Journal des débats (Hansard) of the Committee on Institutions
Version préliminaire
42nd Legislature, 2nd Session
(October 19, 2021 au August 28, 2022)
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Thursday, May 5, 2022
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Vol. 46 N° 29
Étude des crédits budgétaires du ministère du Conseil exécutif, volet Conseil exécutif
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13 h 30 (version non révisée)
(Quatorze heures)
Le Président (M.
Bachand) :Bon après-midi, tout le monde.
Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des
institutions ouverte.
La commission est réunie afin de procéder
à l'étude du volet Conseil exécutif des crédits budgétaires du portefeuille
Conseil exécutif pour l'exercice financier 2022-2023. Une enveloppe de
trois heures nous est allouée pour l'étude de ces crédits.
Avant de débuter, Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Jeannotte, Labelle est remplacée par M. Jacques,
Mégantic; M. Lamothe, Ungava est remplacé par M. Bélanger, Orford; M. Lévesque,
Chapleau est remplacé par M. Poulin, Beauce-Sud; M. Barrette, La
Pinière est remplacé par M. Derraji, Nelligan; M. Rousselle, Vimont est
remplacé par M. Tanguay, LaFontaine, Mme Weil, Notre-Dame-de-Grâce
est remplacée par Mme Anglade, Saint-Henri-Sainte-Anne; M. Zanetti,
Jean-Lesage est remplacé par M. Nadeau-Dubois, Gouin et Mme Hivon,
Joliette est remplacée par M. Arseneault, Îles-de-la-Madeleine.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Nous allons
procéder à une discussion d'ordre général par bloc d'environ 20 minutes,
incluant les questions et les réponses. La mise aux voix de ces crédits sera
effectuée à la fin du temps qui leur est alloué, donc vers 17 heures.
Je suis maintenant prêt à reconnaître une
première intervention de Mme la cheffe de l'opposition officielle pour un
premier bloc de seize minutes 21 secondes. Mme la cheffe de l'opposition
officielle, s'il vous plaît.
Mme Anglade : Merci, M.
le Président. Et je tiens, d'entrée de jeu, à saluer toutes les personnes qui
ont travaillé pour les crédits, les personnes de la fonction publique. On sait
que c'est un exercice qui est souvent ardu, alors je tiens à féliciter toutes
les équipes qui ont travaillé pour cette rencontre aujourd'hui.
D'entrée de jeu, je vais dire au premier
ministre, il le sait : Les Québécois ont de la difficulté à joindre les
deux bouts aujourd'hui. Ils ont de la difficulté à joindre les deux bouts, l'épicerie
augmente, l'essence augmente, sans parler du logement, il y a énormément de
problèmes d'un point de vue financier, d'un point de vue économique aujourd'hui
pour les Québécois et les Québécoises.
Dans le budget qui avait été présenté, le
premier ministre, d'un côté dans son budget, a pris 700 $ dans les poches
des Québécois, mais il en a redistribué 500 $. 700 $ qu'il a pris, ça
vient de l'inflation, du fait qu'il y ait plus de revenus pour l'État, mais il
en a redonné juste 500 $.
Alors, moi, ma question pour le premier
ministre, c'est : Est-ce qu'il peut reconnaître que ce 500 $ là
aujourd'hui ne répond pas aux besoins des Québécois?
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le premier ministre,
s'il vous plaît...
14 h (version non révisée)
M. Legault : ...oui. Merci, M.
le Président. Bien, à mon tour, je veux saluer la cheffe de l'opposition
officielle, du deuxième groupe, chef du troisième groupe. Tous les collègues
aussi de la CAQ, tout le personnel. D'abord, le secrétaire général et son
équipe et le directeur de cabinet et son équipe. Donc, très content d'être ici
pour échanger pendant trois heures avec les oppositions.
Effectivement, actuellement, le taux d'inflation
est très élevé, et ce qu'on a choisi de faire, c'est de remettre 500 $ à
toutes les personnes qui gagnent moins de 100 000 $. Vous allez tous
comprendre que, pour quelqu'un qui gagne 20 000 $, l'augmentation d'impôt
dont parle la chef de l'opposition officielle est moins grande que pour quelqu'un
qui gagne 100 000 $. Donc, étant donné qu'on donne 500 $ à tout le
monde, bien, on va tous comprendre que ceux qui ont des revenus plus bas se
trouvent à avoir une aide plus grande que si on avait fait une baisse d'impôt.
Parce qu'effectivement il y a une baisse d'impôt, bon.
L'autre chose qui est importante aussi de
dire, c'est que les différentes dépenses déductibles dans le rapport d'impôt
ont été indexées. Donc, quand on regarde la croissance des salaires et la
croissance des salaires, en moyenne devrait être équivalent à la croissance qu'on
a faite dans les crédits d'impôt, sauf pour la partie qui est au-dessus de
4.6 %. Donc, ce qu'a fait le ministre des Finances, c'est qu'il a calculé
qu'au-delà de l'indexation des dépenses déductibles des crédits d'impôt dans
les rapports d'impôt, il fallait ajouter en moyenne un 500 $. Donc, c'est
comme ça qu'il faut calculer. Parce que, oui, il y a une augmentation brute des
impôts à cause de l'inflation, mais les déductions d'impôts sont ajustées pour
la croissance de l'inflation régulière.
Le Président (M.
Bachand) :...opposition officielle.
Mme Anglade : Au bout du
compte, M. le Président, là, les Québécois ont donné 700 $ de plus au
gouvernement puis ils ont récupéré seulement 500 $. Et ça, ça ne répond
pas aux besoins des Québécois aujourd'hui.
Moi, j'ai des questions très spécifiques
pour le premier ministre qui peuvent répondre aux besoins des Québécois.
Retirer la TVQ sur les biens essentiels, sur les premiers biens de première
nécessité qui ont encore de la TVQ, est-ce qu'il est pour ou contre? C'est oui
ou c'est non?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : D'abord, je veux
enregistrer mon désaccord. À cause de l'indexation des crédits d'impôt, c'est
faux de dire que les Québécois, ça leur a coûté 700 $ de plus. C'est faux
de dire ça. Il y a une compensation qui est complète avec le 500 $, sauf
qu'il y a une compensation qui est plus grande pour les bas salariés, moins
grande pour les hauts salariés. Mais, en moyenne, quand on tient compte de l'augmentation
des salaires, de l'indexation des crédits d'impôt, du 500 $, il n'y a pas
de coût net pour la population, en moyenne.
Maintenant, le 500 $ s'ajoute aussi à
ce qu'on a fait l'automne dernier. On a donné 200 $ à tous ceux qui
gagnent moins de 50 000 $ puis on a donné 400 $ à ceux qui ont plus
de 70 ans. Donc, il faut additionner tout ça aussi. Mais, en bout de ligne, les
personnes qui ont reçu le 500 $, le 200, le 400, bien, ils ont eu plus d'argent
dans leurs poches que ce que ça leur a coûté de plus à cause de l'inflation.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la cheffe de l'opposition
officielle.
Mme Anglade : M. le Président,
ma question était très spécifique par rapport à la TVQ. C'est oui ou c'est non?
Avec la réponse que j'ai entendue du premier ministre, c'est non sur le retrait
de la TVQ sur les produits de première nécessité. Très bien.
Autre question. Gel des tarifs d'hydroélectricité
temporaire pour remédier au fait qu'il y a une erreur historique qui a été
commise par la CAQ en politisant la situation avec la Régie de l'énergie.
Alors, nous, ce qu'on demande, c'est oui ou c'est non, est-ce qu'il y a un gel
des tarifs d'hydroélectricité jusqu'à tant qu'on revoie la loi, l'erreur historique
de la CAQ? Est-ce que c'est oui ou c'est non pour cette proposition?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : bon, d'abord, je
le répète, là, le Parti libéral proposait un gel de la TVQ puis un gel des
tarifs d'électricité. C'est préférable pour les Québécois d'avoir les trois
mesures qu'on a mises en place. Pour tous ceux qui gagnent moins de
50 000 $, c'est préférable à un gel de la TVQ puis un gel des tarifs d'électricité.
En plus, là où il y a une iniquité dans la
proposition libérale, c'est que plus les gens sont riches, plus ils consomment,
plus ils sauveraient de l'argent avec un gel de la TVQ. Même chose avec le gel
des tarifs d'électricité. Plus on a une grosse...
M. Legault : ...plus on
sauverait d'argent avec le gel, puis ça, c'est sans parler aussi de l'incitatif
à réduire les GES qui ne seraient plus là, parce que si on gèle des tarifs
d'électricité, bien, ça donne... on peut davantage en gaspiller. Donc ce n'est
pas une bonne approche. C'est préférable pour les Québécois de recevoir le
200 $, le 400 $ et le 500 $ que d'avoir la proposition libérale,
c'est-à-dire un gel de la TVQ puis un gel des tarifs d'électricité.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée, oui.
Mme Anglade : Donc, ce que je
comprends du premier ministre, c'est non pour cette proposition-là également.
Je passe à une autre proposition. 2 000 $ par aîné de plus de 70 ans pour
faire en sorte qu'ils fassent... qu'ils puissent faire face au coût de la vie,
puis à des soins à domicile. 2 000 $ par aîné de plus de 70 ans.
Est-ce que c'est oui ou non de la part du premier ministre?
M. Legault : J'ai vu,
effectivement, le Parti libéral propose de donner un crédit d'impôt de
2 000 $, remboursable, pour les personnes de 70 ans et plus. Ça
coûte 2,3 milliards par année, donc 2 300 000 000. La
question, c'est on peut tous être pour la tarte aux pommes, là, mais où
prend-on le 2,3 milliards par année récurrent? Où va prendre... où
prendrait le Parti libéral, le 2,3 milliards de dollars par année
pour donner 2 000 $ de crédit d'impôt à chaque personne de plus de
70 ans?
Mme Anglade : Donc je veux
comprendre la réponse du premier ministre, c'est que c'est non. Encore une
fois, dans les trois dernières propositions qu'on a faites, la réponse, c'est
non. Ce n'est pas un crédit d'impôt pour le 2 000 $. Il s'agit d'une
allocation aînée qui arriverait chaque année. Ce n'est pas un crédit d'impôt,
je tiens quand même à le préciser.
Mais quand on regarde la situation au
Québec, puis que le premier ministre propose le 500 $ à tout le monde, la
réalité, là, c'est que les gens, encore une fois, ont la misère à joindre les
deux bouts. Quand on regarde la question de l'accès à la propriété, on a
véritablement un enjeu fondamental. Les gens ne sont pas capables de faire en
sorte qu'ils peuvent acheter une maison. Le contrat social, quand on était...
quand le premier ministre a certainement acheté sa première maison, le contrat
social, c'était de dire : On étudie, on travaille, puis on s'achète une
maison. Aujourd'hui, on n'est pas capables d'y arriver. Ce que j'ai entendu le
ministre des Finances dire, c'est qu'on va laisser les marchés aller parce que
les marchés vont s'autoréguler. Mais quand les marchés ne fonctionnent pas,
c'est la responsabilité du gouvernement d'intervenir. Est-ce que, oui ou non,
le premier ministre est d'accord avec son ministre des Finances qu'il ne faut
pas intervenir sur les marchés?
• (14 h 10) •
M. Legault : D'accord.
D'abord, je veux préciser que la cheffe de l'opposition officielle n'a pas
contredit le chiffre de 2,3 milliards par année que coûte son
2 000 $ par personne. Je veux juste rappeler à la cheffe de
l'opposition officielle que depuis notre arrivée au gouvernement, on a
justement, un hasard, donné 2,3 milliards par année aux Québécois en augmentant
les allocations familiales, en diminuant les taxes scolaires, en enlevant la
taxe sur les tarifs de garderie, etc.
Maintenant, je veux aussi apporter une
précision concernant les tarifs d'électricité l'année prochaine. On a déjà dit
que l'augmentation des tarifs serait un maximum de 3 %, je dis bien un
maximum de 3 %. Maintenant, concernant le logement. Effectivement, pendant
la pandémie, il s'est construit moins de maisons. Par contre, on voit que
l'année passée on est passés de 54 000 mises en chantier à 68 000,
puis cette année, on est déjà à plus de 70 000. Donc la situation va
éventuellement s'améliorer. En plus, pour les logements abordables, on a ajouté
des sommes importantes pour les logements sociaux. C'est vrai que c'est long à
construire. Par contre, on a ajouté un autre 300 millions pour des logements
privés. Donc on passe par le privé. On leur demande de donner des réductions de
loyer pour l'équivalent du montant qu'on leur donne. Donc on doit prendre un
certain temps. Là, je ne sais pas ce que propose la cheffe de l'opposition
officielle pour aller plus vite, mais il faut donner le temps aux constructeurs
de construire les maisons.
Mme Anglade : La question que
j'avais pour le premier ministre, parce que je sais que le premier ministre
aime répondre aux autres questions, puis revenir sur des sujets, là, mais moi,
spécifiquement, c'était l'accès à la propriété, l'accès à la propriété puis
l'intervention. Là, ce qui se passe présentement sur les marchés, là, c'est
faramineux. Je ne sais pas si le premier ministre sait, aujourd'hui, là, c'est
quoi le prix d'une maison unifamiliale dans son propre comté, aujourd'hui, là.
Est-ce qu'il le sait? Puis l'augmentation qu'il y a eu dans la dernière année,
à quel point c'est significatif.
M. Legault : ...le ministre
des Finances l'a bien expliqué ce matin, mais je vais réessayer de
l'expliquer...
M. Legault : ...il y a un
déséquilibre entre la demande pour des résidences puis l'offre pour des
résidences. Ce que propose le Parti libéral, entre autres, c'est d'enlever la
taxe de bienvenue. Ce que ça voudrait dire, techniquement, c'est que si on
enlève la taxe de bienvenue, les gens vont avoir ce montant-là disponible pour
payer pour la maison. Donc, techniquement, ça pourrait faire augmenter les prix
des maisons de l'équivalent de la taxe de bienvenue. Donc, on le voit, là,
toutes les mesures que propose le Parti libéral pour donner de l'argent, pour
augmenter la demande, c'est exactement ce qui s'est produit depuis un an, les
gens n'ont pas dépensé pendant la pandémie, se sont retrouver avec beaucoup
d'épargne, puis ça a fait augmenter le prix des maisons via le jeu de l'offre
et la demande. Donc, le Parti libéral propose d'augmenter la demande. Nous, on
propose d'augmenter l'offre de logement. Je pense, c'est la façon la plus
intelligente de régler ce déséquilibre entre la demande et l'offre.
Le Président (M.
Bachand) :Allez-y.
Mme Anglade : Le
déséquilibre, là, il est majeur pour les premiers acheteurs. J'ai demandé, j'ai
posé la question au premier ministre : C'est quoi le prix moyen d'une
maison dans l'Assomption, aujourd'hui, là? Le prix moyen d'une maison dans
l'Assomption? Puis c'est quoi l'augmentation de la dernière année sur les prix
des maisons?
M. Legault : Mais je ne
jouerai pas dans le film, là, de combien ça coûte ci, puis ça coûte ça? On
n'est pas à Génies en herbe. Mais ce que je peux vous dire, M. le Président, je
suis très conscient que le prix des maisons a augmenté. On n'est pas rendu
encore au niveau de Toronto, de Vancouver, mais le prix des maisons a beaucoup
augmenté. Pourquoi? Parce qu'il y a beaucoup de gens qui ont de l'épargne. Puis
beaucoup de gens aussi qui décident de faire du télétravail, puis qui veulent
une maison plus grande parce qu'ils font du télétravail. Donc, via le jeu de
l'offre et la demande, le prix des maisons a beaucoup augmenté. Maintenant, là
où il faut peut-être entendre des propositions, c'est qu'est ce que propose le
Parti libéral? Le Parti libéral, son ancien ministre des Finances a dit :
On devrait mettre une taxe pour les acheteurs étrangers. Ça ne règle rien.
C'est des pinottes, le nombre d'étrangers qui achètent des maisons. Donc, que
propose le Parti libéral autre que de dire : On pousse pour augmenter
rapidement l'offre de logements puis de maisons?
Mme Anglade : M. le
Président, j'étais très surprise d'entendre le premier ministre dire :
Moi, je ne joue pas à Génies en herbe. J'étais très surprise d'entendre ça.
Juste dans son comté, l'augmentation des maisons, là, pour la dernière année,
là, c'est 32 %, 32 %. Puis l'augmentation des salaires, c'est combien
si on prend un fonctionnaire ici? 2 %. Les gens, là, ils ne trouvent pas
ça drôle, aujourd'hui. Les gens, ils se disent qu'ils ne vont jamais être
capables d'atteindre leur rêve. Puis ce que leur dit le premier ministre :
Ce n'est pas grave. On n'est pas encore rendu au point de Toronto. On n'est pas
encore rendu au point de Vancouver. On va laisser aller les choses pour faire
en sorte qu'on va aller rattraper ces deux villes-là, ces deux métropoles-là.
Pour moi, là, c'est inacceptable. Notre rôle, là, c'est de faire en sorte qu'on
soit capable d'offrir des logements à la population, puis d'offrir l'accès à la
propriété. C'est un rêve que caresse la nouvelle génération, puis on a le
devoir d'y faire... de donner les moyens à notre nouvelle génération de le
faire. Quand j'entends le premier ministre me dire ça, ça me montre à quel
point il est déconnecté de ce que vivent les gens dans leur quotidien. Puis
l'autre chose, l'autre chose, c'est que dans toutes les propositions qu'on a
faites, il a dit non pour la TVQ sur les produits qui était essentiels. Il a
dit non sur l'hydroélectricité, quand lui-même il a décidé d'y aller tout seul
là-dedans puis que tout le monde était contre. Il a dit non également pour
2 000 $ par aîné de plus de 70 ans. Puis il nous a dit quoi?
C'est trop cher. C'est trop cher payé 2 000 $ par aîné qui ont plus
de 70 ans. Bien, moi, je ne pense pas que ça soit trop cher. Je pense que
c'est la bonne chose à faire, puis on sait à quel point nos aînés en ont
besoin. Puis on sait à quel point les aînés, là, ils sont en train de souffrir
grandement de ce qui se passe en termes d'inflation. Et ça, c'est le geste à
poser. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : M. le Président,
il faut regarder, là, puis ramener les faits. En 2018, le Parti libéral
promettait de donner 0 $ dans le portefeuille des Québécois. Nous, on
proposait de remettre 2,3 milliards par année dans le portefeuille des
Québécois, entre autres, en diminuant les taxes scolaires, en augmentant les
allocations familiales, etc., etc. Puis on l'a fait. Maintenant, en 2022,
qu'est-ce que va proposer le Parti libéral? On commence à le savoir.
Maintenant, qu'est ce que va proposer la CAQ? Bien, on va le savoir durant la
campagne électorale. Je l'invite à être patiente. Mais la CAQ sera toujours le
parti champion du portefeuille des Québécois. Ça, c'est très clair. En 2018, on
était tout seul sur la patinoire du portefeuille des Québécois. Là, ce que je
comprends, c'est qu'en 2022, le Parti libéral va enfin embarquer sur la glace
pour remettre de l'argent dans le portefeuille. Bien, bienvenue dans le club.
Le Président (M.
Bachand) :Madame... il reste
18 secondes, Mme la députée...
Mme Anglade : ...les
Québécois, là... la campagne électorale, elle est dans cinq mois... les
Québécois, c'est maintenant qu'ils ont besoin d'action. Ça fait des mois qu'on
a fait les propositions qu'on a faites. C'est aujourd'hui qu'ils en ont besoin.
Ce n'est pas dans six mois, ce n'est pas dans un an. C'est aujourd'hui. Puis
nous, si on avait été au gouvernement, c'est ça qu'on aurait fait.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
Gouin, pour une période de 12 min 15 s, s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Merci, M.
le Président. Bonjour au premier ministre, à mes collègues de l'opposition, à
l'ensemble des députés et du personnel présents. Hier, le premier ministre et
moi, on a eu une discussion sur les bonis dans les sociétés d'État. Ce matin,
on a eu une discussion sur mon salaire comme chef de la deuxième opposition.
Alors, ça m'a donné l'idée qu'on parle, lui et moi, de salaire, qu'on parle
d'économie un petit peu.
En ce moment, les Québécois, les
Québécoises subissent la pire inflation en 30 ans. Leur panier d'épicerie leur
coûte plus cher que jamais. Les gens doivent faire des choix épouvantables
entre le loyer ou l'épicerie. Pendant ce temps-là, il y en a qui s'en mettent
plein les poches. On a appris, un peu plus tôt aujourd'hui, que le grand patron
de Dollarama, Neil Rossy, a vu sa rémunération bondir de 1 million de
dollars en une seule année, pour atteindre 7,83 millions de dollars.
En trois ans, le salaire de M. Rossy a explosé de 106 %. En pleine
pandémie, Dollarama vient d'annoncer que ses prix passaient à 5 $. Le
premier ministre n'est pas un homme qui a... c'est un homme qui n'a pas la
langue de bois, je respecte ça, moi non plus. J'aimerais ça savoir qu'est-ce
qu'il pense des gens comme M. Rossy, qui, en pleine crise de l'inflation,
augmentent leurs prix, puis s'en mettent plein les poches, 1 million de
plus en une seule année.
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. M. le
Président, bien, effectivement, on a discuté, depuis hier, des salaires, et
puis c'est vrai que, quand on regarde les salaires, puis qu'on compare avec des
Québécois qui gagnent 20 000 $ par année, bien, de gagner, comme le
chef de Québec solidaire, 129 000 $ par année, ça semble beaucoup
d'argent. Bon, la bonne chose, c'est qu'il n'aura pas le droit aux 500 $,
puisque le 500 $ est donné seulement aux personnes qui gagnent moins de
100 000 $ par année. Mais, M. le Président, moi, je pense que le chef
de Québec solidaire mérite le 129 000 $ par année, parce qu'on a besoin,
en politique, d'avoir des gens qui réussissent, qui auraient pu réussir dans
d'autres métiers.
• (14 h 20) •
Maintenant, là, il parle d'une entreprise
privée. Bien, les entreprises privées sont en compétition avec les entreprises
privées aux États-Unis puis partout dans le monde, et puis c'est au conseil d'administration
ou aux actionnaires, en bout de ligne, de décider de la rémunération. Est-ce
que je trouve ça élevé? Oui, je trouve ça très, très élevé. Je pense que ce
serait souhaitable, éventuellement, qu'il y ait comme une limite. Mais en même
temps, peut-on commencer à contrôler le marché américain? Je sais que le chef
de Québec solidaire a des grandes ambitions, là, mais comment aller contrôler
le salaire des grandes entreprises américaines? Parce que, si on ne contrôle
pas les salaires des grandes entreprises américaines, on ne voudrait pas que
les meilleurs s'en allaient aux États-Unis gérer les grandes entreprises
américaines. Donc, il faut être compétitifs. Mais ça, ça relève du privé. Ça ne
relève pas de l'Assemblée nationale.
M. Nadeau-Dubois : Pour un
homme qui est fier de ne pas avoir la langue de bois, le premier ministre est
passé complètement à côté de ma question. Je lui demande : Est-ce que ça
le dérange, est-ce que ça le dérange, des gens comme ça qui augmentent leur
prix... ça vient de passer à 5 $ chez Dollarama, là... qui augmentent
leurs prix, dont les profits explosent, puis qui se paient des augmentations
d'1 million de dollars par année? Est-ce qu'il trouve ça exagéré, est-ce que ça
le dérange?
Le Président (M. Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : M. le Président,
oui, ça me dérange de voir des gros salaires comme ça. Oui, je trouve ça
exagéré. Maintenant, quelle est la solution magique du chef du deuxième groupe
d'opposition? Comme d'habitude, il n'en a pas, il n'en a pas, de solution, à
proposer. Donc, je comprends, là, que, oui, on aimerait ça qu'il y ait un peu
plus d'équité, puis que l'écart entre le plus bas salarié puis le plus haut
salarié soit moins grand, puis je pense qu'on a la chance, au Québec, qu'en
moyenne cet écart-là, là, qui est mesuré régulièrement par des économistes...
l'écart entre les riches puis les pauvres est moins grand au Québec, puis je
suis fier de ça, je suis fier de ça. Est-ce qu'il reste du travail à faire?
Oui. Est-ce que c'est acceptable ou c'est souhaitable, ce qu'on voit aux
États-Unis? Non. Moi, je ne le souhaite pas. Je trouve qu'il y ait plus
d'équité. Mais encore une fois, je n'ai pas entendu...
M. Legault : ...début du
commencement d'une solution proposée par le chef de Québec solidaire pour le
salaire des compagnies privées au monde.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Le premier
ministre a parlé de mon salaire, moi, j'ai essayé de parler d'un enjeu de
société, il est revenu sur la rémunération que je touche personnellement. Ça
fait que là je vais être obligé de lui parler de sa rémunération à peu près à
206 000 $. Moi, je trouve qu'à 129 000, bien, un peu plus de 200 000 $, je
pense, par année, si je ne me trompe pas, moi, je pense qu'à 129 000 $, je
devrais payer plus d'impôts au Québec, parce que je fais partie des gens qui
ont une bonne rémunération puis qui ont les moyens de contribuer plus au Trésor
public. Ça fait que oui, je pense que je fais un bon salaire puis, par
conséquent, je pense que je devrais payer plus d'impôts. Est-ce que le premier
ministre est d'accord avec moi? Et est-ce qu'il pense que lui aussi devrait
payer plus d'impôts sur son revenu au Québec?
