Journal des débats (Hansard) of the Committee on Institutions
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Wednesday, September 18, 2024
-
Vol. 47 N° 81
Special consultations and public hearings on Bill 67, An Act to amend the Professional Code for the modernization of the professional system and to broaden certain professional practices in the field of health and social services
Aller directement au contenu du Journal des débats
11 h (version non révisée)
(Onze heures vingt minutes)
Le Président (M.
Bachand) :Bonjour, tout le monde!
Bienvenue! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des
institutions ouverte. La commission est réunie afin de procéder aux
consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi
n° 67, Loi modifiant le Code des professions pour la modernisation du
système professionnel et visant l'élargissement de certaines pratiques
professionnelles dans le domaine de la santé et des services sociaux.
Avant de débuter, M. le secrétaire, est-ce
qu'il y a des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Asselin (Vanier-Les Rivières)
est remplacé par M. Allaire (Maskinongé). Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis)
est remplacée par Mme Caron (La Pinière). M. Zanetti (Jean-Lesage) est
remplacé par M. Cliche-Rivard (Saint-Henri—Sainte-Anne).
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Donc, ce matin,
ça nous fera plaisir d'entendre les organismes suivants : le Conseil
interprofessionnel du Québec et le Collège des médecins. Et tout ceci va se
faire après les remarques préliminaires.
Donc, j'invite Mme la ministre responsable
de l'Administration gouvernementale et présidente du Conseil du trésor, à faire
vos remarques préliminaires. Vous disposez de six minutes.
Mme LeBel : Merci, M. le
Président. Je vais commencer par dire bonjour à mes collègues de l'opposition.
Je suis très contente qu'on entame les consultations et., par la suite, l'étude
détaillée d'un projet que je considère extrêmement important pour la société
québécoise. Donc, ça fait plaisir qu'on ait ces discussions- là entre nous,
naturellement. Merci à toute l'équipe qui m'accompagne. Je pense que je vais
prendre l'occasion de les nommer parce qu'elles auront peut-être, ces
personnes-là, pas pendant les consultations, mais éventuellement l'occasion d'intervenir...
Mme LeBel : ...j'ai, à ma
droite, Mme Dominique Derome, qui est la présidente de l'Office des
professions, qui est accompagnée aussi de Jean Gagnon, son directeur des
affaires juridiques, et d'autres gens indispensables à l'office qui nous ont
aidés à mettre en place, à déposer ce projet de loi là. À ma gauche, l'autre
droite... à ma gauche, qui est ma conseillère politique au cabinet, sur ces
affaires... sur les affaires des ordres professionnels, et également tous mes
précieux collègues de la banquette parlementaire... gouvernementale qui vont
m'accompagner là-dedans. Je salue mes collègues de l'opposition.
Je vais peut-être y aller à haut niveau,
M. le Président, parce qu'il y aura beaucoup de discussion et, dans ce projet
de loi là, il y a plusieurs sections, plusieurs aspects, mais ce projet
s'emboîte dans une stratégie, une vision ou une intention beaucoup plus large.
Il y a deux intentions, deux mandats si on veut, ou deux... deux intentions à
mon mandat de responsable des lois professionnelles. La première intention est
de moderniser notre système professionnel. Je fais moi-même partie de ce...
avec fierté, de ce système professionnel là depuis 1991, ça ne me rajeunit pas,
mais ce système-là est en place depuis 50 ans déjà. Il a besoin d'être
modernisé.
Donc, dans le cadre de cette réflexion sur
la modernisation, nous avons présenté une intention ou une vision en plusieurs
étapes, et le projet de loi n° 67 est une première étape de cette
modernisation-là. On ne règle pas tout, et je sais que certains groupes vont
venir nous présenter des demandes sur ce qu'on devrait faire sur le service
professionnel. Je les rassure, ce n'est pas parce que ce n'est pas dans le
projet de loi no 77 qu'on n'est pas en train de travailler sur l'avenir du
système professionnel, la modernisation.
Il a aussi un deuxième aspect, mon mandat,
c'est tout ce qui fait face à l'accès à la première ligne, l'élargissement des
professions. On parle des professions majoritairement en santé, mais on n'est
pas fermés à regarder l'élargissement des professions dans d'autres domaines,
qui peut nous aider à donner plus de services aux Québécois pour être capables
d'assurer les missions de l'État, d'assurer les Québécois qu'ils ont des
services. Mais, de façon primaire, c'est vraiment l'élargissement des soins de
santé, des services que les professionnels peuvent donner. On en a un bel
exemple, dans le projet de loi no 67, avec la capacité augmentée de
prescription et de diagnostic de certains professionnels de la santé. Mais je
veux rassurer les gens, encore une fois, il s'agit d'une première étape, et je
pense que quand on est prêt, il faut agir et ne pas attendre que l'ensemble de
l'oeuvre soit complétée. Et c'est la technique qu'on a décidé de prendre ici,
au gouvernement, avec l'office, avec le conseil, avec les partenaires du
milieu, de dire : On agit quand c'est prêt, on clarifie, on sécurise et on
continue. Donc, je veux rassurer les gens, et on va écouter avec sérieux les
toutes les consultations. On va lire avec sérieux tous les mémoires, mais ce
n'est pas... c'est le début de l'histoire de la modernisation et de
l'élargissement des professions et non pas la fin de l'histoire. Mais je pense
qu'on a un début qui est extrêmement prometteur et qui va servir pour les
Québécois parce que ces changements sont nécessaires. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député
d'Acadie, pour 4min 30 s, s'il vous plaît.
M.
Morin :Alors, bonjour, M. le Président, Mme la ministre,
collègues de la banquette gouvernementale, ma collègue députée de La Pinière et
mon collègue, également, député de Saint-Henri-Sainte-Anne. Je suis heureux de
pouvoir participer aux travaux de cette commission, M. le Président.
C'est une commission où il se passe
beaucoup de choses. La commission siégeait, depuis la rentrée parlementaire,
sur d'autres projets de loi. Donc, c'est toujours un plaisir de m'y retrouver
et j'ai très hâte d'entendre... Il y a plusieurs groupes qui vont venir, qui
vont venir nous parler. D'emblée, quand on regarde le projet de loi ou son
esprit, moderniser le système professionnel, particulièrement dans le domaine
de la santé, je pense que c'est un volet qui est... qui est important.
J'écoutais Mme la ministre attentivement. Évidemment, les Québécois, les
Québécoises ont besoin d'avoir accès à des soins de santé le plus rapidement
possible. Donc, s'il y a des choses qu'on peut faire pour améliorer cet état de
fait, je pense que c'est un pas où il faut... il faut le regarder avec
beaucoup, beaucoup d'attention.
Le projet de loi ne vise pas que le
domaine de la santé. On veut étendre, par exemple, la possibilité pour certains
notaires de présider des conseils de discipline, également. Donc, différents
éléments, mais qui, je pense, enfin, vont, vont permettre probablement à plus
de Québécois et Québécoises d'avoir accès à des services. Et ça, je pense que
c'est important. Maintenant, ça, c'est le... c'est la grande... c'est l'idée
maîtresse, si vous me permettez l'expression, mais, après ça, bien, il y a
toujours les détails, et c'est pour ça que je suis toujours...
M. Morin : ...heureux qu'on
puisse écouter des groupes qui vont venir nous parler d'une façon plus
spécifique de ce que ce projet de loi ferait pour eux et si, évidemment, il y a
des possibilités d'amélioration. Dans l'opposition officielle, nous sommes
toujours prêts, M. le Président. Alors, voilà, ceci complète mes remarques
préliminaires.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup, M. le député de l'Acadie. M. le
député de Saint-Henri- Sainte-Anne pour 1 min 30 s, s'il vous
plaît. Ah! Oui, Mme la députée de... je vais aller d'abord au député de la
deuxième opposition. Je vais revenir à vous après. Alors, M. le député de
Saint-Henri-Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, M. le Président, merci à tous et à toutes d'être là. Très content de
travailler avec vous aujourd'hui. Merci aux équipes d'être là, nos collègues de
la recherche notamment. Très important de les souligner. Merci à Mme la
ministre. Aux députés, de l'Acadie et de La Pinière, merci d'être là
aujourd'hui. Alors, oui, effectivement, très heureux de commencer le travail
là-dessus. Je vois, Mme la ministre, plusieurs volets super intéressants,
plusieurs volets super importants, notamment pour les pharmaciens, la
prolongation d'ordonnances, la prescription directe de maladies courantes, les
prélèvements, plusieurs beaux éléments qu'on va pouvoir évaluer tous ensemble.
J'ai hâte d'entendre des groupes, d'ailleurs, sur la modification sémantique,
beaucoup de groupes nous en parlent dans les mémoires, entre l'évaluation et le
diagnostic très utiles pour l'accès aux citoyens. On nous parle de nouveaux
permis, de formation à l'étranger, de reconnaissance d'acquis. Donc il y a
plusieurs éléments très importants évidemment, pour les travailleurs,
travailleuses qui étaient à la retraite, qui voudraient revenir. Je note aussi
un meilleur accès aux services en matière de santé mentale, une augmentation
des capacités à diagnostiquer pour certains professionnels. Donc, je pense
qu'on s'en va dans le bon sens, sans parler des autorisations spéciales et des
cas d'urgence, des OSBL. Bref, plusieurs éléments très positifs. On demande de
travailler en collaboration avec les groupes, avec les collègues parlementaires
et bien sûr avec les équipes qui vont nous aider dans ce travail. Merci.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup, M. le député. Mme la députée de La
Pinière, pour deux 2 min 15 s, s'il vous plaît.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Alors, moi de même, je suis très heureuse de faire partie de cette
commission pour travailler sur le projet de loi qui est devant nous. La
modernisation du système professionnel, bien entendu, c'est quelque chose qui
n'est pas toujours simple à faire, mais qui est nécessaire à l'heure actuelle. Et
on veut, bien entendu, que l'élargissement des soins et de l'accès soient au
rendez-vous, parce que ce n'est pas le cas maintenant, étant donné les listes
d'attente et un autre projet de loi, le 68 travaille sur alléger la charge des
médecins, la charge administrative. Et déjà dans ce projet de loi là, il y a eu
des propositions. On a entendu dans les consultations des propositions qui
peuvent toucher ce projet de loi ci. Je comprends donc que tout n'est pas, tout
n'est pas fait, c'est une première étape, mais ce que je nous invite à faire
quand on aura entendu tous les groupes qui vont déposer un mémoire, qui auront
des propositions d'amendements, même si on ne les avait pas, si on les avait
pas prévus, s'il y a des amendements qu'on peut accepter pour accélérer le fait
que certains, certains professionnels, puissent vraiment pratiquer leur
profession, je dirais, de manière pleine et entière, sans qu'un médecin regarde
derrière eux. Bien, je pense que ce serait... ce serait utile pour tous. Alors,
je vous invite à travailler dans ce sens-là. Merci.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup, Mme la députée de La Pinière. Alors,
maintenant, nous allons débuter les auditions et notre premier groupe qu'on
reçoit avec plaisir, c'est le Conseil interprofessionnel du Québec. Merci
beaucoup d'être avec nous aujourd'hui, c'est très apprécié. Donc, je vous
invite d'abord à vous présenter et à débuter votre exposé de 10 minutes. Et
après ça, on aura un échange avec les membres de la commission. Alors, la parole
est à vous. Merci.
• (11 h 30) •
Mme Boué (Danielle) : Merci.
Alors, M. le Président de la commission, André Bachand, Mme la Présidente du
Conseil du trésor et ministre responsable de l'application des lois
professionnelles, Sonia LeBel, Mme la Présidente de l'Office des professions du
Québec, Dominique Derome, membres de la commission, bonjour. Je vous remercie
de donner l'occasion au Conseil interprofessionnel de vous transmettre ses
commentaires sur le projet de loi n° 67. Je suis Danielle Boué, technologue
en imagerie médicale émérite. J'occupe la présidence du Conseil depuis 2022.
Avant d'occuper ce poste, j'en ai assumé la vice-présidence pendant cinq ans,
en plus d'occuper les fonctions de présidente de mon ordre professionnel de
2009 à 2019. Permettez-moi de vous présenter les personnes qui m'accompagnent
aujourd'hui. Alors, à ma droite, le directeur général du Conseil
interprofessionnel, M. Laurent Emery, et à ma gauche, la directrice des
affaires juridiques, Maître Julie de Gongre. Le Conseil interprofessionnel du
Québec, le CIQ, est le regroupement des ordres professionnels auxquels le Code
des professions octroie un statut d'organisme-conseil auprès de l'autorité
publique. À cet effet, notre mémoire a été élaborée de concert avec nos
membres. Le CIQ est voué à la promotion et à la valorisation, à la valorisation
du système professionnel selon les valeurs qui rassemblent les ordres et en
fonction de l'intérêt public. Rappelons que les 46 ordres comptent
collectivement...
11 h 30 (version non révisée)
Mme Boué (Danielle) : ...près
de 430 000 professionnels exerçant 55 professions réglementées
au Québec.
Le projet de loi n° 67 s'inscrit dans
une volonté de moderniser notre système professionnel. Cette modernisation
était attendue et le CIQ salue le dépôt de ce projet de loi, qui marque un
premier pas vers une réforme majeure du système professionnel québécois. Le CIQ
tient à souligner également le travail de collaboration entre ses membres et
les autres acteurs du système professionnel, qui a contribué à l'élaboration de
ce projet de loi. Nous pensons notamment aux modifications à envisager quant
aux diagnostics en santé mentale et aux rôles élargis des pharmaciennes et des
pharmaciens.
En modifiant les pratiques
professionnelles et certains champs d'exercice, nous favorisons l'innovation et
une meilleure répartition des responsabilités au sein du système de santé et
des services sociaux. Il s'agit d'une adaptation nécessaire pour permettre à
nos professionnels de travailler de manière plus efficace auprès de la
population tout en respectant les normes de compétence et de sécurité pour les
patientes et les patients. Ces modifications permettront de mieux répondre aux
défis et aux besoins actuels et émergents de la population québécoise en
utilisant les professionnels à leur plein potentiel et en créant une première
ligne forte et accessible. Ce projet de loi donne suite à plusieurs demandes
spécifiques du conseil, soit élargir les possibilités de délivrance de permis
restrictifs temporaires, d'introduire des permis de type restrictif, permanents
individualisables et d'alléger le processus d'approbation de certains
règlements.
Dans le but de contribuer à la réflexion
des membres de la commission, nous avons identifié dans notre mémoire des
enjeux, des questionnements ainsi que des pistes de solutions en lien avec
certaines modifications législatives envisagées par le projet de loi. Sans
entrer dans le détail de notre mémoire et de ses neuf recommandations,
permettez-moi d'attirer votre attention sur trois éléments importants du projet
de loi : le permis spécial, l'exercice d'une profession au sein d'une
personne morale sans but lucratif et les projets pilotes.
Le premier élément vise à permettre, selon
certaines situations, la délivrance d'un permis spécial pour l'exercice de
certaines activités professionnelles. En 2023, le CIQ a suggéré à la ministre
Lebel d'introduire un permis restrictif permanent au Code des professions en
précisant que cet élément pourrait être utile en vue de combler des pénuries de
main-d'œuvre ou de répondre aux enjeux d'accès à la formation, au stage ou à l'examen
requis pour le permis régulier. Bien que favorables à ces dispositions du
projet de loi, nous désirons attirer votre attention sur des difficultés d'application
potentielles.
Dans un souci de clarté et de transparence
pour le public, le premier point serait de préciser au tableau de l'ordre
quelles sont les activités professionnelles qui peuvent être exercées par les
titulaires d'un permis spécial ainsi que les conditions suivant lesquelles ils
peuvent les exercer et, s'il y a lieu, le titre, l'abréviation et les initiales
qu'il peut utiliser.
Le second point concerne la délivrance d'un
permis spécial à des personnes déjà titulaires d'un permis. Étant donné que le
Code des professions ne prévoit pas la possibilité de délivrer un permis à une
personne déjà titulaire d'un permis d'exercice, il faudrait plutôt prévoir pour
une telle personne une forme de limitation de pratique et non l'émission d'un
second permis. Si toutefois le... le projet de loi, pardon, n'est pas modifié
conformément à cette recommandation, il serait tout de même pertinent de
spécifier ce qui arrivera au permis initial ainsi qu'aux renseignements
contenus au tableau de l'ordre.
Un deuxième élément que nous souhaitons
aborder est l'exercice d'une profession au sein... au sein d'une personne
morale sans but lucratif. Pour le CIQ, l'allègement réglementaire, l'un des
volets visés par le vaste chantier de modernisation du système professionnel,
est une grande priorité. Par ailleurs, l'obligation de mettre en place 46 règlements
pour permettre l'exercice d'un professionnel au sein d'une personne morale sans
but lucratif entraînera un important chantier réglementaire. Concrètement, ça
voudrait dire 46 règlements à rédiger, à faire approuver et à adopter. Le
processus envisagé pourrait aussi engendrer une lourdeur sur le plan
administratif et financier, et ce, tant pour le système professionnel que pour
les professionnels, qui pourrait avoir en définitive des répercussions sur l'accès
à certains services.
Au lieu du processus envisagé, le CIQ
recommande de prévoir au Code des professions que les professionnels puissent
exercer dans tout type d'organisation. Ainsi, chaque ordre, lorsqu'il estime
nécessaire, pourrait restreindre ce droit à l'égard notamment de contextes de
pratique qui pourraient être jugés à risque pour la protection du public. Il
est aussi primordial de prévoir au code que les ordres puissent exercer leur
pouvoir de surveillance, de contrôle et d'encadrement à l'égard des
organisations dans lesquelles les professionnels exercent, sans quoi il serait
impératif de retirer l'exigence quant au coût modique des honoraires ou des
frais...
Mme Boué (Danielle) : ...de
prévoir que les ordres professionnels peuvent exercer leur pouvoir de
surveillance, de contrôle et d'encadrement à l'égard des organisations visées,
et de mettre en place des dispositions transitoires. Pour le CIQ, si ce projet
de loi va de l'avant dans sa formule actuelle, il s'agit d'un recul important.
Rappelons que l'un des objectifs du chantier de modernisation vise, justement,
l'allègement réglementaire.
Enfin, le troisième élément que nous
aimerions porter à votre attention aujourd'hui concerne les projets pilotes.
Nous saluons l'idée d'insérer au code la possibilité d'autoriser la mise en
œuvre d'un projet pilote. Néanmoins, toujours dans une optique d'agilité et
d'efficacité, nous croyons que le mécanisme ne devrait pas... ne devrait pas être
conditionnel à un décret gouvernemental. Une autorisation de la ministre
responsable de l'application des lois professionnelles ou de l'Office des
professions serait amplement suffisante. Par ailleurs, pour mieux refléter la
réalité des ordres et les défis auxquels ils font face, nous pensons que de
tels projets pilotes devraient aussi pouvoir être initiés par les ordres
professionnels.
Le projet de loi n° 67 constitue la
première étape du vaste chantier de modernisation du système professionnel, et
nous sommes persuadés que les ajustements que nous proposons aujourd'hui
permettront d'atteindre les objectifs du législateur. Le CIQ a formulé, au fil
du temps, des recommandations qui pourraient constituer des gains sur le plan,
notamment, de l'agilité et de l'efficacité du système. Ces éléments portent,
notamment, sur l'allègement réglementaire, la gouvernance, la reddition de
comptes des ordres, les mécanismes de protection du public et la modernisation
des lois et des champs d'exercices. Nous souhaitons que les prochaines étapes
de la réforme du système professionnel tiennent compte de ces recommandations,
qui pourront contribuer à renforcer la confiance du public envers notre système
professionnel et ses acteurs. Nous entendons, d'ailleurs, poursuivre notre
étroite collaboration avec la ministre responsable de l'application des lois
professionnelles et l'Office des professions du Québec dans le cadre des
prochaines étapes de ce grand chantier.
Je vous remercie de votre attention. Nous
sommes maintenant disponibles pour répondre à vos questions.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, Mme Boué.
Alors, nous allons débuter la période d'échange du côté gouvernemental, pour
16 min 30 s. Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme LeBel : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci, Mme Boué, pour cette intervention. Je sais qu'on a,
avec l'office et notre... mon cabinet... on a... on travaille ensemble, là,
dans cette grande recherche de modernisation, et je suis très heureuse de vous
avoir ce matin, en consultations, pour être capables de... de peut-être voir
des angles qu'on n'avait pas vu, ce qui est tout à fait normal, et c'est à ça
que ça sert, les consultations, hein? Si un projet de loi frappait la cible à
100 %, à chaque fois, on n'aurait pas besoin de ces consultations, ces
études particulières. Mais, d'un autre côté, il y a l'objectif du projet de
loi, et il y a les objectifs de la vision que je vous ai... que j'ai exposée en
début de consultation, qu'il faut mettre, aussi, en parallèle. Donc, il s'agit
d'une première étape, je pense que c'est important de le réitérer.
Ceci étant dit, je pense que je vais tout
de suite aller sur quelques aspects opérationnels que vous avez mentionnés. Le
fait d'inscrire, au tableau d'ordre... de l'ordre, la spécificité d'un permis
restrictif, je vais vous le dire, je pense qu'il va de soi. On va donc
travailler pour trouver la façon de mieux l'opérannaliser. C'est normal de
savoir, quand on regarde au tableau de l'ordre... surtout qu'on n'est plus dans
le permis permanent, là, je vais dire, le grand permis, pour les fins de
discussion. Je pense que c'est important que le citoyen, pour la protection du
public, soit capable d'identifier quels sont les actes, ou quels sont les...
les domaines, ou, peu importe comment on le qualifie, là, dans lesquels le
professionnel peut agir suite à l'émission d'un permis restreint. Donc, je
pense qu'on peut considérer que c'est réglé. Maintenant, on va trouver la
meilleure façon de le faire.
• (11 h 40) •
Pour ce qui est du permis initial, je
pense aussi qu'on va trouver la meilleure façon de le faire. Ça revient à la
même... la même chose, finalement, au même objectif, c'est-à-dire de bien
informer le public sur la capacité d'agir du professionnel, je vais la résumer
comme ça. Mais là on est dans la... dans des technicalités. Donc, soyez assurés
qu'avec l'office et avec vous on va collaborer pour trouver la meilleure
solution. Je pense qu'il y va de soi.
Je vais vous amener peut-être sur des
choses où j'ai envie de vous entendre un peu plus, pour être capable de mieux
comprendre. Bon, il y a des situations qui vont être amenées, aussi, par
d'autres mémoires et par d'autres... par d'autres représentants de
professionnels, quand on parle des personnes morales sans but non... sans but...
«sans but non lucratif», c'est un peu redondant... sans but lucratif. Je vais
vous... je vais vous entretenir là-dessus.
Puis je vais revenir, peut-être, juste à
la situation d'urgence, qui est un autre type de permis... Pour moi, c'est...
Bon, je pense qu'on est... Je ne vous mets pas des mots dans la bouche en
statuant que vous êtes d'accord avec la notion. On en... On l'a travaillée de
façon conjointe, tout le monde ensemble, pour la présenter. Mais je suis
intéressée à vous entendre sur le déclenchement de l'urgence...
Mme LeBel : ...je vais le dire
comme ça, et les balises de l'urgence. Je vais faire un parallèle avec la
situation d'urgence sanitaire. Pas parce que ça me fait plaisir d'en parler,
mais parce que c'est très clair, le déclenchement de l'urgence, dans ce cas-là,
et on est très clair dans quel domaine on est en état d'urgence, c'est-à-dire
un état d'urgence dans le monde de la santé.
Dans le Code des professions, on n'a pas
qualifié les états d'urgence, on n'a pas dit : C'est juste en santé, c'est
juste pour les feux de forêt, c'est juste en sécurité publique. Donc, il peut y
avoir différents types d'urgences, d'où la notion d'avoir un ministre
responsable du secteur... je vais parler de sécurité publique ou de santé, capable
de dire : Bien là, c'est une situation d'urgence au sens du Code des
professions. Quelle est votre vision, au-delà de ce qui est dans le... dans le
projet de loi, comment on encadre? Parce que moi, je suis très soucieuse de
baliser une situation d'urgence, il ne faut pas qu'on la déclare... C'est un
permis exceptionnel... ce n'est pas un permis, mais c'est une situation
exceptionnelle, de travailler pour des professionnels qui n'en sont pas ou dont
ce ne sont pas les actes réguliers. Donc, peut-être juste élaborer là-dessus,
s'il vous plaît, pour qu'on puisse mieux saisir votre idée, mieux réfléchir par
la suite pour voir ce qu'on peut faire.
Mme Boué (Danielle) : Oui,
avec plaisir, Mme la ministre. Écoutez, en fait, effectivement, on est
favorables à cette situation-là. Ça avait déjà été discuté et même présenté en
commission parlementaire, qu'on devait, là, à l'intérieur du code, prévoir des
mécanismes de façon à être plus efficace et plus rapide en cas de situation
d'urgence. Maintenant, comme on dit dans notre recommandation, il y a déjà des
similitudes qui existent dans d'autres lois, où on est venu un petit peu plus
encadrer les balises, là, des situations d'urgence.
Nous, ce qui est prioritaire, c'est qu'on
pense que la situation d'urgence doit entraîner des éléments en matière de
gravité. Ça doit être une crise qui est majeure. Et, dans le fond, ce qu'on se
disait, c'est : Quelle est la pertinence d'avoir une obligation, quand
tout le Québec sait qu'il y a une crise majeure dans un secteur, d'avoir
l'approbation du ministre concerné? Dans le fond, c'était cet élément-là, parce
qu'on présume que cette décision-là se fait, de toute façon, en collégialité à
l'intérieur du Conseil des ministres. Donc, on se demandait s'il n'y avait pas
là une étape supplémentaire qui n'était peut-être pas essentielle quand on est,
je nous rappelle toujours, dans une situation d'urgence majeure, une crise. On
a connu celle en santé, on ne veut pas la revivre, personne, bien entendu, mais
il pourrait y en avoir aussi. Ça pourrait être des feux de forêt, dans une
situation, ça pourrait être une crise de sécurité publique, on a vu des
incendies qui ont fait brûler des villages complets, donc, des secteurs du
Québec complets. Donc, c'était cette matière-là.
Donc, l'idée pour nous, puis c'est un des
éléments, c'est un de nos fils conducteurs, là, dans toute la modernisation,
puis je pense qu'on en a souvent discuté, c'est l'agilité. On veut vraiment
garder l'efficacité, l'agilité. Et, pour nous, la directive venant de la
ministre responsable des Lois professionnelles était suffisante à cet égard-là.
Mme LeBel : Je comprends. Ça
me permet... merci, parce que ça me permet, hein... des fois, hein, la lecture
d'un texte, ça me permet de mieux circonscrire. Je vais vous donner un cas de
figure parce que... puis je veux voir un peu avec vous votre impression
là-dessus. Quand on est dans un état d'urgence sanitaire ou de crise sanitaire
qui est déclenchée par le Conseil des ministres... on vient de le vivre, donc
on sait comment ça fonctionne, je pense qu'il va de soi que, là, on est dans
une urgence sanitaire au sens du Code des professions. Pour moi, ça va de soi.
Et la décision du ministre concerné, elle est déjà claire, il est le ministre
de la Santé. Donc, je pense que le ministre responsable, à ce moment-là, au
sens du code, est en capacité d'agir au sens du code, mais je peux... Et la
même chose pour un État en matière de sécurité publique, par le ministre
responsable de la Sécurité publique, mais je pourrais imaginer des situations,
je n'en ai pas en tête, mais je pense qu'on est capable d'imaginer des
situations où la crise n'est pas majeure au point d'avoir une une crise
sanitaire provinciale, pour mettre le Québec en état d'urgence sanitaire, mais
qu'il pourrait y avoir, dans le Nord du Québec, à titre d'exemple, ou à
d'autres secteurs, des états d'urgence qui ne font pas en sorte que le ministre
de la Santé puisse...
(Interruption)
Mme LeBel : C'est mon
téléphone, je pense, qui vibre. Je suis désolée, je viens de me rendre compte
qu'il est proche du micro. Je suis désolée, pour fins d'enregistrement... alors
que de dire... puis je l'ai senti aussi, de dire qu'on n'est pas dans le type
d'état qui, au sens de la loi, de la loi sur la santé, nous permet d'avoir une
crise, un état d'urgence sanitaire à ce sens-là, mais qu'on est dans des cas de
figure, dans un hôpital particulier ou, peu importe, là, j'essaie d'imaginer...
Donc, je pense que ça prend minimalement... Moi, je veux dire, moi, comme
ministre, actuellement, comme ministre responsable des Ordres professionnels ou
des Lois professionnelles, je n'ai pas la connaissance...
Mme LeBel : ...ou l'autorité
pour dire : Il y a un état d'urgence sanitaire dans le Nord-du-Québec, à
titre d'exemple, bon, et il pourrait y avoir d'autres types de services
professionnels. Donc, c'est... Je pense que je comprends très bien votre mise
en garde sur l'agilité. Donc, j'aimerais... peut-être pas aujourd'hui, mais
j'aimerais quand même... je suis quand même intéressée à avoir vos idées sur
comment on atteint ce point d'équilibre entre s'assurer qu'on n'est pas en état
d'urgence, n'importe quoi, n'importe comment puis tout en gardant l'agilité.
Donc, je ne veux... je vous dis, là, ce n'est pas un piège. Je sais que
peut-être... Mais je vous incite à la réflexion. Et, si vous avez, par la
suite, des recommandations, je vous invite à nous les transmettre parce que
c'est important pour moi. On peut... Un état d'urgence, qu'il soit... qu'il
soit généralisé ou ciblé, c'est... c'est... c'est important. C'est... C'est
quelque chose qu'on ne fait pas à la légère. Donc, je suis intéressée par les
balises.
Pour nous, de prendre un ministre
sectoriel qui, lui, dit : Dans mon secteur, j'ai un état d'urgence qui est
contre-vérifié, ou un contrepoids, qui est la ministre... le ou la ministre
responsable des ordres professionnels, nous trouvions que c'était un beau
contrepoids. Et peut-être qu'on peut ajouter certaines balises à la définition
d'urgence, pour varier, mais je pense qu'il faut trouver une situation. Mais
vous avez raison, dans le cas d'urgence majeure, on n'est pas là, parce qu'elle
est déjà déclarée, l'état d'urgence, de façon officielle, là. Donc, il y a une
première étape, je dirais, de cochée à ce moment-là.
Mme Boué (Danielle) : Bien,
écoutez, nous, clairement... Bien là, je comprends peut-être mieux l'intention
derrière la mesure qui nous est proposée dans le projet de loi. Mais, pour
nous, l'interprétation qu'on a faite de cet élément-là, c'était vraiment dans
le cas d'un sinistre, d'une menace majeure, grave. L'enjeu, puis c'est là qu'on
demande qu'il puisse y avoir des précisions sur les balises qui viennent
encadrer, c'est qu'il ne faudrait pas que certaines situations, par exemple,
de... puis là je vais vous donner l'exemple clairement de pénurie de
main-d'oeuvre dans un secteur particulier, qui a peut-être été planifiée,
mettons, disons, pas de façon optimale, devienne une situation d'urgence. C'est
là, l'enjeu qu'on a face, à cette mesure-là. Pour nous, c'est... on l'a... on
l'a pris vraiment, situation sinistre, besoins de la population pour un secteur
particulier. Mais une absence de personnel pour raisons x, y, z, que je ne juge
pas aujourd'hui, bien, pour nous, n'est pas une situation d'urgence. C'est
une... Bien, ce n'est pas, tel que décrit dans le code, O.K., tel que... tel
que ça le serait, décrit, dans le code.
Mme LeBel : Donc, on se
rejoint sur la notion de baliser l'urgence.
Mme Boué (Danielle) : Oui.
Tout à fait.
Mme LeBel : Pour pas que tout
devienne une situation d'urgence et que là... Parce que je suis avec vous, là,
on est dans le système professionnel et on parle de permettre à des gens qui ne
sont pas des... qui ont... qui ont la compétence... parce qu'on se comprend,
là, la santé et la sécurité et la protection du public va toujours demeurer une
notion sous-jacente à ces décisions, mais on se donne un outil ici d'exception
pour se permettre d'ouvrir, si on veut, les services à la population dans des
cas extrêmement pointus. Parce qu'on a aussi les autres types de permis pour
nous permettre de pallier à d'autres situations. J'en suis. Donc, travaillons
sur la façon de baliser la situation d'urgence pour rassurer certains, mais en
ayant de l'agilité. Puis on va pouvoir... si vous avez d'autres suggestions
plus précises et mécaniques, je dirais, bien, vous allez... vous pourrez nous
les transmettre avec plaisir, avec bonheur.
Mme Boué (Danielle) : Certainement
qu'on en aura.
• (11 h 50) •
Mme LeBel : Maintenant, les
personnes morales sans but lucratif. Je sais que... Je pense que le Collège des
médecins, entre autres, qu'on va recevoir par la suite, qu'ils font... qu'ils
font un appel là-dessus, d'autres aussi, sur, bon, ouvrir peut-être plus
largement, et, en ouvrant plus largement, comment on surveille mieux. Bon. On
aura des discussions avec les gens concernés.
Ce qu'on a pris comme mécanique, vous le
savez, c'est un premier pas. Donc, on n'est pas venus refaire, on est venus
ajouter une possibilité. Je pense que les réflexions continuent sur la
possibilité d'ouvrir encore plus à d'autres possibilités. Mais pour les fins du
projet... Et j'entends bien votre propos sur le fait qu'on n'aurait peut-être
pas... que tout type d'organisation devrait être considéré à ce stade-ci. Mais
je vais vous amener peut-être sur la proposition du pas supplémentaire pour
être capables de voir si, au moins celle-là, on la... on la cadre correctement.
Dans votre mémoire, vous indiquez, bon,
tout type d'organisation, là, mais on est, nous... on propose, le gouvernement,
d'y aller, quand on parle de personnes morales sans but lucratif, là, on
pourrait avoir d'autres discussions dans d'autres types d'organisations, là, à
garder...
Mme LeBel : ...la notion de
coût modique, entre autres dans le domaine de la justice, hein? Les avocats qui
travaillent dans les personnes morales... bien, pas... sans but lucratif parce
que c'est déjà permis, je pense, avec le Barreau et les notaires, et on veut
intégrer dans le Code professionnel la possibilité de le faire pour d'autres.
Mon collègue présentement en justice et moi, quand j'étais en justice et à la
fois responsable des ordres professionnels, j'étais très soucieuse de garder de
l'accès aux citoyens. Pouvez-vous nous entretenir un peu là-dessus? Moi, je
suis un peu frileuse, dans les personnes morales sans but lucratif, à ouvrir
les valves des honoraires, je vais le dire comme ça, parce que la mission est
aussi de donner plus d'accès dans ce type d'organisation là particulier. On
pourrait avoir d'autres discussions sur les autres types d'encadrement dans
celui-là. Pouvez-vous élaborer un peu?
Mme Boué (Danielle) : Je vais
commencer, Mme la ministre, si on me le permet, M. le Président, je demanderais
à mon collègue, qui s'est entretenu avec beaucoup d'ordres au cours des
dernières semaines, de préciser mes propos. Écoutez, nous, c'est une mesure
qu'on salue, hein, et qu'on demandait depuis plusieurs années, là, l'exercice
au sein d'une personne morale sans but lucratif. C'est effectivement un
objectif d'accès à des services pour la population québécoise. Et on ne se
cachera pas qu'il existe actuellement beaucoup de professionnels qui
travaillent au sein de ces mêmes exercices... de ces mêmes organisations. Alors,
nous, c'était important de faire l'ouverture.
