(Quinze
heures vingt-huit minutes)
Le
Président (M. Bachand) : Bonjour, tout le
monde. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des
institutions ouverte.
La commission est
réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 14, Loi
modifiant diverses dispositions relatives à la sécurité publique et édictant la
Loi visant à aider à retrouver des personnes disparues.
Avant de débuter, Mme
la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire :
Oui, M. le Président. Mme Bourassa (Charlevoix—Côte-de-Beaupré) est remplacée par M. Lamothe (Ungava); M. Zanetti
(Jean-Lesage), par M. Fontecilla (Laurier-Dorion).
Étude détaillée (suite)
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Comme vous savez, nous étudions le projet de loi n° 14 par sujets. Lors de
l'ajournement de nos travaux le jeudi 11 mai dernier, nous avions
suspendu le titre de l'étude de l'article 117 du projet de loi, qui édicte
la Loi visant à aider à retrouver des personnes disparues, et nous avions
amorcé l'étude du sujet 2 intitulé Prévention et la lutte contre le
racisme et le profilage racial. De plus, de façon plus précise, nos discussions
portaient sur l'article 97 du projet de loi.
Y
a-t-il interventions? Je sais que le député de Laurier-Dorion avait... faisait
une intervention sur 97 lorsqu'on a suspendu. Je ne sais pas si vous
voulez intervenir, M. le député, ou si ça va. O.K. M. le député de
Laurier-Dorion, s'il vous plaît.
M. Fontecilla : Merci, M. le Président.
Donc, l'article 97, pour le bénéfice des gens qui nous regardent, c'est
un article qui concerne
l'article 307.1, qui nous informe que... enfin, de l'intention du
ministre, s'il est adopté, cet article-là, que «le ministre doit
établir, à l'égard des corps de police et de leurs membres, une ligne
directrice concernant les interpellations policières, y compris les
interceptions routières effectuées en vertu de l'article 636 du Code de la
sécurité routière (chapitre C-24.2), et la rendre publique».
D'emblée, je vais y
aller pour... à titre d'introduction, là, à savoir si le ministre peut nous
informer sur le contenu de la ligne directrice qu'il... que, si cet article-là
est adopté, il va... bien, il va rendre publique.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. M. le
ministre.
M. Bonnardel :
Bien là, vous me demandez le contenu des lignes directrices?
• (15 h 30) •
M. Fontecilla :
Ou les lignes générales. Qu'est-ce qu'il entend? On est ici dans les
interpellations policières, là. On sait que les interpellations policières
concernent... Les interpellations aléatoires, en particulier, là, sont la
principale source de profilage racial, là. Donc, il y avait un comité qui a
recommandé l'abolition des interpellations. Il
y a eu un jugement important qui a décidé de la même chose, soit l'interdiction
des interpellations. Vous, vous décidez d'y aller de lignes directrices
pour encadrer ces interpellations policières. La question que je me pose :
Quel est le... comment dire, sans me dire la formulation, parce que je ne sais
pas si vous l'avez, là, mais quelles sont les lignes générales, là, de cette
ligne directrice concernant les interpellations policières?
M. Bonnardel :
Bien, je pense que je vous ai déjà répondu à cette question. C'est... C'est
un article qui est en lien avec la recommandation 132 du Comité
consultatif sur la réalité policière, qui veut interdire explicitement les interpellations
policières des passagers, des piétons, de véhicules basées, comme je l'ai déjà
mentionné, sur un motif discriminatoire. Alors, c'est un encadrement de cette
politique, de cette ligne directrice que nous ferons, que nous ferons avec les
différents corps de police. Les corps de police qui se sont présentés ici lors
des consultations l'ont mentionné, ils
aimeraient être consultés. Je vous l'ai mentionné aussi la dernière fois. Ils
seront consultés, tout comme les organismes que nous avons rencontrés,
qui le seront aussi dans le futur.
M.
Fontecilla : ...M. le ministre, je lis que la recommandation 132
du rapport sur la réalité policière établit, et
je cite : «Modifier le cadre normatif en vigueur pour interdire
explicitement les interpellations policières des piétons et des passagers de véhicules basées sur des motifs
discriminatoires partout au Québec.» Est-ce que votre directive entend
reprendre cette... l'idée de cette recommandation-là du comité sur la réalité
policière et interdire explicitement les interpellations policières?
M. Bonnardel : Non.
Ce sont des outils qui sont importants. Je l'ai déjà mentionné. Maintenant, ces
outils ne doivent pas se faire avec un motif discriminatoire.
M. Fontecilla : Très bien.
Dites-moi, M. le ministre, est-ce que... Un policier qui effectue des
interpellations policières doit-il avoir un motif raisonnable ou pas pour
effectuer une interpellation?
M. Bonnardel : Je pense qu'il faut
faire confiance à l'ensemble des policiers au Québec qui font ce travail, qui
ont été bien formés, qui vont être accompagnés aussi, on le verra dans les
prochains articles, avec de la formation continue.
Certains corps de police le donnent. Donc, pour moi, j'ai entièrement confiance
au travail des policiers. Puis, je pense,
le député d'Ungava l'a mentionné deux, trois fois lors des consultations, à
savoir jusqu'à quel point cet outil-là est important pour s'assurer de
la sécurité des usagers, de la validité d'un permis de conduire, de la
consommation aussi d'alcool possible dans
l'auto. Donc, ce sont des outils que les policiers ont besoin, mais qui doivent
être bien encadrés, dans le cadre de
ces lignes directrices, pour qu'il n'y ait pas de motif discriminatoire lors de
ces interpellations ou interceptions.
M. Fontecilla : Tout à fait. Et moi
aussi, je fais 100 % confiance au jugement de l'ensemble des policiers du
Québec, là. Mais ma question est très précise, là : Est-ce que... On parle
ici non pas de la confiance envers le travail policier,
on parle d'un texte de loi. Est-ce que, selon la pratique ou... parce que vous
voulez introduire, dans un texte de loi... un policier doit avoir un
soupçon raisonnable ou ça ne... pour faire une interpellation ou ça ne fait pas
partie de cette disposition-là, il n'a pas besoin d'avoir un soupçon
raisonnable?
M. Bonnardel : Il faut faire
confiance au travail des policiers, qui, par eux-mêmes et par leur expérience, savent si, oui ou non, ils doivent interpeler ou
intercepter un véhicule ou un piéton. Donc, le député d'Ungava l'a
mentionné. C'est un ancien policier avec
énormément d'expérience. Il faut faire confiance au travail des policiers. Et
cet article de loi va encadrer ce qui se fait... ce qui est déjà
interdit, là, qui est déjà interdit et qui est explicitement dit dans le code,
exemple, Montréal, même Québec ou d'autres corps... je nomme les plus gros, là,
ou d'autres corps de police qui... sauf que, là, on va uniformiser, donc, ces
lignes pour s'assurer que tout le monde comprend bien la ligne directrice qu'on
va travailler avec les différents corps de police.
M. Fontecilla : Donc, j'ai de la
misère à obtenir la réponse que j'aimerais, là. Si je comprends bien, on doit faire confiance aux policiers, 100 %
d'accord, mais, dans le texte de loi, un policier n'a pas besoin d'avoir un
soupçon raisonnable pour effectuer une interpellation. C'est ce que je
comprends. On fait confiance aux policiers. C'est ce que vous me dites. Donc,
il n'y a pas de soupçon raisonnable... notion de soupçon raisonnable ici.
M.
Bonnardel : Ici, il faut confiance au travail des policiers,
qui ont été bien formés, autant à l'École nationale de police que dans
leur cursus académique.
M. Fontecilla : Très bien. Et
j'aimerais savoir, M. le ministre : Est-ce que la ligne directrice
concernant les interpellations policières va reprendre le contenu de la
pratique 2.1.7 sur les interpellations policières ou est-ce que ça va être
différent?
M. Bonnardel : Bien, c'est en
partie, mais, comme je vous l'ai mentionné, pour moi, ce qui est important dans
tout ça, ce n'est pas... Et je vous le répète, là, l'outil interpellation,
interception aléatoire est important dans le travail des policiers. De l'autre
côté, c'est l'encadrement vis-à-vis le motif discriminatoire qui doit être bien
libellé.
M. Fontecilla : Très bien. Ma
question : Est-ce que vous entendez reprendre, dans les... reprendre le
contenu de la pratique 2.1.7 qui apparaît dans le Guide des pratiques
policières qui est actuellement en vigueur? C'est-à-dire, il y a déjà un guide
sur les interpellations policières. Est-ce que vous entendez... Dans votre
directive, la directive que vous allez annoncer dans deux mois, suite à
l'adoption de ce projet de loi, est-ce que vous allez utiliser ce qui est déjà
là, c'est-à-dire la section 2.1.7 portant sur les interpellations
policières dans le Guide des pratiques policières?
M. Bonnardel : C'est un outil qui
peut être important, avec lequel, autant du côté du ministère et les corps de police, nous allons travailler. Exemple, pour
les interpellations, on parle qu'elles doivent «reposer sur un ensemble
de faits observables ou des informations qui
fournissent au policier une raison pour intervenir auprès de la personne».
Donc, c'est des éléments sur lesquels on va s'attacher, nécessairement, mais
qui vont être importants pour définir le libellé que nous allons travailler
avec les corps de police.
M.
Fontecilla : O.K. Donc, cette politique-là, vous l'avez nommé,
M. le ministre, elle doit reposer sur l'intervention... L'interpellation
en tant que telle, «elle doit reposer sur un ensemble de faits observables ou
des informations qui fournissent au policier une raison pour intervenir auprès
de la personne dans le cadre de la mission policière». Donc, ce n'est pas
complètement aléatoire. Il y a une raison.
M.
Bonnardel : C'est ce qui est dans le guide de pratique, mais,
encore une fois, un policier, comme mon collègue l'a déjà mentionné, pour des... des faits x, un
comportement x, une voiture de couleur x, l'habillement x d'une
personne, d'un homme ou d'une femme, peuvent
inciter le policier à arrêter ou à juste interpeler la personne pour aller
chercher de l'information. Donc, c'est extrêmement large,
la pratique, le travail du policier. Donc, moi, je leur fais entièrement
confiance pour être capables de définir si, oui ou non, une interpellation ou
une interception doit se faire.
M. Fontecilla : On s'entend, mais la
directive, elle dit, en tant que telle, là, que c'est... qu'une interpellation
«doit reposer sur un ensemble de faits observables ou des informations qui
fournissent au policier une raison pour intervenir auprès de la personne dans
le cadre de la mission policière». Donc, ce n'est pas : Ça me tente
d'intervenir, lui, sa tête ne me revient pas. Non. La directive dit que ça
prend une raison.
M. Bonnardel : Bien, je vous écoute,
M. le député, puis vous semblez dire que le policier ne devrait pas arrêter
personne s'il considère qu'il n'y a pas un... Non, mais je vous écoute, puis c'est
comme si, de façon délibérée ou non, là, vous semblez dire que le policier,
bien, s'il n'y a pas un fait observable absolument, là... qu'il ne peut pas
faire son travail, qu'il ne peut pas arrêter pour une raison aussi limpide que
de la couleur d'un chandail, parce qu'on recherche quelqu'un qui a un chandail
ou un...
M. Fontecilla : Bien, c'est un fait
observable, M. le ministre. Ça prend...
M. Bonnardel : Oui. C'est ça, oui.
C'est un fait, tout à fait, mais ce que nous...
M. Fontecilla : Ce que j'essaie de
savoir, là : Est-ce que, dans votre esprit, dans l'esprit du texte de loi
que vous proposez, là, ça prend des faits observables, ça prend une raison, ou
ça ne prend pas de fait observable et ça ne prend pas une raison? C'est tout ce
que j'essaie de savoir.
M. Bonnardel : C'est ça, mais, je
vous l'ai dit, il faut faire confiance au travail des policiers. Ça se peut...
M. Fontecilla : Donc, ça prend des
faits observables.
M. Bonnardel : Bien, c'est indiqué
dans la pratique, mais le libellé que nous allons définir dans la ligne
directrice pourrait l'indiquer ou non.
M. Fontecilla : Donc, de ce que je
comprends, il se peut que vous ne preniez pas en compte, dans la rédaction de
votre ligne directrice, cette procédure-là du Guide des pratiques policières
absolument, absolument...
M. Bonnardel : Écoutez, en partie...
M.
Fontecilla : Ça se peut que vous le preniez en compte ou ça se
peut que vous ne le preniez pas en compte?
M. Bonnardel : C'est ce qu'on va
définir avec les différents partenaires.
M.
Fontecilla : Donc, aujourd'hui, on n'a pas... de votre part, on
n'a pas d'assurance que vous allez reprendre la procédure... la
pratique 2.1.7 sur les interpellations policières. Vous me dites :
Peut-être que oui, peut-être que non.
M. Bonnardel : C'est ce que je vous
ai dit, parce qu'on va travailler avec les corps de... les différents corps de
police.
• (15 h 40) •
M.
Fontecilla : C'est très bien. Et j'aimerais aussi savoir si...
Et ça se fait dans d'autres provinces du Canada, là. Est-ce que le ministre serait d'accord pour qu'il
faille au minimum que le policier qui effectue les interpellations soit
tenu d'informer les personnes interpelées
qu'elles ne sont pas légalement obligées de s'identifier et qu'elles peuvent
quitter?
M. Bonnardel : Bien, ça, les
policiers... Est-ce que tous les policiers expliquent ce droit aux citoyens?
J'ose croire que oui. J'ose croire que oui. Est-ce qu'ils le font tous? Dans
les pratiques, ce sera nécessairement un point à définir comme il faut s'ils ne
le font pas. Maintenant, il n'y a pas de...
M. Fontecilla : Est-ce que vous
pensez que ça pourrait faire partie de la directive énoncée deux mois après
l'adoption de cette loi-là?
M. Bonnardel : Ça peut faire partie
des lignes comme telles.
M. Fontecilla : Est-ce que vous
allez considérer cette option-là?
M. Bonnardel : C'est des discussions
que nous aurons avec nos partenaires.
M. Fontecilla : Très bien. Je ne
sais pas si ma collègue voulait... Vas-y. Moi, je prends une pause.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme
Maccarone : Bien évidemment, on a plusieurs questions. Puis, lors de
la fin de nos travaux, avant notre relâche, notre semaine en circonscription,
on jasait beaucoup de la notion de consultation. Le collègue avait beaucoup de
questions, parce que ce n'est pas précis, cet article. Puis, juste pour prendre
la balle au bond, le ministre dit... Parce qu'il fait confiance aux policiers,
mais, si on faisait confiance aux policiers, on n'aurait pas cet article. C'est
un article, dans le fond, qu'on met en place parce qu'on ne leur fait pas confiance.
C'est ça, le message. On a besoin d'avoir des lignes directrices pour avoir des
balises en place parce que la façon qu'on fonctionne actuellement, c'est le
contraire. Ça fait que le ministre dit ou le gouvernement dit qu'on a besoin de
mettre en place des règles. Ça fait que juste pour dire que c'est un peu mêlant
comme discours qu'on entend.
Puis aussi on a
entendu que c'est un outil qui va interdire, mais, lors de la fin de nos
travaux, ça fait peut-être 10 jours,
moi, j'avais arrêté au moment où on parlait de ce que le ministre avait parlé
au Conseil des ministres, puis c'est un document... Pour les gens qui
nous suivent, c'est le mémoire qui est déposé au Conseil des ministres. C'est
le 21 février 2023. Puis, dans le libellé, c'est écrit qu'une ligne
directrice confirmait, donc, qu'une interpellation policière et une interception routière basées sur des motifs
discriminatoires sont interdites, mais ce n'est pas ça qui est écrit
dans cet article, du tout. On ne parle pas de l'interdiction. Alors, est-ce que
le ministre peut clarifier pourquoi... Si l'intention du gouvernement, selon le
mémoire qui a été déposé au Conseil des ministres, c'est de... l'interception
routière basée sur des motifs discriminatoires sont interdites, pourquoi ça ne
figure pas dans cet article?
M.
Bonnardel : Parce que c'est déjà interdit par la charte et le code de
déontologie. Et là, comme je l'ai déjà mentionné
plusieurs fois, c'est le chapeau principal, là, par ces lignes directrices,
qu'on définit que ces interpellations, interceptions ne doivent pas être
faites avec un motif discriminatoire. Déjà, les corps de police, les
principaux, ont un code qui interdit cela. Donc, le raisonnement qu'on a avec
tout ça, c'est d'être capables d'avoir, sous le chapeau principal d'une loi,
ces lignes directrices qui vont être établies avec les différents partenaires.
Mme Maccarone :
Pourquoi ne pas l'écrire noir et
blanc, d'abord, ici, dans cet article, si c'est déjà écrit ailleurs?
Parce qu'il faut... Je comprends que la population sont mêlés un peu, parce
que...
M.
Bonnardel : Non. Il n'y a personne de mêlé.
Mme
Maccarone : Bien, moi, je reçois des messages de gens qui sont mêlés
parce qu'on est allés à l'appel du jugement du juge Yergeau en ce qui concerne
l'article 636 du code de la sécurité publique. Le ministre dit que c'est écrit ailleurs, mais, ici, on ne dit pas, en
noir et blanc, ce qui est quand même l'intention du gouvernement. Puis
ce n'est pas n'importe quoi. Le libellé puis ce qui est écrit dans la mémoire
au Conseil des ministres, qui a été adopté, ça passe par le comité
interministériel, le comité de législation, puis après le Conseil des
ministres.
Alors, si c'est déjà
l'intention, pourquoi ne pas l'inclure ici, dans la loi? Pourquoi ne pas
l'inclure dans l'article, en noir et blanc, pour que tout le monde qui nous
suit comprenne c'est quoi, les orientations? Parce que je comprends... Les
questions qu'on vous pose, c'est : On ne comprend pas c'est quoi, les
lignes directrices. On n'a aucune idée c'est quoi, les lignes directrices. Je
comprends qu'il va y avoir une consultation, puis ça aussi, ça fait partie de ce que nous avons déjà jasé avant la
pause, parce que le ministre dit qu'il va avoir... C'est sûr et certain, on
a toujours fait ça par consultation, mais on
ne veut même pas intégrer le mot «consultation» dans cet article, malgré
qu'apparemment ça fait partie de notre processus. Ça fait que, vous me
permettez, c'est un peu flou. Alors, pourquoi ça... Si c'est vraiment
l'orientation, pourquoi ne pas l'écrire dans cet article?
M.
Bonnardel : Parce que ça va être écrit quand les lignes directrices
vont être définies avec les différents partenaires, qui seront déposées
60 jours après l'adoption de cette loi.
Mme
Maccarone : D'abord, si ça va être écrit après, puis on utilise le
même libellé qui se retrouve dans le mémoire,
on dit : L'interception routière basée sur des motifs discriminatoires
sont interdites, interdites de quelle manière? Ça veut dire quoi,
pratico-pratique, quand on va mettre à l'oeuvre l'interdiction?
M.
Bonnardel : Bien, je l'ai déjà mentionné, les corps de police, dans
leur code, déjà, pour les principaux corps
de police, c'est interdit d'interpeler ou d'intercepter avec un motif
discriminatoire. Donc, cette ligne chapeaute, chapeaute les règles comme telles qui vont nous amener, par la suite, à,
oui, dicter une sanction s'il y avait plainte qui était portée de la part... de la part d'un
citoyen. Je l'ai mentionné plusieurs, plusieurs fois, on encadre. On encadre
sous une ligne directrice ce qui est déjà interdit, ce qui est déjà interdit.
C'est tout.
Mme
Maccarone : C'est quoi, la valeur légale d'une ligne directrice?
M.
Bonnardel : Un juriste pourrait peut-être répondre.
Mme
Maccarone : Mettons, on ne suit pas la ligne directrice, est-ce qu'on
est en contravention de la loi? C'est quoi, la valeur légale d'une ligne
directrice?
M.
Bonnardel : ...vous donner une réponse plus juridique, Mme la députée.
Le Président (M.
Bachand) : Est-ce qu'il y aurait
consentement pour que le sous-ministre prenne la parole?
Des voix : Consentement.
Le
Président (M. Bachand) :
Consentement. Donc, comme d'habitude, veuillez vous identifier, s'il vous
plaît.
M. Morneau (Louis) : Bonjour. Louis
Morneau, sous-ministre associé aux affaires policières.
Eh bien, la différence ici, là... On va voir
plus tard qu'il y a un article du projet de loi qui propose de mettre en place un règlement sur les normes minimales
pour les règlements de discipline interne des corps de police. Chaque
corps de police a un règlement de discipline interne. Ce règlement-là
amènerait, donc, on le verra plus tard, là, des règles minimales, et il faut le
rattacher aussi avec cette ligne directrice là sur les interpellations
policières. C'est que, si la ligne directrice ne serait pas suivie, bien, il y
aurait des dispositions, dans le règlement sur les normes minimales en discipline, où est-ce qu'il pourrait y avoir
une sanction disciplinaire de rattachée au non-respect de la ligne
directrice sur les interpellations policières.
Mme Maccarone : Ça fait que la ligne
directrice... D'abord, moi, ma compréhension de ce que vous venez de décrire, il n'y a aucune valeur légale. C'est
le règlement qui a toute la valeur légale. D'abord, je vous pose la
question, pourquoi vous avez fait le choix
d'utiliser une ligne directrice ici et non un règlement? Parce que ce que je
comprends, c'est que la ligne directrice n'amène aucune valeur légale. Ça fait
que c'est le processus réglementaire qui est quand même l'avenue légale pour
avoir des sanctions si on ne suit pas la loi, qui figure ailleurs dans la
charte.
M. Bonnardel : ...parce que c'est
plus simple à travailler...
Mme Maccarone : Est-ce que c'est...
Oui, bien, c'est ça, c'est une bonne...
M. Bonnardel : ...plus flexible,
plus flexible, on va prendre ce mot-là. C'est plus flexible.
Mme Maccarone : Bien, plus flexible,
mais beaucoup plus de marge de manoeuvre aussi, là. Tu sais, je comprends, du
point de vue du gouvernement, c'est beaucoup plus flexible, mais, pour que les
gens qui nous suivent comprennent le processus réglementaire, il y a sans aucun
doute une consultation de 45 jours. Un règlement est déposé. Les
partenaires sont supposément avisés qu'il va y avoir un projet de règlement.
Ils ont 45 jours, 60 jours, à la
guise du gouvernement, pour répondre à ce règlement, mais, avec les lignes
directrices, on n'a pas besoin de consulter. Donc, on revient au premier
débat où on a dit : Oui, O.K., on a des consultations, mais il y a zéro
obligation. Ça fait que, si c'est vraiment le cas, de vouloir consulter, si
c'est sûr et certain qu'on veut avoir du poids dans cet article, pourquoi ne
pas choisir un règlement?
M. Bonnardel : ...mentionné voilà
deux semaines déjà, il existe déjà des lignes directrices, exemple, qui concernent l'exclusivité de fonction des policiers
qui détiennent un poste d'encadrement. Donc, ce n'est pas nouveau, ce
qu'on met dans la loi aujourd'hui. C'est déjà attitré à une ligne spécifique,
là, pour l'article 118 de la Loi sur la police. Donc, voilà.
Puis, à la
fin, comme je vous l'ai déjà mentionné, on ne fera pas ça seuls dans notre
coin, là. Les partenaires qui ont passé ici en consultations seront
nécessairement consultés pour être capables d'avoir une ligne qui va
uniformiser ce travail important que les policiers ont à faire lors des
interpellations ou interceptions sans motif discriminatoire.
• (15 h 50) •
Mme Maccarone : ...pas une question
de nouveauté, c'est une question de cohérence, c'est une question de valeur légale. Ce que je comprends, c'est que la
ligne directrice, pour tous les gens qui nous suivent, n'a aucune valeur
légale parce que c'est le règlement qui a
tout le poids. Ça fait que, dans le fond, cet article est quand même banal,
parce qu'on peut faire le débat, mais on n'a
vraiment pas besoin de faire une consultation. Si on ne suit pas la ligne
directrice, bien, on n'a pas à s'inquiéter, parce que c'est le règlement qui
compte. Ça fait que c'est des suggestions. C'est des suggestions qui, après une
consultation potentielle, peut-être... qu'on va pouvoir mettre à l'oeuvre, mais
ça va être à la remorque du règlement. Ça fait que pourquoi ne pas juste avoir
un règlement ou pourquoi ne pas oublier cet article et juste parler du
règlement plus tard?