M. Legault : Bon. D'abord,
juste rappeler quem quand j'étais président d'Air Transat, je gagnais beaucoup
plus que 200 000 $ par année, là, je pense que tout le monde peut aller
vérifier ce qui s'est passé dans le passé. Maintenant, déjà, au Québec, les
gens qui gagnent plus de 100 000, plus 200 000 paient un taux d'impôt plus
élevé que ceux qui gagnent 20 000, déjà, ça existe. Je sais que Québec
solidaire, son objectif, c'est d'augmenter les impôts, on ne sait pas, ça va
commencer à combien, j'ai compris qu'il souhaitait que le 500 $ qu'on
donne aux gens, ça arrête à 50 000 $. Donc, Québec solidaire nous
dit : Si vous gagnez plus de 50 000 $, vous devriez payer plus
d'impôts, on ne devrait pas vous donner 500 $. On n'est pas d'accord là-dessus,
monsieur le Président. Moi, je pense que la classe moyenne, ça inclut des gens
qui gagnent 60 000, 70 000, ça inclut les enseignants, ça inclut les
infirmières. Puis je pense que c'est une mauvaise idée que Québec solidaire
dise : On devrait juste donner de l'argent à ceux qui gagnent moins que
50 000 par année.
M. Nadeau-Dubois : Est-ce que
le premier ministre pense qu'il devrait payer plus d'impôts au Québec.
M. Legault : Je ne pense pas
qu'il faut augmenter les impôts de ceux qui gagnent plus de 100 000. Je pense
que si c'était possible de réduire les impôts de ceux qui gagnent moins de
100 000, comme on l'a fait dans le dernier budget, bien, j'aimerais ça si on
avait la marge de manœuvre de pouvoir le faire, mais je ne pense pas que ça
serait une bonne idée. Déjà, les gens qui gagnent plus de 100 000 sont plus
taxés au Québec qu'à peu près n'importe où en Amérique du Nord. Donc, je pense
que pour l'économie du Québec, la pire chose qui pourrait arriver, bien, c'est
Québec solidaire.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Monsieur le
Président, la différence entre le premier ministre et moi, ce n'est pas
vraiment, au fond, le salaire qu'on fait, c'est que, moi, je pense que je
devrais contribuer davantage fiscalement pour nos services publics, lui, il ne
croit pas, il pense que lui et les gens qui font ce type de salaire là
contribuent suffisamment. C'est la différence entre lui et moi, au-delà de
l'argent qu'on touche personnellement, ça, franchement, c'est tout à fait
secondaire.
Récemment, le premier ministre... le
président américain Joe Biden a félicité les travailleurs et travailleuses de
chez Amazon qui se sont syndiqués aux États-Unis en disant que c'est important,
il les a appuyés publiquement. On sait que les pratiques, en matière de
relations de travail d'Amazon, sont particulièrement condamnables puis, en ce
moment, à Montréal, il y a des travailleurs qui se battent pour des meilleures
conditions de travail. J'aimerais ça savoir si les travailleurs d'Amazon à
Montréal ont l'appui du premier ministre dans leur effort de syndicalisation.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Legault : M. le Président.
Bon. D'abord, je pense qu'on vient d'apprendre quelque chose d'important aujourd'hui,
là, le chef de Québec solidaire dit : Moi qui gagne 129 000 par année, je
pense que je devrais payer plus d'impôts. On ne sait toujours pas, est-ce que
Québec solidaire va augmenter les impôts de ceux qui gagnent plus de 50 000,
100 000, 129 000, ça, on n'a pas eu la réponse. Maintenant, pour ce qui est de
la syndicalisation des employés des entreprises, bien, c'est le choix des
employés, on est un des endroits au monde qui a le plus grand nombre de
personnes syndiquées, donc le Québec, je pense, est comme un modèle de ce
côté-là. Donc, c'est aux employés d'Amazon, ce n'est pas au chef de Québec
solidaire à décider si les employés d'Amazon devraient se syndiquer ou non.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : J'aimerais
qu'on parle de productivité, le premier ministre, à une certaine époque, a déjà
dénoncé le fait que les jeunes Québécois ne travaillaient pas assez, puis je le
cite, «ils pensaient trop à la belle vie». Je vais citer le premier ministre :
«Les Asiatiques sont très travaillants et que, nous, on dit qu'on veut juste
faire la belle vie, un jour, on va mal se réveiller.» J'aimerais ça savoir si
le premier ministre est toujours de cet avis, est-ce qu'il pense que les jeunes
Québécois aujourd'hui, en 2022, là, les gens de ma génération, est-ce qu'ils
travaillent trop ou ils ne travaillent pas assez?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Monsieur le
Président, je pense, c'est un choix de...
M. Legault : ...de vie.
La réalité, la réalité, là, les faits, les chiffres montrent qu'en moyenne, au
Québec, on travaille moins d'heures par semaine qu'en Ontario. Donc, c'est un
choix qu'on fait. Moi, ce que je pense, c'est qu'il faut mieux travailler.
Donc, la solution, là, pour augmenter notre productivité, c'est d'investir, là,
le plus qu'on est capables en éducation puis d'avoir aussi des personnes en
technologies de l'information, en ingénierie, en sciences pures qui font de
l'innovation. C'est là qu'on va être capables de réduire notre écart de
productivité avec nos voisins.
Mais j'espère que le chef de Québec
solidaire n'est pas content de ça, qu'on soit moins riches que l'Ontario, qu'on
reçoive, net, 10 milliards de péréquation du reste du Canada parce qu'on
est moins riches que le reste du Canada. J'espère que ce n'est pas son ambition
de rester moins riche que le reste du Canada.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Le
Québec s'enrichit, M. le Président. Le problème, c'est que bien des gens n'en
profitent pas. Le premier ministre est arrivé en politique en 1998. Entre 1998
puis aujourd'hui, là, la productivité au Québec a augmenté, grosso modo, de
20 %. Pourtant, les travailleurs aujourd'hui, les gens de ma génération
qui rentrent sur le marché du travail, là, reçoivent deux semaines de vacances
de base à l'entrée de leur emploi et le même nombre de jours de congés fériés
que quand les gens de la génération du premier ministre sont entrés sur le
marché du travail.
Est-ce que le premier ministre trouve ça
juste que la productivité ait augmenté de 20 %, mais que les travailleurs,
à l'entrée, là, aient le même nombre de jours de congé puis le même nombre de
jours de vacances?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Quand on
est arrivés au gouvernement, en 2018, l'écart de richesse entre le Québec puis
l'Ontario était de 16 %. O.K.? Le PIB par habitant avait un écart de
16 %. C'est vrai qu'on s'est améliorés, il nous reste maintenant un écart
de 13 %. Donc, en trois ans, on a gagné trois points. Ça veut dire que
techniquement, à ce rythme-là, ça va prendre un autre 13 ans pour avoir un
niveau de richesse comparable à l'Ontario. Évidemment, la majeure partie de cet
écart de richesse vient d'un écart de productivité. Et, M. le Président, je
l'expliquais tantôt, je pense que l'écart entre les riches puis les pauvres est
moins grand au Québec. On a une social-démocratie qui, à plusieurs égards,
ressemble à celle des pays scandinaves, puis je suis fier de ça.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de
Saint-Henri-Sainte-Anne, pardon.
Mme Anglade : M. le
Président, le premier ministre nous parlait de la pire chose qui pourrait
arriver à l'économie. Bien, la pire chose qui peut arriver à l'économie
aujourd'hui, c'est de ne pas reconnaître l'enjeu majeur de la crise de la
main-d'oeuvre. À partir du moment où il est rentré au gouvernement, il y avait
120 000 emplois vacants. On est rendus aujourd'hui à 240 000 emplois vacants.
Et, sous son règne, dans les quatre dernières années, il s'est privé de 30 000
travailleurs additionnels.
Est-ce que le premier ministre reconnaît
aujourd'hui qu'il a contribué, par ses décisions, à aggraver le problème de pénurie
de main-d'oeuvre?
• (14 h 30) •
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Oui, M. le
Président. Bon, d'abord, si j'ai le choix, demain matin, entre manquer
d'emplois ou manquer d'employés, j'avoue que je préfère manquer d'employés
parce que c'est à l'avantage des travailleurs, hein? Ce n'est pas idéal pour
les employeurs, mais actuellement les gagnants, ce sont les travailleurs. Et,
quand la cheffe de l'opposition dit : On a manqué une opportunité d'avoir encore
une meilleure croissance, il faut quand même reconnaître que, depuis deux ans,
le Québec a une croissance exceptionnelle, plus grande que celle de ses
voisins, plus grande que l'Ontario, plus grande que les États-Unis.
Maintenant, M. le Président, concernant la
pénurie de main-d'oeuvre, bien, effectivement, ça pose des défis importants aux
employeurs, mais je le répète, ce que ça fait, c'est que, via l'offre et la
demande, les salaires augmentent, donc les travailleurs en profitent. Donc,
elle devrait se réjouir pour les travailleurs au lieu d'être déçue pour les
employeurs.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la cheffe de l'opposition
officielle.
Mme Anglade : M. le
Président, le premier ministre nous dit qu'il y a des gagnants. Il n'y en a
pas, de gagnants, dans la situation actuelle parce que les employés sont
épuisés. Je l'invite à lire tous les sondages qui ont été faits auprès des
employés, qui sont à bout de souffle, qui ne sont plus capables de faire face à
la musique parce qu'il manque justement de gens. C'est les travailleurs comme
les entrepreneurs qui, vraiment, souffrent de la pénurie de main-d'oeuvre
aujourd'hui.
Mais j'aimerais revenir sur sa comparaison
avec l'Ontario. Dans son propre budget, la croissance économique du Québec va
être inférieure à celle de l'Ontario et inférieure à celle du Canada pour cette
année. Qu'est-ce qu'il compte faire par rapport à ça? Est-ce qu'il reconnaît
que, dans son propre budget, on va être en bas de l'Ontario en 2022...
14 h 30 (version non révisée)
Le Président (M.
Bachand) :...M. le premier ministre.
M. Legault : Bon, M. le
Président, je pense que la cheffe de l'opposition officielle sait la réponse,
mais je veux quand même l'expliquer. En 2021, le Québec est sorti plus vite de
la crise que l'Ontario. Donc, nous, on a sorti en 2021, l'Ontario a sorti en
2022. Donc, c'est certain qu'on a pris une avance. Donc, pour être juste, il
faut additionner 2021 puis 2022. Quand on additionne 2021 puis 2022, ça donne
une croissance de 8,3 % en Ontario, mais 9,3 % au Québec. Ça veut
dire qu'on a battu l'Ontario d'un point, ou les économies appellent ça 100 points,
on est à 9,3 % sur les deux années au lieu de 8,3 %. On n'a pas
souvent vu ça au Québec que le Québec batte l'Ontario sur la croissance
économique. Je rappelle aussi qu'aujourd'hui le Québec est à 4,1 % de
chômage alors que l'Ontario est à 5,3 % de chômage. Il me semble c'est des
bonnes nouvelles.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Mme la cheffe de l'opposition
officielle.
Mme Anglade : C'est absurde,
c'est absurde que le premier ministre nous dise que le taux de chômage est si
bas que ce sont des bonnes nouvelles quand c'est essentiellement dû au fait qu'il
manque de main-d'oeuvre. Puis, quand le premier ministre, il nous parle de 2021
puis qu'il ne rappelle pas qu'en 2020, c'est parce qu'il a fermé l'économie au
complet, puis c'est pour ça qu'il y a eu un rebond en 2021, c'est pour ça qu'il
y a eu un rebond. 2022, la croissance économique du Québec va être en deçà de celle
de l'Ontario. Parlons de 2023. Dans ses propres prévisions, on va être encore
en dessous de l'Ontario par rapport à la croissance économique. Est-ce que le
premier ministre le reconnaît?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : M. le Président,
je reviens sur les chiffres. Quand les libéraux ont quitté le pouvoir en 2018,
il y avait un écart de richesse, donc de PIB, de 16 % avec l'Ontario.
Aujourd'hui, on est rendus à 13 % et on prévoit que ça va continuer de diminuer.
Il faut regarder le PIB par habitant, on ne peut pas regarder juste le PIB
brut.
M. le Président, j'étais, la semaine
dernière, en Gaspésie. Je suis allé souvent en Gaspésie, je n'ai jamais vu ça,
ils cherchent des employés en Gaspésie, je n'ai jamais vu ça. Mais la cheffe de
l'opposition officielle disait : Ah! moi, j'étais tellement contente quand
la Gaspésie avait 20 % de taux de chômage, j'étais contente, là, on ne
manquait pas... on n'avait pas de pénurie d'employés, mais là ça va dont mal,
il nous manque d'employés en Gaspésie. C'est absurde, comme dit la cheffe de l'opposition
officielle, de dire ça.
Le Président (M.
Bachand) :On fait attention à ses mots,
hein? Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Anglade : Le premier
ministre nous dit qu'il a été en Gaspésie puis qu'il n'a jamais vu ça, qu'on
cherchait des employés. Je l'invite à aller dans toutes les régions du Québec,
c'est partout comme ça qu'ils cherchent des employés, partout qu'ils cherchent
des employés. Puis, parallèlement à ça, là, le premier ministre, il nie la
crise de la main-d'oeuvre, il pense que c'est une bonne nouvelle. Il pense que
les employés puis les travailleurs sont contents puis sont heureux.
Aujourd'hui, là, il y a des entrepreneurs
qui ne sont pas capables de rencontrer leurs objectifs. Il y a des
entrepreneurs qui veulent exporter puis ne sont pas capables. Il y a des
entrepreneurs qui veulent avoir des contrats, qui veulent signer des contrats,
mais ils sont obligés de les annuler parce qu'ils n'ont pas d'employés. Ça, là,
ce qu'il est en train de faire dans la négation de la crise de la main-d'oeuvre,
là, il est en train de mettre un frein à notre propre économie. C'est ça qu'il
est en train de faire, le premier ministre. Et ça, ça a un impact majeur pour
tous les entrepreneurs au Québec. Est-ce qu'il est capable de reconnaître ça?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : M. le Président,
si Québec avait une croissance inférieure à l'Ontario, je pourrais écouter la
cheffe de l'opposition officielle puis dire : On va essayer de trouver une
solution au problème. Mais là c'est le contraire d'un problème, notre
croissance est meilleure, notre taux de chômage est plus bas, il n'y a jamais
eu autant de travailleurs qui travaillent au Québec. Quand la cheffe de l'opposition
officielle était ministre de l'Économie, elle aurait rêvé d'avoir la situation
qu'on a actuellement. Donc, M. le Président, c'est un beau problème, on a trop
d'emplois, donc les salaires augmentent. Mais la cheffe défend les employeurs.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la cheffe de l'opposition
officielle.
Mme Anglade : Ce que je
défends, là, c'est l'économie du Québec puis tous les Québécois quand je prends
la parole. Je veux juste rappeler des chiffres au premier ministre de son
propre budget. 2022 : croissance du Québec, 2,7 %; croissance de l'Ontario,
3,7 %. 2023 : croissance du Québec, 2 %; Ontario 3,1 %. C'est
ça, la réalité à laquelle on fait face aujourd'hui. Est-ce que le premier
ministre, il en est fier?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : M. le Président,
depuis 2018, depuis qu'on est arrivés, on a systématiquement battu la
croissance de l'Ontario, systématiquement. Si vous prenez les trois ans
ensemble, là, on a battu l'Ontario. Maintenant, on connaît notre ministre des
Finances, c'est un homme conservateur, rigoureux, qui veut être prudent, qui a
fait des projections prudentes. Mais je peux vous dire une chose, on va
continuer de réduire notre écart avec l'Ontario...
Mme Anglade : ...M. le
Président, ce que je constate, là, c'est que le manque d'anticipation du
premier ministre, lui, là, il est systémique. Lorsqu'on regarde ce qui se passe
au niveau de la crise de la main-d'œuvre, je n'entends pas les actions du
premier ministre. Cette année, c'est 70 000 personnes,
70 000 personnes, des travailleurs, qui vont venir ici, s'installer au
Québec. 70 000 personnes. Est-ce qu'il reconnaît qu'il a la capacité
d'accueillir cette année ces 70 000 personnes qui viennent s'installer sur
le territoire québécois?
17
859
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Bien, M. le
Président, il y a plusieurs solutions à la pénurie de main-d'œuvre, augmenter
la productivité. Investissement Québec fait un travail extraordinaire pour que
les entreprises se mécanisent, se robotisent, s'automatisent. On requalifie les
travailleurs, le ministre du Travail travaille là-dessus. On régionalise
l'immigration. On arrime le système d'éducation aux besoins en mettant des
primes. On a quand même mis 3 milliards, M. le Président, pour donner des
incitatifs pour que les jeunes étudient pour devenir infirmiers et infirmières,
enseignants, éducatrices en TI, en ingénierie. M. le Président, je sais, la
solution du Parti libéral, c'est toujours la même, ils voudraient
100 000 immigrants par année. Il faut respecter la capacité d'intégration
des immigrants à la langue française. Et ça, le Parti libéral ne comprend pas.
C'est pour ça qu'ils vont voter contre le projet de loi n°96 pour renforcer le
français au Québec. Ils ne comprennent pas ça, eux autres, ils veulent rentrer
pleins de gens qui parlent en anglais et qui vont continuer à travailler en
anglais. Ce n'est pas ça qu'on veut.
17
859
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Mme la cheffe de
l'opposition officielle.
16
499
Mme Anglade : La
question était très spécifique, 70 000 personnes qui vont rentrer au
Québec cette année. Alors, je demande au premier ministre, là, de ne pas
utiliser plein de mots puis de raconter une longue histoire, je lui demande
spécifiquement par rapport à ma question, 70 000 personnes, ça veut dire
que le Québec a une capacité d'accueil de 70 000 personnes cette année?
17
859
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Oui, M. le
Président, on parle de personnes qui sont déjà ici, on parle de travailleurs
temporaires. Mais ce qui est important de dire, là, M. le Président, c'est que,
quand on est arrivé, les immigrants économiques, il y en avait 50 %
seulement qui parlaient français. Ça, c'était le gouvernement libéral, on est
rendu à 80 % qui parlent français et qui connaissaient le français avant
d'arriver. Mais nous, on veut limiter le nombre d'immigrants permanents à
50 000 de plus par année. Les autres, ce sont des travailleurs temporaires.
17
859
Le Président (M.
Bachand) :Mme la cheffe de l'opposition
officielle.
16
499
Mme Anglade : Le
premier ministre vient de faire la démonstration qu'il ne comprend pas les
chiffres. Le 70 000 personnes, là, c'est des gens qui viennent de
l'extérieur cette année. Je repose ma question. Si vous accueillez
70 000 personnes cette année, ça veut donc dire que la capacité d'accueil est
de 70 000. N'est-ce pas?
16
499
Mme Anglade : M. le
premier ministre.
M. Legault : Bien, M. le
Président, là, il faut être prudent. Pendant la pandémie, il y a eu très peu
d'entrées. Donc là, il y a comme un rattrapage qui se fait. C'est ça que parle
la cheffe de l'opposition officielle. Mais est-ce que la cheffe de l'opposition
officielle est en train de nous dire qu'il faudrait aller plus que 50 000 dans
les prochaines années? C'est ça qu'elle est en train de nous dire, là? Bien, on
reconnaît le Parti libéral du Québec.
• (14 h 40) •
16
499
Mme Anglade : On
reconnaît un parti qui se préoccupe de l'économie. 70 000 personnes cette
année. Le premier ministre, il nous a dit tantôt : C'est des gens qui sont
déjà ici. Non, non, non, ce n'est pas des gens qui sont déjà ici, c'est des
gens qui viennent. Ça veut donc dire que la capacité d'accueil du Québec cette
année, pour que les gens viennent se trouver des logements, pour que les gens
viennent s'installer, elle est de 70 000, oui ou non?
17
859
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : M. le Président,
on vient d'avoir toute une nouvelle, là, actuellement. La cheffe du Parti
libéral vient de nous dire que la capacité d'accueil au Québec est à 70 000.
C'est ça qu'elle vient nous dire. Donc, ce que ça veut dire, c'est que le Parti
libéral accueillerait 70 000 immigrants. M. le Président, la seule raison
pourquoi il y en a eu 70 000 temporairement, c'est que l'année précédente, il y
en a eu moins, mais en moyenne, là, pas plus que 50 000 par année puis ça va
rester comme ça dans les prochaines années s'il y a un gouvernement de la CAQ.
Ce que je comprends, c'est que s'il y a un gouvernement libéral, il y aura
70 000 nouveaux arrivants à chaque année. C'est ça qu'on vient tous de
comprendre.
17
859
Le Président (M.
Bachand) :Mme la cheffe de l'opposition
officielle.
16
499
Mme Anglade : M. le
Président, le premier ministre n'est même pas au courant du chiffre de 70 000. Il l'a découvert
aujourd'hui, là, il vient de l'entendre puis il a dit que les gens étaient déjà
présents, on parlait de gens qui étaient déjà présents. Ce n'est pas le cas.
S'il y a 70 000 personnes
qui viennent cette année, qui s'installent, c'est 70 000 personnes qui
vont chercher des logements. Cette année, c'est 70 000 personnes qui vont
devoir aller dans des écoles, envoyer leurs enfants. Ce sont des gens qui vont
avoir des services ici, qui ont trouvé des emplois ici, ce 70 000 -là. Ça fait
que, ça veut donc dire qu'il y a une capacité d'accueil ici, cette année, il y
n'y pas une histoire de rattrapage, là. Cette année, ça se passe. Est-ce qu'il
est capable de le reconnaître lui-même? Son propre gouvernement, est-ce qu'il
est capable de le reconnaître?
17
859
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre...
M. Legault : ...tantôt j'ai
entendu la cheffe de l'opposition officielle dire : Il manque de
logements, puis là elle nous dit : Il y a assez de logements pour
accueillir 70 000 immigrants par année. Je ne comprends pas, là. La seule
raison pourquoi il y a eu une année spéciale, c'est parce que l'année
précédente, il y avait une pandémie puis il y en a rentré moins. Mais, M. le Président,
moi, je continue de penser que la capacité d'accueil est limitée à 50 000, pour
bien les intégrer dans notre société, entre autres, s'assurer qu'ils parlent
français.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la cheffe de l'opposition
officielle.
Mme Anglade : Le premier
ministre, il nous dit une chose et fait son contraire, O.K.? C'est ça, la
réalité. Alors, le 70 000, la capacité d'accueil, là, c'est lui, c'est lui qui
reconnaît lui-même que cette capacité d'accueil là, c'est lui-même qui l'a
autorisé, c'est lui-même qui a décidé d'aller de l'avant. Là, il nous parle de
logements. Tous ces gens-là, là, ils cherchent des logements maintenant, cette
année, mais il préfère ne pas le dire, il préfère dire : Ah! bien, c'est
du monde qui était déjà ici, là, c'est du monde, etc., alors qu'il sait très
bien que, dans le fond, le 70 000, là, c'est la capacité d'accueil actuelle.
Est-ce qu'il peut, oui ou non, le reconnaître?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Absolument pas,
là, puis là on a une grosse différence d'opinions. On a le Parti libéral qui
nous dit que, selon eux, la capacité d'accueil, c'est 70 000 nouveaux
immigrants par année. C'est ça que vient de dire la cheffe du Parti libéral,
là. On a tous, tous, tous entendu ça. La CAQ, nous, on pense, c'est limité à
50 000. Puis la seule raison pourquoi qu'il y a une exception, c'est que,
l'année passée, il y en a eu seulement 25 000 à cause de la pandémie, donc
c'est un rattrapage de l'année passée, il y a un chevauchement. Mais, l'année
prochaine, on retombe à 50 000, dans deux ans, 50 000, dans trois ans, 50 000.
Ce que je comprends, c'est que le Parti libéral, ça va être 70 000, 80 000, 100
000. C'est ça, le parti libéral, puis on se fout du français, puis on se fout
de l'intégration, puis on se fout des valeurs québécoises...
Le Président (M.
Bachand) :Juste faire attention. On fait
attention aux mots. Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Anglade : Quand on parle,
là, d'économie au Québec, là, puis de faire en sorte que les gens arrivent ici,
la capacité d'accueil, c'est important. Mais le premier ministre, il dit :
Moi, je pense que la capacité d'accueil... il ne connaît pas les chiffres, là,
il a dit : Il pensait que les gens qui étaient les 70 000 personnes dont
je parlais, c'étaient des gens qui étaient déjà ici. C'est ça qu'il a dit, là,
tantôt, il a dit que les gens étaient déjà ici, alors que ce n'est pas vrai.
Puis je vois son chef de cabinet qui hoche de la tête, non, ce n'est pas vrai,
ce sont des 70 000 personnes qui viennent de l'extérieur. C'est ça, la réalité.
Puis premièrement, puis deuxièmement, la
pénurie de main-d'oeuvre, là, elle est réelle, elle est tangible. Si ces
gens-là viennent, c'est parce qu'on en a besoin. Il parlait d'être allé en
Gaspésie, bien oui, ils ont besoin de travailleurs en Gaspésie, puis plus que
de gens qui travaillent à temps partiel ou des gens qui travaillent en
télétravail. C'est ça, la réalité. Ce qu'il fait comme geste, là, aujourd'hui,
le premier ministre, là, c'est un frein au développement économique du Québec.
