(Quatorze heures trente minutes)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! Bon
après-midi. Nous allons reprendre nos travaux.
La commission est réunie afin de procéder à
l'étude du volet Affaires autochtones des crédits budgétaires du portefeuille Conseil
exécutif pour l'exercice financier 2021‑2022. Une enveloppe de deux heures
a été allouée pour l'étude de ces crédits.
Avant de débuter, Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui,
M. le Président. Alors, Mme D'Amours (Mirabel) est remplacée par
M. Girard (Lac-Saint-Jean);
Mme Lavallée (Repentigny) est remplacée par Mme Hébert
(Saint-François); Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce) est remplacée par
M. Kelley (Jacques-Cartier); et M. Zanetti (Jean-Lesage) est remplacé
par Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques); et Mme Hivon (Joliette) est
remplacée par M. Ouellet (René-Lévesque).
Affaires autochtones
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Nous allons procéder aux échanges
entre les groupes d'opposition et le ministre par blocs d'environ neuf à
19 minutes pour permettre à chaque groupe d'écouler graduellement son
temps de parole. Comme vous savez, le temps d'échange inclut les questions et
les réponses. La mise aux voix de ces crédits sera effectuée à la fin du temps
qui leur est alloué, donc vers 16 h 30.
Discussion générale
Je serais donc prêt à reconnaître une première
intervention de l'opposition officielle. M. le député de Jacques-Cartier,
s'il vous plaît, pour 19 min 20 s.
M. Kelley : Merci beaucoup,
M. le Président. Et juste une question rapide : Est-ce que je dois
remettre mon masque quand le ministre parle
ou est-ce que, dans notre bloc, on... Je veux juste s'assurer que je respecte
toutes les règles.
Le Président (M. Bachand) :
...de l'enlever et de le retirer à chaque fois, mais, lorsque vous n'avez plus
la parole, à ce moment-là, de le remettre, s'il vous plaît. Merci.
M. Kelley :
Pafait. O.K. Merci beaucoup. Je veux juste commencer par saluer le ministre
puis l'équipe autour de lui puis aussi les fonctionnaires du SAA. Mon
père m'a dit de dire bonjour à M. Brunelle, alors, M. Brunelle,
bonjour de mon père. Et c'est vraiment un plaisir aujourd'hui d'avoir
l'occasion de discuter les crédits du Secrétariat des affaires autochtones, parce qu'il y a plusieurs enjeux devant nous
qui sont vraiment importants pour les Premières Nations et les Inuits.
Alors, je veux juste commencer, parce que les blocs sont quand même...
20 minutes passent très rapidement.
Une chose qui... Depuis qu'on a fait cet
exercice en août dernier, c'était pas mal en même temps qu'on a, malheureusement... c'était le même cadre qu'on a
commencé les discussions concernant le suivi des recommandations de la
commission Viens, et tout ça, mais, après ça, on a aussi vécu, malheureusement,
le décès de Joyce Echaquan.
Alors, quand j'ai pris les cartables que j'ai
reçus avec tous les documents qui étaient préparés, question 46, c'étaient
des crédits octroyés dans la mise en oeuvre du Principe de Joyce, mais, la
réponse, c'était qu'aucun crédit n'a été octroyé spécifiquement pour la mise en
oeuvre du Principe de Joyce. Puis, après ça, il y a une explication des choses
qui ont été faites. Mais, quand même, j'étais juste un petit peu surpris que le
Secrétariat des affaires autochtones n'a pas essayé de prendre l'engagement de
mise en oeuvre, avec le financement nécessaire, le Principe de Joyce. Quand même, s'il y a juste un élément
que le ministre a dit, qui, vraiment... il n'y a pas d'accord avec
principe du racisme systémique, O.K., mais, quand même, ce document a eu
plusieurs suggestions et recommandations, que je pense que pas juste nous comme
une opposition a trouvé intéressant, mais le ministre a dit qu'il trouve
intéressant, et la population québécoise a dit : Ça, c'est des bonnes
initiatives, je pense qu'on peut aller de l'avant avec.
Alors, je veux juste entendre le ministre :
C'est quoi, le plan, pour donner suite aux recommandations dans le Principe de
Joyce?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Lafrenière : Oui. Merci beaucoup.
À mon tour de saluer tous mes collègues, les gens du ministère, qui sont avec
nous aujourd'hui. Merci d'être là pour ce bel échange, ce temps de qualité
qu'on va passer ensemble.
Avant
de commencer, M. le Président, si vous me permettez, je veux dire bonjour,
«good afternoon», «kwe», «shé :kon»,
«wachiya», «ullaakkut». La raison pour laquelle je le fais, M. le
Président, c'est que les premières personnes à qui on s'adresse aujourd'hui, ce sont les Premières Nations, les Inuits, qui vont regarder
ce qui a été fait de la part du Secrétariat aux affaires autochtones,
alors je trouvais ça important.
Et, du fait même,
pour mon collègue de Jacques-Cartier, je veux lui dire aussi que je porte fièrement
ce pin's aujourd'hui en ce 5 mai, journée nationale de sensibilisation
pour les femmes et les filles autochtones, et je sais que c'est un sujet qui tient à coeur à mes collègues
des oppositions, alors je trouvais important de le mentionner au micro.
Mon collègue a parlé
du Principe de Joyce et c'est un principe qui est extrêmement important. Et je
vous dirais, cher collègue, que je l'ai toujours avec moi, le Principe de
Joyce, et je vous l'ai déjà dit, on a déjà eu la chance d'échanger à ce sujet-là,
j'ai déjà dit à quel point c'était important. Et, lorsque vous mentionnez que,
dans les crédits, vous n'avez pas vu de sommes qui étaient allouées pour le
Principe de Joyce, vous avez raison, vous avez raison, la somme est incluse
dans le plan d'action que vous connaissez bien, qui s'appelle le plan J'ai
espoir.
Le plan J'ai espoir
inclut une somme de 200 millions, 200 millions pour donner suite aux
recommandations de l'ENFFADA, recommandations de la commission Viens, et je
dois rajouter à ça le Groupe d'action contre le racisme, la Commission spéciale
sur l'exploitation sexuelle des mineurs, que j'ai présidée pendant un an et
demi, et on a aussi, tout récemment, la commission Laurent. Alors, cher
collègue, des recommandations, on en a plusieurs, je dis souvent que j'ai des
bons livres de chevet pour me guider dans nos actions, et le plan J'ai espoir
veut répondre à ces demandes qui ont été formulées par l'ENFFADA, par la
commission Viens.
Et, quand vous parlez
du Principe de Joyce, il y a des éléments extrêmement importants qu'on a
retrouvés dans deux annonces bien précises qu'on a faites avec mon collègue de
la Santé, donc, en matière de sécurisation culturelle. Le 6 novembre, on a fait
une annonce de 15 millions, c'est une annonce qui avait lieu à Joliette,
puis c'était très symbolique pour nous, M. le Président, c'était
important. Pourquoi Joliette? Parce qu'on se rappellera que c'est justement
l'endroit où a eu lieu le terrible événement pour Joyce Echaquan. Et on l'a
fait avec le grand chef Constant Awashish du CNA, là, du Conseil de la nation
atikamekw. Et, par la suite, on a refait une autre annonce en début d'année
pour la sécurisation culturelle avec le CISSS-Lanaudière. Donc, deux annonces
importantes, et, ce qui nous a guidés, le Principe de Joyce, je le dis encore
une fois, nous a guidés.
Et mon collègue a
raison lorsqu'il a dit qu'on n'adhère pas à la définition de racisme
systémique, puis je l'ai toujours dit, je le
répète, ça ne nous a jamais empêchés de reconnaître ce qui a été fait dans ce
principe, M. le Président.
Le
Président (M. Bachand) : ...s'il vous
plaît.
M. Kelley :
Merci beaucoup. Vous avez mentionné une somme de 200 000 $ qui vient
du fonds. Juste encore, ces 200 000 $, ça va faire quoi exactement
pour répondre au Principe de Joyce?
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M.
Lafrenière : J'aimerais corriger, c'est bel et bien 200 millions.
M. Kelley :
Ah! excusez-moi.
M.
Lafrenière : Ce n'est pas grave. Mais c'est 200 millions et c'est
pour le plan au complet, J'ai espoir. Ça fait que, vous avez raison, puis, très
transparent avec vous, hein?, ce n'est pas 200 millions pour répondre au Principe
de Joyce, c'est 200 millions pour l'ensemble des recommandations.
Ici, je reviens avec
deux annonces très spécifiques qui ont eu lieu, 25 février, annonces en
matière de sécurisation culturelle, et c'est là qu'on avait annoncé, là, des
grands changements dans le système hospitalier, le système de la santé, donc
formation pour le personnel. Et mon collègue Christian Dubé, le ministre
de la Santé, a décidé non seulement de faire une annonce pour Joliette, mais de
le faire pour l'ensemble du système de la santé, donc tous les établissements au Québec. Et, entre autres, pour la formation,
de ne pas aller seulement avec le personnel soignant, alors d'y aller vraiment avec tout le monde qui travaille dans
un hôpital — parce
que, vous le savez, quand on se présente à l'hôpital, c'est rarement un
médecin ou une infirmière qui nous accueille — alors c'est l'ensemble du
personnel qui va être formé. Alors, ça, c'est une première, parce que, votre
question, c'était des mesures concrètes, ça, c'est une première mesure
concrète.
Puis il y en a
d'autres encore, le bloc 2 du plan J'ai espoir commence dans les
prochaines journées, et, vous allez voir, il
y a d'autres annonces très concrètes qui donnent suite au grand Principe de
Joyce qui nous a été présenté.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley :
Oui. Les nations attikameks, avec l'appui de plusieurs autres nations, ont
décidé d'aller porter leur cause concernant
le Principe de Joyce après le fait que le Québec a refusé d'accepter une
motion. Il y a aussi certaines craintes
avec comment le gouvernement fédéral va complètement adopter le Principe de
Joyce, et, on le sait, d'aller devant les Nations unies. Je veux juste
entendre le ministre, parce qu'on n'a pas eu une opportunité d'échanger sur cet
élément-là, que la nation attikamek a décidé : Il faut aller là parce que
notre voix et notre message n'est pas entendu ici au Québec. Qu'est-ce que le
ministre veut dire aujourd'hui au micro aux nations attikameks, qui ont
décidé, il faut aller à la dernière cour d'instance dans notre monde, pas
mal, les Nations unies, pour défendre leur cause et d'avoir le Principe de
Joyce adopté dans les lois?
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui. Merci,
M. le Président. Pour compléter cet élément qui est fort important avec le
Principe de Joyce, puis surtout la sécurisation culturelle dans le domaine de
la santé, parce que c'est ce qui a initié ce dossier tragique, juste rappeler
que, dans le premier bloc, on a déjà annoncé 77 millions qui ont été
investis.
Pour ce qui est du Principe de Joyce, on l'a
mentionné, le premier ministre a rencontré les dirigeants attikameks, je les ai rencontrés, moi aussi, à
plusieurs reprises. Je vous dirais que, de façon mensuelle, je les
rencontre aussi pour faire le suivi. Jusqu'à avant Noël, M. le Président,
là, à chaque semaine, même, on se rencontrait, la nation attikamek et nous, pour faire un suivi du Principe
de Joyce, de voir de quelle façon on avançait là-dedans. Et, bien qu'on ne s'entende pas, cher collègue, sur la définition
de racisme systémique, ça ne nous empêche pas de travailler ensemble.
Puis je vais vous donner d'autres exemples
concrets. Il y a des postes qui ont été dégagés pour un membre sur le conseil
d'administration de l'hôpital,
un membre de la nation attikamek, alors vraiment un poste qui est
décisionnel. On a parlé aussi d'avoir des navigateurs, des navigateurs qui
étaient pour être en poste à l'hôpital pour recevoir les gens qui venaient
chercher des soins de santé, ça aussi, c'est du très concret. Il y a un poste
d'adjoint aussi à la P.D.G. qui a été nommé. Ça fait que, vraiment,
ce sont toutes des annonces qui sont très concrètes, qui amènent un
résultat.
Et, je le dis encore une fois, parce qu'il n'y a
pas de cachette, c'est très transparent : Oui, on ne s'entend pas sur la
définition de racisme systémique, c'est vrai, mais ça ne nous empêche vraiment
pas de travailler ensemble pour améliorer les soins qui sont donnés aux membres
des Premières Nations puis de s'assurer, justement, qu'il y a un lien, qu'il y
a une bonne ouverture. Et, avec le chef Paul-Émile Ottawa, on est en lien, je
vous dirais, là, presque chaque semaine justement pour faire le suivi de ces
annonces-là.
• (14 h 40) •
Le Président (M.
Bachand) : M. le député, s'il vous plaît.
M. Kelley : Merci beaucoup, M. le
Président. Je vais changer le sujet. Parce que, dans tout ça, oui, on a plusieurs
rapports devant nous, avec les appels à l'action, des recommandations, et je
veux juste savoir, la dernière fois qu'on a eu l'opportunité de poser des questions
à l'ancienne ministre des Affaires autochtones, et dans un communiqué de presse
qui a été lancé cet automne, elle a dit qu'il y a 51 recommandations ou
pistes d'action qui sont faites ou en cours, je veux savoir si c'est toujours
le cas : Est-ce que le ministre peut donner à nous une mise à jour sur
combien des appels de l'action de la commission Viens ont été mis en oeuvre ou
que le gouvernement travaille sur, présentement, puis même chose pour le
rapport des femmes et des enfants disparus?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Lafrenière : Oui. Merci beaucoup,
M. le Président. Écoutez, tout à l'heure, j'en parlais, puis je vais
revenir sur le même point, sur le plan J'ai espoir, qui est un plan qui est
fort important, plan sur lequel on a rattaché 200 millions. Et, notre but,
c'est de répondre... parce que, vous allez comprendre, puis je suis sûr que le
collègue connaît bien les recommandations, il y a des appels à l'action, des
appels à la justice, puis il y en a quelques-uns qui s'entrecroisent, puis on a
décidé de regarder ça de façon frontale, donc tout ça ensemble. Puis, je disais
tantôt, M. le Président, c'est près de 500 recommandations, au total,
là, qu'on a à mettre en application.
Alors, moi, je vais donner la réponse numérique
à mon collègue, là, qui veut avoir un chiffre, ne vous inquiétez pas, mais je prends un grand détour pour lui dire à quel
point, moi, j'ai un malaise avec les recommandations, les pourcentages.
Parce que, vous savez, pour quelqu'un de la nation attikamek qui se ferait
répondre aujourd'hui que, la recommandation 4, je suis rendu à 75 %,
je ne pense pas que c'est porteur pour lui. Je ne pense pas que, pour cette
personne-là, qui nous écoute, ça va vraiment la rassurer. Ce qui va la
rassurer, c'est qu'on ait des actions concrètes qui vont changer son quotidien,
qui vont faire en sorte — puis,
ça, c'est le grand chef Constant Awashish qui m'en parlait — que
les enfants vont se sentir en sécurité, en sécurité de vivre au quotidien, en
sécurité d'aller chercher des soins de santé. Puis c'est pour ça que, notre
plan, ce qu'on a voulu faire, au lieu d'y aller vraiment avec une approche, là,
hein, numérique en disant : On est rendus à la recommandation n° 4, on est rendus à 75 %, à 80 %, on a décidé
de faire des actions qui envoient un message qui est fort, qui amènent un grand
changement. Puis tantôt je parlais de l'hôpital de Joliette, mais, ça, ce sont
des changements qui paraissent, pour les membres des Premières Nations, au
quotidien, et c'est pour ça que c'est important.
Ça fait que je vais vous revenir avec des
chiffres dans un instant, cher collègue.
Le Président (M.
Bachand) : Député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Merci beaucoup.
C'est important aussi qu'il y ait un mécanisme qui est en place pour s'assurer
que tout ce processus est transparent, et ce n'est pas nécessairement... Je
comprends qu'on peut prendre un appel à l'action, puis le gouvernement va
dire : Écoute, on comprend ça, puis voici aussi notre solution à l'appel
d'action qui était présenté. Ce n'est pas mot pour mot, ce n'est pas ce que je
cherche, mais, quand même, dans le cahier, ici, on a vu certaines dépenses qui
étaient liées à certaines recommandations, et je veux juste bien comprendre.
Comme ici,
c'est la question 73 qui était posée, on regarde : «Bonifier et
prolonger la mesure 1.1.6 — dans le programme que le ministre parle — soutenir la mise en place de nouveaux
centres d'hébergement pour les élèves adultes et les étudiants et leurs familles.» Puis, après ça, ça dit que ça
répond à la... Je ne dis pas si est-ce que ça répond exactement, mais, dans le tableau, ça dit :
Recommandation Viens n° 11. Mais, quand je regarde l'appel à l'action n° 11 : «Faire [...] la mise en oeuvre
des mesures de soutien à la persévérance scolaire et à la réussite éducative
des élèves et enfants autochtones une priorité et y consacrer les sommes
nécessaires, le tout avec [un] guide [des] besoins identifiés par les peuples
autochtones eux-mêmes et le respect de leurs traditions ancestrales», et, si je
regarde et je prends ces réponses-là, c'est lié avec des annonces que le
ministre a faites pour les sites de logement sur les campus, qui est une très
bonne nouvelle, excellente nouvelle. Mais je ne veux pas que le gouvernement
revient au public puis dit : Ah! appel à l'action n° 11,
c'est fait, parce que la recommandation, l'appel à l'action, ça allait plus
loin que juste une annonce. Mais, je comprends que, oui, ça répond à une partie
de qu'est-ce qui est dit dans l'appel à l'action.
Alors, ça, c'est pourquoi c'est dit, quand même,
dans le rapport de la commission Viens puis aussi dans l'enquête sur les femmes
et enfants disparus, qu'il faut avoir des mécanismes en place pour faire ce
suivi puis de donner l'heure juste à la
population. Alors, je ne sais pas si le ministre a une réponse pour moi ou peut
bien expliquer le tableau qui a été
donné à nous avec les numéros qui disent ça répond à des certaines
recommandations et appels d'action.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre, s'il vous plaît
M.
Lafrenière : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Puis mon
collègue a vraiment raison quand, justement, il aborde le fait du danger
d'arriver avec, excusez l'expression, là, «check in the box», de venir
dire : Bien, écoutez, la recommandation 11, elle est complétée, on
peut passer à la prochaine, puis, je pense, ça serait la plus grande erreur qu'on
pourrait faire, cher collègue, vous avez raison là-dessus. C'est pour ça que,
dans notre approche, vous savez qu'on a mis en place une table politique où on
se rencontre avec l'APNQL, l'association des premières nations Québec-Labrador,
puis c'est justement à cette étape-là qu'on peut aller valider premièrement ce
qu'on fait comme annonce et voir comment ça y répond.
Et je veux vous rassurer en même temps, M. le
Président, dans le plan J'ai espoir, les deux premiers blocs d'annonces ont été vraiment décidés par nous, c'est-à-dire pour donner suite à des recommandations de la commission Viens, de l'ENFFADA. Et
le bloc 3, que j'appelle la page blanche, ce bloc-là va être décidé entièrement
avec et pour les Premières Nations.
Ça fait que ça amène, justement, l'élément que
mon collègue vient de souligner, de s'assurer que, ce qu'on a fait comme annonces, qu'on a mis en place comme
mesures, réponde adéquatement aux besoins, à ce qui était attendu par
les Premières Nations. Puis vous allez comprendre, M. le Président,
qu'avec près de 500 recommandations, ce n'est pas vrai qu'on va y répondre
en quelques semaines, il faut les prioriser, et on veut le faire avec les
membres des Premières Nations, on ne veut pas le décider nous-mêmes. Puis, ça,
ça va se faire dans les prochaines semaines, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Jacques-Cartier, s'il vous
plaît.
M. Kelley : Oui. Alors,
encore, je veux juste être peut-être un petit peu plus précis : Est-ce que
le ministre est d'accord avec les appels de l'action de la commission Viens qui
parlent des mécanismes de suivi, spécifiquement, de donner le rôle au
Protecteur du citoyen, un mandat de s'assurer l'évaluation et les suivis de
mise en oeuvre de l'ensemble des appels de l'action proposés dans ce rapport?
Est-ce que, ça, c'est quelque chose que le ministre est prêt à faire, de
modifier la loi? Est-ce qu'il a déjà commencé, a eu des discussions au sein de
la SAA pour commencer de faire ce travail-là?
Le Président (M.
Bachand) : Oui, M. le ministre.
M. Lafrenière :
Merci, M. le Président. C'est sûr, quand on m'offre une possibilité
d'avoir plus de transparence, je suis très, très ouvert à ça. Puis je
vous dirais que, dans un autre projet de loi qu'on travaille ensemble, on
regarde, justement, comment avoir des mécanismes pour être très transparents.
Parce que, vous allez comprendre, M. le Président, qu'avec les membres des
Premières Nations et Inuits qui nous écoutent, oui, ils ont une soif d'avoir
des actions, mais on a un déficit de crédibilité envers eux. Pendant longtemps
ils se sont fait promettre des choses, puis ils attendent toujours. Alors,
cette possibilité-là, on la regarde, M. le Président. Aujourd'hui, je ne
suis pas prêt à me commettre, mais, oui, on la regarde, cette possibilité-là,
puis c'est fort intéressant. Et c'est pour ça qu'on a créé une table politique,
pour être vraiment, je vous dirais, là, à chaque semaine... parce que je
rencontre le chef Picard à chaque semaine, pour être capables de répondre de ce
qu'on a fait comme annonces et de voir à quel point ça répond à leurs besoins.
Alors, moi, très ouvert à ça, cher collègue.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Et,
M. le Président, je n'ai rien contre une table de travail, ça, c'est une
bonne chose, c'est une bonne façon pour le gouvernement et l'Assemblée des
premières nations du Québec et Labrador de parler des dossiers importants. Mais
encore, quand ça vient de la transparence, pas tout le monde n'a l'accès au
grand chef M. Picard, pas tout le monde a l'accès au ministre. Nous sommes
chanceux comme opposition qu'on peut poser des questions. Mais, ça, c'est pourquoi
on revient sur la transparence : important pour les peuples autochtones,
les Premières Nations et les Inuits, mais important pour la société québécoise
aussi. Un travail colossal a été fait pour préparer ces rapports-là, puis les gens
veulent savoir nous avons rendu où, alors, ça, c'est pourquoi j'ai demandé si
le ministre a un chiffre exact pour nous. Mais, bref, je sais, peut-être, il
cherche ça toujours.
Mais je veux juste...
reviens sur une autre question, parce qu'il a mentionné le projet de loi
n° 79. On va avoir une discussion de ça après, mais est-ce que le ministre
a eu la chance de jaser avec des familles puis les différents groupes après qu'on a eu notre premier bout ici, dans cette
salle, ici, pour l'étude du projet de loi? Puis est-ce que les familles
sont contentes avec la somme qui a été dédiée aux victimes et familles pour le
soutien de faire le chemin vers la vérité?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui. Merci,
M. le Président. Il y a
plusieurs éléments dans la question, alors je vais y répondre dans l'ordre et
dans le désordre.
Pour commencer, avec la demande sur laquelle il
a commencé tout à l'heure, avec le nombre d'actions qu'on a mises en place,
alors, depuis octobre 2020, je vous ai dit tantôt le chiffre de 77,1 millions,
et, dans le nombre d'appels à l'action, là, on parle de 14 appels à
l'action de la commission Viens et de 11 appels à la justice par
l'ENFFADA, qui sont répondus par ce premier bloc. Alors, ça, c'est la réponse numérique.
Pour sa deuxième question, pour le projet de loi
n° 79, qui est un projet de loi hyperimportant, c'est le premier projet de
loi que j'ai présenté, premier projet de loi qui est porté par le SAA, et c'est
un projet de loi qui répond à un besoin hyperimportant de la part des familles.
Puis je veux en profiter, M. le Président, pour remercier mes collègues
des oppositions avec qui on a fait un très bon travail. On a rencontré des
groupes, incluant des groupes de familles, en consultations particulières, et
les oppositions, lors de notre dernière journée de travail, m'ont mentionné à
quel point c'était important, de rencontrer les familles. Je dois vous avouer
que c'est une semaine culturelle pour eux, cette semaine, mon collègue le sait sûrement,
alors on va se rencontrer en début de semaine prochaine, avant la poursuite de
nos travaux. Mais, oui, merci beaucoup de votre recommandation.
• (14 h 50) •
Le
Président (M. Bachand) : Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, pour 9 min 40 s, s'il vous plaît.
Mme Massé : Pour combien de
temps?
Le Président (M.
Bachand) : 9 min 40 s pour le premier bloc.
Mme Massé : On est très
chanceux, chanceuses. Bonjour, tout le monde. Très heureuse d'être ici avec vous
pour étudier une partie, puisqu'on n'arrivera pas à tout aborder, bien sûr.
J'aimerais,
dans un premier temps, M. le ministre, aborder une question, qui m'a
beaucoup désolée d'apprendre cette semaine encore, c'est-à-dire le suicide
d'une femme inuite à la prison Leclerc. D'ailleurs, j'offre mes sympathies à
la famille et aux proches.
En fait, la prison Leclerc, l'établissement de
détention, c'est la cinquième personne qui s'enlève la vie depuis 2016. Une des anciennes détenues nous
disait qu'il y a beaucoup de tentatives de suicide. Et, M. le ministre,
vous le savez comme moi, que les communautés autochtones, notamment inuites,
sont surreprésentées, malheureusement, dans nos institutions carcérales.
D'ailleurs, on apprenait qu'à Leclerc les visioconférences avec leurs familles,
leurs proches sont devenues pratiquement impossibles, donc l'isolement est
majeur. Et la raison pour laquelle... bien, c'est le manque d'effectifs à
Leclerc.
Depuis 2016, on a des sonnettes d'alarme qui
viennent de la Protectrice du citoyen, de la Ligue des droits et libertés, des
centres de femmes, qui nous parlent de cette réalité-là. D'ailleurs, la
protectrice elle-même nous disait, et je cite : « L'isolement decertaines
femmes autochtones incarcérées est grave par le fait que très peu de codétenues
parlent l'anglais, d'une part, alors que le nombre d'autochtones, un nombre
important ne parlent pas français, et, qui plus est, pour les Inuits, plusieurs
ne parlent qu'inuktitut.» Donc, les visioconférences sont superimportantes. Et
la protectrice nous disait : Plus d'incidents suicidaires en trois ans que
les 25 dernières années à Tanguay.
Alors, le problème n'est pas nouveau, j'imagine
bien que vous en êtes conscients. Le suicide de cette femme autochtone ramène
sur la table les conditions de détention. D'ailleurs, l'appel à
l'action 64, qui parle de, justement, la mise en oeuvre d'un chantier pour
améliorer les conditions, j'aimerais savoir si vous avez entamé quelque chose
là-dessus, et, si oui, quoi?
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Lafrenière : Merci beaucoup,
M. le Président. Écoutez, moi aussi, à mon tour de présenter mes
sympathies à la famille. Ce sont des événements qui sont troublants.
Et j'aimerais aborder cette question-là en y
allant en prévention, c'est-à-dire avant même la partie carcérale. Parce que,
vous voyez, M. le Président, lors de nos annonces, une annonce qui était
importante pour nous, avec le ministère de la Justice, c'était tout l'ajout des
conseillers parajudiciaires. C'est de vraiment trouver un système qui est
adapté aux Premières Nations et non pas tenter d'adapter les Premières Nations
à notre système de justice. Et, pour ça, c'était une annonce qui était
importante de la part du ministère de la Justice pour aider, justement, pour
prévenir. Parce que, oui, vous avez raison quand vous parlez d'incarcération,
quand vous parlez d'éloignement, d'isolement, problèmes de consommation,
problèmes de santé mentale. Alors, si je regardais certains éléments, parce que je ne peux pas être disproportionnel à votre
question, mais je pense que c'est important, conseillers
parajudiciaires, on a fait une annonce là-dedans, on y croit, les rapports
Gladue, c'est une partie aussi qui est importante, à laquelle on s'attaque, on va y travailler pour, justement, prendre en
compte le passé, le cheminement de l'individu avant l'incarcération.
