(Onze heures cinquante-neuf
minutes)
Le Président (M. Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! Bienvenue.
Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des institutions
ouverte. Je demande bien sûr à
toutes les personnes présentes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission
est réunie afin de procéder à l'étude du volet Relations avec les Québécois
d'expression anglaise des crédits budgétaires du portefeuille Conseil
exécutif pour l'exercice financier 2019‑2020. Une enveloppe d'une heure a été allouée pour l'étude de
ces crédits.
Avant de début, M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
• (12 heures) •
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Lachance (Bellechasse) est remplacée par M. Skeete
(Sainte-Rose); Mme Lecours
(Les Plaines) est remplacée par M. Poulin (Beauce-Sud); Mme Anglade
(Saint-Henri—Sainte-Anne)
est remplacée par M. Kelley (Jacques-Cartier); M. Tanguay
(LaFontaine) est remplacé par M. Birnbaum (D'Arcy-McGee); M. Fontecilla
(Laurier-Dorion) est remplacé par M. Nadeau-Dubois (Gouin); M. LeBel
(Rimouski) est remplacé par M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine).
Relations avec les Québécois d'expression anglaise
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup. Nous allons débuter par des remarques
préliminaires, puis nous allons procéder à une discussion d'ordre
général par blocs d'environ 20 minutes, incluant les questions et les
réponses. La mise aux voix de ces crédits sera effectuée à la fin du temps qui
leur est alloué, donc vers 13 heures.
Remarques préliminaires
Nous débuterons donc avec les remarques
préliminaires. M. le premier ministre, vous disposez de cinq minutes.
Bienvenue.
M. François Legault
M. Legault : Merci, M.
le Président. Mmes, MM. les députés, merci aussi. Je suis accompagné du secrétaire général, directeur de cabinet
puis d'équipes aussi de fonctionnaires.
Donc, on
entame aujourd'hui l'étude des crédits du Secrétariat aux relations avec les
Québécois d'expression anglaise. C'est
un dossier qui est sous ma responsabilité, mais j'ai le plaisir de compter sur
le soutien d'un adjoint parlementaire très solide qui est la CAQ depuis le début, donc le député de Sainte-Rose,
qui est pleinement dédié à ce mandat, qui est en train d'ailleurs de faire une tournée pour améliorer les
objectifs, le rôle, le fonctionnement du secrétariat. Et donc ce qu'on
veut ensemble, c'est de protéger les droits
de la minorité anglophone et de bâtir des ponts avec ces membres, donc,
importants.
So,
we will protect the historical rights of our fellow Anglo-Quebeckers and we
will define our common future together.
Donc, la communauté anglophone fait partie de
l'histoire. Moi qui viens du West Island, j'ai pu le constater. Je connais beaucoup d'anglophones qui sont en amour
avec Montréal, avec le Québec, puis pour rien au monde ne voudraient
déménager à Toronto ou ailleurs.
Il y en a
aussi, même, qui sont venus de l'Ontario. Je pense, entre autres, à une auteure
que j'aime bien, Louise Penny, qu'on
voyait dimanche dernier à Tout le monde en parle. Il faut lire ses
romans policiers, même Hillary Clinton les lit, et puis ça se passe dans les Cantons-de-l'Est, son
personnage principal, l'inspecteur Armand Gamache, hein? Donc, ça se
passe au Québec, et puis j'étais content de voir Mme Penny dire :
Pour moi, maintenant, chez nous, c'est au Québec.
C'est certain
que, dans la petite histoire, la loi 101, ça n'a pas été, pour tous les
anglophones, facile à accepter. Mais aujourd'hui
la grande majorité des anglophones acceptent la loi 101 et voient
d'ailleurs aussi que c'est un signe distinctif. Vous savez, la plupart des grandes villes américaines cherchent des
façons de se distinguer. Bien, Montréal, c'est un petit peu Paris, mais
en Amérique du Nord, et puis c'est bon pour tout le monde.
Et la
priorité des anglophones, les vraies préoccupations, hein, je ne parlerai pas,
comme l'a fait le chef libéral puis le chef
du Parti québécois, là, de souveraineté, fédéraliste, Canada, Québec, les
anglophones, leur priorité, bien, c'est l'éducation, c'est la santé,
c'est l'économie, c'est la qualité de vie, c'est ça qui est important. Et puis,
là-dessus, on se rejoint.
Et donc,
depuis 2017, le gouvernement a ce nouvel outil, Secrétariat aux relations avec
les Québécois d'expression anglaise,
et donc on a augmenté les moyens du secrétariat. D'abord, on l'a gardé. On avait
pris l'engagement de garder ce secrétariat.
Les objectifs du secrétariat, c'est, un, écouter les préoccupations des
Québécois d'expression anglaise, deux, inclure
davantage les anglophones dans la vie publique, améliorer l'accès aux services.
On sait que les anglophones ont des droits,
que ce soit en santé, en éducation, donc améliorer l'accès à ces services, en
particulier dans certaines régions, et, en particulier en région aussi,
de briser l'isolement.
Donc,
moi, je suis un gars pragmatique. Évidemment, on va vouloir qu'il y ait des
résultats concrets. Et ce qu'on veut,
c'est de participer... on veut être capables de voir une plus grande
participation de la communauté anglophone à la vie sociale, à la vie économique, à la vie culturelle
du Québec. Donc, on essaie de créer des partenariats avec plusieurs...
j'ai appris à connaître des dizaines d'organismes qui sont dédiés à la communauté
anglophone, et donc ce qu'on veut, c'est, avec ces organismes-là,
dans certains cas, élargir leur rôle, élargir leur territoire, et puis bien
informer la population sur les services qui sont offerts aux
anglophones.
On a doublé
le budget du programme d'appui aux organismes. Donc, on avait,
l'année dernière, 2 millions, l'année prochaine,
on va avoir 4,4 millions de dollars. On veut donc plus financer les organismes
dans toutes les régions du Québec. Et
le premier défi, bien, c'est ça, c'est surtout, je pense, ce qui se passe en
région. Donc, j'aurai l'occasion, puis ça va me faire plaisir, de
répondre à toutes vos questions.
Le Président (M. Bachand) :
Merci, M. le premier ministre. Je passe maintenant la parole au porte-parole de
l'opposition officielle. M. le député de Jacques-Cartier, pour trois minutes, s'il
vous plaît.
M. Gregory Kelley
M. Kelley : Merci, M.
le Président. Je veux juste commencer
par saluer le premier ministre et aussi tous mes collègues ici aujourd'hui, puis aussi le secrétaire général, je sais
que, pour votre équipe et pour les fonctionnaires de l'État du Québec, la période des études de crédits, c'est un énorme
travail, et aussi votre chef de cabinet. Je sais que, pour votre équipe
et toutes les équipes des ministres, la période des études de crédits, c'est un
énorme travail. Mais c'est vraiment quelque chose que j'ai toujours adoré comme
un attaché politique.
Alors, c'est
un réel plaisir d'être ici et un grand privilège d'être ici aujourd'hui pour ce moment historique, cette toute première étude des crédits budgétaires du Secrétariat aux
relations avec les Québécois d'expression anglaise. C'est aussi tout à
fait à propos qu'aujourd'hui le premier ministre, qui est natif de la
magnifique circonscription de Jacques-Cartier, soit le premier à répondre à des questions de la
part du député de Jacques-Cartier.
Alors, plus sérieusement, je crois et j'espère
que nos échanges aujourd'hui seront positifs pour la communauté sur plusieurs
enjeux. Puisque notre temps est limité, je vais laisser savoir au
premier ministre que je le questionnerai sur trois enjeux, soit l'éducation, la
santé et les services sociaux et l'emploi.
Just because I know there are many
Anglophones listening to us today, it's a real pleasure and privilege to be here today for this historic
moment, for the first ever study of the spending credits of the Secretariat for
relations with the English-speaking
Quebeckers. And I think it is somewhat fitting that the Premier, who is a
native of the most beautiful riding in Québec,
Jacques-Cartier, be the first to answer questions from the MNA from
Jacques-Cartier on the subject. But I do believe and hope that our exchanges today will lead to some
positive outcomes for the community on several issues. We do not have a
lot of time, so I let the Premier know in
advance that I would like to address three issues : education, health care
and social services and employment.
Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole au porte-parole du deuxième
groupe d'opposition. M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois :
Merci, M. le Président. J'ai peu de temps, alors je vais me contenter de faire
les salutations d'usage et puis garder mon temps pour la suite des
choses.
Le Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup. Maintenant, la parole pour le troisième groupe d'opposition. M.
le député des Îles-de-la-Madeleine, pour les remarques préliminaires.
M. Arseneau :
Je ferai exactement la même chose. Je salue tous les participants et réserverai
mes commentaires pour questionner le gouvernement.
Discussion générale
Le
Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup. Je cède maintenant... Je suis prêt à reconnaître une première
période d'intervention. Je vais commencer avec l'opposition officielle pour un
premier bloc d'échange. M. le député de Jacques-Cartier, la parole est à vous
pour 14 min 54 s. M. le député.
M. Kelley :
Merci, M. le Président. Alors, je vais parler de quelque chose qui est dans
l'actualité. Le 28 janvier 2019, et
c'est concernant l'école Riverdale High, quelque 450 élèves de l'école,
leurs parents et l'ensemble du corps enseignant ont appris via les
médias que le ministre de l'Éducation vient de décréter la fermeture de leur
école et son transfert à la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys.
Je suis pleinement conscient que la commission
scolaire Marguerite-Bourgeoys connaît une problématique importante sur la
surpopulation de ses établissements. Toutefois, le ministre a coupé court aux
discussions entre les commissions scolaires
Lester-B.-Pearson et Marguerite-Bourgeoys pour imposer sa solution au moyen
d'un décret, sans aucune
consultation. Je ne veux pas revenir aujourd'hui sur le fond de la décision,
Marguerite-Bourgeoys est une commission scolaire sur mon territoire. Je
veux revenir sur la forme. Je me suis rendu à Riverdale en compagnie de mon
collègue le député
de Robert-Baldwin. Il y avait beaucoup
de tristesse, d'incompréhension et de ressentiment devant la façon
cavalière dont l'annonce avait été faite.
Le premier ministre est responsable des relations avec les Québécois d'expression
anglaise. Rétrospectivement, est-ce
qu'il croit que son gouvernement aurait dû agir différemment et de démontrer une plus grande sensibilité
envers les élèves et les parents de Riverdale?
Le Président (M. Bachand) : M. le premier ministre, s'il vous plaît.
• (12 h 10) •
M. Legault : Oui. Bien, écoutez, oui, je suis content de
discuter avec le député de ce qu'il appelle le plus beau comté,
que j'ai habité pendant 31 ans, là. Je ne sais pas si ça fait de moi un
Tanguy, mais, en tout cas, ma mère est encore là.
Je dois avouer, et puis le ministre de
l'Éducation l'a avoué, que les communications dans le dossier de l'école Riverdale auraient pu être meilleures, auraient pu
être mieux faites. Il y a des choses qui ont été apprises par les médias,
alors qu'il aurait dû y avoir d'abord information donnée aux commissions
scolaires.
Par contre,
je veux juste, vraiment en quelques secondes, expliquer que ce n'est pas
toujours facile, les relations entre les
commissions scolaires, puis pas seulement les commissions scolaires anglophones
puis francophones, mais aussi, même, commissions francophones ensemble.
Pas toujours facile. Il y a un peu comme... on veut garder nos bâtiments. Mais là il y avait comme une situation exceptionnelle
où il y avait un besoin urgent de locaux, il y avait une école de
1 000 places où il y avait
seulement 441 élèves. Donc, la solution était comme évidente, puis ça
prenait du temps à aboutir. Mais j'avoue qu'on aurait pu mieux
communiquer, puis on va s'assurer à l'avenir de mieux communiquer.
Le Président (M. Bachand) :
M. le député de Jacques-Cartier, s'il vous plaît.
M. Kelley :
Merci beaucoup. Vous avez mentionné des commissions scolaires. C'est sûr que,
présentement dans l'actualité, on
parle beaucoup des droits des individus puis aussi des droits collectifs de
notre société. Et le premier ministre a aussi dit dans ses remarques préliminaires qu'il va protéger les droits
de la communauté anglophone, leurs droits acquis, leurs droits historiques. Mais, dans la campagne
électorale, la Coalition avenir du Québec était très claire, ils se sont
engagés à abolir les commissions
scolaires. Il s'agit d'une promesse qui cause une grande inquiétude dans la
communauté d'expression anglaise puisque le contrôle et la gestion de
ces institutions scolaires par la communauté est expressément garanti par
l'article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés, et donc par
la Constitution canadienne.
Le contrôle et la gestion, ça laisse
sous-entendre que c'est la communauté qui décide sur... des dirigeants des
établissements scolaires, comme c'est le cas actuellement avec les élections
scolaires. Ce principe doit être maintenu.
Est-ce que le premier ministre, qui est responsable
des relations avec les Québécois d'expression anglaise, peut prendre engagement
que cette garantie constitutionnelle serait respectée et que tout projet de
réforme des commissions scolaires ne se ferait pas au détriment des droits des
Québécois d'expression anglaise?
Le Président (M. Bachand) :
M. le premier ministre, s'il vous plaît.
M. Legault :
Oui. Bon. D'abord, je vais expliquer l'objectif qui est visé par l'abolition
des commissions scolaires. Puis je
veux peut-être... je pense que, peut être que le député de Jacques-Cartier
était là, mais il y a déjà eu un projet de loi déposé par les libéraux pour abolir les élections scolaires. Donc, il y
avait... bon, on a reculé devant des lobbys du côté du Parti libéral, mais ce n'est pas nouveau, cette
discussion. Pourquoi on a cette discussion? Actuellement, il y a moins
de 20 % des gens qui vont voter dans
les élections scolaires, puis ceux qui vont voter, je les mettrais au défi de
savoir c'est quoi, la différence de programme entre une équipe puis une
autre équipe qui se présentent dans les élections.
Au Québec, il y a neuf commissions scolaires
anglophones. Ce qu'on veut faire, c'est de remplacer les neuf commissions
scolaires par neuf centres de services, d'avoir un conseil d'administration qui
serait choisi dans la communauté d'expression anglaise. Les débats se feraient
en anglais. Donc, il n'y aurait pas un gros changement.
Premier
changement, d'abord, on sauverait 20 millions de dollars que coûtent ces
élections-là, 20 millions qu'on pourrait
mettre dans les services aux élèves. Et, de l'autre côté aussi, ce qui est
important, c'est de décentraliser les pouvoirs. C'est inégal. Même si je regarde... Bon, je me rappelle, quand j'étais
ministre de l'Éducation, ça a peut-être changé, mais, si on regarde les neuf commissions scolaires, la
décentralisation des pouvoirs dans les écoles est inégale d'une
commission scolaire à l'autre.
Nous, ce
qu'on veut, c'est graduellement donner un budget à chaque école puis que ce
soit l'équipe-école, direction d'école,
les enseignants, les spécialistes, qui décident de l'utilisation de ce budget.
Nous, on pense que les commissaires d'école,
il y en a qui sont très compétents, il y en a qui sont moins compétents, mais
les plus compétents, ce sont les directions d'école et les enseignants. Et donc on devrait décentraliser davantage.
Mais il va continuer d'avoir un centre de services qui va s'occuper du transport scolaire. Tous les
droits vont être protégés. Il va y avoir des anglophones qui vont gérer le
conseil d'administration du centre de services.
Donc, l'idée,
c'est de sauver de l'argent, de décentraliser,
et, je pense, ça va être avantageux pour la communauté
anglophone.
Maintenant,
pour ce qui est de la partie légale, on a des avis. Bon, au pire, on
pourrait avoir une commission
scolaire par école anglophone, ça répondrait à la loi. Bon, est-ce qu'on est
obligé d'aller jusque-là?
Je pense que
ce qui est important, là, c'est qu'on s'entende pour que la communauté
anglaise, là... On n'aime pas que je dise «communauté anglophone», hein, parce
que, bon, il y a des personnes qui se sentent... bon, en tout cas.
Disons que, pour faciliter les discussions,
on va parler de la communauté anglophone. Mais la communauté anglophone va
avoir autant de
pouvoirs. Peut-être qu'il y a une partie des pouvoirs qui vont passer des
centres de services aux écoles, et, je pense, c'est souhaité même du
côté anglophone.
Le Président (M. Bachand) : M. le député de Jacques-Cartier, s'il vous plaît.
M. Kelley : Présentement, dans vos échanges avec le ministre responsable
de l'Éducation, comme c'est fait dans les
autres provinces, est-ce qu'une solution asymétrique est sur la table pour la
communauté anglophone concernant les commissions scolaires?
Le Président (M. Bachand) :
M. le premier ministre.
M. Legault : Bien, l'objectif, c'est aussi bon pour les anglophones que les
francophones, c'est de décentraliser le pouvoir aux écoles. Donc, on
veut que la démocratie, ça se passe dans les écoles. Vous savez, chaque école a
un conseil d'établissement, les parents
s'impliquent, pourraient s'impliquer plus dans certains cas, mais c'est là
qu'on veut voir une vraie démocratie,
que les choix budgétaires, que les choix de répartition du budget se fassent,
entre autres, avec le conseil d'établissement,
avec des gens qui sont très impliqués, plutôt que, dans certains cas, des
commissaires d'école professionnels qui
ont fait ça depuis 25 ans. Il y en a certains qui ont une formation en
éducation, il y en a d'autres qui n'en ont pas. Donc, c'est aussi bon
pour les anglophones que les francophones.
Le Président (M. Bachand) : M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Merci. Je
veux juste parler d'un autre sujet, santé. Je suis très content de voir mon
collègue des Îles-de-la-Madeleine, parce qu'il
y a une communauté anglophone très importante là, et c'est juste un petit rappel que
les anglophones ne sont pas juste à Montréal, mais ils sont partout sur le territoire
du Québec.
Alors, l'accès à des soins de santé en langue
anglaise est un enjeu primordial pour la communauté d'expression anglaise. On le sait, plusieurs aînés font face à
une problématique d'isolement. Leurs
enfants ont quitté le Québec, à Toronto, malheureusement, et
l'inquiétude face à l'obtention des soins dans leur langue, c'est tellement important.
Nous sommes
tous conscients de cet enjeu, et je sais que le premier ministre y est aussi
sensible. Au printemps dernier, un règlement
a été adopté pour la composition d'un comité sur la prestation
des services de santé et des services
sociaux en langue anglaise. Les
membres du comité ont été nommés à l'été, sa mission : préparer des avis
pour une nouvelle génération des plans d'accès.
J'aimerais
donc savoir du premier ministre s'il a donné des instructions particulières et un
horizon de temps précis à la ministre de la Santé afin que cette nouvelle génération de plan d'accès soit réalisée. C'est
un enjeu très important,
surtout pour une population vieillissante. Il faut s'assurer que les services
soient disponibles et que la population sache vers quel établissement se
diriger.
Le Président (M. Bachand) :
M. le premier ministre, s'il vous plaît.
M. Legault : Bon, d'abord, j'ai été ministre de la Santé, puis le
ou la ministre de la Santé a l'obligation, de
façon régulière, de s'assurer que, dans
certains établissements, là, qui sont jugés bilingues, que la loi... l'article 509
s'applique, c'est-à-dire que les services soient offerts en anglais dans ces établissements-là.
Ils ont un conseil d'administration. Actuellement, il y a effectivement un processus qui a été mis en place, on est en
train de rédiger des règles de fonctionnement des comités. Au mois de mai ou, au plus tard, en juin, il va y avoir un appel de candidatures auprès des organismes concernés pour
nommer les membres sur les conseils d'administration. Je prévois que, d'ici
l'automne 2019, donc, on va pouvoir annoncer les comités régionaux, et
donc on va être capable de bien fonctionner.
Écoutez,
c'est certain, là, que le défi, il est plus en région, parce qu'à Montréal,
bien, il y a le CUSM. Puis on est chanceux d'avoir l'Université McGill puis le
lien avec le CUSM. Je ne pense pas qu'il
y ait de difficulté
de ce côté-là. Quand on arrive en région, bon, il y a
eu l'événement à Lachute, c'est là qu'il y a peut-être un défi spécial de
s'assurer que les services sont offerts.
• (12 h 20) •
M. Kelley : Merci
beaucoup. Il n'y a pas beaucoup de temps qui reste. Alors,
je veux changer le sujet encore, et c'est
concernant le nombre des anglophones dans la fonction publique du Québec.
Présentement, c'est seulement 1 %, alors que la communauté représente
environ 10 % de la population.
Le précédent gouvernement a pris des actions
concrètes pour changer cette situation. En effet, le 7 juin dernier, la fonction publique du Québec a lancé un appel de
candidatures à grande échelle afin de recruter des professionnels de plusieurs domaines et dans l'ensemble des régions
administratives du Québec. Le Secrétariat des relations avec les
Québécois d'expression anglaise a travaillé
en collaboration avec le secrétariat du Trésor et des groupes communautaires
pour mieux informer et sensibiliser
la communauté sur les opportunités dans la fonction publique. Alors, juste une
première question : Est-ce que le premier ministre peut nous
indiquer quels ont été les résultats de ces efforts?
Le Président (M. Bachand) :
M. le premier ministre.
M. Legault :
Effectivement, là, on a eu 15 années de gouvernement libéral, donc, hein,
il faut juste rappeler ça, là. On
fait le bilan du gouvernement libéral. Puis je suis d'accord avec le député de
Jacques-Cartier qu'il y a... le pourcentage d'anglophones
dans la fonction publique au Québec est très loin de la proportion qui
représente la population. Ça, on est obligés de dire : C'est le bilan des
15 années libérales.
Moi, je pense
qu'il faut continuer à faire des efforts pour augmenter la proportion
d'anglophones dans la fonction publique.
Il y a des secteurs, entre autres, je pense juste à l'informatique, où c'est
vraiment un défi de trouver du personnel. Donc, il va falloir faire des efforts, on va continuer de faire des
efforts. Mais c'est certain que le pourcentage actuel d'environ
1 %, là, on ne peut pas dire que c'est un succès de la part des
15 années libérales.
Le Président (M. Bachand) :
M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley :
Et nous n'avons pas des chiffres exacts sur le nombre des anglophones après
qu'on a fait cet appel? Je suis bien
d'accord que 1 %, ce n'est pas acceptable, mais ça commence avec un
recrutement dans nos écoles. l'Université Concordia a présentement un programme d'administration publique. McGill
en a formé un l'année passée. Il y a quand même beaucoup des anglophones qui sont à l'Université de Montréal,
l'Université Laval. Alors, c'est juste de voir est-ce qu'on a une idée sur le nombre des anglophones qui ont
appliqué dans la dernière ronde, le dernier appel de candidatures, parce
que, d'être en ordre de vraiment déterminer
s'il y a un problème, on doit savoir : Est-ce que des personnes ont
appliqué pour ces postes-là? Est-ce
qu'on a eu un suivi, après ça, pour s'assurer qu'ils ont reçu... en entrevue?
Alors, c'est juste que je pose si vous avez des chiffres exacts et si le
dernier appel était un succès ou non.
Le Président (M. Bachand) :
M. le premier ministre.
M. Legault : Oui, écoutez, je
n'ai pas de chiffres avec moi. Par contre, c'est certain que, si on veut garder
plus d'anglophones au Québec, il faut offrir des jobs mieux payées au Québec.
Ça, c'est une évidence. Il faut aussi que les anglophones
acceptent d'apprendre le français. Mais il y a un vrai défi. Je reconnais que
le taux de chômage est plus élevé chez
les anglophones que chez les francophones. Donc, il y a du travail à faire. Et
il y a plusieurs organismes, là, on pourra peut-être en parler tantôt, à qui on a donné des fonds pour aider à
l'employabilité, donc à toute la partie économique. Il y a un défi, entre autres, encore une fois, dans les
régions. Je pense que, quand on regarde Montréal, il y a McGill, il y a
Concordia. Il y a l'Université Bishop's, en
Estrie. Je pense que, dans ces régions-là, il y a des gens qui ont les
qualifications pour accepter des postes payants, puis ils restent ici.
Mais, dans d'autres régions, il faut y travailler.
Le Président (M. Bachand) :
M. le député de Jacques-Cartier, s'il vous plaît.
M. Kelley :
Et, comme un jeune anglophone, je suis bien d'accord avec vous, M. le premier
ministre, parce que c'est vrai que trop de mes amis ont quitté le
Québec, pour plus d'une raison. Ce n'est pas une question qu'ils n'ont pas aimé
Montréal ou le Québec. Des fois, c'est juste
un choix de carrière. Mais je sais que l'ancien gouvernement a lancé aussi
un autre projet pilote pour la rétention des
jeunes anglophones. C'est sûr qu'après qu'ils sont diplômés de McGill,
Université de Montréal, UQAM, Concordia, les gens ont des choix. Mais est-ce
que, comme premier ministre, vous pouvez prendre l'engagement de travailler très fort pour créer des opportunités pour
des jeunes anglophones, créer des programmes, mettre des programmes plus stables en place pour donner à
des jeunes anglophones plus d'opportunités ici, au Québec, de travail
dans plusieurs domaines? Et ce n'est pas juste à Montréal, mais également dans
les régions du Québec aussi.
Le Président (M. Bachand) :
M. le premier ministre.
M. Legault :
Oui, bien, tu sais, on comprend tous, là, que le Québec, quand on parle des
jeunes anglophones, est en compétition
avec le reste du Canada puis avec les États-Unis, hein, donc le monde. Mais je
parle, entre autres, de l'Amérique du
Nord, là. S'il y a des meilleurs emplois à New York ou à Toronto, il y a comme une difficulté. Donc, c'est pour
ça, là, que j'y tiens tellement, là,
puis je suis tellement en désaccord avec l'ancien ministre
des Finances que... On a un rattrapage économique à faire. Il faut créer plus d'emplois payants au Québec,
parce que, si on n'offre pas d'emplois payants... Même les francophones sont de plus en plus bilingues,
et donc très mobiles. Je regarde mes deux propres fils, là, de 25, 26 ans,
quand je suis allé à San Francisco avec eux autres, j'avais peur qu'ils restent
là, là, tu sais.
Donc, il y a effectivement un défi d'offrir des emplois stimulants, des emplois payants, puis
c'est encore plus vrai du côté de la communauté
anglophone. Donc, la priorité, là, c'est vraiment, au Québec,
créer de la richesse, et, une fois qu'on va avoir créé de la richesse puis on va avoir éliminé cet écart de
richesse qu'on a avec l'Ontario puis le reste du Canada, je pense qu'on va
avoir tout un atout pour garder nos meilleurs ici, incluant les représentants de la communauté
anglophone.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de Gouin, porte-parole du deuxième groupe
d'opposition, pour une période d'échange de 4 min 50 s. M. le
député, s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Merci, M.
le Président. Je veux commencer par
une citation d'un homme que je sais que le premier ministre apprécie et
respecte. C'est René Lévesque qui disait en décembre 1967 : «Je me battrai
aussi fort pour les droits des
anglophones que pour la souveraineté.» Je veux commencer par ça, parce que, je
pense, ça décrit bien la position de ma formation politique, Québec
solidaire, à l'égard des communautés anglophones au Québec. Pour nous,
l'identité québécoise, elle est inclusive, elle est diversifiée, et la
défense de cette identité large, inclusive et diversifiée va de pair,
pour nous, avec notre projet d'indépendance
du Québec. Et on n'est pas les premiers ni à la penser ni à
le dire dans l'histoire du mouvement indépendantiste québécois.
Sauf que, quand on parle des
anglophones, au Québec, on a parfois tendance à s'enfermer dans certains
préjugés, hein? Souvent, on pense communauté
anglophone, bien, on se met à penser à une minorité possédante, on se met à
penser au méchant boss anglophone qui
exploite les ouvriers francophones, on pense à la communauté anglophone... Bien, parfois, les gens, par préjugé, vont dire : Ah! ça, c'est les bourgeois de
Westmount, tu sais, c'est ça, c'est ces gens-là, les anglophones au Québec.
Ça a été vrai en
partie par le passé, mais les choses ont définitivement changé. Le visage des communautés
anglophones au Québec a changé, notamment à cause de l'immigration, mais aussi
à cause de certains changements démographiques.
La précarité, l'appauvrissement de beaucoup de communautés anglophones au Québec, c'est réel et
c'est un vrai problème de société,
surtout en milieu rural, le premier
ministre le disait, tout à l'heure, mais pas seulement. On assiste à l'apparition, au Québec, de réelles poches de précarité, de pauvreté et
d'isolement dans les communautés anglophones. Bref, la réalité, en 2019, des communautés
anglophones, c'est très, très loin, dans beaucoup de cas, des grands
manoirs des bourgeois de Westmount qu'on s'imagine parfois, même si, bien
sûr, les grands manoirs de Westmount existent toujours.
