Journal des débats (Hansard) of the Committee on Institutions
Version préliminaire
42nd Legislature, 2nd Session
(October 19, 2021 au August 28, 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Tuesday, May 3, 2022
-
Vol. 46 N° 26
Étude des crédits budgétaires du ministère de la Justice, volet Justice
Aller directement au contenu du Journal des débats
Intervenants par tranches d'heure
-
-
Bachand, André
-
Barrette, Gaétan
-
Jolin-Barrette, Simon
-
Leduc, Alexandre
-
-
Leduc, Alexandre
-
Jolin-Barrette, Simon
-
Bachand, André
-
Barrette, Gaétan
-
-
Jolin-Barrette, Simon
-
Barrette, Gaétan
-
Bachand, André
-
Hivon, Véronique
-
-
Barrette, Gaétan
-
Bachand, André
-
Jolin-Barrette, Simon
-
Lévesque, Mathieu
-
-
Barrette, Gaétan
-
Bachand, André
-
Jolin-Barrette, Simon
-
Weil, Kathleen
-
Leduc, Alexandre
-
-
Weil, Kathleen
-
Bachand, André
-
Jolin-Barrette, Simon
-
Barrette, Gaétan
-
Hivon, Véronique
-
-
Jolin-Barrette, Simon
-
Hivon, Véronique
-
Bachand, André
-
Barrette, Gaétan
-
Lévesque, Mathieu
-
-
Lévesque, Mathieu
-
Bachand, André
-
Jolin-Barrette, Simon
-
Jeannotte, Chantale
15 h 30 (version révisée)
(Quinze heure trente-neuf minutes)
Le Président (M.
Bachand) :Bonjour, tout le monde. Bon
après-midi. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des
institutions ouverte.
La commission est réunie afin de procéder
à l'étude du volet Justice des crédits budgétaires du portefeuille Justice pour
l'exercice financier 2022-2023. Alors, il nous fera plaisir de partager avec
vous autres une enveloppe de 3 h 45 min, qui est allouée pour l'étude
de ces crédits.
Mme la secrétaire, avant de débuter, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Lachance (Bellechasse) est remplacée par M. Jacques
(Mégantic).
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Nous allons
procéder à une discussion générale par blocs d'environ 20 minutes,
incluant les questions et les réponses. La mise aux voix de ces crédits sera
effectuée à la <fin du temps...
Le Président (M.
Bachand) :
...incluant les
questions et les réponses. La mise aux voix de ces crédits sera effectuée à la >fin
du temps qui leur est alloué vers 19 h 15. Comme nous avons débuté
nos travaux à 15 h 39 et qu'une période de 3 h 45 est
prévue pour l'étude de ce projet, y a-t-il consentement pour retirer neuf minutes
de l'enveloppe du temps du gouvernement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Il y a consentement.
Merci beaucoup. Alors, je cède maintenant la parole au député de La Pinière
pour un premier bloc de 20 min 28 s. M. le député de La Pinière,
s'il vous plaît.
M. Barrette : Merci, M. le Président.
Alors, permettez-moi de commencer par vous saluer et saluer votre équipe,
évidemment, en même temps que je salue mes collègues des deux autres
oppositions — alors, je pense qu'on aura des débats intéressants — ainsi
que nos équipes respectives, dont je dois souligner l'excellent travail.
Salutations au ministre et à son équipe. Je vois qu'il est bien accompagné.
J'imagine qu'il est accompagné de gens qui auront des réponses à nos questions.
Il fut un temps, dans d'autres
circonstances, où on n'avait pas de réponse. On ne sait pas ce qui va se passer
aujourd'hui. Alors, on souhaite qu'on ait des réponses.
M. Jolin-Barrette : Ce n'est
pas vrai, ça.
M. Barrette : M. le
Président, j'ai dit : Il fut un temps, je n'ai pas déterminé le temps ni
personnalisé la chose. Si le ministre se sent concerné, libre à lui. Mais,
aujourd'hui, souhaitons qu'on aura des réponses à nos questions.
M. le Président, je vais commencer par une
question purement technique, là, parce que je vais adresser des questions qui
traitent du Procureur général du Québec. Est-ce que le ministre est d'accord
avec moi pour dire que ça le concerne?
• (15 h 40) •
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Alors, les questions qui touchent le procureur général, effectivement, ça me
concerne. Je salue le député de La Pinière. Je salue mes collègues,
également, la députée de Joliette. Je salue l'ensemble des collègues de la
partie gouvernementale qui nous accompagnent, notamment le député de Rousseau,
député de Labelle, député de Mégantic, député de Chapleau, député de
Saint-Jean, député d'Ungava également; également, l'ensemble des équipes du
ministère de la Justice du Québec, au premier titre, Me Line Drouin,
sous-ministre en titre; et on a également le Directeur des poursuites
criminelles et pénales qui est avec nous, Me Patrick Michel; également, Me
Daniel LaFrance, qui est président de la Commission des services juridiques; Me
Tessier, également, qui est président de la Commission des droits de la
personne. Ensuite, dans les autres organismes — je crois avoir tout
le monde — et tous les autres sous-ministres qui sont présents, et le
personnel également de la commission, de la CSJ également, qui sont là avec
nous.
Alors, oui, oui, oui, ça touche les
dossiers du Procureur général. Cependant, vous comprendrez que, lorsque les
dossiers sont devant la cour, on ne peut pas faire autant de commentaires que
l'on souhaiterait, parce que c'est devant la cour, justement.
M. Barrette : Je comprends
très bien, M. le Président, que, lorsque les choses sont devant la cour, le Procureur
général, en l'occurrence le ministre de la Justice, actuellement, en poste, ne
commentera pas. Je comprends ça, mais le Procureur général, c'est le ministre
en l'espèce.
M. Jolin-Barrette : Mais
effectivement, vous avez raison, les fonctions de Procureur général me sont
dévolues, parce que le premier ministre, dans le cadre du décret de nomination,
m'a confié la responsabilité de Procureur général. Ça n'a pas toujours été le
cas où le Procureur général était le ministre de la Justice, parce qu'à une
certaine époque, le ministère de la Justice n'existait pas. Donc, le ministère
de la Justice a été créé en 1964, et le premier titulaire, ça a été Claude
Wagner qui est notamment le père du juge en chef de la Cour suprême du Canada
présentement. Mais, auparavant, durant un certain laps de temps, ça a été
parfois le premier ministre. C'était à l'époque le cas du premier ministre
Taschereau, du premier ministre Duplessis, je pense, premier ministre Gouin
aussi. Mais sous, voyez-vous, sous Jean-Jacques Bertrand, je ne suis pas sûr
que c'était lui. Puis sous Jean-Lesage, c'est arrivé à quelques occasions, mais
il a également délégué la fonction de Procureur général, avant Claude Wagner, à
d'autres ministres.
M. Barrette : Très bien.
Alors, bien, je remercie le ministre. J'ai déjà souligné, à plusieurs reprises
dans le passé, sa connaissance encyclopédique de l'histoire juridique du
Québec, là, certainement dans les organigrammes, fonctions et procès-verbaux.
Alors, je comprends de la réponse, on s'entend, là, aujourd'hui avec l'historique
que le ministre vient de nous faire, on a tous compris qu'il est le Procureur
général du Québec.
M. Jolin-Barrette : Bien, à
ma connaissance, oui.
M. Barrette : Très bien.
Alors, M. le Président, est-ce que le ministre peut me dire si, dans son esprit
ou dans sa pratique ou dans l'usage, lorsqu'il y a des sujets de grande
sensibilité qui font l'actualité, qui sont majeurs, là, on ne parle pas d'une
contravention pour excès de vitesse, là, on parle de grands sujets, là, le
ministre va être informé, en tant que Procureur général, de sujets qui
concernent des aspects légaux.
M. Jolin-Barrette : Mais, M.
le Président, la question du député de La Pinière est extrêmement large.
Donc, effectivement, le rôle <du Procureur...
M. Jolin-Barrette :
...mais,
M. le Président, la question du député de La Pinière est extrêmement
large. Donc, effectivement, le rôle >du Procureur général, au sein de
l'État québécois, est de conseiller juridiquement l'ensemble des ministères.
Alors, il agit à titre de jurisconsulte du gouvernement. Alors,
traditionnellement, également, c'est le ministre de la Justice, le Procureur
général, bien, plus dans sa fonction de ministre de la Justice, qui préside
également le comité de législation, devant lequel je suis convaincu que vous
avez eu un plaisir fou, lorsque vous avez présenté votre projet de loi
n° 10 et le projet de loi n° 20 également, donc, où la
constitutionnalité des lois sont évaluées ou sont documentées, également, au
niveau de la légistique. Et donc le rôle du ministère de la Justice est de...
du ministre de la Justice et de Procureur général est de conseiller le
gouvernement sur différents aspects qui touchent les obligations légales de
l'État, effectivement. Et on est en support, on est en conseil et surtout, dans
la majorité des cas, c'est le Procureur général qui représente, avec les
avocats et les notaires de l'État québécois, l'État dans tous ses recours
devant les tribunaux, sauf certaines exceptions.
M. Barrette : Un exemple
d'exception?
M. Jolin-Barrette : Bien, il
peut arriver que, dans le fond, au lieu que ça soit fait à l'interne, le mandat
soit confié à l'externe, supposons qu'il n'y aurait pas l'expertise au sein du
contentieux. Cependant, je dois vous dire que les équipes du contentieux sont
extraordinairement compétentes, dévouées, versatiles également, et que le fait
d'avoir un contentieux aussi professionnel, performant, permet justement à l'État
de sauver énormément de coûts qui seraient donnés par des mandats à l'externe.
Alors, je dois dire que je suis très fier et très content de la qualité des
individus que nous avons au sein du ministère de la Justice, notamment au sein
du contentieux du Procureur général à Québec et à Montréal.
M. Barrette : J'en suis
convaincu, M. le Président, et j'appuie le sentiment du ministre, j'ai la même
perception. Maintenant, M. le Président, ce que je veux établir à cette
étape-ci, c'est très simple, le ministre nous l'a dit assez clairement dans sa
dernière réponse : Il n'a pas, en tant que Procureur général du Québec,
une fonction figurative. Il n'est pas un bibelot. Il n'est ni une caution ni
une sanction. À bien des égards, il participe activement à divers exercices
juridiques, il nous l'a dit.
Et là je veux donner un exemple, M. le
Président, hypothétique, totalement hypothétique, que le ministre va
comprendre, et qui reflète mon âge, et, vous aussi, M. le Président. Je ne veux
pas vous mettre dans le même club que moi, mais je soupçonne que vous soyez sur
le même banc des joueurs dans ce groupe d'âge là. Si, aujourd'hui, il y avait
une commission sur la viande avariée, une enquête publique sur la viande
avariée, le Procureur général d'aujourd'hui serait au courant de ce qui se
passe. Il en serait... Il suivrait ça de proche, là. Il ne serait pas
désincarné de cet exercice-là. Est-ce que, sur cette question hypothétique, M.
le Président, la ministre est d'accord?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, si vous faites référence à l'exercice qui a été fait au début des
années 70, je crois, relativement à la commission d'enquête en lien avec
plusieurs membres du crime organisé, notamment la mafia, effectivement, la
commission d'enquête, je crois, et vous m'excuserez si je n'ai pas les bons
renseignements, mais je crois qu'elle avait été déclenchée par décret par le
Conseil des ministres, fort probablement, à cette époque-là. J'oublie par qui
elle était présidée puisque je n'y étais pas, mais, dans les archives,
effectivement, on avait, je crois, un individu, notamment, qui refusait de
s'identifier et, même, qui avait été dirigé vers l'écrou, qui avait été écroué,
parce qu'il refusait et qu'il avait fait outrage au tribunal. Mais
effectivement je crois que la commission avait été mise par décret... sur pied
par décret du gouvernement, et donc, probablement, sur recommandation du
ministre de la Justice de l'époque.
M. Barrette : M. le
Président, ce n'est pas une question historique que je pose, là. Je comprends
la réponse du ministre. Ce n'est pas la question que j'ai posée, je vais la
répéter. Si ça arrivait aujourd'hui, là, admettons qu'on a ça ou une commission
d'enquête de ce genre-là, si ça arrivait, là, est-il possible que, compte tenu
de la gravité de la chose au plan de la société, que le ministre soit
totalement détaché de ça, sans information, sans rien, sans communication, sans
même directives auprès de son équipe? Moi, je pense que c'est non.
Au début, M. le Président, j'ai dit
quelque chose de bien simple, on ne s'attend pas à ce que... Même si c'était
moi qui est connu dans les médias, qui avait un ticket de vitesse de
240 kilomètres, avec une auto <très rapide...
M. Barrette :
...qui
est connu dans les médias, qui avait un ticket de vitesse de
240 kilomètres, avec une auto >très rapide sur la 20, qu'à la cour,
ça concerne le ministre. Mais pour un enjeu qui serait d'une ampleur sociétale
comme celle que je décris hypothétiquement, le Procureur général, il n'est pas
en orbite, là, il serait au courant de ce qui se passe, il pourrait même donner
des avis, et ainsi de suite. Est-ce que, théoriquement, là, je suis dans le
champ gauche, dans l'avant-champ, dans le stade, même pas dans la bonne game?
Moi, je pense que le Procureur général, en l'occurrence le ministre, serait au
courant.
M. Jolin-Barrette : Mais
je vous répondrais non. Puis, pour faire une analogie sportive, là, ce que le
député de La Pinière vient de nous décrire, c'est, supposons, le volet
moustique versus pas mal les professionnels, parce qu'exemple, dans le cas d'un
constat d'infraction, ce n'est pas le Procureur général du Québec qui poursuit
en matière pénale au Québec, c'est le Directeur des poursuites criminelles et
pénales ou le poursuivant autorisé en vertu du Code de procédure pénale.
Donc, exemple, supposons que vous vous
faites intercepter, non, je ne serais pas informé, parce que les poursuites
pénales ou l'opportunité de prendre une poursuite pénale ou criminelle relève
de la prérogative du Directeur des poursuites criminelles et pénales qui
exerce, dans le fond, la prérogative du Procureur général du Québec, mais,
depuis 2005, ça a été scindé pour faire en sorte que le ministre la Justice ne
se mêle pas des poursuites criminelles et pénales au Québec.
• (15 h 50) •
Donc, un recours en lien avec une
poursuite criminelle et pénale ne relève pas du ministre de la Justice, Procureur
général du Québec. Ultimement, ultimement, il est vrai que le Procureur général
du Québec conserve son pouvoir et, en vertu de la loi, a la prérogative de
rapatrier un dossier en matière criminelle, supposons, avec un avis au
Directeur des poursuites criminelles et pénales. Je ne crois pas que ça a déjà
été fait. Ça n'a jamais été fait depuis 2005. À ce moment-là, le Procureur
général du Québec pourrait rapatrier un dossier, mais ça doit se faire avec un
avis, puis je crois que c'est publié également à la Gazette officielle,
c'est publié à la Gazette officielle du Québec également. Donc, dans un
cas de nature pénale ou criminelle, non, ça ne se produit pas. Ce n'est pas le Procureur
général qui poursuit, c'est le Directeur des poursuites criminelles et pénales.
Relativement aux autres volets qui
touchent les aspects gouvernementaux, le Procureur général peut être en avis et
en conseil ou peut faire de la représentation de la part de l'État québécois
devant une commission d'enquête, si telle est votre prétention ou la ligne de
questions dans laquelle vous m'amenez, ou devant les tribunaux de droit commun,
effectivement, oui.
M. Barrette : Vous
savez, M. le Président, là, bientôt, je vais penser que j'ai une capacité
prophétique. Au début, j'ai dit : J'espère avoir des réponses à mes
questions, je viens d'avoir environ deux minutes sur le sujet auquel je ne
m'intéresse pas. L'exemple que j'ai donné à propos de mon ticket de vitesse,
là, versus même pas une minute sur le sujet qui m'intéresse, qui clairement est
établi, je ne peux pas être plus clair que ça, là. Mais j'ai eu ma réponse,
même si elle n'a pas été affirmative, puis même si elle n'a pas été explicitée.
Oui, le Procureur général, dans l'exemple hypothétique que j'ai donné, si,
aujourd'hui, il y avait une commission d'enquête, il est dedans, il sait ce qui
se passe, puis il vient de le dire, M. le Président, là, il peut intervenir, il
peut conseiller. Il ne sera pas en orbite autour et il ne pourra pas plaider
l'ignorance.
M. Jolin-Barrette : Pas
nécessairement. Et le député de La Pinière me fait reproche de la façon
dont on répond, mais il me donne des exemples en matière de justice, comme il
fait au salon bleu lorsqu'on est à la période des questions de réponses orales,
M. le Président, où il mélange certains concepts juridiques. Alors, c'est
important pour que les gens qui nous écoutent comprennent très bien que c'est
comme différents silos, la justice, qu'il ne faut pas mélanger le tout, là.
C'est comme les spécialités dans le domaine de la santé, dans le fond, ce n'est
pas la même chose. Spécialiste en médecine de famille, ce n'est pas la même
chose que spécialité en radiologie. Puis je pense que le collègue de
La Pinière va comprendre. Alors, il ne faut pas mélanger des pommes avec
des oranges.
Et, non, ce n'est pas dans toutes les
commissions que le Procureur général du Québec intervient. Il pourrait
intervenir comme il ne pourrait ne pas intervenir également, tout dépendant du
sujet de la commission, tout dépendamment, est-ce qu'il a des représentations à
faire. Alors, non, ce ne sont pas dans tous les cas, où est-ce que le Procureur
général du Québec intervient. Il faut manifestement qu'il ait un intérêt à
intervenir ou il faut qu'il ait des clients. C'est en fonction de... Chacun des
cas est un cas d'espèce. Alors, si vous souhaitez parler d'une commission
d'enquête publique relativement à la gestion de la pandémie, il faudrait
peut-être préciser votre question en lien avec cette proposition-là. Mais,
peut-être, ce n'est pas de cette commission-là que vous souhaitez me parler.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de
La Pinière.
M. Barrette : J'ai... ...un
sourire, quand le ministre a dit que... Il a parlé de silos, j'ai compris que,
dans ses interventions auprès <de la magistrature...
M. Barrette :
...un
sourire quand le ministre a dit que... Il a parlé de silos, j'ai compris que,
dans ses interventions auprès >de la magistrature, il voulait briser des
silos, ce qu'il a fait d'ailleurs, et qu'il souhaite refaire à profusion avec
la loi n° 96, mais là n'est pas l'objet de ma question.
Mais je trouve ça assez amusant que le ministre prenne cet exemple-là, j'imagine
que ça ne lui était pas venu à l'esprit que, peut-être, je pouvais lui renvoyer
la balle. Ceci dit...
M. Jolin-Barrette : Alors,
je peux répondre...
M. Barrette : Il n'y
avait pas de question, il n'y a pas de réponse à faire.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, allez-y.
M. Jolin-Barrette : Vous
avez fait une intervention affirmative qui semblait me prêter des intentions,
et je pense que c'est important que j'y réponde. Dans le cadre du projet de loi
n° 96, là, ce que j'ai fait... ce que le gouvernement
du Québec a fait, c'est protéger vos prérogatives et vos privilèges en tant que
député, en tant que député élu de La Pinière, en tant que digne
représentant des gens de Brossard. Honnêtement, à certains moments, en
commission parlementaire, je me demandais clairement, de la part des
oppositions, s'ils souhaitaient véritablement exercer leur rôle de législateur
et leur rôle de représentant de la population québécoise. C'est fondamental qu'au
Québec on exerce, en fonction des différentes branches de l'État, les
prérogatives qui nous reviennent. Jamais le gouvernement du Québec n'abdiquera
sa responsabilité au niveau de l'exécutif et au niveau du législatif.
Les trois branches de l'État ont un rôle à
jouer, et c'est ce que le gouvernement du Québec a fait et c'est ce que la
commission également, le pouvoir législatif, a entériné avec le projet de loi n° 96. Mais il y a une chose qui est sûre, il doit y avoir
un sain dialogue entre le pouvoir judiciaire, et l'exécutif, et le législatif,
et chacun doit agir dans sa sphère de compétence. Cela étant dit, on aura l'occasion
d'y revenir, je crois, au courant de cette présente étude.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Ça m'oblige
à sortir un petit peu de mon sujet et de répondre au prêt d'intentions très
désagréable du ministre. Moi, là, comme député, là, ni comme ministre
précédemment, là, je n'ai pas été condamné par une cour parce que je n'ai pas
respecté ce qui était écrit dans la loi. Moi, là, bibi ici, devant vous, là, ce
n'est pas le cas, le ministre, c'est son cas. Ça fait que, pour cette
plaidoirie-là, il devrait garder une petite gêne.
Et, par-dessus ça, M. le Président, il y a
quelque chose de très simple, là. Notre rôle en commission parlementaire, comme
législateurs, c'est de débattre, une chose que le ministre semble considérer
désagréable, au point de dire qu'il ne sait pas si on joue notre rôle. Anyway.
M. le Président...
Le Président (M.
Bachand) :...de La Pinière finir,
juste... M. le député de La Pinière, parce qu'il reste... il reste deux minutes
et quelques secondes. Oui.
M. Jolin-Barrette : Bien...
je n'ai jamais été condamné. Alors, encore une fois, le député de La Pinière
comprend... ne comprend pas qu'on n'est pas en matière criminelle et pénale,
mais qu'on est en matière civile, alors il y a des nuances à apporter dans ses
propos. Et je dois lui dire, et je veux qu'il me comprenne très clairement, je
vais m'ennuyer de lui en commission parlementaire, mais on va faire le projet
de loi n° 2, ensemble. Je suis convaincu qu'on va
réussir à travailler et à livrer un projet de loi qui va être le meilleur
possible. Mais je tiens à lui dire que je vais m'ennuyer de lui à la suite de
son retrait parlementaire du 10 juin prochain puis je vais m'ennuyer de
nos débats en commission parlementaire.
Mais, au-delà du débat, notre rôle
ensemble, c'est d'être des législateurs et de faire en sorte que la loi que
nous votons à l'Assemblée nationale, ici, bien, elle respecte la volonté des
Québécois, mais surtout ce pour quoi nous avons été élus, pour faire des lois
qui correspondent à la volonté de la population, notamment.
M. Barrette : Alors, M.
le Président, récemment, on a appris par la loi d'accès à l'information et par
d'autres sorties qui ont été faites, que, dans le cas de l'enquête de la
coroner sur les décès, il y avait eu une demande d'assignation de cinq
ministres. On nous a refusé toute information à cet égard. Le ministre était-il
au courant de cette demande...
M. Jolin-Barrette : La
demande d'assignation...
M. Barrette : ...de la
coroner de pouvoir faire comparaître cinq ministres?
M. Jolin-Barrette : Ce
que je peux...
M. Barrette : La
première question, M. le Président, à laquelle je cherche une réponse : Le
Procureur général, le ministre était-il au courant de cette demande?
M. Jolin-Barrette : Ce
que je peux vous affirmer, c'est qu'on a notamment deux ministres qui sont
allés témoigner, notamment la ministre de l'Enseignement supérieur, en sa qualité
de ministre de la Santé, de l'époque, ainsi que la ministre responsable des
Aînés, également, qui est même allée témoigner en sortant de son <congé
de maladie...
M. Jolin-Barrette :
...ainsi
que la ministre responsable des Aînés, également, qui est même allée témoigner
en sortant de son >congé de maladie, pour pouvoir aller livrer sa
version des faits, parce qu'elle a dit qu'elle le devait aux familles
québécoises. Donc, elle a accepté de son propre chef de se soumettre et d'aller
témoigner devant la coroner, d'aller témoigner devant la coroner Kamel pour
répondre à toutes ses questions.
Le Président (M.
Bachand) :...
M. Jolin-Barrette : La
coroner Kamel a eu l'occasion de poser toutes les questions...
Le Président (M.
Bachand) :30 secondes, M. le député,
30 secondes dans votre bloc.
M. Barrette : Oui ou non,
le ministre était-il au courant de la demande d'assignation de la coroner de
cinq ministres, oui ou non?
Le Président (M.
Bachand) :10 secondes, M. le
ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Alors,
deux ministres sont allés témoigner devant la commission d'enquête, en fait,
devant la commission d'enquête publique de la coroner. Et ça démontre que cette
commission-là fait son travail et elle a entendu toutes les personnes qu'elle
souhaitait entendre.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Député
d'Hochelaga-Maisonneuve, pour 15 min 21 s. Merci.
• (16 heures) •
M. Leduc : Salutations à
M. le ministre et à l'ensemble des personnes qui l'accompagnent. M. le
ministre, vous venez juste de faire référence au projet de loi n° 2,
l'importante réforme du droit de la famille, parlons-en justement. C'est une
réforme que vous avez déposée très, très tardivement dans le mandat, on savait
qu'elle était en travail depuis un certain temps déjà. Je vais peut-être
laisser à M. le ministre le temps de... C'est bon? On savait qu'elle était en
travail depuis longtemps déjà, vous l'avez déposée très tardivement. Et vous
êtes, on va le dire gentiment, un homme-orchestre, vous touchez à beaucoup de
dossiers en même temps. Vous avez décidé de privilégier la réforme de la langue
française, le 96, tant mieux pour vous. Sauf que là on arrive en toute fin de
séance, toute fin de session, toute fin de législature avec, à peine, quelques
semaines de travail devant nous. Il y a beaucoup d'articles dans votre réforme
du projet de loi no 2, M. le ministre.
On vous a demandé à plusieurs reprises...
On a même déposé une motion ici, que vous avez accepté d'adopter, pour que vous
déposiez d'avance les amendements, qu'on imagine qui vont être nombreux, au
sujet du projet de loi n° 2. Vous souhaitez
publiquement que nous travaillions, les oppositions, avec vous pour combler ça
d'ici la fin de la législature. Gros, gros mandat, ce n'est pas impossible,
mais ça va être très difficile. Si vous étiez sérieux dans cette demande-là,
vous nous auriez déjà convoqués, nous, les trois partis d'opposition, pour nous
présenter un plan de match, c'est quoi, les blocs que vous allez privilégier,
nous déposer d'avance vos amendements pour qu'on ait le temps de les étudier
avec sérieux, de se préparer et d'arriver à une éventuelle convocation qu'on
imagine très tôt pour l'étude détaillée du projet de loi.
Rien de ça ne transparaît pour l'instant,
vous n'avez pas répondu à votre engagement de déposer vos amendements d'avance.
On n'a pas de nouvelles des différents partis d'opposition. Qu'en est-il? C'est
quoi, votre plan de match pour que, sérieusement, avec les partis d'opposition,
nous soyons capables d'arriver à la fin du projet de loi n° 2
d'ici la fin de la législature?
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors,
merci, M. le Président. Juste un petit rappel, là. J'ai été désigné comme ministre
de la Justice, le 22 juin 2020. On a déposé, en 2020, le projet de loi n° 70 qu'on a fait adopter en décembre 2020; le projet de
loi n° 75 qu'on a déposé en 2020, adoption, décembre 2020. On a déposé,
décembre 2020, avant Noël, le projet de loi n° 84 sur
la réforme de l'IVAC; après ça, on a fait le projet de loi n° 92,
le tribunal spécialisé, qu'on a adopté novembre dernier; projet de loi n° 96, qui vient de sortir de commission, dans laquelle on
a passé 127 heures de commission parlementaire. Ce n'est pas un grief à
l'endroit de votre formation politique, plus à l'encontre des libéraux, ils ont
bloqué le projet de loi pendant des heures et des heures pour, finalement,
voter contre, comme en 1977, puis ils vont encore voter contre. Mais, vous
savez, c'est l'histoire qui se répète. Ensuite, écoutez, projet de loi n° 2 qu'on a déposé, 21 octobre 2021, donc à peu près 15 mois
après mon entrée en fonction, projet de loi qui est important, qui est
substantiel.
Je l'ai dit la semaine dernière, mardi
dernier, lors des crédits LGBTQ, en question... en réponse à la question de la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, moi, je vais me rendre disponible à
toutes les plages horaires d'ici la fin de la session parlementaire afin de
pouvoir étudier le projet de loi n° 2. Les
amendements seront déposés rapidement pour faire en sorte que vous ayez
l'opportunité de les étudier, et je vais me rendre disponible aux différentes
séances afin de pouvoir adopter ce projet de loi là parce que c'est important,
il y a plusieurs choses là-dedans. Au Québec, les enfants, en fonction de la
famille dans laquelle ils naissent, ils n'ont pas tous les mêmes droits, ils ne
sont pas tous égaux devant la loi, notamment, en matière de filiation. La
question de la...
M. Leduc : ...M. le
ministre, ça va être correct. Est-ce que les amendements sont déjà prêts?
M. Jolin-Barrette : ...
M. Leduc : Sont déjà
prêts?
M. Jolin-Barrette : Je
suis en train de les travailler, vous les aurez au moment opportun.
M. Leduc : On se voit
dans une semaine et demie puis vos amendements ne sont pas prêts?
M. Jolin-Barrette : Je
suis en train de toujours les travailler, jusqu'à la dernière minute, on
travaille les choses.
M. Leduc : ...M. le
ministre, mais que vous ne vouliez pas nous les donner, si vous étiez sérieux
dans votre ambition de terminer ce projet de loi là d'ici la fin de la
législature, quatre semaines de travaux qu'il nous reste, vous nous les
déposeriez maintenant. Vous nous inviteriez, les trois oppositions, pour
négocier la fin de cette aventure-là. Ce n'est pas...
16 h (version révisée)
M. Leduc : …l'ouverture
que j'avais espérée de votre part. J'aurais une autre question, M. le ministre,
pour un autre sujet complètement.
M. Jolin-Barrette : Ah!
M. le Président, bien...
M. Leduc : Alors, ma
question serait pour Me Tessier, concernant la CDPDJ. Bonjour, M. Tessier,
content de vous voir. Ce matin, j'avais un échange avec le ministre du Travail
concernant un litige qui serait en cours entre votre organisation et la
Commission de la construction du Québec au regard du Programme d'accès à l'égalité
des femmes dans le milieu de la construction. Il semblerait que ce qui vous est
déposé par la CCQ n'est pas considéré à la hauteur par votre organisme. Est-ce
que vous pouvez m'en dire un peu plus?