Au niveau de la santé mentale et de la
consommation, M. le Président, moi, je suis heureux de vous dire aujourd'hui
que j'apprenais, là, c'est la semaine dernière, que le Centre Isuarsivik, qui
va être bâti dans le Grand Nord du Québec, les travaux ont recommencé, parce
que, bien entendu, avec la COVID, ça a été ralenti, puis, là, les travaux vont
recommencer. C'est un centre qui est important pour notre clientèle inuite, ils
vont pouvoir aller se faire traiter pour traiter les dépendances, la
consommation. Ça, c'est un centre dont la construction commence. Et je vais
poursuivre dans un instant, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : ...s'il vous plaît.
Mme Massé : M. le ministre,
c'est bien beau, tout ça, je vous parle de la prison Leclerc. Commission Viens,
appel 64, dit : «Entreprendre dans les plus brefs délais — ça
fait déjà deux ans — en
collaboration avec les autorités autochtones, un chantier de travail sur
l'amélioration des conditions de détention des femmes autochtones, de leur
arrestation jusqu'à [la] libération.»
Nous apprenons encore que les conditions dans
lesquelles les femmes sont à Leclerc... En fait, ma question, c'est :
Est-ce que vous avez discuté avec la ministre responsable? Est-ce que vous avez
sonné des cloches?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui. Merci,
M. le Président. Absolument. Puis, tantôt... je comprends que vous me
ramenez à l'ordre en me disant que vous me parlez de l'Établissement Leclerc,
mais vous avez parlé de l'arrestation. Entre l'arrestation et la détention, il
y a une partie, puis c'est cette partie-là que je tentais de vous répondre,
justement, avec les parajudiciaires, avec les interprètes aussi, puis on a fait
une série d'annonces. Mais, sur votre question précise au niveau de la
détention, on n'a pas fait d'annonce encore, on n'a pas fait d'annonce encore.
Oui, c'est une priorité, oui, c'est important. Vous comprenez que c'est un bloc
par étapes, on va faire plusieurs annonces. Au niveau des parajudiciaires, au
niveau des interprètes, parce que ça nous a été demandé à plusieurs reprises
par plusieurs commissions, ça prenait des interprètes. Imaginez un instant,
M. le Président, vous vous retrouvez avec une personne qui ne comprend pas
l'anglais ou le français, vous vous retrouvez dans une salle de cour qui
ressemble un petit peu à notre salle aujourd'hui, et là vous avez un débat qui
se déroule dans une langue que vous ne comprenez pas, vous êtes trouvé
coupable, vous n'avez rien compris de ce qui s'est passé. Pour nous, c'est
important, c'est pour ça qu'on est allé avec l'ajout d'interprètes aussi,
M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Mme la députée.
Mme Massé : M. le ministre, je
vous parle de l'Établissement Leclerc. J'ai bien entendu ce que vous m'avez
dit, tout ce qui vient avant, là, mais la commission Viens parle, de façon
diligente, d'enclencher «un chantier de travail sur l'amélioration des
conditions de détention des femmes autochtones». C'est de ça que je vous parle.
Et je vous demande si vous avez interpelé la ministre de la Sécurité publique,
parce qu'actuellement, là, à Leclerc, ce n'est pas beau, les conditions de
détention.
M. Lafrenière : Oui. M. le
Président, encore une fois, comme je le disais à ma collègue, absolument, j'en
suis conscient et je vais être très transparent avec vous, on n'a pas fait
d'annonce en ce sens-là. Cependant, on a 142 appels à l'action,
252 appels à la justice, ils sont tous et toutes très importants. Et,
cette réalité-là, en milieu carcéral, je la connais, elle est importante, on va
y travailler, mais on n'est pas rendus là encore. On a fait la partie avant,
donc lors d'arrestations et même, je peux vous dire, au niveau de la formation
des policiers, parce que c'est une autre étape, là, qui précède, on a annoncé,
avant Noël, un montant important pour la formation des policiers, et plus
précisément en matière de violence conjugale.
Et, pour l'Établissement Leclerc, je vais
terminer là-dessus, pour répondre, là, très clairement à ma collègue, oui,
c'est un sujet qui est important pour nous. Non, je n'ai pas fait d'annonce
encore en ce sens-là.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée.
Mme Massé : Parfait, M. le
ministre. Je n'attends pas d'annonce, je veux que vous poussiez la ministre
responsable de la Sécurité publique de s'assurer que les conditions de
détention... Des humains, ces gens-là, là. Actuellement, il n'y a personne ici
qui passerait une soirée, une nuit dans cet établissement-là parce que ça n'a
pas de bon sens. Alors, je compte sur vous pour relancer la ministre
responsable, puisque je le sais bien que ce n'est pas votre responsabilité,
mais, en même temps, puisque c'est une des recommandations de la commission
Viens et puisque, bien, puisque c'est des
conditions inacceptables que vivent ces femmes-là, j'espère que vous allez agir
en ce sens.
Nous avons parlé... Parlons un peu de la
question du logement. Je change un peu de sujet. Bien, en fait, je change de
sujet. Plusieurs appels à l'action font état du logement, on doit augmenter les
ressources. Je sais que vous avez annoncé des unités de logement pour
étudiants, pour le Foyer des femmes autochtones. Je me suis posé la question,
lorsque j'ai vu la ministre de l'Habitation nous annoncer 500 nouvelles
unités, AccèsLogis, qui étaient une demande, notamment, des groupes autochtones
en disant : On a besoin d'un AccèsLogis qui répond aux gens de nos communautés, alors je voulais savoir si le ministre
responsable des Affaires autochtones a interpelé la ministre pour réserver un
certain nombre d'unités, et, si oui, dans quelles conditions?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
• (15 heures) •
M. Lafrenière : Oui. Merci beaucoup,
M. le Président. Puis effectivement c'est un dossier qui est
hyperimportant. Vous avez référé à l'annonce qu'on a faite en matière de logis
étudiants, puis c'est vrai, c'est vrai que c'était demandé, c'était important,
autant pour la réussite scolaire. Puis il faut comprendre aussi, quand on
adapte nos mesures, là, pour une réalité autochtone, les gens ne veulent pas
avoir une chambre, ils ont besoin d'un logis, ils ont besoin d'un appartement,
un cinq et demie, un six et demie, parce que, souvent, on va se déplacer avec
la famille. Puis, ça, dans ces annonces-là, M. le Président, ce qu'il y a
d'important, parce que, c'est du concret, c'est pour les gens qui vont aller
étudier sur le terrain, Sept-Îles, Trois-Rivières, deux annonces, des annonces
importantes, une troisième à venir.
Cependant, pour les logis, il y a encore
beaucoup de travail. Et je sortais des chiffres, justement, que l'APNQL,
l'Assemblée des premières nations Québec Labrador nous a sortis. On parlait de
besoins de 10 435 unités, puis, ça, c'est l'APNQL qui nous l'a
rappelé. Vous savez qu'en communauté c'est une responsabilité fédérale, mais on
aura la chance de continuer tantôt. Pardon.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup, M. le ministre. M. le député de Jacques-Cartier, s'il vous plaît.
M. Kelley : Merci beaucoup,
M. le Président. Je vais continuer sur le même sujet parce que, moi-même,
j'ai vu les annonces qui étaient faites. Alors, est-ce qu'il y a un certain
pourcentage de logements qui va être réservé pour les autochtones des Premières
Nations et des Inuits? Parce que, quand je regarde, quand même, c'est plusieurs
annonces qui étaient faites, alors je pense, c'est important de s'assurer qu'il
y a un pourcentage qui est réservé pour les
Premières Nations et les Inuits. Alors, est-ce que le ministre a un chiffre en
tête? Alors, on a un besoin, selon l'assemblée nationale des premières
nations du Québec et Labrador, de 2 000 logements au minimum. Alors,
combien de ces logements vont être réservés pour répondre aux besoins qui
étaient lancés par l'Assemblée des premières nations?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Lafrenière : Merci beaucoup de me
permettre de continuer dans ma réponse, c'est très apprécié, parce que c'est un
sujet qui est hyperimportant. Ce que j'avais commencé à mentionner tout à
l'heure, même si on sait qu'en communauté, ce que les gens peuvent référer
comme «réserve», c'est une responsabilité fédérale. Mais, M. le Président,
même si c'est le cas, ça ne nous a pas empêchés d'agir, puis je vais vous
donner un cas bien précis, Kitcisakik. Kitcisakik, grand déficit de l'entretien
des unités d'habitation qu'il y avait sur place, on a dégagé de l'argent pour
aller faire des réparations urgentes, même si c'était une responsabilité
fédérale.
Autre cas, je peux vous mentionner, dans les
communautés inuites, on sait que le fédéral avait fait des annonces pour bâtir
des nouvelles résidences, c'est vrai, mais il n'y avait pas d'argent qui avait
été prévu pour les opérer. Malgré tout ça, M. le Président, on a pris nos
responsabilités puis on a dégagé de l'argent pour les opérer.
Récemment, ma collègue ministre de l'Habitation
confirmait que, oui, il y avait une entente avec le fédéral qu'il y a une somme
qui serait dégagée. Et moi, ce que j'aime dans son approche, M. le
Président, c'est que dans deux projets récents que j'ai vus, un au
Saguenay—Lac-Saint-Jean
entre autres, lorsqu'on parle de logements accessibles, il y a un pourcentage
qui a été gardé pour les Premières Nations et Inuits. Alors, on parle de
10 %, donc, dans un projet, là, de 88 portes, il y en a neuf qui ont
été gardées pour les Premières Nations et Inuits à proximité d'un centre
d'amitié autochtone pour donner les services. Puis ça, c'est un modèle qui est
fort intéressant.
Ma collègue, ce matin, me confirmait, là, que
dans les prochains jours on aurait un chiffre pour voir le nombre de logis qui
vont être vraiment spécialement réservés aux Premières Nations et on va pouvoir
vous revenir. Vous comprenez que l'entente a été réglée tout récemment avec le
fédéral, mais, oui, il va y avoir des gestes concrets, c'est important, et là
on parle de logis hors communauté. Parce que je reviens encore à mon message,
tout à l'heure, en communauté, c'est une responsabilité fédérale, et, malgré tout
ça, on a injecté des millions pour aller combler ce que le fédéral n'avait pas
fait dans certains endroits.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Bien, c'est
toujours facile de pitcher des choses dans la cour du gouvernement fédéral,
hein, c'est toujours une solution simple. C'est vrai que le gouvernement
fédéral a une certaine responsabilité. Mais quand même, dans le Grand Nord, le
gouvernement du Québec a des responsabilités aussi, ça, c'est important. On a
bâti des maisons dans le Nord, le gouvernement du Québec. Et, quand le ministre
dit : Bien oui, tout ça vient juste d'être annoncé, l'exercice des études
du crédit était dans mon agenda depuis plusieurs semaines, puis on a eu
l'annonce qui a été faite sur le 8 avril, 12 mars... 9 avril, excusez-moi.
Aussi, on sait qu'on
a juste... vient d'annoncer quelque chose avec le gouvernement fédéral. On
était présent dans la même salle. On a eu des discussions. M. Miller a
annoncé quelque chose récemment avec le gouvernement dans le Nord. Alors, quand
il dit : Bien, on discute ça. Mais, non, le gouvernement fédéral était
présent à la table. Pourquoi on n'a pas pris le moment, là, quand on a fait ces
annonces-là? Je sais, on est dans une année électorale, probablement
pour le gouvernement fédéral, au niveau fédéral. Mais, quand même, de
dire : On n'annonce rien sans... sauf si on a des engagements clairs et
nets du gouvernement fédéral pour les Premières Nations et les Inuits du
Québec. Alors, c'est important. Est-ce que le ministre a une cible, lui-même,
de demander à ses collègues : Moi, je veux 3 000 places? Est-ce
que lui a quelque chose en tête?
Le
Président (M. Bachand) : Merci. M. le ministre, s'il vous
plaît.
M.
Lafrenière : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Puis mon collègue a
raison. Puis, en passant, on ne veut pas passer outre nos responsabilités,
aucunement. Mais, quand on parle du Grand Nord, oui, le fédéral a annoncé la
construction de résidences, il y avait un déficit d'exploitation. Puis ça, pour
les familles qui nous écoutent, eux, ils
n'ont pas besoin de savoir est-ce que c'est le provincial, le fédéral. Ce
qu'ils veulent, puis mon collègue a raison, ils veulent avoir un toit
sur la tête. Et nous, c'est pour ça qu'on a pris nos responsabilités puis on
l'a annoncé, oui, on est en train de régler ça avec le fédéral pour le déficit
d'exploitation. Parce que vous avez raison, pour les familles, ça ne change
rien, ce qu'ils veulent, c'est un logis. Et dans le Grand Nord, M. le
Président, on parlait d'un déficit de 1 000, 1 000 unités,
1 000 unités qui étaient nécessaires. Alors, on va le faire. Je suis
en discussion avec le président de Makivik. Je l'ai rencontré encore récemment.
C'est un projet sur lequel on travaille ensemble, parce qu'on ne l'impose pas,
on va le faire ensemble. Et il nous est revenu avec cette réalité-là, ce
besoin-là, en disant : J'ai des unités qui ont été bâties, on n'est pas
capable de les exploiter. Parce qu'il faut comprendre, pour le bien des gens
qui nous écoutent, là, que l'argent est transféré à la Société Makivik qui,
elle, va le gérer. Ce n'est pas à nous de le gérer. On les laisse gérer ça. On
le fait avec eux.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. M. le député, s'il vous plaît.
M. Kelley :
Merci, M. le Président. Je vais changer de sujet encore... reviens aussi à la
question de ma collègue. Parce que si on parle des services correctionnels, ma
collègue a posé une question sur une certaine... un spécifique appel à
l'action, mais le gouvernement a annoncé 800 000 $ environ pour développer
et offrir les formations aux employés des services correctionnels. Aucun
montant n'a été annoncé dans cette année financière, mais, j'imagine, ça s'en vient. Je ne dis pas que la formation... ce
n'est pas comme la solution de... éviter des conditions dans une prison,
c'est un autre enjeu, mais quand même, dans le même sens, ça, c'est aussi un
important appel à l'action, c'est s'assurer qu'il y a une formation des
employés. Alors, je veux savoir c'est quoi exactement... le 800 000 $
va être utilisé pour quel, bien, dans quel sens exactement? C'est quoi, le plan
d'action, dans les prochaines quatre années, pour s'assurer que tout le monde a
une formation au sein de nos prisons sur le territoire du Québec?
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M.
Lafrenière : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, mon collègue a raison, la
formation, c'est important. Ce n'est pas la seule solution, ça en prend plusieurs,
mais la formation qui est bâtie va être distribuée à l'ensemble des fonctionnaires. Alors, ce n'est pas juste pour le milieu
carcéral, c'est spécifique, c'est vrai. Et, lorsqu'on a fait notre
annonce avant Noël, en parlant de sécurisation culturelle, on parlait d'une
formation qui était pour être disponible pour l'ensemble des employés de
l'État. Et c'est une formation qu'on veut rendre obligatoire, on veut que tout
le monde ait accès à cette formation-là, parce que c'est important.
Ça ne réglera pas
tout. Je pense qu'en période de pandémie, je peux faire le parallèle en disant
que ce n'est pas un vaccin, ce n'est pas quelque chose qui va immuniser les
employés en disant : À partir du moment qu'il y a une formation, vous
savez, il n'y aura plus de racisme, il n'y aura plus de discrimination, mais
c'est une étape qui est importante, et on y tient, M. le Président. Alors, très
prochainement, elle sera rendue disponible. On a déjà fait certaines séances de
formation avec des groupes cibles, mais ça va être rendu disponible pour
l'ensemble des fonctionnaires, M. le Président.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup. M.
le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley :
Alors, juste de bien comprendre, c'est le SAA qui va développer des plans pour
tous les autres ministères. Alors, le 20 000 $ qui a été dépensé
cette année par le SAA pour développer des modules spécifiques sur certains
enjeux et bonifier la formation générale en ligne sur les réalités autochtones
pour les employés de l'État et les secteurs public et parapublic, ça commence
là, puis, après ça, on va regarder avec le MSP comment on va former des gens au
sein de nos services correctionnels.
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M.
Lafrenière : La formation, oui, c'est des capsules qui ont été
développées. On est présentement à voir le format pour le distribuer, mais on
peut parler de plusieurs milieux, hein, au niveau de la santé, oui, au niveau
de la sécurité publique, c'est important. Et, si on y va sur la sécurité
publique de façon plus large, lorsqu'on a fait notre annonce, avant Noël, pour
améliorer la formation des policiers, des aspirants policiers, membres des Premières
Nations et Inuits, il y a un volet qui est très spécifique. Je parlais tantôt
de violence conjugale, exploitation sexuelle, ce sont des volets qui sont
ajoutés. Et donc les candidats qui vont passer par l'école de police, à
Nicolet, vont avoir une formation qui va être bonifiée, et on s'attend de faire
la même chose pour les policiers allochtones aussi.
Alors, ça, ça ferait... Je
sais que je fais souvent référence à d'autres annonces, vous comprenez qu'on a beaucoup
de travail à faire. Puis, quand je rencontre les chefs des Premières Nations,
des grands chefs, je leur dis la même chose : On ne corrigera pas toutes
ces années-là rapidement, il y a beaucoup de travail à faire, mais on
n'arrêtera pas, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député, s'il vous plaît.
M. Kelley : Merci, M. le
Président. Maintenant, je reviens sur une question que j'ai posée dans le
dernier bloc concernant le... Oui, moi, je veux un chiffre, une bonne idée sur
combien des appels à l'action sont en cours ou, quand même, qui ont été faits.
Le ministre a donné nous 14 pour la commission Viens et 11 pour l'ENFFADA.
Mais, dans un communiqué de presse du gouvernement, sur... le 30 septembre 2020, le gouvernement était fier de
pouvoir dire que, sur les 142 appels à l'action, 51 qui le
concernent directement sont déjà terminés ou en voie de l'être. Après ça, par
exemple, il y a des actions qui ont été faites qui sont spécifiquement
mentionnées.
Alors, je veux juste savoir, est-ce que c'est toujours
51, ou est-ce qu'il y a plus, ou est-ce que ce chiffre-là n'était jamais vraiment confirmé par l'appareil
gouvernemental? Parce que, oui, c'est vrai, il y a certaines
recommandations et appels à l'action qui visent le gouvernement, d'autres qui
sont peut-être à l'extérieur. Mais, je veux juste savoir, est-ce que ce n'est
pas le cas ou est-ce que le ministre n'est juste pas capable présentement de
dire si c'est toujours 51, ou maintenant 70, ou je ne sais pas?
• (15 h 10) •
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Lafrenière : Oui. Merci, M. le
Président. Et je reviens tantôt à ma justification, quand je parlais du
500 recommandations qu'on a au total, là, dans toutes les rencontres qui
ont eu lieu dans toutes ces commissions. Et la raison pour laquelle je ne suis
pas arrivé avec un chiffre, parce que je pourrais arriver, moi aussi, en
disant : Il y en a une centaine qui sont en voie d'être réalisés, je
trouve ça extrêmement dangereux pour les gens qui nous écoutent, qui, eux,
veulent des résultats concrets.
Alors, tout à l'heure, je donnais un chiffre
concret d'actions qui sont déjà réalisées ou en voie de l'être. Mais, M. le
Président, notre plan d'action est très clair, c'est de regarder l'ensemble de
ces recommandations-là et de donner un suivi. Dans certaines, si vous faites
allusion au dernier rapport, on parlait d'un pourcentage qui avait été réalisé.
Mais je pourrais vous dire qu'il y a 10 % qui est réalisé dans une
recommandation parce qu'elle a été adressée...
elle est partagée au ministère. Ce n'est pas l'approche qu'on a décidé d'avoir.
On a décidé d'avoir une approche sur le terrain avec des actions
concrètes qui sont évaluées par les chefs, les grands chefs et qui nous le font
savoir, ils nous le font savoir.
Puis tantôt, quand j'ai parlé de table
politique, ça avait l'air très administratif ou obscur, mais je peux vous dire
que c'est très opérationnel parce qu'on a une réaction très rapide de la part
des chefs et des grands chefs si ça ne convient pas à leurs attentes.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : ...M. le
Président, quand même, le mot «action concrète», de faire une annonce dans un
coin du Québec n'est pas nécessairement une action pour tout le Québec. Et ça,
c'est pourquoi il y a des demandes des personnes, le juge Viens, des autres, de
Mme Audette, qui a dit : Il faut avoir des mécanismes de suivi pour
s'assurer que tout est transparent.
Il y a 500 qui ont... recommandations, c'est
vrai, il y a un énorme rapport, «Truth and Reconciliation», qui a été fait. Je
comprends tout ça. Mais ça, c'est une des raisons pourquoi, quand on a déposé
ces deux rapports-là, les auteurs ont
dit : Ça suffit. Quand on dit : Bien, il y a juste un autre rapport,
un autre rapport, il faut avoir un mécanisme de suivi. C'est exactement
pourquoi c'est dans le rapport. Et il faut avoir au minimum juste une mesure
pour dire on est arrivés où avec nos engagements envers les Premières Nations
et les Inuits du Québec.
Alors, quand même, je veux juste entendre le
ministre : Est-ce qu'il est ouvert au minimum ou est-ce que le SAA est
prêt à déposer un projet de loi pour donner ces pouvoirs au Protecteur du
citoyen de faire le suivi adéquatement pour... en toute transparence pour la
population du Québec?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Lafrenière : Merci, M. le Président. Oui, tout à l'heure, mon collègue
m'a fait la suggestion, et je lui ai dit que j'en prenais bonne note. Et je trouve ça fort intéressant, on va le
regarder, M. le Président. Alors, oui, c'est intéressant.
Mais je veux juste revenir sur un point qui est
important pour moi, parce que tout à l'heure il disait : De faire des
annonces, ce n'est pas du concret. Puis je comprends très bien ce qu'il veut
mentionner par là. Et vous savez, depuis le mois d'octobre, on a fait
16 annonces. L'annonce, ce n'est pas une fin en soi, c'est le début, hein?
Une fois qu'on a fait cette annonce-là, il y a du concret, il y a des gestes
concrets. Tantôt, je vous parlais d'ajout de ressources parajudiciaires,
j'aurais pu vous parler aussi d'ajout de ressources au niveau des CAVAC, et ça,
c'est tangible. Et dans ce beau rendez-vous annuel qu'on a lors de la période
des crédits... d'étude de crédits, je vais devoir, l'année prochaine, m'asseoir
face à eux, ou le ministre qui sera en place, et répondre des actions qui ont
été posées. Et ça, je suis très conscient de ça, M. le Président.
Alors,
nos annonces, ce n'est qu'un début, ce n'est pas la fin. Mais c'est important,
quand on parle de concret : 16 annonces, 77 millions qui ont été
engagés. Et notre but, c'est d'avoir le bloc 2 d'ici ce printemps, la fin du printemps, bloc 3 qui va être développé
avec les Premières Nations et les Inuits pour répondre à leurs besoins, à
ce qu'ils veulent, à leurs attentes. Moi, je
pense, c'est extrêmement concret. C'est le seul point sur lequel je voulais
corriger.
Mais effectivement il
va falloir répondre de ça, il va falloir expliquer qu'est-ce qui a été mis en
place, et mon collègue a raison.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Je vous pose une question, parce que c'est dans le
cahier, c'est concernant la somme de 15 millions de dollars pour
les actions pour la sécurisation culturelle. Dans un tableau dans notre cahier,
ça dit que sept postes d'agents de liaison étaient mis en place ou l'appel a
été lancé. Il y a juste sept, mais on sait qu'il y a plusieurs... il y a plus
que juste sept CIUSSS partout au Québec.
Alors, je veux juste
savoir pourquoi le Québec, Mauricie—Centre-du-Québec, Centre-Sud, Île-de-Montréal,
Abitibi-Témiscamingue, Côte-Nord, Baie-James, Gaspésie étaient les seuls qui
étaient mentionnés dans le tableau. Est-ce que les autres CIUSSS sont en train
d'embaucher quelqu'un? Est-ce que c'est une question de proximité à une
communauté autochtone?
Alors, c'est juste de
comprendre : Est-ce que l'objectif, c'est d'avoir un agent de liaison dans
chaque... au sein de chaque CIUSSS, sur chaque conseil d'administration? Je
veux bien comprendre comment ça va fonctionner, les dépenses... oui, les agents
de liaison, mais aussi peut-être un petit plus d'information sur le
15 millions qui a été accordé pour cet objectif-là d'ajouter des
ressources à tous les CIUSSS.
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre, s'il
vous plaît.
M.
Lafrenière : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Puis, oui, effectivement,
mon collègue a raison, c'est un début, ce n'est pas terminé, l'implantation
n'est vraiment pas terminée. Et, quand on reçoit le cahier, comme ça, d'étude
de crédits, c'est les postes qui ont déjà été budgétés, donc qui ont déjà été
employés, puis il y a encore des endroits que ça n'a pas été fait, M. le
Président, absolument. Alors, ça va continuer, ce n'est pas terminé.
Et, quand on se
demande qu'est-ce que ce 15 millions va amener de tangible sur le terrain,
on parlait de navigateurs, puis on a commencé par l'hôpital de Joliette, parce
que c'est là que tout a commencé, cependant, ça va être la même chose dans
l'ensemble des centres hospitaliers, donc des navigateurs qui ont été
embauchés, et c'est fait, les postes ont été pourvus. On a une nouvelle
directrice générale qui est en poste à Joliette, et ça fait l'affaire du chef
Ottawa, il était très heureux de voir qu'il y avait un interlocuteur maintenant
avec qui travailler, belle annonce qui a été faite, mais il va y avoir d'autres
annonces, ce n'est pas terminé.
Et tantôt, quand on
parlait de formation, je veux juste revenir sur ce point-là qui a été mentionné
par mon collègue, il y a 800 000 $ qui a été mis dans les crédits
pour la formation, c'est pour bonifier la formation qui existait déjà. Il y a
des modules qui existent déjà, des modules de six heures de formation, c'est
pour le bonifier, l'améliorer, l'adapter. Parce qu'exemple la réalité, puis
tantôt mon collègue parlait du milieu carcéral, la réalité du monde carcéral,
monde policier ou des infirmières, ne serait pas la même, donc c'était
d'adapter cette formation-là. Mais notre intention, c'est de s'assurer que
l'ensemble des fonctionnaires va avoir eu la formation, M. le Président.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député, s'il vous plaît.
M. Kelley :
Ces sept agents de liaison, combien étaient déjà en place avant 2020?
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M.
Lafrenière : C'est une excellente question, je n'ai pas la réponse, M.
le Président, en toute transparence.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député.
M. Kelley :
O.K. J'espère que peut-être un jour le ministre peut trouver l'information,
parler avec le ministre de la Santé, juste parce que je veux...
M.
Lafrenière : Si vous me permettez, collègue, c'est un engagement
formel, je vais vous envoyer la réponse à vous et vos collègues.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup, M. le ministre.
M. Kelley :
Parfait. Parce que c'est important de juste garder une idée de combien a été
ajouté après tout ce qui s'est passé,
malheureusement, à l'hôpital de Joliette, parce qu'on sait que les agents de
liaison étaient en place. Il y a eu un type d'agent dans le passé, mais,
bref, on veut juste bien s'assurer qu'on ajoute des agents de liaison, on ne
reste pas juste à sept. Alors, c'est pourquoi j'ai posé la question.