Maintenant, on comprend la surprise,
peut-être, quant à notre recommandation par rapport... d'abolir la notion des
coûts modiques. Puis je vais laisser le directeur général peut-être vous
préciser, là, le pouls qu'on a obtenu de nos membres au cours de la dernière
semaine.
M. Émery (Laurent) : Oui,
absolument. Donc. Merci. Je me lance et Me de Gongre pourra m'appuyer, le cas
échéant. Donc, c'est sûr que, pour nous, on ne voyait pas la nécessité de
prévoir une exigence mur à mur pour l'ensemble du système professionnel quant à
l'établissement des honoraires à coûts modiques. On pense qu'on doit prendre en
compte les différentes réalités dans lesquelles exercent les différentes
professions des différents professionnels, entre autres la région géographique.
Également l'époque dans laquelle ces professionnels-là exercent.
Il faut faire confiance aux ordres parce
que c'est... les ordres peuvent déjà déterminer les conditions, modalités et
restrictions d'exercice de leurs membres, que ce soit par des lignes
directrices, bien entendu par voie réglementaire. Il existe également le code
de déontologie de certains autres qui prévoit des notions par rapport à ça. On
peut aller jusqu'à la conciliation et l'arbitrage de comptes, bien entendu, et,
éventuellement, même les ordres sont à même de suggérer des tarifs. Donc, on ne
voyait pas la nécessité d'aller mur à mur pour l'ensemble des ordres
professionnels par rapport à l'exigence de coûts modiques.
Mme LeBel : Donc, est-ce que
j'entends de votre part que ce n'est pas d'abolir à tout prix les coûts
modiques dans toutes les situations, c'est plutôt le fait que, dans le code, on
semble introduire une façon de faire unique? C'est ça?
M. Émery (Laurent) : Exactement.
Et laissons le soin, à ce moment-là, aux ordres de venir encadrer, à ce
moment-là, l'exercice en OBNL... en personne morale sans but lucratif.
Le Président (M.
Bachand) :...il reste 50 secondes.
Maître.
Mme de Gongre (Julie) : Oui,
bien, j'aborderais dans le sens de mon collègue. En fait, on nous a dit, là,
que, sur le terrain, par exemple, des professionnels exercent actuellement dans
des coopératives ou des services, par exemple les centres de petite enfance.
Donc là, on se dit : Tant qu'il n'y aura pas de règlement, on ne pourra
pas exercer, puis le coût modique nous semble plutôt pertinent en fonction du
risque posé. Donc, les ordres professionnels seront en mesure avec leurs outils
actuellement, code de déontologie, conciliation arbitrage de comptes,
d'intervenir au besoin.
Mme LeBel : O.K., mais il
faut toujours garder que c'est pour le bénéfice de la population et non pas des
membres.
Mme de Gongre (Julie) : Absolument.
Mme LeBel : O.K., merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Je me tourne
maintenant vers l'opposition officielle pour un bloc de
12 min 23 secondes. M. le député d'Acadie, s'il vous plaît.
M.
Morin :Merci, M. le Président. Alors, bonjour à vous qui êtes
avec nous aujourd'hui. Merci pour votre mémoire et vos explications. Je vais...
J'ai quelques questions pour vous. Mme la ministre en a parlé, mais j'attire
votre attention à votre recommandation n° 5, à la
page 1 de votre mémoire, quand on parle de situations d'urgence. J'ai bien
compris que vous avez une crainte... en fait, vous ne voulez pas, si je vous ai
bien compris, que cela puisse être invoqué pour pallier à une rareté, par
exemple dans une profession en particulier, de dire... bien, le gouvernement
dirait : Parce qu'il y a une situation d'urgence, bien là, on va ouvrir et
on va permettre à d'autres maintenant. Quand vous dites : Circonscrire la
notion de situation d'urgence, est-ce que vous souhaitez qu'il y ait une
définition plus précise, que ça fasse référence à des désastres ou enjeux de ce
type-là? En fait, pouvez-vous être juste un peu plus précis? Parce que ça
m'aiderait.
Mme Boué (Danielle) : Écoutez,
nous, c'est... oui, ça peut être une définition précise, mais ce qu'on veut
surtout, c'est des balises puis qu'on puisse illustrer la notion de...
illustrer, pardon, par la notion de sinistre. Donc, on le sait, on est tous
humains, là, tout peut devenir... tout est susceptible de devenir...
Mme Boué (Danielle) : ...de
devenir une situation d'urgence, et c'est ce qu'on voudrait éviter. Parce que,
ramenons-nous dans l'importance de l'autorisation spéciale qui est donnée, dans
ces conditions-là, à des gens qui ne sont pas inscrits au tableau des membres,
mais à qui on donne une autorisation spéciale pour exercer une ou des
activités. À ce moment-là, ce ne sont pas des gens qui sont inscrits au tableau
de l'ordre. Ce sera une autorisation spéciale avec une durée. Donc, on n'est
pas dans un mécanisme où les ordres peuvent appliquer leurs mesures de
protection du public, donc c'est cet élément-là qu'on veut baliser.
Normalement, il y a un début, il y a une fin. Normalement, il y a des balises
qui viennent émettre ou qui aident à définir quelle est la situation
actuellement et est-ce qu'elle correspond vraiment à une situation d'urgence.
M.
Morin :Parfait. Je vous remercie. Maintenant, j'attire votre
attention à votre recommandation numéro neuf, à la page deux de votre mémoire.
Vous souhaitez que des projets pilotes puissent être pris à l'initiative d'un
ordre professionnel. Je comprends que présentement, en fait, c'est un... c'est
un décret du gouvernement qui le permettrait. Pour vous, comment ça devrait
être encadré et comment ça devrait fonctionner? Je comprends que vous soulignez
que c'est pour des fins d'agilité et d'efficacité, mais il faut quand même
certaines balises. Je pense que, ça, on peut en convenir. Donc, avez-vous des
suggestions sur la façon dont ça pourrait fonctionner, s'il n'y a pas de
décret, par exemple, du gouvernement, puis que c'est l'ordre professionnel qui
initie cette initiative-là?
Mme Boué (Danielle) : Bien,
en fait, écoutez, je pense que la notion de projet pilote, c'est un... c'est un
élément très important puis c'est une belle mesure qui pourrait être ajoutée au
code. Ça bouge beaucoup dans le système professionnel et au sein des 55
professions réglementées. Je vous donnerais l'exemple de l'intelligence
artificielle, hein? C'est des... C'est une chose qu'il faut encadrer, qui est
assez abstraite encore, malgré qu'elle arrive rapidement au sein de chacune des
professions. Et je... Et je pense qu'il y a des belles initiatives qui se font
au sein des ordres qui pourraient être... avec l'accord de la ministre
responsable ou de l'Office des professions, devenir des projets pour un an,
deux ans, histoire de, excusez-moi l'expression, tester le projet avant de
l'enchâsser dans une loi ou dans un règlement. L'idée est là, parce que...
l'exemple de l'IA est très parlant, parce que c'est quelque chose qui bouge
tellement rapidement. Et, vous savez, les ordres sont vraiment des organismes
qui sont vraiment tournés vers l'innovation, donc ils veulent vraiment mettre à
profit des expérimentations. Alors, l'idée d'avoir un décret, bien, pour un
ordre qui voudrait partir un projet pilote et qui doit obtenir un décret
gouvernemental, bien, vous comprenez comme moi les étapes subséquentes que doit
traverser... les représentations que doit faire l'ordre avant qu'un ministre
intéressé puisse envoyer un décret et que ça soit ensuite validé par la ministre
responsable et l'Office des professions. On vient de... on vient d'avoir un
délai, là, qui, en matière d'efficacité, pour nous, peut être plus simple que
ça.
Donc, on... bien entendu, pour nous,
l'ordre, bien, proposerait à l'Office et à la ministre responsable des idées de
projet pilote, et ça pourrait être avalisé à ce moment-là, avec une durée, un
temps, un rapport à remettre, puis ensuite on voit s'il y a des modifications,
puis, éventuellement, ça peut être étendu à l'ensemble des autres ordres
professionnels qui le souhaitent, selon la nature, évidemment, du projet, là.
Donc, nous, c'est vraiment un outil de
flexibilité qu'on souhaite aller chercher, là-dedans, pour vraiment garnir
notre système professionnel de belles innovations qui sont au sein des 46
ordres. Je demanderais peut-être, M. Président, si vous permettez, à ma
collègue de répondre.
• (12 heures) •
Mme de Gongre (Julie) : Peut-être
mentionner qu'il existe un précédent au niveau de la Loi sur le Barreau. On
parle de projet pilote qui est possible, à l'article 15, pour l'école de
formation professionnelle, où, justement, c'est sous autorisation de la
ministre.
M.
Morin :Parfait. Merci. J'ai une autre question, à la page 4 de
votre mémoire, et c'est en lien avec la délivrance du permis spécial. En fait,
vous dites : "Dans les faits, ces permis seront de type restrictif
permanent individualisable." Vous soulignez... votre organisme recommande
de remédier à cette situation. Vous soulignez également que, "bien qu'il y
ait des modifications envisagées par le projet de loi, l'article 42.2 du Code
qui vise à délivrance de permis spécial, dans les faits, ces permis seront de
type restrictif permanent individualisé. Alors, qu'est-ce que... qu'est-ce
qu'on pourrait faire pour remédier à cette situation-là puis être efficace...
12 h (version non révisée)
Mme Boué (Danielle) : ...je
suis désolée, je ne suis pas sûre de bien saisir votre question. Je peux
peut-être y aller, puis si...
M.
Morin :À la page 4 de votre mémoire.
Mme Boué (Danielle) : Oui, à
la page 4. Bien, j'essaie...
M.
Morin :Cette modification donne suite à une demande CIQ. Vous
dites : «Le CIQ a transmis, le 25 janvier 2024, à la ministre responsable
de l'application des lois professionnelles, l'élément suivant : type de
gain rapide, introduire le permis restrictif permanent.»
Mme Boué (Danielle) : En
fait, je pense qu'il y a une confusion peut-être sur le nom du permis. Le
permis spécial et le permis restrictif permanent, c'est la même chose pour
nous. Nous, ça fait... 2023 qu'on l'avait proposé à la ministre LeBel, l'instauration
de ce permis-là. Qu'on se rappelle, là, deux grandes idéologies, là, qui sont
importantes derrière ce permis-là. C'est d'autoriser... dans le fond, de donner
plus de latitude aux ordres de donner un permis individualisé dans le cas d'accueil
de candidats formés à l'étranger, et c'est aussi les retours à la profession.
Donc, ça vient donner un outil supplémentaire aux ordres professionnels de
reconnaître la compétence de certains professionnels à qui on ne peut pas
donner de permis actuellement.
Je peux vous donner un exemple. Je ne sais
pas combien de minutes il nous reste, M. le Président? J'ai le temps? O.K., je
vais vous illustrer quelque chose qui vient de mon domaine d'exercice, toujours
plus simple quand ça vient de chez nous. Alors, les technologues en
électrophysiologie médicale au Québec sont formés dans le secteur de la neuro
et de la cardiologie. C'est les seuls, au Canada, à être formés en neuro et en
cardio. Donc, à chaque fois que l'ordre reçoit, actuellement, une demande de permis
sur... permis pour venir exercer au Québec, ils sont formés en cardio ou en
neuro ou ailleurs au Canada, impossible de leur donner un permis.
Malheureusement, on se prive de compétences, là, parce que ces gens-là sont
très bien formés, et ils peuvent rendre de grands services à la population.
Alors, ce type de permis là permet de répondre à une demande comme ça. Puis il
y en a, là, plein, à l'intérieur du système professionnel, des exemples comme
ça. J'en ai choisi un avec lequel je suis plus à l'aise, bien entendu, mais ça
permet de reconnaître la compétence de ces personnes-là, de lui donner un
permis restrictif.
Cette personne-là peut décider, un an plus
tard, deux ans plus tard, de dire : Bien, moi, je voudrais compléter la
formation, puis je vais le faire, là, en un an et demi, deux ans... qui est
nécessaire pour avoir mon plein permis. Puis, à ce moment-là, un plein permis
lui sera donné. Mais, dans l'alternative, elle peut exercer. Donc, c'est
restrictif à ce secteur-là, pour lequel elle a développé, bien entendu... elle
a les compétences.
M.
Morin :Parfait. Je vous remercie. Je n'ai pas d'autre question.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Mme la députée de La
Pinière, il reste 3 min 34 s.
Mme Caron : Oui, merci, M. le
Président. Alors, merci pour votre présentation. La question, en fait, que j'avais
pour vous, c'est en lien avec la recommandation n° 3,
sur le fait que le secrétaire conserve, au tableau des membres, les
renseignements qui concernent une personne à qui une autorisation spéciale est
délivrée. Alors, pourquoi c'est important, pour vous, de pouvoir conserver
toutes ces informations-là?
Mme Boué (Danielle) : Bien,
écoutez, c'est assez technique, quand même, cette recommandation-là, mais c'est
une question de traçabilité. Donc, si on est pour émettre des permis
restrictifs, des autorisations spéciales, je pense que c'est important que, s'il
arrivait une conséquence deux ans, trois ans plus tard, bien, que les
informations soient conservées à l'ordre, pour qu'on puisse retracer le
professionnel ou la professionnelle qui avait réalisé cette activité-là.
Mme Caron : Et, à l'heure
actuelle, vous n'auriez pas le droit de le faire?
Mme Boué (Danielle) : Non, ce
n'est pas qu'on n'a pas le droit, mais c'est muet. C'est muet, on ne le dit
pas. Ceci étant dit, ça ne veut pas dire que les ordres ne le font pas déjà,
mais il n'y a pas de mesure d'obligation, actuellement, il n'y a pas de
disposition d'obligation prévue à l'intérieur du code.
Mme Caron : D'accord, merci.
Ça fait le tour pour moi, merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne,
pour 4 min 8 s, s'il vous plaît.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci beaucoup pour votre excellente présentation.
Vous nous avez... Puis vous avez commencé, là, à parler des différents permis,
puis c'est, effectivement, quelque chose qui demeure un petit peu de la
confusion. Votre deuxième recommandation, quand même, là-dessus, en parle, là,
sur... sans vouloir dire de superposition de permis, parce que ce n'est pas ça,
ce n'est pas ça que vous dites. Mais le permis, le premier, puis le second
permis... J'aimerais ça que vous nous expliquiez, dans la mesure du possible,
dans le temps que vous avez... puis l'enjeu que vous avez, là, qui est le
problème de votre recommandation n° 2, pour qu'on la
saisisse bien.
Mme Boué (Danielle) : Oui. En
fait, l'idée, hein... Je pense que l'idée générale là-dedans, là, qu'on
supporte tous, puis avec laquelle on est très en accord, c'est de donner des
outils aux ordres pour reconnaître la compétence des personnes qui ont les
compétences. Maintenant, de la façon... Je pense aussi que c'est très
technique. De la façon que c'est écrit à l'intérieur du projet de loi, il n'y a
aucune mesure qui vient baliser, actuellement, au code, qu'est-ce qui advient,
parce qu'il n'y a jamais eu deux permis d'émis aux gens. Donc, les situations
qui sont avec le permis... avec le permis restrictif permanent... ou avec le
permis spécial, pardon... c'est le naturel qui revient, là... avec le permis
spécial, c'est qu'il y a différents cas d'espèce qui peuvent être... qui
peuvent être susceptibles que la... qu'un candidat va chercher ça. Bon, j'ai
expliqué, là, l'histoire de...
Mme Boué (Danielle) : ...le
cas standard, là, de reconnaître les compétences. Ça peut être des personnes,
aussi, qui avaient accédé... qui avaient atteint toutes les compétences, mais
qui n'ont jamais demandé de permis, puis qui, finalement, décident d'en
demander un, mais dans un délai où ils n'ont pas respecté les règles... les
règles nécessaires, là, donc, d'exercice au cours... qui sont... qui sont
réglementées au cours des x dernières années. Donc, il y a différents... Puis
les retours à la profession. Donc, il y a différents cas d'espèce qui peuvent
être là.
Maintenant, ce qu'on dit, c'est :
Quelqu'un qui a déjà eu un permis, O.K., donc, qui a déjà eu un permis, le
permis, on l'a tout le temps. C'est juste que, pendant x nombre d'années, ce n'est
pas inscrit au tableau. Il n'a pas payé sa cotisation...
M. Cliche-Rivard : Mais il a
le permis.
Mme Boué (Danielle) : ...mais
il a un permis, il a un permis. Alors là, si cette personne-là demande,
mettons, pour une situation X, Y, Z, de retourner travailler dans un secteur
d'activité, bien là, elle va quand même avoir son permis standard, appelons-le
comme ça, mais elle va se ramasser, aussi, avec un permis spécial. Alors,
lequel prévaut sur l'autre? Qu'est-ce qui arrive dans ces cas-là? Parce qu'on
pourrait même penser que cette personne-là aurait du... de la formation
continue obligatoire à faire sur les deux permis, ce qui n'est pas cohérent,
parce que le premier, elle ne l'exerce plus. Donc, on voulait un
éclaircissement. Puis, dans le fond, ce qu'on dit...
M. Cliche-Rivard : Mais son
standard... son standard n'est pas réglé. Le fait qu'on lui émette un standard
ne règle pas, là, le cas du permis spécial.
Mme Boué (Danielle) : Bien
non, bien non, exactement. Absolument pas. On ne lui remet pas un permis... un
permis standard. Elle l'a à vie, ce permis-là.
M. Cliche-Rivard : C'est ça.
Mme Boué (Danielle) : On
vient de lui ajouter un permis spécial, restrictif à un secteur d'activité pour
lequel elle a les compétences, puis que l'ordre a... le conseil
d'administration de l'ordre a validé ça. Donc, elle, elle va exercer, cette
personne-là, uniquement dans ce secteur-là. Mais elle continue d'avoir... C'est
comme si vous aviez deux permis de conduire. Dans le fond, là, c'est à peu près
ça. Personne n'a deux permis de conduire... Puis là je ne suis pas avocate, là,
mais... Je vous fais une grosse déclaration, là, je m'excuse, devant les
juristes et les experts en la matière, si je fais fausse route, mais...
M. Cliche-Rivard : ...différentes
classes de permis de conduire qui sont...
Mme Boué (Danielle) : Oui,
mais le code ne parle pas de classes, là, c'est... On parle d'un permis
standard, là, et du permis restrictif, du permis spécial, qui vient limiter...
M. Cliche-Rivard : Puis là on
ne sait pas lequel, on ne sait pas qui a préséance, on ne sait pas quelles
obligations déontos viennent sur lesquels.
Mme Boué (Danielle) : Actuellement...
En tout cas, nous, on n'a pas vu... puis avec l'échange avec nos membres, on
n'a pas vu, non plus, ce qui se passe à l'intérieur de ça. Puis c'est peut-être
une mesure à ajuster, là. Je ne pense pas qu'il y ait un enjeu majeur
là-dedans. Je pense que ça peut s'ajuster rapidement, puis il restera à voir,
là, quelle est la meilleure disposition pour ajuster ça.
M. Cliche-Rivard : Avez-vous
une recommandation?
Mme Boué (Danielle) : Est-ce
que c'est de limiter... de partir du permis standard et de limiter la pratique
à un secteur d'activité? Les ordres ont déjà la possibilité de faire ça,
surtout si le membre y consent. Donc, c'est peut-être le chemin le plus rapide,
là.
M. Cliche-Rivard : O.K. Donc,
c'est comme ça que vous suggérez qu'on le fonctionne.
Mme Boué (Danielle) : Pour
l'instant, oui.
M. Cliche-Rivard : Puis là
est-ce qu'il faut prévoir... Bien, vous dites : Les ordres peuvent déjà le
faire. Ça fait qu'on... Est-ce qu'il faut qu'on fasse une modification à ce qui
est prévu?
Mme Boué (Danielle) : Il faut
le prévoir, il faut le prévoir.
M. Cliche-Rivard : Il faut
prévoir que les ordres puissent le faire?
Mme Boué (Danielle) : Oui.
M. Cliche-Rivard : Ça fait
que ça, c'est une suggestion de modification assez tangible, là.
Mme Boué (Danielle) : Oui,
tout à fait, tout à fait.
M. Cliche-Rivard : Par
résolution du conseil d'administration.
Mme Boué (Danielle) : Oui,
tout à fait.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
Merci beaucoup.
Le Président (M.
Bachand) :Encore une fois, merci beaucoup
d'avoir été avec nous ce matin, c'est très, très, très apprécié.
Je suspends les travaux quelques instants
pour accueillir le prochain groupe. Merci beaucoup, à tantôt.
(Suspension de la séance à 12 h 09)
(Reprise à 12 h 14)
Le Président (M. Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Alors, il nous fait plaisir d'accueillir les représentants du Collège
des médecins du Québec, alors des gens qu'on connaît bien. Alors, Dr Mauril
Gaudreault, merci beaucoup d'être ici, président. Dre Isabelle Tardif,
directrice générale adjointe-secrétaire, merci beaucoup d'être ici. Vous
connaissez les règles : 10 minutes de présentation, après ça on a un
échange avec les membres de la commission. Dr Gaudreault, la parole est à vous.
M. Gaudreault
(Mauril) :Merci. M. André Bachand,
président de la commission, Mme Sonia LeBel, ministre responsable de
l'Administration gouvernementale, présidente du Conseil du trésor et
responsable des Ordres professionnels, membres de la commission, bonjour. Merci
de donner l'occasion au Collège des médecins de s'exprimer une fois de plus en
commission parlementaire afin de vous transmettre cette fois-ci ses
commentaires, suggestions et observations quant au projet de loi n° 67.
J'ai le privilège de présider le Collège
des médecins depuis maintenant six ans. Aujourd'hui, je suis accompagné de ma
collègue, Dre Isabelle Tardif, à titre de directrice générale adjointe et
secrétaire de l'ordre. Tous deux, nous sommes médecins de famille. Tous deux, en
exerçant, nous avons pu constater à quel point les patientes et les patients,
tout comme la profession médicale, pourraient bénéficier d'un élargissement des
pratiques et d'une plus grande collaboration interprofessionnelle. Depuis le
temps qu'on en parle, le collège se réjouit que par ce projet de loi on
reconnaisse enfin dans les faits les compétences de certains professionnels en
santé autres que les médecins.
Le projet de loi n° 67 était très attendu,
il est indispensable pour faciliter l'accès aux soins. Nous adhérons
pleinement, donc, aux cinq principes directeurs du projet de loi :
l'accessibilité à un professionnel compétent en temps opportun, la prise en
compte des enjeux d'accès aux soins, la cohérence du système professionnel, la
compréhension du public et la collaboration interprofessionnelle.
Aujourd'hui, nous vous proposerons d'aller
plus loin dans les mesures prévues au projet de loi et souhaiterons vous mettre
en garde contre certains écueils. Plus spécifiquement, nous nous attarderons à trois
éléments : la reconnaissance de l'autonomie des professionnels en santé
mentale et l'élargissement des pratiques des pharmaciens, l'encadrement des
cliniques qui ne sont pas détenues par des médecins ou des professionnels ainsi
que la création d'un nouveau permis.
À n'en pas douter, la reconnaissance de
l'autonomie des professionnels en santé mentale et... celle des pharmaciens est
un gain pour le public. Prenons l'exemple d'un étudiant aux prises avec des
troubles d'apprentissage ou avec un trouble déficitaire de l'attention. Pour
bénéficier de plus de temps à ses examens et pour avoir accès à un...
M. Gaudreault
(Mauril) :...un correcteur dans son
ordinateur, et il doit présenter un certificat que seul un médecin peut
actuellement lui fournir. Dorénavant, au lieu d'un médecin, il pourrait aller
voir un ou une psychologue ou encore un conseiller en orientation. De même, un
travailleur qui requiert des services ou des prestations pour une maladie de
nature psychologique, comme une maladie dépressive, pourra avoir accès à un
professionnel de la santé compétent pour ce faire. Les pharmaciens, pour leur
part, pourraient amorcer des thérapies médicamenteuses pour davantage de
maladies courantes, c'est un autre gain pour le public.
Mais avant de passer à l'acte, il faut des
conditions gagnantes. Il ne suffit pas de remplacer le terme «évaluation» par
celui de «diagnostic». Voici donc cinq conditions gagnantes qui nous
apparaissent fondamentales. Premièrement, il faudra absolument des trajectoires
de soins et des corridors de services bien balisés, ainsi qu'une collaboration
interprofessionnelle efficace dans les milieux de soins comme dans les milieux
communautaires.
Deuxièmement, il faudra beaucoup
d'échanges et de la coordination entre les professionnels, sinon cela peut
engendrer des situations tragiques, comme on l'a vu dans les cas de la jeune
Amélie Champagne ou de la policière Maureen Breau.
Troisièmement, un rehaussement
technologique au sein du réseau de la santé sera incontournable, d'abord avec
le dossier Santé Québec, pour lequel il y a eu des ratés ou encore le futur
dossier santé numérique. Et vous me permettrez de suggérer encore une fois
aujourd'hui, ici, qu'on devrait mettre, comme sur le yogourt, une date de
péremption sur les fax.
Quatrièmement, il faudra de l'imputabilité
et de l'uniformité pour les règles en matière de tenue des dossiers,
d'ordonnances, de déontologie et d'obligations professionnelles.
Et finalement, il faudra enfin bien
communiquer tout cela pour informer et soutenir le public et renseigner les
professionnels de la santé de la nouvelle dynamique en place.
Abordons maintenant la question de
l'exercice professionnel au sein d'une entité morale, avec ou sans but
lucratif. Dans le projet de loi, il y a, à mon avis, à notre avis, une occasion
manquée de nous donner les leviers nécessaires pour bien protéger le public. Je
parle ici des mécanismes de surveillance ou de contrôle des entreprises de
services professionnels. On ne peut pas, par exemple, leur imposer le respect
des normes professionnelles. Et cela, la commission Charbonneau le soulevait
déjà en 2015, une commission d'ailleurs que connaît très bien la ministre
Lebel. Concrètement, on ne peut contraindre les sociétés détenues par des tiers
à respecter les normes relatives à la profession, comme la tenue de dossiers,
la publicité ou la facturation.
Récemment, le collège a dû engager des
procédures judiciaires pour récupérer les dossiers de patients... excusez-moi,
pour récupérer des dossiers de patients dans des cliniques médicales dirigées
par des gens d'affaires. Dans le cadre de la modernisation du système
professionnel, la ministre nous a conviés à une réflexion sur la notion de
protection du public. Nous croyons qu'il est temps de donner aux ordres les outils
pour surveiller et contrôler les activités professionnelles offertes par des
sociétés, sans quoi, à notre avis, la protection du public est compromise.
Parlons enfin de la délivrance de nouveaux
permis d'autorisation. Nous ne sommes pas contre, mais pas comme le propose le
projet de loi. Le projet de loi veut introduire un permis restrictif temporaire
et un permis spécial pour certaines activités professionnelles. Il y a près de
20 ans, trois nouvelles catégories de permis ont été introduites dans le Code
des professions. Ça en fait plusieurs, ça, par ordres professionnels. Et voilà
maintenant que le projet de loi viendrait permettre aux professionnels d'en
détenir parfois un deuxième. Qu'advient-il du premier permis quand nous en
aurons un deuxième? Et comment ces deux nouveaux permis évolueront-ils dans le
temps?
• (12 h 20) •
Au collège, nous proposons de ne pas
ouvrir la porte à un permis spécial pour un médecin qui en détient déjà un. Il
serait plus simple de moduler celui qu'il a déjà en poche. Pensons un instant
au public, parce que c'est pour lui qu'on fait ça. Le projet de loi ne prévoit
pas que le détail de ces nouveaux permis figurera pour le public au tableau de
l'ordre. Alors, comment le public saura-t-il si le professionnel qu'il voit est
autorisé, oui ou non, à exercer l'activité pour laquelle il consulte?
Il y a aussi les autorisations spéciales
qu'on veut accorder à une situation d'urgence. Elles permettraient notamment à
des non professionnels d'exercer des activités réservées à des professionnels.
Nous avons une inquiétude au collège. Qu'est-ce qu'une urgence? La COVID, ça a
été une urgence, mais est-ce que la pénurie de personnel en est une? Ce que
propose le projet de loi, c'est un chèque en blanc. C'est donner notamment à
des non professionnels le droit de poser des actes réservés à des
professionnels sans qu'on puisse les surveiller parce qu'ils ne figureront pas
au tableau de l'ordre. Et ça, ça compromet la sécurité du public.
Nous proposons donc que la notion
d'urgence soit balisée pour éviter une mauvaise utilisation de ces
autorisations. Nous souhaitons vivement que le législateur donne suite à nos
recommandations qui permettront d'atteindre efficacement les objectifs visés
par le projet de loi. Voilà plusieurs années que l'élargissement des pratiques
est discuté dans le milieu professionnel, et nous nous réjouissons de la...
M. Gaudreault
(Mauril) :...et nous nous réjouissons de
la volonté de la ministre d'enfin concrétiser cette intention, et vous pourrez
compter sur notre pleine collaboration, notamment dans la poursuite des travaux
visant l'élargissement des pratiques et un meilleur accès aux soins au profit
de la population. Nous vous remercions de nous avoir entendus et nous sommes
maintenant prêts à répondre à vos questions.
Le Président (M.
Bachand) :Merci infiniment, Me
Gaudreault. Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme LeBel : Merci. Merci, Dr
Gaudreault. Merci surtout au Collège des médecins pour votre collaboration dans
les travaux qu'on fait, qui ne datent pas de 2022. Je sais qu'on a eu
l'occasion dans... quand j'étais aussi en charge, la responsable des ordres
professionnels ou des lois professionnelles, d'avancer, là, en matière d'IPS, à
titre d'exemple, et d'autres types de professionnels. Puis je veux vous
remercier, le Collège des médecins et vous, pour l'ouverture que vous
démontrez, parce qu'on voit qu'on est en mouvement.
Maintenant, il y a des choses qui restent
à faire, on se comprend, et tout le monde est d'accord qu'il s'agit d'une
première étape. Et je prends dans votre mémoire beaucoup de demandes et
d'informations qui, pour moi, sont dans ma liste de choses à continuer à faire
et à continuer d'avancer. Et je vais tout de suite écarter de la table, non pas
parce que je ne le considère pas, mais parce que, pour moi, ce sera... pour
moi, ce n'est pas de l'ordre du projet de loi immédiatement, c'est la question,
comme vous venez de le dire, de mieux encadrer les organisations... bon, les
services professionnels au sein d'organisations détenues, peut-être, par des
gens qui ne sont pas des professionnels ou par des...
M. Gaudreault
(Mauril) :Oui.
Mme LeBel : Oui. Donc, je
peux vous dire que, pour toutes sortes de raisons et pas nécessairement celles
que vous avez mises de l'avant, mais qui en fait partie, pour toutes sortes de
raisons, ça fait partie pour moi des travaux de modernisation pour lesquels il
faut continuer de discuter, et donc je n'en suis pas sur l'objectif, mais il
faut trouver la meilleure façon d'y arriver, donc, je peux vous dire.
Mais j'aimerais peut-être juste que vous
m'expliquiez une petite chose par rapport à ça puis on pourra en rediscuter
pour clarifier. Vous parlez de ne pas être capable d'avoir accès aux dossiers
des patients. Juste m'expliquer. J'avoue que j'ai vu ça ce matin et j'ai
fait... Je veux dire, il y a quand même un professionnel au sein de cette
organisation-là ou de cette clinique, on va le dire comme ça, il y a quand
même... le dossier appartient quand même au patient. Je veux dire, pourquoi....
Expliquez-moi.
M. Gaudreault
(Mauril) :Bien, on n'était pas
d'accord... on n'était pas capable d'accéder aux dossiers des patients dans
cette entité et il a fallu intenter des poursuites judiciaires. Mais on n'a pas
eu besoin d'aller loin par la suite, on a été capable d'y aller. Mais, je veux
dire...
Mme LeBel : Ça a eu un effet
persuasif, vous allez me dire.
M. Gaudreault
(Mauril) :Ça a eu un effet persuasif que
de faire ça, mais il n'y a pas eu plusieurs exemples, mais, quand même, c'en
est un, exemple, là, d'une difficulté que nous avons eue. Parce que, vous
savez, nos visites d'inspection, bien, c'est la même chose pour tous les ordres
professionnels, consiste à aller constater la tenue d'un dossier à l'intérieur
des dossiers d'un médecin, mais aussi la tenue de son cabinet, l'environnement
dans lequel le ou la médecin travaille, la stérilisation des instruments
médicaux, etc. Donc, on avait des indices nous laissant croire que cela était
défectueux, c'était déficient. Et pour y aller, on n'a pas été capable à ce
moment-là étant donné que c'était une entité qui appartenait à des non
professionnels puis des non-médecins.
Mme LeBel : Donc, vous
n'étiez pas capables d'aller voir ou constater, c'est ce que vous me dites?
M. Gaudreault
(Mauril) :On était capable, oui, on était
capable d'aller voir, mais quand on a.... ce que nous avons constaté qui
nécessitait des améliorations, on ne pouvait pas exiger qu'elles soient faites.
Mme LeBel : Vous n'aviez pas
de prise sur ces améliorations-là.
M. Gaudreault
(Mauril) :C'est ça.
Mme LeBel : O.K., parfait.
Vous aviez toujours de la prise sur le professionnel, on se comprend...
M. Gaudreault
(Mauril) :Oui, c'est ça.
Mme LeBel : ...mais c'est sur
l'environnement autour que vous me dites que, compte tenu de la situation
juridique ou factuelle, vous n'aviez pas de prise.
M. Gaudreault
(Mauril) :C'est ça.
Mme LeBel : Parfait. Bien, ce
sera certainement...
M. Gaudreault
(Mauril) :C'est d'aller chercher ces
leviers-là.
Mme LeBel : Oui, c'est
certainement des discussions qu'on va poursuivre avec beaucoup, beaucoup
d'intérêts, là, dans ce sens-là.
Je vais vous ramener peut être plus
particulièrement au projet de loi n° 67, si vous me
permettez. Vous avez vu un peu les échanges qu'on a eus avec le conseil juste
avant sur le fameux permis spécial, le permis initial. Dans la notion de permis
spécial, ce qu'on appelait dans nos travaux le permis restrictif permanent ou,
en tout cas, peu importe la qualification qu'on lui donne, deux objectifs sont
poursuivis, clairement poursuivis, c'est-à-dire de pouvoir accueillir les gens
qui sont pleinement formés à l'étranger et pour lesquels, peut-être, la
formation n'est pas en adéquation avec la nôtre, au sens de nos activités
professionnelles, et de pouvoir leur permettre de contribuer à la société, de
venir exercer leur profession s'ils le souhaitent, et le retour à la
profession. En grande partie, ce sont les gens qui étaient visés.
Je comprends que vous dénoncez un peu la
même mécanique et non pas l'objectif, si je peux me... je ne veux pas
simplifier votre propos, mais, dans le fond, vous êtes en accord avec
l'objectif de faire travailler ces gens-là, mais pas avec la mécanique qui a été
choisie parce qu'elle semble, en tout cas, à première vue, créer certaines
incongruités, là, c'est ça?
Mme LeBel : ...est ce que je
résume ou j'ai simplifié à outrance?
M. Gaudreault
(Mauril) :Bien, vous résumez bien, vous
résumez bien. Je ne suis pas un expert des permis. J'ai une personne avec moi
qui connaît plus. Puis je vais lui donner la parole tout de suite après vous
avoir dit un petit mot, mais...
Mme LeBel : Mais je suis
contente de vous entendre, parce que je ne l'étais pas non plus tant que ça,
mais j'apprends.
