Journal des débats (Hansard) of the Committee on Institutions
Version préliminaire
42nd Legislature, 2nd Session
(October 19, 2021 au August 28, 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Wednesday, November 3, 2021
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Vol. 46 N° 4
Clause-by-clause consideration of Bill 92, An Act to create a court specialized in sexual and domestic violence and respecting training of judges in these matters
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11 h (version non révisée)
(Onze heures dix-sept minutes)
Le Président (M. Benjamin) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Alors, ayant constaté le quorum, je déclare la séance
de la commission ouverte.
La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 92, Loi visant la
création d'un tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et de
violence conjugale et portant sur la formation des juges en ces matières.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président : Mme Lachance (Bellechasse) est remplacée par M. Provençal
(Beauce-Nord); Mme Lavallée (Repentigny) est remplacée par Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac); M. Rousselle (Vimont) est remplacé par Mme Melançon
(Verdun); et M. Zanetti (Jean-Lesage) est remplacé par Mme Labrie
(Sherbrooke).
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. Lors de l'ajournement de nos travaux hier, nous avons adopté un amendement
visant à introduire un préambule au projet de loi. Je vous rappelle que nous
avons un amendement visant à introduire l'article 0.1 suspendu. M. le ministre,
je vous cède la parole.
M. Jolin-Barrette : Alors, M.
le Président, nous avons adopté le nouveau préambule hier. On avait mis au jeu
un article 0.1. Je vous demanderais de pouvoir le retirer pour pouvoir déposer
un nouvel article 0.1. Considérant les discussions qu'il y avait eu hier, je ne
crois pas qu'on avait retiré l'ancien 0.1.
Le Président (M. Benjamin) :
Avant, est-ce que j'ai le consentement de tous pour le retrait du 0.1? Parfait,
consentement.
M. Jolin-Barrette : Donc, M.
le Président, je souhaiterais amender le projet de loi et déposer le nouvel article
0.1 qui fait suite aux… des discussions que nous avons eues hier sur une bonne
partie de l'après-midi. Alors, le nouvel article 0.1 se lit…
Le Président (M. Benjamin) :
…est-ce que j'ai le consentement de tous pour le retrait du 0.1? Parfait. Consentement.
M. Jolin-Barrette : Donc, M.
le Président, je souhaiterais amender le projet de loi et déposer le nouvel
article 0.1 qui fait suite aux discussions que nous avons eues hier sur une
bonne partie de l'après-midi. Alors, le nouvel article 0.1 se lira ainsi, il a
été distribué, copie papier aux collègues et il est également sur le site
Greffier, donc :
«0.1. La présente loi vise à rebâtir la
confiance des personnes victimes de violence sexuelle et de violence conjugale
envers le système de justice et qu'à cette fin des mesures soient prises pour
que les personnes, qui le souhaitent, entament et poursuivent un parcours
judiciaire.
«Elle vise à ce que les services
psychosociaux et judiciaires offerts aux personnes victimes soient intégrés et
adaptés, à ce que les lieux physiques soient aménagés pour être sécuritaires et
sécurisants et qu'un effort soutenu soit fait pour réduire les délais de
traitement des dossiers.
«Elle vise à assurer un cheminement
particulier des poursuites qui impliquent un contexte de violence sexuelle et
de violence conjugale ainsi que le perfectionnement des intervenants en ces
matières afin de réduire les risques de victimisation secondaire qui implique
que les personnes victimes soient soumises à des situations de minimisation ou
d'insensibilité en regard de la violence dont elles ont préalablement été
victimes.
«Elle vise à ce que soient considérés les
besoins particuliers des personnes victimes de violence sexuelle ou de violence
conjugale tout au long de leur cheminement y compris pendant le processus
judiciaire.
«Elle vise à ce que l'accompagnement des
personnes victimes implique des intervenants spécialisés et dédiés et que la
spécialisation de ceux-ci soit assurée par une formation continue.
«Elle vise à ce que l'accompagnement des
personnes victimes tienne compte des réalités culturelles et historiques des
personnes victimes des Premières Nations et des Inuits.»
Alors, l'amendement vise à ajouter une
disposition énonçant les objectifs poursuivis par les modifications
législatives proposées. Quelques explications, M. le Président, parce qu'on a
beaucoup discuté de ça hier, notamment en ce qui concerne, si on prend le
premier alinéa. On a eu des discussions, notamment avec la députée de
Sherbrooke, relativement à l'attrition.
Donc, à l'alinéa 1 maintenant, on énonce
les grands principes : «La présente loi vise à rebâtir la confiance des
victimes de violence sexuelle et de violence conjugale envers le système de
justice et qu'à cette fin des mesures soient prises pour que les personnes, qui
le souhaitent, entament et poursuivent un parcours judiciaire.»
• (11 h 20) •
Donc, on vient définir en fait ce que
constitue l'attrition, et je vous disais hier que j'avais un enjeu avec le taux
d'attrition, tout ça. Alors, ce qu'on vient dire, à l'alinéa 1, véritablement,
c'est de dire : Chaque personne, là, qui veut dénoncer va pouvoir le faire
et elle va l'entamer et également le poursuivre, ce parcours judiciaire là.
Alors, c'est les mots qu'on a trouvés pour pouvoir bien énoncer le fait qu'il
n'y ait pas de frein à déposer une plainte ou à s'adresser au système de
justice.
Donc, le deuxième alinéa, vous vous
souvenez, ça, c'était prévu dans le préambule, donc on a transféré du préambule
à l'objectif pour les lieux adaptés. Le délai de traitement des dossiers
également, il était au sixième alinéa hier dans 0.1, donc on vient le remonter
plus haut pour faire un alinéa avec ça.
Le troisième alinéa, bon, c'est le
cheminement particulier des poursuites qui implique un contexte…
M. Jolin-Barrette : …transféré
du préambule à l'objectif pour les lieux adaptés. Le délai de traitement des
dossiers également, il était au sixième alinéa, hier, dans 0.1, donc on
vient le remonter plus au haut pour faire un alinéa avec ça.
Le troisième alinéa, bon, c'est le
cheminement particulier des poursuites qui impliquent un contexte de violence
conjugale et sexuelle. Donc, on parle du perfectionnement. Là, on est venus
nommer, suite à notre discussion hier, la victimisation secondaire. Mais on
vient la définir, ce qu'on entend par «victimisation secondaire», c'est «qui
implique que les personnes victimes soient soumises à des situations de
minimisation ou d'insensibilité en regard de la violence dont elles ont
préalablement été victimes.» Donc, je sais que c'était important pour mes collègues
que le terme «victimisation secondaire» soit présent, alors on vient l'insérer également
là.
Bon, le quatrième alinéa, les besoins
particuliers, ça, on a eu cette discussion-là avec le député de Chomedey hier
pour expliquer clairement que, oui, les victimes, notamment en matière
d'agression sexuelle, ils ont des besoins particuliers. Ce n'est pas tout à
fait la même chose que d'autres personnes d'infractions qui ne sont pas
nécessairement des infractions contre la personne, donc ça amène certains
enjeux particuliers.
Cinquième alinéa, on a les intervenants
spécialisés, dédiés, la formation continue et on est revenus avec
l'utilisation… le vocable, dans le sixième alinéa, pour les autochtones, on
s'est collés sur les termes que la députée de Verdun nous avait dits dans le
cadre de Rebâtir la confiance. Donc, pour enlever toute ambiguïté, on a indiqué
«Premières Nations» et «Inuits» même si ça inclut les deux, mais on utilise le
même vocable qu'il a été utilisé dans le rapport Rebâtir la confiance, pour
l'accompagnement des personnes de ces communautés.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le ministre. Donc, première intervention, Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci, M. le
Président. Heureuse de retrouver le ministre. Et j'espère qu'on reprend les
travaux avec un certain enthousiasme de la part du ministre, parce que moi, je
considère, et je tiens à le dire devant le micro, là, qu'on a bien avancé,
hier, avec, d'abord, la première partie du préambule, là, qui a été écrit à
quatre mains, là, je dirais ça, à… mais plus que ça, à quatre personnes,
donc à huit mains, et on est déjà à l'article 0.1.
J'ai un petit commentaire pour le dernier
alinéa, M. le ministre : «Elle vise à ce que l'accompagnement tienne
compte des réalités culturelles et historiques des personnes victimes des
Premières Nations et des Inuits.» Moi, je pense que, si on dit : «à ce que
l'accompagnement tienne compte… des personnes victimes des Premières Nations et
des Inuits.», il y a quelque chose qui ne fonctionne pas, là, dans la façon
dont c'est libellé actuellement. Je pense que c'est «elle vise à ce que
l'accompagnement tienne compte des réalités culturelles et historiques des
personnes victimes des Premières Nations et des Inuits.»
M. Jolin-Barrette : …
Mme Melançon : Ça fait que
c'était mon premier commentaire, M. le Président.
Le Président (M. Benjamin) :
Mme la députée. Est-ce que j'ai d'autres commentaires, j'ai d'autres
interventions? Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : …
Mme Melançon : …des Premières
Nations et des Inuits.
M. Jolin-Barrette : …modifié.
Mme Melançon : Donc, c'était
mon premier commentaire, M. le Président.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée. Est-ce que j'ai d'autres commentaires? J'ai d'autres
interventions? Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Oui. Je tiens à
dire que je trouve qu'on a fait beaucoup de chemin depuis hier. C'est très
intéressant l'article 0.1 qu'on a sous les yeux. Je le trouve
intéressant en particulier parce qu'avec les objectifs clairs qui sont nommés
ici on se donne des outils pour évaluer les tribunaux spécialisés qui vont être
implantés. Donc, je veux juste semer tout de suite dans l'esprit du ministre
l'idée qu'on inclut plus tard dans le projet de loi un article pour qu'il y ait
un mécanisme d'évaluation des tribunaux spécialisés qui va cibler… qui va se
baser sur les objectifs énumérés dans cet article-là.
Le Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée. Est-ce que j'ai d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autres
interventions…
M. Jolin-Barrette : On va
juste… bien, en fait, peut-être que je retire et je redépose parce que moi je
ne peux pas sous-amender, M. le Président, en lien avec la proposition. Donc,
est-ce que… juste un instant, M. le Président. Bien, c'est ça. Donc, avec votre
permission, puis le consentement des membres, je retirerais l'article 0.1.
Donc…
Le Président (M. Benjamin) :
Oui. Absolument. Est-ce que j'ai le consentement pour le retrait? Consentement.
M. Jolin-Barrette : O.K. Et
là, M. le Président, j'insérerais le nouvel article 0.1. Voulez-vous que
je vous en fasse la lecture?
Le Président (M. Benjamin) : S'il
vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Ou…
Le Président (M. Benjamin) : On
doit suspendre. On suspend quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 25)
(Reprise à 11 h 29)
Le Président (M. Benjamin) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Donc, nous allons reprendre nos travaux.
Donc, l'amendement a été bien déposé. Donc, M. le ministre, je vous invite à
nous donner lecture et faire vos commentaires.
M. Jolin-Barrette : Alors,
l'article 0.1 : «La présente loi vise à rebâtir la confiance des
personnes victimes de violence sexuelle et de violence conjugale envers le
système de justice et qu'à cette fin des mesures soient prises pour que les
personnes, qui le souhaitent, entament et poursuivent un parcours judiciaire.
«Elle vise à ce que les services
psychosociaux et judiciaires offerts aux personnes victimes soient intégrés et
adaptés, à ce que les lieux physiques soient aménagés pour être sécuritaires et
sécurisants et qu'un effort soutenu soit fait pour réduire les délais de
traitement des dossiers.
• (11 h 30) •
«Elle vise à assurer un cheminement
particulier des poursuites qui impliquent un contexte de violence sexuelle…
11 h 30 (version non révisée)
M. Jolin-Barrette : …un
parcours judiciaire.
Elle vise à ce que les parcours
psychosociaux et judiciaires offerts aux personnes victimes soient intégrés et
adaptés, à ce que les lieux physiques soient aménagés pour être sécuritaires et
sécurisants et qu'un effort soutenu soit fait pour réduire les délais de
traitement des dossiers.
Elle vise à assurer un cheminement
particulier des poursuites qui implique un contexte de violence sexuelle et de violence
conjugale ainsi que le perfectionnement des intervenants en ces matières afin
de réduire les risques de victimisation secondaire qui impliquent que les
personnes victimes soient soumises à des situations de minimisation ou d'insensibilité
en regard de la violence dont elles ont préalablement été victimes.
Elle vise à ce que soient considérés les
besoins particuliers des personnes victimes de violence sexuelle ou de violence
conjugale tout au long de leur cheminement, y compris pendant le processus
judiciaire.
Elle vise à ce que l'accompagnement des
personnes victimes implique des intervenants spécialisés et dédiés et que la
spécialisation de ceux-ci soit assurée par une formation continue.
Elle vise à ce que l'accompagnement tienne
compte des réalités culturelle et historique des personnes victimes des Premières
Nations et des Inuits.
Donc, ça fait suite au commentaire de la
députée de Verdun relativement au dernier alinéa.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le ministre. Est-ce que j'ai d'autres interventions? Donc, s'il n'y a
pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que
l'amendement visant à introduire le nouvel article 0.1 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Benjamin) :
Donc, l'amendement est adopté. Le nouvel article 0.1 est donc adopté. Donc,
nous poursuivons.
M. Jolin-Barrette : Donc,
oui, M. le Président, à ce stade-ci, on avait eu une discussion préliminaire
hier avec les collègues relativement à l'ordre d'étude du projet de loi. Alors,
je crois comprendre qu'on y allait en ordre par l'article 1 et suivants. Ctl e
souhait des collègues?
Une voix : …
M. Jolin-Barrette : Oui? O.K.
donc, article 1 :
«La loi sur les cours municipales (chapitre
C-72.01) est modifiée par l'insertion, après l'article 33, du suivant :
33.1. Toute personne qui se porte
candidate à la fonction de juge doit s'engager à suivre, si elle est nommée, le
programme de perfectionnement sur les réalités relatives à la violence sexuelle
et à la violence conjugale établi par le Conseil de la magistrature.»
Commentaire. Avec la modification proposée
par le présent article, les candidats à la fonction de juge d'une cour
municipale devraient s'engager à suivre, s'ils sont nommés, le programme de
perfectionnement sur les réalités relatives à la violence sexuelle et à la violence
conjugale qui serait établi par le Conseil de la magistrature.
Peut-être quelques explications, M. le
Président, là. Dans le fond, l'ordonnancement est fait parce qu'on vient
modifier différentes lois, donc c'est pour ça qu'on va avoir plusieurs modifications,
parce qu'on ne modifie pas toutes les mêmes lois en même temps, puis ça se fait
notamment en ordre alphabétique. Donc, il y a différentes catégories de juges
qui vont être formés, dans le fond. Le gouvernement est sous la responsabilité
du ministre de la Justice, au Québec, on a la responsabilité et le pouvoir de
nommer des juges qui relèvent de la cour… la cour qui relève de l'État québécois,
et donc, dans le cadre de cette cour-là, les juges que l'on nomme, ce sont les
juges de la Cour du Québec, les juges de paix magistrats, qui est une création
depuis 2003‑2004, qui sont des juges à l'intérieur de la Coiur du Québec qui
ont des pouvoirs spécifiques, notamment en matière statutaire, donc qui
entendent les dossiers à matière pénale... bien, en fait, les lois qui ont des
infractions pénales. Ils ont des pouvoirs également de délivrer... d'émettre
des mandats de perquisition, saisie…
M. Jolin-Barrette : ...des
juges à l'intérieur de la Cour du Québec qui ont des pouvoirs spécifiques,
notamment en matière statutaire, donc qui entendent les dossiers à matière
pénale... bien, en fait, les lois qui ont des infractions pénales. Ils ont des
pouvoirs également de délivrer... d'émettre des mandats de perquisition,
saisie. Alors, c'est une catégorie de juges à l'intérieur de la Cour du Québec.
Parallèlement à ça, on va venir viser également les juges des cours
municipales, donc, qui sont désignés. Donc, il y a deux types de juges de cours
municipales. Vous avez les juges à titre exclusif et les juges à la séance.
Donc, les juges à titre exclusif, ce sont des gens qui pratiquent dans trois
cours. Donc, Montréal a des juges à titre exclusif, Laval a des juges à titre
exclusif et Québec a des... la cour municipale de Québec a des juges à titre
exclusif. Pour les autres cours municipales au Québec, ce sont des juges
rémunérés à la séance. Donc, le mode de rémunération, il est différent.
Donc, ce sont les quatre catégories de
juges qui, lorsqu'ils appliqueront pour soumettre leur candidature à titre de
juge, devront s'engager, dans le cadre du formulaire où est-ce qu'on soumet la
candidature, de s'engager à suivre la formation sur les violences sexuelles et
conjugales. Et parallèlement à ça, les autres juges au Québec, ceux de la Cour
supérieure et de la Cour d'appel, du Québec, sont désignés par le gouvernement
fédéral. Donc, ce sont des juges de nomination fédérale. Ceux-ci sont déjà
assujettis par la loi fédérale à la formation, à une formation qui est
développée par le Conseil canadien de la magistrature. Nous, on fait le pendant
québécois, le conseil québécois... bien, le Conseil de la magistrature du Québec.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. Est-ce que j'ai des interventions? Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Est-ce
que le ministre peut nous expliquer pourquoi il a décidé d'étendre l'obligation
de formation aux juges municipaux?
M. Jolin-Barrette : Oui. Parce
que, notamment, exemple, à la cour municipale à Montréal. À la cour municipale
à Montréal, ils ont la juridiction en matière criminelle, O.K.? Donc, certaines
cours municipales ont la partie 27, je crois, du Code criminel... c'est
ça, la partie 27, et donc, ces juges-là peuvent entendre des dossiers en
matière criminelle, notamment des dossiers de violence conjugale.
Donc, il m'apparaît important que, lorsque
les juges... puis, dans le fond, là, cette formation-là, moi, je la vois plus
largement. Ce n'est pas... parce qu'on a entendu l'argument, puis tout à
l'heure, on y viendra, pour les juges de la Cour du Québec, exemple, qui
siègent dans d'autres chambres. Ils ne siègeraient pas à la division
spécialisée ou qui ne siègent pas à la chambre criminelle et pénale. Supposons
que vous siégez à la chambre de la famille ou à la chambre civile. Dans
plusieurs aspects du droit, le fait d'avoir des personnes qui ont vécu des
violences...
M. Jolin-Barrette : ...qui
siègent dans d'autres chambres, ne siégeraient pas à la division spécialisée ou
qui ne siègent pas à la chambre criminelle et pénale, supposons, vous siégez à
la chambre de la famille ou à la chambre civile. Dans plusieurs aspects du
droit, le fait d'avoir des personnes qui ont vécu des violences sexuelles ou
des violences conjugales, je crois que c'est un atout pour l'ensemble de la
magistrature du Québec d'être sensibilisé et d'être formé à cette réalité-là.
Peu importe dans quel type de cour vous allez siéger, vous risquez, un jour ou
l'autre, d'avoir un dossier qui va avoir des ramifications en matière de
violence conjugale et de violence sexuelle. Donc, il m'apparaît opportun de
faire en sorte que l'ensemble de la magistrature soit sensibilisé et soit formé
en lien avec ces réalités-là, et ça peut prendre plusieurs formes.
Mme
Hivon
: Je
me doutais que le ministre allait me parler des juges municipaux qui ont la
partie 27, là, je pense, c'est Montréal, Laval et Québec. Puis, en fait,
je comprends qu'il veut quand même l'étendre à tous les juges municipaux de
toutes les municipalités et villes du Québec, même si elles n'entendent pas ce
type de cause, parce qu'elles n'ont pas les pouvoirs en vertu de la
partie 27. Je veux juste faire ressortir... je veux dire, je pense qu'on
n'a rien contre de sensibiliser, de former le plus grand nombre de personnes à
ces réalités-là des victimes de violence sexuelle et conjugale, mais, selon
moi, c'est quelque chose qui est quand même différent du tribunal spécialisé.
Puis le tribunal spécialisé, ça le dit dans le nom. Puis j'étais contente de
voir aussi que c'était écrit dans l'objectif, l'idée de spécialisation puis
d'avoirs des intervenants, des acteurs dédiés.
La seule chose que je veux faire ressortir
ici, c'est que, si on vise vraiment une généralisation dans l'offre de la
formation, c'est une chose, mais ce n'est pas qui va être garant d'avoir des
gens vraiment spécialisés, formés de manière permanente, tout à fait au fait
des derniers développements, autant juridiques que psychosociaux. Donc, je
pense juste que c'est important de faire ressortir que ce sont comme deux
éléments distincts. On n'est pas ici en lien du tout avec les objectifs... je
veux dire, il ya un lien, mais ce n'est pas directement relié au tribunal
spécialisé, ce que le ministre veut faire en disant qu'il veut assujettir
absolument tous les juges à cette formation-là de base. Ce n'est pas ça qui va
les spécialiser, puis ce n'est pas ça qui va faire en sorte qu'on va savoir
que, devant notre tribunal spécialisé, tout le monde qui est là puis qui agit
là est formé, est spécialisé, est dédié.
Donc, je voulais juste faire ressortir ça
parce que, moi, je n'ai rien contre, mais je pense que la même question se
poserait : Est-ce que tous les avocats, est-ce que tous les policiers,
qu'importe le domaine où ils pratiquent, devraient avoir une formation de base?
Je pense que les juges seraient en mesure de dire…
Mme
Hivon
:
…donc, je voulais juste faire ressortir ça parce que, moi, je n'ai rien contre,
mais je pense que la même question se poserait : Est-ce que tous les
avocats, est-ce que tous les policiers, qu'importe le domaine où il pratique,
devraient avoir une formation de base? Je pense que les juges seraient en
mesure de dire… Si on demande ça au juge pour pouvoir être nommée, est-ce que
ça ne devrait pas être aussi une formation donnée à tous les avocats,
qu'importe le domaine de pratique, à tous les policiers? Donc, je veux juste
soumettre ça au ministre pour voir ce qu'il pense de cette espèce de corollaire
là.
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, il y a plusieurs choses de… quand la députée de Joliette. Bien entendu,
la majorité des dossiers vont se dérouler… Bien, en fait, les dossiers se
déroulent à la division dans le tribunal spécialisé. Bon, pour les corps
d'emploi, supposons, les policiers, ils reçoivent déjà de la formation, à
Nicolet, sur la violence sexuelle, la violence conjugale dans leur cadre de
leur parcours. Lorsque la SQ, le SPVM et le SPVQ sont venus témoigner, ils
l'ont indiqué. Bien entendu, au tribunal spécialisé, les enquêteurs qui sont
des enquêteurs qui traitent des dossiers d'agressions sexuelles, supposons,
reçoivent de formations supplémentaires. Parce que, quand vous êtes enquêteurs,
supposons… Supposons, vous êtes patrouilleur, vous avez une formation à
Nicolet, vous pouvez recevoir de la formation supplémentaire. Quand vous êtes
aux enquêtes, là, à ce moment-là, en fonction d'est-ce que vous êtes au crime
contre la personne, au crime contre la propriété, tout ça, il y a des
spécialisations qui font en sorte qu'ils reçoivent davantage de formations, notamment
comment aborder la victime, puis comment parler avec elle, puis tout ça. Donc,
ça se fait.
• (11 h 40) •
Moi, je pense que, dans notre société, on
doit envoyer un message très clair relativement à l'importance de la nature des
dossiers en matière de violence sexuelle et de violence conjugale. Le fait
d'être… de recevoir une formation par rapport à la violence sexuelle, à la
violence conjugale pour les décideurs dans les salles de cour, moi, je trouve
que c'est une bonne chose. Parce que, bien que le juge à la cour municipale n'entende
pas nécessairement un dossier précis en matière, supposons, de violence
sexuelle, mais que, dans le cadre du témoignage ou des personnes qui sont
devant lui… puis il y a 16 cours municipales qui ont la compétence en
matière de la partie 27, donc ça amène des infractions en matière... dans le
fond, de nudité, d'obscénité également. Donc, ça amène des fois, parfois un
contexte de nature sexuelle aussi. Alors, il faut avoir cette sensibilité-là
aussi. Puis le fait d'avoir cet outil-là de dire, comme société, c'est
important que tous les magistrats s'engagent à suivre cette formation-là, moi,
je pense qu'on est mieux de partir avec un minimum pour tout le monde pour
faire en sorte qu'ils aient ces compétences-là, ce savoir-être-là par rapport aux
personnes victimes qui seront appelées à venir parfois devant eux. Donc, notamment,
c'est pour ça qu'on vise l'ensemble des juges au Québec. Et je vous
rappellerais que tous les juges fédéraux ont l'obligation de suivre la
formation. Et, à la Cour supérieure, exemple, au Québec, ça ne représente même…
notre société, et qu'il y a un message à envoyer, également, pour dire
l'importance qu'on attache à la violence sexuelle et la violence conjugale.
M. Jolin-Barrette :
...aux personnes victimes qui seront appelées à venir parfois devant eux. Donc,
notamment, c'est pour ça qu'on vise l'ensemble des juges au Québec. Et je vous
rappellerais que tous les juges fédéraux ont l'obligation de suivre la
formation. Et, à la Cour supérieure, exemple, au Québec, ça ne représente même
pas 1 % des dossiers, mais ils suivent la formation quand même, à la Cour
d'appel aussi, à la cour fédérale, à la Cour d'appel fédérale aussi.
Alors, moi, je suis très à l'aise qu'on
fasse le choix, comme société, de dire : Écoutez, vous allez exercer des
fonctions qui sont importantes, des fonctions de magistrat. Et nous, comme
société, on considère que ce type de formation là pour siéger, pour trancher,
pour entendre les gens, ça devrait être une compétence qui est acquise, ça
devrait être une compétence sur laquelle vous êtes formés, vous êtes
renseignés. Je crois que ça a beaucoup évolué, notre société, et qu'il y a un
message à envoyer, également, pour dire l'importance qu'on attache à la
violence sexuelle et la violence conjugale.
Le Président (M. Benjamin) :
Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
Je suis assez d'accord, je suis même d'accord avec ce que le ministre dit. Je
trouve juste ça important de ne pas donner l'impression que, parce que tous les
juges de toutes les cours vont avoir suivi une formation, ils vont tous devenir
des experts du sujet, là. Je veux juste que ça, ça sorte bien clairement que
c'est deux réalités différentes. On profite, en quelque sorte, du projet de loi
sur le tribunal spécialisé pour marquer le coup et envoyer un message que tous
les juges, même s'ils ne siègent pas dans ces matières-là, vont devoir avoir
une formation que j'appellerais de base sur le sujet des violences sexuelles et
conjugales. Donc, je comprends que c'est l'objectif qui est poursuivi.
Le Président (M. Benjamin) :
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci
beaucoup, M. le Président. J'ai simplement une question sur : «doit
s'engager», toute personne doit s'engager... il manque peut-être quelque chose.
S'engage pour pouvoir être nommé? S'engage... Parce qu'il y a un engagement,
mais s'il ne le fait pas, s'ils ne le font pas, qu'advient-il?
M. Jolin-Barrette :
Bien, vous savez, là, on rentre dans le concept, notamment, de l'indépendance
judiciaire. Alors, je vous expliquais hier qu'il y a trois catégories de juge
ou de candidat à être nommé juge qui seront visées. Donc là, lorsqu'on est dans
l'article 1, on est dans... et on le verra pour ceux de la Cour du Québec
et ceux des juges de paix magistrats tout à l'heure. Vous n'êtes pas juge, vous
êtes avocat, vous soumettez votre candidature pour être juge. Donc, à ce
moment-là, en annexe du projet de loi, vous avez le formulaire qui doit être
rempli lorsque vous soumettez votre candidature. Et là on va voir que le
candidat va devoir...
M. Jolin-Barrette : …du
Québec et ceux des juges de paix magistrats tout à l'heure. Vous n'êtes pas
juge, vous êtes avocat, vous soumettez votre candidature pour être juge. Donc,
à ce moment-là, en annexe du projet de loi, vous avez le formulaire qui doit
être rempli lorsque vous soumettez votre candidature. Et là, on va voir que le
candidat va devoir, à la fin donc du projet de loi… «Je m'engage, si je suis
nommé, à suivre le programme de perfectionnement sur les réalités relatives à
la violence sexuelle et à la violence conjugale établi par le Conseil de la
magistrature.» Donc, c'est une déclaration du candidat, c'est comme un
engagement contractuel.
L'enjeu, et à juste titre tel qu'il est
soulevé par la députée de Verdun, c'est qu'à partir du moment où vous êtes
nommé à la Cour du Québec, l'engagement, il est sur l'honneur. Je ne peux pas
obliger les candidats à suivre la formation avant qu'ils soient nommés, parce
que la formation relève du Conseil de la magistrature, relève de l'indépendance
judiciaire. Alors, je ne peux pas dire à un juge qui est en exercice :
Vous devez suivre telle formation, telle formation, telle formation. Ça relève
de l'indépendance judiciaire. Et si je le faisais, on m'accuserait, bien, de ne
pas respecter la séparation des pouvoirs. Et c'est loin de moi la volonté que
j'ai parce que je respecte, moi, la séparation des pouvoirs. Et je crois que le
Conseil de la magistrature a son rôle à jouer, le gouvernement du Québec a son
rôle à jouer, mais dans tout ça, on dit au Conseil de la magistrature :
Veuillez développer une formation en lien avec les organismes pour offrir ça.
Donc, à votre question, c'est un
engagement qui est basé sur l'honneur. Mais lorsque vous soumettez votre
candidature pour être juge, vous êtes investi… et que vous êtes désigné comme
juge, vous êtes investi de responsabilités. Et quelqu'un qui ne respecterait
pas son engagement, ça serait problématique, je trouverais. Parce qu'on
s'attend… lorsque quelqu'un qui s'engage à le faire devra le faire. Ça fait
partie des conditions associées. Lorsque vous soumettez votre candidature, vous
devrez suivre cette formation-là et qui sera développée en toute indépendance
par le Conseil de la magistrature.
Mme Melançon : Merci,
merci pour la réponse. Donc, est-ce que je peux comprendre, selon vos dires,
qu'il se pourrait que certains juges n'aient pas suivi certaines formations
malgré un engagement sur l'honneur et qu'ils soient tout de même nommés juges?
M. Jolin-Barrette : Bien
là, on est dans la séquence, O.K. Alors, moi, quand je reçois le rapport de
recommandation des candidats à être nommés juges et que je fais le choix, bien,
désormais, tous les candidats que je vais recevoir auront signé cet
engagement-là. Mais à partir du… Mais ils devront le faire lorsqu'ils sont
juges. À partir du moment où ils sont désignés comme juges, bien, je ne peux
pas les forcer à suivre la formation. Par contre, il y aura un rapport annuel
qui sera soumis par le Conseil de la magistrature qui va nous indiquer le
nombre de…
M. Jolin-Barrette : …auront
signé cet engagement-là. À partir du moment… mais ils devront le faire
lorsqu'ils sont juges. À partir du moment où ils sont désignés comme juges,
bien, je ne peux pas les forcer à suivre la formation. Par contre, ils auront
un rapport annuel, qui sera soumis par le Conseil de la magistrature, qui va
nous indiquer le nombre de juges qui auront suivi la formation. Et ce
document-là sera public à l'Assemblée nationale, donc le type de formation et
le nombre de juges qui auront suivi cette formation-là. Donc, pour ceux…
et la députée de Verdun a raison, je n'ai pas de façon d'obliger en fonction
des principes constitutionnels de séparation des pouvoirs, d'obliger les juges
en exercice à le faire. Exemple, vous avez été nommé l'an passé, je ne peux pas
vous obliger à suivre la formation, O.K.? Par contre, si vous êtes nommés, vous
vous êtes engagés à le faire. Donc, il m'apparaîtrait hautement problématique
pour un candidat qui aurait souscrit à cet engagement-là, qui devient nommé, de
ne pas respecter la parole donnée, surtout quand on est un juge.
Alors, moi, je suis convaincu… et je fais
confiance aux juges et aux candidats qui vont être nommés qu'ils suivront cette
formation-là. C'est dans l'intérêt de tous. Vous savez, les juges ne sont pas
réticents à avoir de la formation supplémentaire, à avoir de la formation
continue, ils en suivent déjà, de la formation continue. Alors, je crois que,
tu sais, tout le monde veut s'actualiser. Les tribunaux ont fait beaucoup de
chemin au cours des dernières années. Je reconnais leur travail, je reconnais
leur effort.
Et en réponse à la députée de Verdun,
également, dans le fond, le public aura accès au rapport annuel du Conseil de
la magistrature sur cette formation-là. Alors, il y a des questions qui
pourront se poser si jamais on constatait que… minimalement, s'il y a
10 juges de nommés dans l'année, puis dans le rapport annuel, il n'y en a
aucun… c'est zéro qui écrit, supposons, dans le rapport annuel, une fiction,
là, bien, il y aurait des questions qui pourraient être posées au Conseil de la
magistrature, alors qu'il y avait des engagements à suivre cette formation-là.
Mais, voyez-vous, on est sur un concept
où, nous, comme législateurs, on envoie un signal, on veut que les juges
suivent la formation. Mais je dois respecter l'indépendance judiciaire, je dois
respecter les principes de séparations des pouvoirs. L'autre point, c'est que
le code de déontologie de la magistrature s'applique également. Donc, les juges
doivent remplir leur rôle avec intégrité, dignité, honneur. Alors, on utilise
le même mécanisme qu'au fédéral. Donc, dans le cadre dans lequel nous pouvons
agir, on est au maximum de ce qu'on peut agir en respect de la séparation des
pouvoirs.
• (11 h 50) •
Le Président (M. Benjamin) :
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci, M. le
Président. J'ai bien compris et j'ai pris bonne note. Là, j'imagine qu'on va y
venir plus loin, mais il y a quand même… est-ce qu'on va demander aux juges en
fonction, aussi des cours municipales, d'aller chercher, justement… d'avoir un
engagement de ceux qui sont déjà juges…
Mme Melançon : …là, j'imagine
qu'on va y venir plus loin, mais il y a quand même… est-ce qu'on va demander
aux juges en fonction, aussi des cours municipales, d'aller chercher,
justement… d'avoir un engagement de ceux qui sont déjà juges à la Cour municipale
pour pouvoir suivre une telle formation?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, là, on rentre dans la catégorie des juges en exercice. Donc, pour la
catégorie des juges en exercice, pour ceux des cours municipales incluant ceux
de la Cour du Québec et des juges de paix magistrats, je ne peux pas leur
imposer de suivre la formation. Alors, la formation est offerte par le Conseil
de la magistrature. Et annuellement, on va savoir le nombre de juges qui ont
suivi la formation. Et c'est ça.
L'autre point qui est important, et que je
souhaite souligner. Vous savez, hier, je vous ai expliqué les juges suppléants.
Donc, lorsque vous décidez de prendre votre retraite, il y a beaucoup de juges,
annuellement, qui poursuivent leur carrière à titre de magistrat, mais qui, pour
être nommés, nécessitent un décret du gouvernement pour être transférés comme à
titre de juge suppléant pour continuer d'exercer leur fonction. Alors, là aussi
on a un mécanisme pour faire en sorte qu'afin de pouvoir être nommés comme
juges suppléants, ils devront avoir suivi la formation. Alors, à ce moment-là,
on a un mécanisme qui nous permet d'agir à ce moment-là. Donc, pour ces
juges-là, s'ils veulent devenir juges suppléants, ils devront suivre la
formation. C'est un fort incitatif à suivre la formation.
Mme Melançon : Un peu plus
loin, M. le ministre, à l'intérieur de l'article, là, on dit que : «toute
personne qui se porte candidate à la fonction de juge doit s'engager à suivre,
si elle est nommée, le programme de perfectionnement des réalités relatives à
la violence sexuelle, violence conjugale établie par le Conseil de la
magistrature.» Je comprends que c'est le Conseil de la magistrature qui est
donc responsable des programmes de perfection. Et est-ce qu'il y a des mises à
jour de ces programmes de perfectionnement là qui sont offerts par le Conseil
de la magistrature?
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, c'est le Conseil de la magistrature qui est responsable de la
formation. L'État québécois, en formation au Conseil de la magistrature, verse,
je crois, 1,5 million de dollars annuellement au Conseil de la
magistrature pour que le Conseil de la magistrature offre aux juges de la
formation. Alors, encore une fois, la formation des juges relève de
l'indépendance judiciaire. Donc, le Conseil de la magistrature a la
responsabilité de former les juges. Et l'article 3 du code de déontologie
des juges énonce que le juge a l'obligation de maintenir sa compétence professionnelle.
Donc, ça fait partie du code de déontologie des juges de recevoir et d'être à
niveau relativement au niveau de la formation et de maintenir sa compétence.
Alors, le Conseil de la magistrature est doté d'une enveloppe substantielle de
1,5 million. Et vous savez…
M. Jolin-Barrette : …de
recevoir et d'être à niveau relativement au niveau de la formation et de
maintenir sa compétence. Alors, le Conseil de la magistrature est doté d'une enveloppe
substantielle de 1,5 million de dollars et, vous savez, le droit évolue,
la magistrature évolue également, ils suivent des formations, ils suivent
beaucoup formation. Alors, nous, ce qu'on vient dire, c'est que, dans le cadre
des formations qui sont dispensées, nous souhaitons, en tant que
parlementaires, que des formations relatives aux violences sexuelles et conjugales
soient offertes et, idéalement, soient suivies par les membres de la
magistrature. Et je suis convaincu, M. le Président, je suis convaincu que les
magistrats n'auront pas d'objection à suivre des formations relativement à la
violence sexuelle et à la violence conjugale. Je leur fais confiance.
Mme Melançon : M. le
Président, une question toujours sur la formation. C'est développé par qui, les
formations qui sont… bien, qui sont offertes ou, en tout cas, qui sont
proposées par le Conseil de la magistrature?