Ce qu'il pose comme gestes aujourd'hui, c'est qu'il reconnaît que notre
croissance va être moins grande que celle de l'Ontario, moins grande que celle
du Canada cette année, l'année prochaine et que c'est correct parce que tout va
bien, parce que notre taux de chômage, il est bas. La seule raison pour
laquelle le taux de chômage est aussi bas, c'est parce qu'on a une pénurie de
main-d'oeuvre, on est passé de 120 000 emplois vacants à 240 000 emplois
vacants.
J'ai une question pour le premier ministre
qui me reste : À partir de quel moment, là, le nombre d'emplois vacants,
là, ça va le commencer à travailler réellement, là, puis il va se rendre compte
de l'impact énorme que ça a sur notre économie? À partir de quel chiffre, 300
000, 400 00? Quel est le bon chiffre pour le premier ministre, pour qu'il se
réveille par rapport à la situation économique et la situation de nos
entrepreneurs puis nos travailleurs au Québec?
Le Président (M.
Bachand) :30 secondes, M. le premier
ministre.
M. Legault : Oui. M. le
Président, la raison pourquoi on est passés de 50 % d'immigrants
économiques qui parlent français à 82 %, c'est parce qu'on a utilisé le
PEQ, on a rentré plus de gens par le PEQ. Puis le PEQ c'était des gens qui
étaient déjà ici comme temporaires, entre autres, des étudiants, qu'on a
acceptés comme immigrants permanents, donc des gens qui étaient déjà ici, qui
parlaient français. C'est pour ça qu'on a augmenté à 82 % le pourcentage
qui parle français. Mais on vient d'apprendre que le Parti libéral va augmenter
le nombre d'immigrants...
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
M. Legault : ...à 70 000 par
année. Toute une nouvelle.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député des
Îles-de-la-Madeleine, la parole est à vous pour 12 min 15 s.
M. Arseneau : Merci beaucoup,
M. le Président. Et il n'y a pas que le Parti libéral du Québec qui va
augmenter le nombre d'immigrants, il y a également le Parti libéral du Canada,
et j'y reviendrai. On va voir, dans un deuxième bloc, le temps d'en parler.
Mais je voudrais d'abord revenir sur la pandémie, parce que le gouvernement a
décidé de ne pas aller de l'avant avec une enquête publique et indépendante,
puis il y a quand même des trous dans les histoires qu'on nous a racontées et
qui méritent, je pense, que... certains éclaircissements. Donc, j'en profiterai
pour poser quelques questions au premier ministre, aujourd'hui, et revenir dans
la période du 29 mars 2020 au 10 avril 2020. Parce qu'il y a des
incohérences puis je pense qu'il faut aller au fond des choses, l'incohérence
entre ce qui était dit à l'époque et ce qu'on a su par la suite. Notamment, le
29 mars, vous vous en souviendrez, c'est la mise en tutelle du CHSLD. Et
le même jour, le premier ministre était en conférence de presse...
M. Arseneau : ...et il
dit : «Ce sont nos résidences de personnes âgées qui sont les plus
vulnérables. Oui, il y en a un certain nombre déjà qui ont des personnes
infectées. On prend les mesures.» Sauf que les mesures, au CHSLD Herron, n'ont
pas été déployées avant le 5 avril. Alors, moi, la question, c'est :
Quelles sont les mesures auxquelles le premier ministre référait si des mesures
n'ont pas été prises au CHSLD Herron, qui, aujourd'hui, on le sait, est le cas
typique, là, de l'absence de geste posé par le gouvernement et les autorités
sanitaires?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. M. le
Président, bien, d'abord, j'espère que le chef parlementaire du Parti Québécois
a pris connaissance de l'étude de l'Institut de la statistique qui est sortie
hier, qui montre que, depuis deux ans, on a eu beaucoup moins de décès au
Québec qu'en Ontario, que dans le reste du Canada, qu'aux États-Unis, qu'en
France, qu'au Royaume-Uni. Donc, ça, c'est quand même important, parce qu'il y
a beaucoup de choses qui ont été dites.
Concernant Herron, j'ai été très clair
depuis le début, on savait que ça allait mal dans certains CHSLD, mais
concernant Herron, le CIUSSS nous avait dit : On s'en occupe. Donc, on
s'est fiés au fait que le CIUSSS nous a dit : Ça va bien. Deuxièmement,
quand le chef parlementaire du Parti québécois nous dit qu'il n'y a pas
d'enquête, il y a une enquête du coroner qui a les mêmes pouvoirs qu'on
donnerait à une enquête publique. Donc, dans le code d'Herron, là, toute la
lumière va être faite, puis j'ai confiance que la coroner va aller au bout des
choses.
M. Arseneau : ...de faire un
bout de chemin quand même, aujourd'hui, si vous le permettez, M. le Président.
Le 29 mars, on prend des mesures, mais les mesures sont prises six jours
plus tard. Le 30 mars, le premier ministre, en point de presse, toujours
pour rassurer la population, dit : Marguerite Blais est en contact avec
les directions de tous les établissements. Comment réconcilier cette histoire,
elle est en contact avec les directions de tous les établissements et la
déclaration de la même ministre, qui dit avoir appris ce qui se passait chez
Herron en lisant The Gazette le 10 avril suivant, alors qu'elle avait
reçu, évidemment, depuis le 29 mars, un courriel qui indiquait «urgent»,
il y a une situation difficile hors de contrôle au CHSLD?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. M. le
Président, comme vous le savez, à tous les jours, le comité se réunissait. On
était une vingtaine de personnes qui étaient au comité. Puis, oui, on savait
qu'il y avait des problèmes dans certains CHSLD. Mais avant l'article de Aaron
Derfel de The Gazette, ce qui était dit autour de la table, là, c'était que,
pour Herron, le CIUSSS en prenait la responsabilité. Donc, on avait assez de
chats à fouetter, il y avait assez de feux d'allumés que quand on s'est fait
dire : Le CIUSSS s'en occupe, on a dit : Parfait, le CIUSSS s'en
occupe, on va se concentrer sur le fait qu'il nous manque de masques puis qu'il
nous manque de blouses, puis etc.
M. Arseneau : Ce n'est pas
exactement ce que vous avez dit. Vous avez dit que la ministre était en
contact, non pas que le CIUSSS s'en occupait. Donc, la version qui a été livrée
à la population, c'était que le contact était permanent. Et la ministre nous
dit : Bien non, je n'étais pas en contact, je m'attendais à ce que
quelqu'un d'autre fasse le travail et j'ai été surprise, comme tous les
Québécois. Qu'est-ce que vous répondez à ça, le fait que, finalement, on savait
que la situation était urgente, le CHSLD était sous tutelle, vous dites à la
population du Québec que la ministre est en contact avec les directions, mais
elle se réveille, comme tout le monde, le 10 avril en lisant le journal et
fin la surprise?
• (14 h 50) •
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : M. le Président,
le chef du Parti québécois a assez d'expérience pour savoir... pour connaître
la structure, là. Il y a des CISSS et des CIUSSS puis il y a des présidents,
présidentes des CISSS et des CIUSSS, puis, en bas, il y a des établissements,
des centaines d'établissements. Évidemment, là, que quand on parle, on parle
surtout aux CISSS et aux CIUSSS. Puis quand le CISSS ou le CIUSSS nous
dit : Je m'occupe de mes établissements, incluant Herron, bien, c'est au
CISSS ou au CIUSSS de s'en occuper.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député.
M. Arseneau : Bien, j'espère
au moins qu'à ce stade-ci, deux ans, presque deux ans plus tard, deux ans plus
tard, oui, que le premier ministre reconnaît que les contacts étaient
insuffisants. Que dire qu'elle était en contact au quotidien, ce n'était pas...
c'était suffisant pour rassurer les Québécois, mais ce n'était pas suffisant
pour qu'il se passe quelque chose sur le terrain. Parce que, voyez-vous, des
témoignages ont été livrés depuis, un témoignage qui a été publié dans les
journaux, d'Alexandre Mercier qui travaillait aux ressources humaines du CIUSSS
de l'Ouest-de-Montréal lors de la première vague, qui dit : «Si du
personnel avait été affecté plus tôt au CHSLD Herron, avant le 5 avril, on
aurait peut-être évité beaucoup de décès.» Alors, ça, évidemment, ça va en
contradiction avec les propos du premier ministre du 7 avril qui dit :
Je pense qu'on a fait les bons gestes au bon moment. Qui vous informait des
bons gestes au bon moment si, pendant...
M. Arseneau : ...jours,
aucun geste n'a été posé au bon moment au CHSLD Herron?
Le Président
(M. Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Oui, M. le
Président. Je pense qu'on a posé les bons gestes avec l'information qu'on
avait. Puis, effectivement, il manquait de personnel à beaucoup d'endroits,
puis les CISSS et les CIUSSS essayaient de déplacer du personnel, ce qui
n'aidait pas toujours la contagion, mais pour essayer d'éteindre les feux le
plus possible. Mais je répète, dans le cas d'Herrron, le CIUSSS nous a dit que
c'était sous contrôle, puis en plus on aune enquête de la coroner actuellement
qui est en train de faire toute la lumière, jour par jour, heure par heure, sur
ce qui s'est passé. Donc, soyez un petit peu patient puis attendez le rapport
de la coroner.
M. Arseneau : Le
9 avril, vous déclarez : «J'ai posé beaucoup de questions depuis
quelques jours, autant à l'équipe de Danielle qu'à l'équipe du Dr Arruda, puis
ce qu'on voit, c'est le problème est vraiment dans quelques CHSLD. On a six
CHSLD là où la majorité des décès se produisent.» Et vous les nommez : «Le
CHSLD Sainte-Dorothée, Centre d'hébergement Notre-Dame-de-la-Merci, Centre
d'hébergement de LaSalle, le Centre d'hébergement Alfred-DesRochers à Montréal,
et il y a le CHSLD Laflèche en Mauricie.»
Pourquoi ne pas avoir nommé dans cette
liste-là, le 9 avril, le CHSLD Herron qui était sous la tutelle du
gouvernement du Québec via le CIUSSS de l'Ouest de l'Île de Montréal?
Le Président
(M. Bachand) :M. le premier
ministre.
M. Legault : M. le
Président, toute l'information que j'avais, je la donnais. La preuve, c'est ce
que vient de dire le chef du Parti québécois. L'information qu'on avait, c'est
qu'il y avait beaucoup de décès dans six CHSLD. C'est plus tard qu'on a appris
qu'il y avait un problème dans le CHSLD Herron. Mais l'information qu'on avait,
on travaillait avec l'information qu'on avait, puis encore une fois, le CIUSSS
nous a dit : C'est sous contrôle, on s'en occupe du CHSLD Herron.
Le Président
(M. Bachand) :M. le député.
M. Arseneau : Alors, là,
je regrette M. le Président, mais il y a quand même une incohérence. Si le
CIUSSS de l'Ouest de l'Île de Montréal vous a signifié qu'il s'en occupait du
CHSLD Herron parce qu'il y avait un problème, parce qu'on l'avait mis sous
tutelle, parce qu'on manquait de personnel. On est rendu le 9 ou le 10,
pourquoi, le 9 avril, ne mentionnez-vous pas qu'il y a un problème au
CHSLD Herron, en conférence de presse, alors que vous nommez six autres
établissements?
Le Président
(M. Bachand) :M. le premier
ministre.
M. Legault : Les
établissements, je me rappelle très bien qu'on nommait c'étaient les
établissements où il y avait soit beaucoup de décès en pourcentage du nombre de
patients, soit beaucoup de cas COVID en pourcentage. Donc c'était avec les
informations qu'on avait cette journée-là,
M. Arseneau : Mais
pourtant...
M. Legault : J'aurais...
Pourquoi j'aurais négligé de parler d'un des CHSLD puis j'aurais parlé d'autres
CHSLD? C'est l'information qu'on avait au comité.
M. Arseneau : Exactement.
Alors, si on est dans la position du premier ministre du Québec qui a mis en
place une cellule de crise avec des pouvoirs exorbitants, extraordinaires de
l'état d'urgence sanitaire, et qu'il n'a pas l'information sur ce qui se passe
sur le terrain, comment se fait-il que, deux ans plus tard, il ne soit pas en
mesure de nous dire où était la faille dans la cellule de crise qui était
spécifiquement mise en place pour aller chercher l'information et poser des
actions pour éviter que des Québécois meurent en raison de la COVID?
Le Président
(M. Bachand) :M. le premier
ministre.
M. Legault : M. le
Président, je pense qu'hier, dans le rapport de l'Institut de la statistique,
on a la réponse. C'est que même s'il y a eu, toutes proportions gardées, plus
de décès dans la première vague, on a fait mieux qu'ailleurs dans le monde,
qu'ailleurs au Canada pour la deuxième ou troisième, quatrième, cinquième,
sixième vague, à un point tel qu'au cumulatif, incluant toutes les vagues, il y
a eu en pourcentage moins de décès au Québec qu'en Ontario, que dans le reste
du Canada, qu'aux États-Unis, qu'en Europe. Donc, ça veut dire que les
problèmes qu'ils avaient durant la première vague ont été corrigés pour les
vagues suivantes, parce qu'effectivement, là, dans la première vague,
rappelez-vous, ça fonctionnait par fax, et puis on n'avait pas toute
l'information. Mais on a corrigé la situation par la suite, puis ça va... les
vagues suivantes, bien, ça s'est passé beaucoup mieux que la première vague.
M. Arseneau : Revenons
sur la première vague. Le 10 avril, en point de presse, vous
mentionnez : «À chaque matin la liste de tous les CHSLD, puis les RPA,
puis ils sont... je les reçois, puis ils sont en ordre de combien de cas
confirmés.» Le CHSLD Herron, on parle de plus d'une trentaine de décès, là,
alors je ne veux pas croire que cette information-là...
M. Arseneau : ...ne vous
parvenait pas, si vous aviez une liste de tous les CHSLD, et même des RPA.
Alors, encore une fois, si vous... comme vous le mentionnez, il y a vraiment un
suivi individuel qui est fait - ce sont vos paroles - un suivi individuel qui
est fait pour assurer... s'assurer qu'on a les bonnes personnes, assez de
personnes, des personnes compétentes pour diriger, comment expliquer que rien
ne s'est produit pendant six jours... 10 jours?
M. Legault : On n'avait pas
toute l'information. Mais, encore une fois, non seulement on avait toutes les
données sur chaque CHSLD, mais il y avait même des couleurs. Donc, quand ça
allait mal, c'était rouge, puis, quand ça allait moyen, c'était jaune, puis,
quand ça allait bien, c'était vert. Donc, quand j'arrivais en point de presse
puis je disais : Bien, ça va mal, bien, je parlais de ceux qui étaient en
rouge sur les informations qu'on avait.
M. Arseneau : De quelle
couleur était le CHSLD Herron alors, puisque les cabinets des ministres de la
Santé et des Aînés savaient pertinemment que la situation était hors de
contrôle, qu'il était sous tutelle et qu'on s'est même résolu après 10 jours à
composer le 9-1-1 pour essayer de mettre en scène une espèce de situation de
laquelle on pouvait s'extirper sans porter le blâme?
Le Président (M.
Bachand) : Six secondes, M. le premier ministre.
M. Legault : Bien, on n'avait
pas l'information. Qu'est-ce que je peux dire de plus? Je peux bien le répéter
50 fois : on n'avait pas l'information.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Mme la cheffe de l'opposition
officielle, s'il vous plaît.
Mme Anglade : Merci, M. le
Président. Écoutez, le premier ministre, là, il a fait la démonstration encore
une fois que la maîtrise du dossier des gens qui arrivent sur notre territoire,
il ne l'a pas, il ne l'a pas. Tout à l'heure, là, on a parlé des 70 000
personnes qui s'en viennent cette année seulement, cette année seulement, puis
il nous a dit : Bien, ces 70 000 personnes-là, elles sont déjà ici, elles
sont déjà ici, là, ce n'est pas de nouvelles personnes. Moi, je vais les
référer, là, à un communiqué qui a été envoyé par son propre ministre, son
propre ministre, qui disait : Québec annonce son intention d'accueillir
70 000 immigrants en 2022. C'est ça, l'annonce qui a été faite. Oui, il
regarde, il fronce les sourcils, il se pose la question : D'où ça vient?
Ça vient de son gouvernement, ça vient de son gouvernement.
La question, là, c'est de savoir... Encore
une fois, le Québec fait face à une crise de la main-d'oeuvre. Pourquoi est-ce
que le premier ministre n'est pas capable de reconnaître que lui- même a décidé
de faire en sorte qu'il y ait 70 000 personnes qui viennent ici puis qu'il y
ait une capacité d'accueil pour ces 70 000 personnes-là?
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre.
M. Legault : M. le Président,
je vais donner les chiffres, là, peut-être qu'on va pouvoir comprendre. En
2020, à cause de la pandémie, on a reçu seulement 25 000 immigrants au lieu de
50 000. En 2021, on en a reçu 50 000 plus 7000; en 2022, 50 000 plus 18 000.
Donc, ce que ça veut dire, c'est que le 25 000 qu'on n'a pas reçu en 2020,
bien, il y en a 7000 qui ont été reportés en 2021 puis 18 000 en 2022.
Mais, quand la cheffe de l'opposition
officielle dit que c'est faux, que ces gens-là, ils n'étaient pas en partie
ici... Bien, peut-être faux, mais en tout cas elle a dit... Moi, j'ai bien
entendu que ce n'est pas vrai que les gens n'étaient pas déjà ici. Bien, tous
ceux qui étaient dans le PEQ étaient ici, en incluant les étudiants. Puis,
encore une fois, pourquoi on a réussi à augmenter le pourcentage, le nombre
d'immigrants qui parlent français de 50 % avec les libéraux à 82 %
avec la CAQ? En utilisant le PEQ, donc des étudiants qui étaient déjà ici qu'on
a amenés comme immigrants permanents. Donc, ils étaient déjà ici.
• (15 heures) •
Le Président (M.
Bachand) : Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Anglade : M. le
Président, là, la discussion, là, ça frise le ridicule, honnêtement, là. Là,
là, cette année, on parle d'une capacité de 70 000 personnes. Mais la question
la plus essentielle, la question la plus essentielle, c'est que, si vous allez
en Abitibi-Témiscamingue, là, ils vont vous dire qu'ils ont besoin de monde,
qu'ils ont besoin de main-d'œuvre. Si vous allez en Gaspésie, comme le premier
ministre a été, puis lui-même l'a reconnu : Eh! ils nous ont... Eh!
J'étais vraiment surpris, ils nous ont parlé d'employés dont ils avaient
besoin. Mais ça, ce n'est pas juste en Gaspésie, c'est aussi en Mauricie, c'est
aussi en Outaouais, c'est dans les différentes régions du Québec qu'il y a un
énorme besoin de main-d'oeuvre que le premier ministre s'entête à ne pas
reconnaître, que le premier ministre essaie d'éviter puis nous dire : Bien
non, tout va bien, tout est sous contrôle, etc. Bien, la réalité, c'est qu'on a
vraiment besoin d'avoir cette main-d'oeuvre-là.
Pour y arriver, pourquoi est-ce qu'il ne
décide pas d'impliquer les régions, que chaque région puisse dire de quoi elle
a réellement besoin? Parce que les besoins, sur notre territoire, là, ils sont
différents d'une région à l'autre, on n'est pas dans des situations qui sont
équivalentes. Si chaque région pouvait déterminer le nombre de personnes dont
ils ont besoin et la capacité d'intégration, je pense que le premier ministre
serait surpris de voir l'ouverture qui existe au Québec, beaucoup plus grande
que celle dont il fait preuve aujourd'hui.
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre.
M. Legault : Bien, M. le
Président, le ministre responsable de l'Immigration fait des efforts importants
pour que plus d'immigrants aillent en région. Donc, ça, c'est certain, qu'il va
y avoir beaucoup plus, avec la CAQ, d'immigrants en région qu'il n'y en avait
avec le Parti libéral, où...
15 h (version non révisée)
M. Legault : ...à peu près
tous les immigrants allaient à Montréal. Mais ce qui est important, M. le
Président, c'est qu'on n'excède pas au total le 50 000. Parce que ce que ne
semble pas comprendre la cheffe de l'opposition officielle, c'est qu'il ne peut
pas y avoir deux sortes d'immigrants, un immigrant qui a juste le droit d'être
en région puis un autre qui a le droit de se promener partout au Québec. Je
veux dire, il faut regarder le nombre d'immigrants total. Puis là on a un
désaccord profond. Nous, on pense au gouvernement de la CAQ que la capacité d'intégration
est limitée à 50 000 par année. La cheffe du Parti libéral nous dit : Non,
moi, je pense qu'on serait capables d'en prendre 70 000 par année.
Le Président (M.
Bachand) :...de l'opposition officielle.
Mme Anglade : La seule
personne qui parle de deux types d'immigrants différents, c'est le premier
ministre. Quand il nous a dit : Bien, il y a des bons immigrants qui
gagnent 56 000 $ et moins... plus, puis les autres. C'est lui qui a fait
cette distinction-là. Je ne sais pas s'il est fier de cette déclaration-là,
mais, honnêtement, là, c'était vraiment... Tout le monde, là, tout le monde,
dans les milieux économiques, ont réagi pour dire : Mais ça n'a aucun bon
sens, comme commentaire. C'est lui qui a fait cette distinction-là. Encore une
fois, là, la réalité, c'est qu'il y a des besoins partout dans les régions.
La grande différence entre le premier
ministre et moi, là, la grande différence, c'est que moi, je fais confiance
aux régions pour nous dire de quoi ils ont besoin. Moi, je fais confiance aux
régions pour qu'ils nous disent : Là, ça ne fonctionne plus. On est en
train de vivre une dévitalisation de nos régions, puis on est capable d'avoir
plus de monde, puis on est capable d'avoir une capacité d'accueil plus grande,
puis on est capable de développer du logement, pourvu qu'on nous en donne les
pouvoirs. La réalité, c'est ce qu'on veut, c'est donner plus de pouvoirs aux
régions pour qu'elles puissent se développer. Moins, moins... le mur à mur à
Québec, plus de sur-mesure pour chacune de nos régions, c'est ça dont nous
avons besoin.
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : M. le Président,
je suis d'accord avec le fait d'avoir plus d'immigrants en région, moins à
Montréal. Au total, 50 000. Maintenant, effectivement, ce qu'on souhaite, c'est
des immigrants qui sont soit dans les services essentiels en santé puis en
éducation soit dans les secteurs porteurs comme les technologies de l'information
ou le génie. M. le Président, si vous prenez, par exemple, tous les emplois
dans le commerce de détail, c'est clair qu'avec les achats en ligne il va y
avoir de moins en moins d'emplois. C'est vrai aussi que, dans les petites
entreprises qui ne réussissent pas augmenter leur productivité, il y a des
emplois qui vont disparaître. Les travailleurs veulent avoir des bons salaires.
Il y a une différence entre un travailleur qui gagne 15 $ de l'heure puis
un travailleur qui gagne 30$ de l'heure.
Nous, on souhaite que les Québécois
reçoivent des bons salaires. Ce que souhaite la cheffe de l'opposition
officielle, c'est d'avoir le plus d'immigrants possible, même des immigrants,
là, qui vont avoir des salaires à 15 $ de l'heure. Il y a une différence d'approche,
de vision très importante.
Le Président (M.
Bachand) :...officielle.
Mme Anglade : La vraie
différence d'approche, là, c'est le fait que nous, on pense que chacune de nos
régions est capable d'en garder ses besoins en fonction de sa population puis
de décider par elle-même, pour elle-même. C'est ça, la grande différence. Puis
le 70 000 dont parle le premier ministre, là, il n'était pas trop au courant d'où
venaient les chiffres, on lui a rappelé avec l'article qu'on lui a lu, là, la
réalité, là, c'est qu'il y a une capacité qui est plus grande puis que ces
régions font preuve d'ouverture plus grande que celle dont lui-même fait
preuve.
Mais il y a un autre enjeu dont j'aimerais
parler : tous les services de garde. La première chose qu'on a besoin de
faire par rapport à la pénurie de main-d'oeuvre, c'est de s'assurer que les
femmes puissent retourner sur le marché du travail. Ça, c'est la plus grande
contribution. Ça fait des années, maintenant, qu'il y a des femmes qui militent
pour retourner sur le marché du travail puis qu'elles ne sont pas capables de
le faire parce qu'il n'y a pas de services de garde adéquats, parce que le
gouvernement s'est traîné les pieds pendant quatre ans sur l'enjeu des services
de garde et n'a pas été capable de livrer la marchandise. Est-ce que, oui ou
non, le premier ministre peut reconnaître qu'il y a un travail énorme qui n'a
pas été fait pour les services de garde sous son gouvernement?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : M. le Président,
je trouve qu'il y a beaucoup de contradictions du côté de la cheffe de l'opposition
officielle. Elle nous dit qu'elle voudrait 70 000 immigrants, donc 20 000 de
plus par année, mais elle nous dit qu'il manque déjà de logements. Essayez de
réconcilier ça, là. Premier problème. Il nous manque aussi de services de
garde, de places en services de garde, bon.
Quelle est la réalité, M. le Président?
Lors de la dernière année au pouvoir du gouvernement libéral, il s'est perdu,
au net, 1900 places parce qu'il se perdait plus de places en milieu familial
que le peu de places qu'ils créaient dans des CPE puis des garderies privées
subventionnées. On a renversé la tendance, M. le Président. Dans l'année
2021-2022, au net, il y a eu une augmentation de nombre de places, malgré la
petite diminution dans le milieu familial. Donc, on a réussi à renverser la
vapeur. Et il y a un plan pour 37 000 places sur trois ans.