Et aussi, l'ancienne ministre des Affaires autochtones
a mentionné qu'elle a travaillé sur un projet, parce qu'on parle de la région
de Joliette, la création d'un CLSC, et je sais qu'ils ont vu plusieurs
annonces. Alors, est-ce que présentement le CLSC à
Joliette est mieux adapté maintenant aux besoins de la communauté attikamek?
Est-ce que les ressources sont maintenant en
place pour s'assurer qu'il y a un service adéquat pour les Attikameks de la
région?
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui. Merci, M. le
Président. Parmi notre travail tangible sur le terrain, il y a le Centre
d'amitié autochtone de la région de Joliette, justement, qui va travailler en
lien... Et, juste pour vous dire à quel point c'est du concret, le terrain pour
bâtir le nouveau centre d'amitié est sur le même terrain que l'hôpital. C'est
un terrain qui a été cédé par l'hôpital au centre d'amitié, donc, pour être à
proximité et s'assurer qu'on ait des soins qui soient donnés à proximité. Donc,
les gens vont pouvoir aller là, vont pouvoir résider, être hébergés
temporairement dans ce centre et avoir les soins.
Alors, quand
on parle d'une approche qui est intégrée, qui répond aux besoins, cette
annonce-là, le 3,1 millions qu'on a annoncé pour bâtir le centre
d'amitié autochtone répond à cette demande-là d'avoir des soins sur place.
Le Président (M.
Bachand) : Merci.
M. Kelley : Une minute?
Le Président (M.
Bachand) : Une minute.
M. Kelley : Je veux juste
encore... je sais, le ministre a pris un engagement, mais juste s'assurer que
le chiffre est déposé en commission, qu'on peut tous prendre connaissance de
ça. Il n'y a pas beaucoup de temps, M. le Président, alors je vais céder le
40 secondes à mon collègue du troisième groupe...
Le Président (M.
Bachand) : On va l'ajouter aux autres blocs. M. le député de René-Lévesque,
pour 9 min 40 s, s'il vous plaît.
• (15 h 20) •
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le
Président. Donc, à mon tour de vous saluer, M. le ministre. Je suis convaincu,
cette année, que les Affaires autochtones n'auront jamais autant été suivies en
commission parlementaire avec tous les enjeux avec lesquels on a dû faire face
et surtout avec lesquels les Premières Nations ont dû faire face. Donc, on a pris cet exercice-là extrêmement au
sérieux, notamment pour permettre aux Premières Nations d'obtenir, dans
certains cas, d'autres réponses à travers l'ensemble des enjeux qui ont été
abordés. Donc, j'espère que vous ne m'en voudrez
pas, M. le ministre, j'ai plusieurs petits sujets mais qui demandent une grande
attention. Donc, sans dire que j'irai en rafale, j'ai quand même
plusieurs petits points que j'aimerais valider avec vous pour obtenir certaines
réponses.
Je vais commencer avec le logement social hors
communauté. Dans le dernier budget, le gouvernement, en matière de logement social, a, dans certains cas, en tout cas, si je
répète ce qui a été dit par les groupes communautaires, a raté quand même la cible. Et ma question
aujourd'hui, c'est : Est-ce qu'on va atteindre la cible pour les
communautés autochtones de l'Est du Québec?
Parce qu'on sait qu'il y a un manque de
responsabilité du côté du gouvernement fédéral à ce sujet-là. Les logements
sociaux hors communauté, c'est une responsabilité qui est partagée avec le
Québec. Les besoins actuels sont évalués à 800 unités seulement avec les
autochtones hors communauté. Sur le site de la... SHQ, pardon, les dernières
annonces remontent à 2018.
Donc, j'aurais deux questions pour le ministre.
Est-ce que c'est parce que le site n'est pas à jour? Et est-ce que le ministre
peut aussi s'engager à convaincre les ministres concertés de débloquer
rapidement des fonds et de faire de ces mises en chantier un succès cet été?
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Lafrenière : Oui. Merci, M. le
Président. Dans des projets qui sont... des annonces des projets qui sont très
tangibles, projet d'hébergement, Saguenay, pour sans-abri autochtones,
43 unités, 1,2 million qui a été annoncé. Tout à l'heure, je faisais
référence à cette entente, là, qui a été signée avec le fédéral, là, le
22 janvier 2021, et c'était pour créer des logements. Je parlais, pas plus
tard que ce matin, à ma collègue ministre responsable du logement... des
Affaires municipales et du logement, et elle me confirmait qu'il y avait
d'autres projets de ce type-là. Et ce que j'ai parlé, tout à l'heure, à un de
vos collègues qui me posait la question, l'exemple qui est ciblé que j'aime beaucoup,
c'est justement un exemple comme ça. C'est-à-dire qu'on fait un développement de logement social, qui est abordable,
qui est accessible, et, parmi ce
projet-là, on inclut un certain nombre qui serait dédié à des Premières
Nations... des Inuits. Et au Saguenay, c'est ce qui est arrivé, sur
88 portes, on a gardé huit ou neuf portes qui étaient vraiment pour
des Premières Nations et à proximité d'un centre d'amitié autochtone qui leur
permet de donner des services.
Alors, ça,
oui, vous avez raison, on doit prendre l'engagement de s'assurer avec mes
collègues qu'il va y avoir d'autres annonces dans ce sens-là, et c'est
ce que ma collègue ministre m'a confirmé ce matin. Oui, il y a un besoin
criant, vous avez raison, et en communauté, on ne s'en dégage pas. On sait que
c'est une responsabilité fédérale, on a quand même fait des annonces, on a
quand même fait des actions concrètes. Tantôt, j'ai parlé de Kitcisakik, je
vous ai parlé du Grand Nord aussi, du côté inuit, où il y avait un déficit
d'exploitation des logements dans le Grand Nord, et on a investi de l'argent
parce que c'était important, c'était urgent surtout.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Donc, est-ce que vous
êtes de capable de dire à cette commission quel pourrait être le chiffre total
du nombre de portes disponibles pour les Premières Nations pour la prochaine
année? Est-ce que c'est un chiffre que vous pouvez nous donner aujourd'hui ou
c'est un chiffre que vous pourriez déposer à la commission ultérieurement
lorsque vous l'aurez?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Lafrenière : C'est un chiffre que
je vais devoir valider avec ma collègue, mais, dès que j'ai le chiffre, ça va
me faire un grand plaisir de vous le partager, absolument.
Le Président (M.
Bachand) : Parfait. Merci d'en prendre l'engagement. M. le
député de René-Lévesque.
M. Ouellet : C'est ça, donc c'est un
engagement qu'il sera déposé à la commission?
Le Président (M.
Bachand) : Exactement.
M. Lafrenière : Absolument.
M. Ouellet : C'est ça. Parfait.
J'aimerais peut-être juste rapidement revenir sur les suites de la commission
Viens. Si j'ai bien compris, M. le ministre, on est à peu près à... pas à peu
près, il y a 51 actions, sur les 142 appels à l'action, qui auraient
été réalisées. C'est ce que j'ai compris des premiers échanges que vous avez
eus avec les collègues des oppositions.
M. Lafrenière : ...que notre
collègue mentionnait, tout à l'heure, c'est en cours de réalisation.
M. Ouellet : En cours de
réalisation. D'accord.
M. Lafrenière : Et c'est un chiffre...
je ne veux pas refaire le grand laïus là-dessus, là, mais c'est
un chiffre avec lequel je suis extrêmement prudent parce que, pour moi, que la
recommandation soit 10 %, 20 %, 30 %, 40 %, ce qui est
important pour les gens qui nous écoutent, c'est qu'on ait fait des changements
concrets dans leur vie.
M. Ouellet : O.K. Est-ce que vous vous êtes fixé un objectif, M. le ministre, pour
la prochaine année? Parce que
51 actions sur 142, c'est 36 %. Est-ce que vous vous êtes donné un
objectif ambitieux de dire : Bien, minimalement, pour la prochaine
année, il faudrait que j'aie atteint au moins 50 % des appels à l'action,
ou 75 %, ou, dans un monde idéal, 100 % ? Est-ce que vous vous
êtes fixé un objectif et, si oui, lequel, selon vous?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Lafrenière : C'est une très bonne
question, M. le Président, puis on fait allusion aux appels à l'action,
142 appels à l'action de Viens. Mais tantôt je parlais de l'ENFFADA avec
252 appels à la justice, je parlais du Groupe d'action contre le racisme,
Commission spéciale sur l'exploitation sexuelle des mineurs, la commission
Laurent, qui vient de déposer un rapport, c'est plus de
500 recommandations au total. Et moi, au lieu d'aller dans les chiffres, ce
que j'ai pris comme engagement avec les chefs, les grands chefs, quand je les
ai rencontrés, c'est de mettre de l'avant des recommandations qui étaient
urgentes, mais surtout d'établir la suite avec eux, de ne pas décider pour eux.
C'est-à-dire, la dernière partie de mon plan, parce qu'il y a le bloc 3
qui va être fait pendant l'été, on va
l'établir ensemble. Et je veux que les Premières Nations... L'exemple que
j'aime bien, c'est d'arriver avec la page blanche, de dire : Regardez, on a plusieurs recommandations, là, qu'est-ce qu'on priorise? On a fait des changements depuis
le mois d'octobre. Vous nous avez fait confiance. Voyant ce que ça a amené dans
vos réalités, dans votre quotidien, qu'est-ce
que vous voulez qu'on priorise avec l'enveloppe qui nous restera? Et ça, ce
sera dans l'autre partie de l'année.
Alors, pour
répondre à la question du collègue, à savoir quel est l'objectif que je me suis
donné, mon objectif, c'est de développer la phase 3 de mon plan
avec les Premières Nations, avec et pour les Premières Nations, pour qu'on
réponde à leurs besoins. Et je l'ai dit tout à l'heure, ce n'est pas une fin en
soi. Moi, je n'ai pas l'impression que... Lorsqu'on fait ces annonces-là, c'est
un début, il y a encore beaucoup de travail à faire, ce n'est pas une fin.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député, s'il vous plaît.
M. Ouellet : C'est quoi, la
phase 3 de votre plan?
M. Lafrenière : C'est la phase que
je vais développer avec les chefs et les grands chefs. C'est la page blanche,
carrément.
M. Ouellet : O.K. Donc...
M. Lafrenière :
On veut répondre aux appels à l'action. Juste de le mettre clair, la
phase 1 et 2, on répond à des appels qui étaient urgents. Et j'ai demandé
aux chefs, j'ai dit : Écoutez, on ne peut pas se rasseoir puis commencer à
faire une table politique pour le prévoir, il y a un besoin d'action, ça fait
qu'on a agi. Mais en contrepartie, ce que je
me suis engagé avec eux, c'est de m'asseoir avec eux, de regarder l'ensemble
des recommandations qu'on a et de les prioriser avec eux, en
disant : Qu'est-ce qu'on doit prioriser, qu'est-ce qui est le plus
prioritaire pour vous, qu'on puisse les mettre en action maintenant? Puis je
vais vous dire, de façon très claire, très lucide, très transparente, que je ne
réglerai pas les 500 recommandations d'ici la fin de l'année.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Non, je pense, ce
serait un peu utopique. Mais je comprends votre processus, je ne le remets pas
en question, M. le ministre, je pense, c'est tout à fait légitime de dire :
Assoyons-nous avec les Premières Nations pour décider. Parce qu'il y en a
plusieurs, il y a... vous faites mention de 50 recommandations, appels à
l'action, si on mélange tout ça. Évidemment, il y en a qui peuvent être faites
très rapidement mais qui ont très peu d'impact. Ils ont un impact, mais très
peu. D'autres peuvent être plus difficiles ou plus complexes à mettre en place,
mais qui ont un énorme impact, ça peut prendre du temps.
Mais, si on se recule, là, 2022, le ministre des
Affaires autochtones doit faire le bilan de ses deux années comme ministre.
Vous avez dû vous donner un objectif, pas juste de : Il faut que je
m'assoie avec les gens, et je m'assure que ce qui est priorisé répond aux
attentes. Ce que les gens s'attendent, dans tout ce qu'il y a sur la table pour
régler les problèmes, c'est : O.K., quel est l'objectif, collectivement,
que l'État québécois se donne pour dire : On a fait une saprée bonne job,
il en reste encore à faire, on l'a fait avec les Premières Nations, mais on
avance.
Les communautés non autochtones qui suivent
l'engagement du gouvernement pour donner un coup de main et surtout de
meilleures conditions de vie aux Premières Nations, évidemment, eux, ils
sont... ils veulent voir à quelle vitesse et de quelle façon le gouvernement va
agir. Donc, c'est pour ça que l'objectif est important, puis c'est pour ça que j'aimerais l'entendre de votre part. Au-delà
du processus, vous, là, dans votre vision, là, d'ici les deux prochaines
années, d'ici 2022, là, voici ce que j'aimerais avoir accompli pour dire à la
population québécoise, autant autochtone que non autochtone : Vous savez
quoi, le bilan, qui était dramatique, commence à s'améliorer, et voici dans
quels pas on a marché, et voici les pas qui restent, parce que moi, je me suis
fixé cet objectif-là, on l'a atteint et on s'est donné les moyens de
l'atteindre.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Lafrenière : Oui. Merci beaucoup,
M. le Président. Puis merci pour la question parce qu'effectivement, moi, le
plus grand danger, puis, je pense, vous avez appris à me connaître, moi, je
n'aime pas arriver bêtement avec un chiffre en disant : Regardez, j'aurai
atteint un objectif puis je vais être heureux de ça.
Je vais vous
donner l'exemple qui, pour moi, parle le plus. Parce que, quand on parle
d'améliorer le bien-être, de faire un changement dans la vie des gens,
moi, je vais citer le grand chef Constant Awashish, lors d'une rencontre, qui
m'a dit, puis ça m'a beaucoup touché, il a dit : Moi, il y a une jeune,
une jeune fille de 11 ans qui est venue me voir et qui m'a dit qu'elle
craignait, elle craignait pour son futur, elle craignait d'être soignée, elle
craignait d'avoir des services de l'État. Puis là vous allez trouver ça gros, ce
que je vais vous dire aujourd'hui, mon cher collègue, mais moi, ce que
j'aimerais, c'est que cette enfant-là soit rassurée. Puis c'est pour ça que
j'ai choisi le nom du plan, j'ai décidé de l'appeler J'ai espoir. Je trouve
qu'on doit avoir espoir, on doit donner espoir aux membres des Premières
Nations et des Inuits qu'on s'en va vers une... vers de meilleurs services,
vers de meilleurs liens avec l'État. Puis c'est ça, quand on parle de la
relation nation à nation, c'est le respect, respect des Premières Nations, des
Inuits, respect de leurs volontés, de répondre à ce qu'ils veulent comme
priorisation. Parce qu'on aurait pu se donner un plan rapide en disant :
Regardez, il y a 500 recommandations, voici celles qu'on peut régler le
plus rapidement, puis ça sera un petit crochet dans la case de droite, puis ce
n'est pas ce qu'on veut faire.
Si vous me demandez, dans deux ans, où je me
vois, je me vois face à des chefs, des grands chefs, être capable de les
regarder dans les yeux et de leur dire qu'on a fait un changement, on a fait un
changement de paradigme, on a été capable d'améliorer la qualité de vie. Et
c'est ce que je veux faire.
Le Président (M.
Bachand) : Il reste quelques secondes seulement, M. le député
de René-Lévesque.
M. Ouellet : Quelques secondes pour
répondre aux questions ou...
Le Président (M.
Bachand) : Allez-y, vous avez quelques secondes à vous.
M. Ouellet : Ah! bien, je vais les
reporter à l'autre pour ne pas faire une relance qui va tomber à plat.
Le
Président (M. Bachand) :
Parfait. Bonne idée. Bonne idée. Merci beaucoup. M. le député de Jacques-Cartier,
s'il vous plaît.
M. Kelley : Merci, M. le
Président. Alors, je comprends, le ministre est moins à l'aise de donner nous
un chiffre exact. Mais hier... non, excusez-moi, lundi, le rapport de la
Commission spéciale sur les droits des enfants et la
protection de la jeunesse a déposé encore plusieurs recommandations qui
touchent les enfants autochtones. Est-ce que le ministre a l'intention de s'assurer
que toutes les recommandations qui étaient dans ce rapport-là vont être mises
en place par le gouvernement du Québec?
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre, s'il vous plaît.
• (15 h 30) •
M. Lafrenière : Oui. Merci beaucoup,
M. le Président. Je vais répondre à la question. Puis, si vous me permettez,
cher collègue, à la fin, je vais me garder 45 secondes pour donner
l'information que vous m'avez demandée tout à l'heure. Ça avance vite, on a des
gens qui travaillent très fort autour de nous, ça fait que j'ai déjà la réponse
sur laquelle je m'étais engagé à vous donner.
Quand on parle de ce... de la commission
Laurent, les 15 chapitres, il y a quatre recommandations qui sont très
fortes du côté autochtone. Et je peux vous dire qu'on est déjà dans l'action
avec mon collègue délégué à la Santé, M. le Président. Ce qu'on a fait, on a
offert... parce que tantôt je parlais de la table politique qui... encore une
fois, moi-même, je déteste ce terme-là, je trouve que ça ne fait tellement pas
opérationnel, mais ce qu'on a offert, c'est que la première rencontre de notre
table serait sur un sujet qui est très important pour nous, c'est-à-dire la
protection de la jeunesse. Puis on veut établir avec les chefs puis les grands
chefs quelles sont les priorités, on veut les regarder avec eux, ce sur quoi on
devrait agir rapidement. Et, par la suite, on s'est engagés aussi à faire une
table technique pour livrer des recommandations. On ne veut pas que les recommandations
arrivent du ministère, on veut qu'elles arrivent du terrain. Qui sont les mieux
placés pour répondre aux besoins des enfants autochtones? Ce sont les autochtones.
Et ça, Mme Laurent l'a mentionné, je pense qu'elle l'a dit clairement :
Les gens les mieux placés pour répondre aux besoins des autochtones, ce sont
les autochtones. Alors, nous, avant d'établir un plan puis de... excusez de
vous dire ça ainsi, de le mettre dans la gorge en disant : Voici ce qui va
arriver, voici ce qu'on va faire, on va le faire avec eux. C'est vrai que la commission
les a entendus, les recommandations sont claires pour nous.
Et moi, pour vous rassurer, M. le Président, je
vous dirais qu'en matière de protection de la jeunesse, on a déjà plusieurs
nations avec qui on a réussi à avoir des ententes pour donner plus d'autonomie,
donc, ceux qui connaissent un petit peu le milieu, l'article 37.5, 37.7,
beaucoup plus d'autonomie. Il y a des demandes pour aller plus loin, plus
d'autonomie, on y travaille, on est déjà en action là-dessus, M. le Président.
Et pour répondre, si vous me permettez, cher
collègue, pour répondre à votre question, parce que j'ai pris un engagement
puis j'essaie d'y répondre le plus vite possible, alors les agents de liaison
dans les soins de santé, en 2021 : huit agents de liaison en poste, trois
processus d'embauche... qui est en cours. En 2021‑2022, six agents de liaison planifiés s'ajouteront à ces postes, en
2021, pour un total de 14. Alors, il y a des gens qui sont déjà en poste, il
y en a d'autres qui vont être embauchés. Je suis désolé, ça a demandé une
petite... c'est ma première étude de crédits, la prochaine fois je serai plus
rapide, je vous le promets.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Non, je pense,
c'était pas mal rapide pour une réponse, M. le ministre.
M. Lafrenière : Fiou!
M. Kelley :
O.K. Le ministre parle d'autodétermination avec une main, mais avec l'autre
main, le gouvernement du Québec empêche l'autonomie devant les tribunaux
avec une contestation du projet de loi C‑92 du gouvernement fédéral, qui
donne plus d'autonomie aux autochtones. Et encore, M. Picard était sur les
ondes de Radio-Canada, ce matin, pour dire : Bien, si le gouvernement...
et dans le rapport qui a été déposé lundi, veut vraiment donner nous
l'autonomie... Et, quand même, ce n'est pas, pour nous, de donner les Premières
Nations et les Inuits leur autonomie, ils sont autonomes, quand même. Alors,
eux autres sont d'accord avec le projet de loi. Les Innus et le chef McKenzie
étaient très clairs : Retirez cette contestation puis réglez ça hors cour
parce que, pour nous, cet élément-là, c'est très important pour nous d'avancer.
Alors, je
veux entendre le ministre encore : Est-ce que le gouvernement, après le
dépôt du rapport, a l'intention de trouver une solution hors cour
concernant le projet de loi C-92?
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Lafrenière : Merci beaucoup, M. le Président. Je veux amener une petite précision, parce que
présentement ce qui se passe, au niveau légal, c'est une demande de renvoi. Ce
qui est arrivé, c'est que le fédéral a décidé de façon unilatérale d'imposer
une façon de faire au Canada, malgré le fait que ça soit de juridiction provinciale.
Puis ça, je suis sûr que mon collègue puis mes collègues des oppositions vont
être d'accord avec nous, c'est important de faire respecter les juridictions
provinciales.
Mais, M. le Président, si je vous disais ça puis
j'arrêtais ma réponse là, je vous dirais que les gens qui vont nous écouter
vont dire : Bien, voyons donc, ça n'aide aucunement les enfants sur le
terrain. Vous avez raison. Alors, ça, c'est une demande de renvoi qui est faite
en disant au fédéral : Attendez un instant, on n'est pas contre l'idée,
mais, dans la façon de faire, vous venez complètement dans notre juridiction,
puis ça, on ne peut pas approuver ça.
Parallèlement à ça, ce qu'on fait sur le
terrain, on fait des ententes avec les Premières Nations pour leur donner plus
d'autonomie. Puis je vais vous donner des chiffres, M. le Président. Il y a présentement
une communauté avec une entente qu'on appelle le 37.5,
qui est vraiment l'autonomie maximale qu'on peut donner présentement, et ce
sont les Attikameks. Les Attikameks... Et c'est vrai que ça a été des négociations
qui ont été très longues. Cependant, aujourd'hui, ça fonctionne bien, ça donne
de bons résultats. Et récemment on a eu quatre nouvelles ententes qui ont été
signées, entre autres avec les Anishnabes, et on est en négociation pour cinq
autres ententes.
Pourquoi je vous dis tout ça, M. le Président?
C'est que, bien entendu, oui, il y a des communautés qui nous ont mentionné
qu'ils voulaient se prévaloir de C-92 pour une autonomie totale. Malgré le fait
qu'il y ait un renvoi, ça ne nous empêche pas de travailler avec eux pour leur
donner plus d'autonomie. Et avec mon collègue... ministre délégué à la Santé — j'allais le nommer par son nom — ministre délégué à la Santé, on travaille
déjà avec les Premières Nations, on va les rencontrer pour dire :
Regardez, le 37.5 qu'on a offert, on doit le bonifier, on en est conscient. On
a vu le rapport Laurent, on a vu ce qui est demandé, on veut trouver une façon
de leur donner plus d'autonomie mais surtout de ne pas faire du mur-à-mur, M.
le Président.
Parce que j'ai rencontré une nation, pas plus
tard que la semaine passée, qui me disait : Nous, dans notre cas, là, on n'est pas prêts à recevoir tous les cas qui
sont très lourds, on veut une certaine forme d'autonomie qui s'appelle
le 37.5, qui est un entre-deux... 37.6, 37.7, pardon, mais on n'est pas prêts à
l'autonomie totale, on ne veut pas prendre toute cette responsabilité-là. Nous,
on veut le faire, on veut accompagner les Premières Nations et non pas leur
imposer, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : C'est juste
intéressant, quand on parle de logement, on dit : Bien, le gouvernement
fédéral, c'est leur juridiction, c'est leur responsabilité. Mais, quand ici on
parle, sur certaines réserves, un projet de loi qui va aider, donner les
Premières Nations du Québec plus d'autonomie... et, quand je dis encore le mot
«donner», c'est juste... ils sont... selon moi, ils sont déjà souverains dans
plusieurs sens, ils sont capables de gouverner eux-mêmes et délivrer des
services.
Alors, c'est juste où, je trouve, il y a juste
un petit peu la frustration parce que maintenant on dit : Ah! on va
protéger nos juridictions, puis c'est important de faire ça. Écoute, là, ici,
on parle aussi d'un autre niveau de gouvernance et gouvernements qui sont là, à
la table, des autochtones, et qui dit : Juste laissez ça, il n'y a pas
aucune raison de faire un renvoi, ce n'est pas important pour nous, continuez
d'avancer dans la bonne direction, mais...
Je laisse ça là, mais j'espère que... Et je sais
qu'il y a des choses qui sont en train d'arriver, des ententes, c'est une bonne
chose. Je sais que l'exemple avec les Attikameks, les chiffres sont très
intéressants, les succès qu'ils ont déjà eus concernant leurs enfants. Alors,
je pense qu'il y a un bon modèle ici, au Québec, qui marche bien, qui peut être
répliqué selon chaque première nation et communauté qui veut vraiment avoir
leurs propres services.
Mais, bref, je vais maintenant aller dans une
autre direction, parce qu'on n'a pas beaucoup de temps, et c'est encore
concernant les femmes autochtones. Tout le monde savent que la pandémie, ce
n'était pas facile, mais, si on pense à des familles qui sont dans le Grand
Nord, qui sont dans le même logement, qui sont plus isolées... et, quand même,
on sait que plusieurs nations ont décidé de fermer leurs frontières pour
s'assurer il n'y a pas une propagation du virus de COVID, on comprend tout ça.
Mais déjà on sait que la surreprésentation des femmes autochtones dans les
chiffres, si on parle de violence conjugale, tout dans le... quand même, des
meurtres, et tout ça, c'est vraiment... les chiffres sont inacceptables,
choquants.
Mais je veux savoir c'est quoi, le plan du
ministre encore, oui, de s'assurer que des recommandations de la commission
Viens, la commission ENFFADA sont mises en place ou c'est quoi, la stratégie
aussi de travailler avec le secrétariat et sa collègue de Brome-Missisquoi pour
s'assurer que tous les services nécessaires et des actions supplémentaires sont
prises pour changer ces chiffres-là qui sont vraiment inacceptables.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre.
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Je vais oser prendre 30 secondes pour répondre à l'autre
question d'avant, cher collègue, quand vous avez parlé de l'autonomie, c'est
hyperimportant. Et, comme une personne qui a présidé pendant un an et demi la
Commission spéciale sur l'exploitation sexuelle des mineurs, la raison pour
laquelle on veut être très prudent dans tout ça, on l'a vécu à la commission,
les gens nous l'ont établi clairement, c'est quand on a des lois qui sont
différentes, et là je vous parle du même pays, là.
Donc, l'Ontario, la loi sur la protection de la
jeunesse s'applique jusqu'à l'âge de 16 ans. Alors, nos exploiteurs, ce
qu'ils ont décidé de faire, quand il y a des jeunes filles qui sont disparues,
c'est traverser du côté ontarien parce qu'ils savent que la loi ne s'applique
plus dès rendu à 16 ans et un jour. Alors, nous, tout ce qu'on a dit au
fédéral, on a dit : On n'est pas contre l'idée, mais ce qu'on ne veut pas,
c'est d'avoir 22 lois différentes sur un même territoire puis que les
dernières personnes qui en profitent, finalement, ce soient nos enfants.
Ceci étant dit, pour les femmes autochtones, la
question est fort à propos, puis j'ai beaucoup de chiffres pour vous, mais on
parle de 136 mesures, 136 mesures qui ont été mises en place pour les
femmes autochtones. C'est plus de
42 millions. Et là je parle du Plan d'action, là, gouvernemental pour le
développement social et culturel des Premières Nations, c'était sur une
période de cinq ans. Donc, bien entendu, ça n'inclut pas la partie de la COVID.
