(Onze
heures cinquante-huit minutes)
Le
Président (M. Bachand) : À l'ordre, s'il
vous plaît! Bonjour, tout le monde. Ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission des institutions ouverte.
La commission est réunie afin de poursuivre
l'étude détaillée du projet de loi n° 12, Loi portant sur la réforme du droit de la famille en matière de filiation et
visant la protection des enfants nés à la suite d'une agression sexuelle et des
personnes victimes de cette agression
ainsi que les droits des mères porteuses et des enfants issus d'un projet de
grossesse pour autrui.
Avant de débuter, Mme
la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Schmaltz (Vimont) est
remplacée par Mme Tremblay (Hull); M. Zanetti (Jean-Lesage), par
M Cliche-Rivard (Saint-Henri—Sainte-Anne).
Étude détaillée (suite)
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Je vous rappelle que nous étudions le projet de loi n° 12
par sujet. Lors de l'ajournement de nos
travaux, hier, nous étudiions le bloc 1, intitulé Les mesures concernant
la grossesse pour autrui. De façon plus précise, nous avions terminé nos
discussions sur l'article 514.33 du Code civil introduit par
l'article 18 du projet de loi. Alors, M. le ministre, je vous invite à
lire l'article 514.34.
M.
Jolin-Barrette : Oui, l'acte de naissance dressé...
Le
Président (M. Bachand) : 541, pardon. Ce
n'est pas 514, c'est 541, désolé.
M.
Jolin-Barrette : «541.34. L'acte de naissance dressé par une autorité
compétente étrangère prouvant la filiation de l'enfant à l'égard de la personne
seule ou des conjoints ayant formé un projet parental ou de l'un d'eux doit faire l'objet d'une reconnaissance judiciaire
au Québec. Il en est de même pour la décision prononcée à l'étranger
établissant une telle filiation.
«Dans le cas d'une
filiation prouvée ou établie à l'égard d'un seul conjoint, une demande en
réclamation d'état concernant l'autre conjoint doit être jointe à la demande en
reconnaissance.»
Commentaires :
Il est proposé d'introduire la sous-section 2, intitulée De la
reconnaissance judiciaire de la filiation, qui comprendrait les
articles 541.34 à 541.37.
L'article 541.34
prévoit qu'un acte de naissance dressé à l'étranger prouvant la filiation de
l'enfant à l'égard de la personne seule ou des conjoints ayant formé le projet
parental ou une décision étrangère au même effet doit faire l'objet d'une
reconnaissance judiciaire. Cet article prévoit aussi que, lorsque la filiation
n'est prouvée ou établie qu'à l'égard d'un seul des conjoints, une demande en
réclamation d'état concernant l'autre parent doit être jointe à la demande en
reconnaissance.
L'objectif d'une
telle reconnaissance judiciaire est de permettre au tribunal québécois de
s'assurer du respect des règles prévues en matière de grossesse pour autrui en
raison des intérêts en jeu, notamment les droits de l'enfant, de la femme ou de
la personne qui lui a donné naissance.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Interventions? M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, s'il vous plaît.
• (12 heures) •
M.
Cliche-Rivard : Pour bien comprendre la mécanique, M. le ministre,
dans les États que vous allez désigner, par
exemple, l'Ontario, où... Vous parliez, la dernière fois, l'Ontario va émettre
un acte de naissance dans lequel, en
vertu de ses propres règles puis ses propres conditions pour la convention de
GPA, eux vont déjà avoir mis les parents d'intention sur l'acte de
naissance, et c'est cet acte de naissance là, ontarien, sur lequel il y a les
noms des parents d'intention, qui va devoir
être reconnu par jugement par le tribunal québécois. Juste pour bien comprendre
la mécanique.
M. Jolin-Barrette :
Effectivement, mais, exemple, dans le cas de l'Ontario, il y a déjà une
voie légale qui existe. Donc, oui, et par la suite, ça va s'en venir au Québec
puis ça va devoir être entériné par le tribunal.
M.
Cliche-Rivard : Et comment le... En fait, là, il va y avoir un acte de
naissance ontarien, par exemple. Cet acte de naissance là a été émis, l'enfant
vient au Québec et commence sa vie sans passer par la reconnaissance, de quelle
façon est-ce que l'État va s'en rendre compte ou... que, finalement, le
jugement n'a pas été entériné?
M.
Jolin-Barrette : Bien, en fait, parce que le secrétariat suit le
dossier. Dans le fond, le projet va avoir préalablement été approuvé, puis ils
ont les coordonnées des parents, puis ils vont suivre le dossier.
M. Cliche-Rivard : Et, dans l'État
tiers que vous allez désigner, ça va être obligatoire que cet État-là suive les
règles de l'État tiers, donc le Québec, quand les parents sont domiciliés à
l'extérieur de l'Ontario, par exemple?
M. Jolin-Barrette : Oui, bien, eux,
ils ont un régime législatif aussi qui s'applique, mais, dans le fond, c'est
parce que, si l'enfant, il vient ici, puis ils ne le reconnaissent pas, ils ne
pourront pas bénéficier de la stabilité juridique puis de l'autorité procédurale
de la chose jugée, de la force exécutoire. Ça fait que l'acte de naissance, il
n'a pas de force exécutoire, ici, là.
M. Cliche-Rivard : Est-ce que, dans
le régime ontarien, actuellement, il y a une convention d'acte notarié ou
l'équivalent de ce que vous, vous prévoyez en droit domestique?
M. Jolin-Barrette : Bien, il n'y a
pas de notaires.
M. Cliche-Rivard : Ou l'équivalent,
là?
M. Jolin-Barrette : Bien, dans le
fond, je pense qu'il y a des conventions, là, en Ontario.
Des voix : ...
M. Jolin-Barrette : Oui, il y a des
conventions en Ontario.
M. Cliche-Rivard : O.K. Et est-ce
que, de quelconque façon, sur l'acte de naissance ontarien ou québécois, on va
savoir ou voir que le processus légal de reconnaissance de filiation avec la
GPA était... c'est ce processus-là qui a été suivi ou ça va être absolument
confidentiel sur les documents de l'acte de naissance? Essentiellement dit,
est-ce qu'on va savoir que l'enfant est issu d'une GPA ou est-ce que l'Ontario
va...
M. Jolin-Barrette : Bien, en fait,
les règles québécoises font en sorte que ça doit être divulgué à l'enfant.
M. Cliche-Rivard : À l'enfant...
Bien, ça peut être divulgué à l'enfant.
M. Jolin-Barrette : Bien, à
18 ans, ça doit être divulgué, hein?
Une voix : ...
M. Cliche-Rivard : Ça doit être
divulgué à 18?
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Cliche-Rivard : Bien, on verra ça
plus tard dans l'étude du projet de loi?
M.
Jolin-Barrette : Oui, parce que, dans le fond, c'est tout le bloc
de la section, là, sur la connaissance des origines.
M. Cliche-Rivard : Exactement.
Enfin, on y reviendra plus tard. C'est bon. Ah non, ce n'est pas là qu'on...
Merci. C'est bon.
Le Président (M.
Bachand) : S'il n'y a pas d'autre
intervention, on va être prêts... est-ce qu'on est prêts pour 541.35? M. le
ministre, pour la lecture.
M. Jolin-Barrette : «541.35. Les
démarches nécessaires pour la reconnaissance de l'acte de naissance dressé par une autorité étrangère ou d'une
décision établissant la filiation prononcée à l'étranger doivent être
entreprises par la personne seule ou par les conjoints ayant formé un projet
parental dans les meilleurs délais et après la réception de l'attestation de conformité du ministre de la Santé
et des Services sociaux ou d'un avis de refus de délivrer une telle
attestation.
«Si les démarches de reconnaissance ne sont pas
entreprises ou finalisées dans un délai raisonnable, le directeur de la
protection de la jeunesse peut, à la demande du ministre de la Santé et des
Services sociaux, prendre, en lieu et place de la personne seule ou des
conjoints ayant formé le projet parental, toutes les mesures nécessaires pour
les entreprendre, [et] les mener à terme ou y mettre fin.»