M. Jolin-Barrette : En fait,
le Conseil de la magistrature est souverain dans l'offre de formation qu'ils
offrent. Ils ont le loisir de choisir les formations, de choisir les experts
qu'ils souhaitent, la formation qui est donnée. Par contre, dans notre projet
de loi, on vient indiquer, à l'article 8, en modifiant l'article 257 de la Loi
sur les tribunaux judiciaires, que le conseil, et vous me permettrez de
citer : «Le conseil établit notamment un programme de perfectionnement sur
les réalités relatives à la violence sexuelle, à la violence conjugale. À cette
fin, il consulte les personnes et les organismes qu'il estime appropriés en
raison de leur expérience, de leur expertise, de leur sensibilité ou de leur
intérêt en ces matières, donc en matière de violence sexuelle et de violence
conjugale.»
Alors, le législateur ici vient
dire : Vous êtes souverain dans la construction des formations, parce que
ça relève de l'indépendance. Cependant, on vous dit, sur les contenus de
formation : Vous devez, lorsque vous établissez votre programme de
formation en ces matières, matière de violence sexuelle et conjugale, vous
devez consulter pour bâtir la formation des personnes qui ont des expertises
là-dedans ou des organismes qui ont des expertises là-dedans, et ça, ça fait en
sorte de respecter le principe de l'indépendance judiciaire. Voici le cadre
dans lequel on veut que la formation soit offerte. On ne vous dit pas quoi
mettre dedans, on ne vous dit pas, c'est cette formation-là, parce que ça
relève de l'indépendance judiciaire, la formation. Cependant, voici dans le
cadre dans lequel ça doit s'inscrire, la formation relative aux violences
sexuelles et conjugales.
Mme Melançon : Je pose la
question simplement, M. le ministre, parce que, justement, ce que la députée de
Joliette a soulevé hier, puis on en a reparlé un peu ce matin, c'est la
distinction entre une formation de base et une spécialisation, et c'est là où
je demeure… où je me pose encore des questions, à savoir comment est-ce qu'on
va pouvoir dire : Oui, nous avons des juges qui, eux, sont spécialisés,
alors que j'aurai des juges…
Mme Melançon : …et une
spécialisation. Et c'est là où je demeure… où je me pose encore des questions,
à savoir comment est-ce qu'on va pouvoir dire que oui, nous avons des juges
qui, eux, sont spécialisés, alors que j'aurai des juges qui auront suivi une
formation de base. Comment on fait pour arriver à savoir qu'un juge, lui, aura
une spécialisation, alors qu'un autre juge aura eu une formation de base?
M. Jolin-Barrette : Bien, écoutez,
sur cette question-là, je vous référerais à des propos publics qui ont été
tenus par la direction de la cour, qui indiquent que les magistrats de la Cour
du Québec en chambre criminelle et pénale sont déjà des spécialistes. Nous, ce
qu'on vient faire, c'est d'encadrer la formation, et on vient dire :
Voici, c'est important pour la société, c'est important pour les personnes
victimes, c'est important pour les parlementaires que des formations soient
offertes en ces matières. Et le juge qui siégera à la divison spécialisée en
matière de violence sexuelle et conjugale sait très bien la nature du type de
dossiers qui seront entendus par lui, et il est de la responsabilité du juge,
en vertu de son code de déontologie, hein, tel que je vous l'ai cité, préalablement,
de maintenir à jour ses compétences et de faire en sorte qu'il puisse connaître
les réalités des personnes victimes de violence conjugale et de violence
sexuelle. Alors, ça fait partie de son obligation. Alors, il ne revient pas au gouvernement
à déterminer quels juges sont assignés, quels juges seront spécialisés. Ça, ça
relève de la direction de la cour et ça relève de l'indépendance judiciaire,
que nous respectons.
Mme Melançon : Mon questionnement,
puis peut-être que c'est moi qui saisis mal… mais à partir du moment où on
vient demander au juge de la cour municipale qui sont candidats, donc, à la
fonction de juge, de s'engager à suivre la formation, ça peut être une
formation de base, donc pas nécessairement spécialisée, parce que le juge ne
siégerait pas au tribunal spécialisé. Est-ce que c'est ce que vous nous dites?
• (12 heures) •
M. Jolin-Barrette : Bien, il
ne faut pas voir la formation comme une formation de base, là. Ça, ça
appartient au Conseil de la magistrature de déterminer le contenu de la
formation, là. Alors, nous, ce qu'on dit, c'est qu'on veut que vous suiviez une
formation. Dès que vous êtes nommé juge, au Québec, on veut que vous suiviez
une formation sur les réalités en matière de violence sexuelle et conjugale. La
formation peut être spécialisée en ces matières-là.
Vous avez raison de dire que ce ne sont
pas tous les juges qui vont siéger dans la division, effectivement. Mais ça, ça
ne relève pas du gouvernement, de dire quels juges vont siéger dans cette
division-là et d'avoir une formation spécialisée…
12 h (version non révisée)
M. Jolin-Barrette : …peut être
spécialisée en ces matières-là. Vous avez raison de dire que ce ne sont pas
tous les juges qui vont siéger dans la division, effectivement. Mais ça, ça ne
relève pas du gouvernement de dire quels juges vont siéger dans cette
division-là et d'avoir une formation spécialisée.
Nous, ce qu'on vient faire, c'est qu'on va
le plus loin possible dans ce qu'on peut exiger relativement à la formation. Et
moi, je suis convaincu, M. le Président, je suis convaincu que les magistrats
saisissent bien toute l'importance et la portée de connaître ces réalités-là,
et particulièrement ceux qui, au jour le jour, entendent des dossiers en
matière de violence sexuelle et de violence conjugale. Et il y a des efforts
qui sont faits, j'en suis convaincu, de la part de la magistrature,
relativement à la formation pour les gens qui traitent ce type de dossiers.
Nous, on vient dire : Vous devez être formés, vous devez… l'aide par la
formation continue, justement, et ce qui est déjà offert par le conseil de la
magistrature, donc on vient l'indiquer clairement.
Le Président (M. Benjamin) : Mme
la députée de Sherbrooke. Non? Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Si
on se réfère à notre article 0.1, où, à ma grande satisfaction, on a inscrit
que «l'accompagnement implique des intervenants spécialisés et dédiés, que la
spécialisation soit assurée par une formation continue». Moi, je veux juste
souligner que, dans ma compréhension et dans la compréhension de nos travaux
dans le cadre du comité d'experts et sous-jacent à l'idée du tribunal
spécialisé, que tous les acteurs qu'on a nommés hier, là, les acteurs du système
de justice et les acteurs psychosociaux, soient formés, et spécialisés, et
dédiés. Donc, on comprend que, bien sûr, il y a le principe de l'indépendance
judiciaire, de l'indépendance institutionnelle de la cour.
Mais est-ce que je comprends qu'on
s'entend tous ici que l'idée d'un tribunal spécialisé sous-tend cette idée, pour
tous les acteurs qui évoluent dans ce cadre-là du tribunal et de la division,
dont on va revenir sur le nom, mais appelons-le pour l'instant la division
spécialisée, que tous ceux qui sont impliqués dans cette dynamique sont des gens
qui doivent être formés, spécialisés et dédiés, dans les limites de ce qu'on
s'est dit hier, là, qui ne voulait pas dire de faire 100 % de ça, mais que les
gens qui font… qui oeuvrent dans le cadre du tribunal spécialisé sont des gens,
le nom le dit, spécialisés? Est-ce que je comprends qu'on a une compréhension
commune par rapport à ça?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, toute personne qui va intervenir au tribunal spécialisé, on va lui offrir
la formation sur la question des violences sexuelles et conjugales. Alors, le
souhait d'avoir un tribunal spécialisé, c'est justement que tous les acteurs
qui…
M. Jolin-Barrette : ...bien,
en fait, toute personne qui va intervenir au tribunal spécialisé, on va lui
offrir la formation sur la question des violences sexuelles et conjugales.
Alors, le souhait d'avoir un tribunal spécialisé, c'est justement que tous les
acteurs qui sont là soient spécialisés en ces matières-là. Comme on le disait
hier, il faut faire attention, par contre, pour la fatigue compassionnelle et
tout ça. Il faut que les gens, ils ne fassent pas que ça parce que... bon, ou
qu'il y ait des rotations ou... dans les différentes équipes. Ça, c'est
important de le dire.
Pour ce qui est de la question des juges,
et je le réitère, dans le fond, ce n'est pas au gouvernement à assigner les
juges et à dire : Tel juge doit être assigné et ne faire que ces types de
dossiers là. Ça, ça relève de l'assignation des juges, ça relève de la
direction de la Cour du Québec. Et je vous rappellerais que la juge en chef de
la Cour du Québec est également la présidente du Conseil de la magistrature du Québec,
à qui incombe la formation. Donc, c'est la juge en chef de la Cour du Québec
qui, elle, doit déterminer quels types de formation sont offerts à ces juges et
qui assigne ces juges à la division... au tribunal spécialisé, à la division
spécialisée en matière de violences sexuelles et conjugales. Donc, c'est de la
responsabilité de la magistrature de déterminer les moments où siège ce tribunal-là,
les moments où... en fait, qui est assigné à ce tribunal-là, ça ne relève pas
de nous.
Donc, mais pour ce qui est du reste des
intervenants, bien entendu, il y a les enquêteurs en matière de violence
sexuelle ou conjugale, ils vont être spécialisés dans ces matières-la, ils vont
suivre les formations associées... de formation. Les procureurs de la couronne,
on a fait, déjà, la poursuite verticale, mais comme je vous expliquais hier, ça
dépend des districts judiciaires aussi. Ça arrive que, pour une tâche de
procureur, ce n'est pas tous les procureurs du bureau qui peuvent, supposons,
faire des crimes de... des dossiers de crimes de nature sexuelle ou de violence
conjugale. Donc... mais oui, ils vont avoir été spécialisés, ils vont avoir
reçu la formation associée à ça, cette sensibilité.
Mais si on a du travail pour un procureur
et demi, supposons, bien, la demie du procureur, l'autre demie, va faire
d'autres types de dossiers aussi, là. C'est ça qu'il faut dire, tu sais, dans
la réalité concrète des choses. Mais ça ne veut pas dire qu'ils ne sont pas
spécialisés puis ils ne sont pas dédiés à faire ça parce que, dans le fond,
c'est déjà comme ça avec la poursuite verticale.
Mme
Hivon
:
C'est ça, pour l'ensemble des intervenants, on va y revenir plus tard, là, parce
qu'on va en discuter avec un autre des amendements du ministre, mais je pense
qu'on s'entend tous, évidemment, que, comme je le disais, si tu es à Sept-Îles,
si tu es en Gaspésie, si tu... tu n'auras pas un volume qui va faire en sorte
que le procureur ou le policier spécialisé va faire 100 % de sa tâche dans
ces dossiers-là.
Mais l'important selon moi, selon la
philosophie du rapport, c'est que le message qui est envoyé à la personne
victime, c'est que quand elle va se présenter, elle va savoir. Puis à l'endroit
où elle se présente, que ce soit un tout petit poste de police ou un petit
bureau de procureur, ou un très grand comme à Montréal ou à Québec...
Mme
Hivon
:
…ces dossiers-là. Mais l'important, selon moi, selon la philosophie du rapport,
c'est que le message qui est envoyé à la personne victime, c'est que quand elle
va se présenter, elle va savoir qu'à l'endroit où elle se présente, que ce soit
un tout petit poste de police ou un petit bureau de procureur ou un très grand,
comme à Montréal ou à Québec, il y a des gens formés et spécialisés pour le
recevoir en ayant toutes les compétences et les connaissances en lien avec sa
problématique.
M. Jolin-Barrette : La
réponse à cette question-là, c'est «oui».
Mme
Hivon
:
C'est oui, c'est ça. Donc, il va falloir que ça se traduise dans la loi, mais
ça, on va y revenir. Ça fait que je voulais juste réitérer l'importance… Parce
que je trouve qu'il peut y avoir une certaine confusion avec le fait qu'on
exige maintenant une formation, je dirais, qui va être une bonne formation,
mais qui ne sous-entend pas une spécialisation à tout le monde - là, on parle
des juges - versus la spécialisation. Et c'est important de rappeler que l'idée
du tribunal spécialisé vient avec l'idée de la spécialisation, et bien sûr tout
ça dans le respect de l'indépendance judiciaire. Mais la volonté du législateur
est clairement exprimée pour, je dirais, l'ensemble de l'oeuvre.
Ce qui m'amène à un élément qui est dans
le mémoire justement de la Cour du Québec, qu'on aurait pu approfondir si on
les avait entendus, mais là on va tenir ce qui est écrit ici. Évidemment, ils
font part, là, de tout ce qui existe déjà comme formation. Puis le ministre l'a
dit, puis je pense que c'est importance de le réitérer, là, qu'il y a
énormément de formations qui se suivent déjà. Il y a des programmes poussés de
perfectionnement continu, dont en matière de violences sexuelles et conjugales.
Mais une préoccupation qui était soulevée, c'était - puis le ministre l'a dit
depuis, hier, là - les montants qui sont attribués par le gouvernement pour la
formation des juges, donc au Conseil de la magistrature. J'étais curieuse de
savoir est-ce que ces montants-là vont être bonifiés puisque maintenant tous
les juges vont devoir suivre une formation en plus des autres formations qu'ils
suivent, donc, dans les domaines où ils oeuvrent.
Le Président (M. Benjamin) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Le
montant pour la formation des juges est substantiel. Et je crois que le budget
du Conseil de la magistrature, à moins que je me trompe, mais je crois qu'il
est autour de 3,2 millions de dollars. Je vais vérifier. Bien, on va faire
des vérifications, mais le montant, il est substantiel.
Mme
Hivon
:
Ma question était juste de savoir si… Je ne sais pas est-ce qu'il y a des
surplus qui font en sorte qu'il n'y aura pas besoin d'ajout supplémentaire.
Parce que le ministre a déjà dit qu'avec le tribunal spécialisé, il y aurait
des ressources supplémentaires, si j'ai bien compris, au DPCP, possiblement
dans les corps policiers. Là, il amène cette exigence-là de formation. Donc, la
question vient évidemment tout de suite, là, on l'a vue quand on a parlé de
l'IVAC aussi : Est-ce qu'il va y avoir une prise en compte de ça
financièrement dans les budgets qui sont alloués?
M. Jolin-Barrette : Si
je reçois des demandes, je vais…
Mme
Hivon
:
...là, il amène cette exigence-là de formation. Donc, la question vient évidemment
tout de suite, là, on l'a vue quand on a parlé de l'IVAC aussi : Est-ce
qu'il va y avoir une prise en compte de ça financièrement dans les budgets qui
sont alloués?
M. Jolin-Barrette : Si re
reçois des demandes, je vais les étudier sérieusement. Mais je vous réitère que
1,5 million de dollars en formation, c'est des sommes considérables.
Mme
Hivon
:
Donc, le ministre va attendre de voir s'il reçoit des demandes et il va être
ouvert pour considérer la chose si des besoins sont manifestés. Je fais juste
soulever le point, parce que j'imagine que, si on les avait entendus, peut-être
que ça a été abordé, mais c'est abordé dans le mémoire, pas tant une demande
d'argent, là, ce n'est pas ce qu'on lit dans le mémoire, moi, j'extrapole,
parce qu'on parle de la question de l'utilisation des ressources. Donc, c'est
pour ça que je pose la question au ministre.
• (12 h 10) •
M. Jolin-Barrette : Mais, M.
le Président, la députée de Joliette me connaît et elle sait comment je suis
ouvert et que j'analyse tout, et que j'ai une très grande ouverture.
Le Président (M. Benjamin) :
Est-ce que j'ai d'autres interventions? Donc, s'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons donc procéder à la mise aux voix. Est-ce que
l'article 1 est adopté?
Des voix
: Adopté.
Le Président (M. Benjamin) :
Adopté. L'article 1 est adopté. M. le ministre, je vous invite à faire la
lecture de l'article 2.
M. Jolin-Barrette : Oui.
L'article 2, et on aura un amendement, M. le Président, donc
l'article 2 : L'article 80 de la Loi sur les tribunaux
judiciaires (chapitre T-16) est modifié par l'ajout, à la fin, de l'alinéa
suivant :
«La chambre criminelle et pénale comporte
une division appelée “Tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et de
violence conjugale″.»
Alors, l'amendement, M. le
Président : Remplacer, dans l'alinéa de l'article 80 de la Loi sur
les tribunaux judiciaires proposé par l'article 2 du projet de loi,
«Tribunal spécialisé» par «Division spécialisée».
Commentaire : Cet amendement vise à
changer le nom du tribunal. Voici l'article modifié : L'article 80 de
la Loi sur les tribunaux judiciaires est modifié par l'ajout, à la fin, de
l'alinéa suivant :
«La chambre criminelle et pénale comporte
une division appelée “Division spécialisée en matière de violence sexuelle et
de violence conjugale″.»
Donc, M. le Président, j'ai entendu qu'il
y avait certains irritants avec le projet de loi relativement, notamment, avec
le nom de la cour. Alors, ce que l'on fait, M. le Président, c'est qu'on
retient la suggestion de Me Elizabeth Corte, ancienne juge en chef de la Cour
du Québec entre 2009 et 2016, qui nous a dit, en commission parlementaire :
Écoutez, je constate qu'il y a certains irritants relativement au nom de la
cour, relative au où seront entendus ces dossiers-là. Alors, j'ai écouté Me
Corte, et elle nous a indiqué très clairement, M. le Président, qu'avec le
titre «Division spécialisée en matière de violence sexuelle et de violence
conjugale», ça conviendrait, alors, et que ça enlèverait des irritants...
M. Jolin-Barrette :
...ces dossiers-là. Alors, j'ai écouté Me Corte, et elle nous a indiqué
très clairement, M. le Président, qu'avec le titre division spécialisée en
matière de violence sexuelle et de violence conjugale ça conviendrait et que ça
enlèverait des irritants. Et mon souhait le plus profond, M. le Président, est
que le tribunal fonctionne, M. le Président. Et, si nous devons apporter des modifications
pour nous assurer de l'adhésion et de la collaboration de tous les acteurs,
bien, il m'apparaît que de faire ce pas-là et de tendre la main, ça vaut la
peine, au bénéfice des personnes victimes.
Cela étant, là, ici, on parle de la
division spécialisée en matière de violence sexuelle et de violence conjugale,
et ça, c'est la partie judiciaire où les dossiers seront entendus. On verra un
petit peu plus loin dans le projet de loi, avec un amendement, que le tribunal
spécialisé en matière de violence sexuelle et conjugale demeure parce que c'est
tout le processus de la personne victime. Donc, moi, je veux que les victimes
sachent, là, que, lorsqu'elles rentrent dans le processus judiciaire, elles
rentrent sous le chapeau parapluie du tribunal spécialisé en matière de
violence sexuelle et conjugale, donc, du dépôt de la dénonciation à la fin, et
même au-delà de la condamnation, et au-delà de tout l'accompagnement qu'on lui
donne.
Mais pour la partie de la cour, à
l'intérieur de la Cour du Québec, à l'intérieur de la chambre
criminelle et pénale, il y aura une division qui, désormais, se nommera
division spécialisée en matière de violence sexuelle et de violence conjugale,
tel que nous le propose Me Elizabeth Corte.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci, M.
le Président. Simplement pour savoir si le ministre, ou quelqu'un de son
entourage, ou encore du ministère a testé la chose avec la juge en chef ou
encore avec le Conseil de la magistrature.
M. Jolin-Barrette : La
proposition que nous avons faite fait suite aux commentaires de
Me Elizabeth Corte. Et vous savez, moi, je suis d'avis qu'avec le terme
«tribunal spécialisé», sans l'amendement, c'est tout à fait conforme et
constitutionnel. Et je ne partage pas les craintes qui ont été exprimées dans
le mémoire de la Cour du Québec, loin de là.
Écoutez, il y a de nombreux, nombreux
tribunaux qui viennent nommer les choses. Je donne un exemple. En
Nouvelle-Écosse, on indique : «domestic violence court program». En
Colombie-Britannique : domestic violence court. En Saskatchewan :
domestic violence court. À Winnipeg : le tribunal spécialisé en violence
familiale, family violence court, à Winnipeg. À l'Île-du-Prince-Édouard :
domestic violence court. Aux Territoires du Nord-Ouest : domestic violence
treatment option court. D'autres endroits dans le monde...
M. Jolin-Barrette : …Family
Violence Court, à Winnipeg; à l'Île-du-Prince-Édouard, Domestic Violence Court;
aux Territoires du Nord-Ouest, Domestic Violence Treatment Option Court.
D'autres endroits dans le monde : en Afrique du Sud, Tribunal des
infractions sexuelles; en Nouvelle-Zélande, dans les districts d'Oakland et de
Whangarei, Tribunal en violence sexuelle; en Espagne, Tribunaux de la violence
contre les femmes; à New York, Integrated Domestic Violence Courts; en
Australie, à Southport, à Queensland… d'ailleurs, on avait une… c'était maître…
une avocate qui était venue et qui avait fait son mémoire de maîtrise
là-dessus, Tribunal spécialisé en violence conjugale et familiale. Donc, vous
noterez que, dans plusieurs endroits au Canada et dans le monde entier, on
vient nommer les choses en utilisant le terme «tribunal».
Alors, c'est pour ça qu'originalement,
moi, dans le cadre du projet de loi et conformément au rapport Rebâtir la
confiance, j'avais indiqué «tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle
et de violence conjugale». La direction de la Cour du Québec a énoncé très
clairement que, de son avis, que je ne partage aucunement et que je ne partage
pas, il y avait un enjeu avec le nom du tribunal. Me Corte est venue en
commission parlementaire et nous a dit : Écoutez, je constate que ça
constitue un irritant. Il serait préférable, de mon avis, d'utiliser le terme
«division spécialisée en matière de violence sexuelle et conjugale», et ça
enlèverait les irritants. Donc, c'est pour ça que j'ai fait ce choix-là.
Et surtout, surtout, ce n'est parce qu'un
tribunal s'appelle le tribunal spécialisé en matière a de violence sexuelle ou
conjugale que ça contrevient à la présomption d'innocence, que ça convient aux
règles de droit en vigueur, que ça contrevient à l'impartialité du tribunal.
Tous ces concepts font partie de l'assise constitutionnelle du Québec et du
Canada. Ça ne change pas. Alors, le fait d'alerter, de menacer publiquement de
prendre des poursuites n'est pas approprié. Ça ne constitue pas un élément qui
fait en sorte de permettre aux personnes victimes d'avoir confiance dans le
processus.
Et moi, ce que je ne souhaite pas, c'est
d'avoir une situation où on menace les parlementaires relativement à leur
travail. Alors, en toute bonne foi, je suis prêt à faire un pas en direction de
la Cour du Québec, la Direction de la Cour du Québec, devrais-je dire, pour
faire en sorte qu'on enlève des irritants, comme l'ancienne juge en chef…
M. Jolin-Barrette : …une situation
où on menace les parlementaires relativement à leur travail. Alors, en toute
bonne foi, je suis prêt à faire un pas en direction de la Cour du Québec, de la
direction de la Cour du Québec, devrais-je dire, pour faire en sorte qu'on
enlève les irritants, comme l'ancienne juge en chef Corte le disait, et ça
m'apparaît raisonnable, le compromis que nous faisons, mais je veux être très
clair et je veux envoyer un message aux personnes victimes que le tribunal
spécialisé demeure sur l'ensemble du continuum, mais, pour des fins pratiques
et pour répondre notamment à une préoccupation de la direction de la Cour du
Québec, qu'on fait un pas pour enlever certains irritants, en toute bonne foi.
Le Président (M. Benjamin) :
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci, M. le
Président. Maintenant qu'on a entendu tous les messages que le ministre voulait
envoyer directement à la juge en chef, j'avais une question à laquelle je n'ai
pas eu de réponse : Est-ce qu'il y a eu consultation ou non du Conseil de
la magistrature avec l'idée de la division?
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, je ne dévoile pas les conversations confidentielles que j'ai avec
les différents intervenants.
Le Président (M. Benjamin) :
Mme la députée de Verdun.
M. Jolin-Barrette : Pour ma
part.
Le Président (M. Benjamin) :
C'est bon? Alors, nous poursuivons avec la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
Merci, monsieur…
M. Jolin-Barrette : Juste un
point. Je veux juste que je ne sois pas mal compris. Ça ne visait pas la
députée de Verdun, mon commentaire. La réponse à la question de la députée de
Verdun ne visait pas la députée de Verdun.
Mme Melançon : Je ne l'avais
pas saisie...
M. Jolin-Barrette : Mais je
voulais juste la rassurer.
Mme Melançon : Je ne l'avais
pas saisie comme ça.
M. Jolin-Barrette : C'est
correct qu'elle ne se soit pas sentie visée, parce que ça ne la visait pas.
Mme Melançon : Je vais être
mieux, merci. Mon café va être meilleur.
Le Président (M. Benjamin) :
La députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Il
faut dire que, nous, nos conversations sont pas mal publiques, pas mal tout le
monde peut les suivre.
M. Jolin-Barrette : ...il
peut arriver qu'entre parlementaires nous ayons des discussions...
Mme
Hivon
: Bien
sûr.
• (12 h 20) •
M. Jolin-Barrette : ...en
dehors des micros...
Mme
Hivon
: Bien
sûr.
M. Jolin-Barrette : ...et ça
demeure confidentiel.
Mme
Hivon
: Bon,
bien, merci, M. le Président. Je veux poursuivre évidemment sur le nom.
Quand... Là, on se comprend qu'on a un contexte où à l'origine on parlait d'un
tribunal spécialisé qui était dans le fond le nom de la division, de la
nouvelle division qui allait être créée. C'est ce qui était proposé dans le projet
de loi. On a vu les commentaires de la juge en chef, elle en a parlé
abondamment, elle en a parlé dans son mémoire. Mme Corte et Mme Desrosiers sont
venues, nous ont dit : Au lieu d'appeler ça «tribunal spécialisé», nous
vous faisons la suggestion d'appeler ça «division spécialisée en matière de
violence sexuelle et conjugale». Mais c'était dans l'optique où on enlevait
l'idée du tribunal spécialisé pour uniquement parler d'une division
spécialisée. Là, le ministre arrive avec une...
Mme
Hivon
: …ça
tribunal spécialisé, nous vous faisons la suggestion d'appelé ça division
spécialisée en matière de violence sexuelle et conjugale. Mais c'était dans
l'optique où on enlevait l'idée du tribunal spécialisé pour uniquement parler
d'une division spécialisée. Là, le ministre arrive avec une distinction, le
grand parapluie du tribunal spécialisé, moi, j'en suis, j'ai eu des échanges
informels avec son équipe, d'ailleurs, sur ça, l'idée d'avoir le grand
parapluie et la division qui ne sont pas nécessairement la même chose. Donc, le
ministre arrive, aujourd'hui, il nous dit : Je garde l'appellation «tribunal
spécialisé» pour la grande notion du continuum, de l'ensemble des services et
des réalités liés avec ce qui va être dans le processus. Mais à l'intérieur de
ça il y a la division comme telle où les juges vont siéger qui relève donc de
la Chambre criminelle de la Cour du Québec, et là il nous dit donc : On
pourrait prendre la suggestion et appeler ça division spécialisée. Moi, ce que
je lui dis : À partir du moment où on garde le terme «tribunal spécialisé»
pour faire référence à la notion plus générale, à la réalité plus générale,
pourquoi pour le nom de la division a-t-il une réticence à prendre le nom qui
existe déjà à la division qu'a créée la juge de la Cour du Québec et qui
s'appelle la division… moi, je pense qu'on pourrait y ajouter le mot «spécialisée»,
mais qui s'appelle division des accusations dans un contexte conjugal et
sexuel. Donc, ça n'enlève rien à notre réalité du tribunal spécialisé, il
demeure. Puis en même temps, le ministre tient compte d'une demande qui est
faite avec beaucoup d'insistance par la Cour du Québec, et qui viendrait nommer
la division précise avec le terme qui est choisi et demandé par la Cour du
Québec. Il me semble qu'on trouverait là une voie de passage dans les voies de
passage qu'on essaie de trouver pour maximiser le rapprochement des parties qui
serait intéressant à partir du moment où de toute façon l'appellation «tribunal
spécialisé» et la notion de tribunal spécialisé demeurent.
M. Jolin-Barrette : Pour moi,
c'est fort important de nommer la violence, de nommer la violence sexuelle, de
nommer la violence conjugale. Les personnes victimes le demandent. Les groupes
également représentant les victimes le demandent. Je crois que c'est fort
important de répondre à leur demande. Et d'ailleurs, dans le cadre de Rebâtir
la confiance, ils appelaient un chat un chat. Tribunal spécialisé en matière de
violence sexuelle et violence conjugale. Il y avait des enjeux avec le terme
«tribunal», hein, alors je crois que Me Corte nous le dit clairement qu'il
faut le nommer, et ça m'apparaît très important de toujours faire référence…
M. Jolin-Barrette : …en
matière de violence sexuelle et de violence conjugale. Il y avait des enjeux
avec le terme «tribunal», hein? Alors, je crois que Me Corte nous le dit
clairement qu'il faut le nommer, et ça m'apparaît un… très important de
toujours faire référence à la violence. Il faut le dire, et les victimes ont
besoin de savoir que dans le cadre… et la députée de Joliette le dit très bien,
elle dit : Il faut que les victimes sachent que les intervenants seront
spécialisés. D'accord. Mais il faut qu'elles sachent aussi que ce sont… de la
violence sexuelle et de la violence conjugale qui vont être traitées dans ces
dossiers-là. La personne victime, là, elle, elle ne regardera pas le chef
d'accusation pour dire : C'est des voies de fait avec lésions. La victime,
elle ne regardera pas si c'est une agression sexuelle avec lésions. Ce n'est
pas ça, là. La personne victime, là, il faut qu'elle sache, là, où elle s'en
va, là, globalement, là, et que ça soit clairement établi que c'est une
division spécialisée en matière de violence conjugale et sexuelle. Et ça, là,
il faut que ce soit indéniable, que ce soit très clair. On a un message, on a
une responsabilité de redonner confiance dans le système. Il faut nommer les
choses.
Et, surtout, en utilisant le terme
«division spécialisée en matière de violence sexuelle et de violence
conjugale», ce qu'on fait, c'est que dans l'optique de bien donner les choses…
et tout à l'heure, on a eu la discussion… pas tout à l'heure, hier, sur la
victime, elle, à travers le processus, comment est-ce qu'on la positionne. La
députée de Joliette me disait : Il faut la mettre au centre du processus.
Lorsqu'on parle des accusations, là, dans la proposition de la Cour du Québec,
là, avec la division, bien, ça devient centré sur l'accusé, c'est lui qui est
accusé. Plutôt que de regarder ça, là, du point de vue de l'infraction
reprochée, si c'en est une de violence conjugale ou de violence sexuelle, là,
avec le nom de la cour on viendrait dire : Bien, c'est l'accusation dans
un contexte conjugal ou de contexte sexuel.
Alors, ce qu'on fait, c'est, encore une
fois, on viendrait mettre l'accusé au centre du processus. Or, moi, ce que je
souhaite faire, notamment, c'est l'accompagnement, soutenir la personne
victime. Et je crois qu'on doit bien nommer les choses, division spécialisée en
matière de violence sexuelle et de violence conjugale . Alors, moi, je
vous le dis, j'étais très, très, très à l'aise avec tribunal spécialisé, parce
que, partout ailleurs, ça se fait. On n'est pas gênés de dire ce que
c'est, hein? Puis on respecte le concept de hors de tout doute raisonnable. On
respecte la présomption d'innocence, on respecte la défense pleine et entière
de l'accusé, on respecte le droit au silence, on respecte l'indépendance
judiciaire, on respecte l'impartialité du tribunal, tout ça. La Cour du Québec
a fait un choix. La direction de la Cour du Québec a fait un choix. Dans son…
M. Jolin-Barrette :
…respecte la présomption d'innocence, on respecte la défense pleine et entière
de l'accusé, on respecte le droit au silence, on respecte l'indépendance
judiciaire, on respecte l'impartialité du tribunal, tout ça. La Cour du Québec
a fait un choix. La direction de la Cour du Québec a fait un choix. Dans son
choix, je ne le partage pas, et dans son expression.
Nous, notre devoir comme parlementaires au
niveau de la société québécoise, on a la responsabilité de venir dire les
choses telles qu'elles le sont. Et si ça se fait ailleurs, ce n'est pas vrai
que ça ne peut pas se faire au Québec. Puis il n'y a pas eu d'enjeu dans les
autres états relativement à ça. Alors, moi, je pense, comme législateur, qu'on
a la responsabilité de venir le nommer adéquatement, surtout pour, un, le
message qu'on envoie aux victimes et surtout le lien que les victimes doivent
avoir en termes de confiance envers le système de justice. Alors, pour moi, ça
m'apparaît fondamental de le nommer de cette façon-là.
Le Président (M. Benjamin) :
Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
Bien, à moins que quelque chose m'ait échappé, le nom tribunal spécialisé en
matière de violence sexuelle et conjugale, il demeure. Il va rester dans le
titre de la loi, il va rester dans la loi, on nomme clairement les choses. On
garde l'appellation tribunal.
Là, ce dont il est question, c'est cette
réalité qui rentre sous le parapluie du tribunal spécialisé qui est la
division. Et moi, avec égard pour l'opinion du ministre, puis je suis d'accord
en bonne partie avec des éléments qu'il a dits, je pense qu'on est ici dans une
rencontre entre le pouvoir exécutif, le pouvoir législateur, on est en train de
faire la loi, et le pouvoir judiciaire incarné par la Cour du Québec qui, elle,
nous dit qu'elle s'est déjà mise en mouvement et qu'elle a créé une division
qu'elle a appelée comme ça et que pour toutes sortes de raisons, c'est le nom
qu'elle trouve le plus opportun.
On peut avoir des réserves. On peut
dire : Ce n'est pas comme ça qu'on l'aurait appelé. Mais à partir du
moment où le terme tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et
conjugale est consacré, est dans le projet de loi, est dans le titre du projet
de loi, va continuer à être utilisé partout comme la référence à la nouvelle
réalité qu'on met en place, je m'explique mal pourquoi le ministre… J'ai
entendu ses arguments. Je sais que lui, il dit : J'aime mieux qu'on
l'appelle aussi la division spécialisée en matière de violence sexuelle et
conjugale. Moi aussi, je pourrais avoir une opinion, on pourrait tous avoir une
opinion.
• (12 h 30) •
Je pense que l'idée ici, c'est de trouver
une voie de passage pour dire : Est-ce qu'il n'y a pas là une espèce
d'entente, de compromis qui fait en sorte que l'essentiel demeure, le tribunal
spécialisé, avec son titre, en matière de violence sexuelle et conjugale
demeure mais la division… on va accepter que la proposition et l'existence, qui
est déjà concrétisée au sein de la Cour du Québec, puisse demeurer? Parce que
ça n'enlèvera rien à nommer les choses clairement. Le tribunal continue. Et
puis c'est une volonté…
12 h 30 (version non révisée)
Mme
Hivon
:
…mais la division, on va accepter que la proposition, et l'existence qui est déjà
concrétisée au sein de la Cour du Québec, puisse demeurer, parce que ça
n'enlèvera rien à nommer les choses clairement, le tribunal continue. Et puis
c'est une volonté et une demande qui est assez importante de la juge en chef,
donc c'est comme un signal à envoyer qu'à cet égard-là on a entendu sa demande.
Donc, bien sûr que la proposition de Mme Corte, dans un contexte où on
aurait biffé «tribunal spécialisé» puis qu'on tassait ça, elle prenait tout son
sens de dire «une division spécialisée». Mais dans la mesure où on fait
cohabiter les deux, moi, je pense que c'est quelque chose qui serait acceptable
et qui serait de nature peut-être à apaiser les tensions que l'on vit, qui ne
sont pas non plus porteuses, je dirais, pour la suite de ceux et celles qui
espèrent vraiment que non seulement on va adopter la meilleure loi possible,
mais que ça va s'implanter de la meilleure manière possible.
Le Président (M. Benjamin) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Premièrement,
moi, je n'ai pas de tension, je suis bien, bien zen. Je bois ma tisane puis, en
plus, c'est de la camomille, je suis bien, bien zen. Ma job, comme ministre de
la Justice, c'est de faire en sorte que les personnes victimes de violence
sexuelle et de violence conjugale aient confiance dans le système, M. le Président,
ça, c'est ma première responsabilité, puis que tous les Québécois puis toutes
les Québécoises aient confiance dans le système de justice. Et ça, ça demande
de changer certaines choses, notamment la création d'un tribunal spécialisé, la
création d'une division spécialisée en matière de violence sexuelle et
conjugale.
En réplique à l'argumentaire de la députée
de Joliette, on ne nomme pas la chambre des accusations criminelles et pénales,
la chambre de la Cour du Québec qui traite des dossiers d'infraction
criminelle, elle s'appelle la Chambre criminelle et pénale. La Chambre civile,
elle s'appelle la Chambre civile, la Chambre de la jeunesse, elle s'appelle la
Chambre de la jeunesse. Il y a déjà des tribunaux spécialisés au Québec. Le
Tribunal des droits de la personne, quand vous vous ramassez au Tribunal des
droits de la personne, fort probablement, c'est parce qu'il y a eu une plainte
en contravention de la charte des droits et libertés.
Puis est-ce que ça met en compte
l'impartialité du Tribunal des droits de la personne? Parce que, manifestement,
il y a des droits de la personne qui auraient été violés si vous vous retrouvez
au Tribunal des droits de la personne, hein? Auparavant, il y avait le Tribunal
du travail. Ça existe, des tribunaux spécialisés, ça existe déjà. Puis le terme
tribunal ne pose pas de problème.
Je comprends que… ce que la députée de
Joliette nous dit. Elle dit : Écoutez, la cour est en désaccord avec le
nom. D'accord, respectueusement soumis, je suis en désaccord avec la position
de la Cour du Québec pour la nomenclature des exemples que j'ai donnés puis
pour la façon dont notre système de justice est construit.
Partant de là, je suis prêt à faire un
compromis en appelant ça, comme le propose la juge Corte…
M. Jolin-Barrette :
...respectueusement soumis, je suis en désaccord avec la position de la Cour du
Québec pour la nomenclature des exemples que j'ai donnés puis pour la façon
dont notre système de justice est conçu. Partant de là, je suis prêt à faire un
compromis en appelant ça, comme le propose la juge Corte, division spécialisée
en matière de violence sexuelle et de violence conjugale.