Et
cette situation-là, elle s'est empirée avec l'austérité libérale,
hein, les coupures ont fait mal aux institutions de la communauté anglophone. Alors, mes collègues
libéraux, en tout respect, sont assez mal placés pour faire la leçon à quiconque à ce chapitre-là. Les statistiques
ne mentent pas. J'ai retrouvé une étude récente de l'Association
d'études canadiennes qui disait que 16 % des anglophones au Québec
vivent avec un faible revenu, contrairement à 13 % des francophones. Donc, il y aurait plus d'anglophones
qui vivent à faibles revenus que de francophones.
Ce n'est quand même pas rien.
Cette
même étude-là démontrait que les Québécois d'expression anglaise qui vivent à
l'extérieur de Montréal sont trois
fois plus susceptibles de vivre dans la pauvreté que les francophones. Je le
répète, là, parce que c'est des statistiques dont on n'entend pas parler souvent, les anglophones à
l'extérieur de Montréal ont trois fois plus de chances de vivre dans la pauvreté que les francophones. Ça, c'est des
statistiques qui viennent faire voler en éclats les préjugés historiques
qu'on pourrait avoir à l'égard des communautés anglophones au Québec.
Alors,
j'ai une question très simple pour le premier ministre. Quand il entend des
statistiques comme ça, comment réagit-il,
et surtout quel est son plan, comme premier ministre du Québec, pour renverser
cette tendance à la précarisation et
à l'appauvrissement de beaucoup de communautés anglophones au Québec? Et je lui
donne une première piste de réflexion : abolir les commissions
scolaires ne fait pas partie de la solution.
Le
Président (M. Bachand) : M. le premier ministre, s'il vous
plaît.
• (12 h 30) •
M. Legault :
Oui. Bien, d'abord, je veux remercier mon collègue de Québec solidaire.
S'intéresser à l'économie, à la création de richesse, il ne nous a pas
habitués souvent à parler de ces sujets-là, mais c'est au coeur de la priorité
du gouvernement de la CAQ, d'enrichir en
particulier les régions. Moi, j'invite le co-porte-parole de Québec solidaire à
aller regarder le salaire moyen dans chacune
des 17 régions au Québec. Il va se rendre compte qu'il y a des régions où
le salaire moyen est vraiment très bas. Et il y a un défi de créer des
emplois payants dans ces régions-là.
Comment
on y arrive? Bien, en attirant plus d'investissements privés, en attirant plus
d'entreprises, en aidant les entrepreneurs
francophones et anglophones à créer des emplois dans les différentes régions.
Parce que le co-porte-parole de Québec solidaire a raison, on est
parfois avec l'impression, nos parents nous ont parlé de ça, qu'il y avait les
riches anglophones puis les pauvres
francophones. Mais, quand on regarde actuellement le taux de chômage, bien, il
est plus élevé chez les anglophones
que chez les francophones. Donc, la situation a changé. Puis il y a un problème
en particulier dans les régions. Puis
il y a deux choses. Un, il faut carrément avoir plus d'emplois payants dans les
régions. Deuxièmement, bien, dans les
régions, il y a certains endroits où, si on ne parle pas français, c'est
difficile d'avoir accès à un emploi dans ces régions-là. Donc, donner plus d'accès aux cours de français dans toutes
les régions, pas seulement dans les grandes villes, mais dans toutes les régions du Québec, c'est un
vrai défi. Et mon adjoint parlementaire le député de Sainte-Rose
travaille actuellement avec des organismes
communautaires qui viennent puis qui couvrent différentes régions. Puis le
défi, là, c'est de s'assurer qu'on
couvre bien le Québec. Puis, actuellement, bon, du côté francophone, il y a des
organismes qui existent pas mal dans
toutes les régions pour couvrir les différents besoins, que ce soit en santé,
en employabilité, en alphabétisation. Mais,
du côté anglophone, il y a vraiment comme des trous où il n'y en a pas, de
communauté. Donc, on est en train de parler avec des organismes, leur demander d'étendre leurs services sur un plus
grand territoire et de les financer pour y arriver.
Le
Président (M. Bachand) : Merci, M. le premier ministre. Je
me tourne maintenant vers les députés formant le gouvernement pour une période
d'échange de 11 min 4 s. M. le député de Sainte-Rose, s'il vous
plaît. M. le député de Sainte-Rose.
M. Legault :
Sainte-Rose.
Le
Président (M. Bachand) : Sainte-Rose. La parole est à
vous, M. le député de Sainte-Rose, pour 11 minutes.
M. Skeete :
11 minutes? Merci de votre patience, M. le Président. J'allais juste
confirmer une donnée pour questionner notre premier ministre, responsable des
Québécois d'expression anglaise. D'ailleurs, j'ai le collègue de D'Arcy-McGee à qui je dois remercier. On faisait
des débats en anglais, et c'est le collègue qui m'a corrigé en ondes — pas gentil — du fait qu'on ne devait pas dire «anglophone»,
puis il avait raison. Alors, je vous salue, le collègue. Et merci beaucoup
à tous d'être ici.
Pour moi, les
derniers six mois a été une découverte, une découverte surtout parce que j'ai
fait mon cheminement académique en anglais et, depuis l'année 2000,
à peu près, bien, je suis un peu... j'étais plutôt... un peu séparé de ma communauté
anglophone — expression
anglaise — et puis,
pour moi, ça a été très bien de me retrouver à nouveau dans cette communauté-là, parce que j'avais, en quelque
sorte, beaucoup oublié à quel point c'était une communauté vibrante et
dynamique.
Depuis les
six derniers mois, M. le premier ministre, vous le savez, on s'en est parlé
souvent, j'ai fait le tour de quelques
régions. Je suis allé en Gaspésie, et puis, après ça, je suis allé sur la
Côte-Nord. Et, à la Côte-Nord, j'ai passé une fin de semaine à parler avec une communauté assez dynamique. Et puis, je
me souviens, j'ai eu un échange avec une jeune qui a décidé de partir de Calgary pour se rétablir sur la Côte-Nord. Ce
n'est pas tout le monde qui fait de choix-là. Et je lui parlais de mon cheminement aussi par rapport à mon
intérêt à la politique québécoise. Et, je lui ai dit, la clé c'était de
lire et de nager dans le français. Et, si on
veut vraiment s'intégrer dans la communauté québécoise, on doit nager dans le
français. Et on a eu une conversation qui a
duré à peu près une heure. Et puis j'ai reçu de sa part un courriel quelques
jours plus tard. Alors, je me permets de vous le lire :
«Object : Thanks for encouraging me on my
journey to become a Quebecker.
«I just want to tell you how much I
enjoyed speaking with you. I already downloaded the Cogeco App.» Je lui avais dit qu'elle pouvait
s'intéresser à écouter un petit peu de politique, ça lui rendrait peut-être un
petit peu plus fière et de comprendre un peu
plus la dynamique politique du Québec. «Maybe, one day, I'll be speaking French.»
Et ça a été, pour moi, quelque chose
qui m'a frappé à plusieurs égards, parce qu'elle est là, la mission du
secrétariat, c'est de détruire à coups de
masse le mur des deux solitudes qui existent et qui ont toujours existé au
Québec. Et ma réponse à la dame en question a été simple, bien, je lui
ai dit : «You already are a Quebecker.»
Et ce message-là, je pense, il n'est pas souvent
véhiculé à la communauté d'expression anglaise du Québec. D'ailleurs, dans cette communauté-là, on avait des
bouteilles d'eau, je sais que le collègue de Québec solidaire ne sera
pas fier de nous, on avait des bouteilles
d'eau, mais sur les bouteilles d'eau, sur les bouteilles d'eau il y avait
«Circle K». Puis les gens qui
connaissent Circle K savent que c'est Couche-Tard. Couche-Tard est dans mon
comté, dans Sainte-Rose. Puis en plus
on apprend que cette communauté-là, mais elle est plus proche du Labrador. Ça
fait qu'ils se font apprivoiser du Labrador.
La culture de Terre-Neuve empreinte la communauté. Ils sont totalement
déconnectés de la réalité québécoise, M.
le premier ministre. Et, pour moi, c'est frappant parce qu'en plus ils portent
des chapeaux des Leafs de Toronto. Ça fait que ça aussi, c'est
inacceptable pour des Québécois.
Donc, pour
moi, ce fut un moment révélateur. J'ai compris, à ce moment-là, que l'écart qui
existe, pour toutes sortes de
raisons... hein, il y a un écart historique qui existe au Québec par rapport à
notre relation avec les Québécois d'expression anglaise. Il y a aussi une histoire plus récente. Il y a eu, vous l'avez
dit tantôt, M. le premier ministre, la loi 101 qui a causé un froid. Il y a aussi le mouvement souverainiste,
alors, où est-ce que la communauté d'expression anglaise, tant
montréalaise qu'en région, a dû choisir son
camp, hein, puis a décidé de dire : Bien, moi, si je ne veux pas la
séparation, mais là je dois faire certains choix. Donc, ça a créé des
barrières à ce sentiment d'appartenance du Québec.
Je reviens sur le point de la dame sur le
français parce que c'est un point qui est assez important, parce que le collègue de Jacques-Cartier le soulevait tantôt,
par rapport au taux d'anglophones ou de Québécois d'expression anglaise
à la fonction publique. Et, pour moi, c'est
une des premières choses que j'ai regardée parce que moi-même, après, j'ai
étudié la science politique à Concordia,
mais je suis allé travailler au gouvernement fédéral, hein? C'est un peu ça, le
cheminement. On va à l'école anglaise, on va travailler au gouvernement
fédéral. Un, on ne pense même pas d'appliquer pour le gouvernement du Québec, puis ceux qui appliquent... mais, pour une
raison ou une autre, j'ai des hypothèses, ne réussissent pas à se
placer. Mon épouse est pareille, hein? Elle a fait ses études dans le réseau
anglais, puis après ça elle est devenue infirmière
puis elle n'a pas regardé les autres hôpitaux à Laval, où est-ce qu'on habite,
elle est allée travailler à St. Mary's parce que... «It's just what you
do.»
Donc, il y a un enjeu de rendre accessibles les
institutions québécoises traditionnellement francophones à la communauté d'expression anglaise, puis, de l'autre
côté, on voit que le taux de français, après qu'on a fini l'école, il y
a une certaine fenêtre où est-ce que, si on
trouve un emploi, ça va bien. Mais, si on n'est pas dans cette fenêtre-là,
graduellement, on perd nos compétences en
français. Et j'ai souvent dit ça et j'en ai parlé au ministre de l'Immigration,
M. le premier ministre, les
mêmes gens qui nous ont donné la loi 101, on penserait qu'au Québec on
pourrait trouver un cours de français à tous les coins de rue. Mais ce n'est pas le cas, et il y a des Québécois
d'expression anglaise qui me disent : Nous, on veut apprendre le français. Vous francisez les immigrants, vous
francisez les francophones, et nous, on veut apprendre le français pour
bien se placer puis on n'arrive pas à trouver un cours de français. Puis, si on
en trouve un, bien, il est dispendieux.
Donc, je suis
d'avis qu'un gros indicateur dans le dossier du faible taux de participation
des Québécois d'expression anglaise à
la fonction publique est du fait que la première chose que vous nous demandez
de faire, c'est de faire un test de français écrit. Et, moi le premier,
étant le produit des écoles anglaises du Québec, je peux vous dire que ce n'est
pas toujours à la hauteur. C'est quelque chose que j'ai encore un problème avec
ça.
Une voix : ...
• (12 h 40) •
M. Skeete :
Oui, mais je vais dire que mon français écrit, des fois, me gêne. Alors, je
m'excuse d'avance pour tous ceux qui reçoivent mes courriels.
Donc, c'est
pour moi un critère, un indicateur qui est très important. Et nous, dans le
secrétariat, on y travaille déjà, on veut chercher ces données-là.
Ça fait que j'ai
parlé du sentiment de se sentir Québécois, hein? C'est important parce que, si
on ne sent pas Québécois, mais si on a une
job ailleurs, on va partir. Si on ne sent pas Québécois, mais on est un peu un
invité chez nous... Puis je le rappelle souvent, hein, les Québécois
francophones, on a tendance à parler des Québécois de souche. Et, normalement, on parle de M. Tremblay,
M. Savard, mais il y a des Québécois de souche qui sont au Québec depuis
plus de 400 ans,
qui s'appellent Smith, qui s'appellent MacCallum. Et ces gens-là ont une
histoire au Québec, et il faut que ces gens-là se sentent chez eux.
Donc, via le secrétariat, ce qu'on fait, c'est un
programme qui vise directement à aider les communautés d'expression anglaise. Le programme de financement, lui, il
vise à augmenter la capacité. Et, quand je dis «augmenter la capacité»,
je veux dire spécifiquement regarder il est où, le bobo, et de bien le
financer.
La
raison que j'étais debout tantôt, c'était pour aller chercher une donnée de
M. Floch qui m'aide dans le dossier, à savoir : Sur le
1,1 milliard qu'on donne à différents groupes communautaires, bien, c'est
quoi le taux de groupes communautaires d'expression anglaise qui appliquent à
ces montants-là? Je parle notamment du PSOC ou d'autres programmes qu'il peut avoir dans d'autres ministères. On se rend compte
que les Québécois d'expression anglaise dans les groupes communautaires n'appliquent souvent même pas ou n'ont pas le
savoir-faire pour appliquer dans ces programmes-là. C'est des Québécois
à parts égales, c'est des Québécois à part entière, et eux, ils ne réalisent
pas qu'ils ont accès à des programmes. Donc,
le programme d'appui va aider à financer une ressource qui va les aider à aller
chercher leur dû à l'intérieur de ces
divers programmes gouvernementaux auxquels ils devraient avoir accès en tant
que Québécois. Et il n'y a rien comme un
sentiment de recevoir un chèque qui nous fait penser au Québec.
Donc, ça, c'est une façon qu'on essaie d'aider le sentiment
d'appartenance.
J'ai
aussi le collègue de Gouin qui parlait du fait que... la réalité, souvent,
que c'est les grands messieurs avec les chapeaux puis les cigares, anglophones, les contremaîtres qui disent aux
porteurs de lait quoi faire... porteurs d'eau, plutôt, quoi faire. Vous avez raison, la donne, elle a beaucoup
changé dans les 50, voire 60 dernières années. C'est la raison...
Puis vous avez cité un taux de chômage qui
est inquiétant. Sur la Côte-Nord quand j'ai visité, c'est un sur trois. C'est
35 %, le taux de chômage pour cette communauté là-bas.
C'est
une des raisons, d'ailleurs, que je suis allé là-bas, c'était pour déposer des
sous, une somme directement dans la communauté,
puis c'est un incubateur économique. L'idée dans ça, c'était de dire :
Mais nous, on croit en vous. Puis ce qu'ils
vont faire, puis le collègue va être encore plus content, parce que ça va être
d'exploiter les ressources naturelles, les fruits arctiques, et tout,
dans le but de transformer ça pour des produits cosmétiques. Mais ça, c'est de
l'argent, un incubateur économique en région
pour et par la communauté d'expression anglaise. Ça fait que c'est via des
initiatives comme ça que nous, on veut augmenter la croissance.
Donc,
pour moi, il me semble que le secrétariat doit exister. Je me demande, M. le premier ministre, quand vous avez dit durant
le débat des chefs, tout le monde était surpris, moi, je ne l'étais pas parce que
je vous connais, que vous
allez garder le secrétariat d'expression anglaise, c'était quoi, votre vision,
et c'était quoi, la raison pourquoi vous avez décidé de choisir de garder le
secrétariat?
Le Président (M. Bachand) : Malheureusement, il va manquer de temps. On a
fini le premier bloc, alors ça va aller
au deuxième bloc. Désolé. Alors, M. le député des Îles-de-la-Madeleine, pour le
troisième d'opposition, pour une période d'échange de
4 min 50 s, s'il vous plaît.
M. Arseneau :
Merci beaucoup. Je vais revenir sur la question de mon collègue ici, justement.
C'est tout à fait approprié, la question que vous posez. En fait,
j'aurais trois questions à poser dans moins de cinq minutes, alors je vais y
aller rondement.
J'ai
la chance aussi de représenter une communauté fort dynamique aux
Îles-de-la-Madeleine, 5 % de la population, et je les salue. J'ai aussi le privilège de siéger à la fois sur la
commission qui étudie les budgets pour la langue française et celle-ci qui étudie les budgets pour le
secrétariat pour les Québécois de l'expression anglaise, et je vois qu'il y a
une différence marquante, notamment
sur les budgets supplémentaires qui ont été accordés. Je me réjouis des budgets
supplémentaires qui sont accordés ici, au secrétariat, mais j'aimerais
savoir : Qu'est-ce qui motive le fait de rajouter, en fait, de doubler le
financement? Est-ce qu'on va appuyer deux fois plus de projets ou on va donner
deux plus d'argent aux bénéficiaires?
Le
Président (M. Bachand) : M. le premier ministre.
M. Legault :
Bon, je veux remercier le député des Îles-de-la-Madeleine. Effectivement, il y
a une communauté d'expression anglaise,
hein, qui est importante là-bas. Il y a plusieurs objectifs qui sont visés par
le secrétariat. D'abord, faire le
lien avec des organismes. Ça peut être sectoriel, ça peut être régional, des
fois il y a des organismes qui sont nationaux, mais c'est de prendre compte des préoccupations. On en parlait tantôt,
l'employabilité, donc le taux de chômage qui est élevé chez les Québécois d'expression anglaise dans certaines régions,
c'est un défi qui est vraiment spécial. Et puis c'est aussi simple que de dire... Il y a des organismes
qui nous disent : On peut-u avoir des chiffres? Puis je sais que le député de Sainte-Rose fournit des
chiffres. Donc, on a des données par région pour être capable de voir quelle
est l'ampleur du problème puis, ensuite, travailler sur les solutions.
Évidemment,
les organismes, dans les régions, qui s'occupent de la communauté, disons, on
va dire anglophone, ce sont des
petits organismes qui n'ont pas des gros budgets, qui parfois sont autour d'une
ville ou d'une municipalité, mais qui
ne rayonnent pas dans toute la région. Donc, il faut être capables,
effectivement, puis c'est une des raisons pourquoi on a doublé le
budget... Vous devriez voir, là, je pourrais vous donner la liste des
organismes qu'on finance actuellement, mais il y en a beaucoup, mais il en
manque encore beaucoup.
Le
Président (M. Bachand) : ...
M. Arseneau : Merci, M. le
Président. Une des préoccupations que j'ai, c'est à l'égard d'un commentaire
que M. le premier ministre a fait à l'effet
qu'il fallait surtout venir en aide aux organismes des régions, ce que je
partage, pour les
communautés anglophones, mais, en regardant la distribution des fonds, il y a
quand même 8 $ sur 10 $ qui sont dépensés dans la région de
Montréal, de Québec ou d'Outaouais. Alors, il y a peut-être un effort à faire
de ce côté-là pour les organismes régionaux.
Et ma
question, en fait, porterait davantage sur l'augmentation des budgets pour
aider les communautés anglophones ou
les organismes qui s'occupent des communautés anglophones en regard des
programmes et de la mission de l'État du Québec, à savoir si l'augmentation des budgets vient compenser l'absence
de prise en considération des minorités d'expression anglaise. Il
faudrait peut-être faire attention à ne pas dédoubler les sommes ou faire en
sorte qu'il y a un programme discriminatoire
pour les gens d'expression anglaise, alors que les grandes missions de l'État
ne seraient pas remplies adéquatement.
Le Président (M. Bachand) :
En moins d'une minute, M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. Bon, d'abord,
c'est vrai, il y a à peu près 80 % de l'argent qui est donné à Montréal,
mais il y a 80 % des anglophones qui
habitent à Montréal. Mais ce qu'il est important, par contre, de préciser,
c'est qu'il y a beaucoup d'organismes
qui sont basés à Montréal, mais qui donnent des services aussi dans les
régions. Et il y a aussi, on me donne la
liste, là, disons, pour le bénéfice du député, Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine, il y a le Committee for
Anglophone Social Action, le Council
for Anglophone Magdalen Islanders, Vision Gaspé-Percé Now. Donc, il y a des
organismes, là, on le voit, dans
chacune des régions, puis on fait attention, effectivement, à ce qu'on soit
capables de donner des services puis d'élargir le rôle dans les régions,
tu sais, vraiment une préoccupation du député de Sainte-Rose de s'assurer qu'on
offre plus de services en région.
Donc, on va
le voir dans la distribution des fonds qu'il va y en avoir de plus en plus.
Puis, dans certains cas, on demande à des organismes de Montréal d'aller
dans les régions où il n'y a pas d'organisme, où il n'y a pas de services qui
sont donnés.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup. Avant d'aller plus loin, on a quelques petites minutes de
retard. J'aurais besoin d'un
consentement pour avoir cinq minutes supplémentaires, maximum cinq minutes
supplémentaires, pour aller au-delà de l'heure. Maximum cinq minutes.
Merci, consentement.
Alors, je me tourne vers le gouvernement pour 12
min 4 s., s'il vous plaît. M. le député de Sainte-Rose.
M. Skeete : Encore moi, M. le
Président.
M. Legault : Veux-tu que je
commence à répondre?
M. Skeete : Bien, j'aimerais ça
vous entendre sur votre vision, effectivement. J'allais vous céder la parole.
Le Président (M. Bachand) : M. le premier ministre.
M. Legault : Oui, bien, écoutez, tantôt le député de
Sainte-Rose abordait plusieurs sujets, plusieurs questions. Je trouve ça intéressant, ce qu'il disait à propos de son épouse et puis de
lui-même. Il y a des anglophones qui ont bien appris le français, mais
qui se retrouvent dans un milieu de travail, parfois à St. Mary's, parfois dans
une organisation qui est anglophone, et n'ont pas l'occasion de pratiquer leur
français.
Et puis c'est
la même chose dans l'autre sens. Ça me faisait penser, quand j'étais président
d'Air Transat, je passais la moitié
de ma journée et plus à parler en anglais, hein? Quand on parle aux
fournisseurs ou aux bases qui sont à l'étranger... Puis, quand je suis
arrivé à Québec, j'ai commencé à perdre mon anglais, hein? Parce qu'à part les
gentils journalistes anglophones qui posent
des questions on n'a pas d'opportunité, à part de répondre à M. Authier,
là, de... je vais tous les nommer,
sinon, ça va faire de la chicane, non? C'est ça? Cathy Senay, qui nous a suivis
pendant toute la campagne,
pendant les 30 jours, avec des très
bonnes questions. Mais tout ça pour dire que j'ai perdu mon anglais parce qu'on
ne le pratique pas. Donc, il faut trouver des solutions.
Mais les organismes communautaires, je veux
revenir sur les organismes communautaires parce qu'on en a beaucoup parlé tous les deux, il y a vraiment un
défi d'offrir des services. Et puis, quand on regarde les différents
organismes, bien, il y en a qui s'occupent
de santé, il y en a qui s'occupent d'économie, d'employabilité, il y en a une
liste qui s'occupe de culture, donc
encore toute une liste, il y en a qui s'occupent d'éducation, évidemment,
incluant la littératie. Il y a des défis d'alphabétisation aussi. Donc,
même chose qu'on voit à la grandeur du Québec, dans les organismes
communautaires. Moi aussi, je serais curieux
de faire l'inventaire, de dire, dans le financement des organismes
communautaires, il y a quelle partie
qui va aux anglophones. Bien, on vient peut-être un peu compenser via le
secrétariat où on se concentre exclusivement sur des organismes qui représentent... qui offrent des services aux
Québécois d'expression anglaise. Je vous laisse continuer, M. le député.
• (12 h 50) •
M. Skeete :
Merci beaucoup, M. le premier ministre. Effectivement, je vais vous conter une
anecdote. Moi-même, ma mère... le
français, c'est ma langue maternelle. J'ai appris à parler le français à la
maison avec ma mère. Ma mère, elle est
décédée quand j'avais 16 ans, et, entre 16 et 20 ans, j'ai failli
perdre mon français. C'est ma langue maternelle. J'habite Montréal. Donc, si on ne s'en sert pas, on la
perd, notre langue. Et puis c'est une des raisons, en fait, pourquoi le
français est vraiment la clé du succès et
d'intégration de tout le monde, mais en particulier les gens qui veulent
avancer leur carrière au Québec ou faire affaire au Québec.
On
s'est parlé aussi, M. le premier ministre, par rapport aux différents groupes
communautaires qu'on va financer. Puis,
vous avez raison, il faut faire attention, hein, parce que le défi n'est pas de
créer un gouvernement parallèle, hein, parce que, sinon, on ne règle pas
le problème. Le problème, c'est de dire : Bien, on est tous des Québécois
à part entière.
Donc, comment
qu'on fait pour s'assurer qu'on aide les Québécois d'expression anglaise dans
les milieux où est-ce qu'ils ont
besoin d'aide, mais, de l'autre côté, on s'assure de ne pas dédoubler? Et
effectivement la stratégie de financement aide, et je l'ai dit tantôt, à augmenter la capacité. Ce que ça veut
dire, c'est qu'en Gaspésie, entre autres, pour le collègue, il y a des groupes qui font de l'accompagnement.
Vous le savez, hein, il y a les communautés, ils sont unilingues
anglais, donc, quand on a 75 ans et on
a un rendez-vous chez le médecin, mais c'est très intimidant, de un, faire le
voyage, hein, parce que ce n'est pas à la porte, puis, deux, comment
qu'on fait pour s'assurer qu'on va comprendre ce que le médecin va nous dire.
Puis,
normalement, ces temps-ci, ça va un peu mieux avec les médecins parce qu'ils
sont généralement formés dans des
grands centres universitaires où est-ce qu'ils apprennent pas mal le français,
beaucoup de la littérature est en anglais, mais elle est où, l'urgence? Par où que je dois aller? À qui je dois parler?
L'infirmière, la personne à la réception? Bien, nous, ce qu'on fait, c'est... on finance directement des
groupes qui vont offrir un service d'accompagnement. Ce n'est pas des
gens, là, qui vont faire des sous, leur job,
c'est de se promener puis de faire du taxi. C'est des gens où ce qu'on va payer
leur gaz pour qu'ils prennent leur
temps pour accompagner un Québécois d'expression anglaise unilingue à aller à
un rendez-vous médical. Puis c'est
ça, augmenter la capacité, c'est ça, aider, parce que, si cette personne-là se
sent à l'aise d'aller à l'hôpital, mais
elle va nécessairement avoir un résultat de santé qui va être amélioré, donc on
réduit les coûts, etc. Ça fait que c'est ça, augmenter la capacité.
Une autre
chose qu'on fait, qui est très utile à la communauté, c'est... justement, quand
on parlait du PSOC et le financement
tel... dans ces projets-là, mais, si on réalise qu'il y a 1 milliard qui
est donné à tous les Québécois, puis on réalise que les Québécois représentent 13 % de la population, puis on a
accès à juste 3 %, bien, il y a un écart. Donc, augmenter la capacité veut dire nécessairement donner des sous
supplémentaires pour nous aider à accéder à ce 7 % de plus parce
que, bien, on devrait aller chercher notre
part, puis de s'assurer qu'on est capable de remplir les documents comme il
faut, qu'on est capable d'aller
chercher le formulaire exact qu'on a de besoin, parce que, des fois, ce n'est
pas toujours facile. C'est ça, augmenter la capacité.
Puis je suis
très content que vous avez soulevé le point, M. le premier ministre, les
régions, les régions. Moi, je suis très
préoccupé par le taux de chômage des communautés d'expression anglaise en
région. Puis souvent ce qu'on va voir, puis
c'est un cheminement, là, c'est un dessin qui commence à se dresser pour moi,
il y a des Québécois qui vont finir l'école, ils vont aller en finances, ils vont aller en ingénierie à Concordia,
puis, si on est capable de se placer
dans une place où est-ce qu'on parle beaucoup anglais, où c'est
bilingue, une charte fédérale, mettons, bien, on va dire que ces gens-là sont
capables de se trouver un emploi, puis ils vont travailler chez Air Canada,
dans les banques, etc., puis c'est quand même des emplois qui sont bien payés. Il y a
un autre pourcentage de Québécois,
puis il y a un exode des cerveaux, bien, ils s'en vont. Ils s'en vont à Toronto,
ils s'en vont à Boston, ils s'en vont à San Francisco. Mais ceux qui
restent, s'ils ne réussissent pas à se
trouver un emploi dans la charte fédérale, puis si leur français n'est pas
adéquat, puis s'ils sont sous-scolarisés,
c'est là qu'on commence à voir des indicateurs socioéconomiques,
sociodémographiques inquiétants. Et c'est là-dessus, justement, qu'on joue. Les groupes communautaires qu'on finance, c'est pour aider ces
gens-là à non seulement apprendre le français pour les aider à la
première étape... et la deuxième étape, c'est vraiment de les réinsérer dans
leur milieu de travail.