Commentaires : L'article 541.35
prévoit les modalités à respecter pour effectuer les démarches nécessaires pour
faire reconnaître un acte de naissance ou une décision étrangère portant sur la
filiation d'un enfant. Cet article permet aussi l'intervention du directeur de
la protection de la jeunesse lorsque les démarches n'ont pas été entreprises ou
finalisées dans un délai raisonnable.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Interventions? M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Dans les
meilleurs délais ou... Juste pour clarifier le rôle des services sociaux, à
quel moment est-ce qu'on... à peu près, là, est-ce qu'on parle du
30 jours, du délai raisonnable? Est-ce qu'on a une idée de quand va
s'investir d'office la juridiction des services sociaux?
M. Jolin-Barrette : Bien, en fait,
il faut que les parents d'intention le fassent dans les meilleurs délais après
la réception de l'attestation. Vous, votre question, c'est : Après combien
de jours, supposons, le DPJ va intervenir? Bien, dans le fond, ils vont suivre
le dossier. C'est un délai qui est raisonnable. Donc, ils vont contacter les
parents d'intention. Si ce n'est pas fait, bien, ils vont agir, là, mais c'est
un délai raisonnable. Je ne peux pas vous dire : C'est 24 jours, puis
ils interviennent. C'est quelque chose qui est raisonnable en fonction des cas,
des circonstances aussi. Tu sais, ça peut arriver que le secrétariat suit le
dossier, puis là appelle les parents, puis là, je ne sais pas, là, il ne les
avait pas rejoints, puis là, finalement, ils se réveillent, ils disent :
Ah bien, on va faire la démarche, là, tout ça, ça fait que laissez-nous une
semaine de plus, là, puis... C'est du cas par cas, là.
M. Cliche-Rivard : Il y a un suivi
constant. Comme ça, on sait qu'aucun enfant ne va tomber...
M. Jolin-Barrette : Oui. Bien, c'est
l'objectif de la disposition.
M. Cliche-Rivard : Exactement. Ça va
pour moi. Est-ce que...
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de
Robert-Baldwin.
Mme Garceau : ...je vais continuer
sur... même longueur d'idée, «dans les meilleurs délais». On n'est pas mieux de
préciser que ce soit... qu'il y a un délai fixe? Peut-être pas 30 jours,
peut-être accorder un délai un petit peu plus long, mais, au moins, ça va être
plus clair, au lieu de laisser ça, «dans les meilleurs délais»?. «Meilleurs
délais», ça a une... c'est différent pour différentes personnes.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais c'est
parce que ce qui arrive, c'est que, si jamais, là, on mettait un délai fixe en
fonction de chacune des situations, il va y avoir la voie principale, là,
normalement, mais il faut juste s'assurer d'avoir la flexibilité pour laisser
aux autorités... Dans le fond, c'est rapidement. Il faut que la filiation
soit... bien, la reconnaissance soit établie en vue de la filiation. Ça fait
que «dans les meilleurs délais», tu sais, notamment par la jurisprudence, en
général, c'est reconnu, «dans les meilleurs délais». C'est «les meilleurs délais».
Le Président (M.
Bachand) : D'autres interventions? S'il
n'y a pas d'autre intervention, on va continuer à 541.36. M. le ministre, la
lecture.
M. Jolin-Barrette : Oui. Alors,
l'article 541.36 : «Le tribunal appelé à reconnaître un acte de
naissance dressé par une autorité compétente étrangère prouvant la filiation à
l'égard de la personne seule ou des conjoints ayant formé le projet parental
impliquant une grossesse pour autrui ou de l'un d'eux ou une décision prononcée
à l'étranger établissant une telle filiation s'assure qu'a été respecté
l'ensemble des règles applicables à un tel projet, à la fois suivant la loi du
Québec et celle de l'État d'où émane l'acte de naissance ou la décision.
«Il s'assure ainsi, notamment, que la femme ou
la personne qui a donné naissance à l'enfant a donné son consentement, après la
naissance de l'enfant, à ce que la filiation de celui-ci soit établie
exclusivement à l'égard de la personne seule ou des deux conjoints ayant formé
le projet parental.
Lorsque la femme ou la personne qui a donné naissance à
l'enfant décède avant d'avoir exprimé sa volonté quant à l'établissement de la
filiation de cet enfant, son consentement est réputé avoir été donné. Il en est
de même dans le cas où elle est devenue inapte à consentir avant d'avoir
exprimé sa volonté après la naissance de l'enfant.
«Il s'assure également que le ministre de la
Santé et des Services sociaux a délivré une attestation de conformité. À défaut
d'une telle attestation, le tribunal entend les parties, dont le ministre, et
s'il conclut que le projet de grossesse pour autrui n'est pas conforme aux
conditions générales applicables à tout projet parental impliquant une
grossesse pour autrui, il refuse de reconnaître l'acte ou la décision.
«La reconnaissance peut, pour des motifs sérieux
et si l'intérêt de l'enfant le commande, être accordée bien qu'aucune démarche
n'ait été faite auprès du ministre par la personne seule ou par les conjoints
ayant formé un projet parental ou que les démarches aient été faites en
partie.»
Commentaires : L'article 541.36
prévoit les éléments que doit analyser le tribunal lorsqu'il est saisi d'une
demande de reconnaissance par acte... de reconnaissance d'un acte de naissance
étranger ou d'une décision étrangère portant sur la filiation de l'enfant.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup. Donc,
interventions? M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Là, on va
désigner les États tiers qui vont respecter sensiblement les mêmes normes que
nous. Je me demande... et donc qui vont avoir émis l'acte de naissance
conformément à leur droit domestique, en Ontario, par exemple, quand vient le
temps du tribunal québécois d'évaluer si les lois ontariennes ont été
respectées. C'est quoi, l'intention derrière ça, si,
finalement, vous faites un contrôle clair de la désignation, puis que,
finalement, il n'y en a pas, de façon que ça ne puisse pas être respecté, là?
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est
comme en matière d'adoption internationale, quand le tribunal sanctionne
l'adoption internationale, reconnaît... il regarde est-ce que tous les
paramètres ont été respectés pour le faire...
M. Cliche-Rivard : En droit
étranger.
M. Jolin-Barrette : Oui, avant de
prononcer l'adoption.
M. Cliche-Rivard : Et donc la
famille va avoir le fardeau de démontrer le respect des règles ontariennes.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
M. Cliche-Rivard : Et on ne pourrait
pas dire qu'il y a une présomption d'office, compte tenu de l'émission de
l'acte de naissance en Ontario, un État que vous avez désigné. Il est
présumé...
M. Jolin-Barrette : Non, mais moi,
je pense que c'est préférable que le tribunal regarde le dossier dans son
ensemble puis évalue la preuve.
M. Cliche-Rivard : J'aurai d'autres
interventions, mais je pourrais laisser... Avez-vous d'autres choses?
Mme Garceau : Non.
M. Cliche-Rivard : Ah bon! Bien,
alors j'y vais. Dans le cas où le tribunal refuse de reconnaître le jugement ou
l'acte de naissance, l'enfant est déjà dans les mains, il y a déjà un acte de
naissance ontarien avec le nom de l'enfant, qu'est-ce qui se passe avec
l'enfant s'il y a refus?
M. Jolin-Barrette : Bien, dans le
fond, l'enfant va demeurer avec ses... parents, pardon.
• (12 h 10) •
Des voix : ...
M. Jolin-Barrette : Alors, la
sanction va se traduire au niveau du fait que les parents d'intention devront
fonctionner avec une filiation étrangère. Et, si la filiation est établie à
l'égard d'un seul des parents d'intention, elle ne pourra pas être établie à
l'égard de l'autre parent. Donc, ça devient plus complexe pour leur enfant
d'évoluer au Québec, donc c'est un pensez-y-bien. Puis, pour le deuxième
parent, il n'y a pas de... il n'y aura pas de filiation.