Le Président (M. Bachand) :Juste avant, le ministre prend la parole. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors,
pour le projet de loi n° 2, je comprends que l'appui
du député d'Hochelaga est conditionnel. Il veut négocier le projet de loi n° 2 pour voir s'il va accepter qu'on puisse l'étudier
rondement d'ici la fin de la session et qu'on puisse l'adopter. Alors, moi, je
l'ai dit la semaine dernière et je le redis cette semaine, ce projet de loi là,
il est fort important et il n'y a rien, dans ce projet de loi là, qui est
partisan. On a des mesures en matière d'accès aux origines pour faire en sorte
que les personnes qui ont été confiées à l'adoption...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Bien,
ça m'étonnerait que vous sachiez au complet le contenu du projet de loi parce
que, sinon...
Le Président (M.
Bachand) :Rapidement, M. le ministre, en
conclusion, s'il vous plaît…
M. Leduc : Qu'est-ce que vous
voulez dire exactement?
Le Président (M.
Bachand) :…parce qu'il y a une question pour
Me Tessier, puis j'ai besoin d'avoir un consentement pour poursuivre. Allez-y.
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est ça, c'est sous réserve que je donne mon consentement de céder la parole.
Le Président (M.
Bachand) :Exactement.
M. Jolin-Barrette : Alors,
je pense que c'est sur mon temps. Alors, si le député d'Hochelaga-Maisonneuve
est sérieux, là, moi, je veux l'entendre dire ici, là, dans le micro : est-ce
qu'il est disponible et est-ce qu'il est disposé...
Une voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :Allez-y, allez-y.
M. Jolin-Barrette : Ah!
c'est… vous pensez que moi, je ne peux pas poser de questions?
M. Leduc : Dans cette
aventure d'étude des crédits, c'est l'opposition qui pose des questions.
M. Jolin-Barrette : Ah
oui? En vertu de quel article?
Le Président (M.
Bachand) :S'il vous plaît!
Une voix : …
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, écoutez, on
parle de période d'échange, de crédits.
Une voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous plaît!
On parle d'échange, de crédits budgétaires. Donc, il peut y avoir des
discussions de part et d'autre. M. le ministre, en terminant là-dessus parce
que je veux savoir s'il y a un consentement pour que Me Tessier prenne la
parole. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Alors,
moi, ce que je veux savoir du député d'Hochelaga-Maisonneuve, est-ce qu'il va
se rendre disponible au... M. le Président, est-ce que vous pensez que ça respecte
le décorum de notre assemblée, les gestes que fait le député d'Hochelaga-Maisonneuve?
Une voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :Un instant, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Je n'ai pas eu de consentement encore. Je ne l'ai pas encore demandé. Bien, le
ministre, je vous demande de terminer et je vais demander s'il y a consentement
à ce que Me Tessier réponde à votre question. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors,
moi, M. le Président, je suis prêt à donner des réponses au député d'Hochelaga-Maisonneuve
s'il prend la peine de nous écouter. Je comprends qu'il a une question pour le
président de la Commission des droits de la personne, mais il a fait une
première affirmation en lien avec une question à laquelle je souhaite répondre,
et le travail qu'on aura à faire au cours des prochaines semaines va dépendre
de l'attitude du député d'Hochelaga-Maisonneuve en lien avec la...
Le Président (M.
Bachand) :Merci, M. le ministre. Merci,
merci, merci. On ne va pas parler de l'attitude de l'un et de l'autre. Alors
là, je serais prêt à demander s'il y a consentement pour que Me Tessier puisse
répondre à la question du député d'Hochelaga-Maisonneuve. Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Jolin-Barrette : Avec
plaisir, si Me Tessier veut répondre.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Me Tessier, bien sûr,
vous avez la parole. Merci de vous identifier officiellement. Merci.
M. Tessier (Philippe-André) :
Alors, Philippe-André Tessier, président de la Commission des droits de la
personne et des droits de la jeunesse. Je suis accompagné de Mme Josée
Morin, Mme Myrlande Pierre, vice-présidente, et Mme Suzanne Arpin,
vice-présidente de la commission.
Alors, merci pour la question,
effectivement. Évidemment, le dossier est déposé devant le Tribunal des droits
de la personne. Donc, vous aurez compris que la règle du sub judice s'applique,
et donc je vais être prudent dans les commentaires que je peux vous dire. Cela
dit, effectivement, cette requête, elle est publique. Elle souligne notamment
que les femmes ne représentent que 2,1 % de la main-d'oeuvre globale dans
l'industrie de la construction et moins de 1 % de la main-d'oeuvre dans
près de la moitié des métiers. Puis elle souligne également qu'en 2017, alors
qu'elle représentait 82 % de tous les employeurs, seulement 6 %, 6,2 %
pour être exact, des employeurs de cinq salariés et moins avaient embauché au
moins une femme
Et donc évidemment les femmes cumulent
moins d'heures aussi dans l'industrie que les hommes, bien qu'elles ont accès à
certains métiers et que le taux d'abandon de l'industrie est plus élevé que
celui des hommes, dans notre mémoire qui a été déposé au Tribunal des droits de
la personne. Alors, effectivement, je confirme qu'il y a un litige entre la commission...
contre la Commission de la construction du Québec en lien avec le programme d'accès
à l'égalité.
M. Leduc : …me trompe,
mais ce litige-là est la conséquence de plusieurs années où le plan qui vous était
déposé n'était pas jugé à la hauteur. Ce n'est pas une action immédiate suite à
un premier plan qui n'a pas été considéré correct.
M. Tessier (Philippe-André) :
C'est sûr et certain que la loi R-20, qui régit les relations de
travail dans l'industrie de la construction, prévoit qu'il y a un programme d'accès
à l'égalité pour les femmes, et ce qu'on demande, dans les conclusions
recherchées devant le tribunal, c'est qu'il y ait une analyse du système d'emploi
dans l'industrie de la construction qui soit ordonnée par le tribunal pour que
la commission procède ainsi.
M. Leduc : Merci
beaucoup. Ma prochaine question, ce serait, si le ministre le veut bien, bien
sûr, à Me Patrick Michel, du DPCP, concernant tout le débat alentour <de
la…
M. Leduc :
...alentour
>de la décriminalisation des drogues. Votre équivalent au fédéral qui
est la direction des poursuites pénales, si je ne me trompe pas, en août 2020,
avait demandé à ses procureurs, là, je ne suis pas familier nécessairement avec
tous les termes techniques, mais j'assume que c'est peut-être le bon, de ne
plus poursuivre, là, sauf des exceptions, pour possession simple de toutes les
drogues. Donc, c'était une directive interne qui avait été envoyée par la
fonction publique, en quelque sorte. Est-ce que c'est quelque chose que vous
pourriez faire vous aussi et est-ce que c'est quelque chose, sur le fond,
finalement, que vous considérez… que vous avez considéré dans les dernières
années, par exemple?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Alors, sur cette question-là, je vais répondre à la question. Dans le fond, les
orientations qui sont données au Procureur général du Québec... pardon, au
Directeur des poursuites criminelles et pénales relèvent du Procureur général
du Québec, notamment en matière de poursuite. On retrouve dans ce débat la
question de la décriminalisation de certaines drogues. Relativement au Code
criminel, le fédéral, on sait qu'il travaille dans certaines situations, mais
on n'est pas rendus là. Et, pour ce qui est la question du poursuivant public,
il s'agit toujours d'une infraction criminelle et il n'y a pas de directives
qui ont été formulées dans l'objectif d'orienter les poursuites pour faire en
sorte qu'il n'y ait pas de poursuite relativement à la possession simple.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député.
• (16 h 10) •
M. Leduc : Oui, merci.
Bien, je vais reposer la suite au ministre, comme c'est lui qui répond. À peu
près à la même date l'an dernier, vous aviez répondu à mon collègue, là, le
député de Gouin, qui vous posait une question par rapport à la
décriminalisation de possession simple de drogue, que vous alliez étudier la
chose. Alors, j'assume que vous êtes un homme de parole. J'assume qu'à votre
ministère vous avez donc étudié depuis un an cette chose. Est-ce qu'il existe
un document de réflexion, une quelconque matière que vous pourriez nous
soumettre aujourd'hui par rapport à la réflexion que vous avez engagée au
ministère par rapport à la possession simple, la décriminalisation de
possession simple des drogues?
M. Jolin-Barrette : Vous
savez, ce qui est particulier avec le député de Hochelaga-Maisonneuve, de la
façon dont il pose ses questions, c'est qu'il ne respecte pas notre règlement
puis il ne prend pas la parole. Il dit : J'assume qu'on est...
Le Président (M.
Bachand) :...on parle de non-respect du
règlement, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : J'assume
qu'on est quelqu'un de parole, j'assume… Ça soulève beaucoup d'enjeux si le
député assume que… et ne prend pas la parole d'un député. Alors, effectivement,
ça fait toujours partie des réflexions, et la réflexion se poursuit
relativement à ce sujet-là, mais, à court terme, il n'est pas dans l'intention
du gouvernement de ne pas... en fait, de ne pas donner suite à cette
proposition-là du député d'Hochelaga-Maisonneuve, le fait de décriminaliser
certaines drogues.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député, s'il vous
plaît.
M. Leduc : Bien, la
proposition ne vient pas que de moi, évidemment, M. le Président. Je vais faire
une liste assez courte, là, de plusieurs organisations : les gouvernements
de la Colombie-Britannique, le conseil de ville de Vancouver, la ville de
Montréal, l'Association canadienne des chefs de police, le SPVM, la direction
des santés publiques du Canada, du Québec et de Montréal, le comité de la santé
de la Chambre des communes, le Centre de toxicomanie et de santé mentale,
l'Association des intervenants en dépendance du Québec, l'Association
québécoise des centres d'intervention en dépendance. Donc, ce n'est pas juste
moi, Hochelaga-Maisonneuve. Oui, il y a un enjeu, bien sûr, dans
Hochelaga-Maisonneuve, mais il y a un enjeu de crise des opioïdes partout au
Québec, M. le ministre. Vous me dites : La réflexion se poursuit. Ma
question est très simple : A-t-elle seulement commencé?
Le Président (M.
Bachand) :N'oubliez pas, M. le député,
là, il faut prendre la parole d'un autre député, là. M. le ministre, s'il vous
plaît. Alors, M. le ministre.
M. Leduc : Donc, ma
question, c'est : Qu'est-ce que vous pouvez nous livrer comme réflexion?
J'ai...
Le Président (M.
Bachand) :Merci, M. le député. M. le
ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Alors,
je comprends que le député se croit à Juste pour Rire. Alors, j'ai dit qu'il y
avait réflexion l'an passé. J'ai dit, cette année, que la réflexion se
poursuit. Elle se poursuit.
M. Leduc : ...pouvez nous
soumettre aujourd'hui, M. le ministre?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : C'est
un dossier complexe qui a des impacts sociaux importants, et qui doit prendre
en considération plusieurs éléments, et le travail continue de se faire au
ministère de la Justice du Québec.
M. Leduc : Seriez-vous
ouvert et intéressé à rencontrer des groupes experts sur le sujet qui
pourraient venir vous démontrer les bienfaits de cette mesure-là dans le reste
du Canada, dans d'autres pays, et qui pourraient avoir des effets bénéfiques
ici, au Québec?
M. Jolin-Barrette : Le
ministère de la Justice consulte, a déjà consulté, a une équipe qui est
destinée notamment aux programmes de déjudiciarisation, aux différents
programmes alternatifs. Et il y a des spécialistes au sein du ministère de la
Justice qui sont en contact avec l'ensemble des différents groupes, et je suis
fier de pouvoir compter sur ces différentes équipes, au sein du ministère de la
Justice, qui détiennent notamment ces différentes expertises. Mais, bien
entendu, c'est toujours important que, lorsqu'il y a une réforme importante
dans tous les domaines, qu'on consulte les gens qui ont une expertise, qui sont
<sur...
M. Jolin-Barrette :
...qui
sont >sur le terrain et qui vivent les différentes réalités. Et c'est
important de regarder ça dans un spectre large et non pas uniquement dans un
spectre précis et limité, c'est ce que je dirais.
M. Leduc : ...pas le
ministère, mais bien vous personnellement, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : …différents
groupes de toutes sortes. Je me suis concentré, au cours de la dernière année
et demie, avec notamment les différents groupes de personnes victimes.
M. Leduc : ...rencontrer des
groupes, vous, M. le ministre, sur la question de la décriminalisation?
M. Jolin-Barrette : Ah! moi,
je suis très ouvert à rencontrer tous les groupes qui souhaitent me rencontrer.
M. Leduc : Donc, vous en
prenez l'engagement aujourd'hui?
M. Jolin-Barrette : Moi, je
suis très ouvert à rencontrer tout le monde.
M. Leduc : Bien, je vous
enverrai les invitations avec des groupes qui vont être très intéressés de
pouvoir vous présenter ça au-delà de toute partisanerie.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, moi, je suis convaincu, ça va me faire plaisir de les rencontrer, avec
vous, je ne le sais pas, mais les groupes, ça va me faire plaisir de les
rencontrer.
M. Leduc : Ce n'est pas grave
si je suis là ou pas, M. le ministre. L'important, c'est que l'enjeu progresse.
Dans le peu de temps qu'il me reste, est-ce que je pourrais peut-être revenir à
Me Michel, si vous le permettez? Sino4n, évidemment, vous répondrez, M. le
ministre. Ce que j'ai compris de ce qui s'est passé au niveau fédéral, c'est
que ça n'a pas été une directive du politique ni du ministère, ça serait venu
d'une analyse propre de votre équivalent au fédéral. Est-ce que c'est possible,
d'un point de vue technique… Au-delà du fond, là, j'essaie de comprendre la
forme. Est-ce que ça serait possible que vous et votre organisation puissiez
prendre ce genre de position là?
Le Président (M.
Bachand) :Il reste 30 secondes, M.
le ministre.
M. Jolin-Barrette : Comme je
l'ai dit, il s'agit d'un enjeu de société et ça fait partie des directives que
le Procureur général du Québec peut formuler au Directeur des poursuites
criminelles et pénales. Donc, il y a une série de directives qui sont données.
Ce n'est pas le Procureur général qui entreprend les poursuites en matière
criminelle et pénale, mais par contre il y a un cadre avec les directives
générales qui sont formulées au Directeur des poursuites criminelles et
pénales. Donc, ça relève du Procureur général du Québec.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
La Pinière, pour 20 min 28 s.
M. Barrette : Merci, M. le
Président. Disons que j'aurais envie de dire deux choses. La première, c'est
qu'il me semble que, cet après-midi, le ministre déroge de l'invitation
formelle qu'avait fait le premier ministre le jour du discours de son élection
ici, de son assermentation, où il engageait ses ministres à faire preuve...
d'éviter de faire preuve d'un certain mot que je ne prononcerai pas, mais que
je suis convaincu que vous comprenez et qu'il comprend. Ceci dit, M. le
Président...
Une voix : ...
M. Barrette : Ah! je vais
utiliser le mot parlementaire, là. Je trouve que le ministre aujourd'hui fait
preuve d'un minimum d'arrogance qui devrait être un maximum…
Le Président (M.
Bachand) :On ne va pas là, vous le savez,
là. Vous le saviez en amont, hein? Alors donc...
M. Barrette : Il m'a demandé
de le dire.
Le Président (M.
Bachand) :Même à l'invitation du
ministre, il faut respecter les règles parlementaires. Alors, allez-y, M. le
député de La Pinière.
Une voix : ...
M. Barrette : Non, M. le
Président. Il m'a demandé de le dire, je l'ai dit.
Le Président (M.
Bachand) :Non, bien, alors, écoutez, je
pense, M. le député, s'il vous plaît…
M. Barrette : Ah! M. le
Président, regardez, je vais le retirer pour faire plaisir à l'auguste Assemblée
qui est devant moi, surtout celle des élus. Les autres, faites-vous-en pas,
vous êtes augustes aussi.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Alors, vous
pouvez continuer, s'il vous plaît, M. le député.
M. Barrette : Ceci dit...
Une voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :S'il vous plaît! S'il vous
plaît! La parole est au député de La Pinière, M. le ministre.
M. Barrette : M. le
Président, je vais aussi dire une autre chose. Le ministre a déposé à un moment
donné un projet de réforme parlementaire, et je vais lui rappeler un souvenir,
et le souvenir est très simple, je lui avais dit : Commençons donc dans la
réforme pour s'assurer qu'il y ait une règle qui oblige le ministre à répondre
aux questions correctement, précisément. Alors, je vais reposer ma question, j'ai
posé une question bien simple. Est-ce que le ministre, Procureur général du
Québec, était au courant qu'il y avait eu une demande d'assignation de cinq
ministres par la coroner Kamel dans le cadre de l'enquête de la coroner sur les
décès de personnes âgées ou vulnérables? Ça se répond par oui ou par non, pas
par : Il y en a deux qui sont venues. Ça ne se répond pas par ça, ça se
répond : Oui ou non, y a-t-il eu cinq ministres qui ont été assignés?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui, M.
le Président. Le député de La Pinière, là, il voudrait qu'on réponde ce qu'il
veut entendre. Et, lorsqu'il fait référence à la proposition de réforme
parlementaire, je suis heureux qu'il y fasse référence parce que c'est une
excellente proposition de réforme. Malheureusement, on n'a pas beaucoup avancé,
et sa formation politique a été la dernière formation politique à soumettre au
jeu sa proposition de réforme, puis leur proposition de réforme, c'est à peu
près : Il n'y a pas grand-chose qui va bouger.
Sur la question du député de La Pinière
relativement aux ministres qui ont comparu à la commission... enfin, à
l'enquête de la coroner, vous aurez pu constater que toutes les personnes qui
ont été assignées par la <coroner...
M. Jolin-Barrette :
...par
la >coroner ont comparu, c'est-à-dire la ministre responsable des Aînés
et c'est-à-dire la ministre de l'Enseignement supérieur, anciennement ministre
de la Santé.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de La Pinière.
M. Barrette : M. le
Président, l'information que nous avons et qui est vérifiée, il y a cinq
ministres qui ont été appelés à comparaître, et le ministre nous informe à
répétition qu'il y en a deux qui sont comparus... qui ont, pardon, comparu.
O.K., on va le faire simple, cinq moins deux égale trois. Alors là, on
multiplie les questions. Est-ce qu'il est au courant qu'il y en avait cinq?
Pour la, je pense, quatrième fois, il ne répond pas. Et la question
subsidiaire, c'est quels étaient les… qui étaient les trois autres. Est-ce
qu'on peut savoir ça? On va commencer par la première : Il était-tu au
courant, deux, c'est qui, les trois autres?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors, M.
le Président, toutes les personnes qui ont été assignées par la coroner ont
comparu. S'il y avait eu d'autres ministres qui avaient été assignés, ils
auraient comparu. Alors, le député de La Pinière nous dit : Il y a cinq
ministres qui ont été assignés. Bien, moi, je n'ai pas cette information-là,
qu'il y a cinq ministres qui ont été assignés. Il y a deux ministres qui ont
été assignés puis ils ont comparu. Ça s'adonne à être la ministre de
l'Enseignement supérieur et la ministre responsable des Aînés. Et, je le
réitère, M. le Président, la ministre responsable des Aînés est sortie de son
congé de maladie pour aller comparaître parce que les auditions de la coroner
se tenaient à ce moment-là, et, par respect pour les familles des personnes qui
ont été victimes, la ministre est sortie de son congé de maladie pour aller
comparaître.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de La Pinière.
M. Barrette : M. le
Président, vous allez me renseigner sur cet élément-là de la procédure pendant
les crédits. Est-ce que je dépose des documents ou je ne fais que les lire? Je
vais le déposer.
Le Président (M. Bachand) :Vous pouvez lire un document, mais, si vous voulez déposer
un document, vous l'envoyez, bien sûr, au secrétariat, puis je vais voir...
• (16 h 20) •
M. Barrette : Voilà. Alors,
je vais déposer ici, M. le Président, une réponse qui vient essentiellement de
son ministère, alors, qui a été... la réponse a été émise le 2 mai 2022, et je
lis au texte, je cite au texte : «Après analyse, il s'avère que... En
effet, nos recherches nous ont permis d'identifier cinq assignations à
témoigner devant la coroner, Mme Géhane Kamel.» Ça, M. le Président, là, je ne
l'invente pas, là, il y en a cinq.
M. Jolin-Barrette : …de La
Pinière peut nous lire toute la phrase? Est-ce qu'on indique que deux ministres
ont été assignés ou que cinq personnes ont été assignées à témoigner?
M. Barrette : Alors, M. le
Président, ce n'est pas indiqué, mais, selon les informations que...
Une voix : ...
M. Barrette : Pardon, un
instant.
Le Président (M.
Bachand) :Allez-y, M. le député.
M. Barrette : Juste une
petite seconde. Alors, M. le Président, les courriels... on a demandé les
courriels concernant la comparution des ministres dans le cadre de l'enquête. Alors,
M. le Président, là, les informations que j'ai ici, là, sont à l'effet de
ministres. Vous avez répondu comme ça. C'est vous qui nommez «ministres», ce
n'est pas nous.
M. Jolin-Barrette : ...parce
que, là, là, avec le document que vous avez devant vous, là, vous nous dites
depuis 10 minutes, là : Est-ce que le ministre était au courant, est-ce
que le Procureur général était au courant que cinq ministres ont été convoqués?,
alors qu'il y a seulement deux ministres qui ont été assignés. Puis là,
lorsqu'on demande au député de La Pinière de lire le fameux texte qu'il a devant
lui, ça me fait penser à quelqu'un, à un moment donné, à un débat des chefs, il
avait ça dans les mains puis il disait : Il était écrit ça, là, hein, le
chef du Parti québécois, il a dit ça, le premier ministre, il a dit ça, puis il
l'a dit, il a réitéré sa version, puis tout ça, alors que ce n'était pas ça
pantoute que le candidat libéral, il avait entre les mains. Il avait autre
chose. Je fais référence au débat de 2003, M. le Président. Ce n'était pas ça
pantoute qu'il disait.
Alors, est-ce que le député de La Pinière
fait la même chose? Est-ce que, sciemment, il indique qu'il y a cinq personnes
qui ont été assignées, mais les cinq personnes en question ne sont pas des
membres du Conseil des ministres, du Conseil exécutif? Parce que la coroner Kamel
a assigné d'autres individus qui relèvent de l'État québécois, notamment
l'ancien sous-ministre Gendron qui a été témoigner, notamment la sous-ministre
Rosebush, notamment la sous-ministre... en tout cas, il y a eu <d'autres...
M. Jolin-Barrette :
...il
y a eu >d'autres… Opatrny qui a été assignée également. Alors, je ne
sais pas quelle est la demande d'accès à l'information, je connais encore moins
la réponse qui vous a été donnée, mais ayez l'honnêteté d'indiquer clairement
dans vos affirmations...
Le Président (M.
Bachand) :Faites attention, M. le
ministre, dans les paroles, faites attention, juste…
M. Jolin-Barrette : ...des
ministres ou ça vise des personnes? Alors, voyez-vous...
Le Président (M.
Bachand) :Mais, juste avant d'aller plus
loin, le député de La Pinière s'est engagé à déposer un document. Je n'ai pas
encore reçu le document. Alors donc, on parle d'un document qui n'a pas été
partagé par la commission. Donc, j'aimerais... Alors, M. le député de La Pinière,
j'aimerais ça que vous puissiez nous envoyer le document. Merci. J'apprécie beaucoup.
M. Barrette : …mon équipe, M.
le Président, va vous la transférer par une voie qui est celle qui sera
utilisée.
Le Président (M.
Bachand) :Électronique, oui, parfait,
merci.
M. Barrette : Alors, M. le
Président, je vais quand même le lire pour informer le ministre : «La
présente a pour objet le suivi de votre demande d'accès du 14 avril 2002 visant
à obtenir les documents suivants : premier, les courriels et les échanges
entre le coroner et le protecteur — c'est une erreur, ça a été
corrigé — le Procureur général du Québec ou le gouvernement du Québec
concernant la comparution des ministres dans le cadre de l'enquête de la
coroner sur le décès des personnes — le titre, vous le connaissez — notamment
concernant la question du privilège parlementaire.»
C'est à ça que vous répondez, et la
réponse, c'est qu'il y en a eu cinq. Alors, à ce moment-là, M. le Président, la
question est très simple, là. Il y a quelqu'un qui a répondu à ça après avoir
parlé au Procureur général. Est-ce que cette personne-là est ici présente pour
qu'elle nous indique exactement à quoi cette personne-là pensait quand on a
demandé les ministres puis qu'on répond les cinq assignations sans dire si
c'est des personnes ou des ministres? La personne qui a fait ça, là, est-ce
qu'elle est ici? Et, si elle est ici, est-ce qu'on peut avoir un consentement
pour lui poser la question? Parce que, là, ici, on est dans les finasseries du
ministre. Il est habitué de faire ça. Il aime ça, M. le Président, faire ça, et
ça, ce n'est pas un mot qui n'est pas parlementaire.
Alors, moi, je veux bien jouer sur les
mots, là, mais jouons sur les mots qui sont écrits. Il y a une demande qui a
été faite pour apprendre qui avait été assigné, on parle de cinq, et le
ministre joue sur les mots, parfait. La personne qui a répondu à ça, là, au
ministère de la Justice, elle doit être ici. Si ce n'est pas le ministre
lui-même, c'est quelqu'un de son équipe. Alors, il y a une façon facile de
résoudre ça, qu'on donne le consentement pour que la personne qui a traité
cette demande-là nous dise c'est qui.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors, M.
le Président, pour être en mesure de répondre adéquatement, là, à la demande du
député de La Pinière, premièrement, il faudrait que j'aie copie du document.
Deuxièmement, il faudrait que je sache quelle est la demande d'accès à
l'information qui a été formulée, à qui elle a été formulée. Est-ce qu'elle a
été formulée au ministère de la Justice? Est-ce qu'elle a été formulée à la
coroner Kamel? À qui ça a été formulé? Le député de La Pinière est avec un
document dans ses mains, là, puis je ne sais même pas ce qui est écrit dessus,
je ne sais même pas c'est à qui, puis ensuite me dit : Ça devrait être mon
cabinet qui a répondu à la demande d'accès à l'information. Bien non, dans les
ministères, il y a des responsables d'accès à l'information qui sont des
fonctionnaires. Peut-être qu'à son cabinet, à l'époque, au ministère de la
Santé, c'est lui qui répondait aux demandes d'accès à l'information, mais, moi,
ce n'est pas moi qui réponds aux demandes d'accès à l'information. C'est
encadré par la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics. Donc,
c'est visé par la loi.
Alors, je n'ai pas obtenu copie de cette
réponse-là, puis là, au départ, M. le Président, le député de La Pinière nous
dit : Il y a cinq ministres qui ont été assignés, est-ce que le ministre
était au courant? Puis là on se rend compte, quand il lit, que l'histoire est
pas mal moins solide, là. En termes, là... Vu qu'on est dans les crédits de
Justice, là, on va parler de crédibilité, hein? En termes de crédibilité de
l'argumentaire et des questions du député de La Pinière, on affecte un peu la
crédibilité du témoin, M. le Président.
Alors, moi, je vais répondre à la question
avec plaisir. Je vais faire faire les recherches également si c'est nécessaire
de le faire. Mais, manifestement, M. le Président, ce que je comprends de
l'argumentaire et de la question du député de La Pinière, c'est qu'on semble
prendre le premier paragraphe qui est écrit sur sa feuille, puis là on essaie de
le coller avec le cinquième, puis là on en fait une question ensuite pour dire :
Bien là, vous saviez, vous êtes intervenu, il y avait cinq personnes qui ont
été assignées, ça fait que, là, c'est qui, les trois autres ministres? Là, ça
ne semble pas être ça, la réponse qu'il a devant les mains, mais je ne peux pas
vous le dire, je ne le sais pas, je ne l'ai pas.
Alors, par honnêteté intellectuelle, lisez
la demande au complet, la réponse que vous avez reçue, indiquez également qui
est le signataire, parce que, normalement, le responsable de l'accès à
l'information a signé la demande. Alors, qui <est...
M. Jolin-Barrette :
...alors
qui >est le signataire de la demande d'accès... de la réponse à la
demande d'accès? Vous savez, c'est un peu difficile de travailler de cette
façon-là. Peut-être que l'objectif véritable est juste de faire en sorte de
soulever des éléments, M. le Président, et non pas d'avoir la véritable réponse,
mais il y a une chose que je peux vous affirmer, par contre, les personnes qui
ont été assignées par subpoena par la coroner ont été... ont comparu devant la
coroner.
Et d'ailleurs il y a beaucoup de gens qui
se sont rendus disponibles pour aller témoigner devant la coroner durant les
longues auditions que la coroner a eues, et la coroner Kamel a pu entendre les
personnes qu'elle avait assignées, qui ont été devant elle, notamment les deux
ministres qui ont été témoigner. Et d'ailleurs vous avez posé de nombreuses
questions ici, au salon bleu, en lien avec le témoignage des différentes
ministres durant plusieurs semaines ici, au salon bleu.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de La Pinière.
M. Barrette : M. le
Président, c'est joli. C'est très joli. Il est bon, le ministre. C'est joli,
mais on va répliquer. Alors, ici, il y a une demande qui est faite et il y a
une réponse qui est donnée. Alors, c'est une citation, là, et, pour faire
plaisir au ministre, là, c'est Me Descary, responsable de l'accès aux documents
et la protection des renseignements personnels, qui répond. Alors, il y a une
demande qui est faite. La demande, elle est précise, concernant la comparution
des ministres dans le cadre de l'enquête. C'est clair, là, c'est une demande
concernant la comparution des ministres, pas concernant la comparution de tout
le monde qui a comparu. C'est une demande à propos de la comparution des
ministres, et la réponse est claire : «…nous ont permis d'identifier cinq
assignations à témoigner».