Mais hier, là, dans la discussion que nous
avons eue tous ensemble, on m'a invité à dire clairement et dénoncer les termes
clairs et pédagogiques en matière de victimisation, hein, de nommer les choses.
Alors, moi, je veux nommer clairement, pour les victimes, division spécialisée
en matière de violence sexuelle et conjugale. Et lorsque, M. le Président, la
députée de Joliette nous dit : Ça ne changera rien pour les victimes, je
ne suis pas d'accord une minute parce que, M. le Président, dans les documents,
hein, qui sont envoyés à la victime... la victime, là, elle peut recevoir, là,
les documents de la cour, des... tout ça. Qu'est-ce qui va être écrit sur les
documents? Il va être écrit «Cour du Québec, chambre criminelle et pénale,
division spécialisée en matière de violence sexuelle et conjugale»... elle va
recevoir ça dans la poste.
Moi, là, je souhaite que les personnes
victimes, quand elles vont recevoir une correspondance de la cour, des actes de
procédure, dans l'en-tête, il soit indiqué «division spécialisée en matière de
violence conjugale et sexuelle» parce qu'on me dit : Écoutez, il faut que
ça soit centré sur les personnes victimes. Or, comme je vous l'ai dit,
lorsqu'on parle d'accusations, c'est centré sur l'accusé. Alors, la solution
que je vous propose répond en tout point aux enjeux, aux difficultés qui
pourraient être soulevées, et moi, je pense qu'on a vraiment une très bonne
voie de passage actuellement.
Alors, je demande à mes collègues de se
rallier à la proposition que je fais. Je trouve que c'est un compromis qui est
honorable pour tout le monde, hein, c'est une piste de solution. Et il revient,
et je le réitère à la députée de Joliette, il revient aux parlementaires
d'organiser les tribunaux parce que ça relève de l'administration de la
justice, tout ça, et de pouvoir le nommer de la façon adéquate. Et je vous le
réitère, il y a une question de confiance envers les personnes victimes dans
l'administration de la justice, dans le système de justice. C'est important, et
le tribunal spécialisé, c'est le continuum.
Mais quand la personne victime arrive au
palais de justice, sur la porte, la personne victime va être confrontée aussi
au nom de la division. Alors, si on veut dire les choses telles qu'elles sont
et nommer la violence, il faut l'indiquer dans le nom de la division :
Division spécialisée en matière de violence sexuelle et de violence conjugale.
Je crois que nous faisons oeuvre utile en utilisant ce nom-là en tout respect
des opinions contraires.
Le Président (M. Benjamin) :
Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
Donc, juste pour comprendre, concrètement, dans la vision du ministre…
M. Jolin-Barrette : …violence
sexuelle et de violence conjugale, je crois que nous faisons oeuvre utile en
utilisant ce nom-là, en tout respect des opinions contraires.
Le Président (M. Benjamin) : Mme
la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
Donc, juste pour comprendre, concrètement, dans la vision du ministre, donc,
ça, ça veut dire que ce qu'il souhaite, c'est que la Cour du Québec mette fin — parce
qu'il faut se parler clairement, là — à la Division qu'elle a mise
sur pied et qu'elle tasse ça, en termes de nom, en termes d'organisation, puis
tout ça, puis qu'elle reparte sur de nouvelles bases avec ce qui va être
inscrit dans le projet de loi.
M. Jolin-Barrette : Bien,
vous savez, moi, je pense qu'on doit faire preuve de clarté pour les personnes
victimes. Et, oui, éventuellement, à terme, lorsque le tribunal spécialisé sera
déployé avec… à la grandeur du Québec, avec l'aspect permanent, effectivement,
ça devra se passer dans la division spécialisée en matière de violence sexuelle
et de violence conjugale.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Oui. C'est plus
compliqué que je pensais. Moi, je comprends ce que le ministre essaie de faire,
là, d'acheter la paix sur le nom en appelant ça la division spécialisée. J'ai
entendu aussi ses explications pour rassurer les victimes sur le fait que ça
reste un tribunal spécialisé, mais je pense que ça va être important, ce
message-là, de l'envoyer publiquement aussi, là, bien en dehors de la commission,
parce que s'il nous l'a dit, nous… moi, je le comprends, je pense qu'on le
comprend ici, mais j'en reçois quand même, moi, des questions, en ce moment,
là. Tu sais, quand les victimes voient le ministre mettre de l'eau dans son
vin, quand les victimes voient que ça va peut-être s'appeler une division
spécialisée, il y a des gens, en ce moment, qui se demandent si finalement ça
ne dilue pas le projet. Moi, je le sais, que ça ne dilue par le projet, là, le ministre
n'a pas à me convaincre de ça, moi, mais je pense qu'il a été éloquent ici,
mais je pense que, dans l'espace public, il va y avoir un travail à faire quand
même pour bien expliquer que ça ne dilue en rien le projet de tribunal
spécialisé. Puis, même, ce travail-là devrait être fait le plus rapidement
possible, là, tu sais, pas juste à la fin, quand la loi va être adoptée. Mais
je pense qu'il y a quand même une nécessité de rassurer les gens, en ce moment,
parce que le changement de nom, si les gens ne connaissent pas ce que ça veut
dire, ils ne comprennent pas nécessairement que c'est… je vais dire
«cosmétique», là, tu sais, ils ne comprennent pas que ça ne change pas la
nature des services qui vont être implantés. Il y a des préoccupations par
rapport à ça, donc moi, je veux juste être certaine que le ministre comprend
que ce n'est pas juste à nous qu'il faut expliquer ça, ici, en commission, mais
publiquement aussi, il doit le faire.
Le Président (M. Benjamin) : M.
le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui, effectivement.
Et c'est un bon commentaire de la députée de Sherbrooke. Ça ne change pas, sur
le fond, la confiance que les personnes victimes peuvent avoir, on vient, comme
je le réitérais tout à l'heure, enlever quelque chose qui semble être un
irritant. Mais le tribunal spécialisé demeure, mais au lieu de s'appeler
tribunal, ça s'appelle division spécialisée. Donc, je tiens à rassurer les
victimes…
M. Jolin-Barrette : ...peuvent
avoir. On vient, comme je le réitérais tout à l'heure, enlever quelque chose
qui semblait être un irritant. Mais le tribunal spécialisé demeure, mais au
lieu de s'appeler tribunal, ça s'appelle division spécialisée. Donc, je tiens à
rassurer les victimes.
Le Président (M. Benjamin) : Mme
la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci, M. le
Président. Vous voyez, c'est là où il y avait un intérêt, quand même, pour
entendre la juge en chef, parce que moi, j'aurais voulu entendre aussi c'est
quoi, ses irritants. J'aurais souhaité qu'on puisse aplanir ensemble les
irritants. Et plutôt que ça, moi, je n'entends pas le ministre qui est si zen
que ça avec les messages qu'il passe à la juge directement à la caméra ce
matin. Je ne sens pas une zénitude contemplative du ministre de la Justice ce
matin. Et...
M. Jolin-Barrette : Mais elle
n'est pas contemplative, parce que, là, ça veut dire qu'on serait catatoniques,
là.
• (12 h 40) •
Mme Melançon : Oui, bien, peut-être.
Mais, pour moi, ce qui est vraiment... ce qui est inquiétant, c'est que, là, le
ministre vient de dire : Bien, dans le fond, la division accès, donc, des
accusations dans un contexte conjugal et sexuel, la juge en chef va devoir
mettre un x là-dessus puis rebâtir avec la division spécialisée. Tantôt, le ministre
m'expliquait la division des pouvoirs entre l'exécutif puis le législatif, le
judiciaire puis il disait qu'on n'organisait pas les travaux. Est-ce qu'on
n'est pas en train de faire ça de façon détournée? Je pose la question, je
vois… prenez une gorgée de tisane, M. le ministre, puis je vais prendre la
réponse.
Le Président (M. Benjamin) : M.
le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors, je
disais, M. le Président, oh que non, hein, l'indépendance judiciaire, c'est le
fait d'assigner les juges dans les salles de cour, le rôle, à telle heure, de
quelle façon ça fonctionne. Il relève du législateur d'organiser les tribunaux,
c'est prévu dans la Loi sur les tribunaux judiciaires. Alors, il relève de
notre prérogative. Et, moi, M. le Président, je veux juste vous dire, là,
depuis le début de cet article-là, j'entends uniquement parler de la juge en
chef, mais je n'entends pas parler des personnes victimes.
Alors, M. le Président, moi, ce que je
veux, c'est de faire en sorte… avez-vous entendu, M. le Président, les commentaires
de la députée de Verdun?
Mme
Melançon :
C'est déplaisant, c'est déplacé complètement ce que
vous venez de faire, M. le ministre.
Le Président (M. Benjamin) :
Écoutez, si vous permettez…
M. Jolin-Barrette : Moi, je
n'accepterai pas, M. le Président, d'être insulté par la députée de Verdun ici,
dans nos travaux, je pense qu'on a…
167 79 Mme
Melançon : Insulté?
Le Président (M. Benjamin) :
Si vous permettez, M. le ministre…
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, là, moi, ce que je fais, c'est que j'essaie de trouver des voies de
passage avec mes collègues pour faire en sorte qu'on ait un ton, M. le
Président, qui va nous permettre de répondre à ce que les groupes de victimes, M.
le Président, sont venus nous dire, hein, M. le Président…
M. Jolin-Barrette : …je pense
qu'on a un bon ton.
Le Président (M. Benjamin) :
Si vous permettez, M. le ministre…
M. Jolin-Barrette : Puis, M.
le Président, moi, là, ce que je fais, là, c'est que j'essaie de trouver des
voies de passage avec mes collègues pour faire en sorte qu'on ait un ton, M. le
Président, qui va nous permettre de répondre à ce que les groupes de victimes, M.
le Président, sont venus nous dire, hein, M. le Président, qu'il fallait nommer
les choses. Et c'est ce qu'on va faire, M. le Président.
Le Président (M. Benjamin) : Écoutez,
je vous invite… Je vais vous céder la parole, Mme la députée de Verdun. Mais je
pense que, jusqu'à récemment, jusqu'à la dernière minute, le ton était bon. Je
souhaite que nous pousuivrons sur un bon ton. Je vous invite à la prudence dans
l'utilisation des propos que vous aurez à utiliser. Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Faire la leçon,
alors que ça fait quand même des mois, voire des années qu'on travaille justement
pour l'accompagnement des victimes, puis de me faire dire, parce qu'on pose des
questions actuellement sur la juge en chef, qu'on ne prend pas en considération
les victimes, je trouve ça assez bas. Et ce n'est vraiment pas les intentions,
puis je vais parler dans mon cas, puis je laisserai les autres collègues parler
pour elles. Jamais au grand jamais.
Moi, justement, là, ce que je veux éviter,
c'est que les victimes soient au coeur d'une chicane entre le ministre de la
Justice et la juge en chef, parce que c'est de ça qu'il est question depuis des
semaines et des mois. Et c'est pour ça que j'avais demandé qu'on puisse
entendre la juge en chef, pour pouvoir lui poser les questions, pour voir quels
sont les irritants. Parce que je vais le répéter, M. le Président, s'il fallait
qu'il y ait une contestation de ce projet de loi, tout ça pour une chicane
entre le ministre de la Justice puis la juge en chef, bien, c'est les victimes
qui vont en faire les frais. Et, pas plus tard qu'hier, je vous exposais, M. le
Président, que, s'il y a une contestation judiciaire puis que ça peut durer
entre trois et cinq ans, comme on le voit… comme on l'a vu précédemment, avec
un projet pilote que le ministre souhaite mettre sur place, au Québec, d'une
durée de deux ans, bien, ça, là, ça va être sept ans, sept ans d'attente pour
les victimes.
Ça fait que, quand on essaie de nous faire
porter l'odieux, je m'excuse, M. le Président, mais ça, je n'accepterai pas ça,
et… au même titre qu'hier, on essayait de nous faire porter le chapeau comme
quoi les travaux étaient ralentis, chose qui est totalement fausse. On est ici
pour travailler et on a le droit de poser des questions sans se faire dire par
le ministre de la Justice qu'on ne pense pas aux victimes, bien au contraire,
M. le Président.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Verdun. Mais, écoutez, chers collègues, je pense que je
continuerai à vous faire un appel à la prudence. Nous avions un bon ton.
Compte tenu de l'heure, donc, je vous
remercie de manière anticipée pour votre collaboration, mais nous allons
suspendre les travaux. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 45)
Le Président (M. Benjamin) :
…la députée de Verdun. Bien, écoutez, chers collègues, je pense que je
continuerais à vous faire un appel à la prudence. Nous avions un bon ton compte
tenu de l'heure.
Donc, je vous remercie de manière
anticipée pour votre collaboration, mais nous allons suspendre les travaux.
Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 45)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 9)
Le Président (M. Benjamin) : Alors,
à l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons reprendre
nos travaux. La Commission des institutions reprend ses travaux. Nous
poursuivons l'étude détaillée du projet de loi n° 92, Loi visant la
création d'un tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et de
violence conjugale et portant sur la formation des juges en ces matières. Lors
de la suspension de nos travaux cet avant-midi, nous en étions à l'étude de l'amendement…
Le Président (M. Benjamin) :
... La Commission des institutions reprend ses travaux. Nous poursuivons l'étude
détaillée du projet de loi n° 92, Loi visant la
création d'un tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et de
violence conjugale et portant sur la formation des juges en ces matières. Lors
de la suspension de nos travaux cet avant-midi, nous en étions à l'étude de l'amendement
à l'article 2 du projet de loi. Est-ce que j'ai des interventions sur l'amendement?
S'il n'y a... Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : J'ai simplement
une question. On va revenir un peu à ce qu'on discutait, là. C'était sur la
division ACCES, parce qu'on n'était pas... on n'avait pas fini la discussion
sur la division ACCES. Donc, le ministre a répondu tout à l'heure au collègue
en disant que dans le fond, la division ACCES, qui a été mise en place par la
Cour du Québec, finalement, va laisser place au tribunal spécialisé. C'est bien
ce que je comprends?
Le Président (M. Benjamin) : M.
le ministre.
• (15 h 10) •
M. Jolin-Barrette : Oui. La
réponse à cette question, M. le Président, c'est : Effectivement. Il faut
comprendre actuellement, là, cette division-là, qui est une division
administrative et qui n'est pas permanente par la Cour du Québec, mais pas
opérationnelle non plus à ce jour. Alors, moi, mon souhait, M. le Président,
c'est que ça rentre sous le chapeau de la division spécialisée en matière de
violence sexuelle et conjugale, ce qui va être fait, et, parallèlement à ça, il
n'y a rien qui va empêcher justement la cour d'adopter leurs meilleures
pratiques, qu'ils font déjà également dans certains districts actuellement. Et
je tiens à souligner ça, les efforts de la cour et les efforts notamment de
certains juges coordonnateurs, je pense notamment à Sherbrooke — à Sherbrooke,
je crois que c'est le juge Lafrenière à Sherbrooke qui est le juge
coordonnateur — et qui notamment ont mis en place certains rôles,
hein, spécialisés. Donc, ça, ça va faire partie justement de la division
spécialisée en matière de violence sexuelle et conjugale. Alors, il y a déjà
des belles initiatives de la cour dans certains districts qui sont faites.
Pensons à Montréal : Côté Cour, c'est un beau programme; à Valleyfield
aussi, j'ai visité cet été, là : le jeudi, je crois, aux deux semaines,
ils regroupent tous les dossiers de violence conjugale, donc pour les personnes
victimes, puis les accusés, eux, ils viennent le mercredi. Mais il y a déjà du
travail qui est bien fait par les cours, alors il s'agit de fédérer tout ça.
Alors, l'idée, ça va se faire sous le chapeau de la division spécialisée à
partir du moment où le tout va être permanent, mais ça n'empêche pas toutes les
initiatives puis de travailler tous ensemble à l'intérieur des différents
palais de justice, à la fois la cour, à la fois les couronnes, à la fois les
policiers. C'est ça. À Sherbrooke, c'est le juge Lafrenière.
Le Président (M. Benjamin) :
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Bien, j'ai
juste une question, puis peut-être que c'est moi qui saisis mal, mais, pendant
qu'on va installer, dans le fond, là, le... Parce que la volonté du ministre
n'a pas changé quant au...
M. Jolin-Barrette : ...M.
le juge Lafrenière.
Le Président (M. Benjamin) :
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Bien, j'ai
juste une question, puis peut-être que c'est moi qui saisis mal. Mais, pendant
qu'on va installer, dans le fond, parce que la volonté du ministre n'a pas
changé quant aux projets pilotes, là, on va pouvoir en discuter peut-être plus
loin, mais, si on est toujours sur un horizon de deux ans de projets pilotes, est-ce
que, pendant ce temps-là, parallèlement, l'accès qui est mis sur place ailleurs,
est-ce qu'on peut poursuivre ça pour donner une certaine forme d'autre accompagnement,
à ce moment-ci, dans chacun des districts judiciaires?
Le Président (M. Benjamin) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Bien, il en revient à la cour de faire ce qu'elle souhaite dans certains
districts. Cependant, ce qu'il faut comprendre, là, c'est que, dans le cadre de
la division accès, là, ce qui est fait, là... Et c'est ce qu'on demande depuis longtemps
puis c'est ce que j'ai énoncé depuis longtemps, et c'est pour ça qu'on a besoin
des partenaires, de tous les partenaires du milieu de la justice, incluant la
cour. C'est le fait que, justement, des bonnes pratiques comme il y a à Sherbrooke,
ou comme il y a à Valleyfield, ou comme il y a à Montréal, dans le fond, vous
avez des rôles dédiés, vous avez certains rôles dédiés ou certaines journées.
Ça, ça relève notamment de la cour pour faire en sorte que, justement, il n'y ait
pas un dossier, supposons, d'agression sexuelle qui procède avant ou après un
dossier de stupéfiant, supposons. Donc, le fait d'avoir une salle appropriée,
le fait que les dossiers soient regroupés ou le fait d'avoir moins de dossiers également
sur le rôle, ça, ça relève de la cour qui organise son rôle comme ça. Mais
cette adaptation-là relève de la cour, et elle-même, de la façon dont les juges
coordonnateurs, en fonction de leurs différentes régions, organisent ça en
chambre criminelle et pénale, ça leur revient. Puis nous, on salue ça puis on
salue cette initiative-là.
Alors, quand je dis que la cour constitue
un partenaire, c'est justement ça. Dans le bout judiciaire, il y a une partie
qui peut être faite par la cour. Dans certains districts, c'est fait. Alors,
moi, ce que j'ai dit, c'est que ça peut être étendu à la grandeur du Québec. Et
ces initiatives-là existaient déjà avant même que la juge en chef dise qu'elle
souhaite mettre en place, sur pied une division accès, qui est venue après le projet
de loi et qui est venu après l'annonce du rapport, du dépôt du rapport.
Alors, à une réponse claire à votre question,
pour la députée de Verdun, c'est que les initiatives qui sont mises en place
par la cour, bien certainement, peuvent se continuer le temps qu'il y ait la
mise en place permanente de la division spécialisée à la grandeur du Québec.
Et, oui, ça sera intégré à l'intérieur de la division spécialisée.
Mme Melançon : Merci.
Le Président (M. Benjamin) :
Mme la députée de... Notre-Dame-de-Grâce. Notre-Dame-de-Grâce, pardon...
M. Jolin-Barrette : …la mise
en place permanente de la division spécialisée à la grandeur du Québec, et,
oui, ça sera intégré à l'intérieur de la division spécialisée.
Une voix : Merci.
Le Président (M. Benjamin) :
Mme la députée de… Notre-Dame-de-Grâce. Notre-Dame-de-Grâce, pardon.
Mme Weil
: …me
rafraîchir un peu dans le vocabulaire. Parce que souvent on dit, c'est la
division, ta, ta, ta et à qui est le tribunal compétent, comme les petites
créances, par exemple. Quand est-ce qu'on utiliser… Pourquoi le changement et
c'est quoi, la différence dans la nomenclature? Qu'est-ce que ça comporte dans
cette modification?
M. Jolin-Barrette : Bien, actuellement,
il faut comprendre qu'à la Cour du Québec il y a uniquement la chambre
criminelle et pénale. Il y a trois chambres : chambre criminelle et
pénale, chambre civile, chambre de la jeunesse. Là, ce qu'on vient faire… Dans
le fond, je remonte à ce matin, là, comme je l'expliquais, dans le fond, ce
matin, ce que je disais, c'est que nous, ce qu'on venait créer dans le cadre du
projet de loi, c'est une division appelée tribunal spécialisé en matière de
violence sexuelle et de violence conjugale. Il y avait certains irritants avec
le terme tribunal, alors on utilise… on prend la suggestion de l'ancienne juge
en chef, la juge Elizabeth Corte, qui nous a fait la suggestion de remplacer le
terme «tribunal» par le mot «division».
Alors, la division, à l'intérieur de la
chambre criminelle et pénale, va s'appeler division spécialisée en matière de
violence sexuelle et de violence conjugale. Alors, on traite… on crée, pardon,
une division spécialisée qui va entendre tous les dossiers en matière de
violence sexuelle et conjugale. Donc, au lieu d'être entendu dans la chambre
régulière, la chambre du criminel et pénal, puis ça va être entendu à la
chambre criminelle et pénale mais à la division spécialisée en matière de
violence sexuelle et de violence conjugale.
Donc, le DPCP inscrira les dossiers, donc
sur vu du dossier lorsqu'on traite de violence sexuelle ou de violence
conjugale, le DPCP inscrira le dossier dans cette division-là, la chambre
criminelle et pénale, c'est ça qu'on fait. C'est pour ça qu'on vient modifier la
Loi sur les tribunaux judiciaires.
Le Président (M. Benjamin) :
Mme la députée.
Mme Weil
: Oui, merci…
Donc, le terme «tribunal» créé une sorte de confusion, de… c'est pour ça que la
juge ou les juges ont recommandé cette modification?
M. Jolin-Barrette : Bien là,
je ne voudrais pas repartir avec tout ce que j'ai dit.
Mme Weil
: J'ai suivi
un peu…
M. Jolin-Barrette : Mais
juste pour le bénéfice de la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Dans le fond, moi,
je ne suis pas en accord avec ça. J'ai fait la nomenclature de tous les états
dans le monde qui utilisent le terme tribunal, hein, il n'y a pas d'enjeu. Le
Barreau est venu dire qu'il n'y avait d'enjeu, le DPCP est venu dire qu'il n'y
avait pas d'enjeu. Tout le monde est venu dire qu'il n'y avait pas d'enjeu. La
cour exprime son point de vue, je le respecte, mais je ne le partage pas.
Alors, moi, j'essaie de trouver une piste de solutions, une voie de passage.
L'ex-juge en chef Corte de la Cour du Québec 2009-2016 nous a dit : Écoutez,
il y a certains irritants, je vous propose d'utiliser le terme «division
spécialisée en matière de violence sexuelle et de violence conjugale». Alors,
c'est ce que je fais comme amendement pour enlever des irritants.
Mme Weil
: Je
comprends. Merci.
Le Président (M. Benjamin) :
Mme
Hivon
: Oui.
Juste pour bien comprendre le fonctionnement, là, dans l'esprit du ministre.
Admettons qu'il va de l'avant avec des projets pilotes, avec sa division
spécialisée dans cinq…
M. Jolin-Barrette : …alors,
c'est ce que je fais comme amendement pour enlever des irritants.
Une voix : Je comprends.
Merci.
Le Président (M. Benjamin) :
Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Oui.
Juste pour bien comprendre le fonctionnement, là, dans l'esprit du ministre.
Admettons qu'il va de l'avant avec des projets pilotes, avec sa division
spécialisée dans cinq districts. Admettons qu'il n'y a pas de projet pilote,
pour les fins de l'exemple, à Montréal, puis, je ne sais pas, à Longueuil et
que la division accès est déjà mise en place. Dans sa compréhension, tant que
le tribunal spécialisé et la division spécialisée ne sont pas généralisés à
l'ensemble du Québec, la division accès, elle, peut exister et se déployer dans
les districts où il n'y a pas de projet pilote avec la division spécialisée en
violence sexuelle et conjugale. On va comme être dans un régime… dans le fond,
la Cour du Québec déploierait sa nouvelle division comme elle l'entend. Et, par
ailleurs, le ministre déploierait ses projets pilotes dans les districts qu'il
aurait choisis, tout ça de manière concomitante.
M. Jolin-Barrette : Bien,
dans les faits, il y a plusieurs projets pilotes qui vont se retrouver dans les
endroits qui sont ciblés pour la division accès. Donc, c'est pour ça qu'il y
aura des discussions avec la Cour du Québec pour mettre en place et pour que
tout le monde s'entende et tout le monde s'arrête. Alors, bien entendu il y
aura des discussions avec la Cour du Québec pour s'assurer que tout fonctionne
bien puis que tout s'arrête. Ce qu'il faut dire, c'est que la division accès,
là, dans certains districts, notamment Sherbrooke, il y avait des initiatives
qui étaient faites. Alors, je comprends que la cour a dit : Nous allons créer
une nouvelle division qui s'appelle accès. Je n'y vais pas sur l'opportunité
puis sur la démarche de la cour, tout ça. J'y vais sur le service aux victimes,
moi, qui m'importe. Alors, pour avoir le continuum de services, on va y aller
premièrement avec la division spécialisée, avec le tribunal spécialisé dans
certains districts par projets pilotes, mais entretemps, rien n'empêche la cour
d'adapter ses pratiques dans les différents districts puis d'avoir des rôles
dédiés. Ça, ça ne prend pas une division qui s'appelle accès pour faire ça
partout au Québec, là. Mais ça, ça appartient à la cour de faire ça. Alors,
moie, je ne viendrai pas dire à la cour, en tout respect de l'indépendance
judiciaire, comment organiser l'assignation de ses juges ou organiser l'horaire
ou organiser tout ça, ça, ça relève de la cour. Mais ce qui est important,
c'est qu'à terme, dans le fond, l'ensemble du territoire québécois va être
couvert par la division spécialisée en matière violence sexuelle et conjugale
suite aux projets pilotes.
• (15 h 20) •
Mme
Hivon
: Je
vais juste transmettre mon inquiétude, là, c'est qu'on va avoir comme un régime
hybride pendant quelques années. Je comprends que…
M. Jolin-Barrette : ...du territoire
québécois va être couvert par la division spécialisée en matière de violence
sexuelle et conjugale, suite au projet pilote.
Mme
Hivon
: Je
vais juste transmettre mon inquiétude, là, c'est qu'on va avoir comme un régime
hybride pendant quelques années. Je comprends qu'on espère que tout ça va
s'arrimer le mieux possible, O.K.? La cour, elle, dans sa vision, dans ce
qu'elle expose dans son mémoire, elle veut un déploiement à la grandeur du Québec
de cette division de manière progressive. Donc, elle, elle ne recommande pas
des projets pilotes, elle recommande : Allons-y à la grandeur du Québec de
manière progressive avec des initiatives, j'imagine, comme celle que le ministre
relate, qui existent déjà. On sait qu'à Montréal, il y a Côté Cour. Donc, il a
des choses, déjà des choses qui peuvent, j'imagine, insérées dans l'idée d'une
division spécialisée. Mais le questionnement que j'aie, c'est que la Cour du
Québec a une intention, elle, de ne pas y aller par projets pilotes, donc d'un
déploiement généralisé progressif. Le ministre, lui, veut y aller par projets
pilotes. Alors, on va avoir quand même un régime hybride pour un certain nombre
d'années. Tu sais, je le sais que le ministre peut dire : On va tout faire
pour que ce soit super, mais le fait est qu'il va déterminer, il veut
déterminer, ça va être un débat qu'on va avoir tantôt, mais certains districts.
Puis la cour, elle, elle peut dire : Bien, moi, je vais déployer dans
d'autres districts ce que je suis en train de déployer. Donc, on va comme
être... c'est-à-dire que lui, il met tout en place, on va le voir à l'article 3,
puis tout ça, son régime, puis comment on va déterminer le type d'infractions
qui vont se rendre à la division spécialisée, puis tout ça, en théorie, on
pourrait avoir des différences entre les deux systèmes.
M. Jolin-Barrette : Bien, la
réponse à cette question-là, c'est non. Pourquoi c'est non? Parce que la
direction de la Cour du Québec a décidé de publier un communiqué le
28 septembre ou le 17, 18 septembre qui dit : Nous, on crée la
division accès, là, O.K.? Ce qui est important, là, c'est que la division, là,
spécialisée en matière de violence sexuelle et conjugale, elle s'intègre dans
le continuum de services à partir du dépôt de la plainte jusqu'à la fin du processus,
donc dans le cadre du tribunal, un parapluie. Et la partie de la cour. Pourquoi
est-ce qu'on crée la division spécialisée? C'est notamment pour être sûrs
d'avoir une instance qui va perdurer à travers le temps, qui ne changera pas au
gré des changements des individus, aux changements de direction. Il faut
l'avoir de façon permanente, cette partie judiciaire là. Puis on l'avoir d'une
façon permanente en le pérennisant après les projets pilotes.
Les initiatives judiciaires qui sont
effectuées dans différents districts, c'est une bonne chose, et je le répète,
et je le réitère. Alors, moi, j'encourage les juges coordonnateurs, lorsque
c'est possible, dans chacun des districts, à améliorer les pratiques
judiciaires, notamment d'avoir un rôle dédié une journée...
M. Jolin-Barrette : …les
initiatives judiciaires qui sont effectuées dans différents districts, c'est
une bonne chose, et je le répète, et je le réitère. Alors, moi, j'encourage les
juges coordonnateurs, lorsque c'est possible, dans chacun des districts à
améliorer les pratiques judiciaires, notamment d'avoir un rôle dédié une
journée, d'accueillir les victimes… bien, en fait, pas d'accueillir les
victimes, parce que ça, c'est nous qui nous en occupons, mais de…
Je vous donne un exemple, là, de côté cour,
là. Ce qu'il arrive, c'est qu'ils convoquent les victimes de violence conjugale
en même temps que le pro forma. Là, j'ai fait déplacer les salles pour ne pas
qu'ils se croisent, mais ça, ça permet d'assurer un suivi avec la personne
victime au même moment où que le dossier revient sur le rôle. Ce sont des
bonnes initiatives. Et moi, j'encourage la cour à faire ça, à mettre des rôles
qui sont dédiés, à assurer également une rapidité du traitement des dossiers.
Parce que ça, ce n'est pas le gouvernement qui va déterminer la vitesse avec
laquelle le dossier en matière de violence conjugale et violence sexuelle va
avancer, c'est la magistrature, en fonction de la priorisation des dossiers
qu'ils font. Ça fait que ça, ce sont des initiatives de la cour.
Bien, pour ce faire… pour faire ça, dans
certains districts, ils le faisaient déjà, puis il n'y avait pas de division,
là. Alors, comprenez-moi bien, moi, je suis en faveur de toute initiative de la
part de la cour qui va faire en sorte d'améliorer la justice et d'améliorer la
confiance de la justice, notamment sur une gestion accrue du rôle, sur avoir
des journées dédiées, sur avoir différents éléments. Et c'est pour ça aussi que
dans la construction de tout ça, quand on parle des projets pilotes, bien, on va
être en mesure de travailler notamment avec les juges coordonnateurs pour
arrimer tout ça, pour organiser ça. Parce que ça prend des ressources aussi.
Parce que la cour a bien beau juste faire un rôle dédié, il faut que les
partenaires aussi soient présents en matière d'accompagnement. Donc, ça demande
notamment de la coordination à différents endroits.
Alors, pour faire clair, les initiatives
de la cour seront soulignées et saluées, mais il faut faire en sorte qu'il y
ait une permanentisation, puis ce à quoi pense la cour, qui ne sont pas
d'accord avec le nom… mais tous les acteurs dans le cadre du rapport nous ont
dit : Vous devez y aller par projet pilote. Puis même les groupes qu'on a
entendus, qui sont venus nous rencontrer, ils ont dit : Allez-y par projet
pilote.
Alors, en gros, là, les initiatives
pourront être mises en place par la cour dans les districts qui souhaitent le
faire. Mais ce que je vous dis, c'est que nous, on va s'asseoir avec la cour
pour les projets pilotes, notamment, pour voir les districts dans lesquels ils
sont prêts à fonctionner, nous aussi avec lesquels on est prêts à fonctionner,
qu'on a des ressources pour le faire dans ces districts-là, pour avoir un tout,
pour que la division spécialisée fonctionne bien.
Une voix : Ça va.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. M. le député de Chomedey.
M. Ouellette : Merci, M. le
Président. Je ne vous cacherai pas, M. le Président, que je suis un peu
préoccupé. Depuis le début...
Des voix : ...
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. M. le député de Chomedey.
M. Ouellette : Merci, M. le
Président. Je ne vous cacherai pas, M. le Président, que je suis un peu
préoccupé. Depuis le début... puis je l'ai mentionné dans toutes les
interventions que j'ai faites, on doit assurer une certaine uniformité, on doit
assurer... il faut que les victimes — parce qu'on fait tout ça pour
les victimes — il faut que les victimes sentent qu'il y a une volonté
politique, qu'il y a une volonté de tous les intervenants dans le système de
mettre en place des dispositions qui vont être efficientes.
Honnêtement, je... vous m'auriez dit que
ma préoccupation aujourd'hui est plus... est rendue au niveau de la cour, puis
au niveau des relations, puis au niveau de comment ça va s'appeler, puis
surtout, comment ça va être perçu, vous savez, le message qu'on envoie aux gens
sur le terrain, si on a de la misère à s'entendre en hauts lieux, imaginez-vous
l'insécurité qu'on transpose ou qu'on transmet aux gens de terrain.
• (15 h 30) •
Je disais que j'aurais pensé que ma grosse
préoccupation aurait été du côté des forces policières, qui ont des cultures
différentes, qui ont des... même si la mission est pareille, mais qui évoluent
dans des milieux différents. Et pour qu'eux nous mentionnent que les initiatives
pour que ça soit gage de succès doivent être uniformisées, je ne suis pas
rassuré, M. le Président. J'entends les propos du ministre, puis je ne suis pas
rassuré. On va tout faire. Le fait qu'on mette, dans une loi, la suggestion de
Me Corte, l'ancienne juge en chef, le mot à mot de sa demande, je trouvais ça
rassurant. Mais j'écoutais aussi ma collègue de Joliette tantôt, la dernière
chose qu'il faudrait que la société ou que les victimes, particulièrement,
voient ou que les acteurs du système voient, c'est que d'un côté, le
législateur va avoir statué qu'il va y avoir une division à l'intérieur de la
chambre criminelle et pénale qui va s'appeler la division spécialisée en
matière de violence sexuelle et conjugale...
15 h 30 (version non révisée)
M. Ouellette : …les acteurs du
système voient, c'est que, d'un côté, le législateur va avoir statué qu'il va y
avoir une division à l'intérieur de la chambre criminelle et pénale qui va
s'appeler la division spécialisée en matière de violence sexuelle et conjugale…
et de violence conjugale, et que, d'un autre côté, il pourrait exister une initiative
parallèle qui va tout simplement insécuriser les personnes qu'on veut
sécuriser, qui sont les victimes. Ça fait que c'est pour ça, M. le Président,
que je vous dis qu'au moment où on se parle, malgré toute la bonne volonté
qu'on peut avoir, ça m'insécurise de savoir qu'on aura encore des discussions
puis le ministre devra avoir des discussions avec la Cour du Québec. Puis
l'indépendance judiciaire, l'indépendance institutionnelle, j'y crois puis j'y
tiens, mais nos discussions qu'on a, là, dans les dernières minutes… parce
qu'il y a probablement beaucoup de victimes puis beaucoup d'acteurs du système
qui nous écoutent, là, ils ne doivent pas être rassurés. On est juste à
l'article pour un nom qui pourrait être une très bonne voie de passage. Mais
ils ne doivent pas être rassurés. Si, moi, je ne le suis pas, ils ne doivent
pas l'être, rassurés.
Puis je pense qu'on veut tous, puis le
ministre l'a réitéré ad nauseam depuis le début du projet de loi n° 92,
les victimes doivent être au centre, les victimes, tout ce qu'on fait, de la
façon qu'on le fait, c'est pour eux autres. Et c'est pour que la machine se
mette… s'aligne pour que les besoins particuliers, cheminements particuliers,
les services particuliers nécessaires… Puis vous le savez, M. le Président, je
ne vous ferai pas un grand cours sur les lanceurs d'alerte, parce que les
victimes, c'est un peu pareil, c'est très fragile. Puis je voudrais que quand
on va sortir de nos discussions sur le projet de loi n° 92,
bien, que les gens pour lesquels le projet de loi… à qui le projet de loi est
destiné soient rassurés puis soient en confiance. Je me devais de vous partager
cette préoccupation-là, M. le Président.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Chomedey. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : On est
prêts à voter, M. le Président.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Donc, s'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder, donc, à la mise aux voix. Est-ce que
l'amendement à l'article 2 proposé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Benjamin) :
Adopté. Alors, l'amendement est adopté. Nous revenons donc à l'article 2 tel
qu'amendé. Est-ce…
Le Président (M. Benjamin) :
…donc s'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder donc à la mise
aux voix. Est-ce que l'amendement, à l'article 2 proposé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Benjamin) :
Adopté. Alors, l'amendement est adopté. Nous revenons donc à l'article 2 tel
qu'amendé. Est-ce qu'il y a des interventions? Il n'y a pas d'intervention.
Alors, s'il n'y a pas d'intervention, nous allons procéder à l'adoption de
l'article 2 amendé. Est-ce que l'article 2, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Benjamin) : M.
le ministre, nous poursuivons.
M. Jolin-Barrette : Oui,
l'article 3, et j'aurai un amendement, M. le Président : Cette loi est
modifiée par l'insertion, après l'article 83, du suivant :
«83.0.1. Le gouvernement détermine, par
règlement, quels types de poursuites sont entendues par le Tribunal spécialisé
en matière de violence sexuelle et de violence conjugale. Ceux-ci peuvent
varier en fonction de toute distinction jugée utile.