M. Cliche-Rivard : Reconnue au
Québec.
M. Jolin-Barrette : Non, mais ça
peut arriver, supposons, là, que l'autre parent, là, il n'était pas sur l'acte
de naissance non plus en Ontario, bien, ça veut dire... il ne pourra pas plus
l'être au Québec.
Donc, en termes de projet parental, pour être
titulaire de l'autorité parentale, supposons que c'est un projet parental avec
deux parents d'intention, puis là, dans le fond, il y avait juste un certificat
de l'Ontario avec un parent, bien, ce ne sera pas possible non plus de faire
reconnaître l'autre parent ici. Ça fait que, dans le fond, il n'y a que des
désavantages à ne pas respecter les règles impératives, puis ça devient les
règles générales, puis ça devient beaucoup plus difficile pour les parents.
Donc, c'est pour ça aussi qu'on fait ça, parce
qu'hier on en discutait, c'est justement dans l'objectif d'accompagner les gens
puis de leur dire : Bien, voici les étapes puis voici comment est-ce qu'on
peut régulariser cette situation-là. C'est similaire, dans le fond, à
l'adoption.
M. Cliche-Rivard : Et est-ce qu'il
peut y avoir un scénario dans lequel, tu sais, l'enfant obtient son acte de
naissance, avec les parents d'intention qui sont sur l'acte de naissance, qui,
finalement, arrivent au Québec, ils ne parlent à personne, ne demandent pas
l'autorisation, et l'enfant évolue avec un acte de naissance ontarien, comme
des centaines, voire des milliers d'enfants qui sont au Québec, qui sont nés en
Ontario, là?
M.
Jolin-Barrette : Bien là, ils vont devoir avoir fait la démarche
avec le secrétariat. Ça fait que le secrétariat va suivre les dossiers, ils vont appeler les parents,
parce que cet enfant-là, à un moment donné, il va être à quelque part,
là.
M. Cliche-Rivard : Puis, s'ils n'ont
pas fait cette démarche-là, tu sais... Je pose l'exemple : s'ils font tout
ça avec l'Ontario, là, ce que vous dites, c'est que l'Ontario ne pourra pas
l'accepter, de toute façon, parce qu'ils n'auront pas suivi les règles de
l'État tiers, qui va être le Québec, finalement, d'avoir obtenu l'attestation.
Tu sais, le parent peut-tu juste dire :
Regarde, là, Québec, là, ton petit cadre juridique, je ne m'en occupe pas, moi,
je fais ça avec une femme en Ontario, puis moi, je respecte les conditions en
Ontario, puis l'Ontario me l'émet, l'acte de naissance, puis deux, trois mois
après, moi, j'arrive au Québec avec mon acte de naissance ontarien, qui est possible, là, puis le régime juridique québécois, regarde,
moi, je vais passer à autre chose? Est-ce que c'est possible ou, vu que vous
avez désigné l'Ontario... ou vous allez le désigner, on va être certain qu'eux
vont avoir respecté les règles de l'État tiers, en l'occurrence le Québec,
quand les parents y sont domiciliés?
M. Jolin-Barrette : Non, mais, dans
le fond, c'est des cadres juridiques qui se superposent. Dans le fond, eux, ils
ont leur cadre juridique, puis nous, on a notre cadre juridique aussi. Ça fait
que le fait de ne pas respecter le cadre juridique québécois, supposons, ça
affecterait l'authenticité de l'acte de naissance ontarien, dans le fond. Il se
retrouverait avec un acte, supposons,
semi-authentique. Donc, ça complexifie les choses pour les différents
documents au Québec, pour la reconnaissance de l'autorité parentale. Donc,
c'est ça.
M. Cliche-Rivard : Ça fait qu'on va
s'assurer, quand vous allez désigner l'Ontario, qu'eux ne soient pas,
finalement... un peu comme nous, on le fait à l'inverse, là, en réciprocité,
que ce ne soit pas possible d'émettre l'acte de naissance sans que les
démarches et la loi du Québec aient été respectées, quand les parents y sont
domiciliés, là?
M. Jolin-Barrette : Bien, dans le
fond, tu sais, nous, on a des critères impératifs, des règles générales, ça
fait qu'il faut qu'il y ait des critères avant de désigner l'État, des critères
qui font en sorte qu'ils vont nous permettre de le désigner. Là, à partir du
moment où le projet est là-bas... Dans le fond, le parent, ici, sait très
clairement c'est quoi, les démarches qu'il faut qu'il fasse avec le
secrétariat, puis lorsqu'il entame les démarches en Ontario aussi, puis
qu'est-ce qu'il doit faire après, par la suite, mais l'Ontario, tout comme
le...
M. Cliche-Rivard : Il va-tu y avoir
ça aussi, comme réciprocité?
M. Jolin-Barrette : L'Ontario, tout
comme le Québec, ne modifiera pas son cadre juridique en fonction d'un autre
État fédéré, là.
M.
Cliche-Rivard : Non, mais nous, on a prévu... J'imagine que
l'Ontario aussi a prévu le code international, entre guillemets, là,
dans le cadre étranger, pour le Québec.
M. Jolin-Barrette : Il faudrait
voir. Il faudrait voir, mais c'est sûr qu'on n'a pas autorité. Bien, les lois
québécoises n'ont pas encore prépondérance en Ontario...
M. Cliche-Rivard : Non, non. Ça, je
comprends, là, mais ce que je veux dire, c'est que quand l'enfant...
M. Jolin-Barrette : ...mais je suis
ouvert aux suggestions.
M. Cliche-Rivard : Quand l'enfant va
arriver avec son acte de naissance ontarien, là, c'est juste ce que je veux
dire, il arrive ici avec ça, là, puis il ne vous en a pas parlé, puis il n'a
pas informé le secrétariat, puis, sur cet acte de naissance là, il y a deux
parents, puis ni vous ni moi, on ne sait si c'est les parents biologiques ou si
c'est les parents de filiation.
M. Jolin-Barrette : Qu'est-ce qui
arrive dans ce cas-là?
M. Cliche-Rivard : Qu'est-ce qui
arrive? On ne le saura pas. Je pose la question. Ou si... Va-t-on s'assurer à
100 % que l'Ontario ne soit pas capable de mettre finalité au projet sans
avoir eu...
M. Jolin-Barrette : Oui. Bien, le Directeur
de l'état civil va refuser l'insertion de l'acte aux documents de l'État
civil... au registre de l'État civil québécois.
M. Cliche-Rivard : Puis la conséquence
de ça...
M.
Jolin-Barrette : Ça va rebondir dans la vie quotidienne des parents
puis dans la vie quotidienne de l'enfant.
M. Cliche-Rivard : Bien, dans la vie
quotidienne de plein d'enfants qui sont nés en Ontario et qui vivent au Québec,
il n'y a pas d'obligation de reconnaître.
M.
Jolin-Barrette : Oui. Non, mais sauf que ce qui arrive, c'est
qu'ils ont un titre de fiabilité. Après ça, supposons, l'adoption se fait sur consentement spécial au
tribunal, présentement, donc, tu sais, c'est comme une façon
détournée...
M. Cliche-Rivard : Mais sans...
Juste des parents... des enfants qui naissent biologiquement...
M. Jolin-Barrette : Des Canadiens.
M. Cliche-Rivard : ...des Canadiens
en Ontario, puis ils décident qu'ils changent de province, ils s'en viennent
ici, on reconnaît leur acte de naissance sans problème.
M.
Jolin-Barrette : Effectivement. Effectivement.
M.
Cliche-Rivard : Donc, je pose juste la question. Dans ce scénario-là,
où eux font ça, le Québec ne saura jamais si les enfants sont les enfants
biologiques ou si les enfants sont issus d'une GPA.
M.
Jolin-Barrette : Bien, dans le fond, un tiers intéressé peut toujours
contester la filiation aussi, exemple, un héritier.