• (16 h 30) •
M. le Président, le ministre ne va quand
même pas nous dire qu'il y a seulement eu cinq personnes qui ont été assignées
et qui ont comparu. Évidemment, ce serait ridicule de dire quelque chose comme
ça. Je suis sûr que le ministre ne se couvrira pas de ridicule en disant :
Bien oui, les cinq personnes qui ont comparu, il y en a juste cinq, puis il y
avait deux ministres là-dedans, puis vous avez votre réponse, elle est écrite
dans la lettre. La lettre, elle est claire. La demande d'accès à l'information,
c'est concernant la comparution des ministres dans le cadre de l'enquête, et la
réponse, elle est claire : «Nos recherches ont permis d'identifier cinq
assignations.» Il n'y a pas eu juste cinq assignations. Le sujet, le verbe, le
complément, c'est en français, là. Le ministre a des enfants qui vont à l'école.
Il devrait savoir ça. Alors, ici, là, il y a cinq assignations qui sont en lien
avec la question qui a été posée puis il n'y en a pas eu juste cinq. Alors, il
y a lieu de conclure qu'il y a cinq ministres… ont comparu, ont été assignés, et
on n'a pas l'information. Alors, on cherche l'information.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors,
bien, écoutez, pour m'aider à aider le député de La Pinière, il nous a dit «Me
Vicky Descary»…
M. Barrette : Pascale
Descary.
M. Jolin-Barrette : Ah! Pascale
Descary.
M. Barrette : Ah! ça
change tout.
M. Jolin-Barrette : Bien,
ça change beaucoup de choses, M. le Président. Le député a dit tout à l'heure
«Me Vicky Descary». Je suis allé sur le bottin des avocats...
M. Barrette : ...
M. Jolin-Barrette : Oui,
c'est ce que vous savez dit.
M. Barrette : C'est un
lapsus, je ne sais pas pourquoi.
M. Jolin-Barrette : Bon,
moi, je suis allé sur le bottin des avocats, il n'y a aucune Vicky Descary qui
est membre de l'ordre professionnel des avocats. Par contre, Pascale Descary,
ça s'adonne à être la coroner en chef du Bureau du coroner.
Une voix : …
M. Jolin-Barrette : Laissez-moi
terminer. Alors, vous avez formulé une demande d'accès à l'information au bureau
de la coroner en chef. Donc, le coroner est une institution indépendante qui ne
relève pas du ministère de la Justice, qui est dans le portefeuille du
ministère de la Sécurité publique. Donc, Pascale Descary, qui est la coroner en
chef, semblerait-il, vous a répondu à votre demande d'accès à l'information.
Ensuite, vous nous avez dit tout à l'heure : Le ministre... qui, parmi les
gens avec le ministre, a répondu à cette demande d'accès à l'information là, qu'il
se manifeste et qu'il réponde à la question. En somme, c'est un peu ce que le
député de La Pinière a fait tout à l'heure.
Écoutez, nous, ici, là, il y a, quoi, une
trentaine de personnes, là. On se demande… Écoutez, on n'est pas au courant de
la demande d'accès à l'information. On a... Ça n'a pas été porté à mon
attention, tout ça. Puis là vous nous accusez de dire... quasiment de cacher la
personne qui a répondu à ça, alors qu'elle n'est même pas au ministère de la
Justice. Vous vous êtes trompé d'organisme. Vous vous êtes trompé de crédits
budgétaires. Vous devriez être aux crédits du ministère de la Sécurité
publique.
Alors, je comprends que ça vient de Me
Pascale Descary, qui a répondu à une demande d'accès à l'information. Donc,
votre formation politique a demandé au bureau de la coroner en chef combien de
personnes ont été assignées, et là ça nous dit : La... Pardon?
Une voix : …
M. Jolin-Barrette : O.K.
Alors, je n'ai pas encore votre demande d'accès…
16 h 30 (version révisée)
M. Jolin-Barrette : ...et
là ça nous dit la...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Pardon?
O.K. Alors, je n'ai pas encore votre demande d'accès à l'information. Et ce n'est
toujours pas déposé. Alors, ayez...
M. Barrette : ...
M. Jolin-Barrette : Non,
non, je veux juste compléter.
M. Barrette : Non, non, non...
M. Jolin-Barrette : Ayez la
gentillesse de dire que vous avez voulu mener tout le monde en bateau, ici,
dans cette salle...
Le Président (M.
Bachand) :Non, non, non, on ne va pas là,
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : ...puis
de dire : Ce n'est même pas les crédits de Justice, ce n'est même pas
quelqu'un qui relève de Justice.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Barrette : ...
Le Président (M.
Bachand) :Bon, bien là, honnêtement, M.
le ministre, il vous reste...
M. Barrette : ...
Le Président (M.
Bachand) :M. député de La Pinière, il
vous reste deux minutes pour votre bloc.
M. Barrette : Non, ce n'est
pas gentil...
Le Président (M.
Bachand) :Non, mais vous n'avez pas... Moi,
je vous trouve... vous êtes tous gentils et gentilles. Alors, M. le député de
La Pinière, il vous reste deux minutes dans ce bloc. Merci.
M. Barrette : Pascale...
Me Descary ne signe pas comme Coroner en chef, elle signe comme responsable de
l'accès aux documents et de la protection des renseignements personnels. C'est
comme ça qu'elle signe. Alors, ce document-là, il l'a, le ministre. S'il ne
sait pas lire, je peux lui relire.
M. Jolin-Barrette : Non,
je ne l'ai pas.
M. Barrette : Non, c'est
la réponse que vous avez, on l'a déposée.
M. Jolin-Barrette : Je n'ai
rien, je suis tout nu dans la rue.
M. Barrette : Bien...
M. Jolin-Barrette : Je n'ai
rien.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député.
M. Barrette : Alors, M.
le Président, la question est simple. La réponse, elle est claire, le ministre
peut bien tourner autour du pot, mais il y a eu une demande, et il est
incapable de contredire ce que je dis, incapable. Il peut faire les
insinuations qu'il veut, il peut faire les effets de toge qu'il veut, il est
bon, là-dedans, mais ça n'enlève pas le fait qu'il y a eu une demande
spécifique à propos des assignations sur la comparution des ministres. On nous
répond qu'il y en a... qu'il y a cinq assignations, mais, quand que moi, je
dis, là : Il y a combien d'autos dans le stationnement, là, puis qu'on me
dit qu'il y en a cinq, ce n'est pas deux autos et cinq motos, là, ou deux autos
et trois bicyclettes, c'est : il y en a cinq. C'est simple de même.
Alors, qu'il dise ce qu'il voudra, le
ministre, là, je comprends qu'il est pris, je comprends que ça le rend mal à l'aise,
je comprends que ça l'indispose puis je comprends qu'il ne l'a pas vu passer, mais
là il y a un document qui dit ce qu'il dit, et là ça commande une réponse, et
le ministre ne répond pas — et là je vois une armée de gens qui vont
lui donner la réponse, alors je vais lui laisser le temps de me répondre, là.
Le Président (M.
Bachand) : ...
M. Barrette : Allez-y,
M. le ministre, on vous a donné la réponse, là.
Le Président (M.
Bachand) :40 secondes, M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, on est parti, il y avait cinq ministres d'assignés. On est parti que
c'était le ministère de la Justice qui avait répondu. On est parti que la
personne était ici, dans la salle, pour se rendre compte, finalement, que c'est
une réponse de la Coroner en chef, qu'il n'y a jamais eu cinq ministres d'assignés,
qu'il y a seulement eu deux ministres d'assignés, puis les deux ministres, ils
ont comparu.
Alors, en termes d'effets de toge, là, je
pense que je n'ai pas de leçon à recevoir du député de La Pinière. Et qu'il ait
l'honnêteté intellectuelle de dire qu'il s'est trompé dans le cadre de la façon
de formuler sa question et il aurait dû me donner le document auquel il faisait
référence dès le départ plutôt que de laisser sous-entendre que le ministère de
la Justice avait entravé le fait de permettre à des ministres de témoigner, ce
qui n'est pas le cas.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Mme la députée
de Joliette pour 15 min 21 s, s'il vous plaît.
Mme Hivon : Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, salutations aux collègues, au ministre et à
toute son équipe. Ce matin, on a appris, dans LaPresse, un
jugement qui a été rendu hier, qui est, pour plusieurs, très troublant. C'est
en lien avec l'acquittement de l'ancien député André Chenail. Et ça n'a rien à
voir avec le fait que ce soit un ancien député, ce serait n'importe qui, et je
pense qu'il y aurait autant de réactions, de questions et d'émotions qui
viendraient. J'étais curieuse de savoir comment le ministre a réagi quand il a
appris la conclusion de ce procès et la teneur de ce jugement.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, M. le Président, dans un premier temps, je pense qu'on doit toujours
exprimer un appui pour les personnes qui ont été victimes d'infractions de
nature sexuelle dans les dossiers et qui ont le courage de dénoncer.
Ultimement, le résultat, dans ce cas-ci, ça a été un acquittement. Et je vais
réserver certains de mes commentaires parce que le dossier vient d'être rendu,
je ne sais pas ce que le Directeur des poursuites criminelles et pénales et le
procureur vont faire dans le cadre de ce dossier-là. J'ai pris acte du
jugement. L'appréciation de la preuve relève de la magistrature, relève du juge
au dossier.
Cela étant dit, je peux dire que, depuis
deux ans, et avec votre collaboration, on a fait en sorte de pouvoir créer un
tribunal spécialisé avec une division spécialisée en matière de violence
sexuelle et conjugale, que l'ensemble des intervenants dans le système de
justice vont être formés. On a même, également, prévu de la formation pour la <magistrature...
- GM, SGD- -
Imprimé le 13 mai 2022 à 8 :49
M. Jolin-Barrette :
...que
l'ensemble des intervenants dans le système de justice vont être formés. On a
même, également, prévu de la formation pour la >magistrature, pour les
futurs candidats qui vont être nommés, également disponible. Cela étant, je ne
peux pas commenter le fond de la décision.
Mme Hivon : Donc, M. le
ministre peut-il dire s'il pense que, dans un cas comme ça, un tribunal spécialisé
aurait pu faire une différence?
M. Jolin-Barrette : Ce
que je peux vous dire, c'est que, pour les personnes victimes, avec la mise en
place du tribunal spécialisé, il y aura certainement un meilleur accompagnement,
et, tout au long du processus judiciaire, donc, dès le moment et même avant la
dénonciation, les organismes, la police, les procureurs, tout le monde va être
formé. Il y a déjà beaucoup de gens qui sont formés, mais on va faire beaucoup
mieux. Donc, l'idée, c'est d'accompagner la personne victime tout au long du
processus.
Pour ce qui est de la partie, à la
division spécialisée, qui relève de la salle de cour, l'État québécois, lui,
fait tout l'accompagnement, ce qui relève des règles de preuve, relève du
législateur fédéral, vous le savez, au niveau du Code criminel. Mais, pour
nous, c'était extrêmement important de vraiment bien accompagner les personnes
victimes du début à la fin, mais c'est sûr qu'on va uniquement aller en donnant
davantage de services et en améliorant tout le parcours des personnes victimes
à travers le processus judiciaire.
• (16 h 40) •
Mme Hivon : Je
comprends, M. le Président, que le ministre ne souhaite pas nous dire s'il
pense que le tribunal spécialisé ou, minimalement, l'aspect de formation
continue de tous les acteurs du système aurait pu faire une différence dans un
cas comme celui-là.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, je ne suis pas en mesure, en fonction de ce cas précis là, d'apporter
un jugement parce que je n'ai pas assisté aux procédures, je n'ai pas assisté
au déroulement de ce procès-là, mais ce que je peux vous dire, c'est que, déjà,
la poursuite verticale est en place. Déjà... il y a déjà des mesures
d'accompagnement qui sont en place. Et, bien entendu, lorsqu'on aura le déploiement
en totalité du tribunal spécialisé... on a déjà annoncé 10 projets pilotes
qui vont être en place au cours des prochaines semaines, et, éventuellement, on
va l'amener à la grandeur du Québec, justement, pour que les personnes victimes
soient bien accompagnées, bien outillées. Et d'ailleurs vous vous souviendrez,
également, qu'on a étendu le programme enfant témoin à la grandeur du Québec
pour outiller les enfants victimes d'agression sexuelle à témoigner. On a la
même chose, également, qu'on est en train de développer avec les CAVAC pour
l'aide aux témoignages pour les personnes victimes.
Mme Hivon : Merci.
Maintenant, ma question serait pour le Directeur des poursuites criminelles et
pénales. Est-ce qu'il peut nous dire s'il a l'intention de porter le jugement
en appel?
Le Président (M.
Bachand) :Est-ce qu'il y a consentement
pour donner la parole à Me Michel? Me Michel, s'il vous plaît... vous
identifier officiellement, s'il vous plaît. Merci.
M. Michel (Patrick) : Oui.
Merci, M. le Président. Alors, Patrick Michel, Directeur des poursuites
criminelles et pénales.
Alors, pour répondre à la question de la
députée de Joliette, M. le Président, alors il serait un peu prématuré pour moi
de vous confirmer ou d'infirmer notre intention d'aller en appel. Il faut
procéder à l'analyse du jugement. Et on a 30 jours pour faire connaître
notre intention d'aller en appel, le cas échéant.
Mme Hivon : Merci.
Est-ce que la question de la croyance sincère va retenir une bonne part de
votre attention dans cette analyse?
Le Président (M. Bachand) :
Me Michel.
M. Michel (Patrick) : Oui.
Alors, merci, M. le Président. Alors, évidemment, ça semblait... j'ai parcouru
le jugement, là, qui a été rendu il y a moins de 24 heures, ça semble être
la question, effectivement, au coeur du débat, là, alors notre analyse va
porter essentiellement sur cette question-là.
Mme Hivon : Donc, est-ce
que vous allez avoir besoin du 30 jours avant de statuer à savoir si vous
allez aller en appel dans cette cause ou vous vous attendez à rendre une
décision plus rapidement?
M. Michel (Patrick) : Je
ne suis pas sûr d'avoir compris votre... Avoir besoin du...
Mme Hivon : Est-ce que
vous allez avoir besoin du délai complet de 30 jours ou si vous estimez
que vous allez tenter de rendre une décision rapidement à savoir si le DPCP va
porter en appel ou non?
M. Michel (Patrick) : Je
vous...
Le Président (M.
Bachand) :Oui, Me Michel. Allez-y, oui.
M. Michel (Patrick) : Oui,
merci, M. le Président. Je n'oserais pas m'engager. En fait, l'important, c'est
de prendre la bonne décision de porter ou non cette cause-là en appel, et je
pense qu'il faut prendre tout le temps qu'il faut pour analyser en profondeur
le jugement, alors je ne veux pas mettre de pression. Je comprends
qu'effectivement c'est un enjeu d'intérêt public et qu'il faudra faire
connaître notre décision le plus tôt possible aussi, pour la victime, dans l'intérêt
de la victime, mais, cela dit, je veux surtout qu'on fasse une analyse
approfondie du jugement et qu'on prenne le temps de prendre la bonne décision.
Mme Hivon : Merci
beaucoup. Je vais passer maintenant au sujet du procès fantôme, M. le Président.
Malheureusement, lors d'un débat en séance de travail pour se doter, comme
institution, donc, parlementaire, d'un mandat d'initiative pour pouvoir
questionner les principales personnes qui ont été impliquées dans cette
aventure du procès fantôme, ça a été refusé par la <partie...
Mme Hivon :
...personnes
qui ont été impliquées dans cette aventure du procès fantôme, ça a été refusé
par la >partie ministérielle, les députés de la partie ministérielle.
Donc, je vais saisir l'occasion pour
questionner le ministre à savoir comment est-ce que les services judiciaires de
son ministère ont pu voir aller un tel dossier sans qu'il y ait de... sans qu'il
soit répertorié avec un numéro de cour au greffe. Comment est-ce que ça peut
être possible? D'autant plus qu'il a été porté en appel, donc j'imagine qu'il
n'a pas abouti dans une enveloppe brune, sur le parvis de la Cour d'appel, mais
qu'il existait quelque part. Alors, est-ce que le ministre peut nous expliquer
comment ce qui apparaît impensable a pu se produire dans ses services
judiciaires?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, M.
le Président, j'ai eu l'occasion de le dire, notamment, j'ai été troublé par le
fait qu'il y ait eu un procès dit secret ici, au Québec. La publicité des
débats, c'est fondamental, dans notre société, et c'est pour ça qu'on a mandaté
les procureurs du Procureur général du Québec afin de présenter une requête à
la Cour d'appel. Notamment, également, je suis informé que la Cour du Québec a
présenté également une requête, parce qu'à cette époque-là, même la juge en
chef ignorait... la juge en chef de la Cour du Québec ignorait que c'était
arrivé.
Alors, on a une date d'audition qui est
fixée, je crois, au 6 juin prochain sur le fondement de la requête, mais
il y a une chose qu'on a pu affirmer, c'est à l'effet que le poursuivant dans
cette affaire-là n'est pas le Directeur des poursuites criminelles et pénales.
Et la Cour d'appel... on a demandé à la Cour d'appel de pouvoir rendre
disponibles, notamment, certaines informations, évidemment, le nom des
procureurs, le nom du juge, également. Donc, on va faire nos représentations devant
la cour d'appel. Et il faut dire que la cour d'appel elle-même, lorsqu'elle a
été saisie du dossier, elle n'a pas non plus divulgué ces différentes
informations-là. Elle rappelle l'importance de la publicité des débats, mais la
Cour d'appel elle-même n'a pas rendu les ordonnances appropriées, donc c'est
pour ça qu'on s'adresse à elle.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : C'est très
intéressant, toute cette mise en contexte, mais ma question, c'était ce qui est
directement sous la responsabilité du ministre, soit les services judiciaires.
Comme premier responsable des services de justice au Québec, comment le
ministre peut-il expliquer qu'un tel procès a pu avoir lieu sans être inscrit
au greffe, sans avoir aucun numéro de dossier? Comment cela est-il possible,
compte tenu des responsabilités qui sont les siennes?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, en fait, je ne connais pas, à ce jour, les ordonnances qui ont été
rendues, notamment par le juge saisi du dossier, et qui a entendu l'affaire, donc
c'est pour ça, notamment, qu'on présente une requête à la Cour d'appel, pour
avoir toutes ces informations-là. Et je vais être en mesure de répondre à ces
questions-là auxquelles... je me pose également ces questions-là que vous
soulevez, également, afin de pouvoir faire la lumière sur toute cette
démarche-là qui a eu cours dans le cadre de procédures judiciaires.
Et je l'affirme, ce n'est pas normal et ça
ne doit jamais réarriver qu'un dossier n'ait pas de numéro de dossier, que le
greffe ne soit pas informé, que le juge ne soit pas connu, que les procureurs
ne soient pas connus non plus. Alors, c'est possible, dans certaines situations
particulières, d'émettre certaines ordonnances, notamment de non-publication,
notamment de huis clos, dans certaines circonstances, mais la situation qui
s'est produite m'apparaît inexplicable, et c'est pour ça qu'on fait une requête
devant la Cour d'appel, justement pour faire en sorte d'avoir accès à cette
information-là, que le public ait accès à l'information, le tout sous réserve
des circonstances particulières qui pourraient être dans le dossier.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de Joliette,
s'il vous plaît.
Mme Hivon : Est-ce que je
comprends que le ministre n'a pas commandé d'enquête interne au sein de ses
services et des services judiciaires pour savoir comment tout ça aurait pu
arriver? Il n'y a pas eu d'examen interne de fait et de commandé par le ministre
à l'intérieur de son ministère?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : La
première étape est de pouvoir savoir quelles sont les informations,
relativement, notamment, même aux districts. Alors, je peux bien mener une
enquête interne, mais où, quand, comment? Il faut avoir un début d'information.
Pour savoir de quelle façon peut se tenir un tel procès, il faut avoir un
commencement d'information, et c'est pour ça que je m'adresse à la Cour
d'appel.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée.
Mme Hivon : Mais le ministre
n'a pas cru bon de demander à l'ensemble des districts judiciaires, à
l'ensemble des services judiciaires de l'ensemble du territoire du Québec s'ils
avaient des informations et comment, à la lumière de leurs procédures, de leurs
méthodes de fonctionnement, tel dossier avait pu cheminer sans être inscrit au
greffe, comment il avait pu se <ramasser...
Mme Hivon :
...de
leurs méthodes de fonctionnement, un tel dossier avait pu cheminer sans être
inscrit au greffe, comment il avait pu se >ramasser à la Cour d'appel, donc,
il n'a pas cru bon de demander cette vérification-là? Il y a, oui, un certain
nombre de districts judiciaires. Il me semble que l'importance de l'enjeu
commande qu'on le demande à l'ensemble des services judiciaires concernés.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Il est
très clair que tous nos officiers de justice respectent les procédures et les
processus, et on ne peut pas demander à un officier de justice à aller à l'encontre
de la loi. J'ai discuté avec les différents juges en chef dans le cadre de la
requête que j'ai présentée pour faire en sorte de connaître les informations
dont ils disposaient. La Cour du Québec s'est adressée également à la Cour d'appel,
le Procureur général s'est adressé à la Cour d'appel pour faire la lumière sur
ça, et, si d'aventure il y a des enjeux en lien avec les services judiciaires,
les correctifs seront pris.
À ce stade-ci, rien ne m'indique qu'il y a
eu un enjeu avec les services de justice dans les différents palais de justice,
et ça, je veux être très clair, si jamais il y a un enjeu et si le dossier nous
démontre qu'il y a un enjeu, vous pouvez être certaine que tous les correctifs
vont être appropriés. Mais ce n'est pas une pratique qui est admissible, ce n'est
pas une pratique qui est répandue, et c'est un dossier exceptionnel, et ce
genre de dossier là ne doit pas se reproduire.
• (16 h 50) •
Alors, vous comprendrez que la personne
qui rend les ordonnances dans un dossier comme celui-là, c'est le juge. Alors,
je n'ai pas accès au dossier, je n'ai pas accès aux différentes informations,
alors c'est pour ça que je m'adresse à la Cour d'appel, pour connaître la
teneur du dossier, la teneur des parties, l'endroit du district, également.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Sur quelle base
le ministre peut me dire qu'il estime qu'il n'y a pas eu d'erreur ou de
problème à l'intérieur de son ministère s'il refuse de dire qu'il a commandé
une enquête?
M. Jolin-Barrette : Il y a
des vérifications internes qui ont été effectuées, à savoir : Est-ce que c'est
déjà arrivé? Est-ce que c'est une pratique qui existe? Est-ce qu'il y a eu une
autorisation? Il n'y a pas... aucune autorisation, dans aucun district
judiciaire, dans aucun palais de justice au Québec, de faire cela de la part du
ministère de la Justice. Alors, on est dans une situation, véritablement, où il
y a une décision qui a été prise par un juge, où il y a des ordonnances qui ont
été émises, et là on est devant la Cour d'appel pour faire en sorte qu'il y ait
des levées d'ordonnances et qu'on puisse savoir quel juge, quel procureur, quel
district.
Mme Hivon : Donc, M. le
Président, le ministre a demandé des vérifications. C'était le sens de ma
question depuis plusieurs minutes. Donc...
M. Jolin-Barrette : ...
Mme Hivon : Bien, une
enquête, des vérifications, un examen, donc, on se comprend, là. Si le ministre
veut jouer sur les mots, là, on peut jouer sur les mots, là, mais, ici, je n'ai
pas beaucoup de temps, ça fait que j'aimerais ça, avoir la collaboration du
ministre.
Donc, je comprends qu'il a demandé des
vérifications. Il estime qu'à ce jour personne n'aurait donné d'autorisation, mais
est-ce qu'il va convenir avec moi qu'un tel procès, pour se tenir et pour aller
en appel, a dû avoir le concours des services judiciaires pour pouvoir circuler
dans l'appareil?
Le Président (M.
Bachand) : 30 secondes, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Pas
nécessairement.
Mme Hivon : Le ministre juge
que ça a pu se faire totalement en marge des services judiciaires et cheminer
jusqu'à la Cour d'appel sans qu'il y ait numéro de cour, sans qu'il y ait de
greffe impliqué, sans qu'il n'y ait personne des services judiciaires impliqué?
O.K.
M. Jolin-Barrette : C'est une
possibilité.
Mme Hivon : Est-ce que le
ministre connaît l'identité du juge qui a présidé au procès à ce jour?
M. Jolin-Barrette : Non.
Le Président (M.
Bachand) : Quelques secondes.
Mme Hivon : Est-ce qu'il me
reste du temps?
Le Président (M.
Bachand) : Une seconde.
Mme Hivon : On va...
Le Président (M.
Bachand) : On va revenir au prochain bloc. Merci beaucoup. M.
le député de La Pinière, s'il vous plaît.
M. Barrette : Alors, merci,
M. le Président. Je vais poser une question assez simple au ministre.
Une voix : ...
Le Président (M.
Bachand) : Non, on l'a reçue, il y avait un petit peu de
caviardage à faire. Alors donc, le document est maintenant déposé...
Une voix : ...
Le Président (M.
Bachand) : Au niveau de l'adresse ci-haut. Alors donc... compris,
vous allez voir, là, le fond de la lettre demeure, mais il y avait comme des
informations personnelles qu'on a dû protéger.
Alors, M. le député de La Pinière, s'il
vous plaît.
M. Barrette : Et je
recommence à zéro, M. le Président?
Le Président (M.
Bachand) : Vous continuez, M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Alors, mais ça
a été pris sur mon temps, ça?
Le Président (M.
Bachand) : C'est concernant un document que vous avez déposé.
Alors, allez-y.
M. Barrette : Bon. Merci, M.
le Président. Ce n'était pas une critique envers vous, M. le Président, vous le
comprenez. Alors, je vais poser une question d'une infinie simplicité au
ministre. Je ne sais pas s'il va être capable de passer au travers. Dans son
expérience, là, quand on fait une demande d'accès à l'information et qu'il n'y
a pas d'information à propos du sujet en question, il n'y en a pas, là... «est-ce
qu'il y a un ministre au gouvernement qui gagne plus de 1 million de
dollars?», à la Commission d'accès à l'information, la réponse va être non, à
ma connaissance, à moins que le ministre ait des informations que je n'ai pas.
M. Jolin-Barrette : ...
M. Barrette : ...je n'ai pas
fini, je n'ai pas fini. M. le Président, je n'ai pas terminé.
Le Président (M.
Bachand) :Allez-y, allez-y.
M. Barrette : Alors, est-ce
que le <ministre...
M. Barrette :
...je
n'ai pas fini, je n'ai pas fini. M. le Président, je n'ai pas terminé.
Le Président (M.
Bachand) :
Allez-y, allez-y.
M. Barrette :
Alors,
est-ce que le >ministre est d'accord pour dire que, quand on demande...
on fait une demande d'accès à l'information, lorsque, pour la question posée,
la réponse, c'est non, c'est non, c'est ce qu'on va avoir, comme réponse?
M. Jolin-Barrette :
...question?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : O.K.
Bien, écoutez, les responsables de l'accès à l'information rendent disponibles
les accès à... les réponses en fonction des critères qui sont... des demandes
qui sont demandées. Vous avez formulé une demande d'accès à l'information que
je n'ai toujours pas entre mes mains et que je n'ai pas vue, vous avez dit que
c'était au ministère de la Justice, ce n'est pas pantoute au ministère de la
Justice, c'est au Bureau de la coroner en chef, et qui est, accessoirement,
responsable de l'accès à l'information. C'est ce que j'apprends. Dans le cadre
de cette demande-là, je comprends que vous avez posé différentes questions et
il y a différentes réponses. Et là on dit qu'il y a cinq personnes d'assignées.
Moi, ce que je vous dis, c'est que toutes les personnes, tous les ministres qui
ont été assignés par la coroner ont comparu.
Le Président (M.
Bachand) :...déposé. Merci. M. le député
de La Pinière.
M. Barrette : Très bien, M.
le Président. Alors, voici où le bât blesse. Alors, encore une fois, le
ministre n'a pas répondu à la question. Je vais lui suggérer une réponse la
prochaine fois qu'il voudrait bien parler du sujet. La réponse est simple :
Quand on fait une demande d'accès à l'information et que c'est clair que la
réponse, c'est non, c'est non. Ils vont répondre, tout le monde, dans tous les
ministères, partout au gouvernement : L'information n'est pas disponible.
Et, quand l'information est disponible et est, mettons, protégée, on va
utiliser diverses formules. Dans le cas présent, c'est devant ça qu'on est, là.
On pose une question à propos de l'assignation des ministres, et la réponse
qu'on nous dit, c'est : «Nous ont permis d'identifier cinq assignations.»
On parle d'assignations de ministres et on nous répond : Cinq
assignations.
Là, le ministre ne peut pas me
répondre : Je n'ai pas la demande d'accès, elle est citée, la demande, là,
dans le document qu'il a devant lui, elle est citée, telle quelle. Et la
réponse est : «Nos recherches nous ont permis d'identifier cinq
assignations à témoigner.» Le sujet, il est dans la demande. On parle des
ministres. Dans les faits, une responsable d'accès à l'information dirait :
Non, il n'y a pas eu d'assignation de ministre; il y a eu assignation de deux
ministres, mais non, on pose une question sur des ministres, elle nous répond,
la personne : Il y a eu cinq assignations à témoigner. Et ça, c'est à la
suite d'échanges, c'est des recherches qui ont été faites qui incluent le Procureur
général.
Là, depuis le début, le ministre, là,
essaie de nous dire qu'il n'a rien vu passer, son monde n'a rien vu passer, le
texte ne veut pas dire ça, mais le texte, il veut dire ça. Alors, M. le
Président, là, comment peut-on concilier le fait qu'on demande les courriels et
échanges concernant la comparution, les assignations, et que la personne qui
répond répond qu'avec ses recherches ils ont identifié cinq assignations?
Comment peut-on concilier la réponse du ministre avec ça? Ça ne se peut pas. Il
y a, implicitement, cinq ministres d'assignés. C'est ça qu'elle dit, la lettre.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Ce n'est
pas ça que ça dit pantoute, M. le Président. Puis, honnêtement, je suis un peu
déçu, parce que le député de La Pinière est un homme intelligent et il essaie
de faire coller une histoire qui ne fonctionne pas. Là, il rattache des faits,
là.
