Journal des débats (Hansard) of the Committee on Institutions
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Tuesday, September 10, 2024
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Vol. 47 N° 77
Clause-by-clause consideration of Bill 32, an Act to establish the cultural safety approach within the health and social services network
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures quarante-six minutes)
Le Président (M. Bachand) :Bonjour, tout le monde! Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission des institutions ouverte. Bienvenue! C'est
nous autres, ce matin, qui inaugurent le nouveau bleu rouge. Alors, je suis
très content que ce soit la Commission des institutions. Je vous rappelle que
les règles du bleu s'appliquent au rouge. Donc, il n'y aura pas de café, c'est
de l'eau, puis il n'y a pas de nourriture. Alors donc, c'est un petit rappel
que les mêmes règles de bienséance du bleu s'appliquent au nouveau bleu que le
rouge.
Donc, la commission est réunie afin d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi n° 32, Loi instaurant l'approche de
sécurisation culturelle au sein du réseau de la santé et des services sociaux.
Avant de débuter, M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Bourassa, Charlevoix–Côte-de-Beaupré est remplacée par M.
Jacques, Mégantic et M. Zanetti, Jean-Lesage est remplacé par Mme Massé,
Sainte-Marie–Saint-Jacques.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Alors, je vous
dépose, avant les remarques préliminaires, un mémoire reçu depuis la fin des
auditions, soit celui de l'Ordre professionnel des criminologues du Québec.
Donc, nous en sommes maintenant aux remarques préliminaires. Nous allons
débuter avec M. le ministre. Alors, je vous cède la parole pour 20 minutes.
M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Lafrenière : Merci
beaucoup, M. le Président. Je vais vous rassurer, je pense que les collègues des
oppositions et moi, on n'a pas besoin de café. C'est un sujet qui nous
passionne tellement que ça va superbien se passer. Alors, bonjour... M. le
Président, mes amis collègues députés, équipe de mon cabinet, le secrétariat,
chers collègues des oppositions, je suis content de vous retrouver aujourd'hui.
M. le Président, vous l'avez mentionné, ce n'est pas une petite symbolique. On
siège les premiers dans ce... vous avez appelé ça le salon bleu rouge, je vais
m'habituer, dans ce salon bleu rouge aujourd'hui.
Je pense que c'est lourd de symbolique. C'est
un sujet qui est extrêmement important aujourd'hui. Je vais être transparent
avec vous, M. le Président. C'est un sujet qui est extrêmement sensible, on le
sait, on l'a travaillé avec les oppositions, on l'a travaillé dans le passé et
on le fait parce qu'on doit le faire. Pendant des années, c'est un sujet qui n'a
pas été abordé. Aujourd'hui, ce qu'on va faire ensemble, avec l'aide des
oppositions, c'est de changer, changer la donne. Puis ça, c'est pour le
bénéfice de tous.
M. le Président, lorsqu'on revient, dans
le cadre d'une étude détaillée, ce n'est pas le travail d'un ministre, ce n'est
pas le travail d'une personne qu'on va vous présenter aujourd'hui, c'est une
étude détaillée qui est le fruit d'un travail colossal qui a été fait avec les
équipes, les gens qui ont travaillé extrêmement fort pour qu'on se retrouve ici
aujourd'hui. Chers collègues de la banquette ministérielle...
M. Lafrenière : ...c'est
drôle quand on est au rouge comme ça puis on dit «la banquette ministérielle»
parce qu'elle est comme ça à quelque part. Alors, chers collègues, merci. Merci
de votre dévouement. Merci de votre ouverture. M. le Président, on est rendus à
35 collègues de la banquette ministérielle qui se sont déplacés en
communauté pour voir les réalités autochtones. Je peux dire la même chose des
collègues des oppositions qui le faisaient déjà, mais ensemble, on l'a fait,
entre autres, dans le cadre de la loi 79. À trois reprises, on s'est
déplacés sur le terrain parce que c'est là que ça se passe, M. le Président,
c'est là qu'on apprend ce qui est important et ce qu'on doit faire.
Vous savez, M. le Président, je l'ai dit
tantôt, c'était très sensible. On s'est retrouvés ensemble. Ma collègue de la
deuxième opposition était là. Quand on a fait le projet de loi n° 79,
c'était aussi très sensible. C'était un enjeu qui amenait les passions. Il y a
eu beaucoup de critiques. Puis je vais recevoir de la critique aujourd'hui, M.
le Président. Je suis prêt à ça. Je le comprends. Je le conçois. Mais quand on
a fait le projet de loi n° 79 ensemble, malgré les critiques, je peux vous
dire qu'aujourd'hui tous sont d'accord que c'était important, qu'il fallait le
faire. Plus de 200 enfants, 115 familles qui font confiance à la
direction de soutien aux familles, qui font confiance à l'organisme
autochtone... avec qui on travaille. Si je vous dis tout ça, c'est que c'est
beau comme ministre d'être présent sur le terrain, mais tout seul, je n'y
arriverais pas. C'est pour ça que je suis si heureux de savoir que mes
collègues se déplacent sur le terrain, vont voir les réalités, parce que c'est
comme ça qu'on travaille aujourd'hui. Notre premier ministre l'avait passé
clairement le message : Ce n'est pas la job de Ian, de Kateri. C'est la
job de tout un gouvernement. Bien, je veux dire : C'est la job de toute
une Assemblée nationale, M. le Président, pour connaître ces réalités, pour
avoir de l'ouverture, pour faire le changement. Croyez-moi que les autochtones
me le rappellent au quotidien, M. le Président. C'est important de prendre le
temps, puis on va parler du temps, M. le Président. Ça fait une année, une
année qu'on a fait les consultations, la dernière fois qu'on s'est vus. Mon
collègue de la deuxième opposition, à l'époque, me disait : M. le
ministre, il faut prendre le temps. Il faut bien faire les choses. Je vais vous
avouer que je n'ai jamais été aussi en accord avec lui.
Et aujourd'hui, ce qu'on vous présente,
c'est le résultat de tout ça. On a pris le temps de lire 21 mémoires. On a
reçu 15 témoignages en commission, M. le Président. Vous étiez là. Nous
avons rencontré cinq ordres professionnels, des travailleurs sociaux,
psychoéducateurs, des criminologues, des sexologues, des éducateurs
spécialisés. On a envoyé... On a fait la main tendue à l'APNQL, à la fin de
l'année dernière, pour poursuivre le dialogue, malgré le fait qu'on a des
positions divergentes, puis je le respecte. Pas plus tard que vendredi dernier,
mon chef de cabinet écrivait au chef de cabinet de l'APNQL pour répondre à sa
demande, pour faire, j'étais pour dire, un brief, pour faire un résumé de ce
qu'on va déposer aujourd'hui. Ça n'a pas fonctionné. Bien, tout ça pour vous
dire qu'il faut le faire avec les gens, et ce, même s'ils n'ont pas la même vision,
même s'ils sont en désaccord. Nous avons rencontré au cours des dernières
semaines, mois, cinq groupes autochtones pour leur présenter nos... nos
intentions législatives. Et je l'ai déjà dit aux collègues des oppositions, M.
le Président. En disant ça, je ne viens pas vous dire qu'ils étaient tous en
accord avec tout ce qu'on fait. Il y avait des déceptions, M. le Président.
Bien, c'est aussi ça de travailler différemment, c'est d'entendre des gens,
même s'ils ne sont pas en accord avec nous.
• (9 h 50) •
Aujourd'hui, chers collègues, je vous
présente le résultat de ces réflexions, de ces temps d'arrêt, des
consultations, des dialogues. Je veux régler quelque chose de bien, bien clair
avec tous, M. le Président. Est-ce que c'est parfait? La réponse, c'est non.
Est-ce qu'on avance? La réponse, c'est oui, M. le Président. Et cette phrase,
je l'ai répétée souvent, là : Les gens peuvent être déçus aujourd'hui
quand on parle de notre position face au racisme systémique, mais ils ne
peuvent pas être surpris, M. le Président. On est complètement conséquents. Ce
n'est pas la première fois qu'on a... qu'on a cette position-là. Mais il y a
une chose qui est très claire, on a toujours la même intention de lutter contre
le racisme sur toutes ses formes. Vous savez qu'on a mis en place un groupe
d'action contre le racisme. On a fait plusieurs choses. Mais lorsqu'on utilise
le mot «racisme systémique», les gens se braquent - des gens, je ne veux pas
dire les gens - des gens se braquent. Puis moi, bien, mon travail devient
difficile à ce moment-là pour faire la lutte au racisme.
On a fait une autre réflexion, M. le
Président, parce que dans nos consultations, dans cette volonté de trouver des
solutions, il y a un groupe qui nous a suggéré d'aller avec un autre terme, la
discrimination systémique, et, quand on a fait des vérifications avec certains
groupes, ce n'était pas acceptable. Pour eux, c'était vraiment le racisme
systémique. L'autre, ce n'était pas... La discrimination systémique, ce n'était
pas acceptable pour ce qu'ils voulaient. Alors aujourd'hui, je vous confirme,
c'est la même position. Je comprends que certains groupes soient déçus, mais je
vous le dis encore une fois : Ils ne peuvent pas être surpris.
Pour ce qui est de la co-construction,
vous le savez, M. le Président, on a co-construit une campagne publicitaire que
vous avez tous déjà vue. 55 communautés, 12 nations, avec la nation
québécoise, on doit se connaître. On a sorti tout récemment des capsules pour
chacune des nations pour apprendre à les connaître. Ça, on l'a travaillé
ensemble. On l'a fait. Pour la lutte au racisme, on a constitué la création
d'équipes mixtes pour certains corps policiers au Québec...
M. Lafrenière : ...on a
augmenté les ressources en logement en communauté. Puis ça, M. le Président,
vous le savez, hein, c'est une responsabilité fédérale, mais on a osé, M. le
Président. On fait des choses différemment, entre autres en créant des milieux
de vie étudiants. Et ça, on l'a à Sept-Îles, on l'a à Trois-Rivières, bientôt à
Québec. Et vous n'êtes pas obligé de croire mes paroles, allez sur le terrain -
je pense, c'est Yvon Deschamps qui aimait ça dire ça, «on ne va pas le savoir,
on veut le voir» - bien, vous allez pouvoir le voir. C'est à Trois-Rivières,
c'est à Sept-Îles, ça va être bientôt à Québec. Et avec plusieurs des
collègues, on est allés visiter. Les gens ont pu voir des jeunes étudiants qui
étaient dans un milieu étudiant, un milieu de vie pour eux, où ils se sentent
en sécurité, où ils pouvaient aller au bout de leurs rêves. Ça, M. le
Président, ce n'est pas rien, ça. C'est quelque chose qu'on a réussi à faire.
Puis je vous dis, on a osé, parce que normalement c'est le fédéral. On a beau
pas être en accord avec tout, M. le Président, mais personne ne va pouvoir dire
qu'on n'a rien fait.
Pour ce qui est de l'article trois qu'on
va parler aujourd'hui concernant les ordres professionnels, il est vraiment
primordial d'agir. On... tous, il faut faire quelque chose. Je vous donne des
exemples. Un jeune au Nunavik qui doit être évalué soit sous la Loi sur les
jeunes contrevenants, la LJPA, soit en vertu de la DPJ, soit qu'il est dans une
position où il est suicidaire, le temps compte, M. le Président. Il faut donner
des outils pour qu'on reconnaisse une personne, bien qu'elle ne soit pas membre
de l'ordre, qui réside au Nunavik, que les compétences culturelles,
linguistiques... pour agir rapidement. Le temps compte.
Puis c'est ce qu'on va vous présenter
aujourd'hui, M. le Président. C'est une urgence d'agir, oui. Pourquoi? Parce
qu'on se rappellera du p.l. no 21, qui a été mis en place dans les
années 2010-2015, il fallait faire un changement. La commission Viens nous
a enjoints de le faire. Aujourd'hui, c'est ce que je propose aux oppositions,
qu'on le fasse ensemble.
Joyce Echaquan, M. le Président, le simple
fait de nommer son nom est extrêmement sensible et délicat. On ne peut pas
parler de sécurisation culturelle sans penser à Joyce Echaquan, son décès
tragique le 28 septembre 2020, parce que ça nous rappelle qu'ensemble, M.
le Président, on doit travailler pour que plus jamais. On s'inspire du principe
de Joyce, c'est supersensible, mais comment ne pas référer à cet événement,
cette tragédie qui, bien que le ministère de la Santé travaillait sur le
dossier de la sécurisation culturelle depuis 2018, on va tous être très clairs
entre nous, cette tragédie a commandé une réponse rapide et forte.
Je me rappelle, comme première annonce, je
l'ai faite avec mon collègue ministre de la Santé, on a mis en place une série
d'actions, on a aussi fait une promesse : la sécurisation culturelle va se
retrouver dans la Loi sur la santé. C'était non seulement la bonne chose à
faire, avec tout ce que les gens disaient sur le terrain, mais M. le Président,
on répond à une commission d'enquête, à la commission Viens, qui l'a écrit
clairement : «Il faut le faire.» Puis c'est ce qu'on veut faire
aujourd'hui, M. le Président. Alors, oui, c'est sensible, mais il faut oser.
Coconstruction. Pas plus tard qu'hier, M.
le Président, une femme autochtone qui m'écrivait, qui écrivait à mon collègue
ministre de Santé en faisant référence à cette première loi. Et sa crainte, M.
le Président... je veux l'exprimer parce que je pense que c'est important de
dire les choses, sa crainte, c'est qu'on mette beaucoup, beaucoup de pression,
se disant : Nous, on veut être les premiers au Canada, un genre de
concours en disant : Nous, là, ce qu'on veut, c'est marquer le pas puis
dire on est bons, on est les premiers. M. le Président, si c'était vraiment ma
volonté, ce projet de loi, on l'aurait fait ensemble avant le p.l. no 15.
Et mon collègue qui est à ma gauche a travaillé très fort avec le ministre de
la Santé puis avec à peine... je pense que c'étaient 1 196 articles
de plus que nous. Alors, si vraiment on était dans une course contre la montre,
M. le Président, je serais passé avant le p.l. no 15. Ce n'est pas ça.
C'est vrai qu'il y a urgence d'agir, mais on s'est donné le temps.
Je reçois aussi la critique que ça fait un
an, mais je pense que c'est important de prendre ce pas de recul, d'entendre
les gens, les consulter, de réfléchir, M. le Président. Mais sur le terrain, ce
que j'entends, puis on l'a posé en commission, puis ils étaient... il y a
plusieurs personnes qui étaient là, j'ai demandé : Est-ce qu'il est minuit
moins cinq? Et quelqu'un m'a rappelé à l'ordre en disant : Il n'est pas
minuit moins cinq, il est 0 h 05, M. le ministre. Il fallait agir ça fait
longtemps alors c'est pour ça qu'on est ici aujourd'hui.
Il y a plusieurs gens qui étaient en poste
dans le passé, M. le Président, qui auraient pu, qui auraient pu le déposer,
qui auraient pu faire un changement. Ce qu'on vous présente aujourd'hui, ce
n'est pas quelque chose qui est nouveau, hein? Sécurisation culturelle, c'est
quelque chose qui existe depuis longtemps. Je comprends que ce n'est pas
simple, je comprends que c'est sensible. Ce qu'on vous présente aujourd'hui, la
sécurisation culturelle, qui est un concept qui existe depuis les
années 80 avec les Maoris, donc ce n'est pas quelque chose qui est tout
récent, nous, ce que je vous dis, M. le Président, vous allez m'entendre
souvent le répéter...
M. Lafrenière : ...souvent de
répéter : Nous osons... nous osons faire les choses différemment. Faire
ce pas-là, c'est un premier pas qu'on fait aujourd'hui, et mes collègues le
savent dans l'opposition. Ce n'est pas vrai que ça va tout régler. Ce n'est pas
vrai que ce qu'on va faire aujourd'hui va tout régler dans le système de santé,
comme une seule mesure de notre groupe d'action contre le racisme, ce n'est pas
vrai qu'une mesure règle tout, c'est... c'est l'ensemble de ces mesures qui
amènent un résultat. Ce qu'on vous dit aujourd'hui, M. le Président, il y a des
actions concrètes sur le terrain. Je les ai vues, l'ajout de navigateurs,
l'ajout de personnel soignant qui est issu des Premières Nations, des membres
des conseils d'administration qui viennent des Premières Nations. Il y a
plusieurs actions concrètes. Là, on vient rajouter quelque chose de très clair,
qui est important pour nous.
Rappelez-vous, M. le Président, qu'on
travaille en équipe aujourd'hui. Je dépose ce projet de loi avec mes collègues
des oppositions, je le fais pour mon collègue de la santé. C'est un projet de
loi en santé. On travaille en équipe. Et, quand on parle de coconstruction, on
a bien entendu le terme à plusieurs reprises. Je peux vous donner une multitude
d'exemples où on a fait de la coconstruction. Je peux commencer par le guide de
sécurisation culturelle, M. le Président, qui a été coconstruit avec les
Premières Nations, formations pour le personnel des hôpitaux, l'embauche de
navigateurs, les employés autochtones dans le réseau, trois membres qui sont
présents dans des conseils d'administration partout au Québec, dans la santé,
sans oublier, M. le Président, puis tout le monde a remarqué, la dernière
nomination au conseil d'administration de Santé Québec, premier chirurgien
autochtone issu de la communauté de Pessamit, Stanley Vollant qui est un Innu
lui-même. Puis ça, ce n'est pas rien, M. le Président, c'est très lourd de sens
aussi.
Le projet de loi qu'on présente
aujourd'hui, c'est un ajout, M. le Président. Il est important, il est lourd de
sens pour plusieurs organisations autochtones. Ce n'est pas simple, je sais, M.
le Président, on doit le faire, on doit innover puis on doit oser encore
aujourd'hui. Je l'ai dit tantôt, je m'attends... je vais être critiqué. Nous
serons critiqués comme gouvernement, mais jamais on pourra dire qu'on n'a rien
fait, M. le Président, qu'on n'a pas osé faire ce premier pas. J'ai entendu
aussi, monsieur... M. le Président, pardon, des critiques concernant la
Déclaration des Nations Unies sur le droit des peuples autochtones, la DNUDPA,
qui, en passant, M. le Président, il faut se rappeler, a été adopté en 2007. Donc,
on aurait pu agir bien avant ça. Ça a été adopté par les Nations unies, c'est
vrai, je pense que mes collègues, mes prédécesseurs aussi, avaient certaines
réticences. Je vais vous dire notre position clairement aujourd'hui, M. le
Président, on veut donner vie à cette déclaration dans nos ententes de nation à
nation.
Et, au Québec, la nation crie, la nation
inuite, la nation naskapie, a une entente, un traité avec le gouvernement du
Québec, qui est reconnu de façon mondiale et qui donne beaucoup plus que la
Déclaration des Nations Unies, la DNUDPA. C'est ce qu'on veut faire et on ne
veut pas faire du mur-à-mur, M. le Président, on veut y aller dans cette
approche de nation à nation. Et la preuve, c'est que le projet de loi que je
vous présente aujourd'hui, vous allez voir, qui s'appliquerait aux Inuits du
Nunavik, mais il ne s'appliquerait pas aux Cris de territoires conventionnés à
leur demande. Puis ça, c'est un exemple de ne pas faire du mur-à-mur.
• (10 heures) •
Aujourd'hui, M. le Président, on répond à
trois recommandations de la commission Viens : travail colossal, tout le
monde est d'accord, deux ans de travaux. Recommandation 74 qui est
importante : Modifier la Loi sur les services de santé et services sociaux
et la Loi sur les services de santé des services sociaux pour les autochtones
cris, pour y enchâsser la notion de sécurisation culturelle, et ce, en
collaboration avec les autorités autochtones. Recommandation 75, M. le
Président : Encourager les établissements du réseau de la santé et des services
sociaux à mettre sur pied des services et des programmes répondant au principe
de sécurisation culturelle, développés à l'intention des peuples autochtones en
collaboration avec eux. Et la recommandation numéro 106, M. le Président,
«essaie de mettre en œuvre les recommandations du comité sur le pl 21». Donc,
c'est l'article 3 qu'on va voir ensemble aujourd'hui. Oui, M. le Président, on
reconnaît qu'Il y a a de la discrimination. C'est pour ça qu'on doit agir, on
doit agir comme un gouvernement responsable.
Puis, en terminant, j'aimerais vous
laisser cette réflexion pour mes collègues, pour vous, M. le Président.
Rappelons-nous que la commission Viens étudiait les relations du gouvernement
de l'époque avec les Premières Nations, les Inuits, de 2001 et 2016. Deux ans
de travaux, ils ont fait des recommandations, monsieur le Président, entre
autres au sujet de la sécurisation culturelle, c'est là qu'on agit aujourd'hui.
Depuis la création de mon secrétariat, M. le Président, il y a eu quatre projets
de loi. Le premier a été la création du secrétariat. Les trois autres, on les a
déposés. Pourquoi, M. le Président? Ça ne se faisait pas avant, c'est sensible,
on le reconnaît. On fait des premiers pas dans un sentier qui n'a pas été très
très utilisé. On le reconnaît aussi, M. le Président, mais ça ne doit pas nous
empêcher d'agir. Il faut faire ce premier pas, M. le Président.
Je vous l'ai dit tantôt, il y a plusieurs
gens nous ont répété qu'il n'était pas minuit moins cinq, il est minuit moins
cinq. Il y a urgence d'agir, urgence d'agir pour les membres des Premières
Nations, des Inuits, mais urgence d'agir pour le personnel soignant aussi, qui
nous ont dit, sur le terrain, à quel point c'était important pour eux. C'est
important...
10 h (version non révisée)
M. Lafrenière : ...de mettre
la sécurisation culturelle dans le corpus législatif pour qu'il y ait des
comparaisons aussi entre les établissements, pour que les gens s'améliorent,
mais aussi pour guider, guider notre personnel soignant qui veulent faire un
bon travail.
Tantôt, j'ai parlé du projet de loi n° 79,
M. le Président, je vous rappelle que plusieurs l'ont critiqué, puis c'est
correct, c'est le travail, puis je sais qu'avec les collègues des oppositions,
on va tout faire pour avoir le meilleur projet de loi. Puis je sais qu'il y
avait des critiques à l'époque, parce qu'en plus de ça on était dans des
sentiers que personne n'avait osé franchir. C'était très sensible, mais on y
est arrivé, M. le Président, on a fait des choses qui ne s'étaient jamais vues.
On a rajouté un comité, on a rajouté certaines choses qui ne se faisaient pas
normalement dans le cadre législatif. On y est arrivé.
Je vous dirais, M. le Président, puis je
le disais tantôt aux collègues des oppositions, le système législatif, les
réalités des Premières Nations, c'est deux systèmes qui sont très, très loin. C'est
complexe. On essaie de trouver une solution, on essaie de consulter sans faire
un outrage à votre commission, M. le Président. On essaie de trouver des voies
de passage pour que tout le monde puisse être impliqué et qu'on puisse le faire
ensemble, mais, vous savez, quand on parle de co-construction, on est d'accord
pour les choses avec les Premières Nations, les Inuits, mais j'ai posé la
question en commission : Ça veut dire quoi? Ça veut dire de mettre les 55 communautés
autour de nous, les gens du milieu urbain, parce que ce sont des réalités, M.
le Président. Quand on parle des autochtones, il y a autant de réalités
autochtones que de points de vue, puis c'est normal. Alors, c'est pour ça que
ce qu'on vous présente aujourd'hui, c'est quelque chose qui est important.