M.
Cliche-Rivard : Puis il va la contester en droit ontarien, d'où l'acte
de naissance est émis.
M.
Jolin-Barrette : Au Québec. Au Québec.
M.
Cliche-Rivard : Donc, on va contester un acte de naissance ontarien
devant les tribunaux québécois.
M.
Jolin-Barrette : Oui, mais là, bien entendu, les cas que vous me
soulevez, ce sont des exceptions exceptionnelles.
M.
Cliche-Rivard : Oui, oui, mais on est là pour ça quand même, là.
M.
Jolin-Barrette : C'est ça, mais on... Comment je pourrais dire? On
prévoit le plus de situations possible, mais
c'est comme dans le projet de loi n° 12, le cas de Mme
Océane, quand ils ont fait la loi, ils n'y avaient pas pensé.
M.
Cliche-Rivard : C'est sûr.
M.
Jolin-Barrette : Si jamais il y a des situations qui se produisent, on
se rassoira ensemble, là.
M. Cliche-Rivard : Je me pose... Bien, c'est
une question qui revient, quand même, parce que je me demande...
M.
Jolin-Barrette : Bien, parce que, dans le fond, là, ils vont devoir
fonctionner avec un document qui ne sera pas
inscrit à l'état civil, donc ça alourdit les démarches pour l'école, pour la
garderie, pour l'accès aux programmes gouvernementaux aussi, puis tout
ça, là.
M.
Cliche-Rivard : Mais, tu sais, comme je disais, il y a des milliers
d'enfants qui sont nés en Ontario qui n'ont pas de problème, de quelconque
façon, à s'inscrire à l'école au Québec, là.
M.
Jolin-Barrette : Oui, mais on ne veut pas... Mais là, ça, c'est à
l'intérieur de la même union fédérale.
M.
Cliche-Rivard : Tout à fait.
M.
Jolin-Barrette : Ça fait que c'est sûr que c'est plus simple à
l'intérieur de l'union fédérale. Si jamais vous
menez à terme votre projet, bien là, vous allez complexifier la vie des gens
qui ont recours à la grossesse pour autrui.
M.
Cliche-Rivard : Parce que vous mettez quand même des obligations, puis
c'est bien correct, là, que les parents d'intention, eux, suivent une rencontre
d'information, avec un paquet d'autres conditions. Donc, nous...
M. Jolin-Barrette : Mais, dans le fond, là,
les parents, ils ont... dans leur intérêt et dans l'intérêt de leur
enfant à avoir une filiation qui est claire,
qui est stable, puis à passer par le secrétariat. C'est sûr que, tu sais, moi,
je conseillerais à tous les parents québécois qui souhaitent avoir
recours à une mère porteuse en Ontario de... dire : Suivez les règles, ça
va être bien plus simple pour vous puis pour votre enfant pour la suite. Est-ce
que tout le monde suit tout le temps les règles? La réponse, c'est : On le
souhaite, que tout le monde suive tout le temps les règles. Alors, lorsqu'ils
iront voir leur conseiller juridique indépendant, il leur conseillera de suivre
les règles.
M.
Cliche-Rivard : Tout à fait. S'ils vont le voir. Ça, c'est une autre
question.
M.
Jolin-Barrette : Si quoi?
M.
Cliche-Rivard : S'ils vont le voir, si...
M.
Jolin-Barrette : Bien, de toute façon, ils vont aller voir un notaire.
M.
Cliche-Rivard : Ça, c'est sûr.
M.
Jolin-Barrette : Le notaire va leur dire : Suivez les règles.
M. Cliche-Rivard : Et avez-vous
réfléchi au motif sérieux qui le permettrait, là, au dernier alinéa?
M.
Jolin-Barrette : Oui. Bien, le critère du motif sérieux, là, dans le
Code civil, on a déjà des dispositions similaires, à l'article 574, pour
l'adoption, là, donc c'est «motif sérieux», si l'intérêt de l'enfant le recommande,
donc, c'est un motif qui est sérieux. Donc, l'ignorance de la loi, ce n'est pas
un motif sérieux, par contre. Donc, le non-respect de la loi qui ne découle pas
d'une ignorance ou de mauvaise foi, mais plutôt d'une information erronée, peut
constituer un motif sérieux.
M. Cliche-Rivard : Mais l'intérêt de
l'enfant va rester au coeur de ça, ça fait que c'est une voie de passage pour
ne pas pénaliser l'enfant, comme on avait prévu.
Une voix : ...
M. Cliche-Rivard : Et l'intérêt de
l'enfant.
• (12 h 20) •
M.
Jolin-Barrette : Oui, c'est ça, les deux. Comme Me Roy me
dit : Un motif sérieux et l'intérêt de l'enfant.
M. Cliche-Rivard : Pourquoi est-ce
qu'on voudrait avoir les deux, là?
M. Jolin-Barrette : Comme en matière
d'adoption internationale.
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Oui. Si c'est
uniquement l'intérêt de l'enfant, on évacuerait complètement le cadre juridique
qu'on est en train de mettre en place.
M. Cliche-Rivard : Mais
on ne voudrait pas quand même donner à la cour ce pouvoir-là dans l'intérêt de
l'enfant?
M. Jolin-Barrette : Non.
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Je céderais la
parole à Me Roy.
M. Cliche-Rivard : Bien sûr.
Le Président (M.
Bachand) : Consentement pour céder la
parole à Me Roy?
Des voix : Consentement.
Le Président (M.
Bachand) : Me Roy, s'il vous plaît.
M. Roy (Alain) : Oui. Bonjour.
Merci. En matière de filiation par le sang ou par procréation assistée,
l'intérêt de l'enfant n'est jamais un fondement à la filiation. C'est le
législateur qui établit ces impératifs en fonction d'une foule de considérations. Et c'est donc dans la loi, dans les
conditions d'établissement de filiation, 523 et suivants, qu'on retrouve
les fondements.
Si on permettait au tribunal de mettre de côté
les fondements de la filiation par le sang ou de la procréation assistée dictés
par le législateur, bien, on porterait atteinte à la souveraineté du législateur
lui-même. En matière d'adoption, on a le
critère de l'intérêt de l'enfant et les conditions de la loi, mais, en matière
de filiation par le sang et de procréation
assistée, de tout temps, le législateur a fait ses choix, et on n'accepte pas
que ce soit court-circuité par le tribunal.
M. Cliche-Rivard : Mais là on est
là, quand même, là, on est là, comme législateurs, pour se poser cette
question-là aujourd'hui. Le tribunal est quand même bien placé pour soupeser,
avec le cadre familial, avec les parents,
avec, potentiellement, l'intervention du DPJ. Est-ce qu'on ne voudrait pas
offrir au tribunal la possibilité d'accepter la reconnaissance en vertu
de l'intérêt supérieur de l'enfant?
M. Roy (Alain) : Si vous me
permettez, prenez... Bien, c'est un exemple que je donne souvent à mes
étudiants en matière de filiation par le sang : vous avez un géniteur et
vous avez un beau-parent. Le géniteur, bon, n'est pas une figure parentale
idéale, alors que le beau-parent l'est. Bien, en vertu des règles législatives,
c'est le géniteur qui va être déclaré père
parce que c'est l'ADN qui est le fondement de la filiation, ce ne sera pas le
beau-parent, alors que si j'applique
le critère de l'intérêt de l'enfant, ça pourrait être le beau-parent :
intérêt de l'enfant, in concreto, intérêt
de l'enfant concerné par la demande et non pas intérêt, in abstracto, ou
intérêt de la communauté générale des enfants.
Donc,
la question du fondement de la filiation par le sang, ça fait appel à des
considérations anthropologiques, historiques, sociologiques, sociétales.