M. le Président, le député de La Pinière
vient de dire : Écoutez, le ministre... il n'y a personne dans la gang du
ministre qui a vu passer ça, relativement à la demande d'accès. Écoutez, M. le
Président, c'est normal que l'ensemble de la fonction publique, du ministère de
la Justice du Québec ne soit pas au courant. Le ministère de la Justice,
ministère dont je suis responsable, le Procureur général, Bureau de la coroner
en chef... Le coroner, là, son ministère de tutelle, c'est le ministère de la
Sécurité publique. Moi, je suis ministre de la Justice, pas ministre de la
Sécurité publique. En plus, le Bureau du coroner est un organisme totalement
indépendant. La démonstration, c'est que la coroner Kamel, qui est coroner, qui
n'est pas la coroner en chef, mais qui est coroner, a assigné toutes les
personnes qu'elle souhaitait assigner, et elles ont comparu devant elle. Nous,
pour ce qui est du gouvernement, là, on a deux ministres qui ont été assignés,
et les deux ont comparu, je ne peux pas être plus clair que ça : la
ministre de <l'Enseignement...
M. Jolin-Barrette :
...assignés,
et les deux ont comparu, je ne peux pas être plus clair que ça : la
ministre de >l'Enseignement supérieur, la ministre responsable des
Aînés. Si d'aventure, là, la coroner avait assigné d'autres ministres... O.K.,
prenons votre cas, là, hypothétique, là, prenons votre cas. Supposons que des
ministres avaient été assignés, puis elle leur avait envoyé un subpoena, et que
le Procureur général aurait dit : Non, non, ils n'iront pas témoigner, qu'est-ce
qu'il aurait fallu qu'on fasse? Il aurait fallu qu'on prenne une requête en
cassation du subpoena devant la Cour supérieure, O.K.? Ça, ce n'est pas un
procès secret, là. S'il y avait eu une requête du Procureur général en matière
de cassation d'un subpoena, vous l'auriez su, pas mal tout le monde l'aurait
su, M. le Président, ça aurait certainement été publicisé.
Avez-vous, dans le cadre de l'enquête
publique de la coroner, vu une requête du Procureur général pour casser un
subpoena, de la coroner Kamel vers un ministre du gouvernement du Québec? La
réponse, c'est non. La réponse à la question du député de La Pinière, c'est
qu'il y a deux ministres qui ont été assignés, puis les deux, ils ont comparu, puis
ça finit là.
• (17 heures) •
Et, pour renseigner adéquatement les gens
qui nous écoutent, là, dans la réponse, là, que la coroner Descary fait
parvenir à l'aile parlementaire du Parti libéral, là, elle nous indique : «Après
analyse, il s'avère que nous ne pouvons donner suite à votre demande — point — en
effet, nos recherches nous ont permis d'identifier cinq assignations à témoigner
devant la coroner Géhane Kamel.» Point. Ça ne dit pas «cinq assignations en
lien avec des ministres». Vous, dans votre question, là, vous faites référence
à la comparution des ministres, mais elle, dans sa réponse, elle ne fait pas
référence à ça. Donc, vous faites un lien qui n'existe pas et vous tirez des
inférences d'une réponse qui est incomplète, à la lumière des informations que
vous voulez.
«Toutefois, en application de
l'article 162.1 de la Loi sur la recherche des causes et des circonstances
de décès (chapitre R-0.2), les assignations des témoins ne sont publiques
que lorsque le coroner a transmis son rapport d'enquête. Par ailleurs, nous
tenons également à souligner que, conformément à l'article 180 de cette
même loi, l'article 162.1 s'applique, malgré les dispositions de la Loi
sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels, ci-après la LAI. Conséquemment, les assignations à
témoigner ne peuvent vous être transmises en date de la présente réponse.
«Ensuite, nos recherches nous ont
également permis de retracer divers courriels échangés entre les procureurs du
Bureau de la coroner ayant assisté la coroner Kamel lors de l'enquête publique
concernée et les procureurs du bureau du Procureur général du Québec. Ces
échanges relèvent du secret professionnel de l'avocat, tel que protégé par
l'article 9 de la Charte des droits et libertés de la personne, l'article 60.4
du Code des professions et l'article 131 de la Loi sur le Barreau, et sont
donc strictement confidentiels. Conformément à l'article 51 de la loi,
nous vous informons que vous pouvez demander la révision de cette décision
auprès de la Commission d'accès à l'information. Vous trouverez ci-joint une
note relative à ce recours. Veuillez agréer, madame, nos salutations
distinguées.» C'est signé : Pascale Descary, avocate responsable de
l'accès aux documents et de la protection des renseignements personnels. Et je
crois que Me Descary est également Coroner en chef du Québec.
Alors, M. le Président, il n'est
aucunement question que cinq ministres ont été assignés à témoigner. Moi, M. le
Président, je vous le dis, on a eu deux ministres qui ont été assignés, et ils
ont été témoigner. À partir de ce moment-là, le député de La Pinière peut faire
un gros show avec sa lettre... alors la lettre ne dit pas ça, alors qu'est-ce
que vous voulez que je vous dise? Le député de La Pinière dit : Écoutez,
le ministère de la Justice n'est pas transparent, là-dedans, il n'y a personne
qui a vu ça. Écoutez, c'est sûr qu'on n'est pas au courant d'une demande
d'accès à l'information d'un autre organisme qui n'est pas dans le périmètre
budgétaire du ministère de la Justice. Vous voudriez que...quoi, que le ministre
de la Justice soit responsable de toutes les demandes d'accès à l'information
de tous les ministères et tous les organismes au Québec? J'espère que ce n'est
pas ça, là.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Non. On va
revenir, M. le Président, sur le fond des choses. Je répète, pour le bénéfice
de ceux qui nous écoutent, là, ils ne sont pas fous, là, ceux qui nous
écoutent, là... Même un journaliste qui nous écoute sait très bien, là, parce
qu'eux autres... ils en font régulièrement, eux autres aussi, des demandes
d'accès à l'information, ils savent très bien que, quand on pose une question
sur un sujet et que la réponse est clairement négative, la réponse est
clairement négative. On n'invoque pas, lorsqu'on répond, les lois et règlements
si la réponse est négative. On invoque un certain nombre de choses, des raisons
pour ne pas révéler certaines informations...
17 h (version révisée)
M. Barrette : ...des
raisons pour ne pas révéler certaines informations en des règles, des lois. C'est
ce qui est fait ici, là. On n'aurait pas besoin... on n'aurait pas besoin de
faire référence à des articles de lois sur l'accès à l'information, s'il n'y
avait pas des informations non divulgables. C'est comme ça que ça fonctionne, l'accès
à l'information. Si, à la question, il y a, tu sais... quelles sont les
assignations?, et qu'on répond cinq, c'est l'assignation des ministres. Si on
pose une question sur l'assignation des ministres et que le responsable de l'accès
à l'information répond cinq, bien, il ne les dira pas en invoquant la loi, mais
c'est parce qu'il y en a cinq. Il n'a pas besoin... Si ça avait eu zéro
ministre, là, la personne responsable de l'accès à l'information n'aurait pas
dit : Il n'y en a pas, puis, pour vous dire ça, j'invoque la Loi d'accès à
l'information. Il aurait dit : Il n'y a pas, dans nos recherches, d'assignation
de ministre, il n'y en a pas.
On pose une question claire, nette,
précise : documentation sur la comparution de ministres, au pluriel.
Réponse : On a trouvé cinq assignations. Et on sait qu'il y en a eu bien
plus que cinq, là, dans l'enquête. Il y a eu des sous-ministres, il y a eu ci,
il y a eu ça. La question, c'est les ministres. On en a... on a trouvé cinq,
assignations. C'est en lien avec la question. Et «by the way», on ne peut pas
vous dire autre chose, parce que la loi ne nous permet pas. Ce n'est pas une
histoire que je construis, là. C'est la vie quotidienne de l'accès à l'information.
On sait que, dans ce gouvernement là, on caviarde beaucoup, on le sait,
particulièrement à la Justice. Mais la réalité, là, elle est là.
Maintenant, M. le Président, ce n'est pas
tout. Il y a plus. Dans la deuxième question, M. le Président... On a posé,
nous, deux questions, je vais lire la deuxième question : «Une copie de l'entente
ou tout autre document entre le coroner et le protecteur général du Québec ou
le gouvernement du Québec concernant la comparution des ministres dans le cadre
de l'enquête», bon, que l'on connaît. Ça se termine par : «...concernant
la question du privilège parlementaire.» Le ministre l'a lu il y a quelques
instants, là, dans la réponse : «Nos recherches nous ont également permis
de retracer divers courriels échangés entre les procureurs du Bureau de la
coroner ayant assisté la coroner Kamel lors de l'enquête publique concernée, et
les procureurs du bureau du Procureur général.» C'est lui, là, ça, là. Nous, on
cherche à savoir s'il y a eu une entente, s'il y a eu quelque chose. La
réponse, elle est claire : il y a eu des courriels, il y a eu des échanges
entre les procureurs de la coroner et son bureau, au ministre. Je l'ai établi,
on l'a établi. Là, c'est le Procureur général. On ne peut pas nier ça, là, c'est
écrit noir sur blanc. Alors, il y a eu des échanges. De quelle nature?
Pourquoi?
Là, le ministre va-tu nous dire que :
Bien, non, je ne savais rien, je ne suis pas intervenu là-dedans, j'étais en
orbite autour de la commission, puis il ne s'est rien passé? La Commission d'accès
à l'information, là, ici, là, n'a pas dit, là non plus : Il n'y a rien. On
pose une question sur une entente, c'est la deuxième question. La première
question, les ministres. La deuxième question : Y a-tu eu une entente? Et,
dans les deux cas, on ne nie pas la question, on ne la nie pas. La réponse, c'est :
On ne peut pas vous le dire. C'est ça, la réponse.
Le ministre dit : C'est une
inférence. Bien, c'est comme à la cour, une preuve circonstancielle. Peut-être
que, là, ça ne s'applique pas. Je suis sûr que ça ne s'applique pas. Mais là, à
un moment donné, M. le Président, là, ça commence à ressembler à : il y a
quelque chose, puis on ne le dit pas. Alors, le ministre, là... Là, là, son
bureau, là, a eu ces échanges-là. Est-ce qu'il peut nous indiquer quelle était
la nature des échanges?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : M.
le Président, je pense que c'est important que je <réexplique le tout...
M. Jolin-Barrette :
...
M. le Président, je pense que c'est important que je >réexplique le
tout. Et là le député de La Pinière essaye de créer une histoire à partir d'un
mot isolé, dans une réponse à l'accès à l'information. Il est écrit «cinq
assignations». Il n'est pas écrit «cinq assignations de ministres». Il n'est
pas écrit «cinq assignations de ministres différents». Il n'est pas écrit «cinq
assignations de personnes différentes». Ça se peut qu'il y ait plus d'une
assignation pour la même personne, aussi. Est-ce que c'est venu à l'esprit du
député de La Pinière, également?
Alors, M. le Président, il n'y a
absolument rien, dans la demande d'accès à l'information, qui indique qu'il y a
eu plus de deux ministres qui ont été assignés à témoigner. Et par ailleurs, je
le réitère, tous les ministres qui ont été assignés à la commission ont
témoigné. Il y a deux ministres qui ont été assignés : la ministre
responsable des Aînés ainsi que la ministre de l'Enseignement supérieur. Et la
ministre responsable des Aînés a même... est même sortie de son congé de
maladie parce qu'elle devait témoigner préalablement. Elle est tombée en congé
de maladie, elle s'est retrouvée en congé de maladie et, malgré cela, elle a
décidé de venir témoigner devant la commission de la coroner pour... par
respect pour les familles des victimes.
L'autre point qui est important, M. le
Président, en lien avec ce que nous dit le député de La Pinière, là, il nous
dit : Écoutez, le bureau est intervenu. C'est une demande d'accès qui est
formulée au Bureau de la coroner, puis il dit : Justice s'en est mêlée.
Bien non, c'est un organisme différent. C'est comme si, à l'époque où il était
ministre de la Santé, je lui aurais dit : Le ministère de la Santé est
intervenu à l'Agriculture. Je ne pense pas, là. Ce n'est pas le même ministère,
ce n'est pas le même organisme, ce n'est pas sous sa responsabilité. C'est
exactement la même chose. Donc, écoutez, on essaye de faire une histoire, mais
il n'y en a pas.
• (17 h 10) •
L'autre élément, le député de La Pinière
nous dit : Aïe! Il y a eu des échanges entre le Procureur général puis les
procureurs de la coroner. Bien oui, bien oui, les avocats, ils se parlent. Le
député de La Pinière, il a déjà eu recours à des avocats. Je suis convaincu que,
dans sa note de frais de ses avocats, il y avait discussions entre procureurs,
puis sûrement que ça lui a coûté cher, aussi, relativement aux discussions
qu'il y a eu entre procureurs. Mais effectivement les avocats, ils se parlent,
parce qu'en prévision d'une comparution ils discutent entre eux. On a eu deux
ministres qui ont été témoigner. Effectivement, les avocats du procureur
général ont eu des discussions avec les avocats de la coroner qui étaient
responsables de la commission d'enquête en lien avec le CHSLD Herron.
Effectivement. Mais il n'y a absolument aucune histoire là et il n'y a rien,
dans le document que vous avez déposé, qui démontre qu'il y a eu cinq ministres
qui ont été assignés. Vous tirez des inférences sur un bout de phrase qui n'est
pas cohérent avec l'ensemble et vous faites dire à ce mot-là, qui est pris hors
de son contexte...
Écoutez, moi aussi, je pourrais créer une
histoire, là. Je vais vous envoyer une demande, puis là vous m'avez répondu un
mot là, puis en disant : Ça veut dire ça. Bien non, ce n'est pas de même
que ça marche. Vous devez énoncer clairement ce que vous avez dans votre
document. Je comprends que vous voulez faire une nouvelle avec ça, mais
honnêtement il n'y a absolument rien. Il n'est pas indiqué dans le document
qu'il y a cinq ministres qui ont été assignés. Il est écrit qu'il y a eu cinq
assignations, il n'est pas écrit «cinq ministres différents», il n'est pas
écrit «cinq personnes différentes» non plus. Alors, ayez l'honnêteté de dire
véritablement ce qui se retrouve dans la réponse d'accès à...
Le Président (M.
Bachand) : ...
M. Jolin-Barrette : Bien, M.
le Président, on a commencé en disant : Vous êtes Procureur général, vous
êtes au courant de tout, votre bureau a traité la demande d'accès à l'information.
Bien non, la démonstration, on l'a faite très clairement que ça relève du Bureau
du coroner. Je n'ai jamais de contacts avec eux d'une façon hiérarchique, le Bureau
du coroner, il relève de la ministre de la Sécurité publique, puis en plus ils
sont indépendants. Je pense qu'ils sont nommés pour sept ans, M. le Président.
Le coroner, là, il a le pouvoir, en vertu, je crois, de la Loi sur le coroner
ou de la Loi sur les commissions d'enquête, d'assigner et de faire comparaître
devant lui pour poser toutes les questions qu'il souhaite. Et c'est ce que la
coroner a eu l'occasion de faire avec la ministre de l'Enseignement supérieur,
avec la ministre responsable des Aînés.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de
Chapleau, s'il vous plaît, pour une période de 13 min 55 s.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
Merci beaucoup, M. le Président. J'en profite pour vous saluer, saluer le
ministre, également l'ensemble des équipes, là, qui <l'accompagnent...
M. Lévesque (Chapleau) :
...saluer
le ministre, également l'ensemble des équipes, là, qui >l'accompagnent, des
visages familiers que ça me fait plaisir de retrouver, également les collègues
de l'opposition et les collègues de la banquette ministérielle.
J'aimerais peut-être entretenir le
ministre, M. le Président, sur un programme qui me tient à cœur
particulièrement, on l'a mentionné, là, un peu plus tôt, le programme témoin
enfant et autres témoins vulnérables. C'est une importante initiative, là, de
l'Outaouais, en fait, ce programme-là qui a été élaboré initialement, là, par
le Centre d'aide aux victimes d'actes criminels de l'Outaouais et ses
partenaires, puisque... à la suite de certains constats que plusieurs enfants,
en fait, avaient besoin d'accompagnement pour témoigner dans un contexte
judiciaire.
D'ailleurs, le ministère de la Justice
puis le ministre a reconnu le bien-fondé de ce programme-là puis il a même
accordé 2,1 millions de dollars de financement annuel récurrent au
réseau des CAVAC sur l'ensemble du territoire québécois. D'ailleurs, je tiens à
saluer et à féliciter Mme Kathleen Dufour, là, qui est la directrice
générale du CAVAC de l'Outaouais qui a développé ce programme-là. J'ai eu
l'occasion d'aller à sa rencontre, au CAVAC de l'Outaouais, puis elle m'a parlé
à quel point elle était heureuse de cette décision-là. Et elle a même eu
l'occasion d'aller faire rayonner ce programme-là du ministère de la Justice en
France. Donc, ça rayonne à l'international, ça a des échos partout sur la
planète. Donc, c'est très bien.
On le sait, M. le Président, que le
tribunal, ça peut être un endroit qui est très austère pour les personnes
victimes appelées à témoigner. Évidemment, elles doivent respecter des règles
qu'elles connaissent plus ou moins. Ça peut être très intimidant, surtout
lorsqu'on a vécu un traumatisme. C'est encore plus important, cette
sensation-là, chez les témoins qui sont vulnérables, lorsque le traumatisme
peut influencer de manière considérable leur capacité de témoigner. On pense
aux enfants mais on pense aussi, là, aux personnes victimes de violence
sexuelle ou de violence conjugale, évidemment. Puis le réseau, justement, des
CAVAC travaille, donc, fait le travail de préparation des témoins dans le but
de rendre ce témoignage-là, là, le plus normal, du moins, si on peut dire «normal»,
là, possible.
Donc, et évidemment, là, le programme a
pour but d'offrir une préparation et un accompagnement adaptés à la situation
des témoins vulnérables dans un dossier judiciaire qui est lié à une infraction
criminelle. Puis ce programme-là permet, là, aux témoins mineurs, là, comme je
le disais, d'améliorer leurs connaissances du fonctionnement de la cour, de les
accompagner dans la préparation du témoignage et évidemment, là, de les aider
avec leur confiance en eux-mêmes dans le cadre des interventions qu'ils vont
avoir à faire au tribunal. Et leur préparation, il s'agit d'une intervention
d'une durée, là, d'environ... de 25 et 30 heures, en comparaison avec un
adulte moyen, pour qui c'est... une période de quelques heures va pouvoir
s'avérer suffisante. Donc, pour ces enfants-là et ces témoins vulnérables là,
bien, ça leur permet d'être bien préparés, là, à ce niveau-là.
Puis d'ailleurs ma question au ministre,
M. le Président, là, traite de cet effet-là : Donc, où on en est avec le
déploiement, là, du programme, donc pour les enfants et les autres témoins
vulnérables? Et quels sont, là, les impacts, là, sur le terrain?
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le ministre,
s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Alors, écoutez, le Programme enfant témoin qui a été développé par le CAVAC de
l'Outaouais, c'est un excellent programme qui, justement, fait en sorte que les
enfants qui ont été agressés sexuellement, ils sont accompagnés par les
différents intervenants des CAVAC pour vraiment les outiller. Et on a financé
le programme pour qu'il soit étendu à la grandeur du Québec. Et également
Drummondville, le district de Drummondville, le CAVAC de Drummondville, eux
également l'ont implanté rapidement, suite à l'Outaouais. Alors, je pense que
c'est vraiment un beau succès.
Et d'ailleurs, ce qu'on a fait, lorsqu'on
a annoncé le financement pour l'ensemble du territoire québécois pour les
enfants, bien, on a également donné le mandat au réseau des CAVAC de développer
la même formation mais pour les adultes en situation de vulnérabilité, donc des
gens qui ont des enjeux de santé mentale, également les personnes qui sont
victimes de violence conjugale ou de violence sexuelle, également, pour qu'ils
aient la possibilité de suivre également la même formation.
Donc, c'est important de dire que les
intervenantes ne parlent pas directement des faits de la cause, ne parle pas de
l'agression, supposons, de l'agression sexuelle comme telle, mais vont parler
du déroulement, vont aller visiter les lieux, vont outiller la personne victime,
également, dans son propos. Parce que, vous savez, pour beaucoup de personnes,
la majorité des gens n'ont pas à aller en cour, n'ont pas à rentrer dans une
salle de cour, puis parfois le palais de justice, ça peut être intimidant, le
juge, ça peut être intimidant, les procureurs, ça peut être intimidant. Donc,
la personne va être appelée à aller visiter la salle de cour, expliquer le rôle
de tous et chacun. Et justement, le député de Chapleau le disait bien, <25
à 30 heures...
M. Jolin-Barrette :
...
rôle de tous et chacun. Et justement, le député de Chapleau le disait bien, >25
à 30 heures, donc, ça permet de bien renseigner la personne, de l'outiller.
Et aussi, lorsqu'on parle de l'accompagnement dans le processus du tribunal
spécialisé, bien, ça en fait partie, justement, pour que la personne soit mieux
accompagnée, mieux outillée pour son témoignage. Donc, lorsqu'on dit que l'État
sera là pour accompagner les personnes victimes, c'est une illustration
concrète.
Le Président
(M. Bachand) :M. le député de
Chapleau, s'il vous plaît.
M. Lévesque (Chapleau) : M.
le Président, j'aimerais peut être amener, pour la prochaine question, le
ministre sur la question d'un accomplissement qui nous est tous très cher,
honnêtement, là, au gouvernement, puis c'est vraiment important d'en parler à
ce moment-ci, là. Évidemment, le tribunal spécialisé en matière de violence
sexuelle et de violence conjugale, honnêtement, c'est une réussite qui rayonne
sur l'ensemble des collègues, parce que ça a été adopté à l'unanimité.
On se souviendra qu'en décembre 2020
le comité d'experts, là, sur l'accompagnement des personnes victimes
d'agression sexuelle et de violence conjugale avait déposé officiellement le
rapport Rebâtir la confiance, c'est un rapport qui a animé beaucoup,
beaucoup de nos travaux, là, ici à l'Assemblée nationale, et il y a plusieurs
collègues qui l'ont commenté puis qui l'ont travaillé également. Ça comportait
justement, ce rapport-là, M. le Président, vous en souviendrez, un chapitre qui
portait sur la mise en place d'un tribunal spécialisé en matière d'agression
sexuelle et de violence conjugale au Québec. Puis d'ailleurs le ministre de la
Justice a pris cette fameuse balle au bond puis il a annoncé, en février 2021,
la mise en place d'un groupe de travail spécialisé, là, en fait, qui était
composé, là, du ministère de la Justice, il y avait la Cour du Québec qui est
impliquée également, le Directeur des poursuites criminelles et pénales, le
ministère de la Sécurité publique, la Commission des services juridiques, le
ministère de la Santé et des Services sociaux, le Secrétariat aux affaires
autochtones, le Secrétariat de la condition féminine aussi.
• (17 h 20) •
Puis, il y a eu un rapport de ce groupe-là
de travail le 19 août 2001, ce qui a mené, là, on se souviendra, au
dépôt du projet de loi n° 92 qui était, en fait, la Loi
visant la création d'un tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et
de violence conjugale, qui a été déposé à l'Assemblée nationale le
15 septembre 2021. Et la loi, donc, en tant que telle, qui visait la
création du tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et de violence
conjugale a été adoptée à l'unanimité. Donc, c'est en l'honneur de tous les
parlementaires, évidemment, là... à l'honneur, c'est-à-dire, de tous les
parlementaires, qu'il a été adopté le 25 novembre 2021 puis
sanctionné cinq jours plus tard, le 30 novembre. Puis ça visait
principalement, là, évidemment, à rebâtir la confiance des personnes victimes
envers le système de justice, à leur offrir des services psychosociaux,
judiciaires intégrés et adaptés, et ce, dès le premier contact, là, avec un
service de police.
Puis les services, vraiment... les
personnes victimes, c'est-à-dire, bénéficient, là, d'aménagements davantage
sécuritaires au sein des palais de justice. Ça évite, évidemment, de croiser
l'accusé. Il y a des salles d'attente qui sont destinées à ces personnes-là. Il
y a même des toilettes qui sont réaménagées à cet effet-là. Ça les rend davantage
accueillants, là, les palais de justice, à ce niveau-là. Puis évidemment le
tribunal spécialisé prévoit, là, une offre de formation qui est continue, de
base et spécialité sur... et spécialisée, c'est-à-dire, sur les réalités
relatives à la violence sexuelle et la violence conjugale, pour l'ensemble des
intervenants dans ces dossiers-là.
On a eu évidemment, là, l'occasion de
travailler sur le projet de loi avec le ministre, lors de l'étude détaillée,
puis ça a été de fort bons échanges, fort pertinents, pour mener au meilleur
projet de loi possible. Et j'aimerais peut-être entendre le ministre sur quelle
différence cela va faire, quelle différence cela peut faire... ça fait,
actuellement.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le ministre, s'il
vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Écoutez,
c'est une évolution importante, le tribunal spécialisé, en lien avec avec la
justice criminelle au Québec. Ça faisait longtemps qu'il y avait des personnes
victimes qui s'exprimaient relativement aux malaises de la réceptivité du
système de justice criminelle, au Québec, et de l'accompagnement.
On doit le dire, là, M. le Président, dans
nos palais de justice, il y a énormément de personnes qui travaillent à
accompagner, à aider les personnes victimes. Je pense à tout le personnel
judiciaire qui est présent, au premier chef les constables spéciaux, les
greffiers, les agents de bureau, les directeurs de palais de justice. Ceux-ci,
là, ils font des pieds et des mains pour bien accompagner les personnes
victimes. Même chose au niveau des procureurs aux poursuites criminelles et
pénales, M. le Président. Les gens qui oeuvrent au Directeur des poursuites
criminelles et pénales, ils accompagnent les personnes victimes, écoutent leurs
histoires, les guident à travers le processus judiciaire au maximum de leur
capacité. Et je souhaite leur rendre hommage pour le travail qu'ils font, parce
que, si on est en mesure, justement, M. le Président, de mettre en place le
tribunal spécialisé, c'est en raison des différents <acteurs...
M. Jolin-Barrette :
...
Président, de mettre en place le tribunal spécialisé, c'est en raison des
différents >acteurs, des procureurs qui sont directeurs des poursuites
criminelles et pénales, du personnel administratif, également, qui est au
Directeur des poursuites criminelles et pénales, dans les différents palais de
justice, en termes d'accompagnement. Puis, je vais vous le dire, ce sont des
gens qui sont dévoués et qui ont à cœur leur mission.
Également, je tiens à souligner le travail
des intervenantes et des intervenants des Centres d'aide aux victimes d'actes
criminels, les CAVAC. Ces personnes-là travaillent en collaboration avec les
acteurs judiciaires du système de justice, avec les procureurs, également, aux
poursuites criminelles et pénales pour accompagner les personnes victimes, les
rencontres fixes, et c'est vraiment un travail d'équipe, les intervenants
psychosociaux, également, les organismes communautaires des différentes
régions. Alors, c'est grâce à l'ensemble des équipes qui sont présentes sur le
terrain qu'on réussit, M. le Président, à développer le tribunal spécialisé.
Mais, même avant le tribunal spécialisé,
M. le Président, il y a de l'excellent travail qui était fait. Est-ce que tout
était parfait? La réponse, c'est non. Mais on se retrouve dans une situation,
puis le député de Chapleau le disait bien, dans nos palais de justice, là, il y
en a plusieurs qui ont été construits en ne considérant pas la place de la
personne victime. Ce n'est pas normal, M. le Président, que la salle d'attente
des accusés soit en face du local des personnes victimes. Ou ce n'est pas
normal qu'en attendant le procès les gens soient assis dans la même salle
d'attente, face à face. Vous êtes victime de violence conjugale, là, vous avez
eu le courage de dénoncer et de porter plainte, puis vous vous retrouvez assis
dans la même salle, face à la personne, avant d'aller témoigner. Pensez-vous
que vous allez vous retrouver à l'aise? La réponse à cette question-là, c'est
non. Même chose pour la question des salles de bain. Vous avez été victime
d'agression sexuelle... Il faut faire en sorte que la personne victime, dans le
cadre de son témoignage, dans le cadre de sa journée à la cour, elle se sente
en sécurité, puis ça fait part également des lieux sécuritaires. Alors, je
tiens vraiment à remercier l'ensemble des acteurs du système de justice, M. le
Président, qui, au quotidien, font un travail important. Et on va réussir
également à aller plus loin avec la collaboration de tous.
Et je tiens à remercier également les
membres de la magistrature qui collaborent avec les différents projets pilotes.
Et c'est extrêmement aidant et facilitant, M. le Président, le fait que la
magistrature ait décidé d'embarquer dans le projet, M. le Président, pour
justement, en ce qui concerne leur bout de chemin, à la division spécialisée,
ils puissent avoir des rôles distincts, ils puissent fixer certains dossiers
par préférence, ils puissent faciliter les choses dans l'organisation
judiciaire.
Alors, je tiens à dire aux personnes
victimes : L'État vous a entendus, avec l'adoption du projet de loi n° 92, il y a des grands changements dans le système de
justice, on met la personne victime au cœur du processus. Et surtout, il faut
le dire et le répéter, la démarche d'une personne victime, ce n'est pas
uniquement le parcours et le processus judiciaire, il y a l'IVAC également qui y
est disponible, M. le Président, on a fait une réforme importante de l'IVAC.
Donc, lorsque la personne sera prête à aller devant la cour, à rencontrer le
procureur, à rencontrer les policiers, ils pourront le faire, à ce moment-là,
mais entre-temps il y a du soutien psychologique, du soutien financier qui est
disponible par l'IVAC.