M. Gaudreault
(Mauril) :Mais, en fait, oui, c'est sûr
qu'on est d'accord avec l'objectif. Puis ça me permet de vous dire qu'au
collège, on est préoccupé par le fait d'avoir la possibilité que, chez nous, on
admette un nombre de plus en plus grand de professionnels de la santé et de
médecins pour venir prêter main-forte. Et ce n'est pas dans ce sens-là que
nous... Nous agissons toujours par rapport à étudier l'équivalence des
compétences des médecins et on est à discuter de possibilités aussi. On appelle
ça les associés cliniques, là, une possibilité d'accueillir chez nous des
médecins qui ne répondent pas à nos critères actuels, mais qui pourraient quand
même, selon certaines conditions, rendent beaucoup de services à notre
population. Mais pour, plus précisément, les je vais donner la parole à
Isabelle.
Mme LeBel : Avec plaisir.
Mme Tardif (Isabelle) : Donc,
effectivement, on a déjà plusieurs types de permis qui existent. Le code en
prévoit certains, on a aussi notre loi médicale. Donc, on a déjà certains
outils qui sont à notre disposition, entre autres pour les diplômés
internationaux en médecine, via notamment la voie du permis restrictif. C'est
sûr que c'est intéressant, la voie que ça ouvre, ce que vous proposez vers
d'autres outils, d'autres permis, qui peuvent permettre justement, comme le
disait docteur Gaudreault, d'accueillir des médecins diplômés à l'international
mais qui n'auraient pas nécessairement toutes les qualifications. Ce qu'on
craint ou, en tout cas, ce qu'on voulait souligner, c'est qu'il y a certains
enjeux de bien définir chacun des types de permis, parce que ça commence à
faire beaucoup de permis. Il y avait déjà une certaine confusion, entre les
ordres, sur l'interprétation aussi des types de permis déjà existants. Là, on
vient rajouter d'autres. Est-ce qu'on ne crée pas une confusion additionnelle?
On comprend l'objectif, mais ça, c'était une de nos préoccupations.
Aussi, la question du double permis, Mme
Boué en a parlé tout à l'heure, là, mais le fait de l'ouverture que ça semble
donner pour quelqu'un qui a déjà un permis, d'en avoir un deuxième, s'il n'a
pas été inscrit au tableau de l'ordre depuis plusieurs années et qu'il revient
à la pratique. Donc, on pense que la voie de la limitation d'exercice, si le
médecin y consent, est une voie plus intéressante. Donc, c'était les éléments
qu'on voulait souligner. Il y a aussi toute la question qui n'était pas claire
pour nous, de comment, par exemple, quelqu'un qui aurait un permis spécial,
justement, un associé clinique, éventuellement, ça serait peut être une voie
intéressante et qui, donc, travaille dans un contexte particulier, avec soit
une supervision ou un encadrement particulier, mais qui finit par avoir les
qualifications nécessaires. Comment est-ce qu'il peut évoluer vers un permis
qui ne sera plus un permis spécial? Donc, ça aussi, ce n'était pas... c'était
des enjeux qui n'étaient pas clairs pour nous. Et donc on voulait... on voulait
souligner principalement ces éléments-là qu'on a inscrits au niveau du mémoire.
Mme LeBel : Bien, je suis un
peu... Je vais peut-être faire du pouce un peu sur ce que vous venez de dire.
Naturellement, quand on crée un permis dans le Code des professions, c'est un
permis qui doit, bon, dans le cadre du code, s'adapter aux 46 ordres
professionnels, donc. Et c'est sûr que chacun a des réalités différentes. Mais,
dans le cadre de la réalité du Collège des médecins, comment proposeriez-vous
de faire évoluer justement une personne d'un permis - moi-même, je me mêle dans
les noms, là, - un permis spécial... oui, d'un permis spécial vers le plein
permis, je vais le dire comme ça dans mes mots à moi?
M. Gaudreault
(Mauril) :Bien, il faudrait préciser ça,
effectivement, mais allons-y avec le médecin qui a pratiqué au Québec puis qui
décide d'aller pratiquer à l'extérieur, exemple, aux États-Unis, ça arrive à
tout bout de champ, tu sais, pendant trois, quatre, cinq ans. O.K. Il veut
revenir pour faire le même type de pratique. Il a déjà un permis, O.K., puis
donc de raviver son permis, tu sais à ce moment-là, a une décision à prendre
par rapport au fait qu'il y
Mme LeBel : L'éloignement, la
profession, exactement, sa formation.
M. Gaudreault
(Mauril) :...est-ce qu'il doit continuer
à pratiquer? Est-ce qu'il... ses compétences, etc? Mais, si oui, bien, pour
nous, c'est le même type de permis qu'on ravive à ce moment-là, ça ne nécessiterait
pas un nouveau permis.
• (12 h 30) •
Mme LeBel : Non, mais, dans
ce cas-là, le médecin a été formé ici, donc, a déjà eu son plein permis ici — je
sais que ce n'est pas le bon terme, mais on parle — son plein permis
ici, est parti travailler à l'étranger. Et la notion est de savoir :
Est-ce qu'il s'est éloigné de la profession? Est-ce qu'il a gardé sa formation
à jour, etc.? Et là, à ce moment-là, ce n'est pas la même chose que quelqu'un
qui est formé à l'étranger, pour laquelle, dans votre exercice d'équivalence,
je sais que, des fois, ce n'est pas le bon terme, on se rend compte qu'il a...
sa compétence est avérée, mais elle n'est peut-être pas en adéquation parfaite
avec la façon dont, nous, on considère, notre professionnel est formé, et c'est
là qu'on retrouve un permis spécial ou restrictif à ce moment-là.
M. Gaudreault
(Mauril) :Bien, il faudrait voir, à ce
moment-là, qu'est-ce qu'on veut dire par «urgence» aussi...
Mme LeBel : Non, mais on
n'est pas dans la notion d'urgence là. Je vraiment de la notion du permis.
M. Gaudreault
(Mauril) :...du permis spécial, mais
ça...
12 h 30 (version non révisée)
M. Gaudreault
(Mauril) :...pour avoir discuté de ça
avec vous par rapport à mieux définir qu'est ce qui arrive puis on va être...
Mme LeBel : Parfait. Ça fait
qu'on pourra continuer...
M. Gaudreault
(Mauril) :...volontaires pour collaborer là-dedans
et faire en sorte que des médecins qui veulent venir pratiquer chez nous, je le
répète, là...
Le Président (M.
Bachand) :Attendre que l'autre ait
terminé sa réponse à sa question parce que c'est difficile à vous suivre, s'il
vous plaît. Merci
Mme LeBel : Dans le fond,
vous avez raison, il y a la création de la façon... de l'objectif ou du
contenant, puis après ça, toute la déclinaison qu'on pourra faire pour voir les
mobilités... les modalités, dans les règlements subséquents, puis dans les
discussions qu'on aura avec vous. Vous avez parlé d'urgence. Je vous amène sur
la notion d'urgence parce que le conseil, le CIQ, en a parlé également. Comment
proposez-vous de baliser cette notion d'urgence là? Parce que je suis je suis
en phase avec les propos de Mme Boué et les vôtres sur les faits que tout n'est
pas une notion d'urgence et qu'à un moment donné il faut... faut se gérer
adéquatement et ça ne devient pas une façon de pallier à d'autres manques, je
vais le dire comme ça, mais il y a quand même des situations d'urgence diverses
qui ne sont pas de l'ordre de l'urgence nationale. Je ne sais pas qui
pourraient nous dire on n'est pas dans une urgence où le ministre de la Santé
peut décréter une crise sanitaire, mais peut-être qu'il y a des états de
situation où c'est le cas ne viennent pas nécessairement à l'esprit. Comment
vous en... Et on a parlé tantôt de potentielles balises, comment vous proposez
peut-être de baliser ces situations d'urgence là. Et si vous n'avez pas la
réponse immédiatement, ce n'est pas grave. Faites-nous parvenir vos
suggestions.
M. Gaudreault
(Mauril) :Je n'ai pas la réponse
immédiatement, mais à nouveau notre collaboration pour bien spécifier puis
baliser cela, c'est sûr. Mais au moment où on se parle, là, j'en signe toutes
les semaines, des permis dits spéciaux par rapport à des médecins qui viennent
pratiquer dans des hôpitaux du Québec pour une discipline particulière, pour
lesquelles nous n'avons pas la compétence, mais donc, oui, on pourrait
participer avec vous à bien définir ça.
Mme LeBel : Parfait! Mais je
veux juste vous rassurer qu'on a... bien, vous avez vu notre discussion
préalable. Au niveau de la façon de le baliser, je pense qu'on va trouver la
meilleure solution. Mais l'idée c'est d'avoir suffisamment d'agile...
suffisamment d'agilité aussi pour ne pas que ça soit extrêmement complexe de
déclarer une situation d'urgence, parce que par définition, une situation d'urgence,
habituellement, ça prend une rapidité d'action qui est plus, qui est plus, qui
est intrinsèque à cette notion de situation. Je vais vous ramener. On a parlé
tantôt, je sais, bon, vous avez parlé de plusieurs formes juridiques, là, ou de
plusieurs formes de pratique de nos professionnels. On a choisi, parce que c'est...
pour l'instant de n'ajouter qu'une forme. Ce qui ne veut pas dire que la
réflexion ne poursuit pas sur la suite. Mais si on parle des PMSBL, là, les
personnes morales sans but lucratif, on a eu la discussion tantôt sur le coût
modique, vous êtes contre le coût modique. J'aimerais bien vous entendre, Dr
Gaudreault sur où est la... par rapport à la notion de protection du public,
pourquoi on ne peut pas exiger un coût modique en... ce n'est pas un OSBL, là,
mais on est dans le même style, dans une personne morale, sans but lucratif,
pourquoi vous êtes contre le coût modique?
M. Gaudreault
(Mauril) :Bien, ce n'est pas qu'on est
contre cela. Je veux dire, là aussi préciser qu'est ce que ça veut dire un coût
modique, tu sais. C'est plus, c'est plus dans ce sens-là.
Mme LeBel : Parce que vous
disiez : Ça peut freiner les organismes communautaires du secteur de la
santé qui voudraient rendre des services?
M. Gaudreault
(Mauril) :Oui, ça dépend des
organisations, ça dépend des organismes. Il ne faudrait pas que le coût
modique vienne empêcher la possibilité que ça se fasse dans certains milieux du
Québec.
Mme LeBel : O.K., donc, vous,
dans le fond, ce n'est pas que vous êtes contre la notion d'un coût modique
dans tous les cas de figure. Donc, je peux dire un peu... j'essaie de résumer
votre pensée et vous me corrigez, là, parce que, comme je l'ai fait tantôt,
vous n'êtes pas contre la notion de coût modique. Vous pensez que ça pourrait s'adapter
dans certaines situations? Vous êtes contre le fait que c'est une mesure unique
présentement.
M. Gaudreault
(Mauril) :C'est ça, dans une loi.
Mme LeBel : Parfait. Merci.
Pour moi, ça va, M. le Président, à moins qu'un autre de mes collègues de la
banquette ait...
Le Président (M. Bachand) :S'il n'y a pas d'autre question du côté gouvernemental, M. le
député d'Acadie.
M. Morin : Merci, M. le
Président. Alors, bonjour, Dr Gaudreault, Dre Tardif. Merci d'être là avec nous
ce matin. C'est très, très utile. Écoutez, vous avez totalement piqué ma
curiosité tout à l'heure, quand vous avez dit, puis, Mme la ministre, vous en
parlait, que vous avez dû faire... évidemment avoir recours à des services
juridiques ou intenter une action pour aller chercher des informations ou des
dossiers, pouvoir inspecter. Vous avez fait référence à un endroit où on donne
des services de santé, mais qui serait privé. Vous avez dit aussi qu'éventuellement
vous avez été capables d'avoir accès, mais dans le cadre du projet de loi,
est-ce qu'il y a quelque chose qu'on pourrait faire, ajouter une disposition
qui ferait en sorte que vous n'ayez plus à vivre ce genre de situation là?
Parce que j'avoue que ça, ça m'a étonné.
M. Gaudreault
(Mauril) :Mais. Pour expliquer ça
clairement, là, un médecin, un médecin dans son cabinet qui nécessite une
visite d'inspection. On a des inspecteurs qui vont voir comment ça se passe,
regardent les...
M. Gaudreault
(Mauril) :...les dossiers du médecin,
dossier de ses patients, l'environnement physique, la façon avec laquelle il
gère son bureau, la façon avec laquelle le cabinet est tenu, la façon avec
laquelle les instruments médicaux sont stérilisés, puis là on fait des
recommandations pour que ça soit modifié, et le médecin, il va procéder aux
recommandations suite à une visite qu'on va faire dans X temps. O.K.? Bon, dans
des endroits comme ceux qui sont... possédés par des non-professionnels
administrés, on peut agir pour ce qui est du médecin et de ses dossiers. Mais,
tout l'environnement physique, là, on peut aller voir comment ça se passe.
Mais, si on fait des recommandations par rapport à l'environnement physique,
puis je reviens, stérilisation des instruments également, juste... juste pour
dire, par exemple, on n'a pas de levier pour obliger les administrateurs de
l'entité d'agir puis de corriger cela. Et il me semble que ça ne serait pas
compliqué de l'avoir, ces leviers-là, et c'est pour ça qu'on propose que ce
soit à quelque part inclus dans cette loi.
M. Morin : Parfait. Alors,
écoutez, votre message est bien entendu, je vous remercie d'avoir soulevé cette
situation-là. Si jamais vous avez des recommandations plus... plus précises,
écoutez, je vais vous inviter à m'en faire part puis à le partager avec moi, ça
va... ça va être important. Parce que je vous écoutais décrire la situation et
puis il me semble que ça n'a juste pas de bon sens, là, pour la sécurité, la
protection des patients, évidemment, et la sécurité du public.
M. Gaudreault
(Mauril) :Dre Tardif veut ajouter quelque
chose.
M. Morin : Oui, bien sûr.
Absolument, tout à fait. Oui.
Mme Tardif (Isabelle) : Je
voulais juste ajouter un élément. Effectivement, c'est un... une situation
qu'on voit de plus en plus souvent avec l'augmentation des entités commerciales
qui sont... qui offrent des services professionnels, donc entre autres en
télémédecine. C'est un des endroits où on a vu cet enjeu-là, où on a eu l'enjeu
d'accéder au dossier. On voulait inspecter un médecin, et l'organisation, la compagnie
de télémédecine refuse de nous donner accès au dossier. Donc, ça, c'est un
enjeu particulier auquel... très concret, là, auquel on fait face actuellement.
Donc, c'est un des enjeux qu'on voit dans les... quand c'est des entités
commerciales qui offrent des services professionnels et pour différentes
raisons, soit de la... des enjeux de publicité qui n'est pas adéquate pour...
et qu'un médecin ne pourrait clairement pas faire, mais c'est l'entité...
l'organisation qui fait la publicité ou qui s'occupe de la stérilisation qui va
s'occuper, là, des frais administratifs puis qui sont déraisonnables. Mais,
tout ça, on n'a pas de leviers par rapport aux organisations, à ces entités-là
parce que nos leviers sont envers le professionnel lui-même. Donc, c'est ça
qu'on... qu'on... c'est... Donc, on peut faire des inspections, mais c'est plus
compliqué. On se heurte à des obstacles parfois, comme l'exemple qu'on vous
donnait de télémédecine. Et il y a d'autres enjeux aussi qui sont de plus en
plus évidents avec l'augmentation des services de télémédecine privés, mais
aussi de la médecine privée en général.
M. Morin : Parfait. Merci.
Merci beaucoup. C'est très éclairant. Je veux revenir à votre mémoire et
particulièrement à la page 14, votre recommandation 2, quand vous
parlez du dossier de santé numérique et vous dites : «Le collège exhorte».
Tu sais, une exhortation, c'est quand même quelque chose de fort, là. Puis le
projet de loi a pour but, évidemment, de permettre à d'autres professionnels de
la santé de poser différents... différents actes. On pense entre autres, bon,
notamment, à des pharmaciens, mais... Si le gouvernement n'est pas capable
d'avoir un système de santé numérique qui est efficace et efficient, on aura
beau permettre à des professionnels de faire plus d'actes, s'ils ne sont pas
capables de se parler, ça... Est-ce que vous pensez que ça pourrait mettre
finalement en péril l'efficacité du projet de loi?
• (12 h 40) •
M. Gaudreault
(Mauril) :Merci pour la question. Ça me
permet d'à nouveau, hein, insister sur la satisfaction du collège d'aller plus
loin par rapport à tout l'élargissement des pratiques professionnelles. J'aime
ça, on aime ça, puis on veut continuer là-dedans. Ça, c'est... puis je trouve
ça important, là. Puis merci de poser la question parce que ça me permet de
dire à nouveau à quel point on appuie là-dessus, que c'est un gain pour le
public et qu'on sera là pour, Mme LeBel, notamment, l'a dit auparavant, pour
poursuivre notre collaboration afin d'aller plus loin là-dedans. O.K.?
Cependant, on l'a dit, il y a... il y a des conditions gagnantes puis les... La
principale condition gagnante pour moi, ça va être que les professionnels se
parlent, les professionnels communiquent ensemble, se parlent par des outils
technologiques que le ministère, à mon avis, que le Québec devra améliorer par
rapport à un rehaussement nécessaire, mais que les professionnels...
M. Gaudreault
(Mauril) : ...soit bien conscient qu'on doive se parler plus
quand on est plus de professionnels à participer aux soins d'un patient. Pour
moi, c'est majeur. J'avais dit, pour... quand j'étais venu ici en 2019, pour
les IPS, j'avais dit : Oui, on est d'accord pour cette nouvelle
profession, mais encore faut-il que... ce n'est pas parce que, tout à coup, un
professionnel est plus autonome ou a plus d'autonomie qu'il ne faut pas
insister sur le fait de communiquer ensemble puis se parler. La pratique de la
médecine, je le dis souvent, c'est une pratique en équipe. Donc, dorénavant les
professionnels devront plus communiquer ensemble. Et, pour faciliter tout ça,
bien, le dossier santé numérique va, à mon avis, espérons-le, faciliter les
communications.
M. Morin : Parfait.
M. Gaudreault
(Mauril) :Puis je pense que ça peut...
L'objectif est de le mettre en place quand même dans un avenir à moyen terme.
M. Morin : Très rapproché,
oui, très rapproché. Oui, bien, merci, merci beaucoup. J'ai une autre question,
parce qu'on l'a lu dans différents mémoires et c'est en lien avec les
pharmaciens diplômés de la maîtrise en pharmacothérapie pour qu'ils soient
reconnus à titre de spécialistes. J'aimerais avoir votre opinion sur cette
reconnaissance.
M. Gaudreault
(Mauril) :Isabelle.
M. Morin : Parfait, merci.
Oui, Dre Tardif.
Mme Tardif (Isabelle) : Alors,
bien, effectivement, nous, on est tout à fait favorable à ce que soit reconnu
l'expertise particulière, là, des pharmaciens qui ont une maîtrise en
pharmacothérapie avancée. Alors, effectivement, on avait compris qu'une option
aurait pu être de le prévoir via le projet de loi. Je pense qu'il y a d'autres
options qui sont regardées actuellement pour l'intégrer via plutôt des
règlements. Nous, on n'a pas nécessairement d'opinion particulière par rapport
à la meilleure voie pour le faire, mais c'est sûr qu'on appuie cette demande de
reconnaître et d'octroyer un certificat de spécialiste aux pharmaciens qui ont
une maîtrise en pharmacothérapie avancée.
M. Morin : Puis parce qu'on a
un projet de loi qui vise à étendre, en fait, l'élargissement de certaines
pratiques professionnelles, si on veut être efficace, pensez-vous que ce serait
une bonne chose de le reconnaître dans ce projet de loi là immédiatement?
Pourquoi attendre si ça peut aider?
Mme Tardif (Isabelle) : Je
pense que c'est une option, effectivement.
M. Morin : Parfait. Je vous
remercie. Je n'ai pas d'autre question, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Mme la députée de La
Pinière, pour quatre minutes, s'il vous plaît.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Alors, merci beaucoup pour votre présentation. Je me réjouis
toujours de voir la collaboration des médecins qui veulent décloisonner,
finalement, le système professionnel et que les tous les professionnels
puissent exercer toutes les compétences qu'ils ont.
J'ai une question. Dans votre mémoire, en
page 5, où vous vous interrogez sur le choix du législateur d'ajouter,
dans la Loi sur la pharmacie plutôt que dans le Code des professions, la
possibilité pour l'ordre de donner des avis au ministre et ainsi d'effectuer
des enquêtes au sujet de la qualité des soins ou des services pharmaceutiques,
alors vous trouvez que ça devrait être un pouvoir accordé dans le Code des
professions. Est-ce que vous pouvez nous en parler davantage?
M. Gaudreault
(Mauril) :Bien, à mon avis, ce serait
plus facile à appliquer que de mettre ça nécessairement dans une loi. Tu sais,
avec l'Office des professions, on discute depuis plusieurs années d'allègements
réglementaires, de faire en sorte que ce soit allégé, plus convivial et plus
rapide d'agir à ce niveau-là. C'est dans ce sens-là qu'on proposait que ce soit
plutôt dans le code que dans une loi.
Mme Caron : D'accord. Merci.
Puis je vais revenir sur le rehaussement technologique du réseau, parce que,
bon, on a parlé du dossier Santé numérique, mais vous énumérez aussi les outils
technologiques avec interopérabilité, prescription Québec, etc. Alors, est-ce
que je comprends que, dans un monde idéal et qu'on souhaite rapprocher, bien,
tous ces outils seraient accessibles à tous les professionnels en santé, par
exemple, autant le psychologue que l'orthophoniste, que le médecin, que
l'infirmière devrait avoir accès au dossier santé numérique, par exemple, pour
avoir toute l'information.
M. Gaudreault
(Mauril) :Oui, c'est ça, ce qu'on n'a pas
actuellement, là. Le dossier Santé Québec, c'est des résultats d'examens de
laboratoire ou d'imagerie, mais il n'y a pas là-dedans de consultations,
exemple avec d'autres professionnels de la santé. Puis quand je dis aussi
«communiquer ensemble», bien, il ne faut pas oublier qu'à mon avis, comme
médecin de famille, j'ai souvent été dans une situation où j'avais besoin d'une
opinion spécialisée, tu sais. Exemple, j'ai besoin d'une consultation en
psychiatrie, juste pour dire, par rapport aux domaines que nous discutons
aujourd'hui. Donc, pour le ou la psychologue qui a également une interrogation
par rapport à un diagnostic éventuel, il faudra améliorer également la
possibilité qu'elle puisse consulter le médecin spécialiste à ce moment-là
aussi. Ça fait partie également du rehaussement technologique, mais aussi des
facilités. Quand on parle de corridor de services, c'est également...
M. Gaudreault
(Mauril) :...ça qu'on veut dire par
rapport à faire en sorte que ce soit plus facile d'obtenir une consultation
quand l'opinion diagnostique nécessite d'être validée par une spécialité autre.
Mme Caron : Merci. Je pense
que votre consœur veut ajouter quelque chose.
Mme Tardif (Isabelle) : Si je
peux me permettre, c'est juste d'ajouter, s'il n'y a pas ce rehaussement
technologique là, on va rater la cible ou, en tout cas, on va diminuer nos
chances de succès parce qu'on va... le risque est d'augmenter le travail en
silo, puis c'est la dernière chose qu'on veut. C'est de travailler en
collaboration. Si chacun peut faire plus, mais n'est pas capable de travailler
en équipe, on augmente les silos, et, éventuellement, ça peut même nuire à la
sécurité des soins aux patients, s'il n'y a pas ce partage d'information là,
pertinente des professionnels qui... veux veux pas, dont les activités vont se
chevaucher, entre le pharmacien puis le médecin, les infirmières praticiennes
aussi. Alors, c'est des... c'est majeur, là, comme enjeu, le rehaussement
technologique. C'est une condition fondamentale pour que ça fonctionne.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup.
M. Gaudreault
(Mauril) :...
Le Président (M.
Bachand) :Rapidement, Dr Gaudreault,
rapidement.
M. Gaudreault
(Mauril) :Il faut bien comprendre ce
qu'on veut dire, là. L'augmentation d'une discipline plus autonome, c'est
correct, elle peut rester autonome dans plusieurs situations, mais, dans des
situations où ça nécessite une évaluation avec d'autres professionnels, là, la
nécessité de se parler et de travailler ensemble est encore plus grande.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de
Saint-Henri-Sainte-Anne, s'il vous plaît.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup. Merci beaucoup pour votre présentation. Je veux revenir sur certains
éléments qui ont été dits, là, tout à l'heure, notamment l'exemple que vous
donnez sur les procédures judiciaires que vous avez dû intenter, bon. Moi, je
suis membre d'un ordre professionnel, je suis membre du Barreau du Québec. Je me
vois mal refuser que le Barreau, en fait... je ne sais pas comment je ferais
pour refuser que le Barreau ait accès à mes documents ou à mes dossiers dans le
cadre d'une inspection. Donc, je me demande est-ce que, là, on n'est pas plus
dans une question de règlement, d'exercice de la pratique, où vous, comme
collège, vous pouvez émettre des exigences par règlement à vos membres, en
termes de normes de pratique, plutôt que d'élargir ou de définir ici, là, par
la loi ou par le code. Ça fait que ma question, ce serait ça : Est-ce que
vous n'avez pas les leviers, vous, à l'interne, pour aller régler ces genres de
situations là?
M. Gaudreault
(Mauril) :Bien, nous aussi, ça nous a
surpris, tout ça, puis cette difficulté qu'on a eue, puis je vois que ça fait
réagir aussi, là, ça... tout à coup, là, qu'on déclare cette façon de faire là,
ça fait que...
Une voix : ...
M. Cliche-Rivard : Bien, je
n'ai pas le droit de refuser.
Des voix : ...
M. Gaudreault
(Mauril) :Mais le professionnel visé, le médecin,
ce n'est pas là qu'il a le problème, il n'aura pas de problème, jamais, par
rapport à un professionnel, par rapport à un médecin non plus. Et, si l'entité
administrative appartient à des professionnels, il n'y aura pas de trouble là
non plus. C'est quand c'est des non professionnels qui possèdent...
M. Cliche-Rivard : Mais vous
l'autorisez?
M. Gaudreault
(Mauril) :Le médecin, oui, on peut... on
peut aller faire un tour.
M. Cliche-Rivard : Mais vous,
vous autorisez à ce que les...
M. Gaudreault
(Mauril) :Je redis, là, je veux dire, il
y a la télémédecine, pour laquelle c'est plus compliqué, mais, quand c'est à un
endroit physique, on peut y aller, on peut émettre des recommandations. Mais le
problème, c'est qu'on n'a pas de levier pour s'assurer que les administrateurs
de l'entité vont procéder aux améliorations qu'o recommande.
M. Cliche-Rivard : Mais vous
acceptez que des non-médecins soient administrateurs de ces entreprises de
télémédecine.
M. Gaudreault (Mauril) :Au moment où on se parle, oui.
M. Cliche-Rivard : C'est ça.
Et là vous avez un levier où vous pourriez décider que deux tiers, un tiers,
100 % du C.A. soit constitué en médecins.
M. Gaudreault
(Mauril) :Ah! peut-être, éventuellement.
Oui.
M. Cliche-Rivard : C'est ce
que je pense. Puis là je ne suis pas l'expert de... normes déontologiques,
mais...
M. Gaudreault
(Mauril) :Mais, actuellement, on n'a pas
cette possibilité-là.
M. Cliche-Rivard : Mais vous
l'avez autorisé.
M. Gaudreault
(Mauril) :Ce n'est pas qu'on autorise,
c'est qu'on n'a pas cette possibilité-là, d'interagir, là.
M. Cliche-Rivard : Vous
n'avez pas l'autorité d'émettre un règlement qui dit qu'une société dans
laquelle exerce un médecin doit être constituée de médecins.
M. Gaudreault
(Mauril) :L'exercice en société, oui. On
a fait des choses, là-dessus, puis on a des politiques, des règlements pour
l'exercice en société, mais le problème, c'est des leviers pour aller vérifier
comment ça se passe, puis s'il y a des améliorations à faire.
• (12 h 50) •
Mme Tardif (Isabelle) : Et,
de plus en plus, il y a une multitude de formes d'entités juridiques qu'on voit
apparaître, puis c'est là qu'on n'a pas, par rapport à ces entités juridiques
là, nécessairement... en fait, on n'a pas les leviers. Nous, on est... on a les
leviers par rapport aux médecins, par rapport aux sociétés qui vont être
inscrites au niveau... au niveau du collège, puis ça, c'est bien défini, c'est
relativement bien défini, mais il y a tellement... il y a plusieurs autres
formes juridiques qui existent actuellement pour lesquelles ils ne sont pas
inscrits au collège. On a... La société n'est pas inscrite au collège, et c'est
des entités commerciales.
Puis, pour répondre à votre question par
rapport au dossier, les... c'est souvent la société qui conclut une entente
avec les fournisseurs de dossier médical électronique. Donc, ils considèrent
qu'ils détiennent ces dossiers-là, puis, quand on s'adresse à eux puis qu'on
leur demande d'obtenir les dossiers, par exemple, parce qu'on veut faire une
visite d'inspection chez un médecin puis qu'on a besoin de consulter certains
dossiers, comme on fait dans toute visite d'inspection professionnelle, on
prend un échantillonnage de dossiers, bien là, on se heurte, dans ce cas précis
là pour lequel on a intenté des démarches judiciaires... on se heurte à des
refus de collaborer de la société de télémédecine.
M. Cliche-Rivard : Je vous
entends, puis...
M. Gaudreault
(Mauril) :...la surprise aussi.
M. Cliche-Rivard : Bien,
c'est parce que moi, là, il y a un règlement qui me dit comme avocat toutes les
conditions que je dois respecter pour exercer en SENC ou en INC. ou en... C'est
très bien défini par le règlement, puis si je ne respecte pas ces conditions
là, je n'ai pas le droit d'exercer. Donc, moi, je me pose la question. Puis je
ne suis pas du tout contre à ce qu'on modifie puis qu'on vous donne davantage
de protection dans le code, mais je me demande si vous avez exercé l'ensemble
des leviers d'exercice de la profession qui vous est possible de faire à
l'intérieur de vous comme ordre, ou si vraiment il faut une modification du
code. C'est la question que... auquel je me pose encore, là.
M. Gaudreault
(Mauril) :O.K.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Je vous donne quelques
secondes. On est rendus à la fin, oui. Dr Gaudreault.
M. Gaudreault
(Mauril) :Bien, à notre avis, oui, on a
épuisé toutes nos possibilités.
M. Cliche-Rivard : O.K.
Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Donc, Dre Tardy, Dr Gaudreault,
merci beaucoup d'avoir été avec nous.
Et la commission suspend ses travaux
jusqu'à 15 heures. Merci. Bon lunch.
(Suspension de la séance à 12 h 52)
14 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 01)
Le Président (M.
Bachand) :Bonjour, tout le monde. Bon
après-midi. La Commission des institutions reprend ses travaux. Alors, nous
poursuivons... poursuivons les consultations particulières et auditions
publiques sur le projet de loi n° 67, Loi modifiant le Code des professions sur
la modernisation du système professionnel et visant l'élargissement de
certaines pratiques professionnelles dans le domaine de la santé et services
sociaux.
Cet après-midi, nous entendrons plusieurs
ordres professionnels, mais il nous fait plaisir de débuter avec l'Ordre des
pharmaciens du Québec. Merci beaucoup d'être avec nous. C'est un grand plaisir.
Alors, vous connaissez la règle, 10 minutes de présentation...
15 h (version non révisée)
Le Président (M.
Bachand) :...on a un échange avec les
membres. Alors, je vous invite à vous présenter et à débuter votre exposé.
Merci beaucoup.
M. Desgagné (Jean-François) : Bonjour.
Je m'appelle Jean-François Desgagné. Je suis pharmacien et je suis président de
l'Ordre des pharmaciens. Je suis accompagné cet après-midi par Mme Manon
Lambert, pharmacienne, qui est notre directrice générale, et M. Patrick
Boudreault, pharmacien également, qui est notre directeur de la qualité de l'exercice
et des relations partenaires. Merci.
M. le Président, Mme la ministre, membres
de la commission, tout d'abord permettez-moi de vous remercier de nous avoir
invités. Pour mes collègues et moi, c'est un privilège de pouvoir participer au
processus démocratique.
Dans le temps qui nous est alloué aujourd'hui,
je prendrai un moment pour vous parler et vous présenter du rôle actuel des
pharmaciens et des pharmaciennes, l'importance du projet de loi à l'étude et
pourquoi nous croyons qu'il faut faire un pas de plus, aller encore plus loin
pour améliorer l'accès et diminuer les embûches qui nuisent à la fluidité de
notre travail.
Tout d'abord, l'Ordre des pharmaciens du
Québec a plus de 150 ans d'histoire, 150 ans à encadrer les soins et
les services dispensés par nos 10 000 membres répartis sur tout le
territoire et dans plusieurs milieux. Que ce soit dans les petites
municipalités ou les grandes villes, dans les groupes de médecine familiale ou
les grands hôpitaux, ces pharmaciens et pharmaciennes de coeur font partie du
quotidien des gens, ce sont nos patients. Et c'est pour protéger nos patients,
le public, que nous encourageons les meilleures pratiques pharmaceutiques et
faisons la promotion de l'usage approprié des médicaments.
Depuis environ 10 ans, le législateur
a démontré sa confiance envers notre profession en nous confiant de nouvelles
responsabilités. En s'appuyant sur leur formation complète et exhaustive, nos
professionnels ont relevé ce défi avec brio, et j'en suis très fier.
Les impacts des précédentes réformes ont
été quasi immédiats. Entre 2020 et 2021, année de l'entrée en vigueur du
dernier changement législatif, les actes cliniques faits par les pharmaciens en
pharmacie ont augmenté de 140 %, le traitement des conditions mineures ont
augmenté de 424 % et les modifications de thérapie médicamenteuse ont
augmenté de 1 080 %. En 2023 seulement, nos membres ont administré
plus de 475 000 vaccins. En 2022, les pharmaciens du Québec ont
rédigé plus de 5 millions d'ordonnances, ce qui représente environ
18 % de toutes les ordonnances réalisées au Québec. Les pharmaciens et les
pharmaciennes du Québec se sont démontrés dignes de confiance pour faire un
autre pas en avant.
Ce pas vers l'avant, c'est le projet de
loi n° 67. Celui-ci fera du Québec l'une des juridictions les plus avancées au
monde en matière d'exercice de la pharmacie. Ce projet de loi lèvera des
contraintes administratives et des freins qui limitent certaines interventions.
À titre d'exemple, il permettra à nos membres de prolonger des ordonnances pour
plus de 12 mois pour des patients stables. Cette mesure aura un impact
spécialement important dans la prise en charge des patients orphelins. Au terme
des travaux réglementaires, les pharmaciens pourraient, par exemple, prescrire
un traitement pour une préexposition au VIH ou faire des prélèvements dans la
gorge ou dans le nez pour dépister la pharyngite ou le COVID et par la suite
prescrire le traitement approprié sans que la personne ait à voir ou se
présenter dans une clinique médicale. Il s'agit d'une excellente nouvelle pour
les patients, qui pourront obtenir certains soins et services en pharmacie
plutôt que d'aller à la clinique.
Les effets du projet de loi n° 67 se
feront sentir rapidement par la population, particulièrement en première ligne.
Il est toutefois possible de faire encore davantage pour obtenir des gains
supplémentaires en matière d'accès, pour simplifier les soins et réduire la
paperasse.
Au Québec, environ 1 500 pharmaciens
détiennent une maîtrise en pharmacothérapie avancée. Cette formation est solide
et adaptée à la situation actuelle de notre système de santé. Elle inclut d'ailleurs
8 à 9 stages différents réalisés dans des milieux de soins critiques, au
cœur même des équipes multidisciplinaires. Une fois diplômés, ces pharmaciens
assurent l'efficacité et la sécurité de thérapies médicamenteuses complexes.