Et le législateur soupèse l'ensemble de ces considérations-là pour, finalement,
déterminer le fondement ultime qu'est l'ADN, et le tribunal ne pourrait pas
mettre ça de côté au nom de l'intérêt de l'enfant
in concreto, évidemment, à moins que le législateur en décide autrement. Mais
traditionnellement, dans l'état actuel du droit en matière de procréation assistée
et en matière de procréation naturelle, c'est comme ça que les choses
ont toujours été envisagées.
M.
Cliche-Rivard : Mais là on est quand même dans la reconnaissance d'un
acte de naissance dans lequel la filiation est déjà reconnue par l'État
étranger désigné et non pas dans la décision de filiation.
M. Roy
(Alain) : Oui. Bien, en fait, le fondement ici, c'est le projet
parental, projet parental qui répond aux conditions établies par le
législateur, donc des conditions impératives, dont l'attestation du Secrétariat
à l'adoption internationale, dont les conditions générales prévues par les
articles qui seraient introduits par le projet de loi n° 12.
Donc, pour le sang ou pour la procréation
naturelle, c'est l'ADN, le fondement ultime, indépendamment de l'intérêt
de l'enfant in concreto, puis, pour la procréation assistée, le fondement
ultime, c'est le projet parental, dans la mesure où il respecte les conditions
de la loi. Parce que, si vous introduisez l'intérêt de l'enfant in concreto,
par exemple...
M.
Cliche-Rivard : Bien, il est là, là, je ne l'introduis pas, mais...
M. Roy
(Alain) : Oui, mais, si vous l'introduisez et vous en faites le seul
critère à l'encontre des motifs sérieux, bien, à la rigueur, on pourrait
éliminer toutes les conditions générales si on élargit...
M.
Cliche-Rivard : Mais c'est ce que le régime prévoit de toute façon.
M. Roy
(Alain) : Pardon?
M.
Cliche-Rivard : Le régime précédent, en domestique, c'est ce qu'il
prévoit, finalement, la juridiction... l'intérêt
supérieur de l'enfant du tribunal de reconnaître la filiation malgré qu'il y
ait des conditions qui n'aient pas été...
M. Roy
(Alain) : Ah non! C'est les conditions...
M.
Cliche-Rivard : Bien, c'est ce qu'on a vu.
M. Roy
(Alain) : Non. C'est les conditions générales. Par exemple, la mère
porteuse n'a pas 21 ans et il y a rémunération, l'intérêt de l'enfant ne
pourrait pas permettre de court-circuiter toutes ces conditions-là.
M.
Cliche-Rivard : Mais certaines conditions, oui.
M.
Jolin-Barrette : Dans le fond, les conditions générales, les
conditions impératives ne peuvent pas être... ne peuvent pas être... on ne peut
pas...
M.
Cliche-Rivard : Certaines conditions impératives. On est d'accord?
M. Jolin-Barrette :
Non.
M. Roy
(Alain) : Toutes.
M.
Cliche-Rivard : Toutes?
M.
Jolin-Barrette : Toutes les conditions impératives : 21 ans,
ne pas être rémunérée... C'est quoi d'autre?
Des voix : ...
M.
Jolin-Barrette : Le projet parental avant la conception de l'enfant,
l'intégrité de la mère porteuse. Tout ça, on ne peut pas déroger à ça, puis
même si c'est dans l'intérêt de l'enfant, on ne pourra pas établir la
filiation. Donc, les conditions générales, là, c'est : la mère porteuse et
les parents d'intention doivent être domiciliés au Québec, depuis au moins un
an lors de la conclusion de la convention, la mère porteuse doit avoir
21 ans ou plus, la combinaison génétique doit être conforme aux règles, le
projet de grossesse pour autrui doit être mené à titre gratuit, le projet
parental faisant appel à une mère porteuse doit exister avant la conception, la
convention de grossesse pour autrui doit être antérieure à la grossesse de la
mère porteuse, il doit y avoir un consentement de la mère porteuse après la
naissance. Donc, tout ça, ce sont des conditions impératives auxquelles on ne
peut pas déroger, conditions générales, donc, même si l'intérêt de l'enfant...
à ça, la filiation ne pourra pas être établie, bien, si ces conditions-là n'ont
pas été respectées.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la
députée de Robert-Baldwin.
Mme Garceau :
...en attendant.
M. Cliche-Rivard : Oui, bien sûr.
Mme Garceau : Parce
que... Vous venez de lire des conditions impératives, puis je trouve que ça
clarifie. On ne pourrait pas les
mettre concrètement, surtout dans l'aspect de grossesse pour autrui lorsque la
femme est à l'étranger?
M. Jolin-Barrette :
Non, bien, elles sont déjà là.
Mme Garceau :
Oui, non, je le sais, mais de dresser la liste de cette façon-là, c'est
très... ça devient très clair qu'on ne peut pas aller à l'encontre «de». Au
lieu d'avoir votre phrase, je ne me souviens plus, là, l'article au niveau de
l'ordre public, de faire... de dresser la liste des conditions impératives qui
doivent être respectées à l'extérieur.
M. Jolin-Barrette :
Mais c'est déjà là, on parle déjà des conditions générales dans l'article.
Dans l'article, ça dit «les conditions générales». Les conditions générales
font référence à ça.
Mme Garceau :
Non, mais les conditions sont un petit peu... Ce n'est pas dans un article,
là.
M. Jolin-Barrette : Oui, oui. C'est écrit,
«les conditions générales». Ça fait référence aux conditions générales
qui sont établies dans l'article qui est plus tôt.
Mme Garceau :
Une minute.
Des voix : ...
M. Jolin-Barrette :
Oui. Les conditions impératives... Les conditions impératives sont à 541.1
à 541.6. Donc, ça, c'est les dispositions générales.
Mme Garceau :
Bien, juste... Donnez-moi un instant.
M. Jolin-Barrette :
Dans le fond, dans l'article, pour l'étranger,
ça
dit que vous devez respecter les dispositions générales. Donc, ça réfère aux
articles 541.1 à 541.6. Donc, votre article, pour l'étranger,
dit : Vous devez respecter les conditions générales. Elles sont à... Ça
fait référence à la section...
Mme Garceau :
Si vous me permettez, M. le Président, est-ce qu'on peut suspendre juste
pour quelques instants? Je vais réviser
puis, de cette façon-là... Je crois que mon collègue aussi est en train de
réviser des documents.
Le
Président (M. Bachand) : Parce que je
vous rappelle que la séance est très courte, hein?
Mme Garceau :
Oui, je sais.
Le
Président (M. Bachand) : Alors donc,
je vais suspendre quelques instants seulement.
(Suspension de la séance à
12 h 29)
(Reprise à 12 h 35)
Le
Président (M. Bachand) : À l'ordre, s'il
vous plaît! La commission reprend ses travaux. Alors donc, on avait une
discussion, et je me tourne vers la députée de Robert-Baldwin, qui avait
demandé un... quelques moments de suspension. Mme la députée de Robert-Baldwin,
s'il vous plaît.
Mme Garceau :
Je vais retourner... Je veux juste retourner à l'article où on parlait
d'ordre public. En tout cas, moi, mon point, M. le Président, c'était que,
surtout, compte tenu de — on
va se dire — la
complexité des choses concernant les conventions, surtout de grossesse, qui
vont être faites à l'extérieur du Québec, à l'extérieur du Canada, moi, je
voulais juste m'assurer que les provinces, les États, on s'assure qu'ils vont
suivre nos règles et surtout les conditions impératives. Parce que, ces
conditions-là, si elles ne sont pas respectées, bien, ça fait en sorte que l'entente
n'est pas valide. Ça a quand même des conséquences assez importantes, et donc
je vois mal la réaction pourquoi on ne dresse pas la liste pour que ça soit
clair et précis pour n'importe quel avocat, procureur qui va être dans une autre province, dans un État à
l'extérieur du Canada, qui va savoir exactement qu'est-ce que cette... qu'est-ce
que lui ou elle doit prévoir dans une convention.
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, on a eu l'occasion
d'en discuter. C'est clair, à 541.26 puis à 541.31, ça fait référence
aux conditions préalables puis d'ordre public également, aux conditions
générales. Et donc ça fait référence à 541.1 et à 541.6. Donc, c'est déjà
clair.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M.