Alors, je tiens vraiment à remercier
l'ensemble des acteurs qui se mobilisent. Et vous me permettrez de remercier
également Me Grenier, qui est sous-ministre associé à la Justice, et c'est sous
sa gouverne que le tribunal spécialisé se fait. Et je tiens à remercier
l'ensemble de son équipe, au sein du ministère de la Justice, ce sont des gens
qui travaillent extrêmement fort, qui ont travaillé sur le projet de loi, et là
qui déploient. Et je pense qu'on s'en va vers un beau succès pour les personnes
victimes, alors un grand merci, Me Grenier, à vous et votre équipe, c'est
grandement apprécié, toutes les heures qui sont mises à l'intérieur de ces
efforts-là.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le ministre.
Je me tourne maintenant vers l'opposition officielle pour un bloc de 20 min 17
s. M. le député de La Pinière, s'il vous plaît.
M. Barrette : Alors, M.
le Président, je vais terminer sur mon sujet. À un moment donné, les données
vont sortir. Alors, le ministre, est-ce qu'il peut nous affirmer, là,
aujourd'hui, là, qu'il n'y a pas eu d'entente de quelque nature que ce soit
entre ce bureau et celui de la coroner? Elle va déposer son rapport, la coroner,
à un moment donné, et là on va pouvoir poser des questions, puis il y aura des
réponses. Est-ce que le ministre peut nous affirmer aujourd'hui qu'il n'y a pas
eu d'entente particulière entre son bureau et le Bureau de la coroner, quant à
la comparution des ministres?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Jolin-Barrette : M.
le Président, le député de La Pinière, là, c'est comme s'il cherchait quelque
chose, il cherche un scandale, M. le Président. Malheureusement, il n'y a pas
de scandale. Il n'y a pas cinq ministres qui ont été assignés, M. le Président.
Ce que la réponse de la coroner Descary, elle dit, c'est qu'il y a eu cinq
assignations.
Il peut arriver, M. le Président, que <quelqu'un
fait...
M. Jolin-Barrette :
...
c'est qu'il y a eu cinq assignations.
Il peut arriver, M. le Président, que
>quelqu'un fait une assignation. Supposons, la partie qui veut assigner
un témoin, ça peut arriver qu'elle change, l'assignation. Ça pourrait arriver,
M. le Président, que la date du témoignage change. Probablement que le député
de La Pinière a déjà connu ça. Lorsqu'on va témoigner à la cour, là, ça arrive
que, finalement, c'est reporté. Bien, à ce moment-là, qu'est-ce qui arrive? Il
y a une nouvelle assignation qui est faite. Ça peut même arriver, M. le
Président, dans certaines circonstances, que ça ne soit même pas dans le même
palais de justice, ça ne soit même pas dans le même lieu, parce que des
auditions, M. le Président, se tiennent à différents endroits, à différents
moments. Ça arrive parfois que la salle n'est pas disponible puis ça amène une
nouvelle journée ou un nouveau lieu. Mais, votre assignation est disponible
pour, supposons, ce palais de justice là à cette heure-là, mais là, si ça ne
tient pas à cet endroit-là puis à cette date-là, nécessairement, il y aura une
nouvelle assignation.
Alors, le député de La Pinière dit et a
affirmé haut et fort à cette Assemblée : Il y a eu cinq assignations de
cinq ministres différents. Mais il n'a rien pour le démontrer, M. le Président,
et il n'est pas écrit ça sur la feuille qu'il nous a présentée. Il n'y a pas
dit que c'étaient cinq personnes différentes, il n'y a pas dit que c'étaient
cinq ministres, il n'y a pas dit que c'est un ministre différent, M. le Président,
ce n'est pas ce que la phrase dit. Puis honnêtement, M. le Président, le député
de La Pinière, là, il a lu pas mal de choses dans sa vie, là, et il connaît la
spécificité de chaque mot.
• (17 h 30) •
Mais, M. le Président, le député de La
Pinière, là, il a sûrement suivi assidûment ou le service de recherche du Parti
libéral a sûrement suivi assidûment les travaux de la coroner Kamel dans le
cadre de l'enquête publique qu'elle a tenue sur le CHSLD Herron. Il aura
probablement constaté également que les auditions ne se sont pas toutes tenues
dans le même lieu. Alors, je porte ces informations-là à l'attention du député
de La Pinière. Lorsqu'il affirme sans doute... bien, en fait, sans doute aucun
qu'il y avait cinq ministres qui ont été assignés, et il l'affirme, là, et il
dit : Le document dit ça, moi, quand je lis le document, ça ne dit pas ça.
Mais lui, il est sûr, sûr, sûr de cette certitude-là. Moi, honnêtement,
j'envie, M. le Président, les gens comme ça, qui sont tellement sûrs de leurs
affaires, qu'ils n'ont aucun doute, comme semble le présenter le député de La
Pinière.
Alors, manifestement, on est dans une
situation, M. le Président, où le député de La Pinière tente de créer une
histoire, tente de dire que le Procureur général a empêché des ministres
d'aller témoigner, ce qui n'est pas le cas. Les gens qui ont été assignés, ils
ont comparu, ils ont témoigné. Et, si la coroner avait voulu entendre, assigner
d'autres personnes, elle les aurait assignées. Il n'y a absolument rien là, M.
le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de La
Pinière.
M. Barrette : M. le
Président, je n'envie pas, je n'ai jamais envié les gens qui déformaient la
réalité...
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de La Pinière, on
fait attention, on fait attention dans nos mots.
M. Barrette : Oui, je fais
très attention à ce que je dis, M. le Président, parce que je n'ai pas compté,
parce qu'il y en avait trop, le nombre de fois où j'aurais pu invoquer
l'article 35. Je n'ai pas affirmé qu'il y avait cinq ministres. J'ai même
consenti à l'argument que je faisais une inférence. J'ai demandé au ministre de
me faire la preuve du contraire, et il ne le fait pas. Il passe son temps, le
ministre, à dire : Il a dit ça, il affirme ci, il affirme ça, il cherche
un scandale, ta, ta, ta.
Le ministre est sur la défensive, on le
connaît. On connaît son niveau d'estime de lui-même, hein? Je pose des
questions très simples, mais d'une grande simplicité, qui, pour la plupart, se
répondent par oui ou par non. C'est ça, la réalité. Mais le ministre, lui, là,
il faut qu'il ait le dernier mot, quitte à, oui, M. le Président, puis même si
vous me demandez de le retirer, je ne le retirerai pas, à déformer mes propos.
Il a affirmé que j'avais affirmé a, b, c, d. Ce n'est pas le cas. Qu'il relise
le verbatim, il aime ça, lire, peut-être que ça va l'endormir, le soir, je ne
le sais pas.
Mais je peux dire une chose, par exemple,
je peux dire une chose, c'est comme quand il a perdu dans sa cause devant les
juges, il ne sait pas lire sa propre loi puis il se fait planter. Ce qu'il fait
là, s'il était un témoin dans une cour... en fait — ce qu'il fait là! — ce
qu'il fait depuis des heures...
17 h 30 (version révisée)
M. Barrette : ...témoin dans
une cour, en fait, ce qu'il fait là, ce qu'il fait depuis des heures, là, ça
serait totalement discrédité, le juge ne le croirait pas.
Alors, moi, M. le Président, là, il y a
quelques instants, j'ai posé une question, là, bien simple. Et là il m'a
répondu par une histoire... toujours des histoires qu'il conte, le ministre,
puis ses collègues aussi, j'en ai entendu une couple, là, faire de
commentaires. La réalité, M. le Président, là, j'ai posé une question, c'est
oui ou c'est non. Donc, quand le rapport va être publié et qu'à ce moment-là on
aura accès aux renseignements, le ministre peut-il nous affirmer qu'on n'aura
jamais d'information à l'effet qu'il y aura eu cinq ministres d'assignés?
Est-ce qu'il est capable de dire ça? Est-ce qu'il est capable de dire ça?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Barrette : Très bien.
Alors, M. le Président, je vais poser une autre question bien simple. Le
ministre a fait souvent référence au fait que j'ai déjà été ministre et que des
procureurs... on parlait, là. Est-ce qu'il... Dans la demande d'accès à l'information
qu'on a faite, on parle clairement d'échanges, et, dans la réponse, il y en a
eu entre son bureau, les procureurs du bureau du Procureur général du Québec,
et les procureurs de la coroner. Moi, là, dans mon expérience passée, les
ministères ont leurs procureurs. Le procureur, le ministre, il n'est pas dans
des échanges comme ça. Là, le ministre va me dire que tous les procureurs
appartiennent à la Justice. C'est ça qu'il va me dire. Je le sais qu'il va me
dire ça. Mais, dans les dossiers que moi, j'ai eu à traiter, à ma connaissance,
à moins que je n'aie pas la connaissance de tout, ce qui est possible, on ne se
promène pas avec des échanges avec le Procureur général du Québec.
Alors, en quoi est-il normal que son
bureau ait des échanges avec les procureurs de la coroner? Ce n'est pas une question
de préparation des ministres, là, ils ont leur gang, eux autres, là, là, pour
se faire préparer. C'est comme si le procureur général, le ministre avait
encadré certains témoignages. Et là, M. le Président, j'en prends témoin la...
Le Président (M.
Bachand) :...à M. le ministre de la
Justice, là. Faites très, très, très attention, là.
M. Barrette : Oui, mais, Mme
la Présidente... M. le Président, je m'en vais vous dire pourquoi je le dis. M.
le Président, vous allez comprendre. Ça, c'est dans les archives. La coroner, à
plusieurs reprises, a fait référence... a fait souvent le commentaire suivant :
Il faut que je fasse attention au privilège parlementaire, elle a dit ça, il
faut que je fasse attention. Et là on apprend qu'il y a eu plein, plein d'échanges
entre son bureau et les procureurs de la coroner. Il faut que je fasse
attention. O.K. Moi, ça m'a l'air de quelqu'un qui conseille quelqu'un d'autre
pour s'assurer de certaines choses. Le ministre peut-tu jeter un éclairage
neutre là-dessus, factuel, sans commentaires désobligeants? C'est-tu faisable
pour lui, ça, M. le Président?
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de La Pinière, je
vous demande, vous connaissez les règles parlementaires, de faire attention vos
propos. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, ça
me surprend un peu parce que je pensais qu'on avait développé une belle
relation parlementaire, lui et moi, dans le cadre du projet de loi n° 96. Puis je l'ai dit, ça m'attriste beaucoup qu'il
quitte. Je trouve qu'il a bien servi le Québec. Et c'est toujours triste de
perdre un collègue estimé, même si on n'est pas d'accord sur tout. Mais je sais
bien que le collègue de l'opposition fait son travail de l'opposition, il y a
différentes façons de le faire, mais moi, je le trouve très obligeant, presque
en toutes circonstances.
Cela étant, le rôle du procureur général,
il est multiple. Je vous donne un exemple. Vous avez fait référence... mais, en
fait, le député de La Pinière a fait référence, M. le Président, à son
expérience passée de ministre de la Santé. Donc, il est vrai qu'au sein du
ministère de la Santé il y a une direction des affaires juridiques du ministère
de la Santé. Les avocats qui sont présents, dans le cadre de cette
direction-là, donnent notamment des avis, des conseils juridiques au ministre
en question, donc le ministre de la Santé, également rédige la législation. Le
ministre de la Santé de l'époque, le député de La Pinière, a eu l'occasion de
déposer deux importants... volumineux projets de loi, notamment le projet de
loi n° 10, le projet de loi n° 20.
Alors, les légistes se retrouvent parfois au sein des ministères. Parfois, ce
sont des équipes multiministères, si je peux dire, donc l'équipe de légistes.
L'autre élément qu'il est important de
comprendre, au sein de l'État québécois, donc pratiquement tous les ministères
ont des directions d'affaires juridiques. Il y en a certaines qui sont
conjointes. Je crois qu'Éducation et Culture, c'est conjoint...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : O.K.
Éducation et Culture, c'est conjoint. À la Santé, c'est indépendant. Et,
lorsqu'il y arrive un litige, donc, le procureur général, donc là, à ce
moment-là, c'est <le contentieux...
M. Jolin-Barrette :
...Éducation
et Culture, c'est conjoint. À la Santé, c'est indépendant. Et, lorsqu'il y
arrive un litige, donc, le procureur général, donc là, à ce moment-là, c'est >le
contentieux. Donc, Procureur général du Québec, il a un contentieux avec deux
chefs-lieux distincts, si je peux dire, Québec et Montréal. Donc, eux, ce sont des
avocats qui sont des avocats plaideurs. Donc, ceux-ci vont travailler en
collaboration avec les différentes directions des affaires juridiques. Donc, en
l'occurrence, au ministère de la Santé, les avocats de la direction des
affaires juridiques vont travailler en collaboration, supposons que le dossier
est introduit à Québec, avec des avocats du Procureur général du Québec, qui
prennent le dossier parce qu'il est litigieux. Donc, à partir du moment où ça
se retrouve devant la cour, l'équipe de la direction des affaires juridiques du
ministère concerné va appuyer les avocats plaideurs, qui, eux, vont aller faire
les représentations. Alors, les avocats plaideurs relèvent du ministère de la
Justice également, mais sont dans une direction distincte, si je peux dire, et
se retrouvent au contentieux du Procureur général du Québec.
Donc, dans le cadre des comparutions qui
ont lieu devant la coroner Kamel, le Procureur général du Québec était
représenté, effectivement, par des avocats du Procureur général du Québec,
comme toutes les parties intervenantes qui étaient représentées devant la
coroner Kamel. Vous aviez des avocats qui représentaient les syndicats, vous
aviez des avocats qui représentaient les personnes victimes, vous aviez des
avocats qui représentaient la coroner Kamel, donc il y avait plusieurs
intervenants qui étaient présents. Et c'est tout à fait normal que, dans une
commission d'enquête comme celle-ci, il y ait des discussions entre les
différents procureurs en lien avec les enjeux, la preuve présentée et les
différents éléments.
• (17 h 40) •
M. Barrette : Dernière
question, M. le Président. Est-ce qu'il y a eu des comparutions à huis clos, à
la connaissance du ministre?
M. Jolin-Barrette : À ma
connaissance, non, je ne crois pas qu'il y ait eu des comparutions à huis clos.
Mais je pourrais faire la vérification.
M. Barrette : Bien, je
souhaite, M. le Président, qu'il la fasse et qu'il nous en informe.
M. Jolin-Barrette : On
me confirme qu'il n'y a pas eu de comparution à huis clos.
M. Barrette : Très Bien.
M. le Président, si vous me le permettez, je vais passer la parole à ma
collègue la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée, s'il vous
plaît.
Mme Weil : Merci, M. le
Président, merci. Je salue le ministre de la Justice, son équipe. Moi, ma
question, ça porte sur la Commission des droits de la personne. Donc, je me
demandais si je pouvais poser des questions à M. Tessier.
Le Président (M.
Bachand) :...consentement préalablement.
M. Jolin-Barrette : ...sous
réserve de la question, peut-être que je vais y répondre, peut-être que ce sera
Me Tessier.
Mme Weil : Bien, ça
concerne une préoccupation qui est exprimée, c'est... En fait, je suis bien
contente que le ministre de la Justice s'intéresse parce que ça concerne les
tribunaux, les droits des enfants. Et il y a deux articles qui sont sortis, un
au mois de février, un autre tout récemment, où il y a une perception, je
dirais ça comme ça, une perception que la Commission des droits de la personne
se désiste, et ça inquiète les avocats. Et c'est des avocats qui s'expriment
deux fois là-dessus. J'ai eu l'occasion de parler avec le président de la Commission
des droits de la personne, qui m'a expliqué dans quelles circonstances la Commission
des droits de la personne intervient, et c'est dans des cas de lésion de droit
ou, si la question de lésion de droit est défendue par un autre, la commission
se retire. Et le président de la Commission des droits de la personne a même
publié une explication.
Moi, ce qui m'inquiète, c'est que, bon,
là, l'article revient, et c'est préoccupant parce que, quand on lit les
manchettes, on voit encore que des avocats, qui sont devant les tribunaux
souvent avec des cas extrêmement difficiles, pénibles, crève-coeur... Et c'est
sûr que la commission, avec tout son expertise, son bagage, etc., ils se
sentent appuyés. Même des juges regrettent le fait, parfois, quand la
commission se retire. Mais c'est bien expliqué par la Commission des droits de
la personne.
Moi, où je voulais en venir, c'est :
je trouve ça un peu malsain, le mot est peut-être un peu fort, mais peut-être
que le Barreau, la Commission des droits de la personne, puisse rendre ça plus
clair pour des avocats qui sont pratiquants en matière de protection de la jeunesse.
Je trouve ça déstabilisant de voir que, malgré cette intervention, ce n'est pas
encore compris. Alors, ça peut laisser l'impression, dans la société en
général, les familles, tout le monde... et ça laisse l'impression que la Commission
des droits de la personne se désiste. En commission parlementaire, deux
représentants de la commission sont venus s'exprimer pour bien <expliquer
les choses...
Mme Weil :
...deux
représentants de la commission sont venus s'exprimer pour bien >expliquer
les choses, Mme Martin et Mme Gauvreau, c'était sur l'étude du projet
de loi n° 15, ont expliqué les circonstances. Alors,
je voulais revenir sur la question pour voir : Est-ce qu'il y a une
stratégie? Est-ce que la commission penserait qu'il pourrait y avoir une
stratégie qui irait dans le sens d'une rencontre dans un premier temps, faire
en sorte que tous soient sur la même page? Mais aussi, j'aimerais revenir...
Parce que, souvent, les gens parlent de chien de garde. Le mot revient souvent.
Dans les manchettes aussi, tout le monde veut un chien de garde. La commission
Laurent a recommandé le poste de commissaire, et le ministre d'ailleurs, le
ministre responsable, commence un chantier de travail sur ça, je pense, c'est
cet été ou en septembre, sur le rôle du commissaire, mais j'aurais voulu
aussi... parce que la Commission des droits de la personne, certains se sont
aussi prononcés sur cette dimension fort importante. Et on verra... Et j'aurais
aimé voir la vision de la Commission des droits de la personne, parce que,
souvent, on dit que c'est la Commission des droits de la personne qui joue ce
rôle de chien de garde. Et d'ailleurs, la commission l'a répété quand ils sont
venus en commission parlementaire pour dire que, oui, on continue à jouer ce
rôle de chien de garde, mais c'est vraiment dans des circonstances
particulières et c'est ça qui ne semble pas être bien compris. Donc, c'est de
ça que je voulais échanger.
Mais je suis contente, d'ailleurs, M. le
ministre... M. le Président, que le ministre, d'ailleurs, soit sensible à cette
question parce que c'est les tribunaux de la justice, hein, c'est la division chambre
de la jeunesse, et tout le monde a à cœur le bien-être des enfants. Tout le
monde est ébranlé quand on voit des manchettes comme ça. Moi, je l'ai été la
première fois, et le président m'a appelé pour clarifier les choses et, par la
suite, a publié, donc, une réponse. Alors, c'était pour échanger, pour voir
comment il voit la chose et qu'est-ce qu'il aurait... et, dans leur opinion,
qu'est-ce qu'il y aurait à faire pour stabiliser un peu tout le monde autour de
cette question. Et est-ce que ça dénote autre chose, cette anxiété, cette
crainte que les avocats ont? Est-ce qu'il y a peut-être une perception qu'il
faut renforcer à quelque part la représentation des enfants?
Mme Laurent nous a dit en commission
parlementaire, a dit : Je sais que tout le monde souhaite un chien de
garde puis qu'ils voient que la commission, ce commissaire, serait le chien de
garde, mais elle a dit : Ce n'était vraiment pas dans notre vision. Elle l'a
dit avec nous, mais je pense qu'on verra avec le ministre les réflexions qu'il
fera dans la prochaine session et je pense qu'il va commencer le travail cet
été. Donc, je trouvais que le moment était propice pour parler avec...
publiquement avec la Commission des droits de la personne parce que c'est un
enjeu qui touche toute la société, finalement.
Le Président (M.
Bachand) :Il reste 45 secondes dans
ce bloc. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, peut être qu'on va répondre sur l'autre bloc, mais je tiens à
remercier la députée de Notre-Dame-de-Grâce pour sa contribution au projet de
loi n° 15. Je pense qu'elle a à coeur l'intérêt des
enfants aussi au niveau de la protection de la jeunesse. Je vais peut-être
céder la parole sur le temps qu'il reste au président de la commission.
Le Président (M.
Bachand) :Me Tessier,
30 secondes. Désolé.
M. Tessier (Philippe-André) : ...en
30 secondes, c'est absolument impossible de répondre à toutes les
considérations que la députée a évoquées. Simplement pour dire que les articles
rapportés, les deux, ce sont les mêmes dossiers. Les mêmes dossiers dont on
parle ont été rapportés à deux périodes différentes, en février et vendredi
dernier, mais ce sont les mêmes dossiers dont on parle. Et, effectivement, là,
là-dessus, et je prends la balle au bond de ce que la députée a dit, M. le
Président, c'est sûr et certain qu'un des rôles de la commission, c'est de bien
expliquer notre rôle, notre contribution, et puis on espère pouvoir le faire
dans un autre bloc, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Bon, il nous reste encore du
temps en commission. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve pour 15 min 10 s,
s'il vous plaît.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. En fait, je continuerais avec la permission du ministre sur le même
sujet, j'avais la même question. Donc, on pourrait vous laisser... il y a
peut-être l'occasion de rebondir. Il y avait Mylène Moisan qui a écrit une chronique,
puis je vous cite juste un paragraphe puis je vous donne la parole, Me Tessier.
Elle dit : «Jusqu'à maintenant, il arrivait que la commission s'implique
dans des dossiers ou une direction de la protection de la jeunesse était
poursuivie pour avoir manqué à ses obligations. De l'avis de l'avocate Valérie
Assouline, qui a vu la CDPDJ se retirer de deux de ses dossiers, la présence de
l'organisme faisait une réelle différence.» Citation : «Quand ils
prenaient un dossier, ils arrivaient plus facilement obtenir des informations,
par exemple, les notes évolutives. Ils faisaient un travail de fond,
retournaient toutes les pierres et ça menait parfois à des renversements de
décisions». Fin de citation. Voulez-vous élaborer, là, sur ce que vous aviez
commencé à avoir comme réponse?
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Me Tessier, s'il
vous plaît.
M. Tessier (Philippe-André) : Oui,
tout à fait. Alors, merci pour la question. Donc, essentiellement, ce qu'il
faut comprendre, c'est la chose suivante. Le rôle de la commission, c'est un
rôle qui se veut <administratif...
M. Tessier
(Philippe-André) :
...essentiellement, ce qu'il faut
comprendre, c'est la chose suivante. Le rôle de la commission, c'est un rôle
qui se veut >administratif, d'enquêtes administratives. C'est le premier
rôle de la commission en matière jeunesse. Pour donner une idée aux députés ici
présents en cette Chambre, il y a 10 ans, la commission faisait 50 %
moins d'enquêtes. On a doublé le nombre d'enquêtes en matière jeunesse dans les
10 dernières années qu'on fait.
Pourquoi je vous parle d'enquêtes? C'est
parce qu'il faut comprendre que, dans le système de justice, qui est régi par
la LPJ, la Loi sur la protection de la jeunesse, il y a deux paliers. Il y a la
Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse et il y a la chambre
de la jeunesse, qui est une division de la Cour du Québec, comme vous le savez.
Et les deux ont des rôles complémentaires, mais distincts.
Et il est... il faut bien comprendre... et
j'avoue que c'est peut-être des technicalités juridiques qui mériteraient
d'être encore mieux expliquées et mieux comprises, et ça, je vous le dis, je
reprends la balle au bond de la suggestion de la députée de
Notre-Dame-de-Grâce, c'est une excellente suggestion, et c'est d'ailleurs un
des projets qu'on a pour les prochains mois, c'est de faire, justement, une
tournée auprès des intervenants jeunesse justice pour bien clarifier les rôles
de tous et chacun et bien comprendre les interventions de la commission puis
notre rôle. Alors, cet engagement-là, je le prends devant vous, parce que c'est
un des projets que l'on a comme commission.
• (17 h 50) •
Ce que je veux dire également aussi, c'est
que, quand on parle d'enquêtes administratives, il faut savoir que ces enquêtes
administratives là, le délai moyen pour l'année 2021-2022, donc l'année
qui vient, pour l'étude des crédits qu'on regarde aujourd'hui, il s'agit d'un
délai de moins de quatre mois, de délai d'enquêtes administratives à la
commission, et 90 % de nos dossiers se terminent après un consentement,
donc après une entente avec le DPJ, qui s'engage à mettre des mesures en place.
Donc, c'est sûr et certain que, lorsqu'on parle des dossiers qui se
judiciarisent, là, on parle de la petite pointe d'iceberg du travail qui est
effectué par les équipes dévouées de la commission depuis, là, évidemment... depuis
la création de la commission. Et c'est sûr et certain que ces quelques
300 dossiers d'enquête là, bien oui, ils mettent en cause des questions
qui sont du respect des droits.
Et l'autre chose aussi qui entraîne
souvent une confusion dans l'esprit du public, il y a une... Et d'ailleurs,
cette confusion-là, elle est tellement réelle... ce que la députée décrit est
tellement réel que la commission a senti le besoin de faire une campagne
publicitaire en ligne, elle est disponible, elle est d'ailleurs... on en fait
état dans l'étude des crédits, pour bien expliquer, avec les capsules... tu
sais, des capsules Web assez courtes, c'est quoi, la différence entre la DPJ
puis la CDPDJ. O.K.? Parce qu'encore une fois il y a une confusion.
Et ce qu'il faut comprendre, c'est que
c'est la DPJ, la direction de la protection de la jeunesse, qui a le mandat, en
vertu, encore une fois, de la Loi sur la protection de la jeunesse, d'agir en
protection. Nous, comme commission, on agit lorsqu'il y a non-respect des
droits. On appelle, dans le jargon, une lésion de droit. O.K.? Mais on n'agit
pas en protection. Et donc, par exemple, si un droit garanti par la LPJ...
c'est le droit de communiquer avec... pour l'enfant, avec la fratrie, la
famille, si ce droit-là est non respecté, la commission agit. Mais, comme je
vous le dis, dans 90 % des dossiers en 2021-2022, lorsque la commission
est intervenue suite à une demande d'intervention, la DPJ a consenti et a
rétabli les contacts. Donc, on ne judiciarise pas un dossier quand la DPJ
dit : Oui, c'est bien, vous avez raison.
Le Président (M.
Bachand) :Merci, Me Tessier. M. le
député, s'il vous plaît.
M. Leduc : Merci pour la
réponse détaillée. Vous avez dit, dans votre réponse, qu'il y a deux fois plus
de cas maintenant qui est géré par votre commission. Est-ce que, si vous aviez
davantage de ressources, vous seriez capables d'être tout aussi présents, comme
le souhaite la chroniqueuse, Mme Moisan, par exemple?
M. Tessier
(Philippe-André) : ...puis c'est une des questions qui avait été
regardée par la commission Laurent, c'est une question de quels sont les
différents pouvoirs et outils qu'on veut donner à une commission qui vient
défendre le droit des enfants, comme la commission, nous le faisons, je vous le
dis, depuis 1976, depuis la création de la commission. Il faut comprendre que
nous sommes intervenus dans le courant de la commission Laurent. Nous sommes intervenus
dans le cadre de p.l. n° 15 pour proposer des
amendements, proposer des bonifications à notre rôle, par exemple le fait
d'être... d'obtenir toutes les significations des dossiers en lésions de droit,
ce qui n'est pas tout à fait le cas encore aujourd'hui. Donc, il y a des
améliorations très concrètes à apporter pour venir bonifier la protection dont
bénéficie... puis le mandat dont la commission bénéficie.
Pour ce qui est des ressources,
maintenant, vous avez parlé... on a doublé le nombre de dossiers d'enquête.
Dans les cinq dernières années, on a aussi doublé l'équipe jeunesse à
l'intérieur de la commission. C'est sûr et certain que ce mandat-là, il est au
cœur de nos préoccupations. Et, oui, on pourrait en faire plus, effectivement,
si on avait des mandats, mais encore faut-il bien appliquer ceux que l'on a,
bien les faire comprendre, et c'est à ce quoi on s'emploie. Maintenant, si...
et puis c'est à ça que la commission Laurent nous invite, c'est revoir ces
compétences-là, revoir c'est quoi, les mandats que l'on a. Et ça, dans ce
sens-là, évidemment, la commission, on est partie prenante. Et je termine en
rappelant aux membres de cette commission l'importance de l'ensemble des
acteurs. Et ça, la commission, là, c'est ce qu'on a dit dans <notre
mémoire...
M. Tessier
(Philippe-André) :
...aux membres de cette commission,
l'importance de l'ensemble des acteurs. Et ça, la commission, là, c'est ce
qu'on a dit dans >notre mémoire à la commission Laurent, c'est ce qu'on
a dit sur toutes les tribunes, dans nos rapports d'enquête, tant individuels
que systémiques, c'est qu'il ne faut pas voir la protection jeunesse comme
étant un enjeu de DPJ. C'est trop réducteur. L'histoire, toutes les enquêtes,
toutes les commissions d'enquête, les enquêtes que nous faisons, mais des tiers
font, ce qu'on constate, c'est que lorsqu'il y a des situations problématiques,
plusieurs acteurs sont impliqués, pas seulement la DPJ. Et une des
recommandations fortes qu'on a faite à la commission Laurent, c'est de faire en
sorte qu'il faut asseoir ces acteurs autour de la table.
Le Président (M.
Bachand) :Merci, Me Tessier. M. le
député, s'il vous plaît.
M. Leduc : Merci. J'ai
une dernière question pour vous, M. Tessier, Me Tessier, j'aimerais
vous entendre sur l'affaire Mike Ward. Vous avez annoncé il y a quelque temps,
là, qu'il y aurait probablement certains dossiers qui seraient fermés suite à
la décision de la Cour suprême sur l'affaire Mike Ward. En quelques secondes, le
plus condensé possible, comment vous pourriez nous résumer votre action par
rapport à ça? En quoi la décision vous fait fermer des dossiers à la
commission?