M. Bonnardel : On a établi que
c'était, pour nous, la meilleure façon de travailler avec les partenaires pour
avoir une ligne directrice sur ce point spécifique, qui va amener, par la
suite, si, malheureusement, il y avait motif discriminatoire lors d'une
interception... qui va nous amener, dans le futur règlement, sur des sanctions
possibles que le policier pourrait avoir.
Mme Maccarone : Oui. Moi, bien, encore
une fois, ça m'amène à... Quand même, je trouve ça particulier. Je trouve ça... Vraiment, c'est un manque de
cohérence, pour moi. Je trouve que ça ne suit pas la directive de ce
qu'on souhaite faire. Il n'y a aucune valeur légale ici. C'est le règlement qui
compte. Ça fait qu'on est en train d'adopter un article qui ne va amener aucun
poids. Puis aussi on n'a aucune idée c'est quoi, les intentions du
gouvernement, parce que... Même ce qui est écrit dans le mémoire qui est déposé
au Conseil des ministres, ça ne se traduit pas ici, dans cette loi, mais, dans
les documents que nous avons reçus du gouvernement, on sait qu'un projet de
lignes directrices visant les interpellations policières, incluant les
interceptions routières, est en préparation pour l'étude détaillée du projet de
loi.
Alors,
je demanderais au ministre de déposer le projet de lignes directrices pour que
tout le monde peut avoir une idée, tout le
monde peut être consulté, surtout qu'il n'y a aucun poids légal. Ça fait qu'au
moins les partenaires, ceux qui sont ici, je vois l'APPQ qui sont avec
nous... Je pense qu'ils auront quand même un intérêt de savoir c'est quoi, les lignes directrices. Peut-être, le
gouvernement, M. le ministre, il accepterait au moins de déposer les
orientations. C'est un document que vous, vous avez fourni à nous, puis
que, dans votre document, c'est écrit que c'est prêt pour l'étude détaillée de
cette loi. Ça fait que je présume que le document est entre vos mains puis que
nous pouvons le déposer pour une consultation de tout le monde qui suit nos
travaux.
M. Bonnardel :
...sera discuté, défini et travaillé avec les corps de... avec les
différents corps de police.
Mme Maccarone : Bien, encore une fois,
c'est un manque de cohérence. Ce qu'on voit, c'est... La consultation, la porte est fermée, parce qu'on avait déjà parlé
de ça. On a demandé d'avoir le projet de lignes directrices
qu'apparemment on sait que c'est prêt. C'est la démonstration d'un manque de
transparence pour un sujet qui est très important pour toutes les parties prenantes, que tout le monde souhaite s'exprimer
avant l'adoption de cette loi. Ça fait que nous avons une occasion en or de s'assurer qu'on a une
discussion transparente avec tous les groupes. Alors, je ne comprends
pas la réponse du ministre, en disant que ça
va se faire en temps et lieu, à un autre moment, quand on sait que c'est prêt,
quand on sait que les partenaires sont ici,
quand on sait que tout le monde qui nous écoute, ils ont hâte à être consultés,
et de participer dans ce débat, et
d'amener de la lumière en ce qui concerne des lignes directrices qui n'ont
aucune valeur légale.
Le Président (M. Bachand) : J'aurais le député de Laurier-Dorion qui... D'autres interventions, M.
le député de Laurier-Dorion, sur 97?
M. Fontecilla :
Oui. Je vous entends, M. le ministre, et j'aimerais en connaître davantage,
là, sur, comment dire, les raisons pour lesquelles il décide d'aller du côté
des directives, qui seront établies 60 jours après l'adoption du projet de loi, et ne pas aller vers l'application
immédiate, dans ce projet de loi là, de la recommandation de son... du
Groupe d'action contre le racisme, formé par des députés de son gouvernement,
là, qui établissait clairement l'interdiction
des interpellations, là, et d'autres acteurs, là. Et j'ai très bien entendu les
explications du ministre, là, sur, comment dire, l'utilité exprimée par
notre collègue, là, anciennement... anciennement policier, là, des
interpellations, là, mais j'aimerais connaître, sur...
Est-ce qu'il y a, en
ce moment, des recherches, un corpus de connaissances, là, qui nous indiquent
l'utilité des interpellations aléatoires, dont on sait déjà, en partant,
qu'elles ont un effet délétère, ça fait du profilage racial? Mais quelle est
l'utilité, là? Pourquoi le ministre tient tant, là, à garder la possibilité que
les forces policières puissent utiliser les interpellations aléatoires, là?
Qu'est-ce que ça nous... Tient-il sa connaissance d'un quelconque rapport, une
étude, un ensemble d'études? Quels sont les bénéfices de garder cette
disposition-là?
M. Bonnardel : ...votre gouverne, M. le
député, en 2022, il y a 3 500 conducteurs qui ont reçu une
contravention pour conduite sans permis de conduire à la suite d'une
interception aléatoire. C'est 16 %, ça, des contraventions totales qui ont été émises. En 2022, c'est
1 064 conducteurs qui ont été arrêtés pour la capacité de conduite
affaiblie à la suite d'une
interception aléatoire, 29 % des arrestations au total. Alors, j'ai
souvent répété que les policiers font un travail important pour les raisons x, y qu'ils ont eues d'arrêter ou de
suspecter quelque chose. Bien, vous en avez le constat ici.
M. Fontecilla :
Donc, vous nous dites, il y a eu 3 000, en 2021 ou...
M. Bonnardel :
2022.
M.
Fontecilla : ...en 2022, 3 000 quelque chose de contraventions
pour différentes raisons.
M.
Bonnardel : 3 500 conducteurs qui n'avaient pas un permis de
conduire valide...
M.
Fontecilla : O.K., permis de conduire valide, et
1 200 personnes qui ont été...
M.
Bonnardel : ...et 1 064 conducteurs qui étaient sous
l'influence de l'alcool.
M.
Fontecilla : Parfait. Donc, oui, je vois qu'il y a des personnes. Et
ça, pour un ensemble de combien d'interpellations, là?
M.
Bonnardel : Au total, à peu près 25 000.
M.
Fontecilla : 25 000. Est-ce que vous avez fait une règle de trois
pour établir le pourcentage?
M. Bonnardel :
Bien, je vous donne les statistiques, là, qui sont du ministère. Est-ce que
vous considérez que ces interpellations
n'étaient pas adéquates ou vous ne considérez peut-être pas qu'on a peut-être
sauvé une vie avec ça?
M.
Fontecilla : Tout à fait, mais... Non, non, je ne dis pas ça, M. le
ministre. Ne me mettez pas des mots dans la
bouche, là. Mais ce que je comprends, donc, c'est que vous... En ce moment, la
façon d'opérer, là, concernant cette pratique-là, c'est qu'on lance un très grand
filet avec des mailles très petites, et on arrive à trouver des
personnes... des personnes qui sont fautives, là, à différents titres, par
exemple sans permis de conduire ou des facultés affaiblies. Donc, c'est
1 064 personnes qui ont été trouvées avec des facultés affaiblies sur
un ensemble d'à peu près 25 000...
M.
Bonnardel : Non, sur 3 638.
M.
Fontecilla : Moi, je veux savoir l'ensemble des interpellations
routières.
M.
Bonnardel : Je vous ai dit 1 064 conducteurs...
Le
Président (M. Bachand) : Je veux juste
vous demander de vous donner un petit temps pour qu'on puisse bien vous suivre,
s'il vous plaît. Alors, merci. Alors, continuez.
M.
Bonnardel : 1 064 conducteurs arrêtés avec facultés affaiblies,
interceptions aléatoires, sur 3 638.
M.
Fontecilla : Sur l'ensemble du Québec?
M.
Bonnardel : Oui.
M. Fontecilla :
Donc, 3 000 personnes,
un tiers des personnes interpelées, avaient les facultés affaiblies dans
le...
M.
Bonnardel : Un sur trois.
M.
Fontecilla : O.K. Et, lorsque vous m'avez dit 25 000, là, vous
faisiez référence à quoi?
M.
Bonnardel : Ça, c'est la totalité, là, la totalité, sur ceux qui ont
été interceptés pour des motifs x, y. Là, je vous parle de ceux qui n'avaient
pas de permis de conduire valide et ceux qui étaient sous l'influence de
l'alcool.
M.
Fontecilla : O.K. Donc, pour les 25 000 dont vous... que vous
mentionnez, là, c'est des gens qui avaient commis une infraction qui a été
constatée par un policier, là, il a tourné à gauche dans une rue où est-ce
qu'il n'avait pas le droit, donc quelque chose d'objectif, une faute objective.
Il y en a eu 25 000. Dans ce 25 000, il y en a eu 3 000...
autour de 3 000 qui... c'était une interception... une interpellation,
pardon, aléatoire, et, sur ces 3 000, il y en avait 1 000 qui étaient
avec facultés affaiblies.
M.
Bonnardel : Sur 3 638, il y en avait 1 064 qui étaient sous
l'effet de l'alcool.
M.
Fontecilla : Très bien. Est-ce que vous tenez, M. le ministre, là, des
données, là, sur l'évolution à travers le
temps, là, des personnes avec facultés affaiblies, là? Est-ce qu'on peut
constater à travers le temps que ça augmente, ça descend, ça se maintient, etc.? On sait qu'au début des années 90,
là, c'était un véritable fléau. D'ailleurs, c'est là qu'on a introduit
la possibilité des interpellations aléatoires. Le juge Yergeau a démontré que
cette possibilité-là... cette réalité-là, la
conduite avec facultés affaiblies, avait grandement diminué à travers le temps,
là, mais est-ce que vous êtes en mesure de constater la même chose avec
les données que vous... dont vous disposez?
• (16 heures) •
M.
Bonnardel : Je n'ai pas les chiffres complets sur l'ensemble du
Québec, mais il reste que, oui, tout à fait, le bilan routier s'améliore avec
les années. Mais la consommation d'alcool... On n'arrêtera jamais, jamais assez
de faire de la publicité préventive, de sensibiliser les jeunes, surtout.
Malheureusement, regardez le dernier week-end, là, c'est 11 décès sur nos
routes, pas tous sous l'effet de l'alcool, là, mais il reste quand même que la
sécurité routière est extrêmement importante. Comme ancien ministre des
Transports, on a travaillé maintes et maintes fois avec la SAAQ, puis on doit
continuer de travailler avec la SAAQ pour sécuriser nos routes. Mais il reste
que le bilan s'améliore. C'est quand même un peu stable, là, depuis quelques
années, mais il s'améliore.
M.
Fontecilla : Il s'améliore concernant les facultés... la conduite avec
facultés...
M. Bonnardel :
Je n'ai pas les chiffres exacts, là, la combinaison sur tout le territoire
québécois, là, mais c'est le bilan... Le bilan sur l'ensemble du Québec reste
quand même assez stable.
M.
Fontecilla : Tout à fait. Je vous pose cette question-là, M. le
ministre, là, parce que... Vous connaissez l'expression, là, le remède de
cheval, donc, dans ce cas-ci, là, on a une problématique, là, qui est à
l'origine de cette disposition-là, donc diminuer la conduite avec les facultés
affaiblies, et on introduit un élément légal, là, qui permet... qui donne à la
société, à travers son bras policier, là, la possibilité d'intervenir, les
interpellations aléatoires, qui constituent quand même... qui posent des... un
certain nombre de problématiques, là, au nom de nos libertés fondamentales,
mais pour un but qui est justifié, là, diminuer la conduite avec facultés
affaiblies, là. Donc... Mais il produit un effet délétère, et on le sait, là,
et je pense que vous en êtes conscient, là, ça produit du profilage racial.
Donc, on a ces facteurs-là, et on doit... et ils
doivent être proportionnels les uns avec les autres, et là vous proposez de garder cette possibilité-là, les
interpellations, là, au nom des facultés... de la répression du... de la
conduite avec les facultés affaiblies. Est-ce qu'il y a
d'autres raisons, M. le ministre, là, qui vous... qui justifient le maintien de
cette disposition-là?
M. Bonnardel : Bien, je peux donner
des statistiques, M. le député. On a sorti de la route... Je ne vous ai pas donné,
là, ceux qui n'avaient pas un véhicule, en plus, non immatriculé ou non assuré,
là. C'est 1 581. On a sorti de la route, grosso modo, 3 500... ça
fait près de 6 000 en 2022, 6 000 personnes qui avaient... qui
étaient sous l'effet de l'alcool, qui avaient un permis de conduire non valide,
qui avaient un véhicule non assuré ou non immatriculé. Bien, je vais vous dire
une chose, si on a sauvé une vie, une vie dans tout ça, puis sûrement qu'on a
sauvé une vie dans tout ça, bien, c'est un gain, ces interceptions. C'est un
gain aléatoire. C'est un gain.
M. Fontecilla : Tout à fait. Est-ce
que vous pensez que tout cet effort-là, et je reconnais les bénéfices
éventuels, là, ça doit se faire, même si ça produit du profilage racial?
M. Bonnardel : M. le député, vous
essayez d'insinuer qu'à cause de ça la... une majorité de policiers...
M. Fontecilla : Je n'ai pas insinué
ça. Ne me mettez pas des mots...
M.
Bonnardel : Bien... bien, vos questions sont sur une ligne...
C'est une ligne très mince, là, une ligne très mince.
M. Fontecilla : Excusez-moi, là, M.
le Président, là, il y a un procès d'intention ici, là.
Le Président (M.
Bachand) : Faites juste attention, M. le
ministre. Allez-y, oui.
M. Bonnardel : ...ces interceptions
aléatoires sont importantes pour le travail des policiers. Je vous le répète,
c'est 6 000 véhicules, 6 000 personnes qu'on a arrêtées,
qu'on a sorties de la route, qui auraient pu tuer un enfant, une mère, un père
en marchant sur la rue. On en a sorti 6 000. Donc, ces interpellations,
interceptions vont rester pour que les policiers fassent leur travail. Puis,
au-delà de tout ça, l'encadrement des lignes directrices va nous empêcher
d'avoir, possiblement, possiblement, malheureusement, peut-être un jour encore,
des interceptions avec un motif. J'ose croire que non, que ça n'arrivera plus,
j'ose croire que non, mais on va se donner tous les outils, tous les outils.
Puis aujourd'hui je vous donne des preuves que ce travail, que ces interceptions
sont importantes pour les policiers. Puis il faut leur faire confiance, parce
qu'avec ça, aujourd'hui, on a peut-être sauvé des vies. Puis on en a assurément
sauvé, même si on ne peut pas le quantifier.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de Laurier-Dorion. Après ça, j'aurais
la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Est-ce que...
Le Président (M.
Bachand) : Ah! allez-y, oui.
Mme Maccarone : Est-ce que ça, c'est
un rapport que le ministre peut déposer?
M. Bonnardel : Non. C'est des
informations que nous avons de différents policiers.
Mme
Maccarone : Ça fait que... C'est ça. Ça fait que ça veut dire,
nous, il va falloir qu'on fait des demandes à l'accès à l'information
pour avoir accès...
M. Bonnardel : Bien, ça me fait
plaisir, ça me fait plaisir de vous les donner, là. Je vous les donne.
Mme Maccarone : Parfait. Ça fait que
c'est un document qui peut être...
M. Bonnardel : Bien, voulez-vous que
je les répète?
Mme Maccarone : Bien, il pourrait
être... Bien, moi, je souhaite avoir une copie de ce rapport avec toutes les
informations, pour le bénéfice de tout le monde qui nous suit, qui suit les
travaux, que tout le monde...
M. Bonnardel : ...des informations que
je peux vous donner. Je ne peux pas déposer le document, mais je vous donne les
informations que je peux vous donner.
Mme Maccarone : Vous comprendrez...
M. le Président, évidemment, c'est dommage, parce que c'est un manque de
transparence. Les gens qui nous suivent... pas parce que je ne crois pas dans
la parole du ministre ou les informations qu'il est en train de partager avec
nous, mais ça reste qu'on partage de l'information, mais on n'a aucune idée du
rapport ou les autres données pour nous donner aussi du contexte. Ça fait que
ça aurait été important, je pense, même, le partage de ce rapport et ces
informations. Ça fait la preuve de transparence puis ça contribue exactement de ce que nous sommes en train d'étudier ici, à
en faire le débat. Ça fait qu'on n'est pas équipés, dans la banquette des oppositions, pour parler au même
sujet du ministre, parce qu'on n'a pas accès aux mêmes informations.
Puis même les groupes qui nous suivent, ils
n'ont pas accès aux informations pour contribuer à nos travaux. On sait que, sur le Greffier, on reçoit beaucoup
d'informations, beaucoup de commentaires des citoyens, des regroupements.
Je pense qu'il y en a plusieurs qui seront intéressés à avoir une copie de ce
rapport pour mieux suivre nos travaux puis aussi
mieux comprendre de quoi on parle, parce que ces statistiques-là, il me semble,
sont très importantes puis elles sont remplies de l'information qui
serait instructive pour nous lors du débat en ce qui concerne cet article en
question.
Puis je reviens aussi... Bien, l'autre chose, M.
le Président, que je ne comprends pas... Le ministre peut au moins le déposer
juste pour le bénéfice des membres de la commission. Ça fait que ce n'est pas
nécessairement de déposer un article pour que ce soit public, mais au moins
pour consultation, pour nous, dans le Greffier. Est-ce que ça, ce serait
acceptable?
M. Bonnardel : Je ne suis pas habile
à le déposer présentement, n'ayant pas l'autorisation pour le moment. Alors, si
je peux le déposer, je vous le donnerai.
Mme Maccarone : C'est le
gouvernement qui a recensé toutes ces informations?
M. Bonnardel : C'est les
partenaires.
Le Président (M.
Bachand) : Juste... On m'informe, là, que
le rapport a été déposé. Donc, il n'est pas public.
Il se situe dans Correspondance. Donc, le rapport statistique fait partie d'une
documentation complète. On vient de vérifier, là. Donc, vous avez accès
à ce rapport-là. Mais, cela étant dit, c'est pour le travail des membres de la
commission. Il n'est pas public.
Mme Maccarone : Merci. Je veux
revenir un peu sur les paroles du ministre, parce que j'entends le cri du coeur
de dire : Même si ces données ont pu sauver une vie, bien, c'était utile.
Bien, je dirais, juste pour parler un peu du mandat d'initiative que j'avais
déposé, c'est ça, le but, hein, du mandat d'initiative que j'avais déposé pour
étudier les cas de violence, puis l'état mental perturbé, puis qu'est-ce qui se
passe dans les portes tournantes ici, au Québec. Même si on peut sauver juste
une vie, j'espère... Puis j'espère que le gouvernement va accepter d'étudier ce
mandat d'initiative, parce qu'on ne peut plus perdre des vies de cette façon.
Puis le mandat d'initiative va encore beaucoup
plus loin de ce que nous avons entendu dernièrement en termes d'initiative du
gouvernement. Encore une fois, une vie perdue, c'est une vie de trop. Puis ce
mandat d'initiative peut nous aider non seulement à protéger nos policiers qui
sont là pour nous protéger, mais aussi pour protéger la population puis les
personnes concernées qui souffrent des problèmes de santé mentale. Ça fait
qu'en espérant que, lors de l'étude en
séance de travail de ce mandat d'initiative, le gouvernement va accepter de
poursuivre, parce que, selon ce que le ministre dit, bien, une vie, seulement
une vie, c'est important. Ça fait qu'on partage le même point de vue.
Dans la ligne directrice, qui, encore une fois,
il y a zéro valeur légale, est-ce qu'il va y avoir des définitions? Parce que, je reviens au document qui était déposé
au Conseil des ministres, on parle de l'interpellation policière, on
parle de l'interception routière, mais là on parle d'interception aléatoire.
Est-ce que ça, ça va faire partie des définitions? Est-ce qu'on va aussi avoir
une définition d'«interpellation criminelle»? Parce que c'est toute une
terminologie qu'on a entendue lors des consultations particulières.
Puis est-ce que le ministre va se baser sur des
définitions qui sont fournies comme par la Ligue des droits et libertés, qui
est fournie par les regroupements des policiers? Comment il va se baser sur les
définitions, si c'est oui, si toutes ces définitions vont aussi être comprises
dans cette ligne directrice?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Bonnardel : ...commentaire, je
l'ai déjà dit plusieurs fois, que ces lignes vont être définies, pour les
interceptions et les interpellations, en partenariat avec nos corps de police,
nos partenaires des différents corps partout sur le Québec, incluant la Sûreté
du Québec.
Mme Maccarone : Puis c'est qui qui
sera consulté?
M. Bonnardel : Nos partenaires
policiers seront consultés et ceux que nous avons rencontrés aussi, qui sont du
côté, nécessairement, des plaignants, si je peux le dire ainsi.
Mme Maccarone : Société civile.
M. Bonnardel : Société civile,
voilà.
Mme
Maccarone : Ça fait que la société... Mais quels groupes, en
particulier, seront consultés pour participer? Est-ce que c'est «at large», n'importe qui qui souhaite contribuer aux
travaux dans cette ligne directrice, qui va engendrer beaucoup
d'intérêt? Est-ce que tout le monde va pouvoir contribuer?
M. Bonnardel : On
va définir ça, quand la loi sera adoptée, avec les différents partenaires qui
ont déjà été impliqués dans le travail.
Mme Maccarone : C'est frustrant, M.
le ministre. J'ai un amendement à déposer, M. le Président, si nous pouvons
suspendre.
Le Président (M.
Bachand) : Parfait. Est-ce qu'il est prêt?
Mme Maccarone : Presque.
Le Président (M.
Bachand) : O.K. Puis, juste pour la suite
des choses, si tout le monde est d'accord, lorsqu'il y a un amendement à un
article, on est capables, dépendamment où on en est rendus, de suspendre
l'article avec un amendement et de continuer l'étude détaillée aussi. Je vous
lance ça comme ça pour... parce qu'on a quand même plusieurs autres articles à
regarder.
Mais, pour l'instant, on suspend quelques
instants. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 10)
(Reprise à 16 h 13)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
s'il vous plaît.
Mme Maccarone : Oui.
Article 97 : Ajouter, au premier alinéa de l'article 307.1 de la
Loi sur la police, proposé par l'article 97 du projet de loi, après les
mots «Le ministre doit étalir,», les mots «par règlement,».
L'article se lira ainsi :
97. Cette loi est modifiée par l'insertion,
après l'article 307, du suivant :
«307.1. Le ministre doit établir, par règlement,
à l'égard des corps de police et de leurs membres, une ligne directrice
concernant les interpellations policières, y compris les interceptions
routières effectuées en vertu de l'article 636 du Code de la sécurité
routière (chapitre C-24.2), et de la rendre publique.»
Je vois qu'il y a une petite coquille dans la
façon que c'est écrit. C'est marqué «étalir», puis ça devrait être «établir».
Mais je pense que les membres se permettent de poursuivre les travaux. Voilà.
Ça fait que, dans le fond, pour expliquer
l'orientation de cet amendement, c'est pour être conséquents avec nous-mêmes,
avec les débats que nous venons tout justement de mener. Je pense que, par
mesure de cohérence, si ce que nous avons entendu de M. Morneau, qui disait
que les lignes directrices se relèvent au règlement, puis, dans le fond, c'est le règlement... Bien là, il dit non.
Peut-être, ce n'est pas ça que j'ai compris. On va lui laisser la parole
pour expliquer encore une fois. Mais les
lignes directrices qui n'ont aucune valeur légale dans cette loi, mais c'est le
règlement qui mène quand même puis c'est le règlement qui porte toute la valeur
légale en termes d'application, je pense qu'on fait fausse route si nous ne
faisons pas référence au règlement en question, comme ça faisait partie de
l'explication. On a quand même dit que les lignes directrices font partie du
règlement en question.