Suite aux récents événements, ma collègue du
Secrétariat à la condition féminine a annoncé 400 000 $ pour six
projets pour minimiser les impacts de la pandémie chez les femmes et les filles
autochtones. Et à ça, à la fin du mois de mars, il y a eu une annonce de
1,2 million à 26 organismes autochtones aussi, qui a été remis,
encore une fois, pour donner les moyens de leurs ambitions, faire en sorte que
l'argent se rende dans les organismes qui sont à proximité,
qui travaillent avec les femmes et les filles autochtones, et c'est ce qui a
été annoncé le 31 mars dernier. On
parle de maisons d'hébergement, de services de première ligne, plusieurs
services qui sont donnés, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Jacques-Cartier.
• (15 h 40) •
M. Kelley : Merci, M. le
Président. Je vais poser une question, c'est parce que ce n'est pas... ce n'est
pas juste une question directement qui touche les femmes autochtones, mais les
autochtones urbains à Montréal, on sait que
le 17 mai, à Cabot Square... puis, quand même le projet vient à terme,
c'est l'été, les choses changent. C'était un projet qui a été mis en place pour l'hiver. Je comprends
tout ça. Mais la question arrive toujours : Bien, maintenant, on fait
quoi?
Puis je sais que le ministre va répondre :
Bien, on a fait une annonce avec Resilience, il y a l'argent qui s'en vient.
Puis ça, c'est une bonne chose aussi, mais ce projet-là ne sera pas réalisé
demain non plus, ça va prendre un petit plus de temps de construire le prochain
bâtiment, rénover, etc.
Alors, c'est quoi, le plan pour aussi s'assurer
qu'on va éviter tout ça l'hiver prochain et aussi de s'assurer que le moment
que la tente qui est présente à Cabot Square n'est plus là, qu'on va quand même
avoir des ressources supplémentaires pour aider, oui, des autochtones sans
abri, mais quand même des sans-abri en général, à Montréal, d'avoir des
services qui sont nécessaires pour s'assurer qu'il y a une bonne harmonie dans
le coin entre les commerces puis les personnes qui sont souvent là pour avoir les
services Resilience? Merci. Et Chez Doris, j'ajoute Chez Doris dans cette
discussion aussi.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre.
M. Lafrenière : Merci beaucoup, M.
le Président, puis merci à mon collègue pour sa question. Puis je vous dirais
que c'est un dossier qui est fort important pour moi. J'ai patrouillé pendant...
j'ai été présent au centre-ville de Montréal pendant 26 ans, et c'est une
des réalités qui m'a sauté au visage, c'est la réalité du Cabot Square. Et
rapidement, quand j'ai été nommé, c'est un des premiers dossiers que j'ai
demandé à mon équipe de vérifier ce qu'on pouvait faire. Parce que moi, ce qui
me faisait peur, M. le Président, c'est qu'il y a plusieurs organismes, et le
collègue parlait de Chez Doris, on pourrait parler d'Open Door, on pourrait
parler de PAQ, et malheureusement il y a plusieurs organismes qui ont dû
déménager. Pourquoi, M. le Président, pour les gens qui nous écoutent? Le Cabot
Square, c'est l'endroit qui se retrouve en face de l'ancien forum, donc
plusieurs amateurs de hockey qui vont savoir de quel endroit on parle. C'était
très dévitalisé. Alors, les locaux ne coûtaient pas vraiment cher, plusieurs
organismes qui sont installés là. Mais avec le retour économique, avec une
économie qui était plus solide dans ce secteur-là, le pied carré a augmenté de
façon dramatique. Et là le danger, c'est que les organismes n'étaient plus
capables de rester là. La majorité ont dû quitter. Open Door s'est retrouvé
vraiment très loin de leur clientèle, donc, Saint-Urbain—Milton, vraiment très loin
de la clientèle du Cabot Square.
Alors, rapidement, j'ai regardé qu'est-ce qu'on
pouvait faire pour sécuriser. Et mon collègue disait : C'est beau,
l'argent que vous avez annoncé, ça va être pour le futur, mais on fait les deux
choses en même temps, hein, on investit de l'argent présentement pour les
services qu'ils donnent, parce qu'ils sont sur place. Ceux qui connaissent l'endroit,
c'est une ancienne chaîne très connue, que je ne nommerai pas, là, qui est
juste au coin de Sainte-Catherine et Atwater, mais je peux vous dire que
c'était l'arche dorée qui était leur logo, ça fait que je ne le nommerai pas,
mais c'est à cet endroit-là qu'ils se sont installés, qu'ils donnent des
services, et ils sont là.
J'étais là dans les dernières semaines, je suis
allé les rencontrer, il y a déjà des services, et on a injecté de l'argent pour
qu'ils poursuivent leurs services. Cependant, en même temps, ce qu'on a voulu
s'assurer, c'est rapidement d'annoncer qu'on mettait de l'argent dans le projet
parce qu'on voulait le sécuriser. Parce que déjà, M. le Président, vous allez
comprendre qu'il y avait une pression incroyable, des gens voulaient acheter le
bâtiment. Nous, on l'a sécurisé, on a fait une annonce rapide qu'on ne fait
pas, en passant, ce n'est pas dans nos habitudes d'annoncer une somme comme ça
de 3,6 millions pour une bâtisse, mais on devait le faire parce que
personne ne le faisait. Et par la suite, on a vu que le fédéral a embarqué, on
a vu qu'il y a plusieurs entreprises privées, près de 2 millions de
dollars qui ont été injectés.
Moi, je suis
vraiment fier aujourd'hui de vous dire : Au final, c'est la communauté
en entier qui s'est mobilisée pour
donner des services. Oui, on a Chez Doris. Oui, on a PAQ. On a Open Door. On a
injecté beaucoup d'argent pour les aider au quotidien dans ce qu'ils
font présentement comme services de première ligne. Mais à plus long terme, on
s'assure que Résilience va rester dans le secteur du square Cabot, puis
ça, c'est important pour moi, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de Jacques-Cartier, s'il vous
plaît.
M. Kelley : Rester là, c'est
important, mais aussi c'est quoi, le plan du ministre de s'assurer qu'il y a
des personnes qui travaillent, qui sont là? Parce qu'on sait, on a un «crunch»,
quand même, à Montréal, avec les personnes qui veulent travailler, pas juste une
question de volonté, mais aussi une question de garder les personnes, les
travailleuses sociales. Il y a une grande liste des services qui sont offerts
par ces places comme Resilience, comme Chez Doris, comme PAQ, Open Door aussi.
Alors, encore une question de main-d'oeuvre un petit peu, mais de s'assurer
qu'il y a des ressources et des services qui sont présents. Est-ce que le
ministre a déjà commencé à regarder une façon de financer les services à long
terme?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Lafrenière :
Question fort pertinente, M. le Président, parce que d'avoir un bâtiment vide
ça n'aidera pas personne, puis mon collègue a entièrement raison. C'est pour ça
que rapidement j'ai demandé l'aide de mes collègues ministres. Puis je veux en
profiter pendant qu'on a cette tribune, M. le Président, de vous dire que j'ai
une excellente écoute de la part de mes collègues, puis rapidement ils ont mis
la main à la pâte pour nous aider. Je vous ai dit tantôt, le 3 millions,
ce n'est pas une somme que normalement on aurait dû investir, ce n'est pas dans
nos crédits. On l'a trouvé, pourquoi? Parce
que les gens, rapidement, m'ont aidé. Et, pour s'assurer qu'on ait des
ressources, je travaille déjà avec mon collègue délégué à la Santé et aux Services
sociaux. C'est important.
Et tantôt j'ai fait un impair, je vous parlais
de tous les gens qui sont mobilisés pour donner un coup de main au
Cabot Square, j'ai oublié de vous dire que oui, on a le privé, on a aussi
des communautés, communauté innue, communauté mohawk aussi, qui ont décidé de
donner de l'argent, des ressources. Et j'ai même un organisme autochtone à
Longueuil qui a décidé de prêter gratuitement des travailleurs sociaux pour
aider au square Cabot. Ça fait que c'est vraiment une prise en charge
d'une communauté en entier, M. le Président. Moi, j'étais vraiment fier de ça.
On va s'assurer qu'on n'a pas une bâtisse vide, ça, je peux vous le promettre, M.
le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Merci, M. le
Président. Il y a combien de temps qui reste encore?
Le Président (M.
Bachand) : 3 min 30 s.
M. Kelley : Trois minutes,
parfait. Je veux poser une question maintenant, encore, c'est lié... les
services. L'ancienne ministre a parlé, la dernière fois qu'on était ensemble,
qu'elle veut mettre en place un projet des petits déjeuners dans toutes les
écoles autochtones. Est-ce que le ministre a une mise à jour pour nous? Est-ce
que ça, c'est le cas qu'on peut trouver ce programme dans toutes les écoles
partout au Québec? Est-ce que c'était juste un projet pilote? Est-ce qu'il y a
un plan de faire ça pour plusieurs années?
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui. Merci beaucoup,
M. le Président. Absolument, puis ça fait partie... excusez-moi, je cherchais
la référence dans les cahiers de crédits, mais c'est 1,2 million qui ont
été ajoutés. Et, si je ne me trompe pas, c'était une... puis je regarde les
yeux de mes collègues en même temps, c'étaient 10 écoles supplémentaires
qui étaient pour être ajoutées. Oui, c'est un programme qui est extrêmement
important pour les petits déjeuners, et mon collègue fait bien de le
mentionner. Absolument, c'est dans les crédits, puis je pourrais peut-être vous
sortir la note, là, dans quelle réponse exactement, là, mais c'est
1,2 million et c'est 10 écoles de plus.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député.
M. Kelley : Parfait. Merci
beaucoup. C'était juste important de faire le suivi. Puis une autre... Parce
qu'il y a plusieurs sujets, j'ai plusieurs questions, puis encore j'ai juste un
bloc après ça. Wendake a un projet très intéressant pour une aire protégée,
puis je sais que le ministre de l'Environnement a annoncé plusieurs aires
protégées dans le Grand Nord, mais moins pour le Sud. Alors, est-ce que le
ministre peut donner nous une mise à jour sur le projet qui a été présenté par
le chef... par plusieurs chefs, qui semble être presque prêt, mais il y a
quelque chose qui bloque un petit peu? Alors, est-ce que le ministre a des
nouvelles pour nous concernant l'aire protégée?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui. Merci beaucoup,
M. le Président. Absolument, très bonnes nouvelles, on a rencontré le chef
Vincent avec mon collègue le ministre de l'Environnement, et vraiment une belle
rencontre. Parce que vous savez ou vous ne savez peut-être pas, mais le chef
Vincent est lui-même un ancien forestier, c'est un homme qui connaît très bien
la foresterie, et, oui, il y avait un projet d'aire protégée, mais ce qui leur
convenait, c'était de protéger un endroit qui est une forêt vierge
complètement. Il y a un endroit qu'il faut protéger, et il y a une partie
historique des Premières Nations qui demeure à cet endroit-là, il faut le
protéger, mais il y a une partie de cette même aire où il y a du développement
durable à avoir.
Alors, ce
qu'on avait présentement dans notre coffre à outils ne permettait pas de donner
une aire protégée pour ce secteur-là.
Cependant, avec le projet de loi n° 46, avec la
catégorie VI, qui permet d'avoir un développement durable, ça convenait tout à fait. Et, lorsqu'on a rencontré
le chef Vincent, il était heureux de voir cette nouvelle catégorie là ou
de voir aussi l'aire protégée d'initiative autochtone, qui est une autre
catégorie qu'on va développer avec les Premières Nations. Ça fait que vraiment, ça va nous permettre, dans notre coffre à
outils, d'avoir plus d'outils pour répondre aux besoins. Parce que
souvent les gens vont nous dire : Vous savez, on veut protéger la section,
le secteur, on aimerait avoir un sentier, on aimerait avoir de la villégiature,
puis dans certains cas, si on donnait une catégorie I ou II, on devrait
arrêter toute activité humaine, et ça ne convenait pas pour cette région-là.
Alors, la catégorie VI du projet de loi n° 46
s'adaptait très bien. Et je veux vous rassurer parce qu'on a vraiment rencontré
le chef Vincent là-dessus.
Puis en même temps que je vous parle, mon cher
collègue, je veux me corriger en disant : C'est 14 écoles pour 1,2 million.
Je vous avais dit 10, c'étaient 14 écoles.
M. Kelley :
Parfait. Juste une question : Est-ce que... Si je comprends bien, c'est une
excellente rencontre entre vous et votre collègue
le ministre de l'Environnement, mais est-ce
que le ministre des Forêts a
certaines réserves au projet présenté par la communauté de Wendake?
M.
Lafrenière : La rencontre
est avec le chef Vincent pour expliquer... Excusez-moi, je n'ai pas entendu
votre...
Le Président (M.
Bachand) : Très rapidement.
M. Lafrenière : Très rapidement. Le
chef Vincent était présent, c'était une rencontre pour lui expliquer l'aire
protégée de catégorie VI, et ça lui convenait.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup. Mme la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, s'il vous plaît.
Mme Massé : Merci, M. le Président.
En fait, je veux être certaine que j'ai bien entendu, donc, dans votre première
phase de votre projet espoir, il y a 77 millions du 200 millions qui
ont été engagés. Il reste quand même beaucoup, beaucoup, beaucoup de recommandations.
Donc, dans votre phase b, dans le bloc b du printemps, est-ce que
vous entrevoyez utiliser le restant des sommes? Comment vous entrevoyez ça?
• (15 h 50) •
M. Lafrenière : Absolument pas, je
l'ai évalué avec un tiers, un tiers, un tiers. Imaginez, si je disais aux
chefs, aux grands chefs : Je garde la page blanche pour le bloc 3,
mais avec pas d'argent, je pense que je perdrais beaucoup de crédibilité avec
eux. Ma collègue fait bien de le demander, là, il faut vraiment garder... Puis
ça, c'est le message que j'ai transféré à l'équipe, il faut s'assurer d'avoir
les moyens de nos ambitions. Je ne me présenterai pas devant les chefs, les
grands chefs en disant : Je suis à l'écoute, présentez-moi vos idées,
mais, «by the way», je n'ai pas une cent. Ça ne passera pas du tout, vous avez
raison.
Ça fait que c'est vraiment un tiers, un tiers.
Là, on est à 77, je ne peux pas vous dire pour le bloc 2 exactement la
somme, parce qu'on y travaille encore pour avoir les mesures qui sont les plus
significatives. Et je vais vous donner un exemple, parfois il y a des mesures
qu'on a mises en place, puis ce n'était pas une grosse somme, mais ça a vraiment
changé, ça a amené un gros changement dans la vie des gens.
Ça fait que moi, puis les gens qui travaillent
avec moi le savent, je déteste mettre de la dollarisation au bout de nos annonces, parce que, pour moi, là,
sérieusement, ce n'est pas ça qui est important. Qu'est-ce
que ça va changer dans la vie
des gens? Comment on va améliorer leur qualité de vie? Mais ça me prend quand
même de l'argent, du budget pour amener des changements à la fin.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée, s'il vous plaît.
Mme Massé : C'est ce que je voulais
m'assurer, d'avoir...
M. Lafrenière : Absolument, vous
faites bien.
Mme Massé : Parce que, là, on est
autour de 38 % déjà, alors je craignais que le deuxième bloc allait
laisser peu de moyens à votre projet d'écrire l'histoire avec les chefs.
Je veux continuer... la question du logement. Je
pense qu'on a assez parlé de la question du logement hors communauté. J'étais
surprise de voir, à la lecture des crédits, la construction de logements au
Nunavik. En fait, on le sait, le Nunavik a
un urgent besoin d'avoir du logement. On sait que le Nunavik vit des drames familiaux, des drames de
surpopulation en logement, etc. On sait que le Nunavik... le taux de natalité
chez les femmes est de 3,2 %. Alors, j'étais très, très, très surprise de
voir que les 86 unités réalisées en 2020‑2021, seulement 14 sur 86 étaient
trois chambres et plus, alors que les autres étaient deux chambres et moins.
Alors, je me suis dit : Coudon, on a construit du logement pour qui?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui, merci. Merci,
M. le Président, pour cette question-là. Je vais être très honnête avec vous,
je ne les ai pas visités, je n'ai pas eu la chance depuis ma nomination, ça
s'est fait en période de COVID. Alors, je peux vous dire, je connais très bien
Teams et Zoom, mais je n'ai pas eu la chance de me déplacer.
Cependant, il y a une chose qui est claire,
parce que j'ai parlé à Pita Aatami, qui est le nouveau président de
Makivik, et on s'est entendu qu'on aurait une rencontre très importante le
17 mai prochain. Et on doit regarder avec le fédéral aussi parce qu'il y a
de l'argent qui a été investi.
La décision, comment ça a été pris? Je vais
regarder avec Makivik, pour être bien honnête, c'était une demande de leur
part. Est-ce que c'était un besoin? Encore une fois, quand on travaille avec
les gens de nation à nation, on essaie de ne pas imposer nos façons de faire ou
nos façons de voir dans le Sud, mais je vais le regarder parce que la question
est vraiment à propos. Pourquoi on est allé avec du deux chambres? Je n'en ai
aucune espèce d'idée, mais ça va me demander, lors d'une visite éventuelle, de
confirmer ça.
Le Président (M.
Bachand) : Merci.
Mme
Massé : En fait, c'est d'autant plus important que... je suis d'accord
avec vous, de nation à nation, mais c'est une nation conventionnée, alors on
s'entend, là, ils ont leur office municipal d'habitation, puis etc.
M.
Lafrenière : On remet l'argent.
Mme Massé :
Sauf que connaissant les enjeux que vivent les femmes autochtones, qui vivent notamment
de la violence, qui ne peuvent pas sortir de chez elles, connaissant la
surpopulation dans les logements, j'étais très surprise de voir 36 logements d'une chambre à coucher,
36 logements de deux chambres à coucher puis 14 de trois chambres.
Ça fait que moi, je pense que, oui, je vais avoir besoin de comprendre ça,
parce que ça ne concorde pas à ce que j'ai identifié comme étant les besoins
quand... bien, les besoins connus au niveau du Grand Nord.
M.
Lafrenière : La question est à propos, si je peux me permettre, la
question est à propos parce que, tantôt, je vous ai parlé de logement étudiant,
hein, je parlais de logements à Sept-Îles, Trois-Rivières, et on allait jusqu'à
du six et demie, justement, pour répondre aux besoins des familles. Ça fait que
la question est fort à propos, je vais m'enquérir, je ne vous répondrai pas
n'importe quoi, je vais le vérifier puis je vais vous revenir.
Mme Massé :
Et donc c'est là où je fais un autre lien avec une des questions que je posais
précédemment, que mes collègues sont allés, c'est-à-dire que la ministre de
l'Habitation a annoncé, effectivement, 500 nouvelles unités AccèsLogis. On
le sait qu'AccèsLogis est inapproprié dans ses critères pour le Grand Nord parce
que tout coûte deux, trois fois le prix. Je n'ose même pas imaginer, si ça
coûte trois fois le prix au Sud actuel, comment ça peut coûter au Nord.
Mais, bref, est-ce que
le ministre m'assure qu'il a expliqué à la ministre de l'Habitation la
nécessité du grand logement dans le Grand Nord, puis aussi les critères qu'il
faut qu'elle fasse éclater, parce que ça ne marche pas?
M.
Lafrenière : Oui, absolument,
M. le Président. Puis je veux vous rassurer, parce que
ma collègue ministre était de passage dans le Nord en 2019, puis c'est
une réalité qui lui a frappé au visage, elle m'en parlait encore récemment.
Alors, c'est pour ça aussi qu'on a décidé rapidement d'aider l'ARK, Makivik
pour le déficit d'exploitation qu'ils avaient avec ces résidences. Parce
qu'imaginez, chère collègue, c'est encore pire, là, il y avait des résidences
qui étaient bâties et qui n'étaient pas occupées. Il n'y avait pas d'argent
pour faire le roulement, si vous voulez, de ces logements-là. Alors,
rapidement, nous sommes intervenus avec une bonne somme.
Mais c'est une
réalité qui est importante. Et, oui, ma collègue est très, très, très au fait
de ça.
Mme Massé :
Est-ce que le ministre a aussi prévu... Hein, on le sait que les changements
climatiques ont des impacts majeurs dans le Grand Nord, notamment sur la fonte
du pergélisol, qui a des impacts majeurs sur le cadre bâti, donc les logements,
le traitement des eaux... bien, l'absence de traitement des eaux, etc.
Est-ce qu'il y a un
plan qui est prévu? Est-ce que vous... Parce que je l'ai posée l'année passée,
puis on ne le savait pas trop, mais là on commence-tu à planifier ces
changements-là nécessaires?
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M.
Lafrenière : Oui. Merci, M. le Président. Et, juste pour répondre à
votre question un petit peu plus tôt, là, pour le type de résidence qu'il y
avait sur place, ce qu'on me confirme, c'est vraiment Makivik et l'OMK... l'OMHK,
pardon, qui est l'office municipal du Nunavik, qui bâtissent.
Alors, je vais quand
même m'enquérir de savoir pourquoi, il y a peut-être une raison qui m'échappe,
là, pourquoi ils ont opté pour du une chambre, deux chambres, mais c'est vraiment
leur décision. Quand je vous parlais de nation à nation, tantôt, je vous disais
que la somme est transférée, puis c'est eux qui le font.
Quand on regarde
comment adapter nos constructions... puis je peux vous faire un parallèle, M.
le Président, on a eu une problématique dans le Grand Nord tout récemment avec
l'eau potable. Et, pour nous, dans le Sud, ça devenait bizarre, parce que
j'expliquais à des collègues que le système d'eau était gelé. Pour plusieurs à Montréal,
les piscines étaient ouvertes. Mais l'eau était
gelée sur place, et il y avait deux raisons à ça. Ce qu'on m'a expliqué, il y a eu un problème d'avoir des
ressources spécialisées. Ça fait que, même dans le Grand Nord, on a des
problèmes d'avoir des ressources spécialisées pour le traitement de l'eau. Et, par
la suite, la personne qui devait aller pomper l'eau pour la distribuer dans les
résidences, bien, il y a eu un oubli, un manque technique, donc pas de fil qui
a été mis, tout ça.
Ça fait que je vous dis tout ça parce que
ça aussi, ça a un impact, quand on parle de changements climatiques, quand on parle de nouvelles réalités, il faut s'y
adapter. Nous, on rencontre — je le dis encore une fois — Makivik très prochainement, on va regarder comment adapter... comment s'adapter aux
besoins. Parce qu'il y a plusieurs annonces qu'on a faites avec la Société du Plan Nord, des choses
qui vont se faire dans le Grand Nord, c'est vrai, mais comment adapter
ça? Parce que, vous savez, si vous êtes déjà allé à Kuujjuaq,
le système de distribution de l'eau, le système de reprise aussi des
eaux polluées, le mazout, ça se fait par camion. Alors, ça aussi, c'est une
réalité qu'on va regarder avec eux.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé :
Oui, tout à fait, et certes que... Mais on le sait que lorsque le gouvernement
du Québec négocie les blocs d'argent, là, je
ne me souviens plus comment... ça a un nom, là, j'ai oublié, mais ces blocs
d'argent là, il y a des indications
qui sont faites au niveau du logement. C'est vrai que Makivik et la société
d'habitation s'enlignent.
Ma crainte, je vais vous
la nommer, puis vous verrez... vous ferez... poserez les questions. Une des choses
que notamment les gens nous avaient dites, quand on était allés au Nord, c'est
que la construction de logements, des fois, était faite dans la perspective
d'accueillir les gens du Sud qui viennent travailler au Nord, que ce soit dans
les mines, que ce soit au niveau du système de santé, que ce soit... etc.
Alors, moi, c'est sûr que j'ai une grande sensibilité à dire : O.K., je ne
sais pas c'est quoi, les deals dans les blocs d'argent qui sont négociés, je ne
sais pas c'est quoi, le deal, mais la réponse ne peut pas être : On va
privilégier de loger les travailleurs du Sud qui montent en haut. Ça ne peut
pas être ça, considérant les problèmes que vivent ces situations.
Mais je comprends que vous n'avez pas ça, mais
que vous allez me revenir avec ça éventuellement. On a plusieurs occasions de
se parler.
Le Président (M.
Bachand) : Il reste trois secondes, Mme la députée, je suis
désolé.
Mme Massé : Eh! seigneur.
Le
Président (M. Bachand) : Ça
va très vite, je suis vraiment désolé. Merci
beaucoup, Mme la députée. M. le député de Jacques-Cartier,
s'il vous plaît.
M. Kelley : Merci, M. le
Président. Je veux poser une question sur le programme... excusez-moi, la
campagne de sensibilisation qui vise à contrer le racisme et la discrimination
envers les autochtones. 1,4 million de dollars ont été dépensés cette
année, avec un budget global de 5 millions de dollars. Alors, c'est quoi,
l'objectif de ce programme-là? C'est qui, les parties présentes dans ce... Est-ce
que c'est gouvernemental? Est-ce que c'est avec l'Assemblée des premières
nations du Québec et Labrador? Je veux juste bien comprendre c'est quoi,
exactement, cette campagne.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre, s'il vous plaît.
• (16 heures) •
M. Lafrenière : Oui. Merci beaucoup,
M. le Président. Alors, on fait référence au Groupe d'action contre le racisme. On se rappellera qu'il y a
12 actions qui sont vraiment ciblées sur les Premières Nations, les
Inuits. Alors, on parle de campagne nationale de sensibilisation, et
c'est une somme qui est réservée pour une campagne grand public.
Et ce qu'on s'est fait dire, lorsqu'on a
rencontré les groupes, lorsqu'on a rencontré l'APNQL, c'est de ne pas faire une
campagne... parce que, vous savez, le Groupe d'action contre le racisme n'était
pas nécessairement juste pour le racisme envers les autochtones, on s'est fait
dire de ne pas faire une campagne générale, mais de vraiment en faire une
ciblée pour la réalité que vivent les autochtones parce que c'est une forme de
racisme qui est différente. Alors, quand on parle de sommes qui vont être investies
pour cette campagne nationale de sensibilisation, c'est vraiment de développer
une campagne grand public que les gens vont être capables de voir à la
télévision, d'entendre à la radio, de regarder dans les journaux pour
sensibiliser les citoyens sur le racisme que vivent les gens des Premières
Nations et les Inuits.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Jacques-Cartier,
s'il vous plaît.
M. Kelley : Merci beaucoup. M. le
ministre, est-ce que vous avez dit que c'est un racisme différent, que des autochtones
ont vécu, que les autres? Je veux juste bien comprendre la déclaration du ministre.
M. Lafrenière : Absolument, puis ça
a été dit par l'APNQL, ça a été dit par l'ensemble des groupes qu'on a
rencontrés. Et ça ne veut pas dire qu'un est différent, est moins pire, puis il
n'y a pas de gradation là-dedans, ce n'est pas ça. Mais, ce qu'on s'est fait
dire : Ne faites pas un message générique, n'envoyez pas un message
croyant que, toutes les formes de racisme, les gens vont le comprendre de la
même façon, prenez le temps de l'avoir adapté à notre réalité, à ce qu'on vit
comme réalité... et c'est ça qui nous a été demandé, et je pense que c'est tout
à fait plausible et crédible aussi.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Est-ce que ça dit
que, dans la campagne, on va parler du racisme systémique?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Lafrenière : Votre question est
très bonne, la réponse, c'est non.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Kelley : Alors, c'est
différent, mais on n'explique pas pourquoi c'est différent, alors j'ai hâte de
voir la campagne puis, c'est quoi, les
cibles, exactement. On cherche, là, je sais que c'est... Une
campagne de sensibilisation, c'est important, mais je veux juste
savoir : Après que l'argent est dépensé, qu'est-ce que le SAA veut voir,
en termes des chiffres, après ça? Est-ce qu'on va cibler certaines régions
versus les autres? Je veux juste encore... Parce que, comme
je dis, je ne suis pas contre la campagne, mais comment le gouvernement va
déterminer que c'était un succès sauf que juste dépenser l'argent?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M.