Le Président (M.
Bachand) :...cheffe de l'opposition
officielle.
Mme Anglade : Bien, écoutez,
la seule chose que je pense qui a augmenté, pour les services de garde, c'est
la liste d'attente, M. le Président. Lorsqu'on regarde les chiffres, là, le
premier engagement de la CAQ, c'était d'éliminer, de faire disparaître la liste
d'attente. Mais elle n'a pas disparu, elle a augmenté. La deuxième, c'était de
faire 13 500 places en...
Mme Anglade : ...ans,
ça, ça a été un échec. La troisième, ça a été de dire : 7000 places en un
an, ça aussi, ça a été un échec. Puis Maintenant, nous dit : Ah bien, ça
va être 10 000 places pour cette année seulement. La réalité, c'est que ça a
été échec sur échec sur la politique des services de garde de la part du
gouvernement. Aujourd'hui, on a des femmes, là, puis il y a des gens, là... Des
femmes qui veulent retourner sur le marché du travail, qui ont moins
d'opportunités que leurs mères, c'est un net recul pour les Québécoises
aujourd'hui. C'est la situation là, est-ce que le premier ministre le
reconnaît?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre, s'il
vous plaît.
M. Legault : Oui, M. le
Président, ce qui est important, là, c'est qu'il manque 37 000 places puis
l'argent est disponible. Ça, c'est ce qu'il y a de plus important, là, jamais
les gouvernements n'avaient rendu cet argent-là disponible. Maintenant pourquoi
ça ne va pas assez vite? Bien, parce qu'il a fallu adopter le projet de loi no
un pour enlever toutes les barrières qui avaient été mises par le gouvernement
libéral à cause de ce qu'on sait, là. Je sais que les libéraux n'aiment pas
entendre parler de ça, mais à cause de ce qui était arrivé avec
M. Tomassi, on s'est retrouvés avec des niveaux d'approbation, là... Il y
avait plus que dix étapes avant de pouvoir commencer à construire. On a tout
enlevé ça, maintenant, les places sont accordées, l'argent est disponible, les
37 000 places vont être créées.
Le Président (M. Bachand) :Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Anglade : M. le
Président, c'est le premier ministre, là, qui était prêt à tourner le dos à
6 milliards de transferts du gouvernement fédéral pour soutenir un parti
dont des députés sont en faveur... Sont contre les droits des femmes,
finalement, et ils refusent de reconnaître le droit à l'avortement. C'est ça,
le premier ministre, là, qu'on a en avant de nous, il faut se rappeler ça.
Des voix : ...
Mme Anglade : Le droit
des femmes, là, c'est aussi le droit de pouvoir retourner sur le marché du
travail puis de poser des gestes qui sont conséquents. Aujourd'hui, on a des
milliers de femmes qui ne retournent pas sur le marché du travail parce
qu'elles n'ont pas... Ne sont pas capables d'avoir des services de garde. Au
moins, il pourrait leur proposer d'avoir une compensation financière jusqu'à
temps qu'il y ait un service de garde. Est-ce qu'il pourrait poser ce geste-là?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier Ministre.
M. Legault : Bien, M. le
Président, là, on vient d'en entendre une autre bonne, là. Le gouvernement
fédéral voulait se mêler d'un champ de compétence, encore, des provinces,
voulait mettre des conditions avant de nous donner 6 milliards, puis on a
exigé que ça soit sans condition. Ce que vient de nous dire la cheffe du Parti
libéral du Québec, c'est qu'elle, elle aurait accepté des conditions pour le
6 milliards, wow!
Deuxième chose, c'est important de le
dire, c'est que sans l'argent du fédéral, l'argent qui est nécessaire pour
construire 37 000 places, les 37 000 places qui manquent... Il est déjà
disponible, donc, dans le budget du gouvernement du Québec. Donc, ce n'est pas
une question d'argent. Puis, ce n'est pas vrai qu'on va se mettre à genoux
comme le faisait le gouvernement libéral du Québec face au gouvernement
fédéral.
Puis là, bien, je n'ai pas bien compris le
lien avec l'avortement, M. le Président. J'ai été très clair, ce matin, il n'y
a aucun candidat, aucun député ici, là, qui est contre l'avortement, à la CAQ,
là, ça, c'est très, très, très clair. Puis je trouve ça... Je ne choisirai pas
le mot, là, parce que vous allez m'empêcher de le dire, mais ça n'a pas de bon
sens, ce qu'elle vient de dire.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Mme la cheffe de
l'opposition officielle.
Mme Anglade : Ce qui n'a
pas de bon sens, c'est ce que le premier ministre du Québec a dit lui-même.
Puis, le 6 milliards de dollars, là, il n'y a personne ici, dans
cette formation politique, qui a dit que ça ne devait pas être sans condition,
au contraire, on l'a dit : Aucune condition. Puis non seulement ça,
l'Entente était déjà signée avant les élections, donc pourquoi il nous dit
qu'il y avait une entente qui n'était pas signée? Le 6 milliards de
dollars, là, c'était une entente qui était déjà signée puis c'était sans
condition, c'était sans condition; ils se regardent, là, pour vérifier si c'est
vrai, mais c'était sans condition.
Ce qu'on dit aujourd'hui, ce qu'on dit,
là...
M. Legault : ...
Le Président (M.
Bachand) :...juste un moment, M. le premier
ministre. Allez-y, terminez votre question.
M. Legault : ...
Mme Anglade : Bien, il
aura l'Occasion...
M. Legault : ...
Mme Anglade : Il aurait…
Le Président (M.
Bachand) :Non, non, faites attention.
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :Allez-y, Mme la cheffe de
l'opposition officielle, oui, allez-y, allez-y.
• (15 h 10) •
Mme Anglade : Entente
sans condition, ça a toujours été très clair pour nous, pour le
6 milliards de dollars. Maintenant, il y a aujourd'hui des personnes
qui ne peuvent pas retourner sur le marché du travail, des femmes qui ne
peuvent pas retourner sur le marché du travail. Quels gestes est-ce que le
premier ministre est prêt à faire pour faire en sorte qu'on puisse les avoir?
La première... D'un point de vue économique, là, c'est une contribution qui est
significative puis on a besoin de faire en sorte que ces femmes-là puissent
avoir accès au marché du travail.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le premier ministre,
s'il vous plaît.
M. Legault : Bien, M. le
Président, là, je m'excuse, là, mais je viens d'entendre la cheffe du Parti
libéral du Québec dire que l'entente pour le 6 milliards du gouvernement
fédéral était réglée avant qu'on arrive, c'est complètement faux puis on peut
démontrer ça, là...
Le Président (M.
Bachand) :...vous avez utilisé le mot
«faux» puis je vais vous demander de le retirer, ce...
M. Legault : Oui, mais
comment vous voulez que j'appelle ça?
Le Président (M.
Bachand) :Ah bien, vous êtes assez
intelligent pour trouver d'autres termes, mais je vous demanderais de le
retirer, s'il vous plaît. Puis c'est à plusieurs reprises.
M. Legault : Bien, je le
retire.
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
M. Legault : mais ce
n'est pas exact, c'est le contraire. M. le Président, si on regarde la
situation... Parce que je suis vraiment fier de ce qu'on a fait depuis qu'on
est ici avec la situation des femmes. D'abord, rappelons qu'on a été le premier
gouvernement, le premier gouvernement à faire une négociation différenciée. On
a augmenté de...
M. Legault : ...de 15 à
20 % des salaires des éducatrices, des enseignantes, puis des préposés aux
bénéficiaires, qui sont surtout des femmes, 15 à 20 %, alors que les autres
employés ont eu 6 %.
Donc, M. le Président, je pourrais nommer
toutes les mesures qu'on a faites pour contrer la violence conjugale, pour
aider les femmes, je pourrais vous en parler très longtemps, mais, bon, je vais
arrêter là.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la cheffe de l'opposition
officielle.
Mme Anglade : M. le
Président, je vais rappeler au premier ministre que l'entente de
6 milliards de dollars entre Québec et Ottawa, là - je l'ai en avant de
moi - une annonce conjointe qui a été faite avant les élections, je présume
bien, je présume bien que, quand cette annonce a été faite avant les élections,
qu'il avait clairement spécifié que c'était sans condition, autrement ce serait
très surprenant.
Donc, ça, il était décidé... Il me regarde
de manière toute surprise, mais, ça, je lis les documents qui sont publics.
M. Legault : ...
Mme Anglade : L'élection
fédérale, ah! bien oui, l'élection fédérale, c'est de ça dont on parle. Parce
que c'est à ce moment-là que le premier ministre nous a incités à voter pour un
parti conservateur, c'est à ce moment-là qu'il a fait ses propositions à toute
la population du Québec.
M. le Président, quand on parle
d'économie, quand on parle d'enjeux de main-d'oeuvre, on parle du droit des
femmes. Moi, ce que je veux voir, là, ce n'est pas un Québec qui recule, c'est
un Québec qui avance. J'ai trois enfants, j'ai deux filles, moi, je souhaite
avoir un Québec dans lequel mes deux filles vont avoir plus de droits que, moi,
j'en ai eus. C'est ça, le Québec dans lequel je veux vivre. Aujourd'hui, on a
un net recul pour les femmes à bien des égards. Puis il a l'air surpris le
premier ministre, quand je dis ça, il a l'air surpris. Le net recul, il y a des
femmes... Puis je vous invite à aller parler à Françoise, je vous invite à
aller parler avec Valérie qui disent qu'elles n'ont pas les mêmes opportunités
que leur mère parce qu'aujourd'hui elles n'ont pas accès à un service de garde.
Pourquoi il n'y a pas de services de
garde? On revient à la question initiale. Il y a eu des milliers de places qui
ont été fermées sous le gouvernement de la CAQ, et, en plus, c'est la question
de la pénurie de main-d'oeuvre, encore une fois, qui revient.
Deux choses pour régler la pénurie de
main-d'oeuvre en priorité : Faire en sorte que tout le monde puisse
retourner sur le marché du travail le plus rapidement possible, puis faire en
sorte qu'on ait des travailleurs qui viennent et qu'on écoute nos régions et
qu'on fasse en sorte que chacune de nos régions puisse accueillir le nombre de
personnes qu'elles souhaitent faire... qu'elles souhaitent accueillir. C'est ça
qu'on a besoin de faire au Québec, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :30 secondes, M. le premier
ministre.
M. Legault : Oui. M. le
Président, la réalité, là, c'est qu'en 2016-2017, perte de
2 500 places en milieu familial; 2017-2018, perte de 1 500 puis,
en 2019, perte de 5 800 places avec le gouvernement libéral dans les
milieux familiaux. C'est ça la réalité. Nous, on a renversé la vapeur,
maintenant, c'est des... au net, des créations, il y a plus de place.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député d'Orford pour le
bloc gouvernemental de quatorze minutes 42 secondes.
M. Bélanger : Merci, M.
le Président. Je veux saluer le premier ministre, saluer les collègues de
l'Assemblée nationale ainsi que les équipes du Conseil exécutif et des
secrétariats.
M. le Président, moi, j'aimerais parler
des régions, mais parler des régions pour de vrai, le dossier de la
connectivité. Les régions ont été laissées de côté pendant des décennies. Au
début du mandat, le premier ministre m'a donné un mandat qui était la
connectivité. Il y avait 340 000 foyers au Québec qui n'étaient pas branchés.
Il y avait eu les programmes Québec branché, Brancher pour innover du
gouvernement précédent, qui avaient été tous annoncés, et, ça, ça représentait
206 conventions. Quand on est arrivés en place, il y en avait 202 de non
signées, donc il y avait quatre conventions de signées.
De plus, les programme Québec branché et
Brancher pour innover n'exigeaient pas de couverture du territoire à
100 %. Donc, on s'est retrouvé avec une situation où on avait à peu
près... au-dessus de 300 000 foyers et des trous dans à peu près toutes les
régions du Québec.
Donc, on a mis en place un programme
normé, qui s'appelait Régions branchées, pour combler ces trous-là et, par la
suite, on a mis en place des programmes Éclair I, Éclair II et Éclair III puis
on a eu une collaboration de contribution du fédéral afin de couvrir, là,
100 % du territoire. Ça, ça représente... Puis là, si je comprends bien,
on est aux études de crédits. Donc, les études de crédits, c'est vraiment pour
évaluer qu'est ce qu'on fait avec l'argent public, puis c'est quoi que ça donne
comme retour. J'assume que c'est ça qu'on doit discuter. Donc, le projet de
connectivité, ça représente 1.8 milliard d'investissements dans ce
mandat-ci, puis là ça inclut les investissements privés.
Ça fait que, moi, j'ai des questions, M.
le Président, des questions qui sont financières parce que je voudrais savoir,
je...
M. Bélanger : ...informer les
citoyens parce que c'est quand même beaucoup d'argent. Je sais qu'il y a un
besoin au niveau de brancher les régions parce que ça fait des décennies. Jean
Charest l'avait promis en 2003 de le faire dans un mandat. Puis là, bon, bien,
on est en 2022. Puis notre gouvernement, on est très confiant d'accomplir cet
engagement-là, mais je veux quand même informer les citoyens. C'est quoi les
retombées? Ce 1,8 milliard-là d'investi ça représente quoi? Donc, M. le
Président, mes questions sont les suivantes : C'est quoi le coût net pour
le Québec? Et ça représente quoi comme retombées pour le Québec, pour nos
régions?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. Bien, j'en
profite, M. le Président, pour, devant tout le monde, féliciter le député
d'Orford, puis toute l'équipe du MCE. Il y avait beaucoup de sceptiques en
2018, hein. Ça avait été souvent promis de brancher tous les foyers au Québec.
Je pense, ça relève... Il y a peut-être 10 ans, 15 ans, si ce n'est
pas 20 ans qu'on promettait ça. Donc, il y avait des sceptiques en 2018.
Et puis, avec la députée d'Orford, puis l'équipe du MCE, on a rencontré Bell
Canada, on a rencontré Vidéotron, on a rencontré Cogeco, puis on leur a
dit : Combien ça coûte pour brancher tout le monde. Puis là, on a pris,
bien, la meilleure offre qu'il y avait sur la table, mais ça a coûté quand même
1,8 milliard. Mais pour moi, là, c'est un service essentiel que les régions...
Comme dans le temps, l'électricité, aujourd'hui, ça prend un Internet haute
vitesse. Donc, je pense que c'est difficile d'évaluer les retombées
économiques, mais c'est certain, avec ce qui s'est passé avec la pandémie, le
télétravail, c'est plus important que jamais que les gens puissent travailler
de chez eux. Mais pour ça, ils ont besoin d'Internet haute vitesse. Même chose
avec les petites entreprises, même les grandes entreprises, on a besoin
d'Internet haute vitesse. Aujourd'hui, c'est un service essentiel. Donc,
partout, où je me promène actuellement, la première chose qu'on me dit,
c'est : Vous direz bravo au député d'Orford pour son travail. Parce que,
bien honnêtement, on ne le croyait pas. La semaine passée, j'étais en Gaspésie,
j'étais dans le Bas-Saint-Laurent, et puis tous les gens me disent : Vous
direz merci au député d'Orford. On ne le croyait pas, mais là, c'est en train
d'être filé, là, on le voit. Puis une telle est déjà branchée, puis l'autre va
être branchée dans un mois. C'est extraordinaire les retombées économiques que
ça amène. Puis enfin, les Québécois vont être branchés dans toutes les régions
du Québec. Là, je ne sais pas jusqu'où le député veut que j'aille, là, mais
aussi il y a des résidences qui vont être branchées avec SpaceX, avec
satellite, parce que c'est... il y a trop d'écart entre les différentes
résidences. Mais je peux juste dire : Un gros bravo. Puis c'est impossible
de chiffrer les retombées économiques, mais c'est énorme, énorme, énorme.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, M. le député d'Orford.
• (15 h 20) •
M. Bélanger : M. le
Président, j'ai d'autres questions parce que dans les semaines qui se sont
passées, on a vu des articles où, bon, il y avait des programmes du fédéral à
Terre-Neuve, Manitoba, puis ça représentait des coûts. J'étais quand même assez
surpris parce que ça représentait des coûts faramineux, là, 20 000 $,
22 000 $ par foyer. Puis nous autres on a décidé d'utiliser la fibre
optique. Je pense que c'est la meilleure des technologies. M. le premier
ministre a parlé de SpaceX. SpaceX, Starlink, c'est une partie des solutions
parce que c'est de l'argent public. Puis on arrive à peu près à un coût entre
5 000 $ et 6 000 $ le branchement. Et puis, comme c'est de
l'argent public, de dérouler de la fibre pendant des kilomètres et des
kilomètres sur des petits chemins de campagne pour brancher un foyer où ça nous
coûterait peut-être un 20 000 $, bien, on décide d'utiliser une autre
technologie. Mais je voudrais quand même savoir, on se compare par rapport aux
autres provinces, c'est quoi un peu le Québec se compare. Moi, je pense que les
autres provinces elles ne seront pas capables de livrer en septembre 2022. Ça,
je serais surpris parce que déjà Ottawa a un programme universel, puis je
pense, c'est 2030. Je pense, leur date cible, c'est 2030, puis c'est 99 %
en 2030. Moi, le premier ministre m'a donné le mandat de brancher 100 %
d'ici le 30 septembre 2022. Donc, je serais curieux quand même de voir au
niveau des autres provinces, le Québec se compare comment actuellement? Puis
j'assume qu'à la fin du mandat, le Québec va sûrement être premier à l'échelle
du Canada puis sûrement très bien positionné à l'échelle mondiale.
M. Legault : ...les
chiffres sont petits, M. le Président, mais je peux vous dire qu'on a fait des
jaloux dans les autres provinces. Parce que je parle régulièrement que les
premiers ministres des autres provinces, puis c'est souvent les mêmes
entreprises, qu'on pense à Bell Canada ou à Telus, mais là les employés, en
2022, ils travaillent tous au Québec. Ça fait que les autres provinces,
malheureusement, ils vont être obligés d'attendre leur tour puis de commencer à
brancher en 2023.
Mais c'est intéressant de dire qu'au
moment où on se parle, bien, on est à 94 % branchés au Québec, alors que
l'Ontario est à 88 %, l'Alberta est à 87 %, le Nouveau-Brunswick, à
81 %, la Nouvelle-Écosse, à 79 %, Terre-Neuve, à 75 %, Manitoba,
à 74 %, Saskatchewan, 71 %, Territoires du Nord-Ouest, 71 %,
Île-du-Prince-Édouard, 61 %, Yukon, 61 %. Donc, vous le voyez, là, on
est en avance.
Puis ça, c'est sans compter le travail qui
va être fait d'ici le 3 octobre, parce qu'on s'est donné comme objectif de
remplir notre promesse de brancher tout le monde pendant le premier mandat,
puis ça finit le 3 octobre. Je sais que ça met beaucoup de pression puis
ça a sûrement empêché le député d'Orford de dormir quelques nuits, parce que,
je le sais, je peux être un patron exigeant, mais moi, je suis convaincu qu'on
va être à 100 % d'ici le 3 octobre. Puis, encore une fois, bravo au
député d'Orford.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député d'Orford.
M. Bélanger : Je
voudrais peut-être rajouter un peu d'information avant de passer la parole à ma
collègue, mais aujourd'hui il reste à peu près entre 180 000 et 190 000
foyers. Mais ce qu'il faut comprendre... Souvent, on a tendance à dire... puis
la dernière fois, dans un... Il y avait le député de LaFontaine qui était...
qui a été tweeter qu'il restait 190 000 foyers à brancher, mais ce qu'il faut
comprendre, c'est que l'étape de brancher les foyers, c'est peut-être 10 %
de l'ouvrage, parce qu'il y a les travaux préparatoires. Et puis le ministre de
l'Économie a aidé beaucoup à accéder aux infrastructures de soutènement, donc
ça a accéléré le processus. Ça fait qu'aujourd'hui il en reste à peu près
180 000 à 190 000, et la cadence de branchement est 30 000 branchements
par mois. 30 000 branchements par mois. Il nous restait à peu près... On
estime, il ne reste à peu près 8 000 orphelins. Ça, les orphelins, ce
sont des foyers qui n'ont pas de contrat. Mais là notre premier ministre nous a
quand même annoncé une bonne nouvelle, c'est qu'on allait peut-être avoir un
joueur qui viendrait se joindre et qui pourrait nous aider à brancher ces
orphelins-là. Donc, on va se retrouver à 100 %, une couverture de
100 %. Le gouvernement va avoir rencontré son objectif d'offrir à tous les
foyers du Québec l'accessibilité à Internet haute vitesse.
Ça fait que moi, je veux remercier, là...
ce n'est pas juste la job du député d'Orford, c'est vraiment la collaboration
de tous. Et, oui, le premier ministre est un boss exigeant. Ça m'arrive de ne
pas dormir, travailler sept jours sur sept, mais je pense qu'en région, là,
c'est vraiment un accomplissement, puis les citoyens en région vont vraiment
être reconnaissants. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Mme la députée de
Bellechasse, s'il vous plaît.
Mme Lachance : Merci, M.
le Président. Permettez-moi à mon tour de saluer tous les collègues qui sont
ici, l'équipe du premier ministre, du bureau du premier ministre, et mes
collègues, évidemment, parlementaires.
Je veux parler, évidemment, de relance
économique, de croissance. La pandémie n'a pas été facile, ça n'a pas été
facile pour personne, mais assurément très difficile pour notre économie.
Actuellement, on le sait, ça va bien, on a des bonnes nouvelles, on a... Après
un recul de 5,5, notre PIB est passé à 6,3 en 2021. On doit quand même
continuer à rattraper les répercussions de la crise sanitaire sur l'économie.
Nos bonnes performances nous permettent, évidemment, d'entrevoir un avenir
positif et la lumière au bout du tunnel.
Maintenant, j'aimerais savoir comment
relancer l'économie. On travaille actuellement très fort, mais comment on va
s'y prendre pour relancer l'économie et augmenter notre productivité?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Legault : Oui. Merci,
M. le Président. Effectivement, je sais que ça intéresse beaucoup la députée de
Bellechasse. Je suis certain, aussi, avec le tunnel Québec-Lévis, ça va
développer Chaudière-Appalaches comme on n'a pas vu ça depuis longtemps. M. le
Président, on n'est pas loin de la Beauce, beaucoup d'entrepreneurs. Et je
pense que... Beaucoup de choses qu'on a faites, d'abord. On a, dans les
régions, fusionné le ministère de l'Économie et Investissement Québec pour
qu'il y ait une présence régionale forte pour appuyer tous les projets un peu
plus importants. En plus, pour les projets un peu plus petits, on a financé les
CLD, qui étaient sous-financés, qui avaient même été coupés par l'ancien
gouvernement. On a changé le nom, on a appelé ça Accès Entreprises Québec, puis
on les a bien...
M. Legault : ...puis ils ont
fait un travail extraordinaire pendant la pandémie pour aider les petites
entreprises qui étaient en problème. Ce n'est pas pour rien qu'on disait tantôt
pourquoi l'économie du Québec a mieux... est mieux sortie de la crise en 2021
que les autres provinces, bien, parce qu'on avait mieux accompagné les
entreprises. C'est au Québec qu'on a mis le plus d'argent pour aider les
entreprises, puis ça a pu se faire dans chaque région, entre autres avec les
MRC, qui avaient des fonds qu'on appelait... dans ce qu'on appelait
Entreprises... Accès Entreprises Québec.
Maintenant, M. le Président, on est en
train de développer des filières. Je sais que le Parti libéral veut mettre
100 milliards dans l'hydrogène. On n'exclut pas, effectivement, la filière
hydrogène. Il reste à montrer la rentabilité, mais il y a la filière batterie,
puis là je vois aussi le député de Nicolet-Bécancour qui a travaillé...
Une voix : ...
M. Legault : C'est-u ça? Qui
a travaillé très fort, puis qui est mon adjoint parlementaire, sur les zones
d'innovation, dont la zone de Bécancour. Écoutez, moi, ce qu'on m'a souvent
dit, la zone, le parc industriel à Bécancour, c'est le plus grand parc au
Canada, mais il n'y a à peu près rien dedans. Bien, là, ce qu'on me dit, c'est
qu'il ne reste plus de terrain, et il y a des enjeux, là, parce qu'on a eu BASF
qui a dit : Je veux m'installer là. GM qui a dit : On veut
s'installer là. Et ce qu'on veut faire, c'est d'avoir toute la filière
batterie, à partir du lithium et du nickel. Bon, puis là, on a un différend,
entre autres, avec Québec solidaire, qui ne souhaite pas qu'on exploite le
nickel, le lithium, qui va pourtant nous permettre de fabriquer des batteries
pour les autos électriques et, pour être capables de le faire, il faut
rehausser la norme au même niveau qu'en Europe. Donc, on le sait, du côté
environnemental, le modèle à suivre, ce n'est pas les États-Unis, c'est
l'Europe.
Donc ce qu'on fait, c'est qu'on rehausse
la norme, pour le nickel, ça va s'appliquer à Bécancour, ça va s'appliquer,
s'appliquer aussi à Québec. Je le sais que les gens de Québec solidaire
manifestent contre ce changement-là, pourtant, qui est appuyé par la santé
publique. Mais on va créer des milliers d'emplois payants puis on va participer
à la fabrication d'autos électriques en fabriquant la batterie, puis ça ne va
pas se faire au détriment de la santé ou de l'environnement.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Mme la cheffe
de l'opposition officielle, s'il vous plaît.