«Le ministre de la Justice peut, par
arrêté, déterminer les districts judiciaires dans lesquels ce tribunal peut
siéger.»
Alors, l'amendement, je crois qu'il est
déjà disponible et qui a été… il est sur Greffier. Alors, l'article 3,
l'amendement : Remplacer l'article 83.0.1 de la Loi sur les tribunaux
judiciaires proposé par l'article 3 du projet de loi par le suivant. Alors, on
remplace complètement ce qui est dans l'article 3 :
«Le Tribunal spécialisé, en matière de
violence sexuelle et de violence conjugale est créé afin de réserver aux
poursuites qui impliquent un contexte de violence sexuelle, de violence
conjugale, un cheminement particulier qui suppose :
«1° que toute poursuite qui implique un
contexte de violence sexuelle, de violence conjugale est entendue par la
Division spécialisée en matière de violence sexuelle et de violence conjugale;
«2° qu'à tout moment du cheminement d'une
telle poursuite, les besoins particuliers des personnes victimes de même que le
contexte singulier dans lequel elles se trouvent sont considérés.
«Aux fins de l'établissement du Tribunal
spécialisé :
«1° le gouvernement peut, par règlement,
déterminer les types de poursuites entendues par la Division spécialisée en
matière de violence sexuelle et de violence conjugale, lesquels peuvent varier
en fonction de toute distinction jugée utile, notamment en fonction des
districts judiciaires;
«2° le ministre de la Justice peut, par
arrêté, déterminer les districts judiciaires dans lesquels le tribunal est
établi et conséquemment où la Division spécialisée en matière de violence
sexuelle et de violence conjugale peut siéger;
«3° le Directeur des poursuites
criminelles et pénales doit identifier, à la lumière des faits et des
circonstances d'un dossier, si l'infraction criminelle alléguée implique un
contexte de violence sexuelle ou de violence conjugale et, le cas échéant et
sous réserve du règlement prévu au paragraphe 1°, soumettre le dossier à la
Division spécialisée en matière de violence sexuelle et de violence conjugale;
«4° le ministre offre aux personnes
victimes des services adaptés à leurs besoins, lesquels doivent inclure des
mesures d'accompagnement et la coordination des dossiers;
«5° le ministre privilégie le traitement
par un même procureur de toutes les étapes d'une poursuite;
«6° le ministre offre une formation sur
les réalités relatives à la violence sexuelle et à la violence conjugale aux
personnes susceptibles d'intervenir au Tribunal spécialisé…
M. Jolin-Barrette :
...leurs besoins lesquels doivent inclure des mesures d'accompagnement et la
coordination des dossiers;
«5° le ministre privilégie le traitement
par un même procureur de toutes les étapes d'une poursuite;
«6° le ministre offre une formation sur
les réalités relatives à la violence sexuelle et à la violence conjugale aux
personnes susceptibles d'intervenir au tribunal spécialisé.
«Le ministre inclut, dans son rapport
préparé en vertu de l'article 16.1 de la Loi sur le ministère de la
Justice (chapitre M-19), une section relative à son offre de formation sur
les réalités relatives à la violence sexuelle et à la violence conjugale, au
cours de l'année précédente.».
Cet amendement crée le tribunal spécialisé
en matière de violence sexuelle et de violence conjugale afin que les
poursuites qui impliquent un contexte de telle violence suivent un cheminement
particulier dans lequel des services adaptés sont offerts aux personnes
victimes.
L'amendement confie au Directeur des
poursuites criminelles et pénales le rôle d'évaluer si une infraction
criminelle alléguée implique un contexte de violence sexuelle ou de violence
conjugale aux fins que ce dossier soit soumis à la division spécialisée.
L'amendement oblige finalement le ministre
à offrir une formation sur les réalités relatives à la violence sexuelle et à
la violence conjugale.
Donc, M. le Président, l'amendement que je
propose fait suite... Voulez-vous que j'explique un peu?
Mme Labrie : Conformément
à l'entente qu'on avait, ça serait le moment de suspendre pour que je puisse
aller faire mon intervention de l'autre côté.
M. Jolin-Barrette : Ah!
oui, vous êtes rendue.
Le Président (M. Benjamin) :
Effectivement. Donc, conformément aux ententes...
M. Jolin-Barrette : Parce
qu'on allait... Juste m'informer si on était rendus... Parce que, là, c'est le ministre
qui commence à parler?
Mme Labrie : On me
signale, moi, que c'est le temps que j'y aille.
M. Jolin-Barrette : On
va juste faire des vérifications avant parce que je crois que le...
Mme
Hivon
:
...si on peut s'assurer qu'ils suspendent là-bas quand le ministre aura fini,
là.
Le Président (M. Benjamin) :
On suspend quelques instants, s'il vous plaît. On suspend quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 38)
(Reprise à 15 h 39)
Le Président (M. Benjamin) :
Nous allons reprendre nos travaux. Nous en étions à l'intervention du ministre.
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Alors, l'objectif de 83.0.1, c'est justement de faire en sorte de répondre à ce
que les groupes ont dit et surtout les collègues des oppositions pour faire en
sorte qu'on vienne répondre aux différents enjeux. Et là je vous le disais, on
a adopté la division, donc ça, c'est l'institution judiciaire. Là, on vient
créer le tribunal judiciaire sur tout le processus. C'est ce qu'on fait.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. Alors, est-ce que j'ai des interventions sur l'amendement...
M. Jolin-Barrette : …la
division, donc, c'est l'institution judiciaire. Là, on vient créer le tribunal
judiciaire sur tout le processus. C'est ce qu'on fait.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. Alors, est-ce qu'il y a des interventions sur l'amendement?
Des voix : …
Le Président (M. Benjamin) :
Alors, conformément aux ententes, nous suspendons nos travaux.
(Suspension de la séance à 15 h 39)
16 h (version non révisée)
(Reprise à 16 h 08)
Le Président (M. Benjamin) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons reprendre nos travaux. Alors, lors de la suspension,
nous en étions à l'étude de l'amendement à l'article 3, et je pense qu'il y
avait une demande de Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Ma
seule demande, c'était pour le fonctionnement à ce stade-ci, pour être certaine
qu'on allait procéder alinéa par alinéa, c'était juste ça, qu'on les prenne un
par un.
Le Président (M. Benjamin) :
On peut toujours procéder alinéa par alinéa, mais, toutefois, le temps total
pour l'amendement demeure 20 minutes.
Des voix : …
Le Président (M. Benjamin) :
À moins qu'il y ait une autre entente qui soit convenue entre vous. S'il y a
une autre entente… Donc, est-ce que vous souhaiteriez… Parce qu'il y avait une
entente qui avait été… c'était pour le préambule. Est-ce que vous souhaiteriez…
Est-ce que c'est ce que je comprends, vous souhaiteriez discuter de cette
entente-là, renouveler la même entente? Parce que, sinon, en dehors de cette
entente-là, c'est 20 minutes.
Mme
Hivon
:
Donc, si on étudie un article, c'est… on peut déterminer qu'on étudie alinéa par
alinéa avec notre plein temps pour l'article, mais, quand c'est un amendement,
M. le Président, vous nous dites qu'à moins d'entente il faut que ce soient 20
minutes pour l'ensemble de l'amendement.
Le Président (M. Benjamin) :
Voilà, donc vous avez tout à fait raison. Dans le cas d'un amendement, c'est 20
minutes.
Mme
Hivon
: O.K.
Moi, je suggérerais, vu que l'amendement…
Mme
Hivon
:
...c'est... on peut déterminer qu'on a étudié alinéa par alinéa avec notre
plein temps pour l'article, mais, quand c'est un amendement, M. le Président,
vous nous dites qu'à moins d'entente il faut que ça soit 20 minutes pour l'ensemble
de l'amendement.
Le Président (M. Benjamin) :
Voilà. Donc, vous avez tout à fait raison, dans le cas d'un amendement, c'est
20 minutes.
Mme
Hivon
:
O.K. Moi, je suggérerais, vu que l'amendement vise à remplacer complètement l'article,
ce n'est pas un petit amendement, il vient vraiment remplacer un article en
étant beaucoup plus étoffé que l'article initial, qu'on revienne à l'entente
qu'on avait pour le préambule, d'avoir 20 minutes par alinéa.
M. Jolin-Barrette : Oui,
M. le Président. Alors, moi, mon objectif, ce n'est pas de limiter le débat et
c'est de faire en sorte qu'on puisse, tous ensemble, adopter un bon projet de
loi et de faire en sorte que ça chemine bien. Alors, je suis prêt, M. le
Président, à ce qu'on ait 20 minutes par alinéa. Ça ne veut pas dire qu'il
faut utiliser les 20 minutes par alinéa, M. le Président, mais je suis
prêt à consentir à ça dans le cadre de cet amendement-là, mais vous comprendrez
bien qu'on souhaite qu'on chemine tous ensemble dans l'objectif d'adopter ce
projet de loi.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le ministre. Est-ce que je comprends que cette entente-là concerne
cet article-là ou tous les autres? Non, cet article-là.
• (16 h 10) •
M. Jolin-Barrette : Cet
article-là.
Le Président (M. Benjamin) :
Parfait. Alors, voilà, donc, puisque nous avons un consentement pour commencer
l'étude détaillée, donc, alors, est-ce qu'il y a des interventions? Mme la
députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci, M.
le Président. Je débuterais... Lorsqu'il est indiqué : «Aux fins de
l'établissement du tribunal spécialisé :» et là on part avec les
différents alinéas, pour moi, là, ici, est-ce qu'on parle du tribunal
spécialisé, donc le parapluie, ou si on parle de la cour à ce moment-ci?
M. Jolin-Barrette : Alors,
à ce moment-là, on parle du parapluie. Donc, à l'article 3, là, lorsqu'on
dit, au premier alinéa, deux alinéas plus haut, là : «Le tribunal
spécialisé en matière de violence sexuelle et de violence conjugale est créé
afin de réserver aux poursuites qui impliquent un contexte de violence sexuelle
ou de violence conjugale un cheminement particulier qui suppose :
«1 — ensuite, vous avez :
«1.2. Aux fins de l'établissement du
tribunal spécialisé.»
Donc, c'est du début à la fin de
processus. Et là vous pourrez noter, Mme la députée de Verdun, qu'au paragraphe
1° on vient parler entre autres de la division lorsqu'on vient dire : «par
règlement, déterminer les types de poursuites entendues par la division». Donc,
la division s'insère dans le cadre du continuum de services pour le tribunal.
Mme Melançon : ...avec ma
question, M. le Président. À ce moment-là, le gouvernement peut, ici, donc, par
règlement, parce que rappelons-nous qu'il y a de l'habilitation réglementaire
dans ce projet de loi, et «peut — pardon — déterminer les
types de poursuites entendues par la division...
Mme Melançon : …le
gouvernement peut ici donc par règlement, parce que rappelons-nous qu'il y a de
l'habilitation réglementaire dans ce projet de loi, et peut, pardon, déterminer
les types de poursuites entendues par la division spécialisée en matière de
violence sexuelle et violence conjugales, lesquelles peuvent varier en fonction
de toute distinction jugée utile, notamment, en fonction des districts
judiciaires.
Là, si je me réfère et à la fois à
Me Elizabeth Corte dans ses notes de présentation en page 8 et à la
juge en chef dans son mémoire, page 8 aussi, les deux femmes nous disaient
qu'il y avait un problème, qu'elles voyaient un irritant possible, qu'il y
avait ambiguïté, ne serait-ce que pour, donc, déterminer le type de poursuite.
Et on cite souvent Elizabeth Corte de par
sa sagesse, bien entendu, et ses propos bien éclairants qu'elle nous a
apportés, bien sûr, lors de la rédaction du rapport Rebâtir la confiance
mais aussi lorsqu'elle est venue avec Mme Desrosiers lors des
consultations particulières. Et leur éclairage nous disait qu'afin d'éviter
toute ambiguïté, elles suggéraient donc de recentrer cette modification, le
type de poursuite, autour de la compétence de la division spécialisée, donc de
ramener ça vers la cour. Et la juge en chef, de son côté, marquait : «Avec
égard, cette réalité est incompatible avec la rigidité, dis-je, d'un règlement
qui déterminerait le type de poursuite pouvant varier en fonction de toute
distinction jugée utile, suivant la proposition du projet de loi n° 92
d'introduire l'article 83.0.1 à la Loi sur les tribunaux judiciaires.»
Donc, je veux juste voir avec le ministre,
malgré ces levées de drapeaux, pourquoi est-ce qu'il est allé tout de même de
l'avant avec cet article-là.
M. Jolin-Barrette :
Bien, en fait, c'est pour permettre d'établir les types de poursuites qui vont
être entendues à la division spécialisée. Donc, dans le cadre du règlement, on
va mettre toutes les poursuites en matière de violence sexuelle et de violence
conjugale qui vont s'en aller là. Donc, si on enlève l'habilitation
réglementaire, on va perdre la flexibilité de le faire. Si, supposons, dans
certains districts, il y a des enjeux particuliers où il y aurait la
disponibilité pour le faire rapidement en matière de violence sexuelle,
supposons, ou en matière de violence conjugale, bien là, le règlement nous
permet de le faire. Ou pour x, y raisons, on ne pourrait pas le faire, le
règlement permet d'avoir cette flexibilité-là. Et donc…
M. Jolin-Barrette : ...de le
faire. Si, supposons, dans certains districts il y a des enjeux particuliers où
il y aurait la disponibilité pour le faire rapidement en matière sexuelle,
supposons, ou en matière conjugale, bien, le règlement nous permet de le faire.
Ou pour x,y raison, on ne pourrait pas le faire, le règlement permet d'avoir
cette flexibilité-là. Et donc ça ne relève pas de l'indépendance de la cour, le
type de poursuite que nous faisons. D'ailleurs, vous allez voir dans l'article,
un petit peu plus loin, on confie au DPCP le fait d'inscrire les dossiers sur
le rôle de la cour.
Mme Melançon : Je comprends ce
que le ministre m'explique. Cependant, ça n'avait pas l'air d'être la lecture
ni de l'ancienne juge en chef ni de la juge en chef actuelle quant au travail
et, dans le fond, à la détermination des types de poursuite, là. Est-ce que le
ministre a bien entendu Elizabeth Corte qui disait... pour éviter toute
ambiguïté, elle suggérait de recentrer cette modification autour de la
compétence de la division spécialisée?
M. Jolin-Barrette : Oui, j'ai
bien entendu, mais avec égard, dans le fond, ce qu'on vient faire, c'est que la
compétence de la cour, elle est avérée, c'est en matière criminelle et pénale.
Puis le DPCP, lui, ce qu'il fait, c'est qu'il soumet le dossier à la cour pour
le rôle de la cour. Donc, nous, on va venir établir par règlement les types de
poursuite. Donc, les poursuites en matière de violence sexuelle, violence
conjugale s'en vont à la division. Puis là, le DPCP, lui, lorsqu'il reçoit le
dossier, l'analyse, regarde est-ce que c'est dans un contexte conjugal ou... de
violence conjugale, de violence sexuelle. À ce moment-là, il le soumet à la
cour... il le soumet sur le rôle de la cour.
Mme Melançon : Je pose la
question, je n'ai pas la réponse à ce moment-ci, là, mais dans les matières
relatives à la jeunesse, la cour a compétence dans les limites prévues par la
loi. Ce n'est pas par règlement, à ce moment-là, quand on parle de la chambre
de la jeunesse, mais c'est vraiment introduit dans la loi, et non pas dans le
règlement. Pourquoi?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
matière jeunesse, dans le fond, on se retrouve souvent, là, c'est des lois qui
disent : Bon, bien, voici tel type... exemple, dans la Loi sur les
tribunaux judiciaires, ils entendent tel type de dossier. Là, nous, les
dossiers sont à la chambre criminelle et pénale. À l'intérieur de la chambre
criminelle et pénale, c'est une sous-catégorie qui va dire : Ce type de
poursuite là, ça s'en va dans la division de la chambre criminelle et pénale,
parce qu'il n'y a pas de division à la Chambre de la jeunesse, c'est à chambre
de la jeunesse.
Mme Melançon : O.K. Vu comme
ça alors, si on... pourquoi y aller par règlement à ce moment-ci alors?
M. Jolin-Barrette : Bien,
parce que, dans le fond, il faut avoir la flexibilité de démarrer à certains
endroits. Supposons… ou ça peut arriver des situations particulières où il y a
certains districts qui, supposons, ne seraient pas prêts à avoir certains types
de poursuites ou qu'ils n'auraient pas les ressources pour entendre certains
types de poursuites ou pour des...
M. Jolin-Barrette : …bien, parce
que, dans le fond, il faut avoir la flexibilité de démarrer à certains
endroits, supposons… ou ça peut arriver des situations particulières où il y a
certains districts qui, supposons, ne seraient pas prêts à avoir certains types
de poursuites ou qu'ils n'auraient pas les ressources pour entendre certains
types de poursuites ou pour des particularités régionales. Donc, il ne faudrait
pas bloquer le déploiement du tribunal spécialisé à cause qu'il manque un
élément à quelque part.
Mme Melançon : Mais je veux
juste comprendre, là, si par exemple, dans un district judiciaire… Parce que
là, on ne parle pas ici, là, on ne parle pas du projet pilote, on parle
vraiment de la préparation pour le tribunal… la division spécialisée. S'il y a
dans un district… je ne peux pas croire que, dans deux ans, on ne sera pas
prêts à tout appliquer.
M. Jolin-Barrette : Bien, le
souhait, c'est d'appliquer partout dans deux ans, ou dans une année et
demie, ou dans trois ans quand le projet pilote se termine.
Mme Melançon : On le
déterminera plus tard.
M. Jolin-Barrette : Mais par
contre, ça peut arriver en raison de plusieurs… certaines ressources, certains
districts judiciaires particuliers qu'il y ait des modalités parce que c'est la
première fois qu'on va faire dans le monde, là, à la fois violence conjugale et
à la fois violence sexuelle. Alors, ça peut arriver que certains types de
poursuites… Supposons qu'il y aurait, je ne sais pas, là, un type d'infraction
criminelle, que pour des raisons que j'ignore, ne pourrait pas aller à la
chambre criminelle et pénale… pardon, à la division spécialisée, ça donne cette
flexibilité-là de le faire. Mais l'objectif est de le faire à la grandeur du
Québec dès que les projets pilotes… Mais, si jamais, là, on se retrouvait, là,
dans une situation, là, le projet pilote termine après deux ans, O.K.,
puis que là on y va à la grandeur du Québec, mais il arrive un enjeu des
ressources x dans le district, je ne sais pas, là, de Richelieu, supposons,
bien là, le règlement, ça va nous permettre de faire en sorte qu'on va pouvoir
le partir partout ailleurs… Puis supposons qu'on avait, je ne sais pas, là, un
enjeu en matière de violence conjugale, là, avec une pénurie de personnel ou
quelque chose comme ça, là, ce que je ne souhaite pas, là, mais je vous expose
la réalité des faits, là, dans le district de Richelieu. Donc là, le règlement
nous donne la souplesse de dire : Bien, on le fait partout, tout ça, sauf
dans ce district-là, supposons, on commence par violence sexuelle, on
l'implante, tout ça, puis c'est dans six mois qu'on est capables de mettre
en place le deuxième volet. C'est ça que ça fait.
• (16 h 20) •
Mme Melançon : Bien, ça
m'inquiète énormément, ce qu'on est en train de discuter parce que moi, déjà,
j'avais de la difficulté à vivre avec les iniquités quand on sera rendus au
projet pilote, là. Puis j'en ai parlé un peu lors des consultations. Moi, de
savoir qu'une fille qui est victime de violence conjugale, puis parce quelle
vit à Verdun, puis disons que le district de Montréal, là, n'est pas couvert
lors du projet pilote, pendant deux ans, elle n'aura pas le même…
Mme Melançon : …consultations.
Moi, de savoir qu'une fille qui est victime de violence conjugale, puis parce
quelle vit à Verdun, puis disons que le district de Montréal, là, n'est pas
couvert lors du projet pilote, pendant deux ans, elle n'aura pas le même
accompagnement que quelqu'un qui vit de la violence conjugale, par exemple, sur
la Côte-Nord, puis là où il y aurait, par exemple, un projet pilote. Moi,
j'avais déjà de la difficulté à vivre avec l'iniquité pendant deux ans des
projets pilotes. Là, ce que vous êtes en train de nous expliquer, c'est que ça
se peut que l'iniquité elle soit beaucoup plus longue dans le temps selon les
ressources qui seront disponibles. Ça veut dire que là, l'iniquité, ça ne sera
pas sur deux ans, ça peut être sur plus longtemps, et ce, même après avoir fait
les vérifications, puis fini le projet pilote. Donc, les victimes sur un territoire
après les projets pilotes pourraient ne pas avoir le même accompagnement selon
les districts judiciaires. Ça m'inquiète. Moi, ça… je ne pensais pas qu'on
était pour… je pensais qu'on était pour traduire immédiatement après les
projets pilotes que c'était pour être partout sur le territoire, le même
accompagnement pour toutes les victimes. C'est ce qu'on a toujours souhaité et
espéré. Alors, je suis un peu surprise d'entendre le ministre, à ce moment-ci,
là-dessus. Et je dirais même qu'au deuxième, lorsque que «le ministre de la
Justice peut, par arrêté, déterminer les districts judiciaires dans lesquels le
tribunal est établi et conséquemment où la Division spécialisée en matière de
violence sexuelle et de violence conjugale peut siéger;». Moi, j'ai toujours
pensé, parce que là on n'est pas dans le projet de loi, ça devrait être
partout. Ça ne devrait pas… on ne devrait pas… le ministre ne devrait, par
arrêté, déterminer les districts judiciaires. On a toujours dit qu'il fallait
que ça soit partout. Alors, là, on est en train de me dire, non
seulement : On ne sait pas s'il va y avoir équité partout sur le
territoire. Puis en plus on dit que le ministre de la Justice, par arrêté, va
déterminer les districts judiciaires. Moi, je pensais vraiment que tous les
districts judiciaires étaient pour être couverts par l'actuel projet de loi
après le projet pilote.
M. Jolin-Barrette : Alors, la
réponse à cette question-là, c'est oui, tous les districts judiciaires vont
être couverts. Cependant, quand on démarre quelque chose à la grandeur du
Québec, parce que là on va avoir les projets pilotes, hein, dans certains
endroits. Après ça, il faut que dans tous les districts judiciaires ça
fonctionne. Alors, ce que ça permet de faire, s'il y a certains districts
judiciaires qui ne sont pas prêts la journée un, ça permet d'y aller également
graduellement de faire en sorte d'implanter, dans un premier temps, le projet
pilote, ensuite de les transformer de façon permanente. Puis vous-même vous
avez dit que vous étiez en faveur d'un déploiement progressif. Alors, c'est pas
mal ça. Mais nous ce qu'on veut faire… moi, là, un coup que les projets pilotes
vont être terminés, je souhaite que le plus…
M. Jolin-Barrette : …dans
un premier temps les projets pilotes ensuite les transformer de façon
permanente. Puis vous-même vous avez dit que vous étiez en faveur d'un
déploiement progressif, alors c'est pas mal ça. Mais nous ce qu'on veut faire…
Moi, là, un coup que les projets pilotes vont être terminés, je souhaite que le
plus d'endroits au Québec, idéalement partout au Québec, le tribunal spécialisé
soit là. Mais il faut y aller en fonction de la cour. Il faut y aller en
fonction des ressources. Donc, ultimement, tout le Québec va être couvert. Mais
le règlement permet justement de prévoir certains cas d'exception où supposons…
Je donne un exemple. Supposons que le volet violence conjugale est prêt puis le
volet violence sexuelle, il reste quelques éléments à attacher, supposons, avec
les ressources, avec les organismes, tout ça. Ce que ça va nous permettre de
faire à terme, c'est de démarrer tout de suite violence sexuelle puis de venir
attacher violence conjugale. Donc, l'habilitation réglementaire sert à ça.
Mme Melançon : Bien, en
tout respect, moi, j'ai toujours dit oui pour que ça puisse être progressif à
partir du projet pilote. Moi, j'ai toujours dit : Bien, si on commence, il
y a des endroits, ils vont être prêts avant la fin des projets pilotes. C'est
là où je me disais, ça peut être progressif. Mais, moi, j'ai toujours pensé que
si on faisait des projets pilotes pendant deux ans, c'était pour qu'après le
deux ans et un jour on soit prêts partout. Ce n'était pas pour commence après
ça à être progressif partout après deux ans.
M. Jolin-Barrette : Ce
que je veux dire, c'est que c'est possible de faire des régions qui vont être
prêtes, tout ça, là, on va pouvoir les démarrer, là. Donc, il y a les projets
pilotes, mais le projet pilote ce n'est pas nécessairement qu'un seul projet
pilote, là.
Mme Melançon : Je
comprends ça, mais de la façon dont je le reçois actuellement…
M. Jolin-Barrette : Moi,
je vous le dis, là, l'intention, O.K., c'est de faire en sorte que le tribunal
spécialisé soit implanté partout à travers du Québec. Par contre, ce que je
vous dis, c'est que dans la réalité des faits, il faut avoir l'outil législatif
pour dire : Bien, Baie-Comeau, il est prêt, let's go. Trois-Rivières est
prêt, let's go. Shawinigan n'est pas prêt, je ne veux pas empêcher tous les
autres districts de démarrer sur le permanent parce que Shawinigan, il nous
reste des affaires à attacher. L'Abitibi est prête, O.K. L'Outaouais n'est pas
prêt, ou il y a un des deux volets qui est prêt, on va le démarrer. Mais vous
comprenez que c'est énormément de travail, puis le ministère de la Justice va
s'employer à régler puis à mettre les ressources puis tout ça, mais il faut fédérer
tout le monde aussi. Puis c'est… Je vous le répète, c'est nouveau, là. C'est la
première fois qu'on fait ça, là. Donc, c'est pour ça dans un premier temps
qu'on passe par un tribunal spécialisé, par des projets pilotes, mais la
députée de Verdun le sait, elle a une expérience gouvernementale également, il
faut bien faire les choses, puis il faut implanter les choses aussi. Puis je
souhaite juste lui dire également, là…
M. Jolin-Barrette : …qu'on
fait ça, là. Donc, c'est pour ça dans un premier temps qu'on passe par un
tribunal spécialisé, par des projets pilotes, mais la députée de Verdun le
sait, elle a une expérience gouvernementale également, il faut bien faire les
choses, puis il faut implanter les choses aussi. Puis je souhaite juste lui
dire également, là, qu'actuellement, là, il y a des personnes victimes, là, qui
ne bénéficient pas de tous les traitements, puis on est en train de corriger
ça, parce que oui, je reprends les propos du député de Chomedey, il faut avoir
une uniformité sur le territoire québécois. Mais je tiens juste à la rassurer
également, sur le fait que ce n'est pas parce qu'une victime serait dans un
district présentement où il n'y aura pas de projet pilote pour le moment
qu'elle n'aura pas la poursuite verticale, parce que la poursuite verticale est
implantée partout, qu'elle n'aura pas de soutien du CAVAC, tout ça. Mais il
faut voir l'expérience des projets pilotes dans un premier temps, puis ensuite
on rattache ça partout. Mais je veux juste dire, puis je suis convaincu que la
députée de Verdun va être d'accord avec moi là-dessus, là, c'est qu'il y a
beaucoup d'intervenants dans le système de justice qui sont là pour accompagner
les personnes victimes. Donc les gens à la CAVAC, l'IVAC est là, les procureurs
sont dédiés maintenant en v.s., en v.c. aussi, alors faut juste… puis je prends
l'engagement, M. le Président, d'aller le plus rapidement possible, pour que ça
se fasse à la grandeur du Québec. Ça, là, je vous le dis, tant que je vais être
ministre de la Justice, ça va être une priorité, top priorité. La députée de
Verdun va peut-être me dire : Il ne vous reste pas grand temps à la
Justice, ou quelque chose comme ça…
Mme Melançon : Non, non, je ne
suis pas… non, non, je suis plus sérieuse que ça actuellement, mais moi, M. le
ministre…
M. Jolin-Barrette : On ne le
sait pas, on ne le sait pas. Mais vous comprenez ce que je veux dire?
Mme Melançon : Bien sûr.
M. Jolin-Barrette : Moi, ma priorité,
c'est que ça se déploie le plus rapidement possible partout, mais ça prend une
certaine flexibilité.
Le Président (M. Benjamin) : …députée
de Verdun.
Mme Melançon : C'est 12, c'est
24, c'est 36, c'est 60 mois? Qu'est-ce qui est acceptable pour le
ministre, parce que rédigé ainsi, là, ça me fait vraiment peur. C'est comme si
on acceptait d'y aller à la pièce puis on verra. Moi, dans ma tête, là, puis
c'était vraiment on va mettre sur pied les projets pilotes puis pendant qu'on
va partir les projets pilotes on va organiser le reste en même temps pour
s'assurer que tout le monde puisse démarrer en même temps. Et là, ce n'est pas
comme ça que je le lis. Moi, ça veut dire que s'il y en a qui veulent… s'il y
en a qui sont à la traîne, ils vont pouvoir rester à la traîne, puis pendant ce
temps-là, bien c'est les victimes qui ne vont pas recevoir le même
accompagnement. Et c'est là où ça me… c'est là où je suis plus ou moins d'accord
avec la formulation, puis je le dis en toute transparence. Moi, j'étais
certaine qu'on était pour dire : On applique partout sur le territoire en
même temps, une fois les projets pilotes terminés.
• (16 h 30) •
M. Jolin-Barrette : Oui. Ça,
c'est ce que je veux faire. Moi, ce que je vous dis, dans la réalité des
choses, là, c'est qu'il y a beaucoup de districts judiciaires au Québec, ça
demande, dans chaque district judiciaire, là, la cour, la police, les
intervenants psychosociaux, les CAVAC, les…
16 h 30 (version non révisée)
M. Jolin-Barrette : …ça, c'est
ce que je veux faire. Moi, ce que je vous dis, dans la réalité des choses, là,
c'est qu'il y a beaucoup de districts judiciaires au Québec. Ça demande, dans
chaque district judiciaire, là, la cour, la police, les intervenants
psychosociaux, les CAVAC, les couronnes, coordonnateurs judiciaires, tout ça,
là, c'est du travail, là. Moi, je vous le dis, on va le faire, puis on va le
travailler ensemble, avec tous les acteurs aussi. Mais pour la mise en place du
permanent, on n'a pas le choix aussi d'avoir un outil qui peut nous dire :
Écoute, les projets pilotes sont terminés, supposons, et là on est prêts à les
implanter dans tel district, tel district, tel district. Puis on est prêts à
implanter… ce district-là, il est déjà prêt sur violence sexuelle, allons-y
tout de suite. Ça fait que c'est ce que le règlement permet de faire.
Donc, ça nous permet également aussi de
dire : Bien, écoutez, les poursuites… il y a 36 districts
judiciaires, en matière de poursuites également, bien, écoutez, on va couvrir
toutes les poursuites en matière de violence conjugale ou violence sexuelle,
mais ça prend une flexibilité pour que ça fonctionne aussi. Puis ce n'est pas
mieux si, demain matin, on part ça, puis il manque une roue, là. Mais moi, je
le réitère, le plus rapidement possible à la grandeur du Québec.
Ça fait que les projets pilotes,
idéalement… c'est sûr que, tu sais, dans les commentaires qu'on a eus, là,
notamment du réseau des CAVAC, là, je pense qu'ils ont dit : Deux ans.
Moi, je vous dirais : Entre deux puis trois ans, parce que pour ajuster
les dossiers, il faut être sûr que le dossier puisse fonctionner. Mais après
ça, le plus rapidement possible.
Le Président (M. Benjamin) :
J'ai la députée de Joliette. Est-ce que…
Une voix : Je reviendrai.
Le Président (M. Benjamin) :
D'accord.
Mme
Hivon
: Je
vais laisser ma collègue poursuivre. J'avais juste une question, là, pour
comprendre, exactement en lien avec ça. Puis après on reviendra à l'alinéa 1
puis 2, puis…
Le Président (M. Benjamin) :
Absolument…
Mme
Hivon
: Mais
sur ce point-là, pourquoi ce débat-là ne se fait pas à l'article 11 où on
parle des projets pilotes? Puis le ministre se donne le pouvoir de déterminer
quels districts judiciaires vont avoir des projets pilotes. Je ne comprends pas
pourquoi on a les deux, parce que c'est comme si on se donne la possibilité de
ne pas le déployer partout, parce qu'à l'article 11 on a les projets
pilotes, mais en plus le ministre se donne le droit, en dehors des projets pilotes,
de ne pas le déployer partout. Donc, je partage les préoccupations de ma
collègue, parce que je me dis : Par rapport aux projets pilotes, puis on
va faire le débat sur les projets pilotes, là, à l'article 11, mais là on
est en train de nous dire : Ce n'est pas juste à cause des projets pilotes
que je vais déterminer des districts judiciaires, de manière globale, moi, je
peux déterminer que le déploiement tribunal va se faire à vitesse variable
parce que j'ai ce pouvoir-là que je me donne, en vertu de la loi, de décider
dans quels districts il va s'implanter.
M. Jolin-Barrette : Prenez-le
à l'inverse, O.K., prenez-le à l'inverse. Supposons, il y a des projets pilotes
deux ans, O.K…
Mme
Hivon
: …du
tribunal va se faire à vitesse variable parce que j'ai ce pouvoir-là que je me
donne, en vertu de la loi, de décider dans quels districts il va s'implanter.
M. Jolin-Barrette : Prenez-le
à l'inverse, O.K., prenez-le à l'inverse. Supposons, il y a des projets pilotes
deux ans, O.K., deux ans. Là, on termine le projet pilote, parfait, c'est un
succès, O.K.? Pendant les deux ans, on a travaillé, mais supposons que ce n'est
pas les 36 districts judiciaires qui sont prêts, O.K.? Ça fait que ça, là, on
est en 2021, novembre 2021, on part… en 2023. 2023, les projets pilotes, bon,
on sait qu'est-ce qui fonctionne, tout ça, on l'implante à la grandeur du
Québec. Là, ce que vous me dites, c'est : Il faut l'implanter à la
grandeur du Québec, partout en même temps. Novembre 2023, supposons, bien, ce
n'est pas toutes les régions qui sont prêtes. Ça fait que, là, on ne part pas
le tribunal dans les districts qui sont prêts, dans les districts où ça peut
fonctionner?
Mme
Hivon
: Moi,
ce que je voudrais, M. le Président, c'est que le ministre, il prenne
l'engagement… Déjà que nous, les projets pilotes, on va faire le débat, là, on
n'est pas convaincus, puis Mme Corte, puis Mme Desrosiers non plus…
M. Jolin-Barrette : Les
organismes, ils disent que ça prend des projets pilotes, notamment les
fédérations de maisons d'hébergement, notamment les CAVAC.
Mme
Hivon
: On
va pouvoir faire ce débat-là aussi, mais ce que je veux dire, c'est que, là, le
ministre est comme en train de nous dire, dans le fond… Je sais, là, qu'il veut
que ça marche, je ne remets pas ça en doute, mais il peut y avoir plein
d'impondérables, il peut y avoir des difficultés financières, au gouvernement,
il peut y avoir une situation plus précaire. Et donc le ministre est comme en train
de nous dire : Donnez-moi un chèque en blanc… Non, mais c'est le message
que ça envoie, là, quand on lit le projet de loi, parce qu'on n'a aucune
garantie qu'on va le déployer. Moi, ce que j'aimerais entendre le ministre
dire, c'est : Moi, je vous plaide pour des projets pilotes — le
ministre nous plaide ça — mais soyez assurés que, pendant qu'on va
faire les projets pilotes, je vais travailler pour que, le dernier jour des
projets pilotes, ça puisse se déployer partout. Il n'y en aura pas, d'endroit où
il n'y en aura pas, de ressources, parce qu'on va travailler là-dessus puis on
va travailler sur les formations.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, c'est exactement ce que j'ai dit tantôt, c'est exactement ce que
j'ai dit. Mais, contrairement à la députée de Joliette, il faut s'assurer
d'avoir la flexibilité pour que… si, au bout du deux ans, là, tous mes 36
districts ne sont pas prêts au même moment, bien, je veux pouvoir les partir
entre temps. Là, je rejoins l'argument de la députée de Verdun, qui me
dit : Bien, je veux que, rapidement, ça se mette en place partout puis que
tout le monde ait accès à tout, là, au tribunal. Je suis d'accord, puis c'est
pour ça que j'ai dit que le ministère allait travailler là-dessus. Il ne faut
pas penser qu'on ne travaille pas, au ministère de la Justice, je pense que
j'en fais la démonstration.
Par contre, partout, là, lorsqu'on
instaure, là, supposons, les programmes particuliers, là, en matière de santé
mentale, O.K., vous le savez, là, ça se fait de façon graduelle…
M. Jolin-Barrette : ...mais il
ne faut pas penser qu'on ne travaille pas au ministère de la Justice. Je pense
que j'en fais la démonstration. Par contre, partout, là, lorsqu'on instaure,
là, supposons, les programmes particuliers, là, en matière de santé mentale, O.K.,
vous le savez, là, ça se fait de façon graduelle. Même chose en matière de
toxicomanie aussi, il y a des choses à ajuster aussi, puis il faut que
l'environnement soit prêt à recevoir tout ça. Alors, nous, on va faire tous les
efforts pour que quand les projets pilotes sont terminés, ça soit appliqué dans
tous les districts, mais je ne voudrais pas comme bloquer le tribunal à la
grandeur du Québec parce que dans certains districts ils ne sont pas rendus aussi
loin que les autres puis ils ne sont pas prêts à peser sur démarrer.
Voyez-vous, c'est ça, l'enjeu. Puis c'est pour ça l'habilitation là-dessus.
Je comprends, là, que dans le meilleur des
mondes, là, vous ma dites, là : Simon... Vous me dites, là, il y a un
projet pilote. Deux ans, tu me pars ça partout à la grandeur du Québec. Ça,
c'est mon souhait. Mais par contre, pour être capable de faire ça, ça me prend
de la flexibilité. Puis c'est pour ça que le cadre réglementaire, il est là.