Lafrenière : C'est une très
bonne question, mais je vais me permettre de répondre à votre
autre affirmation. Quand vous avez parlé de ce volet du racisme et de l'importance
de le traiter, vous avez raison, c'est important, puis ce n'est pas avec une
campagne qu'on va tout régler. Cependant, ça nous prend des données empiriques
aussi, quand on veut faire une campagne comme ça, puis, en publicité, on fait
la même chose, il faut voir... Si on veut changer un comportement, il faut
prendre un état de situation aujourd'hui, et un polaroid, excusez, je trahis
mon âge, mais une photo aujourd'hui de la situation pour voir, après la
campagne, comment les gens réagissent. Alors, oui, ça va se faire sous forme de
sondages, on va sonder les gens pour voir quelle est leur perception aujourd'hui
et quelle sera leur perception après la campagne publicitaire. Sinon, comme
vous avez dit, l'indicateur ne peut pas être le seul fait qu'on a dépensé de
l'argent.
Et on veut le faire avec les Premières Nations
et Inuits, on veut le développer ensemble. Puis c'est vraiment une demande
qu'ils nous ont faite, de ne pas faire une campagne générale grand public pour tout
le monde, de l'adapter. Mais, non, il n'y aura pas une campagne différente dans
une région du Québec, tout le monde doit être sensibilisé et formé à ça. Et, je
le répète encore une fois, une campagne de ce type-là seule donnerait zéro
résultat, ça va être appuyé par plusieurs autres actions. On en a 12, là,
justement, pour les autochtones.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Parfait. Merci
beaucoup pour la réponse, M. le ministre. Je veux juste revenir sur les
questions concernant les aires protégées. Parce que je comprends que vous avez
eu une rencontre avec le ministre de l'Environnement et le chef Vincent, mais
je veux juste savoir si le ministre des Forêts a un enjeu avec le projet qui a
été mis sur la table par la communauté de Wendake, puis aussi est-ce que le
ministre a un échéancier en tête pour régler le dossier?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Pour l'aire protégée de Wendake, comme je vous ai dit tout à l'heure, on a rencontré le grand chef Vincent, on
lui a présenté quelle était la nouvelle catégorie VI du projet de loi
n° 46. Alors là, présentement, c'est cette étape-là, au niveau législatif,
qui va être terminée, mais, par la suite, on va le regarder. Et, je le répète
encore une fois, il y a toujours l'aire protégée d'initiative autochtone qui
existe, qui est un nouveau concept qu'on veut élaborer avec les Premières
Nations, c'est une autre possibilité aussi, mais la catégorie VI, puis là
j'ai l'air de sortir beaucoup de chiffres, là, mais la catégorie VI du projet
de loi n° 46 semblait l'intéresser grandement parce que ça permettait de
faire du développement durable.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député.
M. Kelley : Merci. J'ai une
autre question concernant la communauté de Wendake, mais c'est concernant le
CHSLD. On est presque là, mais encore il y a toujours des détails à régler
concernant encore de s'assurer que ce n'est pas un bâtiment vide.
Alors, pour le budget d'opération, est-ce que le
ministre a une mise à jour à donner à nous? Et est-ce qu'encore il peut donner
nous plus de détails puis un échéancier sur comment il pense qu'il va être
capable de régler le dossier, finalement?
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui. Merci beaucoup,
M. le Président. Et j'aime beaucoup cette expression célèbre, on va donner
à César ce qui lui revient, et c'est le député de La Pinière, à l'époque,
qui avait fait cette annonce pour le CHSLD la Tortue à Wendake. Parce qu'en
passant ce n'est pas une responsabilité qui est provinciale, normalement, c'est
le fédéral qui aurait dû le faire, mais on a pris la décision à l'époque
d'aller de l'avant avec un CHSLD de 24 portes, 24 logis, ce qui est
hors standard aussi.
Alors, ça nous amène avec des belles discussions
que, présentement, on a avec nos collègues de Wendake, parce qu'au niveau du
coût pour le bâtir... puis on comprend qu'avec la COVID, avec la montée des
matériaux, tantôt notre collègue de Sainte-Marie—Saint-Jacques nous le disait aussi,
les matériaux ont explosé, ça coûte très cher, on a dû éponger un premier
déficit. On les a aidés parce qu'au niveau de la construction ça a coûté plus
cher. Au niveau de l'exploitation, on se rend compte que ça ne rentre pas dans
les grilles connues, quand on parle de 24 logis, d'arriver à le faire
fonctionner, ça n'arrive pas dans les grilles connues.
Tout récemment, j'ai fait une demande à mon
collègue du fédéral de nous aider dans ce projet-là, qui est un projet
hyperimportant, c'est le seul, c'est le seul CHSLD qu'il va y avoir en
territoire autochtone. Notre but, c'est d'aller de l'avant. Et je peux vous
dire que le premier ministre a eu une rencontre, très récemment, avec le grand
chef Vincent, et on s'est engagés à trouver une solution parce qu'on ne veut
pas un édifice vide.
Il y a une autre réalité
que je vais me permettre de partager aussi au niveau des employés, des emplois
spécialisés à l'intérieur du CHSLD. On nous a demandé une petite période aussi
pour s'ajuster, pour trouver les bons employés. Cependant, je peux vous confirmer
que le CHSLD va ouvrir, et on va les aider.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Merci
beaucoup. Je pense qu'ils ont hâte de voir le jour que tout est finalement
réglé.
Il y a une autre question, c'est concernant des
dentistes qui demandent des meilleures conditions de travail dans les communautés
dans le Grand Nord. 70 dentistes, qui travaillent dans les communautés
cries et inuites, le Grand Nord et la Basse-Côte-Nord, ont décidé de ne pas
pratiquer sur un vendredi pour manifester le fait qu'il y a plusieurs enjeux.
Mais, au bout de la ligne, il y a vraiment un manque des dentistes, et c'est vraiment
difficile, leurs conditions de travail, puis aussi le modèle de rémunération
est à regarder.
On sait déjà que, oui, avec la COVID, plusieurs communautés
dans le Grand Nord ont protégé leur territoire, ils ont fermé leurs frontières. Mais, quand même, il y a un enjeu que, juste pour un dentiste,
d'aller à une communauté, oui, ça
prend beaucoup de temps, ce n'est par toujours possible de descendre des gens
vers un centre comme Val-d'Or ou une communauté un petit peu plus
grande. Alors, je veux savoir si le ministre a eu des discussions pour
s'assurer qu'il y a un service dentaire dans les communautés cries et inuites,
parce que, c'est un enjeu très important, la santé dentaire du monde.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. Écoutez, c'est un enjeu qui est bien actuel,
parce que, très prochainement, je les rencontre, j'ai offert de les rencontrer,
l'Ordre des dentistes, justement, pour voir quelles étaient leurs demandes.
Vous allez comprendre encore une fois que la beauté du Secrétariat aux affaires
autochtones, c'est qu'on est transversaux, on travaille avec plusieurs
ministères, mais ce n'est pas nous qui allons régler les conditions de travail
pour les dentistes. Cependant, je trouvais vraiment à propos de les rencontrer
puis de m'assurer qu'il n'y ait pas de bris de services, qu'il n'y ait pas de
bris de services pour les populations qui sont déjà vulnérables, qui sont
fragilisées, qui ont besoin de ces services-là. Alors, je vais les rencontrer
très bientôt. Et j'ai déjà demandé à mes
collègues de la Santé et Services sociaux de s'assurer de cette situation-là,
pour ne pas qu'il y ait un bris de services. Puis je les rencontre très
bientôt.
M. Kelley :
Alors, est-ce qu'il y a des ententes pour la rencontre? Est-ce que c'est de
régler le dossier? Est-ce que le ministre a un mandat de le ministère
des Services de santé pour dire : On va ne pas nécessairement aller trop
loin dans nos engagements? Je veux juste bien comprendre c'est quoi, l'objectif
de la rencontre sauf pour juste avoir une rencontre.
M. Lafrenière : Ma job à moi,
puis de façon très, très claire, c'est de m'assurer que les Premières Nations
ne soient pas oubliées, donc c'est ce que je vais répéter. Mais je vais mettre
ça très clair, ce n'est pas moi qui va négocier leurs conditions de travail.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Parfait.
Merci beaucoup. J'ai des questions maintenant concernant des négociations
territoriales. Dans leur cartable, on voit des différentes négociations qui
sont en train, mais il y a une qui est intéressante, il me semble, c'est avec
les Innus, qui avance bien. Alors, je ne sais pas si le ministre peut donner
nous juste une mise à jour, c'est quoi, les
étapes prochaines dans les négociations avec les Innus puis le gouvernement
fédéral? Est-ce qu'il y a un échéancier en place pour les prochains des
mois? Parce que, dans la note, ça me semble qu'on est presque à le point de
trouver, de conclure une entente finale.
• (16 h 10) •
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Lafrenière : Merci beaucoup,
M. le Président. Juste avant Noël, j'ai envoyé un message clair à tous les
négociateurs internes et externes de mentionner aux Premières Nations que,
nous, on voulait avancer dans des ententes nation à nation. On voulait en
prioriser quelques-unes pour la prochaine année, c'est impossible de prioriser toutes les ententes, toutes les négociations. Et
les gens de Petapan, parce qu'on fait référence à Petapan, qui, en
passant, veut dire «lumière au bout du tunnel», «lumière à l'horizon»,
«aurore»... Et, c'est ce qu'on voit, on voit la lumière après 43 ans de
négociations. M. le Président, je vais vous rassurer, je n'ai pas
l'intention de repoursuivre ça pendant 43 nouvelles années, j'ai beaucoup
de qualités, mais la patience n'est pas ma meilleure. Alors, ce qu'on a envoyé
comme message à tous nos négociateurs... Et Petapan a répondu, comme je vous
disais plus tôt.
Et on s'est dit : Regardez, on va se donner
un point de vérification en juin. Vous me demandez un timing, un «time frame»,
en juin, on va vérifier est-ce qu'on est encore au rendez-vous, est-ce
qu'ensemble on avance dans cette négociation-là ou on s'assoit pour une autre
quarantaine d'années. Et, si ça fonctionne, on poursuit ça. Parce qu'on veut en
régler, le premier ministre m'a donné le mandat de régler des ententes nation à
nation pendant l'année, et j'ai voulu les prioriser, et Petapan est ma première
entente sur le dessus de la pile. Je rencontre à chaque mois les chefs des nations innues qui sont visées par Petapan pour
m'assurer qu'il n'y a pas de blocage politique, qu'on puisse arriver à quelque
chose. Moi, je suis vraiment heureux de voir que ça avance bien. Et, je vous
dis, mon espoir, je vous ai dit tantôt que mon plan s'appelle J'ai espoir, mon
espoir, dans ce cas-là, c'est arriver dans une entente nation à nation très bientôt, je le souhaite. C'est
complexe, vous savez qu'on est à trois, il y a donc le fédéral qui est là
aussi.
Et j'apprécie
la question de mon collègue aussi quand il parle des consultations, de toutes
ces négociations-là, qui ont lieu de nation à nation. On en a avec
plusieurs communautés, et c'est extrêmement important pour elles, elles sont
écoutées. On y va à leur rythme, et c'est ça, une entente nation à nation. Puis
j'espère vous le confirmer très bientôt, là, qu'on aura une entente avec eux.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Merci, M. le
Président. Je vais vous poser une question, et c'est... Merci pour la mise à
jour, M. le ministre, sur les négociations.
Une autre
question qui est très «touchy» comme sujet, mais c'est des casinos à Kanesatake
puis des autres lieux comme ça.
Alors, je veux juste savoir si le ministre a eu des discussions avec ses
collègues puis aussi avec les différents chefs, mais également juste
qu'est-ce qu'il pense de s'assurer que, le dossier... tout le monde est autour
de la même table pour avoir une... et régler une... excusez-moi, pas «régler
une entente», ce n'est pas une entente, mais qu'est-ce que le ministre pense de
ça? Est-ce qu'il a eu des discussions avec les chefs concernant les casinos?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Lafrenière : J'espère qu'on a beaucoup
de temps parce qu'effectivement c'est un dossier qui est très sensible. Et, à
preuve, ça existe à Kahnawake depuis 2010 puis ça n'a jamais été réglé non
plus. C'est un dossier qui est resté latent.
J'aimerais cependant faire un point vraiment
important là-dessus pour Kanesatake, vraiment de le traiter de façon
différente, distincte. Pourquoi? J'aimerais que les gens comprennent que, dans
la communauté, il n'y a pas d'acceptabilité sociale, mais pas du tout, pour le
casino, le projet de casino à Kanesatake. Et, nous, depuis déjà un petit bout
de temps, les chefs, les gens qui sont élus, des citoyens de Kanesatake m'ont
dit : Nous, on n'en veut pas, un casino relié au crime organisé, on n'en
veut pas chez nous. Là-dessus, je veux juste envoyer un message clair, parce
que, ce qui est véhiculé présentement, c'est que la communauté voudrait
protéger un casino qui serait illégal et qui serait sur place, il n'y a pas de
volonté là-dessus. Ça, c'est première des choses.
Deuxième des choses, je vais rassurer mon
collègue, avec la Sécurité publique, avec les Finances, on va avoir un comité
ensemble où on va travailler pour trouver des solutions. Parce qu'on sait
qu'ailleurs au Canada il y a des modèles qui fonctionnent, il y a des modèles
qui fonctionnent avec les Premières Nations. Ici, on n'en est pas là, mais pas du
tout, ça fait qu'on va regarder ce qui est possible.
On parle de Kahnawake, qui a déjà une
installation, une deuxième avec un salon de jeu, Kanesatake, et là, on le met
dans une classe à part. Parce que, je vous le dis, au niveau de la population,
il n'y a pas d'acceptabilité. On parle de personnes qui seraient reliées au
crime organisé, alors on parle de vraiment un dossier complètement différent.
Et il y a Wôlinak aussi, un autre casino qui devrait ouvrir pendant l'été. Et,
ça, rapidement, le directeur général du
conseil de bande m'a contacté pour qu'on puisse regarder ce qu'on pouvait faire
ensemble, est-ce qu'il y a possibilité de le faire. Plusieurs enjeux
qu'on a, acceptabilité sociale dans la communauté, à savoir : Est-ce que
la communauté l'accepte? Est-ce que les membres l'acceptent? Et là vous savez
très bien qu'on a une autre réalité qui est fort complexe à Wôlinak, le statut
du conseil de bande, présentement, c'est remis en cause, c'est devant les
tribunaux. Fort complexe.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Merci beaucoup,
M. le ministre. Une autre question maintenant, c'est concernant le parc La
Vérendrye, les pourvoiries qui ont fait des demandes. Et je sais que mon
collègue de Pontiac a posé des questions en Chambre. Est-ce que c'est possible
juste d'avoir une mise à jour sur les négociations, mais aussi la situation
avec des gens qui ont, malheureusement, perdu un petit peu de leurs revenus à
cause de les manifestations l'année passée?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui. Merci beaucoup,
M. le Président. Écoutez, c'est un dossier qui prend beaucoup de place
dans mon quotidien, je vous le confirme. Dès mon arrivée en poste, le
9 octobre, le soir même, j'ai contacté des gens, les Anishnabes, pour
entamer des négociations avec eux. Parce que je vais vous dire que ça
m'insécurisait énormément, M. le Président. Quand j'ai vu ce qu'on a vu
dans les médias à l'automne dernier. On a vu des chasseurs qui faisaient face à
des points de blocage, et mon... j'étais pour dire mon background,
pardonnez-moi, mes antécédents de policier me disaient que ça aurait très bien
pu mal tourner, et je n'ai vraiment pas aimé ça.
Alors, rapidement, on a commencé des
négociations avec eux. Et on a nommé deux négociateurs de leur côté, qu'on
a payés, on a payé les frais de deux négociateurs, on a un négociateur, nous,
qu'on a nommé aussi, pour trouver des solutions. Et, ce que je voulais, moi,
c'est une solution pérenne, parce que, oui, les pourvoiries, les zecs nous ont
dit qu'ils ont perdu des sous, c'est vrai, mais pire qu'une mauvaise décision
pour eux, c'est une absence de décision. Ils se
retrouvaient à l'automne avec une incertitude à savoir s'il y a une saison de
chasse ou pas. Alors, on a rencontré... on a fait des séances de négociation.
On est encore là-dessus de façon active, j'avais des informations qui m'étaient
envoyées pas plus tard qu'hier. Et on espère, on espère signer cette entente-là
avec les Anishnabe pour le 12 mai prochain et donner de la prévisibilité
pour les Québécois, pour les autochtones. Parce que, moi, ce qui
m'insécurisait, c'était le vivre-ensemble, de voir les tensions qui montaient
entre les autochtones et les allochtones. Des communautés qui fonctionnent très
bien comme Kitigan Zibi, qui a des commerces, où les allochtones vont
d'habitude, ont décidé de boycotter. Là, il y a une tension incroyable, c'était
mauvais pour l'économie, mauvais pour les relations. Et, de ne pas avoir de
prévisibilité, pour les pourvoiries, c'est inacceptable.
Alors, c'est notre intention, d'avoir une
entente négociée, signée de bonne foi pour donner de la prévisibilité, oui,
pour protéger l'espèce, on parle, dans ce cas-là, de l'orignal, de donner de la
prévisibilité, de s'assurer que le cheptel est en bonne santé. Et, parmi les
mesures, puis je ne ferai pas toute la liste des mesures, mais c'est de
travailler, justement, avec les Anishnabe pour prendre en compte leurs
connaissances ancestrales aussi sur la réalité de la ressource.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci. Il vous reste un peu moins d'une minute, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : ...rapidement, est-ce
que le ministre a eu une opportunité de parler avec le ministre de l'Éducation
concernant la modification, le curriculum des élèves, étudiants québécois pour
ajouter plus de contenu des Premières Nations et Inuits pour combattre le
racisme au Québec?
Le Président (M.
Bachand) : 30 secondes, M. le ministre.
M. Lafrenière : La réponse est oui.
M. Kelley : Bien, merci
beaucoup pour les échanges aujourd'hui, M. le ministre. Et, M. le
Président, merci beaucoup pour votre écoute.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M.
le député de René-Lévesque, s'il vous plaît.
M. Ouellet : Merci beaucoup,
M. le Président.
Donc, à mon tour de continuer ces échanges,
M. le ministre. Questions en rafale pour deux points. Non, ce n'est pas
vrai. Quel budget sera réservé pour remplir les engagements du projet de loi n° 79?
J'essaie de le trouver dans les cahiers, je ne l'ai pas trouvé. Vous pouvez
peut-être m'indiquer, mais à quel endroit on peut trouver les budgets qui
seront consacrés pour la mise en application du projet de loi n° 79, celui
qu'on étudie, présentement?
M. Lafrenière : Je vais vous
mentionner l'endroit exact dans quelques secondes mais je peux vous dire que
c'est 2 millions.
M. Ouellet : 2 millions?
M. Lafrenière : Sur deux ans.
M. Ouellet : 2 millions par
année ou 2 millions sur deux ans?
M. Lafrenière : C'est
2 millions sur deux ans. À quelle page?
M. Ouellet : Grosso modo?
M. Lafrenière : On va vous trouver
l'endroit, je vais vous signifier l'endroit.
M. Ouellet : Oui, il n'y a pas de
problème.
M. Lafrenière : Et, juste un
instant, si vous me permettez, parce que je pense que c'est hyperimportant pour
les gens qui nous écoutent. Sur le projet de loi n° 79, ça, c'est pour la
direction de soutien aux familles. Si on va avec des organismes comme Awacak,
des organismes qui travaillent déjà sur le terrain, ce n'est pas inclus dans
cette somme-là. Est-ce que je vous devance?
M. Ouellet : C'était ma deuxième
question.
M. Lafrenière : Donc, j'ai un deux
points?
M. Ouellet : Un point et demi. Ça va
me prendre le montant pour ces familles-là, ces groupes-là.
M. Lafrenière : La réponse, c'est
oui.
M. Ouellet :
Et le montant?
M. Lafrenière : Oui, il va y avoir
un montant.
M. Ouellet : O.K. Mais vous ne
l'avez pas aujourd'hui?
M. Lafrenière : Non, pas
aujourd'hui, je veux vraiment l'établir avec eux.
M. Ouellet : O.K. Mais avez-vous un
ordre de grandeur? Avez-vous... Vous êtes-vous donné...
M.
Lafrenière : Absolument pas. Je vais être bien, bien honnête avec
vous, absolument pas. Je veux vraiment me présenter à eux, de regarder...
Premièrement, on veut établir ensemble quels seront le ou les groupes qui vont représenter les familles, après ça, quels seront
les besoins, puis c'est quoi, la fourchette de services qu'ils vont offrir.
Alors, c'est de cette façon-là qu'on va le
regarder. Et, encore là, on est prudents, le projet de loi n° 79 est encore un projet de loi.
M. Ouellet : Ah oui, il n'est pas
adopté encore, vous avez absolument raison de nous en faire mention.
M. Lafrenière : Mais je sais que ça
va très, très bien ensemble.
M. Ouellet : Oui. Mais, pour vous,
ce n'est pas une question d'argent, donc, si c'est 3 millions que ça
coûte, ça sera 3 millions. L'argent est disponible, vous ne savez juste
pas à quel montant, en fonction des fourchettes de services qui pourraient
être, effectivement...
M. Lafrenière : Je gère l'argent
public, bien entendu, alors je le fais de façon consciencieuse. Je ne dis pas
que c'est un bar ouvert, mais on va avoir les bonnes sommes pour trouver des
bons services.
M. Ouellet : Autre sujet, M. le
ministre. Vous avez fait plusieurs annonces importantes pour accompagner les
autochtones victimes d'actes criminels à travers le processus de justice
pénale. C'est absolument essentiel et c'est tout à votre honneur. Cependant,
quand vient le temps de déposer une plainte pour des services reçus, par
exemple, dans un établissement de santé, le processus ne répond toujours pas au
principe de sécurisation culturelle. Donc, pour faciliter le dépôt des plaintes
et pour ne pas aggraver la méfiance qui, malheureusement, a trop souvent cours
et que... est-ce que le ministre
est ouvert à mettre en place, en collaboration avec les autorités autochtones, un
commissariat spécial, un genre d'ombudsman,
un guichet unique pour recevoir les plaintes des membres des Premières Nations
et des Inuits?
• (16 h 20) •
M. Lafrenière : Ça a déjà été
mentionné, on a déjà parlé avec certaines communautés. Je ne vous dis pas que
je suis fermé à l'idée, cependant, et vous verrez de votre côté, là, quand vous
allez parler à des groupes, mais ce qu'on me disait, ce n'est pas le réflexe
des membres des Premières Nations d'aller vers un ombudsman, vers un
commissaire aux plaintes. Alors, c'est pour ça, quand tout à l'heure je parlais
du nombre d'agents de liaison qui sont déployés sur le terrain, dans les
centres de santé, parce que vous donnez l'exemple des centres de santé, ça
semble être pour eux ce lien humain qui est plus facile. Je ne vous dis pas que
je suis fermé à l'idée, mais pas du tout, ma seule crainte, c'est de créer un
autre système qui répond plus à nos habitudes à nous, hein, avec un commissaire
aux plaintes, avec un ombudsman, et peut-être moins à la réalité ou à la
volonté terrain. Alors, on va le voir à l'essai, avec notre principe de
sécurisation culturelle parce qu'effectivement c'est important. Il faut le
mettre en place, on a commencé avec Joliette, ça va être pour l'ensemble du
Québec, mais on sera capables de le voir à l'usage, là, si on doit s'ajuster et
si on doit mettre en place une autre structure, c'est important.
M.
Ouellet : Donc, le premier...
pas «critère de succès», mais le premier critère de validation, si ça
fonctionne, ça sera, effectivement, le succès que nous aurons avec les agents
de liaison, dont vous avez fait mention, qui se trouvent à Joliette et qui
pourraient se retrouver ou qui vont se retrouver ailleurs sur le territoire.
C'est ce que je comprends?
M. Lafrenière : C'est de voir la
confiance. Moi, je n'y vais pas avec le nombre de plaintes. Alors, même s'il
n'y a pas une augmentation du nombre de plaintes, pour moi, ce qui est important :
Est-ce que les gens ont confiance dans ce système? Vous allez me dire :
Ian, comment tu vas faire pour vérifier ça? Quand on me disait, exemple, à
Joliette, qu'on aurait maintenant un membre sur le conseil d'administration,
quand on disait qu'il y aurait un adjoint à la P.D.G. aussi, qui proviennent de
la nation attikamek, donc qui viennent normalement de Manawan, bien, je trouve
que ça donne un pouvoir d'influence qui est beaucoup plus élevé que ce qu'ils
ont, présentement. Ils sont en position d'influence, d'autorité, ils sont
capables de, justement, voir de quelle façon ces plaintes-là sont reçues. Et,
commissaire aux plaintes, adjoint à la P.D.G. du CIUSSS Laurentides-Lanaudière,
bien, ça va être quelqu'un qui vient de la communauté, en plus.
M. Ouellet : Vous avez raison de
mentionner que c'est une façon de fonctionner de la nation québécoise qui peut
être différente des Premières Nations et des Inuits. Cependant, de ce que je
comprends, c'est que vous ne fermez pas la porte. Si, dans le cas des agents de
liaison, ça ne répond pas aux demandes des Premières Nations et des Inuits,
cette avenue-là pourrait être regardée et mise de l'avant. C'est ce que je
comprends?
M. Lafrenière :
Pour l'instant, il n'y a rien qui est fermé, on veut vraiment trouver des
solutions, mais avec les Premières Nations, et non pas, puis c'est une
expression que j'aime bien de ce temps-là, non pas imposer nos façons de voir
ou nos méthodes du Sud, des fois, ce que je me fais renoter parfois par les
gens du Nord, en disant : Vos façons
sont intéressantes, mais ça ne convient pas du tout à notre volonté. Mais je ne
suis pas fermé à cette idée-là, mais pas du tout.
M. Ouellet : Vous avez fait mention
de la sécurisation culturelle, ça fait partie de l'appel à l'action n° 74 du rapport de la commission Viens : M. le
ministre, est-ce que vous vous engagez à déposer un projet de loi en ce sens
pour inscrire le principe de sécurisation culturelle dans nos lois?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Lafrenière : Le principe de la
sécurisation culturelle est extrêmement important. Puis, tout à l'heure, on
faisait référence au Principe de Joyce, Principe de Joyce qui guide nos
actions, et, on l'a déjà dit, c'est important. Pour ce qui est du meilleur
outil législatif, on le regarde avec mon collègue, parce que vous allez
comprendre que c'est un dossier pour mon collègue de la Santé et des Services
sociaux. On n'est pas fermés à l'idée du tout et, pour nous, on veut inclure la
sécurisation culturelle. Mais là, c'est juste dans l'outil, là, je ne peux pas
vous dire sur quel projet de loi ou de quelle façon, mais, oui, on veut
enchâsser ça, on verra de quelle façon.
M. Ouellet : O.K. Donc, on va
clarifier. Je vous entends bien, là, ce n'est pas dans votre cour, mais ça vous
impacte puisqu'au final ce sera dans un projet de loi qui devrait toucher le
ministère de la Santé et des Services sociaux,
donc sous le ministre de la Santé. Vous avez des discussions, c'est votre
intention, c'est ce que je comprends?
M. Lafrenière : Absolument. Puis
c'est important pour les membres des Premières Nations, c'est important dans la
symbolique de ce que ça envoie comme message. Parce que, oui, on fait des
actions concrètes sur le terrain, mais, dans la symbolique, d'inscrire la
sécurisation culturelle, pour eux, c'est important. Ça fait que, oui, oui,
c'est important pour moi, oui, je le travaille, comme je disais tout à l'heure,
au Secrétariat aux affaires autochtones, je travaille avec la majorité des
ministères. Puis souvent ce n'est pas nécessairement mon dossier à moi, mais je
fais les représentations auprès de mes collègues.
