mais est-ce que le ministre est au courant de la
manière dont se fait l'enquête?
M. BEAUDRY: C'est seulement jusqu'à maintenant, pour les sept
mois depuis que le programme est en vigueur.
M. BOURASSA: Est-ce que le ministre sait comment se fait l'enquête
sur les prévisions d'investissements?
M. BEAUDRY: Oui, lorsque nous arriverons là, je vais
énumérer...
M. BOURASSA: Mais je dis au ministre que c'est inclus. Ces $209 millions
d'investissements sont forcément inclus pour 1969. C'est dans le secteur
manufacturier! Alors, cela ne veut rien dire si les chiffres qu'il apporte sont
inclus. Il y a encore trente fois plus d'augmentations en Ontario qu'au
Québec.
UNE VOIX: Nous reprendrons cela à huit heures, certainement.
M. BOURASSA: Nous pouvons discuter de la nature des subventions aussi,
afin de savoir si des subventions ne sont pas efficacement
distribuées.
M. LE PRESIDENT: La séance est ajournée à 20 h
15.
Reprise de la séance à 20 h 20
M. SIMARD (président de la Commission de l'industrie et du
commerce): A l'ordre, messieurs!
Nous pouvons considérer l'article 7 adopté...
M. BOURASSA: Non, il y aurait certaines choses à changer...
M. LE PRESIDENT: Durant trois quarts d'heure environ, nous avons
parlé un peu de statistiques et, à l'article 6, nous avons
parlé de l'économique qui est à l'article...
M. BOURASSA: Le député de Robert-Baldwin qui s'y
connaît en matière d'investissements, qui est un de ceux qui ont
le plus d'expérience là-dedans...
M. SEGUIN: Je vous remercie.
M. BOURASSA: ... aurait des questions à poser, je crois.
M. SEGUIN: Je reviens encore à ce fameux comité que
j'apprécie d'ailleurs beaucoup. Ce n'est peut-être pas le moment
opportun pour moi de soulever la question ou les questions ou commentaires que
j'aurais à faire, mais si je le fais immédiatement. Je n'aurai
pas à y revenir plus tard.
Je pense aussi que les questions ou les commentaires que j'ai à
faire s'adresseraient à ce comité peut-être par l'entremise
du ministre, si le ministre à ce moment-ci ne pouvait faire ses
commentaires.
Le bill 23, nous en avons parlé. Je pense, que cela a
été très bien reçu. Nous avons parlé
même de 420 demandes d'assistance ou d'aide qui ont été
faites. Si ne connais pas le nombre de réponses favorables. Maintenant
cela, c'est encore une autre question. On semble tourner autour de cette
politique de décentralisation industrielle, décentralisation
commerciale et d'essayer d'ouvrir la région montréalaise et
d'étendre cette industrie, cette expansion dans toute la province.
Si je suis réaliste, si je ne veux pas rêver en couleur, si
je me base un peu sur une expérience pratique au cours de plusieurs
années au sujet de l'expansion, de développement
économique et de développement industriel, ce n'est pas toujours
noir et blanc, ce n'est pas toujours aussi facile qu'on le pense ni par une
législation, ni par des idées, ni par, justement, ces rêves
en couleur, de vouloir faire telle chose parce qu'avec le développement
et l'expan-
sion industrielle, il y a beaucoup d'attributs, beaucoup de choses qui
doivent s'y rattacher, qui doivent venir auparavant. On parle de routes, de
communications, de main-d'oeuvre. On parle de centres d'éducation, on
parle de facilités d'accès, de marchés. Enfin, il y a
toute une série de raisons qui font qu'une industrie s'établira
à un endroit plutôt qu'à un autre. Et on semble
peut-être penser qu'il ne s'agit que de le vouloir ou de le
légiférer ou de s'imposer ou de dire ou d'inviter une industrie
à s'établir dans la forêt, quelque part, et elle s'en ira
là. Non, je pense que c'est peut-être manquer un peu de
réalisme que de penser de cette façon.
Je dois me rendre à l'évidence que 75% ou plus des revenus
de la province viennent justement de ce développement ou de cette
région économique qui est appelée Montréal. Si je
dis 75%, je tiens à être corrigé là-dessus. Si c'est
80% ou si c'est 65%, je pense que le point est fait quand même si je dis
75% approximativement.
Dans la brochure qui a été publiée et qui a
été rendue publique à l'occasion de l'inauguration du
comité conseil, il y a sur une certaine page et je lis en haut je
n'ai pas la copie française; il n'y avait que des copies anglaises et je
me demandais s'il fallait parler seulement l'anglais parce que nous nous
adressions à la grosse industrie de toute façon, il est
écrit: « Wherever you are, tax relief is available everywhere in
Quebec. And grants will be extended everywhere except in Montreal region
». Donc, je dois conclure que pour la région de Montréal,
ou la région économique de Montréal, il ne s'agit pas pour
une industrie qui voudrait s'y établir de s'attendre à quelque
subvention que ce soit. Parce qu'on le dit en toutes lettres, carrément,
partout ailleurs, excepté la région de Montréal.
UNE VOIX: D'accord.
M. SEGUIN: Alors, comment se fait-il que si cette région produit
75% des biens de la province, comment se fait-il qu'une industrie voulant
s'établir dans cette région, et ne pouvant le faire ou
s'installer ailleurs, économiquement parlant, ne pourrait pas
bénéficier d'une subvention ou d'une assistance, tel qu'on le
prévoit ailleurs dans la province? Est-ce qu'il faut dire à ce
moment-là: « Eh bien, allez-vous en ailleurs! Ne vous installez
pas ici, ce n'est pas possible. Si elle ne veut pas aller à
Sainte-Rose-du-Dégelé ou à Saint-Tite ou ailleurs! Si cela
est prouvé ou s'il est évident que cette industrie ne peut
s'établir économiquement ailleurs que dans cette région,
pourquoi ne peut-elle pas recevoir de subvention?
Franchement, honnêtement et en toute justice, cette même
assistance, la loi ne prévoit pas cela. Je me demande si la commission,
après avoir pris connaissance de cette situation ou d'une situation
semblable, ne pourrait pas recommander au ministre ou au ministère de
faire peut-être des exceptions dans certains cas.
M. BEAUDRY.: C'est Justement pour combler cette différence que
nous avons cru bon d'octroyer des primes à l'investissement à des
industries qui s'implantent ailleurs qu'à Montréal; par contre,
dans la région de Montréal, et vous êtes au courant que
toute industrie a droit aux avantages du bill 24 «
Dégrèvement fiscal »...
M. SEGUIN: Oui.
M. BEAUDRY: Donc, pour attirer les industries en dehors d'un centre qui
possède déjà toutes les facilités voulues, nous
avons cru bon d'ajouter quelque chose de plus à des régions qui
sont défavorisées.
M. SEGUIN: Je ne doute pas du tout du sérieux du raisonnement. Je
me demande si, réellement, il y a du réalisme, avec connaissances
approfondies des situations dans certains cas.
M. BEAUDRY: M. le Président, si le député de
Baldwin prend l'exemple de l'Ontario, dans la ville de Toronto même, il
n'y a aucune prime, aucun dégrèvement fiscal. Par contre, la
région de Montréal, étant donné que nous sommes
conscients qu'elle doit demeurer la métropole du Canada, nous voulons
nous efforcer qu'elle le demeure et nous avons créé cette mesure
dont la grande région de Toronto ne jouit pas actuellement. Donc, au
sujet des primes ou des dégrèvements fiscaux, Montréal est
supérieure, Je crois, à la ville de Toronto.
M. SEGUIN: Si je poursuis un peu plus ma pensée ou mon
raisonnement, comment se fait-il que, par exemple dans la région
montréalaise, des municipalités en assez grand nombre
dépensent individuellement, chaque année, des milliers de dollars
pour encourager ou attirer l'industrie dans la province et chez eux? En
dépensant l'argent des contribuables dans un fonds de
développement industriel, comment font-ils face à une situation
différente d'ailleurs? Nous n'avons pas la même chance de
vendre. Vous nous donnez une marchandise dévaluée, si vous
voulez. Il y a cette restriction, justement, parce qu'il n'y a pas de
subvention possible. Nous parlions de taxe, tout à l'heure. Je ne parle
pas du côté fiscal mais je parle plutôt de subvention
d'assistance dans certains cas.
M. BEAUDRY: Par contre, M. le Président, le député
de Baldwin conviendra avec moi qu'une région comme celle de
Montréal possède tous les avantages, des avantages portuaires,
des avantages de transport le marché est là et
possède une foule d'autres avantages que nous ne pouvons pas trouver
à l'extérieur. Donc, si nous voulons combler un peu pour...
M. BOURASSA: Le ministre est député de
Montréal...?
M. BEAUDRY: Pardon?
M. BOURASSA: Le ministre est député de
Montréal...?
M. BEAUDRY: Oui, c'est pour cela que j'ai tenu à ce que la ville
de Montréal soit favorisée par le bill 24. C'est la raison.
Montréal a droit au bill 24. Montréal doit demeurer la
métropole canadienne. Alors, nous avons apporté une mesure qui va
l'aider à demeurer la métropole du Canada.
Vous conviendrez avec moi, M. le député de Baldwin,
qu'à Montréal, nous avons tous les avantages de marché, de
transport et les avantages portuaires. Nous avons un grand marché, et si
nous voulons décentraliser, ce n'est pas une chose facile. Il faut
absolument que nous essayions, par un petit surplus, d'aider les usines qui
veulent faire le sacrifice d'aller s'établir loin de la
métropole.
M. SEGUIN: C'est que ces municipalités, la ville de
Montréal comprise, dépensent des milliers et des milliers de
dollars individuellement, chaque année, pour favoriser leur
développement et leur expansion économique.
C'est par la voie des journaux, de commissaires industriels, de
dépliants, de brochures. Enfin, tout cela se fait autour de
Montréal. L'industrie ne vient pas d'elle-même, il faut aller la
chercher. Il faut l'encourager à s'établir dans un certain
milieu.
Maintenant, si je prends cette région-là et l'effort qui
se fait individuellement de la part des municipalités et collectivement
en rapport à la région, quel est l'effort fourni dans le reste de
la province, dans d'autres régions excep- tion faite disons de
Trois-Rivières, de Québec ou des autres grands centres des
municipalités qui voudraient voir arriver chez elles certaines
industries? Quel effort font ces villes-là, au point de vue
publicitaire, au point de vue d'assistance de développement industriel,
au point de vue de commissaires industriels, au point de vue de
publicité, d'annonces dans les journaux? Je voyais que la province de
Québec, tout récemment, a payé ou acheté une
rotogravure du New York Times, et dans cet article, on chante les louanges de
la province, y compris la région de Montréal, et on ne
précise pas qu'il y a une différence.
M. BEAUDRY: Pour faire une rectification, cette annonce-la a
été entièrement payée par des commanditaires. Elle
a paru en faveur du Québec, mais n'a pas rien coûté au
Québec. Elle a été payée par des manufacturiers du
Québec.
M. SEGUIN: Tant mieux. Si nous pouvions toujours avoir des arrangements
comme ceux-là, ce sera mieux, je suis en faveur.
Mais des municipalités dans la région contribueront dans
le même sens. Dans l'industrial Locations, qui sortira en juin, par
exemple, vous trouverez un certain nombre d'industries de la région de
Montréal qui, elles, paieront, à coups de milliers de dollars,
des pages dans cette publication distribuée à 40,000 ou 45,000
dirigeants d'entreprises par tout le monde, surtout aux Etats-Unis, mais aussi
en Europe. Je ne verrai pas dans cette publication-là j'en suis
convaincu - de publicité de la part d'autres secteurs de la province, si
ce n'est des régions de Montréal, de Québec et de
Trois-Rivières, peut-être de Sherbrooke et de Drummondville, mais
des grands centres. Les autres ne s'occupent pas de cela.
Nous devons nous débattre, en plus de payer toute cette
publicité, d'attirer tous ces gens ou d'essayer d'amener l'Industrie
chez nous. Nous avons encore ce point défavorable que la partie rurale
de la province peut avoir, pour autant que les octrois sont concernés.
Encore là, il y a une certaine injustice. Nous payons, nous publions,
nous annonçons, nous attirons, nous faisons des démarches et nous
sommes encore défavorisés.
M. BEAUDRY: M. le Président, je pense que le député
de Baldwin qui est également maire d'une municipalité progressive
de la province de Québec...
M. SEGUIN: Oui, mais cela ne vient pas naturellement. Il y a un effort
là.
M. BEAUDRY: Je crois qu'il doit se compter chanceux d'avoir les moyens
de payer de la publicité pour faire venir des industries chez lui. Il
mentionnait les régions de Sherbrooke, de Trois-Rivières et de
Québec Ce sont justement ces régions-là qui profitent
actuellement le plus du bill 24. Il sait aussi bien que moi que certaines
régions n'ont aucun moyen financier pour payer de la publicité
à l'étranger.
Etant donné, comme je le mentionnais, que Montréal a le
bill 23, il faut absolument, si nous voulons aider le Québec à
progresser d'une manière satisfaisante et que le Québec se
construise sur l'ensemble de son territoire, partager avec les moins
fortunés.
Donc, je remercie le député de Baldwin, maire d'une
municipalité de la région de Montréal, qui fait des
efforts pour amener des industries dans sa ville. En même temps, il aide
la province de Québec. Je pense que Montréal doit aussi penser
aux parents pauvres qui l'entourent et faire un effort pour aider la province
à se développer de façon rationnelle. Il conviendra avec
moi que si Montréal et Pointe-Claire obtiennent les mêmes mesures
qu'à travers la province de Québec, je ne crois pas qu'aucune
industrie ira s'établir ailleurs qu'à Montréal. Donc, je
lui demande de faire un sacrifice et je pense que ses citoyens ne s'en
plaidront pas trop.
Je suis convaincu que toutes les villes de la région de
Montréal font de la publicité pour attirer des industries chez
elles. Par contre, les municipalités de la région de
Québec n'ont pas les moyens des grands centres d'avoir des techniciens
à leur service et d'avoir des publicistes.
M. SEGUIN: Je ne voudrais pas que nous terminions tout de suite comme
ça. Malgré ce que le ministre dit, pour attirer des industries et
essayer de les encourager à s'établir dans cette
région-là, les municipalités n'ont pas de subventions
autres que ce que la municipalité peut offrir en fait de services...
Je suggérerais au ministre, par exemple, si possible, de faire
examiner par le service des achats je vais donner un exemple parmi
plusieurs, je peux vous en donner une soumission pour des accessoires
électroniques dans un hôpital. Plusieurs compagnies du
Québec, du Canada et une compagnie européenne ont
soumissionné. La soumission acceptée fut celle d'une compagnie de
France; $451,443. Parmi les soumissionnaires canadiens, il y a deux compagnies
qui ont soumissionné pour le même équipement, les
mêmes spécifications, et qui sont de la région de
Montréal. Il y a eu une soumission de $385,000 à comparer
à $451,000; une deuxième à $372,000 à comparer
à $451,000; une troisième à $277,000 à comparer
à $451,000. Ce sont des industries du Québec, des industries qui
se situent dans la région économique de Montréal, qui
encore ont une croix additionnelle à porter du fait qu'elles semblent
être défavorisées lorsqu'il s'agit de contrats du
gouvernement.
Le dossier portait le numéro 3951, et c'est en date de
décembre 1968-janvier 1969. Je demanderais bien, si c'était
possible, qu'un cas semblable soit apporté devant la commission qui doit
aviser le ministre, pour voir si c'est cette politique-là qu'on doit
continuer. Encore là, on a une bataille lorsqu'il s'agit d'attirer
quelqu'un d'en dehors lorsque des choses semblables sont connues vous
pourriez vérifier le dossier cela rend quasi impossible, sans
assistance additionnelle sous forme de subventions, d'attirer des industries
dans la région de Montréal.
Il y a un problème très sérieux. Je n'irai pas plus
loin. J'ai un document ici qui donne beaucoup plus de détails, et je ne
voudrais pas prendre plus de temps en ce moment. Mais je me demande si le
ministre a l'intention, à l'occasion de ses discussions et de ses
pourparlers avec la commission en question, de revoir ou de reviser toute cette
situation, et peut-être repenser toute l'idée de
décentralisation et voir s'il n'y a pas là possibilité
d'améliorer la politique et voir surtout à ce qu'il n'y ait pas
dans les soumissions, en ce qui concerne le gouvernement, des exceptions faites
pour des industries qui sont venues s'établir chez nous, des industries
qui étalent ailleurs autrefois.
M. TESSIER: M. le Président, avant que nous changions de sujet,
vous me permettrez de donner aussi mon point de vue sur la question qui vient
dêtre soulevée par mon collègue, le député de
Baldwin. Je diffère un peu d'opinion avec lui.
M. SEGUIN: D'accord.
M. TESSIER: Il n'y a pas de mal à cela, même si nous sommes
du même côté de la table.
M. SEGUIN: Nous pourrions faire un compromis.
M. TESSIER: J'ai des questions assez sérieuses, je crois, M. le
Président. C'est l'occasion évidemment. Si ce n'est pas à
cette occasion, lorsque nous étudions le budget du ministère de
l'Industrie et du Commerce, je me demande à quel moment je pourrais en
discuter avec le ministre et ses hauts fonctionnaires.
Le député de Baldwin se plaint d'une certaine
situation en ce qui concerne la région métropolitaine de
Montréal. Je crois qu'il ne peut pas se plaindre, du moins, de ce que le
ministère de l'Industrie et du Commerce travaille contre
l'Intérêt de Montréal. Dans le cas de la région de
l'Est du Québec, nous avons justement eu dernièrement un cas dont
le ministre est au courant, où non seulement nous n'avons pas eu l'aide
du ministère de l'Industrie et du Commerce, mais où je peux dire
que le ministère a travaillé contre nous. Pour l'information du
député de Baldwin, également, qui dit que seulement
Montréal, Québec ou Trois-Rivières sont organisés,
je pourrais dire que, dans le cas du comté de Rimouski, de la ville de
Rimouski en particulier, nous sommes assez bien organisés, toute
proportion gardée. Nous avons une commission de développement
économique, un directeur du développement économique qui
reçoit un très bon salaire et qui, je crois, est un excellent
homme. Nous recevons de la ville un budget assez substantiel, nous faisons des
démarches et nous avons fait des démarches, entre autres, pour
envoyer trois représentants de la ville de Rimouski, à trois
occasions, en Europe pour rencontrer certains industriels français.
Après toutes ces démarches, nous étions, je crois,
susceptibles de compter sur un appui entier du ministère de l'Industrie
et du Commerce.
Le point que je veux soulever, particulièrement, c'est que,
lorsqu'une municipalité, quelle qu'elle soit le cas, Je l'ai
vécu et je le vis encore, et c'est cette question que je ne peux pas
admettre que ce soit Pointe-Claire, ou Trois-Rivières, ou
Sherbrooke, ou Rimouski fait des démarches, envoie des
délégations dans un pays étranger et convainc certains
industriels à venir s'établir, qu'à ce moment-là,
nous devrions nous attendre, la municipalité en question devrait
s'attendre à avoir l'appui entier du ministère, parce que, en
somme, c'est ça la raison d'etre du ministère.
Or, ce qui est arrivé dans le cas de l'industrie Olida, dont je
fais mention, c'est que non seulement nous n'avons pas eu l'aide du
ministère, mais que le ministère a travaillé contre nous,
et j'en ai la preuve. J'ai eu l'occasion d'en discuter avec le sous-ministre,
qui est en face de moi. Lorsque la délégation, le
président et les principaux officiers de la compagnie sont venus visiter
la province de Québec, on leur a préparé un
itinéraire que j'ai dans mon dossier, préparé par le
ministère de l'Industrie et du Commerce; on leur a fait visiter
Montréal, Québec, les Cantons de l'Est, la Beauce, un peu
partout, mais on a omis, dans l'itinéraire de dix jours de ces
gens-là, la ville de Rimouski qui est précisément la ville
qui est allée les chercher. J'ai le document et j'ai déjà
eu l'occasion de vous le montrer prlvément, M. le Ministre.
Alors ceci est une situation que je ne peux admettre car je crois
qu'elle n'est pas logique du tout, d'autant plus que le cas en question
était une industrie qui cadrait parfaitement dans le plan du Bureau
d'aménagement de l'est du Québec. J'aurai probablement
l'occasion, de raparler plus en détail de la question. Je ne veux pas
prendre le temps des membres de ce comité inutilement, je tenais
à soulever la question. J'aurai certainement l'occasion d'en discuter
plus en détail, étant donné qu'il s'agit d'une question
plutôt particulière, c'est-à-dire qu'elle n'est pas une
question d'envergure provinciale. Je crois que c'était, tout de
même, à titre d'exemple que j'ai voulu le citer et je n'ai
certainement pas l'intention de laisser tomber l'affaire comme ça.
M. SEGUIN: M. le Président, si je suis...
M. TESSIER: Si vous me le permettez, je tiens à souligner juste
un autre point. J'aurais une question à poser au ministre. Avant de
poser ma question très brièvement, le plan d'aménagement
ou l'accord fédéral-provincial, signé à Rimouski le
26 mai 1968, prévoyait certains avantages, c'est-à-dire une prime
à l'investissement. Les avantages de cette prime à
l'investissement sont presque disparus par les bills 21, 22, je crois, qui ont
étendu ces bénéfices à l'ensemble de la province de
Québec justement comme le mentionnait le député de
Baldwin sauf à la région métropolitaine de
Montréal. Or, ayant perdu cet avantage d'attirer dans notre territoire
de l'est du Québec de nouvelles industries, ma question est la suivante;
Est-ce que le ministre est prêt à considérer d'accorder,
pour compenser, une prime à l'emploi telle que recommandée par le
plan d'aménagement du BAEQ? J'aimerais bien connaître l'opinion du
ministre sur cette question-là.
M. BEAUDRY: Actuellement, M. le député de Rimouski, nous
avons, dans nos demandes, 23 requêtes de votre région pour de
l'expansion ou de l'implantation d'industries nouvelles.
Au sujet des ententes provinciales-fédérales, on me dit
qu'il n'y a eu aucun accord au sujet des primes à l'investissement lors
de l'entente signée au mois de mars. On me dit qu'il n'y a aucune prime
prévue dans l'accord.
Vous êtes dans la région de 40%. Je pense que si vous vous
comparez à la région de Québec, qui est de 25%, vous
êtes encore supérieurs à la région de Québec;
comme la région de Québec est supérieure à la
région de Montréal.
M. TESSIER: Nous avons à% de plus. M. BEAUDRY: De 25% a 40%. M.
BOURASSA: C'est 33%.
M. TESSIER: Dans l'ensemble, nous avons 5% de plus. Ce n'est pas
suffisant. J'aimerais tout de même savoir du ministre s'il est favorable,
dans la renégociation de l'entente fédérale-provinciale
qui doit avoir lieu d'ici le 31 mars 1970, à une prime à
l'emploi, pour la région de l'Est du Québec
M. BEAUDRY: Dans les ententes antérieures, nous avons toujours
été favorables à la prime à l'emploi, et le
gouvernement fédéral ne l'était pas. Nous sommes toujours
favorables à la prime à l'emploi tel que le mentionne M. le
député de Rimouski.
Au sujet de la compagnie Olida, je reviendrai sur le sujet si vous
voulez que j'y revienne...
M. TESSIER: Oui, oui.
M. BEAUDRY: ... je crois qu'actuellement ils sont à faire une
étude chez P.S. à Ross et que l'emplacement n'a pas encore
été choisi. Vous savez, M. le député, qu'au
ministère, il est de notre devoir, je crois, de faire visiter la
province de Québec. On me dit, au ministère, que les gens d'Olida
ont été amenés à Rimouski par notre
ministère. Nous sommes même allés les chercher en avion.
Alors, je pense...
M. TESSIER: Ils ont été amenés à Rimouski
parce que nous avons nous-mêmes fait modifier l'itinéraire
à votre ministère.
M. BEAUDRY: Oui mais c'était un programme préliminaire. Il
n'était pas final.
M. TESSIER: C'est une question de principe. Lorsqu'une
municipalité fait des démarches comme celles que la ville de
Rimouski a faites elle a dépensé des milliers et des
milliers de dollars pour attirer chez elle une industrie que ce soit
à Rimouski ouailleurs, peu importe. C'est une question de principe.
Est-ce que le ministère, à ce moment-là, ne doit pas
épauler les efforts personnels qui ont été faits par une
municipalité pendant une période de deux ans et plus? C'est cette
question.
M. BEAUDRY: Oui.
M. TESSIER: Lorsqu'une municipalité est obligée de se
battre avec le ministère, je pense que ce n'est pas ce qu'on peut
appeler être appuyé!
M. BEAUDRY: M. le député, c'est tout à fait vrai ce
que vous mentionnez. Par contre, lorsqu'une compagnie demande à visiter
le territoire québécois, nous ne pouvons pas lui refuser, et
lorsqu'elle demande de faire une étude de rentabilité sur
l'emplacement qu'elle choisira, vous comprendrez très bien avec moi que
nous n'avons aucun pouvoir de décision sur l'emplacement qu'une
entreprise choisit. Tout va selon l'étude de rentabilité sur
l'emplacement.
Alors, je pense que nous n'avons pas grand-chose à dire tellement
lorsque la compagnie prend sa décision.
Dans votre cas, on me dit que la compagnie avait de bonnes relations
avec votre ville. Nous serons heureux si elle choisit votre ville pour s'y
établir. Par contre, elle a demandé aux fonctionnaires du
ministère de voir le territoire québécois. C'est ce qu'ils
ont fait. Je crois que c'est normal. Maintenant, c'est à eux de prendre
leur décision. Vous pouvez être assuré qu'aucun
employé du ministère ne favorisera un endroit plus qu'un
autre.
M. TESSIER: Je suis parfaitement d'accord sur ce que vous venez de dire.
Mais ne croyez-vous pas que le ministère, dans un cas comme celui que Je
viens de citer, ne devrait pas appuyer de toutes ses forces les efforts faits
par la municipalité en question?
M. HAMEL: Je ne suis pas d'accord.
M. TESSIER: J'ai posé la question au ministre.
M. HAMEL: Oui, mais je vous dis que je ne suis pas d'accord avec
cela.
M. TESSIER: C'est votre droit de ne pas être d'accord.
M. HAMEL: J'ai le droit de vous dire pourquoi. Pour la compagnie dont
vous parlez, moi, ce n'est pas le ministère qui m'a dit qu'elle
était intéressée à venir dans la province de
Québec J'ai su cela par d'autres sources. Et certaines villes de mon
comté ont écrit à la compagnie Olida; ses
représentants sont venus nous visiter, chez nous, à 22 milles de
Montréal. Ce n'est pas par le ministère de l'Industrie et du
Commerce. Je ne suis pas d'accord
avec ce que vous dites à l'effet que le ministère doive
absolument dire à ces gens: Vous irez à Rimouski.
M. TESSIER: Non, il ne s'agit pas de les amener de force.
M. HAMEL: Non, non, mais, c'est ce que vous disiez tout à
l'heure. Vous avez dit que le ministère travaillait contre la ville de
Rimouski.
M. TESSIER: C'est vrai.
M. HAMEL: Eh bien, c'est vrai... Un instant! C'est vrai! Moi, dans mon
comté, en ce qui me concerne, le ministère n'a même pas
favorisé mon comté, et je suis à 22 milles de
Montréal.
M. TESSIER: Oui, mais...
M. HAMEL: Tout à l'heure, J'y reviendrai.
M. TESSIER: Oui, mais quelles démarches préliminaires
votre ville a-t-elle faites pour obtenir cette industrie? Depuis 1966 que nous
sommes en contact avec la compagnie en question. Etes-vous allé en
France? Avez-vous passé dix Jours là-bas pour discuter avec
eux?
M. HAMEL: Oui.
M. TESSIER: Avez-vous fait deux ou trois voyages comme nous avons fait
nous?
M. HAMEL: Oui, si la compagnie décide de ne pas s'installer chez
vous...
M. TESSIER: Ah bien, elle est libre!
M. HAMEL: Alors n'accusez pas les officiers du ministère
d'influencer le choix de la compagnie.
M. TESSIER: Je crois, moi, que le principe est le suivant: lorsqu'une
municipalité, quelle qu'elle soit cela peut être la
vôtre dans un autre cas fait des démarches pour amener une
industrie, elle devrait compter à ce moment sur l'appui entier du
ministère.
UNE VOIX: Oui.
M. TESSIER: Après cela, évidemment, la compagnie est libre
de choisir...
M. HAMEL: Je sais cela.
M. TESSIER: ... de décider elle-même. Il est évident
que le gouvernement ne peut pas imposer à une compagnie d'aller
s'établir à un endroit. Et Je crois qu'il doit essayer, du moins,
d'épauler les efforts faits par une municipalité pour essayer de
convaincre la compagnie.
M. HAMEL: M. le député de Rimouski...
M. PICARD: Plutôt que de le dépenser en
timbres-postes...
M. HAMEL: Pardon?
M. PICARD: Combien votre municipalité a-t-elle
dépensé en timbres-postes pour communiquer avec la compagnie?
Vous avez dit vous-même que vous aviez écrit deux ou trois
fois.
M. HAMEL: Très sérieusement...
M. TESSIER: Nous avons dépensé, nous, au moins $12,000
pour essayer d'attirer cette industrie. Seulement dans ce cas.
M. BEAUDRY: M. le député de Rimouski, nous avons fait
exactement ce que vous venez de dire. Je m'informe à mes
collègues, et on me dit qu'on a agi exactement comme vous l'avez
mentionné. Maintenant, il reste à la compagnie de décider
pour elle-même l'endroit où elle devra s'implanter. Nous n'avons
aucune autorité ou aucune Juridiction sur cette compagnie. Je serais
bien fier pour nous si elle opte pour votre région. D'ailleurs votre
région n'est pas défavorisée quant au bureau
régional. Je crois que vous avez un des plus gros bureaux
régionaux de la province. Alors, Je pense que votre coin n'est pas
tellement négligé. Nous savons que vous en avez besoin dans cette
région-là. Alors nous faisons des efforts pour essayer que votre
comté se développe, M. le député.
M. TESSIER: Mais, M. le Président, Je voudrais également
souligner que j'y ai fait allusion tout à l'heure nos gros
arguments qui pouvaient les convaincre de s'établir dans la
région de l'est du Québec étaient Justement l'avantage que
nous avions dans la prime à l'Investissement. Cet avantage est à
peu près disparu. C'est pour cela que la compagnie en question,
aujourd'hui, n'a pas d'intérêt particulier à
s'éloigner des grands centres. C'est ce qui m'a amené à
soulever la question corollaire à celle-là: Pour compenser la
perte
que nous avons subie, en somme, par le fait que la prime à
l'investissement a été étendue à toute la province
de Québec, sauf à la région métropolitaine de
Montréal, c'est qu'il devrait y avoir une prime à l'emploi.
Et j'espère bien, je termine là dessus, que le ministre de
l'Industrie et du Commerce mettra tout son poids, lors de la
renégociation de l'entente fédérale-provinciale pour l'est
du Québec, afin que la prime à l'emploi soit incluse dans la
nouvelle entente.
M. BEAUDRY: Nous étions d'accord avec la suggestion du
député de Rimouski et nous le sommes encore. Nous allons faire
tous les efforts possibles pour que son rêve se réalise.
M. TESSIER: Merci.
M. LEVESQUE (Bonaventure): M. le Président, parce que nous venons
de parler du Plan de développement de l'est du Québec, est-ce que
le ministre se rend compte que l'action de son ministère ne semble pas
avoir eu d'effet dans l'entente qui a été signée le 26 mai
1968 à Rimouski? La population du territoire et j'enchaîne
sur ce que disait mon collègue de Rimouski est très
déçue de voir que, dans une entente qui comporte apparemment des
dépenses de l'ordre de $250 millions, il n'y a rien ou à peu
près rien de prévu pour le développement industriel qui
est normalement à la source de la création de nouveaux emplois.
Je crois que le ministre devrait être présent, lui et ses
collaborateurs, pour s'assurer que, lorsque l'entente sera
renégociée et elle devrait l'être, je crois, d'ici
le 31 mars 1970 le développement industriel ait une
priorité dans cette entente.
Le plan qui a été déposé entre les mains du
gouvernement au mois de juillet 1966, a donné naissance à cette
entente qui a été signée en 1968 à Rimouski, devant
le premier ministre du Canada et le premier ministre du Québec Mais,
à ce moment-là, l'entente ne contenait qu'une faible partie des
recommandations du plan. Je le répète à cette occasion-ci
parce que je l'ai déjà dit la plus grande partie
des $250 millions n'est que de la poudre aux yeux.
Il y a $212 millions, je crois, qui sont payables par le gouvernement
fédéral et environ $40 millions, par le gouvernement du
Québec. Cela représente, cependant, en grande partie, des
politiques que les gouvernements auraient suivies de toute façon et des
politiques que l'on retrouve autant au Canada qu'au Québec.
Je souligne en particulier et j'appuie ce que vient de dire le
député de Rimouski. Au point de vue industriel, tout ce dont la
région a hérité, c'est d'avoir un écart moins grand
et moins significatif dans le pourcentage qui est remis aux industries qui
s'installent dans notre région. Alors qu'il y avait une
différence d'environ 33 1/3% autrefois, c'est-à-dire que des
régions ne profitaient pas de la subvention fédérale, le
territoire profitait, lui, de 33 1/3% de subventions
fédérales.
Aujourd'hui, maintenant que c'est réparti à travers la
province, sauf Montréal, il n'y a plus d'avantage substantiels et
significatifs pour qu'une industrie s'établisse dans le territoire
pilote. Or, il s'agit d'un territoire qui a été
déclaré par le gouvernement du Québec territoire pilote,
là où on doit faire des expériences, là où
on doit avoir des investissements massifs afin que, dans une courte
période, on puisse stimuler l'économie et créer des
emplois nouveaux.
Or, si on regarde, par exemple, le journal Le Péninsulaire, en
date du mercredi 9 avril, de la région, que j'ai reçu
aujourd'hui, on voit à l'en-tête: Le budget 69/70 de l'entente,
$41 millions, réseaux routiers et industries, zéro. Ce sont les
manchettes que nous retrouvons dans la plupart des journaux de la
région: Développement industriel, zéro. Réseau
routier, qui est à la base du développement économique,
zéro.
Je crois que c'est la responsabilité du ministère et du
ministre de voir à ce que, si une entente est renégociée
et elle devrait l'être d'ici le 31 mars 1970 nous tenions
compte du besoin pressant qu'il y a dans l'est du Québec, d'avoir une
politique de développement industriel et que nous puissions profiter de
cette entente avec Ottawa afin d'assurer que ces politiques puissent avoir les
effets auxquels nous avons droit de nous attendre.
Dans les grands quotidiens d'ici, de Québec et de
Montréal, il y a presque chaque Jour des manchettes annonçant les
$250 millions pour les Gaspésiens. Il y a même de mes
collègues qui se lèvent, chaque jour, en Chambre pour demander
qu'eux aussi puissent avoir dans leur région les $250 millions. Or, ceux
qui vivent dans le territoire savent qu'il y a absolument rien de nouveau,
qu'il n'y a absolument rien de spécial et qu'il n'y a absolument rien
d'additionnel, jusqu'à maintenant, que nous pouvons voir se
concrétiser pour la région de l'est du Québec.
Je dis qu'il s'agit de poudre aux yeux et Je crois qu'il est important
que le ministre et le ministère de l'Industrie et du Commerce, pour
autant que la responsabilité du ministère est concernée,
s'attardent à examiner cette situation et à s'assurer que le
développement industriel ne soit pas oublié de nouveau dans la
renégociation de l'entente qui doit intervenir avant le 31 mars
1970.
M. BEAUDRY: Je suis parfaitement d'accord avec le député
de Bonaventure et, tel que je l'ai mentionné tantôt au
député de Rimouski, lors des premières ententes, nous
étions favorables à la prime à l'emploi et nous avions
été favorables, à ce moment-là, à ce que la
prime soit haussée à 40%. Ces deux demandes n'ont pas
été acceptées. Vous pouvez être assuré de mon
entier appui, lorsque viendra le temps des prochaines négociations avec
le gouvernement fédéral.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Je remercie le ministre et je crois que s'il
peut et ce sont les dernières remarques que je veux faire
convaincre son collègue, le ministre de la Voirie de s'intéresser
également à ce problème-là, il rendrait service
à la population du territoire et particulièrement à
l'avenir industriel du territoire.
Hier, j'ai parcouru les routes qui me séparent de mon domicile et
j'ai vu pendant 200 milles, des routes qui avaient l'air d'avoir
été bombardées. Cela me faisait penser à certaines
routes de Berlin après les bombardements de la dernière guerre.
C'est incroyable. Lorsque nous arrivons à Mont-Joli en direction de
Québec, nous pensons que nous sommes dans un autre pays. On dirait que
les routes ont été saccagées volontairement, tellement
elles sont brisées, torturées, tordues et, dans un état
tel que Je ne vois pas qu'il soit possible de penser à un
développement industriel sans refaire ce secteur routier qui est dans un
état réellement et objectivement parlant, déplorable et
indescriptible.
M. BEAUDRY: M. le Président, le ministre de l'Industrie et du
Commerce se fera un plaisir de transmettre à son collègue, le
ministre de la Voirie, les recommandations du député de
Bonaventure.
M. LE PRESIDENT: J'allais le rappeler à l'ordre, mais dans son
intervention, à un moment donné, il a parlé d'industrie et
de commerce. J'ai toléré un peu, mais...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Je remercie mon collègue du
territoire, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: J'ai constaté depuis assez longtemps que nous
étions rendus au ministère de la Voirie.
M. SEGUIN: Il faudrait peut-être, M. le Président, que le
ministère s'assure que chaque fois qu'il y aura des visiteurs à
transporter dans ce secteur-là, nous les transportions par
hélicoptère, pour ne pas les obligera passer sur les mauvaises
routes. Alors, nous tuerons, d'une pierre, deux oiseaux.
M. BOURASSA: M. le Président, le ministre a parlé, juste
avant l'ajournement...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que nous adoptons.,,.
M. BOURASSA: C'est parce que je veux référer à une
déclaration du ministre, avant l'ajournement. Il parlait de $209
millions. D'accord, nous devons discuter plus tard de la question des
subventions. Mais c'est parce que cela touche un peu à ce que le
député de Rimouski et le député de Bonaventure ont
considéré.
M. BEAUDRY: M. le Président, je pense que l'article «
comité...»
M. LE PRESIDENT: Est-ce que l'article « comité » est
adopté?
Nous passerons à un autre article.
M. BOURASSA: Que ce soit là ou ailleurs, le ministre a
parlé de...
M. BEAUDRY: Nous allons procéder avec ordre. Je pense bien qu'il
serait mieux de s'en tenir à l'article si...
M. BOURASSA: Mais le ministre en a parlé à cet
article-là.
M. BEAUDRY: J'en ai parlé parce que je vous ai répondu. Ce
n'est pas moi qui...
M. BOURASSA: Oui, mais c'est parce que je voulais Juste
répliquer. Vous parlez de $209 millions de subventions...
M. BEAUDRY: Vous voulez parler des primes?
M. BOURASSA: Oui, oui.
M. BEAUDRY: Nous allons arriver aux primes tantôt, dans un autre
poste budgétaire.
M. BOURASSA: D'accord.
M. BEAUDRY: Alors, nous pourrons en reparler, s'il vous plaît.
M. LE PRESIDENT: La commission...
M. HAMEL: Vous parliez d'une entente qui a été
signée le 26 mai. A quel moment les études ont-elles
commencé pour en venir à conclure les ententes?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Les études ont commencé en 1963
et le Bureau d'aménagement de l'est du Québec a été
formé cette année-là. Les études ont duré
trois ans et le rapport final a été déposé entre
les mains du gouvernement du Québec au mois de juillet 1966. Pendant les
deux années qui ont suivi, ce rapport a dûêtre
étudié par le gouvernement et les fonctionnaires de chaque
ministère, par le gouvernement fédéral également et
par ses fonctionnaires. Finalement le tout a abouti à une entente qui a
été signée par les deux gouvernements, à Rimouski,
le 26 mai 1968.
M. HAMEL: Est-ce que c'est le même projet dont le
député de Matapédia faisait part en Chambre...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui. M. HAMEL: ... à l'occasion...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Tous les députés du territoire,
incluant le président d'aujourd'hui, sont bien conscients de toute cette
question.
M. LACROIX: On ne pourrait pas le réaliser...
M. HAMEL: Spécialement le député de
Matapédia, M. Arsenault, en faisait part dans un discours en
Chambre.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui, exactement.
M. HAMEL: Ce sont peut-être des questions que la population se
pose. Comment se fait-il qu'il n'y a rien pour la population et qu'il y a
peut-être beaucoup de choses pour certains rêveurs et penseurs en
couleur?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Bien voici. Si on veut passer sur ce sujet,
je dirai simplement que depuis 1966, depuis que le rapport est
déposé et que le Bureau d'aménagement de l'est du
Québec est dissous, et depuis que le gouvernement actuel a les
responsabilités du projet avec le gouvernement du Canada, il semblerait
que les dépenses faites, justement pour de nouvelles études, ont
maintenant dépassé le montant consacré aux études
avant le rapport.
M. HAMEL: Il semblerait.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Bien, nous aurons l'occasion de faire la
preuve de cela en temps et lieu.
M. LE PRESIDENT: Article 7, adopté? M. LEVESQUE (Bonaventure):
Oui, ça va.
M. LE PRESIDENT: Article 8:Automobiles: achat. Adopté?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 9: Automobiles: entretien et opération.
Adopté?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 10: Autres dépenses. Adopté?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté.
M. BOURASSA: Il y a juste une question avant de terminer ce
poste-là. Est-ce qu'il y a un adjoint parlementaire pour le
ministère de l'Industrie et du Commerce?
M. BEAUDRY: Non, M. le Président.
M. BOURASSA: Est-ce qu'il y en a un qui est prévu?
M. BEAUDRY: Il y a un ministre d'Etat.
M. BOURASSA: Qui se trouve à prendre la place de l'adjoint
parlementaire? Je vois des gens là, qui feraient d'excellents adjoints
parlementaires. Je me demandais...
M. HAMEL: Administration...
M. BOURASSA: Non, administration. Mais c'est parce que j'exprime mon
étonnement qu'il n'y ait pas d'adjoint parlementaire. C'est
peut-être le ministère le plus important actuellement.
M. LACROIX: Il n'y en a plus beaucoup qui n'ont pas de fioles!
M. LE PRESIDENT: Le poste budgétaire 2: Bureau de recherches
économiques.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Quant au poste budgétaire 2, Bureau de
recherches économiques, pourrais-je demander au ministre quelles sont
les études qu'il a l'intention de faire faire à son
ministère pour Justifier la somme de $330,100 qu'il demande à la
Chambre de voter?
M. BOURASSA: Qui est le directeur de ce bureau-là?
M. BEAUDRY: Actuellement, le poste de directeur est vacant. C'est Gilles
Lebel qui est directeur intérimaire.
M. BOURASSA: Depuis combien de temps est-il vacant? C'était
Gilles Martin qui était... Gilles Martin a été muté
à l'office de planification?
M. BEAUDRY: Oui, monsieur.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Le ministre pourrait peut-lire nous dire
quelles études ont été faites l'an dernier, pour
commencer, et quelles études...
M. BEAUDRY: Le service...
M. LEVESQUE (Bonaventure): ... il prévoit pour l'année
dont l'exercice commence le premier avril.
M. BEAUDRY: Conjoncture économique. Les objectifs
généraux du service. La situation économique,
Québec 1967, The Economie Situation, Quebec 1967. Ce rapport,
publié en avril 1968, répond à des besoins et à des
préoccupations d'ordre général. Il décrit à
grands traits les performances de l'économie québécoise,
en montre les points forts et les faiblesses.
Enfin, il reflète, aussi fidèlement que possible, le
contexte économique dans lequel s'inscrit l'action des gouvernements,
des entreprises et des particuliers. C'est en somme le bilan de
l'économie du Québec.
La « Situation de l'emploi », publication mensuelle. Cette
publication fait le point chaque mois sur la situation du marché du
travail. La situation au Québec est comparée à celle du
Canada et à celle de l'Ontario. « Aperçu de la situation
économique au Québec en 1968 », rapport distribué en
Janvier à l'occasion de la conférence de presse annuelle du
ministre de l'Industrie et du Commerce. Il s'agit d'un bilan provisoire
à l'économie du Québec en 1968, et son évolution
probable en 1969. « La situation économique du Québec en
1968 », projets en cours, de même nature que le premier, le travail
sera publié en avril 1969. « Les travaux du développement
économique ». L'application de notre programme prévoyait
donc l'étude de concepts et la mise au point des techniques aptes
à mesurer la production et le rendement réel, passé et
futur de l'économie québécoise. Tous les travaux doivent
donc inclure inventaire, analyse et prévisions.
Dans le cadre, nous avons publié au cours de l'année les
tableaux types des comptes économiques du Québec de 1946 à
1968. Cette étude montre l'évolution pour le Québec des
grands agrégats qui sont retenus au Canada et dans la plupart des pays
occidentaux pour la mise sur pied d'une comptabilité nationale. Ainsi,
nous avons évalué pour le Québec, de 1946 à 1968,
le produit national brut et ses composantes: salaires, profits, loyers,
intérêts et revenus de placement, revenus nets des entreprises non
incorporées, agricoles et non agricoles, revenu national, le produit
intérieur brut par secteurs: agriculture, forêts, chasse et
pêche, mines, manufactures, construction, transport, entreposage,
communications, électricité, gaz et eau, commerces en gros,
commerces au détail, finance, assurances et immeubles, administration
publique, services. Pour tous ces secteurs, nous avons évalué la
valeur et l'importance de chacun des éléments constituant la
valeur ajoutée; une description des concepts et méthodes
accompagnent cette publication.
A la base de ces travaux, nous avons dû mettre sur pied de
nombreuses séries chronologiques, intermédiaires qui
n'apparaissent pas dans la publication, mais qui pourront être
publiées lorsque cela sera possible dans des travaux
ultérieurs.
Ayant maintenant en main cette toile de fond de l'économie
québécoise, nous poursuivons des travaux semblables mais dans une
ventilation plus fine au niveau des études sectorielles. Cette
publication devrait être publiée d'ici une quinzaine de jours, une
demande assez forte s'étant fait connaître avant même la
parution de cette étude justifiait un premier tirage de 1,200
exemplaires.
Nous avons également « L'évolution et perspectives
de l'économie du Québec de 1946 à 1980 ». L'objet de
cette étude est de dégager les caractéristiques
particulières de l'évolution économique du Québec
depuis la fin de la guerre, à la lumière de la théorie
économique et de déceler les perspectives de la prochaine
décennie. Nous avons donc dans ce travail analysé
l'évolution et les perspectives démographiques du Québec,
population, main-d'oeuvre, emplois, chômage, comportement de la
crois-
sance économique du Québec de 1946 à 1968 selon
différentes périodes; place du Québec dans le monde:
l'évolution de la structure économique du Québec;
répartition sectorielle de l'économie; le développement
des activités; l'évolution des principaux indicateurs
économiques; l'évolution des prix. Cette étude est
essentiellement analytique et prévisionnelle. Les séries de
statistiques de base apparaissent plutôt en annexe. Le travail de
recherches et d'analyse pour cette étude est pratiquement terminé
et la rédaction est avancée. La parution est prévue et se
fera dans trois ou quatre mois.
L'étude horizontale, les études globales, les
différentes études que nous avons menées, concernant le
développement économique en général et celles qui
nous mèneront au niveau des secteurs, nous obligent à
développer, sur le plan théorique et empirique, certains concepts
et à étudier certaines méthodes utilisées ailleurs,
en tâchant d'avoir leurs applications au Québec. Sur ce plan, nous
avons concentré nos efforts, au cours de l'année, sur la mesure
et le concept de productivité, son évolution au Québec.
L'état des travaux et des recherches n'a pas permis de publier
l'étude sur le sujet, au cours de l'année dernière.
Des recherches, cependant, sont entreprises. De nombreuses statistiques
ont déjà été compilées et même
traitées de sorte qu'une étude sur le projet pourra
paraître au cours de l'année prochaine.
Un problème particulier d'ordre technique et statistique est
soulevé pour ce genre d'étude. Pour calculer la
productivité, et surtout pour étudier son évolution, il
est essentiel d'éliminer l'effet de prix des données de
production. Les indices permettant d'éliminer cette inflation n'existent
pas pour le Québec, par secteur. Nos efforts ont donc été
orientés vers la solution de ce problème. Nous avons des
rencontres et des discussions avec le bureau fédéral de la
statistique à ce sujet, au cours de l'année qui vient. Nous avons
raison de croire qu'une solution temporaire sera apportée à ce
problème.
Des études semblables ont été entreprises
concernant le coefficient de capital. Ces études ont d'abord pour but de
bien définir cette notion et ensuite de servir de travaux de base pour
les études sectorielles à venir. Brèves études sur
la durée de maturation de l'investissement dans le secteur primaire
manufacturier et dans l'ensemble de l'économie. Calculs des taux
d'accroissement du revenu disponibles, per capita, avec prévisions.
Etudes sur les applications possibles du tableau du Québec, aux
différentes études de la division.
M. BOURASSA: Est-ce qu'on peut poser des questions au ministre?
M. LEVESQUE (Bonaventure): M. le ministre a-t-il fini la lecture du
chapitre? Non?
M. BEAUDRY: Non, monsieur.
M. BOURASSA: Le ministre ouvre un débat important sur la
situation économique et les perspectives économiques du
Québec; alors ça va être intéressant, je pense.
M. BEAUDRY: Voulez-vous savoir les autres publications...?
M. BOURASSA: Oui, continuez. D'accord. Je préviens le ministre
que...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Ce que j'avais demandé, ce sont les
publications et les travaux exécutés jusqu'au 31 mars 1968 et les
prévisions pour l'année commençant le 1er avril 1969, mais
le ministre a préféré faire la lecture d'un chapitre du
prochain rapport annuel, je ne sais pas, enfinl
M. BEAUDRY: C'est ce que je tente de vous donner actuellement, M. le
Président.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Si j'ai bien compris le ministre, il y avait
les publications ordinaires du ministère sur la situation
économique publications annuelles il y avait
également certains travaux qui doivent se terminer bientôt sur la
comptabilité nationale?
M. BEAUDRY: Cela, c'est au bureau de la statistique, monsieur.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Eh bien, le ministre en a parlé dans
son énumération.
M. BEAUDRY: En termes d'études et de développement.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Alors nous reviendrons à ce sujet
lorsque nous aborderons l'étude des crédits requis pour le Bureau
de la statistique du Québec. Le ministre a également, si j'ai
bien interprété ce qu'il a dit, parlé des
prévisions qui pouvaient s'étendre jusqu'à 1980, travail
qui serait prêt dans trois ou quatre mois. Est-ce à dire que le
ministre, à ce moment-là, sera en mesure de nous donner une
projection des investissements au Québec jusqu'en 1980, de nous donner
le taux de chômage
qui existera en 1980, le nombre des emplois nouveaux qui seront
créés jusqu'alors?
M. BEAUDRY: L'étude jusqu'à 1980 comportera
différentes hypothèses au sujet que vous venez de mentionner.
M. BOURASSA: Je veux bien faire réaliser que c'est
peut-être l'un des débats les plus importants de la session que
nous faisons présentement et nous le faisons alors que le ministre est
entouré de tous ses fonctionnaires, nous n'abusons quand même pas
de la situation.
Est-ce que le ministre pourrait dire quels sont, d'après lui, les
principaux secteurs où la croissance économique au Québec
peut être la plus rapide au cours des prochaines années? On parle
de certains secteurs, par exemple, les secteurs où nous pouvons, au
Québec, à cause de nos caractéristiques
particulières, envisager une croissance économique rapide. Par
exemple, j'ai mentionné, pour ma part, la question du matériel de
transport, les questions dans l'industrie forestière.