Ils ont une expertise pour le traitement de populations ou de pathologies
sévères et instables. On les retrouve autant aux urgences que dans les groupes
de médecine de famille que dans tous les départements des grands centres
hospitaliers...
M. Desgagné (Jean-François) : ...Les
études démontrent que leur présence dans les équipes de soins contribue à
améliorer les résultats thérapeutiques, à diminuer les effets et les événements
indésirables liés à la médication et même à réduire la durée du séjour à
l'hôpital. Leur implication mène à une meilleure utilisation des médicaments,
ce qui diminue les coûts. En donnant des droits d'exercice élargis à ces pharmaciens
qui détiennent la maîtrise, la société bénéficierait pleinement de leurs
connaissances et de leurs compétences, et, surtout, on diminuerait de nombreux
freins qui subsistent actuellement dans le réseau et on augmenterait l'accès
significativement pour les patients. En Angleterre, où ce droit de prescription
élargi existe, on estime que 4 % des consultations aux urgences peuvent
être prises en charge par des pharmaciens ayant un tel droit de pratique
élargi. Si on ramène à notre situation québécoise, ceci représente
150 000 consultations par année aux urgences. Donc,
150 000 consultations qui donnent concrètement de l'accès à la
population, permettent des gains d'efficience et soulagent le réseau qui en a
grandement besoin. 150 000 consultations par année, après trois ans, c'est
pratiquement un demi-million de consultations qui pourraient être prises en
charge par ces pharmaciens.
Actuellement, il existe un mécanisme qui
permet aux pharmaciens d'en faire plus, il s'agit des ententes de partenariat
en pratique avancées qu'on appelle EPAP. Les EPAP sont en quelque sorte des
contrats signés par les équipes de soins d'un milieu ou d'un département,
permettant aux pharmaciens d'amorcer des thérapies de façon autonome dans un
contexte défini. À titre d'exemple, une EPAP pourrait permettre à des
pharmaciens oeuvrant en oncologie de prescrire une thérapie à un patient sans
que le médecin soit consulté. Les milieux qui disposent d'EPAP en sont très
satisfaits car elles permettent d'éviter les va-et-vient entre les médecins et
les pharmaciens, ce qui cause inévitablement des délais pour les patients. Le
problème, c'est qu'on ne retrouve pas ces ententes partout. Ceci fait en sorte
que d'un GMF à l'autre, d'un établissement à l'autre, et même à l'intérieur
d'un même établissement, les patients n'ont pas le même accès. Cela représente
un manque d'efficience important et une iniquité inacceptable dans notre
réseau.
Les EPAP doivent être rédigées et
maintenues à jour, ce qui génère beaucoup de paperasse. Elles demandent
beaucoup d'énergie à mettre en place et à maintenir, car, pour être adoptées,
elles doivent être approuvées à plusieurs niveaux et souvent négociées par un
grand nombre d'intervenants. Dans le doute, certains s'abstiennent. À titre
d'exemple, le département de pharmacie du CHUM a renoncé à prévoir une telle
entente pour l'urgence, car elle aurait impliqué une négociation avec
l'ensemble des urgentologues et des consultants de l'établissement, ce qui
représente plusieurs centaines de médecins et l'obligation d'obtenir le
consensus. Le CHUM, le bateau amiral du système de santé québécois, le
département de l'urgence, peut-être l'élément le plus critique dans un centre
hospitalier : on se prive de cette entente-là.
Les EPAP continuent d'avoir leur pertinence
dans certains contextes spécifiques, par exemple dans certains GMF, mais de
façon générale, pour améliorer l'accès à la grandeur du réseau, il faut
octroyer aux pharmaciens détenteurs de la maîtrise en pharmacothérapie avancée
plus d'autonomie. Ceci leur permettra d'avoir les coudées franches pour
contribuer significativement et efficacement à l'amélioration de l'accès aux
réseaux, notamment aux soins de première ligne.
• (15 h 10) •
Le mécanisme prévu par le Code de
profession pour octroyer des droits de pratique supplémentaires à un groupe de
professionnels et, du même coup, la capacité à l'autre professionnel de
réaliser l'examen de la qualité de la formation, c'est la spécialisation. En
octroyant le titre de spécialiste aux pharmaciens qui détiennent la maîtrise,
on leur permettra d'exercer des activités que plusieurs d'entre eux font déjà
par l'intermédiaire des EPAP, mais sans les contraintes qui s'appliquent. Et on
nous donnera, à l'Ordre des pharmaciens, la capacité de s'assurer que la
formation de maîtrise soit toujours en adéquation avec les besoins. Ceci nous
donnera également la possibilité de reconnaître des équivalences pour permettre
aux pharmaciens et pharmaciennes étrangers détenant la formation requise
d'avoir les mêmes droits de prescrire et de contribuer ici au Québec. Le Québec
a déjà énormément innové dans ce qui a trait à l'exercice des pharmaciens. Ce
pas de plus, cette reconnaissance de cette expertise déjà en pratique dans
certains...
M. Desgagné (Jean-François) : ...endroits
assureraient un accès et une qualité de soins supérieure.
Depuis quelques années... quelques années,
la loi et les règlements s'adaptent à l'expertise des professionnels sur le
terrain. On veut s'assurer que chaque professionnel puisse exercer au maximum
de leurs compétences, à la hauteur de leur formation et avec toute l'autonomie
nécessaire pour fournir un impact positif sur l'ensemble du réseau. En ce sens,
le Québec innove au Canada et partout dans le monde. Continuons notre route sur
la voie de l'innovation pour assurer l'accès universel aux soins de santé.
Merci beaucoup.
Le Président (M.
Bachand) :Merci pour votre présentation.
Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme LeBel : Merci, M. le
Président. Merci. Merci beaucoup pour cette présentation. Je pense que c'est
un... c'est encore une fois une belle journée pour les citoyens du Québec,
parce que c'est pour eux qu'on travaille pour être capables d'avoir un plus
grand accès. Et je pense qu'à chaque fois qu'on réussit à faire un pas en avant
dans l'ouverture, dans l'élargissement des professions, je pense que c'est un
pas qu'il faut saisir immédiatement, puis ça... puis après ça, travailler sur
le pas suivant. Moi, j'en suis.
Vous l'avez mentionné, on a fait plusieurs
étapes, c'est une autre étape pour les pharmaciens. Je comprends que ce qui est
dans le projet de loi comme tel, ça vous convient. Avez-vous... Je vais
peut-être aller sur le projet de loi comme tel, puis après ça, peut-être, sur
votre... l'essentiel de votre présentation, qui était sur le pouvoir accru.
Pouvez-vous m'expliquer votre
recommandation... vraiment m'expliquer votre recommandation numéro cinq, parce
que je ne suis pas certaine de bien la saisir, «que l'article 21 de la loi
sur la pharmacie soit abrogé parce qu'il est plus exact de dire qu'un
pharmacien doit... la teneur intégrale d'une ordonnance puisqu'il peut
l'ajuster, la modifier ou la prolonger selon des modalités prévues par
règlement.» Bon. J'avoue que j'ai mis deux points d'interrogation. Puis je n'ai
pas... je n'ai pas la prétention d'être la spécialiste de la Loi sur la
pharmacie, là, donc je me suis dit je vais saisir l'occasion pour vous demander
de l'expliquer ou de...
M. Boudreault (Patrick) : Bien
entendu, je vais vous l'expliquer, et ça va me permettre de saluer les
collègues de l'Office des professions, avec qui on a travaillé en étroite
collaboration dans les dernières semaines, et de faire un certain ménage. C'est
qu'on s'apercevait qu'au fil du temps, avec plusieurs modifications législatives,
nous avions des éléments sur la substitution des médicaments qui se
retrouvaient à l'article 17, donc dans les activités réservées, nous
avions aussi des modalités dans les règlements et on avait aussi
l'article 21 qui parlait qu'on pouvait, pour un médicament générique, donc
de même dénomination, de pouvoir changer la compagnie, par exemple d'un
médicament de niche à un médicament générique.
Alors, dans la réforme, ce qu'on a décidé,
c'est de travailler à tout... à tout rejoindre et d'avoir la substitution des
médicaments dans l'article 17 de la loi, et les conditions dans lesquelles
un pharmacien pourra substituer vont se retrouver à l'intérieur des règlements.
Donc, on pourra, comme pharmaciens, dans certaines situations comme les
médicaments génériques, de changer d'une compagnie à l'autre, mais aussi, dans
certaines circonstances, changer le médicament dans des conditions bien
précises. Donc on est venus faire un certain ménage d'écriture.
Mme LeBel : O.K. Parfait.
Parfait. Ça fait qu'on va... on va la regarder comme telle. Je vous remercie.
M. Boudreault (Patrick) : Voilà.
Mme LeBel : Je peux vous dire
tout de suite que la recommandation numéro deux, là, j'ai vérifié, puis ça
va... on va... on va régler la situation. C'est rare que je règle des
recommandations en consultations, mais il y a des choses, des fois, qui font
partie d'angles qu'on n'avait pas nécessairement anticipés ou vus. Donc, la
recommandation numéro deux.
Je veux vous parler du processus pour la
question de tous les projets pilotes. Expliquez-moi un peu. Je comprends très
bien la notion d'agilité, la notion d'être capable de mettre en place des
projets pilotes, je comprends la lourdeur qu'un décret... qu'un décret
gouvernemental du Conseil des ministres peut apporter. Quelle serait votre
vision? Parce qu'il faut quand même y avoir... On ne peut pas non plus, et là
je le dis en toute... en tout respect, faire n'importe quel projet, n'importe
quand, je vais le dire comme ça, parce qu'on a quand même... c'est quand même
le système professionnel. Puis là, je ne suis pas en train de prétendre que
c'est ça qui serait là, mais ça prend un certain... certain... j'allais dire
une certaine forme d'autorisation. Donc, qu'est-ce que... quelle serait votre
vision du type d'autorisation?
Mme Lambert (Manon) : Bien,
en fait, vous l'avez dit, hein, on ne peut pas avoir n'importe quel projet
pilote. Mais en même temps, tous les projets pilotes ne sont pas égaux. On peut
penser par exemple à un projet pilote... vous savez, le Code des professions
permet actuellement... puis ça sera peut-être dans une... dans une phase deux,
une phase trois, mais un bon exemple, le cas des professions permet déjà
d'avoir un responsable de l'inspection qui vient donner beaucoup d'agilité au
processus d'inspection quand on a des ordres à gros volume. Chez nous, on est
un ordre quand même de 10 000 membres, ça fait que c'est un ordre à
gros volume, puis ça nous donne beaucoup d'agilité. Ça accélère les mécanismes
de protection du public. Et, bien, on pense, nous autres, on s'était dit, bien,
un projet pilote qui permettrait à un responsable de l'admission, par exemple,
qui n'est pas prévu dans le Code des professions, mais où on a...
Mme Lambert (Manon) : ...le
même... le même problème. Est-ce qu'on est... Est-ce qu'on doit aller jusqu'à
un décret ministériel pour avoir un projet pilote qui nous permette de tester
sur un autre processus quelque chose qui existe déjà dans le Code des
professions? Alors, il nous semble que c'est un... c'est un tout ou rien. Tous
les projets pilotes devraient être encadrés par ce mécanisme-là. Est-ce qu'il
n'y a pas moyen d'avoir un régime à quelques vitesses par rapport à ça? Ça fait
que c'est plus notre commentaire à ce niveau-là.
Mme LeBel : Donc, vous dites
qu'il y a peut-être certains projets pilotes qui méritent un décret, peut-être
d'autres un arrêté, peut-être d'autres autres choses. C'est ce que vous avez
comme vision.
Mme Lambert (Manon) : Absolument.
Mme LeBel : Encore une fois,
ce n'est pas d'avoir une vision unique, compte tenu qu'on travaille avec le
Code des professions.
Mme Lambert (Manon) : Absolument.
C'est très...
Mme LeBel : Donc, ce n'est
pas ça. O.K.
Mme Lambert (Manon) : Ça ne
serait... Ça ne serait pas du mur-à-mur parce que... les projets pilotes ne
sont pas tous égaux en termes d'impact.
Mme LeBel : Parfait. Bien, je
comprends mieux, l'objectif étant de bien comprendre votre positionnement,
après ça, on pourra y réfléchir et voir où... jusqu'où on peut aller. Parce
que, je le disais tantôt... bien là, ce n'est pas le cas des projets pilotes,
mais je le disais tantôt, on parle... Chaque pas qui est fait, vous le savez,
dans le monde professionnel, je viens du monde professionnel, est une victoire pour
l'ouverture, mais est quand même un pas qui n'est pas toujours simple à faire,
hein? J'ai, d'ailleurs, pris l'occasion, saisis l'occasion ce matin de quand
même saluer l'ouverture du Collège des médecins qui permet de faire plusieurs
pas dans la direction, entre autres, de la prescription. Vous allez avoir un
certain pouvoir de diagnostic, on le sait, qui est au cœur de la définition de
l'existence d'un médecin depuis... bon, je dirais, depuis que la terre est
terre. Donc... Et donc il faut saluer les pas qu'on fait. Et chaque pas est
fait avec beaucoup de discussions. Donc, ce qui pourrait sembler simple, des
fois, est plus complexe, puis on le sait très bien.
Je vais vous parler du pouvoir accru de
prescription, qui est votre... j'en fais... j'en fais une... j'en fais un lien,
qui est votre recommandation numéro 1. Je pense... je ne veux pas me
tromper, là, parce que des fois... j'entends et je lis des choses, donc des
fois je ne sais pas si je l'ai entendu, si je l'ai lu, je pense, c'est le Collège
des médecins ce matin qui nous disait être pour le pouvoir accru de
prescription, mais, sur le moyen d'y arriver, peut-être une autre histoire. Je
vous dirais que nous sommes aussi dans une très grande... dans un très grand
ouverture d'esprit sur le pouvoir accru de prescription. Vous l'avez mentionné,
il se fait déjà dans certains milieux par le biais d'ententes, je ne répéterai
pas... l'acronyme, là, mais dans le biais d'ententes, mais... Et ce que
j'entends surtout de votre part, c'est que, pour l'accès aux citoyens, il
faudrait trouver une solution qu'il soit disponible au plus de monde possible.
Vous le savez pertinemment, parce qu'on a eu des discussions avec vous, mon
collègue en Santé a eu des discussions avec vous, la solution avancée
présentement est le faire par le voie de règlement. Et l'idée, c'est de donner
le pouvoir accru de prescription aux médecins qui sont détenteurs d'une
maîtrise en...
M. Boudreault (Patrick) : ...
Mme LeBel : C'est ça, la
maîtrise que vous venez de mentionner, pour fins d'enregistrement. Donc, je
vais dire... je vais dire détenteur d'une maîtrise, là, mais comprenez que
c'est à elle que je fais référence, pour être sûr de ne pas... et de le faire
par voie de règlement. Advenant... Je comprends que vous prônez une autre
avenue, dont le titre de spécialiste, advenant... et moi, je prône un objectif.
Je vais juste vous entendre. Advenant le cas où, pour toutes sortes de raisons,
on déciderait de le faire, de vous confirmer, parce que vous l'avez déjà à
géométrie variable, mais de confirmer le pouvoir accru de prescription aux
médecins... pas aux médecins, aux pharmaciens qui détiennent ladite maîtrise et
qu'on s'assure que c'est uniforme, donc que tous les pharmaciens qui détiennent
ladite maîtrise ont le pouvoir accru de prescription, parce que, là, ce que
j'entends dans votre propos, c'est qu'il y a une iniquité, donc, je vais dire,
ce n'est pas uniforme, et qu'on décide de passer par la voie d'un règlement,
allez-vous vous opposer au règlement? Parce que j'ai cru entendre que c'était
possible, mais je veux juste qu'on démystifie ça tout de suite.
• (15 h 20) •
Mme Lambert (Manon) : On va
parler d'objectifs, nous autres aussi, de notre côté. On a un double objectif
dans cette démarche-là. La première, évidemment, c'est de donner l'accès.
D'ailleurs, l'Ordre des pharmaciens, depuis le début, on collabore sur la
notion d'accès, puis on pense qu'effectivement on pourrait donner davantage
d'accès avec ça. Puis je pense que, là-dessus, on est d'accord, tout le monde est
d'accord. Ça, c'est notre premier objectif. Et, on s'entend très bien, la
maîtrise en pharmacothérapie avancée, cette maîtrise-là, elle est... elle est,
effectivement, solide, elle nous donne ce qu'il faut en matière d'assurance que
le pharmacien va être en mesure de faire ça. Mais ça, c'est aujourd'hui.
Quand... Au niveau de la structure du Code des professions, une des choses qui
doit... une des responsabilités des ordres, c'est de s'assurer que la qualité
de la formation est maintenue dans le temps. On doit s'assurer, lorsqu'il y a
des modifications majeures de formation, qu'elles répondent toujours aux
objectifs qui sont derrière...
Mme Lambert (Manon) : ...l'activité
qui est donnée à l'ordre, et on doit aussi s'assurer que, lorsqu'on a des gens
qui viennent, par exemple d'autres provinces, qui ont aussi des résidences en
pharmacie, mais pas nécessairement des maîtrises, d'être en mesure d'avoir les
mécanismes réglementaires ou législatifs pour accorder des équivalences de
diplômes. Bien, pour ça, il faut qu'on ait une... qu'on puisse assujettir ces
éléments-là au niveau du comité de la formation, d'une part, ou qu'on puisse...
puis au niveau des équivalences, qu'on puisse soit avec un titre de spécialiste
ou un permis. Évidemment, les pharmaciens ont déjà un permis.
Mais donc, nos deux objectifs, qui sont
l'accès et la protection du public, hein, c'est quand même l'activité la plus
hautement préjudiciable qu'on va donner à nos membres, c'est-à-dire, c'est un
pouvoir de prescrire élargi pour des clientèles instables. C'est ça qu'il faut
comprendre. Donc, c'est notre activité la plus hautement préjudiciable. Vous
comprenez qu'on veut avoir des mécanismes de protection et d'encadrement qui
vont nous permettre de travailler avec nos partenaires. Et le comité de
formation de l'Ordre des pharmaciens est un des comités modèles, là. J'avais
quelqu'un du ministère de l'Éducation ce matin qui disait comment elle trouvait
que le comité fonctionnait bien. Mais donc, on veut que l'examen de cette
formation-là puisse être fait au niveau du comité de la formation. Puis il y a
le mécanisme de délivrance de titre des spécialistes qui, en vertu du Code des
professions, nous permette d'arriver à cet objectif-là.
Mme LeBel : Ça fait que je
vais reprendre, accrochons-nous à l'objectif. Donc, je comprends que deux
objectifs, finalement, c'est de s'assurer que les gens qui ont cette maîtrise
spécialisée là puissent bénéficier du pouvoir accru de prescription, alors que
c'est possible présentement, au moment où on se parle. Au moment où on se
parle, comment vous vous assurez du pouvoir de surveillance?
Mme Lambert (Manon) : Au
niveau du pouvoir de surveillance, sur la formation, on n'en a pas.
D'ailleurs... D'ailleurs, le pouvoir de surveillance sur nos membres, on l'a.
O.K.? C'est le pouvoir de... C'est parce que si on donne une activité en vertu
d'une formation, le Code des professions prévoit déjà... C'est vraiment la
structure que l'ordre et les maisons d'enseignement s'assoient ensemble et
s'assurent que la formation, non seulement elle est actuelle et permet de
répondre aux impératifs de protection du public, mais dans cinq ans, dans
10 ans, ça va demeurer le cas. Actuellement, la maîtrise, puisqu'elle ne
donne pas ouverture à un titre de spécialiste ou à une délivrance de permis,
elle n'est pas discutée au comité de la formation, et la maîtrise a subi il y a
plusieurs années une refonte en profondeur. En fait, on est passé du diplôme en
pharmacie d'hôpital à la maîtrise, d'un programme de 12 à 16 ou 18 mois,
et l'ordre n'a pas été consultée parce que ce n'est pas une formation qui donne
ouverture.
Ça fait que, notre contrôle sur les
membres, on l'a déjà, on l'a déjà, c'est le contrôle sur la formation. Et il
faut comprendre que le Code des professions, quand on donne des activités
réservées, c'est basé d'abord et avant tout sur la question de la formation. Le
permis est toujours donné en fonction de... est toujours donné en fonction d'un
diplôme. Et il y a un mécanisme au niveau du Code des professions qui permet de
concilier deux solitudes, donc les maisons d'enseignement et les ordres
professionnels qui discutent de la qualité de la formation, qui discutent des
besoins pour la protection du public. Parce qu'il faut comprendre que ce ne
sont pas tous les doctorats... les docteurs en pharmacie qui vont exercer
demain matin. On comprend que c'est la large majorité, mais la faculté a une
vision beaucoup plus large que simplement l'ouverture à un permis, et donc il
faut qu'on s'assure qu'ils ont toujours en tête les besoins de protection du
public que nous, on a.
Mme LeBel : Merci. C'était
vraiment pour être capable d'avoir un meilleur éclairage. Donc, l'idée... Je
vais retenir, là, les notions d'ouverture, c'est-à-dire de permettre aux gens
qui ont cette qualification-là ou cette formation-là de pouvoir bénéficier du
pouvoir accru puis toujours, parce que c'est un accès supplémentaire pour tout
le monde, et de s'assurer qu'il y a une façon de bien s'assurer que leur
formation ou leur compétence est maintenue, et on verra si c'est par la
création d'un titre ou non.
Parce que je vous dirais que, d'entrée de
jeu, je suis dans une espèce de mouvance de vouloir ouvrir le service
professionnel plutôt que de tenter, peut-être, de créer d'autres titres et
d'autres spécialités à l'intérieur même du service, qui pourraient, peut-être,
avoir un effet de carcan. Mais je comprends les deux préoccupations puis on va
réfléchir à tout ça. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
Mme LeBel : C'est terminé.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Donc, M. le
député, d'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin : Oui. Merci, M. le
Président. Je vous remercie d'être là aujourd'hui. Merci pour le mémoire que
vous avez produit. Quand vous nous avez expliqué votre mémoire tout à l'heure,
vous avez parlé EPAP. Et je suis un peu curieux, je ne suis pas un spécialiste
des EPAP, mais...
M. Morin : ...il y en a... Il
y en a combien présentement au Québec?
M. Boudreault (Patrick) : Actuellement,
il y a environ 900 EPAP au Québec, c'est... Donc, ça veut dire que c'est des
pharmaciens et des équipes médicales qui se mettent ensemble pour négocier une
offre de soins au bénéfice des patients. Et ils vont déterminer quelles
activités vont être faites par le médecin et par les pharmaciens, et on
vient... les chefs de départements ou chefs de service vont les signer. Et ça
vient pour... Les gens qui sont signataires vont pouvoir faire des... vont
avoir des droits de... Donc, on a travaillé des droits de prescrire accrus de
cette manière-là.
En oncologie, par exemple, on en voit,
très certainement. Pendant que le médecin voit les patients, les diagnostique,
le pharmacien peut être dans l'ajustement, de manière autonome, par exemple, de
tout ce qui est des thérapies, soit la chimiothérapie ou soit aussi toute la
médication de support qui entoure la chimiothérapie.
Je vais vous donner un exemple qui
démontre la limite des EPAP. Je suis avec mon équipe médicale sur l'étage, je
suis en oncologie, mon patient a sa chimiothérapie, deux jours après, il va
moins bien et se présente à l'urgence. Moi, comme pharmacien, c'est mon
patient. Je l'ai vu il y a deux jours. J'arrive à l'urgence, bien, je ne suis
plus dans mon EPAP, là, je ne suis plus avec mes médecins d'en haut, je suis
avec les urgentologues et peut-être d'autres consultants qui sont non
signataires à mon EPAP. Et là je dois revenir à l'ancienne façon d'être... par
suggestion avec mon équipe médicale. Je suis le même pharmacien, j'ai les mêmes
compétences, mais, par rapport aux... et c'est mon même patient, et, par le
lieu physique où est mon patient, ça change mes conditions, ça change mes
modalités de pouvoir intervenir auprès des patients. C'est ce qui... c'est ce
qu'on veut démontrer. Les EPAP nous ont permis de faire... on parle de projet
pilote depuis ce matin, ça nous a permis de faire un superbe projet pilote, ça
nous a permis de faire des pas en avant, mais l'EPAP nous démontre aujourd'hui
la limite, et c'est pour ça qu'on veut faire le pas de plus pour démocratiser
cette activité-là. Les EPAP nous ont permis de démontrer que les pharmaciens
faisaient bien le travail, que c'était efficient, que c'était sécuritaire.
Maintenant, il faut aller... il faut aller plus loin.
Mme Lambert (Manon) : Et, si
vous me permettez...
M. Morin : Oui, oui, bien
sûr.
Mme Lambert (Manon) : ...j'ajouterais
un élément, c'est qu'actuellement la décision de signer des EPAP, c'est deux
groupes de professionnels qui décident ou pas de signer une EPAP. L'idée d'élargir
ça à l'ensemble du Québec, c'est que ça devient maintenant une décision
d'organisation du travail et une décision de l'établissement de savoir :
Est-ce que je veux en avoir, des pharmaciens? Est-ce que je veux confier à des
gens qui ont la formation une partie des soins pour libérer les médecins, qui
pourraient donner de l'accès pour, par exemple, faire des diagnostics plus
importants?
Donc, ça n'a l'air de rien, là, mais ce
qu'on vous propose, c'est que ça permet de passer d'une décision entre départements
ou entre professionnels à une décision organisationnelle. Parce qu'une fois que
les pharmaciens ont la possibilité de faire ça, c'est l'organisation des soins
et des services au sein même des établissements qui va déterminer où est-ce
qu'on met les pharmaciens... Il me semble que ça, c'est un avantage quand même
fort intéressant.
M. Morin : O.K. Alors, si je
vous comprends bien, vous avez un patient qui est traité pour un cancer, qui a
un traitement en oncologie, là, il peut y avoir une EPAP, l'équipe médicale,
médecins et pharmaciens, vont travailler ensemble. Le patient a son traitement,
il s'en va chez lui, mais, comme vous l'avez bien expliqué, deux jours après,
il ne se sent pas bien, donc, il n'a pas nécessairement un autre rendez-vous en
oncologie. Il ne va vraiment pas bien, il se présente à l'urgence, et là,
forcément, il devrait voir un urgentologue, mais le pharmacien, lui, peut être
dans l'hôpital, admettons que ce soit dans un centre hospitalier, il peut être
dans l'hôpital, c'est son patient, il pourrait régler le problème, mais là il
n'aura... Vous me dites qu'il n'aura pas accès au patient ou Le patient ne
pourra pas être vu par le pharmacien ou l'urgentologue? Je veux juste m'assurer
de bien comprendre.
• (15 h 30) •
M. Boudreault (Patrick) : Oui,
je vais avoir quand même accès au patient, bien entendu, le patient, il est
connu par moi, je vais vouloir épauler l'urgentologue, mais je ne serai pas
dans une dans une collaboration aussi facilitée que j'ai avec mes hématologues
qui me permettent de prescrire de manière... pour des... s'il est arrivé à
l'urgence pour des effets secondaires, là, il est aux soins de l'urgentologue,
et là je suis dans une dynamique où je vais être... je vais voir le patient,
mais je vais être plus dans de la... je vais lui proposer, je vais lui
conseiller des marches à suivre ou je vais suggérer, par exemple, soit l'ajout
ou soit la cessation de telle thérapie médicamenteuse. Donc, dans ma modalité
d'intervention, je vais être plus... je vais être moins efficace pour
intervenir auprès du patient, patient que je connais peut-être depuis trois,
quatre ou cinq cycles de chimiothérapie.
M. Morin : De traitement.
Puis là, évidemment, l'urgentologue, bien, vous allez travailler avec, mais il
faut quand même qu'il vous écoute. Ça va être lui qui va... ou elle qui va
prescrire, puis là, bien, le pharmacien est à côté.
Des EPAP, est-ce qu'il y en a dans...
15 h 30 (version non révisée)
M. Morin : ...toutes les
régions du Québec, ou si c'est localisé dans certains endroits, ou...
M. Boudreault (Patrick) : Il
y a quand même une bonne variété de couvertures sur le territoire des ÉPAP. On
s'aperçoit qu'il y a des spécialités médicales et pharmaceutiques, là, qui
permet... où il y en a plus, l'oncologie, par exemple, les soins intensifs dans
certains... où on le voit, on le voit plus et... mais c'est que ça fonctionne.
Mais on pourrait... on pourrait aller un petit peu plus loin, et ça ne veut pas
faire... J'entendais aussi les collègues du Collège des médecins ce matin. Le
fait d'avoir... d'élargir la possibilité de prescrire de manière autonome ne
veut pas dire que les pharmaciens et les médecins et les IPS, et les autres
professionnels travailleront en solo. Si on n'a pas d'ÉPAP, ça ne veut pas dire
qu'il ne faut pas s'entendre et travailler sur une offre de soins et de s'assurer
ensemble qui fait quoi, pour éviter les duplications et que, pour le patient,
ça soit confondant.
M. Morin : Merci. Maintenant,
je reviens à notre discussion d'il y a quelques minutes. Qu'est-ce qu'on peut
faire pour aider à solutionner l'enjeu que vous décrivez, puisque l'objectif du
gouvernement, avec le projet de loi, c'est d'élargir des pratiques dans le
domaine de la santé et des services sociaux? Avez-vous une recommandation
précise?
M. Boudreault (Patrick) : Bien
sûr, oui. Alors, le projet de loi et les règlements qu'on travaille
actuellement vont permettre déjà d'élargir le droit de prescrire pour les
pharmaciens qui sont... pour tous les pharmaciens. Ce que l'on veut, c'est que,
pour... Puis ces pharmaciens-là vont pouvoir avoir un droit de prescrire pour
les patients stables qui sont à peu de risques de se détériorer. Ce que l'on veut,
c'est de donner, pour les 1500 pharmaciens détenteurs de la maîtrise en
pharmacothérapie avancée, la possibilité d'avoir ce droit de prescrire là, mais
pas uniquement pour des patients stables à faible risque de se détériorer, mais
aussi pour des patients instables qui pourraient, par exemple, être dans nos
urgences, dans nos soins intensifs ou dans nos unités ou... dans nos unités de
soins aigus. Donc, qui permettrait de faire... d'aller plus loin, parce qu'ils
ont la compétence, parce qu'ils ont la maîtrise et parce qu'ils ont acquis les
compétences pour pouvoir agir sur ces patients plus complexes.
M. Morin : Parfait.
M. Desgagné (Jean-François) : Si
vous permettez...
M. Morin : Oui, bien sûr.
M. Desgagné (Jean-François) : ...des
pharmaciens avec une maîtrise en pharmacothérapie avancée, il y en a, bien
entendu, dans les départements de soins critiques, dans les urgences, dans les
hôpitaux, les petits, les gros, il y en a dans les GMF aussi. Puis l'Université
de Montréal a développé également une maîtrise en pharmacothérapie avancée
ambulatoire. Donc, éventuellement, ils vont en avoir de plus en plus dans les
pharmacies communautaires qui vont offrir des soins cliniques avancés dans des
cadres avec une certaine autonomie. Donc, dans tout le contexte de la prise en
charge des patients orphelins, je pense que, dans la détermination d'un
parcours de soins d'un patient, d'avoir ces gens-là avec une autonomie
supplémentaire, une formation bien adaptée, je pense qu'on peut faire un pas
justement pour essayer d'organiser les soins sur un... dans un milieu, dans un
parcours efficace puis efficient.
M. Morin : Parfait. Il me
reste combien de temps?
Le Président (M.
Bachand) :3 min 50.
M. Morin : Trois minutes.
Alors, je vais céder la parole à ma collègue.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de La Pinière,
pour 3 min 49, maintenant.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Alors, bien, je vais vous poser la question : Est-ce que ces
spécialistes pourraient également faciliter les choses dans le soutien à
domicile? Parce qu'on parle beaucoup de soutien à domicile.
Mme Lambert (Manon) : Bien,
en fait, c'est sûr qu'un des avantages d'y aller avec un titre, c'est aussi de
pouvoir identifier les personnes, donc, ceux qui sont détenteurs pour pour le
public et pour les autres professionnels. Et c'est clair qu'il y a une question
d'organisation du service là-dessus. Mais, notamment, on a discuté, il n'y a
pas longtemps, de la trajectoire des patients avec des médicaments
antinéoplasiques par voie orale, on appelle ça les mammos dans notre jargon. Et
évidemment un pharmacien de première ligne n'a pas le volume de patients qu'un
pharmacien en oncologie peut avoir. Et effectivement on pense qu'éventuellement
de délivrer des types de spécialistes pourrait favoriser l'identification de
corridors de soins. Puis il y a une certaine forme de hiérarchisation des soins
qui ferait en sorte que le patient, par exemple, qui a un médicament
antinéoplasique...
Puis ça arrive tout le temps comme ça, c'est
le vendredi soir, les effets secondaires commencent. Le pharmacien... le
pharmacien communautaire ne sait pas trop quoi faire avec ça, parce qu'il n'a
pas la même acuité au niveau des soins, parce qu'il n'a pas le même volume, il
n'a pas la même spécialisation. Actuellement, son réflexe, ça peut être d'envoyer
le patient à l'urgence. Si on établissait de bons corridors de services, puis
que le pharmacien spécialiste était en support au pharmacien communautaire, il
pourrait peut-être, via une téléconsultation ou un appel, essayer de guider le
pharmacien et faire en sorte qu'on va tenir le patient loin de l'urgence. Ce n'est
pas le fun, pour un patient, aller à l'urgence, et par ailleurs, bien, ça a des
coûts aussi pour le système. Donc, on pense qu'il y a une...
Mme Lambert (Manon) : ...c'est
moins de notre travail, je vous dirais, les ordres n'organisent pas les soins,
mais on donne une possibilité de mieux organiser les soins et les services.
M. Desgagné (Jean-François) : Si
vous me permettez de compléter et juste de bonifier. Moi, je suis pharmacien
communautaire depuis 30 ans et je peux vous affirmer une chose, malgré le
fait que je m'entends bien avec tout le monde, là, mais il n'y a pas mieux
qu'un pharmacien pour comprendre ma réalité de pharmacien. Puis quand je parle
à mes collègues, moi, je suis dans le Bas-Saint-Laurent, à Trois-Pistoles, puis
quand je parle à mes pharmaciens, collègues d'oncologie à Rimouski ou à
Rivière-du-Loup, ces gens-là, on règle les problèmes ensemble. L'exemple de
corridor de soins avec un... avec un point d'expertise, on l'a vu dans la
prescription du Paxlovid, pendant la pandémie, les pharmaciens québécois ont
été les premiers pharmaciens au monde à pouvoir prescrire le Paxlovid. Dans les
pharmacies communautaires, on pouvait initier ce traitement-là. Et on avait mis
en place des pôles d'expertise dans les centres hospitaliers où les pharmaciens
communautaires pouvaient référer dans une situation où ils se sentaient
inconfortables, où on avait besoin d'un support. Et ça fonctionnait très, très
bien.
Mme Lambert (Manon) : Le
problème par contre, actuellement, c'est que, si tu connais la bonne personne,
tu vas pouvoir appeler à l'hôpital puis parler au pharmacien, si tu es à
Montréal puis tu ne connais pas le pharmacien hospitalier en oncologie, bien,
tu vas peut-être avoir de la misère. Alors, il faut mieux organiser ces
trajectoires de soins là. Et la hiérarchisation des services par... notamment
par le titre de... l'identification des spécialistes, pour nous, il y a... il y
a... il y a une piste pour mieux organiser les soins et services.