Alors, nous devons faire la référence ici, en
plus que nous savons, si on travaille par règlement... Comme j'avais expliqué
tantôt, M. le Président, des règlements, ça nécessite... c'est exigé,
avoir des consultations, ça fait que... des consultations qui seront envoyées.
Ça va être public pour tous les gens qui souhaitent aussi donner des
commentaires en ce qui concerne les règlements en question. Ça fait que voilà
les orientations de pourquoi nous avons déposé cet amendement.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Interventions
sur l'amendement? M. le ministre.
M. Bonnardel : Bien, répéter ce que
j'ai dit en 60 secondes, là, que, pour nous, il y avait plus de
flexibilité pour établir ces lignes
directrices, pour, nécessairement, faire participer les différents corps de
police, que ce soient les municipaux,
les... la Sûreté du Québec et les partenaires de la société civile, pour
être capables d'établir ces lignes, qui vont nous permettre d'avoir un chapeau principal sur ce qui est déjà, déjà
interdit par l'ensemble des corps de police aujourd'hui, d'avoir des
interceptions, interpellations avec motifs discriminatoires. Donc, voilà. Et on
n'ira pas plus loin que ça.
Le Président (M. Bachand) : Merci.
Interventions sur l'amendement? Mme
la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Bien, il me semble,
notre demande est claire, parce que... Il y a quand même de la flexibilité,
quand on parle des règlements, parce que c'est le ministre qui fait, c'est son
ministère qui le fait.
Mais je souhaite, M. le Président... Si
M. Morneau, il accepte d'expliquer encore une fois comment ça fonctionne,
la ligne directrice, puis pourquoi la ligne directrice et non le règlement, ça
va peut-être nous éclaircir pourquoi on n'a pas besoin d'avoir cet amendement.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre.
Une voix : ...
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mme Maccarone : Bien, moi, je
souhaite entendre M. Morneau expliquer encore une fois, s'il vous plaît, parce qu'apparemment j'avais mal compris les
lignes directrices en ce qui concerne le règlement puis pourquoi qu'on a
fait le choix d'utiliser une ligne directrice. Je comprends qu'il y a plus de
souplesse, mais la ligne directrice, qui n'a aucune valeur légale, qui n'est
pas encadrée... Mais là il dit non, mais... C'est ça.
Mais je souhaite mieux comprendre, d'abord,
parce que, dans le fond, on a vraiment besoin d'avoir un règlement pour s'assurer qu'il y a une
consultation puis que tout le monde va pouvoir s'exprimer là-dessus. Les
lignes directrices, ça se fait quand même derrière les portes closes. Les
règlements, ce n'est pas la même chose.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? Mme la
députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme
Maccarone : On ne laisse pas... On ne donne pas la parole au
sous-ministre pour répondre à cette question.
Le Président (M.
Bachand) : Écoutez, c'est la...
M. Bonnardel : On a déjà expliqué en
quoi les lignes directrices étaient importantes, qui nous amènent à des
sanctions disciplinaires, on a déjà expliqué ça, qui peut même aller,
malheureusement, si c'était le cas, jusqu'au congédiement.
Les lignes directrices vont amener des consultations avec nos différents
partenaires, société civile ou autres, où
on va établir, 60 jours après l'adoption de la loi, ces lignes directrices
qui vont accompagner le travail des policiers.
Mme Maccarone : Les règlements
figurent partout dans cette loi mais pas ici, partout, partout, partout dans
cette loi mais pas ici, à l'article 97. Leur réponse en dit long, M. le
Président. Le silence parle en ce qui concerne ceci. C'est la démonstration que
cet article ne vaut pas grand-chose.
Ça fait que, si on ne fait pas règlement,
bien... puis on fait par règlement ailleurs, mais ici on fait uniquement par
lignes directrices, puis les lignes directrices sont à la remorque d'un autre
règlement ailleurs, bien, ça veut dire que les lignes directrices ne vaut pas
grand-chose, parce qu'il y a zéro valeur légale.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions? M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui. Comme ma
collègue, là, j'ai de la difficulté à comprendre l'utilisation de cette
forme-là, la ligne directrice. Et, je ne sais pas, peut-être que le ministre
pourrait nous indiquer d'autres domaines de l'action gouvernementale où on utilise la ligne directrice tout en la rattachant
avec des sanctions, ce que nous... encadrement, etc., mais c'est les
sanctions, surtout, qui nous qui nous intéressent, là.
Et le ministre
n'a pas... n'a pas encore tout à fait expliqué, là, pourquoi avoir choisi la
voie de ligne directrice et non pas
la voie d'un règlement, là, tel que ça se fait de façon générale, là. Ça,
est-ce parce que c'est plus facile de changer? Peut-être. Ça pourrait
être valable d'avoir une flexibilité dans une ligne directrice et... afin de
s'adapter plus... plus rapidement à une
réalité, mais qu'il nous le dise, qu'il nous le dise, si c'est, effectivement,
pour avoir plus de flexibilité, là.
Mais je pose la question : Est-ce que... Le
concept, tel qu'il est utilisé ici, ligne directrice, est-ce qu'il est utilisé
dans d'autres domaines de l'action gouvernementale ou c'est vraiment une
création, là, spécifique, là, pour le ministère de la... le ministère de la Sécurité
publique?
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup.
M. Bonnardel : J'ai déjà mentionné,
M. le Président, que ça existe déjà pour l'article 118 de la Loi sur la
police, qui sont les lignes directrices qui concernent l'exclusivité de fonction
des policiers qui détiennent un poste d'encadrement. Voilà.
• (16 h 20) •
M. Fontecilla : Très bien. Parce
qu'une ligne directrice, ça correspond davantage au mode d'organisation policier, là, au Québec, c'est-à-dire chaque
service de police est autonome, il possède une certaine autonomie.
Chaque corps de police a ses propres
règlements, etc., là. Donc, pour chapeauter le tout, c'est mieux d'utiliser la
ligne directrice qu'un règlement général ou... Est-ce que ça correspond
peut-être au mode de fonctionnement de la police, là? Et, en même temps, je lui
mets des mots dans la bouche, là, il va me dire, là.
M. Bonnardel : J'ai expliqué
plusieurs fois. Je n'ai pas d'autre commentaire.
Le Président (M.
Bachand) : Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme
Maccarone : ...comprend que, dans un règlement, il y a quand même
beaucoup de flexibilité. Le ministre a dit qu'on avait besoin de flexibilité,
puis c'est pour ça qu'on fait le choix de la ligne directrice, mais ça reste
qu'un règlement n'est pas adopté tout de suite. Un règlement qui est déposé,
qui est vu dans la Gazette, à partir de mercredi,
il y a 45 jours de consultations, puis après il y a une marge de manoeuvre
pour faire des changements suite aux informations que le ministre a reçues
après les consultations.
Moi, ce que je
constate ici avec les lignes directrices, qu'en plus on sait qu'elles sont
prêtes, on sait qu'elles sont prêtes, puis le gouvernement ne souhaite... il
refuse de les déposer pour consultation, c'est qu'il n'y aura pas grand
consultation en ce qui concerne ces lignes directrices. Sinon, on aurait fait
un règlement.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Autres
interventions? M. le député de Laurier-Dorion.
M.
Fontecilla : Je voulais savoir si le ministre va consulter ses
partenaires et l'ensemble du milieu, les parties prenantes dans ce dossier-là,
sur les lignes directrices.
M.
Bonnardel : On vous a déjà répondu oui.
M. Fontecilla :
Oui. Est-ce que... Peut-il nous
spécifier, là, c'est qui, les parties prenantes? C'est tout le monde? C'est l'ensemble des organismes? C'est tous les...
seulement les corps policiers? Quel est son périmètre de consultation?
M.
Bonnardel : Je vous ai déjà répondu que ça allait être les corps
policiers et les différents partenaires avec lesquels on a travaillé dans les
derniers mois.
M.
Fontecilla : Est-ce qu'il y a des parties civiles, là, dans cette
consultation-là?
M.
Bonnardel : Absolument.
M.
Fontecilla : Pourrait-il nous en nommer?
M.
Bonnardel : Non.
M.
Fontecilla : Est-ce que ces consultations-là vont être publiques?
M.
Bonnardel : On a 60 jours pour discuter avec les différents
partenaires, comme je l'ai mentionné, pour déposer ces lignes directrices, qui
seront, nécessairement, diffusées après l'adoption de la loi, donc,
60 jours après l'adoption de la loi.
M.
Fontecilla : Est-ce qu'il... Ne croit-il pas que 60 jours pour
faire une bonne consultation et entendre véritablement les avis qui peuvent
être contraires est suffisant, là? Ce n'est pas un peu trop court, M. le
ministre?
M.
Bonnardel : Je pense que, deux mois, on a amplement le temps.
M.
Fontecilla : Pardon?
M.
Bonnardel : Deux mois, on a amplement de temps.
M.
Fontecilla : Pour faire une bonne consultation, là.
M.
Bonnardel : Deux mois, oui, tout à fait. On ne part pas de zéro,
M. le député, là. On a déjà... C'est déjà interdit, là, dans la loi, les interpellations avec motifs. C'est déjà
interdit. On ne part pas de zéro, là. On part déjà avec des éléments qui
accompagnent les policiers dans leur code de travail, de déontologie à tous les
jours. C'est déjà... C'est déjà là, là. On ne part pas de zéro, là. Voilà.
M.
Fontecilla : Quand est-ce que le public en général va connaître le
contenu de ces lignes directrices là? Après 60 jours?
M.
Bonnardel : 60 jours.
M.
Fontecilla : Ça va être publié, là? Tout le monde pourra connaître la
teneur?
M.
Bonnardel : C'est ça.
M.
Fontecilla : Est-ce que nous pourrons... Est-ce que nous serons en
mesure de connaître aussi les entités qui ont participé aux consultations?
M.
Bonnardel : C'est les lignes directrices qui seront diffusées à cette
date.
M. Fontecilla : Donc, nous ne
saurons pas qui est consulté et qui n'est pas consulté. C'est des consultations
tout à fait secrètes que vous menez.
M. Bonnardel : M.
le député, on n'a pas 3 000 partenaires, au Québec, à la sécurité
publique, là. On a des partenaires policiers puis on a des partenaires de la
société civile avec lesquels on travaille. Ces partenaires-là, qui se
connaissent, vont nécessairement être informés, avec lesquels on va travailler,
puis on va leur indiquer où on s'en va. Puis je vous l'ai déjà dit, là, vous le
savez très, très bien, là, on ne part pas de zéro, là. Vous le...
M. Fontecilla : Mais j'espère bien.
M.
Bonnardel : Voilà,
voilà.
M. Fontecilla : J'espère bien.
M. Bonnardel : Alors, vous répondez
vous-même à votre question.
M. Fontecilla : Mais ma
question : Est-ce qu'on va connaître les personnes et les... les
personnes, oui, et les entités, les organisations qui ont été consultées?
M. Bonnardel : Ces informations vont
rester au ministère de la Sécurité publique.
M. Fontecilla : Donc, ce n'est pas
public. Si ce n'est pas public, c'est en quelque sorte secret. Voilà.
M. Bonnardel : C'est des discussions
que nous aurons avec nos différents partenaires.
M. Fontecilla : Donc, vous nous
demandez de vous croire sur parole, là, sur le fait que vous allez consulter
l'ensemble des acteurs concernés par cette question-là.
M. Bonnardel : L'ensemble peut être
cinq, peut être 10, peut être 12, peut être 15.
M. Fontecilla : Mais moi, j'ai
confiance en vous, hein, mais vous nous demandez de croire sans voir la liste
des gens qui seront ou qui ont été consultés.
M. Bonnardel : Absolument.
Le Président (M. Bachand) : Autres
interventions sur l'amendement? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Moi, je suis juste
perplexe, M. le Président, parce qu'on parle de maintenant 60 jours de
consultations, puis on parle de consultations, mais on ne veut pas adopter un
amendement qui parle d'un règlement de 45 jours. Ça fait que, dans le
fond, je trouve qu'encore une fois c'est un manque de cohérence en termes de la
direction qu'on souhaite y aller avec nos partenaires pour s'assurer que la
voix de tout le monde qui sont concernés par cette loi est entendue.
Le Président (M.
Bachand) : Interventions sur l'amendement?
S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que l'amendement est...
Mme Maccarone : Un vote par appel
nominal, s'il vous plaît.
Le Président (M.
Bachand) : Est-ce que... Vote par appel
nominal. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Pour.
La Secrétaire : M. Bonnardel
(Granby)?
M.
Bonnardel : Contre.
La Secrétaire : M. Lamothe
(Ungava)?
M. Lamothe : Contre.
La Secrétaire : Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
La Secrétaire : Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz :
Contre.
La Secrétaire : Mme Boivin Roy
(Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
La Secrétaire : M. Asselin
(Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin : Contre.
La Secrétaire : M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire : M. Fontecilla
(Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Pour.
La Secrétaire : M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement
est rejeté. Donc, on revient à 97. Autres interventions? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : J'ai un autre
amendement à déposer, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Oui. Comme je le demandais
tantôt, est-ce qu'il est prêt?
Mme Maccarone : Presque,
presque.
Le
Président (M. Bachand) :
O.K. Mais, encore là, la
directive pour essayer d'accélérer, c'est que, si jamais, avec l'accord
de tout le monde, on est capables de continuer les autres études d'articles, ce
serait apprécié.
O.K. On va suspendre quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 27)
(Reprise à 16 h 32)
Le Président (M. Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, pour un amendement.
Mme Maccarone : Oui. À
l'article 97, ajouter, au premier alinéa de l'article 307.1 de la Loi
sur la police, proposé par l'article 97 du projet de loi, après les mots
«Le ministre doit établir,» les mots «après une consultation de
60 jours,».
L'article se lira ainsi :
97. Cette loi est modifiée par l'insertion,
après l'article 307, du suivant :
«307.1 Le ministre doit établir, après une
consultation de 60 jours, à l'égard des corps de police et de leurs membres, une ligne directrice concernant les
interpellations policières, y compris les interceptions routières
effectuées en vertu de l'article 636 du Code de la sécurité routière
(chapitre C-24.2), et la rendre publique.»
Ça fait qu'on veut seulement aider M. le
ministre à être conséquent avec lui-même puis les propres paroles qu'il vient d'exprimer au micro, qu'il va y avoir
une consultation, et c'est une consultation qui va durer 60 jours.
Alors, je vois mal comment le ministre ne peut pas voter en faveur de ce
merveilleux amendement, tellement bien rédigé par l'extraordinaire Florence Thivierge, parce que, dans le fond, c'est
exactement ce qu'il vient de dire. Ça fait que, nous, ce qu'on souhaite,
c'est une cohérence puis de s'assurer que le gouvernement tienne sa parole.
Le Président
(M. Bachand) : Merci. Interventions
sur l'amendement?
M. Bonnardel : Pas de
commentaire.
Le Président (M. Bachand) : ...est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'amendement? M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla :
Oui, M. le Président. Le ministre s'est engagé à faire une consultation, et
on veut seulement que ça... aider le
ministre à confirmer cette consultation-là. Et 60 jours, bien, en fait, ça
veut dire inscrire dans le texte de loi ce qu'il s'évertue à dire à de multiples
reprises, là. Encore une fois, ce n'est que confirmer ses affirmations, ses
dires, sa volonté. Donc, ça devrait être
imprimé dans le texte de loi. Je pense que c'est tout à fait justifié comme
amendement.
Le
Président (M. Bachand) : Merci
beaucoup. Interventions? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone :
Je sens le vote, M. le Président. Ça fait que juste de dire que... Je
souhaite juste que tout le monde comprend que, si le gouvernement vote contre
cet article, le gouvernement est en train de voter contre leur propre parole de
faire une consultation, et une consultation qui dure... de 60 jours.
Le
Président (M. Bachand) : Merci.
Autres interventions?
M. Bonnardel :
...de vous dire qu'il y a une question de règlement, parce que la députée prête
des intentions. Je suis à la limite de vous le dire, M. le Président.
Le
Président (M. Bachand) : Oui. Alors,
il faut faire très attention. Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention,
est-ce que l'amendement est adopté?
Une voix :
...
Le
Président (M. Bachand) : Vote par
appel nominal, s'il vous plaît. Mme la secrétaire.
La Secrétaire :
Pour, contre, abstention. Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone :
Pour.
La Secrétaire :
M. Bonnardel (Granby)?
M. Bonnardel :
Contre.
La Secrétaire :
M. Lamothe (Ungava)?
M. Lamothe :
Contre.
La Secrétaire :
Mme Haytayan (Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan :
Contre.
La Secrétaire :
Mme Schmaltz (Vimont)?
Mme Schmaltz :
Contre.
La Secrétaire :
M. Asselin (Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin :
Contre.
La Secrétaire :
M. Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux :
Contre.
La Secrétaire :
M. Fontecilla (Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla :
Pour.
La Secrétaire :
M. Bachand (Richmond)?
Le
Président (M. Bachand) : Abstention.
Donc, l'amendement est rejeté. On revient à 97. Interventions? Mme la députée
de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone :
Oui. Pour clore le débat pour moi ici, M. le Président, étant donné que le
gouvernement a voté contre les deux
amendements qui amènent de la transparence, qui parlent de consultation, qui
parlent de règlement, qui parlent d'un terme de consultation pour
s'assurer que tous les groupes concernés par la ligne directrice que, nous
savons, est prête mais pas déposée ici... Le manque de transparence nous
préoccupe. Le manque de vouloir...
Le
Président (M. Bachand) : Faites attention. «Manque
de transparence», là, au niveau des propos parlementaires, il faut faire
attention. Alors, continuez.
Mme Maccarone :
Le manque de vouloir partager les informations que, nous savons, existent...
Le Président
(M. Bachand) : ...aussi, madame. Vous
ne pouvez pas faire... Faites attention, là.
Mme Maccarone : Bien, c'est
écrit...
Le
Président (M. Bachand) : Je comprends ce que vous
voulez dire, mais vous traitez... Faites attention. Vous donnez des
qualificatifs au gouvernement. Alors, il faut faire très attention. Continuez,
s'il vous plaît.
Mme Maccarone : Je
vais lire le document fourni par le gouvernement, qui dit : «Un projet de
lignes directrices visant les interpellations policières, incluant les
interceptions routières, est en préparation pour l'étude détaillée du projet de
loi.» J'ai demandé d'avoir une copie, le gouvernement a refusé. Le gouvernement
refuse un amendement qui parle des consultations, qui parle d'une consultation
de 60 jours. Je n'ai pas autre mot pour le mot que j'ai utilisé, en termes
de partage de l'information avec les gens qui suivent nos travaux, mais je
trouve que c'est désolant, parce que les
lignes directrices, elles n'ont pas de valeur légale, ce n'est pas un
règlement, on n'a toujours pas les définitions. Puis je ne veux pas
contredire, M. le Président, mais le mot «transparence», là, ce n'est pas
antiparlementaire.
Le Président (M.
Bachand) : ...de transparence, on est sur le bord. C'est ça, la
différence.
Mme Maccarone : Sur le bord, mais
c'est quand même parlementaire.
Le
Président (M. Bachand) :
Mais, juste pour le débat... On
est en début de... d'étude d'un projet de loi important. Alors, est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur 97?
Mme Maccarone : Bien, j'aurais
souhaité avoir plus d'information en ce qui concerne cet article, là, parce qu'encore une fois, juste pour renchérir, partout,
dans ce projet de loi, on parle de règlement, mais ici on parle de
lignes directrices. C'est préoccupant. Puis
je pense que la population puis les parties prenantes méritent à avoir plus de
clarté en ce qui concerne la direction que
le gouvernement souhaite aller avec les lignes directrices concernant les
interpellations policières.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. J'aurais le député de
Laurier-Dorion, s'il vous plaît, sur 97. Avez-vous d'autres interventions?
M. Fontecilla : Sur l'amendement?
Le Président (M.
Bachand) : L'amendement a été rejeté. Là,
on est sur 97.
M. Fontecilla : Oui. J'ai un
amendement, M. le Président. On vous l'envoie?
Le Président (M.
Bachand) : Avec plaisir.
M. Fontecilla : Dans une petite
minute. On fait une dernière...
Le Président (M.
Bachand) : O.K. On va suspendre quelques
instants.
(Suspension de la séance à 16 h 37)
(Reprise à 16 h 42)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. M. le député de Laurier-Dorion, pour votre
amendement, s'il vous plaît.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Donc, l'amendement proposé se lit comme suit : Ajouter, à la
fin de l'article 307.1, introduit par l'article 97, le texte
suivant :
«La ligne directrice doit préciser que les
policiers et les policières sont tenus d'informer, dans le cadre d'une
interpellation, que la personne interpellée n'est pas légalement obligée de
répondre aux questions ni de s'identifier, et qu'elle est libre de partir.»
Donc, cet amendement vise à préciser les
obligations policières dans le cas d'une interpellation.
Donc, M. le
Président, à titre d'explication, là, il faut se rappeler qu'une interpellation
se déroule à l'extérieur du contexte d'une arrestation, d'une détention ou
d'une enquête policière. Donc, ce n'est pas une arrestation, une interpellation. Une interpellation n'est pas une
détention, et ce n'est pas à des fins d'une enquête policière bien
établie, là. Donc, une interpellation, en
fait, est une situation où un policier tente d'obtenir l'identité d'une
personne ou de recueillir des informations auprès d'elle, là, et cette
personne n'a pas l'obligation légale de répondre, parce que ça se situe à l'extérieur de tous les
cas de figure légaux que je viens de vous mentionner. Petite précision, là, une
interpellation n'est pas non plus une
interception routière d'un automobiliste en vertu du code... de
l'article 636 du Code de la
sécurité routière.
Donc, on se retrouve
devant une interpellation où l'interpelé, l'intimé n'a pas une obligation de
répondre, mais souvent il y a une... il y a
la situation suivante, ce qu'on appelle un écart de pouvoir. Si un policier
s'approche d'une personne, d'un
jeune, évidemment, qu'il a beaucoup plus d'autorité innée que le jeune, le
jeune va être porté à donner... bien, à répondre à toutes les questions,
alors qu'il n'a pas l'obligation légale de le faire.
Donc,
cet article-là, cet amendement-là vise à ce que les membres des corps policiers
informent les personnes interpelées,
les personnes intimées, là, qu'ils n'ont pas l'obligation de répondre, de
donner leur identité ou de répondre aux questions des policiers, qu'ils sont libres de quitter puisqu'ils ne
sont pas en état d'arrestation. C'est juste une question de respecter
les droits fondamentaux de ces personnes-là. Et je suis convaincu que le
ministre est tout à fait d'accord avec le respect des droits fondamentaux des
personnes, n'est-ce pas, M. le ministre?
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Interventions? M. le ministre.
M.
Bonnardel : ...pas de commentaire. Vous m'avez déjà posé la question,
et je vous ai dit que ça pourrait, ça pourrait faire partie des discussions que
nous aurons avec les corps de police et les partenaires.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de
Laurier-Dorion.
M.
Fontecilla : Je constate l'écart de la réponse du ministre. Moi, je
propose un amendement à la loi, et le ministre me dit, me répond que ça
pourrait peut-être, éventuellement, un jour, faire partie de la discussion
éventuelle qu'il pourrait avoir, si jamais il a l'envie. Je propose un
amendement à la loi, là. Est-ce qu'il est d'accord ou pas, et pourquoi, de
l'inclure? Et pourquoi ne serait-il pas d'accord?
M.
Bonnardel : ...ça pourrait faire partie des discussions que nous
aurons avec nos partenaires. Voilà.
M.
Fontecilla : D'accord. Est-ce que le ministre est d'accord qu'une
interpellation, ce n'est pas une arrestation, n'est pas une détention, n'est
pas une enquête policière? Est-ce qu'il est d'accord avec le fait que les
personnes interpelées n'ont pas le droit de répondre aux questions d'un membre
d'un corps de police?
M.
Bonnardel : Ils ont le droit de répondre aux questions d'un policier
s'ils le souhaitent.
M. Fontecilla :
Et s'ils ne souhaitent pas?
M.
Bonnardel : C'est leur droit.
M.
Fontecilla : C'est leur droit. Est-ce que le policier devrait informer
la personne sur ce droit-là?
M.