M. BEAUDRY: Lorsque cette étude sera terminée, lorsque
nous connaîtrons les chiffres, nous distribuerons cette étude pour
que tout le monde puisse la discuter et trouver des solutions.
En ce qui concerne les secteurs, le député de Mercier sait
fort bien que c'est le secteur tertiaire qui est le plus gros créateur
d'emplois et que vient ensuite le secteur secondaire puis le secteur
primaire.
Donc, nous devons tenter d'essayer de développer également
les trois secteurs. Si nous voulons développer... Le
député de Mercier sait fort bien que le secteur primaire est le
créateur de moins d'emplois. Par contre, il y a un tas de services qui
peuvent s'ajouter, des usines satellites qui peuvent s'ajouter autour du
secteur primaire. Nous devons tenter aussi de développer des moyennes
entreprises, des grandes entreprises dans le secteur secondaire, qui est le
deuxième créateur d'emplois, et, automatiquement, le secteur
tertiaire viendra en troisième lieu, qui est le plus grand
créateur d'emplois.
Je pense que c'est dans cette ligne que nous devons tenter de poursuivre
si nous voulons que la province de Québec se développe d'une
manière satisfaisante et si nous voulons essayer de créer de
l'emploi pour le plus de personnes possible.
M. BOURASSA: Quand le ministre dit que le secteur tertiaire est celui
où la création d'em- plois est la plus grande. Il doit quand
même tenir compte du facteur temps, c'est-à-dire des effets
à court terme et à long terme. Il doit aussi tenir compte du
dynamisme économique que peut comporter pour le Québec le
développement de son secteur secondaire.
Ce qui fait la force, et c'est l'une des principales raisons de la
force économique de l'Ontario c'est le dynamisme de son secteur
secondaire.
Le ministre fait faire des études actuellement, selon les
prévisions qui nous sont soumises, dans la répartition
sectorielle, pour employer son expression. Je demande au ministre de
l'Industrie et du Commerce à mon sens. Il est peut-être
actuellement le ministre le plus important dans le contexte actuel
québécois quelle est son opinion vis-à-vis des
secteurs au Québec, au sein du secteur secondaire? J'admets avec lui
qu'il en coûte peut-être moins cher pour créer des emplois
dans le secteur tertiaire. C'est évident! Dans le secteur du tourisme,
par exemple, c'est peut-être l'un des endroits où c'est le plus
facile de créer de nouveaux emplois. Mais dans le secteur secondaire,
dans le secteur manufacturier, pour être plus précis, quels sont,
d'après le ministre, les secteurs où la croissance
économique peut être la plus rapide au Québec, en raison de
nos caractéristiques particulières? Le ministre dépense
des centaines de milliers de dollars. Pour le savoir, nous lui demandons.
M. BEAUDRY: Vous savez comme moi que développer le secteur
secondaire, ce n'est pas une chose facile. Nous avons des compétiteurs
qui sont nos voisins, que ce soit du côté de l'Amérique,
des terres de la Nouvelle-Angleterre, que ce soient nos bons voisins de
l'Ontario. Ce sont des gens agressifs. Ils ont leur situation
géographique, qui est peut-être un peu plus avantageuse que la
nôtre, ou bien d'autres facteurs entrent en ligne de compte.
M. BOURASSA: On parlera de l'attitude de M. Randall vis-a-vis du
Québec à l'article en question.
M. BEAUDRY: Mais vous voulez que je vous réponde?
M. BOURASSA: D'accord, oui.
M. BEAUDRY: Vous savez, M. le député de Mercier, que le
secteur secondaire n'est pas une chose facile à développer
étant donné la concurrence des Etats environnants. Je pense que
les mesures que nous avons prises pour développer,
justement, ce secteur manufacturier, secteur secondaire, pour
créer de l'emploi... Je pense que nous avons montré notre bonne
volonté. Nous sommes en concurrence et les mesures que nous avons prises
sont concurrentielles avec nos amis les voisins.
Par contre, je sais que si nous venons à bout de
développer le secteur secondaire... Nous essayons par tous les moyens,
quel que soit le secteur, à la condition que nous soyons
intéressés à avoir une industrie secondaire.
Puis-je dire au député de Mercier dans quel secteur nous
sommes le plus intéressés. Nous sommes intéressés
dans tous les secteurs et nous allons essayer de couvrir le plus de secteurs
possible. Je ne puis pas lui dire actuellement dans quel secteur nous aurons le
plus grand succès, mais je puis vous dire que nous essayons de couvrir
tous les secteurs.
M. BOURASSA: Le ministre semble se contredire dans ce qu'il vient de
répondre. Le ministre dit d'une part: Nous devons développer,
nous avons affaire à une concurrence, une « compétition
» pour employer son expression « nous avons affaire
à une concurrence très difficile de la part de l'Ontario. D'autre
part: « Nous devons développer tous les secteurs ». Moi je
lui réponds: Précisément, pour répondre à sa
contradiction, parce que nous avons affaire à cette concurrence
difficile de l'Ontario, il faut choisir les secteurs où le Québec
a un avantage comparatif, à cause des caractéristiques propres au
Québec. Et c'est là où l'on peut attaquer tout son
système de subventions et j'aurai l'occasion de reprendre la
discussion lorsqu'il sera question des subventions où à
mon sens il y a un gaspillage considérable, parce qu'on donne des
millions et des millions à des entreprises qui viendraient de toute
façon au Québec. Alors, je veux savoir, précisément
d'après le ministre il est entouré de tous ceux qui
travaillent avec lui quels sont les secteurs au sein du domaine
manufacturier, qui, d'après lui, mériteraient, au Québec,
par rapport à nos voisins que ce soit du sud, de l'est ou de l'ouest,
une incitation spéciale à cause de nos avantages?
M. BEAUDRY: Monsieur ...
M. BOURASSA: Moi, j'ai étudié la chose et j'ai
émis...
M. BEAUDRY: M. le Président...
M. BOURASSA: ... j'ai émis des suggestions...
M. BEAUDRY: ... à tous les secteurs, mais je ne pense pas...
M. BOURASSA: Le textile.
M. BEAUDRY: ... qu'il y ait un secteur qui mériterait une
attention plus spéciale que les autres. Je suis d'accord qu'il y a des
secteurs que nous devons porter, peut-être, essayer de faire un effort
plus que dans les autres secteurs, mais nous devons n'en négliger aucun.
Les quatre secteurs sont: le secteur de l'industrie, les matériaux de
transport...
M. BOURASSA: Je l'ai déjà dit, oui.
M. BEAUDRY: ... appareils et matériaux électriques...
M. BOURASSA: Oui.
M. BEAUDRY: ... dérivés du pétrole et du charbon
des industries chimiques.
M. BOURASSA: D'après vous, ce sont les quatre secteurs qui
peuvent, au Québec, se développer plus rapidement.
M. BEAUDRY: Ce sont les quatre secteurs qui sont les plus susceptibles
d'avoir une croissance rapide.
M. BOURASSA: Etant donné ce facteur, étant donné
que pour le Québec il peut en résulter un plus grand
bénéfice, si nous exploitons davanta-te, est-ce que le ministre a
l'intention d'avoir une politique de subventions plus sélective que
celle qu'il a eue jusqu'à aujourd'hui?
M. BEAUDRY: Au sujet du pétrole, nous ne pouvons pas nous
plaindre des annonces que nous avons faites; nous croyons que cette
année nous connaîtrons une hausse sans précédent
non pas parce que c'est le gouvernement actuel, ce sont les temps qui
veulent cela parce que depuis des années il n'y a pas eu de gros
investissements dans le pétrole, donc cette année, il y a de
l'investissement.
M. BOURASSA: Pourquoi le pétrole? A cause du marché local,
je suppose?
M. BEAUDRY: Il y avait de la place pour une expansion. Alors les
compagnies..,,
M. BOURASSA: Alors, c'est un secteur où nous avons un avantage
temporaire?
M. BEAUDRY: M. le Président, je pense que, en ce qui concerne les
industries chimiques, nous avons largement fait connaître, jusqu'à
aujourd'hui, les industries qui prendront de l'expansion cette année, ou
de l'implantation nouvelle. Il nous reste l'industrie de matériel de
transport et de matériel électrique qui connaîtront, cette
année aussi, je pense, une expansion comparable, dans le même
secteur, à celle de nos voisins de l'Ontario ou à celle de
l'ensemble du Canada.
M. BOURASSA: Mais, dans les industries chimiques, il y aura une baisse,
pour cette année, de $64 millions à $47 millions. Je m'excuse,
mais le ministre vient de dire qu'il y aura une augmentation.
M. BEAUDRY: Ecoutez une minute, cela est sujet à la revision du
tarif chimique qui a amené la baisse des investissements.
M. BOURASSA: C'est parce que c'était l'un des quatre secteurs...
Je comprends très bien le matériel de transport; le Québec
a 46% de tout ce qui se produit en matériel de transport.
M. BEAUDRY: J'ai parlé tout à l'heure de 1980. Je pense
que votre question aussi porte jusqu'à 1980.
M. BOURASSA: Non, non, c'est parce que le ministre a dit qu'il y aurait
des investissements additionnels considérables, cette année.
Alors, j'ai les chiffres ici, et on dit: 1968, $64 millions; 1969, $47.à
millions. Alors, je dis que je suis surpris de la réponse du
ministre.
M. BEAUDRY: Savez-vous que si vous n'étiez pas occupé dans
l'Opposition, vous feriez un vrai bon directeur de recherche économique
à
M. HOUDE: Il y a déjà pensé, mais c'est la Fonction
publique qui l'empêche.
M. BOURASSA: Est-ce que le ministre veut que je remplisse la
vacance?
M. BEAUDRY: Nous avons un concours d'ouvert, M. Bourassa.
M. LACROIX: Il va y avoir du patronage!
M. BEAUDRY: M. le Président, est-ce adopté?
M. BOURASSA: Pardon? Je comprends que ce sont des questions qui
paraissent peut-être partielles, mais je suis convaincu que le ministre
saisit l'importance de la question. Nous discutons durant des heures, des jours
et des mois au Parlement, de toutes sortes de choses, La, je pense que nous
allons au fond de la question du développement économique du
Québec. Alors, c'est pour cela que je pense que nous pouvons quand
même passer quelques minutes là-dessus.
M. BEAUDRY: En effet, M. le Président, je saisis l'importance de
la question.
M. LE PRESIDENT: Nous pourrions peut-être adopter le poste
budgétaire 7...
M. BOURASSA: C'est parce que reprendre les débats
là-dessus... Nous sommes tellement bien engagés, et je vois le
sous-ministre qui est en pleine forme...
M. BEAUDRY: Qu'est-ce que vous voulez savoir exactement? Je vous ai dit
que j'étais réellement conscient de l'importance de la
question.
M. BOURASSA: Le ministre a cité quatre secteurs. Le
matériel de transport, je suis d'accord. Je l'ai dit à plusieurs
reprises. C'est l'un des secteurs où le Québec a un avantage
comparatif. Il y a 56% dans le domaine aéronautique et il y a 45% dans
les chemins de fer. Je suis d'accord. Quant aux autres secteurs, je pose des
questions. Pourquoi les industries chimiques? Pourquoi les compagnies
pétrolières? Est-ce que c'est temporaire? Jusqu'à ce que
le marché local soit épuisé?
M. BEAUDRY: Vous savez fort bien que le domaine pétro-chimique
est continuellement en évolution. Alors, cela ne fait que commencer. Je
vous invite, M. le député de Mercier, si vous avez de l'argent
à investir dans le domaine pétrochimique, il y a un avenir
illimité. Cela fait juste commencer.
M. BOURASSA: Alors, ils n'ont pas besoin de subvention du
gouvernement?
M. BEAUDRY: Non j'allais dire le premier ministre le
député de Mercier, actuellement, contrairement à ce qui
est dit ici dans un article de la Gazette paru le 25 mars 1969, par M. David
Dane, contredit ce qu'a dit le député: « Record Quebec
Investment hereseen... » Bien, nous pouvons discuter de cela
jusqu'à demain matin...
M. BOURASSA: Bien, oui, on peut discuter
de cela... Oui, mais M. David Dane, j'ai beaucoup de respect pour lui,
mais ici j'ai « Private and Public Investment in Canada 1969 ».
C'est officiel...
M. BEAUDRY: Il n'y a pas seulement M. David Dane, il y en a d'autres
ici. Je pense que nous pourrions en discuter jusqu'à demain matin, sur
les prévisions.
M. BOURASSA: Là, nous sortons du sujet. Les prévisions
sont telles qu'il y a une stagnation économique au Québec qui est
extrêmement inquiétante actuellement. J'en ai parlé et je
n'ai pas besoin de le répéter.
M. BEAUDRY: C'est ce que vous en pensez. Mais on dirait que plus le
député de Mercier voit en noir, plus il est heureux. Je ne sais
pas si c'est parce qu'il veut... Lorsque ça va bien dans la province de
Québec, bien il est de mauvaise humeur. Il est toujours de mauvaise
humeur... Alors, ça doit bien aller...
M. BOURASSA: Je vais manifester une certaine ténacité,
parce que je considère que nous sommes sortis du sujet. On pourra
demander au ministre sur quoi il se base, sur ma bonne humeur ou ma mauvaise
humeur... C'est lui qui est sorti du sujet. Il n'est pas question que je sois
heureux si ça va mal, etc. M. le Président, je parle au nom de
tous les députés de l'Opposition. Si le ministre pouvait annoncer
demain parce que, quand même, l'avenir du Québec, cela
dépasse l'avenir des partis par exemple qu'il y a des
investissements considérables dans le secteur automobile, qui est un
secteur clé dans la croissance économique, je puis l'assurer que
nous serions tous très heureux. Jusqu'à maintenant, il n'y a
aucune annonce là-dessus, et il n'y a rien qui nous permette de le
prévoir.
Il parle de quatre secteurs qui, d'après lui, au Québec,
ont une chance de croître plus rapidement. Je lui demande les raisons,
parce que je me pose des questions, comme député, et comme
citoyen du Québec. Pourquoi, par exemple, dans le secteur chimique
avons-nous un avantage comparatif?
M. BEAUDRY: Je vous l'ai mentionné tantôt. La demande de
pétrole augmente constamment. Dans les produits chimiques, c'est la
même chose. Les produits chimiques sont en évolution constante
avec la création de nouveaux produits. Alors, l'évolution dans
les produits chimiques ne fait que commencer.
M. BOURASSA: La qualité de notre main-d'oeuvre ne serait-elle pas
une partie de votre réponse?
M. BEAUDRY: La qualité de la main-d'oeuvre?
M. BOURASSA: La qualité de la main-d'oeuvre
québécoise dans ce secteur-là?
M. BEAUDRY: Certainement la qualité de la main-d'oeuvre. Nous
sommes très fiers de la qualité de notre main-d'oeuvre
québécoise. C'en est une.
Je crois, M. le Président, pour qu'il règne un climat
favorable à l'investissement, ici j'ai un article du Devoir
il faut qu'il n'y ait pas seulement le gouvernement qui fasse sa part,
il faut que tous les citoyens fassent leur part, afin de créer un bon
climat. Alors, si nous avons quelqu'un qui essaie de faire voir en noir,
à l'année longue, je pense que ces personnes-là, au lieu
de nous aider à attirer des industries chez nous, tendent à les
éloigner. C'est de la destruction systématique.
M. BOURASSA: Le ministre revient encore sur cette question.
M. BEAUDRY: Bien oui.
M. BOURASSA: Je pensais y avoir répondu d'une façon assez
claire. Je n'ai aucunement mentionné la fuite des capitaux au
Québec. Les chiffres parlent par eux-mêmes.
M. BEAUDRY: Je n'ai pas parlé de fuite de capitaux.
M. BOURASSA: Mais le ministre dit que je vois en noir...
M. BEAUDRY: J'ai dit que pour créer un climat, il faut que
l'ensemble de tous les citoyens du Québec travaillent la main dans la
main. Il faut essayer de créer un bon climat,
M. BOURASSA: Nous sommes d'accord avec cela.
M. LACROIX: Pourquoi y revenez-vous encore si vous êtes
d'accord?
M. BOURASSA: M. le Président, la population en a assez de ces
sornettes générales qu'elle entend continuellement: Faisons
confiance au Québec. Travaillons la main dans la main. Ce que la
population veut avoir, ce sont des re-
mèdes précis. Qu'est-ce que pense le gouvernement? Que
veut faire le gouvernement pour corriger la situation? C'est moi qui me
promène dans la province, dans la mesure du possible, qui rencontre
toutes sortes de groupes. M. le Président, c'est cela que je ressens de
la population. Et dans le comté de Rouville, spécialement...
M. HAMEL: Vous feriez mieux de voyager un peu moins.
M. BOURASSA: Ils en ont assez de politiciens farceurs qui ne connaissent
rien et qui se présentent devant la population.
M. le Président, j'ai posé une question facile.
M. HAMEL: Etes-vous sûr de connaître les problèmes
économiques de la province de Québec, vous? Il y en a d'autres
qui l'on fait avant vous.
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai posé une question
précise au ministre. Il y a quatre secteurs...
M. BEAUDRY: Je vous ai répondu.
M. BOURASSA: Non, le ministre n'a pas répondu.
Il y a quatre secteurs, je veux savoir, parce qu'il y a quand
même...
M. HAMEL: Vous viendrez vous aussi.
M. BOURASSA: ... par exemple, trois régions.
M. HAMEL: Les seuls qui connaissent la vérité, ce sont
eux. C'est lui.
M. BOURASSA: Il y a trois régions au Québec. Disons que Je
retire mes paroles à l'endroit du député de Rouville.
M. HAMEL: C'est vrai, ce n'est pas gentil cela.
M. BOURASSA: Non, mais c'est lui.-
M. HAMEL: Un gros gars, un futur chef du parti libéral.
M. BOURASSA: C'est lui qui m'a provoqué. Je retire mes
paroles.
M. HAMEL: Je n'ai pas provoqué. Je sais que vous allez comprendre
que ce n'est pas simplement vous qui avez la vérité.
M. BOURASSA: Oui. Alors, je retire mes paroles, je m'excuse.
M. BEAUDRY: Il a le don de l'omniscience à part cela.
M. BOURASSA: Je n'ai pas le don de l'omniscience puisque je pose des
questions. Si j'avais le don de l'omniscience, je ne poserais pas de
question.
Je pose au ministre la question suivante. Il y a trois régions au
Québec qui dépendent presque totalement ou partiellement de
l'Industrie forestière. Il y en a deux qui dépendent de
l'industrie du textile. C'est quand même deux industries importantes au
Québec. Je n'ai pas besoin de nommer les régions. En tant que
ministre de l'Industrie et du Commerce, donc en tant que responsable de mesures
susceptibles de favoriser la croissance de ces industries-là, lesquelles
n'ont pas été mentionnées dans ces quatre secteurs, est-ce
que le ministre prévoit des mesures au sujet de ces industries? Combien
d'usines ont fermé dans les Cantons de l'Est? J'ai ici...
M. BEAUDRY: Dans un des domaines que le député de Mercier
veut parler, j'imagine qu'il veut parler de la région de Drummondville,
dans le domaine du textile. Je puis vous assurer que depuis mon assermentation
comme ministre, je suis mensuellement en contact avec mon collègue le
ministre de l'Industrie et du Commerce au fédéral et je puis vous
dire que nous essayons, par tous les moyens, de trouver la formule.
Par contre, je n'ai aucun pouvoir sur les importations. Vous savez
qu'ici, au Canada, les importations du textile entrent à un rythme
alarmant. Si nous nous comparons aux Etats-Unis, leur importation est seulement
de 10% de leur consommation. Alors, je pense qu'à partir de ce
fait-là, nous connaissons des désavantages au point de vue du
textile. Je suis au courant du problème. Vous savez que mon
collègue du fédéral est lourdement frappé, et nous
travaillons ensemble pour essayer de trouver la formule.
Je ne suis pas un magicien, je ne l'ai pas la formule
présentement, et mon homologue du gouvernement fédéral ne
la possède pas non plus. A chaque mois cette question revient à
l'ordre du jour et vous pouvez être assuré, M. le
Président, que nous faisons tout notre possible pour sauver l'industrie
du textile.
M. BOURASSA: M. le Président, si nous regardons les
investissements, vous savez que le Québec, je crois le ministre
ou le sous-ministre pourra me corriger produit 60% de
la production dans ce secteur-là. Le Québec produit, je
pense, 60% au Canada.
Alors, nous voyons, par exemple, que les investissements dans ce
secteur-là, en Ontario, pour les trois dernières années,
1967-1968-1969, se chiffrent par $105 millions environ...
M. BEAUDRY: Dans le Québec, ça?
M. BOURASSA: Alors qu'au Québec, je calcule rapidement...
M. BEAUDRY: Dans le textile, ça?
M. BOURASSA: Dans le textile, oui, les investissements se chiffrent par
$105 millions environ: $45 millions en 1967, $30 millions en 1968 et $28
millions en 1969. Le Québec a des investissements, dans ce
secteur-là, pour les trois mêmes années, d'environ $74
millions, si mes calculs sont bons, mais je pense que c'est assez facile
à calculer. Comment se fait-il, alors que nous avons quand même
60% de la production canadienne, que nous investissions 25% de moins que
l'Ontario? C'est pour cela que je pose des questions. C'est là où
je vois, je ne dis pas une complète responsabilité du
Québec, mais je vois certainement une responsabilité partielle du
gouvernement provincial. C'est là où on revient à la
question des stimulants sélectifs aux industries qui quand même au
Québec créent des emplois et sont importantes. Il y a une
responsabilité fédérale majeure. Je suis d'accord. Si le
fédéral, par exemple, au lieu d'avoir une politique tarifaire
à court terme, avait une politique tarifaire de cinq ans qui permettrait
aux entreprises de faire la conversion, ou disons de se moderniser ou de
changer leur style, cela pourrait aider davantage.
Mais qu'est-ce que fait le gouvernement? Quelle représentation,
premièrement, fait-il au gouvernement fédéral dans cette
perspective-là? Deuxièmement, qu'est-ce qu'il fait pour stimuler
les investissements dans ce secteur-là?
M. BEAUDRY: Disons que, depuis quelques années, les industries
textiles ontariennes ont tenté de revaloriser leur machinerie et ont
tenté de se mécaniser le plus possible. Tandis que, au
Québec, nos industriels, étant un peu craintifs, n'ont pas suivi
la tendance de nos voisins.
Par contre, il y a quinze jours, nous avons eu l'occasion de rencontrer
les gens du textile, et beaucoup de compagnies de textile vont améliorer
leur situation en essayant de changer leurs structures...
M. BOURASSA: Vous les avez rencontrés la semaine
dernière?
M. BEAUDRY: Non, la semaine avant les vacances de Pâques...
M. BOURASSA: Oui.
M. BEAUDRY: ... lorsqu'ils sont venus au bureau du premier ministre.
M. BOURASSA: Avez-vous rencontré les membres ou les
propriétaires ou les représentants d'une entreprise de Coaticook
qui doit fermer ou qui a fermé ses portes récemment?
M. BEAUDRY: Bien, il n'y a pas seulement au Québec que des
compagnies de textile ferment.
M. BOURASSA: Oui, mais je vous pose la question sur cette
entreprise-là. Il y a 600 employés, je pense, qui ont
été mis à pied.
M. VAILLANCOURT: C'est 225.
M. HAMEL: Deux cent vingt-cinq, c'est suffisant.
M. BEAUDRY: Ce que vous mentionnez, ce soir, a été
annoncé il y a six mois, c'est la compagnie Penmans.
M. BOURASSA: Oui, parce que des gens de cette compagnie m'ont
rencontré, de même que le député, pour savoir ce que
nous pourrions faire. Il y a même un film fait actuellement par l'Office
national du film sur toute cette question-là. La population de cette
région je prends le cas de Coaticook qui est le cas typique par
excellence, qui exprime une réalité régionale se
demande: Qu'est-ce que le gouvernement peut faire? Est-ce que le ministre, dans
ce cas-là, a nommé un fonctionnaire pour voir ce qui pourrait
être fait? On nous a dit que, dans ce cas-là, c'était une
question de consolidation d'industries avec l'Ontario. Est-ce que cela aurait
pu être évité, avec des avantages particuliers que le
ministère de l'Industrie et du Commerce pouvait donner. C'est l'Ontario
et le Québec, les tarifs ne jouent pas! Nous ne pouvons pas invoquer la
politique tarifaire. Ce sont deux provinces qui ont les mêmes tarifs.
M. BEAUDRY: Actuellement, nous avons le délégué
régional qui étudie ce problème. Actuellement, nous avons
trois entreprises que nous tentons d'emmener dans cette région. Com-
me le député de Mercier le sait fort bien, dans le textile
il y a plusieurs domaines; il y a le domaine synthétique et d'autres
domaines. Les problèmes ne nous viennent pas de tous les secteurs de
l'industrie du textile. Nous faisons un effort pour que les industries du
textile qui exploitent des secteurs non rentables puissent convertir leur
équipement et exploiter d'autres domaines où il y a
possibilité de faire un revenu selon leurs investissements.
M. BOURASSA: M. le Président, je suis d'accord avec le ministre
pour dire que les fibres synthétiques remplacent les fibres naturelles.
Il y a la multiplicité des changements de mode, qui compliquent la
situation dans ce secteur. Le ministre vient de dire que le ministère
fait des efforts pour inciter les entreprises à s'adapter plus
rapidement à ces changements, ou à se moderniser, ou à
changer de secteur ou à se convertir. Quels sont ces efforts?
M. BEAUDRY: Les efforts, c'est que le ministère rencontre les
gens de l'industrie et essaie d'étudier avec eux les secteurs de
rentabilité. Par contre les industriels eux-mêmes savent fort bien
qu'il faut qu'ils fassent des réinvestissements pour essayer de
convertir leur usine. Je pense que le ministère fait tout son possible,
surtout dans le secteur que vous venez de mentionner. Nous savons qu'il y a un
danger grave dans le domaine du textile, nous avons quelques personnes qui y
sont attachées et qui rencontrent les industriels, à des
périodes régulières.
M. BOURASSA: Si je comprends bien, les efforts dont parle le ministre,
jusqu'à maintenant...
M. BE AUDRY: Ils ont droit aux mêmes efforts, ils ont droit aux
primes à l'investissement, ils ont droit aux dégrèvements
d'impôt, ils ont droit à des services techniques, ils ont
droit...
M. BOURASSA: Les services techniques, cela est une chose dont nous
allons parler plus tard, d'accord.
Le ministre parle des primes. Est-ce que le ministre ne pourrait pas
dire, si les primes étaient plus sélectives? Il y a $18 millions
en primes en vertu du bill 24 et $7.5 millions en primes en vertu du bill 23.
J'ai les chiffres pour l'Ontario Development Corporation mais évitons
les comparaisons pour ne pas compliquer inutilement le débat. Est-ce que
le ministre ne serait pas d'avis que si c'était plus sélectif,
que si les primes, au lieu d'être distribuées aveuglément
à toutes les entreprises même à celles qui viennent de
toute façon je suis convaincu qu'actuellement il y a des millions
qui sont donnés à des entreprises qui viendraient au
Québec, à cause du marché local, ou à cause des
ressources naturelles alors aux autres on leur fait un cadeau.
M. BEAUDRY: Au primaire Ils n'ont pas le droit.
M. BOURASSA: Je parle du secteur manufacturier et ça peut entrer
dans la transformation des produits provenant des richesses naturelles. Le
ministre le sait fort bien. Alors, moi, je considère qu'avec les
problèmes financiers actuels du Québec des
problèmes qui sont considérables, on n'a pas besoin
d'élaborer longtemps là-dessus que le gouvernement ne peut
pas se permettre de distribuer des millions à des entrepreneurs, sous
forme de cadeaux, qui profitent à des actionnaires. Alors, je dis que si
le ministre était plus sélectif dans sa politique des
subventions, peut-être pourrait-il aider d'une façon plus efficace
les industries dont nous parlions tantôt et qui sont tellement plus
importantes pour plusieurs régions du Québec.
M. SEGUIN: M. le Président... M. BEAUDRY: Excusez-moi. M. SEGUIN:
Allez-y.
M. BEAUDRY: M. le Président, le député de Mercier
sait fort bien que ça fait seulement sept mois que cette loi-là a
été présentée devant l'Assemblée nationale.
J'ai dit au début de mes remarques que nous ne prétendions pas
connaître toute la vérité et connaître toutes les
solutions à tous les problèmes.
Il se peut que cette loi soit améliorée. Nous avons
pensé que cette loi devrait être en vigueur pour un an et, lorsque
notre année sera écoulée, nous devrons faire l'inventaire
de tout ce qui s'est passé au cours de l'année et, s'il est
préférable que nous revisions nos positions et que nous
apportions certains amendements à cette législation, après
une année de mise en pratique et après avoir fait l'inventaire,
le ministre je puis vous assurer M. le Président sera
prêt à apporter d'autres mesures qui seront à l'avantage du
développement du Québec.
M. BOURASSA: Alors le ministre n'a pas d'objection. Pour lui la
proposition que je fais n'a quand même pas, ne relève pas du
pessi-
mise. Il me le reproche continuellement, ça fait six fois qu'il
me le reproche ce soir. Alors il doit admettre quand même que
l'Opposition peut jouer un rôle positif.
M. BEAUDRY: Ce soir, M. le Président, le député de
Mercier ne nous a rien appris. Il sait fort bien.,,
M. BOURASSA: Vous admettez que la loi n'est pas trop bonne.
M. BEAUDRY: J'admets que lorsque nous innovons dans un domaine, nous ne
pouvons pas être parfaits. Le député de Mercier
prétend tout connaître, prétend tout savoir, c'est son
affaire. Mais, nous du gouvernement, nous ne prétendons pas tout
connaître et avoir toutes les solutions. Nous avons apporté une
mesure réaliste. Au bout d'une année de mise en pratique, nous
allons faire l'inventaire de ce qui s'est passé et s'il y a des
améliorations à apporter à cette mesure, nous les
apporterons, vous pouvez enêtre assuré, afin d'en faire profiter
tous les Québécois.
M. BOURASSA: M. le Président.
M. HAMEL: Simplement une information. Vous parliez qu'il y aurait une
certaine sélection à faire. Quel cas auriez-vous?
M. BOURASSA: J'ai d'abord posé la question au ministre. Vous me
posez la question comme si j'étais au pouvoir!
M. HAMEL: Non, non. Vous avez dit au début, c'est-à-dire
que l'honorable député de Bonaventure a dit que vous étiez
prêts à apporter des... Alors moi, je vous pose la question, en
tant que député, si vous avez des cas précis?
M. BOURASSA: Je n'ai pas, quand même, 2,000 fonctionnaires pour
m'alder, alors...
M. BEAUDRY: Mol non plus. Voyez-vous, il multiplie toujours par deux,
même par trois! Nous avons 626 employés au ministère.
M. BOURASSA: Vous avez tous les autres ministères...
M. BEAUDRY: Je ne suis pas en charge de tous les autres
ministères, je suis en charge d'un ministère.
M. BOURASSA: Quand même, si vous êtes un bon gouvernement,
vous collaborez avec les autres ministères.
M. BEAUDRY: Oui, je le fais, d'accord, et avec plaisir.
M. BOURASSA: Alors, ces fonctionnaires peuvent vous aider. Au
ministère des Richesses naturelles, au ministère des Terres et
Forêts, ils peuvent vous aider. Je l'espère du moins.
M. BEAUDRY: Vous avez dit que j'avais à mon emploi 2,000
employés. Nous en avons 626 exactement.
M. BOURASSA: Non, je ne dis pas que vous avez 2,000
employés,...
M. BEAUDRY: C'est ce que vous avez dit tantôt.
M. BOURASSA: Je dis que moi je n'ai pas 2,000 employés. Il y en a
35,000 pour le gouvernement, j'ai dit 2,000, j'aurais pu dire 35,000. J'ai dit
que moi, comme critique financier de l'Opposition, je n'ai pas 2,000
employés. Même si nous sommes relativement dépourvus de
moyens pour faire des suggestions, j'en fais, je pense, suffisamment, un grand
nombre. Le député de Rouvllle me pose une question.
Personnellement, J'ai des secteurs où, je pense, on pourrait mettre un
accent particulier à cause des caractéristiques du Québec,
le matériel de transport; il y a les pâtes et papiers, les
textiles selon certaines conditions. Nous avons une richesse minière
considérable au Québec, nous avons l'électricité
à bon prix, à cause des richesses naturelles. Donc, dans tout le
domaine des nouvelles techniques d'affinage, nous pourrions trouver là
de nouvelles méthodes de production, des nouveaux procédés
qui pourraient peut-être améliorer d'une façon
considérable notre force concurrentielle vis-à-vis de nos
concurrents.
C'est là quatre exemples que je donne. Je suis ici, non pas pour
dépanner le gouvernement, mais pour poser des questions au ministre.
J'ai posé des questions sur les secteurs qui, d'après lui ou
d'après ses fonctionnaires, qui sont quand même compétents,
mériteraient un appui particulier, et le ministre m'a donné des
exemples. Je lui pose des questions là-dessus. D'accord?
Si nous examinons un autre secteur, celui des pâtes et papiers.
Nous venons de parler du textile, le ministre a admis que, jusqu'à
maintenant, tout ce qu'on faisait, c'étaient des rencontres avec les
membres de cette industrie pour discussion. Disons que, pour ma part, cela ne
me satisfait pas.
M. BEAUDRY: J'ai dit que J'ai fait beaucoup plus que cela parce que je
suis en constante relation avec le ministre fédéral, et vous
pouvez être assuré que le ministre fédéral. Il s'y
connaît en textile, étant donné qu'il représente une
région où le textile connaît une grande
popularité.
M. BOURASSA: Est-ce que le ministère a fait des
représentations sur des modifications à apporter à la
politique tarifaire?
M. BEAUDRY: Nous avons écrit des mémoires au sujet des
importations. Nous sommes contre les importations actuellement. Nous avons fait
une foule de recommandations, et on ne nous a pas écoutés.
M. BOURASSA: Au niveau des importations, est-ce que vous êtes pour
des ententes avec un groupe de pays, ou des ententes bilatérales...
M. BEAUDRY: Par exemple...
M. BOURASSA: ... multilatérales, ou unilatérales?
M. BEAUDRY: Par exemple, cette année, vous savez que le Canada a
accepté cinq nouveaux pays en textile. Nous avons cinq nouveaux
pourvoyeurs de textile au Canada. Il me semble invraisemblable que le Canada
puisse avoir accepté cinq nouveaux producteurs, laissé entrer au
pays, cinq nouveaux pays, de vendre leurs produits sur le marché
canadien. Il me semble qu'il aurait dû y avoir certainement une certaine
reconnaissance pour nos gens du Québec qui produisent du textile. Il me
semble qu'il y en avait déjà assez qui importaient leur
marchandise ici, il aurait pu freiner cette importation.
M. BOURASSA: La question que je pose au ministre et ce sera la
dernière question parce qu'il paraît qu'il est dix heures
c'est que vous avez deux façon de négocier, dans votre politique
tarifaire avec les pays étrangers. Vous avez des ententes
bilatérales ou multilatérales. Et cela a forcément des
conséquences sur le niveau et la nature des importations.
M. BEAUDRY: Nécessairement.
M. BOURASSA: Dans les représentations qu'il a faites au
gouvernement fédéral ou bien à M. Jean-Luc Pépin,
ministre de l'Industrie et du Commerce, est-ce que le ministère favorise
des ententes bilatérales ou multilatérales?
M. BEAUDRY: Excusez-moi. Tout à l'heure, vous avez
mentionné les investissements dans le textile. Je ne veux pas être
méchant.
M. BOURASSA: Oui, oui.
M. BEAUDRY: Je pense que vos chiffres étaient un peu
erronés.
M. BOURASSA: Bien, dites-moi vos sources, nous allons parler des
sources...
M. BEAUDRY: Pardon?
M. BOURASSA: ... nous allons comparer nos sources.
M. BEAUDRY: Ah, les pâtes et papiers, c'est le contraire. Dans les
pâtes et papiers...
M. BOURASSA: Non, les textiles. Est-ce que mes chiffres étaient
erronés dans le textile? Ils étaient exacts. Le sous-ministre m'a
dit que mes chiffres étaient exacts dans le textile.
M. BEAUDRY: Je m'excuse, M. le député. M. BOURASSA:
J'accepte vos excuses.
M. BEAUDRY: Dans le domaine des pâtes et papiers, c'est
complètement l'inverse. Au Québec, durant les trois
dernières années, il s'est investi $354 millions, et en Ontario,
$211 millions.
M. BOURASSA: Ah bien, les pâtes et papiers, nous y arrivions
justement. Il y a vingt domaines dans le secteur manufacturier, nous pouvons
certainement comparer. Je parlais des textiles; nous pouvons parler des...
M. BEAUDRY: Je comprends, mais nous ne pouvons pas être champions
dans tous les secteurs.
M. BOURASSA: Non, non, d'accord. Nous allons parler des pâtes et
papiers, nous en parlerons très sérieusement jeudi
après-midi.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le Bureau des recherches économiques
est...
M. BOURASSA: Non.
M. BEAUDRY: Si nous avons la permission...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Si la commission était d'accord, nous
pourrions peut-
être passer le poste des pêcheries demain après-midi.
Le ministre n'aura pas d'objection, parce que cela peut prendre...
M. BEAUDRY: D'accord.
M. BOURASSA: Puis-je demander une permission au ministre parce que,
demain, je vais être pris ailleurs? Je sais que le ministre...
M. BEAUDRY: D'accord. Alors, on aime votre présence...
M. BOURASSA: Vous m'avez demandé si j'avais des
conférences à l'extérieur ces jours-ci. Si je pouvais
demander au ministre qu'on s'en tienne demain à la question des
pêcheries pour que nous reprenions notre débat, jeudi
après-midi.
M. BEAUDRY: J'espère que ce seront des conférences
constructives.
M. HAMEL: Et pour le bien de la province...
M. SEGUIN: Dans le même ordre d'idée, M. le
Président, peut-être que la question peut aller au ministre
dès ce soir, pour qu'on puisse nous apporter le renseignement
à moins qu'on l'ait présentement sur les 420 demandes qui
auraient été faites pour obtenir de l'aide au point de vue de
développement industriel. Pourriez-vous nous donner à la
prochaine séance...
M. BEAUDRY: Lorsque nous reviendrons à la question de la
direction des industries, M. le député de Baldwin, nous pourrons
en parler.
M. SEGUIN: Ce que je vous demanderai, à ce moment-là, ce
sera: Quels sont les secteurs? Nous avons parlé de secteurs tout
à l'heure, et je serais intéressé à savoir quels
sont les secteurs principaux...
M. BEAUDRY: Cela nous fera plaisir de vous donner cela, M. le
député.
M. LE PRESIDENT: Alors, c'est ajourné. (Fin de la séance:
22 heures)
Séance du 16 avril 1969
(Quinze heures quarante-neuf minutes)
M. SIMARD (président de la commission de l'Industrie et du
commerce): Alors, nous étions rendus à l'étude du poste
budgétaire 7: Direction générale des pêcheries.
M. LEVESQUE (Bonaventure): C'est ça.
M. BEAUDRY: M. le Président, avec votre permission, permettez-moi
de vous donner un peu la ligne de conduite que le ministère a prise
durant l'année 1968 et la direction vers laquelle il s'orientera au
cours de l'année 1969.
La Direction générale des pêcheries constitue,
depuis le 1er avril 1963, une des cinq grandes directions du ministère
de l'Industrie et du Commerce. Son rôle principal consiste en un
développement bien planifié et ordonné des pêches
commerciales du Québec dans un secteur qui s'étend du
détroit de Belle-Isle, des Iles-de-la-Madeleine à l'est
jusqu'à Trois-Rivières, dans le fleuve Saint-Laurent à
l'ouest.
Suivant, en cela nos recommandations du Plan de développement de
l'est du Québec, BAEQ, nous avons modifié, le 1er avril 1968, les
structures administratives de la Direction générale des
pêcheries, en vue de rendre son travail plus efficace. Ces nouvelles
structures se reflètent aux pages 101, 102 et 103 du budget des
dépenses pour l'année 69/70.
A l'administration de la Direction générale des
pêcheries se trouve le directeur général, le coordonnateur
régional des pêcheries, l'ODEQ et un attaché
d'administration, poste vacant, appuyé par un personnel de
secrétariat approprié.
La Direction générale des pêcheries comprend
maintenant trois directions: la direction de la recherche, la direction de
l'économie et la direction des services techniques.
La direction de la recherche fait des expériences dans le domaine
de la biologie, des espèces commerciales, de la transformation des
produits de la mer pour la mise en marché et de l'essai d'agrès
de pêche nouveaux. Elle se divise donc en trois services: le service de
biologie, qui comprend l'aquarium de Québec et la station de biologie
marine de Grande-Rivière; le service de technologie industrielle
localisé à Québec et finalement, le service de pêche
expérimentale de Grande-Rivière.
La direction de l'économie voit à l'administration des
prêts à la construction, à la réparation des bateaux
et autres formes d'assistance gouvernementale. Elle voit également au
bon
fonctionnement de la flotte de la pêche grâce à des
conseils techniques aux propriétaires de bateaux. Finalement, elle
effectue des études économiques en vue de la planification de
l'action gouvernementale au secteur des pêches. La direction de
l'économie se divise donc, elle aussi, en trois services: le service des
prêts, le service d'aide technique aux pêcheurs et le service de
planification et de développement.
La direction des services techniques, au 1er avril 1968, comprenait
trois services: le service de protection, le service de génie et le
service de réfrigération.
Par ailleurs, en juillet 1968, un arrêté en conseil
transférait du ministère de l'Industrie et du Commerce au
ministère des Travaux publics les services de génie et de
réfrigération. La direction des services techniques ne comprend
donc, à l'heure actuelle, qu'un seul service, celui de la protection qui
voit à l'émission des permis de pêche, à la
patrouille sur terre et sur mer, aux règlements d'infraction.
En général, il contribue à la conservation des
espèces par l'application rigoureuse des règlements de
pêche. Il s'est débarqué au Québec, en 1968, plus de
194 millions de livres de poisson.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Combien?
M. BEAUDRY: Plus de 194 millions de livres de poisson d'une valeur
totale, au débarquement, de $7,933,000. C'est une augmentation de
seulement 2% en poids sur l'année précédente. Par contre,
la valeur au débarquement a augmenté de 10%. L'augmentation de la
valeur au débarquement est surtout due à l'exploitation
d'espèces nouvelles telles les crevettes, les crabes et les
pétoncles qui ont rapporté aux pêcheurs plus de $562,000,
en 1968.
Si en général, les pêches, au primaire, ont
été satisfaisantes en 1968, il n'en est pas ainsi du secteur
secondaire. Les prix de vente des blocs et des filets de poisson de fond sur
les marchés d'exportation sont demeurés faibles en 1968. La
plupart des producteurs ont subi des pertes considérables dans leurs
opérations, pertes qui ont graduellement épuisé leur
liquidité. Le gouvernement a dû fournir une assistance à
ces producteurs dont nous parlerons plus bas.
Au 31 mars 1968, la flotte hauturière du Québec comprenait
184 navires et se répartissait comme suit: nous avions 13 cordiers, 48
gaspésiennes, 62 chalutiers de bois de 60 pieds, 31 chalutiers de bois
de 65 pieds, 3 chalutiers de bois de 87 pieds, 14 chalutiers d'acier de 82
pieds, 8 chalutiers seineurs d'acier de 89 pieds, 2 chalutiers de pêche
par le côté de 129 pieds, 1 chalutier d'acier de pêche
arrière de 152 pieds et 2 chalutiers d'acier de pêche
arrière de 166 pieds.
Au cours de l'exercice financier 68/69, un chalutier seineur d'acier de
100 pieds, deux chalutiers de bois de 65 pieds, trois chalutiers de bois de 87
pieds, un chalutier de pêche par le côté, de 129 pieds et
deux chalutiers d'acier de pêche arrière de 166 pieds ont
été ajoutés à la flotte de pêche. Un
chalutier de bois de 87 pieds se trouve présentement en construction. Le
tableau suivant donne le coût de construction, ainsi que les montants des
prêts, des navires financés par le ministère en 68/69. Je
crois que ce serait trop long de l'énumérer, mais je pourrai
faire parvenir à mon collègue une photocopie de la liste des
coûts de chaque bateau, s'il le désire.
Le total...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Est-ce que nous ne pourrions pas faire motion
pour que ce tableau soit inséré au journal des Débats?
M. BEAUDRY: Je n'aipas d'objection.
Le total des prêts sans intérêt consentis par le
gouvernement pour la construction d'un navire de pêche
s'élève donc à $587,662 en 68/69. La diminution de ce
montant, comparativement à $2.8 millions prêtés en 67/68,
reflète la décision du gouvernement fédéral de ne
plus donner de subside à la construction de bateaux de bois. Nous avons
fait des représentations, toutefois, auprès du ministère
fédéral des Pêcheries pour qu'il maintienne ce subside.
Au premier avril 1968, les comptes recevables formaient un total de
$Il,600,853. Les remboursements encaissés durant l'année, au
premier mars 1969, s'établissent comme suit: retenues sur
débarquement: $626,878; subsides canadiens: $27,170; indemnités
d'assurance maritime: $229,599; prime à la productivité:
$140,079; montant radié des livres: $328,024. Ce qui laisse un solde de
$10,934,973 dû au gouvernement au premier mars 1969.
Une bonne partie des activités de la Direction
générale des pêcheries en 68/69 a été
orientée vers l'exécution du plan de développement de
l'Est du Québec. C'est ainsi que nous avons nommé un
coordonnateur régional des pêcheries, à temps plein, en
plus d'un autre coordonnateur qui s'occupe des autres activités de mon
ministère, dans le territoire. Nous avons également
contribué au financement et au maintien de deux équipages de
terre pour l'entretien des bateaux, l'un à Gaspé et l'autre
à Cap-aux-Meules.
TABLEAU Référer à la version PDF page 1079
Ces équipages de terre ont fait leurs preuves et ont
contribué à augmenter considérablement la
productivité des navires de pêche des Iles-de-la-Madeleine. C'est
notre intention, en 1969 et 1970, d'ajouter deux autres de ces équipes.
Un conseiller comptable a continué son travail auprès des
capitaines de chalutiers des Iles-de-la-Madeleine.
Le recensement des pêcheurs côtiers de la Gaspésie a
été entrepris et est presque terminé. Ce recensement est
indispensable au programme de restructuration de ce secteur des pêches.
Diverses études ont été entreprises et sont soit
terminées ou sont sur le point de l'être. La principale est sans
doute celle de tout le secteur secondaire de l'Industrie des pêches du
Québec. Les recommandations du rapport qui doit nous être soumis
dans quelques jours nous permettront d'appliquer des mesures qui, à long
terme, amélioreront la position de ce secteur important de l'industrie
québécoise»
Nous venons également d'entreprendre une étude sur les
besoins à court et long termes des chantiers maritimes de la
Gaspésie en regard des opérations et du développement de
la flotte de pêche. Cette étude, qui couvrira navires de bois
aussi bien que d'acier, sera terminée à la fin d'avril.
Comme par le passé, le ministère fédéral des
Pêcheries a contribué financièrement à
l'exécution des projets d'expansion de pêche au Québec.
Parmi les travaux exécutés sous l'empire de ce programme, on peut
citer un relevé des bancs de coques du golfe Saint-Laurent qui nous a
permis de découvrir une ressource intéressante sur la
Côte-Nord, des expériences sur la capture et la transformation des
crabes et crevettes en Gaspésie et aux Iles-de-la-Madeleine, des essais
avec des chaluts de types spéciaux permettant de capturer la morue
lorsqu'elle est entre deux eaux ou encore le hareng lorsqu'il est en surface.
En général, ces recherches sont orientées vers la
découverte d'espèces de poisson et de lieux de pêche
nouveaux, la préparation de produits nouveaux et l'essai d'engins de
pêche plus efficaces. Les résultats de ces expériences
contribueront à augmenter le revenu du pêcheur et de l'industrie
en général. La plupart des propriétaires de
gaspéslennes, cordiers et chalutiers de 60 pieds, bateaux dont la
rentabilité est maintenant douteuse, doivent encore des montants au
gouvernement. En vue de permettre à ces capitaines de rembourser leurs
prêts en entier, nous avons établi, en 1968, une prime à la
productivité. En vertu de cette prime, la dette d'un
propriétaire, passée un certain niveau de capture, est
diminuée d'un montant qui va de $0.50 à $2 par $1
remboursé. Un montant de $143,100 a été affecté
à cette fin au cours de l'année 68/69.
M. LEVESQUE (Bonaventure): A quel moment cette politique a-t-elle
commencé?
M. BEAUDRY: En 1968.
M. LEVESQUE (Bonaventure): A quelle date?
M. BEAUDRY: A quelle date? Avec la saison de pêche, M. le
Président.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Autrement dit, ces $143,000 qui ont
été affectés à cette fin représentent...
M. BEAUDRY: ... une diminution du coût de la dette.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Diminution, mais sur un montant de $Il
millions et quelques cents mille dollars dus par les pêcheurs.
M. BEAUDRY: Cette prime s'applique seulement à la
catégorie des bateaux de 60 pieds et moins.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Et quelle serait la dette des bateaux de 60
pieds et moins?
M. BEAUDRY: Environ $à millions.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Nous allons attendre, évidemment,
d'être à l'article en question pour peut-être aller un peu
plus au fond des choses.
M. BEAUDRY: En vue d'encourager les pêcheurs côtiers des
Iles-de-la-Madeleine à continuer leur pêche après la saison
du homard en juillet, nous avons établi, en 1968, une prime pouvant
aller jusqu'à $1,500 par bateau et basée sur les
débarquements de morues, de plies et de poissons rouges effectués
après juillet.
Cette prime, au montant global de $82,100, a contribué à
augmenter les débarquements des pêcheurs côtiers des
Iles-de-la-Madeleine de plus de 2 millions de livres, en 1968. C'est notre
intention d'étendre cette mesure à la Gaspésie et à
la Côte-Nord en 69/70.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Est-ce que c'est à la suite des
études faites conjointement par le ministère de la Famille et du
Bien-Etre social?
M. BEAUDRY: Oui.
Par suite du fléchissement des prix de poisson frais et
congelé sur les marchés d'exportation en juillet 1966, il a
fallu, en 1967, instituer un paiement de compensation aux pêcheurs pour
leur permettre de recevoir, pour leurs poissons, des prix qui n'étaient
pas inférieurs à ceux de 1966.
La situation étant la même au début de 1968, nous
avons continué ces paiements de compensation, au cours de l'exercice
financier 68/69, au coût global, pour le gouvernement, de $546,300. Ce
montant est inférieur à celui de l'année
précédente parce que le gouvernement fédéral a
décidé, au milieu de 1968, de faire des paiements semblables sur
toute la côte de l'est du Canada. Le gouvernement provincial, à ce
moment-là, a suspendu ses propres paiements.
Le problème de l'industrie des poissons de fond de l'Atlantique
est présentement à l'étude au niveau fédéral
et ce gouvernement a promis des formes d'assistance pour la saison de
pêche qui s'en vient, Toutefois, devant l'incertitude des
modalités de cette assistance, il nous a fallu prévoir, en 69/70,
un montant de $800,000 pour une assistance équivalente à celle
des paiements de compensation passés.
Tel que mentionné plus haut, le fonds de roulement des principaux
producteurs de poisson...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Mais il se peut que ce montant ne soit pas
utilisé?
M. BEAUDRY: Oui.
Tel que mentionné plus haut, le fonds de roulement des principaux
producteurs de poisson de fond avait considérablement diminué au
début de 1968 par suite des pertes d'opération de 1967. Il a donc
fallu accorder une garantie additionnelle de $50,000 sur les emprunts
contractés par la Coopérative centrale des Iles-de-la-Madeleine,
ce qui porte à $100,000 le montant total garanti auprès de cette
coopérative.