Une voix : Merci.
Le Président (M.
Bachand) :...députée. M. le député de
Saint-Henri-Sainte-Anne, s'il vous plaît.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup. Continuons la discussion sur ce point-là. Selon vous, qu'est-ce qui
amène ou cause une résistance actuellement à ce que ça vous soit octroyé, ça,
comme proposition ou comme demande?
Mme Lambert (Manon) : Bien,
on n'est évidemment pas dans la tête... on n'est pas dans la tête des gens.
C'est sûr que... C'est sûr... Puis ce n'est pas notre... ce n'est pas notre
travail. Il pourrait y avoir des velléités à demander des augmentations,
j'imagine, hein? Un spécialiste va peut-être demander une rémunération
supplémentaire. Maintenant, moi je dis toujours que, si on fait faire les
bonnes choses par les bonnes personnes, avec le bon niveau de compétence, ni
trop ni pas assez, bien, si on prend un pharmacien qui est capable de prendre
une partie, de façon autonome, des soins médicaux qui pourraient être offerts,
bien, on vient de faire... de faire diminuer notre coût par cas puis notre
efficience. Alors, est-ce que... est-ce qu'il y a ça.
Vous savez, la notion de spécialiste
aussi, ça amène toutes sortes aussi de préoccupations par rapport à créer des
classes. Il y a... Il y a... Il y a probablement toutes sortes de
préoccupations à ce niveau-là. On n'est pas dogmatiques, mais nos deux
objectifs, on y tient, l'accès et...
M. Cliche-Rivard : Le
deuxième, vous n'êtes pas capables d'y arriver, vous pensez, sans la notion de
spécialiste?
Mme Lambert (Manon) : Il
faudrait qu'on s'assoie puis qu'on puisse discuter sérieusement. Mais d'avoir
un mécanisme, je dirais, qui va être aussi solide, là, tu sais, pas avoir
quelque chose de... comment je dirais ça, d'improviser. Il faut qu'on s'assoie
puis être certains que n'importe quel autre mécanisme nous donnerait le même...
le même résultat, là. Parce que...
M. Cliche-Rivard : Vous ne
pourriez pas faire, par exemple, un règlement de pratique qui dit que la seule
personne habilitée est celle qui détient cette formation continue?
• (15 h 40) •
Mme Lambert (Manon) : C'est
ce qu'on... C'est ce qu'on fait. Sauf que, si je reviens à mon explication
tantôt, si on fait ça avec cette formation-là, c'est que là, l'ordre échappe,
donne une activité réservée à une personne qui a une formation. On est
confortables avec la formation aujourd'hui, sera-t-on confortable dans
10 ans? Nous n'aurons pas de moyen d'examiner ça comme on le fait pour la
formation initiale. La formation initiale des pharmaciens, l'ordre et les universités,
les facultés, on s'assoit ensemble puis on regarde l'évolution. Puis quand il y
a eu des évolutions majeures de la formation, il a fallu que notre comité de
formation envoie... je regarde Mme Derome, envoie une résolution à l'office
pour dire : On est... Oui, on est d'accord. Puis notre comité de formation
a eu l'occasion d'examiner les changements et se montre satisfait de cette
formation-là pour permettre aux pharmaciens de continuer à exercer les
activités qui leur sont réservées, qui sont des activités à risque de
préjudice.
M. Cliche-Rivard : Puis, par
exemple, la réussite d'une formation continue gérée par l'Ordre, ce n'est pas
possible, ça, comme...
Mme Lambert (Manon) : La
maîtrise en pharmacothérapie, là, c'est 60 crédits universitaires répartis
sur 16 à 18 mois. On n'est pas... On n'est pas dans le même registre.
M. Cliche-Rivard : On n'est
pas là-dedans, là. On n'est pas dans : Faites votre 3 h de
déontologie.
Mme Lambert (Manon) : Non,
vraiment pas, vraiment pas.
M. Cliche-Rivard : On
s'entend. Parfait. Dernière question, en vous laissant. Vous avez beaucoup
insisté là-dessus. Est-ce qu'il y a d'autres choses pour lesquelles vous avez
formulé des demandes qui ne se retrouvent pas finalement dans cette modification-là
ou du projet de loi ou si vous êtes grosso modo satisfaits, mis à part cet
élément-là?
Mme Lambert (Manon) : Bien,
la ministre nous a quand même parlé de l'article... l'article 21. On a
parlé de notre recommandation...
Mme Lambert (Manon) : ...notre
recommandation 2. Il reste peut-être la question des OSBL, où
effectivement on a une situation particulière. On est le seul ordre à avoir le
droit de propriété, hein? Parce que, je dis toujours, on détient les narcos
puis on ne voudrait pas qu'un motard... un motard criminalisé soit propriétaire
d'une pharmacie. Mais on trouve quand même l'idée intéressante, mais on
pense... Notre analyse juridique nous conduit à dire qu'on serait le seul ordre
où on ne pourrait pas créer d'OSBL à cause de la Loi sur la pharmacie. C'est
notre analyse, on pourra en discuter. Mais on trouve quand même l'idée
intéressante. On peut penser par exemple, vous savez, à l'instar de la médecine
dentaire, qui ont une clinique pour les étudiants supervisés par des dentistes
à l'université. Il y a des choses qui peuvent être intéressantes, puis on
trouverait ça dommage de se priver de cette possibilité-là. Mais il faut tenir
compte de notre environnement quand même commercial autour, et tout ça. Ça fait
qu'on veut s'assurer...
M. Cliche-Rivard : On
pourrait l'analyser quand même.
Mme Lambert (Manon) : Oui,
c'est sûr ça, de bien faire les choses si on va par cette voie-là.
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
M. Cliche-Rivard : O.K. Merci
beaucoup.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. C'est tout ça
qu'on a ensemble. Merci beaucoup encore une fois d'avoir été avec nous.
Cela dit, je suspends les travaux quelques
instants pour accueillir le prochain groupe. Merci beaucoup puis à bientôt.
Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 43)
(Reprise à 15 h 47)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît, la
commission reprend ses travaux. Il nous fait plaisir... d'accueillir, pardon,
les représentantes de l'Ordre des psychologues du Québec. Alors, bienvenue.
Merci beaucoup d'être avec nous cet après-midi. Je vous inviterais d'abord à
vous présenter puis à débuter votre exposé, s'il vous plaît. Merci beaucoup.
Mme Grou
(Christine) :Oui. Alors, M. le Président,
Mme la ministre, Mmes et MM. membres de la commission, l'Ordre des psychologues
du Québec vous remercie de cette invitation à comparaître aujourd'hui devant
vous dans le cadre du projet de loi n° 67, et nous sommes particulièrement
heureux de ce projet de loi qui vise l'élargissement de certaines pratiques
dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines.
Je suis la Dre Christine Grou, présidente
de l'Ordre des psychologues du Québec. Je suis neuropsychologue et psychologue
clinicienne depuis longtemps. J'ai eu une pratique en psychiatrie pendant
30 ans, aussi en cabinet privé, donc à l'hôpital Louis H. Lafontaine, en
santé mentale, puis devenue l'Institut universitaire de santé mentale par la
suite. Et j'ai fait aussi beaucoup d'expertises psycholégales. J'ai travaillé
25 ans au sein d'équipes multidisciplinaires avec des collègues médecins
psychiatres et autres spécialistes. Et je suis accompagnée de Me Édith Lorquet,
qui est directrice des services juridiques à l'ordre, qui compte plus de
35 ans d'expérience dans le système professionnel, comme en témoigne son
grand âge, dont la direction chapeaute les activités réservées et la pratique
illégale, et c'est aussi notre historienne des activités réservées en santé
mentale.
Nous limiterons nos commentaires donc à
l'article 3 du projet de loi qui modifie l'article 37.1 du Code des
professions, c'est-à-dire permettre aux psychologues et neuropsychologues
d'utiliser le terme diagnostic pour faire part de leurs conclusions cliniques.
Il est important de mentionner d'entrée de
jeu que tous les ordres qui oeuvrent en santé mentale qui sont concernés par le
projet de loi n° 67, soit le Collège des médecins du Québec, l'Ordre des
infirmières et infirmiers du Québec, l'Ordre des psychologues, l'Ordre des
orthophonistes audiologistes, l'Ordre des conseillers d'orientation et l'Ordre
des sexologues appuient sans réserve les modifications apportées à
l'article 37.1 du code.
Peut-être, un mot sur le champ d'activité
des psychologues, c'est-à-dire évaluer le fonctionnement psychologique et
mental, et déterminer, recommander, effectuer des interventions et traitements
pour favoriser la santé psychologique ou rétablir la santé mentale. Parmi les
activités qui ont été réservées aux psychologues, outre la psychothérapie, on
retrouve l'évaluation des troubles mentaux incluant le retard mental et
l'évaluation des troubles neuropsychologique pour les détenteurs
d'attestations.
• (15 h 50) •
Un mot aussi sur le nombre de membres de
l'ordre qui exercent les services diagnostiques. C'est à dire que sur les
9 400 quelques membres de l'ordre, il y en a plus de 8 300 qui sont
actifs au Québec et il y en a, au total, plus de 6 600 qui exercent, soit
l'évaluation des troubles mentaux ou l'évaluation des troubles neuropsychologique,
c'est-à-dire pour l'évaluation des troubles mentaux seulement, c'est
5 537, alors donc 68 % de notre membership offre des services
diagnostiques.
Juste pour que tout le monde soit bien
fait, la formation initiale du psychologue, c'est une formation de doctorat de
troisième cycle depuis 2006. C'est-à-dire qu'après un baccalauréat de
90 crédits de trois ans à l'université, le futur psychologue va compléter
un doctorat. Et puis, normalement, ça prend en moyenne six ou sept ans après le
baccalauréat, donc pour un total de près d'une dizaine d'années d'études
universitaires.
Pendant son cursus doctoral, le doctorant
va acquérir différentes compétences. Mais les deux majeures sont les
compétences d'intervention et les compétences d'évaluation. Pour la compétence
d'évaluation, puisque c'est celle qui nous intéresse, évidemment, elle s'appuie
sur une solide formation théorique, mais aussi sur 2 300 heures de
formation pratique, dont une petite partie se passe à...
Mme Grou
(Christine) :...université et un an à
temps complet dans le milieu, donc, pour une majeure dans le réseau public de
la santé. Et la compétence évaluation, les doctorants vont acquérir les
méthodes d'évaluation, la structure du fonctionnement humain, le diagnostic
psychologique, neuropsychologique, les notions de base en pharmacologie qui
vont influencer le comportement, les facteurs à considérer, notamment les
affections médicales, facteurs contextuels ou psychosociaux qui vont
influencer, la psychopathologie, la neuropsychopathologie puis les bases
biologiques du comportement.
Peut-être juste un mot... si on revient
sur le guide explicatif du projet de loi no 21, on mentionne :
«L'évaluation implique de porter un jugement clinique à partir des différentes
sources d'information et de les communiquer. Le médecin et le psychologue
peuvent évaluer les troubles mentaux, c'est-à-dire porter un jugement clinique
à partir des informations dont ils disposent sur la nature des affections
cliniquement significatives qui se caractérisent par le changement des modes de
pensée, des humeurs ou des comportements associés à une altération des
fonctions mentales et ils sont habilités à en communiquer les conclusions.»
Alors, c'était juste une introduction pour dire qu'il ne s'agit pas d'une activité
nouvelle. Donc, c'est clair que l'évaluation, le type d'évaluation qui est lié
à l'identification des troubles et qui implique de porter un jugement clinique
est une évaluation de nature diagnostique.
Maintenant, quand on a réservé les
activités en santé mentale, faute de pouvoir utiliser le terme «diagnostic», il
a fallu faire des contorsions puis trouver un vocabulaire alternatif, notamment
«l'évaluation des troubles mentaux» ou «l'évaluation des troubles
neuropsychologiques». Et, évidemment, force nous est de constater que, 12 ans
après, on a toujours des impacts de cette confusion sémantique. Il y a une
confusion pour le public, pour les décideurs, les employeurs, les assureurs,
les tribunaux, les ministères, même les professionnels eux-mêmes.
Alors, en conséquence, on exige encore de
la population, pour avoir droit à des services de santé mentale, à des
exemptions ou une aide financière, à des déductions ou une indemnisation, un
certificat médical, même s'il a vu un psychologue, même si le psychologue a
fait son évaluation des troubles mentaux, qui est une évaluation diagnostique.
Alors, ça implique que la personne doit voir un deuxième professionnel,
notamment le médecin. Pour ceux qui n'en ont pas, ils doivent trouver un
médecin de famille. Souvent, ça occasionne des attentes et ça occasionne des
coûts humains, des coûts financiers qui sont inutiles dorénavant.
Alors, à titre d'exemple, quelqu'un, par
exemple, qui fait un épisode dépressif et qui se retrouve dans le bureau de son
psychologue pour diagnostic et traitement, bien, il pourrait directement
envoyer le diagnostic aux assureurs, qui serait reconnu, et en évitant l'étape
supplémentaire de la certification. Même chose pour la personne qui souffre
d'un trouble du spectre de l'autisme puis qui aurait des contraintes sévères à
l'emploi, par exemple. Bien sûr, il va falloir repenser les trajectoires de
services parce que tous les professionnels autorisés à poser des diagnostics
vont pouvoir collaborer entre eux, et ça pourrait éviter des consultations vers
des médecins spécialistes qui ne sont plus nécessaires pour obtenir un
diagnostic.
Dans le réseau public de la santé,
l'évaluation des psychologues pourrait donner accès direct à des programmes
clientèles pour obtenir des traitements, donc un accès plus direct aux soins.
En première ligne, on sait qu'il y a 40 % des consultations médicales chez
les 18-24 ans, par exemple, qui ont pour origine des problèmes de santé
mentale. Dans la population générale, on sait qu'il y en a une grande proportion
également. Alors, si le diagnostic des psychologues était reconnu, bien, il y
aurait une contribution significative, à notre avis, au désengorgement,
d'autant que le traitement des troubles mentaux, au premier chef, c'est souvent
la psychothérapie. Alors, ça permettrait, évidemment, de déterminer la
nécessité d'un arrêt de travail, la possibilité d'un retour à l'emploi, pour un
trouble mental, les contraintes à l'emploi ou encore une rente d'invalidité
pour des troubles mentaux ou des troubles cognitifs de nature
neuropsychologique.
Bien sûr, il faudra qu'il y ait une
deuxième étape, c'est-à-dire que, si le projet de loi passe, il faudrait revoir
le corpus législatif, les règlements, les directives administratives, dans le
secteur public comme dans le secteur privé, pour que le diagnostic posé par les
psychologues ou les professionnels habilités soit reconnu. Et il faudrait, dans
un deuxième temps, communiquer adéquatement cette information au grand public,
aux décideurs et aux organisations, puis, là-dessus, on fait confiance au
législateur.
Alors, en conclusion, pour nous, il ne
s'agit pas d'une activité nouvelle, donc, il s'agit d'une activité pour
laquelle la démonstration de la formation, la démonstration de la compétence
avait été faite il y a déjà longtemps. Alors, nous saluons ce projet de loi,
nous saluons le courage...
Mme Grou
(Christine) :
...de ces
changements-là, mais nous saluons le fait qu'ils ont été faits de façon
réfléchie, donc, à la suite de nombreuses consultations.
Alors, peut-être un dernier mot pour dire
que si, pour nous, ce n'est pas un changement majeur à nos activités, puisqu'on
le pratiquait déjà, c'est un petit pas pour les professions, mais c'est
certainement un pas de géant pour la population.
Le Président (M.
Bachand) :Merci infiniment. Mme la
ministre, s'il vous plaît.
Mme LeBel : Merci, M. le
Président. Mais merci, merci beaucoup pour cette présentation et merci pour
votre apport à cette réflexion-là, surtout pour la suite de nos travaux. Parce
que, bon, je comprends que, dans votre historique, que vous avez pris soin de
nous présenter, pour vous, le fait d'accorder cette capacité de diagnostic là
est une reconnaissance de quelque chose que vous faisiez déjà, mais qui va
être... vous avez fort raison de le mentionner, qui va être très significative
pour la population, cette reconnaissance. Donc, on n'a pas... vous allez me
permettre, de temps en temps, des fois, de peut-être ne pas être exacte, là,
mais vous pourrez me corriger, mais va éviter d'aller se faire confirmer,
disons, par un médecin ou par un professionnel qui a la capacité officielle et
non pas la compétence, mais la capacité officielle de diagnostic. Donc, on
sauve une étape pour beaucoup de gens qui ne comprenaient pas pourquoi, avec
cette évaluation... Parce qu'au moment où on se parle, c'est une évaluation en
main, ils ne pouvaient pas faire la suite des actions, et je pense que c'est
très important de le reconnaître. Puis je salue qu'on ait été capables, tous
ensemble... parce que c'est... vous l'avez dit, ce sont des actions de groupes,
et de concerter, de consultation, d'arriver à cette question-là.
Je comprends qu'il reste encore beaucoup
de travail à faire pour profiter pleinement de cette nouvelle... ce nouveau
diagnostic, pouvoir de diagnostic, là, des fois, je trouve... je suis tellement
au fait des règles professionnelles que, des fois, je me dis : Il y a des
mots qui signifient des choses, mais on se comprend, là, ce nouveau pouvoir-là.
Et vous parlez de toute la révision de l'ensemble du corpus législatif
réglementaire. Bon, ce n'est pas le projet de loi n° 67,
ce n'est pas le Code des professions. Je veux juste qu'on soit très clair.
L'action qu'on doit faire dans le Code des professions, on la fait — O.K.,
parfait — avec le projet de loi n° 67.
Quelles sont les modifications, là, qui devraient être envisagées de façon
prioritaire? Puis on va continuer les discussions avec les instances
concernées, c'est normal, mais pour donner le plus d'effets possibles à cette possibilité-là
qu'on donne dans le Code des professions le plus rapidement possible, quelles
sont les prochaines actions selon vous?
Mme Grou
(Christine) :Bien, je pense qu'il faut
que l'ensemble des professionnels en avise leurs membres puis pour ne pas,
justement, qu'il y ait une confusion à savoir quand tu es dans une équipe de
professionnels, on dit : Oui, oui, c'est du diagnostic, non, ce n'en est
pas, oui, on peut appeler ça comme ça. Là, il s'agit juste d'appeler un chat un
chat puis de dire que c'en est. Et il faudrait aviser la population également.
Mais je vous donne juste un exemple.
Si, par exemple, la compagnie d'assurances
maintient qu'il faut que ce soit le médecin qui signe le certificat pour
l'invalidité, bien, on n'aura pas nécessairement aidé le patient, même si on
change l'article du code. C'est-à-dire qu'il faut qu'il y ait des conséquences
tangibles pour justement éviter que la personne se retrouve à attendre
justement après un deuxième professionnel pour avoir une confirmation du premier
diagnostic qui a été fait adéquatement. C'est juste qu'on va lui sauver une
étape, puis on va désengorger, à mon avis, et on va maximiser l'effet qu'on
veut avoir. Mais, pour ça, bien, il faut que les assureurs... il faut que...
Par exemple, je prends pour exemple les aménagements en milieu scolaire pour
les enfants qui ont des troubles neurodéveloppementaux, c'est la même chose.
C'est-à-dire que... Puis même, tu sais, les rapports d'impôt, si on veut aller
chercher des prestations fiscales, par exemple, pour jeunes handicapés, bien,
il faut être capable de reconnaître... C'est dans ce sens-là que je dis qu'il
faut que les instances en soient informées puis qu'on le reconnaisse, sinon on
va avoir une clarification sémantique, mais ça ne changera pas nécessairement
le cursus de la personne qui va consulter.
• (16 heures) •
Mme LeBel : Il y a un
changement de culture qui devra s'opérer, mais je pense qu'on franchit le
premier pas indispensable à ce changement de culture là, c'est d'écrire noir sur
blanc qu'il s'agit maintenant d'un diagnostic et non pas d'une évaluation. Je
pense qu'on peut le faire. Vous parliez des professionnels entre eux et vous
parlez aussi de culture multidisciplinaire. Peut-être... Entretenez-nous un peu
sur comment vous voyez la suite des choses, puis peut être pour d'autres pas
supplémentaires qu'on pourra faire, pas dans le projet de loi n° 67,
là, parce qu'on a bien souligné que ça prenait des discussions, et moi, je
préfère qu'on y aille par consensus, là, parce que c'est très délicat quand on
parle de protection du public. Mais quels sont les pas supplémentaires, selon
vous, qui pourraient...
16 h (version non révisée)
Mme LeBel : ...pouraient être
faits dans ce sens-là?
Mme Grou
(Christine) :Bien, quand on travaille en
milieu psychiatrique par exemple, moi, je travaille en milieu hospitalier
psychiatrique, mais quand on travaille dans n'importe quel milieu hospitalier,
il y a un patient qui arrive, qui est évalué, bien, si on peut donner accès aux
professionnels habilités... C'est-à-dire que, si c'est le psychologue qui fait
l'évaluation, par exemple, puis qui pose le diagnostic, est-ce qu'on ne
pourrait pas avoir un accès direct au programme clientèle versus l'évaluation d'un
médecin psychiatre? En centre de réadaptation par exemple, souvent il y a des
professionnels qui sont sur place, qui sont en équipe multi. Je pense à tous
les CRDI, les centres de réadaptation en déficience intellectuelle. Bien, tu
sais, à partir du moment où on... tous les professionnels sont informés de qui
peut poser un diagnostic... Parce que, le terme «évaluation», vous n'avez pas
idée comment ça engendre de la confusion dans un système professionnel, c'est...
parce qu'il y a différents types d'évaluation et toutes les évaluations ne sont
pas de nature diagnostique, mais, quand on se met à parler d'évaluation, là,
tout le monde se met à tout confondre. Alors donc, c'est différent, par
exemple, de faire une évaluation sur l'identification d'un trouble puis de
faire une évaluation sur un signalement en protection de la jeunesse, par
exemple. Dans un cas, on a une évaluation de nature du diagnostic, dans l'autre,
non. Ça fait que je pense que, si on fait disparaître le mot «évaluation» puis
qu'on accepte le mot «diagnostic», déjà on règle une partie du problème. Mais
il va falloir que la population en soit informée.
Mme LeBel : Donc, beaucoup d'information,
d'éducation, de changement de culture. Parce que vous dites : On fait le
premier pas significatif. Mais on va pouvoir... Maintenant, on va pouvoir dire
haut et fort que c'est un diagnostic. C'est déjà une avancée. Mais vous... il
va falloir aussi éduquer les gens autour de nous pour leur faire comprendre que
c'est un diagnostic et la valeur que ce geste a maintenant, là. Il existait
avant, mais je veux dire à valeur reconnue.
Mme Grou
(Christine) :Exactement. Il va falloir
faire reconnaître que c'est vraiment équivalent, c'est-à-dire qu'un psychologue
qui pose un diagnostic de dépression en santé mentale, ou un diagnostic de
troubles psychotiques par exemple, ou quelque diagnostic que ce soit en santé
mentale, bien, c'est l'équivalent d'un diagnostic dans le bureau d'un médecin
ou d'un diagnostic en santé mentale par un autre professionnel habilité. Donc,
je pense qu'à partir du moment où on comprend ça, bien, déjà... on ne va pas
nécessairement tout régler les problèmes d'accès, mais on fait un sacré grand
pas.
Mme Lorquet (Édith) : ...
Mme Grou
(Christine) :Oui.
Mme Lorquet (Édith) : On a...
Mme Grou
(Christine) :Bien, je m'excuse. Me
Lorquet, vous...
Mme LeBel : Oui, pardon.
Allez-y, allez-y.
Mme Lorquet (Édith) : Je vais
prendre mon chapeau, O.K., parce que c'est important quand on dit revoir les
règles administratives, réglementaires et légales. Juste au niveau de la
CNESST, là, si le psychologue était considéré comme un professionnel traitant
et non pas juste au niveau du... quand on veut avoir un traitement de nature
psychologique, mais qu'on lui permettait de faire le diagnostic, de prendre en
charge, de signer un arrêt d'emploi, de signer un retour. Parce qu'en plus ce
qu'il faut comprendre, c'est que, si vous êtes en arrêt de travail, souvent,
pour des raisons psychologiques, vous voyez votre psychologue à la semaine ou
aux deux semaines. En tout cas, je ne veux pas... là, je ne veux pas verser
dans le côté clinique de la chose, là, je veux juste me limiter. Mais je pense
que d'informer, c'est une chose, mais, si on ne fait pas les modifications
réglementaires et les directives de façon concomitante ou après un changement
dans la loi, il n'y aura pas vraiment d'effet. Parce que, si on continue d'exiger
dans les lois, les règlements, pour les assureurs, le diagnostic d'un médecin,
même si on l'écrit au code, que c'est l'équivalent d'un diagnostic, ça va être
extrêmement difficile d'avancer pour la population. Donc, c'est pour ça qu'on
dit qu'il y a une phase deux. Puis ici, on... vous faites bien de le dire, ce n'est
pas dans le cadre du projet de loi n° 67, mais on a déjà commencé les
discussions avec le ministère, on a identifié les obstacles. Ça va très, très
bien. Mais c'est important de le dire, qu'il y a une phase deux à tout ça, pour
qu'il y ait un véritable accès à la population.
Mme Grou
(Christine) :En fait, vous avez un
objectif, donc ce sont les moyens qu'il faut prendre pour arriver à l'objectif.
Mme LeBel : Vous avez bien
écouté depuis tantôt.
Mme Grou
(Christine) :Oui...
Mme LeBel : Bien, merci. Pour
ma part, à moins qu'un de mes collègues ait une question, ça va. C'était très
clair, et vous êtes sur un sujet très ciblé. Donc, merci beaucoup.
Le Président (M.
Bachand) :Ça va. Alors, merci, M. le député
de l'Acadie.
M. Morin : Oui. Merci, merci,
M. le Président. Alors, Dre Grou, Me Lorquet, merci, merci d'être là. Merci
pour votre mémoire. J'aimerais... j'aimerais continuer où on vient d'arrêter un
peu la conversation avec Mme la ministre, parce que vous parlez d'une phase
deux. Bien là, mettons que ce projet de loi là, c'est la phase 1, mais il
y a-tu quelque chose qu'on pourrait faire dans la phase 1 pour améliorer
ou accélérer le processus, qui ferait en sorte que, pour les usagers de la
santé, en général, ceux qui souffrent, bien, ils aient accès à... non seulement
à des soins, mais à un continuum de mesures qui pourrait les aider? Et je
précise, je précise ma pensée. Tout à l'heure, vous vous disiez, bon, un
psychologue pourra poser un diagnostic, mais ce n'est pas comme celui, par
exemple, d'un médecin, mais, pour les fins d'une assurance ou de la CNESST,
bien là, je...
M.
Morin :...comprend que le patient va devoir aller voir un
médecin, éventuellement. Au Québec, on sait, hein, l'accès à un médecin de
famille, ce n'est pas évident, il y a des délais, puis ça, ça n'aide pas le
patient, là, qui souffre. Donc, avez-vous des suggestions, des recommandations
qu'on pourrait regarder tout de suite dans le projet de loi no 67 pour faire en
sorte que ça débloque plus vite?
Mme Grou
(Christine) :Je vais céder la parole à ma
collègue parce que c'est elle, la spécialiste.
Mme Lorquet (Édith) : O.K.
Mme Grou
(Christine) :Non, mais, en fait, je pense
que... Puis je ne le sais pas, si ça peut se faire dans le cadre du projet de
loi no 67, mais ce que je... ce qu'on dit, c'est que, tant qu'on ne révisera
pas tous les règlements et toutes les lois qui exigent un diagnostic fait par
un médecin... Puis c'est souvent comme ça, quand on remplit les formulaires, tu
sais, la clientèle nous les apporte, les formulaires. Alors, quand on le
remplit, bien, si c'est par un médecin ou par un psychologue, par un médecin ou
par un... par un professionnel habilité, tout simplement... C'est-à-dire qu'à
partir du moment où on change les lois pour reconnaître que ce sont des
diagnostics en santé mentale et que, donc, c'est une activité partagée, bien,
on va aider beaucoup, mais, si on ne le fait pas, on aura réglé la confusion
sémantique, mais ça n'aidera peut-être pas la clientèle, vous comprenez?
M.
Morin :Oui, puis... Non, je comprends très bien, puis moi, ce
que j'essaie de faire avec vous, c'est d'aider la clientèle, là, parce que...
parce que ça, c'est des choses qu'on entend, là, sur le terrain, là, bon.
Quelqu'un qui a un accident de travail va voir, par exemple, son psychologue,
la personne ne pourra plus travailler, a des problèmes avec ses assurances, la
CNESST, parce que, bien là, il faut qu'il aille voir un médecin, mais il n'a pas
de médecin, donc là il y a un délai, puis on ne s'en sort pas, puis là on
tourne en rond.
Mme Grou
(Christine) :C'est pour ça qu'on parle
des employeurs, des décideurs, des assureurs, des ministères, parce que les
prestations fiscales, vous savez, tout ce qui est arrêt de travail, retour au
travail, réaménagement au travail quel qu'il soit, prestations d'assurance,
rentes d'invalidité, bien, tout ça va devoir être revu pour que, justement, on
tienne compte du fait que, bien, il y a d'autres professionnels qui sont
habilités à faire du diagnostic en santé mentale.
M.
Morin :Oui, exactement. Là, je comprends, donc, vous allez être
habilités à faire des diagnostics, vous n'êtes pas habilités à prescrire. C'est
ce que vous dites dans votre mémoire. Ça aiderait si vous pouviez être
habilités à prescrire, éventuellement, là?
Mme Grou
(Christine) :Bien, en fait, il y a
plusieurs... il y a plusieurs choses à considérer. Premièrement, tous les
patients qui ont des troubles mentaux... Puis il faut comprendre, là, que la
majorité de la population n'a pas nécessairement des troubles mentaux graves,
ils ont des troubles mentaux courants, puis le premier traitement, ce n'est pas
nécessairement la médication, hein, c'est-à-dire que le premier traitement, c'est
souvent la psychothérapie.
Pour les patients qui ont besoin de
médication, là, c'est sûr que ça prend une consultation. Il n'y a pas que les
médecins qui sont habilités à prescrire, il y a les infirmières praticiennes
spécialisées, maintenant, il y aura les pharmaciens. Puis ce n'est pas exclu,
puis là je ne vous annonce rien, mais ce n'est pas exclu qu'on puisse penser
que certains psychologues qui travaillent dans le réseau, par exemple, ou qui
travaillent plus dans le domaine médical, pourraient venir chercher une
attestation, moyennant une formation spécifique. Donc, on n'est pas là, mais ce
n'est pas exclu qu'on pourrait y penser.
M.
Morin :O.K., vous n'êtes pas là, c'est... Tu sais, parce qu'on
parlait tantôt d'un chemin, d'un objectif, est-ce que c'est un objectif que
vous recherchez? Est-ce qu'on peut vous aider à construire le chemin pour que
vous puissiez y arriver? Parce que, tu sais, moi, je me mets toujours du point
de vue de la population en général, là. Tu sais, quelqu'un qui vient vous voir
puis que, là, vous, c'est clair, vous posez un diagnostic, vous voyez que la
personne, cette fois-ci, elle va avoir besoin de médication, bien là, vous ne
pourrez pas rien faire, là, vous l'envoyez à une infirmière spécialisée ou vous
l'envoyez vers un pharmacien ou un médecin.
• (16 h 10) •
Mme Grou
(Christine) :Exactement, mais, déjà, vers
le pharmacien, un pharmacien est dans la communauté, donc c'est déjà beaucoup
plus facile parce que c'est déjà beaucoup plus accessible. Et ce que je dis,
c'est qu'il faudrait, nous, qu'on se penche sur la possibilité de délivrer une
attestation de formation à des psychologues qui voudraient développer cette
spécialisation-là, justement. Mais cela dit, la loi ne nous autorise pas encore
à le faire, mais ce n'est pas exclu que ça puisse se faire dans les prochaines
années.
M.
Morin :Dans le projet de loi, on parle de possibilité de projet
pilote. On en a parlé un peu plus tôt ce matin. Est-ce que c'est quelque chose
que vous pourriez explorer dans le cadre des dispositions de la loi qui serait
adoptée éventuellement?
Mme Grou
(Christine) :Très certainement. Me
Lorquet.
Mme Lorquet (Édith) : Bien,
c'est ça que je voulais... Comme Dre Grou vient nous dire, O.K., ce qui est
pensable, ce qui est possible parce que nous avons les outils au Code des
professions, on le fait pour certaines personnes, pour qu'elles puissent
évaluer les troubles mentaux. Quand ce n'est pas dans la formation initiale, on
peut prévoir une formation d'appoint. Les pharmaciens en ont parlé, tout à
l'heure, avec les spécialistes. Ça pourrait être pensable. Vous posez la
question, là, aujourd'hui, non, parce qu'on n'en a pas discuté, il n'y a pas eu
de discussion, mais est-ce qu'un jour c'est pensable que les psychologues puissent
prescrire? Oui...
Mme Lorquet (Édith) :
...dépendamment avec une attestation puis une formation complémentaire. Est-ce
qu'il est possible de faire des partenariats entre ceux qui peuvent prescrire
et ceux qui peuvent diagnostiquer? Pourquoi pas? Pourquoi on ne pourrait pas
réfléchir à ça? Et je pense que les dispositions des projets pilotes nous
donnent l'opportunité, d'ailleurs, c'est écrit dans le mémoire au Conseil des
ministres, de penser à des projets novateurs. Je pense que vous avez raison. Je
pense qu'on a des outils qui vont nous permettre d'accélérer, toujours dans
l'objectif de donner accès à la population. Je pense qu'on a les outils, mais à
votre question est-ce qu'on peut le faire, là, là, dans le cadre de 67, comme
ça a toujours bien fonctionné, le consensus, je pense que ça mériterait des
discussions avec nos principaux... Ça mérite discussion avec les cliniciens
surtout, puis regarder la formation complémentaire qui serait requise.
Mme Grou
(Christine) : Puis cela dit, ça ne serait certainement pas tous
les psychologues qui évaluent qui voudraient prescrire, mais ce n'est quand
même pas mauvais de savoir qu'actuellement aux États-Unis, il y a 10 états dans
lesquels les psychologues ont le droit de prescrire.
M.
Morin :
Parfait! Je vous remercie. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Mme la députée de La Pinière.
Mme Caron : Merci. Il reste
combien de minutes?
Le Président (M.
Bachand) : Ah! Vous avez un bon cinq, six minutes, facilement?
Mme Caron : Bon alors merci,
M. le Président. Alors, selon les données gouvernementales, il y aurait
10 000 personnes qui sont en attente d'un service de première ligne
en santé mentale actuellement, cette année, en 2024 au Québec et l'attente
varie de 6 à 24 mois pour rencontrer un psychologue, consulter un psychologue.
Est-ce que vous pensez que la mesure principale, mesure phare, là, de
diagnostic au lieu d'évaluation? Est-ce que vous pensez que ça va aider à
diminuer cette liste d'attente là ou est-ce que ça va peut-être plus aider de
désengorger le système en général plutôt que d'aider les psychologues à avoir
plus de patients?