M. Tessier
(Philippe-André) : Donc, la commission était devant la Cour suprême et
la Commission des droits de la personne, donc, représentait la victime ici, qui
s'appelle Jérémy Gabriel. Et évidemment, la commission a perdu la cause devant
la Cour suprême. Ce que la majorité de la Cour suprême est venue imposer, c'est
un recadrage, un recentrage de la compétence d'enquête de la commission et du Tribunal
des droits de la personne par le fait même, parce qu'on fait partie d'un
système intégré de droits de la personne, et ce recentrage-là, en gros, c'est
qu'on vient... ce que la Cour suprême, la majorité est venue dire, c'est qu'il
y a des propos isolés qui ne sont pas rattachés à un autre droit prévu à la
charte, soit en matière de harcèlement ou les autres droits prévus à la charte,
droit, par exemple à un emploi, ou droit à un service ou accès à un lieu. Si
ces propos-là ne sont pas rattachés à un autre droit, la commission est sans
compétence pour entendre... pour traiter ces dossiers-là et les porter devant
le Tribunal des droits de la personne. Les parties victimes de propos, et je le
précise, c'est 80 % de ces dossiers-là, c'est des propos racistes. Et le
deuxième motif, à 10 %, c'est des propos homophobes. Ce que la Cour
suprême est venue dire, c'est que ces gens... ces victimes de propos racistes
et de propos homophobes, malheureusement, doivent se tourner devant les
tribunaux civils et ne peuvent plus bénéficier de l'assistance de la commission
dans ces dossiers-là.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup.
M. Leduc : C'est très
clair, merci. Merci beaucoup. Prochaine question, si le ministre le permet, à
Me Michel du DPCP. On a connu, dans les derniers mois, toutes sortes de
sagas alentour de la corruption, des dossiers qui ont été fermés, le retrait de
certaines enquêtes. Et, dans le cadre de cette discussion, de ce débat de
société alentour de la lutte à la corruption, il y a votre collègue, le
commissaire de l'UPAC, M. Gaudreault, qui a fait une sortie assez
intéressante, en fait, où il disait : Les règles de droit, en particulier
les enquêtes, sont trop strictes, sont trop complexes. Il faut réviser ça. Il
est allé chercher des appuis, notamment en Colombie-Britannique. Il dit qu'à
l'international, quand il rencontre des vis-à-vis, entre autres les Américains,
ils disent qu'on se met trop de barrières nous-mêmes pour aller chercher les
criminels en col blanc. Qu'avez-vous pensé... si le ministre le permet, bien
sûr, qu'avez-vous pensé de cette sortie de M. Gaudreault? Est-ce que, sur
le fond, il a raison de soulever ces questions-là?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Juste avant de céder la parole à Me Michel, effectivement, les règles de
preuve puis la jurisprudence ont alourdi le processus, notamment pour le
poursuivant public. Et on invite le législateur fédéral également à revoir le
Code criminel dans certaines circonstances. Mais je vais céder la parole au Directeur
des poursuites criminelles et pénales.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Me Michel, s'il
vous plaît.
M. Michel (Patrick) :
Merci, M. le ministre. Merci, M. le Président. Alors, merci, M. le député
pour votre question. Ce que j'ai pensé, en fait, de cette sortie, on n'a pas
analysé l'opportunité de toute et chacune des propositions mises de l'avant par
le commissaire. Il faut comprendre, en vertu de notre loi constitutive, on est
au service exclusif... on peut donner du conseil au législateur dans
l'élaboration des politiques législatives, mais ces conseils-là, on les
réserve, en fait, au procureur général. Alors... Et, nous, bien, évidemment,
vous savez, qu'on doit appliquer la loi telle qu'elle est aujourd'hui.
Ceci étant dit, notre expérience nous
permet de faire certains constats, de partager certains des constats de
M. Gaudreault. Un, entre autres, sur lequel je me permets de m'avancer ou
de me prononcer un peu plus avant... sur la question des sentences.
M. Gaudreault a fait des commentaires au sujet des peines en matière de
corruption qui sont, en fait, des peines maximales de cinq ans. Une chose que
je pense qu'on peut tous constater et, moi, sans donner nécessairement une
opinion d'opportunité là-dessus compte tenu de mon <devoir de réserve...
M. Michel (Patrick) :
...une
chose que je pense qu'on peut tous constater et, moi, sans donner
nécessairement une opinion d'opportunité là-dessus compte tenu de mon >devoir
de réserve, je pense qu'on peut tous constater que les ressources qu'on a à
investir, tant les ressources policières que les ressources judiciaires que les
ressources de la poursuite qu'on a à investir dans ce genre de dossier là pour
des peines qui sont potentiellement, objectivement pas très élevées, je peux au
moins constater que ces peines-là ne reflètent plus la gravité que la société
accorde à ces infractions-là, et certainement pas non plus les ressources que
l'État doit y consacrer, tant en termes d'enquêtes qu'en termes de procédures.
M. Leduc : Donc, si
j'interprète, un constat pas si éloigné de ce que M. Gaudreault a dit, ça
ne va pas super bien. On n'a pas tous les outils idéaux pour progresser dans
ces dossiers-là. Maintenant, je comprends que vous dites : On conseille le
procureur général, donc vous n'avez pas nécessairement à parapher la position
de M. Gaudreault aujourd'hui. Donc, je me tourne vers le procureur
général. Pouvez-vous nous mentionner les conseils que vous avez reçus du DPCP à
ce sujet?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, ça
fait partie de la discussion que nous avons. Mais, très certainement, il doit y
avoir une actualisation du Code criminel. Écoutez, la criminalité, là, elle
s'est transformée au cours des années. Puis il y a beaucoup d'articles dans le
Code criminel qui datent de plusieurs années et qui n'ont pas été actualisés.
• (18 heures) •
C'est important dans notre système de
respecter les droits des accusés. Tout le monde est d'accord avec ça. Par
contre, au fil du temps, la jurisprudence s'est développée et l'alourdissement
du fardeau à rencontrer pour le poursuivant public, il est important. Alors, la
question qui se pose comme société, là... Dans le fond, la justice criminelle
et pénale, elle est présente dans notre système pour réparer un tort causé à la
collectivité, donc un comportement répréhensible qu'on ne souhaite pas dans
notre collectivité, dans notre société. Puis ça, c'est la responsabilité du
législateur fédéral. Nous, dans le fond, ce qu'on fait, c'est qu'on prend le
Code criminel, puis les procureurs agissent. Mais si on ne leur donne pas les
outils pour lutter contre ces infractions criminelles là, c'est comme parfois
s'ils avaient une main attachée dans le dos. Donc, vous comprendrez avec moi
que moi, je suis bien en faveur de détacher la main dans le dos pour que les
procureurs aux poursuites criminelles et pénales aient les outils pour
poursuivre les infractions qui sont à l'encontre de la société et qu'on puisse
obtenir...
Le Président (M.
Bachand) :...député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : J'apprécie
beaucoup la réponse, puis j'ai peut-être manqué un but de revue de presse à
l'époque, mais quand c'était sorti, je n'avais pas vu que le gouvernement avait
pris position alentour des suggestions de M. Gaudreault. Là, j'entends que
vous adhérez grosso modo à sa lecture et à sa recommandation de modifier le
Code criminel. C'est ce que vous venez de dire, on invite le législateur
fédéral à modifier le Code criminel. J'en suis ravi, puis, en fait, je tendrais
la main à M. le ministre. On s'est un peu crêpé le chignon tantôt, on va finir
sur une belle note. Est-ce que... ne devrions-nous pas préparer une motion
ensemble, une motion sans préavis qu'on enverrait au gouvernement fédéral pour
démontrer que l'entièreté de cette chambre de l'Assemblée nationale prend très
au sérieux les commentaires de M. Gaudreault et les incapacités que nous
avons d'arriver avec des résultats dans la lutte à la corruption, pour qu'on
ait vraiment une voix unifiée du Québec à ce sujet?
Le Président (M.
Bachand) :Une minute, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Moi, je
suis très ouvert à la proposition du député d'Hochelaga-Maisonneuve. J'apprécie
sa proposition. Très certainement, on va travailler également en collaboration
avec le gouvernement fédéral pour amener les points du Québec, effectivement,
mais pour lutter contre ce type d'infraction là, effectivement, ça prend une
modernisation de nos règles. J'ai l'occasion de travailler avec le Directeur
des poursuites criminelles et pénales, mais je pense que votre suggestion est
tout à fait à propos, ça pourrait même aider le gouvernement du Québec à avoir
un rapport de force avec le gouvernement fédéral. Et, vous le savez, les infractions
criminelles, là c'est comme de la mauvaise herbe, là, hein, ça repousse puis il
faut toujours continuer, il faut toujours lutter, puis ça engendre des
investissements importants pour l'État. Mais si on veut pouvoir vivre dans une
société comme on la connaît, bien, il faut lutter sans relâche contre le crime.
Alors, j'apprécie votre main tendue et je la saisis et je vais la saisir pour
le projet de loi n° 2 aussi.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Je me tourne maintenant
vers l'opposition officielle pour un bloc de 20 min 17 s,
comme... Allez-y, allez-y rapidement.
M. Leduc : En attendant la
République du Québec, il va falloir qu'on gère avec le Code canadien criminel.
Je vous envoie un libellé, M. le ministre.
Le Président (M.
Bachand) :O.K. Merci. Merci. Merci
beaucoup. Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît. Merci, M. le
député.
Mme Weil : Merci, M. le
Président. Alors, pour revenir, avec votre permission, M. le ministre, donc je
comprends que la Commission des droits de la personne a perçu aussi, peut-être
avec cette deuxième publication, qu'il y avait lieu d'aller sur le terrain,
d'échanger, de mieux expliquer le rôle de la commission. Maintenant, pour
revenir, j'aimerais... parce que, de temps en temps, même en commission
parlementaire, on a...
18 h (version révisée)
Mme Weil : ...parce que,
de temps en temps, même en commission parlementaire, on a évoqué le
commissaire, ce nouveau rôle. Il me semble qu'à certaines occasions vous
vous... L'institution, qui est la Commission des droits de la personne, a des opinions,
est allée devant la commission Laurent. Comment vous voyez... Comment vous
voyez le rôle et les pouvoirs d'un commissaire? Comment la Commission des
droits de la personne pourrait s'inscrire dans ça? Et est-ce que vous y
voyez... Tout le monde semble répéter : On a besoin d'un chien de garde,
hein? C'est quelque chose qu'on voit beaucoup dans les médias. Votre perception
par rapport à la volonté de la société civile, disons, ceux... surtout ceux qui
ont une expérience avec la protection de la jeunesse, que ça prend un chien de
garde, même si Mme Laurent dit que ce n'était pas vraiment la vision qu'ils
avaient pour le commissaire, j'aimerais vous entendre là-dessus. Et d'ailleurs
vos collègues ont parlé d'un chien de garde, que la Commission des droits de la
personne continue à jouer son rôle, mais c'est quand même plus ou moins limité.
Le Président (M.
Bachand) :Me Tessier, s'il vous plaît.
M. Tessier (Philippe-André) :
Oui. Encore une fois, merci beaucoup pour la question, ça me permet de
préciser plusieurs éléments. Encore une fois, dans le cas de la commission
Laurent, la commission a mis sur la table des propositions. La première chose
qu'il faut comprendre, c'est que la commission, bien que nommée par les membres
de l'Assemblée nationale, donc les membres de la commission, moi, Mme Pierre
et Me Arpin, derrière moi, la commission ne relève pas de l'Assemblée nationale
comme le Protecteur ou le Vérificateur général. C'est une des recommandations
de la commission Laurent. C'était une des recommandations historiques de la Commission
des droits de la personne et des droits de la jeunesse, qui date du début de ce
siècle. Donc, ce n'est pas nouveau que la commission fait cette
recommandation-là. Cet arrimage-là est donc parfait entre les recommandations
de la commission, donc Laurent, et la nôtre.
Dans un deuxième temps, il faut
comprendre, et c'est un des éléments qui étaient au cœur, l'objectif était d'assurer
aussi un contrôle parlementaire par rapport à ce qui se produit en matière des droits
des enfants. Et l'idée aussi derrière nos recommandations, c'est de faire en
sorte que nos rapports d'enquête soient, encore une fois... on puisse les
publiciser, on puisse les déposer comme il y a dans d'autres provinces. Ça
aussi, il s'agit d'une recommandation de la commission.
Je vous parlais, tout à l'heure, du fait
qu'il y a de nombreux acteurs impliqués dans la défense des droits des enfants
au Québec. Et même il y a un autre projet de loi qui est présentement étudié,
qui s'appelle le projet de loi n° 9 sur le Protecteur
national de l'élève, évidemment, les élèves, c'est des... on parle de primaire,
secondaire, moins de 18 ans, ce sont des enfants, la scolarisation, c'est
un des principes fondamentaux du succès dans la vie d'un enfant. Donc, c'est
sûr et certain, tous les acteurs, lorsqu'il y a décès d'enfants, on parlait du
coroner, le coroner est impliqué. Une des recommandations de la commission, c'est
de faire en sorte que la commission est informée, lorsqu'il y a décès d'un
enfant, par le coroner pour nous assurer si, oui ou non, il y a des
problématiques en cours.
Une autre des recommandations de la commission,
c'était, encore une fois, qu'il y ait une passerelle entre nous et le futur protecteur
national des élèves justement pour s'assurer qu'il n'y a pas de situations d'enfants
qui tombent entre les craques administratives de deux organisations qui ont des
mandats d'enquête et de surveillance. Alors, il faut avoir ces différents
acteurs là de l'État qui travaillent ensemble et qui font ce...
Et une autre des recommandations que la commission
a faites, c'était l'idée d'avoir aussi un ministre responsable de l'Enfance. Ça
a déjà... mais pas aussi... pas au niveau protection de la jeunesse, au niveau
de l'enfant.
Et ce que je peux dire aussi, c'est que,
la commission étant membre du Conseil canadien des défenseurs des enfants et
des jeunes, il y a différents modèles à travers le Canada qui sont retenus pour
ce qui est de mettre en œuvre la Convention internationale des droits de l'enfant.
Le régime québécois en est un qui offre des garanties supplémentaires par le
fait que la commission chargée de la protection de la jeunesse, comme... dont nous
sommes donc gardiens, est au même moment gardienne des droits de la personne, parce
qu'il faut comprendre que les droits et libertés fondamentaux des citoyens du
Québec s'appliquent aussi aux enfants. Le droit à la vie privée, hein, c'est un
droit qui appartient aux enfants aussi. Donc, ces questions-là permettent d'une
lecture aussi croisée, et, ça, on pense que c'est quelque chose qui est utile
et qui peut être porteur comme une vision complète et globale pour cette
défense-là.
Cela dit, il faut rappeler aussi la
spécificité du mandat jeunesse versus les autres mandats de la commission. Et
on ne veut pas non plus, de façon artificielle, venir interagir les choses.
Mais, ceci étant dit, pour qu'on puisse exercer ces rôles-là, il est évident
que le rôle d'avoir des pouvoirs additionnels dans le contexte d'un projet de
loi à venir, c'est sûr et certain qu'évidemment la commission sera très
attentive, sera, avec... fera ses propositions, je viens de vous en énumérer
quelques-unes, mais évidemment il y en aura d'autres à venir assurément en
fonction du projet de loi qui sera déposé.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Mme la députée.
Mme Weil : Oui. J'allais
en venir à cette question, mais je pense que vous avez bien répondu. Vous avez
bien expliqué pourquoi l'indépendance... ou d'être redevable à l'Assemblée
nationale, ça permettrait plus de transparence en bout de ligne. Parce que, comme
<vous...
Mme Weil :
...ça
permettrait plus de transparence en bout de ligne. Parce que, comme >vous
dites, transparence dans le sens que les parlementaires pourraient vous poser des
questions pour mieux comprendre, etc. Vos actions vous seraient redevables,
imputables devant l'Assemblée nationale. Je pense que c'est une excellente
idée. Donc, comment pousser l'idée? On en parle ici, c'est important, mais il
va falloir continuer, je pense, à promouvoir cette autonomie, indépendance
devant l'Assemblée nationale.
Donc, vous, dans le chantier, parce que le
chantier sera lancé, le chantier sur le commissaire et une charte des droits de
l'enfant... Je ne sais pas combien de minutes il reste, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :14 pour votre bloc.
Mme Weil : Ah bon!
Alors, peut-être on pourrait... je pourrais vous entendre aussi sur ce concept
de charte des droits des enfants, parce que ces deux chantiers, c'est ce que le
ministre appelle, ça va commencer... Bon, le projet de loi n° 15
a été adopté. Donc, le prochain chantier, c'est ces deux-là. Et je suis sûre
que vous allez être interpelés à participer. Ce sera très intéressant. Donc, la
charte des droits de l'enfant, qu'est-ce que... quels sont vos... vos opinions?
• (18 h 10) •
Le Président (M.
Bachand) :J'aurais le ministre. M. le
ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Je vais laisser répondre le président de la commission des droits, mais, avant
ça, je voulais vous partager une information qui... j'estime importante, en
lien avec une question du député de La Pinière. Ça fait qu'on va revenir à
votre question par la suite, mais je pense que c'est important de le dire.
M. le Président, dans le cadre des travaux
de cette commission, tout à l'heure, le député de La Pinière a laissé entendre
que cinq ministres du gouvernement du Québec avaient été assignés, a alerté les
médias sur une fausse information et a interprété un texte d'une réponse à
l'accès à l'information qui ne disait aucunement cela. Alors, par transparence,
M. le Président, je souhaite informer le député de La Pinière et l'ensemble de
la population, et j'espère qu'il va faire un correctif également à ses propos à
l'effet qu'il y a uniquement, et comme je l'ai toujours dit, et je pense que le
député de La Pinière devrait toujours m'écouter, qu'il y a uniquement deux
ministres qui ont été assignés. Et, parmi les deux ministres qui ont été
assignés, donc, la ministre de l'Enseignement supérieur, elle a été assignée à
trois reprises, et la ministre responsable des Aînés a été assignée à deux
reprises par la coroner.
Donc, on va refaire l'argumentaire du
député de La Pinière. M. le député de La Pinière, trois plus deux, ça fait
combien? Ça fait cinq. Donc, vous avez votre chiffre magique.
Tout à l'heure, votre intervention était
sur... à la limite de la démagogie, à la limite de la mauvaise foi. Et on se
retrouve actuellement avec une situation où j'espère que vous allez émettre un
communiqué pour vous excuser aux membres de cette Assemblée et à la population
québécoise pour avoir induit en erreur cette Chambre ou avoir laissé
sous-entendre, M. le Président...
Une voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :Juste... Oui, mais juste, le
ministre, est-ce que vous avez terminé? Puis on va revenir à vous tout de
suite, oui. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : J'ai
répondu très clairement à l'interrogation du député de La Pinière à de multiples
reprises. Il y a eu seulement que deux ministres qui ont été convoqués
plusieurs fois parce que... pour plusieurs raisons, notamment les lieux ont
changé, notamment les dates d'audition ont changé également.
Alors, est-ce que le député de La Pinière
peut reconnaître que ce n'est pas ce qui était écrit dans la demande d'accès et
surtout qu'il a fait le chemin tout croche pour dire : C'était au ministère
de la Justice, alors que c'était le bureau...
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de...
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :Oui, allez-y, M. le député de
La Pinière.
M. Barrette : Je n'en ai
rien à cirer, des opinions du ministre de la Justice. C'est tout.
Le Président (M.
Bachand) :O.K. Là, je veux juste être
certain, là...
M. Barrette : Ici, c'est
un débat parlementaire.
Le Président (M.
Bachand) : Oui, mais...
M. Barrette : S'il n'est pas
content, il a juste à ne pas se représenter, tout simplement, là.
Le Président (M.
Bachand) :O.K. Bon, l'idée, c'est que le
ministre a donné un élément d'information, et à vous de le gérer.
Est-ce que vous avez terminé sur cette
question-là? Allez-y, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : M.
le Président... pour un porte-parole en matière de justice de l'opposition
officielle, qu'il n'a rien à cirer de la vérité. Dans le fond, la vérité, pour
lui, ce n'est pas important. Ce n'est pas important d'être transparent. Ce
n'est pas important de dire à la population québécoise...
Le Président (M.
Bachand) : Là, là, là...
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :Juste... O.K. Bon. Moi, ce que
j'aime, c'est de voir des collègues qui s'apprécient comme ça. Alors donc, c'est
fait. Merci.
Une voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :O.K., monsieur de La Pinière...
O.K., c'est assez. O.K. Parfait. Alors donc, cette question-là...
Une voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :O.K. Non, M. le député de La
Pinière. Je vous arrête tout de suite, et j'ai averti aussi tout le monde de
faire très attention, sinon vous allez avoir un appel à l'ordre officiellement.
Donc, est-ce qu'on est prêt à passer à Me
Tessier?
M. Jolin-Barrette : ...
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, faites très
attention, là. Je ne veux pas partir... puis je ne veux pas que ça soit de
l'interpellation entre deux membres de cette commission.
M. Jolin-Barrette :
...attention. Alors, avec la réponse que j'ai donnée au député de La Pinière,
est-ce qu'il reconnaît qu'il y a seulement eu deux ministres qui ont été
assignés à plusieurs reprises? Est-ce qu'il va dire qu'il y a deux ministres
qui ont été assignés? Parce que ça ne disait pas ça dans sa lettre.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de La Pinière.
M. Barrette : M. le
Président, il a été <établi...
Le Président (M.
Bachand) : ...de
La Pinière.
M. Barrette :
M. le
Président, il a été >établi — établit — qu'à la fin,
lorsque le rapport va être déposé, qu'à ce moment-là on pourra demander...
redemander les mêmes demandes d'accès à l'information, et qu'à ce moment-là il
y aura révision, et qu'à ce moment-là, ultime, on aura la vérité.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Donc, sur ce
point-là, je vous demande, s'il vous plaît, votre collaboration. Je pense qu'on
a fait le tour. Vous avez donné un élément d'information...
M. Jolin-Barrette : ...
Le Président (M.
Bachand) :Oui, mais je vous connais, M.
le ministre. Vous me faites ça, puis des fois ça fait ça. Alors donc, allez-y
pour ça, puis après ça je ferai ça avec le député de La Pinière aussi. Allez-y,
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Je vais
vous partager mon sentiment, M. le Président. Je suis extrêmement déçu du
comportement et de l'attitude de mon estimé collègue. Avec les explications
complètes que j'ai données, j'aurais cru qu'il aurait pu reconnaître qu'il
s'est mépris. Mais, que voulez-vous, ça sera pour une prochaine fois. Alors, je
peux céder...
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Alors, comme ça aussi,
M. le député de La Pinière.
M. Barrette : M. le
Président, j'ai pratiqué le ministre de la Justice pendant des heures dans un
autre projet de loi. Qu'il soit bien rassuré, bien des gens sont déçus de
l'attitude du ministre. Mais on sait tous...
Le Président (M.
Bachand) :Merci, merci.
M. Barrette : On sait
tous....
Le Président (M.
Bachand) :Alors, bon, cela dit, sur
l'intervention de la députée Notre-Dame-de-Grâce, avec l'accord de tous, je
céderais la parole à Me Tessier. Me Tessier, s'il vous plaît. Merci.
Oui! Je sais que vous êtes peut-être un
peu... vous avez peut-être perdu le fil d'Ariane là-dessus. Alors, peut-être,
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, rapidement pour retrouver le fil.
M. Tessier (Philippe-André) : Je
me rappelle de la question.
Mme Weil : ...votre opinion
sur la Charte des droits de l'enfant puis peut-être nous parler d'autres
modèles que vous connaissez.
M. Tessier (Philippe-André) : Oui.
Merci encore une fois, Mme la députée, pour la question. Donc, pour ce qui est
de la charte de l'enfant, il faut comprendre une chose, encore une fois, c'est
que, bien, premièrement, il faut reconnaître que, dans p.l. n° 15,
il y a eu un ajout qui a été fait au préambule. Donc, on fait référence
maintenant, de façon explicite, aux conventions internationales qui visent à
protéger les droits de l'enfant. Donc, cet élément-là était appuyé aussi par la
commission.
Dans un deuxième temps, il faut se
rappeler qu'au Québec, contrairement, encore une fois, aux autres provinces
canadiennes, nous avons une charte complète, la Charte des droits et libertés
de la personne, habilitée en 1975, le 27 juin pour être exact. Cette
charte-là, elle contient un ensemble de droits, non seulement un code
antidiscrimination à ses articles 20 à 20... 10 à 20, pardon, mais
également les droits et libertés fondamentales, 1 à 9.1, également — et
ça, c'est un élément qui est unique — c'est les droits économiques et
sociaux qui sont prévus aussi dans la charte. Et, eut égard à ces droits-là, il
faut comprendre, lorsqu'on en fait la lecture, que ces droits-là visent
explicitement des droits garantis aux enfants, et donc, par exemple, le soutien
apporté aux enfants par leur famille.
Donc, ces éléments-là, dans le droit
québécois, sont déjà présents dans notre charte, qui est quasi
constitutionnelle, donc qui a une valeur, donc, supralégislative, et ça, c'est
un élément dont on peut être fiers. Et je pense qu'on peut bonifier ces
éléments-là, de droits de l'enfant, à travers cet instrument-là, qu'est la Charte
des droits et libertés de la personne du Québec. C'est la position de la commission.
Maintenant, dans un deuxième temps, pour
votre question, pour ce qui est du défenseur, c'est sûr et certain qu'encore
une fois, lorsqu'on regarde les recommandations et les enjeux de fond qui sont
mis de l'avant, bien, il y a des éléments très clairs qui sont des choses que
la commission peut faire et pourrait... fait déjà et pourrait faire.
Pour ce qui est de ce qu'on fait déjà, je
vous donne un exemple très simple. Dans les autres provinces, encore une fois,
les défenseurs des enfants, peu importe le modèle, des fois, ils sont fusionnés
avec le Protecteur du citoyen, des fois, ils ont des... Il y a différents
modèles en fonction des provinces, O.K.? Et c'est sûr et certain que lorsqu'on
regarde ce qu'elles font sur le terrain, en réalité — quand on parle
d'accompagnement, on parle «d'advocacy», là, c'est le
terme qui est utilisé — souvent, c'est de l'accompagnement pour ce
qui est de situations où il y a des cas d'élèves HDAA. Donc, des situations... Nous,
au Québec, on appelle ça de l'inclusion scolaire. Pourquoi? Parce que c'est un
droit garanti à l'article 10 de la charte. Et donc la commission est déjà
en action dans ces dossiers-là pour s'assurer que les enfants HDAA ont tous les
services auxquels ils ont droit en pleine égalité en vertu de
l'article 10. Donc, c'est sûr et certain que, nous, cet accompagnement-là,
on le fait parce qu'on agit de... On reçoit des plaintes de parents d'enfants
qui vivent des situations de discrimination parce qu'ils ne sont... ils n'ont
pas droit aux services auxquels ils ont droit en matière de scolarisation, et
on agit déjà dans ce sens-là.
Maintenant, une des choses qu'on peut
faire, une des recommandations, c'est un état de l'enfance. Quand je parlais,
tout à l'heure, de ce rapport-là, entre la commission et l'Assemblée nationale,
la Charte des droits et libertés de la personne, présentement, prévoit qu'une
fois par année nous remettons notre rapport au président de l'Assemblée
nationale pour que les députés puissent le consulter. Et l'équipe actuelle de
la commission avait pris l'habitude... malheureusement, la pandémie a mis fin à
ce petit projet pilote là, mais on espère pouvoir le refaire, venir présenter
notre rapport annuel à la salle de la tribune parlementaire pour faire état, un
peu, des différents éléments que l'on met. Mais c'est sûr que, si on veut un
état de l'enfance annualisée, comme il est recommandé, bien, ça, évidemment,
pour ça, il y a des ressources additionnelles qui devront être <consenties...
M. Tessier (Philippe-André) :
...bien,
ça, évidemment, pour ça, il y a des ressources additionnelles qui devront être
>consenties à la commission pour ce faire, parce que, présentement, ce
qu'on a à faire, c'est des rapports en fonction de la LPJ, de la charte, de la Loi
sur l'accès à l'égalité et notre mandat en matière... également. Mais, si on
veut bonifier les mandats de la commission pour ce faire, c'est tout à fait
possible. Encore une fois, il faudra le prévoir de façon législative.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Mme la députée.
• (18 h 20) •
Mme Weil : Donc, vous, vous
ne pensez pas que c'est... ce serait utile ou nécessaire de prendre tous ces
droits-là, qu'on retrouve dans la loi actuelle, dans une charte des droits de
l'enfant? Je pense qu'il y avait du symbolisme là-dedans aussi, dans... ce que
la commission Laurent faisait, c'était ramasser tout ça, donner une certaine
cohérence, mais surtout une vision de la société québécoise. Ce n'est pas «a
second thought», comme on dit en anglais, c'est vraiment prioritaire et
central. Pensez-vous qu'il y aurait un intérêt dans ce sens-là, à aller chercher,
justement... que ce soit en vertu du Code civil ou ailleurs, quitte à les
répéter, mais on rassemble tout ça dans une charte qui appartient aux enfants?
M. Tessier (Philippe-André) : Évidemment,
il y a des questions d'orientation qui ne relèvent pas de notre opinion. Comme
juristes, cela dit, ce qu'on peut comprendre, c'est que c'est sûr et certain
que, lorsqu'on multiplie les outils puis les instruments législatifs, on ne
retrouve pas nécessairement la clarté que l'on souhaite. Alors, évidemment, ça,
c'est une constante.
Il est évident que, lorsqu'on parle,
encore une fois, d'une charte, notre Charte des droits et libertés de la
personne, la loi quasi constitutionnelle du Québec, c'est sûr et certain que
tout ce qui est de nature à la bonifier, si c'est d'avoir une section dédiée,
par exemple, aux droits de l'enfant, c'est tout à fait quelque chose qui est
possible. Évidemment, le constituant, c'est cette Assemblée, et cette Assemblée
a les pouvoirs de modifier cette charte des droits et peut lui confier un
mandat ou des particularités par rapport aux droits des enfants.