Mme Anglade : Merci, M. le
Président. Alors quand le premier ministre est rentré au gouvernement, il y
avait 400 000 Québécois qui étaient sans médecin de famille. Aujourd'hui,
il y a 1 000 000 de Québécois qui sont en attente d'un médecin de
famille. Ma question pour le premier ministre, elle est très simple :
Parmi le million de Québécois qui n'a pas de médecin de famille aujourd'hui,
combien de ces personnes-là vont avoir un, et quand?
Le Président (M. Bachand) :M. le premier ministre, s'il vous plaît.
• (15 h 30) •
M. Legault : Oui. M. le
Président, quand on est arrivés au gouvernement en 2018, il y avait
6 351 000 Québécois qui avaient un médecin de famille, aujourd'hui il
y en a 6 621 000 de plus qui ont un médecin de famille. Ce que nous
dit la cheffe de l'opposition officielle, c'est que lorsqu'on avait le
gouvernement libéral, les gens étaient tellement découragés, tellement
pessimistes à l'effet d'avoir un médecin de famille qu'ils ne s'inscrivaient
même pas pour avoir un médecin de famille. Donc, ce que la cheffe de
l'opposition officielle nous dit, c'est que là, il y a plus de gens qui veulent
un médecin de famille que dans le temps du gouvernement libéral. Mais ce qui
est important de regarder, M. le Président, c'est combien de Québécois ont un
médecin de famille.
Il y en a 270 000 de plus
aujourd'hui, mais le ministre de la Santé a signé une entente, et selon cette
entente, d'ici le 31 juillet, il y en a un autre 250 000 qui
vont avoir accès à un groupe de médecine de famille avec des médecins, des
infirmières. Quand ils ont besoin de voir un médecin, ce sera un médecin. Quand
ils ont besoin une infirmière, ça sera une infirmière. Puis d'ici le
31 mars 2024, 500 000 de plus. Ça, c'est malgré la pandémie.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Mme la cheffe de
l'opposition officielle.
Mme Anglade : M. le
Président, ce que j'ai entendu, c'est aucune cible, aucune cible.
1 million de personnes, de Québécois, qui attendent. 1 million de
Québécois qui attendent d'avoir un médecin de famille. Puis il y a un stress
énorme qui sont vécus par plusieurs de ces personnes-là. La question que j'ai
pour le premier ministre, parmi ce million-là, la cible qu'il souhaite
atteindre pour que ces personnes-là puissent avoir un médecin de famille. Là,
je ne parle pas d'un groupe, je ne parle pas de visites, je parle d'avoir un
médecin de famille qui...
15 h 30 (version non révisée)
Mme Anglade : ...leur soit
attitré.
M. Legault : M. le premier
ministre.
Le Président (M.
Bachand) :Bon. D'abord, M. le Président,
on parle d'avoir accès à un groupe de médecine de famille. Ça, c'est important,
là. Et, tout le monde est d'accord avec ça, il y a des bobos qui peuvent être
réglés par des infirmières. Et ce qui est important, c'est quand on a besoin d'une
infirmière, on a une infirmière, puis quand on a besoin d'un médecin, on a un
médecin. C'est ce qu'on appelle un groupe de médecine familiale. Quand la chef
de l'opposition officielle nous dit : On n'a pas de cible, ce n'est pas
exact, on a une cible de 500 000. Puis dans l'entente avec la FMOQ,
50 % de cette cible doit être atteinte le 31 juillet 2022, 75 %
le 31 décembre 2022 et 100 % le 31 mars 2023. Le 31 mars
2023, c'est la fin de la mauvaise entente signée par le gouvernement libéral.
Jusqu'au 31 mars 2023. Donc, il y aura des négociations d'ici le 31 mars
2023 pour qu'en plus des 770 000 personnes de plus qui auront accès à
un GMF depuis 2018, on puisse ajouter les personnes qui n'en ont pas. Entre-temps,
ils vont avoir accès au guichet.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Mme la cheffe de l'opposition
officielle.
Mme Anglade : Clairement, là,
ce qu'on entend de la part du premier ministre, là, c'est une promesse brisée,
une promesse brisée. La prise en charge, ça veut dire que t'as un médecin de
famille auquel tu peux te référer. Il est évident que la personne peut aller
aussi parler à une infirmière, parler à d'autres personnes. L'interdisciplinarité,
tout le monde est en faveur de ça. Mais la promesse brisée du premier ministre,
c'est de faire en sorte que chaque Québécois puisse avoir un médecin de
famille. Et là il n'y a pas de cible. D'autre part, il nous dit que la FMOQ a
signé une entente. La FMOQ parle de 500 000 visites. Elle parle de
500 000 visites. Le premier ministre dit : 500 000 prises
en charge. Qui dit vrai?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Bien, M. le
Président, le président de la FMOQ, donc de la Fédération des médecins
omnipraticiens du Québec, est très clair puis l'entente est très claire :
500 000 accès à un GMF. Je ne le sais pas, peut-être que le Parti libéral
n'est pas d'accord avec l'approche GMF. Pourtant, c'est l'approche qui est en
place depuis longtemps au Québec. Donc, ce qu'on dit, c'est qu'il y a un
groupe, donc plusieurs médecins. Donc, ça se peut que vous ne voyiez pas votre
médecin personnel, mais vous allez voir un autre médecin ou une infirmière.
Mais il y a 500 000 personnes de plus qui vont avoir accès à un GMF.
Donc, ce n'est pas 500 000 visites. Les gens, s'ils ont besoin de dix
visites, ils en auront dix, s'ils ont besoin d'une visite, ils en auront une,
mais ils vont avoir accès, en dedans de 36 heures, à un médecin de famille
ou une infirmière, selon ce qu'ils ont besoin.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la cheffe de l'opposition
officielle.
Mme Anglade : Ça fait
plusieurs fois, dans les échanges qu'on avec le premier ministre, qu'il dit une
chose, ce n'est pas vrai, puis on vérifie après, puis on se rend compte que ça
a été dit. Le président de la FMOQ a dit en ondes que c'était 500 000 visites
médicales. Je l'invite à aller réécouter ce que le président de la FMOQ a dit.
En plus, il ne s'agit pas de prise en charge. La question que j'ai, encore une
fois, pour le premier ministre : Du 1 million de personnes qui n'ont
pas, aujourd'hui, de médecin de famille, sa cible, dans ce que j'entends, c'est
qu'aucun de ceux-là ne va avoir un médecin de famille. J'entends zéro comme
cible. Si je suis, aujourd'hui, sur une liste d'attente et j'attends d'avoir un
médecin de famille qui va m'être attitré, le premier ministre me dit : Tu
n'as aucune garantie, je n'ai aucun objectif. C'est ça qu'il a répondu.
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : M. le Président,
d'abord, c'est important que c'est une prise en charge, ce ne sont pas des
visites. Je n'ai pas écouté toutes les entrevues du Dr Amyot, mais ce qui est
clair, le communiqué est clair, c'est un communiqué qui est conjoint, l'entente
est claire, elle est signée par les deux parties, c'est une prise en charge
dans un GMF. Ce ne sont pas 500 000 visites, c'est 500 000 patients
qui vont être pris en charge.
Maintenant, on se souvient que le
gouvernement libéral avait adopté le projet de loi n° 20, hein? Dans le projet
de loi n° 20, on avait des pénalités. Je sais que la chef de l'opposition
officielle n'est plus d'accord avec le député de La Pinière à propos du projet
de loi n° 20. Bon, ça, c'est leur problème. Maintenant, M. le Président,
ce qui est important de rappeler c'est qu'on a eu deux ans de pandémie. Donc, c'est
quand même extraordinaire qu'on ait été capables, d'abord, déjà, d'enregistrer
270 000 personnes de plus dans un GMF, qu'on va être capables d'en
ajouter un autre 500 000 d'ici le 31 mars 2023, malgré l'entente
qui avait été signée. Parce que, là, on est obligés de négocier avec la FMOQ
avec une partie...
M. Legault : ...déjà une
entente signée avec le gouvernement libéral de l'époque qui va jusqu'au
31 mars 2023.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Mme la cheffe de
l'opposition officielle.
Mme Anglade : M. le Président,
il y a des gens qui prennent l'exemple de Delphine. Delphine, elle s'est
inscrite sur la liste d'attente pour avoir un médecin de famille l'année
passée. À ce moment-là, on lui disait qu'elle allait avoir 700 jours
d'attente avant d'avoir un médecin de famille. Aujourd'hui, elle retourne pour
savoir combien de temps. On se serait attendus à ce que soit environ
350 jours avant d'avoir un médecin de famille. Aujourd'hui, c'est 1 000 jours. Le million de
Québécois qui est sur la liste d'attente, qui attend depuis des centaines et
des centaines de jours, ce que le premier ministre est en train de leur dire,
c'est qu'ils n'auront jamais un médecin de famille qui va leur être attitré, il
n'aura jamais cette prise en charge avec un médecin de famille. La promesse
qu'il a faite aux Québécois de dire que chaque Québécois aura un médecin de
famille, elle est brisée. Il n'a pas rencontré ses objectifs. Il y avait
400 000 personnes sur les listes d'attente quand il est rentré au
gouvernement. Aujourd'hui, c'est 1 million de Québécois qui attendent sur
la liste d'attente. Puis il se dit : Je sais que je ne serai pas capable
de rencontrer mes objectifs, ça fait que je vous donne un objectif de zéro,
aucune de ces personnes-là ne va avoir un médecin de famille.
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : M. le Président,
qui, en 2018, pouvait penser qu'on aurait une pandémie où les médecins du
Québec seraient surchargés pendant deux ans. M. le Président, ce qu'on s'était
donné, comme objectif, en 2018, c'était de renégocier la mauvaise entente
libérale avec la FMOQ. Pensez-vous que c'était possible, pendant la pandémie,
alors que les médecins étaient débordés, de faire une nouvelle négociation de
convention collective avec les médecins? Voyons donc. Il n'y a pas de personne
qui va être incapable, là, qui va dire : Oui, oui, vous auriez dû négocier
dur avec les médecins pendant le pire de la pandémie. Voyons donc. Ce qui a été
fait, dimanche dernier, dimanche dernier, donc on a annoncé l'entente, puis il
y aura, en plus des 270 000 personnes qui ont un médecin de famille de
plus qu'en 2018... Il y en aura 500 000 qui auront un médecin ou, en tout cas,
qui seront parties à un GMF qui inclut des médecins de famille, d'ici le 31 mars
2023. Je pense que dans les circonstances, là, c'est exceptionnel, ce que le
ministre de la Santé a fait.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la cheffe de l'opposition
officielle.
Mme Anglade : Moi, ce que
j'entends, là, c'est un premier ministre qui a baissé les bras par rapport à sa
promesse. Ce que j'entends, c'est un premier ministre qui dit à une population
qui a 1 million de personnes qui attendent, et chaque jour il y a plus de
personnes qui attendent que le jour d'avant, que c'est correct, dans le fond,
ce n'est pas grave, ils n'auront pas accès. Pourtant, les enjeux, encore une
fois, ils sont criants. Moi, je pense à Nicoletta. Nicoletta, elle a
76 ans. Elle a perdu son médecin de famille, puis elle ne voit pas le jour
où elle va en ravoir un, et ça crée un stress énorme dans sa vie parce qu'elle
a une maladie chronique, elle doit être suivie, puis là elle est barouettée
d'un bord puis de l'autre, sans avoir un médecin qui lui est attitré. Encore
une fois, ce que le premier ministre est en train de nous dire, c'est que
finalement, ça va être zéro en termes d'objectif pour le million de Québécois
qui attendent.
Puis une autre précision que j'ai à faire
pour le premier ministre, là, je vais citer un médecin :"L'Entente ne
prévoit aucune inscription, mais plutôt un accès à un GMF. Les patients vont
demeurer quand même sans médecin de famille." C'est ça, l'entente dont il
parle, pas de médecin de famille pour les Québécois.
• (15 h 40) •
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Oui, M. le
Président, j'ai ici copie du communiqué de la Fédération des médecins
omnipraticiens du Québec, daté du 1ᵉʳ mai 2022. Et ce qu'on dit :
"...mentionner qu'il est prévu d'aller de l'avant avec de nombreuses
mesures novatrices, une inscription et un suivi par un groupe de médecins de
famille et d'autres professionnels de la santé." Donc, on ne parle pas de
visite, on parle d'une inscription et un suivi par un groupe de médecins de
famille et d'autres professionnels de la santé. C'est dans le communiqué de la
FMOQ. J'invite la cheffe de l'opposition officielle à aller lire le communiqué
de la FMOQ du 1ᵉʳ mai 2022.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la cheffe de l'opposition
officielle.
Mme Anglade : M. le Président,
la santé de la population, là, elle est aussi garantie par l'accès à la
première ligne, par le fait que les gens aient un médecin de famille, puis pas
qu'il soit barouetté d'un bord ou l'autre, mais qu'il y ait véritablement un
médecin de famille qui leur soit attitré. Dans le million de Québécois qui
atteint, il y a plein de personnes qui se retrouvent avec des enjeux chroniques
de santé, qui se retrouvent avec des enfants, puis qu'ils ne sont même pas
capables de pouvoir parler à leur médecin de famille pour pouvoir régler des
enjeux. Et ils sont encore une fois barouettés d'un bord et de l'autre, avec
des des cliniques sans rendez -vous. Mais fondamentalement, là, ils n'ont pas
leur médecin de famille. Ce que...
Mme Anglade : ...le premier
ministre est en train de nous confirmer, de nous dire qu'il n'a aucun objectif
pour l'atteinte d'un médecin de famille pour chaque Québécois. Il n'a même pas
le début d'un commencement d'un objectif. Ce qu'il nous présente, c'est qu'ils
vont pouvoir parler à des infirmières, aller voir certains médecins, mais ils
n'auront pas de médecin... C'est ça qu'il nous confirme.
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : ...quand même
extraordinaire, ce qu'on vient d'entendre, là. C'est que le Parti libéral du
Québec n'est plus d'accord avec la prise en charge par un groupe de médecine
familiale. Ce n'est quand même pas rien, là. Pensez-y deux minutes, là.
Quelqu'un peut être malade sept jours sur sept, ce que dit le Parti libéral,
c'est que c'est le même médecin qui devrait être disponible sept jours sur sept
pour voir le patient. Puis ça, ça inclut les soirs de semaine. Ça ne tient pas
debout, M. le Président, je m'excuse, là, mais j'invite la cheffe de
l'opposition officielle à parler avec l'ancien ministre de la Santé.
Mais les GMF étaient appuyés. C'est moi
qui a ouvert le premier GMF quand j'étais ministre de la Santé, et le Parti
libéral n'a pas assez ouvert de GMF. Mais là, ce qu'on vient d'apprendre, c'est
que le député de Nelligan fait signe, là, qu'il n'est pas d'accord avec
l'inscription à un GMF. Tout un virage par le Parti libéral du Québec.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Mme la cheffe de
l'opposition officielle.
Mme Anglade : Le seul virage
spectaculaire qu'on a ici, là, c'est le virage du premier ministre. C'est lui
qui a écrit, à combien de reprises, à quel point c'était important que chaque
Québécois ait un médecin de famille. Il l'a dit. Il l'a répété. Il l'a écrit.
Il l'a dit sur toutes les tribunes. Aujourd'hui, il nous dit : Finalement,
ce n'est pas grave, finalement, ce n'est pas grave, je me rends compte que mes
objectifs ne sont pas rencontrés, qu'il y a 400000 personnes en attente au
début de mon mandat, il y en a 1 million, on a perdu le contrôle par rapport à
ça, on va changer notre manière de faire, on va changer nos objectifs, à ce
moment-là. Mais ce que les Québécois veulent, c'est d'avoir leur médecin de
famille. Allez parler à Delphine, allez parler à Nicoletta, elles vont vous le
dire, ce qu'elles veulent, c'est avoir leur médecin de famille. Quand est-ce
qu'il y aura de véritables objectifs par rapport à cette atteinte?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre, s'il
vous plaît.
M. Legault : M. le Président,
je ne connais pas Delphine, là, mais je serais ouvert à la rencontrer. Mais je
pense que les Québécois, ce qu'ils veulent, c'est d'avoir accès à un médecin de
famille. Et dans un GMF, ils y ont accès, habituellement, il y a une dizaine de
médecins, cinq, six infirmières. Quand ils ont besoin d'une infirmière, ils
voient l'infirmière. Quand ils ont besoin d'un médecin de famille, ils voient
celui qui est disponible à l'heure où ils sont malades. Ça empêche 50 %
des patients qui sont dans les urgences d'avoir des P4, P5, des problèmes
mineurs qui auraient dû être réglés en CLSC, dans un GMF-CLSC ou un GMF en
clinique privée.
Mais, M. le Président, là je n'en reviens
pas, là, d'entendre que le Parti libéral n'est plus d'accord avec les GMF,
voudrait, là, que chaque médecin ait son patient puis qu'il s'en occupe tout
seul sept sur sept. Je tombe sur le derrière, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Mme la cheffe de
l'opposition officielle.
Mme Anglade : Vous savez, ce qui
est incroyable, M. le Président, c'est les propos du premier ministre quand il
dit ça. C'est lui qui s'est commis. Il s'est commis, il s'est engagé à faire en
sorte que chaque Québécois puisse avoir un médecin de famille. Il le sait très
bien qu'il s'est commeis à ça. Il sait qu'il n'est pas capable de rencontrer
ses objectifs. Alors... on mêle les cartes, on change tout puis on dit :
Finalement, ce n'est pas important. Mais, pour la santé globale des Québécois,
c'est important d'avoir accès à un médecin de famille. C'est important qu'ils
aient leur propre médecin de famille. C'est ça, le véritable enjeu. Puis le
premier ministre refuse de le reconnaître parce qu'il sait qu'il ne va pas être
capable de rencontrer ses objectifs. Pourtant, pour la population du Québec,
c'est ça qui est important. Et là, il laisse tomber plus de 1 million de
Québécois.
Et j'aimerais lui rappeler que, depuis
janvier, il y a 75000 Québécois qui se sont inscrits encore sur cette liste. Et
eux, ils n'ont pas idée de quand est-ce qu'ils auront, un jour, un médecin de
famille. On est au Québec, M. le Président, le minimum auquel on devrait
s'attendre, c'est d'avoir des objectifs pour faire en sorte que notre
population puisse avoir un médecin de famille. Et là, et là, il n'y a aucun
objectif. Le premier ministre a baissé les bras, et c'est la population du
Québec qui en fait les frais.
M. Legault : Le pire problème
qu'on a, actuellement, c'est qu'il y a à peu près 20 % des médecins qui ne
sont pas...
Le Président (M.
Bachand) :En terminant. Merci beaucoup.
Alors, M. le député de Gouin, s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Merci, M.
le Président. On va parler d'un sujet que le premier ministre ne connaît pas
puis qui ne l'intéresse pas, on va parler de logement. J'aimerais savoir,
d'abord, si le premier ministre reconnaît que le logement, c'est un droit.
M. Legault : Bon, absolument,
il n'y a rien de plus important que d'avoir un logement. C'est important. Ce
qu'il est important de dire, c'est que, depuis octobre 2018, il y a eu 8000
logements, avec AccèsLogis, qui ont été construits, puis il y en a 7000 qui
sont en processus de l'être. Donc, on atteint notre objectif des 15 000.
Maintenant...
M. Legault : ...avec ce qui
s'est passé pendant la pandémie, il y a un problème. Il y a un problème pas
juste pour les logements abordables, il y a un problème avec le prix des
logements en général et il y a un problème aussi parce qu'il s'est construit
moins de maisons pendant la pandémie. Donc, il y a un rattrapage actuellement
qui est fait par le secteur privé.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Donc, le
premier ministre vient de reconnaître que, selon lui, le logement, c'est un
droit. Qu'est-ce que le premier ministre a fait depuis le début de son mandat
pour limiter l'explosion des loyers au Québec. Les loyers augmentent partout.
C'est la folie furieuse. On a appris l'an dernier dans le cadre des crédits à
quel point le premier ministre lui-même n'avait pas suivi l'explosion des
loyers. Qu'est-ce qu'il a fait depuis qu'il est premier ministre du Québec pour
freiner rapidement l'explosion des loyers au Québec?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. M. le
Président, on le sait, au Québec, on a un contrôle des loyers. O.K.? Donc, il y
a un tribunal qui peut être utilisé quand les propriétaires exagèrent, sauf M.
le Président, les cinq premières années où un logement a été construit, ce qui
avait été prévu, c'est que quelqu'un peut faire un rabais pour un an ou deux,
mais après cinq ans, il ne doit pas augmenter le loyer de plus que ce qu'il est
capable de démontrer comme augmentation de ses coûts.
M. le Président, la ministre des Affaires
municipales est en train de recevoir ce qu'on appelle le code F pour voir
est-ce que le cinq ans devrait être diminué à un an, deux ans. Donc, M. le
Président, il y a des choses qui sont faites. La deuxième chose, c'est qu'il
faut construire.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : ...de
contrôle des loyers dont parle le premier ministre, il n'existe pas. Il
n'existe pas. Il existe en Ontario. Au Québec, c'est optionnel puis ça ne
marche pas. L'indice d'augmentation au Québec l'an passé, là, officielle, du
Tribunal administratif du logement, c'était à peu près 1 %. Savez-vous de
combien les loyers ont augmenté en moyenne au Québec? À peu près à 3 %. Ça
fait que le contrôle des loyers dont parle le premier ministre, il ne marche
pas. Les loyers augmentent pas mal plus au Québec que 1 %. Puis ça, là, ce
n'est pas juste vrai pour les constructions de moins de cinq ans, c'est vrai
pour la grande majorité des locataires au Québec.
Je répète ma question qu'est ce que le premier
ministre a fait dans le cadre de ce mandat-ci pour ralentir l'explosion des
loyers? Puis là, là, qu'il ne me parle pas des logements qu'il va construire
puis qui vont être prêts dans cinq ans ou dans trois ans ou dans dix ans.
Qu'est-ce qu'il a fait dans le cadre de ce mandat-ci pour limiter l'explosion
des loyers?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
• (15 h 50) •
M. Legault : M. le Président,
je le répète, il y a un procédé où les locataires peuvent aller se plaindre,
sauf pour les cinq premières années. Et la ministre des Affaires municipales va
déposer un projet de loi d'ici la fin de la session pour corriger le problème
des cinq premières années. Ça, c'est la première chose. Deuxième chose, c'est
clair que les nouveaux logements qui se construisent, bien, les loyers
augmentent beaucoup. C'est très difficile. Moi aussi, là, je ne vis pas sur une
autre planète, j'ai des enfants qui ont des amis puis il y a un vrai problème
avec le prix des logements. M. le Président, c'est pour ça qu'on a donné de
l'argent, 200 $, plus 400 $, plus 500 $. Donc, on aide les
Québécois. Mais ce qui est plus important, c'est de travailler du côté de
l'offre. Donc, on a même passé par le privé pour construire plus de logements.
M. Nadeau-Dubois : ...ils
vont être prêts seulement dans plusieurs années, à moins que le premier
ministre ait développé des dons de magie et qu'il va faire apparaître des
nouveaux logements, dans six mois, ça n'arrivera pas. L'indice d'augmentation
des loyers du Tribunal administratif du logement, c'était 0,8 % l'an
dernier. Les loyers ont augmenté de combien? 3,8 %, c'est trois fois plus.
Ça ne fonctionne pas, le système actuel. Ce système-là est brisé. Qu'est-ce que
le premier ministre a fait pour limiter l'explosion des loyers au Québec?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : M. le Président,
le chef du deuxième groupe d'opposition nous parle de magie bien, c'est plutôt
lui qui fait de la magie, parce qu'il nous dit : Qu'est ce qu'il fait pour
que demain il y ait des logements de disponibles pas chers? Écoutez, il manque
de logements actuellement. Il faut prendre le temps de les construire. Il y a
des programmes publics qui sont longs à construire. C'est pour ça qu'on a
ajouté des programmes en passant par le privé pour des logements abordables.
Puis il y a le privé qui construit des logements. Mais, M. le Président, à part
donner de l'argent à ceux qui en ont besoin, comme on l'a fait, comme ne le
proposait pas Québec solidaire en 2018, puis j'ai hâte de voir ce qu'ils vont
proposer en 2022, mais que propose Québec solidaire?
M. Nadeau-Dubois : ...ce
que l'on propose, c'est de faire comme l'Ontario. Le premier ministre aime ça
se comparer à l'Ontario. Ce qu'on propose, c'est de faire comme en Ontario,
c'est-à-dire qu'au lieu que ce soit les locataires qui aient tout le fardeau
d'aller contester une augmentation de loyer, puis que ça prenne des années à
avoir gain de cause, nous, on propose que l'indice d'augmentation du Tribunal
administratif du logement, là, si les propriétaires veulent augmenter de plus
que ça, bien, que ce soit eux qui doivent faire la démonstration de la
légitimité de leur hausse de loyer. L'Ontario l'a fait. Je ne lui parle pas d'un
pays socialiste, je ne lui parle pas d'un pays communiste. Je ne lui parle pas
d'une autre planète ou du monde des licornes sur lequel le premier ministre
n'arrête pas de dire que Québec solidaire vit. Je lui parle de l'Ontario, la
province auquel il aime tant se comparer. C'est ça, notre proposition. Puis ça,
demain matin, ça freinerait l'explosion des loyers au Québec. Pourquoi le
premier ministre ne fait rien pour limiter les explosions de loyers au Québec?