Mme Grou
(Christine) : Mais là, ça ne va pas tout régler parce qu'il
faut savoir que quand on parle de première ligne, on parle du réseau public,
puis des psychologues en première ligne dans le réseau public de la santé, il
n'y en a pas beaucoup. Donc, alors, c'est sûr qu'il n'y en aura pas plus, vous
comprenez? C'est-à-dire que les gens vont se tourner vers le privé, mais, en
première ligne, il n'y en a vraiment pas beaucoup des psychologues. Puis dans
le réseau public actuellement, dans les dernières années, il y a eu un exode
des psychologues vers le privé. Alors, c'est sûr qu'il faut ramener les psychologues
vers le réseau public, une portion des psychologues, mais il faut peut-être
regarnir la première ligne aussi. Puis je pense qu'il y a des velléités de le
faire. Mais je pense que c'est important de, en première ligne, d'avoir des
professionnels qui sont capables justement de faire le diagnostic en santé
mentale pour désengorger, parce que, comme je dis, dans les groupes de médecine
familiale, qu'ils soient universitaires ou pas, puis même dans les CLSC, bien,
le nombre de consultations pour troubles mentaux courants est quand même assez
élevé. Donc, ce qui aiderait, c'est évidemment qu'on en ait plus, parce
qu'actuellement il n'y a pas beaucoup.
Mme Caron : Puis est-ce que
vous avez des propositions à faire pour tenter de ramener des psychologues en
première ligne dans le réseau public?
Mme Grou
(Christine) : Écoutez, on a beaucoup discuté dans les dernières
années avec le ministère de la Santé et des Services sociaux notamment, donc du
problème d'attraction de rétention des psychologues dans un réseau public. Il y
a des chantiers auxquels on a participé. On connaît les facteurs qui ont causé
l'exode des psychologues. On connaît les facteurs qui font que les doctorants
n'ont pas nécessairement d'intérêt à rester dans le réseau public. Actuellement,
il y a des solutions qui sont examinées. Il faut juste s'assurer que ça va être
suffisant parce que ça a fait l'objet de discussions puis de représentations,
je vous dirais, dans les certainement quatre dernières années.
Mme Caron : Est-ce que les
salaires font partie de ces de ces irritants, disons, ou de...
Mme Grou
(Christine) : Les conditions salariales étaient un irritant,
les conditions d'exercice étaient également un irritant et sur les conditions
d'exercice, il y a eu un chantier qui a eu lieu, donc sous l'égide du ministère
de la Santé et des Services sociaux. Il y eu beaucoup de partenaires qui se
sont assis ensemble. Donc, les gens de la coalition, les psychologues, un
réseau public, il y avait des syndicats, il y avait des gestionnaires, il y
avait l'association des psychologues, donc ont été nombreux à se pencher
là-dessus. Malheureusement, au moment où on se parle, il n'y a pas eu, à ma
connaissance, de retombées de ces travaux-là sur le terrain.
Mme Caron : O.K., donc pour
utiliser un terme qu'on a utilisé plus de temps... plus tôt, ce sera peut-être
une autre phase alors... Mais je vais, s'il reste encore du temps, j'aurais...
je reviendrais sur la question de communication parce que vous avez dit tout à
l'heure : l'évaluation, en fait, ce sont des diagnostics, donc, ce n'est
rien de nouveau dans la pratique, c'est juste que ça va être reconnu comme un
diagnostic, puis il faudra qu'il y ait des communications autour de ça,
communiquer à la population. Mais ce que je comprends aussi, c'est communiquer
aussi aux centres de services scolaires, par exemple, pour les élèves qui ont
besoin de... de... d'accommodements, les assureurs, même Revenu Québec pour les
crédits d'impôt ou le réseau de la santé et services sociaux. Mais tous les
employeurs...
Mme Caron : ...CSST, etc.
Mais au-delà de ça, de cette communication-là, de la bonne nouvelle qu'il y a
dans le projet de loi n° 67, on va pouvoir parler de diagnostic pour les
psychologues. Je comprends qu'il y a de multiples changements aussi, soit au
niveau des règlements ou d'autres lois, pour que tout soit harmonisé
finalement.
Mme Grou
(Christine) :Pour que ce soit effectif,
exactement, pour que ce soit effectif, pour que ça s'harmonise puis pour que
l'objectif poursuivi... Parce que la volonté est là, donc, il faut juste
s'assurer, justement, qu'on n'oublie pas de prendre les moyens. Puis, dans la
communication, ça passe même par le système professionnel lui-même, hein?
Mme Caron : C'est ça. Donc,
ça prend... Puis donc une concordance réglementaire, finalement, à tous les
niveaux. Merci beaucoup.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, Mme la députée
de La Pinière. M. le député de Saint-Henri-Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup. Merci de vos explications. Je reviens un peu sur ces éléments-là puis
l'élément d'harmonisation du corpus. Est-ce que vous avez fait la liste de...
ou, à peu près, vous avez commencé à investiguer tout ce qui devrait être
modifié? J'imagine que oui. Puis, par exemple, je sais que là, il y a le projet
de loi n° 68 qui est en cours, qui, lui, vise à moderniser certains aspects,
notamment pour ce que les assureurs demandent aux médecins. J'imagine que,
donc, ça, c'est une étape, parmi tant d'autres, de ce que vous évaluez, mais
qu'il y en aura beaucoup d'autres, puis vous les avez donc listés.
Mme Lorquet (Édith) : Oui,
oui, on les a listés, ils sont ici.
Mme Grou
(Christine) :...après analyse.
Mme Lorquet (Édith) : Oui,
ils sont listés. Et puis, en ce qui concerne le projet de loi n° 68, ce qui est
une bonne nouvelle, c'est qu'on se dit que, si on prévoit des allègements de
cette nature-là, les prochains vont pouvoir... ne subiront pas le fardeau
administratif que, malheureusement, les médecins ont subi depuis plusieurs
années. Puis on voit que le gouvernement est conscient également que de tout
centraliser auprès du médecin, ce que ça a créé, c'est des goulots
d'étranglement. Donc, pour nous, 68, c'est bien ça, 68, c'est le signe que le
gouvernement le voit, ça, honnêtement, il le voit. Ça fait qu'on est encouragé.
Et puis, comme je vous dis, le listing a été remis au ministère de la Santé.
Puis ils sont au courant, on s'est expliqué sur... Donc, les travaux sont
amorcés. C'est pour ça...
M. Cliche-Rivard : Est-ce que
c'est possible de nous le soumettre?
Mme Lorquet (Édith) : Je n'ai
pas de problème avec... Est-ce que je vais pouvoir y réfléchir? Je vais vous
revenir, mais c'est public, là, je n'ai pas de... Laissez-moi y réfléchir.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
Le Président (M.
Bachand) :...à la commission.
Mme Lorquet (Édith) : Oui.
Bien, c'est ça que je vais faire. Je veux juste m'assurer que je ne brise pas
quoi que ce soit.
M. Cliche-Rivard : Je dis ça
dans une perspective de vous aider...
Mme Lorquet (Édith) : Oui, je
comprends.
M. Cliche-Rivard : ...à ce
que ça chemine le plus rapidement possible, de notre côté aussi, pour qu'on
puisse faire les vérifications. Parce que moi, je ne peux pas faire cette
analyse-là que vous, vous avez faite. En tout cas, ça me prendrait beaucoup de
temps. Donc, ça nous aiderait de l'avoir, puis on va pouvoir nous assurer que
ces modifications-là arrivent le plus vite possible.
Mme Grou
(Christine) :Mais en fait, c'est notre
analyse, donc on a une autonomie de la partager. Par contre, juste par souci de
loyauté, de transparence, étant donné que ça a été fait dans le cadre d'un
chantier avec le ministère de la Santé et des Services sociaux, je pense que,
par diligence, on aimerait pouvoir les en prévenir.
M. Cliche-Rivard : C'est
normal. Parfait. Donc, on attendra votre réponse sur ça. Mais vous sentez que
ça bouge, vous sentez que...
Mme Lorquet (Édith) : Honnêtement,
oui, oui, oui, on est encouragé. Puis 68 est un bon indicateur que le message
est passé à quelque part.
M. Cliche-Rivard : Ça fait
qu'on va vous revoir quelque part bientôt.
Mme Lorquet (Édith) : On le
souhaite.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
Vous parliez des 10 États américains où il y avait effectivement le pouvoir de
prescription. Est- ce que... Tu sais, vous êtes où dans l'urgence ou dans le
besoin que ça, ça se passe rapidement? Est-ce que c'est quelque chose qui est
pressant, ça, élargir les pouvoirs ou, en tout cas, donner un pouvoir de
prescription, ou vous dites : Ça arrivera quand ça arrivera, puis on va
prendre notre temps.
• (16 h 20) •
Mme Grou
(Christine) :Bien, je ne dirais pas qu'il
y a une urgence dans la mesure où, à partir du moment où on a des pharmaciens
qui sont quand même en grand nombre et qui peuvent prescrire, déjà, je pense
qu'on règle une partie du problème. Cela dit, si on veut aller encore plus loin
que ça, nous, on va examiner la possibilité qu'on forme certains psychologues
puis que... Puis, tu sais, on cible quand même, là, certaines tranches de
psychologues qui seraient intéressées à le faire puis qui développeraient la
compétence pour le faire, parce que non seulement il faut la développer, mais
il faut la maintenir, hein? Alors donc, ce n'est vraiment pas impossible.
Est-ce que c'est urgent à ce moment-ci? Je pense qu'il faut y aller étape par
étape, mais ça pourrait se faire relativement rapidement.
M. Cliche-Rivard : Parce que,
comme vous le dites, on est toujours dans un accès de l'accessibilité aux soins
puis de limiter le nombre d'intervenants finalement, puis que là, bien, je veux
dire, sans dire que vous le seriez déjà... Parce que vous l'avez dit, ça va
prendre une formation additionnelle, ce n'est pas le ou la psychologue,
actuellement, dans sa formation telle qu'elle a actuellement, qui va pouvoir le
faire. Il va falloir que vous alliez chercher une compétence additionnelle.
Mme Grou
(Christine) :Bien, c'est-à-dire, oi, ce
que je vous dirais, c'est qu'il y en a qui sont en mesure de le faire. Mais ce
que je veux dire, c'est qu'on ne peut pas laisser ça à géométrie variable. Il
faut statuer sur le corpus de compétences qu'on veut puis sur la délivrance
d'une attestation, c'est-à-dire qu'est-ce que ça prend pour qu'on puisse
délivrer l'attestation, pour qu'on s'assure justement de sécuriser la pratique.
Il y en a qui sont en mesure de le faire au moment où on se parle, mais il faut
quand même le formaliser. Puis on sait qu'il y a...
Mme Grou
(Christine) :...une fenêtre.
M. Cliche-Rivard : Et est-ce
que vous émettez déjà ce genre d'attestation là ou, ça aussi, ça va prendre une
modification au code pour que vous puissiez mettre ce genre d'attestation?
Mme Grou (Christine) :On n'a pas d'attestation pour que les psychologues puissent
prescrire, mais on donne des attestations par ailleurs.
M. Cliche-Rivard : O.K., ça
fait que c'est déjà un pouvoir qui existe à l'ordre, qui ne découle pas ou qui
ne ressort pas d'une spécialisation, c'est différent.
Mme Lorquet (Édith) : Il y a
un modèle, comme on disait, il y a un modèle, mais pour pouvoir faire le
règlement qui permet de donner une attestation pour une formation
complémentaire, il faudrait avoir l'activité au Code des professions. Je vous
dis ça, il faudrait avoir l'activité au Code des professions. Et c'est
souhaitable, je pense, de penser de cette façon-là. Je ne vois pas autrement
comment est-ce qu'on pourrait autoriser les psychologues à faire du... la
prescription par une formation complémentaire sans avoir l'autorité sur
l'activité.
M. Cliche-Rivard : On y
reviendra à 37.1. Donc...
Mme Lorquet (Édith) : Voilà.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Alors, sur ce,
merci beaucoup d'avoir été avec nous, ça a été un grand, grand, grand plaisir.
Sur ce, je suspends les travaux quelques instants pour accueillir le prochain
groupe.
(Suspension de la séance à 16 h 22)
(Reprise à 16 h 26)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend
ses travaux. Alors, il nous fait plaisir d'accueillir les représentants et
représentantes...
Le Président (M.
Bachand) :...de l'Ordre des infirmières
et infirmiers du Québec. Alors, merci beaucoup d'être avec nous. Alors, j'ai le
Président, M. Mathieu. Alors, merci d'être avec nous. J'aimerais que vous
débutiez en présentant les gens qui vous accompagnent et, après ça, débuter
votre exposé, s'il vous plaît.
(Visioconférence)
M. Mathieu (Luc) :Oui, tout à fait. Alors, je suis accompagné de trois
collègues de l'Ordre : à ma gauche, Maître Virginie Bernier-Bastien, à
l'extrême gauche, Mme Marie-Ève Benoit, et à ma droite, Mme Nadine Fournier.
Alors, Mme la ministre, membres de la
Commission sur les institutions, Mesdames et Messieurs, nous vous remercions de
nous recevoir aujourd'hui. Alors, je m'appelle Luc Mathieu. J'ai privilège de
présider l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec depuis bientôt six
ans.
Alors, nous souhaitons vous présenter
notre mémoire composé de cinq recommandations, lesquelles ont pour objectif de
retirer de potentiels obstacles administratifs à l'application de la loi, de
clarifier certaines notions et de préciser certains aspects afin d'éviter des
imbroglios. Mais d'entrée de jeu, nous tenons à vous dire que nous accueillons
avec enthousiasme ce premier projet de loi qui découle du chantier de la
modernisation du système professionnel.
De manière plus spécifique, d'abord, sur
l'élargissement du diagnostic en santé mentale. Le premier élément que nous
souhaitons porter à votre attention est fort positif. Le projet de loi promet
la mise au rancart d'une confusion sémantique qui permet l'accès...
l'amélioration de l'accès aux soins. Grâce aux modifications qui seront
apportées par ce projet de loi, les professionnels déjà habilités à évaluer les
troubles mentaux... mentaux pourront désormais qualifier leurs conclusions
cliniques de diagnostic. L'Ordre accueille favorablement cette avancée puisque
les infirmières et infirmiers concernés sont déjà qualifiés pour exercer cette
activité à haut risque de préjudice. Elles ont notamment complété la formation
complémentaire de deuxième cycle en soins infirmiers psychiatriques. Nous
sommes donc ravis que leurs compétences soient formellement reconnues.
C'est aussi un pas de l'avant pour un
meilleur accès aux soins. En effet, l'accès à de nombreux soins et services
nécessite un diagnostic de trouble mental. Par exemple, cela est nécessaire
pour accéder à une clinique traitant les troubles du sommeil, alimentaires ou
anxieux et de l'humeur. De plus, certaines compagnies d'assurance invalidité et
certains employeurs exigent la présence d'un diagnostic de trouble mental pour
accorder l'indemnité de remplacement de revenu en cas d'arrêt de travail.
Ceci dit, comme mentionné par d'autres
avant nous, pour empêcher des incohérences administratives qui pourraient nuire
au plein déploiement de la loi, nous vous recommandons de vous assurer
d'effectuer des changements d'ordre administratif aux processus, formulaires et
directives qui doivent accompagner l'entrée en vigueur des articles trois
et 36 afin qu'ils reflètent les modifications législatives et réglementaires
qui seront adoptées.
Sur une autre note, quant à l'instauration
de nouveau permis rendue possible par des modifications au Code des
professions, nous avons exploré des possibilités que ces... que ces changements
offrent. Ils présentent certaines opportunités, mais les gains en matière
d'accès à la profession infirmière, d'effectifs infirmiers et de motilité de
main-d'œuvre nous apparaissent dans les faits plutôt minimes. Voici pourquoi.
• (16 h 30) •
D'abord, au sujet du permis restrictif
temporaire, nous estimons que l'effet serait limité sur les CEPI, les
candidates et les candidats à l'exercice de la profession infirmière, parce
qu'elles exercent déjà dans le réseau public en attendant la réussite de leur
examen professionnel. Le même constat s'applique pour les infirmières devant
réaliser un stage ou un programme d'actualisation. L'effet serait minime
puisqu'elles peuvent déjà bénéficier d'un permis régulier avec droit d'exercice
limité à certaines activités.
Maintenant, sur les projets... sur les
permis spéciaux, cela pourrait notamment permettre d'attirer des diplômés hors
Canada avec un profil particulier ou une expertise ciblée qui ne souhaitent pas
nécessairement obtenir un plein droit d'exercice. Ainsi, ces permis spéciaux
pourraient contribuer à bonifier l'offre de services à la population, notamment
en attirant une main-d'œuvre infirmière avec une expertise particulière où les
besoins sont grands. Cela dit, tant pour les permis restrictifs temporaires que
pour les permis spéciaux, il sera important de veiller à ce que le public
puisse comprendre le cadre dans lequel l'infirmière détenant l'un ou l'autre de
ces permis est habilitée à pratiquer. Ainsi, à des fins de protection du
public, nous recommandons qu'une modification soit apportée à
l'article 46.1 du Code des professions afin que le tableau de l'ordre
comprenne des renseignements quant aux activités que peut exercer le titulaire
de ces permis, de même qu'aux conditions dans lesquelles il peut les exercer.
Au sujet des autorisations spéciales
maintenant...
16 h 30 (version non révisée)
M. Mathieu (Luc) :...Maintenant, le projet de loi vient ajouter une
disposition au Code des professions qui prévoit qu'en situation d'urgence le
ministre chargé de l'application des lois professionnelles peut autoriser un
ordre à délivrer des autorisations spéciales d'exercer des activités
professionnelles, lesquelles sont habituellement réservées aux membres d'un
ordre. Nous constatons qu'aucune définition n'est prévue pour la situation d'urgence,
ce qui laisse place, à notre avis, à une interprétation trop largement
discrétionnaire. Nous souhaitons également formuler certaines préoccupations
lorsque ces autorisations permettent à des non professionnels d'exercer des
activités réservées à des professionnels. Dans ce contexte, la personne à qui est
délivrée cette autorisation spéciale n'est pas inscrite... n'est pas inscrite
au tableau de l'ordre et n'est pas assujettie aux mécanismes de protection du
public tels que l'inspection professionnelle et la discipline, lesquels ne s'appliquent
qu'aux membres d'un ordre. En somme, nous sommes bel et bien favorables à la
présence d'un mécanisme qui favorise une agilité dans le système professionnel
en contexte d'urgence, mais il nous apparaît nécessaire d'agir avec prudence
pour assurer la protection du public et éviter une déprofessionnalisation de
certaines activités professionnelles. À ce sujet, nous recommandons donc de
définir la notion de situation d'urgence à l'article 42.5 du Code des
professions, l'article 6 du projet de loi.
Rapidement, au sujet des projets pilotes,
l'ordre est favorable à la présence de ce mécanisme qui favorise là aussi une
agilité réglementaire dans le système professionnel. Le projet de loi impose
que les projets pilotes soient conformes aux objectifs poursuivis par le Code des
professions et par la loi constituant un ordre.
Nous sommes d'avis que les ordres
professionnels et l'Office des professions du Québec sont des partenaires de
choix pour s'assurer que les projets pilotes s'inscrivent dans ces objectifs
légitimes. En ce sens, nous proposons simplement d'ajouter une mention à l'article 30
afin de mentionner que le gouvernement détermine, après consultation de l'Office
des professions du Québec et des ordres professionnels concernés, les normes et
obligations applicables dans le cadre d'un projet pilote.
Maintenant, concernant l'exercice au sein
d'une personne morale sans but lucratif. Plusieurs infirmières, comme bien d'autres
professionnels, exercent leurs activités professionnelles au sein de diverses
structures juridiques dont l'encadrement n'est pas prévu au Code des
professions. Actuellement, au Québec, environ 525 infirmières, infirmiers
prodiguent des soins à la population au sein d'une personne morale sans but
lucratif. Si la portée des dispositions du projet de loi s'étend telle quel à
elles, il leur sera dorénavant interdit d'exercer leur pratique sous réserve d'un
règlement de l'ordre. Alors, plutôt que de prévoir des régimes d'autorisations
spécifiques pour chaque structure juridique au sein de laquelle un professionnel
peut exercer ses activités, nous sommes d'avis que les professionnels devraient
d'abord et avant tout être autorisés à exercer au sein de tout type de
structures juridiques, sous réserve de conditions et de modalités ou de
restrictions pouvant être imposées par les ordres professionnels. Nous joignons
donc notre voix à celle du Conseil interprofessionnel du Québec, afin de vous
inviter à saisir cette occasion pour bonifier le Code des professions en ce
sens.
Enfin, avant de terminer, nous aimerions
saluer la modification du Code des professions, qui prévoit une exception à l'accès
aux renseignements contenus au tableau d'un ordre qui ont un caractère public.
Celle-ci permettra de protéger les renseignements concernant un membre lorsque
leur divulgation est susceptible de mettre en péril la sécurité d'une personne.
À l'OIQ, nous recevons chaque année des demandes d'infirmières qui souhaitent
que leurs coordonnées ne soient pas publiques pour des raisons sérieuses liées
à leur sécurité. Cette modification tient adéquatement compte de la malheureuse
réalité eu égard à la violence conjugale et aux féminicides.
Pour conclure, j'aimerais rappeler que
nous estimons que ce projet de loi nous oriente dans la bonne direction, tant
en matière d'accessibilité aux soins que la modernisation du système
professionnel. L'OIQ sera ainsi un partenaire de choix dans la mise en œuvre de
ces changements. Nous sommes également d'avis qu'il est essentiel qu'un
élargissement concernant le droit de prescrire des infirmières soit partie
intégrante d'un prochain projet de loi du chantier de la modernisation du
système professionnel. À cet effet, nous réalisons présentement des travaux
avec plusieurs acteurs du système professionnel et du gouvernement en vue de l'élargissement
de la prescription par les infirmières, et ce, afin de favoriser l'utilisation
optimale de leurs connaissances et compétences, l'accès et la continuité des
soins ainsi que la collaboration interprofessionnelle...
M. Mathieu (Luc) :...vous remercions de nous avoir écoutés. Nous sommes
maintenant prêts à répondre à vos questions.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. Mathieu. Mme
la ministre, s'il vous plaît.
Mme LeBel : Merci, M. le
Président. Merci, M. Mathieu. Bonjour. Merci de cette présentation. Bonjour à
toute l'équipe qui vous accompagne. Je n'aurai pas l'occasion de vous serrer la
main ou de saluer à la fin la présentation, ça fait que laissez-moi vous
remercier tout de suite de votre présence et de votre apport à nos travaux.
D'ailleurs, si on est ici aujourd'hui, dans la consultation sur le projet de
loi no 67, c'est parce que l'ordre, à l'instar de tous les autres concernés, a
participé aussi aux travaux qui ont mené au dépôt du projet de loi. Donc, je
tiens à le souligner, là, c'est un travail de collaboration, et je tiens à
souligner votre apport dans cet aboutissement-là. D'une première étape, parce
qu'on a encore beaucoup de discussions, vous le mentionnez, et plusieurs des
gens qui sont venus, vous ont précédés, là, en commission, qui sont venus en
parler ont souligné que c'était un bon pas, mais qu'il fallait continuer les
travaux, et je peux vous mentionner que c'est l'intention qu'on a, là, de
continuer les travaux et d'être capable de voir si on peut faire des pas
supplémentaires, tant dans la modernisation du système que dans l'élargissement
des professions.
Ceci étant dit, si vous permettez,
peut-être qu'on pourra aller plus précisément dans le projet de loi no 67. Il y
a des choses qui recoupent ce que les autres ont déjà dit, entre autres,
l'histoire de l'inscription des renseignements relatifs aux activités
autorisées au tableau de l'ordre. J'ai eu l'occasion de mentionner que, pour
moi, il allait de soi, là, ce matin... donc on va faire les actions nécessaires
pour s'assurer... Je pense que, quand quelqu'un a un permis spécial ou, comme
on l'appelait dans notre langage courant des travaux, un permis restreint
permanent, là, je pense que c'est important que le public soit informé des activités
que le professionnel en question est autorisé à faire, parce que... parce qu'il
n'a pas le plein permis. Donc, c'est important de le faire. Donc, je veux tout
de suite vous rassurer sur la recommandation numéro deux. J'aimerais peut-être
vous amener sur la notion de la situation d'urgence. On voit, là, qu'on a... on
a fait plusieurs... on fait plusieurs travaux. Il existe déjà des outils au
Code des professions pour les ordres, il y a... Maintenant, avec la nouvelle
notion de permis spécial, entre autres, on vient introduire une nouvelle façon
de donner plus d'accès.
La notion d'urgence, je comprends très
bien vos préoccupations, on a eu l'occasion, dans la consultation, dans les
discussions avec le conseil, ce matin, de mentionner qu'en effet on ne pouvait
pas se permettre de faire que n'importe quelle situation devienne une situation
d'urgence, en partant du... en partant du postulat puis... on est ouvert à
baliser. Qu'est-ce que vous suggérez pour encadrer la notion d'urgence? Sans la
restreindre trop non plus, là, parce qu'on a déjà des possibilités de notion
d'urgence sanitaire et en sécurité publique, mais, mettons qu'on va au-delà de
ça, là.
M. Mathieu (Luc) :Oui, on a réfléchi à ça, on a certaines pistes. Je vais
laisser Me Bernier-Bastien vous... répondre à votre question.
Mme Bernier-Bastien (Virginie) : Merci.
Donc, d'abord, dans le mémoire du Conseil des ministres, on mentionne que «la
délivrance d'une autorisation spéciale vise à répondre à une variété de
situations d'urgence en vue de contrer ou de prévenir l'aggravation des
préjudices aux personnes, aux organisations et aux biens». Donc, selon nous,
cette intention devrait transparaître dans la définition choisie.
Aussi, comme nos collègues des autres
ordres, nous avons étudié les définitions qui se trouvent dans la Loi sur la
santé publique et dans la Loi sur la sécurité civile. Donc, ce qu'on remarque,
dans ces deux définitions... d'abord, la première, la Loi sur la santé
publique, on mentionne qu'«un état d'urgence sanitaire correspond à une menace
grave à la santé de la population, réelle ou imminente, qui exige l'application
immédiate de certaines mesures pour protéger la santé de la population». Et,
parallèlement, dans la Loi sur la sécurité civile, on mentionne que l'état d'urgence,
c'est «un sinistre majeur réel ou imminent qui exige de protéger la vie, la
santé ou l'intégrité des personnes, et donc qu'une action immédiate qu'elle
estime ne pas pouvoir réaliser adéquatement dans le cadre de ses règles de
fonctionnement habituelles...» et la définition se poursuit.
• (16 h 40) •
Donc, ce qu'on remarque, c'est que les
définitions données à l'état d'urgence présentent deux composantes. D'abord, la
qualification de l'urgence, et, ensuite, l'intention derrière la mesure qui
vise à répondre à cette urgence. Donc, on pourrait imaginer l'ajout de la
définition... là, on fait une proposition, mais c'est évidemment à travailler,
le fait que la situation d'urgence pourrait constituer, d'abord, là, la
qualification d'urgence, «un événement ou une circonstance qui présente un
caractère grave, réel ou imminent, lequel nécessite... la délivrance immédiate
d'une autorisation spéciale pour... et là on termine avec l'intention derrière
cette autorisation, donc, pour contrer ou prévenir l'aggravation des préjudices
aux personnes, aux organisations et aux biens».
Mme LeBel : O.K. Donc, vous
êtes... si je comprends bien, vous êtes confortables avec le fait qu'il y ait
des situations d'urgence, là, de façon... et qu'on puisse, dans certaines
situations d'urgence, prendre la... avoir...
Mme LeBel : ...de non-membres
du système professionnel, disons-le comme ça, là, et... Mais vous nous mettez
en garde sur le fait qu'on doit bien encadrer cette définition de soutien aux
urgences avec la proposition.
Au niveau des autorisations, qui sont...
qui sont dans le... dans le cadre du projet de loi, je pense que le conseil, ce
matin, vous me pardonnerez, là, si, encore une fois, des fois, là, on lit
beaucoup de... on lit beaucoup de choses, là, mais le conseil, ce matin, nous
disait qu'il... qu'il trouvait trop lourd, peut-être, l'autorisation en deux
étapes, je ne veux pas dénaturer, c'est-à-dire la déclaration ou l'autorisation
de la situation d'urgence par le ministre responsable et sur recommandation du
ministre sectoriel. Moi, je pense que ça prend au moins une recommandation du
ministre du secteur ou à tout le moins une évaluation du ministre du secteur
concerné pour voir s'il répond aux critères d'urgence. Qu'est-ce que vous en
pensez, de cette... de cette...
M. Mathieu (Luc) :Bien, je trouve, ça fait du sens. Puis en... écoutant,
c'est ce qui s'est passé pendant la pandémie. Quand les campagnes de... de
vaccination de masse ont été mises en place, c'était une situation d'urgence,
tous les acteurs concernés ont été mis à contribution. On savait bien qu'il y
allait avoir un début puis une fin à ça, là. Puis ça répondait un peu aux
critères, là, ou pistes de définition, si je peux dire ça comme ça, comme ma
collègue vient de vous mentionner.
Mme LeBel : Parfait. Merci.
Je vais peut-être vous parler... J'avais... Un instant. Ah! les projets
pilotes, projets pilotes. Vous mentionnez : «Peut-être qu'il serait
opportun d'ajouter à l'article 198.1, là, qui est proposé,
l'article 30 du projet de loi n° 67, après consultation de l'Office
des professions du Québec et des ordres professionnels concernés.» On a eu
différents commentaires eu égard aux projets pilotes. Bon. Ce qui ressort,
c'est que le fait d'introduire cette notion de projet pilote là dans le Code
des professions est... fait consensus, mais il y a différents commentaires.
Certains nous disent que c'est trop lourd d'en rajouter, vous demandez de
rajouter une couche de consultation. Juste, peut-être, au-delà de la façon de le
faire, juste peut-être nous expliquer un peu plus ou élaborer un peu plus sur
les craintes que vous avez par rapport à ces projets pilotes là. Dans ma
conception, ces projets pilotes là ne peuvent pas être initiés ou décidés par
le gouvernement sans qu'au moins les ordres concernés soient au courant ou
consultés, là. Mais pourquoi pensez-vous qu'il faut l'ajouter? Parce... Et
quelles sont vos craintes? Et quel type de projet pilote un gouvernement
pourrait imposer par décret à un ordre qui ne veut pas le mettre en place, là?
J'avoue que je vois mal, là, mais...
M. Mathieu (Luc) :Bien, vous le mentionnez verbalement. Mais, tu sais, comme
quand il y a quelque chose d'écrit ça met une obligation de consultation, tu
sais, on comprend que... Mais on ne sait jamais, tu sais. Quand c'est écrit
dans une loi, au moins, c'est écrit dans la loi, que l'office et que les ordres
soient... soient consultés. Alors... Parce que, oui, tout à fait, là, de... ce
serait un peu particulier, là, puis le mot est peut-être faible, qu'un
gouvernement décide, là, de... tout de go, mettre un projet sans en parler à
personne, puis tout ça. Mais pour la question du ministre... du ministre
concerné, là, dans le secteur de la santé... que la... que ce ministère-là soit
concerné, ça... ça aussi, ça va de soi. Mais l'idée, ce n'était pas d'en
rajouter, c'est de se donner... on est là ...panne de son... une perspective de
protection du public, que les balises soient bien... soient bien là. Puis quant
à nous, ce n'est pas un ajout si important que ça... si lourd que ça, je veux
dire.
Mme LeBel : Qu'est-ce que
vous pensez? Il y a un groupe qui est venu, qui nous a parlé de... Bon, là on
est dans une notion de projet pilote qui est une notion unique de projet pilote
qui pourrait être autorisé par le gouvernement, après consultation ou non, là,
de façon inscrite, là, suivant votre recommandation. Qu'est-ce que vous pensez
de l'idée de faire peut-être des types de projets pilotes différents ou une
gradation de projets pilotes? Parce que pas tous les projets pilotes ont la
même ampleur. Certains peuvent être initiés par les ordres, on pourrait penser.
Est-ce que... Qu'est-ce que vous pensez de cette suggestion-là?
Mme Bernier-Bastien (Virginie) : Oui,
oui, je peux répondre. Bien, c'est sûr qu'on est favorables au fait qu'il y ait
une gradation des projets pilotes. Parce que, si on se... on regarde, en fait,
les situations dans lesquelles on pourrait adopter un projet pilote, en fait,
on mentionne, à l'article du projet de loi, que «c'est dans le but d'étudier,
d'améliorer et de définir les normes applicables en ces matières», donc on...
au Code des professions, la loi quand c'est un ordre ou un règlement qui est
pris en application... en leur application. Donc, on peut imaginer que, dans ces
contextes-là, il y a différentes situations qui peut mener à des projets
pilotes. Et donc chaque situation est un cas d'espèce qu'il faut étudier avec
les moyens appropriés qu'on a. Donc il pourrait y avoir une gradation au niveau
des mesures d'encadrement pour ces projets pilotes là. Nous sommes favorables
parce que ça correspond à la proportionnalité de la mesure qui serait adressée
la situation, ici le projet pilote, et on verrait... on serait très proches de
la réglementation... là, qui vise, en fait, à ce qu'on soit proportionnels dans
nos mesures pour encadrer une situation.
Mme LeBel : O.K. Merci...
Mme LeBel : ...Sur la
recommandation, à tout le moins l'avis, là, qu'on devrait commencer à
réfléchir, à ouvrir, et je pense que le conseil aussi a également abordé cette
question-là à ouvrir, qu'il serait peut-être plus judicieux d'autoriser, là,
les professionnels parce qu'on parle du Code des professions, mais vous, les
infirmières en particulier, mais les professionnels en général, à exercer au
sein de tout type de structure juridique. On le voit, hein, c'est toujours plus
traditionnellement ou historiquement, de permettre à un professionnel d'agir
dans une structure juridique qui est différente d'un cabinet ou de son... de
son bureau où il opère comme professionnels. Le système professionnel et les
acteurs ont toujours été sensibles à ouvrir et on a entendu avec le Collège des
médecins certaines difficultés que ça peut poser, là, dans certains cas. Donc,
il y a des avantages à le faire, mais il y a aussi beaucoup d'inconvénients, ou
peut-être des enjeux qui pourraient mettre à risque, dans certains cas de
figure, la protection du public. Donc, je pense qu'il faut avancer prudemment.
Mais dans l'optique où on a... on vient introduire à grande échelle, où on se
propose plutôt d'introduire à grande échelle, par le biais du projet de loi
n° 67, le fait pour tous les professionnels d'exercer en personnes morales
sans but lucratif qui était permis pour certains, d'ailleurs, vous le mentionnez
pour les infirmières, c'est déjà le cas dans certains cas comme... Éclairez-moi
un peu pour la suite des réflexions et l'avantage d'ouvrir sur d'autres
structures juridiques. Quelles sont les modalités, les conditions, les
encadrements, la vision que vous avez dans d'autres types de structures
juridiques qui pourraient, qui pourraient nous éclairer, nous et pour la suite
de nos travaux, on va continue de toute façon de se parler tout le monde
ensemble, là, mais qui pourraient nous éclairer sur comment on peut encadrer
cette progression-là d'ouverture sur d'autres façons de pratiquer nos
professions, là?
M. Mathieu (Luc) :
Je vais laisser Me Bernier-Bastien encore de répondre. On est dans le
juridique, là...
Mme LeBel : Bon, on va se
comprendre, moi et elle.