Je rappelle que ça existe depuis les
années 80, on n'invente rien. Il y avait l'importance d'agir. Ça n'a pas
été fait dans le passé. Nous autres, aujourd'hui, on le fait. M. le Président,
avec la loi 79, j'ai eu le bonheur, l'honneur d'assister à la première
transmission d'informations de famille. Ça va me rester gravé à tout jamais
dans ma tête, puis c'est là que je me dis qu'on a fait les bonnes choses, M. le
Président, ensemble, avec les collègues des oppositions, on a changé la
donne.... Merci beaucoup, tout le monde.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le ministre.
Alors, M. le député de l'Acadie, pour 20 minutes. La parole est à vous.
M. Morin : Merci, M. le
Président. Alors, bonjour à vous. Bonjour, M. le ministre, collègues, députés
de la barquette gouvernementale, collègue de la deuxième opposition. En fait,
je suis heureux de revenir au Parlement siéger et surtout de recommencer à
siéger avec, je vous dirais, un projet de loi qui, pour moi, est également très
important. Parce que, dans ce projet de loi, nous parlons de sécurisation culturelle
pour les Premières Nations, pour les Inuits, dans le réseau de la santé et des
services sociaux. Et j'aurai la chance, dans les minutes qui suivent, de vous
donner des exemples, d'autres explications, mais combien la sécurisation est
importante pour tout le monde dans le service de santé, mais particulièrement
pour... pour les Premières Nations.
Quand on a commencé à étudier ce projet de
loi, M. le Président, bien, comme nos règles nous le dictent, on a d'abord
entendu des groupes. Et quand j'ai lu au tout départ le projet de loi, moi, je
me disais : Bien, il est certain que tous les groupes ont été consultés,
ils ont... ils ont participé, ils ont donné leur avis. Et, au fur et à mesure
des consultations avec les groupes, on s'est rendu compte que ce n'était pas le
cas et qu'il y avait plusieurs points d'achoppement entre ce que des groupes
représentant des organisations des communautés autochtones disaient et la
position du gouvernement, à un point où, événement assez inédit en commission
parlementaire, il y a même un groupe, le Bureau du principe de Joyce, qui a
fermé ses livres, puis qui est parti, et qui a claqué la porte. On a continué.
Et puis après ça, le projet de loi a été mis comme en veilleuse et ce bout-là
appartient au gouvernement.
Moi, comme porte-parole de l'opposition
officielle, bien évidemment, j'attendais. Et bon, le temps a passé et je me
suis dit : Bien, c'est probablement parce que le gouvernement est en train
de consulter des gens, compte tenu de...
M. Morin : ...épisode qu'on
venait de vivre en commission parlementaire. Puis finalement, à la fin de la
session, le projet de loi, woup, est réapparu au feuilleton pour le principe.
C'est difficile d'être contre le principe d'une sécurisation culturelle pour
les Premières Nations et les Inuits. C'est ce qu'on veut atteindre dans notre
société, encore faut-il utiliser les bons moyens pour l'atteindre. Mais c'est
sûr que, comme principe, c'est assez difficile d'être contre. Et là je me
disais : On va appuyer, on va être pour. Et, bien, par la suite, il y a
l'été qui va se passer, donc le gouvernement va travailler. Et, quand on va
arriver, on va reprendre, éventuellement, le projet de loi va franchir une
autre étape et puis, bien, les consultations seront faites et différents
intervenants auront pu participer, des intervenants que je décrirais comme
étant des intervenants clés pour un succès dans la suite des événements en lien
avec le projet de loi.
On a appris récemment, très récemment, en
fait, qu'on allait ouvrir le Parlement en septembre, puis particulièrement le
salon rouge, en fait, moi, je m'attendais à siéger dans une salle de commission
comme on le fait toujours, c'est... Je me trouve privilégié de pouvoir adresser
la parole à la commission dans ce salon aujourd'hui puis de le faire ce matin.
Mais là je me disais : Mais il n'y aura pas de souci, tout a été ficelé,
donc ça va... ça va aller rondement. Et, quand on a su qu'on commençait ce
matin, bien là, j'ai fait quelques appels à des gens que je trouvais être des acteurs
clés, en leur demandant : Ah! savez-vous? Bien oui... Non, c'est sûr que
vous le savez, ce projet de loi va repartir, va continuer finalement
aujourd'hui, donc, un 10 septembre, quand on va reprendre le Parlement. Et, à
ma grande surprise, plusieurs interlocuteurs m'ont dit : Non, on n'est pas
au courant. C'est : Oh! là, on a un enjeu.
• (10 h 10) •
Je tenais absolument à parler au chef de
Manawan, M. Sipi Flamand, parce qu'évidemment M. le ministre le rappelait, Mme
Echaquan était de cette communauté. Mais je lui ai appris qu'on reprenait les
travaux ce matin. J'ai eu une rencontre aussi très riche, importante, avec
Femmes autochtones du Québec, puis j'aurai la chance d'en reparler plus tard.
Mais, en tout cas, bref, les échanges que FAQ a eus avec le gouvernement,
personnellement, je n'appellerais pas ça, une consultation. Et, quant au bureau
du Principe de Joyce, bien, je ne sais pas.
Et je dois vous dire, M. le Président, que
je suis étonné, parce que, quand on parle de sécurisation culturelle... Et je
pense que si c'est important d'en parler maintenant, alors, ce n'est pas
nouveau, au contraire, l'insécurisation culturelle... et ça, c'est un drame.
Mais, personnellement, je pense que le décès tragique de Mme Echaquan a
contribué à faire avancer des dossiers, à faire avancer, entre autres, une
action gouvernementale qui se traduit par un projet de loi. Sauf que,
personnellement, je m'attendais évidemment à ce que la communauté de Manawan
soit au premier plan, Mme Echaquan vivait dans cette communauté. Eh bien, il
semble que non. Et ça, c'est un élément que je tenais à soulever. J'écoutais
attentivement M. le ministre, dans ses remarques préliminaires, qui nous
disait : Il a consulté des gens. Bien, mais moi, j'aurais aimé que les
gens, dont je viens de faire référence, soient évidemment consultés et soient
partie prenante du processus. Si on veut accomplir quelque chose, je pense,
comme parlementaires, avec un tel projet de loi, c'est d'abord en consultant et
en travaillant de concert avec des représentants des Premières Nations,
l'ensemble. Ça va peut-être prendre plus...
M. Morin : ...de temps, mais
je pense que le résultat n'en sera que mieux, ce sera préférable. Et ce que je
constate, c'est que ça n'est pas le cas.
Et pourtant j'écoutais M. le ministre tout
à l'heure qui nous disait : Il faut agir, il faut agir vite. Il faut... Il
faut s'assurer que les gens aient accès à des soins rapidement. Bien, je vous
rappellerai, M. le Président, qu'à la fin de la dernière session parlementaire,
j'ai fait adopter une motion à l'unanimité, demandant à ce que le gouvernement
fasse tout ce qu'il peut pour qu'il y ait un CT scan au Nunavik. On aura la
chance d'en reparler. J'espère qu'il y a eu beaucoup d'avancées, mais, aux
dernières nouvelles, le CT scan n'était pas rendu. C'est difficile de parler de
sécurisation culturelle, d'accès au réseau de santé quand, pour des peuples
autochtones, ils n'ont pas accès non plus à des instruments qui peut sauver des
vies.
Je reprends et je fais référence à l'article 3
du projet de loi qui parle, entre autres, du devoir de consulter les
communautés autochtones, consulter, pas les convoquer, travailler de concert
avec elles pour faire avancer, pour arriver à un consensus qui va faire en
sorte que tout le monde va pouvoir avancer dans la bonne direction. Et je
constate que, malheureusement, on n'en est pas là.
Mais j'aimerais, dans mes remarques
préliminaires, parce qu'on en a... on en a parlé beaucoup... j'aimerais
rappeler certains passages du rapport final de la commission Viens. Ça fait
plusieurs années, M. le ministre l'a souligné, sauf que c'est encore
malheureusement d'actualité, et on doit encore en parler. Mais, dans le rapport
final, le commissaire Viens rappelait, et je cite la page 223 de son
rapport : «...la discrimination systémique vécue par les peuples
autochtones au regard des services publics, à savoir l'absence d'une action
gouvernementale pérenne et représentative des réels besoins exprimés par les
peuples autochtones.» Sauf que pour être capable d'agir d'une façon efficace,
de bien comprendre les besoins, bien, il faut les écouter, les peuples
autochtones. Et je suis conscient que, tout dépendant des nations, ils n'ont
pas nécessairement les mêmes besoins ou les mêmes priorités. Mais c'est important
d'avoir ce dialogue soutenu, constant.
Et j'ai écouté aussi M. le ministre qui
disait... il parlait de racisme, il disait : Bon, racisme systémique, ça
semble être plus compliqué pour faire avancer certains dossiers. Sauf que, si
on veut être capable de résoudre un enjeu, si on veut être capable de
véritablement parler de sécurisation culturelle, je vous soumets, M. le
Président, qu'il faut être capable d'identifier les vrais enjeux, le vrai
problème. Est-ce qu'il serait préférable de parler de discrimination
systémique? Peut-être, mais, dans les deux cas, il y a le mot «systémique». Et
je l'ai déjà souligné, quand je parle de discrimination systémique ou de
racisme systémique, je l'ai dit au salon bleu, alors qu'on y était, je ne suis
pas en train de dire : Identifiez quelqu'un, là, en disant : Ah!
bien, vous, là, vous êtes raciste. Ce n'est pas ça que je dis. Ce principe-là
ne... à mon avis, ne fait pas référence à ça, mais fait référence à des
institutions. Institutionnellement, il y a certaines pratiques, dans le monde
médical, qui font en sorte qu'un groupe va être défavorisé par rapport à un
autre, va être discriminé par rapport à un autre. Et ça, ce n'est pas moi qui
l'invente, parce que, dans le... vous vous rappellerez, lors des consultations
particulières, lors du... de la comparution et du dépôt du mémoire du Collège
des médecins, ils en ont parlé. Donc, ils le reconnaissent.
Donc, je pense que, si on veut faire
avancer ce débat-là et permettre aussi véritablement de faire un pas en avant,
il va falloir parler de discrimination systémique. Je tiens à le souligner...
M. Morin : ...et parce que
c'est fondamental si on veut... si on veut avancer.
Et je réfère encore au rapport de la
commission Viens, cette fois-ci à la page 391, où on rappelait de nombreux
témoignages de citoyens et qu'à la lumière de ces témoignages-là, je cite,
«force est d'admettre que les préjugés envers les autochtones demeurent très
répandus dans l'interaction entre les soignants et les patients.».
À la même page : «Des pratiques non
éthiques ciblant les femmes et basées sur les préjugés liés aux dépendances,
telles que des tests de dépistage de drogues effectués sans consentement auprès
de femmes autochtones venues accoucher, ont été aussi portées à notre attention.»
Donc, on a un véritable enjeu. Et je tiens
à le souligner, parce que, et Femmes autochtones du Québec nous le rappelait
hier, dans le système de santé, ce qu'on nous disait, c'est que c'est souvent
les femmes qui vont avoir accès ou qui vont devoir se rendre à l'hôpital, que
ce soit pour des suivis de grossesse, pour un accouchement. Et il me semble que
dans notre société, en 2024, le minimum, c'est que quand elles doivent se
rendre à l'hôpital, elles n'aient pas un sentiment d'insécurité. Quand on est
malade, quand on est vulnérable, la dernière chose qu'on veut, c'est que le
personnel ou que l'institution qui est l'hôpital manque d'empathie. Moi, quand
je ne me sens pas bien puis que je vais à l'hôpital, c'est fou mais comme
blanc, je ne me suis jamais posé la question est-ce que je vais être bien reçu.
Mais j'imagine que ça doit être.
• (10 h 20) •
Et là, ça nous ramène à la situation de
Mme Joyce Echaquan. On l'a entendu, on l'a vu, comment elle a été traitée.
C'est même difficile. Je revois les images dans ma tête, c'est difficile. Ce
n'est pas humain. Donc, il me semble que, si on a la chance comme
parlementaires d'étudier un projet de loi qui traite de la sécurisation
culturelle, il faudrait d'abord et avant tout reconnaître le problème pour être
capables, après ça, tous ensemble, de trouver des pistes de solutions.
D'ailleurs, permettez-moi de citer un
document qui fait référence au Principe de Joyce. Et, dans le mémoire, on
dit : «L'adoption du Principe de Joyce permettra de faire valoir les
droits des autochtones au Québec et au Canada en matière de santé et de
services sociaux. Le présent mémoire constitue donc un rappel et une demande
d'engagement formels pour les gouvernements du Québec et du Canada ainsi que
pour leurs institutions — et c'est de ça dont on parle, on parle des
institutions — envers le respect du droit autochtone et des droits
des autochtones en matière de santé». Parmi les attentes, dans le mémoire, on
disait : «La tragédie de la mort de Mme Joyce Echaquan ne tolère pas
l'inertie. Et c'est en travaillant ensemble et rapidement que nous arriverons à
établir un équilibre respectueux des droits de tous et pour tous». Donc, vous
comprendrez, quand je relisais ce document, et que j'ai parlé au chef Sipi
Flamand, et que je lui apprenais que la commission allait siéger ce matin puis
qu'on reprenait les travaux, il me dit : Merci de m'en informer. Ça m'a
laissé, en fait, véritablement sur mon appétit, si je peux m'exprimer ainsi,
parce qu'il me semble que le minimum, ç'aurait été qu'on en parle davantage et
qu'on fasse en sorte que les principaux acteurs, évidemment, soient consultés,
soient rencontrés pour qu'on puisse véritablement, véritablement, en arriver à
une avancée qui va faire en sorte...
M. Morin : ...on va régler
cette question-là une fois pour toutes et on va faire en sorte
qu'institutionnellement, il y aura cette sécurité qui sera reconnue, donnée aux
peuples autochtones, aux Premières Nations et aux Inuits. Permettez-moi de
rappeler dans mes remarques préliminaires, le rapport du Collège des médecins
du Québec qui disait et qui faisait référence à une expression consacrée qu'on
utilise parfois «Les bottines doivent suivre les babines», si vous me
permettez, je cite leur mémoire. Et le mémoire disait : «L'idée de vouloir
s'attaquer au problème sans, d'entrée de jeu, le reconnaître, c'est ce que je
disais tantôt, bien, à ce moment-là, ça ne peut qu'engendrer de la méfiance sur
les intentions réelles du législateur. Donc, on a un travail important à faire.
Moi, comme porte-parole de l'opposition
officielle évidemment, je suis là, il y a des choses qui doivent être ajoutées
dans ce projet de loi, M. le Président, pour faire en sorte qu'on arrive
véritablement à une sécurisation culturelle, et un des éléments essentiels, ce
sera évidemment, et je vous le soumets, de permettre à des gens de s'exprimer à
nouveau. Et je conclurai mes remarques préliminaires en ce sens. C'est la
raison pour laquelle, moi, j'aurai des motions préliminaires à présenter. Je
vous expliquerai pourquoi. Et je pense que ces demandes-là que je vous ferai au
nom de l'opposition officielle vont véritablement permettre d'avoir un vrai
débat et de faire avancer la question. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup, M. le député de l'Acadie. Mme la députée de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, s'il vous plaît.
Mme Massé : Oui. Merci, M. le
Président. Bonjour, tout le monde. Kwe. Heureuse d'être là ce matin pour
commencer ce travail important sur le projet de loi n° 32. Je remercie
d'ailleurs mon collègue de Limoilou d'avoir pris la relève au moment où je ne
pouvais être présente. Mais là, je suis là et j'en suis très heureuse. C'est
sûr qu'on se rappellera tout le monde que malheureusement, une femme qui est
morte dans des circonstances inacceptables, on a eu besoin, comme peuple
québécois de ce... cet électrochoc pour dire : Wow, minute! Ça ne marche
plus. Les Québécois et Québécoises sont indignés. Les autochtones n'en
pouvaient juste plus. Les Premières Nations, les Inuits n'en pouvaient juste
plus, parce que ça faisait des décennies qu'il nous envoyaient le signal
qu'eux, là, ils sont traités de façon différente juste parce qu'ils sont issus
des Premières Nations ou des Inuits. On ne les a pas entendus pendant des
années, des décennies, on n'a pas agi là-dessus, mais on le savait. En fait, si
on avait été un tant soit peu à l'écoute, on le savait. Comme peuple québécois.
C'est désolant, je pense, pour moi, et dans ce sens-là, M. le ministre, vous
avez raison, il y a quelque chose qui bouge et ça, on ne pourra jamais vous
l'enlever. Vous avez raison? Mais toujours est-il qu'il faut bouger dans le bon
sens, parce que bouger pour bouger, ça fait juste des shows de boucane puis ça
ne sert personne et surtout pas des gens discriminés systématiquement, non. Je
voulais voir si vous étiez présents. Ce n'est pas la discrimination et le
racisme systémique n'est pas que dans chaque Québécois et Québécoises, chaque
blanc, chaque blanche dort quelqu'un qui est raciste. Ce n'est pas ça. C'est
que l'impact du développement colonial du Québec, puis ça, il n'y a personne ne
veut remettre en cause quand même, là, hein? Ça a eu des impacts sur bien du
monde, mais particulièrement chez les premiers peuples. Bien, que ça, ça laisse
des traces, ça laisse des traces chez les...
Mme Massé : ...Premières
Nations, parce qu'ils sont discriminés, parce que le système est discriminant
puis ça laisse des traces chez les non-autochtones parce qu'on pense que nous,
on est légitimes d'agir comme ça. Alors, la réconciliation, il faut qu'elle
commence mais qu'elle commence du bon pas. D'ailleurs, dès le rapport de la
coroner Gehane Kamel, je dirais même Me Lafontaine avant, je dirais même
d'autres avant ces femmes-là, c'était nommé, c'était identifié, mais là, c'est
des rapports de nos instances officielles, là. Quand un coroner émet un rapport
théoriquement, on devrait l'écouter. Bien, Mme Kamel nous dit clairement puis
elle a pris la peine de le définir, c'était quoi une... c'était quoi, en fait,
ce qui s'est vécu comme discrimination dans le cas du décès de Joyce? Et elle a
parlé, bien sûr, de discrimination et de racisme systémiques. Notre projet de
loi, ce n'est pas le mien, je ne l'aurais pas écrit comme ça, mais le projet
de loi qui est sur la table veut corriger cette situation-là et la job est
énorme. La job est énorme parce que ça fait des décennies, des siècles qu'on
pense que les autochtones n'ont pas les mêmes droits que les autres humains.
Pas individuellement chacun d'entre nous, là. Nos systèmes sont organisés comme
ça. Alors... Puis vous savez quoi? Pas bien, bien original, c'est... Même
l'INSPQ, parce que, oui, les autochtones nous le disent, nous le nomment, bon.
Mais à un moment donné, il faut prendre acte que nos propres institutions
blanches nous indiquent aussi qu'il y a un problème et que si on ne nomme pas
le problème tel qu'il est, bien, on n'aura pas les bonnes solutions. Et
d'ailleurs, l'INSPQ qui a... je pense qu'il n'y a personne qui remet beaucoup en
doute, insiste sur le fait que l'absence de reconnaissance des rapports de
pouvoir liés au colonialisme et de la discrimination qui en découle rend à elle
seule impossible de mettre en œuvre une véritable politique de sécurisation
culturelle. Alors je vous entends, M. le ministre, mais là, il est temps qu'on
saisisse qu'entre sécurisation culturelle et sensibilisation culturelle, il y a
un monde, et ce monde-là est le seul pas qui va nous mener à une réelle
réconciliation, c'est-à-dire de reconnaître pleinement aux Premières Nations le
droit à l'autodétermination de ce qui les concerne. La Déclaration des Nations
Unies nous le dit. Vous l'avez émis, M. le ministre, mais la Cour suprême l'a
dit, la Cour supérieure l'a dit, tout le monde l'a dit.
• (10 h 30) •
Sauf que, malheureusement, de l'autre côté
de cette chambre-là, il semble y avoir quelque chose qui bloque. Mais moi, M.
le Président, comment vous voulez que je travaille à un projet de loi qui est
supposé prendre soin de ce qu'on n'a pas pris soin pendant des décennies, et de
s'assurer qu'il... qu'enfin, au Québec, dans nos institutions, on va faire
l'exigeant travail de déconstruire ce que les politiques coloniales nous ont
mis en tête. Comment je peux travailler sur ce projet-là si, d'entrée de jeu,
on me dit : Tu sais, ce qui est la base du problème, bien, on ne peut pas
le nommer comme ça. M. le ministre, vous avez au moins, et je vous reconnais
là-dedans, l'honnêteté d'être transparent et de dire : Écoutez, on part,
tout le monde le sait, là, on s'entend qu'on ne s'entend pas, comme vous m'avez
déjà dit un jour. Bien, moi, je n'ai pas besoin que vous vous entendiez avec
moi, ça, c'est ma démarche personnelle. Si, moi, j'ai décidé de déconstruire
toute la pollution qu'il y a dans ma tête comme personne blanche pour saisir
les impacts désastreux sur mes amis des Premières Nations. Ça, c'est moi, Manon
Massé, là. Mais, ici, comme parlementaire, vous comme gouvernement, c'est une
autre paire de manches, ce n'est pas juste nous, individuellement, là, on a une
responsabilité par rapport à de nos concitoyens...
10 h 30 (version non révisée)
Mme Massé : ...qui ont le
plein droit de s'autodéterminer. C'est dans la Constitution canadienne. Moi, je
veux bien en sortir de la Constitution canadienne, et compter sur moi, mais qu'on
en sorte, on n'en sortira pas de façon coloniale. Mais c'est un autre dossier,
j'y reviendrai éventuellement. Alors, pourquoi j'insiste là-dessus puis que j'ai
pris presque la moitié de mon temps pour ça? C'est pour qu'on saisisse que
la... nous, là, parlementaires. Parce que là, on n'est plus, là... ce n'est
plus le gouvernement. Le projet de loi qui a été déposé ici, et, maintenant, c'est
la job de tous les parlementaires de s'assurer qu'on fait au Québec, au Québec,
la bonne affaire. Alors, moi, je m'en sens une grande responsabilité parce que,
vous savez, dans l'opposition, on n'a pas une tonne de pouvoir sur ces
affaires-là, mais j'ai la responsabilité, même si je n'ai pas le pouvoir.
Alors, c'est pourquoi, vous savez, la co-construction, dont le ministre a fait
état, il y a une différence fondamentale entre co-construire, donc construire
avec... quelque chose et consulter sur quelque chose. On n'est pas du tout dans
les mêmes sphères. Parce que quand je consulte, je garde pleinement le pouvoir.