Une garantie additionnelle de $130,000 aux « Pêcheurs Unis
de Québec » porte le montant global des emprunts des
Pêcheurs unis de Québec, garanti par le gouvernement, à
$325,000.
Si nous ajoutons à cela le montant de $75,000 garanti à
l'Union régionale des caisses populaires, le montant de $500,000,
alloué en vertu de la Loi du crédit aux pêcheries
maritimes, est entièrement engagé.
On remarquera, M. le Président, à la page 103 du budget
69/70, que le budget d'opération de la Direction générale
des pêcheries est passé de $1,653,500 en 68/69 à $1,952,300
en 69/70.
Donc, une augmentation d'environ $300,000. Nous nous sommes
efforcés de comprimer autant que possible certaines dépenses pour
nous permettre des montants plus élevés à d'autres
dépenses. Les crédits demandés pour 69/70 nous permettront
de compléter les cadres que la Direction générale des
pêcheries, d'intensifier son action dans l'exécution du plan de
l'ODEQ et enfin, d'assurer des services plus appropriés à
l'industrie de la pêche.
D'autre part, le montant net, c'est-à-dire après
déduction de la contribution du gouvernement du Canada des subventions
des pêcheries, est beaucoup plus élevé en 69/70, soit
$3,834,700 comparativement à $2,157,000 en 68/69.
Comme nous l'indiquons au poste budgétaire 9 des notes qui
suivent, cette augmentation est due principalement à des subventions
spéciales qu'il a fallu prévoir pour aider les producteurs de
poisson de fond qui ont éprouvé des difficultés l'an
dernier.
Subvention pour un réseau d'aqueduc à Havre-Aubert suivant
le plan de l'ODEQ, prime à la diversification de la pêche
côtière en Gaspésie au cours de cette année et,
enfin, divers subsides en vue de l'exécution du plan, tels que
équipages de terre, établissements de comptoirs de vente du
poisson et mécanisation des fumoirs.
Voilà en quelques mots, M. le Président, quelle a
été l'activité du ministère en 1968 et quelles
seront les directives du service des pêcheries au cours de l'année
qui s'écoulera.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Je remercie le ministre des remarques qu'il
vient de faire au sujet de la situation générale des
pêcheries. Il peut être assuré que nous voulons collaborer
au plus haut point en vue de lui apporter notre aide, si modeste soit-elle,
afin que la situation des pêcheries s'améliore,
particulièrement à cause de l'importance que les pêcheries
ont dans l'économie de l'est du Québec.
Cependant, le ministre n'a pas semblé souligner
l'inquiétude grandissante que semblent manifester ceux qui
s'intéressent particulièrement au domaine des
pêcheries.
Il a souligné certaines formes d'assistance que son
ministère apporte mais, d'autre part, nous devons noter que le revenu du
pêcheur ne s'améliore pas sensiblement. Nous devons souligner que
la situation dans le domaine secondaire et je crois que le ministre y a
fait allusion semble inquiéter ceux qui sont
particulièrement affectés par la situation du marché, en
particulier. Il y a également un autre facteur que le ministre a
à peine touché lorsqu'il a mentionné que des études
étaient en
cours. C'est celui de l'avenir des chantiers maritimes.
Si l'on considère la situation du pêcheur, pêcheur
hauturier ou pêcheur côtier, si l'on considère la situation
du producteur et si l'on considère la situation des ouvriers, que ce
soit dans les usines de transformation ou dans les chantiers, il y a tout le
long du territoire beaucoup de points d'interrogation qui se posent. Je veux
bien croire que le ministre est bien intentionné et il est
d'ailleurs bien appuyé par une équipe avec laquelle j'ai eu le
bonheur de travailler mais je crois qu'il est de mon devoir de souligner
non seulement l'Inquiétude qui existe dans le domaine des
pêcheries mais également l'urgence de prendre des mesures
très énergiques, très concrètes, afin de faire face
à la situation.
Je sais qu'en général on réfère souvent au
plan de développement du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des
Iles-de-la-Madeleine qui devrait, en particulier, rechercher les
réponses aux nombreuses questions qui se posent. Il faut dire, tout
d'abord, que lorsque les études, qui ont commencé en 1963 et qui
ont été poursuivies jusqu'à 1966, lorsque ces
études ont eu lieu, la situation de la pêche au point de vue
international, au point de vue national, était différente de
celle d'aujourd'hui. Je crois qu'on ne peut pas entièrement se baser sur
les recommandations du plan malgré que, si je me rappelle bien,
plusieurs sinon toutes ces recommandations avaient été
discutées avec les officiers du ministère lorsque l'esquisse du
plan a été présentée au ministère et avant
que le rapport final ne soit déposé entre les mains du
gouvernement, au mois de juillet 1966.
Depuis ce temps, cependant, la situation s'est
détériorée davantage. Les gens de la Gaspésie et
des Iles-de-la-Madeleine en particulier et je n'oublie pas ici les gens
de la Côte-Nord, mais vu que nous parlons du plan de
développement, ce plan n'affecte, comme vous savez, que les
régions du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des
Iles-de-la-Madeleine je dirais que les citoyens du territoire,
particulièrement ceux intéressés aux pêcheries
et ce sont tous les citoyens parce que tout le monde est affecté,
dans le territoire, par les progrès ou les difficultés que
connaissent les pêcheries eh bien tous les citoyens se demandent
s'il n'y aurait pas lieu, dans les discussions qui devraient
précéder la renégociation de l'entente signée en
mai 1968, d'inclure des mesures plus appropriées pour répondre
à la situation présente.
Je crois que si tout le territoire québécois n'est pas
affecté par des politiques de pêche- ries, si tous les citoyens du
Québec ne sentent pas qu'il s'agit là d'un problème que
l'on peut dire prioritaire dans l'ensemble de l'économie de la province,
il est un problème prioritaire pour autant que l'est du Québec
est concerné. Pour l'est du Québec, les pêcheries
constituent l'une des ressources importantes. Je crois que le gouvernement se
doit de s'assurer que, dans la renégociation du Plan de
développement de l'est du Québec, il y ait des mesures
précises pour faire face à la situation.
Nous aurons certainement l'occasion, lorsque nous en viendrons aux
articles et aux sous-articles, lors de l'étude que nous entreprenons, de
poser certaines questions et de voir jusqu'à quel point le
ministère a l'intention de répondre aux besoins et de faire face
à une situation qui, je le crains, se détériore au lieu de
s'améliorer.
Je tiens à souligner, cependant, que certaines mesures ont
été prises. Je serais malvenu de ne pas le souligner que
ce soit l'assistance spéciale et primes à la productivité
mais ces mesures ne semblent pas, jusqu'à présent,
être suffisantes pour faire face à la situation. Il ne faudrait
pas que la situation se détériore au point où la
production diminue, où les usines soient dans un état tel
qu'elles doivent diminuer ou cesser leurs opérations en certains
endroits et où les chantiers maritimes soient placés dans un
état où ils ne puissent plus répondre aux besoins des
pêcheurs.
Ce sont là des remarques de portée générale
que je voulais faire, mais nous pourrons peut-être préciser
davantage à mesure que l'étude des crédits
progressera.
M. BEAUDRY: M. le Président, j'aimerais faire une rectification
au sujet que j'avais mentionné à mon collègue du
comté de Bonaventure. Tantôt, j'avais mentionné un chiffre
de $à millions pour la dette des pêcheurs. La dette réelle
nette, au 1er avril 1969, est de $2,820,079.91.
M. LEVESQUE (Bonaventure): C'est la dette des pêcheurs...
M. BEAUDRY: Des cordiers et des bateaux de 60 pieds. D'accord?
M. LEVESQUE (Bonaventure): C'est ça.
M. LACROIX: Je voudrais ajouter, aux remarques générales
qu'a faites le député de Bonaventure, certaines remarques qui
concernent particulièrement le comté des
Iles-de-la-Madeleine.
Il ne s'agit pas, à l'heure actuelle, de faire le procès
d'un gouvernement. Il ne s'agit pas de travailler contre un gouvernement, mais
de travailler pour des pécheurs qui gagnent honorablement leur vie et
qui travaillent difficilement pour la gagner.
Comme le faisait remarquer mon collègue de Bonaventure, à
la fin de ses remarques, le gouvernement a adopté des mesures qui ont
été efficaces et qui ont aidé grandement les
pécheurs. Mais je crois que le gouvernement pourrait faire davantage, et
comme le faisait remarquer également le député de
Bonaventure, quand viendra le temps de négocier de nouveau l'entente
fédérale-provinciale concernant le Bureau d'aménagement de
l'est du Québec qu'on appelle aujourd'hui l'Office de
développement de l'est du Québec, il faudrait que les
pécheurs obtiennent quelque chose de plus concret et surtout de plus
rapide.
Pendant trois ans, de 1963 à 1966, on a fait espérer les
gens, leur disant que nous attendions le résultat des études qui
étaient conduites afin de pouvoir apporter des remèdes plus
efficaces et des remèdes qui seraient de plus longue durée en ce
qui concerne les problèmes des pêcheurs.
Nous sommes rendus en 1969, il y a trois ans que le plan a
été déposé et les mesures concrètes ont
été assez rares.
Le gouvernement a fait un effort considérable en ce qui concerne
la pêche hauturlère. Je crois que le gouvernement, autant sous
l'administration précédente que sous l'administration actuelle,
n'a pas fait un effort aussi valable afin d'améliorer la situation des
pêcheurs côtiers, des Iles-de-la-Madeleine en particulier, qu'il
n'a fait pour les pêcheurs hauturiers.
En ce qui concerne la Gaspésie, l'avenir de la pêche
côtière n'est peut-être pas très brillant. Quand nous
parlons de la pêche côtiêre aux Iles-de-la-Madeleine, il y
aura toujours le homard, le hareng, le maquereau de mer, les pétoncles
et ce sont des espèces que les pêcheurs côtiers peuvent
pêcher avec avantage et nous avons naturellement les meilleurs
pêcheurs de la province de Québec, autant dans le domaine
côtier que hauturler.
Actuellement, le problème de nos pêcheurs est le
financement. C'est un problème que le gouvernement peut aider à
résoudre considérablement et même entièrement. Il y
a également les problèmes de mise en marché. Il reste que
le gouvernement, quand Il investit $1 dans une pêche hauturière.
Il investit à peu près $0.05 dans la pêche
côtière. Depuis quelques années, en particulier depuis deux
ans les officiers du ministère se souviendront que j'avais appor-
té un modèle de bateau que les pêcheurs côtiers
désiraient aux Iles-de-la-Madeleine. On avait l'habitude de nous
demander: Que veulent les pêcheurs? J'ai fait construire, par un
pêcheur des Iles-de-la-Madeleine, un modèle, à
l'échelle réduite d'un pouce au pied, d'un bateau qui a
été trois ans au ministère et qui a amené le
ministère à faciliter la construction et le financement de ces
bateaux. Ces bateaux à pêche multiple, ces bateaux polyvalents,
ont donné d'excellents rendements. Nous avons un grand nombre de
pêcheurs côtiers aux Iles-de-la-Madeleine qui pourraient y gagner
leur vie très facilement. L'an passé, j'ai connu les revenus de
deux pêcheurs en particulier: l'un avait un bateau de 45 pieds et l'autre
un bateau de 42 pieds. L'un a fait un revenu de $21,800, ce qui lui a
apporté un revenu net approximatif de $15,000. L'autre, malgré la
perte de trois semaines dans un temps propice à la pêche, à
cause de difficultés mécaniques, a tout de même
capturé pour $18,000 de poisson. Ceci prouve que les pêcheurs,
lorsqu'on leur donne les outils nécessaires pour pouvoir travailler,
sont capables de le faire.
Le problème aux Iles-de-la-Madeleine, c'est que nous avions des
pêcheurs de homard qui travaillaient du 10 mai au 10 juillet. Par la
suite, ils devaient cesser leurs activités parce qu'ils n'étaient
pas équipés pour faire la pêche. Aujourd'hui, avec les
bateaux à pêche multiple, ils peuvent commencer à
travailler dès le mois d'avril, faire la pêche au hareng, puis au
homard, 3 la morue, à la plie, aux pétoncles et au maquereau. Il
faut pour cela les équiper et leur permettre d'obtenir un prix
raisonnable pour les ressources qu'ils tirent de la mer. Ce sont des choses qui
sont faisables. La preuve est que le gouvernement a donné, il y a deux
ans, la prime à l'industrie pour pouvoir payer aux pêcheurs un
prix qui leur permette de gagner leur vie.
L'an passé, on s'est rendu à la demande qui avait
été présentée par les pêcheurs et qui
était contenue dans le Plan d'aménagement de l'est du
Québec; on a donné une prime aux pêcheurs côtiers
pour les encourager à travailler.
Je pense qu'il en coûtera beaucoup moins au gouvernement de payer
la prime aux pêcheurs côtiers qu'il n'en n'aurait
coûté au Bien-Etre social pour des fins non productives.
Actuellement et au cours de l'étude des crédits article
par article, j'ai l'intention de parler particulièrement du prêt
maritime. Il y a également la sécurité aux marins soit par
la Commission des accidents du travail ou par le « Sick Mariner »,
la substitution du « Sick Mariner » fédéral. Il y a
aussi les points de perception du poisson. Je pense que le gouvernement a
encore en main le mémoire qui avait été soumis par un
comité d'étude concernant la planification de la
pêche côtière aux Iles-de-la-Madeleine, mémoire qui
est daté du 21 février 1966 et dont les recommandations sont
encore valables et devraient recevoir la meilleure considération du
ministère.
Il y a aussi les pécheurs hauturiers qui, en mars 1968, ont fait
connaître au ministère les priorités face à
l'exécution du plan d'aménagement des Iles-de-la-Madeleine. Il y
a, aujourd'hui, un employé de plus, M. Pelletier, qui est un homme qui
est connu aux Iles-de-la-Madeleine, qui connaît à la suite
des études qui ont été conduites par le Bureau
d'aménagement de l'est du Québec particulièrement
les problèmes des Iles-de-la-Madeleine et qui, je crois, sera en mesure
d'étudier les problèmes des îles en fonction des
Iles-de-la-Madeleine et non en fonction de la province de Québec.
Il y a très peu d'années, vous savez, quand on parlait des
pêcheries dans la province de Québec, on pensait uniquement
à la Gaspésie. Pourtant, le coeur des pêcheries
commerciales de la province de Québec, ce sont les Iles-de-la-Madeleine.
C'est là qu'il y a les meilleurs fonds de pêche, c'est là
que vous trouvez également les meilleurs pêcheurs de la province
de Québec Je ne dis pas que ceux de la Gaspésie ne sont pas bons,
mais ceux des Iles-de-la-Madeleine sont meilleurs. Les résultats...
M. LEVESQUE (Bonaventure): ... ne pousse pas trop.
M. LACROIX: ... obtenus par les capitaines de chalutiers, les
résultats sont là pour le prouver, autant par la quantité
des captures que par la valeur des captures. Vous me direz qu'il y a aux
Iles-de-la-Madeleine des produits de luxe comme le homard et les
pétoncles. Mais il y a en Gaspésie un peu de homard et il y a
aussi le saumon, que nous n'avons pas chez nous. Mais il reste que la
pêche côtière aux Iles-de-la-Madeleine demeurera toujours,
Je crois, la fondation... la pierre d'achoppement de l'économie des
Iles-de-la-Madeleine. Toutes les autres activités que nous pourrons
grouper autour de ça ne seront toujours que complémentaires,
qu'accessoires. Nous devons toujours nous diriger vers les pêcheries et
c'est là que les gens pourront gagner leur vie, soit en mer, soit dans
les usines.
Contrairement à ce que certaines personnes sont portées
à croire et même de mes collègues, autant ceux qui
siègent à votre droite qu'à votre gauche, M. le
Président la population des Iles-de-la-Madeleine est travailleuse
et ne compte pas sur le gouvernement pour se faire vivre. Mais on la place
parfois dans des conditions telles qu'elle doive le faire. Il ne faut pas
oublier que les pêcheries sont aléatoires. Quant il fait beau, le
poisson est absent; quand le poisson est présent, le temps ne permet pas
toujours d'aller à la pêche. Nous avons un problème qui ne
relève pas uniquement de la compétence provinciale, qui
relève de la compétence fédérale, c'est celui de
l'assurance-chômage. L'assurance-chômage pour les pêcheurs,
ça marche à l'envers. Quand vous avez un employé dans une
usine qui se rend au travail le matin et qui quitte l'usine le soir, vous
n'avez pas été voir pour quelle valeur il a produit dans la
Journée. Tandis que pour le pêcheur qui se rend en mer, s'il n'a
rien capturé... l'assurance-chômage est comptabilisée sur
la valeur des captures. Si la pêche est bonne dans le cours de
l'année, le pêcheur établit ses droits, il reçoit
beaucoup d'assurance-chômage, les prestations maximales, alors que ses
besoins sont moindres puisque, dans le cours de l'année, il a
réalisé des revenus appréciables. Par contre, si, à
cause de la température ou à cause du caprice du poisson, la
saison de pêche a été peu fructueuse, à ce
moment-là le pêcheur n'a pas le droit aux prestations
d'assurance-chômage ou, s'il y a droit, il a droit à des
prestations d'assurance-chômage très minimes.
Ce qui veut dire qu'à ce moment-là il n'a pas d'autre
choix que de se tourner vers le bien-Etre social. Mais cela n'est pas une
preuve que le pêcheur n'a pas travaillé. Je pense que pour ces
choses-là, le service provincial des pêcheries et le
ministère du Travail à Ottawa pourraient entrer conjointement en
communication afin de modifier, de bonifier les avantages qui sont
accordés aux pêcheurs par l'assurance-chômage.
Je pense que, dans certains domaines, il y aurait avantage pour les
différents niveaux de gouvernement, provincial et fédéral,
de collaborer plutôt que de se lancer des cailloux. En fait, ceux qui
bénéficient ou ceux qui ont le désavantage de ces
problèmes qui existent entre les différents niveaux de
gouvernement, ce sont toujours les travailleurs; dans le cas des
Iles-de-la-Madeleine, ce sont les pêcheurs.
De toute façon, M. le Président, je voudrais
particulièrement attirer l'attention du ministre sur les
problèmes des pêcheurs côtiers et je voudrais que
lui-même et ses hauts fonctionnaires viennent aux Iles-de-la-Madeleine
discuter des problèmes avec les pêcheurs eux-mêmes.
Ceux qui connaissent encore le mieux les problèmes, ce sont les
pêcheurs eux-mêmes. Quand il s'agit de construire un quai, j'ai
bien
confiance aux ingénieurs; mais quand il s'agit de savoir
où il doit se construire, j'ai encore plus confiance aux pêcheurs,
parce qu'ils connaissent la mer. En ce qui concerne les problèmes du
pêcheur pour les avantages qu'il veut obtenir, il ne demande que sa part
du gouvernement. Il veut que le gouvernement lui fournisse les outils pour
pouvoir gagner sa vie, sa subsistance et celle des membres de sa famille. Il
demande un peu plus pour avoir un peu moins, parce qu'on l'a habitué
à ne rien lui donner. Je pense que si gouvernement tenait compte plus
souvent de l'avis des pêcheurs, les problèmes des pêcheries
se résoudraient plus facilement et peut-être à meilleur
compte.
Il y a aux Iles-de-la-Madeleine des problèmes très
spécifiques qui demandent la collaboration très étroite
des gouvernements fédéral et provincial. En ce qui concerne les
installations portuaires, actuellement, il est inutile de penser que l'on peut
améliorer la situation des pêches hauturières aux
Iles-de-la-Madeleine, si nous ne voyons pas immédiatement à la
construction d'un havre de pêche où les bateaux pourront venir y
décharger leur cargaison et se préparer à retourner en
mer, de façon la plus sûre possible.
Actuellement, des chalutiers rentrent au port et viennent pour
décharger leur cargaison, par exemple 100,000 livres de poisson, et deux
ou trois heures après que le bateau a été attaché,
le vent s'élève et le bateau doit quitter le port pour aller se
mettre à l'abri, soit au Havre-Aubert ou à la
Grande-Entrée, alors qu'il doit livrer son poisson à l'usine de
Cap-aux-Meules. Si la glace dans le bateau n'est pas en quantité
suffisante pour assurer la conservation et la préservation de la
cargaison, le capitaine et les membres de l'équipage perdent le fruit de
leur travail. Depuis deux ans, on s'envoie de Caife à Pilate; au
fédéral on dit: On attend du provincial la décision pour
savoir où il désire que nous construisions le quai, le havre de
pêche. Au provincial, on dit: Ottawa a le « O.K. », c'est
à lui de décider, cela relève exclusivement de sa
compétence. A Ottawa, on dit: Si l'on construit le havre de pêche
à Cap-aux-Meules, et que demain le ministre de l'Industrie et du
Commerce vienne nous dire que le meilleur endroit aurait été
à l'Etendue-Nord ou à Grande-Entrée... on voudrait bien
que les deux niveaux de gouvernement s'entendent sur un endroit.
Quant aux pêcheurs eux-mêmes, dans le mémoire soumis
par les pécheurs hauturiers, on dit que, quel que soit l'endroit qui
sera accepté, les pécheurs, eux, sont prêts à
l'accepter, puisqu'il y va de l'avenir de leur organisation.
Je pense qu'il serait temps qu'il y ait des conversations entre le
gouvernement fédéral et le gouvernement provincial pour que ces
havres de pêche puissent être organisés dans le plus bref
délai. Cela aidera énormément à l'économie
des îles.
Quant à la pêche côtière, je pense que lorsque
nous discuterons article par article, nous pourrons évaluer les besoins
et les possibilités du gouvernement. J'espère que, pour une fois,
le gouvernement, le ministère de l'Industrie et du Commerce, le service
des pêcheries aura plus d'argent à mettre à la disposition
des pécheurs, pour leur permettre de travailler, que le ministère
de la Famille et du Bien-Etre social en demandera, pour la même
population, pour leur permettre de chômer. Notre population est
fière, notre population désire travailler. Nous avons les
meilleurs fonds de pêche de la province de Québec Nous avons les
facilités de gagner honorablement notre vie et les gens, tout ce qu'ils
demandent, c'est d'être aidés.
Je voudrais, en passant, signaler, pour l'avantage des membres du
comité, qu'aux Iles-de-la-Madeleine, nous connaissons probablement le
niveau de vie le plus élevé de l'ensemble des comtés
ruraux de la province de Québec Et cela, grâce à la
collaboration de tous les pêcheurs des Iles-de-la-Madeleine qui ont
travaillé depuis plusieurs années pour améliorer leur
sort. Cela ne s'est pas fait tout seul, cela s'est fait avec la collaboration
de plusieurs ministères, de plusieurs fonctionnaires. L'an passé,
je me souviens très bien, à un moment où la grève a
éclaté aux Iles-de-la-Madeleine la grève des
pêcheurs autant hauturiers que côturiers alors qu'un
dialogue de sourds s'était engagé, j'ai communiqué avec le
bureau du ministre de l'Industrie et du Commerce. Je n'ai pu l'atteindre
lui-même, malheureusement, mais j'ai parlé à ses hauts
fonctionnaires. J'ai communiqué avec le ministre intérimaire des
Finances, à ce moment-là, le ministre des Travaux publics. J'ai
communiqué avec le ministre de la Famille et du Bien-Etre social,
à Montmagny. Les représentants des pêcheurs des
Iles-de-la-Madeleine sont venus à Québec, ont discuté avec
les autorités concernées, ont expliqué leurs
problèmes. Cela a amené le gouvernement à trouver une
solution, à accepter, grosso modo, ce qui avait été soumis
dans le plan, avec quelques variantes.
Cela a aidé un grand nombre de pécheurs des
Iles-de-la-Madeleine. Il y a un grand nombre de pêcheurs qui pourront
toucher le maximum de la prime d'encouragement qui est ac-
cordée, soit $1,500. Cela aide énormément les
pécheurs des Iles-de-la-Madeleine.
J'encourage le ministre à continuer à recevoir les
représentations des Iles-de-la-Madeleine, les pêcheurs des
Iles-de-la-Madeleine, avec le même esprit ouvert. Naturellement, des
problèmes, il en existera toujours dans les pêcheries. Si le
ministre actuel de l'Industrie et du Commerce, comme celui qui l'a
précédé, est prêt à recevoir les
représentations des Iles-de-la-Madeleine, même si elles lui sont
présentées par le député des Iles-de-la-Madeleine
qui, parfois, est un peu violent ou un peu impatient, il se rendra compte que
le député le fait, non pas dans son intérêt
personnel, mais dans l'intérêt des pêcheurs et qu'il n'a
qu'un seul but; aider une population vaillante, une population qui
mérite d'être considérée, à résoudre
ses problèmes et à travailler pour gagner sa vie honorablement
comme elle a le droit de le faire.
Tantôt, nous aurons l'occasion de discuter d'autres sujets. Je ne
sais pas si le député de Bonaventure l'a souligné mais le
député de Gaspé, qui ne peut être ici aujourd'hui
parce qu'il est retenu à Gaspé, aura peut-être quelques
observations à faire. Si nous passions, par exemple aujourd'hui,
l'étude des crédits du ministère, peut-être que,
lorsque nous reviendrons en Chambre, il pourrait faire ses observations. Le
ministre, à ce moment-là, pourrait y donner suite si...
M. BEAUDRY: D'accord.
M. LACROIX: Est-ce que le ministre accepterait cela?
M. BEAUDRY: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Après cette entrée en matière d'un
peu plus d'une heure, disons que...
M. LACROIX: Nous n'avons pas la même montre! Cela, c'est l'horloge
du Conseil législatif! Elle indique à heures moins dix minutes,
mais c'est au temps d'hier; elle est encore à l'heure du Conseil
législatif!
M. LE PRESIDENT: Si nous voulons, évidemment, avancer, nous
procéderons article par article.
M. LACROIX: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Article 1: Administration. Sous article 1:
Traitements.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Je suis bien d'accord, M. le
Président, avec vos directives.
Cependant, afin que nous soyons bien fixés sur la
procédure, je me demande si, à ce moment-ci, vu qu'il n'y a que
trois ou quatre articles: Administration, Direction de la recherche, Direction
de l'économique, Direction des services techniques. Il serait bon que
nous déterminions à l'avance à quel endroit le ministre
voudrait que nous abordions les sujets relatifs aux mesures qu'entend prendre
l'Office de développement de l'est du Québec dans les politiques
des pêcheries.
Si le ministre pouvait prendre le budget de l'Office de
développement de l'est du Québec où l'on voit ce qui a
été dépensé l'an dernier, ce que l'on
prévoit pour cette année pour le ministère de l'Industrie
et du Commerce, et faire ressortir où se trouvent ces chiffres dans le
budget que nous sommes appelés à étudier, cela
éviterait de revenir vingt fois sur la même question. Autrement
dit, si le ministre voulait bien nous dire: Voici ce qui est prévu dans
le budget de l'Office de développement de l'est du Québec, et
où cela apparaît dans le budget actuel.
M. BEAUDRY: A la fin de chaque article, on a toujours la contribution du
gouvernement du Canada.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui, c'est cela. J'ai devant mol le budget
qu'on nous a remis récemment concernant le Plan de développement
de l'est du Québec et où l'on voit, par exemple, les divers
articles: équipage de terre, construction d'un réseau primaire
d'aqueduc à Havre-Aubert et Bassin, etc. Nous avons les articles.
M. BEAUDRY: Si vous le voulez, M. le Président, si vous n'avez
pas d'objection, je pourrais vous donner la nature des projets. J'ai la liste
complète des projets, au cours de 68/69, avec les montants, en plus des
projets prévus pour l'année 1970; si cela vous intéresse,
je peux vous donner individuellement les projets ainsi que les montants qui y
sont affectés.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Si le ministre pouvait peut-être
à l'aide de ses conseillers déterminer, à mesure
qu'il donnera un article, où on le retrouve ici au budget.
M. le Président, vous avez eu cette expérience
vous-même lorsqu'on questionne le ministre
délégué à la Fonction publique, qui est responsable
de l'exécution du plan, il nous réfè-
re à chacun des ministères. Il nous dit: Eh bien, lorsque
tel ministère viendra pour défendre ses crédits, ce sera
à ce moment que vous aurez des explications contenues
c'est-à-dire qui devraient être contenues ici, mais qui ne le sont
pas.
M. BEAUDRY: M. le Président, je ne sais pas si mon
collègue accepterait cette suggestion. Je pourrais faire la nomenclature
de la liste des projets avec les montants affectés, et, à chaque
article, nous pourrons vous indiquer...
M. LEVESQUE (Bonaventure): C'est cela.
M. BEAUDRY: Est-ce que vous êtes d'accord avec cette suggestion?
Est-ce que vous voulez avoir la liste actuellement?
M. LEVESQUE (Bonaventure): C'est cela. Si nous pouvions avoir la liste
des travaux effectués jusqu'au 31 mars 1969, et ensuite avoir les
prévisions pour l'année commençant le 1er avril 1969.
Alors, cela serait plus clair.
M. BEAUDRY: La nature des projets, la re-structuration de la Direction
générale des pêcheries inclut la création de
nouveaux services: ceux de la pêche expérimentale, de la
planification, du développement, de l'aide technique aux pêcheurs;
cela inclut également la coordination des activités par la
création de deux postes de directeur. Nomination de deux coordonnateurs
régionaux au ministère, dont un pour les pêcheries:
$30,000.
Equipages de terre à Cap-aux-Meules et à Sandy Beach,
Gaspé: $105,000; engagement d'un conseiller comptable pour
améliorer la gestion des navires: $10,000.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Je vous arrête un instant, si vous me
le permettez, M. le Président. C'est que je ne peux pas suivre ici.
M. BEAUDRY: Oui, mais...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Est-ce que c'est dans l'administration qu'on
retrouve ça, par exemple?
UNE VOIX: Après chaque article.
M. BEAUDRY: Oui, actuellement, Je vous fais la nomenclature des projets
pour l'année dernière, 68/69. Je vous ai demandé si vous
étiez intéressé de savoir pour 68/69. Après, il y a
le plan d'exécution pour l'année 1969.
M. LEVESQUE (Bonaventure): S'il y avait moyen d'avoir simplement un mot
ou deux pour chaque article. Je ne demande pas qu'on me répète la
politique du ministère.
M. BE AUDRY: Si vous voulez, M. le Président, nous allons
commencer par chaque article, nous allons vous le démontrer. Etes-vous
d'accord?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Le ministre avait la liste.
M. BEAUDRY: Oui, j'ai la liste.
M. LACROIX: Les projets pour 69/70 sont lesquels?
M. BEAUDRY: Parmi les projets 69/70, il y a la construction d'un
réseau primaire d'aqueduc à Havre-Aubert, $498,000. Les
subventions: subventions à la mécanisation des fumoirs des Iles,
$50,000.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Cela va.
M. BEAUDRY: Mise en place de deux équipages de terre additionnels
à Newport et à Ri-vière-aux-Renards: $211,200, y inclus
les subventions pour les deux déjà en place.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Newport et...?
M. BEAUDRY: Newport et Rivière-aux-Renards. Addition à
l'aqueduc de Paspébiac: $120,000; établissement de comptoirs de
vente de poisson...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Permettez-moi de vous arrêter ici.
$120,000?
M. BE AUDRY: Cela appartient aux travaux publics...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Ah bon, c'est ça; nous nous en allons
dans un autre budget!
M. BEAUDRY: Travaux publics,$120,000.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Ici, dans le budget des Travaux publics, on
mentionne $160,000.
UNE VOIX: Oui, ça s'équilibre.
M. BEAUDRY: Nous avons eu des ajustements de faits au chiffre
mentionné.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Alors, c'est réellement $160,000?
M. BEAUDRY: $120,000 pour l'aqueduc de Paspébiac, d'après
les chiffres revisés.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Ici, à l'article « Travaux
publics », addition au complexe de pêche de Paspébiac, je
vois $160,000. Est-ce que c'est le même article, est-ce la même
dépense?
M. BE AUDRY: Oui, c'est la même dépense.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Mais la dépense réelle serait
de...?
M. BEAUDRY: ... de $120,000.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Et le but de cette dépense est...?
M. BEAUDRY: ... un bassin additionnel, une pompe additionnelle pour
avoir une alimentation suffisante.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Pour avoir une alimentation suffisante en
eau?
M. BEAUDRY: Oui, monsieur. L'établissement de comptoirs de vente
de poisson: $50,000.
M. LACROIX: A quel endroit? M. BEAUDRY: ... une subvention.
M. LEVESQUE (Bonaventure): A quel endroit?
M. BEAUDRY: A l'article à... Non déterminé, M. le
Président.
M.LACROIX: Combien?
M. BEAUDRY: $50,000. Equipement de recherche...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Est-ce que le ministre peut, à ce
moment-ci, nous dire ce qu'il entend faire avec des comptoirs de vente?
M. LACROIX: Est-ce que c'est pour favoriser la vente du poisson
frais?
M. BEAUDRY: C'est pour favoriser la vente du poisson frais du
Québec. Ces comptoirs pourront être situés dans la
région de Québec ou dans la région de Montréal.
C'est pour essayer de faire connaître davantage les sortes de poisson
québécois.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Et de quelle façon cet
argent-là sera-t-il utilisé? Au moyen de subventions ou de
constructions?
M. BEAUDRY: De subventions.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Et ces subventions seraient versées
aux Pêcheurs Unis du Québec?
M. BE AUDRY: Pas nécessairement.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Mais peut-être?
M. BE AUDRY: Pas nécessairement. Actuellement, je ne crois pas
que le ministère ait défini une politique, au sujet de ces
comptoirs. Le ministère n'a pas encore défini la politique qu'il
entend suivre pour distribuer ces comptoirs de vente de poisson...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Nous sommes rendus au mois d'avril 1969, et
on nous dit que ceci a été pensé, planifié, que
ça donne suite à l'entente fédérale-provinciale et
qu'il s'agit ici des projets concrets pour mettre l'entente à
exécution. Nous serons rendus au 20 avril 1969 bientôt, et on ne
sait pas au Juste ce qu'on fait de ces $50,000, sauf qu'on va établir
des comptoirs de vente. Il me semble qu'on devrait être plus
avancé et savoir de quelle façon ces $50,000 vont être
utilisés. Est-ce qu'on va donner ça à des épiciers
à Québec ou à Montréal pour vendre du poisson
frais?
Est-ce qu'on aura des avions pour ramener le poisson frais à
Québec ou à Montréal? Ou est-ce qu'on va remettre les
$50,000 aux pêcheurs Unis de Québec pour qu'ils ouvrent un nouveau
comptoir?
M. BEAUDRY: Les subventions seront versées à ceux qui
donneront une meilleure garantie de succès, afin d'obtenir des ventes de
poisson sans précédent, Je l'espère.
M. LEVESQUE (Bonaventure): C'est bien beau, la subvention sera
donnée à ceux qui donnent la meilleure garantie de succès.
Je crois que, dans le passé, les pêcheurs Unis de Québec
avaient ouvert un comptoir à Québec. Est-ce qu'on est satisfait
de cette expérience?
M. BEAUDRY: Oui.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Alors, je pose la question...
M. BEAUDRY: Montréal également.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Vu que le ministère se déclare
satisfait des comptoirs ouverts à Montréal et à
Québec par les Pêcheurs Unis de Québec, est-ce que le
ministère croit que, normalement, cette subvention sera remise aux
pêcheurs Unis de Québec?
M. BEAUDRY: Non, pas du tout.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Pas du tout? Est-ce que le ministère a
en vue d'autres gens qu'il connaît et qui donnent les mêmes
garanties?
M. BEAUDRY: Actuellement, la Direction des pêcheries travaille de
concert avec la Direction du commerce du ministère, comme je vous le
mentionnais, afin de trouver les personnes qui nous offriront les meilleures
garanties, afin que nous puissions connaître un accroissement du volume
des pêcheries et en plus, pour que ces gens-là puissent
répandre la popularité du poisson...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui, mais le ministre veut-il dire qu'il a
$50,000 à son budget et que, demain, s'il rencontre quelqu'un qui lui
dit qu'il va vendre des produits frais, il va lui remettre $50,000?
M. BEAUDRY: Pas de question...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Non, excepté qu'il n'y a aucune norme.
On ne me donne aucune réponse qui me dise comment on va procéder
pour trouver ces gens-là.
M. BEAUDRY: Premièrement, il faut certainement que l'on trouve
quelqu'un intéressé à développer le marché
du poisson au Québec. Ce n'est pas très facile, parce que la
plupart des commerçants ne veulent pas avoir de comptoir de poisson dans
leur magasin. Donc, nous avons une côte à monter. Il va falloir
que le ministère rencontre certains organismes, soit par le truchement
de coopératives, dans la région de Montréal,
peut-être par la chaîne Métro, la chaîne Richelieu, la
chaîne FDL; dans la région de Québec, je ne connais pas les
noms de chaînes ou de coopératives. Nous allons avoir des
réunions avec ces gens-là et certainement que le montant d'argent
que nous allons leur allouer pour promouvoir la vente de ces poissons sera
garanti. Nous ferons affaires seulement avec des compagnies qui seront
solvables. Alors, je n'y vois aucun inconvénient autant que je suis
concerné, étant donné que les directions des
pêcheries et du commerce travaillent de concert afin de trouver la
solution la plus efficace.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Je comprends, mais le ministre est encore
plus au courant que je puis l'être dans le domaine de l'alimentation,
cela va de soi. Mais veut-il dire qu'à même les subventions qu'il
demande aujourd'hui de voter, $50,000, lui et ses collaborateurs vont examiner
la situation des comptoirs un peu partout? Le ministre sait fort bien que, dans
la plupart des épiceries de premier ordre, il y a un comptoir où
les produits de la mer sont exposés. J'en connais plusieurs. Est-ce
qu'il va dire: Agrandissez votre comptoir et je vous donne $5,000; à un
autre; Si vous faites un comptoir qui est mieux présenté, je vais
vous donner $10,000. Comment le ministre va-t-il procéder? Et comment
procéderont ses officiers pour arriver à déterminer
à qui les $50,000 seront versés?
M. BEAUDRY: A ce stade-ci, je ne puis pas dire quelles personnes ou
quelles compagnies seront prêtes à nous aider à
coopérer. L'honorable député de Bonaventure semble dire
que presque tous les gens dans l'alimentation ont des comptoirs de poisson.
M. LEVESQUE (Bonaventure): J'ai dit: Des épiciers de premier
ordre.
M. BE AUDRY: Je regrette de dire cela, mais je crois que le pourcentage
n'est même pas 1%, dans la province de Québec, des gens qui
s'occupent de la vente de poisson, pour toutes sortes de raisons. Etant
donné que c'est un produit très périssable et un produit
qui dégage une certaine odeur, cela prend absolument un comptoir
complètement séparé des comptoirs à viandes rouges
et des comptoirs à viandes blanches. Donc, j'ai dit que nous avons des
difficultés à surmonter.
Il faut absolument convaincre les marchands que le poisson est une
marchandise qui peut rapporter des profits semblables à ceux des autres
viandes. Après enquête, nous avons découvert qu'il n'y a
pas tellement de personnes qui soient prêtes à faire ce
sacrifice.
Actuellement, au ministère, nous sommes à établir
des normes qui sont très précises sur l'équipement, la
localisation, la publicité àfaire par ces mêmes
entreprises, les prix, l'approvisionnement en volume et en espèce.
Actuellement, toutes ces normes précises ne sont pas
complètement établies. Je crois que l'honorable
député de Bonaventure a confiance au ministère, à
la direction du commerce et des pêcheries pour qu'ils puissent choisir
des organisations qui sont réellement solvables et pour nos $50,000, si
nous les utilisons entièrement, puissent rapporter au maximum à
la province et, en définitive, à la belle région de
Gaspé et les Iles-de-la-Madeleine en profiteront.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Si le ministre m'avait répondu qu'il
songeait, par exemple, aux Pécheurs Unis de Québec, alors
J'aurais dit: Voici, il songe à une institution coopérative dont
la plupart des pêcheurs de l'est du Québec sont membres. Alors,
J'aurais vu une certaine relation entre l'intérêt des
pêcheurs et la Société des pêcheurs unis de
Québec
M. BEAUDRY: Pour rassurer le...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Si le ministre m'avait répondu que sa
politique, dans ce domaine, n'était pas encore décidée,
J'aurais eu d'autres commentaires à faire. Mais le ministre me laisse
l'impression qu'il ne sait pas au juste ce qu'il va faire avec ces $50,000,
sauf aider à vendre plus de poisson.
C'est bien beau aider à vendre plus de poisson. Si les $50,000
étaient pour augmenter la publicité faite pour encourager les
acheteurs de poisson à acheter du poisson, réclamer du poisson de
leurs épiciers, J'aurais compris. Mais, il s'agit de $50,000 à
remettre à certains épiciers ou à certaines organisations
afin...
M. BEAUDRY: M. le Président, si le député de
Bonaventure n'est pas d'accord ou trouve que ce montant est exorbitant, Je
crois invraisemblable avec $50,000... J'aurais mieux aimé avoir un
montant substantiel, lorsque nous considérons qu'en équipement
frigorifique... Avec un comptoir qui, aujourd'hui, coûte $150 le pied, je
vous assure que nous ne pouvons pas acheter des comptoirs « au char
».
En ce qui regarde les Pêcheurs Unis de Québec, je puis
assurer qu'ils n'auront pas accès à ces $50,000. Ils
possèdent déjà leur comptoir. Nous allons établir
des contacts, lorsque nos normes seront réellement précises, en
ce qui concerne l'équipement, la localisation et la publicité...
De plus peut-être que cette nouvelle plaira au
député de Bonaventure au ministère, nous
travaillons en coopération avec le ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche et nous songeons à ce que ce
ministère prenne le restaurant du pavillon du Québec à sa
charge, à Terre des Hommes.
Etant donné que nous avons lancé une campagne
publicitaire« Québec sait faire », et que nous voulons
promouvoir la campagne de poisson au maximum, dans ce restaurant nous ne
vendrons que les sortes de poissons produites au Québec. Ce sera un
genre de dégustation et le public pourra s'approvisionner à un
prix réellement bas. L'exploitation du restaurant relèvera de
l'école de l'hôtellerie du ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche. Nous aurons peut-être d'autres produits
québécois comme dégustation, peut-être aussi du
cidre et d'autres produits fabriqués chez nous au Québec
Réellement, le poisson sera en évidence à ce
restaurant du Québec au cours de l'année 69/70. Je pense que
c'est une autre initiative. Il faut absolument que nous essayons de
suggérer aux consommatrices cette idée d'acheter du poisson. Au
point de vue du prix, je crois que la consommatrice fait des économies
considérables, et au point de vue de la nutrition, je crois que le
poisson se compare à n'importe quelle sorte de viande qui existe sur le
marché.
Donc, c'est un achat qui est préférable pour la
consommatrice en ce qui regarde son budget et la nutrition.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Personne ne chicanera le ministre de songer
à augmenter la vente du poisson. Au contraire, tout ce qu'il peut faire
en ce sens sera apprécié. Mais ce qu'il doit faire
également, c'est qu'il doit s'en tenir aux normes de l'administration de
la chose publique. Je crois que lorsque la Chambre confie au ministre une somme
de $50,000, même si cette somme est payée à 60% par le
fédéral, le ministre doit nous dire ce qu'il a l'intention de
faire avec cette somme. Deuxièmement, quelle procédure entend-il
suivre pour mettre cette politique à exécution? C'est clair qu'on
ne remet pas à un ministre $50,000, $100,000 ou $500,000, et lui dire:
Bien, vous pouvez trouver des gens qui seraient prêts à agrandir
leurs comptoirs et cela va aider certainement la vente du poisson. C'est une
réponse que l'on ne peut pas accepter, à mon sens, en
procédure parlementaire, dans un Parlement démocratique. Il
faudrait que le ministre nous dise: Voici, Je vais faire un appel d'offres, je
vais inviter tous les épiciers ou toutes les organisations
d'épicerie à nous faire connaître leurs désirs ou
leur intérêt dans cette politique. Nous allons établir
certaines normes pour éliminer des gens qui ne sont pas
équipés pour faire la vente des pro-
duits, et nous allons garder ceux qui auraient un étalage qui
améliorerait la vente des produits. Mais le ministre ne nous dit rien.
Il nous dit: Nous allons regarder ça. Nous avons $50,000 et nous allons
tâcher de trouver quelqu'un qui va s'intéresser à la
chose... si J'ai bien compris ce que le ministre a dit.
M. BEAUDRY: Non, Je pense...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Mais le ministre ne m'a pas donné de
normes et je crois qu'ici, même si le montant est assez modeste,
j'aimerais bien que des comptoirs de poisson, évidemment, soient
beaucoup plus nombreux dans la province. Je sais fort bien que le montant de
$50,000 ne changera pas grand-chose dans la vente du poisson dans toute la
province. Mais je dis simplement que, au point de vue des principes, le fait
que le ministre me réponde: Nous allons voir à ça, ce
n'est pas la réponse que je puis accepter. Si c'est la réponse du
ministre, nous allons passer à autre chose. Mais je dis tout de suite
que nous ne pouvons pas accepter cette réponse...
M. BEAUDRY: Monsieur...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Le ministre devrait édicter des normes
pour que toutes les institutions pouvant répondre aux normes
fixées d'avance puissent bénéficier de cette politique et
puissent participer au programme du gouvernement, autant, évidemment,
que le budget le permette. Mais si le ministre élimine les normes et
qu'on laisse le montant de $50,000 à la discrétion du ministre
même s'il est conseillé par ses collaborateurs Je
crois que ce n'est pas le rôle de l'Opposition de laisser se passer les
choses comme ça. Demain, le ministre pourrait revenir avec $1 million et
le même principe et dire: Bien, voici, cette année nous avons mis
$1 million pour aider à la vente du poisson et nous avons trouvé
encore plus de gens intéressés. J'ai trouvé de mes amis
épiciers, à Montréal, qui seraient prêts à
faire deux ou trois comptoirs de plus. Bien, mon Dieu, je crois que les normes
devraient être beaucoup plus sérieuses!
M. LACROIX: Il faut bien considérer qu'au pays, au Canada,
particulièrement dans la province de Québec, c'est ici que la
consommation du poisson est à peu près la plus basse dans le
monde entier.
M. BEAUDRY: Monsieur,...
M. LACROIX: Si vous me permettez, M. le Ministre, c'est que les
marchés de poisson frais ne sont pas assez développés au
Québec. Naturellement, les $50,000, éparpillés par $1,000
à gauche et à droite, cela ne changera pas un iota à la
distribution du poisson frais dans la province de Québec. Est-ce que le
gouvernement ne devrait pas, premièrement, encourager ce qui existe
déjà et même organiser dans les grands centres, et ceci par
le ministère de l'Industrie et du Commerce particulièrement
J'ai plus confiance que ce soit sérieux par le ministère
de l'Industrie et du Commerce que par l'autre ministère qu'il a
mentionné tantôt la distribution de poisson frais à
Montréal, Québec, Sherbrooke, Trois-Rivières, avec des
personnes qui seraient compétentes. Cela coûterait $50,000 quand
même mais ils seraient bien dépensés. Tandis que $50,000
qui seraient dépensés là, ça ne fera pas vendre
deux livres de poisson de plus.
Je suis convaincu que le gouvernement, premièrement, devrait
investir ou faire la publicité en ce qui concerne les produits des
pêches québécoises, de façon à créer
la demande et en même temps organiser des centres de distribution,
valables dans les endroits où c'est susceptible , au moins pour partir,
de faire ses frais ou à peu près, quitte par la suite à
organiser cela de façon plus rentable.
Je pense que le gouvernement n'est pas i sa première
expérience où il organise quelque chose qui ne rapporte pas
immédiatement lors de l'organisation. Est-ce que le gouvernement ne
pourrait pas organiser quelque chose en prévision de quelques
années à venir. On peut prévoir pour au-delà de la
prochaine élection; on peut prévoir pour jusqu'à la
prochaine génération. Et je pense que, dans le cas du poisson,
c'est clair que la consommation en est trop basse, parce qu'il n'y a aucune
publicité de faite, sauf au moment de l'exposition. Ici, à
Québec, vous avez un poste qui fait la publicité du poisson,
à part cela, on n'entend jamais parler des pêcheries du
Québec, ni à Québec ni ailleurs.
M. BEAUDRY: M. le Président, je regrette d'interrompre le
député des Iles-de-la-Madeleine, je suis certain que le
député n'y pense pas, mais il y a eu un mois de l'alimentation
cette année. Nous avons, au cours du mois d'alimentation, le mois
dernier, par le truchement d'organisations de grossistes et de manufacturiers,
contacté 45,000 marchands de l'alimentation. Nous avons eu des bulletins
à chacun de ces établissements. Je crois, que c'est la
première année je ne prétends pas que nous
ayions réglé tous les problèmes pour la
première fois, dans l'histoire du Québec, que nous avons une
campagne qui s'intensifie de cette façon. Chaque marchand est
sensibilisé aux problèmes du poisson. Nous lui envoyons des
bulletins mensuels, nous essayons de l'encourager à vendre du poisson
et, durant le mois de mars, durant le mois d'alimentation, les grossistes en
poisson ont connu des augmentations sans précédent. Ce n'est pas
encore assez,, Je suis d'accord. Mais, je suis au courant du
problème.
Je prends mes responsabilités et je fais tout mon possible. Le
service des pêches me tient à coeur. J'aimerais bien qu'un jour
tous vos concitoyens puissent gagner leur vie honorablement, comme vous le
mentionnez.
Pour les $50,000 dont nous parlons, les normes, actuellement, n'ont pas
été précisées, je suis d'accord avec cela. Mais,
comme vous mentionnez, peut-être que nous choisirons les deux plus grands
centres commerciaux de Montréal, les deux plus grands centres
commerciaux de Québec ou nous louerons un espace. Je ne puis pas vous en
donner la rentabilité, actuellement, mais nous essayons de
dépenser ces $50,000, de façon que cette rentabilité soit
la plus efficace. Les gens de mon ministère me disent, qu'en
coopération avec les gens du commerce, ils sont en train de
préciser des normes. Actuellement, je regrette, mais je n'ai pas les
normes en main. Vous pouvez être assuré que je vais... comme le
disait le député de Bonaventure, il fallait que les normes soient
précisées. Mais, je me demande, à d'autres articles, si,
lorsque l'on présente un budget c'est seulement mon
deuxième budget il y a des normes d'établies lorsqu'on
répartit des subventions dans d'autres domaines. Est-ce qu'il faut
absolument qu'il y ait des normes de précisées d'avance? Je me le
demande. Dans ce cas, nous ignorons dans ce domaine-là...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Il y a des règlements. Prenons par
exemple, lorsque le ministre donne des subventions pour la construction des
petits bateaux. On donne la longueur des bateaux, on donne la période
où il doit être construit, on parle de l'utilisation qui doit en
être faite. Finalement, il y a beaucoup de conditions établies par
règlement, par arrêté ministériel, de sorte que les
pêcheurs savent si oui ou non ils ont droit à telle ou telle
subvention. Il y a peut-être dans le domaine des arts où,
évidemment, il est assez difficile d'établir la qualité de
tel ou tel artiste. Mais, même dans le domaine des arts, il y a souvent
des conditions, des concours et je ne crois pas que nous puissions, en
principe, accepter de laisser un montant entre les mains d'un ministre, si
aimable et si sympathique soit-il et quelle que soit son honnêteté
intellectuelle particulièrement, dans ce cas-ci, je suis
prêt à lui rendre cet hommage publiquement mais en
principe, je crois qu'il est dangereux d'accepter ce principe, de laisser voter
des montants, comme cela, à être distribués à des
commerçants, sans que l'on sache quelles sont les normes qui
présideront à la distribution de ces sommes.