Puis vous le savez, vous avez fait partie, tous, toutes, à l'exception de la
députée de Sherbrooke, ça arrivera probablement un jour, lointain par contre,
lointain, très lointain, quje la mise en place de tout ça nécessite des
ressources. Puis moi, je vais tout faire pour que ça soit là puis que ça soit
prêt à démarrer. Mais s'il m'arrive un district où est-ce qu'il y a des enjeux,
bien, je veux être sûr que les 35 autres, ils partent, là. Mais dans longtemps,
Mme la députée de Sherbrooke.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci. Je suis
sûre que le ministre de la Justice va être encore là à ce moment-là. Puis je
vais pouvoir travailler avec lui. Comme ça, il va pouvoir voir comment qu'on...
comment c'est dans l'opposition, là. J'aimerais ça...
M. Jolin-Barrette : Je ne
pense pas que je sois là.
Mme Labrie : J'aimerais ça
voir... J'essaie de trouver où on peut se rejoindre, là. La préoccupation de
mes collègues, c'est que les moyens ne soient pas suffisamment pris, même si
c'est ça, l'intention du ministre, puis que les moyens ne soient pas
suffisamment pris pendant les projets pilotes pour que tout soit prêt à la fin
des projets pilotes. Est-ce que c'est possible, pour venir compenser l'espèce
de flou qu'il y a avec les articles qu'on a ici, d'inscrire quelque part dans
le projet de loi la responsabilité du ministre pendant les projets pilotes, de
mettre en oeuvre un certain nombre de choses pour préparer le terrain pour la
fin des projets pilotes? Est-ce que ça... Est-ce qu'on peut faire ça pour que
ça vienne compenser un peu l'espèce de flou artistique, ici, là, sur...
M. Jolin-Barrette : Vous,
vous dites pendant... Pendant le déploiement des projets pilotes, le ministre
travaille à mettre en oeuvre le tribunal permanent, s'assure de travailler à...
M. Jolin-Barrette :
...vous, vous dites pendant le déploiement des projets pilotes, le ministre
travaille à mettre en oeuvre le travail permanent, s'assure de travailler à
développer...
Mme Labrie : Je ne
propose pas de formulation exacte, là, je demande si c'est possible d'inscrire
quelque part une obligation pour le ministre pendant le déploiement des projets
pilotes de préparer le terrain pour la suite.
M. Jolin-Barrette :
Écoutez, on va vous proposer un libellé. Bien entendu, il faut que ça demeure
sous la forme objective, là, puis sous la forme de : Le ministre...
pendant ce temps, le ministre travaille à développer... On va vous proposer un
libellé. Mais, comme je vous dis, moi, mon désir, puis ce à quoi je vais
travailler, on part, là, c'est que ça soit à la grandeur du Québec, hein? Il
n'y a aucun intérêt à ce que ça ne soit pas développé à la grandeur du Québec.
Comprenez-moi bien, je ne ferai pas toute cette bataille-là, hein... pas cette
bataille, toute cette démarche-là, hein, si je n'y croyais pas puis si je ne
voulais pas que ça soit à la grandeur du Québec.
• (16 h 40) •
Mme Labrie : C'est pour
ça que je fais cette proposition-là. Comme c'est déjà l'intention du ministre,
ce n'est pas trop forçant ni engageant d'aller l'inscrire puis ça viendrait
donner une certaine forme de sécurité, là, pour compenser ce que créé certains paragraphes
ici, là, une espèce de possibilité que ce ne soit pas déployé partout.
M. Jolin-Barrette : O.K.
Mais, ça, il va falloir mettre ça à 11 parce que c'est pendant les projets
pilotes. Donc, ça revient à mon étude en blocs.
Mme Labrie : ...avant
qu'on s'y rende quand même juste pour savoir pour quel point ça nous sécurise.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. On s'était compris qu'on allait faire l'étude de l'amendement alinéa par
alinéa. Est-ce que je comprends que je vais pouvoir avoir des interventions sur
un premier alinéa, ensuite, sur un deuxième alinéa? Donc...
Une voix : ...
Le Président (M. Benjamin) :
Je vais pouvoir? D'accord. Alors, il y avait Mme la députée de Nelligan... pas
de Nelligan, pardon, de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil
: Juste
sur le même article, même peut-être, parce qu'on est là-dedans, je pourrais
faire juste un commentaire, ça va?
Une voix : ...
Mme Weil
: O.K. On
n'est pas très disciplinés, hein? Je voulais... M. le ministre, je trouve beaucoup
de flou, là, dans cet article, beaucoup d'aléas. Donc, on dit : «peut, par
règlement, déterminer les types de poursuites». Qui va déterminer les types de
poursuites? Est-ce qu'il y a une consultation avec le Conseil de la magistrature?
Parce qu'eux auront vécu une expérience puis ils auront une opinion là-dessus.
Et ensuite l'autre partie qui est floue, «lesquels peuvent varier en fonction
de toute distinction jugée utile, notamment en fonction des districts
judiciaires», ce n'est vraiment pas clair. Et peut-être les paroles du
législateur pourraient clarifier...
Mme Weil
: …et ensuite
l'autre partie qui est floue, lesquels «peuvent varier en fonction de toute
distinction jugée utile.», notamment en fonction des districts judiciaires. Ce
n'est vraiment pas clair, et peut-être les paroles du législateur pourraient
clarifier. Qu'est-ce qu'on entend ici? Expertise, qu'il manquerait une certaine
expertise dans certains districts qui ferait en sorte qu'il y a un district qui
n'est pas prêt. Qui… Comment déterminer justement ces critères, ou quand est-ce
que les critères ne sont peut-être pas là pour aller de l'avant? Est-ce que
c'est en consultation avec ceux qui pratiquent, donc, quotidiennement dans le
domaine, notamment les juges et la magistrature? C'est de voir comment ça
fonctionne cet article-là. Dans la vraie vie, là, comment vous voyez ça?
Le Président (M. Benjamin) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Bien, certainement on va travailler avec tous les acteurs du système de justice
pour faire en sorte que quand qu'on établit le district judiciaire que tout le
monde est prêt à y aller pour que ça fonctionne. Parce que, tu sais, dans tous
les témoignages qu'on a entendus, là – puis vous l'avez fait, là, durant les
deux, trois dernières également – l'enjeu de redonner la confiance, c'est que
s'il y a des mauvaises expériences, bien là, là on risque d'avoir un bris de
confiance encore plus grand, ça fait qu'il faut démarrer ensemble le projet. Ça
fait que quand qu'on va faire le règlement pour dire : O.K. tel district
est parti. Parfait on y va, ça fonctionne. Mais il faut que les acteurs soient
prêts pour que la victime, elle, dans le cadre du tribunal spécialisé, elle
soit accompagnée du début à la fin.
Mme Weil
:
Qu'est-ce que vous entendez par type de poursuite, par exemple, dans ce
domaine?
M. Jolin-Barrette :
Bien, les types de poursuite, c'est la violence sexuelle, violence conjugale
auxquelles je référais tantôt. Ça fait qu'exemple, là, la liste des
infractions, notamment. Mais je vous donnais l'exemple, tantôt, supposons qu'il
y a un district qui est prêt en matière de violence sexuelle, mais qui n'est
pas prêt en matière de violence conjugale. Bien là, le type de poursuite, ça
veut dire, bien, écoute, dans Richelieu, on part avec les violences sexuelles
puis on va venir ensuite modifier le règlement pour rajouter violence
conjugale, parce que là on est tout prêt avec les organismes de soutien,
notamment.
Mme Weil
: Donc,
il y a… Dans ces deux catégories, il y aurait plusieurs types de poursuite,
j'imagine. Quand on décante ce champ de criminalité, il y aurait plusieurs
types de poursuite. Vous n'êtes pas dans les deux grandes catégories, mais…
M. Jolin-Barrette : Non,
mais c'est parce que, dans le fond, tu sais, dans le Code criminel, il n'y a
pas violence sexuelle, violence conjugale. Ça fait que, dans le fond, ce sont
des… Pour le DPCP, ce sont des infractions dans un contexte de violence
conjugale ou dans un contexte de violence sexuelle. Ça fait qu'exemple,
violence... exemple, agression sexuelle, grossière indécence, voie de fait...
Supposons, Voie de fait, ce n'est pas identifié comme violence conjugale, mais
c'est des voies de fait…
M. Jolin-Barrette : ...ça fait
qu'exemple, violence... exemple, agression sexuelle, grossière indécence, voies
de fait, supposons. Voies de fait, ce n'est pas identifié comme violence
conjugale, mais c'est des voies de fait dans un contexte de violence conjugale.
Voies de fait avec lésions, exploitation sexuelle, c'est des violences
sexuelles, traite de personnes dans un contexte sexuel. Ça fait que...
Mme Weil
: ...pas un
mot plus précis que «type de poursuite en vertu du Code criminel», peut-être,
une nomenclature qui est plus précise?
M. Jolin-Barrette : Bien non parce
que...
Mme Weil
: Les
accusations ou...
M. Jolin-Barrette : Non parce
que c'est... parce qu'on peut envoyer, également, les types de poursuite
sommaires, criminelles, puis les hybrides aussi.
Mme Weil
: O.K. Et
qu'est-ce qu'on entend... «qui peut varier en fonction de toute distinction
jugée notamment en fonction des districts judiciaires»? Quel est... qu'est-ce
que vous entrevoyez ici? Qu'un district n'est pas prêt, que... c'est quoi?
M. Jolin-Barrette : Oui,
que... dans le fond, ça pourrait être à l'intérieur d'un district judiciaire.
Dans le fond, vous avez plusieurs palais. Donc, ça pourrait être en fonction...
Tu sais, dans le fond, ça se peut qu'on ait un palais de prêt, mais l'autre
palais, il n'est pas prêt. Ça aussi, là, ça peut amener ça aussi. Ça fait que
tu sais, moi, je veux être capable de démarrer partout.
Mme Weil
: C'est
vraiment ça. Donc, c'est l'aspect d'être prêt, il n'y a pas d'autre élément qui
est... ici.
M. Jolin-Barrette : Non. Moi,
là, je...
Mme Weil
: Bien, dans
cette expression-là.
M. Jolin-Barrette : Moi, je
vous le dis et je vous le réitère. Ce que je veux, c'est le tribunal spécialisé
à la grandeur du Québec dans les meilleurs délais.
Mme Weil
: Non, je
comprends. Je veux juste comprendre le sens. Ici, c'est vraiment ça. Donc,
est-ce que le district est prêt? C'est vraiment simplement ça. Il n'y a pas
d'autre aspect.
M. Jolin-Barrette : Bien,
comme je vous ai dit tantôt, dans le fond, tu sais, supposons qu'ils sont prêts
sur violence sexuelle, ils ne sont pas prêts sur violence conjugale, on va tout
de suite quand même partir... on n'attendra pas avant de partir violence
sexuelle parce que VC n'est pas prête. Mais on va travailler pour tout partir
en même temps.
Mme Weil
: Oui. Bon, je
vais revenir sur le commentaire de l'aide-juge en chef et juge en chef, et ma
collègue en a parlé justement, et c'est sûr que ce n'est pas super clair dans
la manière que c'est écrit, mais afin d'éviter toute ambiguïté, nous suggérons
de recentrer cette notification autour de la compétence de la division
spécialisée.
Si je comprends, ça veut dire que quand on
prend... c'est le «par règlement» qui inquiète, là, c'est qu'il n'y ait pas de
consultation avec la magistrature avant d'amener des modifications, des
nouvelles modifications, etc. Donc, est-ce que vous, vous vous engagez, donc...
je ne sais pas les discussions que vous avez eues avec la magistrature, j'en ai
vu quelques-uns qui étaient rendus publics, mais sinon, il y a toujours
constamment, donc, quand on a un besoin, je l'ai vécu, on consulte le conseil
de la magistrature, il y a des échanges, et là c'est un gros dossier qui va
vraiment nécessiter beaucoup de collaboration...
Mme Weil
: …je ne sais
pas les discussions que vous avez eues avec la magistrature, j'en ai vu
quelques-uns qui étaient rendus publics, mais sinon, il y a toujours
constamment, donc, quand on a un besoin, je l'ai vécu, on consulte le conseil
de la magistrature, il y a des échanges, et là c'est un gros dossier qui va vraiment
nécessiter beaucoup de collaboration, beaucoup de communication, parce qu'eux
doivent être prêts pour organiser aussi le système, etc.
Donc, est-ce que vous avez réfléchi à
quelque chose qui pourrait donner ou une expression qui pourrait donner plus de
certitude à la magistrature dans la façon d'amener ça? Parce que, par
règlement, on n'entend pas «magistrature» là-dedans, on n'entend pas :
Allons parler avec les experts, ceux qui vivent ça tous les jours dans
l'organisation du travail et dans l'organisation du travail dans les différents
districts judiciaires.
M. Jolin-Barrette : Non,
mais, juste pour faire un point là-dessus, là, c'est très clair, là, la
compétence de la Cour du Québec en matière criminelle et pénale, là, ils l'ont,
c'est à l'intérieur de la chambre criminelle et pénale, c'est déjà ça. Là, là,
nous, ce qu'on fait, c'est qu'on va venir dire : Les dossiers de violence
sexuelle et de violence conjugale, ça s'en va à la division. C'est ça qu'on
fait, là. L'organisation des tribunaux, ça relève du gouvernement, ça relève de
l'État. Alors, pour démarrer, bien entendu, tous les acteurs vont être
consultés, parce que ça nécessite…
Mme Weil
: Tous les
acteurs, vous allez les consulter. Donc, par exemple, la deuxième partie,
lorsque je parlais de «notamment en fonction des districts judiciaires», vous
allez les consulter pour savoir : O.K. Est-ce que ce district judiciaire
serait prêt? Par exemple.
M. Jolin-Barrette :
Exactement, exactement, exactement.
Mme Weil
: Très
concrètement, est-ce que vous êtes prêts? Parce que nous, on pense que oui.
Puis, bon, vous avez des échanges.
M. Jolin-Barrette :
Exactement.
Mme Weil
: O.K. Je
comprends. Très bien. Ça va. Merci.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Oui,
moi, je pense qu'il faut vraiment quelque chose de très clair. Je reviens avec
ça, mais de déterminer les districts judiciaires, là, j'aimerais ça savoir s'il
y a des précédents que… de pouvoirs habilitants par règlement pour avoir un
traitement différencié, pas via un projet pilote, mais un pouvoir différencié
général sur comment les choses vont se passer en matière judiciaire, donc un
précédent par rapport au deuxièmement.
M. Jolin-Barrette : Déjà,
bien, exemple, les PAJ-SM, en santé mentale, puis tout ça, on le fait en fonction
des districts judiciaires.
Mme
Hivon
: Puis
vous le faites… Comment vous le faites?
M. Jolin-Barrette : C'est un
règlement.
Mme
Hivon
:
C'est-à-dire que qu'est-ce qui fait qu'on a démarré un tel projet puis
qu'évidemment il n'est pas présent partout?
• (16 h 50) •
M. Jolin-Barrette : Bien,
notamment, c'est quand les acteurs sont prêts, puis quand il y a l'argent aussi
associé, puis quand il y a les ressources aussi.
Mme
Hivon
: Mais
est-ce qu'il y a une habilitation quelque part qui fait que le ministre avait
besoin de ça pour partir ça?
M. Jolin-Barrette : On doit
avoir une habilitation générale, j'imagine, oui, une habilitation générale. On
peut faire ça.
Mme
Hivon
: Ça
fait que pourquoi il faut écrire ça ici? Parce qu'autant pour les projets
pilotes, tu sais, je n'ai jamais vu ça dans aucune loi. On va en parler à 11.
Puis…
Mme
Hivon
:
...besoin de ça pour partir ça?
M. Jolin-Barrette : On doit
avoir une habilitation générale, j'imagine, oui, une habilitation générale. On
peut faire ça.
Mme
Hivon
: Ça
fait que, pourquoi il faut écrire ça ici? Parce qu'autant pour les projets
pilotes, tu sais, je n'ai jamais vu ça dans aucune loi. On va en parler à 11.
Puis, bon, PAJ-SM, pour les gens qui sont moins familiers, c'est un programme
spécial en santé mentale. Il y en a en matière d'itinérance, toxicomanie. Donc,
c'est des petites initiatives qui existent, ça n'a jamais été dit que ça allait
être fait à la grandeur. Donc, là, c'est quand même complètement différent, on
veut créer un tribunal spécialisé. On fait une loi là-dessus parce qu'on veut
que ça soit à la grandeur. Il n'y a pas eu un débat ici avec un projet de loi
sur le PAJ-SM ou sur les initiatives en toxicomanie ou en itinérance. Là, c'est
clair, l'intention est marquée, on veut que ça soit partout au Québec.
Donc, dans ce contexte-là, je veux dire,
je m'explique mal qu'on ait cette réserve-là de pouvoir y aller par districts
au-delà des projets pilotes. Ça, c'est un autre débat. Puis, quand le ministre
arrive avec ces exemples-là, avec égards, je ne trouve pas que ça... je ne
trouve pas qu'on peut comparer le PAJ-SM ou une initiative en itinérance avec
ce que, là, on est en train de mettre en place, qui est vraiment une volonté affirmée
via un projet de loi de le mettre à la grandeur du Québec. C'est pour ça que
j'insisterais, moi, en tout cas, pour retirer le deuxième alinéa, parce que je
comprends ce que ma collègue dit, là, ça pourrait être un voeu qu'on
exprimerait dans le projet de loi, mais il n'y aurait pas d'obligation de
résultat. Nous, ce qu'on veut, c'est une obligation de résultat, on a travaillé
sur un rapport avec un comité, le ministre met en place un projet de loi. On
veut tous la même chose, ça fait qu'on ne veut pas qu'il y ait dans le projet
de loi des échappatoires. Puis je comprends que le ministre, il me dit :
Moi, là, c'est ça, mon intention. Mais peut-être que le ministre, là, il ne
sera pas là éternellement. Je suis triste de lui lancer cette nouvelle, mais
c'est des choses qui arrivent. Les postes de ministre, des fois, c'est
éphémère. Ça fait qu'en ayant ça, ça permet toutes les espèces de possibilités,
après les projets pilotes, de retarder, d'y aller à la pièce, de dire : On
a fait, mettons, cinq projets pilotes. Bien, on va l'ouvrir juste à sept
districts judiciaires, puis là, tu sais...
Ça fait que c'est ça que je trouve
inquiétant : on fait un projet de loi, on se donne la peine, c'est ça,
l'objectif, mais là on a un article qui nous permet que ça se déploie à la
vitesse que le ministre qui sera là voudra bien que ça se déploie. Je pense
qu'on doit envoyer un message clair que ça va se faire.
M. Jolin-Barrette : Bien, je
ne peux être...
Mme
Hivon
: Dans
la loi.
M. Jolin-Barrette : ...je ne
peux être pas plus clair que ça, ça va se faire. Mais, pour les raisons que
j'ai énoncées, notamment en termes de démarrage, ça prend l'habilitation
réglementaire. Puis, surtout pour les districts, on veut que ça fonctionne,
puis on veut que ça fonctionne en fonction de tous les districts au Québec.
Mme
Hivon
: Moi,
je trouve que le compromis d'y aller puis tout l'argumentaire d'y aller par
projets pilotes...
M. Jolin-Barrette : …en termes
de démarrage, ça prend l'habilitation réglementaire puis surtout pour les
districts, on veut que ça fonctionne puis on veut que ça fonctionne en fonction
de tous les districts au Québec.
Mme
Hivon
: Moi,
je trouve que le compromis d'y aller puis tout l'argumentaire d'y aller par
projet pilote, je trouve qu'il est vraiment… il s'effondre pas mal si, en plus,
le ministre nous dit : Mais, au bout des projets pilotes, je ne peux même
pas vous dire qu'on va le déployer partout.
M. Jolin-Barrette : Non, non,
ce n'est pas ça que j'ai dit, ce n'est pas ça que j'ai dit.
Mme
Hivon
:
Bien, il veut cette possibilité-là.
M. Jolin-Barrette : Non, non,
non, ce n'est pas ça que j'ai dit. Vous m'avez très bien entendu depuis la
dernière demi-heure, là, moi, je vais le faire dans tous les districts
judiciaires, puis je vous ai expliqué pourquoi est-ce qu'on passe par règlement
puis en fonction des districts judiciaires aussi. Ça fait que si le district
judiciaire de Saint-François, il est prêt, sur les deux, on y va. Après ça, si
le district de Bedford, le jour 1, il y a violence sexuelle qui est prête, on y
va aussi.
Mme
Hivon
: Mais
le ministre comprend que là il nous donne un horizon, les groupes ont
dit : Deux ans, là, lui nous dit trois ans pour ses projets pilotes, puis
là, en plus, il nous dit : Mais ce n'est pas sûr que, dans trois ans, je
vais pouvoir être prêt, j'aimerais ça, je le souhaite, je vais y travailler,
mais je ne peux pas vous le garantir, ça fait que c'est pour ça que j'ai besoin
de ça. Moi, je me dis, normalement, il faut que le travail se fasse puis que le
ministre prenne cet engagement-là.
M. Jolin-Barrette : Bien,
j'ai pris l'engagement, on ne peut plus clair ici, puis si vous demandez aux parlementaires,
je pense, c'est ça qu'ils ont entendu. Moi, je vous dis, on va travailler à
mettre tout ça en place, mais comme administration publique, hein, il faut
faire en sorte d'avoir les outils pour venir répondre aux services à la population.
Puis comme je l'ai dit, ce n'est pas mieux que si, à la fin des projets pilotes,
on n'est pas prêts partout au Québec, bien, on se dise : On stâle tout le
monde, puis les régions qui auraient été prêtes, bien là, eux, ils ne vont pas
de l'avant, ils vont attendre que tout le monde soit prêt. Et, vous le savez, il
y a des enjeux à la grandeur du Québec, parfois, qui sont différents les uns,
les autres. Alors, ça va nous permettre d'y aller rapidement puis d'implanter
le Tribunal spécialisé à la grandeur du Québec.
Je ne peux pas être plus clair que ça,
puis quand j'ai un dossier, sachez que je m'y attelle puis je veux que ça
marche. Ça fait que l'objectif, il est là. Moi, je vous dis, l'habilitation réglementaire,
elle est là, en fonction des districts aussi. Je comprends vos enjeux, là, je
les partage aussi, moi, je veux que ça se fasse.
Mme
Hivon
:
…vraiment pragmatique, je ne doute pas de la volonté du ministre, M. le
Président, je n'en doute pas, mais il y a plein de choses qui peuvent arriver
hors de son contrôle, y compris qu'il ne soit plus ministre, y compris que ce
soit un autre gouvernement, je sais que, dans son esprit, tu sais… enfin, mais…
M. Jolin-Barrette : Dans mon
esprit, quoi?
Mme
Hivon
: Je
ne sais pas, des fois, on a le sentiment que certains se voient éternellement,
je ne parle pas de vous personnellement, mais pendant de longues périodes,
comme un premier ministre qui parle déjà de son troisième mandat, des choses
comme ça. Mais, bref…
M. Jolin-Barrette : Bien, écoutez,
M. le Président…
Mme
Hivon
:
...gouvernement, je sais que dans son esprit, tu sais... Enfin. Mais...
M. Jolin-Barrette : Dans
mon esprit quoi?
Mme
Hivon
:
Je ne sais pas. Des fois, on a le sentiment que certains se voient
éternellement... je ne parle pas de vous personnellement, pendant de longues
périodes, comme un premier ministre qui parle déjà de son troisième mandat, des
choses comme ça. Mais bref...
M. Jolin-Barrette :
Bien, écoutez, M. le Président, rien n'est éternel.
Mme
Hivon
:
Bon. Ce que je veux dire, c'est qu'il faut être prudent. Donc, le ministre,
c'est comme s'il nous disait : Faites-moi confiance. Ce n'est pas comme ça
qu'on fait de la législation. Autant qu'on peut lui dire : Oui, O.K., on
sait qu'il veut travailler là-dessus, il le sait très bien, il a été longtemps
dans l'opposition, puis je me souviens très bien de ses interventions quand il
était dans l'opposition, qu'il voulait la ceinture et les bretelles.
M. Jolin-Barrette :
Mais, quand j'étais dans l'opposition, hein, quand j'étais dans l'opposition,
j'ai... Pardon? Je ne vous ai pas entendu, Mme la députée de Verdun, je n'ai
pas entendu.
Mme Melançon : ...on
n'est pas là-dessus. Je m'excuse, j'ai juste soupiré en disant... Je veux juste
qu'on puisse avancer pour nous assurer d'avoir quelque chose de plus solide
dans le projet de loi, c'est la seule chose.
Le Président (M. Benjamin) :
...M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
C'est très, très solide. Mais je vais arrêter ma réponse ici parce que moi
aussi, je souhaite avancer.
Mme
Hivon
:
Donc, moi, je fais juste dire que je pense que c'est un peu court que le ministre
nous dise juste : Je veux y travailler, faites-moi confiance. Je pense
qu'il doit comprendre que, quand on fait une loi, il faut s'assurer qu'elle va
s'appliquer puis que, tout ce qu'on met d'énergie dans ce projet de loi là, il
va donner des résultats à la grandeur du Québec. Puis honnêtement je pense que,
quand on parle de projets pilotes qui vont s'échelonner sur trois ans, ça, ça
veut dire qu'on va être dans un autre gouvernement. Qui va être là? On ne le
sait pas. Puis qu'en plus on nous dit : Mais là on ne sera peut-être pas
prêts partout, donc il faut y aller à la pièce, district par district.
L'objectif du ministre qui nous parle en ce moment, c'est d'être le plus large
possible. Moi, je vous soumets respectueusement que je pense qu'aujourd'hui
l'engagement, il doit être assez fort pour ce gouvernement actuel ci, pour ce
ministre-ci puis pour ce qui va se suivre qu'on se dit : À la fin des
projets pilotes, désolés, mais il va être déployé partout, puis on n'ira pas à
la pièce. Donc, moi, je trouve que le deuxième alinéa, il pourrait être retiré.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée. Donc, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Bien, écoutez, j'ai très bien entendu les arguments. Vous comprendrez que je ne
les partage pas. Moi, ce n'est pas la position que j'ai, puis je l'ai reflétée
dans le texte, tout ça. Mais je respecte les arguments de la députée de
Joliette quand qu'on a eu la discussion.
Sur le point sur ça doit se faire, en lien
avec la proposition de la députée de Sherbrooke, quand qu'on va être rendus à
11, là, vous nous disiez : Je voudrais avoir le libellé, on pourrait
inscrire quelque chose comme : Le ministre doit préparer l'établissement
du tribunal spécialisé permanent visé à l'article 83.0.1 de la Loi sur les
tribunaux judiciaires. Donc là, vous avez mon obligation, comme ministre, de
travailler, pendant qu'on est dans les projets pilotes, à veiller à implanter
le tribunal spécialisé. Ça fait que, là, quand qu'on parle de ceinture, de
bretelles, ça en est peut-être une bonne ceinture et bretelle, parce que,
conformément à ce que vous nous demandez, on vient l'insérer. Ça fait que, là,
j'ai l'obligation de travailler à l'établissement.
• (17 heures) •
Mme
Hivon
:
C'est ce qu'on appelle en droit une obligation de moyens. Moi, je veux une
obligation de résultat. C'est la différence dans le propos.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, j'en appelle à la députée de Joliette, M. le Président...
17 h (version non révisée)
M. Jolin-Barrette : …puis
on vient, conformément à ce que vous nous demandez, on vient l'insérer, ça fait
que là, j'ai l'obligation de travailler à l'établissement.
Mme
Hivon
:
…c'est ce qu'on appelle en droit une obligation de moyen. Moi, je veux une
obligation de résultat, c'est la différence dans le propos.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, j'en appelle à la députée de Joliette, M. le Président. Il faut qu'on
avance. Puis je vous dis : Voici les paramètres.
Mme
Hivon
:
Moi, je veux bien qu'on avance. Je veux juste dire que c'est quelque chose qui
est fondamental. Parce que c'est le déploiement du tribunal dans l'ensemble du Québec
pour qu'il n'y ait pas deux catégories de victimes puis deux catégories de
traitements. Ça fait que je ne pense pas qu'on perd du temps quand on est en
train de débattre de quelque chose d'aussi fondamental.
M. Jolin-Barrette : Ah
bien, je n'ai pas dit ça, M. le Président. J'ai dit que vous avez votre
opinion, j'ai dit la mienne. Je dis : Moi, je veux que ça se fasse puis
pour que ça se fasse d'une façon adéquate, ça prend cette habilitation-là.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci, M.
le Président. Bien, moi, je ne suis vraiment pas certaine que les groupes qu'on
a entendus, y compris ceux qui souhaitaient des projets pilotes, pensaient
qu'après le deux ans, et là on apprend le trois ans possible du ministre, que
ce ne soit pas un déploiement partout sur le territoire. Je pense que les
groupes que nous avons entendus, puis on pourra tester des choses peut-être ce
soir avec certains groupes, mais je pense que tout le monde s'attendait à ce
qu'après le deux ans de projets pilotes, on puisse dire : C'est parti.
D'ailleurs, on a entendu plein de groupes nous dire durant les consultations
particulières que depuis décembre 2020, il y a plein d'organisations partout
sur le territoire qui s'organisent justement pour pouvoir assurer un
déploiement de tribunal spécialisé. Il y a déjà des gens qui sont au travail
depuis maintenant presqu'un an à vouloir se préparer pour accueillir justement
des tribunaux… le tribunal spécialisé dans leur district judiciaire.
Là, on a une obligation de résultat. Moi,
ce que je trouve, puis ça m'a frappée puis c'est pour ça que j'ai commencé là,
M. le ministre, en tout respect, c'est quand on le lit comme ça, c'est qu'on se
dit : Bien, après les projets pilotes, bien, on verra ceux qui sont prêts
puis s'il y en a qui ne sont pas prêts, bien, ils auront toute la latitude.
Puis après, c'est quoi, c'est un an, c'est deux ans, c'est trois ans qu'on leur
permet? Moi, c'est sur l'obligation de résultat où je ne sens rien. Je sens
qu'il y a un flou mou. Puis avec ce que le ministre nous a lu, M. le
Président, ça ne m'amène pas à dire que j'ai quelque chose de plus solide.
Honnêtement, je suis persuadée d'une
chose, que si on pose la question aux groupes qui sont venus : «Touchdown».
M. Jolin-Barrette : Je
ne le connais pas…
Mme Melançon : Non?
M. Jolin-Barrette : Non.
Mme Melançon : Vous
n'écoutez pas le football?…
Mme Melançon : … ça ne m'amène
pas à dire que j'ai quelque chose de plus solide. Honnêtement, je suis
persuadée d'une chose, c'est que si on pose la question aux groupes qui sont
venus… «touchdown.»
M. Jolin-Barrette : Ça, je ne
le connais pas le dernier.
Mme Melançon : Non?
M. Jolin-Barrette : Non.
Mme Melançon : Vous n'écoutez
pas le football, M. le ministre?
M.
Jolin-Barrette : Ah, «touchdown.» Ah,
c'est… ce n'est pas ça que j'avais compris. Écoutez, moi, là, je veux…
j'entends bien, là, puis mon désir, c'est de faire en sorte que ça soit partout.
Ça fait qu'on peut modifier un peu l'article 2. Je n'ai pas d'enjeu, mais,
tu sais, le pouvoir réglementaire va être là aussi. On peut le phraser d'une
façon différente. J'ai une proposition ici, ça pourrait être : le ministre
de la Justice peut, par arrêté, déterminer progressivement les districts
judiciaires dans lesquels le tribunal est établi et conséquemment où la
Division spécialisée en matière de violence sexuelle et violence conjugale peut
siéger jusqu'à ce que le tribunal soit établi sur l'ensemble du territoire. Tu
sais, ça pourrait être quelque chose comme ça. Mais comme l'habilitation
réglementaire demeure. Moi, j'aimais mieux avec l'ancien libellé, mais on est
en mode solution.
Le Président (M. Benjamin) :
Vous permettez, madame…
M. Jolin-Barrette : Mais
comprenez-moi bien, ça prend l'habilitation pour être en mesure de démarrer
comme quand ça marche, là, quand c'est prêt.
Le Président (M. Benjamin) :
J'ai une intervention de Mme la députée de Joliette. Est-ce que ça vous… Mme la
députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
C'est juste… je vois que le ministre est en mode réflexion, solution, est-ce
qu'on ne pourrait pas le prendre à l'inverse, puis dire : peut, par
arrêté, déterminer exceptionnellement un district judiciaire dans lequel le
tribunal ne peut être établi? Je lance juste ça comme ça. Ce qui montre que ce
ne serait vraiment pas ce qui est supposé. C'est vraiment supposé se déployer
partout, mais exceptionnellement le ministre aurait le pouvoir d'en exclure un,
en le libellant comme il faut, si on n'est pas prêt aux termes des projets
pilotes à le démarrer. Je trouve que ça donnerait un signal pas mal plus fort,
que ça serait vraiment exceptionnel.
M. Jolin-Barrette : Encore
une fois, je vous réitère l'enjeu est de démarrer le plus de projets pilotes
dès le départ…
Une voix : …
M. Jolin-Barrette : …le…
c'est ça, le projet permanent, le plus. Ça fait que, tu sais, au départ, si
jour deux, bien, comme il y en a 18 sur 36 qui sont prêts à démarrer, bien là,
il en reste 18, là. Ce n'est pas mon souhait, là. Je vous donne un exemple
fictif, là, mais… ce que je veux dire, vous comprenez mon souhait. Puis je vous
le dis, là, on va y arriver, je suis convaincu, mais dans l'implantation qu'on
a, on a la responsabilité que ça fonctionne.
Le Président (M. Benjamin) :
J'ai la députée de Verdun suivie de la députée de Sherbrooke. Mme la députée de
Verdun.
Mme Melançon : Merci. Bien
oui, moi, j'étais plutôt à l'aise avec la formulation pour démontrer que ça
peut être des exceptions qui ne sont pas prêtes, et non pas une majorité. Moi,
ce que… ce qu'on souhaite éviter, justement, c'est de dire : Bien, finalement,
vous n'avez pas trop de pression…
Le Président (M. Benjamin) :
…Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci. Bien
oui, moi, j'étais plutôt à l'aise avec la formulation pour démontrer que ça
peut être des exceptions qui ne sont pas prêtes et non pas une majorité. Moi,
ce qu'on souhaite éviter, justement, c'est de dire : Bien, finalement,
vous n'avez pas trop de pression, finalement, là, au final, il y a des projets
pilotes, regardez ça aller, puis on verra par la suite à essayer d'aller
chercher les procureurs, d'aller… Je trouve que c'est comme si on n'y allait
pas avec une certaine volonté plus affirmée, je vais dire ça comme ça.
Un projet pilote, déjà, pour moi, un
projet pilote, là… puis c'est peut-être pour ça que j'avais un peu de
difficulté avec l'idée des projets pilotes, mais il me semble que c'est quand
on veut expérimenter quelque chose qu'on n'est pas certains, alors que là, on
sait… ça se fait ailleurs, là. C'est vous-mêmes qui le dites, il y a des
superexemples un peu partout dans le monde. Donc, on le sait que ça va
fonctionner. Pour moi, un projet pilote, là, c'est quelque chose qui est
vraiment expérimental… Pardon?
M. Jolin-Barrette : Première
fois qu'il y a les deux.
Mme Melançon : Mais, pour moi,
c'est… là, on n'est plus dans du expérimental, donc déjà, le projet pilote nous
donne une certaine latitude. On verra à l'article 11 le temps et tout ce
que ça prend, mais je pense qu'il faut arriver avec quelque chose de plus
costaud, à ce moment-là, parce que c'est comme si ça faisait : Bien, on y
va avec les projets pilotes, vous regardez ça aller, puis on verra. Même si la
volonté du ministre… puis je le reconnais, puis je l'ai déjà dit, puis je vais
le dire dans le micro : Je le sais que le ministre a toujours eu une
attention particulière, justement, une volonté de vouloir agir, et en violence
conjugale, et en violence sexuelle, c'est tout en son honneur, mais moi, ce que
j'ai besoin… Puis c'est vrai, hein, nous, nous ne faisons que passer, mais il y
a des gens qui prennent la relève par la suite. Moi, ce que je veux m'assurer,
c'est que nous puissions clairement envoyer un signal que les districts doivent
être prêts. Et là, tel que rédigé, je ne le sens pas. C'est comme si on leur
laissait une certaine latitude. Puis c'est là où il faut cadrer plus fort.
Donc, de savoir qu'il pourrait y avoir des exceptions… parce que j'entends
aussi le ministre à dire : Ce n'est pas vrai qu'on va aller au rythme du
plus slow, là, c'est très correct, mais est-ce qu'on peut le virer pour
démontrer que ce sera que des exceptions.
M. Jolin-Barrette : Avec la
proposition que la députée de Sherbrooke nous a faite, là : «Le ministre
doit préparer l'établissement du tribunal spécialisé permanent visé à l'article 83.0.1»,
ça fait le travail.
Le Président (M. Benjamin) :
Alors, j'ai la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. Ça ferait peut-être une partie du travail, mais il y a quand même
des préoccupations qui restent, là. Puis j'aime beaucoup la suggestion…
M. Jolin-Barrette : …le
ministre doit préparer l'établissement du tribunal spécialisé permanent visé à
l'article 83.0.1», ça fait le travail.
Le Président (M. Benjamin) :
J'ai la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Ça ferait peut-être
une partie du travail, mais il y a quand même des préoccupations qui restent,
là. Puis j'aime beaucoup la suggestion de ma collègue de Joliette pour modifier
des choses ici, parce que, non seulement je pense que c'est légitime de
s'inquiéter qu'après le déploiement des projets pilotes, que les tribunaux ne
se mettent pas en oeuvre aussi rapidement qu'on voudrait partout, mais, en
plus, j'ai la préoccupation qu'avec une formulation comme celle-là, même après
qu'ils sont implantés partout… Disons que ça va bien, là, le projet pilote va
bien puis très rapidement, le ministre implante, dans tous les districts, les
tribunaux spécialisés, mais disons qu'on arrive, à un moment donné, avec un
autre gouvernement à qui ça ne plaît pas du tout, les tribunaux spécialisés.