Pourquoi est-ce qu'il s'assit sur ses mains?
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. M. le
Président, juste pour vous montrer comment Québec solidaire est déconnecté, en
2022, augmentation du prix des logements au Québec, 4,8 %, en Ontario,
7,1 %. Augmentation des logements locatifs en 2022, 3,1 % au Québec,
4,3 % en Ontario. Augmentation des logements en propriétés, maisons ou
condos, 5,5 % au Québec d'augmentation, 6,8 % en Ontario. Donc, ce
que nous dit le chef du deuxième groupe, là, il est complètement à côté de ses
pompes. C'est complètement le contraire. Actuellement, les loyers augmentent
plus vite en Ontario qu'au Québec.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : La
raison pour laquelle les loyers augmentent rapidement d'Ontario, c'est que le
marché, là-bas, a l'air de ce que le marché québécois va avoir l'air dans
quelques années si la CAQ continue à être au pouvoir parce que la spéculation,
là-bas, a atteint des niveaux historiques. Le premier ministre m'a demandé
c'était quoi, notre solution. Je lui ai donné. Puis notre solution, là, elle
fera en sorte que les locataires qui reçoivent des augmentations pas d'allure,
là, bien, ça n'arriverait plus parce que c'est les propriétaires qui devraient justifier
les hausses qui dépassent l'indice de la régie plutôt que le contraire. Ça,
c'est une solution pragmatique à coût nul qu'on pourrait mettre en place demain
matin. La raison pour laquelle ça augmente vite en Ontario, c'est que, là-bas,
le marché est rendu complètement délirant. Et d'ailleurs, il faut agir vite au
Québec si on ne veut pas se retrouver dans cette situation-là.
J'ai une deuxième question pour le premier
ministre. Qu'est-ce que le premier ministre a fait depuis le début de son
mandat pour limiter la spéculation dans le domaine immobilier qui est en train
de briser le rêve de toute une génération de devenir un jour propriétaire,
toute une génération de jeunes de la classe moyenne qui espèrent pouvoir
s'acheter une première maison puis qui sont en train de voir ce rêve s'écrouler
sous leurs yeux parce que le premier ministre ne fait rien, parce que le
ministre des Finances dit que c'est la main invisible qui va régler le
problème?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Bien, M. le
Président, là, les gens qui nous écoutent, là, ont bien compris ce qu'on vient
de vivre, là. Je demande au chef de Québec solidaire quelles solutions il
propose. Il dit : On devrait prendre la même solution qu'en Ontario. Là,
je lui dis : Bien, c'est parce que ça a augmenté plus vite en Ontario
qu'au Québec. Donc, bou! Mauvaise réponse. Là, il nous dit qu'est-ce que, nous,
on a fait. Donc, on revient à qu'est-ce que, nous, on a fait. Bien, ce qu'on a
fait, c'est qu'on a investi comme jamais dans les logements abordables. Le
problème, c'est que c'est long à construire. On a ajouté un programme du côté
privé pour que ça aille plus vite. Mais à un moment donné, là, je reviens à ma
question. Peut-être qu'il a une meilleure réponse à donner. À part de
construire des nouveaux logements, là, c'est quoi qu'il propose?
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : On a
fait trois propositions à Québec solidaire pour limiter, pour freiner la folie
spéculative dans le monde immobilier : rendre les inspections
obligatoires, rendre les offres d'achat transparentes puis taxer les «flips»
immobiliers qui font des ravages dans tant de quartiers, dans tant d'endroits
au Québec. Trois propositions concrètes qui contribueraient à calmer la
spéculation dans le domaine immobilier. Mais le ministre des Finances puis le
premier ministre ne sont pas intéressés par ça parce qu'ils pensent que la main
invisible du marché va tout régler. C'est ce qu'a répondu le ministre des
Finances, ce matin, à la période des questions. À Québec solidaire, on en fait,
des propositions, parce qu'on la connaît, la réalité du logement. Le premier
ministre, ça ne l'intéresse pas. Il ne connaît pas ça. C'est vrai qu'il n'y a
pas une solution miracle. Il a raison, le premier ministre. Il faut... Il faut
s'attaquer à ce problème-là sur plusieurs fronts. Puis nous, on a fait des
propositions sur plusieurs fronts. Le problème, ce n'est pas qu'il n'y a pas de
solutions qui existent, le problème, ce n'est pas que, nous, on ne fait pas...
M. Nadeau-Dubois : ...proposition,
c'est que le premier ministre ne fait rien pour les locataires puis il ne fait
rien pour freiner la spéculation dans le domaine immobilier.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Legault : Oui. M. le
Président, on a encore un bel exemple, là. Écoutez, à Montréal, quand il y a un
logement qui est disponible, il y a des locataires potentiels comme ça ou des
acheteurs potentiels comme ça, ça se vend même plus haut que le prix qui est
demandé puis quand c'est vendu. Et là le chef de Québec solidaire nous dit sans
rire : On va obliger les acheteurs à faire inspecter la maison puis ça va
tous régler les problèmes, je vous le dis, là, ça va tout régler. Actuellement,
il y a des acheteurs puis des locataires potentiels qui se battent pour avoir
des logements, qui sont prêts à toutes sortes de compromis, incluant de
dire : Oui, oui, je l'ai fait, l'inspection. Mais Québec solidaire, nous
dit : Aïe! j'ai la solution, moi, on va rendre les inspections
obligatoires, on va dire aux acheteurs, là, vous êtes obligés d'inspecter, puis
ça va tout régler les problèmes à Montréal. Bien, voyons donc.
Le Président (M.
Bachand) :...M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : J'ai dit
qu'il y en avait trois pas qu'il y en avait juste une. Puis le premier ministre
m'a très bien entendu, il ne connaît pas ça, le logement, le premier ministre.
L'an passé, il pensait qu'un logement à Montréal, c'était 500 $.
Aujourd'hui, il pense qu'au Québec il y a un système de contrôle des loyers,
alors que tout le fardeau repose sur les locataires puis que les locataires
doivent attendre parfois des délais épouvantables pour avoir gain de cause. Les
solutions, elles existent. Québec solidaire en a. Les gens, sur le terrain,
dans le monde du logement, en ont. Le premier ministre, il ne connaît pas ça,
le logement, ça ne l'intéresse pas. Son ministre des Finances, il a été très
clair, hein, ce matin, il a dit : Le marché est en train de tout régler.
C'est ça, la différence entre le premier ministre et moi, moi, je pense que le
marché ne fera pas la job, je pense que c'est la job du gouvernement du Québec.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Merci beaucoup, M. le
député de Gouin. Mme la cheffe de l'opposition officielle, s'il vous plaît.
Mme Anglade : Oui. Merci, M.
le Président. Le 3 avril dernier, le ministre de l'Environnement affirmait
que c'était impossible d'en faire plus au Québec en matière d'environnement.
Question toute simple pour le premier ministre : Est-ce qu'il est d'accord
avec cette affirmation?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre, s'il
vous plaît.
M. Legault : Bien, M. le
Président, tout est une question de moyens. Actuellement, on a investi
56 milliards en transport collectif, on a mis 7,6 milliards dans le
Plan pour une économie verte, on a mis 1 milliard pour acheter des autobus
scolaires, on a mis 5 milliards pour acheter des autobus urbains. Donc,
tout est une question, là, à combien on arrête, là, puis où prend-on l'argent.
La cheffe de l'opposition officielle nous dit tantôt : Je suis prête à
mettre 2,3 milliards par année pour donner 2 000 $ à chaque personne
de plus de 70 ans, mais est-elle capable de nous dire où est-ce qu'elle va
prendre l'argent? Puis là elle vient nous dire : Bien, il faudrait mettre
plus de milliards en environnement. Où prend-on l'argent?
Le Président (M.
Bachand) :Mme la cheffe de l'opposition
officielle.
• (16 heures) •
Mme Anglade : Donc, ce que je
comprends, c'est que le premier ministre nous dit qu'il est d'accord avec la
citation du nom du ministre pour dire qu'on n'a pas besoin d'avoir plus
d'ambition en matière gouvernementale, en matière environnementale. Mais là le
premier ministre, il nous cite ses chiffres, les grands chiffres qu'il a mis de
l'avant, mais la réalité, là, c'est, ce qu'il fait, c'est le strict minimum.
Pourquoi c'est le strict minimum? Parce que l'argent qu'il utilise, c'est
l'argent qui provient du marché du carbone, de la taxe sur l'essence et qui
doit de toute façon mettre à contribution pour l'environnement. Est-ce que le
strict minimum, c'est ça dont on a droit ici, au Québec?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. M. le
Président, moi, je suis prêt, avec des spécialistes, demain matin, à comparer
le bilan libéral puis le bilan de la CAQ sur l'environnement. On va voir que de
loin, ce qui s'est fait le plus... Quand on regarde les résultats,
rappelons-nous, là, les GES augmentaient au Québec dans le temps du
gouvernement libéral. M. le Président, on investit beaucoup. La cheffe de
l'opposition officielle dit : C'est de l'argent qui vient du marché du
carbone, bien oui, mais c'est de l'argent qui est payé par des Québécois pour
réduire les GES. Que ça soit une taxe ou que ça soit via le marché du carbone,
c'est quand même de l'argent qui est payé par des Québécois. M. le Président,
l'autre de mes grandes fiertés, c'est l'entente qu'on a faite avec New York. Le
Parti libéral, on se souvient, Philippe Couillard disait : C'est fini
l'hydroélectricité. Bien, on a signé un contrat, on a signé un contrat qui va
permettre d'enlever l'équivalent de 1 million d'autos sur les routes en
remplaçant des énergies fossiles par de l'hydroélectricité à New York. Ce n'est
quand même pas rien.
Le Président (M.
Bachand) :...opposition officielle.
Mme Anglade : Quand j'entends
le premier ministre me dire qu'il en a fait plus pour l'environnement,
honnêtement, je suis assez sidérée. On se souviendra que c'est le même premier
ministre, là, qui utilise les sommes qui sont créées par le marché du carbone,
mais qui était contre, lui-même, le marché du carbone, lui-même s'est prononcé
contre. Ah! puis il me regarde, il fronce les sourcils, il...
16 h (version non révisée)
Mme Anglade : ...on va
ressortir une fiche pour lui présenter le moment où il était contre, on va
faire le même exercice qu'on a fait un peu plus tôt, M. le Président.
Quand premier ministre nous dit :
Bien, où est-ce qu'on va prendre l'argent? C'est sûr que, si on baisse les bras
par rapport à la croissance économique qui s'en vient puis on se dit : On
va rester en bas de l'Ontario puis on va rester en bas du Canada, bien oui, c'est
sûr qu'il va avoir de la difficulté à trouver des moyens. Bien, l'important,
là, c'est de commencer à voir où sont les opportunités. Une de ces
opportunités-là, puis il le sait très bien, c'est dans la lutte aux changements
climatiques. C'est, oui, investir dans l'hydroélectricité, bien sûr, investir
dans l'eau, mais également investir dans l'hydrogène vert. Or, le premier
ministre, là, il y va à tâtons, il se dit : Ah! bien, peut-être, peut-être
pas, etc., alors que c'est un potentiel extraordinaire. Pourquoi ne pas,
aujourd'hui, dire qu'il y a des milliards d'investissements qui attendent l'ensemble
des Québécois si on décide d'investir de manière importante, privé comme
public, dans le domaine de l'hydrogène vert?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Oui, M. le
Président. Si on a à choisir entre le marché du carbone ou une taxe carbone, je
pense c'est préférable le marché du carbone. Puis c'est ce que je pense, puis
je n'ai pas changé d'idée avec ça.
La cheffe de l'opposition officielle vient
de dire : On va rester en bas de l'Ontario. Là, elle nous parle du temps
du gouvernement libéral. Depuis qu'on est un gouvernement de la CAQ, depuis
trois ans, on est au-dessus de l'Ontario. Donc, ça, c'est la réalité.
Maintenant, ce qu'on essaie de faire, M.
le Président, nous, c'est d'allier les deux, l'économie et l'environnement,
entre autres, avec la filière batterie. On ne sait toujours pas où se situe le
Parti libéral concernant les normes pour le nickel, pour le lithium. Mais ce qu'on
sait, nous, c'est qu'on est en train de bâtir une filière où on va créer des
emplois payants, d'un côté, puis, de l'autre côté, bien, on va pouvoir aider la
planète avec des batteries dans des véhicules électriques. Donc, de la même
façon qu'on a aidé New York à réduire ses GES, on va aider la planète avec des
batteries pour les véhicules électriques.
Mme Anglade : M. le
Président, un potentiel extraordinaire en matière d'hydrogène vert, en matière
d'économie d'énergie aussi. Puis il faut le rappeler, là, l'économie d'énergie,
c'est vraiment fondamental. Et on ne peut pas se dire qu'on va développer notre
croissance sans faire la portion économie d'énergie. Mais l'hydrogène vert, là,
ça aussi, c'est un potentiel. Ce sont des milliards qui sont investis par la
France, ce sont des milliards qui sont investis en Angleterre. Pendant ce
temps-là, pendant qu'il y a des sociétés qui investissent 11 milliards par
année, pendant que l'Angleterre décide d'investir 11 milliards par année,
le premier ministre, lui, il se dit : Bien, moi, une couple de millions,
là, ça va être assez. Il faut avoir de l'ambition, l'ambition de voir grand, et
ça, elle ne transparaît pas dans les propositions du premier ministre. Et c'est
la raison pour laquelle il a de la misère à investir en matière
environnementale au Québec.
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre,
M. Legault : M. le Président,
vous savez, aujourd'hui, quand on regarde le coût marginal d'Hydro-Québec, que
ça soit pour l'éolien ou que ça soit pour d'autres formes d'énergie, ce n'est
pas rentable aujourd'hui, l'hydrogène vert. Je voudrais juste que la cheffe de
l'opposition officielle nous le dise ou dise que ce n'est pas vrai, là :
Est-ce qu'elle pense que c'est rentable ou non, l'hydrogène vert, aujourd'hui,
avec le coût marginal d'Hydro-Québec?
Le Président (M.
Bachand) :Mme la cheffe de l'opposition
officielle.
Mme Anglade : C'est ça, la
différence de vision entre moi et le premier ministre. Parce que la
rentabilité, là, ça s'échelonne sur le temps, il faut avoir la vision
nécessaire pour se lancer là-dedans. Si on avait considéré la rentabilité de l'éolien
en 2010, alors que le premier ministre, lui, il était contre, il était contre
le développement de l'éolien, il s'est opposé à ça, il a dit : Non, ce n'est
pas bon, on ne devrait pas y aller parce que ce n'est pas rentable. Mais le
problème de regarder ça juste à court terme, c'est qu'on n'est pas capable de
développer la vision sur le long terme. Ce dont on a besoin au Québec, c'est
une politique de développement économique qui va faire en sorte qu'on lutte
contre le plus grand enjeu du XXIe siècle, qui est la lutte aux
changements climatiques, et qu'en même temps on soit capable de développer une
économie qui est forte. Mais, pour ça, il faut un minimum de vision. C'est sûr
que s'il regarde juste la rentabilité dans la prochaine année, on va avoir de
la misère, M. le Président.
M. Legault : ...je pense que,
là, on vient de toucher quelque chose qui est important l'éolien. Le
gouvernement libéral a signé des contrats d'éolien à 0,11 $. 0,11 $,
là, c'est beaucoup plus que ce qu'on vend... le prix auquel on vend l'électricité,
par exemple, à New York, au Massachusetts, aux entreprises. Nous, on a réussi à
signer des contrats en bas de 0,08 $. Donc, ce que nous dit la cheffe de l'opposition
officielle, c'est qu'elle considère qu'à l'époque les contrats du gouvernement
libéral qui ont signé à 0,12 $... Puis ça a été prouvé, M. le Président, à
ce moment-là, le Québec était en surplus d'électricité, donc on a mis des
centaines de millions de dollars en pertes directes dans les poubelles avec les
contrats libéraux. Nous, on a attendu que le prix de l'éolien baisse pour
signer des contrats...
M. Legault : ...qui vont maintenant
être rentables pour le Québec. C'est ça, la différence entre le Parti libéral
puis la CAQ.
Le Président (M.
Bachand) :La cheffe de l'opposition
officielle.
Mme Anglade : La raison pour
laquelle, là, on est bons dans l'éolien, la raison pour laquelle il est allé en
Gaspésie, là, pour faire des annonces, c'est parce que l'éolien a été
développé, l'éolien a été développé au début. Il faut avoir de la vision pour
ça. Quand Bourassa a décidé d'investir dans l'hydroélectricité, est-ce qu'il
disait : Ah! Est-ce que c'est rentable à court terme? Il faut avoir une
vision, une impulsion, puis de se dire qu'on est capables, au Québec, de penser
beaucoup plus grand que ce que l'on a aujourd'hui. L'éolien, là, en 2010, le
premier ministre, il était en désaccord avec ça. En 2015, je vais le
citer : «Ça n'a pas de bon sens, l'éolien. Ça n'a pas de bon sens de
lancer l'argent par les fenêtres.» Mais la réalité, là, c'est que, si cet
investissement-là n'avait pas été fait, on n'aurait pas été capables de faire
ce qu'on fait aujourd'hui. C'est pour ça qu'on a besoin aujourd'hui d'investir
non seulement dans une grande stratégie d'économie d'énergie, mais aussi dans
l'hydrogène vert.
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre, s'il
vous plaît.
M. Legault : Bien, M. le
Président, je persiste et je signe. À l'époque, Hydro-Québec était en surplus,
puis le prix était beaucoup trop élevé. 0,11 $, 0,11 $, c'était
mauvais, puis je continue à penser que c'est mauvais. Par contre, actuellement,
avec toutes les entreprises qui veulent maintenant s'installer au Québec, avec
le contrat de New York, on va se retrouver graduellement en déficit d'énergie.
Puis là, on va payer 0,07 $ à 0,08 $.
Maintenant, revenons sur l'hydrogène. Il y
a une différence entre faire des projets pilotes, là, ce qu'on fait avec
Enerkem à Varennes, un projet de 875 millions pour développer l'hydrogène vert,
puis d'avoir un projet, là, qu'on appelle ÉCO, chez le Parti libéral, où on
dit : On va mettre 100 milliards. Écoutez bien, là, pas 100 millions, 100
milliards, milliards. Puis on ne sait pas, on dit : On espère, on allume
des lampions, on espère que ça va être rentable un jour. Bien, moi aussi,
j'espère que ça va être rentable un jour, puis c'est pour ça qu'on investit 875
millions pour développer la technologie à Varennes. Mais mettre 100 milliards,
je trouve ça légèrement exagéré.
Le Président (M.
Bachand) :La cheffe de l'opposition
officielle, s'il vous plaît.
Mme Anglade : J'espère que le
premier ministre, quand il dit «100 milliards», il regarde ce qui se passe dans
le reste du monde. La France a annoncé 10,2 milliards, l'Allemagne, 11,4
milliards, le Royaume-Uni, 6,4 milliards. Les 100 milliards dont on parle, là,
ce n'est pas juste du 100 milliards pour de l'hydrogène vert. C'est jusqu'en
2050. Puis il y a tout, c'est privé, c'est public et ça fait en sorte qu'on
fait une énorme stratégie en arrière de l'économie d'énergie parce qu'on va
avoir besoin de beaucoup plus d'énergie. C'est ça qu'il faut regarder dans le
projet qui est présenté.
Mais malheureusement, le premier ministre,
il regarde ça : Est-ce que c'est rentable à court terme? Est-ce que là, à
court terme, je suis capable de faire des sous? Sinon, on oublie ça. Bien,
c'est la même manière dont il a réfléchi avec l'éolien, puis regardez où est-ce
qu'on est aujourd'hui. Heureusement qu'on n'avait pas écouté le premier
ministre par rapport à l'éolien. Puis heureusement que Robert Bourassa, il
n'écoutait pas les gens quand les gens lui disaient : L'hydroélectricité,
ce n'était pas une bonne chose, parce qu'il n'y avait même pas de fils
électriques pour passer l'électricité à ce moment-là, puis il a décidé quand
même d'aller dans l'hydroélectricité, puis après ça de pouvoir utiliser cette hydroélectricité
partout au Québec. C'est de cette vision-là dont on a besoin.
• (16 h 10) •
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : M. le Président,
justement, on a des barrages, on a de l'hydroélectricité. On n'est pas pantoute
dans la même situation que l'Europe. L'Europe est dans le gaz, importe du gaz
de la Russie, puis avec ce qu'on connaît actuellement...
Nous, on pourrait, demain matin, là,
construire des nouveaux barrages, on pourrait, demain matin, ajouter de
l'éolien. Donc, pourquoi on irait donner notre électricité pas chère à des
producteurs d'hydrogène vert? Pourquoi on ferait ça plutôt que de développer
l'hydroélectricité, développer des nouveaux barrages? Je sais que Philippe
Couillard disait : Les barrages, c'est passé date, ce n'est plus bon. Puis
l'éolien, bien, écoutez, à 0,11 $, ce n'était pas payant. C'est rendu à
0,07 $, 0,08 $, bien là, ça commence à être payant. Mais, M. le
Président, il faut être capable d'additionner. Il faut être capable de se dire,
là, tu sais, comme me disait un prof, à l'époque, au HEC : Si tu perds de
l'argent à chaque fois que tu vends ton produit, tu ne te reprends pas sur le
volume, là.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la cheffe de l'opposition
officielle.
Mme Anglade : Le premier
ministre nous dit que, dans le fond, il nie qu'on a des besoins additionnels.
Il dit : Dans le fond, ce n'est pas pire au Québec, ça va bien. 55 %
de ce que l'on consomme, c'est avec des hydrocarbures, 55 % de notre
consommation. Ça, ça veut dire que, pour arriver à la carboneutralité, là, il
va falloir qu'on transforme ce 55 % là. Puis oui, ça va être, bien sûr,
avec l'électrification des transports, mais il va falloir aller beaucoup plus
loin. Il va falloir avoir une véritable audace, il va falloir vraiment pousser
le niveau d'ambition, ce que le premier ministre ne fait pas parce qu'il
regarde encore ses chiffres à court terme puis il dit : On n'a pas besoin
de ça.
Il est allé voir ÉCO, mais, justement,
ÉCO, ce n'est pas seulement faire de l'hydrogène vert, ÉCO, c'est regarder...
Mme Anglade : ...l'ensemble
du problème. Il y a une énorme lutte à faire aux changements climatiques, mais
ça, ce n'est pas important pour le premier ministre, ce n'est pas dans ses priorités.
Mais ça fait qu'on a un potentiel de développement économique extraordinaire
qu'on est en train de laisser sur la table parce qu'on n'a pas la vision
nécessaire pour aller de l'avant. Puis ça, c'est la grande différence entre lui
et moi.
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : On est en train
de développer la filière batterie, on développe les autobus électriques,
scolaires puis de ville, on développe des camions électriques, on est en train
de négocier pour de l'aluminium vert, pour de l'acier vert. L'hydrogène, on
veut faire des projets, bien ouais. Savez-vous... est-ce que la cheffe de
l'opposition officielle sait que ça prend beaucoup d'électricité pour faire de
l'hydrogène vert? Est-ce qu'elle sait ça? Je sais qu'elle est ingénieure, là,
mais est-ce qu'elle sait que ça prend beaucoup d'électricité? Puis dans son
calcul d'ECO, là, on paie combien pour l'électricité pour faire de l'hydrogène
vert? Est-ce qu'elle le sait? Elle ne le sait pas.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la cheffe de l'opposition
officielle.
Mme Anglade : Ah oui, bien,
l'ingénieure regarde le premier ministre puis se dit : Je ne suis pas sûre
que, dans ses chiffres, là, tout additionne tout le temps. On pourrait s'en parler
longtemps.
Parlons des batteries un instant, parce
qu'il aime ça, nous parler... parlons des batteries un peu. Il nous parle des
batteries puis il nous parle des investissements qui sont faits en batterie.
Mais j'aimerais juste rappeler, comparativement à l'Ontario, ce qui se passe.
1.8 milliard d'investissements, au Québec, qui a été fait. Je pense que le
premier ministre est d'accord, 1.8 milliard qui a été fait. Est-ce que premier
ministre sait, en même temps, combien d'investissements ont eu lieu sur les
batteries en Ontario? Est-ce qu'il connaît ces chiffres-là?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. M. le
Président, il va y avoir plusieurs usines de batteries au Canada. Il va en
avoir plusieurs, et il y a différentes étapes aussi dans le processus de
batteries. Mais je peux vous dire, les deux joueurs qu'on est allé chercher,
BASF... allemand, c'est à peu près ce qu'on pouvait rêver de mieux, puis GM,
aux États-Unis, ils s'y connaissent pour faire des autos, un petit peu.
Donc, M. le Président, moi, là, je n'ai
pas de problème. Que Doug Ford ait une usine en Ontario, qu'on en ait une au
Québec, là, c'est correct, là. On va être tous les deux dans des pots, dans les
mêmes étapes de la batterie. Mais ce qui est important, c'est que le Québec ait
ramassé des gros joueurs, des joueurs allemands, des joueurs américains. C'est
ça qu'on voulait puis c'est ça qu'on a obtenu.