Maintenant, le ministre me dit que les normes seront
précisées avant que ces montants soient dépensés.
Je prends sa parole et nous verrons, l'an prochain, comment il a
procédé.
M. BEAUDRY: Comme j'ai mentionné à l'honorable
député, nous innovons, cette année, dans ce domaine. Nous
ne savons pas exactement la position que nous allons prendre. Nous allons
essayer de prendre la position la plus rentable.
Il se peut également et c'est un domaine que je n'aimerais
pas toucher que le gouvernement lui-même achète ces
comptoirs et essaie de trouver l'endroit qui soit le plus rentable et que nous
ayons des employés. Par contre, nous entrons en concurrence avec
l'intérêt privé.
Alors, c'est en discussion actuellement. Je ne peux pas vous dire sur
quoi nous allons opter, à ce stade-ci, mais nous étudions aussi
cette suggestion. Je pense que l'entreprise privée ne verrait pas cela
d'un bon oeil. J'ai eu cette suggestion. Après la campagne que nous
avons eue à travers la province et le coup d'épaule que nous
avons de tous les marchands de la province de Québec, je ne crois pas
que ce soit une bonne suggestion. Donc, nous l'avons laissé tomber
temporairement, si nous ne pouvons pas trouver les personnes qualifiées,
les personnes responsables. Mais il ne fait aucun doute que les gens du
ministère, de concert avec la direction du ministère du Commerce,
je n'ai aucune crainte trouveront des compagnies responsables
j'entends comme compagnies, des coopératives puisque ce sont des
coopératives à but non lucratif je ne veux pas parler des
pêcheurs unis, je veux parler des coopératives d'achat dans
l'alimentation.
Je crois que nous allons trouver assez facilement des gens responsables,
qui apprécieront le montant de $50,000 et nous allons faire tout notre
possible pour que les $50,000 rapportent le plus possible à tous les
gens, en définitive, à tous les Québécois.
Je remercie le député de Bonaventure.
M. LACROIX: La position du ministre m'étonne un peu, quand il dit
que cela ne serait pas bien vu de la part de l'entreprise privée,
puisque c'est à peu près inexistant actuellement. Si le
gouvernement donnait un coup de barre faire en sorte d'établir un
marché et quand la chose sera établie rentable, que
l'entreprise privée sera décidée à y participer, le
gouvernement n'aura qu'à se retirer. Mais il n'existe rien à
l'heure actuelle. Il faut toujours un départi
M. BEAUDRY: Je ne vous dis pas que nous rejetons cet article. Nous
l'étudions. Il y a possibilité que nous options pour cette
politique.
M. LEVESQUE (Bonaventure): D'autant plus que le ministre conviendra
qu'il est très important que nous développions notre
marché domestique. Nous sommes tellement dépendants des
exportations que les problèmes que connaît présentement le
ministère, particulièrement la direction des pêcheries,
vient justement du fait que plus de 70% de notre production doit être
exportée à l'étranger.
Lorsqu'il y a un ou des problèmes dans la mise en marché,
aux Etats-Unis ou ailleurs, évidemment, le pêcheur
québécois est le premier à s'en ressentir. Je crois que si
nous débloquons réellement le marché domestique et si les
Canadiens augmentent la consommation de poisson et que cette autre
consommation, au Canada, par exemple, et dans la province de Québec en
particulier, atteint des taux que l'on voit ailleurs dans le monde, à ce
moment, notre production pourrait être acheminée vers des centres
de distribution au Canada.
Deuxièmement, ceci amènerait probablement la
création d'usines de transformation du poisson, transformation plus
avancée, plus raffinée, de sorte qu'il y aura là encore
une occasion de création de nouveaux emplois.
Il est donc important, à mon sens, d'insister sur une plus grande
consommation du poisson, per capita, au Canada, si cette initiative peut aider,
mais je ne crois pas que cela aide beaucoup parce que le montant est tellement
modeste, mais disons que c'est peut-être une expérience encore. Si
cela peut être un pas dans la bonne direction, tant mieux! Quant aux
modalités, j'espère que le ministre tiendra compte des remarques
que nous avons faites, il y a quelques instants.
M. BEAUDRY: M. le Président, afin de renseigner mon
collègue: le gouvernement canadien, de concert avec le gouvernement
québécois puisque toutes les provinces de l'est du Canada
y participent pour un montant nous sommes à faire actuellement
une étude de la consommation domestique dans le domaine des
pêcheries à travers le Canada. Cette étude est faite par la
maison Stevenson et Kellogg, et je puis vous assurer que nous devrions avoir,
à la fin de l'année, une étude qui nous fera des
suggestions sur la façon de promouvoir le poisson.
D'un autre côté, un peu plus tard, si le
député le désire, je pourrai lui dire, qu'au début
de l'année, étant donné que les pêcheries sont dans
un marasme incroyable et voyant ce qui venait, nous nous sommes établis
au ministère et nous avons engagé un bureau de consultants. Je
pourrais lui décrire tous les stades que nous avons suivis dans notre
étude et ce que nous entendons faire pour corriger ce qui existe. Mais
je suis certain que cela ne guérira pas le problème au
complet.
S'il le désire, un peu plus tard, il me fera plaisir de le
renseigner sur l'étude que nous avons faite, sur la description des
méthodes que nous avons prises pour arriver à une solution, pour
essayer d'enrayer l'engloutissement de sommes énormes d'argent dans les
pêcheries, et, comme le mentionnaient le député des
Iles-de-la-Madeleine et celui de Bonaventure, de mettre un coup de barre dans
certaines opérations qui n'ont aucun succès possible pour
l'avenir.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Vous savez, M. le Président, que
lorsque nous insistons ainsi pour augmenter la consommation du poisson, cela ma
paraît toujours quelque chose d'invraisemblable; pour quelqu'un qui
goûte réellement la saveur du poisson tel qu'il est
pêché aux Iles-de-la-Madeleine, sur la Côte-Nord ou en
Gaspésie, c'est inconcevable que nous soyons obligés de trouver
des incitations pour que les Canadiens mangent plus de poisson. Il n'y a pas un
plat plus délicieux. Il s'agit, simplement, de le rendre près du
consommateur et dans une condition telle que le consommateur, où qu'il
soit au Québec et au Canada, puisse réellement apprécier
la saveur du poisson, que ce soit la morue, que ce soit la plie, que ce soit le
maquereau, que ce soit le hareng, que ce soit n'importe quelle espèce.
La, j'inclus le homard, le saumon, les crustacés, comme les moules, les
coques, les crabes, tout cela. Evidemment, si nous pouvions réellement
rendre ces produits extraordinaires, près du consommateur et dans un
état parfait, il n'y aurait lieu de faire aucune incitation dans les
commerces afin d'avoir des comptoirs de poisson, tellement la demande, à
mon
sens, augmenterait. Je crois que c'est là qu'il faut s'attaquer
au problème.
M. BEAUDRY: M. le Président, Je sais que le député
sait que de son temps Il le faisait de la même façon, nous
essayons de distribuer à travers la province des recettes qui montrent
à la ménagère, comment faire des préparations des
poissons autres que du filet d'aiglefin.
Pour autant que je suis concerné, l'été dernier, en
compagnie de différentes personnes du ministère, j'ai eu
l'occasion d'aller à Grande-Rivière lors de l'inauguration du
bateau-école. Je puis vous assurer que la table de poisson qu'on nous a
servie, ce soir-là, était magnifique; et je pense que si nous
avions des tables de poisson servies de la façon dont on nous en a servi
une ce soir-là, ces mets seraient appréciés des gens,
comme le mentionnait mon collègue, et les ventes de poisson
connaîtraient un accroissement sensible.
M. LACROIX: M. le Président, est-ce que le ministre ou
ministère n'aurait pas l'intention de faire une campagne de
publicité auprès des consommateurs? Tout à l'heure, il
nous a dit qu'on avait fait du travail auprès d'un très grand
nombre de marchands, de grossistes et tout ça, Je crois que ce serait un
investissement valable que de faire une campagne de publicité intensive
autant par la radio, la télévision, les journaux, campagne qui
pourrait inciter les Québécois à consommer plus de
poisson. Le ministre n'est pas sans ignorer que, depuis que l'Eglise a
abandonné le vendredi maigre, cela a affecté
considérablement le marché du poisson et que la consommation en a
été réduite considérablement. N'y aurait-il pas
lieu de revenir là ce n'est plus une obligation mais que
les gens se sentent obligés de revenir au poisson, à cause de sa
valeur nutritive et aussi à cause de son coût qui constituerait
une économie pour la famille.
M. BEAUDRY: Durant le mois de mars, le mois de l'alimentation, lors de
la campagne « Québec sait faire », nous avons tenté
de rejoindre le consommateur directement par le truchement d'annonces à
la télévision, par le truchement de bannières dans les
magasins. Nous avons débuté en ce domaine.
M. LACROIX: Le ministre, qui est dans le domaine de l'alimentation,
domaine qu'il connaît très bien, sait fort bien qu'une campagne de
publicité n'est valable qu'autant qu'elle est soutenue. Une campagne de
publicité qui ne dure que quelques Jours, quelque temps, une
période très courte, son effet n'atteint jamais le but vers
lequel elle tend.
M. BEAUDRY: La campagne a débuté cette année, pour
un programme de trois ans.
M. LACROIX: En ce qui concerne les pêcheries je pense que,
spécifiquement, pour les pêcheries, c'est un domaine très
particuliers. Je pense qu'étant donné l'importance des
pêcheries, c'est fort minime. En ce qui concerne la campagne de
publicité, tout au moins.
M. BEAUDRY: Je prends bonne note de la suggestion du
député des Iles-de-la-Madeleine et vous pouvez être
assuré que, également, nous pouvons amplifier encore la
propagande que nous avons faite sur les pêcheries et il peut être
assuré de mon entière collaboration. Je puis l'assurer,
également, que nous faisons tout notre possible pour sensibiliser le
consommateur pour que nous connaissions des ventes sans précédent
dans ce domaine.
M. LACROIX: Est-ce que le ministre avait commencé tantôt
à donner l'énumération des projets 69/70? Aviez-vous
terminé ou y a-t-il autre chose?
Vous étiez rendu à Terre des Hommes?
M. BEAUDRY: Terre des Hommes n'est pas dans le budget.
M. LACROIX: Non, mais seulement là vous avez parlé de
ça. Après le comptoir de... vous avez parlé de Terre des
Hommes.
M. BEAUDRY: L'équipe de recherche affectée au
développement de nouvelles espèces à une meilleure
utilisation des espèces actuelles exploitées; l'organisation d'un
centre...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Combien?
M. BEAUDRY: $329,300. L'organisation d'un centre d'essai et
d'aménagement d'un centre d'épuration des cas, $106,600;
M. LACROIX: A quel endroit?
M. BEAUDRY: Le centre d'essai, c'est à Québec; le centre
d'épuration, à Rimouski, dans le bas-du-Fleuve.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Le ministre peut-il, à ce moment-ci,
nous dire ce dont il s'agit ici à Québec? A l'aquarium?
M. BEAUDRY: C'est à l'aquarium, éventuellement dans le
centre de recherche scientifique.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Quelle est exactement la nature de cette
expérience?
M. BEAUDRY: Des expériences pour le hareng, pour trouver de
meilleures façons de le mettre sur le marché; sur les crevettes
et sur les crabes, les maquereaux également.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Alors ça va coûter $ 329,000
pour faire ces expériences?
M. BEAUDRY: Non $106,000, M. le Président.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Ce sont des expériences qui se
continuent à Rimouski? Si je comprends bien, il y a des
expériences déjà faites, déjà entreprises
l'an dernier?
M. BEAUDRY: $329,000, c'est pour une équipe de recherche
affectée au développement des pêches et à une
meilleure utilisation des espèces actuellement exploitées. Cela,
c'est $329,000. Les $106,000, c'est une organisation d'un centre d'essai.
M. LACROIX: Cette équipe-là va-t-elle venir caboter dans
le bout des Iles?
M. BEAUDRY: Partout dans le golfe.
M. LACROIX: On ne les voit pas souvent, les équipes de recherche,
nous!
M. LEVESQUE (Bonaventure): L'équipe de recherche, est-ce que
c'est celle-là qui est à $329,000?
M. BEAUDRY: Oui.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Maintenant, si je me rappelle bien...
M. BEAUDRY: Nous allons retrouver cela à l'article des
recherches, au budget.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Justement. Le ministère a toujours eu
ces genre d'équipes de recherche, depuis plusieurs années...
M. BEAUDRY: Nous l'avons toujours eu, mais par contre, cette
année, nous connaissons une augmentation substantielle comparativement
aux années précédentes. L'année dernière,
nous avions à cet article $685,200...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Combien?
M. BEAUDRY: $685,200 et cette année, nous avons $918,000. Nous
avons également la location de navires de recherches pour $100,000. Il y
a également le recensement des pêcheurs des Iles-de-la-Madeleine,
en collaboration avec le ministère des Affaires municipales.
M. LACROIX: Cela va faire la Xe fois qu'on fait le recensement des
pêcheurs côtiers, aux fies. On l'a fait par le bureau
d'aménagement. On dépense plus d'argent pour les recherches qu'on
en dépense pour les pêcheurs, apparemment.
M. BEAUDRY: Il n'y a aucun montant d'argent d'affecté à ce
service. C'est qu'actuellement le ministère des Affaires culturelles est
en train de faire le recensement des Iles-de-la-Madeleine. Nous en profitons
pour demander des renseignements additionnels.
M. LACROIX: Mon doux que ça ne sera pas drôle,
ça!
M. BEAUDRY: Le ministère des Affaires municipales,
excusez-moi.
M. LACROIX: Ah! bien le ministère des Affaires municipales, cela
a beaucoup plus de bon sens. Je vais changer le timbre de ma voix.
M. BEAUDRY: Je m'excuse, le ministère des Affaires municipales.
Peut-être que le député des Iles-de-la-Madeleine va
être intéressé...
M. LACROIX: Noëlla n'est pas populaire chez nous!!! Les matous
aiment...
M. BEAUDRY: L'établissement, également, de quelques postes
de collection aux îles.
M. LACROIX: Oui, pour ça, il y a $40,000.
M. BEAUDRY: D'accord. Et puis, une étude sur...
M. LACROIX: A quel article, cela va-t-il venir où on
pourra...
M. BEAUDRY: Aux Travaux publics.
M. LACROIX: Il y a $40,000, mais comme on a dit que nous pourrions
discuter cela... dans les recherches?
M. BEAUDRY: La construction relève des Travaux publics. Alors,
c'est dans le budget des Travaux publics.
M. LACROIX: Il reste que la détermination des endroits où
ces postes de collection seront placés relève toujours du
ministère de l'industrie et du Commerce.
M. BEAUDRY: Oui, je les ai ici.
M. LACROIX : Cela va, mais à quel moment...
M. BEAUDRY: Quand cela vous plaira.
M. LACROIX: Si vous voulez terminer l'énumération de ce
que vous avez comme projets.
M. BEAUDRY: Oui. L'étude sur la distribution du poisson du
Québec sur le marché domestique: $25,000. Professionnalisation de
la pêche côtière: aucun montant. Participation au projet
conjoint afin d'accélérer les recherches: $50,000. Vous trouverez
ces $50,000 également à la recherche.
M. LACROIX: Participation pour la professionnalisation? C'est
ça?
M. BEAUDRY: Oui, et les $25,000, nous les retrouvons à l'article
11 honoraires.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Je ferai remarquer au ministre que, dans son
énumération, lorsqu'il s'agit de ce qui concerne les Travaux
publics, j'ai souligné une différence de $120,000 à
$160,000, tout à l'heure, dans l'énumération de ce qui
concerne directement le ministère de l'Industrie et du Commerce. Si je
compare cette énumération à ce que l'on trouve dans le
budget du plan de développement, il y a là des chiffres qui ne
correspondent pas.
Je ferai remarquer également au ministre que plusieurs des
montants qui apparaissent au budget de l'Office de développement de
l'est du Québec sont des répétitions de ce que nous
retrouvions normalement dans les budgets annuels du ministère de
l'Industrie et du Commerce. Lorsque le ministre, dans un cas en particulier,
souligne une augmentation, même là, cette augmentation est due
simplement à la participation du fédéral.
Je crois qu'il y a lieu de le souligner parce que c'est encore là
un indice que, dans l'entente qui a été signée et dans les
budgets de l'Office de développement de l'est du Québec, il n'y a
pas grand-chose de nouveau pour les gens du territoire. Que ce soit dans le
domaine des pêcheries ou dans les autres domaines de l'administration
provinciale, je répète ce que je disais hier, c'est de la poudre
aux yeux.
Voici un autre exemple frappant, c'est qu'en repassant les
prévisions de l'Office de développement de l'est du
Québec, nous ne trouvons pas grand-chose de nouveau, nous ne trouvons
rien de réellement spécial qui devrait constituer des
investissements massifs dont nous avons parlé et dont a fait état
la publicité. Nous ne trouvons pas grand-chose.
M. BEAUDRY: M. le Président, au sujet des projets
d'exécution du plan prévu pour 69/70, nous avons atteint
$1,580,000 en ce qui relève du ministère. Je ne sais pas les
montants qui proviendront d'autres ministères, mais en ce qui...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Et oui, nous avons...
M. BEAUDRY: ... relève du ministère de l'Industrie et du
Commerce, direction des pêcheries, cette année nous
dépenserons $1,580,000.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Ici nous avons dans ce budget, qui nous a
été remis par l'Office de développement de l'Est du
Québec, un montant de $1,481,800 comme projets approuvés pour
l'année 69/70, dont $915,000 payables par le fédéral et
$566,000 payables par le provincial.
Ce que je dis, c'est que, même s'il n'y avait pas eu de plan ou
d'entente, ce seraient ces montants-là, ou à peu près, que
nous retrouverions dans le budget annuel du ministère. Et, c'est ainsi
dans tous les ministères. Et pourtant, la publicité du
gouvernement est à l'effet que les gens du territoire reçoivent
$250 millions qui vont relever leur standard de vie et la situation
économique de la région.
Je dis que ce ne sont pas des mesures dynamiques, des mesures qui
comportent des investissements massifs et qui vont régler la situation.
Pas plus au ministère de l'Industrie et du Commerce, pas plus dans le
domaine des pêcheries que dans les autres domaines, à moins
et je reviens avec ce souhait que les ministres concernés,
particulièrement celui que nous avons devant nous aujourd'hui, le
ministre de l'Industrie et du Commerce, s'appliquent à voir que, si
cette entente est renégociée avec le gouvernement
fédéral, le développement industriel, et
particulièrement le développement des pêcheries, soit une
priorité dans cette renégociation et dans la nouvelle entente
à être signée par les deux gouvernements. Autrement, c'est
« rire du monde », comme on dit par chez nous.
M. LACROIX: En somme il n'y a rien de prévu qui soit de nature
à aider le pêcheur dans son travail, à lui permettre de se
procurer les outils nécessaires pour travailler de façon
économique, raisonnable et valable. Le gouvernement n'a à son
programme encore rien, cette année, qui puisse donner suite aux espoirs
qu'avait laissé naître le Bureau d'aménagement de l'est du
Québec et, depuis, l'Office de développement de l'est du
Québec
M. BEAUDRY: M. le Président, je prends bonne note des suggestions
des députés de Bonaventure et des Iles-de-la-Madeleine et je peux
leur dire qu'au ministère nous avons déjà commencé
à étudier une renégociation pour le printemps 1970. Ils
peuvent être assurés que nous ferons tout notre possible pour
essayer de trouver des formules pour que les régions de Gaspé et
des Iles-de-la-Madeleine puissent se développer d'une manière
satisfaisante.
M. LACROIX: Maintenant, M. le Président, est-ce que le ministre
pourrait nous dire à quel endroit on peut trouver, dans la discussion du
budget, les montants affectés à la mise en application de la Loi
du prêt maritime?
M. BEAUDRY: Est-ce que vous voulez que je vous réponde pour vos
coques? M. le Président, est-ce que le député des
Iles-de-la-Madeleine désirerait savoir...
M. LACROIX: Oui, oui.
M. BEAUDRY: Il me semble que vous...
M. LACROIX: Pour les coques, il y a un montant affecté pour les
accès à Québec.
M. BEAUDRY: Non, pour les postes de collection.
M. LACROIX: Ah, pour les postes de collection, très bien.
M. BEAUDRY: Oui. Mon ministère reconnaît la
nécessité des postes de collection aux Iles-de-la-Madeleine. En
plus de la prime de la diversification des pêcheurs côtiers que
nous avons donnée en 1968 et que nous nous proposons de continuer en
1969. Il y a à considérer, également, l'entente sur le
Plan de développement de l'est du Québec. Le plan, comme vous le
savez, prévoit la centralisation d'industries des poissons de fond
à Cap-aux-Meules. Il faudra donc des postes de collection à
certains ports éloignés du centre de traitement afin d'assurer
que le poisson, qui sera livré à l'usine, soit de bonne
qualité.
D'autre part, on ne peut évidemment pas construire de tels postes
sur tout le littoral des îles. Il faut donc, à la lumière
des débarquements des dernières années, établir des
priorités avant de faire les recommandations appropriées au
ministère des Travauxpublics. Les services de technologie industrielle
et de planification du ministère de l'Industrie et du Commerce de
même que l'ODEQ ont fait une étude sérieuse du
problème, laquelle est pratiquement terminée. Nous serons donc en
mesure de recommander, sous peu, au ministère des Travaux publics, la
construction d'au moins trois postes de collection aux îles dès
cette année, soit à Grosse-Ile, Pointe-au-Loup et peut-être
à Havre-aux-Maisons. Le choix d'un emplacement pour un quatrième
poste, l'Ile-du-Havre-Aubert, n'est pas encore définitif. Pour ce qui
est de Grande-Entrée, l'entrepôt frigorifique actuel pourra
servir, pour le moment, comme poste de collection pour les poissons de
fond.
Par contre, le député des Iles-de-la-Madeleine comprendra
que la préparation de plans et devis pour ces postes, acquisitions de
terrain et le reste va prendre quelque temps et que, même si tout
marchait rondement, ces postes ne seront pas terminés avant la fin de
l'été 1969.
Je puis assurer le député des îles que nous ferons
tout notre possible pour accélérer la réalisation de ce
projet.
M. LACROIX: M. le Président, les postes de collection aux
Iles-de-la-Madeleine, naturellement, les pêcheurs ne s'y sont pas
opposés, loin de là. Par contre, quand on parle, pour toute la
région de l'est des îles, soit Grande-Entrée, Grosse-Ile et
Pointe-au-Loup, de construire un poste à Grosse-Ile et un poste à
Pointe-au-Loup, je pense qu'on oublie le fait que les meilleurs fonds de
pêche se trouvent dans ce district-là et que non seulement
je ne sais pas exactement mais lorsqu'on prévoit une somme de
$10,000 pour la construction d'un poste de collection, je ne crois pas que ce
soit un endroit où il y aura un entrepôt frigorifique. Ce sera
avec de la glace où on pourra entreposer le poisson et il faudra le
transporter.
Si l'on considère le coût de la construction du poste de
collection, le coût de la glace, le salaire des personnes qui devront
assurer l'entretien, la réception du poisson, la pesée,
l'entreposage et le transport de Grande-Entrée, Grosse-Ile,
Pointe-au-Loup à Cap-aux-Meules où on veut faire la
centralisation du poisson,
on verra que l'on s'engage dans une dépense très
considérable et qui ne permettra pas toujours la livraison de poisson de
bonne qualité à l'usine de Cap-aux-Meules.
Je ne sais pas si au ministère on a pris en considération
le fait qu'à l'usine de Cap-aux-Meules un « plate freezer »
supplémentaire avait été demandé. Il n'a pas
été livré et à cause de cela, l'usine ne s'engage
pas à recevoir tout le poisson des pêcheurs côtiers. Cela
s'explique très bien.
Lorsque dix, quinze ou dix-huit chalutiers viennent livrer le poisson
à l'usine de Cap-aux-Meules, que le bateau est au quai, qu'il doit
décharger sa cargaison le plus rapidement possible à cause du
fait que la glace manque à bord du bateau, si l'usine accepte le poisson
du pêcheur côtier, à ce moment-là, il se perdra du
poisson dans le chalutier côtier. Le capitaine et les membres de
l'équipage n'accepteront pas ce fait-là et dans d'autres cas, les
usines étant elles-mêmes propriétaires du chalutier, elles
n'accepteront pas de perdre leur poisson pour accepter celui du pêcheur
côtier.
J'ai demandé au ministère, et je le demande encore, qu'une
étude plus approfondie soit faite et qu'on étudie la
possibilité pour le gouvernement, par l'entremise de la SGF ou par toute
autre possibilité ou tout autre moyen, de devenir partenaires, s'il le
faut, avec l'usine Grindstone Fisheries afin que celle-ci puisse se
réorganiser de façon à fonctionner et recevoir à la
Grande-Entrée, là ou les fonds de pêche sont les meilleurs,
là où il y a le meilleur port de pêche, le meilleur havre
des Iles-de-la-Madeleine, un havre naturel où les bateaux des autres
coins des îles vont s'abriter lorsqu'il y a tempête.
On devrait cesser de regarder ce qui n'est pas bon dans le plan
d'aménagement et regarder ce qu'il y a de bon. Essayer et croire
et M. Pelletier, je crois, s'en est rendu compte essayer de forcer la
main des populations de Grande-Entrée, de Grosse-Ile et de
Pointe-au-Loup pour les déménager au centre des îles, c'est
de la pure utopie. Ceux qui préconisent cela, ce sont des gens qui n'ont
aucun sens de la responsabilité et qui n'ont aucun sens pratique, qui ne
comprennent rien aux pèches. Quand des gens comme cela, qui se pensent
responsables, viennent préconiser la centralisation, à
Cap-aux-Meules, et de la population et des pêcheries, ce sont des gens
qui rêvent en couleur. Quand on dit qu'on économisera des sommes
importantes, parce que nous n'aurons pas besoin d'entretenir les routes qui se
rendent vers l'est, c'est encore de l'utopie, puisque, de toute façon.
Il faudra se rendre aux centres de pêche, et les meilleurs fonds de
pêche... Sur 2,700,000 livres de homard qui ont été
capturées aux Iles-de-la-Madeleine, l'an passé, près de 2
millions de livres ont été capturées dans l'est. Si les
pêcheurs de l'est avaient su avant les avantages de la nouvelle
législation, les avantages de la prime à la productivité,
un grand nombre de bateaux seraient demeurés en pêche; vous auriez
vu quelle quantité de poisson les pêcheurs côtiers peuvent
apporter aux usines, particulièrement les pêcheurs de l'est.
Avant de penser à fermer les entrepôts frigorifiques de
Grande-Entrée, avant de penser à priver tous ces
pêcheurs-là des facilités de gagner leur vie, on devrait
étudier les possibilités financières, aider le
propriétaire de l'entreprise afin qu'il puisse repartir. Le
gouvernement, il lui est arrivé par l'entremise de la SGF d'entrer dans
des entreprises qui n'étaient pas rentables, parce qu'il n'y avait pas
le fonds de roulement nécessaire. L'entreprise de Grindstone Fisheries
est aussi rentable que celle de la coopérative centrale ou celle de
Gorton Pew, pour autant qu'il y aura un fonds de roulement satisfaisant. Le
gouvernement pourrait avoir quelqu'un qui contrôlerait les
opérations. Ce serait une bonne chose pour toute la partie de l'est des
Ûes.
Si le ministre veut regarder en arrière, il verra qu'autrefois
mille pêcheurs côtiers, avec un investissement total d'à
peine un demi-million, apportaient plus de poisson aux usines qu'aujourd'hui 25
chalutiers et tous les bateaux qu'on a. Les pêcheurs côtiers
le poisson est là il s'agit de leur donner la facilité
d'aller le prendre et la facilité de le livrer en bon état
à l'usine. Je suis convaincu qu'actuellement on fait fausse route en
donnant suite aux recommandations qui ont été faites de fermer
tout ce qu'il y a dans le bout de l'est des îles afin d'amener la
population à déménager. M. Pelletier a pu s'en rendre
compte, celui qui va aller dire aux gens de Grande-Entrée et aux gens de
Grosse-Ile et de Pointe-au-Loup qu'ils doivent s'en venir à
Cap-aux-Meules, il est mieux de mettre ses bottes de sept lieues, parce qu'il
va falloir qu'il coure vite. La population n'est pas prête à
déménager, et avec raison! Si les fonds de pêche
déménageaient avec la population, je serais d'accord. Mais je
doute que les poissons consentent à déménager en
même temps que la population.
Je pense qu'on devrait faire un effort considérable afin de
permettre la réouverture de l'usine de la compagnie Grindstone Fisheries
à la Grande-Entrée. En préconisant les bateaux
côtiers polyvalents que nous avons, nous pourrions certainement permettre
à cette usine de
traiter une quantité de poissons encore plus considérable
que celle qui est traitée par l'usine de la coopérative
centrale.
Il ne faut pas oublier également qu'à la
Grande-Entrée, c'est l'endroit où l'on peut le plus facilement
pêcher le hareng d'automne. Cela pourrait permettre une entreprise encore
rentable parce que le « fish meal », la farine de poisson, il est
drôle que chez nous aux Îles, on dise que ce n'est pas rentable et
que personne ne fait de l'argent avec cela.
J'ai ici le bilan de United Maritime Fisherman Ltd et l'usine qu'ils
ont, l'usine de farine à poisson, l'an passé, a
réalisé un profit cette usine est établie au
Nouveau-Brunswick, le nom m'échappe de $19,949. Dans le rapport
du bureau de direction, on dit que naturellement, cette usine n'a pas
opéré à pleine capacité à cause du manque de
bateaux pour approvisionner l'usine en poisson, à cause du manque de
connaissances techniques des employés, étant donné que
c'est une nouvelle usine, et malgré tout cela, ils ont payé le
poisson, le hareng $2.50 le quart, c'est-à-dire 260 livres, le baril, et
nous autres, aux Iles, nous le payions $1.25.
Je pense qu'il y aurait possibilité d'étudier la
possibilité d'améliorer la situation et je pense que Grindstone
Fisheries, il y a quelques années d'ailleurs, une compagnie était
intéressée à venir établir une usine de farine de
poisson à la Grande-Entrée. Mais on nous afait des
difficultés parce qu'on disait que le transport de
l'électricité ne serait pas possible.
De toute façon, depuis 1963, depuis qu'on a commencé
l'étude du Plan d'aménagement de l'est du Québec, on a des
gens qui ont une marotte: transporter toutes les îles au centre, ce
serait l'idéal. Mais je ne crois pas que ce soit réalisable.
Actuellement, il faudrait faire quelque chose. Je demande au ministre de
demander à ses fonctionnaires d'étudier de façon
objective, comme ils sont capables de le faire, la situation de la partie est
des Iles-de-la-Madeleine et Je pense qu'à la Grande-Entrée,
à la Grosse-Ile et à Pointe-au-Loup, il y a possibilité
d'obtenir, avec l'usine de la Grande-Entrée en opération, un
niveau de vie pour cette population qui soit équivalent à celui
des autres parties des Iles-de-la-Madeleine.
C'est une chose qui est urgente, M. le Ministre, et je demande par vous,
M. le Président, au ministre d'apporter une attention tout à fait
particulière à l'étude de ce cas parce que cela devient
urgent. Comme le ministre nous a dit tantôt que le député
de Iles-de-la-Madeleine comprendra qu'à cause de la préparation
des plans, des demandes de soumissions, de la cons- truction, cela ne sera pas
prêt avant la fin de l'été, nous sommes en face d'une
situation où le ministère a adopté une politique pour
encourager les pêcheurs à poursuivre leur travail, pendant une
période plus longue, soit après la période de pêche
du homard, les pêcheurs arriveront au quai avec leur poisson et ne
pourront pas le livrer en bon état pour la majeure partie, à
l'usine.
L'usine ne paiera pas le poisson, et nous serons encore devant cette
situation où le pêcheur montera son bateau en arrière de sa
maison et il sera forcé d'aller au bien-être social. Parce que
nous sommes encore vis-à-vis de la situation intelligente que nous avons
connue assez récemment où celui qui allait pêcher et qui
rapportait 500 livres de poisson à la fin de la journée, il avait
gagné $20, il avait $15 de dépenses et deux hommes à bord
du bateau, il n'avait pas droit à l'assistance sociale. Par contre,
celui qui avait attaché son bateau à l'arrière de la
maison, il était en chemise blanche et une cravate au cou, il allait au
quai voir les « deux fous » arriver, et il recevait l'assistance du
bien-être social. Nous serons encore vis-à-vis de cette situation,
et je pense que cela n'est pas très encourageant pour les personnes qui
veulent travailler et vivre du fruit de leur travail.
M. BEAUDRY: M. le Président, je prends bonne note de la
suggestion du député des Iles-de-la-Madeleine. Il peut être
assuré que la direction des pêcheries se penchera sur le
problème qu'il vient de nous citer, et nous allons nous efforcer d'y
trouver une solution le plus tôt possible.
M. LACROIX: Dans votre énumération, tout à l'heure,
vous aviez un montant pour les équipages de terre, est-ce qu'il n'est
pas question d'ajouter un équipage de terre supplémentaire aux
Iles-de-la-Madeleine, cette année? Etant donné l'Importance de la
flotte et des besoins.
M. BEAUDRY: Actuellement, nous avons un montant pour la mise en place de
deux équipages de terre, et nous avons favorisé deux endroits
où Il y a plus de bateaux, soit Newport et Rivi?re-au-Renard.
M. LACROIX: L'autre jour, le ministre responsable de l'Office de
développement de l'est du Québec, lorsque nous nous sommes
rencontrés ici, je pense que c'était M. Pelletier, à ce
moment là, il était question qu'on ajoute à
l'équipage de terre déjà existant aux
Iles-de-la-Madeleine, un autre équipage.
M. BE AUDRY: L'équipage qui va à Havre-
Aubert est déjà desservi par l'équipage qui va
à Cap-aux-Meules.
M. LACROIX: Oui, mais le ministre sait que cela n'est pas suffisant.
L'an dernier, on s'est plaint, particulierement. Les bateaux qui sont
attachés à l'usine de la coopérative centrale, peuvent
difficilement bénéficier des avantages de l'équipe de
terre puisque la compagnie Gorton Pew n'a même pas le personnel pour
suffire à ses propres besoins. Et ce n'est pas par mauvaise
volonté de la part de la compagnie Gorton Pew. C'est parce qu'elle n'a
pas assez de personnel pour satisfaire aux besoins.
M. BEAUDRY: Cette année, M. le Président, la centrale et
la Gorton Pew auront chacune leur équipe respective.
M. LACROIX: En fait, on subdivise l'équipe pour que les deux
entreprises puissent être desservies.
M. BEAUDRY: Exactement, M. le Président.
M. LACROIX: Est-ce qu'on a ajouté du personnel ou si c'est
seulement le même personnel qui est subdivisé?
M. BEAUDRY: On m'informe, M. le Président, que cela
relèvera des entreprises de voir à ce qu'il y ait plus de
personnel, à ce qu'il y en ait davantage.
M. LEVESQUE (Bonaventure): M. le Président, nous pourrions
peut-être procéder et adopter les articles ordinaires du budget,
sauf pour cette réserve. C'est que nous aurions quelques questions
concernant, en particulier, la pêche hauturière, le secteur
secondaire, c'est-à-dire, les entreprises de transformation, les usines
de transformation du poisson ainsi que le prix payé aux
pêcheurs.
Ceci, évidemment, n'entre pas directement à un endroit ou
à l'autre. Peut-être qu'on peut les rentrer dans la direction de
l'économique. Pour avancer les choses nous pourrions adopter certains
articles du budget, si vous êtes d'accord, M. le Président, et
ensuite réserver, disons pour le début de la séance de
demain, certaines autres considérations avant d'adopter l'article en
entier.
M. BEAUDRY: D'accord.
M. LACROIX: De toute façon, comme je me suis entendu avec mon
collègue de Bonaventure, je voudrais parler de la pêche
côttère, de la pêche hauturière, de la Loi du
crédit maritime. Comme il peut arriver qu'au cours de l'étude des
articles, article par article, on puisse vider la question, si à la fin
des articles concernés il y a des sujets qui n'ont pas été
touchés, le ministre nous permettra de lui faire des observations
concernant ces différents sujets.
M. BEAUDRY: Il me fera grandement plaisir de répondre à
toutes vos questions.
M. LACROIX: Vous êtes bien aimable.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Dans l'article « administration
», sous-article 1, je n'aurais qu'une remarque à faire. Il me
semble que le budget a plus que doublé et pourtant le nombre
d'employés a diminué. Est-ce que le ministre pourrait nous donner
une explication?
M. BEAUDRY: L'an dernier, il y en avait trois au budget. Cette
année, nous avons transféré deux postes à
l'Exécutif...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui, mais si je lis simplement ce qui est
écrit ici au budget, à la page 101, je vois que l'an
passé, il y avait six employés. Cette année, il y en a
cinq de prévus. Donc, une diminution d'une personne. Et, pourtant le
budget, l'an dernier, était de $27,900 et cette année de$57,600.
Est-ce qu'il y a erreur dans la présentation du budget?
M. BEAUDRY: Il y a eu un poste d'abandonné. L'an dernier, il y
avait six personnes. Cette année, nous en prévoyons cinq. Sur les
cinq, il y en a deux qui ont été affectées au Conseil
exécutif. Ces deux-là n'apparaissent pas dans le montant de
$27,900.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Normalement, lorsqu'ils n'apparaissent pas,
on n'est pas supposé indiquer s'ils sont trois au lieu de cinq, ou trois
au lieu de six.
M. LACROIX: Quelles sont ces cinq personnes qui sont à la
Direction des pêcheries?
M. BEAUDRY: Pardon?
M. LACROIX: Quelles sont ces cinq personnes qui sont à la
Direction générale des pêcheries?
M. BEAUDRY: Un administrateur, un attaché d'administration, un
coordonnateur régional, un
secrétaire, une sténo-secrétaire et une
sténographe.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Et l'an dernier?
M. BEAUDRY: Le poste de coordonnateur régional a
été rempli seulement dernièrement. Le poste
abandonné est celui de sténo-dactylo.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Comment peut-on expliquer qu'on avait, l'an
dernier on explique bien qu'il y avait six postes, l'an dernier, et
cette année, cinq c'est-à-dire qu'il y a une
sténo-dactylo de moins, mais lorsque l'on regarde les salaires, on
arrive à $27,900 l'an dernier et $57,600 cette année. Je dis
qu'il y a soit une erreur dans la présentation du budget, soit une
augmentation pour laquelle nous devrions avoir des explications.
M. BEAUDRY: M. le Président, l'an dernier, il y avait 6 personnes
pour un montant de $57,600. Cette année, il y en a cinq dont deux sont
affectées au Conseil exécutif. Donc il reste trois personnes
à $27,900.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Non, c'est le contraire.
M. BEAUDRY: Excusez.
M. LACROIX: Il devait y avoir une sténo qui devait être
belle, parce qu'elle a eu une grosse augmentation de salaire.
M. LEDUC (Laviolette): Surtout efficace.
M. LACROIX: Un homme d'affaires tient toujours compte de cela.
M. BEAUDRY: L'an dernier, les deux personnes qui ont été
mutées au Conseil exécutif n'ont pas été
ajoutées au montant de $27,900. Il y avait un poste vacant.
M. LEVESQUE (Bonaventure): C'est assez curieux! Il arrive souvent que
nous ayons à étudier les budgets depuis quelques années et
c'est la première fois qu'un cas comme celui-là se
présente, à ma connaissance. A moins qu'il y ait erreur.
M. BEAUDRY: Non, il n'y a pas erreur. Dans les deux postes, au point de
vue du nombre, ils ne l'ont pas enlevé et au point de vue des dollars et
cents, ils ne l'ont pas ajouté. Si, sur les $27,900...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Alors, pour que les chiffres concordent, il
aurait fallu lire trois au lieu de six.
M. BEAUDRY: D'accord, monsieur.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Alors, il y a erreur.
M. BEAUDRY: Il y a erreur au point de vue du nombre. Exact!
M. LEVESQUE (Bonaventure): Bon, cela va. Si on me dit qu'il y a erreur
dans la présentation du budget, je vais comprendre, mais c'est difficile
à comprendre tel que c'est présenté.
M. BEAUDRY: D'accord, monsieur.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Alors, il faudrait lire trois au lieu de six,
pour correspondre au chiffre de $27,900.
M. BEAUDRY: Oui, monsieur.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Alors, adopté.
M. LACROIX: Alors, deux personnes de plus et $30,000 d'augmentation.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Non.
M. LACROIX: Oui. Il y en avait trois pour $27,000 et là, il y en
a cinq pour $57,000. Espérons que ce soit productif.
M. BEAUDRY: Parce qu'il y en a deux qui ont été au budget
de mai à mars seulement.
M. LACROIX: En tous cas. ...et deux sténos.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Alors je suis d'accord pour adopter le
sous-article 1.
M. LACROIX: La contribution du fédéral, nous l'acceptons.
Personne n'a d'objection.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Le sous-article 2, nous serions prêts
à l'accepter si le ministre pouvait tout simplement nous indiquer dans
quelle catégorie de fonctionnaires se situe l'augmentation de 71
à 82 dans le sous-article 1? Est-ce qu'il s'agit de biologistes ou
est-ce qu'il s'agit d'effectifs de bureau?
M. BEAUDRY: Cela comprend un ingénieur, un spécialiste en
sciences physiques, un agent de bureau, un commis de bureau, une
sténogra-
phe, trois techniciens en équipement
électrique-mécanique et trois techniciens en laboratoire.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Maintenant, ces gens ne sont pas encore
engagés?
M. BEAUDRY: Ils ne sont pas encore engagés, M. le
Président.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Maintenant, si je comprends bien, il s'agit
ici d'une augmentation qui serait justifiée, disons, par certains
travaux de recherches prévus avec l'accord
fédéral-provincial?
M. BEAUDRY: Exact, M. le Président.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Alors, lorsque ces travaux seront
terminés, que fera le ministère avec ces gens? Autrement dit,
est-ce que le ministère engage ce personnel d'une façon
permanente?
M. BEAUDRY: Monsieur, nous savons que les pêches en ont tellement
besoin que nous allons, lorsque les travaux seront terminés, essayer de
donner une expansion à l'activité existante avec ces mêmes
personnes.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Le gouvernement se rend compte que, dans tous
les programmes à frais partagés où l'on volt très
souvent l'engagement de spécialistes de diverses disciplines, il y a une
tentation de la part du gouvernement de profiter des montants mis à la
disposition du gouvernement provincial pour la réalisation de certains
objectifs.
Mais je crois que le gouvernement doit être très conscient
que le programme terminé, les fonctionnaires qu'il aura engagés
resteront 3. la charge entière du gouvernement du Québec. Je
crois que cela devrait être une considération qui n'échappe
pas au ministre de l'Industrie et du Commerce ainsi qu'au ministre des
Finances. Lorsque l'on développe certains projets dans la construction,
à ce moment-là, une fois la construction terminée, les
dépenses cessent. Mais lorsqu'on engage du personnel additionnel pour
des projets particuliers, il ne faut pas oublier que si on engage ces gens
d'une façon permanente, cela va bien tant que le gouvernement
fédéral contribue à 60% ou 75% du montant des salaires
payés. Il faut aussi réaliser qu'une fois le projet
terminé le gouvernement restera avec ses effectifs augmentés et
que le gouvernement du Québec sera appelé à
défrayer entièrement les salaires de ces gens.
M. BEAUDRY: Je suis conscient du problème, M. le
Président, mais nous savons également qu'il y a tellement
à faire dans les pêcheries qu'actuellement, même au
ministère on se plaint de manque de personnel et je ne crois pas, dans
le cas plus précisément que le député de
Bonaventure vient de mentionner, que nous n'ayons rien à faire faire
à ces employés. Nous voulons donner une expansion au domaine des
pêcheries et je crois que ces employés nous seront utiles.
Excusez-moi, M. le Président, si je reviens en arrière mais,
lorsque nous parlions tout à l'heure d'ouvrir des comptoirs à
poisson, je ne vois pas tellement bien l'idée d'engager des
employés additionnels pour qu'après, si nous décidions
d'abandonner un tel projet, nous restions, si on peut dire «
collés » avec ces mêmes personnes. Alors, je partage
l'opinion du député de Bonaventure a ce sujet.
M. LACROIX: Il est six heures, M. le Président.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Si nous pouvions simplement...
M. LACROIX: Non, j'avais des questions à poser.
M. BEAUDRY: Si mes honorables collègues veulent continuer une
demi-heure, trois quarts d'heure...
M. LACROIX: Non, vous allez vous ennuyer, seulement une demi-heure,
trois quarts d'heure qu'on vous garde, cela n'aura pas de bon sens. On peut
passer l'article 1 mais les autres articles, l'article 6.
M. LE PRESIDENT: Traitements, adopté. UNE VOIX: Oui.
M. LACROIX: Nous pouvons considérer que le ministre a certaines
difficultés à recruter le personnel compétent qu'il lui
faut à son ministère, si j'interprète bien ses paroles de
tantôt.
M. LE PRESIDENT: Frais de voyage. UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 2, adopté. Sous-article 3: Frais de
voyage, adopté. Sous-article à: Matériel, articles de
bureau, impressions, abonnements.
M. LACROIX: Au sous-article 6, j'aurais des
questions à poser. De toute façon, nous ne pouvons pas
finir ce soir.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 5 adopté.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Sous-article à, adopté. Nous
nous arrêterions là et puis...
M. LACROIX: Nous en aurons assez.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Il y a évidemment des articles
à venir et qui ont été un peu épuisés.
M. BEAUDRY: Je suis à votre entière disposition et il me
fait plaisir...
M. LACROIX: Le président nous a bien avertis de le garder
longtemps. Il dit: J'aime ça l'étude des crédits. Alors,
comme nous ne pouvons rien lui refuser.
M. BEAUDRY: Alors, nous ajournons à demain, à trois heures
trente.
M. LE PRESIDENT: Demain à trois heures et demie.
(Fin de la séance; 18 h 8)
Séance du 17 avril 1969
(Quinze heures quarante trois minutes)
M. SIMARD (président de la commission de l'industrie et du
commerce): A l'ordre, messieurs!
M. LACROIX: Nous étions rendus au poste budgétaire 7:
Direction générale des pêcheries, article 2: Direction de
la recherche, sous-article 6: Matériaux, fournitures et
approvisionnements...
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 7, article 2, sous-article
6?
M. LACROIX: Oui; il y a une augmentation de $150,000 dans les
matériaux, fournitures et approvisionnements. Est-ce que vous pourriez
nous dire à quoi serviront ces montants?
M. LE PRESIDENT: Nous sommes au poste budgétaire 7, article 2,
sous-article 6.
M. LACROIX: Page 102.
M. BEAUDRY: Vous m'avez posé une question sur les $420,000?
M. LACROIX: Oui, il y a une augmentation de $150,000 au sous-article
6.
M. BEAUDRY: Le montant de $420,000 prévu pour 69-70 servira aux
laboratoires de la direction de la recherche, à l'exécution des
projets conjoints fédéraux et provinciaux et, également,
à l'exécution des projets de recherches se rapportant à
l'exécution du plan de l'ODEQ.
Les détails des dépenses prévues sont les
suivants:
Un montant de $49,000 est attaché à l'aquarium.
Désirez-vous avoir les détails de ce montant de $49,000?
M. LACROIX: Non, non.
M. BEAUDRY: Il y a la station biologique marine, divers appareils
scientifiques tels que marégraphes, microscopes, équipements de
plongée et de photographie pour un montant de $19,000.
M. LACROIX: C'est à Grande-Rivière?
M. BEAUDRY: C'est à Grande-Rivière, M. le
Président. Ensuite, vous avez pour la station
biologique marine, du carburant, des agrès de pêche pour
une valeur de $à,000. Ce qui fait un montant de $25,200 au total.
Vous avez le service de technologie industrielle pour un montant de
$13,500.
Gaz propane: $500.
Appareils scientifiques: $4,000.
Produits chimiques: $3,000.
Matériaux: $1 500.
Entretien et réparation d'appareils: $1,500.
Aménagement de locaux: $3,000.
Ensuite vous avez des projets conjoints
fédéraux-provinciaux: épuration des mollusques: $15,000;
essais de transformation de produits nouveaux: $24,000; machineries pour le
traitement du poisson: $15,000; transformation des poissons pélagiques:
$à,000; préparation de morue « boneless »: $10,000;
décongélation du poisson: $à,000; tables de tranchage pour
Blanc-Sablon: $12,000; concentrés de protéines de poisson;
$16,000; imprévus; $3,500; relevés des algues marines; $10,000;
relevés des bancs de mollusques; $15,000.
Nous avons la continuation des projets
fédéraux-provinciaux. Pêches expérimentales du
hareng: $36,000; pêches expérimentales des crabes: $16,000;
pêches expérimentales aux lumières: $20,000; culture des
moules aux Iles-de-la-Madeleine: $10,000; pêches expérimentales
sur la basse Côte-Nord: $15,000; imprévus: $à,000;
expériences en rapport avec l'exécution du plan de l'ODEQ:
$100,000 sur un total de $232,500. Il s'agit surtout de pousser plus avant les
projets conjoints énumérés plus haut, pour un total de
$420,000.
M. LACROIX: Il y a aux Iles-de-la-Madeleine, à Gros-Cap, un
laboratoire qui est utilisé par le ministère de l'Industrie et du
Commerce. On semble délaisser quelque peu ce laboratoire. Quelles sont
les intentions exactes du ministère quant aux travaux du laboratoire au
Gros-Cap étant donné que ce laboratoire, aux
Iles-de-la-Madeleine, est très important ou devrait être
très important, puisque le coeur des pêcheries maritimes de la
province de Québec devrait être situé aux
Iles-de-la-Madeleine là où il y a du poisson et là aussi
où il y a de bons pêcheurs.
Tout à l'heure le ministre a mentionné les dépenses
qui devront être faites au point de vue des recherches, des
pétoncles, du hareng, du crabe et de la pêche au hareng, aux
lumières. Ces expériences doivent-elles se poursuivre
particulièrement dans le golfe Saint-Laurent, aux alentours des
Iles-de-la-Madeleine?
M. BEAUDRY: Les expériences doivent se faire partout dans le
golfe actuellement et, comme vous le savez, pour ces expériences, nous
devons employer des unités mobiles. Etant donné que le centre de
recherche est situé à Grande-Rivière, nous croyons au
ministère, que cela doit se continuer, pour la grande partie, dans la
région de Gaspé, soit à Grande-Rivière. Par contre,
des expériences se font à l'étendue du golfe et ce sont
plutôt des expériences mobiles à bord de bateaux.
M. LACROIX: Est-ce à dire que le ministère a l'intention
de délaisser de plus en plus le laboratoire du Gros-Cap aux
Iles-de-la-Madeleine qui, tout de même, fonctionnait de façon
raisonnable tout en étant sous la responsabilité de
Grande-Rivière?
M. BEAUDRY: On m'informe que ces laboratoires n'ont à peu
près pas servi depuis trois ou quatre ans et que, de plus en plus nous
allons nous servir de laboratoires modernes.
M. LACROIX: Mais vous ne croyez pas, qu'étant donné la
situation particulière des Iles-de-la-Madeleine, que nous devrions
donner à ce laboratoire plus d'importance et avoir des biologistes qui y
travaillent de façon plus efficace, certainement, sur les lieux
où il y a les meilleurs bancs de pêche, où il y a,
également, et je vois dans le rapport du ministère des
Pêcheries que l'on veut faire des recherches sur les algues marines et
qu'on veut le faire aux alentours des Iles-de-la-Madeleine. Est-ce que vous ne
croyez pas que ce qui existe aux Iles-de-la-Madeleine devrait être non
seulement maintenu, mais amélioré?
M. BEAUDRY: De plus en plus, nous avons des difficultés à
recruter des biologistes pour aller travailler en dehors des grands centres.