Bonnardel : C'est ce que je viens de mentionner, ça pourrait faire
partie des discussions que nous aurons pour établir les lignes directrices.
M.
Fontecilla : Très bien. Est-ce qu'il est d'accord d'inclure cette
disposition-là dans le projet de loi?
M.
Bonnardel : J'ai dit : Ça pourrait.
M.
Fontecilla : Ça pourrait...
M.
Bonnardel : Faire partie des discussions que nous aurons avec nos
partenaires.
M.
Fontecilla : Non. Ma question est plus précise. Est-ce qu'il est
d'accord avec le fait d'inclure cet amendement-là, de voter pour l'adoption de
cet amendement-là?
M.
Bonnardel : Non. Nous voterons contre.
M.
Fontecilla : Pourquoi?
M.
Bonnardel : Je viens de vous le mentionner.
M. Fontecilla :
Vous m'avez mentionné que vous
alliez peut-être, peut-être discuter avec l'ensemble des personnes ou
d'entités, là, mais vous ne m'avez pas dit pourquoi vous n'êtes pas d'accord
avec l'adoption de cet amendement.
M. Bonnardel :
J'ai dit que ça pourrait faire
partie des discussions que nous aurons avec nos différents partenaires.
M.
Fontecilla : Très bien. C'est une question... une réponse très...
comment dire, très brève. Et est-ce que... Le
ministre pourrait-il nous informer sur la destinée des informations qu'il
obtient via les interpellations? Qu'est-ce qu'on fait
avec une personne interpelée? Elle fournit son nom et elle fournit d'autres
types d'informations ou toutes sortes d'informations, on n'est pas dans le
contexte, mais, à tout le moins, son identité et d'autres types d'informations.
Qu'est-ce qu'on en fait, de ces informations-là?
M.
Bonnardel : Les policiers, certains corps de police ont déjà, donc,
des formulaires très rapides à remplir lors
d'interpellations comme telles, et c'est ce que nous souhaiterons avoir, comme
je l'ai... on va le... on l'a déjà mentionné... je l'ai déjà mentionné publiquement, où, une fois par année, on va
obtenir ces informations qui sont colligées par les corps de police pour
que le ministère puisse être informé de toutes les informations plausibles et possibles
que nous aurons.
M. Fontecilla :
Parfait. Très bonne initiative.
Vous allez colliger les informations découlant des interpellations, là, mais, lorsqu'on obtient... On va aller au plus
simple. Lorsqu'on obtient l'identité d'une personne, là, est-ce que
ça... l'identité de cette personne-là, ça reste dans le calepin du policier ou
de la policière? Est-ce que c'est... ça s'en va dans un centre... dans un...
c'est utilisé par les services de police concernés? Est-ce que ça s'en va dans
un centre de renseignements national? Qu'est-ce que vous faites avec ces
informations-là?
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M.
Bonnardel : Bien, l'information qui est colligée par les différents
corps policiers est enregistrée, nécessairement.
Le nom de la personne, comme je vous l'ai déjà mentionné, est enregistré sur un
document, formulaire qui est assez rapide, qui doit être rapide à
remplir pour ces différents corps de police. Et c'est avec ces informations, du nombre d'interpellations ou de la raison de
l'interpellation, que moi... que... pas moi, mais que le ministère
souhaite avoir... ces informations que nous colligerons dans le futur qui
seront envoyées par les différents corps de police à chaque 1er avril.
M.
Fontecilla : Est-ce que ces informations-là sont colligées dans une
base de données?
M.
Bonnardel : Je ne peux pas vous informer explicitement, là, comment
fonctionnent les différents corps de police avec ces données qu'elles colligent
lors de ces interpellations. Je pourrais vous donner l'information quand on
aura terminé... quand je l'aurai, quand je l'aurai.
M.
Fontecilla : M. le ministre, je marche sur la rue et je suis interpelé
par un policier. Il me demande mon identité,
je lui donne mon identité. Il me demande qu'est-ce que je fais là, et je
dis : Bien, je me promène. Deux informations très simples. Ces
informations-là, le policier le prend en note, et ça s'en va quelque part, ces
informations-là, j'ose croire. Et c'est la question que je vous pose : Est-ce
que... Je n'ai pas été arrêté. Ce n'était pas à des fins d'enquête policière, et je n'étais pas... c'est ça, je
n'étais pas détenu, là. Mais est-ce que je pourrais considérer que le fait
d'avoir donné mon nom et le fait d'avoir dit que je me promène à tel endroit, à
telle heure, tel jour est une cueillette d'informations abusive, là?
M.
Bonnardel : Je ne crois pas. Encore une fois, je fais confiance au
travail des policiers.
• (16 h 50) •
M.
Fontecilla : C'est un peu court, monsieur... faire confiance.
M.
Bonnardel : S'ils décident d'interpeler pour des raisons x, y, tout
dépend. Ça appartient à chaque corps de
police. Cela appartient à chaque corps de police. Et après ça, comme je vous
l'ai mentionné, ce sont des statistiques, pas des informations, là, le
nom de la personne. C'est des statistiques que le ministère veut obtenir. Donc,
ces bases de données appartiennent aux différents corps de police.
M.
Fontecilla : C'est là où... Je ne suis pas en train de questionner la
raison pour laquelle j'ai été interpelé. Ça,
c'est un autre sujet, là. Je veux savoir, mes informations personnelles, elles
s'en vont où. Si je suis arrêté par un policier, là, mon nom va
apparaître quelque part dans un fichier, je suppose, central, et tous les
policiers du Québec, et je ne sais pas, là, pourront avoir accès à mon nom
parce que j'ai été l'objet d'une enquête... d'une détention pour une enquête
policière, j'ai été arrêté, etc. Mais, si je suis interpelé, mon nom va se
retrouver où, M. le ministre?
M.
Bonnardel : ...base de données que le corps de police... qui
appartient au corps de police.
M.
Fontecilla : Est-ce que... O.K. Parfait. Et la Ligue des droits et
libertés dit que ça va aller au Centre de renseignements policiers du Québec,
le CRPQ. Est-ce que c'est le cas?
M. Bonnardel :
Je pourrais vous donner
l'information complète, si vous le souhaitez, pour les différents corps
de police, si tout le monde fonctionne de la même manière.
M.
Fontecilla : Est-ce que, les informations qui se retrouvent au Centre
de renseignements policiers du Québec, le CRPQ, tous les policiers du Québec y
ont accès ou pas?
M. Bonnardel : Je considère que oui.
M.
Fontecilla : Dans le cadre d'une... O.K. Donc, j'ai été interpelé, peu
importe la raison, on n'est pas... on n'est
pas dans cette raison, mais, même si j'ai été interpelé, mon nom va se
retrouver dans un centre de renseignements, là. Et ce n'est pas... Est-ce que c'est justifié, selon vous, là, que,
parce que j'ai été interpelé, mon nom se retrouve dans un centre... dans
une base de données à laquelle tous les policiers du Québec peuvent avoir
accès?
M. Bonnardel :
Cela appartient aux différents
corps de police. Cela appartient aux différents corps de police. Ces données
sont colligées et ces données appartiennent aux corps de police. C'est tout.
C'est tout.
M.
Fontecilla : Est-ce que ce n'est pas une cueillette de données
abusive?
M.
Bonnardel : Ça appartient aux corps de police.
M.
Fontecilla : Je sais très bien. On a très bien compris que ça
appartient aux corps de police, là. Mais est-ce que c'est une cueillette
abusive, là?
M.
Bonnardel : Bien, si vous n'avez rien à vous reprocher, même si vous
vous retrouvez... Vous avez donné de l'information aux policiers pour des
raisons x, y, là, vous l'avez dit, x, y, ça... ces informations appartiennent
aux différents corps de police. Ces services de renseignement peuvent être
utilisés si besoin est, si besoin est. Voilà.
M.
Fontecilla : Donc, on se retrouve dans une situation où les corps
policiers peuvent amasser une énorme quantité d'informations sur des personnes
qui n'ont jamais commis aucun crime. Mais les corps de police peuvent avoir
ramassé cette information-là, et, bien, on ne sait pas ce qui se passe avec ça.
Je leur fais confiance à 100 %, encore une fois, là, mais le fait est que
les corps policiers peuvent disposer de bases de données de milliers de noms avec des personnes interpelées, qu'ils aient été
trouvés coupables de quelque chose ou qu'ils aient été innocentés, mais
ces... nos noms se retrouvent, circulent dans ces bases de données, alors que
nous n'avons commis aucun délit, aucun crime, là. C'est la situation actuelle,
si je comprends bien. Très bien.
Donc,
si on revient à l'amendement tel que je l'ai présenté, là, on sait que, lors
d'une arrestation, les policiers... vous me direz, vous me corrigerez,
vous... vous connaissez plus votre domaine que moi, lors d'une arrestation en
bonne et due forme, un policier doit lire les droits à une personne, la
personne arrêtée, n'est-ce pas?
M.
Bonnardel : S'il est en état d'arrestation, oui.
M.
Fontecilla : Parfait. Et est-ce que... Dans le cas de
l'interpellation, si c'est un policier qui nous interpelle, hein, on est... disons qu'on est plutôt porté à
répondre. S'il nous interpelle sur notre nom, sur les raisons pour
lesquelles on se trouve là ou je ne sais pas quel autre type de question,
est-ce que la personne intimée ne devrait pas non plus avoir accès à une
information de base, c'est-à-dire qu'elle peut quitter les lieux, qu'elle n'a
pas à répondre, qu'elle n'a pas à décliner son identité? Est-ce que cette
personne-là pourrait avoir... devrait avoir ces droits-là?
M.
Bonnardel : ...vous faites la différence entre la personne qui est en
état d'arrestation...
M.
Fontecilla : Tout à fait.
M.
Bonnardel : ...avec laquelle on lit ses droits, versus une personne
qui est interpelée. Ça, je pense que vous faites la distinction entre les deux.
Puis je vous l'ai dit, ces discussions pourraient avoir lieu avec les
différents partenaires, lors de nos discussions, pour établir les lignes
directrices.
M.
Fontecilla : Donc, vous ne fermez pas complètement la porte à... au
fait que les personnes interpelées puissent être informées qu'elles n'ont pas à
donner leur identité et n'ont pas... peuvent quitter les lieux librement, sans
autre conséquence.
M.
Bonnardel : C'est ce que je vous ai dit. Je vous dis : Ça
pourrait.
M.
Fontecilla : Vous êtes ouvert à cette possibilité-là. Est-ce que... Au
bout des 60 jours de la consultation que vous entendez... vous entendez
mener, est-ce que vous allez nous dire si cet aspect a été considéré ou pas
dans vos discussions ou c'est aussi...
M.
Bonnardel : Ce sont des discussions qui ont lieu avec nos partenaires.
C'est des discussions qui n'ont pas lieu dans l'espace public. C'est des
discussions qu'on a avec nos partenaires. Comme je vous l'ai mentionné, ces
discussions pourraient avoir lieu.
M. Fontecilla :
Donc, on ne sait pas si ça va se passer, on ne saura pas si ça s'est passé,
on ne sait pas si vous avez l'intention de le faire ou pas. On ne connaît
pas... On ne le sait pas, finalement, là. On n'apprend rien, là, de vos propos,
là. Bien, je n'ai pas d'autre question, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) : Merci.
D'autres interventions sur l'amendement? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui. Moi, je veux
juste dire que j'ai compris que l'article du collègue... La loi est quand même
claire. C'est écrit dans ce qui est disponible dans la Ligue des droits et
libertés puis c'est aussi écrit sur le site Web d'Éducaloi.
Moi, en ce qui concerne cet amendement, pas
parce que ce n'est pas intéressant, mais, moi, ce que j'aurais souhaité, c'est
d'avoir le projet de lignes directrices. Puis on pourrait déposer amendement
après amendement, après amendement, avoir toutes les questions qu'on souhaite
voir. Je comprends la nécessité d'avoir une souplesse puis une certaine
flexibilité. J'aurais voulu avoir plus de consultations. Ça fait que je ne
souhaite pas nécessairement le baliser ici. Je comprends ce qu'on veut faire.
Moi, mon objectif en ce qui concerne cet article, c'est de s'assurer qu'il y
aura des consultations puis que le public aura aussi leur mot à dire avant
qu'aucune ligne directrice ne soit prête, avant qu'aucun règlement ne soit
adopté. Alors, c'est juste ce que je voulais dire en ce qui concerne cet
amendement. Ce n'est pas complet pour moi, M. le Président.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci. Autres interventions sur
l'amendement? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que
l'amendement adopté?
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) : Rejeté. Merci.
M. Fontecilla : ...s'il vous plaît, M.
le Président.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Fontecilla (Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Pour.
La Secrétaire : M. Bonnardel
(Granby)?
M. Bonnardel : Contre.
La Secrétaire : M. Lamothe (Ungava)?
M. Lamothe : Contre.
La Secrétaire : Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
La Secrétaire : Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
La Secrétaire : Mme Boivin Roy
(Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
La Secrétaire : M. Asselin
(Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin : Contre.
La Secrétaire : M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire : Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Abstention.
La Secrétaire : M. Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement est rejeté. Donc, on
revient à 97. Autres interventions sur l'article 97? Alors, s'il n'y a pas
d'autre intervention, est-ce que l'article 97 est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M.
Bachand) : Sur division. Merci. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Bonnardel : On s'en va à
l'article 83, M. le Président?
Le Président (M.
Bachand) : Oui.
M. Bonnardel : L'article 83 se
lit comme suit : L'article 258 de cette loi est modifié par le
remplacement des troisième et quatrième alinéas par le suivant :
«Le gouvernement détermine, par règlement, le
contenu minimal d'un règlement de discipline pris en vertu de
l'article 256. Ce contenu minimal s'applique à tout règlement pris en
vertu de l'article 257.»
Commentaire. L'article 83 du projet de loi
propose de modifier l'article 258 de la loi afin de permettre au
gouvernement de prendre un règlement déterminant le contenu minimal d'un
règlement de discipline interne pris par une municipalité à l'égard des membres
de son corps de police.
Il précise que ce contenu minimal s'applique à
un règlement pris par le gouvernement relatif à la discipline interne des membres de la Sûreté du Québec, des membres du Service de police de la ville de Montréal et des
membres d'un corps de police spécialisé.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? Mme la
députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Juste un petit clin
d'oeil, M. le Président. Ici, on reparle de règlement, on ne parle pas de
lignes directrices. Alors, on sait qu'il va y avoir une consultation. Je
reviens à la charge en ce qui concerne les lignes directrices, encore une fois, clairement indiquées dans le document
fourni par le gouvernement, encore une fois : «Un cadre
réglementaire est en préparation en vue de l'étude détaillée du projet de loi
en ce qui concerne l'article 83.» Ça fait que je demande au gouvernement
de déposer leurs orientations, si possible.
Le Président (M.
Bachand) : Interventions sur 83?
• (17 heures) •
Mme Maccarone : Est-ce que je
comprends que ça, c'est un non? On n'a pas l'intention de partager les
documents qui sont déjà préparés?
M. Bonnardel : Je l'ai mentionné,
ces discussions auront lieu avec les partenaires, la société civile et les
corps de police.
Mme Maccarone : Ce n'est pas de ça
que je parle. Je ne parle pas des discussions que le ministre aura avec ses
partenaires. Je parle du document qui a été fourni par le gouvernement en
termes de préparatifs pour l'étude détaillée
de cette loi. Nous, nous avons reçu un document qui parle de tous les articles,
puis, dans les articles en question, quand on parle de 83, c'est marqué
clairement, en noir et blanc : «Un cadre réglementaire est en préparation
en vue de l'étude détaillée du projet de loi.» Ça fait que, moi, ce que je
demande, c'est de voir une copie des orientations puis le cadre réglementaire
qui, selon le gouvernement, est prêt.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur 83? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Ça fait qu'est-ce
que la non-réponse... Est-ce que ça, ça veut dire que c'est un non?
M. Bonnardel : Exactement.
Mme Maccarone : Bon, bien, ça, c'est
clair, M. le Président. Puis là je comprends que je ne peux pas dire que c'est
un manque de transparence, mais c'est un manque de clarté, hein, parce que je
pense qu'encore une fois... que les groupes concernés et les groupes qui participent
à ce débat, que ce soit ici, en présentiel ou que ce soit par vidéo, qui nous regardent en ligne, eux aussi, ils
auront souhaité avoir une copie de ce projet réglementaire pour mieux comprendre les orientations du gouvernement,
surtout en ce qui concerne l'article 83, article 83 qui parle d'un
contenu minimal qui s'applique à tout règlement pris en vertu de
l'article 257.
On parle quand même de la discipline en ce qui
concerne nos policiers. C'est de ça qu'on parle. Ce n'est pas banal. On n'a aucune idée qu'est-ce que ça veut
dire, mais on parle d'un contenu minimal. Est-ce qu'il va y avoir un
contenu maximal? Bien, c'est une vraie question, c'est votre libellé : «Ce
contenu minimal s'applique à tout règlement pris en vertu de
l'article 257.» Est-ce que ça veut dire qu'il y a un maximal?
M. Bonnardel : Je n'ai pas de
réponse à cette question, M. le Président. C'est «le contenu minimal», là, qui
est écrit dans l'article de la loi, là.
Mme
Maccarone : C'est quoi, un contenu minimal?
M.
Bonnardel : Bien, c'est ce qui explique... C'est ce qui encadre les
règlements de discipline, que ce soit la conduite, que ce soit la qualité du
service qui est offert, que ce soit le respect, que ce soit le serment, la
discrétion, l'intégrité, des éléments... des
éléments qui encadrent les règlements de discipline de beaucoup, beaucoup
d'ordres aussi, autres que celui des policiers, là.
Mme
Maccarone : Mais sauf que c'est votre article, ça fait que ce que je
souhaite savoir clairement, là, le pratico-pratique, un contenu minimal...
Donnez-moi un exemple de c'est quoi, un contenu minimal.
M.
Bonnardel : ...des points de règlement, de discipline qui sont
importants, là.
Mme
Maccarone : Puis ce n'est pas limité.
M.
Bonnardel : Bien, c'est un contenu minimal.
Mme
Maccarone : Est-ce que ça veut dire que ça va être automatiquement
imposé ou est-ce que le policier va avoir un droit de représentation en ce qui
concerne l'application de cet article? On parle du contenu minimal d'un
règlement de discipline pris en vertu de l'article 256, ça fait que...
Est-ce que ça veut dire que, quand on parle de règlement de discipline, c'est
automatiquement imposé ou le policier va avoir un droit de représentation lors
de l'application de cet article?
M.
Bonnardel : C'est le minimum qui est dans le... qui est inclus dans le
règlement de discipline, là. C'est un règlement de discipline.
Mme
Maccarone : Nous sommes en train de modifier la loi en question, par
contre. Parce que vous, par règlement, vous
allez ajouter quand même du contenu, ça fait que, là, c'est quand même une
modification. Je comprends qu'on va avoir une consultation, cette
fois-ci, de 45 jours, mais ça reste qu'on n'a aucune idée des
orientations, puis nous sommes en train de modifier la loi par règlement en ce
qui concerne la discipline, ça fait que...
Puis
l'autre question que j'aurais, c'est le... on parle aussi du chapitre II
dans la référence, ici, dans cet article, est-ce que... puis c'est la discipline interne. Est-ce que c'est... On
parle aussi de la Sûreté du Québec, les membres du service de la ville de
Montréal, mais pas le SPVQ, pas l'APPQ. C'est limité seulement à ces deux
corps.
M.
Bonnardel : Tous les corps de police, là.
Mme Maccarone :
Mais ce n'est pas ça qui est écrit ici, dans les commentaires. C'est
limité.
M. Bonnardel :
«...par une municipalité à
l'égard des membres de son corps de police, des membres de la Sûreté du Québec,
des membres du Service de police de
la ville de Montréal et des membres
d'un corps de police spécialisé.»
Mme
Maccarone : Mais le SPVQ, c'est-tu un membre des services de police
spécialisés?
M.
Bonnardel : Bien, c'est «par une municipalité à l'égard des membres de
son corps de police».
Mme
Maccarone : Ça fait que c'est un choix de libellé. Mais, d'abord,
est-ce que ça veut dire que ça va être automatiquement
imposé? Puis est-ce que les policiers, ici, vont avoir un droit de
représentation avant de... l'application?
Puis ce n'est pas ça
qui est écrit. C'est pour ça que c'est... Je ne comprends pas, parce qu'ici,
dans... Le commentaire, il précise que «ce
contenu minimal s'applique à un règlement pris par le gouvernement relatif à la
discipline interne des membres de la Sûreté
du Québec, des membres du Service de police de la ville de Montréal et des
membres d'un corps de police spécialisé».
Mais pourquoi qu'on ne dit pas le SPVQ? Pourquoi qu'on ne dit pas l'APPQ? Est-ce
que ça s'applique uniquement à ces trois regroupements?
M.
Bonnardel : Si je comprends bien encore votre question, ça s'applique
à l'ensemble des corps de police municipaux et, nécessairement, du principal
corps de police au Québec, qui est la SQ, le deuxième, qui est la ville de
Montréal, et les membres d'un corps de police spécialisé, que vous connaissez
bien, là, UPAC et...
Mme
Maccarone : D'abord, pourquoi, dans le commentaire, on ne fait pas
référence aux autres corps policiers? On
souligne spécifiquement la Sûreté du Québec et le SPVM, mais on ne parle pas du
SPVQ, on ne parle pas de l'APPQ. Est-ce que ça veut dire que ça ne
s'applique pas à eux? Puis, si ça s'applique à eux, pourquoi le choix de ne pas
inclure ces corps dans les commentaires?
M.
Bonnardel : ...par une municipalité à l'égard des membres de son corps
de police. Donc, les corps de police municipaux sont tous inclus là.
Mme Maccarone : C'est...
Oui, bien, peut-être, c'est moi qui m'exprime mal, là, mais c'est très
clairement écrit. Je comprends que... «par
une municipalité», mais on ne nomme pas, puis ça s'applique. C'est ça, on ne
parle pas des autres corps policiers,
ça fait que je ne sais pas. C'est parce qu'on va avoir un autre article qui va
venir plus tard en ce qui concerne la discipline interne...
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) : Donc, M. le ministre.
M. Bonnardel : Bien, c'est... Comme
je l'ai mentionné, là, je vais peut-être le dire différemment, là, on a décidé
de permettre au gouvernement d'imposer des normes minimales qui sont à
respecter dans les règlements de discipline interne, lesquelles pourraient être
bonifiées en fonction des valeurs propres de chaque corps de police et
adaptées, nécessairement, à leur... pardon, à leur réalité puis à leur
envergure, en ce qui a trait à leurs procédures ou instances décisionnelles,
là.
Mme Maccarone : Bien, j'entends le
ministre. C'est juste qu'encore une fois, pour s'assurer la cohérence... Je
trouve bizarre que, dans le commentaire, on ne fait pas référence à tous les
regroupements, d'abord, à tous les corps de police. On est très spécifique en
termes du SPVM, mais on ne parle pas du SPVQ, ça fait que... En tout cas.
Puis l'autre chose que je souhaite comprendre,
c'est l'application du règlement. Moi, je veux m'assurer que les policiers ont quand même leur mot à dire en ce
qui concerne ces mesures disciplinaires. Je comprends que c'est relatif
à la discipline interne, mais il y a quand même, maintenant, le gouvernement
qui s'insère, en termes de règlement, puis un règlement qui sera fait ici,
parce que, là, on est en train de modifier le remplacement des troisième et
quatrième alinéas avec cet article. Dans la
discipline interne, les orientations sont quoi? Qu'est-ce que le ministre
souhaite accomplir avec ce règlement en termes de discipline interne, ce
qui est différent de ce que nous avons actuellement dans l'article en question?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M.
Bonnardel : Bien, comme je vous l'ai mentionné, là, c'est
qu'on va adapter par règlement, donc, un contenu minimal de règlement de
discipline, comme je l'ai mentionné, là, qui touche la conduite, la qualité du
service, le respect, le serment, la discrétion, l'intégrité du travail des
policiers, et, nécessairement, on va adapter, on va adapter ou bonifier en
fonction des valeurs propres de chaque corps de police, là, les... qui va être
adapté à leur réalité puis à leur envergure, selon leurs procédures déjà
établies.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Laurier-Dorion.