Dans mon
comté de Sainte-Rose, j'ai la compagnie M1 Composites, que vous
connaissez, vous êtes venu avec moi les
rencontrer. Bien, nous, on a créé un projet pilote avec un groupe qui s'appelle
La Passerelle. Puis c'est des Québécois d'expression anglaise, ils ont une quarantaine d'années, ils sont assez
spécialisés, mais, maudine, ça fait deux, trois ans qu'ils ne se trouvent pas une job, ça fait qu'ils
sont un peu «out of the loop», comme qu'on dit. Bien, nous, ce qu'on
fait avec M1, avec le projet pilote que j'ai
créé, bien, j'ai dit : Regarde, on va faire un apprentissage. On va
prendre les gens ici, on va les mettre
dans le milieu de travail chez M1, puis M1 est d'accord pour les enseigner le
français dans un milieu de travail.
Ça fait que non seulement ils vont être insérés dans un milieu francophone dans
le but d'apprendre le français et d'augmenter
leur capacité française, mais, de l'autre côté, on aide à placer des gens qui
ont de besoin d'une deuxième chance ou de se réinsérer dans le marché du
travail. Ça fait que c'est le genre de travail comme ça qu'on fait pour les
Québécois d'expression anglaise.
Je voulais
revenir sur une question que j'avais pour vous également, M. le premier
ministre, spécifiquement par rapport
au mandat du secrétariat, hein, parce que c'est important pour nous de savoir
c'est quoi, votre vision à moyen terme, parce que je pense que
l'opportunité qu'on a devant nous, c'est de vraiment mettre nos doigts sur
qu'est-ce que ce secrétariat-là devrait être
pour l'avenir. Et, vous le savez, avant l'année passée, il n'y en avait pas,
d'organisation comme ça qui faisait
ça au Québec. Puis on était la seule province qui n'avait rien pour la minorité
linguistique. Ça fait que moi, je serais très curieux d'entendre votre
vision par rapport au mandat, par rapport à la suite.
Le Président (M. Bachand) :
M. le premier ministre.
M. Legault :
Oui. Bien, écoutez, les gens qui nous écoutent, là, bon, on parle de façon
générale des services, mais j'aimerais
prendre quelques minutes pour vous donner des exemples concrets, parce que
j'avoue que moi, j'ai appris avec le député
de Sainte-Rose. Il y a beaucoup d'organismes que je ne connaissais pas,
maintenant que je connais, et je voudrais vous en nommer quelques-uns,
des organismes qu'on finance.
D'abord, quand on
parle de santé, Community Health and Social Services Network, c'est un bel organisme
qui couvre... il y a 24 organismes, ils
couvrent à peu près toutes les régions du Québec. Je ne savais pas que ça
existait, pour être bien honnête. Un autre qui s'appelle Youth 4 Youth, hein, où
on parle d'engagement civique, bel organisme. Un autre, Seniors Action Québec, ça s'occupe surtout des aînés.
Ensuite, Black Community Resource Centre, parce qu'il y a quand
même... je vois Maya, qui est là-bas,
là, il y a une communauté noire anglophone qui est comme une espèce... où il y
a des taux de chômage élevés. Et ça,
c'est un vrai, vrai, vrai défi. Je suis content de voir Marco, qui est bien
entouré là-bas, qui est en train de s'intégrer à la communauté des
journalistes anglophones. C'est beau de voir Marco aller.
Il
y a des organismes aussi en employabilité, et je pense que le député de
Sainte-Rose en parlait tantôt, un incubateur, sur la Basse-Côte-Nord, qui s'appelle Coasters Association, qui sert les
anglophones. Le Committee for Anglophone Social Action aussi. C'est cinq organismes, surtout dans l'Est du Québec, qui
s'occupent d'emploi. Il y en a un autre, Committee for Anglophone Social Action. Eux autres, ils font le
lien avec les carrefours jeunesse-emploi, qu'on connaît bien, avec
Emploi-Québec, ils s'occupent surtout des
jeunes qui sont vulnérables. Il y en a un autre qui s'appelle Youth Employment
Services, encore là, réseau d'employabilité.
• (13 heures) •
En
culture, bon, évidemment, il y a le Québec Community Newspapers Association,
hein, donc qui s'occupe surtout des
médias anglophones en région éloignée, English-Language Arts Network, les
artistes d'expression anglaise,
Regional Association of West Quebecers, toutes les ressources communautaires,
Québec English-Language Production Council, cinéma,
s'occupe du cinéma en anglais. Ensuite, bien, il y a l'Hôpital Jeffery-Hale,
hein, qui a un bel organisme, le Québec English Speaking Resource
Network. En éducation, Literacy Québec, le Felps, ça, on s'en est parlé, Felps
Helps, qui s'occupe de lutter contre le
décrochage scolaire. Québec Federation of Home and School Associations aussi,
qui est là depuis 75 ans, quand même quelque chose.
Et, bon, évidemment
aussi il y a des groupes qui sont à l'Université Concordia. Il y a des groupes
qui sont à l'Université McGill aussi, qu'on finance. Tous les groupes que je
vous nomme sont tous des groupes qu'on finance directement par le secrétariat, puis on leur demande, dans certains cas,
de ratisser plus large. Parce que c'est ça, le défi, là, on en parlait, s'assurer, que ce soit en santé,
que ce soit en économie, que ce soit en culture, que ce soit en éducation,
que toutes les régions puis toutes les
communautés d'expression anglaise soient couvertes au Québec. Puis moi, j'ai
confiance que le député de Sainte-Rose,
là... laissez-le aller encore un bout de temps, là, vous allez voir qu'on va
mieux couvrir les gens, les Québécois d'expression anglaise au Québec.
Adoption des crédits
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup, M. le premier
ministre. Le temps alloué à l'étude du volet Relations
avec les Québécois d'expression anglaise des crédits budgétaires du
portefeuille Conseil exécutif pour l'exercice financier 2019‑2020
étant presque écoulé, nous allons procéder maintenant à la mise aux voix des
crédits.
Le programme 7,
intitulé Relations avec les Québécois d'expression anglaise, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
Le
Président (M. Bachand) : Adopté sur division.
Documents déposés
En terminant, je
dépose les réponses aux demandes de renseignements de l'opposition.
Et
également, compte tenu de l'heure, la commission suspend ses travaux jusqu'à
15 heures, où elle va entreprendre l'étude des crédits budgétaires
du volet Affaires autochtones du portefeuille Conseil exécutif. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à
13 h 2)
(Reprise à 14 h 59)
Le Président (M. Bachand) : Merci. À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des institutions ouverte. Je demande bien sûr
à toutes les personnes présentes dans la salle de bien vouloir éteindre
la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La
commission est réunie afin de procéder à l'étude du portefeuille Affaires autochtones des crédits
budgétaires pour l'exercice financier 2019‑2020. Une enveloppe de
trois heures a été allouée pour l'étude de ces crédits.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
• (15 heures) •
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Lachance
(Bellechasse) est remplacée par Mme Guillemette (Roberval); Mme Lecours (Les Plaines) est remplacée par Mme Hébert (Saint-François);
Mme Anglade (Saint-Henri—Sainte-Anne) est remplacée par M. Kelley
(Jacques-Cartier); M. Tanguay (LaFontaine) est remplacé par M. Birnbaum (D'Arcy-McGee); M. Fontecilla (Laurier-Dorion)
est remplacé par Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques); et M. LeBel
(Rimouski) est remplacé par M. Roy (Bonaventure).
Affaires autochtones
Le
Président (M. Bachand) :
Merci. Nous allons débuter par les remarques préliminaires, puis nous allons
procéder à une discussion
d'ordre général par blocs d'environ 20 minutes, incluant les questions
et les réponses. La mise aux
voix de ces crédits sera effectuée à la fin du temps qui leur est alloué cet
après-midi, vers 18 heures.
Remarques préliminaires
Nous débutons donc avec les remarques
préliminaires. Mme la ministre, bienvenue. Et vous disposez de 12 minutes.
Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme Sylvie D'Amours
Mme D'Amours : Merci, M.
le Président. Permettez-moi, d'entrée de jeu, de saluer mes collègues de l'Assemblée nationale et l'équipe qui
m'accompagne. Je vais commencer par mon cabinet, ici, à ma gauche, et, à ma
droite, la sous-ministre,
Mme Thomas, et son équipe, en arrière, avec ces messieurs.
Donc, «kwe», «shé:kon», «wachiya». (S'exprime dans une langue
autochtone). Et bonjour. Bonjour. En
cette Année internationale des langues autochtones, je tenais à vous
saluer dans les langues des Premières Nations et inuites du Québec. Je
m'excuse si la prononciation n'était pas parfaite, mais mon coeur et
l'intention y est.
Je suis très
heureuse d'être parmi vous aujourd'hui pour mener à bien cet important
exercice qu'est l'étude des
crédits budgétaires du Secrétariat
des affaires autochtones. Il s'agit d'un exercice éminemment démocratique qui
permet à notre gouvernement de mieux
rendre compte de l'usage qui est fait des fonds publics. Je trouve important de
le répéter, je suis véritablement
honorée qu'on m'ait confié la très importante charge, dis-je, de ministre responsable
des Affaires autochtones.
Il s'agit
d'un mandat majeur pour le développement du Québec car les Premières Nations et
les Inuits contribuent à définir le Québec, sa richesse culturelle et
son identité. Elles participent à la construction du Québec. Inscrites dans la modernité et ancrées dans leurs traditions, les
cultures autochtones sont riches, multiples de diversité. Elles portent
une identité et des valeurs qui constituent
un puissant levier pour le développement de leurs communautés. C'est ainsi que
je conçois notre mission de contribuer
activement à l'épanouissement et à la prospérité des nations autochtones du
Québec et à travailler à la réconciliation entre nos nations. Cette volonté est
aussi la volonté de notre premier ministre et de l'ensemble du gouvernement.
Permettez-moi
de profiter de la présente tribune pour expliquer le rôle diplomatique que
j'occupe à titre de ministre responsable
des Affaires autochtones. En effet, il m'incombe d'établir et de maintenir des
relations avec les grands chefs, les
chefs et les représentants des organisations politiques autochtones, mais
également d'établir les liens avec mes collègues ministres.
Ainsi, dès ma
nomination, ma préoccupation première était de m'assurer d'une connaissance et
d'une sensibilité autochtones au sein
même de mon équipe. C'est pourquoi la moitié de mes employés du cabinet sont
autochtones. Dans la première semaine
de notre nomination, il fut primordial de prendre contact avec les leaders
autochtones. Le premier ministre et
moi avons rencontré le chef Picard et son équipe pour établir le dialogue et
jeter les bases d'une nouvelle relation politique.
Je tiens à saluer Ghislain Picard, chef de
l'Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador. Je dois souligner qu'il a été réélu pour une
10e fois, en janvier dernier, à la tête de celle-ci. M. Picard occupe
cette fonction depuis 1992. Je
respecte son sens politique et sa persévérance dans la représentation des
intérêts des Premières Nations qui font consensus auprès des chefs.
De plus, je
tiens à saluer un grand nombre de leaders : le grand chef Abel Bosum, du
Grand Conseil des Cris, avec qui j'ai
l'honneur de partager plus spécifiquement sur les enjeux de sa nation; le
président de la Société Makivik, M. Charlie Watt, avec lequel j'ai découvert Kuujjuaq et dialogué des ambitions des
Inuits du Nunavik à Kuujjuaq la semaine dernière; le grand chef Constant Awashish, du Conseil de la
nation atikamekw, qui semble toujours trouver les bonnes paroles, des paroles percutantes. Je me permets de le citer
lors de son allocution au Salon du livre de Trois-Rivières : «J'ai envie
de croire que la soif de savoir se confond
avec la soif de se connaître. Ça pourrait être l'occasion de reconstruire des
ponts là où le silence a construit des distances au cours des années.» Sages
paroles. Le grand chef Konrad Sioui, de la nation huronne-wendat, qui partage l'histoire de sa nation avec passion. La grande cheffe Verna Polson, du Conseil
tribal de la nation algonquine, qui
m'a présenté les Anishnabe et les projets qu'ils caressent. Mme Viviane
Michel, présidente de Femmes autochtones du Québec, qui défend bec et
ongles les intérêts des femmes des Premières Nations. M. Philippe Meilleur,
président du Regroupement des centres
d'amitié autochtones du Québec, des organisations qui s'occupent des autochtones vivant en milieu urbain. Ainsi que tous ceux et
celles que j'ai eu la chance de rencontrer, chefs des communautés de
Premières Nations, représentants des
organisations, telles que le Conseil en éducation des Premières Nations, la
Commission de la santé et des
services sociaux des premières nations du Québec et du Labrador,
l'Administration régionale Kativik, la Fondation Nouveaux sentiers, la
SOCAM, et j'en passe.
Je les ai d'abord
écoutés et ensuite j'ai pu entamer avec eux un dialogue franc, ouvert, et créer
une relation basée sur la collaboration et le respect. Elle permet déjà des rapprochements constructifs. Lors de ces
rencontres, j'ai été touchée de l'accueil
dans la langue vernaculaire de mes hôtes. J'ai été accueillie en innu, en
attikamek, en anishnabe, en cri, en inuktitut, en wendat, en micmac, en
mohawk et en abénaquis. La langue est l'expression d'une expérience partagée.
Elle est la manifestation de l'existence
d'un groupe et de sa durée. Elle porte sa vision originale du monde, des
savoirs ancestraux, des imaginaires
complets, des systèmes entiers de spiritualité. La langue est le
véhicule d'une culture. Elle est rassembleuse et réconfortante. La
diversité et la richesse des cultures et des langues autochtones les rendent
d'autant plus précieuses.
Le gouvernement désire travailler
avec les autochtones de nation à nation, de gouvernement à gouvernement. Nous espérons
bâtir des relations avec des liens en continu, ouvrir la porte à l'échange sur
la priorité et les aspirations de toutes les nations qui constituent le Québec d'aujourd'hui. Nous sommes prêts à nous adapter à la diversité
qu'ils représentent. Nous voulons
ensemble trouver des avenues mutuelles bénéfiques pour répondre aux grandes
attentes de la population du Québec, et à celles plus spécifiques
des autochtones.
Nous
savons d'ores et déjà qu'une des
priorités pour l'ensemble des Premières Nations et Inuits est la mise en
oeuvre de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples
autochtones. Nous sommes conscients des interprétations variables qui peuvent être faites concernant certaines dispositions de
cette déclaration par les parties intéressées. Nous avons l'intention
d'élaborer avec nos partenaires autochtones une formule satisfaisante.
Une
autre priorité pour notre gouvernement est de trouver des solutions aux enjeux
relatifs aux territoires et aux ressources.
Ces solutions entendues avec les autochtones permettront d'assurer un
développement économique efficace et rentable
pour tous. Ces questions font l'objet de discussions souvent tendues depuis
déjà trop longtemps. Elles ont parfois été la cause de différends profonds entre le gouvernement et les nations
autochtones. Nous espérons des avancées constructives dans ce domaine.
Il nous faudra
également multiplier les efforts dans le domaine du développement social pour
améliorer les conditions de vie des
autochtones. Nous comptons rencontrer nos homologues fédéraux à ce sujet afin
de régler les enjeux gouvernementaux
qui nous concernent, et ainsi offrir aux populations autochtones des services
appropriés à leurs besoins, et se centrer davantage sur l'humain.
Plusieurs d'entre eux
vivent dans une situation de grande pauvreté. Cela est aussi vrai d'un nombre
croissant d'autochtones qui ont quitté leur
communauté pour vivre en milieu urbain. J'entends y accorder une attention
particulière car plusieurs vivent dans des
conditions difficiles. Il faut agir maintenant pour éviter que les îlots de
pauvreté autochtones se forment dans nos villes. Les événements de
Val-d'Or nous ont donné à ce chapitre un sérieux avertissement.
Je suis aussi
particulièrement touchée par la situation des enfants et des femmes
autochtones. Nous devons déployer des
efforts nécessaires pour ces groupes plus vulnérables, notamment en ce qui
concerne la violence familiale et les violences sexuelles.
• (15 h 10) •
Je
félicite mon gouvernement des investissements annoncés, lors du dernier budget
du Québec, sur les enjeux sociaux. Notre
gouvernement a en effet décidé d'accorder des crédits supplémentaires afin de
bonifier substantiellement les enveloppes qu'il consacre déjà au développement social. Ceci permettra de mettre de
l'avant ou bonifier les mesures du Plan d'action gouvernemental pour le développement social et culturel des Premières
Nations, qui porte sur les enjeux sociaux et qui implique directement
environ 15 ministères ou organismes québécois.
De
façon globale, il est de la première importance de continuer énergiquement la
mise en oeuvre du Plan d'action gouvernemental
pour le développement social et culturel des Premières Nations et des Inuits.
Le plan d'action comporte 119 mesures concrètes et des
investissements de 150 millions.
Ce
plan a été élaboré d'abord par diverses consultations menées par le
gouvernement avec les autochtones. Lors de son lancement, en 2017, il a, de toute évidence, été bien reçu dans les
divers milieux autochtones, qui y retrouvaient leurs priorités et leurs aspirations. Il faut se réjouir
que des moyens aussi considérables soient maintenant disponibles pour le
développement social et culturel au bénéfice
des nations autochtones et de tous les Québécois. Mais le défi le plus
considérable d'un tel plan d'action, au-delà
de sa conception, se trouve dans sa mise en oeuvre. Il est parfois difficile de
confronter les ambitions avec la réalité du terrain. C'est là que réside
le vrai défi, et j'ai la ferme intention de le relever avec succès.
Je
suis très consciente de la venue prochaine des rapports et des recommandations
des deux commissions d'enquête qui
travaillent en ce moment à colliger l'ensemble des informations et
recommandations reçues lors des témoignages afin de faire la lumière sur
des questions fondamentales.
Le
rapport de la commission québécoise qui examine les relations entre les
autochtones et certains services publics est attendu pour septembre
prochain. L'enquête nationale porte sur les causes systémiques ayant mené à un
ratio particulièrement élevé de femmes et de
filles autochtones disparues et assassinées à travers le Canada. Les quatre
commissaires doivent déposer leur rapport au cours des prochaines
semaines, soit le 9 juin 2019.
Bien
sûr, le gouvernement du Québec a suivi les travaux de ces commissions avec la
plus grande attention et collaboré avec elles de la manière la plus
ouverte possible. Elles formuleront des recommandations importantes, auxquelles
nous accorderons toute la considération qu'elles méritent.
Le
développement économique est aussi une priorité pour notre gouvernement. Il en
a d'ailleurs été question lors du
discours inaugural du premier ministre à l'automne dernier. Nous voulons un
Québec prospère pour tous. C'est à ce chapitre que notre soutien doit
être indéfectible auprès des Premières Nations et des Inuits. C'est par des
mesures d'employabilité, de formation et
d'entrepreneuriat que le gouvernement parviendra à contribuer efficacement à la
prospérité économique des nations autochtones.
C'est
dans cet esprit que nous poursuivons la mise en oeuvre du Fonds d'initiatives
autochtones cette année encore pour
continuer à le doter de ressources nécessaires. La société autochtone regorge
d'un formidable potentiel. Elle foisonne d'individus créatifs et industrieux. Je découvre avec toujours plus
d'admiration des nations dotées d'une richesse culturelle et humaine extraordinaire. Je constate que la fibre
entrepreneuriale est très présente dans les communautés et que les
femmes aussi, à mon grand bonheur, s'intéressent aux affaires.
Il
faut actualiser ce potentiel et aussi miser sur les jeunes. Il faut les aider à
développer des outils concrets qui leur permettront de se réaliser pleinement et d'être des agents de changement
au sein de leur communauté, et même au-delà. Une ses solutions bien connues est l'éducation, et nous allons continuer à
favoriser la réussite et la persévérance scolaire chez les jeunes des Premières Nations et des Inuits.
Nous travaillons aussi avec nos homologues du gouvernement fédéral afin
de s'assurer que tous les jeunes ont accès à une éducation adéquate.
J'arrive
justement d'un déplacement au Nunavik, où j'ai pu constater toute cette
richesse et tout ce potentiel. J'étais accompagnée
par un grand connaisseur des gens et du territoire, mon adjoint parlementaire
Denis Lamothe, qui m'a servi de guide tout au long de ce voyage. Je le
remercie de sa collaboration et de son soutien.
Bien que bien
préparée d'avance, j'ai quand même été impressionnée par la vitalité que j'ai
trouvée au Nord, par la ferme résolution des Inuits à faire face
collectivement aux défis sociaux auxquels ils sont confrontés et par leur désir
d'améliorer la qualité de vie de leur
habitat. Le gouvernement du Québec sera présent pour les soutenir. J'ai eu
l'occasion de le dire à mes interlocuteurs de vive voix il y a quelques jours
et je tiens à le répéter aujourd'hui.
On le sait,
il y a beaucoup de travail à faire pour concrétiser tout le potentiel et les capacités des nations
autochtones du Québec. Il y a
du travail à faire aussi pour réinventer les relations que le gouvernement du Québec entretient avec ces nations. Il
y a là un défi historique, et je
tiens à le relever. En fait, j'y vois plus qu'un défi, j'y vois une nécessité,
une obligation. C'est ce défi que
notre gouvernement entend relever de concert avec les leaders
autochtones et les milieux concernés. Je suis persuadée que nous
réussirons car la volonté politique est au rendez-vous. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup, Mme la
ministre. J'invite maintenant
le porte-parole de l'opposition officielle à faire ses
remarques préliminaires pour une période de huit minutes. M. le député de
D'Arcee-McGee, s'il vous plaît.
M. David Birnbaum
M. Birnbaum : «Shé:kon», «wachiya», «kuei, kuei». M. le Président, Mme la ministre, collègues de deuxième opposition
et troisième opposition, collègue de la circonscription de
Jacques-Cartier. Je veux saluer aussi l'équipe qui est pour la ministre ainsi que les gens de la fonction publique. Dans
mes anciennes vies, j'ai eu à travailler de très près avec les autres fonctionnaires, et, trop souvent, on oublie
l'apport qu'ils donnent des fois dans des situations pas si faciles.
Alors, je vous salue pour tous vos efforts.
Écoutez, je
vais utiliser la plupart de mon temps pour éparpiller ça avec les blocs qui
m'attendent à remplir. Mais je tiens à donner écho à l'approche que la ministre
vient de nous offrir. Il me semble que nous avons ensemble la tâche solennelle, comme législateurs, de faire honneur à
nos obligations, à notre collaboration aux 55 communautés des Premières
Nations et inuites avec qui on partage le territoire du Québec.
Évidemment,
on va avoir nos questions très constructives, je l'espère. Je m'attends à un
dialogue qui va faire avancer la
cause devant nous. Les défis, on le sait, sont énormes, ainsi que le potentiel,
qui est tellement souvent oublié. Alors, je tiens à avoir des échanges
fructueux au bénéfice de nos partenaires et nos concitoyens. Merci, M. le
Président.
Le
Président (M. Bachand) : Je
cède maintenant la parole à la cheffe du deuxième groupe d'opposition pour ses remarques préliminaires, pour
deux minutes. Mme la cheffe.
Mme Massé : Oui, bien, je ne
prendrai pas mes remarques préliminaires, si vous voulez, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) :
Aucun problème. Maintenant, au tour du porte-parole du troisième groupe
d'opposition pour ses remarques préliminaires. M. le député de Bonaventure.
M. Roy : Oui. D'entrée
de jeu, j'aimerais saluer tout le monde et remettre mes remarques à plus tard.
Discussion générale
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup. Alors, je suis maintenant prêt à reconnaître
une première intervention de l'opposition officielle pour un premier bloc d'échange. M.
le député de D'Arcy-McGee, la parole
est à vous pour 16 minutes. M. le député, s'il vous plaît.
• (15 h 20) •
M. Birnbaum : Merci, M. le président.
Comme nous allons tous convenir, les défis de nos communautés des Premières
Nations et inuites sont énormes, ainsi que leur potentiel pour les épauler. En
réalisant ce potentiel, il faut les accompagner
à relever les défis. Nous savons qu'on parle d'une population qui est à
40 % en bas de l'âge de 25 ans. Nous savons aussi que des problèmes énormes de logement, le défi de
sauvegarder leurs langues maternelles, leur culture, tout en souhaitant à leurs jeunes de participer pleinement
dans la société qu'on partage, les défis sur le plan de l'éducation, des
services de santé, l'égalité femmes-hommes,
accès aux services judiciaires, aux services de santé et services sociaux... Les défis sont
nombreux.
Donc, j'aimerais parler un petit peu d'un volet,
plus qu'un volet, un sujet, d'où tout commence, c'est-à-dire l'éducation. Comme je dis, l'âge moyen de ces
communautés est en bas de notre moyenne pour l'ensemble du Québec.
Alors, les défis sont là : l'idée de réconcilier... le souhait de
transmettre les langues maternelles, les traditions, la culture et de
réconcilier tout ça avec l'importance, connue et comprise de nos communautés
autochtones, de maîtriser le français, d'apprendre
toutes les capacités nécessaires pour participer pleinement dans l'emploi, dans
le développement économique du
Québec. Les défis sont énormes. On
sait, de plus, que maintenant il y a à
peu près un tiers des jeunes
autochtones qui se trouvent au système
scolaire public. Et là, comme mes autres questions, je suis très conscient que Mme la ministre occupe des fonctions
transversales, en quelque part, mais, nécessairement, on parle des questions de
base qui touchent à nos communautés autochtones et leur avenir.
Alors,
j'aimerais commencer à parler... à avoir des réflexions de la ministre
sur ce tiers des jeunes autochtones, toutes communautés confondues, qui se
trouvent au sein de nos écoles publiques. Comment est-ce que
la ministre songe... et va agir pour épauler ces jeunes dans les écoles publiques, à travers notre système
scolaire public, en région, en anglais et en français? Comment elle va jouer son rôle conjointement avec le ministre de l'Éducation pour épauler ces jeunes dans les écoles
publiques du Québec?
Le Président (M. Bachand) :
Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme D'Amours : Bien, certainement, merci pour votre question parce que,
oui, c'est un enjeu et c'est aussi une priorité,
pour notre gouvernement, qu'est l'éducation. Concernant les jeunes qui sont dans les écoles
publiques qui sont menées par le gouvernement, par l'État, c'est déjà
une préoccupation pour notre gouvernement.
Il n'y a pas si longtemps que ça, j'ai... Pour
vous donner... comme exemple, il y a eu un montant d'argent qui avait été alloué
pour l'Université de Sherbrooke. C'était un montant qui était alloué pour justement
recevoir les jeunes autochtones qui étaient
des étudiants de cette université-là. J'ai rencontré deux universitaires en droit. Et donc le montant
qui avait été alloué à l'université était
pour l'accueil de ces gens-là, l'accompagnement de ces jeunes-là, pour faire en
sorte qu'ils se sentent bien dans un programme conçu généralement pour
l'ensemble des étudiants, mais avec un volet autochtone.
Donc, oui, il
y a des choses qui se font sur le terrain. Est-ce qu'il y a lieu
d'amélioration? Toujours. L'amélioration est toujours constante dans
l'évolution des programmes qui existent.
M. Birnbaum :
...une première opportunité de parler, comme je dis, du fonctionnement
interministériel parce que, par
nécessité, on va parler de toutes sortes de sujets qui touchent aux
responsabilités partagées, pour ne pas dire partagées en responsabilité,
avec le fédéral aussi.
Mais, à titre d'exemple, moi, je suis l'ancien
directeur général de l'Association des commissions scolaires anglophones du Québec, et la commission scolaire,
à titre d'exemple, New Frontiers a des ententes formidables avec les communautés mohawks avoisinantes et autres. Vous
savez que la ministre, elle va savoir que les plans de son gouvernement sont d'abolir les commissions scolaires, et ces
genres d'ententes qui éparpillent sur les écoles... et ont un impact sur
les jeunes dans ces écoles-là. Comment
est-ce que le gouvernement de la CAQ va remplacer ces genres d'initiatives qui
sont au bénéfice justement de ces jeunes
autochtones qui sont aux écoles publiques actuellement? Comment on va
remplacer ces atouts-là une fois qu'il n'y aurait pas de commissions scolaires,
selon les plans de la CAQ?