Quand je co-construis, je m'assois d'égal à égal avec les gens avec lesquels je
co-construis pour arriver à trouver des solutions qui conviennent aux
différentes parties, mais c'est un travail qu'on fait ensemble. Et pour moi...
puis ce n'est même pas moi qui l'a défini, là. Vous pourrez retourner voir des
définitions du Réseau... du Réseau québécois de l'innovation sociale et bien d'autres.
Il y a aussi les Premières Nations qui ont donné des définitions de leur vision
de la co-construction. Mais pour moi, Manon Massé, ça veut dire faire avec. Et
pour moi, Manon Massé, c'est ça la reconnaissance du droit à l'autodétermination
des premiers peuples, parce que ces gens-là et surtout les représentants
politiques de ces peuples-là, au sens de la Déclaration des Nations Unies...
pas au sens de la déclaration de Manon Massé, au sens de la Déclaration des
Nations Unies, au sens de la Constitution canadienne, au sens de la Cour
supérieure puis j'ai envie de dire au sens du gros bon sens... Un coup que tu
as pris conscience, là, que tu n'as pas agi adéquatement pendant plusieurs années,
voire des décennies, voire des siècles... puis ça, là, je veux dire, là, les
données sont probantes, là. Un coup que tu reconnais ça, bien là, il faut que
tu agisses en fonction de ça.
Alors donc, j'entends, on a consulté cinq
groupes, oui, on leur a parlé, bon, etc., mais les représentants dans mon livre
à moi doivent être assis... surtout, surtout quand on parle de sécurisation
culturelle. Bien sûr, ils ont joué dans notre film, là. Il y a un projet de loi
qui a été déposé l'automne dernier. Ils sont venus en consultation. Il y a des
Premières Nations, des... des groupes qui ont claqué la porte, comme le bureau
du principe de Joyce. Bon, ils ont joué dans notre film. Parce que notre film,
c'est le parlementarisme britannique, colonialisme. Colonialisme,
parlementarisme britannique. Prenons conscience, on joue dans des règles du jeu
alors qu'on se dit de nation à nation. Alors qu'on se dit d'égal à égal avec
les premiers peuples, on joue avec des règles qui sont exclusivement les
nôtres, le parlementarisme britannique, bon, qu'on a fait nôtre, là, à
travers... j'allais dire... La reine n'est pas là, là. Bien... Bien... Hein, c'est
ça. Anyway, je m'arrête là, pas je m'arrête là parce qu'il me reste encore du
temps. Ce que je veux dire : J'arrête de déconner dans ma tête. Ce que je
veux essayer de vous faire comprendre, c'est que ces gens-là depuis longtemps
jouent dans nos règles du jeu...
Mme Massé : ...et moi, je
pense qu'il est temps, par respect pour les représentants de ces groupes-là,
qu'il est temps qu'on essaie de sortir un petit peu en dehors de la boîte,
qu'on essaie d'innover dans le cadre de nos règles. Puis vous savez quoi? On
n'est même pas original, on ne serait pas les premiers ici, au Parlement du
Québec, quand on a étudié, je n'y étais pas, mais mes collègues y étaient, le
projet de loi n° 37 avec le ministre des Services sociaux, quand on l'a étudié
ensemble, par respect pour les représentants politiques des Premières Nations,
on a décidé de... d'essayer de jouer dans un cadre pour tenter de... je dirais,
d'éliminer le vice caché de notre parlementarisme, c'est-à-dire qu'ils seront
toujours des subalternes, parce que c'est nous qui prenons les décisions.
Alors... puis ce n'est pas rien, là, parce
qu'on ne peut pas être d'égal à égal s'ils ne sont pas autour de la table. On
ne... on ne peut pas faire ça. Alors, je vais prendre, avant d'aller vers une
proposition que je vais vous faire... parce que je voudrais être constructive,
ceux et celles qui travaillent avec moi depuis toujours, vous le savez, je suis
très rough. Je dis les affaires comme je pense, mais je suis constructive. Mais
on avance et on a un devoir d'avancer.
Moi, quand j'ai été élue, j'ai porté
serment au peuple québécois, et moi, là, je ne représente pas les peuples
autochtones, on se parle pas pire, mais je ne les représente pas. Je suis juste
une représentante du peuple québécois, mais une représentante qui assume ses
responsabilités, puis c'est ce que je veux faire.
Mais je veux peut-être prendre quelques
instants pour vous aider... bien, vous aider, ce n'est pas ça, mais pour vous
aider à voir dans ma tête, c'est un peu ça. On est un ordre de gouvernement,
hein? Dans notre démocratie, on parle de... bon, il y a le gouvernement
fédéral, il y a nous, il y a le gouvernement... Bien non, il n'existe plus, le
gouvernement scolaire, ça a déjà existé, le gouvernement municipal, et il y a
les gouvernements des premiers peuples. Moi, là, j'essaie de vous donner un
exemple pour illustrer pourquoi ce n'est pas la même chose de s'asseoir avec un
seul gouvernement de communauté de nation, de s'asseoir... même si leur propos
est essentiel à saisir, mais quand on veut discuter de nation à nation, il faut
discuter avec les représentants que ces gens-là se sont donnés.
• (10 h 40) •
Imaginez-vous si... non, mais regardez, je
vais vous dire pourquoi. L'article 18 de la déclaration, c'est mon petit
bouquin. D'ailleurs, peut-être que je pourrais essayer de vous en faire
parvenir à tout le monde. C'est vraiment très intéressant, qu'est la
Déclaration des Nations Unies. Ça se traine bien, puis ça se lit bien, surtout,
ça... c'est 20 ans de travail, ou, en fait, probablement 100 ans de
travail, mais en tout cas 20 ans de gros travail, m'a dire ça de même. Je
vous lis l'article 18 qui dit : Les peuples autochtones ont le droit
de participer à la prise de décision sur des questions qui peuvent concerner
leur droit ou sécurisation culturelle, là, on est sur le target, donc qui
peuvent concerner leurs droits par l'intermédiaire de représentants qu'ils ont
eux-mêmes choisis conformément à leurs propres procédures, etc.
Ça, là... puis moi, je pense qu'il y a
bien... il y a bien des gens qui sont ici dans la salle qui reconnaîtraient que
la loi coloniale qui détermine les modes électifs chez les premiers peuples,
bon, peut-être que, s'ils ne vivaient pas dans une Constitution canadienne, ils
feraient ça autrement. Puis ils s'arrangeraient autrement, puis ils ne se
laisseraient pas mener par le bout du nez par une constitution qui leur dit :
Voilà comment vous devez réagir, puis etc.
Mais là ce n'est pas le cas, on est en
droit... dans un pays de droit, donc ce n'est pas comme ça. Mais ici, là...
puis ça fait quand même plusieurs années qu'elle a été adoptée, cette
déclaration-là. On reconnaît qu'ils ont le droit à l'autodétermination. Donc,
ce que ça veut dire, c'est qu'en tant qu'État, et nous, comme parlementaires,
on n'est pas le gouvernement, mais on va écrire une loi qui les...
Mme Massé : ...on est
légitimes de vouloir s'asseoir avec les représentants des premiers peuples pour
être capables d'attacher ce projet de loi là. Puis là, on me dira : Bien
oui, mais là on parle de... Ah! mon Dieu! Manon, 50 quelques communautés...
O.K. C'est vrai. Mais en même temps, ils se sont donné des instances, ces
gens-là. Puis d'ailleurs ils ont... ils ont cosigné... les chefs de l'APNQL ont
cosigné une déclaration, j'essaie de me rappeler, au printemps dernier, je
crois, excusez-moi, ma mémoire de... oui, 27... 28 septembre 2023. Ce n'est
pas juste le chef Picard qui a signé ça. Bien oui, c'est lui qui l'a signée,
mais je veux dire, c'est l'Assemblée générale des Premières Nations.
Alors, moi, ce que je vous invite, et
c'est... j'ai fait tout ce chemin-là pour essayer de vous convaincre qu'il faut
qu'on essaie de sortir de la norme. Oui, il y aura les remarques
préliminaires... pas «les remarques préliminaires», les motions préliminaires,
mais encore là, ça, c'est dans notre film à nous, hein, à nous, là,
l'institution, puis là... Moi, ce que je vais vous inviter, là, c'est qu'on
reproduise l'expérience qui s'est vécue dans le 37, où le ministre était assis
autour de la table, où les oppositions, tout le monde, on s'est entendus pour
dire qu'on va inviter les représentants des premiers peuples à venir s'asseoir
pour regarder les amendements, qui sont nouveaux. Parce qu'ils ne les ont pas
plus vus que nous autres... bien oui, nous, on les a vus parce qu'ils sont dans
le Greffier, mais c'est là-dessus qu'on va délibérer pour les prochaines heures.
Alors donc, M. le Président, je vous
annonce que... puis je pense que je vais le faire tout de suite puisque les
remarques préliminaires... Non. En tout cas, je vais souhaiter faire comme le
27, demander une suspension, demander, puisqu'ils sont là avec nous dans la
salle, de venir s'asseoir avec nous et qu'on va discuter de comment on va
pouvoir faire ça dans la règle de l'art, de nation à nation, d'égal à égal. Je
nous propose ça, de sortir de la boîte.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Je comprends,
parce qu'on s'était parlé avant le début de la séance, que c'est une demande de
suspension de la commission pour pouvoir en discuter entre nous pour voir la
suite des choses. J'accepte votre demande, mais à la fin des remarques
préliminaires. En attendant, je cède la parole au député de Saint-Jean.
M. Lemieux : Merci beaucoup,
M. le Président. Quelques minutes à peine. Vous me connaissez, j'aime
intervenir, mais je vais limiter ma contribution.
Un peu ce matin... je l'avoue, comme le
collègue de l'Acadie, parce que je me sens privilégié moi aussi de prendre la
parole ce matin avant qu'on ouvre officiellement à 14 h aujourd'hui le
nouveau salon bleu dans le salon rouge, on verra comment ce sera à ce
moment-là, mais, si la fébrilité est aussi facile à sentir que la première fois
que je suis venu ici ce matin, on a affaire à un après-midi assez... je ne
dirai pas historique mais assez important, mais c'est parce que je voulais
rebondir aussi, et c'est vraiment pour ça que je prends la parole, sur ce que
le ministre nous disait quand il a évoqué, mais je ne suis pas sûr qu'il... il
ne l'a pas expliqué autant en tout cas que moi je l'aurais voulu, son
acharnement, puisque c'est ce que c'est, à amener avec lui en mission vers les
communautés autochtones du Québec, à amener en mission avec lui des députés du
gouvernement.
Et je l'avoue, je lui ai dit non jusqu'à
maintenant, pas parce que je ne voulais pas y aller, mais je voulais donner la
chance à mes collègues. Parce que j'ai été assez chanceux dans ma carrière pour
faire le tour d'à peu près toutes les communautés des Premières Nations du
Moyen Nord... pas le Grand Nord, là, mais du Moyen Nord et de l'Ouest canadien
et de l'Atlantique, mais surtout au Québec. J'étais même à la naissance de la
nation crie... quelque part entre Chibougamau puis Chapais. C'est des années
importantes. Et puis j'ai d'ailleurs dit au ministre que la prochaine fois
qu'il ira faire un tour à... j'apporterai ma valise. Mais je voulais saluer ça.
C'est important.
J'écoute toute l'éloquence de mes
collègues, qui nous ont déjà présenté leur vision du projet de loi, et tout ce
que ça comporte comme tenants et aboutissants pour s'y rendre, à ce projet de
loi, mais moi, comme député de la banquette gouvernementale, je suis très fier
du projet de loi n° 32. Fier que le ministre ait fait ce qu'il a fait en
amenant nos collègues pour aller voir la réalité terrain. On comprend, là, ils
ne partent pas pour trois semaines de stage, là, mais les deux ou trois jours
puis, quand il y a une tempête de neige, les quatre ou cinq jours que ça prend
pour aller et revenir. C'est... Et puis il y a plusieurs ministres qui...
M. Lemieux : ...plusieurs
ministres qui sont allés aussi, c'est important. Mais ce projet de loi
n° 32 aussi est important. Je salue la patience, la persévérance puis le
pragmatisme du ministre. Ceux qui nous connaissent vont dire : Ça ne doit
pas lui faire plaisir de le vanter comme ça. C'est vrai, c'est un peu à corps
défendant, mais il fallait quand même que je le dise. Je salue les efforts du
ministre et les avancées du ministre par rapport à tout ce qu'il y a de plus de
nouveau, de positif, de constructif depuis qu'il est en poste. Petit train va
loin, là. Tantôt, il disait : Lentement, mais sûrement. En tout cas, ce
sont toutes des choses qu'on dit parfois sans y penser. Mais «petit train va
loin», pour moi, c'est important, parce que ce projet de loi là, les nations
autochtones en ont besoin, le Québec en a besoin, et je pense que le travail
qui a été fait depuis un an, parce que j'y étais pendant les consultations
particulières il y a un an, presque, le travail qui a été fait, que le ministre
va déposer... a déjà déposé sur Greffier, mais va débattre avec vous, je pense
que ça fait, ça fait une bonne partie du chemin qu'il nous faut faire
maintenant.
Pour la suite, pour le reste, je
comprends, j'entends et j'apprécie les commentaires des collègues, mais, moi,
je suis d'avis qu'on va faire déjà une très bonne chose en travaillant et, je
l'espère, en votant pour le projet de loi n° 32. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci, M. le député de
Saint-Jean. Alors, je vais suspendre les travaux quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 10 h 50)
12 h (version non révisée)
(Reprise à 12 h 21)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Lafrenière : Merci
beaucoup, M. le Président. À cette étape-ci, j'aimerais qu'on rende disponibles
les amendements. Je les ai déjà présentés à mes collègues des oppositions. Je n'ai
rien fait de pas correct. Notre règlement le permet. Alors, ils les ont déjà.
Mais j'aimerais que les gens qui sont ici avec nous, les gens qui nous écoutent
à la maison puissent avoir accès à ces amendements-là. C'est important. C'est
transparent.
Puis, M. le Président, tout à l'heure,
pour le bénéfice des gens qui nous écoutent à la maison, qui ont arrêté de nous
écouter parce qu'on n'était plus là, sachez qu'on avait des bonnes discussions.
Puis j'ai beaucoup apprécié les collègues des oppositions, qui ont tenté de
faire différemment. Puis c'est ce qu'on veut faire, M. le Président, hein?
Quand on regarde les relations des Premières Nations... les réalités, pardon,
des Premières Nations, des Inuits, notre salle, notre façon de faire, c'est
très loin de leur réalité. Moi, je me rappelle, quand on était ensemble en bas,
dans la salle Kirkland, et quelqu'un m'avait dit : Ça me rappelle une
salle d'audience dans un palais de justice, j'ai compris sa réaction, j'ai
compris pourquoi il était moins à l'aise.
Alors, M. le Président, malgré que vous
faites en sorte qu'on a d'excellents travaux ici, tout est merveilleux, on
pense qu'on peut faire les choses différemment, on va en reparler tout à l'heure,
mais on est prêts à sortir de ce cadre qu'on a ici, dans cette commission, dans
ce lieu, de mettre de côté nos manteaux d'oppositions, nos manteaux de ministre
pour être tous des humains, discuter avec eux, échanger...
M. Lafrenière : ...et même de
le faire. Monsieur le Président, rester assis après les heures de cette
commission parce qu'on veut faire les choses différemment.
Alors, monsieur le Président, je laisse le
soin aux gens de regarder les amendements. Je vous dirais qu'il y a 14
changements qui ont été faits, je l'ai dit aux gens de l'opposition, et ça,
c'est suite à ce qu'on a entendu, à ce qu'on a vu. Merci, monsieur le
Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Donc, je dépose
officiellement les amendements.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux. À tantôt. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 22)
15 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 46)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission des institutions reprend ses travaux. On poursuit donc l'étude
détaillée du projet de loi n° 32, Loi instaurant l'approche de
sécurisation culturelle au sein du réseau de la santé et des services sociaux.
Donc, nous sommes à l'étape des motions préliminaires. M. le député d'Acadie, s'il
vous plaît.
M. Morin : Merci. Merci, M.
le Président. Alors, conformément à nos règlements et à l'article 244 du
règlement de l'Assemblée nationale, je fais motion afin :
«Que la Commission des institutions
tienne, dans le cadre de l'étude du projet de loi n° 32, Loi instaurant l'approche
de sécurisation culturelle au sein du réseau de la santé et des services
sociaux, des consultations particulières;
«Et qu'à cette fin, elle entende dès que
possible différents groupes... Donc, je vais vous mentionner ici les groupes,
donc les groupes suivants, et ce, afin d'apporter un éclairage supplémentaire à
la commission dans l'exécution de son mandat;
«Qu'à cette fin, la commission puisse
consulter les groupes suivants : l'Assemblée des Premières Nations du
Québec et du Labrador, l'APNQL, Femmes autochtones du Québec...
M. Morin : ...M. Sipi Flamand,
chef de la communauté de Manawan, et le Bureau du Principe de Joyce, et;
«Que les modalités soient déterminées par
les membres de la commission.»
En fait, M. le Président, je présente
cette motion... Et on en a discuté avec M. le ministre, avec ma collègue la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques. Et, je tiens à le souligner, dans le
cadre de nos travaux, moi, je considère que c'est très important que ces
groupes-là puissent être entendus, pour qu'on puisse avancer avec le projet de
loi, et que ce soit fait dans le cadre d'un... dans un cadre qui est informel.
C'est ce que soulignait, demandait, ce matin, ma collègue la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Donc, au fond, la motion est présentée
parce qu'on est en commission, mais... Ce qu'on veut, en fait, pour faire
avancer les travaux de la commission, c'est d'entendre, de discuter, de
dialoguer, de coconstruire avec ces groupes, dans la mesure du possible, et,
dans un cadre informel, avoir une discussion sur les différents articles, et
sur les modifications qui sont proposées par M. le ministre, et qui ont été
déposées un peu plus tôt, aujourd'hui, dans le cadre des travaux de cette
commission.
Alors, c'est important, je le souligne, ma
collègue la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques en parlait, ce qu'on
recherche, c'est un cadre informel, un endroit où les gens seront tout à fait à
l'aise, donc un espace ouvert pour faciliter les échanges dans le cadre des
travaux de cette commission, mais, puisque, évidemment, on fonctionne avec des
normes, des procédures, je tenais à présenter cette motion à la commission.
Et pourquoi, pourquoi présenter cette
motion, pourquoi ces groupes? Je l'ai dit plus tôt ce matin, de façon un peu
brève, mais je vais expliquer davantage. Quand on nous a souligné que le
gouvernement appelait le projet de loi n° 32 et qu'on allait procéder à
l'étude article par article, quand ça nous a été confirmé, mon premier réflexe,
ça a été de consulter... évidemment, on n'a pas eu énormément de temps, mais de
consulter des groupes, associations, personnes qui, je crois, ont un rôle, ont
un apport important pour les travaux de la commission, puis pour le Parlement,
puis pour la population québécoise, également.
Et quand j'ai parlé à ces personnes ou ces
représentants d'associations, plusieurs m'ont dit : Écoutez, on a été
convoqués, on nous a expliqué certaines choses, mais je crois qu'il n'y a pas
eu véritablement d'échanges, de consultations, et je suis convaincu que, pour
faire avancer ce projet de loi là dans la bonne direction, il est important
d'en avoir. Et, lorsque j'ai parlé, notamment, aux représentants de Femmes
autochtones du Québec, on m'a souligné que la consultation était
hyper-hyperimportante, une discussion informelle. Donc, sortons du cadre un
peu, évidemment, normatif et plus rigide de l'Assemblée, et trouvons un moyen
de discuter avec ces groupes. Et pour moi, c'est important.
• (15 h 50) •
Et Femmes autochtones du Québec a fait
parvenir une lettre le 9 septembre — donc c'est hyper-hyper
récent — sur l'adoption du principe du projet de loi, mais aussi,
elle l'a envoyée aux membres de la commission, dans le cadre de la reprise des
travaux parlementaires entourant l'adoption du projet de loi n° 32. Et ce
qu'on nous dit, c'est que, puisque l'étude détaillée débutera — c'est
ce qu'on a fait ce matin — Femmes autochtones du Québec tenaient à
exprimer, par cette lettre, leur désaccord avec l'adoption du principe, et
plusieurs préoccupations qu'ils ont avec le projet de loi, d'où, évidemment, la
motion préliminaire, et l'importance de les entendre et de travailler avec ce
groupe.
On nous rappelle que Femmes autochtones du
Québec a pour mission de promouvoir et défendre les droits des femmes
autochtones à travers le Québec, et qu'elles souhaitent mettre en évidence, une
fois de plus, l'incompréhension des visions communes concernant le projet de
loi, dans sa forme actuelle. On nous souligne également que, bien que des
amendements soient prévus, selon les informations qu'ils ont obtenues lors
d'une rencontre tripartite en août 2024...
M. Morin : ...avec des membres
des cabinets des ministres Lafrenière et Dubé, on nous souligne que, force est
de constater que ceux-ci ne répondront pas aux revendications exprimées par
Femmes autochtones à travers le Québec, notamment la reconnaissance du racisme
et de la discrimination systémique et l'application du Principe de Joyce. Et
j'y reviendrai un peu plus tard, M. le Président, dans le cadre de mon
intervention. C'est la raison pour laquelle, dans le cadre de cette motion
préliminaire, j'ai évidemment ajouté M. Sipi Flamand et le Bureau du Principe
de Joyce.
Femmes autochtones du Québec rappelle que
leur organisation ne considère pas avoir été consultée à sa juste valeur par le
gouvernement de la CAQ dans le cadre du présent projet de loi. On nous dit
qu'au fond il y a une rencontre tripartite, mais que les consultations se
résument aux éléments suivants : Une discussion informelle à l'époque,
avec Mme Boileau, lors de la campagne de réélection de M. le premier
ministre, un questionnaire de quatre questions et un mémoire qui a été déposé
en 2023, en septembre 2023, par Femmes autochtones du Québec à la Commission
des institutions.
De plus, on nous rappelle que même si le
gouvernement de la CAQ considère que FAQ a été consulté lors de ces trois
étapes, force est de constater que nos avis et recommandations n'ont aucunement
été pris en compte dans l'actuel projet de loi. Et je le souligne et j'insiste
sur l'importance d'entendre Femmes autochtones du Québec, parce que, je le
mentionnais ce matin, dans le système de santé, c'est souvent les femmes qui
doivent y avoir accès. Et, évidemment, elles doivent se sentir accueillies,
respectées et ne pas vivre, bien sûr, de discrimination systémique.
Dans leur lettre, on nous rappelle la
Déclaration des Nations Unies sur les droits autochtones et particulièrement
l'article 24 où on souligne que les peuples autochtones ont droit à leur
pharmacopée traditionnelle. Ils ont le droit de conserver leurs pratiques
médicales, notamment de préserver leurs plantes médicinales, animaux, minéraux
d'intérêt vital. Et, selon la déclaration, les autochtones ont aussi le droit
d'avoir accès, sans aucune discrimination, à tous les services sociaux et de
santé. Les autochtones ont le droit, en toute égalité, de jouir du meilleur
état possible de santé physique et mentale, et les États doivent prendre les
mesures nécessaires en vue d'assurer progressivement la pleine réalisation de
ce droit.