M. Ouellet : Là, vous vous adressez
à un leader parlementaire : Dans la procédure, avez-vous des indications
quant à la possibilité que ce projet de loi soit inscrit au feuilleton à
l'automne?
M. Lafrenière : Je n'en ai aucune
idée.
M. Ouellet : O.K.
M. Lafrenière : J'ai perdu mes points
et demi que j'avais gagnés tantôt.
M. Ouellet : Mais je vais vous
donner peut-être un point bonus : Est-ce qu'il est dans l'intention de
votre gouvernement de déposer pour une adoption avant la fin de cette
législature?
M. Lafrenière : Je ne le sais pas,
bien honnêtement. Je vais le vérifier, parce que vous allez comprendre qu'on a
plusieurs choses à régler, tantôt, on parlait de la commission Laurent, il y a
des changements sûrement législatifs qui vont devoir être apportés, alors... Puis
je n'essaie pas de m'esquiver du tout, du tout, là, je vous le dis, c'est
important, mais je ne suis pas capable, contrairement à vous, je n'ai pas cette
proximité au niveau du leader, je ne connais pas vraiment comment ça
fonctionne. Alors, on va regarder comment...
M. Ouellet : Ah! je ne dis pas que
j'ai plus de proximité avec votre leader.
M. Lafrenière : Non, ce que je veux
dire par là, vous connaissez très bien comment ça fonctionne, de mon côté,
c'est de trouver le bon outil, mais on ne l'exclut pas, c'est important.
M. Ouellet : Combien de temps, M. le
Président? Deux minutes.
Entrepreneuriat
autochtone féminin. Le ministre de l'Économie a
décidé de confier de nouvelles responsabilités à Femmessor, dont celle
de soutenir l'entrepreneuriat des femmes autochtones dans une enveloppe
bonifiée de 23 millions. Or, il existe un organisme qui se consacre à
cette mission depuis plus de 20 ans, la Commission de développement
économique des premières nations Québec-Labrador. En plus de faire fi de cette
expertise, la mesure annoncée dans le budget met les femmes autochtones dans la
même catégorie que les personnes handicapées.
Avec tout le respect que nous avons envers les
femmes et les personnes handicapées, est-ce que vous trouvez ça normal? Et
est-ce que, plutôt, on devrait soutenir l'entrepreneuriat féminin autochtone à
travers une organisation qui existe déjà, soit la Commission de développement
économique des premières nations Québec-Labrador?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M.
Lafrenière : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Écoutez, je
peux vous répondre à une partie de votre question, l'autre, honnêtement, je ne
le sais pas, je vais vérifier.
Vous m'amenez un
point pour Femmessor. Ce que je peux vous dire cependant, dans mon secrétariat,
il y a le Fonds d'initiatives autochtones, le FIA, qui nous permet d'aider.
Puis, si vous regardez dans les documents que vous avez reçus, il y a des
sommes qui ont été dédiées aux femmes entrepreneures, aux femmes autochtones et
à la jeunesse, ce sont des sommes qui sont vraiment dédiées pour eux. Alors,
cependant je comprends ce que vous m'avez mentionné, je vais le vérifier, c'est
une information que je ne connaissais pas. Mais je peux vous dire que, moi,
dans les enveloppes qui sont données en investissements autochtones, c'est
environ 1 million, là, qui a été mis pour les femmes entrepreneures.
M. Ouellet :
Je ne veux diminuer en rien le rôle de Femmessor. Je l'ai connu dans mon
ancienne vie à titre de développeur économique avec des organismes de
développement économique, ils font un travail colossal avec les femmes. Mais
comme la partie «femmes autochtones», dans une nouvelle enveloppe, venait aussi
par «femmes handicapées», d'où un petit peu la mauvaise association, donc je
vous tends la main. Regardez peut-être la façon qu'on pourrait travailler
différemment à l'avenir pour donner l'opportunité à un organisme qui existe
déjà d'avoir son pendant féminin pour que l'entrepreneuriat féminin autochtone
ait sa pleine amplitude à l'intérieure même d'une organisation qui le fait de
façon plus générale depuis les 20 dernières années.
M.
Lafrenière : Absolument, je vous entends. Puis comme je vous
mentionnais, cependant, dans l'enveloppe du FIA, j'ai une enveloppe
réservée aux femmes, c'est environ 1 million, puis, pour moi, je trouve ça
extrêmement important pour promouvoir l'entrepreneuriat au féminin.
Le
Président (M. Bachand) : Ça va?
M. Ouellet :
Merci, M. le ministre.
Adoption des crédits
Le Président (M. Bachand) : Merci
beaucoup. Donc, le temps alloué à
l'étude du volet Affaires autochtones des crédits budgétaires du portefeuille
Conseil exécutif étant presque écoulé, nous allons maintenant procéder à la mise
aux voix de ces crédits par appel nominal, conformément à l'entente du
13 avril 2021. Donc, pour la mise aux voix du programme 4, intitulé
Affaires autochtones, Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire : Oui. Pour les
membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux :
Pour.
La Secrétaire :
Pour les membres de l'opposition officielle, M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley :
Contre.
La Secrétaire :
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques)?
Mme Massé :
Contre.
La Secrétaire :
M. Ouellet (René-Lévesque)?
M. Ouellet :
Contre.
Le
Président (M. Bachand) : Donc, c'est adopté.
Documents déposés
En terminant, je
dépose les réponses aux demandes de renseignements de l'opposition.
Compte tenu de
l'heure, la commission suspend ses travaux jusqu'à 17 heures, où elle va
entreprendre l'étude du volet Relations canadiennes et Francophonie canadienne
des crédits budgétaires du portefeuille Conseil exécutif. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 16 h 28
)
(Reprise à 16 h 59)
Le
Président (M. Bachand) :
Bonjour, tout le monde. À
l'ordre, s'il vous plaît! La commission
reprend ses travaux.
La
commission est réunie afin de procéder à l'étude du volet
Relations canadiennes et Francophonie canadienne des crédits
budgétaires du portefeuille Conseil exécutif pour l'exercice financier 2021‑2022.
Une enveloppe de 75 minutes a été allouée pour l'étude de ces crédits.
Avant de débuter, Mme la secrétaire, y a-t-il
des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M.
le Président. Donc, Mme D'Amours (Mirabel) est remplacée par M. Girard (Lac-Saint-Jean) et Mme Lavallée (Repentigny)
est remplacée par Mme Hébert (Saint-François).
Relations canadiennes et Francophonie canadienne
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Nous allons
procéder aux échanges entre les groupes d'opposition et la ministre par blocs
d'environ 12 à 16 minutes pour permettre à chaque groupe d'écouler
graduellement son temps de parole. Le temps d'échange inclut bien sûr les questions
et les réponses. La mise aux voix de ces crédits sera effectuée à la fin du
temps qui leur est alloué, donc vers 18 h 15.
Discussion générale
Je suis maintenant prêt à reconnaître une
première intervention. M. le député de D'Arcy-McGee, s'il vous plaît, pour un
bloc de 16 min 7 s.
• (17 heures) •
M. Birnbaum : Merci beaucoup, M. le
Président. Collègue député de deuxième opposition, à Mme la ministre, l'équipe
de votre cabinet et du ministère, merci d'être là, collègues du côté ministériel.
Je suis reconnaissant, comme tout le monde, de
ces opportunités très importantes en ce qui a trait à l'étude des crédits. Un
exercice dont l'importance ne peut pas être minimisée, je crois. On parle d'une
reddition de comptes qui est notre obligation mutuelle d'assurer que la
ventilation des dépenses, des programmes est la plus ouverte et claire que
possible.
Et donc aujourd'hui on a un petit peu de temps
pour deux dossiers qui des fois peuvent avoir l'air un petit peu obscurs, mais
j'insiste que ce n'est pas le cas. Je suis sûr que la ministre va en convenir
avec moi. Quand on parle de notre devoir ensemble de sauvegarder, de faire
rayonner le fait français, pas seulement en dedans de nos frontières ici au Québec,
mais partout au Canada, c'est un devoir qu'on partage, tout le monde.
Et le deuxième dossier dont on va parler a toute
son importance, c'est-à-dire comment le Québec s'assure qu'il joue à son juste
titre son rôle au sein de la fédération canadienne, et surtout, surtout,
comment on s'assure que chaque jour et de chaque façon, nos concitoyens
bénéficient de tous les avantages de notre place au sein de cette fédération, et qu'en le faisant nos priorités, nos
façons de faire ici, au Québec, sont à juste titre respectées comme il
faut.
Bon, ce qui va m'emmener à quelques questions.
Et j'aimerais, si on peut me permettre, de parler de la francophonie canadienne
en premier et de nous rappeler qu'on partage ce pays avec quelque... plus qu'un
million de Canadiens et Canadiennes francophones dans les autres provinces, qui
sont dans toute leur diversité très fiers de leur place au Canada, très attachés à un lien normal, historique, et
important, et, j'ose dire, rentable avec notre Québec, mais en même
temps très conscients de leur propre autonomie. Mais, dans ces rôles-là, le
Québec, à l'intérêt de nous tous et à l'aide
de ces francophones dans le reste du Canada... ont intérêt mutuel à travailler
ensemble et à s'appuyer ensemble.
Moi, j'ai eu dans mes anciennes fonctions à deux
reprises, pour une période d'une bonne vingtaine d'années, comme directeur
général d'Alliance Québec, qui représentait notre communauté québécoise de langue
anglaise, ainsi... comme directeur général pour 10 ans de l'Association
des commissions scolaires anglophones du Québec, de comprendre à juste titre...
et, si je peux me permettre, mon rôle et le rôle de ces deux institutions-là
aussi à défendre les minorités linguistiques à travers le Canada. Et j'ai eu la
fierté d'être très impliqué dans la bataille pour sauver l'Hôpital Montfort à
Ottawa. Bon, je suis d'un certain âge. J'étais très impliqué dans
l'intervention devant la Cour suprême qui est la pierre angulaire des droits à
l'accès aux écoles et à la gestion des écoles françaises à travers le Canada,
la cause Mahe. J'ai eu à travailler de très près avec le seul commissaire de
services en langue française en Ontario, François Boileau. On a défendu ensemble
le Programme de contestation judiciaire. Voilà quelques pierres angulaires de
la francophonie canadienne et des minorités linguistiques au Québec. Et, quand
ils sont menacés, traditionnellement et à juste titre, ils comptent sur le
Québec pour être au rendez-vous avec eux.
On a un exemple malheureux dernièrement, il
s'agit de Laurentian University, l'Université Laurentienne à Sudbury, dans un
premier temps, qui s'est prévalu de la Loi sur les arrangements avec les
créanciers. À l'université, qui est un lieu public, aux causes... Bon,
peut-être de la mauvaise gestion, j'ignore, ce n'est pas ça, le point. Ça nous frappe quand il y a quelque 24 programmes
enseignés en français, unique endroit en Ontario, dans le nord, des
programmes qui touchent aux communautés francophones partout au Canada, même au
Québec, formation des enseignants, formation
de sages-femmes, de mathématiques, 11 programmes de la maîtrise. C'est
assez important, et ça... L'éducation, c'est
une des pierres angulaires des communautés minoritaires linguistiques, c'est
sûr, de n'importe quelle communauté. Et comme a dit plusieurs
intervenants dans le... que c'est crucial pour protéger la pérennité de
l'enseignement postsecondaire en français dans le nord de l'Ontario et, j'ose
dire, beaucoup plus de sauvegarder ces communautés francophones. Et je crois
qu'on va en convenir, que, quand ces communautés sont en danger, nous, ici, au
Québec, on a une tradition qu'on protège, j'espère avec grande fierté et
vigilance, d'être au rendez-vous aussi.
Bon, ce qui m'emmène à la question de... La
ministre, seule citation que j'ai trouvée, bon, dans Le Devoir,
là-dessus : «La solidarité du Québec envers le reste de la francophonie
canadienne est ferme et très engagée», a soutenu la
ministre responsable du dossier en réaction à ces nouvelles-là. J'aimerais
savoir si... En étant connaissant de nos responsabilités assez uniques ici, au Québec,
quel genre de geste est-ce que la ministre aurait entamé dans ce dossier-là? Est-ce
qu'elle a eu une conversation avec son homologue en Ontario? Est-ce qu'elle a
parlé de ce sujet? Je comprends la confidentialité, mais est-ce que ça s'est
discuté au sein du Conseil des ministres? Est-ce qu'elle a invité le premier
ministre à parler avec son homologue, le premier ministre Doug Ford? Est-ce
qu'elle aurait parlé avec Jean Johnson, le
président de la fédération des francophones et Acadiennes du Québec? Quel geste
concret est-ce qu'elle aurait entrepris pour répondre à ce fléau, cette
situation qui est très dangereuse pour les Franco-Ontariens et les
Franco-Canadiens à travers le pays?
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme LeBel : Bien, merci. Écoutez,
cher collègue, M. le Président, vous débutez avec un dossier qui me tient beaucoup
à coeur. Je dois vous dire que c'est un portefeuille, les Relations canadiennes
et la Francophonie canadienne que j'ai depuis le début de ma nomination comme ministre.
Et d'ailleurs j'ai eu l'occasion, je pense que c'est important de le dire, lors
de mes premières interventions à l'Assemblée nationale, d'intervenir sur, on
s'en souviendra à l'époque... Bon, le temps passe très vite, mais c'est quand
même assez marquant encore une fois, c'était la question de l'université à
Toronto à l'époque. Et ça a été, à cette occasion-là, je vous dirais, une des
premières occasions où j'ai eu l'occasion de discuter avec ma vis-à-vis qui est
responsable de la Francophonie, des francophones de l'Ontario, Mme la ministre
Mulroney. Avec elle, je partageais également le portefeuille de la Justice,
donc on avait des conversations très régulières en matière de justice et en
matière de francophonie. Elle a depuis,
comme moi, pour des raisons... on a toutes les deux quitté la Justice, mais on
a gardé ce portefeuille-là, donc...
Et l'enjeu de la francophonie, vous avez raison,
c'est extrêmement important. D'ailleurs, c'est quelque chose qui me tient à
coeur. Puis je pense que c'est important que je le réitère, parce que ça
faisait partie de votre préambule d'ouverture, l'intérêt qu'on doit porter à la
francophonie canadienne. Et je considère que le Québec fait partie de cette
francophonie canadienne. On est quand même la seule province francophone. Je
sais que dans le passé j'ai commis un lapsus, là, mais je sais très bien que le
Québec est la seule province francophone au Canada. Et je pense qu'à ce
titre-là le Québec a une responsabilité à assumer et doit jouer un rôle de
leader au sein de cette francophonie, et doit jouer aussi le rôle de protéger,
et, à tout le moins, de donner... de veiller à la vitalité... l'apport du reste
des francophonies.
D'ailleurs, dans le dossier, les grandes
orientations que nous avons soumises à la ministre Joly dans le cadre de son projet de réforme... Je ne me souviens plus
de la couleur du livre qu'elle a déposé, là, mais dans son cadre de...
Une voix : ...
Mme LeBel : Vert.
Une voix : ...
• (17 h 10) •
Mme LeBel : Blanc. Bon, peu
importe, vous savez ce que je veux dire. Donc là, je me mêle dans les couleurs
de livres, mais j'espère que vous ne m'en tenez pas rigueur. Mais, dans le
cadre de la réforme qu'elle se propose de faire sur la Loi sur les langues
officielles, une des grandes orientations est bien le respect du rôle du Québec
dans la Francophonie canadienne. On sait très bien que les langues officielles
sont d'une juridiction fédérale, mais je pense qu'on a un rôle actif à jouer au
sein de cette francophonie-là. On a d'ailleurs eu, quand vous avez eu le
portefeuille, cher collègue, l'opportunité d'en discuter.
Donc, oui, c'est fort important pour nous, on
veut accentuer ce rôle auprès de la Francophonie canadienne. Ça va me permettre
de faire un petit... de publicité, si vous me permettez, pour dire que c'est
aujourd'hui qu'on peut s'inscrire. Il y a des portions du Sommet sur la
Francophonie, le rapprochement des francophonies, que l'on organise... qui
commencera du 12 au 17 juin, qui correspondent au grand public, ils
sont accessibles au grand public, aux organismes aussi... et on est partenaires
avec la FCFA. Vous avez fait référence à M. Johnson dans ce dossier-là.
Donc, ici, j'invite les gens à s'inscrire en grand nombre. C'est fort
intéressant de connaître leur opinion sur le rôle que le Québec peut jouer dans
la Francophonie canadienne.
Donc, pour
moi, c'est quelque chose d'extrêmement important, de très personnel, je vous
dirais même, parce que j'ai moi-même
de la famille dans toute la Francophonie canadienne, que ce soit du côté de ma
mère au Nouveau-Brunswick ou du côté de mon père, des gens qui se sont
installés à Vancouver dans la communauté francophone, à Calgary, à Edmonton
dans la francophonie. C'est le travail qui les a amenés là, mais maintenant ils
ont bâti leurs familles là. Ils sont fiers francophones hors Québec depuis de
très nombreuses années.
Quand on parle de l'Université Laurentienne,
particulièrement, c'est effectivement un impact très dur sur la communauté
francophone. J'ai eu d'ailleurs l'occasion d'en parler avec M. Johnson,
qui était fort satisfait de la position que le Québec a adoptée dans ce
dossier-là. J'ai eu l'occasion d'en parler avec ma vis-à-vis Mme Mulroney,
et on a eu une discussion très intéressante. Et je lui ai fait part des enjeux
et de notre préoccupation qui étaient, pour des raisons fort différentes, un
peu similaires à celles qu'on avait véhiculées à l'époque où le dossier de
Toronto est venu dans l'actualité, dossier, d'ailleurs, qui, heureusement, a
réussi à trouver un dénouement quand même moins difficile... ce que la première décision laissait entrevoir. Elle m'a assurée que le gouvernement ontarien
était fort préoccupé par cette situation-là. Maintenant, vous
comprendrez qu'on doit le faire... on a assuré aussi de la collaboration du Québec en matière d'expertise. Il y a déjà des discussions
qui se font entre nos équipes respectives sur un réseau francophone.
Donc, oui, on est sur le dossier, cher collègue.
Oui, j'ai des discussions avec Mme Mulroney. Mais il faut quand même... On
va parler dans le deuxième volet, hein, du rôle au sein de la Francophonie
canadienne, de la fédération... Le Québec est très jaloux de ses compétences,
donc il faut respecter celle des autres, mais on joue notre rôle au sein de la
Francophonie canadienne.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum :
Merci. Merci, Mme la ministre. La ministre parlait, justement, du Sommet de la
Francophonie canadienne. Nous sommes depuis 2006 sans renouvellement de la
politique sur la francophonie canadienne ici, au Québec. J'ai assisté avec intérêt au sommet. Je note... Le programme
commence à se dessiner, mais je ne note aucunement... Je comprends, ce
n'est pas une instance décisionnelle, mais je ne note aucunement une indication
que les fruits de ces discussions vont alimenter une réflexion avec un échéancier
très clair sur le renouvellement d'une politique en matière de francophonie
canadienne. Est-ce que la ministre peut me rassurer que ça va être le cas, dans
un premier temps, et, deuxièmement, si oui, est-ce qu'elle peut me diriger vers
un endroit où je comprendrai les grandes orientations soumises par ce
gouvernement en ce qui aurait trait à un renouvellement d'une telle politique?
Le Président (M.
Bachand) : Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme LeBel : Bien, écoutez, oui,
c'est clairement le message, et j'ai eu l'occasion de faire une tournée
pancadienne, avant la pandémie naturellement. D'ailleurs, j'étais en
Nouvelle-Écosse au moment où les frontières... où, au Québec, on a annoncé
qu'on fermait, là, pour trois semaines. Ça semble bien loin. Mais, oui,
l'objectif est d'alimenter cette politique canadienne en matière d'implication
en francophonie canadienne.
On a plusieurs façons de s'impliquer, par nos
programmes d'investissements, mais aussi par d'autres moyens, comme de
l'expertise, des partenariats, du réseautage. On veut donner à cette
Francophonie canadienne aussi une valeur ajoutée au niveau économique. Je pense
que la francophonie doit être vue comme un investissement et non pas simplement
comme une dépense au sein des gouvernements. Et c'est l'objectif qu'on a.
Maintenant, sur l'échéancier. Naturellement,
notre échéancier, malheureusement, a pris un coup dans la dernière année. Ce
sommet devait avoir lieu l'année passée. Donc, oui, mais l'objectif est de bel
et bien alimenter notre politique canadienne, et on veut le faire avec les gens
sur le terrain. Et donc c'était l'objet... c'est la nouvelle politique, donc,
de soutien à la francophonie, et on devrait être capable de la sortir dans les
semaines, les quelques mois qui vont suivre le sommet. C'est l'objectif, là. Le
sommet, ce n'est pas là où ça commence, c'est là où ça se termine. On a déjà
des travaux de faits, vous le comprendrez, donc...
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup.
Mme LeBel : ...je pense que c'est
important de le comprendre.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député, il vous reste une
quarantaine de secondes dans ce bloc.
M. Birnbaum : Bon, très, très vite,
juste de savoir si la ministre est solidaire avec les communautés francophones
du Québec qui ont besoin de se renflouer aussi et dont une préoccupation, c'est
l'immigration française dans les autres neuf provinces et trois territoires du
Canada. Comment est-ce que la ministre appuie et réagit, si elle appuie cette
revendication des communautés francophones et acadiennes?
Le Président (M.
Bachand) : Très, très rapidement, Mme la ministre.
Mme LeBel : Oui. Bien, je peux vous
dire que, oui, ça fait déjà l'objet des discussions dans les commissions
ministérielles de la Francophonie canadienne, où tous les ministres
responsables de la Francophonie de leur province respective se trouvent, et, oui, on est très conscients que
l'immigration peut diminuer le poids démographique des communautés
francophones parce que la tendance est de s'angliciser. Donc, on est dans des
discussions actives sur ce sujet-là.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Mme la députée de Joliette, pour un
bloc de 12 min 5 s.
Mme
Hivon : Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. Salutations à la ministre, au sous-ministre, à toute
son équipe, aux collègues, bien entendu. Écoutez, M. le Président, force est de
constater, après deux ans et demi d'arrivée au pouvoir d'un gouvernement de la
CAQ, qui se disait très, très nationaliste, qui serait revendicateur et
audacieux pour réinventer, rien de moins, le fédéralisme canadien, que, dans le
fond, quand on compare ce règne avec le règne précédent des libéraux, c'est
vraiment bonnet blanc, blanc bonnet. Et j'en veux pour preuve un retour sur,
toujours, ce projet pour les nationalistes du Québec, qui avait été déposé,
donc, comme étant la plateforme constitutionnelle de la Coalition avenir
Québec.
Donc, voyez-vous, l'année dernière j'avais posé
des questions à la ministre point par point sur ce fameux plan, qui se voulait
ambitieux, des ententes administratives, de la législation, des modifications
constitutionnelles bilatérales et globales. Et donc elle
m'avait dit tout bonnement qu'elle n'avait pas du tout pu s'occuper de ce plan
compte tenu de la pandémie, donc cet été elle n'avait pas pu s'en occuper.
Alors là, je me suis dit : Là, quand même,
on est plus avancés, la ministre a eu le temps de faire plein de choses. Elle a
même fait adopter un projet de loi sur la dotation dans le secteur public.
Donc, cette année, j'imagine qu'il y a des
choses qui vont avoir bougé côté revendications. Alors, j'ai été assez surprise
de constater que, dans toutes nos questions par rapport à chacun des
éléments du fameux plan nationaliste de la CAQ, la réponse est toujours la
même. C'est les réponses à nos renseignements particuliers, question 15 et
suivantes.
Donc, on demandait tout simplement «liste des
rencontres tenues et des démarches entreprises auprès du gouvernement fédéral»,
bon, en lien avec la déclaration de revenus unique, en lien avec le transfert
de points d'impôt, en lien avec le transfert en bloc des budgets fédéraux en
matière d'infrastructures, en lien avec les pouvoirs en culture. D'ailleurs, aujourd'hui, on a adopté une motion en Chambre
sur cette question-là, toujours la même réponse : Le Secrétariat du
Québec aux relations canadiennes n'a pas entrepris de démarche ou de rencontre
auprès du gouvernement fédéral sur ce sujet en 2020‑2021.
Alors, j'aimerais savoir, cette année, quelle
est l'excuse de la ministre pour ne pas avoir avancé sur aucun des enjeux du
plan nationaliste de la CAQ.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme LeBel : Oui. Bien, ça va me
faire plaisir d'y répondre. Ça commence toujours bien quand la question finit
par «quelle est l'excuse», donc...
Mais, ceci étant dit, M. le Président,
effectivement, je vais probablement décevoir ma collègue dans ma réponse, mais
pas dans les actions des Relations canadiennes. Vous savez, je pense que je ne
peux pas... je ne me trompe pas en affirmant que les Relations canadiennes ont
été extrêmement sollicitées dans la dernière année, depuis le mois de mars 2020.
S'il y a un secrétariat au Québec... Bien, tous les ministères ont été
sollicités, mais s'il y a un secrétariat qui
a été extrêmement sollicité, c'est bien les Relations canadiennes quand on
parle de tout ce qui découlait de la COVID-19 et des ententes
intergouvernementales qu'on a dû faire.
Donc, on a dû participer aux discussions
extrêmement actives avec l'Accord de relance sécuritaire, où on a obtenu des
sommes de 19... où on parlait de santé, équipement de protection individuelle,
des soins de longue durée, tous les transferts qui ont été faits, des
transferts non récurrents, je dois dire. Mais...
Mme
Hivon : Ce n'est
pas le sens de ma question. Je comprends qu'elle veut nous dire les éléments
qu'elle a faits. Mais moi, ma question, c'est sur le plan, le projet des
nationalistes du Québec de la CAQ. Je veux savoir si c'est vrai qu'il n'y a
rien qui a été fait, comme c'est écrit dans le cahier des crédits.
Mme LeBel : Bon. Bien, je pense que
je vais répondre à la question, M. le Président. La question ne... peut ne pas
satisfaire ma collègue, mais c'est la réponse que je fournis à la commission,
M. le Président.
Vous savez, il y avait également dans la lettre...
Vous vous souviendrez qu'on avait envoyé également une lettre, au début de la... à la dernière élection fédérale, je pense,
c'est 2019 — le temps
passe très vite — où on
avait réitéré les quatre priorités de la CAQ. Puis tous les
dossiers sont importants, mais on avait mis l'accent sur quatre priorités
qui étaient, entre autres le respect de la Loi sur la laïcité, l'application de
la loi 101 aux entreprises de compétence fédérale, plus de pouvoirs pour
le Québec en immigration et la création d'un rapport d'impôt unique pour le
Québec.
Donc, il y avait également dans la situation...
ils avaient réglé enfin... Quand on est arrivés au pouvoir, la stratégie
nationale sur l'habitation, qui n'était pas encore réglée, alors nous avons
réglé la stratégie nationale sur l'habitation. On a pu signer une entente
asymétrique. On a des discussions extrêmement actives sur l'application de la
loi 101, qui ont eu lieu, et qui ont encore lieu, avec la ministre Joly
sur ce dossier-là.
Donc, oui, on a réglé des dossiers. Est-ce
qu'ils répondent à tous les enjeux du programme? Je pense, c'est 2015, si je ne
me trompe pas, pour être sûre d'avoir la bonne date.
• (17 h 20) •
Mme
Hivon : Oui.