• (17 h 10) •
M. Fontecilla : À des fins de
compréhension, M. le ministre, si je comprends bien, en ce moment, il n'y a pas un règlement disciplinaire commun à tous les
corps policiers du Québec. Chaque corps policier a son... Est-ce que le ministère de la Sécurité publique établit au moins
des... comment dire, des... parce que... des normes minimales? Est-ce qu'il y a une tentative de cohérence entre ces
différents corps policiers... entre différents règlements, je veux dire,
disciplinaires ou...
M. Bonnardel : C'est ce qu'on
souhaite faire.
M. Fontecilla : Très bien. C'est
louable. Et est-ce qu'on ne pourrait pas... On pourrait se poser la question de
la cohérence, là, pourquoi qu'un acte policier qui est sanctionné ici, à
Québec, bien, n'est pas sanctionné de la même façon
à Montréal ou à Sept-Îles, là. Il y a un manque de cohérence. Est-ce qu'à
un moment donné on pourrait songer... Et peut-être qu'on n'est pas rendus là en tant qu'évolution de la chose,
mais on ne pourrait pas penser à un code disciplinaire commun à tous les
corps policiers du Québec, là?
M.
Bonnardel : Bien,
encore une fois, c'est un chapeau principal qu'on met en place avec ces mesures
de discipline qu'on va établir par
règlement, comme j'ai... J'ai donné quelques exemples, là. C'est avec ces
mesures que, minimalement, on va établir un cadre disciplinaire qui...
Puis, encore
une fois, vous donner un exemple, qu'on soit à Granby, comme policier, ou qu'on
soit à Québec, ou qu'on soit à Montréal, le code de discipline interne,
il ne doit pas évoluer... ça ne doit pas être bien, bien différent entre les
différents corps de police. Il doit y avoir énormément de ressemblances.
Maintenant, pour nous, c'était important de les
dicter, de dicter ces règles de discipline interne pour que ce soit un règlement... un règlement de discipline
minimal. C'est pour ça qu'on l'a dit ainsi, pour aller chercher aussi,
colliger aussi ce qui se fait déjà de bien
par les différents corps de police, voilà, ce qui n'existe pas... ce qui
n'existait pas avant. Donc, c'est une première, là, d'établir ces règles
de discipline globales.
M.
Fontecilla : Mais est-ce... Cela vous donne, justement, le
pouvoir, en tant que ministre de la Sécurité publique, là, d'assurer une
certaine cohérence. Parce que je crois bien que les différents règlements
disciplinaires de tous les différents corps
policiers, là, peuvent se ressembler, mais ils peuvent... puisqu'ils sont
autonomes, peuvent donner lieu à des incohérences
aussi, là. Donc, vous vous donnez le pouvoir de diminuer, à tout le moins, là,
ces incohérences ou, comment dire, ces disparités, là — ce
n'est peut-être pas... ce n'est peut-être pas le bon mot, «incohérences» — ces
disparités-là. Parce qu'encore une fois, en termes légaux, je suppose qu'une
faute commise à Québec, c'est aussi une faute commise à Val-d'Or, là.
M. Bonnardel : Tout à fait.
M. Fontecilla : Donc, par ce
règlement... le règlement, vous vous donnez ce pouvoir-là... ou votre ministère
se donne ce pouvoir-là d'assurer une
certaine cohérence, là, si je comprends bien le sens de votre... de cet article
de loi.
M. Bonnardel : Grosso modo, vous
avez tout à fait raison.
Le Président (M.
Bachand) : Autres interventions sur 83?
Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui. Moi, je veux
juste que ce soit clair, pour moi, quand on parle de commentaire, que... pour moi, encore une fois, c'est un manque de
cohérence, parce qu'on... Municipal, je comprends. Puis, je comprends, dans la loi, c'est marqué, pour les municipalités.
Mais, juste dans les commentaires, pour les gens qui suivent, qui n'ont pas une copie du cahier du député, c'est quand
même clairement écrit que les membres de la Sûreté du Québec, les
membres du SPVM et les membres d'un corps de
police spécialisé... Mais on ne parle pas du SPVQ, qui est aussi une
municipalité, on ne parle pas de Granby, on ne parle pas de tous ces
endroits-là. C'est comme si ça ne s'applique pas à eux, en ce qui concerne le
commentaire, alors, d'où le manque de clarté en ce qui concerne ceci, que je
dois constater, probablement une erreur, parce que, selon le ministre, ça
s'applique à toutes les municipalités. Ça fait qu'on aurait dû peut-être toutes les énumérer ici. Mais ce
n'est pas clair, parce que, là, on parle de juste quelques corps de police,
mais on ne parle pas de tous les policiers. Ça fait que j'espère, évidemment,
qu'au moins il constate que le commentaire, il n'est pas clair en ce qui
concerne les orientations de l'article en question.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur 83? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui. Moi, je veux
savoir c'est quoi... Parce que cet article, dans le fond, c'est pour prévoir
des sanctions minimales. C'est quoi, une sanction minimale?
M. Bonnardel : ...en parler un petit
peu plus loin dans les articles.
Mme Maccarone : O.K.
Le
Président (M. Bachand) :
Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur 83? Madame... Oui. Allez-y, madame.
Mme Maccarone : Je ne suis pas assez
vite pour vous, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : On a du temps.
Mme Maccarone : C'est parce que, là,
on parle aussi de discipline interne, puis je présume que tous les corps policiers ont quand même leurs règles
internes qui doivent s'appliquer aussi. Est-ce que ça se peut que les
règlements internes pour chaque corps policier peuvent être plus sévères que le
règlement ou vice versa? Puis, dans ce cas, comment est-ce que le règlement va
s'appliquer?
M. Bonnardel : Bien, c'est
exactement, ou presque, la question du député.
Mme Maccarone : Désolée, je jasais.
M. Bonnardel : Il y a des
dispositions qui peuvent... qui peuvent être différentes en termes de
règlement, peut-être, mais, à la fin, je ne vois pas en quoi un règlement
serait vraiment différent entre Granby, entre Val-d'Or, ou la ville de Québec,
ou la ville de Montréal. À la fin, on a, comme je l'ai mentionné, un règlement
de discipline qui va contenir un... qui va
amener un contenu minimal qui va, nécessairement, définir ce qui est... ce qui
se fait déjà, déjà, en termes de règlement de discipline, dans les
différents corps de police, sous un chapeau, un chapeau minimal qui sera, pour
la première fois, pour la première fois, établi par règlement dans une loi.
Mme
Maccarone : Ça fait que c'est le règlement du ministre qui
sera la force de loi, c'est ça, qui sera appliqué, peu importent toutes
les autres règles internes qui s'appliquent.
M. Bonnardel : Exact. Minimal. Oui.
Mme Maccarone : O.K.
Le Président (M. Bachand) : M.
le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla :
Est-ce que votre ministère, M. le
ministre, mène en ce moment des travaux... ça, c'est... comment dire, visant à comparer les différents corps...
règlements disciplinaires, à constater les écarts, les champs couverts par
l'un ou par l'autre? Est-ce que vous avez
une vision générale, là, des disparités ou... peut-être pas vous, mais votre
ministère, ce concernant? Et, si ce n'est
pas le cas, est-ce que ce serait... d'avoir une idée générale des différents
règlements disciplinaires des corps policiers au Québec?
M.
Bonnardel :
...
M.
Fontecilla : Pour l'instant, vous ne l'avez pas, mais vous, via cet
article-là, vous entendez commencer ce travail-là d'avoir une vue d'ensemble.
M.
Bonnardel : Exactement.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la députée.
Mme
Maccarone : Est-ce que le ministre a déjà une idée, en ce qui concerne
le regroupement syndical, de leurs orientations pour le projet de règlement?
M.
Bonnardel : Pour les représentants syndicaux?
Mme
Maccarone : Oui, leurs orientations puis ce qu'ils souhaitent, parce
que, c'est clair, le gouvernement a l'intention
de procéder par règlement, puis un règlement qui aura quand même un
45 jours de consultations, un règlement que, nous, on comprend, est
déjà écrit, est prêt. Est-ce que c'était à la suite des consultations que le
gouvernement a eues avec tous les regroupements de corps de policiers pour
s'assurer que leur point de vue est pris en considération avant que le
règlement est même envoyé pour consultation?
M.
Bonnardel : Il n'est pas écrit, le règlement, là. On va faire le
travail, là.
Mme
Maccarone : Bien, encore une fois, dans le document qui est fourni par
le gouvernement, ce qu'on comprend, c'est que le projet de règlement est déjà
écrit, puis le ministre a dit qu'il n'avait pas l'intention de partager les
lignes directrices.
M.
Bonnardel : On prépare le travail.
Mme
Maccarone : Le cadre réglementaire, dans ce cas-ci.
M.
Bonnardel : Bien, le règlement n'est pas défini, n'est pas écrit, là.
Mme
Maccarone : Oui, mais le cadre est déjà prêt. «Un cadre-règlement est
en préparation en vue de l'étude détaillée du projet de loi.» Encore une fois,
c'est votre document. Ça fait que... Est-ce que la...
M.
Bonnardel : C'est en préparation.
Mme
Maccarone : Mais, le cadre réglementaire, est-ce qu'au moins les
regroupements des corps policiers ont été consultés puis qu'ils ont pu au moins
fournir leur point de vue? Puis ça peut être la même chose pour la société
civile aussi, je comprends, que ce soit le BEI aussi ou les autres groupes.
Est-ce que tous ces groupes ont déjà été consultés pour la préparation du cadre
réglementaire?
M.
Bonnardel : On a toujours des discussions avec nos différents
partenaires. Puis je l'ai déjà mentionné maintes et maintes fois, il y a... on
doit s'adapter aux valeurs propres de certains des corps de police puis adapter
à leurs réalités, mais, à la fin, il n'y a pas d'incohérence majeure entre un
policier qui fait sa carrière à Montréal, versus Québec, versus la Sûreté du
Québec ou versus Sherbrooke, là. À la fin, il y a une ressemblance assez forte.
Les corps de police sont nécessairement différents en termes de grosseur, mais,
à la fin, le travail d'un policier reste le même, puis son cadre... son cadre
disciplinaire n'est pas bien, bien différent, là, qu'on soit à Sherbrooke, ou
qu'on soit à Montréal, ou qu'on soit à Québec, là.
Mme Maccarone :
Oui, mais le but de ma question,
c'est de savoir : Est-ce qu'ils ont déjà fourni quand même leur
point de vue, leur feed-back, en ce qui concerne le développement de ce
règlement, avant que le ministre, il dit que ce n'est pas écrit?
M.
Bonnardel : C'est des discussions internes, ça.
Mme
Maccarone : Merci, M. le Président. Je sais que je n'ai pas le
droit de dire le mot «transparence», mais, voilà.
Le Président (M. Bachand) : Le
mot «transparence», oui, mais pas le manque de transparence.
Mme
Maccarone : Ah!
Le
Président (M. Bachand) : Alors, d'autres interventions sur 83?
S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que 83 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Bachand) : Adopté. Merci. M.
le ministre.
• (17 h 20) •
M.
Bonnardel : On s'en va à l'article... Bon, c'est un article de
concordance qui se lit comme suit :
84.
L'article 259 de cette loi est modifié par l'ajout, à la fin, de la phrase
suivante : «Toutefois, elles ne peuvent déroger aux dispositions du
règlement du gouvernement pris en vertu du troisième alinéa de
l'article 258.»
Commentaire.
L'article 84 propose de modifier l'article 259 de la loi en cohérence
avec la modification proposée à l'article 258 de la loi par
l'article 83 du projet de loi pour préciser que les dispositions de tout
contrat de travail au sens de la Loi sur le régime syndical applicable à la
Sûreté du Québec ou aux corps de police spécialisés et de toute convention
collective au sens du Code de travail ne peuvent déroger au règlement du
gouvernement pris en vertu du deuxième
alinéa de l'article 258 de la loi. En d'autres termes, les dispositions du
règlement du gouvernement prévalent
sur toute disposition qui est contenue dans un contrat de travail ou une
convention collective qui est inconciliable.
Je pense que c'est
une question que vous m'avez posée, en plus, tantôt.
Le Président (M. Bachand) : Donc, interventions sur 84? Est-ce que ça va pour 84? M. le député de
Laurier-Dorion, oui, allez-y.
M. Fontecilla :
...pose la question, là, pour
bien... que je comprenne bien. «Toutefois, elles», au pluriel, troisième
personne du... ils font référence à quoi, s'il vous plaît?
M.
Bonnardel : «Elles ne peuvent», c'est les conventions, là.
M.
Fontecilla : C'est les conventions, hein?
M.
Bonnardel : Oui.
M.
Fontecilla : O.K. Très bien.
Le Président (M. Bachand) : D'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que
84 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Bachand) : Adopté. Merci. M.
le ministre.
M.
Bonnardel : Alors, l'article 14 se lit comme suit :
14.
L'article 116 de cette loi est modifié :
1° par le
remplacement du premier alinéa par les suivants :
«Le gouvernement
peut, par règlement, déterminer les obligations relatives à la formation
continue auxquelles les policiers doivent se
conformer ainsi que, dans les cas qui y sont prévus, les qualités minimales
requises, dont la formation, pour exercer, dans un corps de police autre qu'un
corps de police spécialisé, les fonctions d'enquête ou de gestion ou toute
autre fonction qu'il détermine.
«Ce
règlement peut prévoir les modes de contrôle, de supervision ou d'évaluation
des obligations de formation, les sanctions découlant du défaut de se
conformer à ces obligations et, le cas échéant, les cas de dispense de
formation.»;
2° par
l'insertion, dans le deuxième alinéa et avant «applicables», de «dont la
formation,».
Commentaire.
L'article 14 du projet de loi propose de modifier l'article 116 de la
loi afin de permettre au gouvernement de
déterminer par règlement les obligations de formation continue des policiers de
même que la formation et les qualités
minimales requises pour exercer, dans un corps de police autre qu'un corps de
police spécialisé, les fonctions d'enquête ou de gestion ou toute autre
fonction que le règlement détermine.
Cet article précise
que ce règlement peut prévoir les modes de contrôle, de supervision,
d'évaluation des obligations de formation, les sanctions découlant du défaut de
se conformer à ces obligations ainsi que les cas de dispense de formation.
C'est une
recommandation, je vous le donne comme info, là, qui vient du CCRP, du comité
de consultation de la réalité policière.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui.
Moi, je souhaite savoir comment, comment cet article sera appliqué, quand nous
savons que, déjà, les formations minimales sont difficiles, pour nos policiers,
à suivre, le manque d'effectifs... Alors, comment est-ce que cet article sera
appliqué?
M. Bonnardel : Bien, je ne dis pas
que ça va être simple, sauf que, s'il y a deux mots qui ont été prononcés maintes, et maintes, et maintes fois pendant nos
consultations, c'est la formation continue. Donc, déjà, oui, il faut
faire la séparation de la formation...
Une voix : Requalification.
M.
Bonnardel : ...de
la requalification, oui, c'est le terme exact, versus la formation continue.
Donc, tout policier, dans le cadre de son
travail... Je l'ai déjà dit, là, que le travail d'un policier qui est arrivé à
Sherbrooke ou à Québec en 2015... bien, pas en 2015, voilà 20 ans, versus
son travail aujourd'hui puis son travail dans 10 ans, bien, le travail du
policier évolue. Donc, ce qui serait... ce qui sera important, selon les
besoins que nous allons définir, c'est que ces policiers soient capables
d'obtenir ces formations continues auxquelles ils auraient... ils auront besoin
dans le cadre de leur travail.
Mme Maccarone : Juste pour être
claire, je ne suis pas en désaccord. Ce n'est pas une question d'être en désaccord. C'est vrai, c'est le nerf de la guerre
pour plusieurs personnes, on a parlé à maintes reprises en ce qui
concerne la formation professionnelle, sauf qu'on a aussi compris que c'est
très difficile pour nos policiers de suivre la formation professionnelle parce qu'on a un manque
d'effectifs, parce qu'il y a du temps supplémentaire obligatoire, parce qu'il
y a du temps supplémentaire, parce qu'ils ne
peuvent pas se libérer. Ça fait qu'en ce qui concerne cet article, que je
trouve très intéressant, moi, ce que je veux
savoir, c'est : Est-ce qu'il y aura des pénalités? Si, mettons, les
formations ne sont pas suivies, est-ce qu'il y aura des pénalités? Puis
comment ça, ça va s'appliquer aussi?
M. Bonnardel : C'est un autre
problème, là. On formait 650 policiers avant l'école nationale. On a mis
les sommes adéquates, dans le dernier
budget, pour former 1 000 policiers. On a augmenté les attestations
d'études collégiales à 240. C'était à 90 avant. Donc, on prend action,
là. On prend action pour être capables de former plus de policiers pour
répondre aux besoins, principalement à Montréal. Mais la Sûreté, elle aussi a
des besoins. Les autres corps de police en ont peut-être moins, mais ils en
ont, eux aussi.
Donc, avant de parler de sanctions possibles, ce
qui est important, puis ça vient du rapport Dionne, ça vient du Groupe d'action
contre le racisme, ça vient du Comité consultatif sur la réalité policière...
Ils ont tous dit, puis tous les groupes qui
sont venus ici, ils nous ont dit... vous étiez là, tout le monde a convenu
qu'il y aurait un minimum. Ce minimum,
bien, on va le définir, on va le définir par règlement pour être capables de
déterminer les obligations, mais on... Je comprends. Je comprends. Il
faut partir de quelque part, et ce partir-là, bien, va être établi par
règlement. Puis je suis conscient, là, que,
demain matin, on ne demandera pas 100 heures à chaque policier, là, mais
quelque... il faut commencer à quelque part.
Puis on va répondre aussi, comme je vous l'ai
mentionné d'emblée, au nombre de policiers formés. On va régler ce problème, parce
qu'on met les sommes conséquentes.
Donc, à la fin, comme dans n'importe quel autre
ordre de... Code des professions ou autre, bien, la formation est importante. Puis je pense que les policiers en
conviennent aussi. Les syndicats l'ont mentionné, pour eux, la
requalification est immensément importante. Puis, de l'autre côté, si besoin
est, bien, la formation de x nombre d'heures, puis ce n'est pas moi qui vais la
définir aujourd'hui, là, bien, ça va juste leur permettre de bien évoluer, de
bien évoluer dans le cadre de leur travail, qui évolue à vitesse grand V, quand
on regarde ce qui... le travail des policiers voilà 15 ou 20 ans versus
aujourd'hui.
Mme Maccarone : Le ministre va être
rassuré, je suis 100 % d'accord avec lui. Je ne suis pas en désaccord avec l'article, je ne suis pas en désaccord avec
la formation, mais c'est son article, ça fait que moi, je souhaite
comprendre c'est quoi, les sanctions, parce que c'est son article qui parle des
sanctions.
Oui, pour toute la formation, 100 %. J'ai
plein de questions par rapport à ça. Je ne suis pas contre la vertu. C'est une
bonne affaire. Et, oui, tout le monde nous a parlé de ça, comme c'est
nécessaire. Alors, absolument.
Mais, dans son article... «Ce règlement peut
prévoir les modes de contrôle, de supervision ou d'évaluation des obligations de formation, les sanctions
découlant du défaut de se conformer à ces obligations et, le cas échéant,
les cas de dispense de formation.» Ça fait que moi, je veux savoir on parle de
quoi, comme sanctions, puis c'est qui qui va émettre la sanction. Comment ça va
fonctionner? Parce que, des sanctions, il y a des coûts, il y a des frais.
Est-ce que c'est les municipalités qui vont faire les sanctions? Qui pourra
être sanctionné? Est-ce que c'est la municipalité, parce que la municipalité
n'a pas donné la liberté à son corps policier d'aller suivre des formations?
Est-ce que c'est les policiers qui vont être sanctionnés? Est-ce que c'est la
municipalité qui va être sanctionnée?
Je veux mieux comprendre, parce que c'est
l'application de la loi, qui sera éventuellement adoptée par le gouvernement,
ça fait que je veux juste comprendre le pratico-pratique de l'article, parce
que c'est large, comme proposition. Puis je pense que, pour le bénéfice des
gens qui suivent nos travaux, ils souhaitent savoir c'est quoi, les
orientations, comment ça va s'appliquer, le pratico-pratique de ça, parce que
c'est vrai que c'est gros.
Je suis 100 % d'accord avec le ministre, la
formation est superimportante, mais c'est quoi, la sanction? Puis c'est qui qui
est responsable d'appliquer la sanction? C'est qui qui est responsable de
subventionner ceci? Parce que, moi, ma crainte dans tout ça... On a parlé de... On a entendu... Autant
qu'on a entendu la nécessité d'avoir la formation, on a aussi entendu le
cri du coeur d'«on ne peut pas, on a un manque d'effectifs».
Moi, ce que je veux m'assurer ici, c'est que les
sanctions, là, ne tomberont pas sur le dos des policiers qui ne peuvent pas se libérer pour suivre une formation, ça
fait que... Est-ce que c'est les municipalités qui seront sanctionnées
parce qu'elles ne libèrent pas leur monde pour aller suivre cette formation?
Comment ça va fonctionner?
• (17 h 30) •
M.
Bonnardel : Comme j'ai mentionné, c'est que les corps de
police vont s'assurer du respect des obligations réglementaires. Maintenant, tout le monde est conscient, là. On part...
on part de loin, où, là, on dicte, dans un règlement, la formation
continue. On est conscients qu'il y a des policiers... qu'on pourrait ne pas
être capables, puis là j'extrapole, là, on pourrait ne pas être capables de
former tous les policiers sur une période x. Est-ce que ces policiers vont
avoir des sanctions administratives? Je ne crois pas.
Il faut quand même être logiques, là. Il faut
quand même être logiques. Si on n'est pas capables de former dans un laps de temps x les municipalités...
Parce que les corps de police, le municipal, ça va ensemble,
nécessairement. Bien, c'est à eux d'utiliser
le GBS, le gros bon sens, dans tout ça pour être capables de, oui, former,
mais, si on a des... on a des
problèmes sur un court laps de temps, je ne crois pas qu'il est utile, parce
qu'on met le mot «sanctions»... du jour au lendemain, on tape sur la
tête d'un policier parce qu'il n'a pas été capable de suivre une formation dans
un laps de temps x, quand on sait qu'à court terme on a des problèmes,
oui, de main-d'oeuvre, mais qu'on va régler sur le moyen, long terme. Donc, il
faut être logiques, là.
Mme Maccarone : Il faut être logiques.
Dans le deuxième alinéa, on parle de... «Le gouvernement peut, par règlement,
déterminer les obligations relatives à la formation continue auxquelles les policiers doivent se conformer.»
On ne parle pas des municipalités, on parle
des policiers. Ça fait que, s'il faut être logiques et suivre la logique dans
l'article 14, pour moi, c'est logique
que, c'est qui qui va être sanctionné, ça va être les policiers, malgré leur
bonne foi, parce que...
J'ai compris, comme tout le monde a compris, ils
souhaitent être formés. Ils souhaitent trouver le temps d'être formés. L'École nationale de la police est en train de faire une
réforme de la façon qu'ils souhaitent aussi former. On peut faire plein
de choses maintenant ou on va pouvoir faire plein de choses en ligne pour
s'assurer qu'il y a une formation. Mais la façon que c'est écrit dans cet
article, c'est les policiers qui seront pénalisés. C'est eux qui vont être
sanctionnés, malgré que ça se peut que ce ne sera pas de leur responsabilité
qu'ils n'ont pas été libérés.
Ça fait que moi, je veux comprendre le libellé
ici puis de s'assurer... Peut-être, il y a un... Je n'ai pas d'amendement de
prêt, mais je pourrais très bien écrire un amendement pour que ce soit clair
que la responsabilité ne tombe pas nécessairement 100 % sur les épaules
des policiers. Je peux imaginer qu'on a un policier qui dit : Non, je ne
veux pas, puis, d'abord, la sanction s'appliquera à elle ou à lui, mais là,
grosso modo, je ne pense pas que c'est ça qu'on souhaite faire. Mais, dans cet
article, c'est ça que ça lie, logiquement.