Le Président (M. Bachand) :
Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme D'Amours : M. le Président,
je vais répondre à la question. Il y aurait deux volets à ma réponse.
La première,
puis je ne la prendrai pas, mais je pourrais la dire, c'est que ça ne fait pas partie
de mes crédits. Mais, en bon joueur,
je vais répondre au député, à mon collègue que les commissions scolaires, comme
vous dites, quand on va les abolir ou si on les abolirait... Il y a
toujours un discours de peur qui s'installe quand on parle de ça, mais c'est la
commission scolaire... la commission... qui
sont les commissaires, tous ceux qui travaillent en dessous vont demeurer.
On va probablement les nommer autrement, que ce soient des agences scolaires...
parce qu'on veut que les commissions scolaires,
quand elles seront abolies... que le pouvoir décisionnel s'en aille dans les
écoles. Tu sais, c'est qu'au lieu d'aller en haut vers le bas on va dans
le bas vers le haut.
Alors, ceci
étant dit, je vais reprendre ma première réponse. Vous devriez poser la
question lors des crédits à mon collègue de l'Éducation.
Le Président (M. Bachand) :
Le député de D'Arcy-McGee, s'il vous plaît.
M. Birnbaum : D'accord, merci.
Juste pour rectifier le tir, je n'ai pas peur. Je parle du fait qu'il y a des
programmes à l'aide des jeunes qui seraient difficiles à réaliser si chaque
école était à faire les choses à sa façon.
Là, au fil
des derniers 10 ans, il y a maintenant quatre centres de formation aux
adultes qui font appel au potentiel dont
je parlais. On va convenir que nous nous trouvons devant un défi démographique
au Québec et une situation de pénurie de main-d'oeuvre en région, comme,
tôt ou tard, à Montréal, et un autre où on parle de la jeunesse collective de
nos communautés autochtones. Alors, il y a un arrimage à faire. Ces quatre
centres aux adultes, au Lac-Simon, à Uashat, à Kahnawake et à Restigouche, sont
un bel exemple de cette collaboration potentielle, mais c'est un travail en
progrès. J'aimerais entendre la ministre...
comment ce travail va continuer. Y a-t-il des plans concrets pour peut-être
ajouter à ce réseau de quatre centres de formation aux adultes?
Le Président (M. Bachand) :
Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme D'Amours :
Je vais répéter à mon collègue que la question aurait dû être posée à mon
collègue le ministre de
l'Enseignement supérieur. Mais, s'il y a des programmes qui sont en place, et
qu'ils fonctionnent bien, et qu'on doit les actualiser ou les bonifier... Parce que, je me souviens, lors de la
campagne électorale où le premier ministre avait rencontré des jeunes femmes, justement, qui avaient des
enfants et qui avaient moins de possibilités au retour aux études, on est
en train de regarder comment on pourrait aider
ces jeunes femmes là pour faire en sorte qu'elles puissent, même si elles
sont mamans de jeunes enfants, avoir le
droit d'aller à l'école, avoir le droit, tout comme d'autres jeunes, de finir
leur secondaire, d'aller au cégep et ensuite aller à l'université. Donc,
c'est des discussions qu'on est en train d'avoir.
On travaille à
l'amélioration aussi de la condition... de l'ajout de garderies en milieu
autochtone afin justement d'aider ces jeunes
femmes là et jeunes hommes là qui sont papas ou mamans en très bas âge et qui
ont dû laisser l'école. Justement, on essaie de travailler à faire des
ajouts de places dans les garderies pour justement ces personnes-là afin
qu'elles puissent bénéficier du droit à la scolarité.
Le Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup. M. le député de D'Arcy-McGee, s'il vous plaît.
M. Birnbaum :
M. le Président, il y a un autre modèle, pour l'enseignement des jeunes
autochtones, qui est très intéressant.
On le connaît, tout le monde. Les Cris et les Inuits ont leurs propres
commissions scolaires. Et les Naskapis ont un statut spécial d'une de leurs écoles, en collaboration avec la
commission scolaire Central Québec, un modèle, comme je dis,
promettant... Quand même, les défis de décrochage, transition à l'emploi, accès
aux études postsecondaires — je
m'excuse — sont énormes ainsi que cette dynamique dont
je parle, de réconcilier le voeu partagé par les écoles d'inculquer les jeunes dans leurs valeurs et leur langue
d'origine. Les défis sont là. Est-ce que la ministre a déjà eu, dans un premier
temps, des entretiens avec les dirigeants
autochtones de ces commissions scolaires, et de cette école, et des entretiens
avec son collègue le ministre de l'Éducation à ce sujet?
Le Président (M. Bachand) :
Mme la ministre.
Mme D'Amours :
Je peux vous dire que j'ai eu des discussions avec mon collègue ministre de
l'Éducation justement à voir à ce que
tout aille bon train et qu'on soit en mesure de répondre aux demandes de ces
deux nations. Naturellement, moi, je
n'ai pas eu de discussion avec les commissions scolaires étant donné que c'est
dans les champs de compétence de mon collègue qui est ministre de
l'Éducation, donc, mais je partage les inquiétudes de mon collègue et j'ai eu
des discussions avec mon collègue de... du ministre de l'Éducation à ce sujet.
Le Président (M. Bachand) :
M. le député, s'il vous plaît.
• (15 h 30) •
M. Birnbaum :
Bon, comme j'ai convenu au début, et c'est normal, nous nous entretenons avec
la ministre déléguée. Alors, ça va de
soi qu'il y a des dossiers qui appartiennent ultimement au premier ministre du
Québec et aux ministres de la Santé,
de l'Éducation, de l'Énergie. Mais, déjà, ça fait deux fois que je suis invité
à m'adresser aux autres études des crédits et une fois, au moins, de
m'adresser à un autre ministre. Je comprends les dynamiques.
Mes questions
sont à savoir... Et là je me permets une question, comme je dis, de l'ordre
général : C'est quoi, le modus
operandus? Chaque dossier dont je vais continuer à poser des questions va
impliquer un autre ministre du gouvernement. Est-ce
que je peux inviter la ministre de me
parler un petit peu de comment ça fonctionne, dans un premier temps, si elle tient, dans les exemples que je
donne, à s'entretenir avec des partenaires autochtones dont elle est
redevable? Est-ce qu'on... elle, de façon
systémique, aborde les questions au
Conseil des ministres? C'est confidentiel, mais je pourrais avoir une réponse à cette question-là. Et de
quelle façon elle aborde ces questions avec le ministre ultimement
responsable du dossier, que ce soit Éducation, Santé ou autre?
Le Président (M. Bachand) :
Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme D'Amours :
M. le Président, il y a plusieurs forums auxquels le collègue pourrait poser
ses questions. Je lui rappelle que le
forum qu'on a ici, c'est les crédits, donc en principe on devrait parler des
crédits du Secrétariat des affaires autochtones dont nous disposons.
J'ai essayé
de répondre à la question parce que je veux lui rappeler que... D'entrée de
jeu, j'ai dit que j'avais un rôle de
diplomatie. Donc, je parle aux gens, mais ce n'est pas avec moi qu'ils font
affaire. Ils font affaire avec les ministères et avec les ministres concernés. Mon rôle à moi, c'est d'écouter ces
gens-là, de les aider en interpellant mes collègues et en allant ensemble voir les gens, s'il y a lieu, ou
que le ministre demande à son ministère de s'occuper du dossier qui est en
cause.
Nous
supportons aussi avec le Secrétariat des affaires autochtones des questions
auxquelles mon collègue se réfère. Donc,
oui, il y a de l'aide du Secrétariat des affaires autochtones, oui, je pourrais
lui répondre que j'ai des discussions parce que mon rôle est un rôle de diplomatie, mais, quand on rentre dans des
détails où ça pourrait concerner des budgets, c'est à mes collègues
qu'il devrait s'adresser quand le forum, c'est le forum des crédits.
Le Président (M. Bachand) :
...député de D'Arcy-McGee, s'il vous plaît.
M. Birnbaum :
Bon, M. le Président, dans un premier temps, je réserve le droit de poser des
questions qui ne sont pas
nécessairement attachées à un chiffre ou un autre. Pour avoir chapeauté
plusieurs organismes à but non lucratif, mais avec des budgets, bon, dans les six chiffres, les chiffres tout seuls
n'ont pas de signification. C'est là où ça tombe sur des choses réelles
qui touchent aux concitoyens et concitoyennes qui nous écoutent. Alors, l'étude
du crédit ne se limite pas seulement aux chiffres.
J'aurai
des questions sur des chiffres, mais il y a un mot... j'étais pour aborder une
autre question, mais qui me trouble, une
autre fois, sur la question de la vision de l'affaire, et j'invite la ministre
à en élaborer. Elle vient, si j'ai bien compris, de décrire son poste comme un poste de diplomatie, qui m'étonne, je me
permets de le dire, diplomatie. Écoutez, on va en convenir que l'idée...
et je respecte la ministre quand elle l'avait dit antérieurement, aussi, que
l'idée de l'écoute est primordiale. On ne
devrait pas dire qu'on a des solutions au tout, tout cuit. Mais diplomatie, en
quelque part, ça signifie des échanges, de l'«ambassadoriat». J'imagine que nos
55 communautés autochtones, comme l'opposition officielle, s'attendent
aux résultats. Est-ce que la ministre peut clarifier sa vision de son rôle?
Le
Président (M. Bachand) : La ministre, s'il vous plaît.
Mme D'Amours :
Un rôle de diplomatie n'égale pas, M. le Président, pas de résultat. Il y a des
résultats qui sont menés
quotidiennement. Quand je dis que j'ai un rôle de diplomatie, c'est que... Vous
pouvez être étonné, le collègue peut être
étonné de mon rôle, mais moi, quand je parle à un chef autochtone, je parle à
une nation, je parle de gouvernement à gouvernement.
Je ne les considère pas comme des organismes, je ne les considère pas comme
s'ils étaient sous un ministère. J'ai
le titre de ministre des Affaires autochtones, mais, quand je parle au nom du
gouvernement, je parle au nom de tous les ministres quand je parle à un
grand chef, quand je parle à une communauté qui se dit gouvernement.
Donc,
par respect pour les gens avec qui je travaille, les autochtones, les nations
autochtones, bien, je les considère comme
des gouvernements. Alors, mon rôle n'est pas de leur dire ce que nous allons
faire pour eux, mon rôle est de
faire ce que nous pouvons faire ensemble.
Et ça, c'est très important. Et les résultats, on les obtient ensemble.
Si, d'un côté, j'impose quelque chose à une autre nation, à un autre gouvernement, je ne remplis pas mon rôle. Mon rôle est vraiment
de diplomatie, où, là, il est question...
Je
suis allée à Kuujjuaq, j'ai rencontré les gens de diverses organisations,
et par la suite, quand je suis revenue ici, j'ai interpelé quelques ministres, dont les sujets
qui étaient à l'ordre du jour à Kuujjuaq m'interpelaient, et je devais, par mon
rôle, d'interpeler tous les ministres qui avaient un dossier sur lequel ils
devaient travailler. Donc, mon rôle est de diplomatie. Voilà.
Le Président (M. Bachand) : Merci. Ça clôt le premier bloc d'échange. Je me
tourne maintenant vers les députés formant le gouvernement,
pour un bloc d'échange de 14 min 30 s. Mme la députée de Saint-François,
s'il vous plaît.
Mme Hébert : Merci,
M. le Président. En juin 2017, le gouvernement du Québec lançait le plan d'action sous la coordination
du secrétaire aux affaires autochtones, dont l'objectif est non seulement de
consolider les efforts gouvernementaux, mais également de renouveler l'action gouvernementale
en cette matière et d'en assurer la cohésion.
Le plan d'action met
l'accent sur la prise en compte des particularités autochtones et la mise en
place d'actions pertinentes et sécurisantes
d'un point de vue culturel. Dans la même optique, le plan d'action instaure une nouvelle manière d'intervenir en intégrant
systématiquement les mesures qui s'adressent spécifiquement aux autochtones et
qui étaient précédemment inscrites dans le plan d'action sectoriel couvrant des
domaines cruciaux tels que la jeunesse, la condition féminine, la santé, l'éducation,
l'emploi, le logement, la sécurité publique, la justice.
En plus de comporter
neuf nouvelles orientations en affaires autochtones, les quatre axes d'intervention
visent l'amélioration des services offerts aux autochtones, visent aussi la
promotion des langues et cultures autochtones, le développement des capacités
et de la participation citoyenne ainsi que la recherche et la concentration.
Au
moment du lancement, le budget du gouvernement
du Québec, en 2017‑2018,
prévoyait un investissement de
60 millions pour une période de cinq ans, auxquels se sont
ajoutés 87,4 millions pourvus à même les crédits réguliers des ministères pour la mise en oeuvre des
110 mesures du plan d'action porté par 14 ministères et organismes,
qu'on puisse citer comme exemple
le ministère de la Santé et des
Services sociaux, le ministère de la Famille, le ministère
de la Culture et des Communications, le Conseil des arts et des lettres
du Québec.
Depuis,
11 mesures ont été ajoutées ou bonifiées dans le cadre de l'élaboration du
plan d'action interministériel
en matière de prévention en santé 2017‑2021, qui a été déposé en mars 2018, et du plan d'action en matière
de vieillissement Un Québec pour tous les âges, déposé en juin 2018. Ces
ajouts portent le nombre de mesures à 119 et représentent des investissements
de 3,9 millions.
Le gouvernement du
Québec a pris l'engagement de mettre en place, conjointement avec les
représentants des Premières Nations et des
Inuits ainsi que les différents ministères et organismes, un mécanisme de
concertation et de suivi de la mise en oeuvre du plan d'action. De cette
façon, le gouvernement du Québec souhaite développer une dynamique concrète de concertation et de collaboration
alimentée de l'expertise et de l'expérience autochtones et qui procurerait
un appui important aux ministères et organismes impliqués.
La structure de
gouvernance du plan d'action est complétée par un comité interministériel au
niveau des sous-ministres adjoints de ministères et organismes concernés ainsi
qu'un comité de coordonnateurs du dossier autochtone.
Alors,
M. le Président, ma question est la suivante pour Mme la ministre. Qu'est-ce
que le gouvernement fait pour contribuer au développement social et
culturel des Premières Nations et des Inuits?
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Mme la ministre, s'il vous
plaît.
• (15 h 40) •
Mme D'Amours :
Bien, merci, M. le Président. Le plan d'action dont ma collègue parle a été
déposé sous le gouvernement libéral. J'ai lu
le plan d'action, et je l'ai relu, et je trouve que c'est un plan d'action qui,
à mon sens, est très bien fait. Comme
je l'ai déjà dit, dans la législation... la 41e législature c'est-à-dire,
quand un gouvernement fait un rapport ou un plan d'action, il est toujours
fait en fonction, pour, par et avec les organismes du milieu.
Je
vous donne comme exemple. En agriculture, il y a eu neuf rapports qui ont été déposés, puis les
neuf rapports qui avaient été
déposés, il n'y avait pas grand-chose qui avait été fait, tout ce qu'on
faisait, c'est qu'on refaisait un rapport puis on refaisait un rapport. Le rapport qui a été fait...
Et d'ailleurs, à ce moment-là, moi, j'avais dit : Arrêtons de faire des
rapports, puis prenons le dernier, là, celui
qui est plus actualisé, puis travaillons. Donc, je tiens à vous dire que je
fais le geste de ce que j'ai dit à la 41e législature. J'avais un
rapport devant moi, qui avait un an, et ça avait bien du bon sens.
Pourquoi
ça a du bon sens? Pourquoi j'ai cette philosophie? C'est que le rapport qu'on a
entre les mains a été fait par des professionnels,
entre autres, du Secrétariat des Affaires autochtones, il a été fait
aussi par des organismes, il a été fait avec et par des autochtones. Donc, ce document dont le gouvernement était... le gouvernement qui enclenchait le processus de faire un
plan, mais ce plan-là n'appartient pas au gouvernement, il appartient aux
nations autochtones.
Et, pour moi,
c'est un plan, c'est un outil de travail qui a été élaboré en fonction des
besoins, des demandes, et ça a été
fait dans une perspective d'avenir. Et ce plan-là, plus je le relisais et plus
je me disais : Il a une particularité que j'ai rarement vue dans d'autres plans d'action, c'est
qu'il nous laisse le champ libre, c'est qu'il nous laisse la liberté, que,
si les nations autochtones... une nation autochtone avait un besoin très
précis, on pourrait travailler, à l'intérieur de ce plan-là, le besoin qu'ils
ont.
Donc, je
rassure ma collègue, je ne referai pas de plan, ce plan-là est
parfait, pour moi, pour commencer à travailler. Il y a des priorités auxquelles
je vais travailler, mais dans l'ensemble c'est un outil qui a été fait par, et
pour, et avec les autochtones, et c'est un outil auquel nous allons...
avancer pour travailler.
C'est là aussi où cet outil met en perspective
aussi le rôle du ministre des Affaires autochtones parce que cet outil-là est aussi... En fait, il faut créer une
table ministérielle pour arriver à faire ce plan-là. Alors, en faisant une
table ministérielle, un comité
ministériel, ça veut dire que j'ai un rôle, comme ministre
des Affaires autochtones, de prendre un sujet et de l'amener à la table, qu'ensemble, tous les ministres,
on travaille à développer ce sujet qui est en lien avec le plan qu'on a
ici aujourd'hui. Voilà.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci. Mme la députée de Saint-François, s'il
vous plaît... Non? Autre question du côté gouvernemental? Merci.
Alors, je me tourne maintenant vers le deuxième groupe d'opposition. Mme la
cheffe du deuxième groupe d'opposition, pour une période d'échange de
13 min 45 s. Mme la cheffe, s'il vous plaît.
Mme Massé : Merci, M.
le Président. Bonjour, tout le monde. Je tiens bien sûr à saluer mes collègues parlementaires,
le personnel qui nous accompagne et aussi
mes frères et soeurs autochtones. Et je tiens d'entrée de jeu à reconnaître
que nous sommes présentement en territoire ancestral non cédé.
J'ai peu de temps, Mme la ministre, vous savez
ma passion pour le sujet, j'ai quatre grands thèmes, alors je vais y aller
succinctement pour que vous puissiez aussi répondre à mes questions.
Vous y avez
fait état, votre parti et le mien souhaitons depuis toujours
voir adoptée la Déclaration des Nations
unies sur les droits des peuples autochtones.
Vous en avez fait état. Puis notamment parce que dans cette déclaration il y a une affirmation qui, elle, ne semble pas trop porter à
interprétation, c'est cette idée de discuter de nation à nation. Vous en
avez fait état, vous-même.
Alors, je me
disais : Bon, qu'en est-il lorsque vous avez élaboré votre budget
pour le secrétariat? Est-ce que vous avez
consulté les Premières Nations sur leurs priorités budgétaires avant de déposer
le budget? Et je parle seulement du budget du secrétariat.
Le Président (M. Bachand) :
Mme la ministre.
Mme D'Amours :
Oui, en fait, bien, le budget du
Secrétariat des affaires autochtones ainsi que les programmes qui sont élaborés, qui est le FIA III et le PPA,
sont aussi montés en fonction d'une grande latitude qui, à mon sens, va
aussi dans l'idée de bâtir des choses sur la table ministérielle avec le plan
qu'on a sur la table. Donc, on a eu un montant supplémentaire pour le SAA dans les crédits. Il y a avait trois sujets.
De mémoire, il y avait... pour actualiser les sommes attribuées à la police. Parce que le fédéral 52 %,
le Québec 48 %, donc le fédéral donnant un montant supplémentaire,
le Québec devait suivre, faire son pourcentage.
Il y a eu
aussi... Merci. Il y a eu bonification du Fonds d'initiative autochtone. C'est
un montant qui nous a été alloué, parce que nous avons deux rapports qui
vont être déposés cette année, nous voulions avoir un peu d'argent pour
commencer à travailler. Quand on aura les deux rapports ou qu'on aura fait
une...
Une voix : ...
Mme D'Amours : C'était un
montant total... Je veux voir la différence entre 2000...
(Consultation)
Mme D'Amours : 20 millions.
En fait, là c'est 20 millions...
Mme Massé : Puisque mon temps
est très précieux...
Mme D'Amours :
C'est parce que je n'ai pas le montant total, j'aurais aimé ça vous le donner.
C'est 20 millions pour le développement social et le milieu urbain,
d'additionnels.
Mme Massé :
O.K. Je vais y aller de façon plus pointue, peut-être que ça permettra à votre
personnel de pouvoir compléter. J'ai
bien compris que vous anticipez l'arrivée des deux rapports, et donc vous avez
fait réserver un montant pour dire :
On ne sait pas encore... bien, écoute, on ne sait pas... en tout cas, bref, on
va attendre les recommandations, mais j'ai une cagnotte que je vais
pouvoir tout de suite mettre là-dedans, même si je n'en ai pas... Ce
montant-là, j'aimerais l'avoir.
Mme D'Amours :
C'est 1 million de plus. Et je veux répondre, là, pour la police : C'est
1,8 million. 20 millions de
plus pour le développement social et le milieu urbain. Par contre, c'est un
montant qui nous a été alloué selon les crédits que nous avions. J'ai eu une discussion avec mon collègue ministre
des Finances, lui expliquant que, oui, c'est un montant qui nous est
alloué, mais nous ne savons pas quel montant nous aurions besoin. Alors, c'est
un début, parce que nos deux rapports, les
deux rapports auxquels on fait allusion vont être déposés cette année, en juin
et en septembre, et à la lueur de ces
deux rapports-là on va être en mesure de savoir quelle somme nous aurons
besoin. Mais pour commencer à travailler, pour ne pas attendre le
prochain budget, ils nous ont alloué 20 millions.
Mme Massé : Bien. Je veux juste être certaine. Parce que
c'est vrai que le 9 juin, où est-ce que l'un des rapports sera déposé, avant le 1er avril 2020, ça laisse
neuf mois, et celui de septembre, ça laisse six mois. Donc, il y a une petite
cagnotte, là, mais qui est déjà orientée, si je comprends, elle est orientée où
la police puis au niveau... Non? O.K.
Mme D'Amours : La police, vous
avez 1,9 million. Le 20 millions est pour le développement social et
le milieu urbain.
Le Président (M. Bachand) : Mme la députée.
Mme Massé : Est-ce que ça inclut, puisque vous parlez du
milieu urbain, la question du logement? Je sais, on s'est rencontrées dernièrement,
vous m'avez fait état d'une grande préoccupation à l'effet que les logements en
dehors des communautés étaient occupés ou, à
tout le moins, accaparés par des soi-disant Métis et que ces logements sociaux
là, vous souhaitiez les retourner aux
autochtones. Alors, ma question est double, c'est : Dans le
hors-communauté dont vous venez de parler,
de soutien social, j'imagine que ça inclut de façon spécifique le logement au
Nunavik, le 2,4 millions?
J'imagine... Pas du tout? Alors, en
fait, est-ce que ce que vous venez de me parler inclut la question du logement?
On va y aller par étapes. Non?
Le Président (M. Bachand) : Mme la ministre.
• (15 h 50) •
Mme D'Amours : Non. En fait,
pour couvrir le déficit d'exploitation de 144 logements sociaux au Nunavik,
il y a une somme d'allouée de 2,4 millions.
Le Président (M. Bachand) : Mme la députée, oui.
Mme D'Amours : Qui n'est pas
inclus dans le 20 millions.
Mme Massé : Qui n'est pas
inclus dans le 20 millions?
Mme D'Amours : Non.
Mme Massé : Bien, «by the way»,
Mme la ministre, je sais que vous avez fait un effort, mais, 2,4 millions
sur cinq ans pour 144 logements, on
parle de 16 000 $ par logement, ça ne tient pas la route. Mais je
suis certaine que vous allez faire le travail nécessaire pour que la
prochaine fois on ne se retrouve pas face à... la volonté est là, mais que ça
réagisse. D'autant plus qu'au Nunavik les coûts sont exorbitants, vous l'avez
vu dernièrement en y allant.
Mme D'Amours : M. le Président,
j'aimerais juste...
Le
Président (M. Bachand) :
Juste... Attendez! Attendez! Non, non. Mme la députée est en train de poser la
question. Après ça, je vais vous...
Mme Massé : Bien... Mais il n'y
a pas de problème. Si elle veut me préciser les 144 unités, là, le...
Le
Président (M. Bachand) :
Oui, mais passez d'abord par la présidence, s'il vous plaît. Mme la ministre,
si vous voulez répondre, oui.
Mme D'Amours :
M. le Président, oui, en fait, le Québec verse 2,4 millions, mais il y a
une partie du fédéral dont je n'ai
pas la somme. Donc, il faut ajouter la somme du fédéral qui aide aussi au
niveau des logements sociaux. Mais vous avez fait allusion tout à l'heure, là, sur, oui, ma préoccupation d'un
organisme qui a... les logements autochtones à l'extérieur des réserves,
où j'ai une très grande préoccupation que j'ai partagée avec ma collègue aussi
au ministère des Affaires municipales. Parce
que, lorsqu'on regarde le dossier, et j'ai demandé aussi à voir l'entente qu'il
y avait eu à l'époque, c'est vraiment
spécial parce que c'est une entente qui n'a pas de date de fin. Moi, je n'ai
jamais vu ça, au gouvernement, une entente comme ça. De deux, c'est que
ça met aussi... Je sais qu'il y a des journalistes qui ont fait le tour, on en
a entendu parler, il y a des gens qui nous parlent, et les journalistes, quand
ils font le tour, c'est que les gens n'ont pas de carte autochtone reconnue. Alors, les sommes que, nous, on donne à
cet organisme-là, plus le fédéral, à des non autochtones qui ne sont pas
reconnus, c'est inquiétant.
Le Président (M. Bachand) :
Mme la députée.
Mme Massé : Mme la
ministre, je vous l'ai dit, vous m'avez avec vous là-dessus parce que,
parallèlement à ça, il y a une
multitude d'autochtones qui, eux, n'ont pas accès au logement social. Alors,
j'espère que vous ferez très rapidement la lumière sur cette
question-là. Et plusieurs de mes frères et soeurs vont être très heureux de
cela.
Je
vais faire une affirmation, je ne veux pas que vous réagissiez dessus parce
qu'après je veux parler de la police, sur
la question du 20 millions dont vous m'avez parlé. Si toutefois il était
ventilé, j'aimerais pouvoir voir comment vous le prévoyez. Et, si c'est juste une cagnotte et qu'elle sera ventilée après
le mois de juin et après le mois de septembre, eh bien, j'aimerais bien voir comment... Parce qu'on sait
que les sommes risquent d'être beaucoup plus... on risque d'avoir besoin
de beaucoup plus d'argent que ça, mais, bref, que ça puisse se faire en
transparence et en collaboration.
Je vais prendre les
cinq minutes qu'il me reste pour aborder un des dossiers majeurs qui est la
question des corps policiers. On le sait,
les conditions de travail sont exécrables, les bureaux sont désuets, les conditions
salariales... Je comprends pourquoi
les gens travaillent deux, trois ans sur une communauté, puis après ça ils
sortent : parce qu'ils sont payés moins
cher, ils n'ont pas de bureau ou il y a une roulotte qui est... qui tient à peu
près comme ça. Bref, ces gens-là font un travail extraordinaire, puis entre-temps souvent il arrive que c'est les
infirmières qui agissent comme premières... qui sont les premières
répondantes, qui se retrouvent dans des situations vraiment dangereuses pour
elles.
Alors,
je me demandais, puisque la ministre en a fait état, il est vrai que le budget
inclut de l'argent pour les corps policiers,
mais vous comprendrez ma surprise. Et là je vais aller dans un exemple très
concret. Une communauté qui crie depuis
des années qu'avec 100 000 $ ils réussiraient à assurer la poursuite
de leur corps policier, réussiraient à faire en sorte que le lien de confiance qui s'est développé entre
les policiers — il n'y a
pas de policières — et la
communauté puisse se perpétuer. Au
lieu d'investir ce 100 000 $ là, votre collègue de la Sécurité
publique devait bien être content de voir qu'avec 1,6 million de plus la SQ allait offrir les
services même si c'est à 1 h 15 min, le poste de police est à
1 h 15 min de Winneway, c'est bien sûr de cette communauté-là
que je parle.
J'ai besoin que la
ministre m'explique, puisqu'on négocie de nation à nation, puisqu'on est à
l'écoute de ce que ces gens-là nous disent qu'ils veulent, comment ça se fait
que, dans votre budget, un besoin de 100 000 $ pour la communauté
s'est retrouvé à une réponse de 1,6 million pour la SQ?