Deuxièmement, les instruments des laboratoires devenant de plus en plus
dispendieux, nous tentons de centraliser nos opérations et, nous avons
choisi Grande-Rivière, pour centraliser les recherches pour les deux
raisons que je viens de vous mentionner.
M. LACROIX: Je vous dirai que, quand on dit que les gens, de plus en
plus, hésitent à quitter les grands centres, quand on parle de
Grande-Rivière ou des Iles-de-la-Madeleine, je pense que la
différence, c'est pas mal du pareil au même.
Quant aux instruments, ils sont dispendieux, Je l'admets. Mais il reste
que si l'on veut faire du travail efficace, n'est-on pas mieux pour travailler,
même avec des laboratoires mobiles,
près du lieu où il y a les matières sur lesquelles
on doit faire des recherches?
Mais, de toute façon, avant de passer à un autre article,
je voudrais dire au ministre qu'il devrait voir à ce que, très
bientôt, quelque chose soit fait. Parce que le laboratoire du Gros-Cap,
vous allez le ramasser dans l'océan, très bientôt. Il y a
érosion, la mer s'infiltre et, actuellement, c'est rendu à peu
près à 150 pieds du laboratoire. Au rythme actuel, je crois que,
d'ici deux ans, le laboratoire ne sera plus sur la terre, il sera dans la mer.
Ce sera peut-être plus efficace, on fera du travail aussi bon qu'à
l'heure actuelle.
M. BEAUDRY: M. le Président, actuellement, il a été
décidé au ministère que nous allons fermer le laboratoire
du Gros-Cap. Ces mêmes bâtisses ont été remises au
ministère des Travaux publics pour qu'il en dispose
éventuellement.
Je prends bonne note des remarques du député des
Iles-de-la-Madeleine et vous pouvez être assurés, pour ce qui est
de l'affectation de ces bâtisses, que je contacterai mon collègue
des Travaux publics pour voir où il en est rendu.
M. LACROIX: Pour les démolir, nous n'avons pas besoin de deux
ministres. Nous serions capables de le faire tout seuls. Mais, ce que nous
espérerions, c'est qu'au point de vue des pêcheries, quand nous
parlions dans le passé des pêcheries dans la province de
Québec, naturellement, quand nous parlons des pêcheries
commerciales, nous parlons toujours en fonction de la Gaspésie, les
Iles-de-la-Madeleine ont toujours été considérées
seulement quand le ministère avait du temps de reste. Je pense que ce
mouvement-là, à l'heure actuelle, devrait être
inversé.
Le gouvernement investit des centaines et des centaines de milliers de
dollars et des millions en Gaspésie, là où il n'y a pas de
fonds de pêche et là où il n'y a pas les meilleurs
pêcheurs. Et pourtant, les Iles-de-la-Madeleine sont l'endroit
idéal où le coeur des pêcheries commerciales de la province
devrait être situé. Et, de plus en plus, le ministère, au
lieu d'aller vers l'endroit idéal, l'endroit raisonnable, le seul
endroit valable, s'en éloigne de plus en plus.
Est-ce que le ministre, qui est un homme d'affaires averti, croit que
c'est une situation valable?
Pour une fois que nous avons un ministre des pêcheries qui ne
vient pas de la Gaspésie, il pourrait peut-être considérer
nos problèmes de façon objective. Et si ses fonctionnaires ont
été un peu mal initiés, peut-être pourrait-il les
ramener à de meilleurs sentiments vis-à-vis des
Iles-de-la-Madeleine qui nous sont toutes chères.
M. BEAUDRY: M. le Président, je pense que l'honorable
député des Iles-de-la-Madeleine est un peu acerbe...
M. LACROIX: Non, du tout.
M. BEAUDRY: ... envers le ministre et ses fonctionnaires.
M. LACROIX: Je veux être bien gentil à l'endroit du
ministre. Ses fonctionnaires sont des gens compétents, mais qu'est-ce
que vous voulez, ils ont toujours travaillé avec des gens de la
Gaspésie.
M. BEAUDRY: M. le Président, vous pouvez être assuré
en ce qui concerne les pêcheries je sais que je ne suis pas de la
région que Je prends à coeur les Iles-de-la-Madeleine.
M. LACROIX: Moi non plus, d'ailleurs.
M. BEAUDRY: Il est vrai que les Iles-de-la-Madeleine sont le royaume de
la pêche au Québec. Par contre, je l'ai prouvé
l'été dernier lorsque notre ministère les
fonctionnaires étant conscients de ce fait a apporté une
mesure immédiate pour aider ces gens.
M. LACROIX: Il a fallu vous tirer l'oreille un peu, par exemple.
M. BEAUDRY: En ce qui regarde les recherches, pour vous montrer
jusqu'à quel point nous sommes conscients du problème...
aujourd'hui il n'est pas nécessaire d'avoir la bâtisse sur les
lieux pour faire de la recherche, étant donné que nous tentons de
plus en plus de faire de la recherche mobile. Pour vous en donner l'exemple,
voici ce que nous allons dépenser cette année aux
Iles-de-la-Madeleine. Nous dépensons pour la pêche
expérimentale du hareng $36,000, pêche qui sera faite par
bateau.
M. LACROIX: Pour la pêche au feu ou à la
lumière?
M. BEAUDRY: Est-ce que Je peux finir la nomenclature?
M. LACROIX: Non, je demande... Au fur et à mesure, si vous
voulez, pour éviter... Après cela nous passerons rapidement.
M. BEAUDRY: Oui.
M. LACROIX: Quand vous parlez de $36,000 pour la pêche
expérimentale du hareng, est-ce la pêche au feu ou à la
lumière?
M. BEAUDRY: C'est la pêche au « midwater traw! »,
c'est une pêche expérimentale.
M. LACROIX: Comme vous, je ne comprends rien.
M. BEAUDRY: ... des crabes, $16,000, toujours aux
Iles-de-la-Madeleine.
M. LACROIX: Oui.
M. BEAUDRY: Pêche expérimentale aux lumières, en
bateau, $20,000.
M. LACROIX: Cela, ça allume mieux ma lumière!
M. BEAUDRY: Oui. Et culture des moules aux Iles-de-la-Madeleine,
$10,000. Donc, nous allons dépenser, spécialement pour les
Iles-de-la-Madeleine, $82,000 en recherches. Je veux bien croire que ce montant
n'est peut-être pas suffisant pour les Iles-de-la-Madeleine, mais il me
semble que c'est un montant qui n'a jamais existé au service des
recherches pour les Iles-de-la-Madeleine spécialement. C'est un montant
sans précédent. Je pense que nous avons fait...
M. LACROIX: Est-ce que cela répond...
M. BEAUDRY: ... un effet pour aider les Iles-de-la-Madeleine et, l'an
prochain, nous allons encore montrer notre bonne foi. Si ces recherches
s'avèrent fructueuses et même si elles s'avèrent
infructueuses, il faudra ajouter davantage des montants dans la recherche car
on sait, aujourd'hui, qu'il nous faut être à la recherche
constante de nouveaux produits pour essayer de trouver des
spécialités afin que les pêcheurs puissent augmenter leurs
revenus.
M. LACROIX: Est-ce que c'est un peu en fonction de l'ODEQ, l'Office de
développement de l'Est du Québec?
M. BEAUDRY: Oui, M. le Président, ce sont... M. LACROIX:
Très bien.
M. BEAUDRY: ... les plans conjoints
fédéraux-provinciaux.
M. LACROIX: Adopté. M. CADIEUX: Non, non. M. LACROIX: Non?
M» CADIEUX: J'ai une question. Je suggérerais au
ministère de consulter le député des Iles-de-la-Madeleine
avant de préparer ses budgets parce qu'il a l'air à être au
courant. Disons que pour cette année il est trop tard, mais que, pour
l'an prochain, si vous voulez prendre bonne note...
M. LACROIX: Ce ne serait pas bon, les fonctionnaires sont
habitués à dire non!
M. BEAUDRY: M. le Président, je pense que le député
des Iles-de-la-Madeleine ne manque jamais sa chance d'essayer d'Influencer les
fonctionnaires.
M. LACROIX: Ils disent toujours non. Quand on veut avoir quelque chose,
il faut dire le contraire de ce que l'on désire. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 7, adopté? M. LACROIX: Oui.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 8: Véhicules moteurs et
bateaux.
M. LACROIX: Véhicules moteurs et bateaux, est-ce que ce sont de
nouvelles unités que le ministère a l'intention de mettre en
service, soit pour la protection ou d'autres choses? Non?
M. BEAUDRY: M. le Président, le montant de $105,800 prévu
pour 69/70 est réparti comme suit: achat de carburant et de pneus,
réparation, etc. pour six véhicules automobiles, $à,800;
location de bateaux pour expériences de pêche expérimentale
en rapport avec l'exécution du plan de l'ODEQ, $100,000; pour un montant
total de $105,800. Lors de la préparation du budget de l'ODEQ, un projet
de construction d'un navire de recherches, au coût global de $1 million,
avait été soumis. Le montant de $100,000 prévu en 69/70
aurait servi à la préparation des plans et devis.
M. LACROIX: Maintenant, vous mentionnez « location de bateaux pour
des recherches, $100,000 ». Cela, ce sont des bateaux que vous louez des
pêcheurs?
M. BEAUDRY: Des pêcheurs et des compa-
gnies, monsieur, étant donné que nous avons des
expériences à faire au cours de l'année avec de plus gros
bateaux.
M. LACROIX: Parce qu'il est arrivé fréquemment et
ça, vous savez, ce n'est pas d'aujourd'hui, c'est arrivé dans le
passé également que, pour effectuer des recherches, on
louait les bateaux qui n'étaient plus bons pour faire la pêche, de
façon à empêcher le gars de mourir. Soit que le bateau
n'était plus rentable parce que le pêcheur n'était pas bon
ou que le bateau n'était pas bon. On louait ces bateaux-là, pour
l'une des deux raisons quand ce n'était pas les deux à la fois,
pour effectuer des recherches. Je me demande si c'était toujours
valable.
Je crois que le ministère devrait être très vigilant
de ce côté-là pour que les $100,000 qui servent à.
la location de bateaux, servent à la location de bateaux en bonne
condition et également qu'ils soient dirigés par des
pêcheurs compétents.
M. BEAUDRY: M. le Président, je prends bonne note de
l'affirmation du député, et, si cette affirmation s'avère
vraie, il a absolument raison. Je vais m'efforcer pour qu'elle ne se
répète pas dans l'avenir.
M. LACROIX: Si vous suivez toutes les recommandations que je vous fais,
cela va devenir bien bon. Adopté.
M. BEAUDRY: M. le Président, je pense...
M.LACROIX: Ils diront qu'ils ont un bon ministre, et ils
l'emmèneront aux îles pour essayer de battre le
député.
M. BEAUDRY: M. le Président, Je me demande si le gouvernement
précédent a suivi toutes les directives de l'honorable
député des Iles-de-la-Madeleine.
M. LACROIX: Ce serait pas mal bon. Adopté.
M. LE PRESIDENT: A l'article 3: direction de l'économique.
Sous-article 1.
M. LACROIX: Les trois personnes qui sont ajoutées au personnel,
est-ce que ce sont des spécialistes ou si ce sont seulement des
employés de bureau?
M. BE AUDRY: Ce sont deux agents de recherches socio-économiques
et un agent d'administration.
M. LACROIX: Un agent d'administration. Pour le reste, ce sont des
augmentations normales de salaires. Les personnes supplémentaires que
vous engagez, est-ce que c'est en fonction de l'ODEQ?
M. BEAUDRY: Assurément, les trois.
M. LACROIX: Est-ce que ces trois personnes travailleront à
Québec ou sur le territoire?
M. BEAUDRY: Les trois travailleront à Québec.
M. LACROIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 2: salaires. Adopté?
M. LACROIX: Nous ne dirons pas un mot, cela a diminué.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 3, frais de voyage.
M. LACROIX: Frais de voyage, il doit y en avoir un qui va à
Paris, il y a $7,000 de plus?
M. BEAUDRY: Nous ne voyageons pas souvent.
M. LACROIX: Il va aller au Gabon. M. BEAUDRY: C'est l'inflation. M.
LACROIX: Cela marche encore.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 4, frais de bureau.
M. LACROIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 6: Matériaux,
fournitures et approvisionnements; entretien et réparations des
bateaux.
M. LACROIX: C'est normal.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 7.
M. LACROIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 4: Direction des services
techniques. Sous-article 1: Traitements et indemnités.
M. LACROIX: Le personnel reste le même,
il y a une augmentation de traitements de $126,000. Est-ce qu'il y a eu
mutation ou s'il y a eu du nouveau personnel d'engagé? Du personnel plus
compétent, ou plus spécialisé; on ne doit pas dire
compétent mais plus spécialisé?
M. BEAUDRY: Sur $116,000, M. le Président, $85,812 sont des
augmentations qui ont rapport avec les conventions collectives pour 67 agents
de pêche.
M. LACROIX: Vous n'avez pas beaucoup de pouvoir là-dessus.
M. BEAUDRY: Non, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 2: Frais de voyage.
M. LACROIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 3: Frais de bureau.
M. LACROIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 4: Matériel, articles de bureau,
impressions et abonnements.
M. LACROIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article à: Matériaux,
fournitures et approvisionnements des frigorifiques; entretien des cales
slches.
M. LACROIX: Entretien des cales sèches. Est-ce qu'actuellement,
pour la cale sèche de Havre-Aubert ou le plan de halage, le gouvernement
a l'intention de confier l'administration soit, par exemple, à une
organisation qui pourrait être formée des industriels des
Iles-de-la-Madeleine, soit la compagnie Gorton Pew et la Coopérative
centrale, d'une part, et l'Association des pêcheurs hauturiers, d'autre
part, et les pêcheurs côtiers, également?
M. BE AUDRY: M. le Président, Je dois vous avouer qu'au
sous-article à: Entretien des cales sèches, matériels,
c'est une erreur; ce sous-article appartient aux Travaux publics, ce sont les
Travaux publics...
M. LACROIX: ... qui font cela. Ce sont les Travaux publics
également qui administrent le plan de halage. C'est une chose, M. le
Président, que Je ne suis pas prêt à accepter.
M. BEAUDRY: M. le Président, c'est après consultation avec
l'industrie.
M. LACROIX: Seulement, avec l'expérience que nous connaissons,
quand il s'agit de construire une cale sèche, une installation de
halage, un entrepôt frigorifique, un poste de collection, que le
ministère des Travaux publics ait la responsabilité de la
construction. Mais quand il s'agit de l'exploitation, Je trouve que c'est
illogique de confier au ministère des Travaux publics l'exploitation et
l'administration de ces organismes parce qu'en fin de compte, ce sont les
pêcheurs qui utilisent les cales sèches, les postes de halage, les
entrepôts frigorifiques, les postes de collection.
Je crois que le ministère de l'Industrie et du Commerce, par la
direction des pêcheries, devrait avoir le droit de regard sur ces
organismes, quitte, quand il s'agit d'effectuer des réparations
majeures, dans ces cas, au ministère des Travaux publics à s'en
occuper. Mais, assurément, je crois que c'est illogique que le
ministère de l'Industrie et du Commerce n'ait pas un mot à dire
dans l'administration des frigorifiques et de toutes ces choses.
M. BEAUDRY: De fait, le ministère des Travaux publics agit
toujours selon les directives du ministère de l'Industrie et du
Commerce.
M. LACROIX: Je suis bien conscient de ce fait, mais je sais fort bien
que cela complique les choses et que cela cause des retards dans certains cas,
qui sont inadmissibles et qui causent préjudice aux pêcheurs.
Il faut, premièrement, qu'ils s'adressent au ministère des
Travaux publics. Le ministère des Travaux publics réfère
cela au ministère des Pêcheries. Si un fonctionnaire à un
endroit donné, qui occupe un poste clé est absent, la
décision est retardée et les pêcheurs, eux, n'ont pas le
moyen d'attendre des semaines et des semaines pour que des décisions
soient rendues. Je crois qu'il ne s'agit pas d'une décentralisation,
mais d'une nouvelle orientation administrative qui n'est pas valable dans ce
cas.
M. BEAUDRY: Est-ce que le député des Iles-de-la-Madeleine
pourrait me citer des exemples, où il y aurait eu des retards qui
auraient été dommageables aux pêcheurs afin que je puisse
en prendre connaissance...
M. LACROIX: Dans le présent, non.
M. BEAUDRY: ... afin que cela ne se répète pas dans
l'avenir?
M. LACROIX: Dans le présent, non. Voici un cas spécifique:
L'entrepôt frigorifique de
Grande-Entrée. On a décidé de transporter un
« plate-freezer » de l'entrepôt frigorifique de
Grande-Entrée à l'entrepôt frigorifique de l'Etang-du-Nord.
La décision en elle-même est valable actuellement j'en ai
discuté avec le sous-ministre du ministère des Travaux publics
parce que le « plate-freezer » est actuellement
inoccupé à Grande-Entrée et il se détériore
par le fait qu'il n'est pas utilisé. Qu'on le transporte, c'est
normal.
Mais quand le ministère des Travaux publics décide que,
n'étant pas utlisé, il doit être transporté, il
prend une décision qui est valable parce qu'à l'Etang-du-Nord, on
lui demande l'installation d'un autre « plate-freezer », Mais
n'aurait-il pas été mieux que le ministère de l'Industrie
et du Commerce entre en communication avec les pêcheurs, avec les
organismes de pêcherie des Iles-de-la-Madeleine pour savoir s'il n'aurait
pas été plus avantageux, par exemple, de faire les
démarches nécessaires, de prévoir pour que ce «
plate-freeze » soit utilisé à Grande-Entrée
même, plutôt que d'être transporté.
M. BEAUDRY: On m'informe que M. Barry de Grande-Entrée
n'émit aucune objection au transfert.
M. LACROIX: Il est rentré aux Iles-de-la-Madeleine ce matin. Cela
aurait été bien surprenant qu'il ait pu faire une opposition.
Mais, j'ai parlé avec son homme de confiance aux Iles-de-la-Madeleine
et, naturellement, même s'il avait fait une objection, cela n'aurait pas
valu grand-chose à ce moment-ci. Je reviendrai tantôt au sujet de
Grindstone Fisheries.
Voici un autre cas, le cas de la compagnie Gorton Pew Ltd, à
Cap-aux-Meules, qui a fait la demande d'un « plate-freezer »
additionnel pour lui permettre de recevoir le poisson des pêcheurs
côtiers. Cette demande a été transmise au ministère
des Travaux publics. Je suis allé aux Iles-de-la-Madeleine, il y aura
quinze jours demain. J'ai rencontré tous les intéressés.
Il est fort probable que l'usine devra refuser de recevoir le poisson des
pêcheurs côtiers parce qu'elle n'a pas les capacités de
congélation nécessaires, parce que le ministère a
manqué de fournir un « plate-freezer ».
J'ai téléphoné aux fonctionnaires du
ministère et ils m'ont référé au ministère
des Travaux publics. Je pense que c'est un cas patent où le
ministère des Travaux publics n'a pas communiqué avec le
ministère de l'Industrie et du Commerce, où il a manqué de
collaboration et de coopération ou de coordination.
M. BEAUDRY: M. le Président, on m'informe que le ministère
des Travaux publics a communiqué avec notre ministère et il nous
a donné l'assurance qu'il nous installerait un « plate-freezer
» à Cap-aux-Meules chez Gorton Pew.
M. LACROIX: Ne croyez-vous pas que cela s'organise mieux l'hiver que
pendant la saison de pêche?
M. BEAUDRY: Il serait préférable que cet équipement
soit...
M. LACROIX: C'est dommage, nous sommes obligés de chicaner le
ministre qui n'est pas responsable de l'affaire. C'est cela qui est
embêtant.
Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 6: Véhicules moteurs et bateaux;
entretien et opération. Adopté.
M. LACROIX: Sous-article 7: Autres dépenses. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Si nous continuons...
M. LACROIX: M. le Président, si vous permettez...
M. BEAUDRY: Un instant, je suis d'accord. Mais lorsque nous aurons fini
le poste budgétaire 7, serait-il possible de nous rendre à 9:
Subventions, étant donné que nous avons tellement confiance en la
Gaspésie et aux Iles-de-la-Madeleine que la totalité des
subventions appartient presque à l'ensemble du territoire?
M. LACROIX: Oui, parfait.
M. BEAUDRY: Nous pourrons passer aux subventions après?
M. LACROIX: D'accord, je suis prêt immédiatement.
M. BEAUDRY: Non, non.
M. LE PRESIDENT: Nous attendrons de finir le poste budgétaire
7.
M. LACROIX: D'ailleurs, nous pouvons y revenir en Chambre s'il y a
quelque chose qui n'est pas complet.
M. LE PRESIDENT: Nous sommes toujours au poste budgétaire 7?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Il semble bien que je suis arrivé
à temps.
M. LACROIX: Non, non, mais étant donné les réserves
que le ministre avait faites, le député de Bonaventure pouvait
toujours y revenir.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Voici.
M. LE PRESIDENT: Etes-vous au poste budgétaire 7?
M. LEVESQUE (Bonaventure): C'est-à-dire que, si nous voulons
adopter le poste budgétaire 7, je n'ai pas d'objection, avec les
réserves permises par le ministre, avec l'approbation du
président.
M. LE PRESIDENT: Comme cela, nous procéderons au poste
budgétaire 8.
M. BEAUDRY: Non pas 8, mais 9.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 9.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Personnellement, Je n'ai pas d'objection,
avec la latitude qui nous a été laissée.
M. BEAUDRY: Le poste budgétaire 9.
Sur un montant brut de $4,387,200 prévu en subventions en 69/70,
la somme de $4,320,200 sera consacrée entièrement au
développement des pêches du Québec. Aux pêcheries, le
chiffre correspondant de 68/69 était de $2,157,000. Donc, une
augmentation de $2,163,100 en 69/70, par rapport à l'année
précédente.
Cette augmentation est due principalement à des subventions
spéciales qu'il a fallu prévoir pour aider les producteurs qui
ont éprouvé des difficultés l'an dernier; une subvention
pour un réseau d'aqueduc à Havre-Aubert suivant le plan de
l'ODEQ, une prime à la diversification de la pêche
côtière et, enfin, divers subsides en vue de l'exécution du
plan tel que les équipages de terre, établissement de comptoirs
de vente de poisson et mécanisation des fumoirs.
Il faut remarquer, d'autre part...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Nous en revenons encore avec les
comptoirs?
M. BEAUDRY: C'est la même chose qu'hier. En avons-nous assez
parlé, hier?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui, mais c'était à
même...
M. BEAUDRY: ... après cela...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Ah, très bien.
M. BEAUDRY: D'accord?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Ce ne sont pas de nouveaux comptoirs?
M. BEAUDRY: Non, non, toujours les mêmes comptoirs. C'est le
même montant, M. le Président.
Il faut remarquer, d'autre part, qu'une contribution du gouvernement du
Canada, ODEQ, au montant de $485,000 sera récupérée en
69/70 Le montant net des subventions aux pêcheries est donc de $3,834,700
en 69/70, comparativement à $2,157,000 en 68/69.
Maintenant, j'aimerais vous énumérer la liste des
subventions:
Pêcheurs unis du Québec: $80,000. Usine de
Rivière-au-Renard:...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Un instant, est-ce que le montant de $80,000
sera détaillé?
M. BEAUDRY: Oui.
Usine de Rivière-au-Renard: la cinquième tranche, en
69/70, d'une subvention de $400,000 pour la construction de l'usine.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui.
M. BEAUDRY: Subvention spéciale aux Pêcheurs unis du
Québec; troisième tranche d'une subvention totale de $650,000
consentie aux Pêcheurs unis du Québec pour couvrir
l'excédent des estimations du coût de l'usine de
Rivière-au-Renard et pour leur permettre d'acquérir et de faire
fonctionner l'usine de Coast Produce Inc. de Rivière-au-Tonnerre,
$100,000.
M. LEVESQUE (Bonaventure): C'est la troisième tranche?
M. BEAUDRY: Oui, monsieur.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Un montant de $656,000?
M. BEAUDRY: Un montant global de $656,000, et ces $100,000 sont la
troisième tranche de ce montant-là.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Le gouverne-
ment a décidé de verser une subvention de $650,000 aux
Pêcheurs unis du Québec, si je comprends bien, parce qu'il y a eu
un surplus de dépenses à Rivière-au-Renard.
M. BEAUDRY: M. le Président, avec la permission de mon
collègue, s'il me le permet, je vais continuer de vous donner...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Cela va, et on reviendra ensuite aux
détails.
M. BEAUDRY: D'accord, M. le Président?
Pêcheurs unis du Québec, transport du poisson dans
Gaspé-Nord, $32,000, tel que les années
précédentes; Coast Produce Inc., transport du poisson des
pêcheurs à l'usine de Rivière-au-Tonnerre, $1l,000,
même chose que l'année précédente; St-Lawrence Sea
Product, transport du poisson à l'usine de La Tabatière,
augmentation de $à,000 à cause de l'addition d'un bateau
collecteur, $20,000 les deux années précédentes
étaient de $15,000 pour chacune, il y a eu augmentation de
$à,000; transport des carburant sur la basse Côte-Nord,
augmentation de $à,000 à cause des trois chalutiers et production
accrue dans le secteur, $45,000; Coopérative centrale des
Iles-de-la-Madeleine, transport du poisson, $à,000, même montant
que les années précédentes...
M. LACROIX: C'est pour l'Ile Brion le transport? D'accord j'y
reviendrai...
M. BEAUDRY: D'accord?
Transport de matériel pour fumoirs aux îles, $10,000;
subsides à l'achat des filets maillés à morue diminution
du pourcentage subventionné, $65,000...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Une diminution de combien?
M. BEAUDRY: Une diminution de $700. L'année
précédente, c'était $66,300; il y a deux ans $70,000, et
cette année $65,000.
Crédits Maritimes, $30,000; Assistance à la pêche
côtière pour l'achat de moteurs...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Pardon. Les Crédits Maritimes,
$30,000?
M. BEAUDRY: Oui, M. le Président
M. LEVESQUE (Bonaventure): Une subvention?
M. BEAUDRY: Oui, M. le Président
Cela passe à l'article « subventions », et c'est pour
rembourser l'intérêt sur les prêts des pêcheurs.
Assistance à la pêche côtière pour achats de
moteurs, d'agrès de pêche ou pour la construction de bateaux
polyvalents, $60,000 comparables à $27,800 l'an dernier et à
$60,000 il y a deux ans; assurances des bateaux de pêche, augmentation
due à la valeur accrue des unités assurées. D'autre part
un nouveau plan de compensation pour certaines catégories de bateaux
accidentés, à mettre en vigueur au 1er avril 1969, devrait
diminuer de quelque $200,000 le coût de l'assurance de la flotte de
pêche, $867,200.
M. LEVESQUE (Bonaventure): C'était combien l'an dernier?
M. BEAUDRY: $714,200 et $805,000 il y a deux ans.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Et on appelle ça une diminution?
M. BEAUDRY: Je n'ai pas dit qu'il y avait diminution, mais que l'an
prochain, pour certaines catégories de bateaux, à mettre en
vigueur du 1er avril 1969, le coût de l'assurance de la flotte de
pêche, devrait diminuer de quelque $200,000,, $714,200, c'était
jusqu'au 1er mars. Donc il manquait trois mois; tandis qu'il y a deux ans
$805,000, c'était pour l'année entière.
M. LEVESQUE (Bonaventure): $714,200, ce ne serait pas pour neuf mois
évidemment? Cela ne marche pas par neuf mois, les primes.
M. BEAUDRY: Onze mois. Le montant total, pour l'année 68/69,
était de $805,000 et, au 1er mars 1969, le montant de la prime
était de $714,200, pour onze mois, le montant à
débourser...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Et on prévoit pour 69/70,
$867,000?
M. BEAUDRY: $867,200.
M. LEVESQUE (Bonaventure): D'où vient la diminution de $200,000
dont le ministre vient de parler?
M. BEAUDRY: Les $867,200 sont une estimation budgétaire et nous
croyons que c'est possible nous allons diminuer la prime de
$200,000, au cours de cette année.
Si les experts s'avèrent...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Alors le ministre ne doit pas avoir une
grande confiance s'il demande $867,000 sur les résultats de ses
efforts.
M. BEAUDRY: Lorsque nous avons prévu ce budget, c'est que le
nouveau plan d'indemnisation n'était pas encore approuvé et c'est
pourquoi nous avons prévu le montant de la prime mais nous avons de
bonnes raisons de croire que nous allons épargner $200,000.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Est-ce que le nouveau plan ou les nouvelles
modalités vont protéger aussi adéquatement le
pêcheur?
M. BEAUDRY: La même chose, puisque c'est le gouvernement qui en
prend la responsabilité.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Puisque c'est le gouvernement qui va prendre
la responsabilité?
M. BEAUDRY: La responsabilité générale est la
même. C'est la responsabilité publique qui sera sous la
juridiction, un peu différente d'avec celle de l'an dernier.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Est-ce qu'une politique du gouvernement
fédéral entre en ligne de compte là-dedans?
M. BEAUDRY: Le gouvernement fédéral s'apprête
à établir un système d'indemnité qui est semblable
à celui que nous allons mettre en marche au cours de cette
année.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Est-ce que c'est pour cette raison-là
que l'on prévoit une économie de $200,000?
M. BEAUDRY: Ce sont d'après nos propres estimations et les
expériences des cinq dernières années.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui, mais il n'y a pas de miracle! Pourquoi
pense-t-on que le ministère va économiser $200,000 sur un total
d'environ $800,000? Il n'y a pas de mystère. Ce n'est pas parce que les
taux d'assurances ont diminué. Est-ce que c'est parce qu'on va demander
des soumissions publiques pour le placement des assurances? Qu'est-ce qui va se
passer pour qu'on économise $200,000? Est-ce que les risques sont
modifiés?
Ou se pourrait-il qu'il n'y ait pas eu d'accident comme dans le cas
d'autres risques, au bout d'un certain nombre d'années, étant
donné que l'expérience est tellement bonne, on baisse les
taux?
M. BEAUDRY: L'expérience des cinq dernières années,
dont deux années ont été mauvaises, le taux de la perte
était de 4.25% et, cette année, la prime d'assurance qu'on
exigeait était augmentée de 10%.
Ils nous demandaient une augmentation de 10% de la prime d'assurance de
l'an dernier, étant donné les deux mauvaises années que
nous avons encaissées au cours des cinq dernières.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Alors ceci expliquerait que, pour un montant
de $70,000 ou $75,000, le ministre aurait une réponse qui pourrait
être satisfaisante. Mais quant aux autres $125,000 ou $130,000 que nous
prétendons épargner, d'où viendrait cette
épargne?
M. BEAUDRY: Nous n'aurons aucune prime à payer. C'est le
gouvernement qui prend la responsabilité de l'assurance. Nous n'aurons
plus de prime a payer. Nous pairons pour les pertes.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Ce que le ministre veut dire, c'est que nous
avons abandonné l'assurance maritime?
M. BEAUDRY: C'est exact.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Depuis quand?
M. BEAUDRY: Depuis le 1er avril.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Alors, ce que le ministre veut dire,
lorsqu'il parle de 10%, c'est 10% des pertes probables et non pas 10% de la
prime qu'il aurait à payer.
M. BEAUDRY: 10% de la prime. En faisant des comparaisons avec les...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Ou 10% de la valeur de la flotte.
M. BEAUDRY: Nos pertes ont été, durant les cinq
dernières années, de 4.25% de la valeur assurée.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Et la valeur assurée était de
combien?
M. BEAUDRY: Aux environs de $7 millions. Et cette année, la prime
qu'on exigeait de nous était de 10% supérieure à
l'année précédente. 10% de la valeur assurée.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui, mais si nous prenons 4.25% de $7
millions et que nous arrivons autour de $300,000, c'est cela en moyenne, depuis
cinq ans, qui constitue les pertes, environ $300,000 par année? Et
pendant ce temps-là, le gouvernement payait une somme de $700,000
à $800,000 de prime. Dois-je comprendre que c'est là la
situation?
M. BEAUDRY: Ce qui fait la différence entre les montants, c'est
que les gros bateaux que possèdent ces pêcheurs unis, St. Lawrence
Sea Product, Gorton Pew et Grindstone Fisheries, sont assurés par les
propriétaires de bateaux eux-mêmes; nous donnons une partie de
cette prime en subvention pour défrayer le coût d'assurance,
d'aprls les renseignements qui me sont fournis. C'est ce qui fait la
différence.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Si je prends la version du ministre, lorsque
nous parlons d'une valeur assurée de $7 millions, est-ce que ce montant
de $7 millions comprend les navires dont le ministre vient de me faire
l'énumération?
M. BEAUDRY: Non, M. le Président.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Non. Quelles sont les subventions, quel est
le montant même, le montant de $700,000 à $800,000 payé,
jusqu'à présent, annuellement, depuis deux ou trois ans pour les
primes d'assurance? Quel est le montant qui était attribué en
subventions aux bateaux non compris dans le total de cette liste?
M. BEAUDRY: Le montant est de $150,000 par année, M. le
Président.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Bien$150,000? M. BEAUDRY: Par
année.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Il restait donc environ $600,000, si je
comprends bien, qui étalent payés en primes pour une valeur
assurée de $7 millions?
M. BE AUDRY: La valeur totale assurée était de l'ordre de
$10 millions.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Est-ce que le montant de $10 millions inclut
les navires dont le ministre a fait l'énumération il y a quelques
instants?
M. BEAUDRY: Oui, M. le Président.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Alors, si on les enlève, on arrive
à une valeur assurée de $7 millions et, sur cette valeur
assurée de $7 millions, on a demandé que la Chambre vote des
montants variant de $700,000 à $800,000 pour payer les primes en
question. Ce qui me fait dire qu'on payait, jusqu'à présent, des
primes de l'ordre de 10%, alors que les pertes auraient été de
4.25%, en moyenne.
M. BEAUDRY: Les primes ont commencé, depuis cinq ans, à
3.8% et ont monté graduellement, d'année en année,
jusqu'à 10%, M. le Président.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui. Puis? Pour les avoir hausser
jusqu'à 10%, on devait pouvoir justifier cette augmentation. Comment se
fait-il...
M. BEAUDRY: Oui.
M. LEVESQUE (Bonaventure): ... qu'on se rende à 10% des primes
alors qu'on a 4.25% comme expérience de pertes?
M. BEAUDRY: C'est parce que la perte montait graduellement.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Mais il y a une différence assez
sensible entre 4.25% de la valeur assurée comme perte, et on a
augmenté les primes jusqu'à 10% de la valeur assurée.
M. BEAUDRY: C'est à cause de l'expérience sur
l'Atlantique, en général, et de l'expérience qu'ils ont
eue dans le golfe que les compagnies d'assurance ont élevé leurs
taux. Ce taux est similaire $ celui que les autres compagnies semblables ont eu
à subir dans l'Atlantique et dans le golfe.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Alors, les rumeurs qui circulaient à
l'effet que l'expérience de la flotte du Québec était
mauvaise sont relativement mal fondées?
M. BEAUDRY: La Nouvelle-Ecosse, le Nouveau-Brunswick et Terre-Neuve ont
connu également de grandes pertes totales au cours de ces cinq
dernières années, surtout les seineurs qui sont venus de la
côte du Pacifique.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Alors, ce que le ministre dit
présentement, c'est que le gouvernement, jusqu'à présent,
payait 10%, environ, de la valeur assurée des navires de pêche
alors que l'expérience moyenne, annuelle, de pertes était de
4.25%. Cela, c'est attrlbuable à la si-
tuatlon générale dans l'Atlantique? De plus, on me fait
remarquer que la valeur assurée ne représente que la
moitié de la valeur réelle des navires étant donné
que l'on tiendrait compte des subsides venant du gouvernement
fédéral.
Je ne veux pas faire une sorte de contre-interrogatoire au ministre,
mais J'aimerais bien que le ministre me dise quelle est la politique du
ministère quant à l'assurance des navires de pêche. Et
pourquoi abandonnerait-on cette assurance et demanderait-on au ministère
d'assumer totalement les pertes qui pourraient exister? Si l'on change de
système, qu'on motive ce changement. Est-ce que c'est à cause de
cette situation qu'on change de système et quel est le système
qu'on instaure?
Pour ne pas perdre trop de temps, Je vois que le ministre et le
sous-ministre se consultent présentement, si le ministre voulait exposer
la situation des navires de pêche d'ici une semaine, nous comprendrions
mieux le processus qui a amené le gouvernement à changer de
politique. Je comprends que l'affaire est assez complexe, et que si le ministre
a besoin d'explications supplémentaires, il y a peut-être des
consultations qui devraient avoir lieu avec le service des assurances du
gouvernement.
De toute façon, nous aimerions être éclairés
là-dessus et connaître ce qui s'est passé dans le domaine
des assurances et ce qui va se passer s'il y a un changement de politique, ce
qui a amené ce changement de politique, et les modalités de la
nouvelle politique. Si le ministre est d'accord pour renseigner la Chambre et
renseigner la commission sur ces modifications et sur ce qui a amené ces
modifications, Je suis d'accord pour que nous continuions à
procéder à l'étude des crédits, parce que
même si nous restions ici tout l'après-midi, nous pourrions
peut-être prendre énormément de temps sans pouvoir
être satisfaits, de part et d'autre.
M. BEAUDRY: M. le Président, je le ferai volontiers.
M. LE PRESIDENT: L'article 10. M. BEAUDRY: Attendez une minute.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Non, le ministre n'a pas terminé
1'énumération.
M. BEAUDRY: Il y a également le paiement de compensation aux
pêcheurs, nécessité par le fléchissement des prix du
poisson frais et congelé sur les marchés d'exportation,
augmentation en 69/70 à cause de l'incertitude de l'assistance
fédérale en ce domaine, $800,000 pré- vus, comparativement
à $695,000 l'année précédente. Il y a
également la prime à la productivité...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Ce sont les subventions.
M. BEAUDRY: Paiements de compensation aux pêcheurs...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Qui consistent?
M. BEAUDRY: Qui consistent à payer un prix de compensation aux
pêcheurs pour maintenir les prix au même niveau que les
années précédentes, M. le Président.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Non, mais ce ne sont pas seulement les
pêcheurs côtiers à ce moment-là?
M. BEAUDRY: Pour tous les pêcheurs en général, M. le
Président.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui.
M. BEAUDRY: Les poissons de fonds, la morue...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Quel est le montant?
M. BEAUDRY: $800,000.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Quel est le taux?
M. BEAUDRY: Actuellement, M. le Président. Il n'est pas
établi. Tout dépendra de l'assistance du
fédéral.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Si Je comprends bien, le gouvernement
fédéral a assumé seul le paiement de ce genre de
subventions au milieu de l'année dernière?
M. BEAUDRY: Oui, M. le Président.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Et avant que le gouvernement
fédéral n'assume cette responsabilité, quel était
le taux des subventions?
M. BEAUDRY: Un demi-cent sur la plie, trois-quarts de cent sur la perche
et un cent et quart sur la morue.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Les subven-
tions du gouvernement fédéral étaient-elles au
même taux?
M. BEAUDRY: Il n'y avait pas de subvention pour la plie, mais un
demi-cent pour la perche. Pour la morue, c'était variable; le montant se
situait autour de $0.01.33.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Est-ce que le gouvernement provincial,
à la suite de cette nouvelle politique fédérale, a
continué à payer quelque chose pour remplacer, par exemple, le
demi-cent qui n'était pas payé par le gouvernement
fédéral pour la plie?
M. BEAUDRY: Oui, pour la plie.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Quant à la différence pour les
deux autres espèces, est-ce que le gouvernement provincial a
continué à verser des subsides?
M. BEAUDRY: Un quart de cent pour la perche.
Je sais que l'honorable député de Bonaventure est au
courant des lois anti-dumping. Alors, Je n'aimerais pas trop... Countervailing
duties!
M. LEVESQUE (Bonaventure): Avec la publicité que la discussion
sur les crédits a reçue hier, Je ne crois pas qu'il y ait
d'indiscrétion de faite. Le ministre pourrait nous dire sans
hésitation. Il pourrait répondre sans...
M. LACROIX: Vous savez bien que lesjour-naux ne rapportent jamais ce que
l'Opposition dit, de toute façon! Ou ils en rapportent si peu!
M. BEAUDRY: Quelle est la question?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Quant à la morue, est-ce qu'il y a eu
des versements de faits en plus des montants versés par le gouvernement
fédéral?
M. BEAUDRY: Aucun.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Bon.
M. BEAUDRY: Nous avons été menacés par Washington
au sujet des countervailing duties qui auraient été
l'équivalent de la subvention.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Autrement dit, les lois
fédérales américaines, comme cela était d'ailleurs
dans le passé... Lorsque nous avions cette responsabilité, nous
avions songé à payer directement, même aux pêcheurs,
cer- tains subsides sur leurs prises. Nous avions été
également menacés des mêmes représailles.
M. BEAUDRY: Exactement.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Alors, je comprends les réticences du
ministre.
M. BEAUDRY: Merci. Prime à la productivité des chaluts de
60 pieds, des cordiers et des gaspésiennes, prime basée sur les
débarquements en vue de permettre aux propriétaires de ces
bateaux qui ne sont plus rentables de rembourser leur prêt au
gouvernement dans une période plus courte. Augmentation sur
l'année précédente, parce qu'on prévoit un effort
de pêche plus grand, $75,000.
Egalement projet de l'ODEQ: payer un pourcentage du salaire de deux
équipages d'entretien et de reparation de bateaux à Gaspé
et 3. Cap-aux-Meules. Augmentation, parce qu'on se propose d'en ajouter deux
autres en 69/70 à Rivière-au-Renard et à Newport, pour un
montant de $212,000.
M. LACROIX: Avant que nous passions à autre chose, la prime
à la productivité pour les pêcheurs cotlers, par exemple,
non seulement pour les bateaux de 60 pieds, les cordiers et les
gaspésiennes, mais pour les pêcheurs côtiers ordinaires,
comme nous avons aux Iles-de-la-Madeleine, le maximum de $1,500. Combien
prévoyez-vous pour cela?
M. BEAUDRY: La prime à la diversification de la pêche
côtière: $350,000.
M. LACROIX: C'est $350,000.
M. BEAUDRY: D'accord.
Comme vous savez, cette prime à la pêche à la
diversification, nous allons tenter de l'étendre à toute la
région de Gaspé et de la rive nord afin de renseigner les
collègues de la région de Gaspé pour encourager les
pêcheurs cotlers à prolonger leur saison de pêche et
à diversifier leurs captures; appliquée aux Iles-de-la-Madeleine
en 68/69, nous nous proposons de la généraliser à la
Gaspésie et à la Côte-Nord en 69/70, d'où
l'augmentation sensible à ce poste: $350,000 seront donc affectés
à la prime à la diversification au cours de cette
année.
Il y a une subvention également pour l'établissement de
comptoirs de vente de poisson: $50,000.
M. LACROIX: Nous n'en reparlerons pas de cela.
M. BEAUDRY: Subvention à l'industrie pour la mécanisatiion
des fumoirs, projet de l'ODEQ en vue de diminuer les coûts de production:
$50,000.
Divers subsides à la petite entreprise; $10,000.
Le réseau d'aqueduc à Havre-Aubert: le projet de l'ODEQ
pour desservir les installations de pêche de l'endroit: $498,000.
M. LACROIX: J'ai hâte que cela se fasse, cela fait assez longtemps
que j'en entends parler.
M. BEAUDRY: M. le Président... Je n'entends pas parler le
député des Iles-de-la-Madeleine.
M. LACROIX: Il manque encore $300,000 qui n'est pas ici.
M. BEAUDRY: Subvention spéciale pour aider divers producteurs qui
ont éprouvé des difficultés en 1968: $850,000.
Ce qui fait un montant total de $4,320,000 comparativement à
$2,157,000 l'an dernier.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Combien?
M. LACROIX: $ 850,000.
Le chiffre proposé pour cette année?
M. BEAUDRY: $4,320,000 comparés à $2,157,000 pour l'an
dernier.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui, mais il doit y avoir des montants
remboursés par le gouvernement fédéral.
M. LACROIX: $485,000.
M. BEAUDRY: M. le Président, $485,000.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Ce qui fait un montant net de... ?
M. BEAUDRY: De $3,901,700. $485,500.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Quelles sont les sommes affectées
à d'autres fins que la direction des pêcheries au poste
budgétaire 9?
M. BEAUDRY: A l'industrie: $67,000.
M. LEVESQUE (Bonaventure): C'est aussi bien d'en entendre parler tout de
suite.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 10? M. BEAUDRY: Poste
budgétaire 9. M. LACROIX: Poste budgétaire 9.
M. BEAUDRY: Association des détaillants de l'alimentation:
$30,000. Fédération du détail et...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Cela se compare à combien pour
l'année précédente?
M. BEAUDRY: Même chose, M. le Président.
Fédération du détail et du service du
Québec: $ 15,000.
Chambre de Commerce de la province de Québec: $10,000.
Fédération...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Est-ce qu'on compare toujours à des
chiffres identiques de l'année précédente?
M. BEAUDRY: Toujours, M. le Président.
Fédération des jeunes chambres du Canada français:
$6,500.
Association des commissaires industriels de la province de
Québec: $2,000.
Chambre de Commerce Trans-Canada: $1,000.
Canadian Inter-American Association: $500.
Divers et imprévus: $2,000.
Ce qui fait un montant total de $67,000.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Est-ce qu'il n'y a pas un montant
consacré au centre d'organisation...
M. BEAUDRY: CDE: Centre des dirigeants a l'entreprise?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Non, au COSE.
M. BEAUDRY: Pardon?
M. LEVESQUE (Bonaventure): C-O-S-E.
M. BEAUDRY: Maintenant, c'est le ministère de l'Education qui
paie cette subvention.
Est-ce que cela vous convient, M. le Président?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Très bien. Est-ce que le ministre
pourrait nous donner certains renseignements additionnels, sur la
somme qui sera versée en subvention aux Pêcheurs unis de
Québec, comme troisième tranche d'un montant total de $650,000,
relativement à un surplus de dépenses faites à
Rivière-au-Renard?
M. BEAUDRY: Je crois vous l'avoir dit, M. le Président, $100,000
pour cette année.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui, mais en quoi consiste ce surplus? A un
moment donné on arrive à un montant de $650,000. Est-ce que ce
montant de $650,000 peut être explicité?
M. BEAUDRY: Ce même montant, il l'était l'an dernier, M. le
Président, mais il n'avait pas été explicité
globalement
M. LEVESQUE (Bonaventure): Est-ce que cela veut dire que la part
prévue parle gouvernement, pour l'établissement de l'usine de la
Rivière-au-Renard, était insuffisante d'une somme de $650,000?
Autrement dit ilyavaitune entente tripartite, au moins, entre le gouvernement
fédéral, le gouvernement provincial et les Pêcheurs unis du
Québec. Les trois parties ont-elles eu à augmenter au prorata
leurs contributions?
M. BEAUDRY: L'augmentation du coût prévu, à cause de
certaines difficultés, a été de $700,000.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Sur un total de combien?
M. BEAUDRY: $2,500,000, M. le Président, et $550,000 ont servi
à couvrir cette différence et $105,000 pour l'achat de Coast
Produce Inc.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Si le ministre voulait éclairer la
commission, il pourrait peut-être nous donner les détails de cette
augmentation du coût de Rivière-au-Renard et dire comment cette
augmentation a été partagée entre les trois parties,
c'est-à-dire entre le gouvernement fédéral, le
gouvernement provincial et les Pêcheurs unis du Québec Je crois
qu'il est relativement facile d'établir quels étaient les
montants prévus dans l'entente entre les gouvernements et les
pêcheurs unis, quels ont été les coûts réels
et dans quelles proportions chacune des parties a absorbé les
coûts.
Si le ministre veut m'assurer qu'il est prêt à
déposer ces informations-là dans les quelques Jours qui vont
suivre, Je suis prêt à accepter de continuer l'étude des
crédits à ces conditions.
M. BEAUDRY: D'accord, M. le Président.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Le ministre pourrait-il nous donner des
renseignements sur le dernier article de la liste qu'il nous a lue tout
à l'heure, quant aux subventions dans le domaine des pêcheries?
C'était de l'ordre de $850,000, Je crois.
M. BEAUDRY: $200,000 à Pêcheurs de la péninsule de
Paspéblac, PPP.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Est-ce que ce sont des subventions?
M. BEAUDRY: Oui, M. le Président.
M. LEVESQUE (Bonaventure): A quel titre cette subvention sera-t-elle
versée?
M. BEAUDRY: En vue d'accroître leur productivité pour
arriver à une rentabilité.
M. LEVESQUE (Bonaventure): A la suite de quelle enquête ou
étude est-on arrivé à ce montant de $200,000? Qui a
suggéré cette somme?
M. BEAUDRY: Les besoins ont été établis par une
firme de consultants et par des vérificateurs analystes qui ont
été sur les lieux pendant toute l'année 1968.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Quelle était cette firme?
M. BEAUDRY: Bélanger, Chabot, Norbert, Angers et Associés
Incorporés de Québec
M. LEVESQUE (Bonaventure): Et leur rapport comportait l'octroi d'une
subvention de cette nature?
M. BEAUDRY: Oui.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Exactement ce montant?
M. BEAUDRY: C'est le montant qui a été déduit des
recommandations que nous avons reçues de cette firme.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Cette firme est-elle au courant qu'elle
recevra au cours de l'année, la somme de $200,000 comme subvention?
M. BEAUDRY: Depuis hier.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Evidemment, sujet à l'approbation de
la Chambre?
M. BEAUDRY: Pardon?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Sujet à l'approbation de la
Chambre?
M. LACROIX: Il ne faudrait pas qu'il y ait trop de ministres en France,
on ne l'acceptera pas!
M. BEAUDRY: Oui, d'accord.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Est-ce que le ministre peut continuer?
M. BEAUDRY: $150,000 pour St-Lawrence Sea Products, et $500,000 pour les
Pêcheurs unis du Québec.
M. LEVESQUE (Bonaventure): $500,000? M. BEAUDRY: Aux Pêcheurs unis
de Québec.
M. LACROIX: Est-ce qu'il y a une demande de la part de la
Coopérative centrale des Iles-de-la-Madeleine?
M. BEAUDRY: Non.
M. LACROIX: Ils ne savaient pas que vous étiez si
généreux que cela, cette année.
M. BEAUDRY: D'après les rapports que nous avons eus, cette firme
a accusé un profit au cours de la présente année, dans
l'administration.
M. LACROIX: Absolument. Mais avec de l'aide, ils auraient pu faire
mieux,
M. LEVESQUE (Bonaventure): Est-ce que le ministre croit qu'avec ces
subventions, les usines en question pourront produire au cours de toute
l'année et avec chance d'efficacité et de succès?
M. BEAUDRY: Si le député me permet, l'étude faite
au cours de l'année n'est pas complètement terminée. Elle
devra être terminée ces jours-ci et devrait être
déposée d'ici la fin du mois. Par contre, j'ai pris quelques
notes sur les sujets que nous avons étudiés et sur les
conclusions. Est-ce que le député serait intéressé
à connaître les sujets que nous avons étudiés?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Certainement.
M. BEAUDRY: Le mandat fut confié en juillet 1968 et les travaux
ont commencé le à août. Les résultats de cette
étude sont contenus dans les trois tomes:
La description des méthodes de production, l'évaluation
des actifs de toutes les compagnies, l'étude de la pêche et de la
main-d'oeuvre. Nous avons fait une étude de la supervision,
l'établissement des capacités de production, l'efficacité
des méthodes de production. En ce qui concerne le tome 2, nous avons
fait une étude des prix de revient, des résultats de production
des usines ou de matières premières, résultats des
chalutiers...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Pardon, lorsque le ministre dit « nous
», il lit quelque chose que d'autres ont...