Mme Anglade : Promettaient de
grandes choses en matière de batteries au Québec puis ils ont vraiment peu
livré. La réalité, c'est 1.8 milliard. Je demandais au premier ministre
combien en Ontario. Il ne m'a pas donné de chiffre. Est-ce qu'il le connaît, le
chiffre? Je vais lui donner, le chiffre. 1.8 milliard au Québec, 12.8 milliards
en Ontario, 12.8 milliards. Le premier ministre ne peut pas dire qu'il est
content de ça.
Par contre, on est capable de faire en
sorte d'investir en hydrogène vert, en économie d'énergie. Il y a un potentiel
extraordinaire. Moi je ne dis pas non aux batteries, mais ce que je constate,
c'est que pendant que le premier ministre, il marche, là, la réalité, c'est
qu'Ontario ils courent puis ils ont pris bien de l'avance par rapport à ce qui
se passe au Québec. Puis, si on veut être capable de faire en sorte de créer
une richesse collective qu'on va être capable de redistribuer, bien, il va
falloir qu'on ait pas mal plus d'ambition que ce que l'on voit aujourd'hui avec
le premier ministre.
Le Président (M.
Bachand) :...secondes, M. le premier
ministre.
M. Legault : Bien,
rappelons-nous des résultats du gouvernement libéral dans les batteries, dans
l'hydrogène.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député des
Îles-de-la-Madeleine, s'il vous plaît.
M. Arseneau : Merci, M. le
Président. Alors, depuis quelque temps, le gouvernement nous dit qu'il faut
vivre avec le virus. Ce qu'il ne nous dit pas, depuis quatre ans, c'est qu'il
faut vivre avec le fédéralisme de tutelle. Et il n'y a pas de meilleur exemple
que celui de l'Immigration, dont on a parlé tout à l'heure et qu'il est
important de ramener à l'ordre du jour, parce que, la semaine dernière, on en a
quand même été témoin de quelque chose d'assez extraordinaire. J'ai posé la
question au premier ministre : Est-ce qu'il a été consulté par le fédéral
avant de voir le gouvernement de tutelle augmenter les seuils d'accueil
d'immigrants de façon exponentielle? Et il n'a pas répondu à ma question. Par
contre, ce qu'il a dit, c'est que le seuil pour le Québec, c'est 50 000, pas
une personne de plus.
Un peu plus tard, on a eu l'étude de
crédits et on a vu, au Secrétariat aux relations internationales, une ministre
qui avait une nonchalance complète par rapport à ce dossier-là, un désintérêt
complet pour la question. Et le premier ministre, publiquement, a voulu
rattraper la balle au bond en disant : Ce que le Québec réclame, c'est
tous les pouvoirs en Immigration. Moins de 24 heures plus tard, le premier
ministre Trudeau le rabroue publiquement en disant essentiellement que Québec,
bien, ce n'est pas encore un pays, et donc il faudra qu'il apprenne à vivre
avec Ottawa et avec ses décisions. Est-ce que le premier ministre n'est pas un
peu tanné de se faire humilier par le gouvernement fédéral?
Le Président (M.
Bachand) :M. le Premier ministre.
M. Legault : Oui. Sujet très
intéressant. Quand on regarde l'immigration...
M. Legault : ...57 % de
l'immigration, c'est l'immigration économique contrôlée par le Québec. Ensuite,
il y a 26 % qui est regroupement familial. Puis après, il y a les
réfugiés.
Commençons avec l'immigration économique.
Avec les gouvernements du Parti québécois et du Parti libéral, le pourcentage
de l'immigration économique qui parlait français avant d'arriver était au taux
de 50 %, 55 % seulement. L'année passée, en 2021, savez-vous quel
pourcentage de l'immigration économique au Québec parlait français? 84 %.
On a fait des gains.
Il reste maintenant le regroupement
familial. Effectivement, regroupement familial, on a le même problème, à peu
près la moitié ne parle pas français. Et ça, c'est contrôlé par le gouvernement
fédéral. Bon, là, il y a deux moyens de récupérer la sélection du regroupement
familial. On peut demander aux Québécois de nous donner un mandat clair pour
récupérer ces pouvoirs-là ou, ce que suggère le Parti québécois, faire un
référendum sur la souveraineté du Québec. Moi, je pense qu'on a plus de chance
d'aller chercher l'appui des Québécois derrière la récupération de la sélection
des regroupements familiaux que de gagner un référendum sur la souveraineté du
Québec par le Parti Québécois.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député des Îles, s'il
vous plaît.
• (16 h 20) •
M. Arseneau : M. le
Président, sur le français, bien entendu qu'on souhaite que le gouvernement du
Québec, que le Québec puisse accueillir des immigrants qui parlent le français
ou qui l'apprennent très, très rapidement, qu'on puisse les intégrer. Le
problème dont fait fi le premier ministre à l'heure actuelle, c'est que le
gouvernement fédéral, il a une entente qui a été signée en 1991 avec le
gouvernement du Québec et qui prévoit qu'on le consulte, et puis qu'on fixe des
seuils pour le Canada, et que le Québec en prenne un pourcentage qui correspond
à sa démographie. Mais je pense que le premier ministre connaît très bien les
chiffres et qu'il sait très bien que, si le gouvernement fédéral veut
accueillir 450 000 immigrants l'an prochain, bien, que 23 % de
450 000, ça ne fait pas 50 000. Comment on va résoudre ce litige avec
le fédéral?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre, s'il
vous plaît.
M. Legault : M. le Président,
jusqu'à présent, rappelez-vous, on avait promis temporairement de baisser de
50 000 à 40 000. Le gouvernement fédéral a accepté nos seuils.
Jusqu'à présent, il accepte nos seuils. Puis je peux vous dire, là, que je suis
très ferme. Contrairement à la cheffe du Parti libéral du Québec qui dit
qu'elle est prête à augmenter à 70 000 par année le nombre d'immigrants, nous,
on est très clairs, il n'est pas question, au Québec, d'avoir plus que
50 000 immigrants par année. Ça, c'est très clair.
M. Arseneau : Le premier
ministre nous dit qu'il est très ferme, et le premier ministre Trudeau a
lui-même dit qu'il ne changerait pas sa décision, qu'il impose au Québec et à
l'ensemble des Canadiens, d'augmenter les seuils jusqu'à presque 450 000.
Alors, moi, ce que je voudrais savoir aujourd'hui : Est-ce que le premier
ministre est en train de nous dire qu'il est prêt à déchirer l'entente avec le
gouvernement fédéral? Est-ce qu'il renie cette entente de 1991 qui l'obligerait
à prendre plus de 100 000 immigrants dès l'an prochain?
M. Legault : ...trois ans et
demi, quand on est au gouvernement. Le gouvernement d'Ottawa a toujours
respecté nos seuils. Bon, je sais que la solution du Parti québécois, c'est de
faire un référendum sur la souveraineté du Québec. Je pense qu'on a plus de
chance de succès sur notre côté.
M. Arseneau : Bien, en fait,
c'est sûr, quand on choisit de courber le dos, là, c'est assez facile d'avoir
du succès. Lorsqu'on dit : Je veux 100 % des pouvoirs, qu'on
rencontre le premier ministre fédéral qui nous dit : Vous n'aurez rien, en
fait, je vais décider de tout en matière d'immigration, puis que le choix,
c'est de retourner à la maison penaud puis de courber le dos, vous n'aurez
certainement aucune opposition, en tout cas certainement pas dans les
banquettes gouvernementales. Nous, ce qu'on dit, c'est qu'il faut se tenir
debout et qu'il faut vérifier jusqu'où le gouvernement actuel est prêt à aller
et comment va-t-il pouvoir imposer au fédéral de 50 000 immigrants maximum
alors que le fédéral a décidé d'en accueillir 450 000, si ce n'est en
acceptant le déclin démographique du Québec. Est-ce que c'est ça que le
gouvernement est en train de nous dire? Est-ce que c'est ça que le premier
ministre est en train de nous dire, qu'il est d'accord avec la décision
fédérale d'augmenter les seuils à 450 000 immigrants par année dès 2023 et
de voir...
M. Arseneau : ...du
Québec, le pourcentage de la population du Québec à l'intérieur du Canada
diminuer, l'an prochain, l'année suivante et toutes les années qui suivront.
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Bien,
d'abord, là, il faut regarder ce qui s'est passé depuis trois ans et demi. On
en parlait tantôt. Le gouvernement fédéral nous a donné 6 milliards pour
les services de garde. On peut faire ce qu'on veut, il n'y a aucune condition
sur le 6 milliards. On a reçu 1,8 milliard pour le logement social,
même chose. On a reçu 4,2 milliards pour la formation de la main-d'oeuvre,
1,2 milliard pour les infrastructures, 693 millions pour
l'aéronautique, 450 millions pour Internet haute vitesse, puis ça, c'est
nos contrats, 374 millions pour les demandeurs d'asile. On a eu
172 millions pour la lutte à l'itinérance. On a eu 3 milliards,
pendant la pandémie, pour la relance sécuritaire. On a eu... Et je pourrais
continuer, M. le Président.
Donc, on en a fait, des ententes. Puis je
répète, il n'est pas question d'avoir plus que 50 000 immigrants par année au
Québec. Puis, jusqu'à présent, les seuils qu'on a demandés, on les a eus. On
est même descendus jusqu'à 40 000 la première année.
M. Arseneau : ...ententes
administratives que le premier ministre vient de faire, on reconnaît bien, là,
le slogan qu'on a redécouvert récemment, là, reprendre, essentiellement, la
politique du Parti libéral du Québec, c'est ma façon d'être Québécois. Mais,
moi, ce que je voudrais savoir, c'est, plus spécifiquement en matière
d'immigration et de la rencontre qui a eu lieu la semaine dernière... puisqu'il
veut... on ne peut pas savoir si le gouvernement a été consulté formellement,
tel que le prescrit l'entente, est-ce que le premier ministre a au moins
discuté de cette situation-là avec son homologue fédéral la semaine dernière,
avant qu'il ne déclare publiquement, M. Trudeau, qu'il n'en était pas
question?
M. Legault : ...on a des
priorités avec le gouvernement fédéral. On veut 6 milliards par année de
plus pour les transferts en santé sans condition. On veut qu'il arrête de
contester la loi no 21. Je sais que Québec solidaire puis le Parti libéral
ont la même position que Justin Trudeau, mais nous, on veut que Justin Trudeau
arrête de contester la loi no 21. On veut que la sélection des immigrants
pour le regroupement familial, que ça soit une responsabilité du gouvernement
du Québec. Je pense que ça, c'est mes trois priorités. Donc, pour ce qui est de
50 000 immigrants, là, je pense que Justin Trudeau sait très bien qu'on n'en
veut pas plus que 50 000, je ne pense pas que j'aie besoin d'en discuter
pendant des heures avec lui.
M. Arseneau : C'est
quand même intéressant, M. le Président, parce que, la semaine dernière, le
premier ministre se bombait le torse en disant: On veut tous les pouvoirs en
matière d'immigration. Aujourd'hui, il nous fait sa liste de priorités. Ça ne
fait pas du tout partie de ses priorités d'aller chercher cet élément essentiel,
bien, en tout cas, qui nous paraissait essentiel la semaine dernière. Mais ce
qui est intéressant de voir, c'est que ces priorités-là, entre autres, en
santé, là, elles ne sont pas entendues par le fédéral. Même que le fédéral
continue de vouloir imposer ses normes dans des compétences qui sont
québécoises, bien entendu.
Et là, évidemment, parmi ces trois
priorités-là... et dans les ententes qu'on a mentionnées tout à l'heure, bien,
on ne fait pas mention de tous les échecs du gouvernement depuis quatre ans.
Lorsqu'il a demandé, par exemple, l'application de la loi 101 aux
entreprises à charte fédérale, refus. Transfert en bloc des budgets en
infrastructures, jamais entendu parler, ce n'était pas dans le dernier budget
fédéral. Souveraineté environnementale dans les projets du Québec... Là, on a
même le... en fait, le Parti conservateur qui dit qu'il va réintroduire le
projet GNL. Donc, c'est fédéral. Peu importent les partis, là, on ne veut rien
savoir de donner la souveraineté environnementale au gouvernement du Québec.
Transfert des fonds fédéraux pour lutter contre les changements climatiques,
aucun suivi, plus jamais entendu parler. Rapport d'impôt unique, un refus final
et total. Hausse des transferts en santé, on vient d'en parler, de ça, c'était
la priorité il y a quatre ans, c'est encore la priorité aujourd'hui, ce sera la
priorité demain.
Quel est le rapport de force du
gouvernement du Québec, qui courbe le dos devant les refus répétés du fédéral?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : M. le
Président, on va avoir une élection le 3 octobre prochain, c'est dans moins de
cinq mois. On va laisser les Québécois juger qui, selon eux, est le mieux placé
pour défendre les intérêts des Québécois. Est-ce que c'est le Parti québécois,
qui propose un référendum dans le premier mandat pour faire la souveraineté du
Québec, ou c'est la CAQ? On va laisser les Québécois trancher ça.
M. Arseneau : ...les
Québécois vont aussi apprécier le bilan qu'on vient de faire du gouvernement du
Québec. Le gouvernement de la CAQ n'est pas en mesure, le premier ministre
n'est pas en mesure de démontrer aujourd'hui, on le voit, que son approche nous
permet, comme Québécois, d'obtenir des gains. En fait, les priorités qu'il
avait aujourd'hui sont encore moins grandes, moins nombreuses...
M. Arseneau : ...moins
ambitieuses que celles qu'il avait il y a quatre ans, et celles qu'il avait il
y a quatre ans, il les a essentiellement abandonnées. Triste constat, effectivement,
on aura un contexte électoral où on pourra laisser aux Québécois décider.
Actuellement, le bilan en matière de fédéralisme renouvelé ou de tutelle, il
est mince.
Le Président (M.
Bachand) :30 secondes, M. le premier
ministre.
M. Legault : M. le Président,
je le répète, logement social, services de garde, main-d'oeuvre, transport en
commun, aéronautique, Internet haute vitesse, demandeurs d'asile, on a fait...
on a réglé aussi la question de la gestion de l'offre, lutte à l'itinérance,
relance sécuritaire pendant la pandémie. Monsieur le Président, on a fait des
ententes avec le fédéral, ce n'est pas toujours facile, mais on a un
gouvernement qui se tient debout, contrairement à ce qu'on voyait dans le temps
du Parti libéral.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Mme la cheffe
de l'opposition officielle, s'il vous plaît.
Mme Anglade : Merci. Monsieur
le Président, le premier ministre avait fait une promesse qui a été brisée
également, celle de 5 000 fonctionnaires en région, il fronce les sourcils
encore en me regardant. Laquelle, il y en a plusieurs promesses brisées, il a
raison de froncer les sourcils, donc celle des transferts de fonctionnaires
dans les différentes régions du Québec. La question que j'ai pour le premier
ministre, dans les 5 000 personnes qu'il veut transférer, quel type de poste
qui va être transféré et quel poste décisionnel qui va véritablement être
transféré pour les régions?
Le Président (M.
Bachand) :Merci Monsieur le premier
ministre.
M. Legault : M. le Président,
effectivement, en 2018, on a promis, sur dix ans, de transférer 5 000 postes de
fonctionnaires dans les régions du Québec. Donc, si vous faites une petite
règle de trois, pour quatre ans, ça devrait être 2 000, on est rendu jusqu'à
présent à 1 600. Puis, moi, d'ici 3 octobre, là, j'ai bien l'intention de me
rendre à mon 2 000, donc d'avoir exactement la promesse qui a été faite, là,
donc une autre promesse remplie.
Mme Anglade : Postes
décisionnels, postes décisionnels, c'était ça, ma question.
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Bien, M. le
Président, on va commencer par les postes qui sont ouverts, qui deviennent
disponibles, parce qu'il n'est pas question de mettre dehors du monde, là. Ce
qu'on fait, c'est qu'à chaque année il y a 15 000, 20 000 fonctionnaires qui
prennent leur retraite, bien là, on dit : Il y a une partie de ces
postes-là qui sont fermés à Québec, ouverts dans les régions. Puis ça adonne
bien parce qu'il y a une pénurie de main- d'oeuvre. Donc, il y a des... oui,
j'informe la cheffe de l'opposition officielle qu'il y a des pénuries de
main-d'oeuvre puisqu'il y a des régions, contrairement à ce qu'elle dit, où ils
ont des taux de chômage encore élevés dans certaines MRC, bizarre, hein? Donc,
on va profiter de ce taux de chômage élevé, dans certaines MRC, pour, entre
autres, par le télétravail, permettre à ces gens-là d'appliquer sur des postes.
Puis graduellement, ça va être des postes de plus en plus importants au niveau
de la direction. Mais, pour l'instant, on en a 1 600 de faits, on va en avoir 2
000 au 3 octobre, comme promis, puis 5 000 sur 10 ans, comme promis.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la cheffe de l'opposition
officielle.
• (16 h 30) •
Mme Anglade : Dans ce qui a
été décrit par le premier ministre, il n'y a aucun objectif de pouvoir
décisionnel additionnel aux régions. Il nous parle même de télétravail, là il
tentait de consulter pour voir qu'est-ce qu'il peut dire par rapport aux postes
décisionnels, mais il n'a aucun objectif. Nous, ce qu'on souhaite, c'est de
voir que, dans chacune des régions, il y ait vraiment des décisions qui soient
prises par les régions, qu'il y ait vraiment un pouvoir de décentralisation.
C'est pour ça qu'on a fait la charte des régions. C'est pour ça qu'on s'est
dit : Donnons le pouvoir de décider, qu'on n'ait pas besoin d'avoir des
gens qui viennent ici, à Québec, devoir faire des pétitions pour que le
gouvernement entende ce qu'ils ont à dire, mais qu'ils aient véritablement un
pouvoir sur le terrain. Ce n'est certainement pas des 5 000 fonctionnaires en
télétravail qui vont régler cet enjeu-là. Où est le pouvoir décisionnel à ce
moment-là?
Le Président (M. Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : ...la cheffe de
l'opposition officielle a rencontré le président de la FQM, puis elle va voir
qu'il est très content de ces transferts de poste. Et évidemment,
éventuellement, plus on va avoir de gens en région, plus on va pouvoir avoir
des postes de responsabilité. Il faut y aller graduellement, il faut commencer.
Le Parti libéral n'avait rien fait, nous, on a commencé.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la cheffe de l'opposition
officielle.
Mme Anglade : ...de vous dire
qu'il trouve ça très bien, la charte des régions, parce que ça va beaucoup plus
loin. Ah! il fronce les sourcils à nouveau, mais il va aller s'informer par
rapport à ça, la réalité, c'est que les pouvoirs décisionnels, on en a besoin
dans nos régions pour la vitalité, pour le développement économique. Je trouve
que le premier ministre baisse les bras pas mal vite en termes de développement
économique. Oui, il aime ça regarder les chiffres, mais lorsqu'on regarde,
concrètement parlant, je trouve qu'il se contente de peu. Je trouve qu'il
regarde Doug Ford, puis il se dit : Dans le fond, ce n'est pas grave s'il
est en avance par rapport à moi, ce n'est pas grave s'il a pris complètement le
leadership par rapport aux batteries, alors que, moi, je voulais avoir le
leadership. Ce n'est pas grave si, en termes de croissance économique en 2022,
il va être meilleur que moi. Je trouve que le premier ministre, là, il a baissé
les bras, par rapport Doug Ford, pas mal.
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Monsieur le
Président, j'ai fait quelques fois, depuis trois ans et demi, le tour des
régions, puis partout, ce qu'on m'a dit, c'est que le Parti libéral était un
parti centralisateur, entre autres dans le secteur de la santé où...
16 h 30 (version non révisée)
M. Legault : ...Non
seulement ils ont centralisé à Québec, mais à l'intérieur de chaque région, ils
ont regroupé les services dans quelques grands hôpitaux, au grand découragement
des hôpitaux locaux. Puis, on est en train, avec que la ministre de la Santé,
de décentraliser. Même chose avec l'économie : Accès Entreprises Québec,
je pense que le gouvernement libéral avait coupé le tiers des budgets des CLD,
on a remis cet argent-là et plus, puis on a donné plus de pouvoirs aux MRC pour
le développement économique des petites et moyennes entreprises. M. le
Président, dans tous les secteurs, on est en train de défaire la centralisation
qui avait été faite par le gouvernement libéral.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la cheffe de l'opposition
officielle.
Mme Anglade : le premier
ministre nous parle des petites et moyennes entreprises, parlons-en,
parlons-en, des enjeux parce qu'il y en a plusieurs. Il vient juste d'y avoir
un sondage qui est sorti, justement, pour les petites et moyennes entreprises,
tout juste, tout juste.
M. Legault : ...
Mme Anglade : Oui, oui, les
sondages, je sais que ça vous intéresse aussi.
Des voix : ...
Mme Anglade : 86 %
des répondants, 86 % des répondants disent que la pénurie de main-d'oeuvre
a un impact pas juste sur la qualité de vie à l'intérieur des emplois, mais sur
la qualité de vie en général des Québécois, 70 %, 70 % pensent que le
gouvernement devra en faire plus. Est-ce que le premier ministre s'entête
toujours ou bien est-ce qu'il reconnaît qu'il y a un énorme travail à faire
dans les régions et qu'on a besoin, justement, d'avoir une structure qui permet
aux régions de se développer par elles-mêmes pour répondre à ses besoins de
développement économique?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier Ministre.
M. Legault : Bien, M. le
Président, prenons des exemples, là : internet haute vitesse, c'est
surtout pour les régions qu'on a réussi à mettre ça en place partout; en
agriculture, on a développé, on est en train de doubler les espaces de serre -
agriculture, ça ne se passe pas au centre-ville de Montréal - on en parlait,
les 5000 postes sur 10 ans; les zones d'innovation, mon adjoint
parlementaire député de Bécancour-Nicolet... Nicolet-Bécancour, hein, est en
train d'ouvrir des zones, donc, que ça soit en Estrie, que ça soit, justement,
à Bécancour, puis là, bien, je ne brûlerai pas les prochains sujets;
maintenant, aussi au niveau du transport aérien en région, ça va coûter maximum
500 $; on a fait un nouveau régime forestier, les régions qui ont de la
forêt sont contentes; ensuite, bien, j'en parlais tantôt, on a mieux financé
Accès entreprises Québec alors que les CLD étaient sous-financés; on a donné
beaucoup d'argent pour la décontamination des terrains en région; on a
réhabilité le chemin de fer en Gaspésie, on a augmenté la capacité à
Pointe-Noire et à Sept-Îles; on a mis beaucoup d'argent dans le tourisme en
région, les Québécois, là, vont dans les régions maintenant au lieu d'aller à
Cancún. Ça va bien dans les régions, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Madame la cheffe de l'opposition
officielle.
Mme Anglade : M. le
Président, ça va tellement bien, là, que les gens sont à bout de souffle; ça va
tellement bien, là, qu'il y a des gens qui cherchent du monde partout pour
aller travailler. Puis que le premier ministre, là, il y prend sa liste, là,
puis il lit chacune des affaires qu'on lui a mises sur sa liste. Mais en
vérité, là, si on n'est pas capables de faire en sorte que les postes soient
comblés... Le monde on est fatigué, on n'a rien réglé par rapport à notre
avenir collectif. Puis pour y parvenir, il va falloir qu'on donne plus de
pouvoirs à nos régions, il va falloir qu'il y ait une véritable
décentralisation puis qu'on leur donne les moyens. Puis qu'on ne fasse pas du
mur-à-mur, qu'on fasse vraiment du sur mesure.
Il nous parle du régime forestier, il nous
parle du transport aérien, des annonces, en fait, qui ont été passablement
improvisées, merci, puis on l'a bien remarqué. Moi, j'invite le premier
ministre à regarder la Charte des régions qu'on a proposée parce que je pense
qu'il va trouver beaucoup d'idées qui sont superpertinentes pour les régions.
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : oui, il
manque d'employés, entre autres, des enseignants, des infirmières, des
éducatrices. Ce qu'on a fait, c'est qu'on a mis des bourses, 3.9 milliards
de bourses, 3.9 milliards, ce n'est pas autant que le 100 milliards que
veut mettre la cheffe de l'opposition en hydrogène, mais quand même, pour moi,
c'est beaucoup d'argent, 3.9 milliards. Donc, les étudiants au cégep, dans
ces secteurs-là, reçoivent 1 500 $ par session, à l'université,
2 500 $ par session. Donc, il y a aussi des allocations d'aide à l'emploi
de 475 $ par semaine pour ceux qui sont en train de se réorienter.
Donc, M. le Président, je pense qu'on en
fait beaucoup pour lutter contre la pénurie de main-d'oeuvre dans les secteurs
essentiels. Puis, encore une fois, bien, la cheffe de l'opposition officielle n'a
pas rien à proposer.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la cheffe de l'opposition
officielle.
Mme Anglade : Je pense
qu'on fait juste ça, des propositions, M. le Président, puis je pense qu'il devrait
aller la lire, la Charte des régions. Bien, je vais vous lire un extrait qui me
semble très pertinent pour nos régions, encore en matière, oui, de
développement économique, mais social aussi : «Ce qui se passe en ce
moment, c'est dramatique, c'est une crise sociale, c'est un enjeu économique
majeur, mais c'est aussi un énorme recul dans la lutte pour le droit des
femmes, car ce sont très souvent»...