Mme Bernier-Bastien (Virginie) :
Donc, pour cet aspect là, qui vise à encadrer, là, cet exercice-là de plusieurs
professionnels sous différentes structures, en fait, notre avis, c'est qu'il
faut que le Code des professions reflète la réalité de terrain qui est que nos
professionnels exercent au sein de ces différentes structures. Donc là, sur
comment le faire, bien évidemment, on pourrait proposer des pistes de
réflexion, si c'est quelque chose qui est nécessaire ou demandé, intéressant à
obtenir, mais, en fait, juste la base, c'est de dire qu'en fonction du contexte
de pratique à risque pour le préjudice, en fonction de certains types de
structures, en fonction des différents ordres du professionnel qui exerce ce
serait d'encadrer ces modalités-là dans un règlement, sans qu'on empêche aux
professionnels des autres ordres de pouvoir exercer sur ces structures-là, s'il
n'y a pas de risque selon l'ordre concerné, parce qu'un professionnel exerce,
par exemple au sein d'une personne morale sans but lucratif, ici, là c'est de
ça qu'on parle, mais donc concrètement, les modalités des restrictions, je
pense que c'est propre à chaque ordre et à chaque contexte, une structure. Il
pourrait y avoir évidemment, comme il l'a présentement dans le Code des professions,
on a des articles au code qui visent l'ensemble des professionnels comme
l'article 187.18, 187.19, où on mentionne un administrateur, un dirigeant
ou un représentant d'une société par actions, ne peut aider, conseiller ou
amener un ordre... un membre d'un ordre, pardon, qui exerce ses activités
professionnelles au sein de cette société à ne pas respecter les dispositions
du présent code de la loi constituant l'ordre dont le professionnel est membre
et des règlements adoptés conformément au présent code ou à cette loi. Donc, on
a certaines situations où un encadrement approprié est une disposition uniforme
pour l'ensemble des ordres professionnels, mais il y a plein d'autres
situations. Par exemple au niveau des internats qui exercent au sein de personnes
morales sans but lucratif où il n'y a pas de risques prédictifs. Et le fait
qu'on demande à ce que, par exemple, on adopte un règlement pour autoriser
cette pratique et que dans ce règlement-là, on va prévoir le nombre de membres,
par exemple, qui doivent être administrateurs, administratrices au sein de la
personne morale sans but lucratif, ça peut être très difficile, considérant que
nos infirmières travaillent dans des organismes communautaires
multidisciplinaires et que ces exigences ne pourraient pas être mises en
pratique dans la réalité dont on...
• (16 h 50) •
Mme LeBel : O.K., bien,
merci, merci. Je retiens votre dernier commentaire, puis on va pouvoir
réfléchir à ça. Mais merci. Merci de votre apport aujourd'hui, M. Mathieu et de
toute votre équipe et on va... Je ne sais pas si mes collègues de la banquette
ont des questions, mais pour ma part c'est bien compris. De toute façon, je
sais que c'est une conversation qu'on a en continu donc, merci...
Le Président (M.
Bachand) :...merci beaucoup. M. le député
d'Acadie.
M.
Morin :...alors, bonjour, M. Mathieu, Mme Fournier, Me
Bernier-Bastien et Mme Benoit. Merci pour le mémoire et votre exposé.
J'ai une question pour vous, en fait, pour
m'aider à mieux comprendre parce que je me rappelle ce qui a été dit il y a
quelques minutes par les représentantes de l'Ordre des psychologues. Quand, à
la page deux de votre mémoire, vous parlez de la fin d'une confusion sémantique
et que, dorénavant, les membres de l'ordre ne pourront pas uniquement faire une
évaluation, mais poser un diagnostic, bon, je pense que c'est... c'est bien,
c'est une avancée, mais, une fois que ça, c'est fait, puis on parle ici surtout
dans le domaine de troubles mentaux, on nous disait que, par exemple, il y a
plusieurs autres changements qui vont devoir être apportés parce que ça n'aura
pas nécessairement d'effet puis que ça, ça viendrait dans une phase deux. C'est
ce que les psychologues nous disaient.
Donc, quelle est véritablement l'avancée
si des infirmières pourront éventuellement, ou des infirmiers, poser un
diagnostic mais qu'après, je ne sais pas, moi, une compagnie d'assurance ne le
reconnaîtra pas parce qu'ils vont vouloir avoir le diagnostic ou la
confirmation d'un médecin puis qu'il n'y a pas nécessairement d'accès facile
aux médecins de famille au Québec? Avez-vous quelque chose à nous suggérer
là-dessus pour améliorer l'accès des patients aux soins?
M. Mathieu (Luc) :Oui. Bien, on le dit. Peut-être, pour prendre un peu le...
différemment le rationnel qu'on met de l'avant dans le mémoire, c'est que, si
les infirmières, là, concernées par ce projet de loi là peuvent diagnostiquer,
là, et ne pas s'en tenir à des conclusions cliniques, bien, en termes d'accès
aux patients aux soins puis après ça aux traitements qui s'ensuivent, ça, ça va
favoriser l'accès. Et, nous, ce qu'on dit un petit peu différemment, mais c'est
dans la même ligne que nos collègues de l'Ordre des psychologues... et puis
nous, on l'a vécu lorsque la loi six a été adoptée pour permettre aux
infirmières praticiennes spécialisées de diagnostiquer, et ce qui est arrivé...
puis même c'est en 2021 que la loi a été adoptée, puis, trois ans plus tard, il
y a encore, dans certains formulaires, certains organismes, compagnies
d'assurance où ils exigent la signature d'un médecin, alors que la loi dit que
ce n'est pas le cas. Alors, c'est pour ça que, pour éviter de se retrouver dans
cette situation-là, si le projet de loi... selon la... ce qui va être adopté
dans... selon la loi qui va être adoptée, bien, il faut déjà penser à tout
l'écosystème, là, qui est en interface avec le réseau de la santé, pour que,
les formulaires, les procédures administratives, les compagnies d'assurance
soient bien informées puis qu'ils se mettent déjà en mode réflexion pour que,
le plus rapidement possible, la population puisse bénéficier, là, des bénéfices
escomptés par la loi.
M.
Morin :Puis, pour donner plein effet à ces mesures-là, est-ce
que vous pensez que le projet de loi n° 67 est un outil qui pourrait être
utilisé ou si, comme les psychologues, vous parlez d'une autre phase ou...
M. Mathieu (Luc) :Bien, je pense que ces modalités-là, c'est peut-être plus
dans l'ordre d'un règlement, là, qui découle de la loi, parce qu'un règlement,
c'est plus facile à changer qu'une loi, là, vous le savez plus que moi. Alors,
moi... on pense que c'est plus dans le cadre d'un règlement que... ou des
directives, éventuellement, mais la loi, c'est sûrement... peut-être pas le bon
véhicule pour ça.
M.
Morin :Puis, dans les régions éloignées, au Québec, il y a
souvent des endroits où il y a un infirmier, une infirmière, il n'y a pas
nécessairement de médecin. Donc, je comprends que, pour la population, cette
mesure-là permettrait aux gens d'être soignés et traités plus efficacement.
M. Mathieu (Luc) :En tout cas, pour tout le Québec, hein, je ne parlerai pas
spécifiquement pour les régions, mais, selon la répartition des infirmières au
Québec, c'est sûr qu'au fur et à mesure... qu'au niveau de la loi du Code des
professions, en considérant l'accessibilité compétente, hein, c'est les deux
concepts avec lesquels on jongle dans toutes ces choses-là... Ça fait que ça va
améliorer l'accès, effectivement.
M.
Morin :Parfait. Maintenant, j'attire votre attention à la page
huit de votre mémoire pour la question du permis restrictif temporaire, ce que
vous avez appelé le PRT. Donc, vous semblez dire qu'au fond les candidats et
les candidates à l'exercice de la profession en attente de réussir l'examen,
ils ont déjà un permis. Donc, le PRT, finalement, ne serait pas vraiment
efficace. Est-ce que je comprends bien?
M. Mathieu (Luc) :Oui. Je vais laisser ma collègue, là, Mme Fournier
expliquer davantage.
M.
Morin :O.K., merci.
Mme Fournier (Nadine) : En
fait, c'est que nos diplômées du Québec ou hors Québec qui accèdent au statut,
nous, qu'on appelle de candidates à l'exercice de la profession...
Mme Fournier (Nadine) : ...infirmière,
et ils peuvent exercer, à ce titre, avec une attestation d'exercice et en même
temps immatriculée. Donc, on ne pense pas que ça ajouterait des ressources dans
le réseau, le fait qu'ils aient plutôt un PRT, puisqu'ils sont déjà dans le
réseau...
M. Morin : Donc, au fond, vous
craignez que ça ajoute une couche administrative avec tout ce que ça comporte
puis que ça n'aura pas nécessairement d'impact sur le terrain?
M. Mathieu (Luc) :Ça ne s'appliquerait pas à elles... bien, à eux, là, au
CEPI parce qu'ils sont déjà... il y a... comme ma collègue l'a mentionné, ils
ont une attestation et ils pratiquent déjà à ce titre-là, là, dans le réseau de
la santé.
M. Morin : Parfait. Mais...
Mme Fournier (Nadine) : Il
n'y a pas nécessairement de plus-value, en fait, là, au PRT dans ce cas précis
là.
M. Morin : O.K. Maintenant
pour le permis spécial, parce que ce qu'on entend aussi avec, souvent, des gens
qui... des nouveaux arrivants, puis le gouvernement du Québec fait même des
missions à l'étranger pour en recruter, souvent, ils arrivent ici, ils pensent
qu'ils vont être capables d'exercer rapidement leur profession, je pense entre
autres aux infirmiers, aux infirmières, puis là ça devient hypercompliqué.
Est-ce que vous pensez que le permis spécial peut être un outil qui leur
permettrait de travailler plus rapidement puis de s'intégrer plus rapidement
dans la population, dans la société québécoise?
M. Mathieu (Luc) :Je vais laisser maître... Mme Fournier compléter, là, c'est
dans son domaine d'expertise.
Mme Fournier (Nadine) : En
fait, le PRT, nous, on le pense pour des domaines plus précis d'expertise.
On... certaines infirmières, par exemple, de l'Ouest canadien qui exercent, qui
sont formées dans un domaine précis des soins infirmiers, par exemple la santé
mentale. Donc, ça, ça deviendrait un outil pour qu'ils puissent exercer dans
leur spécialité sans acquérir la totalité des compétences exigées pour
l'admission à la profession. Mais ce n'est pas un permis spécial qu'on
donnerait... qu'on offrirait à tous les infirmiers diplômés hors Canada, là, ça
serait pour des expertises ciblées, en fait.
M. Morin : D'accord, ce qui
leur permettrait d'avoir accès plus rapidement, finalement, à une... à une
pratique puis donc à soigner du monde.
Mme Fournier (Nadine) : Oui,
exactement. Et ils ne passeraient pas par le processus plus général, là, pour
l'acquisition de toutes les compétences et pourraient travailler dans leur
domaine d'expertise.
M. Mathieu (Luc) :Ce serait uniquement dans leur domaine d'expertise. Par
exemple, une infirmière à l'étranger qui a une spécialité... qui a de
l'expertise en... au bloc opératoire, par exemple, on voudrait avoir son... une
autorisation spéciale, puis elle pourrait pratiquer, mais uniquement au bloc
opératoire.
M. Morin : Oui, c'est ce que
je comprends. Je vous remercie. Maintenant, pour revenir au CEPI, est-ce que ça
s'applique uniquement dans le domaine public ou c'est dans le privé aussi?
Mme Fournier (Nadine) : Bien,
actuellement, les CEPI doivent travailler dans le réseau public ou privé
conventionné. Un éventuel PRT pourrait faire en sorte que ça, ce soit révisé.
Mais évidemment ce serait des discussions à avoir, là, avec nos partenaires...
M. Morin : Parfait. Je vous
remercie. Je n'ai pas d'autre question, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Mme la députée de La
Pinière, pour quatre minutes, s'il vous plaît.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Alors, merci. Bonjour à vous quatre. La première question que j'aurais
pour m'assurer que je comprends bien, c'est votre recommandation 5. Et,
dans votre mémoire en page 12, vous dites qu'il y a 525 infirmières
qui pratiquent actuellement dans une personne morale sans but lucratif et, dans
les exemples de personnes morales sans but lucratif, vous donnez la Fondation
Marie Pagé, ancien palliatif... en soins palliatifs, la Clinique SPOT, soins de
santé adaptés à la réalité des personnes en situation de marginalisation, de
désaffiliation, l'organisme Nova Home Care, soins à domicile, l'organisme
Portage, traitement, réadaptation de la toxicomanie, et le Centre de santé des
femmes de Montréal, en santé sexuelle et reproductive.
• (17 heures) •
Alors, de la façon dont vous lisez le
projet de loi, si je vous ai bien compris, ces personnes-là ne pourraient plus
exercer, ces infirmières-là ne pourraient plus exercer au sein d'organismes
comme ceux-là. Et ce que vous proposez, ce serait d'amender le projet de loi
pour que les infirmières puissent pratiquer dans tout type d'organisation et de
confier aux autres professionnels, donc, dans ce cas-ci, à l'OIIQ, le soin de
faire des exclusions s'il y a lieu, et, dans ce cas-ci, vous n'auriez pas...
vous ne feriez pas l'exclusion de ces personnes morales à but non lucratif parce
qu'on ne voudrait pas perdre les infirmières. Est-ce que j'ai bien compris? Ou,
sinon, corrigez-moi.
M. Mathieu (Luc) :Oui. Je vais laisser ma collègue Mme Bernier-Bastien
répondre.
Mme Bernier-Bastien (Virginie) : Oui,
en fait, c'est exactement ça.
Mme Caron : C'est ça?
Mme Bernier-Bastien (Virginie) : Qu'on
veut pouvoir les... Qu'elles puissent continuer à exercer dans... au sein
d'OBNL, oui.
Mme Caron : D'accord. Donc,
vous proposez un amendement pour que ces 525 infirmières puissent
continuer de pratiquer dans ce type d'organisme. Alors, merci. Est-ce qu'il me
reste encore du temps, M. le Président?
Le Président (M.
Bachand) :...
Mme Caron : Deux minutes.
Alors, je veux juste revenir sur votre recommandation 1, à laquelle mon
collègue a fait allusion... bien, dont il nous a parlé tout à l'heure...
17 h (version non révisée)
Mme Caron : ...pour que le
projet de loi fonctionne de manière optimale. Vous mentionnez que, lorsque la
loi qui modifiait la loi sur les infirmières et infirmiers, qui a été
sanctionnée le 17 mars 2020, entrée en vigueur en janvier 2021... qu'il y a des
exigences qui demeurent qui ne devraient pas, parce que la loi leur permet, la
loi modifiée leur permet de poser des diagnostics, mais qu'il y a encore des
relents, disons, administratifs dans certains formulaires.
Ma question, c'est : Est-ce que c'est
dans le... juste dans... bien, «juste», chez des assureurs privés, par exemple,
où on a peut être moins de leviers, où il faudrait les informer davantage, ou
est-ce que ce type de relent administratif existe aussi dans l'appareil public,
dans le réseau de la santé, par exemple, ou dans d'autres organismes publics,
comme, par exemple, peut-être, la CNESST, etc.?
M. Mathieu (Luc) :Je vais laisser ma collègue, Mme Benoit, elle a plus de
détails, là, à ce sujet-là.
Mme Benoit (Marie-Ève) : Oui.
Bonjour. En fait, c'est dans les deux, dans les deux contextes, autant chez les
assureurs que dans certains programmes gouvernementaux. Par exemple, il y a des
programmes, là, qui relèvent du ministère du Travail, de la Solidarité sociale
où il y a encore des certificats médicaux ou des diagnostics médicaux qui sont
exigés. Puis, des fois aussi c'est à... c'est plus une directive ou un
formulaire qui induit, par exemple, cette demande-là, où on va demander le
diagnostic médical ou qu'on va demander une signature du médecin, puis là,
bien, quand le patient fait parvenir cette requête-là ou ce formulaire-là,
bien, ça lui est retourné, là, avec une mention qu'il doit aller voir le
médecin. Donc, même si la loi permet à l'infirmière praticienne spécialisée de
le faire, bien, les modalités administratives ne sont pas encore totalement
déployées, ce qui fait que ce n'est pas un accès à son plein potentiel.
Mme Caron : Puis est-ce que
vous avez une recension maison des directives ou des formulaires problématiques
que vous pourriez déposer à la commission?
Mme Benoit (Marie-Ève) : On
en a quelques-uns, là, qui viennent surtout des infirmières praticiennes
spécialisées, qui nous appellent en demandant : Quelle stratégie est-ce
que je peux utiliser pour que ça fonctionne? Ce n'est pas une... ce n'est pas
une recension exhaustive, par contre, là, mais c'est... on a des situations,
oui, là, qui nous sont rapportées, régulièrement.
Mme Caron : D'accord. Merci
beaucoup.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de
Saint-Henri-Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci à vous tous et toutes. Je vais directement sur
un point, là. Vous aviez discuté la possibilité de baliser la définition de
«situation d'urgence», puis j'ai bien aimé l'analyse, Me Bernier-Bastien, puis
la proposition d'amendement. Est-ce que vous pourriez nous la faire suivre
directement? Je pense qu'on pourrait s'en inspirer grandement dans nos
réflexions.
Une voix : Oui, absolument.
M. Cliche-Rivard : Excellent.
Parfait.
Le Président (M.
Bachand) :...la commission pour
distribution, s'il vous plaît. Merci.
M. Cliche-Rivard : Donc, j'avais
apprécié votre analyse sur les deux composantes de la définition. Si vous
voulez nous la communiquer, et la proposition d'amendement, là, ces deux
éléments-là, ça nous aiderait beaucoup dans notre réflexion. Merci.
Sur votre septième point, dans votre
mémoire, sur la modification au code pour prévoir l'exception d'accès aux
renseignements contenus au tableau de l'ordre, est-ce qu'on devrait considérer
ça ou est-ce que c'est ça... le cas, là, je ne suis pas familier avec, mais
est-ce qu'on devrait élargir ça à l'ensemble des tableaux de l'ordre ou à l'ensemble
des professions, finalement, ou si c'est c'est seulement pour les infirmières?
Une voix : ...
M. Cliche-Rivard : C'est déjà
prévu pour l'ensemble. C'est ce qu'on m'explique ici, autour de la table. Ça fait
que, merci beaucoup, ça me donne la réponse. Est-ce que vous avez réfléchi, de
votre côté, par contre, à baliser entre, quand même, un besoin du public d'être
capable d'identifier certains professionnels, les coordonnées, du moins le lieu
de travail et l'intérêt, évidemment, que vous avez nommés, là, face à la
sécurité de ces femmes-là ou de ces professions-là? Comment vous jonglez les
deux, les deux besoins, finalement.
Mme Bernier-Bastien (Virginie) : Est-ce
que vous pourriez, s'il vous plaît, répéter la question à nouveau, en fait?
M. Cliche-Rivard : Tout à
fait. Ça fait que la question, c'est, effectivement, on va ne pas donner de
renseignements publics dans des situations précises, on va prévoir des
exceptions, mais, de l'autre côté, il y a un besoin à caractère public d'être
capable d'identifier puis de trouver certains professionnels. Je cherche à
trouver la bonne ligne ou le bon... le bon point de mitigation entre,
évidemment, les besoins de sécurité qui sont clairs de certaines femmes et les
besoins du grand public d'être capable d'identifier et trouver un professionnel
de la santé, ou du droit, ou autre. Donc, je ne sais pas si vous aviez réfléchi
à une façon de le baliser autrement.
Mme Bernier-Bastien (Virginie) : En
fait, nous... c'est des situations qui seraient évaluées au cas par cas, et on
irait, évidemment, en fonction des informations qui sont données par la
personne qui serait en mesure de justifier, en fait, que la divulgation de l'information
concernée mettrait en péril la sécurité d'une personne ou poserait un préjudice
à celle qui est l'auteur du renseignement ou qui en est l'objet. Donc...
Mme Bernier-Bastien (Virginie) : ...évidemment,
on pourrait imaginer des balises à l'interne qui seront rédigées pour pouvoir
encadrer, là, les personnes qui vont être en mesure d'évaluer ces
situations-là. Mais c'est vraiment au cas par cas qu'on imagine.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
Sur l'élément...
M. Mathieu (Luc) :...
M. Cliche-Rivard : Allez-y.
M. Mathieu (Luc) :Si vous me permettez. C'est parce que déjà les gens du
public, via notre site internet, là, ils peuvent vérifier le droit d'exercice
d'un membre. Et puis il y a... il y a certaines informations. Puis, à partir de
là, là, les gens pourraient contacter l'ordre pour avoir les informations
supplémentaires. Puis, selon ce qu'on restreint comme accès, là,
indépendamment, ce qui va être adopté dans le projet de loi, bien, ça
permettrait d'opérationnaliser le tout.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
Il me reste peut-être une dernière question pour vous. Vous parliez... Vous
discutiez avec la collègue, tout à l'heure, là, de la pratique en OBNL. Ce que
je comprends, c'est que là, pour que ce soit possible, il va falloir qu'il y
ait un règlement d'application pour tous les ordres et que, du moment où vous
le faites, là ça va être possible. Mais, si vous ne le faites pas ou si les
ordres ne le font pas, c'est à ce moment-là qu'on perdrait des infirmières,
mais que vous allez évidemment le faire parce que la population ne peut pas se
sauver de 545 infirmiers et infirmières. Ça, c'est bien évident. Donc la
question, c'est : Comment ça fonctionne actuellement, s'il n'y a pas déjà
cette disposition-là, législative? C'est que vous avez une autorisation autre
part qui ne nécessitait pas la modification qui est prévue aujourd'hui?
Mme Bernier-Bastien (Virginie) : En
fait, dans sa forme actuelle, là, le Code des professions n'interdit pas
expressément le fait d'exercer au sein d'une personne morale sans but lucratif,
donc interpréter l'autorisation qui est accordée à l'exercice au sein de
sociétés par actions ou d'une société... collectif à responsabilité limitée
sous réserve d'un règlement de l'ordre comme une interdiction pour les
professionnels d'exercer leurs activités au sein de toute structure juridique,
comme est le cas au Québec. Dans notre cas, là, ce qu'on observe, c'est que ça
nous donnerait des résultats incongrus qui feraient abstraction de ce qui se
passe réellement, là, en pratique.
M. Cliche-Rivard : Ça fait
que la...
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
M. Cliche-Rivard : Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. C'est tout le
temps. Merci beaucoup d'avoir été avec nous aujourd'hui. C'est très, très, très
apprécié.
Sur ce, je suspends les travaux quelques
instants pour accueillir les prochains groupes. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 08)
(Reprise à 17 h 13)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît. La commission
reprend ses travaux. Alors, pour une rare fois, en tout cas, c'est la première
fois pour moi, on reçoit trois ordres professionnels en même temps, donc ils
sont... ils se sont consultés, puis tout ça, pour être très efficaces. Alors
donc, c'est une période d'échange et d'exposé d'une heure. Les trois ordres
auront 15 minutes et, après ça, on aura des périodes d'échange de
45 minutes avec les membres. Alors, je vous invite à débuter en vous
présentant bien sûr et en présentant l'ordre que vous représentez aussi. Merci
beaucoup d'être ici avec nous aujourd'hui.
M. Gallant (Paul-André) : Alors,
bonjour. Merci, M. le Président, Mme la ministre, Mmes et MM. de la commission.
Je me présente, je suis Paul-André Gallant, je suis président de l'Ordre des
orthophonistes et audiologistes du Québec. Je suis accompagné aujourd'hui de
Caroline Dufour, présidente de l'Ordre des conseillers et conseillères
d'orientation du Québec, et de Joanie Heppell, présidente de l'Ordre des
sexologues du Québec. Nous sommes également accompagnés à l'arrière par
Marie-Claude Paquette, directrice du développement professionnel à l'Ordre des
orthophonistes et audiologistes du Québec, Gaëlle De Roussan, directrice
générale de l'Ordre des conseillers et conseillères d'orientation du Québec, et
Isabelle Beaulieu, directrice générale et secrétaire de l'Ordre professionnel
des sexologues du Québec.
Alors, tout d'abord, nous remercions la
Commission des institutions pour l'invitation. C'est avec joie que nous nous
présentons devant vous, et ce, en toute collaboration interprofessionnelle à
trois. Nous sommes bien contents de le faire. Merci.
En nous exprimant d'une seule voix au
sujet du projet de loi n° 67, nous tenons, dans un premier temps, à saluer
ce projet de loi qui permettra à différentes et différents professionnels de
contribuer à l'amélioration de l'accessibilité aux services, et ce, au bénéfice
des clientèles et du public.
Vu la limite du temps qui nous est imparti
pour notre présentation, nous allons concentrer celle-ci sur la question du
diagnostic des troubles mentaux, puisque notre position est identique en tout
point. Des exemples concrets s'appliquant aux spécificités des différentes
professions suivront dans un deuxième temps. Nous tenons toutefois à souligner que
nous partageons les inquiétudes du Conseil interprofessionnel du Québec ainsi
que des autres ordres sur les... concernant les articles du projet de loi
concernant les personnes morales sans but lucratif. Nous invitons les
parlementaires à nous interpeller sur le sujet lors la période de questions et
à consulter nos mémoires respectifs à ce sujet.
Mme Heppell (Joanie) : D'abord,
on va vouloir brosser un peu le portrait des professionnels qui vont être
touchés par les dispositions du projet de loi n° 67. L'ensemble des
3 359 orthophonistes du Québec qui évaluent actuellement les troubles
de langage et les troubles d'apprentissage en lien avec le langage pourront
utiliser le terme «diagnostic», de même que les titulaires d'une attestation de
formation pour l'évaluation des troubles sexuels, soit 371 sexologues. Du
côté de l'Ordre des conseillers et conseillères en orientation, 169 exercent
actuellement l'activité d'évaluer le retard mental. De plus, 31 détiennent
l'attestation pour l'évaluation des troubles mentaux et 35 ont fait une demande
et sont à compléter la formation théorique et pratique.
L'ensemble des ordres en santé mentale et
relations humaines, tout comme le Collège des médecins, sont en accord :
évaluer et conclure à la présence d'un trouble revient à le diagnostiquer.
Cliniquement, il n'y a vraiment aucune différence. Le projet de loi ne fait
qu'amener une clarification sémantique et officialise ce que les professionnels
font déjà. Établir clairement un diagnostic élimine toute confusion de terminologie
pour s'assurer d'une meilleure compréhension sans ambiguïté pour les parents,
les clientèles, les partenaires, les gestionnaires, les employeurs et
l'ensemble des réseaux scolaires et de la santé et des services sociaux. De
plus, le projet de loi n'attribue aucune compétence supplémentaire. Les
professionnels habilités de nos ordres détiennent...
Mme Heppell (Joanie) : ...pour
toutes les compétences nécessaires à l'exercice du diagnostic. Les
connaissances et compétences sont équivalentes à celles des autres
professionnels ciblés par le projet de loi n° 67.
Celui-ci vient simplement reconnaître ses compétences et officialise la
capacité des professionnels à diagnostiquer. Que ce soit le terme évaluation ou
diagnostic, notre mission de protection du public des ordres demeure inchangée.
Les mécanismes de protection déjà en place, comme l'inspection professionnelle
ou la formation, le développement professionnel continu, le resteront. Cette
modification sémantique n'affecte ni positivement ni négativement le risque de
préjudice potentiel. Les sexologues, orthophonistes, conseillères et
conseillers en orientation établiront des diagnostics en respectant leurs
obligations déontologiques et les normes de pratique reconnues. Il n'y a aucun
changement à prévoir en ce sens.
Mme Dufour (Caroline) : Il en
va de même pour la collaboration interprofessionnelle. Celle-ci est
omniprésente en santé mentale et en relations humaines, continuera de l'être et
sera même facilitée. Ces clientèles peuvent être vulnérables et présenter un
portrait clinique cumulant différentes problématiques biopsychosociales. Ainsi,
la collaboration interprofessionnelle est indispensable pour bien identifier et
répondre aux besoins spécifiques de la clientèle et utiliser la force de
l'équipe pour effectuer un diagnostic différentiel. Un climat de respect et de
reconnaissance des rôles et compétences de chaque professionnel est la clé
d'une collaboration réussie et demeure un gage de succès pour la qualité des
services et la sécurité des soins.
Le fait d'avoir un diagnostic clair vient
soutenir la collaboration interprofessionnelle et le travail en
interdisciplinarité et multidisciplinaire, mais soutient également les
démarches des clientèles avec les autres professionnels. En effet, ces
précieuses collaborations peuvent réduire le nombre d'erreurs de diagnostic ou
encore les surdiagnostics. En combinant leur expertise, les professionnels
permettent à la clientèle de mieux comprendre leur condition, d'avoir un
accompagnement optimal, d'avoir des interventions plus ajustées et des services
plus agiles et accessibles, notamment en santé et services sociaux, mais aussi
dans les milieux de l'éducation et de l'employabilité. Nous sommes d'avis que
la population sera mieux desservie.
Nos ordres ont l'habitude de se consulter
pour échanger et se concerter sur des enjeux communs. Notre présence à trois
aujourd'hui l'illustre bien. De plus, en permettant aux professionnels
d'utiliser le terme diagnostic pour leur évaluation clinique, cela entraînera
un allègement de la première ligne, notamment au niveau des consultations
médicales non nécessaires et une diminution des délais d'attente. Actuellement,
ce qui nuit à l'accessibilité est qu'on ne reconnaît pas les conclusions
cliniques de certains professionnels habilités pour donner accès aux services,
à l'aide financière, à des mesures d'accompagnement ou à des exemptions
fiscales. Cette situation contribue à créer des goulots d'étranglement pourtant
évitables dans le réseau de la santé et des services sociaux et mine le
principe de l'accessibilité compétente. Pourtant, recevoir un diagnostic clair
offre à la personne la possibilité de mieux comprendre ses forces et ses défis,
d'agir pour remédier à ses difficultés et de s'adapter plus rapidement à sa
condition.
En fonction du diagnostic établi, des
besoins et des préférences de la personne, elle pourra être orientée au bon
moment vers le bon service rendu par la bonne personne ou le bon professionnel,
ou vers la ressource la plus appropriée.
• (17 h 20) •
M. Gallant (Paul-André) : Alors,
concrètement, nous allons vous présenter quelques exemples pour chaque
profession. Donc, je tiens à souligner que l'expertise de l'orthophoniste, ses
compétences, ses capacités à diagnostiquer et ses conclusions cliniques sont reconnues
comme un diagnostic depuis plusieurs années par le ministère de l'Éducation
notamment et dans tout le réseau scolaire. Ainsi, l'ensemble des élèves en
situation de handicap associé à une déficience langagière peuvent présenter un
certificat attestant leur diagnostic établi par une ou un orthophoniste et
dépeignant les impacts fonctionnels de ce trouble afin d'avoir accès à des
mesures d'accommodement dans le cadre de leurs études. Toutefois, et c'est là
que ça se complique, lorsqu'ils arrivent aux études supérieures, s'ils
demandent de l'aide financière, ça devient beaucoup plus compliqué.
Et là j'ai le goût de vous présenter un
cas, un nom fictif, mais un cas réel qui arrive très souvent. Donc, on peut
penser à Sophie qui a été évaluée en quatrième année par un orthophoniste et
qui pour lequel elle a eu une conclusion clinique de dyslexie, dysorthographie.
Elle a eu les services à l'école, les accommodements, etc., durant tout son
parcours de primaire, secondaire...
M. Gallant (Paul-André) : ...l'orthophoniste,
le suivi en intervention aussi, l'orthopédagogue aussi, etc. Mais arrive au
cégep, et là la maman de Sophie souhaite faire une demande au programme pour
avoir des bourses, des accommodements aussi pour le cégep, etc. Et, à ce
moment-là, elle appelle l'orthophoniste, elle lui dit : Peux-tu remplir le
formulaire? Et l'orthophoniste lui dit : Bien, je m'excuse, mais le
formulaire demande un diagnostic médical. Et la maman de Sophie dit : Je
n'ai pas de médecin de famille. Qu'est-ce que je peux faire? Deux options pour
elle, aller à l'urgence. La mère de Sophie dit : Ce n'est pas une urgence,
même si c'en est une, mais ce n'est pas pour ça qu'on va à l'urgence, ou
d'aller au privé chercher un médecin. Après six mois, elle réussit à ramasser
les sous pour aller au privé. Elle va voir le médecin. Le médecin appelle
l'orthophoniste et lui dit : Qu'est-ce que je dois écrire dans le
formulaire? C'est le genre de situation qui arrive parce qu'on n'a pas reconnu
que la conclusion de l'orthophoniste était un diagnostic.
Cette situation, bien entendu, elle n'est
pas rare. Elle est également fréquente dans la trajectoire en emploi, notamment
au sein des CISSS et CIUSSS, bien que les conclusions orthophoniques émises par
les orthophonistes soient reconnues sans nécessiter de certificat médical.
Plusieurs types de programmes, dans le réseau de la santé ou en communauté,
exigent, comme condition d'admissibilité, de présenter un diagnostic attesté
par un médecin. Par exemple, une personne adulte avec un trouble de langage,
une aphasie, par exemple, ou un trouble d'apprentissage pourrait avoir des
défis importants lors d'une prestation de travail. Une inaptitude au travail ou
encore des absences de maladie temporaire doivent, dans la plupart des cas, être
attestées par une ou un médecin selon les exigences d'organismes ou
d'employeurs. Cela ne fait pas de sens, surtout considérant les délais,
parfois, longs pour avoir accès à un médecin, notamment.
Mme Dufour (Caroline) : Pour
les conseillers d'orientation, nous vous donnerons quelques exemples qui
peuvent contribuer, de manière directe ou indirecte, aux services... à l'accès
aux services, pardon, et à l'allègement de la charge des médecins. Voici un
exemple d'effet direct. Une personne en réadaptation physique, dans le secteur
de la santé et services sociaux, qui présente un trouble du spectre de
l'autisme ou une déficience intellectuelle non diagnostiquée peut avoir...
pardon, peut être directement orientée vers des programmes spécialisés grâce au
diagnostic réalisé par un ou une conseillère d'orientation, sans avoir à
consulter un médecin au préalable. Voici en effet... un exemple d'effet
indirect dans le milieu de l'éducation. Lorsqu'une personne étudiante présente
une anxiété importante nécessitant des accommodements scolaires, un ou une
conseillère d'orientation peut évaluer la situation et recommander des
ajustements directement dans son milieu. Cela permet de répondre rapidement à
ses besoins sans attendre un diagnostic médical, facilitant ainsi son accès à
des mesures appropriées et évitant ainsi un passage par un système de santé
déjà engorgé.
Et finalement, comme troisième exemple,
nous serons dans le milieu de l'employabilité. Une personne qui perd
régulièrement son emploi, en raison de difficultés dans la gestion de ses
émotions, peut bénéficier d'un contrat d'intégration au travail qu'on appelle
CIT, grâce à un diagnostic de trouble de personnalité effectué par un ou une
conseillère d'orientation. Cette mesure de soutien facilite son embauche et son
maintien en emploi. En collaboration avec le réseau de la santé, elle pourra
également bénéficier du suivi d'une infirmière spécialisée en santé mentale et
d'un groupe de gestion des émotions, le tout ayant pour but d'assurer son
intégration et sa persévérance.
Pour réaliser les interventions décrites,
les conseillers d'orientation doivent avoir une maîtrise de deuxième cycle et
une attestation supplémentaire, ce qui représente, au total, sept ans d'études
à temps plein.
Mme Heppell (Joanie) : Les
sexologues sont encore méconnus. Donc, ça me fait plaisir de vous parler de
qu'est-ce qui... qu'est-ce qu'on était déjà en mesure de faire. Donc, les
sexologues qui détiennent une attestation de formation pour l'évaluation des
troubles sexuels sont habilités à diagnostiquer ces derniers qui se déclinent
en trois catégories, donc, les dysfonctions sexuelles, les paraphilies et la
dysphorie de genre, dont vous avez peut-être entendu un petit peu plus parler
dernièrement. Les sexologues travaillent en étroite collaboration avec les
professionnels de la santé physique et mentale en lien avec ces troubles,
contribuant à alléger leur pratique, mais aussi à l'enrichir par leur
expertise.