Disons que ça arrive, là, un futur ministre de la Justice, un jour, peut-être,
d'un autre gouvernement, à qui ça ne plaît pas, les tribunaux spécialisés, est-ce
qu'il pourrait, paragraphe règlement ou par arrêté, mettre fin aux tribunaux
spécialisés dans certains endroits? Est-ce que cette formulation-là ouvre la
porte à ce que quelqu'un puisse, dans le fond, déshabiliter les tribunaux
spécialisés sans avoir besoin de le faire par voie législative? Moi, ça, ça me
préoccupe, quand même, puis je ne suis pas sûre que ce que le ministre vient de
nous propose, tu sais… ça répond à une partie des préoccupations, mais ça ne
répond pas à cet enjeu-là de protéger les tribunaux spécialisés de quelqu'un
qui, éventuellement, voudrait les démanteler.
M. Jolin-Barrette : …on
l'insère dans la loi pour que ce soit là, ça fait qu'on crée la division et…
Mme Labrie : Mais, en ce
moment, quelqu'un pourrait, par arrêté, retirer la division à certains districts
judiciaires.
M. Jolin-Barrette : Je vous
donne un exemple, là. Dans l'éventualité où il y aurait des nouvelles
infractions criminelles qui seraient créées, là, puis on a déjà eu cette discussion-là
dans le cadre de l'IVAC, bien, à ce moment-là, cette habilitation-là, ça permet
d'ajouter ces nouvelles infractions à également aux types de poursuites qui
sont entendues. Ça fait que, voyez-vous, dans le fond, ça permet ça aussi.
Puis, dans le fond, tu sais, c'est très
clair, là, la création, là, de la Cour du Québec, là, demain matin, là, vous
pouvez y mettre fin par voie législative. Donc, ça relève de la compétence de
l'État québécois, ça relève de la compétence du gouvernement du Québec.
• (17 h 10) •
Mme Labrie : Qu'on puisse le
faire par voie législative, de démanteler les tribunaux spécialisés, je n'aime
pas l'idée, là, mais ça, c'est correct. Mais que quelqu'un puisse le faire par
arrêté en l'enlevant de district judiciaire…
M. Jolin-Barrette : Il ne sera
pas démantelé, parce que la division va toujours être dans la loi.
Mme Labrie : Oui, mais s'il
déshabilite certains districts judiciaires en leur retirant?
M. Jolin-Barrette : Je
comprends.
Mme Labrie : Je ne veux pas
présumer de la mauvaise foi de personne, là, je ne parle pas du ministre, là,
je parle d'un éventuel quelqu'un d'autre qui serait dans sa fonction puis à qui
ça ne plairait pas, les tribunaux spécialisés. Parce qu'ici il y a un consensus,
on s'entend qu'on en veut, des tribunaux spécialisés, mais on ne fera pas comme
si tout le monde adhérait ce projet-là dans la société. Il y a des gens, quand
même, que ça dérange.
Moi, j'aimerais ça qu'on trouve une
formulation que donne de la latitude au ministre, mais qui, en même temps,
vient vraiment prévenir soit qu'ils ne soient pas mis en place, parce que ça ne
sera…
Mme Labrie : ...qu'on en veut,
des tribunaux spécialisés, mais on ne fera pas comme si tout le monde adhérait
à ce projet-là dans la société.
Il y a des gens quand même que ça dérange. Moi, j'aimerais ça qu'on trouve une
formulation que donne de la latitude au ministre, mais qui, en même temps,
vient vraiment prévenir soit qu'ils ne soient pas mis en place, parce que ça ne
sera peut-être pas... Tu sais, qui sait, il pourrait avoir une autre fonction,
là, au sein du gouvernement...
M. Jolin-Barrette : Une
promotion?
Mme Labrie : ail ne sera peut-être
pas ministre de la Justice. On ne sait jamais. Tu sais, un autre ministre de la
Justice, dans l'implantation, pourrait être moins déterminé ou moins pressé que
le ministre actuel.
M. Jolin-Barrette : Ah!
J'aime ça.
Mme Labrie : Il pourrait même
ne pas vouloir le faire. Puis un autre gouvernement pourrait vouloir y mettre
fin. Donc, moi, c'est ça que je veux qu'on sécurise, ici. Ça fait que la
souplesse, O.K., mais il ne faut pas qu'il y ait de façon de revenir en
arrière, puis il ne faut pas qu'il y ait de façon de se désister de cet engagement-là.
Le Président (M. Benjamin) : M.
le ministre.
M. Jolin-Barrette : Je
comprends la préoccupation de la députée de Sherbrooke, mais je ne la partage
pas. Donc, l'objectif est de la mise en place du tribunal dans les différents
districts. Mais je comprends son raisonnement, mais ça n'arrivera pas.
Mme Labrie : Il n'y aura jamais
d'autres gouvernements qui ne vont pas vouloir les tribunaux spécialisés.
M. Jolin-Barrette : Bien, le
coût serait fort important. Et moi, je pense qu'un coup qu'on a un acquis comme
celui-là, un gouvernement qui voudrait faire ça, je ne pense pas que c'est un
bon message à envoyer, vraiment pas. Moi, je pense, là, qu'on est rendus...
Notre société a évolué, hein, puis on a eu également cette discussion-là dans
le cadre de l'IVAC, aussi, pour dire que les infractions à caractère sexuel, à
l'époque, ce n'était pas traité de la même façon. Et heureusement, ça a changé.
Puis on s'en va dans la bonne direction.
Mme Labrie : Parfois on a une société
évoluée puis, malgré ça, il y a quand même certains reculs. C'est ce que vivent
les personnes trans en ce moment.
M. Jolin-Barrette : Bien là,
ça, c'est un peu différent comme débat, là, mais...
Mme Labrie : Bien...
M. Jolin-Barrette : Bien,
oui. C'est un débat différent. Puis je ne mélangerais pas, là, différents
éléments. Puis sur la question, sur cette question-là précisément, là, il y a
des modalités en lien avec un jugement de cour aussi. La question d'identité de
genre, c'est important, la question du sexe également, c'est important. Alors,
j'ai eu l'occasion de dire également que je réfléchissais à une solution avec
eux notamment. Et comprenez-moi bien, l'objectif est de faire en sorte dans le
cadre de ce projet de loi là de permettre notamment aux personnes non binaires
de pouvoir apparaître sur les documents de l'état civil. Alors, je ne
mélangerais pas les pommes avec les oranges.
Mme Labrie : Cette discussion-là
sera faite dans le cadre de l'étude de l'autre projet de loi, mais ce que je
veux dire, c'est qu'il arrive...
M. Jolin-Barrette : C'est
votre exemple.
Mme Labrie : ...qu'il y ait
certains reçuls. On a déjà vu ça dans le passé. On le voit sur certains autres
dossiers. On n'est pas à l'abri qu'il y en ait dans le futur.
M. Jolin-Barrette : Non,
ça...
Mme Labrie : Puis nous, notre
rôle, ici, c'est de s'assurer qu'il n'y en ait pas, de recul.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, M. le Président, je ne suis pas prêt à dire que c'est un recul. La députée
de Sherbrooke qualifie ça d'un recul, hein, ce sont ses termes. Moi, je suis en
mode solution avec les personnes de la communauté pour faire en sorte de
répondre à leurs aspirations, mais la communauté n'est pas... n'est pas
uniforme non plus en termes des différents intérêts qu'il y a entre les
personnes...
M. Jolin-Barrette : ...la députée
de Sherbrooke qualifie ça de recul, hein, ce sont ses termes. Moi, je suis en
mode solution avec les personnes de la communauté pour faire en sorte de répondre
à leurs aspirations. Mais la communauté n'est pas uniforme non plus en termes
des différents intérêts qu'il y a entre les personnes transsexuelles,
transgenres, non binaires. Alors, ce n'est pas noir ou blanc, là.
Mme Labrie : De la même
manière que la communauté n'est pas nécessairement uniforme à l'égard des
tribunaux spécialisés. Puis c'est pour se prémunir contre ça qu'on a besoin de
sécuriser les articles qui sont ici.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. Donc, on est toujours sur l'amendement. Donc, j'invite les collègues à
intervenir sur l'amendement. Je donne la parole à la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Moi,
M. le Président, j'essaie de voir, là, qu'est-ce qui fait qu'on ne pourrait pas
l'étendre. C'est une question de ressources. Ultimement, c'est juste une
question de ressources. Ça fait qu'une question de ressources, ça veut dire de
financer convenablement pour qu'on puisse avoir les ressources adéquates en
nombre suffisant dans l'ensemble des districts judiciaires. C'est ça. Puis là
on est en train de parler dans trois ans, après les projets pilotes. Ça fait
que je ne peux pas croire qu'il n'y a pas ici un engagement qui peut être pris
de dire : Bien non, je n'en ai pas besoin du deuxièmement, parce que la
volonté va être tellement forte que les ressources, évidemment qu'on va les
mettre. Puis, si, lui, il est convaincu qu'il va les mettre puis que son
gouvernement va les mettre, bien, je ne vois pas pourquoi il donnerait une
possibilité qu'à un éventuel autre gouvernement, qui n'aurait pas les mêmes
priorités, puis qui serait dans un déficit puis une situation économique
difficile, puis qui dirait : Il faut faire des choix difficiles puis on
tasse les tribunaux spécialisés parce qu'on décide de ne plus mettre d'argent
là-dedans, qu'aujourd'hui, il trouverait acceptable qu'on donne cette porte de
sortie là à quelqu'un d'autre, puis même son propre gouvernement. Ça pourrait
arriver. On ne sait pas de quoi demain est fait.
Donc, lui, il dit : On va faire les
projets pilotes, puis dans deux, trois ans... dans trois ans, on va voir si on
est prêts à les partir partout. Moi, je veux, aujourd'hui, qu'il nous
dise : On va les partir partout, on va être prêts à les partir partout, on
va mettre l'argent qu'il faut. Puis moi, dès maintenant, je suis déjà en train
d'investir les sommes pour qu'il y ait des procureurs en nombre suffisant. Puis
même, ma collègue de la Sécurité publique, elle fait la même chose pour les
policiers. Puis on va donner l'argent s'il faut nommer des juges de plus, faire
de la formation. Moi, c'est ça que j'ai le goût d'entendre. Puis je pense que
ce que, les groupes qui sont venus nous entendre, c'est ça qu'ils veulent
entendre, qu'il n'y en aura pas, de possibilité de s'en sortir puis que ça ne
soit pas déployé partout. Je pense qu'on est vraiment au coeur de l'engagement
du gouvernement sur cet enjeu-là. Puis c'est juste une question de ressources,
là, ça ne peut pas être autre chose, de ressources puis de collaboration. Ça,
la collaboration, on en a parlé pas beaucoup. Puis, s'il y a des ressources
puis on est capables de s'entendre, bien, justement, ça va faciliter tout ça,
le déploiement. Donc, tu sais, il n'y aura pas comme une force supérieure qui
va faire en sorte qu'on ne peut pas déployer les tribunaux spécialisés au
Québec. C'est une question de ressources puis de formation. Donc, après qu'on a
dit ça, je ne vois pourquoi on se donnerait cette porte de sortie là.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. M. le ministre...
Mme
Hivon
: …tout
ça le déploiement. Donc, tu sais, il n'y aura pas comme une force supérieure
qui va faire en sorte qu'on ne peut pas déployer les tribunaux spécialisés au
Québec. C'est une question de ressources puis de formation. Donc, après qu'on a
dit ça, je ne vois pourquoi on se donnerait cette porte de sortie là.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. M. le ministre. Est-ce que j'ai d'autres interventions? J'ai Mme la
députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil
: J'arrive un
peu tard dans toute cette discussion, mais si on regarde la première partie.
C'est là qu'on devrait affirmer, donc, l'article…
Le Président (M. Benjamin) :
…Notre-Dame-de-Grâce. Vous pouvez enlever…
Mme Weil
: Ah! oui.
Excusez… surtout que c'est un soulagement d'enlever son masque.
Le Président (M. Benjamin) :
C'est un excellent réflexe.
Mme Weil
: J'en
profite, oui. Donc, dans le 83.0.1, le premier paragraphe, donc : Que
toute poursuite qui implique un contexte de violence sexuelle et de violence
conjugale est entendue par la division spécialisée en matière de violence
sexuelle et de violence conjugale implantée sur tout le territoire du Québec.
Qu'on affirme ça quelque part dans les grands principes, je comprends le reste,
c'est plus l'opérationnalisation de tout ça. Quand on parle de règlements et
quand on parle de décrets, arrêtés, c'est vraiment comment le ministre va faire
en sorte qu'on développe ça puis ça dépend de ce qu'on appelle en anglais le
«readiness», la préparation de chaque district, etc. Mais c'est sous-entendu
d'après les commentaires du ministre que tout le monde… et ça sera dans tous
les districts. Mais on ne l'a pas… on ne l'a jamais confirmé. Moi, je trouve
qu'il y a une différence entre cette première partie de 83.0.1 et la deuxième
partie, aux fins de l'établissement du tribunal spécialisé. Et là, le ministre
est en train de dire : O.K. Quand est-ce qu'on fera ça, quand est-ce qu'on
fera ça, au fur et à mesure? Mais le principe devrait être établi plus haut,
pour qu'il n'y ait pas de doute que ça va s'établir dans tous les districts
judiciaires.
Le Président (M. Benjamin) :
…
M. Jolin-Barrette : Donc,
juste pour bien saisir la suggestion de la députée de Notre-Dame-de-Grâce…
Mme Weil
: Bien, je
mets ça sur la table dans le sens que…
M. Jolin-Barrette : Donc, ça
serait de dire, dans le premier alinéa…
Mme Weil
: …oui, donc,
implanter, donc, moi, j'avais pensé ça, que toute poursuite qui implique un
contexte de violence sexuelle et de violence conjugale est entendue par la
division spécialisée en matière de violence sexuelle et de violence conjugale
implantée sur tout le territoire du Québec. On peut être plus précis par
district judiciaire, mais qu'on comprenne que c'est vraiment à l'étendue du
Québec.
M. Jolin-Barrette : Non.
Comme sur l'objectif en soi.
Mme Weil
: Oui.
M. Jolin-Barrette : O.K.
Mais…
Mme Weil
: Et comme ça,
quand on arrive sur comment le ministre doit fonctionner, graduellement de la
préparation…
• (17 h 20) •
M. Jolin-Barrette : Mais moi,
je suis ouvert à une telle suggestion, mais vous comprenez que la partie du
bas, là, aux fins de l'établissement du tribunal spécialisé, doit demeurer
ainsi, là. Puis je cherche avec vous une voie de passage, là, là-dessus, donc,
écoutez, je vais vérifier, mais est-ce que ça pourrait convenir aux autres
collègues, cet élément-là, pour dire que dans le premier alinéa de 83.0.1, que
le message que ça soit à la grandeur du Québec, que ça soit présent. Tu sais,
que c'est ça l'objectif.
Mme Weil
: Mais
j'essaie de trouver…
M. Jolin-Barrette : Puis là,
on… après ça on viendrait…
M. Jolin-Barrette :
...pour dire que, dans le premier alinéa de 83.0.1., que le message, que ça
soit à la grandeur du Québec, ça soit présent, tu sais, que c'est ça, l'objectif.
Là, on...
Mme Weil
: Mais
j'essaie de trouver... c'est ça...
M. Jolin-Barrette :
Après ça, on viendrait mettre au projet pilote, à l'article 11, ce que
j'ai proposé à la députée de Sherbrooke, le fait que le ministre doit préparer l'établissement
du tribunal spécialisé permanent visé à l'article 83.0.1 de la Loi sur les
tribunaux judiciaires. Donc, ça, ça veut dire que, si on allait avec la suggestion
de la députée de Notre-Dame-de-Grâce, on dit, bien, dès le départ, le tribunal
spécialisé en matière de violence sexuelle est établi à la grandeur du Québec, O.K.?
Ça fait qu'on le dit. Là, je vous dis ça sous réserve de ce que nos merveilleux
légistes vont dire que c'est conforme ou non. Et là, à 11, là, à ce moment-là,
il y a l'obligation pour moi de travailler, pendant le projet pilote, sur le
fait d'établir ça à la grandeur du Québec. Ça pourrait-u être quelque chose qui
pourrait nous permettre de dénouer...
Mme
Hivon
:
...le deuxièmement?
M. Jolin-Barrette : Non,
non, le deuxièmement, il reste là, là.
Mme
Hivon
:
Donc, on fait juste ajouter «à la grandeur du Québec» dans le premièrement?
M. Jolin-Barrette : Non.
Dans le premier alinéa de 83.0.1, au tout début. Ce que suggère la députée de Notre-Dame-de-Grâce,
c'est de dire : «Le tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et
de violence conjugale est créé à la grandeur du Québec afin de réserver aux
poursuites qui impliquent un contexte de violence sexuelle ou de violence
conjugale un cheminement particulier qui suppose...».
Mme
Hivon
:
Moi...
Mme Weil
:
...donc, c'est... Excusez-moi.
Le Président (M. Benjamin) :
Allez-y. Allez-y, Mme la députée.
Mme Weil
: Moi, je
l'avais mis à la fin, dans le sens qu'on sait que la division spécialisée,
c'est partout, chaque unité, partout, donc un tribunal dans chaque district
judiciaire, dans ce sens-là.
Le Président (M. Benjamin) :
Est-ce que j'ai une intervention de la députée de Verdun? Ensuite, la députée
de Sherbrooke.
Mme Melançon : ...une
chose est certaine, c'est qu'on n'a pas le... on n'a rien à l'intérieur de l'article 3,
là, puis c'est ce que je suis allée relire, qui stipule que la volonté, ce soit
partout sur le territoire du Québec. Ça, c'est certain. Il manque minimalement quelque
chose sur le «partout». Puis, une fois qu'on va avoir le «partout», je pense qu'il
va falloir quand. Et c'est là où il y a... il demeure un flou. Donc, déjà, de
pouvoir... Parce qu'il n'y a rien actuellement qui parle de tout le territoire,
donc, à la grandeur du territoire du Québec, dans tous les districts
judiciaires. Bref, ça nous prend quelque chose, parce que, là, c'est comme si
on pouvait déterminer les districts judiciaires puis peut-être qu'on peut en
laisser tomber. Je pense que ça, c'est... il y a un flou à ce moment-là. Mais
il va falloir quand même qu'on...
Mme Melançon : ...Québec dans
tous les districts judiciaires. Bref, ça nous prend quelque chose parce que,
là, c'est comme si on pouvait déterminer les districts judiciaires, puis peut-être
qu'on peut en laisser tomber. Je pense que ça, il y a un flou à ce moment-là.
Mais il faut falloir quand même qu'on demeure très agressifs...
M. Jolin-Barrette :
...agressivité.
Mme Melançon : Bien, ça
dépend, ça dépend quand.
M. Jolin-Barrette : Bien
là, Mme la députée de Verdun, vous me permettrez de conserver, dans mon calepin
mental, votre citation et de me permettre de l'utiliser au moment opportun.
Mme Melançon : Je dis
encore que ça dépend quand pour une simple et bonne raison, c'est qu'à un
moment donné il faut mettre ses culottes quand c'est le temps pour pouvoir
faire appliquer quelque chose qui est aussi important qu'un tribunal spécialisé
à la grandeur du Québec. Alors, pour moi, je pense qu'il est nécessaire, à ce
moment-ci, qu'on puisse arriver avec... Puis honnêtement qu'on le rentre à
l'article 11, qu'on n'a pas encore étudié, je vois qu'ici on doit quand
même nommer qu'il peut y avoir des exceptions, mais il ne faut pas que ça soit
la majorité des districts qui soient à la remorque. Puis, tout à l'heure, vous
avez donné l'exemple : Si j'en ai 18 sur 36. Bien, pour moi, 18 sur 36,
là, c'est un aveu d'échec, là.
M. Jolin-Barrette : Bien
non. Bien non parce que les expériences étrangères, hein, notamment en Afrique
du Sud, hein, eux, ils ont légiféré puis ils ont implanté le tribunal, en
Afrique du Sud, mur à mur, là. Ils sont partis de zéro, là, puis zéro,
100 %, puis ça n'a pas fonctionné, puis il a fallu qu'ils repartent à zéro
puis qu'ils recommencent. Ça fait que, moi, ça, je ne veux pas que ça arrive.
Ça fait que, tu sais, j'essaie de trouver
une solution. Je trouve que la suggestion de la députée de Notre-Dame-de-Grâce
est bonne. Mais là je comprends vos enjeux, là, mais, moi, là-dessus, là, je
suis ferme, là, sur l'habilitation réglementaire, tout ça. Alors, à la grandeur
du Québec, moi, je pense qu'on peut trouver quelque chose là-dessus, là,
mais... Voici les paramètres, là, dans lesquels je suis prêt à accepter une
suggestion. Mais je pense qu'on a beaucoup discuté. Je comprends tout à fait
votre point, là. Mais je peux vous assurer que je porte mes culottes, puis que
je les tiens bien serrées, puis que je vais m'assurer que ça fonctionne.
Le Président (M. Benjamin) :
J'avais... (Interruption) Pardon. J'avais la députée de Sherbrooke. Ensuite,
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Labrie : Pas trop
serrées quand même, ce n'est pas bon pour la fertilité.
M. Jolin-Barrette : Pour
quoi?
Mme Labrie : Pour la
fertilité.
M. Jolin-Barrette :
Bien, écoutez, j'en ai deux déjà.
Mme Labrie : Tout à
l'heure, le ministre a nommé la possibilité d'écrire dans le premier alinéa que
c'est créé à la grandeur du Québec. Moi, j'aimerais mieux, si on va là,
d'écrire «dans tous les districts judiciaires». C'est ça qui était proposé, là,
moi, j'aimerais mieux ça...
M. Jolin-Barrette :
…écoutez, j'en ai deux déjà.
Mme Labrie : Tout à
l'heure, le ministre a nommé la possibilité d'écrire dans le premier alinéa que
c'est créé à la grandeur du Québec. Moi, j'aimerais mieux, si on va là,
d'écrire «dans tous les districts judiciaires». C'est ça qui était proposé,
moi, j'aimerais mieux ça. Oui, je pense que c'est ça que je voulais dire, oui.
Je pense que ça serait beaucoup plus clair et beaucoup plus difficile de
reculer si le premier alinéa de l'article nomme ça. Après ça, ça devient clair
que la suite, c'est vraiment juste pour la progression mais que ça ne peut pas
permettre de reculer.
Le Président (M. Benjamin) :
Parfait.
M. Jolin-Barrette :
…dans tous les districts.
Le Président (M. Benjamin) :
Sinon, j'ai… Une intervention, M. le ministre?
M. Jolin-Barrette :
Bien, pas tant que ça. Mais vous comprenez, comme, moi, je veux amender quand
on va être prêt, au complet, à adopter l'article. Parce qu'on en a beaucoup
discuté. Je vous ai dit où je me situais, où le gouvernement se situait, les
modalités dans lesquelles… J'accueille favorablement les propositions. Mais,
comme il faut adopter l'article 3, ça fait que…
Le Président (M. Benjamin) :
J'ai la députée de Notre-Dame-de-Grâce…
Mme Weil
: …donc,
l'idée, c'est qu'on enlève l'aspect aléatoire d'un autre gouvernement qui amène
un règlement pour changer, bon, le sens de ça. Donc, c'est dans la loi, ça
vient sécuriser. C'était vraiment en réponse… Et c'est vraiment dans tous les
districts judiciaires, pour être plus précis. Alors, c'était juste cette
clarification.
M. Jolin-Barrette : Et,
éventuellement, dans tous les districts judiciaires.
Mme Weil
: C'est
ça.
M. Jolin-Barrette :
Bien, c'est ça, l'objectif.
Mme Weil
: C'est
ça. Et la deuxième partie explique les conditions gagnantes pour avoir
justement un district judiciaire qui est prêt à recevoir ce tribunal.
Le Président (M. Benjamin) :
Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
On essaie tous d'avancer pour trouver un terrain d'entente. Moi, si on veut mettre
ça, je trouve ça bien. Je suis d'accord. Mais si on garde le deuxièmement tel
qu'il est, on dit une chose et son contraire, parce que c'est un peu des voeux
pieux. Donc, moi, je comprends que si on fait ça, on accepterait «par
ailleurs». En tout cas, c'est ce que je demanderais au ministre, d'y aller par
la négative au deuxièmement, avec la proposition que je faisais de parler
d'exceptionnellement, qu'on pourrait exclure un district judiciaire. Moi, ça,
je pourrais me rallier, si on met d'entrée de jeu que ça va se déployer dans
l'ensemble des districts et que dans le deuxièmement, le pouvoir du ministre,
il n'est qu'exceptionnel pour exclure un district judiciaire. Là, je trouve
qu'on aurait quelque chose qui se tient. Mais si on met «tous les districts
judiciaires» puis que dans le deuxièmement, on met expressément qu'il va
déterminer dans quel district judiciaire ça a selon son bon vouloir au fil du
temps, je ne pense pas que ça atteint l'objectif qu'on veut tous poursuivre.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. Est-ce que j'ai d'autres interventions?
Mme
Hivon
:
…d'autres interventions sur les autres alinéas.
Le Président (M. Benjamin) :
Alors…
• (17 h 30) •
M. Jolin-Barrette :
…M. le Président, après vérification, ce que je peux faire… je comprenais
l'objectif de la députée de Sherbrooke sur les districts. Bien, ce que je peux
faire, c'est «partout au Québec», «éventuellement partout au Québec». Parce que
sinon, lorsqu'on lit l'article, ça va en opposition entre l'objectif et les
modalités. Si…
17 h 30 (version non révisée)
Le Président (M. Benjamin) : …alors…
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, après vérifications, ce que je peux faire, là… je comprenais
l'objectif de la députée de Sherbrooke sur les districts, mais ce que je peux
faire, c'est partout au Québec, éventuellement, partout au Québec, parce que
sinon, lorsqu'on lit l'article, ça va en opposition entre l'objectif et les
modalités. Si je disais : C'est dans tous les districts judiciaires du Québec
dans l'objectif, puis qu'après j'arrive dans les modalités, puis là je
dis : Malgré un, ça ne peut pas être dans tous les districts judiciaires, l'article,
il n'est pas cohérent ensemble. Alors, ce qu'on peut faire, c'est «partout sur
le territoire du Québec». Puis là, dans les modalités, ça va venir dire :
Bien là, c'est établi par règlement, les districts judiciaires. Sinon, ça
rentre en confrontation, puis pour la question d'interprétation, ça ne
fonctionne pas. Puis je comprends le point de vue de la députée de Joliette,
mais je ne pourrai pas aller là.
Le Président (M. Benjamin) : Mme
la députée.
Mme
Hivon
: Je
pense que le ministre, il vient de faire la démonstration pour laquelle de
juste avoir cet amendement-là, dans le fond, ça ne nous fait pas avancer parce
que lui-même, il dit qu'il y a une contradiction, puis effectivement elle est
flagrante. Donc, je lui plaide à nouveau, j'essaie de comprendre… Je veux dire,
il nous plaide d'un côté qu'il veut absolument que ça se déploie, mais il n'est
pas… il n'accepte pas qu'on y aille avec exception. Donc, j'essaie de voir ce
qu'il l'inquiète tant que ça. Puis je reviens à la charge pour dire que c'est
juste une question de ressources.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, moi, là, je vous propose un compromis, puis je vous dis franchement
où je peux aller, là. Ça fait que j'ai compris, là, les arguments de la députée
de Joliette, là, j'ai compris les arguments de la députée de Sherbrooke, là,
mais moi, je vous dis, où je peux aller, là, c'est là, là. Ça fait que je vous
le dis franchement, là. Ça fait que je partage votre objectif. Moi, je vous
dis, ça va se faire, je vais le faire. Puis l'option que je vous propose, c'est
comme l'a suggéré la députée de Notre-Dame-de-Grâce, avec le «partout au Québec».
Le Président (M. Benjamin) : Est-ce
que j'ai des… Ah! oui.
M. Jolin-Barrette : Alors,
là, M. le Président, là, on est confrontés à un choix, là, comme, on accepte le
compromis ou on tourne en rond, là.
Le Président (M. Benjamin) : Mme
la députée Joliette.
Mme
Hivon
: Mais
pourquoi le ministre ne peut pas y aller par exclure par exception? Pourquoi ça
ne peut pas être ça quand il nous dit qu'il veut puis il veut que ça se déploie,
c'est parce qu'il a peur de ne pas avoir les ressources, c'est parce qu'il a
peur que ça se prolonge, que les projets pilotes ne soient pas concluants? Je
veux dire, quand on décide de déployer quelque chose ,là, je ne sais pas, quand
on met les énergies, puis on se dit : Ça ne sera pas à géométrie variable.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, je vais le dire pour une dernière fois, là, je consacre toutes mes
énergies à ce que ça fonctionne. Hein, on est dans le cadre d'un projet de loi
qui va venir établir le cadre pour le faire et on va le faire, M. le Président.
Mais, à ce moment-là, la députée de Joliette, c'est une députée d'expérience,
elle sait comment, entre autres, la législation fonctionne. Puis je comprends,
elle plaide très bien sur ces éléments-là, mais elle sait très bien également
que, dans la structure du projet de loi, dans le fond, de la façon que ça peut
être déployé, c'est à partir du moment où ils sont prêts. Alors, moi, je veux
avoir la flexibilité de démarrer à certains endroits ceux… qui sont prêts le
plus rapidement possible, comme je vo us l'ai exposé de façon étendue tout à
l'heure.
M. Jolin-Barrette :
…expérience, elle sait comment… entre autres, la législation qu'on se donne.
Puis je comprends, elle plaide très bien sur ces éléments-là, mais elle sait très
bien également que, dans la structure du projet de loi, dans le fond, de la
façon que ça peut être déployé, c'est à partir du moment où ils sont prêts.
Alors, moi, je veux avoir la flexibilité de démarrer à certains endroits ceux
qui sont prêts le plus rapidement possible, comme je vous l'ai exposé de façon
étendue tout à l'heure.
Mme
Hivon
:
Pourquoi, alors, le ministre a besoin de projets pilotes? Je pose vraiment une question
tout à fait sincère, là. Pourquoi le ministre a besoin de projets pilotes si, de
toute façon, il se donne le pouvoir d'y aller par district judiciaire?
M. Jolin-Barrette : Bien, dans
un premier temps, on veut l'implanter dans certains districts en projet pilote
pour tester certains éléments. Puis un coup que le projet pilote va être fait,
bien là, on vient le mettre d'une façon permanente à la grandeur du Québec.
Mme
Hivon
:
Mais, je veux dire, le pouvoir qui est là… il pourrait dire : Bon, je
l'établis dans cinq districts en vertu de l'habilitation que j'ai là. Moi, je
trouve que le ministre se donne une flexibilité d'implantation très, très
grande, là : par projet pilote, puis, après les projets pilotes, on ne
peut pas garantir qu'on va y aller partout, et je ne veux pas y aller juste par
exclusion, par exception, je veux le pouvoir de dire où on va les mettre. Ça
envoie un signal, vraiment, que ça va être pas mal discrétionnaire selon les
ressources puis qu'on n'est pas alignés sur un objectif clair, à la lecture du
projet de loi. C'est ça qui est important.
Donc, je trouve que le ministre, il en
demande beaucoup, de flexibilité, dans l'implantation et dans le temps. Puis il
sait les réserves qu'on avait avec même l'idée des projets pilotes. Puis là non
seulement il nous demande les projets pilotes, mais il nous demande une
flexibilité complète pour l'implantation par district judiciaire. Puis je vais
redire que je trouve que la proposition d'y aller par exclusion serait un bon
compromis, compte tenu qu'en plus il veut garder les projets pilotes.
Le Président (M. Benjamin) :
M. le juriste.
M. Jolin-Barrette : Je vais
faire un dernier commentaire là-dessus, M. le Président. Le projet pilote,
c'est pour avoir la formule gagnante. Après ça, on va le développer à la
grandeur du Québec, M. le Président. Je vous le dis, on va le faire. Je
comprends les craintes de mes collègues, mais ce que je vous dis… Je leur ai
proposé un compromis. À partir de ce moment-là, je pense qu'on a fait le débat.
Alors, arrivons au compromis où… là, M. le Président, je veux bien, à, je veux
bien, j'essaie, M. le Président.
Le Président (M. Benjamin) :
Alors, nous poursuivons. J'ai le député de Nicolet-Bécancour.
M.
Martel
:
Merci, M. le Président. J'écoute ça avec beaucoup d'attention puis je comprends
le questionnement qu'il y a, mais, au-delà de tout ça, là, tu sais, c'est comme
si on essayait de trouver une faille pour… qu'on est plus ou moins sincères
dans notre… Le plus facile, pour le gouvernement, ça aurait été de ne pas
déposer de projet de loi si on ne voulait pas vraiment les faire. Moi, je pense
que... premier gouvernement qui dépose un projet de loi. Le ministre, depuis le
début, il a montré une flexibilité incroyable. Il me semble que si on n'en
voulait pas ou si on n'était pas sincères, on…
M.
Martel
:
...aurait été de ne pas déposer de projet de loi si on ne voulait pas vraiment
les faire. Moi, je pense que... premier gouvernement qui dépose un projet de
loi. Le ministre, depuis le début, il a montré une flexibilité incroyable. Il
me semble que si on n'en voulait pas ou si on n'était pas sincères, on n'aurait
pas déposé ça, là. Voilà.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député. Est-ce que j'ai d'autres interventions, alors, sur le
deuxième alinéa?
Mme
Hivon
:
...le ministre nous a dit tantôt, de toute façon, qu'il ne déposerait pas d'amendement
à la pièce par alinéa, mais plutôt un amendement global à la suite de nos
discussions, si j'ai bien compris. Donc, je suggère qu'on recommence... bien,
je veux dire, qu'on fasse les autres alinéas, puis si l'alinéa revient pendant
qu'on continue à discuter du reste de l'article au complet, bien, ça va être
gagnant.
Le Président (M. Benjamin) :
Donc, votre suggestion, c'est qu'on commence avec le premier alinéa...
Mme
Hivon
: Oui.
Le Président (M. Benjamin) :
...deuxième alinéa... Parfait. Est-ce que ça convient pour...
Mme
Hivon
: J'ai
une question au premier alinéa.
Le Président (M. Benjamin) :
Premier alinéa, allez-y. Donc, on reprend les... Donc, les interventions maintenant,
c'est auto... c'est par alinéa. Donc, sur le premier alinéa.
Mme
Hivon
:
Bien, à moi que mes collègues aient d'autres interventions sur le deuxièmement,
là, sur ce quoi on était.
Le Président (M. Benjamin) :
Allez-y, Mme la députée de Joliette, sur le premier alinéa.
Mme
Hivon
: O.K.
Sur le premier alinéa, je voulais juste... Le ministre a fait le choix
d'utiliser... bien, en fait, le paragraphe introductif, là, de dire : «qui
implique un contexte de violence sexuelle ou de violence conjugale», donc,
plutôt que de dire : «qui implique de la violence sexuelle ou de la
violence conjugale». Donc, je veux juste être certaine que le but d'utiliser ça,
c'est d'être le plus large possible pour couvrir le plus largement possible les
infractions qui pourraient par exemple être de donner un coup de pied dans la
voiture, sur les meubles, de briser quelque chose dans un contexte, par exemple,
de violence conjugale, mais qu'il n'aurait pas une atteinte à l'intégrité
physique d'une personne, mais qu'on serait vraiment dans une infraction qui
serait considérée dans un contexte de violence sexuelle ou conjugale.
M. Jolin-Barrette : La
réponse à ça, c'est oui. C'est pour être le plus large possible parce que le
contexte de violence conjugale, effectivement, la députée de Joliette a raison,
ce n'est pas nécessairement… Dans le fond, le procureur va regarder dans quel
contexte s'est faite l'infraction criminelle, donc dans quel contexte la
victime est victime de l'infraction criminelle. Alors, oui.
Le Président (M. Benjamin) :
C'est bon, Mme la députée de Joliette? C'est bon pour vous?
Mme
Hivon
:
Bien, je vois que ma collègue à une main levée.
Le Président (M. Benjamin) :
Parfait. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : C'est sur la même
chose. Donc, ça ne sera pas… ça n'aura besoin d'être spécifiquement un crime
contre la personne, ça pourrait être contre un bien, mais ça serait considéré
pour le tribunal spécialisé quand même?
M. Jolin-Barrette :
Effectivement.
Mme Labrie : O.K. Merci.
Le Président (M. Benjamin) :
Est-ce que j'ai d'autres interventions sur le premier alinéa ou un des trois
paragraphes du premier alinéa? Sinon…
Mme Labrie : …spécialisé quand
même.
M. Jolin-Barrette : Effectivement.
Mme Labrie : O.K. Merci.
Le Président (M. Benjamin) :
Est-ce que j'ai d'autres interventions sur le premier alinéa ou un des trois
paragraphes du premier alinéa? Sinon, est-ce que j'ai des interventions sur le
deuxième alinéa?
Mme
Hivon
:
…«Aux fins de l'établissement…». Ça fait que je ne sais pas c'est quel alinéa,
mais c'est le prochain endroit où j'ai une demande.
Le Président (M. Benjamin) :
Pardon. Je n'ai pas entendu la question.
Mme
Hivon
: J'ai
dit, je ne sais pas, là, si je vous suis parfaitement, mais, moi, ma prochaine
intervention, elle est sur le premièrement qui suit le «Aux fins de
l'établissement du tribunal spécialisé». Donc, si j'ai des collègues qui en ont
avant…
Le Président (M. Benjamin) :
Sur le premièrement dans… alors donc…
Mme
Hivon
: Le
premièrement avant le deuxièmement dont on a parlé longuement.
Le Président (M. Benjamin) :
D'accord. Donc, «que toute poursuite qui implique un contexte de violence…»,
c'est ça?
• (17 h 40) •
Mme
Hivon
: Non.