Mme Anglade : ...les
mamans qui vont mettre leur carrière sur pause pour rester à la maison avec
leur bébé. Nous ne faisons pas partie de l'agenda du premier ministre. Ça me
heurte de voir que le gouvernement puisse montrer de cette façon ce qu'il se
passe actuellement sur le terrain et ne pas voir ce qui se passe. Ça s'est un
agriculteur à Trois-Rivières, et ça, ça représente bien ce que bien des
personnes pensent, partout dans les régions, en termes de pénurie de
main-d'œuvre, mais aussi du retour des femmes sur le marché du travail.
Comment le premier ministre peut nous dire
ça va très bien dans les régions, puis il n'y a aucun problème, puis voici des
annonces qu'on fait quand il y a de ce genre de situations là qui sont vécues
sur le terrain?
Le Président
(M. Bachand) :M. le premier
ministre,
M. Legault : M. le
Président, le Parti libéral propose une charte des régions et essentiellement
la mesure qu'il propose, c'est d'avoir un sous-ministre dans chaque région. Ça
va tout régler les problèmes. Là, on va avoir un sous-ministre par région. J'ai
déjà connu ça quand j'étais au Parti québécois, ça existait, et il y avait des
chicanes de pouvoir : Qui est le boss en éducation, qui boss en santé,
c'est-u le sous-ministre des régions ou c'est la personne qui est en charge de
la santé? Un bordel bureaucratique attendu avec la proposition du Parti
libéral. M. le Président, ce n'est pas sérieux.
Le Président
(M. Bachand) :Mme la cheffe de
l'opposition officielle.
Mme Anglade : Il y a un
Secrétariat à la Capitale-Nationale. Il y a un Secrétariat pour la métropole. Est-ce
qu'il trouve que c'est le bordel bureaucratique?
M. Legault : Bien,
écoutez, le Parti libéral propose d'avoir 17 sous-ministres de régions
dans les 17 régions du Québec, puis c'est comme ça qu'ils vont régler les
problèmes des régions. Moi, je ne pense pas que c'est une bonne solution. C'est
tout, j'arrête là.
Mme Anglade : Mais la
question, c'était : Est-ce qu'il pensait qu'à Québec, dans la capitale
nationale, puis à Montréal, c'est un bordel bureaucratique comme il le décrit? Pourquoi
est ce qu'on est capable de le faire pour la métropole, pourquoi est-ce qu'on
est capable de faire pour la capitale nationale, mais on n'est pas capable de
le faire pour nos régions? Qu'est-ce qui fait en sorte qu'on n'est pas capable
de le faire pour l'Abitibi-Témiscamingue, qu'on n'est pas capable de le faire
pour l'Outaouais puis qu'on n'est pas capable de faire pour la Gaspésie?
Qu'est-ce qui empêche? Le bordel bureaucratique que lui-même décrit, il est où?
M. Legault : Bien,
prenons l'exemple, là, que connaît bien la cheffe de l'opposition officielle,
elle était en charge de brancher tout le monde à Internet haute vitesse. Elle
en a branché combien de monde dans les régions à Internet haute vitesse? Il n'y
a à peu près rien, peut-être deux ou trois. Mais M. le Président, quand on est
arrivé, il y avait des contrats de signés, pas de date de livraison, pas de
pénalité, rien. M. le Président, il ne s'est rien fait des régions pour
Internet haute vitesse pendant qu'on était responsable d'Internet haute
vitesse. Donc, je comprends, là, qu'elle, elle nous dit : Oui mais je vais
changer, là, je vous le promets, je nommer un sous-ministre dans chaque région.
Ce n'est pas sérieux.
Le Président
(M. Bachand) :Mme la cheffe de
l'opposition officielle.
Mme Anglade : Déviation
totale du sujet parce qu'il ne veut pas répondre. La question était simple. Il
n'a pas voulu répondre. Pourquoi est-ce que c'est bon pour la capitale
nationale, pourquoi c'est bon pour la métropole, mais ce n'est pas bon pour les
autres régions? Là, il consulte pour savoir c'est quoi la meilleure réponse à
donner. Mais, la réalité, là, c'est qu'on a besoin de donner le pouvoir aux
régions, qu'on a besoin de faire en sorte que chaque personne puisse se
développer au meilleur de son potentiel, et que chaque région peut se
développer au meilleur de son potentiel. Mais visiblement, c'est trop compliqué
pour le premier ministre.
Le Président (M.
Bachand) :M.
le premier ministre.
• (16 h 40) •
M. Legault : Bien, M. le
Président, nous autres, il y a 125 députés, là, puis nos députés, vous en
savez quelque chose, s'occupe de leur comté, puis ils amènent ça au ministre de
la Santé, au ministre de l'Éducation, puis je ne pense pas que ça aiderait
d'ajouter des sous-ministres aux régions qui seraient entre les députés et les
ministres responsables des différentes fonctions, là. Mais je pense que c'est
une mauvaise idée.
Le Président
(M. Bachand) :Mme la cheffe de
l'opposition officielle.
Mme Anglade : Je
rappelle qu'il y en a pour la capitale nationale puis pour la métropole, mais
je sais aussi que la meilleure technique pour le premier ministre, c'est de
faire voter des gens du bon bord parce que, ça, c'est efficace pour rencontrer
les objectifs selon ses propres dires.
M. le Président, ce qu'on voit
aujourd'hui, là, c'est un premier ministre, là, qui n'a pas été capable
d'anticiper un certain nombre de choses, puis ça a des conséquences réelles et
directes sur notre développement, sur notre économie, d'un point de vue social,
d'un point de vue environnemental.
L'éolien, là, on en parlait tout à
l'heure, une industrie d'avenir qu'on a su développer avec le temps, puis il
s'est opposé à ça, il était contre. Bourse du carbone, pas besoin de ça, il
était contre. Puis finalement, avec le temps, il se rend compte que ce n'est
peut-être pas une si mauvaise affaire que ça.
Je rappelle l'inflation. Il n'y a pas si
longtemps, le premier ministre avait dit : Aie! on ne verra jamais ça. Sur
quelle planète est-ce que vit le Parti libéral du Québec quand il parle
d'inflation à 5 % ou 6 %? On ne verra pas ça. Regardez où on est
aujourd'hui. Lorsque l'on parle de capacité d'anticipation, c'est ça qu'on
voit.
Crise de la main-d'oeuvre. Ça, c'est le
comble. Honnêtement, celle-là, là, c'est vraiment... c'est le comble parce que
cette crise-là a un impact majeur sur toutes nos régions, dans nos services. Il
aime parler de nos enjeux en santé. Il aime parler de nos enjeux...
Mme Anglade : ...en éducation.
C'est vrai qu'on a des pénuries dans ce secteur-là, puis dans nos entreprises
également. Puis il faut regarder le problème de manière globale, parce que si
on n'est pas capable d'y faire face aujourd'hui, on va avoir de sérieux enjeux.
Et déjà, ça se fait sentir. Ce n'est pas plus tard qu'aujourd'hui, là, je
demandais à des gens : Est-ce que vous pensez qu'on va atteindre, à un
moment donné, le point de rupture? La réponse était : Je pense qu'on est
pas mal rendus là. Potentiel extraordinaire économique pour lutter contre les
changements climatiques, mais on a deux enjeux avec le premier ministre :
son manque de vision par rapport à l'économie, puis par rapport à ce
potentiel-là, puis sa volonté réelle de faire quelque chose pour l'environnement.
Mais on a une solution québécoise à un enjeu qui est global, et on pourrait
agir, mais ça, le premier ministre ne le fait pas. M. le Président, on va
toujours trop loin pour quelqu'un qui ne va nulle part. Et là, en matière
d'environnement, en matière de lutte aux changements climatiques, c'est là
qu'on ne s'en va nulle part. Et j'ajoute la question de la pénurie de
main-d'oeuvre. M. le Président, il me reste une minute environ. C'est ce qu'il
me reste? J'aimerais juste dire au premier ministre que c'est là qu'on voit la
différence de vision entre lui et moi. Moi, je souhaite un Québec ouvert sur le
monde. Je souhaite un Québec qui voit grand. Je souhaite un Québec qu'il y a
des entrepreneurs qui exportent, qui sont capables de se dirent les choses puis
dire : Eh, on a peut-être besoin de plus de monde. Puis ça va nous aider
collectivement. Un Québec, on a vraiment besoin d'ambition. Ce n'est pas ce que
je vois. Il n'y a aucune anticipation. Puis tout à l'heure, je le disais, le
premier ministre, là, fait preuve d'un manque d'anticipation systémique sur
tous les dossiers.
Cela dit, j'aimerais prendre le temps de
remercier l'ensemble des collègues qui sont ici, collègue de Lafontaine,
collègue de Nelligan. Merci de votre présence. Merci pour le travail qui a été
fait. Je sais que les périodes de crédits, encore une fois, sont des périodes
qui sont exigeantes, mais c'est ensemble qu'on arrive à passer à travers, et de
voir les véritables différences de vision par rapport au premier ministre et
par rapport à notre formation politique.
Alors, M. le Président, encore une fois,
l'avenir peut être formidable, pour autant qu'on se donne les moyens de rêver
grand, puis pour autant qu'on se donne les moyens de réussir. Puis aujourd'hui,
le premier ministre, ce qu'il fait, c'est mettre un frein à notre propre
développement parce qu'il s'entête avec ses idées de manière très idéologique.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Je cède
maintenant la parole au député... ce sera sur le bloc gouvernemental, le député
de Nicolet-Bécancour, s'il vous plaît.
M. Legault : Je vais prendre
quelques minutes, M. le Président, sur le bloc de la CAQ. Bien, écoutez, M. le
Président, je pense qu'on vient de voir la différence entre quelqu'un qui fait
des discours, puis quelqu'un qui amène des résultats. Puis je pense qu'on l'a
vu très bien tantôt avec Internet haute vitesse. Bien, la cheffe de
l'opposition officielle, pendant qu'elle était ministre de l'Économie, faisait
des discours, mais il n'y avait pas de résultats.
M. le Président, je veux donner la parole,
effectivement, au député de Nicolet-Bécancour, mais je veux quand même dire,
là, que c'est exceptionnel que l'économie du Québec performe aussi bien, mieux
que nos voisins. Qu'on ait 4,1 % seulement de chômage malgré ce qu'on a
vécu pendant la pandémie, c'est quand même exceptionnel. Puis c'est toute
l'équipe gouvernementale qui a travaillé là-dessus pour qu'on ait le plus bas
taux de chômage au Québec, malgré la pandémie qu'on a essayé de gérer le mieux
possible. Puis j'étais content quand même de voir que... un décès, c'est un
décès de trop, mais on a eu moins de décès, toutes proportions gardées, au
Québec que dans le reste du Canada. Puis je pense qu'on a quand même, même si
on n'est personne parfait, fait notre possible pour la pandémie, pour
l'économie, pour les régions, entre autres, avec Internet haute vitesse.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
Nicolet-Bécancour.
M. Martel : Merci, M. le
Président. Bonjour, M. le premier ministre. Bonjour à toutes les équipes, les
gens de l'opposition, mes collègues, évidemment. Je vais faire juste une petite
parenthèse avant d'aller au bloc que je voulais parler, mais je ne peux pas
m'empêcher. Vous savez, M. le premier ministre, j'étais directeur de MRC, CLD.
2003, c'est l'arrivée du Parti libéral au pouvoir, puis je me souviens qu'il y
avait une ministre qui était responsable des régions. La première action
qu'elle a faite, première annonce qu'elle a faite, on coupe les sous-ministres
en région. On a connu le gouvernement de 2014. Qu'est-ce qu'on a fait au niveau
des CLD? On a coupé les subventions de moitié. On a éliminé les CRE. Ça, c'est
un petit bilan au niveau des régions. Ça fait qu'à un moment donné, pour être
cru, il faut qu'on soit crédible.
M. le Premier ministre, vous vous
rappelez, avant 2018, avant qu'on soit au pouvoir, on parlait souvent...
M. Martel : ...vous êtes
venu je ne sais pas combien de fois en Mauricie, chez nous, puis on parlait, ça
n'a pas de bon sens qu'une région comme la Mauricie, Nicolet-Bécancour, par
rapport à où est-ce qu'on est installés, qu'on soit dans les salaires les plus
bas au Québec. C'était comme inimaginable. Puis, à un moment donné - je ne sais
pas si vous vous rappelez - je vous ai emmené à Bécancour, on a fait la visite
du parc industriel, puis je vous disais : Ça, c'est le seul parc
industriel qui appartient au gouvernement du Québec. Puis, avant 2018, je l'ai
dit - je ne sais pas sur combien de tribunes : On a perdu les quinze
dernières années, avant 2018, on a perdu plus d'emplois dans le parc industriel
qu'on en a créé. Depuis 2018 - là, je l'ai fait vite, là, O.K. : Nemaska,
NEAS, Nouveau Monde Graphite, BASF, GM, Virentia. Écoutez, la semaine passée,
on a fait une annonce, 45 millions, Innomalt, et j'ai oublié de le
tweeter. D'habitude, je les tweete, là, mais on en a eu tellement, depuis trois
ans et demi, que j'ai oublié de la tweeter celle-là. On a développé la filière
batterie, puis je rencontrais dernièrement, un peu par hasard, une ancienne
personne vraiment bien placée dans le dernier gouvernement libéral. Il est à la
tête d'un projet dans le parc industriel, puis on parlait de la filière
batterie, puis il disait : J'envie beaucoup votre premier ministre. Si
j'avais eu une équipe économique, à l'époque, qui m'avait parlé de la filière
batterie - il dit - ça m'aurait vraiment aidé. Il dit : Je veux le
féliciter pour avoir cette vision-là, puis il est chanceux d'avoir des
personnes qui ont la vision. Puis, lui, un des avantages qu'il voit, par
rapport à la filière de la batterie, c'est que, nous, toute la production est
faite à partir de l'électricité, donc on va pouvoir avoir une batterie la plus
verte possible, la plus inimaginable, puis c'est vraiment un avantage au niveau
international.
Moi, j'ai parlé, dans les médias... On
parle, là, des investissements potentiels, là, puis en discutant avec le
ministre de l'Économie, on parle des 6 à 10 milliards d'économies,
d'investissements potentiels, 2 000 à 6 000 emplois
supplémentaires. Et, moi, j'ai fait une comparaison -puis j'arrive à ma
question - j'ai fait une comparaison un peu, parce que je viens de la Mauricie,
puis les pâtes et papiers, ça a été un secteur vraiment important au niveau du
développement industriel pour cette région-là. Moi, je disais : Ce qu'on
est en train de faire avec la batterie, ça l'a le potentiel de remplacer tout
ce qu'on a fait au niveau des pâtes et papiers. Je voudrais avoir votre opinion
par rapport à ça. Je sais que vous m'aviez parlé tantôt, mais je trouvais que
j'avais une bonne question qui allait avec l'excellente réponse que vous avez
débuté tantôt.
• (16 h 50) •
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Bien,
écoutez, ça fait longtemps effectivement, on est ensemble, le député de
Nicolet-Bécancour et moi, puis on s'est souvent parlé effectivement du
problème, parce que c'est comme ça qu'il faut l'appeler, de la région de la
Mauricie et du Centre-du-Québec. Pourtant, ça le dit, ils sont au centre du
Québec, ils sont entre Montréal et Québec, puis pourtant le salaire moyen est
très bas. Bon, ça s'explique, entre autres, parce que les gouvernements n'ont
pas aidé à remplacer l'industrie des pâtes et papiers. Et ce qu'on est en train
de faire actuellement, oui, effectivement, ça va remplacer ce qu'on a déjà
connu en Mauricie, puis dans le Centre-du-Québec.
Puis d'ailleurs je vais en profiter pour
dire quelques mots sur les zones d'innovation parce que le député de
Nicolet-Bécancour, et mon adjoint parlementaire, responsables des zones
d'innovation, s'est promené partout au Québec, puis on a été un peu victimes de
notre succès, parce qu'on espérait peut-être avoir trois, quatre, cinq zones
d'innovation. On a eu plus de 30 offres pour bâtir des zones d'innovation,
donc tout le monde au Québec veut des zones d'innovation. Évidemment, on va y
aller graduellement, mais le député de Nicolet-Bécancour a fait le tour, il est
allé rencontrer les 30 projets. Puis là on est en train de commencer, on a
commencé à en annoncer, entre autres, en Estrie et, bon, on espère être capable
d'en annoncer encore peut-être quelques-unes d'ici l'élection, puis, si jamais
on est choisis pour les quatre prochaines années, d'en annoncer d'autres, parce
que c'est porteur d'avoir une filière comme la filière batterie. Parce
qu'écoutez, c'était drôle, quand il est arrivé BASF puis GM, il y a eu comme
une chicane, les deux voulaient être les premiers à annoncer qu'ils s'en
allaient à Bécancour. Tu sais, ça fait que là, il a fallu gérer la chicane. Je
pense qu'il y en a une qui est sortie le vendredi parce qu'ils voulaient
«scooper» l'autre entreprise qui sortait le lundi. Quand c'est rendu que ça se
chicane pour...
M. Legault : ...annoncer des
investissements au Québec, là, c'est des beaux problèmes à gérer, ça, moi, je
trouve. Et effectivement, bien, on voit, là, les terrains qui sont en train de
se remplir.
Puis Bécancour, bien, non seulement ils
sont entre Montréal, puis Québec... puis même chose avec la Mauricie... mais
ils ont un port aussi, puis on le sait, c'est important, pour l'environnement,
de transporter les marchandises par bateau plutôt. Nous, au Québec, pendant
toutes les dernières années, on était les champions du transport par camion.
Donc, il faut aller vers le train, mais aussi vers le bateau, puis on a cette
autoroute qu'est le fleuve Saint-Laurent, puis c'était inexploité à Bécancour.
Il y a aussi des possibilités au port de Trois-Rivières. Puis je sais que c'est
un sujet qui intéresse beaucoup le député de Nicolet-Bécancour, donc, moi, je
veux en profiter pour le féliciter pour ce qu'il a fait pour développer, entre
autres, cette zone d'innovation. Elle n'est pas encore annoncée, par exemple,
officiellement, donc, je ne sais pas, peut-être qu'elle va être annoncée
bientôt. Mais c'est quand même extraordinaire, ce qui se passe à Bécancour,
puis il est beaucoup responsable de ce qui se passe actuellement à Bécancour.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député.
M. Martel : Bien, je voudrais
en profiter un petit peu pour les zones d'innovation, parce que c'est un beau
mandat que vous m'avez confié, sincèrement, puis c'est... Moi, je me souviens
de vous avoir entendu, je ne sais pas combien de fois, parler de mettre le
travail fait... la recherche qui est faite dans les universités... la mettre au
profit des entreprises privées, puis partout où est-ce que je suis allé au
Québec, c'est ça que j'ai prôné. Je disais : Ça prend un bon milieu de vie
pour être capables d'attirer... Il faut qu'on soit dans un secteur où on peut
se démarquer à l'international, mais il faut faire travailler en collaboration
et les entreprises et les universités.
M. le premier ministre, je ne sais pas
combien d'endroits où est-ce que je suis allé, puis je l'ai vu, de mes yeux vu,
les gens, ils disaient : On n'a jamais eu une aussi belle concertation que
ça dans nos milieux, de faire travailler les villes, les corporations de
développement économique, les universités, les CCTT, les entreprises privées.
Et la première affaire qu'on lui a demandée, c'est de faire un plan d'affaires,
puis pour le plan d'affaires, on disait : On peut financer jusqu'à
100 000 $, pour 200 000 $, mais l'autre
100 000 $, il faut que vous alliez le chercher. Puis ce que je
disais, c'est : Si les entreprises privées ne sont pas prêtes à financer
une partie du plan d'affaires, vous n'avez pas d'entreprises privées. On en a
financé, je ne sais pas, plus qu'une vingtaine.
Je ne sais pas combien de zones
d'innovation... Il n'y aura pas 33 zones d'innovation, on est très clairs avec
ça. Par contre, tous les projets qui émanent de cette concertation-là, on a
vraiment l'intention de les appuyer, un peu comme on a fait à Rivière-du-Loup,
un peu comme on avait fait avec QScale, à Lévis. On a un projet, dans un comté
que vous connaissez bien aussi, où est-ce qu'on aimerait ça l'aider. Donc, ça a
été une concertation vraiment extraordinaire.
Et, je l'ai dit, puis là c'est un peu le
discours que j'ai quand je parle avec les gens, ce dossier-là, cette vision de
développement économique là est beaucoup trop importante pour qu'on en fasse
des jouets politiques. Ça fait que ce n'est pas parce qu'il va arriver des
élections bientôt qu'on va se garrocher pour faire des annonces, juste pour
dire qu'on fait des annonces. Il y a des conditions qui sont fondamentales pour
être rencontrées, puis la plus fondamentale, c'est des projets
d'investissements privés des entreprises. C'est long, c'est fastidieux, mais
quand on en annonce, tout est attaché. Ça fait que merci de me donner cette
opportunité-là.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de
Beauce-Sud.
M. Poulin : Combien de temps?
Le Président (M.
Bachand) :Trois minutes.
M. Poulin : Trois minutes?
Parfait. Alors, M. le premier ministre... Salutations, évidemment, à l'ensemble
des collègues et à l'ensemble des professionnels du gouvernement qui nous
accompagnent. On a parlé, d'entrée de jeu, beaucoup du portefeuille des
familles, on sait que c'est extrêmement important, mais on l'a fait pour
l'ensemble de la population, puis ça, il faut le rappeler. Entre autres, le
dernier 500 $ qu'on a remis, c'était important de le souligner qu'un
étudiant ou une personne aînée avait la même chose, hein? Souvent, les aînés
disent «qu'est-ce qu'il y a pour moi?», les étudiants disent «qu'est-ce qu'il y
a pour moi?». Alors là, tout le monde pouvait avoir une aide financière
importante, avec le 500 $, le 1 000 $.
On a réduit les taxes scolaires aussi,
puis c'est important. Lorsqu'on parle de propriété, et d'accès à la propriété,
et d'être propriétaire d'une résidence, la réduction des taxes scolaires, ça a
aussi un impact fort important. Je ne sais pas si vous avez reçu votre permis
de conduire ou, en tout cas, quelques collègues... La SAAQ, c'est important
aussi, hein, 24 $ que plusieurs personnes ont. Alors, c'est une autre
réduction qui est importante...
M. Poulin : ...la taxe famille
pour les services de garde. Ça aide aussi nos jeunes qui débutent dans la vie à
s'assurer d'avoir un tarif unique pour les services de garde. Et, en même
temps, on a aussi créé un programme pour les lunettes. On n'en a pas aussi
suffisamment parlé, mais ça a aidé de nombreuses familles à travers le Québec,
sans compter qu'on a augmenté les allocations familiales. Et vous en avez parlé
tout à l'heure, le tarif d'Hydro, on s'est déjà positionnés, maximum 3 %.
Vous vous souvenez, lors de la dernière
campagne électorale, les oppositions nous disaient : Vous ne réussirez
jamais à baisser le fardeau fiscal des familles sans couper en santé et en
éducation. Vous vous souvenez, hein? Dans le match de tous les candidats, dans
le débat des chefs, vous allez couper sauvagement en santé, en éducation si
vous baissez le fardeau fiscal. M. le premier ministre, on a réussi à investir
massivement et à baisser le fardeau fiscal. Comment on a fait?
Le Président (M.
Bachand) :Autour d'une minute, M. le
premier ministre.
M. Legault : Oui. Bien,
effectivement, je me rappelle tellement la campagne électorale de 2018 où les
trois partis de l'opposition disaient : On ne mettra pas d'argent dans le
portefeuille parce qu'on n'en a pas, puis on veut financer les services. Or,
quand je regarde la croissance qu'on a été capables de mettre dans les dépenses
de santé, les dépenses d'éducation. Bien, je parlais tantôt du rattrapage qu'on
est en train de faire avec l'Ontario. Écoutez, là, moi, il y a un chiffre qui
me fascine, là. Si le Québec avait le même revenu par habitant que l'Ontario,
le gouvernement du Québec aurait 10 milliards par année de plus de
revenus, 10 milliards par année. Bien, c'est ça, mon objectif, devenir
autonome, se débarrasser de la péréquation puis devenir aussi riche que
l'Ontario, puis d'être capable de continuer à la fois de baisser le fardeau
fiscal puis à la fois de bien financer nos services en éducation, en santé,
continuer à développer le réseau des garderies, être capable de continuer à
investir pour l'avenir aussi, être capable d'avoir des rapprochements, comme le
député de Nicolet-Bécancour en parlait tantôt entre l'éducation puis
l'économie.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le premier
ministre. Nous allons donc maintenant procéder à la mise aux voix des crédits.
Est-ce que le programme 1, intitulé Cabinet du lieutenant-gouverneur, est
adopté? Adopté, sur division. Le programme 2, intitulé Services de soutien
auprès du premier ministre et du Conseil exécutif, est-il adopté? Adopté, sur
division. Le programme 8, intitulé Internet haute vitesse et projets
spéciaux de collectivités, est-il adopté? Adopté, sur division. Et finalement
l'ensemble des crédits budgétaires du portefeuille Conseil exécutif, pour
l'exercice financier 2022-2023, est-il adopté? Sur division.
En terminant, je dépose les réponses aux
demandes de renseignements de l'opposition. Je vous remercie. La commission
ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux au mardi 10 mai 2022 à
9 h 45, où elle va entreprendre l'étude détaillée du projet de loi
n° 2, Loi portant sur la réforme du droit de la famille en matière de
filiation et modifiant le Code civil en matière de droits de la personnalité et
d'état civil. Merci.
(Fin de la séance à 17 heures)