Cliche-Rivard : Ma compréhension, c'est que, par la voie judiciaire,
en droit domestique, le... tout le projet est au Québec. Il y a une certaine
discrétion au tribunal, en dehors des règles d'office, 21 ans et
consentement, là, mais, mettons, il n'y a pas de convention notariée. Là, il y
a une discrétion quand même du tribunal de modifier la filiation, à 521.1... à
541.21, pardon, et de reconnaître quand même la filiation malgré qu'une des
conditions...
M.
Jolin-Barrette : Si ce n'est pas des conditions impératives.
M.
Cliche-Rivard : Exactement. Sauf que...
M.
Jolin-Barrette : Donc, ça, c'est votre voie judiciaire.
M.
Cliche-Rivard : Exact.
M.
Jolin-Barrette : Dans le fond, la voie principale, là, c'est la voie
légale. Là, il y a une voie secondaire, si jamais il y avait une des
conditions, qui n'est pas une condition impérative, qui n'est pas respectée, où
est-ce que le tribunal a une discrétion.
M. Cliche-Rivard :
Et là, pour décider de lever ou non cette condition, l'intérêt supérieur de
l'enfant, le motif sérieux n'y est pas.
M.
Jolin-Barrette : Dans le fond, là, le tribunal n'a pas...
M.
Cliche-Rivard : Décide.
M. Jolin-Barrette :
Non, mais il n'y a pas de discrétion judiciaire. Dans le fond, il regarde
est-ce que le projet est conforme aux normes, même s'il manque un élément, puis
là doit entériner le projet.
M.
Cliche-Rivard : Mais il lève quand même, par exemple, l'obligation
d'avoir une convention notariée.
M.
Jolin-Barrette : Parce que ce n'est pas une condition de fond sur la
voie judiciaire.
M.
Cliche-Rivard : On est d'accord. Mais est-ce que cette même... Est-ce
que ce même pouvoir de lever une condition de forme existe à 541.36 pour la
reconnaissance de l'acte de naissance étranger?
M.
Jolin-Barrette : Dans le fond, là, le tribunal, là, quand c'est un
enfant qui est né à l'étranger, il doit respecter... Est-ce que le cadre a été
respecté? Donc, est-ce que l'accompagnement du secrétariat a été fait? Est-ce que tout a été fait en amont? Est-ce que
l'autorisation du ministre... Tout le kit. Ultimement, le tribunal pourrait
passer outre dans une situation si l'intérêt de l'enfant le justifie et il y a
un motif sérieux.
M.
Cliche-Rivard : Ça, je vous entends. C'est écrit mot pour mot.
J'essaie juste de... En vertu de l'intérêt supérieur de l'enfant, là, je vois
qu'il y a une discrétion quand même grande pour le tribunal à 541.21 que
je vois moins à 541.36. C'est ça, le sens de mon interrogation. Tu sais :
Est-ce qu'on ne pourrait pas donner au tribunal une plus grande discrétion en
vertu de l'intérêt supérieur de l'enfant pour reconnaître l'acte de naissance
étranger? C'est la question que je vous pose.
M.
Jolin-Barrette : Je comprends votre proposition. La réponse, c'est
non.
• (12 h 40) •
M.
Cliche-Rivard : O.K. Bien, ce n'est pas grave, hein? Pour moi,
c'est...
Le
Président (M. Bachand) : Ça va pour l'instant?
M.
Cliche-Rivard : Quand même, je me permettrais... beaucoup dans notre
droit et de la justification, donc je demanderais au ministre : Pourquoi
non?
M.
Jolin-Barrette : Bien, en fait, le législateur fait un choix, très
clairement, d'encadrer ça et de ne pas favoriser. Donc, on veut guider le
tribunal sur uniquement deux critères où est-ce qu'il pourrait passer outre le
motif sérieux et l'intérêt de l'enfant. On ne veut pas les dissocier, on ne
veut pas que ce soit uniquement l'intérêt de l'enfant, il faut également que ce
soit un motif sérieux. Donc, le tribunal va pouvoir exercer sa discrétion en
fonction de ces deux éléments-là, mais ce n'est pas une carte blanche qui est
donnée au tribunal. Le législateur vient encadrer les raisons pour lesquelles il pourrait déroger à ce qui n'a pas été
respecté. C'est important de l'encadrer. Le législateur fait un choix.
C'est au législateur de dicter quelles sont les règles.
M.
Cliche-Rivard : Oui, mais le législateur peut expliquer son choix.
M.
Jolin-Barrette : C'est ce qu'on fait, puis les tribunaux interprètent,
mais ceux qui font le droit, ce sont les législateurs.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Robert-Baldwin,
s'il vous plaît.
Mme Garceau : Oui. Je reviens sur la
question des conditions impératives pour être certaine, parce que vous avez
mentionné... surtout lorsque la GPA est à l'extérieur du Québec, je veux juste
m'assurer... Au niveau de vos articles, vous avez référé à 541.1 à 541.6. Qu'en
est-il de 541.11? Parce que, là, on parle de la rencontre avec le
professionnel, la psycho, question d'éthique, et là on avait ajouté aussi
consultations juridiques. Donc...
M. Jolin-Barrette : ...de fond, la
consultation.
Mme Garceau : Donc, ça, ça ne sera
pas une condition impérative?
M. Jolin-Barrette : Mais ça ne l'est
pas non plus au Québec.
Mme
Garceau : Mais c'est une condition, on va se comprendre,
c'est une condition préalable à la convention. Donc, c'est, dans mes
yeux, pas mal impératif. On ne pourra pas procéder sans la consultation avec un
professionnel.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) : Me Roy, s'il vous plaît.
M. Roy (Alain) : En fait, on peut
peut-être faire un parallèle avec le testament. Le caractère notarié d'un testament, ce n'est pas une condition de validité
du testament. C'est une exigence qui va faire en sorte qu'après le décès
le testament va avoir plein effet, sans avoir besoin d'être vérifié par le
tribunal. Le testament sous seing privé est tout aussi valide que le testament notarié, mais il doit faire l'objet d'une
vérification ou d'une homologation par le tribunal.
C'est un peu la même chose ici. Si on a une
convention de GPA notariée puis qu'on a respecté les autres conditions
préalables, dont la rencontre psychosociale, bien, je n'ai pas besoin d'aller
devant le tribunal après la naissance de l'enfant. Signature de la déclaration
de naissance, déclaration aux DEC dans les 30 jours, et voilà, l'acte de
naissance est valable sans besoin de reconnaissance. Si je n'ai pas d'acte
notarié, si ma convention de GPA est sous seing privé, elle est bonne si elle
est conforme aux conditions générales, mais je dois aller devant le tribunal parce qu'il n'y a pas d'acte authentique, il n'y a
pas de force probante du consentement donné de la date préconception,
puis le tribunal va vérifier tout ça.
Mme Garceau : Je comprends, mais
moi, ma question est très particulière parce qu'elle concerne le respect par un
État de nos conditions impératives.
M. Jolin-Barrette : L'État étranger,
là, lui, là, que les gens viennent du Québec, là, ça ne leur dérange pas, là.
Eux, ils ont leur cadre juridique applicable à eux. Eux autres, là, en Ontario,
là, supposons qu'on est en Ontario, là, ils ne regarderont pas ce qui arrive au
Québec, là. Eux autres, ils vont dire : Nous autres, on permet la
grossesse pour autrui, voici nos règles. Eux
autres, ce qui arrive avec le bébé après, là, ça ne leur dérange pas, là. Eux,
ils vont dire : Nous, en
Ontario, voici notre cadre. Est-ce que vous êtes qualifiés pour avoir utilisé
des parents... bien, utilisé une mère porteuse?
Oui, non, voici les critères, O.K.?