M. Bonnardel : Bien, je pense, j'ai
répondu à la même question, mais posée différemment. On va s'ajuster, là. Il
faut appliquer le gros bon sens dans tout ça, là. Alors, oui, les policiers
qui, dans un corps x ou une formation x qui est de cinq heures
pour l'année... Si le policier a un an pour faire cette formation puis, pour
des raisons x, des raisons x, là,
problème de main-d'oeuvre pour un corps de police à Granby ou autre, que le
policier n'a pas été capable de le faire dans son 12 mois, bien là,
je pense que tout le monde est capable de s'ajuster, là.
Puis je l'ai répété, là, le but, ce n'est pas de
mettre une épée, une épée au-dessus de la tête de chaque corps... de chaque
policier en disant : Il faut que tu le fasses, ça fait partie des règles
pour déterminer les obligations puis t'accompagner
dans le cadre de ton travail, comme n'importe quel autre ordre de profession ou
ordre professionnel. Mais les policiers
vont se conformer. Mais, l'application, la gestion même de tout ça par le corps
de police, par l'état-major, bien, ces gens, ces gens sont assez habiles
pour comprendre la situation puis de s'ajuster en bonne et due forme, là.
Une voix : ...
Mme Maccarone : Je n'en doute pas,
du gros bon sens, là, sauf que nous, nous sommes ici, en commission
parlementaire, pour adopter une loi pour... Chaque fois qu'on vote sur des
articles, chaque article, pour moi, est important.
Chaque article mène quand même un poids. C'est important. C'est la loi, c'est
la loi qui va être appliquée, puis la façon
que c'est écrit actuellement, ça peut être interprété que les sanctions seront
mises sur le dos des policiers, malgré que ça se peut que ce n'est pas
de leur responsabilité qu'ils ne peuvent pas suivre les formations.
Ça fait que la raison du questionnement, ce
n'est pas parce que je doute du gros bon sens. J'y crois, dans le gros bon sens. Je pense que la majorité des gens
ici sont de bonne foi. Je comprends qu'il y a du monde qui souhaite
suivre des formations. On veut leur donner
tout ce qu'ils peuvent avoir, être derrière eux, pour suivre cette formation.
Tout le monde est pour la formation. Tout le monde est pour une réforme
de la façon qu'on fait la formation, pour s'assurer que nos policiers sont bien
formés, que ce soit pour la lutte contre le racisme, que ce soit la façon qu'on
utilise nos Taser, nos fusils, tout, tout,
tout, parce que, oui, j'aurais aussi des questions en ce qui concerne la
requalification, mais, ici, le libellé de cet article, ça parle de...
les policiers, les policiers doivent se conformer, pas les municipalités qui
gèrent les policiers, les municipalités qui
sont responsables. On parle des modes de contrôle pour ceux qui ne suivent pas
leur obligation de formation.
Bien, c'est
une question d'interprétation. Ce n'est pas une question de bonne foi, ce n'est
pas une question de gros bon sens,
c'est une question de loi. La façon que cet article est écrit, c'est
l'interprétation, puis moi, je veux m'assurer que... Si le ministre parle du gros bon sens, bien,
pourquoi ne pas l'incorporer ici, dans cet article, pour que ce soit plus
clair?
M. Bonnardel : M.
le Président, si c'étaient des infirmières qui doivent suivre une formation
continue, on marquerait «des infirmières». Là, on marque... on parle de
policiers. C'est... La gestion de ces formations sera faite par les corps de police, par les états-majors,
petits, moyens ou grands. C'est à eux que je donne les outils, les outils
pour accompagner le travail des policiers
puis de leur donner un nombre x d'heures pour suivre ces formations dans
un laps de temps x. Et eux-mêmes pourront s'ajuster selon... selon
l'état de situation de leur corps de police.
Mais, comme
je l'ai mentionné d'emblée, le court terme, c'est cela. Le moyen et le long
terme, c'est de former plus de policiers, ce qu'on fait, ce qu'on fera à
l'école nationale.
Mme Maccarone : Super. Je suis
derrière ça. C'est une très bonne idée. Mais ici on parle des sanctions. Dans
le troisième alinéa, dans le deuxième paragraphe, après qu'on introduit le 1°,
on parle des «modes de contrôle, de supervision ou d'évaluation des obligations
de formation, les sanctions découlant du défaut de se conformer à ces obligations
et, le cas échéant, les cas de dispense de formation». On parle des sanctions.
Je ne suis pas contre la formation. Je ne suis
pas contre trouver des moyens pour aider les corps de police de trouver un
moyen de suivre les formations, une souplesse jusqu'à tant qu'on a tous les
effectifs nécessaires pour être en mesure
d'être libéré pour aller suivre les formations nécessaires. Mais, ici, le
libellé, c'est clair, c'est clair, ces sanctions vont être sur le dos
des policiers et non sur le dos des municipalités que... pas de leur faute,
encore une fois, je ne leur blâme même pas eux, faute d'effectifs, eux aussi,
ils ont une responsabilité de protéger la population, d'avoir des policiers qui
vont être au travail dans nos rues, mais là c'est les policiers qui vont payer
parce qu'ils n'ont pas pu suivre une formation.
Le Président (M.
Bachand) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mme Maccarone : J'ai d'autres
interventions, à moins que...
Le Président (M.
Bachand) : Allez-y, Mme la députée.
Mme Maccarone : C'est... Je vais
revenir avec le sujet des sanctions, parce que je trouve que c'est très important, mais je veux aussi comprendre pourquoi
qu'on ne parle pas... On parle ici de formation continue, mais on ne parle pas de requalification. Est-ce qu'il y a une
raison pour laquelle requalification n'a pas été abordée dans cet
article?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M.
Bonnardel : Bien, c'est complètement... La requalification se
fait... se fait parce que c'est un besoin essentiel de requalifier les
policiers avec le maniement d'armes, la conduite dangereuse ou autres. Donc,
c'est complètement séparé de la formation continue.
Mme
Maccarone : Même dans le Comité consultatif sur la réalité
policière, vous parlez... il y a une différence entre formation continue
et requalification. Bien, c'est la raison que je demande pourquoi que ce n'est
pas pris en considération ici. Est-ce que c'est deux choses différentes?
M. Bonnardel : C'est deux choses
différentes.
Mme Maccarone : Mais est-ce qu'il va
y avoir autres articles qui vont traiter de la requalification? Parce que, si ce n'est pas le cas, peut-être, ici, nous
devons aussi inclure requalification, parce que c'est très clairement
défini ici. On parle de... C'est vrai, il y a une différence. On parle de
comment la requalification est aussi importante que la formation continue, que,
je constate, est une bonne affaire, si on sort la définition des deux choses,
tout à fait. C'est même... Pour les gens qui suivent, dans le Comité
consultatif sur la réalité policière, dans ce livre, c'est la page 102.
C'est même un titre : Formation continue et requalification. Parce qu'on
dit qu'évidemment, comme on vient de discuter, ça fait partie de beaucoup de
discussions, des recommandations puis des travaux. Ça fait qu'on dit que tous
les deux sont importants, ça fait que...
Est-ce que le ministre serait ouvert à avoir un
amendement à cet article où nous pouvons aussi aborder la notion de
requalification? C'est même votre recommandation ou dans la recommandation du
comité consultatif, c'est la recommandation 65, d'«enchâsser dans un
règlement la liste des éléments de la pratique policière devant faire l'objet
d'une requalification périodique et le cycle de requalification pour chacun
d'entre eux».
• (17 h 40) •
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Bonnardel : Oui. Bien, deux
choses. Premièrement, la requalification peut être établie dans les lignes
directrices futures. Et, dans l'article 87, on parle... l'activité de
formation, «activité de maintien des compétences, en spécifiant l'activité de
formation ou de maintien des compétences suivie et le nombre d'heures qui y ont
été consacrées». Donc, on va en parler un petit peu plus loin, à
l'article 87, mais la requalification peut être établie aussi dans les lignes directrices futures, qui sont
immensément importantes, M. Painchaud l'a mentionné maintes et
maintes fois. À la Sûreté du Québec comme
dans les autres corps de police, la requalification, j'y crois haut la main. Il
faut former et s'assurer que nos policiers soient bien formés. Donc,
cela pourrait être établi dans les futures lignes directrices.
Mme
Maccarone : C'est complètement un autre univers quand... Et, 87, hein,
on ne parle pas de la même affaire, 87, puis en plus on n'utilise pas la
terminologie de requalification. 87, on est dans les renseignements à fournir
au ministre de la Sécurité publique. Ici, on parle de formation, ça fait que...
M.
Bonnardel : ...une reddition de comptes future, là.
Mme
Maccarone : Oui, mais... Mais, c'est ça, ce n'est pas une obligation
de requalification. Ici, on parle d'une
obligation de formation continue, que tout le monde est d'accord, c'est très
important, mais vous-même, dans le gros
livre, vos propres recommandations, les recommandations du comité consultatif,
on a... recommandation 64 pour la formation continue, puis on parle
de 30 heures. L'APPQ, ils sont même prêts à faire 35...
Une voix : ...
Mme
Maccarone : 36. Franchement, vous êtes... Ils sont prêts à travailler.
Puis, la recommandation 65, bien là, on parle de requalification. Ça fait
que moi, je veux comprendre pourquoi on n'a pas incorporé requalification avec
la formation continue, étant donné que ça fait partie des recommandations.
M.
Bonnardel : ...mentionné, ça fera partie de futures lignes
directrices.
Une voix :
...
Mme
Maccarone : Elle est vraiment excellente, Florence, je dois dire, là,
parce qu'aussi, dans les crédits, quand on avait parlé de formation et
requalification, on a reçu des documentations. Quand nous... Dans nos cahiers
de crédits, la question 141, encore une fois, pour les gens qui nous
suivent, formation nécessitant une requalification annuelle : le tir au
pistolet, requalification; arme à impulsion électrique X2,
requalification; carabine, plateforme AR, requalification. Puis les pourcentages
de suivi de la requalification : quand on parle de tir au pistolet,
64 %; arme à impulsion électrique, 29 %... Ça, c'est un Taser, c'est
ça? C'est... terminologie pour Taser?
Une voix :
...
Mme
Maccarone : Merci. Puis une carabine, plateforme AR, 61 %
pour requalification.
Je pense, c'est la
démonstration que la requalification, pour tous ces outils que nous savons que
la sécurité publique utilise, est quand même nécessaire de mettre dans cette
loi. Si nous allons dire que la formation continue est très importante, surtout quand on parle de la lutte contre le racisme,
et toutes les autres formations qui vont être nécessaires, incluant tout ce que nous avons discuté de la
disparition des personnes, parce qu'il y a une formation qui va avoir
lieu avec ça aussi... Ça fait que tout ça, c'est essentiel. C'est le nerf de la
guerre pour s'assurer que nos équipes sur le terrain sont bien équipées.
Bien, si on parle de
requalification puis on ne le mentionne pas ici, dans cette loi, on manque une
opportunité d'équiper nos policiers comme il faut, parce qu'on sait comment que
c'est difficile, basé sur les statistiques que vous, vous avez partagées avec nous lors des crédits budgétaires, que, faute,
probablement... de manque d'effectifs, ils ne sont pas capables de
suivre les formations. 64 % pour le tir au pistolet, pour la
requalification, ce n'est pas beaucoup.
M. Bonnardel :
C'est pour ça qu'on doit
augmenter ces pourcentages. C'est pour ça que, dans l'article 87,
on va obtenir les informations sur le
maintien, le maintien de ces qualifications par les différents corps de police.
C'est pour ça aussi, comme je vous ai
mentionné, que, dans les lignes directrices... On pourra définir ces lignes
pour la requalification que vous avez
mentionnée dans le document que vous avez... que vous avez lu. Donc, pour moi,
c'est archi-important qu'on augmente ces pourcentages, qu'on soit
capables d'aller chercher le 100 % le plus possible.
Maintenant,
il y a des impondérables, vous l'avez dit vous-même. Il y a des impondérables.
Il y a des situations de main-d'oeuvre qui sont plus compliquées que
d'autres. Il y a des secteurs qui sont plus compliqués que d'autres. Le secteur
du monde de la police est compliqué aussi. C'est pour ça qu'on se donne des
outils pour former plus de policiers dans le
futur. Mais mon objectif... Je pense que l'objectif de tout le monde, puis des
syndicats, et des états-majors, c'est
de former 100 % de leurs policiers dans un laps de temps x.
Maintenant, c'est possible qu'on ne soit pas capables d'y arriver, pour
des raisons que je vous ai énumérées, mais on y travaille.
Mme
Maccarone : 100 % d'accord, mais l'article 87, c'est pour
fournir de l'information.
M.
Bonnardel : C'est ça.
Mme Maccarone :
Bien, ce n'est pas l'obligation
de suivre des requalifications. C'est pour ça, c'est pour ça que je propose que, dans l'article 14, on ajoute
«requalification», parce que c'est deux choses différentes, séparées, dans le
rapport sur la réalité policière. Ça fait que pourquoi ne pas l'incorporer,
surtout si on parle de... On veut s'assurer que ces obligations... On doit se
conformer. Puis on veut leur donner tout ce que nous pouvons pour les
accompagner dans cette formation.
On
a déjà, là, toute cette information. L'information, malgré que c'est très
important... Je dis souvent : «If you
can measure it, you can manage it», puis je suis 100 % d'accord, c'est
important, mais là on parle d'adopter un article de loi qui parle de déterminer
les obligations relatives à la formation continue, mais on ne parle pas des
obligations relatives à la requalification.
Ça va être important de parler des deux, surtout que, dans la réalité
policière, c'est deux choses séparées, puis
avec raison, parce qu'on parle des outils qu'eux utilisent dans leur travail au
quotidien. Ce n'est pas «soft skills», c'est «hard skills», puis, il me
semble, on fait fausse route si on ne les incorpore pas ici, dans cet article.
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M.
Bonnardel : ...puis je l'ai mentionné, que ça va être établi dans les
lignes directrices, parce que les requalifications, là, évoluent selon la
jurisprudence, évoluent selon la technologie, les changements de cours, et on
doit avoir cette souplesse de mettre ça dans les lignes directrices autrement
que dans un règlement. Voilà.
Mme
Maccarone : Moi, je suis venue ici pour débattre d'un projet de loi.
Je ne peux pas débattre sur les lignes directrices ni les règlements, parce que
tout ça se fait derrière les portes closes, dont les oppositions ne font pas partie des discussions, puis plusieurs groupes
non plus, alors, d'où l'importance d'avoir le débat ici, en commission
parlementaire, pour comprendre les orientations du gouvernement.
On parle d'adopter un
article qui parle de la formation continue, mais on ne veut pas parler de la
requalification, qui est aussi importante que la formation continue. La preuve,
c'est qu'il n'y a pas assez de monde qui peuvent suivre la requalification,
malgré leur bonne foi de pouvoir le faire. On ne peut pas faire tout par lignes
directrices. Je comprends la nécessité de cet article, je ne suis pas contre,
je ne suis pas contre avoir cet article, mais cet article n'est pas complet. Je
vais passer la parole à mon collègue.
Le
Président (M. Bachand) : Interventions? M.
le député de Laurier-Dorion.
M.
Fontecilla : Tout à fait. La collègue de Westmount—Saint-Louis
soulève un aspect intéressant, là. Ici, on est
en train d'établir le principe que le gouvernement peut... se donne le pouvoir
de... d'imposer, on va utiliser ce terme-là, de la formation continue, ce qui n'existait pas jusqu'à présent, ce qui
est très bien, là, ce qui est très bien, mais, tantôt, le ministre nous informait que le gouvernement aussi
doit, concernant la requalification... doit être, comment dire,
flexible, avoir... parce que les choses
changent dans la vie, là, mais aussi la formation continue aussi, elle change.
La formation continue qui était donnée il y a 15 ans n'est
absolument pas la même que celle d'aujourd'hui. Et je dirais même, là, que l'utilisation d'un Taser, par exemple, en tout
cas, ça dure... c'est une formation qui dure... qui... dont l'utilité est
encore plus longue, là, qu'une formation sur... je ne sais pas, sur
l'intervention en milieu racisé, par exemple, ou... Et donc, puisqu'on établit
ici des principes, là, de... que le gouvernement peut se donner, qu'il se
donne, il peut imposer de la formation continue, pourquoi ne pas ne pas inclure
la requalification également, là?
Et, encore une fois,
je dirais même que le processus de requalification est... a une pérennité
encore plus longue, là, que la formation continue. Et on n'est pas en train de
se dire ici que le gouvernement va faire de la requalification de telle ou de
telle façon, ou de la formation continue. On est juste en train de dire que le
gouvernement se donne le pouvoir d'imposer la formation continue. Je ne vois
pas pourquoi il ne pourrait pas se donner...
En fait, ce serait... ce serait de compléter le tableau. Il se donne la
possibilité d'imposer et la formation continue et la requalification. C'est les deux... comment
dire, les deux pattes de la même entité, là. On ne peut pas avoir l'un
sans l'autre. Ici, j'ai l'impression qu'il y a comme... il y a la moitié du
travail qui est accompli. On... Le gouvernement peut imposer de la formation
continue mais pas la requalification.
Et j'irais même
encore plus loin, là, dans quel... Est-ce que... Et je pose la question au
ministre : Est-ce que le gouvernement,
dans un texte de loi, a le pouvoir d'imposer la requalification, sans entrer
dans les détails, ou ça appartient à
chaque corps policier lui-même qui se donne l'obligation de faire de la
requalification, et le gouvernement, aujourd'hui, dans l'état actuel du
droit, n'a pas la possibilité d'imposer de la requalification?
• (17 h 50) •
M.
Bonnardel : Chaque corps de police définit... définit le nombre
d'heures que ses policiers et policières doivent passer en termes de requalification.
Et ce que j'ai mentionné, c'est que, par lignes directrices, on sera capables de définir le minimum, le minimum, là,
qui est la formation du... avec l'arme. Que ce soit avec le Taser, que
ce soit avec la conduite dangereuse ou
autre, ce sera défini par lignes directrices. Donc, c'est complètement, complètement
séparé de ce que l'on souhaite adopter par règlement, pour ce qui est de la formation
continue, qui vont définir... je dis trois
heures, je dis deux heures, je dis quatre heures, un nombre d'heures x que
chaque policier devra obtenir comme formation dans le cadre de son
travail.
M.
Fontecilla : Est-ce que, M. le ministre, en ce moment, vous avez le
pouvoir d'imposer aux corps policiers de la requalification?
M. Bonnardel :
C'est les... chaque corps de
police qui définit ses besoins en termes de requalification, dont les
statistiques que notre collègue députée a données tantôt.
M.
Fontecilla : Oui. Donc, vous, vous n'avez pas le pouvoir de dire...
mais on va parler du ministère, n'a pas le
pouvoir de dire : Bien, il nous manque de la requalification dans tel
domaine, je l'impose à l'ensemble des policiers du Québec. En ce moment,
le ministère n'a pas ce pouvoir-là.
M. Bonnardel : C'est
pour ça qu'à l'article 87, un peu plus loin, quand on sera rendus là, on
sera capables d'obtenir, donc... «Du nombre de policiers [qui auront] participé
à une activité de formation visée à l'article 116 ou à une activité de
maintien des compétences, en spécifiant l'activité de formation ou de maintien
des compétences suivie et le nombre d'heures qui y ont été consacrées». Donc,
c'est une première pour le ministère d'être capable d'obtenir, à
l'article 87, ces informations futures.
M. Fontecilla : «À une activité de
formation». Là, ici, vous parlez d'une activité de formation. Ici, vous parlez,
là... À l'article 14, vous parlez de formation continue, et là nous, on
discute aussi de requalification. Lorsque vous parlez d'une activité de formation,
est-ce que ça comprend et la formation continue et la requalification?
M. Bonnardel : À l'article 87,
ça va impliquer «maintien des compétences».
M. Fontecilla : C'est à quel
article, ça?
M. Bonnardel : «À une activité de
formation visée à l'article 116».
M. Fontecilla : À
l'article 116. Là, vous nous faites voyager dans le projet de loi. C'est
correct, là.
M. Bonnardel : Donc, on est là, à
l'article 116, là.
M. Fontecilla : Article 116.
M. Bonnardel : On est là, là, donc,
«visée à l'article 116 ou à une activité de maintien des compétences».
M.
Fontecilla : Est-ce que vous avez une terminologie commune, là?
Parce que, là, je vois apparaître quatre
termes : formation continue, activité de... on vient de le voir, là, il y
a requalification, là, vous avez parlé, là — à quel article déjà,
là? — ...
M. Bonnardel : 87.
M. Fontecilla : ...maintien des
compétences, troisième notion, et nous, on parle ici, du côté des oppositions,
de requalification. Est-ce qu'il y a une... comment dire, une volonté de... il
y a une unité, là, dans tout ça, là?
M. Bonnardel : Oui. C'est un
synonyme, «maintien des compétences».
M. Fontecilla : Ah! c'est... Mais ne
serait-il pas plus approprié d'utiliser les mêmes termes pour désigner les
mêmes choses, pour... des termes différents pour désigner... Parce que, là,
ensuite, il y a les générations futures, et peut-être qu'un jour vous ne serez
plus ministre de la Sécurité publique, là. Il va y avoir d'autres gens qui vont
être appelés à interpréter la loi, là. Ne serait-il pas plus simple de rendre
ça plus cohérent, là?
M.
Bonnardel : Je pense que «maintien des compétences», ça dit ce
que ça dit. On maintient des compétences déjà acquises.
M. Fontecilla : Donc, pour vous,
«maintien des compétences», c'est synonyme de requalification.
M. Bonnardel : Pardon? C'est un
synonyme, c'est ça.
M.
Fontecilla : De «requalification». Et «formation continue»,
c'est ce que je me... dans votre esprit, est-ce que c'est du maintien
des compétences?
M. Bonnardel : C'est complètement
différent.
M. Fontecilla : C'est d'autre chose.
Acquisition de nouvelles...
M. Bonnardel : Connaissances.
M.
Fontecilla : ...de nouvelles compétences. Mais tous ces...
tous... Et le maintien des compétences et l'acquisition de nouvelles
compétences, c'est toujours de la formation, non?
M. Bonnardel : Exact.
M.
Fontecilla : Très bien. Et vous, ici, dans l'article 14,
vous vous donnez seulement l'obligation de... d'obliger l'acquis de
nouvelles compétences via la formation continue, mais tout ce qui est
requalification, qui est le maintien des
compétences, vous l'envoyez à une directive, là. Et pourquoi vous ne l'écrivez
pas dans la loi, M. le ministre? Il me semble que le maintien des
compétences, ça devrait faire partie d'un texte de loi, pas d'une directive,
là.
M.
Bonnardel : Dans une ligne directrice, comme je l'ai mentionné
peut-être trop rapidement tantôt, la requalification ou le maintien des
compétences, ça évolue selon la jurisprudence. Donc, c'est beaucoup plus simple
pour nous de mettre ça dans une ligne
directrice, dans une ligne directrice qui va définir par la suite un nombre
d'heures, un nombre d'heures minimal, minimal. On le sait, là, la Sûreté du
Québec, ils nous ont donné un nombre d'heures quand même assez important qu'ils
doivent faire pour maintenir leurs compétences. Donc, pour nous, qu'on soit à
la Sûreté, qu'on soit à Montréal, qu'on soit à Granby, bien, il y a un nombre
d'heures minimal qui devra être établi, là, pour
être capable, selon les différents corps de police, de bien faire leur travail
puis d'augmenter les statistiques que nous avons entendues tantôt, là.
M.
Fontecilla : Tout à fait, là, mais vous faites appel à la flexibilité,
là, parce que les exigences changent, les modalités,
etc. Tout à fait d'accord, il faut être flexible dans la vie. Mais pourtant,
s'il y a quelque chose... la formation continue,
là, s'il y a quelque chose de flexible, là, c'est bien la formation continue,
et vous le mettez dans le texte de loi, mais, pour plus de flexibilité, tout ce qui est maintien des...
requalification, vous le renvoyez à une... à des lignes directrices, là.