La Déclaration des Nations unies sur les
droits des autochtones est pour moi un document fondamental de base parce qu'on
y explique, on fait mention, au fond, de droits, mais d'une marche à suivre
pour s'assurer que les peuples autochtones vont être considérés qu'ils vont
être capables de travailler et de faire vivre leurs traditions, leur langue et
surtout de ne pas subir de discrimination. Et c'est important parce qu'on l'a
mentionné ce matin, et c'est dans la lettre de Femmes autochtones du Québec, l'alinéa 2
de l'article 24 de la Déclaration des Nations Unies des peuples
autochtones, selon Femmes autochtones du Québec, fait directement écho à la
motion qui avait été soumise par la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques et
adoptée à l'unanimité en septembre 2023, afin :
«Que l'Assemblée nationale se souvienne du
décès de Joyce Echaquan, survenu dans des circonstances tragiques à l'hôpital
de Joliette, le 28 septembre 2020; et
«Qu'elle reconnaisse également que les
personnes des Premières Nations et les Inuits ont le droit d'avoir un accès
équitable sans aucune discrimination à tous les services sociaux et de santé,
ainsi que le droit de jouir du meilleur état possible de santé physique,
mental, émotionnel et spirituel; et
«Qu'elle souligne l'importance de
reconnaître et de respecter les savoirs et les connaissances traditionnelles et
vivantes....
M. Morin : ...des autochtones
en matière de santé; et finalement
«Qu'elle observe une minute de silence à
la mémoire de Joyce Echaquan.»
Donc, cette motion, je le rappelle, elle a
été adoptée à l'unanimité par l'Assemblée nationale du Québec, et je vous
dirais que ça doit guider nos travaux, comme parlementaires, quand vient le
temps d'étudier et de travailler un projet de loi qui vise justement à sécuriser
culturellement, au sein du réseau de la santé et des services sociaux, pour
que, justement, les peuples des Premières Nations et les Inuits se sentent bien
accueillis et qu'ils ne subissent aucune discrimination.
Femmes autochtones du Québec a reconnu la
nécessité et l'importance de ces travaux et a soutenu la mise en œuvre. Ils ont
même adopté une résolution à cet effet en décembre 2022, rappelant l'importance
de la justice, de l'égalité, des droits des femmes et de leurs familles, et que
cela passe par la reconnaissance du racisme et de la discrimination systémique
que vivent les femmes et les filles autochtones du Québec, mais également par
l'adoption sans délai et sans réserve du principe de Joyce.
Je pense qu'il faut, comme parlementaires,
être capables de nommer les problèmes, d'identifier le problème pour être
capable par la suite d'y apporter des pistes de solution. Sinon, si on
n'identifie pas l'enjeu, les besoins, le problème, bien, on pourra travailler,
mais on risque de manquer notre but. Et puis moi, bien, je me dis que, comme
parlementaire, j'ai une responsabilité dans mon travail au quotidien. Et parce
que le gouvernement a décidé de déposer un projet de loi qui vise la
sécurisation culturelle, bien, je me dis : Mettons toutes nos chances de
notre côté pour nous assurer que le travail qu'on va faire va être fait
conjointement, de concert avec des groupes qui sont directement interpellés par
le sujet. Femmes autochtones du Québec avait évidemment déposé un mémoire et
rappelait l'importance de définir le terme de sécurisation culturelle. Et
également on nous rappelle que le commissaire Viens a pourtant été catégorique
dans les conclusions de son rapport, et là on remonte en 2019 : "Le
lien de confiance entre les communautés autochtones et les institutions
publiques est à reconstruire." Et, quand on lit ça, moi, comme
parlementaire, je me sens interpellé. Je ne peux pas passer ça sous silence. Je
ne peux pas ne rien faire quand je lis un tel texte.
• (16 heures) •
Et je vous dirais que c'est de notre
devoir, en tout cas, clairement, le mien, de faire tout ce que je peux pour
rétablir ce lien de confiance entre les communautés autochtones et les
institutions publiques, et je vous dirai, particulièrement, M. le Président,
dans le cadre des institutions publiques dans le domaine de la santé, parce
qu'oon a tous, dans nos vies, expérimenté, tôt ou tard, des problèmes de santé.
Et, évidemment, quand on est malade et qu'on va à l'hôpital, on est dans un
état de vulnérabilité, et la dernière chose qu'on veut qui nous arrive, c'est
qu'on soit victime de racisme ou de discrimination.
Pour Femmes autochtones du Québec, la
reconnaissance du racisme et de la discrimination systémique est un élément
ultime et nécessaire à la mise en place d'une loi sur la sécurisation
culturelle. En effet, Femmes autochtones du Québec est d'avis que la mise en
place d'une telle loi sans reconnaître le problème qu'elle tente d'enrayer est
une coquille vide. C'est ce à quoi je faisais référence il y a quelques minutes
quand je parlais exactement de l'importance d'identifier les véritables enjeux
pour être capable de régler le problème.
Et, finalement, Mme Étienne, présidente de
Femmes autochtones du Québec, conclut en disant... en faisant référence à un
courriel de M. le ministre soulignant que l'étude détaillée en commission
permettra de peaufiner ce projet de loi novateur et qu'il a espoir que la
première loi du pays en matière de sécurisation culturelle sera adoptée au
Québec...
16 h (version non révisée)
M.
Morin :...Alors, on parle, évidemment, ici, d'une course contre
la montre.
Mais je pense que ce qu'il est important
de se rappeler et de se dire, M. le Président... et je tiens à le souligner
publiquement, l'ouverture de M. le ministre. Parce que, ce matin, ce matin,
quand on a commencé nos travaux, ma collègue la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques
a fait une proposition. J'avais moi-même une motion, ou des motions, en fait, à
présenter à la commission pour qu'on soit capables de trouver un cadre où,
justement, on va être en mesure de peaufiner le projet de loi et de le faire d'une
façon qui est... d'une façon novatrice, dans un cadre informel. C'est ce que
soulignait ma collègue la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, je tiens à le
dire. Donc, je pense qu'on veut collaborer le plus possible pour nous assurer
que ce projet de loi, quand on va passer les différentes étapes... En tout cas,
moi, comme parlementaire, je vais pouvoir me dire : Moi, j'ai fait tout ce
que j'ai pu pour que les gens qui étaient le plus concernés puissent être
entendus.
Le chef de l'Assemblée des premières
nations du Québec et du Labrador, M. Picard, était ici ce matin. Je ne le vois
plus dans les gradins, mais il était ici ce matin. On lui a parlé, c'était important
pour lui. J'ai parlé aussi au chef de la communauté de Manawan, M. Sipi
Flamand, qui me disait... écoutez, c'est moi qui lui a appris qu'on allait
commencer l'étude article par article aujourd'hui, et il me disait : Oui,
j'ai des choses à dire. Et rappelez-vous que Mme Joyce Echaquan était de la
communauté de Manawan, donc, s'il y a quelqu'un qui sait et qui comprend l'importance
de ce projet de loi, mais surtout, l'importance non pas d'en faire une course,
mais de prendre tous les moyens pour qu'on arrive à bon port, bien, je pense
que le chef Flamand fait partie de ce groupe-là. C'est la raison pour laquelle
je le mentionne dans mon... dans ma motion préliminaire.
Et, finalement, le Bureau du Principe de
Joyce, c'est parce que le Bureau du Principe de Joyce nous a déposé,
évidemment, un mémoire, et il nous disait comment il était important... Et c'était
leur attente. Et on nous disait, dans le Principe de Joyce... Pourquoi le
Principe de Joyce? Bien, c'est pour faire valoir les droits des autochtones, au
Québec, en matière de santé et de services sociaux. Donc, c'est un rappel, une
demande d'engagement, pour que nos institutions respectent les membres des
Premières Nations et des Inuits quand ils doivent avoir accès à des services de
santé.
Le Bureau du Principe de Joyce nous le
rappelait, la tragédie de la mort de Joyce Echaquan ne tolère pas l'inertie.
Et, je le souligne, M. le ministre a travaillé, et c'est la raison pour
laquelle ce projet de loi a été déposé. Je le salue. Mais on peut faire plus.
Moi, je vous soumets respectueusement qu'on peut faire mieux, comme
parlementaires, puis je vous dirais également qu'on doit faire mieux, compte
tenu des éléments qu'on va étudier, analyser dans le cadre du projet de loi.
On nous rappelle que c'est en travaillant
ensemble, et rapidement, qu'on va arriver à établir un équilibre respectueux
des droits de tous, et pour tous. C'est dans le document qui traite du Principe
de Joyce. On doit écouter ce qu'ils ont à nous dire puis on doit sortir d'un
cadre qui est trop rigide, parfois, ou trop procédural, pour être capables d'avoir
une véritable discussion avec des groupes, l'Assemblée des Premières Nations du
Québec, Femmes autochtones du Québec, M. Sipi Flamand, chef de la communauté de
Manawan, et le Bureau du Principe de Joyce, pour être capables, d'une façon
plus informelle, de nous assurer que, quand on va passer à travers ces
articles, ça va véritablement répondre à leurs préoccupations. Parce que,
sinon, pour moi, je vous le dis, M. le Président, ça ne sert à rien, ça ne
donne rien. Donc, soyons pertinents.
On a parlé ce matin. Je salue l'ouverture
de M. le ministre, je sais...
M.
Morin :...il veut bien faire les choses, et c'est la raison
pour laquelle je présente cette motion. Je remercie également la députée de
Sainte-Marie--Saint-Jacques pour son apport, je pense que c'est important, et
c'est la raison pour laquelle je présente cette motion préliminaire cet
après-midi dans le cadre des travaux de la commission. Je vous remercie.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Lafrenière : Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. Bon retour à tous et à toutes. Je vous salue puis,
encore une fois, je le dis pour le besoin des gens qui nous écoutaient ce
matin, vous nous avez vu partir en petit caucus. Pourquoi? Parce qu'on voulait
faire les choses différemment, puis je tiens à saluer justement cette
proposition-là. Puis, M. le Président, jusqu'à voilà à peu près
17 minutes, c'est vraiment le feeling que j'avais. Je me disais : On
va faire les choses différemment. Puis je comprends mon collègue de
l'opposition officielle, il fait son travail, ce n'est pas simple, mais là j'ai
l'impression qu'on retourne dans ce que vraiment les gens nous... nous
reprochent, notre système colonialiste. On se lance une couple de roches puis
on trouve à qui la faute. Et puis je comprends et je sais qu'il n'y a pas une
once de méchanceté, M. le Président, mais je vais vous dire : Il faut se
sortir de là.
Et je prends peine puis je vais prendre un
peu de temps, M. le Président, je trouve ça important, là, il y a une partie
qu'on va mettre les pendules à l'heure aussi. Vous savez, j'ai tenté puis j'ai
aidé. Par exemple, Femmes autochtones, c'est vrai qu'on les a rencontrées
pendant la campagne, faire différemment, de façon non officielle. Vous écoutez,
vous avez deux ans, ça s'en vient. On les a rencontrées à plusieurs reprises
puis on a même tenté avec des interlocuteurs différents, avec une personne qui
a une coupe de cheveux différente, M. le Président. Je me suis dit :
Peut-être que ça va être plus facile. Une dame qui les connaît bien va les
rencontrer, puis ce n'était pas un questionnaire, c'était quatre questions pour
guider la conversation. On n'envoie pas un questionnaire, M. le Président. On
l'a fait avec FAQ. Avec l'APNQL, on l'a tenté. Quand on a fait les
consultations, ils se sont abstenus. C'est leur droit.
Depuis décembre dernier, on envoie des
lettres, on tend la main, mais ce que j'essaie de vous dire, M. le Président, c'est
que force est de constater que ce qu'on essaie, peut-être que ce n'est pas la
façon qui fonctionne bien avec les programmations, M. le Président. Vendredi
dernier, mon chef de cabinet, a contacté le chef de cabinet de l'APNQL qui
voulait en savoir plus. On a dit : On va vous faire un briefing. Ça n'a
pas fonctionné, M. le Président. C'est pour ça quand, ce matin, mes collègues
des oppositions ont dit : On peut-tu faire différemment? Je dis :
Oui, absolument, travaillons-le ensemble.
Je vais terminer avec ça, mais entre les
deux, j'aimerais mettre certains petits points au clair, puis un tout avec mon
collègue de l'Acadie, parce que je sais qu'il fait le travail pour les bonnes
raisons, mais je pense qu'il y a des choses qui restent en suspens, qui nous
donnent un grand, grand malaise, M. le Président. Quand on parle, on laisse
sous-entendre qu'on veut faire ce qu'on fait aujourd'hui parce que c'est une
course pour être les premiers au Canada. Ce n'est pas une course, c'est une
course de fond. Ça fait 40 ans que ça existe. Les Maoris l'ont inventé
dans les années 80. Les gens qui étaient dans ma position pendant des
années ne cherchaient pas ce qui était fait. M. le Président, ils ouvraient
tous les tiroirs puis il n'y a rien comme dans rien. Ça fait que n'est pas une
course, M. le Président.
• (16 h 10) •
Quand on dit qu'on peut le faire,
excusez-moi, là, moi, depuis ce qui est arrivé, puis mon collègue de l'Acadie
l'a dit, ce qui est arrivé à Joyce Echaquan, c'est un électrochoc. Ma collègue
de la deuxième proposition l'a dit, ça nous a tous réveillés, puis on a
dit : Aïe! il faut faire de quoi. À la Santé depuis 2018, ils
travaillaient sur un plan. C'est sûr que ça a bouleversé les gens, en
disant : Il faut faire quelque chose. Je n'appelle pas ça une course puis
je n'accepte pas l'étiquette de dire : On veut bien paraître, M. le
Président, ce qu'on fait aujourd'hui, là, c'est tout sauf l'ancienne politique.
Je voulais mettre ça au clair, M. le Président, puis ça vient me chercher, vous
le sentez.
Déclaration des Nations Unies, la DNUDPA,
ça existe depuis 2007. De venir nous dire qu'on est assis là puis on ne fait
rien pour, je l'accepte à moitié, M. le Président. Vous allez le comprendre, il
y a des raisons qu'il faut faire de quoi. Il faut juste être prudent, ça fait
depuis 2007. Le racisme systémique, ce n'est pas récent. Ma collègue de la
deuxième opposition, à l'époque, questionnait le gouvernement qui était au
pouvoir, et c'était une fin de non-recevoir. On n'est pas les premiers, il doit
y avoir une raison à ça. C'est complexe, M. le Président, c'est sensible, et ce
sont des enjeux qui sont très complexes. Je l'ai dit quand on a commencé
aujourd'hui. En 2014, il y a une journaliste qui s'appelle Anne Panasuk qui a
sorti au grand jour un reportage qui a laissé tout le monde bouche bée. Des
enfants sont décédés ou disparus pendant in transport à l'hôpital, 2014.
On est arrivés au pouvoir, M. le
Président. On l'a fait pas parce que ça paraît bien, parce qu'il fallait faire,
il fallait être responsable. Ce que j'essaie de dire, en tout respect avec mon
collègue, on peut se lancer des roches, trouver à qui la faute, mais on
retourne dans notre vieux système, puis ce n'est pas pour rien qu'ils ne sont
pas dans la salle présentement, ce n'est pas leur style, mais pas du tout, M.
le Président. Ça fait que moi, j'accepte puis je reviens à la motion. On dirait
un grand détour pour revenir à ce qu'il me présente. Puis, M. le Président, on
en a jasé ce matin, puis on s'est dit : Il faut faire différent. On peut-tu
essayer quelque chose en dehors du cadre habituel? Puis je l'apprécie vraiment
beaucoup parce que, je veux dire, on peut tous se regarder le miroir puis avoir
une partie de responsabilité. Je vais rappeler Viens, là, on me remet en plein
visage souvent le fait que je dois mettre en place des recommandations...
M. Lafrenière : ...mais viens
étudier les rapports du gouvernement de l'époque avec les Premières Nations de
2001 à 2016. J'ai les recommandations sur mon bureau, c'est du travail, et on
va le faire ensemble, mais ce n'est pas vrai que je vais prendre tout le blâme
aujourd'hui. C'est arrivé dans le passé. Il faut travailler là-dessus, mais il
faut le faire ensemble. Ce que je fais aujourd'hui, M. le Président, vous ne
m'avez jamais vu faire ça. Jamais. Je déteste ça, mais là... il fallait que ça
sorte, M. le Président.Ça fait que je l'accepte, mais c'est une responsabilité
partagée. Changeons la donne. La façon de faire comme ça, ça ne plaira pas à
nos collègues, les membres des Premières Nations et les Inuits. Moi, je
comprends une chose : notre système parlementaire, quand on les convoque,
qu'on leur demande de parler pendant une période de temps avec des questions,
ça ne répond pas à leur réalité. S'asseoir en cercle, excusez, on va dire les
vraies choses, là, s'asseoir en cercle, prendre un café, jaser, moi, c'est ça
que je vous propose. Je prends votre proposition en disant : Je comprends
puis c'est un beau geste. Je vais voter contre en vous disant : Voici ce
qu'on se propose, ce qu'on se parlait plus tôt. Faisons-le de façon informelle.
Puis devant tout le monde, ici, je prends l'engagement, puis j'ai une parole,
je vais enlever mon veston de ministre, vous allez enlever vos vestons
d'oppositions, puis eux vont enlever leur veston... on va tous être des humains
dans la même salle. Puis qu'est-ce qu'on va faire? On va se parler des vraies
affaires puis on va essayer de se comprendre mutuellement.
Parce que, tantôt, quand on me disait...
trouve qu'il n'y a pas eu de changement... il y a trois changements majeurs
dans notre projet de loi qui viennent de ce que... a déposé. Puis je ne dis pas
ça pour dire qu'ils ont tort, je dis ça pour dire : Définitivement, ça ne
fonctionne pas. On n'est pas capable de leur montrer cette réalité-là parce que
nos systèmes ne sont vraiment pas alignés. On le sait, le système de
parlementarisme a des très belles qualités, M. le Président, puis je reconnais
votre commission puis tout ce que vous faites, mais comprenez, quand on s'en va
en mode autochtone, c'est peut-être très loin de leur réalité. Puis je m'en
rends compte, parce que j'entendais les arguments, puis ils sont vrais, je l'ai
lu, j'ai reçu les lettres, puis j'étais surpris et déçu. Ici, on pourrait
parler du principe de Joyce. Ils ont été invités, ils se sont présentés, ils
ont décidé de quitter, mais ils nous ont laissé un mémoire. On l'a lu, on a
repris des éléments. Pour ce qui est du chef... même chose. J'étais à Manawan,
voilà deux semaines, puis je l'ai dit à matin, vous n'êtes pas obligés de me
croire, vous pouvez aller le voir, allez voir sur mon Facebook, il en a résulté
un «flat», comme il arrive souvent dans cette région-là. Je suis allé le voir.
Ce n'est pas vrai que j'ai passé une heure à lui parler du p.l. no 32, ce n'est
pas vrai. On a eu notre rencontre pour parler, entre autres, du chemin de
Manawan, et je lui ai dit : Le p.l. no 32 s'en revient, ça va être de
retour au retour de notre siège. Est-ce que la date était claire pour lui? Je
comprends, peut-être que non, M. le Président.
Puis je vous le dis, mon but, ce n'est pas
de lancer des roches, c'est un constat de dire : Notre façon de faire, on
dirait que ça a ses limites avec les Premières Nations et les Inuits, il va
falloir trouver quelque chose d'autre. Puis c'est exactement ça, M. le
Président. Puis, tantôt, quand mes collègues m'ont accroché, j'en étais
vraiment touché, de se dire : Aïe! On va sortir de ça, là, on va essayer
de quoi de complètement différent. On l'a fait ensemble dans 79. On l'a fait
ensemble dans la Commission spéciale sur l'exploitation sexuelle des mineurs,
on a démontré qu'on pouvait faire les choses différemment. Ça fait que, si on
continue de même, j'ai l'impression qu'on va arriver au même résultat, puis les
gens vont être déçus, alors que ça fait des années que ça doit être fait.
Puis je vous le dis encore une fois, ce
qu'on fait aujourd'hui, là, ce n'est pas une course contre la montre. On veut
aider qui? Les soignants, les jeunes qui sont sur le terrain puis qui ont
besoin de cet outil-là pour faire un bon travail. On a besoin d'envoyer un
message clair, aussi, que du racisme, de l'intolérance, c'est non. Et c'est
très clair. C'est une position qu'on a prise, c'est une promesse qu'on a faite
suite aux événements tragiques de oyve Echaquan. En passant, M. le Président,
comme je dis, c'est sensible, il y a des groupes qui ne sont pas d'accord parce
qu'on a repris des éléments du principe de Joyce. Puis je vais être bien
honnête avec vous, ne pas l'avoir fait, j'aurais eu des critiques aussi, là. Il
faut entendre les gens.
Cette discussion-là, je la salue, cette
offre-là, à 18 h 30, de s'asseoir dans un contexte non parlementaire,
d'entendre les gens d'égal à égal. Honnêtement, M. le Président, je le salue.
Je trouve ça très grand. Je trouve que tout le monde a mis ses choses de côté
en disant : Soyons plus grands que la politique, là, faisons vraiment
différemment pour les Premières Nations. Ça me touche, M. le Président. Alors,
dans la même phrase, je vais dire oui et non. Je vais voter non dans ce qui
nous est présenté, mais je vais dire oui à la discussion qu'on a eue plus tôt,
M. le Président, allons ensemble à 18 h 30, quand mes collègues des oppositions
confirmeront leur accord, on va même envoyer un courriel le confirmant aux gens
qui étaient ici... en bonne et due forme, en disant : On a une salle,
assoyons-nous, prenons un café ensemble, échangeons. Il faut l'essayer, M. le
Président, il faut au moins l'essayer.
Alors, on peut me reprocher bien des
choses, mais ce n'est pas vrai qu'on est assis sur nos mains. J'ai donné des
exemples tantôt. J'espère prendre cette feuille et la mettre le plus loin
possible dans mon cartable. Je n'aime pas faire ça, mais il y a une partie que
je ne suis pas prêt à accepter, M. le Président. Alors, on a mis les choses au
clair. Je suis prêt à entendre mes collègues, puis, s'ils le veulent, on sera
prêts à envoyer l'invitation, mais je veux essayer quelque chose de différent.
Je vous dis : On se lance dans quelque chose qui n'a jamais été fait, mais
il faut l'essayer, M. le Président. Merci à mes collègues des oppositions, je
trouve ça très innovant.
Le Président (M.
Bachand) :Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Sainte-Marie-Saint-Jacques, s'il vous plaît.
Mme Massé : Oui. Merci, M. le
Président. Vous savez, quand je donne ma proposition ce matin...