Vous l'avez dit, il y a aussi le Code
civil, il y a la LPJ, donc il y a un faisceau... il y a la Loi sur
l'instruction publique, il y a le projet de loi n° 9, il y a plusieurs
lois qui viennent régir la situation de l'enfant au Québec. Et il faut faire
peut-être preuve de prudence lorsqu'on pense pouvoir ramasser tous ces
éléments-là dans un simple outil législatif, alors que l'on parle... et je le
répète, et c'est ce qui est au cœur de nos représentations qu'on a faites
devant la commission Laurent, c'est qu'on ne peut pas isoler les droits de
l'enfant devant un seul acteur étatique. Ce n'est pas réaliste. Il faut mettre
l'ensemble des acteurs étatiques autour de la table pour faire en sorte que les
droits de l'enfant soient véritablement protégés.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Mme la députée,
trois minutes.
Mme Weil : Et l'ensemble des
acteurs doivent savoir qu'ils sont interpelés, ça, ça revient souvent, le ministère
de l'Éducation, évidemment, mais certains autres qui ne pourraient peut-être
pas se rendre compte qu'il y a des droits derrière les services qu'on leur rend
via la famille, etc. Et je pense que l'idée de la commission Laurent, c'était
un peu ça. Il y avait de l'éducation dans tout ça, une sensibilisation et un
effort d'aller chercher la participation de tous et, comment dire, l'engagement
des institutions du Québec envers l'enfant. Bien, vous serez certainement interpelés
dans les discussions à venir, le ministre de la Justice certainement aussi
parce qu'on parle des droits de l'enfant, que... vision, donc, renouvelée.
Est-ce qu'au Canada il y a d'autres
provinces qui ont une charte des droits de l'enfant ou quelque chose du genre?
M. Tessier (Philippe-André) : Non,
pas une charte des droits de l'enfant, non.
Mme Weil : O.K. Donc,
ailleurs dans le monde?
M. Tessier (Philippe-André) : Il
me semble que non, parce qu'il y a... c'est quelque chose...
Mme Weil : Je vois des têtes
qui font...
M. Tessier (Philippe-André) : Oui,
bien, c'est ça, je vois... Bon, c'est ça, parce que j'entends chuchoter en
arrière, mais... Parce qu'on avait fait un tableau, on avait fait une analyse
de certains États, puis, effectivement, non, ce n'est pas le cas. Ce qu'on a,
par exemple, c'est souvent des références aux conventions internationales,
comme ça a été fait dans le p.l. n° 15. Et ça avait été, d'ailleurs, une
des recommandations de la commission de faire référence, explicitement dans la
charte québécoise des droits et libertés de la personne, à la convention
internationale.
Donc, il y a plusieurs de ces éléments-là
qui sont proposés dans notre, je le redis, là, dans notre mémoire à la
commission Laurent. Vous parliez d'un interlocuteur pour faire en sorte que
l'action de l'État soit conjuguée, c'était l'idée d'avoir un ministre aussi
responsable de l'enfance.
Mme Weil : Est-ce que j'ai
une minute? Très bien. Donc, vous avez ce rôle, la jeunesse, mais voyez-vous,
suite à la commission Laurent, votre rôle de... l'importance de bonifier votre
rôle vis-à-vis les enfants et la jeunesse suite à toutes ces recommandations
que vous avez puis de créer vraiment une équipe forte autour de tout ça? Donc,
j'imagine que ça va prendre plus de ressources.
M. Tessier (Philippe-André) : C'est
ce qu'on a compris du rapport de la commission Laurent, comme vous l'avez dit,
Mme la... M. le Président, comme la députée l'a dit, c'est sûr qu'on va être à
l'affût des initiatives législatives de ce côté-là, puis on va y collaborer et
participer entièrement.
Mme Weil : Merci. Merci
beaucoup, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Mme la députée de
Joliette, pour 15 minutes, s'il vous plaît.
Mme Hivon : Merci beaucoup,
M. le Président. Alors, juste pour clore sur le procès fantôme, je pense que le
ministre doit se préoccuper de ce qui se passe chez lui, dans son ministère,
parce que soit qu'on est face à un pied de nez sans précédent à l'égard des
services de justice, où on n'a pas cru bon <d'enregistrer...
Mme Hivon :
...un
pied de nez sans précédent à l'égard des services de justice, où on n'a pas cru
bon >d'enregistrer un dossier, ou soit qu'il y a un pied de nez
incroyable à l'intérieur des services de justice, où on a fait fi des règles
qui doivent s'appliquer à tout le monde. Donc, j'espère que le ministre va
prendre ça très au sérieux.
Je voudrais...
Le Président (M.
Bachand) :...
M. Jolin-Barrette : Bien,
là-dessus, c'est très clair, je peux rassurer la députée de Joliette, ça
n'arrivera pas, ça n'arrivera plus.
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
M. Jolin-Barrette : Mais il
faut avoir juste l'information, dans un premier temps.
Mme Hivon : C'est juste qu'on
l'entend toujours parler des juges de la cour, mais il a sa propre cour à
s'occuper, les services judiciaires.
Je veux passer à la question des suites de
l'arrêt Jordan. On a vu encore cette année, qu'il y a 13 procès dans le
cahier des crédits qui ont avortés à cause de délais déraisonnables. J'en ai un
ici, pas plus tard qu'en mars dernier : Accusé d'inceste, un père est
acquitté en vertu de l'arrêt Jordan. On sait que, quand il était dans
l'opposition, le ministre de la Justice avait déposé un projet de loi pour
faire en sorte que le remède ne pourrait plus être l'arrêt des procédures et il
évoquait l'idée de la clause dérogatoire. On a des inquiétudes d'autant plus
importantes qu'on a vu la juge en chef annoncer qu'en matière criminelle les
juges ne siégeraient désormais qu'une journée sur deux et que cela requerrait
41 juges supplémentaires, quitte à ce que les délais augmentent. On n'a
pas vu d'annonce. On a vu, là, en jeunesse, l'annonce de 11 juges
supplémentaire, mais pas en matière criminelle. Donc, est-ce que le ministre va
réactiver son projet de loi en lien avec l'arrêt Jordan?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, en fait, c'est une bonne question, puis je vous remercie de soulever la
question. Bon, pour ce qui est des juges en jeunesse, c'est huit en jeunesse, trois
en matière criminelle et pénale, fort probablement. Donc, la Cour du Québec,
avec les modifications législatives qui ont été apportées dans le projet de loi
n° 15, où est-ce qu'on a créé les nouveaux postes de juges, on est rendus
à 319 postes de juges, qui est une augmentation substantielle si on part
d'avant Jordan, donc en 2016, à l'époque où Mme Vallée avait ajouté 16 postes
de juges pour répondre à l'arrêt Jordan en chambre criminelle et pénale.
Je suis fortement préoccupé par les délais
en matière de justice. La tendance démontre qu'il n'y a pas davantage de dossiers
ouverts en matière criminelle et même que ça a tendance à diminuer. Le nombre
de volume de dossiers annuellement, ça n'augmente pas, là, c'est stable ou ça
diminue. Cependant, on est face à une situation d'une décision unilatérale de
la cour de modifier les assignations de juges. On nous indique que ça prend
41 juges pour uniquement garder le même niveau. Donc, aucune journée de
plus pour les justiciables québécois, aucun gain d'efficacité, rien du tout.
Moi, là, comme ministre de la Justice, ce
que je souhaite, c'est améliorer l'efficacité du système de justice, réduire
les délais et surtout éviter tout arrêt de procédure, bon. Et les arrêts des
procédures en raison des délais qui sont présents, on travaille là-dessus, mais
c'est sûr et certain que ça prend la collaboration de tous les acteurs du
système de justice pour faire en sorte de réduire au maximum les délais. Puis
ce n'est pas une solution unique qui va passer par là. Bien entendu, il y a de
la complexité qui est plus grande avec les dossiers d'aujourd'hui d'il ya
25 ans, avec les différentes requêtes sur la charte, tout ça. Mais ce
n'est pas vrai qu'on doit baisser les bras par rapport aux délais et surtout ce
n'est pas uniquement un ajout de ressources qui va faire une différence.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Ma question était :
Est-ce que le ministre, qui, dans l'opposition, était convaincu, bien
évidemment, de son projet de loi pour donner suite à l'arrêt Jordan et faire en
sorte qu'on pouvait s'en sortir... pour ne pas, justement, qu'il y ait des
avortements de procès comme on l'a vu, et ça arrache littéralement le cœur.
Moi, je suis toujours aussi indignée, plusieurs années après l'arrêt Jordan, de
voir que des causes d'agression sexuelle, d'inceste se retrouvent mises de
côté, avortées à cause d'une question de délais. Le ministre voulait déposer...
avait déposé un projet de loi pour faire en sorte qu'il utiliserait tous les
moyens pour éviter ça. On avait la même position. On l'a toujours. Le ministre,
lui, n'a pas tenu son engagement. Donc, pourquoi?
M. Jolin-Barrette : Alors,
c'est une option qui est sur la table, le projet de loi. Là, au moment où je
déposais le projet de loi face à l'arrêt Jordan, on était dans situation vraiment
critique où il y avait des milliers de causes qui étaient à risque. Une cause
en arrêt des procédures en raison d'un délai, c'est une cause de trop, et, ça,
je n'accepte pas ça. Alors, c'est une option.
Je donne un exemple. Pour
l'année 2021... 2021-2022, là, il y a eu 12 % moins de causes
ouvertes en matière criminelle et pénale. Puis là on nous indique que ça va
prendre plus de juges en fonction du changement des assignations. Alors, c'est
quelque chose que je regarde.
Mais il y a une chose qui est claire, là,
et il faut le dire à la population : on est face à un important défi en
matière de justice criminelle, et il <faut...
M. Jolin-Barrette :
...on
est face à un important défi en matière de justice criminelle, et il >faut
changer les façons de faire. Mais, lorsque je dis qu'il faut changer les façons
de faire, là, ce n'est pas uniquement, là, le service judiciaire, ce n'est pas
uniquement le Directeur des poursuites criminelles et pénales... qui, par
ailleurs, s'adapte très bien aux nouvelles réalités. Il y a énormément
d'efforts qui est fait au Directeur des poursuites criminelles et pénales,
énormément d'efforts qui sont faits par les procureurs aux poursuites
criminelles et pénales qui sont dans les palais de justice. Il y a énormément
d'efforts qui sont faits également par les corps de police. Mais il faut que la
magistrature aussi fasse ses efforts dans le système de justice, et ça, c'est
fort important.
Alors, à votre question précise, je
n'exclus pas d'avoir recours à cela. Cependant, ça va avec une série de mesures.
Mais effectivement c'est sur la table aussi. Mais ce que je souhaiterais, c'est
qu'on soit performants, qu'on change nos façons de fonctionner dans le système
de justice. Nous, on est responsables de l'administration de la justice. Ce
n'est pas le ministre de la Justice qui est assis dans les salles de cours. Ça,
il faut bien comprendre, ça fait partie de l'indépendance judiciaire. Alors,
tout le monde doit travailler dans la même direction et surtout être en mode
solution.
• (18 h 30) •
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Mme la députée.
Mme Hivon : Là, oui, je vais
demander vraiment au ministre d'essayer d'être... je veux des réponses, mais il
me reste deux autres gros sujets, donc essayer qu'on respecte à peu près les
temps de parole.
Juste pour finir là-dessus, sur la demande
de la juge en chef, qui a décidé, effectivement, que ses juges en matière
criminelle de la Cour du Québec ne siégeraient qu'une journée sur deux, et donc
la demande de 41 juges, quelle est la réponse du ministre?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, la
réponse du ministre, et je l'ai formulée publiquement, d'ailleurs, là, je lui
demande de revenir sur sa décision. Il y a eu des échanges entre le ministre de
la Justice et la direction de la Cour du Québec. Ce n'est pas une avenue qui
est soutenable. C'est impossible. On ne peut pas prendre une décision
unilatérale comme celle-ci, comme la direction de la cour a prise. On ne peut
pas, du jour au lendemain, là, en claquant des doigts, dire : Écoutez,
moi, là, j'arrête d'assigner les juges avec le système qu'on fonctionnait, donc
deux jours de cour, une journée de délibéré, pour couper le temps de 50 %
et ne pas penser que ça va avoir un impact sur les justiciables. Et ce n'est
pas parce qu'on rajoute des juges que ça va régler le problème, parce que, dans
la solution qui est proposée par la cour, on n'a aucun gain d'efficacité. On
vient juste remplacer le temps de cour. Alors, ce n'est pas une façon qui va
nous permettre, justement, de réduire les délais.
Alors, ma réponse, c'est que j'invite à la
collaboration. On a des données, on a des informations qu'on a partagées avec
la cour pour démontrer qu'on est en situation difficile dans le système de
justice criminelle et pénale, et ça prend la collaboration de tous les acteurs.
L'État québécois est prêt à faire sa place, mais il faut également que la
direction de la Cour du Québec fasse...
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Mme la députée,
s'il vous plaît.
Mme Hivon : Est-ce que je
peux comprendre que, puisque ça peut être une décision unilatérale de la cour,
selon ses prérogatives, que si cela va de l'avant et que ça a des impacts
évidemment importants, potentiellement, sur les délais si le ministre ne nomme
pas plus de juges, que le ministre va prendre des moyens, en l'occurrence
législatifs, pour faire en sorte qu'on n'assistera pas à une hécatombe d'arrêts
de procédures en vertu des délais déraisonnables?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Écoutez,
on n'en est pas là, mais je veux être extrêmement clair : la décision
unilatérale qui a été prise par la direction de la Cour du Québec n'est pas
acceptable, n'est pas soutenable pour les justiciables québécois. On ne peut
pas être mis devant un fait accompli. Non, non, je veux juste vous le dire...
Mme Hivon : ...du ministre
face à l'éventualité.
Le Président (M.
Bachand) :Oui. Bien, c'est une
éventualité, et je regarde ça à tous les jours. Nous demandons à la direction
de la Cour du Québec de revenir sur sa décision. Moi, je suis ouvert à trouver
une solution, à trouver une voie de passage, à trouver des accommodements. Je
comprends que la pratique du droit criminel s'est complexifiée, s'est alourdie,
que les juges, également, ont...
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Je voudrais
maintenant passer au dossier — ça aussi, ça préoccupait beaucoup le
ministre quand il était dans l'opposition, puis on n'en a plus entendu parler — de
l'indépendance des décideurs administratifs. Donc, il avait même déposé un
projet de loi, 792, pour s'assurer de l'indépendance de la nomination des juges
administratifs. Il se fait toujours attendre. Il n'y a aucune réforme. J'avais
questionné, en 2019, sa prédécesseure, qui m'avait dit qu'on regardait ça,
généralement, tout ça. Aucune suite en trois ans. Est-ce que le ministre a
l'intention de s'y attaquer? Pourquoi il a mis de côté cet engagement-là encore
une fois?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, je n'ai pas mis de côté cet engagement-là. Je crois que la réforme en
matière de la justice administrative est toujours pertinente. Cependant, vous
comprendrez que, depuis un an et demi, depuis que je suis ministre de la
Justice, bien, on a fait beaucoup de projets de loi, le 70, le 75, le 84, le
92, le 96, le 2... je pense que j'en oublie aussi, mais, en tout cas, bref...
Mme
Hivon
: ...le
ministre a plusieurs chapeaux...
18 h 30 (version révisée)
M. Jolin-Barrette : ...je
pense, j'en oublie aussi.
Des voix : …
M. Jolin-Barrette : …mais,
en tout cas, bref...
Mme Hivon : ...parce que
le ministre a plusieurs chapeaux.
M. Jolin-Barrette : …le
34 en justice aussi. D'ailleurs, je souhaite compter sur votre collaboration, d'ici
la fin de la session, pour les cliniques juridiques.
Mme Hivon : Pas de
digression, on va rester sur la justice administrative.
M. Jolin-Barrette : Bon,
mais, oui, la justice administrative, ça demeure une priorité. J'ai manqué de
temps, pour être bien honnête avec vous, mais je vais pouvoir vous consulter,
par la suite, pour le faire.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée, il reste quatre
minutes à votre bloc.
Mme Hivon : Oui, j'aimerais...
Je pense que c'est un dossier vraiment important, donc peut-être qu'aussi le
ministre lui-même pourrait suggérer au premier ministre qu'un ministre de la
Justice qui aurait la justice en propre, et pas la langue, la laïcité, leader,
ça pourrait être une bonne idée. Parce qu'il y en a beaucoup, de dossiers en
justice aussi. Je ne dis pas que le ministre n'est pas capable de jongler
plusieurs balles en même temps, mais on se rend compte qu'on arrive en fin de
parcours et qu'il y a malheureusement plusieurs dossiers qui n'ont pas été
menés à terme.
J'ai ici une lettre, que je vais déposer,
qui m'a été soumise par deux journalistes qui oeuvrent à Joliette, au palais de
justice de Joliette principalement, mais aussi aux alentours. Donc, je vais la
déposer, j'imagine, il faut l'envoyer de manière virtuelle, donc on va faire
ça.
Le Président (M.
Bachand) :S'il vous plaît.
Mme Hivon : Les
journalistes, donc, François Morin, de la station de radio CFNJ, et Guy Latour,
de Lanauweb, Info Lanaudière. C'est un dossier de Joliette, mais c'est un
dossier qui a des répercussions. C'est vraiment surtout l'impact de l'accès
pour les journalistes à l'information et aux données en temps réel depuis que
beaucoup de procès se tiennent de manière virtuelle, et ça pose vraiment des
enjeux importants.
Donc, je vous lis quelques extraits :
«Force est de constater que le principe voulant que la justice soit publique
est de moins en moins vrai et que les obligations liées à la pandémie et
surtout aux décisions prises par certains administrateurs ont rendu notre tâche
encore plus difficile. Exemple, la mise en place de la webdiffusion était
prometteuse, mais il y a plusieurs pépins qui persistent. Un, souvent difficile
d'obtenir un accès, et il arrive que, lorsque nous obtenons le branchement, les
dossiers prioritaires soient passés, ou simplement remis, ou transférés dans
une autre salle. Souvent, on demande au greffe, comme à Joliette, si on peut
savoir où c'est transféré, et on n'a pas de réponse à nos questions.
«Pour ce qui est de la Cour supérieure,
par exemple, chambre criminelle à Montréal, il faut absolument faire une
demande d'accès à une salle d'audience à chaque fois qu'un dossier nous
intéresse, ce qui est une perte de temps importante dans nos tâches
quotidiennes. Il arrive qu'on nous refuse carrément l'accès aux salles d'audience
sans raison. Il arrive, bien souvent, que l'audio ou la vidéo fasse défaut.
«Ensuite, pour les dénonciations, très
souvent, lors d'un événement policier duquel découlent une ou des comparutions,
nous n'avions avant qu'à nous adresser au greffe pour demander copie des
dénonciations dès leur assermentation. Cela nous est maintenant très souvent
refusé, et parfois ça ne va qu'au lendemain avant que nous ayons les
dénonciations. Donc, le suivi au quotidien est difficile, et nous avons l'impression
de ne pas répondre aux attentes du lectorat et de l'auditoire.»
Bref, il y a des régions où c'est extrêmement
difficile. On nous parle ici de différentes régions comme Saint-Jérôme,
Joliette, Saint-Hyacinthe, Laval et Montréal, alors qu'il y a d'autres régions
où ça va mieux. Bref, je vous soumets ça, et j'en ai déjà parlé au ministre. Et
j'aimerais savoir s'il entend apporter des correctifs et envoyer des directives
pour que l'accès aux journalistes, malgré qu'on ait pu transiter et… vers le Web,
puisse être assuré. Je pense que c'est une question de transparence et j'aimerais
beaucoup qu'il y ait des réponses concrètes qui soient données aux personnes
qui ont écrit cette lettre, que je dépose.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. En une minute, M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, c'est extrêmement important, la publicité des débats judiciaires, on en a
parlé, tout à l'heure, avec le procès secret. Les journalistes font un bon
travail, justement, pour rapporter au public ce qui se passe dans les salles de
cour, dans les palais de justice. Il est arrivé, effectivement, quelques
difficultés, notamment au palais de justice de Joliette, sans refaire tout l'historique.
Il y a des points qui sont légitimes aussi
puis il y a de l'amélioration à faire de la part des services judiciaires,
effectivement, mais, dans certaines autres circonstances, les greffiers, quand
qu'ils sont en salle de cour puis l'audition est en virtuel, il y avait des
demandes de certains journalistes d'avoir certaines informations en lien...
dans le cadre de la section du clavardage. Et, dans le fond, le greffier ne
pouvait pas répondre à ça, parce qu'il était en salle d'audience avec les
justiciables aussi, donc ça dérangeait le greffier dans le cadre de son travail,
effectivement, aussi. Donc, c'est possible de se brancher ou de savoir dans quelle
salle de cour l'audition se déroule, pour se brancher à distance, mais il y a
aussi certains ajustements, puis le ministère est en train de faire les
ajustements.
Mais vous avez raison de dire que, lorsqu'on
souhaite obtenir copie d'une dénonciation, lorsqu'on souhaite avoir les
différentes informations en lien avec les différents dossiers, il faut que ça
puisse être accessible puis il faut que ça puisse être facilitant. Donc, il y a
certains enjeux aussi avec la technologie, mais on est en train de régler tout
ça.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Alors, je cède
maintenant la parole à l'opposition officielle. M. le député de La Pinière pour
20 min, 30 min... 20 min 30 s, pardon.
M. Barrette : Merci, M.
le Président. Alors, on va aller sur un autre sujet, qui est celui du projet de
loi n° 2, et je dois dire, M. le Président, que le ministre a déjà annoncé
ses <couleurs...
M. Barrette :
...et
je dois dire, M. le Président, que le ministre a déjà annoncé ses >couleurs.
Je ne l'ai pas relevé dans le premier bloc, je ne l'ai pas relevé, j'attendais
le bloc à propos… dans lequel j'allais parler du projet de loi n° 2, parce
qu'il y a un lien entre ça. Le ministre, dans sa… dans ses grands commentaires
sympathiques, a dit que nous avions systématiquement fait de l'obstruction sur
le 96. Alors, M. le Président, là, je vais dire une chose publiquement ici, et
j'ose, je défie, je défie le ministre de dire le contraire. La porte-parole de
notre parti, sur ce projet de loi là, a fait un travail exemplaire, que je vais
qualifier d'encyclopédique, détaillé, minutieux, rigoureux, qui a fait en sorte
que ça a pris pas mal de temps. Et le pas mal de temps, M. le Président, là, il
est expliqué et illustré très clairement par l'étude des crédits de la Justice.
Le ministre parle, ne répond pas aux
questions directement, force les parlementaires à reposer la même question, ce
qui amène à une consommation de temps qui est importante. Je défie le ministre
de dire que, de notre côté, avec ma collègue… n'y en été que partiellement et
très occasionnellement, qu'on a fait de l'obstruction systématique. M. le
Président, quand le ministre a dit ça aujourd'hui, là, ça, c'est une insulte.
Le ministre, qui est tellement prompt à demander des excuses, il a l'occasion
ici de s'excuser, à travers moi, auprès de ma collègue. S'il y a quelque chose
qu'on ne peut pas lui reprocher, c'est d'être… de tourner les coins ronds et de
faire de l'obstruction, mais c'est ce que le ministre a dit aujourd'hui.
• (18 h 40) •
Ceci dit, M. le Président, le comportement
du ministre a des conséquences, et ce sont des conséquences qui sont
temporelles. Le ministre, par son attitude, a conséquemment très mal géré son
temps parlementaire. Je vais vous dire une chose, M. le Président, le ministre,
qui est tellement, tellement, tellement porté sur la vérité, quand il parle du
96, pour lequel il nous a dit qu'on avait fait de l'obstruction systématique,
il a fait référence au nombre d'heures. Et là il a répété : Ah! ça,
c'était comme en 77. Et il omet de dire… qu'en 76, pardon, il omet de dire que,
quand le Parti québécois a abordé le sujet de la langue française, il y a eu
deux étapes. Il y a eu un premier… le premier projet de loi, qui a été retiré,
suivi de la loi 101 qu'on connaît aujourd'hui. Évidemment, il fait
abstraction du temps consacré à la première partie. Le genre de personne qui
utilise avec autorité ce genre d'argument là… bien, que je trouve décevant, M.
le Président.
Je vois que le ministre voudrait
intervenir, je vais lui laisser la chance d'intervenir maintenant, avant de
continuer, parce qu'il brûle d'envie de parler.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, vous brûlez
d'envie de parler, alors je vous cède la parole.
M. Jolin-Barrette : Oui,
merci. Je souhaite intervenir maintenant parce que je suis convaincu que ça va
intéresser le député de La Pinière, puis je vais revenir sur son propos. Alors,
sur le site Web de la Coroner en chef du Québec, hein, il y a un communiqué qui
est émis : «Décès de personnes âgées ou vulnérables survenus dans des
milieux d'hébergement au cours de la pandémie COVID-19. Précisions au sujet des
assignations des témoins : 3 mai 2022, le Bureau du coroner et la
coroner Me Géhane Kamel ont pris connaissance de la manchette de LaPresse
canadienne publiée à 15 h 46 cet après-midi. Me Géhane Kamel a
entendu toutes les autorités ministérielles qu'elle souhaitait entendre dans le
cadre de sa vaste enquête thématique portant sur le décès des personnes âgées
ou vulnérables, survenu dans des milieux d'hébergement au cours de la pandémie
de COVID-19, à savoir la ministre de l'Enseignement supérieur et la ministre
responsable des Aînés.
«Il faut savoir qu'une assignation est un
ordre de comparaître à une date donnée devant le coroner. Or, si l'agenda des
audiences vient à changer, une nouvelle assignation doit être transmise aux
témoins. Après vérification, les cinq assignations dont l'article fait mention
concernent les témoignages des ministres, Mmes la ministre de l'Enseignement
supérieur et la ministre responsable des Aînés, ainsi que celui du
sous-ministre à la Santé, M. Yvan Gendron.» 30. Est-ce que le député de La
Pinière va s'excuser d'avoir passé l'après-midi à induire la Chambre en erreur,
d'induire les collègues...
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, on… non, on
n'ira pas là.
M. Jolin-Barrette : …
Le Président (M.
Bachand) :O.K. S'il vous plaît, M. le
ministre, on ne va pas là. Alors donc, O.K., le temps file, et on n'ira pas là,
M. le ministre. Vous avez fait vos... les propos ont été...
M. Barrette : Alors, M. le
Président...
Le Président (M.
Bachand) : Juste…
M. Barrette : …les choses en
ordre pour faire la démonstration de la médiocrité intellectuelle...
Le Président (M.
Bachand) :Non, non. Là, je vous appelle à
l'ordre officiellement. Je vous appelle à l'ordre <officiellement…
M. Barrette :
...alors,
M. le Président...
Le Président (M.
Bachand) : Juste…
M. Barrette : …les choses
en ordre pour faire la démonstration de la médiocrité intellectuelle...
Le Président (M.
Bachand) :
Non, non. Là, je vous
appelle à l'ordre officiellement. Je vous appelle à l'ordre >officiellement,
O.K.? Il reste 15 minutes dans le bloc qui vous appartient... de faire
très attention, vous êtes des parlementaires d'expérience, vous êtes des
parlementaires d'expérience. Alors donc, je vous laisse la parole, M. le député
de La Pinière. Merci.
M. Barrette : Alors, M. le
Président, le ministre vient de démontrer la chose suivante. Premièrement, les
interventions que j'ai faites ont été faites avec les données qui m'étaient
disponibles. Aujourd'hui...
M. Jolin-Barrette : …
M. Barrette : Il n'y a pas de :
Ah! M. le Président. Moi, je suis un parlementaire qui vient ici débattre et
poser des questions sur la base des informations qui, au moment où je les pose,
sont disponibles. Je n'ai pas à m'excuser de faire des hypothèses et de
demander au ministre de se justifier. Je n'ai pas à m'excuser de ça. Je n'ai
pas à m'excuser, M. le Président, d'un ministre qui, lui, ne répond pas aux
questions. Ça aurait pu être réglé dès le début s'il avait l'information, mais
ce que je constate, à l'instant, M. le Président, il a lui-même dit, là :
Qu'en date du 3 mai…», qu'il vient de dire, 2022, 3 mai, ça veut dire
à l'instant, et ça, ça laisse supposer, M. le Président, ça laisse supposer, je
n'affirme rien, qu'il y a eu une intervention politique pour que la coroner
vienne aider le ministre dans son débat.
Alors, moi, M. le Président, aujourd'hui,
là, là, là, quand je me suis présenté, cet après-midi, à 15 h 30,
avec les informations que j'avais, j'étais parfaitement justifié de faire les
inférences que j'ai admises. Et le ministre, pour sauver son image, a
probablement demandé à une des personnes qui l'accompagne : Ah! fais donc
un téléphone, là, pour qu'on me sauve de ça. C'est tout. Alors, M. le
Président, je vais continuer sur mon propos qui est celui...
M. Jolin-Barrette : …
Le Président (M.
Bachand) :Juste... Le député de La
Pinière... et la proportionnalité va s'appliquer, M. le ministre, je vous le
promets. M. le député de La Pinière.
M. Barrette : M. le
Président, j'ai fait référence aux propos du ministre, d'autres propos
dérogatoires, qui ont été prononcés par le ministre aujourd'hui, à propos du
96, lorsqu'il a dit qu'on avait fait de l'obstruction systématique. Je l'ai
défié, défié de me dire que ma collègue avait fait de l'obstruction
systématique, elle, pour laquelle je me demande si elle est capable de faire
ça, de l'obstruction systématique. Il a répondu par le... mes interventions.
Encore une fois, M. le Président, il a répondu hors sujet pour son image.
Ce qui m'amène, M. le Président, à la
question suivante ou au sujet suivant. M. le Président, le ministre, là, a géré
son temps parlementaire d'une telle manière qu'aujourd'hui on arrive avec,
essentiellement, à peu près pas de temps pour faire le projet de loi n° 2.
Les dissertations historiques du ministre, répétées et répétées, M. le
Président, je vous invite à prendre n'importe quelle heure... pas de lire le
texte, mais bien de le regarder en vidéo, c'est encore meilleur, du projet de
loi n° 96, et d'écouter la question et la réponse du ministre. Je vous
invite à faire ça, là, et vous allez voir à quel point le ministre, sciemment,
s'est autofilibusté.