L'autorité réglementaire ontarienne,
c'est ça qu'elle fait. Elle ne se soucie pas du cadre d'un autre État. Mais les parents d'intention, eux, qui vivent
au Québec, doivent s'assurer, eux, de respecter, dans le cadre de leur
projet parental, le cadre juridique de l'État de leur domicile. Comprenez-vous
ce que je veux dire?
Mme Garceau : Oui, mais là, O.K., on
se met dans le scénario... On va prendre Ontario. On aime ça, Ontario. On va
prendre Ontario. Femme porteuse est en Ontario, parents d'intention domiciliés
au Québec. L'acte, la convention ne sera pas notariée, elle va être faite sous
seing privé en Ontario.
M. Jolin-Barrette : Probablement.
Mme Garceau : Probablement. Donc,
vous avez... vous allez avoir, admettons, fait la vérification, parce que c'est sûr et certain que l'État ou la province va
être désigné par le législateur, et l'avocat qui rédige l'entente, oui, il y
a des règles ontariennes, mais il va devoir quand même s'assurer qu'il suit les
conditions impératives du Québec.
M. Jolin-Barrette : Pas
nécessairement. Ça dépend du mandat que ses clients lui donnent. L'avocat qui
est en Ontario respecte les règles ontariennes.
Mme Garceau : Donc, ça veut dire
que, si on regarde les conditions à 541, à 546, et là je vais même un petit peu
plus loin avec 541.11, qui me semble assez important, compte tenu du
contexte...
M.
Jolin-Barrette : ...impératives, 541.11.
Mme Garceau :
Non, je le sais, impératives, cependant, c'est une condition préalable. On ne
peut pas...
M.
Jolin-Barrette : Au Québec.
Mme Garceau :
Oui, au Québec, mais, lorsque vous allez faire une vérification des règles
ou des lois applicables dans... que ce soit l'Ontario ou dans une autre
province ou État, vous allez vérifier quoi, au bout du compte? Vous allez
vérifier qu'ils ont... et là je reprends les dispositions générales au niveau
de : la femme doit avoir... doit être au moins âgée de 21 ans, qu'on
ne peut pas payer un montant d'argent, c'est ce genre de choses là que vous
allez vérifier?
M.
Jolin-Barrette : Entre autres, oui.
Mme Garceau :
Et donc, là, ça veut dire que, dans ces provinces et États à l'étranger, il
n'y aura aucune obligation de quelque nature que ce soit que la femme porteuse
rencontre un professionnel pour voir tous les aspects psychologiques, questions
d'éthique liées, pour qu'elle puisse prendre... pour qu'elle puisse faire...
évidemment, rendre un consentement libre et éclairé avant de signer l'entente
sous seing privé?
M.
Jolin-Barrette : J'ai tout expliqué ça hier.
Mme Garceau :
O.K. O.K.
Le
Président (M. Bachand) : Autres
interventions? Oui, M. le député de l'Acadie. Allez-y, oui.
M. Morin : Je
voudrais reprendre les mots du ministre. Effectivement, ça a tout été expliqué
hier, vous avez raison, M. le ministre, mais c'est pour ça qu'à mon avis votre
projet de loi doit être perfectible. Puis ce que vous faites... Puis je
comprends votre position, c'est la position que vous avez prise, mais, je suis
tout à fait d'accord avec ma collègue de Robert-Baldwin, ça laisse des trous
dans la loi puis ça va faire en sorte que ça va être très difficile.
Et, je comprends, le
ministre nous dit : Mais là il n'y en a pas, d'encadrement, puis il y a un
intérêt pédagogique. Très bien. Ce qu'on essaie de faire ici, M. le Président,
c'est de bonifier ce projet de loi là pour qu'une femme porteuse, qu'elle soit
au Québec ou ailleurs, puisse s'assurer que tout va se passer normalement. Je
ne vous dis pas de ne pas appliquer le droit étranger, ce n'est pas ce que je
dis, mais on a fait des propositions hier pour s'assurer que les parents
d'intention puissent agir puis faire en sorte que cette femme porteuse dans une
autre province — parce
que, là, on parle de l'Ontario — soit aussi traitée comme une femme
porteuse au Québec. Je constate que le ministre ne veut pas aller là. Bien.
C'est dommage.
• (12 h 50) •
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Autres interventions sur
541.36? Donc, sinon, on va continuer avec 541.37. M. le ministre, s'il vous
plaît.
M.
Jolin-Barrette : O.K. «La reconnaissance de l'acte de naissance dressé
par une autorité compétente étrangère ou de la décision prononcée à l'étranger
produit, à compter de la date à laquelle la filiation de l'enfant a pris effet
dans l'État étranger à l'égard de la personne seule ou des conjoints ayant
formé le projet parental ou de l'un d'eux, les mêmes effets que si cet acte
avait été dressé au Québec ou que si cette décision y avait été rendue.»
Commentaires :
L'article 541.37 prévoit que la reconnaissance judiciaire permet à l'acte
de naissance étranger ou à la décision étrangère portant sur la filiation d'un
enfant de produire des effets au Québec comme si cet acte avait été dressé au
Québec ou que sa décision y avait été rendue.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Donc, interventions sur 541.37? M. le député, oui.
M. Morin : ...ministre
peut nous expliquer davantage ce qu'il entend par ce... En fait, un cas de
figure réel avec 541.37, s'il vous plaît, M. le Président.
M. Jolin-Barrette : En fait, c'est les effets
de la reconnaissance judiciaire. C'est l'équivalent des
articles 581 puis 583.12 en adoption.
Donc, ça remonte à l'état de la filiation, au moment de la prise d'effet pour
les parents d'intention. Donc, à
partir du moment où la filiation est établie, bien là, tous les attributs,
supposons, de l'autorité parentale sont sur la tête des parents
d'intention. Donc, ça... le lien filial est générateur des obligations envers
l'enfant qui est issu du projet parental.
M.
Morin : Merci.
Le
Président (M. Bachand) : Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur 541.37?
S'il n'y a pas
d'autre intervention, est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'article 18, dans son ensemble, tel qu'amendé?
S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que
l'article 18, tel qu'amendé, est adopté?
Des
voix : Adopté.
Le
Président (M. Bachand) : Adopté. Merci. M.
le ministre, s'il vous plaît.
M.
Jolin-Barrette : Oui. Là, à ce moment-là, on serait rendus à
l'article 1, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) : Alors, est-ce qu'il y aurait consentement pour retourner à
l'article 1, qui a été suspendu?
Des voix : Consentement.
Le
Président (M. Bachand) : Consentement.
Merci. M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : ...
Le
Président (M. Bachand) : Oui, il a déjà
été lu.
M.
Jolin-Barrette : À l'article 1... Et on va avoir un amendement,
M. le Président. Donc, 1 avait déjà été lu, et l'amendement...
Le
Président (M. Bachand) : Qui est sur
Greffier aussi. Pardon, M. le ministre. Oui.
M. Jolin-Barrette :
...qui est sur Greffier :
Supprimer le
troisième alinéa de l'article 113 du Code civil du Québec, introduit par
le paragraphe 2° de l'article 1 du projet de loi.
Cet amendement propose de supprimer le dernier
alinéa introduit par le paragraphe 2° de l'article 1 du projet de loi.
Alors, ce qu'on
m'indique, c'est qu'on va replacer ce paragraphe-là ailleurs dans le projet de
loi, à 542.17, quand on va être rendus là. Donc, légistiquement, c'était
préférable de l'envoyer à 542.17...
Le
Président (M. Bachand) : Interventions sur
l'amendement du ministre?
M.
Jolin-Barrette : ...dans la section Connaissance des origines, donc
par cohérence législative.
Le
Président (M. Bachand) : Est-ce qu'il y a
intervention sur...
M.
Morin : M. le Président,
j'essaie de lire, dans un premier temps, là.
Le
Président (M. Bachand) : Oui, oui, je vous
regarde aussi, M. le député de l'Acadie.
M.
Morin : Vous avez dit
542.17, M. le ministre?