L'exemple de la dysphorie de genre permet
d'illustrer cette collaboration interprofessionnelle. À différentes étapes de
leur processus, les personnes qui se questionnent sur leur identité de genre
peuvent avoir recours à des services des sexologues. Au stade où il y a des
interventions plus médicales ou d'affirmation de genre, des chirurgies
d'affirmation de genre, les chirurgiens demandent une... au moins, une lettre
de recommandation d'une personne professionnelle, idéalement, en mesure de
diagnostiquer la...
Mme Heppell (Joanie) : ...la
dysphorie de genre, dont les sexologues. Les cliniques qui effectuent les
chirurgies se conforment aux exigences des standards de soins, s'assurant de la
formation initiale de niveau maîtrise, ainsi que des compétences des
professionnels qui doivent avoir une bonne connaissance de la dysphorie de
genre et de tout enjeu de santé mentale qui pourraient interférer avec la
capacité d'une personne à consentir à un soin médical d'affirmation de genre.
Les sexologues jouent un rôle crucial dans les pratiques interdisciplinaires en
enrichissant et en facilitant la pratique des professionnels de la santé
physique et mentale. Leur contribution est particulièrement manifeste dans les
cas comme la dysphorie de genre où leur expertise est vraiment pertinente pour
garantir des soins adaptés et éclairés, tout en renforçant la qualité et la
cohérence des interventions médicales et de santé mentale.
M. Gallant (Paul-André) : La
question de l'accès aux soins ne se limite pas seulement à la capacité de
diagnostiquer, mais englobe aussi la disponibilité des services nécessaires
pour répondre aux besoins des clientèles. Ainsi, en permettant aux
orthophonistes, aux sexologues, aux conseillères et conseillers d'orientation
d'utiliser explicitement le terme diagnostic, le projet de loi n° 67 améliorera
la situation en première ligne, mais, et nos collègues les psychologues l'ont
dit, des infirmières, des médecins, mais si et seulement si, les ajustements
sont apportés rapidement sur le terrain et au niveau administratif. Sans cela,
le projet de loi n'aura pas de portée significative pour la population. Il
s'agit de la prochaine étape logique et incontournable pour l'amélioration du
système de santé québécois. Merci pour votre attention et nous sommes disposés
à répondre à vos questions.
Le Président (M.
Bachand) : Vous êtes vraiment bons. Vraiment! Vous avez
respecté le temps. Vous êtes parfaits. Mme la ministre, s'il vous plaît!
Mme LeBel : Merci, M. le
Président. Merci. Merci pour cette présentation conjointe et efficace. Je pense
que c'est important quand on veut progresser, d'être capable de cibler, là, les
enjeux. Je sais qu'il y a d'autres, il y a d'autres sujets sur lesquels vous
auriez probablement aimé vous exprimer, comme les permis, mais qu'à travers le
conseil, là, je... je tiens pour acquis qu'à travers les remarques du Conseil,
bien, on va avoir l'information requise pour bien s'ajuster le cas échéant.
Donc, merci beaucoup. Vous allez me pardonner dans les questions que je vais
vous poser, de ne pas savoir lequel de vous trois parce que vous avez eu des
mémoires conjoints. Pour l'essentiel, vous allez dans la même direction.
Quelquefois, il y a des nuances dans vos commentaires, mais pour l'essentiel,
vos commentaires sont dans la même direction. Donc, je vais aborder le sujet et
soyez à l'aise de répondre là. La personne qui pense ou qui désire répondre je
ne vais pas gérer le droit de parole, ça fait que je vais vous laisser aller et
le président est là pour ça. Donc, parlons peut-être particulièrement, bon, du
diagnostic, juste pour un peu fermer le sujet. C'est très clair pour moi qu'on
vient reconnaître une action qui était déjà, qui était déjà faite sur le
terrain, mais qui n'avait pas sa pleine valeur de diagnostic et avec les
conséquences ou les inconvénients que ça entraînait, c'est-à-dire de faire
confirmer souvent ces diagnostics-là. Bon, naturellement, on comprendra qu'au
niveau pratique et administratif, la notion de diagnostic n'existant pas encore
pour vous, on ne peut pas ajuster les documents avant, mais il faudra, vous
avez raison, que le reste suive pour vous permettre d'avoir la pleine, la
pleine capacité d'exercer ce que cette nouvelle, je dirais, sémantique oui,
mais qui a quand même une valeur extrêmement significative sur le terrain,
parce que si c'était juste une question de sémantique, on ne serait pas là.
Donc, je comprends ça. Je pense que c'est dans le mémoire de de l'ordre des
conseillers et conseillères en orientation, mais vous parliez de ce changement
sémantique, mais je dirais ce changement qui a quand même une valeur
significative, pourrait avoir un impact sur l'attraction de la main-d'oeuvre et
parliez du Canada à l'international. Je voulais poser aussi à l'ordre des
psychologues et à un moment donné, dans la conversation, je l'ai, je l'ai
oublié, mais en quoi, effectivement, vous pensez que ça peut nous aider à
attirer de la main-d'oeuvre ou à attirer des gens de vos secteurs respectifs?
Est-ce que c'est parce qu'ailleurs c'est permis le diagnostic déjà ou...?
• (17 h 30) •
Mme Dufour (Caroline) : Ce
que je peux vous dire à ce sujet-là en termes d'attraction, le terme évaluation
pouvait être un peu, peut-être que mon mot est fort, mais «repoussant» de
faire autant d'études pour finalement n'avoir que le mot «évaluation», ce qui
peut expliquer quand même, on est conscient, le petit nombre de conseillers
d'orientation qui détient cette attestation, mais on le sent déjà, le mouvement
d'attraction que ça crée présentement, de conseillers d'orientation qui
s'inscrit dans, qui pose des questions pour amener... être dans ce mouvement
d'être davantage de professionnels pouvant détenir cette attestation.
Mme LeBel : Donc, si je
comprends bien, j'ai compris que pour les sexologues, pour être capable de, à
l'adoption du projet de loi, de diagnostiquer, mais maintenant...
17 h 30 (version non révisée)
Mme LeBel : ...évaluer un
trouble mental ou, dans le cas des conseillers en orientation, pour un trouble
de santé mentale, dans le cas... dans vos deux cas de vos ordres respectifs,
pour être capables de le faire, ça prend une attestation. Donc, ce n'est pas
tous les sexologues et tous les conseillers en orientation qui peuvent exercer
cette action particulière. Donc, on ne passe pas par un titre particulier mais
par une attestation. Et là maintenant, cette attestation-là demeure, mais à ça
va être rattaché la capacité de diagnostic. C'est ça?
Une voix : ...
Mme LeBel : Est-ce que le
système d'attestation est le même pour les orthophonistes?
M. Gallant (Paul-André) : Non,
pas du tout. En fait, tous nos orthophonistes...
Mme LeBel : Parce que votre
structure est différente?
M. Gallant (Paul-André) : Effectivement.
Tous nos orthophonistes semblent habilités à évaluer le langage, les troubles
de langage, les troubles d'apprentissage. Donc il n'y a pas d'attestation et il
n'y a pas de... à notre avis, ça n'aura pas un enjeu d'attractibilité parce
que, pour nous, les orthophonistes vont faire toujours la même chose. Ils vont
faire ce qu'ils font depuis toujours. Ils vont juste appeler ça autrement qu'une
conclusion orthophonique. Il va appeler ça un diagnostic. Et c'est dans la
machine qu'il faut que ça percole, disons-le, pour que la culture... vous l'avez
dit tantôt, Mme la ministre, la Culture change mais aussi certains règlements,
certaines règles, lois, etc.
Mme LeBel : Vous indiquiez...
Donc, je vais m'adresser particulièrement la question de l'attestation, qui m'intéresse
beaucoup. Vous indiquiez... Bon, c'est l'attestation de formation,
naturellement. Parce que je comprends que, pour être un sexologue ou un
conseiller en orientation qui a une attestation de formation lui permettant de
faire une évaluation, dans le cas précis, mais on comprend qu'on s'en va vers
le diagnostic. De quelle façon l'ordre contrôle? Parce que vous avez deux
types... bien, pas deux types, là, je ne dis pas que... vous comprenez ce que
je veux dire, deux types de capacité d'action possible, là. De quelle façon
vous contrôlez la formation à ce moment-là?
Mme Heppell (Joanie) : Pour
notre part, c'est assez simple, hein? Il y a des sexologues qui ont une
formation de baccalauréat, puis, bon, d'autres sexologues qui vont avoir
baccalauréat et une maîtrise. Donc, c'est le comité d'admission, qui est un des
mécanismes de protection du public, qui s'assure de vraiment bien attester que
ces personnes-là sont bel et bien qualifiées pour faire ces diagnostics-là.
Donc, ces mécanismes-là existent déjà et ne changeront pas, à part la
formulation, finalement.
Mme LeBel : Oui. Parce que la
finalité de l'acte demeure la même.
Mme Heppell (Joanie) : C'est
littéralement les mêmes actions. Dans mon bureau privé, je ne vais pas changer
ma façon de procéder, c'est exactement les mêmes... les mêmes actions. La
responsabilité semble changer, mais non, c'est vraiment la même, même chose,
sauf qu'on va appeler ça un diagnostic bel et bien reconnu.
Mme LeBel : Plutôt qu'une
évaluation.
Mme Heppell (Joanie) : Exact.
Mme LeBel : Parfait. Parlons
des personnes morales sans but lucratif. Vous avez abordé le sujet, donc je
vous donne l'occasion peut-être rapidement de peut-être... de vous exprimer sur
la question et de me... et de me... un peu m'orienter... je ne veux pas faire
un mauvais jeu de mots, mais m'orienter vers ce que vous voulez dire. Mais j'ai
bien vu dans vos documents qu'on parlait surtout de la question de la
réglementation uniforme pour tous, peut-être laisser le choix aux ordres
professionnels. On a vu que, dans le cas de l'Ordre des infirmiers et
infirmières du Québec, il y a déjà possibilité de le faire, peut-être que dans d'autres,
ça mériterait un encadrement supplémentaire. Mais je veux vous entendre sur
cette question-là.
Mme Heppell (Joanie) : Donc,
on a vraiment tous les mécanismes de protection du public déjà en place pour,
on va dire, encadrer les professionnels qui sont dans les PMSBL. C'est idem
avec l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec. Ce qu'ils vous ont nommé
tout à l'heure, c'est vraiment ça, les préoccupations. Donc, imaginons un
organisme qui intervient, organisme communautaire qui intervient auprès des
personnes qui ont commis des agressions sexuelles, par exemple. Donc, il va y
avoir une sexologue, une criminologue, une TS, une infirmière qui vont
collaborer ensemble. Et là, il faudrait que l'organisme communautaire ait
quatre règlements, qu'il y ait des interactions avec différents... Et là on
peut imaginer l'impact que ça peut avoir sur les professionnels ou sur les
organismes. Ils vont dire : Ah! C'est trop compliqué, engager des
professionnels, on va prendre des intervenants qui ne font pas partie de l'ordre.
Donc, on amène une déprofessionnalisation de ces organismes-là et moins d'accès,
moins d'accès peut-être compétent ou du moins ciblé sur les activités qui sont
plus à haut risque de préjudice. Donc, pour nous, on se range vraiment du côté
de ce que les infirmières vous ont dit. C'est vraiment une préoccupation. Donc,
il ne faut pas... il ne faudrait pas que ce soit mur à mur nécessairement, et
que ce soit vraiment plus adapté à chaque ordre professionnel, parce que les
enjeux ne sont pas les mêmes d'un ordre à l'autre. Voilà.
Mme LeBel : Est-ce qu'il y a
quelque chose par rapport à ce sujet-là que vous pensez qu'il est pertinent d'ajouter,
là, pour vous permettre de vous exprimer?
Mme Dufour (Caroline) : Pour
notre part, on a déjà un grand nombre de membres qui pratiquent dans ces
organismes. Comme ma collègue l'a mentionné, on ne sent pas d'enjeux
particuliers étant donné que l'assurance professionnelle est déjà là, que les
mesures d'encadrement sont déjà là. Comme ça a déjà été mentionné, autant par
mes collègues que par le CIQ ou d'autres organismes qui se sont présentés, c'est
vraiment d'adapter cette proposition à la réalité spécifique de chacun des
ordres, selon les enjeux, préjudices, selon ce qui est possible de faire en
place, là.
Mme LeBel : Ça fait que,
quand vous dites, dans votre...
Mme LeBel : ...dans votre
mémoire ou, en tout cas, dans les documents que j'ai lus, que d'occasionner...
que... les modifications dans leur forme actuelle, naturellement, là, et non
pas l'idée de permettre pour tout le monde, parce que je... parce qu'on
comprend qu'il y a présentement certains ordres professionnels qui permettent
cet exercice-là et d'autres ordres professionnels qui ne permettent pas, le fait
de le ramener au niveau du Code des professions fait en sorte que tout le monde
aura l'occasion, sous certaines conditions, de le faire. Donc, c'est un peu ça
aussi.
Puis je reprends un peu le commentaire de
l'Ordre des infirmières quand on parlait du permis restrictif. Je veux dire, ça
ne peut ne pas être aussi utile pour l'Ordre des infirmières, ce qui ne veut
pas dire que ce n'est pas une... quelque chose qu'il faut... qu'il faut ramener
à un niveau supérieur, je dirais, dans le Code des professions. Mais, quand
vous dites de... «sous leur forme actuelle, risque d'occasionner une diminution
des professionnels au sein des conseils d'administration, ou des postes, ou...
ou au sein de ces personnes morales-là», c'est ce à quoi vous faites référence,
là.
Mme Dufour (Caroline) : Exactement,
on craint l'exode, étant donné la complexité de ces organisations à gérer
multiples professionnels, dont l'enjeu premier souvent de ces organisations-là,
c'est de s'adresser à une clientèle vulnérable, parmi ces organismes
communautaires, alors que ce sera peut-être plus simple... de retirer des
professionnels, ce serait malheureux.
Mme LeBel : Et d'expérience,
présentement, de...
Mme Dufour (Caroline) : De
l'expérience, de l'expertise, oui.
Mme LeBel : De... oui.
Parfait. Et présentement, de votre expérience terrain, là, par rapport à cet
enjeu-là, est-ce que vous pensez que vous avez tout ce qu'il faut pour encadrer
cet...
Mme Heppell (Joanie) : Définitivement,
définitivement. Tout est en place actuellement pour encadrer les professionnels
dans ces organismes-là. Il n'y a pas de souci... en tout cas, du côté des
sexologues, je pense, de votre côté aussi, là.
Mme LeBel : Bien, du côté des
ordres qui ont déjà cette expérience-là.
Mme Heppell (Joanie) : Exact,
exact.
Mme LeBel : O.K. Bien, merci.
Pour ma part, merci beaucoup de votre présentation. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député d'Acadie... Mme la
députée de La Pinière.
M. Morin : ...
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Alors, merci à vous trois. Chapeau pour le tour de force d'avoir
présenté vos trois mémoires en 15 minutes top chrono. Alors, je vais... Il
y a le réseau FADOQ qui a déposé un mémoire aussi pour cette commission, même
s'ils ne sont pas invités à la commission, et ils abordent le sujet des
appareils auditifs sur le marché québécois. Alors, ma question s'adresserait
davantage à M. Gallant. C'est que le réseau FADOQ dit dans son mémoire... C'est
que les prothèses auditives coûtent entre 3 000 $ et 7 500 $ au
Québec, que près du quart des personnes qui en ont besoin ne s'en achètent pas
à cause du prix élevé et qu'en raison de ces prix de nombreuses personnes décident
d'acheter leurs appareils auditifs en ligne, notamment en Ontario ou aux
États-Unis, où ils sont moins chers qu'ici. Et la FADOQ avance que cette
réalité peut s'expliquer de différentes façons, notamment que ce sont les
audioprothésistes, donc, ça, ce n'est pas dans votre ordre, les
audioprothésistes qui ont le monopole de la vente des prothèses auditives, mais
que les audiologistes, donc, dans votre ordre ont au minimum une maîtrise
universitaire en sciences, n'ont pas le droit de vendre les prothèses, même
s'ils peuvent, je crois, les... poser le diagnostic, là, on l'a dit tout à
l'heure, et qu'ils peuvent les ajuster. Alors, comme vous êtes spécialiste plus
que moi de cette question-là, j'aimerais vous entendre là-dessus. Est-ce que
vous êtes d'accord avec ce qui est avancé dans le mémoire de la FADOQ? Est-ce
que vous avez des nuances à apporter?
• (17 h 40) •
M. Gallant (Paul-André) : Bien,
évidemment, ce n'est pas quelque chose qui a été discuté dans le cadre du p.l.
n° 67 parce qu'on s'est concentré sur la santé mentale en tant que telle,
mais c'est quelque chose qu'on... sur lequel on milite depuis plusieurs années
au niveau de l'accessibilité à la prothèse auditive. Donc, c'est sûr qu'on a...
Quand on a parlé de l'élargissement des pratiques professionnelles, on a déposé
des recommandations et, en ce sens, on souhaite qu'éventuellement, dans la
question d'élargir les pratiques professionnelles, notamment en santé physique,
on puisse réfléchir à cette situation-là parce que c'est sûr que
l'accessibilité à la prothèse, c'est important. C'est tout à fait, par contre,
dans le cadre de l'esprit du projet de loi n° 67 parce qu'on souhaite
élargir aux professionnels compétents. Je dois noter que les biologistes,
partout au Canada, en Amérique du Nord, font ça. Et, par ailleurs, aussi, au
Québec, nos audiologistes travaillent déjà dans le système de santé, donc ils
sont déjà employés des CISSS et des CIUSSS, ils pourraient très bien
distribuer... poser et distribuer la prothèse auditive, notamment celle RAMQ,
et ça sauverait beaucoup de coûts, probablement. Donc, c'est... Éventuellement,
quand le gouvernement et les parlementaires seront prêts à apporter cette
modification au 37.1 des audiologistes, nous, on va répondre comme la FADOQ
positivement.
Mme Caron : D'accord. Merci.
Alors, dans le... Ce qui me préoccupe un petit peu dans le cas du
vieillissement de la population, c'est qu'on peut s'attendre à ce qu'il y ait
plus de personnes qui aient besoin d'un appareil auditif en vieillissant. On
a... Il y a combien de professionnels à l'heure actuelle, que ce soit les
audioprothésistes ou les audiologistes pour répondre à cette demande
peut-être...
Mme Caron : ...grandissante
pour avoir d'abord un diagnostic, là.
M. Gallant (Paul-André) : Mais
en fait, au Québec, le système est fait que les audiologistes évaluent
l'audition. Les médecins aussi peuvent le faire. Donc, c'est eux qui ont l'acte
réservé d'évaluer l'audition. À noter, pas «diagnostiquer» dans notre cas parce
que c'est encore le mot «évaluer». On n'est pas rendus là dans nos travaux. Et,
par la suite, bien, c'est l'audioprothésiste qui peut poser et vendre la
prothèse auditive. L'audiologiste peut ajuster la prothèse auditive, par
contre. Donc, au Québec, c'est comme ça que c'est fait actuellement. Je n'ai
pas le nombre exact d'audioprothésistes au Québec, mais ça tourne autour de 400
ou 500. Au niveau des audiologistes, on est 500, mais on va en grande
augmentation parce qu'on a ouvert notamment un programme à l'Université Laval.
Donc, en tout et partout, si les audiologistes distribuaient les prothèses
comme les audioprothésistes, il y aurait à peu près ni plus ni moins
1 000 personnes pour le tsunami qui va nous arriver dans quelques
années, où l'OMS dit que le quart de la population mondiale risque d'avoir des
problèmes auditifs qui sont suffisamment handicapants dans leur vie. Donc, au
Québec, on ne sera pas épargnés de ça. Donc, c'est à peu près
1 000 personnes qui pourraient le faire éventuellement, comparé à
l'Ontario, où là les deux professionnels le font et ils sont plus de
3 000.
Mme Caron : D'accord. Merci
pour cet éclairage-là. Vous avez parlé de... bien, ce que... j'ai noté
concordance avec administrative, on en a parlé tantôt avec les infirmières,
l'Ordre des infirmiers, infirmières. Donc, vous, vous constatez qu'il y a des
documents qui pourraient vous... finalement freiner les retombées de ce projet
de loi, une fois que vous pouvez utiliser le mot «diagnostic», et que ce n'est
pas dans... Je vais vous poser la même question, même si ce n'est pas à vous de
faire nécessairement ce travail-là, mais avez-vous déjà une liste de tels
documents auxquels vous pensez facilement, directives ou autres, qui devront
être changées?
M. Gallant (Paul-André) : On
n'a pas une liste officielle, mais on en a certainement plusieurs qui
pourraient être réglés, mais la CNESST notamment, les programmes d'allocation
pour besoins particuliers, pour les études, etc. En tous points, ça risque
d'être la même liste que pour les psychologues qui ont fait une liste. Là, on
s'entend, c'est... ça risque d'être pas mal tous et toutes la même chose.
Mme Caron : Parfait. Merci.
Aussi, vous avez... vous avez donné des exemples de cas, de cas vécus, disons,
ou de cas type, est ce que... parce que vous êtes trois, vous représentez
quatre professions, puisque que M. Gallant, vous avez deux professions au
sein de votre ordre, donc est ce que... est ce que la question de diagnostic
est... avec le projet de loi sera réglé pour les quatre professions que vous
représentez? C'est-à-dire est-ce que...
Mme Heppell (Joanie) : Pour
nous, ça serait réglé. Oui, en effet, si le projet de loi est adopté sur cet
article-là, oui.
Mme Caron : D'accord.
Parfait. Merci.
M. Gallant (Paul-André) : Pour
nous, ce n'est pas réglé tout au complet parce que les audiologistes sont...
Nous, ce qu'il faut comprendre, c'est que les orthophonistes et les
audiologistes sont à cheval entre la santé mentale et la santé physique. Et il
a été décidé de séparer les deux, les travaux sont séparés : santé
mentale, santé physique. Donc, nous, on est dans la première version des
travaux du p.l. 67 pour les troubles de langage et d'apprentissage. Il va
rester, pour les orthophonistes, les troubles de la voie et de la parole qui
sont de la santé physique. Et pour les audiologistes, les troubles de
l'audition. Mais la même logique va s'opérer : évaluer, c'est dans le but
de faire un diagnostic, c'est un diagnostic.
Mme Caron : D'accord. Je vous
remercie. Je laisserais mon temps à...
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie.
M.
Morin :Oui. Merci, M. le Président. Merci à vous,
M. Gallant, Mme Dufour, Mme Heppell, pour votre exposé et les
mémoires que vous avez déposés. Je vous ai écouté avec beaucoup d'attention,
M. Gallant, avec l'exemple de Sophie. Qu'est-ce qu'on peut faire pour
régler le cas de Sophie le plus vite possible?
M. Gallant (Paul-André) : Comme
j'ai... ça a été souligné par l'Ordre des psychologues, de rapidement changer
les formulaires, les règlements, qui stipulent que c'est un diagnostic d'un
médecin qui atteste pour obtenir le service, ou peu importe, pour Sophie. Parce
que, comme j'ai dit, l'exemple de Sophie, elle a eu tout ce qu'il fallait,
hein, au primaire, au secondaire, parce que le ministère de l'Éducation
reconnaît que les psychologues, les orthophonistes font des diagnostics, c'est
même écrit dans la loi au ministère de l'Éducation. Mais quand on arrive aux
études supérieures, c'est différent. Et c'est ce qu'on voulait illustrer qu'à
un moment donné il faut être cohérent partout et c'est le seul moyen d'aider
Sophie. Mais...
M. Gallant (Paul-André) : ...et
mon exemple était parlant parce que c'est ce qu'on appelle du «rubber
stamping», excusez l'anglicisme, mais c'est vraiment ça, quand on appelle
l'orthophoniste pour dire : Qu'est-ce que j'écris dans le formulaire?
C'est quoi, le diagnostic? Le médecin n'a pas évalué, là. Simplement, il
appelle pour savoir quoi écrire. Donc... Mais c'est courant, là, cette situation-là,
c'est quelque chose qui arrive.
M.
Morin :Bien, j'avoue qu'à ce titre-là votre exemple est très
percutant, là. Moi, je vous écoute, là, je ne suis pas un spécialiste dans
votre domaine, mais, quand vous vous faites appeler pour vous faire dire :
Bien, j'écris quoi, parce que je ne sais pas quoi écrire, puis que par ailleurs
il y a des délais puis que la personne n'a pas les soins appropriés...
Donc, au fond, ce n'est pas... ce n'est
pas un amendement comme tel dans le projet de loi n° 67, mais c'est plutôt un
travail transversal, horizontal, pas en silo de la part de l'État qui va être
capable d'organiser ses formulaires pour que ça fonctionne bien?
M. Gallant (Paul-André) : ...qui
en découlent, puis l'Ordre des infirmières en a parlé, depuis leur projet de
loi en 2021, même après trois ans, c'est... il y a encore certaines choses à
faire. Donc, je pense que ça, il va falloir qu'on pèse sur la pédale
d'accélération si on veut que le projet de loi se matérialise pour le public.
On le répète, les trois, le projet de loi ne change absolument rien pour nos
professionnels. Ils ne vont pas être payés plus cher, ils ne vont pas... ils ne
vont pas faire quelque chose de différent. On veut que le changement, il ait
lieu pour la population. Et ce changement-là va s'opérer si on fait ces
modifications-là rapidement.
M.
Morin :Oui. Puis vous comprendrez, comme... moi, comme député,
comme faisant partie des travaux de législation, du législateur au Parlement,
bien, c'est pour la population qu'on travaille également. Donc, quand je vous
écoute et puis que je me dis : Bien, il y a des gens qui n'ont pas accès
ou ils n'ont pas les services à cause de ça, c'est très... c'est très parlant
et je vous... je vous remercie.
Maintenant, je comprends que le fait... et
ça, les ordres l'ont à peu près tous dit aujourd'hui, là, le fait qu'on ne
parle plus d'évaluation mais, évidemment, éventuellement de diagnostic, bon, ça
va... ça va aider, là, ça va... ça va enlever tout problème de sémantique, sauf
que c'est... si je vous comprends bien, c'est par après, finalement, qu'il
reste encore plein d'enjeux à régler.
M. Gallant (Paul-André) : Oui.
M.
Morin :Je vous remercie. J'ai une autre question. Dans le
mémoire, c'est l'Ordre des conseillers et conseillères en orientation, vous
dites, dans la page 21, les impacts sur les personnes morales sans but
lucratif, vous parlez d'un risque d'exode de professionnels déjà bien réel en
raison des obligations en lien avec la tenue de dossiers et d'inspections
professionnelles et vous dites que les modifications proposées dans les formes
actuelles risquent d'occasionner une diminution de professionnels au sein des
conseils d'administration et de diminuer la protection du public vulnérable qui
reçoit des services en PMSBL. Pouvez-vous expliquer davantage ou avez-vous des
cas concrets à partager avec nous?
• (17 h 50) •
Mme Dufour (Caroline) : Si
j'y vais de ma propre expérience, j'ai passé 20 ans en employabilité qu'on
pourrait dire que c'est un organisme communautaire, donc, la proportion
professionnelle est déjà faible. C'est un milieu qui fait vraiment toute une
gymnastique pour arriver à combler ses finances. Donc, faire affaire à un
professionnel, c'est déjà difficile. Et, quand on parle d'y ajouter peut-être
des mesures administratives réglementaires qui compliqueraient la tâche des
gestionnaires, c'est là qu'on craint de rajouter une couche de plus à ces
milieux qui, somme toute, sont souvent la porte d'entrée d'une clientèle très
vulnérable. C'est souvent le premier lieu où la personne va chercher des
services avant d'aller voir d'autres services qui seront aussi appropriés pour
elle par la suite. C'est là qu'on craint l'exode étant donné déjà qu'il y a
une... que c'est déjà un milieu qui rencontre plusieurs difficultés, là.
M.
Morin :Puis, avez-vous des exemples de modifications proposées
qui risquent d'avoir un impact sur la population la plus vulnérable?
Mme Dufour (Caroline) : Pouvez-vous
être plus précis?
M.
Morin :Parce que vous dites : «Nous sommes d'avis que des
modifications proposées dans leur forme actuelle risquent d'ordonner une
diminution des professionnels.» Qu'est-ce qu'on pourrait faire pour que ça
n'arrive pas?
Mme Dufour (Caroline) : D'y
aller vraiment dans du cas par cas, selon les ordres, d'être vraiment collé...
je dis la même chose, je ne suis pas très originale, que ce qui a été dit
jusqu'à maintenant, mais de vraiment se coller à la réalité plancher de chacun
des ordres pour voir qu'est-ce qui sera adapté, qu'est-ce qui serait le mieux
pour chacun d'eux. Et, nous, ce qu'on dit pour notre ordre à nous, c'est que
cette pratique-là existe déjà, elle est déjà bien encadrée. On ne voit pas de
risque plus...
Mme Dufour (Caroline) : ...plus
grave, plus grand que dans d'autres secteurs de pratique, étant donné tout
l'encadrement et la responsabilité, là, l'assurance responsabilité qui existe
déjà. Donc, c'est de respecter la réalité de chacun des ordres.
M.
Morin :Parfait. Je vous remercie. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
Saint-Henri-Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci à vous tous et toutes pour votre excellente
présentation. On revient peut-être à l'exemple de Sophie, tout à l'heure, là.
C'est toujours des bonnes images, parce que, là, on est dans des papiers et des
papiers, mais là on peut parler de vrais individus. Là, le projet de loi est
adopté, là, par exemple, là, dans quelques semaines, qu'est-ce que... qu'est-ce
qui doit aussi être modifié puis c'est quoi, pour vous, la prochaine étape dans
ce qu'il faut matérialiser puis concrétiser pour que la situation change?
M. Gallant (Paul-André) : Tout
ce qui est formulaires administratifs, bien... Puis je reviens, encore une
fois, c'est une question de culture, puis le Collège des médecins est, bien
entendu, heureux d'approuver qu'on puisse diagnostiquer. Donc, il va y avoir
des communications à faire aussi, de part et d'autre, de part et d'autre, pour
bien faire comprendre aux membres, peu importe, de tous nos ordres...
M. Cliche-Rivard : ...vous
avez un grand plan de sensibilisation, d'information, de campagne publique.
M. Gallant (Paul-André) : Tout
à fait. Tout à fait. Et nous, c'est sûr que, de notre côté, on n'a pas... on
n'a pas un gros plan de communication à nos membres, parce que, comme je l'ai
dit, ils vont faire ce qu'ils font toujours, mais nous, on a l'enjeu comme j'ai
dit tantôt, que certains de nos membres... ils peuvent diagnostiquer certaines
choses mais pas d'autres. Donc là il va falloir être clair sur qu'est-ce qu'ils
peuvent diagnostiquer, qu'est-ce qu'ils ne peuvent pas diagnostiquer et...
encore, et, bien sûr, bien, il va falloir faire de la sensibilisation un peu partout
dans les ministères, dans les...
M. Cliche-Rivard : C'est ça,
parce que votre plan de com ne sera pas à l'interne, finalement, là, il est à
diffuser à l'ensemble des ordres professionnels.
M. Gallant (Paul-André) : Beaucoup
plus, parce qu'on le répète, ça a peu d'impact sur nos membres en tant que
tels.
M. Cliche-Rivard : C'est ça.
Mme Heppell (Joanie) : Peut-être
ajouter un petit élément dont on n'a pas parlé dans : que faire après, que
faire ensuite? On n'a pas parlé des formations initiales non plus, donc il va
falloir aussi faire le pont avec les universités, dans la formation initiale,
donc changer le vocabulaire, évidemment, mais c'est quand même un truc qu'on
n'a pas nommé aujourd'hui, qui va être à ajuster, là, je réutilise le mot
«concordance» de Mme tout à l'heure.
M. Cliche-Rivard : Il y avait
un volet, dans le mémoire de l'Ordre des orthophonistes et audiologistes, pour
des amendements, là. On ne vous a peut-être pas nécessairement entendu
là-dessus, mais il y avait trois propositions d'amendements à 37.1. Est-ce que
vous voulez en glisser un mot?
M. Gallant (Paul-André) : On
a fait trois propositions d'amendements, effectivement, à 37.1. qu'on est en
train de regarder, effectivement, avec l'Office des professions.
Essentiellement, les amendements à 37.1 sont des amendements qui ne concernent
pas la santé physique ou mentale ou le diagnostic lui-même. C'est que nos actes
réservés, depuis le début qu'on... nos actes réservés sont libellés avec une
finalité, c'est-à-dire que, par exemple, on écrit que l'orthophoniste peut
diagnostiquer le trouble de langage dans le but de faire un plan de traitement
et d'intervention orthophonique. Alors, c'est très restrictif, ça va un peu à
l'encontre du projet de loi.
M. Cliche-Rivard : Si ce
n'est pas dans ce but-là, ça ne se peut pas.
M. Gallant (Paul-André) : Si
ce n'est pas dans ce but-là, bien...
M. Cliche-Rivard : Faites-le
pas.
M. Gallant (Paul-André) : ...on
n'a pas besoin de le faire. Et on est les seuls dans le Code des professions
qui ont un libellé d'actes réservés de cette façon-là. Donc, nous, on ne
demande pas d'ajouter quelque chose aux orthophonistes et aux audiologistes, on
demande de l'enlever complètement, à tous les niveaux.
M. Cliche-Rivard : Pourquoi
c'était là?
M. Gallant (Paul-André) : C'est
un peu nébuleux. Je pense que nous, on est issu de la loi no 90, qui est la
première loi qui donnait, là, des actes réservés, puis il y avait des craintes,
peut-être, que d'autres ne puissent pas, etc., puis je pense que c'est beaucoup
issu de là. Mais est venue la loi no 21, après, les actes réservés se sont
précisés pour chacun. Et là mes collègues de tous les ordres, du p.l. no 67,
sont en accord pour dire : Il faut éliminer ces trois... d'abord, à
diagnostiquer, mais aussi pour les troubles de la parole, de la voix et les
troubles d'audition, parce que ce n'est plus nécessaire et ça engendre une...
mettre une finalité dans un acte réservé... il est dans le champ d'exercice,
bien sûr, qu'on fait des plans d'intervention avec des plans de traitement.
M. Cliche-Rivard : Mais pas
que.
M. Gallant (Paul-André) : Mais
pas que ça.
M. Cliche-Rivard : Ça fait
que vous alliez, théoriquement, au-delà de ce que 37.1 prévoit, c'était comme
toléré ou...
M. Gallant (Paul-André) : Bien
non, parce que c'était notre... tu sais, dans notre tête, c'est notamment des
plans d'intervention, mais dans le but, c'est... Quelqu'un pourrait interpréter
ça comme, bien, on peut faire évaluer un trouble de langage, et je peux évaluer
un trouble de langage si ce n'est pas dans le but de faire un plan
d'intervention. Donc, ça peut porter un préjudice important, parce que, là, on
nie la compétence elle-même, là.
M. Cliche-Rivard : Exact. Ça
fait que, là, on va le clarifier, mais on ne change rien à votre pratique,
finalement.
M. Gallant (Paul-André) : Ça
ne change absolument rien...
M. Cliche-Rivard : Ça
n'ajoute rien.
M. Gallant (Paul-André) : ...et
c'est purement... nous, on dit, purement administratif, si on veut, mais ça
n'ajoute pas un acte réservé, ça ne fait qu'enlever et préciser et se mettre
cohérent avec tous les autres professionnels au code, tout simplement.
M. Cliche-Rivard : Merci beaucoup.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Donc, encore
une fois, merci infiniment. Ça termine bien la journée, je dois vous dire.
Alors...
Le Président (M.
Bachand) :...et, compte tenu de l'heure,
la commission ajourne ses travaux au jeudi 19 septembre, après les
avis touchant les travaux des commissions. Merci beaucoup, une belle soirée à
tout le monde. Merci.
(Fin de la séance à 17 h 57)