M. BEAUDRY: Il le lit au nom du ministère...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Est-ce le ministère ou la
société d'ingénieurs en question?
M. BEAUDRY: La société et le ministère. Le
ministère c'est nous et la société a travaillé de
concert avec la direction des pêcheries.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui, et le rapport dont le ministre nous fait
lecture présentement, est-ce qu'il vient du bureau des
ingénieurs?
M. BEAUDRY: Oui. D'accord?
Le coût de la main-d'oeuvre, le coût des fournitures
d'empaquetage, coût des frais généraux de fabrication,
coût de fabrication des sous-produits, le contrôle des coûts
et le système comptable d'information.
Le tome 3, l'étude des structures administratives, l'étude
des structures financières, l'étude de la mise en marché,
les conclusions, suggestions et recommandations pour toute l'étude.
Main-d'oeuvre et supervision, en général, ces domaines
présentent des lacunes considérables. On retrouve, au sein de la
plupart des entreprises, du paternalisme et une absence totale des
critères de recrutement et de formation dans les deux secteurs. De plus
la politique de rémunération des contremaîtres doit
être revisée de façon radicale sinon le recrutement
deviendrait de plus en plus difficile.
La capacité de production. Les neuf usines du Québec qui
ont produit 29 millions de livres
de filet en 1968, et leur capacité était de 40 millions de
livres. Etant donné qu'il s'agissait de sa première année
de production, l'usine de Rivière-au-Renard n'a produit qu'à 44%
de sa capacité.
Selon les constatations de notre étude, neuf usines, à une
capacité annuelle de 40 millions de livres, ont produit 28 millions de
livres en 1968. Une concentration de la production dans quatre usines, soit
celles de Paspébiac, Rivière-au-Renard, Cap-aux-Meules,
Havre-Aubert, permettrait une production de 27.7 millions de livres sans avoir
à faire subir aux usines des modifications majeures.
Ces quatre usines ont produit 17 millions de livres de filet en 1968.
Les résultats d'exploitation, pour les trois dernières
années: neuf usines qui transformèrent les espèces de fond
ont été étudiées, soit Paspébiac, Newport,
Gaspé, Rivière-au-Renard, Etang-du-Nord, Cap-aux-Meules,
Havre-Aubert, La Tabatière et Rivière-au-Tonnerre.
Sauf pour les usines de Cap-aux-Meules et Havre-Aubert qui appartiennent
à Gorton Pew Canada Limitée, toutes perdent de l'argent. Que ce
soit dans la transformation de la morue, de la perche ou de la plie, avant et
après subvention. Gorton réalise des profits même avant
subvention.
Les subventions comprennent celles de la matière première
sur les navires, au transport et les investissements dans les usines. Elles ne
comprennent pas l'assistance indirecte sur la congélation et
l'entreposage.
Les résultats d'exploitation des chalutiers affectent constamment
le coût de la matière première. Plus les chalutiers sont
gros, plus ils perdent de l'argent. Seuls les chalutiers de 60, 65, 82, 87 et
89 pieds semblent rentables. Nous doutons fortement de la rentabilité
des chalutiers de 152 et 166 pieds.
Cependant, il est nécessaire pour certaines usines, telle que La
Tabatière, d'être approvisionnées par leurs propres
chalutiers.
On demande que soit étudiée, de façon très
approfondie la politique de construction des chalutiers quant à la
grosseur, le nombre et l'orientation que nous devons leur donner, le coût
de la main-d'oeuvre, dans le secteur privé, chez Gorton Pew Canada
Limitée, à Paspébiac et à La Tabatière...
Pardon, Gorton Pew, il y a Cap-aux-Meules et Havre-Aubert.
M.LACROIX: Havre-Aubert et St. Lawrence Sea Product à La
Tabatière et Coast Produce à l'autre endroit.
M. BEAUDRY: Les coûts de la main-d'oeu- vre directs ont
été diminués depuis trois ans. Par contre, le
phénomène contraire se retrouve dans le secteur
coopératif. Chez les pêcheurs unis, en particulier, il y a eu de
fortes augmentations de salaire, mais on n'a pris aucune mesure pour
contrebalancer ces augmentations. Ainsi, aucun système de contrôle
n'a été implanté. On n'a presque pas
mécanisé avec les résultats que, même si les
salaires ne sont pas plus élevés qu'ailleurs, la
productivité est demeurée la moindre.
Contrôle des coûts et systèmes comptable et
d'information.
M. LACROIX: Est-ce que M. le ministre me permettrait une toute petite
observation? Quand il parle par exemple de chez M. Anger, la firme qui a fait
l'étude, est-ce que quelqu'un de cette firme connaît la
pêche?
M. BEAUDRY: Ils ont engagé des spécialistes.
M. LACROIX: Si je pose la question, M. le Ministre, c'est que, quand
nous faisons l'étude, par exemple, de la rentabilité d'un bateau
de 160 ou 162 pieds et nous disons que ces bateaux-là ne sont pas
rentables et il semble que seuls les bateaux de 60 ou 65 pieds soient
rentables. Quelle raison particulière y a-t-il à cela?
M. BEAUDRY: Excusez-moi, ils disent qu'il semble...
M. LACROIX: Oui, il semble, mais ce dont nous ne semblons pas tenir
compte dans le fait, c'est que les gars que nous avons chargés
d'exploiter les bateaux, comme l'Unifox et l'Unipec, sont des gens qui
n'avaient pas la compétence voulue pour les exploiter, et c'est
là la faute de la non-rentabilité de ces bateaux. Je pense que
nous serions portés à croire, à entendre la lecture du
rapport, que l'administration des Pêcheurs unis ou d'autres
organisations, que les administrateurs sont plus ou moins compétents. Je
pense que l'incompétence est dans les capitaines et l'équipage
qui ne sont pas préparés à prendre charge d'un chalutier
d'une valeur comme celle d'un bateau de 162 pieds.
Par exemple, il y a des bateaux de 162 pieds qui appartiennent aux
pêcheurs unis et qui ont pris moins de poisson que nos bateaux de 78 ou
82 pieds aux Iles-de-la-Madeleine.
Quand vous calculez que, sur un bateau de 82 pieds, il y a cinq membres
d'équipage, que, sur un bateau de 162 pieds, il y en a quatorze ou
seize, c'est facile à voir que lorsque ce dernier ne capture que la
moitié du poisson qu'un
bateau de 82 pieds prendrait, alors qu'il vaut trois fois plus cher,
c'est facile à comprendre que le bateau n'est pas rentable. Mais ce
n'est pas de la faute de l'administration, mais c'est parce qu'on a bâti
des bateaux avant de préparer des pêcheurs. Je pense qu'on aurait
pu venir chercher des pêcheurs aux Iles-de-la-Madeleine et
peut-être que la rentabilité aurait été
meilleure.
M. BEAUDRY: M. le Président, ces constatations dans cette
étude, je crois qu'elles ont été basées sur les
résultats financiers des compagnies. Cela ne veut pas
nécessairement dire que c'est une bible et que nous allons suivre
à la lettre toutes les recommandations.
M. LACROIX: Je suis bien d'accord. M. BEAUDRY: D'accord?
M. LACROIX: Oui. Seulement, en lisant le mémoire, vous savez,
ça nous laisse supposer que l'administration...
M. BEAUDRY: Non, non.
M. LACROIX: ... patronnée... Par exemple, Gorton Pew, aux
Iles-de-la-Madeleine; l'entreprise fonctionne sur une base d'affaires. Les
considérations d'amitié ou autres n'entrent pas en ligne de
compte. Ils sont là pour exploiter; ils exploitent de façon
économique, de façon rentable. Quant aux autres, comme les
Pêcheurs unis du Québec, je connais quelques-uns des
administrateurs, je pense que ce sont des hommes compétents,
également. Mais, depuis qu'ils ont lancé leur grosse organisation
en Gaspésie, qu'ils ont eu leur gros chalutier, je pense qu'ils sont
dans une situation financière très difficile. Ils sont dans une
situation financière pénible. Mais ce n'est pas dû au
manque de compétence des administrateurs, mais aux difficultés
qu'on a d'exploiter la flotte de façon économiquement
rentable.
En fait, je ne voudrais que personne ait l'impression que les
administrateurs des Pêcheurs unis du Québec ne sont pas
compétents.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Est-ce que le ministre pourrait continuer ou
pourrait-il déposer cette...
M. BEAUDRY: Non, non. Je n'avais pas fini. Ce sont seulement des notes
que j'avais prises à l'occasion de la lecture de leur rapport et je
n'avais pas eu toute la documentation. Ce sont seulement des notes que j'ai
sorties de ce que j'ai vu du programme. Alors, il n'est pas complet.
J'étais rendu à la dernière page. J'avais fini.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Ah, bon!
M. BEAUDRY: D'accord? Je n'ai pas les conclusions. Enumérer les
articles...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Est-ce que le ministre pourrait prendre note
que cela intéresserait les députés du territoire du moins
d'avoir une copie du rapport?
M. BEAUDRY: Je dois vous dire, M. le Président, que nous avons
été félicités par le fédéral pour
notre initiative et que celui-ci nous a demandé la permission de puiser
dans cette étude pour ses propres renseignements et nous avons
accepté volontiers.
M. LACROIX: Est-ce que le député de Chicoutimi est au
courant que vous avez eu des félicitations?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Dois-je comprendre que le ministre a
accepté de déposer le rapport dans un avenir prochain? C'est un
rapport qui pourrait être public, parce qu'il me semble que cela aiderait
tout le monde à penser dans le même sens.
M. BEAUDRY: Après que le ministère l'aura
étudié et accepté, je n'ai aucune objection.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Cela veut dire à peu près
combien de temps avant? Parce qu'il y a des problèmes très
urgents qui se posent dans le secteur des pêcheries et je sais que le
ministre, le sous-ministre et ses officiers sont bien au courant. D'ailleurs,
le ministre a mentionné tout à l'heure qu'au mois de janvier Il a
trouvé la situation très grave. Il a décrit cela comme un
marasme indescriptible. Alors, il est important qu'au moins les
députés du territoire puissent être au courant de la
situation, non pas seulement par ce que les députés peuvent
entendre, c'est-à-dire par certaines rumeurs, mais je crois que nous
devrions être renseignés de première main.
M. BEAUDRY: Aucune objection, M. le Président.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Le ministre peut être assuré
également que nous voulons collaborer au plus haut point afin de faire
face à cette...
M. BEAUDRY: Situation.
M. LEVESQUE (Bonaventure): ... situation et de trouver ensemble, si
c'est possible, les solutions qui s'imposent. Je crois que nous serions
beaucoup mieux renseignés si nous avions accès à ce
rapport, et nous pourrions, évidemment, travailler dans le même
sens que les recommandations qui doivent s'y trouver,
M. BEAUDRY: Aucun problème.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Alors, ça veut dire quoi?
M. BEAUDRY: Pour le temps? M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui.
M. BEAUDRY: M. le Président, nous allons faire tout notre
possible pour le déposer avant l'appel.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Je remercie le ministre.
Maintenant que nous arrivons à la fin de cet article des
subventions, J'aimerais poser une question bien directe, au ministre, vu qu'il
a été saisi de l'urgence de la situation critique qui existait au
secteur secondaire des pêches et qu'il voit la nécessité
d'apporter des subventions immédiates afin de permettre aux usines de
rester ouvertes au moins une année encore, est-ce que le ministre a
également été saisi de la situation également
critique qui existe dans les chantiers maritimes qui s'occupent non seulement
de la construction des navires de pêche mais également du service
à rendre à ces navires?
M. BEAUDRY: Nous avons une étude en cours, M. le Président
qui sera également terminée à la fin du mois.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Cependant, il ne semble pas qu'il y ait de
sommes prévues dans le budget actuel pour faire face à la
situation, si la solution comporte des dépenses d'argent?
M. BEAUDRY: Il y aura toujours des budgets supplémentaires.
M. BOURASSA: Pour les taxes ou pour les dépenses?
M. BEAUDRY: Voyez, M. le Président, nous faisons tout notre
possible pour aider le député des Iles-de-la-Madeleine et le
député de Bonaventure, et le député de Mercier
arrive et il ne veut pas que nous fassions d'effort pour essayer...
M. LACROIX: Non, il vous donne l'occasion de vous fâcher, c'est
bon cela.
M. BOURASSA: Non, j'ai posé une question, f ai dits Est-ce que
c'est un budget?
M. BEAUDRY: M. le Président, le gouvernement est conscient du
malheur que les gens de Gaspé et des Iles-de-la-Madeleine ont à
supporter. Le député de Mercier est contre les initiatives que le
gouvernement peut prendre afin d'aider ces gens.
M. BOURASSA: Nous ne partirons pas avec vous, nous allons siéger
tout ce temps-là.
M. LACROIX: M. le Président, avant de terminer, étant
donné qu'au départ il avait été question
qu'à la fin, quand nous passerions les divers articles qui concernaient
les pêcheries, que nous pourrions faire des remarques
générales. Et au cours des différents articles nous
n'avons pas pu discuter naturellement du problème vital, le
problème numéro 1 des pêcheurs, que ce soit côtiers
ou hauturiers, soit le problème du prêt maritime. La Loi du
prêt maritime qui a été adoptée en 1952 et qui n'a
pas été modifiée depuis.
Pour les pêcheurs côtiers, naturelement, aux
Iles-de-la-Madeleine, nous avons les fonds de pêche, le homard, la plie,
la morue, le sébaste ou la perche d'océan si vous n'avez
pas d'indigestion, vous pouvez l'appeler le poisson rouge le hareng
d'automne, les pétoncles, sont des poissons qui abondent autour des
îles et que les pêcheurs pourraient aller chercher s'ils
étaient équipés de façon raisonnable. Pour cela il
leur faudrait des bateaux à pêche multiple, des bateaux
polyvalents qui permettraient aux pêcheurs de faire toutes ces
pêches.
Naturellement, quand nous parlons de bateaux à pêche
multiple, l'embarcation elle-même, soit un bateau entre 40 pieds et 45
pieds coûte de $12,000 à $15,000. La seine à hareng
coûte $4,700, la seine à maquereau, le maquereau de mer $4,000, la
seine à plie coûte $900, les filets maillants qui sont
nécessaires pour l'exploitation d'un tel bateau coûte $3,000, la
drague pour la pêche des pétoncles coûte $900, ce qui veut
dire ajouter au coût du bateau, qu'il soit de 40 pieds ou de 45 pieds,
entre $12,000 et $15,000; les agrès de pêche qui valent$13,500 et
si vous ajoutez à cela l'équipement nécessaire
pour la sécurité, soit le radar ou ces choses-là,
un sonar et en plus les treuils qu'il faut pour fonctionner vous arrivez
à un bateau qui coûte pratiquement $40,000.
Il est clair que nous ne pouvons pas remettre un bateau d'une telle
valeur entre les mains de n'importe qui. Mais il devrait y avoir
possibilité de procéder à la qualification des
pêcheurs, soit par l'entremise de l'Association des pêcheurs
eux-mêmes, par l'industrie, les différentes entreprises qui sont
intéressées à la transformation des produits de la
pêche, par les caisses populaires par l'entremise de qui les prêts
sont consentis et par des représentants, également du
ministère de l'Industrie et du Commerce.
Ces bateaux, qui coûtent $40,000 chacun, tout
équipés, rapportent à l'usine et rapportent aux
pécheurs presque autant... Trois personnes peuvent travailler à
bord de ces embarcations. Le gouvernement n'a qu'une responsabilité de
$40,000, tandis qu'un chalutier de 82 pieds coûte $250,000; le
gouvernement paie les primes d'assurance aujourd'hui, de toute
façon, il doit créer une réserve pour prévoir les
pertes le gouvernement paie l'intérêt, entièrement,
et il reste seulement 10% financés soit par le capitaine ou par
l'Industrie à qui le chalutier sera rattaché.
Avec le pécheur côtier, on n'apporte pas le même
effort, parce qu'un bateau de $40,000 rapportera... J'ai ici deux exemples
très précis: M. Georges Landry, l'an passé, avec un bateau
de 46 pieds, un bateau qui a cette valeur-là, mais sans tout cet
équipement, naturellement, a capturé l'an passé pour
$2,711 de hareng de printemps, pour $3,711 de plie, pour $400 de morue, pour
$13,079 de pétoncles, soit une valeur de capture de tout près de
$19,900. Quant à M. Léo Bourque, il a capturé pour $2,711
de hareng du printemps alors que le hareng valait $0.25 de moins que
cette année pour la plie, $2,304, la morue $480 et $12,009 de
pétoncle soit une valeur de $17,504; mais ceci sur un bateau de 40
pieds, avec trois hommes. Ce bateau n'a pas navigué pendant onze Jours
à cause de la perte d'une hélice et trois autres jours à
cause de la brisure du treuil, et ceci, dans le temps de la pêche aux
pétoncles. Il a perdu au moins une valeur de capture de $3,000.
Ce qui veut dire que ces bateaux, qui ont une valeur de $40,000 peuvent
capturer au moins pour $20,000 de produit dans l'année. Vous avez ici
des bateaux de 92 pieds. Vous allez prendre, par exemple, des bateaux de 82
pieds du style dragueur, des chalutiers en acier. Un bateau, qui a fait 21
voyages, a capturé pour $57,000, mais c'est un bateau qui vaut tout
près de $300,000. Il n'a pas capturé trois fois la valeur du
bateau côtier, et il a coûté huit fois plus cher.
Ce qui veut dire que, si on voulait procéder par
élimination, par la qualification des pêcheurs, si le gouvernement
voulait améliorer la loi du crédit maritime, de façon
à permettre aux pêcheurs de bonne foi et aux pêcheurs
compétents de s'organiser les pêcheurs côtiers
le gouvernement pourrait aider grandement l'industrie de la pêche, aux
Iles-de-la-Madeleine en particulier.
Je ne parle pas pour la Gaspésie puisqu'en Gaspésie on ne
peut pas pratiquer la même pêche parce que les fonds de homard ne
sont pas aussi bons. Quant à la plie, au hareng d'automne et à la
pétoncle, ils sont pratiquement inexistants.
Je crois qu'on devrait améliorer le crédit maritime de
façon que le gouvernement permette de prêter davantage pour la
construction du bateau lui-même et permette également un montant
plus considérable pour l'achat des agrès de pêche et que le
remboursement puisse s'effectuer sur une période plus longue.
Actuellement, le prêt maritime se fait sur une période de cinq ans
seulement. Il faut bien se rappeler qu'au départ les taux
d'intérêt étaient à 7%. Le gouvernement payait 3%,
et laissait aux pêcheurs 4% à payer sur les intérêts.
Aujourd'hui, alors que les pêcheurs sont obligés d'emprunter
à 9% de leur caisse populaire locale ou de la régionale de Maria
ou de la Caisse centrale Desjardins de Lévis, le gouvernement ne verse
toujours que 3%, ce qui oblige les pêcheurs à payer 6%.
Pourquoi le gouvernement paie-t-il l'intérêt en entier sur
les chalutiers alors qu'il oblige les pêcheurs côtiers à
payer des intérêts Jusqu'à 6% sur leur mise de capital? Je
pense que c'est là une anomalie qui devrait être corrigée.
Dans les prévisions du ministère, pour les crédits
alloués aux prêts consentis selon la Loi du prêt maritime,
on devrait faire certains changements qui permettraient aux pêcheurs
côtiers de bénéficier des mêmes avantages que les
pêcheurs hauturiers.
D'un autre côté, on devrait également apporter des
améliorations à la loi pour permettre des prêts. On dit
dans la loi que les prêts doivent être consentis aux pêcheurs
de bonne foi. Normalement, un pêcheur de bonne foi est un pêcheur
dont le père était pêcheur autrefois. Mais si l'homme qui
veut emprunter pour s'organiser, qui est intéressé à
être pêcheur, si son père n'est pas un pêcheur, il ne
peut pas être considéré comme un pêcheur de bonne
foi. Il ne peut pas obtenir de prêt. Si son père est
décédé, il est un peu dans la même
situation. Et c'est la façon dont on interprète la Loi du
prêt maritime actuellement.
Ce sont des cas qui devraient être considérés, parce
qu'il y a des mineurs qui font la pêche depuis plusieurs années,
dont le père n'est pas nécessairement un pêcheur, il peut
être ferblantier, journalier, etc., ou dont le père est
décédé. Et ces jeunes ne peuvent avoir accès aux
avantages du prêt maritime. On devrait permettre que les prêts
consentis sous la Loi du prêt maritime soient augmentés.
Premièrement, on devrait prêter au moins jusqu'à
$10,000 pour un bateau de pêche de 40 pieds de longueur et plus. On
devrait permettre, également, des prêts plus faciles et
remboursables pour l'achat des agrès de pêche à tant pour
cent de la valeur de la capture comme pour les pêcheurs hauturiers;
également, permettre un privilège de remboursement plus
prolongé quand il s'agit du remboursement du paiement d'un moteur
à l'huile plutôt que le moteur à essence, puisqu'il est
reconnu qu'un moteur à l'huile, qui coûte plus cher à
l'achat, dure plus longtemps et est moins sujet aux accidents. Actuellement,
qu'on achète un moteur à l'huile ou à essence, on doit
effectuer le remboursement dans la même période.
Je crois que ce sont toutes des choses que le ministère devrait
étudier. Il aurait également avantage à étudier de
très près le mémoire qui lui a été soumis le
8 janvier 1969 par les pêcheurs et les associations de pêcheurs des
Iles-de-la-Madeleine qui proposent des changements à la Loi du
prêt maritime, particulièrement aux articles 7, 8 et 9.
Le gouvernement devrait prévoir quelque chose pour le
pêcheur côtier, pour protéger les pêcheurs. J'ai
oui-dire que le gouvernement fédéral à l'intention
d'abandonner son programme qui s'appelle le « Sick Mariner » et qui
permet aux pêcheurs d'être protégés en cas de maladie
ou d'accident, à un coût très minime. Si le gouvernement
fédéral se retire de ce projet, le gouvernement provincial
devrait consentir le sacrifice de le remplacer, parce que c'est une chose
absolument indispensable en ce qui concerne les pêcheurs côtiers
des Iles-de-la-Madeleine.
Quant aux accidents, dans le domaine de l'assurance-chômage,
autrefois le gouvernement fédéral n'acceptait pas que les
pêcheurs côtiers fussent des employeurs, et les pêcheurs ne
pouvaient pas bénéficier des avantages de
l'assurance-chômage. En changeant quelques mots dans la loi, on a permis
aux pêcheurs de bénéficier des avantages de
l'assurance-chômage. Je pense qu'on devrait faire la mê- me chose
au gouvernement provincial pour permettre aux pêcheurs de
bénéficier des avantages de la Commission des accidents du
travail. Actuellement, ils ne sont protégés par aucune
législation, ni provinciale, ni fédérale, et ce sera pire
si le « Sick Mariner » est abandonné.
En ce qui concerne les pêcheurs côtiers, ce sont des
considérations que je me devais de faire. Je voudrais ajouter que, si le
gouvernement fédéral retire la subvention de 25% qu'il accordait
sur le coût de la construction d'une embarcation de pêche
côtière, le gouvernement provincial devrait reviser sa propre
politique, de façon à permettre aux pêcheurs de
bénéficier des mêmes avantages. Surtout en ce qui concerne
les bateaux les plus rentables, soit les bateaux polyvalents ou à
pêche multiple, de quarante à quarante-cinq pieds.
Maintenant, il y a des investissements valables que le gouvernement
devrait faire pour aider à l'organisation, aux Iles-de-la-Madeleine, du
commerce, par exemple, du hareng salé. L'an dernier, la
Coopérative centrale a fait un effort de ce côté, et cela
s'est avéré rentable. Mais Il reste que même si la
Coopérative centrale, à cause d'une excellente administration, a
réussi à boucler son budget et à administrer avec profit
cette année, il reste que cette coopérative n'a pas les
possibilités financières requises pour lui permettre d'innover,
de prendre certains risques en ce qui concerne l'organisation de nouveaux
débouchés pour les produits de la pêche que l'on trouve
autour des Iles-de-la-Madeleine.
Le gouvernement devrait aider, je crois, la Coopérative centrale
des Iles-de-la-Madeleine de la même façon qu'il aide les
Pêcheurs unis du Québec, la St. Lawrence Sea Products ou la Coast
Produce Inc., pour permettre à la Coopérative centrale et aux
industries qui seraient à acheter des « fileteuses » pour le
hareng et pour le maquereau, parce que nous sommes capables de trouver un
marché pour une certaine quantité de ces produits pour autant que
nous serons organisés de façon à pouvoir produire
économiquement.
Nous avons, nous le croyons, des organisations qui sont capables de
fonctionner de façon économique. La preuve, vous l'avez
donnée vous-mêmes tantôt puisqu'il n'y a qu'aux
Iles-de-la-Madeleine que les organisations ont fonctionné avec profit,
même avant l'assistance gouvernementale. Si on pouvait s'organiser pour
le commerce du hareng salé, pour le filet de maquereau et pour le filet
de hareng également, pour trouver aussi d'autres débouchés
pour la préparation du hareng, cela nous permettrait de
pêcher le hareng à l'automne. A partir du 15 septembre on
peut faire la pêche du hareng d'automne, et ça jusqu'à la
fin de décembre et même jusqu'en janvier. Ce qui maintiendrait au
travail un grand nombre de pêcheurs et aussi un grand nombre de personnes
dans l'industrie elle-même. Voilà pour ce qui concerne la
pêche côtière.
Quant à la pêche hauturière, M. le Président,
je voudrais faire remarquer au ministre qu'aux Iles-de-la-Madeleine la
situation commence à nous inquiéter. Nous avions, il y a quelques
années, 28 chalutiers aux Iles-de-la-Madeleine. Maintenant la flotte est
réduite à 21 chalutiers: onze de 82 à 89 pieds, cinq de 65
pieds, un de 60 pieds et quatre bateaux seineurs de 89 pieds.
La plupart des chalutiers de faible tonnage, 60 et 65 pieds, ont
été mis hors d'usage ou ils seront remplacés par des
chalutiers de plus fort tonnage très bientôt. Il reste que, quand
un chalutier est retiré parce qu'il n'est plus rentable, l'on ne
prévoit pas le remplacement. Nous avons aux Iles d'excellents capitaines
de chalutier; mais, à l'heure actuelle, il n'y a pas un seul capitaine
qui ait demandé de bénéficier des avantages de la loi pour
la construction d'un nouveau chalutier, parce que le gouvernement ne semble pas
vouloir changer sa politique en ce qui concerne le financement des 10% qui
doivent être fournis par le capitaine pour l'acquisition de son
chalutier.
Quand on pense qu'un capitaine de chalutier a normalement entre 28 et 32
ans et qu'il doit être en mesure de trouver un capital de $12,000 ou
$15,000 pour acquérir un chalutier, nous savons que la chose est
impossible. Le gouvernement ne pourrait-il pas faciliter, par la loi du
prêt maritime, l'acquisition, par des capitaines compétents, des
pêcheurs des Iles-de-la-Madeleine, de nouveaux chalutiers qui viendraient
grossir la flotte de pêche des Iles? Cela serait de nature à
permettre le fonctionnement des usines à plein rendement.
Présentement, vous avez mentionné tout à l'heure
que les usines ne fonctionnaient pas à plein rendement. Que voulez-vous,
il est impossible de faire fonctionner une usine à plein rendement quand
on a pas le nombre suffisant de chalutiers. Nous avons les capitaines, nous
avons l'effectif humain, le capital humain, chose qui manque dans beaucoup
d'autres industries dans la province de Québec. Nous avons d'excellents
pêcheurs. Tout ce qui leur manque ce sont les outils. Le gouvernement
devrait faire en sorte de leur permettre de se procurer ces outils dans le plus
bref délai possible.
Le gouvernement aurait également avantage à ne pas faire
sourde oreille aux recommenda- tions qui lui ont été soumises par
les pêcheurs hauturiers, en mars 1968, sur les priorités de
l'exécution du plan d'aménagement des Iles-de-la-Madeleine.
Il y a un autre sujet concernant les pêcheurs hauturiers que je
voudrais aborder brièvement. C'est celui que nous avons connu, il y a
déjà près de quatre ans, lorsque le chalutier Marie-Carole
est disparu au large des côtes de la Nouvelle-Ecosse et avec quatre
capitaines, qui étaient à bord du bateau, plus un autre homme
d'équipage. Naturellement, pour le bateau perdu, le Marie-Carole, le
gouvernement a passé une loi spéciale pour permettre la
libération des successions, mais il est arrivé que deux des
capitaines qui étaient à bord, le capitaine Pierre Poirier et le
capitaine Rosaire Lapierre avaient des bateaux qui, naturellement,
étaient dus cinq fois au ministère.
Pas à cause de leur mauvaise administration, mais à cause
du fait que le gouvernement a fait des expériences avec les chalutiers
de 60 pieds et de 65 pieds et, ces expériences, il ne les a pas faites
à son compte, il les a faites au compte des pêcheurs.
Quand les capitaines Pierre Poirier et Rosaire Lapierre ont
été disparus, le gouvernement a repris possession des bateaux,
comme c'était son droit d'après l'entente intervenue lors de
l'acquisition par les capitaines, mais le gouvernement a négligé
à ce moment-là de prendre à ses charges les dettes des
capitaines en question, pour l'exploitation de leurs bateaux. C'est ainsi que,
dans le cas du capitaine Pierre Poirier qui devait un compte de $710.72
à la compagnie Irving Oil, pour de l'huile qui avait été
achetée pour faire fonctionner son bateau, le gouvernement, ayant repris
le bateau, n'a laissé que le passif à la veuve et aux
héritiers et aujourd'hui, elle doit faire face 3 une saisie de
$895.24.
La semaine dernière, J'étais aux Iles-de-la-Madeleine et
j'ai rencontré Mme Poirier, à sa demande, puisque le huissier
était venu lui porter dans le cours de la journée, cette saisie.
Immédiatement, J'ai communiqué avec la meilleure étude
légale de la Gaspésie pour faire une contre-proposition, une
contre-saisie Je ne sais pas trop comment on appelle cela en tout
cas, j'ai appelé Mes Levesque et Arseneault pour faire opposition
à cette saisie.
Mais. il reste que c'est une chose impensable que le gouvernement oblige
cette famille à payer pour des comptes qui étaient dus pour
l'exploitation du bateau. Il y a d'autres dettes, mais elles concernent
l'administration de la propriété ou de la maison et cela, on n'en
tient pas grief au gouvernement. Une somme de $895,
actuellement, pour la famille, c'est une chose impensable tandis que
pour le gouvernement, et s'il voulait se montrer un peu plus
compréhensif, ce serait une chose qu'il serait capable de faire.
C'est la même chose dans le cas du capitaine Rosaire Poirier dont
le vieux père, qui n'a d'autres sources de revenus que son allocation
d'assistance vieillesse, est obligé de payer par versements des montants
dus à différents marchands, pour des choses achetées pour
l'exploitation du bateau.
Il y a là non seulement un problème de
compréhension humaine et Je pense que le ministère devrait
arrêter de se barricader derrière le légalisme pour
comprendre la situation impossible de ces familles et faire en sorte de payer,
au moins, les comptes dus pour les matériaux achetés pour
l'exploitation des bateaux.
Dans le cas de la famille de M. Pierre Poirier, $895, c'est une chose
inacceptable. La mère, qui a deux enfants qui vont à
l'école régionale, ne gagne sa vie qu'à l'usine, la
compagnie Gorton Pew. Elle gagne, net par année, environ $1,200 et elle
doit faire face à cette saisie. Vous comprendrez qu'elle ne peut pas y
faire face. Dans le cas de M. Rosaire Lapierre, c'est la même chose.
Je sais que le ministre et ses fonctionnaires vont s'arrêter au
côté humain de ce problème et considérer qu'il y a
là matière, peut-être, à étirer un peu les
règlements qui prévalent au ministère, de façon
à rendre Justice à ces personnes.
Il y a un autre problème extraordinaire. C'est celui de la prime
aux pêcheurs côtiers. La prime qui a été payée
et qui est retenue dans plusieurs cas, parce que des personnes ont reçu
de l'assistance sociale pendant les mois de Juillet et août.
Il est clair qu'après la pêche au homard, il n'y avait plus
rien. Les gars ne pouvaient pas aller pêcher parce qu'ils ne pouvaient
gagner suffisamment avec la valeur des produits de leur pêche pour
couvrir leurs frais. A ce moment-là, ils ont attaché leurs
bateaux et ils n'avaient d'autre alternative que de se rendre au Bien-Etre
social pour suffire à leurs besoins et à ceux des membres de leur
famille.
En Juillet et août, après que le gouvernement eut
décidé d'accorder une aide aux pêcheurs comment vous
appelez ça... une compensation...? .
M. BEAUDRY: Une classification.
M. LACROIX: Oui, à ce moment-là, ces gens sont
retournés en mer. Mais, il reste qu'en
Juillet et août, J'ai ici le cas d'une famille qui, après
une pêche au homard, était endettée de $550 et
n'était même pas capable de payer son homme, parce que la valeur
des captures ne compensait pas pour ce qu'il lui en avait coûté
pour se rendre en mer. J'ai deux cas spécifiques. Parce que ces
personnes ont dû se rendre au Bien-Etre social, là, on leur
retient leurs chèques et on le leur enlève sur la prime.
Qu'on le leur enlève, dans certains cas, c'est discutable, parce
que les gens, à ce moment-là, sont allés au Bien-Etre
social de façon très honnête, parce qu'ils n'avaient pas
d'autre choix pour nourrir leur famille.
Mais Je pense qu'on devrait se hâter au ministère de la
Famille et du Bien-Etre social et au ministère de l'Industrie et du
Commerce pour en venir à une entente. Qu'ils trouvent les gars qui en
ont reçu et qu'ils envoient au moins les autres. Après cela, on
se disputera pour le montant qui a été retiré soit
justement soit injustement, cela sera à évaluer.
Un autre cas, c'est le cas de la compagnie Grindstone Fisheries. J'en ai
glissé un mot tout à l'heure aux hauts fonctionnaires, et vous en
avez certainement entendu parler avant le début de la présente
séance. Si la compagnie Grindstone Fisheries qui est établie
à la Grande-Entrée aux Iles-de-la-Madeleine recevait la
même assistance de la part du ministère que celle qui a
été accordée aux Pêcheurs unis, à la
compagnies St. Lawrence Sea Products, à la compagnie Coast Produce, pour
leur permettre de faire face à leurs difficultés
financières, la compagnie Grindstone Fisheries pourrait agir. Elle
pourrait fonctionner de la même façon que les autres
compagnies.
J'ai communiqué hier et ce matin J'ai tenté de rejoindre
le gérant général de l'entreprise, mais il ne devait
entrer aux Iles qu'au début de l'après-midi et Je n'ai pas pu
obtenir les chiffres exacts. Mais je suis convaincu qu'il n'en coûtera
pas plus de $35,000 par année d'assistance pour permettre à cette
usine de produire et recevoir les poissons des pêcheurs de toute la
partie est des Iles-de-la-Madeleine. Pour la dernière année
d'activités complètes de la compagnie Grindstone Fisheries, nous
avons payé plus de $120,000 de salaires dans l'année, ce qui a
permis à ces travailleurs de se qualifier pour l'assurance-chômage
durant la période d'hiver.
Aujourd'hui, le gouvernement sera obligé de faire vivre ces
gens-là par le Bien-être social à cause de la fermeture de
l'usine. Le gouvernement est obligé, pour aider les pêcheurs qui
iront en mer après le 10 juillet, après la période de
pêche au homard, d'organiser deux
postes de réception du poisson. Il devra transporter, dans ces
postes de réception, la quantité de glace nécessaire pour
conserver le poisson en bon état. Le gouvernement devra payer des
personnes pour recevoir le poisson, pour l'entretien du poste de
réception. Le gouvernement devra également payer le transport du
poisson du poste de réception à l'usine de Cap-aux-Meules.
Si vous calculez tous ces frais, le gouvernement dépensera au bas
mot $150,000 dans le cours de l'année soit pour des mesures de
bien-être social dont il serait dispensé autrement, soit par le
fait de l'organisation de deux postes de réception, le transport de la
glace, l'emploi de personnes. Vous savez, quand c'est le gouvernement, vous
prenez deux hommes où cela en prend un, pour voir à l'entretien
du poste de réception et à la réception et aussi au
transport du poisson. Et qui vous garantit que le poisson arrivera à
l'usine de Cap-aux-Meules en bonne condition et que l'usine sera prête
à payer le prix normal du poisson. Si le poisson est envoyé
à l'usine de farine de poisson, le pêcheur n'en recevra pas quatre
cents la livre.
Et ce sont là des choses que le gouvernement devrait
étudier immédiatement. L'entreprise Grindstone Fisheries,
actuellement, se prépare. Elle débutera avec une dizaine de
personnes pour une courte période, si elle ne reçoit pas
d'assistance. Mais si le gouvernement lui accordait la même assistance
qu'il accorde aux autres entreprises, à ce moment-là, l'usine de
la compagnie Grindstone Fisheries pourrait produire toute l'année, payer
les salaires au maximum d'employés possible, et Je crois que le
gouvernement, à ce moment-là, s'il se montrait
com-préhensif, pourrait exiger de l'entreprise qu'elle apporte des
améliorations. Le gouvernement pourrait également en y
contribuant de ses deniers, demander à la compagnie d'avoir sur les
lieux un administrateur qui verrait à la bonne marche des choses pour
s'assurer que toute l'administration est normale. La compagnie Grindstone
Fisheries n'y apporte aucune objection.
Au ministère de l'Industrie et du Commerce, vous avez
intérêt à ce que de nouvelles industries viennent
s'établir. Pourquoi ne commencerions-nous pas par préserver
celles que nous avons? Cela serait de nature à aider
considérablement la situation économique d'une grande partie des
Iles-de-la-Madeleine qui, comme je le disais hier, ne sont pas prêtes
à déménager à Cap-aux-Meules. Comme Je veux le
répéter aussi, même si elles déménageaient,
je ne crois pas que les fonds de pêche déménageront pour
les suivre. A ce moment-là, cela obligera le gouvernement à des
dépenses considérables pour l'entretien de son réseau
routier, pour l'entretien du service d'électricité et enfin pour
tous les autres services.
Je vous demande, M. le Ministre, d'apporter une attention tout à
fait particulière à ce cas. C'est urgent. Ce n'est pas un
problème qui doit être résolu dans 20 ans. Actuellement, on
est à déménager le « plate-freezer » de
l'usine de Grande-Entrée, parce qu'il se détériore du fait
qu'il n'est pas utilisé. On est en train de démoraliser cette
population-là. Ce « plate-freezer » pourrait être
utilisé avec avantage à Grande-Entrée même. Je pense
que vous devriez communiquer le plus tôt possible... Je crois que vous
auriez avantage, M. le Ministre, à aller sur les lieux mêmes y
rencontrer les pêcheurs, les associations de pêcheurs, et les
autorités municipales afin de discuter avec eux de ce sujet-là,
ainsi qu'avec les autorités de Grindstone Fisheries. Je suis convaincu
qu'avec votre sens des affaires, avec votre compréhension du
problème social qui se greffe à ça, vous pourriez donner
des instructions pour que cette chose-là soit améliorée
dans un très bref délai.
En parlant des « plate-freezers », mon dernier point, je
mentionnerai au ministre que le gouvernement fournit des « plate-freezers
» là où il a ses propres installations, soit à
Cap-aux-Meules, à Grande-Entrée, à l'Etang-du-Nord et
à Havre-Aubert. Mais il y a l'entreprise privée, soit la
Coopérative centrale, J.-W. Delaney Ltée. Je crois qu'il y aurait
d'autres entreprises qui seraient intéressées à
bénéficier des avantages d'un « plate-freezer » soit
pour le homard, soit pour les pétoncles ainsi que pour le crabe. Mais le
coût des « plate-freezers » est prohibitif autant pour la
Coopérative centrale que pour l'entreprise privée. N'y aurait-il
pas possibilité, pour le gouvernement, de prévoir l'installation
de « plate-freezers » dans ces endroits-là, de
prévoir des coûts de location à l'entreprise privée,
quitte après à permettre à l'entreprise privée
d'acquérir ces « plate-freezers »? Le montant qui aurait
été donné en location pourrait être déduit du
coût du « plate-freezer » lui-même.
Je pense que ce serait encore une autre dépense capitale, ce
serait un investissement valable qui permettrait le développement des
pêches des Iles-de-la-Madeleine. Je veux ici terminer en
répétant que les Iles-de-la-Madeleine sont, étaient et
demeureront toujours le coeur des pêcheries commerciales de la province
de Québec. Cela, c'est un point que nous ne devons pas oublier.
Dans toutes les considérations au ministère, on ne devrait
pas toujours, uniquement, penser
en fonction de cents et de piastres. Si le ministère de
l'Industrie et du Commerce dépense $50,000 pour des investissements
valables qui permettront au ministère de la Famille et du Bien-Etre
social d'économiser $100,000 et peut-être davantage, il y aurait
peut-être possibilité de faire un virement de fonds entre les deux
ministères. Quand même il n'y en aurait pas, il y aurait
certainement un virement de fonds dans les taxes des contribuables, parce que
les taxes des contribuables seraient mieux utilisées. C'est mieux de
dépenser $50,000 pour faire travailler notre population que d'en
dépenser $120,000 pour laisser pourrir cette même population dans
l'ennui. Quand des personnes reçoivent de l'argent à ne rien
faire, vous savez qu'elles ont trop de temps pour dépenser. Elles n'en
reçoivent jamais suffisamment. Tandis que, lorsqu'ils vont travailler
à l'usine, les gens sont heureux de travailler et de faire de longues
heures, à condition que cela leur rapporte. L'investissement que le
ministère de l'Industrie et du Commerce pourrait faire, dans le cas des
Iles-de-la-Madeleine, dans le cas des pêcheries, serait un investissement
valable.
Vous verriez que votre collègue, ministre de la Famille et du
Bien-Etre social, vous en remercierait à deux mains, à genoux
même, parce que vous lui économiseriez des sommes
considérables. En plus, vous aideriez à résoudre un
problème d'emploi, un problème social, parce qu'aux
Iles-de-la-Madeleine, nous voudrions autant que possible garder nos meilleurs
éléments. Actuellement, nous payons des sommes astronomiques pour
instruire nos enfants et ils sont obligés des expatrier aux Etats-Unis,
au Nouveau -Brunswick, à l'île-du-Prince-Edouard ou en Ontario
pour gagner leur vie. Qu'est-ce que vous voulez qu'ils viennent faire à
Québec ou à Montréal. Vous n'avez même pas de
travail pour les vôtres. A ce moment-là, la province de
Québec paie pour ces jeunes et s'en vont ailleurs. Autrement, si le
ministère de l'Industrie et du Commerce voulait investir quelques
dollars, permettre aux industries qui y sont, de produire, tout en surveillant
la bonne administration, je considère que le gouvernement ferait un
excellent placement, non seulement pour les Iles-de-la-Madeleine, mais pour la
province de Québec également.
M. BEAUDRY: M. le Président, je prends bonne note des
recommandations du député des Iles-de-la-Madeleine. Il peut
être assuré que ses recommandations vont être
étudiées au ministère et, s'il y a des nouvelles
initiatives à apporter, vous pouvez être assuré qu'ils
seront heureux de les apporter.
Je voudrais faire remarquer au député des
Iles-de-la-Madeleine que, si nous y apportons toutes les mesures qu'il a
mentionnées, je pense qu'il va avoir de la misère à se
maintenir au pouvoir à la prochaine élection.
M. LACROIX: Même à cela, M. le Président, je vous
dirai que si la population des Iles-de-la-Madeleine pouvait
bénéficier de tous les avantages de choses qu'elle est en droit
d'attendre et qu'elle jugeait à propos de me battre; si la population
pouvait bénéficier, profiter de mon passage à
l'Assemblée nationale, j'en serais fort heureux.
M. BEAUDRY: Je remercie le député des Iles-de-la-Madeleine
de sa générosité. Il peut être assuré que
nous prendrons en haute considération ses suggestions et il peut
être également assuré que, dès le mois de juin, je
m'y rendrai personnellement afin de rencontrer les pêcheurs comme je l'ai
fait d'ailleurs l'année précédente.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que nous pouvons considérer le poste
budgétaire 9, adopté?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté.
UNE VOIX: Alors, nous revenons à mardi soir.
M. BOURASSA: Le poste budgétaire 10 est-il adopté?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Je rappelle au ministre qu'il y a trois
articles.
M. BEAUDRY: Cela va être fait, M. le Président.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Assurance, Rivière-au-Renard et le
rapport sur la rentabilité des usines.
M. LACROIX: Est-ce que vous permettez que je vous laisse la paix
maintenant?
M. BEAUDRY: Non, vous êtes bienvenu, vous pouvez rester, M. le
Président, cela va être fait le plus rapidement possible.
M. LE PRESIDENT: Nous revenons au poste budgétaire 2.
M. BEAUDRY: Nous étions rendus à l'article à, je
crois.
M. LEVESQUE (Bonaventure): C'est-à-dire que nous étions
rendus à l'article...
M. BEAUDRY: L'article à.
M. BOURASSA: Au cours de la journée de mardi, J'avais
demandé au ministre de s'informer si M. André Lagarde
était directeur du conseil d'administration de Golden Eagle. Alors, Je
pense que le sous-ministre a dû s'Informer puisque le ministre le lui
avait demandé?
M. BEAUDRY: D'après les renseignements que les hauts personnages
du ministère ont pu recevoir, c'est qu'il est directeur de la compagnie
Golden Eagle.
M. BOURASSA: Il est membre du conseil d'administration de la compagnie
Golden Eagle. Est-ce que le ministre peut dire depuis combien de temps?
M. BEAUDRY: Non. Je n'ai aucune Information au sujet de son
entrée en fonction.
M. BOURASSA: Est-ce qu'il a participé aux négociations
entre...
M. BEAUDRY: Aucunement. M. BOURASSA: Aucunement?
M. BEAUDRY: Je n'ai jamais rencontré M. André Lagarde.
M. BOURASSA: Vous n'avez jamais rencontré M. André
Lagarde?
UNE VOIX: C'est un bon gars!
M» BOURASSA: Vous voulez dire que vous ne l'avez jamais
rencontré à titre d'administrateur de Golden Eagle?
M. BEAUDRY: Ni à titre d'administrateur, ni autrement.
M. BOURASSA: Vous ne le connaissez pas de vue?
M. BEAUDRY: C'est une personne. On me dit qu'il se nomme André
Lagarde. J'ai pu le voir à l'occasion il y a quelques années,
mais je puis vous dire que cela fait quelques années que je n'ai pas eu
l'occasion de...
M. BOURASSA: Mais il doit être présent à certains
congrès, à des congrès ou à des
réunions?
M. BEAUDRY: Pas que je sache.
M. HAMEL: Cela n'a pas de rapport avec...
M. BOURASSA: Non, mais c'est parce que je trouve curieux que le
trésorier du parti soit un inconnu pour un ministre du gouvernement,
M. BEAUDRY: Vous m'apprenez que c'est un M. Lagarde qui est
trésorier du parti. Je ne savais pas que cela existait.
M. BOURASSA: Vous êtes probablement le seul à ne pas le
savoir.
M. BEAUDRY: Je vous remercie de votre renseignement.
M. ROY: C'est parce que dans son cas, la Trésorerie le
préoccupe tellement!
M. BOURASSA: Quand les options ont-elles été
exercées sur les terrains? Il y a des options qui ont été
prises Il y a trois ans ou deux ans sur des terrains?
M. BEAUDRY: Quelles options?
M. BOURASSA: Par Golden Eagle. Quand les terrains ont-ils
été achetés par la compagnie?
M. BEAUDRY: Quels terrains?
M. BOURASSA: Les terrains où la compagnie s'établira,
à Saint-Romuald.
M. BEAUDRY: Je n'ai pas vu les transactions mais, d'après les
journaux, la transaction a été faite au début de
février.
M. BOURASSA: Vous voulez dire l'achat définitif des terrains?
M. BEAUDRY: L'achat des terrains.
M. BOURASSA: Mais il y a eu des options qui ont été
prises, je pense, voilà un an ou deux?
M. BEAUDRY: Je ne suis pas au courant.
M. BOURASSA; Ou trois ans?
M. BEAUDRY: Voilà trois ans? Aucunement.
M. BOURASSA: Deux ans ou trois ans, du moins, selon mes
informations...
M. BEAUDRY: Selon mes informations, la compagnie GoldenEagle n'avait
aucunement l'in-
mention de venir s'établir ici avant juin ou juillet 1968.
J'ai rencontré, pour la première fois, le président
de cette compagnie, au mois de mai ou juin 1968.
M. BOURASSA: M. Boyd? M. BEAUDRY: Exactement.
M. BOURASSA: Est-ce que le ministre des Richesses naturelles serait plus
apte à répondre pour toute cette question de la
Société Franco-Québécoise qui devait
s'établir ici?
M. BEAUDRY: Oui.
M. BOURASSA: Alors, je réserverai mes questions pour le ministre
des Richesses naturelles.
M. HOUDE: Avant que mes savants collègues continuent à
poser des questions fort compliquées comme cela a été le
cas mardi dernier...
M. BOURASSA: Pertinentes mais compliquées!
M. HOUDE: Peut-être! J'aimerais, comme profane dans toute cette
question de l'industrie et du commerce, apporter un commentaire.
J'ai remarqué, dans les échanges au cours de la
journée de mardi, combien étaient grands les efforts de votre
ministère en vue de créer de nouveaux emplois, comment
étalent considérables également les budgets
accordés à ce secteur de la recherche.
D'autre part, le ministre a fait mention de certains projets
immédiats comme, par exemple, création d'un centre de recherche
industrielle. Il a parlé, également, assez abondamment de
l'importance pour le Québec et pour son ministère d'aller
chercher à l'extérieur du Québec, notre province, dans le
domaine de l'industrie et du commerce...
Je m'étonne, cependant, de ne pas trouver dans les projets
immédiats, soit une commission, soit un projet urgent concernant quelque
chose qui nous arrivera. Et je m'explique. On a souvent parlé il
y a une expression qui revient souvent autour de cette table: Création
de nouveaux emplois, préparation au marché du travail futur. Or,
M. le Président, on a annoncé, très récemment,
l'établissement d'un aéroport. Peu importe l'emplacement. J'ai
l'impression qu'on a établi et qu'on peut tenir pour acquis, si c'est
vrai ce que tous les journaux nous ont rapporté, qu'il y aura de 75,000
à 100,000 nouveaux emplois. Donc, nous n'avons pas besoin de nous
creuser la tête pour l'instant, parce qu'on nous dit qu'il y aura de
75,000 à 100,000 nouveaux emplois créés, plus tard, avec
l'aéroport.
D'autre part, dans ce Parlement, depuis presque deux ans, tout le monde
est d'accord pour dire qu'une des raisons principales de la contestation
étudiante est le manque de nouveaux emplois. Tout le monde est d'accord
aussi dans ce Parlement pour dire qu'il y a une baisse importante et
malheureuse dans le domaine de l'enseignement professionnel, et que de plus en
plus, nos étudiants et nos étudiantes semblent se diriger vers le
préuniversitaire. On entend, continuellement, les gens dire: Il faut
former davantage des techniciens et des techniciennes.
Sachant qu'il y aura 75,000 à 100,000 nouveaux emplois, est-ce
que le ministère de l'Industrie et du Commerce ne pourrait pas avoir
dans ses projets immédiats des rencontres avec des industries
susceptibles de venir sûrement s'établir près de
l'emplacement du futur aéroport, d'une part, commencer
deuxièmement avec les ministères du Travail et de l'Education
à former, ou à orienter nos orienteurs, afin que nos milliers de
gars et de filles, qui sont actuellement en huitième ou neuvième
année, sachent que dans trois ans ou dans quatre ans, ils auront besoin
de tel diplôme de telle option, de tel cours, en vue d'emploi dont on est
certain de l'arrivée?