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme D'Amours :
Merci, M. le Président. M. le Président, bien, je vais tout d'abord vous dire
que nous allons vous faire parvenir
les chiffres ventilés, mais c'est public, vous pourriez les retrouver
facilement. Mais on va vous les envoyer. L'entente avec la SQ sur les réserves, c'est fédéral et Québec. Et
l'entente est souvent d'une durée... bien, pas souvent, c'est toujours une durée de cinq ans, et l'entente se
terminait l'année dernière. Il y a eu des... là, on est en début d'entente,
donc on en a encore pour cinq ans.
Cela
dit, ça ne veut pas dire qu'on ne fait pas de... qu'on n'a pas de discussion
avec le fédéral pour trouver une façon de...
En fait, les discussions ont lieu pour essayer de trouver une voie de passage
pour les besoins réels, et ça, c'est ma collègue de la Sécurité publique
qui travaille sur ce dossier-là. Mais, je peux vous dire que nous sommes
conscients, mais que l'entente qui était de
cinq ans était terminée l'année dernière et que là on est dans un nouveau cycle
de cinq ans. Donc, les discussions ont lieu quand même, mais je veux
juste vous rappeler que c'est fédéral, provincial et c'est une entente.
Le
Président (M. Bachand) : 30 secondes, Mme la députée.
Mme Massé :
Oui. 30 secondes? Notre timer n'est pas pareil. Bref, je comprends très
bien la position dans laquelle se
trouve la ministre, puisque, dans les faits, l'exemple de Winneway est un bel
exemple, il y a des défis de négociations avec le fédéral, mais ensuite il y a aussi des défis de négociations, de
discussion, de diplomatie avec les collègues autour de la table. J'aimerais, Mme la ministre, que face à la ministre
de la Sécurité publique vous mettiez vraiment votre pied à terre parce
que la réponse, et la commission Viens va venir nous le rappeler, ne peut pas
être systématiquement la SQ.
Le Président (M. Bachand) : Merci beaucoup, Mme la députée. Je me tourne
maintenant vers les députés formant le gouvernement...
(Interruption)
Le
Président (M. Bachand) : En espérant que ce ne soit pas le feu.
Des voix :
...
Le
Président (M. Bachand) : Non, ce n'est pas mon timer. Non, non,
ce n'est pas mon timer, Mme la députée.
Alors,
je me tourne vers le gouvernement, les députés du gouvernement, pour une
période de 16 minutes d'échange. Mme la députée de Roberval, s'il
vous plaît.
Mme Guillemette :
Donc, merci, M. le Président. Merci, Mme la ministre et à toute votre équipe,
merci d'être là, et de me permettre
de pouvoir échanger avec vous, et de mettre en lumière la réalité des femmes
autochtones de chez nous.
Donc, j'ai la chance
d'avoir dans mon comté une communauté autochtone, Mashteuiatsh, on dit chez
nous Piékouagami Takuhikan, donc, et j'ai eu
la chance également de travailler dans la communauté... dans la circonscription
de ma collègue de la Mauricie, dans
la communauté d'Obedjiwan ou Opitciwan. Donc, j'ai le bonheur d'être entourée
de femmes autochtones inspirantes.
Au
Québec, les femmes autochtones se trouvent doublement marginalisées : en
tant que femmes, au sein de leur communauté, mais également au sein de
la société. Donc, ce contexte les rend particulièrement vulnérables à plusieurs
problématiques, ce qui les distingue du reste de la population.
Les femmes
autochtones sont souvent victimes de violence et d'agressions et dans une
proportion plus grande que les
allochtones. Elles sont nombreuses également à vivre des problèmes de
toxicomanie et des taux de grossesse précoce plus élevés.
Les
autochtones se situent également de façon générale parmi la population la moins
scolarisée, et leur condition au marché
du travail est souvent plus faible que celle de l'ensemble des Québécoises,
surtout chez les femmes autochtones vivant dans les réserves.
On sait que
le 3 juin prochain sera déposé le rapport final sur l'enquête des femmes et des
filles autochtones disparues et
assassinées. Ce rapport comprendra les récits de 1 400 survivantes et
proches de victimes ainsi que le témoignage d'experts qui ont défilé
depuis 2017. Des histoires d'horreur que nous ne devrons pas oublier, que nous
ne devrons pas minimiser.
• (16 heures) •
Et
aujourd'hui j'ai le goût de vous présenter, Mme la ministre, des femmes
inspirantes de ma communauté de Mashteuiatsh.
Donc, le portrait de Mme Bibiane Courtois. Mme Courtois s'est mariée
à 21 ans, et à ce moment elle a été obligée de quitter la réserve qu'elle habitait — à l'époque, on la nommait Pointe-Bleue — donc,
en lien avec la Loi sur les Indiens.
Celle-ci s'est dit qu'elle allait lutter pour le statut des femmes autochtones.
Donc, elle est devenue présidente de Femmes autochtones du Québec en
1980.
En 1985, la
loi a été modifiée. Elle est de retour à Mashteuiatsh. Donc, pendant qu'elle a
quitté la réserve, elle était infirmière
dans une communauté plus près. Donc, quand elle revient sur la réserve, elle
fonde un programme en lien avec la santé mentale infantile et la santé maternelle. En 1998, elle reçoit
l'insigne du mérite de l'Ordre des infirmières du Québec. Elle a siégé à la Commission des droits de la
personne et au Conseil du statut de
la femme. Les droits des autochtones
et des femmes issus des Premières Nations sont au coeur de ses préoccupations.
Si les femmes victimes de violence ou disparues,
assassinées ont souvent fait les manchettes, ce que Mme Courtois veut
mettre en lumière, c'est leur courage, c'est leur courage qui soit mis de l'avant. Donc, Mme Courtois est un
pilier important de la transmission
de la culture chez nous, et elle est un modèle d'exemple pour nos
jeunes.
Un autre beau modèle qu'on a sur la réserve, on
l'appelle la réserve de Mashteuiatsh, c'est Mme Mélanie Paul. Mélanie, toute jeune, elle a décidé que sa mission
de vie, ce serait d'améliorer les conditions de vie de sa communauté.
Elle n'était pas dans une famille, je
dirais, problématique, mais elle avait souvent un voisin qui venait chez elle
demander à son père s'il pouvait faire
des menus travaux en échange d'un repas. Donc, étant toute jeune, ça l'avait
marquée, donc elle fait des études en
travail social. Elle quitte pour Québec. En 2002, son père, président alors du
Groupe ADL, une entreprise familiale en
lien avec le tourisme et la construction, lui demande de revenir prendre soin
de ses employés, prendre soin de son monde. Donc, pendant quelques années, elle travaille en ressources humaines
pour son père. En 2013, elle fait l'École d'entrepreneurship de Beauce,
donc, et en 2016 elle fonde Inukshuk Énergie, elle est la présidente d'Inukshuk
Synergie. Elle devient la V.P. de Granules
LG et Granules ADL. C'est une ambassadrice au Conseil du Patronat du Québec, et
elle est mandatée pour rédiger un
guide à... lequel les communautés et les allochtones qui veulent faire affaire
avec les communautés autochtones pourront se guider.
Donc, oui, on
a des histoires d'horreur, mais oui, on a des beaux modèles dans notre
communauté autochtone et dans notre
communauté d'affaires. Donc, j'aimerais savoir, Mme la ministre, pour améliorer
les conditions de vie des femmes autochtones
en général, quels moyens on va prendre concrètement. Qu'est-ce qu'on peut faire
pour les aider en collaboration, bien entendu, avec leurs conseils?
Le Président (M. Bachand) : Mme la ministre.
Mme D'Amours : M. le
Président, effectivement, je lisais des documents de 2000 où on dénonçait la situation des femmes autochtones, puis en 2018 c'était quasiment du copier-coller, on
dirait qu'il n'y a pas eu d'évolution, qu'il
n'y a pas eu de bonification, et ça m'interpellait personnellement, là,
je me disais : Mon Dieu! Où est-ce qu'on vit?
Puis effectivement, quand on sort de ce contexte-là puis qu'on regarde les personnes qui
sont probablement des modèles, je dirais... Pas probablement, mais elles sont des modèles. Vous avez des femmes autochtones qui sont
avocates, vous avez des cinéastes, vous avez
des poètes, vous avez des femmes autochtones qui ne sont pas connues, mais qui sont aussi probablement de grands modèles dans leur communauté. Et c'est
eux qu'on devra sortir, c'est eux qu'on devra faire travailler pour que les jeunes femmes qui sont aux
prises avec des problèmes puissent voir qu'on peut réussir comme
femme autochtone. Et effectivement c'est un dossier auquel je vais m'attarder.
Je sais, j'ai
parlé avec la ministre de la
Condition féminine, nous ici, au Secrétariat des affaires autochtones, on a des
mesures, des mesures qui sont
vraiment... Je veux les prendre, là, je veux bien les citer : soutenir
financièrement les femmes autochtones
du Québec afin d'offrir la formation en matière d'agressions sexuelles, Sortir
de l'ombre, marcher vers la lumière
aux intervenantes et intervenants qui travaillent auprès de la clientèle des
centres d'amitié autochtones du Québec, ça fait partie d'un de nos programmes. J'en ai plein ici : mener
des actions sur le territoire du Plan Nord en vue d'atténuer les
retombées négatives du développement nordique sur les femmes autochtones;
soutenir des projets structurants visant à réduire les inégalités persistantes
et préoccupantes auxquelles sont confrontées les femmes autochtones; soutenir
des projets structurants de femmes autochtones en matière de violence conjugale
et familiale. Tout ça, là, c'est des... je pourrais vous en nommer encore, il y
en a 26.
J'ai demandé
aussi à ma collègue... Parce que, quand on a commencé puis que j'ai dit qu'on
allait travailler notre table
ministérielle concernant les affaires autochtones, bien, entre-temps j'ai parlé
à mes collègues, et la ministre responsable du Secrétariat de la condition féminine me disait que
dans son budget il y avait 300 000 $ pour le Secrétariat de la
condition féminine pour les Premières Nations. Donc, c'est un geste
supplémentaire qu'on fait comme gouvernement. Tous les programmes confondus,
là, pour les Premières Nations dans son secrétariat, le Secrétariat de la
condition féminine, c'est 3 584 000 $ qui est alloué directement
aux autochtones, dont le 300 000 $ qui est majoré cette année.
Donc, oui, il
y a des gestes qui sont faits, et soyez assurés que c'est un dossier auquel on
va travailler. On va attendre les
deux rapports, il y a deux rapports qui vont être publics aux mois de juin et
septembre : dans le cas de l'enquête nationale, en juin, et dans le
cas de l'enquête du juge Viens, ça va être en septembre. Et je peux vous
assurer qu'à partir de ces deux rapports-là, il va y avoir un plan d'action qui
va être intégré dans le plan que nous avons ici... et aussi aller cogner chez
mon collègue le ministre des Finances afin d'avoir des budgets nécessaires pour
commencer à travailler dans la condition féminine.
Le Président (M. Bachand) :
Autres questions? M. le député de Saint-Jean.
M. Lemieux : ...combien de temps?
Le Président (M. Bachand) :
Cinq minutes. Six minutes, pardon, six minutes.
M. Lemieux : Je reviendrai
tantôt, mais je vais commencer maintenant. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) :
S'il vous plaît. Merci beaucoup.
• (16 h 10) •
M. Lemieux :
Bonjour, tous les collègues. Mme la ministre, tout à l'heure dans vos remarques
d'ouverture, vous avez parlé des
événements de Val-d'Or qui ont été un avertissement sérieux. Avec un peu de
temps, on va en parler davantage. Mais, avec le temps qu'il me reste, je
veux quand même...
Je vous
écoutais, je nous écoutais depuis tout à l'heure, puis ça m'a frappé. La vie
est bien faite. Ce matin... ou ce midi plutôt,
en Commission des institutions, on avait un moment historique avec la
communauté d'expression anglaise du Québec qui avait la première heure de débat des crédits pour son secrétariat.
On n'en a pas assez, mais on a quand même parlé des solitudes, parce qu'il y a une partie de solitude
là-dedans. Et cet après-midi, on parle des autochtones, d'une autre
solitude.
J'ai eu la
chance d'avoir une carrière qui m'a emmené un peu partout et je vous avoue que
l'endroit où c'est le plus difficile d'aller, c'est le plus difficile de
revenir, et là-dessus je suis un peu jaloux de mon collègue d'Ungava, c'est les
communautés autochtones parce que, quand on
y va, on est vraiment frappé — les gens nous diraient «flabbergastés»,
là, mais on va dire «frappés», à mon
âge — et on en
revient avec un malaise de ne vraiment pas comprendre l'autre. Ce n'est
même pas l'autre solitude, c'est l'inconnu, c'est l'incompréhension, c'est
l'incapacité.
Et le
collègue de D'Arcy-McGee va comprendre jusqu'à quel point, quand on parlait de
la communauté anglophone ce matin...
ou d'expression anglaise, désolé, jusqu'à quel point, quand on parle des
autochtones, on est dans un autre monde.
Je me
souviens d'avoir vu les Indiens d'Oujé-Bougoumou à la lumière d'un fanal dans
une cabine, ce n'était même pas une
cabane, c'était une cabine, négocier avec le ministre du Québec d'alors,
M. Rémy Trudel, on est dans les années fin 80, pour la création de ce qu'ils voulaient être leur village.
Personne ne voulait parler de réserve à l'époque. Il faut dire que ça faisait des dizaines d'années qu'ils vivaient
en dessous des lignes d'Hydro entre Chibougamau puis Chapais. Et ils ont
créé, à ce moment-là avec le fédéral, les d'Ouje-Bougoumou, et le ministre
Trudel un village moderne au Québec.
Puis, quand
on se promène au Québec, on en voit partout, que ce soit à Mistissini... Les gens pensent qu'il y a juste Mistassini, pour les gens du Lac-Saint-Jean, là.
Il y a Mistissini au bout du chemin, aussi, puis il est long, ce chemin-là,
mais il y en a plein d'autres, Obedjiwan, un peu partout au Québec. Il y a des
endroits, on connaît les noms puis, oui, Mashteuiatsh,
Pointe-Bleue, tout le monde connaît, ça, bon, puis on est tous passés en
baissant la fenêtre puis en regardant en passant, là, mais c'est des
communautés qui sont à nous, chez nous, proches, puis on les connaît mal.
Imaginez celles qui sont loin.
Et
aujourd'hui, je vous écoutais, Mme la ministre, dans vos réponses, les
chiffres, les budgets, et tout ça, puis je me disais : Ce dont on a
bien besoin, c'est d'abord de se connaître et de se comprendre, ne serait-ce
que d'un peu plus d'information. Parce que
c'est vrai qu'à part des choses comme celles dont je veux vous entretenir tout
à l'heure, c'est-à-dire les suites de
Val-d'Or, à part des gros sujets comme ça qui font les grosses manchettes — j'avais un mot sale pour utiliser, après, mais on va arrêter là — à part ces cas-là, quand est-ce qu'on lève
le voile, puis c'est vraiment un voile, là, sur l'autre?
Il y a le
scandale qu'on a vu récemment, à Radio-Canada, avec les enfants qui étaient
morts sur la Côte-Nord, qu'on a
cherchés pendant des dizaines d'années. C'est tout le temps des affaires de
scandales. Et là aujourd'hui, la vie étant bien faite, on peut prendre
le temps entre nous de parler de ce qu'on a dans les crédits budgétaires pour
la prochaine année, mieux comprendre.
Mais
j'aimerais ça, Mme la ministre, qu'il y ait un petit peu plus d'argent, de
temps, de temps d'antenne, de visibilité, de capacité pour le citoyen d'être exposé à la chose autochtone, à la
réalité autochtone, autrement que celle des villes dont on va parler, je
le pense, avant la fin de cette session, puisque la réalité autochtone urbaine
est tout le contraire de la réalité autochtone qu'on va voir quand, comme mon
collègue d'Ungava, on fait le tour de son comté.
J'espère, M.
le député d'Ungava, que vous allez avoir, si ce n'est déjà fait, la chance
d'aller à la chasse au castor avec les
Cris de la Baie-James, qui m'ont offert la queue de castor pour le réveillon de
Noël ce soir-là. Ça ne change pas une vie, mais ça change la perspective
pas à peu près. Et je pense que c'est de ça dont on a surtout besoin au-delà
des dollars.
Mais, puisque
vous m'avez dit que j'avais cinq minutes, puis je l'ai probablement égrené
d'aplomb, je vais m'arrêter ici pour revenir avec les événements de
Val-d'Or, dont il faut absolument parler, Mme la ministre.
Le Président (M. Bachand) : Merci
beaucoup. Alors, je vais retourner mon attention vers le député de Bonaventure, représentant le troisième groupe
d'opposition, pour sa période d'échanges de 13 min 45 s. M. le député de
Bonaventure, s'il vous plaît.
M. Roy :
Merci beaucoup, M. le Président. D'entrée de jeu, j'aimerais saluer la
ministre, et son personnel, et les gens du ministère. Bonjour. Bonjour à
mes collègues du gouvernement, première opposition et... bon, voilà.
Écoutez,
bon, l'environnement socioéconomique va définir la qualité du tissu social,
hein? Je fais une entrée un peu sociologique,
là. Plus un tissu socioéconomique est prospère, moins on a de troubles, puis
plus un tissu... moins un tissu est prospère puis plus on va avoir de
troubles. Donc, l'environnement socioéconomique va définir l'obligation de
l'État d'intervenir pour régler l'ensemble
des problèmes sociaux que vivent des communautés. Bon, on parle de toutes
sortes de maux que vivent les autochtones, puis c'est vraiment triste,
O.K., ça, on s'entend là-dessus.
Vous
avez parlé d'un Québec prospère pour tous. Ça, je suis d'accord avec vous. Et
vous avez parlé aussi de la valorisation
de l'employabilité, de la formation et de l'entrepreunariat. C'est un très beau
mot, un bon concept, Mme la ministre.
Et vous avez aussi dit que vous allez tabler sur ce que nous pouvons faire
ensemble et, si je comprends bien, avec les nations autochtones. Donc, et là ne soyez pas surprise, O.K., parce
que je m'en viens sur un dossier qui... peut-être vous allez trouver
hors champ, mais tout à l'heure vous allez comprendre.
Le
23 décembre 2016, l'ancien gouvernement a annoncé la fermeture de la
chasse au caribou au nord du Québec, fermeture qui devait être effective
pour le 1er février 2018. Bon, on parle d'une perte de 85 % du
chiffre d'affaires des pourvoiries,
pourvoiries qui en 2014 créaient 250 emplois puis avaient en moyenne...
Bon, on a eu cette année-là 2 400 clients, des clients qui rapportent souvent près de
10 000 $ chacun. On parle d'une perte de capacité d'hébergement de
1 200 lits dans le Nord-du-Québec,
un affaiblissement important du réseau de transport aérien. Donc, en fermant la
chasse au caribou dans le Nord, on a
fragilisé des pourvoiries qui faisaient... qui mettaient du pain sur la table
des transporteurs aériens, et ça, ça vient affaiblir aussi les autres
pourvoiries qui ne seront peut-être plus desservies par les transporteurs
aériens.
Ça
fait que là, bien, écoutez, dans l'ancien gouvernement, il y a eu des... Bon,
face à... gouvernement libéral, certaines propositions ont été faites pour ne pas démanteler toute cette
industrie-là et permettre, dans un... et là j'amène le concept d'entrepreneuriat politique, de permettre
potentiellement de développer des relations d'affaires avec les nations
autochtones pour leur permettre de profiter de la prospérité qu'apporte la
chasse au caribou.
Et là l'objectif ici,
là, ce n'est pas de partir quelque combat que ce soit, c'est vraiment de vous
demander, Mme la ministre, d'avoir un rôle de... vous l'avez dit tout à
l'heure, j'ai oublié le concept, là...
Une voix :
...
M. Roy :
...de diplomate, et je vous connais parce que je sais que vous êtes diplomate,
et de ramener sur la table une idée de partenariat avec les autochtones
pour redonner accès à une clientèle internationale à la chasse au caribou, et
ce, sans léser qui que ce soit.
Je
vais vous donner un exemple. Dans les propositions, on proposait de prendre...
d'avoir en moyenne 300 têtes par année
sur le troupeau et de redonner la viande aux nations autochtones. Juste de...
ce qu'on voulait, à l'époque, c'est de permettre
la pérennisation de l'activité de chasse au caribou dans le Nord-du-Québec, en
collaboration avec les autochtones, en en faisant des acteurs
économiques de premier plan et des actionnaires des pourvoiries et de donner la
viande aux communautés. Ça fait que, là, ça
a été une fin de non-recevoir, et on a dit : On ferme ça, on démantèle les
camps. Et, du même coup, on affaiblit
la capacité d'hébergement de tout le secteur et la capacité de transport
aérien. Ça fait que, donc, ma première question : Est-ce que vous
trouvez que ce serait une bonne idée?
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme D'Amours :
En fait — merci,
M. le Président — ce
que mon collègue avance, c'est que... Bon, j'ai eu connaissance de ça. C'est sûr que c'est la Forêt, Faune et Parcs, et le
but premier c'est de conserver l'espèce. L'espèce est en danger, donc il faut faire des gestes drastiques
afin de maintenir cette espèce-là dans nos forêts. Cette entente-là a été
faite aussi en collaboration avec divers
ministères et les autochtones. On n'a pas décidé ça tout seuls, ça s'est fait
d'un commun accord, de gouvernement à gouvernement.
L'idée
de laisser l'industrie... de laisser le loisir, puis je vais prendre les
termes, là, pour que les gens comprennent, de laisser le loisir aux Blancs d'aller chasser puis de dire aux
autochtones que c'est leur droit, leur façon de faire, leur culture, leur garde-manger, dire : Reste à la maison,
on va te donner les pièces de viande, nous, on va avoir le loisir d'aller en
forêt, on va avoir le loisir d'aller
chasser, puis on va te donner la viande, puis on va repartir, bien, je
m'excuse, là, mais ce n'est pas de travailler de nation à nation. C'est :
on se donne un loisir puis on donne la viande en bonus.
Je
ne sais pas, mais moi, je n'aurais pas aimé être à la table pour discuter de
cet enjeu-là si ça avait été sur la table. Je pense qu'il faut regarder. Oui, c'est une industrie, mais dans la vie il
n'y a pas juste les chiffres. Il y a les valeurs culturelles, puis on
doit en tenir compte. Il y a eu du travail qui a été effectué, du SAA,
là-dessus, il y a du travail qui a été effectué au ministère... des
discussions, c'est-à-dire, pas du travail, mais des discussions qui ont été
faites, Forêt, Faune et Parcs, pour en arriver à cette entente-là.
Le
Président (M. Bachand) : ...s'il vous plaît.
• (16 h 20) •
M. Roy :
Écoutez, Mme la ministre, ce n'est absolument pas ce que je voulais dire.
D'entrée de jeu, je dois rectifier certains faits. Le troupeau de la rivière
aux Feuilles était de 181 000 bêtes, en 2016, et on en décompte
209 000 en 2017.
Donc, il y a une augmentation de troupeau. Le prélèvement potentiel est de
0,3 % sur le troupeau, on parle d'à peu près 578 bêtes, tandis qu'à l'orignal on en prélève 25 % sans
mettre en péril le troupeau. Ça, c'est les données d'existence du
troupeau.
Ceci
étant dit, Mme la ministre, je n'ai pas voulu insinuer quoi que ce soit par
rapport à : On va aller, nous les Blancs, chasser puis on va vous donner la viande. Voyons donc! Ce n'est
absolument pas le fond de ma pensée. Je ne suis pas là du tout. C'était dans les offres qui étaient faites à
l'époque. Puis sur le 300 bêtes, écoutez, il aurait pu y en avoir 50 qui
est donné, si vous en voulez, ça n'enlève absolument aucun droit aux
autochtones.
Ce dont je vous parle
ici, c'est de développement économique, de partenariat novateur pour une
industrie touristique pouvant être
attractive partout dans le monde en collaboration avec les autochtones. Sinon,
qu'ils prennent la balle au bond et
qu'ils développent le secteur, qu'on les appuie là-dedans, mais qu'on pérennise
les infrastructures, qu'on ne démantèle pas les 1 200 camps et
lits qui sont une forme d'occupation de territoire.
Et
moi, écoutez, je suis convaincu que, si le gouvernement du Québec accompagne
les nations autochtones et leur... Vous
avez parlé d'entrepreneuriat, de formation et d'employabilité. C'est de
l'entrepreneuriat que de développer le secteur de la pourvoirie dans le Nord-du-Québec. Et, que les
autochtones deviennent les maîtres d'oeuvre de ça, on ne veut pas les...
On veut juste que toute cette richesse qui
existe sur le territoire québécois soit utilisée à des fins de développement
économique pour ceux et celles qui veulent
bien le développer. Et les premiers qui ont un intérêt à le faire, ce sont les
nations autochtones. Et il y a une
expertise sur place, il y a des gens qui ont développé des pourvoiries depuis
des dizaines d'années, qui ont les compétences, le professionnalisme, le
savoir-faire et qui peuvent le transmettre aux nations autochtones.
Puis
je suis convaincu qu'au niveau culturel, de l'identité culturelle et de la...
Vous avez parlé de patrimoine de la culture
autochtone. Mais quel plus beau secteur de mise en valeur du patrimoine de la
culture autochtone que de leur permettre d'offrir des produits de niveau
international de chasse au caribou. Moi, c'est tout ce que je voyais. Et, quand
vous avez dit «entrepreneuriat», bien, je vous ai crue.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre.
Mme D'Amours :
M. le Président, bien, j'essaie, par le commentaire de mon collègue de la
première opposition, de faire
attention à ce que je dis, mais, tu sais, ce n'est pas mon ministère, hein, le
Secrétariat des affaires autochtones, ce n'est pas non plus un enjeu au niveau des crédits. Puis j'essaie de répondre
du mieux que je peux à mon collègue, mais je peux vous dire que c'est...
l'état du caribou, qui était précaire, ça a été décrété par le MFFP. Et à ce
que je sache, à l'époque, il n'y avait pas
d'acceptabilité au niveau des autochtones. C'était... On voulait garder... En
tout cas, le volume était réservé pour eux. C'est leur garde-manger.
Alors, ceci étant dit, M. le Président, le député devrait poser les questions
au MFFP dans les crédits.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de Bonaventure.
M. Roy :
N'ayez crainte, je vais poser les questions au ministre de la Forêt, Faune et
Parcs. Mais moi, j'ai confiance en
votre capacité d'ambassadrice, à travailler à faire du développement économique
avec les nations autochtones et à ramener sur la table ce dossier-là. S'ils ne veulent pas, c'est correct. Mais ce
n'est plus le même gouvernement, c'est une nouvelle approche, ce sont
des... Il y a peut-être une opportunité, peut-être qu'il y a des gens qui
auraient un intérêt.
Je vous l'ai dit, là,
le tissu social... Écoutez, l'environnement socioéconomique, c'est fondamental,
et d'avoir... Il y a un de mes profs qui
disait : L'espérance de vie est directement reliée à l'espérance en la
vie. Et l'espérance en la vie est
liée à une capacité à voir de la prospérité, puis à voir de la lumière au bout
du tunnel, puis dire : J'ai des chances de m'en sortir
économiquement. Ça fait que ces gens-là, je pense que... Je vous demande
juste... et je vais vous accompagner là-dedans, si vous voulez, juste de dire
que vous allez y réfléchir, et sans que ce soit un non catégorique.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme D'Amours :
M. le Président, j'aimerais répondre à mon collègue que même les autochtones
sont visés par les contraintes, ça
fait que... Même eux, ils sont visés, ça fait que... Donc, moi, je vais vous
ramener à mes crédits, je peux
vous dire que, le développement économique,
on le fait parce qu'il y a... Si on prend, entre autres... Parce qu'il n'y a
pas juste le caribou au Québec,
il y a des saumons, de la pêche au saumon. Et la pourvoirie Nipissis-Moisie,
hein, exemple, on a donné
1 250 000 $ à Uashat pour qu'ils puissent prendre possession
d'une pourvoirie. Alors, ça, c'est du développement économique et ça, ça
fait partie de mes crédits. Alors, oui, on travaille à l'économie.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de Bonaventure,
il vous reste une minute.
M. Roy : Et je réitère la question : Est-ce que vous
avez de l'ouverture à réfléchir à un possible rapprochement avec les
communautés du Nord? On parle de négociation, là, et d'entrepreneuriat, à
réouvrir la chasse au caribou. Je ne vous demande pas ni un oui ni un non, je
vous demande de l'ouverture à réfléchir.