Ça, ça va. L'autre après, après «Aux fins de l'établissement du tribunal
spécialisé».
Le Président (M. Benjamin) :
Ah! d'accord. Donc, ça, à ce moment-là, ce serait le deuxième alinéa.
Mme
Hivon
: D'accord.
Moi, ça va être là que je vais avoir une…
Le Président (M. Benjamin) :
Voilà.
M. Jolin-Barrette : Mais, M.
le Président, on peut-u régler un par un pour les passer? Là, le premier,
83.0.1, il n'y a plus d'autres questions. Paragraphe 1, y a-tu des questions?
Mme Weil
: Mais la
question, c'est : Où est-ce qu'on insérerait cette notion que l'article
s'appliquerait, bon, soit aux districts judiciaires sur l'ensemble du
territoire ou tout simplement sur l'ensemble du territoire? C'est vraiment
peut-être aux légistes de voir.
M. Jolin-Barrette : Ça serait
dans le premier alinéa de 83.0.1.
Mme Weil
: C'est ça.
M. Jolin-Barrette : Mais sous
réserve qu'on adopte l'article, là.
Mme Weil
: Que tout le
monde accepte, c'est ça.
M. Jolin-Barrette : Mais oui,
mais qu'on chemine, là.
Mme Weil
: Est-ce que
je peux demander au ministre s'il y a une formulation… parce que moi, j'ai
proposé ça comme ça, là, mais une formulation que les légistes considèrent
possible, c'est-à-dire mais qui… avec cette intention de couvrir l'ensemble du
territoire?
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
on va pouvoir vous revenir, mais, comme, on va vous revenir à la fin de
l'article, en fonction des commentaires.
Mme Weil
: O.K. Je
voulais juste que ça soit retenu, là, comme idée.
Le Président (M. Benjamin) :
Alors, je reprends… afin que ce soit clair pour tout le monde. Donc, dans le
premier alinéa, donc est-ce que j'ai des commentaires sur le premier paragraphe
du premier alinéa? Est-ce que j'ai des commentaires ou des interventions sur le
deuxième paragraphe du premier alinéa? Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Donc, «qu'à
tout moment du cheminement d'une telle poursuite, les besoins particuliers des
personnes victimes de même que le contexte singulier dans lequel elles se
trouvent sont considérés», «qu'à tout moment du cheminement d'une telle
poursuite, les besoins particuliers…» Parce que, là, on est en train de dire…
parce qu'on détermine après que ça se peut que tous les services ne soient pas
disponibles. Mais, à l'alinéa 2, on dit qu'on doit donner tous les services,
dans le fond, aux personnes victimes, n'est-ce pas, M. le ministre?
M. Jolin-Barrette : Je n'ai
pas bien saisi votre question. Pouvez-vous juste répéter?
Mme Melançon : À l'alinéa 2…
M. Jolin-Barrette : Oui,
«qu'à tout…
Mme Melançon : …on dit qu'on
doit donner tous les services, dans le fond, aux personnes victimes, n'est-ce
pas, M. le ministre?
M. Jolin-Barrette : Je n'ai
pas bien saisi votre question, pouvez-vous juste répéter?
Mme Melançon : À l'alinéa 2…
M. Jolin-Barrette : Oui,
qu'«à tout moment du cheminement», celle-là?
Mme Melançon : Oui, «les
besoins particuliers d'une personne victime de même que le contexte dans lequel
elle se trouve sont considérés», là, si on dit, un peu plus loin, que ça se
peut qu'il y ait…
M. Jolin-Barrette : Ça, là,
c'est pour faire en sorte que, dans le cadre du tribunal spécialisé, en
général, là, les besoins particuliers de la victime soient pris en compte, soit
pris en fonction de sa situation personnelle, là. Donc, la personne victime,
supposons, est agressée sexuellement, donc la personne qui a été agressée
sexuellement, supposons, dans le cadre d'une agression sexuelle violente,
supposons, elle va peut-être avoir des besoins particuliers qui sont distincts
que dans le cadre d'une agression sexuelle qui est, supposons, un attouchement.
Donc, tu sais, ce qu'on envoie comme message, c'est de dire : Les
intervenants, les gens qui sont là, qui accompagnent, pour prendre en
considération ces besoins particuliers là. Donc, exemple, le niveau de
traumatisme de la personne, ça se peut qu'il y ait des adaptations
particulières à faire dans l'accompagnement puis dans l'offre de service qui va
être faite. Tu sais, c'est traumatisant pour toutes les victimes d'infraction
criminelle, mais à l'intérieur, lorsqu'il arrive… lorsque vous êtes victime
d'une infraction criminelle, ça se peut que ça a été plus violent, qu'il y ait
plus de séquelles que d'autres. Donc, en gros, là, c'est ça que ça veut dire qu'il
faut prendre en considération les besoins particuliers de la personne dans le
cheminement de la poursuite.
Vous avez, exemple, de plus en plus, il y
a… je donne un exemple des animaux pour rassurer au niveau du témoignage, bon,
bien, ce n'est pas tout le monde qui en a besoin. Mais si la personne, elle est
particulièrement anxieuse puis que ça la rassure puis, tu sais, quand il y a
des témoignages, supposons, ou pour communiquer avec les intervenants, on voit beaucoup
si ça passe avec le chien, c'est plus facile d'établir le contact, tu sais. Il
y a toutes sortes d'outils que les intervenants utilisent maintenant, même avec
les procureurs, tout ça. Donc, c'est ce que ça veut dire, dans le fond, on
vient inscrire que les victimes ont des particularités et des besoins
distincts.
Mme Melançon : Et ces
outils-là, dans la tête du ministre, ils seraient… parce qu'on a l'air de
tourner en rond, mais c'est parce que ça revient tout à la même chose. Est-ce
que ces outils-là vont être mis à la disposition dans tous les districts
judiciaires au même moment? Est-ce que ce sera après les projets pilotes?
Est-ce que… parce que tout est dans tout, on va se dire ça comme ça, mais, à ce
moment-ci, là, au deuxième alinéa, est-ce qu'on est en train de dire… on dit qu'il
faut, dans le fond, que les besoins particuliers…
Mme Melançon : … districts
judiciaires au même moment.
Est-ce que ce sera après les projets pilotes?
Est-ce que… parce que tout est dans tout, on va se dire ça comme ça. Mais à ce
moment ici, là, au deuxième alinéa, on est en train de dire… on dit qu'il faut,
dans le fond, que les besoins particuliers des personnes soient considérés,
mais en même temps, si on est en train de me dire qu'il y a des districts
judiciaires où on n'aura pas ces services-là, ils ne seront pas considérés
nécessairement.
M. Jolin-Barrette :
Actuellement, là, il y a déjà des gens dans le réseau qui travaillent pour les
corps de police, pour le DPCP, pour les CAVAC, dans les organismes qui
accompagnent déjà les personnes victimes, puis leurs besoins sont particuliers.
Mais c'est un énoncé, notamment, de dire que dans le cadre du parapluie, là,
c'est une obligation de dire : les besoins particuliers des victimes le
sont. Je vous ai donné l'exemple, ce matin, je crois, relativement aux salles
de bain, relativement aux locaux. Exemple, de savoir où est positionnée la
salle de bain de la personne victime qui attend. Tu sais, elle a un besoin
particulier. Donc, c'est à tout ça qu'il faut réfléchir. Donc, c'est ce
message-là qu'on envoie notamment au paragraphe 2. Dans le fond, là, la
députée de Joliette disait : Une approche centrée sur la victime. Bien,
ça, ça en constitue une approche centrée sur la victime en fonction de quels
sont ses besoins à elle.
Mme Melançon : En tout
respect, puis… ça va être centré sur la victime, mais ça va dépendre dans quel
district judiciaire elle se retrouve. Puis ça va dépendre du projet pilote puis
de la durée. Puis ça va dépendre après le projet pilote peut-être que… Moi,
c'est toute la cascade du temps qui m'inquiète actuellement.
M. Jolin-Barrette : Bien,
comme je vous dis, on veut faire ça rapidement. Puis il y a déjà des services
qui sont offerts. Mais à terme, ils vont être offerts sous le chapeau du
tribunal spécialisé, du parapluie de services. C'est ce qui est recommandé dans
Rebâtir la confiance.
Mme Melançon : Oui. Puis dans
Rebâtir la confiance, il n'y avait pas de projets pilotes. C'est pour ça que
c'est…
M. Jolin-Barrette : Je ne
pense pas que dans Rebâtir la confiance, les modalités associées à ça étaient
établies, là. Il y a eu un groupe de travail, entre autres, puis ma volonté…
puis la députée de Verdun, elle le sait très bien, là, que comme État on veut
en faire en sorte qu'il y ait des projets pilotes aussi. Puis on apporte un
changement de culture. Puis on apporte un changement de culture dans le système
de justice. C'est ce que je m'emploie à faire depuis que je suis ministre de la
Justice. Alors, j'ai besoin de votre aide pour le faire.
Mme Melançon : Et je propose
cette aide-là au ministre sans retenue aucune, mais je n'ai pas, à ce
moment-ci, encore une fois, puis là il faut vraiment défaire ce noeud-là, parce
que c'est la durée dans le temps. Puis là, moi, j'ai des gens, là, qui
commencent à m'écrire, là, parce que j'ai lancé des questionnements, tout à l'heure.
Les gens, ce n'est pas ce qu'ils avaient perçu, là, quand ils sont venus nous
voir en consultation dire : Oui, on était d'accord avec…
Mme Melançon : …il faut
vraiment défaire ce noeud-là parce que c'est… La durée dans le temps… Puis là,
moi, j'ai des gens, là, qui commencent à m'écrire, là, parce que j'ai lancé des
questionnements tout à l'heure. Les gens, ce n'est pas ce qu'il avait perçu,
là, quand ils sont venus nous voir en consultations. Ils disaient : Oui,
on était d'accord avec un projet pilote, mais à savoir qu'à la fin du projet
pilote, c'était partout où ça devait être déployé. Ça, c'est des gens qui nous
ont répondu ça. Là, ils apprennent avec stupeur, un peu comme nous, que c'est
possible que ce ne soit pas partout. Et c'est là où ça crée… En tout cas, moi,
ça me crée un énorme malaise, et c'est pourquoi vraiment je vais inviter le ministre
à réfléchir. Je pense que tout le monde nous entend, là. Je pense que les
légistes comprennent aussi l'inquiétude que nous avons.
Mais là il faut régler deux choses. Il
faut vraiment démontrer que tout ça, ça sera appliqué partout sur le
territoire. Puis il va falloir clairement indiquer la volonté qu'au lendemain
des projets pilotes, à part des exceptions… Puis honnêtement j'essaie de
comprendre, là, si on a deux ou trois ans puis qu'on n'est pas encore prêts, ça
me surprendrait, mais je pense qu'il faut vraiment être capable de dénouer ça,
parce que tout est dans tout. Je le répète. Voilà.
M. Jolin-Barrette :
Puis dans Rebâtir la confiance, là, les exemples qui étaient donnés, là,
c'était Nouvelle-Zélande puis Afrique du Sud, puis il y avait entre autres des projets
pilotes. …on a une feuille de route, là, puis j'entends les collègues, là, mais
je crois qu'on est sur la bonne voie puis la bonne direction. Puis, M. le
Président, je peux vous le dire, là : Je suis très sensible à ce qu'elles
me disent, M. le Président, mes collègues, puis c'est pour ça que je prends
l'engagement de réaliser le tout le plus rapidement possible.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le ministre. Nous sommes toujours sur le premier alinéa, deuxième paragraphe.
J'ai une intervention, celle de la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
Non, mais c'était juste pour dire que dans le rapport Rebâtire la confiance, il
n'était pas question de projets pilotes. Puis en Afrique du Sud précisément pourquoi
ça n'a pas fonctionné dans un premier temps, c'est parce que les ressources
n'avaient pas été au rendez-vous et qu'il y a manqué de financement. C'est ça
la raison. Puis, moi, aujourd'hui, quand j'entends les arguments du ministre
qui ne veut pas s'engager dans la loi à ce déploiement-là, j'ai exactement la
même crainte. Qu'on y aille comme on veut, si on ne met pas les ressources nécessaires,
on ne le donnera pas le service. Donc, je voulais juste amener cette
précision-là.
• (17 h 50) •
Le Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée. Est-ce que j'ai d'autres interventions sur le premier
alinéa, deuxième paragraphe? Non. Sinon, on s'en va au deuxième alinéa, premier
paragraphe. Est-ce que j'ai des interventions? Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
Oui, bien, c'est un peu dans la même veine que ce que la députée de
Notre-Dame-de-Grâce soulevait tout à l'heure. Là, encore une fois, le
gouvernement peut, par règlement, déterminer les types de poursuites entendues
par la division spécialisée. Donc…
Le Président (M. Benjamin) :
...Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Oui,
bien, c'est un peu dans la même veine que ce que la députée de Notre-Dame-de-Grâce
soulevait tout à l'heure. Là, encore une fois, le gouvernement peut, par règlement,
déterminer les types de poursuites entendues par la division spécialisée. Donc
ça, j'imagine qu'il y a comme un pouvoir général, il va le faire, puis ça, ça
va se lire après conjointement avec le troisièmement, où c'est le Directeur des
poursuites criminelles et pénales qui va identifier le tout puis qui va décider
si on dirige ça vers la division spécialisée. Mais, dans le premièrement, il y
a comme deux enjeux que je vois, un, le gouvernement se donne ce pouvoir-là. On
se souvient que, lors de leur audition, l'ex-juge Corte et Me Desrosier,
nous on dit : Attention pour la question de l'indépendance judiciaire!
Donc, j'aimerais savoir ce qui anime le ministre dans sa certitude que le
gouvernement a ce pouvoir-là, donc je veux juste entendre ses arguments bien
clairement.
Par ailleurs, pourquoi le gouvernement
doit le faire par règlement si on dit que le Directeur des poursuites
criminelles et pénales va l'identifier? Est-ce que ça ne serait pas suffisant
que le DPCP identifie, ce qui doit aller dans la division spécialisée? Pourquoi
il faut avoir les deux, le règlement du gouvernement, puis ensuite confier ce
pouvoir-là au DPCP? Parce que je voudrais juste… Évidemment, quand le règlement
va être pris, au-delà de la question de l'indépendance judiciaire sur laquelle on
veut avoir un éclairage, c'est qu'il faudrait qu'il n'y ait absolument rien
d'oublier dans le règlement, on se comprend, et il va falloir que le règlement
soit ajusté s'il y a des nouvelles infractions qui font leur entrée, puis tout
ça, versus que ce soit simplement la prérogative du DPCP. Donc, je veux
comprendre le choix qui est fait par le gouvernement d'à la fois prendre un
règlement, mais de dire aussi, bien sûr, que c'est le DPCP qui va le faire.
Puis le troisième élément à ma question,
c'est le «peuvent varier en fonction de toute distinction jugée utile.»,
notamment, encore une fois, en fonction des districts judiciaire. Ça fait que
là non seulement on a toute la latitude sur les districts judiciaires, mais, si
je comprends bien, on a la latitude de dire : Bien, dans ce district
judiciaire là, ça va être juste tel type d'infraction puis dans tel autre, ça
va être tel type d'infraction. Donc, moi, c'est un autre niveau, je dirais, de
disparité qui m'inquiète. Donc, je voudrais juste que le ministre nous éclaire
sur ces trois éléments-là.
Le Président (M. Benjamin) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Alors, bien, oui, le Directeur des poursuites criminelles et pénales va
identifier en fonction des dossiers. Est-ce qu'il s'agit dans un contexte de
violence conjugale ou de contexte de violence sexuelle, et là va le soumettre à
la division pour qu'il soit entendu? Mais globalement à ça, nous, le pouvoir
qu'il a sur règlement, c'est d'établir les types de poursuites qui vont être envoyés
à cette division-là. Ça fait que, dans le fond, le type de poursuite, exemple,
on dit agression sexuelle, on dit leurre d'enfant, supposons…
M. Jolin-Barrette : ...à
la division pour qu'il soit entendu. Mais globalement à ça, nous, le pouvoir
qu'il y a sur règlement, c'est d'établir les types de poursuites qui vont être
renvoyés à cette division-là. Ça fait que, dans le fond, le type de poursuite, exemple,
on dit agression sexuelle, on dit leurre d'enfant, supposons, on dit voie de
fait, voie de fait avec lésion, tout ça, donc ce type de poursuite là, ça s'en
va là. Puis là le DPCP, lui, analyse les dossiers, regarde le contexte, comme
la députée de Sherbrooke disait tantôt, et ensuite le soumet à la Cour du
Québec, à la division spécialisée.
Mme
Hivon
:
Puis la question de base sur l'argument de Me Corte sur l'indépendance
judiciaire, que ce n'était pas au ministre de déterminer ça?
M. Jolin-Barrette : Oui,
bien, l'administration de la justice, l'organisation des tribunaux relève du gouvernement,
relève du législatif, alors je ne partage pas ses arguments relativement à
cela. D'ailleurs, le DPCP non plus, le Barreau non plus.
Mme
Hivon
:
Puis le ministre a un avis juridique à cet effet-là?
M. Jolin-Barrette : Le ministre
de la Justice a des avis juridiques.
Mme
Hivon
:
Puis je veux... Je reviens, là, c'est une question d'application
pratico-pratique. Mais un règlement, c'est moins lourd qu'une loi, mais ça
demande quand même des démarches. Dans son règlement, je veux vraiment
comprendre pourquoi il faut qu'il y ait un règlement puis que ça ne soit pas
juste le troisièmement, puis le directeur, je veux dire, lui, il a l'expertise,
le DPCP. Parce qu'admettons, là, justement, en plus, on dit «en contexte de
violence sexuelle et violence conjugale». Donc, une infraction x qui n'est pas
en contexte de violence sexuelle et conjugale pourrait ne pas être considérée
comme allant à la division, donc elle pourrait peut-être ne pas avoir été mise
d'emblée dans le règlement du ministre, mais, à cause du contexte, le DPCP
jugerait qu'elle doit aller là. Alors, je me demande juste jusqu'où le
règlement va devoir aller pour être sûre que tout ce qui se ferait en
contexte... toute infraction qui revêtirait une autre nature parce qu'elle en
contexte de violence sexuelle et conjugale ne pourrait pas être échappée. Dans
les faits, il va falloir que la liste soit vraiment longue puis qu'elle
contienne beaucoup de choses.
M. Jolin-Barrette : On
parle de 522 infractions criminelles.
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : 522.
Mme
Hivon
:
Est-ce que le ministre peut nous déposer sa liste? Parce qu'en plus il va faire
ça par règlement, donc on ne le verra pas, là.
M. Jolin-Barrette :
C'est un projet de règlement déjà. Bien, on travaille tout le temps en travail.
Mais comme je vous dis, pour le règlement, il faut discuter avec les différents
intervenants.
Mme
Hivon
:
Mais est-ce qu'on peut... Moi, je ne demande pas le projet de règlement dans...
M. Jolin-Barrette :
Bien, les infractions criminelles, c'est rattaché... toutes les infractions
criminelles rattachées à un contexte de violence conjugale ou à un contexte de
violence sexuelle.
Mme
Hivon
:
Oui, mais le ministre comprend, je ne vois pas...
Mme
Hivon
:
…mais est-ce qu'on peut… Moi, je ne demande pas le projet de règlement dans…
M. Jolin-Barrette :
Bien, les infractions criminelles, c'est rattaché. Toutes les infractions
criminelles rattachées à un contexte de violence conjugale ou à un contexte de
violence sexuelle.
Mme
Hivon
:
Oui. Mais le ministre comprend… je ne vois pas c'est quoi, le problème de nous
déposer le règlement. C'est un gros enjeu. Bien, pas le règlement, je ne
demande pas le règlement. Je demande la liste des 522, s'il l'a déjà.
M. Jolin-Barrette : Je
comprends. Mais le DPCP, lui, quand il va identifier, dans le fond, le
contexte, ça va être dans le cadre du contexte. Nous, dans le règlement, on
vient notamment identifier le type de poursuite : sommaire, hybride,
infractions criminelles. On pourrait mettre les districts judiciaires. Le DPCP,
lui, il reçoit le dossier puis en fonction de l'analyse qui est faite, va pouvoir
le soumettre à la cour.
Ça fait qu'il y a comme deux étapes. Il y
a le règlement, dans un premier temps, pour identifier les districts. On
dit : Dans ce district-là, si c'est prêt, on y va, puis comme c'est le cas
habituellement, parce que le DPCP le fait déjà, d'identifier, dans le fond, par
des codes. Quand il est venu témoigner, il l'a dit, ça, c'est dans un contexte
conjugal, donc il va diriger le dossier vers la division spécialisée.
Une voix : …
Le Président (M. Benjamin) :
Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : La liste des
infractions, elle est dans le règlement ou elle n'est pas dans le règlement?
Parce que le ministre, je pense que c'est hier, nous disait… il faisait
référence à l'IVAC puis il disait que c'était important de ne pas
nécessairement avoir la liste d'infractions parce que, justement, que s'il y
avait des infractions qui s'ajoutaient, qui n'existaient pas en ce moment, il
fallait pouvoir en tenir compte puis ne pas se verrouiller avec une liste.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Les infractions ne seront probablement pas dans le règlement… ne sont pas dans
le règlement. C'est le DPCP qui va le faire. Mais, exemple, les types de
poursuites qui pourraient être exclues… Exemple, un agent double qui fait du
leurre d'enfants, tu sais, qui se fait passer comme… Parce qu'il n'y a pas de
victime dans ce dossier-là. Donc, l'agent double qui est en opération, on a vu
ça, je pense, à Laval, ils ont fait cette opération-là, donc il n'y a pas de
victime dans ce dossier-là, on ne l'enverrait pas à la division spécialisée en
matière de violence sexuelle et conjugale parce qu'il n'y a pas de victime.
Mme Labrie : Donc, dans
le règlement, il n'y a pas la liste d'infractions. Il y aurait juste la liste
d'exclusions vraiment courte.
M. Jolin-Barrette : Les
types de poursuites.
Mme Labrie : O.K. Puis la
liste que le DPCP va faire, elle ne sera pas figée nulle part. Elle va pouvoir
être modifiée constamment.
M. Jolin-Barrette : Non,
bien, le DPCP, lui, dans le fond, il regarde le contexte. Donc, s'il y a un
contexte de violence sexuelle ou s'il y a un contexte de violence conjugale,
exemple, votre exemple de tout à l'heure, il était bon, si c'est dans un
contexte de violence conjugale, bien, le DPCP l'analyse à la lumière du
dossier. Puis c'est déjà ce qu'ils font actuellement quand ils codent le
dossier.
Mme Labrie : À quoi sert
la liste d'abord?
M. Jolin-Barrette : La
liste de quoi?
• (18 heures) •
Mme Labrie : La liste des
522 infractions.
Mme Labrie : Non, bien,
globalement…
18 h (version non révisée)
M. Jolin-Barrette : ...si
c'est dans un contexte de violence conjugale, bien, le DPCP l'analyse à la
lumière du dossier, puis c'est déjà ce qu'ils font actuellement quand ils
codent le dossier.
Mme Labrie : À quoi sert la
liste, d'abord?
M. Jolin-Barrette : La liste
de quoi, là?
Mme Labrie : La liste des 522
infractions.
M. Jolin-Barrette : Non, mais
globalement, actuellement, dans le code, il y aurait possiblement 522 possibilités
par rapport au DPCP. Mais, si le Code criminel change, bien...
Mme Labrie : C'est... O.K.
M. Jolin-Barrette : ...ça va
se... Oui, c'est évolutif.
Mme Labrie : Ce n'est pas une
liste restrictive qu'il faut mettre à jour, là, c'est juste...
M. Jolin-Barrette : Lui, là,
le DPCP...
Mme Labrie : ...en ce moment,
vous évaluez qu'il y en a tant, mais ce n'est pas...
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Mme Labrie : O.K.
M. Jolin-Barrette : Lui, le
DPCP, il regarde dans le fond le dossier qu'il a devant lui. Est-ce qu'il y a
un contexte de violence conjugale? Est-ce qu'il y a un contexte de violence
sexuelle?
Le Président (M. Benjamin) : Mme
la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
Donc, dans le règlement du ministre, est-ce qu'il peut nous exposer, par
exemple, ça va être quoi, le coeur de son règlement? Je veux juste bien saisir,
là.
M. Jolin-Barrette : Bien, ça
sera le type de poursuites entendues, puis, si jamais... puis en fonction des
districts judiciaires également.
Mme
Hivon
:
Mais, mettons, le premier règlement qu'il va faire...
(Consultation)
M. Jolin-Barrette : Puis, tu
sais, également, là, puis Pascale fait bien de me le dire, dans le fond, c'est
le tribunal permanent. Ça fait que, suite à ce que... l'expérience qui va avoir
été vécue dans le tribunal spécialisé dans le projet pilote, à ce moment-là, on
va pouvoir voir les modalités qu'il y avait dans le projet pilote puis les
verser dans le cadre du règlement.
Mme
Hivon
: Mais
ce que j'essaie de comprendre, là, c'est : quand il dit «le type», ça va
juste être, mettons... Qu'il nous donne des exemples, ce qu'il va mettre dans
son règlement, comme ce serait quoi, les types, les types de poursuites qu'il
va mettre, par exemple.
M. Jolin-Barrette : Bien,
violence sexuelle, violence conjugale, à l'exception, supposons, de la
poursuite en matière de leurre, où est-ce que, là, on ne l'enverrait pas là.
Mme
Hivon
: O.K.
On se comprend que c'est assez général.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
là...
Mme
Hivon
: Ça
fait que le but du règlement, c'est juste d'exclure des choses? Outre la
question des districts judiciaires. On va y revenir, là. Mais, sur le fond, sur
les infractions, le type de poursuites, c'est juste d'exclure des poursuites?
M. Jolin-Barrette : Bien, ça
pourrait, mais, tu sais, je ne suis pas un devin à ce stade-ci relativement à
l'expérience du projet pilote qu'on va mettre en place. C'est une habilitation
réglementaire. Donc, peut-être que dans le règlement il n'y aura pas
grand-chose, là.
Mme
Hivon
: Mais
l'idée du ministre...
M. Jolin-Barrette : Mais ça
dépend, mais en fonction de chacun des districts aussi. S'il y a une réalité
particulière dans un district où est-ce que, supposons... Je donne un exemple.
Dans certains districts, actuellement, les dossiers de violence sexuelle ne
sont pas traités dans certains districts, ils sont traités dans le district d'à
côté.
Mme
Hivon
: Il y
a certains districts où elles ne sont pas traitées?
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Bien, ça, ça ferait en sorte qu'on établirait que les infractions criminelles
de nature sexuelle dans tel district, elles sont... on les envoie dans le
district d'à côté, à la division...
…15359 M.
Jolin-Barrette : …ne sont pas traitées dans certains districts, ils
sont traités dans le district d'à côté.
Mme
Hivon
: Il y
a certains districts où elles ne sont pas traitées.
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Mais ça, ça ferait en sorte qu'on établirait que les infractions criminelles de
nature sexuelle dans tel district, on les envoie dans le district d'à côté, à
la division spécialisée en violence sexuelle et violence conjugale de tel
district.
Mme
Hivon
: En
se basant sur l'expérience actuelle.
M. Jolin-Barrette : Bien, actuellement,
il y a certains districts, c'est comme ça.
Mme
Hivon
: Puis
donc c'est juste dans cette optique-là que le ministre nous met cette espèce
d'autre flexibilité des infractions qui pourraient varier selon les districts
judiciaires.
M. Jolin-Barrette : Effectivement.
Mais comme je vous dis, il va y avoir l'expérience des projets pilotes aussi
puis on va avoir les outils pour que ça fonctionne bien.
Mme
Hivon
: Est-ce
que ça ne serait pas aidant de l'écrire dans le… C'est parce que, quand on lit
ça, c'est un peu comme ma collègue de Notre-Dame-de-Grâce le soulevait tantôt,
c'est un peu difficile à comprendre, comment qu'on pourrait avoir des
infractions différentes qiu iraient dans le tribunal, dans la division
spécialisée, dans différents districts judiciaires, tu sais, comme… Quand on
lit ça, ça n'a comme pas de sens, là. Là, quand le ministre l'explique, c'est
parce qu'il dit : Il y a des districts judiciaires où ça fonctionne déjà
comme ça. Donc, je ne sais pas si on serait capable de mieux expliquer la chose
dans l'alinéa.
M. Jolin-Barrette : Bien,
moi, je trouve que c'est bien expliqué, là.
Mme
Hivon
:
Parce que «toute distinction jugée utile», là, c'est large.
M. Jolin-Barrette : Effectivement,
mais il faut avoir la flexibilité pour s'assurer que ça fonctionne. Puis
surtout, là, on se retrouve dans une situation, là, où on vient créer, parce
qu'on n'a pas vécu l'expérience des projets pilotes… Puis je vous réitère
qu'avec le projet de loi, là, ce que je fais, c'est que je légifère pour faire
en sorte, comme vous le souhaitez, que ça devienne permanent. Ça fait que, là,
on fait le débat maintenant, hein, pour créer le tribunal spécialisé, pour dans
deux ans, à la grandeur du Québec. Alors, vous comprendrez que je ne suis pas
un devin, alors ça prend de la flexibilité puis ça prend des façons de
travailler qui vont nous permettre d'agir puis d'avoir de la flexibilité.
Mme
Hivon
: Puis
juste pour comprendre, il y a combien de districts judiciaires, comme ça, qui
ne traitent pas certains types de dossiers en violence sexuelle ou en violence
conjugale?
M. Jolin-Barrette : Je vais
me renseigner.
Mme
Hivon
:
Combien?
M. Jolin-Barrette : Je vais
me renseigner.
Mme
Hivon
: O.K.
Parce qu'il y a peut-être une réflexion à y avoir là-dessus aussi, là, dans le
cadre du tribunal spécialisé, j'imagine que c'est exceptionnel, là, j'espère.
Parce qu'en termes d'accessibilité puis toute la philosophie derrière le
tribunal spécialisé, c'est ça aussi. Donc, j'imagine que ce n'est pas quelque
chose que le ministre veut encourager, mais plutôt décourager, qu'il y en ait
le moins possible, là.
M. Jolin-Barrette : Bien…
Mme
Hivon
: Les
districts où on ne traite carrément pas ces infractions-là.
M. Jolin-Barrette : Mais moi,
ce qui est important pour moi, c'est que l'accompagnement de la personne
victime, là, quand elle se présente au palais de justice, soit adéquat, hein…
Mme
Hivon
:
…j'imagine que ce n'est pas quelque chose que le ministre veut encourager, mais
plutôt décourager, qu'il y en ait le moins possible.
M. Jolin-Barrette : Bien…
Mme
Hivon
: Les
districts où on ne traite carrément pas ces infractions-là.
M. Jolin-Barrette : Mais moi,
ce qui est important pour moi, c'est que l'accompagnement de la personne
victime, là, quand elle se présente au palais de justice, soit adéquat… puis
que ça fonctionne bien, qu'elle ait confiance, puis qu'elle ait tous les
services associés au processus judiciaire.
Le Président (M. Benjamin) :
…sur le deuxième alinéa, premier paragraphe, est-ce que j'ai des interventions?
Alors, j'ai la députée de Notre-Dame-de-Grâce, ensuite le député de Chomedey.
Mme la députée.
Mme Weil
: Oui,
vraiment, les paroles sont importantes, évidemment, pour les gens de
comprendre. Donc, est-ce qu'on dit… est-ce que le ministre dit qu'il y a une
question d'expertise, que peut-être certains districts judiciaires… mais il y a
des services de base… on prend ça, c'est qu'il y a un service de base
d'accompagnement. Et donc, quand on parle… j'essaie de comprendre un peu les
mots… Ah! oui, excusez-moi. Pourtant, on a toujours envie… je l'enlève quand il
ne faut pas l'enlever, puis j'oublie de l'enlever quand il faut… peuvent varier
en fonction de toute distinction jugée utile. Donc, moi, les premières
réactions que j'ai eues, puis on en a parlé, donc c'est expertise, compétence.
Quels seraient les autres éléments... mais qui auraient, ceci étant dit, le
ministre vient de le dire, si je comprends bien, l'accompagnement, ça, c'est
essentiel, fondamental. Donc, ça, il faudrait que ce soit uniforme, dans tous
les districts judiciaires, c'est ce que j'ai un peu… Donc, il y aurait des
éléments uniformes, mais il y aurait peut-être certains districts où il y
aurait des expertises qui auraient été développées. Est-ce que c'est ça?
M. Jolin-Barrette : Bien,
juste vous dire, là, le paragraphe 1°, là, si, là, tout va très, très bien, là,
hein? Tout fonctionne, là, puis qu'au premier jour, là, tout est prêt à partir,
on n'aura pas besoin d'apporter des distinctions en fonction des districts
judiciaires, on va tous partir en même temps. Sur la question de l'uniformité,
là, oui, l'accompagnement doit être standardisé partout, mais sur la question
de l'uniformité, puis c'est ce que je disais hier au député de Chomedey, c'est
que ça arrive qu'il y ait des particularités dans certains districts. Je
donnais l'exemple dans certains districts, exemple, il y a plus de cas
d'incestes. Donc, l'accompagnement rattaché à ce type d'infraction là, en
raison du volume, bien, il va y avoir des modalités particulières sur
l'accompagnement avec certains organismes précis.
Mme Weil
: O.K.
Le Président (M. Benjamin) :
Mme la députée, ça va? Alors, j'ai le député de Chomedey.
M. Ouellette : M. le
Président, le député de Chomedey va garder son intervention pour le troisième
paragraphe, parce que, quand on va parler du DPCP tantôt, devance mon
commentaire par rapport au premier.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député. Donc, sur le deuxième, premier paragraphe…
Le Président (M. Benjamin) :
...de Chomedey.
M. Ouellette : M. le
Président, le député de Chomedey va garder son intervention pour le troisième paragraphe
parce que quand on va parler du DPCP tantôt, devance mon commentaire par
rapport au premier.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député. Donc, sur le deuxième alinéa, premier paragraphe, je n'ai
plus d'intervention. Donc, on s'en va au deuxième par... deuxième alinéa. Mme
la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Moi,
je veux juste dire que je vais... je ne vais pas prendre du temps à ce
moment-ci parce que je pense que c'est une bonne chose qu'on passe les autres paragraphes,
mais je vais avoir un... je vais avoir un amendement probablement à la
prochaine séance, là, parce que je ne veux pas que l'on suspende puis tout ça
pour le deuxième paragraphe... le deuxième alinéa. Et on peut aller discuter
sur le troisième.
Le Président (M. Benjamin) :
Parfait.
Mme
Hivon
: Je
pense que le ministre peut se douter un peu à quoi il va ressembler.
• (18 h 10) •
Le Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Joliette. Est-ce que j'ai d'autres interventions sur le
deuxième paragraphe... deuxième alinéa? Sinon, troisième paragraphe. M. le
député de Chomedey, sur le troisième paragraphe.
M. Ouellette : Effectivement,
M. le Président, là, je vais faire mon intervention. En lisant le troisième paragraphe,
j'essaie d'imaginer, M. le Président... Le DPCP doit identifier, puis j'ai
écouté ce que le ministre nous a dit. Et on a rajouté dans le paragraphe «et le
cas échéant et sous réserve du règlement prévu au premier paragraphe». Y a-tu quelque
chose qui pourrait être écrit dans le règlement du premier paragraphe qui
pourrait empêcher le DPCP de soumettre un dossier à la division spécialisée. Et
s'il y a quelque chose, bien, j'aimerais ça que, M. le Président, le ministre
nous le verbalise ou nous donne un exemple parce que le législateur ne parle
par pour rien dire encore normalement?
M. Jolin-Barrette : Non, on
ne parle pas pour ne rien dire.
M. Ouellette : Ça fait que...
Et je me... Je trouve ça particulier parce qu'on oblige le DPCP à décider.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
c'est justement... Alors, s'il y a un type de poursuite qui est exclu, hein,
puis c'est de la violence sexuelle, supposons, qui ne serait pas visée...
Exemple. L'exemple de leurre, là, tantôt, là, c'est une infraction à caractère
sexuel, mais on dit : Écoute, le DPCP, tu ne l'envoies pas à la division parce
que c'est un agent double qui est avec le cellulaire puis qui ramasse des
pédophiles. Vous comprenez ce que je veux dire?
M. Ouellette : Mais ça sera
de... Il va falloir que ça soit quand même autorisé par le DPCP, l'agent double
avec le leurre, là, parce que ça, c'est 25. Ça fait que c'est une... C'est
une...
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est une infraction. Ça sera poursuivi, mais ça va être poursuivi à la chambre
criminelle et pénale.
M. Ouellette : Bien, je
comprends. Je comprends, mais...
M. Jolin-Barrette : C'est un
exemple...
M. Ouellette : ...je veux
dire, ça ne sera pas une surprise pour le DPCP parce que ça doit être autorisé
par le DPCP, ce genre d'opération là, là.
M. Jolin-Barrette : Je
comprends, mais dans la mécanique générale, hein...
M. Ouellette : O.K.
M. Jolin-Barrette : ...il
faut avoir les distinctions qui sont... Alors, c'est pour ça que c'est là.
C'est pour ça que ça permet de faire ça. Il faut que ça soit cohérent
légistiquement.
M. Ouellette : Vous comprenez
notre préoccupation quand même, M. le Président, d'être sûr que... Parce que si
on l'a rajouté au troisième paragraphe pour le DPCP...
M. Jolin-Barrette : …il faut
avoir les distinctions qui sont… alors, c'est pour ça que c'est là, c'est pour
ça que ça permet de faire ça. Il faut que ça soit cohérent légistiquement.