Personnellement, je trouve très louable, très beau, de
penser à l'avenir, de parler continuellement au futur et d'aller
chercher de nouveaux emplois. Mais je suis, malheureusement,
étonné de constater que, dans l'immédiat, on ne semble pas
tenir pour acquis qu'il y aura 100,000 emplois. On ne semble pas faire un
travail important et urgent, entre d'une part, le ministère de
l'Education et celui de l'Industrie et du Commerce et probablement le
ministère du Travail, pour commencer à préparer tout de
suite nos gars, nos filles dans le choix des options en leur disant: «
Voici, nous de l'Industrie et du Commerce, nous savons, qu'il y aura tel genre
ou tel genre de techniciens en grande demande.
Commençons par les préparer. Je comprends que le ministre
pourrait toujours me répondre: Bien sûr, il existe un
comité interministériel... Probablement, c'est vrai que ça
existe des comités interministériels, c'est la réponse
classique.
Est-ce que de fait, dans vos projets immédiats, il ne serait pas
possible que le bureau de la recherche prenne ça et s'en occupe vraiment
activement? Est-ce que le ministère de l'Industrie et du Commerce, qui
semble devenir le ministère le plus important, ne pourrait pas
devenir l'Initiateur ou le stimulant qui ferait que l'éducation
d'une part et le travail d'autre part collaboreraient à ce projet
très concret? Ce n'est pas un rêve, M. le Ministre, vous n'avez
pas de grand projet pour aller chercher l'aéroport, c'est quelque chose
qui a été annoncé, c'est vrai qu'il y aura bien des
emplois et c'est vrai également que, dans la région
métropolitaine, il y a actuellement des CEGEP, il y a actuellement des
écoles secondaires, il y a actuellement toute une préparation
pour la formation professionnelle qui ne demanderait pas mieux, j'en suis
certain, que de penser à orienter correctement nos
élèves.
D'autre part tout le monde sait, ce n'est un secret pour personne, que
même les orienteurs actuellement ont besoin d'orientation et que, dans
beaucoup de domaines et en particulier dans le domaine de l'enseignement
professionnel, il y a, semble-t-il, assez de confusion et une perte dans le
nombre des inscriptions comparativement au nombre d'Inscriptions dans le
secteur préuniversitaire.
Alors je conclus que si c'est vrai que nous avons besoin de techniciens,
si c'est vrai que l'industrie viendra s'établir dans l'entourage
immédiat du futur aéroport, je crois qu'il est urgent de former
immédiatement, de rencontrer les futures industries qui viendront
s'établir afin de savoir exactement la sorte de techniciens ou de
techniciennes dont nous aurons besoin dans deux, trois ou quatre ans.
M. BEAUDRY: M. le Président, je remercie le député
de sa suggestion. Il sait fort bien que, lorsqu'un industriel veut s'implanter
dans un endroit particulier, il regarde plusieurs facteurs, principalement
l'ampleur du marché, la qualité de la main-d'oeuvre, les services
et une foule d'autres normes pour la rentabilité de son industrie. Je
suis parfaitement conscient qu'il faut absolument que nous greffions autour de
cet aéroport des industries secondaires, qui deviennent un peu des
industries satellites au projet mentionné. Je déclare
qu'actuellement, nous, du ministère, allons tenter, par tous les moyens,
de développer une main-d'oeuvre qualifiée pour ce secteur
précis qu'il mentionne. Nous sommes conscients du problème, et le
problème n'est pas résolu. Mais nous prendrons les mesures
nécessaires pour que des techniciens qualifiés se dirigent vers
ce genre de travail afin qu'ils puissent trouver de l'emploi.
Un travail qui se développera dans la région où
l'entreprise précise va se construire.
M. HOUDE: Vous voulez dire que cela peut entrer justement dans ce genre
de projet immédiat, rencontres avec l'Education et les responsables des
écoles de formation...
M. BEAUDRY: Exactement.
M. HOUDE: ... professionnelle, votre ministère et d'autres
ministères en fonction de ces emplois.
M. BEAUDRY: Exactement.
M. BOURASSA: Il est 6 heures, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: La séance est ajournée a 8 heures.
M. HOUDE: Huit heures ou 8 h 15?
M. BEAUDRY: A 8 heures. Est-ce que l'article est adopté?
M. LE PRESIDENT: Ajourné à 8 h.
Reprise de la séance à 20 h 10
M. HAMEL (président de la commission de l'industrie et du
commerce): A l'ordre, messieurs!
M. BEAUDRY: Nous sommes rendus au poste budgétaire 7, article 2,
direction de la recherche.
M. BOURASSA: M. le Président, nous avions parlé l'autre
jour de considérer les différents secteurs de l'industrie au
Québec qui peuvent se développer. Alors nous sommes
arrivés au secteur des pâtes et papiers. Est-ce que le ministre
pourrait donner son point de vue là-des-sus? Par exemple, dans ses
négociations ou ses tractations avec le gouvernement
fédéral, quel a été le rôle du
ministère de l'Industrie et du Commerce pour l'application des
conclusions, si nous pouvons dire, du Kennedy Round. Vous savez que le Kennedy
Round affectait d'une façon spéciale le secteur des pâtes
et papiers, je me demande si, dans les papiers fins notamment, nous
n'étions pas affectés par les résultats du Kennedy
Round.
M. BEAUDRY: M. le Président, il est exact que les accords du
Kennedy Round, en ce qui concerne l'industrie du papier au Québec,
peuvent affecter l'industrie du papier fin. Je dois assurer mon collègue
qu'à plusieurs reprises, lors de nos rencontres avec le ministre
fédéral de l'Industrie et du Commerce, nous avons discuté
du problème et nous essayons de trouver une solution qui en
définitive serait à l'avantage du Québec.
M. BOURASSA: Mais quelle sorte de solution envisagez-vous en ce moment
pour être aussi optimiste? Je comprends que c'est une habitude chez vous
d'être optimiste. Mais est-ce que le ministre ne pourrait pas être
un peu plus précis?
M. BEAUDRY: J'aime mieux être optimiste que pessimiste.
M. le Président, étant donné que c'est le
gouvernement fédéral qui a négocié le Kennedy Round
et que c'est lui qui est en mesure d'assister ces industries dans les
pâtes et papiers, je crois que le gouvernement fédéral sera
beaucoup plus en mesure que nous de trouver les solutions réelles au
problème.
M. BOURASSA: Oui, mais est-ce que le ministère fait des
suggestions au gouvernement fédéral pour protéger ou aider
les entreprises au
Québec qui sont particulièrement affectées par le
Kennedy Round? Il me semble que c'est le rôle du ministère,
même si c'est de juridiction fédérale, de voir à ce
que l'application de ces mesures se fasse à l'avantage des entreprises
québécoises.
M. BEAUDRY: M. le Président, nous avons l'occasion, à
maintes reprises, de dialoguer et de discuter avec le gouvernement
fédéral et je puis vous assurer que ce n'est pas facile de lui
faire changer d'idée. Mais si, par contre, le député de
Mercier...
M. BOURASSA: Avec de bons dossiers, ça aide!
M. BEAUDRY: ... avait une idée géniale à nous
suggérer...
M. BOURASSA: Bien, c'est que je passe mon temps à en faire!
M. BEAUDRY: ... je puis lui dire que je vais prendre bonne note de ses
idées pour les suggérer au gouvernement fédéral,
car celui-ci ne semble pas, non plus, avoir trouvé la solution au
problème.
M. BOURASSA: Je comprends qu'au Québec, la question des papiers
fins est peut-être moins grave. Je ne sais pas si le ministre peut me le
confirmer. Je pense bien que 70% de la production au Québec, dans ce
secteur-là, c'est le papier-journal.
M. BEAUDRY: A peu près 70%, le papier-journal.
M. BOURASSA: Ah! mon chiffre est bon. Alors Je comprends... Il reste
quand même des entreprises, je pense à la région de
Saint-Jérôme, l'entreprise de Lucien Rolland qui doit être
affectée par l'application du Kennedy Round. C'est pour cela que je
signalais au ministre l'importance d'examiner cette question. Le ministre est
au courant qu'une organisation a été instituée par le
gouvernement fédéral, dirigée, Je pense, par M. Samson.
Est-ce que c'est exact?
M. BEAUDRY: C'est là, M. le Président, que mon conseil
général entre en ligne de compte. Etant conscient du
problème, j'ai nommé M. Lucien Rolland au Conseil
général S l'industrie. Je puis vous assurer qu'étant une
personne hautement qualifiée dans ce domaine, il va certainement aider
le ministre à trouver les solutions qui s'imposent.
M. BOURASSA: Au sujet de l'aluminium, cela me vient à l'esprit
parce que je me souviens d'une conférence qu'avait prononcée le
sous-ministre, il y a un an ou un an et demi, sur les implications du Kennedy
Round, le sous-ministre avait dit à ce moment-là qu'une grande
déception du Kennedy Round était le fait, que le tarif de
l'aluminium n'avait pas été baissé, qu'entre autres le
marché commun, sur l'insistance de la France, avait refusé de
baisser son tarif, ce qui aurait permis d'augmenter peut-être la
production québécoise dans ce secteur.
Alors, Je demande, premièrement, si c'est bien ce que le
sous-ministre a dit et si, deuxièmement, le ministre, à
l'occasion de son voyage plus ou moins fructueux à Paris, en a
discuté avec les autorités?
M. BEAUDRY: En Europe, $70 millions...
M. BOURASSA: Non, je parle de son voyage à Paris parce qu'il est
resté seulement quelques heures à Londres, le temps de se refaire
l'estomac...
M. BEAUDRY: Je suis resté presque aussi longtemps en Angleterre
qu'en France.
M. BOURASSA: Non, ce que je demande au ministre, je ne parle pas de son
voyage à Londres où il a confirmé une transaction qui
était en voie, Je parle de son voyage à Paris. Est-ce qu'à
Paris il a discuté de cette question qui a été
soulevée par son sous-ministre? On connaît sa compétence,
il avait alors exprimé que c'était l'une des grandes
déceptions du Kennedy Round. Est-ce qu'il en a parlé au
général de Gaulle ou aux représentants français? Le
ministre aurait pu très bien dire au général de Gaulle: Si
vous voulez nous aider, mon général...
M. BEAUDRY: M. le Président, on m'informe que cette
conférence a duré...
M. BOURASSA: C'était devant le Montreal Economie Association.
M. BEAUDRY: ... de septembre 1967 et Je pense que depuis septembre
1967...
M. BOURASSA: Il y a eu des changements dans le tarif de l'aluminium.
M. BEAUDRY: Il y a eu quelques voyages à Paris.
M. BOURASSA: Il y en a eu un très grand nombre. Les
résultats ont été inversement proportionnels au nombre de
voyages.
M. BEAUDRY: M. le Président, je ne comprends pas le
député de Mercier qui déteste tellement la France. Il me
semble qu'il jouit lorsqu'on ne peut pas décrocher d'investissements
français. Pouvez-vous comprendre cela? Dieu sait comment il est
difficile d'avoir des Investissements. M. le député de Mercier
sait certainement, que ce soit des Français ou des Yougoslaves ou des
Russes ou d'autres nationalités, ils ne viendront au Québec que
si c'est rentable et que si, dans le domaine où ils veulent
évoluer, il y a des possibilités.
M. BOURASSA: M. le Président, j'interromps le ministre
immédiatement. Il n'est pas question que Je déteste les
Français, Je suis le seul membre de l'Assemblée nationale qui
fait partie de l'Association France-Canada. Ce que je trouve
étonnant...
M. BEAUDRY: Vous vous exprimez avec un sourire narquois. Il jouit
lorsque nous ne pouvons pas décrocher d'investissements français.
Je veux dire au député de Mercier la position que j'ai prise lors
de mon voyage 1 Paris et de l'allocution que j'ai prononcée devant la
Chambre France-Canada. En quelques mots, je vais lui dire pour le rassurer, ma
position et vous allez voir qu'elle est claire et nette: « Bien que
fortement intégré à l'économie
nord-américaine, le Québec n'entend pas moins intéresser
les entreprises françaises à s'établir chez lui et prendre
part à son expansion. » C'est là la teneur du message qu'a
livré le ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. BOURASSA: M. Jean-Paul Beaudry.
M. BEAUDRY: « Le Québec souhaite vivement voir augmenter,
non seulement les échanges avec la France, mais encore et surtout les
investissements français sur son territoire. Il ne s'agit pas là
d'une action qui vise à changer profondément nos courants actuels
d'échanges ou la source de capitaux extérieurs, si
nécessaires à l'expansion de notre économie. Fortement
intégré à l'économie nord-américaine le
Québec n'entend aucunement s'en dissocier mais il sait aussi
l'importance de la diversification des actions, de la souplesse des politiques
et de l'ouverture à de nouvelles techniques ou de nouveaux produits.
Dans cet esprit, le Québec cherche à intéresser les
entreprises françaises à venir s'implanter chez lui pour y faire
des affaires profitables et participer ainsi à sa propre expansion.
« Nous savons le vaste effort que l'industrie française accomplit
pour s'affirmer au sein du marché commun. Nous savons qu'il peut
paraî-
tre plus difficile pour une entreprise française de venir
s'implanter au Québec. Nous n'ignorons pas ces difficultés. Mais
il y a une raison bien précise à notre instance; c'est que seule
une présence industrielle française au Québec permettra
d'asseoir solidement la coopération culturelle qui demeure le premier et
le plus fructueux objet de notre action commune. « Bien sûr, une
action industrielle se justifie d'abord par les résultats industriels
qu'elle peut produire. Nous ne pourrions demander aux entreprises
françaises de faire des sacrifices que d'autres entreprises ne
voudraient pas faire pour venir s'implanter chez nous. Nous ne pourrions non
plus consentir en matière économique des avantages exclusifs
à ces entreprises françaises. Notre économie de libre
entreprise et nos liens étroits avec toute l'Amérique du Nord,
surtout dans le domaine financier, ne nous le permettraient pas. «
Vouloir intensifier la présence industrielle française au
Québec, ce n'est pas songer à une oeuvre artificielle. Notre
position est toute simple. Il y a chez nous un marché en expansion et
une main-d'oeuvre déjà réputée pour sa
productivité. Du Québec, on peut atteindre d'importants
marchés nord-américains tout en pouvant communiquer rapidement
avec l'Europe. »
M. BOURASSA: C'est le discours du ministre prononcé à
Paris?
M. BEAUDRY: « Il y a peu de secteurs ou de branches d'industrie
qui ne soient présents au Québec. Il est donc, bien sûr,
difficile de préciser maintenant les secteurs où il existe des
marchés particulièrement propices. Il n'est pas nécessaire
d'être un géant pour envisager une implantation au Québec.
Ce sont surtout les affaires de moyenne dimension qui peuvent le plus
rapidement se faire une place sur nos marchés. »
Alors, après cette allocution, le député de Mercier
comprendra notre position vis-à-vis des industries françaises.
J'ai essayé de leur étaler, le plus brièvement possible,
la situation à laquelle ils doivent s'attendre lorsqu'ils viennent
s'établir chez nous, au Québec. Qu'ils ne s'attendent pas
à avoir des marchés captifs, qu'ils ne s'attendent pas à
avoir une aide spéciale.
Si les Français sont intéressés avenir
s'établir chez nous, il faudra qu'ils y viennent, qu'ils s'y battent
contre les entreprises déjà existantes.
M.BOURASSA: Le ministre ne m'a pas compris du tout. J'ai tout simplement
dit...
M. BEAUDRY: Vous avez l'air de sourire lorsque...
M. BOURASSA: Non, je ne souris pas. C'est le ministre qui me voit
toujours sourire.
M. BEAUDRY: C'est dommage qu'un sourire ne puisse pas être inscrit
au journal des Débats!
M. BOURASSA: Je ne souris pas, je dis au ministre que je trouve curieux
qu'après tellement de voyages et de rencontres Il n'y ait pas tellement
de résultats. Nous pourrons y revenir tantôt, nous pouvons
adopter...
M. BEAUDRY: J'ai fait un voyage, il me reproche d'y être
allé une fois. J'y suis allé une fois!
M. BOURASSA: Non, non, je ne parle pas.
Quel est le résultat à la Commission
Franco-Québécoise? C'est un autre comité. C'est tout de
même curieux. Michelin va en Nouvelle-Ecosse, M. Chrétien va en
France et il revient avec des investissements pour le Nord-Ouest; il y a
d'autres investissements français pour la Saskatchewan, l'Alberta;
Péchiney va aux Etats-Unis. Ils vont partout sauf au Québec,
Alors, nous pouvons nous poser des questions.
M. BEAUDRY: Je vous l'ai dit, que ce soient les Français ou
d'autres nationalités, ils iront évoluer dans leur domaine
seulement si c'est prouvé que ce sera rentable pour leur entreprise.
M. BOURASSA: Le ministre a dit que Michelin avait déclaré
à la télévision, lorsqu'il a inauguré le Salon de
l'automobile à l'aréna Maurice Richard, qu'il n'y avait aucune
raison « rationnelle » qui pouvait justifier l'établissement
de Michelin en Nouvelle-Ecosse. Ils y vont quand même. Pour quelle
raison, alors?
M. BEAUDRY: Je suis d'accord et j'aimerais que cette même
compagnie, si jamais elle décide d'y aller elle ne l'a d'ailleurs
pas annoncé je ne suis pas d'accord avec sa décision et je
puis vous dire que je ne serai pas convaincu à moins que ces gens
puissent me trouver des arguments valables. Chez nous, au ministère,
nous sommes convaincus qu'il n'y a aucun argument à l'effet que ce sera
plus rentable pour la compagnie Michelin d'aller s'établir en
Nouvelle-Ecosse.
M. BOURASSA: Pourquoi y vont-ils?
M. BEAUDRY: C'est à eux qu'il faut le demander.
M. BOURASSA: Le ministre ne leur a pas demandé, à Paris?
Il y a passé trois jours, il a dû avoir le temps de le leur
demander!
M. BEAUDRY: Si le ministre leur a demandé, il n'est pas
obligé de répondre pour la compagnie Michelin.
M. BOURASSA: Je pense que moi, il est de mon devoir de demander au
ministre comment il se fait lorsqu'il dit publiquement qu'il n'y a
aucune raison qui puisse justifier l'établissement en Nouvelle Ecose, il
l'a dit alors que la compagnie décide d'y aller, puisqu'il a
discuté avec eux?
M. BEAUDRY: M. le Président, l'annonce de l'implantation de la
compagnie Michelin en Nouvelle-Ecosse n'a pas été faite encore.
Je ne peux pas concevoir que cette compagnie puisse faire un tel choix, selon
le ministre, et selon l'étude que nous avons faite au ministère;
par contre, ce n'est pas au ministre Il décider pour la compagnie
Michelin. Je puis vous assurer que le gouvernement du Québec, plus
précisément le ministère de l'Industrie et du Commerce, a
fait tous les efforts requis pour essayer de convaincre la compagnie Michelin
et de lui fournir des avantages pour venir s'installer au Québec.
Par contre, nous savons que la compagnie Michelin est une des compagnies
les plus si Je peux employer le mot secrètes qui existent
au monde et qu'il est très difficile d'entrer au sein de son
exécutif. Cette compagnie a des façons d'administrer que d'autres
compagnies n'ont pas; Je suis certain que cette compagnie peut avoir pris des
décisions. C'est notre idée que, si elle prend une telle
décision, elle se trompe. J'aimerais bien que cette compagnie, si elle
veut, puisse nous convaincre que c'est économiquement plus rentable de
s'établir en Nouvelle-Ecosse qu'au Québec.
M. BOURASSA: Nous reviendrons, M. le Président, sur ces questions
à l'occasion de la discussion...
M. LEVESQUE (Bonaventure): M. le Président, si nous étions
d'accord, nous pourrions peut-être, sous réserve de revenir sur
les sujets d'ordre général, passer les articles du budget...
M. BEAUDRY: Est-ce que vous me permettriez juste une...?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Certainement.
M. BEAUDRY: M. le Président, dans la Saskatchewan, les
investissements français sont dans le potasse. Nous n'avons pas de mine
de potasse, ici.
M. BOURASSA: Nous sommes supposés avoir une richesse
minière.
M. BEAUDRY: C'est l'huile dans le Nord-Ouest québécois.
Dans l'Ouest canadien c'est le Prudhoe Bay, les découvertes d'huile;
nous n'avons pas encore eu le privilège de découvrir de l'huile
chez nous.
M. BOURASSA: Je constate simplement que les investissements se font
partout, sauf au Québec, On crée des commissions, des
comités, on discute, on voyage, on se rencontre, mais il n'y a rien qui
vient.
Mais est-ce que je comprends que le député de Rouville est
opposé à cette politique de...?
UNE VOIX: De?
M. BOURASSA: Bien, il dit... notre député vient de dire
que nous sommes responsables de ces échanges, de cette multiplication
des échanges... Mais vous vous opposez à cette politique
franco-québécoise?
M. HAMEL: Trop de voyages: je ne suis pas pour cela.
M. BOURASSA: Y compris par vos ministres?
M. HAMEL: Le ministre de l'Industrie et du Commerce n'y est allé
qu'une fois.
M. BOURASSA: Non, non, mais je parle... ce n'est pas le seul qui soit
allé à Paris.
M. HAMEL: Ah, oui! Mais il n'apas d'affaires à
défendre...
M. BOURASSA: En tout cas, c'est dans le journal des Débats. Le
député s'oppose aux voyages.
M. HAMEL: Je n'ai pas dit que je m'opposais aux voyages pour attirer des
industries au Québec. J'ai dit qu'en principe, J'étais contre
trop de voyages.
M. BOURASSA: En France? Ou ailleurs? M. HAMEL: Bien, n'importe
où.
Nollser des avions pour ouvrir des maisons à Paris ou...
Là, Je suis contre cela.
M. BEAUDRY: Oui, M. le Président...
M. LEVESQUE (Bonaventure): J'avais suggéré simplement,
pour accélérer un peu les choses, que nous puissions
peut-être procéder article par article, quitte à revenir i.
la fin de l'étude sur les sujets d'ordre général, avec le
consentement unanime.
M. BEAUDRY: D'accord, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (M. Simard): Poste budgétaire 2: Bureau de
recherches économiques, article 1: Traitements et indemnités.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Le poste budgétaire 2 est
adopté.
M. LE PRESIDENT: 1 et 2 sont adoptés? UNE VOIX: Au complet. M. LE
PRESIDENT: Au complet! UNE VOIX: Oui.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Poste budgétaire 3: Pavillon du
Québec à l'Exposition universelle d'Osaka, Japon.
J'aurais une question à poser au ministre. Qui est le commissaire
général du pavillon du Québec à l'Exposition
d'Osaka?
M. BEAUDRY: M. Louis-Hébert Desjardins de Montréal;
commissaire associé, M. Michel Beaudry, de Montréal; adjoint au
commissaire, M. Normand Bernier, de Montréal.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Combien de fonctionnaires ou
d'employés...
M. BEAUDRY: Avons-nous actuellement...
M. LEVESQUE (Bonaventure): ... sont prévus pour le poste...
M. BEAUDRY: Pour le pavillon...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Traitements et indemnités.
M. BEAUDRY: Pour l'administration du pavillon...
M. LEVESQUE (Bonaventure): A l'article qui paraît au budget.
M. BEAUDRY: 45 Québécois et 15 Japonais.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Quelles sont les fonctions, en
général, de ces personnes?
M. BEAUDRY: Un commissaire général, un commissaire
adjoint, un adjoint d'administration, un secrétaire du commissaire, un
secrétaire d'administration, un chef du personnel d'acceuil, un
chargé de recherche, un commis de bureau, un directeur
d'aménagement, un secrétaire d'information, un agent de bureau,
deux hôtesses déléguées, vingt hôtesses, six
guides, un directeur artistique, quatre techniciens.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Quand naturellement ces gens devront-ils
être en poste, à quelle date? Ils ne seront pas tous en poste
à la même date?
M. BEAUDRY: J'imagine que non.
M. LEVESQUE (Bonaventure): A mesure que les besoins se feront
sentir?
M. BEAUDRY: L'effectif complet sera en poste le 15 février
1970.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Présentement, quels sont les
effectifs?
M. BEAUDRY: Présentement nous en avons huit en poste.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Qui s'occupe de la construction du
pavillon?
M. BEAUDRY: Le ministère des Travaux publics; l'architecte des
Travaux publics M. Fred Walker; l'architecte Jacques De Blois de Québec;
l'architecte associé japonais Sanza du bureau d'architectes et
d'ingénieurs d'Osaka, Japon, le président est M. Masami Tokunaga;
l'ingénieur en structure mécanique, M. Jean Royer du bureau Roger
Royer et Thivierge, de Québec; Jacques Hébert, du bureau de
Jacques Hébert et associés, de Montréal, designer;
l'entrepreneur pour la construction du pavillon Takenaka Komuten Compagnie
Limitée d'Osaka, Japon, représenté par Yasojima, directeur
général. Les exhibits ou ameublements, fournitures et
installation de Robert Simpson Company Montreal Limited, le plus bas
soumissionnaire; l'ingénieur consultant pour l'acheminement critique,
Sauras Incorporée; construction du pavillon, signature du contrat le 9
décembre 1968, le mon-
tant du contrat $888,888. La cérémonie d'Inauguration des
travaux à eu lieu le 14 décembre 1968.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Le ministre voudrait-il dire que la
construction est de l'ordre de $800,000?
M. BEAUDRY: Signature du contrat: $888,000.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Est-ce le montant total de la
construction?
M. BEAUDRY: Oui, M. le Président.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Combien pour les pièces
d'exposition?
M. BEAUDRY: $328,912. On me dit qu'en plus de ça il y a quelques
objets d'art qui vont être ajoutés à ce montant.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Quelle est la dépense totale
prévue?
M. BEAUDRY: $3,200,000.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Comment arrive-t-on à ce chiffre?
M. BEAUDRY: Exact.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Evidemment vous arrivez pour la construction
à quelque $800,000?
M. BEAUDRY: $888,888.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Les exhibits, quelque $300,000?
M. BEAUDRY: Un instant, M. le Président, la construction:
$860,000; les exhibits: $830,000...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Un instant, il me semble que vous avez
mentionné $300,000 tout à l'heure.
M. BEAUDRY: Vous me demandez de vous donner le budget.
M. LEVESQUE (Bonaventure): J'ai demandé: Comment arrivez-vous
à $3 millions?
M. BEAUDRY: C'est ça que je vous dis là. C'est le budget
global du départ.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Lorsque j'ai demandé tout à
l'heure: Quel était le montant affecté aux exhibits, le ministre
a répondu $300,000.
M. BEAUDRY: Il y a l'audio-visuel à ajouter aux $328,000.
Voulez-vous avoir le budget total?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui.
M. BEAUDRY: $860,000 à la construction; plus l'audio-visuel et
les exhibits; $838,000; les honoraires professionnels: $230,000;
l'administration du pavillon: $1,200,000. Ce qui fait un total de $3,120,000.
Plus le coût de démolition: $100,000. Total: $3,220,000.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Maintenant dans le budget que nous avons
devant nous, où retrouve-t-on ce total de $1,200,000 pour
l'administration? Car, si l'exposition doit avoir lieu en 1970...
M. BEAUDRY: Il y a eu un certain montant d'administration qui a
été dépensé l'année dernière. Un
autre montant sera dépensé cette année et le montant
final, l'an prochain.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Administration en 1971?
M. BEAUDRY: Bien non, en 1970. Nous sommes en 1969.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui, mais nous votons le budget de
69/70...
M. BEAUDRY: Oui, mais jusqu'au 1er avril. Après le 1er avril
1970, cela finit à l'automne 1970.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui, c'est vrai. M. BEAUDRY: D'accord? M.
LEVESQUE (Bonaventure): D'accord. M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Un instant Quant au bureau de l'architecte,
est-ce qu'on a procédé comme on avait fait pour le Pavillon du
Québec, alors qu'on avait fait un concours, et que le choix avait
été fait à la suite des résultats du concours?
M. BEAUDRY: Considérant que le temps
alloué pour la réalisation du pavillon était
limité, on procéda à une sélection d'architectes
québécois qui participeraient à la conception de ces
projets, ces derniers étant choisis pour représenter le
Québec. La liste de ceux-là sont: J. DeBlois, architecte de
Québec, Lavigueur, architecte de Montréal, Racicot, architecte de
Sorel, Lagacé et Massicotte, architectes de Rivière-du-Loup, Jean
Royer, architecte de Québec.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Alors, alors ils ont été
choisis à la suggestion de qui?
M. BEAUDRY: Du ministère des Travaux publics.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Alors c'est le ministre des Travaux publics
qui a utilisé cette discrétion?
M. BEAUDRY: Oui. D'accord?
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 4: Direction de
l'industrie?
M. BOURASSA: Alors, nous pouvons reprendre la discussion entreprise
tantôt? Si on les adopte, on peut revenir quand même au sujet
d'ordre général...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Au sujet d'ordre général, c'est
l'entente qu'il y a eu. Alors, direction de l'industrie.
M. LE PRESIDENT: Article 1: Traitements et indemnités?
M. BOURASSA: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 2, frais de voyage?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté.
M. BOURASSA: Le service d'experts, est-ce l'aide technique?
M. BEAUDRY: A quel article? C'est le salaire de Wright de New York.
Maintenant, il représente 1'Hydro-Québec, un ancien de
l'Hydro...
M. BOURASSA: Ah, oui! $15,000 d'accord. Parce que cela ne m'aurait pas
surpris qu'il y ait seulement $15,000 pour l'aide technique, mais cela ne fait
rien, je vois que c'est pour...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Maintenant, pendant que nous sommes à
cet article et que l'on parle de M. Wright de New York, c'est ici, je crois,
que doivent être prévus les traitements et les dépenses de
ceux qui représentent le ministère à
l'étranger.
M. BEAUDRY: Seulement les traitements.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Seulement les traitements. Et les autres
dépenses?
M. BEAUDRY: Au ministère des Affaires intergouvernementales.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Aux affaires intergouvernementales. Alors le
ministre pourrait-il nous dire quels sont actuellement les représentants
dans les diverses maisons à l'étranger?
M. BEAUDRY: Nous avons à Paris, MM. Egman et Papineau. A Londres,
nous avons MM. Turner et Dansereau et à New York, nous avons MM. Caron,
Lagacé et en plus M. Wright. A Chicago, M. Brassard... Milan
relève du ministère des Affaires intergouvernementales.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Le bureau de Milan relève du
ministère des Affaires intergouvernementales. Est-ce que le ministre
peut nous expliquer de quelle façon cela se produit?
M. BOURASSA: Le ministère des Affaires intergouvernementales
s'occupe de...
M. BEAUDRY: Le ministère des Affaires intergouvernementales
s'occupe des bureaux du Québec à l'étranger...
M. BOURASSA: Le ministère de l'immigration va embarquer
là-dedans bientôt, je suppose.
M. BEAULIEU: Ah, oui!
M. BOURASSA: Cela va coûter cher!
M. BEAULIEU: Nous allons partir ensemble.
M. BEAUDRY: Au bureau de Milan, il y a un poste de directeur
économique qui est vacant actuellement...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Où est rendu M. Lanfranco?
M. BEAUDRY: Il est rendu aux Affaires intergouvemementales à
Milan.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Parce qu'il est le chef du bureau ou de la
mission?
M. BEAUDRY: Oui, monsieur.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Alors, n'a-t-Il pas une fonction
exclusivement économique, non?
M. BEAUDRY: Non, le poste est ouvert actuellement. Il s'occupe de
tourisme et de l'Immigration.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Comment ont été choisis les
représentants du ministère à Chicago?
M. BEAUDRY: M. Brassard était à l'intérieur du
ministère. Il était notre délégué à
Saint-Jérôme, et, lorsque nous ouvrons des maisons, nos
employés en place ont priorité.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Qui est le chef de mission à
Chicago?
M. BEAUDRY: C'est lui. Il est le seul homme.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Mais, d'un autre côté, il ne
relève pas du ministère des Affaires intergouvernementales.
M. BEAUDRY: Non, du tout. Aux Etats-Unis, c'est le
délégué général de New York qui
représente les Affaires intergouvernementales pour les Etats-Unis.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Très bien. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 3: frais de voyage. Articles 4, à, 6, 7,
8, adoptés.
Poste budgétaire à: Direction du commerce. Article 1:
traitements et indemnités.
M. BOURASSA: Les nouvelles délégations, le ministre les a
annoncées sept ou huit fois.
M. BEAUDRY: Elles vont toutes être ouvertes avant le mois de
décembre.
M. BOURASSA: Cela fait au moins trois ans que cela aurait dû
être établi.
M. BEAUDRY: Trois ans?
M. BOURASSA: Peut-être quatre.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que l'article 1 est adopté?
M. BOURASSA: C'est parce que je veux savoir exactement...
M. BEAUDRY: Les endroits?
M. BOURASSA: Les endroits, oui.
M. BEAUDRY: Chicago est ouvert. Le prochain sera Boston, au début
de l'automne. Et nous avons Dallas, Los Angeles et Dusseldorf, ce qui sera en
décembre ou janvier prochain. Dusseldorf est le dernier.
M. BOURASSA: Dusseldorf. Le Nouveau-Brunswick en a-t-il une à
Dusseldorf? Parce que je voyais dans un article d'une revue européenne
que le Nouveau-Brunswick faisait beaucoup de publicité en Allemagne pour
attirer des investissements et, de fait, je pense qu'ils ont presque autant de
croissance dans les investissements, au cours de cette année, que le
Québec, même s'ils sont dix fois moins nombreux.
Je dis cela au ministre en passant.
M. BEAUDRY: Oui, maintenant seriez-vous assez gentil de nous montrer la
page de la publication où vous avez pris cette publicité.
M. BOURASSA: Je vais vous donner cela tout de suite. Je vais vous dire
que le Nouveau-Brunswick a une augmentation d'investissements...
M. BEAUDRY: Une augmentation.
M. BOURASSA: Oui, d'environ $75 millions contre $100 millions pour le
Québec, ils sont 600,000 et nous sommes 6,000,000.
Alors, ils sont dix fois moins nombreux et ils ont presque autant
d'augmentation d'investissements pour 1969.
Pardon?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté.
M. LE PRESIDENT; Article 2, frais de voyage. Adopté.
Article 3: frais de bureau. Adopté.
Article 4: matériel, articles de bureau, impressions et
abonnements. Adopté.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article à: publicité et information.
Adopté.
Article 6: autres dépenses. Le poste budgétaire 6: Bureau
de la statistique du Québec.
M. BOURASSA: Je voudrais poser une question au ministre
là-dessus. Comment se fait-il que le ministère de l'Education
fait ses propres statistiques? Cest quand même assez curieux qu'un
ministère qui formule ses politiques se trouve à faire
lui-même ses propres statistiques. Il est probablement tenté de
les conformer à ses politiques. Comment se fait-il que le
ministère n'a pas...
M. BEAUDRY: Je vais vous dire, je pense que son collègue pourrait
lui répondre puisque les statistiques sont à l'Education depuis
1964.
M. BOURASSA: Oui, mais là, nous sommes en 1969.
M. BEAUDRY: Alors, j'imagine qu'il y avait de bonnes raisons à ce
moment-là pour...
M. BOURASSA: Je voudrais les savoir les raisons de la part du ministre
en fonction.
M. BEAUDRY: Ce n'est pas moi qui ai pris la décision à ce
moment-là.
M. BOURASSA: Quelles sont les raisons du ministre actuel?
M. BEAUDRY: Les mêmes raisons... M. BOURASSA: Mais lesquelles?
M. BEAUDRY: Les mêmes raisons. Je n'étais pas ministre en
1964, alors je ne peux pas vous dire les raisons.
M. BOURASSA: Oui, mais le sous-ministre n'était pas loin, lui, en
1964? Il ne connaît pas les raisons, lui non plus?
M. BEAUDRY: Le sous-ministre n'était pas en poste à ce
moment-là. Alors, je pense que votre collègue pourrait vous
donner...
M. BOURASSA: Bien, je pose la question au ministre. Mon collègue
n'a plus la responsabilité du ministère...
M. BEAUDRY: Je ne puis pas répondre pour le ministre du
temps.
M. BOURASSA: ... depuis 34 mois.
M. BEAUDRY: Le ministre du temps avait certainement des raisons valables
pour envoyer ce service...
M. BOURASSA: Alors, je pose une question un peu différente.
Pourquoi le ministre persiste-t-il dans une situation sans connaître les
raisons d'une telle décision?
M. BEAUDRY: Actuellement, M. le Président, ça ne nous a
causé aucun problème et, s'il surgissait des problèmes,
vous pouvez être assuré que nous...
M. BOURASSA: Non, mais c'est parce que, dans des publications
fédérales que j'ai consultées récemment. Il y avait
quand même des trous pour ce qui concernait les statistiques du
ministère de l'Education du Québec. J'en discuterai certainement
au cours des crédits du ministère de l'Education. Mais c'est
pourquoi je pose la question. Comment se fait-il que tout n'est pas
centralisé? On a un bureau de la statistique qui, je pense, est de
très bonne qualité et je trouve curieux qu'un ministère
ait ses propres statistiques.
C'est tentant pour le ministre ou pour les fonctionnaires, disons, de
trouver des statistiques qui sont conformes à l'application des
politiques!
M. BEAUDRY: M. le Président, pour autant que le ministre est
concerné, je suis favorable à la centralisation de toutes les
statistiques...
M. BOURASSA: Est-ce qu'il vale demander?
M. BEAUDRY: ... qui peuvent exister au gouvernement. Je dois vous dire
que, jusqu'à présent, cela n'avait soulevé aucun
problème. Vous pouvez être assurés que, si jamais il y
avait des problèmes, je m'en occuperais. Et je suis conscient que, pour
une meilleure efficacité, il serait préférable que toutes
les statistiques de tout le gouvernement relèvent du même
endroit.
M. BOURASSA: Alors le ministre va entreprendre des démarches pour
qu'il y ait un transfert du ministère de l'Education au ministère
de l'Industrie et du Commerce? Le ministre doit trouver que je pense à
lui parce que...
M. BEAUDRY: M. le Président, le ministère s'informera
auprès du ministère de l'Education pour connaître la raison
qui le porte à conserver ses statistiques et, si ces raisons sont
essentielles, bien nous les laisserons à l'Education; mais je dois vous
dire que, s'il est préférable
qu'elles soient transportées à notre ministère,
vous pouvez être assurés que nous ferons notre possible pour les
ramener chez nous.
M. BOURASSA: D'accord.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Le ministère a-t-il fait des
progrès dans son système de comptabilité nationale?
M. BEAUDRY: M. le Président, il me fait plaisir de vous annoncer
que le ministère a fait des progrès notables puisque le dernier
rapport que nous avons publié était en 1961. Maintenant, nous
sommes à travailler sur l'année 1966. Le rapport sera disponible
en 1970.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Le ministère travaille-t-il en vase
clos dans ce domaine? Il me semble que si le système était
suffisamment perfectionné, si on avait ce qu'on pourrait appeler un
système suffisamment sophistiqué, on devrait être en mesure
au ministère de publier des statistiques qui nous renseigneraient
précisément sur la situation du Québec par rapport aux
autres provinces ou aux autres pays, pour autant que, disons, les importations
ou les exportations sont concernées. On pourrait, autrement dit, voir la
situation des rapports économiques du Québec avec
l'extérieur. Est-ce que le ministre prévoit publier de tels
renseignements à l'aide du système en question?
M. BOURASSA: C'est en 1961 qu'a été publié par
M...
M. BEAUDRY: M. le Président, nous publions
régulièrement des études sur les exportations du
Québec à l'étranger; c'est un tableau qui nous renseigne
sur les autres industries. Nous croyons que, jusqu'à maintenant, nous
avions mis un accent particulier afin d'accélérer la
rapidité pour les industries et la province
également aient des chiffres plus vite et que l'on connaisse leurs
points faibles.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Voici, elles pourraient être plus
explicites encore. Nous savons que des idées circulent aujourd'hui,
elles sont même à la base de certaines théories politiques,
constitutionnelles et autres. Je demande au ministre si, à l'aide de son
système de comptabilité nationale et à l'aide des
renseignements qu'il a au ministère. Il est en mesure, afin de
renseigner la population du Québec, de publier des chiffres, l'analyse
de statistiques, etc, qui seraient de nature à éclairer la
population sur la situation du Québec par rapport au monde
extérieur. Autrement dit, ces chiffres seraient peut-être
très éloquents pour indiquer la dépendance et
l'interdépendance du Québec au point de vue
économique.
M. BOURASSA: Pour appuyer les slogans du parti; par exemple, «
égalité ou indépendance », est-ce que le ministre a
des chiffres?
M. BEAUDRY: M. le Président, la Chambre de commerce de la
province de Québec a employé la firme Rotex...
M. BOURASSA: Automatec? Rotex. Oui, d'accord.
M. BEAUDRY: ... pour faire une étude comme celle que le
député de Bonaventure désire avoir et que nous
désirons tous avoir, en coopération avec le ministère. Ce
rapport a été publié par la chambre de commerce, l'an
dernier.
M. BOURASSA: Oui, mais les importations, M. le Président? Disons
que j'aifait des recherches, pour ma part, là-dessus. J'avais même
rencontré des fonctionnaires, il y a un an ou deux ans. On est
arrivé avec un tableau pour l'année 1961; nous sommes en 1969.
Est-ce qu'il y a des études qui se font pour le mettre à jour
quant à l'état de la balance des paiements d'un Québec
indépendant ou bien si on a décidé de l'écarter
parce qu'on...
M. BEAUDRY: M. le Président, j'ai mentionné tout à
l'heure qu'actuellement nous travaillons sur l'année 1966.
M. BOURASSA: La balance des paiements?
M. BEAUDRY: Le modèle de 1966 qui sera publié en 1970.
M. BOURASSA: L'an prochain, nous allons savoir l'état de la
balance des échanges commerciaux au Québec en 1966?
M. BEAUDRY: Pas tout à fait, parce que ce seront seulement les
échanges de produits, comme ce que nous avons publié...
M. BOURASSA: Des échanges commerciaux au titre des
marchandises?
M. BEAUDRY: Oui.
M. BOURASSA: Il n'y a rien qui se fait sur les transactions invisibles?
C'est trop compli-
que, je suppose? Alors, nous serons toujours dans le noir.
M. BEAUDRY: Comme vous savez, c'est trop compliqué.
M. BOURASSA: Alors, quand vous parlez...
M. BEAUDRY: Etant donné que nous n'avons pas la monnaie.
M. LEVESQUE (Bonaventure): D'un autre côté, je crois que
nous devons insister parce que s'il y a quelqu'un qui doit...
M. BOURASSA: Il faut mesurer les risques.
M. LEVESQUE (Bonaventure): ... prendre cette responsabilité,
c'est bien le ministère de l'Industrie et du Commerce et le
gouvernement. Le ministère semble dire: Eh bien, la Chambre de commerce
de la province de Québec a fait une étude, a utilisé les
services de telle ou telle firme et voilà, notre responsabilité
semble dégagée.
Mais je dis que, dans le contexte du Québec d'aujourd'hui, le
ministère de l'Industrie et du Commerce se doit d'être à la
fine pointe de l'information dans ce domaine. Le ministre semble très
peu préoccupé de faire les recherches nécessaires, de
diriger des recherches intensives et de renseigner la population sur la
situation économique du Québec, particulièrement la
situation relative aux autres pays et au reste du Canada.
Je crois que les renseignements qui doivent être contenus dans ce
qu'on appelle cette comptabilité nationale et autres renseignements au
bureau des statistiques devraient permettre au ministre... et s'il faut avoir
des enquêtes éclairs, additionnelles, il faudrait peut-être
le faire.
De toute façon, je ne sais pas quels sont les moyens que pourrait
utiliser le ministre. Ce n'est pas ma responsabilité aujourd'hui. Mais
je crois que le ministre se doit de prendre ses responsabilités dans ce
domaine. S'il y a un ministère qui devrait éclairer la population
en matière économique, c'est bien le ministère de
l'Industrie et du Commerce.
M. BEAUDRY: Le ministre ne recule pas devant les difficultés. Je
veux bien prendre mes responsabilités, mais l'honorable
député de Bonaventure sait fort bien que, lorsqu'il était
lui-même ministre de l'Industrie et du Commerce il a fallu cinq ans de
travail pour préparer le tableau interindustriel au ministère
qu'il dirigeait à ce moment-là.
Il faut tout de même réaliser que ce ne sont pas des
chiffres artificiels que nous voulons établir. Il faut trouver les
moyens pour les établir. Vous pouvez être assuré qu'au
ministère nous essayons d'innover en ce domaine où nous faisons
tout notre possible pour essayer de donner les statistiques requises pour que
le Québec puisse se développer et pour, en définitive,
essayer de découvrir notre balance des paiements le plus vite
possible.
M. BOURASSA: Le problème est très sérieux. Le
ministre est certainement au courant que des hommes politiques proposent des
solutions radicales au problème constitutionnel du Canada. L'une des
questions qui reste en suspens continuellement, c'est cette question des
conséquences économiques, notamment pour ce qui arriverait...
M. BEAUDRY: Oui mais...
M. BOURASSA: Est-ce que le ministre me laisse terminer? C'est important,
je pense! Il y a, notamment, la question de la monnaie. Four ma part, f ai
à affronter le député de Laurier continuellement sur des
tribunes publiques et, chaque fois que Je lui pose la question,
évidemment, il est incapable de répondre; je comprends
très bien, nous n'avons pas les données.
Alors, je voudrais que le ministre considère cela comme une
priorité, si l'on veut se soucier d'une meilleure information de la
population. Je pense qu'actuellement la population du Québec demande
à être informée sur cette question et doit l'être,
étant donné l'importance de la question.
M. HAMEL: Alors, cela va.
M. BOURASSA: Je n'ai pas besoin de vous répondre. Je n'attaque
pas le député de Laurier, j'ai dit que je comprends très
bien qu'il ne peut pas donner de réponse à ces questions. Je
demande au ministre de pouvoir lui en donner en faisant son travail. Je ne vois
pas en quoi je l'attaque! Est-ce que le député de Saint-Jean veut
faire...
M. PROULX: Attention, pas de démagogie!
M. BOURASSA: Est-ce qu'il veut faire des excuses?
M. BEAUDRY: M. le Président, il n'y a pas seulement les
économistes du ministère qui n'ont pas trouvé la
réponse au problème que pose le député de Mercier.
Il sait fort bien que
nous n'avons pas de barrière tarifaire, alors Il est
extrêmement difficile pour le ministère d'essayer de trouver la
solution. Je puis vous assurer que le ministre et ses collaborateurs font tout
leur possible pour essayer de mettre sur pied un organisme pour trouver la
solution: mais on m'assure qu'au ministère nous n'avons pas la solution.
Les économistes d'ailleurs ne la possèdent pas non plus.
M. BOURASSA: M. le Président, nous pouvons quand même avoir
certaines approximations. Si nous prenons les transactions invisibles, les
intérêts et les dividendes, disons que l'an dernier il s'est
payé à l'extérieur du Canada, Je pense, $1,700,000,000 en
intérêts et en dividendes. Alors nous pouvons quand même
estimer la part du Québec dans cette somme, si on tient compte que la
moitié de la dette de l'Hydro-Québec est due en fonds
américains, les deux tiers de la dette de la ville de Montréal
est également due en fonds américains. Alors, nous ne demandons
pas d'avoir des chiffres extrêmement précis; d'ailleurs cela varie
d'année en année. Mais Je dis que le ministère devrait
considérer actuellement comme une priorité de donner des
informations plus complètes que celles que nous avons actuellement.
Parce que nous savons jusqu'à quel point cela peut avoir des
conséquences économiques extrêmement importantes.
Si les taux de change varient d'une province à l'autre, nous
savons que cela peut faire fuir les capitaux avec des taux de change
différents; et moins de capitaux, c'est moins d'emplois. C'est aussi
simple que cela. Et pour savoir quelle sera la nature des taux de change, il
faut savoir quelle est la nature de la balance des paiements.
Alors, j'ai trouvé, d'après les réponses du
ministre, qu'il ne paraît pas tellement conscient de l'importance du
problème.
M. BEAUDRY: Au contraire, M. le Président, J'aimerais trouver la
solution aussi bien que le député de Mercier, et Je puis assurer
que le député de Mercier ne l'a pas non plus, la solution. Le
ministère...
M. BOURASSA: Je n'ai pas dit que je l'avais.
M. BE AUDRY: Non. Nous ne l'avons pas, mais Je puis assurer le
député que les statisticiens travaillent d'arrache-pied pour
essayer de résoudre le problème, et trouver la solution pour que
nous puissions progresser et connaître nos faiblesses. Actuellement, le
chef du bureau m'informe que nous n'avons pas encore trouvé la solution,
mais que nous ne négligeons rien. Nous sommes très conscients du
problème.
M. BOURASSA: Si nous prenons la balance au compte courant si vous
permettez, juste deux ou trois minutes la balance des paiements se
divise ainsi: la balance au compte courant et au compte capital. En 1961, il y
aurait un déficit au compte courant, au titre des marchandises,
d'environ $500 millions ou $550 millions. D'après le tableau qui avait
été soumis, Je pense qu'il y avait un déficit de cette
nature.
M. BE AUDRY: Environ $500 millions.
M. BOURASSA: Oui, $560 millions. Si nous ajoutons à cela le
déficit au compte des transactions invisibles, intérêts et
dividendes par exemple qui, à mon sens, si nous prenons la proportion du
Québec comme étant celle de 25%, voudrait dire qu'au compte
courant, nous avons un déficit d'environ $1 milliard. Si la proportion
et les chiffres sont demeurés les mêmes de 1961 à 1969, du
moins les proportions est-ce que le ministre trouve que le chiffre est
vraisemblable?
M. BE AUDRY: M. le Président, au sujet des exportations
internationales, on me fournit une liste de 1965; il y a eu $2,174,540,000, en
1966, $2,404,234,000, soit une augmentation de 10.2%, et en 1967,
$2,661,467,000.
M. BOURASSA: Ce sont les exportations?
M. BEAUDRY: Les exportations internationales du Québec. Les
marchandises seulement.
M. BOURASSA: C'est cela, d'abord. Les importations, évidemment,
c'est l'an prochain? Pour 1966, ce sera l'an prochain.
M. BE AUDRY: Nous poursuivons actuellement des
négociations...
M. BOURASSA: Oui, cela vous l'avez dit tout à l'heure.
M. BEAUDRY: ... avec le gouvernement fédéral, parce qu'il
est extrêmement difficile de découvrir... parce que le lieu de
destination des marchandises n'est pas toujours connu.
M. BOURASSA: Non, mais pour les transactions invisibles Je sais
que le sous-ministre a déjà été à l'emploi
de la Banque du Canada ou du conseil du Trésor plutôt, Je
m'excuse, c'est encore mieux est-ce vous pensez qu'il pourrait
être possible, parce que ce n'est qu'un élément les
transactions de marchandises, d'avoir
des données sur les transactions invisibles? Est-ce que le
ministère de l'Industrie et du Commerce est suffisamment informé
par les banques et les caisses populaires pour avoir une idée des
transferts qui peuvent se faire? Je constate que ça peut être
très difficile en raison entre autres de la «
confidentialité ».
M. BEAUDRY: Ce n'est pas possible d'avoir autre chose que des
estimations.
M. BOURASSA: Mais relativement...
M. BEAUDRY: C'est ce que nous essayons d'obtenir.
M. BOURASSA: Vous avez commencé à essayer d'obtenir
ça.
M. BEAUDRY: Nous avons commencé à faire le modèle
de 1966 et ça fait partie du travail.
M. BOURASSA: Pour les invisibles? Vous allez essayer, mais vous n'avez
pas commencé encore?
M. BEAUDRY: Nous n'avons pas encore commencé, c'est ce que vous
dites.