M. Jolin-Barrette :
Oui, au niveau de la connaissance des origines.
M.
Cliche-Rivard : Ledit paragraphe, c'est lorsque le projet parental
n'est pas mené à terme? C'est ça?
M.
Jolin-Barrette : C'est ça. C'est le dernier alinéa.
M. Cliche-Rivard :
Le dernier. Le deuxième de l'article, mais le troisième dans la proposition
d'article?
M.
Jolin-Barrette : C'est ça.
M.
Cliche-Rivard : C'est ça.
Le
Président (M. Bachand) : Est-ce que ça va?
M.
Morin : Oui, ça va. Ça va.
Le
Président (M. Bachand) : O.K. Donc, est-ce
que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Bachand) : Adopté. Merci.
Donc, on revient à l'article 1 tel qu'amendé. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, s'il vous plaît.
M.
Cliche-Rivard : Des groupes de notaires nous ont parlé de la
possibilité d'envoyer un extrait de la convention et non pas la convention
complète. Est-ce qu'il y a ouverture de votre côté à réduire, pour bénéfice de
confidentialité, certains éléments?
M.
Jolin-Barrette : Non. La convention, c'est en intégralité. Dans le
fond, ça fait partie du projet en soi puis c'est l'intégralité du document qui
est envoyé au DEC.
Le
Président (M. Bachand) : D'autres
interventions? Mme la députée de Robert-Baldwin.
Mme Garceau :
Je me souviens très clairement, au niveau de l'association des notaires,
des professionnels qui avaient même abordé le sujet et étaient contre l'idée
que toute la convention soit déposée au directeur, et que ça serait un extrait, un extrait avec les éléments
importants, mais qui ne va pas inclure, évidemment, toutes sortes
d'informations qui seraient vraiment à titre privé.
M.
Jolin-Barrette : Non. Bien, dans le fond, l'enfant a intérêt à pouvoir
avoir cette convention-là. Ça fait que ça va faire partie de son historique
aussi. Ça fait qu'on veut que la convention soit envoyée.
Mme Garceau :
Toute la convention? Est-ce que... Oui, l'enfant a un intérêt, mais je ne
pense pas qu'un enfant a un intérêt à savoir toutes, toutes les dispositions concernant
l'acquittement de frais et toutes sortes de choses qu'on va prévoir dans une
convention, honnêtement.
M.
Jolin-Barrette : C'est son histoire, c'est sa connaissance des
origines. On ne veut pas commencer à discriminer relativement à certaines
clauses de la convention. C'est le début du fondement de son identité. Moi, je
pense que l'enfant doit avoir accès à l'ensemble de ce document.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de
l'Acadie, s'il vous plaît.
M.
Morin : Oui. Brièvement, M.
le ministre, pouvez-vous me rappeler si, dans la convention de grossesse,
l'évaluation psychosociale va faire partie du document?
M.
Jolin-Barrette : Il n'y a pas d'évaluation psychosociale.
M.
Morin : La rencontre psychosociale.
M.
Jolin-Barrette : Bien là, dans le fond, c'est une...
M. Morin : Ou
l'attestation, si vous voulez.
M.
Jolin-Barrette : De la convention?
M. Morin : Non,
de la rencontre.
M.
Jolin-Barrette : Oui, bien, ça va être dit dans la convention
notariée : Les parties ont suivi la formation.
M. Morin : O.K.
Puis est-ce que ça va être annexé?
M.
Jolin-Barrette : L'attestation?
M. Morin : Oui,
ou même l'évaluation comme telle? Non?
M.
Jolin-Barrette : Il n'y a pas d'évaluation.
M. Morin : O.K.
M.
Jolin-Barrette : Il n'y a pas d'évaluation. C'est une rencontre à une
séance d'information psychosociale. Donc, le notaire va dire : Les
parties... Chacune des parties a suivi la séance d'information psychosociale.
M. Morin : Puis
les résultats de...
M. Jolin-Barrette :
Mais il n'y a pas de résultats.
M. Morin : Il
n'y a pas de résultats. C'est juste... Il fait juste attester qu'ils en ont eu
une.
M. Jolin-Barrette : Ce n'est pas
comme en matière d'adoption où il y a une évaluation psychosociale. Là, la
séance d'information, c'est : Vous devez aller à une séance d'information
psychosociale.
M.
Morin :
O.K.
Merci.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Est-ce qu'il y a
d'autres... Mme la députée de Robert-Baldwin, oui.
Mme
Garceau : Juste pour terminer sur ce sujet, l'attestation,
c'est comme une attestation, là, quand on va voir un médiateur, c'est comme un formulaire très
simple avec les noms des parties, tout ça, puis signé par le
professionnel?
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Mme Garceau : O.K.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur l'article 1 tel qu'amendé? S'il n'y a pas
d'autre intervention, est-ce que l'article 1, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) : Adopté. Merci. M. le ministre,
à l'article 3.
M.
Jolin-Barrette : Oui. Article 3. On va avoir un amendement
aussi, M. le Président, de concordance à l'article 3. Donc,
l'article :
L'article 116 de ce code est modifié :
1° par l'insertion, dans le premier alinéa et
après «mère», de «ou les parents»;
2° par l'insertion, à la fin du deuxième alinéa,
de «ou des parents»;
3° par l'ajout, à la fin, de l'alinéa
suivant :
«Lorsque l'enfant est issu d'un projet parental
impliquant une grossesse pour autrui, l'auteur de la déclaration doit également
fournir les documents visés au deuxième alinéa de l'article 113 ou les
renseignements visés au troisième alinéa de cet article. S'il n'a pas accès à une
copie authentique de la convention de grossesse pour autrui notariée, il
fournit les renseignements qu'il détient à cet égard. Le directeur de l'état
civil peut alors obtenir du dépositaire de la minute de la convention une copie
authentique de celle-ci.»
Commentaires :
L'article 3 modifie l'article 116 du Code civil afin de préciser
quels documents et renseignements doivent être accompagnés... la
déclaration de naissance qui doit être faite au directeur de l'état civil
lorsque l'enfant est issu d'un projet parental impliquant une grossesse pour
autrui.
Cet article a également pour objet de rendre
l'article 116 plus inclusif.
Amendement :
Supprimer, dans le troisième alinéa de
l'article 116 du Code civil introduit par le paragraphe 3° de
l'article 3 du projet de loi, «ou les renseignements visés au troisième
alinéa de cet article».
Commentaires : Il s'agit d'un amendement en
cohérence avec celui proposé à l'article 113 du Code civil, modifié par
l'article 1 de ce projet de loi.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup.
M. Jolin-Barrette : Donc,
l'amendement, c'est de la concordance.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Donc, interventions sur
l'amendement du ministre?
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) : Est-ce que ça va pour
l'amendement? Si ça va pour l'amendement, est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) : Adopté. Donc, on revient à
l'article 3 tel qu'amendé. Interventions?
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) : Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'article 3 tel qu'amendé?
M. Morin : Bien, en fait, M. le
Président...
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de l'Acadie, oui.
M. Morin : ...je vous dirais que, si
M. le ministre pouvait nous donner des exemples concrets de ce que ça va
donner, ça m'aiderait pour la compréhension de l'article.
M.
Jolin-Barrette : Donc, l'article permet la déclaration de naissance
par une personne qui recueille un nouveau-né. Par exemple, en contexte de
grossesse pour autrui, ça sera le DPJ, lorsque les parents d'intention sont
décédés ou dans l'impossibilité d'agir.
M. Morin :
O.K. Merci.
Le Président (M.
Bachand) : Parfait. Est-ce qu'il y a
d'autres questions sur l'article 3 tel qu'amendé? S'il n'y a pas d'autre
question, est-ce que l'article 3, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) : Adopté. Merci beaucoup.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux au mardi 25 avril 2023, à 9 h 45, où
elle va entreprendre un autre mandat. Merci. À bientôt. Bye-bye.
(Fin de la séance à 13 heures)