Mme Massé : ...mon objectif
fondamental, c'était qu'on apprenne ensemble, comme parlementaires à, oui,
faire les choses différemment, mais à saisir profondément ce que ça veut dire travailler
d'égal à égal. Puis ce n'est pas toujours simple, ce n'est pas simple dans nos
couples, ce n'est pas simple dans nos milieux de travail. Tu sais, travailler
d'égal à égal, là, ce n'est pas simple, on n'est pas habitués à ça parce qu'on
est dans des sociétés très hiérarchisées où le modèle dominant, c'est celui du
top down ou, à tout le moins... ça fait qu'on n'est pas habitués de travailler
en cercle. M. le ministre a raison, quand on arrive avec nos façons de faire,
on déstabilise des gens qui ont une pratique millénaire et qui aimeraient bien
qu'on finisse par comprendre leur façon de faire.
Alors, mon objectif était... et il l'est
toujours, d'ailleurs, ma vision de ce que j'essayais de partager ce matin, de
ce qu'on nomme comme étant sortir du cadre, c'était surtout exigeant pour nous.
Parce que, pour les gens qui côtoient un tant soit peu les gens des Premières
Nations, ils savent très bien quand ils parlent d'un cercle, par exemple, que,
dans le cercle, tu as beau être le chef, mais tu es dans le cercle. Les aînés,
les aînés, ils ont une petite plus-value, si je peux dire, en tout respect,
mais quand tu es en cercle, tu es égal à égal.
Alors, quand mon collègue de l'Acadie est
venu me montrer ça rapidement avant qu'on rouvre le micro, tu sais, rapidement,
je me suis dit : Ah! O.K., oui, là, il y a peut-être... mais en jasant
avec ma gang, je me suis dit : Aïe, non, mais attends un peu, on est en
train de retourner dans cette façon de faire ou dans les faits, les règles de
l'Assemblée nationale déterminent. C'est vrai que la dernière phrase qu'ils
disent que les... et là-dessus, c'est vrai qu'il y a comme un pas qui se
dirigeait, que les modalités soient déterminées par les membres, mais on a
passé une heure et demie à discuter ce matin, là. Tu sais, puis on... Ce matin,
on s'est entendu que... M. le ministre, vous venez de le dire, vous allez
l'officialiser, que ce soir on allait rencontrer les gens de l'APNQL, qu'on
allait être en cercle et qu'on allait essayer clairement de comprendre pourquoi,
qu'est-ce qui fait qu'une partie des représentants... En fait, je recommence.
Qu'est-ce qui fait que les représentants des élus des Premières Nations au
Québec sentent que, là, ils n'ont pas été partie prenante de cette nouvelle
étape? Puis comment ça se fait que les amendements arrivent? Puis, oui, le
ministre a fait un certain nombre d'actions, mais... Puis l'exemple de Femmes
autochtones du Québec est aussi un exemple. Même si elles ne font pas partie
des représentantes élues, elles représentent quand même des femmes de toutes
les nations à travers... élues, à travers le Québec. Bien, qu'est-ce qui fait
qu'elles sentent que, malgré ce que vous dites, M. le ministre, elles ne sont
pas confortables là-dedans?
• (16 h 20) •
Ça fait que moi, c'est sûr que je trouve
ça... C'est beau, ce qu'on s'apprête à faire. C'est beau, la discussion. Puis
pas parce que c'est mon idée, là, ce n'est même pas ça, l'affaire, c'est parce
que c'est ça qu'ils nous demandent depuis tout le temps, qu'ils demandent — vous
avez raison, M. le ministre — autant à votre gouvernement qu'ils le
demandaient au gouvernement précédent, qu'ils le demandaient à l'autre avant
celui-là. Et, en fait, depuis René Lévesque. J'étais jeune, là. Depuis René
Lévesque, il est question d'un forum permanent des Premières Nations. Pourquoi?
Bien, parce que... puis à l'époque, on n'avait pas de Déclaration des Nations
Unies, là, mais c'est des peuples qui ont le droit à l'autodétermination, comme
tous les peuples de la terre. Ça fait que c'est pour ça que ça date de 1985,
M. Lévesque l'avait inscrit dans la même motion constitutrice, il me
semble, là, que la reconnaissance des nations autochtones. Alors, je...
Mme Massé : ...tout ça pour
vous dire que ce n'est pas parce que c'est ma proposition, c'est parce que
c'est... Je vous partage comme parlementaire ce que je comprends qui est le
défi qui est le nôtre actuellement. Alors, dans ce sens-là, bon, j'aurais
tendance à m'abstenir parce que moi aussi je comprends l'esprit dans lequel la
volonté de contribuer à cette idée qu'on s'assoie... qu'on s'assoie avec des
gens concernés. Ah! oui, parce que c'est ça qui est génial dans votre idée, M.
le député de l'Acadie, c'est qu'il faut que ce soient les personnes concernées
qui déterminent qui va être en bout de ligne de ce qu'on va adopter comme
projet de loi sur la sécurisation.
Moi, je ne vis pas les discriminations
puis le racisme que vivent ces personnes-là. Je ne suis pas puis je ne
représente pas non plus les élus autochtones au Québec, ni des Premières
Nations, ni des Inuits. Mais ce que je peux par contre, c'est de faire le
travail de déconstruction de ce que ça veut dire, puis c'est exigeant parce que
même moi, tantôt, je jasais avec e ne me souviens pas qui, puis... c'est
colonialiste ce que je viens faire là. C'est un travail exigeant que de
déconstruire, très exigeant. Alors, c'est pourquoi je vais m'arrêter là. Je
pense que oui. C'était le sens de l'entente qu'on avait ce matin. Je pense que
oui, ce soir, on va se... on va rencontrer — en tout cas, moi, j'ai
envie d'être là. J'ai libéré mon agenda moi aussi — de rencontrer des
gens de l'APNQL, et... et après ça, on fera les discussions aussi sur... parce
que, pour moi, je sais que l'APNQL travaille avec avec Sipi Flamand qui
travaille avec le bureau de Joyce, qui travaille avec les Femmes autochtones du
Québec. Je sais que ce monde-là travaille ensemble, et c'est ça qui est beau.
Ils ne s'entendent pas tous, ils ne pensent pas tous pareil, mais quand il
s'agit de venir dire au gouvernement... en fait à l'Assemblée nationale du
Québec de venir dire qu'est-ce qui est essentiel de retrouver dans ce projet de
loi là et de la définir, ils travaillent ensemble sur ces choses-là.
Puis d'ailleurs l'APNQL a tracé les
lignes, puis j'insiste là-dessus parce que peut être que, des fois, il n'y a
pas des rencontres, mais des fois, il y a des documents qui sortent, ont tracé
les lignes dans une déclaration. Et d'ailleurs de plus en plus, hein! vous
remarquerez que les Premières Nations vont y aller par déclaration. Pourquoi
ils font ça? Il faut comprendre, là. C'est parce qu'il y a une multitude de
chefs. On le dit souvent, Ghislain Picard, ce n'est pas le chef des chefs.
Ghislain Picard, c'est un porte-parole qui porte la parole des décisions qui
sont faites en assemblée générale par l'Assemblée des Premières Nations du
Québec. Je ne pense pas me tromper quand je dis quelque chose de même. O.K. je
ne me trompe pas. Fiou! Et donc par conséquent, ce que ça veut dire, c'est que,
quand ces gens-là passent des journées à délibérer de ce qu'ils appellent une
déclaration, ce n'est pas une déclaration qui est écrite par une seule
personne, c'est une déclaration qui est mâchée, débattue, brassée, entendue par
le cercle de l'Association des Premières Nations du Québec et du Labrador.
Et d'ailleurs, si vous regardez le logo de
l'APNQL, c'est un cercle avec toutes les nations assises autour. Ça aussi c'est
intéressant, il n'y a pas de... il n'y a pas de 90 sièges pour un gouvernement,
tant. Non, non, eux autres, c'est le monde, ils sont en cercle, et chacun...
chacun a une parole, et chaque parole est écoutée, elle a son choix... elle a
son poids. Et dans ce sens-là, l'APNQL a fait le travail, déjà, l'année...
l'automne dernier, sur qu'est ce qui serait... qu'est ce qui est incontournable
pour que la sécurisation culturelle réponde, parce qu'ils sont les seules
personnes qui peuvent déterminer si c'est réussi ou non la sécurisation. Nous,
on a beau avoir des... des idées, mais c'est eux autres qui le savent.
Alors, on a ce document-là quand même, M.
le ministre, qui nous guide, et pour moi, la magie, ce n'est pas de la magie...
Qu'est-ce que c'est que je viens de dire, là? Je pense que c'est dans ma tête.
Le... Ce soir, ce qui est mis de l'avant...
Mme Massé : ...comme
processus. Ce qui était intéressant, premièrement, c'est que c'est un
processus. Je ne sais pas où est-ce qu'on va aller avec ça, je n'ai aucune
idée, à même titre que quand on l'a fait au 37, pour le projet de loi
n° 37, où on a créé un espace hors-normes, si je peux le dire comme ça.
Comptez sur moi, je connais ça, le hors-normes, dans la vie. Quand on crée des
espaces hors-normes, on découvre des choses. Ça exige quelque chose qui est
vraiment, vraiment difficile pour nous, dans la joute parlementaire. Ça exige
aussi qu'on se fasse confiance.
Ça fait que moi, cher ami député de
l'Acadie, je vais m'abstenir sur la motion, pas parce que vous n'avez pas ma
confiance, mais parce qu'on a eu une entente, préalablement, à micros fermés.
Je pense que le ministre est prêt à faire ce pas-là, et c'est ça, notamment,
que souhaitaient les gens qui sont représentants élus des Premières Nations. Et
que, pour moi, l'expérience de ce soir, elle sera riche dans la mesure où on
est capables de rentrer dans cette expérience-là en toute humilité, en grande
ouverture.
Même s'il y a des tensions historiques
entre les Premières Nations et nous, Parlement du Québec, même s'il y a un
travail monstre qui est fait par les Premières Nations pour nous éduquer, ça a
eu, malheureusement, à travers les années, des impacts. Mais moi, je pense
que... Et ils ont accepté, là, tu sais, je veux dire, je ne suis pas partie sur
ma balloune sans vérifier. J'ai coconstruit tout ça. Vous vous en doutez bien,
M. le ministre, vous me connaissez maintenant, j'ai coconstruit tout ça avec
eux autres, parce que je voulais qu'on vive cette expérience-là.
Maintenant, je ne le sais pas plus que
vous, ça va donner quoi, mais si on y rentre avec ouverture, avec générosité,
avec le désir que cette expérience-là soit positive pour tous nos peuples,
qu'ils soient autochtones ou allochtones comme nous, je pense qu'on va
marcher... on va marquer des coups, des points.
Le Président (M.
Bachand) :...la députée. Est-ce qu'il y
aurait d'autres interventions sur la motion préliminaire du député d'Acadie?
S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
Est-ce que la motion préliminaire du député d'Acadie est adoptée?
• (16 h 30) •
M.
Morin :...
Le Président (M.
Bachand) :Vote par appel nominal? Merci
beaucoup, M. le député. M. le secrétaire, s'il vous plaît.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Morin (Acadie)?
M.
Morin :Pour.
Le Secrétaire : M. Lafrenière
(Vachon)?
M. Lafrenière : Contre.
Le Secrétaire : M. Asselin
(Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin : Contre.
Le Secrétaire : Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
Le Secrétaire : Mme Boivin
Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
Le Secrétaire : M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
Le Secrétaire : Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
Le Secrétaire : Mme Massé
(Sainte-Marie—Saint-Jacques)?
Mme Massé : Abstention.
Le Secrétaire : Et M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) :Abstention. Donc, la motion du
député d'Acadie est rejetée. Est-ce qu'il y aurait d'autres motions
préliminaires? S'il n'y a pas d'autre motion préliminaire, nous allons débuter
l'étude du projet de loi article par article. Donc, j'appelle l'article 1. M.
le ministre, s'il vous plaît.
M. Lafrenière : Merci
beaucoup, M. le Président. Puis je sais, dans ma petite carrière, qu'on peut
tout faire avec consentement. Ça fait qu'avec le consentement de mes collègues
des oppositions je prendrais un instant pour notre engagement, parce qu'on est
dans les détails. Est-ce qu'on est tous d'accord, devant micros, qu'on invite
les groupes? Puis M. le député de l'Acadie a mis des groupes au tableau, on va
les inviter à 18 h 30. Est-ce que j'ai votre consentement, ensemble,
pour qu'on les invite, qu'on les rencontre?
Le Président (M.
Bachand) :Peut-être, M. le ministre,
parce qu'on a eu beaucoup de conversations à micros fermés... peut-être de
faire un résumé, si vous êtes d'accord, pour les gens, les milliers de
personnes qui vous écoutent, M. le ministre, pour savoir qu'est-ce qui va se
passer ce soir.
M. Lafrenière : Parfait.
Est-ce qu'il y a consentement des collègues? Consentement. Alors, ce qu'on a
discuté, c'est de faire les choses différemment, ma collègue de la deuxième
opposition l'a bien dit. Donc, c'est d'inviter... et on a quatre groupes qui
ont été mentionnés par le collègue de l'Acadie... on en est fort d'accord de
faire une table ronde, de faire un cercle en dehors de nos travaux. M. le
Président, bien qu'on vous apprécie puis qu'on vous respecte, on va essayer de
faire les choses différemment. On va le faire dans un lieu qui est plus propice,
qui ne soit ni ici ni dans la salle Kirkland, qui, des fois, pour certains,
ressemble plus à un palais de justice. On va trouver un endroit où ça va être
plus approprié. Ils vont même avoir du café, M. le Président. On va prendre le
temps, on va enlever nos vestons, on va tous... Puis j'ai bien aimé ce que ma
collègue a dit tout à l'heure, «d'égal à égal».
Bon, c'est sûr, coconstruire avec quatre
groupes, c'est plus simple qu'avec 55, là, mais les gens qui sont là, on va les
rencontrer, on va les entendre. Et, je suis d'accord avec ce qu'elle a dit, on
ne sait pas où ça va nous mener, mais on l'essaie, puis je pense que c'est la
bonne chose. Alors, avec... voyant le visage de mes collègues, on envoie un
message aux quatre groupes, en disant : Nous serons là, avec une salle.
Prenons ce temps-là, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :...intervention, M. le député
d'Acadie?
M.
Morin :...
16 h 30 (version non révisée)
M.
Morin :...aucun, aucun problème, parce que c'était l'objectif
de la motion, M. le Président. Alors, c'est sûr que je ne peux pas être contre.
D'ailleurs, la motion disait que les modalités peuvent être déterminées par les
membres de la commission. C'est exactement ce qu'on est en train de faire,
alors... Bien, évidemment, c'est sûr qu'on ne fera pas ça ici, dans le salon
rouge. Alors, que ce soit dans un endroit ailleurs, une table ronde, s'il y en
a une, ça va être encore mieux, puis ça va être fait d'une façon tout à fait...
C'est très clair, c'était exactement l'objectif visé par ma motion, M. le
Président.
Le Président (M.
Bachand) :...interventions avant de
débuter l'étude vraiment article par article? Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
sur ce que le ministre vient de dire?
Mme Massé : C'est parfait.
Le Président (M.
Bachand) :C'est beau?
Mme Massé : Oui. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Alors, ça, c'est de l'efficacité.
Alors, M. le ministre, sur l'article 1, mais je sais qu'il y a eu des
discussions pour peut-être débuter une conversation sur le préambule. Je ne
sais pas où est-ce que ça en est rendu. M. le ministre.
M. Lafrenière : Absolument, M.
le Président. Encore une fois, avec le consentement de nos collègues, on peut
tout faire. Alors, je suggère, comme on a fait dans le projet de loi n° 79,
M. le Président, de commencer par le préambule tout en suspendant son adoption.
Alors, c'est ce que je vous propose de faire, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Alors, est-ce qu'il y a
consentement pour suspendre l'étude de l'article 1, parce qu'il a été
appelé, et d'aller au préambule? Est-ce qu'il y a consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M.
Bachand) :Consentement. Donc, M. le
ministre, s'il vous plaît.
M. Lafrenière : Merci
beaucoup, M. le Président. Alors : «Considérant que, dans la prise en
compte des droits des usagers de recevoir des services de santé et des services
sociaux adéquats, les autochtones doivent être distingués des autres usagers
puisqu'ils forment une nation... des nations, pardon, ayant une histoire et une
culture distinctes;
«Considérant que l'approche de
sécurisation culturelle repose sur le principe de justice sociale et qu'elle
contribue à favoriser des liens de confiance avec les usagers autochtones;
«Considérant que la Commission d'enquête
sur les relations entre les Autochtones et certains services publics recommande
la mise en oeuvre de l'approche de sécurisation culturelle par les
établissements du réseau de la santé et des services sociaux;
«Considérant l'importance de cette
approche pour les... peuples, pardon, autochtones, laquelle a notamment été
mise de l'avant parmi les revendications du Principe de Joyce;
Alors, M. le Président, tel que déposé ce
matin, j'ai des amendements.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Alors... Ça va?
Alors, les amendements... On va juste... quelques secondes. Oui, M. le
ministre.
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Alors, dans le préambule du projet de loi :
1° remplacer, dans le premier alinéa,
«autochtones» par «membres des Premières Nations et les Inuit»;
2° remplacer, dans le deuxième
alinéa, «usagers autochtones» par «membres des Premières Nations et les Inuit»;
3° remplacer, dans le quatrième
alinéa, «peuples autochtones» par «membres des Premières Nations et les Inuit».
Et je me propose de relire le nouveau
texte de loi, si on veut, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :...
M. Lafrenière : Oui,
commentaires : L'amendement vise à référer aux membres des Premièrs
Nations et aux Inuit plutôt qu'aux peuples autochtones, comme on l'a si bien
entendu ensemble lors des consultations.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Donc, interventions? M.
le député de l'Acadie.
M.
Morin :Oui. Alors, M. le Président, j'ai... je n'ai pas d'intervention
spécifique sur la modification suggérée par M. le ministre de remplacer
«autochtones» par «membres des Premières Nations et des Inuit». Cependant, je
vais avoir des commentaires et des questions sur le préambule en général. Donc,
on peut... je vais réserver mes commentaires pour la modification qui est
apportée là puis j'imagine qu'après ça, on aura l'occasion de débattre pour l'ensemble
du préambule.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, effectivement. Donc, on
doit procéder à l'étude de l'amendement, faire sa mise aux voix, et après ça,
on retourne à l'article amendé ou pas. Donc, est-ce qu'il y a interventions sur
l'amendement du ministre? Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé : On va... notre
rythme de croisière, M. le Président, inquiétez-vous pas. Bien, oui... Bien,
moi, je pense qu'on n'avait pas le choix. C'est une des premières choses à
faire, à apprendre, à rendre visible que les premiers peuples, ce n'est pas une
entité homogène et qui se ressemble... Bien sûr, ils ont des vécus co-partagés
puis des oppressions, des discriminations similaires, mais de faire exister les
peuples autochtones et les Inuit, c'est une excellente idée. Mais ça veut donc
dire... Et je nous invite nous-mêmes dans nos prises de parole... et je m'invite
moi-même... Quand je dis nous, je m'inclus. Je fais partie du nous. ...bien à
ce qu'on développe cette bonne vieille habitude...
Mme Massé : ...de... quand on
parle d'utiliser le terme «Premières Nations et Inuits», ça fait exister tout
le monde.
Et moi, vous allez voir, je vais faire un
drôle de parallèle. Mais en tant que lesbienne, quand, dans les années 80,
on nous disait : «Les gais, les gais, les gais», moi, je n'existais pas.
Moi, je disais : Aïe! J'existe, moi, je ne suis pas un gai, moi, j'existe.
Puis à un moment donné, bien, peut-être que l'acronyme, vous le trouvez long
aujourd'hui, bon, LGBTQI+2S, mais le l est là pour lesbienne, et ça m'a rendue
visible dans les années 80. Alors, je vais voter en faveur de cet
amendement.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. S'il n'y a pas d'autre
intervention, est-ce que l'amendement au préambule est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) :Adopté. Donc, on revient à la
discussion sur le préambule, tel qu'amendé. M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui, alors merci,
merci, M. le Président. Donc, dans le préambule, le premier considérant, «qu'on
prenne en compte des droits des usagers, recevoir des services de santé et
services sociaux adéquats», ça va. Ce n'est pas très, très clair, et puis
peut-être que M. le ministre pourra préciser davantage. Mais son principe ou
son approche de sécurisation culturelle qui repose sur le principe de justice
sociale, je pense qu'il faudrait... il faudrait préciser davantage. Enfin,
bref, j'aimerais entendre ce que le ministre a en tête avec ça.
Après ça, on dit «recommande la mise en
œuvre de l'approche de sécurisation culturelle par les établissements du
réseau.» Oui. Et puis finalement : «Considérant l'importance de cette
approche pour les peuples autochtones, laquelle a notamment été mise de l'avant
parmi les revendications du principe de Joyce». Et ce n'est pas... ce n'est
pas... Pour moi en tout cas, ce n'est pas très, très clair, ce qu'on entend...
ce qu'on entend par ça.
Un des éléments qui est fondamental dans
les revendications du principe de Joyce, bien, il y a l'ensemble d'ailleurs des
revendications, mais les groupes ont tous demandé comme ajout du principe de
Joyce, que ce soit une condition essentielle pour la mouture finale du P.L.
no 32. Ça fait partie d'un élément fondamental de la sécurisation
culturelle. Or, il me semble que, dans le préambule qui va nous aider à
interpréter le projet de loi, il faudrait faire référence au principe de Joyce
et le cristalliser là plutôt que de souligner «a été mis de l'avant parmi les
revendications». Mais encore là, je ne suis pas certain de bien saisir ce que
le ministre a en tête ou ce qu'il avance par la façon dont ce considérant-là
est libellé.
• (16 h 40) •
Donc, alors moi, c'est des questions que
j'ai pour M. le ministre, et voir après ça à quoi ça correspond.
Il y a également, dans la Déclaration des
Nations unies, des principes qui sont affirmés. Il y en a notamment dans le
préambule, parce que la déclaration commence avec une série d'affirmations
avant de spécifiquement adresser la question des droits par une série
d'articles. Il me semble qu'il y a des éléments là-dedans dont on pourrait
s'inspirer et l'indiquer clairement dans le préambule, notamment souligner que
les membres des Premières Nations et des Inuits, dans l'exercice de leurs
droits, ne doivent faire l'objet d'aucune forme de discrimination.
Et enfin, il y a d'autres éléments que...
dont j'aimerais porter à la connaissance de M. le ministre, certains...
certains aspects. Mais j'aimerais d'abord écouter, entendre un peu ce qu'il a
en tête avec ce préambule-là, qui, quant à moi, soulève des questions, M. le
Président.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Lafrenière : Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Puis je suis content qu'on commence par le
préambule, parce qu'on le sait... En passant, le préambule, on ne fait pas ça
dans tous les projets, M. le Président. Vous le savez, dans votre commission,
vous en recevez plusieurs. On le fait dans... C'est très rarissime, mais
c'étaient des projets de loi qui étaient importants, qui marquaient la nation.