M. BOURASSA: D'accord. Je demanderai au ministre de commencer
aussitôt que possible.
M. LE PRESIDENT: L'article 1: traitements et indemnités, est
adopté? Adopté. L'article 2: frais de voyage. Adopté.
L'article 3: frais de bureau et autres dépenses, adopté?
M. LEVESQUE (Bonaventure): L'article dans son entier.
M. LE PRESIDENT: Les sous-articles 4, à, 6, 7 sont
adoptés.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Le sous-article 8 n'est pas encore
adopté.
M. LE PRESIDENT: L'article 8: honoraires.
M. LEVESQUE (Bonaventure): En quoi consistent les honoraires que l'on
voit à 8?
M. BEAUDRY: M. le Président, l'augmentation de $235,500 de
crédits sur l'année 69/70 par rapport à l'année
68/69, se répartit ainsi l'augmentation d'abord et après,
si vous voulez avoir la liste, je vous la donnerai; services techniques aux
industriels, $100,000; programmes conjoints de formation avec le centre des
dirigeants d'entreprises, $61,000; expertises et recherches pour
l'élaboration de normes industrielles, $32,000; recherches en vue de
l'implantation d'industries d'après la section 7 de l'entente
signée le 26 mai 1968 avec le gouvernement du Canada dans le cadre de
l'ODEQ, $80,000; études en rapport avec l'exécution du plan dont
construction de bateaux, politique d'assistance et marché domestique,
$25,000; inspection et surveillance de la construction de bateaux, $4,000; un
total de $302,000, moins la contribution du gouvernement du Canada, $67,500;
pour un montant de $234,500 d'augmentation sur l'année
précédente.
M. BOURASSA: $100,000 pour l'aide technique?
M. BEAUDRY: Il y a $234,500 d'augmentation sur l'année
précédente. Maintenant, ça se répartit ainsi :
bureau de recherche économique, $14,000; commerce extérieur,
$10,000; service de consultations, $110,000; service d'expansion industrielle,
$106,000; service de normalisation, $35,000; recherche en vue de l'Implantation
d'industries, $80,000; bureau de la statistique, $75,000; pêcherie,
analyses et surveillants, $54,000; études en rapport avec
l'exécution du plan, $25,000; ce qui fait $79,000, pour un montant total
de $509,000, moins la contribution du gouvernement canadien, $67,500; pour un
montant net de $441,500.
M. BOURASSA: Pour ce qui a trait à l'aide technique, M. le
Président, le ministre est au courant que c'est un sujet que j'ai
abordé à plusieurs reprises. Combien y a-t-il de fonctionnaires
qui font de l'aide technique actuellement au ministère?
M. BEAUDRY: Il y a quelques années, soit en 1964...
M. BOURASSA: Ah! le ministre est préparé.
M. BEAUDRY: ... le ministère possédait une équipe
d'au-delà de quinze professionnels affectés au service technique
à l'industrie.
Depuis 1964, ces services ont été « tentativement
» remplacés par les cours et cliniques à des groupes
d'industriels et par des diagnostics à la suite desquels des experts
conseils étaient suggérés. La Direction de l'industrie,
par suite de l'établissement de certains programmes, notamment celui de
l'Office de
crédit industriel et des primes à l'investissement,
communique de plus en plus avec les industriels et note que la solution des
problèmes financiers de l'entreprise n'est pas la seule qui doit
être apportée. Les problèmes des industriels ne sont pas
seulement d'ordre financier, la mauvaise rentabilité ou le manque
d'argent découlant presque toujours d'une carence au niveau de
l'administration, de la structure financière, de la planification, de la
production et de la mise en marché.
Le ministère a donc cru bon de rétablir les services
techniques sur une base plus scientifique et plus professionnelle au cours de
l'an prochain, et a prévu cinq professionnels au service de consultation
à cause du nombre limité de techniciens prévu pour l'an
prochain et pour ne pas venir en concurrence directe avec les experts conseils
dans le Québec.
Le ministère a prévu un montant assez humble pour payer
les frais de consultations à être faites par ces experts conseils.
L'expérience nous prouve que ce genre d'initiative, auprès des
industriels, répond à un besoin réel et que le
gouvernement fédéral, qui met à la disposition de la
grande industrie des sommes importantes pour la recherche et l'aide technique,
ne rejoint pas la petite ou la moyenne industrie. Il nous appartient donc,
à nous, de leur apporter une aide. Nous sommes en voie d'engager un
spécialiste en consultation technique ce qui est fait maintenant
qui verra à monter ce service qui nous apparaît de plus en
plus nécessaire.
M. BOURASSA: Quelle sorte de publicité parce que J'avais
entendu dire, à travers les branches, que la publicité qui
était faite pour l'aide technique était assez boiteuse
quelle sorte de publicité fait le ministère? Est-ce gratuit,
cette aide technique?
M. BEAUDRY: Comme les délégués
régionaux.
M. BOURASSA: Mais est-ce gratuit?
M. BEAUDRY: Actuellement, oui, c'est gratuit.
M. BOURASSA: Mais comment faites-vous le triage? Il doit y avoir un
nombre considérable de demandes, si c'est gratuit?
M. BEAUDRY: Actuellement, ce sont des techniciens qui font ce travail.
Ils le font à la demande des industries lorsque...
M. BOURASSA: Oui, mais il doit y avoir des demandes en très grand
nombre? Vous venez de dire, dans votre exposé, que c'est très
important, que cela répond à un besoin. Alors moi, Je dis qu'il y
a beaucoup de demandes. Comment faites-vous le choix, s'ils sont seulement un
petit nombre?
M. BEAUDRY: Actuellement, nous avons décrit ce qui existe au
ministère...
M. BOURASSA: Des crises...?
M. BEAUDRY: Décrit ce qui existe au ministère dans ce
domaine. Actuellement, nous prenons les recommandations de nos
délégués industriels.
M. BOURASSA: Mais le ministre ne répond pas à ma question,
qui est bien précise. Le ministre dit, d'une part, que c'est un service
important. Deuxièmement, il dit que c'est gratuit. Alors je dis: Comment
fait-il le choix des très nombreuses demandes qui doivent parvenir
à son ministère?
M. BEAUDRY: Le ministre est très conscient de la
nécessité d'un tel bureau et c'est pourquoi nous faisons
l'organisation de ce servi ce.
M. BOURASSA: Alors le ministre admet qu'il n'y a tout simplement pas de
publicité de faite sur les services qui sont donnés aux
entreprises?
M. BEAUDRY: Je maintiens que ce sont les délégués
industriels qui font la publicité du ministère.
M. BOURASSA: Mais, est-ce qu'il n'y a pas de supervision de la part des
hauts fonctionnaires?
M. BEAUDRY: La provenance des demandes; Pour la région de
Québec, nombre de cas 34; Montréal, 26; Trois-Rivières,
17; Cantons de l'Est. Il; Gaspé et Bas-Saint-Laurent, 9; Nord-Ouest, 1;
Saguenay-Lac-Saint-Jean, 1.
M. BOURASSA: Il n'y a pas plus de demandes que cela...
M. BEAUDRY: Est-ce que vous voulez que je continue?
M. BOURASSA: D'accord, continuez.
M. BEAUDRY: Dans le secteur industriel,
produit du bois, nous avons eu 60 demandes: produit de métaux, 9;
textile et vêtements, 7; produits chimiques, 65 produits
mécaniques, 6; produits de cuir, à; alimentation, 2;
matières premières, 1 cas. Nous avons eu trois autres cas.
M. BOURASSA: En quelle année, cela?
M. BEAUDRY: En 1968, l'année qui vient de se terminer. Le nombre
d'employés. 31 entreprises variaient de 1 à 10 employés,
31 entreprises de 10 à 25, 15 entreprises de 25 à 50
employés, à entreprises de 50 à 100 employés, 9
entreprises de 100 et plus.
Est-ce que vous tenez a avoir le volume de ces entreprises?
M. BOURASSA: Non, je dis au ministre que Je trouve étonnant qu'il
n'y en ait pas tellement. Je trouve étonnant qu'il n'y ait pas plus de
demandes que cela parce que le ministre vient de dire que c'est très
important. Alors, je blâme le ministère pour la publicité
qui est faite au service d'aide technique. Le ministère n'a pas fait
assez de publicité pour ce service. C'est un service essentiel qui
contribue au développement économique, et le mini stère ne
s'est pas occupé de faire de la publicité, il n'y a pas de
demande.
M. BEAUDRY: Je ne peux pas faire de publicité tant que le service
ne sera pas réorganisé.
M. BOURASSA: Oui, mais là...
M. BEAUDRY: Quand nous réorganiserons le service, nous allons
nous préparer à recevoir ces gens-là et lorsque nous
serons prêts à les recevoir, nous ferons une publicité plus
intense.
M. BOURASSA: Cela veut dire que, depuis 34 mois, le service est
insuffisant.
M. BEAUDRY: Mettez-en, depuis peut-être 1960 à 1966.
M. BOURASSA: Je parle du gouvernement actuel et je considère que
les problèmes sont très importants aujourd'hui, peut-être
plus qu'en 1966. Il y a deux fois plus de chômeurs qu'en 1966.
M. HAMEL: Ah, bon! Cela appartient à 1966. M. BOURASSA: Cela ne
veut pas dire que le record du précédent gouvernement
était d'une virginité absolue.
M. BEAUDRY: M. le Président, vous vous rappelez l'autre soir,
notre bon ami, le député de Mercier, triplait ses chiffres. Ce
soir encore. Il dit deux fois plus de chômage que durant les
années 1960 à 1966.
M. BOURASSA: 9% contre 4.7%.
M. BEAUDRY: Il prend 4.7% pour l'année avant l'Expo. M. le
Président, on dirait que c'est le député de Mercier qui a
décidé que l'Expo se tiendrait à Montréal, lorsque
vous savez...
M. BOURASSA: Là, il sort du sujet, M. le Président.
M. BEAUDRY: Oui, mais écoutez, vous savez que l'année 1966
n'a pas été une année comme les autres au Québec,
voyons.
M. BOURASSA: Si nous parlons de 1965, c'est environ 5 %.
M. BEAUDRY: 1965, mais l'Expo ne s'est pas construite en 12 mois.
M. BOURASSA: Oui, mais en 1967 il y avait plus de chômeurs qu'en
1966. En tout cas, nous ne sommes pas pour partir dans ce
débat-là.
M. BEAUDRY: Vous savez que l'année 1967 a été une
année de transition après l'Expo.
M. BOURASSA: Ce que je veux dire au ministre, c'est que son service
d'aide technique était absolument insuffisant, et Je le blâme
d'avoir toléré un tel service, parce que c'est important que les
entreprises puissent avoir de l'aide technique et il ne s'en est pas
occupé.
M. BEAUDRY: M. le Président, je puis vous dire que le
ministère est efficace, mais que nous ne sommes jamais satisfaits et que
nous tentons de nous améliorer. Nous avons des employés
compétents et nous sommes conscients des problèmes que nous avons
à affronter.
M. BOURASSA: Non.
M. BEAUDRY: Nous ne sommes jamais satisfaits des services que nous
rendons. Nous devons constamment les augmenter...
M. BOURASSA: Je voudrais que le ministre soit encore moins
satisfait.
M. BEAUDRY: ... et les améliorer individuellement.
M. BOURASSA; Etant donné qu'il vient de souligner l'importance de
ce service dans un texte fort éloquent et qui m'a presque ému, Je
voudrais que le ministre accorde plus d'Importance encore à ce service
et qu'il améliore sa publicité.
M. BEAUDRY: Nous accordons de l'importance à chaque service du
ministère et nous sommes conscients de la tâche qui nous incombe,
M. le Président.
M. BRISSON: M. le Président, dans combien de temps le service
sera-t-il complet? Dans combien de temps allons-nous pouvoir...
M. BEAUDRY: M. le Président, la réorganisation
complète sera terminée à la fin de juin et nous comptons
fonctionner sur une plus grande échelle au mois de septembre.
M. BRISSON: Est-ce que vous avez une estimation des demandes que vous
pourriez avoir à ce moment-là, une fois la publicité
faite?
M. BEAUDRY: Une estimation des demandes...
M. BRISSON: Que vous pourriez avoir.
M. BEAUDRY: Dans le moment, M. le Président, je regrette, je ne
peux pas répondre au député.
M. LE PRESIDENT: Adopté? DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 10: Office du crédit
industriel du Québec. Article 1: Traitements et indemnités.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté. M. LE PRESIDENT:
Adopté?
M.BOURASSA: Adopté. Le ministre en a parlé tellement
souvent de l'Office du crédit industriel du Québec!
M. BEAUDRY: Oui, c'est tellement un bon organisme, M. le
Président.
M. BOURASSA: Le ministre en parle à chaque discours. Donc on ne
demande pas comment c'est fait!
M. BEAUDRY: Certainement, j'espère faire de la publicité.
Cela ne coûte pas tellement cher.
M. LE PRESIDENT: Article 2: honoraires et jetons de présence.
Adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 3: frais de voyage?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 4: frais de bureau?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article à: matériel, articles de bureau,
impressions et abonnements, adopté?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 6: publicité et information,
adopté?
Article 7: Autres dépenses, adopté?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté.
M. BEAUDRY: M. le Président...
M. BOURASSA: Si on veut finir à dix heures...
M. BEAUDRY: Non, c'est parce que Je voudrais prendre l'occasion pour
remercier également, en quelques mots, les gens de l'office de
crédit qui réellement, cette année, ont fait du bon
travail. Je crois qu'avec le nombre d'employés qu'ils avaient à
leur disposition, ils ont déployé beaucoup d'efforts et je saisis
l'occasion qui m'est donnée pour les remercier de leur bon travail.
M. BOURASSA: Juste sur ce point-là; M. le Président, cela
va peut-être éviter d'avoir à y revenir. Est-ce que
l'office serait opposé, par exemple, à changer un peu les normes,
les conditions des prêts? En ce sens que, comme l'Ontario Development
Corporation fait en Ontario j'en ai déjà parlé au
ministre lorsqu'il y a productivité accrue chez une entreprise,
on permet à l'entreprise de ne pas rembourser la totalité du
prêt.
M. BEAUDRY: La question est très à point. Je dois vous
dire que ce matin J'ai assisté à une réunion de l'Office
de crédit industriel et, après 18 mois de fonctionnement, nous
songeons à apporter des amendements à la loi.
M. BOURASSA: C'est une bonne nouvelle, je félicite le
ministre,
M. BEAUDRY: Non, mais attendez une minute.
M. BOURASSA: Son souhait devient une réalité, parce que,
parfois, cela prend un certain temps.
M. HAMEL: Vous avez raison.
M. BEAUDRY: M. le Président, je ne veux pas nécessairement
dire que cette loi va être identique à celle de « l'Ontario
Development Board »...
M. BOURASSA: Non, mais si le ministre veut améliorer la loi, je
le félicite. Quel genre d'amendement le ministre veut-il apporter?
M. BEAUDRY: Pour le bon fonctionnement de l'office, je pense.,.
M. BOURASSA: Est-ce que l'office est en mesure d'évaluer la
productivité des entreprises?
M. BEAUDRY: Une plus grande flexibilité, la rentabilité
des entreprises...
M. BOURASSA: La productivité des entreprises! Est-ce que l'office
est en mesure de pouvoir évaluer la productivité des
entreprises?
M. BEAUDRY: On m'informe, M. le Président, que la
rentabilité des entreprises est établie dans chaque cas.
M. BOURASSA: La rentabilité ou la productivité? Il y a
quand même une nuance entre les deux.
M. BEAUDRY: Oui, mais est-ce que ce n'est pas la rentabilité que
vous m'avez demandée?
M. BOURASSA: Non, la productivité.
M. BEAUDRY: L' « Ontario Development Board » est un
programme pour les régions désignées; nous avons, pour
compenser ce pro- gramme de « l'Ontario Development Board », le
bill 23 qui est une prime à l'investissement.
M. BOURASSA: Je veux dire que c'est un plan d'ensemble qu'il faut, il ne
s'agit pas...
M. HAMEL: Est-ce que l'honorable ministre pourrait...
M. BOURASSA: M. le Ministre, une question du député de
Rouville.
M. HAMEL: L'Office de crédit industriel est en fonction depuis 18
mois; est-ce que vous seriez en mesure de nous dire combien de demandes ont
été reçues par l'office?
M. BEAUDRY: Oui, M. le Président.
M. HAMEL: Combien de demandes acceptées? Le total?
M. BOURASSA: D'une façon un peu concise, parce que le ministre en
a parlé à plusieurs reprises.
M. HAMEL: C'est bon, des bonnes mesures. On dirait que l'Opposition veut
passer très vite sur les bonnes mesures. C'est bon, il faut que la
population sache cela, quelque chose qui se fait!
M. BEAUDRY: Nous avons eu 800 demandes de prêts à l'office
de crédit...
M. HAMEL: C'est 800 demandes.
M. BEAUDRY: ... mais par contre, il y en a eu beaucoup, parmi ces 800
demandes, qui ne furent pas acceptables à cause des critères qui
ne sont pas...
M. HAMEL: Combien de demandes acceptées?
M. BEAUDRY: Nous avons accepté 105 prêts... Nous avons
approuvé 119 prêts, pour un montant de $12,548,700.
M. BOURASSA: C'est $12 millions seulement?
M. BEAUDRY: Nous avons seulement $10 millions par année de
prévus dans la loi. Il y a eu $12 millions d'approuvés, mais pas
nécessairement $12 millions de distribués.
M. BOURASSA: Non, mais quand même, ce n'est pas une somme
extraordinaire.
M. BEAUDRY: Actuellement, nous avons des déboursés pour
$6,488,000.
M. BOURASSA: C'est parce que je voudrais faire signaler au
député de Rouville que cette loi remplaçait, au moins
partiellement, ce que faisaient les municipalités auparavant.
M. HAMEL: Il trouve encore une façon de diminuer le,.».
M. BOURASSA: Mais non! M. HAMEL: Avez-vous déjà vu cela!
M. BOURASSA: Je veux que le député... M. HAMEL: Je comprends, je
sais cela.
M. BOURASSA: Non, je veux que le député ait une
réponse complète.
M. HAMEL: Oui.
M. BOURASSA: Et il a besoin de l'Opposition pour avoir une
réponse complète.
M. HAMEL: Ah, non!
M. BOURASSA: Je lui dis que cette loi remplace partiellement ce que
faisaient les municipalités. Donc, le gain net est moins grand que le
ministre le laisse entendre. Peut-être n'y en a-t-il pas...
Alors, nous passons à l'article Il.
M. HAMEL: D'accord, nous vous félicitons, continuez.
M. BOURASSA: A Bécancour, l'affaire à
Bécancour?
M. BEAUDRY: Oui, c'est une belle initiative à
Bécancour.
M. BOURASSA: Quand l'industrie ira-t-elle s'établir
là-dessus? A tous les deux mois, on annonce qu'une grande industrie
s'établira dans la région de la Mauricle et elle ne vient
jamais.
M. BEAUDRY: Un instant.
M. HAMEL: Vous aviez annoncé Sidbec et elle n'est jamais
venue!
M. BOURASSA: Laissez donc faire le passé, vous allez sortir sur
la tête aux prochaines élections si vous parlez du
passé!
M. HAMEL: Ce serait beau! Le soleil a commencé à venir en
1960 mais en 1966 il s'est arrêté!
M. BOURASSA: « Quasiment! »
M. BEAUDRY: Est-ce que vous voulez avoir.
M. BOURASSA: Non, non, le ministre a souhaité que nous terminions
ce soir, c'est pour cela que.»
M. BEAUDRY: D'accord.
M. BOURASSA: S'il pouvait donner un résumé de sa
pensée.
M. BEAUDRY: D'abord, je pense que les terrains de Bécancour sont
familiers pour plusieurs personnes ici. Etant donné que le
gouvernement...
M. BOURASSA: Oui, oui, nous sommes d'accord là-dessus.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Si nous disions tout d'abord qu'il ne semble
pas y avoir de montants prévus l'an dernier au budget. Ce n'est que
cette année qu'apparaît un certain montant pour les fins du
développement de ce parc industriel.
M. BEAUDRY: La loi prévoyait que, pour l'année 68/69, M.
le Président, c'était pris...
M. LEVESQUE (Bonaventure): A même le fonds consolidé du
revenu.
M. BEAUDRY: Oui.
M. LEVESQUE (Bonaventure): A ce moment-là, combien a
été utilisé jusqu'au 31 mars 1969, à même le
fonds consolidé?
M. BEAUDRY: A peu près rien, M. le Président, parce qu'il
n'y avait que deux employés à ce moment-là, et ils ont
été payés à même l'administration du
ministère.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Quels étaient ces deux
employés?
M. BEAUDRY: Viateur Bernard et Robert Letendre.
M. BOURASSA: Robert Letendre? Celui qui est conseiller économique
du Conseil exécutif?
UNE VOIX: Non, non.
M. BOURASSA: Le rival...
M. BEAUDRY: Pardon?
M. BOURASSA: Est-ce que Robert Letendre est encore conseiller
économique du premier ministre?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Il l'était.
M. BEAUDRY: Il l'était, mais maintenant Il est directeur
général du parc de Bécancour.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Bon. Et quelles sont les fonctions de M.
Bernard?
M. BEAUDRY: M. Bernard est secrétaire de la
société.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Et on prévoit utiliser ce montant de
$469,000 de quelle façon?
M. BEAUDRY: Traitements et indemnités: $100,400 pour un effectif
possible de neuf personnes, dont six personnes permanentes et une occasionnelle
sont déjà employées. Les honoraires pour les membres de la
société, jetons de présence et honoraires professionnels,
$39,000; frais de voyage, $à,500; frais de bureau, $3,000;
matériel de bureau, $6,000; publicité et information, y compris
le rapport annuel, dépliants et bulletins, $20,000; frais de
réception, $2,400; imprévus, $600; intérêts courus
et à courir jusqu'au 1er mars 1970 sur la somme due à la SGS;
pour le coût des terrains, $303,000.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Alors, quelles seront les activités?
Parce que si on enlève les $303,000 d'intérêts et les
traitements, il ne semble pas y avoir un budget considérable. Quelles
sont les activités ou les mesures qui sont prévues pour
l'année 69/70 à Bécancour?
M. BOURASSA: Comme c'est là, c'est de la poudre aux yeux,
ça!
M. BEAUDRY: Les avances pour l'aménagement du parc
relèveront du ministère des Finances. Les avances seront
demandées à mesure que le projet progressera. Par contre, au
point de vue des routes, le ministère de la Voirie verra à en
faire dans le parc industriel. Ce montant-là est seulement, en
définitive, pour faire une promotion. D'ailleurs nous ferons de la
promotion au Canada et aux Etats-Unis.
M. BOURASSA: Il n'y a rien de concret encore?
M. BEAUDRY: Je peux vous le dire, ça me fait plaisir...
M. BOURASSA: Est-ce que le ministre à une annonce à faire?
A-t-il une bonne nouvelle?
M. BEAUDRY: Je puis vous nommer les directeurs, je puis vous dire ce
qu'ils ont fait, le nombre d'assemblées qu'ils ont eues.
M. BOURASSA: Non, ce n'est pas ça que j'ai demandé. Est-ce
que le ministre ce soir, a une bonne nouvelle à dire à la
population, à l'effet que telle industrie va s'établir à
Bécancour?
M. BEAUDRY: Nous avons plusieurs projets de faits, nous
travaillons...
M. BOURASSA: Il n'en a pas à annoncer ce soir.
M. BEAUDRY: De grands projets qui devraient se concrétiser au
cours de l'année.
M. BOURASSA: En temps et lieu.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Est-ce qu'il y a une infrastructure de
prévue? Y a-t-il un plan de prévu? Lorsque l'on veut
développer ainsi un parc industriel je songe par exemple à
des centres industriels ailleurs on songe à délimiter les
terrains, à prévoir des travaux d'aqueduc et d'égout, un
réseau routier.
M. BEAUDRY: Justement, dans le montant de $39,000. Ce montant est
prévu pour faire ce que le député de Bonaventure
mentionne. $39,000.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Pour quelles fins?
M. BEAUDRY: Des honoraires, pour préparer des plans et, en
définitive, pour voir à préparer la bonne marche du parc
industriel de Bécancour.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Bon!
M. BOURASSA: Est-ce que le ministre pourrait être un peu plus
précis sur le genre d'industrie qui va s'établir? Il a dit que
plusieurs projets étaient sur le point de se concrétiser.
M. BEAUDRY: Bien, savez-vous, M. le Pré-
sident, à mesure que les projets seront annoncés, à
ce moment-là, je donnerai des précisions.
M. BOURASSA: Mais là, le ministre est absolument incapable de
donner des précisions. Il préfère demeurer très
vague et peut-être un peu négatif dans ses réponses...
M. BEAUDRY: Le député de Mercier saura qu'il n'est jamais
d'intérêt pour l'entreprise privée de dévoiler quoi
que ce soit...
M. BOURASSA: Je ne demande pas le nom de l'entreprise...
M. BEAUDRY: Vous savez comment la concurrence est intense. Alors je ne
pense pas que cette compagnie...
M. BOURASSA: C'est le secteur secondaire, je suppose?
Forcément.
M. BRISSON: ...Cela va être limité à certains
produits ou bien ça va être général?
M. BEAUDRY: C'est un parc industriel.
M. BOURASSA: C'est tellement vague, je me demande si les gens de la
Mauricle peuvent être aussi optimistes que le ministre.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Le ministre pourrait-il déposer
disons, ce soir, s'il a les renseignements en main, ou déposer, disons,
demain ou au début de la semaine prochaine la liste des
prêts consentis jusqu'à maintenant par l'Office de crédit
industriel? Deuxièmement, une liste des industries qui ont
bénéficié de primes, à la suite de leur
installation?
M. BEAUDRY: En ce qui regarde l'Office de crédit industriel, je
puis donner les raisons pour lesquelles nous ne pouvons pas dévoiler les
noms. Mais, par contre, si le député désire se rendre au
bureau, il nous fera plaisir de lui montrer la liste des noms. Les raisons pour
lesquelles nous ne pouvons les publier sont les suivantes...
Est-ce que vous voulez savoir les raisons?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui, certainement.
M. BEAUDRY: Toutes les institutions financières prêteuses
engagées dans le domaine de l'office respectent strictement le principe
fon- damental en vertu duquel les transactions individuelles doivent être
traitées confidentiellement et l'office doit agir de même.
La plupart des entreprises qui s'adressent à l'office, exigent
que cet aspect confidentiel soit maintenu. Il deviendrait très difficile
à l'office d'obtenir tous les renseignements dont il a besoin pour
évaluer un risque, s'il devait en dévoiler certains. En
général, les entreprises privées, comme celles avec qui
l'office transige, ne veulent pas dévoiler les emprunts qu'elles ont
effectués ou qu'elles doivent effectuer et l'office doit les rassurer
dans ce sens, en mentionnant dans sa publicité que tous les pourparlers
ou négociations qu'il a avec les entreprises qui s'adressent à
lui, sont traités d'une manière confidentielle.
L'office consent des prêts qui doivent être
remboursés avec intérêts et l'emprunteur a le droit
d'exiger que ses affaires ne soient pas portées sur la place publique
s'il juge que cela peut lui être préjudiciable.
Aussi ne croyons-nous pas qu'il soit dans l'intérêt public
de dévoiler les noms des emprunteurs et la nature de chaque transaction
de l'office.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Maintenant, ces motifs...
M. BEAUDRY: Si monsieur le député désire avoir la
liste des noms du bill 23, il me fera plaisir de la déposer. En ce qui
regarde l'office de crédit, comme je viens de le mentionner, c'est
confidentiel: Cette liste ne peut pas être publiée, mais pour son
propre renseignement, nous serons...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Alors, si je comprends bien, la liste est
disponible, mais doit demeurer confidentielle. Deuxièmement, quant
à la liste de ceux qui ont bénéficié des primes,
cette liste-là pourra être déposée quand?
M. BE AUDRY: Dans le moment, nous pouvons dévoiler ne nom de ceux
qui ont reçu le premier paiement seulement. Au début nous avions
commencé à donner des renseignements, à publier tous les
noms, et il est arrivé S quelques reprises que certaines industries ont
changé d'idée et n'ont pas fait leur construction ou, pour
d'autres raisons, n'étaient pas acceptables. Alors, il a
été convenu que nous rendrions publique cette liste seulement
lorsque l'industrie aura terminé sa construction et qu'elle aura
reçu son premier paiement.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Et combien d'Industries jusqu'à
maintenant sont dans cette situation?
M. BEAUDRY: Nous en avons huit actuellement qui ont été
recommandées pour paiement.
M. LEVESQUE (Bonaventure): C'est la seule liste disponible?
M. BEAUDRY: Oui, M. le Président.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Et quand pourrons-nous en prendre
connaissance?
M. BEAUDRY: Au début de la semaine. M. LEVESQUE (Bonaventure):
Très bien.
M. BOURASSA: Pouvons-nous regarder, durant la dernière
demi-heure, les questions générales, si le ministre n'a pas
d'objection?
M. BEAUDRY: Postes budgétaires 12 et 13 avant, s'il vous
plaît.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté.
M. BOURASSA: J'ai une question à poser au ministre. Quand le
service des achats sera-t-il transféré au ministère de
l'Industrie et du Commerce? Parce que cela fait plusieurs années que
nous en parlons, et nous en sommes à nous demander jusqu'à quel
point le gouvernement est sérieux quand il s'agit de problèmes ou
de questions économiques.
Cela pourrait être un instrument très important au service
du ministère de l'Industrie et du Commerce...
M. BEAUDRY: Oui...
M. BOURASSA: L'ancien premier ministre en a parlé à
plusieurs reprises. Le nouveau aussi. Qu'est-ce qui arrive? Cela va se faire
quand?
M. BEAUDRY: Pour autant que l'ancien premier ministre était
concerné, j'ai assisté à certaines réunions
où il avait mentionné qu'éventuellement il
transférerait le service des achats au ministère. Pour autant que
le nouveau premier ministre est concerné, je ne l'ai jamais entendu
mentionner qu'il transférerait le service des achats au
ministère. Mais je puis assurer l'honorable député que Je
suis conscient que, si le service des achats dépendait du
ministère de l'Industrie et du Commerce, ce serait pour le bien de la
province de Québec, et je travaille en ce sens. Mais Je ne suis pas le
premier ministre et Je ne puis dire quand le service sera
transféré au ministère.
M. BOURASSA: Encore là, cela peut être long.
Deuxièmement, M. le Président, quelle est l'opinion du ministre
sur une préférence qui peut être accordée aux achats
au Québec par les organismes gouvernementaux ou paragouvernementaux?
L'ancien premier ministre avait, je pense, là-dessus, varié un
peu la politique. Qu'est-ce qu'en pense le ministre?
M. BEAUDRY: Vous n'avez pas besoin de me demander ce que f en pense,
vous avez certainement pu vous apercevoir qu'il y a une campagne de «
Québec sait faire » et « d'achat au Québec »
sans pour cela...
M. BOURASSA: Non, je m'excuse là, je n'ai peut-être pas
été assez précis dans ma question. Est-ce que,
d'après lui, le gouvernement doit accorder préférence aux
entreprises québécoises, même si le prix est plus
élevé jusqu'à un maximum de tant, quoi, 10% ou 15%? Quelle
est son opinion là-dessus?
M. BEAUDRY: Bien, pour autant que la qualité et le prix est bon,
tout dépend du secteur du produit, j'imagine...
M. BOURASSA: Est-ce que le ministre est favorable à ce que le
gouvernement favorise les entreprises québécoises, même si
cela coûte 10% ou 15% plus cher?
M. BEAUDRY: Oui, M. le Président.
M. BOURASSA: Jusqu'à combien? 10% ou 15%? Non, mais c'est quand
même important. Le ministre vient d'exprimer son avis à l'effet
qu'il est favorable à ce que le gouvernement paie plus, soit 10% ou 15%.
Là, j'ai mis des chiffres hypothétiques. Jusqu'à quel
point, s'il veut être complet dans sa réponse, les organismes
gouvernementaux doivent favoriser les entreprises du Québec avec des
prix plus élevés? Pourvu que ce ne soit pas 100% de plus? Est-ce
que le ministre a changé d'idée?
M. BEAUDRY: Actuellement, la loi recommande d'acheter du plus bas
soumissionnaire, comme vous le savez. Je pense que 10%, dans beaucoup de cas,
ce n'est pas exagéré. Je pense que, d'un autre côté,
ces 10% rapportent beaucoup au Québec, étant donné que
cela réduit le coût du bien-être social...
M. BOURASSA: Est-ce que c'est appliqué actuellement? Est-ce que
le gouvernement applique cette politique?
M. BEAUDRY: Je pense que c'est une politique qui existe depuis longtemps
au gouvernement du Québec.
M. BOURASSA: C'est un sujet que nous pourrions reprendre lorsque nous
discuterons les crédits du Conseil exécutif. J'ai une question un
petit peu plus délicate à poser au ministre. Dans ses relations
avec son collègue de l'Ontario. Il y a toutes sortes de rumeurs qui
circulent à l'effet que le ministre ontarien de l'Industrie et du
Commerce utiliserait les événements qui arrive au Québec,
notamment les bombes, pour détourner des entreprises qui voudraient
s'installer au Québec, pour les encourager plutôt à
s'établir en Ontario. Est-ce que le ministre est au courant de ces
rumeurs ou des faits, ou est-ce qu'il est prêt à rencontrer le
ministre ontarien, M. Randall, pour discuter de cette question?
M. BEAUDRY: Je dois vous dire que j'aurai un entretien avec M. Randall,
plus précisément le 12 mai.
M. BOURASSA: Au sujet de cette question?
M. BEAUDRY: Au sujet de plusieurs questions.
M. BOURASSA: Est-ce que cette question a été
discutée?
M. BEAUDRY: Elle a pu l'être. M. BOURASSA: Elle a pu l'être.
M. BEAUDRY: J'ai dit le 12 mai.
M. BOURASSA: Je m'excuse. Si le ministre veut ma collaboration
là-dessus, elle est totale, parce que Je considère que c'est
extrêmement important. Quand on voit le taux d'investissement, comme nous
le disions hier, 2% par rapport à 31% en Ontario, Je pense qu'il y a
lieu d'avoir plus de coordination avec notre voisin. Ici, de fait...
M. BEAUDRY: M. le Président, si cela ne fâche pas le
député de Mercier, peut-être que nous pourrions l'inviter
pour le dessert.
M. BOURASSA: Non, mais disons que, d'après la nature des
discussions, cela ne prêtera pas tellement à prendre du
dessert.
M. BEAUDRY: M. le Président, voulez-vous revenir aux
investissements ou si vous voulez que nous n'en parlions plus?
M. BOURASSA: Non, j'ai dit des chiffres des investissements dans le
secteur manufacturier. Si l'on veut prolonger, Je n'ai pas d'objection, mais Je
veux dire au ministre...
M. BEAUDRY: Nous avons fait, sur une période de trois ans, et
nous avons établi des chiffres, peut-être que cela pourrait
renseigner...
M. BOURASSA: Une période de trois ans. Je sais que le
sous-ministre est habile à utiliser savamment les chiffres. S'il veut
que Je me réfère à une de ses interviews, il y a quelques
mois; je me suis dispensé de référer à son
interview où on le faisait jouer drôlement avec les chiffres, je
lui ai donné l'absolution. Nous allons éviter cette question.
Hier, j'ai cité des chiffres officiels pour 1969, les trois ans, pour
les trois dernières années. Ce qui compte, c'est 1969, parce que
c'est là qu'il va falloir créer 80,000 nouveaux emplois. Mais
nous allons revenir à la question qui est très importante. S'il
est vrai que le ministère de l'Industrie et du Commerce, en Ontario,
fait ainsi une concurrence qui, à mon sens, est loin d'être
complètement loyale, en utilisant des événements
politiques en les utilisant de façon systématique, pour
détourner vers l'Ontario des entreprises qui veulent s'établir au
Québec.
Je pense que si le ministre veut m'inviter à. aller avec lui,
cela me fera plaisir, mais s'il ne veut pas m'inviter, il devrait souligner la
question à M. Randall.
M. BEAUDRY: Je dois dire au député que c'est vrai que
c'est grave s'il y a des employés du gouvernement qui font ces avances.
Par contre, nous sommes au courant du problème et il n'y a rien qui nous
prouve que ce que monsieur le député...
M. BOURASSA: D'accord, mais le ministre a dit qu'il en discuterait.
M. BEAUDRY: ... pense à ce que je pense pour le prouver.
Par contre il y a certaines villes longeant la frontière
québécoise, qui ont des délégués industriels
et ils ont employé cette argumentation. Mais ces mêmes
employés ne relèvent pas du gouvernement ontarien sous la
direction de M. Randall. Nous avons des exemples...
M. BOURASSA: Ils relèvent de quel ministère?
M. BEAUDRY: Ce sont des employés industriels qui
représentent certaines villes...
M. BOURASSA: D'accord.
M. BEAUDRY: ... qui longent la frontière ontarienne.
M. BOURASSA: Vous êtes sûr sur ce point, mais vous
n'êtes pas encore sûr sur les employés du ministère
de l'Industrie et du Commerce?
M. BEAUDRY: Non, nous n'avons pas de preuve, mais vous pouvez être
sûr que cela sera à l'ordre du jour.
M. BOURASSA: Je le souhaite vivement parce que nous n'avons pas les
moyens, actuellement, au Québec, de perdre des industries pour
des...
M. BEAUDRY: Je veux bien croire que ce n'est pas cela qui règle
tous les cas, mais tout de même, j'aimerais faire remarquer à
notre ami que le 23 mars 1968 il y avait 1,957,000 emplois et, au 22 mars 1969,
il y en avait 2,041,000. C'est donc dire qu'au mois de mars de cette
année, comparativement à l'an dernier, il y avait, en 12 mois,
84,000 nouveaux emplois au Québec.
M. BOURASSA: Et combien le ministre prévoit-il en créer au
cours de toute l'année en 1969?
M. BEAUDRY: Tout dépendra, monsieur.
M. BOURASSA: Le ministre n'a pas de prévisions?
M. BEAUDRY: Nous n'avons pas le nombre...
M. BOURASSA: C'est parce que je me suis servi de ses chiffres...
M. BEAUDRY: C'était la moyenne de 12 mois, et les chiffres...
M. BOURASSA: Oui mais 12 mois, la moyenne de 12 mois, quand même,
il reste que cela ne diminue pas le nombre d'emplois. S'il y a 3,000 emplois
pour 12 mois, que ce soit en moyenne ou autrement...
M. BEAUDRY: C'est un autre chiffre que nous citons. Cette année,
comparée à...
M. BOURASSA: D'où sort ce chiffre, à dix heures moins
cinq, à la fin des crédits?
M. BEAUDRY: Nous en avons d'autres, id, nous en avons d'autres. Vous
savez, des chiffres, des statistiques, nous pouvons jouer jusqu'à demain
matin. Mais en réalité, ce qui compte, c'est de créer des
emplois et c'est ce que nous essayons de faire.
M. BOURASSA: Ah, oui! Cela, le ministre l'a dit à plusieurs
reprises mais les résultats sont assez minces.
M. BEAUDRY: Vous en avez 84,000 là!
M» BOURASSA: Je voudrais juste poser une question au ministre sur
les subventions, en dernier lieu.
Le ministre ne trouve-t-il pas que le bill 24 si nous pouvons en
discuter ici pourrait être beaucoup plus efficace? Il y a quand
même $18 millions qui doivent être distribués, selon le bill
24, selon les chiffres qui ont été publiés dans le journal
La Presse, je pense, il y a quelques semaines.
M, BEAUDRY: Selon ce que l'on sait il n'y a pas de distribution qui se
fait.
M. BOURASSA: Non, excusez-moi, que cela doit coûter $18 millions
au Trésor québécois, au Trésor public? C'est ce qui
a été publié et cela n'a pas été
démenti.
Alors, avec les $7,500,000, cela fait $25 millions.
Je pose une question au ministre. Ces $18 millions ne pourraient-ils pas
être distribués plus efficacement? Parce que là, on donne
une réduction d'impôt à toutes les entreprises, toutes,
Montréal compris.
M. BEAUDRY: Oui, mais nous voulons que Montréal demeure la
métropole du Canada.
M. BOURASSA: Non, ce n'est pas cela.
M. BEAUDRY: Vous auriez dû être ici l'autre soir. Je ne sais
pas si vous y étiez lorsque votre bon ami M. Séguln, le
député de Balwin et le député de Rimouski...
M. BOURASSA: Je pense que le ministre ne comprend pas ce que je veux
dire.
M. BEAUDRY: Bien oui, je comprends, je suis Montréalais...
M. BOURASSA: Le temps avance, si le ministre veut me permettre.
M. BEAUDRY: J'ai à coeur que Montréal demeure la
métropole du Canada.
M. BOURASSA: Le ministre n'a pas compris ma question. Ma question est la
suivante...
M. BEAUDRY: Vous dites que Montréal...
M. BOURASSA: Je dis que le ministre pourrait distribuer à mon
sens plus efficacement ces $18 millions. Qu'arrive-t-il actuellement? Toutes
les entreprises en reçoivent, même celles qui investissent de
toute façon.
M. BEAUDRY: M. le Président, il n'y a pas $18 millions à
distribuer.
M. BOURASSA: Bien, cela coûte $18 millions.
M. BEAUDRY: On ne distribue pas...
M. BOURASSA: Non, mais le ministre comprend très bien ce que je
veux dire, parce que s'il ne comprend pas, il est très fatigué.
Ce que je veux dire, c'est que cela coûte au trésor public $18
millions, cela a été dit.
M. BEAUDRY: D'une façon ou d'une autre.
M. BOURASSA: Et quand M. Johnson a annoncé ces projets,
c'était $180 millions pour trois ans. Il n'y a personne qui l'a cru
parce que $180 millions, c'est de l'argent. Mais $18 millions, c'est plausible.
Moi, je dis que ces $18 millions pourraient être distribués
beaucoup plus efficacement. Je comprends que mon expression est peut-être
ambiguë, mais je suis convaincu que le ministre sait de quoi je parle.
M. BEAUDRY: Nous, nous croyons que c'est une bonne façon, et
puis...
M. BOURASSA: Pourquoi?
M. BEAUDRY: Nous croyons que c'est une bonne façon. Je ne dis pas
que c'est la meilleure.
M. BOURASSA: Si le Téléphone Bell investit au
Québec ou s'il est forcé d'investir au Québec, qu'est-ce
que cela lui fera les $500,000 qu'il recevra?
M. BEAUDRY: Oui, mais le Téléphone Bell...
M. BOURASSA: Je prends un exemple.
M. BEAUDRY: ... ne peut pas être bénéficiaire, parce
que ce n'est pas une industrie manufacturière.
M. BOURASSA: Prenons une industrie manufacturière. Si elle
investit au Québec...
M. BEAUDRY: Donnez-moi un exemple.
M. BOURASSA: Bien je veux dire, il y a 21 exemples dans ce secteur.
M. BEAUDRY: Donnez-moi un exemple où vous n'aimeriez pas que ce
secteur de l'industrie reçoive de prime.
M. BOURASSA: Attendez, on va en dire un. 21 secteurs pour donner un
exemple...
M. BEAUDRY: Un dégrèvement fiscal.
M. BOURASSA: Par exemple, dans le domaine de l'alimentation, je m'excuse
de donner cet exemple au ministre...
M. BEAUDRY: Oui, dans le domaine de l'alimentation.
M. BOURASSA: Je ne veux pas être trop malicieux...
M. BEAUDRY: Oui, d'accord.
M. BOURASSA: Mais, dans le domaine de l'alimentation, disons que ce sont
des investissements qui ne peuvent pas être influencés par une
réduction d'Impôts. Alors, je prends la compagnie du ministre,
s'il me le permet...
M. BEAUDRY: Oui, mais c'est dans les services.
M. BOURASSA: Si le ministre a décidé, c'est un homme
d'affaires qui a réussi, je l'en félicite au passage...
M. BEAUDRY: Non, je ne suis pas prêt à dire cela. Je ne
suis pas manufacturier, M. le Président.
M. BOURASSA: Bien oui, mais ce n'est pas nécessaire. C'est dans
le secteur manufacturier...
M. BEAUDRY: Je comprends, mais c'est
dans l'alimentation... Je ne suis pas manufacturier...
M. BOURASSA: Disons que le ministre se retire de la politique et
élargit son empire, s'il investit dans le secteur parce que les
conditions le forcent à le faire, ce n'est certainement pas la
réduction d'impôts... Le ministre sait fort bien de quoi je parle,
et puis il ne veut pas admettre que sa loi est imparfaite.
Je sais que le sous-ministre a travaillé très fort sur ces
deux bills, et nous voulons en discuter.
M. BEAUDRY: Dans le secteur que vous mentionnez, cela ne coûte pas
tellement cher, et dans le secteur...
M. BOURASSA: Alors, là, nous reculons un peu.
M. BEAUDRY: Dans l'alimentation, le type qui investit plus...
M. BOURASSA: On ne calcule pas le prix que cela coûte, c'est
donné pour rien.
M. BEAUDRY: ... qui établit une usine de transformation, ne venez
pas me dire, M. le Président, que cet industriel ne peut pas avoir
besoin de cette aide...
M. BOURASSA: Oui, mais ce que je dis...
M. BEAUDRY: Ce ne sont pas tous de gros industriels...
M. BOURASSA: Ce que je dis au ministre...
M. BEAUDRY: Dans l'Industrie de pointe, vous savez que c'est là
où cela nous coûte le plus cher, parce que c'est à forte
intensité de capital.
L'an dernier on nous reprochait de n'avoir rien fait pour l'industrie de
pointe.
M. BOURASSA: Oui, mais justement vous pourriez en faire plus si vous
n'en donniez pas à ceux qui n'en ont pas besoin et qui vont investir
quand même.
M. BEAUDRY: Oui, mais pourquoi me dites-vous que dans l'alimentation ils
n'en ont pas besoin? Sur quel critère vous basez-vous pour dire
ça? Quels sont les critères de déterminés pour que
ces gens-là n'en ont pas besoin?
M. BOURASSA: J'ai pensé choisir un exem- ple qui vous ferait
comprendre d'une façon particulière.
M. BEAUDRY: Je prétends que dans l'alimentation que les
manufactures en ont autant besoin que...
M. BOURASSA: Ce que je dis au ministre, en d'autres termes, c'est qu'il
y a des entreprises qui investissent de toute façon pour toutes sortes
de raisons. Nous en avons parlé avant-hier. Je dis que l'argent qu'ils
reçoivent est une perte; que c'est un cadeau qu'ils reçoivent aux
frais des contribuables. Si on avait cette somme-là pour d'autres
entreprises...
M. BEAUDRY: Je ne suis pas tout à fait d'accord avec le ministre
de...
M. BOURASSA: Le futur ministre.
M. BEAUDRY: ... le député de Mercier. Je ne suis pas
d'accord avec le député de Mercier.
M. BOURASSA: Le ministre d'Etat.
M. BEAUDRY: Je ne suis pas d'accord avec vous. Par contre, je ne dis pas
que cette loi est parfaite, elle peut avoir des améliorations.
Après un an d'expérience, si nous voyons qu'elle peut être
améliorée nous y apporterons des amendements.
M. BOURASSA: Bon, c'est ça que je voulais que le ministre
dise.
M. BEAUDRY: Cela fait seulement neuf mois qu'elle est en vigueur...
M. BOURASSA: Bon si le ministre avait dit ça, on aurait
sauvé dix minutes de discussions. C'est comme pour l'aide technique, il
a admis que c'est...
M. BEAUDRY: On peut toujours s'améliorer, monsieur!
M. HAMEL: Le bill 23.
M. BOURASSA: Je suis content de voir qu'il reconnaît le rôle
constructif de l'Opposition.
M. BEAUDRY: Quelle question, M. le Président?
M. HAMEL: Il y aune question d'assez d'importance.
M. BOURASSA: Laquelle? Vous posez la question au ministre.
M. HAMEL: Oui.
M. BOURASSA: Aux deux? Bien, d'accord.
M. HAMEL: Non, pas aux deux»
Il y a le bill 23, la région des Cantons de l'Est et la
région dont il fait partie en est exclue de possibilité d'aide du
bill 23. On pensera ce qu'on voudra mais, avant d'essayer d'attirer des
industries à 60, 90 ou 100 milles de Montréal, je pense que, au
moins, celles que nous avons dans notre bout, et celles qui seraient plus
intéressées à venir s'installer à 22 ou 25 milles
de Montréal, elles devraient avoir la possibilité de profiter du
bill 23. C'est un désavantage qu'on a et qui nous nuit
considérablement. Qu'on ait pensé, qu'on ait planifié ce
qu'on voudra, c'est que nous nous vivons avec le problème. Je pense que
ça demande ça fait plusieurs fois que je le demande et je
vais le demander tant qu'on ne l'aura pas eu qu'il y ait des
modifications, que les gens de notre région puissent
bénéficier, peut-être pas au même pourcentage que
disons dans la zone 1, c'est 25% et que dans la zone 2, c'est 40%
la zone 1 ou la zone 2 mais de pouvoir bénéficier de certains
avantages.
M. BEAUDRY: Alors, je prends bonne note de la suggestion du
député de Rouville. Comme Je le mentionnais au
député de Mercier, le bill 23 est en vigueur depuis seulement
neuf mois. Lorsque l'année sera terminée, le ministère
fera inventaire afin de trouver les résultats réels
apportés à certaines régions au détriment d'autres
régions et vous pouvez être assuré que je prends en
considération sa demande et qu'elle sera étudiée
attentivement.
M. BOURASSA: Je constate que le ministre doit apporter des amendements
à différentes lois. Je pense que l'étude des
crédits aura permis au ministre de prendre conscience de certaines
faiblesses et je le félicite de son humilité à
reconnaître que ses lois sont imparfaites. J'espère que
très prochainement il y aura des amendements aux lois qui pourront
répondre davantage aux exigences économiques du
Québec.
M. BE AUDRY: Je remercie tous les membres de mon ministère pour
le bon travail qu'ils ont fait durant l'année. Je remercie
également l'Opposition du bon travail qu'elle a fait à cette
commission et d'avoir apporté certaines lumières sur certains
sujets.
Vous pouvez être assurés que, comme toujours, je donne le
meilleur de moi-même à la province de Québec. Durant
l'année qui s'en vient, Je m'efforcerai d'apporter des mesures qui
rendront le Québec encore plus favorable à l'investissement, et
d'apporter des mesures pour que les investisseurs puissent venir
s'établir chez nous en plus grand nombre. Vous pouvez être
assurés que ma seule ambition est de créer le plein emploi au
Québec.
Donc, en terminant, je remercie les gens de mon ministère, qui
sont hautement qualifiés, et qui travaillent d'arrache-pied, ainsi que
l'Opposition pour ses suggestions.
M. BOURASSA: J'avais plusieurs autres questions. Je ne veux pas
prolonger les débats. Le Service d'information à la recherche,
les relations avec le ministère du Bien-Etre social, le Centre de
recherche industrielle et plusieurs autres questions. Durant le discours du
budget, Je suppose qu'il sera possible de discuter à nouveau de ces
questions.
M. BEAUDRY: Durant le discours du budget.
Il n'y a pas de limite.
M. BOURASSA: Est-ce que je peux compter qu'à ce moment-là
le ministre pourra me donner les réponses?
M. BEAUDRY: N'importe quand.
M. LE PRESIDENT: Il m'a été très agréable de
présider à l'étude des crédits du ministère
de l'Industrie et du Commerce et je veux remercier les parties de m'avolr
facilité la tâche en répondant avec autant d'empressement
à l'invitation que J'avais faite au début des travaux.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Très bien, M. le Président.
M. BEAUDRY: M. le Président, avant de terminer j'ai fait
une grave omission je veux remercier les membres du gouvernement qui ont
participé à ce comité.
(Fin de la séance: 22 h 2)