Mme LeBel : 2015. La réponse est
non, mais on a été extrêmement actifs et on a conclu plusieurs accords. Je
comprends que ma collègue ne veut pas que je les énumère, M. le Président, mais
si l'occasion m'est donnée de le faire... On n'a pas été inactifs et on a fait
avancer le Québec dans beaucoup de dossiers, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. C'est juste une question de gestion de temps
dans la proportion.
Mme LeBel : Oui. Absolument.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Joliette, s'il vous plaît.
Mme
Hivon : Oui. Le
problème, M. le Président, c'est qu'on veut savoir si c'est toujours le programme
de la CAQ, parce que quand, trois années de suite, on pose des questions, et
qu'il n'y a absolument aucune démarche qui n'a été faite par la ministre
responsable des Relations intergouvernementales sur les enjeux qui sont
énumérés ici, je pense qu'il faudrait de manière transparente juste dire :
Écoutez, ce programme-là, ce n'est plus notre programme, puis
on l'a mis de côté. Et donc, maintenant, on est dans un nationalisme plus
défensif. Parce que c'est ça, la dernière année, c'est un nationalisme défensif.
En fait, c'est un fédéralisme parce que je ne pense pas qu'on peut parler de
nationalisme défensif quand on voit les empiétements du fédéral, toutes les
occasions qu'il a saisies dans la pandémie, donc, pour augmenter son influence,
y compris dans le dernier budget. Je pourrais vous faire une énumération assez incroyable. On parle d'autisme, évidemment,
on parle de normes pour les soins aux aînés, on parle de recherche pour
lutter contre le cancer pédiatrique — bref, je pourrais vous en
faire toute une liste — pendant
que le gouvernement du Québec n'est pas proactif. Il est juste en train
d'essayer de garder ses buts pour qu'il n'y
ait pas trop d'empiétement dans ses compétences. Donc, moi, je veux
juste savoir, est-ce que ça, c'est formellement mis de côté.
L'autre chose que je veux savoir, c'est :
Comment se fait-il que, quand on va sur le site du secrétariat, la politique et
le plan d'action qui sont toujours là, c'est la politique et le plan d'action
du précédent gouvernement? C'est donc : Québécois, notre façon d'être
Canadiens — on
croirait entendre Jean-Marc Fournier — Ensemble, on fait
avancer le Québec avec le logo libéral. Comment la ministre
peut-elle expliquer que c'est toujours la politique et le plan d'action de son secrétariat
après deux ans et demi de la CAQ au pouvoir?
Le Président (M.
Bachand) : Mme la ministre, s'il vous
plaît.
Mme LeBel : Oui. Bien, alors je vais
continuer de répondre, M. le Président, avec beaucoup de plaisir. Ce n'est pas
un nationalisme défensif. Et je pense que la réponse du parti de ma collègue
est un nationalisme de retrait, c'est-à-dire on quitte le Canada puis on
s'arrange avec nos affaires, puis je pense que ce n'est pas le choix des Québécois
et ce n'est pas, quant à moi, la meilleure solution pour les Québécois. Ce qui
ne nous empêche pas d'être nationalistes et de faire des avancées pour le Québec.
Vous savez, on a eu plusieurs avancées dans la dernière année. On a eu la
conclusion avec le gouvernement fédéral de quatre ententes majeures
relativement au marché du travail. On a eu d'ailleurs l'accord sur la relance
sécuritaire. On a eu la conclusion d'une entente pour le logement provisoire — je
vous en ai parlé tantôt — pour
les coûts engagés par le Québec pour les demandeurs d'asile. Donc, on a
travaillé. On a aussi travaillé, il faut le dire, hein, depuis la dernière
année, à la sécurisation de nos frontières, à la fermeture des frontières pour
s'assurer que le Québec était en sécurité sanitaire.
Donc, il y a eu beaucoup de travail qui a été
fait, et je l'ai dit tantôt, d'entrée de jeu, le secrétariat québécois aux
relations canadiennes, le SQRC, a travaillé très fort dans la dernière année, justement,
pour l'ensemble des ententes intergouvernementales, pour s'assurer que nos
entreprises, nos travailleurs, on avait des programmes complémentaires.
Donc, je pense que ce n'est pas de l'inaction et
ce n'est pas défensif. C'est d'avoir des résultats et des gains probants pour
nos Québécois. Oui, on va toujours être défensifs puis on va toujours être aux
premières loges pour défendre nos compétences. Et la lecture de ma collègue est
quand même une bonne lecture. On a, du côté canadien, des tendances à vouloir
empiéter sur nos compétences, mais on va toujours être là pour les défendre. Et
ce n'est pas être défensif, c'est de jouer notre rôle au sein de la fédération
et d'affirmer notre autonomie, nos compétences. On travaille très fort
également sur la Loi sur les langues officielles. Ça fait que je pense que c'est
important de le dire, M. le Président...
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Merci.
Mme LeBel : ...qu'on n'est pas
défensifs, on est proactifs, mais on va toujours être là pour défendre nos
compétences.
Le Président (M. Bachand) :
Mme la députée de Joliette, s'il vous plaît.
Mme
Hivon : Le sens de
mes interventions... puis je n'ai pas eu de réponse. Est-ce que c'est toujours,
donc, le plan d'action du gouvernement de la CAQ le même que celui du
gouvernement libéral? Je trouve que c'est quand même assez éloquent. Je n'ai
pas eu de réponse à savoir si c'était toujours le plan de match du gouvernement
de la CAQ. Et je ne remets pas en question que le secrétariat travaille, il
travaille fort. Il travaille comme il travaille toujours, parce qu'il y a des
choses à gérer, il y a des empiétements à défendre, il y a plein de choses à
faire.
Je lui demande si elle travaille pour appliquer
ça, auquel cas il faut le dire aux Québécois si ce n'est plus ça. Et donc j'ai
des questions très précises, à savoir, le rapport d'impôt unique, est-ce qu'ils
ont carrément abdiqué? Parce que c'est ce que son collègue le ministre des
Finances a dit, il a dit : La porte a été fermée, donc on ne demande plus
rien. Ça a l'air d'être la même chose ici, la ministre n'a fait aucune démarche
en ce sens. Et le 6 milliards de transferts en santé, quelle est
l'échéance de la ministre pour avoir une réponse et avoir ces sommes-là au
Québec, puisque c'est supposé être la priorité?
Le Président (M. Bachand) :
Mme la ministre.
Mme LeBel : Bon, beaucoup de
questions en peu de temps pour y répondre, M. le Président, mais je vais tenter
de toutes les faire. Écoutez, le plan d'action, là, c'est un plan d'action sur
le terrain puis ce n'est pas un plan de rédaction. Donc, présentement, la CAQ
fait ce qu'elle a à faire dans sa politique d'action canadienne. Elle est... On
a fait des gains dans la dernière année, dans les deux dernières années, et,
non, on n'a pas encore rédigé. Mais je pense que le plan d'action, il faut le
dire, c'est un plan d'action terrain, ce n'est pas un plan de rédaction. Mais,
dans nos actions au quotidien, on défend les valeurs
québécoises, on défend les compétences du Québec et on est sur tous les fronts.
Et je pourrais continuer à vous énumérer les gains qu'on a faits.
Non, on n'a
pas abandonné nos ambitions qui étaient démontrées dans les derniers... dans
les divers documents qu'on a produits, mais on pratique un fédéralisme
de... un nationalisme de pragmatisme, et on obtient les meilleurs gains aux
meilleurs moments, et on les fait un après l'autre.
Et je vous parlerais, donc, de la stratégie
nationale de l'habitation. Quand on est arrivés, ça faisait déjà un an que ce
n'était pas réglé. On a réussi à le régler. On l'a réglé. Et pourquoi ça ne se
réglait pas? Parce que, naturellement, le Canada ne répondait pas à nos
demandes. On a tenu bon, on s'est tenus debout et on a réussi à obtenir une
entente qui est asymétrique, à la satisfaction des Québécois, et qui est fort
avantageuse pour les Québécois. Alors, on est, sur tous les fronts, M. le
Président...
Le Président (M.
Bachand) : Merci.
Mme LeBel : ...et on va continuer à
travailler dans ce sens-là au quotidien. Mais la pandémie, elle est là, et on a
dû travailler sur des enjeux beaucoup plus criants.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Mme la députée de Joliette, moins
d'une minute.
Mme
Hivon : Oui, je
comprends, mais la ministre a quand même réussi, là, malgré la pandémie, à
faire adopter un projet de loi sur la dotation dans le secteur public. Je ne
dis pas que ce n'est pas important, mais je pense que de défendre le Québec et
surtout de savoir si ce projet-là est toujours leur projet nationaliste, ce
serait une bonne chose en matière de transparence. À savoir si le plan d'action
est le même aussi, je n'ai pas eu de réponse. Mais là je pose des questions
très précises : C'est quoi, leur date limite pour les négociations pour le
6 milliards de transferts en santé? Et est-ce que, sur le rapport d'impôt
unique, ils ont abdiqué, comme a dit son collègue des Finances, en
disant : Bien, on a eu une fin de non-recevoir, donc je ne fais plus de
démarche.
Le Président (M.
Bachand) : 20 secondes, Mme la ministre.
Mme LeBel : On est... On a un effort
concerté avec toutes les provinces et tous les premiers ministres sur les
transferts en santé. On ne lâchera pas le morceau. L'augmentation, jusqu'à
35 %, est fort importante pour nous, et on a fait la démonstration de façon
mathématique que le Canada allait résorber son déficit beaucoup plus rapidement
que nous. On y est, et je vous dis que le premier ministre et tous les premiers
ministres des provinces sont sur ce dossier-là à chaque semaine.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M. le député de
D'Arcy-McGee, s'il vous plaît.
• (17 h 30) •
M. Birnbaum : Merci, M. le
Président. Bon, j'ose croire avoir entendu le mot «fédéralisme», peut-être un
lapsus de la ministre.
Si on va parler de dossiers des affaires intergouvernementales,
c'est important, comme j'ai dit, on parle des juridictions partagées, un
financement essentiel potentiel qu'il ne faut pas laisser sur la table, il faut
évidemment protéger nos propres compétences afin qu'on ait toute la marge de
manoeuvre pour notre propre épanouissement et développement économique, social,
culturel, il faut produire des résultats. Et, en plus, pour... faire, il faut
bâtir des liens de confiance et, de plus, il faut voir l'âge. Bon, les gouvernements
ontariens... les libéraux nous ont légué la doctrine Gérin-Lajoie, qui fait
régner le Québec en français partout au monde. On a joué le rôle clé pour la
création de l'Organisation internationale de la Francophonie, la création du
Centre de la francophonie des Amériques, l'entente McDougall—Gagnon-Tremblay
sur l'immigration, dont on reçoit des gains très importants toujours, des fois
laissés sur la table par le gouvernement actuel, première entente sur la main-d'oeuvre
qui a donné naissance à Emploi-Québec et la Commission des partenaires du
marché du travail, pour en mentionner juste quelques-uns de plusieurs réalisations.
Si on va se convenir que c'est un dossier d'une
grande importance, j'invite la ministre à me donner quelques détails sur deux questions
clés.
Dans un premier temps, est-ce qu'elle peut
m'offrir un geste structurant à la taille des quelques exemples que j'ai
donnés, où la CAQ peut rendre compte d'un progrès important, d'un geste assez
important sur... de même ampleur que les genres d'initiatives que j'ai mentionnées?
Dans un premier temps, si elle partage l'importance d'avoir des ambitions à
cette taille-là, est-ce qu'elle peut nous expliquer pourquoi, quand on parle du
programme 3, Relations canadiennes, et
l'étude des crédits, on parle d'une diminution, modeste, mais une diminution
quand même, si on parle d'une
priorité, si on parle d'un volet de sauvegarder et de faire grandir le Canada
francophone avec l'aide du Québec?
Dans l'autre volet, si on ne veut rien laisser
sur la table, que le Québec exploite, à juste titre, chaque possibilité de bénéficier de notre fédération
canadienne, comment est-ce qu'on peut justifier le fait que, bon, en
relations canadiennes, dans les trois
programmes, cabinet de la ministre responsable des Relations canadiennes et de
la Francophonie canadienne, on parle d'une réduction de
12,7 millions à 12,5 millions, programme de... le secrétariat aux
relations canadiennes, une réduction de...
jusqu'à 2 390 000 $ à 2,8 millions? Représentation du
Québec au Canada, une réduction aussi pour faire en sorte que le total
de l'enveloppe est réduit par un montant assez substantiel, presque
500 000 $ dans un budget de moins de 16 millions de dollars.
Alors,
sur ces deux plans, est-ce que la ministre peut m'éclairer? Y a-t-il un
programme-phare qui va faire avancer le
Québec où on a fait beaucoup de progrès? Et pourquoi une diminution des budgets
de ces deux départements?
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Mme la ministre, s'il vous
plaît.
Mme LeBel :
Bon, je vais commencer peut-être à l'envers, c'est-à-dire par la fin de votre
intervention. Il y a une légère, vous l'avez mentionné, une légère diminution,
puis peut-être que M. Charland pourra compléter, si vous avez besoin de
plus de détails dans les divers programmes, mais il y a effectivement une
légère diminution de 15,8, je pense, à 15,2 qui s'explique principalement par
deux points, là, donc, par deux choses : un, par la non-récurrence de
sommes, là, qui ont été prévues pour deux éléments. Premièrement, on a la
présidence, présentement, cette année, le Québec, de la Conférence des premiers
ministres. Ça ne reviendra pas, parce que l'année va se terminer, donc il n'y a
pas de récurrence, dans ce budget, de ça. Et il y a également les coûts de mise
en place du Bureau du Québec, le bureau à
Ottawa, que vous aviez fermé, d'ailleurs, que nous avons réouvert. Donc, ces
coûts-là de la... qui... bon, il y a les budgets de fonctionnement qui
vont être récurrents, mais les coûts pour la mise en place et remettre en place
le Bureau du Québec à Ottawa, qui est fort important pour nous en matière de
relations canadiennes, puis je pense que c'est un geste fort, structurant pour
notre présence dans le reste du Canada, d'être au centre de l'épicentre des décisions du fédéral à Ottawa, donc, ce sont des
sommes qui étaient dans le budget précédent et qui ne reviendront pas.
Quand on parle des
budgets de programmes, que ce soit en matière de francophonie, de recherche, de
soutien à la francophonie, ces budgets-là ne sont pas affectés, ces budgets-là
demeurent les mêmes, les budgets traitent... de fonctionnement des bureaux,
également, demeurent les mêmes. Donc, ça s'explique par ces deux grands postes
là qui sont des postes non récurrents. Il y a aussi une... Donc, ça, c'est ça.
Pour revenir à votre
exemple, je pourrais... je viens de vous situer, je pense que la mise en
place... et remettre le bureau d'Ottawa, le
Bureau du Québec à Ottawa qui a été fermé par votre gouvernement, en place est
extrêmement important. Moi, je considère que c'est un symbole fort et
structurant. Et je vais vous nommer une entente, entre autres, de laquelle je
suis très fière, pour deux raisons, à titre de ministre de la Justice et à
titre de ministre... d'ancienne ministre de la Justice, mais je me reprojetais
dans le temps où j'avais les deux chapeaux, et de ministre responsable des
Relations canadiennes, qui est notre participation extrêmement active et
l'entente qu'on a eu pour participer à la nomination des juges dont les postes
sont réservés à la Cour suprême. Et on a eu l'occasion de mettre cette entente-là à l'épreuve lors de la dernière
nomination. Et je pense que, pour moi, c'est un geste extrêmement fort, structurant, de dire que le Québec a une
participation significative dans cette nomination-là et dans la nomination à
venir.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Mme LeBel :
Et je pense qu'on peut aller encore plus loin sur cet enjeu-là, et on y
travaille, mais, pour moi, c'est un énorme pas dans la bonne direction.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de D'Arcy-McGee, s'il
vous plaît.
M. Birnbaum :
Merci, M. le Président. Durant cette pandémie qui perdure, c'est le temps
d'assurer la plus grande efficacité, plus grande collaboration pour assurer
qu'il n'y ait pas, dans un premier un temps, un sou laissé sur la table et que,
devant cette crise, du jamais-vu, on est en mode collaboration et coopération.
Et là-dessus j'ai quelques questions pour la ministre parce que je ne suis pas
convaincu... c'est le modus operandus actuellement du gouvernement de la CAQ.
Dans un premier
temps, Statistique Canada a rendu l'essentiel de son personnel disponible pour
les activités de retraçage dès le début de la crise. Le retraçage, ce n'est pas
nécessairement un des volets de l'attaque contre la pandémie où ce gouvernement
s'est illustré plus que ça. Le Québec aurait pu en utiliser jusqu'à 400, 400.
Six mois plus tard, il avait fait appel à au plus d'une centaine d'entre eux. Est-ce
qu'on peut comprendre pourquoi le Québec a laissé cette offre non répondue ou
a... tout simplement, s'est prévalu d'un quart des gens disponibles pour nous
aider dans le combat contre la pandémie?
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre, s'il
vous plaît.
Mme LeBel :
Oui. Vous voulez que j'y réponde maintenant?
M. Birnbaum :
Oui.
Mme LeBel :
Oui. Bien, écoutez, c'était... Moi, je pense que vous pourriez avoir cette
conversation-là de façon beaucoup plus éclairée avec mon collègue
de la Santé et la Santé publique. Ce qu'on avait besoin de façon criante... D'ailleurs, on a
accepté, à l'époque, l'aide des Forces armées canadiennes puis on a réclamé
cette aide-là dans les CHSLD. C'est des gens
sur le terrain qu'on avait de besoin, pas des gens pour faire du dépistage nécessairement. Et, oui, il y a eu beaucoup d'échanges, de collaboration, mais
il y a eu aussi beaucoup de discussions avec le fédéral pendant toute cette
année pandémique qui, malheureusement, n'est pas encore terminée, mais on
est... on est dans une autre... on est quand même dans une autre époque. Et on
a fait en sorte, là...
Je
vous parlais tantôt de l'accord sur... de la relance sécuritaire, qui sont des
sommes extrêmement importantes, on est allé chercher 3 milliards de
dollars supplémentaires dans cette entente-là, 2 milliards pour les
municipalités, 1 milliard pour le transport
collectif. Et ma collègue aux Affaires municipales a fait des annonces fort
intéressantes. Et je vous dirais que les municipalités de partout au Québec
sont très contentes d'avoir eu cet apport supplémentaire là d'argent pour être
capables de répondre et de... au... j'allais dire «déficit», le mot est
peut-être très fort, mais aux impacts économiques sur leur budget qu'a eue la
pandémie.
Donc, on est
effectivement au rendez-vous, mais, dans les cas très précis de la nécessité
d'avoir des gens pour faire des dépistages sur le terrain, bien, on est... il
faudra parler avec la Santé publique et avec mon collègue à la Santé pour
connaître les raisons des décisions dans ce sens-là.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup. M. le député.
M. Birnbaum :
Oui, M. le Président. Je vais me permettre trois autres exemples. La ministre
est quand même en quelque part la représentante du... courroie de transmission
pour ces échanges de services Ottawa-Québec. Et pour parler de l'armée
canadienne, c'est un CHSLD dans ma circonscription qui a été en grosse crise,
Maimonides. Et, malgré mes revendications, ça a pris trois semaines avant que
l'offre du gouvernement fédéral a été acceptée, et il y avait des vies qui en
dépendaient.
Trois autres
exemples. J'aimerais avoir la réaction de la ministre. Il y a 2,3 millions
de tests rapides qui dorment encore dans les entrepôts. Système COVID Alerte,
la CAQ a boudé pendant six mois. On a toujours de la difficulté à comprendre où
est rendu le 432 millions de dollars du fédéral pour sécuriser les écoles.
On ne voit que des annonces de mesures qui parlent de 82 millions de dépenses.
Alors, est-ce que cet argent est tabletté en quelque part?
Dernière chose, une collaboration
qui est essentielle, Le Soleil rapporte, le 27 mars, que l'échange
des données entre Ottawa et les provinces... toujours problématique. L'Agence
de santé publique du Canada voulait faire un bilan de la situation, au mois de
mars, et ils ne pouvaient pas parce que les données du Québec et une autre
province n'étaient pas au rendez-vous. Et la Vérificatrice générale du pays
note que ça rend très difficile d'avoir des données complètes, donc des
solutions concertées aux difficultés. Alors, voilà trois questions qui touchent
la pandémie, oui, un autre ministère, en quelque part aussi, mais aussi la
qualité de l'échange entre la ministre devant nous et le fédéral afin d'assurer
tous les bénéfices, surtout en temps de pandémie, pour notre Québec.
• (17 h 40) •
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Mme la ministre.
Mme LeBel :
Oui, je vais commencer par corriger une affirmation de mon collègue. D'entrée
de jeu, ce n'est pas l'acceptation du Québec qui a pris du temps, pour l'armée
canadienne, c'est le déploiement. Parce qu'une fois qu'on a eu cette entente
avec le fédéral, ce n'est pas aussi simple que de claquer des doigts pour
déployer l'armée canadienne sur le terrain. Effectivement, pour mon collègue, il
y a eu... sur le terrain, malheureusement, il y a eu des délais, mais je pense
qu'il faut comprendre que ce qui a pris du temps dans les discussions... on
parle de déploiement, et non pas de constat de nécessité, à l'époque.
Je
vais revenir à peut-être... je vais peut-être avoir oublié dans...
mais vous pourrez le ramener, vous avez parlé de la reprise... la
rentrée, j'avais juste le terme anglophone, mais la rentrée sécuritaire, là,
qui était... en matière d'éducation. Écoutez, moi, le rôle, aux Relations
canadiennes, c'est d'aller chercher le maximum d'argent, et c'est ce qu'on a
fait, on est allé chercher dans cette entente-là et cette enveloppe-là, qui
s'est négociée fort rapidement, je dois le dire, et qui s'est... Et j'ai eu beaucoup
de conversations avec mon collègue, à l'époque, mon vis-à-vis aux Relations
canadiennes, en lui disant : Écoutez, vous êtes à minuit et 10... On était
à la veille de la rentrée scolaire, si je me souviens bien. Beaucoup d'enjeux
étaient que c'était pour les investissements qui n'avaient pas déjà eu lieu,
alors que nous, on avait déjà présenté, depuis juin, un programme. On était à
48 heures de l'ouverture.
Mais le rôle, aux
Relations canadiennes, est d'avoir été chercher le plus grand... notre apport
maximal. Et au départ, je vous dirais même que les calculs... on n'entrera pas
dans les détails, mais la façon de calculer du fédéral était désavantageuse
alors qu'on est allés chercher le poids démographique, et non pas le nombre
d'étudiants et l'âge, etc. Donc, on est allés chercher le maximum. Une fois
ceci étant dit, c'est ça, mon rôle aux Relations canadiennes. Si vous voulez
connaître l'usage de ces sommes, vous serez bienvenu de poser la question à mon
collègue aux Finances et à l'Éducation. Mais
nous, aux Relations canadiennes, on
est allés chercher le maximum et même dans les... et avec le minimum de reddition de comptes, parce qu'on pense
que c'est... pas «on pense», c'est notre compétence, l'éducation, mais,
par contre, on a quand même pris notre part et on s'est assuré d'aller chercher
le maximum des sommes.
J'ai
malheureusement... Vous avez parlé de trois points, je dois vous avouer qu'il y
en a un qui m'échappe, là. Donc, je ne veux pas vous obliger à le répéter, mais
peut-être un mot-clé puis je vous répondrai.
Le Président
(M. Bachand) : M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum :
Oui. Non, ça va aller, c'était dans le même angle. Mais écoutez, c'est avec des
conséquences, M. le Président, si, sur
432 millions de dollars, il y a des dépenses en santé, éducation, de
comptabilisées pour 82 millions de dollars. Ça risque d'avoir... Je
comprends, on a toujours des questions pour le ministre de l'Éducation
là-dessus, mais il y a des retombées pour la ministre qui a le dossier des
affaires intergouvernementales canadiennes aussi, parce que, où est notre
crédibilité, notre rapport de force, si on va chercher de l'argent qu'on
n'utilise pas? Nous avons des crédits énormes à chercher en termes de santé,
logement, d'autres. Ça n'ajoute pas à la crédibilité de la CAQ de savoir qu'il
y a de l'argent qui a l'air de rester sur la table actuellement.
Maintenant, un dossier qui est réglé, mais
j'aimerais savoir à quel prix, le dossier du logement, où on parle de quelque
1,9 milliard de dollars pour le logement social. Ça a pris deux ans pour
régler ce dossier-là. On va en convenir qu'on est
devant... mais on ne convient pas, c'est notre lecture, la lecture de la
plupart des intervenants au Québec, à part de la CAQ, que nous sommes en crise
du logement actuellement.
Ça a pris beaucoup de temps pour régler ce
dossier, et j'aimerais savoir si la ministre peut nous assurer qu'il n'y aurait
pas eu un grand impact durant ces deux ans de délai. On parle de la
construction des logements essentiels, on parle des logements vétustes qui
avaient besoin... qui a besoin d'être remettre à l'ordre, on parle d'un
inventaire immobilier qui n'est pas à la taille, on parle d'une demande qui
explose à Montréal ainsi qu'en région. Comment ça se fait que ça a pris deux
ans pour dégager un budget de quelque 1,9 milliard de dollars dans ce
dossier-là?
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. C'est maintenant tout le temps pour
le deuxième bloc. On pourra revenir à votre troisième bloc.
Mme LeBel : Dommage, j'avais une
réponse...
Le Président
(M. Bachand) : M. le député de Jean-Lesage, s'il vous
plaît.
M.
Zanetti : Merci, M. le Président. Merci beaucoup, Mme la ministre, de
vous rendre disponible pour répondre à nos questions.
Je voudrais vous questionner sur le projet de
loi canadien C-10 qui me préoccupe énormément, le projet de loi sur l'encadrement, finalement, du numérique et de la
culture dans le numérique. Je voulais savoir si vous alliez vous mêler de ce
projet de loi là. Fin de la question.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la ministre.
Mme
LeBel : Fin de la question. Écoutez, M. Charland, est-ce que vous
voulez nous aider sur cette question-là, parce
qu'honnêtement, là...
M. Zanetti : Je vais
vous mettre un peu de chair autour de l'os.
Mme LeBel : Oui,
bien, mettez-moi un peu de contexte pour m'aider parce que... juste à attraper
votre pensée, là.
M. Zanetti : Je
comprends. Bon, on est dans un monde où les géants du Web prennent énormément
de place dans nos vies puis dans la vie culturelle aussi. Une grande part de la
culture est en train de transiter par le numérique, et le gouvernement
canadien, malgré le fait que la culture n'est pas supposée... en tout cas, elle
ne devrait pas être dans son champ de compétence, hein, la culture, c'est une
compétence qu'on... on a créé un ministère pour ça, parce qu'on la revendique.
Toutes les compétences devraient être les nôtres évidemment, mais je crains
qu'en ce moment notre culture passe sous
l'égide d'une réglementation canadienne et que ça porte atteinte à la
souveraineté québécoise. Alors, je voudrais savoir si vous êtes inquiète
de ça.
Mme LeBel : Bien,
merci pour nous avoir donné un petit peu plus de temps pour allumer sur le fait
que vous parliez de la taxation, là, des GAFA, Netflix entre autres, là, quand
vous parliez du C-10. Bon, c'est naturellement... c'est une compétence
fédérale, on l'a déjà dit, mais on est sur cet enjeu-là. Le ministre des
Finances parle à ses homologues des autres provinces, parle aussi à la ministre
Freeland dans ce dossier-là. Ma collègue Nathalie Roy, la ministre... je
ne peux pas la nommer, la ministre de la Culture — je suis désolée, ça va sûrement arriver encore une fois — est
sur ce dossier-là, fait les représentations au niveau fédéral. Oui, c'est
quelque chose qui est important, et ma collègue, là, dont c'est le dossier, est
sur le cas.
M. Zanetti : Quelles seront vos
revendications pour éviter que le gouvernement canadien empiète sur la gestion,
là, de la culture au Québec avec ce projet de loi?