Puis aujourd'hui, on propose un préambule parce qu'on trouve ça important. On
l'a fait dans 79 puis on va le faire aujourd'hui.
Le projet de loi, M. le... Le préambule,
pardon, M. le Président...
M. Lafrenière : ...le
préambule, pardon, M. le Président, marque, envoie un message fort sur notre
intention. Et, quand mon collègue parle de la DNUDPA, article 24, la
Déclaration des Nations Unies, qu'il faut s'en inspirer, il a raison, mais il
me devance d'un article. Tantôt, quand on va... on va se rendre à la
définition, vous allez voir que c'est largement inspiré par la Déclaration des
Nations Unies.
Pourquoi on fait référence au principe de
Joyce? Puis mon collègue me disait... Puis on a déjà eu cette discussion-là,
mais je veux le faire clairement devant tout le monde. Je ne peux pas faire à
moitié. Je ne peux pas... Et les gens du principe de Joyce, les gens de
Manawan, les gens en général nous l'ont dit : On ne peut pas reconnaître
le... On ne peut pas appliquer le principe de Joyce, il faut le reconnaître,
l'adopter, sans reconnaître le racisme systémique.
Ça fait que, M. le Président, c'est une
discussion qu'on a à maintes reprises. Je pense, les gens connaissent très bien
notre position, peuvent être déçus, mais pas surpris. C'est pour ça qu'on
tenait absolument... puis je l'ai dit ce matin dans mes remarques
préliminaires, on tenait absolument à faire référence à ce qui est arrivé,
parce que personne ne va s'en cacher, là. C'est ce qui a remonté. Cette... Ce
besoin d'agir était déjà là depuis 2018, mais, lorsque c'est arrivé en 2020,
tout le monde s'est dit : On doit agir. On trouvait ça important de le
mettre dans les considérants, de le mettre dans le préambule, M. le Président,
pour envoyer un message fort, parce qu'on s'est tous dit : Plus jamais.
Mais plus loin dans le projet de loi, pour la Déclaration des Nations unies, on
y revient, on y fait référence, M. le Président.
M.
Morin :...et je comprends que le préambule démontre l'intention
du gouvernement. Il ne fera pas partie comme tel du projet de loi par la suite,
là. C'est une intention gouvernementale.
Maintenant, si on revient au principe de
Joyce, si ma mémoire me sert bien, l'ensemble des groupes nous ont tous dit que
le problème était là, qu'il fallait être capable de reconnaître le problème
pour être en mesure par la suite d'avancer. Donc, dans le cadre des
consultations particulières, ça nous a été dit, dit et redit. Le Collège des
médecins a été particulièrement clair à cet effet-là. Peut-être que M. le
ministre n'aime pas le mot «racisme systémique». On peut sûrement parler de
discrimination. Ça, c'est clair. Et, quand on réfère à «systémique», c'est
qu'il y a des mesures qui sont mises en place dans un système, donc pas
nécessairement des individus, dans un système, qui fait en sorte que, par la
suite, il y a des personnes qui vont poser des gestes A plutôt que B. Mais l'impact,
c'est qu'il y a des gens qui reçoivent les services ou les soins qui vont être
traités différemment puis qui vont être discriminés.
Donc, j'ai de la... J'écoute M. le
ministre, mais j'ai de la difficulté à saisir pourquoi, entre autres dans son
préambule, il ne veut pas reconnaître qu'il y a eu de la discrimination
systémique. Dans les consultations particulières, tous les groupes nous l'ont
dit. Puis le Collège des médecins... Parce que malheureusement, dans l'histoire
du Québec, il y a des médecins qui ont posé des gestes qui sont totalement,
totalement regrettables, qui, quant à moi, n'auraient jamais dû être posés à
l'égard de femmes autochtones. Bien, le Collège, même, des médecins nous le
souligne. Alors, pourquoi le ministre ne veut pas le mentionner, le
reconnaître? Je dois vous avouer, M. le Président, que ce volet-là m'échappe un
peu.
Alors, il y a peut-être une très bonne
raison, puis peut-être que M. le ministre peut nous l'expliquer, mais moi,
j'aurais besoin d'éclairage, parce qu'il me semble que, si on met, dans un
préambule : «Considérant l'importance de cette approche pour les
peuples...» En fait, maintenant, on va parler des membres des Premières Nations
et des Inuits. L'approche... Cette approche... «laquelle a notamment été mise
de l'avant parmi les revendications du principe de Joyce».
Moi, ce que je trouve, c'est qu'on vient
diluer, finalement, l'importance des éléments constitutifs du principe de
Joyce. Et il me semble que, si on veut véritablement avoir une approche de
sécurisation culturelle, il faut commencer par ça.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Alors, plusieurs points qui ont été apportés. Quand on parlait de
préambules tantôt, j'avais une liste, là, je vous donne des exemples :
Charte des droits et libertés de la personne, Charte de la langue française,
Loi sur l'Assemblée nationale, Loi sur la laïcité de l'État, la loi 79.
Pourquoi on fait un préambule? Justement parce que c'est des... c'est des
jalons importants qu'on va faire aujourd'hui. Ça fait que ça, je voulais régler
le pourquoi du préambule puis pourquoi il y a certaines choses qui se
retrouvent là qui ne se retrouvent pas dans le projet de loi.
Pour ce qui est du principe de Joyce...
M. Lafrenière : ...M. le
Président, dans mes remarques préliminaires, j'ai dit que c'était pour être
sensible et difficile. Mon collègue vient de l'illustrer carrément. Certains
groupes trouvent que je ne devrais pas le mentionner, mais pas du tout. Ils ont
un malaise avec ce que je... à ce que je l'utilise. Puis j'ai posé la question
bien ouvertement puis tantôt on a dit qu'on ferait différemment, j'ai hâte
d'entendre les gens honnêtement. Moi, je trouve, puis plusieurs groupes aussi, puis
c'est là la beauté de la chose, ils disent qu'on ne peut pas passer à côté de
ça. Mon collègue me dit : M. le ministre, pourquoi vous ne reconnaissez
pas le racisme systémique? Moi, ce n'est pas moi comme individu, je veux juste
mettre ça très, très clair. Puis si c'était si simple que ça? Ça aurait été
fait dans le passé aussi, M. le Président. Je l'ai dit tantôt, ce n'est pas
d'hier. Dans le passé, les autres gouvernements ont hésité eux autres aussi. Je
pense qu'ils se sont rendu compte de la même chose que moi. Pourquoi? M. le
Président, quand on utilise le terme, ce n'est pas de savoir si moi j'aime ça,
si je suis d'accord avec le collègue, ou l'autre collègue qui est ici, mais
s'il y a 30 % de la population qui se ferme, qui ne nous écoute plus. Là,
où moi, j'ai un problème, comme gouvernement responsable, c'est je ne suis
capable d'agir, M. le Président, pour faire la lutte à... la lutte au racisme,
la lutte à l'intolérance. Il y a des gens qui réagissent sur les médias
sociaux, puis ce n'est pas ça, là, je... je trouve qu'on perd ce focus là. On a
toujours dit, puis je mettre ça clair avec le collègue, il y a du racisme, il y
a de l'intolérance, il y a du profilage, et je le dis dans cette Chambre, M. le
Président, on l'a reconnu. Non seulement on l'a reconnu, mais on a nommé un
ministre responsable de la Lutte au racisme, qui n'avait jamais été fait. On a
mis un plan d'action aussi, M. le Président, avec des résultats que les gens
ont pu voir. Est-ce que c'est fini? La réponse, c'est non. Est-ce que la lutte
au racisme, on doit la poursuivre à tous les jours? Absolument, M. le
Président. Moi, ce que je veux dire, puis c'est un débat qu'on a eu à plusieurs
reprises, j'ai toujours été à la même place pour ce qui est du racisme
systémique. Le Principe de Joyce, on veut s'en inspirer, c'est important. Ce
qui a été mis là-dedans, c'est important, on se l'est fait dire
clairement : On ne peut pas l'adopter si on ne reconnaît pas la notion de
racisme systémique. Puis, je pense, tout le monde comprend autour de la table
ce que ça amène comme dilemme. Mais on veut quand même... on trouve ça
important, dans le préambule, de marquer le pas, de se rappeler l'importance de
ce qui a été vécu là. Puis c'est pour ça qu'on l'a présenté, M. le Président,
puis c'est pour ça qu'on l'amène dans le préambule, parce qu'on... Avec tout ce
qui a été vécu, avec ce que ça a causé, puis la collègue de la deuxième
opposition on a parlé dans ces remarques préliminaires, c'est un électrochoc.
On ne peut pas ne pas... on ne peut pas passer à côté de ça, M. le Président,
c'est pour ça qu'on l'a amené dans le... dans le préambule.
Puis je réponds à l'autre question aussi.
Le collègue me demandait au niveau de la... de la justice sociale, mais c'est
l'égalité des chances. C'est un principe qu'on a aussi dans notre plan d'action
notre le plan d'action sociale, M. le Président. Ce principe là, de justice
sociale, d'égalité des chances, c'est important, puis ça nous a été demandé par
un groupe lors des consultations, puis c'est ITUM. Donc, les gens... qui
étaient avec nous, les Innus... Quand on a fait des consultations, ils nous
l'ont demandé. Puis, M. le Président, vous allez voir, au fil de nos travaux
qu'on va faire ensemble, il y a 14, 14 points qu'on a été capable de changer
suite à tout ce qu'on a reçu comme consultations, comme mémoires. Alors ça,
c'est un point qui avait été demandé, M. le Président.
• (16 h 50) •
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Ça va, M. le
Président. Je vous remercie.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de Sainte-Marie
Saint-Jacques.
Mme Massé : Oui, bien, je...
Justement, je saute dans le bain de la justice sociale. Ça me connaît. Euh,
blague à part. Premièrement, je tiens à dire que j'étais contente, à l'instar
de plusieurs, de voir qu'on allait aborder ce projet de loi là en se disant
que, dans le corpus législatif, c'est tellement important qu'il faut qu'on
mette un préambule. On doit... le législateur, puis ça, c'est nous autres, là,
hein, on réitère, le législateur, ce n'est pas seulement la partie
gouvernementale, c'est tous nous autres qui travaillons ensemble. On doit être
capable de ce qui sortira de nos consensus, puis là, bien, je vais... on verra,
là, mais ce qui sortira de nos travaux, il faut être capable d'exprimer le plus
clairement possible l'esprit dans lequel on veut travailler ça.
Alors donc, je souligne, je suis vraiment
contente qu'il y ait un préambule. Maintenant, allons plus dans le contenu,
puis là, bien, je comprends, c'est la force de le type de discussion qu'on a
présentement, on est à discuter, de façon plus générale, je vais vous demander
éventuellement de vous prononcer, M. le Président, à savoir si on a des
amendements, nous, comme opposition, à quel moment donné il serait opportun de
les apporter, mais, pour le moment, allons sur un des considérants, dont le
ministre de vient faire d'état, c'est-à-dire le deuxième considérant :
«Que l'approche de sécurisation culturelle repose sur le principe de justice sociale
et qu'elle contribue, bon, à favoriser les liens de confiance avec les
Premières Nations et les Inuit. Je regardais le mémoire qui a été présenté
par...
Mme Massé : ...le CSSS PNQL,
hein, la Commission de la santé et services sociaux des Premières Nations du
Québec et Labrador, c'est sûr qu'ils se sentent extrêmement interpellés par ce
projet de loi là, puisqu'il est question de santé et qu'eux, depuis quelques
décennies, je ne me souviens pas, c'est leur mandat de se préoccuper de la
question de la santé envers les gens des premiers peuples. Bien sûr que c'est
le gouvernement du Québec qui a la responsabilité lorsque les gens sont hors
communauté, en dehors des réserves, ça, les gens doivent le savoir, mais le
CSSS... on va l'appeler comme ça, le CSSS PNQL, parce que vous allez l'entendre
souvent, ont, eux et elles, une responsabilité par rapport à la question de la
santé et des services sociaux dans les différentes communautés. Et une des
choses qu'ils ont amenées en matière de considérants, parce qu'eux, ils en ont
fait une proposition, puis c'est sûr, ça va dans le même sens de ce que
l'Assemblée des Premières Nations, donc les chefs réunis, ont fait... ont dit,
pardon, dans leur déclaration des Premières Nations sur la sécurisation
culturelle, c'est : La justice sociale n'est pas là.
En fait, il y a beaucoup plus que ça, on
parle de droit fondamental, là, on est dans le droit, puis on parle de droit à
la santé, au mieux-être, à l'autodétermination, l'autogouvernance, le droit à
l'égalité réelle, l'autogouvernance en matière de données — j'en
reparlerai plus tard — le respect de la sécurisation culturelle,
telle que définie par les Premières Nations, la continuité des soins. Bref, je
ne veux pas tout lire parce que... mais il ne parle pas de justice sociale.
Puis je peux comprendre parce qu'à quelque part, ça, c'est notre langage à
nous, justice sociale, mais leur langage à eux est plutôt clair sur qu'est-ce
qu'une approche en sécurisation culturelle devrait être, devrait contenir. En
tout cas, une approche devrait être. Et ça ne ressemble pas à que l'approche de
sécurisation repose sur les principes de justice sociale.
Alors, j'aimerais ça vous entendre,
puisque cette recommandation-là vous a été faite dans le mémoire du CSSS,
c'était la troisième recommandation. Qu'est-ce qui fait que vous êtes parti de
leur propre définition de ce que devrait être l'approche? À quoi ça devrait
répondre? Et atterrir sur justice sociale.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Juste pour
répondre à votre question, quand vous serez prêts pour les amendements, nous
serons prêts aussi. Alors, M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Écoutez, c'est une bonne question. Puis je veux rassurer, ça a été
mentionné... parce qu'elle fait référence à des termes qui nous appartiennent
quand on parle de justice sociale. Ça nous a été amené par ITUM, donc qui est
des Premières Nations, j'étais pour dire autochtones, et le Bureau du Principe
de Joyce. Alors, ce n'est pas un concept qu'on a sorti de notre côté, M. le
Président, c'est vraiment des recommandations qu'on a reçues.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée, oui, de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé : Je trouve ça
intéressant. Je trouve ça intéressant. Prenez le temps de prendre une gorgée
d'eau. Si vous voulez, j'ai des petites pastilles aussi, des peppermints roses,
M. le ministre. C'est une autre génération. Vous êtes plus jeune que moi. Bien.
Merci de l'explication. Ce que je trouvais intéressant dans l'utilisation de la
recommandation n° 3... parce que, vous avez raison,
c'est des choix que vous avez à faire entre différents groupes qui proposent
différentes façons de dire les choses, de nommer les choses, etc. Ce que je
trouvais intéressant dans la façon dont le CSSS PNQL...
Une voix : ...
Mme Massé : Vous me faites
compétition, vous, là, vous lui donnez des pastilles, hein? Eh, seigneur, moi
qui pensais adoucir son coeur avec mes pastilles. Un peu de sérieux, je suis
désolée. C'est que dans la définition ou dans le considérant, l'ajout que nous
proposait le CSSS PNQL, c'est que ça reprenait des termes clairs qui sont dans
la Déclaration des Nations unies pour le droit des peuples autochtones. Je
trouvais qu'il y avait un intérêt à utiliser cette définition-là...
Mme Massé : ...cet apport-là,
parce que ce n'est pas vraiment une définition, c'est un considérant. Donc,
qu'est-ce qui vous a guidé? Parce que je le sais, puis on a déjà adopté
collectivement une motion sans préavis ici, à l'Assemblée nationale, qui
déclarait que nous étions d'accord avec les principes de la déclaration des
droits des Nations Unies. Qu'est-ce qui a fait que vous êtes allés vers ça
plutôt que la déclaration?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : Merci à ma
collègue, qui m'a laissé le temps de reprendre mon...
Mme Massé : C'est correct...
toujours.
M. Lafrenière : C'est bien
gentil. Quand on parle de justice sociale. Ce que vous avez, en passant, c'est
la définition de l'OQLF. C'est ce qu'elle... c'est comme ça que c'est défini.
Et, quand on a entendu les groupes, on parle de... on parlait tantôt du Bureau
du Principe de Joyce, c'est des... Cependant, ma collègue, quand elle fait
référence à ce que la CSSS avait amené, ça fait partie de la définition que
vous allez voir plus tard, là, je vais vous la déposer plus tard. On a pris
certains éléments aussi, là. Ça fait que ma collègue a raison, on reçoit
beaucoup de mémoires, de consultation, on essaie de prendre un petit peu de
tout pour faire refléter ce qu'on a entendu. Tantôt, je l'ai dit puis je veux
bien le dire avec une voix qui est à 100 % là, là, je veux la rassurer, le
terme "justice sociale" a vraiment été dit et demandé par, entre
autres, deux groupes, dont le groupe du Principe de Joyce, ce qu'on trouvait
important. Le Bureau du Principe de Joyce-- pardon, je vais le dire comme il
faut
Mme Massé : Oui. Merci. Et ne
serait-il pas pertinent, puisque l'Assemblée nationale du Québec a déjà adopté
une motion qui reconnaît les principes de la Déclaration des Nations unies pour
le droit des peuples autochtones... Ça, c'est une étape qu'on a faite ensemble
dans la règle de l'art de... Est-ce qu'il ne serait pas opportun d'inscrire au
niveau du préambule quelque chose? Bon. Plusieurs mémoires ont parlé de
l'article 19, de la déclaration, d'autres, de la CAT, Bref... Mais nous, comme
parlementaires, on s'est quand même entendus sur la reconnaissance des
principes de la Déclaration des Nations Unies sur le droit des peuples
autochtones. Il y a... il y a... Dans votre tête, M. le ministre, est-ce qu'il
y aurait de l'espace pour... je ne sais pas exactement comment, mais on est là
justement pour avancer, pour... inscrire dans le préambule, en disant :
Bien, nous, les parlementaires du Québec, on considère que la déclaration, là,
ces principes, là, ça nous guide, ça devrait être un guide, ça, pour nous
autres?
• (17 heures) •
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Comme je disais tout à l'heure, quand on regarde l'article 24, ça
nous a vraiment guidés, vraiment guidés quand on a fait la définition de
sécurisation culturelle. Puis je veux revenir sur ce qu'on a dit tantôt avec la
collègue, dans notre échange, quand on parlait de justice sociale, la
définition de l'OQLF, c'est : "Permettre la création de règles
atténuant les inégalités." On va adopter des mesures pour achever des
services de qualité auxquels ils ont droit. C'est ça qui nous a guidés. C'est
ce que je voulais dire tout à l'heure, c'est ce qui nous guide, c'est ce qu'on
veut obtenir, c'est ce qu'on veut faire.
Puis, après, ma collègue se demandait où
j'étais dans ma tête. C'est ce qui nous guide, c'est là où on va. Déclaration
des Nations Unies, l'article 24, on s'en est servi pour créer notre définition
de sécurisation culturelle. On va le voir un petit peu plus tard. Alors, je
suis d'accord avec la collègue, c'est quelque chose, là, qui... il faut s'en
inspirer. Il y a des belles choses à aller voir là-dedans, M. le Président.
Mme Massé : Je pense, M. le
ministre, en tout respect, qu'on doit plus que s'en inspirer puisque nous avons
déjà dit, comme parlementaires, qu'on était d'accord pour reconnaître ces
principes-là. Alors, je pense qu'il faut plus que s'en inspirer. C'est mon
premier... mon premier commentaire.
Et, pour ce qui est de la justice sociale,
je comprends la définition de l'OQLF. Est-ce que vous nous l'avez fournie, la
définition de... Vous dites que "justice sociale", vous vous êtes
appuyé sur la définition de l'OQLF. Est-ce que vous nous l'avez fournie d'une
quelconque façon? C'est sûr qu'avec M. Google, je peux aller la chercher, là.
M. Lafrenière : Tantôt, quand
on aura la discussion, M. le Président, on parlera de la définition, on pourra
revenir.
Mme Massé : Parfait. Puis
est-ce que vous allez...
M. Lafrenière : C'est ce qui
nous a guidés. Comme je disais tout à l'heure, c'est ça qui nous a guidés, qui
nous a inspirés, M. le Président, c'est ce qu'on veut donner, des soins, puis
je pense que tout le monde est d'accord là-dessus.
Mme Massé : Oui et non.
M. Lafrenière : Allez...
17 h (version non révisée)
Mme Massé : ...oui, parce qu'effectivement,
en bout de ligne, ce qu'on veut, c'est que, devant nos services publics, peu
importe les gens qui se présentent devant nos services publics aient accès de
façon égalitaire aux mêmes services. Ça fait que mon... oui, là, c'est... je ne
voudrais pas que personne ici ne pense que je ne veux pas ça, au contraire, c'est
clair que je veux ça. Mais, pour moi, dans les mémoires, j'ai aussi compris qu'il
y avait une différence entre la sensibilisation culturelle et la sécurisation
culturelle. Puis c'est sûr que je ne suis pas la meilleure pour vous en parler,
je pense que c'est vraiment les Premières Nations qui peuvent vous parler, et
les Inuits, peuvent vous parler de ça. Mais ce que j'en ai compris, je vais dire
ça comme ça, c'est que, dans les faits, pour être capable de réellement
répondre aux impératifs d'une sécurisation culturelle, c'est-à-dire que les
gens se sentent en sécurité pour aller chercher, recevoir un service public,
mettons qu'ici on parle de la santé, mais c'est vrai en éducation, c'est vrai
en justice.
Tu sais, un coup qu'on a assis la sécurité
culturelle, là, vous allez voir, ça va revenir un peu partout... en fait, ça
devrait revenir un peu partout. Mais ce que je comprends de l'importance, c'est
de faire le cheminement, pas juste de dire : Il faut que je serve tout le
monde de la même façon, c'est de dire : J'ai fait l'effort de comprendre c'est
quoi, les impacts du colonialisme, c'est quoi, les impacts sur moi comme
individu, les impacts sur nos systèmes. Puis, vous savez, on le sait, les
exemples, il en pleut, et je ne veux pas les reprendre ici, on a le temps d'en
discuter, je suis plus au niveau du principe. C'est que, pour moi, la justice
sociale, elle vient assurer que le service soit donné comme il devrait être
donné à tous les êtres humains de façon égale et équitable. Mais pour que ce
soit ça, il faut qu'il y ait, en amont, reconnaissance des discriminations
historiques qu'a apporté, malheureusement, le colonialisme et son lot. Alors, c'est
pour ça. Puis, je vous jure, M. le ministre, je réfléchis. Je n'avais pas
réfléchi à pourquoi, justice sociale... J'ai vu le mot que j'ai fait : Yé,
justice sociale, j'aime ça. Mais quand je creuse et quand je prends le temps de
m'arrêter puis d'essayer de saisir, c'est évident que je vais avoir tendance à
plus aller du côté de la Déclaration des Nations Unies, parce que ces
déclarations-là ont été co-construites avec les Premières Nations, puis, avec
les Premières Nations, la planète, en plus, là.