On a de la difficulté
à comprendre la cohérence, là, alors que les deux pourraient très bien faire
partie d'un texte de loi qui vous donne la
possibilité d'imposer des normes autant pour la requalification, sans aller
dans le détail, on ne parle pas de dire combien d'heures, et quels
types, etc., juste vous donner la possibilité d'imposer aux différents corps
policiers, là, des obligations en termes de requalification, là. C'est un
principe, là, et vous le modulez comme vous
voulez, par un règlement, par une politique. Ça vous appartient en tant que
ministre de la Sécurité publique, là. Mais vous excluez du texte de loi la requalification, alors qu'on est,
justement, dans la partie formation. Vous pourriez vous donner, vous arroger le droit de dire : Oui,
moi, en tant que ministre, je me donne le droit d'imposer certaines normes
en termes de requalification, mais vous
refusez de le faire, et, pour moi, il y a un manque de cohérence, là, M. le
ministre.
M.
Bonnardel : J'ai déjà donné la réponse plusieurs fois, là. Ce sera par
des lignes directrices que le maintien des compétences sera défini.
Le
Président (M. Bachand) : J'aurais la
députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme la députée.
Mme
Maccarone : Oui. Est-ce que... Quand on parle de requalification,
est-ce qu'on prévoit des modes de contrôle, de supervision ou d'évaluation des
obligations de requalification? Est-ce qu'il y aura des sanctions qui vont...
découlant du défaut de se conformer aux obligations de requalification?
M.
Bonnardel : Comme je l'ai déjà mentionné, c'est les différents corps
de police qui établissent la requalification.
On pourra le définir dans les futures lignes directrices, mais, encore là,
selon les différents états-majors, c'est le gros bon sens qui doit
s'appliquer. Vous avez nommé... Vous avez donné des statistiques, tantôt, qui
sont... qui peuvent être... qui doivent être
meilleures, qui doivent être meilleures dans le futur, donc, mais il y a des
impondérables, des impondérables que tout le
monde connaît, que vous connaissez. C'est mon défi, c'est notre défi, comme
gouvernement, d'augmenter ces pourcentages
de requalification pour que 100 % des policiers soient bien requalifiés,
maintiennent leurs compétences. Il faut leur donner des outils.
Maintenant, on est
sur un processus d'augmentation des effectifs partout dans les prochaines
années. Il faut quand même se donner le temps d'être capables de former plus
d'hommes et de femmes. Mais, à court, court terme, j'en conviens, que ça peut être encore compliqué, là. J'en conviens, là.
Les pourcentages sont, selon... selon l'arme, à 60 %, d'autres choses, à 50 %. La conduite
dangereuse, ça peut être moins, ou autre, ou autre. Il y a de multiples
maintiens de compétences que les différents policiers doivent avoir
année après année, mais il faut se donner le temps puis il faut que le gros bon
sens s'applique par les différents gestionnaires.
Mme
Maccarone : M. le Président, j'ai un amendement que je suis prête à déposer...
Le
Président (M. Bachand) : Oui. Parfait.
Mme
Maccarone : ...qui est déjà dans le Greffier.
Le Président (M. Bachand) : Merci. Alors, on va le mettre à l'écran, si vous voulez en faire la
lecture. Mme la députée, s'il vous plaît.
• (18 heures) •
Mme
Maccarone : Oui. Article 14 : Ajouter, dans le premier
alinéa de l'article 116 de la Loi sur la police, proposé par
l'article 14 du projet de loi, après les mots «formation continue», les
mots «et requalification».
Encore une fois, M.
le ministre... M. le Président, c'est une question de cohérence, c'est une
question d'être conséquents avec nous-mêmes,
c'est une question de... Si on parle de la formation continue, qu'on a
dit : C'est le nerf de la
guerre, on a dit que c'est très important, on a dit qu'on veut équiper nos
équipes pour être en mesure de suivre cette formation continue, ils vont faire face à autant de difficultés en ce
qui concerne la requalification. On veut mettre tout que nous pouvons sur leur bord pour être en mesure de
suivre ces formations. Et la requalification, c'est aussi le nerf de la
guerre pour eux. On souhaite avoir des policiers qui sont requalifiés, en
termes de l'utilisation de leurs fusils, des Taser, etc. C'est très important.
Nous devons prioriser autant la requalification que la formation continue.
Je trouve que c'est vraiment un manque de
cohérence qu'on parle uniquement de formation continue ici puis qu'on ne parle pas de requalification. Les deux
sont... Tous les deux sont équivaux et très importants. Alors, de parler
d'on va mettre quelque part dans une ligne directrice,
l'autre dans un règlement... Je pense qu'on est aussi bien de mettre tous les deux ensemble,
et l'adresser, comme nous avons fait, dans la réalité policière, dans le
document qui a été préparé, dans les
recommandations, et suivre les recommandations qui sont faites, la
recommandation 64 et la recommandation 65, de donner de
l'importance aux deux, parce que, tout à fait, il faut améliorer ces
pourcentages. Il faut leur donner tout ce
que nous pouvons pour s'assurer qu'ils puissent suivre les formations, que ce
soit la requalification ou autre formation, mais tous les deux sont
aussi importants, d'où la nécessité d'avoir cet amendement.
Le Président (M. Bachand) : Merci beaucoup. Interventions sur l'amendement?
M.
Bonnardel : Bien, on est sur deux sujets, M. le Président,
complètement différents avec la formation continue et le maintien des compétences pour le travail des
policiers, le maintien des compétences par le maniement d'armes, pour
les différentes armes que les policiers peuvent utiliser pour... différents
Taser que les policiers peuvent utiliser sur... selon les corps de police, la requalification sur la conduite, ou autre,
ou autre. On a besoin de plus de souplesse par les lignes directrices
pour définir ces principes de maintien de compétences versus le règlement, qui
va nous définir une formation continue, un nombre d'heures x que les policiers,
les hommes et ces femmes vont devoir obtenir pour leur travail. Donc, c'est des
choses complètement différentes, là.
Mme Maccarone : Sauf qu'il doit y
avoir un minimum, en ce qui concerne la requalification, pour l'utilisation de
leurs fusils. Ça, ce n'est pas quelque chose qui est fluide. Ça, ce n'est pas
quelque chose qui est différent à Granby que
c'est à Montréal. Il y a quand même une règle à suivre. C'est quand même un
outil très important. «It's unforgiving», on ne peut pas changer de bord
par la suite.
Alors, je ne comprends pas comment on peut
parler d'avoir besoin de plus de souplesse, comme si c'est moins important en
ce qui concerne la formation continue ou juste la formation que nous avons
besoin, surtout qu'ici on parle de... On va
avoir des sanctions, mais là on reste sur l'amendement, puis l'amendement,
c'est de s'assurer que la requalification est donné aussi d'importance.
On parle d'un règlement. Le ministre peut avoir toute la souplesse qu'il
souhaite avoir dans un règlement pour être en mesure de rejoindre les besoins
suite à une consultation, mais ça donne quand même de l'importance et des
outils de travail.
Encore une
fois, pour être conséquents avec tout le travail qui a été fait et les
recommandations, d'introduire... Dans la recommandation 64 :
«Introduire dans la Loi sur la police l'obligation pour chaque policier
québécois de réaliser 30 heures de
formation continue par année», il y a même une ouverture d'en faire plus. Puis
on n'a même pas parlé de c'est quoi, le minimum ici. Puis, recommandation 65 :
«Enchâsser dans un règlement la liste des éléments de la pratique policière
devant faire l'objet d'une requalification périodique», on ne parle pas d'une
ligne directrice.
La recommandation sur la réalité policière, dont
nous avons eu... Plusieurs corps policiers, plusieurs experts, plusieurs personnes qui ont contribué ici ont
parlé du besoin d'avoir ceci dans un règlement, pour la requalification,
pour chacun d'entre eux. Il y a quand même des experts qui ont contribué à
ceci. Il y a plusieurs gens qui sont cités. Ils ont dit que c'était important, parce que, oui, la formation professionnelle
est... formation continue est très importante. On parle des questions
relatives au profilage racial, aux interpellations policières, à la sécurisation
culturelle et à l'abus envers les aînés. Je peux parler pour la communauté LGBT
aussi. Il y a un manque de formation. Il y a de la disponibilité des gens qui
souhaitent offrir de la formation, mais il n'y a pas de disponibilité pour les
gens à suivre la formation. Ça fait que ça aussi, c'est des choses que nous
avons entendues.
Mais là on parle des recommandations ici, dans
le comité consultatif, d'avoir dans un règlement, comme on fait ici. Ça fait qu'on est conséquents avec
toutes les recommandations que nous avons vues dans le livre vert. Ça fait
que je comprends mal comment nous pouvons ne
pas suivre les recommandations de tout le fruit de tous les travaux que
nous avons déjà vus, que nous avons déjà entamés, pour s'assurer que la
requalification est donné autant d'importance que la formation continue.
Le Président (M. Bachand) : Merci.
Interventions sur l'amendement? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui. Bien, est-ce
que ça veut dire que... Mettons, dans les lignes directrices, est-ce que le
ministre prévoit aussi des sanctions pour les gens qui ne suivent pas la
requalification?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Bonnardel : M. le Président, je
répète, là, c'est deux choses complètement différentes, là. Il ne faut pas
laisser sous-entendre qu'on se fout du maintien des compétences, là. Je l'ai
déjà dit, là, dans les lignes directrices, le maintien
des compétences, l'augmentation des pourcentages de formation est... ramener ça
à 100 %, c'est mon objectif. Puis ça doit être l'objectif de tous
les policiers puis des états-majors de former 100 % de leurs policiers, de
s'assurer de requalifier le maintien des compétences de 100 % de leurs
policiers. De l'autre côté, d'augmenter la formation, d'établir un nombre
d'heures de formation continue pour les différents corps de police, bien, c'est
le travail qu'on souhaite mettre en place dans l'article 14 pour établir
un nombre d'heures x.
Et, la formation continue, les policiers qui
sont venus témoigner ici l'ont mentionné maintes et maintes fois, on le veut, on en a besoin puis on y croit, mais
il y a un gros bon sens qui doit s'appliquer, parce que la situation de
chaque employeur peut évoluer, peut être différente. Malheureusement, ça se
peut que, dans un laps de temps x, tu n'as pas été capable d'être formé,
mais on va te former dans le mois suivant, même si tu n'as pas respecté le six
mois. Il n'y a personne ici, là, qui veut mettre une
épée, là, qui veut mettre un bâton de dynamite au-dessus de la tête de chaque
policier parce qu'il a manqué d'un mois sa formation continue ou sa
requalification, là. Ce n'est pas ça, le but. Ce n'est pas ça, le but, mais
c'est de former le plus rapidement possible ces policiers puis de leur donner
des outils, voilà, dans deux cadres complètement différents, le règlement ou
les lignes directrices.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Si ce n'est pas ça,
le but, je propose qu'on enlève le mot «sanctions». Le ministre vient de dire que ce n'est pas ça, le but. Si ce n'est
pas ça, le but, pourquoi on a ça dans cette loi? C'est écrit en noir et
blanc : On ne suit pas les formations, il va y avoir des sanctions du
défaut de conformer aux obligations. On dit deux choses, M. le Président.
M. Bonnardel : Il se peut que les
gestionnaires décident de ne pas vouloir suivre des... une formation x. Il se pourrait. Il est important de mettre le mot
«sanctions». Il se pourrait. Mais est-ce que c'est 1 %? Est-ce que c'est
0,5 % de ces policiers? Il se pourrait.
Mme Maccarone : Je suis prête à
voter sur mon amendement, à moins que le collègue souhaite...
Le
Président (M. Bachand) :
O.K. Donc, s'il n'y a pas d'autre
intervention, est-ce que l'amendement est adopté?
Mme Maccarone : Par vote... Vote par
appel nominal, s'il vous plaît, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la secrétaire, s'il
vous plaît.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Pour.
La Secrétaire : M. Bonnardel
(Granby)?
M. Bonnardel : Contre.
La Secrétaire : M. Lamothe
(Ungava)?
M. Lamothe : Contre.
La Secrétaire : Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
La Secrétaire : Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
La Secrétaire : Mme Boivin Roy
(Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
La Secrétaire : M. Asselin
(Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin : Contre.
La Secrétaire : M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire : M. Fontecilla
(Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Pour.
La Secrétaire : M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement est rejeté. Donc, on
revient à l'article 14. Interventions? M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Donc,
le ministre se donne la possibilité de déterminer les obligations relatives à
la formation continue, ce qui a été
amplement souligné par différents intervenants, y compris dans le rapport sur
la réalité policière. Nous avons
entendu également les représentants des policiers et policières nous faire
mention très fortement... avec beaucoup d'emphase sur cette question-là. Est-ce que le ministre a déjà une idée
de la politique de formation continue qu'il entend mettre de l'avant... enfin, nous dire les éléments,
ou il se donne seulement la possibilité d'aller dans cette direction-là,
ou est-ce que son ministère a déjà une idée, là, d'où est-ce qu'il veut s'en
aller avec la formation continue?
M.
Bonnardel : Non.
M.
Fontecilla : Parfait. Pourquoi, selon lui, on devrait faire de la
formation continue, là, des policiers?
• (18 h 10) •
M.
Bonnardel : M. le député, vous étiez présent lors des consultations.
M.
Fontecilla : Bien oui, mais je veux comprendre votre vue, là, votre
vision, là, de la formation continue, là. Pourquoi devrait-on... Ça a été dit,
mais, pour vous, là, c'est quoi, votre vision, là, sur...
M.
Bonnardel : Bien, c'est autant pour le travail d'un patrouilleur, pour
les situations de profilage ou autres, que ce soit pour des fonctions d'enquête
ou de gestion, ou toute autre fonction qu'on pourrait déterminer. Alors, dans
n'importe quel autre ordre, qu'on soit infirmière, qu'on soit x, la formation
continue, ça existe. Ça existe. C'est deux heures,
c'est quatre heures, c'est cinq heures, c'est 10 heures, selon.
Est-ce que le policier, la policière, ce sont des... c'est un métier
différent? Non. Ces hommes et ces femmes, ils l'ont tous mentionné, je pense
que c'est les deux mots qu'on a entendus le
plus souvent dans nos consultations : Oui, oui, mettez-le, mettez-le là,
dans cette loi, pour qu'on soit capables d'établir un nombre x d'heures
pour qu'on forme nos hommes et nos femmes qui protègent nos rues, qui rassurent
la population, qui... qui... Voilà.
M. Fontecilla :
Est-ce que vous pensez, M. le
ministre, parce que ça a aussi été mentionné à plusieurs reprises, que la formation... on va... la
formation continue ou la formation en général, soit la formation de base ou
la... pourrait, et vous l'avez mentionné, là, pourrait contrer le phénomène du
profilage social?
M.
Bonnardel :
Absolument.
M.
Fontecilla : Est-ce que vous
pensez que c'est par cette voie-là qu'on va réussir à juguler ce phénomène-là?
M.
Bonnardel : C'est un outil non négligeable pour le travail des
policiers dans le futur.
M.
Fontecilla : Pardon? Je ne vous ai pas...
M.
Bonnardel : C'est un outil non négligeable dans le travail des
policiers dans le futur, c'est indéniable.
M.
Fontecilla : Est-ce qu'en parallèle vous vous êtes donné l'obligation
de colliger des données sur les interpellations, etc., là, qui vont être
imposées à l'ensemble des corps policiers, là? Donc, vous allez avoir un corpus
de données, là, et ça va être... comment
dire, ça va être mis en parallèle avec l'obligation de formation continue,
entre autres, sur ce sujet-là ou pas?
M. Bonnardel :
Bien, l'école nationale... ou que
ce soit donné par autre... Dans 10 ans, 15 ans, ce sera peut-être
d'autre chose, là, qui sera... qui sera
défini, mais, la formation en continu, oui. Le profilage, ça peut être un
sujet. Ça peut être, profilage racial, social, peu importe, peu
importe... peu importent les sujets. Vous pourrez en écrire sûrement quelques-uns. Alors, voilà, c'est la formation
continue sur les interventions de violence conjugale ou autre, peu
importe, peu importent les situations, là, qui... où les policiers, jour après
jour, vivent des situations que certains de leurs collègues, peut-être,
vivaient beaucoup moins, beaucoup moins. Voilà.
Le
Président (M. Bachand) : Excusez-moi, M.
le ministre. Je veux juste vous dire que les cloches sonnent pour un vote.
Alors, nous allons
suspendre la commission. Merci.
(Suspension de la séance à
18 h 13)
(Reprise à 18 h 29)
Le Président (M. Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses travaux. Alors,
avant d'aller... Lorsqu'on a quitté, il y avait un échange entre le
député de Laurier-Dorion et le ministre. Là, je ne sais pas si, M. le ministre,
je vous ai interrompu, s'il y avait d'autres choses à ajouter. Non? Donc, M. le
député de Laurier-Dorion.
M.
Fontecilla : Donc, oui, j'étais dans l'idée de... à savoir si
le ministre allait utiliser sa... son pouvoir d'imposer la formation continue, là, sur une certaine... un
certain type de formation et s'il pensait l'utiliser... utiliser son
pouvoir concernant, notamment, les formations sur le profilage racial. Il a été
très... très vague, là. Je ne sais pas si... Ça peut être toute une série de
choses, là. Mais ce que je comprends, c'est que le ministre se donne le pouvoir
d'imposer de la formation continue, mais il n'a pas encore défini sa vision,
là, concernant la formation continue, là. Est-ce que je me trompe? Voilà, c'est
tout.
• (18 h 30) •
Le
Président (M. Bachand) :
Merci. Autres interventions sur
14? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui. Bien, je veux
comprendre, quand on parle... Le deuxième... le deuxième alinéa, «le
gouvernement peut, par règlement», pourquoi que ce n'est pas «doit» si c'est
sûr et certain que nous allons faire par règlement? Est-ce que ça veut
dire : Il y a autres moyens que nous allons poursuivre avec les
obligations relatives à la formation continue?
M. Bonnardel : C'est encore un
libellé juridique qui est... qui est standard, là. C'était écrit, dans la loi,
dans l'ancien texte actuel... bien, le texte actuel, «le gouvernement peut».
Mme Maccarone : Moi, je trouve qu'on
a toujours une occasion en or de modifier puis d'améliorer nos lois chaque fois
qu'on fait un débat là-dessus, parce qu'encore une fois ce n'est pas clair.
C'est un... C'est beaucoup de flexibilité. Ça veut dire qu'on n'a pas besoin de
le faire, parce qu'on peut, mais ça veut dire qu'il y aura peut-être autres
moyens. «Doit», c'est une obligation. «Peut», ça veut dire : On a un
choix.
Ça fait que je ne comprends pas pourquoi, ici,
on ne ferait pas le changement, étant donné que tout le monde a parlé, on a dit que la formation continue, c'est
essentiel, c'est important. Puis, si c'est vraiment essentiel et
important, puis on a absolument besoin d'avoir un règlement pour contrôler ça,
pourquoi que ce n'est pas un «doit»? Pourquoi que c'est un «peut»? Je comprends
ce que le ministre, il dit. C'est parce que «peut», c'est écrit ailleurs. Mais
il me semble que ça, c'est quelque chose qui est facilement corrigé.
Le Président (M. Bachand) : Merci. Oui.
Mme Maccarone : J'aurais un
amendement, M. le Président. Nous sommes en train de l'écrire. Ça ne prendra
pas de temps, mais on aurait besoin d'une petite suspension.
Le Président (M.
Bachand) : Pas de problème.
On va suspendre quelques instants. Merci
beaucoup.
(Suspension de la séance à 18 h 32)
(Reprise à 18 h 36)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend
ses travaux. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : ...l'amendement, M.
le Président.
Le Président (M.
Bachand) : On va le mettre à l'écran
aussi. Et voilà.
Mme
Maccarone : C'est trop loin sans mes lunettes. Je viens de
déclarer à tout le monde que je suis un peu aveugle.
Alors, un amendement à l'article 14 :
Ajouter, dans le deuxième alinéa de l'article 116 de la Loi sur la police,
proposé par l'article 14 du projet de
loi, après les mots «les sanctions», les mots «applicables aux gestionnaires
policiers».
C'est en lien
avec ce que nous avons déjà débattu, M. le Président, en ce qui concerne les
pénalités, les sanctions qui vont...
qui découlent du défaut de se conformer aux obligations en ce qui concerne le
suivi des formations qui vont être obligatoires, que tout le monde a
dit : On est favorables, mais le libellé de l'article en question, ça
donne vraiment l'impression que c'est les policiers qui vont être assujettis
aux sanctions.
Ça fait que, nous, ce qu'on souhaite, c'est d'avoir
un libellé et un langage qui amènent de la clarté en ce qui concerne c'est qui
qui va être responsable pour recevoir ces sanctions, parce que, présentement,
la façon que c'est écrit, c'est clair que c'est des policiers qui vont recevoir
ces sanctions. Puis, sans avoir fait une consultation de tous les policiers au
Québec, je ne peux pas imaginer qu'il y en a un qui ne souhaite pas suivre une
formation, que ce soit la formation
continue, peu importe c'est quoi, la formation. Puis, dans le fond, eux, ils vont
certainement faire face à un employeur, au niveau municipal, que lui
aussi va faire face à des difficultés en ce qui concerne l'application de
l'article en question.
Mais nous devons mettre la responsabilité sur
les épaules de la bonne personne, puis les personnes, ici, qui devront être
responsables, c'est les gestionnaires policiers, c'est les municipalités, si
jamais on n'est pas en mesure de suivre la formation continue faute
d'effectifs, par exemple.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Interventions sur l'amendement?
M. Bonnardel : Un court commentaire.
C'est, encore une fois, le gros bon sens qui s'applique. C'est une
responsabilité qui est partagée entre le policier puis son état-major, qui lui
dit qu'il y a un laps de temps x pour aller suivre sa formation future.
Maintenant,
cette responsabilité partagée autant par l'état-major que par le policier... Je
ne dis pas que le policier pourrait dire non, mais ça se peut. Ça se
peut, pour des raisons que je n'ai pas, que je n'ai pas, que je n'ai pas.
Est-ce que l'état-major peut être en faute?
Puis, honnêtement, là, j'ai rencontré pas mal
d'états-majors. Je pense que tout le monde... Tout le monde est conscient de la situation que ces femmes et ces
hommes vivent au Québec. Le terme «désengagement» a été mentionné
plusieurs fois, puis le but, c'est d'augmenter cet engagement, c'est
d'augmenter le nombre de policiers, c'est de les accompagner dans leur travail.
Puis, dans les circonstances aujourd'hui, bien,
d'amener un amendement qui met ça sous la responsabilité, un... Tu sais, c'est une responsabilité qui est
partagée. Puis, à quelque part là-dedans, je le répète, les gestionnaires
qui ont des formations aussi à suivre dans... en termes de fonctions d'enquête
ou de gestion possible, si un patrouilleur, un jour, veut aller plus loin dans
sa carrière, bien, c'est, pour moi... c'est, pour moi, important qu'on soit
capables de le définir là-dedans, parce que c'est un sujet d'actualité dans les
consultations.
Donc, non, on
n'ira pas plus loin en termes d'amendements que l'opposition souhaite adopter.
Dans ces conditions, c'est une
responsabilité qui est importante autant pour un que pour l'autre. Puis je fais
confiance au travail des policiers. Je fais
confiance à ces gestionnaires, qui connaissent les impondérables que tout le
monde vit et qu'eux vont vivre encore pour un certain laps de temps, jusqu'à tant qu'on ait réussi, là, à résoudre
ces problèmes d'effectifs, puis de répondre à tous ceux qui partent à la
retraite, puis qu'on les remplace par des plus jeunes qui vont arriver sur le
marché du travail.
Donc, on est
au travail, mais, dans ces conditions, je pense qu'on a aujourd'hui un article
de loi qui définit bien les besoins que nos partenaires policiers ont
évalués, les données qu'ils nous ont mentionnées, pour être capables d'avoir un
article qui fait du sens.