Le
Président (M. Bachand) : ...30 secondes, Mme la ministre.
Mme D'Amours : Bien, on peut réfléchir puis on peut dialoguer,
mais c'est eux-mêmes qui ont établi des directives là-dessus. Alors, je peux parler de nation à
nation, je peux parler d'économie avec eux, mais, avant tout, eux aussi ont
un intérêt à l'économie de leur nation, et je vais respecter ça. Mais, oui, je
vous garantis que je vais en parler à la nation.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup, merci beaucoup. Alors,
je me tourne maintenant vers le gouvernement, les députés du gouvernement, pour
une période d'échange de 17 min 27 s. M. le député de Saint-Jean,
s'il vous plaît.
M. Lemieux : Merci, le
Président. Et je vous assure, je vous rassure, je vais finir par poser une
question, je ne m'épancherai pas davantage. Mais ça m'inspirait, tout ça.
Donc, Mme la ministre, les événements de Val-d'Or ont été un avertissement sérieux, pour être poli.
Alors, avant de vous demander où on
en est, où on s'en va avec ça, je vais quand
même faire un minimum de contexte,
même si tout le monde en a entendu parler. C'est un peu ça, le problème
aussi, tout le monde en a entendu parler, mais pas nécessairement
suivi le fil de l'histoire.
C'était le
22 octobre 2015, un petit soir de télé ordinaire, mais un soir d'Enquête,
Radio-Canada dévoilait ce
soir-là de graves allégations de sévices sexuels et de violences qui auraient
été commis à Val-d'Or par des policiers de la Sûreté du Québec à l'endroit de
femmes autochtones en situation de vulnérabilité. Décembre 2016...
Une voix : ...
M. Lemieux :
Oui, ça a brassé. D'octobre à décembre, ça a brassé plus que moins. Décembre
2016, le gouvernement de l'époque a annoncé la tenue d'une commission
d'enquête provinciale. On s'en souvient, celle-ci avait pour mandat d'enquêter, de constater les faits et de formuler
des recommandations quant aux actions concrètes et efficaces à mettre en
place par le gouvernement du Québec afin de remédier à toute forme de violence,
de discrimination systémique et de traitements
différents qui pourraient exister à l'égard des autochtones. Déjà, la
formulation que je viens de lire, et je vais la relire parce que c'est
important : «...remédier à toute forme de violence, de discrimination
systémique et de traitements différents qui
pourraient exister à l'égard des autochtones.» Je ne sais pas vous, mais, moi,
ça m'énerve. Elle couvre les 15 dernières
années, donc, et les services publics visés... Et ça, c'était la nouveauté de
cette annonce-là du gouvernement, à l'époque,
c'est que ce n'étaient pas seulement les policiers dont on avait parlé à cette
émission-là, on élargissait : en plus des services policiers, les services correctionnels, les services de
justice, les services de santé et de services sociaux, ceux qui doivent
prendre soin de ces gens-là, ainsi que les services de protection de la
jeunesse. Doublement énervant.
Le
gouvernement du Québec à l'époque avait nommé Jacques Viens, juge à la retraite
de la Cour supérieure, à titre de
commissaire. Le rapport et les recommandations de la commission d'enquête
provinciale ne sont pas encore déposés. Ils sont attendus le ou avant le 30 septembre prochain, donc à l'automne.
Le gouvernement du Québec, Mme la ministre, a déposé, vous le savez
parce que vous étiez là, en décembre 2018, un mémoire contenant la contribution
des différents ministères visés par les
travaux de la commission d'enquête provinciale. Et vous allez devoir gérer, Mme
la ministre, les suites des conclusions de ce rapport dont on ne
présumera pas ni l'un ni l'autre, on s'entend.
Mais, dans le
cadre des travaux de la commission d'enquête sur les relations entre les
autochtones et ses services publics,
que fait le gouvernement... qu'est-ce qu'a fait la commission d'enquête, que
fait le gouvernement exactement, en attendant,
et comment envisagez-vous, Mme la ministre, de mettre en oeuvre les
recommandations qui vont finir par
émaner de ce rapport final là à l'automne?
• (16 h 30) •
Le Président (M. Bachand) : Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme D'Amours : Merci, M.
le Président. Je vais commencer par
parler de la discussion qu'on a eue tout
à l'heure, là, de ce que vous nous avez présenté. Oui, les gens ne
connaissent pas le Nord, et, oui, ce qu'on entend, c'est souvent, M. le Président, des choses horribles qui se passent. Effectivement, on s'en va
souvent dans des endroits comme ça avec peu d'information, puis,
lorsqu'on arrive là-bas, dans des... exemple...
Je vais
prendre l'exemple de Kuujjuaq.
Souvent, les gens reviennent de là en
me disant : Oh mon Dieu! Tu n'es pas allée, tu vas voir, quand tu vas y aller, c'est épouvantable. Moi, je me
suis fait un devoir, avant de débarquer de l'avion, de me vider l'esprit des informations négatives que
j'avais puis d'avoir un regard neuf, d'avoir une façon différente de
regarder les gens, l'espace et la possibilité de... J'ai rencontré là des gens formidables. J'ai rencontré des gens
qui se prennent en main, qui ont une volonté de se prendre en main.
Donc, le
positif, pour moi, je le vois là. Oui, il
y a des problèmes, mais il y a
des gens là-bas qui se prennent en main.
C'est des gens auxquels... Ils ont aussi une assurance que, s'ils ont besoin de
nous, comme gouvernement, on sera là. Il y a des gens du Secrétariat des affaires autochtones qui, depuis
un certain temps, siègent avec eux, à leur demande, pour être là en écoute, que, si, au besoin, ils ont besoin
de quoi que ce soit, notre personnel du Secrétariat aux affaires
autochtones, nos fonctionnaires peuvent rapidement leur donner ce qu'ils ont de
besoin.
J'ai vu aussi des possibilités de tourisme. J'ai
vu des possibilités de petites entreprises. Je suis allée dans une entreprise de tannerie puis je me disais :
Quelle belle entreprise qu'il pourrait y avoir sur Internet, facilement, parce
que les oeuvres autochtones inuites ont une
valeur vraiment importante. Il y a du potentiel économique. Tout à l'heure, le
député de Bonaventure parlait qu'il ne
fallait pas juste regarder le côté social, mais, tu sais, pour avoir un bon
tissu social, ça prend un bon tissu
économique. J'en suis. Alors, ce qu'il faut regarder, ce n'est pas
nécessairement juste qu'est-ce qui va mal, mais qu'est-ce qui pourrait
bien aller. Et ce que j'ai vu à Kuujjuaq, c'est ça.
Les
communications, vous avez été longtemps dans les communications, bien, c'est ce
qui manque. C'est ce qui manque, des
communications du Nord au Sud, pour se connaître. On a tous les outils
nécessaires aujourd'hui pour être en communication
rapidement. On ne les utilise pas pour le Nord. Il faut absolument avoir accès
à des outils de communication pour
connaître ce peuple-là. Il y a une différence entre le Nord et le Sud. Il y en
aura toujours. Mais c'est ce qui fait sa beauté et c'est ce qui fait sa particularité. Il ne faut
pas voir ça comme un problème. Il faut voir ça comme un défi, un beau
défi à relever. Puis je pense que les gens
de Kuujjuaq sont prêts, puis nous, comme gouvernement, nous serons prêts à les
appuyer là-dedans.
Après avoir
discuté avec le chef Charlie Watt... On a eu de beaux échanges puis on a parlé
autant du social que de l'économie.
Je lui ai dit le rôle que j'allais occuper. Il était ravi, M. le Président,
ravi d'entendre ça. Il m'a même dit, puis j'ai été très surprise de ça, que c'était la première fois qu'une ministre
restait trois jours parce qu'habituellement c'est, excusez le terme anglophone, «fly-in/fly-out». Non, moi, je
suis restée trois jours. Pourquoi je suis restée trois jours? Parce que
je voulais parler au gouvernement, mais je
voulais parler aux travailleurs de rue. Je voulais parler aux restaurateurs. Je
voulais parler à l'aubergiste. Je
voulais parler aux gens qui travaillent à l'hôpital. Je voulais parler à la
madame qui reste à la maison avec ses enfants. Je voulais avoir un oeil
nouveau, un regard nouveau sur toutes ces facettes-là, puis d'entendre et de le
voir par moi-même, pour être en mesure,
lorsqu'il y arrive des défis, des demandes, d'être capable de dire : Je
les comprends, je les ai vus, je les ai entendus de mes propres
oreilles.
Donc, oui,
communication, développement économique, développement social. Il y a
un respect mutuel de nation à nation.
On va avancer au même rythme qu'eux le veulent. On va avancer au même rythme
qu'eux ont de besoin. Et ça, ça va prendre un gouvernement qui est à
l'écoute et un gouvernement qui a un très grand respect de gouvernement à gouvernement ou de nation à nation. Et, encore là, mon rôle est un rôle de
diplomatie. Et je suis convaincue qu'à partir des trois jours que j'ai
passés là...
Nous avons
une collègue, notre collègue, je ne veux pas la nommer, je cherche son...
Marguerite Blais, en tout cas,
une collègue ministre déléguée à la Santé
qui s'en va à Kuujjuaq bientôt, il y a aussi la ministre des Affaires
municipales, puis on est en train de
regarder d'y aller en même temps au mois d'août parce qu'il y a un enjeu. Il y
a un enjeu au niveau de l'habitation,
mais il y a un enjeu aussi qui est beaucoup plus grand que l'habitation, c'est que, quand les
bateaux arrivent là avec du matériel,
où on le met, le matériel? Ça fait des années que le bateau arrive, qu'on débarque
des fenêtres, de la peinture, on met
ça par terre en piles. Il neige, il gèle. On rembarque ça dans les bateaux puis
on ramène ça au Québec parce que c'est fini, les vitres ont brisé, les peintures ont gelé. Aïe! Ça, c'est
efficace, hein? Ça, vraiment, là, au niveau de l'économie, wow, bravo! Mais il faut le voir, il faut le constater,
les piles de peinture puis de fenêtres qui sont à l'extérieur parce qu'il
n'y a pas d'endroit pour mettre les matériaux pour rénover les maisons, pour
entretenir les maisons dont on est responsables.
Oui, ça coûte
cher, mais il faut savoir pourquoi ça coûte cher. Peut-on réduire le coût? Bien oui.
Il y a des choses qu'on peut faire.
Et moi, j'aimerais ça que la ministre vienne voir. Elle est sensibilisée. Elle a accepté
de venir. J'ai aussi pris des photos
à l'hôpital de Kuujjuaq. Je les ai mises sur une clé USB puis je les ai données
personnellement à la ministre de la Santé. J'ai dit : Assis-toi avant de regarder ça, puis, quand
tu les auras regardées, tu me feras tes commentaires, parce que moi, je l'ai visité, l'hôpital, puis j'ai dit
à la ministre de la Santé : Bien, ça vaudrait peut-être
la peine à un moment donné que
tu atterrisses là, puis que tu restes là une couple de jours, puis que tu
passes une couple de jours dans l'hôpital à regarder la gestion, regarder les
espaces, comment les gens vivent, et, après ça, bien, tu pourras faire ton
travail.
Donc, oui,
mon rôle de diplomatie, mon rôle, parce que j'ai été là trois jours, a fait en
sorte que j'ai vu le potentiel touristique.
J'en ai parlé cet après-midi à la ministre du Tourisme. La ministre du Tourisme, je lui
ai dit : Va voir la possibilité touristique
par bateau. Il y a... Tout est à faire. C'est vraiment des beaux défis.
Voici mon rôle, oui, de voir ce qui ne va pas bien, mais de voir est-ce qu'on pourrait être partenaires dans ces
projets touristiques là. Est-ce qu'on pourrait être partenaires dans l'économie, l'économie sociale aussi? Est-ce
qu'on pourrait, ensemble, aller plus loin? Et je pense qu'on était
rendus à un point, avec les Inuits, entre autres...
Je ne vous ai
parlé que des Inuits. Je pourrais vous parler des Micmacs, en Gaspésie, qui ont
un projet exceptionnel, avec un
bateau et une maison auxquels... ils ont hérité. Moi, quand il m'a parlé de ça,
je n'ai pas vu de problème, je n'ai vu que
des projets pour eux. J'ai vu la possibilité de faire une économie locale qui
va rayonner dans toute la communauté, mais qui va faire en sorte aussi
que le Québec va avoir son identité québécoise. Mais il va avoir aussi son
identité culturelle autochtone, vue et sue
par le monde, par les touristes. Oui, il y a du potentiel économique, mais
toujours dans le respect de nation à nation, au moment où eux sont prêts
à y aller.
• (16 h 40) •
Le Président (M. Bachand) : M. le député de Saint-Jean.
M. Lemieux : Bien, je
pense que la ministre
va avoir l'occasion de nous parler de ce qui va se passer avec le
rapport de la commission Viens à Val-d'Or un autre... Merci beaucoup.
Le Président (M. Bachand) : M. le député de Chapleau, s'il vous plaît, trois minutes.
M. Lévesque (Chapleau) : Trois
minutes? Bon, bien, je vais commencer et je reviendrai par la suite.
J'aimerais peut-être
entretenir la ministre sur l'autochtonie urbaine. Ce qu'on appelle, dans le fond, l'autochtonie urbaine fait
référence aux autochtones vivant plus exclusivement au sein d'une communauté
autochtone, mais faisant également, dans
le fond, l'expérience, à court, moyen
ou long terme, d'un milieu urbain à majorité allochtone. De ce fait, les autochtones établis en milieu urbain forment
généralement une population hétérogène sur le plan des origines et du statut. Qu'ils soient simplement de passage ou qu'ils s'y installent à
plus long terme, les motivations et les aspirations des autochtones se dirigeant vers les villes varient
grandement d'un individu à l'autre. On peut souligner, dans le fond, le cas des autochtones qui ne sont que de passage en
ville afin de recevoir, par exemple, des soins de santé spécialisés ou
encore de poursuivre des études postsecondaires.
Donc,
par ailleurs, de plus en plus d'autochtones en milieu urbain y sont nés et
n'ont jamais vécu dans le contexte des réserves
autochtones. Bien que s'étant développée plus tardivement qu'ailleurs au
Canada, la présence autochtone dans les villes ne cesse de prendre de l'ampleur au Québec.
En effet, si, de manière générale, la population autochtone connaît une augmentation marquée d'année en année dans la
province, c'est cependant la sous-population établie à l'extérieur des
réserves qui connaît la croissance la plus importante.
Toutefois,
il est difficile d'obtenir des statistiques précises sur le nombre d'autochtones établis durablement dans
les villes québécoises, et ce, notamment en raison de la grande mobilité des
individus entre la ville et la communauté d'appartenance, de même que
l'utilisation, dans plusieurs études statistiques, de l'auto-identification,
permettant à des répondants de s'identifier
comme Métis ou encore de se prévaloir de l'identité autochtone ou d'une
ascendance autochtone. Le cas échéant, cette addition de facteurs a pour
effet de surestimer la présence autochtone dans les milieux urbains québécois,
d'autant plus qu'il n'y a pas vraiment de Métis au Québec, comme l'ont confirmé
les tribunaux québécois, à la
lumière de l'arrêt de la reine contre Powley en 2003.
Ainsi donc, les
chiffres les plus conservateurs nous indiquent que, sur une population
autochtone totalisant 104 633 personnes
en 2015, ce sont, dans le fond, 30 234 autochtones qui ne résident pas
dans une communauté. Donc, on pourrait
l'estimer à 28,9 %. Notons que ces chiffres pourraient augmenter en vertu
du projet de loi S-3 ayant été adopté en 2017 par le Parlement fédéral et visant l'élimination
des iniquités fondées sur le sexe en matière d'inscription au Registre
des Indiens.
Et
maintenant j'aimerais peut-être adresser une
question à la ministre. Est-ce
qu'il reste un petit peu de temps ou ce sera pour la suite? Bon. Donc, que fait le gouvernement ou qu'entend
faire le gouvernement du Québec à l'intention des autochtones, vivant ou
de passage dans les milieux urbains québécois, qui sont en réserve? Merci.
Mme D'Amours :
Bien, M. le Président, il existe des maisons qu'on appelle les maisons d'amitié...
les centres d'amitié autochtones — là, je les appelle tout le temps les maisons
de la famille — les
centres d'amitié autochtones, qui existent, et ce sont des centres qui se
sont réseautés pour donner un service exceptionnel à des autochtones hors
réserve.
Moi,
j'ai eu la chance de visiter plusieurs centres. J'ai visité celui de
Chibougamau. J'ai visité celui de Val-d'Or et celui de Senneterre. Je peux vous parler de celui de Senneterre, où j'ai
vu des gens qui travaillent dans ce centre, des gens qui sont dévoués. Ils ont une clientèle qui n'est pas
souvent facile et, par leur façon de faire, par le respect de la culture,
par, je vous dirais, des gestes qui sont posés, des fois, qui ont l'air
anodins, mais, pour la clientèle qui visite ces centres, sont superimportants. À Senneterre, lorsque j'ai visité
leur centre, ils avaient aussi un centre de plein air qu'ils avaient
acquis l'année dernière, et ce centre-là
était un centre de ressourcement, un centre aussi pour les jeunes, un centre où
il y avait du sport qui se faisait l'hiver : ski de fond, raquette.
Donc,
on sort du contexte, du problème, puis on a vraiment, dans ce réseau, des
façons de faire, tout en respectant la culture
autochtone, pour amener les gens ailleurs, amener les gens... Ils ont des
problématiques, on les amène ailleurs. Pour répondre, le SAA donne à ces
maisons, à ces centres d'amitié...
Une voix :
...
Mme D'Amours :
Ici, oui, les centres d'amitié, ils sont soutenus à raison de
1 615 000 $. Et, en général, dans le milieu urbain, là,
dans tous organismes confondus, il y a 10,9 millions qui est donné à ces
organismes-là. Et c'est très important que
ces organismes soient soutenus parce qu'effectivement il y a des autochtones en
milieu urbain. Mais, souvent, pour
aller voir les médecins, pour avoir des services, ils doivent sortir de leurs
communautés et venir dans les grands centres. Et, par ces centres d'amitié autochtones, ils peuvent aussi avoir du
soutien, lorsqu'ils sont en milieu urbain, s'ils ont des problèmes pour rencontrer du personnel qui sont,
je dirais, des experts dans le monde autochtone. Donc, c'est... Pardon,
oui.
Le Président (M. Bachand) : Je me tourne maintenant vers le député de
Jacques-Cartier, membre de l'opposition officielle, pour une période
d'échange de 20 minutes. M. le député, s'il vous plaît.
M. Kelley :
Merci beaucoup, M. le Président. Je suis content d'entendre la ministre. Elle
parle du fait qu'elle a visité une
ville pour trois jours consécutifs, et peut-être que c'est une marque
historique. Mais j'ai été capable de parler très rapidement avec
l'ancien ministre des Affaires autochtones par texto, puis il m'a confirmé
qu'il a visité 53 des 55 communautés
pendant ses quatre ans comme ministre. Alors, je lance le défi à la ministre de
rester toujours sur le terrain et de
ne pas juste visiter une communauté une fois, mais de faire ça plusieurs fois.
Mais c'est juste une petite... Je veux juste dire que l'ancien ministre était aussi sur le terrain très, très
souvent, puis je peux confirmer ça aussi comme nouveau député de
Jacques-Cartier. Alors, juste une petite remarque là-dessus.
Puis j'ai une
question concernant le développement économique des communautés autochtones un
petit peu partout sur le territoire du
Québec, et ça, c'est en lien avec le développement des minicentrales
hydroélectriques. Le premier ministre a été pas mal très clair là-dessus
qu'avec... quand il y a des surplus, on va arrêter de développer des projets de
minicentrales. Mais, dans plusieurs
communautés, c'est très, très important pour leur développement économique.
Puis juste le... C'est un article de
Radio-Canada Abitibi-Témiscamingue ici, qui parle d'une réponse que le maire de
Kipawa, Norman Young, a reçue du
premier ministre, qui a pas mal confirmé que leur projet de développement, ça
va être retardé jusqu'au moment qu'il n'y a plus de surplus
d'électricité.
Alors,
la question pour le ministre. Est-ce que vous avez parlé avec M. Norman
Young? Et aussi est-ce que vous avez
conseillé le bureau du premier ministre sur la réponse? Parce que
M. Norman a reçu une réponse du premier ministre. Est-ce que le Secrétariat des affaires autochtones
a consulté le bureau du premier ministre sur la réponse qui a été
envoyée à M. Norman Young?
Le Président (M. Bachand) :
Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme D'Amours :
M. le Président, j'ai beau regarder dans mes crédits, là, mais je n'ai rien vu
qui est passé là-dessus.
Moi aussi, je vais faire une remarque. Qu'il ait
parlé de l'ancien ministre des Affaires autochtones, et je suis certaine que c'est parce qu'il a une attention et
une préoccupation particulière de cette personne parce que c'est son
père, et son père a fait un excellent
travail. C'était un homme que je respectais grandement. C'était un diplomate,
lui aussi. C'était une personne très
cultivée, à laquelle, souvent, je posais des questions. Oui, M. Kelley a
été très présent sur le terrain. Mais je
le suis tout autant parce que je suis ses traces, peut-être, parce que je l'ai
vu aller puis je me suis dit : Bien, c'est peut-être la bonne façon de faire pour travailler avec les
autochtones. Il n'y a pas toujours juste du mauvais dans une personne, il
y a des bons côtés, et je prends le bon côté de M. Kelley.
Et, oui, effectivement, les trois jours que je
vous parle, c'est les trois jours au même endroit, non pas trois jours à voir
des communautés, mais trois jours au même endroit. C'est ce que je voulais dire
tout à l'heure quand je parlais de Kuujjuaq.
Pour ce qui
est du dossier des barrages, je ne pourrais vous répondre. J'ai demandé à Mme
Thomas, du Secrétariat des affaires autochtones, on n'a aucune
information à ce sujet. Donc, je ne peux répondre à cette question.
• (16 h 50) •
M. Kelley :
Juste une précision sur la minicentrale,
c'est le projet Onimiki. Alors, je ne sais pas si ça dit quelque chose à
vous autres. Non? C'est juste un article
que j'ai regardé ici, le maire de
Kipawa, qui a reçu... Mais, bref, c'est juste une question là-dessus parce
que, quand même, je pense, c'est toujours important, pour la ministre
responsable des Affaires autochtones, dans
des projets comme ça, qui sont très importants pas juste pour les communautés
autochtones, mais pour des régions en général, de toujours être partie
des discussions.
Mais je veux juste poser une autre question sur
un autre sujet. 2019, c'est l'Année internationale des langues autochtones. Alors, est-ce que votre secrétariat a
des plans pour fêter des langues autochtones ici, au Québec? Je pose la
question à Mme la ministre.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme D'Amours :
En fait, j'ai demandé à la ministre de la Culture parce que c'est aussi dans le
plan stratégique, hein, de notre
table ministérielle, et donc la ministre de la Culture a... Je vais vous dire
les chiffres. La ministre de la Culture a donné, pour des radios autochtones, 2018‑2019, un montant de
433 000 $. Et, pour des projets et ententes autochtones au
niveau de la culture... était un montant de 3 710 000 $. Donc,
un grand total de 4 144 000 $ qui a été donné au monde autochtone au niveau de la culture et au niveau
des radios autochtones. Il y a des mesures aussi : la déclaration
nationale sur les langues
autochtones, le soutien accru aux radios communautaires, dont je vous parlais,
création de contenus originaux dans les communautés et l'élaboration de
divers programmes de soutien aux langues autochtones en collaboration avec le
fédéral. Donc... Pardon?
Une voix : ...
Mme D'Amours :
Oui, et il y avait aussi un volet qui a été fait, qui était de rendre
disponible la littérature jeunesse en langues autochtones.
Le Président (M. Bachand) : ...D'Arcy-McGee, pardon, excusez-moi.
M. Birnbaum :
Merci, M. le Président. Écoutez, je me permets de dire que j'espère que la
réponse qu'on vient de recevoir est à
titre d'exception parce que, voilà, on parle, comme je dis, d'une
transversalité, une nécessité d'un arrimage entre la ministre déléguée
et ce collègue. Alors, j'espère que c'est une réponse de l'ordre d'exception.
M. le
Président, Mme la ministre a donné une entrevue très intéressante, d'ailleurs,
à Radio-Canada, et j'aimerais juste
citer une portion où la question a afféré au projet d'Apuiat, et je cite la
ministre : «Si on veut parler de respect de nation à nation, je suis très respectueuse de cette
nation innue, mais, moi aussi, j'ai un grand respect pour la mienne, ma
nation. Alors, si, pour eux, ça apporte de
l'argent et que, pour moi aussi, ça en a apporté aussi, demain matin, on part
le projet. Pour le moment, en surplus
d'énergie, on va perdre énormément d'argent. Ma nation va perdre beaucoup
d'argent. Alors, moi, je ne suis pas
mandatée par ma nation. J'ai été élue comme les grands chefs de cette
nation-là, les Innus, ils ont été élus. Eux, ils veulent travailler pour
leur nation. Moi, je travaille pour la mienne.»
Je veux
inviter, M. le Président, la ministre à peut-être corriger le tir parce qu'avec
tout respect je partage le genre de
vision qu'elle a partagé avec nous aujourd'hui. Mais là on n'est pas en train,
j'espère, et je ne crois pas si j'écoute la ministre aujourd'hui, de parler d'une relation patronale-syndicale quand
on parle de notre gouvernement du Québec. C'est le gouvernement de tout
Québécois, toute Québécoise. Dans cette situation-là, on parle évidemment de
protéger des intérêts de tout le monde, mais
ça veut dire les résidents qui partagent ce territoire avec nous, les
autochtones. Alors, j'invite la ministre à clarifier cette citation-là
parce que ça me trouble. Je ne m'en cache pas.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme D'Amours :
Merci, M. le Président. Bien, il faudrait peut-être savoir ce que le député
veut parce que, tout à l'heure, il me
disait que je ne répondais pas aux questions parce que c'étaient d'autres
ministères. Là, je m'efforce à trouver des
informations pour donner ce que les ministères donnent, exemple, aux langues
autochtones, qui est de la ministre de la Culture. J'ai donné aussi des chiffres qui sortaient de la ministre
responsable du Secrétariat de la
condition féminine. Alors, il faudrait savoir ce qu'il veut. Tu sais, je veux bien lui donner des informations au niveau des crédits.
J'essaie de donner des informations
aux crédits qui ne sont pas les miens. J'essaie de lui trouver les bons
chiffres. Je les donne, puis là on me dit : Bien là, elle fait
quelque chose de transversal. Alors, il faudrait savoir ce qu'il veut,
premièrement.
Deuxièmement, pour le projet Apuiat, parce que
je me suis fait reprendre assez souvent par le grand chef McKenzie, on ne dit pas «Apuyat», on dit «Apuiat»,
donc le projet Apuiat, c'était un projet qui faisait perdre quelques
milliards de dollars à la nation québécoise.
Nous avons eu des discussions avec les neuf chefs innus et nous avons parlé de
nation à nation. Nous avons élaboré le plan
ensemble parce qu'on était en surplus d'électricité, et c'est pour cette raison
que l'on perdait de l'argent. Eux
allaient en faire, mais nous, nous allions en perdre. Quand on parle de
travailler de nation à nation, c'est qu'on doit travailler à développer
ensemble pour augmenter le niveau de vie de chacun.
Donc, quand
on dit que... Quand je dis que moi, j'ai été élue, que je représente ma nation
québécoise parce que je suis du
Parlement du Québec, je suis une députée avant tout, je parle au nom de ma
nation lorsqu'il arrive des dossiers où ce n'est pas parce que je suis ministre des Affaires autochtones que je
dois défendre bec et ongles un dossier auquel ma nation perdrait, donc, et les Innus, eux, ont très bien compris. Les
Innus sont très à l'aise avec la position que nous avons parce que le premier ministre, quand on a parlé du
projet Apuiat, nous a dit, aussitôt que nous ne serons plus en surplus,
que ce serait le premier projet qui serait mis sur la table. Il en a pris un
engagement devant les neuf chefs innus. Il en a pris un engagement devant les
journalistes. Ça a été dit, ça a été su.
Donc, si on
veut travailler au bénéfice de tous, de nation à nation, nous devons avoir des
projets auxquels eux vont bénéficier, mais auxquels nous allons
bénéficier comme nation québécoise.
Le Président (M. Bachand) :
Député de D'Arcy-McGee, s'il vous plaît.
M. Birnbaum :
Bon, merci, M. le Président. Pas certain que, bon, les leçons d'élocution
étaient de mise, mais on va continuer de façon constructive.