Mais on sait qu'on a des gens ici, au
Québec, qui ont été largement impliqués, les gens des Premières Nations qui ont
été largement impliqués dans l'atterrissage, le 20 ans de travail pour faire
atterrir cette déclaration-là. C'est pour ça que j'ai tendance - naturellement,
je n'y avais pas pensé jusqu'à date, mais là on est là pour réfléchir ensemble
- j'ai tendance à me dire : L'OQLF, voilà, c'est une instance allochtone
que je respecte énormément. Ce n'est pas... ici, ce n'est pas le sujet de mon propos.
Mais, lorsque parallèlement à ça, j'ai et la Déclaration des Nations unies,
que je comprends qu'on verra, mais là je suis juste dans l'esprit qui nous
guide. Et la Déclaration des Nations unies et l'APNQL, les CSSSPNQL qui nous
disent : Ça serait le fun de voir apparaître, dans le préambule,
justement, un considérant qui assoit l'esprit des principes de la Déclaration
des Nations unies, vous comprendrez que je suis tentée d'aller ce bord-là parce
que je suis en co-construction avec eux autres. Alors, c'est là que je suis,
là, c'est là que je suis rendue. Vous m'avez amenée là, cher député de l'Acadie,
sans le savoir.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui. Merci, M.
le Président. Puis, oui, effectivement, dans la définition de sécurisation
culturelle, plusieurs éléments qu'on va voir tantôt. Je veux juste rassurer la
collègue, quand je disais tantôt, je faisais référence à l'OQLF...
M. Lafrenière : ...un des
documents qui nous a guidés comme ITUM, comme le bureau du principe de Joyce.
Et on parlait d'atténuer les inégalités. C'est exactement ce qu'on recherche.
Puis je veux rassurer la collègue, puis c'est sur le premier considérant, M. le
Président, que, dans la prise en compte des droits des usagers de recevoir des
services de santé et des services sociaux adéquats, les membres des Premières
Nations et des Inuit doivent être distingués des autres usagers. Je pense que
c'est exactement ce que la collègue vient de dire quand elle dit : C'est vrai
qu'il y a des inégalités un petit peu partout, mais c'est particulier du côté
des Premières Nations et des Inuit, je pense qu'on l'assoit très bien dans le
premier considérant quand on dit qu'ils ont leur histoire, qu'on ne vient pas
la raconter à leur place. On ne vient pas dire à leur place ce qu'ils vivent.
On dit que... ça leur appartient, c'est leur histoire, leur culture. Je pense
que, clairement, on respecte la limite de ne pas parler en leur nom à leur
place. Puis oui, on fait... on s'est inspiré de la... oui, on s'est inspiré de
plusieurs choses, M. le Président. Ma collègue a bien raison.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Je vais céder la parole
au député de l'Acadie. Je vais revenir avec la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques
plus tard. M. le député de l'Acadie.
M.
Morin :Oui, merci, M. le Président. Alors, simplement pour
rappeler, et c'était en 2019, Mme la députée de Sainte-Marie-Saint-Jacques
avait présenté la motion, entre autres, suite aux conclusions de la commission
Viens, et les conclusions de la commission demandaient au gouvernement de
reconnaître les principes et de s'engager à négocier la mise en œuvre de la
Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones avec les
Premières Nations et les Inuit. Il y a un des allégués qui disait : «Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec de reconnaître les
principes et de s'engager à négocier la mise en œuvre de la Déclaration des
Nations Unies sur les droits des peuples autochtones avec les Premières Nations
et les Inuit.» Cette motion-là a été adoptée à l'unanimité.
• (17 h 10) •
Mon point est le suivant : quand on
parle maintenant du projet de loi n° 32, et je vous tends la main, M. le
ministre, je pense qu'on a une opportunité ici de poser un geste concret pour
suivre, évidemment, cette motion qui a été adoptée à l'unanimité par
l'Assemblée nationale du Québec en 2019. Et, moi, ce que je vous soumets, dans
le cadre de nos discussions, et j'utilise, bon, différents mémoires qui nous
ont été déposés, dans le mémoire du bureau du Principe de Joyce, le Bureau
demande d'amender le préambule afin d'y inclure une reconnaissance de l'état
actuel des lieux pour qu'on soit capables après, dans le cadre du projet de
loi, de bien cerner les différents enjeux pour essayer de les corriger. C'est
une demande spécifique qui nous est faite. Le préambule actuel donne une
indication, mais, quant à moi, ne reconnaît pas d'une façon spécifique l'état
actuel des lieux. Je suis quand même heureux de voir qu'il y a un préambule. Je
pense que c'est quand même une manifestation, une intention du gouvernement
d'accorder un volet particulier à ce projet de loi. Bien, moi, ce que je vous
invite à faire, M. le ministre, c'est d'être plus précis. Parce que, quand on
regarde la motion qui a été adoptée par l'Assemblée nationale en 2019 et
qu'après ça on va voir la Déclaration des Nations Unies sur les peuples... les
droits des peuples autochtones, au départ, avant même de débuter la
nomenclature avec les articles, avant même d'arriver à l'article 24, on
dit que la déclaration réaffirme que les peuples autochtones, c'est le langage
des Nations Unies dans l'exercice de leurs droits. Ils ne doivent faire l'objet
d'aucune forme de discrimination.
Après ça, quand on va voir le mémoire qui
a été déposé par la Commission de la santé et des services sociaux des
Premières Nations, du Québec et du Labrador, on nous dit, et je cite, à la
page 10 : L'implantation d'une véritable approche de sécurisation
culturelle exige de reconnaître toute forme de discrimination, y compris le
racisme systémique, pour adopter des mesures correctives et efficaces. Bon, par
conséquent, on ajoute une loi sur la sécurisation culturelle, qui ne
reconnaîtrait pas le racisme, et la discrimination systémique serait
contradictoire et inefficace.
Bien, moi, ce que je vous invite à faire,
M. le ministre, c'est que, puisque dans la déclaration, on souligne... à juste
titre, on réaffirme que les peuples des Premières Nations... membres des
Premières Nations Unies et des Inuit ne doivent faire l'objet d'aucune forme de
discrimination...
M. Morin : ...Dans la mémoire
de la Commission de la santé et des services sociaux et des Premières Nations
et du Labrador, on nous dit qu'une véritable approche de sécurisation culturelle
doit reconnaître puis éliminer toute forme de discrimination. Alors, pourquoi,
dans le préambule, ne pas indiquer clairement qu'«il faut considérer que les
membres des Premières Nations et des Inuits ne doivent faire l'objet d'aucune
forme de discrimination quand ils ont accès ou qu'ils reçoivent des services de
santé ou des services sociaux»? Pour moi, et je vous le soumets, c'est plus
précis, plus clair et ça permet de décrire l'état des lieux, en partie, ce qui
rejoint ce que le bureau du principe de Joyce nous disait. Et ça campe
exactement ce que le gouvernement veut faire. Et pour moi, c'est beaucoup plus
précis, à tout le moins, et je vous le soumets, que de dire : «Ils doivent
recevoir des services adéquats, ils doivent être distingués des autres
usagers.» Écoutez, «recevoir des services de santé et des services sociaux
adéquats», c'est un minimum. Je veux dire tout le monde s'attend à ça dans
notre société. Mais le véritable enjeu avec les membres des Premières Nations
et des Inuits, je pense, c'est au-delà de ça.
Ce qu'on essaie de corriger ici, c'est
qu'ils ne subiront plus de discrimination quand ils auront accès aux services
de santé et aux services sociaux adéquats. Je reviens à la façon dont Mme Joyce
Echaquan a été traitée. Je comprends, je vous ai compris, là, racisme
systémique, là, ça pose un problème. Mais êtes-vous d'accord avec moi pour
admettre que c'est un euphémisme, qu'elle n'a pas été traitée comme les autres
patients puis qu'elle a subi de la discrimination? Est-ce d'accord pour dire
que, dans son cas, c'est assez évident, là?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : M. le
Président, c'est une évidence même. On a tous entendu le rapport du coroner. Et
j'ai tellement envie de passer à l'article 0.1, M. le Président, pour
répondre à mon collègue, qu'il voit la définition, qu'il voit que ce qu'il
vient de mentionner, ça se retrouve presque mot pour mot. Alors, mon collègue a
raison. Juste nous rappeler collectivement que ce qu'on fait présentement,
c'est un préambule. Ce n'est pas le projet de loi, ce n'est pas l'article par
article. Comme il dit, il faut être beaucoup plus précis, il a totalement
raison. Je nous invite à regarder dans les prochains articles. Mais oui, la
Déclaration des Nations unies, on s'en inspire, je vous l'ai dit.
Pour la mise en œuvre, M. le Président...
Parce qu'en passant on a voté à trois reprises. On est unanimes. Je pense, le
message est très fort. Pour ce qui est de la mise en œuvre, j'ai invité les
Premières Nations via l'APNQL en disant : Est-ce qu'on... vous voulez
qu'on s'assoie pour voir sur quelle forme ça prend? On n'est pas rendus là, M.
le Président. L'offre a été faite. On n'est pas rendus là parce qu'il faut
savoir quelle forme ça va prendre. Mais on ne reste pas assis, M. le Président.
Je veux rassurer mon collègue aussi, je
l'ai dit dans mon... ce matin dans mes remarques préliminaires, quand on
regarde ce qu'on fait avec les Cris, les Inuits, les Naskapis, de leur propre
aveu, ça dépasse de beaucoup ce qu'il y a dans la Déclaration des Nations
unies. Nous, ce qu'on veut... Puis présentement, sans donner trop de détails
sur ce qu'on négocie, nous négocions présentement des ententes de nation à
nation. On va aller plus loin que ça. C'est la façon qu'on a trouvée, M. le
Président, de ne pas faire du mur-à-mur. Le collègue a raison, on s'en inspire,
vous allez le voir dans des articles qu'on va passer ensemble. On s'en inspire.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie.
M.
Morin :Oui. Alors, on arrivera aux articles du projet de loi.
Puis le préambule, ce n'est pas un article du projet de loi, j'en qu'on vient.
C'est très clair. Sauf que pour moi, le préambule, bien, c'est un peu comme
mettre la table, puis après, bien, il y aura d'autres éléments plus substantifs
qui vont arriver. Alors, je me dis, bien, pourquoi ne pas la mettre comme il
faut, si vous me permettez? Puis pourquoi ne pas... ne pas reconnaître dans le
préambule d'abord et mettre ce principe-là, puis après, bien, si, évidemment,
on peut le spécifier davantage dans le cadre d'articles, tant mieux. Mais je
vous dirais que pour moi, si le préambule veut vraiment dire quelque chose
puis, si, après, pour les gens qui nous suivront puis qui voudront regarder
pourquoi il y a ces dispositions-là, bien, évidemment, ils pourront voir le
préambule, ce qui ne sera pas dans la loi, puis là, bien, ils vont comprendre
ce que le législateur a fait.
En fait, un des éléments clés pour moi de
cette loi-là, pour l'approche de sécurisation...
M. Morin : ...de sécurisation,
c'est de s'assurer que les membres des Premières Nations et des Inuits ne
subiront plus, ne feront plus l'objet d'aucune forme de discrimination. Alors
mon invitation pour M. le ministre, c'est pourquoi pas le mettre clairement
dans la loi, puisque de toute façon plusieurs groupes nous ont invités à le
faire. Et si, par la suite, on l'aborde d'une façon spécifique avec des
articles dans le projet de loi, tant mieux, mais disons-le tout de suite. Et ça
nous permet de... d'écouter, de recouper, de mettre en œuvre plusieurs
recommandations qui nous ont été faites par des groupes pendant la période des
consultations particulières.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui. Merci,
M. le Président puis et c'est la beauté de la chose quand on s'est dit qu'on
regarderait ensemble le préambule, qu'on le mettrait de côté puis on y
reviendrait, puis c'est ce qu'on a fait dans 79, M. le Président, ça nous a
permis de voir premièrement ce qu'il y avait dans le projet de loi. Nous, quand
on a travaillé, ce qu'on s'est dit sur ce projet de loi, on s'est dit : Ça
n'a pas force de loi, on voulait l'écrire dans un article parce que ça avait
force de loi, mais j'ai très bien entendu le point du collègue puis je vous
suggère, M. le Président, comme on s'était dit, nous le mettrons de côté, on
pourra passer aux autres articles, puis on verra si ça se retrouve parce qu'on
aura le loisir d'en reparler plus tard, M. le Président. J'ai bien entendu la
recommandation.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé : Oui, M. le
Président. Bien, c'est ça. Je pense que mon collègue de l'Acadie exprime
clairement ce que je disais plus tôt, c'est-à-dire qu'il faut qu'on trouve une
façon d'au moins inscrire dans le préambule cet esprit que nous avons un
consensus à l'Assemblée nationale. Vous savez, les Premières Nations nous
disent souvent, notamment les représentants des élus, tu sais, oui, il y a le
gouvernement, mais eux, ils traitent, ils veulent traiter avec toutes nous
autres, parce que nous sommes... Ce n'est pas juste notre gouvernement, nous
sommes le peuple québécois. Ce n'est pas juste le 43 % qui ont élu le
gouvernement actuel, c'est tout le monde, y compris qui ont voté pour nous.
Alors, dans ce sens-là, pour moi, puis ça va exactement dans le sens de, tu
sais, quand je vous avais parlé d'amendements, là, c'est cet amendement-là que
je voulais, mais... mais je pense, tu sais, là, j'entends l'ouverture du
ministre, je pense qu'on va l'écrire comme il faut puis on y reviendra.
L'important, c'est d'avancer. D'autant plus que probablement d'autres éléments
dans le préambule qu'on souhaite pouvoir aborder, là.
• (17 h 20) •
Le Président (M.
Bachand) : Si je comprends des conversations, c'est qu'il y
avait une première discussion sur le préambule et que la commission, les
membres de la commission seraient d'accord pour le suspendre et puis après ça,
de continuer. Mais on pourrait revenir au souhait de la commission. Est-ce que
j'ai bien compris. Est-ce qu'il y a d'autres interventions à ce moment-ci donc,
sur le préambule? Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention donc, on est
d'accord... Oui, allez-y, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé : En fait, j'ai
besoin que vous m'expliquiez, M. le ministre. Vous dites qu'il y a des groupes
qui étaient mal à l'aise de voir apparaître dans le préambule la question du
principe de Joyce. D'autres qui auraient voulu, et j'en suis, voir apparaître
la reconnaissance du racisme et de la discrimination systémique. Mais j'ai de
la difficulté à comprendre les gens qui ou les groupes ou les élus qui étaient
en défaveur du principe de Joyce. C'était quoi le problème? Je ne saisis pas
bien.
M. Lafrenière : ...question,
M. le Président, excusez, j'aurais dû vous laisser la parole entre les deux. On
est tellement animé pour répondre à ça. Ils n'étaient pas contre le principe du
tout. Ce n'est pas ce que j'ai dit. Ce qui... le malaise pour certains, c'est
qu'on le mentionne dans notre projet de loi sans l'adopter complètement comme
ça. Quand je vous dis ça, vous savez que je suis transparent, je vous fournis
des armes, mais je pense qu'il faut être transparent, il faut tout se dire.
Alors là, le malaise, il était là. Puis c'est un petit peu ce que j'ai dit au
tout début. On ne le fait pas, c'est une erreur, on le fait, c'est on le dit,
c'est sensible, on le comprend. Voilà pourquoi pour moi, c'est un
incontournable. Je pense que vous l'avez bien dit, je veux dire, c'est la
réalité. C'est ce qui est arrivé et c'est ce qui a provoqué beaucoup de
changements. Mais je tenais quand même, en toute transparence dans cette
assemblée, à vous transmettre ce petit malaise. Puis ce n'est pas c'est pas 40
groupes, mais quand même, je le voulais vous le partager, M. le Président.
Merci.
Mme Massé : ...dans ce
cas-là, M. le ministre, dans notre façon funky de jouer, pas de jouer parce que
ce n'est pas un jeu, de travailler en dehors du cadre ou à tout le moins
d'essayer quelque chose de nouveau, moi, je vais être intéressée de discuter
avec les groupes pour dire, parce que je le sais, et ça avait été nommé,
notamment au niveau du CSSSAPNQL, de mieux comprendre parce que je suis sensible
et je sais que vous l'êtes aussi à cette idée de...
Mme Massé : ...d'appropriation
culturelle. Et là, je le sais, mais laissez-moi m'expliquer. Je ne vous dis pas
qu'on est en train de s'approprier quelque chose culturellement, mais ce que
les gens nous disent, c'est que vous ne pouvez pas, vous, allochtones, parce
que, là, ce n'est pas juste vous, c'est moi aussi qui va mettre mon nom
là-dessus, vous ne pouvez pas seulement faire allusion au Principe de Joyce
simple sans vous enraciner profondément. Alors, puisque... je suis en
train d'annoncer tous mes amendements, moi aussi, M. le ministre, mais puisque
nous allons rencontrer des groupes, qu'on va discuter, on va les entendre
là-dessus, on va essayer de, disons, déconstruire la quadrature du cercle, ça
fait que, donc, j'annonce déjà que, probablement, lorsqu'il sera temps de
vraiment adopter le préambule et surtout quand on aura fait le travail... Parce
que j'ai confiance, puis j'ai confiance, M. le ministre, que c'est vrai que
vous avez fait l'effort d'intégrer. Moi je n'en suis pas là, même si en termes
de processus, j'ai beaucoup de questions. Mais on a ouvert une autre porte, ça
fait que je ne la fermerai pas d'entrée de jeu. Ça fait que je me laisse la
chance aussi de voir. Ça fait qu'on s'en reparlera plus tard.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Autres
interventions? M. le député? M. le ministre, oui, pardon.
M. Lafrenière : Oui. Merci,
M. le Président. Bien, il y a deux choses, je pense très clairement, avant de fermer
le préambule, M. le Président, je le dis devant cette Assemblée, s'il y a
unanimité, les gens que vous rencontrez nous disent qu'ils veulent qu'on retire
la mention du Principe de Joyce, je vais le retirer. Je veux mettre ça au
clair. Puis je veux aussi être honnête et transparent en vous disant qu'il y en
a plusieurs qui y tiennent aussi. Ça fait que c'est le message que je pense. Je
ne peux pas être plus transparent.
Puis quand ma collègue dit qu'il veut
faire les choses différemment, si elle veut me déposer tous ses amendements,
comme j'ai fait plus tôt, ça va me faire plaisir. Mais, blague à part, M. le
Président, faisons les choses différemment. Puis comme elle l'a dit, on va
pouvoir entendre les gens, mais le terme, ce n'était pas... juste le terme que
j'ai entendu, c'est qu'ils ne voulaient pas être instrumentalisés ou qu'on
instrumentalise... puis je le comprends. Puis c'est là, je vous dis, la ligne
est mince, je suis très transparent. On veut le mentionner parce que c'est
arrivé puis on ne peut pas passer à côté, puis je pense que les proches de
Joyce pourraient nous le reprocher dans plusieurs années. D'un autre côté, il
ne faut pas les instrumentaliser non plus. Ça fait que trouvons la bonne ligne,
c'est ce qu'on vous propose. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :S'il n'y a pas d'autre
intervention, est-ce qu'on est d'accord pour suspendre l'étude du préambule?
M. Lafrenière : Suspendu.
Le Président (M.
Bachand) :D'accord. Alors, merci. Alors,
M. le ministre, pour la suite des choses.
M. Lafrenière : Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. C'est à ce moment-ci que je vous propose
d'introduire un nouvel article. Article 0.1, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Allez-y. Vous pouvez en faire
la lecture, s'il vous plaît.
M. Lafrenière : C'est bon.
Parfait. Le Parlement du Québec décrète ce qui suit :
«0.1. Aux fins de la présente loi, la
sécurisation culturelle est une approche qui consiste à mettre en œuvre un
ensemble de pratiques qui visent à assurer, pour les membres des Premières
Nations et des Inuits, un accès équitable et sans discrimination aux soins de
santé ou aux services sociaux.
«Cette approche vise à permettre aux
membres des Premières Nations et aux Inuits de bénéficier du meilleur état
possible de santé physique, mentale, émotionnelle et spirituelle. Elle implique
de tenir compte de la réalité culturelle historique dans l'organisation des
soins et des services et de toute interaction avec eux. Elle implique aussi de
considérer avec respect leurs pratiques ainsi que leurs savoirs traditionnels
et contemporains dans les domaines de la santé et des services sociaux.»
«Santé Québec et tout établissement du
réseau de la santé et des services sociaux doivent adopter une approche...» Je
suis rendu à 1, M. le Président, j'étais parti, là, pour rouler ça. Je suis
désolé collègues. Alors, ça se terminait avec services sociaux.
Le Président (M.
Bachand) :Ça va? Ça va pour l'instant?
M. Lafrenière : Alors, c'est
l'article 0.1 qu'on propose comme amendement.
Le Président (M.
Bachand) :Donc, interventions? M. le
député d'Acadie, sur l'amendement, au nouvel article 0.1.
M.
Morin :Oui, 0.1. Vous faites référence au tout début et vous
mentionnez que les membres des Premières Nations et des Inuits doivent avoir un
accès équitable et sans aucune discrimination. Donc, je comprends que, par
cette disposition-là, vous tentez de répondre en partie à un allégué de la
Déclaration des Nations unies qui réaffirme que les peuples autochtones, dans
l'exercice de leurs droits, ne doivent faire l'objet d'aucune forme de
discrimination.
Maintenant, quand vous parlez...
M.
Morin :...dans l'approche. Et vous définissez la sécurisation
culturelle comme «une approche qui consiste à mettre en œuvre un ensemble de
pratiques». Là, je comprends que les pratiques comme telles, vous ne les
définissez pas. Vous faites référence à des pratiques qui visent à assurer un
accès équitable, mais on ne sait pas exactement ce que c'est. Et après ça,
bien, vous dites que la conséquence de ça, c'est qu'ils devraient bénéficier du
meilleur état de santé physique, mental, émotionnel et spirituel et que vous considérez
leurs savoirs traditionnels et contemporains. L'ensemble de pratiques, ça
correspond à quoi pour vous?
M. Lafrenière : M. le
Président, c'est justement ce qu'on vient dire dans l'article 1 qui va
suivre, où on dit ce que les pratiques culturellement sécurisantes doivent
être. Ça, on le dit dans l'article 1.
M.
Morin :O.K.
M. Lafrenière : Cependant, M.
le Président, puis là je sais que je vais avoir l'attention de ma collègue de
la deuxième opposition qui va se réjouir, on ne veut pas faire de mur-à-mur, on
veut que ce soit co-construit. Ça fait qu'on dit ce que les pratiques doivent
être. Cependant, M. le Président, on veut s'assurer que ce soit co-construit
localement avec les nations et les Inuits. Alors, ce que mon collègue demande,
c'est vrai qu'on le fait référence largement à 0.1, mais à 1, on dit clairement
que les pratiques culturellement sécurisantes doivent être.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de
l'Acadie.
M.
Morin :Ça va pour l'instant, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Mme la députée de
Sainte-Marie Saint-Jacques, s'il vous plaît.