Mme LeBel : Bien, c'est comme dans
tous les dossiers, hein, on est très soucieux de ce qui est de notre
compétence. Mais, quand on parle de taxation, ce n'est pas notre compétence,
donc on... Et on est soucieux de nos compétences, donc on comprend, quand ce
n'est pas les nôtres, mais ça ne veut pas dire qu'on n'est pas sur le dossier
en train de faire valoir les représentations. Je vous ai répondu que ma
collègue ministre de la Culture, elle est sur
ce dossier-là, mais par contre, s'il y a quoi que ce soit, c'est comme dans
tous les dossiers où on a la crainte, où
il y a un enjeu, où il y a une indication qu'on va empiéter sur les
compétences du Québec, bien, on est très actif et on aime mieux ne pas s'y
rendre, mais on peut y aller par le biais de contestations judiciaires
ultimement. Mais naturellement, pour nous, là, on va suivre ce dossier-là de
très près.
M. Zanetti : Ça m'inquiète parce
que, bon, la CAQ disait, avant, là, jadis, là, pour se faire élire : On va
aller chercher des nouveaux pouvoirs puis augmenter un peu la souveraineté du
Québec en restant dans le Canada. Mais j'ai l'impression que, si, là, vous ne
faites pas vraiment ça dans le domaine de C-10, ce qui va arriver, c'est que
notre culture, de plus en plus, va transiter par le numérique, et les modes de
rémunération des artistes puis la façon de pouvoir vivre de l'art va de plus en
plus dépendre des législations qui sont en train de se faire à Ottawa. Et, si,
donc, vous capitulez à dire : On ne va
pas s'en mêler, on va les laisser faire ça parce que chacun ses champs de
compétence, eh bien, ce que ça va avoir comme impact,
cette passivité-là, c'est qu'on va perdre la souveraineté, il y a des champs de
compétence qui vont être saisis par le Canada alors qu'on devrait les saisir
nous-mêmes.
Mais je veux vous amener sur un autre sujet, le
sujet du gazoduc GNL Goldboro. Il va y avoir une usine, en Nouvelle-Écosse, de
transformation du gaz naturel, et sa capacité, à cette usine-là, va être
largement supérieure aux infrastructures de
gazoducs actuels, ce qui veut donc dire qu'il va y avoir un nouveau gazoduc GNL
qui va traverser le Québec. J'aimerais savoir si vous allez vous opposer
à ce projet de nouveau gazoduc ou d'élargissement du gazoduc.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la ministre.
Mme LeBel : Écoutez, présentement,
là, on regarde aller cette situation-là. On a toujours dit que, pour nous, il y
avait une question d'acceptabilité sociale, donc on va continuer à réagir de la
même façon dans ce dossier-là. Et je pense que ce n'est pas juste un enjeu de
relations canadiennes, dans ce dossier-là, mais on va y aller de la même façon
qu'on a réagi jusqu'à présent dans ces dossiers-là, donc on va parler de
l'acceptabilité sociale et on va voir ce qu'il en est, là.
M. Zanetti : Donc, vous ne fermez
pas la porte à un appui à ce projet de gazoduc.
Mme LeBel : Ce n'est pas ça que j'ai
dit.
M. Zanetti : Alors, est-ce que vous
fermez la porte à un appui à ce projet de gazoduc?
• (17 h 50) •
Mme LeBel : Bien, vous savez... Je
n'ai pas dit ça, j'ai dit qu'on va regarder les choses aller puis on va se
positionner.
M. Zanetti : Donc, la porte n'est ni
ouverte ni fermée.
Mme LeBel : Pour l'instant, je n'ai
pas de position à faire valoir, c'est un enjeu d'acceptabilité sociale, puis on
va regarder comment ça évolue.
M. Zanetti : Parce que ce qu'on a vu
avec GNL Québec, ce projet-là, c'est qu'ils ont dit pendant un certain
temps : Ah! ça va réduire les GES, puis finalement l'analyse a révélé que
ça ne réduisait pas les GES et que ce n'était pas bon pour la lutte aux
changements climatiques. Alors, on peut penser qu'un projet qui est similaire,
mais qui ne passe juste pas à la même place, va avoir les mêmes résultats. Je
vous invite à regarder ça de très près parce que je pense qu'il va falloir, si
on veut vraiment protéger le Québec, avoir une position ferme par rapport à ça.
Mme LeBel : Bien, la position est
très ferme pour nous. Pour nous, c'est une... On en a parlé dans GNL Québec, donc, ça, je peux me permettre de
commenter un peu plus dans le sens où c'était très clair, il y a eu le
rapport du BAPE, maintenant la cour est dans... la balle est dans le camp de
l'entreprise. Mais, pour nous, on a toujours dit que s'il y avait une
démonstration au niveau d'une réduction des GES sur le plan global, et que
c'était une énergie de transition, puis qu'on pensait que c'était peut-être...
que c'était probablement une bonne chose, mais pour l'instant, vous avez fort
raison, le rapport du BAPE met en doute cette capacité-là d'avoir un impact
global de réduction des GES. Et, pour nous, on va donner... le ministère de
l'Environnement donne, comme dans le processus actuel, comme le prévoit le
processus, puis il faut respecter le processus, l'opportunité à l'entreprise de
répondre à cette question-là. Et c'est la
même chose pour tout projet de transition. L'acceptabilité sociale est fort
importante, mais il faut aussi ne pas se
cacher et dire que... Si on a une possibilité de réduire les GES sur le plan
international ou national, je pense qu'il ne faut pas se priver d'une énergie de transition. Ce
n'est pas l'idéal, mais il faut être capable de transiter, je pense, c'est le
bon verbe, hein, transiter, pas
transitionner, transiter vers autre chose, mais ça ne pourra pas se faire du
jour au lendemain.
M. Zanetti : Merci. Je veux vous
parler de la question des Franco-Canadiens et de la situation du français hors
Québec qui a été abordée plus tôt. Selon votre analyse... Moi, je suis inquiet
de voir le système canadien opposer les intérêts des Franco-Canadiens et les
francophones au Québec. Pourquoi? Parce qu'essentiellement ce que l'histoire,
là, de nos relations en Cour suprême montre, c'est que les gouvernements, tant
libéraux que péquistes, quand il a fallu
aller en Cour suprême sur des enjeux linguistiques comme ça, à trois reprises,
bien, ils sont allés plaider contre les intérêts des francophones hors
Québec. Pourquoi? Parce qu'ils craignaient, en fait, que ces dispositions-là
appliquées partout affaiblissent et causent un recul du français au Québec.
Alors, quelle sera la position du gouvernement caquiste dans cette difficile
tension et dans cette difficile opposition d'intérêts?
Le Président (M.
Bachand) : Mme la ministre.
Mme LeBel : Je veux être sûre de
bien comprendre votre question, il y a... on est... je pense que c'est important de dire qu'on... puis j'ai eu l'occasion
de le dire, lorsque j'ai répondu à la question du collègue de D'Arcy-McGee, on est très conscients du
rôle qu'on doit jouer et de la délicatesse des positions qu'on peut avoir et
qu'on a une minorité, nous aussi, qui a des droits au Québec, mais... et je
pense que je vais vous ramener à notre position sur la Loi sur les langues officielles. C'est fort important, parce que vous
avez raison, il y a présentement un débalancement entre
les deux langues officielles au Canada, hein, vous savez, la langue... dans les
langues parlées, dans les langues maternelles dans le reste du Canada, c'est 21 %
qui sont francophones, 57 % qui disent... comme étant anglophones de langue maternelle. Mais, quand on parle de
langue parlée, on est dans les mêmes proportions pour les francophones, mais on le monte à 75 % pour les anglophones.
Donc, ça revient à la question du collègue de D'Arcy-McGee sur
l'immigration, on voit que la tendance, dans le reste du Canada, est pour les
immigrants allophones de s'en aller vers l'anglais, et c'est très difficile.
Et je pense que c'est important de dire que
c'est au coeur de la position du Québec dans l'approche différenciée, qui a été
d'ailleurs saluée par la FCFA, M. Johnson, on en a parlé tantôt, de dire
qu'on doit parler d'équité, parce que le français est nettement minoritaire, a
besoin d'une meilleure protection, et je pense que ça part, entre autres, par
le fait de reconnaître, à l'intérieur de la Loi sur les langues officielles, ce
besoin d'un effort supplémentaire pour amener le français à une réelle égalité
au Canada et non pas juste à une égalité dans la loi, mais à une équité. Donc,
je pense que c'est important, ce traitement différencié là.
Il y a aussi tout le souci de l'impact de nos
positions, effectivement, sur le reste des minorités au Canada. Il faut avoir
ce souci, je pense, de comprendre votre question, à moins que je sois... j'ai...
M. Zanetti : ...une précision,
peut-être.
Mme LeBel : Oui, peut-être, parce
que je veux y répondre, là, ce n'est pas...
M. Zanetti : O.K. Alors,
essentiellement, là, moi, le constat que je fais, c'est qu'évidemment je suis
extrêmement soucieux de la préservation du français hors Québec...
Mme LeBel : On partage ce souci.
M. Zanetti : ...et j'ai l'impression
que la présence du Québec dans le Canada nuit à ça. Parce qu'à chaque fois que
les francophones sont allés défendre en Cour suprême leurs droits pour se
protéger, à l'extérieur du Québec, le gouvernement du Québec est allé au bat
contre eux autres. Alors, moi, évidemment, mon analyse, c'est que le système
canadien comme ça, il antagonise les intérêts des francophones, il divise les
intérêts.
Et moi, ce que je veux savoir, c'est : La
prochaine fois qu'il y aura un cas en Cour suprême où les Franco-Canadiens vont
vouloir défendre leurs droits, qu'est-ce que le gouvernement caquiste va faire
si ça le place dans une situation où aller dans leur sens risque de faire
reculer le français au Québec?
Mme LeBel : Bon, je comprends mieux
votre question, merci, parce que j'ai une réponse à y donner. On est très
soucieux, mais... et on est très soucieux depuis... à tout le moins depuis mon
arrivée, de faire en sorte que les positions qu'on adopte pour défendre les
compétences du Québec devant les tribunaux n'ont pas d'impact négatif ou
d'impact collatéral. Parce que je pense que ça n'a jamais été la volonté du
Québec d'avoir un impact négatif sur le reste des francophonies, mais il peut y
avoir ce que j'appelle des dommages collatéraux qui ont été relevés.
D'ailleurs, dans ma tournée, j'ai eu l'occasion
d'en parler beaucoup dans les Maritimes sur l'impact que ça avait eu sur les
commissions scolaires, bon, et surtout dans le domaine de l'éducation hors
Canada, et on est très soucieux de faire... Il y avait eu le cas... il y a eu
le cas récent, d'ailleurs, en Colombie-Britannique, où le Québec s'est contenu
d'intervenir justement pour ne pas avoir un impact négatif.
Et c'est fort important, ce que vous dites,
parce qu'il faut... Mais je ne pense pas que de sortir de la fédération et de
laisser 1 million de francophones sans le Québec, qui représente
6 millions... plus de 6 millions de ces francophones-là au sein de la
fédération et d'être capable de faire valoir leur position et défendre leurs
droits, comme on s'apprête... comme on veut le faire dans ce rapprochement de
la francophonie, je ne pense pas que ça va servir mieux leurs intérêts, au
contraire.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M. le député de D'Arcy-McGee, s'il
vous plaît.
M. Birnbaum : Merci, M. le
Président.
Mme LeBel : Combien de temps il
reste? Excusez-moi.
Le Président (M.
Bachand) : ...
Mme LeBel : On va avoir le temps de
répondre.
M. Birnbaum : Oui, le temps de
parler de, en quelque part, le noeud de l'affaire, c'est-à-dire l'importance
que le Québec s'assure que sa juste part de la péréquation, du financement des
programmes partagés, soit rendue et utilisée au Québec et, en même temps,
justement, et à juste titre, que les compétences du Québec soient respectées de
façon complète, et c'est-à-dire, sur le plan
concret, que nous avons à gérer ces programmes selon les standards qu'on
a établis ça ensemble. On ne va pas toujours
s'entendre là-dessus, mais c'est au Québec que ça va s'organiser comme
il faut.
Il n'y a aucun endroit où tous ces enjeux sont
plus au rendez-vous et plus cruciaux qu'en santé. Et là on sait que les
transferts ne sont pas à la taille ni pour le Québec ni pour les autres provinces
et territoires. Et je sais qu'il y a un certain travail
qui se fait conjointement et qu'actuellement les revendications sont pour des
transferts de quelque 35 % pour faire
en sorte que ces transferts devraient passer de 42 à 70 milliards de
dollars par année, une augmentation de quelque 28 milliards, dont
la part pour le Québec serait de presque 6 milliards de dollars. On peut
imaginer l'ampleur de ce montant, l'impact
sur l'octroi de services, sur la gestion de nos services dans un temps assez
incertain, on peut le dire.
Bon, par contre, là, on est rendus dans le
budget de Mme Freeland, on n'a pas de réponse. Nous sommes, évidemment, de
l'opposition officielle, tout à fait d'accord que ces transferts devraient être
rehaussés, mais il faut établir le rapport de force, le plan d'action pour être
assurés, dans un délai raisonnable, afin de planifier et d'octroyer les services nécessaires, que ce dossier se règle,
et être conscients des stratégies à implanter qui risquent d'être
prometteuses, celles qui dépendent sur des bons liens, une bonne connaissance
de tous les enjeux.
Donc, j'aimerais connaître davantage
l'échéancier identifié par le Québec, son plan d'action, comment on peut être
assurés qu'il n'y aurait pas d'argent important laissé sur la table en ce qui a
trait à ce transfert d'une importance capitale.
• (18 heures) •
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme LeBel : Oui. Vous allez me
permettre de prendre quelques secondes, mais en bas d'une minute, pour répondre
à la question qui a été posée, à laquelle je vais vous référer, quand on parle
d'habitation, de logement, à la page E.12 du budget de mon collègue, qui
démontre l'augmentation du nombre de logements réalisés depuis notre entrée au
pouvoir. Donc, oui, c'est fort important de répondre à la demande en augmentant
l'offre, et ma collègue, d'ailleurs, au ministère des Affaires municipales et
de l'Habitation y travaille, activement. Fin de la parenthèse sur le bloc
précédent.
Donc, transferts canadiens en santé. Vous savez,
depuis le début de la... quand le premier ministre Legault, notre premier
ministre a pris la présidence du Conseil de la fédération, il a travaillé à
réunir l'ensemble des provinces sur cet enjeu qui est majeur. Il y a eu, je l'ai
dit tantôt, des transferts, des sommes d'argent substantielles qui ont été
investies par le fédéral pendant la pandémie en matière de santé. Le problème
de ces sommes-là, c'est que ce sont des sommes non récurrentes, et on ne peut
pas assurer la pérennité de nos systèmes de santé provinciaux.
C'est une compétence provinciale, on est fort
jaloux de cette compétence-là, et je peux vous dire qu'on le réitère sur toutes
les tribunes. Et j'ai le plaisir d'assister tant aux conférences entre les
premiers ministres des provinces qu'aux conférences avec le premier ministre
Trudeau sur cette question-là, et c'est un sujet qui revient, systématiquement,
presque à toutes les semaines. On a eu, quoi, 60 rencontres au moins
depuis...
Une voix : ...
Mme LeBel : ...beaucoup, je veux
dire, de rencontres depuis le début de la pandémie. Et, dans le dernier... ça a
été un thème récurrent.
C'est sûr qu'on a été extrêmement déçus et désappointés de
voir qu'il n'y a rien dans le budget. Je pense qu'il est important de préciser
qu'on a besoin, en santé, pour les... les besoins en santé, là, pour les
provinces, augmentent à chaque année, et on a réussi à aller chercher... le Québec
a réussi à lever un consensus très fort au niveau canadien. Le rôle du Québec,
le rôle de leadership du Québec, on n'est pas dans la politique de la chaise
vide, on est actifs sur cette question-là, et c'est très important.
Vous savez,
les projections des déficits démontrent que celui du Canada va se résorber très
rapidement, c'est-à-dire sur quelques
années, alors que, les provinces, le déficit des provinces va aller en
augmentant. Vous savez, l'augmentation, je pense, c'est important de le
dire, des dépenses en santé pour les provinces est de l'ordre de 5,6 % par
année, alors que la contribution du Canada n'est que de 3,5 %. Alors,
j'espère, cher collègue, M. le Président, que vous appuyez la demande que l'on fait auprès du fédéral d'une
augmentation des transferts jusqu'à 35 %. On est, présentement,
là... la part du fédéral est à 21 % de
nos dépenses en santé. Je bute sur des mots très simples. Donc, et la tendance
du fédéral, présentement, est d'aller dans des fonds ciblés, ce que nous
rejetons avec beaucoup de force et de véhémence.
Je pense que personne ne peut nier l'évidence,
il y a probablement une élection fédérale qui s'en vient à plus ou moins courte
échéance, et ça va être un enjeu majeur à la prochaine campagne fédérale. Et ce
qui est assez frappant dans les discussions qu'on a, c'est qu'il y a une
position unanime des premiers ministres de l'ensemble du Canada. Il y a même eu
une conférence, qui a été faite, de presse, où quelques premiers ministres y
assistaient, mais qui étaient appuyés par l'ensemble. Et, je peux vous le dire,
on ne lâchera pas le morceau. Le premier ministre du Canada s'est engagé à
avoir, après la pandémie, des rencontres actives sur ce sujet-là, nous, on
pense que c'est quand même trop loin, donc on continue à mettre la pression de
diverses façons.
Mais c'est un enjeu qui est extrêmement
préoccupant, vous avez raison, parce que, le budget en santé, là, c'est près de
60 % du budget des provinces, et les besoins vont en augmentant, donc il
faut... Et, comme je vous dis, cher collègue, j'espère que vous appuyez la
demande de 35 %, je pense que c'est le minimum que le fédéral peut faire
dans sa responsabilité. C'est notre argent, d'ailleurs, il faut aller le
chercher.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M. le député D'Arcy-McGee, s'il
vous plaît.
M. Birnbaum : Merci, M. le
Président. Je me permets d'ouvrir très vite et de refermer les parenthèses sur
le logement. Notre inquiétude, c'est que 1,9 milliard de dollars auraient
été laissés sur la table pour deux ans, avec toutes les
conséquences que je suis pour être comptabilisées en termes de pertes pour
notre inventaire du logement et du logement social, certainement.
En ce qui a trait à ces transferts-là, assez,
assez importants — et
je comprends que les négociations sont difficiles, et je respecte qu'il y aura
eu plein, plein de rencontres là-dessus, et je peux affirmer que l'opposition
officielle appuie les demandes de la CAQ en ce qui a trait au 35 % — est-ce
que la ministre peut oser à nous identifier un échéancier? Parce que les
pourparlers vont être difficiles, on est en mode élection au fédéral. Quand on
parle de 6 milliards par année, on ne peut pas attendre,
indéfiniment : Est-ce que la ministre pourrait nous parler un petit peu de
l'échéancier que le gouvernement du Québec a en tête pour régler ce dossier
majeur?
Mme LeBel : Oui. Bien, je vais
me permettre quand même de commenter qu'on n'a rien laissé sur la table, quand
on parle de la stratégie nationale de l'habitation, les sommes qui ont été
cherchées dans l'entente qu'on a réussi à régler. D'ailleurs, la première année
et demie, quand on est arrivés au pouvoir, cette entente-là était pendante,
n'était toujours pas réglée. Donc, on a réussi à fermer le dossier et on a
réussi à aller chercher un accord asymétrique, qui respectait les compétences
du Québec. On a même réussi à obtenir de la S... la SCHL — les
acronymes et moi, ce n'est jamais une bonne relation — d'aller
chercher... le fait qu'on avait un droit de veto sur les projets qui étaient
choisis, là, dans ce sens-là, donc on n'a rien laissé sur la table. Je vous
rassure, parce que vous étiez préoccupé, il n'y a rien, il n'y a pas de sommes
qui ont été laissées sur la table. Et je vous rappellerai que la première année
et demie était sous votre administration, donc sous votre gouvernement.
Donc, pour ce qui est de l'échéancier en matière
de transferts de santé, transferts récurrents, bien, je vous dirais que la
prochaine élection, le prochain budget fédéral, pour nous, est fort important.
Et on est sur le dossier, là, de façon extrêmement active. Et, je vous le dis,
le premier ministre du Québec a... exerce un rôle de leadership très fort au
sein de la conférence, de la COF, qu'on appelle communément, de la conférence
des premiers ministres des provinces et des territoires, et a réussi à lever un
consensus à travers le Canada. Et tous les premiers ministres, à chaque
rencontre avec le premier ministre du Canada, parlent de cet enjeu-là.
Il y a eu un rapport de la Conference Board, du
ministre des Finances, qui parlait d'une augmentation minimale de 5 % par
année par la suite. Parce que non seulement on veut rehausser, je pense que
c'est important de le dire, à 35 % la part du fédéral dans nos dépenses en
santé, mais il faut... Conseil de la fédération, merci, mais il faut également
avoir une indexation de tout ça, qui est de 5 %. Présentement, c'est
3,5 %, ça ne fonctionne pas, là, ça ne fonctionne pas. Et, l'écart,
l'effet se creuse à chaque année, parce que nos augmentations, nos obligations
en santé augmentent et celles du fédéral diminuent, donc je pense que c'est
très important.
Mais, l'échéancier, bien, c'est les élections
fédérales, le prochain budget fédéral. Et on est... Plus le fait qu'on en parle
à chaque rencontre, et on a des rencontres, je vous dirais, qui sont régulières
avec les provinces et le premier ministre du Canada, et sur la pandémie, naturellement,
mais ce sujet-là est toujours sur le... bon, c'est le top des conversations, et
revient à chaque conversation, chaque discussion.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de D'Arcy-McGee, s'il vous
plaît.
• (18 h 10) •
M. Birnbaum : Merci, M. le
Président. Bon, lors de ce dernier budget fédéral, on a appris qu'il y aura du
financement pour l'accès aux services de garde partout au pays. Et, à juste
titre, la ministre fédérale a compris que le Québec continue à montrer la voie.
Je trouve qu'on devrait être, collectivement, très fiers du fait qu'on s'est
donné cette obligation depuis, quoi, plusieurs années maintenant, et, évidemment,
là-dessus, on n'a pas de leçon à apprendre. On a nos différends sur comment
continuer à financer la chose, nous avons de grandes préoccupations par le
manque d'espace et le manque de mouvement du gouvernement actuel sur ce
dossier-là, mais, en termes de notre façon de faire au Québec et l'argent
public que nous avons collectivement confié au dossier, il n'y a aucune
question.
Maintenant, une autre fois, c'est un pays qui
est compliqué à diriger. Les provinces, les territoires risquent de prendre
leur temps de confectionner les programmes. La plupart n'ont pas de difficulté
avec le fait qu'il y aurait des standards d'imposés dans les autres endroits au
Canada. Nous, évidemment, on va le faire de notre façon, entendu. En ce qui a
trait à sauvegarder notre façon de faire, aucune question. Maintenant, des
dépenses de l'État ici sont assez importantes en tout ce qui a trait à notre
service de garde déjà ancré, déjà en place.
Maintenant, comme je dis, ça risque de ne pas
bouger trop vite dans le reste du pays : Est-ce que, là-dessus, une autre
fois, la ministre peut nous identifier les objectifs en termes de paiement pour
les services déjà octroyés au Québec et identifier un échéancier pour avoir un
règlement de ce dossier, et dans un court délai?
Le Président (M.
Bachand) : Mme la ministre.
Mme LeBel : Bien, merci, ça me
permet de préciser qu'à l'intérieur même du budget, le budget fédéral,
j'entends, naturellement, on a mentionné que le Québec était l'inspiration,
hein, pour cette mesure. Puis je pense que c'est important de le mentionner,
que, depuis 1987, on investit dans un réseau...
Des voix : ...
Mme LeBel : ...1997 — bon,
c'est ça, je ne suis pas capable de me relire moi-même — 1997,
dans ce réseau-là — d'ailleurs,
ça fait plus de sens, effectivement — et on a près de
50 milliards déjà d'investis dans ce réseau-là depuis le temps où on l'a
mis en place, donc. Et on a développé notre réseau seuls, c'est un réseau qui
est fort important. D'ailleurs, l'objectif, un des
objectifs du gouvernement fédéral, parce que c'est un peu... là, je vais
prendre le rôle... le mot «asymétrique» dans un autre sens, c'est asymétrique à
travers les provinces, le coût des services de garde, et l'objectif du fédéral
est de ramener ça à 10,00 $ par jour, et on est à 8,50 $ par jour.
Donc, je pense que le gouvernement du Québec est
fort bien avancé, ce qui ne veut pas dire que mon collègue à la Famille ne
travaille pas sur d'autres enjeux, puis qu'il ne faut pas s'en occuper, mais je
pense qu'il faut prendre la photo au moment où elle se trouve : l'objectif
du budget fédéral, c'est d'amener toutes les provinces à 10,00 $, on est
déjà à 8,50 $, on a notre réseau, nous sommes l'inspiration. Donc, déjà,
dans le budget, c'est noté qu'il y aura un accord asymétrique avec le Québec, parce
qu'on est l'inspiration et qu'on a déjà un réseau très fort en place, qui est
d'ailleurs, je le répète et je ne répéterai pas assez souvent, l'inspiration
pour cette mesure-là.
Donc, pour nous, il est très clair qu'on veut
avoir le transfert de ces sommes-là sans condition. Mon collègue aux Finances
est chargé de négocier cet aspect-là. Il est déjà sur le dossier, des lettres
ont déjà été envoyées, des discussions ont déjà eu lieu. Et je vous dirais
qu'il y a une compréhension de la part du fédéral que c'est important pour nous
que ces sommes-là nous soient transférées sans condition. On a l'expertise, on
a la compétence, c'est notre compétence,
quand on parle des compétences au niveau fédéral-provincial, mais on a aussi la
compétence, c'est-à-dire l'expertise sur le terrain, sur ces réseaux de
services de garde là. C'est 30 milliards sur cinq ans, ça représente
6,2 milliards sur cinq ans pour le Québec, on n'ira pas laisser une
seule cent, en bon québécois, sur la table, on va aller chercher le maximum. D'ailleurs, il y a toujours la question du
calcul, hein, et ça aussi, c'est au coeur des discussions, comment on
calcule notre poids, mais on va aller chercher le maximum, je peux vous
rassurer. Et les délais sont les plus courts possible.
Adoption des crédits
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Merci beaucoup, Mme la ministre. Le
temps alloué à l'étude du volet Relations canadiennes et Francophonie
canadienne des crédits budgétaires du portefeuille Conseil exécutif étant
presque écoulé, nous allons maintenant procéder à la mise aux voix de ces
crédits par appel nominal, conformément à
l'entente du 13 avril 2021. Pour la mise aux voix du
programme 3, intitulé Relations canadiennes, Mme la
secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire : Oui. Pour les
membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire : Pour les
membres de l'opposition officielle, M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum : Contre.
Le Président (M. Bachand) :
Donc, adopté. Et finalement je procède à la mise aux voix de l'ensemble des crédits budgétaires du portefeuille Conseil exécutif pour l'exercice financier 2021-2022. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire : Oui. Pour les
membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire : Et pour les
membres de l'opposition officielle, M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum : Contre.
Documents déposés
Le
Président (M. Bachand) :
Adopté. Donc, en terminant, je dépose les réponses aux demandes de
renseignements de l'opposition.
Compte tenu de l'heure, la commission ajourne
ses travaux au jeudi 6 mai à 11 h 30, où elle va entreprendre
l'étude du portefeuille Relations internationales et Francophonie. Merci
beaucoup, tout le monde. Bonne soirée.
(Fin de la séance à 18 h 15)