M. Ouellette : Vous comprenez
notre préoccupation, quand même, M. le Président, d'être sûrs que… parce que si
on l'a rajouté au troisième paragraphe pour de DPCP, je ne voudrais pas que par
le règlement du gouvernement le DPCP ait les deux mains attachées dans des cas
particuliers. Non, mais je comprends, on est tous remplis de bonnes intentions,
mais encore là, le législateur ne parlant pas pour ne rien dire, on dit au
DPCP : Tu dois faire des choses, mais sous réserve du règlement que nous
autres, le gouvernement, on aura fait, tu ne pourras pas soumettre, dans
certaines circonstances tu ne pourras pas soumettre. Je comprends ce que le
ministre me dit par rapport aux leurs, mais je nous allume une lumière rouge
puis je nous dis : Il y a une raison pourquoi ça été inscrit comme ça dans
le troisièmement, puis je ne suis pas à l'aise avec l'écriture du sous réserve
du règlement prévu au premier paragraphe, parce que je ne voudrais pas que ça
crée une entrave au DPCP dans le traitement de ses dossiers. Le DPCP a aussi
son indépendance, surtout qu'on lui crée une obligation, là.
M. Jolin-Barrette :
Justement, M. le Président, c'est le principe général que c'est le DPCP qui
code les dossiers puis qui les soumet à la division, sous réserve de si jamais
il y a une exception qui est indiquée, que ce type de dossier-là ça ne va pas
au tribunal spécialisé.
M. Ouellette : Donc…
M. Jolin-Barrette : Donc, en
légistique, principe général, exception. Puis ça ne veut pas dire qu'il va
avoir des exceptions.
M. Ouellette : O.K. Donc, je
présume qu'il y aura consultation du DPCP avant la rédaction finale du
règlement pour, justement, ne pas lui mettre des entraves dans son travail.
M. Jolin-Barrette : Il y aura
consultation de tous les acteurs.
M. Ouellette : Oui. J'ai
compris ça depuis le début, M. le ministre, M. le Président, j'ai compris
l'ouverture du ministre de consulter tous les acteurs. Mais là, dans le
troisièmement, c'est au DPCP qu'on crée, parce que ce n'est pas peu, on lui
crée des obligations. Ça fait que je veux juste m'assurer, puis c'est pour ça
que j'en parle, je veux juste m'assurer qu'avant que le règlement sorte, il y
aura une consultation avec tous les acteurs, mais en particulier pour le
troisièmement avec le DPCP, pour ne pas s'assurer que je… il y a des entraves à
son travail qui soient là.
J'ai un autre commentaire sur le
troisièmement, M. le Président. Je suis mal à l'aise avec le cinquièmement du
ministre, que le ministre privilégie le traitement….
M. Jolin-Barrette : On peut-u
juste faire 3, le régler?
M. Ouellette : Oui. Non, non,
mais je comprends, mais c'est parce que je vais faire une suggestion au
ministre d'intégrer cinquièmement dans le 3. C'est que si le DPCP doit
identifier à la lumière des faits, là, j'aurais rajouté après les derniers
mots…
M. Ouellette : ...que le ministre
privilégie le traitement.
M. Jolin-Barrette : On peut-u
juste faire 3°, le régler?
M. Ouellette : Non, non, mais
je comprends, mais c'est parce que je vais faire une suggestion au ministre
d'intégrer 5° dans le 3°. C'est que, si le DPCP doit identifier à la lumière
des faits, là, j'aurais rajouté, après les derniers mots «division spécialisée
en matière de violence sexuelle et violence de conjugale», «et prévoir son
traitement par un même procureur à toutes les étapes du processus judiciaire»,
au lieu que le ministre vienne se mettre les deux mains, même s'il privilégie
le traitement. Les objectifs seraient les mêmes, et le DPCP, puisque
l'obligation de décider puis d'identifier, bien, il aurait l'obligation de
prévoir le traitement par un même procureur, et ça rencontrerait les objectifs
du ministre. Je le soumets respectueusement. Je ferai le même commentaire au
5°. Mais puisqu'on en parle puis puisque ça alimente notre réflexion, il y
aurait peut-être lieu de le fusionner, le 5°, pour pas, justement, qu'on ait un
picot, là, juste pour privilégier le traitement, parce que, là, ça commence à faire
beaucoup de tentacules ministériels dans des organismes qui doivent avoir des
indépendances institutionnelles et judiciaires. Ça fait que ne nous le soumets
pour réflexion et...
Le Président (M. Benjamin) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : La
réponse à cette question-là, c'est non. Ça va rester séparé parce que c'est
deux objectifs séparés. Puis en ce qui concerne les tentacules, non, hein? Le
DPCP est indépendant. On vient juste établir le cadre sur l'administration de
la justice, sur les tribunaux. C'est pleinement le rôle du gouvernement.
Le Président (M. Benjamin) :
Est-ce que j'ai d'autres interventions sur le paragraphe 3°? Donc, j'ai la
députée de Notre-Dame-de-Grâce suivie de la députée de Joliette. Mme la
députée.
Mme Weil
: Oui. Je
voudrais savoir si le ministre, un peu dans ce contexte-là qu'évoque la
consultation spéciale sur l'exploitation sexuelle des mineurs, bien qu'il n'y
ait pas eu de recommandations spécifiques, à l'époque, dans ce rapport-là, de
créer une division spécialisée, mais quand on regarde le modèle, ici,
l'accompagnement, etc., puis d'avoir des experts, on sent... et surtout quand
on parle de mineurs, on sent que ce dossier bénéficierait beaucoup d'une
attention particulière dans le sens d'avoir un tribunal spécialisé. Je pose la
question maintenant, parce que c'est à peu près la seule ouverture où je vois
que je peux poser la question. Est-ce qu'il y a une intersection entre ce
dossier-là ou ici, ou parce que c'est mineur ou non? C'est quoi la vision du
ministre par rapport à cette question? Parce que c'est d'actualité, vraiment
d'actualité, hein? Presque tous les jours, on entend parler… C'est un dossier
complexe, très complexe, et qui mérite aussi une attention particulière, pas,
peut-être, dans tous les districts. C'est différent, là, c'est vraiment dans
les grands centres. Alors, je voulais juste voir si...
Mme Weil
: …à cette
question, parce que c'est d'actualité, vraiment d'actualité, hein? Presque tous
les jours, on entend parler… C'est un dossier complexe, très complexe et qui
mérite aussi une attention particulière, pas peut-être dans tous les districts,
c'est différent, là, c'est vraiment dans les grands centres. Alors, je voulais
juste voir si je peux me permettre de poser cette question dans…
M. Jolin-Barrette :
Bien, c'est une très bonne question. Dans le fond, oui ça va être traité à la
division spécialisée en matière de violence sexuelle et violence conjugale parce
que de l'exploitation sexuelle, ça constitue de la violence sexuelle. Et même
parfois de l'exploitation sexuelle, ça peut être dans un contexte de violence
conjugale aussi.
Mme Weil
: Ah bon!
M. Jolin-Barrette :
Alors, oui, ça va être à la division.
Mme Weil
: Et les
mineurs, donc.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mme Weil
: Ah bon!
Donc, une formation spéciale parce que c'est un autre type de formation.
M. Jolin-Barrette : Bien, dans
le fond - comment je pourrais dire - en partant, oui, vous avez raison. Les
acteurs qui agissent en matière de violence sexuelle, ça rentre sous le chapeau
de violence sexuelle ou violence conjugale. Ce sont des particularités de la
violence sexuelle, violence conjugale effectivement en matière d'exploitation
sexuelle.
Mme Weil
: Auquel
cas, il va falloir travailler donc avec les centres jeunesse parce qu'il y a…
c'est des mineurs. Et je vous dirais que dans beaucoup, beaucoup de cas, c'est
des fugueuses qui sont prises dans ce tourbillon, là, épouvantable.
Donc, je ne sais pas si c'est le moment,
là, mais d'avoir un peu la vision du ministre comment faire ce lien, donc, avec
les acteurs de la protection de la jeunesse, les centres jeunesse, notamment. Parce
que ce qu'on a vu, ce qu'on a compris dans les études, et même c'est ce que le
DPCP et la police nous ont dit : La plupart… Beaucoup, beaucoup de ces
victimes sont dans les centres jeunesse, donc il y a des recommandations qui
touchent à ça. Donc, comment créer cette – comment dire – intersection avec peut-être…
Je ne sais pas si le tribunal, la chambre de la jeunesse seraient interpellés.
Je ne pense pas, ils n'ont pas cette expertise.
M. Jolin-Barrette : Non,
non, mais, dans le fond, là, la victime, là, qui est mineure, là, dans le fond,
qui est victime d'exploitation sexuelle, là, elle, elle va être accompagnée à
la division spécialisée, notamment. Puis vous avez raison, dans le cadre des
partenaires qui doivent être consultés effectivement pour ces victimes-là, ça
fait partie de l'accompagnement qui leur est offert, qui leur sera offert
également relativement aux victimes d'exploitation sexuelle. Ça fait que quand
on parlait des besoins particuliers tantôt, plus haut dans l'article, une victime
d'exploitation sexuelle n'a pas les mêmes besoins qu'une victime qui est
victime d'un autre type d'infraction de nature sexuelle, supposons. Tu sais, il
y a des particularités, puis vous le savez bien. Il y a des particularités notamment
de soutien psychologique aussi associé à cette problématique. Alors,
oui, quand on dit besoins particuliers pour les personnes victimes, bien, ça,
c'est une bonne illustration en matière d'exploitation sexuelle.
• (18 h 20) •
Mme Weil
: Mais
dans le langage du projet de loi, on n'a pas besoin de faire la distinction
mineure, majeure, c'est ça?
M. Jolin-Barrette : Non.
Mme Weil
: C'est
inclus.
M. Jolin-Barrette : Une
personne victime de violence sexuelle, ça inclut l'exploitation sexuelle.
Mme Weil
: O.K…
M. Jolin-Barrette : …on
dit besoins particuliers pour les personnes victimes, bien, ça, c'est une bonne
illustration en matière d'exploitation sexuelle.
Mme Weil
: Mais
dans le langage du projet de loi, on n'a pas besoin de faire la distinction
mineure, majeure, c'est ça?
M. Jolin-Barrette : Non.
Mme Weil
: C'est
inclus.
M. Jolin-Barrette : Une
personne victime de violence sexuelle, ça inclut l'exploitation sexuelle.
Mme Weil
: O.K.,
merci, M. le Président.
Le Président (M. Benjamin) :
…la députée de Joliette, suivie de la députée…
Mme
Hivon
:
…
Le Président (M. Benjamin) :
Pardon?
Mme
Hivon
:
Elle peut y aller.
Le Président (M. Benjamin) :
D'accord, allez-y, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : …est
mineure, est-ce que ça va quand même pouvoir se passer dans le tribunal
spécialisé ou ça va devoir aller au Tribunal de la jeunesse?
M. Jolin-Barrette : Si
le mineur… Oui, O.K. Si l'accusé est un mineur, ça va aller au Tribunal de la
jeunesse.
Mme Labrie : Donc, à ce
moment-là, la victime ne pourra pas bénéficier des modalités du tribunal
spécialisé.
M. Jolin-Barrette :
Bien, on va travailler pour faire en sorte que le même accompagnement soit
offert à la chambre de la jeunesse à la personne qui est victime.
Mme Labrie : Puis ça,
comment qu'on fait pour le formaliser?
M. Jolin-Barrette :
Comment on fait pour le formaliser? Bien, vous savez, la chambre de la
jeunesse, également, elle se retrouve dans le même palais, donc on va
travailler avec les partenaires pour faire en sorte que tout soit couvert
également.
Mme Labrie : O.K.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. Mme la députée de Joliette.
M. Jolin-Barrette : Puis
peut-être un détail là-dessus, là.
Le Président (M. Benjamin) :
Oui. Allez-y.
M. Jolin-Barrette :
C'est là que le rôle du coordonnateur judiciaire est important. Le rôle du
coordonnateur judiciaire est important.
Le Président (M. Benjamin) :
Alors, j'ai la députée de Joliette, suivie du député de Chomedey. Mme la
députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
Je réitère juste ma demande, je pense ce serait vraiment éclairant pour tous
ceux qui ne sont pas des spécialistes du droit criminel, et pour voir l'ampleur
de ce qui va être traité par le tribunal spécialisé, d'avoir la liste des
522 infractions que le ministre entrevoit devoir être traitées là, là.
C'est juste à titre informatif. Je comprends que tout ça, ce n'est pas, de
toute façon, ce qui va se retrouver dans le règlement. Mais puisque l'exercice
a été fait, je pense que ce serait vraiment intéressant que le ministre puisse
le déposer pour nous puis pour tous ceux qui s'intéressent à nos travaux. Donc,
est-ce que le ministre pourrait déposer, demain, cette liste-là?
M. Jolin-Barrette : Je
vais faire les vérifications.
Mme
Hivon
:
Moi, ma question, c'était juste par curiosité. À moins que je me trompe, là,
dans la version originale du projet de loi du ministre, le rôle du DPCP que
l'on voit précisé ici, il n'était pas précisé, hein?
M. Jolin-Barrette :
Suite aux commentaires des mémoires, puis tut ça, on est venu le préciser pour
davantage de clarté puis pour établir clairement, notamment au niveau de
l'indépendance judiciaire, hein, parce qu'on a eu certains irritants, qu'on
dit. Alors, on vient spécifier de la façon dont ça va fonctionner.
Mme
Hivon
:
Mais c'est pour ça qu'en tout cas, moi, il me semble qu'il y a comme une espèce
de superposition de rôles de chacun, là. Je vais un peu dans le sens de mon
collègue, tu sais, à partir du moment où le ministre, le gouvernement se donne
par règlement un pouvoir puis qu'ensuite on écrit que c'est le DPCP, de toute façon,
qui a l'expertise puis qui va décider quelle...
Mme
Hivon
: …de
superposition de rôles de chacun, là. Je vais un peu dans le sens de mon collègue,
tu sais, à partir de moment où le ministre… le gouvernement se donne, par
règlement, un pouvoir, puis qu'ensuite on écrit que c'est le DPCP de toute
façon qui a l'expertise puis qui va décider quelle infraction va à la division,
je dois dire, et d'autant plus que c'est un irritant, que je ne comprends pas
pourquoi on doit maintenir le premièrement. Puis je trouve même que de ne pas
maintenir le premièrement donnerait une plus grande flexibilité dans l'exercice
des fonctions du DPCP. Parce que le règlement, s'il y a des modifications, s'il
y a des changements, s'il y a des nouvelles infractions créées, des nouveaux
types de poursuites, bien, il va falloir qu'il soit modifié.
En tout cas, donc, je ne suis pas
convaincue, surtout parce que certains nous ont soulevé l'irritant du fait que
le gouvernement puisse se donner ce pouvoir-là. Je ne m'embarque pas dans le
débat juridique, mais il me semble que le troisièmement fait le travail parce
que ça a été ajouté puis ce n'était pas là avant. Puis, si le ministre l'a
ajouté, c'est justement parce qu'il y a ce souci-là. Donc, je trouve qu'on fait
un peu double emploi.
M. Jolin-Barrette : J'ai déjà
répondu tantôt à pourquoi on maintenait un, M. le Président.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. Nous poursuivons. M. le député de Chomedey.
M. Ouellette : Merci, M. le
Président. M. le Président, le ministre n'est pas sans savoir aussi qu'il y a
eu une Commission spéciale, je vais un peu dans le sens de ma collègue de
Notre-Dame-de-Grâce, sur l'exploitation sexuelle des mineurs. Il y a eu
plusieurs recommandations. Et à vol d'oiseau, là, un rapide coup d'oeil des
recommandations, il y a facilement la 22, la 38, la 39, la 43, 45, 51, 56 qui
traitent… Puis parce que le quatrième chapitre, on parle de mettre la victime
au centre de nos préoccupations. Ça a été quelque chose de majeur dans la
commission transpartisane qui s'est faite sur l'exploitation sexuelle des
mineurs. Je veux, M. le Président, je veux juste que le ministre nous rassure
et qu'il nous informe si le ministère, et dans sa réflexion du tribunal
spécialisé, dans le libellé de l'article 53 puis quand on parle des mesures
d'accompagnements, etc., il va tenir compte des recommandations de la
commission. Parce qu'il y a beaucoup de gens de la commission, beaucoup de
victimes d'exploitation sexuelle qui suivent notre commission, et je pense que
c'est une occasion privilégiée pour… de tenir compte de plusieurs des
recommandations que je vous ai mentionnées, M. le Président. Je veux juste que
le ministre me rassure et que, dans la conception ou dans l'orientation qu'il
va donner, que ça soit aux mesures d'accompagnement ou dans ce qu'il va offrir…
M. Ouellette : …que je vous ai
mentionnées, M. le Président. Je veux juste que le ministre me rassure et que,
dans la conception ou dans l'orientation qu'il va donner, que ça soit aux
mesures d'accompagnement ou dans ce qu'il va offrir dans le panier de services
adaptés, il va tenir compte des recommandations de la commission spéciale qui
s'est penchée sur l'exploitation sexuelle des mineurs.
M. Jolin-Barrette : La
réponse, c'est oui, je vais en tenir compte.
Le Président (M. Benjamin) :
…d'autres interventions sur le paragraphe 3, deuxième alinéa? Sinon, sur le
quatrième paragraphe? Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Oui, je me
demande si c'est possible d'inclure l'aménagement sécuritaire et sécurisant
dans la liste des services adaptés que le ministre va mettre en place. Bien, en
fait, par exemple, «le ministre offre aux personnes victimes des services
adaptés à leurs besoins lesquels doivent inclure l'aménagement sécuritaire et
sécurisant, des mesures d'accompagnement et la coordination des dossiers».
M. Jolin-Barrette : On l'a déjà
indiqué à 0.1, ça, dans le fond, sur les services, donc…
Mme Labrie : Bien, là-bas,
c'était un objectif, par contre. Là, ici, c'est dans les obligations qu'on
donne au ministre. Donc, ce n'est pas la même chose pour moi.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
c'est parce que, dans le fond, si on vient nommer quelque chose, il faut nommer
toute la kyrielle de services qu'on va indiquer. Donc, ça fait partie des
services adaptés qu'on va offrir, puis on l'a déjà mis à 0.1.
Mme Labrie : Bien, 0.1, c'est
des objectifs. Pourquoi on met «mesures d'accompagnement» et «coordination des
dossiers» si on n'inclut pas le reste?
M. Jolin-Barrette : Bien,
parce que les mesures d'accompagnement, c'est les mesures d'accompagnement pour
que ça soit indiqué que, dans le fond, dans le cadre du tribunal, il y a des
mesures d'accompagnement. Mais, dans le cadre des mesures d'accompagnement,
notamment, les locaux, ça fait partie des mesures d'accompagnement.
Mme Labrie : Moi, je ne trouve
pas que ça fait partie des mesures d'accompagnement, l'aménagement physique des
lieux, mais…
M. Jolin-Barrette : Bien,
quand vous êtes bien accompagné, là, ça fait en sorte que vous êtes dans un
endroit qui est sécuritaire, notamment, que vous vous sentez à l'aise. Il faut
le voir largement. Mais ça fait partie des services adaptés aussi aux besoins
de la victime. Mais, comme je vous dis, c'est déjà à 0.1, puis ça fait partie
des services adaptés.
Mme Labrie : C'est drôle, pour
moi, les mesures d'accompagnement, c'est des humains, c'est les services
psychosociaux, par exemple. Donc, si, pour lui, le ministre, c'est déjà inclus,
la question de l'aménagement sécuritaire et sécurisant dans «mesures
d'accompagnement», est-ce qu'on peut l'écrire quand même? Parce que, de toute
façon, pour lui, ça l'englobe déjà. Mais je pense que je ne serai pas la seule,
en lisant ça, en comprenant l'accompagnement comme étant en termes humains, là.
Pour moi, l'accompagnement, c'est un accompagnement humain, ce n'est pas
l'aménagement des lieux.
M. Jolin-Barrette : Bien, ce
n'est pas limitatif, l'accompagnement humain.
• (18 h 30) •
Mme Labrie : En lisant cet
article-là, je n'ai jamais vu, moi, que les mesures d'accompagnement incluaient
l'aménagement sécuritaire des lieux.
M. Jolin-Barrette : Un
service d'accompagnement, là, supposons, dans les services d'accompagnement, le
chien d'assistance, là, ce n'est pas un humain, le chien d'assistance, mais
c'est de l'accompagnement pareil.
Mme Labrie : Moi, je trouve
que…
18 h 30 (version non révisée)
Mme Labrie : …là, je n'ai
jamais vu, moi, que ça… que les mesures d'accompagnement incluaient
l'aménagement sécuritaire…
M. Jolin-Barrette : Un
service d'accompagnement, là, supposons, dans les services d'accompagnement,
là, le chien d'assistance, là, ce n'est pas un humain, là, le chien
d'assistance. Mais c'est de l'accompagnement pareil.
Mme Labrie : Moi, je trouve
que d'aménager une salle de bains dans laquelle la victime ne croisera pas un
accusé, ce n'est pas une mesure d'accompagnement, c'est une mesure
d'aménagement sécuritaire. Je trouve ça vaut la peine de le nommer aussi.
M. Jolin-Barrette : C'est un
service adapté.
Mme Labrie : Ça fait que le
ministre ne veut pas l'inclure?
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, je ne suis pas fermé, mais je vous dis, il est déjà à 0.1.
Mme Labrie : Bien, les mesures
d'accompagnement aussi, puis on vient les inscrire quand même à cet endroit-là.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, je peux le retirer aussi, mesures d'accompagnement, mais…
Mme Labrie : Ce n'est pas ça
que je demande.
M. Jolin-Barrette : Mais non,
mais je comprends, mais je prends votre suggestion en délibéré.
Mme Labrie : O.K.
M. Jolin-Barrette : Parce que
je comprends qu'on ne votera pas l'article ce soir, là. La députée de Joliette
veut déposer un amendement?
Le Président (M. Benjamin) :
Mais pour le moment, nous sommes après l'intervention de Mme la députée de
Sherbrooke, c'est la députée de Verdun.
Mme Melançon : Moi, j'ai juste
un commentaire puis à partir de l'échange que vous venez d'avoir entre la
députée de Sherbrooke et le ministre, est-ce qu'il ne serait pas juste et à
propos, à ce moment-ci, d'indiquer, parce que je suis allée revoir là, à 0.1,
mais est-ce qu'on ne devrait pas indiquer quelle est la liste, justement, des
services? Est-ce qu'on ne devrait pas justement faire la liste complète pour
pouvoir s'assurer… parce que là je vois qu'il y a une certaine confusion entre
qu'est-ce que c'est… qu'est-ce que… le ministre me dit non.
M. Jolin-Barrette : …peuvent
être évolutifs, notamment. Donc, aujourd'hui, là, le tribunal, là, quand qu'il
va partir, là, ça va être ça, mais ça va changer dans le temps aussi. Il va
avoir une bonification des services aussi.
Mme Melançon : Bien, raison…
M. Jolin-Barrette : Donc, je
ne peux pas… dans 10 ans, là, moi, je ne peux pas savoir quels seront les
services d'accompagnement ou les services adaptés à leurs besoins, c'est
évolutif. Alors, quand on fait de la législation, c'est général, puis on offre
les services adaptés, puis l'accompagnement, parce que tout au long du
parcours, puis ça fait partie de rebâtir, c'est ce qui est redit souvent, c'est
l'accompagnement des victimes. La coordination…
Mme Melançon : Mais par voie
de règlement ce serait possible, M. le ministre, pour qu'on sache c'est quoi
les services, je dirais, plancher, minimal.
M. Jolin-Barrette : C'est les
services adaptés. Donc, ça le dit dans l'article, les services adaptés à leurs
besoins.
Mme Melançon : O.K. Mais quels
sont-ils, les services adaptés, est-ce qu'on a une liste de ces services
adaptés-là?
M. Jolin-Barrette : Mais non,
mais c'est justement pour ça qu'on fait les projets pilotes, notamment pour
avoir la bonne formule pour implanter à la grandeur du Québec. Puis comme je
vous l'ai dit…
M. Jolin-Barrette : …donc ça
le dit dans l'article : «les services adaptés à leurs besoins».
Mme Melançon : O.K., mais
quels sont-ils, les services adaptés? Est-ce qu'on a une liste de ces services
adaptés là?
M. Jolin-Barrette : Bien non,
mais c'est justement pour ça qu'on fait les projets pilotes, notamment pour
avoir la bonne formule pour l'implanter à la grandeur du Québec. Puis, comme je
vous l'ai dit, dans le fond, dans certaines particularités… Puis ça revient à
la question qu'on avait avec le député de Chomedey, sur le fait que ça prend
une flexibilité aussi. Puis comme, je donnais l'exemple à la députée de Notre-Dame-de-Grâce,
supposons, dans un district où il y a davantage de cas d'inceste,
l'accompagnement va être différencié en fonction des organismes aussi qui sont
là.
Mme Melançon : Mais d'un
district judiciaire à un autre, si on ne nomme pas ces mesures d'accompagnement
là nulle part, comment est-ce qu'on va savoir qu'il y a une certaine
homogénéité, sur le territoire, des services et des mesures d'accompagnement?
M. Jolin-Barrette : Parce
qu'il va avoir des services adaptés en fonction des besoins des victimes dans
chacun des districts.
Mme Melançon : Mais on ne
liste pas, on ne nomme pas nulle part ces mesures d'accompagnement là.
M. Jolin-Barrette : Non, parce
qu'elles sont notamment évolutives puis c'est en fonction également de chacun
des districts, des particularités. Donc, sur le continuum de services, de la
façon dont les gens vont être accompagnés, ça va dépendre en fonction du besoin
particulier de la personne victime. Il y a autant de besoins particuliers que
de personnes victimes.
Mme Melançon : Bien, moi, j'ai
un malaise quand même à ce qu'on ne soit pas en mesure de nommer les services
auxquels on s'attend que les districts judiciaires doivent desservir, dans le
fond, les victimes. Ça veut dire que, si je n'ai… En tout cas, je trouve ça
difficile de pouvoir exiger des districts d'offrir les mesures
d'accompagnements sans qu'on ait nommé les mesures d'accompagnement.
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est pour ça que les projets pilotes sont là notamment, également, pour
tester, pour voir ce qui est nécessaire, ce qui… l'expérience, ce qu'il faut
ajuster. Alors, en ayant une disposition qui est large, ça va nous permettre
d'offrir ces services adaptés là.
Mme Melançon : Il y a quelques
minutes à peine, le ministre nous a dit qu'il y a des règlements dans lesquels
ça se peut qu'il n'y ait rien du tout. Puis un peu plus loin, là où on pourrait
commencer à définir des services, on nous dit : Oui, mais là on va le
mesurer. Peut-être que si, par règlement, on pouvait inclure une liste.
M. Jolin-Barrette : Bien,
moi, si vous souhaitez, on peut rajouter… qui dit qu'on donne une habilitation
réglementaire au ministre qui dit : Le ministre peut définir les services
adaptés et les mesures d'accompagnement qui sont offerts aux victimes, par
règlement. Si vous souhaitez qu'on fasse ça, on peut le faire.
Mme Melançon : Bien, moi…
M. Jolin-Barrette : …qui
dit qu'on donne une habilitation réglementaire au ministre qui dit : Le ministre
peut définir les services adaptés et les mesures d'accompagnement qui sont
offerts aux victimes, par règlement. Si vous souhaitez qu'on fasse ça, on peut
le faire.
Mme Melançon : Bien, moi,
je pense qu'on doit nommer, à quelque part, les mesures d'accompagnement, parce
que je ne suis pas certaine que pour les districts judiciaires, là, si on
laisse une latitude… Parce que… Pour faire la discussion, là, mais tantôt on se
disait que les districts judiciaires, bien, il y en a qui vont être prêts. Il y
en a qui ne seront pas prêts. Il y en a, on verra. Il y en a que ça va être
dans deux ans. Il y en a, ça va être dans trois ans, puis on verra. Moi, je me
dis que si on n'est pas capables de définir des services puis les mesures
d'accompagnement, si on n'est pas capables de les nommer, bien, à un moment
donné, on va se retourner vers le district puis on va dire : Bien, vous
n'avez pas de mesure d'accompagnement pour la victime puis ils vont dire «bien,
moi, il n'y a pas de liste nulle part des mesures d'accompagnement qui sont
exigées».
M. Jolin-Barrette :
Quand vous offrez, là, supposons des soins de santé, là, il n'est pas écrit
dans la Loi sur la santé et les services sociaux que vous avez le droit à une
trachéotomie. Vous avez le droit à une perfusion. Vous avez le droit à un PET
scan, que vous avez droit à une transfusion sanguine, là, hein, il n'est pas
écrit ça, là. Il est écrit : Vous avez droit à des soins de santé. C'est
ça qui est écrit. Même chose ici, vous avez droit à des services adaptés,
lesquels doivent inclure des mesures d'accompagnement et la coordination des
dossiers. Là, on va développer des projets pilotes, hein, on va voir comment ça
fonctionne. Il y a déjà des services qui sont offerts, là, dans les districts
actuellement. Il y a déjà du monde qui travaille, qui accompagne les personnes
victimes.
Alors, l'habilitation législative fait en
sorte de dire : Bien, voici, voici, là… On dit, là : Il faut qu'il y
ait des services adaptés aux personnes victimes. Puis ça ne peut pas être plus
clair que ça.
Le Président (M. Benjamin) :
Alors, j'ai la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
J'aimerais juste que le ministre nous dise… Je comprends que ça peut être
évolutif, mais à l'heure où on se parle, pour lui, quels sont, par exemple, les
services adaptés puis quelles sont les mesures d'accompagnement? Mettons,
qu'est-ce qu'il a en tête, là, les lieux sécurisés, l'aménagement des lieux,
les mesures d'aide au témoignage?
M. Jolin-Barrette :
Exactement.
Mme
Hivon
:
Est-ce qu'il y a des services d'intervention psychosociale, d'accompagnement de
la victime à la cour? Donc, j'aimerais juste qu'il nous dise, ce qui fait
partie, pour lui, des services adaptés versus les mesures d'accompagnement,
parce qu'il y a deux mots différents. Ça fait que j'imagine, c'est deux
réalités différentes. C'est juste une question de compréhension, là, pour qu'on
s'entende sur quoi on discute.
M. Jolin-Barrette : Bien
honnêtement, j'ai voulu rajouter l'accompagnement pour indiquer clairement…
parce c'est ce qu'on disait dans le rapport Rebâtir la confiance,
l'accompagnement est important.
Alors, oui, dans le cadre des services
adaptés, des lieux sécurisants, des lieux sécuritaires, vous l'avez dit, le
télétémoignage, les salles qui sont conformes…
M. Jolin-Barrette : …bien
honnêtement, j'ai voulu rajouter l'accompagnement pour indiquer clairement…
bien, c'est ce qu'on disait dans le rapport Rebâtir la confiance,
l'accompagnement est important. Alors, oui, dans le cadre des services adaptés,
des lieux sécurisants, des lieux sécuritaires, vous l'avez dit, le télétémoignage,
les salles qui sont conformes, pour les familles également qui accompagnent les
personnes victimes, les intervenantes des CAVAC, les organismes, également,
communautaires qui pourront participer également, les policiers, les procureurs
de la Couronne, qui seront là. Donc, en fonction des besoins particuliers aussi
qui pourront être demandés par les personnes victimes. Donc, c'est très, très
large aussi, puis lorsqu'on dit : On regarde comment la victime évolue
dans le système de justice, c'est justement pour faire en sorte de dire :
O.K., toi , tu as été victime de ça, comment est-ce qu'on peut t'accompagner
dans le processus judiciaire? Quels sont tes besoins? Donc, c'est sur le
continuum de services.
Mme
Hivon
: Je
comprends, mais la crainte, si on ne précise pas davantage, puis moi, je
comprends que dans le meilleur des mondes, c'est qu'on dit : On ne précise
pas parce qu'on veut fournir le plus possible de services individualisés et
adaptés à la réalité de chaque victime. C'est formidable, là, mais dans le
concret, si on ne précise pas, peut-être qu'on n'aura même pas le plancher.
Donc, je comprends qu'on peut dire : On ne précise pas parce qu'on veut le
plafond, mais si on ne précise pas, on pourrait ne pas avoir le plancher.
• (18 h 40) •
M. Jolin-Barrette : C'est les
palais de justice qui sont adaptés, c'est les services d'accompagnement,
l'accueil au palais de justice, les intervenants spécialisés également, on en a
discuté tout à l'heure, formés, les services de liaison, le soutien pour
remplir des formulaires, notamment, de l'IVAC, informer la personne des
conditions de remise en liberté, s'il y a des services de traduction à avoir.
Ça fait que c'est vraiment l'accompagnement général, les services que la
personne victime a de besoin.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci. J'essaie
de voir comment on pourrait écrire ça pour que tout le monde soit satisfait. Si
on écrivait : Le ministre offre aux personnes victimes des services
adaptés à leurs besoins, et lesquels doivent inclure la coordination des
dossiers et des mesures permettant à l'atteinte des objectifs visés à
l'article 0.1. Est-ce qu'à ce moment-là on aurait quelque chose d'assez
souple pour le ministre, qui nous permet de s'adapter avec les projets pilotes?
M. Jolin-Barrette :
Pouvez-vous juste… j'ai entendu 0.1.
Mme Labrie : Voulez-vous que
je le relise? Oui. Le ministre offre aux personnes victimes des services
adaptés à leurs besoins, et lesquels doivent inclure la coordination des
dossiers — je le nomme spécifiquement parce que ce n'est pas à
0.1 — et des mesures permettant l'atteinte des objectifs visés à
l'article 0.1. Ça éviterait de faire une liste. Ça donne de la souplesse,
mais ça va nous assurer qu'il va y avoir au minimum des mesures qui répondent à
ce qu'on a tenu puis à ce qu'on a débattu d'inclure dans l'article 0.1.
M. Jolin-Barrette : Je vais
le prendre en délibéré.
Mme Labrie : Merci.
Le Président (M. Benjamin) :
M. le député de Chomedey.
M. Ouellette : ...précision,
M. le Président, à demander à M. le ministre : La coordination des
dossiers…
Mme Labrie : ...des mesures qui
répondent à ce qu'on a tenu puis à ce qu'on a débattu d'inclure dans la...
M. Jolin-Barrette : Je vais
le prendre en délibéré.
Mme Labrie : Merci.
Le Président (M. Benjamin) : M.
le député de Chomedey.
M. Ouellette : ...précision, M.
le Président, à demander à M. le ministre : La coordination des dossiers
va-t-elle se faire nationalement ou régionalement?
M. Jolin-Barrette : Bien, le
coordonnateur judiciaire va se faire par district, hein?
(Consultation)
M. Jolin-Barrette :
...district et régionalement. Ça va dépendre du volume, ça va dépendre des
particularités.
M. Ouellette : Est-ce qu'il
va y avoir... Je comprends que ça va se faire régionalement. Est-ce qu'il va y
avoir une reddition de comptes nationale, c'est-à-dire une reddition de comptes
provinciale de tout ce qui se passe au niveau régional pour les mesures
d'accompagnement pour les victimes?
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est sûr qu'on va être informés du fonctionnement puis de l'état de la
situation.
M. Ouellette : O.K.
Le Président (M. Benjamin) :
Est-ce que j'ai d'autres interventions sur le paragraphe 4°? Mme la députée de
Joliette.
Mme
Hivon
:
Quand il parle de la coordination des dossiers, ça veut dire de nommer des
coordonnateurs judiciaires? Est-ce qu'on ne pourrait pas le préciser, parce que
je trouve que dire «offre de la coordination des dossiers», c'est comme quelque
chose qui semble aller pour acquis, alors que c'est beaucoup plus concret quand
on parle de fournir des coordonnateurs judiciaires. Je dis ça comme ça. Parce
qu'il me semble que la coordination, ça doit déjà exister sous une certaine
forme, mais la nouveauté puis la grande avancée, c'est vraiment d'avoir des
coordonnateurs entre les chambres. Puis c'est tellement quelque chose qui a été
nommé. Je pense que le ministre ferait des points, gagnerait des points si
c'était écrit nommément.
M. Jolin-Barrette : Je
comprends, mais l'objectif d'inscrire «coordination des dossiers» c'est
l'objectif qui est visé.
Mme
Hivon
:
Parce que le ministre ne peut pas garantir qu'il va y avoir des coordonnateurs
judiciaires?
M. Jolin-Barrette : Non. Il
va y avoir des coordonnateurs judiciaires, mais, dans le fond, on ne vient pas
nommer le poste comme tel, on assure la coordination puis ça permet d'avoir les
outils pour assurer coordination, qu'elle soit par district ou régionale.
Mme
Hivon
: Oui,
mais je ne suis pas en train de dire qu'on va dire «par district», mais qu'on
préciserait le moyen, que c'est des coordonnateurs.
M. Jolin-Barrette : Je
comprends, mais ce n'est pas le poste comme tel, c'est... on va créer des
postes, mais pas dans le cadre de la loi. Dans le fond, c'est des ETC, puis
tout ça. Alors, on vient dire : C'est ça, le service qu'il faut que
j'offre, la coordination judiciaire.
Mme
Hivon
: O.K.
Puis mon autre question, c'est : Le ministre, puis là, j'ai juste un petit
souci, parce que le ministre de la Justice va-t-il vraiment être responsable de
l'ensemble de l'offre de services? N'y a-t-il pas trois ministres impliqués,
Services sociaux, Sécurité publique? Donc, le ministre, là, les intervenants
qui viendraient des CALACS, les intervenants communautaires, les
intervenants... on ferait un centre intégré avec des moyens donnés par, par
exemple, le ministre des Services sociaux. Il n'aurait aucune responsabilité?
M. Jolin-Barrette : ...M. le
Président...
Mme
Hivon
:
...intervenants qui viendraient des CALACS, les intervenants communautaires,
les intervenants... On ferait un centre intégré avec des moyens donnés par, par
exemple, le ministre des Services sociaux.
Le Président (M. Benjamin) :
Alors...
Mme
Hivon
: Il
n'aurait aucune responsabilité?
M. Jolin-Barrette : ...M. le
Président, c'est... le tribunal spécialisé est sous le couvert du ministre de
la Justice. Donc, c'est un ministre qui est responsable, c'est le ministre de
la Justice.
Le Président (M. Benjamin) :
Chers membres de la commission, je vous remercie pour votre collaboration.
Compte tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux au jeudi 4 novembre à
8 h 15, où elle se réunira en séance de travail.
(Fin de la séance à 18 h 45)