Mme Massé : Oui. C'est sûr
que le Principe de Joyce, l'intérêt qu'on s'y colle e et en fait, à mon sens,
l'intérêt qu'on l'adopterait tel quel, c'est parce que déjà il fait consensus
chez les Premières Nations. Je sais qu'il y a du travail aussi. Mais pas
seulement les Premières Nations, aussi les Inuits, c'est vrai à travers
Makivik, le Principe est reconnu. Ça fait que je trouve que de s'y coller, vous
avez eu une très bonne intuition.
• (17 h 30) •
Maintenant, quand je regarde avec
attention... Excusez-moi, je fais un pas de recul. L'autre élément, c'est qu'on
le sait que le Principe de Joyce, parce que les gens nous l'ont dit, s'appuie
sur l'article 24, vous nous en avez fait état tantôt, de la Déclaration
des Nations Unies pour les droits des peuples autochtones. Puis l'intérêt
peut-être pour les gens qui nous écoutent, parce qu'on... c'est de même quand
on parle notre jargon, des fois, on oublie qu'il y a du monde qui nous écoute,
puis ce n'est pas tout du monde qui, comme nous, jouons là- dedans en plein.
L'article 24 de la Déclaration, mais premièrement, la déclaration a été
adoptée par les Nations Unies, reconnue par le Canada, et je dirais aussi, dans
ses principes, reconnue par le Québec.
Et l'article 24 dit ceci : «Les
peuples. Les peuples autochtones ont droit à leur pharmacopée traditionnelle et
ils ont droit de conserver leurs pratiques médicales, notamment de préserver
leurs plantes médicinales, animaux et minéraux d'intérêt vital. Les autochtones
ont aussi droit d'avoir accès, sans aucune discrimination, à tous les services
sociaux de santé... et de santé.
Et en deuxième alinéa : «Les
autochtones ont le droit, en toute égalité, de jouir du meilleur état possible
de santé physique et mentale. Les États prennent les mesures nécessaires en vue
d'assurer progressivement la pleine réalisation de ce droit.»
Ça, c'est l'article 24 de la
déclaration sur laquelle les autochtones se sont entendus pour asseoir le
principe de Joyce. Alors, ma question, c'est que le Principe de Joyce, il
est... Vous avez raison qu'au niveau des éléments que vous avez apportés, il y
a pas mal d'affaires qui sont là, mais il manque des affaires assez importantes
à mon sens, et c'est là que j'aimerais qu'on aille ensemble.
Premièrement, on dit du Principe de Joyce,
pour les gens qui nous écoutent, qu'il vise à garantir, alors qu'au niveau
de...
17 h 30 (version non révisée)
Mme Massé : ...votre projet de
loi, vous dites : Qui consiste à mettre en œuvre un ensemble de pratiques,
etc. Parce que, pour moi, dans mon livre à moi, quand on vise à garantir
quelque chose, c'est qu'on veut s'assurer de ce quelque chose là, versus quand
on consiste à mettre en œuvre quelque chose, à la limite, je peux mettre en
œuvre quelque chose de tout croche, mais je l'ai mis en œuvre, mais je n'ai pas
nécessairement visé à garantir, puis on abordera les autres éléments de tantôt.
Alors, est-ce que, quand je vous dis ça, M. le ministre, vous... ça vous
rappelle vos réflexions, pourquoi vous n'avez pas mis «vise à garantir»?
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Puis je suis d'accord avec la collègue qu'on a pris, puis je pense
qu'on le voit, là, plusieurs éléments de la déclaration des Nations Unies. Vous
avez parlé de pharmacopée, tout ça, on le retrouve clairement là-dedans. Quand
on regarde le terme «vise à garantir», bon, quand on... quand on l'envoie dans
la sphère politique, c'est un message fort qui est très fort. Au niveau légal,
ça voudrait dire quoi? Puis je vais faire un parallèle avec ma collègue. Lorsqu'est
arrivée la tragédie de Joyce, les gens m'ont dit : Est-ce que vous pouvez
garantir que ça n'arrivera jamais? Je vais vous garantir que je vais tout
mettre en place pour ne pas que ça arrive. Vous comprenez ce que je veux dire?
Tu sais, de venir garantir... de dire : Je vais vous garantir que ce que
je vais vous donner, surtout pour la sécurisation culturelle, on va le voir
plus loin, les personnes qui peuvent l'évaluer, c'est ceux qui reçoivent les
soins. Moi, je vais vous garantir que vous allez être contents, que ça va être
correct, alors que les gens pourraient bien dire : Vous avez tout mis en
œuvre, mais il y a des choses qui demeurent encore en suspens pour nous. Et on
va le voir plus loin puis... souvent, je le dis, M. le Président, mais c'est
comme ça, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise, plus loin, on va en
parler, on veut le faire localement, on veut que les gens... qu'il y ait des
comités qui aient leur mot à dire. Ce n'est pas à moi de dire que c'est
correct, puis que je te donne, je te garantis que c'est correct pour toi. On
veut que ce soit fait avec les groupes.
Tantôt, je le mentionnais un peu, c'est ce
qu'on a... dans plusieurs cas, vous allez voir le terme «coconstruire», «codévelopper»,
«travailler ensemble» va être là. On ne fait pas du mur-à-mur.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée. Oui.
Mme Massé : Oui. Bien, la phrase...
ministre, c'est : "Vise à garantir à tous les autochtones..." d'ailleurs,
ils auraient pu écrire "les Premières Nations et les Inuits, mais ils ont
mis un a majuscule, ..."un droit d'accès équitable." Donc, ce n'est
pas le résultat, mais c'est le droit d'avoir accès. Ça fait que j'entends
votre... votre explication, mais ceci étant dit, c'est ça, là, donc, je veux
garantir à toutes les Premières Nations et les Inuits d'avoir ce droit-là d'avoir
accès équitable à...
Le Président (M. Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : Excusez-moi.
Puis je vous écoutais d'une oreille, vous le savez.
Mme Massé : Je le comprends,
on sait comment ça marche.
M. Lafrenière : On fait tout
ça en même temps. C'est important puis ce débat-là est vraiment, vraiment
important, mais... Ce n'est pas un débat, l'échange. Droit d'accès, c'est la
charte des droits et libertés qui le confère. Ce qu'on vient rajouter là, c'est
une coche de plus. On dit un droit d'accès qui est équitable. Alors, le droit d'accès,
c'est pour ça qu'on ne le met pas là. Je comprends ce que ma collègue veut
dire, mais c'est dans la charte, c'est présent, puis nous autres, on y va avec
le volet équitable, qui est si important, puis on se l'est fait dire à plusieurs
reprises. Sans discrimination, c'est un mot qui est très important aussi, c'est
mentionné. Ça fait référence à ce que mon collègue de l'Acadie demandait un
petit peu plus tôt. On l'écrit clairement, "sans discrimination",
parce que c'est vrai qu'il faut marquer le pas.
Mme Massé : Donc, est-ce que
je comprends bien, M. le ministre, que ce que vous me dites, c'est que vous
allez... à travers ce projet de loi là, vous souhaitez mettre en œuvre un droit
qui existe déjà, que vous me dites, dans la charte des droits et libertés, c'est-à-dire
d'avoir un accès équitable... et que donc... Je veux juste être certaine que je
comprends. Vous, ce que vous me dites, c'est : Moi, mon objectif, comme
ministre, ce n'est pas de viser à garantir quelque chose que je ne pourrai pas
garantir, mais de mettre en œuvre des pratiques qui vont garantir, finalement,
sans l'écrire, là, mais qui vont garantir, finalement, cet accès, ce droit à l'accès
équitable.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Vous voyez que c'est le travail de toute une équipe.
Mme Massé : C'est normal, moi
aussi.
M. Lafrenière : On se
challenge parce qu'on veut la même chose. Quand on dit qu'on vise un accès
équitable, on trouve ça encore plus fort...
M. Lafrenière : ...un accès
équitable pour tous. Et, M. le Président, dans les mots qu'on a mis, dans les
mots, qu'on a utilisés, on ramène «discrimination», on trouvait ça
hyperimportant, et c'est pour ça qu'on y va spécifiquement... Vous allez voir
tantôt, avec la collègue, quand on va parler des pratiques, ce que c'est,
tranquillement pas vite, ça va nous rapprocher de ce qu'on vise, ce qu'on va
mettre en place, tout en s'assurant qu'on ne fait pas du mur-à-mur, M. le
Président.
Mme Massé : O.K. Merci. Ça
m'éclaire. Et donc, si vous visez à assurer, je vais dire, le service, donc, un
accès équitable, qu'en est-il du droit à ce service, du droit d'avoir accès?
Parce que c'est ça qu'il dit, le Principe de Joyce, il dit : On veut avoir
le droit, comme les autres, là, d'avoir accès à. Puis vous, vous me
dites : Non, nous, ce qu'on dit, ce n'est pas le droit à l'accès
équitable, mais qu'on vise l'accès équitable.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : Est-ce que
vous me permettez un instant...
Le Président (M.
Bachand) :O.K. On va suspendre quelques
instants.
M. Lafrenière : ...suspendre
un instant...
Mme Massé : Je suis d'accord,
parce que, moi aussi, je veux... Ça va vite.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. On va suspendre. Merci
beaucoup.
(Suspension de la séance à 17 h 39)
18 h (version non révisée)
(Reprise à 18 h 12)
Le Président (M.
Bachand) :...
M.
Morin :Alors, dans le cadre de nos travaux, nous avons fait
parvenir à la commission un sous-amendement à l'amendement proposé par M. le
ministre. Le sous-amendement...
M.
Morin :...se lirait comme suit, l'amendement tel que
modifié :
«0.1. Aux fins de la présente loi, la
sécurisation culturelle est une approche qui consiste à mettre en œuvre un
ensemble de pratiques qui visent à assurer, pour les membres des Premières Nations
et pour les Inuits...»
Le Président (M.
Bachand) :...peut-être reprendre ce que
vous... ce que le sous-amendement apporte... amène, pardon.
M.
Morin :Alors, ce que le sous-amendement apporte, c'est un accès
équitable et sans discrimination...
Le Président (M.
Bachand) :Non, ce que je veux dire...
Excusez-moi, M. le député de l'Acadie.
M.
Morin :Oui, oui. Que c'est que vous voulez dire?
Le Président (M.
Bachand) :...tout simplement dire :
L'amendement introduisant l'article... du projet de loi est modifié par...
M.
Morin :O.K. Donc...
Le Président (M.
Bachand) :...alinéa, alinéa.
M.
Morin :Donc, depuis le tout début.
Le Président (M.
Bachand) :O.K. S'il vous plaît. Merci.
Pardon.
M.
Morin :On y va. Pas de souci. Donc, sous-amendement, projet de
loi n° 32, Loi instaurant l'approche de sécurisation culturelle au sein du
réseau de la santé et des services sociaux, article 0.1 :
L'amendement introduisant l'article 0.1 du projet est modifié par :
1° l'insertion, dans le premier alinéa, du
mot «systémique» après «discrimination»;
2° le remplacement, dans le deuxième
alinéa, des mots «tenir compte de» par «reconnaître et respecter».
L'amendement tel que modifié se lirait
ainsi :
«0.1. Aux fins de la présente loi, la
sécurisation culturelle est une approche qui consiste à mettre en œuvre un
ensemble de pratiques qui visent à assurer, pour les membres des Premières
Nations et pour les Inuits, un accès équitable et sans discrimination
systémique aux soins de santé et aux services sociaux.
«Cette approche vise à permettre aux
membres des Premières Nations et aux Inuits de bénéficier du meilleur état
possible de santé physique, mentale, émotionnelle et spirituelle. Elle implique
de reconnaître et respecter leurs réalités culturelles et historiques dans
l'organisation des soins et des services et dans toute interaction avec eux.
Elle implique aussi de considérer avec respect leurs pratiques ainsi que leurs
savoirs traditionnels et contemporains dans les domaines de la santé et des
services sociaux.»
Et, M. le Président, je propose cet
amendement parce que, quand... ce sous-amendement, parce que, quand on
regarde... puis suite aux discussions qu'on a eues avec M. le ministre et les
échanges qu'on a eus avec lui, quand on regarde ce qui a été apporté, décrit,
présenté par les différents groupes, et encore plus récemment par... dans la
lettre de Femmes autochtones du Québec, on dit, et on suggère, et on demande :
«En conclusion, le fait d'adopter le principe du projet de loi n° 32, Loi
instaurant l'approche de sécurisation culturelle au sein du réseau de la santé
et des services sociaux, sans la reconnaissance du racisme et de la
discrimination systémiques, qui est un élément nécessaire pour la mise en place
d'une loi plus sécuritaire culturellement... et constitue à notre avis un coup
d'épée dans l'eau.»
Alors, pour que nos travaux soient
bénéfiques, qu'ils avancent, je pense qu'il est important de reconnaître ce concept
de discrimination systémique et aussi de garantir un droit d'accès équitable
sans aucune discrimination à tous les membres des Premières Nations et des
Inuits.
Quand on regarde l'énoncé du principe de
Joyce, et on en a parlait avant la présentation de ce sous-amendement-là, et ma
collègue la députée de Sainte-Marie-Saint-Jacques y faisait référence, le
principe de Joyce, je pense qu'il faut que ça s'incarne dans le projet de loi,
c'est ce que tous les groupes ont demandé, puis, si on veut, je pense, aller de
l'avant... puis je pense que ça répond aussi à une attente des différentes
communautés. Donc, ça vise à garantir à tous les membres des Premières Nations
et des Inuits un droit d'accès équitable sans aucune forme de discrimination.
Puis, on l'a vu, les groupes nous l'ont tous dit. La commission Viens en a
parlé. Il y a malheureusement de la discrimination systémique. Je pense qu'il
faut le reconnaître.
Et le sous-amendement permet également de
reconnaître, évidemment, et de respecter leurs réalités culturelles et
historiques. Pourquoi...
M.
Morin :...c'est important, bien, c'est parce qu'il faut être
capables de reconnaître, d'identifier et de nommer un élément avant d'être
capables, après ça, de le respecter et de pouvoir travailler avec les membres
des Premières Nations et des Inuits. Si on regarde cet élément-là, ça vient, je
pense, bonifier ce qui est déjà demandé ou ce qui était, en fait, demandé par,
entre autres, l'Assemblée des premières nations du Québec et du Labrador. Ils ont,
en septembre 2023, publié une déclaration sur les droits des Premières
Nations à l'autodétermination, mais aussi à la sécurisation culturelle. La
sécurisation culturelle, c'est ce dont on parle, aujourd'hui, avec le projet de
loi n° 32. Et ils demandent de considérer... Et puis ils parlent du droit
des Premières Nations d'avoir accès à tous les services publics, et ce,
évidemment, sans aucune discrimination. Je l'ai mentionné un peu plus tôt
aujourd'hui, la Déclaration des Nations unies fait aussi référence à l'absence
de discrimination. C'est fondamental.
Le sous-amendement s'inspire aussi du
mémoire qui a été déposé par le Collège des médecins du Québec dans le cadre de
l'étude de ce projet de loi. Puis, en fait, c'est la première recommandation,
où on demande, évidemment, d'offrir à toute la population l'accès à des soins
de qualité, sans discrimination, et c'est particulièrement le cas pour les
communautés des Premières Nations et des Inuits. Le sous-amendement combine et
vient bonifier, je vous le soumets, l'amendement que M. le ministre a déposé,
mais il s'inspire aussi de la recommandation 2 que l'on retrouve dans le
mémoire du Collège des médecins, alors que le Collège des médecins nous
demandait... demande au gouvernement de reconnaître le Principe de Joyce.
• (18 h 20) •
Donc, avec le sous-amendement que je
présente, il y a un élément très concret du Principe de Joyce, à mon avis, qui
est reconnu. On veut lutter contre toute forme de discrimination... et puis il
faut reconnaître aussi qu'il y a eu de la discrimination systémique. Puis on
veut aussi s'assurer qu'il y aura un accès équitable à des soins de santé au
sein du service de santé, et toujours dans le respect de leur savoir, tout
comme de leurs connaissances traditionnelles et vivantes en matière de santé.
C'était une recommandation du Collège des médecins, et le sous-amendement vise,
effectivement, à reconnaître et respecter leur réalité. Ce sont des termes qui,
je vous le soumets, sont, je pense, plus précis, permettent de mieux cerner et,
surtout, de mieux passer à une étape où on va être capables de travailler avec
les membres des Premières Nations et des Inuits, pour s'assurer qu'évidemment
toutes leurs réalités culturelles vont être respectées.
Puis pourquoi c'est important, puis pourquoi
je prends la peine de présenter ce sous-amendement, et de parler du Principe de
Joyce, qui est, au fond, au cœur de ce projet de loi, c'est que, dans le
mémoire qui a été déposé devant la commission, lors des consultations
particulières, par le Bureau du Principe de Joyce, on fait référence... et je
cite la page 7, on dit : «Le rapport du coroner Kamel établit clairement
qu'entre autres le racisme et les préjugés ont contribué à la mort de Mme
Echaquan.» Et, à l'époque... on parle... bien, c'est en 2023... on dit que de
nombreux Attikameks hésitent encore à solliciter des soins dans les
établissements de santé québécois, ne se sentant pas en sécurité au sein de ces
structures.
Et quand on parle, après ça, de la mise en
œuvre de mesures de sécurisation culturelle, on dit : «Il demeure que les
membres de nos nations disent n'en ressentir que très peu de soulagement. Il
est possible que la raison vienne du fait que certaines initiatives soient
mises en place...
M.
Morin :...de manière non concertée, ayant ainsi trop souvent
des résultantes superficielles ou partielles. Le pouvoir décisionnel demeure
unilatéral et nos savoirs traditionnels sont trop souvent banalisés, voire
ridiculisés.»
Et quand on lit ça et qu'on parle
d'établissements de santé au Québec, je pense qu'il faut être capable, comme
parlementaires, de reconnaître qu'il y a véritablement un problème, qu'il faut
être capable de reconnaître leur réalité, et c'est l'objectif que je poursuis
avec... avec le sous-amendement, pour être capable par la suite, une fois qu'on
les a reconnus, qu'on les comprend, de respecter leur réalité. Ce n'est pas un
élément qui est... Ce que le sous-amendement, ce qu'il apporte, c'est que ce ne
sont pas des éléments déconnectés de la réalité.
Quand on lit le mémoire qui a été déposé
le 13 septembre 2023. Je regarde la date d'aujourd'hui, ça ne fait à
peine même pas un an, et qu'on dit que, dans certains endroits, non seulement
des Atikamekw hésitent à solliciter des soins, mais ils ne se sentent pas en sécurité.
On dit aussi que pour la sécurisation culturelle, ils n'en ressentent que très
peu de soulagement et que les résultats souvent sont peu concluants, puis
encore pire, que les savoirs traditionnels sont trop souvent banalisés, voire
ridiculisés. Donc, je pense qu'il faut être capable, en tout cas comme
législateurs, de reconnaître cet état de fait et d'essayer de faire en sorte
que la législation puisse aider véritablement les membres des Premières Nations
et des Inuits à sortir de cet état-là qui va faire en sorte qu'ils vont se
sentir en sécurité.
Dans le mémoire de la Commission de la
santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador,
quand on parlait de l'implantation d'une véritable approche de sécurisation
culturelle, bien, on dit que ça exige de reconnaître des formes de
discrimination pour qu'on soit capable d'adopter par la suite des mesures
correctives efficaces. On dit, et puis on le dit clairement : «Une loi sur
la sécurisation culturelle qui ne reconnaîtrait pas le racisme et la
discrimination systémique serait contradictoire et inefficace.»
Alors, la question qui se pose,
c'est : Voulons-nous travailler pour éventuellement adopter une loi qui va
être contradictoire ou inefficace? Bien, moi, comme parlementaire, ça ne
m'intéresse pas. Je voudrais qu'on adopte un projet de loi qui va faire en
sorte... Il ne sera pas parfait, tout est perfectible, mais qui va permettre au
moins aux gens de dire : On a quand même reconnu, dans un texte de loi, des
éléments qui sont réels, qui existent et qui nous ont été soulevés par
plusieurs groupes qui sont venus en commission parlementaire.
J'ai vu, on en a discuté, l'amendement
proposé par monsieur le ministre. Pour moi, ça répond en partie à certaines
préoccupations. Je pense qu'il faut aller plus loin. Et bien qu'il y ait des
textes plus généraux, et je pense entre autres à la Déclaration des Nations
Unies pour les peuples autochtones où on parle de l'importance qu'il n'y ait
aucune forme de discrimination, quand on l'applique aux travaux de la
commission, aux différents groupes qui sont venus nous parler, on a toujours
fait référence au Principe de Joyce, et à ce moment-là, on parlait, tout
dépendant des groupes, de racisme systémique ou de discrimination systémique,
puis je pense qu'il faut le nommer pour qu'on soit capable, par la suite, avec
les membres des Premières Nations et des Inuits, d'aller plus loin.
Le sous-amendement que je présente vise à
reconnaître ça. Je salue l'amendement que monsieur le ministre a présenté. Je
pense que...
M. Morin : ...un pas dans la
bonne direction. Mais moi, je pense qu'il faut aller plus loin. Puis par la
suite, quand on parle d'une approche qui doit permettre aux membres des
Premières Nations et aux Inuits de bénéficier du meilleur état possible de
santé physique, mentale, émotionnelle et spirituelle. Moi, je tiens, et je le
souligne, je tiens à ce qu'on mette des mots, reconnaître et respecter, parce
que, avec ces mots-là, c'est, en fait, c'est une décision du législateur.
Éventuellement, c'est un texte législatif qui va faire en sorte que les gens
qui auront à l'appliquer et qui auront à le lire vont voir très clairement ce
qu'ils doivent faire. Donc, reconnaître les réalités culturelles et historiques
dans l'organisation des soins et des services et dans toute interaction avec
eux. Pourquoi? Bien, parce que quand on regarde certains mémoires qui ont été
déposés, je le disais tout à l'heure, on dit nos savoirs traditionnels sont
trop souvent banalisés, voire ridiculisés. Donc, il faut que les droits et le
respect des droits des Premières Nations soient reconnus. D'ailleurs, toujours
dans le mémoire du principe de Joyce, on ajoute un peu plus loin pour
véritablement assurer la sécurité et le sentiment de confiance de nos membres.
Puis on l'a vu un peu plus tôt aujourd'hui et je l'ai lu dans un des mémoires,
il y a un lien qui est brisé, le lien de confiance qui est brisé. Donc il faut
être capable de refaire ce lien de confiance entre les communautés des Premières
Nations et des Inuits et notre système de santé. Donc, le respect des droits
est primordial pour ramener ce sentiment de sécurité et de confiance. Et dans
le mémoire, on dit la mémoire est le fruit de la mise en commun du savoir
«expérimenciel», mais aussi de consultations avec nos partenaires des centres
de santé, des communautés atikamekw ainsi que de la Direction de la protection
sociale de la Nation.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup, M. le député. Désolé de vous
interrompre. Compte tenu de l'heure, la Commission ajourne ses travaux au
mercredi 18 septembre 2024 à 11 h 15 où elle entreprendra un autre
mandat. Merci, passez une belle soirée. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 18 h 30)