Lors d'une
discussion, M. le Président, que moi, j'ai eue aujourd'hui avec le grand chef
Picard, il s'est dit assez préoccupé par une lettre reçue par les neuf
communautés innues — j'espère
que je prononce bien ça — de
la ministre McCann, oui, je comprends, je
parle d'une autre ministre, mais qui exigeait que ces communautés soient
responsables de payer pour les
services de santé, ce qui a surpris grandement M. le grand chef Picard. Et,
suite à ses demandes, il n'a eu que des
accusés de réception. Alors, j'aimerais savoir si la ministre peut nous
éclairer sur ce dossier qui concerne les communautés innues.
Le Président (M. Bachand) :
Mme la ministre, s'il vous plaît.
• (17 heures) •
Mme D'Amours :
En fait, la lettre dont le député parle, ce n'est pas signé par
Mme McCann, mais plutôt par le directeur
général du CIUSSS en place dans la région. Quand j'ai reçu la lettre, moi
aussi, j'étais très étonnée de la façon dont ça s'était produit. Aussitôt que j'ai eu l'information, j'ai
demandé une rencontre avec la ministre de la Santé. Lorsque l'on s'est
rencontrées, moi et la ministre de la Santé, on s'est parlé sur ce point-là en
particulier, mais on a pris l'initiative de prendre cette discussion-là, mais
plus large, au niveau du Québec, parce que ça va arriver ailleurs aussi.
La
problématique que cette région vit, c'est que souvent les autochtones qui
sortent de la communauté, de la réserve, et qui vont se faire soigner dans des institutions québécoises, on va
les appeler comme ça, souvent, ils n'ont pas de carte, on les soigne pareil. Puis, lorsque l'année finit,
ces gens-là doivent faire une reddition de comptes au ministère de la
Santé. Ils sont en déficit. Puis là, bien,
ce qu'on dit : C'est de la faute du fédéral, il ne paie pas. Puis là, bien, au lieu de dire aux autochtones :
Nous devrions travailler ensemble à voir à ce que le fédéral paie le dû au ministère
de la Santé, donc, souvent, ça a été
le mot : Ce n'est pas moi, c'est le fédéral, moi, je ne suis pas
responsable, le provincial, c'est le fédéral, c'est le fédéral qui doit
s'occuper de ça. Je pense que la pensée de la ministre de la Santé n'est pas la
même que celle-ci.
M. Birnbaum : J'ai justement, M.
le Président, discussion avec le chef de conseil de bande Abram Benedict, à Akwesasne, c'est une dynamique qui s'impose
souvent, j'imagine, avec les juridictions partagées, et tout ça, et c'est normal. En même temps, est-ce que je peux comprendre que la ministre va être impliquée
dans la recherche d'une solution avec ces communautés-là?
Le Président (M. Bachand) : Mme la ministre, oui.
Mme D'Amours : En fait, je suis déjà en relation avec la ministre
à ce sujet-là, on regarde. Comme j'ai dit tout à l'heure, ce n'est pas que
cette communauté-là qui... cette région-là qui vit cette situation-là,
on la vit un peu partout au Québec, et il faut trouver une solution pour
travailler ensemble et aller discuter avec le fédéral pour que les sommes qui
sont attribuées pour les autochtones
soient au rendez-vous. Ce n'est pas au Québec à subir les pressions
et ce n'est surtout pas aux autochtones
de recevoir des lettres de cette façon-là. Soyez assuré que dès qu'on a été
informés on a discuté de cette problématique-là. Et la ministre de la Santé est au
fait, et elle étudie la possibilité de regarder comment on pourrait travailler
avec le fédéral pour qu'il puisse nous donner des sommes dans les délais
respectables.
Le Président (M. Bachand) : Merci beaucoup. M. le député de D'Arcy-McGee, s'il vous plaît.
M. Birnbaum : Merci, M. le
Président. Quand il s'agit du Fonds d'initiatives autochtones, je constate
qu'entre 2017‑2018 et 2018‑2019, sous l'ancien gouvernement dont j'étais
membre, le montant total global a augmenté de 22,3 millions à 27,4 millions. Si j'ai
bien lu les chiffres, là, entre 2019... maintenant, en 2019‑2020, ces crédits
redescendent à 23,4 millions. Est-ce
que je peux comprendre, M. le Président, pourquoi et spécifiquement où on va
couper pour ce manque à gagner de quelque 4 millions de dollars?
Le Président (M. Bachand) :
Merci. Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme D'Amours :
Il y avait une entente qui était destinée au lac Barrière, de 1,5 million.
C'était une entente qui était ponctuelle, et on est revenu au même
montant qu'on avait, donc voici l'écart.
Le Président (M. Bachand) :
M. le député, oui.
M. Birnbaum : Merci, M. le
Président. Bon, merci de l'explication, sauf qu'il resterait un écart de
quelque 2,7 millions dans les chiffres que je viens de citer.
Mme D'Amours :
...coupure, j'ai de la misère à vous suivre, là, j'ai des... Il y a même eu une
augmentation de...
M. Birnbaum : M. le Président.
Le Président (M. Bachand) :
Oui, M. le député, allez-y.
Mme
D'Amours : Je vais prendre les bons chiffres, parce que vous me parlez
de 2017‑2018, et je ne les ai pas en main, là, j'ai 2018‑2019.
Le Président (M. Bachand) :
Oui, M. le député.
M. Birnbaum :
Oui. Mais voilà, ce que je signale, c'est que, pour 2019‑2020, on prévoit
23,4 millions, et je veux comprendre pourquoi ce montant qui
représente une baisse, comment on en serait arrivé à ce chiffre-là et comment
on prévoit combler ce manque à gagner.
Mme D'Amours :
...il n'y a pas de manque à gagner, il y a eu même une augmentation. Je ne vous
suis pas dans vos chiffres, M. le député. J'ai beau regarder... Est-ce
que vous avez oublié de... Non, il n'y en a pas.
M. Birnbaum : C'est du budget
des dépenses. Bon, on va passer à une autre question. Dans l'étude des crédits,
section I, annexes 3 et 4, je note que, pour les crédits du cabinet, pour
le budget de fonctionnement, il n'y a aucune variation
par rapport à 2018, on parle, pour le budget de fonctionnement, de 63,6 millions, puis dans la rémunération
on parle d'un changement de quelque
20,7 %. J'aimerais juste qu'on
m'explique dans un premier temps. Bon, j'imagine qu'il y a une explication légitime pour l'augmentation dans
ce qui a trait à la rémunération. En même temps, c'est le fonctionnement
qui touche au service à la clientèle, si je
peux m'exprimer ainsi, et là on note zéro croissance. Et juste pour compléter
la question, quand on parle du secrétariat,
les dépenses prévues, on note une augmentation prévue, en ce qui a trait aux
rémunérations, de 7,8 %, et une autre fois dans le fonctionnement, assez modeste,
on peut le dire, une augmentation de 1,1 %. Je me demande si on peut nous
éclairer sur ces chiffres-là.
Le Président (M. Bachand) :
Mme la ministre.
Mme D'Amours :
Oui, M. le Président. Les augmentations sur les rémunérations, c'est le
résultat de la négociation pour les
conditions, pour les contrats de travail des employés. Il y a aussi des
contrats qui ont été donnés, il y a aussi plus d'employés qui... nous
avons reçu le budget pour le secrétariat, qui sont quatre employés
additionnels.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci. Ça clôt le bloc d'échange pour l'instant. Je me tourne vers le
gouvernement pour un autre bloc d'échange de 15 min 43 s. M. le
député d'Ungava, s'il vous plaît.
M. Lamothe :
M. le Président, Mme la ministre, merci pour les bons mots, pour nous avoir
servi de guide à Kuujjuaq. Ce fut un plaisir. Puis c'est toujours un
plaisir pour moi de retourner dans le Nunavik. Je ne vais pas me répéter, M. le
Président, juste mentionner que l'expérience
que j'ai en milieu autochtone, après avoir travaillé deux mois au Lac-Simon,
communauté algonquienne, pour remplacer un
ami qui est chef de police, qui est toujours là d'ailleurs, deux ans sur la
côte de la Baie-James avec les communautés cries et cinq ans et demi dans le
Nunavik...
Ce que je
veux parler, c'est du Nunavik, cet après-midi. À partir de 2020, ça va être ma
quatrième décennie que je vais
travailler dans le Nunavik : dans les années 1990, 2000, 2010 et
2020. Si je ne mentionne pas, ce n'est pas pour valoriser mon âge, c'est plutôt pour vous décrire ce que je
constate depuis mon arrivée en 2018. Je connais le Nunavik, il y a des problématiques récurrentes au Nunavik, depuis le
temps que j'y vais, le gouvernement travaille, fait en sorte d'aider du
mieux qu'il peut à amener des solutions, contrer ces problématiques-là.
Dernièrement,
surtout cette semaine, je me suis fait poser la question trois fois :
Pourquoi que les jeunes Inuits du Nunavik
ont plus de problèmes? Pourquoi les jeunes du Nunavik se suicident plus
qu'ailleurs? Je veux juste mettre en contexte la région. C'est que moi,
en précampagne électorale à Umiujaq, j'ai fait une conférence vidéo avec les
jeunes de l'école primaire,
secondaire puis à un moment donné je leur ai demandé : Que c'est
aimeriez-vous faire à Umiujaq? J'ai travaillé à Umiujaq, c'est une population d'à peu près 325 personnes. Puis,
les jeunes, à ce moment-là, m'ont répondu : On aimerait ça avoir
une piscine comme loisir. Puis c'étaient des jeunes adolescents, c'étaient des
jeunes de l'école secondaire.
Ce
que je veux dire par là, dans ma réflexion, c'est qu'on a eu des jeunes, j'ai
eu des jeunes adolescents, puis à un certain moment donné, pour les
aider, les aider à éviter l'alcool, les aider à éviter la drogue, pour faire en
sorte qu'ils puissent réussir au niveau
académique, les aider à se développer, bien, on les emmène, on les emmène en
ski, on les emmène un peu partout, on
les emmène au hockey. Mais, dans le Nunavik, c'est isolé, il n'y a pas de
chemin puis il n'y a pas de possibilité
pour faire ça. Ça fait que la problématique du suicide, plus dans le Nunavik
qu'ailleurs, mais l'isolement n'aide pas. Il y a aussi d'autres
problèmes : le logement, l'alcool.
• (17 h 10) •
Mais, ce que je veux
dire dans tout ça, c'est que, quand je suis retourné au mois d'août 2018, j'ai
vu des choses positives, comme Mme la
ministre le mentionnait tantôt. Je l'ai perçu avec l'expérience que j'avais
dans les années 1990 puis 2000, il y a des choses positives, il y a
eu un renouveau. Puis un renouveau aussi, je l'ai perçu, au niveau gouvernemental. Si je l'ai perçu... Je n'ai pas
d'expérience comme député, mais par contre, une chose qui est sûre,
lorsque la ministre, qui s'est présentée à
Kuujjuaq, qui a fait un travail exceptionnel, soit dit en passant... Bien, un
monsieur comme Charlie Watt, qui est
président aujourd'hui de Makivik, qui est de Kuujjuaq, Charlie — je l'appelle Charlie parce que je
connais depuis des années — M. Watt
a 74 ans, puis, quand qu'un homme de la sorte, avec Mme la ministre...
lorsque celle-ci, lors d'une rencontre en
après-midi, dit... M. Watt a passé la parole à Mme la ministre, puis qu'il
lui dit : Bien, on vous écoute,
parlez-nous, bien, la première réaction que la ministre a eue, c'est de dire :
Je ne suis pas ici pour parler, je suis ici pour vous écouter. Puis ça, M. Watt l'a mentionné à trois
reprises que c'était quelque chose de nouveau. Puis ce n'est pas moi qui
le dis, c'est lui qui l'a dit, c'est ce qu'il rapporte.
Pour
moi, c'est important parce que, comme je vous dis, j'ai vécu ces trois
décennies-là auparavant, puis je voyais toujours le gouvernement essayer de faire du mieux qu'il pouvait, c'est
sans les blâmer, mais arriver puis... sur une situation donnée, arriver puis mettre un plasteur sur la
situation, tu sais, pour ne pas que ça coule. Puis on repartait, puis ça coule
tout le temps, puis ça coule tout le temps.
Mais ce que je veux dire,
c'est qu'au niveau gouvernemental l'ajout que j'ai perçu c'est les commentaires
de M. Watt face à la présence de Mme
D'Amours. Entre autres aussi, elle l'a mentionné tantôt, elle est venue passer
trois jours à Kuujjuaq, il l'a dit
probablement à quatre reprises au cours des deux jours qui ont suivi. Ça fait
que c'est quelque chose de nouveau au niveau gouvernemental, comme je
l'explique, puis ça, c'est vraiment positif.
Puis l'approche de
respect... c'est une question de respect. Le volet avec Air Inuit de Québec, à
Schefferville, à Kuujjuaq, c'est peut-être
anodin, ce que je dis, mais ce que je peux dire, c'est qu'elle a vécu c'est
quoi, un vol de pinte de lait de
Québec à Kuujjuaq. Malgré que le prochain coup je suggère à la ministre
peut-être de m'accompagner puis de faire les sept communautés en montant sa pinte de lait, ce qui est une autre
expérience. Mais ce que je veux dire, c'est que c'est une approche qui
est vraiment différente, qui a été relatée par les dirigeants inuits, puis ça,
c'est important de le dire.
Puis moi, je le
perçois. J'ai à coeur le Nunavik comme j'ai à coeur aussi les communautés cries
puis toutes les communautés autochtones.
Mais, en ayant resté et travaillé à Kuujjuarapik et Kuujjuaq dans le Nunavik,
sur une période de cinq ans et demi,
je me dois de l'apporter. Ça fait que c'est vraiment ce côté-là positif qui
fait en sorte que ça va aider, ça va
améliorer la situation dans le sens où ça peut... au niveau des conditions de
vie, que ce soit au niveau des communications avec les Inuits, moi, je
trouve ça vraiment positif.
Puis
un autre élément que j'ai perçu, que je perçois, c'est qu'il y a une relève
chez les jeunes, les jeunes sont impliqués, les jeunes... Ça, c'est la première fois que je le vois depuis mon
retour, ça n'existait pas avant. Il y a des gros programmes qui se font en collaboration avec le gouvernement du
Québec. Je vais vous en nommer trois ici qui sont vraiment importants.
Le...
excusez-moi, Nunavik Sivunitsavut. Nunavik Sivunitsavut, il s'agit d'un programme
d'études postsecondaires offert aux
jeunes Inuits du Nunavik. D'une durée d'un an, Nunavik Sivunitsavut offre aux
Inuits une éducation les initiant à la politique, la gouvernance dans
une perspective inuite. Cette formation a été mise sur pied via un partenariat
avec la commission scolaire Kativik, le
cégep John-Abbott. À noter que le ministère de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur participe financièrement à ce programme.
Ce programme
postsecondaire est un grand succès : un taux de rétention et de graduation
de plus de 80 %. Les finissants poursuivent soit leurs études collégiales
ou universitaires ou retournent sur le marché du travail, au Nunavik, beaucoup mieux outillés. Le programme Nunavik...
je m'en excuse, Sivunitsavut, ce programme-là est donné à Montréal dans les locaux d'Avataq. Ce qu'il est important de
dire, quand je dis que c'est donné à Montréal, c'est qu'en milieu isolé,
quand que les gens sortent pour s'en venir à
Montréal, c'est souvent difficile. Ça fait que, que ce cours-là se donne là
puis que le taux de réussite puis de
rétention est aussi bon, bien, c'est très louable. Puis ce programme-là, c'est
par les Inuits, ça a été conçu par
les Inuits pour les Inuits avec la collaboration du gouvernement du Québec, ce
qui est très important de le mentionner.
Un
autre organisme, c'est Qarjuit. Qarjuit est un organisme qui s'implique auprès
des jeunes, jeunes adultes afin de les
aider dans leur cheminement personnel dans les 14 communautés du Nunavik
et à Chisasibi. En les supportant avec des programmes spécifiques adaptés pour eux, Qarjuit guide les jeunes,
jeunes adultes dans notre société moderne et promouvoit les valeurs culturelles inuites. L'organisme est
financé par le Secrétariat de la jeunesse du Québec. La personne qui
assume la présidence de cet organisme a un
siège d'observateur au conseil de la Société Makivik et au conseil de
l'Administration régionale Kativik. Ce
programme a été créé par les Inuits pour les Inuits avec la collaboration du
gouvernement du Québec.
Saqijuq.
Le Projet Saqijuq vise à traiter le problème de la criminalité par une approche
globale, d'abord en visant une amélioration des conditions de vie,
notamment en matière d'éducation, de logement et en prévenant les abus d'alcool
et de drogues. Le projet Saqijuq promouvoit également le centre de
désintoxication Isuarsivik.
Isuarsivik,
M. le Président, c'est le futur des Inuits, c'est la base d'un renouveau dans
le Nunavik. Le gouvernement du Québec s'est impliqué, avec une somme de
8,5 millions pour la construction d'un nouveau centre. On a été à une présentation, à notre arrivée à Isuarsivik, on a rencontré
des jeunes qui commençaient leur traitement, on a eu des témoignages touchants.
Puis c'est le futur des Inuits. Quand on parle aux Inuits, on parle de ce centre-là.
Peu importe de Kuujjuarapik — j'étais à Kuujjuarapik au début mars — que ce soit à Puvirnituq, la même chose,
Isuarsivik, c'est la fierté des
Inuits. Les problèmes de drogues et d'alcool sont traités sur leur territoire.
C'est un programme qui a été créé par les Inuits pour les Inuits avec la
collaboration du gouvernement du Québec.
Ce
que je veux dire en terminant, M. le Président, c'est que, comme je vous
mentionnais, c'est la quatrième décennie que je vais commencer, j'ai perçu ce renouveau-là, il y a de l'espoir
dans le Nunavik. Puis je vais me permettre, comme le collègue de LaFontaine, qui est absent
aujourd'hui, le dit, de profiter de la retransmission, si on veut, télévisée
pour passer le message suivant, en
complément de Mme la ministre. Puis ça, je l'ai dit l'autre jour à Kuujjuaq
lors de la réunion de Makivik. J'ai
travaillé de 1993... quand on parle... Il y a un mythe, là, que je veux casser,
là, puis c'est important pour moi, puis
je prends le temps de le dire en terminant, il y a un mythe que je veux casser.
Le Nunavik, on dit : Ah! ce n'est pas sécuritaire, c'est dangereux,
puis on ne peut pas marcher le soir puis... Ça, là, ce n'est pas vrai.
Moi,
j'ai travaillé en 1993‑1996 à Kuujjuarapik, je restais de l'autre bord d'un
club social où est-ce qu'il y avait de l'alcool,
un bar. Jamais, pendant trois ans de temps, l'autre bord de la rue, que mon
véhicule a été endommagé puis que, ma
résidence, il y a eu une roche dans une vitre. Jamais, au cours de ces trois
années-là, dans toutes les communautés où je travaillais sur la baie d'Hudson, j'ai entendu dire quoi que ce soit,
une attaque, ou une violence, ou peu importe, verbale ou physique,
contre les personnels en place, infirmiers, infirmières, professeurs, peu
importe.
Je
suis retourné 10 ans plus tard, de 2006 à 2008, à Kuujjuaq. J'ai résidé
deux ans et demi puis j'ai fait les 14 villages, parce qu'en 2000 la Sûreté du Québec avait fermé
le poste de Kuujjuarapik, donc j'ai eu la chance de retourner partout et
sur la baie d'Hudson et sur la baie
d'Ungava, puis, sur une période de deux ans et demi, je n'ai jamais entendu
parler de quoi que ce soit. J'ai
resté dans le village, je n'ai jamais eu une roche. J'étais en plein milieu du
village, il n'y a jamais eu quoi que ce soit qui s'est passé.
Oui,
il arrive des incidents malheureux. Oui, en juin 2018, il est arrivé un triste
événement, mais c'est un événement isolé comme partout d'autres
événements isolés qu'il y a au Québec, M. le Président. J'invite les infirmiers
et les infirmières, les professeurs, les travailleurs à vivre ce renouveau-là.
Il y a de l'espoir au Nunavik, je l'ai perçu, avec l'expérience que j'ai, autant au niveau gouvernemental, autant au niveau
des jeunes Inuits qui vont se prendre en main, qui se prennent en main avec
la collaboration de notre gouvernement.
Puis
ma question est pour la ministre. Mme la ministre, c'est qu'après mon
allocution, après avoir perçu, vous aussi, le renouveau de cette
région-là, il y a quand même du travail à faire pour améliorer les conditions
de vie. En attendant ce cycle, si on veut,
de jeunesse là qui pousse, votre implication au niveau de l'amélioration des
conditions de vie? On le voit avec
l'annonce, là, pour le 115 800 000 $, là, pour — le mot va ressortir, je m'en excuse,
là — les
conditions de vie qui sont plus élevées — je m'excuse — votre
perspective face à ça, votre approche?
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre, s'il vous plaît.
Merci, M. le député.
• (17 h 20) •
Mme D'Amours :
Bien, en fait, oui, il y a le 115 millions, c'est une entente qui a été...
En fait, cette entente, elle découle
d'une recherche de l'Université Laval, qui a fait un travail remarquable pour
déterminer vraiment la différence du coût de la vie. Donc, le
115 millions est pour aider à rétablir le coût de la vie au Nunavik.
Il
y a aussi ma collègue ministre déléguée, de la Santé, qui va aussi dans une
semaine ou deux aller faire une annonce au niveau des aînés. Il faut absolument, même si on a perçu... Comme vous, j'ai perçu qu'il y a
de l'avenir, qu'il y a des jeunes. Effectivement, en parallèle, on doit continuer à travailler au niveau
social parce que le clash de la génération, comme vous parlez, il y a les deux générations
qui sont là en même temps, ça fait qu'il
faut s'occuper de tout le monde. Et la jeune génération qui a
été formée, qui est allée à l'école, qui revient à Kuujjuaq,
ceux que j'ai rencontrés, c'est l'avenir. Il faut aussi miser sur l'avenir.
C'est
vrai que les jeunes, là-bas, c'est une grande majorité de la population. Puis j'ai eu la chance de rencontrer Alicia, la jeune élue qui siège... qui a été élue par les
15 à 35 ans à majorité, donc, je me suis même fait un devoir de la
mettre en lien avec notre député de Beauce, qui est responsable des
jeunes, je l'ai mis en lien avec notre collègue.
Il y a
aussi des projets que j'ai vus, tout comme vous, pour les jeunes, le projet Caribou, hein, pour les jeunes étudiants, auquel deux professeurs se sont mobilisés afin de faire un organisme
Caribou. Il y a des projets qui ont été déposés qui sont en analyse au SAA et qui sont au MEES. Mais j'ai
eu l'occasion de rencontrer les deux professeurs, j'ai eu l'occasion de rencontrer les jeunes dans ce petit organisme là, l'organisme Caribou, et c'est l'avenir aussi. Oui, on s'occupe des jeunes
qui sont peut-être en mal de vivre, mais ils ont un organisme auquel ils voient
la lumière au bout du tunnel. Ça fait que, ça aussi, il faut les appuyer.
Oui,
je vois de l'avenir, mais je vois aussi qu'en parallèle il faut
s'occuper de ce qui se passe là-bas. J'ai visité le centre pour les hommes à Kuujjuaq, là, les hommes qui
veulent se reprendre en main. J'en ai rencontré huit, huit personnes qui
étaient... huit hommes qui étaient à la fois
très émouvants quand on les entendait... Je ne comprenais pas, je ne
comprends pas la langue, mais je sentais
leur détresse, puis je sentais leur désespoir, et je sentais qu'ils étaient au
bon endroit aussi. Ils étaient huit
personnes à vouloir changer leur vie, qu'ils avaient une volonté d'aller plus
loin dans leur vie, et moi, j'ai salué ce geste-là.
En
parallèle, malheureusement, ils ont dû... parce que c'est un centre qui
peut recevoir huit personnes, il y
avait 12 inscriptions qu'ils ont dû refuser. Ça, ça a été mon grand
malheur d'entendre ça parce que ces 12 hommes là étaient prêts, au moment où ils ont décidé de s'inscrire,
à vouloir changer leur vie. Maintenant, est-ce
que... Puis ça prend
42 jours pour la formation,
le programme. Donc, dans 42 jours, j'espère que ces
12 hommes là vont toujours avoir l'intérêt,
puis être les huit prochains à prendre le programme, et à changer leur vie,
puis à changer la vie de leurs familles. J'espère.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup, Mme
la ministre. Je me tourne maintenant vers le député de D'Arcy-McGee, pour une
période de 20 minutes. M. le député, s'il vous plaît.
M. Birnbaum : Merci,
M. le Président. Dans un premier temps, je tiens à saluer l'intervention du député d'Ungava. Premièrement, évidemment, il parle de l'expérience. Et est-ce qu'on n'a
pas, tout le monde, à partager le travail de faire comprendre, de sensibiliser nos concitoyens et
concitoyennes aux réalités, aux belles réalités, en quelque part, malgré
toutes les difficultés, de nos voisins inuits et des Premières Nations? Alors,
je salue vos remarques.
J'ai quelques
questions, bon, de l'ordre mécanique, si on veut, et je vais essayer d'être
bref, et je souhaiterais... et j'espère que la ministre aussi. Je
regarde les tableaux, et ce n'est pas clair combien d'effectifs travaillent au
secrétariat, et j'aurai un suivi. Je note la répartition, mais combien en
termes de nombre? Il y a combien d'employés au secrétariat?
Le Président (M. Bachand) :
Mme la ministre.
Mme D'Amours : 46 personnes
pour le moment.
M. Birnbaum :
46. Et premièrement je tiens à saluer la ministre pour le fait que son cabinet
reflète les réalités de la communauté
qu'elle a à desservir. À votre honneur. Je me permets de dire qu'au
secrétariat... puis c'est peut-être un travail
pas tout à fait accompli, je note qu'il y a,
si je ne m'abuse, deux membres des communautés autochtones et une
personne d'expression anglaise. Et là on
parle de plus qu'une quarantaine d'employés. Y a-t-il des plans d'essayer,
lorsqu'il y a des retraites, des gens embauchés, à tenir compte de
l'importance d'une représentativité surtout au sein de ce secrétariat-là?
Le Président (M. Bachand) : Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme D'Amours : M. le Président,
j'aimerais rectifier le tir. Au Secrétariat aux affaires autochtones, il y a
des autochtones qui y travaillent. Ils sont trois personnes. On a aussi des...
Une voix : ...
Mme D'Amours : Trois personnes autochtones au niveau...
sur 46. Nous avons aussi des minorités culturelles, qui sont au
Secrétariat aux affaires autochtones, et c'est toujours un souci d'un équilibre
mais toujours avec la compétence, naturellement. C'est des concours qui sont ouverts à tout le monde, donc j'invite les autochtones à déposer leur candidature, à des
concours qui sont ouverts. On a quatre prochains postes qui vont s'ouvrir dans
quelques...
Une voix : Bien, ils sont déjà
ouverts...
Mme D'Amours : Ils sont déjà ouverts. Donc, j'invite les gens des communautés
autochtones à déposer dans le concours. Mais il y a des autochtones qui
travaillent au Secrétariat des affaires autochtones.
Le Président (M. Bachand) : M. le député, s'il vous plaît.
M. Birnbaum : M. le
Président, ça a pris un petit peu de temps... la ministre n'est pas la seule, c'est le côté
ministériel, ça a pris un petit peu de temps pour publier en toute transparence les agendas. Là, je ne constate, depuis le
29 janvier, que deux événements
qui impliquent les communautés autochtones et je suis bien ouvert à avoir une
clarification. Les autres trois
ministres délégués, je note 12, 21 et 22 réunions pour la même période qui
touche à leurs tâches spécifiques.
Est-ce que la ministre peut m'éclairer à ce sujet? Et j'aurais une autre
question sur l'agenda, avant ça, mais je parle à partir du 29 janvier.
Le Président (M. Bachand) :
Mme la ministre.
Mme D'Amours :
Merci, M. le Président. Merci à mon collègue de me donner l'opportunité de
déposer une copie papier de l'agenda.
Il s'est produit quelque chose hors de notre contrôle. Lorsqu'on a eu nos
discussions avec le SAA et le cabinet,
nous étions tous ensemble et nous nous sommes aperçus que l'agenda n'était pas
correct. Donc, j'ai demandé à rectifier
le tir, de mettre les endroits où je suis allée, les dates, qui j'ai rencontré.