• (18 h 40) •
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? M. le
député de Laurier-Dorion.
M.
Fontecilla : Tout cela, M. le Président, nous renvoie à une
question de responsabilité, là, dans... et on a de la difficulté à déterminer qui est le responsable de
la formation continue ici, là. Le ministre «peut, par règlement,
déterminer les obligations relatives à la formation continue», mais il ne peut
pas... il peut ne pas utiliser cette attribution-là.
Au fond, je pose la question au ministre... Bon,
la formation continue, là, d'après ce qu'on a compris dans les auditions, etc.,
là, c'est quelque chose de tout à fait nouveau. Mais qui va avoir la... qui va
avoir la responsabilité de faire de la
formation continue? Est-ce le ministère? Est-ce chaque corps policier? Bien,
une question, c'est... donner, donner concrètement. Par exemple, si
c'est le ministère, c'est d'un point de vue national, là. Et puis il y a
d'autres... Il y a la question des contenus aussi, là. Qui va décider des
contenus, là?
Je lance la
question au ministre, là : Qui va donner ces formations-là et qui va
déterminer les contenus? Est-ce que c'est le corps policier à la base ou
c'est le ministère de la Sécurité publique?
M.
Bonnardel : ...c'est le corps policier à la base qui donne...
qui donne les cours de maintien de compétences et de formation continue,
si cela s'applique.
M. Fontecilla : Est-ce que ça va
continuer comme ça?
M. Bonnardel : C'est dans un
règlement qu'on va définir un minimum, un minimum d'obligation de formation à
laquelle les différents corps de police vont s'adapter.
M. Fontecilla : Très bien. Donc, en
quelque sorte, le ministère de la Sécurité publique va donner à chaque corps policier la responsabilité de donner
cette... Ça ne va pas être une politique du ministère de la... en fait, ça ne
va pas être une obligation du
ministère de la Sécurité publique, là. Vous imposez l'obligation à chaque corps
policier de le faire.
M.
Bonnardel : Selon les discussions que nous aurons avec nos
partenaires. Si on définit que c'est trois heures par année puis
que la Sûreté le fait déjà, trois heures par année, la Sûreté le fait déjà.
Mais ça se peut que Granby n'en ait pas, de
formation continue, puis ça se peut que Sherbrooke n'en ait pas non plus. On va
établir les besoins... les besoins pour... en termes d'obligation, pour
que cette formation puisse se faire. Qu'on soit policier à Longueuil, qu'on
soit policier à Granby ou qu'on soit policier à la SQ, bien, c'est un minimum
qu'on va demander. Si certains corps en font déjà plus, bravo.
M. Fontecilla : Ce que je comprends
de votre propos, M. le ministre, c'est que ce n'est pas le ministère de la
Sécurité publique, là, qui va donner ces... la formation continue, là. Ça va
être... La responsabilité va être donnée à chaque corps policier, là.
M. Bonnardel : Absolument. Bien, ça
peut être l'école nationale aussi qui va être partie prenante, là, qui va être
partie prenante de ces formations.
M.
Fontecilla : Donc, si c'est l'école nationale, je suppose que
ce serait une notion de plus de... comment dire, de centraliser la
formation, là.
M. Bonnardel : Bien, si on veut une
formation sur le profilage social puis que l'école nationale répond présent,
bien, tu sais, nécessairement, on va envoyer nos femmes et nos hommes là.
M. Fontecilla : Est-ce que vous avez
un échéancier temporel, là, pour vous doter d'une politique, là, de formation
continue, là?
M. Bonnardel : Bien, selon les...
selon ce qu'on veut évaluer, je l'ai mentionné, les obligations qui sont
importantes. La formation, ça a été un sujet d'actualité dans les dernières
semaines. Donc, on va se donner le temps que
ça prend pour être capables de bien faire ça, d'évaluer aussi les tendances
dans différents... dans les différents corps, ce que fait la SQ, ce que fait Montréal, ce que fait Longueuil, ce que fait
Gatineau, puis d'évaluer... d'évaluer pour chaque corps ce qui se fait
bien, parce que c'est sûr que c'est bon, là, ce qui se fait présentement, là.
Mais de quelle façon on va le faire? Puis il
y a sûrement des corps plus petits, peut-être, qui n'ont pas de... qui n'ont
pas de formation continue, où on va
leur établir un cadre spécifique en leur disant : Bien, à partir de
maintenant, c'est le minimum qu'on vous demande pour... pour former vos
femmes et vos hommes.
M. Fontecilla : Depuis quelques...
Il y a eu quelques épisodes très, très tristes concernant les cas de crises de santé mentale. Donc, on a entendu également les
chiffres sur le nombre d'interventions concernant cette problématique-là.
On a entendu les membres des associations.
Des policiers nous disent qu'ils sont particulièrement mal outillés, là, en
tant que... policier qui intervient, là. Et,
je suppose aussi et j'extrapole, les corps policiers, là, de façon générale,
là, en tant qu'entités, là, sont mal outillés, là, pour intervenir et
faire face à cette situation-là sans que ça... sans, comment dire, qu'il y ait
des cas malheureux.
Est-ce que, pour vous, là, il y a un aspect de
formation, là, dans cette... dans cette crise de société, si je peux l'appeler
ainsi, là? Parce que c'est vraiment... Il y a beaucoup de cas, et on a vu le
nombre d'interventions, là. Une proportion très importante des interventions
policières, là, sont dans des... se situent dans le spectre de la santé... de
la santé mentale, là. Est-ce que, pour vous, la formation continue, là, fait
partie des moyens de solution, là... bien, en fait, de comment intervenir
autour de cette problématique-là?
M. Bonnardel : ...à un point qui est
important, je l'ai déjà dit publiquement, il y a presque un appel sur deux, au
Québec, au 9-1-1, qui est relié à des cas de santé mentale. Maintenant, les
policiers, là, ils ne vont pas remplacer les travailleurs sociaux. Les
travailleurs sociaux les accompagnent. Mais est-ce qu'un policier peut être
formé sur un certain nombre d'heures par année pour mieux comprendre la
situation de cas de violence conjugale ou autres, qui se font déjà, à ma
connaissance, à l'école, mais qui peuvent évoluer, qui peuvent être améliorées?
Donc, absolument, mais le policier, il ne va pas remplacer le travailleur
social. Le travailleur social, psychosocial, il a étudié là-dedans, il
accompagne. C'est ce qu'on fait présentement. C'est des outils additionnels
qu'on donne aux différents corps de police, des TS qui sont présents, présentes
dans les corps, qu'on finance par l'entremise du plan en santé mentale du
ministère des Services sociaux... de la Santé, en réalité. C'est
60 millions sur cinq ans.
Donc, les
policiers sont contents de voir des partenaires comme ça qui comprennent mieux
certaines situations qui ne sont,
nécessairement, pas simples. Et ça, je fais une suite aussi au partage
d'information futur qu'on souhaite donner aux policiers, aux hommes et
aux femmes concernant les problèmes de troubles mentaux. Alors, si le policier
est bien informé, puis qu'il est bien accompagné, puis qu'on connaît l'état
mental perturbé, peut-être, du gars, de la femme — rarement, mais,
majoritairement, malheureusement, ce sont des gars, mais... — ça va
aider à sauver des vies, des vies de femmes et d'hommes policiers.
M.
Fontecilla : Le comité sur... Le rapport sur la réalité
policière mettait beaucoup l'emphase sur la formation, également la sélection, là, sur la base de
critères de... d'un nouveau critère, le critère relationnel, capacité de
rentrer en relation avec les gens,
etc., là. Ça joue un... Je suis sûr que vous êtes en mesure de le voir, là, ça
joue aussi un rôle important dans la question de la... dans les
interventions en santé mentale, où la question relationnelle est fondamentale.
Évidemment, un jeune policier qui vient de
sortir de l'école de police du Québec, peut-être, si ça fait partie de son
cursus, là, peut-être qu'il a acquis... il a acquis un certain nombre de compétences
et peut-être qu'il a aussi été sélectionné en fonction de ses... de ses
capacités ou de... de ces capacités-là, mais un policier que ça fait 15,
20 ans, là, il n'a pas connu ça, on s'entend, là. Il a été formé à
d'autres choses, etc., là. Est-ce que cet aspect-là de la nécessité d'insister
sur l'aspect relationnel fait partie de vos préoccupations, là, concernant...
ou des aspects à inclure dans une politique de formation continue?
M. Bonnardel : Ça peut faire partie,
M. le député. On est... Le monde évolue, le travail des policiers évolue. Donc,
si besoin est et que, dans cinq ans, six ans, bien, il y a des
problématiques x, y qui sont différentes de ce que les policiers vivent
aujourd'hui ou vivaient voilà 10 ans, bien, on va... on va s'ajuster. Le
monde s'ajuste, évolue. Donc, c'est ce qu'on va faire, c'est ce qu'on va faire
en termes... en termes de formation.
Les
formations que les plus vieux, plus vieilles ont peut-être eues dans différents
corps voilà 20 ans aujourd'hui ne s'appliquent peut-être même plus.
Mais c'est la vision même que j'ai puis qu'on a tous ensemble, de former ces
femmes et ces hommes puis d'évoluer avec eux dans le cadre de leur travail.
M. Fontecilla : Pour
revenir à l'amendement, à l'amendement de ma collègue de Westmount—Saint-Louis,
est-ce que, pour vous, là, dans le texte actuel, là, non pas amendé, là,
lorsque vous parlez des sanctions, ça s'applique aux policiers à la base ou ça
s'applique aussi à l'ensemble de la hiérarchie?
• (18 h 50) •
M. Bonnardel : Bien, comme je vous
l'ai mentionné, je n'ai pas de cas de policiers qui disent : Moi, la
formation, je n'en fais pas. Je n'en ai pas. Est-ce que ça peut arriver?
Peut-être. Je n'en ai pas. Donc, oui, si un policier disait, demain
matin : Moi, je n'ai pas besoin de ça, bien, il ne respecte pas,
nécessairement, les obligations qu'on relie à son travail. On lui donne un
certain nombre de temps, deux heures, trois heures, quatre heures, je
n'en ai pas idée, là. Alors, c'est...
Puis c'est de
là que les gestionnaires... Comme je l'ai répété au moins quatre fois, c'est là
que les gestionnaires devront s'adapter, parce que les gestionnaires
comprennent que le milieu peut être un peu plus compliqué, là. Ça a l'air
simple entre nous, là, mais, vous le savez, ce n'est pas simple. On peut parler
aux différents états-majors, qui vont nous dire : Oui, tu sais, là, ça a
beau être juste trois heures, mais là il faut s'ajuster. Plus le corps de
police est petit, ça peut être aussi compliqué que celui qui est gros ou moyen.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Vous savez pourquoi
vous n'avez pas de cas? C'est parce qu'il y a zéro obligation de suivre une formation continue présentement. Puis,
selon votre propre document, encore une fois, que vous avez partagé avec nous, votre page 24, on parle de «pour
les gestionnaires policiers, et ce, peu importe le niveau, il n'existe
actuellement aucun règlement ni obligation
de formation. Cette lacune a été mise de l'avant par le rapport du CCRP. » Ça fait que voilà.
Bien, ici, on parle de gestionnaires policiers.
C'est pour ça que j'aborde cet amendement. Je ne dis pas qu'on enlève «auxquelles les policiers doivent se
conformer», parce que je comprends le sens de ce qu'on souhaite.
Évidemment, c'est les acteurs sur le terrain, qu'ils soient formés, mais ça
reste que, quand on parle des sanctions puis qu'on parle des responsabilités, ça ne peut pas se loger
uniquement sur le dos des policiers. Puis l'article en question, 14, si ce
n'est pas amendé, pour utiliser la
terminologie que vous, vous avez fournie dans votre document, les gestionnaires
policiers — je
ne parle pas des municipalités, on parle des
gestionnaires policiers — ce
n'est pas clair. Ça donne sincèrement l'impression que tout réside sur
les épaules des policiers s'il y a des sanctions faute d'être en mesure de
suivre la formation, qui n'est pas de leur responsabilité, parce qu'il y a un
manque d'effectifs.
Ça fait que, je présume aussi, à la fin du
projet de loi, il va y avoir des dispositions législatives qui parlent d'un
délai avant que ceci prendra effet, mais ça reste que le ministre va aussi
adopter toute cette notion de formation continue puis tout ce qui est mode de
contrôle, de supervision par règlement. Ça fait qu'il y a de la souplesse
nécessaire pour être en mesure d'adresser tout ce qu'il souhaite en ce qui
concerne le policier individu, qu'on ne peut même pas nommer, parce qu'on ne
peut même pas imaginer un policier qui ne souhaite pas suivre une formation.
Bien, ça,
c'est quelque chose... Parce que ça doit être l'exception à la règle, que nous
pouvons aborder, ou bien ça, ça peut rentrer dans les règles internes en
ce qui concerne l'application de leur propre déontologie, parce qu'eux, ils souhaitent que leur monde soit formé. Je présume
que les assureurs aussi souhaitent que ce monde-là soit formé aussi, que
ce soit la formation continue ou la requalification, quand même une mesure
assez importante.
Mais, ici, si on n'adapte pas «applicables aux
gestionnaires policiers», on donne sincèrement l'impression que c'est les
policiers qui vont être responsables, chaque fois, il y a quelqu'un qui ne peut
pas suivre une formation, pour des très bonnes raisons, puis ça devrait être
une responsabilité...
D'abord, pour suivre la logique du ministre,
parce que ça se peut, on va trouver la... une personne qui dit non, ça devrait être une responsabilité partagée,
parce que ce n'est pas vrai que tout ça devrait se loger sur les épaules
de nos policiers et policières. Ça, c'est une responsabilité partagée avec les
gestionnaires policiers. Puis ça aussi, ça va leur donner un «impetus» de vouloir mettre en place cette loi, parce qu'eux,
ils ne voudront pas avoir des sanctions. Ça fait que ça va être en leur faveur de s'assurer qu'ils
mettent en place toutes les mesures nécessaires pour s'assurer que la
formation soit suivie.
Tu sais, un
policier qui serait en temps supplémentaire obligatoire, qui devrait manquer sa
formation, pourrait être sanctionné. C'est ça que cet article est en
train de nous dire. C'est pour ça que ça va être important de mettre en place
aussi la terminologie «gestionnaires policiers».
Le Président (M.
Bachand) : ...interventions? Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : C'est une déception,
M. le Président, que cet article ne sera pas adopté. Je pense qu'il manque
beaucoup de clarté. Je pense que les gens qui nous écoutent aujourd'hui, eux
aussi, ils comprennent que la façon que
c'est écrit, ce n'est pas clair, puis ça veut dire, présentement, que c'est les
policiers qui seront responsables, et pas nécessairement leur employeur,
qu'eux, ils ont le fardeau de responsabilité de déterminer c'est qui qui va
travailler quand.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions? Sinon, est-ce que l'amendement est adopté?
Mme Maccarone : Un vote par appel
nominal...
Le
Président (M. Bachand) : Oui. Mme la
secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Pour.
La Secrétaire : M. Bonnardel
(Granby)?
M. Bonnardel : Contre.
La Secrétaire : M. Lamothe
(Ungava)?
M. Lamothe : Contre.
La Secrétaire : Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
La Secrétaire : Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
La Secrétaire : Mme Boivin Roy
(Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
La Secrétaire : M. Asselin
(Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin : Contre.
La Secrétaire : M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire : M. Fontecilla
(Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Abstention.
La Secrétaire : M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement
est rejeté. Donc, on revient à l'article 14. Interventions? Mme la députée
de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : J'ai un autre
amendement, M. le Président. Je vous demande une courte suspension.
Le Président (M.
Bachand) : Oui. Alors, on va suspendre
quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 56)
(Reprise à 19 h 03)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
s'il vous plaît.
Mme Maccarone : Oui. Alors, je
propose l'amendement à l'article 14 : Ajouter, à la fin de l'article 116
de la Loi sur la police, proposé par l'article 14 du projet de loi,
l'alinéa suivant :
«Ce règlement doit prévoir l'obligation, pour
les organisations policières, de fournir ces formations et le délai imparti.»
Le ministre ne sera
pas surpris de voir cet amendement. C'est quelque chose qui était proposé à
lui-même par l'APPQ. Ils souhaitent avoir cet amendement pour s'assurer qu'il y
aura quand même une rigueur puis un partage de responsabilité en ce qui
concerne la notion de formation continue. Alors, on le propose en leur nom, en
souhaitant que le gouvernement accepte de faire cette modification à
l'article 14, qu'évidemment je trouve qu'il a de l'allure, en ce qui
concerne ce que nous venons tout justement de faire le débat, surtout en ce qui
concerne les sanctions, par exemple. Ici, on fait la
démonstration puis on fait la demande au ministre d'avoir des précisions dans
son règlement, chose que nous avons déjà vue dans autres articles, qu'il y a
des précisions, des demandes minimales pour les organisations policières, que
cette formation est quand même partagée avec eux.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
M.
Bonnardel : ...commentaire. Dans le règlement, Mme la députée, c'est
certain, il existe de la formation continue présentement. Il en existe. On va
le définir par règlement. On va faire participer nos... nos policiers, les
états-majors, les syndicats. C'est par règlement qu'on va définir une
formation x d'un nombre d'heures x et que par la suite on va leur dire : Bien, vous avez huit mois, 12 mois,
14 mois, tout dépend de la formation qu'on va vous dicter, qu'on va
vous imposer. C'est ça qui va... qui va être défini par règlement. Mais c'est
une... comme je l'ai déjà dit, c'est une responsabilité partagée. Je ne vois
pas en quoi un policier dirait, demain matin : Moi, je ne veux pas suivre
de formation continue. Est-ce que ça se peut? Il y a peut-être des statistiques.
Je n'en ai pas, de cas.
Puis, de l'autre
côté, quand je dis «partagée», bien, c'est aux gestionnaires, aussi, d'être
logiques dans la répartition des effectifs
sur le terrain, en sachant qu'il y a deux policières qui partent en formation
une semaine, il y a un gars puis une
fille qui partent l'autre semaine. C'est aux gestionnaires d'être logiques puis
appliquer le gros bon sens dans tout
ça pour ne pas affecter les policiers sur le terrain puis, de l'autre côté,
permettre aux policières, aux policiers d'aller suivre leurs formations
dans un délai qui va être... qui va être défini par règlement. Donc, ce que
vous écrivez là, c'est certain que ça va se retrouver dans le règlement.
Mme Maccarone :
Ce n'est pas moi qui l'écris, M.
le Président, c'est l'APPQ qui l'a soumis comme amendement au
gouvernement, d'incorporer. Puis ce que j'entends de M. le ministre, c'est
qu'il est en accord. Ça fait que, s'il est en
accord, puis ça ne va pas dénaturer l'article en question, c'est une précision,
c'est une demande minimale en ce qui concerne
ce qui sera écrit dans le règlement en question, je vois mal pourquoi qu'on ne
peut pas adopter cette demande qui est faite par eux pour s'assurer que
leur voix est aussi entendue et que l'amendement, l'article en question...
On comprend qu'eux
aussi disent que l'obligation, c'est quelque chose qui est partagé, pour les
organisations policières. Un délai imparti, je comprends que ça se peut que ça
va être 18 mois, 24 mois. J'ai lu le CCRP. On a plein de recommandations.
Mais ici, ça, c'est quelque chose qui est une demande du terrain, qui, encore
une fois, ne va pas dénaturer l'article en question. C'est une précision que le
ministre dit lui-même qu'il va incorporer. Alors, si c'est sûr et certain que
ça va faire partie de son règlement, bien, pourquoi ne pas le mettre en noir et
blanc ici, dans l'article 14, pour s'assurer qu'il y a de la rigueur puis
l'entendre de la voix des groupes concernés, qui souhaitent avoir cet
amendement adopté dans cet article?
M. Bonnardel :
...dans le règlement, qui seront
définis par nos partenaires, par nous-mêmes, avec nos partenaires, pour
être capables de partager cette responsabilité puis de s'assurer, encore une
fois, que les policiers aient des outils additionnels pour bien faire leur travail
dans le futur, mais toujours dans une logique, toujours dans une logique de
gros bon sens, sur le court, moyen terme, où on est tous conscients que les
gestionnaires, présentement, peuvent avoir de la difficulté à concilier
policiers terrain versus policiers partis en formation.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la députée.
Mme
Maccarone : Même argument, c'est la même réponse. Je comprends.
D'abord, pourquoi ne pas... nous ne pouvons pas adopter cet amendement qui est
souhaité par l'association des policiers et policières du Québec, qui désire
avoir cette précision écrite en noir et blanc? Si c'est déjà le souhait du
gouvernement, je vois mal pourquoi qu'on ne
peut pas leur accorder ce «quick win» pour s'assurer que leur voix est entendue
puis que tout le monde parle le même
langage. On parle d'un délai imparti. On parle de prévoir l'obligation. C'est
directement en lien avec ce que nous sommes en train d'en débattre dans
l'article 14. C'est conséquent avec l'article en question. Puis, dans le
fond, je trouve qu'encore une fois ça ne dénature pas l'article. C'est juste
une précision que, pour eux, serait bienvenue. C'est déjà le cas, selon le
ministre, quelque chose qui sera abordé dans le règlement en question.
Ça fait
qu'évidemment, M. le Président, je voterai en faveur de ça, parce que je trouve
qu'on ne fait pas fausse route en s'assurant que les formations seront faites
dans un délai imparti.
Le Président (M. Bachand) : D'autres interventions sur l'amendement? S'il n'y a pas d'autre
intervention, on va...
Mme
Maccarone : Un vote par appel nominal, s'il vous plaît.
Le
Président (M. Bachand) : Un vote par appel
nominal. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La
Secrétaire : Pour, contre, abstention. Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis)?
Mme
Maccarone : Pour.
La
Secrétaire : M. Bonnardel (Granby)?
M. Bonnardel : Contre.
La Secrétaire : M.
Lamothe (Ungava)?
M. Lamothe : Contre.
La Secrétaire : Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
La Secrétaire : Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
La Secrétaire : Mme Boivin Roy
(Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
La Secrétaire : M. Asselin
(Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin : Contre.
La Secrétaire : M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire : M. Fontecilla
(Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Pour.
La Secrétaire : M. Bachand
(Richmond)?
Le
Président (M. Bachand) :
Abstention. Donc, l'amendement
est rejeté. On revient à l'article 14. Interventions? Mme la
députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme
Maccarone : ...M. le Président, ça fait que je vous demande
pour une autre courte suspension, s'il vous plaît.
Le Président (M.
Bachand) : Elle va être courte. À tantôt.
On suspend... (panne de son) ...quelques
instants. Merci.
(Suspension de la séance à 19 h 10)
(Reprise à 19 h 14)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
s'il vous plaît.
Mme
Maccarone : Oui. Je propose un amendement à
l'article 14 : Ajouter, dans le premier alinéa de
l'article 116 de la Loi sur la police,
proposé par l'article 14 du projet de loi, après les mots «formation
continue», des mots, «d'une durée minimale de 30 heures par année».
Encore une fois, M. le Président, c'est pour
être conséquents avec nous-mêmes, pour être conséquents avec le livre vert puis le CCRP, ça fait que... le
Comité consultatif sur la réalité policière. Ça fait partie des
recommandations, c'est la recommandation 64, d'introduire dans la Loi sur
la police l'obligation pour chaque policier québécois de réaliser
30 heures de formation continue par année.
On a aussi... Le ministre ne sera pas surpris.
Lui aussi, il a reçu, quand même, des amendements proposés par l'APPQ. Ça
aussi, ça fait partie des amendements qu'eux ont envoyés au gouvernement. Mais
eux sont prêts à aller encore plus loin, à faire 36 heures. Nous, on
trouve qu'on devrait être conséquents avec ce qui était proposé par le CCRP. S'il y a d'autres qui souhaitent ajouter des
heures parce qu'ils souhaitent aller plus loin, bien, tant mieux, mais
on souhaite rester avec 30, M. le Président. La parole est à vous.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup.
Compte tenu de l'heure, la commission ajourne
ses travaux sine die. Merci beaucoup. À bientôt.
(Fin de la séance à 19 h 15)