Et là, aujourd'hui, là, il arrive, puis là
il va accuser toutes les oppositions de tous les maux, tous les maux. Parce que
le projet de loi n° 2, là, M. le Président, qui était un projet de loi
important, auquel… je dirais que je ne pense pas indisposer mes collègues des
deux autres oppositions, auquel on... pas nécessairement le projet de loi tel
qu'il est rédigé, tout projet de loi mérite d'être débattu et être amélioré,
mais la gestion du temps parlementaire du ministre a fait en sorte que, quand
on aura fini les crédits, M. le Président, il va rester quatre semaines, quatre
semaines de travaux parlementaires. Ce n'est pas beaucoup, là, pour un projet
de loi, quand on inclut les articles qui sont inclus dans d'autres articles… en
constitue 454, 454 articles à être adoptés, essentiellement, en trois
semaines, là. Parce que, la dernière semaine, elle ne sera pas pleinement consacrée
à ça.
C'est une question bien simple que je pose
au ministre, là : Est-ce qu'il va prendre ses responsabilités de sa
gestion du temps parlementaire, sa gestion, et constater qu'on va avoir de la
difficulté à adopter le projet de loi? Est-ce qu'il considère, M. le Président,
aujourd'hui, il peut-tu nous dire ça devant tout le monde, que, pour des <sujets...
M. Barrette :
...M.
le Président, aujourd'hui, il peut-tu nous dire ça devant tout le monde, que,
pour des >sujets aussi importants, aux conséquences aussi importantes et
vastes dans la société, qu'on peut traiter ça à la vitesse de la lumière
parlementaire, là? Parce que la vitesse de la lumière parlementaire, ce n'est
pas la même chose que la vitesse de la lumière. En trois semaines et demie, est-ce
qu'il croit vraiment à ça? Est-ce qu'il va prendre ses responsabilités de
leader et de ministre qui a... je ne dirais pas «sciemment», là, mais mettons
qu'il savait ce qu'il faisait quand qu'il répondait aux questions, là.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, M. le Président, je suis déçu, parce que je pensais que le député de
La Pinière voulait quitter l'Assemblée sur une bonne note, puis honnêtement je
voulais compter sur son concours pour le projet de loi n° 2. Mais on va
juste rectifier, M. le Président, on a passé 127 heures en commission
parlementaire, je pense, c'est une trentaine de séances, sur le projet de loi n° 96.
Savez-vous quoi? Une formation politique, là, qui veut vraiment adopter un
projet de loi, là, pensez-vous qu'elle envoie trois députés en commission
parlementaire? Trois députés. Puis je vais donner quelque chose au député de La
Pinière, relativement à la députée de Marguerite-Bourgeoys, elle, M. le Président,
là, elle est de bonne foi. Elle, la députée de Marguerite-Bourgeoys, elle
voulait adopter le projet de loi...
Le Président (M.
Bachand) :Faites attention, M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette : ...et
elle veut renforcer la protection du français. Je suis d'accord avec le député
de La Pinière...
Le Président (M.
Bachand) :Faites attention, je vais être
obligé de vous arrêter, M. le ministre.
• (18 h 50) •
M. Jolin-Barrette : ...la
députée de Marguerite-Bourgeoys a la langue française tatouée sur le coeur, et
j'ai eu l'occasion de le souligner à de multiples reprises. Quand le député de La
Pinière était là puis quand le député de D'Arcy-McGee était là, ça n'avançait
pas vite, c'est vrai. Le député de D'Arcy-McGee, là, son travail, c'était de
bloquer le plus possible le projet de loi. Il me parlait, là, du tabac de la
tabatière, là, pendant deux heures, M. le Président. Le collègue de La Pinière
aussi faisait tout pour étirer le sang… le temps avec des situations hautement
hypothétiques.
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Vous avez
eu votre temps de parole, je vais prendre le mien, je vais vous répondre. Le
député de...
Le Président (M.
Bachand) :On est sur le bord, là, on est
vraiment sur le bord.
M. Jolin-Barrette : Une fine
ligne, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Très fine, pour un appel à l'ordre,
très, très fine.
M. Jolin-Barrette : Je sais à
quel point vous êtes strict, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Allez-y.
M. Jolin-Barrette : Le député
de La Pinière a parlé de comportements, d'attitudes qui amenaient des
conséquences. Le député de La Pinière a autant d'expérience parlementaire que
moi, et il sait très bien ce que ça signifie, une attitude, des comportements
avec des conséquences. Alors, je lui offre, pour le mois qui reste, la voie de
la rédemption au bénéfice des Québécois, M. le Président.
On a… ensemble, là, on a environ, là,
70 heures de travaux parlementaires, sans forcer, pour étudier
sérieusement le projet de loi n° 2. Moi, je suis disponible pour le faire,
puis honnêtement ça touche beaucoup de volets. Puis notamment, dans votre
pratique médicale, je suis convaincu que vous avez... puis vous êtes compétent
là-dedans, parce que vous allez pouvoir amener une compétence médicale en lien
avec les propos qu'on... les discussions qu'on va avoir. Je veux compter sur
votre expertise, tout comme celle de la députée de Joliette, du député
d'Hochelaga-Maisonneuve, pour vous entendre... Notamment, on va parler d'accès
au dossier médical pour les personnes confiées à l'adoption, l'accès à la
filiation, la procréation assistée, les mères porteuses, la gestation pour
autrui, tous des sujets sur lesquels vous allez pouvoir apporter votre point de
vue, puis qui va être positif.
Mais c'est sûr que, M. le Président, si le
député de La Pinière me dit : C'est impossible, c'est sûr qu'on ne
l'adoptera pas, s'il n'est pas en mode solution, là, qu'il me le dise tout de
suite. Il peut me faire tous les griefs, M. le Président, d'avoir adopté le
projet de loi n° 2, le 4, le 19, 34, le 92, le 96, qui va être adopté
prochainement, le 70, le 75, le 84, le 92, le 96, je l'ai déjà dit, le 9 et le
21, O.K., 13 projets de loi en quatre ans, ce n'est pas si pire. Il peut
me faire ces reproches-là, je vais les prendre, O.K.?
Là, un coup qu'on a dit ça, là, est-ce
qu'il veut travailler avec moi, d'ici la fin de la session, pour qu'on puisse
adopter le projet de loi n° 2? Je vais être ouvert à adopter des
amendements, je vais être ouvert à l'écouter comme avec les deux collègues. Je
veux juste savoir son état, là, dans lequel il est présentement. S'il me dit,
là : Il n'en est pas question, c'est sûr qu'il ne sortira pas, il reste
quatre semaines, qu'il me le dise tout de suite. Moi, là, je suis en mode
ouverture, collaboration, trouver des voies de passage. Puis je le sais que, si
le député de La Pinière veut, on va réussir ensemble, mais c'est sûr que, si,
comme on dit en bon Québécois, il est barré aux quatre roues, bien là, la
discussion, elle ne donne rien, M. le Président.
Mais, moi, là, ce que je veux savoir du
député de La Pinière, là, avec le temps qu'il nous reste… Il nous reste peu de
temps ensemble, là, hein, c'est sûr qu'au mois de novembre vous n'allez plus
être là, moi, je ne le sais pas <encore...
M. Jolin-Barrette :
...hein,
c'est sûr qu'au mois de novembre vous n'allez plus être là, moi, je ne le sais
pas >encore, ça va dépendre de la confiance des électeurs, mais, pour le
bout de chemin qu'il nous reste à faire ensemble, là, j'aimerais ça qu'il soit
mon copilote puis j'aimerais ça que, la députée de Joliette puis le député
d'Hochelaga-Maisonneuve, puis il va être content, le député
d'Hochelaga-Maisonneuve, on fasse du covoiturage.
O.K, je vais prendre une image. Il y a
quatre places dans le char, on est capables... puis on peut même prendre une
voiture électrique pour le député d'Hochelaga-Maisonneuve, on est capables, là,
d'amener le véhicule à la ligne d'arrivée ensemble. Puis ça va avoir un impact
sur la vie de beaucoup de Québécois sur différents sujets. Alors, moi, je lui
tends la main et je lui dis : Est-ce qu'il va embarquer dans le char avec
moi? Et est-ce qu'il va faire œuvre utile d'ici la fin de la session? Est-ce que
je vais pouvoir compter sur sa collaboration?
Le Président (M.
Bachand) :...
M. Barrette : Alors, M.
le Président, s'il y a une chose à propos de laquelle je peux m'engager très
formellement, c'est de travailler correctement, comme je l'ai toujours fait. Je…
encore une fois, je suis irrité des commentaires du ministre, parce que,
qu'est-ce que vous voulez, moi, je suis plus vieux que lui, là, je pourrais
être son père, probablement, là, et, quand j'étais jeune, M. le Président, il y
avait une émission qui s'appelait Papa a raison. J'ai l'impression de la
revivre en boucle à chaque fois que je me présente devant lui en commission
parlementaire : Le ministre a raison. Bon.
La réalité n'est pas ça, M. le Président,
la réalité, c'est que le ministre, là, dans sa gestion du temps parlementaire
sur 96, on l'a comptabilisé, là, il a laissé pas loin de 120 heures de
temps parlementaire non utilisé. Il aurait pu l'utiliser, il ne l'a pas
utilisé. Maintenant, je vais lui faire une suggestion à la suite de mon
commentaire. 96... je m'excuse, 2 ne peut pas être un projet de loi qui entre
dans la catégorie un, deux, trois. La variante d'un, deux... Je sais qu'il ne
dit pas ça, M. le Président, il ne dit pas ça. Ça ne peut pas non plus être un
projet de loi qui peut être adopté par bâillon, ça ne se peut pas, je ne peux
pas croire que le ministre pense même en arriver à ça, je ne peux pas. Mais,
dans tous les cas de figure, M. le Président, puis je suis sûr que le ministre,
là, il ne va pas me contredire, il ne va pas m'approuver parce qu'il ne peut
pas le faire, mais c'est un projet de loi qui doit être étudié de façon
sérieuse et détaillée, pas au sens de l'étude détaillée du projet de loi, au
sens de prendre le temps pour réfléchir.
Déjà, M. le Président, moi, savez-vous ce
que j'ai fait dans ma dernière semaine de circonscription et les semaines avant?
Je passais mon temps dans mon bureau à recevoir des gens qui… des groupes qui
viennent nous dire : Ça ne marche pas, ça va trop vite, on n'a pas été
entendus. Pas la même phrase, là, un, deux, trois : Ça va trop vite. Ça ne
marche pas. On n'a pas été entendus, ou, pire, comme les avocats spécialisés en
droit de la famille : Ça va trop vite, il nous aurait fallu le double, le
triple du temps. M. le Président, là, si j'avais à traiter ce projet de loi
aujourd'hui, je dirais, M. le Président : Commençons par une motion, là,
qui va faire revenir certaines personnes, dont les avocats. Il ne voudra pas
faire ça. Et je vais vous faire la proposition suivante. M. le Président, il me
reste 1 min 30 s, n'est-ce pas?
Le Président (M.
Bachand) :…
M. Barrette : Deux minutes.
Je vais lui faire la... suivante, je l'ai faite, ma collègue du troisième groupe
d'opposition l'a faite : étudions à la vitesse appropriée le projet de loi
n° 2 maintenant. Et moi, je peux dire, au nom de ma formation : Si on
est élus, on va le reprendre là où il est rendu pour s'assurer que le projet de
loi soit traité correctement. Moi, je peux dire que, si nous étions élus, nous
reprendrions le projet de loi en l'état, là où ça s'est rendu. La collègue
députée de Joliette, elle l'a fait sur l'aide médicale à mourir, il a été
adopté, et notre signature, elle est là, à la législative... législation
suivante, puis il y a eu un changement de parti. C'est comme ça que ça s'est
passé.
Alors, moi, si j'étais à la place du
ministre, là, je réfléchirais, M. le Président, je prendrais une grande
respiration, je réaliserais à quel point ce projet de loi a des impacts dans la
société, et jamais je n'arriverais devant la population et dire : On va
adopter ça en trois semaines et demie, parce que moi, ministre de la Justice, Procureur
général, ministre de l'Immigration, de la Langue française, et je ne sais quoi
qu'il voudrait bien être, je veux une victoire additionnelle à mon cv,
portfolio politique. M. le Président, c'est ça que je ferais et ce serait la
bonne chose à faire, plutôt que de nous <embarquer...
M. Barrette :
...M.
le Président, c'est ça que je ferais et ce serait la bonne chose à faire,
plutôt que de nous >embarquer dans un projet de loi qu'on veut tous
terminer, mais qu'on veut tous, de notre bord, faire correctement et s'assurer
que la population est entendue, M. le Président. Vous me regardez avec
quelqu'un qui va me dire je n'ai plus de temps.
Le Président (M.
Bachand) :Il vous reste 15 secondes.
M. Barrette : Alors, M. le
Président, c'est ça, la proposition que je fais, et le ministre ne devrait pas
répondre maintenant, il devrait réfléchir et revenir publiquement avec une
réponse. Parce que la proposition que je fais va être enregistrée, est très
publique, et on vivra avec son attitude...
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le député de
La Pinière. Cela dit, j'ai reçu le document de la députée de Joliette.
J'autorise son dépôt, il est disponible sur Greffier. Donc, je me tourne vers
la partie ministérielle.
M. Lévesque (Chapleau) : ...
Le Président (M.
Bachand) :Non, ça va être sur le bloc de
la partie ministérielle, vous allez avoir le temps. Oui. M. le député de
Chapleau.
M. Lévesque (Chapleau) : ...ministre,
s'il voulait peut-être répondre au collègue de La Pinière.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, je n'étais pas élu entre 2012 et 2014, et peut-être que la députée
de Joliette pourra rectifier les faits, là.
M. Barrette : ...
• (19 heures) •
M. Jolin-Barrette : Entre
2012 et 2014? Non. Non, non, laissez-moi terminer. La députée de Joliette
pourra confirmer, là, mais je crois qu'elle était prête à l'adopter, son projet
de loi, lorsque la Chambre de l'Assemblée a été dissoute en 2014. Elle a… elle
a demandé au Parti libéral de l'adopter. Le Parti libéral a dit non sur un
projet de loi tellement important sur l'aide médicale à mourir. Le Parti
libéral a dit non. Par la suite, à la nouvelle législature en 2014,
effectivement, on l'a ramené à l'étape où il était rendu.
Le député de La Pinière, là, lui, là,
quand qu'il m'a fait signe, moi, je l'ai fait, là, mais lui, il quitte le
Parlement. Il quitte le Parlement. La moitié de son caucus ne se représente
pas. Peut-être qu'il y aura d'autres mouvements au sein du Parti libéral du
Québec. La députée de Joliette, également, ne se représente pas.
Alors, vous voulez que je fasse quoi, que
je fasse confiance à des institutions où est-ce que ça va être des nouveaux
joueurs, tout ça? Peut-être que, si les gens au leader du Parti libéral me
confirment que ça va être fait, ça pourrait être envisagé, mais ce que je retiens
des propos du député de La Pinière, c'est que, si j'appelle le projet de loi
n° 2, c'est sûr qu'il ne sera pas adopté d'ici la fin de la session. C'est
pas mal ça qu'il vient de me dire, M. le Président. Honnêtement, je suis déçu.
Je pense qu'il aurait pu y avoir la touche du député de La Pinière là-dedans, mais
manifestement je comprends de ses propos que le projet de loi n° 2 ne sera
pas adopté d'ici la fin de la session. Alors, j'aurai essayé, M. le Président.
Alors, je vais céder la parole à mes collègues.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Chapleau.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
Merci, M. le Président. Bien, justement, là, peut-être sur la thématique de
voiture, voiture électrique, deux mains, trois mains, quatre mains sur le
volant et de collaboration, ça, je pense que c'est ça qui est important. Je
pense que c'est le point qui était en discussion, là, pour la suite des
travaux, là, que nous… que nous avons.
D'ailleurs, j'amène le ministre sur le
fameux projet de loi n° 34 qui a été déposé. Je pense que cette
thématique-là va aussi se matérialiser, là, la… je parle de la collaboration
pour ce projet de loi là qui vise, justement, à améliorer l'accès à la justice
en bonifiant l'offre des services juridiques gratuits ou à coût modique.
On le sait, là, dans notre système de
justice, l'accès, c'est vraiment un défi, au Québec, l'accès au système de
justice, soit au niveau de la complexité du système ou des différentes
procédures, les délais, les coûts, le nombre de mesures qui sont à prendre pour
faciliter le parcours des justiciables lorsqu'ils sont confrontés à des
problèmes d'ordre juridique, ils sont assez… assez importants. Puis même, de
nos jours, il y a plusieurs organismes, actuellement, qui offrent des services
gratuits, confidentiels, d'information juridique aux citoyens, peu importe leur
revenu, mais ce soutien juridique s'avère assez insuffisant, là, pour le moment,
parce que les citoyens disent qu'ils auraient besoin de davantage de soutien
juridique.
Puis d'ailleurs on a eu l'occasion, là, avec
les collègues et le ministre, d'étudier puis d'adopter, également, le projet de
loi n° 75 qui a permis d'étendre la possibilité d'avoir non seulement du
conseil juridique, mais également... bien oui, à vrai dire, oui, du conseil
juridique, là, au sein de cliniques juridiques universitaires. Puis, dans le
cadre des consultations publiques, on se souviendra, là, qu'il y a plusieurs
groupes… des organismes sont venus nous parler, puis ils ont fait connaître
leur souhait que ça pourrait être étendu. Ça fait part, d'ailleurs, des... ça
fait partie, c'est-à-dire, des discussions que nous avions eues en étude
détaillée au projet de loi n° 75. Et la réflexion s'était poursuivie, et
elle est… elle est… elle s'est maintenant matérialisée avec le projet de loi
n° 34 qu'on a devant nous, M. le Président.
Et donc il y a eu, évidemment, la
collaboration, là, avec le Barreau du Québec, la Chambre des notaires, le
ministre de la Justice et le ministère de la Justice pour avoir ce projet de
loi là. Et justement j'aimerais peut-être que le ministre nous entretienne sur…
bien, sur le projet de loi...
19 h (version révisée)
M. Lévesque (Chapleau) : ...justement,
j'aimerais peut-être que le ministre nous entretienne sur... bien, sur le
projet de loi, mais aussi sur la suite des choses, là, comment il voit ça pour
son adoption. Là, je sais qu'il y avait quand même beaucoup d'appuis, puis
presque un consensus, à ce niveau-là.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. Alors,
merci pour la question du député de Chapleau. Écoutez, le projet de loi n° 34
a été accueilli somme toute positivement par plusieurs acteurs. Il faut
comprendre que ça part du projet de loi n° 75 sur les
cliniques juridiques universitaires, où on est venu permettre... On était en
retard par rapport aux autres États fédérés au Canada dans la fédération... à l'effet
que les étudiants en droit ne pouvaient pas donner de conseils et d'avis
juridiques. Et souvent, ce qu'on vise à rechercher, c'est en matière d'accès à
la justice que les gens soient mieux renseignés sur leurs droits. Donc, partant
de là, on a constaté que les organismes à but non lucratif dans lesquels
pratiquent des avocats et des notaires, bien, en raison de la structure
corporative de l'entreprise, de... pardon, de la structure corporative de la
personne morale, on ne peut pas donner d'avis et de conseils juridiques. Or, le
projet de loi n° 34 vient corriger ça.
Donc, les organismes à but non lucratif
vont pouvoir donner des conseils et des avis juridiques à coût modique, à
faible coût pour renseigner les gens, et ça, c'est extrêmement important, et
faire de la représentation, et surtout, dans le cadre du projet de loi n° 34,
on permet à des juristes retraités... Il y en a 1 400 au Québec, notamment
des avocats à la retraite, qui vont pouvoir faire bénéficier de leur expertise,
parce qu'ils sont disponibles, mais ils ne pouvaient pas donner de conseils et
d'avis juridiques. Donc, ils vont pouvoir le faire désormais dans les
cliniques... dans les organismes à but non lucratif, qui vont permettre
notamment désormais la pratique en OBNL, et je pense que ça, ce sont souvent
des cliniques de proximité à des gens qui n'ont pas accès à des conseils, à des
avis juridiques, et ça va permettre également d'outiller les gens qui s'autoreprésentent,
et surtout parfois d'améliorer l'efficacité du système de la justice. Alors, je
crois que c'est une avancée significative.
Peut-être que, si le député de La Pinière
est dans des bonnes dispositions, on pourrait l'adopter de façon accélérée d'ici
la fin de la session, ça va toucher beaucoup de justiciables, et le projet de
loi n° 2. Les deux projets de loi. Alors, le député de La Pinière me fait
des signes. Alors, je comprends et je décode que les deux projets de loi
pourront être adoptés d'ici la fin de la session. Je vais le prendre au mot, M.
le Président. Mais, très certainement, c'est un projet de loi qui est
significatif et qui représente une avancée importante. Et je remercie les
ordres professionnels, la Chambre des notaires et le Barreau du Québec d'avoir
accepté de collaborer à la modification du cadre législatif pour justement
faire en sorte d'actualiser notre système de justice, l'efficacité, et qu'on
pense en premier lieu aux justiciables, d'être renseignés adéquatement sur
leurs droits.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de Chapleau.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
M. le Président. Une autre petite question, cette fois-ci sur le DPCP, là. On
sait qu'il dirige les poursuites criminelles et pénales au Québec, notamment,
là, tout ce qui découle de l'application du Code criminel, de la Loi sur le
système de justice pénale pour les adolescents et de toute autre loi fédérale
pour laquelle, là le Procureur général du Québec a autorité d'agir. Mais, à
vrai dire, au cours de la dernière année, il y a plusieurs ressources qui ont été
accordées au DPCP afin de répondre à ses obligations et remplir sa mission,
puis j'aimerais peut-être que le ministre, là, nous entretienne... ou nous
rappelle le nombre d'effectifs puis le contexte pour lequel les ressources
étaient requises à ce niveau-là.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le ministre, s'il
vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui. Alors,
l'organisation du Directeur des poursuites criminelles et pénales... Cette
année, le gouvernement du Québec a fait un effort significatif justement pour
lutter contre les différentes infractions criminelles, mais avec des champs d'action
divers, et cette année on a ajouté 144 ressources au Directeur des poursuites
criminelles et pénales, dont 91 procureurs, 49 personnes au soutien
administratif et quatre procureurs en chef adjoints, donc, notamment pour la
lutte à l'exploitation sexuelle des mineurs, pour la lutte aux féminicides,
pour les besoins administratifs, pour lutter... pour réduire les méfaits reliés
au cannabis, pour la justice dans le Nord, pour le tribunal spécialisé, pour la
lutte aux armes à feu et pour les comparutions de fin de semaine. Alors, vous
conviendrez que c'est un ajout substantiel, le nombre de procureurs, justement
pour faire en sorte de donner les outils au Directeur des poursuites
criminelles et pénales d'avoir les moyens pour réaliser sa mission.
Et on va continuer. Également dans le
prochain budget, il y a des sommes supplémentaires pour accompagner la mission
du Directeur des poursuites criminelles et pénales, le tout dans le souci aussi
de mieux accompagner les personnes victimes, et je pense que les procureurs aux
poursuites criminelles et pénales et l'ensemble du personnel administratif qui
y travaille font un travail important d'accompagnement, d'explication, et,
surtout avec la poursuite verticale, autant en matière de violence conjugale qu'en
violence sexuelle, je pense que ça, c'est prioritaire pour les personnes
victimes.
Alors, je tiens à remercier et à souligner
également le travail de Me Michel, qui est en poste depuis... Ça fait un an,
environ. Alors, je pense qu'il y a vraiment un leadership au sein du Directeur
des poursuites criminelles et pénales et je pense que l'Assemblée nationale a
bien fait de <désigner...
M. Jolin-Barrette :
...qu'il
y a vraiment un leadership au sein du Directeur des poursuites criminelles et
pénales et je pense que l'Assemblée nationale a bien fait de >désigner
Me Michel à titre de directeur, parce que la marchandise, elle est livrée. Et
je tiens à vous remercier sincèrement, avec votre équipe, avec Me Martinbeault
également, avec Me Bernier également, qui nous accompagnent ici, pour le
travail qui est effectué, et surtout on est en train d'améliorer le système de
justice en matière criminelle et pénale, et c'est significatif.
Vous me permettrez également, M. le
Président, sur les moments qu'il me reste, entre autres de remercier l'ensemble
des... du personnel qui est ici avec nous, qui nous accompagne, donc Me Line
Drouin, Me Patrick-Thierry Grenier, Me Yan Paquette, Me Marjorie Forgues, Mme
Mylène Martel, Me Martine Allard, Me Véronique Morin, Me Patrick Michel, Me
Anny Bernier, Me Vincent Martinbeault, Me Daniel LaFrance, Me Nadine Koussa, de
la Commission des services juridiques, Me Philippe-André Tessier, Me Myrlande
Pierre, Me Suzanne Arpin et Me Josée Morin, remercier également les membres de
mon cabinet qui sont parmi nous, de remercier également les élus de la partie
gouvernementale, le député de Rousseau, le député de Mégantic, la députée de
Labelle, le député de Saint-Jean, le député de Chapleau également, le député
d'Ungava, et de remercier également l'ensemble du personnel du
• (19 h 10) •
ministère de la Justice et des différents
organismes, qui ont travaillé très, très fort les dernières semaines, M. le
Président. Vous ne pouvez pas savoir à quel point il y a des heures qui sont
investies dans la reddition de comptes. J'aurais souhaité qu'on me pose
notamment des questions en lien avec les crédits budgétaires, je pense qu'il
aurait été approprié, plutôt que de faire une partie de pêche sur une demande
d'accès à l'information. Cela étant dit, je dois dire que je suis extrêmement
privilégié, M. le Président, de pouvoir compter sur des gens dans la fonction
publique qui sont dévoués à leur mission, et c'est un grand plaisir de
travailler avec les gens au sein du ministère de la Justice, également avec les
autres missions que nous avons, mais vous dire à quel point c'est apprécié, et
que le service public doit être valorisé, M. le Président, et vous avez eu la
démonstration aujourd'hui et depuis la dernière année, avec la livraison
notamment des différents projets de loi et des différentes actions du ministère
de la Justice, que la justice est au service des citoyens, et que nous agissons
dans ce sens-là. Alors, un grand merci à toutes les personnes qui oeuvrent au
sein du ministère... bien, qui oeuvrent pour la mission de la justice au sens
large.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Le temps file
rapidement. Mme la députée de Labelle, il reste deux minutes.
Mme Jeannotte : Merci, M. le
Président. Le 3 décembre 2020, le gouvernement du Québec présentait son Plan
d'action pour prévenir les situations de violence conjugale à haut risque de
dangerosité et accroître la sécurité des victimes, et puis dans celui-ci la
première action portait sur la mise en place d'un service juridique d'urgence
pour déterminer, entre autres, les droits des gardes d'enfants dans un contexte
de violence conjugale. Ça visait à améliorer l'accessibilité des services de la
Commission des services juridiques pour les personnes victimes de violence
conjugale, notamment en matière familiale. Dès janvier 2021, des directives
étaient déjà mises en place à la Commission des services juridiques pour
permettre à toutes les personnes victimes de violence conjugale d'obtenir
rapidement du soutien, et ce, nonobstant une preuve d'admissibilité à l'aide
juridique.
Parallèlement à ces travaux internes, un
comité d'experts de l'accompagnement des personnes victimes d'agression
sexuelle et de la violence conjugale a remis son rapport, Rebâtir la
confiance, dont mon collègue le député de Chapleau parlait précédemment, et
ce, le 15 décembre 2020. Donc, ce rapport inclut un chapitre complet sur
l'information, le conseil et la représentation juridique des personnes
victimes. Le chapitre V en particulier et les recommandations 25 à 31 portent
sur un service juridique complet pour les personnes victimes, notamment, là, de
façon générale, accorder aux personnes victimes un accès élargi à l'aide
juridique dans tous les domaines de droit, en commençant par quatre heures de
conseils juridiques gratuits dans tous les domaines de droit indépendamment de
leurs revenus, d'autre part représenter gratuitement les personnes victimes
dans les dossiers criminels où l'accusé veut déposer une preuve sur le passé
sexuel de la personne victime ou veut accéder à ses dossiers confidentiels, et
troisièmement ces services juridiques devraient être offerts par des avocats
spécialement formés sur les problématiques...
Le Président (M.
Bachand) :...en terminant, en terminant...
Mme Jeannotte : Pardon?
Le Président (M.
Bachand) :...en terminant.
Mme Jeannotte : Bien, en
terminant, ce que j'aimerais, j'aimerais ça, entendre le ministre sur les
actions posées et à venir.
Le Président (M.
Bachand) :Malheureusement, ce sera pour
une autre fois. Alors donc, le temps alloué à l'étude du volet Justice des
crédits budgétaires du portefeuille Justice étant presque écoulé, nous allons
maintenant procéder à la mise aux voix des crédits. Est-ce que le programme 1,
intitulé Administration de la justice, est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M.
Bachand) :Sur division. Est-ce que le
programme 2, intitulé Activités judiciaires, est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M.
Bachand) :Sur division. Le programme 3,
intitulé Justice administrative, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Le programme 4... Sur
division. Donc, le programme 4, intitulé Indemnisation et reconnaissance,
est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M.
Bachand) :Adopté sur division. Le
programme 5, intitulé Autres organismes relevant du ministre, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur <division.
Le Président (M.
Bachand) :
...est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur >division.
Le Président (M.
Bachand) :Sur division. Le programme 6,
intitulé Poursuites criminelles et pénales, est-il adopté?
Des voix : Adopté
Des voix : Sur division.
Le Président (M.
Bachand) :Sur division. Finalement,
l'ensemble des crédits budgétaires du portefeuille Justice pour l'exercice
financier 2022-2023 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M.
Bachand) :Adopté sur division. En
terminant, je dépose les réponses aux demandes de renseignements de
l'opposition.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux au mercredi 4 mai, à 11 h 15, où elle
va entreprendre l'étude du portefeuille Relations internationales et
Francophonie. Merci. Bonne soirée.
(Fin de la séance à 19 h 15)