Vous avez le sujet et le lieu. Donc, je le dépose à la commission ici pour que tous puissent avoir
une copie de ce dossier-là, de cet agenda-là. Et je m'en excuse, mais
c'est hors de notre contrôle, ce qui s'est
produit. Mais nous avons eu une formation pour remédier à cette situation-là.
Donc, le secrétariat, maintenant, et
le Secrétariat des affaires autochtones, c'est-à-dire le cabinet, nous avons les
outils nécessaires afin de combler l'agenda, maintenant. Donc, je dépose
les documents à la commission.
Document déposé
Le Président (M. Bachand) :
Merci. M. le député.
M. Birnbaum :
Merci. On n'a pas trop parlé des... On a fait allusion au fait que, bon, on
parle des juridictions partagées
fédérales-provinciales. Et peut-être c'est dans les papiers, mais je permets de
poser la question à la ministre : Est-ce qu'elle a une ou des rencontres avec son
vis-à-vis, ses vis-à-vis fédéraux, finalement, soit Carolyn Bennett, Seamus
O'Regan? Et on va se rappeler que...
Une voix :
...
M. Birnbaum :
...Jane Philpott — merci — s'occupait aussi d'un poste de délégué du
ministre délégué aux Affaires autochtones.
Est-ce que la ministre aurait eu des rencontres, des discussions, et de quelle
qualité, avec ses vis-à-vis fédéraux?
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme D'Amours :
J'ai eu des rencontres téléphoniques avec mes vis-à-vis fédéraux,
Mme Philpott, Mme Bennett. Mon
cabinet est en constante relation avec le cabinet fédéral. À chaque dossier
auquel nous avons à travailler, nous essayons mutuellement de se donner des informations, de se donner des outils de
travail pour qu'on puisse être au courant et au fait de chaque dossier
auquel ça concerne les deux gouvernements.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député, oui. Allez-y — pardon.
• (17 h 30) •
M. Birnbaum :
Compte tenu que si on parlait, bon, du logement,
des grands problèmes de toxicomanie, des ententes avec les forces policières, pour ne pas parler des ententes, des traités
avec plusieurs, plusieurs des communautés., voilà des dossiers qui impliquent à la fois le fédéral ainsi que le provincial.
Est-ce que la ministre s'engage à avoir des entretiens face à
face avec la ministre fédérale?
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre.
Mme D'Amours : Je vais le faire à New York. Nous avons une
rencontre à l'ONU la semaine prochaine. Donc, j'ai une rencontre avec la
ministre et, oui, je fais mon travail correctement avec le fédéral.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député.
M. Birnbaum : Question d'ordre logistique, si on veut. Nous allons
convenir qu'il y a des communautés autochtones pour qui l'accès à la langue
française est très difficile. C'est
la langue maternelle qui s'impose, et de plus en plus, on espère, avec l'appui du gouvernement. Mais, pour
parler des communautés inuits et mohawks, la langue qui est bien
comprise est l'anglais. Ça a été une
pratique des anciens gouvernements d'offrir des traductions de courtoisie, des
correspondances en anglais. Je me demande si la ministre entend continuer
cette pratique.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre, s'il
vous plaît.
Mme D'Amours :
C'est fait. De notre côté, nous envoyons des correspondances anglophones.
M. Birnbaum : Merci. Pour passer au... On a parlé... On sait
que, bon, la question logistique... Si on peut voir... Si la machine est à l'appui de nos efforts
collectifs, de travailler sur les grands, grands enjeux, dont la santé
mentale... On a fait référence un petit peu... Évidemment, il y a des défis qui se manifestent partout au Québec,
mais, si on parle des communautés inuites, pour ne pas parler des autres
communautés autochtones, les problèmes sont de l'ordre d'une crise humaine.
Moi,
j'ai eu l'honneur de faire la connaissance de Nigel Adams, un jeune d'une des communautés
inuites, qui se distingue par son
courage, et il commence à parler, à faire des vidéos, à être invité au congrès
pour parler de son courage, de ses
efforts pour rebâtir sa vie. Il a vécu le décès de son frère, qui a été tué.
Et, suite à ça, l'année après, son meilleur ami s'est enlevé la vie, ainsi que son oncle, suite à cette tragédie. Mais
il essaie de passer à travers et à raconter l'histoire, à se reconnecter
avec son peuple et ses traditions, tout en participant à la société «at large»,
si on peut le dire comme ça.
Maintenant, notre
formation a été soulagée de constater que la ministre de la Santé a l'air
d'avoir compris nos suggestions. Et la journée sur la santé mentale va
s'élargir... Si j'ai bien compris, il
y aurait des suites dans les régions
pour impliquer plus de monde, plus d'experts dans notre discussion collective
sur les étapes à franchir pour qu'on s'attaque ensemble à cette crise, qu'on appelle comme ça... Est-ce que, M. le Président, la ministre peut confirmer qu'elle a et elle va continuer... elle a travaillé et elle va continuer
à travailler avec sa collègue la
ministre de la Santé et des Services sociaux? Et y aurait-il un volet désigné aux problèmes spécifiques de la santé
mentale en ce qui a trait à nos Premières Nations et nos communautés
inuites?
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Mme la ministre, s'il vous
plaît.
Mme D'Amours :
Merci, M. le Président. Oui, pour répondre à cette question, effectivement, on
se penche là-dessus. Moi, j'ai comme
l'impression que la commission Viens va nous apporter aussi beaucoup, beaucoup
d'informations à ce sujet. Je pense qu'il
serait trop tôt pour décider des gestes qu'on pourrait faire. Il y a
effectivement des gestes qui sont faits,
qu'on doit continuer. Mais je pense qu'avec deux commissions qui s'en viennent
on va avoir certaines vérités qui vont sortir
de ces deux rapports-là et on va pouvoir, par ces deux rapports-là, faire des
gestes très concrets, très pointus. Je ne suis pas spécialiste en santé. Je ne suis pas spécialiste en santé
mentale, mais j'ai un coeur. J'ai un coeur de maman. J'ai un coeur de personne humaine. Puis je pense que tous,
ici, on a une sensibilité.
Pour
parler de Kuujjuaq, j'ai rencontré le directeur général de la régie régionale
de la santé et des services sociaux, M. Fabien
Pernet, qui parle la langue, mais qui n'est pas Inuit. Je lui ai parlé du
dossier du suicide, de santé mentale qui est là, et le constat que j'en ai fait, c'est que c'est une question de
génération. C'est une question auquel nous avons les réponses, mais souvent pas la solution. Ce dossier-là est
très particulier. Et les efforts sont mis à 110 %, en tout cas, de son
côté à lui, mais aussi du comité, là,
qui s'est... du comité inuit qu'ils ont formé eux-mêmes pour discuter de ce
sujet-là. Ils se sont pris en main.
Ils le savent très bien. Il y a des mesures auxquelles on pourrait sauver une,
deux personnes. Ça vaut la peine de le
faire même si, peut-être, il y en a d'autres qui passent à l'acte. Il faut tout
essayer pour sauver une vie. Il faut tout faire.
Donc, oui, moi, je pense qu'il serait prudent
d'attendre les rapports. Et, lorsque nous aurons les rapports, nous aurons l'expertise qui a été... Les gens qui ont
une expertise, qui ont mené ces deux rapports-là, vont nous dévoiler des
choses que nous devrons suivre, que nous devrons poser les gestes afin de
réduire... Entre-temps, on travaille toujours. On a toujours la volonté de réduire ces drames-là. Mais, pour le moment,
quelque chose de nouveau, moi, je pense que ce serait prématuré. Il faut
attendre les deux rapports.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. M. le député, s'il vous plaît.
M. Birnbaum :
M. le Président, je comprends, on ne veut pas préjuger le rapport de la
commission Viens. Mais j'invite la
ministre à réagir à un genre de remède pour tout un problème qui m'a été
proposé par Nigel, mon ami inuit, et c'était de dire : Écoutez, ne nous envoyez pas des experts, expertes, en
toute leur sagesse, en santé mentale. Est-ce que vous pouvez nous aider à nous aider nous-mêmes? On se connaît.
On a besoin de l'aide, on en convient, du gouvernement et des services de santé et services sociaux. Mais je serais
curieux de savoir si la ministre réagit de façon positive à cette idée-là de
mettre en main les outils pour que ces communautés s'entraident elles-mêmes.
Le Président (M. Bachand) :
Mme la ministre.
• (17 h 40) •
Mme D'Amours :
...parce que les deux rapports qui vont être déposés, qui a témoigné, qui a
fait des demandes, qui avait des
besoins, ce sont les autochtones. Alors, c'est eux qui nous ont dit ce qu'ils
vivaient, ce qu'ils subissaient, puis c'est eux aussi qui vont trouver la solution. Puis c'est à nous de travailler
en fonction de ces deux rapports-là parce que notre pensée est peut-être une pensée québécoise, mais
le résultat des deux rapports, qui sont faits pour et par les autochtones,
autant ceux qui y travaillaient, hein, à la commission d'enquête nationale...
La présidente
de cette enquête-là, Michèle Audette, c'est une autochtone. Elle comprenait
très bien les gens qui allaient devant elle puis qui lui parlaient des
problématiques. Elle comprenait très bien les solutions auxquelles eux
s'attendaient, tout comme le juge Viens, qui a travaillé pendant des années
avec les autochtones.
Je dois vous
avouer que j'ai rencontré le juge Viens lorsque je suis... J'étais de passage à
Senneterre. Je me suis rendue à Amos,
dans un restaurant. M. Viens est arrivé à notre table. J'étais mal à l'aise parce que nous savons très
bien que, lorsqu'il y a un rapport qui se
fait, nous ne devons pas interférer dans ça. J'avais de la difficulté à parler.
Je ne posais pas de questions. Je parlais de la pluie puis du beau
temps, de la magnifique église. Mais c'est lui qui m'a amenée à cette
discussion-là et c'est lui qui m'a posé des questions. Puis je lui ai dit mon
malaise de poser des questions.
Alors, il m'a
dit : Vous n'avez pas à me poser des questions, madame. Il dit : Si
vous avez suivi la commission... À
chaque fin de rencontre avec les organismes, avec les gens qui venaient
témoigner, des autochtones qui venaient témoigner, il y avait toujours
une phrase à la fin qui voulait valider ce qu'il avait entendu, ce qu'il avait
compris, et les gens le validaient. Alors,
quand vous écoutez, à chaque fois, il y a une phrase à la fin de chaque
rencontre. Et il m'a dit : Probablement que le rapport va se faire de cette façon-là, et ce sera les autochtones
qui auront dit leur détresse, mais ce seront les autochtones qui nous
auront dit ce qu'ils ont de besoin et comment ils peuvent recevoir les
services.
Alors, quand je vous dis qu'il faut... que c'est
prématuré de faire des gestes maintenant, c'est d'attendre ces deux rapports-là
qui vont être actualisés, au besoin, pour et par les autochtones.
Le Président (M. Bachand) : M. le député, s'il vous plaît.
M. Birnbaum :
M. le Président, est-ce qu'on peut
assurer... J'imagine qu'il y aurait un suivi de ces enquêtes sur la santé mentale et peut-être un comité
interministériel ou une étape très claire, on espère. Est-ce qu'on a
l'engagement de la ministre
responsable qu'elle va être formellement impliquée dans les suivis de son gouvernement, pas juste sur le rapport Viens, mais sur notre enquête et nos
journées d'audience sur la santé mentale?
Le Président (M. Bachand) : Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme D'Amours : Oui, je vous rassure et je vous garantis que je
serai au rendez-vous, que ma collègue est très au fait de mes demandes à ce sujet-là. Et, si je
prends l'engagement de prendre le plan que le gouvernement précédent a
fait, Plan d'action gouvernemental pour le
développement social et culturel des Premières Nations, c'est parce que ce
plan-là a été fait pour et par des
autochtones, mené par un gouvernement. Les deux rapports vont être pour et par les
autochtones. Et je vous rassure qu'au niveau de la santé mentale je
serai au rendez-vous.
Le Président (M. Bachand) :
30 secondes, M. le député.
M. Birnbaum : Il me reste
combien de temps?
Le Président (M. Bachand) : 30 secondes.
M. Birnbaum :
30 secondes? Bon, écoutez, j'aimerais juste déposer... ou dire que j'ai eu des
rencontres très fructueuses, et la ministre, je crois, aussi, avec Nakuset, une
femme formidable, responsable pour le centre de femmes autochtones de Montréal, et elle va convenir avec moi des difficultés,
ainsi que le potentiel... mais les difficultés énormes des femmes sans abri qui se trouvent à Montréal,
des femmes issues des écoles résidentielles ou des parents qui ont subi
cette tragédie-là. Les besoins s'imposent de
façon criante, et j'espère que la ministre va être au rendez-vous pour ce dossier-là.
Le Président (M. Bachand) : Merci, M.
le député de D'Arcy-McGee. Je me tourne maintenant vers le
gouvernement pour le dernier bloc, d'une durée de 14 min 24 s.
M. le député de Nicolet-Bécancour, s'il vous plaît.
M. Martel :
Merci, M. le Président. Je salue mes collègues de l'opposition officielle, mes
collègues du parti gouvernemental, le
personnel. M. le Président, l'avantage des études de crédits, c'est qu'on
passe beaucoup de temps ensemble. On
finit par se connaître. Quand on était 20, ça s'est fait assez vite, là, mais à
75 on a du temps pour se connaître.
Non,
farce à part, ce n'est pas un sujet que je voulais aborder, mais j'aurais aimé
ça que la cheffe de Québec solidaire entende
ce que je voulais dire. J'ai apprécié ce qu'elle a dit concernant toute la
problématique au niveau des services policiers dans les communautés autochtones. Je trouve qu'elle est vite dans le
diagnostic. Moi, je n'ai pas cette prétention-là. Mais je souhaiterais
que la ministre, sincèrement, s'intéresse à cette question-là. C'est très
préoccupant.
J'ai
deux communautés autochtones, chez moi, qui vivent dans, je dirais, le Québec
habité. Ils ont de la difficulté à recruter,
pour différentes raisons, des
policiers. Mon fils a travaillé dans le comté de mon collègue d'Ungava. La
police de Kativik, c'est très
difficile. Et ce n'est pas nécessairement les conditions de rémunération qui posent
problème, c'est que, souvent, c'est des jeunes qui sont à leur première
expérience. Ils ont beaucoup de responsabilités. Ils ne restent pas là longtemps. Il y a d'autres jeunes qui arrivent.
Donc, ça fait des expertises qui tardent à se développer. Je n'ai pas la
solution, mais je souhaite sincèrement transmettre à la ministre cette préoccupation-là. Je pense, comme société,
on doit s'intéresser à ça.
Comme je vous ai dit,
M. le Président, il y a deux communautés autochtones sur mon territoire, très dynamiques, très vivantes, dans le milieu auquel
ils sont situés. Je pense, entre autres, à Wôlinak, qui est, vous savez,
dans la ville de Bécancour, qui est vraiment
dans la ville de Bécancour. Bécancour, c'est un très, très grand territoire. Je
pense, c'est la deuxième plus grande
ville au Québec avec Laval. Il y a six villages et la communauté
de Wôlinak est installée en plein centre, une communauté dynamique, un
beau pow-wow à toutes les années.
Tu
sais, des fois, on se fait une... On a des préjugés par rapport à la dépendance
des communautés autochtones envers l'État.
Celle d'Odanak, j'ai été 20 ans, presque, à la MRC de Nicolet-Yamaska, sincèrement,
c'est des excellents partenaires. Ça
fait presque sept ans je suis député. On a des contacts très amicaux. Ce n'est
pas des gens qui sont toujours à demander des choses. Il y a, à Wôlinak,
pour vous démontrer un peu le dynamisme, un incubateur d'entreprises comme à beaucoup
d'autres endroits.
La
communauté a même développé... Puis ça, comme ancien directeur général de MRC, je suis très jaloux de ça, ils ont développé, imaginez, un service de génie-conseil. Ils ont
embauché des ingénieurs. Ils donnent un service évidemment à leur communauté, mais à l'ensemble des
municipalités aux alentours. Et Dieu sait que, pour les petites communautés
rurales, les besoins en génie-conseil, en
génie civil, c'est vraiment important. C'est très dispendieux. Eux, ils
arrivent avec un service tout à fait adapté pour ce milieu-là.
Je
ne peux pas faire abstraction... Aussi, au niveau de Wôlinak, il y a un très
beau centre sportif, qui sert même de site
d'entraînement d'un de mes boxeurs préférés, Mikael Zewski. Ceux qui le
connaissent, c'est un des meilleurs boxeurs au Québec. Il s'entraîne là, son
père s'entraîne là. Il avait même pris une entente avec son père qu'il
m'entraînerait, mais je ne n'ai pas respecté ça encore. Mais ça fait
partie de mes promesses.
Donc,
je suis très attaché à cette communauté-là. Évidemment, il y a la
communauté d'Odanak. Elle, elle est située un petit peu plus à l'ouest de mon territoire, au bord de la rivière
Saint-François. Il y a Saint-François-du-Lac, Pierreville, et la communauté d'Odanak est là. La communauté
d'Odanak a aussi son incubateur d'entreprises. Il y a le musée. Je ne
sais pas si la ministre,
elle l'a visité encore, mais je suis sûr que ça ne tardera pas, le Musée des Abénakis,
qui est extraordinaire. Il y a
aussi... Tout le monde connaît l'eau minérale Abénakis, celle qui pince, là,
quand on boit, c'est puisé à même la communauté.
Et,
très important, il y a l'institut Kiuna qui... C'est un projet qui émane vraiment
de la communauté, et l'institut Kiuna sert
de cégep pour l'ensemble des communautés autochtones du Québec.
C'est un très beau succès. C'est un institut qui offre divers programmes au niveau collégial. Donc, ma question, toute
simple, à la ministre : Est-ce que vous avez visité le cégep de
Kiuna, l'institut Kiuna, et qu'en pensez-vous?
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre,
s'il vous plaît.
• (17 h 50) •
Mme D'Amours :
Vous allez le retrouver dans le document que je vous ai envoyé, oui,
effectivement, j'ai visité l'école
Kiuna. Et c'était une journée de tempête, je m'en souviens très bien, puis là
on s'en allait sur la route, puis je me disais : Bon, j'espère qu'on va arriver à l'heure, de un,
et, de deux, j'espère qu'il va y avoir des gens là-bas. Mais tout le monde
était au rendez-vous. Ça a été une grande surprise. J'étais agréablement
surprise.
L'enseignement qui est donné là, c'est un enseignement qui respecte les valeurs autochtones.
L'emplacement de l'école à l'intérieur... De la façon dont les locaux sont situés, dans un décor
spécifiquement pour les autochtones, pour qu'il se retrouvent un peu dans leur culture, je
sais qu'ils ont des bâtiments et des infrastructures à
l'extérieur pour se retrouver
un peu dans leur communauté, c'était vraiment génial. Moi, j'ai été épatée de
voir ça.
Il y a aussi,
agréablement surprise, un haut taux de diplomation. J'ai rencontré des femmes,
des jeunes femmes innues, lors de ma visite,
qui étaient comme en petite délégation pour visiter l'école, et c'était
formidable. C'étaient des gens qui étaient intéressés, intéressants. Et, oui, je l'ai visitée,
puis je recommande à tous les jeunes autochtones qui ont un intérêt et
qui veulent... qui ont des projets pour aller à cette école-là, d'aller la
visiter. C'est fort, une institution qui est vraiment à découvrir, oui.
M. Martel :
Merci, Mme la ministre.
Le
Président (M. Bachand) : Oui, M. le député de Vachon, s'il vous
plaît.
M. Lafrenière :
Merci beaucoup, M. le Président. Chers collègues, très heureux d'être avec vous
aujourd'hui. Je vais m'adresser à mes
collègues des Premières Nations aussi. «Ai.» «Kwe.» Très heureux de vous parler
puis très heureux de voir qu'il y a
plusieurs personnes qui ont beaucoup d'expérience qui ont réussi à se déplacer
dans des communautés, de s'intéresser. Et j'ai eu la chance, dans mon
ancien travail, de rencontrer des gens des Premières Nations puis la seule promesse que j'ai faite, c'est de ne jamais les
oublier puis de parler d'eux, parce qu'il y a plusieurs interlocuteurs qui
l'ont dit tout à l'heure, malheureusement, on n'en connaît pas assez. Je suis
heureux de vous dire que mes enfants de neuf et
11 ans, à leur école, on leur en apprend plus que moi, j'en ai appris
quand j'étais jeune, et je trouve ça rassurant parce que, souvent, il y a beaucoup... il y a un manque
d'information, ou, quand ça arrive à nous, c'est justement juste des
mauvaises nouvelles.
Dans
mon ancien travail, et comme militaire, parce que je suis toujours militaire,
j'ai eu la chance d'organiser un voyage
à Kuujjuaq avec des journalistes, avec des gens de la communauté, pour leur
faire découvrir ce que c'était. Et, quand j'organisais le voyage, la première chose que les gens m'ont dite, les
Inuits, ils m'ont dit : Premièrement, si tu viens ici pour faire un reportage sur le prix du jus d'orange,
reste chez vous, parce que c'est triste, ce que je vous dis là, mais, souvent,
le seul intérêt, c'est la petite nouvelle
rapide, c'est de monter dans le Nord, d'aller à l'épicerie, de comparer le prix
de deux, trois aliments puis de dire : On a fait le tour du
Nunavik, on sait que ça coûte cher. Je pense qu'on est rendus ailleurs. Ça fait
que ça, je vais m'assurer... je veux confirmer à mes collègues que je vais
toujours parler d'eux là-dessus.
J'ai
eu la chance de rencontrer Michel Martin, qui était directeur de police à
l'époque, un homme courageux parce que
je l'avais rencontré aussi en Haïti. Je vous dirais que, d'Haïti à Kuujjuaq, il
y avait au moins 80 degrés de différence. Alors, c'est un homme très courageux. Il a fait un très beau travail
là-bas. Et je vous dirais que j'ai rencontré des gens qui sont extrêmement fiers de l'endroit où ils vivent,
fiers de leurs traditions et fiers de nous le partager. Alors, je suis très
heureux de voir qu'aujourd'hui on l'a fait, on l'a partagé.
Dans
mon ancien travail, j'ai eu la chance aussi de me rendre à Wemotaci, près de
La Tuque, de rencontrer le chef de police Dave Fontaine, qui m'a accueilli d'une façon incroyable à Wemo
pour me faire voir sa réalité. À Pikogan, près de Val-d'Or, c'est le chef Gerry Mapachee qui était
là-bas, lui aussi m'a montré sa réalité. Et on s'est rendus à Lac-Simon
et Kitcisakik aussi, et là je vous dirais
que c'est une dure réalité, pour ceux qui ont eu la chance de se rendre à
Kitcisakik. J'ai fait plusieurs
missions en Afrique puis je dois vous dire que je ne connaissais pas mon Québec
avant de me rendre à Kitcisakik, vraiment
pas évident de voir dans quelles conditions les gens vivent. C'est des gens qui
sont très fiers, oui, mais c'est important de savoir ce qui se vit là-bas. Et, entre autres, j'ai rencontré le
policier Thierry LeRoux, pour qui j'ai une pensée. Oui, il est tombé au
travail, mais il ne sera jamais, jamais oublié.
Je
vous parle de tout ça. Je vous parle des réserves. Je vous parle d'une partie
de la réalité. Mais il y en a une autre que je veux vous parler aussi, c'est la réalité montréalaise, qui est un
peu moins connue aussi parce que, oui, il y a des gens qui vivent dans les réserves en région, mais
savez-vous qu'à Montréal il y a près de 10 000 personnes qui vivent
ou qui transitent par Montréal?
Alors,
il y a une panoplie d'organismes. Je pourrais vous en nommer, là, que ce soit
Chez Doris, avec Marina Boulos, St.
Michael's Mission, George Greene, une mission qui est là depuis 1927, et plus
de 40 % des gens qu'ils aident en itinérance, ce sont des gens des Premières Nations ou des
Inuits. Et j'en ai une douzaine, d'organismes que je ne pourrai pas tous
nommer.
Mais je voulais
saluer le fait qu'à Montréal il y a un policier qui a été mis comme agent de
liaison, Carlos DeAngelis, qui fait ça
depuis plusieurs années, un homme de coeur. Il fait la liaison justement avec
les Premières Nations, avec les
Inuits, et avec les différents organismes qu'on a à Montréal, parce que, je
vous l'ai déjà dit, il y en a une douzaine qui viennent en aide aux Premières Nations et Inuits. En situation
d'itinérance, en violence conjugale, il y a beaucoup de besoins.
Alors,
comme je dois aller très rapidement parce que je vois le temps se défiler, ça
nous amène à une autre problématique,
qui est l'exploitation sexuelle. Et je veux souligner le fait qu'on a deux
policières de Montréal qui ont écrit un
premier livre, là, Pour l'amour de mon pimp... Elles ont fait le
deuxième qui s'appelle Mon ami... mon agresseur. C'est un livre qui traite spécifiquement de
l'exploitation sexuelle des mineurs, que ce soient autochtones ou Inuits, et
c'est une réalité qui est peu connue.
Ça a pris beaucoup de recherches pour ces deux policières-là, que je veux
saluer, pour nous montrer une réalité
que soit on ne voulait pas voir ou qu'on ne voyait pas. Vous savez, ma collègue
de Repentigny et moi-même, on se bat très fort pour avoir notre
commission spéciale.
Et
je veux terminer, avec les deux minutes qui me restent, en demandant à la
ministre, premièrement, si elle connaît cette réalité, et, deuxièmement,
quelle sera son implication ou son appui pour notre commission spéciale.
Le
Président (M. Bachand) : Merci, M. le député. Mme la ministre,
s'il vous plaît.
Mme D'Amours :
Merci, M. le Président. Bien oui, oui, ça m'interpelle puis, oui, je vais m'en
occuper.
Je
voudrais juste revenir sur ce que le collègue de la première opposition m'a dit
tout à l'heure de Mme Nakuset, c'est aussi les femmes violentées
qu'elle aide, puis, dans mes crédits, on lui a donné 600 000 $ pour
ses infrastructures.
Concernant
les femmes qui arrivent à Montréal, qui viennent de communautés autochtones,
quand elles arrivent ici, elles
s'évadent d'un milieu auquel, bien, effectivement, il y a de la violence, il y
a de l'abus sexuel, de la drogue, de l'alcool. Elles veulent s'évader de ce monde-là. Puis, quand
elles arrivent à Montréal, elles ont une grande naïveté pure. Et,
lorsque les gens veulent les aider, qu'ils
sont bons avec elles, qu'ils veulent les sortir, les amener manger au
restaurant, elles embarquent facilement
dans le bateau des gens qui n'ont qu'une idée en tête, c'est d'abuser d'elles,
d'abuser d'elles dans le sens où, au début,
on t'aime, au début, on prend soin de toi, dans le milieu de la relation, là,
on dit : Bien là, tu es à moi, je t'ai donné des choses, tu dois m'aider. Et finalement, à la
fin, c'est attaché presque avec une chaîne, c'est devenu du bétail, c'est
devenu des gens auxquels... c'est des
objets, des outils pour faire de l'argent. Oui, je suis consciente de ça, et,
oui, il faut cesser cette pratique-là. Il faut la dénoncer.
Et je vous
dirai qu'il n'y a pas juste des femmes violentées. Il n'y a pas juste des
femmes qui subissent ça. Il y a des clients auxquels on devra s'adresser
aussi parce que, s'il y a des femmes qui sont aux prises avec ce système-là,
c'est qu'il y a des clients qui sont là, au
rendez-vous, et ça, il va falloir aussi s'attarder à ça. Ces femmes qui
arrivent ici, qui font confiance en
des gens qui pensent qu'ils sont bons, bien, on brise leur confiance, on brise
encore une fois leur vie. C'est un drame.
Alors, il faut faire absolument attention, et il y a des mesures qui devront
être prises pour ces femmes-là, assurément.
Le Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup, Mme la ministre, et merci à toutes et à tous pour aujourd'hui.
Adoption des crédits
Le temps
alloué à l'étude du portefeuille Affaires autochtones étant presque écoulé,
nous allons maintenant procéder à la mise aux voix des crédits. Le
programme 4, intitulé Affaires autochtones, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M. Bachand) :
Adopté sur division.
Documents déposés
En terminant, je dépose des réponses aux
demandes de renseignements de l'opposition.
Compte tenu
de l'heure, la commission ajourne ses travaux au mardi 30 avril, à
10 heures, où elle va entreprendre l'étude du volet Relations canadiennes et Francophonie du portefeuille
Conseil exécutif des crédits budgétaires. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 17 h 59)